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BULLETIN
DE LA
SOCIETE DE GEOGRAPHIE
'Some Q)\DeiLvimi€'.
BULLETIN
!)E LA
SOCIETE DE GEOGRAPHIE,
REDIGE
Par MM. Barbie du Bocage , Bianchi , Bonne , Sueur - Merlin ,
Warden , et autres Membres de la Societe , Geographes , Voyageurs
et Horames de lettres Frangals et Etrangers.
^omc Ufuuifiiif.
PARIS,
CHEZ ARTHUS BERTRAND ,
LIBRAIRE DE LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE,
RUE HAUTEFEUILLE, N" 23.
iVERAT, iniFRl.I«!£UR DU MONT-DE-PIETE,
I uc (III Catlriin , .^^ x(j.
1828.
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BULLETIN
DE
LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.
NUMERO 57. — janvier.
PREMIERE SECTION.
MEMOIRES , EXTRAITS , ANALYSES ET RAPPORTS.
Relation d'une ascension au volcan du Popocatepetl dans le Mexique,
par MM. GuiLL. et Frederic Glennie.
Mexico est environnee de montagnes d'un aspect imposanl ;
I'une des plus remarquables est le volcan du Popocatepetl. Ce fut
lui dont MM. Guill. et Fred. Glennie ., tous les deux attaches a la
compagnie unie des mines du Mexiqne, resolurent de gravir le
sominet. Us etaient accompagnes d'un negociant qu'animait le
meme sentiment de curiosite , et sulvis d'un porteur nomme Jo-
seph Quintana. Munis d'un barometre, d'un sextant, d'un teo-
dolite , d'un chronometre et d'un telescope , ils se mirent en route
le 16 avril 1827 au matin. Leur absence devait etre de courte du-
r^e. Leur premiere halte fut au village d'Ameca , ou ils passerent
la nuit.
Le lendemain , ils furenl bienlot sur pied, dans rinlenlion de
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sc rendre a Allixco ; ils snlvlrent le chcniin de Puebia qui passC
entre les deux volcans , cl qui ios inena k la parlie la plus elcvee
<lu vallon ; la, ils lournercnl h droilc pour aller chcrcher Ic che-
inin de los !Neveros. Ils ne tarderent point a se Irouver sur la li-
milc de la vegetalion qui , d'aprcs leurs rnesures baromelriques ,
esl clevee de 12,0^3 picds ane;lais (12,0 i3 pieds i 2 de France) au-
dessus du niveau de la nier. Qnclqucs individus qu'ils y rcnconlre-
rent les reniirenl sur la voie qu'ils avaient abandounec. Par la route
qu'ils faisaient et qui etall obslruee par des masses considerables de
sable, ils n'auraient pu , en cffet , ni gravir la cime du volcan',
ni ;irriver a Allixco. lis durent done redescendre du point ou ils
dlaieu!, rcbrousser chemin, e», revenant par la roule qu'ils avaient
d'abord suivie , se diriger sur le village de Saint-Nicolas de Los
Ranchos oii ils firent leur seconde balte de nuit. Le 18 , ils pri-
reiit la direction d'Allixco. Le chemin court a Test du volcan ct
sur la lisiere d'un pays fort etendu , couvert de grands blocs de
rochers el de pierres qui paraissent s'elre detacbees de la roclie au
milieu de laquelle s'est ouvert le cralere actucl. Jaloux de s'ap-
procher le plus possible du volcan , ils se rendirent au village de
Tochilniico. Leur but etait d"y recueillir quelques renseigneniens.
Cependant Talcade D. F. Olivares , quoiquc proprletaire du Po-
pocalepell , n'avait jamais ete au sommet de la montagne ; il ne
put done les salisfaire completement. Neanmoins, il leur offrit
de la meilleure grace tous les renseignemens qu'il pouvait avoir
en sa possession ; il leur proposa m^me de les accompagner dans
celle ascension. Ce magislrat s'empressa de leur procurer des
guides et des porteurs pour leurs instrumens, et leur promit de
les conduire le lendemain a la ferme de Sainte- Catherine qui est
slluee au pied de la grande montagne, et dont les terres lui ap-
partienuent.
Tous les voy^geurs partirent done le ig a cette ferme de Sainte-
(>alberiue ; niais la , des affaires survenues a leur nouveau compa-
gnon les en priverent, sans cependant leur fairc changer de
7
lesolulion. Un guide leur ful donne , qui, Icur faisanl (raverscr
un Lois cpais, les ainena jusqu'a la liinite sup^rieure des pins,
qu'ils trouverent etre a i2,5i4pieds anglais (11,890 picds de
France) au-dessus du niveau de la mer. Un grand feu eul bientot
echauffe leurs membres engourdis ; et , enveloppes dans Icurs
capotes , ils se deciderent h passer la nuit dans cet endroit ; inais ils
eurent beaucoup a souffnr de la pluie qui, versminuit, com-
nienCj-a de tomber , cl k laquelle succeda une furle grele.
Le 20, on etait resolu d'arriver au sommet. Des porteurs in-
diens furent cbarges des instrumens , tandis que les voyageurs,
monies sur leurs mules , reprlrent vers les trois heures et deinie
du matin , et par un beau clair de lune , leur ascension, lis ne
tarderenl point a depasser loute trace de vegetation ; alors, ils ne
marcherent plus que sur un sol sablonneux , mele de pierres mou-
vantes, Quoique la pluie de la nuit Teul rendu plus ferme , il n'en
causait pas moins aux mulcts une fatigue excessive. Ce fut de celte
maniere que Ton parvint de la base de la montagne jusqu'i nii-
c6le , eh se delournant ccpendant du S. a TO. jusqu a six heures
du matin. Arrive la , on ne pouvait plus avancer , soil a cause du
mauvais etat dans lequel se Irouvaient les mulcts , soil a cause de
rimpossiblllte ou Ton se voyait de franchir la cote abrupte que
I'on avail dcvant sol.
11 faliut, des-lors , que chacun songcat a renoncer a sa mon-
ture, et se determiniit a chenilner a pied, en porlanl soi-ni(?nie
son manteau sur ses epaules; et , de plus, deux outres pleines
d'eau. Quintana fut charge du barometre. Le terrain , toujours
sablonneux, etait tres-nouveau et mele de beaucoup de fragmcns
et de debris de pierres ponces. On voulait attelndre ceutains
rochers qui paraissaient se lier avec la cime de la montagne ; njais
les difficultes s'accrurent de plus en plus ; la pente devint plus roide
et le sol si mauvais, que ce que Ton gagnait a chaquc pas que Ton
faisait en avant , on le perdait en glissant en arriere. Les efforts
conlinusqu'il fallait faire, autant que le peu de densile de ratnios-
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phere, causaient une telle fatigue que Ton ne pouvait marcher Tes-
pace de quinze ou vingt pas , sans ^tre contraint a reprendre ha-
leine. On chemina de cetle iiianiere Tespace d'un demi-mille;
ensuile on atteignlt des rochers ou 1 on altendit les Indiens qui ne
monlaient que tres-lentemenl. Le thermometre de Farenheit se
maintint a 28° ( 2 ' Reaumur ). Le ciel etait pur , mais 1 horizon
elait borne par un rideau de brouillards qui enipechait de distin-
guer les objels. On aurait pu se croire au milieu dun vasle ocean.
Ce ne fut qu'a huit heures du matin que le soleil commen^a de
se montrer.
Des que les Indiens furent arrives , on 'prit un leger repas , et
ensuite on sc remit en marche au milieu de grandes pierres brisees,
arrondies a leur partie superieure et liees les unes aux autres , de
maniere a former une espece de cordon ; mais elles adheraient si
peu Tune a Tautre, qu'aussitot que Ton y posait le pied, la plu-
part se detachaient et roulaient au loin sur la pente de la mon-
tagne , en sorte qu'il devenait tres-dangereux de les heurter. A la
vue de ce peril, les Indiens se troublerent et commencerent a
refuser d'aller plus avant : a force d'inslances et de promesses ,
on obtint deux qu'ils continueraient. Mais la nature de la route
ne changeant pas, et devenant au conlraire de plus en plus mau-
valse, ils persisterent dans leur refus ; cependant la vue d un ravin
qu'ils aper^urent a leur gauche ranimant leur courage , ils essaye-
rent de s'y rendre . Ce passage ne valait guere mieux : il devint raeme
plus difficile de le franchir, a cause des brouillards dont on elait en-
veloppe, etqui empechaient de reconnaitre le veritable chemin. Ce
fut la que les Indiens perdirenl toul-a-fait courage. Rien ne put
les determiner a se porter plus loin On fut done contraint , apres
leur avoir pris une partie des vivres , de les renvoyer, avec le res-
tant du bagage , a Tendrolt ou Ton avait fait halte la nuit prece-
dcnte , avec Tordre d'y attendre le relour des voyageurs.
Ce fut une grande contrarield que cet abandon de la part des
Indiens. N'ayant plus avec cnx personne pour porter Icurs ins-
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trumens , MM. Glennie et leurs compagnons manquerent I'oc-
casion de faire les observations aslronomiques et physiques qui
etaient I'objet principal de leur voyage. Ncanmoins, inalgre ce
contre-tenips, ils persislerent dans leur projet ; mais c'etait plus
parti r.ulierement dans ('intention d'observer et de bien reconnaitre
le pays , et surlout de chercher une montee plus commode , afm
d'y retourner une autre fois.
Pen apres que Ics Indiens les eurent quittes, les nuages au milieu
desquels ils se trouverent se dissiperent, en sorle qu'ils purent se
dinger vers un ravin , qui semblait leur promettre une route plus
aisee ; mais ce ravin etait tres-rapide et Ires-rocailleux , aussi ne
parvinrent-ils a le gravir qu'avec une peine extreme , et en ayant
le soin de se placer sur une meme ligne , afin que les pierres
heurtees par ceux qui se seraient trouves les premiers ne rou-
lassent sur ceux qui les auraient suivis. La fatigue et la douleur
qu'ils ressentaient , particulierement aux genoux, les obligeaient
de s'arr^ter tous les huit ou dix pas. Apres avoir fait de cette
maniere une heure de chemin , ils arriverent devant un amphi-
theatre basaltique tellement escarpe qu'ils ne purent le franchir
qu'en se cramponnant et des pieds ct des mains , et non sans
courir les plus grands dangers , aux masses qui faisalent saillie.
Prenant ensuite sur la droite , ces intrepides explorateurs rencon-
trerent un talus de sable mouvant qui paraissait forme de pierres
ponces reduites en poudre ; et de la ils parvinrent a une roche
tres-elevee qui, de la ville de Mexico, ne presente que Tapparence
'i'une aiguille. C'est une masse enorme de basalte noir et compacle
qui affecte la forme de prismes irreguliers; les fentes et les cre-
vasses que Ton y apercevait etaient remplies de neige glacee.
A mesure que MM. Glennie avan^aient , de lemps en temps de
|telites pierres tombaient sur eux , comme si elles avaient ete je-
fees par des gens places au-dessus. lis commencerent a eprouver
''es douleurs de tete et de legers verliges qui fatiguaient Quintana
! lus que les autres, lorsque leur baromelre leur fit voir qu'ils sc
lO
irouvaient k i6,8g5 pieds anglais i6,oio pieds de France )au-des-
sus da niveau de la mer; et cependant, ils n'avaienl point encore
atteint le but desire.
Apres s'etre reposes environ une heure , et avoir pris quelque
iiourritiire , ils se remlrent en route. 11 est impossible dc decrire
tonics les circonslanccs de celte courageuse ascension. Obstacles
mulliplies, passages dlfficiles et perilleux, souffrances memc, rien
lie col^la a ces hardls voyageurs pour franchir le talus de sable qui
ddja forme le sommet et le couronnement de la montagne. On a
peine a le croire ; ce ne sera que lorsqu'ils publieront eux-mSmes
Icur journal , en nommanl tous les lleux de leur passage et en
Taccompagnant d'uiie carle, que Ton pourra reellemeni sc former
une idee exacte et complete de cet interessant voyage, lis nc fuent
sur ce talus quHme pause tres-courte, parce que, croyant toucher
au terme de leur course , et a Taccomplissement de leurs desirs ,
ils ctaient empresses d'y arrlver. Mais , ils etaient tronipes par la
rarefaction de fair qui leur monlrait le but beaucoup plus rap-
proche qu'il ne Fetait en effet ; ils ctaient dans Tillusion sur le
chemin qui leur reslait a faire , et M. Glennie,, lui-meme , ne
pensait plus a autre chose qu'a porter son baromeire sur Ja parlie
la plus elcvee, pour y faire ses experiences. Pour surcroit d'em-
barras, Quintana qui avait beaucoup souffert pendant toute cetle
journde, s'abaltil tout k coup. Aux questions qu'on lui fit, il r^-
pondlt qu'il etait accable , ct qu'il souffralt de grandes douleurs a
la lele ; mais, comme il n'avait cess^ de fumer, on pensa que le
profond malaise qu'il eprouvait , devait provenir dc la , et Ton
conciut qu'il fallail , a une aussi grande elcvalion , se priver de
fumer, tout autantquc dc prendre aucune liqueur spiritucuse. On
eut beau insisler pour qu'il continual le voyage , il s'v refusa. On
voyait cependant que c'elail a regret; on n'insista done pas da-
vanlagc, on lui recommanda seulementde rester dans celendroil,
oil on vicndrail le retrouver.
On avait en face de soi , im sol de sable qui se presenlait en
1 1
pen\e <iouce ; il etait couvert sur la gauche ct de haul en bas, d'unc
iieige gelee en fragmens cubiqucs et prismaliques , qui formaient
comme des piliers, des ruines chlnoises ct autrcs figures dont Tas-
pect variait a Tinfini. On le gravissait en pietinant dans la neige ,
lorsqu'on cornmen^a a entendre un bruit semblable a celui du
tonnerre qtii gronde dans le loinlain. On attribua ce bruit a la
pluie qui , disait-on , toinbalt quelque part. On fitainsipres d'une
petite lieue en avant, mais en s'avrelant frequemment , parce que
les douleurs de lete ct de genoux , la difficulte de respircr, et les
nausees causalenl d'horribles souffrances.Tout a coup, on se trouva,
vers les cinq heures du soir et sans s'y attendre, sur le bord le
plus eleve du cratere. Rien n'egale Timpression que celte vue pro-
duisit sur les voyageurs. I!s avaient passe toute la journee dans la
plus grande solitude ; ils n'avaient aper^u ni une seule plante, ni
un seul oiseau , ni meme un seul insecte. A chaque pas , ils n'a-
vaient rencontre ici que des quartiers de rocbers , et des masses
brutes loutesbrisees par Teffetde leur chute ; et la que des pier res qui
elaient comme vitrifiees et remplies de boursouflures ; de tous coles
ce n'etalt que debris , formant des las de decombres, de sable et
de cendres. L'esprit tout preoccupe de ces produits du feu ct de
ces innombrables signes de destruction , ils arriverent soudaine-
ment sur les bords dun abime immense, dufond duquel jailllssait
une grele de pierres avec un bruit sourd semblable a celui que pro-
duisent les vagucs de la mer, lorsqu'elles viennent se briser avec
fracas contre les rocbers. Par un mouvement Involonlaire , ils re-
culerenl de quelques pas. L'un des voyageurs , les cheveux heris-
ses, ressentit un grand vide dans Teslomac et tomba meme a la
renverse, Tous se regarderent sans proferer une parole, jusqu'a
ce que cette emotion , causee par la premiere vue de i'abime , se
fAt calmee. Alors on revint au cratere du volcan , et Ton s'occupa
du barometre , dont la colonne de mercure n'avait plus que i5
pouces 36o de hauteur. Le thermomctre marquait Sg" el a Tair
libre 33". On recueiliil quelques noles , el Ton prit quel<|ues
dessins.
12
Les voyageurs observ^rent que presque toutes les plerres lancees
par le volcan, k chaque eruption , restaient en dedans du cercle
qu'll s'elait lui-inSnie trace, etretoinbaient dans le cralere ; ct que
toutes cclles qui, en petite quantite , etaient portees en dehors , se
prenpitaient dans la direction du sud. Us remarquerent aussi que
Je bruit sourd qui se faisait continuellenient entendre de Tinterieur ,
augmenlait de temps en temps comme par Teffet d'un craquement
qui devenait de plus en plus fort^ et que c'etait alors que le volcan
vomissait les pierres , le sable et les cendres dont ses bords sont
couverts; que ces acces Etaient frequens et plus violens les uns que
les autres ; que sur divers points , lant en dedans qu'en dehors de
la bouche du cratere, on voyait s'echapper des fumeroles de peu
d'imporlance, si ce n'est les trois principales qui se trouvent du
cole de Test, et a une assezgrande profondeur. Le cratere a lui-
meme la forme d^un long entonnoir dont les parois sont peu in-
clinees, et dont on ne pent apercevoir le fond. Ces parois sont elles-
m^mes coupees , longitudinalement , par plusieurs rainures presque
droites qui descendent de toutes les inegaliles de la bouche du
volcan ; elles imitent les rayons d'un cercle, coupes par trois
anneaux en excavations circulalres , qui dlvisent ce cercle en quatre
zones de grandeur inegale. La plus grande qui est de la roche vive ,
tandis que les autres paraissent n'elre que de sable , est la premiere
en partant du cratere. Au dehors , ce cratere est couvert de neige ;
mais en dedans on n'en voit que dans la parlie qui regarde le nord ,
et encore ne pent- on apercevoir jusqu'ou die s'etend. Sa bouche
presque circulaire, a un diametre d'a peu pres un mille. Ellc est
bcaucoup plus basse vers Torient que vers I'occident. Son c6te
meridional parait Ires-mince, il est rempll d'inegalites dont la na-
ture est telle quelle semble en defendre Tacces ; son c6le septen-
trional , au contraire , est plus ^pais et plus uni, Une dernierc
observation enfin, c'esl que les vovageurs apergurentde la , la cime
du volcan d'Orizava, et les monlagnes neigeuses qui I'entourent :
un brouillard epais leur derobait la vuc de presque tous les autres
objets.
Ces observations terminees, comme la nult avan^ait, MM. Glen-
iiie redescendirent par le meme cliemin qu'ils avaient suivl pour
arriver , jusqu'a Fendroit oil iis avaient laisse Quintana. Quoiqii'ils
eussent d'abord I'inlention d'y passer la nuit , pour retourner le
jour suivant a la montagne , ils furcnt forces d'abandonner co projet.
Aleurretour , Quintana avail le pools Ires-agite, ce qui leur donna
quelque inquietude, et les contraignit de chercher les moyens de
le descendre au plus tot. Ils le porterent eux-memes et a grand'peine ;
mais leur embarras s'accrut bientot. A peine , en effet, avaient-ils
fait quelques pas, qu'ils reconnurenl qu'il ^tait impossible de
reprendre le chemin qu'ils avaient suivi le matin ; ils entrerent done
dans le ravin de Los Neveros a sa naissance. Ils le descendirent;
mais, comme il est passablemenl Incline et couvert de sable, ils en-
fongaient a cbaque pas. C'est ainsi cependant qu'ils atteignirent de
nuit et apres bien des fatigues, les limites de la vegetation ; mais
comme ils s'elaient ecartesde leur premiere route, ils n'arriverent
point au lieu ou devaient se trouver les Indiens. Malgre les grands
feux qu'ils allumerent, pour leur indiquer le lieuofi ils se trouvaient,
les Indiens ne parurent pas de toute la nuit. Le jour suivant,
2 1 avril , on dut prendre le parti de se diviser : les uns se dirigerent
a drolte, et les autres a gauche, en poussant tous a la fois de grands
cris, afin de se faire entendre. On y parvint enfin ; et , lorsque
tout le monde fut reuni , chacun reprit sa mule, et Ton descendit
au poste de la Baqueria ; de la , on passa au village d'Atlauca , et
vers les huit heures du soir on fut de retour a Ameca.
Le 23 avril on avait revu Mexico, apres une absence de cinq
jours seulement.
Tableau
l/^
TABLEAU DES LIEUX OBSERVES.
LIEUX OBSERVIiS.
Ameca , village
St. -Nicolas de los Ranclios. .
Tochilniico , village
Limite supe'rieurc Jcs pins.
Limite dc toute vegetation.
Pointe de St.-Guillaume ( i ).
Bord le plus e'leve' du cratere
du volcan de Popocatepetl.
Postc de la Baqueria
LATITUDE
Nord.
19-17-40
»9
- L-
LOXdll UDE.
.'1 I'E. de IVIexico.
oo-23'-3o"
o-32-3o
llAUTF.lR Al-DE!!»LS
de la mer.
pied:* aiigl
8,216
8,087
6,930
12,544
12,693
16,895
17,884
10,784
pieds fii'iir
7,788
7,781
6,56;
11,890
12,043
i6,oi5
16,837
10,222
Journey from Buenos-Ayres through the provinces of Cordova , etc. ,
to Potosi, etc.
Voyage de Buenos-Ayres a Potosi , a travers les provinces de Cordova ,
de Tuciiman, et de Salta , le desert de Caranja, Santiago de Chili et Co-
quimbo, entrepris dansl'intcret des conipagnies creees pourrexploitatioii
djes mines d'or et d'argent du Chili et du Pdrou; dans les annecs 1825-
1826 , par le capitaine Andrews , de la marine anglaise. — Londres , 1827,
a vol. in-i2.
Pressd de se rendre a Potosi , le capitaine Andrews ne donne
que des renseignemens inconiplels sur la capitale de la republique
(1) Ou :i doriiK; u ce pic , qui sc voit <le Mexico , lo noiu (3c .Saitit-Guillaiunc , cu
riioniHiii lie M. C'.uill. Glcniiir, qui Put Ic inoliiir ile loUc uxciirsiun.
i5
Argentine, dont il exagere beaucoupla population. Ce nest done
reeilement qu'a la sortie de Buenos-Ayres que commence son
voyage.
Le lecteur se Irouve tout d'abord transporte au milieu des
Pampas. Les Pampas , conmie on le sait , sont de vasles plaines
qui commencent presque a la sortie de Buenos- Ay res, et que la
vue parcourt dans toutes les directions sans renconlrer le molndre '
obstacle. On les a nommecs avec ralson un Ocean terreslre. Ces
plaines immenses ont a peu pres trois cents lieues de largcur, et
s'etendent depuis la capltale de la republique Argentine jusqu'a
la base des Cordilleres. Elles sont habitees par les Guachos , peu-
plades espagnoles a demi-sauvages , qui y vivent dans une Inde-
pendance absolue. Les moeurs de ces peuples sont singulleres et
assez peu connues. N'ayant aucune demeure fixe , les Guachos^ bi
la manlere des Arabes, changent de place loules les fois que le
manque de palurage les oblige de conduire ailleurs leurs trou-
peaux. Leur population est peu nombreuse , et les families vivent
a une grande distance les unes des autres. Un grand nombre
d'entre elles descendent des meilleures families d'Espagne. Les
Guachos ont des manieres agreables, et monlrent souvent des sen-
timens nobles et eleves. lis habltent de miserables huttes dans
lesquelles sontentasses pele-mele gargons, filles, hommes, femmes
et enfans. (^es huttes remplies de puces et de buichucas ( esp^ce de
punaises aussi larges que des grillons ) sonl inhabllables en ele.
A cette ^poque de I'annee, toutes les families couchent dehors
sur le gazon ; on ne dort dans les huttes que Thiver. Les seuls
sieges qu'on rencontre dans ces cabanes sont formes de tetes de-
charnees de cheval. Le seul ameublement consiste en une lampe
alimentee par la graisse de jeunes taureaux, et dans quelques brides
et dperons suspendus le long des murs a des os de boeuf. La hutte
est chauffee au moyen de charbon de bois. La seule nourriture
du Guacho est du boeuf et de Teau. Get aliment unifornic et sim-
ple lui donne une force et une vigueur inconnues aux hommes du
It>
viciix conlincnl, el le rend capable de suppoilei" les Iravaux et
les exerciccs les plus fafigans. L'education du jeune Guacho com-
mence au sortir de la mamelle. A peine est-il en etat de marcher,
qu'il essaie deja avec un lasso fait de fil retors, de prendre quel-
ques petits oiseaux. A quatre ans , il est en etat de monter k che-
vai , el capable de mener ainsi patlre les bestlaux a une distance
'assez eloignee du Corral ( espece d'enclos ou Ton rassembie pcle-
mele les besliaux de toute espece ). Plus avance en age , ses amu-
semens deviennent plus serieux ; il sc livre alors avec ardeur ^ la
chasse dcs aulruchcs , des gamas , des lions , des tigres , qu'il
attaque courageusement. Au moyen de son lasso , il allrape les
boeufs sauvages et les autres animaux de ce genre. La distance
qu'il peut parcourir a cheval et le nonibre d'heures qu'il peut
y rester sont a peine croyables. 11 est facile de se faire une
idee de I'independance sans bornes que doit donner un genre de
vie semblable ; aussi I'esprit du Guacho , qui ne connatt au-
cune espece de sujetion , est-il rempli d'un sentiment de liberty
aussi noble qu'il est inoffensif, quoique ce sentiment participe
un peu des habitudes sauvages de la vie qu'il m^ne. En vain
vanterez-vous a ce nouveau centaure les douceurs et les charmes
de la vie civillsee : II vous rt^pondra que le plus noble em-
ploi de I'homme est de courir constamment a cheval ; que c'est la
son plus beau privilege ; qu'aucune parure quelque brlUante qu'elle
soil, qu'aucune joulssance quelque douce qu'elle paraisse, nepeuvent
consoler de n'avoir pas de monlure , et que I'emprelnte du pied
humain trace sur le gazon est, h ses yeux , une preuve de defaut
de civilisation et de barbaric. II n'a aucun de ces besoins artifi-
ciels ni de ces ddsirs qui tourmentent et devorent les populations
policies; et quand II s'est procure une bonne selle et de bons dpe-
rons, il ne pense pas que 1' argent pulsse avoir quelque valeur.
Son caractere, tres-souvent estimable, est toujours hospitaller. Le
voyageur qui parcourt ces vastes regions solitaires est touiours
sAr de trouvcr bon accueil et assistance dans la miserable hutle du
17
Guacho , qui s'enipresscrade recevoir son bote avcc des mani^res
simples et ni^me disllnguiies. A I'arrivee du voyagcur, ie Guacho ,
apres pluslcurs salutations bienveillantes et amlcales, conduira
lui-meme, a son propre siege, pres du foyer, Thole qui vient re-
clamer I'hospltalite. Les Guachos professent la religion cathollque;
mais risolement dans lequel ils vivcnt donnant a leurs pratiques
de dt^volion une grande simplicite , les preserve dc cc fanalisme
rellgieux qui s'empare Irop souvent des habitans des villes. Les
morts sont enterres dans un lieu consacre, et sont places, dans la
fosse, en travers dun cheval qu'on y a prealablcment enterre.
Leur costume se compose essentieilement dun poncho, morceau
d'etoffe a peu pres carrd, ayant un trou pour y passer sa tete, et
de bottes formees de la peau d'un poulain, arrache du venire de
sa mere quelque temps avant que celle-ci ne metle bas , et a une
epoque ou le poll du jeune animal n'est pas encore forme , et oii
la peau est blanche et d'une texture tres-dellcate. Cettepeau,
dont on depouille la jambe de Tanlmal a lamaniered'un bas qu'on
relourne, s'adapte parfallement a la jambe du Guacho, etilnit par
lul faire des bottes sans coutures assez elegantes. Ces botles pre-
sentent, a leur parlle inferieure, une ouverture suffisante pour
lalsser I'orteil i decouvert , orleil qui est la seule partle du pied que
le Guacho pose sur Tetrler, imilant en cela quelques-unes des
tribus nomades de I'AsIe. Get orleil, qui par Tusage continucl du
Guacho d'aller a cheval, est devenu tres-salUant et tres-volumi-
neux , suffit pour malnlenir loujours !e cavalier en equlllbre. L'ha-
bitant des Pampas est tres-adroil a la chasse des perdrix ; 11 se
sert a cet effet d'une baguette au bout de laquelle se trouve un
noeud coulant. Tout en courant au galop, selon son usage, son
oeil per^ant cherche , el a bientot aper^u la proie qu'Il veut at-
teindre. II arrete aussllot son cheval , et forme aulour de I'olseau
un cercle qu'il resserre par degres , jusqu'a ce qu'enfin 11 soil assez
pres de la perdrix. Celle-cl ne parait donner d'attention qu'au
lacet ct ne semble pas s'occuper du chasseur, qui parvient aise-
i8
ment a lui jeter le noeud coulant autour du cou, ct a rcnlevei
coiiinie un poisson pris a la lignc.
C'esl apres avoir traverse une parlie de ces plaines que le capi-
taine Andrews alteignit Cordova^ eloignee de liuenos-Ayres de
173 lleues. Cetle vlUe , capilale de la province du nieme nom ,
est situee dans une vallee peu profonde. Sa population paratt ^tre
de 8 a 10,000 ames; Ignacio ]Nunez la fait montcr a 16,000, el
cellede toule la province de Cordova de 70,0003^0,000. Elle forme
un gouvcrncment federal avec Buenos-Ayres , ct est siluee pres
de la riviere Parana, qui tonibe dans le Rio de la Plata. Dans
nuUe autre partie de TAmerique du Sud rinfluence ecclesiasllque
n'est aussi puissanle qu'a Cordova. Le quart seulemenl de la ville
paratt compose des amis sinceres de la liberie et de 1 indepcn-
dance nationale ; les trois autres parlies sont formees dhonunes
indifferens ou devoues aux prelres. Celte villc possede de nom-
breux couvens dhommes et de femmes ; et , independanmient des
egllses assez bien baties, une superbe calliedrale conslruite dans
le style nioresque. La province et la ville de Cordova ont beau-
coup soufiert, etont vudetruire, par la guerre de I'lndependance ,
le grand commerce de mules qu'elles faisaient avec le Perou : aussi
toules les branches d'industrie y sont-elles languissanles; et le
manque de capitaux se fait-ilsenlir partout. II y a quelques etran-
gcrs etablis a Cordova, et surtout des Frangais, qui y exercenl
diverses professions utiles, et qui y ont ete allircs par un Amcri-
cain eclaire , don Mariano Fragiieira.
Une soiree passee a Y Alameda ou promenade publique , offrit
a notre auteur I'occasion d'admirer les belles Cordoveses. Laissons
parler le capilaine : les dariies , dil-il , qui visltent I'Alameda sont
douees d'une elegance de mouvemens , dune symetrie de formes ,
sans le sccours du corset , et dune souplesse de tournure quen-
vieraient les femmes dc nos cllmats seplenlrionaux. L'aisancc de
leur demarche et radmirable proporlion de leurs membres delicals,
qui ne sont jamais tyrannises par aucun appareil genanl , donneni
10
a toulc leur personuc iin charnie inexprimable. Lcs beanx yeux
dcs «]anies cic ("oiflova fixercnl egalement toiile ratleiilion du ca-
pilalne Andrews, l/.ien , suivantlui, ne pcut resislcr a la seduction
de leurs regards. Excite lout a-la-fois, sans doute , e^ par la recon-
naissance et par le patriotisme , M. Andrews parail avoir recher-
che avec soin la cause « de celte inimitable demarche des dames
americaines , » d-marche qu'il voudrall voir nalionallser parmi
SCN belles compatriotes. « J'aiappris, dit-il , que c'elait autrefois
un6 coutunie , si meme ce n'en est pas encore une aujourd'hui,
dans quelques coins eloignes de la province, d'allacher les jambes
des jeunes fillcs avec un ruban auquel on donnail une longueur
convenable. Ce ruban dont chacun des bouts etait fixe separenient
aux chevilles dela jeune fiUe, ne permettait a celie-ci que de faire
une enjambee d'une elendue proporlionnee a la longueur dn ru-
ban , longueur qu'on augmentait ou qu'on diininuait a volonle. On
tra(:ait ensuile avec de la craie sur le planchcr et dans plusieurs di-
rections des signes que la jeune fille s'excrcait a parcourir symelri-
quement et sur la poinle du pied. •> Si c'est a cet exercice , ajoule
M. Andrews , qu'il faut aftribuer la grace de la tournure el la di-
gnite du maintien qui distinguent les femmes de I'Amerique du Sud ,
il merite d'etre introduit en Anglelerre. II a d'ailleurs Tavanlage
de pouvoir ctre facilemenl appris , et je ne doute pas qu'une dou-
zainc de lemons nemettcnt une jeune lady en etat de paraitre a une
Alameda ajiglaise avec cet air majesluoux qui distingue si eminem-
ment les belles Americaines. »
La nature semble avoir prive les Cordouans de I'espril elcve ,
du tact deiicat et dii genie nalurel des Buemts-Ayriens.
Commc en Egyple , les sauterelles sont une veritable plaie
pour les provinces de Rio de la Plata. Nous avions deja aper^u ,
dit Tauteur , des myriades de ces insecles semblables a un nuage
sombre , etendu sur Thorizon ; mais lorsque nous vinmes a nous
rencontrer sur leur passage, ils etaient lances avec lant de violence
el en si grand nombre conlre la tete de nos chevaux et conlre la
20
figure de nos postilions que noire marchc en fal relardee, et que
l«;s postilions avcugles seiiiblaieiil marcher a latous. Dans le rayon
parcouru par celte grclc tl un nouveau genre, chaque buisson pa-
raissait vivant et elait en un instant depouiile de son feuillage et
de son ecorce. Ccs iosectes amonceles sur la terre a une epaisseur
de trois ou quatre pieds resseniblaient a un vastc champ d'epis que
le vent fait ondoyer , ou aux ondulalions de la nier legerement
agitee par la brise du soir. La canipagne , apres leur passage ,
presenlait un aspect vrainient deplorable. Les ravages produlls par
la flanirne ne laissenf pas des traces plus deplorables el plus tristes.
Si Ton en croit noire voyageur , a niesure qu'on s'eiifonce dans
I'interieur des Pampas, la population diminue de plus en plus.
Quoique la contree soit belle etparaisse fertile , a peine apercoii-
on , apres avoir parcouru plusieurs lieues, quelques inisdraLles ca-
banes eparses 9a et la et bailies en terre.
Sur les bords du Saladillo , pelile riviere dangereuse et rapide
qu'il faut passer pour se rendre a Santiago, noire voyageur fut
tcmoin d une scene a laquelle un oeil europeen n'cst point accou-
tume , et traversa le torrent d'une manierc qui pourra paraiire as-
sez originale a quelques uns de nos lecteurs.
«c Parvenus aux bords du torrent , dit le capitaine , "les chevaux
furent deleles de la voiture et se rendirent d'eux memes a Tendroit
de la riviere ou ils avaient Thabilude de se mettre a la nage pour
passer de I'aulre cote. Qnant a nous, nous reslames sur la rive
pour attendre le bateau qui devalt nous y porter. Quelle fut noire
surprise de voir sur la rive opposee , s'elancer dans le torrent
plusieurs femmes entieremenl nues qni se mirent a nager vers nous ,
tenant chacune entre leurs dents un cordcau de cuir attache a cha-
cune des balsas qui composaient la flotille qui d^vait nous trans-
porter de I'autre cote de la riviere ; ces femmes dtaient suivles par
une vinglained'hommes egalement nus, lords of the creation ^ pous-
sanl devant eux Tespece de bac sur lequcl notre voiture devaiteire
placee. C'etait un spectacle vraiment pittoresque que de voir ces
iiouvelles iiereTdes a la couleiir d'ambrc , qui paraissaient se joder
dans ics caux coniiue dans \eac propre clement, s'eianccr avec
iegerele sur le rivage, et, loutes Iremljlanles de froid , accourir
vers nous pour nous offrir leurs services, sans m6mc se donner
ie temps d'cxprlmer I'eau dont etait imbibee leur longue chevelure
dun noir de jais.
» Le balsa ^ ou bateau de cuir, est forme d'une peau de lau
rcau coupce en carre, et dont chacun des coins est reuni par un
simple nceud. On le prendrait, h. une certaine dislance, pour unc
caisse a the flottant sur la riviere. Au mouvement de I'oscillation
<le deux de mes malles, qu'on avail placees dans ce bateau-coquille
pour lui servirde lest, je reconnus bientot qu'il etait de la der-
iiiere importance , si I'on ne voulait pas tomber dans le torrent,
de conserver un equilibre parfait pendant la traversde ; aussi ma
conductrice mit-elle la plus grande attention a me placer au mi-
lieu du balsa, dans le centre meme de gravile ; ce qu'elle fit d'ail-
leurs avec une adrcsse qui aurait fait honneur au marin le plus
experimenle. Je m'assis done bien prepare, en cas d'accident ,
a meltre a profit mes talens en fait de natation. Ma nageuse prit
alors le cordcau du balsa entre ses dents, s'clan^a dans I'onde ,
el lutta avec unc si grande force contre la violence du torrent,
qu'il semblait que Ics ondes etincelassent autour d'elle. Elle tour-
nait de temps en temps les yeux vers moi comme pour me rassu-
rer, et avec un sourire d'encouragement elle semblait me dire :
« Wayez pas peur. » .Je ne pouvais m'empecher, cependant, de
reflechir sur la situation singuliere ou je me trouvais place : seu-
Icment Tepaisseur dune peau de taureau entre moi et Teternite ,
et pour toule sauvegarde , I'adresse d'une femme ! Mais heureu-
sement nous arrivames bientSt a terre ; et mes compagnons qui
avaicnt fait la Iraversee, chacun dans un navire semblable au
nfilre, debarqucrent , ainsi que moi, sains et saufs. »
Les habitans dc Santiago sont pauvres et paresseux. La popula-
tion de celte ville a, depuis la guerre de Tlndcpendance, consi-
22
deiablcinent diminuc ; elle est k peine la mollie dc celle de Cor-
dova. Legouverneur actuel, le senior Ybarro, est parvenu a cette
dignite par le nioyen de Yultlma ratio : inoyen dont ies repuljli-
cains de la trempe du senior Ybarro savent, a ce qu'il parail,
faire , dans 1 occasion , un aussi bon usage que pourraient lo faire
Ics polentats do I'ancien iiionde.
Nous francbirons aussi leslemenl que I'a fait I'auteur Ies qua-
ranle lieues qui separenl Santiago de Tucuman, jolie villa ou nous
nous arrelerons un peu. La province de Tucuman , dont la capl-
tale poitcle nienie rioni , a la forme dun trapeze, dont chacun
des cotes est d'environ quarante lieues de long. Elle est bornce
par Ies provinces de Salta , de Santiago del Kslero , et par celle
de Tacamarca. Une brancbe des Cordillercs des Andes forme sa
limile occidentale. Quoique voisine des tropiques , son climat est
doux et lempere ; elle est la plus petite el pourtant la plus riche
des province^ uniesde Rio de la Plata. Sa population estd'environ
4o a 5o,ooo ames , dont 12,000 dans la capitale. La douceur de
son climat tl \A richesse extraordinaire de son sol lui onl fait
■w
donner le uom de Jardin de VUnion federate.
C'est a Tucuman que fut signee, en 18 iG, dans un congres ge-
neral , la declaration de Tlndepcndance de TAmerlque du Sud.
L'influence des pretres est tout-a-fait nulle dans cette province.
LesTucumanais, en general , ont I'csprit vigoureux, I'sinie elevee,
et un grand fonds d'honneur ; ils sont bons et bospilaliers tnvcrs
Ies etrangers, modesles , quoique doues de lalcns naturels. Les
plus eclaires d'entre eux deplorent les habitudes indolentes de
leurs concitoyens et leur manque d'dducatlon ; ils appellent de
leurs vceux tous les etrangers inslrulls ou industricux. Les mines
dor et d'argcnt sont abondantes dans cetle province ; mais telle
est la ferlliite du sol, la beaute du climat et, peut-etre aussi,
I'absence d6 besolns nombreux , que lo pcuple se refuse a aller
s'enterrer dans des mines, loin de la clarte du soleil, pour arra-
cher aux enlrailles de la terrc des richesses inullles aux besolns de
23
la vie : aussi n'y a-t-il qu'un tres-petit nonibrc Ac mines qui solent
exploitees.
Les arls , les sciences et la litleralure sdnt inconnus a Tucuman.
La maslque semble seule y ^Ire un pen ciiUivee. LV'sprit d'indepen-
dance qui domine dans cetle province , el la soif de connaissances
qui commence a se faire sentir, ne permettront pas que eel etat
de choses subsisle long-temps.
Le voyage du capitaine Andrews, depuis Tucuman jusqu'aSalta,
ne presenlant rien de remarquable, nous nous empressons d'at-
telndre celte ville , capitale de la province du mi-me nom.
La province de Salta, situee au sein dune nature riche et fe-
conde, s'etend enlre le 20" et le 25'^ degres de latitude nieridio-
nale. On ne peut se former aucune idee esacle de la variete du
sol, et de celle du cllmat de celte province, si Ton ne considere
avec attention la difference d'elevation qui existe enlre les di-
verses parlies qui composent son territoire : elevation a laquelle
on doit altribuer les differentes temperatures qui y regnenl en
meme temps, depuis le froid humlde et penetrant des zones nei-
geuses, jusqu'a la chaleur brAlanle des fropiques. Sa population
est de i5,ooo ames , dont environ 7,000 pour la ville de Salta.
Cctle population est si peu active, qu'elle est obligee de tirer des
provinces qui I'enlourent , les objets de premiere necessite ;
son seul commerce est celui des mules. Cetle province sur le
territoire de laquelle de grands evenemens se sont passes dans les
quinze dernleres annees, a beaucoup souffert dans la guerre de
rindependance ; guerre a laquelle elle apris.une part active et
glorieuse.
La ville de Salta, agreablement situee sur un terrain incline et
k rextremlte d'une plaine immense, esl elolgnee de 9 lieues de la
grande route de Buenos-Ayres a Potosi. Les rues en sont propres
et uniformes ; les maisons batles en briques. Deux rivieres, VArios
el le 6il/elio , la premiere surtout, lui fournlssent de I'eau. De celte
ville ou aper^oit , a trois lieues de distance du cole de I'ouesl , les
hautcs colliucs , premiers echelons dc I'iinmense chaine des Andes.
La beaute des dames de Salta est passee en proverbe, Icurs manlcres
sont douces et elegantes. Lcs hommes sont intelllgens et devoues
a la cause de la liberie.
A quclques lieues de Salla, et dans la province de ce nom, on
trouve Jujuy, petite ville situee sur la grande route de Polosi et
du Haut-Perou. Cette ville, plus vivante et plus commert^ante
qu'aucunedecellesque Tauteura rencontreesdepuisBuenos-Ayres,
parait n'avoir pas aulant souffert des ravages de la guerre , que les
autres villes de la federation : elle est propre, bien batie , et situee
d'une maniere tres-pilloresque , sur un plateau entoure de monta-
gnes don I la plupart recelent des metaux prer.ieux.
C'est presqu'au sortir de Jujuy que commence cette immense
region montagncuse, qui, de degres en degres, va se terminer aux
Andes. L'auteur decrit avec talent les divers aspects pittoresques
de la route qu'il parcourut a travers les montagnes. INous regrellons
que le dcfaut (Vcspace ne nous permette pas de traduire ici quel-
ques unes des descriptions pleines de cbarmes, qu'il fait des admi-
rables tableaux que la nature elale dans ces regions elevees. A
mesure que le voyageur s avance vers le sommet des montagnes ,
Taspect du pays devient de plus en plus triste , jusqu'a ce que ,
parvenu a une certalne hauteur, le sol nepresente plusasesyeux,
que des rocs steriles; d'horribles precipices, des pitons qui per-
cent les nues, et partoul Tabsence de Ihomme. L'on ne rencontre
dans ces solitudes elevees, que I'innombrable variete des dalms du
Perou, et des Iroupeaux de Guanacos qui semblent se perdre dans
les nuages.
Lj^ route de Jujuy a Potosi est extrcmement fatigante , et c'est
avec un vif sentiment de joie que notre auteur atleignit cette der-
niere ville, terme de son long et penible voyage, et dans laquelle
il avait espere former un vaste etablissement pour Texploitation de
t[uelques unes des mines de Polosi , eloignees de quelques lieues dc
la ville de ce nom. Le premier soin du capitaine ful de solliciter
25
une audience du' general Bolivar , qui se Irouvalt alors a Polosi. 11
raconle ainsi son entrcvue avec le liheraleur.
« Ce fut le 1 8 octobre 1826, que je fus presente k Bolioar. Je
ne nierai pas qu'au moment de paraitre devant le herosde Tind*^-
pendance americaine, je n'aie eprouve celte sensation particuliere
que donne la presence dun homme qui a rempli la terre de la
gloire de son nom , mais cetle impression , qui approche presque
de la crainte, fut bientot detruite par I'accueil franc, ouvert ,
cordial, que je re^us de.lui. C'est le devoir de Ihistorien de
faire connaitre les grandes actions du heros ; je veux seulement
decrire ici Thomme tel qu'il m'apparut dans une courte entrevue*
» Bolivar est d'une taille ordinaire, svelte , bien prise ; il semble
Gonstitud pour la vie active des camps , et pour les fatigues de la
guerre. Ses traits ont un expression de severite qui approche de la
rudesse. Son nez est aquilin , et ses yeux , qu'il semble rarement
permettre a un changer d'observer attentivement , sont plus pene-
trans qu'animes. Son front, sillonne par les inquietudes et par les
meditations, parait toujours etre couvert d'un sombre nuage. En-
fin , tout Tensemble de sa physionomiequi n'a riende cequi carac-
terise un genie superieur, annonce nn caraclere ferme et decide,
porte I'empreinte des soucis et des travaux, et a mcme quelque
chose de repoussant. Bolivar, en donnant une audience, semblait
nianquer de cetfe aisance qui cbmnent mix personnes placees duns un
rang aussi ele\>e , et je remarquai que lorsqu'il etalt assis , il avaitla
mauvaise habitude de passer et de repasser ses mains sur ses genoux.
II parle d'un ton rapide, mais monotone, et ne donne pas une
opinion favorable de sa politesse (i). Les qualites d'un fier soldat re-
puljlicain doivent naturellement, sans doule, differer de celles d'un
courtisan de la vieille ecole europeenne , et il serait bien Strange,
(i) II nous semble que tout ce passage est en conlmdiclion avec ce (juc
Pauteiir a dit plus haul du sentiment que Imms^iTAVacucil franc , oiwert
el cordial de Bolivar. N. du R.
26
en effel, que Ics habilmk's, Ics inanities <le liolivdr , toulc sa per-
soniie cnfin, iie porlassciil pas renipiciiilf dii caracltirc a\ ciiliireux,
sinqulier el guerrier, tics sceues exliaordinaires dans lesquelles il
a joue le principal role. »
Revenons a Potosi. Celtc vllle qui ne s'offre h riinagiiialioii
eblouie du lecteur en general , qu environnee d'un remparl im-
meiise d argent massif, el flanque de tours dorees, est Mtie sur
la declivite d'une collinc , doii Ton peul Jouir de la vue de la riche
el fanieuse inontagne qui lui a donne son nom. Kile possede unc
place belle el vasle, oil 1 on Irouve plusieurs beaux edifices publics.
La population de celte ville, au conunencenient de la revolution
aniericainc, elail d'envlron i3o,ooo^mes ; elle est a peine aujour-
d'hui de 11,000, celle de toute la province est d'environ 3oo,ooo,
donl les qualre cliiquiemes sont Indiens. La province est gouvernec
par un intendanl du prefet, invcsti a la fols du pouvoir civil et
inllilaire.
La niontagne de PolosI, donl le sonimet est a environ i4,ooo
pieds anglais au-dessus de la mer, semble lorsqu'on Texaniine des
hauteurs de la ville , avoir la forme d'un vaste pavilion deploye ; et
si rimagination du speclateur pent ccarler un moment le souvenir
des maux que celle montagne a repandus sur le monde, aucun as-
pect de la nature sterile ne peut elre plus magnlfique el plus im-
posanl. Les nombreuses teinles mclalliferes, rouges , grises, verles ,
jaunes, roses, etc., dont le vasle cone esl colore, et qui provien-
nent des dii'ferens metaux qui out etc repandus ii I'orlfice des mi-
nes innombrables qui cicatrisent les flancs de la montagne, pro-
duisent un effet singulier et tout-a-fait pittoresque. Les vieux
Espagnolsportent a cinqmille le nombre de mines qu'on y trouve ;
mais cette (Evaluation est evidemment exagerce. Quoi qu'il en puisse
etre dc ce nombre, il y en a a peine une ccnlaine qui soient au-
jourd'hul en aclivile. Ces mines ont donne des resullals prodi-
gieux. Quelques unes ont produil jusqu'a neuf millions de dollars
par an, 3o,ooo par jour. On raconte alnsi la decouverle de ces
2?
merveilleuscs mines: Un liidlen nomine Diego Gualoa, en cou-
rant apres queiques uns de ses moutons qui s'etaient tigarcs sur la
niontagne , fit un faux pas dans un endroit dangereux, et ne dut
son salut qu'a un arbusle qui se trouva pres do lui et dont il se
saisil. L'arbrlsseau deracine par la violente secousse de I'lndien,
laissa voir a dccouvert le precieux metal au-dessus duquel il elait
planle. L'Indien s'emprcssade communiquer sa decouverlc a deux
Espagnols qui exploitaient dcija les mines dc Pasco, et qui s'empa-
rcrent bienlot de cclle, beaucoup plus considerable, que le pau-
vre Diego leur avail revel^e.
Nous ne mettrons pas nos lecteursjdans la confidence des mo-
tifs qui forcerent le capitaine Andrews a quitter brusquement Po-
tosi, ou il avait esper^ faire un long et lucratif sejour. L'auteur prit,
a travers les Cordilleres et les Andes, le chemin de Valparaiso ,
petit port de mer , dans la republique du Cbili. La , il s'embarqua
en compagiiie du ce^ebre general Rodil , a bord d'un vaisseau an-
glais, et apres avoir double heureusement le cap Horn, atteignit
Hio Janeiro. Arrive a Rio Janeiro , Ic capitaine se rendit a
rOpera, on y representalt la Chute de Puhnyre. Le principal per-
sonnage etait joue par un caslrat d'unc taille gigantesque. Le len-
demain, M. Andrews assista, k la chapelle imperiale, a un Te Deiim.
" Je vis, dit-Il, Tfrnpereur Don Pedro et rimperatrlce, comme
LL. MM. IL se rendaienl a leurs voitures , sulvies des jeunes prin-
cesses, et d'un des enfans naturels de I'enipereur. Les troupes
rendirent a la mailresse de Tcmpereur, unedes filles d'honneur de
rimperatrlce, les memes horineyrs qua une personne du sang
royal, c'est-a-dire que les soldats s'ageuouIUerent lorsqu elle passa
devant eux ! »
Frederic Degeorge.
28
KapPCIH' siir Ic nuiM-.l /lllits du ruyiiiii/ic de Uuncmarck dc I\J. Ic
Chevulicr u'Abrahamson ; i)ar M. liliVJE.
La Soclele m'a chargt- de lui faire un rapport verbal sur uii
onvrage qui lul a cle presciUe par M. le chevalier d'Abrahainson ,
aide-de-camp de S. M. le roi de Danemarck, et qui a pour litre;
T^omelAtlas du royaume de Danemarck par Bailliages. Get ouvrage
sera compose dc 48 Cartes, divisees en quatre sections ; vingt-une
fcuilles sont deja publiees ; les vingt-sept autres doivent paraitre
dans le courant des annees 1828 et 1829.
Avaiit d'examiner les parlies publiees de Touvrage par M. d'A-
bralianison, je dois rappeler que le gouverncmenl danois a confie
depuis long-temps a TAcademie des Sciences de Copcnhague, la
publication d'un Atlas topographique du royaume ; il ne manque
a cette collection que la Carte du Holstein. Ce,grand ouvrage a etc
dirfge par M. le professeur Schumacher, Tun des membres de
I Academic, dont les hautes connaissances garanlissent I'exac-
titude de ces Cartes juslenient estimees : pourtant, et sans doute
par suile d'observalions el d'operations poslericures , on a re-
connu la necessite de faire subir de legeres corrections a plusieurs
points de la Geographic asironomique.
Compare aux Cartes de I'Academie, I'ouvrage de M. d'Abra-
hamson presente dans cette partie des differences assez sensibles,
que , jusqu a present du moins , ne justifie aucune note analylique :
nous ne pouvonsdonc pas pour le moment rcndre complc,d'une
maniere equitable , d'une des parties les plus importantes , celle
qui a pour but la justification des bases sur lesquelles reposent les
details topographiques.
Plusieurs motifs rendaient egalement necessaire la publication
du nouvel Atlas. Jusqu'alors on ne pouvait consulter avec fruit
que les Cartes dressdes sous la direction de M. Schumacher; mais
la grandeur du format etait incommode pour I'usage du plus grand
nombre, et Televation de leurprix en rendait I'acquisillon impos-
29
sible a la plupart des forfuiies ;• d'aillenrs, dcschangcmens amenes
par le lemps exigeaient tie nouveilcs intliralious , reclamees pour
I'elude de la Geographic physique el polilique, et de la Slatisliquc.
Les divisions adminislratives de la grande Carte, par provinces ,
laissaient aussi a diisirer celles des bailliages , des cures , etc.
Le plan d'un nouvel Alias fut done soumis au roi de Danemarck,
qui Ta approuve, et en a confie Texeculion a M. d'Abrahamson,
directeur de rinstitut royal de Lithographic ; des-lors les nieilleurs
sources , les archives et les depots furcnt mis a sa disposition , et
Texecution de 1 ouvrage fut commencec avec zele il y a Irols ans.
La projection des Carles dc cet Atlas, du format petit in-folio,
a et^ elablie par M. le docteur Gliemann, deja honorablemcnt
connu par diverses publications. Les 2 1 feuilles que nous posse-
dons ont etc dressees sur la meme echelle ; le mille danois de
4.000 toises y est egal a un pouce decimal ; ce qui donne, au dcgre
du m^ridien . environ o",64, f>u environ un metre pour i';4i000
metres. Les longitudes sont comptees du meridien de Copenhaguc.
Prcsque lous les details topographiques du nouvel ouvrage sont
emprunt^s aux Carles de I'Acadcmie- Chaque feuillc prcsente en
outre la division par bailliages, qui, en Danemarck, est Tunile
statistiquc ; ceux-ci sont subdivises en cures, qui comprennent
souvent plusieurs paroisses; des signes varies indiquent chacune
de ces divisions, que les besoins journaliers rendaient necessaircs.
Lc chef-lieu des paroisscs et les lieux remarquables ont un signe
particulier. Nous pourrions citer encore avec eloge plusieurs ad-
ditions importantes , parmi lesquelles on doit savoir gr^ a M. d'A-
brahamson d'avoir indique, en chiffres arabes, les hauleurs abso-
lues du petit nombre de points les plus eleves : ellcs sont exprimees
en pieds danois ou dixiemes de toise. Les Irois classes de routes
adoptees dans le royaume , se distinguent par la variete des Iraits
qui les rcpresenlenl.
Pour eviler de surcharger les Carles, on a place, pres des points
importans que leurs noms u'auraient pu acconipagner sans confu-
3o
sion, dcs chiffrcs qui rcnvoienfa Icurs dcnojiiinalious placoes sur
les coles de la Carte ; une de ces feuillcs ne donne pas molns de
cent nomsqiii apparlienncnl pour la pliiparl a de pelites ties.
Tout rouvrage est lllhographie : co travail est fait dans Tlnslilut
lithographiquc , par dcs officiers attaches a cct etablissement. La
graviirc de chaquc Carte, sur pierre, a. employe Irols , quatre ou
cinq semaines. Parini cellesque vous avez sous lesyeux, plusleurs
offrent un resultal salisfaisant ; d'aulrcs laissent Leaucoup a desi-
ror. Cette difference doit sans doute etre altribuee a I'ordre dans
Icquel les planches ontete gravees; d'aillcurs il scrail injuste d'exi-
gcr une grande uniforniile dans toutes les parlies dun ouvrage peu
dispcndieux, et destine a etre repandu en tres-grand nombre ; ct
deja le rapport qui nou^ a ele fait par M. Joniard , au nom
d'une commission chargee d'examiner les ressources que prestnlc
la lithographle pour Xsigravure des Cartes, vous a monlre toutes les
difficulles qu'ont a vaincre les honimes qui font de ce procedd leiir
etude el leur occupation habituelles.
Laccueil qua re^u le iiouvel Atlas du Danc-marct a deja neces-
silc, a deux reprises, le reniplacement de plusleurs pierres; ct la
reputation donlcel ouvi-agc joull dans le pays pour lequel il a ele
fait , ineltra bientot M. d'Abrahamson a meme de fairc rcmplacer
les feuilles donl Texecutlon lalsse encore a deslrcr.
Ce premier aper^u montre les ameliorations introduites dans
ce nouvel Alias. iSous ne pouvons qu'exprimerun vif desir de voir
se terminer promplcment, ct avec le succes quelle a deja oblcnu,
une enlrcprise qui inleressc la Geograpliie du Danemarck eu
partlculler , et celle de lEurope en general.
D'apres Topinion que nous veiions d'emettre , nous avous
Thonncur de prier la Societe d'inviter I'auleur a poursuivre son
important travail ; et nous lui proposons d'admelire IVI. le che-
valier d'Abrahamson au nombre de ses niembres correspondaus.
l»
Brui:.
3i
DEUXIEME SECTION.
ACTES DE LA SOCIETE.
§ 1^''. Proces-V^crhaiix des Seances.
Seance dii l^. jumner 1828.
M. Bruguiere adresse a la Societe la copie rectifiee et augnienlec
d'une pailie <le son Mcmoire sur Ics monlagncs de I'Europc.
Renvoi a M. le baron de Ferussac, charge de survelUer la publi-
cation de cet ouvrage.
M. de Levvchine, conseillcr dc S. M. TEnipereur de Russie ,
remercie la Societe qui vient de Tadntctlre au nonibre de scs
membres , ct lui fait homniage dun ouvrage ayant pour litre :
Apergu kislon'que et stalistique sur les Cosaques de I'Oural: il propose
a la Societe Tenvoi du journal d'Odessa , publie en russe et en
fran^ais , et destine a faire connailre Tetat present de la nouvelle
Russie, sous les rapports du commerce, de Tindustrie, de la
geographic et de rarchcologic.
M. de Lewchlne annonce que les officlers du genie russe ont
nivele Tisthme qui separe la mer Caspienne de la mer d'Aral, et
qu ils ont reconnu que la derniere etait beaucoup plus elevee que
la, premiere : il coinmuniquera a la Societe, les resuUats de cetio
importantc operation.
M. le professeur Bcrghaus avail adresse precedemment une leltre
de ?/L le general Schubert , redigee en allemand et relative aux tra-
vaux geo-topographiques executes en Russie par le corps de Tetat
major imperial russe. M. Alex. Barbie du Bocage en donnc con-
nais.sance. Insertion au Bulletin. (Voir p. 82. '
32
M. C. Morcau Jransmet la nouvellc dc la iiiorr du capilalne
(ylapperton , repanduc a Tripoli par des \oyagcnrs arrives du
Soudan ; sa leltre qui conticnt en oulrc des rap[)orts dcs indigenes,
sur le cours des rivieres de Tintcrieur de TAfriquc , est renvoyee
au couiite du liuilclin. (Voir p.^y- )
IM. Jomard fait observer que ces rapports tires d'une leltre de
Tripoli, en dale du 2 novembre, sont aussi incertains que tous
ccux qui ont emanc jusqu'ici des memes sources. Le fait le plus
important de cette leltre est, que les compagnons de voyage du
capitaine Clapperton, paraissent avoir traverse dans loule son
elenduele continent de TAfrlquc, dcpuis le golfede Benin jusqu a
Tripoli, oil ils etaient attendus au depart du courrier.
Una autre leltre de M. Rousseau, consul general a Tripoli , du
17 novembre, comniuniquee par M G. Barbie du Bocage, con-
firme la uouvelle de la mort du capitaine Clapperton , el de celle
du major Laing. ( Voir p. 4-8- )
M. Jomard annonce qu'une deputation de la Societe a etc admise
a offrir au Roi, en audience particullere , le second volume dure-
cucil de ses Memoires , et quelle a re^u de S. M. I'accueil le plus
flatteur. La deputation a ete admise pour le meme objet, chez
monselgneur le Daupbin , et chez S. A. R. M ' le due d'Orlcans.
M. le comte Andreossy fait don a la Societe d'un memoire ma-
nuscrit contenant /7i/sto»e geiierale de Vil' de JSaxi'e, dans TArchi-
pel,sa slatisliquc et des considerations sur les moeurs el les usages
de ses habilans , par le P. J. Liechtie, qui a fait dans celle tie un
sejour de plus do trente annces.
La Commission vote dcs remercimens a I\L le general Andreossy,
et decide que le memoire sera renvoye a Texamen de la section de
publication.
Sur la proposition de M. Jomard et apres une discussion, la
Commission centrale arrele que le progranune des prix portera
dorenavanl la clause qui suit : la Socirlfi drxire r/ue les menioire.s xoient
f.riis en fmiifuix ou en latin; cepcndant elle laisse au.v conr.urrcns la
33
facullc dccvire leurs outrages en anglais , en ilalien , en cspagnol , ou
en porlugais.
Le meme membre propose de limitcr le noinLre des correspon-
dans etracgers a dix-huit, moilie de celui des membres de la Com-
mission centrale ; Ic nombre actuel est de neuf. Cetle proposition
est adoptee.
Un membre fait observer que Ion n'a point public dans lo
n° 54- dii Bulletin, une note concernant les documens imprimes
dans le numero Sa. Apres avoir entendu plusieurs membres, la
Commission arrete que Ton se bornera ^ rectifier les inexactitudes
qui ont ete relevees dans les documens dont il s'agit.
La Commission, aux termes de son reglement, procesde a la
formation de ses diverses sections; elle nomme M. Pacho, k la
section de publication , en remplacement de M. le colonel Jacotin,
decede; et M. de Rossel, a la section de correspondance , en
remplacement de M. le comte Andreossy, appelc aux fonctions
de vice-prdsidenf.
M. le president annonce qu'il a ete depose sur le bureau, deux
mdmoires destines au concours relatif a la geographic de la France ;
le premier a pour litre : Essai sur la description physi(jue du bassin
du Cher, et le second est intitule : De Velat ancien, et </e I'etat
actuel de la baie du Mont-Saint-Michel et de Cartcale , des marais de
Dol, et de Chdteauneuf et des environs de Saint-Malo , depuis le cap
de Frehel jusqu'au Cotentin.
MM. le baron Coqucbert-Montbret, le baron Ch. Dupin ct
Puissant, sont nommes commissaires.
Deux autres memoires destines au concours relatif au nivelle-
ment des rivieres de France, sont aussi deposes sur le bureau; le
premier a pour litre : Nivellement d'une partie de la vallee de I'Oise ,
comprise entre Vemhouchure de TAisne et celle de VOise dans la Seine ,
et pour devise : Les progres de la navigation , du commerce et de I In-
dustrie sont lies ii ceux de la geographic ; le deuxieme est intltuli; :
Memoire sur le cours de la riviere de Somme , et nivelfement dune pariic
3
lie cette run ere, ct porte pour devise : 3fon desir, en cherrJiani une
recompense , est d'etre utile.
MlVr. JJonnc, (loraboeuf et Haxo, sont nommes commissaires.
Seance dit 18 jumner 1828.
S. Exc. le ininistre de Tinterieur transmet une ampliation de
rordonnance royale du 19 decembre 1827, par laquelle S. M.
veut bien approuver les reglomens de la Societe , y coinpris les
articles supplemcntaires.
L' Academic des sciences remercic la Societe de Tenvoi qu'elle
lui a fait du tome II du recueil de ses Mcmoires.
La Societe medico-bolanique de Londres adresse Jes diplonigs
dc menjbres correspondans qu elle a accordes a MM. Bertero ,
Choris, Peyrounenc et Taillefer , qui voyagent sous les auspices
de la Societe de Geographic.
M. le baron de Derfelden de Hinderstein communique plusieurs
observations sur un point de geographic politique , relatif aux li-
mites actuelles de TEurope et jle TAsie.
La Commission centrale , apres diverses observations , decide
que cetle lettre sera deposee dans les archives de la Societe.
Sur la demande de M. Sueur-Merlin , la Societe accorde a la
bibliolheque de la villc d'Abbeville un exemplaire du recueil de
ses Memoires au prix fixe pour les Societaires.
Elle accueille egalement la proposition que lui fait M. Warden
d echanger son recueil de Memoires contre celui de la Societe de
Canil)rldg<;.
M. C Moreau, present a la seance , depose sur le bureau plu-
sieurs documens manuscrils, relalifs aux iles Hebrides, Orcades
et Shetland. Renvoi a la section de publication.
Le meme membre offre a la Societe un plan de la colonic de
Sierra-Leone , avecla suite des documens officiels sur cetle colonic
presentes au parlemenl britannique. l\envoi a M. Eyries pour un
rapport.
Un nieip.bre desire qu'il soil fait des ranpoils verbaux sur tons
les ouvrages offerts a la Socicie.
M. Jomard appelle de nouveau I'atlenlion de ia Soclele sur une
proposllion qui a elc renouvelce plusieurs fois dans son scin , ct
qui a pour but la fondation d'un prix annuel en faveur de la de-
couverte la plus importante faite en gt^ographie ; la redaction du
programme , proposee par M. Jomard, est mise aux voix et adoptee.
(Voir p. 38.)
M. Coraboeuf , au nom de la section de coniptabilile , fait un
rapport sur le budget des recettes et depenses de la Sociele poui
I'exercice 1827-1828. Les conclusions du rapport sont adoptees.
M. Alex. Barbie du Bocage lit un rapport, au nom du comite
provisoire du Bulletin ; la commission arrete que ce rapport sera
depose sur le bureau pour ^tre consulte par les membres avant
<l"etre mis en deliberation.
§ 2. Admissions, Offrandes , etc.
MEMBRES NOUYELLEMENT ADMIS DANS LA SOCIETE.
Seance du 4 janoier 1828.
.M. le comte Herwyn de Nevele, Pair de France.
M. Largeteau, Lieutenant aa corps royal des Ingenieurs-
g^ographes.
Stance du iS janoier.
M. AuDENELLE, Collaborateur du Journal des Sciences militaires ,
etc. , a Thionville.
M. Lepeudry, G^ometre.
M. le vicomte DE Simeon , chargd de la Direction des sciences,
arts et belles-lettres au ministere de I'interleur.
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE.
Par M. Pacho : J oyage dans In Marmariifue et la Cyrendi'que ^ etc
2^ parlie, in-4".
Par M. le baron Roger : Kcledor, Histnire africaine. Paris, 1827,
I vol in-8°.
Par M. Lartigue : Instniction naulique sur les cotes de la Guiane
frangaise. Paris, 1827, une brochure in-8".
Par IM. de Lenchine; ylperpi historique et statistiqiie des Casaques
de rOural. Paris , 1823, i vol. in-8". — Plusieurs N"' du Journal
dOdessa.
Par M. Bajot : Annates maritimes el coloniales; csi^iGr^edi^cetnh.
Par M. Toulouzan : VAmidu Bien ( 4* cahier 1827 ).
Par M. de Leuven : Journal des Voyages , cahier de novembre.
Par la Societe de la Morale chretlenne : N° 4-7 de son Journal.
Par la Societe Asiatique : N"^ 64 ^t 65 de son Journal.
Par les Auteurs : Plusieurs numeros du Globe.
Seance du 1 8 Janvier.
Par M. C. Moreau : Accounts relating to the duties , exports, im-
ports , population , schools , churches , marriages , etc. , of the colony
of Sierra Leone. London , 1827, i cahier in-f". — Plan of the colony
of Sierra I.eone, by J. W^yld , 1 feuille. — Papers relating to the
Island of Shapooree. London, 1827, i cahier in-fol. — Chronolo-
gical records of British Finance .^ founded of official Documents. Lon-
don, 1827, I cahier in-fol.
Par M. Bouvard : Connaissance des temps ou des mouvemens ce-
lestes^ ii r usage des astronomes et des naoigateurs , pour Van i83o.
Paris, 1827, I vol. in-8°. — Annuaire pour V an 1828, i vol. in-i8.
Par M. Jullien : Reoue encyclopedique ; cahier de decembre.
Par la Soci^t^ Asiatique : Nouoeau Journal Asiatique; n i".
Janvier 1828.
•'7
Par la Societe d' Agriculture dc Vcsoul : Uaueil ogronomiuuc dr.
celle Societe ^ toni. ii, y"^ a lo^ livraisons, Vesoul, 1827.
Par les Auleurs : Plunteurs numcros dii Glube.
§ 3.
Presentation du 11' volume du Recueil des Memoires de la Societe ^
au Roi, au Dauphin et a S. A. R. le due d Orleans.
La Sociele de Geographic a ete admise, le 16 deceniLre , a
presenter au Roi, en audience parliculiere , le second volume de
son Recueil de Memoires et de Relations inedites. La deputation a etc
introduite, dans le cabinet de S. M. , par M. le due de Blacas ,
el presentee par S. E. le comte de Chabrol de Crousol, niinistre
de la marine et des colonies, president de la Sociele. Apres avoir
remercie Sa Majesle de I'Ordonnance par laquelle elle a daigne
revetir de sa sanction royale les statuls de la Societe, le Presi-
dent a rappele la protection que les Kois de France out toujours
accordee aux sciences geographiques et a la navigation , el les
instructions tracees de la main nieme de Louis xvi , pour le voyage
de decouvertes enlrepris par La Perouse.
Le l\oi a repondu , qu'il n'avait pas oublie ce qu'avail fail
Louis XVI pour les sciences , et qu'il vOTilait marcher sur ses
traces. S. M. a daigne ensuite ieliciter la Societe de Geographic
de son zele et dc ses travaux , I'engager a poursuivre son cntre-
prise, et lui assurer Fappui de: son august^; protection.
En sortant de chez le Roi , la Sociele a etc admise a Faudience
de S. A. R. Monseigneur le Dauphin , et lui a olfert le second
volume de son Recueil. Le president a temoigne a Monseigneur le
Dauphin combien la Societe de Geographic s'estimerail heureuse
s'il daignait se considerer comme son protecleur. S. A. R. a
adresse a la deputation des paroles pleines de bienveillance et d'in-
terct pour les travaux auxquels se livre la Societe, dans le hut
d'elendre les decouverlcs et la gloire du nom fran(;ais.
38
Le 3o tliiccmbre sui\ai»l, io bureau a ete admis a I'audience de
31oiiseigneur le due dOrleans, pour lul prescnler le 11*^ volume
du Recueil dcs Menioircs de la Societe , et reclamer sa bienveil-
lancc. S. A. R. a nianifcste dans sa reponse le plus grand intcrot
pour Ics travaux de la Sociele , et s'esl culretenue long-temps,
avec la deputation, de I'etat des decouvertes geographiques sur
les differens points du globe. Flnfin , S. A. R. a exprime le desir
de concourir d'uue inauierc direclc et efficace au but que la So-
ciele se propose.
PRIX ANNUEL
POUIl J.V UECOUVERTE LA PLUS HIPORTANTE EN GEOGRAPIIIE.
Un mciubre fait la proposllion suivante :
Je deniande la permission d'appeler I'attcnllon de la Societe sur
une proposition qui a etc rcnouvelee plusieurs fois dans son sein,
et qui a ete enleiidue avec faveur. Le moment est venu de la r^-
diger d'une maniere definitive , afin de profiler de I'epoque du de-
part des pieces qu'on expedie ordinairemcnt, pendant le mois de
fevrier , aux missionnaires el aux correspondans des Socieles sa-
vantes d'Anglelerre. Celte mesure consiste a recompenser perio-
diquemcnl les decouvertes les plus imp'ortantcs en geographic. On
ne peul gucre doutcr que Toffre d'une recompense annuellement
repetoe n'excilc le zele et Taclivile des voyageurs, independamment
de la valeur pecuniaire du prix ; car , c'est moins cette valeur que
Thonneur attache a unesemblable couronne qui pour rait les slimuler.
Lorsque cette annouceparviendra aux nombreux voyageurs et mis-
sionnaires, anglais el amerlcains, repandus dans toules les contr^es
du globe, on doit se flatter qu'elle attirera toute leur atten-
tion . et les engagera a nous faire part de leurs decouvertes, une
annee ou Tautre ; ainsi , par ce nouvcau moyen , vous allcindrez
le but principal qui a determine la formation de la Sociele. D'un
autre c6l<i, cette offre, renouvele'e tous les ans , accroitra la re-
^9
noinmec de Tassocialion , et, par consequent , le nombrc dc scs
membres : ce qui la inettra , par la suite, clans le cas d'elever la
valeur des recompenses. Un jour, je T.espere , le prix annuel de
la Sociele de Geographie sera aussi celcbre que le prix Lulamle^
que les prix Montyon , et la gloire en rejaillira sur noire patrie.
Voici la redaction que j'ai Thonneur d,e proposer.
« La Societede Geographie offre une inedaille dor de la valeur
» de i,ooo fr. an voyageur qui aura fait en geographie une JfV;oHt'e//c
" niarquante, ct jugeela plusiuiporlanleparmi cellesdonl ellc aura
»> eu connaissance pendant le cours de I'annee 1828. 11 recevra en
» outre le titre de correspondant perpeluel, s'il est elianger, ou
» celui de inembre , s'il est Fran^ais ; et il jouira de tous les avan-
» tages qui sont attaches a ces litres.
" A AdidiUi A' UHQ decouw.rte de cette espece une mcdaille d\>r du
« prix dc 5oo fr. sera decernee au voyageur qui aura adresse, pendan I
» le nienie temps, a la Societe, lesnotions ou les communications les
« plus neuves et les plus utiles aux progres de la science, li sera
» porte de droit , s'il est elranger, sur la lisle des candidats pour
« la place de correspondant. «
La Commission Centraie adopte la proposition.
La Societe desire que les niemoires soient ecrils en francjais ou
en latin ; cependant, elle laisse aux concurrens la faculte d'ccrire
leurs ouvrages en anglais, en italien, en espagnolouen porlugais(i).
(i)Tout ce qui est adresse a la Societe doit etre envoy e fra.ni: de port , el sous
le couvert de M. le Pre'sident , a Paris , rue et passage Dauphine , 11° .Ui.
^o
TROrSIEME SECTION.
DOCUMENS, COMMUNICATIONS, ETC.
AMfiRIQUE SEPTENTRIONALE.
Expedition des capitaines KliSG et StoKES , charges par le gouoerne-
ment hritanniquc d' explorer les aStes du detroit de Magellan. ( Com-
munique fiar M. Cesar Moreau.")
Ces details sont dates de Monte- Video, du 12 mai 1827. Les
deux haliinens de S. JM. B. , Vyidi>eniure ct le Beagle., parlirent de
Monte-\ idco vers le milieu de noveinbre, et arrivercnt dans le
detroil de Magellan le 28 deceuihre, ou ils niouillerent dans le port
de Famine. Le premier de ces Mlimens, commande par le capi-
taine King, y demeura jusque dans les premiers jours d'avrii afin
<l"explorer la c6le orlentale du detroit , el le second , que comman-
dait le capitainc Stokes , en visila la parlie occidentale.
Les nombreuses baies de ce de^lroit sont toutes profondes de 5o
a 60 brasses , et nc prescntent d'ancrage que dans que!qu(;s parties
Ires-rapprochees de la cote, donlla hauteur presque perpendlcu-
laire alteint jusqu'a 2 ou 3oo pieds. Un gros bailment ne pour-
rait en appiocher <jue tres-dlfficilenient , a cause des affreuses
tempetes qui souvelit y succedent au calme le plus complet. Leur
violence est telle, en effel, que les arbres sont dt^racines dcpuis
le sommet des montagnes jusqu'a leur base , ou ils demeurent ac-
cumules. MM. King et Stokes Irouverent sur ces cotes deux races
dMionnnes dislincles Tune de 1 autre, les Patagons et les Indiens
iiomades. Les premiers habilent la partie de la c6te Nord, a TEst
du cap Negro; Jes seconds, distribues par tribus errantes, ne se
voient qu'en petites troupes, et a de longs intervalles. lis aper-
9urent d'abord les Patagons a cheval , au nombre de 20 environ ,
dont 4 Temmes. La plus Sget, mt^re de 4 ou 5 enfans , paraissait
4i
avoir quaranle ans ; les aufres etaicnt de jeunes fiUes de quinze ans.
Les hommes, en grande partie, etaient des jeunes gens , i I'excep-
(ion du mari de la fcmme de quaranle ans, qui paraissait a pen pres
d« meme age. Ces Patagons elaient converts de peaux d^animaux,
parllculierement de peaux de guanaco et de torelle. Le torelle
est une espece de chat du pole , il repand Todeur la plus insuppor-
table. Le capilaine King, en descendant a lerre, trouva ces Pa-
tagons montes sur leurs chevaux ; ils le re^urent avec la plus grande
surprise, mais sans faire Ic moindre mouvement, jusqu'a ce que,
s'etant approchc, II presenta a la plus agee des Patagones une
medaille qu'on avait frappee pour son expedition , elle s'ecria en
espagnol , en montrant une de ses filles : da una a la muchacha. Le
capilaine King en offrit une seconde a cette derniere, qui, pour
la recevoir, se hata de desccndre de clieval. Au premier aspect ,
ces Patagons parurent au capilaine King, constlluer une race
d'une taille Ires-elevee, mais une fois descendus de chevai, leur
stature ne parut plus aussi remarquable d'apres ce que rapporte cet
officler, il sembleralt ou que le commodore Biron s'est elrange-
ment tronipe sur le compte de cepeuple, ouque depuis, cette race
d'hornmes a pu degenerer par suite de ses communications avec les
etablissemens du nord. Ln de leurs chevaux etait caparaconne plus
richement que ne le sont ordlnairement ceux de ces pays ; la bride
et la selle elaient evidemment de fabrlque espagnole , et leur
a^alent probablement ete apportees par le Rio-JNegro. Les orne-
mens de la selle etaient de cuivre et bien polls. La jeune fille qui
mont.iit ce chevai porlalt de larges eperons egalement en cuivre et
semblables a ceux dont on fait usage dans le voisinagc de Buenos-
Ayres. Les harnois des autres chevaux etaient tres-Iniparfaits ,
ncanmolns le mors efalt en fer el les brides en cuir; la selle
elail en bols, recouverte de peaux d'aniraaux, et presentait un
siege assez doux. Revenus de leur surprise, les Patagons firent
aux Anglais une reception fort amicale ; ils les laisserent monter
leurs chevaux et visiter leurs demeures, sans manifester aucun
' 4a
signe de metiancc. Trois Palagons ne firenl pas iiienie dilTiculle dc
monler sur le navire pour se rcndie a Tile Hainte-lsahel ^ tandis que
les aulreg marc^erent le long de la c6re. Le mal de mer les iiicom-
modafortement peudant la majeure parlie du temps qu'ils passcreni
a bord , ee qui conlribua sans doute a leur rendre plus Iriste el plus
pdniLle la separallon de leurs compagnons; les yeux fixes sur les
colonnes de funiee qui sorlaienl de leurs cabanes, lis n'osaienl en
detourner la vue. Ccpendanl des que le njal de nicr fut passe, lis
reprirenl leur bonne humeur et parurenltris-salisfalts. L'und'eux,
nonime Aiglien , le plus grand de cetle Iroupc de Patagons, n'avail
que 6 picds de haul , cl les autrcs, guere plus de5 pieds lo pouces,
et souveut moins; leurs meinbres elaient mal proporlionnes. Dans
une autre occasion , a Gregory-Bay, deux Palagons, et une Pala-
gone, la cacique Maria, vinrciita bord de V Achenturc, el y passerent
la nuit.
La femme paraissait 5gee d'environ quaranto ans ; ello parlail
passablement Tespagnol el se montrait fori communicative. Dans
la soiree, elle funia du labac, but aulant de grog qu'elle put eu
obtenir, et finit par se Irouver complelement ivre. On avail pre-
pare dans I'entrepont line place ou ces Patagons pussent reposer ;
jls y furent pendant quelque temps assez IranquIUes . mais comme
on ne leur permettalt ni de chanter ni de faire le moindre bruit ,
lis monlerentsur le pont ou lis passerent le reste de la nuit. L'un
deux avail perdu safille depuis quelques jours; quand le grog qrfii
avail bu eAt commence h operer, il exprima son chagrin par les plus
lugubres hurlemens. La reponse de Maria a ccux qui I'engageaient
a faire usage de son autorile pour le calmer etail loujours : « Pro-
hecilo I su hijounico morio esta mandna ( pauvrc malheureux ! son
fils unique est mort ce malin ) ; et elle ajoutait : cs Borracho (il csl
ivre). Loin d'employer son autorile, elle finissail loujours par liire-
Mucho me quiere agiia ardente da me meas ? mucho me qui'ere ser hor-
nir/io, da me meas!' ( j'aime beaucoup Teau-de-vie, dounezi-m'en
davanlagei' j'aime beaucoup a m'enivrei , donnez m'en davanlage.)
Quoiqu'elle fut deja a moilie ivre, il fallul satisfaire scs dcsirs.
i3
Le jour suivant, le capitaine King et plusieurs personnes de Te-
quipage visilerent un camp patagon qui se trouvait a environ trois
mlUes de distance dans I'interieur ; ils y virent le toinbeau qui ren-
ferniait les restes du dernier enfant qui elalt mort. De retour a la
bale , ils furent temoins d'une cercmonie religlcuse qui prescntait
quelque ressemblance avee les rites de TEglise catholique ro-
malne , et qui faisalt voir que les misslonnalres avaient penetre
jusque dans cette mrlle extreme de rAmerlque du Sud. Leur
dieu, auquel ils donnalent le nom de christo ^ etail sculple sur bols
et mieux qu'on n'aurait pu le croire chez des peuplades aussi sau-
vages. Leur figure etait peu a decouvert. Maria , apres avoir long- ,
temps discouru sur ses verlus , mit fin a la ceremonie en disant au
capitaine King avec autant de gravile que d'emphase : mi chrislo
tiene hueno corazon chrislo mucho qitiere tobacco dar me meas? {Man
Christ a Ion cieiir, il aime beaiiconp le tabac , donnez-m'en davantage.')
Des i5o Patagons aper^us a Gregory-Bay, la moltle se com-
posall d'hommes. 11 y en avalt peu dont la taille excedal 6 pieds ;
un seul avail 6 pieds i pouce 3/4 ; ils etaient en general d'une
grosseur enornie , parliculierement I'un d'eux , d'un aspect impo-
sant et noble. Le capitaine Slokes mesura la circonference de sa
poitrlne ; elle elait de 4 pieds anglais i/8 de pouce. Ces mesures
confirment I'oplnlon deja etablie de rirregularlte de leurs propor-
tions. Les mains et les pieds des Patagons sont extrememenl petits ,
mais la grosseur de leur l^te et de leur corps pourrait convenir
a des hommes de 7 pieds. Les details fournis par don Felix de Azara
sur les Indiens Pampas k de tres-legeres exceptions , pourralent
s'appllquer aux Patagons ; Ton ne peut meme avoir aucun doute
sur les constantes communications qui existent entre eux. Le ca-
pitaine Stokes se trouva parliculierement en rapport avec ces In-
diens ; les hommes nc lui parurent avoir ni force nl energie. Quant
aux femmes, elles ne brlUalent point par Teclat de leur beaute; leur
Jaille moyenne etait au dessus de 5 pieds 1/2 ; leurs membres etaient
petits et conlournes. Les Patagons se latouent avec de la tcnc
44
rouge ; leurs cheveux sunt iioirs duis ct roides; pouilos pelgiier ,
ils se servent de la maclioire iiifciieure dune lorpoise , et les
graissent ensuite avec de I liullc de baleine. Leur barbe est peu
fournle ; leurs yeux sonl nolrs. lis out le nez long et les narines
largcs , la bouche trcs-fendue , les levres epaisses ; leurs dents pe-
lites, mais reguliercs , sont elles-memes teintes. Leur physio-
nonile est denuee d'expresslon ; el leur velcnient consisle dans la
peau du sea otter doiil ils s'envclop(.'enl coniiue d'uii manleau. Les
deux polnles superieures de cclle peau sonl relenues sur les epaules
par une courroie. Les fenun«s et les enfans portent des colliers
formes de jolies ecaillcs de turbo, lis ont pour armes Fare, la
Heclie ct la lance. La longueur ojdinaire de Tare est de 3 pieds ,
el la corde est fomi<^e par une Iresse des fibres des intestins du
seal, Leurs fleches ont environ 2 pieds de long, et sont ornees de
plumes a leur extreniile superieure. A 1 autre est adapfe un caillou
extreniement aigu qui forme le coeur. Le bout de la lance est en
OS tr^s- poinlu qu'ils allachent a une flciche de 10 pieds de long :
ils la manient avec beaucoup de force et d'adresse ; ils paraissent
uioins babiles a se servir de Tare et de la fleche.
Ccs Indiens n'ont aucune idee de ce que c'est que de la cul-
ture ; les seuls vegetaux dont Ils font usage sont en petit nombre.
lis se nourrissent le plus souvcnl de sea otter et de seal. Les terres
quMIs habllent sont enllerement privees de quadrupedes, et ils
u'ont rendu domesliques ni les oies, ni les canards qui y abondent.
Les Patagons, si Ton en juge d'apres ceux-ci , paraissent avoir
beaucoup d'affection pour leurs enfans. Leurs demeurcs est une
espece de berceau dont M. John Marboroug donna une idee assez
exacte : ce berceau est forme d'uii certain nombre de branches
de Tarbre nomme birch dont ils enfoncctit dans la lerre la plus
grosse »;xlremile ; Ils courbenl 1 autre en forme deml-circulaire.
Le diametre est denvlron 10 pieds : au milieu est le foyer autour
<luquel se reunissent les membres de la famllle. Tous les uslensiles
de menage consistent en deux ou trois ecaillcs qui servent de verr(;s
45
A Loire , et en deux ou trois paniers fabriques par les femmes avcc
les lierbes m^iues du pays. On est conslamment accroupl autotir
de leur feu, efon quitte la huUe le moins qu'on le peut. Quelque-
fois on rencontre septou hiiithabitalionsr^unies, d'aulres fois unc
seule est eloignee de plusieurs milles de loiUe autre. Ces Indiens
passent souvent d'une rive du delroit a Tautre , sur leurs canols
dontla longueur n'est qued'environ i4oui6 pieds. Les planches qui
les composent sonl reunies par des courroies et des vis de cliSne ,
ainsi qu'on I'a souvent observe a I'egard de plusieurs tribus sau-
vages. Les Patagons ne donnent jamais aucun signe de reconnais-
sance pour les cadeaux qu on peut leur faire ; bien mieux , ils
s'en saisissent comme s'ils craignaient qu'on ne les leur reprit, el
le cachent aussilot.
Leur langage est excessivement dur et guttural. Les mots
le plus frequemment usitcs sont shei-oo et petit. Le premier signi-
fie une enibarcation , quelle qu'en soit la forme. Quant au se-
cond, la prononciation n'en est pas tout-a-fait conforme a ceile
du mot fran^ais ; mais ce qui est vraiment surprenant, elle varie ,
pour le genre et le nombre , de la m^me maniere qu'en fran^ais :
c'est une de ces coincidences plillologiques auxquelles on cher-
cherait vainement a donner une explication satisfaisante. Doucs
d'une facillte prodigieuse pour imiterles differens sons des langues
^trangeres, ces Indiens pourraient repeter avec la plus grande pre-
cision une phrase de plusieurs mots, immediatemenl apr^s Tavoir
entendu prononcer.
Sur la cote occidenlale du detroil do Magellan , au cap Galant,
le capilaine Stokes decouvrit quelques papiers au sommel dune
des montagnes qui dominent le port ; autour d'eux se trouvaient
eparpillt^s les fragmens dune bouteille de verre dans laquelle ils
avaient ete renfermes , et dont le froid avait probablement occa-
sionne la rupture. Les papiers etaient neanmoins encore lisibles ;
leur conlenu etait en latin : les uns avaient ete ecrits par Bougain-
ville en 1667, et les aulres elaienf dates de Cordova, 1789. Ils
4fi
itidiquaicnl le bul du voyage dc cc ctilt-bre uavlgalcur, cl donnaicnl
ics iioms dcs priiicij)au.\ officiers.
Enlrc le canal Saint- Jerome el Ic cap Galanl, h cole nonl do
delroilpresenle une perspective agreable. Dans TeloignemCnl sont
des pics clcves el des monlagnes couvertcs de neiges, landis que
la C(^*lc offre une succession admirable de monlagnes, de collines ,
de valines , de bois ct de plaincs arros^es par des rivieres el des
ruisseaux. Celte partie de cotes presente des rades sAres. Ulle est
fr^qucntee par les differens oiseaux du deiroil.
En entrant dans lOcean Paclfiqne, on vit un nombre conside-
rable de baleines noircs.
Le lieagle , pendant lout le temps de sa navigation dans le dd-
troit . eut a souffrir d'un grand nombre de tempfites el des pluies
qui ne cessaienl de tomber.
Au surplus, telle est a ce qu'il parait la violence des vents d'oucst
qui rignent dans ce deiroil , di^-ja celebre par lanl de d^sastres ,
que c'eslla, plus encore que les difficulles qui naissent de sa navi-
gation aussi bien que de son insalubril<5 , ce qui fail pref'irer au
navigaleur la route par le cap Horn.
Les capilaines King el Stokes onlfail un grand nombre d'exp(5-
riences scicnllfiques donlles resultals ne sont point encore connus.
OCl^-ANIE.
Nouaelle Colonic anglaiseau nord de la Noiwelle-Hollande.
Le capilaine Stirling , commandant la corvette anglaise le Success ,
vient d'filre cbarge, par son gouvernement, de fonder une colonic
dilx port Ra/Jles, sur la c6te nord de la ISouvelle-Hollandc. Get eta
blissL-menl est silu<'; par le i i " 4-3' de latitude S. , el par le 132" ^o'
de longitude E. de Greenwich ( r3oo 19' 30" E. de Paris). On
en I'sperc de grands resultals.
47
AFRIOUE.
Oljseroatolre alih SainU-Helenc.
On vient d'etablir uii observatoire dans I'lle Sainte-Helenc ,
sur la monlagne de IKchcUe. La situation gdographique de cet
(^tablissement donne lieu de croire qu'il pourra conlribuer de la
inaniere la plus efficace aux progres de I'aslronomle.
Colonies americaines en Afrique.
L'etahlissement americain de Liberia, forme sur la c6te d' Afri-
que, continue de prosperer. Dans le courant de ce mois (Janvier
i8a8), la Societe de colonisation des Elats-Unis a tenu uneas-
scniblee gdnerale, dans laquelle il a ^l6 rdsolu, quattendu Ics
progres sensibles que ne cesse de faire cette colonie, fondee sur le
territoire que la Societe a acquis en Afrique, les gerans de cette
Societe seront charges de faire les d-marches ndcessaires pour
1 acquisition de nouveaux terrains. Le but est d'y former dautres
elablisseraens , entre autres lieux au cap Palma , et a 1 ile de Bu-
hima , situee a lemhouchure du Rio-Grande.
Nouve/les du major Lai^G ei du capiiaine CLAPPEKTO>i.
— Pu'vieres du centre de V Ajrique.
Dans une lettre datee de Londres , le iS decembre ii>2.-j , et adres-
see a M. le President de !a Commission centrale, M. Hioreau ins-
truil la Societe que, "par une lettre partlculiere de Tripoli,
du 2 novembre, il apprend que des voyageurs arrives du Soudan ,
y ont repandu la nouvelle que le capitaine Clapperton avait perdu
la vie a Sakkalou. Le meme correspondant ajoute, dit-Il, qu un
court espace de temps nous rendra possesseurs d importans docu-
mens sur la Geographic de i Afrique centrale , parce que les com-
pagnons de Clapperton ontquilte Sakkatou, pour gagner Tripoli
a travers le Bournou et le Fezzan , comme Clapperton lui-ra^me
devait le faire, et comme on peut croire quil I'aura fait, dans
48
le cas ou le bruit de sa mort ne scrail qu'un faux bruit. II est cer-
tain quails sont arrives aSakkalou^ar Ic Dahomey, on parlant
tin bight do iienin. Dans tous les cas , ils doivent porter avec cux
los notes el papiers do Clapperlon. ( Voir a ce sujet le proces-
verbal de la seance du 4- Janvier 1828, p. Sa, et Textrait de lettre
ci-dessous. )
M. Moreau ajoute a sa lettre : « que quelques natifs du Bour-
nou (dont le Idmoignage est confirme par leshabilans du AVaday
ct du Beghanni ) assurent que los eaux du Yeou et du Gauibarou ,
et de plusicurs aulros rivieres iinportantes, formeraient , par leur
reunion , le iSil qui arrose la JSubie et FEgyple , et que le lac
Tchaad devrait lui-nidme en grande partie son existence aux monies
aflluens , auxquels nous ajouterons Ic Sharry , par lequel s'e-
coule une qiiantile d'eau ^gale a celle qu'il revolt. Ce scrail
done avec raison que les Arabes auraient assure a Denham, que
le Yeou n'ctail autre chose que le Nil. On dit , a Maroc , que le
Koara ou Joiiba reunit les lleuves inentionnes ci-dessus ; d'aulres
Africains Tassurent aussi , mais ilsdisent egalenientqu'unebranche
de ce (leuve se jette dans 1 Ocean derriere Dahomey. »
Voici I'extrait d'ane letlre de M. Rousseau , Consul geiiv-a/ de.
France a Tripoli de Barbarie, connnuniquee par M. G. Barbie du
Borage ^ d'oi'i il resulle que Ton ne faisait aucune difficulte , a Tri-
poli, au 17 noveiiibre, d'ajouler foi a la nouvelle de la morl du
major Laing. QuanI a celle de la fin du capitaine Clapperlon , elle
paraft moins cerlaino ; cepondaiil elle ne pormot gueres de con-
cevoir quelque esperance.
Tripoli, 17 novembre 18^7.
K La nouvelle de la fin lragique.<le Tinfortune major Laing n'est
plus aujourd hui uii probleme que pour son beau-pei^, le consul
. britannique a Tripoli
» Lo capitaine Clapperlon, ipii avail pris nuc direction 0|)[»o-
see pour explorer los regions centrales do lAfrique, a egalcment
49
p6ri victlme de son devouemenl a la science. 11 paratt avoir ele as-
sassine dans ies dtafs du Sultan Bella , qui Favait si bien accucilii
la premiere fois ; Ies uns disent a Kanou , Ies autres a Sakkatmi
m^ine, capltale de ce prince du Soudan. »
ASIE.
Notice siir Ies Ciirdes.
Dans un moment oii, de meme que lous Ies Musulmans, Ies
Curdes sont appeles, par le Grand-Seigneur, a concourir a la
defense de Tlslamlsme, on verra sans doute avee interet la notice
suivanlo. lis doivent fournir a rarmce otlomane un corps nom-
breux de cavalerie.
Les Curdes descendent de ces anciens Parlhes qui se r^pandirent
dans loule PAssyrie et la Mesopotamie. Nommes Kerad en sy-
riaque, c'est de la que Ton a forme leur nom acluel Curdes^ et
donne celui de Curdislan au pays qu'ils occupaient. La parlie du
mont Taurus, que frequentent pendant Tele cerlaines peuplades,
en a re^u celui de Ciirdo.
Les Curdes sont aujourd'hui re'pandus dans la l*erse autant que
danslaTurquie ; niais dans 1 un commedansTaulre de ces deux pays
lis vivent independans, ne payant qu'un leger tribut au souverain
sur le terrltoire duquel ils transportent leurs lenles. Depuis la con-
quete de FAsie mineure par les Romains, conquele qui fut ter-
minee par Pomp<^e, 64 ans avant J.-C. , la majeure parlie de ce
peuple est constamment reslee erranle, meme malgre la puis-
sance romaine , qui avail fait du pays Tune de ses nombreuses
provinces. I-es Curdes d'aujourd'hui , qui habilent le Curdislan
propremenl dit, sont sedentaires et dependans du Pacha de Bagh-
dad, quoiqu'ils aienl leurs lois particulieres ; ceux qui demeurent
dans ies autres parties de la Turquie d'Asie, mais dans une po-
sition plus eloignee des provinces de la Perse, sont nomades ;
jamais ils ne restent plus d'une saison dans le mSme lieu.
De tous temps ils ont ete generalement consideres comme ir^s-
4
5o
braves cl tres-propres au metier des armes ; ils ont plus d'une fois
donnd des preuves d'lin courage qui s'est rarement dementi : aussi
Mahomet, qui les connalssail bien, disait-il qu'en se reunissant
ils pourraient bouleverscr le raonde entier.
Les Curdes de la Turquie sont beaux hommes ; ils ont une
physionomie haute et animee. Des I'^ge de sept ans , leurs enfans
s'exercent au maniement des armes ; les femmes elles-memes ne
dedaignent point de prendre part a cet exercice; elles y acquierent
meme souvent une force de corps et une adresse vraiment remar-
quables. Ils suivent, en general, la religion de Mahomet dans ses
principaux precepies, mais avec quelques legeres differen'-es dans
I'observalion. Parmi eux se trouvent aussi quelques bourgades de
Chretiens nestoriens dont le culte est parfaitement libre, et ne
devient jamais Tobjet de persecutions ou de difficultds.
Commc les Mainoles de la Moree , au lieu de donner une dot
a leurs filles en les mariant, ces peuples re^oivcnt une ccrtaine
indemnite de Tepoux qui se prt^sente ; ce qu'ils considerent dans
cet acte , c'esl qu'ils ne peuvent otre prives d'une personne qui
leur est utile dans I'interieur de la famllle, sans en otre dedom-
mages d une maniere quelconque.
Les principales peuplades de Curdes se trouvent du cote d'Er-
zeroum, de Damas, d'Hhaleb, d'Hamid et de Mossoul. D'apres
les meilleurs renseignemens on comple, dans la Turquie scule-
ment, iGoiOoo tentes de Curdes, dans chacune desquelles se
trouvent au moins deux hommes faits, habitues aux exercices ies
plus violens des armes et du cheval. On peut les comparer aux
Cosaques , avec infiniment plusde courage et moins d'ardeur pour
le pillage. Leurs troupeaux font toutes leurs richesses; aussi en
ont- Ils le plus grand soin, lorsque surtout Ils changent de demeure.
Des lieux agreables , de gras p^turages sont les deux choses qui ,
avani tout, appellent leur attention. Rarement , ou pour mieux
dire , jamais ils ne se rapprochent des cotes ; I'inlcrleur leur offre
des conlrees moins arides, et des pSturages plus abondans.
5i
Dans leur etal acluel , les Curdos peuvent loriner en cavalerie
une des portions les plus imporlantes de Tarmee du Sultan , qui
parait lui-meme compter Leaucoup sur leur appui.
EUROPE.
NlVELLEMENT de la Haute Plaine Thuringienne. — ^. LtTTKE dc
M. Berghaus.)
Berlin , 3o octobre iSay.
Monsieur le President ,
J'ai Thonneur de vous presenter le resume des operations ba-
rometriques, dont je vous ai annonce Teiivoi par ma letlre du j8
fevrier, faites par M. de Veltheim , ingenieur en chef des mines ,
ainsi que par MM. les professeurs Hoffmann, Laihman et moi.
Ces donnees numeriques, si nombreuses par rapport au peu d'e-
tendue de la surface qu'elles comprennent, fcront bien connaitre
la configuration de la Haute Plaine Thuringienne et les montagnes
qui la bornent , qui sont le Thuringer-W^ald au sud, et le Harz
au nord , et de la terrasse d'elevation mediocre formant le terrae
inoyen entre le plateau bavaro-franconien et la Basse-Allemagne,
et qui s'etend depuis le bord septentrional du Harz, sans interrup-
tion montueusc (a I'exception du prelendu Elm, pres de Bruns-
wickj, jusqu'a la plage de la mer Ballique. Avec le temps je vous
transmetlrai un tableau semblable des chaines qui traversent Test
de I'Allemagne ; savoir des Sudetes appartenant , comme le
Thuringcr-^Vald , a la grande diagonale montagnarde d« I'Europe
occidentale.
Si la Commission centrale jugeait a propos de publier dans les
Memoires de la Societe le tableau que je presente aujourd'hui,
alors il serait tres-utile de le faire preceder dune introduction
descriptive, pour eclaircir ces chiffres, arides au premier coup
fl ceil , et pour quelques uns des geographes de nos jours , mals
si fructueux pour la science veritable ; je vous prie , Monsieur le
President , de vouloir bien m'informer si ma proposition relative
a cetle inlroduclion est conforme aux vues de la commission.
En meme temps, j'ai I'honneur de vous communiquer 1 exlrait
d'une lell«re de M. de Schubert , general au service de S. M. I'em
pcreur de toutes les Russies , et chef du depot des cartes a Saint-
Pclersbourg. Cetle letlre conlient des renseignemens inleres-
sans sur les travaux geo-topographiques executes par ]MM. les
officiers de Tetat-major imperial dans toute I'etendue du vaste
empire russe. Je remets la publication de ces nouvelles , par la
voie du Bulletin , a la decision dela Commission centrale.
Agreez, etc.
Signe Berghaus.
Renseignemens sur les travaux geo - topogrophiques executes en
Russie par les officiers de Tetat major imperial. ( Exlrait d'une
letlre de M. le general de Schubert, chef du depot des carles
a Sainl-Petersbourg , a M. Berghaus , membre de la Socicte
de Geographic.)
Saint-Pe'tersbourg, V4 septembre 1827.
« Avant la guerre de 1812 Fetat-major-general a leve topographi-
quement lesgouvernemens de If^iburg , A'Esfh/and, une parlie de
la IJ^oUiynle et une parlie du grand-duche de Fhilande.
" Depuis cette epoque ont egalement ele leves trigonometrique-
ment :
1°. Les gouvernemens de Jf^ilno , de Kurland et de Grodno, par
le general major Tenner. Les premiers sont enlierement termi-
nes , le dernier lest presque en totalite. Cetle triangulalion doit
aboutir par Kreuzbourg a la mesurc dun arc du m^ridien faitc par
le professeur Struve.
1°. hcs gouvernemens de Saint-Petershourg , de l^skojf, JSotvgu^
53
rod et le gol/e de Finlande jusqu'a Revel , par le general major de
Schubert, ; ils sont presque entierement termines. Celte Iriangu-
lation doit se ratlacher dans le Hochland el dans les environs de
Rappin a la mesure d un arc du nicridicn , faile par le professeur
Slrnve , el avoir en consequence avec cctte operation, au nord el
au sud, un cole de triangle coniniun.
3 . Le gouvernemenl de Moskwa par le general major Mou-
rawjeff ; il n'esl point aclievc.
4.°. Une partie de la Bessarabie et da gouvernement de KiefJ.
Ces deux Iriangulations sont faites avec de pelils instrumens , et
dans le seul but de determiner des points de depart pour le lever
topograpliique.
" La mesure dun arc du meridien, faile par le professeur Struve
est connue , et par sa position aulant que par la perfection des
instrument dont on a fail usage, el le talent distingue de ce sa-
vant, elle servira de verification aux deux Iriangulations qui s'y ral-
tachenl. Le professeur Struve a de plus ele charge par la Societe
economique deLivonie de faire la Iriangulalion de toule celle pro-
vince , el il I'a executee en grande partie avec le sextant. Les re-
sullats de ce travail seronl bienl6l, i! faul Tesperer, rendus publics.
» Le general major Tenner a deja mesure Irois bases, donldeux
sur la glace de deux lacs, el la Iroisieme non loin de Polangen.
J'en ai nioi meme egalemcnt mesure trois; deux dans le voisinage
de Saint-Petersbourg, el une au milieu du lac llmen ; ces six bases
ont chacune environ I ovvertses (35, coo pieds anglais) de longueur.
" L'etal-major general a, depuis i8i5, fail des travaux lopogra-
phiques sur presque tons les gouverneinens de Tempire , soil a
I'aide d'insi rumens de precision , ou bien en grande partie au
moyen de la planchette , soil en reconnaissances failes a vue , ou
avec la boussole a reflexion de Schmakalden. Pour les premiers
de ces travaux on a adople Teclielle de ~^q^ ou celle de ^77500 ;
pour les derniers celle de -^f^ ou bien aussi quelquefois celle
"*- 8 4 000-
54
» Le depot general des carles de 1 empire russe s'occupe en ce
moment de la redaction de deux grandes cartes de la Russie d'Eu-
ropc ou plutot de la Russie en Ae(^h du Volga, pour laquelle on a
profile de tous les travaux executes par Telat-major general , el
principalement de lous les bons materiaux existans sur la Russie.
L'une de ces carles est une carte geiirrale militaire en 8 grandes
feuilles , donl la gravure est deja fort avancee. Je pensc que cinq
feuilles parailront dans le courant de cetle annce. J'ai adople
pour celle carte Techelle de xg^^oo » c'est-a-dire la moiiie de
celle de la Podrobnaja-Karta ; mais die sera sur beaucoup de
points et plus complete et plus exacte , en raison des nombreux
renseignemens qui sont venus depnis. Quant a I'ecriture et a la
gravure , j'ai pris pour model e la carte d Aulriche de Fallon , parce
que je la regarde comme une des plus belles et des plus nettes en
ce genre.
» L'autre carte se composera d'environ 6o grandes sections, dont
quelques unes sont egalement a la gravure. Son echelle est de
1 20000 ■> ^^ ^'" pcrmet d'y figurer avec leurs plans non-seulement
les viiles, mais encore les grands villages.
» \Jn plan des eni>irons de Saint-Pelersbourg en 6 feuilles, est dans
ce moment livre aux graveurs ; il doit etre acbeve Tele prochain.
Ce plan , aussi bien que rehii des environs de Krusnoj'e- Selu , est
dresse d'apres les minutes des leves topographiques du gouverne-
n'"nl de Salnt-Petersbourg (qui se font sous ma direction), el vous
vci rez que nous y avons figure le terrain tout-a-fait dans lesysleme
de Lehmann. »
Signe T.W.Schubert.
Memoire sur la figure de l.\ terre , par M. Biot.
Le 3 decembre dernier, M. Biol, mcmbre de I'academic des
sciences, a lu a TAcademie un Memoire sur la figure de la terre.
Voici l;i substance do son important travail.
Les observations de Taufeur confirmanl les resultats auxquels
('■laient deja arrives plusieurs observateurs , I'ont conduit a recon-
riaitre que Faction de la pesanteur n'est pas la meine sur tons les
points dun meme parallele, et iie varie pas unlformenient le long
d'un meine rneridien. II a decouvert qu'a Paris, en particuller, la
variation annuelle est assez forte pour determiner unc difference
de cinq secondes par jour sur la marche des horloges. M. Biol
pense qu'on pent trouver dans la variation de Taction de la pesan-
teur, sur un meme parallele, la cause des differentcs mesures
donnees de Taplatissement de la terre. II indique la maniere dont
il convient desormais de diriger les observations sur la longueur
du pendule , pour les rendre aussi utiles que possible. Toute obser-
vation isolee serait desormais , selon lui, peu importante, a moins
que, par un hasard sur lequel on ne pent guere compter, elle ne
se trouval faite sur un point ou Taction de la pesanteur serait un
matiinitm ou un minimum. En general, on doit desormais s'attacber
a repeler les observations, soil le long des memes paralleles, soit
par un m^me rneridien , afin d'arrlver a Connaitre les lois (dans le
cas ou il en existe) suivant lesquelles onl lieu les variations dont
I'existence ne pent plus ^tre contestee. L'auleur termine son Me-
nioire en faisant une remarque que les Anglais ont eu tort de
prendre la longueur du pendule pour base de leur systeme metri-
que, celte longueur pouvant varier suivant des causes qui ne de-
pendent en aucune maniere de la position geographique , et qui
peuvent ne pas rester constantes pour un meme point dans le cours
des siecles. Sous ce rapport, la base du systeme metrique francais
n'offre pas le meme inconvenient au meme degre.
i5iBLio<;r»\Piiii: geoguaphioije (0.
§ I". LIYRES.
OnVRA&ES GEAIERAUX.
I. DiSCOURS Sl!R LES IlK\ OLUTIONS
DE LA SURFACE Dli GlOBE , et SUr
les ■ hangcrneiis qu' ellf ^ nnt prn-
ditifi dtins Ir li'giie animal : par
M. le baron G. Cumer. 5e edit.
in-8o, avec planch. Paris, IJufour
et d'Ocagne, 18-27.
1. Lettres SUR LES Kevolutiojjs dii
Globe ; par M. Alex. Bertrand.
3"= edit. , revue et aiigmentc'e ;
in-8°, avc'c plancli. Paris, Four-
nier, 1827. (4 f""- ^5 c. j.
3. Recherches siir la distribution
geographiqjir dfi f^rgrlaiix pha-
nrrogarru's dc I'ancien Mnridr ,
dvpiiis Vequatcur jiisqu'au pole
arclique ; suivies de la desrriplion
de neiit" pspeces de la lamille des
Amentacees ; par INl. Mi- bel ,
membra de I'Acadeniie des Scien-
ces, etc. I vol. in-4". Paris, 18-27.
4. NOUVELLE MetHODE POUR CAL-
CULER LA LATITUDE , par deuX
hauteurs dtt snieil , prises hors
du racrldicn : par Lobatto. in-8",
Hrux.lles, Tarlier, 18-28. ( 1 11.
2D C. )
5. Histoiregeneraledes Voyages,
OH Nouvelle Collection r/e> voya-
ges par iner et par terre , mis en
ordre et compk'tee justjira nos
jours; par C. A. Walckenaer ,
luenibre de Pliistilut. Tom la ,
in-8", Lefevre, 18-27. (? 'r- ^^ vol.)
AMERIQUE.
6. HiSTOiRE DE l'Amerique , par
W. HoBKRTSON , traduite de Pan-
glais par MM. Suard el Morellet,
de PAcadi-inie fraiicjaise ; 4*^ edit. ,
contenant les if et 10= livres, re-
vue et corrigt'e sur la deruiere
e'dition atiglaise, et arcompagnec
de notes, pulst'es dans les ouvrages
de MM. dc Humboldt, Hullocb,
Warden , Clavigero , Jetterson,
etc. etc.; par M. de la Koquette.
4 vol. iu-S". cart, ge'ograpli. Paris,
18-27.
(i) Le changement introduit dans la redaction du Bullcliii dr la Sot ieti- , a fait penser
qu'il ne serait point sans inlcret pour les amis de la science de connaitie les ouvrages
piiblies sur la Geographic a nicsure (jii'ils [laraisscnt. Les rapports et les coniplcs rendus
public's dans le corps du Bidlelin ne remplissent quiniparfaitemenl ce but. On a done
du chcrcher a rcm^dicr ici a cot inconvenient, en signalant les ouvrages cpii paraissent
le plus rae'ritcr cctte mention. Notre point de de|)art est le Itr Janvier I8.'8; niais
I'importance des travaux publics a la fia de I'anne'e 1827 nous a forces de revenir sur
res publications. Tous les mois . qiielqucs pages du Rulli-tin seront consacrees a les sortei
»l'annoiH'e>.
5/
AMibRIQUB SEPTENTRIOWALE.
;. A PILGRIMAGE IN EnROPE AND
North America. — Pelerinage en
Europe el dans V Ainerique du
Nord J conduisant a la decou-
^^erte des sources de la r'wiere
Rouge el du Mis sis si pi ; par J. C
Bettrawii, Es()., 2 vol. in-S", avec
portraits, plans, cartes, etc. Lon-
dres, 1827,
8. Nachrichten dber die fruheren
einwohner von north america
— Notice sur les anciens habi-
tans de V Arnerique du Nord ,
et leurs monumens ; par W.
AssAK, de Pensylvanie , avec une
Preface de Fr. Mohre , et un
Atlas de 1 2 planches lilhogr. in-80.
Heidelberg, Oswald, 1827. (4flor.
3o kr. )
y. On the geologie of east-nor-
FOLCK , etc. — Sur la geologie de
la partie orientale du Norjolck ,
avec des remarques sur I'Hjpo-
these de M. Robbards , relative-
menl a I'ancien niveau de I'O-
cean Gemianique ; par Richard
Taylor ; in-S" avec 6 planches.
Londres , Cochran. 1828. ( 8 sch.
6d. )
AmtmQVB MGRIBIONALIC.
10. Instruction nautique sur les
*c6tes de la Guiane francjaise,
redigc'e d'apres les oidres du Mi-
nistre de la marine et des colonies,
par M. Lartigue, lieutenant de
vaisseau ; in-S" , avec une carte.
Paris, impr. royale , 1827.
II.FORETS VIERGES DE LA GuYANE
FRANCAISE ; par M. Noyer, in-S".
Paris, 1827.
1 2. Voyage en Araucanie, au Chili,
AU PeROU et DANS LA COLOMBIE,
oil Relation historique et Des-
cription d'uti scjour dc 20 ans
dans I' Arnerique da Si^I , suivi
d'u II i'recis des revolutions des
colonies espagnolcs de I'Anie-
riquc du Sud ; trad, de Tangl. de
VV. B. Stevenson, claugmeutee
dc la Suite des Revolutions dc
ces colonies depuis i8i3Jusqu'd
ce jour; par J>ETIER, in-S". Paris,
Fain, 1827.
OCEANIE.
l3. Two YEARS IN NEW SOUTH WALES.
— Sejour de deux annees dans
la Nouvellc-Galles du Sud, on
Tableau de I'etat acluel de cetle
colonie, de sa topographic , de
son hisloire nalurelle et des
avanlages particuliers qu'elle
off re aux Emigrans ; par P.
Cunningham , chirurgien de la
marine royale. 2 vol. in-12. Lon-
dres , 1827.; ,.^,.^.:^_
1 4- Narrative of a survey of the
intertr0pic4l and western
Coast of Australia , etc — Re-
lation des f^ojages entrepris
pour explorer les Cotes nord,
nord-ouest , nord-est et partie
des cotes occidentales de la Nou-
velle - Hollande pendant les an-
nees 1818, i8ig, 1820, 1821 et
1822; par le cap. Philipp P. King,
etc. 3 vol. in-8°, cartes et figures.
Londres , 1827.
i5. }3rieven OVER Bencoolen , Pa-
dang, etc. (en hoUand.) — Let-
tres sur Bencoolen , Padang, le
rojaume de Menang - Kabari ,
Rhiouw , Singapour et Poulo-
Pinang; in-8t'. Breda, 1827. ( 2 fl.
60 cts. ).; ;
ASIE. -'F>'\'z%
16. The Orient.\l Missionary. —
Missionnaire Oriental , ou Re-
lation d'une Mission entreprise
dans la vue de repandre le Chris-
tianisme en Arabic et sur les
rives de V Euphrate , pendant les
annees 1824-1825; par le rev. C.
JUDKIN. I vol. petit in-80. (10 s.
6 d. bds.)
AFRIQUE.
17. Africa described in its ancient
and present state. — L'AfriQUE
deceit e dans son elat and en el
inoderne , d'apres les Relations dc
Bruce, Ledyard , Lucas, Home-
58
mann , Park , Salt , Jarkson , sir
F. Hedniker , Beltoni , les Mis-
sionnaires portiignis i^taiilies, mis
en rapport avcc It's ilc'couvurtes
recentcs du major Deiiliain, clu
D'' Oudney et dii capitaiiie Clap-
perton , pour Pusage des jeuncs
personnes et des ccoles , par
M" HoFLAND ; in-i2, avec une
carte. London, 1827.
1 8. Rapport sur h f^'nyage fait par
MM. Ehremberg ct Hemprich ,
rn Egypte , Dorigala , Sjrie ,
Arahie , et a la prnte orientah
du plateau de V Abyssinie , de
iSao a 1824 ; lu 3 I'Acade'mie des
Sciences de Berlin par M. DE
Humboldt ; in-^". (en allem.)
Berlin, 1827.
19. V^OYAGE A INIeROE ET AU FLEUVE
HLANc , par M. Fred. Caillaud
de Nantes, 4'^ vol. in-80 et 3o= livr.
de planches et atlas, in-f", Paris ,
1827.
ao. Relation d'un Voyage dans la
Marmarique , la Cyrena'iqiie , et
les oasis d'Audjelah et de 3Ia-
radch , accompagne'e de carles
ge'ograpli. et topograph. , et de
planches representant les monu-
mens de ces contre'es ; par M. J.
R. Pacho; ouvrage de'die' au Roi.
2^ partie, Cyrenai'que orientah ;
2^ livr. de texte , in-4°, et 4" <le
plane. in-f°. Paris. Firmin Didot ,
1827.
EUROFZ:.
hiiUc.
21. Voyage en Italie et en SiCile ;
par L. SiMOND, auteur des Voya-
ges en Angleterre et en Suisse.
2 V. in-8°. Paris , Sautelet , 1828.
(.5fr.)
22. Travels through Sicily, etc. —
Voyage en Sicile et aiix lies Li-
pari, pendant le mois de decemh.
1824 ; par im officier de la ma-
rine ; enrichi de vues el de cos-
tumes j dessints .sur les lieiix, et
lithographies par M. L. Haghe ;
in-.S°. Londres, Flint, i8?.7.
Cel ouvrage conlirnt plntol
rliisloire ancieiine des pnncljiales
villcs de la Sicile, que des observa-
tions neuves et inte'ressantes sur
son ctat acluel, conime son litre
seinble le promettre.
23. Prospet«o statistico dkllk
PROviNCiE venete. — Tableau
statistique des Provinces Veni-
ticnnes, par Ant. Quadri; in-16,
avec Atlas de 82 tables synoptiq.,
in-4°. \enise, 1827. ( i4 livrais. )
Moiiarc/iie aulrichienne.
24- Das konigreich Illyrien. —
Description statistique el topo-
graphique du royaume d'lUyrie ,
d'apres sa nouvelle division, Ma-
nuel a Tusage des voyageurs ;
in -8°. Laybach , Korn , 1827.
(i flor.)
Monarchic prussienne.
25. Topographische - Beschrei-
bungder provinz pommern. —
Description topographique de la
province de Pomeranic , avec uri
tableau statistique ; par F. de
RiSTORF. in-80. Berlin, Nicolai ,
1827. (I rxd 8gr. )
France.
aG. Al.MANACH DU COMMERCE DK
Paris , des departcmcns de /«
France et des principales villes
du Monde ; par J. DE la TyNNA ,
continue el mis en meilleur 01-
dre, conlenant , etc., par Scb.
BOTTiN ; aimte 1828, xxxi" an-
nce de la publication, X* de la
continuation par I'cditcur; in-8".
Paris, Gaullier-Laguionie.
i7.EsSAi STATISTIQUE swle.s Jron-
tit-res nord-est de la France : par
M. AuDE>ELLE. Paris, 1827 ; in-8".
28. AnNUAIRE STATISTIQUE ET ADMI-
NISTRATIF du dcpurlenient dr
raise ai du diocese de Beau-
vais , public' par ordre tie M- le
le Pn-tet. 1828, lli'-anne'e; in-S".
Beauvais, Moisand, 1827.
20. Notice sl'R la ville de frejus :
■ par J. A. Fabre , mcdecin ordi-
h
naire tie Ms' l'Ever|uc. in-8", Bri-
gnolles, Uuforl , 1827.
§ 2. ATLAS , CARTES GEOGRA-
VHIQUES ET PLANS.
00. Atlas classique et universel de
GEOGRAPHIE , pour servir a Pins-
truction de la jeunesse , precedt
d'une introduction donnanl une
idee generale de I'ouorage et
des connaissnnces nccessaires ii
ceu.x qui sc livrcnta V etude de la
Geographic ; par A. H. DuFouii ,
gcograplie ; in-fo oblong dc \
teuilles. Paris, 1827.
ii. Cakte GENEkale de la Turquie
d'Hurope et de la Grece ; par
le chevalier Lapie, premier gco-
graphe du Koi, etc. 1 f"^. Paris ,
i8a8.
Rt'sullnt de tons les Iravaux de
son auteiir, cette carte est lelle
(|ui jusqu'a present offre les rcn-
seignemens les plus certains.
?>2. Carte de la Hussie occidenfale
et du rojaumr de Pnlogne ; par
Bbtik. 1 f"". Palis, 18a-.
3.>. Carte generale , physique et
routiere de la Mnnarciiie aiilri-
chiennc : par Bruk. i fV. P;iiis
18-27.
34. Carte de V Allenmgne , coni-
prenant les Elats de la Confede-
ration germanique ; par Bkde.
I 1'^. Paris, 1S27. Chez raiileur.
Ces trois Cartes font parlic de
I'Atlas puljliii par Pauteur, dont
les travaux se reconiniandent par
Ic soin jiidicieiix qu'il appcirte dans
le choix de ses materiaux , et p.u-
leur grande clarte.
35. Karta o/ver sodra delen afSve-
rige och Norigc en (suedois).
— Carte de la partie nieridionale
de la Suede et dc la Norwege ; par
C. deFokbell. Stockholm , i8itj-
iS-iG. Avec line Notice.
36. Atlas de la Statistique du de-
partenient des liouches - du -
Blione , dediee au Roi • par ie
COnite DE \'lLLEISEUYE , public-
d'apres Ic voeu du Conseil general
du Dcparteinent. 1'='''^ livraison ,
iii-l". Marseille , Bicard ; Paris ,
Blaise , 1828.
SVEP.AT, IMPUIMEUR Dii LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE ,
r.UE DU CADr.AK, K" iG.
• I
BULLETIN
DE
LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE,
NUMERO 58. — FEVRIER.
PREMIERE SECTION,
MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS.
ANALYSE DF. l'oUVRAGE INTITULE :
Keledor , Histuire ofricaine, par M. le baron Roger.
I vol. In-S". Paris, 1828.
Le lemps ii'est pas tres-loin de nous 011 la geograpliie etait relti
guee parini les eludes sleriles, presque sans Lul, sans channe el
sans ulilite. Alois, la science, mal comprise par levuigaire, elail
le domainc d'un pelit nombre d'homines de genie ou de nierite,
qui devinaient a peine ses deslinees futures. II fallait, pour la
meUre a sa place, des evenemens lels que ceux qui onl renuie le
monde depuis cinquante ans. A present, la geographie, loin d'etre
une etude isolee , lient a loutes les sciences, que dis-jei' a tous les
inter^ts de la societe; Tindustrie et le commerce dependent de ses
progres, et ceux-ci influent a leur tour sur le perfectionneinenl de
I'espece liumaine. Aujourd'liui, on pent raffirmer , il est impossible
([ue la civilisation nc profile pas dc ravancement de celle science ;
et celle-ci, dos progriVs de la civilisalion : relle influence lerlpro-
que <le Tunc siir Taiilrc csl un fail que tout lo inonde sent (rop Ijicn,
uiie verile qu'il est Imp facile d'elahlir , pour les developper ici
davantagc , et je les indique sculenient pour expliquer Tinleret
qu'inspire le nouvel ouvragc qui vienl de paraitrc sur TAfriquc,
sous le noni de Kelcdor. L'aridc geographic de noinenclalure ii'v
tienlpasune grandc place; mais , quiconque voudra approfondir
les circonslanccs morales et locales qui caraclerisent les peuplcs el
le lerriloire de la Seneganibie occidenlale, le lira avec frull , sur-
loul la premiere moilie : il en sera de meme dcs noles qui Icrniincnl
rouvragc ; el lout le resle sera lu avec un verilablc inlerel, car I'ou-
\rage ii'esl romanesque que par la forme sculemenl. Rendrc
compte du recit des avenlures qui servenl de cadre an lableau,
conviendrait peu dans ce recueil ; mais, cmprnntcr quelques cou-
leurs aux scenes varices et animees par lesquelles M. le bai on
Roger a peint le climal et la population du pays, Felat physi-
que et moral dcs habitans ; faire bien saisir le but et la pensee de
Tauteur ; enfm , pai ler de la division geograpbiqu(! de la Senegambie
d'apres les donnees d'un bonime qui a habile et gouverne le Se-
negal pendant six ans, sera, je pense, remplir convenablement
ia lacbe qui m'est iniposee. Si un voyageur qui passe rapidement
dans un pays peu connu , inspire I'inlcrel et la confiance , quelle
confiance et quel intcret ne merile pas un habile adminislratein' ,
quand il prend la plume pour exprimcr le resullat d'observations
mitres et approfondics, que lui ont permisde faire de frequens cn-
trelieiis avec les principaux du l^ays , la discussion dcs interels et
des droits leciproques ; enfin, le caractere el les passions des ha-
bitans, mis en jeu dans des circonslanccs graves et importantes ■'
Ce n'est pas seulement an chef-lieu de la colonic que M. Roger
a observe les indigenes, il elait porte par son aclivite nalurelle ,
ot son ardent d^sir de rcndre retablissemenl utile a la merc-patrie,
a sc transporter partout ou sa presence pouvait faire du bien.
Dans son zclc infaligablc , il visilalt les ctablissemcns formes ou
63
projet^s dans les provinces , et il rccucillail , dans scs momens de
ioisir, les trails de ses descriptions (i). Le Iccteur peul done espe-
rer de trouver dans cet ouvrage , comme dans les autres que Taufeur
prepare, descouleurs plus neuves el plus exactes que celles qui nous
sont fournles par les relations eslslantcs , ct des faits qui ont
echappe aux precedens voyageurs. Malgre de bonnes descriptions
du Senegal, on n'a pas encore, en Europe, des idees Ires-justcs
sur certains details de moeurs et d'institutlons qui sont d'une assez
haute importance. J e citererai seulcment pour exemple , la popu-
lation du pays et son etat social. Peu s'cn faut qu'on Ic regarde
comme desert ou mal peuple , ct ses habltans comme des demi-
sauvagos. Etcependant , tousles voyageurs s'accordent a dire que
la population est tres-nombreuse , les villages tres-mulliplies , ct
les hommes , en general , plus avances dans la civilisation qu'on
ne Ic croit communement. Independamment de rindustrie qui est
propre aux habltans primilifs, les Senegamblens ont re9U des
Arabes, avec la lol musulmane, certains arts, certaines institulions
qui ne sont pas indlgnes d'exanmen. II faudra bien des annees pour
que TEuropeen supcrbe s'accoutuine a croire a I'aptitude intellec-
tuellp de TAfrlcain, et convienne de sa perfectibilite ; mais enfin,
avec le temps, il se fera a cette idee : one erreur funeste au bon-
heur d'une partie considerable du genre humain s'evanouira, et la
verlte se fera jour. Deja les plus puissantes nations de TEurope ont
rcnonce au commerce impie de la traite , et Pontco^damne comme
un crime. Qui e6t pu Tesperer , un siecle plus tot , et mcme il y a
quarante ans ;' 11 est aussi des esprlts philosopliiques Irop preoccu-
pes d'une difference d'organisation , et qui sont enclins a conclure
de la difference des races, non pas seulement a une inferiorite
d'intelligence et de faculles, mais a une sorte d'incapacite sociale.
(i) M. Rof^cr ;i adresse a la Soclete de Geographic un c'crit tres-infc'rcssant
en re'ponse a des questions sur le Senegal, ct eile en a ordonne I'impressiori-
( Consulle/. Ic lome i I du Rerueilde la Socictr.)
H
L'buvragcileM. Roger foiirnit plus d'un argument; ou , pour inieuK
(lire (car les fails sent icl les meilleurs argumeiis), plus (Vun fait
pour reponilrcaux tlolracleurs des iioirs, el en cela il est peu d'ac-
cord avec la pluparl des ecrivains. Heureusenienl il pensc ct il
s'exprlnie conuue tous les vovageurs qui les onl vus chez eux . el
non pas dans resclavagc. Mungo-Park, n'avait-il pas deja
porte le nieaie Jugement sur les noirs de la Seneganible:' N'avail-
il pas eprouve leur bon sens, Icur scnsibilile, leur intelligence?
Je rencontre encore le meme langage chez le major Laino el Ic
major Gray. A Sierra-Leone , ce dernier trouva des ecoles floris-
santespeuplecsdiudigenes.Lesprogresdeseleves noirsde Freetown,
dit le major Gray, en aritbmelique , en geographic et en liisloire,
prouvent une capacile bien superieure au peu de moyens atlribues
jusqu'a present aux negrcs, et demonlrent clairement qu'on pent
arriver a les rendre d'utiles membres de la soclete , en leur donnant
Teducation necessaire. Recenunenl, on a trouve, a cent milles de
cette colonic, dans Tinterieur, une nation gouvernee regulierc-
ment, ayant des arts, des lois et des magistrats. Enfin, la colonic
des noirs americains a Liberia, c csl-a-dire, des esclaves devenus
libres dans TAnicrique du Nord, et ranienes dans leur palrie^ oii
lis s'administrent par eux-mSmes, est une preuve cvidente et vivanle
de Taptitude des Africains pour la civilisation. J'en pourrals citer
une autre encore plus decisive; mais elle m'ccarterait trop du bul
que je me suis propose.
Passant sou5 silence, cornmc je dois le fafre ici, le recit que fait
de ses voyages le lieros Acl'/iisioire afriraiiir, je ni'arreterai scule-
ment au tableau de la Senegambie, tableau en action qui forme
les trois premiers livres de Touvrage ; seulement je dirai que Ke-
ledor , ne dans la province de V^alo , eleve dans le pays de Fouta-
Toro (republique theocralique) , lombe tres-jeune encore au pou-
voir des marcliands d'esclaves, est transporle en Amerique,
vers Tan 1797, avec ses compagnons d'Inforlune, et ne revieni
dans sa paliic qu'apres avoir subi loulcs sorlosde vicissiludcs, pro-
G5
pres a former son jugeiiicnl cl a edairer son cspril. 11 v arrive
prepare a jouer un role dans le mouvement qui fail marcher in-
sensiblement cette contree vers une nouvelle existence, fruit de ses
rapports continuels avec la civilisation europeenne , el surtout du
commerce ct des ameliorations agricoles el industrielles qu'a intro-
dultes le gouvernement de la colonic fran^aise. Dans ce qui suil,
je rapprocherai cl je fondrai ensemble Ics notions fournies par le
texte , cclles qui resullent des noles nombreuscs et insfructlves
placees a la fin de Touvrage, et des renscignemens inedits que je
dois h la complaisance de M. Roger.
Aprcs avoir, en peu de mots, rendu compte de la revolution
polilique arrivee en lyyS dans le pays de Foula, et qui a fail
passer le pouvoir royal aux mains des prelres (ils elisent entre
eux I'Almami, prince temporel et spirituel , et formcnt un conseil
qui le revoque a'volonte) , Tauteur donne quclques details sur la
Senegambie a Touesl du liambouk : elie differe sensiblcment de ce
qui a ele admis jusqu'a present , et elle est plus precise ct plus com-
plete. Pres de I'Ocean, sont le Walo et Cayor, aujourd'hui in-
dependans du Gliiolof, J{aol ct S'>lum ; le long de la rive gauche
du Senegal, est le Fouta-Toro , et au-dessous du Walo qui est aussi
au bord du Senegal , est le royaume Ghiolof , qui s'etend presque
jusqu'a la Gamble; plus a Test et au sud, le iJondou jusqu'a la
Faleme ; enire la Faleme el le Baling, le JJambouk, pays riclie
en mines d'or; sur le Senegal, au-dessus de J>akcl, I'ancieii pays
de Galam oii elait silue le fort Sainl-Joseph , aujourd'hui ruine,
un petit fort appele Saint-Charles, a ele construit pres du meme
emplacement, il y a Irois ans ; plus a Test, le Kasson et le Kaarta
ou bas JJambarah, deux pays aujourd'hui confondus en seul, par un
meme inlcref, etleuretat de guerre pcrpeluel avec le haul Eamba-
rah (donl Sego, sur le Dhioli-lia, est la capitale). De la, jusqu'a
ce fleuve ct jusqu'a Tombouclou, est un espace bcaucoup nioins
etendu qu'on ne le suppose, qui ne serail pas Ires-difliciie a fraii-
thir par le commerce ; nous en avons la preuvc , el di\ns les ex-
66
cursions tie Park, el dans le Irajct continuel des caravancs; c'est
riiilorvalle cnlie les deux bassins princlpaiix de celfe coiilree; son
elevation csl mediocre, peu de seniaities siilfiscnt a le traverser. I^a
nouvelle position qui vient d'etre choisie et occupee par les Fran(-ais,
aportde dela dernierecalaracle, sera un point de depart excellent.
D'autres details sur ce sujel, seraient aujourd'hui prematures, et
il suffil d'ajoutcr que les sciences et le commerce ne pcuvent man-
quer d'en retirev des avantagcs prochains. Quant aux Maures Dar-
inankours, Trarzas, IJraknars et Dowiclis, on sail qu'ils sont les
maitres de la rive droite du (Icuve , ct qu'ils font la loi du com-
merce dans les escales et presque dans tous les marches (i).
La population de loutes ces pcuplades est plus considerable qu'on
nele suppose. En voici un aper9u en gros : ^'Valo, 4-0, ooo habi-
tans; Cayor, 25o,ooo; (ihiolof, 200,000; Fouta-Toro, 800,000;
Uondou, 3oo,ooo ; (ialam ouKajaga, 100,000; negres restes
soumis aux Maures, 60,000; Trarzas, 3o,ooo: iiraknas, 60,000;
Maures Jiowichs et Oualad JJarck, 100,000, sans compter les
populations qui avoisinent la (iambie ; celles du haul Senegal
au-dessus de Galam; cclles du Kaarta et du bas JJambarah. Les
Ktats occidcntaux ont conserve leur population primitive ; mais le
grand Elat dc Fouta-Toro , a re^u sa population actuelle du de-
hors, les Foulhs ou Peulhs y sont verms du Uondou, du Foula-
Dhialon , duDentilia, sous le nom de Toukouleurs, nom aujour-
<rhui limite aux Marabouts ou pretrcs du Fouta. Entre deux bras
du Ileuvc, est une ile tres-riche, appelee lie a 3Jorp/iil, qui a 4o lieues
de long sur 6 a 7 de largeur moyenne. Lc ^^ alo , palrie dc Ke-
ledor , est aujourd'hui tout entier acquis a la France, il s'etendde
Dagana a Saint-Louis, c'est-a-dirc , d'une trcntaine de lieues dc
longueur (2) ; sa largeur est de i5 a 20 lieues. Des plantations nou-
(i) Voyez in niemolre que M. Eyries a joint an voyiign dc M. Mollien,
ct ses autres rcmarqucs sur le Senegal.
(2) 4o lieues de POuesta I'Est , scion I'oiivrage ( s''!! ii')' a p;is faute d'im-
'■>7
vellcs, ail nonibrc tic plus dc l^o, y sonl dlsst'iiiinocs ; la colo-
uisallon y prospc-rc, ties noirs libres viennent y louer Icurs
services, ils s'y rendcutde loo, ct memede 200 lieues de distance.
L^iiiduslrlc et la liberie qui anienent ralsance; la justice qui ea
assure Ic tVuit, commencent a parler a la raison ct a rintcUigence
des indigenes ; que ne doit-on pas attendre , pour ramelioralion
du pays, de ces premiers essais , surlout si le commerce de France
les secondc , si I'opinion les encourage?
Plusieurs details de moeurs que rapporte M. Roger , appar-
tlennent plutol aux Arabcs ct a la religion inaliometane qn'aux in
dlgenes; d'aulres sont cmpruntes vislblement a I'Egypte ou a
la Nubie ; lels que Tart de niasser , I'enfourchement des caplifs,
les formules de salut , de missives et de serment , les regies de la
priere , renselgncmcnt simultane , Tattachementdu Marabout pour
son cheval et pour ses armes, \e.s, IMouezztn cholsis parmi les avcu-
glcs, etc. ; mals je n'avals pas entendu parler en Afriquc , du niague-
lisme animal, que Tauleur a observe dans cescontrees. Quant aux
bouffons de cour , aux chanteurs, farceurs et musiciens (les Gawen-
tlos et les Griots), tous les voyageurs qui ontvislte laSenegambie,
ont decrit plus ou n:ioins bien les foiies bizarrcs des uns, les jcuk
des aulres , et surtout leurs exces et leur insolence. Ces derniers ne
se niarient qu'entre eux, c'est une caste degradec, ils sont prives
meme de la sepullure commune. On salt de nieme ce que sonl les
Giisgris, c^est-a-dire, les anudettes ou talismans d'ecrllures; lout
le monde connait ces singullers preservatifs contre les beles fe-
roces, rincendie, la guerre et tous les maux de la vie. 11 est lei
voyageur qui a dfl la sienne a Tinnocent artifice des griffonnages les
plusinslgnlfians; je ne voudraisdonc pas qu'ilsperdissent leur credit.
Que les Europeens profilent encore quelque temps de cette faiblesse
des nations africaines; puisqu'elle leur sert depasseporl, el qu'elle
avance les decouvertes , qui pourralt s'en plaindre ;'
piession) ; en coniptant Icssinuositts, cc serait Irop peu, coiniiif c\sl tinp en
ligne direclc. La position dij Dagnna psl fixce aiijoiiifl'liiii.
G8
Lc langage du pays <le Foula csl le foulh; celui dcs pays de Ohlo-
Jof ct de W alo , est le wolof, laiit;uc indigene qui est de loutc
anciennctc , idionie iiilercssant qui vienl de fixer laltenlion des
savans, par les partlculariles singulieres de sa coniposillon ct de
sa graniinaire (i); inais on ne I'^crit pas, I'ecriture no scrt que
pour exprimer le langage arabe des marabouts, ct de ceux des in-
digenes qui ont appris cette langue. C'est ce qui avait laisse I'Eu-
rope, jusqu'a ces derniers temps , dans I'ignorance de la nature et
de la composition de la langue wolofe ; aussi le premier Kuropeen
qui est parvenu a I'ccrire, y a fait dcs decouverles inlercssantes, ct
il Ta dil a une circonstance qui merite d'etre rapporlce ; c'est-a-dire
aux efforts que les pliilantropes fran^als ont faits en 1816 , pour fairc
donner un peu d'instruction aux jeunes \'\ olofs qui habitenl le Se'-
ncgal. Une ecole a etc ctablie a Saint-Louis; le maitrc, comme les
disciples , ignorant respectivement les deux langues ecrites , I'arabc
ct le frangais , il a fallu, au premier, ecrire un dictionnaire cntlcr
de I'idiome des seconds, et sous leur diclee; ce qui I'a conduit a
decouvrir les regies grammatlcales.
Le salut de /« hince estun uasgc antique ct solennel, praliqiie an
commencement d'unc campagne. Cliacun des gucrriers doit passer
devant une lance tres-baute , et jurer devant le prince de combattre
vaillamment Tenncmi. En racontant les circonstanccs de la cere-
monie, Tauteurparle, a cette occasion, d'une autre coulume; celle
qui veut qu'un csclave puisse quitter le matire qui la mallraite , el
devenir celui d'un autre, en lul faisant une injure grave; pareille
cbose existe dans le Kalcongo, et cbez les Aschantees. Autrefois ,
au Senegal, Tesclave, pour oblenir cette mome faveur, pouvail
(i) M. Roger prepare un Mcmoirc sur la langue wolofe. En iSiS,
nous avons public k Diilioiiruiire P'J-'olo/ riliWgc au Senegal , par IM. Dard.,
insliluteurdc I'licole do Saint-Louis, ct imprinn- il Plniprimcric Roy ale. —
I vol. in-8", avec. un avant-propos et dcs tableaux, IJepuis, la grammaire
\yolofe de i\l. Daid a parii.
Gg
coupcr un moiceau dc I'oroiile au luailro qu'il clioisissait, ou Lien
a son fils.
Les V^olofs sont regis de temps immemorial par une sorle de
feodalite. Ausol apparliciincnt les droits de justice, d'amcndc, de
confiscation, de peage, d'aubaine. Les vassaux paient la dime au
suzerain, qui la partagc quelquefois avcc les pretres; niais dcja,
comme en Europe , des communes cominencent a se former.
L'influence du regime fran^ais ne tardera pas a se faire sentir.
Rien n'cst plus fait pour surprendre, a cole de la facilile d'hu-
meur etde la douceur des ncgrcs de SenegamLie , que le caractcre
prononce , la fermele et I'esprit d'independance des Foulils ; mais
leur fierte n'est pas cxemple d'arrogancc; ils passent meme pour
medians et perfides , M. Roger leur rend plus de justice, et il
remarque que clicz ce peuple, c'est une suite du momc esprit qui
leur a fait secouer le joug de leurs tyrans. lis sont passionnes
pour la liberfe, niais amLilieux et turbulens, souvcnt livrcs a
la guerre civile : ce n'est pas leur seule ressemblance avec les
republiques de Rome et de la Greee. Apres leur revolution ,
en 1775, I'esclavage fut proscrit, on n'y admit plus aucun nouvel
esclave ; chose bien remarquable , tout esdave ancien devint librc
des (jti'i'l silt lire. Les Foulhs vont jusqu'a croire que nous avons
suivi leur exemple en proscrivant la traite. Au reste, aujourd'bui,
ces memes bommes viennent cbaquc annee par ccntaines sur les
plantations frangaises, et se livrent au travail agrlcole. lis sont
d'ailleurs moins robustes et moins grands que les Wolofs. On
sait qu'au lieu d'un noir fonce , leur teint tire sur le rouge.
D'autres traits encore les distinguent du reste des autres noirs.
L'auteur remarque la difference des usages des Serreres, petit
peuple de Raol, au sud de Cayor. Plus sauvages, ils ont resistc
au maliometisme , et ils s'eloignent aussi des Europeens. Leurs
funerailles ne ressemblent point a celles des autres Sencgalais.
Le mort est assis couvert dc ses plus riches vetemens; un parent
lui adresso ainsi la parole : « Pourqiioi veux-!u nous (jiiilieri'
70
>• iravais-tu pas parmi nous toul cc qui I'elail ncccssairei' quel est
» Ic sorcier, I'ciiucnii qui t'a failperir.' » Un autre, place ilcrriere
le niort, rtiponcl pour lui qu'il deinaudc a elre inliunie ; alors
commenceiit de grands cris de douleur; mais des que Je corps est
en lerre, la joic succede, on chante cl Ion danse , et Ics fetes
durcnt neuf jours.
Les plus beaux negres sont les Ghiolofs : ils ii'oiil , dit
M. Roger, d'africain que la couleur. Le nez est rcguiier, et les
cheveux memes sont allonges. Get angle facial et les aulrcs
signcs plivsionomiques qu'on a rcgardcis coninie la uiesiiie de
1 intelligence des noirs, se rapprochent considerablenient de
ce qu'on observe en Europe. Que diiont done ccux qui etablis-
sent sur la conformation de la face Tinferiorite de la race
noire? Que diront-ils de cetle varicte glnolofc , pour ainsi dire
europeenne? Au reslc , toul cc que j'al voulu faire ici , c'esl de
signaler un fait atteste par Lien des voyagcurs el un peu Irop
neglige par les philosophes et les analoniistes. On a deja rapporte
plusicurs trails qui prouvent que les negres ne sont pas depourvus
de courage moral el dune sensibilite vive et profonde. On pour-
rail en trouver d'autres encore dans I'ouvragc de M. Roger;
mais il faut se borner, et citer seulement les expeditions que firenl
il y a peu d'annees une soixantaine d'individus, qui avaient par
le travail rachete leur liberie. De la Havane , ils se firent transpor-
ter au Senegal en i8iy et en 1822. L'amour de la patrie et de
I'independance eclate au plus haul degre dans ces expeditions el
dans la condulte de ces bommes qui n'avaicnt d'autre perspective,
en prenant une aussi courageuse resolution , que d'embrasser leurs
vieux peres ou de mourir sur le sol natal. Qu'y a-t-il de plus
loucbant! En arrivant, il faut le dire, on les voil qnillcr leurs
babits et reprendre la pagne, et meme subsiluer bientot le saleni
aux prieres accoutumees. Les femmes , plus conslantes dans les
babitudcs europeenncs, melaient confusemcnt les syniboles des
(IcMx cultes , el usaient jusqu'au bout leurs manlilles el leurs soies
71
Lroilvies, pour reprendre a leur tour la pagnc modcsle, dont leurs
ineres et leurs sceurs elaient drapees. Mais aprcs tout, qu'impor-
Icnt pour CCS hommes le costume et les habitudes des colonies
europeennes. G'est le spectacle de la civilisation, des arts, et dc
Tindustrie qu'ils ont besoin d'avoir constaminent sous les yeux,
et heureusement ils le trouvent aujourd'hui dans les etabllsseniens
iVanrais. Les Maures, repousses sur la rive droite du fleuve, ne
desolent plus le W^alo. Les cultures se retablissent, la popidalion
et le bien-etrc augmentent avec le travail libre ; des maisons
s'eievcnt , des vegetaux utiles se mulliplient. Voila enfin une
colonic ou des Africains librcs s'adoinient a Tagrlculturc ; ils per-
fectionnent les races dc bestiaux ; avec le prix de leur travail ils
achetent nos instruniens, les produils de nos arts, et les empor-
tent a deux cents lieues ; ils emportent aussi avec eux le nom de la
France, ouvrant ainsi la premiere porle a un commerce qui ne
peut plus que s'accroitre avec le temps. 11 faut lire les derniercs
pages du livre pour connaitre et apprecier le genereux enthou-
siasme qui anime I'auteur a I'idee de I'avcnir, a I'aspcct des pre-
miers fruits d'unc noble cntreprise. Qui ne parlagcrait de si
honorables sentimens ? Qui meme, en traitant un tcl espoir d'illu-
sion , ne rendrait une eclatante justice aux efforts de Tadministra-
leur habile el infatigable, qui s'est voue a une oeuvre de bien si
difficile et si ingrate? Combien on prcnd une part vive a sa
sollicitude, a ses voeux, a ses efforts , que rien n'a pu decourager
pendant plus de six annees d'administration!
Ce ne serait pas donner une idee complete dc cet interessant
volume que de passer sous silence le merite du style ; I'exactitude
seule ne peindrait pas asscz bien les mojurs , les ' hommes et le
climat. Quoique i'auteur ait etc inspire par des evenemens liisto-
riques d'un veritable intcret, par des traditions vivanles , par les
paroles memes des personnages, paroles dont le pays a garde-
la memoire , cependant il imporlalt dc presenter au lecteur
europeen des tableaux vrais et exprcsssifs , parce qu'on ne connaft
7^
gucro le Senegal que par dcs dcsciiplions nn pen arides. Clioisis-
sons Ja scene dii passage du deserl qui sepaie Je Foiila de Cavor.
quandl'armee dAbdoulkader, en 1797, porta la guerre au Daniel
ou roi de celte derniere conlrec (i). En void un fraginenl :
" Le lendemain le solell se leva mollis lavorable; il ne dardait
que dcs rayons obscurcis, rougis par une quanlile de sable souleve
do Iborizon el repaududans lair. Tout annon^ait le regno de ces
vents d'est redoutes du voyageur, de ces vents hrulans qui, apres
avoir balaye le grand desert, en rapportcnt la sechercsse, Taridite,
et,pour ainsl dire, les vapours de poussiere- »
» A peine ellons-nous en niarche, que nous apercilmes comine
un petit nuage roux, qui changeait a cliaque instant de forme, et
qui faisait les oscillations les plus singulieres el les plus subites.
En approchant, il grossissait au point de nous inlercepler le
soleil et meme la lumiere. Bicntot nous fiimcs assaillls de la plus
effroyable quanlile de grosses sauterelles qu'on ait jamais vues.
I-cs arbres, les buissons, en un instant depouilles de leur jeune
dcorce , furcnt surcharges de ces insecles ; le sol ea elait joncbe
de plusleurs couches, lair pour ainsi dire en etalt epalssl. ISous-
memes en fumes converts , el dans Icur odieux bourdonnement
ces animaux maudlts frolssant conllnuellement noire figure, nous
for(;aIent a nous boucher les narines, a fermer les levres et les
yeux. «
« Ceux qui connalssent par experience les nuees de sauterelles
qui londent quelquefols sur les campagnes d'Afrique , peuvent seuls
juger des effels du lleau qui nous accablall, plus terrible qu'il ne
s'elalt jamais monlre: les aulres refuseralcnt d'ycrolre. Nous nous
ouvrlons penlblement un passage au milieu de eel immense tour-
billon, foulant aux pleds a chaque pas, ecrasant a chaque mouve-
[i] On salt (jue Brak, Darnel , Almami sonl les noms illvers quo prcn-
nent les rois de ces pays : Le premier , que portail le roi de Walo, n'a plus
d'ap;ilicalion ; le second est celiii du roi de Cayor; le troisienie appartieiit
au roi de IJoiulou , et le prince de Fouta-Toro le portc e'palemeiit.
:3
itienl dcs quanlites Ac ccs degoAtans inseclcs. Isoli-s ainsi , nc dis-
linguant plus notre diemiii, ne nous guidanl qae par la voix ,
plusicurs tie nous tomberent suIToques ; beaucoup tVautres furent
cgares. Heurcuscment encore, dans cetle calamlte , Ics deux ma-
k'nronlreuses cohucs s'avan^alent en sens contrairc. Au bout dc
<lcux lieuresd'inquietudc, dc fatigues inouies, nous commencaincs
a rolrouver Fair et le grand jour. »
« Qui pourrait compter ie nombre prodigieux d'oiscaux de toute
especc qui suivalcnt ce monde aerien, ce grand meteore anime?
Combien d'aigles, de faucons, de milans! coniblen de grucs et de
cigognes! combien de marabouts aux vastes ailes , a la queue ornec
d'un duvet ricbe et leger! Tous semblaient mus par Fesprit de la
deslrucfion; ils devoraient, massacraient el couvraient la terre de
morls et de debris. Affreux averlissement du ciel! nc montrait-il
pas assez I'empire de la force sur la faiblesse! ne devalt-il pas nous
inspircr d'uliles pressenlimens ?
» Nous traversions un pays que ces insecles innombrables ve-
naient de depouiller entierement de verdure; plus un fragment de
f^'uille, plus un brin d'lierbe. Un vent sec et brAlant beurtait avcc
bruit la poussierc centre les rameaux des arbres et contre les buis-
sons, seniblables maintcnant a des balais uses et blancliis. C'etait
un spectacle de desolation , que complclait une population errante,
barassee. »
« Des que par une marche penible , nous eumes atteint quelque
ombrage , Almami fit faire baltc , afin de rallier ses gens et de leur
donner un repos bicn neccssaire. C'est la qu'on fut force de passer
la seconde nuit. 11 s'en fallait bien qu'elle ressemblal a la premiere.
Des fatigues, d'affllgeans souvenirs, des inquietudes pour les ab-
sens , une temperature accablante , imposaient a tout le monde un
morne silence ; il n'etait trouble que par les rechcrclies et les oris
de ceux qui s'effor^aient de retrouver le pere , la soeur , I'ami dont
ils avaient ete separes.
'> Le meme vent soufda loato la nuit; mais, commc on I'obscrvc
74
ordinaircmorit dans ccs contrecs, il dcvint alors aussi froid qu il
avail cle chaud pendant le jour, Du resle, il ne perdit ricn dc sa
scchcrcssc; la nuit n'apporta pas une goutfe de rosec, pas la plus
Icgere huniidile. »
« 11 etail evident qu'unejourncie encore plus difficile que la pre-
cedenle sc preparalt. Nous avions fait a peine la moitid du cheinin ,
el la foule ne pouvail parvenir en un jour aux fronlieres de Cayor.
Cependanl les provisions manquaicnl; on s'inqulelail princlpale-
ment pour reinplacer Teau qui lirait a sa fiu. La nature du pays ,
surloul dans la saison ou nouselions, ne perincttail pas d'esperer
qii'on pAt s'en procurer aulrcmenl qu'aux puifs des villages, donl
on elall encore Irop dlolgne. Ahuauu scntil tout ce qu'avait de cri-
tique sa position; il enlrevit des-Iors les resullals affreux de Ten-
treprlsc dans laquellc il s'elait imprudeniment engage. Des le
matin de la troisiemc journee , il fit publier que tous les individus
hors d'etat de porter les armes ctaient invites a retourner chez
eux ; qu'on etait content dc Icur devouement, que Dieu Icur en
liendrait sans doute comptc; niais que Icur presence serait desor-
inais plus luiisible qu'ulilc , et qu'il apparlcnait aux guerrlers seals
dc coullnucr la canipagne. >>
« On eprouva dans cettc occasion, qu'il est plus facile d'exallcr
les csprits que de les apaiser. Tres-pcu se rendirent a I'invitation
qui Icur etait faite ; prcsque lous resolurent de suivre Tarmee. Tous 5
criaient qu'ils voulaient souffrir pour le prophete , afin de mdriter
la recompense promise ; que plus les obstacles etaient grands , plus
le succes serait eclatant. Le peril scmblait exciter encore leur aveugle
confiance , et donner un nouvel aliment a leur cnthousiasme. La
bonte de reculer el d'abandornier leurs compagnons , la crainlc dc
traverser seuls le desert, en retinrent un bou nombre aussi; car,
en se monlrant courageux , beaucoup d'hommes, a I'ombre de
considerations avouees , cedent reellemenl a des motifs secrets,
souvent pcu bonorables. »
« Quoi qu'il en soitla troupe prcsque tout entiere se mil encore
75
en niarrhe. Jo iic decrirai pas cettc terrible journec, pendant la-
quclle rincleinencc dcs airs surpassa tout ce qu'oii peul iniagincr
de plus desaslrcux. Lc del etait en feu. Le vent devorant du desert ,
soufflant sans relache , soulevait en tourbillons le saLle leger sur
lequel nous marcliions. Chaque grain brAlant qui frappait notrc
peau, nous causalt un sentiment aigu de douleur. En se retraclant
dans celle alniospherc cliargoe dc poussiere, les rayons du solell de-
venaient insupportablcs. Accables de chaleur, les corps etaicnt
brulans , corrodes ct sans aucune transpiration ; la languc sc col-
lait dans la bouche aridc; la gorge, la poitrlne dessecbees , lais-
saient a peine passage a un air qui seniblalt enflamme. Le reste de
I'eau qu'on avait emporlc fut bicnlot cpuise; mals elle ne servit,
en quelque sorte, qu'a exciter encore une soif inextlnguible. '>
Les letlres de I'Almami au Darnel, ct les reponses de celui-ci ,
lie sont pas d'un inoindre interet. 11 faut Ics lire dans I'ouvragc
nienic. En void quelques traits : ils peignent avec vivadte la force
de raison et les sentimens energiques de ces Africains que nous ju-
geons peul-etre un peu trop legerement. « INous sommes cbarges
(disent au roi les envoyes de I'Almami) par I'assemblee de Fouta,
dc vous declarer que si vous ne voulez pas reformer voire conduite
el celle de vos gens, nous vous y contraindrons par la force;
void les emblemcs que nous vous apportons. Choisissez entre ces
deux couteaux : avec celui-ci Almami rasera la tete de Damcl , si
Darnel veut se faire marabout et suivrc la loi de Mahomet ; avec
celul-la, si Damel refuse, Almami lui coupera la gorge. » Le Da-
niel de Cayor lui repond en ces mots : « Almami , salut. li ne me
plait pas de cholsir; je ne veux de tol nl pour barbler nl pour
bourreau. De quol te meles-tu? Ne sais-tu pas que le prophete a
dit : Ac (h'spii/ez pas (wcc les ignorans ? garde done ta science el resle
tranquille. Mol je me souvlens qu'on ma lu dans le Koran celle
sentence : Pardonncz a qui vous ojfense ; c'est pour cela que je te
rcnvole les gens sans Icur avoir fait couper les oreilles; mals qu'ils
ne reviennenl plus. Mahomet a dit : Resignez-vous a voire dcslinee;
si tu me fais la guerre jo me resigne a to Laltre. » Tout cela est
hislorique : I'ambassatle, le discours, la reponse el Ics evenemew^
(le ia guerre.
M. le baron l\oger prepare d'aulres ouvrages sur le Se'negal ,
(les remarques sur la languc wolofe, le tableau de la rcvolulioii
tlu Foulael un recuell de fables s^negalalses. On ne peut que Tin-
viler el I'encourager a effectuer son projet. Ces productions utiles
conlribueront a elendre nos connaissances , a interesser le publir
fran^ais au sort de cette parlle de I'Afrlque , et par coiisc^quent a
avancer rocuvrc de ia civilisation sur ce grand continent (i).
JOMAUI).
(i) 11 faiit laire aussi la part de la critiriue , die sera Icgferc. Voir! fjiielqiu-s
points (]iie je souniels a raiiteur : Yallah est line exclamation fre(|iieii(c clicz
les Se'nt'galais , et oii§inairc des Arabes. En adoplaiil cette origine, rauteuc
se dcniande si VI, signe dii pliiiiel en wolol', n'iiKii(|iie pas ici Tidee de l:i
pluralite des Dicux ; mais Talluh signifie en wolof, 6 Dieu , par Dieu. Lis
Arabes ont apporte' cette exclamation en niSme-temps que le nom meme de
Dieu.
Le Delta du Nil est , suivant IVI. Roger , tout-a-fait de'pourvu d'arbres. Lo
fait est que les plus bi'aux sjcomores et line foule d'autres arbres y abondenl.
( Voyezla descriptio" de TEgypte , t. i , rtal mod.) ; pcut-etre cst-il <iuestiim
des arbres crolssans spontaneincnt.
Dansrintroduction, il met la Giraft'c au nombri' des aniinaux dos rives du
Senegal; mais il ne'glige de dire d'apres quelle autorite. Jiis<pra pn'seiit,
les voyageurs ne I'ont pas aper^ue aupres de ce fleuve. M. Roger assure que les
indigenes ont vu la Giraffe sur le haut Senegal , et meme dans le J'ays de
Gliiolof, qu'on en apporte des peaux a Saint-Louis , et que cet animal a uw
nom en wolof,
Les Fellatas lui paraissent de la meme race (|ue les Foullis et meme
les /^c//a/i.? d'Egypte. La ressemblance des nomsa entraine I'auleur un pen
trop loin ,surlout pour IcsFellalis. La metliode d'iuslruction luutnelle serait,
scion lui , ('tal)lie au Seru'gnl , de temps immemorial. 11 est plus vraisemblable
q>ie renseignemeiit sirnullanec ,seulement , a etc apporte par les Arabes (|ui
le pratiquent au Caire et en d'autres lieux. (Voyez I'abrege de la metlH>de
des Ecoles elemental res ; Paris, Colas i8i6). D'ailleiirs , puisque les ^Volofs,
nV'crivent pas leiir langue et ne I'ecrivaient pas davantage avaut la conquele ,
quelle aurait etc I'ocrupalion de Icurs ecoles ?
N.-Ji. La carle ci-jointc donne le cours du Senegal au-dec-r>ous de Mous-
sala : et la situation respective des diffei'entes conlreesdont il est fait men
tion dans Touvrage. Pour la construire, j'ai mis a profit les materiaux les plus
rccens et des communications prccieuses de M. le baron Roger.
77
Relation d'tm voyage cCArica a Potosi par Ic Despoblado ,,
accompagnte d'une notice sur cette dernidre vilLc ^ par
M. P. J. B. Vasseur , ct cojnmuniqme par M. Ricot , nego-
ciant (i).
NOMS DES GlTES ET DETAILS DE l.\ ROUTE.
1826.
Nov. 1
Depart de la ville d'ArIca pour aller coucher a
Lluta qui en etait eloignce de 6 lieues.
La vallee qu'il fallut traverser est tres-fertile ; elle
a 18 a 20 lieues d'etendue de Test jusqu'a I'Ocean
Pacifique. Ties -peuplee, ses habitations sont placees
a pen de distance les unes. des autres. L'eglise
principale est a 6 lieues d'Arica ; elle est fort mal
beitie et couverte en terre. On y cultive la canne
a Sucre , le mai's, les pommes de terre, un peu de ble ,
I'olivier et le figuier; il y a bcaucoup de paturages en
alfalfa (espece de luzerne). La largeur de la vallee
est de 3oo a 800 toises ; elle est arrosee dans toute
sa longueur par le Puo de Chacayuta ^ dans lequel il y
a toujours de Teau. Celle riviere est pleine d'ecreVis-
ses delicieuses; il y en a-du poids de 6 a 8 onces. II
est ppu de pays au monde oil il y ait autant de
sauterelles, les habitans ne leur donnent jamais la
A reporter
(l) Cette relation, qui, ;i \rai dire , est plulot un journal de la route suivif
par M. Vasseur qu'une relation, offre un verit.ible Interet. On .1 dii , pour ne
rien lui enlever de cet interet, la reproduirc telle que I'auteur I'a lul-ineme
redigee. II serai bien a deslrer que I'exeniple de M. Vasseur eut de nombreu.v
iniilaleurs, la Geograpliie positive ferait , sans contredit, plus dc progres.
( Note (In Pedacteur )
6
1826.
Novemb.
20
^0IV1S 1)ES GiTES ET DETAILS DE LA ROUTE.
Report.
chasse. Los nioiitagnesde chaquc cole sont en sable
et en pierres de lave caicinecs.
Boca-Aegra
On suit en remontant la meme vallec; a 3 licucs
on trouve un hanieau qn'on laisse a gauclic. Buca-
Negra est une grande forme aupres de laquelle Ics
muletiers ont riialjilude de parquer ; il y a aussi trois
ou qualre habitations d'Indiens. On pout s'y procurer
des oeufs de poule et de la mauvaise eau-de-vie.
Los CaRdones (los chardons )
On suit la vallee pendant une demi-licue, puis
I'on entrc dans une quebrada (gorge olroile) soche
etarlde; pas une goutte d'eau ni la nioindre verdure.
Apros deux liouos , on arrive au pied de la Cuesla-
Bhmca; il faul deux heures pour la monter; lo
chcmin est a pic ; et fraye a Iravers un sentier de
roches et de grosses pierres ; on suit pendant une
demi-lieue la Crete d'un rocber pour passer sur une
autre creto. Dos deux colds ce sont dos precipices af-
freux, etle cliemin n'a pas plus dun pied a un pied et
demi de large ;.enfin c'est le passage le plua perilleux
de la route. Ensuite on traverse une espece de pumpa
(plaine aride). De la on enlre dans la fjuehrada de los
Ciirdones; pas une goulle d'eau ni la moindre source.
Pendant la saison des pluies ce cbemin esl impralica-
ble parce qu'iln'est forme que dulildela riviere. 11 ya
un passage tres-etroit ou les mules cliargecs peuvenl
a peine passer entre deux roches coupeos a pic ; I'ou-
vcrlure n'a que 7 pieds environ. On remonte colto
A reporter
79
MOMS DES (;iTE.S ET DETAILS DE LA ROIITE.
1836.
Novenibi
». 1 , 22
C-t 23
Report.
quehrada pendant 3 lleues pour arrlver au gite , ou il
n'y a aucune liaLitalion.
On blvouaque sur un petit plateau a droltc du
chemin. II n'y a ni eau, ni palurage, ni bois ;
les mulefiers apportent ou font apporter a I'a-
vancc de Wdjalja pour lours animaux , qui ne boi-
vent cependant que le lendemain apres 6 lieues
de marche. Du bivouac on aper^oit la pleine
mer. Le coucher du soleil offre aux voyageurs
ennuyes et faliguos un grand dedommagenicnt ;
c'esl undcsplus beaux que j'aie encore vu en Ameri-
que. On appclle cette pascana (les muleliers nom-
menl ainsi le gite ou ils bivouaquent) los Qmlones,
a cause des cbardons qui croissent dans cette que-
hrada et sur les montagnes; on n'y voit aucune autre
plante ou verdure. Dans une parlie du Perou, d'Arica
a Polosi , on ne se sert , pour la construction
des maisons , d'autre bois que de celui du cbardon.
Sa duree, lorsqu'il est a convert, est de 25 a 3o ans,
et de 8 a, 10 ans lorsqu'il est expose a la pluie.
Chapiquina (nousy avons sejourne les 22 et 23).
On continue dans la gorge de los Cardones pendant
une lieue parmi de grosses pierres, ensuite on tra-
verse une pampa , puis on arrive au Rio-Seco , qui n'a
d'eau que pendant les pluies. Avant d'y arriver, on
descend une montagne. II y a un passage-tres-difii-
cile pour les grandes cliarges en travers, I'ouverture
entre deux roclies n'etant que de & a 7 pieds ; il serait
tres-facile de I'elargir, la pierre etant assez tendre ;
A reporter
8o
NOMS DES CITES ET DETAILS UE I.A ROUTE.
1836.
Novemb.
21, 22
et 23
Report
mais jusqu'a present la cupidlte el ravldite des
vice-rois espagnols I'avaient trouv^e assez large pour
faire transporter Icurs tresors au port d'Arlca. Au-
dessous du chemin , sur la drolle , ct a une grandc
profondeur, on aper^oit une chaumiere et de la
verdure ; il y a quelques sources. Apres avoir passe
le Rio-Seco, on monte lentement, enSuite on tra-
verse une pampa , et a une lieue du Rio , on descend
la cote de Cliuzviiza, qui est presque a pic. Au
pied de cette cote coule , de droite a gauche , le Rio
de Clizumiza, la premiere eau que Ton rencontre
depuls Boca-Negra. La monlagne de Chuzmiza pos-
sede une riche mine d'argent , elle est pleine
d'eau, ct Ton a cesse d'y travailler. De la, apres
deux lieues de montde d'unc pente douce, on ar-
rive a la Venta de Cliapiquiha , au pied dc la grande
chaine des Andes ; il y a deux maisons et une chau-
iniere. En tous temps les arrieros y trouvent de
Xaljalfa : aussi ont-ils I'habitude d'y sejourner, soil
en allant , soil en revenant. On y paie.a raison dun
real par jour pour cliaque mule (66^ '/^ ) ; on s'y pro-
cure de tres-beaux moutons. De jour, la temperature
est fort douce , mais il y gele tres-fort toutes les nuits
et pendant toule I'annee.
Les montagnes qui bordenl la route , depuis
le Rio-Seco jusqu a Chapiquina rcnferment de nom-
breux troupeaux de daims et de biches; ces animaux
paraissent connaitre la distance a laquelle le chas-
seur peut les alteindre , car Us ne s'cnfulent que
lorsqu'on arrive a 90 ou 100 pas; lis ne se laisscnt
A reporter
8]
1826.
Novell lb.
•2.i
NOMS DES GITES ET DETAILS DE LA ROUTE.
Report.
jamais approcher Ac plus pres, aussi esl-il difficile
dc les tirer quand on ne parvient pas a les sur-
prendre.
Cluipitfuina depend de la parolsse de Be/en, dis-
tante de 5 lleues sur la droite. A 6 lieues sur la
gauche se Irouve celle de Pocoroma : ce sont deux
grands villages.
Rio-Batancillo (passage des Andes)
On commence a monter, et Ton fait 5 lieues
pour arriver jusqu'au sommet; le chemin est assez
bon , il n'y a pas de passage difficile ; on traverse 8 a
loruisseaux, dont2 seulement ont de I'eau toule I'an-
nee. Les montagnes sont couvertes de broussallles et
d'arbustes ; on y voit un assez bon nombre d'arbres a
bruler qu'on nomme quinoa, mais qui ne sont pas
Ires-grands. Les personnes en general qui n'ont
point habite dans le voisinage des mines, commen-
cent,apres avoir monle pendant une heure ou deux,
ijsenlirle sorroclie, c'est-a-dire, que la on respire uu
airsilegeretlellementsublil,que les poumons se gon-
flent a cause des cxhalaisons des mines. On eprouve
des maux de coeur plus ou moins forts , comme le mal
de mer ; souvent on vomit , et Ton ressent un grand
malaise. Quolque ce ful la premiei-e fois que je
traversasse des endroits ou Ton eprouve cette in-
disposition, je n'en ressentis aucun effet; je le dois
peut-etre aux conseils que Ton m'avait donnes et que
je suivis, de respirer de Tail broye, et meme d'en
tenir dans la bouche pendant tout le temps de la
montec.
A reporter
1 1
40
1826.
Novemb.
NOMS DES CrrES ET DETAILS 1)E LA ROUTE.
Report
On volt sur loutes les montagnes un grand nombrc
fl'oispaux (le toutcs les coulcurs ct smloul <le pelitos
pcrruclies verles. En anivant au soinmct, on Irouvc
une vallee tres-ouverle, puis une grande ;9«w/yfl ; les
monlagnies a droile sont encore assez elcvees ; a
gauche ellcs sont plus Lasses. On suit pendant 2
licues la rive drolte du Kio dc las BiscacJ/as; son
nom lul vient de la grandc quantltc de ccs aniniaux
qui habllent ses roclics ; ils rcsseniblenl aux lapins,
sont plus gros et ont une longue queue ; leur poll est
excesslvement fin , ct s'arrache en le touchant ; c'csl
un fort bon manger. Apros 2 licues, le liiu se jettc
dans VOca que Ton traverse ; on prend a gauche,
on nionte un petit colcau, et Ton entre ensuile dans
une grande pampa. A parlir du haut de la vallcc
et dans tous les marais du haut des Andes, on Irouve
une grande quantilc d'oies, de canards, dc pcrdrix,
de grosses alouelles, etc. , qui sont Ircs-facilcs a lucr;
on pcul y faire ses provisions de roule. On traverse
le Rio Cliovaiamho qui a peu d'eau, et Ton trouve
plusieurs lagunas (marais) qui en etc sont a sec; mais
leur passage est Ires-difficile pendant la saison plu-
vicusc; II n'y a aucunc habllalion a la pasama, on
j n'cn voil que sur le bord An Rio Baiuncillo; ce nom
lui vient de ce qu'auliefois 11 y avait pres de ce
ruisseau quelques ballans a broyer le mais.
Ce gile est au pled et a une licue de la baule mon-
tagne de Chutjiii/inipe, oil il y ades mines d'argcnl Ires-
j riche;, mais qui sont mal etpeu Iravaillecs, a cause du
j froid el du voisinagcdu volcan de C/iungora, qui lou-
[ . / rcpurUr ' •
4o
4o
83
MOMS DES GlTES ET DETAILS DE LA ROUTE.
1826.
Noveinb.
Report
jours est couvertdc ncigeetfumecontinuellement. Ce
volcan n'eii est qu'a 2 lieues de distance. Le patura^e
estungazoiipele etbriileparlaneige etlevenl. Chaque
nuit, et pendant toute I'annee, on est oblige de casser
la glace le malin pour avoir de I'eau; elle avait 2 pou-
ces d'epalsscur le 25 au matin, et c'etait dans I'ete.
On ressent a cette pascana , et pendant presque toule
la distance que nous avons parcourue le 2^, un sor-
roche assez fort, mals je ne m'eii suis apcrcju que
par Tindisposition de mes compagnons de voyage.
Rio Chilquipanta
On monte lentcment pour traverser une pampa
de puna (plaine inegale et climat froid); ensuite on
trouve une descenle tres-rapide et longue , et on
arrive aux higunas du lac CIningara, qu'on laisse a
une denii-lieue sur la gauche. On compte 4- Heues de-
puis le gite. Ce lac est au pied d'une haute montagnc
nommee pachetu { en indien, une paire); sa cinie
est lerniinee par deux pointes en pain de sucre. II y
a considerablenient d'oies, de canards, de becasses,
dc becassines, et autres especes de gibier. Ses p^-
lurages sont couverts de llamas, nioutons du Perou
que Ton einploie comme betes de somme ; ils por-
lerjt de 60 a 100 livres ; et ne font pas plus de 3 a 4
lieues par jour. 11 y a deux cabanes de bergers. A4
lieues plus loin, on enlre dans une petite vallee oii il
y avait autrefois une ferine ou poste dont il ne reste
plus que lesruines; c' est une pascana que V on nomme
Tambo Quemadn (auberge brAlee; il y fait Ires-
// reporter
84
1826.
Novcmb.
MOMS DES GlTES ET DETAILS DE LA KOUTE.
Report.
froid ; le pSlurage est un gazon pole ct brftic ; I'cau
y est tres-bonne et abondanlc. Apres avoir traverse
une pampa de pres de 4 lieues , on arrive au Rio
Chilijuipenta qui est assez large, mals peu profond;
II y a des petlts polssons pour la frilurc ; on le
traverse, et on va s'etabllr a une dcnii-licue plus
loin dans une esp^ce de prairie sans hcrbes. Nous
eprouvames en arrlvanlun coupde vent tres- fort, qui
duralt encore deux heures apres le coucher du solell.
Le matin ily avaltunpoucede glace surl'eauquenoua
avions dans notre tente , quolqu'ellc fill bien fermee.
Le matin un Indlen du hamcau de Cliiltjuipciitu
vInt dune llcue pour olTrir ses services, aux niu-
letiers , comme c'estTusage, etpour lesaldera char-
ger; une Indlenne lalde et mal vetue vint aussi; elle
apportalt des olgnons quelle ecbangca contrc de la
hicrhahuena matey. I-e petit hameau de Chilijuipenta
est au bord de la riviere du mcme nom , sur une
elevation ; on n'y recoUe presque ricn a cause du
froid; 11 est a une deml-lieue du pied du mont
Sacama , le plus elevc de toute cette parlie des
Andes , et continuellement convert de neige ; nous
I'eilmes en vue jusqu'a 2 lieues A'yliulamarra ; 11 y a
46 lieues de distance. On y trouve un grand nonibre de
Ihimus etquelques cabanes de bergers. Pendant toule
la route, on volt errer de tous cotes des troupeaux
de vigognes qui ont I'alr d'attendrc le chasseur, et
s'cnfulcnl quand U appreche.
l\io DE LOS Verros (rivlere du crcsson)
A reporter.
64
85
1826.
Novemb.
26
MOMS DES GlTES ET DETAILS DE LA ROUTE.
Repoit
On marclie pendant 3 lieues dans un terrain de
puna et de pampa ; ensuile on entre dans la quebrada
de Chillaoa , qui a pres d'une lleue de long ; il v a
quelques arbustes. Elle differe des autres en ce qu'elle
est bordee des deux cotes de rochers de meme
hauteur , coupes perpendiculairement comine des
remparts, et ayant ^o a 5o piedsde haut. On entre
de la dans la grande pampa de Cosapa. Apres une
lieue, on traverse le liiu Changamoco , ct a 3 lieues,
plus loin, celui de Cosapa, qui est assez large ; a i5o
toises environ sur la rive gauche , il y a une assez
jolic maison qu'on nomme la venta del Rio Cosapa.
C'est ici qu'a lieu la jonctlon de la route de Tacnu
a Potosi par la coidillere de Taiahora ; c'est aussi un
gite A'arrieros. On laisse le petit village de Cosapa
a 2 lieues sur la gauche ; pendant plus de 3 lieues ,
on nc cessc de I'apercevoir. Cette riviere abonde en
oies, canards, becasses, etc. Toute cette immense
plainc est couverte de llamas ; 9a et la sont quelques
cabanes de bergers formees de branchages couverts
de lerre ; on n'y voit point de pierres.
Cosapa n'a que 10 a 12 habitations; c'est une
chapelle dependante du curato de Turco, distant de
1 5 lieues. II faut encore 4 Heues , en suivant la pampa,
pour arriver a Isipascaaa de la fuenie de los J'erros (la
fontaine du cresson); on n'y rencontre qu'une chau-
miere en picrre, couverte d'une herbe qui ressemble
au jonc. A environ un quart de lieue avanl d'y ar-
river , on suit Ic pied d'un rocher forme de blocs de
rocs places par la nature les uns sur les autres ; vues
A reporter
64
H
86
DATES.
1826.
Novemb.
NOIMS DES GiTES ET DETAILS DE LA ROUTE.
Report.
a la distance dc 200 pas , ces masses de rocs pre-
scntont I'aspect de mines d'edifices majcstueus de
tout genre , telles que ccllcs d'une ville jadls vaste
et superbe. On bivouaque a So pas de la fonlaine
qui est tres-abondantc , el forme dc suite un erand
ruisseau. L'eau y est fort bonne. Le cresson dlf-
fere de celui d'Europe et n'est pas aussi bon. 11 y a
une superbe cbasse d'oies , de canards, etc. 11 gele
loulcs les nulls.
Rio Turco
En partant , on monte legerement pour traverser a
son extremile la monlagne de los Verms. Apres une
demi-lleuc environ on entre dans une grande pam-
pa, el on apercoit sur la gaucbe, a 2 ou 3oo pas , 7 an-
ciennes buttes qui servaient de tombeaux aux Indiens
du temps des Incas , et sur la droite plus de 3o ; elles
sont presquc toutes de la memc grandeur. Elles onl
10 a 12 pieds dc long sur 7 a 8 de large , avec une
petite porle Ires- basse, de 2 '/, a 3 pieds, sur 20
a 24 pouces de large ; Finterieur n'a que Gay
pieds de long sur 2 ',4 a 3 de large. Les murs soHt
en briques cuites au solcil et en pisai ; point de
croisees; on Ics nomme en indien Cliulpas, en
cspagnol Ingenios. C'etait la qu'on enlcrrait chaque
faniille avec les ricbesses qui lui appartenaient. La
superstition des Indiens catboliques les a souvent
empeches de fouillcr ces tombeaux, el chaque fois
que les plus banlis I'ont fait, ils y out frouve quel-
qucs vases ou bijoux. On traverse toule la pampa ,
/i rf porter
87
NOMS DES CITES ET DETAILS RE LA R(3UTE.
1826.
INovemb.
28
Report
qui est plelne tie sable, et pendant 3 a 4- lieues tres-
inauvaise. Apres 8 lieues , on franchit le Rio Tit'ivl.
On ytrouve peu d'eau, et encore est-clle tres-mau-
vaise; on voyalt jadis , pres de I'endroit ou Ton passe
le ruisseau, une grandc fermc qui a cte LrAlee dans la
guerre , par les Espagnols.
Au loin sont quelques cabanes de bergers. C'est
aussi une pascana. Apres 4 lieues on arrive au R!o
Turco; on bivouaque a 100 pas sur la rive gauche ;
point dbabllations , mauvalse eau , et peu de bois ;
pas la plus petite plerre. Le village de Turco , qui
est un curato assez considerable , est a 3 lieues de
la , au nord dans la montagne.-ll y gele toutes lesnults
Rio de las Barras
On continue dans une vaste pampa. A 5 lieues, on
trouve hs Pastas de Choroma. Le sol est couvert de
sel ; 11 n'y a que trois pults de mauvalse eau. Les In-
diens appellent pulls , un grand trou qui conserve de
I'eau pendant les sccheresses. Point de bois, 11 faut
I'apporler de 2 et 3 lieues ; c'est un gite, il y a quel-
ques cabanes au loin : cetle plaine est couveric de
//ir/ma5.A 6 lieues plus loin on laissc sur la gauche, a
un quart de lieue , le hameau de Cala, qui se compose
de loa 1 2 habitations, avec une chapelle dependant du
curato de Corqucmarca, sitae a 10 lieues dela sur la gau-
che. En sulvant, ct toujours sur la gauche au pied
de los monies de Cala, on aper^oit plus de 3o chulpas
(tombeaux). II en est un Ires-grand ou Ton trouva,
11 y a quelques annccs, des richesses considerables.
A reporter
88
NOMS 1)ES GlTES ET DElAIl.S DE L\ ROUTE.
1826.
Movemb.
29
Report.
Une demi-lieue plus loin, on traverse un pelitcoteau ,
au milieu (luquel on Irouve, a gauclie <lu chemin , unc
source de tres-bonne cau , appelee Oju de la Culehra ,
(source de la Couleuvre), a cause de sa forme ronde
el du grand nombre de ces reptiles qui vivcnt sur ses
bords ; clle etait prcsque tarie , ce qui esltres-rare. A
un petite lieue plus loin est le gite , sur le bord du liio dr
JasBaras, ouTonnetrouvequede la mauvaisceaudans
des trous; point d'habitalions. 11 y gelc louteslesnuils.
Pasto de ]VIuLLlPUNGo(p<^turagedeMullipongo).
On traverse la plaine de Cala, qui a prcs de six
lieues. Apres les quatre premieres , on trouve la pas-
caiia de Cala, ou Pozo Largo; point d'habilalions ,
mauvaise eau. A deux lieues de la, on arrive a une
petite cole nonmiee Amachuma (source des Oiseaux),
pres de laquelle coule une petite source d'une eau ex-
cellente. On continue en suivaiit de petils co-
teaux , pendant I'espace de quatre lieues, jusqu'au
bourg A\tndamarai , a la droite duquel, avant d'ar-
rlver , on aper^oit une grande quanlite de cJui/pus.
II y a beaucoup de ruisseaux a sec. C'esl deux lieues
avant d'atteindre ce bourg que Ton perd enticrement
de vue la haute el blanche cime du Sacama que nous
apercevions tous les jours , et qui est dloignee <le
46 lieues. Commedepuis Arica nous n'avions trouve
d'habilans que dans la vallee de Lliiia et a la ferme de
Chapiquiiia, au pied des Andes , cela nous rejouil de
voir enfin un pelit bourg ou grand village.
Andamarca est la capilale de la province de Cu-
A reporter
89
1826.
Novemb.
NOIMS DES GITES ET DETAILS DE LA KOUTE.
Report.
rangas ; il y a un gouverncur ( equivalent a un sous-
prefel), un juge de leltres, un corregidor et trois
alcades. Elle ren ferine 180 maisons, une belle eglise,
avec autcl ct huit cloches , six chapelles , avec leurs
villages ou hameaux , qui sont : O/vnofrt, vice-pa-
roissc ; Belen, Capacavana, Rosaspaia, Aniapata et
Chuyiinquiani. La population A^ Andamarca est de65o
a 700 ames. L'etendue de la paroisse est de i^ lieues
sur 10 , et la population , de 7 a 8,000 ames ; elle de-
pend de la prefecture (VOnno, cloignee de 2^ lieues.
Jusqu'a I'etablissement de la constitution , les Indiens
ont eu leurs caciques ; mais aujourd'hui ils sont sup-
primes : on les uommai'it Inieradores (Informeurs); il
y en avaitdeux a Andamarca. Le cure est un homme
instruit fort aimable ; il se nomme D. Pedro Jose de
Funes; nous dinames avec lui, et poursuivimes ensuite
notre route jusqu'a la pascana de MuUipungo , qui est a
deux lieues plus loin; nous n'y vimesaucune habitation.
3o Catariri (Nousysejournameslei«''decembre).
fi Dec. OnsuItlaP«7n/9«,laIssantagauche,a2et4.ootoises,
un des grands lacs AnDesaguadero; apres sept lieues et
deuiIedechemin,dontilfautfaire les quatre dernieres
au milieu dcs sables, on arrive au village ^Orinoca,
vice -paroisse A" Andamarca, qui compte 80 habita-
tions d'un aspect assez miserable ; Tegllse est grande
I et pauvre ; nous ne pAmes y trouver que quelquesoeufs
jet des pommes de terre; point de pain, ni vin, ni
j eau-de-vie ; 11 y a un sous-gouverneur et deux alca-
jdes; c'est aussi une pascana. En sortant A' Orinoco
! A repoHer
102
II I
0"
DMES.
1826.
Dccemb.
NOIWS DES CITES ET DETAILS 1)E LA ROUTE.
Report.
on fait unc lieue de bon chemln , puis on rentre dans
Ics saLlcs jijsqu'a la pascana de Cantari'rl. On Li-
vouaque a 200 toises environ , sur la gauche , pres
«l'uue giande niarre de mauvaise cau, el a une deuii-
lieue des marais du Desagiiadero. II y a uue uialson
de berger sur la route, niais on n'y trouve rieu.
Poster Piio
On suit encore la ^a/7?/ja, laissantagauclie a 2et 4.00
toises pendant plus de 2 lleues, les Lagiinus du Besagua-
(lero quisont couvertes d'uiie quantite immense d'oi-
seauxaquafiques de toute coulcur, etdontleseaux sont
salecs. Apres 4 Heues depuis le gile, on arrive par des
sables assez bonsaui?/o de /as Balzas qa'i est a 200 toises
en de^a du village depampa UUagas. On passe les per-
sonnes et les charges sur qualre balzas en j one, chacune
porle de 4 a 5oo llvres pesant; les mules vont traverser
au gue qui est a 'A lieue de la sur la gauche ; on pale
a raison d'un real pour chaque charge demule. Lapro-
fondeur de celte riviere est de i5 a 20 pieds ; le cou-
rant est pen raplde. Elle n'existe que depuis 10 a 12
ansque le lac etant trop plein s'ouvrit un passage.
Pampa LUlagas est un pauvre village conslslant en 60
chaumleres. Son commerce principal est le sel qu'on
recuellle en grande abondance dans les marais ; on n'y
recolte que des pommes de lerre, qui au surplus sont
fort bonnes. L'eglise, le clocher et le cure paralsseni
tres-pauvrcs. C'est uue dependance de Curumu qui
est a 12 lieues. Le cure paratt un fort brave honune ;
son nom cstD' Santiago Velasquez, 11 est nalif de Po-
A reporter
1826.
Dc'cemb.
NOMS DES GlTES ET DETAILS DE I.A ROUTE.
Report
tosi. Nous vimes chez lul une couvee de liult petltes
autruches qui lui avaient ete domieesparun ile ses pa-
rolsslens; elles avaient ete prises dix jours aupara-
vant, commeellesvenaientd'eclorCjCtellesctaienldeja
dela grosseur d*un Lon canard. P«7«/?</ Ullagus eslLali
au pied d'un rocher Isole dans la vaste plainc de ce
nom.Quelques licuesavantd'y arriver, et meme jusqu'a
200 loises de distance , le rocher ressemble a une ci-
tadeile dcs micux forlifiees ; il est plein de iiscachas ;
c'est encore une pascana. Nous allames coucher a l^.
lieues plus loin pres dun ruisseau nomnie le Poster
Rio ; point d'habitations, point de Lois et mauvaise
•eau; il fallut faire une denii-lieue pour en trouver. En
sortant de pampa Ullagas, on voil trois routes; celle
de gauche mene a Chuquisaca , celles du milieu et de
droite vont a Putosi ; nous primes cette derniere qui
est la meilleure pour les mules chargees. Comme
nous nous etions un peu attardes chez le cure, la nult
nous atteignit environ une heure apres notre sortie
du village ; nous marchions au liasard , Ics Indiens
que nous rencontrions ne nous comprenant pas lors-
que nous leur demandions la route , parce qu'ils ne
savaient pas parler espagnol, et nous, n'entendant pas
leur langage. Un vent tres-fort el une pluie ahondanle
survinrent avec la nuit; cnfin apres trois heures de
marche par un temps affreux, nous rejoignimes nos
bagages qui avaient pris I'avance, et nous reconnu-
mes que le hasard nous avait servis et que nous avions
suivi la bonne route, nous ne nous attendions guere ,
avant d'arrivcr au gile , a passer cette nuit a I'abri.
y1 reporter
IK
1 1(
i8a6.
Decern I).
3
NOlWS DES GITES ET DETAILS DE LA ROUTE.
Report
Rio Marques. .
On suit une vasle panipa parsemee de petils c6-
loanx ; a 8 llcues on passe le jR/'o de Coroma qui csta sec.
11 n'v avail en effet de 1 eau que dans un grand Irou sur
la droile. A 2 lieues plus loin on aperi^oit sur la gau-
che, le clocher et une parlie du village de Coroma;
c'est un bon curat o , renfermant 120 habitations; 11
ctail autrefois beaucoupplus grand, maisuncpartie fut
bailee paries troupes espagnoles; 11 depend de la pro-
vince de Porco , departement de Potosi, ct cependant
pampa UUagas, qui est une annexe , depend du departe-
ment d'Oi'uro. jSous fumes couchera2lieucsplus loin,
snrXeshor As AuIUu Marques; nous aurlons dti faire une
llcue de plus pour aller au gite accoutume, mals nous
fi\mes forces a nous arreter la , a cause d'un violent
orage. De chaque cott^ du chemin , on volt les restes de
Bmaisonsqui ontcte briileesparlesEspagnols. Legite
qui est au passage dcla riviere aunelleue plus loin , est
preferable a cause du paturage. L'eau du Rio Manpies
est bonne , et nous parut d'autanl meilleure que nous
en buvions de Ires-mauvalse depuis plusleurs jours.
C'est ici que I'on rencontre, sur la rive gauche AuRio
Marques, la grande route qui conduit de Buenos-Ayres
ai/m«;ily avaltuneposte avcc trols habitations. J out
a ete briile par les Espagnols qui partout out detruit
les hameauK ct les maisons Isolees. On nomme ce lieu
Ventilla del Marques.
QuEBRADA HUTsDA (gorge profonde)
A une lieuc-nous Iravers^mes le Rio I\Iarques en
A reporter
1 1(
12
lo
.4.
93
vxn-s.
1826.
De'cemb.
NOJIS DES GITES ET DETAILS DE LA ROUTE.
Report
face de la Ventilla del Marques. La route cle Buenos-
Ayres est sur la droite ; nous sulvimes la rive
gauche pendant trois lieues jusqu'au pied de la cole
de TIrata oil nous la perdimes tout-a-fait. Une lieue
plus loin sont deux habitations r^unlcs , appelees
Pontisulla ; c'est une pascana. A une demi-lieue on
monte la grande cote de Calienle Aovii la descenle pier-
reuse est extreinement rapide. Caliente est a six lieues
du passage du Kio iMarques : il y a quatre habitations et
des piiturages; on peut s'y procurer de I'orge et du
mouton. Ce lieu est silue dans une plaine immense ,
arrosce par le Rio Caliente qui vient de cinq lieues de
la; dans la prairie est une source d'eau iiede. On
suit la plaine en montant insensiblement pendant une
lieue ; on monle ensuite environ un quart d'heure une
c6te rapide et difficile ; le chemin continue a elre tantot
tres-pierreux, tantot couvert d'un sable mou , jusqu'a
la pascana de la quehreda Hunda qui est a trois lieues
de la Caliente. Ce gite est Ires-bien nommc , car il se
trouve entre deux monts tres-eleves. II faut aller cher-
cher le bois a plus d'une demi-lieue dans la mon-
tagne. II gela tres-forl , et nous filmes obliges le malin
de casser la glace pour avoir de Teau et faire boire
nos mules. On ne trouve aucune habitation depuis
Caliente \ns(\ak Condoriri, a quatre lieues de Potosi.
Llapa
On suit dans la monlagne un chemin pierreux sans
^tre tres-difficile. A deux lieues on passe devant une
haule montagne noinmee le Guayna dc Potosi qui
A reporter
i4i
1 49
94
DATES.
1826.
De'cemb.
KOBIS DBS GITES ET DETAILS DE LA ROUTE.
Repurt.
possede une mine d'argent trcs-richc; on la laisse a
7 ou 800 toiscs sur la dioite. On dil Ic sorrorhe si
fort, que incme ccux qui y sont liabitucis no peuvenl
y resjslor. De la on descend pendant une lieue el
demie, et on passe une petite riviere qui coule au nord ;
toutes les precedentes coulent au sud. A une demi-
lieue plus loin , on laisse a gauche le /ac del Toro qui
a pres de Irois lieues de circonference. A deux lieues
plus loin on entre dans la vallee de la pasrami de Llapa,
il faut faire environ deux lieues pour arriver au gite
qui est a I'aulre extremite de la plaine. On bivouaque
sur le bord du ruisseau. Point de bois , il faut aller le
chercher a plus d'une lieue sur le revers de la mon-
tagne , a gauche et en arriere.
C'est ordinairement le gite le plus redoutable ^
cause du grand froid que Ton y eprouve ; nous eAmes
le bonheur d'avoir un temps superbe et point de vent.
11 gela cependanl tres-fort pendant la unit. Cette
vallee offre des vues tres-plttoresqucs ; elle a !^. lieues
de long, sur une ou 2 de large; elle est bordee de
tons c6tes par de tres-hautes montagnes. Celle qu'on
appelle Llapa est en avant sur la gauche a une lieue ;
de la , on decouvre parfaitement Ic Cerro et la ville
de Polosi, dont la distance est de 22 lieues.
TOLLOSI
A un quart de lieue on commence a monter, et
on rencontre souvent de mauvais pas jusqu'a /os dos
Paclieias. Des qu' on est arrive au point le plus ^leve
de la route , on apercoit Ires-distinctemenl le
A reporter , 162
DATES.
1826.
De'cemb.
7 et8
NOMS DES GlTES ET DETAILS DE LA ROUTE.
Report
Cerro de Potosi et la plus grande parlie de la ville.
II y a 18 lleues, et on ne diralt pas qu'il y en ait
moille, a cause des norabreuses montees et dcsccntes,
et des circuits quil faut {'aire. On descend, on
monte, puis on redescend jusqu'a la pascana d'Al-
(julri, oil il n'y a ni bois, ni palurages. Deux lleues
plus loin, on descend par un cheiriin tres-pierreux
au Rio Tablado. On monte ensuite pendant plus
d'une demi-lieue dans une qxiehnida parmi de grosses
pierres , et 2 lieues plus loin , on arrive a la
pascana de Tollosi. Tous les jours des orages ; il
fait tres-froid ; point de bois , on fait du feu avec
des broussailles que I'on va arracher a un quart de
lieue environ. Nous eumes de la neige , de la grele
etde la pluie pendant plus de 2 heures au gite ; le 7 au
matin , le temps etait le m^me.
Potosi
En partant de Tollosi^ on commence de suite a
monter la fameuse montagne de ce nom , pendant
plus d'une lieue el a pic; on descend, on monte,
puis on descend la grande montagne de Chasqui
parmi de grosses pierres ; on monte encore , on des-
cend et on arrive enfin au hameau de Condorirl, a 4
lieues de Potosi; ce hameau est b^ti au pied d'une
tres-haute montagne, tres-frequentee par les con-
dores , il n'y a que 4^5 habitations. L'alternative
de la montee el de la descente dure encore pendant 2
lieues, apres lesquelles il faut gravir au milieu de
grosses pierres la c6te a pic de Chasqui Lliista qui a
A reporter
96
J)\1ES.
NOMS DES GITES ET DETAILS DE L\ ROUTE.
LIEIES
1826.
Report
170
Decemb.
une lieue. C'est ainsi qu'on anive sur le plateau qui
7et8
s'etend au pled de la vIUc. Ce n'est pas loul, il faut
encore faire une llcue dans une plaine couverte d'e-
normcs cailloux ronds.
D'Arica a Potosi, les mules ne mangcnt qu'en
arrivant a lApascana, ou elles ne trouvent, a parlir
du Rio Batancillo qu'un gazon pele , sec et brAle ,
ou Lien quelques grandes lierbes sechesLeauconp plus
dures que le jonc; elles sonl si afi'aniecs qu'clles
rongenl le Lois et les arbusles. Elles parlent tres-
grasses et arrlvent Ires-niaigres; souvent ni^me ii
en nieurt en route.
Total du nombre de lieues d'Arica a Potosi par
le DesTtohlndo
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lyU
Notice sur la ville de Potosi.
Celte ville est batie sur un terrain iuegal au pied de rocbers :
toutes les rues sont en pcnte, Pair y est si leger que Ton nc pent
pas faire 5o pas sans eprouver un manque dc respiration qui force
a marcber tres-doucement et a s'arrcter souvent pour rcpren-
dre baleine. Get inconvenient provicnt du voisinage des mines ;
c'est ce que Ton appelle le sorroche, inais il est de loute autre nature
que celui dont j'ai parle dans le detail de la route, comme n'occa-
sionnant simplement qu'un manque de respiration. Aprcs quclque
temps de sejour on ne la plus aussi fort; mais on ne peut jamais
s'y babituer entieremcnl ; les iiaturcls du pays eux-memes I'eprou-
vent aussitot qu'ils marcbent un pcu vite en montant. Le climal est
le plus rigoureux et le pbis variable que j'aie jamais babite; Ton a
97
Ics quatre saisons presque cliaque jour de I'ele (de decembre a
mars); il fait quelquefois, pendant 3 ou 4- heures, une cha-
leur assez forte, ensulte arrive la pluie, la grcle, et uii froid Ir^s-
vifqui les accompagiie toujours. L'hiver est Ires-sec et Ires-froid.
L'on ne pent pas faire de feu dans les apparlemens, parce que
cela ocsasionne des maladies : aussi faut-il etre constammcnt vetu
comme pendant l'hiver dans le nord , et encore ne parvient-on
pas a se preserver entierement du froid, presque continue! dans ce
vilain pays.
11 n'y a aucune promenade, aucun divertissement; les liaLitans
se visitent tres-peu ; tous les alentours de Potosi ne sont que
pierres et rocliers. Tous les fruits et legumes viennent de dehors
a la distance de 3o lieues; il en est de meme pour le bois, les
fourrages , etc. , etc.
La population de Potosi , d'apres le recensement de 1826 , est de
n,2oo ^mes; elle etait, il y a environ 3o ans de 52, 000. Que l'on
juge d'apres cela des ravages de la guerre , qui seule a ete cause
de la diminution de la population et de la mine presque totale
de cette triste vllle qui, en Europe, jouitpour ses richesses , d'un
si grand renom parmi ceux qui n'en connaissent que I'hisloire
ancienne !
Les immenses tresors qui ont ete tires de ses mines en ont
considerablement diminue les richesses ; malgre cela , elles en
renferment encore beaucoup; niais le travail en est presque aban-
donne faute d'argent et d'hommes.
Les Indiens de Potosi sonl les plus sales de toute I'Ameri-
que , et ils forment plus du tiers de la population de cette ville;
il suffira, pour donner une idee exacte de ces etres degoAtans,
de dire qu'ils ne changent jamais de v^temens, et que leur plus
c;rande occupation est de se manger la vermine les uns aux autres.
I>e Q decembre, jour de Fanniversaire de la bataille d'Ayacucho ,
oil les Espagnols furent defaits complelenienl, il v eut grande fete ;
ic matin, toutes les autoriles apres s'etre rcunies chez le prefet ,
98
M. (Tallndi) , se rendiicnt sur la place publique ou un amphitliealre
avail ete dressc; ct la , un discours en meinoire de la delivrance du
Pcrou, du joug des Espagnols, fut, prononcc par M. le prefet. On
se rcndil ensuile a la mcsse, puis a uu banquet fort bien assorii en
vins, sucreries, etc., et assez richcinent prepare dans un fort beau
salon. Des toasts furent p6rles a la ronde, ct connne j'elais un
des invit»5s, je nc manquai point dc porter unc sanle pour la pros-
perite du pays , el en niemoire des braves qui ont repandu leur
sang pour sa liberie. II y eut a remarquer coininc dans tons les ban-
quets de ce genre, qu'a mesure que Ics bouteilles se vidaient, le
patriolisinc devcisait plus cliaud ; enfin les derniers toasts furent
scelles par la rupture de queiques verrcs, assiellcs el bouteilles.
Le soir, il y eut bal dans la meme salle. J'observal avee
peine que les dames de Potosi soul en general laides, el qu'on
ne pent pas seulement en compter une demi-douzainc de passables ;
clles ^taient assez bien mises. \ ers minuit Ton passa dans un salon
voisin de celui du bal ; une table de 80 converts , parfailement
servie dc toule espece de rafraichissemens el de bons vins , y etait
dressee. Je ne pus rien prendre, les coliqucs les plus violentcs
dont j'avais ressenli deja plusieurs fols les attaques depuis mon
arrivee a Potosi, m'ayant force de me retirerchez moi. Vers trois
hcures il y cut egalemenl un fort beau souper. J'avduerai que je
n'esperais pas Irouver encore autanl de bon goiil dans le bal et
I'assorliment des rafraichissemens.
Les 10, 1 1 el 12, il y eut une course dc laureaux sur la place pu-
blique. C'elait bien le spectacle le plus sot que j'eusse vu; les jeunes
gens lesmieux de la vilic couraienl a cheval apres un laureau; une
parlie de la populace les accompagnait a pied, et tourmentail le
laureau par des oris el des gestes, jusqu'a ce que le pauvre animal ,
fatigue, nc voulAl plus repondre a Icurs agaceries, alors on en fai-
sait vcnir un autre, et ainsi de suite.
Le jour de Noel , on dresse, dans prcsque loutes les maisons , un
autel avcc unc grottc representanl la naissance de renfant Jesus :
99
res aulels sont plus ou moins bicn nines, sulvani les moyens des
liabitans ; il y en a de fori beaux ( on les appelle narimlento , nais-
sance). On volt avec surprise dans rornement de ces aulels quan-
lite de petlts objels fort beaux etfort delicats, travailles par les In-
diens; lels que petils chandeliers en argent, saints en pierre ou en
bois , et diverses pelits aiiimaux fails avec des malieres semblables.
11 est reellement etonnant que des gens aussi stupides que le sont
les Indiens en general, puissent faire des objets de la plus grande
delicatesse , surtout lorsque Ion considere qu'ils ne se servenl
que dun mauvais poin(^on ou caiiif, ou d'auires instrumens a peu
pres analogues, lis n'attaclient aucune importance a leur travail,
et vendentles objets a tres-bas prix.
J'ai vu une cliainea gourmette etun forljoli cachet pour inon Ire,
fails par un Indien , avec un polngori de graveur; il avail parfai-
leinent imite le niodele qu'on lui avail donne et qui venait de France.
Pendant les fetes de Noel, les Indiens font des processions par
loute la ville, porlantrenfant Jesus; ils semasquent , et promenent
en uienie temps des hommes de paille, dans le genre du Gayantde
Douai. Cetle ridicule procession est accompagnee de deux ou trois
violons el d'aulant de vielles et de mauvalses harpes ; enfm , c'est la
ceremonie la plus burlesque que Ton puisse voir.
L'anniversaire d'Ayacucho est, a cause des fetes, la seule epoque
ou le sejour de Polosi soil supporlable, et je reconnais que j'avais
tort de croire que le trou d'Arica elail le lieu le plus triste que Ton
put habiler , car lous ceux qui auront sejourne dans ces deux
vllles, seront d'avis que le beau climat d'Arica, la vue el la distrac-
tion que procure lemouvementduporl, el meine le terrain de sable
qui I'environne et ou Ion peul au moins se promener, sont bien
preferabies au trisle aspect des rocliers de Polosi, a son climat af-
freux, et en un mot, a toulce qu'on peuty voir,
Potosi , lo 30 j.-iuvicr i6aj.
Si'gne YasskuR.
DEUXIEME SECTION.
ACTES DE LA SOCIETE.
§ 1^'". Proces-V^erbaiix des Seances.
Seance dii V Jci>rier 1828.
M. le prolesscur Berghaus adrcssc a la Socidle Ics resumes :
I" d'un voyage geognostique dans Ics nionls Ourals par M. d'En-
gelhardt ; 2" dcs excursions botaniques en SiLerie, par M. Lede-
buhr. Remerctmens et renvoi a la section dc publication.
M. Girard communique, au nom de M. Ricot, une relation du
voyage de M. Yassenr a travers le pays depeuple du Haul-Perou,
depuis Arica jusqu'a Potosi. ( Voir p. jj ) D'apres le desir de M.
Ricot, la section de correspondance est invitee a dresser une
seric de questions qui sera transmise a M. \ asseur rcsidanl a
Chuquisaca.
M. Warden communique la copic dune iellrc adressee au
general Clark par M. S. Smith , employe dans le conmierce des
fourrures sur le Haul-Missouri. Celte letlre, dalee de Saint-Louis
le 12 oclobre 1S27, coiitient des details inleressans sur uu pays
tout-a-fait inconnu jusqu'alors , el situe au sud-ouest du Grand
Lac Sale et a TOuest des Monts Rocky. (/'o/;p. io5.)
Le memc niembre lit une note relative a la decouvertc dc
plusieurs iles , faite par le capitaine Colfiu dc iSanluckct. Ces tics,
aunombre de six, outre plusieurs rocliers et recifs, forment un
groupe silue au midi de la pointe Sanddown sur la cole du Japon ,
dont elles ne sont eloignees que de qiialre jours de navigation.
M. Cesar Moreau annonce qu'il est autoris<5 par la Sociele
Royale Asiatiquc dc la Grande-iirelagnc a offrir a la Societe de
lOl
(jreographie <le taiie circuler sa correspondancc en Asie par
i inlermediaire ties nombreux correspondans anglais lilablis sur
(livers points flc celte contree.
Le meine membre rcnouvelle la proposition qu'il a deja faite
d'elablir des relations frequentes avec les societes de Londres,
d'Edirnbourg, de Calculla , de Madras, de Bombay, etc., et de
leur envoyer en echangc de leurs recueils le Bulletin de la Sodete
de (ieograpliie. Cetle proposition est adoptee.
M. Cadet de Mclz, lait un rapport sur un menioire nianuscrit
de M. Fix , rclalif au cadastre et a sa conservation. La Com-
mission centrale decide, d'apres les conclusions du rapporteur,
que ce memoire sera depose dans les arcblves de la Societe.
La commission invite un de ses membres a lui rendre comple
d'un ouvrage offert a la Societe par M. le baron Roger , et intitule
Keledor , bisloire africaine.
M. le president invite les trols sections de la Commission
centrale a se reunir le plus tot possible pour nommer leurs pre-
sidens et secretaires.
La discussion sur le rapport du comite provisoire du Bullelin
est* renvoyee a une seance extraordinaire fixee au vendredi
8 fevrier.
Seance ilu i5 Jn'iier 1828.
MM. le vicomte de Simeon et Sicard, admis recenunent
conune membres, remercient la Societe et offrent de seconder
ses travaux de tous leurs efforts.
M. le docteur Relnganum, de Berlin, adresse a la Societe
un exemplaire de VEssui geographique et Msiorique qu'il vient de
publier sur le lerrltoire de la vlUe de Selinonle, et lui exprimc
le desir d'entrer en correspondance avec elle. Remercimens et
renvoi de I'ouyrage a M. Letronne pour en rendre compte.
M. Busset, geometre en chef du departement du Puy-de-
Dome, fait hommage a la Societe de son ouvrage sur la i'aiiie
102
d'art fill Cadastre, el soumet a son cxaiiien la premiere feullle dc
Tatlas topograj)hI(|iie du deparleinenl dii Puy-de-IJome qu'Il est
sur le point de publier. Ce Iravuil, doiit I'execulion parait digne
d'encouragcment, est renvoye a M. lo colonel lionnc pour en
rendrc coniptc,
M. J. Yosy annoncc qu'il enverra a la Socicte un exemplaire
de la Geographic de Bushing en i6 volumes.
M. Chapellier, tresorier dc la Sociele, adrcssc quelques obser-
vations relatives au placement des fonds de la Soci«ile en rentes
sur le Tresor. Renvoi a la seclion dc complabllile.
M. Cadet de Metz, rend comptc de VEssui sur la configu-
ral'iun et la constiliUion geologiqiie de. la Breiagne , offert a la
Sociele par M. Puillon Boblaye.
M. Bianchi fait aussi un rapporl sur la Relation des voyages
de Sidi-Aly, traduile de railemand par M. Moris, et offerte a
la Sociele par Tanteur.
M. Alex. Jiarbie du Bocage, au nom du comitc provisoire du
Bulletin, soumet la redaction definitive des conclusions de son
rapport sur le nouveau mode de publication de ce Bulletin.
M. le president invite la seclion de correspondance a rcdiger
une serie de questions geographiques sur le Haut-Pcrou, pour
M. Yasseur qui habile ce pays.
11 invite egalement MM. les commissaires charges de i'examen
des memoires envoyes au concours, a falrc leur rapport dans la
seance du 7 mars.
Les sections de la Commission centrale se sont rcunies pour
elire leurs presidens et secretaires; ellcs out iiomme : dans la
section de publication, M. Eyries president, et M. JJianchi secre-
taire; dans la section de correspondance, M. Cadet de Metz
president, et M. de la Roquelte secretaire; dans la section de
coniptabilile, M. le colonel Bonne president, et M. Barbie du
Bocage secretaire.
io3
§ 2. Admissions, Of/randes, etc.
MEMBRES NOUVELLEMENT ADMIS DANS LA SOCIETE.
Seance du i" fevrier.
M. LoRlOL, chef d'instllution.
M. Fr. Sicard , officier d'etat-major, collaborateur du
Journal des sciences niilltaircs.
M. SURTEES.
Seance du iS feorier.
M. MoRiN , chef d'instllution.
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE.
Seance du \" fevrier.
Par M. Minano : Diccionario geografico esladislico de Espaiin
y Portugal, tomes 6 et 7 , in-B".
Par M. du Ponceau : Eulogium in commemoration of the
honourable \'Viiliam Tiighmann , president of the American Philo-
sophical Society of Philadelphia , 1827, in-S".
Par M. de Ferussac : Bulletin des sciences geographiques , caliier
de decembre 1827.
Par M. de Leuven : Journal des voyages, cahier de decembre
1827.
Par M. Arthus - Bertrand : Bibliotheque physico-economique,
cahier de Janvier 1828, in-12.
Par les auteurs : Plusieurs numeros du Globe.
Seance du i5 fevrier.
Par M. Brue : Carte generale de la Monarchie Prussienne ,
io4
Paris, 1827 , uric feuille. — Carte de la Palestine uncienrie on de la
Terre-Sainte , Paris, 1828; une fcuillc.
Par M. JJussct : Atlas du dcpartcment du Pay -de- Dome,
12' feuille. — Traite pratique de la partie d'arl du cadastre , 1827 ;
un vol. in-8''.
Par M. Jiruguiere : Des montagncs de la terre , avcc un appendice
sur les cascades, 1828, une brochure in-8".
Par M. Hermann Reinganum : Essai geoi;raphique et historique
sur le territoirc de la ville de Selinontc; un vol. in-S".
Par M. de Ferussac : Bulletin des sciences geograpliiqucs , caliier
de Janvier 1828.
Par M. Juliien : Reoue encyclopedique , caliier de Janvier.
Par M. Arllius -liertrand : Bibliothequc physico-economique ,
caliier de fevrier, in-12
Par la Sociele de I'Aube : Memoires de cette Socicte , n" il^.
Par les auteurs : Plusieiirs mimeros du Globe.
TPtOISIEME SECTION.
DOCUMENS , COMMUNICATIONS.
NOUVELLES GEOGRA P HI QUES , ETC
Details sur le major Laing, venus par la voie de Maroc ( er traits
d'une lettre adressee a M. JoMARD.
Londrcs , nj j;invier 1828.
Noire gouvernement a ele avcrti par colul de Maroc, que les
deux cenls livres sterling, que JJelzoni avail placees pres de ce der-
nier, afin qucn arrivanl a Tinibouclou, il pAl lonelier ceUc somme,
avaient ele payees a un honime blanc a Tinibouctou (sans doufe a
Laing), dans le commencement de Tan 1826 ; mais qu'on tie sa-
vail rien, avec cerlilude, sur ce qu'il elait deveiiu ensuilo. Le bruit
courait qu'en 1827 , un bomnic blanc avail quillo Tinibouc-
lou, avec une caravane qui relournail dans le Maroc, el qui! avail
lOJ
ele assassine en route par quelqnes uns des voyageurs; que d'au-
tres qui n'avalent point pris part au crime, le firenl connaitre en
arrlvant dans le Maroc. L'existence d'un tel bruit dans Ic Maroc ,
prouve du moins qu'on n'y croit point a I'autre liistoire de Bani-
barrali.
II parait qu'on avail soupconne qu'il y avait de la mauvaise foi
de la part du baclia de Tripoli a I'egard des deux voyageurs, Laing
et Clapperlon. Apres la bataille de Navarin , sir Edward Codring-
lon envoya un vaisseau de lignc a Tripoli, pour faire savoir au
baclia , que le gouvernement anglais lui demanderait compte , a
lui et a la ville de Tripoli, de leur sArete , qu'il s'altendait a ce
qu'il prit sur le champ quelques mesures decisives pour les mettre
en stirete , ou pour temoigner d'unc maniere satisfaisante qu'ils
u'auralent point peri faute de la protection promise par le baclia ,
et payee par le gouvernement anglais ; el que sir Edouard Codring-
lon se proposait de visiter Tripoli, sous peu de lemps , avec son
cscadre, pour apprendre la reponse du baclia. M.Warliigton ecrit,
que la-dessus, le baclia a envoye des personnes a Timbouclou et
a Bornou , pour se charger des hommes blancs , et pour les amener
a Tripoli en siirele.
CoNTaEE noiwelletncnt decoiwerle clans leHaid-lMlssowi {Ssai\i-L,oms ,
n oclobre 1827), details communiques par M. M arden.
Le general Clark, surintcndant des Affaires Indlennes, a regu
lie M. Jcdediah S. Smith , employe pendant plusieurs annees au
commerce des fourrures dans le Haul-Missouri , une leltre ou
se trouvenl des details inleressans sur un pays lout-a-fait iiiconnu
jusqu'ici, et situe auS.-O. du (i rand Lac Sale, et a I'ouesl des monts
[\ ocky.
« J^e 22 aoul 1826 , dit M. Smitli, je quittai le Grand Lac Sale
avec un detachement de quinze hommes , afin d'explorcr le pays
au S-0. , qui m'elail totalemenl inconnu , el sur lequel je nc
pus obleiiir de renseignemcns sTlisfaisans des Iruliens qui confinenl
1 oG
avec ce pays au N-E. Ma tlirccllon, cu quillanl Ic lac, fut gene-
ralemeul S.-O. et O. Je traversal Ic petit lac Ula ct reniontai la
riviere Ashley qui s'y jette, et ou nous trouvames une nation d'ln-
diens appelec Sumpatch , qui nous monlra des dispositions amica-
les. Passe le lac Uta je ne trouvai plus aucunes traces de bisons ; je
vis seulement quelques antilopes (i) ct moutons de inontagnes (2),
et une grande quantite do lapins a queue noire. Ayant quitte la
riviere Aslilcy, je traversal une chaiuede monlagnes S.-E. et N.-E.,
el une riviere courant S.-O., que je nommai riviere ylihims , en
rhonneur de notre president. Les eaux en etaient bourbcuses ct
un pen jaunalres. Ce pays est monlagncux dans lapartie orientale;
on y volt a loucst des collines rocallleuses eparses 9a el la .
et des plaiues sablonneuses. A quclque distance au-dessous de la
riviere, je rencontrai une peupladc d'lndiens qui se nomnient Pj
Utches. Us s hablUeut de pcaux de lapins, counne les Sunipalcli .
ct cullivent le inaYs et les cilroullles, dont lis font leur priiiclpalr
subsistance : on n'y trouve, en fait de gibier , que quelques lievres.
A dix journees de niarclie en descendant, la riviere tourne au S.-E. ;
la est une caverne remarquable , dont Tentrce a 10 a 12 pieds
de hauteur sur 5 a 6 pieds de largeur. Apres une descente d'en-
viron i5 pieds, on se trouve dans une place spacleuse , dont la
voute et les inurailles sont de salines de roche. Je continual a re-
monter la riviere Adams pendant deux jours , jusqu'a son enibou
chure dans le Seeds-Keeder , que je traversal , et au S. duquel je
rencontrai uu pays sterile renipli de rochers el de montagnes. Cettc
riviere renferme beaucoup de bas-fonds et de rapides. Plus loin
est une vallee ayant de 5 a i5 inilles de large ; les rives sont fer-
liles , blen boisees, et peuplees par des Indlens nommes Ammu-
(1) Antilope americana de Leuris et Clark. Rupicapra americana de M. ite
Rlainville.
(u) Ovis iriontanadeM.de Gcoftroy.
107
rJdehcs, qui recuelllent du ble , des feves, iles cllroiiilles et des me
Ions en abondance , et cultivent meine le ble et le coton. Jc com-
inencais a manquer de chevaux et de fourrages , cependant je reso-
lus de m'arreter dans ce pays une qulnzalne de jours pour reposer
ma suite. J'y echangeai le peu de chevaux qui nie restaient et m'en
procurai d'autres par un detachement d'Indiens maraudeurs qui les
avait enleves aux Espagnols ; ces Indlens me donnerent en meme
temps des renseignemens sur les possessions de ces demiers et me
procurerent deux guides. Je repassal le Seeds-Keeder, et apres avoir
marche pendant une quinzaine de jours vers I'ouest, j 'arrival dans
une controe entierement deserte , ou je passals souvent le jour et la
nuit sans trouver d'eau. Je traversal ensuite une plaine de 8 milles
de large, et de 20 milles de long, dont la surface est couverte d'une
couclie de sel blanc, au-dessous de laquelle s'en trouve une autre de
sable jaune; encore quelques pouces, et I'on retrouve une autre
couche de sel. Le Seeds-Keeder se jette dans le golfe de Califor^
nie , a environ 80 milles du pays des Ammucblebes , et prend le
iiom dc Colorado.
Amon arrivec dans la Haule-Californie , ce qui m'inquieta , ce
furent les soup^ons du gouverneur de Saint-Diego. II me fit con-
duire devanl lul , mals plusieurs citoyens des Etats-Unis (i) ayant
repondu de moi , j'obtins la permission de m'en retourner avec ma
suite et d'acheter les provisions dont j 'avals le plus pressant besoin.
Le gouverneur n' ayant pas voulu me lalsser cotoycr la mer vers
Nodega , je m'avan^ai a Test de cet etablissemenl. Je me dlrigeai
ensuite au N.-O. a une distance d'environ i5o a 200 milles de la
c6te. Je traversal environ 3oo milles dans cetle direction , au mi-
lieu d'un pays ou je vis quelques endroits assez fertlles, peuples
d'un grand nombre d'Indiens , la plupart entierement nus , sans
armes a feu et vlvant de poissons , de racines , de grains et de
'i ' Notamment , Ir capitm'ne Cunningham , f!u batlinenf It Courier
de Boston.
io8
raisins. Ces Indiens, quidiffcrcnl esscnticllemcnt <\c ceuxque j'avais
deja rcnconUc'S , nc laisseiit croiire leurs rlicveiix que jusqua la
longueur de 3 pouces.
Je me Irouvai ensuite pres d'une riviere que je nomniai TVim-
melche (d'une Iribil d'Indiens cilablio sur ses bords) , et j'y aper^us
quelques castors etdes elans , ainsi qu'unc grande quanlite d'antilo-
pes et de daims. Je fis en cet endroit une courtc hallo. Mon but etait
de rcjolndrc nies compagnons an Grand Lac Sale, en Iraversantle
mont Joseph, niais je nc pus eseculer cc dessein, la ncigc elantsi
epaisse que meschevaux, doul cinq avaient peri faule de nourriture,
ne purent avancer, en sorfe que je me vis force a redescendre dans
Ja vallee. J'en partis le 20 mai , avec deux lionimes seulemcnt , sepi
chevaux et deux mulcts charges de foin et de provisions de bouchc ; et
en huit jours nous parvinnies an mont J oseph, que nous franchimes
sans autre pcrte que deux chevaux et une mule. La neige , au sommcl
de la montagne , avail 4-^8 picds de profondeur ; mais ellc etait
si ferme que nos chevaux n'y entrerent que de quelques pouces.
Apres avoir marche une vinglaine de jours a Test du mont Jo -
seph, je me Irouvai a Tangle S.-O. du Grand Lac. Le pavs enlre la
monSagne el le lac eslentieremenl aride et sans gibier. Nous mar-
cliames souvent pendant deux jours sans Irouver d'eau, au milieu
de deserts incultes, ou Ton n'apercevait aucun signe de vegetation.
Nous reucontrames des sources dans quelques collines rocailleuses,
el, par suite, quelques bandes dindiens qui nous parurcnt les plus
miserables des hommes. lis etaicnt entierement nus , el ne se nour-
rissaienl que de graines de plantes, de cigales , etc.
A notre arrivee au Grand Lac Sale , il ne nous restail plus qu'un
cheval el une mule , et encore ^laienl-ils tellement harasses qu'ils
pouvaient a peine porter noire mince equipage. Nous avions ele re-
duits a manger ceux de nos chevaux qui avaient succombe a la fatigue.
I or
Etendue el population des possessions anglaises dans la presqit 'tie Trans-
gangeliijue.
Les pays au sud de Rangoon , qui ont ete cedes au gouvcrne-
menl anglais , par suite de la guerre de 1826 et 1827 , consisteni
dans la moitie de la province de Martaban, les provinces de Ta-
ivoy, de Ye , de Tenasserim , et les fles BlerguL
Leur longueur sur le^olfe du Bengale est de 420 milles, et leui
iargeur d'environ 5o milles , ce qui donne une supcrlicie lotale
(a I'exceplion des lies Mergui) de 21,000 m. carres.
La population ne se monte qu'a environ 5i,ooo individus ;
ce qui est un peu moins de 2 '/. liaLitans par mille carre. Le
revenu , en 1827, a ete de 4- lacs de roupies.
La province d'Arracan et sesdependancescomptentune longueur
de 220 milles sur le bord de la cote, et une largcur de plus de 5o :
lasuperficie estdoncd'environ ii,ooom. carres. Quant a la popula-
tion , on Testime a 100,000, ou environ g individus par milk-
carre. Le revenu de 1827 se montait a environ 3 lacs de roupies.
Superficic. lialiUans,
Provinces au sud de Rangoon. . 21,000 mill. carr. . 5i,oou
Provinces d'Arracan n,ooo 100,000
Total 82,000 , . 1 5 1, 000
11 faut excepter de ce calcul les ilcs Mergui , qui ne sont point
habitees.
Les pays d'ou les Rinnans ont ete expulses , et auxquels le roi
d'Ava a formellement renonce , sont le pays d' Assam et les petils
etats adjacens au sud du Rrahmapoutre. Cette partie du territoire
occupe un espace d'environ /(.o, 000 milles carres, et nourrit une
population qui probablement est de 2 a 3 individus par milh;
carre.
L'extreniite orientale d' Assam , aujourd'hui virtuellement sous
protection anglaise , parait servir de limife au Thibet cbinois ,
8
1 10
et s'clendie a la distance de 200,000 millcs en dedans de la pro-
vince de Yunan , en Chine.
Ces provinces conquiscs par les Anglais , et actuelicment cnlre
Icurs mains , fonnent une forte position mililairc conlre les Jiir-
nians et les Siamois , avec lesquels clles les niettent en contact
immediat. Lorsqu'elles furcnt vues pour la premiere fois par des
voyageurs europeens , elles elaient soumiscs en partle au Pegu ,
royaume alors florissant, el en partic auSlam. Mais depuis 1760 les
Jjirmaiis ont tout conquis. Des lors le commerce a etc toul-a-fait
ancanti ; et telle fut la fcrocile des vainqueurs que les vaincus fu-
rent ou massacres ou rcduits a I'esclavage. A present les liirmans
et les Siamois se trouvent sous la surveillance de Pennang , auquel
ils sont probablement tout-a-fait annexes.
Fondutlon d'une nouvelle vi'.le dans les Indes-Orientales.
Une nouvelle ville libre a etc fondee dans les Indes-Orientales.
EUe est situee sur la frontlere de I'empire des Birmans , dans un
veritable desert , uniquement frequente par les buflles, les elephans
et les tigres. Cette ville se nomme Amsthersl-Toivn. Elle prospere
cependant, parce que Ton y jouit d'une parfaite liberie. Douze
mille families y sont deja elablies ; et les Chinois , auxquels on en
a cede un quarller, s'y rendenl en foule. Ce qui surtoul y attire
un si grand concours d'habilaus , c'esl que les pretres IJoudhistes
onl annoncd que le temple de Kyai-Kumi , du Dieu du bonheur .
s'y trouvait autrefois ; ils prctendent meme qu'un oracle avalt pre-
dit la fondalion de la ville.
1 1 1
BIBLIOGRAPHIE GEOGRAPHIQUE.
§ I". LIYRES.
OUVRAGES GENERAUX.
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seri'ir d. la doctrine comparee
des climats; par Schouvv, profes-
seurde botanique a I'Universite de
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1827, cliez I'auteur. Cah. 1.
3g. Supplement au Traite de Geo-
DESIE , contenant de nouvelles Re-
marques sur plusieurs questions
de geographic mathi'matique et
sur rapplication des mesures
ge'odesiques et astrononiiques a
la determination de la figure de
la terre ; par M. L. Puissant ,
lieutenant-colonel au Corps royal
des ingcnieurs-geographes, etc.;
in-4°. Paris, 1827, Bachelier.
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moires , public's par la Societe de
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J\Iarco-Polo , T. 11 ; Me'moires
divers, avec planches et cartes. 1 v.
in-^o. 1824, 1825 et 1827.
Les tomes iii et iv sont sous
presse.
AMURIQUE SElfTEIVTRlOIffALE.
41. Die Vereinigten- Staaten von
NoRD Amerika. — Les Etats-Unis
de I'Amerique dti Nord considert's
sousleurs rapports politiques, reli-
gieux et sociaux , avec un Voyage
dans la partie occidentale de la
Pensylvanie, Ohio, Kentucky,
Indiana, Illinois, Missouri , Ten-
nessee, lerritoire d' Arkansas, Mis-
sissipi et Louisiane; par C. Sidons,
citoyen des Etats-Unis. 2 vol. in-8°.
Stuttgard, 1827, Gotta.
Get ouvragc , malgre' son litre
allemand, est original.
aiherique meridionals.
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Golombia. — Voyage dans Vin-
terieur de la Colombie ; pai' Gol.
Hamilton ; 2 vol. in-S". Londres,
1827.
ASIE.
^3. Two years in Ava. — Drux ans
dans le royaume d' Ava , depuis
le mois de mai 1824 jusqulTu me-
me mois de 1826; par un Ufficicr
de Vetat-niajor du quarticr-mai-
tre general; in-8". Londres, 1827.
(i6sh.)
44- Des Peuples du Caucase ct des
Pays au nord de la men Noire et
de la mer Caspienne dans le x=
Steele, ou Voyage d' Abou-el~
Cassim ; par M. G. dH)hsson ;
in-80. Paj-is, Firmin Didol.
AFRIQUE.
45. Travels and Adventures in
southern Africa. — Voyages et
Aventures dans VAfriquemeri-
dlonale, par G.Thompson; in-4''-
Londres, 1827, Murray.
EUROPE.
46. Tableaux geographiques , his-
TORIQUES, indlquant la distribu-
tion et le denombrement des peu-
ples et des religions dans les di-
vers etats de I' Europe, etc., dres-
se's par M. Denaix , ancien eleve
112
tie TEcole polylecliniiiup, chef ilc
bataillon au Corps royal dcs inge-
nieurs-g(;ograplie,s, it faisaiit par-
lie de son ouvnige inlitulc : lissai
de Geographir" in<lhodi<pie ct
compart.licc. -i feuil. Paris, 1828,
chez I'auteur.
47.UEBERSICHTDER GESCHICHTE UND
GEOGRAPHIE DES RuSSISCHEN KA[-
SEUSTAATS. — TtlblcttU lllsto-
ri(pie et gcogniphiipie ilc V Kin-
pire de liussic; par C ll.IlouN-
scm.CH ; in-8". Erlangen , 1827.
Palm. ( 24 kr. )
Suede et el ,\oiw<'ge.
48. A Winter in Lapland and
Sweden. — in Huer en Lapu-
nie et en Suede , par Capell
Brooke ; in-4". Londres , 1827 ,
Murray.
Details curieiix et observations
importantes.Com|)lL'nient dc I'ou-
vrage intitule : in i-le en Ltipo-
nie, public par le menie auteur
en i8a3.
France.
49, A Memoir of the Geology of
CENTRAL France. — Memoire sur
la Geologie de I'inte'rieur de la
France , y compris les formations
volcanicjues de PAuvergne, du
Velay et du Vivarais ; par G. Pou-
LET Scrope; in-b°.Londres, 1827.
§ 2. ATLAS, CARTES GEOGRA-
PHIQUES, PLANS, etc.
DO. Universal historischer Atlas.
Athis hislori<pie tiniaerscf, ou
Tableau de rilistoirc unicerselle
depuis les temps aniiensjusqu'd
nos jours ; Recueil de g cartes
geographiques , etc. , avcc tcxie
explicatif; par R. V. L. {liijlile
von Licienstcrn ) ; iii-f". Berlin,
1827 , livr. I.
Cette premiere Ilvraison con-
tient rHistoire de TEtliiopie et de
TEgvple ; la scconde comprendi.i
celle des Assyriens , des Pcrses et
des Phcniciens ; et la troisieme, la
Geographiede Tancien Testament.
01. Atlas univeusel de la Geogra-
* PHlE physi/p/e, pollli(pie, statis-
tiquc et 77jineru1oghfue de toutes
les parties du l\[onde , sur Te-
chelle d'une ligne pour 1900 toi-
ses , dresse et dessine par ^ AN
DER Meulen , d'apres les mcil-
leures cartes , voyages et observa-
tions astronomiques de tous les
pays; in-f". BruxcUes , 1827,
chez Tauteur.
02. Carte des pachalicks dTIalep,
d''Orfa et DE Baghdad, faisani
partie du 2"^ volume du Recueil
des jVIc'moircs de la Sociele; 1 gr.
feuillc. Paris , i8a5, Picquet. ( Sc
vend a part 5 fr.)
53. Carte generale de la Greck
MODiRNE, ail i,ooo,oooe , drcssee
par le chevalier Lapie , premier
geographe du Roi , officier supe-
rieur au Corps royal des inge-
nieurs-geographes ; 1 gr. feuille.
1828, Paris, Picquet.
54. Carte de la Turquie d'Europe ,
a IV'thelle de — - — ^ d'apres
les meilleures carles et les docu-
mens les plus recens. 2 f<^'. lithogr.
gr. colombier. Levrault. ( 6 fr.)
55. Plan de Constantinople, avec
SES FAUBOURGS ET SCDTARID'AsiE,
a rcchelle de ^ ; 1 feuilK
20.000
gr. raisin. Levrault. ( 2 fr. )
Cc plan ne parait etre qu'une
copie de celui qu'a dresse M. Bai-
bie du Bocage, el qui a ete insere
dans le grand ouvrage sur Cons •
tanlinople dc ]\L Melling ; il ol-
fre seulement moins dV'tenduc.
Le plan de M. Barbie du Bocage
avail deja etc adople el Iraduit par
AL le baron de Hammer, qui Ta
joint a Son ouvrage sur Conslan
tinuplo et le Bosplioro.
IMPRIMERIE d'eVERAT, RUE UU CADRAN , N'' >&.
^ * "* "fc^ v-fc/^v^* % ■V'*.'*
BULLETIN
DE
/ r
LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.
NUMERO 59. ^ mars 1828.
PREMIERE SECTION.
MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS.
KapPORT sur la Relatiun des voyages de SiDI AhY ,JiIs de HusSEIN ,
numn^e ordinairemeiit KlATIBI RouMi , amiral de SoLlJViAlS" 11 ,
eaite en iurc, iraduite de I'allernand sur la version de M. D'lcz par
M. Moris, memlre des Societes de Geographie el ylsiaiiqiie de Paris.
Cette relation est precedee d'une notice de M. Diaz sur la vie
et les ecrils de SidI Aly. Le traducteur fram^ais M. Moris a pens6
avecraison, que ce morceau etait la nieilleure preface que Ion pAt
mettre en t^te de son ouvrage, qui se reconimande a Tatteniion
des savans par la nature des fails hisloriques etdes notions geogra-
phlques qu'il contient. Sous Ic premier rapport, nous nousborne-
rons a indiquer les parties les plus essentielles de la biographic de
notre auteur, et nous nous etendrons plus partlculierement sur ses
voyages dont la duree et les faits qui s'y rattaclient nous ont paru
dignes de votre attention.
9
.. iiS
L'auteur de cette relation appele Kiatibi Roumi , se nommait
reelJement Sidi Aly fils d'Husseui, il vccut dans le siecle de I'em-
pereur des Ottomans, Sollinan dit Ic Grand, dont le regnc cele-
bre sous tant de rapports , dura de i5i() a i5GG. Le premier nom
de notre auleur est un surnom poetique pris par lui dans sa jcunesse
pour qu'on Je distinguat d'un poelepersan appele Kiatibi Adjeml.
Toutefols Sidi Aly n'a point brille comme poele ; on ne doit done
le conslderer que comme guerrler , voyageur et homme d'etat. La
poesle ne fut pour lui qu'une distraction passagere , bien que plus
d'une fols, et parllcullerement dans ses voyages, II sut s'cn servir
a propos.
Le surnom Klatihi , dont la signification est errwain, secre-
taire, pourralt faire croire que ce voyageur fut attache a la cban-
cellerle de la marine. Cependant on ignore en quelle quallte II
servait sous Khaireddin - Pacha (Barbcrousse) dans Ics guerres
marltlmes qu'Il fit sous ce celebre amiral. On salt seulement
qu'apres ces guerres li se trouvalt comme mllitaire attache a la
personne du Sultan et qu'Il sc distlngua comme marin ; qu'en outre
Soiimau se trouvant a Ilaleb oil on lui representalt rimpossibilile
de retlrer de JBassora les valsscaux laisses dans ce port par I'amlral
PIri ReTs (i), II jeta les yeux sor notre auteur. L'elude que Sidi
Aly avait falte depuls long-temps de I'arl de la navigation , le zele
qu'il meltalt a en coiinaitre la theorle el la pratique , ses services
au siege de Rhodes , oii 11 avait combattu sous les yeux memes du
Sullan , ses campagnes dans la Medlterranee sous les ordres de
Khaireddin , de Sinan Pacha et aulres amiraux , les ouvrages qu'il
avait composes sur lastronomie et la science naullque, enfin
les services de son pere el de ses aucetres qui s'etaient succede
dans la charge d'iuspectcur des chantlers imperlaux, furent
autant de motifs qui determlnerenl en i553 Soliman a nommer
Sidi Aly amiral de I'Egyple, avec Tordre de se rendre d'Haleb a
(i) Aiiienrtrnn hail ■■ <lc la Ma\ i^ation doni Hadji Kli.ilfa pavlc aver e\oee.
1 19
Bassora pour conduire a Suez, en descendant le golfe Perslque ct
remontant la mer Rouge , la flolle de galores qui se Irouvait dans
le port de Bassora.
C'est du recit de cctle longue et penible expedition que se com-
pose la relation de Sidi Aly. Comme ce serait depasser les homes
de ce rapport que de suivre I'auteur dans les details qu'il donne de
son voyage , nous nous bornerons a en faire connaitre la substance
en citant les passages snivans extraits en partie de la relation memc,
ou de la no lice de M, Diez.
IjC voyage de Sidi Aly , commence par terre , fut continue par
mer, et II se termina par terre sous les auspices du sort le plus bi-
zarre , par suite des desastres qui firent echouer sa mission. A peine
avail-il fait voile de I'tle d'Hormus en sortant du golfe Persique ,
qu'il renconlra une ilotte portugaise forte de vingt navires, et lui
llvra audacieusement bataiile avec ses quinze galeres. Sortl victo-
rieux de ce premier combat , bien que ses batimens eussent beau-
coup souffert , il continuait sa route vers les c6les de I'Arabie lors-
qu'll cut une nouvelle rencontre dix-sept jours apres ; cettc fols ,
Sidi Aly fut attaque par une flotte portugaise forie de trente-quatre
vaisseaux. Force de jcter I'ancre et de combatlre dans une position
desavantageuse, il ne lui restait plus qu'a vaincre ou a perir ; cepen-
dantson courage sut triompher encore , et vers I'entree de la nuit I'a -
miral portugais fut force de quitter le combat sans avoir pu s'empa-
rerde la {lotillefurquc,nI I'avoirbrAleeou detrulte. Sidi Aly rapporte
qu'il perdit six galeres dans ce combat inegal et meurtrier. Repousse
par les vents des cotes de I'Arabie, 11 navlgua d'une manlere incer-
lalne vers celles de la Perse et de I'Inde , jusqu'a ce qu'enfm une
horrible lempele le surprlt et le transporta sur la cote du pays de
(ruzarate. II pretend que ce genre de tempete qui souffle de I'ouest
elait connu dans ces parages sous le nom de tempete de I'elephant.
Celles qui ontlieu, dit-il , dans la mer occidentale (la Medlterra -
nee) , ne sonl que des parcelles de poussiere en comparaison de
«.elle-ci. Celle lourmeiiie dura dix jours; nous \ hues, dil i! , pen-
I20
<lant loul CO leiiips des poissons qui (ilaipiil aussi \<)ue,s que deux
galeros et au-del.i.
Sidi Aly etanl descendu dans le porl de Daman , une parlic de
ses equipages prit service dans les troupes Indlennes , sur le pied de
cinquante aklche ou deux florins impdriaux , solde exorbitante pour
cette epoque , et qui prouve le prix qu'on attachait aux soldats otto-
mans. Quant k lui , il se rendit avec le reste de ses gens a Surate ,
oil il arriva trois mois apres son depart de Jiassora. ]>.a , il fut en-
core allaque une troisieinc fois par les Porlugais ; mais n'ayant
que quelques navircs desarines a leur opposcr, il ne put s'avancer
contrc renriemi , cependanl il ne prit point la fuile , il se iorlifia
sur la cole avec le peu de moudc qui lui restait et attendil courageu-
sement a terre le moment du combat. Les Porlugais ne pouvant
s'emparer de sa personne clierchercnt a se defaire de lui par des
moyens indignes d'une grande nation, preferantpour ainsi dire la
lionte de cette action au danger de laisser a la marine ottomane un
amiral lei que Sidi Aly. Echappe aux plegcs de ses cunemis, Ta-
miral ottoman vend ses vaisseaux au sullan de Guzarale et se de-
cide, suivi de cinquante fideles compagnons, a relourner par terre
dans sa patrie. Sa renommee personnelle aulanl que la craintc
qu'inspirait a cetle epoque la puissance ottomanp qui etait au point
le plus eleve de sa prosperite , le prect^dcrenl en lous iieux sans le
preserver toujours des dangers auxquels il etait expose. Presque
partout il fut oblige de jouer un role qui prouvail Teslime qu'on
faisaitde lui et des lalens qu'on lui supposait. Tantol soldat de Icl
ou tel prince, il les aidalt dans les guerres quils se livraienl enlre
eux , tantol il s'inlerposail comme medialeur dans leurs diffe-
rens ; et d'autres fois , enfin , il les egayait par ses poi^sies. 11 fut
aussi oblige d'enseigner I'aslronomie au sullan de Delhi qui, apres
Tavoir fait relrograder de Labor ou il clail deja parvenu, le retint
trois mois a sa cour. Presque tous les princes lui firenl les pro-
positions les plus avantageuses pour le fixer aupres d'eux. Le
sultan Abmed de Guzarale voulail bii donner le pays de Bar-
121
(iedj ; Chah-Hassan-Mirza de Sindi lui offiit la ville de Lalior ,
et uii Khan des Usbeks la ville de IJokhara; inais son amour
pour ia patrle, sentiment qui domlne dans les poesies donl if
a entremeie sa narration , et son attachement a la maison otto-
mane, le lirent resister a toutes les seductions. Son seul chagrin
titait de voir son relour retarde; et, son vaeu le plus ardent
cdl ete de recevoir de son souverain le commandement d'une nou-
velle flotte pour venir detruire les possessions portugaises en Orient ,
mais ce voeu ne se reallsa pas.
Le retour de Sidi Aly par lerre est veritablemenl la paitie
de sa relation qui interesse le plus la geographic et la science des
voyages , soil par I'cspace immense qu'elle embrasse , soit par
le nombre des designations geographiques connues ou inconnues
qu'elle renferme , et dont plusieurs ne sont point sur les cartes mo-
dernes , ou s'y trouvenl d'une maniere defiguree. La simple enu
meration des provinces suffira pour donner une idee generale de la
longueur de ce voyage. Celles que Sidi Aly a traversees sont : le
Guzarate, le Sind , la province comprise entre I'lndus el I'Afga-
nistan , le Zaboulistan , le liedakhchan , le Khotlan , le Mavera-
ennehar (la Transoxiane) ct le desert du Kiptchak. lei I'impos
sibilile d'aller plus loin obllgea le voyagcur de retrogradei
vers le sud-ouest , et lui fit decouvrir une nouvellc route par !e
Khovarezm, le Khorassan , la Perse et le Kurdistan; de la , il re-
vint par la Mesopotamie et la Romelie a Andrinople ou se trouvait
Soliman. Ce voyage dura de i553a i55G.
On trouve dans cette relation quelques details curieux sur
les localites, les usages, les mceurs et I'histoire naturelle : tels sont
ceux que I'auteur donnc sui- I'arbre appeie fari (le palmier indlen),
sur le iouba oufiguler de Tlnde, appeie ardor de rayz par les Portu-
gais, sur le zakkoum, buisson qui porte des fruits amers donl la
torme est celle des amandes, sur une quanllte prodigieuse de singes
du pays de Bouroudj , sur les Piachbouts, espece de cavaliers indiens
qui pillent les caravanes , sur la classe de lellres appeles hat qui
13:
servenl fie guides aux voyageuis, sur les crocodiles des boids de
rindus, sur les inanirs, les usages el la croyance des Hindous,
leur coulume de briJcr a la mort d'un d'enlre eux celle des fenuues
du defunt qui pour rait encore avoir des enfans, en exemptant de eel
usage barbarc celles qui ne peuvent plus en avoir, surlamaniere de
prendre a la chasse les cerfs sauvages et les bullies, enfin sur les deli-
ces de la ville de Caboul , la capitale du Zaboulistan. Du temps de
Sidi Aly « Caboul elait une belle ville entouree de rocbers, de inon-
« lagnes , de ruisseaux limpides el de jardins delicieux ; labondance
" et les plaisirs regnaicnl dctoutes parts dans les banquets et les reu-
« nions joyeuses , partout on y trouvalt de tendres et seduisantes
'< beautes qui sc livraient a toute especc de plaisirs ; le peuplc y
« etait constamment occupe demusique, de feles, de divertissemcns
•' et d'assemblees. »
Nous ne terminerons point sansajouter, d'apres Hadji Kbalfa,
que ce voyageur donna lieu an proverbe : // « eprom'e les malheurs
lie Sidi Aly, ce qui veut dire que les infortuues de cet amiral sur
terre et sur mer etaient si celebres de son temps que lorsque
quelqu'un eprouvait de grands malheurs on les comparait a ceux
de Sidi Aly. 11 fut aussi savant dans I'art de la navigation et dans
I'astronomie qu'habile dans Tart ^'ecrire en vers et en prose.
On a de lui sur la situation de la mer des Indes un livre qui
porle le litre de Mouhit ( Ocean ) , un traite sur I'emploi de
i'astrolabe, du quart de cercle et du sinus, intitule le Miruir de
funivers; enfin, une traduction du Lii>re des conqucles intitulee {Futou-
liii'e). Depuis lui, Tannee navale n'a pas euun liomme qui Taitegale.
Tel est du moins le jugement qu'en portait Hadji Kbalfa dans son
Traite des guerres maritiincs en i64.5. Nousajouteronsque si effecli-
vement la marine ottomane n'a plus eu depuis lors des chefs qui
aient porle son pavilion dans des mers si lointaines, elle a du moins
eu dans ces derniers temps des amiraux qui jouissenl d'une sorle
de celebrite. Les deux derniers qu'on peut citer sont Hassan Pacha
telebre par ses combats avec les Russes dans la mer Noire, el
12:
Hussein Paclia connu par les ameliorations les plus IinportanLes
qu'il a introduites dans la marine o I toinane aussi Ijleu que par son
atlachemenl sans Lornes a la France.
Nous pensons que M. Dicz a fail une chose tres-ullle en joi-
gnantala transcription en lettres lalinesdes nomsdelieux et depays,
celle de ces memes mots en caracteres arabes. IJn tres-petit nombre
de mots seulement nous ont paru s'ecarter de la prononciation or-
dinaire, tels sont cntre autrcs les mots denguizipour den-iz (lamer),
giiinguk'izeh pour guegoize ou guhlze , petite ville dans Tancierme
Bithyuie. Une erreur qui s'est glissee dans les notes, c'est que le
touman, piece de monnaie persanne en or, ne vaul pas 80 fr., mais
seulement 20 fr. environ. Si le traducteur fran^ais n'a pas loujours
ete le maitre d'eviter les dlfficultes qui resultent pour nos compa-
triotes de I'adoption d'nne transcription etrangere , et surtout de
celles des Allemands , nous pouvons neanmoins dire que sa ma-
niere de transcrire les mots lures ne presente pas d'inconveniens
graves et qu'elle est presque partout intelligible , meme pour les
Orientaux.
Les conclusions de voire rapporteur sont done. Messieurs, que
la relation des Memoires de Sidi Aly, d'apres son ulilite geographi-
que , merile d'etre conservcc comme un document precieux dans
voire bibliotlieque , el que le Bureau doit des remercimens a M. Mo-
ris , tant pour I'avoir Iraduite dans notre langue , que pour Thom-
mage qu'il a bien voulu en faire k la Sociele.
BlANCHI.
124
Etat indiquant le nam et la hauteur des CENl' vliNOT-SIX montugnes
d'Ecosse , dont vingt-trois seulement ont moinsde lOuo pieds au-
dessus du niveau de la mer^ et cent trois depuis icoo jusqua 34.8o ,
dresse d\ipres des documens officiels, par M. C. MoREAU , vice-
consul de France a Loudres , et menibre de la Societe royale.
L'aspcct de TEcosse est en general nu et montueux. Les chat-
nes de nioritagnes les plus considerables se dirigcnt de Touest a
Test , et quelques unes s'elendent dune mer a I'aulre. Le terri-
toire ou se trouvent les sources de la Clyde et de Tweed n'est qu'uu
groupe de montagnes d'ou naissent plusleurs colllnes dont les di-
rections sont differentes. Les coUines dites Cheviot s'elendent a I'est
le long du Norlhumherland; une autre brr.nche se porte au nord-
est , a travers les Peeples, en suivant les fronti^res d'Haddington
et de Berwick ; une troisieme traverse le IMid Codlon au nord ; le
sol intennediaire est uni, bien arrose et fcrlilc. La partie mon-
tueuse de ce rovaume est particulierement celle qui se trouvc au
S.-W. ; ellc est pcu babltee. Au nord de ces collines se trouve la
majeure partie des terres basses d'Ecosse (lowlands of Scotland).
Elles s'elendent jusqu'aux inonls Grampians. Dans cette vaste
plalne la Forth et la Clyde forment un islhmc elroit. Aupres de
Redhead , dans Angus , commencent seulement les montagnes
considerables. Elles se divisent en trois branches et courent au
S.-W. a travers Tile de Dunbarlon. L'une, nommce Sydla-Hill^ se
termineauccmtedu Perth ; les montagnes Oc/hV/ forment la division
moyenne; la troisieme est designee sous la denomination de Mil/sof
/i7fo/7/zetC«m/?5e/.Enlre les montagnes deSIdla-Ridge el Grampians
se trouve la vaste et riche vallc^e de Stralhmore. La chaine des
moms (irampians s'etend de Touest a Test par le 5 7" de latitude
nord ; sa largeur est d'envlron 5o a 60 millcs. Ces montagnes sont
entierement couvertcs de bruyeres; j'en exceptecependant les vallees
oil se trouvcnl plusleurs terrains bien cuitives et d'exce|lens patu-
I2J
rages. EUes s'abaissent inseusiblement vers Test : aussi une parlie
considerable des corntes d'Aberdeen , de Murray ct de Banff est-
elle unie. Dans le comte d'Argyil , les parties situe'es a I'ouest sont
rocailieuses et montueuses; des bales profoiides s'entredechirent ;
au nord sont plusieurs sysleines de lacs qui forment autant de di-
visions nalurelles. L'un d'eiix s'etend d'Inverness aiiLoch-Linnbe ;
un autre de Murray-Firlh , le long du Firth de Dornock , de
Loch -Shin et de Loch-Lexford a la mer. Les montagnes qui
se dirigent au sud presentent a Touest leur front le plus escarpe
et blaisent graduellement vers Test. Sur la cole orlentale de Ross
et de Sutherland, se trouve une terre basse qui se termine en un
promontoire nomme Ord-Head. G'est la (jue commence Caith-
ness, qui forme Tangle nord-est del'He. La surface de ce comte , a
Texception de quelques terres interieurcs et elevees , est en gene-
ral unie et marecageuse ; a Touest se trouvent les horribles mon-
tagnes du Sutherland. Tel est en general I'aspect de I'Ecosse.
Dans ses parties les moins frequeritees se trouvent deux districts
remarquables par leur ressemblance. L'un est une grande piaine
nommee the Moor of Rennock ^ marecage desert de 20 mllies
carres , situe entre les montagnes dites Glen- Lyon et Ben-Nevis ,
dans le Lochaber ; I'autre comprend des portions du Coygach ,
deTAssyntetde THederachylis, s'etendantlelong dela cote orien-
tale jusqu'au Loch-Inchard , ayant environ 10 milles de largeur.
Ce district, quoique plus eleve, est tres-rocailleux, et offre des
vestiges de fortes commotions naturelles. Les montagnes y sont
partagees en des milliers de fragmens qui gisent a peu de dis-
tance. Au milieu de ces masses brisees se trouvent quelques lacs
d'eau douce ; ^a et la on rencontre une chaumiere , de petites por-
tions de terre rcmuees avec la beche , et preparees a recevoir
quelques graines et des pommes de terre.
Plusieurs voyageurs qui ont parcouru les montagnes d'Ecosse
dans tous les sens , s'accordent a dire que la population ecossaise
■^e dlvise ordinairemenl en deux classes : les highlauders ou mon-
tagnards , et les lowlandcrs ou habilaiis de la plaine. Les premiers
occupent les provinces montueuses du nord el les seconds celles
du sud. Ces deux classes different Tune de I'aulrepar Ic langage,
le costume et les moeurs. Les montagnards parleut le dialecle Ir-
landais ou celtique, landis que dans les contrees du sud la langue
vulgaire est I'ancien dialecte scandinave , mele avec I'anglo-saxon.
NOMS DES COXITES
d'ecosse
uu les nioutaiiues soul ^iluees.
NOMS
MONTAGUES.
Aberdeenshire.
Arran. . . .
Argyleshire.
Ayrshire. . ,
Banffshire.
Berwickshire.
Caithness. . .
Dumfriesshire. . . .
Bc'iinartionie
Cairntoul
Ben- A von
Morven
Carncach
Buchof Cabrach. . .
Noath
Benochie
(•Mormond
'Goatfeli
Ben Cruacheii
Paps of Jura
Cobler of Arroghar.
Dumcoich
Knockdolian
Cairntable
Knocknouan
Knocdaw
Carleton
Cairgorm
Benrinness
Knockhill .
Cockburn-Law. . . .
liunse - Law
Old of Caithness. .
Pap of Caithness. . .
Hartfell
Lowtherhill
Biack-Larg
Qiteensbcrry-Hill. .
Cairnkinnow. . . .
Wisp-Hill
Erickstane - Brae. .
Constitution-Hill. .
2880
2700
2.i77
i8.io
i5oo
810
2950
3390
2389
730
2090
i6io
1540
i53.^
1020
4080
T- /-
'."♦'
25uo
900
tj3()
1 2.")0
1229
33o2
3 1 00
2890
22 J9
2080
1940
1 118
io3a
(i) L(? jiicil .nuslai* rgak- i 1 policuJ '1 ligu :•$ 0 (loiiils di: 1 laucr.
12'
NOMS DES COMTfiS
d'ecosse
iiu U-s liioiilai^iie:> sout siUices
NOMS
niONTAGNES.
Edinburgshire.
Fifeshire
Forfarshire, . . .
Iladdingstonsliire.
Iiivernesshire. . .
Kincardineshire .
Kircubbrightshire
Lanarkshire. . .
Linlithgow. . . .
Black-Hill
Ciiriieihy
IMiiirfoot-HiU
Allermore
Kirkgetton
Castelaw-Hill
Arthur -Seat
Salysbury-Craigs. . .
Corsforphine - Hill. .
Calton-Hill
Cross of Edinburg. .
St-Andrew's church.
Piazzo of the Abbey.
Hawk-Hill
Lomond -West. . . .
) Lomond - East
1 Largo-Law
( Kelly-Law
Cathlaw
Craigwol
Sidla - Hill
Kinpurnie- Hill. . . .
Dunnichen-Hill. . . .
Dundee-Law
N. Berwich-Law. . .
Ben-Nevis. ......
Scarsough
Mealfourvonnie. . . .
Scurdonnil
Mount-Battock. . . .
Kerloch
Klochnabane
Cairmonearn
Cairnsmuir
Criffell
Cairnharrow
Lauders
Coulter-Fell
Tinto-Hill
Leadhills
Walstonmount. . . .
Westraw-HiU
Cairnaple
HAUTEUR
I'n pieds
'iDlihli.S.
1878
1864
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022
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356
277
2l5
117
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1721
1 466
952
810
2264
1600
1406
ii5o
720
5.25
94°
438o
3412
2730
2730
3465
1890
1370
1020
=^597
i83i
mo
3i5o
2440
23o6
i564
i556
1000
149a
I2t
NOMS DES COMTES
d'ecossk
oil les Hioulugncs sunt silui.'os.
NOMS
dfS
IMONTAGNF.S.
Peeblesshire.
Perthshire
Renfrewshire
I
Rosshire. . . ...... |
Roxburgshire
/
Selkirkshire
Shetland. ...,. .
Stirlingshire. . .
VS^liigtownshire
Hartfield
Broad - huw
Witconib-liill
Guncleugii
Hells-Cleiigh
Duiulroich
MincIiHioor
Ben lowers
Benmore
Sclu'alliiin
Beriglo
Benderig
Benvorlicli
Ben-Lcdi
Farragon
jMouiit-Blair
Birnani-llill
Kings-Seat
Diinsin.Tni-Hill
Barry-Hill ;
Atiiol-House
Belmount-Lown
iVlisti-Law
Balagich
Craig of Nielston
Stanley-Bra(!
Ben-Wyvis
Cheviot-Hill
Mellenword-Fell
Megg's Hill
Riibcrs-Law
Eilden-Hills
Duiicnn-Hill
Blackhouse-Htiglil
\^ indkstraw-L.iw
EUerick-Peii
\Aard-law
INIinchmoor
Mainingshaw-Law
Rona
Ben Lomond.
Ben-Ledi.
Bencleiigh.
Alva-Hill.
Campsie-Hills. .
Larg ,...,..
Ingchrim-Fcll. .
iVlocliriim-FelliM.
Knock of l.ur.e.
HAUTEUR
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1758
1020
101 :(
1000
I2C
TABLE des situations geographiques les plus remarquahles d'Ecossc,
/elks que villes , villages, phares , etc., etc., calculees sur k meri-
dien de Greenwich (i), en degres de latitude et de longitude , cgale-
meni communiquee par M. C MoREAU.
NOMS DES LIEUX.
LATITUDES.
LONGITUDES.
.\berdeen i
Ailsa Rock
Arbroath
Ardnamurchan
Arthur's Seat
Ayr Point Lighthouse (pliare).
Banff.
Uass Rock
Belmont
Ren Nevis
Rell Rock
Berwick
IS. Berwick Law
Buctian Ness
(^ampbelton
Canna
Cailhncss Point
Cheviot Hills
Cromarty
Cnllen
Ciimhray
Lighthouse
Dingwall
Dunlries
Dunbar
Dunbarlon
Duncanshy Head
Dundee
Edinburg observatory
Fair Hills , Orkneys
Fara head
Fine Ness
Fortrose . .
Foit Augustus
Fort George
Fort William
Garmouth , . .
Glasgow
Gordon Castle
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(l) Ce mpiidien est sitne a -x" ao' 24" de rcliii do Paris.
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NOMS DES LIEUX.
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LONGITUDES.
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S Kilda
Tvirk !Nowton. .•.
Ivinnnird iiOiKl. .... .....
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Lof h Luxford , . . •
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6o
58
Mai Island
Montrose Ness
Mull of Oalloway. .•••••.
Noss Head '
Old Head
Penlland Skerries. .......
Pelerliead
PitlcnweeiTi
Port Glasgow
Port Patrick
Ronald.-iay cape
Hed Head
Rothsay
S, Abb's Head
S' Andrew's
Scheallian
Sotitra Hill
Speymoutli
Stonehaven
Stornaway
-Stronuiess , isle ...
Tarbet , (^antyrc
Tarbet Ness
Tobermory
Ullapool
Unst , Islands
riane \A'ratli
DEUXIEME SECTION.
ACTES DE LA SOCIETE,
§ P'. Proces -vcrbaux ties Seances.
Seance clu 7 mars 1^2%.
M.Becquey, directeur general ties ponts et chaiissees , Iransmet
^ la Sociele les nlvelleineiis des princlpaux points du cours de la
Seine, par M. licrigny. Remerciniens et renvoi a la Commission
pour la carte hydrographique de France.
M. Boucher , correspondanl de Tlnstilut a Abbeville, adresse
un memoire manuscrit sm' la position de Vancien port de Quentovic,
Rcmerchnens et renvoi a la Section de Publication.
MM. liruguiere, Denaix, Dupin et Spencer Smith ecrivent. a
la Societe pour lui offrir divers ouvragcs.
M. (iuys, vice-consul de France a Tripoli de Syrie , commu-
nique quclques details sur le voyage qu'il vient de faire au Liban.
M. Ch. Cochelet adresse diverses observations relatives auxeffets
des courans qui regnent sur la cote occidentale del'Afrique , princi-
palement dans le voisinage des Canaries, et sur les nombreux
naufrages qui en sont le resultat. II pense qu'on pourrait profiter
des circonslances actuelles pour obtenir du ministcre de la marine
un accroisscment de sollicilude. La Commission se borne a ren-
voyer aucomiie du Bulletin la leltre de M. Ccchelet.
M. le baron Coquebert-Montbrct annonce que M. Hertzog, se-
cond surveyor-general au cap de Bonne-Esperance , oil il est sur
le point de se reridre , propose d'entrer en relation avec la Societe,
et qu'il est dispose a lui fournir tous les renseigncmens qu'elle pourra
desirer sur ce pays.
La Commission accueille la proposition de M. Hertzog, et decide
qu'i! lui sera ecrit a ce sujet.
l32
M. J oniard communique unc lettre de Londres , en dale du kj
I'evricr , contenant do nouveaux renseigncmcns sur Ic sort du ma-
jor Laing. Inserlion au Bulletin.
M. le baron dc Ferussac communique une lettre de M. le che-
valier Gamba, consul general a 'I'lflis ; cette lettre contient des
details sur le frcmblenient de terre donl la ville de liakou vienl
d'etre le theatre. Insertion au Bulletin.
M. le colonel Bonne , au nom d'une commission , fait un rapporl
sur le concours relalif au nivellement des fleuves et des rivieres dc
la France. La Commission centrale adoplc les conclusions de ce
rapporl el decerne deux mcdailles d'or de la valeur de loo fr. clia-
cune, I'une a M. Lcpeudry , auteur du nwellemeni d'une partie de la
Somme , et Tautrc a jM. J odot , auteur du nU'ellement d'une partie de
rOise. Insertion au Bulletin.
M. Jomardrend comptede I'ouvrage dcM. le baron Roger, in-
titule Keledor , histoiie ajricaine ; il souniet a I'assemblee deux cartes
manuscritcs, Tunc represenlant rensemble de la Senegambie re-
duil a un petit nonibre de positions; I'autre , le cours du Senegal
au-dessous de Mouslala. Renvoi du rapport au comile dj Bul-
letin.
. M. le baron Coquebert-Monlbret est prie par M. le president de
faire un rapport sur la Geographic physique ei historique dr la
France , par Bassins ; offerte a la Sociele par M. Loriol.
Seance particulitre du \li. mars.
La Commission centrale , convoquee exlraordinairemenl pour
la nomination des niembres du Comile du Bulletin , decide qu'on
proceder? au scrulin a la majorile absolue sans presentation de
(^andidat.
Au premier tour de scrulin MM. Alex. Barbie du Bocagc ,
Bianchi , Sueur-Merlin , Bruc et Pacho obtiennent la majorite.
MM. Brue el Pacho s'etant excuses de ne pouvoir en ce moment
roopercr a la redaction du Bulletin , I'Assemblee precede a uu
1 33
iiouveau scrulin. MM. Bonne et Warden obtiennent la majorlte
absoluc. En consequence , le Gomlte du Bulletin se compose de
MM. Barbie du Bocage, Biancbi , Sueur-Merlin , Bonne et
W arden ; il s'occupera Innnediatement de la redaction qui lui est
confiee , a partir du Bulletin de Janvier de cetle meine annee ,
n" Sy , en rapproclianl , autant qu'il se pourra, la publication des
nunieros suivans , alin de la meltre a jour.
Seance du 21 nutrs 1828.
S. E. le Minislre de I'lntericur informe la Sociele que , d'a-
pres le vceu qu'elle a emls , il vient d'etre accorde par son depar-
lement un pension annuelle a la veuve de M. Malte-Brun , en
inemoire des services rendus a la science par ce savant geo2;raphc.
S. E. le Ministre de la Guerre remercie la Soci^te de I'envoi du
Pvecueil de ses Memoires , et lui proniet tous les encouragemens
que meritent ses utiles Iravaux.
M. le cbevalicr d'Abrabamson , aide-de-camp de S. M. le Roi
de Danemark , annonce qu'il a obtenu de son souverain la per-
mission d'accepter le diplome de la Soclete; il fera tous ses efforts
pour contribuer au succes de son utile entreprise.
M. Noyer , ancien depute de la Guyaue , informe la Societe
de son retour dans cette colonic , lui offre ses services , et promet
de lui communiquer tous les renseignemens qu'elle pourra desirer
surun pays qui a deja si vivement fise son attention. Renvoi a la
Section de Correspondance.
M. C. Moreau transmet des renseignemens sur le lieu presume
oil a perl La Perouse , ainsi que sur retablissement d'une colonic
anglaise dans I'ile de Fernando Po ; il annonce egalement la de-
couverte faite par le capitaine Smitb au Sud-Ouest du grand lac
Sale ; le voyage projete du capitaine Franklin dans les regions
septentrionales de I'Amerique , et le depart prochain du capitaine
Boteler pour I'exploration des c6tes d'Afrique. Reracrcimens et
renvoi au Comite du Bulletin.
10
i34
iVi. Corroy , m«5decin fraii^als , ^labii a Tabasco dcpuis vingt-un
ans , adrcssc a la Sociel'i <lcs rensoigncmcns sur Ics ruinesdePa-
lenque , dans le (jualcinala, et annonce qu'on doit lui envoyer
piusicurs pierres provenant de ces ruines cliaigecs de sculptures;
il offre de conlinuer ses recherclies sur celle ancienrie cite , et de
les communlquer a la Socielc ; il regarde toulefois comme im-
possible la solution complete des questions proposees par le pro-
gramme. Remercimens el renvoi au Comile du Bullelin.
ivi, Jomard , peneire de 1 inleret de celle lelire el de I'impor-
tance des monumens de Palenque , fait observer que M. le capi-
taine Antonio del Rio , qui, Ic premier, est parvenu a Palenque ,
eut a surmonler de nombreux obstacles ; mals qu'enfin il reussit
dans son enlreprise.
M. Warden mentionne a ce sujet la curleuse collection d'anli-
qultes americaines de M. Lalour Allard, et rappelie qu'une bistoire
dela decouverte de Palenque est due h M.Dupaix, colonel Mexicain.
M.lAoux de Roclielle adresse a la Sociele, au nom de M. Scbu-
macher d'Allona , la descripllon dun instrument qui a servi a eel
asironome pour la triangulalion de la carle du Ilolslein , dont
I'auleur destine un cxemplaire a la Societe. Remercimens et ren-
voi du Memoire a MM. les colonels JJonjie el Coraboeuf.
M. le vicomie de Toustain-Dumanoir adresse unc note sur b
ndcessile d'appliquer plus generalemenl les cbronomelres a la de-
termination des longitudes , dans les voyages de long corns, par les
bAlimens du commerce , et il appelle parliculicrement sur eel objct
rallention de la Societe de Geographic qui , par son institution ,
doil sinleresser vivement aux progres dc la navigation.
M. Huber communique un exlrait des Annales des Sciences de
la Havane , renfermant des considerations d'economie publiquo
sur File de Cuba. Remercimens el renvoi au Comile duj>ullelln.
M. le capitaine^d'Acosla offre de communiquer au Comile du
Bulletin des renseignemens exacts sur le tremblement de lerre dont
la vil!e dc l^opavan viontdiMre le the.'^lre.
t35
M. Ic Larou (^Oquebcrt-Montbrel fait uu Kappoit sur ie coii'-
nours relalif a la Geographic de la France. La Commission adoplei
Jes conclusions de ce rapport, el decerne une medaille d'or de la
valeur de /(.oo fr. a M. Manet, auteur d'un Memoire sur VEiat
ancien ei I'elai arluel de la buic du 3Joni Saint-Michel et de Canrale,
sur les marais de Dol el de Chdleauneuf , et sur les environs de Saint-
Malo , dcpuis le cap FrehrJ justfu'ttu Cotcntin.
Une autre medaille d'or de la valeur de loo fr. , est decernee a
M. Fabre , ancien verificaleur du Cadastre a Bourges , auleur dun
Essai sur la Description physique du hassin du Cher. < . .
MM. de Lesseps el David , nommes consuls de France a
Santa-Fe de Bogota el a Mexico , et M. Henri Ternaux qui est
sur le poinl d'entreprendre un voyage en Amerique , fonl des offres
de services a la Societe , et soUicilent des instructions. Renvoi a
la Section de Gorrespondance.
Proces-Verl/al de I'Jssemblee Generate, du 28 mars 1828.
M. le vicomfe Hericart de TImry, vlce-presidenl de la Societe,
ouvre la seance a 8 heures da soir, dans une des salles de Ihotel de
viiie , el annonce qu'une indisposition empechera M. le conile
Cbabrol de Crouzol, de presidcr celie reunion.
Apres la lecture du dernier proces-verbal, on passe a celle de la
correspondancc. M. le contre-amiral baron Ixoussin adresse des
reclamations tendantes a montrer linconvenance des reflexions
presentees recemment a la Societe de Geograpiiie sur la pretendue
imperfeclion des carles de la coleoccidentaled'Afrique a la hauteur
du desert de Sahara. Cet officier-general s'elant personnellement
occupe, en 1817 et 1818, par ordre du Pvoi, de I'exploralion liy-
drographique de ces parages , a lieu d'etre surpris que les naviga-
teurs puissenl s'y croire encore exposes a des dangers Ires-in-
quielans; el II s'etonne surtoul que les precautions a prendre pour
eviter les dangers reels solenl encore si peu connues desnavigateurs.
Celle leltre remplie de fails positifs et pleins d'interet est renvoyee
a !a Commission du Bulletin.
1 36
Unc IcUre relative a lintroduction en France »le la brebis dn
Sifan et (lu uiouloii Purik , fixe latlenlion «le la Sociele; clle csl
renvoyee ainsi que <lcux nioinuires siir eel iiiiporlaut objel, offcrls
par lauleur, M. Key, fabrlcant ile chales , a Texamen dc la Com-
mission centrale. 11 en est tie mtime d'une lellre de M. Theodore de
Lesseps.iNomme vice-consul a Sanla-Fe de Jiogola, il offre ses ser-
vices a la Sociele de Geographic, et demandc les instrumenset les
inslruclions nccessaires pour lui servir cl le dinger dans les obser-
vations auxquellcs il devra sc livrer.
La Sociele entend avcc plaisir la lecluro d unc notice dc .M. Ic
baron Coqueberl de Moiitbret, sur la hauteur de quelques uues des
tnonlagnes d'Asie et d'Amerique.
Lemcme savant fait ensuile au nom d'une commission composee
de M3I. Jomard, Ch. Dupin, Girard, Puissant, el lui, uu rapport
sur le concours rehitij a la ilescrlplion d'une region naturelle de la
France. Jitu^i ouvrages ont etc prescntcs; et, quoique les auteurs
naient pas parfailementremplitoutcs les condilionsdu programme,
la Soclcte n'a pas cru devoir s'armer dune seviiritc excessive : en
consequence elle a accorde le prix offerl de l^oo fr. , au mcmoire
N" 2 , ayant pour litre : dc Velat ancicn ct de Velat aetuel de la Laie
du Mont-Sl Michel ct dc Cancale, dcs marais de Dol et de Chdleau-
neuf, et des emnrons de St-]\Ialo, depuis le cap Frelwl jusqu 'au Coten
tin. L'auteur, dont lo nom cachelc n'a ele connu qu'apres le jugc-
ment de la Socicte, est M. F. G. P. B. Manet, prelre, ancien chef
dinslilution , rcsidant a St-Malo. On a fail egalement connaitrc
l'auteur du mcmoire, n° i, M. Jean-Michel Fab re , demeurant a
Bourges, qui a presente la description physique du lassindu Cher ,
et auquel la Sociele a cru devoir decemer une medailled or a titre
d'encouragement.
A ce rapport a succede celui sur le nii'ellement dune portion no-
table d'une rioiere ou d'un flawe de France. Deux memoires seule-
ment ont ete juges dignes dc I'approbation de la Sociele. Le nom
de leurs auteurs a done et^ proclame, (•[ la mcdaiilo d'or propos>^r
,37
Icur a ^le remise. Le piemicr, M.Lcpcudry, s'cst occupd <3u ni
\<ellaneTU dc laSoriinir.depuis SainL-Slrru-on, cnlreSuhil-QufnlinetJIam,
jusqu'a la mi'.r , sur un dheJoppemeni de 178,560 metres. L'autre,
M. Marc Jodol, a doHnc le n'wellemcnl d'une purlic dcl'Oiac, mire
I'emhuurhnn; de I'/lisne el crilc. de I'Oise dam la Seine , sur un deoe-
loppcmenidc 102,000 mclres. MM. Lcpcurlry ct Jodot sont tous Jes
deux niernbrcs de la Socieli; de (ieograplile.
Aprcs la proclamaljon dcs prix , M. Joinanl lit I'exlrail d'laric
lellre de Tahasco, ecrile par JJ. F'" Corroy, medccin dirccteur de
I'hrkpilal rriililaire, el relative aux ruines de ranclenne villc de Pa-
lenque, danslc Guatlmala. L'auteur offrc d'envoycr a la Societ<' de
(leograpliic , la description el le dessin des oLjcls les plus rernarqua-
Ijles , el les plus propres a faire connattre un point aussi important.
M. G. iJarbid du Bocage donne lecture de plusieurs lellrcs de
M. Rousseau sur rinterleurdel'Af'riqne el les voyages de MM.Laing
el Cvlapperlon.
On fail ensuile I'annonce des prix offcrls par la Soci(;td en 1828,
cc sont :
i". Unc medaillc d'or de 1000 fr. pour le voyageur qui aura
fait dans le cours de I'annee 1828 , la decouverte la plus impor tan le
en geographic.
2". Une medaille de 5oo fr. pour le voyageur qui, pendant le
nieme Intervalle de temps, aura communique les notions les plus
utiles auxprogres de la geograpliie.
La Societe devant aux tcrmcs dc son rf^glemcnt rcnouvelcr son
JJureau :» celteepoque, on s'occupe du depouillement du scrulin,
ouvert des roriginc de la seance. Les resultats en sont proclam(^s
ainsi qu'il suit :
President, M. le haron Cuvier.
VIce-Presidens. MM. le comte de Laborde ct le vicomte Simeon,
Secretaire- General. M. le capitaine Uuperrey.
Scrutateurs. MM. le baron Roger el le baron Roussin.
La seance est Icv^c a 10 heures.
t38
§ -1, Admissions^ oiwrages ojjerls , clc.
MEMBRES NOIJVELLEMENT ADMIS DANS LA SOOIETE.
Seance du 7 mars.
M. Clement-Mullet.
Seance du -sl i mars.
M. Clement, capilalne au corps-royal des iiigenieurs-g^o-
g raphes.
M. DE Tessedik , allache a I'ambassade tl'Aulriche.
ASSEHBLEE GENEnALE VU 28 MARS.
M. le capilaine A. de Capell-Buooke , M. A. F. 1\. S. , elc. ,
memhre donateur.
M. de Beskovv , chambellan de S. M. le roi de Suede ct dc
2*^or\vege.
M. CoLARD , inslituteur des Enfans de France.
M. Danufeldt, colonel au service de S. M. le roi dc Suede.,
M. le Devitdar-Effendi.
M. da Egana , minlstre plenipolentiaire du Chili, a Londres.
M. iienjamin HuGER , ingenieur au service des Elats-Unis.
M. Jarry de Makcy, professeur d'hisloire de I'Acadeniie de
Paris , etc.
M. le Muhurdar-Abdy-Effendi.
M. le prince de Salm-Dyck.
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE.
Seance du 7 mars 1828.
Par M. Denaix : Tableaux gengrapliiques /ii'slon'i/ur.s , iiu/h/iiai,( ht
1 39
tliatributioii ct le denomhrement des peuples^ et des religions dans les di-
i'fis ctats del' Europe, Vans , 1828 , 2 feuilles.
Par M. Loriol : Geograpliie physique et historique de la France,
parBassins; Paj-is, 1828, i vol. in-12.
Par M. I3upin : Nai'igdlion iiitcriatre dc. la France, Paris , 1828 ,
in-12. — Forces elccLurules a la fin de i^i-j , el situation progressive
clfS forces de la France , depuis 18 1 /i. , 8'. edilioii, Paris, 1828, in-12.
— Tableau compare de l' instruction populairc uvea I'industrie des de~
pariemens , d'apres rexposition de 1827 , in-8''.
Par M. Grave : Annua ire stutistique et administratif du departe-
ment de I'Oise et du diocese de Beauvais pour les annees 1826 , 1827 et
1828 3 vol. in-8".
Par M. G. Jacob : Notice sur la rarete des medailles antiques, lew
iHileur et leur prix , elc. , Paris, 1828, une brocli. in-8".
Par M. Spencer Smith : traduction en anglais du Voyageur, dis-
coitrs en vers par yl. Bruguiere , Laron de Sorsum , Caen, 1827 , in -8°.
Par M. Sicard : Precis historique sur M. le comte Grenicr , lieute-
naul- general des aimees du Roi ; Paris, 1828, in-8".
Par M. Bajot : Annales muri limes et coloni ales , cahiers de Jan-
vier el de fevrlcr, 1828.
Par M. de Leuven : Journal des Voyages, call, de Janvier.
Par la Societe Asiatiquc : Journal Asiatiquc , call, de fevrier.
Par la Societe de la Morale rlirelienne : Journal de cette Societe ,
a- 48.
Par la Societe de la Charente : Annales de cette Societe, cab. de
jiovembre el de decembre , 1827.
Par les auteurs : Plusieurs immcros du Globe.
Seance du 21 mars 1828.
Par M. dc Capell iJrookc : T'ues d'hit'er en Laponie , illuslratives
tl'un voyage ei.trrpris au mois de decembre, et en grande par tie j ait en
Iraineaur, tires par des rennes , etc., Londres , 1827, i vol. in-foL
Par S. E. le ministre des affaires etrangercs : Les Monumens de
i4o
de la Fraiue, par M. le coiiite de Laborde, aj' livraison , lii-fol".
— Auteurs classtqiies latins, tomes gi , g2 , q3 et 04.
Par niadame Malle-IJriiii : Melanges srientlfiqucs et lilieraires de
M. Malie-Brun, Paris, 1828 , 3 vol. in-8".
Par M : JSouveau projct de palxperpeluelk cntre tousles pcuples
dc la ciireiieute, elc. , Paris, 1826, 2 vol. in-8".
Par I\i. Jullicn : Revue eticyrlopedique , calilcr d(! fcvrlcr.
Par M. dc Fcrussac: Bulletin des sciences gcographiqucs, caliier di;
fcvrier.
Par M. Leuven : Journal des Voyages, caliicr de fevrier.
Par la Societe de la Morale chretierinc : Journal de cett-e Societe,
n" 49.
Par M. Arthus-Berfrand : Bihliotheque physico- economique ,
caliier de mars.
Par M, Schumacher : Description d'un instrument qui a servi a
mesurer la base de la carte du Jlolstein, iii-4.".
Par les auteurs : Plusieurs numeros du Globe.
Seance generate du 28 mars.
Par M. Lapie : Carte generate de la Grece modcrne, Paris, 1828,
une feuille,
Par IM. Klaproth : Memoire sur les sources du Brahmapouira et de
riraouaddy , Paris, 1828, in-8''.
Par M. de Lewchine : Notice sur le flcui>e Syr, Paris , 1828 ,
10-8°.
Par M. le baron Roussin : Memoire sur la navigation aux (tUes
occidentales d'Jfrique, Paris, 1819 , in-8". — Suite du Memoire
sur la navigation aux cotes occidentales d'/ifrique , Paris, 182 1 ,
in-8'.
Par M. I'eissier : Note sur llicciacum , station ou lieu de gttc nii-
lilaire sur la voie romaine de Metz a Treves , in-8°.
Par M. lley : Memoire sur le mouton Purik observe par M. W.
Moorcroft , in-8''. — Memoire sur la brcbis du Sifan , in-8".
ParM. Coulier : Desfauxcn ecntures, tant pri^'ces t^uc puhlujiics ,
el des moyens de s'en garantir , iu-4.°.
Par M. Toulouzan ; V Ami du lien , 5'^ cahier.
Rapport sur deux memoires relaiifs au nii^ellement hydrographique d<-
Vinterieur de la France.
La Sooiete de Geographic , penelree de rimportance des com-
municallons naturelles que peuvent offrlr les fleuves et les rivieres,
a cru devoir fonder annuellement dix medailles d'orpour etre de-
cernees, a litre d'encouragement , a tout irigenicur ou autre per-
sonne, autcur d'un nivellenient geometrique d'une parlie notable
du cours des fleuves ou rivieres de France.
La Societe a eu roccasion d'offrir I'annee derniere une medaille
a M. Jodot pour un nivellemcnt d'une parlie de la vallee de la
Meuse. Celte annee il est parvenu a M. le president de la Commis-
sion centrale deux aulres memoires de nivellement qui ontete ren-
voyes a I'examen d'une commission speciale composee de M. le
general Haxo , de M. le lieutenant-colonel CoraLceuf et de moi. Je
vais rendrc compte du rcsultat de eel examen.
Le premier memoire renfenne un nivellemcnt de la Somme dcpuis
Si-Simon, enfre Saint-Qucnlln et Ham jusqu'a la mer, sur un de-
veloppemeiitde 178,560 metres, a pen pres4-4 lieues communes et
sept dixiemes. II a pour devise :
Mon desir, en rherchant une recompense , est d'etre utile.
Lc travail de I'auleur se rapporte a deux etals dlflcrens de la ri-
viere: il la considere d'abord dans son ctat primilif quand li n'exls-
lalt encore qu'une navigation Imparfalte entre Amiens et lamer;
un plan special indique la distribution des eaux a celte epoque ; de-
puls, dc grands travaux ont ete entrepris pour rendrc la Somnic
navigable depuis St-Simon jusqu'a son embouchure sur un devc-
Inppcmcnt dc plus dc 44 l»<'u<'s , connu pour celte parlie sous le
110111 (le Canal J'Anguuleiiie, lequel se liou\c faiie pailie tie la ligric
navigable entn; Paris ct la iiier par la Seine et TOisc.
L'aiiteur expose dans son nicmoire les Jifferenles circonslanccs
tlu cours tie la riviere dans ce nouvel etal, el il facilite linlelligence
de sa description , au inoyen d'une Ires-bonne carle hydrogra-
pliique d'enseinble , qu'ii a jolnte a son travail; il fait connaitre
enfin que les travaux d'art sonl acluellement tennines a Texceplion
d'une tres-petlle portion pour la iraversee d' Abbeville , et que le
canal sera entierenienl livni a la navigation dans inoins d'une
anncc.
Des profils faits avec soin dans lesensdu cours de la riviere ac-
compagnenl le niemoire, et font connailre en un grand nombrcde
points, I'elevation de ses rives, et celle des bancs de la baie. Enfin
un tableau general donne leseleinens el les resultats numcrlques de
tout le nivellement.
Ce niemoire rlche eu renseignemens utiles a paru fait avec
conscience et meriler, outre le prix du concours, des eloges parti-
culiers : en consequence voire Commission vous propose de de-
cerner a son auleur, conforniemenl au prograjnme, une medaille
d'or de la valeurdc loo francs.
j\ i'l'ellemenl d'une partie de la riviere de I'Oise.
Un autre mcmoire sur le nivellement d'une parlie de la riviere
de rOise est aussi parvenu a la Commission centrale ; celui-ci a
pour devise: Les progres de la nai>igalion, du commerce et de I'industrie
sont lies ii ceiix de la geographic.
Ce nivellement comjjrend un developpcmcnt de 102,000 metres,
20 lieues communes, enire remboucliure del Aisne elcellede I'Oise
dans la Seine.
Le memoiredescriplif a (rcs-pcu d'elendue ; mais il est accom-
pngne comme le precedent des profils en long, indiquant I'elevation
1+3
ue la surface ues eaux de I'OIse a I'epuijue do I'cliai^i; ct cclle <ie
celte surface a Tegard du fond du clienal.
Un labieau dolaiile presenle egalemeut les elemens et ies re-
sulials de lout ie liivelJement sur i'exaclilu<le diujuel nous iie for-
nions aucun doule ; niais nous aurions desire, toulefois , qu'on edt
indique les precedes geouictrjqiies sur lesquels il est etabli, et cetle
remarque doit s'appliquer aussi an nicnioire precedent sur le cours
de la Sonnue.
L'auteur a rempli les conditions du programme, et nous devons
faire remarquer que le nivellement qu'il a recucilli et qu'il soumet
a la Sociele, pourra facilement elre lie plus tarda celui de la Sonime
et former r.n ensemble precieux, puisqu'ilne s'agit plus que de ni-
veler le canal de Picardie qui unit TOise a la Somme sur unc lon-
gueur de 4- 3 5 lieues seulemcnl , pour obtcnir un nivellement com-
plet par une autre voie que celle dela Seine enlrc Paris et la mer,
el ce rcsuhat deja fort important pour Fhydrograpliie de la France
dont vous vous occupez, sera le fruit de voire soUicilude et de vos
encouragemens.
La Commission croit devoir vous proposer de decerner une me-
daiilc d'or de la valeur de loo ir. a l'auteur du nivellement d'une
partie du cours de TOise.
Paris, 7 mars 1028.
Signe a Toriginal par Ics niembres de la Commission, general
Haxo; Corabceuf ; chevalier IjOnhe, rapporteur.
Rapport sur Ic concours relalij a la description d'une region naturelle
de la France.
Des commissaires , pris dans la Commission ccnlrale de la So-
ciele de geograpliie, et auxquels se sont reunis MM. Girard et Jo-
niard , menibres du bureau, ont fait , par I'organe de M. Coqueberl-
Monlbret, le Rapport dont iJs avaient ete charges sur le concours
rclalif .i la description dune region naturelle de la France.
])cux ouviagesavaienl t'ld adresses h la Soclcld : Tun , cnregistie
sous le n" i", porle ces mots pour epigraplie : f Amour du vrui ful
toujours mon guide. 11 est intitule : Essai sur la description physique
du bassin du Cher.
L'aulrc, inscrit sous lo ii" 2, a pour litre : J)e Velat ancien et de
Velat actuel dc la bale du jnont Saint-Micliel et de Cancale, des marais
dc Dol et de Chuleauneuf, et des em'irons dc Saint-lMalo, depuis le cap
Frrhcl jusqu'au Colenliii. L'aulcur a pris dans le livre XV des Me-
tainorpiioscs d'Ovide lepigraplie suivante :
Villi fgo quoi] fuernt quondam solidissima tellus ,
Esse freluin
Quodque fuit campus, vallem decursus aquarum
Fecit et eluvie mons est deductus in aequor.
Une premiere observation , qui s'applique aux deu\ ouvrages ,
c'est que leurs auteurs paraissent avoir pense qu'en demandant la
description d'une region naturelle , la Societe avail cnlendu unc
description puremcrtl physique, tandis que son but a ete, qu'apres
avoir substitue des limiles prises dans la nature a celles que don-
nentles circonscriptions administratives, et avoir determind ainsi une
region dont les differentcs parties offrissent des analogies natu-
relles au lieu des rapports arbitraires et variables qui resultent des
divisions poliliqucs , on s'attach^t a decrire unc telle region avec
tousles details que comporte une bonne geograpbic speciale , et no-
tamment qu'on ne negligent pas de faire connaitre le nombre, la
constitution pbyslque, les moeurs,les occupations des babitans,
c'est-a-dirc , conime s'exprime le programme, les rapports physiques
et moraux de la region.
Sans douts cette explication previendra toute meprise a I'avenir.
L'auteur du Memoire n° i"^". annoncc par le litre de son
ouvrage unc description physique du bassin du Cher ; ct cepen-
dant il n'a decrit les contrees arrosecs par cette riviere que dans
la portion de son cours qui depend du dt-parlcmcnt auquel clle
donnc son nom : dc sorle qu'en rcalile, il a subordonne son tra-
vail a la circonscription acliiiinislrativc, ce qui est conlrairc aiix in-
tentions tie la Soclete. Pour se conformei' a son litre, il aurait dA
prendre le Cher depuis sa source , dans le departement de la Creuse,
et le suivre a travers ce departement el celui de I'AUier , jusqua son
embouchure dans la Loire pres de Tours, sans negllger la petite
portion des departemens de Loir-et-Gher et d'lndre-et-Loire qu'il
arrose egalcment. Au lieu dc cela, Tautcur ne fail aucune mention
de la partie superieure du cours dc celte riviere , jusqu'a ce qu'elle
entrc dans le departement du Cher, et il cesse de s'en occuper des
qu'elle en sort. L'auteur nc s'est done pas conforme, sous ce pre-
mier rapport, aux intentions de la Soclete el a ce que le litre du Mc-
irioire prometfait. ■ .'
11 est lonibe dans une seconde erreur, mais plus excusable, en
considcranl le bassin d'une riviere comme une region essentiellc-
ment natiircUe, dans le sens que la Soclete attache a ce mot. Le
bassin d'une riviere ne dolt oblenir cette denomination de region
naiurellc qu'aulanl que le pays sur Icquei ii s'elend offre dans toute
son elendue une meme constitution physique de laquellc rcsultenl
les mcmes productions, le meme genre d'agriculture, et generale-
menl parlanl, les memes habitudes populaires , loules choses qui
sont en relation les unes avec les autres. l\icn n'esl plus different,
par exemple , sous ces divers rapports, qu'un pays granilique, tel
que la parlle du sud du Bern, et un pays de plaines calcaires, tel
que le reste de celte province. On eut passe a l'auteur de compren-
dre dans une meme description toute la partie calcaire, quolqu'll
ait du y reconnaitre des bandes de differenles natures ; mais on ne
sera pas d'accord avec luilorsqu'Ilreunlt dans un meme cadre des re-
gions naturelles aussi disllnctes que celles dont nous venons de parler.
Comme region naturelle, le sud du bassin du Cher se ratta-
che a la vasle coiilree granilique qui cnibrasse le Limousin , la
Marche el le IJourbonnals. Mais le centre et le nord du meme bassin
appartiennenl, sauf une llgne de terrain de translllon succedanl
au granit, a deux bandes, I'une de calcaire horizontal anclcn , I'anlrc
i4G
lie la formation de la ciaie, lesquelles s'etendent Tunc el 1 auUe tlu
N.-N.-E. au S.-S.-O. , sur ies (iepartcinens adjacens.
Ces observations n'auronl rien dc blessaul pour I'aulcnr du Mc-
moire, an mdrile duquel nous rendons d'ailleurs enliere justice.
11 ne nous blamera pas non plus de regrelter qu'aux details etendus
et plu3 ou moins exacts qu'il donne sur la mincralogic du deparle-
ment du Cher , il n'en ail pas joint de semblables sur la zoologio et
la bolaiiique, el qu'il se soil borne, dans ce qu'il dil de la nieleo-
rologic , a indiqucr , pour Irois annees , le nombre des jours de pluie ,
de neige, de gelee , et ccux oil Je vent a soufile de differens points
de 1 horizon. Aucune parlie de la France n'est placee plus avanla-
geusement que le departement du Cher, pour des recherches sur le
climal, Ies planles, Ies animaux, la longcvlte, etc., dans le centre
du royaume. 11 doit cet avantage au peu d'elevatlon de son
sol , a I'eiendue de ses plaines , a son eloigncment des differenles
mers. Lcs observations qu'on y ferait pourraient servir a etablir,
en quelque sorle, un eial normal, duquel on parlirail lorsqu'on
aurail a dccrire d'aulres regions, en indiquant jusqu a quel point ces
regions se rapprocbenl ou s'eloignent de cet etai normal sous dif-
ferens rapports.
jNous croyons I'auieur fort capable desalisfaire a ce besoin de la
science, lorsqu'il voudra donner cette direction a ses travaux.
Nous passons maintenant au Memoire sous le n" 2.
La contree niarillnie que I'auteur y decrit ne se borne pas a un
departement; elle comprend, a la droile du Couesnon , une pelile
portion du departement de la Mancbe , el a la gauche de celle ri-
viere , une portion du deparlement d'l!le-et-Yilaine. Ainsi ,
I'auteur a compris qu'il ne devait pas s'assujelir aux divisions ad-
ministralives. Celte contree est mdarcllc, en ce sens qti'elle bonlc
Ies menies parages , qu'on y trouve Ies niemes phenoiiienes dans
Ies marees, Ies m^mcs greves, des rochers isoles semblables Ies
uns aux aulres, que Ies habilans se livrent aux memes genres de
travaux, que ses coles onl essuye Ies memes revolutions, el sofli
'^7
cxpossies a <les dangers qui exigent Jes precautions analogues.
Peut-^tre pourra-l-on quelque jour einbrasser un pius grand en-
semble, el conslderer coinme une meme region tout le golfe com-
pris entre la cole ouest du Coteniin H la cote nord de la Bre-
tegne , en decrlvant simullaneinent, non - sculemeut, comme i'a
fait Tauteur du Memoire adrcsse a la Societo, Ics ilots et ecueils dc
la cgte franc^aise, mals encore les iles anglo-normandes de Jerse\ ,
Guernesey, Aurignyel Cers, etc., qui sont placeesdans les niemcs
circonslances naturellcs, el en tenant complc dc la configuration
du fond de la mer dans lintervalle qui les sopare de nos coles, con-
figuration qui, suivant toutc apparence , parlicipe de celle des tcrrcs
adjacentes.
En reconnaissantquerauieuresteritrL' dans I'esprit du Programme,
nous ne prelendons point qu'il en ait renipii toutes les conditions.
11 n'a rien dil du climat ni des productions, a I'exceplion des
poissons, qu'il indique seulement par leurs noms vulgaires. 11 a passe
les planles sous silence. II s'excusc de n'avoir pas parle du genie et
des moeurs des liabilans, en molivanl cct oub!i sur ce que ce sont
des objels assez connus (pcui-elre aurait-i! du songer que ce qui
elait parfailement coimu a Saint-Malo pouvait ne pas I'etre egale-
ment ciileurs); mais du moins il a senli que les details qu'il croyait
pouvoir omeltre etaient du nonibre dc ceux que la Sociele deman-
dait ; el sur ce point nous lui devons une remarque curieuse,c'estque
malgre la conliguitj de la Normandie el de la iJretagne , qui ne sonl
separees dans celte parlie que par la tres-petile riviere du Couesnon,
les babitans des deux rives, au lieu de sc fondre par nuances insen-
sibles , comme on aurait pu le supposer, offrent des differences
Iranchees relalivement a Tair du visage , au costume, au langage,
a la prononciation et aux manieres. Nous esperons que I'auteur
voudra bien ddvelopper et etendre ulterieurement ces aperCjUs inle-
ressans, lors qu'il suppleera ace qui pent manquer a son travail
sous d'autres rapports.
Le travail, amcliore ainsi par ses soins, pourra occuper ui:c
1^8
place dlslliiguce dans Ics 7»Icinoires «le la Sociclo, et oifrir uiie
lecture lout-^-la-fois inslrucliveet aniusantc. On y vena surlout
avoc interet I'liistolre des changemens physiques survenus dans ces
parages, el par reffi>l desqucls, suivant les expressions d'Ovide
que I'auleur a prises pour epigraphe , les plaines ont ete cliangecs
en vallces, des niontagnes se sont trouvees entourees par les eaux;
et la terre fcrnie est devenue un domalue de la nier; oil, comme
le dil Horace, cite aussi par Tauteur : Des poissons de loute espece
visitent aujourd'hui les lieux dans lesquels les raniiers aimaienl a
se percher autrefois.
C'est par un tableau rapide de ces grands changemens que de-
bute I'auteur.
Peut-elre, quelque interet que puissent presenter les prcuves
et meme les conjeclures de I'auteur sur I'etat anclen de cetle con-
tree, croira-t-il utile d'elaguer quelques details purcment hislo-
rlques , et de fortifier de nouvelles preuves quelques-unes de ses as-
sertions sur I'cpoque du grand bouleversement de ce littoral. Peul-
etre aussi sera-t-il convenable qu il fasse disparaitre tout ce qui se
rapporte aux troubles civils de la fui du siecle dernier. Enfin nous
serions d'avis que la plupart des notes niullipliees et Ires-etendues,
qui , au nonibre de 60 , occupent 80 pages du nianuscrll , fusseut in-
tercallees dans le texte, en les reduisant a <le justes proportions. Au
reste , ces changemens de redaction scront du ressort de la section
de publication , qui se concertera , a ce siijcl, avec I'auteur; etnous
n'avons cru devoir les indiqucr id que pour modilier jusqu'a un cer-
tain point I'approbalion que I'ouvrage nous a paru meriter au total.
Des observations critiques, aussi legeres qne bienveillanles, sonl
pcul-elre plus (latteuses pour un auteur que des eloges accordcs sans
restriction et d'une nianiere Irop absolue. II y a long-temps qu'on
I'a dit : qui approuve tout n'approuve ricn.
En resumd, la Socicte, deslrant s'altacher dans les deparlemcns,
des correspondans inslruiis el zeles, capables de propager 1' amour
el la culture de la geograpliie, n'a pas cru devoir se montrer armec
t'!9
dune severil(i excessive ct decouiageaiile. On a espere, en agissani
ainsi, determiner un plus grand nombre <le concurrens a se pre-
senter, et exciter ceux qui ont deja repondu a noire appel , a faire
des efforts pour obtenir des succcs plus dccisifs.
En consequence , il a ete decerne au Mcmoire sous le n" 2 Ic
prix de 4^00 francs, qui est celui de seconde classe, offert par la
Societe ;
Et au Memoire sous le n ' i une medaille d'or, a titre d'encou-
ragemcnt.
CI). DuPTN, GlRARD, L. PuiSSATifT, JOMARD,
£t CoQUEBERT-MOiSTBRET.
I [
l5n
TROISIEME SECTION.
DOCUMENS, COMMUNICATIONS, NOUVELLES GEOGRA-
piiiQLES, etc.
AFRIQUE.
Documens sur I'Afrlque centrale, exiralts deplusleurs lettres de M. Rous-
SEAU, consul-general et charge d'Jff aires de S. M. T. C. pres la
Regence de Tripoli de Barbarie, communiques h la Societe de Geo-
graphic dans son assemhlee generale du aSmars, par M. G. Car-
BIE DL" BOCAGE. (i).
Dc'coiivertes dans Pinte'rieur de rAfriqiie. — Revolutions politiquesaTom-
boiiktoii. — Mort du major Laing et du capitaino Ci.APPERTON. — Ouvrages
arahes sur ces contn'es.
Depuis long-temps les bruits les plus contraflirloires se sont re-
pandus dans toutes les contrees de I'Europe sur les everieniens qui
onl eu lieu dans Tinterleur de I'Afriquc , ou dinfatigables vova
geurs, par leurs efforts reiteres, ontcependant trouve le inoyen de pe-
jielrer nialgr^ tant d' obstacles qui paraissaieul insurmon tables.
L'anxiete la plus grande regiie sur le sort des inalheureux Laing
cl Clapperton, derniers explorateurs de ce vaslc continent el
dernieres victimes dun grand devouement a la science. Les jour-
naux ont alternalivenient affinne , dementi el confinnc leur morf.
Peut clre, nialgre tout cc qui a pu elre dit a ce sujel, la Sociele de
Geographic n entondra-t-ellepas, sans inieret, les details curieux que
j'ai ele a meme de recueillir, et que Ion doit a un de nos collegues ct
de nos correspondans les plus zeles, a M. Rousseau, consul-gene-
(i; Tous ces documens rec;usaPans an mois dc mars i8q8, out <'U' lusa la
memo ('poqiie, a I'lnslilul, a PAcadcmie des Sciences ct a ctllc dcs Inscrip-
tions-ct-Bellcs-Lctfres.
i5i
ral cl charge d'affaires tie France pres la Rifgence dc Tripoli de
Barbaric. Ccs nouvellcs soiit reiifermees dans cinq letlres donl
voici Textrall. "
Sukkara-ies-Tripoli, le 5 avril i8-'.7.
Consulat general de France a Tripoli de Barbarie.
M... , je m'empresse de vous ecrire pour vous informer
que le major Laing, donl on avail precedemment annonce la
fin tragique, a reellement peri viclime de sa courageuse perseve-
rance , apres avoir pu neanmolns visiter la fameuse ville de Tom-
bouktou. (i) Le pacha vient de me communiquer cet avis d'apres une
letlre que le gouverneur de Ghadames, son lieutenant, lui a ecrite
(id hoc, et qui est parvenue ici , en moins dc quinze jours , par
courrier extraordinaire.
Le voyageur anglais , que Ton disait d'abord avoir succombt"
sous le fer des brigands dans ie territoire de Touall , n'y avait
ete que blesse ; de maniere qu'apres avoir echappe a cc premier
danger, paries soins hospitaliers dun niaraboul, il s'etait enfin
rendu a Tombouktou. Peu apres son arrivee en ceite ville , les
Fellans dont la horde puissanle et beliiqueuse regne exciusivement
aujourd'hui sur les immcnses deserts de lAf rique centrale , vinrent,
au nonibre de Irente mille , I'y reciamer imperieusement pourlemet-
ire A mort, et « empecher par-la, dircnl-iis, que les nations chre-
» liennes , profilant des informations qu'il pouvait leur donner sur le
» Soudan, ne penetrassent quelques jours dans ces contrees eloignees
<• pour en asservir les peuples. » ( Ce sont les propres expressions
du Sckcikh dc Ghadames dans sa lettre au pacha que je traduis litlera-
lenienl. )
Le prince , qui commaude a Tomhoitlitou , refusa de livrer i"e-
(>) Dans une lettn; de , aofit 1827, M. iiousseaii a envoye a M. Barbi'-'
flu Bocage Textrait d'lni journal public manuscril a Tripoli de Barbaric, (vcl
fixtrait inst're dans ]i- Bulletin de la Socintc de Geograpbio leiilrinic
<tilr\nj|rc.s rboso.s, une I'otirp r]c M. Rousseau sur roinbouktoii.
tranger qu'il avail accucllli avec bienveillance ; et pour le sous-
Iraire a ranimosile de ses persecureurs , dont il ne voulait pas eii
m^me temps s'al tirer la vengeance , il Ic fit partir pour le Barn-
Sara , sous une escorle de quinze cavaliers clioisis dans sa propre
garde; mais atteintblentot par une bande de Fellans qui, luformee
de son Evasion, Tavait vivement poursuivl , Tinforlune Laing fut
iinpitoyablement egorge avec tous ceux qui I'accompagnaient.
Telle a ete la fin tragique du vovageur intrepide qui , le pre-
mier, apu penetrer dans I'enceinle dune ville uiysterieusc, objel
«ie tant de sollicitudes, et dont la connaissance echappera , sans
doute encore long-temps, aux investigations les mieux dirigees ,
puisque , sulvant toule apparence , il n'y a nul espoir de recouvrer
les papiers du mallieureux Laing.
En attendant, jourai I'lionneur de vous dire que les Fellans,
dont lambilion egale la ferocite, profilanl de la circonstance de
I'arrivee du major Laing a Tombouklou et de I'espece de protec-
tion qu'il y avail Irouvee , se sont euipares de celle ville en la
taxanl d un tribul annuel que ses habitans , incapables de leur re-
sisler, doivent leur payer desormais pour s'etre rendus, comme ils
\ts en accusent , complices des projets d'envahissement mcdiles par
les li'tfideles.
Ces derniers renseignemcns m'ont ete communiques par un
Scheikh de Tripoli qui a long-temps reside a Tombouklou. C'est
de lui que j ai appris qu il existe une blslolre iorl inleressanle de
cetle ville, qui en fail remonter la fondatlon .t I'an 5io de
i'hegire (i 1 16 de J. C.) et dont I'auleur est Sidi-Althmed-liala (i),
nzXxi di Aiawan , bourgade du pays des Kentes, peupladc conside-
rable du Soudan. J'espere me procurer cetle histoire avec les
(i) M- llousseaii, dans une autre lettre, a flonnci Torigine de Tomboiikton ,
d'apres Topinion He cet auteur arabe. Voir le Bulletin de la Socicl'J de Ge'n-
paphie.T. VUI.)
1 53
vovages du c^lebre Ibn-Buthaida , jusqu'i prc^sent si pen connus en
Europe (i).
Tripoli , le 8 avril 1827.
M , avant-hier, 6 du courant, aneuf Iieures du soir, je me
rendis au cliaiteau du Paclia , qui me re^ut avec ce ton de (ami-
liarite , de confiance et de Lonle qu'il a pris euvers moi. II me
parla de la mort du major Laing qui a etc assassine , comme je
vous I'ai annoiice par ma precedente , apres avoir visite la mysle-
rieuse ville de Tombouktou. 11 ne saurait elre responsable de eel ev^-
ment traglque qui s'est passe a plus de go journees de marche au-
dela de Ghadames , derniere place fronliere du royaume de Tripoli,
aussi le pacha deslre-t-il que les details que j'ai I'lionneur de vous
iransmelire sur le sort du voyageur anglais , soient publics dans
nos Journaus , afin que les gouvernemens comme les societes sa-
vantes de TEurope , qui s'iiiteressent tant au succes de cette noble
elcourageuse entreprise, saclient a quoi s'en tenir.
Tripoli , le 10 aout 1827.
M , la nouvellc de la mort du major Laing ne s'est mal-
heureusement que trop confirmee. Quant a Toinbouktou que le
voyageur anglais a dii visiter avant de perir victime des persecu-
tions des Fellans (ce sont les Fellatas dont parlent le major Denham
et Clapperton ) , je me persuade , de plus en plus , que cette villc
n'a jamais ele la capllale dun grand empire , comme on le croit
generalemenl. 11 existe de Sidl-/lhhmtd Bala A' ylrawan , sur lequel
se fonde en grande parlie inon opinion a cet egard , plusieurs
exemplalres dans le Soudan, et j'espere pouvoir m'en procurer un ,
pourvu que Ton puisse envoyer quelqa'un a Touait pour en faire
I'acquisilion. La depense que necessilerait cette mesure ne saurait
{\) Par unelettredu 24 mai 1827, adresse'e a M. G. Barbie du Bocage ,
et liise'ree dans le Bulielin de la Societe de Geographic, M. Rousseau annoncc
qu'il a ete assez heureux pour acque'rir le premier volume ■6'' Ibn-Bathouta.
I.e I' voliin)(' se Uouvc, ajoute-l-il, e'galement a Tripoli.
1 5^
gucre s'^lever a plus dim iniliicr do francs. J'al la confiaiice dc
croire que moyciinant le manuscrit dont il s'agil , nous aurions
I'avanlage de donner Ics premiers , au sujet de Tomboiiktou , des
renseignciiicus dautant plus positifs , qu'ils seraicnt lirc-s d'uii livre
dcrit dans les coiitrees inemes , oil se trouve cetle fanieuse cile qui
Gxe depuls si long-lemps rallenlion de 1 Europe savante.
Jc nic suis enfui procure un exeinplaire des ouvrages A'lbn-
Balhouta , en deux volumes que j'aurai I'honneur de vous adresser
avec la Iraduction que je me reserve d'en faire dans mes momens
de loisir. Un auire ouvrage m'est lombe depuis peu sous la main ;
c'esl 1 hisloire de Tripoli, donl je ne manquerai pas de vous pre-
senter des exlralts propres a en faire connailre les parlies les plus
inleressanles.
Le pacha a ete charme de voir publier par la voie des jouruaux ,
le recit des circonstances qui ont occaslonne la mort du major
Laing (i).
Tripoli , Ic i; ikivcuiLiv 1827.
M , par la precedente du 20 aoiit, j'ai eu Tlionneur
de vous confirmcr la nouvelle de la fin tragique de linfortun^
major Laing qui nest plus un probleme*
Je remplis aujourd'hui un devoir non moins p<^niblc en vous
informant que le capilaine Clapperlon , qui avail pris une di-
rection opposee pour explorer les regions centrales de TAlrique ,
a egalement peri victime de son devouement a la science. 11 paratt
avoir ele assassine (2) dans les etats du sultan JJei/u qui lavait si
(i) Voii- le Bulletin de la Socie'te' dc Geogaphic, t. viii.
(2) Des nouvellcs iLxentes, venues par le Senegal, confirmentl'assassinat
du major Laing. Cependant les Anglais etablissurb Gambic pretcndent avoir
des lettres de la m;iin du major Laing lui-m^me. — Quant a Clapperlon , son
domestique Richard Lander, revenu en Angieterre avec les notes de son
maitre, nousapprend que celui-ci estmorlaSakatou,lc i.l avril 1827, \ictiin<>
de I'influence du dimat , el de la dyssenterie.
i55
bicn accueilli la premiere fois; les uns disenl a Kanou, les autres ;«
Sakatuu meiue, capitale do ce prince du Soudan.
Quelques personnes prelcndenl que le voyagour anglais n'est
mort que de maladle ; mais un marchand Manre , arrive depuis peu
du Soudan , a declare s'eire rencontre avec lui a Sakatou dans les
premiers jours de mai , el que, peu apres son depart de celte ville ,
il avail appris son assassinat; avis qui a ete confirme par la cara-
vane arrivee il y a quelques semalnes de Ghadames , et surtout par
des leltres regues poslerieurement du Fezzan , de la part d'urx cer-
tain Cherlf-il-Fossi qui reside a Mourzouk , et dont on ne saurait
suspecter le temoignage. J'ajouterai a ce peu de details, que je vous
donnc tres a la h«tte, que Ion sait aujourd'hui d'une maniere po-
sitive que Tomboukioii a passe sous la domination des Fellans on Fel-
lalas ; el que c'est le nomme Alihmed-Labbou , parent de Bella , qui y
ronuncnide.
Je vous ai expose dans ma lettre derniere que moyennant un de-
bours de mille francs , je pouvais me procurer I'hisloire de Tom-
houldou , par Sidi-Ahhmed-Baba, A^Araanin , histoire dont il cxiste ,
a ce que Ton m'a assure , des exemplaires a Touait. Je dois vons
prevenir aujourd'hui que je me suis determine a envoyer directement
dans le Soudan, par la voie An Ghadames, un lionnne de confiance
charge de faire Tacquisition de cet ouvrage precieuK ; el j'espere ,
avant cinq niois , vous annoncer que je I'ai en nia possession; je
me propose de le faire connaitre moi-meme en Europe , par ia
traduction que je publierai.
Tripoli, ie lo ddcemhie iS.>7.
M Par quelques observations que mon confrere M. Jo-
mard a communiquees a I'Academie des Inscriptions el iJelles-
Leltres , et qui se trouvent consignees dans les n"* 48 et ^9 (p^gcs
2o3 et 2o4) du Bulletin de la Societe de Geographie , j'ai vu que
ce savant s'est attache a refuter les informations que j'avais eu pre-
cedemment Thonneur de vous donner sous la dale du 5 a\ ril , rria-
1 56
tiveincrit a la iiiorl du major Laing. Dans les n"* subsciquens, 5i
el 56 Ju nieme Bulletin (pages aS et 26), M. Joinard fait ob-
server, lorsque vous avez communique a la Societe ma letlre porlant
I'avis confirnialif tie ce funeste evenement , qu'il est peu probable
que le consul brilannique a Tripoli , beau-pere du voyageur , ait
ignore sa triste fin ; mais en ayanl regu la nouvelle avant lui , je
m'etais trouve en mesure de la transmettre le premier en Europe.
Je m'empresse de vous presenter de nouveaux details sur les
circonslances qui out precede , accompagne et suivi la morl du ma-
jor Laing : ils sont puises a des sources dont on ne saurait contes-
ler laulhenticite.
Avant que les Fcllans ou Fcllatas sc fussent rendus matlres de
Tombouktou , vingt-quatre chefs parml lesqueis se irouvait une
femme nommee Nana-Bej'ra ( princesse-mere) commandaient si-
multanement dans cette vllle. A I'arrivee du major Laing, I'un
d'eux nomme Othman-1Voud-Qdid-Abouhekhr , raccueillit dans sa
maison a la reconimandalion du Slieikh-it-J^loklitar , cliez qui il s'e-
tait refugie ( sur le bord du JNil des negres ) apres avoir echappe, par
les soins hospitallers du Marabout SlieikJi-Abou-Neuma de Touatt ,
au fer homicide des Hougars (i).
A peine les Fellans s'etaient-ils presentes dcvant Tombouktou
pour demandcr la tete du major Laing , que son bote Othmnn-
Ti^oud-Qa'id-Ahoubekhr le fit evader de nuil sous I'escorte de plu-
sienrs de ses domcsllqnes affidds , au nombre desqucls se trouvait
un certain Rc/ihal de la tribu des Brrablsches , vendu secrelemenl aux
Fellans ; et c'est cc meme Rehhal, qui ayant donne a ceux-ci I'avis
de sa fuile , lui porta lorsqu'ils I'eurenl atlelnt, le premier coup de
poignard.
,1) Les Hougfirs Tornient unc tribu indc-pendante et noinadc que les
Ffllans n'ont pu jusqu'a present assujelir. Leurs nonibreuses families se Irou-
vcnt disseminees enlrc Touatt et Tombouktou , et ne viveni que du brigan-
dage qu'elles exercent en atfaqiiant les caravancs au milieu des di'SiTts qui
separent ces deuj; villcs.
IvL's renseigiiemens ci-dossus sonl d'aulani plus aullioiillqucs
qu'on les doit a un iK-gociant Maure , natif de GJiadaines , rioiiimc
Muhhammed-il-Ahed , etabli depuis long-temps a Tomhouktou , le-
quel au mois de Djemazi-ul-Ewel i:>.li.i (ddcembre 182G) los a com-
muniques a son cousin Miihhammed-il-Azar , residant dans la pre-
miere de ces deux villes. La letlre de ce dernier , portant la date
dc Mohharrem 124-3 (aoAt 1827), est parvcnue a Tripoli, accom-
])agnee de celle de son parent, en original, dans le courani de
septembre 1827. — Ces deux documens m'ont ele promptemqnl
communiques, et je ue dois pas omettre de vous dire que ISluli-
hammed-il-Abed termine les details qu'il transmet a son cousin de
Ghadames , en le prevenant qu'il a cu soin de recueillir toutes les
parlicularites relatives a la fin tragique du major Laing , sur le
tcmoignage de plusieurs habitans de Tnmboukiou , ct de tons los
marcliands qui avaient fait partic de la caravanc , par laquelle I'in-
forfune voyageur s'etait rendu en celte derniere ville ; precaution
qu'il luiaparu, ajoute-t-il, nccessaire de prendre, afin de constater
I'innocence des Ghadamesicns qui sont sujets du pacha de Tripoli.
La relation de ces evenemens que j'espere me procurer t6t ou tard ,
doit naturellement conienir des renseignemens positifs sur les
principaux incidens du voyage du major Laing , depuis son depart
de Ghadames , et notamment sur Tattaque des Hougars , sur la ma-
niere presque miraculeuse dont il a echappe a ce premier peril ,
par la protection du MaraLoui Ahou-Nedma de Toiiatf ; sur son
arrivee et son sejour a Tomboiiktou ; sur I'etat social et les forces
mililaires de la horde des Fellans qui I'ont poursulvi , et cnfin sur
sa sortie de celte ville mysterieuse , et sur sa mort qui n'est plus
aujourd'hui un problemo.
J'ai du remarquer par les memes leltres susmentionnees, venues
(le Tojii/muk/ou et t]e Ghadames, que le sultan Bella, chef souverain
<lc la horde des Felhins , est un hommc lettre qui a compose plu-
sieurs ouvrages sur la politique, Thisioire et la jurisprudence : il
reside ordinairement a Sakatou. Son parent yihhmed-Lahhou s'esl
cmpaii- (le ToniLouktoti i\ I'occasion dc I arrivec du major Laine en
cetlc ville , et a aneaiili respccc d'oligarcliic qui y regnait.
Apres ce coup «lc main , Labbou a t'labli pour gouverneur unique ,
dans la ville conquise , le meme Oihinan-JVoud-Qdid-Jboubekhr ,
dont il a ete ci-dessus fait mention , e^^'est mis en marcbe vers
les regions de I'Oucst dans le but d'envabir le Bambara.
Les details que je viens de vous soumellre sonl en partie extralts
des deux Icttrcs dont il s'agit , el en partie recueillis de la personne
meme de Tripoli qui les a revues, et dont le rang, Tosprit cullivc
et les correspondances quelle entrelient dans Tinterieur de I'xVfri-
que allestent la veracitd. C'est encore a elle que Ton doit I'avis
de la mort de Clapperlon qui a peri, connne je vous en al deja
informe, a Sakatou, viclime de sa courageuse perseverance, mal
gre le bon accueil qu'il avail re^u du sultan Bello dans son premier
voyage au Soudan. Au resle , la double perfidie de ce prince afri-
cain qui a commando ou permis le meurlre du major Laing el du
capilainc Clapperlon , a la nation desquels il s'elail d'abord
monlre atlaclie , n'est a ce qu il parail que le resullat de la me-
fiance qu'ont dii lui inspirer des avis parliculiers qui lui designaienl
ces deux infortunes voyageurs comme des espioiis envoycs dans
le Soudan pour y recueillir des notions propres a en faclliler la
conquete a leur gouvernement.
Sigue Rousseau.
Ecrploralion des cotes d'Afrique. — L'amlraule anglaise vienl de
decider que le bailment Vlleclu serail employe a explorer les cotes
d'Afrlque. Le capilaine T. Bolder elleslieulenans Janibset P*ogier
sonl les prlnclpaux officiers qui doivenl faire partie de cetle nou-
velle expedition. Plusleurs jeunes gens s'y sonl rcunis , on espere
penelrei" dans I'interieur.
rSg
Culonie anglaise de Feriiando-Vo. — Voyage projete de M. Holrnan a
Angola. — Voyage de M. Park a AgUapa. {Extrait d'une lettrc de
M. C. MoREAU, datee de Londres^ du 2 mars 1828.)
Susceplible parsa position dedevenirle point central de lous les
ctablisseniens britanniques siir la cote occidentale de I'Afrique ,
Fernando-Po, vient d'etre le sujet d'une exploration nouveilc. A
peu de distance du continent, clle deviendra le vaste entrepot dcs
produlls du sol et de I'induslrie de I'Angleterre , que Ton doit espe-
rer pouvoir facilcment dlriger vers I'interieur des terres. Le climat
en est sain , et sur plusieurs points on peut la defendre par de
bonnes fortifications.
L'expedition nouvelle est arrivce le 27 novembre 1827 a Fer-
nando-Po, ou Maidstone- Bay ( ainsi nommee par le coinmodoi'e
JBuUen). Les capitaines Owen et Harrisson n'ont rien cpargne pour
la creation de celte importante colonic. A leur arrivee , tout le
pays ctait encore couvert d'arbres et de bruyeres; ils durent prendre
immedialement des mesures pour abattre ces beaux arbres qui fai-
saient rornement durivage, pour niveler le sol, etc. En moins
d'un inois s'eleverent des tentes elegantes, dcs liuttes commodes »
des forges et d'autres etablissemens que la creation de la colonic
rendait necessalres, et dont on avait apporte les nombreux mate—
riaux d'Europe. L'etablissement n'a encore que 6 milles de clr-
conference, mais le tcrroir est juge tres-fertile. Fernando-Po
peut, dit-on, delruire avec un seul baliment de guerre lecommerce
des esclaves , el dans la realile il n'esl aucune colonic qui, par sa
position , soil plus a laeme d'aneantir cet infame trafic qu'ont jus
qu'a present activement alimente tons les pays du continent qui s'eten-
dent de lienin a Jiiafra. Aujourd'bui que Fernando-Po est coloni-
S(5e, aucun batiment ne pourra risquer d'y aborder sans s'exposer it
etre aperi^u. On n'a eu qu'a se feliciter du caractere des babiians ; ils
paraissent fori doux. Plusieurs de leurs cbefs sont venus visiter en
i6o
corps MM. 0\vcii et Hanisson , et on I inonlrc les intentions les
plus pacifiqucs. II est vrai qu'on leur faisait des presens qui les com-
blalcnt de joie. La crainte qui d'abord s'elait einparee de loulesles
peupladcs, s'csl bienlot dissipec ; et aujourd'bul, elles vienneni
faire des echanges avec les colons; Ic fcr parait etre Tobjetde leur
predilection. Plusieurs Europeens enhardis parce premier succes,
se disposent a tenter quelques decouvertes dans I'interieur meme du
contlncni.
Le celebre vovageur Holman de la socicl(^ rovale de Londres qui.
quoique devcnu ooeitgk fort jeuue, n'en fit pas moins avec succes
des excursions dans divcrses contrees de I'Europe et principalenient
dans la Russie qu'il a si blen decrite , attendait a Fcrnando-Po
une occasion pour se rcndre i Angola ; il joulssait alors d'unepar-
faile sante.
M. Park ^ le fils du celebre Mungo-Park, accompagne d'un
voyageur dont le nom m'est encore inconnu, a quitte Accra le 29
septembre dernier pour se rendre a Maupoiig et Aguapini , ou il
arriva le 5 octobre. Le 5 il etait a Acrapong, capitale de I'Agua-
pim, oil il n'est reste que 5 jours. Le 10 il se remit en route pour
Aguaba ou II est arrive avec son conipaguon le 16 octobre. Ces
voyageurs ontde bons instrumens , des notes et des renseignemens
precieux, beaucoup de presens a offrlr ; lis sonl eux-mcmes robustes,
actifs, accoulumcs a la fatigue et a Texcesslve clialeur de cede zone
brAlanle. La Geograplile a done beaucoup a csperer des rensei-
gnemens qu'Ils rapporleront (i).
(i) Oepuisla <lalf dc ces nouvcUos , on a appris que M. Park avait etc
empoisoiinv.
[6i
OCEAN IE.
Sur la mart de La Perouse. a Vile Bfanicolo, I'une des lies de rarchi-
pcldu S'-Esprit. {copie d'une ktlre de M. John Russell adressee
a son onck k chevaUer V'". JjETAAM.)
NouveUt-Zelande ^1 novembre 1827.
Mon cher sir William,
J'al le plaisir de vous informer de noire arrivee ici , apres un
heureux voyage entreprls dans le but de decouvrir quel aete le sorl
de La Perouse etde sesnavircs. Tousdeuxperirent lameme nuit sur
un recif qui avoisine rtlc de Manicolo ^ siluee par les 11" 4-0' ^^^i-
lude sud et 167" longitude orienlaie. Un des navires sombra sous
voile apres s'eire brise sur un ecueii , ettout individu a bord perdit
la vie ; I'autre y ful egalement jete par ia vague ; et ceux de I'equipage
qui parvinrent a s'echapper , sauverent du naufrage assez de mate-
riaux pour consUxiire un petit navire , dans un lieu qui porta le nom
de Pdion : plusleurs d'entre eux y furent massacres par les nalurels ; lis
reusslrent neanmoins a confectlonner leur petit navire , gra^ce au-
quel lis abandonncrent Tile, a rexceptlon de deux d'entre eux , en-
viron cinq mols apres leur naufrage; Tun de ces deux Indlvidus est
mort depuis environ trols annees ; I'autre s'embarqua dans un
canot ; son sort est Inconnu. Tres-vraisemblablement U a peri ,
puisque nous avons fait inutllement de longues recberches dans les
lies adjaccntcs.
Nous avons obtenu les preuves les plus convaincantes que ces
vaisseaux elalent fran^ais. Nous possedons a bord plusleurs pieces
d'argent, de culvre, qui portent une fleur de lys, etune grande cloche
oil se trouve en gros caractere rinscrlplion : BAZix ma fait; une
autre plus petite avec les amies de France, et les ornemens de I j
poupe d'un vaisseau avec une large fleur de lys doree.
Nous tronvAmes aussi un fragment dc cbandclier dore , sur lequcl
1 6.1
craienl gravces les anncs <lc la famllle dc Colignon ( Azure a salyr
between et niuUell in chief and a crescent in base or supporters :
two Lions rampant, regardant: over the shield a viscount's coro-
net).
Jc suis, etc.,
AMERTQUE SEPTKNTRIONALE.
Piegions Arctiques. — Le capitalne Franklin est dans I'inlentlon
d'entreprendre un nouveau voyage dans les regions septenlrionales
de rAnierique dulSord, afin de completer I'exploratlon de la parlie
de coles qu'il n'a pas encore visitee, cl plus parliculiercnicnl I'es-
pace qui le separait lors de sa derniere expedition , du capilaine
Beechey; espace qui , comme nous Tavons deja dit, est a peu pres
Ac 1 1 degres.
EUROPE.
Hauteur du Mont-Blanc — Dans !a seance du !:5i mars , de I'aca-
demie des sciences, M. Mathieu, membre de Tacademie, a lu un
rapport sur un memoire de M. Alexandre Roger, officier <lu Genie
au service de la Confederation sulsse , rejatif a la determination de
la hauteur du Mont-Blanc au-dessus du Itir de Genlvc rt dc celle
du lac de Geneve au-dessus de li mer.
11 resulte tant des mesures de M. Alexandre Pioger , que dc celles
prises anlericurement par M. Coraboeuf , que la hauteur du Mont-
Blanc au-dessus du lac de Geneve est de 4-'i-35 metres a tres peu
pres ; que I'elevation du lac de Geneve au-dessus du niveau de la
iner , est de 3^6 metres ; el que par consequent la hauteur du Mont-
filanc ati-dessus du niveau de la mer est de 4i^i !•
L'Academie accorde son approbation aux Iravaux de M. Roger
ft I'invitc a les roitliiiucf.
[63
BIBLIOGHAPHIE GEOGHAPHIQUE.
§ I". LIVRES.
OUVRAGES GEMERAUS.
5b. Tableaux de la Nature ou Cmi-
siderallnns sur les Deserts , sur la
pliysinnomie des vegetaux , sur
les cataructes de I'Orennque, sur
la structure et V action des vol-
cans, et les diffirentes regions de
la Terre , p^ir VI. de Humboldt;
tracliiits de Palleinanil par J. B. B.
Eyries ; nouvcllc edition ; 2 vol.
in-80. Paris.
5;. A lecture on the Geography
OF Plants. — Cours sur la Geo-
graphic des Plantes ; par John
H.\RTON ; avec carles des qiialre
parlies dii monde , 011 les noinsdes
jilanlesindigeoesa chaqiie payssont
Milxstilucs a ceiix des lieiix , in-8".
Londres, 1827, Harvey. { 3sh. 6d.)
58. Memoire sur les operations geo-
grapjiiqups , faites dans In carn-
pagnc de la corvette de S. 31. la
i^oqiiille, pendant les aunees 182J-
1825; par M. DuPEUREY. in -8".
Paris , 1827.
59. atouh through parts of the
United - States and Canada. —
f/« Tour dans plusieurs parties
des Ktats - Ihn's et du Canada :
par nn sujet brilannique ; in-8°.
J^ondres , 1828 , Lohgman. { 5 sh.
1; d. )
Go. Five year'sResidence in" Buenos
Ay RES , etc. — Scjour de cinq ans
a Buenos- Ayres pendant les an-
rices 1820-182'), rontenanl drs re-
inarq\ies sur le pays etses habilans;
in -8". Londres, 1827, Hebert.
( 6 sh. )
AFRIOUE,
(i I. Accounts relating to the duties ,
exports, imports, etc. — Rap-
ports sur les droits, I'cxporta-
tion, ritnporlation, la popula-
tion , les ecoles, les eglises, les
muriages , etc., de la colonie de
Sierra Leone. Londres, 1827. 1
call. in-f".
ASI3,
62. Syme's Esirassy to the kingdom
OF AvA. — Anibassade de Syme
au royaume d'y4va, en 1795,
rccit des operations niilitaires et
poliliques dans Penipire des Bir-
mans ; in -8". Ediiiburg, 1827,
Constable- vol. i. ( 3 sli. G d. )
63. Letters from the East. — Let-
tres da tees de V Orient , ec rites
pendant un voyage recent, par la
Tur(juie, I'llgypte , l' Arabic , la
Terre -Sainte, la Sjrie el la Grcce;
par .L Carne; 2 vol. in-80. Lon-
dres, 1S27, Colbiirn.
TuKitile.
64. MOREA AND SEINE BewOHNER. —
Description de hi Moree et de ses
hahitans , fuer quelques remar-
qucs sur Constantinople ;■ par P.
j\L LiSCHKE ; in-8". Dresde, 1827 ,
Hilscher. ( i^S*"-)
Etali Snr.Ui.
65. AviSITE TO THE SUMMIT OF VIoNT-
Blanc. — f isite au sommet du
Mont - Blanc , par le. capitaine
SllERV, ILL ; in-8". I.ondr.-^s, 1827.
1 64.
Ce voluiiiL' se tfii'iiiine par des
instructions sur la riieilleure ma-
iiiere tie faire ce vayage.
G6. Reis door Z^^-EDEN,N00R^VF.GEN,
Lapplanu. — I'ojage en Suede,
en Norivi-ge, en Lnpnnie et en
Finlande, laii pendant les anne'es
1817-1S20 : par VAN ScHUBERT; 3
vol. in-8". Devenlcr, 1827, van den
Sigtenlmrst.
tiojiuitiie des Payi~Iia:i.
67. Description geographiquEjHis-
torique et physique uu royaume
DES Pays-Bas et de ses Colo-
NI5S ; edition augmenlce dn ta-
bleau statistiqiie des ressources
agricolos, nianiifacturieres et com-
mcrciales du Royaume ; par J. -J.
Oecloet; in-80. Hriix-ellcs, 1827,
Lecharlier. ( 6 fr. )
France.
68. Memoriat. statistique et .idmi-
siSTRATiF desforrts du royaume,
pourrannc'e 1828 (5cann('e) , con-
tenant , etc. : par 1*. E. Herp.in de
Halle; in-i8. Paris, 1828, Bu-
reau de I'Alnianacli du commerce.
(3fr.)
fit). LWlsaCE : Nouvellc Dcscriplmn
' hisiorique et topographique des
deux dcpurtemens du lilv'n ; par
Jean-FrtJdcric. Aufschlager. Sup-
plement, in-So. Strasbourg , 1828,
Hailz.
Ouvrage d'autanl plus important,
(ju^il contient un Catalogue des ou-
vrages imprimrs et niannscrlls qui
traitent de la Topograpliie , de la
Statistique , de I'Histoirc naturelie
et des Antiquitc's de PAIsace.
70. Lettres d'un Voyageur a l'em-
bouchure de la Seine, conlenant
des details histnriques , anecdoti-
ques et statistiquessur les con trees
de la Xorntandie , connues sous
Ir tiimi deVw9, DE CaU-x, de LiRii-
YlN et de RoilMOlS, dans les dcpar-
temensdela Scine-Inleneiire , du
Calvados et de PEure: par Al. A.->I.
DE Saint - Amakd. Paris, un vol.
in-8", 1828.
§ 2. ATLAS, CARTES GEOGRA-
PHIQUES, PLAJS'S.
71. Atlas zu der Reise in nordli-
CHEN AfriK.4. — Alias pour le
Voyage au nord de V Afrique :
par E. Ruppel; in-f". Francl'ort,
1827, Brouner. Livr. iii. (4 flor.
1 2 kr. )
72. Plan 0/ the colony of Sierra
Leone. — Vlan de la colonie de
Sierra Leone; par J. Wild. Lon-
dres , 1827. I f«.
73. Atlas geograpiiique de L''EMPiRr.
deRussie, du royaume de Polo-
gne et du grand-duche de Fin-
LANDE , divise en gouvernemens ,
avec indication des villcs, villages ,
routes de postes , etc. : par le colo-
nel dV'tat-major Pedischef. Sainl-
Petersbourg ; 73 fcuilles.
7 J. KaRT 0^ER SmAVLEIINEUES AMT-
— Carle du bailliuge de Srnaa-
lehneu (Norwege), dressce d'apres
les levf's geographiques , et les ob-
servations astronouiiques et ge'ode'-
siques; parlescapitainesN.RAMME ,
et G. Munthe. ( Prix de la Sous-
criptiou , 2 species. } Christiania ,
l82'o.
Celte Carte est la premiferc des
Cartes des bailliages norwcgiens,
public'es par les officiers charge's des
leves.EUessontrcduites a 1/200,000'
de la surface de la Norvvege. Celte
Carte a etc gravee et nieine impii-
me'e a Paris. Oans un angle , les au-
teurs ont donne le plan des villes
principal's, telles que Moss , Fred-
rikstad et FrcdrikshaldA^c^ aiitres
leuilics sont annoncees pour parai-
Irc de () en y mois.
IMPKIBIERTE d'evEHAT, ROE DU CADRAN , N"
iJi.
^«.-».'^*^m.-v%
BULLETIN
DE
LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.
NUMEROS 60 ET ei.^AVRIL ET MAI 1 828.
PREMIERE SECTION.
MEMOIRES , EXTRAITS , ANALYSES ET RAPPORTS.
RenSEIGNEMENS siir la Colonic americaine etablle a Lileriu , sur la
cote (TAfriqiie, sitiiee a I'Est du cap Mesurado qui est place par le
6° i5' de hit. N. et le 12° Sy' de long. O. de Paris.
Ces renselgnemens sont contenus dans une Icllre adressee , le 1 7
mars 1828, par le capitaiiie Nicholson, de la marine des Etats-
Unis, a Thonorable M. Clay, oraleurde la chamLre des reprtisen*
tans. II y trace le tableau sulvant de celte colonie, etablie sur la
cote d'Afrlque, par les soins de la Compagnie, connue sous le nom
de American colonization Society ( Societe de colonisation ameri-
caine ).
« Ayant visitd la colonie de Liberia , dit M. Nicholson , en re-
venant d'une crolsiere dans la Mcditerranee , je suls en etat de
vous communiqucr des renselgnemens sur sa situation actuelle, et
sur son accroissement probable.
» Le sol occupe par les colons est riche et fertile, et peul four-
12
i66
nir a la consommalion inlerieure et au commerce trcxporlallon*
On y cultlvera avec succcs le sucre, le cafe, le colon, Je riz, et
on y trouve des Lois de teiuture et dcs plantcs medicinales.
» La population s'tilevc, en ce nionienl, a 1200 indlvldus, tous
sains el Lien poiians. Les enfans nes dans le pays sont tres-beaux,
et je pense qu'ils seront aussi faciles a clever que ceux des nalurels.
Tous Ics colons avec lesquels j'ai eu des rapporls ( et c'est la
presque totallle ) , m'ont exprime le desir de resler dans leur situa-
tion, plulot que de retourner aux Etats-Unis. Enfin , je ne puis
mieux demontrer Tetat prospere de cet elablissement, que par
I'exemple de huit homnies de nion equipage ( gens de couleur em-
ployes conune artisans), qui, (ilanl debarques, demanderenl et
obtinrent la permission de s'y fixer d^finilivement.
» Ces individus etaienl absens de cbez eux dcpuis plus de trois
ans , et possedaienl ensemble pres de 2,000 dollars tant en effels
qu'en argent. S'ils n'avaient pas ele convaincus que leur bonbeur
seraitbien plus assure en restant au milieu de leurs freresa Liberia,
ils neseseraientpas determines aabandonner, peut-etre pour jamais,
les Elats-Unis , oil ils lalssent des amis et des parens.
M Parmi ces colons, ceux de Monrovia (6" i3'/«/. 12° Sa' long.)
et de Caldwell avaient lair le plus salisfait. Leurs manleres annon-
galent des bommes qui ont re^u les bienfails de la liberie , et qui
savent les apprecier. Plusieurs avaient amasse, par le commerce,
une petite fortune, sil'on pent appeler ainsi la possession de trois a
cinq mille dollars. Ce qui prouve rimporlance loujourscroissanle du
commerce de ce pays, c'est que, Tannee derniere, il y a ele con-
somme plus de cent barriques de labac, et que les demandcs de celle
denree augmenlcnl cbaque jour. L'ivoire el le bois de teinture sont
en ce moment leurs principaux articles d'ccbange centre les produc-
tions etrangcres; ils yjoindronlbientol des bois de teinture, des gom-
mes et des planles medicinales qu'on sail exisler dans I'interieur.
» A celle occasion, je proposerai de permettre a quelques colons
d'acheter, de I'agenl de la Compagnie, un certain nombre d'acres
167
Ae terre. Par ce moyen , les plus entreprenans pourralent donnei*
tous leurs soins a la culture du cafier, qui croft spontanemcnt dans
le voislnaijc de Monrovia. En un mot, le sol peut fournir toutes
les productions qui naissent sous les tropiques.
» A en jugcr par le bon ordrc et la discipline que j'ai vu observer
parmi les colons , je les crois en etat de repousser toute attaque
qui pourrait etre tentee centre eux par les naturels. lis sont orga-
nises en compagnies et entendenl parfaitement le maniement des
armes, ets'en serviraient aubesoin avecavantage contre destribus
sauvages et indisciplinees. II est vrai qu'ils ne possedent pas de ports
capables de rccevoir de gros vaisseaux et que toutes leurs rivieres
sont obstruecs par des bancs de sable ; mais cet inconvenient est
de peu d'iniportance pour leur commerce de cabotage, parce qu'ils
ont plusieurs h^ivres et entrees accessibles aux petits balimeils. La
plupart des gros navires ont d' aiUeurs cet avantage que les vents con-
traires ne soufflant pas sur cette cote , ils y trouvcnt des eaux
unies et Iranquilles. A partir du cap Mesurado, il y a un bon an-
crage et on a place une batterie sur la pointe du cap , pour pro-
teger les vaisseaux contre les altaques des pirates.
» J e serais d' avis de donner al'agenldela colonie le titre « d'a-
gent commercial , » attendu que s'il etait reconnu en cette qualite ,
il pourrait intervenir avcc succes dans les cas ou des etrangers
s'empareraient de proprictes amerlcaines qu'ils refuseraient de
resliluer sous le pretexte qu'il n'y a pas d'agent du gouvernement
accredile sur cette c6te ; cas qui s'est deja presente.
» Je regarde aussi I'existence de cette colonie comme tres-im-
porfante pour les naturels de cette cote, lis commencent deja a
senlir que c'est aux bicnfaits de la religion et de la civilisation, que
Thomme doit la superiorite qu'il exerce sur ses semblables. Us
avaient suppose que cette superiorite n'appartenait qu'aux blancs ;
mais aujourd'hui qu'ils voient dans leur voisinage des hommes de
lour couleur, jouissant des avantagesqu'ils croyaient exclusivement
reserves aux premiers, ils sont animes d'un desirde s'instruire, qui
i6d
favorisera leur civilisation. Le philaiilrope pent entrevoir le jour
ou noire langue et noire religion dissiperont les lenebres qui cou-
vrent encore cette conlree. Quand on songc que Tendroit ou il
exisle niainlcnant un peuple vraiment libre, n'clail, il y aquelqucs
annees, qu'un diipol d'csclaves mis a la cliaine , ce fail seul doit
enllanuner le zele de lous les amis de riiumanite.
n On se plaint dans nos grandes vlllesdunombredenolrs llbrcs
qui sont condamncs a expler de legers debts dans les maisons de
detention. La coloule ne pourrait-elle pas profiler du Iravall de
ces individus, en meme temps que la sociele seralt soulagc-e pai-
leur deporlalion ? Je puis aOirmer que la colonle est niaintenant
moralemenl el physlquement assez forte pour n'avoir rien a craln-
dre de leur part.
» Je ne pretends point fixer de quelle manlere et sous quel carac-
tere lis devraient y elre re^us ; mais le fail est que retablissement
manque d'hommes pour defrlcber et culliver une terrc , qui les
dedommagerait amplement de leurs travaux.
» J e feral observer loulefois que le cllmatde Liberia rcsscmble h
celui des pays silues sous la income latitude ; et que le sol elaul dune
riche vegetation et encore couverldc forcls, Ton dolt s'alteudre a
y voir regner de temps a autre des fievres billeuses ; loulefois je
pense que le cllmat n'en est pas plus malsain pour les bommes de
couleur que celui de la cote mcfridionale des Etals-Unis ; et qu'a
mesure que le territoire se dtifricbera , il devicndra aussi salubre
que les pays silues sous la meme latitude meridionale. J'ai peine a
croire que les blancs aientete destines a babiler ce point du globe ;
car le cllniat leur est plus fatal qu'aux honuncs de couleur. »
M. Asliniun , agent pour les Africalns , prls a bord des batimens
negriers , au cap Mesurado , annoncc au secretaire de la marine
des Klats-Unis , dans uue lellre du 28 aout 1827 , que les Irois-
quarls des cent quarante-deax noirs , qui ctaient arrives de Savan-
nah, cesseraienl, au bout d'un mois , d'etre a charge au gouverne-
ment , el que le restc , a rexceplion des malades , ne lui cotkleralt
plus rien dans six mols. On accorde des terres aux adulles ; et si , a
I'expiration de douze mois, ils se sont montres dignes des droits
civils, on les admet a jouir des memes privileges que Ics autres
colons.
Le meme agent ajoufe, dans une leltre du 22 decembre 1827 ,
que tous les Africains captures , et presque tous les colons venus
d'Amerique etaient en parfaite sante ; que neuf seulement avaient
etd malades , dont deux captures avaient des ulceres aux jambes ; et
que quarante de ceux que lacompagnie avail envoy^s de Georgia,
avaient eu des fievres interinittentes qui n'avaient guere dure que
dix jours. M. Ashmun parle avec eloge de leur bonne conduite et
de leur Industrie ; un seul avait merite une peine corporelle ; cinq
manages avaient eu lieu , et tout commerce enlre les personnes
non mariees etait sirictement defendu ; plus de quarante profes-
saient le christianisme. II devait en envoyer une partie , a la fin
de I'annee, pour former un (^tablissement sur les bords du Grand-
Eassa , et une autre , sur ceux du Stockton , a mi-chemin entre
Caldwell et Monroe. Le sol de ces deux districts est fertile (i). Le
reste , qui se compose de femmes non-mariees etde mineurs, de-
meurcra attache aux families des colons, jusqu'a ce qu'Ils puissent
jouir des privileges accordt-s aux emigrans americains.
Les lionmies se livrent pour la pluparl a ragrlcullure , ou aux arts
mecaniques tels que la serrurerie, la menuiserie , la construction des
bateaux , etc. On les paie, suivant la quallte de leur ouvrage ou le genre
de leurs occupations; les uns gagnent douze dollars par an , d'aulres
trente , quelques-uns quaranle-deux ; un cbarpcntier en recoil
qualre-vingl-seize. On donne aux uns une partie du produit dune
terme , on apprend un metier aux aufrcs ; et Ton relient les gages
de plusieurs femmes pour payer Tcducation de leurs enfans^
L'on compte soixante liommes , quaranle-une femmes el six en-
(1) 11 a t't(f drcssc line carte dupayssur lacjiielle se Irouve incli<iuc'e la posi-
tion des diffcrens etablisscmens.
170
fans, places, a gages, ou pour cause d'inlirmite , dans dos fa-
milies qui foumisscnt a leur cnlrcllen en tout ou en parlie ; d'autres
ysont en apprenlissagc ; dix homnies, trois femmcs, un imbecille,
ct deux enfans , au service du gouvcrnemenl de la Colonic , ct dix-
neuf femmcs et enfans , sans eniploi : en lout cent quarante-deux
individus.
M. Ashman marque au secretaire de la marine que les meilleurs
renseignemens quil puisse se procurer sur I'elat de la traile dans
ces parages , sont confenus dans le rapport de M. INicholson , ca-
pilalne de I'Ontario , qui a sejourne quelque temps a Sierra Leone ,
ou il les a recueillis. Ello a recommence sur celtc cole. Les navires
qui la font, portent les uns, le ^^OiviWon franfai's , et le plus grand
nombre ccXmd'Espagne , et sont monies par des Espagnols , des
Fran^als, et meme par des citoyetis des EUits-Vms.
M. Southard, secretaire de la marine des Etals-Unis, annonce
au congres , dans une communicalion du 11 mars 1828 : « que
cent vingt-un Africains trouves a bord d'un navire espagnol nau-
frage , ont <^te retenus a Key-West , ct que le mardchal de la Flo-
ride orientale a pris des mesures pour faire juger les coupables : le
cas etant prevu par les actes du congres. » (i)
Warden.
(i) Letter from tlie Secretary of the Navy transmitting tlie information
required by a resolution of the House of Representatives, of the !)''" March, in
relation to the present condition and probable annual expense of the United
Stales agency for recaptured Africans on the coast of Africa ; 12 March 1828,
"VVashington , doc. n" 193 ; Recaptured Africans.
171
Tableau des conslrucUons execuiees aux frais des Etals-Unis et
affectees par eux a VAgence pour les Africains prls a lord des na-
vires negriers, elablie au cap MesuraJo (i).
Denonuii:tlion. Valcur cstimnlive.
1° Grande Maison de I'Agence 7, 5oo dollars.
1° Grenier et Magasin 5oo
3° Ancien Magasin 5oo
4° Nouveau Magasin appele Monroe 1,800
50 Autre Magasin 200
6° Fortification de Crown-hill 17^
70 Fort Central , ci-devant fort Stockton. . . . gSo
8" Batterie de vingt-une pieces 2,000
10° De'pot central pour les esclaves repris dans la
ville de Stockton 85o
11° Deux Edifices 2,000
i2" Deux autres Edifices dans la ville de Thompson. ySo
13" Deux Goelettes 2,200
Total 20,225 dollars
Des Cherokees et de lew civilisation.
Les Cherokees, presses de tous cotes par la population blanche,
etne pouvant subsister plus long-temps de la chasse el de la peche,
ont ete forces de s'adonner a Tagriculture et aux arts mecaniques.
Encourages par les agens du gouvernement desEtats-Unis, et ce-
dant a rinfluence des missionnalres et a I'exemple des blancs qui
se sont unis a des femmes cherokees, ils ont fait depuis vingt
ans des progres vraimcnt surprenans. Ils habitentdesmaisons com-
modes , reunics en villages. Bcaucoup de families possedent des
fermes de 3o a 4-o acres, bien cultivees et pourvues de betail, de
chevaux et de pores, qu'ils vendentdans les elats voisins. Les femmes
(i)Dressepar I'Agent J. Ashmun , le i«'"septembre 1827.
172
fontdubeurreetdcsfromages.Leshommes se Ilvrenl aux arts m^cat-
niqueslesplus utiles ; out dcs moullns k bled et pour scier le Lois,
labriquent eux-memes leurs draps ; et la plupart de leurs femmcs sa-
vent fileret tisser. Us echangenl Ic surplus de leurmaYspour du sucre,
du cafe et d'autres denrees. Au moven de dix a douze missions eta-
blies panni eux el dirigees pardes liaptistcs , des Moraves et autres,
ils ont appris a lire, a ecrire et a compter. Lc nombre des cnfans
qui frequentent les ecoles monte a 5oo, tous parlant anglais; et
on a affecte 100,000 acres de terrc pour la dotation de leur ecole
principale. Leurs idces superstitieuses, notamment leur croyance
aux sorciers et a la puissance de guerir les maladies par des jongle-
ries, se sont considerablement affaiblies. Enfm ils ont adople de
nouvelleslois penales; et leur organisation sociale vient d'etre reglee
par une constitution dont nous donnerons la substance. Une impri-
merie a et^ etablie dans la capitale ; une feuille hcbdomadairc , appe-
lee lePJienix Cherokee, est publiee parun Indicn de celte nation, dans
sa langue natale, avec une traduction anglaise en regard. L' on
s'occupe maintenant d'y former une bibliotheque et un musee. Un
Cherokee, nomme Guess, a invent^ un alj)liabet compose de 86
caracteres, aumoyen duquel plusleurs de ses compatriotes ont ap-
pris a ecrire, et peuvent correspondre entre eux.
En 1809, la population des Chcrokees elait de i3,3ig individus
(dont la moitie se composait de metis), non compris 34-1 biancs
et 583 esclaves noirs. Le nombre de leurs villages elait de 65.
Leurs proprietes en cbevaux , betail , troupcaux , instrumens ara-
toires, moulins, etc., etaient cstimees environ SjijSoo dollars. En
1818, pres de 6,000 individus de cette nation, preferanl la vie
sauvage qu'avaient menee leurs peres, eniigrerent, et allerent s'^-
blir sur les bords de la riviere Arkaiisaw , dans le lerritoirc du meme
riom. La population aclueile dcs Chcrokees est de i5,o6o individus,
dont 147 liommcs biancs et yS femnies blanches, qui se sont
mel^s avec eux, et 1277 esclaves. En gen«^ral le nombre dcs In-
diens entoures par les biancs diminue insensiblement; celui des
,73
Cherokees a au contraire augment*?. Leur accroissemenl , dans les
six dernieres annees, a ete de 3,563 habltans.
En i8o5 et 1819, ces Indiens cederent aux Etats-Unis une partie
deleurterrltoire, situee au N. de la Tennessee etal'Estde la Cha-
tahoucliee. Le gouvernement en detacha une portion de 12 milles
Carres, qu'il affecta, avec leur approbation, a la fondation d'une
ecole a leur usage.
Avant cette cession, les Cherokees possedaient environ 24,000
mlUes Carres d'une belle contrec arrosee par la Tennessee et ses
affluens et par quclques-unes des rivieres qui se jetlent dans le golfe
du Mexique. Le territoire qu'lls occupent niaintenani, d'environ
14,000 milles Carres, comprcnd Tangle iS.-0. de la ( ieorgie , le
!N.-E. de I'etat d' Alabama , et le S.-E. de celui de Tennessee, au
midi de la riviere de ce nom et de celle d'Hiwassee. Les limites,
telles qu'elles viennent d'etre fixees avec le gouvernement ameri-
cain, sont rapportees dans I'article i" de leur constitution, que
M. le ministre plenipotentiaire des Elats-Unis, a Paris, a eu la
bonte de me communiquer , et dont voici les principales disposi-
tions :
Constitution de la nation Cherokee , puLliee ci New - Echota , le 26
juillet 1827.
«« Nous, les representans du peuple Cherokc'e, reunis dans le
but d'affermir la tranquillite , d'augmenter la prosperity nationale,
et d'assurer a la generation actuelle et a celle a venir les bienfaits
d'une sage liberie , apres avoir rendu graces a I'Etre - Supreme de
nous avoir permis d'accomplir cette mission , et implore son assis-
tance divine , avons arrete et etabli la presente constitution.
Les limites du territoire des Cherokees, c'est-a-dire, de toutes
les terres qui ont ete solennellement reconnues leur appartenir , et
dont la possession leur a ete garantie par les traites avec les EtalSr-
Unis , demeurent fixees ainsi qu'il suit :
La ligne va de la rive septentrionale de la Tennessee jnsqu'i la
174
parlle superlcure des Chickasiuv old Fields (anciennes plaines des
Chlckasaws) ; de la, le long du grand allluent de celle riviere, y
compris loules Ics Jles qu'il reiiferine , jusqu'a rembouchure de
THIwassee, el remontant le lit de cette derniere riviere, en com-
prenant de nienie les lies qui s'y Irouvent, jusqu'a la premiere mon-
tagnc qu'oa rencontre a deux milles au-dessus de Tancienne ville
d'Hiwassee. La ligne suit alors la cliaine qui separe llliwassee dc
Little Teliico jusqu'a la Tennessee, a Tallassee , et longcant le lit
principal de cette derniere, y compris les ties, jusqu'a la joiiclion
des rivieres Cowee et Nanteyalee , elle suit la cliaine entre les
deux enibranchemcns jusqu'au sommet des montagnes Bleues , et
descend au chemin de peage d'Llnlcoy. De la, elle va en llgne di-
recte a la source la plus proche de la Chestalee, et en totoyant sa
principale branche, jusqu'a la Ghatahouchee , et ensuile jusqu'a la
crlque qui sert dc demarcation a JJuzzard - Roost; longcant la
ligne qui separe cette derniere et Creek Nation, elle prend la direc-
tion de la riviere Coosa, qu'elle suit jusqu'en face I'embouchure
du \^ ill's Ci'eek ; et descendant le bord meridional de la riviere,
jusque vis-a-vis le fort Strother, elle remonte le Will's Creek de
Test a I'ouest, jusqu'a sa source. Enfm , apres avoir suivi la chaine
de rocbers qui separe les rivieres Tombccbee et Tennessee , jus-
qu'au sommet de ladite cbaine, elle sc dirige, au nord a Ca/np-
Cojfee, sur la riviere Tennessee , vIs-a-vIs File de Chickasaw, etde
la au point de depart. (x\rf. l'=^)
L'autorile du gouvernement s'etcndra sur tout le territoire com-
pris dans les limitcs ci-dessus, lequel est et restera propriete na-
tionale : mais les accroissemens qui pourront y »^tre fails seront
la propriete individuelle des acquereurs, qui justifieront de la legi-
limite de leur acquisition, sans qu'ils aicnt loulefois le droit den
disposer en faveur des Elals-Unis, par des stipulations soil avee
le gouvernement, soil avec un etat particulier, ou avec de simples
citoyens. Dans le cas ou ces proprietalres quilleraient avec ce qui
leur appartienl le territoire national , pour aller s'elablir dans un
autre Etal, ils perdront leurs droits et privileges de citoyens. Toute-
fols le pouvoir legislatif aura le droit de rehabiliter ceux qui, au bout
d'un certain temps , demaiideraient leur rdintegralion. II pourra
aussi proposer des lois ct rcglcmens propres a empecher les ciloyens
de s'occupcr de ces agrandissemens dans des vues speculatives.
Le gouvernement reside dans les trois pouvoirs legislatif, exe-
cutif et judiciaire. Aucun membre de Tun de ces departeniens ne
pourra exercer les fonctions altribuees aux deux autres , excepte
dans les cas spccialement prevus et determines. ( Art. i et 2. )
La legislature se divise en deux branches : un Comite et un Con-
seil enllerenient independans Tun de I'autre et qui , reunis , pren-
nent le titre de « Cuuseil general de la nation Cherokee. » (Art. i. )
La nation continue a ctre parlagce en liult districts. ( Art. 2.)
Le Comite se compose de deux membres, et le Conseil de trois,
pris dans cliaque district et nommes pour deux ans par des elec-
teurs ayant la capacite voulue. Les premieres elections se feront
dans cliaque district, le i"^ lundi du mois d'aoiit 1828 , et a la
meme epoque , tous les deux ans. Le Conseil general s'assemblera
unc fois I'annee , le second lundi d'octobre, a Nevv-Echola.
iNul ne pourra sieger au Conseil general, s'il n'esl citoyen
Cherokee, libre ct age de 25 ans. Les descendans d'hommes Che-
rokees et de femmes libres qui ne sont pas de race africaine, joui-
ront de tous les droits et privileges de citoyen. II en sera de meme
des descendans de femmes Cherokees , mariees a des hommes
d'une condition llbre. Aucun indivldu , ne de parens noirs ou
mulatres, ne pourra parvenir aux emplois , honneurs ou dignites,
sous le gouvernement.
Les electeurs et les membres du Conseil general, excepte dans
les cas de haute trahison et de felonie , ne pourront etre arrctes
pendant la duree de leurs fonctions.
La fin de cet article est consacree a fixer le mode et le lieu des
elections pour I'annee 1828. Le Conseil general, dans sa premiere
session, presentera a ce sujet, une loi definitive. (Art. 3. )
176
Tout citoyen libre ( excepte Ics n^grcs et les descendans de
Llancs cld'Indiens par des femmes noires, qui peuvent avoir et6
affranchis ) ayant 18 ans accomplis, a ie droit de voter dans les
elections publiques. ( Art. 4- )
Les articles 5 , 6 et 7 conliennent des dispositions rc^glemen-
taires relatives a Torganisation interieure du Couscil general.
Les inembres du Coinitc recevront sur le trcisor royal, 2 dol-
lars 12 par jour , el les membres du Conseil, 2 dollars aussi par
jour , pendant la session du Conseil general. Cette allocation
pourra etre augmentee ou diininuce par une loi. (Art. 8. )
On reglera par une loi de quelle maniere se feront les reelec-
tions aux places qui viendraienl a vaquer dans la legislature.
( Art. 9. )
Cliaque menibre du Conseil general pretera sentient a la cons-
titution et jurera de dcfendre loyalement les inlcrets de la na-
tion. (Art. 10. )
Tout individu , qui aura subi une condamnation devant une
cour judiciaire ne pourra pretendre a aucun eniploi , honneur ou
avantage. — Le Conseil general rendra loutes les lois et lous les
decrets necessaires k la prosperite de la nation , en se conformant
a la presente conslilution. — Aucune loi ne pourra avoir <relfct
retroaclif. — Toutes les lois ( exceple celles sur les appropriations
qui seront d'abord dellberees dans le Coinite ), pourroni elrc in-
dislinctement proposees dans Tune ou I'aulre cbambre, qui auroni
chacune le droit d'approuver ou de rejeter. — Tous les traites
existans auront force de loi. — Le droit d'accusation , en matiere
politique, est reserve au Conseil. — Le Coinite prononcera sur
les accusations, et lorsqu'il s'asseniblera a cet effet, les membres
pretcront le serment d'usagc. Personne ne pourra etre condamne
sans le concours des deux tiers des membres. ( Art. 11 a 22. )
Le clief principal, son adjoint et tous les officlers civils pourront
etre poursuivis pour crime de malversation ; mais dans le cas Ou
lis seraicnt convaincus , le jugement les oLligera seulement de
177
se demcttre tie leur cmploi ct Ics declarera incapables de rem-
plir aucune foiictlon publlque. ( Art. 23. )
Le pouvoir exc-cutif supreme est coiifie a un chef principal
{principal citief), nomine par le Conseil general pour 4ans. lldoit
clre citoyen libre, ne dans le pays et avoir atleint I'alge de 25 ans.
11 aura un adjoint {assistant), nonmie de la meme maniere et qui le
remplacera en cas d'absence , de deces , de demission ou d'inca-
pacite, jusqu'a ce que le Conseil general ait precede a unc nouvelle
election. ( Art. i". )
Le chef principal et I'adjoint toucheront, a des dpoques dtiter-
minees, un traitement qui ne pourra etre augmente ni diminue
pendant la duree de leurs fonctions, etils ne pourront recevoir au-
cune autre gratification de la nation , ou pension d'une puissance
etrangere. (2 et 3.)
Le chef principal pretera serment a la constitution. — II aura
le droit de convoquer extraordlnalrement , dans les occasions im-
portantcs, le Conseil general. — II velUera a I'execution des lois ,
et visitera les differens districts, au moins une fois tous les deux
ans , pour s'assurer par lui-ineme de I'etat du pays. — II pourra
uommer aux emplois qui viendraient a vaquer dans I'intervalle des
sessions du Conseil general, en accordant a cet effet des com-
missions qui expireront a la fin de la plus prochalne session. (4 >
5, 6 et 7.)
Toute loi adoptee par les deux chambres sera soumise a la si-
gnature du principal chef, qui , s'il ne Tapprouve pas, pourra la
renvoyer avec ses objections a la chambre ou elleaura ete primiti-
vement discutee, laquelle Texamlnera de nouveau ; si elle I'adopte
une seconde fois a la majorlle des 2/3 des membres , elle Tenvoie
avec les objections a i'autre chambre ; etsi elle passe danscette der-
nlere, a la meme majorite , elle a des ce moment force de loi ; il
en serade meme, toules les fois que le principal chef laissera ecouler
cinq jours (le dimanche excepte) avant de renvoyer la loi, a moins
que le Conseil general ne se soit ajourne. (8.)
178
En cas de dissentiment entre les deux chambres, le principal chef
pourra ajourner le Conscil general jusqu'a I'epoque qu'il jugera
convcnable, pourvii qii'elie ne depassc pas le lenne fixe pour la
teuue de la premiere assemblee conslllutionneilc. (g.)
Le Conscil general nommera un conscil parliculier compose
de trois niembres, pour concourir avcc le principal chef (qui le
convoquera a sa volonle) et Tadjoint a la parlle executive du
gouvernement. Les resolutions de ce consell seront enrcgistrees
etsignees par ceux des membres qui y auront pris part (10 a i3).
11 y aura un tresorier de la nation choisi pour deux ans par le
Conseil general. 11 sera lenu de fournir caution. — Aucun denier
ne pourra sortir du tresor sans un niandat du chef principal deli-
vre en vertu d'une loi. — Le tresorier percevra tous les rcvenus pu-
blics et rendra un coniple reguller des recetles et des depenses a
chaque session annuelle du Conseil general, {i^ a 17.)
Le pouvoir judiciaire est cxerce par unc cour supreme et par
autant de tribunaux inferieurs que le Conseil general jugera a pro-
pos d'en etablir. — La cour supreme se compose de trois jugcs, dont
deux formentla majorite. — Les juges sont nommes pour quatrc ans
par le Conseil general ; ils peuvent loulefois etre destitues avant ce
temps surla demande des 2/3 des niembres du Conseil gcndral. — Us
recevront a des epoques fixes des gratifications, mals ils ne perce-
vront aucun autre traitement ni aucun droit doffice. — Pour pou
voir exercer les fonctions de juge, 11 faut avoir plus de 3o ans et
moins de yo. — 11 y aura dans chaque district plusleurs justices de
paix dependantcs de Taulorlte legislative. — Chaque tribunal choi-
slra ses propres ofiiclers pour quatrc aus, lesqucls seront revocables
pour cause d'incondulle. — La cour suprt^me s'assemblera annuelle-
ment dans le lieu ou sicgera le gouvernement, le second lundi du
inois d'oclobrc. (1 a i3.)
Dans tous les proces, Taccuse aura le droit d'etre entendu, de dc-
mander la nature etla cause de I'accusation, de faire confronter les
lemolns, d'en fairc comparaitre .i dechnrge, etc. — ]*onr garantir la
179
llbertd individuelle ct cmpcclier tout acte arbitraire , on ne pourra
aireter aucun iiulividu iil fairc aucune perquisition , sans uu mandat
legal. — Tout prisonnier pourra etre elargi sous caution , a moins
qu'il ne soit place sous le poids d'une accusation capitale, et , dans
ce cas , il faut qu'il existe des preuves ou do fortes presomptlons
( 14. et25.)
Les ininislres du culte, etantspdcialement occupcs du service de
Dieuetdu salut des ^mes, ne doivent point etre detournes de ces
importantes fonctions ; en consequence aucun d'eux, tant qu'il
exercera son minislere religieux, ne pourra elre eleve a la charge
de principal chef ni prendre place dans le Conseil general. (16.)
Tout individu niant I'existence de Dieu et celle de la vie future,
ne pourra remplir aucun emploi civil. (17.)
Le libre exerclce des differens cultes est autorise ; on devra tou-
tefois s'abstenir des pratiques qui pourraient troubler I'ordre et la
sArete publiques. (18.)
Le principal chef sur la presentation et le consentement du co-
mite, nommera des coinmissalres pour trailer avec les Etats-Unis
et aura soin d'entretenir les relations entre la nation et ce gouver-
nement sur le pied le plus amical. (iq et 20.)
Les electeurs de chaque district nommerontun scherifpour deux
ans. Dans le cas ou cette place viendrait a vaquer, le principal
chef nommera un fonctionnaire qui le reniplacera provisoirement
jusqu'a ce qu'il y soit pourvu par une nouvelle election (21 ).
11 y aura un marcchal nomme pour quatre ans par le Conseil ge-
neral (22.)
Nul ne peut etre juge deux fois pour le mc^me delit, et aucune
propriete ne sera alienee pour cause d'ulilite publique , sans le con-
sentement du proprietaire. Quiconque aura a se plaindre dune in-
jure ou d'une atteintc a ses Interels, obtiendra satisfaction par les
voies legalcs (23.)
Le droit d'etre juge par le jury est inviolable (24.)
La religion, la morale et I'enseignement ^tant les bases dc tout
i8o
bon gouvcrnement , rauloril(^ apporlera sessoins a le saire (leurir
dans les ccoles, et cncouragera lous Ics moyeiis d'education (25).
La legislature nomine a tous les entplols autres que ceux specifies
dans le present acte (2G).
Le conseil general pourra proposer, dans ccrlalns temps, les
changemens a la Constitution que les deux tiers des membres dcs
deux chambres jugcront convenables; et le principal chef pu-
bliera dans ce cas une proclamation dans lout lEtat, au moins
ncuf mois avanl les elections. Si les nouveaux representans adop-
tent les amendemens proposes, a la majoritii des deux tiers, lis se-
ront sanctionnes et feront partie de la Constitution.
» Fait a ISevv-Echota , le 26 juillet 1827 , par les representans
des hull districts suivans : Chickamaugii , ChaUauga, Coosuwatee ^
AmoJiee, Hickory, Eiowa, Taquoe et Aguve.
Signe J. Ross, president.
A. M'CoY, secretaire.
Aux termes d'une convention conclue le 24. avrll 1802 , entre
les Etats-Unis et I'etat de Georgie , le gouvernement de TUnion
devait eteindre a ses frais, et aussitot qu'll le pourrait, a des con-
ditions raisonnables , les titres des Indiens sur toutes les terres qui
dependent de la (ieorgle.
Le 24 decembre 1807 , un comite de I'assemblee generate de
eel Etat declara que les Etats-Unis etaient tenusde garantir lesdites
terres a la Georgie , ainsi que toutes celles approprices ou non ,
comprises dans les llmites de cet Etat el lui appartenant ; que les
Indiens n'en etaient que les tenanciers : que s'il elait nocessaire de
leur accorder dcs terres en reserve , cette cession ne devait pas
exceder le sixieme du territoire en question ; et qu'en outre le
Gouvernement general devrait en faire racqulsition pour la
Georgie.
En consequence de cette decision, et d'autres reclamations sub-
sequenles , la chambre des representans des Etats-Unis dcmanda
(le 3 mars 1828) des renseigncmens au president sur « Telablis-
i8i
sement du nouveau gouvernement des Indiens Cherok^es , dans
Jes etats de la Caroline du Nord , de la Georgie , du Tennessee
et de r Alabama. » Le secretaire du departement de la guerre ,
dans son rapport ( du 20 mars ) adresse a ce sujet au president,
expose « que ricn , dans scs attributions, ne lui a demontre que le
nouveau gouvernement Cherokee ait ete reconnu en aucune ma-
niere, soit par le pouvoir cxecutif des Etats-Unis , par quelque
departement , agent ou foncllonnaire en dependant , soit par
quelque etat ou tribu indienne. » En consequence , le president
chargea le meme secretaire d'inviter I'agent Cherokee a se rendre
aupres des chefs de cetle nation , et a les avertir que leur acte cons-
litutionnel ne pouvait etre cnnsidere que comme un reglement in-
terieur, et ne pouvait changer en aucune maniere leurs relations
avec le gouvernement general , telles qu'elles existaient avanl I'a-
doplion de cette Constitution (i).
Les pieces a I'appui de cet article sont: i" une lettre du secre-
taire du departement de la guerre , contenanl le rapport de la com-
mission chargee par les Etats-Unis de trailer, avec ces Indiens,
de I'acquisition dune certaine portion de leur territoire, et dans
lequel on trouve la Constitution de la nation Cherokee , 4o p. in-8",
imprime par ordre du Congres, Document, n° 106; 2" I'article
Cherokees du Gazetteer, ou Dictionnaire geographique de I'etat de
Georgie, par le Rev. A. Sherwood, 1827.
Warden.
(1) jSIessagt du president des Etats-Unis transmcttant les renseigne-
mens demandcs par la chambre des representans ( le 3 mars ) , siir I' eta-
bliss ement d' un nouveau gouvernement chez les Cherokees. Piece N" an.
i3
Tableau <1c la population ile la proi'inreilc Cliiloe (i).
DIVISIONS.
SEXES.
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23
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3,35.
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reinmes
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629
475
426
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3,48.
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1,176
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6;o
650
768
467
557
5io
644
466
260
143
99
4,182
4,069
j 8,25.
'.lioncbi
liomnics
KeniiiK's
616
559
395
3 60
3i3
325
35 I
291
285
22 1
.85
88
36
20
2,081
1 ,864
1 3,94.';
1 Homines
G55
668
423
4'9
4^9
267
349
336
32ti
240
'73
43
^7
2,359
2,391
1 4.750
1
! I'cmnics
13,ti8',
-.6n4
7,in3
\s,..
-l.T^n
3. ■"If
697
'|2.39"
42.39.
(.) I/oi'cliipe! dc C!iiloe a 616 uomiiie pivt'ince , parco <[.rou a fail Jes lies .^ui le com-
posent , i.nc Jes liiiit provinces de la repal>lique Chilicnuc.
Cc tableau , qui se Irouvc dansJu n° 6 du journal La Clave , pulilii; a Santiago dc Cliiloc ,
Ic 26 juillet 1827, a ete dresse par rinlcudanl du la province sous la direction dugouverncu.-.
I.'on y remarque avcc surprise qu^iprcs unc guerre , dont ces iles ont ele si long temps le
theatre, le nombrc dcs hommes excede cclui dps fcmmes. On y coinpte 5,369 liommes en
ctat dc porter Ics arines , de I'age dc i5 a So aus , ct 3,6ti jcuoes gens dans les ecoles. Les
Kspagaols se sonl niaintcnus dans eel airliipel jusqua la (iji dc la gucnc.
Rapport sur l' Atlas du deparlement du Puy-de-Dome , cntreprls par
M. BussET, geometre en chef.
M. Bussel, geomelrc en chef du cadasire du departcinenl du
Puy-de-Domo, a fait hoinniagc a la Societi^ de la premiere fcuille
1 83
«1c I'Atlas cantonnal qu'il public pour la parlle de la France dont
Ic cadaslre lui est confic.
Le nombrc de feuilles dc cet Atlas sera dc vingt-quatrc, format
grand-aigle, plus une carte gencrale du departement , en une seule
feullle.
M. Bussct n'a ricn neglige pour donner a son travail le plus haut
degre d'exactitude. II repose sur un trcs-grand nombre de pouits
Irigonometriques, determines avcc un excellent tbeodolite de Rei-
chenbach et sur des bases puisees dans les grandes operations geo-
desiques de la nouvelle carle de France.
L'ecbelle tres-grande et presque inusitee pour les carles gravees,
celle de '/50000, lui permet d'offrir avec beaucoup de details une
des contrecs les plus inieressantes de la France et peut-etre de
Tunivers.
On sail que feu M. Desmarets, de Tacademle des sciences et geo-
logue distingue, a public, il y a une quarantaine d'annees, el aussi
sur une grande eclielle, une carle pbysique de I'ancienne Auvergne;
mais la nouvelle carte de M. liusset sera de beaucoup superieure a
celle-ci , soil pour Texactilude , soil pour I'abondance des details ^
sans lui ceder, quant aux renseignemens geologiques dont elle sera
enrichie.
De nombreuses cotes de niveau, deduiles d' observations baro-
melriques, dont une bonne partie est due a M. Ramond , feront
connailre I'elevalion relative des monlagnes et autres points culmi-
nans, ainsi que ce^e de tous les cbefs - lieux de communes ; enfin
ties vues perspectives de differens sites de monlagnes indlqueront les
dispositions de leurs groupes et un grand nombre de leurs profils.
On doit done reconnaitre que I'ceuvre de M. Russet renferme
une tres-grande masse d'imporlans documens gcograpbiques, of-
ferls avec toute garanlie d'exactllude. G'est une grande entreprise
que vous nc pouvez vous dispenser d'encourager par vos suffrages.
Elle fera faire un pas de plus a la geograpiiie de notre pays, a cette
geograpbie positive modcrue, qui ne laisse plus rien a faire a la
i84
sagacile du geograplie cnti([Ue, ot vers laquelle sont dirlges niic
parlu" (le vos efforts. Felicitous done M. IJussct do son courage et
de son liabilete, faisons dcs vu>ux pour le succes coniplet de sa belle
entreprise, sur laquelle nous aurons Ires-peu d'oLservallons a faire.
Nous regretlons que I'Allas du Puy-de-Dome no prcscnte que
des cantons separes, au lieu d'offrir la surface enliere du departe-
ment, parlagee par feuilles plelnes. Cette division aurail eu, pour
Tusage , de I'avantage sur les cartes cantonnales ; niais nous croyons
qu'a eel egard , M. Bussel n'a pas eu la liberte du choix.
ISous ferions observer encore que ce qu on appelle le figure du
terrain laisse a desirer dans la feuille que nous avous sous les yeux ;
mais M. IJussetnous expllque quilnc nouspresente qu'une simple
eau-forte , dont leffet sera modlfie par le travail ullerieur du gra-
veur. Nous desirous sincerement que I'cnsemble de I'ouvragc ar-
quiere, sous ce rapporl, loule la perfection qu'on reniarque dans
les autres parties, qui reunissent Texaclllude geometrlque a I'ele-
gance de I'execulion.
ISous pensons done que cette oeuvre geograpliique tres - remar-
quable sera Ires-utile a I'administratlon , etdcviendra Indispensable
aux geologues eta tons les voyageurs eclaires qui auronl a par-
courir cette parlie ccntralc et piltoresque de noire pays ; quelle
pourra meme en determiner plusieurs a venir la visiter , certains
qu'ils seront, de trouver dans la carle de M. Busset un excellent guide
et tous les renseignemens qui pourront faciliter leurs recberclies.
Je propose en consequence que lAllas du departenient du Puy-
de-Dome, par M. Busset, soil mentionne avec eloges dans le Bul-
letin de la Societe.
Ch" Bonne.
Extra IT d'unc note lue par M. PuiSSANT , dans la seance de la
Commission cenlrale , teuue le 16 mai 1828.
L'immense rcseau de triangles que le corps royal des Ingenieurs
i85
geographes ctend sur loute la France , et qui en couvre deja une
grande partle , se prolonge vers la cote de Nice , et coniprend
plusieurs stations d'ou Ton a pu relever les sommets de deux mon-
tagnes de I'ile de Corse , i'une appelee le Monte Cinto , I'autre Ic
Monte Pailla orba. Ces stations etant visibles les unes des autres ,
il en est resulte la posslbilite de determiner leurs distances mu-
tuelles, et de rectifier la position geographique de la Corse sur la-
quelle il exislait une pefilc incertitude dans le sens des paralleles ,
ainsi que Ic Depot de la guerre le fera connaitre plus tard par la
voie de son Memorial. Cette maniere de rattacher a un systeme de
triangles des points isoles , donne lieu a une question de geodesic
qui presente de grandcs difficulles quand on I'envisage sous le point
de vue le plus general ; celle de determiner sur le spherdide ierresire la
plus courte. distance de deux points quelronques donnes par leur latitude
et leur longitude ; mais , comme dans la pratique , la courbure de la
terre et les vapeurs atmosplieriques s'opposent a ce que les sommets
des montagnes les plus elevees s'aper^oivent a plus de quarante a
cinquanle lieues de distance , le probleme dont il s'agit est alors
susceptible d'etre traite par les procedes elementaires.
J'observerai d'abord qu'il n'est pas essentiel que les stations
cholsies pour les extremites de la base du triangle servant a y ratta-
cher un point eloigne , soient visibles Tunc de Taulre : il suffit au
contraire qu'clles fassent partie dun reseau du premier ordre , pour
que leur position respective soit parfailement connue par leurs la-
titudes el leurs longitudes , et que la distance qui les separe puisse
etre determince a un metre pres, dans les cas les plus defavorables,
a I'aide de la methode suivante.
Soit A B la distance cherch^e, exprimee en secondes de degre :
clle peul etre consideree comme I'liypotenuse d'un triangle recti-
ligne rectangle dont la hauteur y est egale a la difference des longi-
tudes mullipliee par le cosinus de la latitude de la station B la moins
boreale , et dont la base x est composee de deux termes , Tun posi-
tif , egal a la difference des latitudes mullipliee par le rappojt du
1 86
rajoii lie courbure liu meiidlcn a la iionnalo atipoiiil A, I'autre
riegatif egal au carre dc la hauteur y niulli])lic par la moilie de
la langenle dc la latitude de A, et divisc par Ic rayon rcdult en
secondcs.
Analyiiquement , appelant m la distance du point A boreal au
point Ji austral , / la difference dc leur latitude , et/> ceile de Icur
longitude , exprimees toutes deux en secondcs de degre , on aura
en nienies unites
, „ ^ . v" tang lat A
y=ip cos lal B ; x r=z -, { ^ :^, ,
e= designant le carre de I'excentricite de la terre , ct R" le n ombre
dc secondcs contenues dans le rayon pris pour unite , auqucl
cas R"=^^.
sin I
Mainteuant soit M un angle auxiliaire, tel que tang M = ^^
on aura en secondes de degre
a
cos M
Soit en outre D la distance cherchee , cxprini6c en metres , on
aura definitivement
D = «N sin i",
a
expression dans laquelle la normale N =
[.— e'sinMati(A + B)]i,
a ctant le rayon de I'equateur.
Les calculs qu'exige cette solution extremement simple , s'abre-
gent singulierement en faisant usage des tables IV et V de mes
Principes du figure du terrain , qui donnent sur-le-cbamp , I'une le
logarithnie de N , I'autre celui de T = log ( i + e= cos^ lat. A. )
C'cst ainsi que j'ai Irouvc , a un decimetre prcs , la longueur de la
base du grand triangle qui a servi a determiner la position dc
Monte Cinto , par rapport au continent.
Je m'absticns de rapporter ici la solution plus rigoureuse que
.87
j'ai dcduite des ("onnules <lc M. Legendre demonlrees au sixieme-
livredema Geodesic, parce qu'elle s'appuie sur des considerations
aiialytiques trop t'levees , et qu en definitive , elle est plus curieuse
qu'utile ; toutefols elle m'a mis a meme de me convalncre que les
melhodes approximatlves et elementalres dont on se sert au Depot
de la guerre pour determiner les positions geographiques des prin-
cipaux points de la nouvellc carte du royaume , dans I'hypothese
<le g d'aplatlssement , sont encore assez exactes pour des cotes
de triangles qui auralent plus de deux cent mille metres.
DEUXIEME SECTION.
ACTES DE LA SOCIETE.
§ 1*''. Pioces-f^erbaux des Seances.
Seance du 1 1 a^ril 1828.
S. Exc. le ministre derinterieur informe la Societe qu'elle vient
de prescrire en sa faveur I'ordonnancementd'unesommedc looofr.
allouee sur les fonds duministere pourl'encouragcmcnt des recher-
clics sur rinterleurde TAfrlque, et notamment sur la ville de Tom-
Louctou. S. Exc. a laquelle la destination de cette somme parait tres-
utile, tant dans I'lnteret de la science que dans celui du commerce ,
Icniolgne le desir que la Societe lui communique les renseignemens
qui lui parvlendraicnt sur un pays qui a resiste jusqu'a present a
toutes les investigations, ainsi que les rcsultats des entreprises for-
mees paries voyagcurs etles correspondans de la Societe. Remer-
clemens.
M. David Morler, consul general d'Angleterre a Paris, informe
la Societe qu'il a obtenu de son gouvernement I'entree franche
i88
k Londrcs , de I'cxtralt de ses rcgleinens el de ses programmes de
prix. Remercicmens.
M. Langlcs fils prie la Societe d'agreer I'hommage du baste de feu
M. Langles, son pere. La Societe de Geographic dont eel estimable
savant fut un dcs principaux fondatcurs , accticille avec empresse-
ment ct reconnaissance Toffre qui lul est fallc par M. Langles fils.
M. Noyer inlonae de nouvcau la Societe de son depart pour la
Gulane etsoUIcile ses instructions.
La Soclcle Medico-Jiotanique de Londres remercie la Societe
de I'envoi du tome II du Recueil de ses Memoires et lui adresse de
son c6te mi exemplaire de ses reglemens.
L'Academie Royale d'Irlandc adresse lesmemes remercicmens
pour renvoi que la Societe lui a fait du recueil de son asscmblee ge-
ne rale.
M. C. Moreau offre a la Societe un exemplaire de son Examen
statlslique du royaume de France, en 1787. II adresse aussi la conti-
nuation des renseignemens relalifs a la colonic de Fernando Po.
Remercicmens et renvoi au comile duRulIetin. ( Voy. pag. 2o5.)
M. Fabre auquel il a etc decerne unc medaille d'or pour son
memoire relatif a \a desrrif)tiun physujue du Bassin du Cher, adresse
ses remerciemens a la Societe.
M. Mangon de la Lande, president de la societe des Sciences,
Arts et Relles-lettres de Saint-Quentiu , adresse trois memoires
ou dissertations qu'il a publics sur Samarobriva, anciennc ville des
Gaules; il temoigne le desir que la Societe de (ieograpbie veuille
bien les examiner et rectifier, s'il y a lieu, unc errcur essenlielle en
geographic et eu histoire. Remerciemens et renvoi des Irois me-
moires a MM. Rottin et Rarbie du Rocage.
M. Alexandre iiarbie du Rocage communique une lellre de
M. Spencer Stanhope , contenant diverses observations sur I'em-
placemcnt de la ville d'Olympie en reponse a quelques reflexions
consignees dans un rapport fait a la Societe sur I'ouvrage qu'il a
public relativcment a la plaine d'Olympie. ( Joy. pag. 22.I)
,89
Le meme communique une Icltre de M. d'Acosta, contenant des
details circonstanci^s sur le tremblemenl de terre de la ville dePo-
payan : ces renseignemens que I'auteur a accompagnes d' observa-
tions curieuses, seront Insercs au Bulletin. ( ? oj. pag- 200.)
M. Warden communique un tableau de la population de la pro-
vince de Chiloe, extrail du journal public a Santiago, sous le titre
de la Chwe. Remercicmens el insertion au Bulletin. (To/, pag. 182.)
La commission ceutralc enlend la lecture d'une note de M. de
Toutain-Dumanoir sur la necessitc d'appliquer plus generalement
leschronometres a la determination des longitudes, dans Ics voyages
de long-cours, par les balimens du commerce. Apres diverses obser-
vations, elle an(?le que, conformement au voeu de Tautcur, celte
note sera transmise a S. Exc. le minisire de la marine avec priere
de vouloir bien la prendre en consideration.
M. le cbevalier J aubert annonce a la Societe, la decouverte qu'il
a faite d'un manuscrit du geograplie Arabe El-Edrisi, beaucoup
plus complet que toutes les copies que Ton connaissait jusqu'a pre-
sent de ce precieux ouvrage, el cinq fois plus etendu que le texle
commente par Hartmann ; sur I'invitalion du president, M. Jaubert,
qui se propose de publler la traduction du manuscrit, en redigera
une notice abregee pour un des procbains numeros du Bulletin.
M. le baron Coquebert de Monlbret depose sur le bureau une
seric de questions sur le haul Perou, destinees a M. Vasseur , qui
parcourt cette contree.
La section de correspondance est invite'e a preparer les ques-
tions qui lui ont ete demandees sur divers points de I'Amerique.
M. Sueur Merlin lit la premiere partie de son rapport sur
YEssal statistique desfroritiercs N. E. de la France, par M. Audcnelle.
MM. Cadet de Metz et Duperrey sont invites a rendre compte,
le premier d'une notice de M. Delcros sur le terrain secondaire
qui constilue la chaine de Sainte-Victoire et les environs d'Aix,
el le second , d'un voyage de M. de la Pylaie , a I'tle de Terre^
Neuve.
Seance du i8 ami 1828.
La Societe royale de Londres remercic la Soclete de I'envoi du
Kecueil de scs Meinoires.
M. Bruguiere adrcsse la partic de son nianuscrit, qui conlicnt
la desrription des Cevennes, des Vosges et du Jura. Renvoi a
M. le baron de Ferussac.
M. Fix communique un tableau des observations meteorolo-
giques faites a Clermont-Ferrand pendant ics trois premiers mois
de 1828. Remerciepiens , et invitation de conlinuer ce travail.
M. C. Moreau annonce la nouvelle de la niort du jeunc Mungo-
Park , fils du celebrc voyageur de ce nom , qui se proposalt d'ex-
plorer commc lui les parlies centrales de TAfrifpie. Renvoi de la
lettre au comile duRullctin. (/^oy. pag. aig.)
Le meme Membre donne des details sur les premiers resultals
obtenus dans les fouilles failes par M. Tingenicur Nimmo , sur plu-
sieurs points d6la cote, qui avoisinent le port de Liverpool. Renvoi
au comite du Bulletin.
II adresse egalement, au nom de la Socliite royale asialique de
Londres , une circulaire avec une serie de questions sur I'liistoire
et la geographie des peuplcs dc TAsIe ; ces questions sont destl-
nees a ses nombreux correspondans dans cette partle du globe.
JVI. C. Moreau annonce en meme temps que la Society royale
asiatlque joindra avec plaisir a ses questions celles doni la Societe
de Geograpbie desireralt avoir la solution. Remercicmens, et ren-
voi a la section de Correspondance et au comite du Rullelln.
M. Jomard communique une lettre, ecrlle du Senegal a M. le
baron Roger, confirmant la mort du major Laing , d'apres uu
More arrive recenmient de Tombouclou.
II communique aussi une lettre de M. le cbevalier d' Abraham-
son , qui offre d'envoyer a la Societe la suite de son uouvel Atlas
de Daneirjark.
M. Ed. Jerdan, de Londres, adrcsse un n" dc la Gazelle lilU;-
'9'
raire de celte ville , contenant des details sur le sort de La Perouse ;
11 deniande a entrer en relation avec la Societe.
M. Manet remercle la Societe pour la medaillc d'or qu'clle a
hien voulu lui decerner , et soumet quelques observations relatives
au mode de publication de son Memolre. Renvoi a la section de
Publication.
La Societe entend avec beaucoup d'lnteret la lecture de divers
documens qui lui onl ete adresse's par M. C. Moreau, sur la nou-
velle colonisation anglalse de]Fernando-Po. Renvoi au comlte du
Bulletin, (/^o/. pag. 2o5.)
M. Erue fait quelques observations relatives a la position de
cette lie.
M. le colonel Bonne fait un rapport avantageux sur 1' Atlas du
departement du Puy-dc-D6me , entrepris par M. Busset. Renvoi
au comite du Bulletin. {Voy. pag. 182.)
Seance du 2 niai 1828.
M. W illiam Huttmann , au nom de la Societe royale aslatlque de
Londres, reniercie la Societe de Tenvoi duRecueil de ses Memolres.
" M. le secretaire de I'Acadeinie de sciences, arts et belles-lettres
de Dijon , teinolgne le desir d'obtenir, pour la bibllolhequc de cette
academie, le 2' volume du Recuell des Memolres de la Societe,
au prix fixe pour les membres. Accorde.
M. Langles ecrit, en reponse a la lettre de M. le President, qu'il
est Ires-sensible a la marque d'estlme que la Societe veutbien donner
a la memolre de son pere.
M. C. Moreau adresse des renseignemens parvenus a Londres
sur les premieres tentatives faites par M. Jamison et plusleurs na-
turalistes pour pcnetrer dans I'interieur de la Nouvelle-Galles du
Sud, afin de s'assurer de I'existence d'un lac qui , d'apres le rapport
des indigenes, parait avoir une tres-grande etendue. {Foy. p. 220.)
Le meme membre adresse des details curieux sur un autre voyage
dans I'interieur de la IVouvelle-Hollande , entrepris en 1827 par
M. Cunningham, et dont Ics resullats paraissenl Ires salisfaisans.
Kemerciniens t-t inserlion an liullelin. ( /'«/. pag. 2 in.)
M. Alexandre Barbie du JJocage communique, d'apres M. Ste-
venson, de nouveaux rcnseignemens a I'appui de ceux que M. C. Mo-
reau a adresses prccedcmment sur les fonilles failes le long de la
cote qui avoisine le port de Liverpool. Kenvoi au comite du
Bulletin.
M. Jomard communique TExtrait d'une letlre de M. Raoul de
Beaufort, relative a la position geographique de la partie S. E. dc
I'ilc d'Owyhee qui, selon lui , se trouve a 18° 4;' a" lieu de 18" 42''
ainsi qu'elle est marquee sur les carles.
M. Sueur Merlin offre, aunom de M. Teissier, sous-prefet dc
ThlonYllle, pkisieurs ouvrages sur la Geographie historique doiil
cet estiuiable savant est I'auteur. M. Boltin veul bicn sc charger de
rendre conipte de VHistoire de Thionoillc.
M. Morin, Ingenieur des ponls el chaussecs, appellc rallentlon
de la Soclele sur sa correspondance meleorologique el sur le projet
qu'il a contju de former une Soclele dont le but scralt d'accelercr
les progres de la meteorologle.
jVI. J.-G. Barbie du Borage annonce que le bruit de la morl de
M. Rousseau est dementi par une lellre parvenue reccmmenl a
Paris , et qui est posterieure ^ I'dpoquc ou cette nouvelle a ete
apportee de IripoII.
M. Pacho lit un fragment sur le Jardin des Hespdrides. II dis-
tingue d'abord d'entre eux les divers jardins de ce nom, que I'an-
tiquite a successivement places dans une ile de I'Ocean , a rexlremile
occldenlale de I'Afrlque, et enfm dans la CvrenaYque ; 11 s'atlarhe
cnsuile a relrouver lelleu qui, dans cetle dernicre contree, pent le
mieux convenir au Jardin des Hesperldes. M. Pacho refute I'opi-
nion qui place ce Jardin aupres de I'ancienne ville de Berenice ; et,
s'appuyant de divers temolgnages de Tanllqulte, notammenl de
la description detaillee de Scylax , 11 croit qu'aucun lieu , dans la
CyrdnaVque , ne sauralt mieux convenir a la situation du Jardin des
Hesperldes que Ic promontoire Phycus ; soit, parce que ce pro-
inonloire contient un port ancienneinent frcquentd par les Plieni-
cietis, et oil peuvcnt aborder les Argonautes; soil, parce que ses
falaises sont elevees et abruptes ; soit enfin, parce qu'il a retrouve
dans les forefs et les bosquets qui en couronnent le sommct, tous
les vegetaux si scrupuleusement cnumeres par Scylax , aux pom-
miers et noyers pres, qui y furent probablement apportes par les
Grecs.
M. de la Pylaie.lit I'exlrait d'un Memoire intitule : Noiwelles Ob-
servalioits sur les monumens de Caruac, en Bretagne. Ce Memoire
plus delaille que lout ce qui a etc ecrit jusqu'a ce jour sur ces anti-
quites celebres, renferme des considerations nouvellcs sur I'objet
de ce monument. Renvoi au comite du IJulletln.
M. Sueur Merlin continue la lecture de son rapport, sxxr VEssai
StatisUque sur les froniieres N. E. de la France , par M. Audenelle.
Seance du i6 mai 1828.
MM. le baron Cuvier, le vicomte Simeon el le baron Roger,
nounnes president , vice-president et scrutateur , a la derniere
Assemblee generale , adrcssent leurs remerciemens a la Societe et
lui proniellent de seconder ses efforts.
M. le cbevalier de Couessin, admis recemment dans la Societe,
lui adresse ses remerciemens et lui fait hommage d'une carte ma-
nuscrite ou sont tracees les differentes routes de ses voyages et
specialement celles de son voyage aulour du monde. Remercie-
mens.
M. le capitaine Sabine annonce que, sur sa proposition , la
Societe royale de Londres a decide qu'elle adresserait a la Societe
de Geographic, en echange du Recucil de ses Memoires, les Tran-
sactions philosophiques qu'cUe public cbaque annee.
M. Deuaix depose sur le bureau un tableau faisant connaitre
les decouvertes el les etablissemens des Europeens dans loutes les
parlies du monde. Cette publication que I'auteur continue avec un
'94
zele digue d'eloges, sera incessaniment suivie il'uiie iTiappeinonde
et de deux tableaux geogiapliiques destines a completer ses consi-
derations generales sur le globe et sur I'Europe. M. Denaix refute
aussi quclques assertions conlenues dans le i8' numcro du Biblio-
mappe. Remerciemens.
M. JSalhi ofi're un tableau qu'il vicnt de publier sous le litre de
Balance puJlli'que chi globe en 1828. Iieniercieinens el renvoi a
M. de la Roquellc, pour rendre compte de cet inleressanl travail.
M. Uresson , secretaire d'ambassade a Washington , adresse un
rapport fait par le gdneral du genie JJcrnard , au nom du bureau
des ingenieurs des Elals-Unis, sur le canal projete qui doit unir la
bale de Cliesapeak a TOhio : ce rapport, accompagne d'une carte
topographique ou sont traces les profils , est renvoye a M. le genci-
ral Haxo, pour en rendre coniple.
M. C. Moreau adresse de nouveaux details sur la niort des vova-
geurs Clapperton et Mungo-Park , apportes a Londres par Joseph
Lander qui etail au service du capitainc Clapperton.
Le m^me JVIenibre Iransmet la suite des renseignemens relatifs
a la nouvelle colonisation de Fernando-Po. II annonce egalcment
qu'une expedition sous les ordres de M. le professeur Hanstein et
le docleur Ennan , de Berlin , est sur le point de se rendre dans
le nord de la Siberie , dans le but d'observer les phenonienes du
magnetisme et de determiner , s'il est possible , la situation des
poles magnetiques. Remerciemens et renvoi de tons ces documens
au comile du iSullelin. (J'oy. pag. 221.)
M. Jomard donne lecture d'une lettrc qui lui a elii adressee du
Senegal et qui contient des nouvelles de la catastrophe du major
Laing, d'apres les recits des Maures. II communique entre aulres
une note ecrite de la main dun Maure venu de Tombouctou h
Saint-Louis du Senegal, el traduile par M. Prosper Gerardin. Les
details confirment ceux qui sonl parvenus en Europe par la vole
de Tripoli. Renvoi au Comite du Rulielin. {Voy. pag. 2o3.)
M. Warden communique des renseignemens sur la colonic
atnericaine de Liberia surlacote d'Afriquc , cHablie par les soins dc
!a Coinpagnie connuc sous le titre de ylmerican rolunisation society.
Reinerciemens et renvoi auComlte du Bullclin. {Voy. p. i65. )
M. Puissant lit une note dans laquelle il expose une melhode
de calcul Ires-simple , pour determiner sur le splieroide terrestre ,
la plus courte distance de deux points donncs par leur latitude et
leur longitude, dans la supposition que cette distance ne depasse
pas 200,000 metres. Cette methode , fondee sur les considerations
les plus elementaircs, a ete appliquee avec succes a la liaison de
I'ile de Corse a la grande triangulatlon de France, et a conduit
aux niemes resultats que les formules rigoureuses de la trigono-
metric splieroidiquc. Renvoi au Comite du Bulletin. (/^'oj. p. 184..)
M. Huber adresse la suite des Considerations d'economle publi-
que et statistlquc sur Tile de Cuba, extraites des Annales des scien-
ces, publiees a la Havane, par M. Ramon de la Sagra. Remer-
ciemens.
M. Barbie du Bocage depose sur le bureau un Catalogue de
toutes les cartes gravees en Russie aux frais de I'Elat, jusqu'au
i^"" Janvier 1828.
§ 2. Acl missions, Off res d'omTages , etc.
MEMBRES NOUVELLEMENT ADMIS DANS LA SOCIETE.
Seance du 11 avril.
M. JiiBETMT , architecte.
M. le comte de Neuwry.
Seance du 2 mai.
M. le chevalier Maurice de CouessIn , genfilhomme breton ,
ancien commandant de lerre et de mer, etc.
Seance du 16 mai.
M. BoisTEMPS-DuBARRY, chef de bureau a radministratlon ge-
ne rale des Douanes royales.
igG
OTIVRAGES OFFERTS A L.V SOCIETE.
Seance du ii ami 1828.
Par M . tic la Pylale : Voyage a Vile de Terre-Neme , Paris , 1827,
in-8».
Par M. Delcros : Notice sur Ic terrain secondaire qui constitiie la
chatnc de Suinte-V ictoire el la villc d'Aix , unc broch. in-S".
Par M. JJoUin: Almanack du Cuninierce , Paris, 1828, i vol.
in-8".
Par M. Mangon dc la Lamk : Dissertation sur Saniaroljriva , an-
ciennc villc de hi Gaule, Saint-()uontiii , 1 brochure iii-8". — Me-
moire sur Samarodriva, Saint- Quentiu , 1827, i broch. 10-8". —
Memoire en reponse a celul de M. liigollot, sur Samarobriva, Saiul-
Quenlin, 1827, i broch. in-8".
Par la Sociefe Medico- Botanique : Bye-La.vs of tlte Medico-
Botanical Society of London , 1 broch. in-8''.
Par M. JJajot : Annales maritinics et coloniales , cahier de mars
1828.
Par iNI. Jullien : Reme Encyclopedique , cah. de mars 1828.
Par M. Toulouzan : L'Ami du Bien, G'^ cahier.
Par la Societe de la Seine-Inferieurc : Extrait de ses iramu.v,
trimestre d'octobre 1827 , 27'' cahier.
Par M. Arthus-JBertrand : BiOliothequr Physico-Economique ,
cahier d'avril.
Par les Auteurs : Plusicurs numeros du Globe.
Seance du iS ai>ril.
Par M. le baron de Lalive : Lettres d'un Voyageur a I'emhouchurr
de la Seine. Par M. A. de Sainl-Amand. Paris, 1828 , i v. in-8".
Par M. de Ferussac : Bulletin des Sciences geograpluqurs , tahier
de mars.
*9!?
Par la Societe d'agriculture Je Lille : Recueil des iravanx de cette
Sociele , annee 1826 et i" triinestre 1827, i vol. in-S".
Par la Sociele de I'Eure : Journal de cette Societe, n°^ 16 et i7i
Par les Auteurs : Plusieurs niimeros du Globe.
Seance du 2 mai.
ParM. Te'issxer : Histoire de Thionoille , Metz, 1828, i v. in-8".
— Rerlierches siir retymologie des noms de lieux et auiresdans la sous-
prefecture de Thiumnlle, i broch. in-S".
Par M. Rclnaud : Description des Monumens musuhnans du cabi-
net de M. le due de Blacas, Paris , 1828 , i vol. 111-8".
Par la Societe d'Emulation deCambray:/l/emo//-es de cette Societe,
1826-1827 , I vol. in-8''.
Par la Societe de la Loire-Inferieure : Seance publique de cette
Societe, i^i antes, 1827.
ParM. Gide : Nom^clles Annales desVoyage's; t7i\\\er S'sivrW,
Par la Sociele Asiatique : Journal de cette Societe , call, d'avrii.
Par les Auleurs : Plusieurs numeros du Globe.
Seance du t8 mai.
Par M. Denaix : Tableau des Etablissemens fails par les Europeens
dans ioutes les parties du Monde, et de /a formation des elats modernes
par lesquels la plupart sont remplaces. Paris, 1828.
Par M. Jialbi : Balance politique du Globe, en 1828.
Par M. Bresson : Map of the country between JVashington ancf
Pittsburg referring to the contemplated Chesapeake and Ohio canal and
its general route and profile , October 1826. — Message from the Presi-
dent of the United States , deccmbre 1826.
Par JVI. Bajol : Etat general de la Marine et des Colonies , pour
fannee 1828, i vol. in-8°.
Par M. le chevalier de Coiicssiu : Carte oil est Iracec la route des
differcns Joyagcs, el particulierenient de celui autour du Monde, du
iheiK Maurice de Lou'essin, 1 feuille.
Par M. Nicollet : Menioire sur iin nouaeau calcul des latitudes dt\
IMontjouy et de Barrelone , pour servir de supplement an Traiie de la
Lose du Sysleme metrlque. Paris , 1828 , i broch. iii-8".
Par M. Warden : Obsenm^oes sobre a ilha de S. Miguel, recolln-
das pela comi'ssuo iiimida a' mesrna ilha em agoslo de 1828 , e re-
gressudd cm oulubro do mesmo anno. Por l.,uiz da Silva Moiizinho
de Albiuiuerque , e seu ajudunte Ignacio Pitta de Castro Menezcs.
Lisboa, 1826, I broch. in-^".
Par M. Arlhus JJerlrand : Bibliotheijue physico-^conomique , cah.
de mai.
Par M. Toulouzan : UAmidu Bien, ^^ cahier.
Par les Autcurs : Plusieurs numeros du Globe.
TROISIEME SECTION.
DOCUMENS, COMMUNICATIONS, NOUVELLES GEOGRA-
PHiQUES , etc.
ETAT DE GUATEMALA. — Buines de Palenque et d'Ocosingo. (Ex-
trait d'utie lettre adressee de Tabasco le 10 decembre 1827 parF'"
Corroy , medecin fran^ais, directeur de I'hopital niililaire de celte
ville. )
J'ai lu avec bcaucoup de plaisir dans I'Aigle mexicaine , que vous
desiriez des details et des renseignemens sur les ruines de I'an-
cienne ville de Palenque , et que vous offriez un prix pour la des-
cription de ces ruines.
Je ne pretends pas a I'honneurde recevoir le prix quevous proposez;
mais je serais Halte , et il me serait extremement agreable de pou-
voir satisfaire votre curiosite sur ce que vous demandez; je
ni'efforcerai de le faire aulant qu'il me sera possible.
Jusqu'aujourdhui , personne n'est en etat de donner plus de ren-
seignemens que ceux que je possede sur les ruines de cette Palmyre
am(^ricaine que j'ai visitee comme un second \ olney ( quoique su-
perficiellcment), pendant I'annde 1819.
>99
J'ai entre les mains i4- dessins de figures cl d'hicroglyphes ; j'ai
vu un grand nombre des originaux qui couvrent les murailles.
Je possede egalement I'histoire que I'on a ecrite sur ces ruines ;
quolqu'elle ail besoin d'etre corrigce, elle nc laisse pas d'etre tres-
instructivc ct remplie de details curieux et surprenans.
Si Thierry de Menonville , niedecin fran^ais , rendit service
a la France, sa patrie, en y apportant le premier la cochenille (i), moi
Corroy medecln , qui suis ne a Paris et qui ai conserve pour mon
ancienne patrie les plus vifs sentimens de reconnaissance , comme
lul , je desire partager la gloire de lui etre utile en tout ce qui de-
pendra de moi, il suffit d'etre ne fran^ais pour ne pas etre ingrat
envers son pays natal. C'est pour cctte ralson que je recherche
avccempressement I'honneur de correspondre avcc voire honorable
societe et de vous donner lous les renseignemens que je pourrai
me procurer.
Depuis 21 ans je reside dans cette capltale de Tabasco, situee i
4.0 lieues ouest du nouveau et ancien Palenque ; mon epouse est
native de la nouvelle ville de Saint-Domlngue (Saint-Domingo
de Palenque ) ou je me suis marie et ou j'ai des parens et des amis ;
ct par consequent , je puis plus facilement que qui que cc soil tlrer
des dessins de loutcs les sculptures , ecus d'armes et autres objets
qui existent en ce genre.
II y aurait des difficultesa surmonler pour seprqcurer les grandes
pierres ou se trouvent les diverses figures sculplees que vous indl-
qiiez , et meme je suis cmbarrasse pour en tirer des copies : on ne
trouve dans cette ancienne province aucun peintre ni dessinateur.
(^uelques uns de mcs amis de Palenque m'ont offertde m'envoyer
ici dans 8 ou g mols , deux grandes pierres d'environ 3 varas ( aunes
d'Espagne) de long, sur une et demie de large, et qualre doigts
d'epaisseur ; je desire ardemmcnt qu'ils realisent cette offre.
(0 \'oycz riiisloirc till rcgiic ar!iin[il par I*.!, lo haron Cuvicr., torn. 4)
[Ki^e iG{, annc'c 1817.
!00
11 est impossible de salisfaire cntiercment vos desirs , car il fau-
drait aballrc ct Lrftler la forct pour chasser les serpens horribles ,
Ics coulcuvres et les f^normes et monstrucuses chauve-souris qui iii-
festent ces pays-ci , et s'y renconlrent en grande quantity. Une pa-
reille operation neccssileraitbeaucoup de monde , car Ton suppose
que I'ancien Palenquc a - licucs dc circonforence : inalt^re tout , je
puis, commc j'ai eu Ihonncur de vous io dire, vous procurer de
tres-bons reuseignemcns , et pcut-etre pourrai-je fairc plus par la
suite que ce que je vous annonce maintenant.
J'ai riionneur de vous remettre la premiere parlie de Touvrage
sur Palerique , il me reslera a vous euvoyer la seconde , si cette
premiere partle est digne de votre attention. On les a imprimees
avec Tinlenlion dc publier I'liisloire de Palenque, ce que je n'ai pu
encore eft'cctuer.
J'ose vous assurer que I'liistoire qu'on pourra former , en v
ajoutant 4° ou 5o desslns , sera un dfis monumcns les plus inte-
ressans de notre si<^cle; mais, pour atteindre ce but , j'aurai besoin
d'aide et de secours.
ISous avons aussi a faire de nouvellcs reclierches sur I'ancienne
ville ruinee d'Ocosingo , eloignee a pen pres de 20 a 25 lieues de
Palenque, jusqu'ici on en a tres-pcu parle, ct cllc n'cst guere
connue et cilee que dans riilstoire que je posscde.
Ayez la bonte , si vous m'honorez de votre correspondance ,
de m'^crire par duplicata, par \ era-Cruz , el je me ferai un plaisir
' de vous repondre.
J 'ai I'honneur d'etre , etc.
Signe Francesco CoRROT.
Lettre sur le tremhlement tie ierre de la Colomhie, adressee h M. yilex.
Barbie du Bocage , par M. d'ylrosla.
M. le president de la commission centrale de la Soclelc de geo-
graphic m'a inyile , sur voire proposition , a donner dcs details re-
aoi
latifs au dernier tremblement tie lerre qui a eu lieu h la Colombie.
Quoique /e Globe ait deja public les renseignemens les plus im-
portans qui nous soient parvenus a cet dgard , j'ai cru que pour
repondrc a Tinvilation dc M. le president , il etalt de mon devoir
de vous coinmuniquer tous ceux que mes relations avec le pays
in'ont mis a meme de recueillir.
Je les aurais deja communiques a la Societc si j'avais suppose
qu'un evenement que je n'avais envisage que sousle rapport geolo-
gique pdt meriter de fixer son attention.
Jamais , dcpuls la decouverte de I'Amerique , les commotions
du sol sur la Terre Fcrme n'ont ete ni aussi frequentes, ni aussi
destructives qu'au commencement de ce siecle.
hn 1807 la ville de Honda , une des plus peuplees des rives de la
Madelaine , fut detrulte de fond en comble par une secousse de
tremblement de terre.
Le 26 mars 181 2, les vilies de Caracas , Merida, la Guaira et
San-Phelipe eprouverent le meme sort : vingt mille personnes
perirent dans lespace de quelques minutes.
Le 17 juin 1826, la plus violente secousse qu'ont eut jamais
essuyee a Uogota , renversa un nombre considerable des edifices
de cetle ville ; et le 16 novembre de I'annee suivante , le tremble-
ment de terre , qui se termina par I'eruplion du Purace , detruisit
une grande partie des vilies de Popayan et de Neyva.
Trenle ans se sont a peine ecoules depuis le 4 fevrier 1797 , jour
de la memorable catastropbe de Riobamba, qui suivit de trois mois
seulement la ruine de Cumana , et nous avons vu dans ce court
espace de temps , bull vilies ancantics , et plus de soixanle iiiitle
personnes ensevelies sous les ruines des habitations, ou noyees par
les inondations qui ont accompagne les trcmblcmens. Je crois que
riiistoirc nous offre peu d'cxemples de semblables calamiles , d'au-
tant plus desaslreuses dans le pays dont il s'agit, qu'il est soixante
fois moins peuple que la France : a peine y compte-l-on trente liabi-
tans par lieue carree.
202
Avaiil rle voiis parlcr du deniier <lc ccs IrcinLlenicns Ac Icrrc , jc
me suis perniis dc rappeler ccux qui Tonl precede. Sirallcnlion pu-
Lliquen'a pas etc suffisainineiil fixee sur la succession deplorable de
ces terribles phenomenes, donl la m»?mc generation a ete victime,
peut-etre faudrait-il en cherchcr la cause dans reloignemenl du pays
oil ces accidens sont arrives , el dans I'importance et la rapidile des
ev^nemens d'un autre genre qui se sont succede dans le inemc in-
tervalle de temps sur Tun et I'aulre continent. Toujours est-il vrai
que si une pareille scrie de sccousses se renouvclait , on ne pour-
rait s'empecher d'elever une objection contre I'opinion des geolo-
gues qui pensent que la frequence etl'intcnsite des tremblemens de
terre et des actions volcaniques diminuent avec I'^ge du monde.
Le Purace est le premier volcan aclif que Ton rencontre dans la
cbaine des Andes , au sud dc Cumana , sur une etendue de pr<^s de
quatre cents lieues. Cest dans un rayon d'environ quarante lieues ,
autour de ce volcan , que le dernier trcmblcnient a exerce ses plus
cruels ravages.
Les trois sommcts du Guaila, du Zotara et du Purace sont trcs-voi-
sins , et leur situation , dans le groupe que forment en se reunissant
les trois brandies des Cordilleres qui traversent la partle cenlrale
de la Colombie, est fort remarquable. A partir du i6 novembre , a
six lieures du soir , que la premiere secousse fut ressentie a Popayan ,
la lerrc nc ccssa de s'agiter , a des intervalles plus ou moins longs ,
jusqu'au moment de I'eruplion du volcan. Celle premiere secousse
se fit senlir, a qualre-vlngis lieues N.E.,dans la vllle deliogola,assez
vivement pourrenverser plusieurs edifices, tandis que les secousses
du 17 , a cinq beures du matin , et du m^me jour a 11 lieures 4-5'
qui causerenl tant de dommages a Pojiayan et dans les environs, ne
parvlnrent pas jusqua cette capltale , ou furent si falbles qu'iln'en
est point fail mention dans les letlres qu'on en a revues.
Les babitaiis de la vllle de Popayan eurenl le temps de sesauver;
deux persoiiues seulement furent luees ; mais dans les vallees de
Neyva et de Palia plus de Irois cents habilans perirenl par suite
2 03
des inondatlons et de la crue des fleuves , la pluparl des lieux habl-
tes etant situes sur leurs hords. La premiere de ces valines est arro-
see par la Madelainc supericure et ses affluens , et peut etre consi-
deree comme le commencement du bassin de ce fleuve. La seconde,
que traverse la Patia , qui porle ses eaux a la mer du Sud , est la
vallee la plus profonde et la plus chaude des Andes ; elle offre
peut - elre le seul exemple dun cllmat malsain , au milieu des
Cordilleres.
II parait , suivant une lettre du gouverneur de la province de
Neyva , que des changemens notables se sont operes a la surface
du sol dans cette province : des coUines auraient disparu , et des
lacs occuperaient aujourd'hui Icur place , nous ne savons toulefois
rien de positif a cet egard.
On ignore encore , et probablement on ne connaitra pas de
long-temps Ics effets que le tremblcment de lerre a produits vers
le S. E. Dans cette direction , et a quelques lieues de Popayan ,
commencent des forets immenses ou le Caqueta , le Pulumayo et
le Caguan , affluens de I'Amazone, prennent leurs sources. Ces fo-
rets sont seulement parcourues par les Andaquies, tribus d'Indiens
sauvages , qui n'ont presque aucune communication avec les autres
habitans du pays.
Si quelques nouveaux fails dignes de Fattention de la Societe
me parviennent , je m'empresserai de vous les communiquer.
Paris, le 10 avril 1828.
Extra IT tVune lettre adressee a M. Jomard, en date de Saint -Louis
du Senegal, le 18 fevrier 1828, concernant le major Laing.
II n'est bruit Ici que de la mort du major Laing. La nouvelle
nous en arrive de tous cotes. Maures et negres, a Saint-Louis
comme a Bakcl, tout le monde s'occupe de ce tristc evenemenl et
des details qui en confirinent Taffrcuse aulhentlcitc^. Un Marabout
204
de Tischit sort i 1 instant Je chez moi , et se propose pour allor
rcclamcr pres du rol do Toinboijclou les niamiscrlts et les effets
de ce voyageur. Les details qu'll. m'a communiques sur cetle san-
glantc catastrophe , sont analogues a ceux qui sonl consignes dans
la lettre ci-incluse , qui est egalement relative a ce deplorable eve-
nemcnt. I.ors memc que dcs reriseignemens plr.s dignes de con-
fiance delruiraieiil les crainles que ceux qui sout contenus dans
cetle missive me font conccvoir , il est neannioinsremarquable que
les memes nouvelles circulent dfe I'extrcmite de I'Afrique a I'aulre
extremitc sans eprouver une alteration sensible dans I'ensembledes
faits qu'elle signale, ni meme dans la nature des particularites qui
s'y rattachcnt.
Enfm , si CCS bruits ne la confirmeiU pas, il est tres-probable
qu'ils sont iuvenles et repandus par les caravanes , qui, en s'oloi-
gnant du centre de TAfriquc , croieiit avoir un Interet a senior
ces afiligeans rapports, afin d'en eloigner les Europeens, contre
lesquols les marcliands coh9oivent une jalousie d'autant plus grande,
que ces premiers pretextent uniqucment le desir qu'ils ont dY'ta-
blir lours relations .commerciales pour legitimer leur arrlvee pres
les chefs des nations quils parcourent.
Une pcrsonnc qui arrive de Gambie, me fail part dcs memos
craintes que vous me tomoignoz au sort de M. Clappcrton. J^es
Anglais qui resident dans cetle colonic paraissent au contraire
s'alarmer fort peu dcs iuquioludes qu'on eprouve sur la vie du
major Laing. Dcs documcns qu'ils ont obtenus dernieroment sur
I'elat de ce voyageur , sont-ils d'une nature a dissiper lours soup-
90ns.' je n'en sais rieu encore; mais on dit que c'esl une lettre du
major Laing qui leur inspire cetle socurile qu'ils partagent sur
son sort.
Si'sne Prosper Gekabdin.
205
Traduction d'une kttre d'un Mmre, adressee a Saint-Louis.
Chefs (1e la Iribu dcs Darmancours ,
Sachez que Chems m'a dll qu'il a rc^u une lellre de Salek, fi!s
denotre Iman etde notre Clieih (a Tiscliit) , relative au Chretien
qui est allc a Ghadames. De celle ville , il a marclie vers Toual,
puis ensulte il s'est dirige vers la tribu de CheVh Moctar ( chef des
Kountas , a Vtsi du royaume des Dowlches). Moyennant mllle
gros d'or , les gens de cette tribu I'ont accompagne a Tombouctou,
ou ils sont arrives apres une route qui a dure sept jours; ensuite
lis I'ont quitte. Ce blanc rcsta quclques jours a Tombouctou, puis
il en sortit. II fut rencontre par des Maures, qu'on appellc Bera-
biches. Ceux-cl le tuerent, volerentson argent, ct laisserent la les
livfes qu'il posscdait.
Salek dll que si les Chretiens veulent ces livres, ils n'ont qu'a
lui envoyer quelqu'un, et qu'il les lui reinettra.
Les Eerablches sont des Maures qui babitent dans les environs
de Tombouctou et d'Araouan. '
Le roi de Tombouctou se nomme /A- W ' clKluich.
Extra IT des renseignemens sur la Colonic anglaise de Fernando-Po ,
adresses par M. C. MoREAU.
L'expedltion destinee a former la nouvelle colonie de Fernando-
Po mouIUa dans labaie de Maidstone le 27 octobre 1827. A peine
y etail-elle arrivee que dcs naturels , monies dans dcs canots, se
presenlerent pour echanger contre du fer des ignames, des lignes
a pecher, de la volaille, du vin de palmier, conlenu dans des
calebasses , des peaux de singes et de seqjcns et de pelites boi-
tes artislemcnt travaillees. Ces indigenes, bien que d'une stature
moyenne, paraissenl neamnoins fort robustes. lis manifesterent
au commencement de la repugnance a venir a bord ; mais peu
2o6
^ peu ils se rassurercnt ; cl plusicurs s'y rendircnt accompagncs
de leur chef, qui sc nommalt Koukoulakou. Us avaient Ic. corps
barbouille (Vune sorle de teinlure, formee d'ocre rouge et d'hulle de
palmier. Le chef seul I'avait pcint en jaune. Lenrs cheveux , qui
leur tombalent en boucles sur les epaules , claient aussi teinls de
la meme couleur. lis avaient le dcvant de la tetc decouvcrt , ot le
sonimet en parlle rase. Celle des jeunes gens I'elalt enllercment ;
et il ne leur restalt qu'une mechc sur le haut. Lcurs chapeauK elalcnl
plats, a petite Lords et ornes de feulUes, d'os de singes el d'aulres
aniniaux et de plumes blanches et rouges. Ces dernieres devaicnt
avoir ete plongees dans du sang, lis portaient des bracelets, des
colliers et des celntures. Celles-cl conslstalent en une chaine falle
de vcrlebrcs de serpens ou de fruits sauvages, et supporlalcnt le
seul velcment qu'ils eussent , Icquel se composait d'un pcllt labller
en pcau, qui leur pendalt des lianches aux culsscs. Le chef seul en
porlall un par derrlere. La muslque semblalt avoir un charme
tout parllculler pour eux. La vue des chevaux , desanes, des boeufs,
des cochons, etc., leur causa une grande surprise. La vache les
amusa beaucoup : c'elalt a qui lul tirerait la queue , et lui en arra -
cherait les polls. Koukoulakou prenalt plalslr a frolter sa lougue
barbe contre celle des Anglais qui en avaient. Us furent tres-satls-
faits des chaises qu'on leur offrit pour se reposer, parce qu'eux-
mi^mes s'asseolent dans lcurs hultes sur des blocs de bols , contre
I'usage presque general des Afrlcalns , qui ont riiabllude de s'ac-
crouplr sur les gcnoux ou sur les talons. Le fer etalt I'objet auqucl
ils paraissalent attachcr le plus de prix. On donna un cercle de fer
au chef, la moltle d'un autre a son frere et des morceaux d'un
pied environ de longueur a chaque personnc de sa suite. Un des
naturels qui ne put reslster a la tentatlon que lui causait une hache,
s'en saisit, et la cacha sous son tablier. Decouvert par un des ma-
telots, 11 falllll expler blen cherement son crime; car, apres avoir
ele cruellement ballu par scs camarades , on le prit , et on Tatlacha
a un arbre, el un des chefs s'avan9ait, un couteau a la main, pour
207
I'egorger, lorsqiie MM. Harrison ct Jeffery intercedcrcnl en sa
faveur, et lui sauverent la vie.
Ces indigenes ne connaissent pas Tusage des vetemens; les
femnaes vont nues comme les hommes. Leurs canots ont i5 a 3o
pieds de longueur, et peuvent contenir douze personnes. lis se ser-
vent, pour les navlguer , d'une espece de voile carree ; et a la proue
il y a luie perclie , dont le Lout est ome de plumes. Le bruit des
mousqucts parut Leaucoup les effrayer. lis s'en plaignirent nieme
au capitalne ; mais, voyant qu'on nes'en servait que pour tuer des
singes ou des daims, ils n'y firent bienlot plus attention.
Le capitaine clioisit, pour y construire une habitation, un em-
placement qui avait ete autrefois occupe par les naturels. \ oulant
se concilier leur amitie , il cntra en marche avec eux pour le ter-
rain dont il avait besoin , et qu'il leur paya avec du fer. 11 leur re-
pugnait toulefois de voir que , pour couvrir leurs cabanes , les An-
glais dcpouillaient les palmiers de leurs feuilles, et coupaicnlmeme
les arbres. lis ne connaissent rien de plus delicieux que le vin qu'ils
en tirent; et I'idee d'en manquer ne leur souriait pas. Aussi ce fat
difficilement que le capitaine parvint a dissiper leurs craintes a
cet egard, et il fallut meme avoir recours a un petit present en fer
pour les tranquilliser. M. Owen employa plusieurs jours a explorer
la parlie orientale de la baie; ayant juge la pointe William favo-
rable a I'etablissement projete, il y fit aussilot commencer les Ira-
vaux necessaires ; et le 25 decembre , il en prit formellemcnt pos-
session. Le chef-lieu porte le nom de Clarence - Cooe. Suivant les
derniers renseignemens qu'on en a re^us , et qui ont ete transmis
a la Societe de geographic par M. Cesar Moreau, la colonic con-
tinue de prosperer, et ne peut manquer de devenir un jour fort
importanle. EUe possede des sources abondantes d'une eau limpide
ct excellente, et offre plusieurs bons mouillages. Les colons y jouis-
sent d'une sante parfaite , et sont pourvus de provisions de toutc
espece, de moutons, volaille, lortues , poissons, etc. Neanmoins
ce ne sera qu'apres les pluies de mars qu'on sera a meme de pro-
2o8
noncer sur la salubrite du pays. Le 5 Janvier 1828, il n'ctaitmort
que 5 ties lyo Europeens qui y dlaient arrives six mois aupara-
vanl; et sur 5oo iialurels, la morlalitc ne s'ctait elevec qu'a six.
La maladic qui parail y regner le plus coiumuneinent est uue es-
pece d'ulcere dout le chlrurgien a dcja gutiri 3o individus.
lies noui>ellement decouverles , sur la c6te du Jopon.
Ces lies ontetedecouverlesle 12 septembre 1824, par le capilaine
Coffin, de INaiitucket (Etals-Unis). Elles sorit au noniLre de six,
sans compter un grand nombre de rochers ct de recifs, et ferment
le groupe situe au midi de la T^o'mie. Saruluam , sur la cote du Japon ,
donl elles sont liloignees de quatre jours de navigation seulcment;
el la bale oi'i-M. Coffin jeta i'ancrc, est par le 2G" 3o' de latitude
nord, et le i^i" de longitude E. de Greenwicb.
Le capitaine donna a la plus grande de ces fles, qui a 4- lieues
;de long, le nom de Fisher, et celui de Kidd a ccHe qui lui parut
ensuite la plus etendue , en Tbonneur de MM. Fisber ct Kidd
de Eristol ( Angleterre), proprietaires du bailment. La troisieme,
la plus nieridionale , fut appelee lie du Sud; et il nomma la qua-
Irienic lie des Pigeons, a cause de la grande quantite d'oiseaux de cette
espece qui s'y trouvent. A environ 4- miUes E. N. E. de 1 lie du Sud
sont les deux autres ties donl le terrain est eleve et de forme circu-
laire, ct auxquelles M. Coffin ne donna point de noixi. L'llc
Fisber s'etend du S. S. E. au N.N. O., el Tile de Kidd, la plus
occidenlale du groupe , est situee au S. E. de la parlie seplentrionale
;de rile Fisher. Ces ties ferment une belle bate de deux milles de
large sur cinq niillcs de long. Le capilaine ayant double celte
baie , trouva a 4 milles au-dessus, pres de i'Ue Fisber, une
autre baie plus petite et non moins commode, ou il jela I'ancrc
par 1 5 brasses ; 11 lui donna le nom de IIdi>re deCoJfin. Ce bavre est
g I'abri de tous les vents , si ce n'est du cote O. S. O. ct n'a
aog
poiiil (le courans. M. Coffin y pnt 5o tonnes d'cau de la meil-
lemc qualltc , et une Lonne provision de Lois. Les eaiix de cette
bale sonl remplies de torlues , de honiards et de polssons
excellens. Le capltaine Coffin n'y decouvrit aucun quadrupede,
reptile ou insecte de quelque espece que ce fiit , pas ineme une
fourmi. On y liouve bcaucoup de gros arbres de la plus belle
espece , au nonibre desquels est I'arbre a cliou; et il n'exisle aucune
marque sur les arbres, ni aucune trace sur le sol, qui iudique
que riiomine ail jamais penetre dans ces lies. Ce groupe sera un
lieu de relache tres-utile pour Ics balimens employes a la pecbe
de la balcine et pour ceux qui se rendront de Canton au Port-
Jackson ou a la cote nord-oucst de TAmeriquc.
Warden.
Voyage en Sibeiie, de BI. le professcur Ledebuhr.
M. le professeur Ledebuhr vicnt de rendre compte au conseil
de ruiiiversite imperiale de Dorpat du voyage botanique qu'il avail
etc charge de fairc dans les monts Altai", et dont il se propose de
pnblier une relation detaillee. Nos lecteurs nous sauront gre sans
doule de metlre sous leurs yeux un extrait de ce rapport.
« Je parlis vers la fin de Janvier 1826, dit M. Ledebuhr, et le 9
mars j'arrivai a Earnaoul , ou je fis , avec mes compagnons de vo-
yage, les dispositions necessaires pour commencer nos recherches.
Le docteur Meyer et le docteur Bunge, qui devaient se diriger le
premier vers le sud , et le second vers Test, me quitterent le 18.
Oblige de m'arreter quelque temps a Zmeinogorsk, oii j'etais
arrive le 12 avril, j'en profilai pour faire quelques excursions dans
le voisinage, et pour visiter Tusine a soufre de Kolyvan el le vol-
can de Reven. Le 28, j'atteignis Riddersk , ou j'etudiai la flore
printaniere a la base des monlagnes qu il n'elait pas possible de
gravir; je fis de la, en attendant, une course dans la steppe des
210
Kirghis, pour comparer la florc de la rive moridionale de Tlr-
tysch avec celle de la rive opposec. De retour a RIddersk, ce ne fut
que Ic 8 juiii que j'cus la possibilite de commencer mon voyage
dans les monlagnes. Aprcs avoir traverse les glaciers et la vallee de
Koxounc, avoir alleint la source du Tcharisch dont je suivis le
cours peudaut plusieurs jours , j'arrivai au village de Tchelchou-
liklia, el, le 26 juin, je rejoiguls le docleur JJunge dans cclui d'l-
maue sur la riviere Koutague, d'oii je relournai a Riddcrsk par
un auire cliemin , a t ravers le glacier de Koxoune.
M'etant aperi^u que la contrce arrosee par le Tcharisch elait
d'une richesse adinirable en planlcs rares, dont on pourrait faire
une ample coUeclion dans une saison un peu plus avancee , je re-
conunen^ai la meme tournee, le 12 juillct. Arrive le 23 au village
de Korgone, il me fut impossible de remonter a la source de la
riviere de ce nom qui coule dans une vallee rocailleuse, bomee par
dcs rochers de iGoo a 2000 picds d'elevation ; je ne pus pdnetrcr
qu'a 4 verstes au-dela des carrieres d'ou Ton tire le porphyre el le
jaspe pour les fabriques de Kolyvan. Sur la foi de mes guides, qui
m'assurerent connaitre un autre chemin conduisant a la limite me-
ridionale de ces Alpes, en remontant aux sources du Sentilck et de
rinea, je partis par Korgone , le 25 juillet, et le 27 j'arrivai , non
sans difficulte , sur un plateau uni , eleve de 7000 pieds au-dessus
du niveau de la mer , et qui a 25 verstes du iiord au sud, rencon-
tre qui me parul d'autant plus remarquable , (jue ce plateau n'est in-
dique sur aucunc carte. J 'en descendis avec assez de peine dans la
vallee de I'Ouba, el, le 3o, j'arrivai, sans accident, a Riddersk.
Apres avoir visile de nouveau la monlagne d'Ouba, je me rcmis
en route le 4 aout pour Ouslkamenogorsk, d'ou je remonlai Tlr-
tysch jusqua Rouklilarminsk ; je me rendis ensuite a la mine de
Cipynovsk, et le 18, j'arrivai au village russe de Fikalka, silue a
i5o versles plus loin, sur la ligne meme fronliere, a prcs de 5aoo
pieds d'elevation au-dessus du niveau de la mer.
Ayant eu la curiosile de visiter Djinghislel, premier posle avancc
21 I
chiuois, je m'y rcndis a cheval Ic 20 aodt, et j'y re^us un fort bon
accneil ; mals jc n'y rcstai que vingl-quatre licurcs. Jc rcprls done la
route de Riddersk, d'oi'i je vlsitai encore tous les lieux riches en
plantes rares ; apres avoir mis en ordre les collections que j'avais
recueillies, je revins a Barnaoul par le lac de Kolyvan et les usines
de Loklevsk, pros desquelles j'examinai un lac dont les eaux sont
chargees de sel de Glauber.
De son cote, le docleur Meyer, qui etait arrive Ic 8 avril a
Boukhlanninsk, parcourutles environs jusqu'au 25 : parti avccune
escorte de Cosaques, il se rendit ensuite au piquet russe nonime Na-
bat , sur la frontiere , et a la peclierie rassc la plus elolgnee , qui
n'est qu'a 8 verstes du ISor-SaVssanc, et qu'il atteignit le 10 mai ;
de la, il visila les monts Arkoul et Dolen-Kara, et les rivieres
Roukane et Kourtchoune.
De retour a Oustkamenogorsk, le docteur Meyer se rendit a Se-
mipalatinsk, d'ou il partit, le 25 juillet, par ia route des caravanes,
qui conduit a Semirek, et qu'il suivit jusqu'aux monts Arkatsk ; puis
se dirigeant au sud ouest, il arriva , le 2 aoAt, a Djengliir Tane ;
il continua, jusqu'au i5, son voyage, dans la direction de Touest,
et tournant ensuite au nord-ouest, il atteignit le groupe des mon-
tagnes de Djengbilcnsk. Le 25, il vit Karkarala, I'une des nou-
velles colonies russcs dans la steppe des Kirghis, ou il s'arreta
jusqu'au 3o , qu'il partit pour ia mine d'cmeraude d'Altyne-Toube.
Enfin, le 28 septembre, il etait de retour a Semipalatinsk , et le
i5 octobre, a Barnaoul.
Le docteur JJunge, qui etait arrive le 4 avril au village de Tcliet-
choulikha , en parlit le 1 1 mai, en remontant le Tcharisch jusqu'a
Kane, ou les ricliesses de la flore le retinrent quelques jours; tra-
versant la montagne qui separele Tcharisch del'OursouU, il atteignit,
le ig mai, le rivage du Katoune a I'endroit ou il re9oit les eaux
du grand Oulegamene, traversa ce-te riviere et les monts Verchalisk
el AVgalak, el arriva, le 22, au bord de Tchouya, qu'il remonia
jusqu'aux iourtcs duKalmoukSaissan-Mongol, non loin du premier
poste chinois. Comme la saison n'etait pas assez avancec pour aller
visiter le lac de Telelz, il reviiit sur ses pas, ct arrlva au village
d'linane, en Iraversarit le glacier de Terekfinsk.
Nous etaiil rt'joinis a Iinane, nous rcinonlamcs ensemble le Ko-
xoune jusqnau village d'Abai, d'ou le docteur liunge se rendil de
nouvcau a Kane, cl retourna au cainpeinent de SaYssan-Mongol ,
qu'il atteignil le 20 juillet; il en parlll au bout de Irois jours pour
le lac dc Teletz. Apres avoir traverse successlvement les inontagnes
couvcrtes dc neige qui separent la Tchouya du JJasclikanc, ct cettc
derniere riviere du Tcbonliscbmane, il arriva, le 28, au lac; mais
le mauvais temps et la cruedeseaux I'obllgerent dc retourncr promp-
tement sur ses pas. Le 12 sepleaibre nous nous rcnconlrames a
Zme'inogorsk.
Le nombrc des especes de plantes que nous avons trouvccsdans
ces diverses excursions s'eleve au moins a 1,600, dont 4 a 5oo
etaient enticrement inconnues jusqu'a ce jour ; cl Ics donnees que
Ton avait sur la plupart des autrcs, ainsi que sur les lieux ou elles
croissent, etaient fort incompletes ; aussi je crois pouvoir elre en
elat de publier mainlcnant une Flora Jltdka aussi cxacte qu'il est k
desirer. iSous avons recucilli des semences de la plupart des plantes
les plus rares, ct quelques excmplaires vivans en ont meme ete cn-
voyes a Dorpat; d'autres sonl resles provisoiremenl a Barnaoul, en
attendant la belle saison.
La geographic , la slatistique , la zoologie et la mineralogic ,
n'ont pas ete negligees dans le cours de noire voyage ; enfin, les
collections que nous avons formees pour runiversile imperialc se
composent :
I" D'un bcrbier de la flore altaique , rcnfermant 1,600 especes ;
2.° De 241 plantes vivantes ;
3" De 1,34.1 especes dc semences;
4" De 700 especes d'aniniaux;
5° D'eclianllilons d'emeraudes, et dc quelques autrcs substances
mineralogiques ;
2l3
6" De quelques objeis d'antlquite trouves dans des tombeaux
Ichoudes. »
Voyages dans ks monts Ourals, de M. le professeur d'Engelhardt.
M. d'Engelhardt, professeur a runiversite de Dorpal, virnt de
faire, ainsi que nous Tavons precedenunent annonce, aux frais de
I'unlversite, un vovage dans les inonis Ourals. 11 a presenle , a son
retour, auconseil decelteuniversile, un rapport sur celte intercssanle
excursion, dont nous mettons Id un exirail sous les yeux de nos
lecteurs. M. d'Engelhardt se propose de puLlier sur le m<}me sujet
un ouvrage beaucoup plus circonstancie.
Vers la fin de lliivcr dernier, dit ce savant professeur, je me
rendls a Sarcpta, celte vllle etanl le point le plus meridional de la
contree dont je devals faIre la description. J'cmployai les quatre se-
malnes que j'y passai : i° a faire des courses dans les steppes vol-
sines, afin de les examiner sur le rapport geologlque ; 2" h. deter-
miner i'ancienne embouchure du \olga, et les coles de la mer
Casplenne , telles qu'eiles etaient lorsque Ic niveau de cette mer
^lant plus eleve qu'a present, elle ne falsalt qu'une mer avec la mer
Noire; 3" a mesurer leur hauteur ; 4" ^ visiter les hordes Kalmou-
kes du voisiuage , et a recueillir de nouveaux renseignemens sur ces
pcuplades ; 5° enfin a me procurer, pour etre envoy^s a runiversite
de Dorpat, des idoles et des ecrils composes par les Kalmoiiks.
Avanlde quitter Sarepta, je fusrejoint par mon compagnon de
voyage, M. le docteur Hess, qui avail dirige sa route par Moscou,
Kouisk et \oroneje. Les recherches faites par ce savant dans les
environs de Sarepta et sur la rive drolte du \ olga , servirent a com-
pleter les renseignemens que j'avals deja recuelllis sur cetle vaste
conlree, peu riche en mineraux , malstres-imporlanie sous le rap-
port geologlque , comme servant de chaine de communication entre
les parlies meridlonales de I'Oural, el de rintericur de la Russle
europeenne.
i5
2l4
De SarepLa je me rendisaOrenbourg ou j'arrivai le gmai , apres
avoir examine les riches magaslns de sel qui se trouvent pres la for-
leresse d'llelzk, ainsi qu 'une partie des steppes que Ton traverse pour
s'y rendre; el apres avoir explore lesfronlieresdu pays des Kalmouks
du cole du goiivernemcnt dOrenbourg, en quillant cetle vllle, je re-
montai la riviere de lOural, jusqu'a la forleressc de Tanalilzh;
m'etanl aiorsdirige vers roccldent, je traversal les montagnes pres
de la Sakinara etdc Tlk , et revins a Oreubourg, en suivant ce cote
des monts Our als. Pendant ce voyage sur une ctendue de plus de 700
versles , j'cxaminai la partie mcridionale de cette chame de monta-
gnes, j'en complelai ct rcctifiai la carle geograpliique, elje nie tra-
cai un plan plus posilif el plus circonstancie de la roule que j'avais
a suivrc pour continuer mon voyage. Ayant charge alors M.ledoc-
teur Hess de se rendre a Zlalooust en longeant la Sakmara, je
partis pour la meme destination par Slerlilamak et Ouffa.
Les resultats de ces deux voyages furent egalement satisfaisans.
Le docteur Iless, ayant parcouru dans tous les sens la partie mcri-
dionale des monts Ourals, ajouta de nouveaux renseignemens aceux
qui avaieni ete deja pris precedemment sur ces montagnes, ainsi que
de nouvelles doiinces pour la rectification de la carle de ce pays,
et me fournit les movens de jolndre aux recherches que j'avais deja
failes dans la partie meridionale des monts Ourals, cclles que
j'allais commencer dans la cliaine centrale nommee montagnes de
Zlatoousl.
Suivant moi-meme la pente orienlale de ces montagnes, je fus
a meme de prendre non-seulcment une connaissance di^lalHee de
rObchi-Svrt (la grande chaine des Ourals), que je vlsltais pour
la seconde fols, et que je Iraversals alors dans toule sa iargeur,
mals je pus encore deiermlner le sol et la configuration de la partie
occideiilale de ces montagnes. Arrive a Zlalooust, le 8 juin , je me
reridls aux mines de fer du district de Kussa , situces sur la penle
occidenlale des monts Ourals, accompagnd de M. de ircrmann , ad-
joint du chef des mines de Zlalooust. .Tc visilai cnsulte le district dc
21^
Miass , connu d'abordpar ses mines de cuivrc, et maintenant par la
ricliesse de ses velnes d^or. Ce ful !a que je comiuengai mes obser-
vations sur la nature des ramifications de Tor. Apres avoir examine
les mines de cuivre de Poljakowsk , de Kisnekejewsk , et de Kire-
binsk, je penelrai dans la chaine des monlagnes d'lrmiel, situee a
25 verstes plus au sud, ou se trouvent les sources des rivieres de
I'Ai, de l"Ui, duJursen, de la Belaya etde I'Oural. L'Aiet le Jur-
sen, en se reunissant parTOuffa avec la Belaya, appartiennent au
systeme de navigation du Volga ; TOural tombe dans la mer Cas-
pienne, et I'Ui, en tombant dans le Tobol, vase jelerdans la mer
Olaciale. Je fus alors en mesurc de faire plusieurs rectifications a
Ja carte geograpliique de ce pays.
Revenu a Miass , je visitai les niontagnes d'llmen, qui, quoique
connues des geologues , depuis un demi-siecle, par Icurs riclicsses en
topazes etautres pierres precieuses, n'ont ele examinees jusqu'a pre-
sent ni sous le rapport de la geologic , ni sous celui de I'oricto-
gnosie, c'est-a-dire , sous le rapport des mineraux disperses dans
ces monlagnes. Gommc des recherclics de ce genre demandaient
plus de temps que je ne pouvais leur en donner, sans m'ecarter
du but principal de mon voyage, je me contentai de faire un exa-
men geologique des niontagnes d'llmen , travail que j'entrepris
d'aulant plus volonllers que je me trouvai seconde par le marchand
de mineraux, natif de Lubek , Jean Menge, qui joint a beaucoup
de zele, des connaissances qu'on trouve rarement parmi les gens
de son etat.
A mon arrivee a Zlatooust, M. Hermann m'engagea a reunir
nos efforts pour explorer les districts de Miass et de Zlatooust, je
m'emprcssai d'accepter cetle offre.
Je lui proposai done de chercher a determiner la configuration
des monlagnes de Zlatooust , a decouvrir de nouvelles veines de
cuivre et de fer , et a trouver les lois d'apres lesquelles les cou-
ches d'or se trouvent distribuees dans ce pays. M. Hermann donna
en consequence les instructions necessaires a quelques employes
■JM
inftrieuis des mines, pour reinplir les deux premiers objets Ae
notre plan , et se chargea personnellemenl des recherchcs dans le
district de Zlatooust. J e ne puis pas assez rendre justice a Tliabilete et
a rintelligence avec lesquelles cet employe sut choisir les cndroits
ou , d'apres mon avis , devalent se faire les fouilles pour la recherche
du sable d'or. Le rcsultat de ces recherchcs rcpondit entierement a
mon attente. jSos prcmiers,essais nous firent decouvrir les regies d'a-
pres lesquelles se trouvent distribuees les couches auriferes , et nos
travaux ulterieurs en ont prouve la justesse. Des couches de sable
aurifere, ouvertes a un endroit, contenaient, selon leur situation,
tant6t plus , tantot moins d'or ; quelqucs unes renfermaient sur
ICO pouds de sable 4-> 21, i8, 2, 6 zolotniks d'or; d'autres n'en
contenaient qu'un. Ailleurs, on trouva des mines qui donnaient
sur 10 pouds de sable i zol., 2 zol.; et mcme sur 5 pouds 1 livre
4. zolot. d'or. Ces augmentations et diminutions se sont trouvees
parfailement d'accord avec les lois que nous avions decouvertes pom-
nous dinger dans la recherche des couches auriferes , sans cepen-
dant indiquer la quantite d'or que pouvait contenir chacune d'elles.
Ayant constate ainsi la possibilite d'adapter la geologie aux fouilles
des metaux, je con^us I'espoir qu'en comparant les observations
que je venais de faire avec celles que j'avais dtija faites anterieure-
menl dans d'autres parties des monts Ourals, je pourrais trouver a
quelle espcce de couche des montagnes apparlient I'or, dans quel
dtat ii s'y trouve , ou gisent le plus generalement les couches de
sable et de debris qui renferment I'or, et enfin de determiner leur
distribution. Apres avoir envoye a Dorpat les differens mineraux
que j'avais recucillis pendant mon voyage, je quittai Zlatooust le
24. juillet , et me rendis par Miass et Tchiiiosa a Ekaterinenbourg,
ou j'arrivai le 26 du meme mois.
Depuis le 28 juillet jusqu'au 2 septembre, je parvins a exami-
ner : I'' les couches de sable d'or de Beresowsk, de Pychminsk,
dc Syssert, de Kyschtim, de Kasly , de Soimonow, de Nevviansk ,
et de Nijny-Tahil ; 2" les couches de sable renfermant du platine
217
de Nijny-Tahil, el de Nijny-Toura; 3° les couches de fer et de
cuivre , ainsi que les mines de ces memes mdtaux de Nijny-Tahil,
et de Goro-Blahodat; l^.° les carrieres de marbre de Gornochik.
Je parcoums enfin le pays situe entre les rivieres d'Isset et de Si-
nara, pour pouvoir determiner les limiles S. E. de i'Oural.
Ayant recueilli des notices exactes sur la configuration de celle
chaine, ainsi que sur I'exislence de I'or, du platlne, du cuivre etdu
fer dans ces montagnes , je reconnus en meme temps que je devais
me borner aux recherches que je venais de terminer, la saison elant
deja trop avancee pour pouvoir en entreprendre de nouvelles dans
un pays marecageux et couvert de forets impenetrables.
Je crois devoir observer ici, qu'un examen exact et d(^laill^ de
rOural et des tresors qu'il renferme ne peut etre I'ouvrage d'un seul
voyageur, mais qu'il ne peut etre execute que par plusieurs geologues
habiles, agissant d'apres le meme plan dans differcns endroits. Je
quittai Ekaterinenbourg le 2 septembre, et revlns ^ Dorpat, par
Perm, Kasan, IS'ijny-Nowgorod et Moscou. J'examinai pendant
mon voyage jusqu'a Perm, la chaine des rochers de la partie occi-
dentale de I'Oural, j'en detenninai la hauteur, et comparai leur
configuration avec celle de la partie S. E. de cette chaine.
Cartes de la Georgie.
Depuis quelque temps on a public a S. P^tersbourg plusieurs
carles du Caucase et des pays adjacens. La premiere, en russe ,
est intitulee : Carte delaillee de la Georgie et des pays qui y sont
reunis , redigee par le lieutenant-colonel Verkomhowski en i8ig ;
12 feuilles avec un tableau d'assemblage. C'est un travail incomplet,
sans graduation et sans indication des montagnes; de sorte qu'il
represente les pays caucasiens comme une vaste plaine , sans la
moindre elevation. Une autre carte qui n'est que d'une feuille, est
mieux faite et porte ce titre : Carte generale des pays situes entrc
la mer Noire et la Caspienne , avec Findication de la nouvelle
2l8
frontiere entre la Russie et la Perse , redigee d'apres les cartes les
plus rerentes , par le major-general Khatov. » On a fait entrer
une copie clefeclueuse de cette feuillc dans les Voyages en Georgie
de M. Ganiba. La pcrsonne qui I'a traduito du iiisse savait si
pen cetle laiignc, qu'elle n'a pas meme conipris le tilre de
Toriginal , car elle le rend par «c Carle 'generate » des pays silues
entre les mers Noire et Caspienne , aoec la designation des noiu^elles
frontieres de la Russie et de la Perse telles qu'elle onl ele arretees
entre les Persans el le general - major Kliatoi> en i8ig, par M.
M. J. M. Durmet. » Ce litre pourrail faire troire que M. Darmet
est Tauteur de la carte , que c'est le general Klialhov qui a fixe les
liniites entre la Russie et la Perse , et que cetle fixation a eu lieu en
i8iy. Rien de celan'esl exact : M. Darmet a donne a la carte nial
traduite par un autre , une elegance qui nianquait a roriginal ; le
general Khatov n'a jamais ete en Perse, niais II est le veritable
auteur de la carte ; enfin les frontieres du cole de la Perse ont ete
determinees en i8i3 par letraltede Gulislan conclu le 12 octobre
entre le general N. Rtichtchwet et Mirza abd-oul Hassan Klnm.
En. 1826, il a paru une nouvelle carle du Caucasc sous le litre
fran^ais : « Grande carte de la Geurgie et d'une partie de la Perse ,
dressee a ^^j^q par le general-major K/iatoi' , puhliec par le depot
general des cartes de St. Petersbourg, en srpt grandes feuilles, trois demi-
feuilles , et deux feuillets. On a repubiie en 1827, une partie de
ceite carte en russe , sous le litre de Theatre de la guerre avec les
Persans. Elle est considerablement augmentee et rcclifiiie. L'im-
portance de ces deux dernieres cartes nous engage a reserver ce que
nous avons a en dire pour un second article qui sera insere dans
dans un prochain cahier.
( Nom^eau journal de la Societe asiaiique.)
219
'Ektkmts de plusieurs leitrcs adressees par M. Cesar MoREAU.
Lettredu 25 mars. — M. Cesar Moreau annonce a la Societe,
la morL du fils de Mungo-Park. Co jeune homme devait parcourlr
les pays deja visiles par son pere , el se pioposait easuile de ptiue-
trcr dans les parlies centrales S. O. du continenl africalu, qu'ii
n'avall pas explorees. D'une constituilon robusle, il s'elait accou-
tume de bonne heurc aux privations et a la faligue, el a voyager
sous !e soieil le plus LrMant. 11 possedait d'ailleurs toutes les con-
naissances necessaires , et tout taisait csperer les plus heureux re-
sullats de son voyage , lorsqu'unc imprudence causa sa morl. il
etait arrive, au mois de juIUet 1027 , au Cape-Coast-Caslle , et
avail pris de la la direction de TAkimbou ( au S. de I'Accoa) ou il
coniplail sejourner quelque temps pour se familiariser avec les
diiTiirens dlalectes des contrees qu il devait parcourir. Le souverain
de ce pays I'accueillit bien , et il demeura dans ses etats durant les
mois de septembre et d'octobre. Cest dani ce dernier mois qu'a
lieu une grande solennite religieuse. Eile se celebrc dans une vasle
plaine, au milieu de laquelle les prelres plantent I'arbre du Fetiche,
qu'eux seuls ont le droit d'approclier. Le jeune Park avail par-
couru toutes les lignes et dessine les cliefs des prlncipaus peuples
venus de loutes parts pour y assister, lorsque , desirant tracer nn
plan exact de la fete, il ne vil d'autre moyen que de nionler sur
Tarbre en question. Neanmoins , il consulla , avant de le faire , le
roi et les principaux chefs qui ne parurent y metlre aucuii obstacle.
11 s'approcha alors de I'arbre sacre, y grimpa du consentement
meme des pr^tres , et execula son dessin. Touiefois, deu?i" jours
apres, il avail cesse de vivre , et Ton presume que les fetiches,
craignani les suites d'une altcinle porlee a I'objet de leurs supers-
titions , le firent empoisonner.
Let/re du 12 ai'riL — M. Cunningham, rcceveur de la colonic
anglaise de la Nouvelle-Gallesdu Sud , qui a deja execute plusieurs
voyages dans I'interieur dc la Nouvelle-Hollande , enlreprit, au
220
inois d'avril 182J, de deteiininer la physionomie du pays jusqu'a
Brisbane, el celle des tcrrcs comprises entre les iSi" et i52" de
longitude orientale. 11 parlit de Segenlioe,avec onze chevaux pour
porter son bagaj^e , et suivanl la direction du uieridien , il franchit
les plaines dessecliees de Liverpool , oii il n'elait pas tombti de
piuie depuis quinze mois, et s'arreta quelques jours dans une con-
tree nue et sterile, situee au nord. Etant arrive sous le 29" de lat. ,
il se vil force, a cause du manque d lierbe et de la faiblesse des
cbevaux, a device vers IKst, enlrc les ihi'et i52" de longitude, el
sous le para'lele du mont Vv arning; il traversa d epaisscs forets , et
entra dans une belle plaiue , couverte d'abondaus paturages , a la
quelle il donna le nom de DarUng-Phuns. Sa superficie est d envi-
ron 2,800 acres, et on n'y rencontre pas un seul arbre sur une
etendue de 18 milles de long et de Irois de large. Le milieu eu est
occupe par une cliainc de lacs assez profonds. Les plaines de Ped
etde Canning sont plus vastes que celle-ci; mais, elanl plus larges
€t boisees en certains endroits, elles n'offrent point un aspect aussi
frappant. L'on concevrait difficilement un pays plus beau que celui
qui se developpe alOuest, pres de la ccite, entre le 28* et le 29°
de lat. Le sol forme de wliinsfone ou roclie de lioux decompose,
est dune extreme ferlilite, et les prairies immenses , qu'arrosent de
nombreux ruisseaux, presenfent des lierbages de la plus grande
ricliesse. M. Cunningiianx s'assura par des observations barome-
triques que la bautcur de cetle plaine au-dessus de la mer elait
de quinze a dix-huit cents pieds. 11 s arr^la , par le 28' G' de lat.
et le 102° de long., a 70 milles environ de distance des ctabiisse-
mens anglais du IJrisbane. 11 prif, pour rcgagner Sydney, une
route un pen plus a lOucst jusqiiaux monlagnes de Ilarduick ,
traversa les plaines de Liverpool, passa par Segenhoe, et arriva a
Sydney le 4 seplembre 1827 , apres une absence de six mois.
Leilre du iJ^-uvri/. — Tous les rapports des nalurels de la Nouvelle-
Galles du Sud s'accordant a etablir I'exislence dun grand lac dans
rinterleur du pays, M. Tbomas Jamison, resolu de s'en assurer.
2£1
partil I'ann^e demiere, accompagne de plusieurs naturalistes, pour
la vallee de W^elllnglon. II penetra, dans la direction N. O., a 80
rallies au-dela de Capety , ou 11 fut oLligc de s'arreter , faute de
provisions. II n'etalt plus, sulvant le rapport dcs indigenes, qu'a
deux journees de marche du grand lac. Ceux-ci lul dirent ausslque,
lorsque le vent souffle avec violence , les eaus en sont exlreine-
ment agitees , doii II conciut que la masse en doit etre conside-
rable. Toulefois , comnie plusieurs denire eux assurerenl en avoir
fait le lour, II est plus que probable qu'il n'a aucune communica-
tion avec la mer. M. Cunningham s'occupe , dit-on, des prepa-
rallfs dun nouveau voyage destine a resoudre ce probleme, et il
faut esperer qu'Il'sera plus heurcux que M. Jamison.
Lcitre du 2g avril. — M. Moreau fall part a la Soclele des ren-
seignemens sulvans sur une expedlllon qui dolt se rendre dans
le nord-cst de la Siberle, pour y observer les phenomenes du
n.agnetlsme , et determiner , autant que possible , la situation des
poles magnetiques. Le professeur Hansleln , le lieutenant de ma-
rine Due et le docteur Erman , de Berlin, sont charges de ce soln.
On pense que leur voyage durera deux ans. C'esl a Salnt-Peters-
bourg que doivent se reunir, Ic i5 mal , les personnes qui compo-
sent rcxpedilion. En quittant celfe capitale , elle se dirlgera vers
Moscou, Casan et Tobolsk; de la, elle passera au nord en snivant
le cours de I'ObI jusqu'a Beresaw, pour examiner la branche sep-
tenlrlonale des monts Ourals, que les voyages entreprls jiisqu'ici
n'ont fail qu'Imparfallemenl connailre; de Tobolsk, elle se ren-
dra par Tara , Tomsk, Krasnolarsk et Tslschnel-Udinsk , a Ir-
koulsk, ou elle doll hiverner, et aussitot qu'Il sera possible de se
remctlrc en route, elle se dirlgera au N.-E. vers Jakoulsk et
Ochotsk. C'esl dans ce dernier endroll que ces savans se propo-
senl de faire les observations qui font Tobjet de leur voyage , et
poury arrlver, lis auront a parcourir 667 milles anglais dun pays
entierement Inhablle. C'est M. le docteur Erman qui est charge
des observations astronomiques.
222
Nuwelle Carte des Eiais-Unis, du Canada, du New-Brunswick ei de \
la NouQeUe - Ecosse.
On vient de publler a Londres unc Carle en quatre feuIUes ,
intilul(ie : JSlap of the United States, etc., Carte des Etats-Unis , du \
Haut et du Bas- Canada , du New-Brunswick , dc la Noiwclle Ecosse ,
dressee d'aprcs les derniers relevemcns et Ics informations les plus
aulhentiqiies, par John et Alex. Walker. Celte Carte est impor-
tanle par le resullat des observations qui s'y trouvcnl cxposces.
Pour les etats de I'Union, elle est le resume dc la plupart des
carles orlginales qui ont ete dressees par les divers elals. Le trace de
la cote de I'Ocean Atlantique, depuis Saint-Augustin jusqu'au Cap
Fear, est base sur les derniers relevemcns qui ont ete faits, et qui
Font reportee beaucoup plus a Test. Les lacs Huron, Supericurel
Michigan ont egalement ete figures d'apres de nouvcaux releve-
mcns; et les deux derniers surtout presentent, dans leur partie
scptcnlrionale , une grande difference avcc ce que Ton connaissait.
La configuration, plus cxacic que celle que Ton enpossede,esluue aux
dcrnieres reconnaissances faites par lesAnglais. Les explorateursqui
ont vu la cole nord du lac Superieur ont pousse leurs operations
jusqu'au lac des Eois, qui a change ct de position el de forme. 11
etalt d'aulant plus important de bien determiner la situation de ce
lac, qu'il scrt de point de depart pour la fixation de la limile qui
sert a separcr les possessions anglalscs du lerritoire de I'Union. La
limile de I'etat du Maine n'est point tracee , elle est reslee indecise,
a cause des contestations qui sc sont clevees k ce sujet enlre les
Anglais el les Americains. Ces derniers voudraientcomprendre dans
leur lerritoire les sources de la riviere Saint-John (Saint- Jean).
Reconnaissance liydrographique de VArchipel.
Le capitaine Campdeu , charge de I'cxploralion de tout I'Arclu-
pel , a envoye a Londres le resultat de ses Iravaux liydrographiques,
depuis le cap Saint-Ange jusques el y compris le golfe d'Alhenes.
223
Trcwuux hydrogruphlques sur la cote de I'Amerique meridiona/e.
L'amlrautc anglaise vient de recevoir la premiere parlie des Ira-
vaus du capilalne King, que Ton salt etre charge speclaleinent de
rexploralion de la cote d'Amerique, depuls Buenos- Ayrcs jusqu'a
Yaldivia, sur la cote occldentale. On coniiait le resullal de ce qu'il
a fait sur la cote orienlale.
Grece ancienne; — Peloponese ; — emplacement d' Olympic (Extrait
d'une lettre de M. Spencer Stanhope a M. Alexandre Barbie du
Bocage, a la date du aS mars 1828).
Je desire vous parler d'Olympie. Je vous serai bien oblige
si vous voulez salsir la premiere occasion d'exprimer a la Sociele
de geographic combien je suis flatle de Thonneur que Ton m'a fait
en soumeltant mon ouvrage a la critique d'un homme aussi eclaire
que M. Isambert (i) , et que je suis tres-reconnaissant de la manlere
dont il a rempli sa tache; mais que je suis loin d'admettre cepen-
dant que jusqu'ici tous les voyageurs aient eu tort de reconnaitre
dans la plalne de Miraka (ce que conteste le rapporteur) rempia-
cement d'Olympie. Je me proposals depuls long-temps d'adresser
a la Soclete quelques observations a ce sujet; mais comme j'ai vu ,
il Y a pen de temps, M. le colonel Leake, et que j'ai appris de lui
ijuil s'occupait dun ouvrage sur Olympic , je n'ai pas hesile a lui
ceder la place , personne ne pouvant mieux trailer un pareil sujet.
que ce voyageur distingue. Je me bornerai done a faire observer
que si la distance de la plainc de Miraka a la mer, la reunion des
deux routes, au point marque dans la carle du colonel Leake (cilee
par M. Isambert) , et Ics proportions des diverses parties du temple,
sont les prinripales raisons dc Toplnion adoptee par M. Isambert ,
eiles ne me paraissent pas suffisanles pour changer ropinlon con-
sacree jusqu'a present par tous les savans. D'abord, nous ne con-
(i) \'oir Bulletin de la Socic'te, t. iv, p. y;.
32Z
naissons ni I'emplaceinent du temple de Diane, iii lancieune ronte
de ce temple a Olympic. ISt^antnoins je crois que la distance peut
assez bien se rapporler a cclie que nous a donnee Strabon, mals
c'est un point que le colonel Leake est plus en etat que moi d'e-
clalrclr. Ensulte, pour ce qui regarde le point de reunion des deux
routes , il faut remarquer qu'il n'est indiqui- que par Iiasard. La
route est Iracee dans la carle d'apres la description que j'en ai
moi-meme donnee a M. Leake; et je n'ai pas la pretention d'avoir
indi(jue la memc que celle qui existait au temps de Pausanias, mais
bien celle que nous avons suivie en passant dOlympie aux mines
de la ville d'Elis, a travers les montagnes. Or, c'est a I'entree de
la vallee d'Audilalo que nous avons quilte la route de Pyrgos.
Quant au temple, si je n'ai rieu trouve dans ses proportions qui
piit etablir que ccs ruines appartinsscnt au temple de Jupiter, il ue
faut pas oublier que d'autres voyageurs ont ete plus lieureux ; et sA-
rement que des noms aussi celebres parmi les voyageurs que ceur
de Chandler, Cell el Cockerell dolvent intluerde quelque maniere
sur lopinion de la Societe de Geographic.
Du nouoel elahlissemeni d' Amherst.
Un correspondant , en parlan I d' Amherst , dit qu'il pense apres
plusieurs visites , que le port d'Amherst est tres-dangereux , il ne
peut elre frequente par de forts balimens sans de nombreux dan-
gers ; a cet inconvenient se joint celui des marees qui sont extr^-
mement rapides , et se prcsentenl droit en Iravers du Channel O.
— Beng. Chron. Sept. 20.
Phenomene.
On vient de rccevoir a Poona la nouvclle dun phenomene bien
remarquahle qui s'estmanifcste a Nagar, dans le Khandesh, a lasuite
d'une forle pluie. II y est tombe des cieux des gouttes de sang ; et
dans plusieurs endroits les grains de grele pesaient jusqu'a une livre^
— Jsiutic journal. Aoril 1828.
iWWVvVVVVVVVWWWVVVVVWVW W% VV\VV\'VWV\iW\VVV^WVWVWvWVV\VVVVVVWVWVl'V\.WV VV*.V\'VWV\'VV
BIBLIOGRAPHIE GEOGRAPHIQUE.
§. I". UVRES.
OTJVRA&SS GEWERAOX.
^5. Voyage autour du Mot<de , en-
trepris par ordre du Koi , sous le
minislere et conformt'ment aux ins-
tructions df M. le vicomte Du Bou-
chage, Sfcrdtaire-d'etat au departc-
ment dc la marine , execute sur Ics
corvettes de S. M. VUranic ct la
Phjsicienne , pendant les annccs
1817-1820; pulilie sous les auspices
de LL. EX. iNI. le comte Corbiere,
secrc'taire-d\'lat de Tintc-rieur pour
la parlie liistoritpie et les sciences
naturelles , elM. le marquis de Cler-
mont -Tonnerre , secre'taire- dV'tat
de la marine et des colonies pour la
partie nautique ; par M. Louis de
Freycinet, capitaine de vaisseau ,
chevalierde Saint-Louis et de la Lo-
gion-d'Honneur , membre de I'Aca-
de'niie royale des sciences de Flnsti-
tut,etc. , etc. , commandant de I'expe-
dition.V'^ partie , IIistorique , S^ li-
vraison. ln-4''. Paris , imp. roy., avec
5 pi. in-fo. ( 12 tr. la livraison aux
souscripteurs de I'ouvrage entier. )
76. Voyage autour du Monde, exe-
cute par ordre du Rni parlucorvette
de S. 3[. laCoqnille, pendant Irs
•annees iSa'^-iSaS, sous le minis-
terc et conjorrnement aux instruc-
tructions de S. Kxc. 31. le marquis
de Clerrnont-Tonnerre , et public
sous les auspices de S. Exc. 31. le
comte de Cfiabrol ^ ministre-secre-
talre-d'etat de la marine et des co-
lonies ; par M. L.- J. Dupereey , ca-
pitaine de iregate, etc., commandant
de Texpe'dition. !''<= division. Zoo-
LOGIE. In-4° de 5 feuilles de texfe ;
plus , 6 pi. colorie'es , gr. in-f°. Paris,
i8a8 , Arthris-Bertrand.
77. Tascheneieliothek der Wich-
TIOSTEN SEE UND LaADREISEN. — Bi-
hliolhcipic portative des voyages les
plus iriteressans par terre et par
mer, depuis I'invention de Pimpri-
meriejusqu''anosjours:parH.jAECK,
conservateur de la Bibiiotli. roy. de
Bamberg. In- 12 , avec pi. et cartes.
Nuremberg, Haubenstricker, T. i-li.
Ces deux premiers volumes ren-
ferment: 1° Voyage de Jean du Plan
Carpin , en Tartarie , en 1246. — 1°
Voyage de Ascelin, en 1247, tire des
Memoires deSimon de Saint-Quen-
tin. — 3° Voyage de Guill. de Uubru-
quis, de 1 253- 1 255. — 4°JJeuxVoyages
de Marco Polo, de 1 260-12^5 , a la cour
du khan tatare Hirpiia'i. — 5° Voyage
d'une ambassade du shall de Perse et
aulres princes en Cliine , \f^\(j-l/^1l.
— 6" Voyage du jcsuite portugais
Benedict Goetz de Lachor , dans
I'empire du Grand Mogol et en Chi-
ne , l(J02.
78. Description et usage' </m instru-
mens meteorologiques dc H. S.Les'
lie; tr;(d. dc Fanglais par J.-C.-F.
Ajasson de Grands ague. In -4° de
7 feuilles. Paris. A. Belin, 1827 (4 fr.)
7CJ Amfangsgrundeder mathematis-
" CHElSGEOGRAPHIE.-iVcmr/i.s- dc geo-
graphic mathematique ; par P. Bre-
wer. In-8° avec pi. litliogr. Dussel-
dorf, 1827 , Schaub. (16 gr. )
80. Prospetto comparativo delle
I'RINCIPALI MONTAGNI E DEI PRINCl-
PAM FiuMiDELLA Terra. — Tableau
22
G
comparatif des prlnctpales mon-
tagncs et des pnncipmix f/ei/fcs du
Globe , (wec une Tuble indiquattt
les luiuleiirs etfes longueurs, lii-fol.
Mil;.n, i827,Sticcclii. (Gliv.)
81. Elebientar L'ntehiucht der ma-
THEMAXrSCMKN GEOGRAPHIE. — Jns-
trucllnn elernenlaire dans la geo-
grap/iie mat/irrna/ique , a I'lisagc
des ecoles niilit.iircs ; par FaEi-
SAUFF DF. Neijdegg. la-8°. Vienne ,
Schranil)!. , 18.27. ( i floi-. 3o kr. )
83. Balance politique du Globe en
18^8, ou Essai sur la stall sthjue
generale de la Terre , d'aprcs scs
dwlslons p'llllhiues actuelles et Ics
decoiwertes les plus recentes , etc. ;
re'digces par M. Adiuen Balbi. In
piano d'unefeuille. Paris, 1S28. (6 i.)
83. Geschichte der geogkaphisciien
ENTDECKUNGSREISEN. — Hlstohe dcS
voyages entrcpris pour /aire des
di'couverles gcographtqucs : par
M. Cn. Falkenstein , secretaire de
la Iiil>liolhe(jiie royale de Dresde.
Dresde, 1828. Ililscher , deux pre-
miers caliiers in-i 2.
84. The modern Traveller. — Lc
Vojageur moderne, contenant imc
Description popiiiaire , gciographi-
(|ue , liisloriijue et topographique
des diflV'icns pays du globe, coni-
posc'c d'apres les meilleurs autoritc's.
In -8". Londres, 18^8, Duncan.
(Prix de cliaque caliier , 2 sli. 2 d. )
L'ouvrage aura trcnte volumes, dent
vingt sont public's.
85. NAiiuATnE OF an attempt to
reach to the north pole. — Recit
de la tentative faltc pourarrher au
pole nord sur dis bateauxconslruits
dans ce but , appartenant au vaisseau
de S. M. rilechi, dans I'annce i8-.7,
S'US le coniniandenient du rapitaine
"W . ?:dw. Parky, H. N. F. U. S. ,
ornt'de planclies et de cartes, public
avcc r.iulorisation de S. A. II. le lord
grand-amiral. In-4°. Londres , Mur-
ray, 1828.
86. GENEALOGrSCn-HlSTORICH statis-
tische Almanach. — Almanack
gencalogiquc et slatistlque , 5^ ari-
nee (1828); par M. le D^ G. Hassei.
In-i8 de 5.5^ et lyS pages, aver, ta-
bleaux. \"\ einiar, 1828, bureau d'in-
dustrie.
AICERIOCE.
S-.L'ArT DE VERIFIER LES DATEsdepilis
raunc'e 1770 jusqu'a nos jours , lor-
maiit la ronliiuialion on troisienie
parlie de Pouvrage public sous ce
nom , par les religieux Ix'ncdictms
de la congregation de Saint- iNIaur.
In- 8". Paris, Anibroise Dnpont el
Iloret.
La partie de PHistoire des deux
Amc'riques , qui rcmonte a la pre-
miere di'couverte, a etc traitce par
INI. Warden. Ce <]ui en a dcjb paru
occupe les tomes <), 10 et 11. <Jn y
tronve une Ueiation de toules les dc-
couvertcs qui ont <'tc laitcs par terre
et par mer, un apeixju gcograplii-
quc , slatisti(jue et polili((ue de clia-
que pays , et un Kc'suine hislorique
et chronologique de la londalion des
villes , des c'venemens les phis ini-
portans qui v sont arrives, elc.depuis
la colonisation premiere jusqu'au-
jourd'hui.
Le tome 9 renfermeles ^'oyages
et f)(.'couverles dt- (Jiristophe Lo-
lomb el rilisloiie de la Floride , du
IMexique , ou Nouvtllc - Fspagne ,
avant et depuis la concpiele des Es-
pagnols , du Nouvcau-iMexi(|ue , du
royauine de Guatemala , acluelle-
ment Provinces-Unies de TAmeri-
que centiale, et une partie de celle
de la C^aiilornic el de la cote du
Nord-Ouest.
Tome 10 , continuation de la Ca-
lifornie et de la rote du Nord-Ouest,
et Histoiredu Pi rou , de la rc'publi-
quede Bolivia et dii (^liili.
Tome 1 1 , continuation du Chili ,
el Histoirede la n'publique Argen-
tine.— Le ("^ volume, qui renferinera
rHisloiredcla Colombie , parailra a
la fm de Pannee. Cel r)uvrage s"ini-
prinie a la iois in-loiio, in-4'' et
in-80.
88. IdEEN TIBER DIN AUSWAUDERtJNG
NACH Amerika. — Idees sur I'erni-
gratlon pour VAmcrique , avec des
22'
Memoires xur I'elal acliiel de re
pays cl de. ses habitans ; par
E. Braun. In-8". , avec fig. Gottin-
gue, 1827 , Vanderbrock. ( 2 rxd.
16 gr. )
89. Proceedings of the Expedition
to exploke the northep.n coast of
Africa. — licsultat deV expedition
d' exploration de la cole nord de
r Ajriqiie, compreiinnt unedLScilp-
lion de la Syrtc tt de la CyrcTin'it|ue,
dcs anciemies villes qui coiiiposaicnt
la Pentapole , ct de diverses aulres
ruines ; par Ic cap. F. W. Ijeechey,
K.N. et II. W. Beechey ; in-4",
aver pi. 1828 , Londres. ( 3 f. 3 ,s. )
ASIB.
90. Narrative of A JOURNEYTHROUGH
THE rPPER provinces OF India. —
Recltd'un voyage dans ]'Indc,de'
puis Calcutta jusi^u'a Ijombaj ;
par IiEGiNALD IIf.ber, c'veqiie de
Catcutla. 2 vol. in-8° avec planch.
Londres, 1827, Murray.
OCi^AKIE.
91. Voyages of discovery", etc —
Voyages de Decoiu'ertes , entrepris
pour cornpliter rinspcciinn de la
cote occidcntale de la Nouvellc-
Hollande , dans Ics a n nres iHir
et 1822 ; par Ph. Parker King. 2 v.
iii-8°, avec carles, vues pltlorcsfjiies,
etc. Londres, 1827, INIurray. ( i liv.
i6sh.)
Tt'inttif.
92. StAMBUL ODER CONSTAINTINOPEL
wie es 1ST. — Description de I'elat
actuel de Constantinople ; par VV.
deLudemann; iii-8". iJresde, 1827,
Hilscher.
rm;
ne nnsc.
93. Reise von Sarepta in verschie-
dene Kai-mucken IIorden, etc. —
Voyagede Sarepta dans diffrrentes
hordes de Cahnouks du goiiverne-
inent d' Astracan, uiit eii i8i3 ; par
II. A. SwiEK et J. (jr. SCHILL ; in-80 ,
avec cartes. Leipsic, 1827, Kummer.
( I rixd. 6 gr. )
94. Geographiedel'empiredeRus-
SlE , contenant la Rttssie d' Europe
et la Hussie d'Asic; par Alph.
Rabbe ; torn. I , u-re et j* parties ; 2
vol. in-18. 1828, Paris, Jjiipont.
ylll nn.gr.
95. DerSpessart. — Description to-
pogntphitjuc et geologiipie de la fo-
ret de Spessart ; 3 vol. in-8°, avec
carte. Leipsic, 1827, Rrockhars.
( 4 rixd. 1 2 gr. )
6. Beschreibiing des Obermain
Kreises. ■ — Description grngraphi-
que ct stutislique du district du
Haul-Mcin ; par F. Hohn ; 111-8°.
Bamberg, 1827, Dederich. ( 2 flor.
45 kr.)
97. Tableau de i.a Suisse saxonne ,
du pays montagneux sur la rive
siiprricure de 1' Elbe et des parties
liinitroplies de la Jjol!cnie.]ii-o" ,
avec uiu' carte ilint'raire et 3i vues
piltoresijues. Dresde, 1827, Arnold.
Alo/inii /itf tiiifi ichiciif.'e,
98. Geographisch statisticheshand-
WOEiSTERBIiCH — Diclionnaire
gengrapliique et stntisti(pte abrege
del' empire cV Aulriche. I:i-i2, avec
line grandc table. Vieiine
Heubner. ( 1 flor. 36 kr. )
99. Gm/eiz und seine Umgeben. —
Description historique , topogra-
phique et statistique de la ville de
Greet z et de ses environs ; par Po-
LSTOliEK. ln-80., avec 4 vues. Grastz,
Damian , 1827. ( 3 llor. 3o kr. )
ioo.Relazionedelprof.Aless.Volta
Dt UN suoViaggio litterario nei.la
Svizzf.ra — Relation d'un T'oyage
lilleraire fait en Suisse par Alex.
\ OLTA , public pouria premiere iois.
in-8\ pap. velin. jNlilaii, 1827, So-
cicte Typ.
La date de ce voyage du cc'Iebre
Volla est de 1777 ; on y trouvera des
observations baromctriques et geo-
logiquossur Ic mont Saint-Gothard ,
le lac de Lucerne , etc.
loi. Chronological Records ofBH-
1827,
228
tish finance , founded on offidal
documents. — Expose chronolo-
gique des finances de la Grande-
Bretagne , d'apres des documens
officiels. Londrts, 1827, i cahier
iii-f".
S-HAWCE.
102. ESSAI STATISTIQUE SUR LE DEPAR-
TEMENT dMndhe-et-Loire, oii Van-
cienne Touraine ; par W. August.
DuvAU. ln-8°, Paris, Boucher.
io3. Memoire stm i.a constitution
GEOGNOSTiQUE du bassin et des en-
virons de Narbonne: parTouKNAL
fils ; in-8°. Moiilpillier, iNIartel.
104. Description oiiOGKAPHiQUE du
bassin du Bas-Boulonnais \ par
M. Kozet, olficicr au corps royal
des ingc'nieurs - gcograplies; iii-80 ,
avec cartes. Paris , Selligue.
§ 2. ATLAS, CARTES GEOGRA-
PHIQUES, PLANS.
io5. Map of the united statks and
the provinces upper and lower
Canada, N.w - Brunswick and
Nova Scotia. — Carte des Etats-
JJnis et des provinces hautcs et
basses du Canada, du Neiv-Bruns-
wick, etdela ISouvelle-Ecosse; d'a-
presles derniers relevemens et les in-
IViiiiiations les plus autlientiqucs, par
John et Alex. Walker. 4 leuilles.
London, 1827 , \A'alker. ( 1. i5 sh.)
Voir Supra , p. 111.
106. Plat of the Northern Boun-
dary line of the state of Indiana :
— Plan de la ligne de di'niarralion
septentrionale de l\'tat (Piiidiana ,
di terniineeconfornu'nient a un aclc
du Congres du 2 mars 1827 , annexe
a un message du president, adresse au
Congres a ce sujet. 1828, Washing-
ton.
107.ESQUISSE geographique de Tem-
pire des Birmans ; carte coloric'edeG
pieds 2 polices sur 3 pieds i pouccs.
Calcutta , i8i(i. I /^'i roup. )
La meme reduite ( loroupies).
108. Caute de la riviere de iNlartahan
et de Pile Amherst ; par W. Spierz.
Calcutta , 1S26. ( 10 roupies. )
109. Instruction pour lV.ntrke de la
RiviEi'.E d'Hoogly (Gange) : par le
cap.W. MaxFIELD, premier assistant
de Pi.gc'nicur hydrographe; suivies
de reclifications de longitudes laites
en i8i() par les nstronomes de TOb-
servatoire de Calcutta, el d^m guide
pour entrer de nuit a Table baie ;
in-8° d'une feuille et demie. Bor-
deaux , imprimerie de Suweriuck,
1827.
EVERAT, IMFRIIWEUP. , RUE DC CABRAN, K. 16.
V<k'V-«%.^r^*
BULLETIN
T>n
LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.
NUMERO 62. «~juiN 1828.
PREMIERE SECTION.
Memoires, extraits, analyses et rapports.
Expedition projetee par le gnuoemcmcnl des Elats-Unis poui'
explorer les mers du Sud.
Des citoyens de la ville de Nantucket adresserent , au mols de
fevrier dernier, au congres des Etats-Unis, un memoire dans le-
quel lis appelalcnt lattention parlicullere de la legislature sur le
commerce des differentes parties de I'Union avec les ties et les
c6tes de r Ocean Pacifique. lis y exposent que ce commerce et celui
qui se fait entre ces ties et la Chine ont rapporle de grands avan-
tages ; que la peche de la baleine emplole plus de 4-o,ooo tonneaux,
3 inille marlns et un capital de trois millions de dollars ; mais que
nombre de voyages entrepris par des balimens marcliands ou
baleiniers dans des mers et des parages tout-a-fait inconnus, ont
6ie accompagnes de peries ruineuses pour les armateurs et de perils
pour les marins. Depuis quelques annees, ils ont exploite succes-
16
23o
sivcmcnt les coles du Perou et du Chili , cellesdu N.-O., la Nou-'
vellc-Zelande et Ics ties du Japon. Les bdn^fices provenant de ces
expeditions out etc balances par des pertes. Uu grand noinLre de
biitimens a eclioue sur des ties ou des ecueils , qui ne sont indiques
sur aucune carte, el un fail qui merite d'etre pris en consideration,
c'est que la plupart des navires, qui ont visile ces niers, ne sont
pas arrives a leur destination. Les petitionnaires recommandent
done, comnie elanl de la dernicre importance, de faire explorer
avec une attention scrupuleuse les cotes , lies , bancs et reclfs
qui se trouvenl dans ces iners , el pour cela ils invitent le gouver-
nement a y envoyer une expedilion.
Le comite des affaires maritimes, auquel celte petition fut ren-
voyee, demanda, par une lettre du 3 mars, I'avis du secrelaire
d'etat de la marine. Celui-ci repondit, le 14., que ce projel avail
toute son approbation : « en envoyanl , disail -il , une expedition
pour reconnaitre cet immense Ocean , nous ajouterons aux con-
naissances geographiqucs et scienlifiques , qui sonl aussi utiles aux
commer^ans qu'aux autres classes de la societe. » II termine sa
lettre en proposant de voter a cet effel une somme de 45 a 5o,ooo
dollars.
M. Reynolds , Fauteur de ce projet , I'appuic sur des considera-
tions du plus baut interct. « Apres la guerre de la revolution , dit-il,
les baleines etanl devenues fort rares sur les cotes du JJresil , ou
la pecbe s'en etait faite jusqu'alors , les inlrepides marins de Nan-
lucket s'elancerent audacieusement dans I'Ocean Pacifique, oil les
recits de Vancouver et de Cook leur avaient appris qu'elles exis-
taient en abondance. Ce fut vers I'annee 1790. Ces expeditions
aventureuses eurent beaucoup de succes , et depuis le nombre en a
toujours ete en augmentant. Nantucket y occupe continuellement
soixante-dix navires de la conlenance moyenne de 2,000 barils
d'huile , New-Bedford soixante , el New-York , Boston , Sloning-
ton , New-London , etc. , au moins vingl, ce qui fail en tout i5o
navires.
201
» En supposant que chaque batiment rapporle , I'un dans I'autre ,
iSoobarils tl'huile, avecune quanlite proportionnellc de maliere a
chandelle , el qu'II melte deux ans a cxecufer le voyage, le calcul
donncrait un resultat de i35,ooo bafils par annee, ou 4-»o5o,ooo
gallons , et de 887 tonneaux , ou 1,674,000 livres de chandelles de
spermaceti.
» L'equipage de cliacun de ces balimens se compose de 2 5
hommes. Ce commerce emploiedonc 3,75o nialclots, et entretlent
ainsi, pour Ics connaissances nautiqucs, une ecole qui n'a point
d'egaie dans le monde. Jusqu'ici il n'a eprouve ni perle nl fluctua-
tion sensible; et tons ceux qui s'y sonl livres, sont devenus
riclies , parce que la consommatlon inlerieure de ces articles est consi-
derable , el que Ics marches etrangers n'en sont jamais encombres.
» En 1744) on exporta de la Nouvelle-Angleterre en Europe,
3o,ooo quintaux de morue Ae quallte superieure, et 8,020 tonneaux
d'une qualltc inferleure , aux Indes occidentales.
» 11 est generalement reconnu que le commerce des penux de
louiresde mer est tres-produclif ; mals les renselgnemens Imparfaits
qu'on est parvenu a arracher a la cupidile des navigateurs qui les
premiers ont parcouru cet ocean, ne permettent pas d'en calculer
Tetendue. On se procuralt d'abord ces peaux precieuses des nalu-
rels de la cole Nord-Ouest pour des objets de peu de valeur, tels
que du drap rouge, de la verroterie , de la coulellerle, etc. II n'en
est plus dc meme aujourd'hui : ces peaux rapportent en Chine de 4o
a 70 dollars piece, et quclquefols davantage. Les personnes qui
se sont le plus partlculierement occupees de ce commerce , en esti-
menl le prodult , depuls son orlglne , de quinze a vingt-cinq mil-
lions de dollars; le molns qu'on Talt e value a ete de dix millions.
Les loutres n'ont ete rencontrees jusqu'ici que sous certaines lati-
tudes, du 44" auGo^N., elentre les 126" et iSo" de longitude Est
de Londrcs. Ellcs se trouvent aussi en grande quantite sur les cotes
des lies Behring, Aleullennes , Kurlles et des Renards, dans les
parages de Kamfscliatka, etentrc I'AsIe et TAmerique.
202
» Les naturalisles iie voieiit pas pourquoi elles n'existeraient
pas ^galement le long des contrees inconnues de riieinisphere me-
ridional. C'est la un point a eclaircir, cl la nation qui aura I'lion-
neur den faire la decouverle, en retirera, commc de raison, tous
les profits.
» l<e commerce du ^0/5 de sandal est plus facile a fixer, parce
qu'il n'a poinljile entoure du menie mystere que celui des peile-
terics. On I'avait trouve pendant nonibre dannees dans les iles de
tes mers, mais on ignorait qu'il existjit dans celles de Sandwich,
avanl le voyage des capitaines Davis et Windsliip, de Boston , il
y a vingt ans. II sen coupe maintenant, sur eel arcliipcl, pour
pres de 3oo,ooo dollars par an, et pour 200,000 dans d'autres
iles. Si ce bois devient un jour rare, il faudra ou Taller cliercher
dans d'autres parages, ou en enseigner la culture aux naturels ; et
I'opinion des plus celebrcs navigateurs a cet egard est quelle ne
demanderait pas plus de soin que celle du cliene, du lietre ou de
tout autre arbre forestier.
Le commerce des fourrurcs de pJioques a et^ aussi fort considerable
dans rOcean Pacifique. Oa a calcule que les marins des Etats-
Unis y ont pris, pour leur part , depuis le commencement, plus de
sept millions de ces animaux. Les peaux leur ont valu, a Canton,
de deux a trois dollars piece, et quclquefols davanlage; et ils en
ont aussi rapporte une cerlaine quanlite daus leur palrie. Le Tele-
graplie de Stonington publie une estimation de ce commerce, qui
donne une idee avantageuse de Tesprit entreprenant des babilans
de ce petit port. Du mois de novembre 18 19 a celui d'aottt 1827,
dix-sepl batimens de Stonington y apporterent, comme par lie de
leurs cargaisons , des peaux de phoques , qui se vendirent aux en-
cheres 810,747 dollars; dies avaicnt toutcs etc recucillics sous le
cercle antarclique.
Le coniuierce des fourrures de quadrupedes n'a pas encore etc
beaucoup encourage. Depuis cent cinquante ans, la compagnie de
la baic d' Hudson en a eu le raonopole cxclusif, el elle en a tire
233
le parti le plus avantageux. Toulefois, si des capitalistes entre-
pronans etablissaient des factoreries bien fortifiees le long de la
cote du Nord-Ouest , ils ne larderaient pas a ^tre indemnises de
leurs sacrifices; car, dans le compte que Robson rend de la bale
d'Hudson au premier lord coinmissaire d'Angleterre , on lit
« qu'il y a dans celle inunense etendue de pays assez de fourrures
pour la consommalion de toute I'Europe , et qu'elles sont le par-
tage dun petit nombre d'individus. »
» Le commerce de I'l'voirc n'est pas encore important, mais il le
deviendra a mesure que les baleines disparaitront , et que les grandes
villes adopteront le mode d'eclairage par le gaz d'hulle , parce
qu'alors on sera oblige de chasser I'elephant de mer pour s'en
procurer. On ne dedaignera plus alors Thuile de plioques et de
marsouins. Ce n'est que depuis peu de temps qu'on a entendu par-
ler de la peclie de ces tlcrniers, et c'etait seulement par liasard qu'on
en prenait. He bien! aujourd'liui les Indiens et d'aulres les pour-
suivent sur tous les points de nos cotes les plus N.-E.
» Le commerce des plumes ne s'est pas fait dans ces parages avec
I'activite dont il y est susceptible ; car , a en juger par la quantite
d'oiseaux aquatiques qu'on y rencontre, on pourrait s'y procurer
des plumes de la meiileure espece et dans la plus grande abon-
dance. Les plumes pour lits , recueillics sur la cote N.-O. , ne le
cedent en rien pour la qualite a I'edredon de Russie. Le besoin de
cet article est grand chez nous , et se fait sentir de jour en jour
davanlage. II en est de mcme de celui des tonnes plumes a ecrire
qu'on y trouverait egalement. 11 serait facile d'enseigner a ceux
qui se livrent a cette branclie d'induslrie, la maniere de les ap-
preter des Hollandais ; et, au lieu de payer tous les ans pr<is d'un
demi-million de dollars a la Hollande et a la Russie, nous serions
a ineme d'en fournir a notre consommation interieure , et pour
celle d'autres pays.
» Tous les objets que nous exporterions pour ce commerce, n'ont
acluellement aucun debouche exterleur. Dans peu notre rum , no-
234
tre riz, iiotre tabac , notre eau-de-vie de grains, nos couvertures ,
DOS etoffes de lalne , nos colons, nos calicos, notre coutellerie
grossiere, notre bijouterie depeu de valeur, nos inslrumensaratoires
etnos meubles , trouveraient un marche assure aux iles Sandwich.
M 11 est bon aussi de reniarquer que ces voyages onl un double
avantage : on cxpedie pour la Chine , dans de pellls baliniens, les
pelletcries , fourrurcs , provenant de la cote IS.-O. , et les produits
de leur vente, rapportes aux Elals-Unls , s'y emploient a acheler
des cargaisons pour de gros navires qu'on cnvoie directement a
Canton. Par ce moyen nous conservons chez nous les metaux
precieux que le commerce direct avec la Chine nous a si long-
temps enleves.
« On pent se former une idee approximative de retcndue de nos
relations commerciales dans ces mers, par le rapport du capilame
Hull , que le gouvernement avait charge de protcger notre com-
merce dans la mer Paclfiquc. Du 3o mars 1824. , au 1" decembre
1825, il vislta 232 batimens, dont le tonnage s'elevait a 43,5o2
tonneaux. lis etaient montes par 2,352 hommes d'equipage , et
portaient 295 canons. Et il est probable que ce capilaine n'a pas
rencontre la moitie des batimens qui frcquentent ces parages.
» Lorsque le capitaine Jones relacha a Tile de W oahou , le i"
novembre 1827 , il y avait dans le port dix-neuf navires , jaugeant
5,65o tonneaux , et montes par 378 hommes. Qualre etaient char-
ges de pelleteries , el quinze etaient des balciniers qui avaienl a
bord 25,080 barils dhuile , et auxquelsil n'en manquait que 6,320
pour completer Icur cargaison. 11 est difficile de se faire une idee
de I'activite et de rinteliigence que nos marins deploient dans ces
expeditions. Les maitres de navire et les equipages travailient a
I'envi les uus des autres. Des voyages aussi longs et aussi difficiles
donnent a ccux qui les execulent une assurance et un goul pour les
entreprises hardies qui se maintiendronl aussi long-temps que nous
exploiterons ces mers. La duree du voyage , les dangers de la na-
vigation , la grosseur des navires , les connaissances ct le soin
235
qu'exige leur sillrele , et les vicissitudes des expeditions , font de lous
ceux qui y sont engages autant de navigateurs , de marins , de pi-
lotes et de canonniers.
» L'ouverture des ports de TAmcrique du Sudadeja fait prendre
une direction favorable a nos relations commerciales dans I'Ocean
Pacifique ; et cet etat de clioscs ne peut que s'amcliorer , si nous
veillons a la conservation de nos droits dans ces mers , et si le gou-
vernement , jaloux de ses interels , y entreticnt une force suffisante
pour proteger notre commerce. Favoriser les inter^ts des arma-
leurs dans ces parages , leur accorder toutes les facilites possibles
pour leurs operations , leur ouvrir de nouveaux debouclies , et y
etablir une croisiiire capable de les faire respecter , ce serait seule-
ment nous acqultter envers le commerce du pays , puisque le fisc
s'est deja enrichi de plusieurs millions a ses depens , et qu'il n'a
pas m^me depense un centinne pour le proteger.
)• Les officiers de marine que nous avons envoyes dans I'Ocean
Pacifique , ont rempli leur mission en hommes sages , aclifs et ex-
perimentes. ils ont appris non-seulement aux indigenes que nous
sommes un pcuple puissant , en etat de nous dcfendre, aussi bicT*^
que les aulres nations , dans ces regions lointalnes , ma.i; [l^ ont
aussi prouve aux etats et aux empires nalssans de rAr^jirique du
Sud, que nous savons punir les torls et maintenir nos droits et
que nous avons autant a coeur le bien du genre liumain que' la
prosperite de notre patrie. La force , judicieusement employee , est
le grand panficaleur du monde , et un peuple , comme celui de
I'Amerlque du Sud, dont les Institutions ne reposent pas encore
sur des bases solldes , exige une surveillance toute parlicullere. 11
est impossible que notre marine pulssc s'acqultter de ce devoir, et
recbercher en memt; iemps des lerres inconnues. D'un autre cote ,
les capllalnes des navlres balelnlers , trop occupes de I'objet de
leur voyage , et soumis d'allleurs aux ordres les plus strlcts , ne
peuvent pas non plus perdre de temps a faire des decouverles. 11
serait contraire a leurs devoirs de s'arr^ter un seul jour pour ex-
a36
plorer une c6te que le hasard Icur autait fait apercevolr. II eii est
de mcine de ceux qui frequentent la coie duNord-Ouest, et dont la
route est plus directe que celle de baleiniers.
» 11 me semble aujourd'lmi blen demontre qu'il est de notre in-
ter^t , comme dc notre honneur , de bien connailre la structure du
globe, et de nous assurer des avantagcs a rclirer de I'Ocean , cette
immense propriete commune des nations. L'liomnie d'etat eclaire,
qui en embrasse toutes les parties pour Irouver de nouveaux debou-
ches au commerce et a I'industrie , ne recuiera done pas devant ni>
sacrifice present, lorsqu'il sera siir d'en obtenir un jour les plus
heureux resultats.
« II ne nous reste plus a explorer que la region polaire du Sud ;
toutes les tentatives faites par les navigateurs curopeens pour y
arriver ont etc infructueuses. C'est une contree encore presque in-
connue , qui offre un vaste champ a nos armateurs entreprenans ,
sans exiger de grands capitaux. Un pays de plus de i,5oo,ooo milles
Carres est entierement inconnu ; on n'a jamais approche d'une cote
qui s'etend I'espace de plus de 3oo degres de longitude sous le
cercle antarctique ; il y a d'immenses regions , situees sous des la-
titudes comparativement plus temperees , qui n'ont cte qu'impar-
failement cxplorees , et qui meritent de fixer I'attention ; et qui
sait s'il n'existe point dans Iheinisphere meridional des pays corres-
pondans avcc la Laponie , la Norwege , une partie de la Suede et;
les cotes septentrionale^ de la Russie d'Asie ? » W.
Navigation interieure dies Etats-Unis d'Amerique.
{Extraii de VAperpi, general de la naolgatton interieure des Etats-
Urn's, Philadelphie , 182G.)
II y a deja quelque temps que les Elats-Unis d'Amerique sont
consideres comme la seconde puissance maritime qui ne cede le
premier rang qu'a I'Angleterre. Ce n'est cependant que recem-
ment que I'atlention publiqne s'est portde dans ce pays vers le per-
23;
fectionnement de la navigation inlerieure; niais, duranl lesdix dcr-
nieres annees qui viennent de s'ecouler, les Americains ont fait
dans cetle partie des progres si rapides , qu'on peat les regarder
comme ayaiU surpassc toule autre nation , la Grande-JJretagne ex-
ceptce. Si Ton conslderc la vaste dissemination de la populalion
agricole des Etats-TJnis, dont les produits sont immcnses, et dont
presque tous les besoins factices sont alimentes par des contrees
etrangeres, on concevra rempressement de cetle population a
multiplier ses communications interieures. Get enipressement est
tel, que les temps ne sauraient (5lre eloignes ou , par I'etendue ou
le nombre de leurs canaux, les Elats-Unis surpasseront probable-
ment toute autre contree civilisee.
Avantl'annee 1816, la communication interieure par desmoyens
artificiels dans les Etats-TJnis, etait limilee a un tres-petlt nombre
de tentallves Imparfaites et partielles. A I'excepllon du canal de
Merrimack, dans le Massachusetts, et du canal de Sanlee , dans
la Caroline du'Sud , 11 n'existait aucune ligne continue et complete
de navigation artificlelle. Pariout ailleurs on n'avalt rien fail de
plus que de creuser et de perfectionner les lits de quelques rivieres ,
et d'en francliir les rapides les plus impetueux, ainsi que les chutes,
au moyen des ecluses. C'est ainsi qu'une navigation en bateau ,
d'unc nature precaire, s'etait etendue de la ville de Hartford dans
le Connecticut au Vermont, par le moyen de la riviere de Con-
necticut. Des ecluses avaient ele etablies aux petiles chutes ou ca-
laractes de la riviere de Mohawk , et de ce courant on avait ouvert
unc tranchee aune autre chute , communiquant avec le lac Oneida.
Par ce moyen , une communication penible s'etait etablie par eau
depuis Schenectady jusqu'au lac Ontario, et se prolongeait dans
les endroits d'interruption , au moyen des portages , jusqu'a quel-
ques-uns des pelils lacs de I'elat de New-York. Deja on avait exe-
cute en partie quelques - uns des canaux projetes : mals le public
n'avait aucune confiance dans leurs succes ; et on ne pouvail obtc-
nir le capital necessaire, soit pour continuer ces travaux, soil pour
238
acliever ceux qui elaient commences. Tout plan d'amelioratlon in-
tcrieure etait re9u avec apatliie et defiance. II fallait une impulsion
nouvelle et puissante pour exciter Pattenlion de la societe ; il fallait
pro'wver que les travaux etaient pratlcablcs, et en demontrer I'uti-
lite. Pour cela il elait essenliel dc se mcnager des moyeiis suffi-
sans, dans le cas ou la depense aurait excede revaluation la plus
stride. 11 fallait, par une experience, prouver immedlatement la
possibilite de tirer un revenu de cette enlreprise. Pour effecluer le
premier objet, il convenait de mellre en action le credit et les re-
venus des etats les plus riches et les plus imporlans; pour altelndre
le second, il etait essenliel de c.hoisir convenablement le lieu ou
Ton executerait la premiere parlle du canal.
Ce premier pas, si Important, se fit enfin daus I'etat de New-
York. II fut resolu par la legislature de ce pays d'engager le credit
de I'etat pour un emprunt destine a faire un canal de la riviere
d'Hudson au lac Erie. Lorsqu'on en vint a I'execution de ce plan,
on choisit une portion de la route si habllement, qu'on satlsfit
meme les plus violens advcrsalres du projet. Ces derniers pre-
tendaient que I'entreprise ne serait ni praticable ni avantageuse.
C'est au gouverneur actuel de la province de JSew-York, Dewitt
Clinton, que les Etats -Unis sont en grande partie, ou plutot en
totalile redevables de cette heureuse tentative. L'avantage de cette
conception , par ses resullats et par I'influence qu'elle a exercee sur
I'espril public, s'appllque , non-seulemenl a I'etat de New-York
et aux provinces au commerce desquelles le canal sertdirectement,
mais encore aux Elals-Unis en general.
Ce fut en 1810 que I'etat de New - York nomma des commis-
saires pour examiner les moyens d'ctablir une navigation arlifi-
clelle de I'Hudson au lac Erie. Le gouverneur Morris , au nom
de ces commissaires , presenla differens plans qui ne furent pas sui-
vis. Dc nouveaux commissaires furent nommes;et grace au genie
de Clinton , ceux-ci, plus heureux que les premiers, parvinrenta sur-
monter tons les obstacles. L'auteur du memoire enlre, a ce sujet.
2%
tlans de longs details, pour rendre a Ciiaton loutc ia justice qu'il
nieritait.
Depuls rimpulsion donnee par Theureux exemple de New -York,
les diverses parties de rUiiion onl enfante a I'envi une foule de
plans de travaux publics. Quelques-uns sent ou impraticables ou
sans utilile , d'aulres au conlraire sent de la plus haute importance.
Les legislatures locales out aide et encourage de diverses manieres
I'invesligation ou la construction effective des canaux ; mais nuUe
part, exccpte dans TOhio, on n'a iniile I'etatde New-York. Get
etat avait applique lous ses moyens a cet objel ; politique bardie de
sa part, et qui fut couronnee du plus heureus succes.
Les Etats-Unis peuvent se diviser en deux grandes parties, la
c()te maritime et la contrec occidentale. De la , trois grandes classes
de communications interleures : communication parallele a la cote;
communication des provinces de I'Ouest avec la cote, et enfin com-
munication plus speciale dans leur objet , et limilee dans leur in-
fluence, d'une province a Tautre. La cote des Etats - Unis presente
un contour diversement echancre, entrecoupe en plusieurs endroits
par de grands bras demer, dont les plus remarquables sont la bale
de la Chesapeake , celle de la Delaware et le Sund ou detroit de
Long-Island. Leur situation et leur direction semblenl naturelle-
ment inviter a examiner s'il ne serait pas possible de les faire jolndre
ensemble , en elablissant une communication interieurc , a I'abri
de la violence des tempetes, et facile a defendre contre Tennemi.
Par ce moyen, on subsliluerait cette route au passage par mer, trajel
a-la-fois ennuyeux et plein de danger. Cette grande ligne de navi-
gation n'a pas manque d'attirer Tattention , non-seulement de cha-
que gouvernement local, mais encore celle de I'administration ge-
nerale. Cependanl ce qu'on a fait se rcduit encore a bien peu de
chose.
Le canal le plus au Nord , destine a faciliter une communication
parallele a la cote , va _de la bale de Massachusetts a celle de Buz-
zard. Des ingenieurs militaires consultes sur les moyens de le ren-
24o
tire navigable, ont reconnu quil elail susceptible de le devenir
sans que cet objet cntrainat des depenses Irop considerables ; lis
sont meme convenus qu'on y elablirail une navigation pour de
grands sloops.
Long-Island-Sound, ou le delroit de Long-Island, la baic et
le port de New-York, ainsi que la riviere de Rarilon, offreiilune
navigation non inlerronipue pour de grands sloops jusqu'a New-
Brunswick dans I'ctat de New-Jersey. De cetle vilie jusqu'aux
eaux navigables de la Delaware la distance n'esl pas de plus de I rente
milles. La contree est des plus favorables pour un canal qu'on pour-
rait executer a soixante pieds au-dessus du niveau de la maree , et
qui n'exigeralt par consequent que six ecluses a cbaque exfremite.
Si jusqu'a present, ajoute I'auleur de ce memoire , ce projet n'a
pas ele execute, c'est faule d'esprit public et de vues liberales de la
part du gouvcrneinent de I'elal de New-Jersev.
La couiniunlcalion entrc la baie de la Chesapeake et cello de la
Delaware, s'est effectuee sous de plus beureux auspices. Elle a ele
confiee par les etats de Delaware , de Maryland et de Pensylva-
nie, a une couipagnie privilegiee qui a enlrepris, dc bonne foi et
avec beaucoup d'ardcur , les travaux qui avaient ele Tobjet de sa
formation. Ce canal sera navigable vers la fin de 1828. 11 est
destine a recevoir des navircs tirant sept picds d'eau ; les ecluses
ont vingt-deux pieds de largeur et cent pieds de longueur d'une
porte a Tautrc. 11 est eleve de six pieds au-dessus des hautes niarees
des bales contigues, et il n'a qu'une ecluse a cliaque extremity,
independammentdes ecluses des marees. Pour effectuer ce plan,
il a fallu creuser une tranchee de pres de qualre milles de longueur
et de soixante-dix-sept pieds de profondeur a I'endroit le plus eleve
de la colline. Ce canal dans toule sa lon^ueiii- a nioius de dix-huit
milles de long.
La navigation de la Chesapeake est sAre et non interronipuc jus-
qu'aux caps de A irginle. C'est entre ces caps qu'cst siluce la ville
<le Norfolk , vil e donl le commerce est de quelque Importance.
2^1
Le port de Norfolk communique avec les tletroils, ou les passes
qui s'elendenl en grande partie le long de la cote de la Caroline dii
Nord. Cette commuicalion se fait par un canal qui traverse un
vaste marais appele le Dismal-Swamp (marais affreux ) , d'ou est
venu le nom donne a ce trajet.
Albemarle, Pamlico et Core-Sounds offrent une communica-
tion de canaux non interroinpue jusqu'a Beaufort , dans la Caro-
line du Nord. Mais, pour rendre ce passage plus s6r et plus certain,
on a propose de creuser un canal de Plymouth a Beaufort , par
A'^ asliinglon et ISewLern. A parlir de cette derniere ville on trouve
une suite d iles, renfermant des soim/Is ou detroits, jusqu'a quel-
ques milles de I'embouchure de la riviere du Cap Fear avec la-
quelle on peut ouvrir une communication a pcu de frais. Pres de
cette embouchure se trouve la ville de A'S ilminglon , d'ou on a
projete un canal allant a George-Town, ville siluee surla riviere
Pedee , dans la Caroline du Sud. On a aussi trace un canal de
George-Town ii Charleston, parallelement a la cole, a parti r du
port de Charleslon ; et derriere Edisto-lsland , il existe un passage
jusqu'a la riviere du meme nom. On propose d'unir par un canal,
cette riviere a la Savannah, limite des etals de la Caroline du Sud
et de la Georgle. Toute la cote de la Georgie est parsemee d'iles
qui renferment des passes navigables et s'elendent au-dela des
limites meridionales decet etat, jusqu'a rembouchure de la riviere
Saint- Jean dans la Floride. C'est par le moyen de cette riviere, ou
celle de Sainte-Marie , frontiere de la Georgie , que des ingenieurs
au service du gouvernement general , sont occupes a chercher
une communication, pour de grands vaisseaux, avec le golfe du
Mexique. Qu'un tel passage soil praticable, c'est ce qu'on donne
pour certain; on ajoute meme que le gouvernement est en posses-
sion de documens qui prouvent qu'il existe reellement un passage
pour des balimens de pelites dimensions, lequel avail servi a la
piralerie, avanl la cession de la Floride aux Etats-Unis. Tous
les canaux dont nous avons fait mention, de Norfolk vers le sud,
42
sc conslruiraient a peu de frais, parce que la contree est basse
el loiite onplaine; on pourrait nieine dans la plupart des cas se
passer d'ecluses de maree.
La navigation dos rivieres dc Connclicut el d'Hudson, et celledu
lac Chaniplain, peiivent elre coiisiderecs connne un complcinoni de
la navigation arlificielle parallelement a la cole des Klals-Unis.
Elles forment aulant d'anneauxde la grande cliainede communica-
tion de Textreme fronliere au golfe du Mexique.
Une navigation imparfaile avail existe long-temps, de IJarnel
dans I'etat dc \ermonl, a Hartford dans le Connecticut, par la
riviere de ce nom , pour des navires de plus de cent tonneaux. CelU
navigation etait cependant si precaire et si Incerlainc , qu'on re-
solul d'abandonner entierenient la riviere et de conslruire un canal
lateral. Pour ccla on proposa de quitter la riviere pres de Nor-
tbaniplon , et de se diriger vers le port de ISew-IIaven , par West-
field dans le Massacbusetts , et Farmington dans le Connecticut. La
partie du canal qui se Irouve dans ce dernier etat sera probablemenl
terminee dans I'annee courante , 1828. La partie qui depend du
Massacbusetts a egalement etc confiee, par un acte public, a une
compagnie privilegiee. Le lac Chaniplain offre une navigalon
proi'onde et silre, depuis la fronliere du canal jusqu'a sa source,
au village dc \N hlleball. A partir de ce point, commence le canal
Cbamplain dans Telat de JNew -York. Celte navigation retjoil
jes eaux de I'Hudson a Fort-Edouard. La longueur entlcre dii
canal est de 24 milles. A partir dc Fort-Edouard , le passage s'ef-
fectua d'abord en creusant le lit de I'Hudson , et au moyen de quel-
ques tranchees laleralcs jusqu'a Saratoga ou commen(^ait un canal
lateral, qui s'eleiidait h ly niijles de l;i jusqu'a ^^ alcrford, au con-
fluent du jNiobawk et de 1 Hudson. On a cependant fail des perfec-
tionnemens ultcrieurs de manlerc a former un canal entier de
Fort-Edouard a Albany, traversant le Mobawk justement au-
dessous des cbules de Coboes. A partir d'Albany, I'Hudson est
navigable sans interruption ( excepte quclques semalnes duranl
243
I'annee a cause des glaces) , pour les navlres de cent tonneaux.
Dcs biitimens de 5oo tonneaux peuvent remonter jusqu'a la villc
d'Hudson, a cent cinquante milles de la iner, et le plus grand
valsseau de ligne peut trouver un canal qui n'a pas moins de millc
yards ou cinq cents toises de largeur, jusqu'a Newburg, a solxante-
cinq milles au-dessus de New-York.
A la seconde classe de communications interieures appartiennent
celles qui dolvent etaLIir une navigation de la cote maritime aux
dtats de rOuest. Ces deux grandes divisions du pays sont separees
par des limites naturelles Ires-prononcees, que forme une suite de
montagnes ; d'un cote sont les courans qui se dirigent vers TAtlan-
tique, de I'autre ceux qui tombcnt dans le Mississipl ou dans les
erands lacs. En Ylrginie et dans les Carolines, on peut conside-
rer ces montagnes comme formant quatre cliaines paralleles. Nulla
part on ne rencontre des vallees qui les traversent entierement; et
dans le fait, 11 y a toujours une partie de montagne qui oppose une
barriere complete a tout genre de navigation arlificielle , a moins
de recourir a des excavations longucs et difficiles. En Pcnsylvanie,
tandis qu'a Test la chaine de montagnes reste distincte, les autres
montagnes saffaissent, et se confondcnt les unes dans les autres.
L'aspecl de la contree devlent celui d'une plaine elevee. Cette der-
niere se termine dans I'etat de New -York, et descend, par une
penle graduelle , jusqu'au bord du lac Ontario. Une cliaine seule
et unique traverse entierement I'etat de New -York ; et meme elle
est coupee, a une grande profondeur, par la vallee du Moliawk, a
i'endroit appele Uttlc-Falls (les Peliles-Cliutes). On peut regarder
ces montagnes plutot comme des collines isolees que comme une
chaine continue. De la divers courans de grande dimension s'e-
chappent par les vallees intermediaires ; mais aucun de ces cou-
rans, exccptc r Hudson , n'admet de navigation ascendante. Son
affluent, le Mohawk, s'echappe a travers la seule colline qui reste
et coule dans une vallee qui commence au grand bassin du
lac Ontario. Aucun des courans qui coulent vers I'Allantlque ne
244
traverse en meine Icnips loules les montagiics, a I'exceplion Ju
Susquehannah. Son affluent , Ic Tioga , a sa source sur le c6le
occidental de la plalne dont on a parle, ct consequcmnient s'ouvre
uii passage a Iravers les niontagnes. Mais la parlle inieiicurc du
Susquehannah est tellement obsliucepar dos rocliers ct dcs rapides,
que cet obstacle ne permellra pas sans doule d'cn tirer de grands
avanfages. L't^tal de jSew-York, au moyen du lit profond et navi-
gable de THudson et de la valliic du Mohawk, offre done des faci-
lites naturelles, bien superieures a celles des autres titats, pour etablir
des communications. Ces avantages ont ete completement realises
jjar la construction du grand canal occidental , qui etablit une na-
vigation continue de THudson au lac Erie, el communique ainsi ,
au moyen dune branche lateralc , avec les lacs Ontario el Os-
wego. Ce canal a 363 milles de longueur. La difference de niveau
entre le lac Eric et THudson est de 564 pieds. Le canal peut se
diviser en deux grandes sections, d'ailleurs inegales, ctdont I'une
tire ses eaux du lac Erie, et Tautre d'un plateau cleve ou point de
partage , dans le voisinage d'Utica. C'est le lac Erie qui, sur une
longueur de 67 milles el demi, a parlir de remboucliurc du canal
jusqu'a Montezumji, sur le lac Cayuga , fournit la plus grande par-
tie des eaux. On descend de icjo pieds, au moyen de 21 ecluses.
Au-dela de ce point, le canal s'eleve de 62 pieds, au moyen de 7
ecluses, jusqu'au sommet du plateau ou point de partage. A partir
de la et sur une distance de 6g milles, la navigation est de niveau
et non interrompue. On descend vers I'Hudson par 53 ecluses ,
dont une vinglaine se succedent dans Tespacc de quelques milles ,
non loin des ColioesouGrealFalls (Grandes Chutes) du Mohawk,
pres de sa jonction avec ITludson. Outre les petils aqueducs el les
ponfs au moyen desquels ce canal franchit les plus faibles courans,
il traverse la riviere Genessee sur un aqueduc de ncuf arches de 00
pieds d'ouverture. Ce canal traverse aussi le Mohawk deux fois sur
des aqueducs de 748 et de 1188 pieds de longueur respectivemcnt.
La depense de ce grand travail, jusqu'au temps ou il fut ouvert a
la navigation, est de prcs <le neuf millions <lc dollars, doiil sept
millions et demi furent leves par einpnnil. L'ctat garantit le paie-
ment du principal et de Tintcret de ccUc .somnie, et y engagea les
recettes de plusieurs branches du revenu. Ces rcssourccs produlscnt
environ dix pour cent du capital de I'emprunt, ce qui assure la li-
quidation de la detle dans un temps dont le terme n'est pas eloi-
gne. Ainsi , lors mcinc que les droits sur Ic canal n'auraieiit pu suf-
fire qu'a I'entreleuir en bon etat, sa construction n'excedait pas les
ressources onlinaires du pays. Mais, au moment qu'il ful aclieve , le
revenu qu'on lira des droits devint si productif qu'on put se flatter
qu'il suffirait pour payer I'lnler^t et eleindre la dettc. La recetle pour
Tannee 1826, la premiere apres que la navigation eut ^te ouvertc
de la riviere au lac, monta a 800,000 dollars. EUe n'a pas dfi etre
au-dessous d'un million pour I'annec finissant au i"^"^ janvicr 1828.
Toulefois , dans le commencement , cclte immense rccctte a ete ab-
sorbec en grande partic par ics dcpenses du canal, qui dans ce mo-
ment est a peine terminc. Dans le dcsir de recueillir les avanSages
que promettait cette navigation , on pressa I'ouvrage avec trop de
hsite peut - ^tre : on n'attendit pas qu'il fAt termine. Au resle, les
depenses des deux dernleres annees out suffi pour terminer com-
plefement le canal; et, d'ici a peu de temps, il ne coAtera pas plus
que les autres canauxpour son entretien etses reparations. La dette
diminucra rapidemcnt; et on peut facilement prevoir que d'ici a
dix ans,retatde New-York possedera, libre de toule charge, nue
source de revenu plus que quadruple des taxes directes et indirectes
qui alent jamais etc levees dans ce pays.
L'auteur du Memoire annonce qu'il reserve pour la suite ce qui
regarde les plans de communication entre I'Allanlique et les par-
lies occidenlales de I'Union ; puis 11 continue ainsi :
Le grand canal de I'etat de New - York se termine au lac Erie,
d'ou il ouvre un passage aux barques de cent tonneaux. Dc I'exlre-
mitc Est dc ce lac, une lignc non Interrompuc de mers interieures
.s'elend jusqu'a la limlfe la plus eloignee du lac Superieur. Les bonis
»7
246
(le ces lacs iinmenses embrassent un circuit de plusieurs milliers dc
inillcs, (lout chaque parlle est accessible a <les b.iliiiiens de dimen-
sion proprc a resislor aiuc gros temps, auxquels ces lacs sont sujcts.
Mais les bords de la piupait de ces lacs sout occupes par une
autre nation , que des considerations politiques et d'interet person-
nel porleront a fairc prendre au conunerce la direction du cours
du Saint -Laurent. Eeaucoup de ces rivages d'ailleurs, par la na-
ture du sol ou du cliniat, ne conviennent pas a une population
nombreuse et ricbe. Les avantages les plus iinporlans du canal de
New-York doivent done se cbercher dans les elats silues entre les
grands lacs el I'Obio , et menie dans I'extension de la navigation
arlificielle , vers les nouvelies contrees, a I'ouest du Mississipi.
Panni ces etats, celui de I'Obio est Ic seul dont I'etat actual
prometle de grands resultals. 11 est aussi le seul qui ait imite, sur
uue grande echclle, la politique de I'elatde New-York, en garan-
tissant le paiement du capital et de I'interet des emprunts des-
tines a I'amelioration interieure du pays. Au moven des fonds ainsi
leves, on a commence un canal; et ilsexecute rapidcmcnl, depuls
Cleaveland, sur le lac Erie, jusqu'a la jonctlon du Sioto aver
rObio. Un autre est projete et meme commence , a partir des eaux
navigables du Haumee, qui lombe dans le lac Erie jusqu'a celles
du Miami , qui est une brancbe de I'Obio. Ce qui a cle execute du
premier de ces canaux a deja produit une revolution dans le com-
merce de I'etat. En effel, le tabac, qui auparavant descendait par
le Mississipi a la Nouvelle-Orleans, a ete dirige, anieilleur mar-
chti, vers New -York, et de la transporle , sur des navires , aux
entrepots de Virginie et de Maryland. Le succes de cette entre-
prise conduira sans doute a Tetablissement d'un entrepot de tabac
a Ne\v-York.
Dans les premiers temps du commerce des contrees voisincs de
rObio, leurs produlls elaienlembarquessur des batimens grossiers,
qui dcscendaient par cette riviere et le Mississipi a la Nouvelle-
Orleans oil Ton delruisalt ces batimens pom- servir de romhus
•a47
tible. Quant a I'argcnt qu'on retirait de la vente des marchandises,
on en faisait des remises sue Philadelphie ou Baltimore. De la Ics
retours en marchandises etrangeres ctaient transportes , par Ics
montagnes, a I'Ohio, et par ses eaux, a leur destination respec-
tive. L'introduction du bateau a vapeur amena un cliangement par-
tiel, en pennettant de transporter plusieurs articles par le Missis-
sipi , malgre les difficultes du courant.
On est a la veille d'un troisieme cliangement , a I'aide duquel
une grande portion du pays sera mise en communication avec New-
York, devenu par la un marche d'importation et d'exportation ,
tandis que d'un autre cole , on aura le cliois cntre cette ville et la
Nouvelle-Orleans, suivanl la saisou ; on ira par JMew-l ork en ete ,
ct par la Nouvelle-Orleans en hiver.
B-i.
Tableau des distances de Ocana, siege de la grande Convention de
Columblc, uux chefs -lieux des difjerentes provinces de cctlc repu-
hliijue, tcl qu'il a ete dresse par ordre du Gouvernement , a I'effct
de reglcr les indemnites de voyage allouees a chaqiie depute (i).
De Ocana .i Bogota. •• 1 16 licucs.
a Neiva i65
a Honda . 100
a Antioquia 100
a Tunja 86
a Socorro 66
.1 Pamplona 60
.1 Pore 116
•T Maracaibo i38
a Coro i33
(i) Ce tableau a c'te public par ordre du ininistrc dc rinti'ricur Jose
Manuel Restrepo, le 5 octobre 1827. W"^.
2^8
a rnijillo. .
. t33
h Mei ida. . .
• 9'^
a liariuas. .
. 1 33
a Arliaguas . .
,73
h Guayana .
348
a Caracas. . .
. 253
a Valencia. . .
. 218
.\ Cuinana. .
353
h la Asuncion . .
. 367
k Barcelona. . .
333
h Cartajena . .
1 33
h Monipox . .
• 72
a Santa-Maria .
. i68
a Riohaclia . .
200
k Panama. . .
233
a Veragua. . .
. 3io
k Popayan . .
23o
a Quibdo 6 Citara
2^5
a Iscuande. . .
273
a Paste. . . .
. 282
a Quito. . . .
. 38o
a Ibarra
353
a Riobamba. .
425
a Cuen9a. . .
460
a Loja
498
a Guayaquil.
465
a Puerto Viejo.
4o5
TABIoE COLOMBIE. KSbis)
nEPAUTEKi,
Maturin.,
Orinoco. .
Venezuela.
Population.
Senateurs.
14,690
35,174
36,. 47
i6,3io
87,179
22,333
159,874
166,966
„ . i;-Q
Stane BoRRERO.
Represeulans
I
I
2
2
3
I
4
tobre 1827
\ son Histolrc de cette rdpubliqae (i), un
nbre , ne sent pas comprls les indigenes ,
3. 11 pretend qu'au commencement de la
elle-Grenade s'elevait a 2,900,000 3mes ,
dresse.
'PESIDENCE DE (.lUlTO.
157,000
393,000
42,000
8,000
1,234,000
913,000
6i5,ooo
i38,ooo
60,000
2,900,000
V , chap. 26, estime la superficie de "Vt'ne-
5, a 785,000 ames ; il evalue I'etendue de la
,000; ce qui donnerait , pour toutc la Co-
•epo , tome i«'', Introduction.
T.VBLK AL' STATISTIQIE DE LA REPIBLIQL'E DE COLOMBIE. W8bU)
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UN A FAIT DEPUIS L,\ RF.rTIFir \THiN Sl'lVANTE A L.\ POPrLATION DH DF.PARTEMENT DE CAUCA.
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Lcs rcceriscnicns ilcs |irovinci;s Jc Chocn , Itucnavcnlura cl Paslo, sonl ecus faitscii 1825 , dc niilmc .inunc
^rainic parlie dc cflui dc b [irovincc dc Popayjn , parcc ijue ceuv <1l' I'annof prOcodenlc n'a»'aioiit point tie
I'lablis avcc cvacliliidc ; il f.iut pourlaiil quu I'oij s.^che quL- du lolal di- la population on n rdluit S.yyo haLi-
lans des paroissi-s di.' Bitoniu cl Toboima . niinics poslerifureinciil a la province dc JSciva, du sorlc r|ui.', sans
ccilc diminution , tile conijittrait aujourd'liui 1)1,704 iKibltans. _
Popii}nn, 29 oclobrc 1837, Sianr Bonni.RO.
M. Rfslrepo , ministre dc I'inWrieur de Colonibie , public . dans son Hisloire do ccllc njpulilique (i), un
lablvau desa population qu'il tstime 2,717,142 habiUns. Dans ce nombrc , ne sont pas coinpris h-s inili^L^nes ,
qui vivent encore dans I'clal sauvagc, ct qu'il fait nionler ."i aoo.ooo. II pretend qu'au cnminenfcincnl de h
guenc Je I'Independance , la population du Vt'nezuela cl de la Noiivellc-Grenade s'elevail a 2,500,000 .lines ,
cl que 400,000 pi^rircnt duraiii cuitc lulle. Voici Ic tableau qu'il en a drcssc'.
Bbno, ...
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Inilig^ncs.. .
.OT.ooo
.t.l.ooo
3<,'.,O.i0
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Mclii libru
433,000
140,000
41,000
O.i.ooo
Eicbvc.
TOT.\CX. . .
60,000
;o,.,o
8.000
.3S,.oo
„.„,„,
,.|o.,,.oo
60,00..
>,fp..,oon
M. lie Humboldt , dans soti A oyage aus rugions eijuinnxi.iles, liv. IV, chap. 36, cslime la superficicde Vt'ne-
zuelaa 33,700 lieues tarri-'cs dc aoaudegrii , eisa population , en i8a3, a ;85,ooo .lines; il (.'value Ittenducdcia
Nouvelle-Gienade el dc Quilo 58,a5o lieues, cl sa population 3,000,000 i ce qui donocrait , pour loule la Co-
lombic, un total de 3,785,000 lubiUns.
(0 Uisloria de la revolucion de la repubtka de Colombia , par J, .M. ttutrcpo , l'^""^ '"» ialroduclion.
2^9
BepOHT of Cotnmissioncrs o/ iiKjuhy into the skitc of the Colony of
Sierra-Leone, in-fol. avec uiie carte.
Le rapporl des commissalres nommes pour examiner I'etal de la
colonic de Sierra-Leone , est divise en deux parties : la premiere
contient les cliapitres suivans : i° Etendue et llmites de la colonie ;
2" Nombre et condition de la population divisee par classes ; 3°
Africains delivres et departemens des Africains liberes et de I'inge-
nieur ; 4" Dispositions pour Tinstruction religicuse et I'education
de ia jeunesse ; 5" Agriculture; 6^' Commerce ; 7" Revcnus et dc-
penses ; 8« Elat judlciairc et civil ; 9" Observations sur le climat de
Sierra -Leone , et de ses dependances sur la Gambie et sur la
(:6te d'Or.
La colonie de Sierra-Leone fut fondee en 1787 : elle a successi-
nient pris des accroissemens , differens terrains ayant ete acquis
<!cs chefs negres voisins ; elle s'etend du %" degre 5o' , au 7^ degr^
de latitude nord : a TO. , TOcean forme la limitc qui a I'E. est en
grande partie iniaginaire ou imparfaitcment connue. La population
se compose de colons negres amenes de rAmerique seplentrionale ,
de negres mavons de la JamaVque ; d'esclaves de la liarbade , de
tioldats negres admis a la pension , de kroumen ou negres venus
volonlairement de divers lieux d'Afrique ; enfm de negres retires de
navires marchands saisis en faisant la traile. 11 v a aussi des blancs
J
qui sont les militaires formant la garnison , les officiers civils et
judiciaires , et les ecclesiastiques. En 1826 , plusieurs de ceux-ci
ctaienl des negres : la mort avait bcaucoup diminue le nombre de
ceux que leur zele avait appeles d'Europe. II y avait vingt-deux
ecoles avec six mailres et deux aides-negres pour les gargons ;
cinq mattresses et quatre aides-negresses pour les filles. La plupart
des colons n'ont que des notions tres-imparfaites de la culture
des terres. II existe des plantations de cafeyer assez considerables.
On a ndglige le cotonnier, on pourrait essayer I'indigo. Oh re-
lolle du manioc el aulres racines comestibles, du cacao, du riz;
25o
cclle derniere ilenr(5e est celle qui Irouve plus facilemenl du debit,
Les exporlalions out coniinonce a avoir lieu en 1817 ; elles con-
sistent en cafe, riz , poudre dor, ardent, peaux de pantheres ,
gommc du Senegal grabelee , gomme copal, poivre de (iuiude ,
cjre , huile de palme , bois rouge , ebene , bois de cam , dents
d'eleplianls , dents d'hippopotamcs, miel , peaux d'oiscaux rein-
bourrecs , peaux de singes , ignames, arachides , comes de bccufs,
peaux de cerfs , toiles du pays , millet, indigo, ecorce de manglier,
('■caille de tortue, diverses curiosites.
Les revenus derivent principalement des droits d'enlree sur les
marchandiscs ; en 1823 ils se sont eleves a 3,8go liv. y s. yd. La
ineme annee la depense a ele de 4-i>i3j liv. i3 s. 10 d. un quart.
Les lois d'Anglclerrc sont en vigueur ; cependant le gouverneur
el le conseil peuvent rendre les ordonnances qu'ils jugenl neccs-
saires au bien de la colonie ; mais cettc faculte est soumisc a des
restrictions. Le gouverneur est assiste d'un conseil de neuf mem-
bres ou plus. 11 y a plusieurscours de justice , entrc autres une ami-
raute ; tout est organise comme dans la Grande- Jlretagne.
Les effels de Tinsalubrite du dimat dans toute I'etendue du gou -
vernement de Sierra-Lconc , se font sentir aux Europeens et aux
negres venus de TAmerique septentrionale. En Janvier 1822, la po-
pulation totale, non couipris les mililaires europeens ou indigenes,
etait de i5,o8i Individus; elle avait augmentc depuis trois ans.
Parmi les blancs le nombre des d^ces etait en general d'un sur trois.
La seconde partie du rapport renferme des details sur les dt'pen-
dances de la colonie le long de la Gamble ct a la Cote d'Or.
Le supplement offrc les etals rclalifs aux droits , aux exportalions ,
aux importations , a la population , aux ecoles , etc. , de la colonie.
On voit a la fin , que les commissaires n'ont pas pu etendrc leur
examen a tous les objcts dont les resolutions de la cbambre des
communes les avaient charges de s'occuper.
La carte represente Sierra-Leone et ses environs.
J. B. Eyries.
VeruanI)EL1I>g over dc IS ederlamhclie onldekkingen , clc. Memoib.E
SUV les decouvertes des Ncderlundais , en Amerique ct en Australie ,
dans les Indes et aux Terres pojaires , ct sur les iioms qui lew ont
etedonnespar les Nederlandais , i vol. In-S". , Ulrecht, , 1827.
En 182 1 la Soclete provincialc d'Utrecht proposa la qucsllon
suivantc : « Puisque sur les carles d'Amerique, d' Australie , des In-
») des etdes Terres polaircs, publiecs en France, en Auglelerre ot
» ailleurs , les noms donnes par les navlgaleurs nederlandais aux
» terres , mers , baies , rivieres , caps , iles , villes , forts et colonies ,
" dans les premiers voyages qu'ils ont faits , disparaissenl a mesurc
" que Ton s'eloigne de I'epoque ou ces expeditions ont cu lieu, la
>• Societe desire qu'il lui soit presente un Memoirc dans lequel
" seront exposes convenablement les services des Nederlandais :
i> on indiquera par quels navigateurs et voyageurs ces noms ont
» ete donnes, et dans quelle relation dc voyages ou sur quelles
» cartes on trouve le plus de renseignemens sur ce sujel; et, s'il est
» possible , on y joindra la notice des carles sur Icsquelles les noms
» ont ete corriges. »
Lc prix fut remportd , en 1825 , par M. Bennet , capitaine de
navire , et par Van Wyck P\oelandszoon , maitre de pension , tous
deux demcurant a Hattem , ville de la province de Gueldres. Le
titre du Memoirc est donne plus liaut.
Ce Memoire est divise en trois cliapitres : le premier traltc des
decouvertes des Nederlandais dans les Terres polaires arcliqucs , et
dans la mcr glaclale du Nord.
Le second chapitre contlent les decouvertes des Nederlandais, en
Australie et dans la merdes Indes.
Le troisleme offre un examen abrege des changemcns de noms
donnes par les Nederlandais , changemcns qui font croire que Ton
a meconnu leurs decouvertes ; et one reponse a quelques reproches
adresses k la Compagnie des Indes orientales qui etait generalement
232
accusee de cacher Ics tlccoux cries lailcs par Ics navigak-uis tju'clle
finplovait-
L'ouvrage est termiiie par uue descripllon de sept carles que
M. \an Wick Roelandszoon avalt dressees pour y ^tre jointes an
Memoire , niais qui n'ont pu paraitre en iiicine temps.
Le livre de MM. Bcnnet et\an W yck Roelandszoon , conlieul
Leaucoup de fails curieux cl de renseig:ieniens inslruclifs ; plusieurs
questions relatives a riiistoirc de la geograplue y sonl disculees
dune maniere qui failliouneur aux auleurs.
Enfin on trouve a la fin dc l'ouvrage une lisle raisonnee des
principales d^coavcrlcs failcs par !es ^NedcrJandais.
J. B. Eyries.
Bala>T.E POLrriQUE nv globe , ou Essai sur la statisLique generate
de la ierre , iVapres ses divisions poUliques actuelles el les decouverLes
les plus recentes , etc. , cic. , etc. , par Adrien JialLI (i).
La Commission ccnlrale m'a charge dc lui rendre comptc dun
Tableau dont M. Adrien Balbi lui a fail honunage , el qui a pour
tilre : Balance politique du globe , etc. , elc.
Jevais d'aLord lui faire connaitre le sujet el la division de ce
Tableau ; j'accompagncrai eel expose de quelqiies observations.
Dans dt.'ux colonnes marglnales Inlllulces : Olseivutiuns prelimt-
naires, M. Balbl Indique rapidement les diverses causes qui rendcnt
la Geographic politique I'une des sciences les plus sujeltes a des
cliangemens , el annonce qu'il a forme Ic projet de presenter tous
les quatre acinq ans , ainsi qu'il le fail aujourd'liui , le tableau des Cle-
mens qui constituent la force, la richesse el rimporlance relative de
tous les Etals de I'Europe , et des principaux Elals des aulres par-
lies du moride. 11 fail connaitre la methode qu'il a suivie pour
(i) Au buK iiii de la lievuc Encycloj)cili(iiic , ruu d'Enfer-Sainl-Michel.,.
n" 18, cl clii'z Jules llcnouard , rue de Touiiion , n" G ; jiiix : G fr.
253
doimer h son Tableau loule roxactilude possible , les difficulles
qiiil a eucs a sunnonlcr , et les garanlies que presenlent ses divi-
sions , ses calculs el ses appreciations.
Quelqucs explications placees egalement en marge du tableau ,
perniettenl d'en saisir a-la-fois Tensemblc et les details.
iJEssal slaiistlquesur le Portugal, etc. , I'ouvrage le plus coinplet
et le plus exact qui ait encore ete publie sur cette parlie de la
Peninsule , et V Atlas etnograijhujue du globe , ont place M. JJaIbi
au premier rang des pliilologues et des statisticiens. Dire que M. le
baron de Humboldt a adopte plusieurs de ses calculs , el que feu
Malie-lirun n'a pas cru mieux faire dans son vi'= volume du
Precis de la geographle unk'trselle , que dc s'en rapporter pour les
details de la population de VEiirope , aux. calculs exacts et aux raison-
ncinens judicieux de M. Balbi , ce sonl ses propres termes , et que
ce celebre geographe qui voulait bien m'honorer de son amilie ., et
dontnousregrclterons tous long-lemps la perle, annoiice, dans une
note ipi'ilplacera ii la fin du tom.c fill du nieinc Precis, le Tableau des
Etats europeens , extra! t de la Balance politique du globe , c'est faire
de cette Balance I'eloge le plus pompeux , eloge auquel I'examen
niinutieux que j'ai fait du travail de M. Balbi , me porte a sous-
crire sans restriction.
Apres avoir indlque les grandes divisions du globe qu'il partage,
d'apres notre savant coUegue M. le baron W alckenaer , en monde
ou continent ancicn comprenant I'Europc , I'Asie et TAfrique , en
moude ou continent nouveau (FAmerique) , cten monde maritime
ou Oceanic, M. JJalbi donne les nonis des differens Etals de cha-
cune de ces divisions , leur surface en milles carres geographiques
de Go au degre equatorial , leur population , la classification des
habitans d'apres leur religion , les noms des souverains rcgnans ,
ou des chefs des gouvernemens , avec I'epoque de leur avenement,.
les dynasties auxquclles ils apparliennent, la religion que les souve-
rains ou chefs professeni, etc., les revenus et les dettes des divers.
E'als , en francs , I'evaluallon de leurs anuees dc terre et de mer, la
254
classification dcs hahilans d'apii-s leurs langues , ct enlin les villes ca-
pitalcs cl principales, avcc riiulicalion dcs divisions adminislrativcs.
On voit, daprcs cot expose succinct, qu'cn ajoutani qiiclqucs
lignes dc plus, et en doiinant une autre forme aux nialcriaux con-
tenus dans la B'lla nee politique du Globe , on en composcrait facile-
mant une geographic elementaire complete , et surloul beaucoup
plus exacle que la plupartdecelles que nous possedons en cc moment.
Suivant M. Balbi, la terre que nous habilons a une surface de
148,522,000 ntilles carres ; dont presque les Irois quarts, ou
110,84.9,000 milles, sont couverfs par TOcean ct ses branches,
leresle, ou 37,r)j3,o<)0 milles, forment les ciiu] parties dii Monde,
avec les innombrables ilcs , regardres comme leurs dcpendan-
ces geographiqucs , et JN^. Baibi leur donne une populalion de
737,000,000 habilans ,
Qu'Il distribue ainsi :
Surface. Populalion.
Kiii'opc 2,7g3,ooo
Asie 12,118,000
Afrique. . ' 8,5 iG, 000
Ajnerique ii,i46,ooo
Monde maritime ou Ocdanie. . . 3, 100,000
37,673,000
227,700,000
3go,ooo,ooo
Go, 000, 000
3g, 000, 000
2O,3o0,0O0
707,000,000
Les differences notables qui existent cntre les calculs dcs plus
liabiles statisticiens, quoiqu'il n'y en ait pas un seul qui nc prctende
avoir puise aux sources les plus aulhcntiques, dolventnous inspircr
quelque defiance sur Fexaclifudc rigoureuse des rcsultals de cetle
science qu'on appellc slatistique. M. iJalbi n'est done pas toujours
d'accord avec ses predecesseurs , el en comparant le travail statis-
tique de Ia Balance du Globe , avec les donnees du meme genre pu-
bliees par M. de Hassel , c'est-a-dirc , par le plus celcbre des sla-
tisticiens allcmands, on trouve des differences imporlanlcs qu'il
serail trop long d'ennmerer ici. I^cquel dcs deux a raison , du
255
savant italien , on du savant alieinand '^ C'est une question fort dif-
ficile a decider; elle ne saurait olie rcsoluc, si tanl est qu'eUe
jmlsse I'etre , qu'apres des calculs compliques qui exigeraieut uu
temps que je ne puis leur consacrer.
Je dirai seulemcnt que tout en rendanl justice au merlte emi-
nent du geographe allemand, je suisporte a adopter de preference
les resultats presentes par M. JJalbi : d'abord , parce qu'il a publie
son ouvrage apres celui dc M. de Hassel , et qu il a pu par con-
sequent le consulter et le corriger , ct en second lieu, parce que
jc sais qu'il a rassemble avec un zele infaligable des matcriaux
imuienses, et qu'il a compare entre eux non-seulemenl la plupart
des documcns publics et particuliers qui existent, et ceux qu'il
s'est procures par sa vasle correspondance , mais encore ceux-
qu'il a oblcnus dans ses entreliens avec les savans de loules les
nations qui resident dans la capitale de la France ou qui y font un
sejour momentanc.
Je ne ferai a M. lialbi qu'unc seule observation sur la sla-
lislique , et je ne prendrai point mon terme de comparaison
dans M. de Hassel. L'auteur de la Balance politique du Globe ne
donne a I'empire Birman qu'une population de 3, 000,000 habi-
tans : cette evaluation paraitun peu faible ; le major Symes I'avait
sans doute portee trop haut en I'elevanta 17 millions ; mais l'au-
teur anglais de I'ouvrage intitule : Tivo years in Ava , from May
1824 lo May 1826, publie a Londres , en 1827 , a calcule qu'elle
etait de 6,000,000. Cette difference enorme entre le calcul de
M. Balbi el celui d'un voyageur qui a reside deux ans sur les licux ,
me parait inexplicable , et jusqu'a plus ample information je don-
nerai la preference aux resultats trouves par le dernier.
C'est a tort que M. Balbi dit que les viguiers de la republique
^''Andorre, sont les chefs de ce petit etat , et qu'elle est sous la pro-
tection des monarchies fian^aise et espagnole. L'Andorre place sous
la protection du roi de France et de I'eveque d'Urgel , et non du
roi d'Espagne , quoique I'eveque d'Urgel suit un prelal espagnol ,
256
a pour veritable chef un syiullc prcsldatil le consell de la vallec, ot
les vlgiiiers nommes , I'nn par Ic roi <le France el 1' autre par I'eve-
que tl'Urgel , ne font qu'adiiiluistrer , savoir : la justice criniiuelle
avec le concours de six haLitans , et la justice civile par le inoyen
d'un baylc qu'ils noniment.
J'aurais desire que M. Balbi edl adopted' daus les uoms d'etals
et de vilies uue orthographe uniforme ; qu'il ii'eAt pas mis ,
par exeinple, tantol Il(mdi>re et tamloi I] artover, Granada au lieu de
Grenade , loi-squ"a cole il ccrit Cordoue et non pas Cordoba , etc. , etc.
Je sais que celte tinifornilte esl fort difficile a atteindre ; raals il ue
me parait pas impossible d'ea approcber en se tragant d'avance
des regies fixes. Esperons que dans une nouvelle edition de son
tableau, car tout nous porte a croire qu'il en aura plusieurs , parce
qu'un grand nombre de personnes voudront se procurer un ouvrage
qui renferme dans un cadre si resserre lant de renseignemens cu-
rieux , imporlans et exacts , M. Balbi retablira cette unifonmite
que les plus grands esprits ne doivent pas dedalgner , a nion avis
du moins , car souvent les mots font tort aux cboses ; esperons en
meme temps qu'il fera disparaiire quelques faules d'impression qui
se sent glissees dans sa Balance politique.
Quoique Philippe Y, duquel descendent les branches de la maison
de Bourbon qui occupenl les trones d'Espagnc et des Deux Siciles ,
portdt le litre de due d'Anjou avant de dcvenir roi , cependant on
n'est point dans I'usage de donner a ces deux branches le nom de
Bourbon-Anjou , ainsi que le fait M. Balbi, on les appelle lout
simplement Bourbon, et pour les dislinguer on dit quelquetois les
Bourbons d'Espagnc, ks Bourbons de iSaples.
SiM. Balbi attache quelque importance a mcs observations qu'il
tie sera peut-etre pas le seul a trouver minulieuses , je le prierai
d'ajouler encore quelques lignes a son beau tableau, el de nous
faire connattre combien, sur la tolalite des habitans de la lerre , il
y a de calholiques, de caivinistes, de lutherieas, de juifs, de ma-
homclans , d'idoldlrcs, etc. , etc. , et s'il bii rcste quelque place,
I'y joindre le nombre des sectateurs de ces diverses religions , au
aoiiis dans cliacuuc des parlies dn monde , s'll ne pent le donner
)Our chaque clat en partlculler.
Je dirai, en termlnant , qn'on nc pent que felicifcr M. JJalbi
Tavoir entreprls un ouvragc aussi blen fait et aussi utile que sa
balance poKliqiie du Globe; el je Tinvite a tenir la promesse qu'U a
alte d'en publler de semblables tous les quatre a cinq ans ; c'est
m service qu'il rendra a la science , et dont tous ceux qui par etat
jupar goAt s'occupent de statlstlque , lui sauront beaucoup de gre.
De l\ Pxoquette.
)u Commerce de la Fraisce a^ec ses colonies et les puissances
elrangeres , etc. ; de la situation de ses entrepots et du mouvement de
sa navigation pendant 1827.
Le Gouvernement vient de faire dlstrlbuer aux cliambres, le
'ableau des importations, exportations et de la navigation de la
*" ranee, pendant 1827. 11 resulle de cet immense travail redige a
administration desdouanes, que la valeur des importations s'eleve
4i4>i37,ooi francs, et se compose:
fi" de 276,380,167 f. de matieres premieres a oiivrer, comme
laines, colon, soie, teiritures,bois,chan-
vres,sucres})riits,marbre,metaux, etc. ;
, 2° de 99,593, g3,"> f. dc produits nalurels destines a la con-
sommation, comme cafe , Sucre , t'pice-
ries , vins , fruits , etc. ;
3° et de 38,162,899 f. seulement d'objels fabriques , comme
toiles de lin, dc chanvre , soierie? d'Eu-
rope , etc.
Tandis que la valeur des exportations s'e'leve a 5o6,8a3,737 f. et se com-
pose au contraire :
lO De 158,197,142 f. seulcment en inatieres premieres ou produits natu-
rels ;
a°Et de 348,626,595 f. d'objets manufacture's, dont la valeur principale est
celle de la main d'ceuvre.
na
turels.
258
Ce n^est pas parliculieremcnt sur la difference dc 92,686,73ft f. entre les
cxportations et les importations qu'il convient de se fixer, mais biensur
cellcs qui existent par classe de marchandises. L'analyse de la nature des ob-
jets rt'Ciis oil livrcs , indi<|iio que la France a adniis plus de nialieres que dc
travail de IV'tranger , ct qirdle a donne en echange plus de travail que dc
matieres. En effet , il a etc' importe' pour 375,974,102 francs.
de produits naturels, et I'on n'en a fait sortir que pour 1 58, 197 ,142
la difference , 2i7,776,«j6o fr. prouvR
Tactivile de Tindustrie et la puissance qu'elle donne dc consonimer.
Les fabrications, dans ce tableau , nc figurent a
I'entree que pour 38,162,899 f. seulement,
et a la sortie elles sV'levent a 348,626,565
la difference 3io,/[G3,6f)6 f. est en faveur
des pxportations.
En recapitulant ce grand travail on trouve :
1° Que Ic mouvenient general du commerce de la France avoc
le dehors, presente pour 1827 , les resultats sulvans :
/SjSjo navires franrais. 23o,i4o,295\
3,95g idem. Sous pavilion du pays d'oil
yj ■, I ils viennent 111,626,559
, , ) 48o/£/fw.Etraneersn'appartenantpas (_^.„ , „
entrees / ' & rr r > 060,804,228
par
au pays d'oii lis viennent 24,4i5,448
7.7''^9
Les fronliercs de terrc igy, 621, gift
3,522 navires frangais 235,129,660^
4,141 idem. Sous pavilion du pa^s oii
ils vont 167,728,160
I 1,180 idem. Etraneers n'appartenant I,- / r
sorties ^ ' ° '^'^ /602, 401,276
pas au pays oii ils vont 42)77^j285
Valeurs
orti<
par
8;843
Les frontiercs de Irrre 156,767,066 i
Difference en favour des cxportations. . . 36,097,048
2° Que le commerce special de lous les objcls que la France a
re^us pour la consommation , ct de ceux qui ont ete extraifs de
i'intdricur pourl'etranger ou les colonies, donne les resultals cl-apres :
Entree : valeurs en / maliere nccessairea I'indus. ayGj.'iSOjiGy 1
inarchandises mises ) objets decoii- f nalurels. . . . 99,3g3,f)35 I 4i4>''^7,oo»
en consonimation, [ sommation. . j fabriques. . . 38,iG:i,8ijg ]
S
tie : valeurs en/produils iiaturels 158,197,14a j
marchandises fran- ■ 1 506,823,737
Raises, ( objets manufacture's 348,636,595 I
difference en faveur des exportalions. . . 92,686,736.
Les mouvemens en luimc'raire ne sont pas compris dans cc resullal , ceux
. ». 4 .- .' ( I'entree. . 68,86q,oi8 fr.
qui ont puetre constates sont a ) ' a;"'"'
( la sortie. . 31,471,932
Le resume du commerce faitavecles colonies frangaises etlescomptoirsfran-
^aisdansl'Inde, pendant 1827, donne pour valeurs | impoi-tc'es6t,79i,339 f.
( exportees 56, 55 1,480
Lessommes payees pour primes d'exporlalion pendant 1827, se sont elevees
a 10, 149, 4-53. L'ctatde situation des entrepots du royaume pendant la m^me
anne'e , donne pour resultat ge'neral:
_. , , , ,. . «, ( >" Janvier. . . 83,647,409 fr.
Valeur des marchandises en entrepot au{ ., , ,
( 3i de'cembre . 90,274,4)3
L'etat des mouvemens de la navigation du royaume, constates en chaque
localite pendant 1827 , donne:
/faiteconcurremment /Navircs frangais 2,923 nav., 2 1,65- ijoni.
A 1 ' d'eqiiipage.
I'enlr. desi avec I'e'tranger. . . . [ Nav. etrangers. . 434^9 '''^- «
batimens ;/ / aux colonies
navigation 1 rcscrveeauxseul.s na- I fran(;aises . . . . /^-x'j id. 5,914 h.
I vires fiancais j a la peche . . . . 5,26 ( ?W. 37,200 h.
y I au cabotage. . . 66, {j88 /t/. 260,006 h.
Total 79)54i navires donnant
un tonnage de 3, 005,873 t.
Ifaiteconcurrenimentf Navires frangais 3,o32 nav., 22,267 ^'
avec I'e'tranger. . . . (Nav. etrangers.. 5,32 1 id. «
/ aux colonies
re'serve'e auxseulsna- I frangaises. . . . 490 id. 7,oi4 h.
vires frani,ais j a la peche. . . . 6,284 'd- 4^,ogS h.
\au cabotage. . .63,64o id. 247,161 h.
Total 78,717 navires donnant
iin tonnage de 2,928,918 t.
260
L'elal tie la navigation par puissances tics batluieus frangais ct
dtraiigcrs, cntres ct sortis avec chargenienl entier ou partiel pen-
dant 1827 , oil Sf troiiveiil indiques suivant les qualre grandcs divi-
sions geographiques , Europe, yl/rnjur , ylmenques , Asir , ainsi que
d'apres les trois divisions par espece , Colonies frangaises , peche
et cabotage, Ics nonis dcs elals d'oii viennenl et ou vont les navires
fran^ais , eirangers , tiers, et Icurs nomLres , prtiscrile pour la
recapitulation generale a rcntree dcs balinicns Iran^ais 75,102 na-
vires donnant un tonnage de 2,56o,364. , et montes par 024,807
hoinnies d'equipage , a la sortie 78,396 navires donnant un ton-
nage dc 2,489,076 , dun personnel de 331,537 liommes, ainsi
que d'autres resuitats generaux et partiels du plus grand interet
pour les econornlstes , et qu'il serait surabondant de consigner ici ,
nous nous absliendrons , par la meme raisou , de deduire les conse-
quences qu'on peul tirer de tous les resuitats que nous venons
d'tinumerer ; les chiffres parlenl d'eux-menies , et «' ciiacun peat
avoir son opinion sur les avantagcs ou les pertes que ces fails rc-
gullereinent constates , apportcnt a la France ; mais dc quelquc
maniere qu'on veuille les combiner, leur importance est tres-
grande assurement. >•
20I
DEUXIEME SECTION.
ACTES DE LA SOCIETE.
§ l^r. P roces-Vcrhaux des Seances.
Seance du G ju!n 1828. '
S. Ex. Ic MInistre tie la marine aJrcsse plusieurs lettres de rc-
commandalion pour MM. les commandans des stalions navales et
les consuls de France en Amerlque , deslinces a M. Henri Ter-
naux qui se rend en Amerlque , sous les auspices de la Soclete.
M. Raffelspcrger remercle la Socicle qui vient de le recevoir
au nombre de ses mcmbrcs , et promet de faire tous ses efforts
pour seconder ses travaux.
M. Couller offre a la Soclete un exennplalre de I'ouvrage qu'il
vient de publier sous le titre de Tables des positions geonomiqucs du
globe : Tauteur seralt tres-honore si la Soclete jugealt son travail
digne de concourlr au prIx annuel qu'elle a fonde en faveui do
celui qui , a diifaut dune decouverte geograpliique , lui adresseralt
les notions les plus neuves et les plus utiles aux progres de la science.
La Commission cenirale decide que Touvragc de M. Coulier
sera admis au concours.
M. Ch. Ed. Guys adresse une relation succlncte de son voyage
au Liban. Renvoi au comlte du Bulletin.
M. C. Morcau annonce le depart dt; deux expedldons anglaises
sous les ordres des capltaines Foster el Boteler ; la premiere a pour
but d'explorer plusieurs points des cotes de TAmerlque meridlo-
nale , et la seconde (itcndra ses explorations sur les cotes occl-
dentales d'Afrique , depuis le detroit de Gibrallar jusqu'a I'equa-
leur. Renvoi au comlle du Ruiletin.
M. D'Hombres FIrmas adresse quclqucs observations toucliart
18
203
la communication faite a la Socicte flans unc dc scs dcrniercs
stances , par M. Grangent , ingeniciii- (-ii chef, cl qui a pour objet
Ic nivcllement du dtiparfcmcnt du (lard : il annonco qu'il continue
ses recherclics sur cc sujet , et il tcmoigne le desir d'eire admis au
nomLrc des correspondans de la Societe.
Un mcmbre fait observer que , d'apres son l\eglenient, la So-
ciete ne peut accorder (piau^c etrangers le tilre dc rorrc.spondant.
Sur la proposition de M. de la Hoquetle , la Commission cen-
tralc revolt au nombre de ses correspondans elrangers , MAI. dc
Navarrele , secretaire de S. M. C. , directeur du depot bydrogra-
pliique de Madrid , directeur dc 1' Academic royale dbistoire; et
Fr.-Anl. Gonzalez, conservateur en chefdc la iiibiiolheque royale
et des Medailles de Madrid, secretaire pcrpeluel de lAcademie es-
pagnole , qui ont satisfait aux conditions du Ueglement.
M. Sueur-Merlin continue la lecture de son rapport sur la
statlslique des fronlieres N. E. de la France , par M. Audenellc.
11 appelle a celle occasion raltentlon de la Societe sur la con-
tree de TEiffel, formant une region nalurelle , qui pourrait devenir
le sujet d'un prIx. En proposant ce prIx, la Societe coutribueralt
a faire connaitre un pays qui n'est figure sur aucune carle , et
dont les dictlonnalres et les slalisliques font mention dune ma-
niere inexacle , incomplete ct contradictoire. La Commission reii-
voie celle proposition a Tepoque du concours , et decide qu'un
extrait du rapport de M. Sueur-Merlin sera insere au JJulletin.
M. Eyries , au nom d unc commission , fait un rapport si:r
une carte d'une parlle de la Jiilhynle , par M. de Hammer.
M. JouannIn,qui a visile ce pays en oclobre ct novembre iSaS,
et qui a vu ISIcee , Lefke, etc. , propose d'examlner de son c6te la
carte dc M. dc; Hanuner , et d'en faire un rapport succinct.
M. EvtIcs fait un second rapport .iur un meniolre dc MM. iJeii-
nelet IVoelandszoon , relatlfaux decouvcrles des Jsedcrlandals , en
Amerique et en Auslralie , dans les Indes et aux Terres pohiires.
Renvoi au comltc du liullctin. (Voy. pag. 25i.)
Le meme membre rend comple de la seconde parlie du rap-
port des commissaires anglais nonimes pour examiner I'ctat de la
colonic dc Sierra-Leone. Renvoi au comite du Bulletin. ( Voy.
pag. 24.9.)
M. le chev. Jaubert lit une notice sur un manuscrit du geogra-
phe El-Edrisi , et la traduction de la preface arabe. II annoncc
qu II s'occupe de la traduction complete de ce manuscrit , et qu'il
se feraun plaisir de Ic meltre a la disposition de la Societe, si elle
le Jugc digne d'etre insere dans le Recucil de ses Memoires. Plu -
sieurs mcmbres approuvent cette proposition ; ils se fondent sur
ce qu die formerait une suite naturelle a celle des voyages de
Marco Polo , Ic premier des voyageurs du moyen ^ge. La Com-
mission cenlrale remercie M. Jaubert , renvoie la notice au comite
du Bulletin , et I'offre de I'auteur a la section de publication.
On depose sur le bureau plusieurs excmplaires d'une notice ex-
traite du Moniteur , relative au depot de geograpliie cree k la
Bibliotheque du Roi.
M. de la Roquetle est invite a rendre compte d'un Memoire
offert par I'auteur , M. da Costa , et intitule : Dlemoria da serra
que ser^c de llmite no Brazil pelo lado das Guiiuis , e do Rio Branio ,
que delta vem ao rio Negro.
Seance du 20juin 1S28.
M. Brue fait observer que la Icttre de M. C. Moreau, mcn-
lionnee au proces-verbal, semble trop generaliser les travaux qui
restent a faire pour completer le reconnaissance des c6tes occiden-
tales de I'Afrique , au nord de I'cquateur. Le meme membre donne
une idee de Telat de la geograpliie de ccs cotes, y compris les
travaux de Laing et d'Owen, et annonce que les reconnaissances
de ce dernier sont deja publiees en partie par I'amiraute de Lon-
dres.
M. le Cbevalier d'Abrahamson annonce a la Societe I'envoi du
■y^ volume dc I'Atlas du Danemark , public sous sa direction , el hii
264
adressc diverses observalions yur cello iTiiiiorlante piiblicalioii.
Renvoi au comiie du IJullctln.
M. Frederic MuUer , par une lellrc ecriledc Saint-Louis du Se-
negal, cl dapres un niarchand niaurc do Ticliil, noinaie Jladji
Sidi Ahmed, confirme que le major Laing avail ele assassine par
une troupe de Jirebiches, aRaou^n, lieu qui se trouvc a cinq jour-
nees nord de Toinbouctou.
M. Joinard annonce que M. Duranton , charge d'une mission
pour le JJambouck, vieul do partir avcc un mineur pour faire la
reconnaissance des mines de ce pays ct y former un etablissemenl;
11 est muni des instructions dc la Sociele cl do plusieurs questions
locales. Ce voyageur est le memc a qui Ton doit la premiere descrip-
tion delacataracteduFelou, publieedarisleBuHetin de laSocielc.
M. Solcau, cnvoyo, par le ministre de la marine pour rempiir,
dans la Guiane, les fonclions d'ingenieur des ponls et chaussees,
fait des offres de service a la Sociele ct demande a cnlrcr en corrcs-
pondance avec clle.
M. Giberl, qui se rend a Tiflis, fait Ics memcs offres de service
k la Sociele^
M. le president invilc la section dc correspondancc a adresscr
a MM. Soleau et Gibert, une scric de queslions, et il rappellc ca
meme temps a cetle scclion Tengagement qu'el'.e a pris de dresser
une instruction gcn^rale pour les voyagcurs.
M. ^Yarden depose sur le bureau plusieurs articles geograpbiqucs ,
contenant : i" une expedition projetee par le gouverncment des
Etats-Unis pour explorer les mors du Sud ; 2" une Notice sur un
Maure de Tombouctou; 3" une Demarcation dc la frontiere du
I'elat de I'lndiana. Rcmerciemens et renvoi au comite du liulleiiii.
( Voy. pag. 229, 268 ct 272.)
MM. le marquis Debcbasse de \crignv, direcleur general du
depot de la guerre, le capitaine de Capell-lJrooke , de la Roquelle
et de Vcrneuil, Miiiano Yosy , y\lbert-Monleniont , Eibent et
Delanglard, <^crivent a la Societe pour lui offrir divers ouvrages.
2G5
la Commission ccntrale vote dos remerciemens aux donaleurs,
lI invilc MM. Bonne et 15rue a lui rendre compte, le premier, du
Rlcmorial (hi de/wl de la guerre, et le second, iJu Voyage de M. de
Capell-Erooke, dans la Lapoiiie ^ la- Suede el le Danemark.
M. de la lloquette , en offrant la Relation des voyages de Chr/s-
l<)])he Coluntli, annonce que Tediteur est dispose a faire , en faveur
des menibres de la Sociele , une remise sur cet ouvrage donl il
sera depose plusleurs exemplaires au secretariat.
La Societc apprcnd avec douleur la mort de M. Choris , qui a
«5te assassine enlre Puente National et Plan del Rio , pres de la
\era Cruz. Ce jcune et inlrcpide voyageur parcourail I'Amerique
sous les auspices de la Sociele, el etait muni de ses instructions el
<le ses instrumens. (\ oy. pag. 283.)
La Commission invite son secretaire general a payer un tribut
de regrets a la memoire de M. Choris, dans la Notice annuelle des
travaux de la Societe.
M. Bianchi, au nom de la section de publication, fait un rapport
sur divers objels renvoyes a sou cxamen.
La Commission centrale adopte les conclusions de ce rapport
ct decide que la Traduction du manuscril du ge'ographe arahe Edrisi ,
laite par M. Jaubert, sera publice par la Sociele et formera le
tome 1\ du Recueil de ses Memoires.
Elle decide aussl que le Memoire du P. Lieclitle , sur Vile dc
Nax/'e, offert par M. le comle Andreossy ; et les Notes sur les iles
du nord dc VAngleterrc^ atlressees par M. C. Morcau, n'etant point
de nature a etre publics dans les Memoires, seronl reuvoycs au
comile du Bulletin pour elre inseres par extrails dans les divers
cabiers de ce recueil.
M. de la Roquelte rend compte du tableau de M. Balbi, intitule :
Balance politique du globe en 1828. Apres quelques observations , ce
rapport est renvoye au comile du Bulletin. ( Voy. pag. 252.)
M. Sueur-Merlin communique les resultals du tableau general du
commerce de la France avec les colonies et les puissances cMrangeres,
en 1827, et du mouvement de la navigation, (^oy. pag. aSy.)
26G
§ 2. Admissions^ outrages ofjeris^ etc.
MEMBllES NOUVELLEMENT ADMIS DA^S LA SOCIETE.
Seance du 2.0 juln.
M. Elicnnc David , vice-consul tic France a Mexico.
M. Ferdinand Marey.
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE.
Seance du GJiiin 1S28.
Par M. Coulicr : Tables des principales positions geonomiques du
globe ; Paris, 1828, 1 vol. in-S".
Par M. de Ferussac : Bulletin des sciences geographiques , caliier
d'avril.
Par M. de Leuven : Journal des voyages , caliier d'avril.
Par M. Toulouzan : I'Ami du lien , 8'^ caliier.
Par la Societe asiatique : Caliier de mat de son journal.
Par la Societe de la morale clirelienne : n° 5i de son journal.
Par la Societe de I'Eure : n° iSde son journal.
Par les Auteurs : Plusieurs n"^ du Globe.
Seance du 20 juin
Par M. le marquis Delachasse de ^ erigny : Memorial du depdt
general de la guerre. Tome IV^ , in-4°.
Par M. le capilaine A. de Capell -Brooke : A JVinler in Lapland
and Siveden with various observations relating to Finmark and its inha-
bitants, \jOnAoix , 1827, in-4''. — Trui^els through Sweden , Norway
and Finmark to the North Cape. London , iSaS, in-^".
Par MM. de la Ivoquctlc et de \ erncuil : Relations des quatre
voyages entrepris pur Clirlstoplic Colomb , pour la decouverte du Nou-
veau- Monde, de 1492 a i5o4i suivies de dioerses lettres et pieces inediles.
267
exlraUes des archwcs tie la monarchie esfjtignok, et puhiiees fhir D. de
IVavarrote; ouvtagc traduU par MM. de Vcriiouil ctde la Roquellc.
Paris, 1828 ; 3 vol. m-8°.
Par M. Albert Monlemont : J'oycrgc ilans les cinq parties clu monde;
Paris, 1828; tomes i, 2 et 3.
Par M. tie Miiiano : Dictionnaire geographique el stalislique de VEs-
pagnc et du Portugal. Tomes 8, 9 et 10, Madrid , 1828.
Par M. JJibent : Plan general de la ville et desfouilles de Pompe'ia.
Paris, 1827; I vol. grand in-folio.
Par M. Dclanglard : 06sen>aiinns on geugrapJiical projections; or
an examination oj the principal metliodes oj constructing maps with a
description of a Georama, London, 1828, in-S".
Par M. Gide : NouQelles Annales des voyages; cahier de juin.
Par M. de Leuven : Journal des vvyages; cahier de mai.
Par M. le baron de Ferussac : Bulletin des sciences geographiques ;
cahier de mai.
Par M. Jullien : Rente encyclopedique; cahier de mai.
Par M. Bajot : Annales maritimes ctcoloniales; cahier de mai.
Par M. Arthus liertrand : Bibliotheque physico-economique ; cahier
de juin.
Par M. Everat : 1)^5 setw/v5 publics en usage cliez les anciens ;
Paris, i8i3; i vol. in-S".
Par M. Dannery : Anales de ciencias , agricultura , commercio y
artes ; cahier de fevrier.
Par la Societe de la morale chretienne : n" 82 de son journal. —
'Assemblee generale annuelle de cette Societe, du 24 a^^nl 1828.
268
TROISIEME SECTION.
DOCUMENS , COMMUNICATIONS , NOUVELLES
6EOGRAPHIQUES , ETC.
Notice sur an Mcmre de Tomhouctou.
Un particulier de la ville de Natchez donne les renscignemens
suivans sur eel Afrlcain, qu'il est queslion d'eiivoycr a Liberia.
Get lionimc s'appclle Abdul Ba/iliaman , inais il est plus coiinu
sous le nom de Prince. 11 est n<i , en 1762 , a Tombouclou, dont
son oncle ALu-Abrahim etait alors roi.Son pcre Alman Ibrahim,
gouverneur de Foutah-Jallo , ayant secoue le joug de Tomhouctou ,
Prince , qui venait d'achever son education , entra dans Tarmee , et
y servit avec tanl de dislincllon , qu'a I'jige de vingt-six ans, il re^ut
Ic commandement de deux milie hommes que son pore cnvovail
combatlre les Hebolis , Iribu noire qui habile au N. du Foulah-
.lallo. Prince rcussil dans cede entreprise , for^;a ses enneniis a la
letraile , el saccagea plusleurs de leurs vllles. Une fois sa mission
reniplie , il reprit la route de son pays. Ccpendanl les Hehohs s'e-
lanl rallies , el ayant fait des marches forcees, vinrent se porter
dans un defile par lequel Prince devail passer. Celul-ci tomba dans
Tenibuscade , fut fait prisonnier avec prcsque lous ses gens , et
vendu aux Mendingoes, qui rcnvoyerent a bord dun batimcnt ne-
gricr, alors en vue de la cote.
Prince, mene en Anierique, fut achete par le colonel Foster, de
Natchez ; el durant une caplivite de trenle-neuf ans , il s'est cons-
lamnienl ahstenu de liqueurs fortes et n'a jamais commis une action
d(;shonnele ou blamable. Quoique ne dans I'abondance , il a tou-
jours supportc son sort sans murmurcr, et s'est montre serviteur
industrieux et fidele.
Ces parlicularites m'onl etc comniuniquees par un niedecin re-
269
toinmandable de cettc ville qui avalt connu intimement Prince k
'i'omboa , dans la province de Foutali-Jallo , et qui en avail re^u
los soins les plus assidus , dans une maladie longue ct penible qu'il
y avail eue. lis se retrouverent a Nalchez , el Prince ne parle jamais
de leur reconnaissance sans le plus profond attendrissemont.
Ce Mauie est d'uiie haute slalure (il a six pieds anglais), el quoi-
que age de soixanlc-six ans, il conserve loule la vigueur de Tage
vinl. Lorsqu'il arriva dans lepajs , il portaitdes cheveux lonibant
en boucles sur ses epaules , et ce fut avec le plus vif regrel qu'il se
resigna a les couper. Depuis lors, il a enlierement neglige sa che-
velure qui est devenue rude el an pea crepue. La couleur de sa peau
a aussi considerablcmenl change, ce qu'on allribue aulanl aux in-
jures de Tair qu'aux fatigues de Tesclavage ; el son exlerieur an-
nonce plulot le Foulah que le Maure. Toulefois , il affinne avec une
sorle d'orgueil qu'il n'a pas une seule goulle de sang negre dans les
veines ; car, dans son opinion le negre est dans I'ordre social a un
degre fori au-dessous du Maure. Ses prejuges cependant ne I'ont
pas empeche de se marier , el il a maintenant une nombreuse fa-
mille. 11 vicnt souvent me voir, et je Ic Irouve exlrememenl mo-
deste , poli et intelligent. Dans Ics conversations que nous avons
ensemble sur la politique , la religion , les ma?urs , la position geo-
grapbique , etc. , de son pays el des contrees voisines , il montre
les connaissances les plus exactes , ainsi que je m'en suis convaincu
en les comparant avec les recits des voyageurs les plus dignes de
foi. 11 parait connaitre parfaitement les pays situes au midi du
drand Desert , mais il u'a jamais visile ceux du nord.
Prince a ele eleve dans la religion maliomelane qu'il suit encore ,
au molns en apparencc. Je iui ai parle a ce sujet , et je le crols
assez bien dispose en faveur du christianisme , dont il admire les
preceptes ; sa princlpale objection est que les Chretiens ne les sui~
venipas.
Le pere de Prince mourul peu apres la defalle de son fds, el son
frere Almun Abdulb Gahdric qui lul succeda , est probablement
270
encore le monarque regnant. I'rince prelrnd qu'il a inoins <]e drolls
au trone que lui , parte qu 11 est tie sanginele ; mais 11 ne teinolgnc
auciin (leslr de reiilrcr dans la carriere puLlique , et Irente-neuf aiis
desclavage ont disslpe en lul loutcs Ics Illusions de lauiblllon. 11
serait heureux , dlt-il , s'il pouvalt retourner dans sa palrle , poin-
y vlvre Taini dcs hlancs , el nieler ses ossemens a ceux de ses peres.
Je lul al expllque le but de la colonle de Liberia , el 11 souhalte
beaucoup y aller. 11 est persuade , vu le peu de distance de cet en-
drolt h son pays , qu 11 pourralt rendre dhnportans services a I'ela-
blisscnient. (^ oy. la suite, pag. 282.)
The life of John Ledtard , etc. , Vie de Jean Ledyanl , surnom-
nie Ic voyageur americain , cwec des extraits de ses journaux et dc
sa correspondance ; par Jarcd Sparks , 1828 , Camhridgc.
Jusqu'icI on ne connalssait guere Ledyard que par le recit
imparfait de ses voyages qu'a publie , en 1790, le secretaire de
lassocialion africaine anglaisc. M. Sparks s'esl charge de re-
dlgcr unc biograpliie plus complete de eel honinie remartjuable, et
s'cst procure a cet effet de sa fainillc , les journaux manuscrits de
ses voyages , et une partle de sa correspondance origlnale , d'apres
lesquels 11 a execute son travail. Les evencmens de la vie de Ledyard
sont extremement varies , et plusieurs cxcitent le plus vif interi^t
par renthousiasme , la perseverance ct rexlrcmc vlgueur d'esprit
qu'ils lui supposent. 11 naqult dans le Connecticut , etudia d'abord
a Hartford , et passa ensuite au college de Dartmouth ou 11 se des
tlna i I'elat de mlssionnaire chez les tribus sauvages. 11 voyagea
dans le pays des Indlens des Six IXatlons , et construislt a son re-
tour , dc ses mains , un petit canot dans lequel 11 descendit seul le
fleuve de Connecticut, de Hanover a Hartford. Toulefois ne se
scntantpas beaucoup de goAt pour Tetude de la theologle , il s'em-
barqua sur un navlre en charge pour la Medltcrranec , se reu
dll de la aux Antilles , ct ensuite en Angleterre , oii 11 oblini
271
un emploi a bord du vaisseau du capllaiiie {]c»ok , qu'I! accoinpae;iia
dans sa derniere expedition, il sc Irouva au conibal oii cc colcbre
iiavigatcur pcrdit la vie. De rclour dans sapatrie , apres !a guerre
d'Amerique , il proposa le premier une expedition a la cole nord-
ouest ; inais ne recevant pas les encouragemens necessaircs , il
passa en Espagne etde la en France, 011 il esperait elre plus heureux.
11 s'adressa a Paris, a Jefferson , au general Lafayetle et a Paul
Jones , qui approuverent son projet ; mais , apres avoir perdu deux
annces en demarches inutiles aupres de plusieurs negocians pour les
dclenninera fairc les frais de rcntreprise, il ful oblige d'y rcnon-
cer. 11 consul alors I'idee de se rendre par lerre de Paris au detroit
de JJehring, de passer de la en Amcrique , et de francbir les mon-
tagnes Rocky, pour regagner les Elals-Unis. L'ambassadeur russe et
le baron de Grimm ayant oblenu pour lui de rimperalrire I'aulo-
risalion de parcourir ses etals , Ledyard parlit pour Hanibourg ,
visila Copenliague et Stockholm , fit le tour du golfe de JJothnie ,
au coeur de Thiver, et arriva a Saint-Pelersbourg , ou le comte de
Segur et le professeur Pallas lui lirent dclivrer un passcport pour
la Siberia. La saison elait si mauvaise , lorsquil arriva sur les
fronlieres du Kamtschatka , que le gouverneur de Yakoatsk ne vou-
lut point lui laisser reprendre son voyage avant le prinlemps. Sur
ces enlrefaites , limperatrice ayant con^u des inquietudes sur ses
intentions , envoya a sa poursuile deux soldats russes qui le firent
marcher en hiver plus de G,ooo milles , et le laisserent sur les con-
fins de la Pologne, dans la plus grande detresse. 11 parvint cependanl
k regagner I'Anglelerre , ou il fut bien accueilli de sir Joseph
Banks et de ses autres amis. L'association pour I'encouragement
des voyages en Afrique, venalt de se former a Londres , el Ledyard,
de^u dans I'espoir d'explorer les regions inconnues de sa patrie ,
saisit avcc avidite la proposition que cette societe lui fit de parlir
pour I'Afrique. II se rendit a Paris et de la a Marseille , ou il mit
h la voile pour Alexandrie en Egypte. Arrive au Grand-Caire , il
y sejourna quelque temps pour se familiariser avec ia langue el les
272
coulumes des lubiuiiia , el avail coiiclu un iiiarchii avoc un chef »le
taravaue qui faisait roiile pour rintericur, lorsqu'il toiuba nialade
et mourut au mois de Janvier 1790.
Le journal de son voyage en Siberie csl eiilier , ainsi que plu
sieurs lellres qu'il a ecriles de llussie a M. Jefferson. 11 rcnfcrmc
des observations fort curieuses sur le rapport qui cxiste enlre le ca-
racteie et les habitudes dcsTartares el ceux dcs indigenes de I'Aine-
rique et des iles de la nier du Sud. Les lellres quil adressa d'Egvptc
i) M. Jefferson et au secretaire de I'associalion africaine , sont aussi
trcs-remarquables. Le journal de I'expedition de Cook, sans en etre
une relation complete, contient neanmolns des descriptions animees
el des observations judicieuscs, et le recit qu'il fait de la mort de ce
capitaine est emprcint d'un caractere de vivacite et de verite, qu'on
ne trouve pas dans les autres relations de celle catastroplie, publiees
jusqu'a ce jour. ^^ .
Demarcation dc lafrontiere de Veiat de I'lmllana.
M. E.-P. Kendrick, ingeuieur des Etats-Unis, qui fut charge
de determiner d'une maniere precise la ligne de demarcation sep-
tentrionale de I'etat de I'lndiana, conformement a I'acte du congrcs
du 2 mars 1827, termina ce travail au inols d'oclobre suivant. 11
partit d'un point , sur la cote S.-E. du lac Michigan, lequel se
trouve a 10 milles nord , eta 2$ milles iq chaiues ct 63 chainons
E. de rextreniite la plus meridionale de ce lac. De ce point, la
ligne tracee suit la direction de Test, I'cspace de 104. milles /(.g chai-
nes et 55 chainons, et en rencontre une autre tirce vers le nord,
de 9 milles 64 chames et 21 chainons de longueur, qui part du coin
N.-O. de I'etat de TOhio. M. Kendrick a fixe la latitude de I'extre-
mite meridionale du lac Michigan a 4i°38' 58", et celle de la fron
liere seplentrionale de I'lndiana 041" 47' 4-^"* ^ ^ aussi fait do
frequentes observations sur riucllnaison de I'alguille niagnclique:
elle etait de G" 10' au point d'ou il est parti, et de 4° 35', a lex-
tremite de la ligne. NA .
.73
Tremblement de trire mix Etats-Unis, Ic q mars 1838.
Entre 10 ct 1 1 hcures du soir, il a elo rcssciiti un liemblement
.le lerre a Balliniore, Wasliiiigton , Fredtirickburg et dans la par-
tie basse dc la Yirglnie. On cprouva deux secousses blen disllnclcs ,
dont la premiere fut la plus forte. Les malsons furent tellenieiil
ebranlees, que beaucoup de personnes qui elaient endorniles sau-
terent a bas de leur lit, et ne revinrent que dlfficllement de leur
frayeur. Ces secousses etalent accompagnces d'un bruit semblabh'
a celui que produit unc volturc en roulant sur le pave. ^ .
ReNSEIGNEMENS sur L\ NOUVELLE-GUIISIEE.
Extrnit du Voyage de Buenos-Ayrcs a trailers Ics proi'i'iiccs dc Tiicu-
man, Coi'doca, Sulla, etc., par Ic rapilaine Andrews , en 1825
eti826 (i).
Le voyageur , dit M. Andrews , qui se rend dans les mers dos
Indes el de la Chine par le canal St-Georges el le detroll de Dam-
jpierre , et surloul en longcant les cAtes de la Nouvelle-Gulnee ,
he pent reflecliir sans surprise a I'ignorance profonde oil Ton est,
meme sur les simples localllcs d'un pays aussi riclic et aussi
etendu.
La situation de la Nouvelle-Guinee, par rapport a laNouvelle-
Hollande , est Ires - interessante , ct II est perniis dc la regarder
comme la clef des Moluqucs el des Philippines. Sa latitude otant
la m^me que celle de I'ilede Java el d'une portion de Sumatra, on
y trouve loutes les productions propres a ces lies.
La INouvellc - (iulnoe , aulrement nommee Papua , d'apres
la d«^marcalion imparfalle indiquee sur les carles, se prolonge
depuis I'equateur jusques vers le 13" de latitude S, , et com-
(1) Journey from Buenos- Ajres through the Provinces of Cordova ,
Tucuman and Salta to Polosi , etc., in the jears iii:i5 and 181G, 2 vof.
London, 1827. Voy. rAppcnrlirc , vol. I! , p. 3nS.
2 7/^
7->
prcnd , en (•it'ncliic, unc longitude dc 20 degros, c"est-a-dirc , dii
i3o° au I So" E. Celle position n'a pu eirc delcniiinee que par
quelques baliuiens conduits par le hasard dans ccs parages pour
prendre dcs ratVaichisscnicns , ct donl les equipages , effraycs dc
I'aspcct sauvagc des nalurels, se sent empresses de se renibarquer,
aussitotque leur but a ete rempli.
Quand nous arriv;lmes sur ces c6tes , nous jetiimes I'ancre pn-s
d'unc lie voisine de la principalc terre. Cette ile elait couverle
d'arbres qui s'avan^aient jusqu'au rivage que Je sulvis, afin de trou-
ver un endroit connuodc pour la chaloupe. Les sauvages , con-
nalssant notre approcbc , se cachercnt dans les bois , et pousserent
des cris effrovablcs qui nous firent craindre d'aboid une reception
peu amicalc ; mais en debarquant , nous fiimcs bien tot assures que
ces cris n'claient que des demonstrations de joie. D'aillcurs quel-
ques huzzas anglais auraient peut-elre ele aussi cxtraordinaircs
ct aussi alarmans pour un peuple dont les deux sexes elaicnt dans
un etat conipiet de nudile.
Les naturels sortirciil du bois en grand nombre , ct, entourant
la chaloupe , ils firent mine <ie vouloir la Iratner avec tous ceux qui
la montaient jnsques sur le rivage , connne ils le font pour Icurs
canols ; mais s'etant apercus que ce inouvement avait fait prendre
a mes hommes une attitude defensive , ils se retirerent aussitot jus-
qu'a une ligne qu'on leur trara sur le sable avec un couteau, et
qui laissail une distance suffisanle pour parlementer. Leur chef re-
ponditau signe de paix que nous fimes avec un drapeau blanc , en
eievant une branche de verdure qu'il v enait de cueillir; alors chaque
parti deposa ses amies , ct au bout d'une demi-heurc , mes gens
fraternise rent avec eux. Je les lis d'abord survelller , de crainte
de surprise ; mais je fus parfailemenl rassurc sur leurs bonnes in-
tentions , et les echangesse firent dune manlere regulierc par I'cn-
treniise des chefs ; bien lot nos bartjues furenl plcincs dc volaillcs ,
de bananes et dc fruits de divcrses especes. lis parurent d'abord
vouloir s'opposer a ce qu on counat le bois dont nous avions grand
2^5
Ijcsoin ; inais ils furenl facilcmeiit apaises par Toffie <Vun clia-
peau reUoussc; , tie quclqucs boutellles , de coulcaux , dc cIiapelcLs
el de morceaux de drap rouge. J)es excniplaires dn Times attire-
rerent aussi partlculieienicnt Jeur attention , et les caracteres leur
en parurent si extraordinaires , qu'ils rcmplirent leur barque de
Cannes a sucre pour la tete d'un des numeros de ce journal.
On n'engagea pas les naturels a venir sur le bathnent de pour de
queique traliison ; et de leur cote , ils n'en lenioignerent pas le
desir. JJeux de nos marins , qui passerent un jour et une nuildaiis
1 lie , revinrent fort contens de I'hospilalile qu'ils y avaient rc^ue ,
et nous apprirent que la limidite de ses habitans venait de ce que
Fun denlre eux avait ete blesse d'un roup de fusil. Un liomme ,
age d'environ cinquante ans , fit coniprendre par ses gestes, que
I'equipage d'un navire qui avait dejaaborde sur cette cote , avait eu
une rixe avec les naturels , et que cet accident en etait resulte ; il
est tres-probable que les matelols prirent leurs cris pour des mar-
ques d'agression.
Leurs instruniens de guerre elaienl des arcs , des fleches et des
frondes ; ils se scrvaient de cette derniere anne avec beaucoup d'a-
dresse , et portaient des boucliers pour la delensive. Les pigrres
necessalres a I'exercice de la fronde , arrondies avec soin , etaient
contenues dans des filels de clianvre dun travail curieux ; leurs
lignes pour la peclie , pareillenient faites de clianvre , etaient aussi
tres-arlislenienl Iressees ; leurs canois etaient bien conslruiSs, mais
moins grands et nioins bien tailles que ceux des indigenes qui vin-
rent nous voir de File principalc. Les plantations de Cannes a sucre
etde bananiers {musa) etaient distribuees avec uniforniite , et dans
un bon ctat dc culture. •'
l^es naturels dc la grande terre de la IS'ouvelle-Guinee nous
donnercnt en echange de quelques bagatelles , une grande quan-
tile de coquillages dune espece lout-a-i"ail inconnue ; des brace-
lets , formes (a ce que nous pilmes juger par la grandeur) de la
j)arlie solide des dents d'eicpiiant , des arcs , des fleches , etc. ; nous
= 7G
rc^Ames aussi en ccliangc quelques echanlillons de miiscatles sau-
vagcs et d'autres epiccrles. Une remarquc assez singuliere , c'est
que les canots dc ces insulaires corilenaicut oidlnairement dix-
neuf persoiines ; quel que fiit leur nonibre , il otait toujours im-
pair, ce qui tilait detcrniine par la presence d'un individu que nous
jugeaincs eire un prolre , et qui avail sur le coude-pled une mar-
que scniblable a celle qui scrail produile par un fer rliaud.
L'avaulagc d'un elablisscmcnt a rexlremild occidcnlalc dc
celle lie parait inconlcslable : en nc le consideranl que sous Ic
rapporl connnercial, il nous procurerait, dans une qualile supe-
rieurc , les arlicles d'dpiceries des colonics boilandaises ; et sa
possession deviendrait dans la suilc une compensation de la perle
si faclieuse dc Java. Celle ile pent meme receler dans son sein dcs
productions indigenes qui lui sont parliculieres ; enfin , elle pour-
rait, par sa position, devenir une nouvelle source de conniierce
d'un profit incalculable avcc la Cbine , 1 lude el liinmcnse Arclii-
pel de rOrient. \> .
ExTRAlT d'une lettre adressee a M. Warden par M. Latouu -
Allard, dc la N ouvelle-Orlians.
Paris, le ^3 avril i8.i8.
MOKSIEUR ,
Je m'emprcsse de repondrc aux diffcrenlos qucslions que vou.-*
me failes dans voire lettre. [
La personne qui a achele mes dessins et mcs manuscrils est \
M. Auguslin Agllo , un des arlistes les plus dlsllngxies de Londres,
et qui est I'ami particulicr de milord Kingsborougli. Je ne saispas
precisement a quelle epoque doit paraitre I'ouvrage qu'il public sur
les anllquiles du Mexique ; mais je me rappelle fort bien que lors-
qu'il vint a Paris, vers le milieu de dcccmbre dernier, il me dit qn'a
son depart dc Londres, cct immense travail etall deja connnence.
Immense travail est bien le mot; car eel ouvrage, qui ne doit elrc
lire qu'a 3oo exemplaires , sera compose de quatre volumes grand
277
in-folio dc planches coloiiees et de deux volumes dc texte. Ces
quatre volumes dc planches seront formes par les copies des ma-
nuscrits mexicalns , conserves a Rome, a Yienne, a Berlin, k
Londres et a Paris, copies qui ont loutes ete faites par M. Aglio
lui-meme, et que Je vis chez lui, a son passage a Paris, lors de
son retour de Yienne; dc plus, par mes 120 desslns de monumens,
mes 38 desslns de costumes et mes i8 pages d'anclennes pelnlures
mexicalnes , sur papier d'agave. Le texte, ecrit en anglais, sera
compile , arrange et explique par lord Kingsborough.
Population de la Norw^ge; — Tracaux geographiques et d'utilite pu-
blique ; — Limites.
Le comple rendu au storthing de Norvvege fait connaitre que la
population de ce pays est aujourd'hui de i,o5o,i[32 Indlvidus; ce
qui fair, depuls 10 ans, une augmcntalion de 164,701.
Les travaux du cadastre sont achcves, sauf 82 milles carres allc-
mands, qui restent encore dans le nord du royaumc. Les travaux
pour Fachevement de la Carte hydrographique des cotes du royaumc.
se conSinuent avec la plus grande actlvlte. II en est de meme de
ceux qui concernent les deux grandes routes entre les provinces
septentrlonales des deux royaumes de Suede et de Norvvege. —
Deux paqaebols ont etc construils pour desservir la ligne de Chris-
liania a Fladstrand (Jullaud), qui doone a la j\orvege une commu-
nication avec le continent. D un autre cote, au nord, une nouvelie
ligne de posies se He a la poste suedoise, qui, en lilver, transporto
la malle de Saint-Petersbourg. Cinq nouvcaux phares ont ete e'rl-
ges le long des cotes, et celul de Rundoe vemis a iieui: — l^a cons-
truction du chateau votee par la dicte pour la rosldence du roi dans
la capitale , s'achcve. Elle pourrait etre plus prompte ; mals Sa Ma-
jeste a ordonne de regler les travaux de maniere a ohtcnir une so-
lidite monumenlale, et a ne pas charger le Iresor au-dela des al-
locations. Le roi a juge necessaire de flure devancer I'epoquc fixee
'9
278
pour rach«^,venient du grand hopilal, conimis aux soins «le la facultc
de Christiania. — Les greniers d'abondance ont etd ouverls aux ha-
bltans de Seujen et Fromsoe; Frcdricshall a etc secouru. Cette mal-
heureuse ville rcnail de scs ccridres encore chaudes.
Quant aux iVonliercs du colti du nord, il a ele mis un lermc aux
conteslallons existant depuls 120 ans entre les riverains norwc-
giens et russes de la fronliere : un traite a fixe les liinitcs. Des com-
missaires des deux gouvernemens les ont parcourues enscn)ble , et
les ont rcglees.
Le celebre voyageur Edouurd Ruppel est de relour a Francfort.
Le senat de cette ville lui a accorde la somme de 1000 florins par
an pour 738 annees, afinde continuer ses voyages, principalement
dans les parties de I'Abyssinie qui n'ont pas encore ^te suffisam-
ment explorees pour les sciences naturelles.
DESCRIPTION D ASTHAKHAN.
Fragment du Journal inedil d'un Voyageur.
La population ordinaire d' Astrakhan est evaluee a 3o,ooo anies.
liC nombre en est deux fois aussi grand a certaines cpoques,
lorsque le commerce ou la peche atllrent la multitude. Tons les
ecclesiastiques et beaucoup de marchands sont Russes ; le reste
de la population est compose de Tarlares, d'Armeniens, de Pcr-
sans, dTndiens, de (ieorgiens , de Kalmuks , de IJuIgarcs, et
d'individus de presque toutes les contrees de I'Europe. La plus
grande partie de ces nations ont des eglises ou des chapellcs.
Le commerce d'Aslrakhan avcc la Perse, I'lnde, la Cliinc el la
Bukliarle est tres-considerable ; nnis la balance n'est pas en faveur
de la Russie. Les importations excedent de beaucoup les exporta-
tions. Les articles d'exporlation sont : les toiles, le cuir, la coche-
nille, les soles, le velours, etc. Les importations sont: la sole !<
279
dciue, lecoton, Ic riz, les amandes anit^res, la gaiance , les fruits
sees , les lapis , les couleurs , elc. 11 y a aussi des bazars russes ,
tartares, indiens , persans ct armeniens. II est interessant dans
cctle foule , a travers laquelle on peut a peine s'ouvrir un passage,
d' observer les divers costumes de tant de nations, et de remar-
quer les traits particuliers qui les distinguent et les caracterisent.
Le Tartare et I'lndicn, quoique differens a beaucoup d'egards,
ont une certalne expression de franchise et de cordialite, tandis
que le souple et sensuel Persan et FArmenien , a I'exterleur
repoussanl, decelent 1' esprit de ruse et de tromperie; a cet egard lis
sont tres-dlfferens des Circassiens et des Georgiens, dont le port
est noble et eleve.
Je me rendls un jour au grand bazar des Indiens, pour assisler
a Icur culte rellgleux. Lorsqu i!s le celebrenS, iis s'assemblent cha-
que soir, apressetre baignes dans le "W olga. Pallas adecril leurs
rites; le principal consiste a se prosterner frequemment, avec
les pieds nus , sur un tapis, devant un aulel couvert d'idoles, et
a falre entendre, alternalivement avec les brahmines, un chant
qui n'est pas sans harmonle. Durant cette ceremonie on repand
conllnuellement de I'encens, tandis qu'on sonne de petites cloches
et qu'on joue des cynibales. Les idoles sont faites de pierres ap-
porlees des bords du Gauge.
Les Indous que j'ai vus, qui etaient venus d'une province fron-
tiere de la Perse , sont, pour la piupart, de taille moyenne, bien
proporlionnes , de couleur brun-clair, et habilles en cloffes de
sole ou de coton.
lis ne menaient pas leurs femmes avec eux, ayant de frequentes
relations avec les femmes tartares. lis marquent d'ordinaire leurs
fronts avec des llgnes rouges ou jaunes , quelques-uns d'eux portent
des boucles d'oreilles, non au bout de rftrelUe, mais passees dans
le cartilage. Leur nourriture est tres-simple ; elle consiste habi-
tuellement en riz et en fruits; mais nouobstant leur croyance a
la metempsvcose , lis mangent quelquefois du moulou. L;;!i! boi^-
28o
son ordinaire est I'eau on le cafe. Astrakhan est t-nvironne dc
vignobles etendus , qui produisent de beaux raisins, falsant un
des principaux articles du commerce. Les fruits de toutes sortes,
avec les melons et le.-? fraises, sont en ahondance ; deux des pre-
miers se vendcnt un copeck; une livre de raisin coikte sept co-
pecks. II y a beaucoup de nianufocturcs de soie. Les matieres em-
ployees viennent pour la plupart de la Perse , et les etoffes, mises
en oeuvre et travaillees a la mode orientale, sont rcnvoyccs aux
Persans.
Panni les nations commer^antes qui se rehcontrent a Astra-
khan, les Persans surpassent tous les autres par leur stature et
leur noble maintlen. lis sont extremement polis, et parfaitcnient
verses dans le commerce , mais de mauvaise foi. Ouoiquc tres-
religieux , ils boivent du vin et s'abandonncnt h toute cspece
d'exces , jusqu'a ce qu'iis aicnt cinquante ans. A cette epoque
commence I'dge de la penitence, car c'est ainsi qu'on le nomme.
La peche , sur les bords du Wolga et dans la mer Cas-
plenne , est tres-considcrable; il y a quelquos stations qui s'affer-
ment 4.00,000 roubles par an, entre Astrakhan el Sarepta, distance
de 4-00 verstes ; il n'v a que deux petilcs villes et quelques mise-
rables villages habiles par des Tartares ; quelques habitations
de Copacs se rcnconlrent sur lautre rive du ^ olga. Dans I'in-
terieur sont beaucoup de lacs sales d'une grande etendue, tels que
celui de Bagdo, non loin de Tscbernodjar , qui a sept milles de
circonference , el fournil d'excellent scl.
Apres avoir visile retabllssement de la quarantaine , pres de
Zarizin , Tauteur, sans s'arreter long-temps, retourna a Saint-
Pelersbourg par la route de Saraton , Pensa et Moscow.
Sur le Rhone.
- Le Rhone , rcnomme par la grande rapidite de scs eaux , se
perdait sous un rocher pres dc Jiellegarde, qui en Interceptait la
navigation descendante. Ce rocher vient d'etre coupe , et a doime
38 I
lieu a la construcllon tl'un canal dans lequel flolle mainlenant une
grande quantity de Lois de construction. La compagnie qui a en-
treptis ce travail important a obtenu de S. M. Sarde rautorlsation
d'exlraire, pendant vingt ans, des bois de construction du Fauci-
gnv, afin de le continuer. 11 vienl d'etre public un tableau du cours
et de la chute de ce lieuve, qui iudique , dans une premiere colonne
en pieds de roi , les elevations de 38 de ses points au-dessus du ni-
veau de la mer, depuis sa source au pied du glacier de la Fourche
jusqu'a Lyon ; la deuxieme colonne presente les distances de I'un
a I'autre de ces points , ce qui offre un developpementde 1,4.76,230
pleds de la source jusqu a Lyon ; la Irolsieme colonne donne
les largcurs moycnncs du fleuve, correspondantes a ces trente-
huit points. Le cours entler tlu Rhone , depuis sa source jusqu'a
son embouchure dans la Meditcrranee , est de 2,4.90,570 pieds,
ou de 147 lleues gcographiques (i), et sa chute est de 3,i3o
pieils ou d'un pied sur 487 V^ de distance. ,
Decouverte de noiwelles Iks, — Le capitaine du bsitlment Vyltlun-
iique, de Nantucket, JVI. John Gardner, a decouvert dans I'O-
cean Pacifique , en se rendant a la peche de la baleine , plusleurs
ties qui ne se trouvalent point sur ses carles. La premiere par 8°
28' de lat. ]y. et i44° 35' long. E. (de Greenwich); la seconde
par 1° 7' lat. et i65" long. ; 3° un groupe d'lles , lat. S. 2" 1 5' , long.
E., 152" 5'. II rencontra aussi un groupe de reclfs et d'ecuells,
s'etcndant du N.-N.-E. au S.-S.-O. , enlre le 1° 35' et le 2° i5'
de lat. S., et le i53' 45' el i53'^ i5' long. E. W.
{Nantucket Inquirer.')
Frojet d'une route a travcrs ristlimc de Panama. — Le chef niili-
(1) 208 lieues '/'» ordinaires.
282
taire du tlepartement de Panama , dans unc note adressee aux
agens anglais, donnait I'avis qu'il etail charge par le gouverne-
ment municipal de faire construire unc nouvelle route de Panama
a Porlo-lJello, afni de farllller la communication par terre entre
ies deux Oceans. II ctablit que la distance dirccte de Tun a I'aulre
n'est que de 12 lieues et 2 milles anglais, et que la rouie n'exce-
dera pas i4 lieues 45o verges; que trois compagnies de Iravail-
leurs, de 60 hommes chaque , y sont occupees. Enfin il csperait ,
en mars dernier, poavoir y faire passer la malle-posle, et avoir
divers endroits disposes pour recevoir des cultlvateurs.
L'edlleur du journal qui communique cet avis assure que beau-
coup de personncs experimentees pensent qu'il serail possible d'^-^
lablir un cbeniin en fer a travers eel istbme, moyennanl une d^-
pense peu considerable. VV .
I 1 if Si—
Bateaux a vapeur. — On trouve dans un des numcros de V Argus
d' Albany , un exeniple de la celcrlte extraordinaire avec laquelle
naviguent maintenant Ies bateaux a vapeur. Un de ces balimens,
VAmerique du ISord , a fait la Iraversee de jSew-York a Albany
( iGo milles anglais) en onze heures deux minutes, en rclacbant
aux endroits ordinaires pour prendre des passagers et des paqucts.
Peu de jours apres , il ne mil que 10 lieurcs Sg minutes.
Un aulre bateau a vapeur, \ Indepcndanre , a fait la mOme tra-
versee en 1 1 heures. Le prix du passage est d'un dollar par lete. \'V .
Notice sur le Prince de Tombouctuu. — Les papiers americains
annon^aienl dernierement que cc Prince el sa femme , nommce
Isabella , elaient arrives a IJaltimore , venant de Natchez , dans
uu carrosse a qualre chevaux , el s'etaienl cnsulte embarcjues a
bord d'un navire falsaiit voile pom TAfrlque ; le lout aux frais de
la Sociele de colonisation. Isabella , qui est mere de neuf enians ,'
a ete rachelee une somme de 200 dollars , fournic par souscrip-
1 I
^83
lion. On s'accor<1e a reconnattre dans Prince un hoiiime instmit,
laborieux et d'une probite a toute epreuve. ( Voy. p. 268. ) V^ .
Patagonie. — Depuis quelques annces , le gouvernement de
Buenos-Ayres a porte une attention particuliere sur I'etabllssement
de Patagonie : il y a elabli de frequentes communications par mer ,
et la population en est beaucoup augmentee. Le Rio Negro , ou
riviere INoire, est situe sur le 4i" ^^' <'*-' l^t- S. ; et par le 56° 5o'
de long , O. de Cadix. Son entree est un peu difficile a cause des
bancs qui Tobstruent , et cependant des fregatcs y ont penetre.
On pcche, a I'embouchure de ce fleuveetsur les plages adjacentes,
une multitude de plioques el de baleines. W.
Mort de M. Clions (i).
En 1827 , M. Clioris , peintre , qui avail fail le voyage autour
du monde avec M. O. de Kolzebuii , expedition dont il a public
la relation , est parti de France pour I'Amerique ; il comptait
parcourir une grande parlie de ce continent , en commencjant par
le JMexique. Apres avoir louche successivement h plusieurs iles de
I'Archipel des Antilles , puis a Cuba et a la Nouvelle-Orleans , ii
avail enfin aborde aux coles du Mexique. II n'a pas tarde a y etre
victime de la mauvaise police d'un pays ou tout est encore en
combustion.
Extrait dune lettre de MM. Adoue et Plantevigne , de la Vera-Cruz. ,
a MM. Eyries Jreres , au Havre.
5 avrll i8a8.
M. Choris, peintre, est arrive a la Vera-Cruz , le ig mars
dernier sur V Eclipse, de la Nouvelle-Orleans ; nous Tavons re^u
(1 ) M. Choris ctait muni des instructions ef des instrumens de !a Socicto
de gt'ograpliie , el il voyageait sous ses auspices.
284
Ic inieux qu'il nous a etc possible. Deux jours apres son arrivee ,
il partit pour Jalapa, avcc une letlre tie reconimandalion que nous
lui domiaines pour noire correspondanl. Le leiidemain de son de-
part, nous avons appris, avec beaucoup de peine, queM. Clioris,
et un Anglais, son compagnon de voyage, avaienl ^te assassines
par qualre voleurs.
Le premier est mort d'une balle qu'il a regue , et d'un coup de
sabre ; le deuxieme fut atteint d'une balle dans la cuisse et dans la
poitrine , de cinq a six grains de plonib d'un autre coup de fusil.
Cet evenement a cu lieu entrc Pucnte National et Plan del Rio.
Malgre scs blessures , M. Henderson a continue sa route jusqu'a
Jalapa ; mais a Plan del Rio , II chargea le maire de faire des re-
cherches de M. Clioris ; II Ignoralt s'il etait en vie ou mort. Ce
n'est que le lendemaln que le maIre I'a trouve dans les bois : on
Tavait cache dans le feuillage ; 11 fit prendre le cadavre pour le
transporter a Plan del Rio , ou II a ete enterr^.
385
kVVVWWX W%>V%\WVVWW\VWVWV\n VV\\*XVWV\VW\V\'\'VWWV*'WW\ VV* WVV\'\VW'WV l^WWVVWv\'VS^/«VW
BIBLIOGRAPHIE GEOGRAPHIQUE.
§ I". LIVRES.
OITVRAOES Gir.i.HATIX.
no. Meteorological Essays A^•D
Observations. — Essais et obscr-
valions niett-orologlques , par Fre-
derick Daniell, iiouv. edit. in-8°.
Londrcs , 1827 , t. il.
ABTERIQ'aE.
111. Resuimen Historico de la rcvo-
lurion mexirana, por D. Pablo de
Mcndibil. Paris, liobe'e et Ilingiay.
I la. Collection des voyages etdes
decouvertes des Espagnols de-
PUIS LA FIN DU XVe SIECLE.
PREMIERE PARTIE.
Relations des quaire voyages
entrepn's par Chrislnplie Colomb,
pour la decouvcrte du Nouveau-
JMonde , de 1493 <> i5o4 ; suivies
de diverses lettres et pieces iiic'di-
tes , extraites des archives de la mo-
narchie espagnole , et publites pour
la premiere lois par ordre et sous
les auspices de S. M. Catholiquc ,
par Don Slartin Fernandez de
Navarrete , sccre'taire de S. M. C. ,
directeiir du dt'polhydrographique
de Madrid et de I'Acadcinie royale
d'hisloire , membre de 1' Academic
espagnole , correspondant etran-
gcr de la Socief c de geographie, etc.
Ouvrage trnduit de IVspagnol ,
par JVIM. de Verneuil , membre de
IVicade'niie espagnole , de PAcade'-
mic royale espagnole d'histoire ,
de lasocietc de geographic, etc. ; et
de la Hoque/le yTnemhre de TAcade
niie royale espagnole d'histoire et
de la Commission centrale de la
Sociele' de Geographic ; revu sur
Icur traduction par M. de Navar-
rete , et accompagne denotes des
traducteurs et de WS\. AbcURe-
miisat , Adrien Balbi , Baron
Cinner , Jomard , Labouderle ,
Letronne , de Rosscl , Saint-
Martin, f^T'alckenaer , etc.
Dedie a la Societe de Geo-
graphie , avec deux portraits de
Cliristoplie Colomb ; ses armoi-
rics , le Jt\ic simile d'une de ses let-
tres autogrnphes , et trois cartes.
A Paris , Strasbourg et Londres , .
chei Treuttel et Wurlz. 3 vol.
in-80. Prix : 31 fr. et cliez I'agent
de la Sorictc'deGoogr.nphie, auquel
peuvent s'adrcsser JMM. les Mem-
bres de cette Societe'.
Le litre de cet ouvrage et les
noms des savans qui I'ont enricbi
de notes , indiquent assei le degre
d'interet qu'il doit oflrir aux dilfe-
rentes classes de lecteurs.
Les archives de la monarchic es-
pagnole avaient e'te jusqu'a nos
jours ferme'es, et les tre'sors qu'elles
contiennent enfouiset perduspour
la science.
Le feu roi Charles IV con^ut , il
y a plus de quarante ans , I'heureuse
idee de faire faire des recherches
dans ses depots , si riches en docu-
mens precieux et ineditssur la de-
couverte et sur rhistoire de I'Ame'-
rique , et sur les navigations des Es-
pagnols. 11 en confia le soin a M. de
Navarrete, officierde marine plein
de zele et d'instruction , aiijour-
d'hui dirccteur du depot hydrogra-
phiquede Madrid, directeurdel'A-
cademie royale d'histoire, etc., etc.
Ce savant distingue a consacre plus
de trente annc'es a ces laborieuses
investigations, aide' par feu M. Mu-
noz et par D. Thom. Gonzalez ,
conservateur des archives de Si-
mancas.
C'est le re'sultatde ces longs tra-
a86
%-aux ((lie nous oflrons nujoiirJ'hui
■.m public ; il paraitra d^autant plus
iniportaiit que nous n'avous encore
riiri , al)Solumcnl ricii dc pariaite-
nient autlit-iitiijue sur I'liistoire de
Clir. Coloinb , doiit Ics (k rouvertes
cependaiit out eii uiic si grande in-
flufiicesur Icsdestini'fS de PAncien
Monde el sui- celles dii Nouveau.
La viede PilluslreGc'noisse Irouve
tout I'lilierK dans les relations nai-
ves (iii'iUlonnedesesvova^esel dans
Ics lettres qui les arroinpagnent ;
c'esi la, el laseulemenl qu'on jieut
c'tudier ce grand honiuie , juger
ies actions, son caractere , ses pas-
sions , etc.
LV'diteur fran^ais publiera suc-
cessivement les relations et la cor-
respondance tie frsfiuce , d'//o-
jcda , de Pln^'nn , i.\c Cortrz , de
Pizarre , de Magclhin , etc. , de
manieie que chaque relation lornie
un tout foinplet et inii pendant de
celKs qui la precedent et de celles
qui la suivent.
ii3. The history of the life atvd
VOYAGES OF ChRISTOFER Cot.UM-
BUS , etc. Histoire de la vie et des
voyages de Cliristophe Colomb ,
par VVasliington Irving, ^ gros vol.
in-i2 , iinprimcs par IJidot aine ,
sur papier fin. ( 24 trancs. )
ii4. The LIFE OF John Ledyard, etc.
Vie de Jean Ledyard , voyageur
amcricain , oii se trouvent des ex-
traits de ses journaux et de sa cor-
respondance , et le re'cit de son
voyage avec le capitaine (!)ook; par
Jaueu Sparks , Cambridge (Mas-
sachussets ) ibiS.
1 15. Picturesque illustrations of
Buenos-Aykes and Montevideo.
Tableaux piltorestpies du 15uenos-
Ayres et de Monte-Video, coni-
uosl's de 24 plancbes colori'.'es, avec
des vues et des dessins de costu-
mes, etc., \n-\° , Londres. (gofr. ;
lllj. IIlSTOKIA DE LA HeVOLUCION DE
LA Repurlica de (Colombia , por
Jose Manuel Uesirepo. Histoire
de la rt'volution de la Republique
de <^olond)ie , par Jose .Manuel
Uestrepo , secretaire de I'inlerieur
de cette lltpublique, 10 vol. in-12,
avec Atlas , Paris , a la librairie
americaiue , rue du Temple , n" Gg,
1827.
AliSTR.II.AStK.
117. Two YE\»S IN NE^v-SoUTH-^VA-
les. Hi'sidence de deux ans dans la
Nouvelle-Galles du Sud , par Cun-
ningliain , ■.: vol. 20 tr. Colborn.
Londres.
118. Letters FROM Europe. Lettres
ecritesd'Eiirope , ou Journal d'un
voyage fait en Irlande , en Angle-
terre , en France , en Italic el en
Suisse , pendant les annees 1825 ,
182*) et 1827 , pa:- N. IL Carter ,
rSe\v-\ork, 2 vol. in-8'.
19. Hellas , oder Darstellung
DES ALTEN GrIECIIENLANDES , etc.
--Hellade,ou Tableau geograpliiqiie
et arclieologicjue de rancienne
Grece et de ses colonies , aver les
nouvelles de'couvertts, par Fr. Her-
mann Kruse, in-8°, avec cartes et
planches. Leipsick , 1827 , N'oss. ,
t. II, 2= partie.
Cet ouvrage est de la plus grande
importance pour celui (]ui di'sire
ronnaitre la Grece ancienne. M.
Kruse qui a public' son premier vol.
en 1825 , et la i": parlie du 2= en
1826, a conipulst' tons les auleurs
anciens et modernes qui se sonl oc-
cupcs de cette contrt'e. II rend avec
impartialite un compte sommaiii-
de leurs travaux , examine ensuile
la gc'ograpliie de la Grece qu'ilsuit
dans ses trois branches , niatlu-ma-
tiijue , pbvsi(iue, et liisli rique ou
politique. Ce n'est qu'apres cet exa-
incn general qu'il expose avec les
plus grands details !a geographic de
I'Atlique, de la Megaride , de la
Ik'otie, et dans le volume ci-dessus,
la I'hocide , la Doride , la Locride,
rjitolie , PAc.arnanie , et les lies
qui en di'pendeiil.
Une partie de PAtlas (huit cartesj
a paru en nieme temps que relte
portion de Pouvi-age.
TABLE DES MATIERES
CONTENUES DANS LE TOME TXEUVIEME.
N"^ 57 a 62.
PREMIERE SECTION.
MEMOIJiES, EXTRAITS, ANALYSES ET R^PPOIiTS.
pages
— Relation d'une ascension au volcan du Popocatepetl. . 5
— Compte rendu du voyage de Buenos-Ayres a PolosI, par
M.Fred. Degeorge i4
— Rapport de M, Bruesur I'Atlas du Danemark de M. d'A-
braliamson. 28
— Analyse par M. Jomard de Fouvrage infilule : Keledor ,
hisloire africalne ; de M. le baron Roger 61
— Voyage d'ArIra a Poiosi. — Notice sur cette derniere
vllle , par M. V asseur 77
— Rapport sur la relation de Sidi Aly, fils de Hussein;
tradulle de Tallemand sur la version de M. Dlez , par
M. Moris 117
— Elat indlquant le nom et la hauteur des princlpales mon-
tagnes d'Ecosse , par M. C. Moreau 12/f
— Table des situations geograpliiques les plus remarquables
d'Ecosse, par M. C. Moreau i2g
— Renselgnemens sur la colonic americalnede Liberia, par
M. Warden i65
— Des Cherokees et de leur civilisation, par M. W. . . 171
— Tableau de la population de la province de Clilloe , par
M. W 183
— Rapport sur I'Allas du deparlemeut ilu Puy-de-Donic ,
-88
rlc M. IJussct, par M. le clicv. Bonne 182
Extrait d'une note de M. Puissant, rclalive a la question
<le determiner , siir Ic spherdide ierreslre , la plus courte dis-
tance de deux pulnts quelconques donnes par leur latitude et
leur longitude 1 84
Expc'dilion piojeloe par le gouvcrnemenl des Etats-
Unis pour explorer les mers du Sud , par M. \A ardcn. 221)
Navigation interieure des Etats-Unis d'Amerique. . . 23G
Tableau des distances de Ocana , siege de la grande con-
vention de Colombie, aux chefs-lieux des differentes pro-
vinces de cette republique 247
Tableau slallslique de la republique de Colombie. . . 248
Comple rendu par M. Eyries, du Rapport des comniis-
salres anglais charges d'cxaminer Telat de la colonic de
Sierra Leone 24<)
Rapport du nieme membre sur le Memoire de MM. Ren-
net et Roelandzsoon , relatif aux decouvertes des Neder-
landais en Amerique et en Australie, dans les Indes et
aux Terres polaircs 25 1
Rapport de M. de la Roquetle sur le Tableau de M.
Ralbi , inlllule : Balance pullllcjue du globe en 1828. . 252
Du commerce de la France avec ses colonies et les puis-
sances etrangeres , etc. , et de la situation des entrepots
et du mouvement de sa navigation pendant Tannee 1827. 257
IP SECTION.
ACTES DE LA SOCIETE.
Proces-verbaux 3i , 100, i3i , 187, 2G1
Membrcs nouveaux. . . . 35, io3 , i38 , igS , 2GG
Ouvrages offerlsa la Societc. . 36, ihld. , llnd. , 19G , Ibid.
Presentation auRoidu 2*' vol. da Rccueil des Memoires
de la Societe 37
289
— ProposilioM (Vun prk annuel , pour la decouverlc la
plus imporlante en gcogiaphie , par M. Joinard. . . 38
— Rapport sur denx momolrcs relallfs au nivellemcnt liy-
drographiquo de Tlntericur de la France, par M. le cliev.
Bonne i4i
— Rapport sur le concours relalif a la description d'une
region nalurelle de la France , par M le baron Coquc-
bert de Monlbret. . i4^3
IIP SECTION.
DOCIJMENS , COMMUNIC^ITIONS , NOLFELLES GEO-
anAPHlOVES.
— \oyage au detroilde Magellan ), navigation Aix Beagle et
de Vj^fhenfure) ^o
— ISouvelle colonic au port RaHIes ^G
— Observatoirca I'jle Sainte-Helene 4/
— Colonic americaine , eii Afrique /i/V/.
— Du major Laing et du capltaine Clapperlon i6/d.
— Exlrait d'une lettre de M. Rousseau a M. Barbie du Bo-
cage , relative aux memes voyageurs 48
— Notice sur les Curdes /^.c^
— Lettre de M. Bcrghaus , relative au nivellement de la
Haute-PlaineTburingiennc 5i
— Renseignemens sur les travaux geo-topograpbiques exe-
cutes en Russie paries officicrs de rclat-niajor imperial. 62
— Mcimoircsur la figure de la tcrre , par M. Blot. ... 54
— Details sur le major Laing , venus par la voie de Maroc,
(Lettre adressee a M. Joniard. ) io4
— Contree uouvellement decouverle dans le Haul- Mis-
souri. ( Details communiques par M. ^'Varden. ). . . io5
— Etendue et population des possessions anglaises dans la
presqu'ile Transgangcitique ioq
ago
— Fondalion d'une nouvclle ville dans Ics Indes orientales. no
- — Dociuuens sur rAfriiiiie cenlrale ; exlralls de pliisieurs
leltres de M. Rousseau et comniuiiiques par M. IJarbie
du Bocage i5o
— Exploration des coles d'Afri que i58
— Extrait dune lellrc dc M. C. Moreau , relative a la co-
lonle anglaisc de Fernando-P6 , etc iSg
— Renseigneinens sur la n\orl do La Perousc , a Tile IMa-
nicolo ; par J olin Russell i6i
— Regions arctiques 162
— Hauteurs du IMont-Blanc il^i'd.
— Etat de Guatemala. — Ruines de Palonque et d'Ocosingo. 1 98
— Renseigncmens sur le tremblenient de lerre de Colom-
bie , par M. d'Acosta 200
— Extrait d'une lettre de M. Prosper Gerardin , datee de
Saint-Louis du Senegal, sur le major Lalng. . . . 2o3
— Traduction d'une leltre d'un Maure , adressee a Saint-
Louis , sur le menie voyageur 2o5
— Extrait des renseigncmens sur la colonic de Fernando-
P6 , par M. C. Moreau ibid.
— lies nouvellemenl decouvertes sur la cole du Japon. . 208
— Voyage en Siberie, de M. le professeur Ledebuhr. . . 209
— V oyages dans les monts Ourals , de M. le professeur
d'Engelhardt 2i3
— Carles de la Georgic 217
— Extraits de plusieurs leltres adressees par M. C Moreau.
— Mort du (ils de Mungo-Parck — Yoyages de MM. Cun-
ningliam cl Jamison dans la i*Jouvelle (ialles du Sud.
, — Expedition pour le IS. E. de la Siberie 219
— Nouvclle carte des Etats-Unis , du Canada, du New-
Rrunswick et de la jSouvelle-Ecosse 222
— Reconnaissance hydrograpbique de I'Archipel. . . . Hid.
— Travaux bydrographlques sur la cote de TAmerique me-
/v
ridionale 228
Giece ancieiine. — Poloponese. — Emplacement d'O-
lympie. (Extraif tl'une leilre de M. Spencer Stanhope a
M. Barbie du IJocage. . . , ibid.
Du nouvel elablissenienl d' Amherst 22^
Phi-nomene 'bid-
Notice sur un Maure de Tombouctou , par M. 'W. . , 3G8
Vie de Ledyard, surnomme le voyageur americalii , par
M. W 270
Demarcation de la fronliere de TElat d'Indiana, par
JVI. W , .... 272
- Tremblement de terre aux Etats-T^nis. ...... 278
- Renscigneniens sur la Nouvelle-Guinee , par M. W. . ibid.
- Extrait dune lettre de M. Latour-AUard a M. Warden. 27G
- Populalion de la Norwege. — Travaux geographiques et
d\itilile publiquc. — Limiies 277
- Pvetour du voyageur E. Kuppel a Francforl 278
- Description d'Astrakhan ibid.
- INote sur le Rhone 280
- Decouverlcs de nouvclles lies 281
- Projet dune route a ouvrir a travers I'lstlune de Panama, ibid.
- CeLrile extraordinaire de navigation par les bateaux a
vapeur. . 282
- ISolice sur le Prince de Tombouctou (Suite). . . . ibid.
- Etablissemcnt de Palagonie 288
- Mort de M. Choris. {Extrait d'une lettre de MM. Adou et
Plantei'igne , a MM. Eyries ) ibid.
BIDLIOGR^IPHTE GEOGR.J PJITOl E .
- Livres 56, iii, i63, 225. 285
- Atlas, Cartes geographiques, Plans. 5g, 112, 164, 228.
FIN DF. LA TABLE.
1 ...ivAl , IMPRIMEBR , ni'E UU CAnUAN , N" 10.
BULLETIN
DE LA
f /
SOCEETE DE GEOGRAPHIE.
CDowie.' Oc)uxx€iite^.
BULLETIN
DE LA
SOCIETE DE GEOGRAPHIE.
REDIGE
Par MM. Barbie du Bocage , Bianchi , Bonke , Sueur - Merlin ,
Warden , et autres Membres de la Societe , Geographes , Voyageurs
et Hommes de lettres Frangais et Etrangers.
^3'AI
PAFilS,
CHEZ ARTHUS-BERTRAND,
LIBRAIRE DE LA SOClfiX^ DE GEOGRAPHIE,
aOE HACTEFEDILLE, N» 23.
ilVERAT, IDIPaiiaEUR DU MOMT-DE-FIETE.,
rue du Cadruu , N*^ itj.
1828.
BULLETIN
DE
LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.
ISUMERO 65. — JuiLLET 1828.
PREMIERE SECTION.
MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS.
Population comparative du monde dans les temps aneiens
el modernes. . . •
On trouve dans un long discours, lu par M. Merritt a la Socletd
philosophlque el litteraiie de Liverpool , quelques rapprocliemens
assez interessans sur la population comparative des diverses parties
du monde dans les temps aneiens et modernes. L'auteur de ce Me-
moire en commenc^ant par TAsie , remarque que nous sommes
absolument sans informations sur le nord etl'estde cetle ancienne
parlie du monde. Ses observations se reduisent a ce qu'en Chine ,
tout presentant raspcctdc Tantiquile la plus reculee etde la prospe-
rite la plus invariable , il croit pouvoir admettre comme un fait
reconnu que la population de ce pays a toujours ete a peu pres
stationnaire. M. Merritt applique la meme remarque a ccs immen-
ses contrees , appelees aujourd'bui Tartaric , Siberie , etc. , el
I
comprises par les anciens sous la denoiniiiatlon gendrale de Scy-
tliie. II en (lit autaiil a I'^ganl du sud eldu cenlrc de TAfrique.
L'Inde lui seiuble presenter )e nieme svsteme d'egalite , et d'a-
pres ce qu'Arrien , Quinle-Curce el autres nous onl rapporle de
I'excellence de son gouvernemenl et de sa politique, ainsi que de
I'dtat florissant de son agriculture el de ses manufactures , M. Mer-
rill se croil aulorise a conclure que la populalion de cetle parlie de
I'Asic n'a pas eprouve de grands accroissemcns dans les dcrniers
temps. Passant dans I'ouest a des conlrees Jadis florissanles et po-
pulcuses , connues sous les noms de Perse , d'Anncnie , de Parlliie,
etc. , I'auteur de ce Memoirc trouve qu'ici la balance commence a
pencher en faveur de rantiquile. 11 parait , dit-il , qu'a I'epoque de
I'invasion d'Alexandre, il y avail un nombre considerable de petiles
monarcbies dans celte vaste etendue de lerre entre la Perse et I'Tn-
dus , lleux ou Ton ne trouve aujourd'bui qu'une culture negligee
et une falblc population.
La Perse ellc-meme , a en croire les divers auteurs , ful un des
royaumes les plus florlssans , les plus opulens et les plus peuples qui
aient jamais existe. L'armee de Cyrus, a son relour d'un voyage
dans les provinces , ne comptalt pas moins de buit centmille ames.
Suivant Herodote , Plutarque et Isocralc , l'armee avec laquellc
la Grece ful envabie ne s'elevait pas a moins de cinq millions
dbonnnes. Les maximes salulaires d'administration attribuees par
Xenopbon au gouvernemeut persan , annoncent une civilisation
tres-avancee. Des ce temps on y faisall prevaloir ce systeme d'econo-
mie domestique rcgardee aujourd'bui commc la source de la ri-
chesse veritable des nations. De nos jours , la plus grande parlie
de la Perse n'esl guere cultivee que dans le volsluage des grandes
villes.
Des confins de la Perse occidenlale aux bords de la McditerraneCi
I'auteur trouve partout, cbez les anciens, une population uiiltor-
memeut rcpandue. 11 n'en exisla jamais peul-elce d'aussi com-
pacte 4ansune semldable etenduedepays.Le,8 deux.Armenies^laMc-
sopolaniie, la Chaldee, une grandeparlie de laSyrie, la Gappadocc
ct presque toute PAsie Mineure , renfermaient une foulc de villes
vastes ct opulentes. Beaucoup de cites, lelles que liabylone, Suze,
Seleusle , Antioche , Ephese , Damas ct autres , rivalisalent dc
splendeur, pour aliisi dire, avec Rome elle-ineme, parvcnue aii
plus haut point de sa grandeur. Aujourd'liui ces menies contrecs
offrent a peine une seule cite d'une etendue un peu considerable.
L'auteur, passant d'Asie en Afrique, trouve que la depopulation
de cette dernlere n'esl pas moins sensible. On doitpenser, dil-
II, et avec beaucoup de probabllite , que I'anclenne Egypte etall
plus peuplee qu'aucun autre pays de nieme etendue. Herodote parle
de vlngt mllle cites : c'est sans doute une exageration ; mais on
est fonde a troire que sous les Ptolemees, I'Egypte avail cinq fois
autant d'habilans que de nos jours. L'ElliIopic, qui n'offre plus
aujourd'liui qu'une mullilude de bordes, parait avoir ete jadis fort
avancee en civilisation. Ce qu'on peut affirmer, c'est que toute la
cote septentrionale d'Afrique, de Tistbrne de Suez au delroit de
(ilbraltar, formaltune partie de Tanclen monde civilise. Au temps
de la Irolslenie guerre punique, Cartbage avail 7,000,000 babitans.
Le reste de la cote nord de 1' Afrique, y compris la Mau-
ritanle sur I'Atlantlque, la Numidie, la Libye , etc., renfermall
un grand n ombre de nations riclies et puissantes.
A regard de I'Europe, M. Merritt trouve que la population a
augmente dans les temps modernes. La Suede, le Danemarck et
la Norwege, ainsi que la Russle et la Pologne, comprenant I'an-
clenne Scandlnavie , la Scytbie, la Sarmalie, I'Esclavonie , etc.,
sont sans doute des pays inieux peuples aujourdbul, qu'ils ne
retalent jadis. La grande force de I'argument en faveur des mo-
dernes s'appuie sur les progres etonnans que les nations repandue.<;
dans les regions moyennes de I'Europe ont fails dans les Irois
derniers siecles, telles que la Grande-Brelagne , la France, la
HoUande et I'AUemagne. Cependant la difference n'est pas aussi
considerable qu on le suppose, par rapport a la Grande-Brelagne.
C^sar, en parlant des provinces maritimcs de cetle contree, qui
n'en etait proLableincnl pas la parllc la plus pciiplec , sexpriuie
ainsi : Hominutn est infinila muliiludi) , pecorls miignus numerus. All
reste, on pent adniellre que Ics lies JJrltaniiiqiics contlennent a
present trois fois aulanl de monde qu'au moment de linvaslon des
Romains.
Pour ce qui concerne parliculierement la France, la balance
n'est pas si facile a determiner. Cesar, dit- on , dans le cours de
ses guerres, ne delrulsit pas moins de deux millions de (xaulois.
Le nieme conqucrant , en parlant de I'Helvelie, une des conlrees
Ics plus steriles de Fancicnne Gaulc , dit expressement que la na-
tion se deleniiina a faire la guerre, parce que son territoire n'etait
plus assez grand pour le nombre de ses habilans , pro multlliuUne
hominum. augustas fines habere arbitrabantur.
Les provinces meridionales de la Gaule , suivant Pline , egalaient
en ricliesse les etats d Italic. De ces remarques, I'auleur croltpou-
voir in fere r que la suptiriorite de la France inoderne , en compa-
raison de son etal anclen , n'est plus aussi considerable que Tout ,.
suppose quelques persomies. Quant a la Germanic , la superiorite
est beaucoup plus sensible, s'il faul en croire lacite. 11 dit positi-
vement quo cette contree etait, en general, couverte de forets et
de marais.
Ainsi, a tout prendre, la Germanic est dc loutes les parlies de
I'ancien monde cclle qui a le plus gagne en populalion. Mais a \€-
gard du midi de I'Europe, M. Merrilt pense que la superiorite est
loutc en faveur<le lantiquite. On ne peul guere douter, ajoiitc-t-il,
que lEspagne et le Portugal lie soient beaucoup declius de leur
ancien elal. Du temps de V espasien , Pline compte 3Go villcs
en Espagne qui pour la plupart semblent avoir une etendue con-
siderable. L'llalie, a la premiere vue, parait presenter Ics plus
grandes farllites pour ela'Llir la couq)araison ; elie est cepemlanl
Ja contree de I'Europe qui offre le plus de difficulte a eel egard.
Suivant les autonrs modernes, lancienqe Rome contenail qualrc
5
millions d'habitans. D'autres en redulsent la population A un million
(Vames. M. Hume pense que celte villc etait aussi peuplee que
Londres , calcul qui parait plutot au-dessous qu'au-dessus de la
verite.
L'ancienne Grece se presenle a son tour. Que peut-on imaginer
de plus deplorable que le contrasle entre celte illustre nation et les
contreesqu'on appelle aujourd'liui Turquied'Kurope?Maisde loules
les nations de laucicn nioiide , il n'en esl aucune peut-etre qui soit
tombee aulant que ia Sicile , au-dessous de sa premiere grandeur. Sc-
ion Diogene-Laerce , la seule ville d' Ariganle ne contenait pas moins
de 800,000 ames, nombre qui n'est guere infcrieur a la population
actuelle de toute I'lle. Syracuse possedait aulant dliabitans , si
meme elle n'en avait pas davanlage , puisqu'elle passait pour la
plus grande de loutes les villes grecques. Les cites d'un ordre infe-
rieuret les villages etaient presque innombrables. Aujourd'bui Pa-
lerme, la moderne capltale de la Sirile, et presque la seule ville
d'une etendue considerable , ne contient guere plus de 100,000
ames.
Tel esl , a cc qu'il me semble, dit Tauteur du Memoire, le ta-
bleau comparatif de I'espece bumaine cbez les anciens et chez les
modernes ; esquisse imparfaite il est vrai , mais dont les trails dis-
linctifs ne peuvent echapper au jugement des lecteurs. II resulte de
cet examen , ajoute en lerminant M. Merrilt, que des trois grandes
parties de I'ancien monde, deux au moins, I'Afrique et I'Asie, ont
eprouve une diminution sensible dans leur population , depuis
I'ere vulgaire.
Narative of a Journey from Constantinople to England,
Relation d'un voyage tie Constantinople en Angletcrre , par Ic reverend
docteur Jt^ahfi , un I'o/. /V(-8°. Lundres , 1828.
Dansun temps oil Ics regards de I'Europe soul fixes sur reinpire
ottoman , le public iie peut manquer d'accueiUir favorablement la
relation d'un voyageur qui a tout recemment parcouru cet empire.
Les details dans lesquels I'auleur enlre sur le theatre de la guerre
actuelie entre les Russes ct les Turcs ont paru lellement interes-
sans , que les journaux lilleraires ont dii rivaliser d'empressement
pour faire connaitre cet ouvrage a leurs abonues. Cetto circons-
tance explique naturellement I'insertion presquc simultance d'un
article sur cette relation dans notre Bulletin et dans d'autres re-
cueils periodiques, quelqu'cmpressement que nous ayons d'ailleurs
mis a le faire connaitre a nos lecteurs.
Le docteur \A alsh, depuis 1821, a reside qneltpiesannees a Cons-
tantinople en qualile dc chapelain de Tanibassade, a la suite de lord
Strangford ; linleret de sa relation est dii a la description de la parlie
de son voyage qui s'elend de Constantinople au Danube. L'auleur a
suivi lameme route qui parait devoir ^Ire celle de la grande armee
russe dans §a marche actuelie vers cette capitale. Passant par liour-
ghaz et Kirk-kelice (les quarante cgliscs), en Ronielie , apres
avoir iVanclii la chalne desmouts IJalkans , il descenditpar Choumla
el Rouslchiouk , en Jiulgarie , vers le Danube. Parveini au-dela de
ce lleuve , il retourna en Anglelerre en traversant la Yalaclile , les
monls Carpathians, la Transvlvanie , la llougrie , TAulriche ,
TzVllemagne et les Pays-lias.
Entre autres particularites de sa relation , le docteur AA alsh rap-
pelie que c'cstpar des aqueducs que Constantinople revolt I'eau des
montagnes environnanles. On Irouve aussi dans les diffiirens quar-
tiers de cette capitale d'innnenses reservoirs qui furent creuses par
ordrc des empereurs grecs ; mais aujourd hul ces citernes sont
toutes en mines, a Texception dune seule «jui est , dil-on, assez vaste
7
pour fournlr pendant soixante jours de I'eau h sept cent mille habi-
tans. Cette derniere, malgrelaterre qui I'encombre, est encore d'uiie
grande profondeur. EUe estsurmontee d'un toit que soutiennent 792
colonnes de marbre. Ce reservoir est mahitenant a sec, des tor-
deurs de sole en ont pris possession, et travaillent au fond dans une
obscurite presque complete.
« Outre ce reservoir, dit le docteur Walsh, il y en a un autre
» que Clarke chercha en vain , et il suppose que Gillius ( Pierre
» Gille) en le decrivant , I'aura confondu avec le precedent; ce-
» pendant, continue noire voyageur , ayant eu plus de temps et
» plus d'occasions favorables que Clarke, je le dccouvris acclden-
» tellement apres une longue recherche , el je le trouval conforme
» a la description donnee par Gillius. Etant entres dans une maison
» particuliere , nous descendimes une longue rampe d'escalier , et
» nous nous trouvames sur les bords dun lac soulerrain qui s'eten-
» dait sous plusieurs rues. I^e toit etait voute et soulenu par 336
» magnifiques colonnes de marbre : I'eau passail de la dans les rues
» par une multitude de tuyaux , et les babitans , comme I'observe
» Pierre Giiles , ignoraicnt d'ou cette eau provenait. Le Ture qui
» nous y donna acces a travers sa maison I'appelait y^ri? liotan sara'i
j> ( le palais souterrain), et disail que les voisins , dont lesmaisons
» etaient aussi billies au-dessus , n'en avaient pas la moindre idee.
» 11 faut convenir que d'apres Taspect de velusle des murs, il sem-
« blait probable que cette cilerne n'avait ete ni visitee , ni reparee
M depuis I'enlrde des Turcs a Constantinople (i). »
Le docteur Walsh donne aussi des details fort interessans sur
les Juifs de Constantinople: ce sont, dil-il, les descendans de
ceux qui furent expulses dVEspagne sous Ferdinand et Isabelle. Us
forment une communaute de 5o,ooo personnes, et ils habitent un
(i) Voyez sur ces reservoirs, et ge'nc'ralemenl sur tout le sysleme des eaux
qui abreuvenl Constantinople, I'ouvrage imporlant que vient de publier
M, le comic Andre'ossy , intitule Constantinople et le Bosphorc tie Thrace^
8
grand quarlier ( Jialata ), sur Ic cole Aa poil oppose a celui dcs
Grecs ( Ic Fanal). Ces .Fulfs soul traitcs par les Turcs avec une
bienvelllance loute specialc; ces derniers les designeul non couime
des csf.lanes ou dcs sujcis, niais comine des vislleurs {mufofir).
lis conservent la plupart de Icurs traits dislinclifs, el out uii Ian-
gage parllculier. lis sont en general fanatiques, el poursuivent a
entrance ceux de Icurs coreligionnaires qui aposlasioul.
Notre voyageur en parlaul du sultan regnant, dont il iuiportc
de connaiire le caractere dans la crise acluelle de la Turquie , le
represcnte comme un prince plein d'energie, incapable dc repos
et ressemblanl en plusieurs points a Pierrc-le-Grand ; menie
promptitude dans ses entreprises , meme vigueur dans la poursuile
et memo inllexibilite dans 1' execution de ses projcls. Comme
Pierre , il trouva qu'il ne lui etait plus possible dc tolerer la domi-
nation de sa garde prelorienne , et de meme que Pierre se debar-
rassa de ses Strelitz, Mahmoud prit le parti de se defaire de ses
Janissaires.
Sans etre jeune , ajoute le docteur Walsh (i) , il est encore dans
la force de I'^ge, et se Irouve etre le dernier prince de la race ot-
tomane en ,^tat de regner; c'est a cette circonslance qu'il doit <le
n'avoir pas etc delrone par les Janissaires. Ce sultan est verse dans
la lilterature orientale, et moins imbu de prejuges que ne le sont
ordinairement les princes turcs. 11 n'esl ni morose ni cruel dans
sa famille , il a plusieurs fiUes de differentes meres , el il leur temoi-
gne a toules le plus tendrc atlachcmcnt. Dans sa vie privee , il se
monlre affable et plein d'urbanite ; sil est severe et quelquefois cruel
envers ses propres sujets, les personnes appartenanl k d'autres na-
tions, ont toujours trouve chez lui une protection inviolable.
Donnons mainlenani un apergu dc la roule parcourue par noire
voyageur.
Depuis IJourghaz jusqu'a la chatne du lialkan , ou pen s"en faut ,
(i) Sultan Mahmoud est n<i le 20 jiiill(-t 1785. N. du U.
9
qui termine la Romelle , le pays n'offre qu'urie plaiiie , oil a peine
on decouvre un arbre, el dans quelques endroits des habitans. Le
Balkan commence a i4o milJes (anglais) environ de Constanti-
nople ; la gorge des plus liautes montagnes est un ravin ou coule
un petit ruisseau. Ici la route est exiremement difficile et dange-
reuse. Ce chemin creux est peut-etre un des sites les plus piltores-
ques de I'Europe , les cotes en sont a pic et s'elevent a une bauteur
prodigieuse , ils sont converts de bois de la base au sonnnet , c'est
a peine si on entrevoit le ciel a travers I'espace qui les separe ; les
ponts jetes surces abimes sont fragiles, et noire voyageur manqua
de perir, par la rupture de Tune de ces freles conslruclions , c'est
apres avoir franchi ces monls qu'il se Irouva en Jiulgarie.
Cette province s'etend aujourd'bui des bouches du Danube le
long de ce fleuve, jusqu'a sa jonction avec le Timosk, au-dessus
de AViddin. Sa longueur est d'environ 35o milles , et sa largeur
<ic 4-0 a 5o. Les babilans se sont etendus bien au-dela de ces limi-
tes de convention , ils ont peneire par degres a travers la chame
des montagnes, et ils occupent presqu'exclusivement un canton
considerable de la Romelie , ou ils remplissent le vide qui s'est
fait dans la population.
Le peuple de ce pays a perdu entierement le caractere belli-
queux qui distinguait ses ancetres. La nation en masse semble avoir
adople la vie pastorale , ils vivent en petiles bandes, formant des
groupes de maisons sans regularitc , et qui ne meritent point le
nom de villes. Ils en ont cependanl quelques-unes oii ils se livrent
au commerce, et oul'on trouve des manufactures. Selymnia, ville
siir la pente meridionale du Balkan, contient environ 20,000 ba-
bitans , presque tous Bulgares; ces derniers y fabriquent divers ar-
ticles tres-rechercbes en i'urquie , par exemple , une e toff c com-
mune en laine, et des canons de fusil carabines tres-estimes chez
les Turcs.
Ce qui a plus de rapport avec leurs babitudes rurales, c est la
j)reparation de I'buile essenlielle de rose, appelec air ou alar de
lO
rose (i). Des terrains considerables, dans Ics environs deSelymnIa ,
sont disposes en jardins pour ces objets; et la multitude des rosiers
est un des Iraits dislinctiG> de cetle belle conlrec. C'est a ces simples
pavsans qu'on doil Ic parfum Ic plus cxquis el le plus precicux qui
existe.
« De Ions les gens de campagne que j'ai jamais rencontrds ,
ajoute le docteur %'N alsh, les Bulgares sont les plus simples,
les pins bienveillans et les plus prevenans. lis forment un con-
traste frappant avec les Turcs , meles parmi eux. Nous rencon-
trions souvenl sur la route des groupes des uns et des autres, tou-
jours separes , mais employes aux memes travaux. Les Furcs se re-
connaissalent a lenrs turbans, aux armes qu'ils portaicnt, et plus
encore a leur air dur et dedaigneux. Jamais ils ne detournaieut
leurs buffles ou leurs arabas ( chariots ) du cbemin ou nous de-
vions passer. Loin de nous temoigner la molndre polilessc, lis
se plalsalent au contraire a nous causer des embarras , en nous
> rejetant au milieu des arbres et des bulssons. Si nous en abor-
dions quelques-uns, pour obtenir du lail ou de I'eau, nous rls-
) qulons d'etre accuelllls a coups de poignard ou de fusil. Les
Bulgares se reconnalssenl a leurs bonnets de peau de mouton
• noirs, a leurs vestes d'etoffe de laine de meme couleur, fabrl-
quees par leurs femnies, et h leur pantalon blanc. Leur cliaussure
consiste en espece de sandales attachees avec des courroies au-
dessus du pied. Les Bulgares ne porlalent point d'armes offen-
> sives ; mals ce qui les distlnguait encore mieux, c'elait leur con-
tenancc, c'elait leur manlere d'aglr. La premiere est ouverte,
> franclie, blenvelllanle; la scronde est si affectueuse et si cor-
diale , quo tous ceux que nous rencontrions semblalent nous ac
cueilllr commodes amis. Leurs buffles se Irouvaient-ils sur notre
> passage, ils s'empressalent de les en detourner ; eprouvlons-nous
> des embarras dans notre marche , ils redoublalont aussilot d'at-
(i) ^^/ar mot arabe ; en turc ^^ -^.^ gulVaghi (hiiiln de rose) N. du R.
1 1
» tentlon, pour nous prouver que ce n'elait pas leur iaule. Leurs
» habitations nous etaient toujours ouvertes; et notic presence
» etalt presque pour eux une fele de famille. La retribution que
» nous leur ilonnions n'en meritait pas le nom ; el si nous ne
» I'avions pas offcrte, je suis dispose a croire qu'on n'aurait rlcn
» demandc. »
En 1810, le principal corps de I'arniee russe penetra jusqu'a
Chouinla , au centre de la province. Les Cosaques avaient traverse
le Balkan , et s'etaient montres aux portes de Bourgliaz, a 80 mlUes
de Constantinople. Cependanl Choumla fut le terme de Tinva-
«ion russe. Quant a leur chance de succes aujourd'hui , voici quelle
est lopinion du docteur \'\ alsh :
" Si les Russes parviennent a forcer la barriere artificielle que
leur offre Choumla, ils en rencontrerontunenaturelle bien plus for-
midable : ce soiit les montagnes du Balkan. Cinq defiles donnent
acces a ce niajestueux renipart , eleve par la nature. L'uu de ces
defiles va de Sophia a Tatar- Bazardjik; deux de I'eniova par
Keizanlik et Selpnnia, et deux de Choumla, par Caniabat et
Ha Yd OS.
» Les trois premiers conduisent a Andrinople, les deux derniers
direclement a Constantinople. Les chemins par Ternova sont les
plus difficiles, parce qu'ils passent sur les sommites les plus elevees
et les plus inaccessibles de la chatne. La passe de Haidos est la plus
frequentee , les ravins y offrant pour monler plus de facilite qu'ail-
leurs,
» Cependant aucune de ces gorges ne paratt impralicable pour les
spahis , qui sont une espece de cavalerie feodale turque , possedant
des fiefs heredltaires, a condition de se metfre en campagne lors-
qu'ils en sont requis. Quelques - uns de ces corps, par leur impe-
tuosile sans freln , sont appeles delis (fous). L'audace de leurs en-
Ireprises justifie ce nom. Une semblable cavalerie , dans les passes
du Balkan , doit opposer une resistance formidable aux troupes les
plus braves et les mieux disciplinees; el nul doule que les Russes
I a
n'en fassent I'epreuve s'ils foul jamais une tentative conlre cette
barriere.
>) La saison sera aussi pour eux un ol)stac!e , ici la seule epoque
(le Tannee favorable, aux operations niililaires est le printemps :
le pays est alors exlrcniemeut beau el sain , les sources et les ri-
vieres (lonnenl cks eaux douces el agreables a boire , I'bcrbe et le
fourrage sont abontlans , I'air est leger et salubre ; mais a inesure
que Tete avance , ies rivieres tarissent , les vegetaux disparaissent,
il ne reslc qu'un sol aride ct brAlant , dessecbe le jour par I'ardeur
du soleil , et dangereux la nuit par les rosees froides et abondantes.
Toute armce ancicnne ou moderne qui a tenu la cainpagne en
liulgarie dans celte saison , a eprouve ccs pernicieux effets du cli-
inat. Passer la chaine des monts en biver avec une armee , est une
entreprise encore plus difficile. Les marais combles par la pluie et
liors delal de supporter le poids des cbariots ou de rartillerie , les
ravins remplis par la neige ou par Teau des lorrens qui descen-
dent des montagnes , et qu'on ne pent francliir que sur des ponls
de bois cbancelans qui menacent ruine ; les nombreux defiles qu'une
poignee dhomnics peut defcndre contre toulc une armee , ct qui
sont aulani de forleresses naturelles derriere lesquelles les Tiircs
conibaflent avec tanl d'energie et d'opiniatrete ; les villages epars
qui n'offrent ni abris , ni renforts , tout cela presente des obstacles
que les Russes n'ignorent point. Dans leur derniere campagne , ils
eiaient en possession de lout le pays depuis les monts Balkan jus-
qu'au Danube, a I'exceplion de Varna , INissa et Chounila oii les
Turcs s'ctaient renfermes. Les Russes avaieiit prcs de cent milie
hommes completement equipes , dans la plaiiie au-dessous , a I'en-
Iree des defiles au pied meme de la monlagne , et cependant ils
n'entreprirent jamais de la gravir, al'exception de quelques Cosa-
ques maraudeurs qui francbirent , il est vrai , la chatne , mais qui
lie tarderenl pas a rebrousser cbemin. »
Les Turcs semblent n'avoir auciuie apprebensiou de cc cote pour
leur capitale. Se fianl a la force naturelle du Balkan , ils n'onl for-
tifie aucun des passages , et noire voyageur nc se rappellc pas avoir
vu line seule forteresse depuis Choumla jusqu'a ConstanliiioplCi
Leur plus grande cralnle est que rinvaslon ne se fasse par nier ;
et dans celte persuasion , ils out forlifie non-seulement les Darda-
nelles, mais le Bosphore dont les rives ressemblent a une for-
teresse continuee de la mer de Marmara a la mer Noire.
En 1821 , lorsqu'on craignait une rupture avec la Russie , tous
les cMteaux furent repares , et de nouvelles batteries erigees sur
chaque poinfe de terre donnant sur le canal, de maniere a offrir
une opposition redoutable a toute approclie par mer. Mais nean-
moins ces batteries attaquccs par terre ne seraient pas tenables.
Les hauteurs derriere les rives du Uosphore les dominent parlout,
et si on effectuait le debarquement plus liaut , de fa^on a les tour-
ner, ce qu'on disait etre alors le projet des Russes, elles seraient
de suite abandonnces.
Ce qui frappe le plus un voyageur en Turqule , c'est la depopu-
lation ; cette deniiere se fait moins remarquer dans ies grandes villes
que sur les auircs poiuls de I'empire , quoique Constantinople ait
perdu plus de la moitle de sa population depuis une vingtalue d'an-
nees. On volt a chaque pas des ruines oii jadis existaient des villages
florissans. D'apres le concours de diffcrentes causes , I'espece hu-
maine fait plus de parte et se reparc moins en Turqule que dans
tout autre pays. « Chaque jour la vie s'efface dans la plus belle partle
de 1 Europe , et la race humalne est menacee d'extinctlon sur un
sol et sous un climat propres a contenir la population la plus
nombreusc. »
Les habltans de la Moldavie et de la Valachle, provinces entre
le Pruth et le Danube , occupees aujourd'bui par les Russes , ne
sont rien moins que belliqueux. Leur constitution physique est
faible, et leurs qualites morales sont modiliees par ce meme tempera-
ment. De grands crimes sont inconnus chez des hommes qui n'ont
pas asse2 d'audace pour les tenter. Cetle cause et la rapacite des
J urcs sont des borncs insurmontables nu dt'iveloppement de Tin-
duslric humainc ilans ciHle i'et iile coiiJree. La populalioii <l«»s (lcii\
provinces est ^valucc h un niillioii ot denii , It-s payans ne suul
])lus coimnc autrefois allaches a la glebe ; ils pcuveiit allcr oii il
leur plait; iij sout seiileiuenl souniis a une taxe par tete. La graiule
masse tlu peuple csl illelriie ou plongee clans lignorance.
La base dn langage de ces principautes et des pays voisins est
le laliii quon parle en general, et avec une cerlaine purete ro-
maiiie en 1 ransylvanie. A larrivee du docteur W alsli a Hermans-
tadt , 11 vit avec surprise que le latin etait la langue ordinaire dci
peuple, non pas un jargon comuie en \ alachie, mais bien lidioine
quon enscigue et quon parle dans les colleges , et lei quon le pro-
nonce en Irlande : ces dorniers mots du docteur A\ alsli portent a
croire qu'il est Irlandais.
« Je fus (iveille , dit-il , par un homme qui vInt avec une lanterne
» dans ma chambre , avant qu'ii fill jour ; il tenait a la main un
» verre , etdit forldistinctement : V isne schnaps , domlne? Charm j
» d'enlendre dans I'auberge une langue que jc pouvais conipren-
» dre , je lui dis : Quid est srhnaps ? Mon homme allongea le doigl
» comnie pour demonirer une proposition , et repondit : Schnaps,
» domine , est ea res maxime necessaria omnibus liominihus omni tem-
» pore. Content de sa definition , je ne lui demandai pas daulrc
» preuve , mais je m'amusai beaucoup de Tidee que le valel dune
« auberge obscure parl^t fort distinctement le latin , qu'il m'assura
« devoir etrc la langue ordinaire de lamaison. »
Eu Transylvanic notre voyageur fut tres-frappe a la vue des
colonies saxones qui sy sonl elablies, et y forment une eptarchie;
elles descendenl de ces families qui furent expulsees de Saxe , dans
les premiers temps de la reformation. On leur permit de s'etabllr
en Transylvanic , pour servir de barriere contre les Turcs , dont
ils ont courageusement repousse les altaques. Ces Saxons ont con-
serve leur ancien caractere , et ils different pen des premiers re-
formateurs par leur air , leurs manieres et leur habillement ; leur
contenance est grave, leur physionomie serieuseet rellechie : ils ont
en general le nez aquiliu ; leurs mouslachcs noires Icur donnenl une
figure severe et sombre ; ils sont grands et robustes ; tout leur
maintlen presente un certain air de fierte et d'independance ; ils
portent de grands chapeaux ronds en feutre , de dessous Icsquels
leurs longs cheveux tombent llbrement sur leur visage et leurs epau-
les ; des habits courts et largcs , des liauls-dc-cbausses a la maniere
de leurs ancelres, leur donnent une resseniblance parfaile avec ces
gravures en bois , representees dans les bisloircs des premiers re-
formateurs. Ces colons sont de la religion de Calvin ; mais une
chose digne de remarque , c'est que ces reformes se trouvent me-
Ics a plus de centmille catholiques romains, et qu'ils vivent ensem-
ble dans Taccord le plus parfait.
Nous regrettons que les bornes circonscrites de ce Bulletin ne
nous permetlent point de faire connaitre une foule de details cu-
rieux repandus dans le reste de cette relation , telle que la mort
d'Ali , pacha de Janina, et la biographic des princes grecs du
Fanal , parmi lesquels la Porte choisissait , avant 1821 , ses pre-
miers drogmans, et les hospodars de Valachic et de Moldavie. En
general le voyage du docleur Walsh , par la maniere dont il est
ecrit , el par la nouveaute des fails qu'il contient , nous parait dans la
circonstance presente de nature a fixer Taltenlion du public.
RF.MARQUES GEOGRAPHIQL'ES
Sur les parties inferieures du rours tlu Senegal et de celui de hi Gamhie ,
accompagnees de deux carles et d'une note sur les positions dc Tum-
bouctou et de Sego.
§ 1. Kemarqiiessurla carte du cours du Senegal au-dessous de Moussala, coni-
prenaut la carte particulierc du Ousilo.
Cest k roccasion de la posiliou geographique de I'anclen foil
Saint- Joseph , et de celle du nouveauposte que la France entrellenl
dans le haut du flenve , que j'ai ete auiene a in'occuper du cours du
Senegal , pcut-etre un peu trop neglige jusqu'ici par les geogra-
phes. De tout temps et sur toules les carles, on avail place le tort
Saint-Joseph vers le 12'' degre de longitude a roccidcnt de Paris,
et cette position paraissail admise sans contestation. CependanI plu-
sieurs donnees m'avalcnt fail elever des doutes sur son exactitude,
lorsque des lellres de M. de Beaufort vinrent confirmer ces doutes
de la inaniere la plus frappanlc. 11 ne s'agissait pas d'mie correction
de quelques minutes , il ne s agissait de rien molns que de reporter
celle position a pres de deux degres plus loin dans rouest. Dun
autre col^, on avail des inlervalles itlneraires entre le bassin supe-
rieur du fleuve et celui du Dhioliba , autrement des distances du
Senegal a Sego et du Senegal a Tombouclou : ces lieux interleurs
se trouvaient ainsi fixes a raisou de la position assignee a Saint-
Joseph ou aux lieux voisins (i). 11 devenait done important de la
verifier el de s'assurer du merile des observations recentes ; deu\
moyens exislaient pour le faire : I'un de comparer les resultats ob
tcnus par plusicurs observateurs successifs , et dans des circons
lances differentes ; I'autre , de comparer les ilineraires entre cux el
(1) /^q/M Biilleliii de la Socie'te'de Ge'ograpliie , n" 17, page 177.
»7
aux observalions aslronomiqucs. En reunissant ces deux moyens,
on approchait en quelque sorte de la cerliludc ; cclle derniere vole
est celle que j'ai essaye de suivrc. M. de Beaufort m'avalt commu-
nique, en 1823, la position suivante pour Bake! , comme tres-ap-
proximative : long. O. de Paris, i4° 5o', resultant de son premier
voyage. Comme la distance de Bakel a I'ancien fort Saint- Joseph
est connue pour elre d'environ 34 milles geographiques a Touest-
nord-ouest en ligne directe , c'etait placer ce dernier vers le i4° 21'
de longitude , au lieu de 12 dcgrcs et g a 18 minutes marques sur
les diffcrentes cartes. Pendant ie cours de son second voyage, M. de
Beaufort m'adressa la position suivante, resultat d' observations
repetees (i) : Bakel, longit, O. i4" 5i'. Avant lui, MM. Dussault
et Dupont, officiers de la marine royale , avaient trouve : lalit. IN.
14" S3' 3o", et longit. O. 14" 4^' 4o", observaiion qui parait la
plus exacle de toules. Enfin M. Adrien Partarrieu , etabli au Sene-
gal, Tun des compagnons de voyage du major Gray, m'envoya
Tobservation qui suit: long. O. t4"34' 3o".
11 parait difficile que quatre observateurs independans les uns
des autres , qui ont opere cinq fois, a des epoques tres-differentes et
par des procedes divers, aient pu s'accorder ainsi sur la longitude,
sans que cet accord soit fonde sur la realite ; autrement , ils se se-
raient tons Irompes dans le nieme sens et de la meme quantile , ce
qui est bicn pcu vraisemblable ; et , ce qui Pest encore moins, ils
se seraiont tons trompes ega'ement de lenorme quantltc de deux
degres.
11 est vrai qu'Il fallait supposer, dun autre cote , une erreur egale
en sens contraire , dans la construction des cartes exislantes ; mais
Ici la difficulle etait blen moindre d'expliquer une telle difference,
puisque la position du fort Saint-Joseph n'avait pas etc deferminee
(i) JV'spere avoir occasion de revenir sur Its observalions de M. de Beau-
fort, et le ilegre de confiance qu'elles me'rilent.
2
i8
parries observations, et qu'on I'avait (^labile seulemeiitijar des jour-
ndes de marche dont rcstiinalion est arbilralre , et par des evalua-
tions ilineraires deponrvues debases cerlaines. De plus, les ligiies
parcourues par les indigenes et par les anciens employes de la co-
lonie etaient naturellemenl et involontairenient augnientecs dans le
caicul, cc qui arrive toujours, parce qu'on ne peut lenir comple de
toutes les inflexions, a nioins de proceder par des moyens geomii-
triques; or, en suivant le cours du Senegal, si plein de sinuosltes,
ils devaient supposer une distance totale de Saint-Louis a Salnl-
Joscph beaucoup plus longue que la distance reelle , meme en fai-
sant la reduction la plus forte sur la longueur des marches , par
exeniple, dun sixicnie oud'un cinquieme (i).
11 n'esl pas douteux que c'est a des estimations de cette nature
qu'il faut altribuer le trop grand intervallc admis, avant et depuis
d'Anville, entre le fort Saint-J osepli et FOcean ; ainsi il ne faut pas
s'etonner que les observations celestes rapportees ci-dessus placent
le fort Saint-Joseph vers le i4" /i de longitude auHcudu 12" y4
qu'on a admis jusqu'a present.
Le resultat qui precede est confirmci par des distances ilineraires ,
mesurees recenmient el avec plus d'exaclitude que par le passe. Un
journal de la roule de M. Reslaut sur les bords du Senegal , com-
munique par M. le baron Roger, montre qu'il y a 820 milles
(en suivant tous les contours du fleuve) depuis Podor jusqu'a Den-
bakanc , limite du pays de Fouta-Toro. Le premier de ces points
etant a 120 milles de Saint-Louis, el le second a 24 miiles de l>a-
kel , le total est de !fo!^. milles de Saint-Louis a liakel , ou de 5oo
milles jusqu'au fort Saint- Joseph. Si I'on comparait simplement
cellc distance itineraire a la mesure des contours du Senegal sur les
(1) « L'oii ne peut csliiiit^r IVtendiie de son coursa nioins de la moitic en
sus de la distance directe d'un de scs points a Pautre » (Statistique de la colonic
du Se'ne'gal , Aiinal. Maril. Septciiilirc uSay). Oelle rcmarque s'appliqup
surtoul acix grands inlcrvjllcs.
'9
ancicnnes carles, non-seulement elle ne Ini serail pas infericurc ,
mais elle la surpasscrail uu pen. Ce n'esl doiic pas cctle coinparai-
son qui confirmerait le rapprochemect de Bakel et de Tancien fort
Saint-Joseph, du cote de TOcean. Mais il faut falre attention que
la route de M. Restaut entre dans !es plus petites sinuosites du
fleuve ; et les cartes existantes ne renferment point, a beaucoup
pres, le trace de son cours, avec autant de noms de lieux et de po-
sitions. Indcpcndammentde ces inflexions extrememenl multipliecs,
le Senegal se porle au nord de Dagana, d'apres la reconnaissance
de MM. Dussaull et Dupont, beaucoup plus qu'on ne pensait.
Cetle derniere reconnaissance ayant servl au trace de la carte
ci-jointe, pour la parlle comprise entre Dagana et Moussala, je
dois en dire ici quelques mots. Le general Blanchot a dresse une
premiere carte du cours du Senegal , qui a ele successivement oom-
pletce et amelioree. M. Courlois et M. Chateliux , capitaine au
corps royal des ingenleurs gcographes , mort a Bakel victime du
climat, I'ont d'abord corrigee; ensuite M. ])ussault a fait des ob-
servations de latitude et de longitude a Bakel et a lancien fort
Saiiit-Joseph. A une autre exireniite, la position de Dagana (bien
que je ne connaisse pas d'observation celeste faite en ce lieu) etait
assez bien detennince pour assujclir a ces trois points une recon-
naissance du cours du Senegal. C'est ce qu'oiil fait MM. Dussault
et Dupont , dans une carte de celte parlie du fleuve , dressee a I'e-
cbelle de i pour 35o,ooo a pcupres. 11 est vrai que cette carte aurait
besoin d'une latitude vers le coude nord, etd'une autre a celuidunord-
esl, c'est-a-dire, a Souekar et a Gaoual; mais jusqu'au moment oii
le gouvemement ordonnera la construction d'une carle topographi-
que , ce cours du Senegal peut suffire pour les besoins de la colonic.
On salt que tous les ans mi bateau a vapeur conduit les employes ,
et porle des marchandlses de Saint-Louis a Bakel. Ces courses pe-
riodiqucs ont penuis de pcrfeclionner les details de la parlie inter-
medialre ; et le journal de route de M. ResSaut, de Podor h Den-
bakane , qui euibrasse la plus grande partie de lintervalle entre
20
Dagana et Bakel , n'est pas la moins interessanfc flc ccs <llvcrscs
reconnaissances. C'esl cc qui in'a engage a le pnbiier I'lt exleiiso.
II renferme deux a Irois fois plus de positions que la carle de
MM. Dassault et Dupont, et je n'ai pu les introduire dans une carte
dressec <i 2000000 » "''''S elles lui serviront de complement. Or,
les Sig milles l\o que M. Restaut a trouves cntre Denbakane et
Podor se Irouvent a peu pres sur le cours du (leuve, lei que Pont
trace MM. Dussaull et Duponf, en s'appuyant sur la position geo-
graphique assignee par eux a Bakel.
Avant de parler des autres mal^riaux qui m'ont servi, je puis tirer
de ce qui precede la conclusion suivante : que les observations celes-
tes s'accordent avec les distances itineraires pour ramener la posi-
tion de I'ancien fort Saint-.] osepli, vers les i4° 12' de long. Oc. de
Paris, au lieu dc 12° 9' , conime dans la carle de d'Anville, de 12°
18' ou i3' , comme dans celles de M. \\ alckenaer el de M. Lapie ,
de 12" i5' et 16' comnie dans celles de Mungo-Park , etc. De
Beaufort rapprochc encore plus Bakel de la mer. Ainsi toules les
observations et les reconnaissances recentes tendent au nieme re-
sultat. On pent en dire autant de la position de Mouss^la , dont la
longitude a ete observee par M. Dussaull par 14." 3' '/s , et se trouve
parfaltement concordante avec Bakel el le fori Saiiil-.Toscph. Tanl
d'accord doit dissipcr, il me seinble, toule incerlilude, el cest avec
raison que I'auleur de la Stali^tique du Senegal donne seulement
io4 lieues de distance en ligne directe , entre Saint-Louis el Bakel,
ct 107 entre la Larre du (leuve el Bakel. Ainsi I'objet principal de
ce travail me parait atleint, et il est elabli, seloa nioi , par les
observations des officiers frani-ais , que Makanna ( I'ancien fort
Sainl-.rosepb) est bcaucoup plus .i I'ouesl que ne le pensaienl d'An-
ville et lous ecus qui out public des cartes du Senegal ; que la
longitude de ce point est moins orieulale de 2° 4', ^^*^ dans la
carle de d'Anville , de i" 56' que dans celle de Mungo-Park, dc
plus de i" 54' que dans les carles les plus recentes et les plus es-
timees.
21
II serait raisoiinabic de coiiclurc <le \h que les vlllcs ccnlraics sonl
aussi plus rapprocliecs <le TOcean , el que Icur posilion dolt etre
changee, si ce ii'est de la iiieme quantite , du moins dans le meme
sens ; car c'est toujours a partir desderniers posies europeens que
Ton a coniple les intervailes itineraires , communiques par les in-
digenes, lorsqu on a conslmit les cartes de cetle conlrec. Je ne
dissimule pas cependant qu'il faudrait un plus grand nombre d'ob-
servations de longitude pour avoir une enliere certitude sur la po-
sition absolue du fort Saint-Joseph ; mais , dans un pays semblable,
c'est beaucoup den approchcr a8 ou lo minutes pres ; or, c'csl le
plus grand ecarl en longitude que presentent les observations que
j'ai rapportees.
Pour tracer le Senegal infericur , c'est-a-dire la province du
Oua!o qui commence a Dagana , j'ai eu des secours precieux que
je dois a la complaisance de M. le baron Piogcr : i" une carte-
reconnaissance du pays de Oualo , indiquant la designation el
^'emplacement des quarante etablissemeits de culture , existant h
I'epoque de 1824., et divises en quatre cantons, a lechelle de
7^'^pQ ; 2" une carle du pays de Oualo et du cours du Senegal, par
M. Leprieur a j^^-^ environ , encore plus detaillee et topograpbi-
que ; elle est de 1827 ; 3" une carle du littoral a tres-grand point,
depuis la barre dufleuve jusqu'au Marigot (ou bras) des iviaringoins,
avec une parlie des lies Bifecbe et Bouxar. Tout le delta du Se-
negal s'v trouve dessine plus completemenl qu'il ne Tavalt ete par
le passe , cbaque brancbe du fleuve y porle le nom qui lui appar-
tient : la topographic du grand lac de N'ghcr , autrcment de Panie-
Foul , long de 9 lieues , y est Iracee avec detail , ainsi que les li-
gnes itineraires des reconnaissances. II en est de meme des villages
appartenant aux Maures sur la rive droite , et de la posilion des
escalcs des Maures Darmankous el des IMauies Trarzas. J'ai reduit
a — -•;rT ce plan du delia du Senegal; c'est la meme echelle que
cellc de la carle d'Egyplc en trois feuilles ; on pourra done compa-
rer , a regard des formes el des dimensions , cellc parlie de deux
az
pays qui oiil d aillours d'autres rapports ciilrc oux pour I'clat phy-
sique, pour les productions ct pour les etros qui les habllcnl (i).
(i) J'ai pu comparer aiissi a ces divers male'riaux deux carles mantiscrites,
provenant de labibliolheqiie de feu M. Buache , iogcnieur hydrographe du
de'pot de la marine , etc. , principalement un plan du cours du Niger ,
grand fleucf du Senegal, navigable , dessi'ne d'aprrs les observations de
M. le chevalier Kyrii's , faitcs pendant son gouvernernent au Senegal,
par M. Sarrazin dc Montferrier ^ ingenieur , etc., en 1784. Cette carte
s'e'tend de Saint-Louis a la cataracte de Felou ; il serait difficile d'en tirer
parti pour la construction dVine carte exacte , parce cju'on ignore comment
elle a etc levee , et qu'elle est sans graduation ; niais elle renfernie des details
assez curieux , le trace de la liiviire a morfil ( c'est-a-dire le bras du Senegal
qui enfernie au midl la grande i!e de ce noui ) , les positions de Fclou , de
I'lle dc Caignou et du fort Saint-Pierre , les liniites du Oualo , de Cayor,
d'Yolof , du Siratik , du Bondou , du Bambouk , a cette epoque ; cnfin , les
details des montagnes et des forets existant dans ces conlrces , depuis la
cataractc jusqu'a I'Occ'an.
Dans la carte du Senegal , de feu Barbie du Bocage ( 1788 ) , le fort
Saint-Joseph approche plus de sa ve'ritable position que dans les cartes sub-
SL-quentis : il est par i3o 8' au lieu de 12° 9' , etc.
§ II. Nomenclature des Ueux situes sur les lords du Senegal,
communiquee par M. le baron Roger (i)»
ANDAR ou SAINT-LOUIS. Brenn.
Makka. Escale des Darmaukous.
Ghiaman (2). N'ghighcyn (6).
T'ghlank , ile aux biches (3). Ghick.
Sahr. Laouakh ( escak des Trarzas ).
N'Gluagheyr (Marigot des Ma- N'GliIekteyn (7).
ringolns ) (4). N'liagar (8).
J. N'ghiakal. Faf.
Khann. Al-Roscho.
GhiawSr. Anghianghe ou Anghlanke.
Ronq ou Aronq. Anghiao.
N'klior (5). RIchard-tol,
(i) Nota. J'ai transcrit les noms d'apres la liste arabe dresse'e par un indi-
gene , oil, suivant I'alphabet arabe du Senegal , le ^ ctr.it exprime par y\ ,
le (3 P'"' s_^' Ic i._9 par ^^9? le »»- tel qu'il est prononce' au Kaire ga ^
go, gue , par ==> ; enfin le son ghia , ghi'o par le signe ^«
On ne doit pas s''attendre a trouver dans tous les mots un accord complet
entre I'arabe et la transcription, atlendu que je n'ai voulu alle'rer ni la pro-
nonciation locale ni la liste arabe originale : j'ai choisi danscellc-ci seulement
les mots differant un peu du mot fran^ais correspondant, ou bien je les ai
rapporte's pour des noms de lieux importans. Ainsi, ces deux listes se com-
pletent et se rectifient re'ciproquement I'une par I'autre.
(2) (^ (6) Jr:^
A •
(3) ^=^ (7) J;;f^=^
(/o ij^ (8) J;^=^
Marigot do Tavvey (y).
Lac de N'ghier.
I. Kliouma.
Ghidaqar.
I. T6d ou NKhare.
Rikcyt.
Bllor ou M'JJilor.
Koylel.
Dakaka ou Dagana (jo).
OUALO(ii).
Kaye (12).
Bokliol.
Fanaye (i3).
Kacho (i4).
Ghialmaghi ; i5).
I. Lamnaghio (16).
Donnaye.
Donnaye goughiaie, Escale
coq ou des Braknas.
■A
Donn^ye-el souq el syr-el Brakn.
(17)
Tassangue (18).
Alchouqi (19).
BouoR ou ToDon (20).
Mokhlar Salain.
Ouro-ardo.
Mbanam.
A'oua ou aga (21).
Dorbos ou Dormos.
Kobe.
Souekar (22).
Haleybe.
Boki.
Ourokeydd (23).
Kaska.
Donkcl.
du Gbioul-D5b(>.
Deghie fal.
(10) (_^^=^
(12) J:l^
(,3) JI^
(14) Jil^
(i5) ^
fiG) ^Oii
(18) ^lli
(ig) ^j^l
(20) Jj-^!
(21) jl^
(23) J
25
A'bdallah.
Gblououel.
Loud el Iinan.
Gaiok.
Kolini.
Gaoual (27).
Ghl.^rakel (24).
Daliourou.
Ouasso-taki.
KIglilelogh (28).
Uarobe Ghikel (aS).
sadci.
Tibckout (26).
Ondourou.
Salde.
Kondel (29).
Marigot de Salde.
Benke.
JJaghi.
Gaogblenn.
Baldi.
Matam (3o\
Dafilel.
Beyalgliialo Si).
Ghiaskogh.
Gblangbioli.
— le Grand.
Gbiemboigh (32).
— le Petit.
Dolol.
El-Neyre.
Odobcre.
IJigliian.
Cbiali (33).
Belnabe.
Bane.
Kabobe.
Gano.
Kabeydl.
Modinalla (34).
Gbial.
Barmaghiam.
Horenjit£i.
Horedote (35).
Ghiouta-K^oul.
Babatcl.
(24) S^J^
(3o) jviU
(35) i^=4
(30 3^'^
fa6) vJ:,'^^ J
(32)^^^
y*y>) s_^ -^
^; '
(27) jy^
(33) Jl
•
(28) J^r-^
(34) S'^r
(29) 15a^
(35) oS^V
Gouriki.
Gliinghen.
Sadadel.
Ghielle.
Bilel.
Ouaoude.
Oueyrina (36).
Denbakane.
FOUTA (37).
Moderi (38)
Minkara.
Ghlldo.
Toeyabo (3g).
Bakel.
(ihlakila.
Konkel.
jvoiini.
Yafre.
Aronde.
Ghioukoulore.
Faleine , Riv. (4.0)
Koughioube.
Tafasirga.
(36) }/s
(37) Oj^
(38) J^^
(39) vV
(4o) ^>^
26
Kotcre.
Sollou.
Seykala.
Karikoro , Riv.
Kabouloukouni.
Kaboghiore (40*
Land
DIkakoro (4-2).
(ililal Kane.
Souboukou,
Kousseyla ou Koulsela.
Toubaboukane , et
Makaniia (ancien fort S.-Joscph,
aujourd'bui Saint-Charles).
Maqa doukou.
Dramaiic.
Magbiayghiari (43).
Gakoura.
Bakekilta.
Ghianc , RIv.
A'mbideydou.
M oussala.
(43)>^^
^5 in. Noms el distances approximatwes Jes villages ile Podor iiuj>
frontieres ilu FoUTA ( d'aprcs le journal de M. Keslaut), curnmu-
nique par M. le barun Roger.
Ces noms do lieux n'ont pu elre places tous sur la carle du cours du
Senegal (i).
inilles dixlcnics.
PodoraN'DIatal 3 7
N'Dialal a Maho 3 8
Malio a Moctar Salain (Moklitar) 4 5
Moclar Salam a Omardo (Ouio-ardo). . . » 7
Ourardo a M'bsinain 6 »
M'baiiain au ISadou 6 "
Du Badou a Diaho 4- 5
Diaho a (]obe 12 »
Cobe a Dara-Salam o »
Daia-Salam a rN'Dornios (Dormos). . • • 9 "
N'Dormos a Alibi (Haleybc) 4 5
Alibi a Bokl 3
BokiaWalaldi 6
Walaldi a Kaska 6 »
Kaska a N'Donguel (Donkci) q »
N'Donguela Guldiabi (Gbioui-DcUe). . . 3
Guldiabi a Foudi-Eliinon 2 3
Foudi-Elimon a Tioubalil 3 »
TlouballlaAbdala-Moctar(A'bdallabMokhtar) 6
Abdala-Moctar a Wouala 3 »
Woualaa Diaronguc 3 »
Diarongue a Wouassa-Taque(Ouasso-Taki). 2 3
\^ ouassa-Taque a Tebegoulte ( Tibekout ). . 3 8
(i) Oil ignore, snr taqiielle des dciix rives sont places plusieiirs dc cos
villages.
1
8
milles. dixicmes.
Tebegoulle a Saldi (Salde) 12 »
Saldia M'Jiagi.i(Baghi) 3 7
M'Uagni a Daoli (DaAlel) 3
Daoli a Cascogne (Ghiaskogli ) 4- ^
Casoogne a Kqiiibalio 3 »
Equlbaho a JJababe 3 >•
Bababe a Quela 4- 5
Qiiela a Cibi G »
Cibi au Petit Dable i 5
Petit Dabie a Nerri » 7
Nerri au Grand Dabie i 5
Grand Dabie a Quikia » 8
Quikia a Narnardi 3 »
Namardi a IN'Diasain 3 >>
N'Diasain a Kaiidi (Kabeydi) 4 5
Kaedi a Dioneta 3 »
Dioneta a Dial (Gbial) 3 »
Dial a Elfeki 3
ElfekiaHorenata(Horenal^) 3
Horenala a Dioupoul 9 "
Dioupoul a Dolou J "
Dolou a Alipori 4 ^
Abporl a Guiguelouni (Kigluelogb). ... 3 »>
Guigueloum a Sadel u >•
Sadel a Oudrou (Ondourou) 4- ^
Oudrou a Coundcl (Kondelj 6 »
Couiidel a J'ioubalcl-Civi 4 •*
Tioubalcl-Civi a Tioubalel-Matam. ... G »
Tioubalel-AIatam a IJeldiabe ( JJeyalgbialo ). 3 »
Ucldiabci a Cinde i ^
Cinde a Diaudoli (Gbiaiigbioli) 3 >•
Diaudoii a (iababe 4 •*
=9
millrs. (lixiumcs.
GabaLc a Tiempd (Ghieinboigli) G »
Tiempe a Dolol 3 »
Dolol a Audebcre ( Odobtire) 3 „
Audebere aTioubabo-Coiioi 3 ..
Tioubabo-Couel a Couel 4- 5
Couel a Ganon (Gano) 3 »
Ganon a Tindidiaba 2 2
Tindidiaba a Ormathe [) „
Onnatlie a Orn'doli 3 »
Orn'doli a ijapatil (iiabalel) 3
Bapalil a Gourrique a 3
Gourrlque a Guanr'guel 2 2
Guanr'guel a Gulnkene ^ ;i
Guinkene a Palalc! 3 „
Palalel a Saiilloumoudi 3 «
SantioumoudI a Wouali Diantanguc. ... 4 »
Wouall Diantangue a W'oundl 4 5
Wound! a (iuole ( (ihielle) 3 »
<iuole a IJotel (Eitel) 4 5
Botel a Lobali 5 a
Lobali a Adabere 4 5
Adabt'te a Vennant (Oueynna 3 »
Vcrmaut a Dumbakanl (Denbakanc ). . . 3 »
§ IV. Remarqucs siir iine partie dii coiirs de hi Gamine , li Vnnpui.
lie la carte de fa Gamine au-dessuus de Coussaye, ei d.u Senegal au-
desi-uus de JSioussdla , assujetie aux ohsetvations les plus recentes.
J'ai communique a la Soclete de gcograpbie , il y a plusieurs
annocs, des observations nouvelles sur plusieurs positions du
rours du Senegal ; toutes tendaient a diminiier la longueur du
cours de ce fleuve et a rapprochcr considcrablcment de I'Occan ,
3o
les villes et Ics positions plus orientales. Celte remarque me pa-
ralssait avoir un double interet pour la geot^raphie <le cetle par-
lie de I'Afrlquo. En cifcl, si le rapproclionieni propose otait dc-
niontre certain , il fallail rcclifier les carles pubiices depuis un sie-
cle ; el , de plus , il en resullait cette autre consequence importanle,
que la distance a parcourir pour alier dans les parlies centrales el
en revenir, serait peut-elre plus courle de cent lieues que sur ces
cartes, surlout pour un voyageur parlant des possessions Fran-
daises. Aujourd'hui , Topinion parail devoir eire entierement fi\(ie
a cet egard (i).
Les recberches que j'ai failes a ce sujet m'onl conduit a en es-
sayer de seniblables sur le cours de la Gainbie. Je possedais egale-
ment des observations neuves sur plusieurs points de ce (leave ou
voisins de ses rives ; inais j'hesitais beaucoup a les adopter , tant
clles sont peu en barmonie avec les cartes eslimees. II a fallu reunir
bien des elemens , comparer et combiner bien des donnees entre
elles pour fixer mes inccrtlludes. Enfin, je me suis convainru que
loule la confusion provenait de la carle du second volume de Muu-
go-Park , pub'iee a Londres en i8i5, dans Touvrage intitu-
le : Journal of a mission, etc., in ffie year i8o5 , i vol. in-4-".
Le redacteur de cette carte a etrangement n>odifie les resultals
consignes dans celle du premier voyage, iaquelle etait assez
d'accord avec les carles anlerieures. Le cours du (leuvc a cle
transports k pres dun degre plus au nord. Ce bouleverse-
menl qui rapprocbc les deux (leuves et qui etrangle leur inler-
valle , a ete adopte et copie dans toutes les carles publiees de-
puis cette epoque, sans discussion et sans autre autorild qu'une
carle qui ne reposait eiie-meme sur aucuoe observation. En effet ,
iii le vovageur Mungo-Park, ni aucun autre avant lui n'avaient fail
ni conmiunique dobservalions de latitude portant Pisania a i4"
22', Medina a i4" 28', et ainsi des autres positions. Le deuxieme
i)\ri\fic\-i]f<sus\c'' Jirmarffurs gfogrciplu'i/ues, elc. , § 1.
3i
voyage de Mungo-Park n'avait procure d'observations que pour
des points beaucoup plus orientaux ( c'est-a-dire a Test du la" 3o'
a roccidenl de Paris ). II n'y avail done aucun motif pour changer
la premiere carle dans la partie occidenlale du cours du fleuve. Ce-
pendant on avail pris cette carte du voyage de Park , pour base
du cours de la Gambie ; en consequence on avail trace celui-ci
dans les carles anglaises, fran^aises et allemandes, a prcs dun de-
gre trop au nord. Telle etail I'idee que je m'elais dejn faile sur ce
point, quand je recus , il y a qualre ans, les observations de M. de
IJeauforl, que j'ai eu I'honneur de communiquer .i la Societe de
geographic.
J'clais fortifie dans cette opinion par deux autres observations
de M. Adrien Partarrieu, relalivement a Kayaye et a Medina, a
la verile trop meridionalcs; dun autre cole, rilineraire de iVl. de
Beaufort a (ravers le (ihiolof, depuis Saint-Louis jusqu'aux rives
de la (iambic , obligeail necessairement de repousser le trace de
cette riviere plus au sud que dans les cartes; mais en meme temps,
la position de Baraconda, placee par i3° 28' N. , me paraissait un
peu trop meridionale pour un point aussi voisin de Medina ,
proximite qui est incontestable; de meme pour Ghigbio-Bourey,
par iS" 26' environ (ou 3o milles ab" E. de Niaye Marigot]. Quant
a Coussaye determine par M. de Beaufort, je ne voyais aucun
motif pour y rien changer, et ce point servait tres-bien de liaison
enlre les deux parties du cours du fleuve. II me sembla done resul-
ter evidemment de ces considerations qu'il fallait changer sur les
cartes modernes le cours de la Gambie , el le reporter au sud.
Mais la position de Baraconda, d'apres de Beaufort, me parais-
sant trop meridionale de 4 3 5 minutes , j'etais arrele encore pour
faire le nouveau trace du fleuve ; alors je m'adressai a M. le capi-
taine Sabine , correspondant etranger de la Societe , afin d'avoir
communication des observations recemment faites par le capifaine
Owen , en remontant la riviere de la Gambie jusqu'a Fisania.
Elles me sont parvenues, et, quolqu'elles s'arreleul au iG" 5// de
longitude , j'ai 6t6 en ^lat de tracer tol^rablemenl cetle parlie du
cours de la riviere, in'appuyant sur plusieursobservations de M. de
Beaufort, les itineraires de Muiigo-Park et ceux de M. Gray.
Je regardc le reste de la GaniLie conime a peu pres inconnu ,
M. Mollieii ne Tayant approclie qu'en deux autres points.
\oici le tableau des diffeiences qui existent enire les positions
de la carte du deuxieme voyage de Park, et celles que j'ai adop-
ti^es , savoir les deux premieres d'apres les observations du ca-
pitaine Owen , qui confirment pleinement les doutes et les con-
jectures que j'avais formes autrefois.
NOMS
<les
LIEUX.
Kayaye. . .
Pisania. . .
Medina. . .
Baraconila.
LAIlTLlii:.
i"". Vovas.' de
M. I'AUK.
Nomcllc c.irtp.
■ 4°.
«4
8'
2 2
•^9
i3o. j4
1.3 . 33
i3 . 38
I.DM.I n IIL .•, lociid. de I'-ii-ij.
?«. Vovage de
M. PAllK.
N'ouvellc rarle.
i6". 48' 3"
i6 . 3-
if, . -1
1 5 . .",7
17". 1-2
iC) . 5{
i(> . 20
.6 . 7
Ici Ion voit que le redaclcur de la carle de M. Park a anit-Iiore
un peu les positions en longitude , trop orlentales dans celle du
premier voyage, mais qu'il a altere les latitudes de 34', de 49' ;
de 5i', el rneme de 55'.
T^'ayant pudecouvrir la cause d'un tel derangement qui confrai-
gnait pour ainsi dire la Oambie a couler dans un espace beaucoup
trop relr(5ci , j'ai chercbe quelle avail die Topinion de d'Anville
sur la position du cours de la (janible. NY'sl-il pas digne d'atten-
lioii que sa carle d'Africjue pnbliee en 17^0 > soil beaucoup plus
coiiiornie a la reallle que celle qui a cte gravoe a Londres en i8i5,
et copiee ensuite parlouU' Le tableau ci-apris le prouvcra, du
moins quant aux latitudes.
33
NOMS
des
LIEUX.
Xmivei
LAlllUDE.
LONGl'I (JDli.
e cuile.
Carles lie M. d'An-
villei'tileM. r.ar
bie dil Socage .
ppi --SS.
Nuiivtlle
carte.
Carles de M d'Ai)
vlire.ldeM.Bar
liie du Bocage
Yannamarou.
13°.
/,.'
1 30. 40'
170.
'9'
i6«. 3o'
Baraconda. .
i3 .
34
i3 . 5o
16 .
7
j4 . 18
Tenderbnr. .
i3 .
27
12 . 56
i8 .
9
17 . 45
Tankrowall.
i3 .
■2 5
i3 . 0
18 .
2i
18 . 8
On voit encore par ce tableau que les plus anclennes cartes ont
constamment adopte les longitudes les plus falbles, ou, en fl'autres
teruies, qu'on a toujours suppose les lieux trop elolgnes de TOc^an.
Ainsi , ce qui est arrive sur le Senegal est egalement arrive sur la
Gambie. La cause en est bien connue des geographes ; c'est qu'in-
volonlaireinent , parfois a dessein , les voyageurs sont portes a
exagerer les distances parcourues, et qu'ils ne deduisent pas assez de
leurs estimations pour les repos , pour les deviations , pour les
obstacles naturels, enfin pour la fatigue des bommes et des ani-
maux.
La carte que j'ai deja presentee a la Societe Tannic derniere ,
montralt Tensemble des deux fleuves , du moins jusqu'aux lieux ou
Ton en connait le cours avec quelque certitude ; elle est de nouveau
sous ses yeux , avec les rectifications qui resultent des observations
qui precWent , et auxquelles je crois superflu d'ajouter plus de
d^veloppemens.
31
i> V. Lisie des pusilions geographn/ue.s jiuur Ju carle du cours elu Senegal au-
(kssuiis dc JMuiissiila, et dc hi Canibic au dcssuus dc Coussayr [ i).
NOMS.
I.VTirUllE N.
Cap blanc. (P ■". la plus sud).
(>np AJirik ■. . .
Porteiidik.
lleS.i-Louis [VK St.-Louis),
Rarre et enib. chi Senegal. .
Cogue
Ouarkhokli
Elimane
Bakel.
Cap Vert ( la Falaise ). . .
Goree ( le pavilion de la ci-
ladelle)
Aiicien F'. iJ -Joseph ^Ma-
kaiuia )
INIoussala
20",
9 ■
» .
6 .
6
5 ,
5
5
5
?iledina ( Woulli)..
0\iarneo
Rocher Felpu
Kayaye ( Gamble )
Niaye Marigot
Yannamarou
Coussaye
Fort Georges
Pisania
(]ap Saiiite-'VIarie
Balhursf (ile Sainle-Marie,
I'avillon- )
Rnraconda.l
Tenderbar
Tankrowall
Fort James
Cap Koxo
Fort de Uissao
Timbo
Falaba
!Mont Souios
Source dc la Uokellc. . . .
Lomba ou I.onia , source du
Dliioli-H.a
^6'.
■J.1 .
a5 .
02 .
o .
.^5 .
35 .
20 .
02 .
51 ,
49-
4o .
43.
4o .
39.
38 .
34.
3o .
38 .
17 .
08 ,
08 .
34 .
5 1 .
4 2
3fi .
33
3 . 3o
28
28
26
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20
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LONGITLDE O. OlSSURVATEL KS
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o Id.
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o Ifl.
36 .
. r«oussin.
. Koussin.
. lioussin.
Beau fori.
. Boussin.
Id.
Dc Beaufort.
Jd.
Id.
Dussault.
.'\. Partarricu.
Dc Benul'orl.
B ■ . Bdussiii.
Con. des temps.
B" . Roussin.
Dussault.
Id.
Mungo-Park ,
2'' voy. carle.
De Beaul'ort.
De Beaufort.
Mimgo-Park ,
2''. voy. carte.
De Bean fort,
C'-. Owen.
\)e. Beaufort.
C"^ Owen.
Id.
C *■. Owen.
De Beaufort.
C 1 . f)wen.
Id.
B '". Boussin.
B"". Roussin.
Mur. Laing.
\Vals.
M"''. Laing.
M°r. Laing.
M'"'. Laing.
(1) Si je nc leniontc pas jusqira Tainbico , qui parait pcu eloigne dc la Gambie , c'est que la latituiic
donnoe par Mungo-Park (ii°S3') me paialL tiop iiiciidioiiale , comiiie ceJlcs dout il a etc qui'sliou , ct
ccpcnc'aat celle liililude a ele obseiviie ; mais re nVsl pas le lieu de se livipr i I'exanien crilique d.s !;
ol«civalioDi U'l voyageur; M. AValclstuav v a dfja fail cctle ani'lysp , mais :1 ri'Sle cDcore des points at
ec';:ircir.
35
Note sua les positions de Tombouctou et de Sego.
Renseignemens dunnes par un More du Senegal {SlBi Mohammed,
Marabout de Tischii), sur les chemins qu'il a parcoiirus en allant h
Tiinbouktou , et commiini(jues par M. le Baron RoGEil.
De Mi^rza-Schloura (Portendik) k Ouad^n, lo j. de chameau.
De Ouaden a Tischit i5
De Tischit a Outlet lo
De Oualet a Tiinbouktou ( ainsi prononcc) 7
42 jours.
2°
De Timbouktou a Araouan 6
D'Araoucin a Schingt-ti (Chingarin). . lo
f D'Araoufin a Toud^ni 3
( D' Araouan a Tousitt 12
De Tischit a Schingetl 7
De Ouaden a Agadir (Arguin). ... g
Noia. II resulte de la combinaison de ces itineraires que de Tom-
bouctou a Arguin , il y a 4-7 jours de marche.
Selon M. de Ijeauforl , el d'apres le rapport qu'on lui a fait, il y
a, d'Elimanc (capilale actuelle du Kaarta ) jusqu a Sego, dix jour-
nees de chemin a pied , ou quatre-vingts lleues , en marchant k
TEst-Sud-Est.
JOMARD.
P. S. Je m'empresse d'ajouter ici plusieiirs observations qui viennent d'etre
portc'es a la connaissance du public, et qui completeront la liste ci-dessus;
elles ont e'le' faites par M. Le Pre'dour , lieutenant de vaisseau , en 1827.
Cap de Naze i4" 02' 00" lat. N. 19° 28' 4o"long. O.
Kiv. de Soman 14. 3i. 20 19. 22. /^o
Portudal 14. 28. 5o 19. 19. 4°
Joal 14. 9. i5 »9« "• 4°
Ciip Sainte-Marie i3. 28. 4° •9- °3- '"
Fori Ste-Mari.- Bnlhurst). i3. 27. 3o 18. 57. 4"
Riv. de Cazainaiice. . . .' . 12. 33. 3o 19. 5. o
Cap Roxo 12. :ii. 20 19. 3 3o
36
DEUXIEME SECTION
ACTES DE LA SOCIETE.
^ !"■. P races- J^erhaux des Seances.
Seance du 4- juillet 1828.
M. David , vice-consul de France a Mexico , qui sc rend a son
posic , renouvclle ses offres de service a la Sociele, ct exprimc le
de-sir delrc adniis an nombre de ses nienibrcs.
M. Uibent, arciiilectc , qui est sur le polnl d'enlrepreiidre un
voyage en Egypte , fait egalenient des offres de service, et te-
nioigne le desir de recevoir des inslruclioas de la Sociele. ^
M. H. Gounmelcn , secretaire de M. le comic d'Allonville ,
prefet de la Meurihe , ecrit a la Socidle pour In! offrir ses services ,
dans le cas ou elle aurait Tinlenlion de fairc enlreprendre des
voyages dans les contrees loinlaines el inconnues. (>elle deinande
est acconipagntie dune recomniandalion t res-favorable de M. le
comle d'Allonville. '' •"■"
La Commission regrcUe de ne pouvoir donner suite a la pro-
position de M. Gounnelen.
MM. le comte Andreossy , du Rozoir, de Kochanski et Schu-
macher ecriveni a la Sociele pour hii offrir divers ouvrages.
( '^'oy. page 4o. )
M. le President invite le comile du Bullelln a donner une
analyse succincle de ces ouvrages dans les prochains ]N°* de ce
Recueil.
M. Jomard fait remarquer rexticulion lilhographique de la carle
des environs de Segeberg, offerte par M. Schumacher, et propose
de la comparer aux produils de lithographie fran^aise , appliquee J
aux cartes geographiques.
37
Le m^nie membre prc^sente h la Soci(^l^ unc carle oi le cours
<le la Gamble a ele tiacd a TOucst de Coussaye , cl assujeti aux
<lernieres obseivalioris aslronomiques du capllaino Owcii , jusqu'a
Pisania, et aiix observations ilin«;ralres de Beauforl , pour la parlie
orlenJale. Cetle carte , exirailc dun travail qui s'elend justiu'au
liornou , comprend le pays silue entre le parallele du cap Blanc
et celui des sources du Dliioiiba. ,<' jj .,
Dans le trace du cours de la Gamble , II a ele oblige d'aban-
donner celui de la carle du deuxieme voyage de Mungo-Park qui
avail et<: adople par tous les geograplies , el qui parail Irop septen-
trional de 34 , el nieme de 55 minutes. Dans les reinarques joinles
a cetle carte , il fail voir que les positions sur la Gamble avaient
<5ld jug^es trop orlentales, comme celles du Senegal; d'oii il suit
que les vlUes de I'interieur el le cours du Dliioiiba sonl plus ra-
proches dc I'Ocean. :.;i.
Apres quelques observations de MM. Girard, Eyries et Brud, le
Menioirede M. Jomardest renvoye aucomite du bulletin. (V. p. 16.)
M. Pacbo lit une note sur lancienne IJarce, que (juelques au-
leurs anclcns et niodernes out confondue avec Plolemais , situce
vis-a-vis dc la premiere , et sur les bords de la nier ; il jelle un
coup-d'a?il sur les Annales de celle ville celebre , donl Ibisloire a
conserve des traits interessans.
Renvoi au comile du Bulletin.
M. Eyries, au noin de la section de publication , eulretlenl
I'Assemblee du Memoire de M. Manet, qui a obtenu un prlx au
dernier concours ; il conclut a ce que Tauteur soil invite , avant
r impression , a executer les cliangemens iudiques dans le rapport
des commissaircs.
Les conclusions sonl adoptees.
Seance du 18 juillet 1828.
M. Ic docleur Reingaqum, de Berlin, par sa lellre en dale du
1*^' juillet 1828, exprlme a la Sociele le desir d'oblenir le litre dc
38
correspoiidant eiranger , en reinplissant les conditions prescritcs
par le regJement. II envoie un nouvel ouvrage sur la geographic et
I'histoire i\e I'ancienne IVIcgaride. Sa deinandc elant appuyee par
plusicurs niembres, la Commission conlraie prononre ladmission
de ce savant , et renvoic son ouvrage a 31. Alex. J»ai hie du liocage ,
pour en rendre coniple.
M. le baron d'Homhres - Firmas ecril a la Societe qu'il serait
flatte d'etre admis au nombre de ses membres. La Commission
prorionce son admission.
M. le general Andr^ossy adresse a la Sociele un ouvrage qu'il
vient de publler sur Constantinople et le liosphore de Thrace ,
avec un atlas. Remercimcns et renvoi a M. de La Roquettc, pour
en rendre compte,
M. de Hammer envoie plusieurs exemplaires de la carte itine-
ralre qu'il a jointe au Iroisieme volume de son Histoire oltomane,
et appelle I'attenlion de la Societe sur cctte nouvelle production.
Remercimens et renvoi a MM. Bianchi , Eyries et Laple, qui ont
deja rendu compte d'une carle du meme savant.
M. Galissard de (iignac exprime a la Societe le dcsir d'i^lre ad-
joint au premier voyageur qui se deslineralt a parcourir, sous ses
auspices, des climats lolntains et inconnus.
La Commission arrete qu'clle saisira une occasion favorable
pour uliliser son zele en faveur des decouvertes.
M. Barbie du JJocage atne communique deux letlres de M. Rous-
seau , datees de Tripoli , le 3 mars et le 12 juin 1 828. Dans la pre-
miere , M. Rousseau annonce qu'il s'est procure un assez bon
cxeniplairo des voyages dTbn Ratouta, et qu'il espere bienlot pos-
seder I'Histoire de Tombouclou, par Sidi Ali JJaba d'Aaravvan.
11 annonce aussi que M. ^^ arrington , constd d'Angleterre a Tri-
poli et beau - pere du major Laing, s'occupe de la recherche des
papiers de eel intrepide voyageur , et ([u'il vient d'envoyer, pour
eel objel, des gens a Ghadames et a Touat. Par la seconde leltre ,
M. Rousseau informc la Societe qu'il espere lui envoyer incessam-
39
menl un M^moire sur la topograpliie de la parlie cenlrale du
royauine de Tripoli. (Voy. p. 4-I-)
MM. Taillefer et Peyrounenc adressentune relation manuscrite
de leur voyage a la cole de Colombie, fait, en 1827, sous les aus-
pices de la Societc. Pxenvoi a la section de correspondance, avcc
I'invifation de transnietlrc le manuscrit , s'il y a lieu, a la section
de publication.
M. \^ arden communique un numero du Phamix , gazette du
nouvel etat des Cherokees , qui font deja imprimer diverses pu-
blications dans leur propre langue , avec la traduction anglaise.
M. Jomard propose qu'on insere au Bulletin un exlrait de ce
journal, et qu'on y joignc un ecbantillon des caracleres adoptes
par cefte nation , Icquel serait execute en lithograpbie , comme le
premier exeniple de I'ccriture dune nation sauvage, assujelie par
cette nation m^me au systeme europeen. ' '' ■■
M. Sueur Merlin fait un rapporl sur la Geographic meihodique de
MM. Meissas et Micbelot , accompagnee d'un atlas par M. Charle.
Apres diverses observations et I'annonce d'une seconde edition,
la Commission centrale ajourne I'impression du rapport.
§ 2. Admissions, ouvrages offerts ^ etc.
MEMBRES NOU\ELLEMENT ADMIS DANS LA SOCIETE.
Seance du l^juillet.
M. Vincent Roche , de la Colombie.
Seance du iSJui/lef.
M. le baron d'Hombres-Firmas , membra de pjusieurs aca-
demies, a Alais. ;t . ■
4o
OIIVR\GES OFFERTS A LA SOCIETE.
Seance du 4 juilkt 1828.
Par la Society rovale de Londrcs : Transacliuns of the royal
Society of London for the year i%2^ , pari. I.
Par M. le comte Andreossv : Carte topograph! que du Bosphore de
Thrace et des environs de Constantinople , Paris, 1828.
Par M. Schumacher : Carte topograpliique drs environs de Segeberg.
Par M. Du Rozoir : Relation du Voyage de S. M. GuARLES X,
dans le'departemetit duNord, Paris , 1827 , i vol. in-fol.
Par M. Lamarche : De la forme de la terre et de son influence sur
la Geographic et I'Asfronomie , Paris, 1828, in-8".
Par M. Kochanski : Podroz do Chin Przez Mongolija , etc. ^ oyage
en Chine i travers la Mongolle , fait en 1820 et 182 1 , parM. T\-ni-
kowski, traduit du russe en polonais, par M. Kochanski , 1828 ,
a vol. in-8''.
Par la Sociele acadeniique d'Aix : Recueil de Memoires et autres
Pieces de prose et devers, qui ont ete lus dans ses seances, depuis i8a3
jusqu'h present, Aix , 1827 , 1 vol. in-8°.
Par la Societe aslatique : Journal de cette Societe , cahier dejuin.
Par la Societe de la Seine-lnferieure : Extrait de ses travaux.
Par la Societe de la Charente : Annules de reile Societe , cahiers
de Janvier et de fcvrier.
Par Ips Auteurs : Plusieursn°^.du Globe.
Seance du iS juillct.
Par JVI. le conile Andreossv : Constantinople et le Bosphore dc
Thrace pendant les annees 181 2, i8i3 e< 18 14-, el pendant I'annee
1826. Paris, 1828, I vol. in-S", avec atlas.
Par M. Reinganuin : Das alte Megaris , etc. , Essai sur la Geogra-
phic et I'histoire de Tahcienne Megaride , Berlin, 1825, 1 vol. in-8".
Par M. de Hannncr : Carte itineraire de Constantinople it Nissa.
Par M. Gide : Nouvelles Annales des Voyages, cahier de juiilet.
4i
Par M. de Leuven : Journal des Voyages, cahier de juiii.
Par M. Jullien : Revue Encyclopedifjue , cahier de juiii.
Par M. Arthus-Bertrand : Blbllotheque physico-Economique , ca-
liler de juillet.
Par les Societes d'agrlculture et de medecine du deparlemeut de
I'Eure : J nuj-nal de ces Societes , cahier de juiilct.
Par la Societe d'a^riculture , sciences el belles-lettres de Macon :
Compte rendu des truQaux de cetie Sociele, pendant I'annee 1827 , par
M. Moltin, in-8<>.
Par la Soclete du depart, du Var : Bulletin de cetie Sor.ieie, n° 26.
TROISIEME SECTION.
DOCUMENS , COMMUNICATIONS , NOUVELLES
GEOGRAPHIQUES, ETC.
Extra IT de deux letires de M. Pwusseau, consul-general de France a
Tripoli de Barbaric, adressees a M. G. Barbie du Bocage, en date
des 3 mars et 12 j'uin 1828.
Monsieur et ami. . . . mon fils , qui se rend a Paris pour affaire
de service, pourra vous donner de vive voix tons les renselgne-
mens que vous desirerez avoir sur la ville et les environs de Tri-
poli.... 11 vous dira que j'al enfin trouve un assez bon exeniplaire
des voyages i'lbn Bathouta, et que j'espere ^tre bientot en posses-
sion de Thislolre de Tombouctou par Sidi Ali Baba d'Arawan , que
j'attends de Touat. ... La nouvelle de la mort du major Laing,
qui doit afillger tous les amis de la sclentie , n'a jamais ete revoquee
en doute Ici; et s'il nous reste quelque voeu a former, c'est de
pouvoir recouvrer les paplers de I'infortune voyageur — Je pense
que son beau-pere, M. Varrlnglon , s'occupe de leur recherche,
puisqu'il a de nouveau envoye des gens a Ghadames et a Toujit. — ...
•I'espere pouvoir vous adresser sous peu un petit memoire sui la
lopographie de la partle centrale du royaume de Tripoli.
Bale d'Akmetctiet (i) , duns la Crimee'
Nous avons insere dans le n" 3a de noire journal (le journal
d'Odessa en langue russe) un arliclc qui nous a ete communique
relatlvcment .i la position de la hale d'Akmctchel , en Crimee. Les
Informalious renfermecs dans eel article elant dun Inlerel general
pour le commerce el la navlgallon des coles de la Mer-Noire,
nous croyons que nos lecleurs accuellleront avcc plalslr les nollons
que nous porlons a leur connalssance.
La bale d'Akmetchel se Irouve sur la c6te occldcntale de la pd-
ninsule Taurlque. Elle est a I'abrl de tous les venls, a I'excepllon
decehii du nord; sa profondcnr csl de Irols k ncuf loises, le fond
en esl tres-siir, el sous tous les rapports clle peul elre consideree
comme le melUeur lleude refuge que les coles de la Criuiee offrent
a la navigation, (^uoiqu'clle ne solt pas dune grande elendue,
celte bale, dans sa situation actuelle, peul conlenir jusqu'a i5 bsi-
tlmens marcliands ; mals , si Ton fortlfialt par un mcMe les avan-
lages que lul donnc sa position nalureile, plus de trenle valsseaux
pourralenl facilcmcnl y trouver un abri.
Jusqu'a present cetlc rade n'esl visilec ordinalremeut que paries
pellls navires de la marine Imperlale qui servent i enlrefenir les
communlcallons que le besoln du service elabllt enlre Odessa ct la
Crimee. 11 arrive aussi quelquefols que des bSlImens marchands
viennent y jeter I'ancre, soil pour atlendre un venl favorable , soil
pour se mellre k couverfde la tempele, soil pour Irouver un lieu
de sAret(5 a Tapproclic de la nuil, soil enfm pour se pourvoir d'eau,
qui esl dans ces environs a\)()ndante el dune excellente quallle.
Des Tarlares, anclens habitans de celte contree, pretendent
qu'avantle temps de la reunion de la Crimee a I'Empire, U exls-
lalt sur celle plage un port de commerce qui ^talt alors en assez
bon etat. Cette assertion n'est pas denude de quelque apparence de
(i) La ve'ritablp prononciation de cc nom , qui est tiirc , esl Akmesdjid
Ji-sr**^. a\ (b ni(is<iiK'c blanche.) Note du rrdaclenr.
/.3
verllt?. On volt encore dans ce lieu des debris d'anciennes con-
slructions, des puits encombres et des fontalnes en mines. On de-
couvre egalement des traces qui Indiquent quil a exisfe autrefois
ici des plantations de vignes el d'arbres fruitiers. On y voit des
Ironcs d'arbres, des racines, el i^a et la quelques ceps de vigne. A
one distance d'un verste de la baie, dans la direction du sud, on
trouve un verger d'une assez grande elendue, mais qui est entie-
rement neglige; il renferme une grande quanlite de figuiers et de
cerisiers. Pres de ce verger on rencontre un pelit village, si
Ton peut donner ce nom a six habilalions tartares. Une petite
inaison, conslruite sur les bords du rivage, sert de demeure aux
cosaques, garde-cote, ainsi qu'a un employe de douane.
A une distance de cinq a six cents wcrstes de la baie, il se
trouve plusleurs villages tartares, lant sur la cote que sur le chemin
qui conduit k la ville de Kosloff (Eupalorie). Mais les habltans
de CCS villages ne sont pas en etal de fournir des cbevaux aux voya-
geurs; et, en debarquant sur la cole, il faul s'adresser aux cosaques
pour obtenir deux les moyens necessaires pour pouvoir conlinuer
sa route jusqu'a Kosloff, qui esl a une distance environ de Go
\versles de la bale d'Akrnetchet.
Une seconde route m;'ne a Perecup. En longeant d'abord la
cote , on traverse plusicurs villages , et a g wersles de la baie ,
on rejointla grande route de poste, qui conduit de Simpberopoi
h Perecop. Cette ville est a une distance de 120 werstes de la cote.
T*^ous avons parle plu.s liaut des avantages que presente la situa-
tion de la baie d'Akmelcbet. Nous ajouterons qu'Independamnient
de la sArele qu'elle offre a la navigation comme lieu de refuge ,
elle facilite encore d'une maniere toute parllculiere les communi-
cations maritinies entre la Criniee et Odessa. Au sortir de la baie,
on suit pour ainsi dire une ligne droite le long de 1 ile de Tendra
et de la cote de Djaralgatch. Les phares qui y sont construits , ser-
vent a indiquer egalement pendant la nuit la route qu il faut tenir.
Les considerations que nous venons de developper tendent a
44
prouvcr I'importance de la bale d'Akmetcliet. iSous rapporterons
encore ici un exeniple remaiquable qui serl k confinncr ce que
nous avons djt de rulllil^ qu'clle piesente k la navigalion.
Aumois d'aoAt de I'annee i825 un vaisseau maichand, expedid
de Tangarock avec une cargalson appartenant a une malson de
commerce d Odessa, fut assailll par une violente lempele, perdit
ses voiles, et fit une voie deau. Quoique le vaisseau sc trouvjit
a la hauteur de la baie et qu'il pAt y enlrer facilemeni, le capitaine
n'osa point s"y determiner, rie voyanl pas de signal sur la cole.
Le balimenl aurait infailliblement peri , corps el biens, si un des
ofliciers de la marine imperiale ne s'etait empresse de le secourir.
Get officler dirlgeait son propre navire vers la baie dAkmet-
chet, et voyant la dctresse dans laquelle se Irouvalt le balimenl mar-
chand, il lui preta son assistance pour le meltre egalement en lieu
de siirete. 11 y parvint par des efforts qui font I'eloge et de son
bumanite et de son experience.
Une heure apres quil fut cntre dans la baie, le vaisseau mar-
chand coula h fond, par suite de la voie deau qu'il avail faite ;
mais I'equipage et la cargaisou furenl sauves.
Nouvel etahUssement aux ties Keeling.
Les ties Keeling situeesau sudde Sumatra, consistent en une chaine
circulaire d iles basses couvertes de cocotiers. Le capitaine J. C Ross,
du navire le Borneo , a reconnu que ce groupe d'iles forme un port
sAr pour des bStimens de toute grandeur. 11 I'a nomme Port Albion.
II s'y est fixe avec sa famill#et quelques autres personnes de sa suite ,
et a donne a retablissemenl le nom de New-Seima.
Les vaisseaux qui relournent en Europe, el ceux qui vont a la
cole occidentale du Sumatra oudc liengale, sont exposes a ('prou-
ver des avaries dans les parages du dctroit de la Sonde , oil la mcr
est tres-houleuse , surlout si la saison est tres-avancee. Port-
Albjon se Irouve apeu pressur I'une et Tautre route, llseuible done
45
devoir etre un jour d'une grande imporlance pour les navigateurs,
offrlr un lieu de refuge pour reparer leurs pertes et retablir la sante
de leurs equipages. Rien n'est si ais«5 que de s'y procurer dcs noix
de coco , de bonne eau , des pores el de la volaille.
Cette chaine meridionale des ties Keeling , ou de Corail, s'etend
depuis 12° 4' jusqu'a i2» i4' de latitude sud. Sa longueur est de
ID milles anglais etsa largeur de 7. La longitude de lapartle occi-
dentale est de 99° 4' a Test de Londres , ou de 97° 3o' a I'esl de
Paris. L'entree du port est fennee par les deux iles qui sont le
plus au nord de la chaine.
On a Irouve que le cllinal de New-Sclma est sain. La saison
des plules a lieu de Janvier h julllel ; mais il tombe quclquefois de
legeres ondees ; en tout temps, le vent allze est celui qui dominc ,
sans interruption. II souffle avec plus ou molns de force , et varie
parfois entre le sud et I'est-nord-est. Le tliennometre se tient entre
73" et 84" de Fahrenheit (environ 23" et 29" centigrade). Le cou-
rant porte pour Tordinaire au nord- est, a raison de un , ou un
et un quart de mille par heure.
Si un valsseau qui veut s'arrcter a Port-Albion , a de I'lncertitude
sur sa longitude , il doit gagner le parallele de la" 10' de latitude
sud , lorsqu'il est a une distance raisonnable a Test de ces ties de
Corall ; ensulte , II fait route a I'ouest. Des qu II en a vu la partie
orientale , II gouverne sur Tile de la Direction qui occupe le point
le plus au N.-E. de la cliaine ; II fait le tour de Tile du cole de Touest,
et doit avoir soln de s'eu tenir a un quart de mlUe de distance , a
cause du recif qui s'etend de I'tle au cote occidental du port. II fau-
drait se tenir pr^la jeter I'ancre, de 10 a 7 ou 6 brasses, lorsque Tile
de la Direction porte a Test ou a Test par nord ; car les sondes ne
donnent que 3 brasses Irois-quarts , quand Ttlc porte au nord-est. Si
on est dcpourvu de cable a chaine , on choisit un fond de sable
pour y Jeter I'ancre. Apres cela un bailment peut se falre touer
et tirer dans le bassin Interieur de I'lle de la Direction ou I'eau est
profonde , ou bien II se fait conduire dans le port par un hoinine
habile et experimenle , apparlenant a I'elablisscinent de Nexv
Selma , oii il lui est aise dc se procurer ilu Lois ct de i'eau.
N. U. Celte piece offre les caracleres d'une Icllre oflicielle. Kile
cstsignde : Jaimes HorsburGH, eta pour date : Quirt office , India
house , niai 22 , 1828.
Decouverte de nouneawx bas-fonds.
( Exlrait de la Gazette de Snlem , dii iZ mni 18.18.)
jM. Endicott, capltaine du Suffolk, nous a communique I'avis sui-
vaiit , doiit ii a eu connaissance a Sainlc-Helene , et qu'il croil
utile de publier.
« On vient de decouvrir une chaine d'ecueils dangercux qui
restent S. 4^" K. par la boussole , du monument de Lady Don-
kin, cloigne d'environ 738 lieiies. Ce monument est situc au-
dessus de la ville de Port Elisabeth, dans la baie d'Algoa, sur
la c6te mdridionale d'Afrlque. Ce bas-fond se trouvant direcle-
ment sur la route des batimens rcvenant des Indes, on nc saurail
donner trop de publicile a sou existence. »
Stgne William Ray,
CommandanI dir brick dc la Marine Royale anglaise , Craigievar.
11 est probable que le JVilliam Pill dont la perle est mcntionnee
dans I'ouvrage de Horsburgh, intitule : East India Directory , se sera
brise conlre ces ecueils; car on a trouve dans le voisinage beaucoup
de papiers et de debris de b^limcnt qui ont ete reconnus lui apparlenir.
Le Suffolk, dans sa traversiie aux Indes, passa, le 8 juiu 1827 ,
en vue dun bas-fond presume, batlu des vagues, a 2 ou 3 milles
du bsitiment ; mais se trouvant sous le vent, il ne put le recon-^
nattre. La latitude du vaisseau etait alors de 19" 3y' S. et la
longitude 91" 7' E. ; le bas-fond a 3 milles a Touest. Le temps elait
extraordinairemenl beau , et la mer d'un caluie parfait. hci lames
se heurtaient confre I'ecueil de minute en minute, et Ton disliu-
guait , du liaut du luAt , la forme des vagues , avanl qu'clles ne se
fussent brisees. W.
47
BIKLIOGRAPHIE GEOGRAPIIIQUE.
§ I". IIVRES.
OUVRAG-SS SrxiSitnAlIX.
130. EuTER URFEINEa PHYSISCHEN
Weltcesehreibung. — Plan d'une
gc'ographie physique , par Alex, de
Humboldt, 2 v. iii-S", i»-28,I>eiiin.
Get oiivrage est exlrait des le-
mons publlfjiies donnces par Paii-
teur, a licrliii. II en paraitra deux
traductions , une en Irancjais et une
en anglais.
lai. Tables des principales posi-
tions GEONOMIQUES bU GLOBE, re-
cueillieset mises enordred'apresles
aiiloritc's lesplus niodernes; endeux
parties, renlerniant les expressions
de positions de tous les points ma-
lilinies connus , classes par ordre
alpliab'Jtique , avec les noms des oh
servateiirs ou des auteurs auxquels
les chitlres sont dus ; plus un ap-
pendice contenant, dans leur ordre
geograpliique, la dc'noininatiou des
e'le'mens des principaux points, a
Tusage particulier des construc-
teurs de cartes ; par Ph. J. Cou-
LIER, Paris, 1828, I vol. in -8",
chez Bossange , quai Voltaire ,
AIWBRIQUE.
l■^1. A GO'NNECT^D WIEW OF THE
WHOLE INTERNAL NAVIGATION OF
THE UNITED STATES. Aper(-u ge'ne-
ral de la navigation inteiieure des
Etats-Unis, tant naturelle qu'artifi-
cielle, etc., avec g cartes, in-80,
1826.
ASm.
lio. Narrative of a journey
through the upper provinces of
India from Calcutta to Bombay,
etc.
Relation d'un voyage a travers
les provinces superieures de I'Inde,
de Boinliay a Calcutta , par le re-
verend lleginald Heber , dernier
evequede Calcutta. Nouvelle I'dil.,
3 vol. in-S", Londres, avril 1828.
■24- J'^URNALOFAMISSION FROmHue
Governor general of India, etc.
— Journal d'une mission nux cotes
de Siani et de la Cocliincliiiie , sous
lea auspices du gouverneur-gcnt-
ral de Plnde; par J«. Crawfurd ,
in-4°. , avec cartes et beaucoup de
planches. Prix : 3 liv. 3 sh. , Lon-
dres , 182B.
AE-RIOiJE.
■J.S. The oriental missionary. — Le
Missionnaire oriental ou Kelation
d'une mission entreprise pour re-
pandre la connaissance de la reli-
gion chrctienne en Arable et sur les
rives de FEupbrate , en i8-'4 tt
iS'iS ; parle reverend C.JUDKIN,
petit in -8°. Prix : 10 sli. G r. , Lon-
dres , 1828.
EUB.OPE.
26. Tableaux geographiques , his-
toriqoes Incllquant la dlstribu-
tinn et le dennmhremeat des peu-
p/es et des religions dans les di-
vers etats de J Ktirope, par ^L De-
NAl.x ,ancien c'leve de I'tcole Poly-
technique, et chef de bataillon au
corps royal des ing.'n.-g( ogr. , 2
teuilles, Paris, 1828, chez I'auteur.
(jCS tableaux lout partie de I'ou-
vrage du nieme auleur, intitule:
Kssal de geographic inethodique
el comparative.
Titj'iti'tc.
ia7.CoNST.\NTIN0PLE etle BOSPHORE
DK Thrace, pendant fes nnnces
\\\\i , i8i3 ct i8i4, cl pendant
i8
Vannee 1826, avec un alias compo-
se de six planches grave'es , et de
<]ii.itre paysages lithographies ; par
M. le cointe Asdrkossy, lieute-
nant - general d'arliUerie , ancien
ambassadeur de France a Londres ,
i Vienne et a Constantinople, de
rinstitut d'Egvple et de relui de
France ( Aradc^niie des Sciences) ,
Mernbre de la Chanibre des Depu-
tes , etc. , etc. .
lln vol. in-80 ^ avcc atlas , Pans ,
»8-j3, rhez Tht'opbile Barrois et
Benj.' Duprat , rue Hautefeuille ,
n" 28, chez Alerlin ; quai des Au-
giislins, no 7. Prix: i5 tV.
II sera rendu coniple de cet ou-
vra^e important dans le prochain
nume'ro du Bulletin de la Societe
de geographic.
128. Mo>uMENS DE Rhodes, drdic's
a S. IM. le roi des Pays-Has , par le
colonel KoTTlERS , commandeur ,
chevalier, etc, in-folio, avec plan-
ches. Anvers , 1828. L'auteur,
129. KONSBERGER SOLVBERGVERK I
NOUGE, HISTORISK. OG STATISTISK
BESKREVET ( en danois '. Descrip-
tion historique et statislique des
mines d'argent a Kongsberg par
Thrare Brunnick , 8". Copen-
haeue , 1826. Bruninck.
parCr.
i3o. Navigation rNTERiEURE de la
FRANCE , par le baron Ch. Dupin ,
Membre de la Chanibre des Depu-
tes et de rinstitut, in-12, Paris,
1828.
l3l. ReLAT10>- mSTORIQUE , PITTO-
RESQUE ET statistique du voyage
de S. M. Charles X, dans le depar-
tcment du Nord , ornee de plan-
ches lithographiees , d<'di(?e a AHI.
les iVlembres du conseil-gi'neral du
departement ; par M. Charles Dll
Bozoir; Paris, 1827, 1 vol. in-fol..
chei I'auteur , rue de Seine-Saint-
Germain , n" 3c(. Prix :
§ 2. ATLAS, CARTES GEOGRA-
PHYQUES , PLANS , ETC.
1.32. Carte du cours du sekegal au-
DESSOUS DE MOI SSALA, par AL Jo-
MARD , de rinstitut , d'apres les ob-
servations failes parMNL Dussaull
et Dupont, et les divers travaux
ge'ographiques des officiers de la
colonic , Paris , 1828.
La meme feuille renferme une
carle du Oualo , d''apres une carte
lilhographic'e au Senrgal en 1827,
par M. Lcprieur, et les maleriaux
communique's par M. le baron Ro-
ger.
i33. Carte TOPOGRAPHiQUE du bos-
PHOREDE THRACE ET DES ENVIRONS
DE CONSTANTINOPLE , levce pat
MM. Thomassin et Vincent , ca-
pilainesdu genie , el de Moreton-
CiiABRlLLANT,capilained'artitlerie,
sous la direction de M. le lieute-
nant-general comic Andhf.ossv,
pendant son ambassade pres la Su-
blime-Porle , en 1812, i8i3 et
181 { , Paris, 1828 , chezPicquet ,
quai Conti , n» 1 7. Prix : 6 fr.
Cette carle est la se\ile de ce gen-
re qui existe. Jusquc-la , les envi-
rons de Constantinople et du Bos-
phore , a une si grande distance n'a-
vaient pas encore ete' explores, el sou
hydrographlen'claitpasplnsconnue
quesa topographic. L'auleur a ap-
plique a cette topographie le sysle-
mc general des eaux qui abrenvent
Constantinople. II sera rendu un
compte plus detaille dc cette carte
dans un des prochains numeros du
Bulletin.
1 34. Carte de lapalestine a-ncienue
ou DE LA terre-sainte , par Ad
Brue, 1828, Paris, I feuille.
£VBRAT, IMPRIMEUR DE I.A SOCIETE DE GEOGRAPHIE ,
Bl'E Dl- CADKAN , K" !(>•
, .Mcri<hcii (■
l.iiK.ilu.lr ilii Mrriilii-n ,1,- I'.,,
BULLETIN
DE
LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.
NUMEROS 6^ ET 65.— AouT et Septemere 1828.
PREMIERE SECTION.
memoires, extraits, analyses et rapports.
Missions du Rio Ucayale, dans le Haut-Perou.
Rapport qfficiel concernant Vetat et les progres des missions du Rio
Ucayale, depuis ijc^o Jusqu'a 1818. (Extrait. )
Les missions de Manoa avaient ete detruites, et quinze religieuv
mis a mort. En 1790 , les sauvages vinreni prier les missionnaires
de relablir les Puclihs (i). Dans cetle vue, Francisco Girhal se rcndit
a Cambasa , et ensuite a Manoa , avec une escorte que le gouver-
neur de Maynas lui avalt fournie , et chercha a s'assurcr des veri-
lablcs intentions des Indiens. Ceux-ci lui ayant fait une reception
amicale , il reconnut la possibilite de retablir les missions. L'an-
nee suivante , aide d'autres missionnaires , et par les Setews et
les Cunibos , il commen^a celle reedification par la fondation du
Pueblo de Sarayacu , au 6° 35' de lat. S. et au Soa" i5' de long,
du miiridien de I'ile deFer, dans une position avanlageuse, prcs de
( I ) Villages.
5o
ia vallee {Que/jradu) «lu lueivio iioiii , vl ilislani «Vcnviron luie licue
<le I'Ucayale. A pen prcs vers celU t-poquc, plusic'iirs iicophyles de
la province «le Maynas , (pii avaioil ^•^^'t ri'iiiils par Ics Josuiles sur
les bonis <les rivieres , arriverenl a celle mission. Avec ces derniers ,
les Setevos el autres <le differenlcs naiions, on forma unc peuplarlc
( pobladon ) de 800 iudividus.
Les Selevos el les Cunlbos ne pouvant vivre en bonne inlclli-
gence, on elablil, en 1792 , un autre Puehlu sur le Saravacu ; niais
cet endroil ayant etc inonde , on Iransporta relablissement a San
Antonio de Chanchaguaya pres la Quehrada du meme noui, par
6° 5' de iat. et le 3o2" aj' long, de I'llc de Fjer.
Les Plros qui habitaient la parlie supericure de TUcayale, la-
quelle s'etend le long des rivieres Paru ou Yanaliri , lanibo el
Cusa , a 3oo lieues de la mer , ayant eu connaissance de ces ela-
blissemens , vinrent les visiter, mais lis n'y scjourncrcnt pas , et
revinrent chez eux.
Kn 1794 » unc autre bande de Piros vinl s'elabllr a quelques
lieues au-dessous de Sarayacu. Unc mission y fut envoyee pour
les aider ; luaisquelques-uns de ceux qui la coniposalent tomberent
malades , d'autres moururent , et le reste se dispersa. (dependant ,
le nonibre de ces Piros s'etani bcaucoup accru , ou forma , en
I 790 , le Pueblo de Nueslra Sciiura del Piliir <le Bepiitino , par Ic 6"
55' de Iat. S. et le 3o2° 18' de long, de I'lle de Fer, entre rUcayale
et une grande lagune.
Les Shipus, qui babltaleiil les bords des UIos I'Isqui et Agual-
tia , etaient ennemis ii reconclllables des Selevos el des Cunlbos :
les misslonnaires parvinrenl a les rapproclicr. Kn 1809 ' "" fonda
sur le Pisqui le Pueblo de San Luis dc Cliarustnunu , Iat. 6" i5',
long. 3o3° 2' de I'ile de Fer, a 4 jours de marclie du confluent du
Pisqui et de I'Ucayale.
Mais eel etablissemenl se trouvant trop isole , on forma , en
1811 , celui de Sun Buenaventura de Cuntamana , par 7" 10' de Iat.
et 302° 37' de long. La inemc annec et dans les sulvanles , le
p. Provincial Manuel Plaza pacifia la uihii <les Sena's , diviscc
cu t lols pcupladcs ; Ics litulms , les liunubus et les Qiscus , for-
niant ensemble environ looo indlvidus , di vises en 280 fa-
milies ; il les reunit en un seul etablissement, a I'exception toute-
fois des Runubus qui , a cause dune maladle contagieuse , s'etaient
retires dans les montagnes. Celte reducllon, xiomuvicCliaiuyu, est
siluee par 6" 36' de lat. el 302" 53' de long.
Le projet fut forme d'ouvrir une nouvelle communication avec
les miissions par le Rio Tambo , en abandonnant le chemin dan-
gereux de Huayaga , de passer ensulte cbez les Piros , et de se
rapproclier des missions de Pajonal , detruites par la revoke de
Santos Atahualpa , en 174^2. Manuel Plaza quittaManoa, pour
se concerter avec les autres Peres sur le plan a suivre. En conse-
quence deux expeditions furent euvoyees : Tune de Manoa par
rUcayale; I'autre d'Andamarca par la Pangoa; et, en juin i8i5,
clles se renconlrerent sur les bords du liio Tumho. Le P. Plaza, ayanl
reuni plus de i3o families Piros , fonda le Pueblo de Santa Rosa
ou Lima Rosa, par 10" 3o' de lat. et 3oi" 4-o' <lc long, de I'lle
de Fer, pros le confluent du Rio J ambo avec le Paru, Yami ou
Yan atiri.
Afm de proteger cet etablissement, on construlsit , en 181 5, le
fort de S. Buenaventura de Cbavini , sur les ruiues des auciennes
missions de ce iioni , vers le 11° 4-*^'' fl<^ 1^*- ^^ 1*^ 3o2° 24' de long.
de Tile de Fer , et dans lequel on reunit les garnisons de Uchi-
bamba , Canas et Andamarca.
Les tribus eparses sur les bords de I'Ucayale et de ses affluens ,
sont :
Les Mayoruiuis , qui occupent Tangle forme par I'Ucayale el le
Maranon ; celte tribu est la plus nombreuse et merite , a propre-
ment dire , le nom de nation , ayanl un idiome entierement diffe-
rent de celui des autres peuplades. lis sont dociles etindustrieux.
Leurs voisins , au sud , sont les Capanaguas ou Busquipanes ,
qu on essaya de reunir dans le commencement de 181 7 ; mais une
52
dpith'-mie s'clant declarec , ils rotouriicient ;'i Icurs villages, ou Ran'
citerias. lis vonl enlieremciil iius, el parlciil un dialecle compris
par ceiix qui savent la languc Piina.
On a des renscigiiomcns sur une aulre nation encore plus nom-
breuse, habitant les bords d'une riviere aussi grande que I'Ucayale,
qui coule a Test de celte dcniicre riviere nord ct sud. Cettetribu
est voisine de ccUe des Sencis qui sont dociles , reconnaissans ,
d'une humeur gaie et d'une physionoinic agreablc. Coinnie !es
Capanaliuas , ils sont enlierenient nus , sans distinction de sexe.
Les Rtmos, qui s'elendent vers le Cerros de Canchaguaya , prcs
d'Abavau, vlvenl dans I'interieur des monlagnes , et viennenl
rarement a rUcayaie.
Les Amahuacus occupent tout le pays enlre les grandes rivieres
Cuja ou Ucaii , et les aflluens iamaya et Sipahua ; ils sont dun
caractere doux.
Toules lesiribus ci-dessus sont sur la droile de I'Ucayale ; sur la
rive gauche sont les suivaiites :
Les Hotenlots ou Phiahuas , dont le veritable nom est Inconnu;
leur malproprete et leurs niceurs les onl fait comparer aux Hot-
tentots d'Afrique. Les Panos les appellent Puinahury , ce qui est
une expression indecenle. En 18 n , on les decouvrit par hasard ;
ils frequenterent quelque lenqjs les missions , el finirent par flis-
paraitre entierement.
Les Maparis vivaient jadis enlre I'Ucayale et I'lluallaga. Ils out
etc vus ensuite sur le cheniin royal de Saula Calalina al (^hipurana.
lis sont paisibles ct n'onl jamais fait de rnal aux missiouuaires.
Les Setebos vivent dans le Sarayacu. Le Pana est leur idiome
natif , ol ils parlent la langue gencralc de I'lnca.
Les S/iifjios , qui s'etendent par le Pisqui depuis la reduction de
Charasma, habitaient d'abord les bords de I'Aguaitia; mais ayant
eU; chasscs par les Cashibos, ils vinrent aUcayale pour sunir avec
les Cunibos. Us sonl scricux et ausl»;res , el parlenl la langue Pana
avec quelques variations. , ,
53
Les Plios occupent le rcsle de I'Ucayale el le bord du Pam-
Yanti ou Yaiialari , jusqu'a I'endroit ou cclte dernlere riviere est
navigable. Un grand nonibre babite aussi ies bords de la Cuja,
qu'on suppose etre le Paucartainbo ou Beni , ou peut-etre la memc
riviere que Ies Portugais appellent le Yavari. Les Cunibos prelen-
dent qu'elle conununique avcc TUcayale par El Cdiio ou KIo
Tamava.
L,es Cushidos , nation ferocc , la terrcur de TUcayale, sont dis-
perses le long des Rios Pacbiter, Sipiria et Aguaitia , et pres des
rives de I'Ucayale. lis sonl Ires-difficiles a soumettre , et regardes
comme antropopbages ; toutes les expeditions cnvoyees conire
eux ont ete sans succes. lis parlent la iangue Pana , avec quelques
variantes.
Les Campus, Aiitis ou Andes s'etendeut des frontieres de Cusco
a celles de Tarma , et se diviscnt en plusieurs tribus. Dans celle
nation sont compris quelques sauvages vivant isoles et sans com-
munication sur les bords du Tambo, depuis Sisipaqui jusqu'a Jesus-
Maria ; les idolatres pres le nouvel etablissemcnt de Cbavini ,
ceuK d'Eni et Pereni de la Sal, et les restes dos 28 tribus, de-
truites en ly^S. Leur idiome differe entierement de celui des
aulres tribus. Quoique chacune d'elles prenne le titre de nation ,
elles ne sont reellemeiit quo cinq , dont le langage est distinct , el
qui vivent sur les bords <le rUcayale et de ses affluens.
Principales rivieres des Missions.
UUcayale, grand aflluent du Maranon , dans lequel il se jetle
par le 4-" i4' de lat. et le 3o5° 2'j' de long, de I'ile de Fer. D'abord
appele Jiicayale , qui, dans la Iangue Omagua, signifie riviere des
Ennemis ( Rio de Encmigos), il prend son nom a parlir du point
de jouction du Parobeni et du Tambo , dont il est forme.
Le Parobeni, qui, dans la Iangue des Piros , est le meme que le
Rio Puro , prend sa source non loin de Cusco , et penetrant dans
les montagnes par la vallee de Santa Ana , se dirige vers le nord ,
sans s'approcher du Maranon , exceple dans une grandc valicc
siluee dans la Painpa del Sacramento ; perd son noni a son con-
liiicnt avec le Tambo , et prend celui d'Ucavale au lo" 3i' de lat.
et 3o4" 36' de la ni^me longitude.
Le 7a/n^o prend ce nom vers le i5° 70' de lat. etle 3o3° 3o' de
long. II est forme par TApurlmac , la Pangoa etle Chanchamayo;
perd son nom a son confluent avec le Parobeni.
L.\lf)iirimnr , riviere tres-connue du Perou , entre dans les mon-
tagnes par les missions de Huanta el le paysdes Antis ou Campas ;
s'unit avec la Jauja vers le 12° de lat. et le 3o3" 4' tl<-' long.
La Fangou s'unit avec la Marameric par ii" ig' de lat. et 3o3 ■
3o' de long. , d'ou elle prend son nom ; eiie se dirige ensuite N. E.
avec le Chanchamayo , par le 10'^ 45' de lat. et 303" 25' de long.
La Marameric prend sa source dans la Vuquerla de San Miguel, a
5 lieuesE. de Andamarca, traverse les montagnes , revolt les eaux
de differens ruisseaux, et coulant au JN. E., elle va se joindre avec
la Pangoa , et perd son nom a cetle joncllon.
Le Chanchamayo prend sa source prcs Tarma, se dirige au N.
N. E. vers le 1 1 ° 20' de lat. ; incline a Test pres de la Sal , et coule
ensuite directement a Test jusqu'a son couduent avec les diverses
rivieres qui forment le Tambo. Sur les Lords de cetle derniere
riviere et ses affluens , etaient les anciennes Missions del Cerro de
la Sill , detruites lors de la revoke de Juan Santos Atahualpa (i).
■ . . ■ w.
(i) ElPeruano. 28 juin 1826. N" 8.
ij juillel. . .... .<i^-f^3.
■9 «4-
2(> 17.
Lima, Impretita del Eslado.
JoURTSAl, of an finbiissy fium the governor - general of [ndui, lo tfie
courts of Siavi and Cochinchina , by Jolui Cravvfurd , Jisq.
F. R. S., F. L. S., F. Ct. S., elc. London, 1828.
.loiuiKil tl'uiie ambassacle envoye'c par le gouverneur - general ile I'liide aux
couis de Siain et de Cr.cliincliine, par Jolin Crawiiird, membrc de la
Socie'te royale., de la Soclt'tu linin-eiine et de celle dc geologle , iin vol.
iu-4°, tio6 pages, Londres, 1828.
Ce volume ne peut maiicjuer dc conlribuer essenliellement aux
jnogrcs dc la geographic el dc la statistlque ; on y Irouve en
cHct unc des relations ies plus inleressantes dont nous ayons eu
a rcndre coniple depuis quelque temps. ,,;,j j
Vers la fm de 1821 , lorsque le marquis d'Hasliiigs elail gouver-
neur-general de Tlnde, il tut rcsolu par Ics autorites locales d'ou-
vrlr unc negociation avec Ies deux puissanles monarchies de Siam
el de la Cochinchine, afm de rcnouveler Ies relations qui avaient
anterieurement existe enlre Ics sujcts de ces etats eljia compagnic.
Atteindre cc but, c'etait se menager unc foule d'avantages com.-
mcrcianx et politiques. M, Cra\vfurd fut choisi pour clict" dc cetle
ambassade.
II quitta Calculta le 21 novcmbrc 1821, ct s'embarqua sur le
vaisseau de la compagnic le Jo/m yldam, duport dc 38o lonneau'i.
11 avail avec lui le capitaine DangcrKeld, destine a lui succeder en
cas d'accident; le lieutenant Ruterford, de Tarmee de I'lnde, a l,<
itUe d'une escorte de trente sipays , et M. Fiulayson , en qualite de
uiedecin et de naturaliste dc I'expedition. FauSe de vent et a cause
des dil'ficultes de la navigation du Gauge, il fallut sept jours a nos
voyageurs pour parcourir la partie du Oeuve appelee le Reef -Buoy,
derniere limilc oil la riviere n'olfrc plus de dangers. Cependant
la distance de Calcutta a cet endroit n'etait que de i4o miiles
(anglais), « Tout vaisseau, remarque M. Grawl'urd, qui tire plus
w de i5 pieds, sous chargement, ne peul naviguer sur le (range
» avec sArete el economic, l^es batimens de la compagnic des lades
» orienlales, ordinairenient(|uport de 1000 a 1200 lonncaux, el '1-
56
» rant au-dela de 22 picds deau, ne sont niillcmont propres a ccllc
" navigation , lis preiincnt \cuv cargalson ;i 100 niiiles cle Calcutta ;
» et, indcpondamiTicnt de cet inconvenient , lis perdcnt cominune-
» ment une parlie de leurs equipages , a cause de la grande insalu-
u brite des stations oil ils sont dans I'usage de s'arreter. « L'ambas-
sade arriva dans la matinee du 1 1 decenibre , a Penang , ou a I'lle
du Prince-de-Galles. Ce lieu ctait aulrefois I'entrepot general d'un
grand commerce avec les conlrces a I est du Bengalc ; mais il a
perdu beaucoup de son importance depuls quelqucs annees. Cette
perte est une consequence de I'acquisition de Singapore par la
compagnie , qui en a juge la situation plus convenable. Aujour-
d'hui Singapore et Malacca dependent de Penang. M. Crawfurd
desapprouve comme inutile I'augmenlatlon des etablissemens civlls
et mllitaires que cet arrangement a occasionnes.
Le 5 Janvier 1822, I'expedltlon quitta Penang, et debarqua le
g dans la plus grande des iles Dinding. On y trouva les ruines du
tort bollandals, exaclement tel qu'Il avail cfe decrit par Dampiere,
qui visita cette place en i68g. M. Finlayson y decouvritun nouvel
epidendrum , avec une tige en fleur, d'envlron 6 pieds de long et
chargee de 90 a 100 fleurs. Le i3 , les voyageurs entrerent dans
les eaux de Malacca, et furent re^us tres-amlcalement par le gou-
vemeur bollandals. La population de cetle presqu'ile , qui n'a point
varle dans les vingt-six dernleres annees, est evaluee a 22,000 ames
environ ; elle se compose en grande parlie de Malals, d'une race
de sauvages appeles Benua et Jacong, au lelnt olii'atre ; de colons
Hindous venus deTelinga, des Holiandais etabils et des descendans
des premiers conquerans portugals. Void ce que M. Crawfurd <lil
de ces dernlers :
cf Les Portugals monfent a ^ocj i's sont tous de la plus basse
» classe; les traits qui distlnguent les Europeens sont encore for-
» tement enipreints chez eux , quolque avec un grand melange de
» sang asialique. II se trouve sans doule parnii eux des descendans
j> en lignc directe de ces gucrriers si fiers, si intolerans ct si braves.
57
» qui combattirent a cole tl' Albuquerque ; niais ils n'oiil cef-
1. lahiement pas herite du caractere de leurs ancelres : c'est aujour-
» d'hui une race timlde , palslble et soundse. Ils nous presentent un
» spectacle bien peu comniun en Orient, celui de gens qui portent
» un nom et un habit europeens, et qui sont livrcs aux plus humbles
» occupations de la vie, car ils etaient employes commc doraes-
)' tiques, journaliers ou peclieurs. »
Apres un repos <le quelques jours , nos voyageurs quitterent Ma-
lacca , continuereatleur voyage; et le 19, a 6 heures dusoir, ils
jeterent Tancre dans la rade de Singapore ou Sincapore , latitude
I" 10' nord, longitude loS" /fo' a Test de Paris. Ce n'etaitque de-
puis environ trols ans que Singapore appartenalt a la compagnie
(anglaise). Pltis tard, M. Crawfurd y fut appele en qualite de re-
sident et gouverneur local. La violence de la mousson de Test y
relint Texpedition plus d'un mois. Enfm on put lever I'ancre le aS
fevrier ; mais il fallut se lenir, par le (ravers de iJorneo , afm d e^^^
chapper a la violence des courans sous I'abri de cette tie. Apres
avoir louche plusieurs petites ilcs sur la cole orientalc du golfe de
Siam , nos navigaleurs se trouverenl enfm, le 22 mars, dans la rade
de Slam ct a I'embouchure de la riviere Menam, sur les bords de
laquelle est balie la vllle de iiang-Kok, capilale du royaume.
Avanl de s'avancer jusqu'a Bang-Kok, on jugea necessaire de
Jeter I'ancre au village de Pak-nam, premiere station sur la riviere,
a deux niilles et demi environ de son embouchure el a unc courte
distance de la barre sur laquelle le valsseau n'avait pu elre mis a
Hot qu'avec une extreme difficulle.
« Ce que nous vimes a Pak-nam , dit M. Crawfurd, n'etait pas
» de nature a nous donner une grande opinion desprogres des Sia-
» mois dans les arts qui contribuent aux besoins et a I'agrement de
>. la vie. La chaumiere d'un paysan anglais comporte plus de jouis-
» sances que la demeure du gouverneur de Pak-nam, lequel, ace qu'on
» nous dit, exer^ait une autorile arbitraire sur 5o,ooo personnes. »
La courde Slam avail d'abord exige le debarquement de I'arlil-
58
lerie aiiglaisc j niais , apr*^s quelques iiegociatiuns , eiie se tlcsista dc
celle prelention. En consequence , le vaisseau conlinua sa route vers
la capitale, ou il arriva le 23 mars. La ville , vue de la riviere, pa-
raissalt elre un ainas de liulles et de cabanes , du milieu desquelles
s'elevaient <les palmiers , des arbres a fruit et les ileclies elancees
et brillanles des nonibrcux temples de liuddha, spectacle vralmeni
singulier.
Le vaisseau , bientot apres son arrivee , fut visite par le fils el le
neveu du prali-klang (ministre des affaires etrangeres). Un repas
leur ayant ete servi a bord, lis maugerent, burent, et mAcherent
du tabacavecune avidite qui n'etonna pas peu leurs Ii6les. Un se-
cretaire vint aussi dans le cours de la jouruec, de la part de Sa
Majeste, afin de faire la description detaillee du cheval anglais des-
tine pour le roi , et qui avait forlement excite sa curiosite. Enfin
arriva une deputation pour recevoir la lettre du gouverneur gene-
ral. Apres Tengagement pris de la repr^senter au moment ou I'am-
bassade serait rcgue a la cour, la lettre fut apportee sur le pont,
et saluee par Tartillerie du vaisseau. L'escorte destince a lacconi-
pagner I'emporta dans un vase d'or, et sous Tabri d'un parasol.
La lettre, comme le rcmarque M. Crawfurd , est consideree dans
! Orient connne la piece la plus iniporlanle de I'ambassade. L'cxa-
men critique auquel on la soumet s'etcnd meme al'envcloppe, ainsi
•[u'a la forme et a la qualite du papier.
La ceremonie de la presentation a la cour ayant ete fixee au
8 avrll , M. Crawfurd et ses amis partirent de leur demcure k
8 heures et demie du matin. Apres avoir traverse plusieurs ap-
partemens, ils arriverent , non sans peine, a I'entree de la sallc
d'audieuce. Parvenus a cellc-ci , ils furent forces d'oter leurs cliaus-
surcs , et de laisscr les liidiens attaches a leur service, aussi bien
que leurs interpretes. La salle , dit M. Crawfurd , elait, a la lettre,
si eijcombree de courtisans couches :\ plat -ventre , (jii il etait dif-
ficile de se remuer sans risquer de marcher a chacjue instant sur
quelques grands fonclioiuiaires d'etat.
^9
L'aspect general de la salle , riiuuible allilude des courtisans ,
la situation du roi et le silence qui regnait dans cette enceinte,
lout presentait un spectacle tres-imposant , ce lieu ressemblail beau-
coup plus a un temple rcmpli de devots en prieres qu'a la salle
d'audience d'un nionarque temporel.
Le roi seinblait avoir de 5o a 60 ans ; il etait d'une petite
taille, et annongait des dispositions a prendre du corps. Ses traits
etaicnt trcs-communs, et decelaient I'indolence et la faiblesse de
son caractere. A la gauche du trone , on avait expose ceux des
presens du gouverneur-general qui etaient susceptibles d'etre trans-
portes. Un secretaire en lut la nomenclature. La lettre du gouver-
neur - general ne fut ni lue ni representee , malgre I'engagement
pris anterieurement a cet egard.
« Les paroles que Sa Majeste siamoise condescendit a nous adres-
» ser, dit M. Cravvfurd, furcnt prononcees d'une maniere grave ,
;• mesuree el d'un ton d' oracle. Un des premiers officiers les Irans-
» mettait a une personne d'un rang inferieur, et cette derniere au
» ko-chai-sohak, qui etait derriere nous , et les expliquait en langue
» malaise. Voici, telles qu'elles nous furent rendues, les questions
» proposees : Le gouverneur-general de I'inde (litteralement en
" siamois, le lord, c'est-a-dire , gouverneur du Bengale), vous a
» envoyes a Siam ; quel est voire buti' La reponse fut une courte
)> explication de Tobjet de I'ambassade. — Le roi d'Angleterre
>y a - t - il connaissance de voire envoi .^ Le gouverneur-general
» de I'lnde est - il frere du roi d'Angleterre ? Quelle difference y
» a-l-il entre I'age du roi et celui du gouverneur-general ' Le gou-
» verneur- general de I'lnde etait- il en bonne sante lorsque vous
» avez quitte le Bengale ? Ou vous proposez-vous d'aller apres avoir
» quitte Siam? La paix est- elle votre but dans tons les pays que
» vous jugez convenable de parcourir? Avez-vous intention de voya-
>• ger par terre ou par eau , de Siam a Turan i' Est - il dans vos
:» projets de visiter Hue , capitale de la Cochinchine i' Apres les
» reponses a ces diverses demandes, Sa Majeste finit par ces pa-
6o
» roles : Je suis bien aise de voir un cnvoyti dii gouverncar-genc-
» ral <k' llndc. Quelque chose que vous ayez a dire, donnez-en
» communication au minisire Suri-W^ung-Cosa. Cc que nous al-
» tendons principalcmcnt de vous, ce sont des armcs a feu.
>• Durant Taudiencc, il etait tombe unc forte ondi'-e , el il plcu-
» vail encore lorsqu'elle fat tenninee. Sa Majeste prit de la occa-
» sion de nous presenter a chacun un petit parapluie , el fil donner
» I'ordre de nous laisser voir a noire aise les curiosiles du palais.
» Les cours et les chemins etant tres-humides et tres-sales , a cause
» de la pluie , nous demandAmes tout nalurellement nos chaussures,
» que nous avions laissees a la derniere porle ; niais il etait impos-
» sible de nous accorder cetle faveur , les premiers princes du sang
» n'ayant pas Ic droit de porter des chaussures dans I'cnceinte sa-
» cree ou nous etions. II aurait ete impolilique de monlrer de la
» niauvaise humeur. Nous feigninies done de nous conformer de
» la meilleure grace du monde a cet usage incommode, et nous
» pAmes satisfaire noire curloslte sans reserve. »
Ce ne fut que le i6 avril qu'il fut possible a M. Crawfurd
d'entamer la negociation dont il dtait charg^. II obtint enfm , cc
jour-la, sa premiere audience avec le prah-klang; mais ni ce jour ni
flans aucune autre occasion subsequenle, ils ne pureiil parvenir a
effecluer aurun arrangement definilif sur les points qu'ils eurent a
•liscuter. Les delais iulcrininables de la cour de Siam auraient
ete en tout temps un obstacle a la promple conclusion des affai-
res; mais, dans le cas present, il v avail d'autres difficultes bien
plus insurmonlables. Ce que les Siamois avaienl le plus a cwur, c"e-
tait d'obtenir la promesse que , si on faisail un traite de commerce ,
ils auraient en tout temps le privilege de pouvoir se procurer des
armes a feu et des provisions de guerre dans les ports anglais. Mais
cY'tait une clause que M. (^rawfiu'd eul le regret de ne pouvoir ac-
corder dans toule son elendue. Outre ccUe difliculte , une autre
presque aussi forte contribua a faire echouer la mission de M. Craw-
furd aupres des cours de Siam el de (^ochinchine. Les fiers auto-
crates de ccs deux pays ne voyaicnt qu'avec mc'pris Tambassadeur
du^ouvcmement subordonne de I'lndc. En Cochlncblne, M. Craw-
furd ne fut pas meme admis a la presence du roi; el ni I'un ni
Tautrc monarque ne condescendit a repondre en son propre nom
aux lollies du gouverneur-general. On fut surpris que M. Craw-
furd n'eiil point do lettres do croance du roi d'Anglelerrc lui-mome.
Ce ful pour ce niolif que la cour de Cocbincbine refusa memo de re-
cevoir les prosens envoyes par Ic marquis d'Haslings. A Siam ,
I'oreueil du roi et de ses ministrcs ccda a leur avarice et a leur ra-
pacile; et les presens furent re^us, mais seulement comme tribut
d'un inferieur a son suzerain.
Malgro cos docouragcmens, M. Crawfurd persevera dans ses
efforts pour altelndre aulanl que possible le but de sa mission.
Ce qu'il avail principaloment a coeur, c'elait rabolition du droit
de preemption que Sa Majeste slamoise s'attrlbuait et exer^ait sur
toutes les niarcbandises importees pour etre vendues dans ses etats,
Aprcs plusicurs conferences peu satisfaisantes avec le prab-klang ,
la negociation sc termlna par rultimalum du gouverneur siamols,
savoir : que << les vaisseaux anglais , a leur arrlvee a Tembouchure
>» de la riviere, seraient visiles par le gouverneur de Pak-nam , et
>• que leurs amies et leurs canons seraient debarques , suivant I'an-
>> cienne coulume , qu'ensuite les navires seraient conduits a la
» capilale ; que dos qu'ils seraient a Tancre, le surinlendant de la
» douanc leur prcterait assistance dans leurs achats et leurs venles
» avec les marchands de Siam, et que les droits, ainsi que les
» charges , resteraient les memcs qu'auparavanl. Permis du reste
» aux marchands anglais de vonir a Siam, pour vcndre et achcler,
» confornniirtonl a ce reglement. »
Cetle piece si satisfaisanle et si imporlante avail ete remise a
M. Crawfurd le 12 juin. Cependant ce tie fut que vers !e milieu
de juillet que Total de la barre de la riviere permit au vaisT-.
seau de parlir. Depuis ce moment jusque vers le milieu d'aout,
!o temps fut employe a faire le voyage de Siam a Saigun , premier
C,2
jiorl (le Cocliincliine. Ayaiit allciiit la poiiilo <lc Kaiidyn, a rcm-
bouchmc de la riviere <le Saiguii, Ics voyageurs furent visites par
Ic mandarin de ce lieu, qui leur fit I'accuell Ic plus hospitalier ,
apres qu'ils eurent descendu a terre. Laissant la le vaisseau ,
M. Crawfurd et M. Finlayson, avec une suite de trente domes-
tiques , renioulerent la riviere en bateau, jusqu'a Saigun , on ils
arriverent dans la matinee du 2(). lei ils eprouverent une diffi-
culle iniprevue. Le gouverneur de la Basse Cochinchine insista
pour voir la iellre du gouverneur -general au roi ; ct pour le safis-
faire, il ne lui fallait rien moins que I'original, qui par mallicur
avait ete laisse sur le vaisseau a Kandyu. On ful done oblige de I'en-
voyer chercher. Cetle leltre fut I'objet de beaucoup de criliques de
la part des mandarins, par rapport aux tilres qu'on y donnait au roi
de la Cochinchine.
Ayant ete honore de Faudience <lu gouverneur , M. Crawfurd
quilta Saigun le 3 seplcmbre. Apres une navigation de quelques
heures , il regagna son navire , et il contlnua son voyage , le
long des cotes occldentales de la peninsule , vers Hue , capitale du
royaume. Le i5, il entra dans le port de Turan. II y laissa le na-
vire ; el accompagne seulemenl de M. Finlayson et d'une douzainc
de personnes, il s'embarqua, peu de jours apres, a bord de deux
galeres fournies par le gouvernement. Apres un court voyage , il
arriva a sa deslinalion. La premiere chose dont les aulorites s'oc- ^
cuperent ici fut, comme a I'ordinaire, la lettre du gouverneur-
general. Malgre ses efforls, M. Crawfurd n'eut point I'bonneur
d'etre presenle a la cour. Le ministre promit seulement de faire
connaitre son desir a Sa Majeste. « 11 est naturei, dit-il en sou-
« riant, que vous meltiez tant de prIx a I'honneur d'etre presente
»> a un si grand roi. »
Deux ou Irois jours apres, les voyageurs eureul la liberie d'aller
partout ou 11 leur plalrall. lis ne purenl voir sans luterel les forti-
fications clevees sous la surveillance du precedent roi , qui avait etc
instruit et guide par quelques ingdnieurs fran^jais. Les defenses au-
G3
lour tie la ville, les casernes, el prliicipalcmenl I'arsenal, loutleur
parut construit d'apres les meilleurs principes, et entretenu tlans
un ordre admirable. Nos voyageurs font les memes elogcs des rou-
tes , des ponts et des canaux, dans les environs.
Les gastronomes de Hue ont un mels favori fort singulier : ce
sont des wufs broullles dune nouvclie espece. On fait couver les
ceufs; et apres qu'ils ont cte dix a douze jours sous la poule, lis
sont reputes Lons a manger. Sa Majesle cocliinchlnoise en envoya
aux Anglais, dans les derniers jours de leur residence dans la
capltale.
Les presens envoyes par le gouverneur7general n'ayant pas ete
acceptes par le gouvernement coclilnchinois , M. Crawfurd crut de-
voir refuser ceux de ce gouvernement. Ce fut un pretexte pour ce
dernier de refuser de remetlre a I'ambassade une lettre du roi pour
le gouverneur - general. M. Crawfurd fut done oblige , comme a
Slam , de se contenter dune simple lettre du minlstre. A I'egard des
relations conmierclales , Sa Majesle daigna permettre aux vaisseaux
anglais de frequenter Saigun, Han ou Turan, ainsi que Falfo et
la capltale.
L'expedlllon quitta Hue le 17 octobre ; et, s'ctant rendue par
terre a Turan, elle s'y embarqua, arriva a Singapore le 16 no-
vembre, el a Calcutta le ig du mois sulvant. M. Crawfurd rendi!
conipte de sa mission au marquis d'Hastings, qui etait sur le point
de partir pour retourner en Angleterre. Le gouverneur , ainsi que
son successeur immediat, feu M. Acland , approuverent sans re-
serve la condulte sage el retjecble de M. Crawfurd, au milieu de
circonstances difficlles et embarrassanles.
Pendant la derniere guerre des iilnnans, on envova une nou-
velle ambassade; mais elle n'eut pas plus de succes que celle donl
nous venons de donner une esquisse. Les tentatlves de certains ca-
pitalistes anglais pour former des relations commerciales avec ce
pays, par renlreinise <les negocians de Singapore, peuvent etre
regardees comme ayanl complelement eclioue ; resultat qu'on pou-
64
vait priivoir, dapres la jalousie el Ic caraclcro iiilrailablc <lu f'Oii-
verneincnl, etles roslrlcllons oiicrcuses auxquelles resle expose loul
commerce etranger dans les ports de ce royaume. M. Crawfurd
pense que si jamais on essaye d'etablir des rapports commerclaux
avec Siam ou la Cochinchine, il faut le faire seulemenl par Ic moyen
des jonques chinoises; cardans le fait, dlt-il, les habitans de la Chine
sont les seuls elrangers pour lesqucls ces deml-barbares ne mon-
trent ni aversion ni mepris. Les niouarques de ces deux conlrees
regardcnt le roi de la Chine en quelque sorte comme leur suze-
rain. Quant aux aulres souveraius, ils les considerent tous conune
leurs inferieurs , pour ne pas dire leurs vassaux. La rdvolution de
France et d'aulres motifs avaient determine beaucoup de Fran^ais
a partir pour la Cochinchine, oii ils acquirent bicnlot une influence
puissante a la cour. Us sont revenus presque tous dans leur patrie,
depuis que les circonstances ont change; mais les liaisons qui out
etc formees enlre les Fran^ais el les Cochinchinois pourraient sc
relablir dans le cas dune guerre entrc la France et I'Augletcrre ,
et devenir dangereuses, dit M. Crawfurd, pour le commerce des
Anglais avec la Chine.
L'empire siamois se compose aujourd'hui de Slam propremcnl
dite, dune grande partie de Lao, dune portion de Camboje el de
certains elats malais devenus ses Iributaircs. On peut considerer
cet etat comme comprls cntre le B'^ et le 21*= degre dc latiludc nord ,
et entrc le gg et 107 degre de longilude a I'est dc Paris. Sa surface
peut s'cvaluer a igo,ooo miiles geographiques carrc's ( le mille
lineairc de 20 au degre ). II csl impossible de determiner exacte-
ment sa population ; mais M, Crawfurd pense qu'on peut la porter
a environ deux millions huit cent mille individus , panni lesquels
on ne compte qu'environ douze cent soixante mille Siamois. Le
resle se compose de gens de Lao , de Pegnans , CamboVens , de
Malais, de Chinois(au nombre d'environ 4/(.o,ooo), de nalurels
dc la parlic occidenlale de I'lnde, et de deux mille in<livi<lus qui
descendent des Portugais.
65
Les Siainois sont d'un brun-clair ; k;inte plus foncee que cellc
des Chinois , mais ii'approchaiit jamais An noir du negre africain
ou dc I'Hindou. lis sonl plus pelits de taillc que les Hiiidous, les
Chinois ou les Europeens , mais plus grands que les Malais. Leur
physionomie repand sur tout leur exlerieur une teinte de tristesse et
de chagrin. "Tel est, dil M. Crawfurd, le jugement d'unEuropeen,
» et tel seraitsans doute aussi celui d'un nalurel de I'AsIe occidentale;
» mais il est necessaire d'ajouter que les Siamois , vains en toute
» chose, out une idee de Leaute , qui leur est propre et qu'i's ne
» sontnullenient disposes a respecter notre opinion a cet egard. Je
« montraiun jour a qiielques Siamois de Calcutta une jeune et hel.'c
» Anglaise , etje temoignai le dcsir desavoir ce qu'ils en pensaieni.
» lis me. repondlrent que je verrais de plus belles personnes quand
» j'irais a Siam ! La Loubcrc raconte qu'ayant montre aux Siamois
» les portraits de quelques beautes celebrcs de la cour de Louis XIV,
» il fut force de reconnaitre qu'ils n'avaleni excite aucune admira-
>. tion. LTne grande poupee qu'il leur fit voir fut plus de leur goAt ,
» et un jeune mandarin qui jugeait du beau sexe a la maniere des
» Siamois, dit qu'une femme de cette tournure vaudrait a Siam
» 5ooo couronncs (i5,ooo Jiv. sulvant la Loubere en 1687 ). »
L'babillement des Siamois conslste simplement en une toile de
soie ou de coton , de cinq a sept coudees de long , passee autour des
reins et des cuisses ; le reste du corps est lalsse entlereraent nu. C^uel-
quefois une autre echarpe plus ctroite se porte en forme de ceinture
ou est jetiie ncgligemment sur les cpaules. Leur coulcur favorite est
le noir. Le blanc est reserve pour le deuil. II n'y a gueres que les
enfans qui portent des bijoux. Les Siamois , comme les Chinois ,
laissent croitre leurs ongles, qui devlennent d'une longueur deme-
suree ; comme lis out, contra les denis blanches, les prejuges
communs aux Orientaux , lis sont dans Thabitude de les teindre de
bonne Iieure avec une encre indeliibile. lis macheut du tabac mo-
deremeut, mais ils en fument sans cesse. Cts pcuples surpasseni
meme les Malais dans la consonmiation qu'ils font de Tareca et <lc
5
66
la racine dc bclel. La ceremonic iln mariage panni les Siamois csl
la plus simple possible ; mais ils inellent beaucoup de formalile et de
pompc dans leurs fiiuerallles. lis brAlent Icurs morfs ; mois ils n'im-
luoient jamais de viclimes vivantes sur Ics buchcrs dc ces derniers.
Les Siamois n'ont fait presque aucun progres dans les arts in-
duslriels ou llbcraux. Les seuls mccaniclens de quelqu'babillte
parmi eux , sont des Ghinois ou des Cocliiiicliinois. C'est de la
Chine quils tirent presque tous leurs usiensiles de zinc et de cuivre
jaune. Les armcs a feu leur vienneut d'Kurope. Les feumies seules
travaillcnt la soic et le coton , et le font a.vcc tres-peu d'habilete. Ils
fabriquent eus-miimes une poterie grossicre ; mais loule leur por-
celaine esi importee de la Chine. Leurs habitations , en general ,
sont biities simplement de bambous , et couvertes avec la feuille du
palmier Nipa. ()uelques maisons , dans la capitale seulement , sont
construites de briques et dc morlier , et recouvertes d'une toiture
en tuiles. Les voillcs scmblenl inconnues chez eux. Leurs ponts ,
menie dans la capitale , se rcduiscnl a une simple planchc. Les
commu^cations qui sont nombreuses et (5tenducs se font par eau
presque partoiit. Leurs temples , les plus imporlans de leurs
edifices, sont balis dc briqaes et de morlier, et decores avec le
plus grand soln. L'arl du staluaire est borne chez eux a la fabri-
cation de figures de Budha, qu'ils fontd'une composition de plAtre,
de reslne, d'buile et de polls baches, et qu'ils recouvrcnt de vernis
et d'une couclic cpalsse de dorure , pour cachcr les defauts. Favo-
rlses par le sol et le climat , ils recuelllent beaucoup de grains , dc
Sucre et de poivre , sans etre toutefois fort habiles en agriculture.
A la verite, ce sont des Chinois qui cultlvent cxcluslvement lesucre
et ic polvrc. Le pays produit aussi beaucoup d'huile el de sel.
L'instruction est rare paiTnl les Siamois. Tons les medecins
praticiens sont Chinois ou Cochinchlnols : la divination et I'astro-
nomie sont du ressort de quelqucs brahmins ^tablis dans le pays.
L'annee slamoise est solaire ; cl se compose de douze mois,
auxquels on ajoule un mois inlercalaire de 3o jours, chaque Iroi-
sieme anncc (i). Leur seniaine est de sept jours; chaque jour com-
menijant au coucher du solell , est parlage en seize veilles. Leur
garde-leinps (chroaometre , horloge ou clepsydre ) , est le m^me
apparei! qui est en usage chez les Hindous , c'est-a-dire , une coupe
percee au fond, et placee dans un vase plein d'eau. Ilsdivisent aussi
le temps en cycles de douzc et de soixante aus. lis ont deux epoques,
une sacree qui date de la mort de Gautama, et une populaire, a
compter de rinlroduction du culte de Budha , a Siam. L'annee com-
men(;ant avecle ii avril i822etait, sulvantla premiere maniere de
compler , la 2366^ de la chronologic siamoise ; elle en etait la
1184" selon I'autre ere. Les Slamois savent peu d'arllhmetique ;
et calculent a la maniere des Chinois. lis connaissent le systeme
de la numeration decimale , leur monuaie courante consiste seu-
lement en co-.vries et en quelques pieces d'argent (2).
(i) On doit au cclebre Dominique Cassini un Me'moire fort curieux sur
1'astrononiie sinmoise , voy. a ce sujet , 1° Le voyage de La Loubere a Siam ,
i<^ vol. ; 2" Les me'moires de I'Acade'mie des sciences, tome viii ; et 3° L'astro-
nomie indienne , de Baill3^
Suivant Cassini, Pe'poque recente des Siamois commence le 11 mars 638 de
notre erevulgaire, tandisque IVpoqiie ancienne remonte a 544 ans avant J.-C.
L'anne'e siamoise est luni-solaire , ayant tantot 12 mois , et tanlot i3, selon
qu'elle est commune ou embolismique. Chaque mois lunaire est cense' de 3o
jours , mais ces jours que Cassini nomme jours artificiels , sonl plus courts
que les jours naturels qui se complcnt d'un midi au suivant ; sept^cent trois
jours lunaircs , ou artificiels font 632 jours solaires et 235 mois lunaires
egalent ig revolutions du soleil. II suitde la que le mois lunaire evalue' en jours
naturels , est de 29 jours 12 heures 44' -" ^■^"' 22"" , et que la re'volution du
soleil se fait en 365 jours 5 heures 55' i4" environ; c'est a peu pres l'anne'e
d'Hipparque et de Ptoleme'e. M. Crawfurd ne s'accorde pas, a cet e'gard ,
entierement avec Cassini. -A^- du R.
(2) Cowries, espece de petiles coquiUes employees coKime monnaie dans
quelques parlies des Indes orieutales , et de I'Afrique.
3Ionna!es actucUes de. Siam scion Kelly :
ISIonnaics de comptc : les comptes sc tiennent en catlys-, tales , tlcals ou
68
Les Siamois nc savcnl que peu de chose des pays (-trangers ; les
seuls noms de peuples oii dc ronlrocs quils connaissent, hors de la
partie du globe quils habilent , sont : Hua-Prek (TAfrique) ; Fa-
rang ( TEurope ) ; Fraugsit ( la France) ; W Ulande (la Hollande ) ;
Angkrit (I'Angleterre) et Morkan (les Elats-Unis. lis liaVssent les
voyages de mer, et Tesprit de leurs institutions repousse loute liai-
son avec les etrangers.
Leur musique est plus agrcablc a une oreille curopeenne que
celle de tout autre peuplc de TOrient, exceptc peut-etre celle des
Turcs et des Pcrsans. Leurs melodies sont vives et animees , el
ressemblcnt a cellcs des Ecossais et des Irlandais. lis out beaucoup
d'iuslruinens a vent et a cordes. L'alpliabet siamois sc compose
de trente-neuf consonnes, outre un grand nombre de voyelles. lis
ecrivent de gauche a droile ; les regies de leur grammaire sont
fort simples. Leur lilterature est pauvre et sans intcrel; leurs com-
positions , excepte les ecrits epistolaires, sont toutes en vers et dune
simplicite de stvle qui n'offre point ces melaphores liardies et ces
tournures hyperboliques des langues orientales. La langue du pays est
la scule en usage dans les chansons , les romances et les chroniques
uationales ; tous leurs livres religieux sont ecrits en bali conune
dans les aulres contrees de Test oiile buddhisme est la religion do-
minante. Le peuple en general apprend a lire et a ecrire ; mais ce
n'est que dune maniere fort imparfaite.
M. Crawfurd ne rend pas un compte Ires-favorable du caracterc
des Siamois en general. « A en juger , dit-il , d'apres ceux avec
» lesquels j'ai eu des relations, je n'hesite point a confinncrce que
» les Europeens ont souverit assure savoir : que les Siamois sont
tuals , miams ; foiiangs it cowries. Le catty -i^ 20 tales ; la tale =r 4 ticals on
16 miams , oii 32 f jiiaii{;s. J.e fouang — 800 cowries.
Lesmonnaies re'ellcs sont les ticals dW , les ticals d'argent , les miains ,
les fouangs et les sompaies. Le tical d'or = 10 ticals d'argent. Le sonipaie —
le quart dii fonnrg ; le tical d'argeiit =29 a oodeniersslcrl. =: 2 fr. 98 cent, a
^'f'-o'j- N. du n.
69
» lainpans , paresseux , avides jusqu'a la rapacite , sans delicalesse,
» pusillariiincs el vains jusqu'a Textravagance ! D'un autre cole on
» rcconnait qu'en general lis sont temperans et abstemes ; faciles
» a calmer, paisibles el dociles. Les affeclions de tauiille out beau-
» coup de force paniii euK , el le devoir filial esl regarde comme
» uiie obligation religieusc. I-es femmes ne sont point renfermees
» comme dans d'autres coiilrces orientales ; mais elles ne paraissent
>. pas Irailees avcc beaucoup de respect, et leur vcrlu ne jouit pas
» d'une haule estime. Citons texluellement M. Crawfurd.
» La servilile chez les Siamois esl , comme on dcvait s'y atlen-
» dre , une consequence necessaire du despotisnic rigide sous le
» poids duquel ils sont courbes. La subordination des rangs est
» rigoureusement etablic a Siam , au point de faire disparaflre
» toule apparence d'egalite , et consequemment toute vral^ poli-
» tessc. lia coaduite des Siamois , envers leurs superieurs , est ab-
» jecte au dernier point , tandis qu'ils sont dedaigneux et inso-
» lens envers leurs inferieurs. Ce caractere semble en effet im-
» priuie dans tous leurs acles exterieurs. Leur gaile n'est jamais
» gracieuse ou franclie comme celle des tribus mililaires de TAsic
» occidenlale ; elle est au contraire ignoble et grossi<^re comme
>» celle dun etre bas et rampant. Peul-etre aussi que les attitudes
» par lesquelles se manlfeste la soumission envers les superieurs
» conlribuent-elles a bannir I'alsance , dans les relations sociales,
)> et il semble en effet Impossible d'associer la moindrc elegance dans
» lesmanieres, meme superficiclle avec la pratique habituellede ram-
» per sur les genoux ou sur les coudes, en frappant de la tele conlrc
» terre. Nous eumes 1 occasion d'observer I'effctde celtepralique sur
» les personnes de notre connaissance, dont les genoux el les coudes
i> etaient converts d'escarres noires et indelebiles. Le prah-klang
» surlout offrait des traces frappantes de c«s proslernalions, qu'il
« etait oblige de repeter au nioins deux fois par jour au palais ! »
Voici mainlenant queiques notions sur la Cochinchine. Le
royamc de cc nom se compose de la Cochinchiuc proprement dite,
70
flc Tonquin , et (Vune parllc <le rancien royaume de CamLoge. ll
s'ctend prcsquc depuls le 8"= jusqu'au 23*= degre de latitude nord , et
sa largeur de Test a Touest varie de 60 a 180 milles ( anglais). Sa
surface peut s'evaluer a environ g8,ooo milles carres, et la popula-
tion n'excede probablcment pas de beaucoup cinq millions.
La religion clirelienne introduite dans le pays vers I'annce
1624 , par les Jesuites porlugais venus de Macao , n'a fait aucun
progres sensible dans ces derniers temps. Ce qui en elle conlrarie
le plus, dil-on , les moeurs et les babitudes des Cocbincbinois , c'est
qu'elle interdit la polygamic.
Les Cocbincbinois d'origine Anam sont de pctits hommcs trapus
et malfails. Leur conlenance decele neanmoins un air de gatle et
de bonne humeur. Les femmes parurenl a noire auteur beaucoup
mieux faites et generalement plus belles que les bommes.
Le progres des Cocbincbinois dans les arts utiles sont plus con-
siderables que ceux des Siamois ; les premiers nxoltent des cotons
en abondance et de bonne qualile. Us onl aussi porte fort loin
Tart d'elever les vers-a-soie , et d'en tisser le fil. La manufacture de
laqueparlaq.uelle leTonquIn a ele long-temps celebre est encore en
activilc. Cependant malgrc tons leurs efforts c'esl blen plus I'esprit
d'imilation que celui d'invention et de perfeclionnenient qui ca-
racterjse le genie de ces peoples dans les arts.
La langue anam ( cocbincbinoise ) est toute en monosyllabes ;
par sa construction et son caraclere , en general , elle ressemblc aux
dialectes des provinces de la Chine. Le peuple qui n'a point de lilte-
rature qui lui soil proprc ; re^oit tousses livrcsdes Chinois.
Ij'babillemcnt est a peu pres le meme pour les deux sexes. Us
portent des turbans arranges avec beaucoup de soin.
On represente les Cocbincbinois coumie etant doux et dociles.
Les classes inferieures sont meme remarquables par la vivacite et la
gaite de leur caractere. Malgre leurs frequentes ablutions, ils sont
malpropres en general. Leur linge surtout scmble n'etre pas lave.
I^ul proprcle, nul cboix dans leurs alimens.Des oeufs a demi-couves,
7»
comine on I'a dit plus haul , sont leurs mels favorls ; et la verniinc
ineme leur serl quelquefois fl'allniens. La sauce qu'ils aiment le plus
sc fait avec du poisson pulrefie , assaisonnemeut detestable , sous le
double rapport du goAl et de I'odeur infecte qu'il exhale. A I'exem-
ple des Siainois leurs voisins, ils se regardent comme le premier
peuple du monde; cependarit jiullc nation n'est tenue dans un clat
d'esclavage plus abject par ses gouvernans. Les senliniens religieux
sont nuls chez les Cocbinchinois , et quoiqu'il y ait quelques pretres
parniieux , ils semblent inoinsles considerer comine des ministres
de la religion que comme des diseurs de bonne aventure.
En terminant cet article auquel nous regrettons, pour les mo-
tifs allegues dans noire dernier numcro , de ne pouvoir donner
plus d'elendue. Nous annongons, d'apres les journaux anglais, la
publication tres-prochainc du journal d'une ambassade du m^me
M. Cravvfurd a la cour d'Ava. E — i.
Les Khyangs d'Arakan, (Exlrail de la gazette de Calcutta ,
II fevrier 1828.)
En decembre dernier , le sous - commissaire d'Arakan fit une
excursion a la foire de Talak et aux sources de la riviere de ce nom.
Cette course a jet^ beaucoup de lumiere sur le caractere et les
moeurs des habitans de cette province. Le passage en bateau d'Akyab a
Talak employa quatre jours, el on eul la satisfaction de reconnaitre
que^plusieurs pctlts villages s'etaient recemment formes sur les deux
rives de la riviere. Le village de Talak , etant lui - memo fort
augmente , faisait un commerce considerable avec les habitans du
versant oppose des monts Yoomadong. Ces pcuples apportent a
Talak difterens objels, tels quesoiesbirmeses, lerre japonnaise, ou
a porcelaine, colon el til de colon, boites du Japon , et quelques
llngols qu'on echange centre des niarchandises anglaises , du be-
tel , cic. Environ i5o jeunes boeufs charges avec les marchandises
cl-dessus menlionnees , etaient parvenus des hauteurs d'Irrawaddy
quelques jours avanl I'arrivec du commissaire. Les marchands
72
njanl lermine leur veiile, se disposaicut a s'en relouiner. Le gou-
verncmeiit Birinaii a inallicureuscmcnl adople ties iiiesurcs qui
leiulenl a gcncr le coiniuerce en elablissant sur le tole oppose des
montagnes, des douanes qui levent une laxe de lo pour cent en
especes surtous les oLjels dimporlation et d'exporlalion.
Les habitans de Talak supposaient que la riviere nest pas navi-
;^ablc au-dela de la premiere cliaine des Yoomadong , cliaine dite
L^hoongadong , niais le coniinissaire crut devoir s'assurcr du fait
comnie faisant parlic de scs fonclions pour enlretenir des relations
ainicalt'S avec les tribiis des montagnes. 11 etail accompagne d uii
ciicfmontagnardnommeTongrabo, suividune vinglaine de sesgens.
lis se mirent tous en roule le 4 , ct le 5 arrlverent au cimetiere des
Kbyangs , silue au bord d lui petit ruisseau qui Iduibc dans la riviere
de Talak. Tongrabo leur apprit qu'on deposail dans cc lieu les cen-
dres de tous les Kbyangs de sa caste , et en effet on y trouva
plusieurs vases de terre qui conlenaienl des ossemens et des ceisdres.
^ ingt inilles plus loin , les voyagcurs portes ([uclque temps sur un
courant rapide et pcu profond , y jeterenl I'ancre. Le 7 ils conti-
nuerent leur route , et furent encore portes sur un bas-fond ;
ici les bommcs sautercnt bors du bateau, el le firent avancer a
bras, mais apres I'avoir traine quelque temps, il leur fut absolumcnt
impossible d'aller plus loin Neanmoins ils avaient penetr^ dans la
riviere a environ trente milles plus baut qu'aucun Europecn ne
I'avait encore fait. Ici I'aspcct du pays est extremement agrcste
et romantique. On y trouve un grand nombre d'elepiians dune
grosseur extraordinaire ; nos voyageurs en vircnt six dans le lit
d'un ruisseau qui descendait de la montagne ; un de ces animaux
qui faisait sentinelle donna I'alarme au moment du danger , et ils
disparurent tous aussilot dans les bambous epais qui couvrent le bas
de la montagne sur tous les bords de la riviere. On mesura I'em-
preinfe du pied de Tun de ces quadrupedes , il avait 23 pouces dc
long sur 22 (iC large ; cetle emj)rcinte (ilail marquee dans 1111 sable
diir , et avcc assez d'exaciiludc.
Le conunissairc deputa Tongrabo vers ses Irercs de la montagne
73
pour engager ceux-ci a venlr confe'rer euseinble ; mais ces chefs
n'oserent condescendre a cette demaiide dans la crainte de de-
plaire au Phyng Moosoogrcc, auquel ils palent un Iribut. Cepen-
dant Ton se conccrta et on pril des mcsiires amicales pour garanlir
a I'avenir la souniission el la cooperation des moniagnards dc
ce pays. Tongrabo etait. un des serdars de Khyng-berring, et a la
mort de ce chef entreprenanl , 11 sc refugia a Rainoo , oii 11 reslda
jusqu'al'invasiond'Arakan; a cetle epoquc, ilaccompagna I'armee,
et apres la conquele dc cetle contree , il s'y fixa de uouveau , et re-
prlt les habitudes de ses pcres , sur les bords de la riviere de Talak,
oil il est tres-respecte par sa propre tribu el ses partisans.
\oicl les renselgnemens curieux qu'on obtinl de Tongrabo sur
les coutunies des Khyangs.
Muriage. — Le Khyang , lorsqu'il se marie , envoie en present
a sa pretenciue des cochons, des buffles et des vetemens, selon ses
moyens ; celle-ci rend celte politesse en offrant a son fulur epoux
une lance et une khong ( grande jarre remplie d'une eau-de-vie faile
avec du riz bouiili) pour I'usage de la famille : ces preliminaires
conclus, ils prennent devant temoin Tengagcment de vivre ensem-
ble comme mari el femme , et c'est la en quoi consisle toute la
ceremonie.
Les Khyangs cxercent riiospitalite cntre eux , el chaque fois
que la khong ou la jarre dont nous avons parle ci-dessus , a etc
videe , ils indiquenl par une enlaiille faile sur un petit morceau dc
bambou place dans la parlie apparenle de leur habllation , le ■
nonibre de ces actes d'hospitalite. Autrefois les chefs prelen-
daient avoir un droit sur loutes les jolies femmes de la tribu,
cetle couiume occasionnait souventie mallieurdes vassaux. Ceux-ci,
pour proleger Thonncur de leurs femmes , adopterent i'usage de les
talouer , et cetle couiume devint peu a peu commune a tous les rangs.
En effet , si une fdle venalt h mourir avant que I'operation du la-
touage eAlete faile, les amis regardalcnt conune un devoir de noircir
son visage avec du charhon, avant de livrer son corps aux (lanmies.
74
Lois (lu divorce. — Lorsquc la femine <lcniande la separation , clle
n'est leniie qu'a rendre a son marl Tequlvalcnt en cspeccs des pro-
sens qu'elle en a ro^us avant le contrat , et alors ellc est libre de
former d'autres liens. Mais si le mari fait cette demande , il doit
donner a la femme toutcs ses proprietes mobilieres et immobiliercs.
Si les parlies se separcnt d'un mutuel accord, les proprietes sc par-
tagcnt par egale portion , et dans tous les cas , les cnfans sont
donncs scion le sexc , les gargons au mari , et les filles a la fenmie.
Lois pennies. — SI un Khyang tue un liomme de sa tribu , le
kigas ( ou peine du talion) (i) n'est point exige , mais I'accusc est
oblige de donner deux esclaves au plus proche parent du defimt ,
et s'il se trouve dans rimpossibilite de le faire , lui et sa femme
deviennent esclaves. Lorsqu'un Khyang tue un homme d'une
autre tribu, la tribu qui a souffert de ce crime, demande par
rcpresailles la vie de deux bommcs , el si elle ne lui est pas accor-
dee , elle en tire vengeance lorsque Toccasion s'en prescnle.
Ressources. — Les Khyangs sont industrieux , et se llvrent a la
chasse lorsque les travaux de I'agricullure ne les occupent point.
Leurs femmcs sont employees a sarcler les plantations de colon
et de tabac, ou bien a des arts utiles ; tels que filer et tisser. lis
sentent raremcnt le besoin , exceple lorsqu'ils sont cti guerre avec
une tribu volsine; souvent alors leurs villages sont bnMes , et leurs
cultures devastees par les excursions reciproques des deux parlis ,
et tous les individus des deux sexes emmenes en esclavage jusqu'i
ce qu'ils puissent donner une rangon ou etre ecbanges. lis connais-
sent a peine I'usage de I'argent , mals leurs monlagnes produisent
du colon , du labacel du riz en quantile suffisanle pour leurpropre
consommallon. Les rivieres abondent en poisson , et les forels en
gibier. Us out cbcz eux diverses sorles de fruits et le plantain en
arbrc (planlaic tree) enabondance, tous cesavantages leurs donnenl
les movens de paver un rcvcnu considerable a Taulorite elablie.
(i) *sL.s^ (>e mot (|ui est nrabc prouvc que la languc ct la Icj^islation ik-
Malionict SL" soul I'galcment ctcndiics aces conlrees. N. du li.
75
Habitations. — Les villages dont quelques-uns conllennent de
cinquante a cent families, sont chacun sous le coiitrole d'un chef
subalternc. Les cabanes sont elevoes du sol de dlx a quinze pieds
environ. On y entre par le moyen d'une petite eclielle quils rctirent
generalement a la nuit pour prevenir toute surprise. Cinq ou six
families vivcnl ordinairement sous le meme toil, ayant chacune un
foyer a part. Le rez-de-chaussee est occupe par les cochons , la vo-
laille et le resle du betail.
Nourriture. — Chez les Kyangs la loi ne prohibe aucun espece
d'alimens ; ils estiment egalement lebuflle, le cochon, Telephant,
le tigre ( I'alligator, espece de crocodile ), et les reptiles de toule
espece.
Habillemens. — Les hommes ne portent generalement rien sur
le corps , excepte une petite piece d'etoffe autour de la ceinture ,
mais ou les voit rarenient sans un turban de toile bleue. Les femmes
portent une jupe bleue flottante , ressemblant quelquefols a une
chemise , descendant jusqu'aux genoux , etqui dans les classes plus
elevees est brodee avec des Ills de differentes couleurs.
Amies. — L'usage des armes a feu n'est pas inconnu aux tribus
des montagnes. Mais comme ils ne savent pas fabriquer la poudre ,
leurs armes offensives et defensives consistent principalement en
lances , epieux , boucliers et arbaletes. Lorsqu'ils font une excur-
sion dans le but de piller , ils emportent toujours avec eax une
grande quanllte de morceaux de bambous tallies en pointe , qu'ils
fixent en terre pour retarder et embarrasser la marche de ceux qui
les poursuivent , et comme les habitans des montagnes ne portent
jamais de chaussures , ils n'osent pas s'aventurer la nuit a pour-
suivre les maraudeurs.
Langage. — Les Khyangs n'ont point de litterature ; leur seule his-
toire est une tradition orale qui consiste en chansons et en contes
qui se transmcttent de memoire. Le langage est presque inconnu
aux habitans de la plaine , et paralt elre tres-borne.
Religion. — Ils reconnaissent un Eire Supreme , et croienl a un
pouvoir surnaturel ou maglque.
76
Leur musique est celle des nations lout-a-fait barbares ou a demi-
clvilisees. lis ont le gong, le tam-tam, les cymbaies el une espece de
fltile. Le chef des musiciens de ce pavs tient un privilege du roi,
et il n'est permis a aucun autre d'exercerla niusicjiie , et dc donner
des representations scenitpies sans la permission <ie cedirecleur su-
preme des musiciens montagnards. Celui-ci paie geniireusement a
Sa Majeste iiirmane un droit pour ce privilege.
Un fait curieux, et qui doll donner de la defiance pour tons les
calculs en medecine , c'esl que dans le mois dc Janvier dernier le
commissaire et une autre personne firent le voyage d'Akyab a
Talak et Kug,dans un bateau decouvert oil ils furent exposes jour et
nuit pendant une quin/.aine a tons les effets du climal : lous ces
voyageurs , y comnris les don>estiques , au nombre dc dix-huit
personnes revinreut en tres-bonne sante , tandis que dans des
circonstances en apparence plus favorables , la meme expedition
eut les quatre cinquiemes de son equipage malades. Deja le lieu-
tenant Gleu avait ete victime d'une fievre malignc , ainsi que
deux sipays et un piou (coureur). Le commissaire lui-meme,
apres une maladic douloureuse, fut tres-long a se retablir dc
la faiblesse qui lul en etait rcslee. Les Mugs eux-memes soul'frent
plus que les Indiens de cette induencc du climat. B-i.
Operations geodesfques et astronomiques pour la mesure d'un
arc du parallele muycn, executees en Piemont et en Savoie par une
commission composee d''ojficiers de V eiat- nia]or - general et d'astro-
nonirs plemonlais et uutrlclilens, en 1821 , 1822 , 1828 , 2 volumes
in - 4-", avec un cahicr de planches, a Milan, de I'imprimerie
imperiale etroyale, 1825-1827.
Si le Bulletin de la Socicte de geographic ne parait pas devoir
s'occuper des precedes mathematiques employes pour les determi-
nations geodesiques, il ne sauralt se dispenser de signaler au nioins
les grandes operations cnlrcprises pour fixer d'une nianiere irre-
77
vocabk les nouvelles bases de la geographic positive, ou pour pro-
curer de nouvelles notions sur la grandeur et la figure de noire
globe. Notre Bulletin doit surtout faire connaitre les resulfats de
ces grandes et dispendieuscs entreprises etla direction qu'on a juge
convenable de leur doiiner. C'cst done comme accomplissement
d'un devoir que nous allons rendre compte de I'iniportant ouvrage
dont nous rapportons le tilre ci-dcssus.
On connait les nombreuses operations qui ont ete executees a
diverses epoques , dans le sens des meridiens et les consequences
qu'on en a deduiles pour la grandeur et la figure de la terre. Les
geometrcs ont pense que des consequences analogues pouvaienl
elre tirees d'operalions faites dans le sens des paralleles; et le pre-
mier essai de cette nouvellc espece de mesure fut tcnte, en i73q,
par I'abbe de La Callle et Cassini de Thury , entre les ermitages
de Celtc et de Sainte - Vicloire , dans le midi de la France , dis-
tans d'environ 160,000 metres.
II se passa ensuile un grand nombre d'annees sans qu'on ait en-
trepris de nouvelles determinations dans le sens des paralleles; et
ce n'est cftectivement que de nos jours, oii la science geodesique
a acquis plus de rigueur , et re^-u de si nombreuses applications ,
qu'on s'est specialement occupe, d'apres les ordres de divers gou-
vernemens, de nouvelles mcsures dares de parallele.
Panni les plus importantes de ces operations , est celle de la me-
sure dune parlie de i'arc du parallele nioyen, qui fait I'objet de
cet article , mesure enfreprise dans des circonstances et pour des
motifs dont I'introduction de Touvrage rend compte en ces
termes :
« Depuis I'annee 181 1, ii existait dans I'ltalie superieure un
grand rcseau de triangles , mesures par les officiers ingenieurs-geo-
graphes franejais et ilaliens , dont une partie considerable s'etendait
dans le sens d'un rneme parallele terrestre, depuis Flume, pres de
la mer Adriatique , jusqu'a Rivoli , pres de Turin.
" \ crs celtc celtc nieme epoque, les travanx que le gouverne-
7«
ment fran^ais avail onlonnes pour la mcsure dc la mcridienne enlre
Dunkcrquc et Formentera , elaicnt achcves. Le mcme gouverne-
menl, persuade de la grandeur et de rimportance de ces entre-
prises , ordonna aussit6t une nouvclle mcsure dans le sens perpen-
diculaire a la premiere , qui , en parlanl des coles de ICJcean, pres
Bordeaux, derail rejolndre le reseaude triangles dllalie. On poussa
ce travail avec activite, et en 1818, les ingenieurs - geograplies
fran^ais avaient deja mesure une chatne de triangles, qui s'elendait
depuls la Tour de Cordouan jusqu'aux frontieres actuelles de la
France avec la Savoie. C'est ainsi qu'avalt ele achevee la mesure
de la partie la plus considerable de Tare du parallele qui joint I'O-
cean a TAdriatique; et en ralson de I'elendue , la parlie reslante ,
depuis les environs dc Clianibcri jusqu'ii llivoll , parailrait peu de
chose a quiconque voudrait faire abstraction des circonstances lo-
cales : mais en consld^rant la chatne des Alpes et les glaces eter-
nelles qui en couvrent les points les plus eleves , on comprend
que les difficultes etalent sans comparaison plus grandes, et que la
triangulatlon qui restall a execuler prcsentait des obstacles dont on
ne trouve point d'cxemple dans rhisloire de la geodesic.
» Le projct d'entreprendre une triangulatlon en Savoie , propre
a remplir cellc lacune , avail etc presente, en 1820, a S. M. le
rol dc Sardaigne par le gouvernement fran^ais. Des circonstances
poliliques tres-connues en ont alors empechc I'ex^culion En 182 1,
aussilot que les troubles cesserent en Piemont, le meme projet ,
communique a la cour de Vienne , a ete repris avec d'autant plus
de faveur , que le gouvernement autrichien en avail renouvele le
premier la proposition , en offrant au gouvernement dc S. M. le
roi de Sardaigne son concours dans cellc imporlante operation. S'il
etait necessaire d'augmenler Tidee de rinteret qu'elle inspire deja, il
suffirait de remarqucrqu'en rattachant ainsi les deuxchaines de trian-
gles deja mesures, on acquerait le grand avantage de pouvoir pro-
longer dc 9 degres en longitude Tare du meme parallele, en joignant
son extremitc orlenlale avec la cbaine de triangles, en grande
79
parlie mesurcc , qui depuis Fiume aboulit a Orsowa, en Iraversanl
la partie tie rempirc autrlchicn qui comprend la Croalie el I'Es-
clavonie. »
Ainsi Irois gouvernemens concoururent pour I'cxecution d'une
des plus grandes operations qui aient etc enlreprlses pour la de-
termination de la figure de la terre ; car en etfet le developpemcnt
de Tare du parallele compris entre la tour de Cordouan et Orsova
surpasse 23 degres '/. , plus d'une heure 34 minutes en temps. En
consequence de ces premieres dispositions , il fut signe a Turin , le
27 juiilet 182 I , une convention entre les deux gouvernemens au-
trichicn et sarde, pour la formation d'une commission mixte ,
composee d'officiers de I'etat-major-general, et d'astronomes au-
Irichiens etpiemonlais; laquelle fut cliargee dedeveiopper le projet
et de I'execuler dans toutes ses parties, pour rendre ce travail aussi
complet que possible.
Les operations geodesiqucs entreprises des I'annee i8n , sur le
developpemcnt du parallele dans la partie qui traverse la France ,
et confiees a M. le colonel Urousseaud (i) , avaient ete conduites
jusqu'au cole Colomhier-Grenier , points situes sur les frontleres de
la Savoie. Cest de cc cote de 48204,8 metres que les officiers autri-
chiens et sardes sont parlls pour etabllr sa liaison avec celul de
Siiperga - Masse ([u'l termlnait a 1' Occident la chaine de triangles
deja mesuree dans Fllalie superieure , par les officiers ingenieurs-
geographes fran^ais , pendant 1' occupation fran^aise. Un systeme
de 16 triangles etablit completement cette jonction a travers les
glaciers et les sommites inaccessibles de la Savoie. Les localites
qui onl offert souvent des obstacles presque insurmon tables n'ont
pas permls de composer la cliaine de fort grands triangles ; quel-
ques-uns des cotes n'ont guere que 10,000 metres de longueur ;
(i) Voyez dans la Connaissance des temps pour i83o, le Me'moire de
MM. Brousseaud ct Nicollet sur la mesure d'un arc du parallele moyen ,
lequel contient aussi la plupart des resultats qu'oii retrouve dans Pouvrage
imprimd a Milan , dont nous rendons compte.
8o
mais les soins apportes a la mesure des angles, faltc avcc d'excel-
lens Instnimcns rcpetlleurs , garanllssent suffisamment la bonle du
resultat. En effet les angles onl etc mesures separcment par les
ofiiciers sardcs et autrlchiens , et Ton ne rcmaique que peu dc
difference dans les valeurs numeriques des angles , oblenues par
chacune des deux troupes dobservateurs. La plus grande diffe-
rance que nous ayons reniarquce se Irouve dansle premier triangle,
ou elle est de c)",2 sexagesiuiales sur Tangle au Grenler ou Granler ;
ordinairement elle ne s'eleve qua i , 2 ou 3 secondes. L'erreur
d'observatlon sur chaque triangle , apres avoir tenu compte dc
I'exces spbcriquc , est cxtrcnicinent petite , car son maximum n'est
que de i",i8.
On peut done elrc assure que la partie gcodesique ne laisse rien
a desirer. Le reseau de triangles est uue coniinualion de celui me-
sure en France , el les longueurs des c6tes dependent aussi bien
que ceux de France , des bases de Melun el de Perpignan , qui
se trouvent consequemmcnt liees a la base du Tesin , par les iG
triangles destines ii fermcr la lacune qui ne permetlall pas de la
comparer avec les premieres ; les calculs ainsi conlinues donncnt
pour la base du Tesin une difference d'un metre seulement ; dif-
ference assez peu sensible , et qu'on doit s'atlendre a rencontrer ,
Jorsqu'il s agit de lier par un grand nombre de triangles, des bases
tres-eloignecs les unes des autres.
Ces calculs ont lous etc faits d'apres les mclhodes franraises ,
aussi bien que ceux pour la determination des coordonnees geogra-
phiques que nous ciovons devoir faire connailre ici a nos lecleurs,
en y joignant les bauleurs absolues des points au-dessus de la mer ,
calculees d'apres des observations de distances zenithales recipro-
ques , bien preferablcs aux observations baromelriques pour la de-
termination des differences de niveau. L'aplatissement a ete sup-
pose de 35g',-^5 comme dans les operations franraises.
Bi
Positions geogrnphiqucs ft hauteurs siir la mer , deduiles des operations
gMdesiques.
NOMS DES POINTS.
LATITUDES.
LONGITUDES
coraptees
de I'Observatoire
roval de Paris.
HAUTEURS
sur in luer des
pieds des sij^naux
eu metres.
INIont-Colombier
jMoiit-Granier
iMont-Trclod
INlont-Bellachat
Pic ilu Freiic
Perron des Encombres. . .
Mont-Jouvet
Roche -Chevriere
Mont-Tabor
Mont d'Ambin
Mont-Chaberton
Mont-d'Albergian
Roche-Melon
Mont-Freidour
Moiit-Civrari
Supcrga
Mont-Soylio
Masse
45
45
27 53,6
4i 34,6
3025' l5"2
45
4.'5
45
45
45
43
44
45
45
44
45
45
45
45
32
21
•7
29
17
6
9
5?
5 1,0
4i,7
36,9
5l,2
25,1
54,2
o 27,1
12 12,9
58 26,7
II 7,2
4 5o,9
22 18,9
18 i5,5
3 35
3 5 1
4 4
5i
6
18
23
i3
32
4
4
439
4 44
4 56
4 59
5 25
5 II
5 36
>9>5
35,8
8,7
4i,9
5o,7
1 1,0
8,0
38,9
52,6
52,8
22,9
27,7
8,5
57,4
.53,7
40,4
10,2
Positions geographiques secondaires.
S. Man rIzio(cl<^'' delaparois.se)
Torino (observatoirc aiicieii).
Bellecoinbe ( signal )
Grelle (signal)
Lemens ( signal )
Lamotte ( cl'^"' de la paroisse ).
Chambe'ry (tour du ch " r ' ).
450 13' 8"7
5'
45 4 5,8
5
45 i3 3,2
4
45 3i 8,1
3
45 34 32,6
3
45 35 55,8
3
45 33 52,5
3
5''i7'45"3
20 52,9
3o 42,4
28 40,9
35 20,2
32 33,6
34 56,5
1 437 '"6
1926, 5
2173,9
=477, 9
="706, »
2820, 2
255i,6
3273,5
3172,0
3373, 4
3126, 7
3o36, 7
3.j:t3, 6
•44,1, 9
22o3, 9
723,4(1)
'9<^<J, 9
34
t'.
(2)
2752'
' 1
1407,
339,
9
(1) Pl;m <Ie la galciio de la coiipi)lc.
(2) Plan des balcons du clorher de la paroisse
{i) Parapet des fcnetrcs au plan des rlocliers.
(4) Parapet des dcrnierc.^ fenelrcs.
8a
Tellcs sont les inatieres conleiiucs dans le premier volume qui
renferiiie loute la parlie geodcsique. Des plans parfaitemenl exe-
cutes a rechelle de i pour 100,000, font connaitre la topographic
des environs de tous les signauK , ct aideront a en retrouver I'em-
placemenl s'ils venalent a disparaitre. De plus, six panoramas ou
VTies perspectives , prises des stations les plus importantes , avec la
chambre claire de W oUaston , faniiliarisent le lecleur avec les diffi-
cultes locales que I'operation devait rencontrer et surmonter ; elles
donneni uue idee exaclc de la contree uionlucuse et glacee qui se-
pare le Rhone du cours du P6 , et font decouvrir a de tres-grandes
distances les chaines imposautes des Alpcs etde I'Apennin que Tele-
valion de I'ceil permet d'apercevoir. L'execution de ces panoramas,
oil toules les sommitcs remarquables sont rappelees par des chiffres,
a exig^ Leaucoup d'adresse et de talent de la part du dessina-
teur et du graveur. Nous pensons qu'il serail impossible de faire
mieux , et si Ton pouvait a la rigueur regarder ces belles vues
comme des objets de luxe , dont I'operation pouvait se passer , ii
faut avouer qu'ils ne sauraient etre mieux places. Nous ferons ega-
lement I'eloge de I'impression de Touvrage ; la beaute des carac-
teres, le choix du papier, et generalement toute Pexecutlon , font
le plus grand honneur aux presses imperiales de Milan.
Les operations gcodeslques quon vient de decrire peuvenl servir
k calculer le developpement de Tare du parallele qui traverse la
chaine des triangles. Elles ont servi aussi a determiner les longi-
tudes et les latitudes de tous les points du reseau, en admettant
toulefois uiie hypolhese sur la grandeur el la figure de la terre ;
mals puisqu'on se propose de deduire, dans I'operation qui nous
occupe, la forme el les dimensions du spheroide lerreslre, il n'est
plus possible de se servir des differences de longitudes donnees
par les calculs geodeslques. Ces differences doivent etre deter-
minccs, k priori, par des observations astronomiques , c'est-i-
dire, qu'il faul cherchcr ramplitude astronomique de Tare du
83 • .
parallele , correspondant a Tare geodcsiquc connu en mtifres, ou
I'angle au p61o , forme par les meridiens qui passent par ses deux
extremites.
Les differences de longitude se determinant, comme on sait, par
le moyen des phenomenes celestes , comme les eclipses du soleil et
de la lune , les immersions et les emersions des satellites de Jupi-
ter, les passages de la lune au merldien , recemment recommandes,
et mieux encore les occullations des etoiles derriere son disque.
Ces differens moyens out etc eprouves ; mais ceux qui pouvaient
procurer le plus d'exactitude sont insuffisans pour les determinations
delicates dont il s'aglt. Ces observations emploieraient la plupart
beaucoup de temps, et exigeraient des correspondantes qu'on n'est
pas toujours sAr d'obtenir. II a done fallu s'arreter a d'aulres pro-
cedes.
Une id^e du siecle dernier, emanee, comme on I'a dit plus liaut,
de I'abbt^ de La Caille et de Cassini de Thury, d'abord abandon-
nee, puis reprise dans ces derniers temps, avec le secours de tous
les perfectionnemens qui se sont introdults dans I'astronomie theo-
rique et pratique, offre le moyen de se passer des phenomenes ce-
lestes, et ramene la question a 1' observation d'un nombre plus ou
moins grand de signaux artiticiels, qu'on peut produire a volonte,
en brftlant une petite quantile de poudre a canon. C'est ce moyen
qu'on a choisi , et auquel on donnera toujours la preference pour
des operations du mSme genre , en raison de ce qu'il est suscep-
tible d'un degre de precision qu'aucun autre procede ne peut sur-
passer , lorsqu'on n'epargne d'ailleurs aucune peine pour avoir le
temps astronomique des instans des signaux. Ainsi rien de plus
simple, puisqu'il ne s'agit que de noter le temps de Fapparition
d'un signal, vu de deux points eloignes , I'un a I'orient, I'autre a
I'occident. La difference des temps observes est prccisement la dif-
ference de longitude cherchee. La lumicre produite par I'inflam-
mation de la poudre a canon peut s'apercevoir la nuit a une
Ires-grande distance. Ainsi, par le moyen d'un seul feu, si les
H
localitcs sont favorables, on peul inesurcr tin assez grand arc (i).
Dans les operalions cxecutees pour ileterinincr Icdeveloppement
de Tare en metres , il n\i point etc question de la cooperation
fran^aisc, piiisqiic les operations geodesiqiies enlrepriscs en France
depuis la tour dn Cordouan jusqu'aux liinites de la Savoie, elaient
alors completes et terminees; mais cette cooperation vase montrer
pour la mesure de I'amplitude astronomique de Tare qui traverse la
frontierc , a laquelle prirent part MM. JJrousseaud et Nicollet ; ils
continucrent ensulte I'op^ration jusqu'.'i la tour de Cordouan. Nous
ne separerons pas dans ce qui nous resle a dire, les operations
faites en France de celles d'ltaiie , puisque ces operations etaient
dirigees vers Ic menie but. Nous rapporterous aussi la mesure as-
tronomique faite entre Milan et Padoue, dont il u'est pas question
dans I'ouvrage que nous analysons, nous voudrions meme y join-
dre celle qui a A\\ etre faite depuis, entre Milan et Padoue , inais
que nousdevons omettre pour le moment , parce que les resultals
ne nous en sont pas connus. Quant au prolongement de Fiumc a
Orsowa , nous pensous qu'on ne s'en est pas encore occupe.
Le parallele moyen egalement eloigne du pole et de I'equaleur ,
est celui dont la latitude est de 45 degres , mais parce qu'il ne fra-
versaitpas assez symetriquementla chaine des triangles, on a prefer^
(i) Dans cette mesure d'lin arc du parallele moyen , on a divise' I'arc total
en plusicurs arcs partiels , flont rnmplitude a etc dL'termince par le moyen
d'un seul feu ; c'est aussi de cette nianiere qu'ou a procedc dans d'autrc's ope-
rations du m^me genre ; maisrien n'oblige a sc borncr a un seul feu , on
pent en etahlir aulant qu'on veut sur le developpemcnl de I'arc, pour me-
surer en une seule lois un arc d'une tres-grandc c'tendue ; il y a avantage du
cote de la precision el du cote du temps. C'est le moyen qu'on a employe
pour la mesure du parallele de Brest, qu'on de'crira e'galement dans ie IJiillitia
de la Socicte , lequel s'elend dcja jusqu'a Bude en Hongric , sous une am-
plitude de iZ 5 degres , et qui doit etre prolong;' jusqu'a Czernowitz en Bu-
covina , a la limite ofientale de I'empirc d'Autriche , pour ^tre conduit
plus tard jusqu'a rOural. Les signaux du feu , dans cette operation , out ete
eleve's par le secours de fusees.
85
de mesurer le parallele dont la lalllude est dc 45" 43' 1 2" , au moyen
duquel on pourrall deduire la longueur du parallele moyen (i).
L'arc total entre la Tour de Cordouan el Padoue , ou plutot
entre Marennes et Padoue, a ete divlse en sept arcs partiels, alnsi
qu'il suit :
i" Arc entre Padoue et Milan ;
2" Id. Milan et Mont-Cenis ;
S") Id. Mont-Ccnis et Mont-Colombier ;
4" Id. Colombier et signal d'lsson ;
5" Id. Signal d'lsson et signal de Sauvagnac ;
-6" Id. Signal de Sauvagnac etmoulin deSainl-Preuil;
7" Id. Moulin de Saint-Preuil et Marennes , a quoi il
faut ajouter par occasion I'observatoire de Geneve , li^ a I'opera-
tion, au moyen de signaux de feu etablis au Mont-Colombier, et
observes par MM. les professcurs Pictet et Gautier.
L'amplitude du i" arc a etc determinec au moyen
fie l^.o signaux.
Celle du 2"= arc par 3o
3'^ arc par 18
4*^ arc par 1 1
5* arc par 20
6'^ arc par 10
7' arc par 4^ » ct enfin la difference de
longitude entre I'observatoire de Geneve et le Colombier , par 24
signaux : mais les contrarietes eprouvees au Mont-Colombier, par
I'astronome , M. Carlini , qui ne lui permirent pas de determiner
le temps avec precision , firent rejeter les observations du Colom-
bier pour lui substiluer Geneve , ou toutes les conditions relatives
a la determination du temps , et a I'observation dcs feux , ont
ete parfaitement remplies ; le Colombier ne s'est plus Irouve em-
ploye dans I'operalion que comme poste de correspondance.
(i) Voyez la Connaissance lies temps de raiinee i83o.
86
Voici le tableau des ainpliludcs donnees par les sigiiaux dc feu,
et coniparees aux amplitudes geodesiques :
AMPLITUDES
XMI'LITLUKS
-■^ <
ARCS.
astrononii(|ncs
giiodcsiciucs
DIFFERENCES.
y -
en Icrnps.
(Ml lcinri<.
I
Marennes -St.-Preuil.
3'48",99o
3'49",43o
+ o",44o
1
St.-Preuil-Sauvagnac.
6 23,094
6 22,910
-o,.84
3
Sauvagnac-Isson. . . .
6 51,391
(> 5 1, 1 60
— 0,23l
4
Isson-Geneve
1 1 57,820
1 1 58,720
+ 0,900
5
Geneve-Milan
12 9,570
12 9,890
r 0, 320
ti
Milan-Padoue
10 45,383
10 45,23o
— 0, i53
j Arc tolal : Marennes Padoue
5i'56",248
5i'57",34o
-r 1 , 096
Si Ton compare les developpemens geodesiques parllcls , cal-
cules par le moyen des cotes des triangles et des azimuths , avec
les amplitudes astronomiques correspondantes , on aura les dif-
ferentes valeurs suivantes du degre lerreslre a la latitude de 4-5"
43' 12".
Noi
ARCS EN- METRES
LONGLEUR DU DEGRE
des
a la lulitiuli;
dn |uii'ullelc I'l la latitude
ARCS.
ilo .',50 43' 12".
.1.- \h" .',.<' , .".
I
74407"-, 385
77985 , 0
2
124182 , 225
77797 » 4
3
133345 , 5 1 1
7779^ > 0
4
233087 » 384
77931 , 8
5
23G717 , SgS
77870 , 8
(i
209256 , 276
77807 , 3
Arc total
: . . 1010996 , 176
77862 , 6
On pcul remarquer par le premier de ces deux tableaux, les dif-
ferences exprimecs en secondesdu lemjts, enlre les ampliludes astro-
87
nomiques et les amplitudes geodesiques ; cet ecart surpasse une se-
coiide , equivalente a 124. metres pour Tare total qui en a plus d'un
million. Ces differences peuvent accuser des irregularittis dans la
figure de la terre , comme elles peuvent etrc altrlbuees aux observa-
tions qui ont donne les amplitudes astronomiques , car les ampli-
tudes geodesiques doivent etre considerees comme exactes dans
Thypothese d'ou elles sont dedulles , celle d'un ellipsoide de revo-
lution ayant ^\t, d'aplatissement. Elles ne paraissent que comme
lerme de comparaison.
D'apres Ic second tableau , on voit que la plus grande difference
entre les divers resultats obtenus pour le degre du parallele , est de
193 metres. Elle existe entre le i*^"^ et le 3"= arc.
Quelles que soient les causes de ces differences, il est d'abord
evident que les arcs partiels du parallele et meme Tare total , n'etant
pas exactement proportionnels k leur amplitude , on ne peul
adopter ni la moyenne des valeurs deduites des arcs parliels, ni la
valeurdeduile de Tare total , pour la longueur du degre moyen du
parallele entre Marennes et Padoue ; car on ne saurait admetlre
comme fails reels les anomalies locales que les resultats rappor-
tes ci-dessus sembleraient metlre en evidence: ceux-ci etantdeduits
d' operations qui ne peuvent conduire avec certitude a des conclusions
aussi delicates , lorsqu'elles n'embrassent pas un tres-grand deve-
loppement. Le mcilleur parti a prendre et celui qu'en effet ont
prls MM. Jirousseaud et ISicoUet , etait de deduire de rensenible
des donnees geodesiques, etdes amplitudes observees, lavaleurdii
degre la plus probable qu'on pourrait introduire ensuite dans la
formule qui donne Taplatissemenl, afm de connattre les dimensions
du spberoide qui satisfaitle mieux aux observations. Cette question
traltee par Texcellente methode des moindres sommes des carres
des erreurs , a donne pour erreur probable d'amplitude sur Tare
total , — o", i3 : en sorte que ramplitude totale corrigee est de
5i' 56", 12 en temps, ce qui donne 77865,7 metres pour la valcur
la plus probable du degre du parallele a la latitude de 45° 4-3' 1 2".
88
Le m^me degre a la meme latitude sous Phj-pothese de -—^ d'apla-
tissement, scrait dc 77816 metres. Lcs observations faites sur le
parallele iiioyen cnlre Marennes et Padoue indiqueraient done un
plus fort aplalissenieut. En conibinant en effet ce degre du paral-
lele avec Tare du ineridien niesure entre Greenwich et Foriuen-
tera on trouve -^y'-.s^ '■ avec Tare niesure au Perou, — ^'— : avec celui
lie rinde^-q';)",!* Enfin s'il etait permis de prendre un resultal moyen
oa Irouverait que Taplatissemenl general du globe serait de — sFI-
Ce resullat est plus grand que celui qu'on deduil des inegalites lu-
naires , et des comparaisons des arcs de meridiens, inesures a des
latitudes tres-differentes , mais il se rapproche beaucoup des apla-
tissemens que le capitaine Sabine el M. de Frevcinet ont trouves
par les experiences du pendule failes a diJferentes latitudes.
En ne prenant des observations failes sur le parallele nioyen
que celles qui sont comprises dans I'etendue de la France ; on ob-
tiendrait , au moyen de Tare qui s'etend de Marennes a Geneve , un
iiouveau degre de parallele qu'on trouve ^trc de 77885, 7 metres.
Puis en combinant ce degre avec Tare du m«Midien compris entre
Dunkerque et Jiarcelone , on aurail „~'g pour I'applatissement du
spheroide qui scmble le niieux reprcsenter la forme du globe dans
noire region. '•-; of-- Si'!-- "o-' '•)•:'•->•"■■; ;;'•;•'■•.•■; ■> -l:;]}- •^'; ;t ^
Tels sont les resullats que nous tirons du memoire insere dans
la Connaissance des temps pour i83o, lesquels derivent en partie des
observations consignees dans les deuK volumes Imprimes a Milan ,
et attribues a MM. les astronomes Carlini el Plana , qui ont pris
ane tres-grande partaux operations dont il s'agit. Nous nous som-
mes attache a faireconnaitre la direction qu'on a cru devoir donner
a une des plus grandes operations entreprises jusqu'a ce jour pour
la mesure de la terre; operation imporlante el par la grandeur de
son developpemcnt , et par la situation de lazdne moyenne quelle
embrasse. Quand il s'agit de determinations aussi dellcatcs, on ne
saurail, ainsi qu'on I'a deja dit, employer des procedcs trop exacts
pour I'observalion du temps. L'emploi des mcilleures lunettes meri-
8y
(licntics est id necessaire, etnous voyons avec regret que le temps
a efe quelqucfois determine par des liauteurs absolucs , au moins
pour la parlie francaise , methorle qui ne comporte pas le meme
degre de precision , et a laquellc nous croyons pouvoir atlribuer
I'ecart de deux secondes de temps que sigrialent les observations
des feux faites , le 12 aoAt 1823, pour obtenir la difference de
longitude entre les observatoires de Solignat et de la Jonchere.
Nous voudrions aussi que les trop pelils arcs fussent exclus de ce
genre d'operation , et que les observations fussent generalement
plus nombreuses : car c'esl au moycn de ces princlpes appliques
par des observateurs pleins de soln et de sagacile , tels que ceux
qui ont coopere a la mcsure de Tare du parallele entre Marennes
el Padoue, qu'on pent obtenir des amplitudes d'arcs de longitude,
exempts de tout reproche , et propres a metlre en evidence les
anomalies reelles qui doivenl eire atlribuees aux irregularites de la
figure de la terfe.
Cette irregularite a etc parfailement demontree par les observa-
tions des signaux de feu faitssurle mont Fenera en 1823 et iSa^ >
pour etablir d'une maniere precise la difference des longitudes entre
I'observatoire imperial de JJrera a Milan (i) etTobservatoire royal
de Turin. Les deux observatoires de Milan et de Turin sont munis
pour la determination du temps , d'excellens instrumens de six pieds
de foyer du cclebre Reiclienbach ; a Milan c'cst une lunette meri-
dienne simple , a Turin une lunette meridienne portanl un cercle
meridien : il est inutile de dire qu'ily avait dans Tun el I'autre ob-
servatoire de tres-bonnes pendules : ainsi rien ne manquait pour
obtenir le temps avec une extreme precision.
Les observations des feux ont eu lieu les i5, 16 el 17 mai 1823.
— Les 1 , 4- et 5 juillet 1823 , et les 25 et 26 aoftt 1824^. — C'est-a-
dire a trois differentes epoques.
Du i5 au 17 mai 1823 , il y a eu a Milan 17 passages observes a
la lunette meridienne : a Turin il en a ete observe 23.
(1) f^of. le tome II , page 3o de I'ouvrage doiit nous rendoiis conipte.
9°
Du i" au 5 juillet il y a cu a Milan 20 passages observes : a
Turin 29.
Les 25 el 26 a Milan ig passages, ^ Turin 25.
Les marches diurncs des deux pendules de Turin et de Milan onl
dA etre , comme dies ont ete effectivemenl blen connues : par
suite Ic Icnips sideral dc I'apparition dcs signaux a pu etre parfai-
tenienl determine. Ajoutons que les observaleurs etaient au nonibre
de 3 on 4 a Turin , et de 7 ou g a Milan : on n'a tenu compte que
de la moycnne des instans observes. Void les differences de longi-
tude oblenues :
Le i5 mai 1828 , 6 signaux : ecart entre le plus grand ct le plus
petit resultat , o" , y/}-
Resultat moyen 5' 5r)", 21
Le 16,6 signaux : ecart entre le plus grand et le plus petit re-
sultat , o" , 48.
Resultat moyen 5' 58" , Sj
Le 17 , 6 signaux : ecart entre le plus §rand et le plus petit re-
sultat , o" , 46-
Resultat moyen 5' Sg' , 24
Moyenne des trols jours 5' Sg", 00
Le i*"^ juillet, 6 signaux : ecart entre le plus grand et le plus
petit resultat, o", 63.
Resultat moyen 5' 58", gi
Le 4 » 6 signaux : ecart entre le plus grand et le plus petit re-
sultat , o" 88.
Resultat moyen 5' 58", 5G
Le 5, 6 signaux : ecart entre le plus grand et le plus petit re-
sultat o'' , g5.
Resultat moyen 5' 58", 92
Moyenne des trois jours 5' 58", 80
Le 25 aoAl 1824, 4 signaux : ecart entre le plus grand et le plus
petit resultat , o'' , 74.
Resultat moyen 5' 58', 75
9^
Le 26 , 5 signaux : ecart enlre le plus grand et le plus petit
rcsullat, o" , 74..
Resultat inoyen 5' 58", 63
Moyenne des deux jours 5' 58", 6q
Quoique les ecarts paraissent en general un peu forts , on ne
peut elever aucun doute que Tamplitude aslronomique de Tare de
longitude entre les observations de Turin et de Milan , ne soitpar-
failement delerminee par 4-5 rcsullals donl les auteurs de la mesure
elablissent la moyenne de 5' 58", 85
La longitude donnee par les observations geodesi-
ques est en temps de 6' o", g3
Difference. . . 2", 08
Voila done une anomalie de plus de 2 secondes de temps bien
constatee sur un arc de 6 minutes : c'est un-^^j de Tare. Ainsi on
retrouve, comme on devait s'y attendre sur les arcs de parallele ,
les anomalies qu'on a deja remarquees dans les arcs du mdridien ;
et c'est en Italic que les irregularites les plus considerable^ ont ete
signalees jusqu'a ce jour.
Pour fixer les idees de nos lecleurs sur ces singulieres perturba-
tions, nous croyons devoir encore extraire quelques details interes-
sans que nous trouvons sur ce sujet dans I'ouvrage imprim^ a
Milan.
On connait la mesure de I'arc du meridien executee en Piemont
par le P. Beccaria, dans les annees 1 762 , 1768 et 1764. Les resul-
tats auxquels etait parvenu cet astronome paraissalent si disparates,
que M. de Laplace et d'aulres geometres n'avaient pas cru devoir
les employer dans leurs recherches sur la figure de la terre. II etait
ndanmoins assez important d'examiner de plus pres si I'eneur
qu'on supposait etre de 1200 metres sur un arc qui n'a guere qu'un
degre d'amplitude , pouvalt etre attribuee a I'inexactitude des ob-
servations et des mesures faites par le P. Ucccaria, ou bien si ce
92
n'tilail qu'un ecart qui •It-peridail (I'uiie irre^ilarlle locale , soil <lans
la fic;ure, soit dans la densili: des couchus Icrrcstres.
Dans cetle vue , on a dispose une nouvelle chaine de triangles
entre Mondovi et Andrate, qui llmilent au sud el au nord Tare nic-
sure par Bcccaria. Des i8og , plusicurs ingdnicurs-geograplies fran-
^als avaient deja dirige la Iriangulation qu'ils executaient en Lorn-
bardie, jiisqu'en Piemonl et jusque sur la base interne de Beccaria.
En 1822, les officlors piemontais ont repris la triangnlallon des
officiers frar.^ais, el I'ont prolongec au nord jusqu'a Aiidrale. II ni-
sulte de celle suite d'operalions que Tare du nierldien nouvellenienf
determine entre Andrate el Mondovi est une nouvelle mesure ab-
solume/il independaule de I'ancienne, et qui se trouvant appuyee
sur la base du Tesia, se Irouve aussi reposcr sur les bases de Me-
lun et de Perpignan , auxquelles la premiere est lice.
En admeltaiit Tapplalissement du spheroYdc lerrestre de ^r^Vbs
el le rayon de Tequaleur de GS^GgSG metres, le developpement
de Tare du meridlen entre Andrale el Mondovi a ete trouve de
12639^,6 metres.
La latitude gdodcsiquc d'Andrate (cloclicr) de 4-5" 3i' !^.o" , 45
celle de Mondovi (lour) de 4^4 28 25 , G3
D'ou difference ou amplitude geoddsique. . . i" 8' 14.", 82
Mais la latitude astronomique d'Andrate a
ete observee de 4-5° 3i' 12", 36
el celle de Mondovi de 44 23 45 , 38
d'ou difference ou amplitude astronomique. . . lo 7' 2G", g8
II suit de la que I'amplitude geodesique surpasse Tamplitude as-
tronomique de 47"i84 > ce qui constilue un fait des plus remar-
quables.
Le developpement de Tare, sous une amplitude de 1" 7' 2G",g8,
et compris entre les deux latitudes observees, serait dans Tliypo-
ihese de i^^',~ '''^Ppl'^''*'''*'^'"^'"* ^^ 124907, 1 metres; et comme
le developpement geodesique a ete trouve de 126394, 6 metres, il y
93
a cnire ccs deux nombres une diffeicnce de i487> i melres : c'est
^ de I'arc. Telle serait Terreur que Ton aurait commise si Ton eut
voulu deduire la distance enire Aiidrale et Mondovi d'apres les seules
observations des latitudes astronomiques: sur quoi les auteurs de Tou-
vrage imprime a Milan font les reflexions suivantes : « Cette enorme
difference met dans une evidence complete Terreur de 1 hypolhese
appliquee a cette partle de la terre. Si les causes exterieurcs pou-
valenl suffire pour expliquer cette especc de perturbalion dans la
direction du fd a-plomb , il faudralt i'attrlbuer , du cote du sud, a
la chaine des Alpes marltlmes , et du cote du nord a la chaine des
Alpes Graiennes. Mais ii est possible aussi que ce singulier pheno-
mene soit produll en grande partic par une irregularlte dans la
densile des couches terrestres. Les donnees necessaires pour sepa-
rer ces deux effets manquent. Si Ton etait dispose a vouloir consi-«
derer la masse des montagnes comme une cause preponderante ,
on serait ausslfot arrete , en comparant la latitude geodt-slque dc
Panne , deduile en partant de Milan , avec la latitude aslronomlque
qui y fut observee. Ici Ion trouve une difference de 20", 4; et ce-
pendant ces deux villes sont situees au milieu d'une plalne et a une
distance telle des montagnes qui ne permet guere de regardcr I'at-
traction de leur masse exterleure comme capable de produire un
effet aussi considerable. Au reste, le principc de raualogie et Ic
rcsultal de plusleurs autres observations concourent a faire croirc
que les anomalies que Ton vient de citer ne sont pas purement lo-
cales. 11 est probable que la cause qui les prodult s'etend a toute la
penlnsule , et meme a toute I'Europe , en se modifiant dlfferem-
ment » Ce qu'Il y a de certain, c'est qu'Il parait impossible
d'expliquer ces singulleres anomalies dans VHolI actuel de nos con-
naissanccs, et qu'elles reclament les meditations des physlclens et
des geomctres.
Pour fixer plus parllculierement les idecs sur ce sujet interessant,
nous allons faire suivre un tableau des latitudes geodesiques de 34
points , comparees avec leurs latitudes astronomiques. Ce tableau
94
que nous fournit encore I'ouvrage de MM. Carlini et Plana ,
offre les resultats gt^odesiques de calculs fails d'apres una hypolhese
unique de fSg'.Ys d'applatissement, en parlant de la latitude de I'Ob-
servatoire royal de Paris. Les pelites differences peuvent noffrir
que de faibles argumens dans la question qui nous occupc , puis-
qu'a toute rigucur on pourrait les attribuer aux erreurs dout quel-
ques observations astronomlques peuvent etre affectecs , et qui
peuvent clre signalees plus tard ; et Ton sait que M. Nicollet vient
tout receniment d'cxpliquer de la maniere la plus beureuse , le d^-
faut d'accord que M. Mechain avail trouv^ dans les latitudes astro-
nomlques de Mont-Jouy et de Barcelone, et qu'il a definltiveinent
conclu des observations m^mes de M. Mechain la latitude du fort
de Mont-Jouy /^.i'^ i \' 44 "> 5 , plus petite de 2", i que celle portce
au tableau ci-dessous (i); correction, au reste, qui ne fait qu'aug-
menter encore le desaccord qui existe entre la position astrononii-
que el la position geodesique de Monl-Jouy.
(i) Voy. le niemoiresur un iiouveau calcul des latitudes de Mont-Jouy et
de Barcelone , pour servir de supplement au traile de la base du systeme me-
trique. Lu a I'Academie des sciences, le 10 mars 1828 , par 1\I. J. N. Nicollet.
95
TABLEAU des latitudes astronomiques de quelques points situes en
Angleterre , en France , en Allemagne , en Espagne et en Ilalie ,
: latitudes des memes points , deduiles des operations
comparees aux
geodesiques.
NOMS DES LIEUX.
LATITUDE
astriinoniiqiic.
LATITUDE
ge'oilesi(|iie.
DIFFERENCE.
Clifton
Arbury
Blenlieim
Greenwich
Dimnose
Dunkcrque
Paris (Pantheon)
Evaux
Carcassonne
Mont-Joiiy
Formentcra
Vienna ( Saint -Etienne).
Wels
Munich
Erlan
Commorn
Inspruck
Geneve ( observatoire). . .
Colombicr (signal)
Andrate (clochcr i
Milan ( observatoire ). . . .
Verone
Venise {c\" de St-Marc). .
Padoue ( observatoire ). . .
Mont-Cenis
Turin (observe nouveau).
Parme ( c^^ Jy St-Jean). .
Modene ( tour )
Genes ( lanal)
Mondovi (tour)
Florence (clocher-dome).
Pise (observatoire)
Rimini (niaison Garanipi).
Home (cX" de St-Pierre ). .
53027'
52 i3
5i 5o
5 1 28
5o 3;
5i 2
48 So
46 10
43 12
4l 21
38 39
48 12
48 9
48 8
49 53
47 48
47 16
40 12
45 52
45 3i
45 28
45 26
/i5 25
45 24
45 14
45 4
44 48
44 38
44 24
44 23
43 4G
43 43
44 3
4. 54
3i"
28
27
40
8
8
49
42
54
46
56
32
i3
20
55
•7
7
2
49
12
o
9
58
7
8
14
5o
17
45
35
45
53^27'
52 i3
5 1 5o
5t 28
5o 37
5i 2
48 5o
46 10
43 12
4i 21
38 3ci
48 12
48 9
48 8
47 54
47 48
47 16
46 12
45 52
45
45
45 26
45 26
45 2/^
45 14
4
48
45
4/
/^i 38
44
44
33"
34
36
45
10
i3
49
38
53
5o
59
27
26
16
25
4
2
56
40
i5
23
o
4
16
16
7
44
43 46
43 43
44 3
41 54
25
2 1
5
33
7
+
4- r
f 6
+ 8
+ 5
-I- 4
o
— 4
— I
i- 4
+ 3
— 4
i- i3
— 4
-;- 6
8
3
— o
+ 6
+ 28
+ i5
+ i3
-j- 2
H- I
+ 8
+ 8
— 6
— 5
— 3
— J9
— '4
— 6
— ■ 12
1
Outre les nombreux documens pratiques dont nous avons eu
'occasion de faire mention , Touvrage de MM. Carlini et Plana
06
lenfeime la discussion dc quelques points de theorie, et la demons-
Iration de quelques formules nouvelles appllcablcs aux questions
de haute geodesle. Nous y avons rcmarquc principalement unc for-
mule pour le calcul des arcs de parallele, un peu differente de
celle que M. Ic lieutenant-colonel Puissant, noire collegue , a
donn^ dans son excellent Iraite de geodesic. La formule donnee
dans le second volume de I'ouvrage des astronomes italiens n'em-
ploie que deux tcrmes , ct cvite le calcul des normales ; le geomctrc
fran^ais a bcsoin dc trois termes et des normales, mais donl on
peut avoir les valeurs dans des tableaux calcules d'avance. La
formule de M. Puissant , redulte a son premier terme auqucl on
pourrait souvent se borner dans la pratique , me parait offrir une
valeur plus approchce de la quanlite clierchee , que le premier
terme correspondant de la formule italiennc : au reste , elles sont
excellenles toules les deux et peuvenl otre appliquees indifferem-
ment avec un cgal succes.
Les astronomes italiens se sont aussi livres a une discussion Ircs-
interessante des refractions lerrestres ; ils ont examine le pro-
bleme ou 11 est question de determiner la difference de niveau de
deux points fort eloigncs par I'observalion des distances zeni-
thales dun des points sur Thorizon de I'autre ; car dans ce cas les
formules simples ou Ton ne fait entrer que le coefricienl moyen de
la refraction , paraissent insuffisanles , et II est necessaire d'obte-
nir unc valeur plus exacte de ce coefficient en ayant egard aux
indications du barometre et du thermometre , et au degre plus ou
moins grand d'humidite dont I'alr peut etre salurc. Pour donner
une application de leur formule , les auteurs se sont propose dc
trouver trigonolriqucment les hauteurs de la lloche-Melon , du
Mont-\ Iso et du Mont- Rose, observees de trois stations fres-
distantes I'une de i'autre , savoir dc Milan , de 'I'urln ct de Mon-
dovi , avec les indications baromctriques et thermometriques. Les
donnees soumises au calcul ont fourul les resultats suivans :
97
ELEVATION AlI-DFSSI'S DE I.A MEF,
MOYENNE.
I'air t'lant sec.
I'air etant sature
d'liumidite.
Roche-Melon
i Mont-Viso
Mont-Ilose
3526 ■" 7
38oo , 0
4604 , 2
3523 '" 4
379G , 5
46o3 , 9
3525'"o
3798 , 2
4604 , .
Comme Tair , au moment des observations , etalt dans un etat
moyen d'humidltc , on doll admettre comme exactcs Ics valeurs
exprimees par les moyennes du tableau ci-dessus, sur quoi on doll
remarquer que la hauteur de la Roche-Melon a ete donnce pkis
haut , plus forte de 8 metres , d'apres les observations successive?;
falles sur la chaine des triangles , et qui paraissent meriter encore
plus de confiance.
Notre collegue M. le lieutenant-colonel Coraboeuf avait deja
determine les hauteurs des memes points , d'apres des observations
Irigonomeiriqucs , failes a Tepoque oil cet officier prenait pari
aux operations geodcisiques de I'ltalie superieure (i) , le calcul lui
a donne pour la l\oche Melon 3526 met.
Le Moni-Tiso 3836
Le Mont l\ose {HoS
Les <lifferences qui existent avec les de terminations precedenles
a I'egard du Mont-\iso et du Mont-Rose , doivent etre altribuees
probablement, a Tinsuffisance dela formule employee pourcalculer
les hauteurs relatives, a cause de la longueur des rayons visuels.
Les auteurs ont encore applique leur formule a la delerminalion
de la hauteur du Mont-iilanc , par des observations de distances
zenithalcs faites au sonmiet du Mont-Colombier et du Mont-
Granier.
En supposant que Fair fiit, au moment de I'observalion , dans
( 1 ) f'oj. le llecueil des Memoircs de l.i SoriLle de Gc'ngraphie , tome II.
98
un ^tat moyen d'huinidile , on irouvc par robservation falte au
Coloinbier , hauleiir dti Moul-lJIaiic 4797>7o mel.
Et par robservation failc au Cranier. . . . 4•8o/^,o3
I^a inoyeniic est ile 48oi,86
II resulte de ces divers resudlats, auxquels on doit aj outer une grande
confiance , que Ic Monl-Blanc est plus eleve que le Mont-Rose
de i83 metres, et que ce geant de notre vieille Europe conserve
la preeminence que son rival le Monl-Kosc avait voulu lui enlever.
Nous navons fait connaitre qu'impartaitenient sans doute I'ex-
cellent ouvrage iuq>rirae a Milan , a I'occasion de la mesure du
parallele nioyeu , I'espaee nous a manque pour entrer dans des
developpemens qui en auraient mieux fait ressorlir le mcrite ; nous
renvoyons a I'ouvrage meme, riche d'observalions failes el expo-
sees consciencieusenicnl, ceux qui ont a s'occuper des questions de
haute geodesic.
Noie sur Biirce.
11 serait superflu , ce me semble , de trailer longucment de la
m^prise que plusieurs auleurs anciens et modernes ont faite en
confondanl Barce avec PlolemaVs , siluee vis-a vis de la premiere
et au bord de la mer. Mannert, Thrige el aulres savans, ont suf-
fisamment prouve celte erreur, qu'il n'cst plus permis de mettre
en problt^me apres le temoignage oculairc de Delia -Cella , et
dont mon propre examen m'a tout-a-fait convaincu. Ainsi , je
recuserai les traditions de Sirabon , Pline , Suidas, Serviiis, et
meme d'Etiennc , qui , pour tranciier .^ sa maniere Ics difficultcs
geographiques , donne a la premiere villc Tun et lautre nom, et
je m'en rapporterai exclusivement aux renseignemens donnes par
Plolemec, el anterieurement par Scylax, qui distingue posilive-
ment ces deux villes , place I'uiie dans Tinlcricur des terrcs , a
100 stadesde la mer, el I'autre sur le littoral, ce qui est parfaite-
ment conforme a la disposition geologique des lieux et aux mines
que I'on y Irouve. Cc point atlinis, jetons un coup d'oeil sur les anuales
(lecetle villctelobie, doutrhistoirca conserv(' <ies traits interessans.
II me parait permis de penser, contre rassertion positive d'He-
rodote , mais par induction de ce qu'il avance dans plusieurs pas-
sages , que Barce serait peut-^tre anterleure a I'etablissement des
Grecs en Libye , ou que du moins elle serait originairement inde-
pendante de leur colonisation. Cet historien dit que cette ville ful
batie par les freres d'Arcesilas , quatrieme roi deCyrene, etEtiennc
dcBysance, qu'elle fut construite en briqucs, et que ses fondateurs
furent Persee, Zacynthe, Aristomedon et Lycus. Ces deux tradi-
tions ne sont contradlctoires qu'en apparence, puisque les fondateurs
nomuies par Etienne pounaient etre les freres d'Arcesilas , qu'He-
rodote n'a point nommes ; aussi n'est-ce pas de la que je lireral mes
conjectures.
S. Geroaie affirme que Jiarce etait I'ancienne capilale d'une peu-
plade libyenne (i), et Ion trouve dans Herodote plusieurs passages
qui me paraissenl favorables a cette opinion. Sous le troisieme roi
de Gyrene, a une epoque par consequent anterleure a la fondatlon
presumee de Barce , il est question d'Adicran , roi des Libyens ,
qui , outre des incursions que les Cyreneens falsaient dans son ter-
rltoire , Implora le secours des Egyptleus pour les en chasser. Plus
tard, nous voyons un Arceslias s'allier avec Alazir, roi des Bar-
reens , et se refugler ensuilc aupres de ce prince. Or, les nonis dc
ces rois de Libye ne sont point grecs , comnae Tont fait remarquer
plusieurs philologues, et cette succession de souverains indigenes ,
traitant avec une grande puissance telle que I'Egypte , et s'alllant
avec la famille royale de Gyrene , suppose necessalrement chcz
eux une filiation de pouvoir et un point central de residence, d'au-
tant plus que les Barceens ^talent assez avances en etat social pour
que les traditions alent rapporte que MInerve leur avait enseigiie
.\ conduire les cbars , et Neptune a dompter les clievaux.
(ij Epist. ad Dss^-dan.
lOO
II parait done probable que liarce ne I'lil pas i'ondee par lea
Gr6cs , et a Tepoqiic rap|)orlcc par Herodole , inais seulenieiit
agraniVie et reconslruile par enx a celle epoque, et qu'elle dut fitre
antericurement en grand ce que les bourgades mcridionales de la
Pentapole furent de tout lemps»en pelit ; c'est-a-dlrc une enceinte
spacieusc pour renfcrmcr Ics Iroupeaux , et iles fours eievees pour
les (icfeiidre. II resultc , en outre , des recits d'Herodole , qu'apres
meme que les IJarceens se furent nieles dans Icur ville avcc les
Grecs, ils conllnuerent a etre gouvern^s par leurs propres rols. La
vengeance qu'ils exercerent sur Arcesilas , vengeance qui s'etendit
a leur souverain Alazir, occasionna un evenementassez connu pour
qu'il soit supcrflu do le repeter. Tout le monde se rappelle aussi
I'expeditiond'Ariandes, le stratageme d'Amasis, la prise de Barce,
et la pcrfide cruaute de Pherelinie. (]etlc catastrophe porta une
atteinte irreparable a la ville de liarce : la majeure parlie de ses
habitans, reduits en esclavage, furent envoyes en Egypte , et de la
dans la Bactriane, ou ils fonderent une bourgade qui porta le nom
de leur ville natale ; aussi Tliistoire se tait long-temps sur cetle
ville, et ne recommence a eclairer ses annales que pour indiquer un
nouvel evenement, qui, quoique moins funeste que le premier,
porta neanmoius un coup plus terrible encore a I'existence poli-
tique de Jjarcc. Les Ptolemees fureni a peine maitrcs de la Penta-
pole qu'ils fonderent une villc sur le litloral , dans le lieu meme qui
avail servi jusqualors de port a IJarce , et, de meme que Ton
vit Apollonie succeder en puissance a Cvrene, de meme a mcsurc
que la ville nouvelle s'agrandil, ellc altira dans ses murs les habi-
tans Grecs de rancietine , et la fit pen a pen oublicr a un tel point ,
que la pluparldes gcographes Tonlconfondue avec elle. ISeanmoins
ranciernie Barce continua d'etre habltee par les Libyens , mais
connne ville libyenne, el non comme ville grerque. Ses habilans
1 eprirent leurs anciennes habitudes i ils recommcncerent leurs ex-
cursions , et acquirent un si grand renom par leurs brigandages ,
que loutes les peuplades de la Libyc cyrenaVque sc reunlrent a eux ,
lOI
et ils furent coUeclivemetil designes par le nom dc liarceens.
Enresumantles fails ctles conjectures que je viens d'cxposer sur
la ville de Barco, il nc faut point s'etonner des tenebrcs dont elle
est restee entouree dans rhistoiic , et qu'Eulrope , Ammien , Sy-
nesius , Antonin , Hierocles et Procope ne I'aient pas meme nom-
niee. Toutefols i! me parait certain que cctte ville , habitee avant
la colonisation grecque , survecut a tous ses desastres ; qu'apres
avoir ele occupee d'abord par des Libyens seuls, et ensuite par des
Libycns conjoinlement avec des Grecs et des Romains, elle joua
encore un role important a Fepoque chretienne et eut des pontifes
de cette religion ; que jusqu'aces derniers temps elle fut distinguee el
indcpendante de Ptolemais; enfin que, tombee au pouvoir des Mu^
subnans, elle ful rendue , pour ainsi dire , a ses destinees primitives.
Elle vit alors la barbaric reconstruire ses niurs , relever ses tours
antiques, repandre de leur sommel I'epouvanle et la terreur, Ten-
tourer comnie autrefois dc deserts; enfin, pour comble de simili-
tude , elle donna son nom a toute la contree, de meme que IcsBar-
ceens avaient donne le leur a loutes les peuplades qui les entou-
raicnl. Pacuo.
Notice sur la vie el les iramux du voyageur BuRCKHARDT.
Jean-LouisBurckhardt, quele celebregeographeMalte-Brun con-
sideralt comme le modeled'un voyageur, avait re^u le jour a Lausanne ,
eii 1784 ; il elait le huitieme enfant de M. Gedeon Burckbardt de
Kirscbgarten , ricbe citoyen de B^ilc, et colonel d'un regiment
Suisse au service d'Angleterre. Le jeune Burckbardt fit ses pre-
mieres etudes a Bale , dans la maison paterncUe , et termina son
education a Leipzig et a Goeltlngue. Aubonbeur inappreciable d'a-
volr re^u une excellente education classique , il joignait une con-
naissance parfaite des langues anglaise, frangaise , allemande et
italienne , et jusqu'a I'age de dix-buit ans, il avait eludie la musique
sous les meilleurs maitres. \ ers 180G, le jeune Burckbardt n' avait
102
encore que vingt-deu.v aris , lorsqu'il se rendit a Londres , aupres
de son pere , dans I'intenlion d'entrer au service de I'Angleterrc ;
mais, domine par la passion des voyages , et le desir d'etre utile
a ses semblablcs agilaiil sa belle Sme , recouiniande d'ailleurs par
ses professeurs a sir Joseph Banks , president de la socicte royalc
de Londres , dont la niaison etait devenue Ic rendcz-vous de lous
les savans nationaux el etrangers , il se presenta a la socielc Afri-
caine , sous les auspices de ce bienfaiteur des sciences et de I'hu-
manite. Celte sociele , incertaine du sort d'Hornemann, cherchail
un voyageur qui voulttt tenter de suivre ses traces , en penetrant
dans I'interieur de TAfrique. « Quelle garantie nous donnericz-
vous, dit le president au candidal voyageur, de votre capacile pour
execuler el endurer tout ce qu'exige une entreprise aussi hasar-
dcuse ?. . . . L'intime et forte conviction, dit Burckhardt, que j ai
d etre pret a lutter contre toutes les difficultes qui se presenteront. »
Celte reponse energique de Burckhardt fit agreer ses services ;
et lui-meme voulut des-lors se mettre a porlee de remplir digne-
mant sa mission. II se consacra done a I'elude des langues turque
et arabe , acelle de la chimie, de rastronomie, de la mineralogies
de la medecine, de la bolanique et de la chirurgie. ()uoique Ires-
robuste, il adopla en nicme tenq)S un regime propre a endurcir son
corps et a le rendre capable de supporter les fatigues et les privations.
Apres trois annees de sejour en Angleterrc, il en partit au mois
de mars i8og , s'embarqua a Cowes pour la Syrie, avec I'intenlion
de se perfectionner dans la langue arabe , et dc s'identifier avec
les usages et les manieres des Orientaux. De la il devait se rendre
au Grand-(vaire , et profiler dune caravane qui se rcndrait au
Fezzan, pour allor a Monrzouk, lieu designe comnie son point
de depart dans I'interieur de TAfriquc.
Avant de quitter Londres, Burckhardt ecrivit aux auteurs de ses
jours : « Ce que j'emporte, leur disait-il, de plus pr^cieux avec
moi , c'est voire benediction , et croyez-moi , ^e n'en sfuis pas in-
digne : en quelque lieu que le sort me conduise , j'iniplorerai le cicl
io3
pour vous, et il me sera doux de penser que nos pri^res se rencon-
ireront au pied du Irorie de cclui qui seul peut les exaucer. Quant a
ce qui me regarde, j'ai appris a ne plus former de vains souhaits , il
arrive si souvent que ce que nous desirons avec le plus d'ardeur n'est
nullement ce qui nous convient ! aussi je ne me berce plus d'espe-
rances ambitleuses : vous revoir un jour, mes chers parens, c'est tout
ce que jc demande , el ce qui me rcndrait heureux au-dela de toute
expression ! »
Apres avoir touche a lilc de Malte , notre voyageur se rendit
a Anlioche et ensuite a Alep. Li il adopla definltivement le costume
oriental et prit le nom de Chc'ikh-Ibrahhn. Deja, pendant la tra-
versee de Malte a Anlioche, il s'etait donne pour un Indien maho-
melan, charge d'une mission aupres du consul anglais a Alep; el
si on le pressait de parler indien , il repondalt dans le plus mauvais
dialeclc Suisse. A Anlioche, malgre le soin qu'il pril de ne point
se laisser reconnailre, il fut cependant soupc^onnc de n'elre qu'un
Franc deguise : un agha lure le fil queslionner insidieusement par
un drogman ilalien , qui a la fin , voulan* s'assurer s'il elait r^elle-
ment ce qu'il disail, lui liraun peu la barbe. Burckhardt, en strict
observateur du point d'honneur oriental , lui appliqua imm^diate-
ment un coup de poing sur le visage. Cetle action fil rire les assistans,
et relablit sa reputation. Suivanl ses instructions, Burckhardt passa
deux annees et demie de 1809 a 1812 , a Alep et a Damas ; pen-
dant cc temps et toujours dans rintention de se rendre plus facile
la langue arabe , il traduisil dans ce dialecte , ou plutot il transforma
en un conte intitule BouiT'el-Bahr ( la perle de I'Ocean) , le roman
de Robinson Crusoe. II fit aussi, pendant six mois del'ann^e 1810,
de nombreuses excursions preparaloires a son grand projet, dans
les provinces de la Syric, de Damas , dans les montagnes du Liban
el de I'Anti-Liban , visila les ruines el les mines de Palmyre et
d'Heliopolis , les sources du Jourdain , et parcourut dans tous les
sens le Haouran oul'anclenne Auranitis , pays habile par des Chre-
tiens grecs , par des Druses et des Arabes errans , et qui n'avait etc
io4.
visile avant lui que par uii scnl voyagcur curopeen rinforlime
Seetzen. Afin de niicux reussir dans cctle excursion , il avail pris
le costume des habitans. Qu'on se fic;urc Chc'ilcU- Ibrahim nionle
sur son cheval , ol affuble d'une grande peau dc niouton jelee sur
les epaulcs, ayani dans Ics sacoches de sa selle unc chemise de
rechange , une livre de cafe , deux de labac, et aulant d'orge qu'il
en fallait pour la provision de son coursier pendant nn jour, la
valeurde cent francs dans sa ceinture, un peu plus dans sa bourse ,
une montre , une boussole , un llvre-journa! , un crayon , un cou-
tcau, el Ion aura une idee exacte de noire jeune Europeen. Ainsi
equipe , Cbeikh-lbrahim rejoignit des fellahs d'Ezar a Tun dcsquels
il loua un ane, non pour s'en servir, mais afin de se faire de son
niaitre un protecteur durant le voyage. 11 trouva pendant celle
excursion dans le grand desert qui s'etend an nord-est , a Test et au
sud-estde Zahle, de norabreuses et d'iniporf antes mines dont quel-
ques-unes remontent au siecle de Trajan et d'Antonin. JJurckhardt
fit encore un autre voyage d'Alep a Damas , en suivant I'Oronle,
fleuve pres duquel on retrouve des vestiges d'une route romalne.
Au sorlirde Hamah situe a quatre journees de Tripoli, il se dirigea
sur cette ville , laissant la route de Damas pour visiter le chateau de
Maszyad , residence princlpale des Ismaylis , seclaires d^ont il ra-
conte des choses fort etranges. De IVipoli , il revinl a Damas par
le chemin de Kesrouan, le longde la cole , el visita I'antique Ey-
blos. liientfit, infatigable exploraleur, il fit les appr^ts d'un nouveau
voyage dans le Haouran, et dans les nionlagnes a Test et au sud-
est du lac dc Tiberiade. 11 y vit, pour la premiere fois , une nuee
tellcmenl considerable de sauterelles volanles, que la surface du sol
en elait completement couverte; a chaque pas son cheval en fuait
des quanlilcs immenses , et lui-meme avail la plus grande peine du
monde k s'en garantirle visage. A Djcrasch, il visita les testes dun
temple qui, selon lui, fut superieura lous ccux de la Svrie, cxcepte
toulefois a celui du Soleil a Pahnyre.
liurckhardt avail profondement medite sup 1 importance de son
io5
projet ct sur los aioyens tic le fairc reussir. Voulant inspirer
<le la coiifiancc aux iiuiigcnes, et faire disparailrc k's (lifficulles ct
les dangers qui s'atlachent trop souvent aux pas des Europeens, il
sejourna des mois entlcrs au milieu des Bedouins du desert , sc
fanilliarisa avec la langue , les habitudes el la religion de ces vrais
croyans, au point de pouvoir passer lui-m^me pour un Arabe. 11
n'cut cependant pas toujours a se fclicilcr de ces hordes noinadcs :
dans une courle excursion qu'il fit dans le Zor, contree pcu connue,
qui s'ctend le long de I'Euphrale, au nord-est d'Alep , il se vit
arrete , mallraite et depouille par une trpupe d'Arabes errans. Par
un reste de pilie ou de decence , ceux-ci lui avaient laisse la piece
la plus indispensable de son vetement , lorsqu'unc dame ou prln-
cesse arabe survint, et voulant avoir une part au butin, se mit en
devoir de lui arracher ce dernier voile, qu'en sa qualile de femme
elle aurait dii respecter. Comme ellc elait vigoureuse , ce nc fut
qu'avec beaucoup de peine que ilurckhardt parvint a le sauver.
Le fragment suivant de la lettre que ce digne fils de 1' Helvetic
ecrivit, le i6 Janvier 1811, a ses parens, et que nous pouvons
appeler le tableau de la vie du voyageur dans ces conirees, peut faire
juger combien JJurckhardt etait bon observateur.
« Voyager seul dans !e desert, entoure de gens dont la fidelitc
est douteuse , se soumettre aux plus dures privations, et endurer
les fatigues les plus penibles, parail une chose fort triste, el pour-
lanl j'y Irouve un attrait inexplicable. Long-temps avant le jour,
le voyageur est reveille par ses compagnons; il quitte la tente hos-
pitaliere oil il a passe la nuit, et adresse ses remercimcns aux botes
qui I'ont accueilli amicalement, et qui lui ont accorde un abri et
un repas abondant. Les chameaux se mellent en mouvemenl; e.t la
caravane cheniine pendant quelque temps en silence ; enfm le soleil
se leve majestueusement au-dessus de Thorizon : I'Arabe le salue
de ses chants. A la vue de ce spectacle magnifique , quel ccuur se-
rail liisensibie pour louer le Createur, qui veille sur le voyageur
au milieu des sables du desert;' La fraicheur <hi matin ne dine ([ue
ib6
peu (le leinps; trois heures apres le lever du soleil, lair est deja
briilanl : mais un iiiauleau epais garantit le voyageur des rayons
Irop ardeiis; ct la provision d'cau que porte son fidele chameaii
!ui permet d'elanchersa soif. Quelquefois, duranl les heures les plus
thaudes du jour, la caravane s'arrSte ; les chameaux s'agenouillent
en formant un cercle autour de leurs m ait res ; et le voyageur, en-
vcloppe dans son niauleau, selend a I'onibre de son clianieau, el
chcrche un sommeil rafraichissant. C'est de ccsinslans que je profi-
tais ordinairemenf, dit Eurckhardl, pour consigner quelques obser-
vations sur mon journal , en me cachant soigneusement sous mon
manteau. Bientot le signal du depart se donne, et la caravane se
remet en marclie. Au coucher du soleil , elle s'arrete prcs de quelquc
source, autour de laquelle les betes de somme trouvenl a peine un
peu dherbc. On allume du feu avec de ia fientc seclie de chaineau ;
et pendant que les uns font boire leurs nionlures, les autres preparenl
le repas , qui se compose d'un gateau de farine cuit dans la cendre,
d'un peu de beurre et de biscuit. Souvent les voyageurs trouvent une
horde d'Arabes etablie autour de la source oii ils comptaient s'arre-
ter. Alors lis mettent pied h terre devant la tenle duchef; on dtend
aussltot devant eux des tapis ou des nattes, et on les invite k s'y
reposer : on leur offre du cafe et du lall de chameau ; et Ton tue
un agneau ou un chevreau pour le repas. Les botes et les voyageins
passent la soiree a fumer ou a ccouter des contes. Dans le loinlain
se foiit entendre les chants joyeux des jeunes filles arabes. (^ue de
fols je quiltai mes compagnons ranges autour du foyer hospitalier,
pour error seul sous la voAte etoilce , me livrer a mes p«risees , et
chercher a reconnailre I'astre qui se levait au-dessus de la demeure
de mes parens cherls! Ah! sans doute , un lei voyage a ses ohannes.
Au milieu du desert, I'liomme pent encore Irouverde domes jouis-
sances. Le bonhcur n'a fixe exclusivement sa residence dans aucun
lieu de la terre : chacun pent le trouver egalement dans son ccFur ,
au milieu des Arabes demi - sauvages, aussi bien que dans les cer-
i l«;s de I'Kurope civilisce.
» L'Europeen qui voyage <laiis I'Orient , en giaiid seigneur ,
avec unc escorte armee , de bons chevaux qui lui servent de mon-
Jure , des chameaux pour porter sa tente , son lit , ses ustensiles
(Ic cuisine , n'eprouve pas plus de fatigue ni de privations que s'il
voyageait en Europe ; mais ce n'est pas ma maniere de voyager.
Je m'arretc toujours dans le plus mauvais karavanserai ; je n'ai
pour couverlurc que nion niantcau, el que la lerre pour tout iiia-
telas ; je mange avec les conductcurs dc cliameaux , et je pause moi-
m^me mon clieval ; mais aussi je vois ei j'entends beaucoup de
clioses qu'ignorent ceux qui voyagent commodement. C'esten par-
courant ainsi le desert que j'ai adople la maniere de vivre des
Arabes, dont j'offre ici quelques details.
» L'liabitant du desert, soumis , des sa jeunesse, a une foule
de privations , contracte des habitudes de frugalite que le ci-
tadin a de la peine a comprendre. Souvent le Bedouin se couche
apres une marche fatigante , pendant laquelle il a etc expose aux
ardeurs dusoieil, sans avoir pris d'autre nourriture qu'un peu de
lait de chameau ou une poignee de farine delayee avec de I'eau et
du sel. Sa nourriture habituelle est une espece de gateau de farine,
cult sous la cendre , el nomme Jad/e , qu'il mange apres le coucher
du soleil. C'est le seul repas qu'il fasse de la journee. Si quelque
t'lraiiger vient lui demander i'hospitalite, c'est un jour dc fete. Alors
il tuc une chevre , et invite ses amis. Les convives prennent place
autour de la marmite ; cliacun en tire a son tour un morceau avec
ses doigls, en arrache quelques boucliees de viande, et le rejette
dans la marmite, jusqu'a ce que le repas soil acheve. On ne laisse
aux femmes que les pleds el les oreilles de I'animal. »
Au mois de juin 1812, notre voyageur quitta Damas pour
se rendre au Caire ; et , au lieu de suivre la route de Jerusalem et
de Ghaza, qui est la plus frequenlee, il prit une tout autre direc-
tion , voulant explorer toute la contree vlsilcc avaut lui par Seetzen,
el qui s'etend a lest du Jourdain et de la mer Morte , et entre celle
mer el la nier Rouge. V^tu comme un JJedouin , Burckliardl ne
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])ril avcc lui auciin bagago ; il inonlait une vieille juinent dont I'ap-
parence n'avait rien qui <Mt tenter la cupidite des Arabes. Son
but etanl lonjours de sc faire passer pour inusulinan , il avait pris
loutes les precautions pour ne pas trabir son secret. II rejoignit
dans la Galilee une caravane d'Arabes de la vllle de Szalt , qui sc
dlrigeail a Test du Jourdain : pres de Szafcd , on lui nionlra Ic pui(s
oil Josepli fut jcte par ses frcres. De Tiberiade , sur Ic lac de Ge-
nezareth , il sc rendit a Nazareth ; de la il prit la route de Szalt pres
de laquelle est le Mezar Oscha suppose contenir le lombcau du
propliete Esaii, egalcment revere des Turcs et des Chretiens.
A environ dix-ncuf milles de Szalt se trouve Amman, Tunc des
plus anciennes villes qui soient menlionnees dan3 riiisloire juive.
Apres en avoir visite les mines, Cheikli-lbrahim se rendit a Kerek,
au travers des vastes plaines de Moab , parcourucs par des Ara-
bes voleurs , aux altaques desquels lout voyageur est expose. II
sejourna pendant trois semaines dans celle ville dont les habitans
qui devraient etre riches exercent riiospitalile dune maniere par
trop genereuse et nuisible a leurs interets : « Tons les soirs Kerek
est remplie de Bedouins parasites qui , stirs d'y trouver un bon
gite pour eux et leurs chevaux , y passent le plus souvent qu'ils pcu-
venl ; ilsdescendentun jour dans un nialiale ((juarlier) , voni a un
^^utre le Icndeinain , el visilcnt parfois les huit dont la villc se
compose, avant d'en sortir. Pendant son sejour a Kerek, noire
vovageur fit une excursion dans la plainc de Glior qui lavoisine.
]^e cheikh de Kerek s'offrit lui-meme pour le proteger jusqu'a Ta-
file , et partit avec lui sous une escorte de quarante cavaliers. En
s'annongant comine guide el protecteur , ce chef n'avait d'autre vuc
que d'exlorquer quelques piastres a IJurckliardt , qui, en parlanl de
sa conduite, donne sur la nation arabe des details caracteiistiqucs
qui conlrasleni dune maniere ft-appante avec les vertus hospitalicres
de ce peuple. Pen apres son depart de Tafde , Burckhardl ful rcmis
par ce clieikh a un guide arabe Howevta qui sV-ngagea pour 80
piastres a le conduire au Calre el a lui fournir un chameau. Dd-
tog
barrasse , apres uiie vive quercllc , de son nouvcau guide qui elail
aussi fieffe larron que le cheikh dc Keiek, il prit un Bedouin pour
le conduireau Caire , dentil se trouvait encore a4-oo milles. 11 visita
les ruines de A'V^ady Mou^a , et de ce point il eut le bonheur de
joindre une caravane d'Arabes Howeyta , avec laquelle il Ira-
versa en ligne droile une partie de TArabie Pelree , reffVayaiit de-
sert d'El-Tyb , passa par Suez , et arriva enfin au moisde seplembn,"
au Caire. Dans ce voyage qui cut ses dangers , Burckbardl donnc
des details du plus grand interet , et rappelle des circonstances qui
prouvent combien il etait done de ce tact si necessaire aux voya-
geurs pour explorer les regions difficiles.
Les resultals les plus iinporlans pour la geograpliie obtenus par
Burckhardt dans ces differens voyages , sont : i" la topograpliie de-^
taillee du Haouran; 2' la situation d'Apaniee sur I'Oronte , I'une
des plus importantes villes de la Syrie , sous les Grecs macedo-
niens ; 3" celle de la vallee Araba , vraisemblablement le Kadek
Barnea de I'Ecriture Sainte qui s'etend de rextremite du lac As-
phahite jusqu'au golfe d'Acaba sur la mer Rouge, et qui, formaiil
une communication entre Jerusalem et Fancien portd'Asiongaber,
servait du temps de Salomon au transport des marcbandiscs , et
facilitait le commerce des Israelites avec I'Egypte. ( Cetle vallee 011
Ton recueille la manne (i) vient d'etre visitee tout recemment
par MM. Linant et de Laborde fils) ; 4° les restes imposans de
]*etra , ville qui sous les Romains donna le nom d'Arabie Petree
au territoire environnanf. Ces restes se composent d'un amphi-
tbe^tre construit dans le roc , des debris d'un palais , de plusieurs
Icmplc: , dune longue suite de sepulcres tailles dans le gres rouge,
et parmi ceux-ci un mausolee de dimensions colossales, orne d'o-
belisques. Ces ruines et ces lombeaux qui existent dans le Wadv
Mou^a , vallon lateral de la vallee d'Araba, ont ete vus de nou-
veau par MM. Linanl et de Laborde. La relation du dernier de ces
(1) Ce iiilt eiait resle inconnu , Soelzen cii a l;ii' mention le premiur , I't
IJurckhardf iia faitfjue le coiinrmor. S. ?.!.
no
voyageurs vienlconfirincr lesd(5coiivertes <le Rmckliardt: « on erfct,
dit M. tic Labonle fils a son pere , nous entrSmes dans la vniic
W^ady Mouga au milieu de tombeaux du plus grand style et tailles
dans des rotliers a pic plus eleves que les premiers , et dansle fond
nous aper^iiines une suite de momnnens gigantesques d'un effet qu'il
est impossible de depeindre. Nous avons vu ensemble les mines
de JJalbek, les longucs colonnades de Palmyre, la rue de Loval de
Djerasck , tout cela n'approche point de ces immenses construc-
tions a deux el trois etages de colonnes , de cet espace de rocliers
d'une lieue quarree excave et jonclie des plus riches debris ; nous
etions dans unc extase conlinuelle. »
Les travaux de cet intrepide explorateur ont encore enriclii la
geographic asiatique de I'indication de quelques routes de cara-
vanes, de nouvelles determinations de points pliysiques et liistori-
ques dont les dernieres sont contradictoires avec celles precedem-
ment assignees par d'Anville aux m^mes lieux.
Burckhardt ne trouva au Caire qu'unc petite caravane de Touatis,
qu'il ne crut pas prudent d'accompagner. Trompe ainsi dans son
attente , il la laissa partir, ne voulant pas s'enfoncer dans
Tinterieur de I'Afrique , sans avoir prealablemcnt pris des
renseignemens sur les peuplades qui riiabitent. Son intention
elait d'attendre la caravane qui vient tous les ans de Bournou
au Caire , et que des troubles qui eclaterent dans ce royaume ,
retarderent pendant pres de deux annees. Force d'ajourner 1' exe-
cution de son projet, et ne pouvant rester dans I'inaction , il se
determina a remonter ics deux rives du Nil , depuis Assouan ,
ou la premiere cataracle jusqu'a Dar el-Mahass, sur les coufins
du royaume de Dongolah , qu'a son regret il nc put depasser ,
attendu que les Mamelouks alors en guerre avec Mohammed
Ali Pacha , en etaient les maitres. Les contrces d'une tUcndui!
d'environ 5oo milles , vues par lui dans cette excursion, n'avaient
pas encore dte entiereraent explorces par les Europeens. Poncet ,
en iGy8 , Dcrcmlo , en 1 70!) , el linice , en 1772, en avaienl
II I
vjsitc (liffL-rentes parlies, mais il reslail particulleremeiit a par-
courlr les Lords du Nil, enlre Derr et Dongolah , ceux de I'Asta-
boras el rancieiine Troglodytique.
Parti d'Esiie le i8 fevrier i8i3, noire voyageur qui avail achele
deux dromadaires, I'un pour lui, I'aulre pour ses conducteurs qui
devaient relayer dun canlon a I'autre , quilta le costuuie lure
pour endosser le manleau d'eloffe bleue, appele thabout, que por-
tent en route les marchands de la Haute-Egypte. Son bagage con-
sistait dans un fusil , un sabre, un pistolet et un sac de vivres. 11
se trouva , le 22 , a Assouan, oii il laissa son domestique, pril pour
guide un vieil Arabe qui raccompagna jusqu'a Derr , et qu'il rem-
pla^a par un Bedouin de la tribu des Kerraricli , qui le conduisil
jusqu'au terme de son voyage.
Pres d'un cndroit nomme Djebel-Lanioule , les guides arabes
ont I'usage d'exiger un present extraordinaire de celui qu'ils con-
duisent , voici comment iis s'y prennent : ils font halte , mettent
pied a terre , et forment un petit tas de sable et de caiiloux a Tinstai-
de celui que les Nubiens mettent sur les tombeaux ; ils appelleni,
ceia creuser le tombeau du voyageur. Cette demonstration est suivic
d'une demande imperieuse. Uurckhardt , ayant vu son guide com-
mencer cetle operation , se mit tranquillement a I'imiter, puis il
lui dit : \oila ton tombeau ! car, puisque nous sommes freres , il
est juste que nous soyons enterres ensemble. >> L' Arabe ne put
s'empecher de rire ; on detruisit reciproquement les travaux sinis-
tres , et on remonta sur les chameaux aussi bons amis qu'aupara-
vant. L'Arabe cita ce verset du Koran , qui dit : « Aucun viortel
ne connait le coin de terre oil sera rreuse son tombeau. » A son re-
lour, Burckbardt visila , sur les bords du fleuve, le celebre monu-
ment d'Epsambol, et plusieurs autres temples dont celui de Ka-
labsche semble avoir plus parliculierement fait I'objet de son
admiration. Ce voyage, qu'on peul cvaluer a environ 1000 milles
anglais , tant en remontant le cours du Nil , qu'en le descendant ,
et qui se fil en 35 jours , ne lui a coill** qu'environ quarante-deux
112
francs, sauf un presenl <le la valour <le 60 piaslres turqiies , qui!
fit au Kachcfh Hassan a Dorr. I{iirckliarclt qui faisait pen dc <lo-
pense, iion par avarice, niais par prudence el dans la crainte
d'exciter la cupidile, vivalt, ainsi qu'il nous I'a fait connaitrc dans
sa lettre a ses parens , absoiument comnie les indigenes.
Revenu a Esne, notre voyageur y atlendait que ses correspon-
dans du Caii c lui inandasscnt d'y venir joindre quelque caravanc
destinee pour I'inlerieur de IWfrique. 11 mena dans celte viiie un
genre de vie propre a dtJtourner de lui I'attention , voyaullc moins
de monde possible , depensant peu d'argent. Quoiqu'il eAt reduit sa
ddpcnse a 36 sous par jour pour lui , son doineslique , son chamcau
et son ane , il fut cepcndant soup^onne d'etre riche. II etait habille
comine un fellah arabe , portant une longue barbe , et une clicmise
bleue. La langue arabe lui etait devenue si familiere, que niemc
aux ycux des plus penetrans , il passait pour etre du pays. II
altendit pendant six mois I'avis qu'on lui avail promis, ce nc fiil
qu'au bout de cc laps de lemps , qu'il apprit avec le plaisir le [)lus
vlf qu'enfin une caravane allait parlir de Daraou , village sur le
!Nil , a Test d' Assouan , pour le grand desert de la Nubie , et
pour I'Abyssinie , et quoique celte direction ne fut pas celle qui
lui avail ele prescrite par la Socicte airicaine , il n'en saisit pas
moins I'occasion qu'elle lui offrait de ne poini prolonger davan-
tage son sejour dans un pays que lui rendait odieux I'oisivete si
opposee a son caractere.
Cheikh-Ibrabini qui s'elait fait passer pour un pauvre Irafiquant,
en prit le costume ct parut a Daraou avec un anq)lc tbaboul , une
jaquelte brune de laine , une chemise et un panlalon de grosse
loile blanche, des. sandales , un lebde ou bonnet de laine qu'en-
lourait un mouchoir arrange en forme de turban. II avail amene
un chameau ct un ane , le premier devait porler son bagage , ses
provisions ct son r.nu , el le second lui servir de monture. 11
etait sans domeslique , ayant envoyc celul qui I'avait servi si
fidelemenl en Kgypte, poller des leltres d'Ksne au Caire.
Mais ses preparatlfs de voyage , compares a ccux de scs compa-
gnons , n'avaicnt pas cte diriges par unc economic aussi rigoureuse
que la Icur, il se delermina done a vendre son cliameau ; el il fut
arrete que I'acheteur , indcpcndamment de vingt - huit gourdes
payees comptant , transporferait son bagage a travers le desert.
Dans la poche de son lliabout etaient un petit portefeuille , une
boussole , un compas, un crayon , un canif , une bourse a tabac ,
un briquet, de Tamadou. Burckhardt s'etait egalement muni d'un
Koran de poche, d'un livre-journal , d'un encrier , de quelques
feuilles de papier detachees qui devaicnt lui servir a tracer des
amulefles pour I'usage des negres , dun tapis grossier , et d'une
couverture de laine pour la nuit , d'une liacbe , de deux petites
outres pour conserver i'eau , d'une forte aiguille servant a coudre
les sacs et les outres , de fil , de dix brasses de corde , d'une
chemise , dun peigne , d'une petite provision de remedes ,
de trois outres de rechangc , d'un fourneau , de la vaisselle en
cuivre , d'une poele a griller le cafe , d'un mortier pour le piler,
de deux tasses , d'un couteau , d'une fourchetle , d'une ecucUe de
bois pour boire et remplir les outres. Ses provisions de bouche se
composaient dequarante livres de farine , vingt de biscuit, quinze
de dattes , dix de lenlilles, six de beurre , cinq de sel , trois de.riz ,
deux de cafe , quatre de tabac, mie de poivre , quelques oignons ,
et quatre-vlngts livres de dourra pour son ane. Ses inarchandises
consistaicnt en vingt livres de sucre , quinze de savon , deux de
noix de muscade , douze rasoirs , autant de briquets en acier , deux
bonnets rouges, et quelques douzaines de chapelets en bois, dont
les grains servent de petite monnaie dans les pays meridionaux ;
ses armes Etaient un fusil avec trois douzaines de cartouches , un
pistolet et un nabbout ou b^lon a I'egyptienne , garni de fer aux
deux bouts, qui devait servir a la fois pour la defense du voya-
geur , et pour piler son cafe. Sa bourse , renfermee dans une
ceinture , conlenait cinquante gourdes ; deux sequins etaient en ou-
tre cousus dans une petite amuletle de cuir, el allaches soigncusc-
8
I li
mcntautourdeson coudc. Unrckhardt, qui ctait a court d'argent .
et qui avail flemandti a son coriespondant du (^aire uii supplement
de foiids qu'il n'avail pas rcc^'u quand la raravane se mil en route le 2
mars 1824, n'avait pu se procurer one montrc , celle qu'il avail
s'etail Lrisee dans la Haufe-Egypte : aussi a-t-il soiu d' observer
que les heures dc marche not^es sur son journal , sont le resullat
de calculs approximalifs fondes sur Tobservation du cours du soleil.
La modicite d'une telle pacolille ne permcttant pas de supposer
qu'un honmie raisonnable ait pu tenter une pareille excursion
dans des vues mcrcanllles , Jiurckliardt fut soup^onnc par ses
compagnons d'avoir etc force de quitter rKgyptc pour deltes.
Afin de dctruire celle opinion , il se disait a la recherche d'un cousin
qu'une speculation dans laquelle toute sa fortune dtait engagee , avail
conduit depuis quelques annees de Siout a Darfour , eta Sennaar.
Muni d'un firman du vice-roi d'Egypte, el d'une lellre de rc-
commandalion d' Ibrahim Pacha , gouverneur de la Haute-Egyple ,
adressee a lous les rois noirs sur la route de Sennaar , dans laquelle
le fils de iVlohammcd Ali-Pacharappelail : Notre hien-aime llmiliim-
k-Syrien, et qu'il avail caches dans une poche secrete de sou tha-
bout , afin de n'en faire usage que dans des circonstances pressantes
et difficiles , noire voyageur sc rendit , en vingt-deux jours , de
Daraou au village principal des Berbers , en traversant le grand
desert de Nubie. En passant par le defile d'Abou-Ajadi , la cara-
vane , qui etait escortee par des Abades et qui se composalt dc
quatre-vingts persorines , se vit tout a coup altaquee par nn parii de
celle nation , qui Icur deniandail un droit de passage. Elle traversa en-
suite Om-el-Hebel, vallee (5troite,de Irois heures de marche, qui ser-
pcnte constamment entre des rochers de deux a Irois cents pieds dc
haut , coupes a pic, et qu'ombragent des bouquets d'acacia d'un feuil-
lage sombre et luisant commc les rochers memes. A Damlul est
un vasle reservoir loujours rempli d'eau de pluie , douce el liui-
pide, qui semblc appeler les voyageurs et les chamcaux. El-Haimar
esl une reunion de sources. Le Ouadi Olaki, autre point de I'itinc-
1 15
raire , est rlche en p^lurages. De Touachy et de Naboli, on arrive
a Schig£;re, I'une des nicillcures sources au milieu demontagnes, et
a moitie chemin du desert.
A partir de ce point , la plaine sablonneuse ne presenle plus au-
cune route tracee, et Foell seul d'un Bedouin peut y devlner Ic che-
min. L'extreme secheresse de I'alr y favorlse la cruelle illusion
d'optlque connue sous le nom de miradj. Pres de Ouadi Salylia la
caravane se vit envlronnee d'une douzaine de ces lacs aeriens d'une
couleur d'azur si pur et si clair qu'ils refletaient distlnctement les
ombres des montagnes qui borhaient I'horlzon. Pendant les cinq
derniers jours que la caravane passa dans le desert , elle eut beau-
coup a souffrir de la solf , les sources de Nedjeym etant tarles ,
elle fut forcee de contlnuer sa marche , nialgre le vent du sud qui
augmentalt la clialeur accablante du jour. Les provisions d'eau
commengalent a manquer , les lines mouralent en grand nombre ,
les chameaux etalent affaiblls , les hommes , marcbant a pled dans
ce desert brAlant, etalent exposes a une mort presqu'lnevltable, lors-
qu'on arrlva enfin dans leplus deplorable etat a Abou-Selam, lieu
eloigne de six beures de marche du NIl.Le chef des Abades envoya
un detachement monte sur les chameaux les plus vigoureux ,
pour allerrempllrquelques outres de I'eau de ce fleuve.Leseulcspoir
de ces malhcureux etait d'aitelndre , pendant la nult , un ooint
du Nil , degarni d'observatenrs hostlles qui n'auralent pas manque
de venir fondre sur la caravane , en suivant les traces des cha-
meaux , afin de la plUer. Les voyageurs hors d'etat de reslster, lan-
gulssans et n'en pouvant plus , attendalent avec une anxiete qui ne
peut se rendre le resultat de cetle perlUeuse expedition. . . . Enfin ,
a trois heures du matin des crix joyeux se font entendre; blentot
les chercheurs d'eau rentrent au camp, on se preclpite autour d'eux,
on se ranlme en buvant a grands traits les eaux douces et dellcleuses
du lleuve conservateur. Le lendemain on se dirigea sur Danqeyl ,
chef-lieu du district des Uerbers , situe sur le Nil , au-dessus de la
troisiemc cataraclc.
ij6
En approchant de ce lleuvc bienfaisanf la caravane senlil une
plus grande liuniidlld se repantire dans Talr , ct les Arabcs s'ecrie-
rent : Dieu soil hue ! nous seiUons le Nil !
Burckhardt passa quiiizc jours a Danqeyl , que Ton nommc aussi
Ouady-lierber. II drcril los moeurs depravees des Meyrclabs , ses
babilans qui se livrcnl a des dcbaucbes conlluuelles , qui ue con-
naissent que la fourberic , le vol et I'lngratitude , el donl les beros
sont les plus courageux brigands qui existent. Notre voyageur quitta
sans regret ce lieu de corruption ct de perfidie , le 7 avril , et ar-
riva le 10 a Darner , situe au confluent de TAstaboras et du !Nil ,
petit etat ibeocratique , dont radniinlslration , aussi douce que
sage, coiilrastait dune inaniere frappante avec les desordres des
Berbers. La caravane don til faisaittouj ours parlic,maigre les niauvais
traileniens qu'il recevait des AUoweins , el qui etail dimlnuee d'un
tiers de son monde, quitta Damer le i5 avril, el arriva le 17 a
Chendy. La, Ibrahini-le-Syrien s'ctablit au inarche , vendit ses
marcbandises dans une ecboppe , comnie si son voyage n'eAt eu
d'autre but que de lui eu procurer la defaite. Apres environ Irois
semaines de sejour dans cclte ville, la plus comnier^anle de I'Afrique
mais renommee par son infaaie commerce d'esclaves , il acheta un
chameau pour onze gourdes, en donna seize dun jeunc negre , fit
des provisions, et profita , le 17 mai, d'une forte caravane compo-
sde de 4-5o personnes , de 200 chameaux, etc., qui se dirigealt sur
Suackin, port sitae sur la mer Rouge, pour s'y rendre aussi.
En accompaguant cctle caravane , Burckbardt se proposait
surloutd'explorerrespacc inconnu quisepare celte ville de Clicndy ,
el de faire le pelcrinage de la Mecquc , persuade que le litre de
pelerin inilie lui scrait de la plus grande utilile dans la suite de ses
voyages. On passa I'Aslaboras, et bleutol la caravane fuldans le pays
des Bistbarys et des Hadendous, tribus nomades ct sauvages. Ces
Arabes, aussi beaux que braves, sont traitres, cruels, avares, vin-
dicatifs , inbospitaliers , el adonnes au vol. Aucunc loi divine ni
bumainc nc les empt^clic de se livrer a la fouguc de Icurs passions.
"7
La caravane en marchant vers Goz-Radjcb traversa leur pays
non sans dangers ; elle iranchit Jes montagncs qui separentle bassin
du Nil de la mer Rouge , et arriva le 28 mai a Suackln.
Ces deux voyages en Nubie , dont nous n'avons pu tracer Titi-
neraire que tres-succinclement , et sans en pouvoir faire ressortir
tous les principaux evenemens , a cause des limltes trop res-
treintes dc ce Bulletin, sent des plus inleressans; ce dernier sur-
tout ou loutes les circonstances qui y sont decrites etaient neuves ,
a Tepoque de la publication de Touvrage , abonde en details curieux
non-seuleinent sur les moeurs et les usages des Arabes Bedouins
du desert , el des autres peuplades des pays parcourus par cet
excellent observateur , niais encore sur la structure pbysique , la
lopograpbie , la geologic , I'hisloire naturelle , les idiomes indige-
nes , les ressourccs et les relations conunerciales de ces contrees.
Des remarques generales de toule espece qu'expliquent les connais-
sances varices de ce savant ajoutent encore au merite incontesta-
ble de son recif. On lui doit egalement des indications precises sur
les pays de Bagbenni et de Bergou , situes entre le Bournou et le
Sennaar, indications qui, coniparees aux renseigneinens de Brow-
ne et de Seetzen , et aux observations des voyageurs anglais Oud-
ney , Clapperton et Denhani , ont permis de fixer la position de
ces contrees. La premiere indication du cbangement de position
de Bournou , et sa determination sont dues a Burckhardt , qui fait
aussi mention de I'existence dans ce royaume d'un grand lac d'eau
douce, le Tsad, ce qui a ete constate par ces derniers voyageurs. II
avait recueilli des particularitcs inleressantes sur les babilans et les
productions du pays de Bournou ; quelques-unes ont etc confir-
mees par le major Denbam. 11 donne encore sur Dar-Katakou ,
contree qui s'etend sur la riviere de Sbary , des notions qui ,
rapprocbees de celles des trois voyageurs anglais , prouvent que
cette province est voislne de Bournou. Burckbardt avait deja
rcmarque avanl eux , que les Fellatas dc celtc ville faisaienl un
usage constant de ces (leclics empoisonnees , qui , lorsqu'elles
ii8
p^n^trenl dans la chair, donnent la mort en quatre ou cinq heiires.
C'est enfin aux renseigncmciis qu'il a transmis a lAssocialioii Afri-
cainc, qu^est d<i le vojage d Ouilney, de Ciappcrlon el de Dcn-
ham. Ritchie, Lyon et Burckhardt ont jele sur rintericur de
I'Afrique, quelques trailsdc lumierc.en rapportaved'opinion emise
par de savans geographes, mais pour parvenlr au centre de la
Nigritie, il faut de I'avis de Burckhard suivre la route d'Hornemann,
en se dirigeant plus vers le sud.
II faut connaitre le journal de notre voyageur pour sc faire une
idee des privations, des fatigues , des souffrances el des vexations
qu il a endurees, ainsi que des dangers auxquels il a el»i expos^.
Les faits , du domaine des sciences , cites par lui , prendront date
et pourront eprouver quelques changemens par les explorations
des voyageurs a veiiir ; mals ses rdcits curieux , instructifs et inte-
ressans , les singuliers accidens dont ses excursions furent seinees ,
seront toujourslus, aquelque epoque que ce soit, avecce vlf interet
qui s^attache a sa personne , et qui va toujours croissant. « On
croirait lire un ronian oriental, plulot qu'une suite de fails liisto-
riques. Cette illusion tient niolns a la nature extraordinaire des
aventures du voyageur , qu'a la maniere habile dont il en detaille
les circonstances ; son recit rend , pour ainsi dire , presentes a nos
yeax toules les scenes dans lesquelles il a figure , ou celles dont il a
seulemenl ete le tenioin.
(ia suite au prochain Numero.)
Sleur-Merliin.
"9
DEUXIEME SECTION.
ACTES DE LA SOCIETE.
§ l*"". Pi'oces-Verhaux des Seances.
Seance du i" aoilt 1828.
M. le baron de Capellen , ancien gouverneur de I'Archipel de
I'Inde, adresse a la Societe une carte inanuscrite des cotes occiden-
tales de I'ile Borneo , qu'il dit elre copiee fidelenient siir celle que
M. MuUer a redigee sur les lieux irienies : sa letlre contlent aussi
divers renseignemens sur la fin tragique dc cet intrepide voyageur
qui donnait les plus belles esperances.
La Commission centrale rcnvoie cette carte a la section de
publication , ct decide , sur la proposition de M. Brue , que M. de
Capellen sera prie de vouloir bien acconipagner cette carle d'une
notice exlraite des nombreux materiaux qu'il a recueillis.
M. Dubra , membrc de la Societe , soumel un projet de voyage
dans Tinlerieur de I'Afrlque , qui pourrait etre execute , depuis le
Senegal jusqu'en Egypte , par des Maures , des Arabes ou des ne-
gres musulmans , auxquels seraient adjoints un ou deux Europeens.
Le depart d'une expedition pour la Moree lui parait une occasion
favorable a I'executlon de ce projet.
M. Yosy , secretaire de la societe medico-botanlque de Lon-
dres , communique des details sur la mort de M, Chorls , con-
firmee deja par la lettre adressee de la Vera-Crux a MM. Eyries ,
du Havre.
Le meme correspondant annonce qu'il a re^u de M. C. Moreau
plusieurs mllliors d'exemplaires dc I'exlrait en anglais, des regle-
mens , programmes et circulaires de la societe, et qu'il se fera un
plalsir dc les cxpcdicc aux correspondans de la societe medico-
bolanlque , repaudus dans les diverses parties du monde , et spe-
I20
cialcmcnt (Jans rirnlc. II iait aussi don a la Sociele (Vun exemplairc
de la (jt'Ographie dc Busching. Iveineicnnciis.
M. Gonzalez , de Madrid , adressc ses reniercinicns a la Sociele
qui vient de lui accorder le tilre de correspondant etranger , et
promel de faire lous ses efforts pour conlribuer au succes de ses
travaux.
MM. Ic chevalier d'Abrahamson , le comte d'AUonville , Kel-
sall , baron Roger et C. Smith , ecrivent a la Society pour lui offrir
divers ouvrages. ( Toy. page 1 23. )
L'ouvrage de M. !e comte d'AUonville , intitule : Dissertation
sur les camps remains du departement de la Somme , etc. , est renvoye
a MM. Alex. Earbie du Bocage et Bottin dej.i charges de rendre
compte de plusleurs Memoires de M. Maiigon de Lalande sur
Samarobriva.
M. Alex. Barbie du Bocage estegalcment invitd a rendre compte
de l'ouvrage de M. (!]h. Kelsall , rclallf a la geographic des iles
Brilanniques.
Le meme membre communique Textralt d'un rapport sur Ics
travaux de la sociele royale des antiquaires du Nord , a Copen-
hague, pour les annees 1825 , 1826 et 1827. Ce rapport renferme ,
entre autres objets dignes d'attention , la mention d'une picrre I
gravee de Runes , trouvcc, en 1824 , dans Ttle de Kingik-Torsoak
sur la cote occidcntale du (iroeuland , sous une latitude seplen-
trionale de ^Sdegrcs. Renvoi au comite du Bulletin, (f'oy. pag. i2g.)
M. le chevalier Jaubert annonce que la traduction des 10 sec-
tions dont se compose le premier cfimal de TEdrisi est terminee et
qu'elle va Sire livree a rimpression.
M. W arden fall un rapport sur la relation manuscrlte du voyage
de M. Taillei'cr a la cote de Colomble , dans le couranl de I'annee
1827.
M. Cadet, de Metz , communique, au nom de la section de
correspondance , une serie de questions geueralcs dcslinees aux
voyageurs , et propose que les menibres de la Sociele solent Invites
121
a en prendre communication au secretariat , afui d'y ajouler leurs
observations particulleres.
M. (t. liarbie dii Bocage depose sur le bureau une proposition
qui a pour but d'ajouter de nouveaux articles supplementaires au re-
glement de la Societe. Cette proposition , prise en consideration
par la Commission centrale , sera discutec dans la procliaine seance.
M. Jomard annonce qu'il met a la disposition de la Sociele les
cuivres des deux cartes qu'il vient de publier sur le cours du
Senegal et de la Gambic, et dont les gravures lul ont ote offeiies
precedemment.
Seance du 22 aoiU 1828.
La Societe pbilosopbique americaine de Pbiladelphie, par I'or-
gane de son secretaire , remercie la Societe de Gcograpble de
I'envoi du Recueil de ses Memoires , et lui adresse , de son cote ,
la suite des Transactions qu'elle public.
M. Lamarche adresse de nouvelles observations sur la traduction
qu'il a faite du Memoire de M. W . Smith de Scraped , inlitule : De
lajorme de la terre , el dc son influence sur la geographic et rastronomie.
II resulte de ses recberches sur Tangle de correction , que c'est
un astronome frant^als , le celebre Lalande , qui le premier a si-
gnals d'une manlere indirecte , il est vrai, les refonnes a faire aux
systemes geographique et astronomique. Renvoi au Gomite du
Bulletin.
M. Noiret , attache a la Banque de France , et auteur de divers
ouvrages d'arlthmetique, qui a fait, avant la revolution, un sejour
de plusieurs annees au Senegal , adresse a la Societe quelques
reflexions sur les moyens a employer pour faire avec securlte des de-
couverles dans rinterleur de 1 Afrlque. 11 pense que Ton nepourra
reussir dans une entreprlse de cette nature qu'avec le secours d'une
expedition imposanle et bien armee, en distribuant des presens aux
princes ou chefs des pays que Ton aura a traverser , et en prenant
des otages. 11 indique ensuite Temploi a faire des troupes de I'ex-
pedition.
122
MM. J oinard, Pacho ct dc Couessin prcseulciit quclqucs observa-
tions sur ce inoyen de voyager en Afrique , ct font senlir que ['exe-
cution serait sujette a de grandes difBculles.
M. G. Barbie du Bocage communique I'extrait d'une lettre de
Stockholm , relative a la publication d'une belle carte de la partic
meridionale de la Suede et de la Norvcge. (\ oy. pag. i^i-)
M. Gautller d'Arc communique I'Extralt du Journal du navire
commande par le capitalne Michel de Saint-Malo, duquel il rcsulte
que eel officier est le premier qui ait decouvert et signale, pres des
lies Seychelles, des parties encore inconnues jusqu'alors. Renvoi de
celte note a la section de correspondance , avec Tinvitalion de la
transmettre , s'il y a lieu , au comite du Bulletin.
M. Jomard appelle I'altention de la Commission centrale sur
les nouveiles recentes qu'on a revues du capllaine Dillon , charge
de recueillir les debris du nauiVage de I'expedillon de La Perouse ,
dans les iles de Maiicolo , et d'oii il parail rosullcr avec certitude
que c'est bien la le theatre de la catastrophe.
Parmi les ouvrages offcrts a la Sociele , la Commission cen-
trale remarque celui qui a pour titre : Geographical index of all places
ill Inilia , publie par MM. Kinsbury , Parbury et Allen. Elle de-
cide que cet ouvrage sera renvoye , commc celui de M. Coulier
sur les positions geonomiques du globe , a la future commission
qui sera chargee de juger le coiicours de 1829.
Sur la proposition de plusieurs membres, la Commission decide
que le Bulletin dc la Societe sera adresse a plusieurs societes savantes
et directeurs dc journaux scientifiques et lilt^raires de Paris et des
deparlcniens , en cchange des Recueils qu'ils publlenl.
M. C. Moreau enlretient Tasscmblee des mesures qu'il a prises
pour repandre dans les diverses parties du mondc , par la voie des
journaux anglais , I'extrait en anglais des rcglcmens , des program-
mes et des circulaires de la Societe. II annonce egalement qu'il a
cherche a elabllr des relations avec les institutions scientifiques dc
la Grande-Bretagnc, el que toules ces Inslilutions sonl disposees
123
ties-favorablenient a I'egard de la Sociele de Geographic, donl.
elles savenl appiecier les utiles travaux. La Commission vote des
remerctmens a M. C. Moreau.
La Commission passe ensulte a la discussion de la proposition
de G. Barbie du Bocage , relative a une addition a faire au regle-
menl en ce qui regarde les corrcspondans etrangers. Plusieurs
membres observent que cette proposition et celle de M. C. Mo-
reau relative au meme objet , onl besoin d'etre mitrles et exami-
nees avec soin , et demandent qu elles solenl renvoyecs a MM. les
membres du bureau et presidcns de section. Adopte.
§ 2. Admissions , Outrages ojjerts , etc.
MEMBRES NOUVELLEMENT ADMIS DANS LA SOCIETE.
Seance du i" aout.
M. CoupiN.
M. C. Smith, geographe, a Londres.
Seance du 22 aoilt.
M. Jacques Barzilay, interprete expert pres les tribunaux de
Paris , etc.
M. MoRLENT , redacteur du Journal du Havre , membre de plu-
sieurs societes savantes , etc.
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE.
Seance du 1" aout.
Par S. Exc. le ministre des affaires etrangeres : Histoire de
Ja Com^eniion natiunale, par M. Lacretelle, Paris, 1828, tome 2".
Par M. le comte d'AllonvIUc : Dissertation sur les camps ro-
mains du departemenl de la Somme , avec leur description , suivie d'e-
cliiircissemens sur la situation des villes gauloises de SamaroLrive et
124
liniliispenre cl siir /'epuque de la cons/ruction (Lis qualre camps ro-
inaiiis (le la Sornme , un vol. In-8° , 1828.
Par M. le baron de Capellen : Carle manuscrite de Vile de Bor-
neo, uiie feuille.
Par M. le chevalier d'Abrahainson : Alias du royanme de Da-
ncmarck , par Lain iages (suite) 3 feuilles.
Par M,C. Siuilh : Tlie f florid on mercator''s projection, Londres,
1828, 2 feuilles; — Orhis veteribus notus , Londrcs, 1827, 2 feuilles;
— A combined vieM of the principal mounUiins and nWrs in the world;
Londres, 1825, une feuille; — Picture of organized nature as extin-
ding over the earth, Londres, 1828, 2 feuilles, avcc une notice.
Par M. Kelsall : Remark touching geography especially that the
Bristish iles, etc., Londres, 1825, un vol. iii-8".
Par M. JJajot : Annates marllimes et coloniales, cahier de juin.
Par M. de Ferussac : Bulletin des sciences geographiques , cahier
de juin.
Par la Sociele Asiatique : Numero 7 de son Journal.
Par la Societe de I'Aube : Numero 2G de ses Memoires.
Par les Auteurs : Plusieurs numeros du Globe.
Seance du 22 aout 1828.
Par la Sociele philosophiquc amerlcainc de Pliiladolphie : Tran-
sactions de cette societe , vol. Ill (2'' parlie), nouvelle scrie.
Par M. C. Moreau : Examen comparatif du commerce de la Fran-
ce avec tous les pays du monde, aux deux epoques depaix les plus im-
portantes qui ont precede la revolution (1787 a 1 789), f/ suioi la res-
tauration (1819 a 1821), etc., Londres, 1828; — Examen impar-
tial du commerce de la Grande - Bretagne avec toutes les parties du
monde, durant les epoques les plus remarquables des 17'', 18*^ et 19'=
siecles, Londres, 1828.
Par M. C. Moreau, au noin de M. (]. Smith : Index containing
the names and geographical positions of all places in the maps of India,
etc., J^ondres, I'af), un vol. in-8°.
125
Par M. Barzllay : Guide du voyageur en Italie, un vol. "111-8°,
Paris, 1828.
Par M. E. Gauttler, aunoni de M. Bltouze-Dauxmcnil : Carte
du canton de Poutorson (Maiiche), 1827, deux feuilies.
Par M. Jomard : Du nombre des del'its crimineh, compare a Veloi
de V instruction primaire, Paris, 1827 , une Lrochure in-8''. ; — Ta-
bleaux sommaires faisant connaitre Vetat et les hesoins de Vinstruction
primaire dans le departement de la Seine, Paris, 1828, une Lro-
chure in-8''.
Par M. Gide : Nouoelles Annales des voyages, cahier d'aout.
Par M. de Leuven : Journal des voyages, cahier de juiilet.
Par M. de Ferussac : Bulletin des sciences geographiques , cahier
de juiilet.
Par M. Jullien : Revue encyclopedique, cahier de juiilet.
Par M. Arlhus-Berlrand : Bibliolheque physico-economique, cahier
d'aoAt.
Par M. Toulouzan : V Ami du Men (10^ cahier).
Par la Societe d'agricuiture de Poitiers : Bulletin de cette so-
<iete, n" 23.
Par les Auteurs : Plusieurs numeros du Globe.
126
TKOISIEME SECTION.
DOCUMENS , COMMUNICATIONS , NOUVELLES
GEOGRAPHIQUES, ETC.
Lettre de M. Van der Capcllen, conlenant des rcnseignemcns siii
file Borneo et sur la mort du voyageur Muller.
Utrecht, 3o juin i8a8.
La Sociele de geographic m'avant leinoigne le desir de recevoir
des renseignemens geographiques sur Borneo, jai pens^ qu'une
carte des cotes occidenlales et nieridlonales de cette tie, encore si peu
connue , ainsi que de quclques parties de I'interieur, pourrait lui
etre agreable. Je viens. Monsieur le president, lui faire I'liommage
de cette carte , copiee fideleinent et exactement sur cellc que Ic
malheureux Muller a , en grande partie , redigee sur les lieux , et
qu'il m'a envoyee dans le temps; elle est dessinee de sa main.
Veuillez bien. Monsieur, Toffrir, de ma part, ^ la Society dc
geographic, et lui dire que je la prie dc considcrcr eel envoi
comme une marque du desir qui m'aninie de conlrlbucr par mes
faibles moyens a la propagation des sciences dont cHe s'occupc
avec tant de succes.
Si M. Muller avail pu conlinuer encore ses recherches pendant
quelque temps , il est incontestable que la connaissance geogra-
phique de I'lle dc Uorneo se serait rapidement perfcctionnee. J'ai
rarement rencontre tant de zele et tant de perseverance a braver
les difficulles innombrables qui s'opposent aux voyages de la na-
ture dc ceux qu'il a entrepris, unis a lant dc moyens propres a
remplir Ic but qui les lui faisait cntrcprendre. J)cpuis que j'ai
quilte I'Archipel de I'lnde, deux des Javanais qui accompagnaient
M. Muller , et qui ont echappe d'une maniere miraculeusc au mas-
127
sacre «3ont les autres voyagcurs ont cte les victimes, sont revenus
a I'lle de Java. On a dresse proces - verbal de leur relation , (res-
imparfaile a la verlte, mais qui donne neanmoins quclques details
sur la fin traglque de cet intrepide voyageur. 11 resulte de ce
recit,que, comme un autre Colomb, MuUer promettait d'un jour
a I'autre aux nalifs qui I'accompagnaienl, et dont rimpatience et
I'incredulile augmenlaient de plus en- plus , I'arrivee de leurs
embarcallons dans la grande riviere de Pontianali, qu'il se propo-
sal! de descendre ; mais que , moins beureux que le voyageur
americain, il devint la victime de Timpatience de ses compagnons
de voyage, avant de pouvoir reallser sa promesse. La derniere
lelire, que j'ai re^ue de M. Muller est datee de Kotty , le g aout
1825. 11 avail I'intention de quitter sous peu de jours cet endroit ,
avec I'espoir d'atleindre Pontianah dans le courant de septembre.
Cet espoir n'a pas ete realis(5. II me promettait des carles , des
dessins , des notes, etc., que je n'ai pas re^us , et qui auraient ^te
du plus grand interet. 11 ne m'avalt fail parvenir encore que peu de
renseignemens sur ce dernier voyage.
ExTRAIT d'une lettre dc M. le che{>alier d'Abrahamson sur la publica-
tion des Atlas du Danemarck et dc la Noivege.
Copenhague , ao niai 1828.
Agreezmes remercimens sinceres pour votre lettre et pour celle de
la Societe'J'ai rc^u mon diplome, et je serai extremement salisfait
de Irouver I'occasion de prouver a la Soci^le combien je sais ap-
precier ses utiles travaux. I'j, ■ ' .
Nous avons termine le 2'' volume de Y Atlas du Danemarck. Vous
vous rappelez que j'ai eu le plaisir d'offrir a la Societe le 1" volume ,
compose de 10 cartes, comprenant les iles danoises, et 10 carles
du 2"= volume, comprenant les trois quarts du Jutland septentrio-
nal ; il manquail alors 4 planches , conlenaul les deux bailliages de
Veiie etde Kibe, et lamoilie du bailliage de Ringkjobing ; j'attends
l-2i
une occasion pourvoiisics cnvover (i). Le 3'= volume est comniencr,
11 conlieudra le Jullaiid nieriilional (le duche de Sleswig), en 8
planches, dont une linie, deux enlre les mains des graveurs , deax
dessinees, une construlte, el deux qui le scront aussltot que Ton
aura rectifid quelques points essentiels. J'espere voir paraitre ces
huil planches dans le couraut de I'annee.
On a aussi commence un travail scmblable pour la Norwcge. Les
capilaines Muntlie ct l\amm , de Chrlsllania , ont la direction de
celle cntreprisc utile. 11 est a presumer que le Storthing (les Cham-
bres) pretera son appui a cetle entreprise natlonale , quoiquil ne
veuille allouer des fonds que pour les depenses urgentes.
L'echellc que Ion a adoptee est celle de ^^^ts- Deux carles sont
publiees ; savoir : la carle du bailllage de Smaalehnene (lat. 58° 5o'
— 59° 4-8', long. E. de Tile de Fer, 28" 5' — zif 3G'j; celle du bail-
liage d'Aggershaus (lat. 59° 28' — 60° 34' , long. H de I'ile de Fer,
27" Sj' — 29° 4-o'. Les uierldiens et les cercles paralleles soul traces
de 20 en 20 minutes.
Les observations mullipliees de M Hansteen ont servi a appuyer
les bases de celle carte : un grand nombre de rectifications ont el^
executees. La position de la vlUe de Chrlsllania a etc delermlnee
par 28" 24' 3o", long. E. de I'lIe de Fer , ce qui fait une difference
de temps avec Paris de 33' 38".
L'execution de la gravure est confiee a deux artistes fran^ais ,
MM. Malo et Pelicler.
Les plans des villes, a lechelle du jvq-^, sont ajoules dans les
angles de chaque feuille.
La merldlenne de Kongsringer et les perpendlculaires sont les
lignes centrales desquelles on part pour compter les points Irlgo-
nomelrlques.
Le trolsieme bailllage, donl la carte va paraitre , est cehii (l<*
Hcdemarkeu ; il exigera Irols fcuIUes , a cause dc son cteudue.
( I ) Ces feuilles ont etc adresse'es depuis a la Socie'te.
'-9
Carte dcs environs <1e SegeLerg et. du Holsfein.
M. le professeur Sclmmaclier , d'Altoiia , vient tie publler unc
carte Ilthographiee fort curicuse , des eiwirons de Segeherg. Cette
carte est dessinee sur la meme echelle que le grand leve dor.t clle est
extraile , el qui a ete fait sous la direction de M. Schumacher. Les
environs de la niontagne de Kalkberg au pled de laquelle la villc est
situee , sont d'autant plus interessans .i connaitre , qu'ils peuvent
founiir d'utllcs renseigneniens aux savans qui s'occupent de la mi-
ucralogie. I^a carle du Holslein , du meme auteur , ne paraftra pas
dans la meme grandeur ; elle sera reduite au 80,000^ comme celle
de la France, se composera de i5 feuilles , el comprendra le duclie
de Lauenbourg.
Inscription ninique, trouvee dans File de Kingiktorsoak , sur la cote
occidentale du Groenland.
Le rapport que vicnt de publier la Societe royale des Anliqualres
du Nord a Copenhague, pour ses travaux des annees 1825, 1826
et 1827, fait mention d'une decouverte interessante pour I'histoire
de la navigation vers le nord. En 1824., on Irouva, dans I'tle de
Kingiktorsoak, sur la cote occidentale du Groenland, et par la
latitude de 78 degres , une pierre gravee en caracteres runiques ; elle
portait rinscription suivante :
« EUigr. Sigvaps : son : r. ok. lijanne . Torlarson ;
Ok : Enrlpi. Osson : laugardag. in : fyrir Gagndag.
Holpu. varda le. ok rydu : M CXXXI.
Autrenicnt : Erlingr Sighvatssonr ok Bjarne Pordarson ok
Endrldi oddsson laugardaginn fyrir Gagndag blodu varda pessa ok
ruddu 1 1 35. »
\oici !'explication donnee par M. le oocteur I\afn , professeur
de philosopliie el secretaire de la Societe royale des Anliquaires
du nord :
9
i3o
Er/ing Sigoafson, Bjarne T/iurdarsori et Eiulri;le (Jddson crigerenl
ees monceaux de pierres ( var<ler ) le samedi m'uni Ic jour nomine
Gagndag (le aS avril); et ils neUoyerent la place en ii35.
M. Kragh, misslonnaire au Grocnland et correspondant de la
Socit'le , a vu sur le lieu oii cette inscription fut decouverte, trois
monceaux de pierres , dont apparcnimcnt cliacun de ces trois indi-
vidus avait ^rige le sien.
Cette pierre est , dil M. I\afn , dune grande importance pour
I'hisloire, puisqu'elle met en evidence que nos ancelrcs onl deja,
au douzleme siecle, pousse leur navigation sur la cole occidentale
du Groenland, jusqu'a cette haute latitude.
Note sur ks emplelemens surressifs de hi mcr sur la rote occidentale
de I'Anglelcrre,
Le 2 avril dernier , M. C. Moreau communiqna a la Sociele Ic
resultat d'oliservalions failcs par M. Nirnmo , ingcnieur distingue
de TAngleterre , sur les cotes qui avoislnenl le port de Liverpool.
M. Ni'inmo a fait fairc dans plusleurs cndroits des fouilles qui I'ont
convaincu qu'au-dessous de la surface de la mer qui balgne acluelle-
mentces parages, les terres avaient dte autrefois cultivees, el qu'il
etall facile d'yreconnailre encore des traces de foretsetd'habitations.
l^a mer , dans eel envahissement , ne parait pas s'ctre Lornce au
sejour des vivans , elle n'a pas meme epai gne celui des morls. Un
cimetiere a etd en effct decouvcrt a 200 picds au-dessous de la
hauteur moyenne des marees , a peu pres vis-a-vis le Mockhcggar
Liglilhouse ( le phare de Mockbeggar ).
M. Moreau ne donne point la date de celte curieuse decouverle
de M. INimmo ; elle parait cependanl poslericure aux observations
que ce meme ingenieur fit de concert avcc MM. Robert Stevenson ,
John Tol/y- et JV. Laird, de Liverpool , dans le mois de fevrier der-
nier, sur ie rivage du Clieshlre. AL Stevenson, preseiilantle 8 mars,
a la sociele \\ ernerienne le resultat de ces observations, v lut une
notice qui excita le plus grand interet. La parlie dc la c6!c sur la-
quelle II porta specialement raltentiou de la Soclete, est dc 7 milles
environ , entre les rivieres de la Mersey et de la Dee , le Wal-
laseapool d'uu cote et le Dalpool de Tautrc.
En dedans des grands estuaires que fornient ces deux rivieres ,
la cote est aLrupte. Elle se compose d'arglle rouge et de niarne
melees encore d'une assez grande quantile de terre , qui bient6t
n'offre plus qu'un gravier grossier. A son extrdmlte la pointe de
terre, bornee par les deux rivieres, s'abaisse considerablement,
et se trouve de beaucoup au-dessous des plus hautes marees. Elle se
prolonge meme de 3 a 4- yards dans la mer ; et , quand celle-ci est
basse , on volt a nu de I'argile rouge ; mais dans les bautes eaux
on y aper^oit une marne coloriee de bleu. On y reniarque aussi
one espece de iourbe, rnais cette tourbe disparait presque enliere-
ment sous la masse du sable qui la tient comme ensevelie.
Au niveau d'une deml-maree , celte longue presqu'ile presente
le curleux speclacle d'une forel sous-marine , qui enibiasse une cer-
taine etendue. Les iionibreuses racines des arbres qui n'ont point
ete emportes par la mer , ou dont les habitans des lieux circonvoi-
sins ne se sont point encore empares, pour en fairedu feu, sonten
pleine decomposition. Ces arbres semblent avoir ete coupes a en-
viron deux pleds du sol. On en volt les racines sortir dans toutes
les directions ; elles percent meme a t ravers Targlle qui soutlent le
sol. Les arbres n'avaient point la meme hauteur, a en jugor du
moins par leur diametre qui est de 18 a peut-etre 3o pouces ; ils
ont la conformation du chene ; plusieurs tiges ou troncs gisent sur
le fond meme de la mer ; ils y sont en parlie couverts de sable ou
d'arglle; et, tel est a present I'etat dans leque! ils se trouvent ,
qu'eu les frappant avcc le premier instrument venu, on y voit
s'agiier une multitude de poissons a coquIUes , appeles pholas Can-
dida , qui out trois quarts de pouces de longueur et deux de largeur.
Si a ces preuves Inconlestables que cette pointe de terre, a present
a plus de 20 pleds au-dessous de la pleuie mer, a etc autrefois une
102
terre scchc qui s'ctendail beaiicoup an-dcia du lien ou so trouvent cos
reslesd'uiie grandc foret . ou ajoutc cellos qui rossorlonl dc la pre-
sence de masses enonnes de greenstone que Ion v rencontre , etqui
ont Ati fairc corps avcc la terre forme , ol parliculierement avec le
rivage en dedans de la Dec , ellcs on acqnerronl sans doule uiic
evidence de plus. Ce qui , au surplus , est encore a remarquor , c'est
que les habilans dc ce district ont conserve une tradition qui parle
de I'ancien otat de cettc c6te. Autrefois olio elait couvcrlo do bois,
aujouniliui Ton n"y aper^oit ccpeiidant aucun arbro do quolqu'cs-
pece (pjo CO soil : « Depuis Vile d'Hallia jusqu'h Birkrn/iear/ , dll ua
cbaul Iraditionnol , un ecurcuil pourrait sauier d'arhre en arhre. »
On designait alnsi I'ospaco conipris enire la Dec et la Mersey;
c'est la que sc Irouve on offol cotto foret sous-marine dont nous
venons de parlor.
MM. Stevenson, Ni'mniu ol Tol'uy ne se sont point contenles de
ce que la vue lour offrait , iis out inlcrroge les indlvidus los plus
ages de celte partie du (>!iosbiro, afui d'acquorir quolques autres
lumieros sur cc que d'auciens souvenirs ])ouvalont lour rappcler de
I'etat primitif de cette cole. Trois vielllards, Tun de g3 ans, le second
de 86 , el lo troislomc dc 80 , lour lournirent effectivemcnt quel-
quos ronsoignemens.
Le premier , nia^on do profession et arpcntour , lour dil avoir
cte employe a la construction du pliare que Ton eleva dans les
terrcs a Lcasowe , dans raniuio 1 764. H y avail alors proche du
rivage deux pharos ([ui sorvaioiil a guider la navigation <ios marins
qui se rendaienl a Liverpool par lo chanel ; niais celui qui se
trouvail lo plus pros do la uu-r, oiivahi do lout cote par los caux ,
devint tout-a-fait inhabitable , et dut etre abandonne. Un nou-
veau phare fut done construit sur le Bidstone llill ; ol le phare
aciucl de Leasowe, colui a la construction duquel il avail coopere,
de phare dc terre qu'il otail , devint par suite de ce desaslre , le
pharo dc iner. (]e viciilanl no put donnor do ronseignemcns sur la
distance qui sciparail originaircincnt ccs deux lumieros; niais il avail
t33
cepcndant la ccrlllude qii'elles elaicnl cloignccs I'une de I'aulre de
plusleurs cenlaines d'yards. 11 ajouta qu'il savait , par les niesures
qu'il avail prises , que dans Tespace de Iroiile annees seulement la
cote de LcasoNve avail perdu ii roots du Cheshire, ou 88 yards.ll
croit Lien que depuis qu'il counail ce rivage, la cole a j)u pcrdre
un demi-mille de lerre ferine. L'un des deux aulres vieillards avail
egalemenl Iravaille au phare ; lous les deux ontconfume le recit dn
premier.
11 est facile de se rend re coinpie de ccs changeniens lorsque I'oii
voil dans Ic rapporl de M. Stevenson que la maree a donne , les i6 ,
ly el i8 fevricr dernier , la proine la plus alarmanle des cmplete-
mens conSlnuels de la mer sur !e rivage de Lcasowe.
A la haute incr, la cole ful enlicrenient couverlc ; la vague s'a-
van^a comme un torrent , a la distance d'un demi-mille , entoura
le phare inenie de Lcasowe , et continua sa course a Iravers des
lerres Lasses , jusqu'au Vi'allaseapool sur la Mersey. La , elle se
forma un iiouveau canal , en mena^ant d'envahir plusleurs milliers
d'acres d'une lerre excellenle el dc riches paturages , et de les con-
verlir en un lac permanent. Lorsque I'on construisil le fori de
Leasowe dans les lerres, en 1764, on devait le croire hors des
alleintes de la mer , el cependanl 87 ans aprcs, le 17 fevrier der-
nier , 11 elall de tout cote cntour(^' par les flots ! ... 11 est proLaLle
que Lientol Ton se verra force a le deserter encore , si Ton ne se
decide point a y falre des Iravaux conslderaLles ; car les lerres qui
ravolslnent sont toutes beaucoup au-dessous du niveau de la hiiulc
mer dans les grandes marees.
Cetle parlie de la cote de rAngicterre n'esl au reste point la
seule qui soil exposee a de parcils desastres , et ou I'on apcr^olve
quelques deLris dc forets ancienncs dcvenues aujourd'hul sous-ma-
rines. Coanne le fait oLscrver M. Slwcnson , on en rencontre sur
plusleurs aulres poinis de la Grande-l*retagne , parliculierement
sur la cole du Lincolnshire , sur les Lanes de la Tay pres de Fllsk ,
a Skiel dans I'lle Mainland des Orcadcs , et dans d'aulres localites
1 34.
encore. Ce sont la sans doule de fortes preuves que si Ics caux de
la mer semblent abandoniier certaiiies parlies du continent , il en
est d'autres surlcsquellcs elles se portent avec violence, el qu'elles
ajoutent indefiniinent a leur immense empire. A. JJ. du 15.
Expose sommm're d'une route faite au iruvers du Mekran , par le
capitaine M. P. Grant, en 1809, et commencce sous les ordrrs du
general Malcolm.
La premiere parlie de ce document ne conlient qu'une courte
notice sur le pays en general, et sur les villages et les villes qui
peuplent la route parcourue par son auteur ; la plupart de ccs villages
paraissent de bien peu d'importance , ils ne se composent en effet
que de caLanes couvertes en paille , et defendues le plus ordinai-
rement par un petit fort en terre. Entre autres lieux, I'autcur cile
la ville de Cuserkuud (i) , situee dans one vailee fertile qui comptc
environ 2 1 njilles de largeur, et est traversee par le Nullah de Cajoo
{Kadjou). La parlie cullivee comptcipeu pres8 milles de circonfe-
rence ; la ville , qui consiste en 5oo liuUes et en un fort de terre ,
en occupe le cole oriental. Cette vailee est agreablement arrosee
par 25 grandes sources , et produit du ble, des dalles et du rlz en
grande abondance. Dans le Mekran , le ble est moissonne a la fin
de mars ou au commencement d'avril, les dalles en juin , et le riz
cn septembre. Le Cheikh de ce terriloire est independant ; mais
tout son revenu ne depasse pas 1,000 ronpies par an.
Le principal but de la mission du capilaine Grant litanl de s'as-
surer s'il y avail possibilile de faire pcnelrer une armee europeenne
par la contrde du sud , il a pris le soin de reconnailre surlout deux
routes qu'il a decrites avec detail.
Le Mekran est partage entre un nombre infini de petits chefs ,
dont les principaux sont ceux de Kidj , Geh , Bunpore , Bawou ,
(1} Je suppose que ce mot doit sc lirn par un Fran^ais Kasr-K^nd ( Le vil-
lage du chateau jJi y^ ).
i35
Scurbaz, Dezi , Pcndjgore cl Balah. Kidj est consideree coiinne
la premiere ville du Mekran , et Geh comme la seconde. Elle est
eloigiice d'environ 1 20 niillcs dc Cuserkund h Test , et s'eleve
ail milieu d'une region monlagneuse. Le Mekran fut conquis par
Nasser-Khan, chef de Khelal-i-scwir ; mais quand il mourut, en
1794., soil i cause de Tindolence de scs fds , soil a cause du peu
d'avantage qu'offrait le pays , I'aulorite de sa famille fut renversee.
Toute la contree peut a peine fournir 25,ooo honunes, el encore
dans I'etat oii cile se trouve , serait-il impossible de les faire agir
en mcme temps. Leurs arnies sont le fusil h meche, I'epee , le
bouclier etun grand routelas. Beaucoup d'enire eux sont employes
par les Arabcs dans leur navigation i Mascat ; ils sont connus
pour ^tre tres-fideles.
Penang , on lie du Prince de Galtes. — Lmigratiun de Malais.
Nous avons entendu dire que dans la derniere quinzaine, i,3oo
Malais environ, hommes , femmes et cnfans , sont arrives dans
cette lie et a la Pointe de Wellesley , venant d'un district voisin du
territoire siamois appcle Selual. lis fuyaient, dil-on, de ce pays
par suite des ordres qui avaient ele donnes par le gouvernement
siamois , quelques mois auparavant , de saisir et d'envoyer a
Siam ou a Ligor un certain nombre de jeunes gens de i3 a 16
ans, dont la plus grandc parlie devait ^tre fournie par ce dis-
trict. On dit aussi que plusieurs autres personnes out egalement ful
dans differentes villes , pour echapper a ces ordres , tandis que plu-
sieurs autres families ont deja ressenti cet acte de severite par I'en-
levcment de leurs enfans. La raison que Ton donne de cette mesure
dcspotique et inhumaine est Tintenlion dc former un etablissement
d'orfevres et d'autres artisans pour le palais de Sa Majeste le roi
dc Siam. Trcnte-cinq personnes nou comprises dans le nombre
ci-dessus mentionne , el emigrant pour la meme cause, sont arrivees
ici dans les premiers jours de septembre dernier.
( I'cnang, a Janvier 1828.)
i36
Nouoelles de La Perouse.
La Gazette de Sydney nous apprcnd que le vaisseau la Research,
capitaine Dillon, que la compagnie des hides cinploie ades decou-
vertes , est arrive a la Nouvelle Galles merldionale , dans le moU
de Janvier dernier, venant des lies Mallcolo, ou II avait etc en-
voye dix-hult inois auparavant , pour constaler autant que possible
!e sort de I'lnfortune et celebre La Perouse. Le capitaine Dillon
parait avoir fait de nombreuses decouvertes ; et II a, dit - on , en
sa possession , diffcrentes preuves du sort mallieureux du maria
fran^^ais et de ses compagnons.
» Quolque la Research soit a one grande distance de la ville , ce
batlment est journellement visite par des personncs ernpressecs
de voir et d'examlner les debris du naufrage des deux vaisseaux
fran9ais. I^e capitaine Dillon a depose dans un lieu partlcullcr ces
precleux objets, qui, des qu'on les a vus , ne lalssent plus aucun
doute sur leiu- origliie. De tous les articles qui out prlncipaleiiicnt
attire Tattention, c'est la partle vernie de la poupe qui a seinble la
plus interessante. Le bois de cette piece du bailment porle les em-
prelutes de I'epoque ou 11 a et^ construit. Les fleurs de lis sonttres-
bien conservces; el 11 est ceriain que cette piece falsait pailie de
Pouvrage orne de la poupe d'un des vaisseaux, quolque les dorures
n'aient pu rcsister a Taction du temps duraiil jnes d'un demi-slecle.
Nousavonsun petit fragment de celle reilque, (jue nous nous sonuues
permis de prendre afin de le classcr pariiil daulres curloslles qui or-
neront le musee colonial , ausslt^t qu'il sera organise. Nous espe-
rons que le capitaine Dillon nous pardonnera ce larcin en faveur
du motif qui nous a portcs a le commetlre. C'est mi morceau de
sapin, qui ne doit avoir servl qu'a un ornement. Nous avons cga-
lement riutenlion d'enrichir la collection du musee d'une son-
nelle qui porle linscriplion : Baziis m'a fait.
Le debris d'ustenslle de table en porcclalne est d'unc anclenne
forme el d'mie epalsseur telle que nous iieii a\ Ions pas encore vu de
i37
modele. Si nous avions vuLa Pcrousc nous-memes, nous ne serious
pas plus convaincus que nous Ic sommes que ces objcls onl ete a bord
des vaisseaux qu'il commandait. Le pied du chandelier, i'cpec, la
soucocpe d'argent , le dollar espagnol , sont des preuves irrecusables
du sort du navigateur regrettc. Nous tenons des Fran^als a Lord
de la Research que le capitaine Dillon merlte les plus grands eloges
pour le sang-froid et Tintrepidlte qu'il a deployes dans I'ile de Ma-
licolo et Ihabilete qu'il a niontrec en evitant les ecuells qui en-
tourent cetle ile. »
Journal Cherok(^.e.
II parait actuellement a la Nouvelle-Echola , chef-lieu du ler-
riioire des Chcrokees, un journal hebdomadaire , public par un
individu de ceUe nation. 11 est imprime en anglais, aver, la traduc-
tion Cherokee en regard, et I'abonnementn'en coiite que i3 francs
par an. Le premier numero, intitule le Phen/.v Cherokee , a paru le
2 1 fevrier 1828. II renferme i" deux articles sur la bonne cons-
cience et la (lalterie ; 2° la constitution adoptee par la nation, au
mois de juillet 1827, et donl nous avons deja fait connaitre les prin-
cipales dispositions dans les 60^ et 61*= JN"* du Bulletin de la Socicte
de Geographic; 3" une lettrede M. Thomas L. Klney, au secretaire
de la guerre sur reniigration des Indiens ; 4" le Pater nosier , en
prose et en vers cherokees, que la Soclete se propose de faire lilho-
graphier ( i ) ; 5" le recit du danger que W ashinglon courut a West-
point de lomber enlre les mains des Anglais , 6" Talpliabet che-
rokee ; 7" une leltre du president Jeffei'son , adressee aux deputes
Cherokees , le g Janvier tSog ; et 8" un expose de la marche que
Tauteur se propose de suivre dans la conduile de son journal.
L alphabet cherokee se compose de 85 lettres , classecs, sans sys-
teme ni methode , dans I'ordre qu'elles se sont presentees a I'es-
(1) / uy. \i: iabluaii cl-joinl.
1 3^
prit dc M. Guess, qui en est I'inventear. Chaque caraclere expriine
une syllabe , a I'exccption cVuii soul , qui a le son de noire i , et
qui sc coHibine de tant de manieies differenles, que, si on le sup-
priinail , il faudrait y subslitucr ty nouvcaux caraclercs : ce qui
porlcrait a 102 le nombre dcs Icttrcs de ralpbabcl , el le ren-
drail entierement syllabique. 11 rcsulle de la ct du peu de syllabes
que renfermc la langue , que I'dlude en est beaucoup plus facile que
ccUe de Fanglais. Aussi , un eleve anglais , qui so rappelle les longs
mois qu'il a passes avanl de pouvoir epcler son abecedaire , esl-il
elonne de voir uu jeune Cherokee intelligent apprendre a lire sa
langue en un jour, et n'y en ineStre jamais plus de deux ou
trois.
L'arlicle renfenne d'aulres renselgnernens surcelte langue, mais
iis nc nous onl pas paru de nature a intercsser la Soclele. W.
Tremblemens de iarc ressentis a Delhi et sur la cote (le ISlalabar.
On apprend de Delhi qu'au niois d'aoiU dernier , le fort dc
Kolitaran a cte detrult par un tremblenient de terre , et que rnille
personnes ont ele ensevclies sous ses rulnes. La meme secousse a
fait eclater en pieces une nionlagne. En tonibanl dans la riviere
de Rawe, ses debris ont cause dans la contree une inondalion qui
a convert un rayon de 100 coss. Trois mille ouvrlers ont etc em-
ployes a couper un canal au travers de la montagne. On craignait
qu'une inondalion seinblable n'arrival au-dessus de Lahore quand
la riviere aurait pris forccment son cours par le canal.
Dans le raenie mois, le 22, une forte secousse de tremblemcnt
de lerre ful ressentle a quelquc distance de la cote de Malabar ,
vers les 9 beures. A Vlngorla, dans le Concan meridional, I'at-
mosphere fut singulieremcnt pure pendant loule la malinee , mais la
terre etait fort agitee ; les maisons furent violemment secouees,
el leurs babilans effray<5s en sorlirent avec la plus grande prccipi-
laliou. La secousse dura presquc un quart de inlnulc ; clle elait
accompagnee d'un bruit sound, semblable a celui du lonnerrc. Sous
ce rapport, cet eveiiement offrc un trisle rapprochement avec le
trcniblenient de terre qui en 1819 aglta Cutch, et y occasionna
uue si effroyable devastation. Le ihernnomelre ne s'eleva pas au-
dessus de 79" pendant toute la journee. — Bom. Gaz. , septembre 5.
Tremblement de terre de Santa-Fe de Bogota.
(Extiait de la relation inanuscrite du voyage de M. Taillefer, a la cote de
Colonibie, en 1827.)
Ce fut pendant le sejour de ce voyageur a Carthagene
qu'eut lieu le tremblement de terre qui a detruit la moitie de Bo-
gota. Use fit sentir le iG novembre a 6 heures du soir, et renversa
toutes les maisons de la plus belie rue de cette capilale. C'etait
fort heurcuseuient I'beure de la promenade, de sorte qu'il n'y eut
t^uere qu'une trentaine de personnes ensevelies sous les decombres.
S'il etait arrive de nuit, la moilie de la population eut ete detruile.
Les secousses se ressentirent du sud au nord et dans la direction
de la chaine des Cordiliercs qui s'elend vers Caracas. Popayan
soulfrit beaucoup ; mais deux personnes seulement y perirent.
A Neiva, Guaga, Villa-Yieja et Honda, la plupart des edifices
fluent renverses ; et une foule d'liabitans trouva la mort sous les
ruines. Le sol s'entr'ouvrit en plusieurs endroits; des arbres enor-
mes furent deracines, et presque lous les volcans de la Cordiliere
qui se dirige a Test eurent des eruptions. Un des phenomenes les
plus singuliers qui aient accompagne ce tremblement de terre ,
c'est la morlalite prodigieuse qui s'est nianifeslee parmi les pois-
sons de la Magdalena. Cette riviere a charrie des poissons morls
pendant plusieurs jours. II est probable que du gaz acide sulfureux, ^
resultant de la combustion du soufre , aura penelre dans son lit
par quelque issue, se sera dissous dans ses eaux, et aura produil
un (leuve d'acide sulfurique , tres - etendu sans doule, mais assea
concentre pour empoisonner les poissons.
i^o
Notes sur les ruchers decouverts dans I'archi'peldes iles Seychelles.
(Extrait <lu journal tlu capitaine Michel, de St.-Malo, conimaiitlantl'^r/AM/-.)
A mon di'part dc Paris, je vous promis dc vous envoyer des
noles surlcs roclicrs que j'al vus dans I'archi pel des lies Seychelles ,
et qui n'elaieni marques iii sur les deux carles anglaises que j'avais
a Lord, ct qui claient des plus receules, iii sur la carte de Dapres,
qui du restc est si defectueuse que les marins frani^ais ne sen ser-
vent plus. Comme tous mes confreres , jc me servais des cartes
et inslnictions anglaises ; cV'st par celte raison que loutes mes
longitudes sont comptees du meridien de Londres. Le navire que
je comniandais alors etait \ Arthur du port de l^oo tonneaux ; j'ai
conserve nion journal timbre , void ce que j'y trouve : « Le jcudi
» 28 novembre 1822 , jai fait metlre sous voiles de la rade dc
)) Saint-J3enis pour me rendrc a (^alcutta. Le 8 deceuibre plu-
» sieurs distances de la lune au solell m'ont donne pour longitude
» moyennc observcc avec plusieurs sextans 55" 24' E. du meridien
» de Londres, la latitude etait alors de y" 87' S. , et la variation
» par amplitude occase de 8" 4^' O. Du 8 au 12 decembre tres-
» petite brisc. Le jcudi 12 decembre 1822, le temps et la mer etauJ
» superbes , calme plat , nous avons cu , a q bcures '4 du matin ,
» connaissance de onze rochers , dont un nous a paru devoir elre
» gros comme notre navire.
» Nous les avons aper^us de la grande liune a environ quinze
» milies ; nous les avons conserves en vue pendant quatre heures
« ^/4 ; le calme nous a empechcs d'aller les reconnailre de pres ,
« et, malgre tous nos efforts , nous n'avons pu nous en approcher
« plus pres que de 11 a 12 millcs. Le calme ayant augmente , les
» courans Jious en onl eloignes quand on commen^ail a les bicn
» apercevoir de sur le pont de notre navire. Ces rochers ne sont
>> marques ni sur les cartes anglaises, ni sur les carles fran^aises que
» j'ai a bord. Leur latitude est de 7" G' sud. Leur longitude ,
» cslimee depuis les observations du 8 decembre, est de 57° 20'
» E. du meridien de Londres. Elles formenl une chaine avant
i4i
» environ tin mille de longueur, pt qui m'a paru irourir N. et S.
« J'ai passe dans Touesl d'elles. La variation obscrvee avec soin
» par amplilude occase m'a donne a jour 7" i3' O. — Le 19
» decembre etant par 3" 4^' de latitude sud, a 2 heures 20' de I'apres
» midi ; j'ai observe la distance de 0 C de 64." 18' i5". La bauleur
» du 0 49" 5i'- La hauteur de la C Sg" 89'. L'cell etait eleve de i5
» pieds , ce qui m'a donne pour longitude redui'te a midi G3" -'
« E. La longitude , estimee depuis le 8 decembre , etait a midi
>. le menie jour de 620 42' E. de Londres. Cc qui donne 25 milles
« de difference E. entre ces deux longitudes; il est probable que
M cetle petite difference est due aux courans portant a I'esL depuis
>» que nous avons atteint les vents d'ouest qui regnent aux appro-
» ches de la ligne. Tout m'assure que la longitude que j'ai donnee
» aux onze roches vues le 12 decembre 1822 , est exacte. Si j'avais
» eu une difference a I'ouest de plus de trenle rnilles , j'aurais eu
» le fond sur le banc des Seychelles ou j'ai sonde sans trouver
» tond, en doublant leur latitude du i4 an 1 5 dece inbre , etc. etc. »
ExTKAJT dhine lettre commuulquee par M. G. IjarLie du Borage.
On a public a Stockholm en 1826 , une grange carte de la parfie
merldionale de la Suede et de ia Norwege , due aux soins de M. de
Forsell , directeur-general des arpenteurs. Cette carte en huit
feuilles est dressee a I'echelle de ^Tir^'onri, et levee d'apres les ordres
du roi de Suede. Elle est remarquable par sa clarte , son exacti-
tude et son execution, De nombreux tableaux statistiques y sont
joints. On la regarde comme la meilleure carte de Suede. Le prix
en est de 60 francs.
Errata du N° 63. — Juillet.
Page 34 , ligne 4, au lieu de : le cap Blanc, long. 19" 20' o"
lisez : — — long. ig° 22' o"
Page 45 , ligne 24 1 •'" I'^u de : il fait Ic lour de Tile ,
lisez : — il tlouble I'lle.
l42
b «.'»^« V%.'^^'^%«^'^fc^.'«'V^««'^^k %.^
BIBLIOGRAPIIIE GEOGRAPIIIQUE.
§ I". IIVRES.
|35. I'EIltK DIE ESEVOLKEP.tJNG DER
EiiDE IM JAiiRK 1828. — Siiria po-
pulation dc. la tf.rrre en 1818 , par
Jul. I^ekgias, in-S" , Berlin, 18-28.
Cetle hrocliiirc est dirigt'e contra
les assertions de qiielquespuhliristcs
aileniaiidsfjui si'pbigiient de lasur-
abond:iiice des lioiiinies sur le glo-
be. L'aiiteiir estirne l.t popiilalioii
de la terrea 8<)M,.5^'8,")8o iiidividus,
savoir : en Kiiropr. a22,fig8,o.^S. —
Asie , 520,866, i5c). — yifriijuc ,
106,778,210. — Anivriipie , 4o,joj,
782. — Australie, :i,ioo,^oo iudi-
vidiis.
j36. H(STOIilE Gf.NKRM.E DES VOYA-
GES ou noiivclle coi'Icction des re-
lations des voyages par te.rre et
par rncr , iiiise en ordre et com-
pl(tee jiistiu'a nos jnnrs, ])ar (>. A.
\Valck.enaer , niernbre de I'lnsti-
tut , loin- xii; , in-8" , Paris , 1828,
Lekbvre.
»37. Memotue sua un nouveau cal-
CUL DES LATirUDES DE MoNTJOUV
ET DE Bakcei.one, pour servir de
supplement an tr.iitc de la base dii
sysleme ni'.'trir|U(' , par INI. Nicol-
let , in-8" , Paris, 1828, Bachelier.
138. NUOVO DiZloNAKlo GEOGIIAFICO
POR'i'.\TlL . — Nouveau Diclionnai-
re geograpliifiue portalii , in - 8". ,
Venise, 1828, Missiaglia, call, iv-
vi(EHK-iMED).
139. BUDLMENTS OF GKOGR.\PHY, etC.
— Ei(''mens de geographic, d'apres
un nouveau plan, destine a aider
la niL-nioire par coiiiparaison et
classification, par ^V. "\\ O.-idbrid-
gc, in-!'!, aver un grand nonibre
de planches, Londres, 1828, ^^ liit-
taker, 3 sh. , 6 d.
i^o. Hertha Zeitschrisft , etc. —
Ilcrta. Journal grographique et
statistique , par Alex, de Humlx.ldt
et 11. Berghaus, in-8<', Sloucard,
1828, Cotla. Mai.
Coiitemi : les Panhellenes dans
r.'\sie niineure, par Baoul Kocliel-
te. — Sur les aiilicjuitcs des Etals-
l nis de rAiii.'riqiie dii Nord , par
Warden. — Keniarques sur la Ja-
niaV<jue , par Stabwasser , inission-
naire. — TSur la situation geographi-
que de Kara-Koruni, par Altel Re-
jnu.sat. — Bi'cit d'une expedition a
la source de la riviere Saint - Pier-
re, par \V. Keating. — Extrait du
voyage dWugiislin de Aleverberg
en iiussie , public par Fr. Adelung.
ADSiniQUE.
i4i. Mexico- IN 1827. — Le Mexique
en 1827 , par G. II. Ward, ex-
charge d'ailaires de S. M. Britan-
iiique dans cc pays , 2 vol. in 8" ,
avec beaucou[) de planches, Loii-
dres , 1828 , Cotburn , 1 1. 18 sli.
142. Journal of a voyage to i>eku,
etc., .Journal d'un voyage au Pe-
rou ; Passage de la cordiliere des
Andes , dans Thiver de 1827 , exe-
^Cutc a pied , sur la neige : Voyage
a travels les Pampas , par le lieute-
nant lirand , I voliim. in-8"., avec
planches, 12 shill., Eondres, clicz
li. Colburn , 1828.
i.p. The AiMERtCANs as tiiey are ,
les .-^niericains tels qu'ils sont , ou
voyage au JNlississipi, par Tauleur
dc Austria as it is , 2 vol. in-ii" ,
Londres , 1828, Hurst , Chance
et comp. 8 sli. G d.
i44- Notions of the Americans.—-
Notions sur \cs Aniericains, 2 vol.
in -80., 28 shill. , Londres, chez
Henri Colbiirn, 1828.
« Get oiivrage est le nieilieur
qu'on ait encore ecritsurles Ame-
ricains. >' Tel est le jugemcnt dii
re'dacteur dii London PJ^'eckly re-
view.
145. Wanderings in South Ame-
rica, etc. — Voyages dans I'Ame'-
rique nieridionale ^ les Etats-Unis
et les Antilles , par Charles Wa-
terton, 2^ edition, in -8°, Lon-
dres , 1828 , Fellowes. 10 sh.
146. A Tour through the United
States and Canada. — Voyage
aux Etats-L'nis et au Canada , par
un Anglais, in-8°, Londres, 18^8,
Longman, 5 sh., G d.
AFRIQUE.
i47- Researches in South Africa.
— liecherches aii sud de I'Africijie ;
e'lat civil et religieux des tribus indi-
genes; journal des voyages de Tau-
teur dans Tinterieur ; expose des
progres des missions et influence
du christianisme sin- le developpe-
menl de la civilisation , parle reve-
rend John Philip, doctiur en theo-
logie , supcrieur des missions de la
socie'tc-, missionnaire de Londres ,
au cap de Bonne-Esperance , etc. ,
etc. , 2 vol. in-80 , avec une carte
et des gravures , prix 21 scbellings,
relies , i8i8.
Les journaux anglais ont annon-
ce' , avec de grands t'loges , cet ou-
vrage a leurs lecteurs ( voir Times
april 24 ; London IVccklj rt-
vietv, april 27 ; LItLerarj Gazette).
1 48. Resume des OPERATiotis hydro-
GRAPHiyUES FAITES SUR LA COTE
occidentale d'Afkique , dans les
anne'es 18-26 et 1827 , a hord de la
fregate la Flore et de la j.;oeiette la
Jjorade, etc. ; par INL de Pkedour,
lieutenant tie vaisseaii , iji-S" d'une
feuille, Paris, i8:'8, Iluzai-d- Cour-
ASiE,
149. MkMOIRE SUR LES SOURCES DU
li RAIIMA-POUTRA, ET DE I.'LiAOUAD-
DY , par M. Klaproth , in- 8° , Pa-
ris , I 828 ( extrait du journal Asia-
ticjue de Paris ).
i5o. A Visit to the Seven Chur-
ches , etc.— Visite aux-Sepl-Egli-
ses d'Asie, avec une excursion en
Pisidie, contenant des reinarcjues
sur l;i geographic et les anlir|iiit('s
de CCS contrees, parle rev. V.-J.
Arundel, chapelain anglais a Smyr-
na. 1828.
EUROPE.
GrtCf.
i5i. v'jketches of modern Greece ,
Esqui.sse sur la Grece moderne ,
par un jeune volontaire anglais au
service de la Grece, 2 vol. in-8° ,
Londres, 1828, Hurst, Ciiance et
comp. I 1. I sh.
i52. iTiNhr.AiiiE DE Moree ou des-
cription Dns routes de cette pe-
NINSULE , fradui't de I'anglais desir
W^iiliam Gell , ])ar M. le conite de
Tromelin , lieulenant-gi'nt'ral, :t
publie avec approbation de S. Exc,
le minislre de l.i guerre , prix 2 fr
5oc. , chez Anci?lin, rue IJaupliine,
n" g.
lUrrie.
i.'i.l. Das Konigheich Illyrien nach
SEINER NEUiCRN EnTHEILUNG , etc.
— Description statislique et lopo-
graphique du rojauine d'llljrie ,
avec une graiide carte d'lllyrie , et
2 plans de Leybach et de Klageri-
furth , in-^io , Prague , 1828.
Lapi'iiin et •^iiedt.
1 5 -(. A Wi nter in Lapland and Swe-
den , etc. — Un hiver en Laponie
et en Suede , avec diverses obser-
vations relatives au Finmark et
ses habi lans, par Arthur de C apell
Brooke, 1 vol. in-4°, avec atlas,
Londres, 182-5 chez Murray.
1 55. Tr.wels in Russia, etc.— Voya-
ges en Rnssie , etc , par William
Uae Wilsen ; 2 vol. in-8° avec tig.
Londres , 1828, Longman , i liv. 4 sh.
»4
l,c meiiie ailteur a pnhliii ; Tia-
\efs in Nonvuj , Sivcdcn , Dcii-
marck, Gcnminj, elc. in-S". i liv.
1 sli.
i56. Handhuch zuu konde vo k Deu-
TSCiu.AND UNU PuEtisSEN.— "Wanuel
de la connaissance dc rAll.inagiie
et dc In Prusse , par G. ScHO)// , in-
80 , Bn-slau , 18.17 , Grilsso!! Call ,
I. rxd. 8 g.
SJans ce premier caliicr , <(ui sera
siiivi dedfiixaiilrcs, faiiteur traiti;
de la sittialioii des IVoiitieres , de la
circonforence , et dc la division de
I'Allcmagr.e ; le second sera r.onsa-
cre anx "liaiiteiirs , et le troisieme
aiix lleuveset aux rivieres.
157. Statistica I)Ku.a Svizzeha.—
Stalislifjuc dc la Suisse , par Ste-
fano Fuancini , in-8" avec cartes ,
Lugano. 1828, Kuggia,
llxilic.
i58. A. DiSSERTATfoN , etc.— Disser-
tation sur le passage des Alpes, par
Ann ibai., in-l-i" av ec cartes et plans ;
prix : 12 scliill. L.ondres , clicz H.
Colliurn , 1828.
El.ds Sn.'tUs.
iSg. Narrative of ak ascent to the
SUMMIT OF Mont-Blanc. — Ht'cit
d'un voyage an soninict du Mont-
Hlanc, lait an mois d'aout 1827, par
J. AULDJO , in -4" avec planches,
Londres, 1828 , Longman.
Fraucr.
l()0. ItiNERAIRE DESCRIfTIF, HISTO-
Rinui; ET momimentai. ilesrii.f] f/f-
juirtnncns rnrnpost/nt la l\or-
iiKiudic , precede (in prc'cis liislo-
rique ot dc la gt^ograpliie lijslorique
de ccttc province , et suivi i' du
dlrlionnaire de toutes les viiles ,
liourgs I't roniniunes : 2° de la hio-
grapliie alpliabctiqne de tous iesau-
teiirs et artistes norniands , par J\L
Louis Dubois ( V et 2*^ parties) ,
in - 8" , plus des planches. Caen ,
1S28, jVlauccl ( 11 fr. ), avec un
atlas lie 44 planches (3o I'r. )
161. Geo(;uai'hie physique et ms-
4
TORIQUE 1)E I.A FrANCE, PAR Uas-
SlNS , par V. A. Loiiioi, , chef d'ins-
fitution , in-i8, Paris , 1828 , chez
I'auteur.
162. Manuel GEOGRAPniQUE des de-
PARTEMENS DE LA FrANCE ETDE SES
colonies, termine par un diction-
nairc geograpliicjue ; i vol. in-8"
avec 100 pi. enluminees. Prix: 40 f.
Paris, 1828, chcz IJaudoiiin frcres,
rue de \ augirard.
i()3. Annuaike statistiqtje et ad-
MINISTRATIF DU DEPARTKMENT DE
l'OiSE , ET DU DIOCESE DE BeAU-
VAIS , pour Ics annces 182G, 1827
cl 1828 , par J\L Grave , 3 vol. in-
8" , Beauvais.
^ 2. ATLAS, CARTES-GEOGRA-
PHIQUES, PEAKS.
1G4. Atlas of ancient geographv.
— Atlas dc geographic ancicnne ,
in-4". Oxlord , 1828. Vincent, liv.
1, contenant 5o feuilles.
L'ouvrage aura 5 livraisons.
i65. Cartes des Cantons de Pon-
TO ISON ET DE SAI^T-P0IS, Oil Se
trouvent les ro'.ilfs royales et de'-
partenientalcs , les chcmins vici-
naiix et ruraux , les rivieres, les
montagnes, et les jnincipales mai-
soiis dc clia(jue liani'MU, dressec par
ordre de M. le romte d'Estourmel ,
pre't'ei du dcparteinent de la ALan-
che; par^L Bitouze-Dauxmenil,
ge'oraetrc en chef du cadastre.
1827.
Ces deux cartes font partic d'une
carte gc'nerale du deparlement de
la Mauche, en 120 feuilles.
iGG. Carte gener.\le de la bion.mi-
cniE Prussienne , par Ad. Brue ,
1827 , Paris, I feuille.
ir,7. Orris veteribus notus , pu-
blic par C. Smith , Londres , 1828,
2 feiiilleJ.
it')8. The v^orld on jtercator's pro-
.JECTiON. — Le glohe d'apres l.i ])ro-
jection dc Mercator , public par (>.
Smith , Londres , 1828 , 2 Icuilles.
I,VERAT, Imprime
ur de la Sncictd de Geograi^hie , rnc du Cadran , r." .b.
Posilions (;c()ii;i'a(>Iii(]ii('s .
Wmt/,
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Sf/i't.\<f, ///Ao^i^-/-^n/tc i/o /'C'nii-c'.tvi(y'
7jn/Ictiri de 7i< Soc. de Geooj: N'^ C4 — d'.^ .
TKXTE DU PATER,
AIT. GKWGT^ hR OSe^AT, (^H^PS^T.,
of- UCKt <SiET P. 6^ S-IW.I UhiF^Jolr
<ft*rOT>l,Ba I.AX.TPRT dBXxiyi-a.JSFJ?).!. T.
C^^irOy-^T OT>yjE)APy, lr»f JMtAPA i\y5BS0^
^5Z cEeGr-/9 >KT, (ipTiyj u<r i-rt, rg-^-
•VJCTDcTp-RT IiA-^-^T. «<S)yA" WliSr"
TRABITCTION LITTE.RALK,
<.^i->i- ttauiM.>t I*--.:/ y//u/ /ia^ u</rtot /'n ^
PATER
.■3D .i5)zy>i?).i e<»)y-N"e<S'-s'^=o^"»'V'.
cft.VAt hj9,
DbZ R<5j9
OESC^ 1-RT .
2. Dh «li#P<SX«
*>^G IiJrfSPofJoi^.
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3. <Syo3JlW(K,9,
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IiSfl" d>>yoJiso-c:; ;
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4. DcT 6i»-t"Li»J
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5. o'vrs- ^z.
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BULLETIN
DE
LA SOCIKTE DE GEOGRAPHIE.
NUMERO 66. ^OcTOBRE 1828.
PREMIERE SECTION.
MEMOIRES , EXTRAITS , ANALYSES ET RAPPORTS.
Notice sur les Caries puhliees par le DepSi general de la Marine.
Nous avons fait connaitrc (i), dans les analyses precedcntes, les
avantages que procure aux sciences le depot general des cartes et
plans de la marine et des colonies.
Ce grand etablissement est dirigd par M. le contre - amiral de
Rossel, membre de racademie des sciences, que seconde puissam-
ment M. Jjeautemps-Beaupre, membre de la meme academie. Ges
importans travaux sont continues avec le m^me zele et une aclivile
toujours croissante ; ils obliennent de plus en plus la reconnaissance
des navigaleurs et des savans. La pluparl des cartes publiees chaque
annee proviennent des travaux du corps des ingenieurs hydrogra-
(i) Exlryit (le Panalysedcs travaux de rAcadc'mie Royale des Sciences, pen-
dant Tannt'i' 1S27, par M. Ic Haroii Fourier, Pun des secrt'laires perpetuels.
10
1 46
plies, qui se trouvent sous Ics onlres iiimiediats des clicls de leta-
blissemeul. Lcs aulres carles soiit le fruit des travaux d'officiers de
la marine inslruits et experimentes, qui ne negligent aucune occa-
sion de lever les plans des parlies de c6les et de ports qu'ils out
visitt's dans les regions les plus eloignees du globe.
L'autorite royale, en crdant ce depot, a voulu propager lcs con-
naissances naufiques, el procurer ainsl aux Ljitimcns de guerre et h
ceux du commerce lcs movens de sc preserver de uombreux acci-
dens. Les intentions du monarque ont (ile fidelement remplies;
les operations qu'exige la construction des cartes et plans de la
marine ont toujours etd favorisees, et out rc^u tout le developpe-
ment desirable. Dans I'espace de 1 1 ans, environ 2 5o carles ou
plans ont dte publics, c'est-a-dire que depuis i8i6, la collection
des carles a etc presque doubk'c. Lcs nouvelles cartes, levees par
des metbodes recenunent perfeclionnecs , sonl tres - pniferables
aux precedenles : elles ont acquis un degrc eminent d'exaclilude.
Les iugenieurs hydrograpbes sous les ordres de M. Bcautemps-
Beaupre ont termine , en 1826, les operations qui procureront
aux navigateurs des cartes tres-dclaillees de toutes les cotes du golfe
de Gascogne et de tons les ports , meme les moius considerables
de ces cotes.
Les ccueils ont etc explores avec le plus grand soin ; et leur po-
sition a die delennince tres-exaclement. Toutes les passes ont ete
sendees, ainsi que la partie de mer libre qui y conduit. Au moyen
des dessins ou se trouve represenle I'aspect des c6les, vues des poisls
ou Ton est oblige de sc placer, les navigateurs qui viennenl clier-
cher quelque mouillage ou quebpie port, et ceux qui parcourent
certaines parlies de la cote, peuvent dirigerleur route avec securite.
Cc travail , qui a re^u la plus grande precision qu'il soil pos-
sible d'alteiiidre, doit se ratlacber a celui dc la carle de France,
faite par les ingenieurs geograpbes du depot de la guerre. 11 com-
plelera celte carte, en y ajoutant toutes les connaissances neces-
saires a la navigation de nos cotes.
i47
Lc public va bientot connattre ce qui restc a publicr des travaux
de M. Gautlier dans los mcrs du Levanl. Deux cartes dc TArchipel
et »jne seconde feuille do la carte generale de la MediterraHee vont
tres-incessamment etre mises au jour; et, en s'ajoutant a la pre-
miere feuille de la Mediterranee , aux cartes de la mer Adriatlquc,
de la mer de Marmara et de la mer Noire , elles complcteront tout
ce qu'il est possible de retlrer des travaux de cet officier, et fcront
connaitre les eminens services qu'il a rendus a la navigation.
M. Benoist, ingenleur bytlrograplie , a accompage M. Gauttier
dans toutes ses campagnes , et a ete charge d'obscrver tous les
angles et les rcievemens nccessalres a la construction des cartes.
C'est lui qui a redigc cclles qui vont ^tre publiecs , d'apres des mi-
nutes qui avaient ete primltivemcnt arretees sous Ics yeux dc
M. Gauttier.
L'lle dc Corse, diitachee de la France, a fixe I'altention du mi-
nistre de la marine. M. Hell, capitaine de valsseau , a cte charge
de lever des cartes de toules les cotes de cette lie. 11 a eu sous ses
ordres des officiers zeles et instruits, possedant des connalssances
et des talens Ires - varies. Quatre campagnes ont suffi pour deter-
miner les contours des cotes , lever le plan des ports , placer les
ecueils , et reconnailre la profondeur de I'eau dans toutes les passes
a tous les mouillagcs. VIngt-huIt ou trente cartes ou plans forme-
ront la collection des cartes de cette ile ; et I'on est fonde a croire
que Ton a marque sur ces carles tous les dcuells qui pourraient
compromettre la sArete des batimens. On en a, pour ainsi dire,
acquis la certitude , parce que les localites ont permis d'employer
un moyen connu par les pecheurs du pays. Au large de toutes les
parties salllantes de la cote ou Ton pouvalt cralndre que les con-
trcforts des montagncs, en se continuant sous I'eau, donnassent
lieu a quelque ecueil Isole, on a promenc dans la mer, a une pro-
fondeur que ne peul jamais attelndre la quille des plus grands ba-
timens, un cordage qai nc pouvalt pas manquer de rcncontrer les
letes des rorhes dangcreuses , dont 11 a ete ensuite facile de deter-
1/^8
miner la position. Get ingenieux proce<lc a fail docouvrir sur les
cotes lie Corse deux on Irois ecueils ile ccttc nature. Pliisieiirs
cartes ont deja die publiccs , el Jon csperc que le resle paraitra
dans le couranl de 1828.
La belle collection de carles des coles du liresil, dontles matd-
riaux ont ete recueillis pendant la cainpagne dirigee par M. le
contre -aniiral baron Roussin , alors capilaine de vaisseau, a etc
publiec , el est generalcnient connue. Toules Ics coles, depuis I'lle
Sainle-Calhcrine jusqu'a Maraiiliani , soul comprises dans i^ cartes
on plans. 11 faul y ajouter la carle de renibouchure de la riviere de
Cayenne et de ses environs. C'estle travail particullei- dubatiment
qui naviguait de concert avec la Bayadere, conunandee par M. le
baron Roussin ; on le doit a M. (iressier, ingenieur hydrographe.
M. Givry, ingenieur hydrographe, etalt embarque sur la Baya-
dere, commandee par M. le baron Roussin. C'est lui qui a recucilli
tous les nialiiriaux necessaires a la construction des cartes ; il les a
rediges au depot des carles et plans de la marine, sous les yeux des
chefs de I'elablissement. Ce beau travail honore a la fois Tofiicier
sous les ordres duquel les materiaux en onl ete recueillis, et lela-
blissement precieux ou 11 a ete definitivement rcdige. 11 prouve un
soin scrupuleux de faire valoir les operations des officiers par des
travaux hydrographiques.
M. le baron Roussin, commandant la Bayadere, n'a pas rendu
de moins grands services dans une campagne qu'il a faite sur les
cotes d'Afrique, avanl d'explorcr celles du Rresil. 11 etail accom-
pagne de M. Givry, ingenieur hydrographe, qui a rempli pendant
telle campagne les memes fonclions que pendant celle du Rresil.
Une carle de I'espece de golfe compris enlre le cap Rlanc et le
cap V ert, ou se Irouvc rembouchuro du Senegal, est le premier fruit
quel'on a retire de celle campagne. IJnc seconde carle, qui comprend
depuis le cap ilojador, silue presdes Canaries, jusquaucap JJlauc, va
elrc incessamment publiee. Une carle du contour exterieur des iles
Jjisagots et du canal qui separe ce groupe d'iles du continent, a
1 4-9
ele egaleinent publiee. La Bayadere ii'a pu visiter i'interieur de cet
archipel; le peude profondeur des canaux qui separentlesfles exige
lemplol des bateaux qui tirent ties -peu d'eau. La meme cause a
empeche M. le coutre - amiral Roussin d'approcher d'une grande
pariie des coles situees eutre le cap Vert et la riviere de Gamble ,
et meme de voir ces cotes. 11 en resulte que , dans la portion de
cote qu'il a visltee au - dela du cap Vert, 11 se trouve des lacunes
qu'on etait dans rimposslbilltc de remplir. On attend que des of-
ficiers , qui auraieat parcouru ces cotes dans des batimens d'un faible
tirant d'cau, aient recueilli les materiaux qu'exige cette exploration.
On publlera alors celle portion des travaux fails a bord de la
Bayadere.
Une de ces lacunes vient d'etre rcmplie recemment par ordre de
M. Massieu, capltaine de valsseau , commandant la station d'A-
Irlque. 11 a expedio , sur une goelette, M. Le Predour, lieutenant
de vaisseau, qui a reconnu et fixe, a I'aide d'observations astrono-
mlques et de inontres marines, la position de la cole dcpuis le cap
Naze jusqu'a la riviere de Gamble, intervalle que Ton n'avait pu
reconnailre a bord de la Bayadere.
Les ingenleurs hydrograpbes, embarques sur les ballinens de
S. M. , out repandu parrai les oificiers les methodes adoptees par le
depot de la marine, et consacrees par rexpcricnce. 11 en est re-
sulte une grande emulation parmi ces derniers; el lis se sont portes
avec un zele digne des plus grands eloges a faire par la suite rap-
plication des connalssances qu'Ils avaient acqulses pendant leur
cooperallon au travail des ingenleurs hydrograpbes. Une loule de
plans parllcuHers, de carles de portions de coles, ont ete envoyes
au depot de la marine , et ont augmente ses rlchesscs. II seralt im-
possible d'enumerer ici lous ces plans , redlges d'apres les travaux
parllcullers des officiers de marine. On se contentera de citer
MM. Larllgue, Le Predour, lieutenans de vaisseau. Le premier
nous a procure la carle d'une portion de la cole du Perou, qui
avail ele Iracee Ires-Imparfaitement par les Espagnols, et un grand
nombre <lc plans Ae porls situds taut siir celle c6te quo sur celle
du Chili. M. Le Predour, outre la parlle de cdte qu'il a levee a la
cMe d'Afrique, a deterinine la position geographique d'un grand
nonibre dc points de la cote d'Or et do celle qui sVlend plus au sud
jusqu'au cap Lopez. On lui devra un plan de la Laie de San -An-
tonio dans Tile du Prince. Des montres marines sont einbarquees
h borddes batlincnsdc S. M. Les officiers fontconcourir leslonsri-
tudes des montres avec le resultat des distances de la lune au soleil
et aux ^toiles, et obtiennent, a i'aide de cesdeux moyeus, des po-
sitions geographiques d'uae exaclilude plus que suffisante pour la
sArete de la navigation et bien snperieures a celles que Ton pouvait
oblenir autrefois, a moins que Ion n'eilt occasion d'observer les
occultations d'eloiles. On a pu remarquer que des distances obser-
vees en grand nombre sur plusleurs points et rapportces a un seul
par les differences en longitude des montres, donnent , dans cer-
tains cas, des longitudes qui merltent autant de confiance que le
resultat d'une seule occullatlon observee dans un seul lieu.
Les methodcs pour faire utilcment usage des montres marines et
pour combiner les rLSultali qu'elles donnent avec ceux des distances,
sont fix(5es ; c'esl ce qui a donne les moyens de publier des series
de longitudes obtenues par des montres dans les principales cam-
pagnes. On en a deja publie un grand nombre dans la Connaissanre
des temps, afm de les faire connailre a tous les geographes. La dis-
position des tableaux est telle que Ton pourra juger toujours de la
confiaiice que cbacune d'elles uierlle en partlculier, etde celle que
Ton doit ajouler a la masse des longitudes falsanl partie dune menie
serle. Les mouvemens diurnes de chaque montre sont indiqucs au
commencement et a la fm de chaque serle ; et les moyens employes
pour conclure la longitude de chaque lieu porte dans le tableau
sont aussi indlqu(^s par des caracteres partlcullers, solt que le lieu
ait ete place par un rclevement direct ou par le calcul d'un triangle
dont unc parlle de la route du vaisseau forme lui cote.
Les positions geographiques determinees par M. (iauttier sur la
i5i
plus graiule parlie des cotes de la Mcdifenanee , sur les contours
de lAdrlallque , dans I'Aixliipel , sur Ics contours de la mer de
Marmara el de la mer Noire , ont ete publiees. 11 en est de meme
de toutes les latitudes et longitudes observees sur les cotes du Bresil,
k Lord de la Bayadere , commandee par M. le baron Roussln. Les
positions geograpliiques des parties de la cote d'Afrique reconnues
et levees sous les ordres du meme officier-general , le seront suc-
cessivement. Les positions que M. Lartlgue, lieutenant de vaisseau,
a delerminees, tant sur les coles du Perou et du Chili que sur la
parlie scplentrionale des coles du Eresil , ont ete inserees dans la
Cunnaissance des temps.
Tous les objeis dont on vienl de parler formentla partie la plus
essentielle des travaux du depot des cartes et plans de la marine ;
mais pour remplir completemenl sa desllnation, il est necessaire
qu'il public des descriptions detaillees , propres a faire connailre
Taspecl que prescntenl en general les coles Iracees sur les cartes ,
et I'aspect particulier des parties les plus frequenlees. 11 dolt , en
outre, ajouter a ces descriptions des regies propres a diriger avec
surete les batimens qui s'engagent dans des passes ^troiles ou dan-
gereuses , ou qui font route le long d'une cote precedee d'ecueils.
De pareils ouvrages ne peuvent etre faits que par I'examen scru-
puleux des journaux de plusienrs batimens qui auraient visile les
inemes lieux , ou d'apres les ouvrages publics anterieuremcnt. Plu-
sieurs instructions nautiques, redigees au depot des carles dela ma-
rine, ont etc publiees; mais celles qui sontles plus completes sont
les instructions nauliques redigees en quelque sorle sur les lieux
memes par les officiers qui les ont visiles. On doit a M. le baron
Koussin une Instruction naullquc detaillee, sur toutes les cotes du
JJresil, dont il a leve les cartes. On lul doit egalement une instruc-
tion nautique de la partie des coles occidentales d'Afrique qu'il a
reconnues.
M. Lartlgue a public la description de la parlie des cotes du Pe-
rou et du Chili , dont il a delermlne la position geograpbique.
l52
Le meme officicr est I'auteur d'une description des cdtes de la
(iuyane, depuis le grand (ieuve des Aniazoncs jusqu'a Maranhani.
II y a compris des details tres-reniarquables sur les vents et sur I'e-
lat de I'atmosphere dans les dlfferentes saisons de raunee , ainsi
que sur le mouvement des eaux aux memcs epoques. Ces details
sont d'autant plus precieux que I'auleur a discute les causes des
j^lienonienes observes. Non-seulemeut le depot general de la ma-
rine public tous les travaux des ingeniours bydrograplicset des ma-
rins fran^ais , mais encore il s'altache a procurer a ces derniers
toules les connaissances nautiques acqulses chez les autres nations
maritimcs , principalement en Angleterre. En consequence , on
fait graver toutes les cartes des Espagnols , des Anglais etdes autres
nations, lorsque Ton a la certitude qu'elles sont le resultat de tra-
vaux authentiques. II en est de ineme des instructions nautiques ,
dont le ministre de la marine ordonne la traduction, lorsqu'apres
avoir ete niLlrement examinees, elles paraissent digncs de confiance.
Ces derniers travaux, pour la plupart , sont le fruit du zele des of-
ficiers de la marine fran^aise. Toutes ces traductions sont soumlses
a I'inspection du directem^gen^ral du depot des cartes el plans de
la marine. AinsI le chef de ce grand elablissement ne neglige aucun
soin pour donner au corps entier les moyens d'ajouter a une gloire
si juslemcnt acquise par les armcs celle de contribuer aux progrcs
el a la propagation des connaissances nautiques. Cettc institution
est la scule qui ait ete formee en Europe sur un plan aussi etcndu.
La masse de ses travaux s'accroit chaque jour; et sa reputation est
actuellement etablie chez toutes les nations marilimes. On peut
dire sans exageralion qu'aucunc d'elles ne peut rivaliser avec la
France, soil pour la perfection des metbodes, d'ou depend I'exac-
tilude des cartes, soil pour le fini el la nollele de la gravure , soil
par rapport au grand nombrc de carles et d'ouvrages successive-
ment publics.
1 53
Suite de la Notice sur la vie el les travaux de liuftCKllARDT, par
M. Sueur-Merlin.
jNfousavons laisseBurckhardt aSouackIn,cVou il s'eiiibarqua, ley
jiilllet i8i4.> siuua bateau d'une seule voile, non ponte, pour passer
en Arabic. La navigation lenlc et ennuyeuse le long des coles de la
Nubie , au milieu des recifs de corail , lui fournit encore une occa-
sion de recueillir sur ces cotes des notions geograpliiques , qui se
rattacbent aux travaux du lord Valenlia el de Tamiral Popliam. 11
debarqua a Djidda , visita les villas salntes de la Mecque et de
Mediae, et alia fairc ses d<^votions au niont Arafat, ou il acquit
le litre de Hadgi ou pelerin sanctifie, litre glorieux reverb par les
??lusulmans , et qui donnc par consequent des droits a une grande
consideration. Ces courses reiterees ne furent pas sans influence
sur la sanlc de I'intrepide Curckbardt; il eut beauroup a souffrir.
Voici coinme il s'exprime a ce sujet dans une lettre qu'il ecrivll du
Caire en aout i8i5 , a ses parens, lettre dans laquelle il donne des
deiails sur les deux villes saintes :
« Les acces reiteres de fievre , que j'ai eprouves a Djidda, a la
Mecque et a Medlne , m'onl condamne pendant quelque lemps a
rinaclion. . . . D'ailleurs la guerre que faisait Mehemed-Ali Pacba
aux \^ ecbabiles , m'empcchait de penelrer plus avant dans I'inte-
rieur de IWrabie. Cependanlj'ai trouve moyen , pendant mon se-
jour a la Mecque, de faire plusieurs observations interessantes, et
de lever le plan de cellc ville. J'ai visile Tayf , petite ville siluee
dans les monlagnes, a trois journees au midi de la Mecque, a la-
quelle ses beaux jardins etses excellens fruits ont faitdonner le noni
de paradis de TArable. Au mols d'oclobre , je me suls rendu , avec
environ bull mille pelerins(i), au mont Ararat (2), oil I'oncelebre
(i) D'apres le savant Malte-Brun, cettecaravaneaurait e'te de (jualre-vingl
mille personnes ; c'est uiie erreur.
(2) Burckhardt s'est troiiipe ; il a voulii parier du inout Arafal.
i5.i
annuelleiiient une grande fete religieuse qui attire des Musulmaiis
<les pays Ics plus elolgnes. A cette epoque, on dlrait que la vllle de
la Mecque est transfonnce en un iunnense niardie ; toutes les
rues sont enconibrecs de pelcrins qal apportent des niarcliandises
de toutes les parlies du monde. De la Mecque j'allai a Medine ;
c'est-la que se ttouve le lonibeau de Mahomet. A peine arrive, la
fievre me pril et ne me quitta pendant trols mois. Sans medecin,
prive des drogues qui dans pareille circonstance auraient pu m'6tre
utiles, il fallul bien lalsser agir la nature , et me borner a suivre un
regime severe. Mon intention avait cUe de retourner par lerre au
(]aire , en traversanl le desert de Medine ; mais , epuise par celle
longue maladie , j'eus beaucoup de peine a me trainer jusqu'au
port de Jemhu , sur la mer Rouge ; la je fus oblige d'atlendre pen-
dant plusieurs semaines, un iiavlre pour m'embarquer, sans autre
vue que celle de malades attaques de la peste. Enfin, il arriva ; mais
un nouvel acces de fievre me fit debarquer au pied du mont SinaV,
oil je passal qiiinze Jours dans un village arabe , dont la douce
temperature retablit ma sante. Je me rendis ensuite au Caire, en
passant par Suez; rexcessive chaleur que j'dprouvai pendant cette
marcbe , me fit retomber malade. Actuellement je suis mieux , et
j'espere que I'air de la mer que je vais respirer a Alexandrie , re-
parera mes forces. Quant au voyage que je viens de faire , il n'a
pas et^ tout-a-fait sans frail , quoique je n'ai pas pu execuler tons
les projets que j'avais formes ; je ne suis pas completement con-
tent de ses resulals ; au reste , je pourrais en dire aulaut de tons les
voyages que j'ai fails jusqu'a present. »
Les savans ont porte un lout autre jugement sur les travaux de
ce modesle voyageur. Belzoni qui , comme lui , s'est illuslre par des
decouvertes et par des recherches importanles, et qu'on a cepen-
dant abreuve de chagrin , dit en parlanl de Burckhardt , a qui il ful
presente au Caire, chez M. Baghos, Interprete de Mohamet-Aii, et
diietteur des affaires elrangeres : « Je fis la connaissance de
M. Burckhardi; circonstance Ires-heureuse pour moi a cause des
ri'iiseigneiuens iinportans que je dus a ce savant voyageur, et qui
ine furenl ile la plus grande utillte : aussi j'en conserverai toujours
ie souvenir le plus reconnaissant.... Que pourrais-je ajouter encore
a I'eloge de M. Burckhardt , honime tellement familiarise avec la
langue el les maeurs des peoples de I'Egypte et de la Nubie , que
pcrsonne ne soup^onna qu'il fiil Europeen:' Les dt^lails qu il nous
a donnes sur les triLus de ces contrees , sont si exacts et si com-
plets, qu'a ce sujet il ne reste que peu ou rien a observer. »
Eurckliardt , qui avait ete a portee d'apprecier dans ses voyages
roaibien il lui serait avantageux d'obtenir le tilre d'lladji, s'elait
soumis avec une ferveur apparente ct une connaissance reelle des
rites islaniismes, a toutes les auslerilcs prescrites pour entrer dans
la corporation de ces pelerins sanctifies ; aussi fiit-il, apres un
long examen , declare « vrai croyant, done d'une instruction peu
commune , » par le tlieologien musulman de Tayf , qui reunissait
dans sa persomie sacree les caracteres de juge et de pretre. Moha-
met-Ali Pacba refusa cependant de croire qu'il eut subi I'epreuve
indispensable de la circoncision, mais Burckhardt fut assez bien
inspire pour offrir de constater le contraire ; il ne fut beureuscment
point pris aumot, un gesle qu'il fit parut au tlieologien I'equivalent
de la preuve. Le vice-roi qui avait vuprecedemment notre voyageur
au Caire en demeura persuade , ou du moins dissimula le doute dans
lequel il perseverait. Toutefois noire pelerin du moiit Arafat, re^ut
a cette occasion une somm.e d'argent assez forte et un habit complet
d'osmanli. On con^oit que d'apres les inquietudes qu'il eprouva dans
cette perilleuse circonstance, il dut user de beaucoup de circonspec-
lion ; aussi assure-t-on que jamais Europeen , elabli au Caire, ne
sut dans quelle partic de la ville il residait, bien qu'il vint quelque-
fois chez eux vivrc comme uif Infidele ; mais il craignait d'etre
visite a son tour par ses compatriotes , ce qui aurait pu le rendre
suspect aux Musulmans. Le vice-roi , qui I'aimait beaucoup , I'en-
voyait souvcntchercher pour convcrser avec lui.
Apres cetfe digression , nous nous batons de suivre de nouveau
i5G
les traces de noire voyagcur , qui , ainsi qu'il vient Ac nous lap-
jirendre lui-meme , se rendlt au Caire ; c'elail au niois de juin
i8i5 , el la pestc s'v declara au mois d'avril 18 iG. N'ayant pas
la liberie de se sequeslrer dans sa maison , ct nc vouianl pas non
plus s'cxposer a ce (leau comme les Orienlaux qui par fatalisnie nc
cherchent aucuncracnl a sen preserver (i), il pril la resolution de
faire un voyage de Irois mois au inont Sinai. 1 1 y decouvril les ruincs
de noinbreux couvens qui attcslent que sous le JJas-Empire, les
environs de ce mont revere etaienl converts de nionaslercs torniant
une association a I'iuslar de celle du nionl Atlios. 11 visila la vallee
Ghareudel el la plaiue de Szaleli , passa queiques jours au couvenl
du mont SinaV, el parlil ensuite avec des guides pour la ville
d'Acaba, mais il n'osa y entrer faule de firman , ce qui lui fil faire,
en retournanl au celebre monastcre grec, la renconlre de brigands
vis-a-vis lesquels il failut faire bonne conlenancc. Pendanl qu'il
courait aux chaineaux prendre son fusil pour se defendre avec ses
conipagnons , il enlendil deux coups de feu. L'un des iJedouius
de sa petile Iroupe, plus courageux que son principal guide , cria
queiques inslans apres en essuyanl son couleau ensanglante : sau-
vons-nous , j'ai (lepeche le brigand. Les environs d'Acaba occupes
par les Irois tribus JJedouines des Omrans, des Aloweyns el des
Heywats, sont infestes de brigands, et par cela meme redoutabiespour
les voyageurs. Eurckhardt fit aussi queiques pelerinages aux Sainls-
(i) II n'en est pas toujoiirs ainsi : « me trouvant ii Jenibo, sur les bords
<le la Mer Rouge, au nionient 011 la peste y faisait de grands ravages, je vis
beaucoup d'liabitaiis de la ville , s^'enluir dans les montagnes voisines. Quand
je leur demandais pourquoi lis avajent peur, el s'ils ne croyaicnt pas (jiic
ieiirlieure etanl niarque'e, la peste lesatteindr.iil tout aussi bien dans les mon-
tagnes que dans leurs demeures , ils nie repondaient: Dieu envoie la peste sur
la lerre pour appeler au ciel les homines vertucux, mais nous sentons que nous
ne sommes pas encore digues de cette grace; nous cherchons done, pnur It-
moment, a nous y soustraire.
( Extrait d'unc Icllrc dc Jiuickliardt rccemment publiic. )
i57
Lleux, parliculiercmeiil a DjcbclMousa, ou la montagne dc Mo'i'se,
que la tradition designe comnie I'Horeb de I'Ecriture. Un objet
remarquable d'histoire naturclle fixa son attention, il y vitun reptile
'/cnimeux , de la forme d'une araignee , et qui ne se montre que la
nuit : '( Les Bedouins nomment cet insecte abou-hanakain , ils en
onl la plus grande peur , ct disent que sa morsure , si elle n'est
pas touj ours mortelle , produit une grande enflure, un vomisse-
nient continu et les souffrances les plus cruelles. » Dans celte der-
iiiere excursion , independamnient des inscriptions des Ouadi
Mokatteb , gravees sur des rochers , et qui lui parurent ctre dues a
des Chretiens d'Egypte, des premiers siecles de notre ere, Burckhardt
recueillit encore des notions sur la nature du pays entre le lac As-
phaltite et le golfe Acaba, ainsi que des documens positifs sur la
structure generale de la peninsule du mont Sinai. Parmi les faits
geographiques qu'il a signales, le plus important est cclui relalif'a
retendue el a la configuration du golfe d' Acaba, avant lui si imparfai-
tementconnu qu'il etait omis sur les cartes, ou il clait represente d'une
maniere fantastique avec une extremile fourchue a deux branches,
qu'il n'avait reellement pas (i). Avant d'atteindre Suez, Burckhardt
avait vu le mont Serbal el quelqucs autres lieux remarquables. De
Suez au Caire, il fut fait prisonnier par des Bedouins, mais il eiit,
apres plusieurs aventures, le bonheur de s'oyader. 11 arrivaau Caire,
a la residence de Tagent anglais , deguise en berger arabe. Meconnu
sous ce deguiseincnt, il resta assez long-temps dans la cour cxte-
rieure, et n'obliai qu'avcc peine un entretien de M. Aziz, qui fut
bien etonne de I'cntendre lui adresser la parole en fran9ais.
De retour au Caire, Burckhardt s'occupa de rediger la relation
dc son dernier voyage, et sa notice sur les Bedouins.
Depuis long -temps il avait projele dc faire transporter en
Anglelerre le buste connu sous le nom du jeune Memnon , et
(j) Sur (iiiclfiucs caries lie iSiii tie iios nieilleurs gcographes , ce golfo est
oncore figurJ dc cettc manicrc.
i58
avail souvent engage Ic Paclia a rciivoyer au prince rogeni ;
Mohanict-Ali, nc pouvaiJ simaginer que ce qiril icgardait roniiiie
uu bloc de picrrc pilt I'aiie plaisir a un aussi grand pcrsonnagc ,
aussi n'avait-il donne aucune suite a cette dcmande, qui fut failc
tout aussi infruclueusemenl dcpuis par M. Banks. 11 nc faiiul ricn
inoins que le perseveranl desir de Belzoni d'en entreprendre I'en-
levement sur place, et de le transporlcr a Alcxandrie pour voir
realiser cc projct, qui fut enfin mis a execution par le voyagcur
italien, au milieu de millc dilficulu-y , que son esprit ingenieux et
sa Icrme riisolulion pouvaient sculs vaincre.
Voici comment Burckhardt, dans une lettre date'e duCaire , du
niois de decembre 1816, s'exprimc a ce sujet : « Enfin , j'ai vu ar-
river ici le lameux buste de Memnon, que j'ai fait transporter de
la Haule-Egvpte au Caire. 11 pese environ 3oo quintaux , c'est au
dire des auleurs du grand ouvrage sur rEgj"pte , le chcf-d'cEu\ re do
la sculpture egyptienne.
« I-c transport de ce buste jusqu'au Caire, a deja coAte 4oo louis,
dont je paie la moitic ; M. Salt payera Tautre moitie ; au moycn
de cette sommc, nous procurerons au Musee Britannique un tresor
qui vaut bien Jrois a qualre mille louis , et qui nous fera honncur
en.Anglelerre , a moi et a mes compatriotes. De plus, j'ai deja
rassemble environ trois cent cinqiianle manuscrits aiabes , dont
la piuparl Iraitent de sujets historiques et sont du plus grand
interet (i). »
Burckbardt attendait avec impatience la caravane de Moggrebins
ouAfricains de I'ouest, qui , apres leur pel(5rinage a la Mecque , de-
vaient a leur retour passer par le Caire, quilter PEgypte , pour le
Fezzan et penctrer dela dans Tinterieur de I'Afrique; mais avanl
I'arrivce de celte caravane, si long-temps attcndue, le malbeureiiv
Burckbardt qui avait eu la douleur dapprcndre la mort deson pere.
et dont la conslilulion naguere si robusle, elait alors alteree par le
climat devorant de TArabie , et la mauvaisc qualile des eaux qu'on y
(i) M. Burckhardt a Idgiu- ccs manuscrits a I'univ^rsilc de Cambridge.
bolt, ful aUaque cVune vIolentedisscrilcrie.Malgrc lous les soins que
luiprodiguale docleur anglais Richardson, lamaladie fit en dix jours
desprogresrapIdes.Burckhardt, sentantsafin approcher, fit appcler,
le i5 octobre i8i 7^ Ic scul dcposilaire de son secret, son ami M.Sall,
consul-general de la Grande-J>retagne en Egypte , et lui dicla scs
dernieres volontes ; puis il ajouta, avec une expression de pliysio-
nomie ou se peignalent tout a la fols le regret de voir s'evanouir
toutcs ses esperances et la plus m^ile resignation : Je comptais parilr
dans deux mois pour le Fezzan , el me rciulrc de la a Tumbuuctou ,
mais le del en dispose auirerneid : rappelez-moi au souvenir de mcs
amis. Une emotion visible I'enipecha de continuer ; enfin il dit
avec effort et d'une voix alleree : Priez M. Hamilton d'inslruire ma
mere de ma morl , et de lui dire (fue ma derniere pensee a ele pour
elle »
Peu de temps apres cette douloureuse entrevue, il expira entrc
les bras d'Osman qui lui ferma les yeux. Get Ecossais qui etait venu
en Egypte a Tepoque de I'expedition anglaise, et qui depuis avail
pris ce nom , et elait passe au service du vicc-roi, etait sinceremeiit
attache a JJurckhardt, qui lui avait fait un legs dans son testament,
Quelques mois avant sa morl, cet homme genereux avait envoye du
Caire un don considerable en faveur des indigens de sa ville natale.
Eurckhardl fut enseveli avec toutes les ceremonies prescrites par
la religion du prophete; et ses dcpouilles mortelles furent deposees
dans le cimcliere turc , situe hors des murs de la ville.
Les sciences gcographiques et historiques sont redevables a ce
voyageur : I'^de la Relation de son voyage enlSubie, suiviede notes
sur le Bournou, i volum. in -4", de 638 pages, avec des carles,
Londres, i8ig; 2" du Voyage en Arabic et en Syrie , i vol. in-
4°, de 6G0 pages, Londres, 1822 ; 3" du \ oyage au mont SinaY;
4-" de piusieurs manuscrits que possede la Soci te africaine , tels
qu'une Description detaillee de la Mecque, une Histoirede I'origine
el des progrcs de la secte des Wcchabiles , depuis sa fondation jus-
qu'en 181 5 ; des details curieux sur I'interieur de TAfrique, recueillls
i6o
lie la bouchc de pelerins el Ac voyageurs ; 5 " <le plusieurs voca-
biilaires (Viilionies africains; 6° d'un Recueii de ggg pioverbes ara-
bes , avcc la Iraduclion anglaise ; 7° de la traduction lidelc dun
poenie burlesque, ecrit dans le dialecle du pcuple du Gaire.
Si les Arabes parlcnt encore du Cheick-lbraliini, tous les auteurs,
voyageurs et savans qui Tout connu, ceux nienic que divisaienl
quelques ininiitics, adressent a sa mc^inoire un concert unanime de
louanges : « Entbousiaste des beaux arts, dit un voyageur anglais,
Burckhardt porte en lui le germe des plus nobles passions dont le
coeur humain soil susceptible. Comment ne me serais-je epris de la
societe d'un Icl bomnie, el n'aurais-je pas appnicie une jouissance
telle qu'il s'en offrc rarenienl de semblables au voyageur erraul
loin de son pays, de sa faniille et de scs inlimes connaissances? » (i)
L'auteur des voyages a Syouah, dans les cinq autres Oasis,
a Meroe , M. Cailliaud , qui a si bien merite la reconnaissance
des amis des decouvertes arcbeologiques el geographiques , en
portanl le nom fran^ais sur le lleuve Blanc, jusqu'au dixieme degre
de latitude scplenlrionalc , s'exprinic ainsi : « JJurckbardt.
Je ne saurais ciler le noni de ce savant sans lui offrir le faible bom-
mage de ma reconnaissance. Ce ful a lui que je dus des conseils
et des instructions qui me guiderenl sur la mer Rouge, dans mes
premiers voyages en Egypte. Les sciences , par la mort de eel bonmic
estimable , onl perdu un sectaleur aussi zele que profondemenl ins-
truit. »
Belzoni , dont la trisle destlnee clail de succomber , six ans
plus lard, de la meme maladie, au moment on il s'avanc-ait vers
les contrees qu'arrose le Niger , ful affccle de la mort prematuree
de Burckbardt. Qu'il nous soil permis de faire connailre ses vifs
regrets. C'est jeler encore quelques fleurs sur la lombe de celle
vlctime de la science. « Des la premiere beure aprcs mon arrlvtie ,
( I ) Journal d'un voyageur anglais qui fit In connai.ssance dc Kurckiirilt
en Egypte.
ibi
j'eus Ic plaisir de revnir inon excellent el inalheureux ami M. j{urc-
kliardt, dont la mort a cle une perte particullere pour moi. C'etait
rhomme le plus franc, Ic plus loyal, le plus desinteresse que j'aic
jamais connu; exempt de toutes ces petitesses d'esprit, de cos dis-
positions jalouses et cnvieuses des voyageurs qui veulent avoir vu
tout seuls un pays, pour le decrire selon leur fantaisie. Ce savant
sans ambition et sans orgueil, n'avait en vue que les progres des
sciences. Ses ouvrages attestent assez la candeur de son ame. »
Doue de sensibilite et de tendres affections pour les sieus, d'es-
prit naturel , d'un caractere gai, vif et genereux; observateur at-
tentif, plein d'instruction, prudent, perseverant et courageux, sa-
chant se conformer avec facilile aux manieres des differcns peuples,
aimant avec ardeur la science et la gloire qu'elle procure ; profes-
sant le plus noble et le plus grand atlachcment pour sa patrie , ou
il complait revenir apres ses voyages, passer des jours tranquilles,
au sein de sa famille, tel etait Burckliardt, mort a I'age de trente-
trois ans. Ce voyageur , qui avait fait une entiere abnc^gatlon dc
lui-m6me , qui par dessus toute chose avait une volonte ferme et
une grande force de caractere, se proposait de parcourir de I'est a
I'ouest les vastes regions du Soudan , et semblait etre appele a
dechlrer le voile qui couvre encore Tombouctou !
Les services qu'il a rendus aux sciences et ses ouvrages sont jus-
tement apprecies par le monde savant. Notre bul , en redigeant
cette notice , a done ete moins de suivre pas a pas les traces de ce
celebre voyageur, d'annoter en quelque sorte toutes les circons-
tances de ses voyages, de faire remarquer les avantages que la
science a tires de ses decouvertes et de la peinture des maeurs des
peuplades qu'il a visitees , que de le faire connaitre sous ses rap-
ports moraux. En le presentant principalement sous ce nouvel
aspect, il etait naturel de reproduire quelques fragmens de sa cor-
respondance avec sa famille , qui etaienl restes jusqu'alors inedits.
Ces lettres, pour lesquelles nous avions a nous mettre en garde
conire noire projire enlrainement, font pari ie d'une brochure qui
II
162
vient (oul receinment d'6tre piiLlIce a IJale. Nous avons <lii
nous borner a fairc un choix parmi ces cxtrails de leltres, afin
d'en intercaller quelques-uns dans cetle notice , et de les enchasser,
comine autant de picrres prdcieuses.
La Suisse s'enorgueillissail d'avoir produit Rousseau, Gessner ,
Casaubon , Uurlainaqui, Pelilot, Saussure , Jean de Muller , lion-
net, Pictet, Ducrest, Deluc, Tissot, Troqchin, Neckcr, Mallet,
Decandolle , etc. , dans ces illustrations en tout genre , il lui man-
quait un voyageur Depuis 1817 , elle a ajoute a ses tit res de
gloire le nom de I'incomparable et infortune JJurckbardl!
Sueur- Merlin.
DEUXIEME SECTION.
ACTES DE LA SOCIETE.
§ l^"". Proces-Verhaux des Seances.
Seance du 5 septembre 1828.
M. le docteur James Mease, correspondant de la Societe, a Phi-
ladelphie , aunonce qu'il a ecrit aux gouverneurs de la Virgin ie et
de la Caroline du Sud pour les engager a offrir h la Soclelc un
exemplaire des carles de ces deux Etats , publiees aux frals et par
ordre de la legislature. Sa demande a etc accueillie favorablement,
et la Societe recevra incessammcrit les deux cartes qui lui sont ac-
cordees par les representans des deux Eta Is ( Voy. pag. igo ).
La commission vote des remercimens a M. le docteur Mease ,
et accueille la proposition que lui fait M. Warden , de rendre
compte de ces deux cartes. (Voy. page 191 ).
M. le baron d'Hombres Firmas , remercie la Societe du tlire
qu'elle vient de lui confcrcr , et anuonce I'intention de prendre
une part active a ses travaux.
i63
M. I'abbe Pallcgoix , qui part pour Ics missions dcs royaumcs
voisiiis dc la Chine , exprime le desir d'entrer en relation avec la
Societe , et annonce qu'il se fera un piaisir de repondre aux ques-
tions geographiques qu'elle voudra bien lui adresser.
MM. Eyries et Barbie du Bocage pensent que la Societe doit
accueillir avec d'autant plus d'interet les offres gendreuses de ce
missionnaire , que la geographic des contrees qu'il se propose de
visiter, laisse encore au zele dc I'cxplorateur d'importantes con-
quetes a faire.
La commission cenlrale renvoie la lettre de M. I'abbe Pallegoix
a la section de coirespondance , avec I'invilalion de lui adresser
une serie de questions.
M. Gautlier d'Arc annonce egalement que M. Lefebvre , voya-
geur zele et instruit , vient d'entreprendre , a ses frais , im voyage
au Sennaar, dans le but d'etudier Thistoire nafurclle de cette con-
tree , et qu'il desire entrer en relation avec la Societe. Benvoi de
la demande a la section de correspondance.
M. Sueur Merlin informe la Societe que M. Bruc des Garuntiers,
gouverneur de Saint-Pierre et Miquelon , se propose de lui adres-
ser quelques renseignemens geographiques sur le pays qu'il habite.
M. C. Morcau entretient I'assemblee du voyage de M. Hart-
mann en Afrique, et depose sur le bureau un document officiel sur
la population des csclaves dans les colonies anglaises.
M. le baron Roger offre a la Societe un exemplaire des Fables
Senegalaises recueillies de I'Ouolof , qu'il vient de publier. Remer-
mercimens.
MM. Meissas et Michelot adressent a la Societe un exemplaire
de la deuxieme edition de leur nouvelle Geographic melhodique , et
demandent que le rapport de M. Sueur-Merlin sur cet ouvrage ,
dont I'impression avait ete ajournee, soit insere dans un des pro-
chains numeros du Bulletin.
D'apres les observations de plusieurs membres , relativement au
but que doit sc proposer la Societe , la commission centrale passe
1 64
a Tordre ilu jour sur la deinancle <le MM. Mclssas cl Michelot , el
decide que, conformement a I'espril de son reglement, il ne sera
plus fail de rapports sur les ouvrages purement elemenlaires.
M. le vicomle de Toustain-Duinanoir , membrc de la Soci^te ,
annonce quil a com^u le projel d'executer sur une grande echelle
une carle en relict" de rHurope, a Taide des excellcns dociiniens
que lui fourniroul le beau travail orographique de M. JJruguiere.
II desire pouvoir conipler , s'il execute son entreprise , que la So-
ciete lui donnera son approbation , et secondera ses efforts.
Plusieurs membres rappellenl a ce sujel les divers Iravaux de ce
genre executes en France , en Suisse el en Allemagnc.
M. Eyries , au iiorn de la section de publication , fail un rapport
sur la carle de Tile Uorneo , offerle a la Societe par M. le baron de
de Capellen ; il conclut a ce que lauteur soil prie d'accoiupagner
cette carle d'une notice extraite des noinbreux docuniens quil a
recueiliis sur cette ile-.
Le meme membre fait un rapport sur plusieurs carles et plans ,
relalifs aux cotes de I'Amerique meridionale, offerls a la Societe par
M. le capilaine Sklddy. Apres diverses observations, la commission
centrale renvoie les cartes et plans a I'cxamen dune nouvellc
commission, et elle Tinvite a se conccrtcr avec Tauleur donl on
annonce le retour procliain.
M. Jomard annonce a la Societe la nouvelle qui s'est repandue
de la morl du major Denbam , gouverneur de Sierra-Leone : il
elait le dernier survivanl des trois voyageurs anglais qui onl pene-
tre ensemble dans Tinlcrieur de TAfriquo , cl auxquels la science
doit des decouverles si importanles sur la parlie centrale de ce con-
tinent.
Seance du ig scptemhre 1828.
S. Exc. le ministre de I'inlerieur invite la Societe a faire deposer
a la direction des Sciences, Belles-Leltr/'s et Beaux-Arls, un cxem-
plaire du Recueil de ses Mdmoires el de son IJuUelin. Son Excel-
i65
leiice an nonce qu'elJe se I'era rendre coniple de ces deux ouvrages,
et qu'elle examinera ce que I'etat des credits lui pcrmetlra de de-
cider sur la dcmande de souscription qui lui a etc adressee.
M. le due de Saxe-AVelmar , general-major au service de S. M.
le roi des Pays-Bas, adresse a la Soclete un exemplaire de la Re-
lation de son voyage aux Etats-Unis , et lemoigne le desir d'etre
ad mis dans son sein.
La Commission vote des reniercimens a M. le due de Saxe-
Weimar, qu'eile revolt au nombre de ses membres, et renvoie
son ouvrage a M. Huber, pour en rendre comple.
M. le Secretaire de I'Academle des Sciences de Dijon adresse a
la Soclete une collection des Memoires publles par cette Acade-
mie. Remercimens.
M. Ic baron Trouve adresse a la Soclete , en ccbange de son
Bulletin , plusieurs volumes des Annales de la litlerature et des
arts, publics sous sa direction. Remercimens.
MM. Denaix , Pacho et Sicard font hommage , le premier d'un
Tableau orographique du globe , indlquant la liaison et les depen-
dances geographiques des principaux systemes de monlagnes des
deux continens , et d'un Tableau Synoptlque et comparatif des
principales divisions geograpbiques du globe , presentees dans leurs
rapports liomologues a I'egard de lY-quateur et du meridlen de I'lle
de Fer, ou relativcment aux climats et aux salsons; le second, de
la troisleme partle de sa Pvelation d'un voyage dans la Marma-
rlque et la CyrenaVque , avec quatre llvralsons de planches ; et le
troisleme, d'un Tableau comparatif des differenles organisations
de I'armee de terre , en France, depuls lyGSjusqu'en iSaS , dresse
au Depot de la Guerre , sous la direction de M. le marquis de la
Delacbasse de Verlgny ; ouvrage lllhographle avec un tres-grand
soln. Remercimens.
M. Firmin Caballero offre un ouvrage qn'Il vient de publler
dans le but , dit-il , d' engager M. MInano a perfectlonncr son
Dicllonnaire geograpblque et slatlstique de I'Espagne et du Por-
1 66
fngal ; II se propose dgalcmenl de faire coiinaitrc dans cet opuscule
les materiaux que I'Espagne possede pour sa description geogra-
phique, ainsi qtie les divers travaux des savans espagnols.
M. Riiger, de Jirusellcs, annonce a la Sociele qu'il est sur Ic
point d'entreprendre un voyage, dans lequel il se propose de visi-
ter le Mexique, le golfc de Californie ct Santa -Fe, et tcmoigne
le desir de recevoir ses instniclions. Renvoi de sa dcmande a la
section de correspondancc.
M. Teyssedre ecrit a la Sociele qu'il dcsirerait lui soumctlre le
niodcle d'un appareil pour lourner correctement des globes terres-
tres ou celestes d'un dianid^tre arbltraire, et pouvant servir aussi a
tracer sur ces globes les contours des pays, les cours des fleuves, etc.
La Commission decide que M. Teyssedre sera invite a assister
a sa prochaine seance , pour lui soumettre son projet.
M. Tabbe Manet entrelient de nouveau rassemblee de la publi-
cation de son Memoire , qu'il paraitrait desirer de faire imprimer
promptement.
M. Brue communique a la Societd de nouveaux details sur la na-
vigation de Vylstrolabe, sous les ordres du capitaine Durville , ct
sur les nombreuses richesses scientifiques recueillies par les savans
de cette expedition (i).
M. Jomard annonce a la Commission centrale la perte bien sen-
sible qu'elle vient de faire dans la personne de M. le lieulenant-ge-
ndral comte Andreossy, son vice-president; ct il pale un premier
hommage a la memoire de ce savant recommandable , qui s'est dis-
tingue en tanl d'occasions, pendant le cours de sa vie politique,
sclentlfiquc el mllltaiie. M. le Secretaire-General est invite par la
Commission a exprimer, a la procbaine assemblee generale les re-
grets que lui inspire ujie perte aussi iiiattcndue.
(i) Voyez, page 1C9, la letlrc adressee a M. deFreycinct par MM. Gaimard
el Quoy , m('dccins de la luarine , a bord de la corvette dii lt<ii V-^i.itrofabc.
167
§ 2. Admissions , Oin>rages offerts , etc.
MEMBRES NOUVELLEMENT ADMIS DANS LA SOCIETE.
Sdance da ig septembre 1828.
M. Bertsard due de Saxe- Weimar, general-major au ser-
vice de S. M. le Roi des Pays-Bas.
M. Mahan, de la Virglnie, officier du genie, au service des
Ktats-Unis.
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE.
Seance dn 5 septembre 1828.
Par M. Albert - Mont^monl : Voyage dans les cinq parties du
wonde , tome 4-'', Afrique, Paris, 1828, In-12.
Par M. le baron Roger: Fables senegalaises , recueillies de VOuoloj
el mises en vers frangais , etc ; i vol. in-12. Paris, 1828.
Par MM. Meissas el Miclielot : Noiwelle Geographic metJwdique ,
2"^ edition, Paris, 1828, i vol. in-12.
Par M. Morin : Correspondance pour I'avancement de la meteoro-
logie (3<^ memoiie) , Paris, 1828, in-8°.
Par M. Bajot : Annates maritimes et coloniales, cahiers de juillet
et aout.
Par M. le vicomte Hericart de Thury : Extrait du rapport du
voyage des commissaires de la commission administrative de la succes-
sion Delamarre pour la prise de possession du domainc d'Harcourt ,
au nom de la Suciete royale et ccntrale d' agriculture. , Paris, 1828,
une brochure in-8°.
Par M. Lourmand : Obsen?ations sur V education particuliere , con-
sideree prinripalemeni comme source d' experiences pour le perjectionne-
ment de Veducation publique.
Par la Societe d'agriculture de Versailles : Memoires de cette So^
ciete, 1828,
1 68
Par la Societe de la Seine - Inferienre : Extrait des travaux de
cette Socieie, Rouen, 1^28, i cahicr in-8".
Seance du iq septemhre 1828.
Par M. le due de Saxc -Weimar : Reise durch Nord-Amerika,
etc., Voyage dans I'Amerique du Nord, pendant les annees 1825 et
1826, AAeimar, 1828, i vol. in-8"., avec planches.
Par M. Pacho ; Relation d'un voyage dons la Mannarlqiie , hi
Cyrena'ique, etc , 3' parlie — Cyreniilque occideniale, Paris, 1828,
avec les 4-% 5'', 6"= el 7^ livralsons des planches.
Par M. Denaix : Tableau orographicjuc du globe , indlquant la liai-
son et les dependances geograpliiques des principaux systemes de mun-
tagnes des deux contincns , 1828, i feuille ; — Tableau synoptlque ct
romparaiif des principales divisions geographiques du globe, prelscntecs
dans leurs rapports homologies , a I'cgard de I'equateur ct du meridien
de Vile de Fer, ou relatii>ement aux climals et aux saisons, 1828 ,
unc feuille.
Par M. Firmin Caballero : Correccion fratema al presbilero doc-
Icr D. Sebaslian Mliiano, 1827, i vol. in-12.
Par M . Sicard : Tableau comparatlj des differentes organisations
de I'armee de terre, en France, depuis i6j'6 j'usqu'en 1825, dresse, au
DepSi, de la Guerre, sous la direction de M. Ic general Delach^sse de
\ erigny.
P^r M. Gide : ISouvelles Annales des voyages, cahier de septenibre.
Par M. de Leuven : Journal des voyages, cahicr d'aoilt.
Par M. JuUicn : Reme eficyclopediquc , cahier d'aoul.
• Px>r iV|. le baron Trouve : Annales de litterature et des arts, tomes
2g , 3o, .3 I L'l 32, in-8".
Par M. Arlhus Certrand : Bibliotlwque physico-economique, cahier
de seplembre 1828.
Par I'Academie des sciences de Dijon : Memoires de cette Aca-
demic pour les amines i8o5 , 1810, i8i3, 1820, 1822, 1824- et
1825, in-8".
169
Par la Socieli^ Aslaiique : Journal de celte Sociele, cahier d'aoAt.
Par la Sociele de la Morale Chretlenne numeros 55 et 56 de son
Journal.
Par les auteurs : Plusieurs numeros du Globe.
TROISIEME SECTION.
DOCUMENS , COMMUNICATIONS , NOUVELLES
GEOGRAPHIQUES , ETC.
CopiE d'une lettre ecrite a M. Louis de Freycinet , r.apUalne de
vaisseau , memhre de Vacadcmie royale des sciences , par MM. Quoy
et Gaimard , medeciiis de la marine , a lord de la corvette du Roi
/'Astrolabe.
Hobart-Town , sur I'lle Van-Diemen , le aS de'cembre 1827.
Cher commandant, nous pensons que vous avez re^u notre lettre
du Port-Jackson ; mais comme il peutne pas en etre ainsi de celles
que nous vous avons ecrites de la Nouvelle-Zelande et de Tonga-
labou, nous aliens en rcprendre le sens, afin que vous soyez au
courant des operations de notre campagne.
De la Nouvelle-Zelande nous vous disions que les vents con-
traires avaient empeche M. Durville de commencer la geographic
a la baie Dusky. II la prit au Cap des vents contraires, et la continua
jusqu'au detroil de Cook. Nous reconnAmes la que la baie Tasman
etait une sorte de golfe donl nous parcourilmes la profondeur. Le
commandant se fraya une route dans la baie de la Reine-Charlotte ,
au travers des rochers a fleur-d'eau , sur lesquels la mer tombait en
cascade , en formant des remous blanchissant d'ecume. Dans cette
position critique VJstrolabeioachai deux fois avec force. La violence
des courans nous fit franchir cette passe , qui a re9ulenom Ae Passe
des Franfais. L'avant-veille , forces de mouiller pres de la cote , et
exposes a une forte mer qui nous couvrait de I'avant, un de nos
170
cables fut ronum; laseule ancre qui nous reslail, brisee , supporfa
cependant ce mauvais temps avec une seule patte , el nous sauva.
Arrives devant la passe que voulail franchir M. Durvillc , nous fA-
nies entraincs par les courans dans loutes les directions avec notre
ancre aufond; nous tourbilionnarncs sur nous-meines, prcs des
rochers de la cole , de la plus singuliere nianiere , jusqu'a ce que le
ralenlisscnient de la maree et les manoeuvres convenables nous eus-
sent fixds. Nous traverssimes le ddtroit de Cook et contlnuaimes la
geographic. Enfonces dans la bale d'Aboudance , nous fAmes prls
(le nuit par le plus violent ouragan qu'on puisse eprouver. Le len-
demain on n'y voyait pas a cent pas , lorsque sur les onze heures ,
le ciel s'eclaircit assez pour nous nionlrer , a quelqucs encablures,
une chaine de brisans sur lesquels la mer s'elevait dune maniere
effroyable. Nous etions sans voilure , la mer ^norme. Malgrd la
force du vent , il fallut faire de la voile et les prolonger ; nous les
doublames. Quelques minutes plus lard on n'aurait jamais su ce que
flit devenue V Astrolabe; car ces rescifs sont a six lieues de terre ; et
meme apres ce danger, si le vent n'eAtpas change, nous pouvions
encore etre jetes a la cote , tant nous elions enfonces dans la baie.
Nous en sortimes pour y revcnir lorsque le temps devint plus fa-
vorable. On termina la geographic de cette contree par la riviere
Tamlse et ses environs. Ces travaux modlfieront le tracd de celle
partie de la Nouvelle-Zelande que n'avaltpas lermine Cook. On a
fait environ 36o lieues de cotes toujours fori pres , en decrlvant la
branche d'un 8. C'est de la baie des iles que nous vous donnS-
mes , par les missionnaires , des details plus circonstancies que cet
abrege.
Nous fAmes lres-contrari('s de la Nouvelle-Zelande aux lies des
Amis : il nous fallut plus d'un mois pour y arriver. En entrant dans
la longue passe de Tongatabou , les courans nous echouerent sur
les rescifs. Nous nous en relirames ; mais le mauvais temps nous
ayant forces d'y rester mouilles presque a les toucher , pendant
trois jours Vyistrolabe ful en perdilioii. Toulcs nos aucros furcut
'7>
iiiouiUees : celles a chaines tinrent , mais les cM)lcs furent d'abord
rompus par les coraux. Nous prolongions le rescif , ayant a droite
quclques pieds d'eau , a gauche 5o brasses , et un peu plus loin, point
<le fond. Le dernier de nos grellns retenalt I'arriere , et a chaque
instant nous nous attendions a le voir rompre , et le navire se
briser. Tout etait prepare pour sauver Tcquipagc. Une nuee de
nalurcls places sur les rochers scniblaient aulant de vautours atten-
dant que leur proie fut expiree pour s'en partager les debris. D'un
autre cote , en arrivarit k terre nous eussions ete complelemenl do-
pouilles. Dans cette position , si longuenient desesperante , le com-
mandant , profitant d'un instant de calme et de vent un peu plus
convenable , tenta d'appareiller. Toutes les retenues furent aban-
donnees a la fois , toutes les voiles bordees...... Le resultat futd'elre
porle sur le rescif; mais la mer etail haute , et il ne brisait plus alors.
Nous nous en rctirames encore , el reprimes notre position d'au-
paravant. Le lendemain , le temps etant devenu plus favorable , un
second appareillage reussit. La force du courant nous fit bien
echouer encore une fois ; mais , comnie nous etions plus en dedans
de la passe , il n'y avait plus de danger. Tongatabou n'a plus de
chef supreme ; elle est gouvernee par trois grands chefs qui n'ont
sur le peuple qu'une autorite assez faiblc. Dans notre peril , ils se
tinrent coiistamment a bord , en nous manifestant de bonnes inten-
tions ; ce qui suit prouvera jusqu'a quel point nous devions y
compter. Yi" Astrolabe , solidement construite , ne se trouva point
endommagee ; elle perdit deux grosses ancres , et toutes celles a
jet , si imporlantes dans ces mers. Des que nous fAmes arrives au
mouillage de Pang-Hai'modou, les chefs et leur suite, qui avaient
conslamment vecu a bord , cl pour lesquels nous mellions un se-
cond convert , furent recompenses de leur bonne conduile. Une
abondance excessive en toutes sortes de vivres fit oublier a I'equl-
page ses fatigues. Ces insulaires etaient alors fous de grains de
verrc , surlout des bleus. Pour trois grains ils donnaient une poule,
et cinq pour une bouteille vide. La mcilleure harmonic regnait
entre nous ; nous parcourAmes Tile ; ef , r'csl la veille du jour fixe
pour notre depart, en arrivant de visiter les missionnaires anglais,
que nous vous ecrivimcs a la hate , etpar eux , les details ci-dessus,
seulcment beaucoup plusetendus. Ces missionnaires n'onl que peu
<rinfluence, et habitent sur les terres dun chef peu preponderant
lui-niemc. lis lirenl pour nous , dans ces circonslances , tout ce
(ju ils purent. Les trois principaux chefs de Tile sonl Taofa, Pa-
lou ct Lavaka. Ils ont chasse le Toui- Tonga ou premier chef, parce
(juil etait Irop remuanl. Chacun gouverne son district. Palou a les
manleres agreables; maisToafa, qui peutreunir2000 guerriers, a le
plus d'influence. Le matin de la veille de notre depart les naturels
etaient toujours en meme nonibre a bord avec les chefs. Tout-a-
coup ils nous quiltereut brusquement pour aller, direnf-ils , cele-
brer une fete sur la petite ile volsine de Pang-Ha'iniodou. Un de
rios canots , monte par huit hommcs et M. Faiaguet, eleve , y
faisait du sable. Ils I'enlevent et entrainent de force nos malelots.
Bientot ils furent au travers des rescifs , et il fut impossible an
grand canot arnie et envoye de suite d'avoir autre chose que I'em-
barcation qu'ils ne purent faire passer sur les hauts-fonds. Aucun
motif n'ayant pu donner lieu a un pareil acte d'hoslillle , nous
n'avons jamais pu rallribuer qua la liigerctd de caractere de ces
insulaires , ou bien au dcsir du chef Taofa d'avoir des europcens
aupres de lui pour le servir , comme Palou qui a des Anglais ; car
c'etait Toafa qui avait ordonne cet enlevement.
Le depart fut retarde, carM. Durville se trouva fort embarrass^
pour ravoir ses hommes. On ne pouvait agir sur les naturels qui
avaienttousdisparus. On chercha a les inlimider en envoyant brA-
ler les maisons de la cote. A peine etall-on debarque , qu'on tut
regu a coups de fusil lires au travers des broussailles. Un malheu-
reux caporal de marine (Pvichard), s'etant imprudemment avance
dans le bols , fut envlronne et perce de coups des qu il cut lire. II
expira deux heures aprcs. Ce moyen n'ayant produil aucun elfet ,
le commandant attendit un jour , el apparcilla pour aller allaquer a
170
coups de canon le village sacre, nomm^ Mafangu, qui conlient Its
ionibeaux des chefs , et les temples dedies aux esprits. C'est un
sanctuairc dans une ile sacrce par elle-meme ( Tonga-Tabou ) ,
sancluaire ou Ton n'a jamais ose porter la guerre dans les plus
terribles que la contree ail cues. Les precautions qu'il fallut pren-
dre pour arrivcr sans s'ecliouer vis-a-vis ce lieu demandercnt deux
jours , pendant lesquels les nafurels s'occuperent a y elever des
redoutes bien entendues , sur lesquelles nos canons ne purent rien
pendant deux jours , quoiqu'a tiers de portee. Les insulaires nous
riposterent par des coups de fusil. Tout ce qui pouvait combattre
dans 1 lie se Irouvail reuni sur ce point; Thonneur d'une pareille
defense y appela-meme ceux qui se disaient nos amis. La Constance
a les inquioler et a les tenir loujours en arnies etait le seul moyen
a employer pour obtenir nos lionuues. Cependant le temps etait
mauvais , et la position de la corvette , si pres dun rescif , pouvait
n'etre pas sans danger d'y echouer, ce qui aurait pu entrainer le
massacre de I'equipage. Nosprisonniers, pour lesquels nous avions
tant de crainte au premier coup de canon , n'eurent aucun mal. Nous
les voyions se promener sur la plage ; nous conversions mSme avec
eux par le porte-voix ; mals des qu'un d'eux s'avancait trop dans la
mer , on tirait sur lui pour le faire revenir. Enfin I'eleve fut rendu,
et quelques jours apres, tous les liommes , nioins un qui se joignit
a un autre deserteur.
Nous appareillames le 21 niai , ct nous sortfmes sans toucher par
les passes difficiles de cette ile, dans laquelle ces malheureuses cir-
constances forcerent M. Durville a demeurer pres d'un mois, au-
lieu de cinq jours qu'il complail y passer pour regulariser scs tra-
vaux geographiques. J^e plus mauvais temps qu'onpuisse avoir dans
ces parages nous acconqiagna dans les Fidjis.
Cet arcbipel immense compte plus de deux cents iles , dont
quelques-unes a TEst sont entourees de rescifs qui s'etendenl pro-
digieusement loin. Nous trouv^mes au milieu de ces ties des vents
tres-violenls , et la mer toujours grosse. Dans une de ces longues
nuits (Ics Iropiqiics, nous filnics pontes si pros <le terre , (juc nous
allions , pour nous sauver, nous engager dans vingt-sept lieues de
rescifs', vus par le navire le Duf (i) , lorsque dcs brisans , nous
arrelant tout dabonl , nous forcerent a louvoyer pour nous
clever.
Nous n'avons aper^u aucun port facile sur loules cclles dc ces
ilcs que nous avons approchecs ; et un naturel intelligent nous a
assure qu'il n'y en avail d'aulres que ceux que Ics cliercheurs de
bois de sandal Irouvaient au mjlieu des rescifs : aussi y fonl-ils
souvent naufrage.
Nousrecueillimes quatre homnies du navire cspagnol deManille
la Conception qui avail peri il y a Irols ans. Une vinglaine d'aulres,
reslant de I'equipage , se sont sauves sur la grande Vili , a Imbao ,
ou ils sont encore avec dcs Anierlcains. i^armi cesEspagnols etait
un jeune liomme de Guam, qui continue de servir avec nous. Si
vous Irouvez convenable de publier cette note, elle pent quelquc
jour etre utile a ces malheureux vivanls parmi des peuples feroces,
toujours en guerre d'lle a tie , eldevorant leur prisonniers. C'esl-
la que cette horrible couluine est porlee au plus haul degre. Quoi-
que si pres de Tonga , ils n'apparliennent point a la race Polyne-
sienne , et tiennent de celle des Papons , avec de plus belles formes,
lis sont noirs et onl les cheveux touffus commc eux. lis nomment
leurs lies Vilis. Le bois de sandal ne se Irouve que dans deux. C'est
la geographic la plus perilleuse que nous ayons encore faite. Une
null, apres avoir laiss^ la c6te et porle au large , nous tombames
par une grosse mer sur des brisans. A leur aspect instanlane la vigie
terrifice manqua de voix pour les annoncer. lis etalent tellenienl
pres que nous ne pouvions plus virer vent arriere ; il fallul les pro-
(i) Na\iro .Tnglais rnvoyc, il y a trciilo ans , porter des missionnaiies d;uis
la mer du Slid. 11 par.'iit qu'il a passe par uii petit temps sur tons ces rcscils ,
sur lesqiiels il a cependaut louche une fois. II a nomme Carybde el Sylla les
plus dangrreux.
'75
longer a une demi-encablurc , vl passer le reste dc la nuit dans la
plus grande anxiete sur notre position. Encore dans cette clrcons-
tance noire perte eAt et^ totale. De la nous passames dans les der-
nieres Hebrides , sans nous y arreter, ct nous fimes au vent la geo-
graplile de plusieurs ties nouvelles des Loyaltig. Get arcliipel de
terres peu elevees et souvent embrumees , est considerable. La perte
de nos ancrcs cnipeclia le commandant Durville d'y recherclier un
port. L'ile lieaupre est Texlremite de cet archipel dans le Nord-
Ouest. 11 est bien surprenant que M. d'Entrecasteaux ne I'ait pas
decouvert ; car toutes ces ties se suivent en vue les unes des autres ;
comme ilest fort heureux qu'il ne se soit pas jete sur des brisans
considerables, Ires-loin de Ttle Beaupre , et d'autant plus dangereus
qu'aucune lerre ni roche ne les signale. Nous reconnAmes Tile
Huon sur la Nouvelle-Caledonie , et de la jusqu'a la Louisiade
nous ne rencontrames plus rien. M. Durville allait en essayer la
geographic , et enti-er dansle detroit de Torres; deja nousvoyions
de fort pres I'lle Rossel et la petite tie Adele de Ruaut-Coutance ,
lorsque le mauvais temps , qui nous avait constamment accompa-
gne , ne lui permit pas d'aboraer , depourvu d'ancres , une cote si
perilleuse. Porlaut vers I'Est, il reconnul les pctltes ties Laughlan ,
et arriva bientot sur la Nouvelle-Irlande. Toujours mauvais temps ,
sombre , pluvieux ; oblige de sortir de I'anse aux Anglais , on en-
voya une e».:ibarcation reconnatlre le Havre Carteret. A peine fut-elle
partie que nous fumes environnes de pluie , de brouillards , et
obliges de manoeuvrer pres de la cote pour recevoir notre canot, dont
les courans nous eussent peut-elre eloignes pour jamais dans la null.
C'est alors que nous fAmcs portes sur I'tle Leighs , a I'entree du
h^vre. II lombait des torrens de pluie ; on n'y voyait plus a ciu-
quante pas ; pendant dix minutes nous crdmes tous que c'etait la
que devait finir Vyistrolabe, et une partie de son equipage. Heureu-
sement qu'a vingt pas des roches a pic de la c6le , il se trouvaassez
d'eau pour ne pas toucher. Ceux qui se seraient sauves fusseut morls
de misere, cette terre n'offrant aucune ressource. Nous I'echap-
,7(i
pSnies encore. Ce h^vre, assez mal indiquc, n'est point ban. II
n'y a fond et mouillage que dans un seul endroit , et pour deux
navlres seulement. Nous v perdimes une ancre.
Le mauvais temps de la Louisiade'et le diifaut d'ancres ayant
fait modifier le plan de campagne du commandant , il renon^a ,
pour cclte annoe , au Sud de la Nouvellc-Guinee , et se decida a
faire Ic ^ord.
En y allant, il reconnut cette partie de la Nouvelle-Brelagne,
opposee a celle qu'avalt faltc M. d'Entrecasteaux. Nous v eprou-
v^mes les plus grandes contrarietes ; et dans de semblahles lati-
tudes, ou nous devious esperer de beaux jours, nous ertmes
constamment de la pluie , de forts vents et une grossc mor. Dans
ce canal resserre , ou les courans ont une grande force , la naviga-
lion etait souvcut dcs plus inquletantes; mais la Constance et la
tenacile de M. Durville surmonterent ces obstacles ; et il (it tout ce
qu'on put apercevoir de cette terre.
Arrives au detroit de Dampier, malgrc le soin de passer a dix
milles dans I'Est de I'endroit ou d'Kntrecasteaux s'etait trouve en-
gage , nous rencontr^mes encore des hauts-fonds : nous ^tions des-
sus, que le soleil avait empeclie la vigie de les apercevoir. Labrise
etait fraiche. Kn arrmint et lofanl , nous passames en loucliant
deux fois.
SI nous fusslons demeur<^s sur la roche , le fort veiii qui souflla
deux heures apres, ne nous eut lalsse d'auire alfemallve que d'a-
bandonner V Astrolabe, el de longer, dans nos embarcallons , la
Nouvellc-Guincc, pour tacher dalleindre Amboine. Apres le de-
troit de Dampier, cessa le mauvais temps.
La geographic de la partie Nord de la Nouveile-Gulnce lul lailc
palsiblemenl pros de terre et sans lacune, inalgre les forts courans
qui nous faisaient avancer autant que le vent. Les cotes sont saines,
clevees , quelquefols considerablement. 11 n'y a que tres - peu de
mouillages sArs. La bale Humboldt est la seule qui paraisse vasfe.
Pour la bien connaitre, il eiit fallu s'y engager; ce que nous nc
177
pouvions pas nous hasarder de faire. Les montsqui I'environnent ont
rc§u les noins de plusieurs membres de rAcademIe des sciences.
Nous restames quelques jours a Dorey , oii, pour qu'il ne se pas-
sSt pas un mols sans que nous ayons eprouve quelque evenement,
nous eumes un liomine grievement blesse d'un coup de fleche, non
par les paisibles Papous , mais par un des feroces habitans des
monlagnes, qu'Ils nomnient yj/fa(/iiis. Avant d'entrer dans les Mo-
luques, nous revimes de loin les lieux que nous avons paicourus
avec vous, Rawak, Boni, Manouaran ; nous allions passer m^mc
dans le detroit de I'Uranle, lorsque le vent nous eloigna des terres
auxquelles vous avez eu la complaisance d'imposer nos noms. Vous
voyez, cher commandant, par celte relation, qu'il n'est pas possi-
ble de courir plus de dangers, sans perlr, que n'en-a couru Vj^s-
trolabe. Nous avons appris a Amboine, ou il a plu pendant 60
jours, que le mauvais temps a regne dans presque tout I'hemisphere
austral pendant I'annee 1827. 11 est heureux que nos relSches s'o-
perent dans des lieux ou la desertion n'est guerc possible ; car les
circonstances dans lesquelles nous nous sommes trouves ont slngu-
lierement diminue Tardeur de beaucoup de nos matelots.
Les occasions pour TEurope sont tellement rares a Amboine,
et les troubles survenus a Java peuvent faire que vous ne receviezla
lettrc que nous vons avons ecrite de cetendroitqu'aprcs celle-ci.Nous
y avons etc parfailement accueillis ; mais on rit de voir , comma
par le temps passe , les minutieux empecbemens qui ont lieu pour
la muscade et le girolle. Ces braves gens, qui ne peuvent pas croire
que nous en avons a leur vendre , semblent avoir donni pendant
60 ans. Comme autrefois, ils n'ont que Irois ports ouverts auxna-
vires dans les Moluques; et un baleinier anglais, dont le capitaine
est tres-malade, est traite avec la plus grande rigueur. II a des gar-
des a son bord ; et son equipage ne peut allcr a terre qu'escorte de
soldals. Nous avons cu le bonheur de trouver des ancres et des
cordages.
Nous avons ete temoins d'une chose curieuse : c'est une noce
12
178
(le riches Chinois; elle dure 4° jours. Aussi, apres un enterrc-
nient , c'est pour eux ce qu'il y a de plus ruineux. Notis avons sur-
pris sur la physionoinic du marie cette impression qu'il eprouvc
lorsqu'il leve pour la premiere fois le voile qui couvre une epouse
qu'il n'a jamais vue. Ges circoustances nous fircnt aussi connaitre
tout le talent des Chinois pour faire les bonnes confitures.
Nous voila parlis pour contourner la ISouvelle-IIollaude , afin
de prendre le delrolt de Torres par I'Est. Apres avoir passe Timor,
nous avons cu une serie de vents d'Ouest, qui, nous contrariant-
beaucoup, donnaient quelquefois des envies a M. Durville de ten-
ter le passage dans cette direction. INous ne doutons pas qu'on ne
puisse quelquefois reussir. Quand nous parlous du detrolt, ce n'esl
point par la route ordinaire, mais le long de la Nouvelle-Guinee.
Le 16 decembre , nous niouillames dans le canal de d'Entrecas-
teaux, et deux jours apres, k Hobart-Tovvn, jolic petite ville assise
sur la cdte Quest de la rioiere du Nord. C'est le chef-lieu du gouver-
nement. EUe a beaucoup de rajjport avec Sydney, et est peut-etre
niieux pourvue de denrees et de vivres frais , propres aux naviga-
teurs. Derriere elle, est une assez haute montagne, nommee, comme
au Cap, la Table. II en descend en effef des raffales dune violence
extraordinaire , qui font forleraent iucliner les navires a I'ancre, et
qui enlevent de la surface de la mer des lourbillons de vapeurs
d'eau semblables a ceux de poussiere sur la terre. Nulie part nous
n'avions encore vu ce phenomene. Les nalurels sont en guerre
avec les colons ; mais ils sont pen a craindre et sont relegues dans
les montagnes. Les environs dHobart- Town sont moins beaux
que I'intericur, oil Ton trouve deux ou trois autres villes, don( une
est plus grande que la precedente , et de tres-belles fermes. A notre
arrivee, il y avait g mois qu'il n'avait plu. Quoique en ete, II y
faisait Ires-frais.
L'intenliou de M. Durville etait d'achever en passant la Nou-
velle-Zelande, et de prendre des vivres ensuite au Port-Jackson ,
pour allcr a Torres. Mais ici les documens que nous avons eus sur
'79
1-e lieu oil aurall peri La Perouse et I'espoir d'y relrouver encore
quelques iudividus lui font negligcr la Nouvelle-Zelandc , pour se
porter de suite dans I'archipcl du Saint-Esprit. Nul doule que cette
nouvellc liistoire sur La Perouse ne vous soit connue ; mais comme
elle est accompagnee de circonstances qui ont determine la com-
pagnie anglaise des Indes a Calcutta a expiidler un navire pour cet
effct, il faut croire que tout n'est pas douteuxdans cette aflaire. Le
capitaine Dillon a conduit a Calcutta riiomme qui a connu a Tu-
copia ou Malicolo , deux vieux Fran^ais echappes au naufrage el
au massacre des deux equipages. 11 a de plus apportc une epee por-
lant des marques de poingons que Ton croit fran^aises.
Ces renseigneinens avaient determine deux liommes graves , le
docteur Tetler et M. Chaigneau, IVan^ais, a faire parlie de I'ex-
pedition du capitaine Dillon. Malheureusement ce capitaine vienl
de commettre des acles qui doivent le faire considcrer coinnie a-
peu-pres fou, celui, par exemple, d'avoir lourmente et maltraite
le docteur Tetler , mis par la compagnic comme historien de cette
expedition philantropique , au point qu'en arrivant a Hobart-
Tovvn , il a ete civilement condamne a deux mois de prison eta 5o
louis d'amende. Ce que nous vous disons la, nous I'avons hi irnpri-
me, et de plus, nous le tenons du grand- juge. M. Teller a de-
barque. Enfni, arrive a la Nouvelle-Zelande, le capitaine Dillon
ne sail plus que devenir, et il a ecrit que la inousson ne lui permet-
tant pas d'aller aux iles du Saint- Esprit, it allait retourner a
Calcutta.
Si nous avons du temps, nous reviendrons faire des vivres au
Port-Jackson ; mais toujours nous continuerons uotre voyage.
U Astrolabe -ponmiil bien rcsler a Torres , d'apres ce que nous coi>
naissons des dangers des rescifs. Le sort de son equipage dependra
du lemps qu'il fera. II y a deux ans que deux navires anglais, cher-
chant un passage pres de la NouvcUe-Guinee, se sonttrouv^s enga-
ges pendant l^o jours dans les rescifs, et ont eu beaucoup de peine
a s'en retirer sans pouvoir reussir. Tin Iroisiemc , ayanl 4oo,ooo
i8o
francs, y a fait naufrage , en s'dcarlant un peu de la route ordi-
naire. Nous esp^rons , cher commandant, avoir de vos nouvelles
a notre passage a I'llc-dc-France. Notre campagne sera fmie alors.
Recevez, etc.
Signe Gaimard et QuOY.
P,-S. Nous sommes tres-contens d'avoir mis en sArete nos Ira-
vaux jusqu'a cc jour, en les adressant a rAcademie, avcc plus de
i4oo dessins. Nous avons eu Ic malheur de perdre ce pauvrc maitre
Berenguicr, second charpentier de VUranle; c'ctait son Iroisleme
voyage. Ses qualites nous I'ont fait regretter. Scrait-il necessaire
de vous dire ce que contiennent les journaux dllobart-Town sur
La Perouse ? qu'un dcs navires, echoue sur une des ties du Saint-
Esprit, aurait fait feu sur les nalurels , qui auraient fini par en
massacrcr tout Tequipage; que le second navire, voulant lui por-
ter du secours, aurait eprouve le meme sort : mais, plus prudent,
I'cquipage ne sevit point sur les naturels, ct fut sauve. Des per-
sonnes, peut-etre M. La Perouse lui -meme, tentercnt de gagner
les Moluques dans des canots : ils ont peri ; qu'enfm il y avait en-
core dans ces ties du Saint-Esprit beaucoup d'effets provenant des
navires. Dans le cliiffre de I'epec on Irouve le nom dc La Perouse.
Ceux qui ont connu ici le capilaine Dillon dlsenl que, faute de
moyens, il serait incapable d'inventcr un pareil chiffre.
GrottE de Ganges. {Extrait du Globe, tome VI, n° g8. )
La fameuse grotte de JJaumann , dans le duclit^ de Brunswick ,
et ccUe d'Anliparos , dont le ctilebrc Tournefort , dans ses voyages
du Levant, nous a fait une description tres-curieuse , mais qu'on
a cru fabuleuse , ne sont que de faibles images dc celle de Ganges.
Je Grains d'employcr un espace tres-precieux dans vos interessantes
colonnes ; cette consideration m'engage a commencer sans delai le
r^cit de men expedition soutcrrainc.
i8t
Celle grotte est situee ^environ 20,000 toises au nordde Mont-
pellier, enlre la petite ville de Saint-Bauzllle du Putois et celle de
Ganges. Elle s'appelle en Languedocien Baoiima de las doumdhelas^
c'est-a-dire Grotte des Demoiselles ou des Fees. Urie ancienne
tradition repandue dans le pays en a fait leur demeure , et , dans
cette contrec, les bienfaits de la civilisation n'ont pu encore faire
disparaitre enti^rement cette croyance superstllieuse.Je partis done
de Montpellier avec trois de mes amis , parmi lesquels se trouvail
M. de Christol, jeune geologue distingue. Le lendemain , a Saint-
Bauzille , nous recrutames quelques jeunes gens de Montpellier qui y
etaient venus pour respirer I'air pur et frais des Cevennes. Munis
de torches , de chandelles, de cordes et de provisions, nous nous,
mtmes en marche , accompagn(^s de monsieur le maire de Saint-
Bauzille , et precedes de trois guides aussi adroits que courageux.
Enfin , apres une grosse heure d'une marche penible , nous par-
vinmes a gravir un enorme rocher , ou notre route n'etait qu'un
sentier trace par des chevres. Arrives au sommet , nous nous
trouviimes dans un bois taillis , qui semble proteger I'entree mys-
t^rieuse de la caveme.
Son ouverture , au niveau de la terre , presente une excavation
d'environ 20 pieds de diametre , sur une profondeur de 3o pieds.
Elle est couverte d'arbres et de vignes sauvages qu'on dirait la
pour cacher a Thomme les abimes profonds ou il va s'enfoncer. Nous
commengames a descendre , en nous tenant forlement a une corde
attachee a uji rocher , jusqu'a un endroit ou nous pla^^mes assez
solidement une echelle de bois , au bas de laquelle nous nous trou-
vames ^ I'entree de la premiere salle , dont le terrain est fort in-
cline, humide et couverl de capillaires. Nous laissames a notre
droite un autre de peu de profondeur. En face de nous, des piliers
imilant des alignemens de palmiers se dessinent en forme de ga-
leries ; ils doivent avoir 3o pieds d'elevation. C'esl dans cette
premiere salle que chacun de nous sortit son briquet, et que ,
renonc^ant pour long-temps a la clarle du jour , nous allumames,
l82
nos torches. Nos soiiliers dc route furent remplac.es par une
< Iiaussure l(^gere, et des bonnets sans visierc substiliies a nos cha-
peaux. Cette operation taite , nous debouchames dans la seconde
salle par un passage si etroit que nous elions forces de marcher
de c6te.
Nous fiimes surpris de rimmenslte de cette salle. A gauche en
entrant on aper^oit un rideau d'une hauleur que roeil ne peut mesu-
rer. La pointe touche le sol, et on le dirait pHss(5 parle plus habile
artiste. La, nous vimos dc belles colonnes , les unes en obelisqucs,
les autres renversees ou tronqiiees. Sur nos tetes elalent des nuages
blancs comme de I'albatre. La clartt^ de nos flambeaux , que rette-
chissaient les nombreuses cristallisations dont ils sont composes ,
leur donnait une parfaile ressemblance avec de veritables nuages
parsemt'js d'etoiles brillantes. La voiite de cette caverne est chargee
de festons de cristaux , et remplie de magnifiqucs stalactites et de
concretions pierreuses, qui offrent aux yeux, des figures tout-a-fait
bizarres , que I'imagination prevenue rend plus merveilleuses en-
core. On serait meme tente de croire que I'art a contribue a la
perfection de ces etonnantes images. Les naturalistes pourraient
faire des remarques tres-interessantes , s'ils parvenaient a calculer
combien de siecles il a fallu pour former des pyramides de 200
pieds d'elcvation , par le seul concours contluuel de I'eau chargee
de maticres lapidifiques, qui tombe goulte a goulle de la parlie
superieure de ces cavemes.
II fallut faire cesser notre admiration pour continuer notre
marclie. Descendant toujours a notre gauche , nous passairnes dans
une troisi^me salle , large , et surtout fort longue , qui reprdsenfc
assez bien une galerie tournante. Nous nous arretames, pour en-
trer sous une voAle tres-basse, qui nous obligea h marcher courbes.
On lappelle k four , a cause de sa forme. Nous avons remarque
aux parois de cette voille une congelation blanche et gralueuse ,
ressemblant parfaitement a un mouton. Un autre four moins cu-
rieux se presenta ; mais nous le laissames , pour entrer dans une
i83
autre salle , dont les eiiornies quarllers do pierres renverses et les
colonnes brisees annoncenl de grands bouleversemens et des con-
vulsions violentes dans le sein de la terre. L'aspcct de ce lieu
lugubre attrlste Toeil , et remplit Tame d'une secrete leneur. Un
trou s'offrit, qui nous conduisit a une petite piece pouvant a peine
nous contenir. Nos guides nousfirent remarquer derriere des piliers
une source dont Teau nous parut delicicuse. Dans ce lieu , nous
donnames Fcpouvante a une quantite innoinbrable de chauve-
souris , qui pousserent, en s'enfuyant , des cris aigus propres a
porter dans I'ame un sentiment d'horreur. Non loin de nous ,
nous vimes des cristallisations brillantes et blanchatres qui se des-
sinaient vaguement dans le fond noir de Tabime. L'on n'aperce-
vait devant soi qu'un espace sans fin , et nulie autre route pour y
parvenir qu'un rocher a pic de 3o pieds. Nous attachames a une
stalactite notre echelle de corde de 66 pieds. Aulour de nous , ce
n'etait qu'affreux precipices. Nous entendions rouler de rochers en
rochers les pierres que nous jetions dans cet abime immense , et
apres un long silence , nous les entendions de nouveau.... Malheur
a qui , au bord de ce rocher , aurait eu une distraction , un etour-
dissement : il y allait de sa vie ! . . . Notre guide se hasarda le
premier ; vingt-cinq pieds au-dcssous de nous , le rocher rentrait ,
et lechelle , sans appui , tournait sous les pieds de celui qui des-
cendait. Tons ces dangers contribuaient a donner a notre voyage
quelque chose d'imposant et d'aventureux , et il me serait bien
difficile de decrire les sensations que nous dprouvions alors. L'obs-
curite , peu dissipde par la clarte de nos torches , le silence profond
de la caverne , nous inspiraient une terreur que nous avions bien
soin de cacher a nos conipagnons. Au bas de I'echelle, de nouvelles
difficultes nous attendaient. Nous nous trouvions au milieu du
gouffre , sur un autre rocher , que son peu de largeur nous for^ait
a evacuer a mesure. A notre gauche , il n'y avait pour descendre
qu'un passage , surnomme le pas du Diahle a cause de la difficultc
qu'il offre. Nous commen^aimes par sauter un espace de 3 pieds ,
i84
pouratteindre une piene voisine. Unenonne roclier, apiccoinme
une muraille, est notre unique route , et, le visage tourne conlre
ce mur , les genoux sont fort g^ni^s pour cnjambcr. Le precipice
dc 200 pieds est [derriere soi ; et il faut marcher de cole sur ce
plan perpendlculairc , les pieds tout-a-fait en dehors de la pierre ,
el cherchant la moindre exuberance du roc pour servir de point
d appui aux mains. J'avoue que je reculai a la vue d'un tel danger;
mais, dans ces lieux inconnus , Timaginalion s'exalle, et je passai....
Ce n'est pas sans effroi que nous voyions nos camarades ainsi
suspendus ! Au milieu de ce passage , qui a Irois toises de long , se
trouve un anneau de fer place par les guides , et auquel est allachee
une corde qui tient par I'aulre bout a une stalaclilc. C'esl sur
celte corde qu'il faut se suspendre des mains , et se soulenir par la
force des bras ; les pieds trouvent a peine quelques poinls dappui.
Cette difficulte sunnontee , on se trouve devant le pilicr qui lient
la corde. II est transparent , d'une blancheur cclalante , el forme
de choux-fleurs. A parlir de sa base , il va en diniinuant en forme
pyramidale. Assis a cheval sur les choux - fleurs de ce pilier , de
nouveaux obstacles s'offrent a noire vuc : le roclier forme de nou-
veau muraille, le precipice nous entoure , el la pierre est glissanle.
11 faut descendre environ aS pieds. Si Ton ne tombc pas droit ,
Ton court risque de se precipiter dans un trou profoud , et de se
briser contre d'enormes masses de pierres. Une faible corde sans
noeuds , le long de laquelle nous nous laissames glisser , etait en
meme lemps noire soutien el notre gouvernail. Seulement , au
bas de celle corde ; nous pilmes commencer a nous croire en stl-
rete sur une stalaclilc d'un pied de dianietre , qu'il fallait qui Her
sur-le-champ pour faire place a celui qui suivait. A force de nous
laisser glisser de rochers en rochers, lanlot debout , tanlol rem-
pant , nous servant autant de nos mains et de nos coudes que de
nos pieds , et trouvant a chaque pas de nouveaux et aussi dange-
reux obstacles , nous arrlvons a une place ou nous sommes avec
plus de sArete que d'aisance. Notre vue est dabord frappee d'uu
i85
autel blanc comme la neige , de forme ovale , et assis sur des mar-
ches composdes d'mi email eblouissanl, en feuIUes posees les
uncs sur les autres. Plus loin se decouvrent des colonnes can-
nelees , jaunes et Iransparentes malgrc leur grosseur deniesuree ;
car il fallalt nous metire plusieurs pour les embrasser. Nous ne
pouvions en apercevoir le faile , puisqu'en depit de la quantite
de lumieres qne nous avions , les ombres nous cachaicnt sou-
vent la voL^le. La grandeur de cette salle est egale au quart de
Monlpellier. Son sol est herlsse d'asperltes, de colonnes , de py-
r amides ; niais nos ycux n'oul pu en mesurer ni Televation , ni
la profondeur. La vue de tant de beaules nous plongeait dans une
ravissante et muette admiration. Des obelisques hauts comme des
clochers , ciseles a la maniere gotlii(|ue , et roussatres , atlirerent
long-temps nos regards, lei des masses de la grosseur d'une mai-
son qui se deploienl en forme de cascades ou imitent des nuages ;
1.1 , de hardis piliers de cristal brillant dc mille claries a la lueur
de nos flambeaux; enfin , tout ce que I'imagination peut enfanter
de plus bizarre et elrange s'offre a nos regards. Nous avan^ons
encore , etnous remarqons une statue colossale de 25 i\ 3o pieds ,
posee sur un piedestal , qui represente une femme tenant un enfant
dans ses bras. A travers les longues draperies qui la couvrent , nous
apercevions les formes de son corps. Ce plienomene , que nous
avons examine sans prevention ni illusion , est vraiment admirable.
Dans un autre comparlimcnt ( car il est bon de vous dire que les
nombreuses colonnes qu'il y a , font de cette salle comme une
vaste basilique entouree de cbapelles en tout sens) , dans ce com-
partiment , dis - je , nous trouvames une quantite de statues
de dlverses dimensions ; et entre autres un trophee d'armes ,
avec des lances , des canons et des drapeaux renverses , sur-
monte a la hauteur de 20 pieds d'un aigle dont les ailes sent
bien deployees , mais a qui il manque la tete. Un des guides , qui
pretendait qu'une seule personne etait descendue ou nous etions ,
nc voulait pas nous mener plus loin ; mais ayant fortement insiste
.86
jiour pousser en avaiil , il nous conduisit au noinbre de six a uiie
ouverture , oi'i nous ttines obliges de passer un a un en rampant
sur le ventre , par un clicmin entre deux rocliers qui n'avait qu'un
pied de hauteur , et forniail une penle glissante. Apres avoir ef-
ectue ce passage , nous filnies dc nouveau arreles au bord d'un
autre precipice , sur lequel le manque de cordes fit ce qii'aurait
peut-etre fait la crainte , c'est-a-dire nous empecha de dcscendre.
Le guide nous assura y elre descendu une iois. Nous avons evalu(^
la profondeur que nous avons parcourue a environ Goo pieds sous
terre. La temperature de cctte grotte nous a paru assez douce ;
nous n'avons cependant pu en juger qu'imparfaitement , a cause
de la fatigue qui nous avail mis tout en nage. Ce que Ton eprouve
la est extraordinaire comme les objets dont on est cntoure. Au
fond de la grotte , lechoeurde Robin drs Bois , cliante les torches
a la mains, produisit un eifet magique. II faudrait un volume en-
lier pour decrire tout ce que Ion y voit , et je crois que j'ai deja
abuse de la patience du lectear , surtout s'il est incredule.
Nous etions dix-huit , y compris les trois guides , et chacun de
nous craignait que nous ne pussions pas tous revoir le jour , dont
nous avons ete prive pendant six heures , surtout apres les chutes
que firenl quclques j)crsonnes , et entre autres un jeune homine ,
qui, s'elant accroche a une stalactite qui lui resta a la main,
glissa de la hauteur de 20 pieds sur un plan fort incline , et ne fut
arrele dans sa chute que par une saillie de roc ou ses pieds avaienl
peine k se tenir. Dans la seconde salle en haut , un autre , se de-
tacliant du bras de son frere qui le f^licitait de le voir echappe
sain el sauf a tant de dangers , disparail aussitot a nos yeux, dans
un Irou en forme de Irappe , an bord duquel il fut assez heureux
de se retenir par le bras gauclie. C'elait lait de lui ! . . . Pour les
autres chutes , nous regardons comme miraculeux , ou du moins
comme fort heureux qu'elle n'aient pas eu de suites plus ficheuses
que des contusions et de legeres blessurcs ; car celle caverne est
construlte de telle maniere qu'il serait impossible de remonter un
187
homme qui , tombe dans le fond de rabiuie , ne serait encore que
blessc. 11 y a quelques annees qu'un Anglais se cassa la cuisse ,
en se laissant tomber de rechelle dc corde , sur laquelle 11 eut un
cvanoulssement. La seulement on put le remonter. Les guides ,
a qui elle apparlient , pourraiont rendre cette grotte plus pra-
ticable ; mais tel est le petit noinbre de ceux qui vont la visiler en
entier, qu'ils courraient risque de compromeltre les frais qu'ils
y feraient.
Je crois qu'il est impossible de trouver une grotte plus remar-
quable , et c'est ce qui ni'a fait solliciler I'insertion de ma lettre
dans voire recueil.
Je finis, en disant qu'on y trouve en realitc une grande partie
des bizarreries merveilleuses de I'imagination que M. Charles
Nodier a si bien decrite dans son Smaira.
La Bibliotli(^que italienne a inserc dans son numero de Janvier
dernier un court extrait du voyage au p61e arctlque du capitaine
Parry. Get article est termine par le tableau des plus hautes latitu-
des auxquelles se sont eleves differcns navigateurs dans les regions
septentrionales de notre hemisphere. Ces navigateurs sont :
En iSgG, Barentz et Hecmskerk (hollandais) , qui ont atteintla
latitude de. . . ' 80" 11'
1607, H. Hudson (Anglais) celle de 80 28
1766, Tchilchazov (Russe) 80 21
1773, C.-.T. Phlpps, lord Mulgrave (Anglais). 80 48
1827, W.-E. Parry (Anglais) 82 4.5
II resulle de ce rapprochement que le capitaine Parry aurail at-
tcinl , au nord du Spltzbcrg, une latitude plus elevee d'envlron
deux degres que celle a laquelle elait parvenu le capitaine Phipps ,
en 1773, el qu'aucun navigateur nc se serait autaut approche du
pole. Ace sujet, M. J. Gautier , inspecteur-general des forels, Ita-
lien, a adresse une note aux redacteurs de la Bibliolheque de Mi-
1 88
Ian , dans laquelle il reclanic en faveur d'aulres navigatcuis qui au
raient depasse de beaucoup la lalilude alteinte par Parry, et au-
raient, pour ainsi dire, louche au pole. 11 rapporte ce qu'cn dlt le
celebrc Forster , conipagnon de Cook , dans son Histoire des de-
rouoertes et des voyages /aits duns k Nord , Paris, 1788 , t. II. A oici
cc passage :
« Dans le temps que la compagnie du Nord hoUandaise etait
)> encore dans loute sa splcndcur (c'est-a-dire , de i6i4 a i64i) ,
» ellc envoya un vaisseau au Groeiiland, pour y charger de Ihuile
» de poisson , qu'on faisait a Sewerenberge. Mais coinme il n'y en
» avail pas suffisainment pour completer la cargaison , le capitaine,
» Irouvanl k mer libre*, dirigea droit au nord , et approcha a la
). distance de 2 degres du pole, duquel il i!t deux fois le tour. Ce
). capitaine avail coutume de raconter cela publlquement, el de
). prendre son equipage a temoin de ce fait. \ oyez Zurgdrager,
» peche de la baleine au Groi'niand (en allemand), vol. II, chap.
» 10 , page 162. Joseph Moxon dlt aussi a Wood, en 1676, comme
). celui-ci nous I'apprend, qu'elanl en Hollande, environ 20 ans
» avanl, el consequemmenl en i656, il entendit dire a un capi-
n taine hoUandais, hoinme tres-respeclable , auquel il pouvalt ajou-
). ter foi , qu il avail navigue sous le pole , oii il Irouva Fair aussi
» chaud qu'il a coutume de I'etrc en ele a Amsterdam. Enfiu le
» capitaine Gould, qui avail fail plus de 20 voyages au Groeu-
.. land, dit au roi Charles II qu'elanl au Groenland 20 ans aupa-
>. ravanl, il avail rencontre, pres de I'lle Edges (i), a Test de celle
» contree , deux navigaleurs hollandais qui resolurenl , comme il
« ne paraissait point de baleine sur ce rivagc, de faire voile plus
« loin vers le nord : ce qu'ils firent en effel; qu'ils etaienl revenus
(1) » L'lle Edges est proliablcment une des iles apparleaant a ce groupe
» d'lles decouvert par Ryke-Yse. Le c.npitainc Thomas Edge, (jui lit dix
•• voyages au <-iroeidand, dccouvril cette ile en 161G; el en 1^17, une ile
» silucc i la liauteur du Spitzberg, lul appch^e ile Wyclie , du noni An
" M. Wyche. »
i89
» i5 jours apres, et avaieni (^t^ jusqu'au 89'' degre, ou ils n'a-
» vaient vu aucune glace ; inais une mer parfaltement liLre et des
» vagues aussi grandes que dans la bale de Biscaie. La decllnai-
» son de raiguIlJe aimautee dtalt dans ce lleude 5 degrees. II arriva
» dans la suite qu'un de ces capitaines vint a Londres; le capitaine
« Gould le prescnta a quelques menibres de la compagnie du Nord,
» qu'il convainqult pleinement de la verite de sa relation. Yoyez
« la Relation de quelques voyages ei de plusieurs decouvertes faites de-
» puis peu , Londres, 1711, pag. i4-5 , ainsi que Vlli'stoire du
» froid, par M. Boyle (t. 11, caliier il , sect, xi , pag. 2G5). »
M. Gautier ajoule qu'il connait parfaitement les fables dont
sont enrlclues les narrations des marins ; mais qu'il ne saurait
pourtant accuser de mensonge des assertions qui lui paraissent si
circonstanciees et si positives (i).
(i) Nous sommes tres-porte's .i recevoiravec qiielque incre'dulitc' des fails si
extraordinaires qui signaleraient un elat physiqiie des regions polaires si diflc-
rent de celui que les observations exactes des modernes ont bienconstatees. Si
le gout du merveilleux nVsl pas entre pour quclque cliose dans les narrations
de Moxon et de Gould, on peut siipposor avec beaucoup de probaliilite que
ces navigateurs se sont mcpris sur leur position et avec d'autaiif plus de faci-
lity; que la science de la navigation etait alors peu avancce et les instrumens
nauliques tres-imparfaits. Jri d'ailleurs les marins eiix-memes avaient les coii-
naissances necessaires pour s'en servir utilenient. II serait pourtant tres-pos-
sible que quelques navigateurs eussent atteint une latitude plus septentric-iale
que celle de Parry ; mais nous croyons que le fait n'est pas constate. Sui-
vant nous done Parry est jusqu'a ce jour le navigateur qui se soit le plus
avance vers le pole arctique , tandis que la gloire de s'^tre le plus approche
du pole oppose , beaucoup moins abordable , appartient toujours a son com-
patriote I'immortel Cook, parvenu , comme on salt, a la latitude australe de
71" id'. (N.duR.)
Extra IT d'une leltrc lie M. le docieur J. Mease, corirspoiuhinl
elranger de la Societe.
Philadelpliic, 9 mai 1828.
Voulant t^inoigner ma reconnaissance a la Soclele dc Geogra-
plile pour I'honncur qu'clle ni'a fail de m'admeltre dans son sein,
et conlribuer , aulant qu'il est en mon pouvoir, au bul (juelle se
propose, jc nie suis empresse , I'aulomne dernier, d'ecrire aux gou-
vcrneurs de la A Irginie et de la Caroline du Sud , pour les engager
a offrlr a la Societe un exemplalre des carles de ccs contrees, les-
qiielles cartes ont ete dressces et publiees derniereinent, aux frais
et par les ordres de la legislature de ces elals. Quelques scuiaines
apres, M. le gouverneur Giles, de la A irginie, ni'a informe que
sa legislature avait accede a ma demande. Hier, une autre leltre
m'apprit que la carte etait prete , et qu'on ne desirait plus que le
nom du president de la Societe , pour la lui adresser.
Yous serez probablement frappe , comnie je I'ai ele, de la
beaule de celte carte. Je ne doule nuUenienl de son exactitude; la
legislature de I'etat a vote 20,000 dollars pour sa confection.
1 e n'ai rien re^u du gouverneur de la Caroline du Sud ; mais
il a dit a mon fils qu'il avail communique ma letlre, Ihiver dernier,
aux represenlans de son Elat ; el qu'ils avaient decide qu'une carle
serait doniiee a la Societe de geographic. D'apres ccla, je dois
croire qu'il lui en fera passer un exemplaire.
Permettcz-moi de saisir cette occasion pour vous exprimcr
conibien il me serail agreable de recevoir le liulletin public par la
Societe.
Agreez, elc.
SigneJ. Mease.
'9»
Atlas of ihe state of South Carolina , etc. Atlas cle Tetat dc la
Caroline du Sud , dresse sous les auspices de la legislature , par
Robert Mills, ingenicur , et dedie au serial el ii la cliambre des
Representans de cet etai.
Ce Lei Alias , qui vient de paraitre a Philadelphie , se compose
d'une carte generale de la Caroline du Sud , et de vingt-huitaulres
de chacun des districts ou coniles , dans lesquels elle est divisec. Ces
dernieres , gravees par M. H. S. Tanner , sur une echelle de deux
millcs au pouce, ont ete rclevecs de 1817 a iSaS, et sont execu-
tces avec un soin tout parliculier. L'autcur y a annexe un precis
statistique , oil il traite de la silualion , des limites et de I'etendue
de cet etat ; de I'aspect du pays , qu'il divise en sept regions distinc-
tes , de la nature du sol et du climat ; des rivieres et des canaux ; des
villes principales ; de la division civile et administrative i de I'orga-
nisation religieuse etmilitairb, de I'instrulion publique; dugouver-
nement general ; et cnfin du commerce et des manufactures. On v
trouve aussi un tableau de la population , par district et par classes ,
d'apres le recensement de 1820 ; une liste des gouverneurs , sous
Tadministration des proprietaircs , sous le gouvernement royal ,
et sous la repuLlique ; et un resume clironologlque des principaux
evenemens qui se rattachent a Thistoire de la Caroline , depuis la
cession qu'en fit Charles II au comte de Clarendon, en 1662,
jusqu'a la visite du general Lafayette , au mois de mars 1825. Cet
Alias , un des plus complcts qui aient etc publics aux Etats-Unis ,
se vend quinze dollars.
W.
BIBLIOGRAPHIE GEOGRAPUIQUE.
§ I". LIVRES.
OUVRAGES GEMERATIX.
169. IMlhlORIAI.ntI DEPOT GlINKRAI, DE
LA GUEiuiE , iiiijiiimi.' par ordre du
miiiislre , tomo iv , annc'e 1826,
chez Pirtiiirt , qiiai Conti , n" 17 ,
I vol. iii-4°. Prix : 18 fr.
170. Tableau orographioue du
GLOBE , iiidiqiiantla liaison etlesdc-
pcndaiices gcographiqiies des prin-
cipaux systemes de nionlagues des
deux conliiicnts.
— Tableau synoptjque et compa-
RATIF DES PRCN'CIPALES DIVISIONS
GEOGRAPHIQUES DU GLOBE, prcsen-
te'cs dans letirs rapports liomologues
a IV'gard de IV'quateur el du nii'ri-
dien de I'lle de Fer , ou relalive-
ment aux climats et aux saisons ;
dresse pour iaciliter IV'tude de la
Mappeinonde comparative des Es-
saisde Geograpliie; par M. Uenaix,
Paris , 1828. Chez I'aiiteur , rue
d'Assas, n° 5 , et cliez Piajuet.
171. Voyage dans les cino parties
DU MONDE , ou I'on decrit lesprin-
cipales contrc'cs de la terre , les cu-
riosites naturelies , industrielles ,
scientifiques ou littcraires , les
moeurs ou coutumes des nations ,
les riclicsses , les lorces , lescultes,
les gouvernenicns , avec les nota-
bilites , les vilies et les populations
des dilierens etals , par .M. Albert-
IVIoNTEMONT , Paris , 1828 , chcz
Bechet, quai des y\ugustins, n° 57,
4 vol. in-i2, avec cartes, conte-
nant I'Europc , i'Asie et TAfrique.
AMiiRIQOE.
172. ReISE S"" HoHEiT DES IIekzogs
Bernhard zu Sachsen-Weimar-
Eisenach, Durcii Nokd-Amerika.
Voyage dans rAnicrique septen-
trioiiale , fait dans les aiinces 1S25
et 1826, par IM. le due de Saxe-
Weimar - Eisenach , \Veimar ,
1828, chez \V. Hoffmann , i vol.
in-S".
i-]?>. Narrative of a second expedi-
DITION TO THE ShORES OF THE POLAR
SEA, in the years 182.^ , 1826 and
1827 , etc. — Relation d'une se-
conds EXPEDITION aux COTES DE LA
MER PoLAIRE , en l823, 1826 et
1827 , par Joltn Franklin , com-
mandant de Texpedition ; compre-
nant un rc'cis de la marrlie d\iu
de'tachement dirige vers TEst , par
le docteurVo/j// Uichardson. Lon-
dres, 1828, chez Murray, 4 v. in-8".
AFBIQUE.
174. FABLESSENEGALAISES,rcClieillieS
de r(Juolof, et mises en vers Iran-
^ais , avec des notes deslinees a
faiie connaitre la Seneganibie , sou
climat, ses priucipales productions,
la civilisation et les moeurs des ha-
Lilans ; par M. le baron RoGER , Pa-
ris, 1828, chez Nepveu i vol. in- 12.
17.1. Kei.edor, Histoire Africaine,
recueillie et publiec par M. le baron
Roger. Paris, 1828 , chez Nepveu ,
1 vol. ia-8" ; prix 5 fr.
§ 2. ATLAS, CARTES GEO-
GRAPHIQUES.
176. New general atl.as. — Nowvel
ATLAS GENERAL , avec les divisions
et les frontieres enliimine'es ; plan-
ches gravees d'apres des noiiveaux
dessins , par Sidney Hall , in-iol.,
Londies , 1828. Longmann , Liyr.
l-vni. Prix de chaque live, 1 o sli.l) d.
Cet atlas se composera de 17
livraisons qui paraitronl de mois en
mo is.
177. Carte du cours de la Gambie ,
au-dessousde Coussaye,etDUc0URS
DU Senegal au-dessous de Mous-
sala , assnjetie aux observations les
plus rc'ccntes ; extrait d'une carte
de Pespace conipris entre POcean
ft le Fezzan ; et entre les {•• et 27"=
paralleles nord , par iM. JoMARD ,
Paris , 1828 , 1 feuillc.
LvERAT, imprimcur dc la Socic'te d<' Geographic, rue ilii (Radian, n° iG.
SOCIETE BE GEOGRAPHIE.
SUPPLEMENT
AU NUMERO 66 DU BULLETIN.
Voyage d'un Frangais a Tomhoctou.
L'importance des nouvelles suivantes qui vienncnt de parvenlr
a la Soclete , nous met dans le cas d'ajouter un Supplement au
Bulletin du mois d'octobre. Ces nouvelles sont conlenues dans one
lettre de M. Delaporle , vice-consul , gtirant par interim le con-
suiat general de France a 1 anger , Membre de la Society , adressee
a M. Jomard , Membre de ITnstitut , vice-president de la Com-
mission centrale , ct datee du 27 septembre dernier , dont voici
I'extrait.
« M. A. Gaille , deja mentionne dans un des Numeros du Bul-
letin de la Societe de Geographic , a parcouru Tinterieur de I'A-
frique depuis le Rio ISuiiez jusqu'a Tanger , passant par Tom-
boclou. II s'embarque aujourd'hui sur une goelette de guerre de
I'Etat pour se rendre a Toulon. La Societe de Geographic pren-
dra sans doute le plus grand soln de ce voyageur qui a traverse
I'Afrique en reclamant partout I'hospltalite que je me suis empresse
de lui offrir moi-meme.
» Je m'estime heureux d' avoir ete le premier qui I'ait embrasse.
11 se console des fatigues qu'il a essuyees par Tidee qu'il est le seul
Europeen qui soil parvenu jusqu'a ce jour a terminer avec succes
une entreprise dans laquellc ont succombe tant de courageus voya-
geurs M
ExTRAlT de deux lettres de M. A. Caille a M, le President de la
Commission Centrale.
Toulon, lo octobre 1828.
« Etaiit au Senegal, en 1824., je projetai d'explorer I'Afrique
centrale , de visiter les viiles de Jenne et de Tomboctou , oLjet
dcs recherches des Europeens, qui a coiile la vie a tant d'illustres
voyagcurs , enfin de surpasser , s'il etait possible , les anglais qui
nous avaient devance. Je me decidai en consequence a parlir
pour I'interieur a I'aide de mes seules ressources , persuade qu'a
nion relour le Gouvernement saurait apprecier mes services.
" Le 19 avrll 1827, je quitlai Cacandy sur le Rio-Nuucz; je
sulvis une caravane de marchands Mandingues allant sur le INiger.
Grace au costume arabe et a la religion du pays, que j'embrassai ,
les nombreu-es difficultes allachees a ce penible voyage ont ^te
applanies. J'ai franchi sans obstacles les liautes montagnes de la
Senegambie et du Fouta-Dliialon , les pays de Kankau , de Was-
soulo, etc.; el je suis arrive a Time, village habite par des Man-
dingues mabometans, siLne dans la partie sud du Bambara , oh. je
sejournai cinq mois, retenu par une maladie tres-grave.
" Le 9 Janvier 1828, je repris mon voyage; je visitai I'tle et la
ville de Jenne et je m'embarquai sur le Niger sur une embarca-
tion d'environ 60 tonneaux destinee pour Tomboctou ; j'y arrlvai
apres un mois d'une penible navigation. Cetfe ville est siluee a cinq
milles au nord de Kabra, dans une plalne de sable mouvant, ou il
ne croit que de fr^les arbrisseaux. J'y sejournai quatorze jours;
j'^tudiai les moeurs et les usages des babitans , le commerce et les
ressources du pays, et je pris loutes les informations que je pus me
procurer. Ensuite je me dirigeai au nord pour traverser le grand
ddsert et j'arrivai a El-Ara\van. Cette ville csl siluee a 6 jours au
nord de Tomboctou; c'est I'entrepot du sel qui est transports i
Sansanding ct a Yamina ; elie est siluee sur un sol aridc et sans au-
cun arbrisseau. Le vent brulant de Test y r<igne conlinucUement.
»9^
.le continual ma route au nord, et j'arrivai au puits de Teligue, a
huit jours d'El-Araw^n.
» Dela, je m'enfon9ai dans le desert, auN.-N.-O. Tout le sol
fst compose de sable mouvant et de roches de quartz gris jaspe de
blanc. Apres deux mois de marche et des plus penibles privations
dans cet liorrible desert, j'arrivai enfin a Tafilet; je passai a Fez,
Mequinez, Rabat etTanger, ouje fus accueilli par M. Delaporte,
vice-consul de France , qui me procura tous les soins qu'exigeait
ma position. Pen apres je m'embarquai sur une goelette qui me
fonduisit a Toulon ou je suis en convalescence. »
Apres avoir entendu ces communications, la Commission cen-
trale a decide a I'unanimile, dans sa seance du 17 octobre, qu'il
serait envoye sur le champ, a M. A. Caille, une premiere indem-
iiile pecuniaire.
EVERAT , iMrniHEUR DE LA SOCIETE DE GeOGRAPHIE, RUE DU CaDEAN , No iB.
BULLETIN
DE
/ /
LA SOCIETE DE GE0GR4PHIE.
NIIMERO eT. — NovEMBRE 1828.
PREMIERE SECTION.
MEMOIRES, EXTRAITS, ANALYSES ET RAPPORTS.
JouiiNAL of a voyage to Peru ; a passage across the Cordillera of the Andes , in
winter of 1827 , performed on foot in the snow ; and a Journey across
the Pampas. By lieutenant Charles Brand , R. N. in-8° , pp. 3^6 ; London ;
Colburn , 1828. — Journal d'un voyage au Pe'rou ; passage de la Cor-
diliere des Andes , dans Thiver de 1827 , exe'cute' a pied , dans la neige ;
Voyage a travers les Pampas , par le lieutenant Charles Brand , de la
marine royale , in-S" de 346 pages ; Londres , Colburn , 1828.
Le lieutenant Brand quitta Falmouth le 28 avril 1827 ; il mit
quarante-clnq jours a faire le trajet de ce port a Rio-Janeiro, et
fit voile de la pour Montevideo ; mais Famiral bresilien lui ayant
refuse la permission d'aller par le paquebot a Bucnos-Ayres , alors
en etat de blocus , a cause de la guerre entre les deux pays , il fut
oblige de se rendre par terre jusqu'tt celte destination, en traversant
la Bande orientalc. II semblc que c'etait de la part de I'amira! une
i3
if)8
absurdite exlri-mc que d'cinpccher les passagcrs d'allcr a liuenos-
Ayres par le paqucbot , qnand ils pouvalcnl se procurer , sans dif-
ficultc , dcs passcporrs pour les frontleres , s'ils titalent delerminds
a s'cxposer a la falii^ue c! au danger de traverser un pays qui n'of-
frail aucune dcs connnodites de la civilisation , et qui elait en ou-
tre infeste de voleurs ; mais c'est une de ces anomalies si com-
munes dans rA»«ienque meridlonale , ct que nous nc pouvons
cxpliquer , nous qui vivons dans I'ancien monde.
Apres avoir qiiille les avant-postes bresiliens , occupes par des
noirs , notre aulcur arriva aux ligncs republicaines. La peinlure
qu'il fait des forces des patriotes n'cst point flattee ; res dcrniers
avaient un air tres-miserablc et grossier ; ils etaient tous monies
sur des clievaux a demi - sauvages ; nu-pieds et nu-jambes, avec
d'enormes eperons atlaches a leurs talons nus , par des lanleres
de peau ; leurs longs cbeveux noirs pendaienl sur leurs cpaules ; ils
avaient de grandes moustaches noires , des bonnets rouges et des
veslesbleuesbordeesde rouge , sous lesquelles, lorsqu'ilsgalopaient
ct caracolait'iit , on aperccvait , en avanf el en arriere , une cein-
lure garnle de pislolels , un long et large poignard ; ajoutez h tout
cela quils porlaicnt un sabre el une arquebuse ; ceux qui n'avaient
pas la derniere ,| avaient de vieux mousquets , des fusils de chasse ,
etc. Cea gpns elaient«n arnies pour s'opposcr a rexcculion du traile
d'apres lequel la Cande orientale avail etc cc(\6e a rcmpereur. lis nc
valaient gu^-^re mieiix qu'une troupe de bandits, et, pour achever Ic
tableau, raulcnrajoute qu'il y avail parmi eux de nonibrcux deser-
teurs amies, dcs deux parlis, qui pillaicnt el massacraienl de tous
les . cotes. .
; L;e,UeutenaBl, Brand ful heurcux.d'avoir pour compag;nons de
yoyage ^rois Malais et un i.spagnol ; pendant Irois lieues ils curent
pour guide un gentil p^lit gargon de cinq ans , qui montail un
noble co,ursier, et fredonnait, lout le long du chemin, une chanson
nalionale , dont le refrain elait: « yJux armcsl bnu'es Orienlaux ,
" yojlct^l^enitemi ; c/iargez htinlinieni. » Kn general, res i^uides
^99
sont boris cavaliers : a peine a cheval, ils crient: Vamos, senores !
aliens , Messieurs ! et partent au grand galop ; rien ne les arr<^te;
marais , ruisseaux , absolunient rien ; il faul les suivre oi! rester en
arriere. Apres avoir brave les tigres , les vautours , les insectes
et la famine dc la Bande orienlale , nos voyageurs Iraverserenl le
Ivlo. dc la Plata dans une barque ouverte. IJucnos - Ayres leur
parut un autre Londrcs ou un autre Paris , en comparalson de la
contree sauvage qu'Ils avalent parcourue. Sous le point de vue po-
litique, la metroj)oIe republlcaine elait dans une situation bien
Irlste. Le papier -monnaie etalt tombe presqu'a rien , et on s'at-
tendait a une baisse nouvelle de jour en jour.
Le lieutenant iJrand quitta JJuenos-Ayres, et se mit en route a
travers les Pampas, galopant, comnie c'est Tusage dans ce pays
sauvage , aussi vite que les chevaux peuvent aller. Voici rexplica-
tion qu'Il donne sur cette maniere de voyager.
<r On pnurralt , dit-il , se demander poarquoi les voyageurs ga-
lopent avec celtc etonnante vltessc dans les Pampas ? Pour s'en
rendre comptc , il faut se rappeler le denuement total et la mis^re
qui avoisinent cjt affrcux desert': Ton s'imagine aisement qu'un
voyageur n'est nuUemcnt dispose a y rester plus long-temps qu'il
ne lul est possible de le falre. II faut aussi conslderer qu'en tout
temps on est expose a trouver des ludiens ou des Isionteno-
ros qui rodent dans les environs; si par hasard ceux-ci viennent
a savoir qu'il y a un voyageur sur la route, nul doute qu'Ils ne lenient
d le urprendre : c'est pourquol, le mellleur et le plus sArmoyen de
les eviter , est de courlr a clieval assez vite pour echapper a leurs
poursultes, quand meme ils seraient prevenus d'avance ; ajoutez a
cela que la marcbe des cbevaux est telle qu'il semble que ces ani-
niaux se doutenl du chemin qu ils ont a taire , el qu'Ils soient aussi
presses que les cavaliers eux-memes d'arriver au but. Au resle
leur peine nest pas aussi grande qu'on pourralt se rimagln,er; car
Ils n'ont jamais, a monter ni a descendre : point de sinuosites , ni
detours, point de routes obstniees ; nul obstacle de ce cote. En un
2 on
mot, ricn n'empi^che d'aller tout droll cii avaiil;on liouve mcine
un plaisir parliculier a courlr h cheval dans un desert affreux , ou
rien n'atlire rattention. Absorbe dans une foulc de reveries pleincs
de chafme, I'esprit bAlit des chateaux en I'air; c'cst toul au plus si
ces edifices fanlastiques sent detruils par Je galop du cheval ou par
Tapparilion de la maison de poste qui se montre a I'horizon de la
plaine desolee , comnie on decouvre a riinprovisle la voile dun
vaisseau en iner. Cette vue sert seulenient a rompre la nionotonic
pour quelques courts momens , jusqu'a ce que le voyageur change
de cheval , el qu'il galope de nouveau ; alors son esprit se porle en
avanf , el il calcule combien il lui faudra de temps pour arrivcr a
la fin de sa course monotone ; c'est ainsi que , sans aucun motif de
s'arreter , il marche en avant depuls la pointe du jour jusqu'a la
nult , lant qu'il j)eut trouver des chevaux de rclais ; sans jamais
penser auchemin qu'il aparcouru , il ne soccupe que de celui qui lui
resle encore a faire. »
C'est dans cette partie de sa relation que noire voyageur donnc
une idee generale du caractere des naturcls des Pampas. \ oici ce
qu'il raconte de la famille d'uu brave homme qui fut son hole a
Las 31ananl!ales ou aux Sources.
« Ce lieu , dit-il, n'etant point une poslc n'-gullere , n'a point
d'apparlement de maitrc ; mais noire hnic qui etail un homme de
> bonne humeur el de beaucoup d'embonpoinl , nous re^ut avcc un
» visage riant , et fit tout ce qui dependait de lui pour nous rendre
son miserable sejour aussi agreable que possible. Ces braves gens
ont plusieurs qaalites aimables ; I'urbanite dans les nianieres les
distingue particulierement. Get excellent homme , malgre sa
pauvrcte , vivant avec sa fcmme el deux filles , nous abandonna
la seule chambre qu'il avail. Lorsqu'll prit place pour manger
avec nous , il ne loucha point a ses niets , sans faire le signc de
la croix , ct sans adresser une action de grsices au Crealcur.
Tandis que nous etions a souper dans I'intdrieur , nous eumcs
un spectacle brillant au dehors. On avalt mis le feu aux buissons
201
» pour neltoyer la canipagne , el sur une etendue de plusieurs
» milles, un desert de feu jetait un eclat eblouissant , el se deployait
» majeslueusement sur Thorizon. Nous doriuimes lous sur la terra
» humide , au rez-de-chaussee , dans la petite piece de notre bon
» hote ; ce qui ne parut point Tincommoder nl deranger sa famille ;
" car sa femme et ses filles se deshabillercnt devant nous, comme
» s'il n'y avait cu personnc. Bientot apres , tout en parlant el en
» riant, ils firenl leurs prieres , qu'ils interronipaient de temps en
» temps pourbabiller. Je ne pouvais m'empecher de reflechir aux
» bonnes qualites qui claienl evidennnent innees dans cette famille ,
» et a quoi on aurait pu les amener , avec un peu dc culture et
« d'education. »
C'est dans le mrme esprit que le lieutenant Brand parle des na-
turels des Pampas en general.
« L'indolence est naturelle aux habitans des Pampas : il ne faut
') pas s'en etonner, d'apres leur peu de besoins ! Tant qu'ils ont du
» boeuf , de I'eau , un cigare , tous leurs desirs sont satisfaits. Ges
» Pampas formentune race d'bommes vraiment beaux et bien fails ;
« leur physionomie est expressive et annonce de rinlelligence. For-
»ccs par la necessilede ne chercher que dans leurs propres ressour-
)> ces les moyens de pourvoir a leur subsislancc , ils ont acquis un
» air tout-a-fait independant, et comme Ils ne vivent pour ainsi dire
" qu'a cheval , eel air ne manque pas de noblesse. Leurs bonnes
>> qualites sont remarquables. Traitez-Ies avec blenveillance , et ils
» vous payeront dc retour. Leur reconnaissance Ira bien au-dela
» de ce que vous pouvlez en attendre. Un cigare presenle a propos
» et avec la polilesse convenable , fera plus que loutes les paroles
» desobllgeanles que vous pourrlezleur adresser, el dont Ils ne s'em-
» barrasseraleul nullement; el pourquoi s'en embarrasseralent-ils ?
M Yivanl aussi libres et aussi Independans que I'alr , ils ne recon-
>' naissenl la superiorite d'srucun indlvidu , morlel comme eux.
» Leur goAt les porte a quesllonner , mals ils le font avec Talr
» et les manieres dun courlisan qui crauil de deplaire , nean-
202
» moins ils veulent qu'on leur rdponde avec les memes egards.
» L'egalite est le principe de toules leurs Iddes. L'liuinLle scrvlteur
» et le milord seralent egalement salues du litre de ^d/Tor (seigneur)
» par le simple Gaucho ( habitant des Pampas), s'il leur adressait
» la parole a I'un et a iautrc. »
Le lieulonanl IJrand arrlva a Mendoza, vilie sitnec a TE. et au
pied des Andes, dans une plaine , ornee de jardins et arrosee par
des canaux. La latitude de ce lieu est de 34." S., et sa longitude de
72" 3f 45" ^ rO. de Paris. On y donna des fetes aux voyageurs.
La vue des Andes, au milieu de I'lilver de ce pays, ne pouvait
manquer de paraltre effrayante. Y monler ne peut jamais eire une
partle de plaislr. Les dangers naturels des passes ctaient alors hor-
riblement augmentes par la ncige, et depuls plusicurs anniics on
n'avait eu un liiver aussi rigoureux. Des rapports parvenus a Alen-
doza, sur I'etat de la Cordilicre, exageraient encore les perils
qu'on avail a rencontrer, 11 paralssalt toutefois (pie plusicurs
personnes avaient perl , et que la communication avec le Chili
avail et^ suspendue pendant cinq semaines. Cependant, rien ne fut
capable d'effrayer le lieutenant et de Tcmpccher de continuer sa
route. On ne peut s'cmpecher de convenir que la relation de cette
partle de son voyage, outre Tlnteret qui s'y ratlachc , donue une idee
avantageuse de son caraclere entreprenant et de son courage.
Ayant fait les preparatlfs nt^cessaires pour son entreprise, le
lieutenant quitta Mendoza le i4 aoAt , avec un train de vingt-cinq
mulcts. II n'avait d'abord que six personnes , mais d'autres le joigni-
renten route. On disait, et une pareille nouvelle n'etail rien moins
qu'agreable a entendre, que pen de temps auparavaut , un de ses
gens el onze autrcs Individus avaient ele forces de rcsler dans une
miserable liutle a Yillavicencia , qui n'est qu'a quinze lieues de Men-
doza , et qu'ils y avaient ele bloques par la neige duranl une lempi^le
qui dura douze jours; qu lis avaient ele contralnts de subsister des
restes d'un mulct qu'ils avaient eu la precaution de rairiasser sur la
neige ; on a'joulall qu'un de ces malheureux avail peri. Apres
>oo
avoir alteint le sommel de la premiere cliaine de monlagnes, la
neige , en plusieurs endroits de la route , coTnmen9a a former
une couche tres-epaisse , soiide et glissaiite ; le cnemin etait jon-
che de carcasses de mulels inorls de fatigue. « On ne pouvait
» voir sans surprise, dit i'auteur, a quel point ces cadavresparais-
» saient conserves; c'^lait sans doute leffet de la rarefaction de
» I'atmosphere. Quelques-uns semblaient n'etre morls que de la
>' veilk. En les examinant, la peau etait, pour ainsi dire , cuite au
>• four, elle adherait aux os. II ne restait qu'un pur squelette cou-
» vert de peau, en sorte que je pouvals en lever un et le soutenir
» dans mes bras, tant il etait leger!» Cesingulier effet de I'atmos-
phere a ete observe dans plusieurs parties des Pampas ainsi qu'au
Perou. C'est a la menie cause, ce semble, qu'il faut attrlbuer les
etincelles eleclriques que notre voyageur observait, lorsqu'il tou-
cbait du doigt une partie quelconque de I'litoffe de laine dont il
etait habille.
II n'est pas difficile d'imaginer quelles ont du <?tre les sensations
de I'auteur, lorsqu'apres etre enlre dans la vallee d'Uspallata, il vit
pour la premiere fois la majeslueuse Cordillere, revetue de son
manleau d'hiver , de la tele auxpieds. « Ce fut alors, dit le lieute-
nant Urand, que pour la premiere fois nous I'avons vue tout en-
tiere; car tandis que nous etions sur le versant oriental des monta-
gnes , les sommets seulement etalent visibles pour nous ; mais dans
ce moment toute la masse se decouvrit a noire droite comme un
monde de neige. J'etais frappe d'etonnement ; ma tete se porta fixe-
ment en arriere pour contemplor ces majestueux sommets, s'ele-
vant au milieu des nuages , et jc pensais qu'il y avait beaucoup de
presomption dans la tentative de les traverser. »
Le passage suivant rend compte de quelques unes des difficultes
que noire auteur eprouva.
» Notre mont^e, dil-il , devint alors tr^s-rapide dans la region des
neiges; nous passions au-dcssus de nombreux pr(^cipices; le quatnemc
passage, le I.adera de Las Vacas, <^tait epouvantable : nous pAmes
nous convalncre pleinement que nos difficult^s cl nos embarras ne
faisaient que commencer ; car il n'y avail pas le moinclrc vestige de
chemin trace. La pentc de la montagnc est douce en face de la
riviere pendant environ 1,200 pieds, dont la moilie etait couverte
de neige. Nous fAmes retenus un temps considerable pour tracer
notre chemin; les mules furent encore dechargees, et nous mon-
tSmes jusqu'a ce que nous alteignissions la neige ou devait com-
mencer notre detresse. Nous rampions latcralemenl sur nos mains
et nos genoux, faisant de temps en temps des glissades de quelqucs
pleds , mals nous retenant avcc nos batons. Les mules venaient
derriere , toutes etaient dechargees , excepte une qui ne portait que
des objets legers. Quelques uns des peons (valets) s'«^tablirenl a diffe-
rentes distances , au bas de la montagne de neige , avec des lacs dans
les mains , attendant ce qui allait arrlver ; tandis que les autres tiralenl
les mules et parvinrent a les mettre en mouvement a force de cris
et de coups. Les pauvres animaux trebuchalcnt, tombaienl, glis-
saient , mais ne perdaienl point Tequilibre ; ils giissaienl quelquefois
sur leurs handles pendant trente ou quaranlc pieds le long de la
montagne. Durant tout ce temps , les peons criaicnt de toutes leurs
forces en faisant tourner leurs lacs. Enfin une mule pcrdit I'equi-
libre, et roula en bondissant I'espace de deux cents pieds jusqu'au
bas de la montagne, et tomba dans un torrent dont la violence
la fit porter en tournoyant contre les roches ; a mon grand
etonnement, die atteignit la rive opposee, paraissant n'avoir pas
beaucoup souffert de sa chute ; mais ses services furent perdus pour
nous. Une autre mule qui portait la moitie de nos provisions
perdit egalement I'equiiibre et roula de mcme au bas de la mon-
tagnc; tousles lacs lui furent jetcs, et Tun d'cux I'attcignit au mo-
ment oil die touchait le bord du torrent , ce qui sauva le pauvre ani-
mal et nos provisions ; nous perdimes cependant notre vin , du pain,
du boeuf, et une bouilloire. Nos fatigues de cette journee n'ctaicnt
pas terminees ; a mesure que nous avancions, la neige augmentait.
Nous arrivamcs au cinquieme passage, Jqan de Pobre , qui,s'il
2o5
est possible, etait le pire de tous; car il etalt s^pare en deux parlies
par la masse de neige qui le recouvrait , et qui , en plusieurs endroils,
etait dure et giissante. Si nous eussions delache les yeux de notre
chemin lorsqu'une fois nousy fumes entres, cetle action e6t cte pour
nous la cause dune destruction inevitable. La meme ccrcmonie de
decharger les mules eut encore lieu, et cbaque liomme pril position.
Je ferai remarquer que d'abord les peons avalent commence a bri-
ser la neige avec leurs batons pour rendre le cbemin plus sur pour
nous et les mules; nous rampions, comme auparavant, sur les
mains et les genoux; les mules suivaient, et alors commen^a le
plus penible travail : les mules s'effrayaient, bronchaient, glissaient
el se coupaient dans cette neige durcie , a un tel point, que leurs
efforts pour y enfoncer leurs pieds , ensanglan(erent tout le chemin.
Plusieurs perdirent Tequilibro, et roulerent le long de la montagne,
jusqu'a ce qu'elles fussent arretcespar les lacs qu'on leur jetaitavec
une etonnanle dexterite. Un de ces pauvres animaux roula jusqu'au
bas, sans que ses efforts ou les lacs pussent le sauver; il bondis-
sait comme une balle et tomba dans le torrent , qui le jeta en tour-
noyant contre les rochers jusqu'a ce qu'il fAt englouli. Un autre le
suivit bientot, mais plus heureux que son compagnon , il parvint
a gagner la rive opposec, oii a mon grand etonnement, au lieu de
rester la gisant , tous les os du corps rompus , il se releva sur ses
jambes et se mit a brouter panni les rochers. C'est ainsi que nous
fAmes prives des services de trois mules. Mon compagnon qui avait
deja traverse trois fois les Cordilleres, dont une fois dans I'hiver,
n'avait jamais vu une mule perdre pied, au point de rouler le
long de la montagne.
» Tous ces pauvres animaux furent bientot harasses, et le bagage
ainsi que les provisions furent transferes sur le dos des peons qui
se chargercnt de cetle tiiclie avec un grand fonds de bonne humeur.
Dans certains endroils ils avaient pratique des marches en zigzag
dans la neige, et, avant que nous eussions atteint Cumbre, le
travail qu'ils avaient execute surpassait Timagination. Les seuls lieux
20G
de repos que le voyageur rencontre dans les plus haules parties des
Andes, consistent encasuchas, ou pefilcs huttes qui lui offrentdans
les temps ordinaires unc blen Iriste ressourcc.
» Ces miserables cabancs procnrcnl neanmoins, au vovageur
assailli par la lenipelc dans ces effroyables regions des Andes,
le plus agreable lieu de repos. On en coniple huil dans les plus
hautes parties des Cordilieres; elles sont balies en brlques, onl en-
viron dix pieds d'cldvalion , et quatorze pieds de longueur sur douze
de large. Elles avaient autrefois des portes ; mais la necessite, cette
mere severe de rindustrie,suggera a quelques voyageurs , qui peris-
saientdefroid, de les bruler pour se procurer du feu, quon ne trouve
jamais dans les Cordilieres, nieme en liivcr. Les poulres etaient
egalemcutbrtilees , desorlequiletait impossible desegarantircontre
un froid morlel. Ajoutez a cela qu'il y avait neuf trous pour donner
entree a la iumiiMC , qui penetrait aussi par la porte. Quelques voya-
geurs avaient pris mille pelnes pourboucher ces trous avec de vieux
cliiffons, des briques ou des pierres qu'ils avaient pu trouver. Comme
ces dernieres n'ctaientpas communes, ils avaient arracbe des briques
de la nmraille , et d'un escalier qui est malnlcnant en si mauvais
etat quon pent a peine monter dans linlerieur ; desorte que, dans
pen d'annees, si Ton ne prend pas le parti de reparcr ces cabanes,
ces miserables abris offcrts a Thomme s'ecrouleront.
» Une tempele dans ces affreuses regions, est la cbose du
monde la plus epouvanlable. J'ai ete temoin d'un ouragan dans le
desert, d'un naufrage , d'un inccndie, et d'unc tempdte en mer;
mais rien ne peut cgaler le terrible aspect d'une tourmente dans
les Andes.
» Pendant que nous elions assis en grelottant dans ia casucha ,
les montagnes qui nous entouraient paraissaient un mur de neige ;
leurs sommets se reunissant pour ainsi dire en une seule masse , avec
les nuagcs de neige qui flollaient autour de nous. En vain cher-
chc-je quelque point noir pour rcposer mes yeux fatigiids , regar-
dant les monlagnes du sonunet h la base , parcourant des yeux le
loy
ciel el la terrc, (out nic paralssalt un monde de neige offrant par-
tout limage de la desolation ; la iniseraLle casucha se montrant
seule dans ce desert. Un vent Iinpetueux soufflait a Iraversses ou-
vertures , I'ebranlait jusque dans ses fondemens , et mugissait avec
un horrible fracas dans les montasfnes au-dessous de nous. II s'en
dctachait d'Immenses masses de nelge qui se precipllant en bas
avec un bruit effrayant, menagalent de la destruction tout ce qui pou-
valt se trouver sur leur passage. Renferme dans la casucha , pendant
que la tempete inugit autour de lul, le voyagcur ne pent que s"y
tenir immobile , et attendre dans une humble soumlsslon la vo-
lonte de celui qui peut seul arreler les elemens en furle , et sur qui
sen! II peut compter pour sortir heureusement de celte horrible
situation. »
Lamontee de Cumbre fut la partie la plus laborieuse du voyage.
Ce n'est qu'en se reporfant au dessin lllhographlque qui se trouve
en tete du volume , que le lecteur peut se faire une Idee de la rapl-
ditc de la montagne , et des fatigues que le voyageur a cues a sup-
porter pour en allelndre le sommct. Notre auteur le decrit, comme
s'elevant au milieu des nuages a la hauteur de deux mille pieds au
molns, et n'offrant qu'une masse de neige oii ne se falsalt remar-
querl'emprelnted'aucuneautre substance. EUeetaltaussi unle qu'une
glace , el comme les rayons du solell e talent completement refle-
chls par celte masse du blanc le plus pur , cette circonstance lui
donnalt I'apparence eblouissante d'une montagne d'albalre. II leur
fallut quatre heures et demie d'efforls excessifs pour allelndre le
sommet. En revanche, la descente leurparut une partie de plaisir
qui ne fut pas exempte de danger , particulierement a la Cuesta de
Concual. Nous allons lalsser parler I'auteur de la maniere dont il
parvint a attelndre le bas de cet enorme precipice.
« C'dtalt , dlt-Il, une descente cpouvantable , condulsant a une
profondcur plus terrible encore , et au fond de laquelle coulait la
riviere, mais un peu a drolte. C'etall vraiment une chose effrayante
que de regardcr en bas ; et plusleurs des personnes que j'al consultees
208
a ce sujet, sont coinme mol , d'avis qu'il y a au moins onze a doaze
cents pleds de dcscente directe , et telleinent rapide de toutes parls
qu'il n'y avail aucune possibilile de s'arreter, plusiours endroils
etaienldurs et glissans ; et je pensc que la taclie que nous avions a
accomplir me paraitrait encore au-dessus de la puissance huniaine ,
si je n'etais moi-uieuic parvenu a la renipllr, tant nous connaissons
peu cc dont nous sommes capablcs, avant d'avoir ele mis a I'e-
preuve.
» Je m'arrSlai stupefail d'etonnemcnt , croyant a peine qu'il fAl
possible d'essayer de dcscendre. Neanmoins les bagages furent de-
charges , el roulerenl en has avec la rapidile de I'eclair ; nos lits
tomberent dans la riviere ou ils disparurent. Alors les peons ,
se couchant sur le dos , les bras et les jambes etendus , se laisse-
rent glisser , Tun apres I'autre , a mon grand eloiniement , avec la
vitesse d'une Heche, et dirigeant leur chule loin de la riviere^
malgre la rapidite de leur mouvement. L'un d'eux roula sens
dessus dessous , bondissant comme une balle , jusqu'a cc qu'il filt
en bas , ou il arriva sans le moindre mal. Je ne me souclais pas
d'en faire autanl , et j'atlendis pour voir comment s'y prendrail
mon compagnon. 11 s'approcha des bords , fit un Iron pour y pla-
cer son talon , puis enfon^a a moitie son baton dans la neige pour
descendre un peu plus bas : puis il fit encore un autre trou. II des-
cendil de celte manierc la parlie la plus rapide , puis se laissa glisser
sur le derriere. Vint alors mon lour , je suivis d'abord le plan
de mon compagnon ; mais n'aimant pas a me suspendre ainsi par
un seul bras , j'agis d'une manlere plus siire, mais plus lenle. Je fis
d'abord un Irou avec mon baton ; j'y plai^al mon talon ; j'eu fis un
second ou je pla^ai de meme I'autre talon ; je continual de meme i
etre solidement appuye sur mes deux pieds el sur mon derriere , jus-
qu'a ce que j'eusse franchi la parlie la plus rapide. Alors je me
laissai aller sur le dos , et je descendis avec une vilessc effrayanle ,
une distance de cinq cents pieds. Deux heures furent employees a.
parcourir cCs chemins ; mais je ne me serais pas laisse glisser sur
209
i.1 parlJe la plus rapide pour toutl'argent cl tout Tor des mines du
Perou. »
Au bas de la montagne notre voyageur trouva des peons qui lui
avaient ete envoyes du Chili , avcc des chevaux et des mules , et il
nc perdit pas de temps pour s'echapper des horribles Cordllieres.
La relation de son voyage a Valparaiso et a Lima n'offre rien qui
me'rite d'etre cite. 11 relourna par les Andes a Buenos-Ayres ct a
Rio-Janeiro , ou II arriva au milieu de fevrier de cette annee. Dans
la dernlere parlie de son journal , 11 a rassemble plusleurs faits , et
etabli, d'apres son experience, plusleurs directions qui peuvent etre
Ires-utlles aux voyageurs qui vculent parcourir I'Amerique du Sud.
Pendant le sejour de I'auteur h Rio , II eut occasion de voir I'em-
pereur et sa jeune famllle a TOpera. La description sulvante offrira
quelque Interet au moment ou la jeune rclne de Portugal excite tant
d'attentlon.
<r Je visltai, dlt-U, I'Opera dans le dessein de voir I'empereur qui
s'y trouvait , accompagne de ses deux filles , la reine de Portugal et
I'infante ; la premiere est agee d'environ dix ans , et la seconde est
un interessant petit enfant de six ou sept ans ; elles etalent en grande
parure , et comme elles se trouvalent dans leur magnifique loge ,
placee en face du theatre , on pouvalt les voir tres-commodement.
1^'Interieur de Tedifice est tres-clcganl , et compose de quatre rangs
de loges de chaque cole de colle de I'empereur , qui occupe tout le
fond de la salle , a I'cxceptlon de quatre petites loges placees au-
dessus. La grande entree du parterre est au-dessous , magnlfique-
ment ornee de candelabres , de glaces , de tables , de chaises , etc. ,
et formant un tres-beau salon. La loge de I'empereur est entlere-
mcntouverle par devant, a Texception d'unelcgere balustrade ronde,
en sorteque les personnages qu'ellecontenalt etaicntparfaltement en
vue du public. Toules les fols que le rideau tombalt , I'assemblee se
levalt, par respect pour I'empereur , ainsi que ceux qui ^talent dans
les loges lui falsant face, et lui se portait chaque fois en avant,avec la
petite reine et I'infante. S. M. avait un habit bleu sans aucune decora-
210
lion , (Ics culolles cl des bas blancs; cl si cc n'est que Ics homines
tie sa suite ne s'asseyaient ni ne sc porlaieiil en avanl , il cull etc
impossible «le la disllngucr d'avcc cux. Comnie la teniptTaturc
etail ties-chaude , I'cmpercur se servall. pcudaul loul lopcra d'un
cventail blanc, meable tres-cmploye par les honmies de rAmiirlque
du Sud. La reiiie csl unc joiic petite fdle a cheveux blonds , et par-
faitemeni belle. EUe etait veluc d'une maniere bizarre , portant un
bonnet de paysannc enipese. La jolie infante etait la plus gaie de
tous; son costume etait celui d'une jeune fille anglaise de son aige ,
avec une jupc en panlalon (petticoat trowsers), et une cclnlure.
Ses cheveux blouds et brillans (lottaicnt en longues boucles sur ses
epaules. L'enipereur csl un bel honune, denviron trente ans, avec
des cheveux tres-noirs et de grandes moustaches. II ne paralt pas
tenir beaucoup a Tetiquette , car il causail familierement avec les
hommes et les dames places dans les loges aupres de la sienne. »
Bien que les dessins qui se trouvent dans cet ouvrage offrent
une idee tres-exacte des scenes qu'ils rcprescntent , nous devons
dire quils sont Ires-mal executes.
DE LA FORME DE LA TEURE ET DE SON INFLUENCE SUR LA
GEOGRAPHIE ET l'aSTRONOMIE.
Mc'nioire prcseiilc a rAt-adcmie ties sciences de Pliiladclpliie , par ^VIlliaIns
Smith de Siraped , tradiiit par Lamarche', broch. in-8o de 56 pag. Pelicier
el Chalel , libraires , Paris, 1828.
Lorsqu'une main lemeraire veut porter la destruction dans I'e-
difice de nos sciences geographiques en les sapant par leur base ,
il est du devoir du Eulietin de la Societe de Geographic , comme
sentinelle avancee , d'avertir du danger, ou de calmer les alarmes
(pi'aurait pu faire nailrc parmi les amis de la science une altaque
irredechie : heureusement nous n'avons point de danger reel a
prevenir, mais seuiemenl a signaler quelques erreurs dans Icsquelles
211
est lombo M.Sniilh dc SIraped dans Ic Momoirc donl nous venons
de rapporter le litre; el qu'Il a presente a 1' Academic des sciences
de Philadelpliie. \ oici ce donl i! s'agil:
M. Smith chcrche a prouver qu'il faut faire mie distinction en-
tre les degres geographiques qui divisent en parlies inegalcs la cir-
conference du meridien elliplique de la terre , el les degres astro-
nomiques qui partagenl en parties egales le meridien celeste. 11
pretend que les latitudes geographiques deduites d'ohservations
d'etoiles , ne peuvenl etre des latitudes astronomiques ; qu'il est
necessaire de faire une correction aus premieres pour oblcnir les
secondes. 11 avance en consequence que nous ne connaissons pas
i'exacte position de notre equateur terreslre, parce que nos cata-
logues d'etoiles formes, dit-il, pour une latitude moyenne sous
Tinduence de la fonnc de la terre , ont hesoin d'etre corriges. II
estinie , d'apres cela , que les etoiles reputees equatoriales , d'apres
nos catalogues errones , doivent etre reportees de 4^ minutes
plus [au sud , en supposanl , comme il le fail , raplatissement
dun 7 5''.
11 explique comment les Academiclens fran^ais qui ont ete au
PeroH pour la mesure d'un arc du meridien , se sont mepris sur
la position de I'equalcur , parce qu'Ils se sont fies aux declinalsons
des etoiles equatoriales dans leurs observations de distances zenl-
thales , erreur qu'Ils auralent cvltee , s'Us eussent observe leur la-
titude par des hauteurs des memes etoiles au-dessus de I'horlzon ;
lis se sont crus sur la llgne equinoxlale, tandis qu'elle existait a dlx-
hult lleues plus au sud ; on contjoit que I'auteur indlque le moyen
cVeviter a Tavenir une erreur si grossiere en s'assurant de la po-
sition de Tequateur par un procede dont nous parlerons plus loin.
Ce deplacement tout gralult de la llgne equinoxlale de 4-6 mi-
nutes au sud , sen encore merveilleusement a I'auteur du Memoire,
pour cxpllquer la Levue ou sont toniLes tous les astronomes en
assurant que le solell eclaire dans le cours d'une annee notre
hemisphere boreal sept a hull jours de plus que I'hemlsphere op-
2 12
post^ , il y avail la une injustice commise par Ic regulatcur dcs
mondes envers Ics liabitans dcs conlrees australcs que M. Smith a
fait disparailre en rendant a chacun ce qui lui revient. Nous devons
convenir que Ics idecs dc Tauleur nous ont paru ici fort cmbrouil-
lees , el que nous ne nous llaltons pas surtout d'avoir Lien compris
ses raisonncmcns (i).
On voil au resre que M. de Siraped ne reculc devant aucunc
consequence de son etrange tlicorie ; I'inadvertance grossiere dans
laquelle il suppose que sonl tombcs tons Ics astronomes , ne I'ar-
rele pas , il se coinplail dans son erix'ur, et se donne une peine
infinie pour s'y confirmer.
Mais sur quel fondement rcposcnt done les objections de I'au-
teur anicricain '.' le voici. Les observations astronomiqucs se font
a la surface de la tcrre: la ten e est un corps dun assez gros volume ,
dont les dimensions pourtant doivent »^tre entierement negligees ,
a I'egard de la distance incommensurable qui nous separe de la
sphere des etoiles : en sorte que les observations faites a la surface
doivent etre considerees comme si I'observaleur se trouvait au centre
meme de notre planete. M. de Siraped convient de ce fait. A oilh
qui est bien pour le volume , mais quant a la figure elllptique, c'esl
autre chose: les degresdu meridien terrestre sont inegaux : ils croi-
senten allant de Tequateur vers le pole , tandis que les degres cor-
respondans de la sphere etoilee sont lous egaux ; or, comme il s'agit
de rapporter les observations au centre, voici comment raisonne
M. de Siraped : « La normale ne passant point au centre ne peut
y ramener I'observatlon. Pour rendrc celte position astronomlque ,
il faut du centre mener une parallele a la normale , ce qui ne
change pas la position du zenith; car I'intervalle qui separe ces
deux lignes etant nul , relativement a la distance ou la terre se
(i) Nous prevenons toutcfois que nous ne connaissons le Me'moire que par
la traduction frangaise de M. Lamarche , <nii,dans ce passage, peul-^trc
n'apascomplelement rendu rorij;inal.
21.
Irouve (les eloiles , nous pouvons sans inconvenient la substituer
a la perpendiculairc. Mais si ce transport du rayon qui nous fait
apercevoir I'eloile sur un point de la lerre plus rapproche du pole ,
ne change pas la position du zenith au ciel , son cffet est remar-
quable a la surface de la lerre ; car il nous fait voir que le zenith de la
perpendiculairc est zenith astronomique du point du meridien plus rap-
proche du pole oil il est coupe par la parallele menee du centre, etc. »
Cest dans ces dernleres lignes, qu'existe toute la decouverte de
M. Smith : comme la parallele a la normale menee par Ic centre
coupe le meridien a une latitude plus elevee que celul auquel repond
la nonnale meme, M. Smith veut qu'on ajoute a la latitude geogra-
phique observee au pied de la normale , le petit arc du meridien
compris entre cette meme normale et le point plus rapproche du
pole marque par rextremite du rayon afin d'avoir la latitude vraie
ou astronomique du pied de la nonnale. Get angle a ajouler est ce
que I'auteur appelle Tangle de correction.
Tons ceux qui ont un peu reflechi sur la theorle des latitudes ,
remarqueront aussit6t le vice des raisonnemens de M. Smith : la
normale ou verticale donnee par la nature elant supposee prolon-
gee jusqu'a la sphere celeste , fait connaitre Immedlatement le com-
plement de la latitude du lieu , par 1' observation de Tangle entre le
zenith et le pole. SI Ton suppose ensulte la normale transporlee au
centre parallelement a elle-meme , Tangle observe avec le pole n'a
pas change a cause de la distance immense qui nous separo des
fixes, comparee a la grandeur de laterre. Iln'importe nuUement en-
suite de savoir en quel lieu la parallele a la normale ou le rayon coupe
le meridien ; car il n'y a rien a ajouter ni a retrancher , pour cette
cause, a la latitude observee. La normale une fols donnee , son
transport au centre ou en tout autre point parallelement a elle-
meme , ne change en rien Tetat des choses , et la figure de la terre
n'a ici aucune influence : Tobservateur place au centre trouveralt
absolument le meme angle entre la parallele a la normale prolon-
§ee , et le pole que Tobservateur de la surface entre la verticale ou
i4
2l4
iiormale et le iiieme pAle. TVl. Smith est done completomcnt dans
rerreur , et il n'est pas plus heureux quand il transporic ses raison-
ncmens aux horizons ralionncls.
Ce serait meconnailre les lumieres de nos lecteurs que de nous
appesantirsurrexaiuen dune doctrine faussc qui n'aura pas etc micux
accuelllie en Anu-rique qu'elle ne pcutretre en France. 11 est diffi-
cile de concevoir connnent M. de Siraped a pu pousscr si loin ses
illusions; il suppose parexemple, pour appuycr sa iheorie, que les
catalogues d'etoiles, dont on fait usage en aslrononiie , sont fautifs
quant aux declinaisons , parce que ces catalogues ont etc faits pour
la latitude moyenne de 45 degres , et que I'observation n'a pu don-
ner que des declinaisons erronees auxqucUes il fallait appliquerses
angles de correction ; mals on a constriiit des catalogues sous dif-
ferentes latitudes , a Paris , a Greenwich, a Palermc, a Koenigs-
Lerg, an cap de Bonne-Esperance. Or , on sc serait bicniot apcrc^ii
d'un defautde concordance entre les declinaisons des memes etoiles,
puisquc Tangle de correction de M. Snillh varie avec la latitude :
au cap de lionne-Esperance, les etoiles equatoriales , determinees
par Lacaille , auraient exige une correction en sens contraire de
celle qu'il aurait fallu appllquer aux memes etoiles, suivant les ca-
talogues dresses dans noire hemisphere; ainsi , d'apres le catalogue
de Lacaille, Tequalcur aurait dii aussi etre deplace , suivant les
idecs de Tauieur, d'envlron i8 lleues, mals vers le nord.
Les 18 lleues proviennenl des 4^ minutes dont M. Smith juge
a propos de deplacer notre equateur; ces 46 minutes viennent de
Paplalissement toul-a-fait Ideal que M. Smith adople sans inillcr
ses lecteurs dans les motifs de son choix , mals probablement pour
se donnerle plalsir dobllgerle solell a parcourlr les signes septen-
trlonaux exaclement dans le mcme temps que les signes merldio-
naux.
Api*6s avoir aInsI renverse notre cdliice astronomique, M. de Si-
raped nous indlque heureusemcnt le moyen de le reconslruirc. 11
s'agit d'abord de s'assurer de la position de I'equateur , ce grand
2l5
cerclc fondamental qucl'auteur ne salt encore ou trouver. Voici Ic
moyen qu'il indique en s'adressant a ses concitoycnsdes Etats-Unis:
« Chez nous , Messieurs , ou tous les r.itoyens , identifies avec
un gGuvernement solidemenl assis et institue pour le bonheur de
tous, peuvent culliver , sans distraction , les sciences amies de la
paix , nous somines plus a meme qu'aucun peuple du globe de nous
occuper de la solution de ces probli^mes indispensables a I'astrono-
mie et a la geographic. Notre tache est facile : transportons-nous
par dela Quito, chez ce peuple ami qui vient de conquerir sa liberte;
armons-nous d'une bonne lunette astronomique dont Taxe, de ni-
veau et dans la direction des poles , soit parallelc a Thorlzon , que
cet instrument ait un mouvement de rotation perpendiculaire a cet
axe, et ne nous arretons , en nous porlant vers le pole austral , qu'a
I'endroit ou , saisissant une etoile a son lever, et la tenant constam-
mcnt au centre de iiotre instrument , tout le temps de sa presence
sur I'horizon , elle ne nous echappera qua I'inslant de son coucher ;
signalons tet endroit de laterre, c'est un point del'equateur; ele-
vons-y un observatoire , il doit faire epoque en astronomic , etc. »
Une fois efabli sur I'equateur , I'auleur indique le moyen d'en
trouver le diametre , puis la longueur du petit axe ; il se propose
ensuite de niesurer le diametre du soleil avec un micrometre , aux
deux solstices, toujours persuade qu'on le trouverait de meme am-
plitude dans ces deax positions opposees, puisque I'auteur est per-
suade qu'il occupe le centre de I'orbile. Enfm M. Smith s'eleve en
ballon afm de degager ses observations des influences de I'atmos-
phere. Ici nous sommes contraints de Tabandonner, ne croyant
pas devoir nous engager, avec nos lecteurs, dans les regions de
I'air, ou nous n'aurions d'ailleurs aucune connaissance nouvelle a
acquerir en compensation des dangers a courir. En effel , il est bien
Evident qu'avec son instrument des passages, M. Smilh ne Irou-
vera pas I'equateur a une autre place que celle qui lui a ete de tout
temps assignee par les astronomes; il en sera de meme des axes
terrestres. Quant au diametre soiaire, les observations microme-
ai6
triqucs qu'Il repelera lui prouverout qu'il est plus grand «le .65
secondes au solstice d'hiver qu'au solstice d'ete , que le soleil oc-
cupe en consequence le centre de I'orbite terrestrc , el que I'auteur
s'est trompe en cela conime sur lout le resle.
Constant iriop/r et le Busphore. de Thrace , pendant les annees 1 8 1 2 ,
iSiZet i8i4j et pendant I'annee 1826.
Avec iin alias compose de six planches gravc'es et de quatre paysages , par
M. le comle Andre'ossy , lieulenanl-gcne'ral d'arlillerie , ancieii ambassa-
fleur de France a Londres , a Vienne et a Constantinople , de rinstitut
d'Egypte et de celui de France ( Academic des sciences ) , membre de la
Clianibre des dc'putc's, etc. (i).
M. le general Andreossy , dont la Societe de Geographic de-
plore la perle recenle et inattendue, avail rasscmble pendant un
sejour de deux annees a Constantinople , oii ii remplissait le postc
d'anibassadeur de France , les elemens de Touvrage sur lequel j'ai
ete charge de faire un rapport.
Dans un Memolre sur fiiruption dn Pont-Euxin dans la Mediter-
ranee envoye al'Institut, en i8i3, Thabile voyageur avail deji
fixe la lilhologie de rembouchure de la premiere de ces iners , et il
avail fail connaiire dans un second Memoire lu posterieuremenl
a I'Academie des sciences le systeme des eaux qui abreuvent la capi-
tale de Tempire ottoman. Ces deux Memoires, el le Voyage a
C embouchure de la iner Noire , publie , eii 1818 , par le meme ecri-
vain , ont ete fondus avec d'aulres documens non moins precieux
dans I'ouvrage iu»portanl donl je vais avoir I'honneur de vous en-
Iretenir.
L'auleur trace a grands trails dans lintroduction les vicissitudes
(1) Paris, 1828, I vol. in-80 avec atlas , chez Theophile Barrois ct Bi-nj.
Diiprat , libraires, rue Haiitefeuille , n" 28 , prix i.~) fr.
217
eprouvees par rancienne .Byzance qui , fondee , suivant Denys
d'Hallcarnasse , par le navigateur Byzas , originaire de Megare ,
667 ans avant J.-C. , passa successivement au pouvoirdesPerses,
des Grecs et des Pvomains. Detruite sous Septime-Severe , rebcilie
par Caracalla, prodigieusementaugmentee et embellie, on pourrait
presque dire rcconslrulle par Gonslantin qui lui donna son nom ,
et y fixa sa residence , elle etait depuis 1 1 23 ans la capitale d'un
empire Chretien elle centre des luniieres, lorsqu'en i453 elle tomba
au pouvoir des Turcs , commandes par Mahomet II : catastrophe
qui exer^a dans deux sens opposes une prodigieuse induence sur la
civilisalion de I'Orient et dc 1 Occident.
A la description hislorique de Constantinople , succede un court
aper^u de la conduile politique et privee du sultan regnant Mah-
moud II , auquel le general Andreossy paie un tribul d'eloges
pour rhabilete et la fermete qu'il a deployces depuis son avenement
au Irone , en lui reprochant une seule faute , le Iraile de Bucha-
rest signe le 28 mai 1812 , traite qui a place en effet la Turqale
dans une f'aussc posllion a I'egard de I'empire russe son redoutable
adversaire. « Sultan Mahmoud , ditle general, jaloux de ses droits,
» doue d'un grand caracterc , aclif , laborieux , d'un secret impe-
)>nelrable, observateur zele de sa religion, fidele a sa parole ,
« sobre et respectant les moeurs , peut elre regarde a juste tilre
» comnie un phenomcne pourla Turquie.... » Les actesde vigueur
par lesquels il a force a la soumission cm challe les pachas re-
belles , dont les gouvernemens ont cess6 d'etre hereditaires , sa
conduite a la fois pleine de prudence et d'energie a I'egard des
janissalrcs qu'il est parvenu a detruire a[>res avoir separe si habile-
ment leur cause dc celle des oulema qui, dans les revolutions du se-
rail , faisaient cause commune avec eux ; et surlout les evenemens
recens qui I'ont eleve si haut dans I'opinion du monde , justifient
les eloges du general Andreossy et prouvent que celui qui les dis-
Iribue etait un excellent observateur , et qu'il avail apprecie avec
sagaclte le caracterc du successeur de Mahomet II. A la tete
2t8
d'un peupie arriere , il est vrai , sous Leaucoup de rapports , niai*
lobuste, infaligable , ardent, fanatique et possedant d'aulres qua-
lites eminerites, Sultan-Mahinoud est peut-etre destine , dans un
avenir plus ou moins rapproche , a operer la regeneration com-
plete (le son empire , en le faisant sortir dc I'etat stationnaire dans
lequel il vegete depuis si long-temps.
Le corps de I'ouvrage du general Andreossy est divise en trois
livres.
11 di'crit dans le premier la situation de I'empire Ottoman ,
donne ses divisions politlques anciennes et nouvelles , fait con-
naitre I'inlerieur du serail, les charges de la maison du Grand-
Seigneur , les divers ordres religieux , la police qui regit la capi-
tale , compare la legislation des Turcs sur Tesclavage et I'affran-
chissement a la legislation adoptee a ret egard par les Romains ,
en donnani la preference a celle des premiers ; il considere enfin
sous tons les aspects Constantinople et ses habltans.
Le second livre est consacrc^ au Bospliore dc Thrace et a ses
environs, f^'auteur expose d'abord les opinions des anclens et des
moderncs sur la formation de ce canal qui reunit lamer Noire a
la mer de Marmara, question si souveni debaltne, et qui Interesse
a la fols la fable , riiisloire et la g«^ographie physique, et prescnte
ensulte la slenne avec celle reserve et cette modestle qui sled si blen
au vral talent. C'est parl'examen de la topographic des deux c6tes
qui longent le Bosphore et les rivages de la mer Noire k I'entree
de cette mer, qu'Il a cherchd a resoudre la question. Sulvant lui
les deux cotes d'Europe et d'Asie qui delermincnt ce canal , ont
cxiste primiijvement dans leurs formes geiierales comme on les
volt aujourd'liul , et leur conliguration ne derive pas de circons-
tances partlculieres , mals elle est aussi ancienne que le <lelroit et
les deux mers dont il fait la communication. La configuration do
port de Constantinople et les causes auxquelles on dolt I'attri-
Luer , le releve des principales hauteurs des deux rives dt^termintfes
a I'aide du barom^trc et du tljermom<itre, les courans du Bosphore,
219
la descriplioii dc la capilale , les Cyaiiees , ecueil de ^Bo h 5oo
metres dans le proiongement et a peu de distance de Fanaraki , et
la coionne de Ponipce que Gyllius , Spon et A'V heler placenl au-
dessus de lecuell , et qui pounait bien etie Tautel erige dans le
menie lieu par les Remains , en I'honneur d'ApoUon , dont parle
Denys de Byzance , fixent tour a tour I'attention du savant diplo-
male. 11 nous entretient aussi de la Flore byzantine , des animaux
et des poissons qui habltent la region qu'il decril , et termine son
second livre par une vue generalc de la Proponlide et du lios-
phore , dont nous extrairons le passage suivant dans lequel sont
coniparees les sensations dilTerenlcs que Ion eprouve lorsquc Ton
volt (jonslantinople par terre, et lorsque cette capitale se presente
a vos yeux en y arrivant par mer. 11 suffira pour donner une idee
du style de Tauteur.
« Les bords de la Propontide presque en plaine , offrent Tas-
pect dun terrain legerementmamelonne. Cette partie de la Thrace
a Ires-peu d'eaux courantes ; on n'y trouve qtie quelques faibles
ruisscaux. La culture y est negligee, et la population se resscnt du
peu de soins qu'on y donne. En approcbant ensuite dune capitale
qui jouit d un si grand renom , le voyageur est frappe de surprise,
lorsqu'il aper^oit des campagnes presentant Taspect d'un pays qu'on
dirait abandonne ; Ton se croirait au milieu des deserts , et Ton
louclie a une ville immense que sa situation rend I'entrepot du
commerce de I'Europe et de I'Asie.
» Mais quand on arrive par mer, quand on a double la pointe
de San Slepbano , et qu'on diicouvre la tour de Marmara , placee
a I'un ides angles du chateau des Sept-lours; que I'enceinte de
Constantinople commence a se developper ; qu'une nouvelle ar-
chitecture , dc nouveaux edifices , de nouveaux costumes se mon-
trenl aux regards; que Ion approche du serail , de cet endroit
mysterleux qu on croirait un palals de dellces , et qui parait
etre le sejour de Tenyle , des intrigues et de I'ennui; que I'on
apcrcoit sur la droile , pres de la cote d'Asie , le petit Archipel ,
220
que ies anciens appelaient Demoncse , tic des (renics , aujourfVImi
connu sons Ic nom diledes Princes; qu'on se trouve cnfni ii Ten-
tree duBosphore, la oii TEuiope el I'Asie seniblent se rapprochcr
pour se confondrc , et que separe seulemenl cc canal de peu de
largeurqui recoil, par Pintennedialre des mers opposecs , Ies pro-
ductions des pays Ies plus lointains , on s'arrele pour conleinpler
le magnifique tableau que Ton a devanl Ies yeux. On en jouit,
et Ton ne saurait s'en rendre compte. Rcvenu de cc premier
etonnenicnt, on remarque sur la cole d Europe la reine des mers,
s'elcvanl en amphilliealre sur le littoral dun port couvert d'un
nombre considerable de vaisseaux. En face sur la cole d'Asie ,
Scutari , I'ancienne Cbrysopolis , aujourd'bui le niarcbe de Bag-
dad , de la Syrie, de la Perse , de I'Asie mineure; et dans I'ln-
tervallc,mais plus rapproche de la cote d'Asie, un rocher isole sur
lequel est belli le pliare qu'on appelle Kyz - Kou/Ze^i (^Isi Tour
de la Fllle) , et qu'il a plu aux Europeens dappeler la Tour de
Leandre.
» En portanl Ics regards dans la direction du Bospliore, ce beau
canal parait a une certaine distance , commc un golfe ferme ; ii
s'ouvre ensulte, sed6veloppe, se referme, se rouvre erjcore , el
presente successivement , a raison des sites et des diverses sinuosiles
qu'on rencontre , des tableaux aussi nombreux qn'enchanleurs. Ces
tableaux sont ornes d'une foule d'objels dont la plupart s'offrent
aux yeux pour la premiere fols ; c'est de tous coles un melange de
domes, de minarets, de cypres, de platanes, de tours defensives,
de colonnes et de palais, de maisons et de kiosks ayant un genre
d'arcbllecture parllcullcr. On voil sur tous Ies points une popula-
tion nombreuse et active ; une multitude de bateaux dans un mou-
vement continuel , Ies uns a la rame , Ies autres a la voile , descen-
dant, remontant ou traversant le Bospliore; des vaisseaux arrlvant
de plages etrangeres ou partant pour des destinalions lointalnes :
ces objets, animespar un del brlUant, parune temperature agreable,
par la presence de belles eaux qui ajoutenl un si grand inleret a la
221
richesse d'un paysage , et ou Us se multiplienl en s'y refletant, vien-
iieiit a la fois parler aux yeux , saisir les sens, et s'emparer de I'i-
inagination ; mais ces objels niucts plaisent encore par les souve-
nirs et par les contrastes qu'ils presentent. »
Le sysleme des eaux qui servent a abrcuver Constantinople et
ses environs, compose de conduites a aqueducs sur arcades et de
condulles a soiderazi , systeme que le general Andreossy Irouve
infiniment superieur a relui qui est assez generalement adoptedans
les autrcs parties de TEurope, occupe tout le trolsieme livre.
Ce systeme, aussi recommandable , par le bel ensemble qu'il of-
Irc , que par des ouvrages d'art d'une applieation peu connue , est
(lii aux empereurs grecs, qui sont parvenus a I'etablir en appliquanl
en grand , pour la conduite des eaux , cette loi des Huides qui les ra-
mene conslamment a la m^me hauteur dans divers tuyaux com-
muniquant cntr'eux. L'auteur fait connaitre ces magnifiques travaux
dans toutes leurs j)arlles , et s'etend parliculierement sur la descrip-
tion du soiderazi ou pyramide liydraullque, massif de ma^onnerie
ayant ordinairement la forme d'une pyramide tronquee ou d'un
obelisque egyptien , qui sert a faire circuler les eaux depuls eur
source jusqu'au reservoir de distribution. 11 decrit aussi le terazi,
instmment d'une simpllclte antique , ressemblant au niveau de
maijon renverse, employe al'execution des grands travaux des em-
pereurs grecs , dont les sou-yohlji ou fontainiers turcs font encore
usage, et qui parait preferable au niveau d'eau, qu'ils ne connais-
scnt pas.
C'est en comparant la consommation totale d'eau de Constan-
tinople pour vingt-quatre beures , avec la quolite journaliere ne-
cessalre a cbaque individu en partlculier, qu il evalue la population
de cette capitale a environ 600,000 ames; evaluation dont il con^
firme rexactitude, en faisant une comparaisou semblable pour la
consommation de ble pendant le meme espace de temps.
Outre les conduites a aqueducs sur arcades et les conduites a sou-
lerazi , les empereurs grecs avalent fait construire , pour les be-
222
soins dc leur capilalc , dc vasles cilcrues ; Ics luies voAlties , Ics autre&
a del ouvert. Mais le fond de ces dernieres , qui ont dA uecessairc-
inent eire aliinentces a la I'ois par les eaux de pluic ct par dcs eaux
courantes, a ole converti en jardins, a I'exception de celle d'Yere-
Baiun- Serai o\i le palais soulerrain , la seule qui ait conserve sa des-
tination primitive.
Tcls sont les resultats des principales observations faites par le
general Andreossy, et que je n'ai fait qu'indiquer sommairenient ,
parce que j'ai pens<^ que c'etalt dans I'ouvrage soul qu'on devait en
suivre le dcveloppement. Elles annoncenl un esprit judlcieux et ob-
scrvateur, qui envisage un sujel sous tous ses rapports avant de le
trailer, etqui le traitc ensuile consciencieusement. On Irouve dans
Constani'inopk et k Bosphore de Thrace des fails inleressans et cu-
rieux , el beaucoup de cboses neuves et piquantei. Q^^Ique redlge
en partie depuis plus de dix ans, cet ouvrage est, au moment ou
nous ecrivons, presque un ouvrage de circonstance , par les details
posillfs qu'il renferirie sur I'empire ottoman el sur sa capilalc.
Quelques-unes des opinions embrassees par Tauleur offriront
peut-elre matiere a la critique, ct tous les gens du metier ne par-
lageronl sans doulc pas complelement les idees qu'il a emises ;
mais nous pcnsons qu'il n'csl aucun lecteur inslruil qui ne rende
justice au profond savoir du general Andreossy , ct qui ne recon-
naisse qu'il a rendu service a la Geograpliie , en publianl le fruit
de ses invesligalions.
Plusieurs des notes qui lerminenl cbactm des livres peuvent ^tre
considerees comme de vrais memoires ; on en doit quelques-unes
a MM. Jouanin , Jiiancbi , a feu M. Ruffm, etc. Une carle lopo-
graphique du Bosphore de Thrace et des environs de Conslantlno-
ple, levee par MM. Thomassin et Vincent, capitaines du genie, et
de Moreton-Chabrillant, capilaine d'arlillerie , sous la direction
du general Andreossy, el deja appreciee par les savans , serl a I'ln-
telligence du tivxte, avec un atlas ou cetle carle est reproduitfi en
pctil , el qui est compose de plans, de vues et de coupes de mo-
numens. „
De La Roquette.
DEUXIEME SECTION.
ACTES DE LA SOCIETE.
g ler. P roces-V^erhaux des Seances.
Seance du 3 octohre 1828.
M. le due de Sase-W^eimaradresse ses remercimens a la Societe,
qui vient de radmeltre dans son sein, et lul temolgne touirinteret
qu'il prend a ses utiles travaux.
M. L. de Freycinet communique une lettre qu'il a re^ue de
MM. Quoy et Gaimard, medecins naturalistes , emLarques sui- la
corvette VJstroIabe. Celte lettre , qui conlient des details importans
sur I'expedition scientifique du capitaine Durville, est renvoyee au
comlte du Bulletin {Voy. n° 66, page 160).
M. Lamarche ecrit a la Societe pour lui faire part des moyens
qu'on pourrait employer pour Texamen des objections de M. Smith
de Siraped contre notre systeme astronomique. Pienvoi au comite
du Bulletin.
M. Huber adresse la suite des considerations d'economie pu-
blique sur Tile de Cuba, extraites des Annales des sciences, com-
merce et agriculture , publiees a la Havane par M. Pv. de la Sagra.
Renvoi au comite du Bulletin , avec linvitalion d'en publier les
parties qui interessent particuliercment la geographic.
M. Bruguiere envoie la suite de son manuscrit sur les montagnes
de I'Europc, contenant la partie centrale du Systeme Alpique.
Renvoi a M. le baron de Ferussac, charge de suivre Timpression
de cet ouvrage.
M. Tesseydre ecrit qu'il regrette de ne pouvoir transporter au
lieu des seances de la Societe le modele qu'il a fait execuler pour
tourner les globes. Conformement aux decisions anterieures de la
commission centrale, ceux des membres qui auraient I'intenlion
224-
(Vexamlner eel apparcil poiirront sc rendre aupres de I'inveiiteur .
ft f'airc connaitre ce qu'ils pcnsent de son utilile.
M. Brue fait un rapport verbal sur la partie gcographique du
voyage dans la Laponie et la Suede, ciilrepris en 1827 par M. Ic
capitaine de Capell Brooke.
M. Eyries passe en revue les differens voyages qui onl precede
celui de JM. le capilaine de Capell Brooke dans les memes contrees.
Le Comile du Bulletin est invite a inserer un extrait du rapport ,
en faisani enlrer quelques details sur ce qu'Il peut y avoir de neuf
dans les observations de ret interessant voyageur sous le rapport
des moeurs et des usages.
M. Jomard donne lecture de I'avant-propos d'un vocabulaire a
I'usage des voyageurs, qu'il se propose de publier incessamment ,
dont un extrait a deja ele Insdrd dans I'Atlas etnographique de
M. Balbi. Ce recueil a pour objet de fournir a cliaque voyageur
un plan methodiqued'interrogation,etde procurer la connaissance
de tous Ics mots essentiels de lidionie du pays qu'il parcourt.
M. Eyries prend la parole , et fait sentir par des esemples I'uti-
llte d'une pareille publication.
M. Gauttier d'Arc annoncc qu'il a retrouvc a la Bibliotheque
Royale unc traduction , en langue roniane , dune Cbronique
du onzieme siecle , contenant plusieurs fails inleressans , relatifs
a la geographic politique de T Italic au moyen age. Cette Cbro-
nique est composce par Aiine , moine du monl Cassin , premier
archeveque de Bordeaux. Tous les auteurs qui se sent occupes de
riiistoirc de I'ltalie annongaient que cet ouvrage etait perdu pour
jamais.
M. Barbie du Bocage annonce que M. Houbigant offre de mcltrc
a la disposition de la Sociele , pour elre joints a son JJulictin, plu-
sieurs excmplaircs dun plan de Varna qu'il vicnt de publier. La
Commission cenlrale accueille I'offre de M. Houbigant, et invite
le Comite du liuUelin a accompagner ce plan d'une notice explica-
tive.
225
M. Pecchio , voyageui" italieu dislingue et auleur de plusieurs
ouvrages, est present a la seance. M. le president I'invite a com-
inuniquer a la Societe quelques resultats de scs interessans voyages.
Seance du 17 uciohre 1828.
M'"^ la comlesse Andrcossy ccrit qu'elle est tres-sensible aux
marques de Tinleret que la Societe veut bien prendre a la perte
qu'elle a faite , ct la prie d'en agreer tous ses reinercimens.
M. Mahan, officier du genie au service des Etats - Unis , dcrit a
la Societe , dont il vient d'etre re^u membre, qu'il s'empressera de
contribuer de lous ses efforts aux vues d'utilite qu'elle se propose.
M. le baron de Capellen , en reponse a la lettre qui lui a ete
adressee par M. le president, transmet a la Societe la copie d'une
esquisse de I'lle Borneo , falsant partle de sa collection des cartes
manuscrites et inedites, ainsi que divers documens destines a ac-
compagner la publication de celte carte.
Remercnnenset renvoi a la Section de publication, des documens,
et au Coniile du Bulletin , de la carle , avec invitation de la faire li-
ihographier.
M. W'" Hutmann , secretaire de la Societe des traductions orien-
lales de Londres, ecrit qu'ayant lu dans un des numcros du Bulle-
tin que M. Rousseau, consul general de France a Tripoli, s'etait
procure un inanuscrit tres-complet des Voyages d'Ibn Batouta, il
serait tres - reconnaissant que la Societe voulilt bien lui donner
quelques renseignemens a ce sujet. II envoie un programme de la So-
ciete des traductions orientales, annongant qu'une edition de I'E-
drisl doit etre publiee k Londres. Cette nouvelle sera communiquee
a M. Jaubert , occupe dans ce moment a publier dans les Memoires
tie la Societe une traduction complete des manuscrils de ce g^o-
graphe.
M. Cesar Moreau communique un numero de la Gazette litte-
raire de Londres , oil II est question du projet qui a ete forme
d'inslituer une societe geograpliique dans cette ville.
226
Le nicmc mcmbre aiiiionce I'arrlvec a Londrcs du capilainc
Bcechey, coiniiiamlant Ic Lrick de S. M., le Blossom, apres un
voyage de decouvertes entrcpris en 1825. Les renseignemcns cod-
tenus dans cetlc lettre sur les resultals de I'expedltion sont renvoyes
au Comitii du liullotin , ainsi que la nouvelle prec^dcnle.
M. C.-E. Guys adresse a la Societd" la continuation de son Iti-
nerairc an monl Liban , dcpuis Antoura jusqu'a Jicu , par la chatne
ccntralc. II donnc aussi quelques details sur les ponts naturels de
Takra et d'Asphera.
M. Joinard communique une leltre que Inl adresse M. Dela-
porte, vice-consul de France a Tanger , en date du 27 scptcmbre ,
par laqucUe II lui annonce que M. A. Caille est arrive a Tanger ,
apres avoir termine avec succes un voyage de seize mois dant I'in-
terleur de TAfriquc , el avoir visile la viile de Tomboclou. M. De-
laporte le recommande aux encouragemcns de la Societd.
A cette lettre sont jointes deux autres lettres de M. Caille, adres-
sdcs de Toulon a M, Jomard et au president de la Soclete, dans
lesquelles ce voyagcur donnc des details Interessans sur son voyage.
II prie la Soclcle d'obtenir pour lui du gouvernement les moyens
de se rendre a Paris.
Apres avoir cnlendu ces comniunlcallons, la Commission ccn-
tralc, conslderant I'lmportancc de ces nouvelles et la position dif-
ficile dans laquclle se trouve ce voyageur, apres avoir entendu la
Section de comptablllle, decide a runanimite qu'il lui serait envoyd
sur-le- champ une Indemnile pccuniaire de 5oo fr. Le bureau est
charge de faire les demarches nccessalres aupres du minislre de la
marine et du ministre de rintiirieur.
M. Alex. Barbie du Bocage donnc connnunication dune lettre
de M. Spencer Stanhope, contenant quelques details sur la fonda-
tion d'une ville et d'un port a Goole et sur les divers canaux exe-
cutes dans les comtes d' York ei de Lancastre,
M. Tabbe Manet fait connailrc a la Societc^ ses intentions rela-
227
llvemcnl a la publication dc son Memoirc qui a obtcnu le prix au
concours <ie 1827.
Renvoi de sa lettre a la Section <le publication , avec i'invita-
tion de prendre une decision definitive k ce sujet.
§ 2. Admissions , Ouvragcs offerts , etc.
OyVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE.
Seance du 3 orlohre 1828.
Par M. de Leuven : Journal des voyages ; cahier d'aout.
Par M. de Y ivussAC : Bulletin des sciences geographicjucs ; cah'ier
d'aoitt.
Par M. Artlius-Bertrand : Bihliotheqiic physico-economiqite ; ca-
hier d'octobre.
Par M. le baron Trouve : Annales de la litterature et des arts ;
4. 1 5 et 4-iG'^ livraisons.
Par les Auteurs : Plusieiirs numeros du Globe.
Seance du ij octoLre.
Par S. E. le Ministre des affaires elrangeres : Histoire de la
reaohitionjrangaise ; par M. Lacretelle. (Directoire executif.jTora. 3;
I vol. in-8''.
Par M. Giraldez: Traite de cosmographie; torn. 4' . in-^.".
Par M. liajot : Annales maritimes et coloniales; cahier de sep-
lenibre.
Par M. de Leuven : Journal des voyages ; cahier de septcmbre.
Par M. de Ferussac : Bulletin des sciences geographiques ; cahier
d'aoAt.
Par M. le baron IVouve : Annales de la litterature et des arts;
4.17 et4i8'= liv.
Par la Socleic Asiatique : Journal de celie Soricte ; cahier de sep-
tembrc.
228
Par la Sociele de I'Eure : Journalde cette Societe; cah. d'oclobre.
Par la Societe de la Morale chr^lienne : Journal de cette Societe ;
n" 57.
Par la Sociele royale d'agrlcullure de la Haute-Garonne : Seance
puUi'qite de cette Surlele ; Toulouse , 1828.
Par la Societe des traductions orientalcs de Londres : Report
of the proceedings of the frist general meeting of the subscribers to the
oriental translation fund with tlie prospectus report of the committee
and regulations; London, 1828; une brochure in-8'.
Par les Auieurs : plusieurs numeros du Globe.
/
TROISIEME SECTION.
DOCUMENS , COMMUNICATIONS , NOUVELLES
GEOGRAPHIQUES , ETC.
Lettre adressee d M. le President de la Socidte de Grographie , par
M. Delaporte , vice-consul , gerant le consulat-general de France
au Maroc.
Tanger , le 3 octobre 1838.
Vous faire part qu'un Europeen vient de conquerir , en Afri-
que , a la Societe de Geographic , une vaste etendue de territoire ,
c'est vous donner , ainsi qu'a elle , une bonne nouvelle ; mais lui
annoncer ainsi qua vous , que cet Europeen est Francjais , c'est
vous la rendre encore plus agreable.
Un de nos concitoyens , M. Augusle Caille , a conquls a la
Societe de Geographic tousles territoires situes entre Rio Nunez,
Sierra Leone et Tanger; c'est-a-dire entre TOcean et la iVIe-
diterranee. 11 a visite les villas de Kankan , Jenne , Timboctou et
Araouan. II a habile Toniboclou pendant quatorze jours. Sa maison
clait a quelques porles de celle qu'avait occupee le malheureux
major Laing. II a employe seize niois ;i faire ce travail et a re-
-ay
nicillir les malerlaux dont il enricliissait sa besace. Rien ne I'a
rcbute : ni refus , ni tlL-goAls , ni fatigues , ni tlangers : sa voca-
tion , ainsi qu'il ine la dit plusieurs fois , I'appelait k franchir
I'Afrique ; il I'a suivie , ct a resolu le proLIeme , dont Timpossi-
bllite paraissalt presque demontree, qu'un Europeen peut traverser
I'Afrique. 11 a voyage sans fasle , et j'ai vu.un Derviche queteur,
la besace de cuir sur le dos , se jeler sur le seuil de ma porte ,
et me tendre non la main de I'indigence , non la main de la
misere dont il portait la iivrce , mais celle d'un compatriotc qui
s'adresse a un serviteur du Koi de France , et requiert sa protec-
tion. 11 Ta obtenue , Monsieur le President; ellc lui a ete donnde
par moi qui me trouvc gerer momentanement le consulat-general
de France , aulant qu'il a ele en mon pouvoir de le faire ; et gr^ice
a la cooperation de M. le chevalier de Luneau , commandant de la
station navale franijaise a Cadix, qui eul la complaisance de m'en-
voyer un batimcnt du l\oi, j'ai sauve le voyageur et ses papiers.
M. le lieutenant de vaisseau Jollivet a re^u abord de la goelette du
Roi la Legerr , qu'il commande , M. Caille , et le 28 seplembre
dernier il a fait voile pour i'oulon , ou il doit purger sa quaran-
lalne. Deux departemens , celul des affaires etrangeres, et celui
de la marine, ont contribye a rendre un Fran^ais a son pays natal,
eta acquerir a laSociete, dont vous eles le President, un voya-
geur modeste que son entrepris€ illustrera.
M. Gallic , dont les fatigues et les travaux ont altere la sante ,
s'est embarque avec la fievre. 11 faut esperer quelle n'aura pas de
suite , et qu'il abordera a Toulon sain et sauf.
Si M. Caille ii'a pas le brillant, ni I'education de nos voyageurs
modernes, il a I'ingenuile etla franchise dece bon voyageur du vieux
temps, qui nous a donne sur I'lnde tant de notions interessantes.
S'il n'est pas I'Amedee Jaubert de I'Asie , il sera le Marco Polo
de I'Afrique; et il aura le mc^rite d'avoir fait a ses depens et san.s
secours , ce que tant d'aulres n ont pu i.>xecuter a force de destruc-
tions et de Iresors.
aSo
Apr^s sa quarantainc , il <loil se rendre a Paris , oi'i il a I'lnteii-
tion (le reclamer Tassistance de M. Ic chevalier Jomard , president
(lu bureau central de la Sociefe , pour la redaction des riches ma-
t«riaux qui font son unique fortune. En recoinniandanl , Monsieur
le President , ce voyat^eur a voire inter(?t , c'est le reconnnamier a
celui de tous les uieuibres de Ja Societe de (ieographie a laquelle
j'ai I'honneur d'apparlenir.
A M. JoMARU , memlire de F Institut.
De lAruiraulc , LdiuIh-s , le -.'8 culnl lo if-'a ,S,
Monsieur ,
J'ai rhonneur de m'adresser a vous sur un sujet auquel je suis
persuade que vous prendiez autant d inteiet que nioi inenie, le
progres des decouvertes en Afrique.
Je vols par le supplement du 66*= IJullelin , public par la So-
ciete geograpliique de Paris, qu'un Fran^als du nom de Caille a
reussi a atteindre la ville de Tomboctou, et que M. Delaporle,
vice-consul a Tanger , observe dans la lettre qu'il vous a ecrite, ])Our
vous annoncer I'arrivee de M. Caille , que ce voyagcur se console
des fatigues qu'il a souffertes , par I'idee qu'il est le seul Europeen
qui ait reussi jusqu'a present k amener a une heureuse fin une en-
treprlse dans laquelle tant de courageux voyageurs ont succombe.
Loin de Hioi ^e concevoirla penseede diminucrlemerite de ce
voyagenr entreprenant et aventureux , oude blamer le juste orgueil
qu'il doit ressentir poor avotr donn^ a sa tentative une heure«se
issue ; mais ia justice qui est due a la memolre d'un autre voya-
geur, qtri a peri par la main barbarc d'un assassin , exige que je
vous expose, Monsieur , que M. Caille n'est pas le seiil Europeen
qui a visile Tomboctou , Tii le premier.
Fen le major lifting est celui qui a mis le premier les pi«ds dans
Tomboctou , et je vais vous le monlrer par lautorite la plus
irrecusable, sa propre signature, et far cellc de son serviteur ,
23l
ii|ul est inaliilenant a Tripoli. Dans une lellre adressee i M. le
consul Waninglon , et mainlenant sous mes yeux , datee dc Tom-
boclou , 21 septembre 1826, le major dit qu'il est arrive dans
cette ville le 18 du mois d'aout precedent, qu'il devait la quitter
Je lendemain de la date de sa lettre, c'est-a-dire le 22 septembre ,
et qu'il avait I'inlention de continuer par la route dc Sego ; en-
suite ilentre dans bcaucoup de details touchant cette ville et donne
un grand nombre de documens curieux qu'il a reunis sur ce sujet ,
et d'autres materiaux qui, sans aucun doute, seront publics en
temps convenable.
11 a quilte en consequence Tomboctou le 22 seplembre , avec
une petite caravane , ayant un seul domestique arabe a son ser-
vice ; le troisieme soir il fut rejoint par quelques Arabes faisant
partie de la caravane , et ensuitc bassement massacre. II arriva que
la Icltre mentionnec plus baut el quil avait ecrile de Tomboctou,
se trouvait dans la possession de son domestique ; son bagage a
ete pille tout entier , ses journaux et ses nombreux papiers enleves ;
mais nous avons encore Tespoir qu'ils seront recouvres. Le do-
mestique a subi Texamen le plus severe , il est ferme et consequent
dans toutes ses reponses , et je regrette de dire qu'il y a grand sujet
de croire que cet enlreprenanl voyageur est tomb^ victime du
traitre et barbare Rello , qui s'est conduit si scandaleusement en-
vers le capltaine Clapperton.
J'espere par consequent de votre justice , comme un bomme
devoue aux sciences, et parliculierement a celle de la Geographic,
et comme president de la Commission Cenlrale, que vous pren-
drez des mesures pour donner quelque publicite a cette communi-
cation , comme elle a etc donnce a I'lieureux succes de I'entreprise
meriloire de M. Caille.
J'ai I'honneur d'etre, Monsieur , votre tres-obeissant
serviteur.
John Barjiow.
"Eyrn Ml tie /ti rr/ions/; c/^M. JoMAtin a iM JfUN I^Mincw ( i).x^
Par's, 3l oc'olire if<y8.
Monsieur ,
Quoique etranger a la letlre qui fait Je sujct de votrc reclama-
lioii , je n'aurais jamais voulu parlicipcr , meme indireclemeiil , a
uue assertion conlraire a la verite, ou a la reputation du courageux
voyageurdonl vous dvifendez justemenlles inlcrets. Personne moins
que nioi n'csl accessible aux idees exclnsives de nafionalite, et c'est
aussi dans riiiterel general de 1 hunianite que je suis diivoud a la
cause dcs sciences et de leurs progres indiifinis. Je ine serais done
rcjoul sincerement de signaler le premier en France le retour et les
succesdu major Laing,ainsl que j'ai ele assez heureux pourle faire a
I'arrivee du capilainc Clapperlon et du major Denham. Vous devez
le savoir, Monsieur , c'esl moi qui annongai au public frangais les
travaux dc ces intrepides exploraleurs; qui ai public le premier leurs
admirables decouverles dans TAfrique cenlrale , et qui payai un
legitime bommagc a la memoirc du docleur Oudney. Quant au
major Laing , j'ai long-temps conibatlu el revoqud en doutc les
bruits anticipcs de sa mort , et je me suis applique a faire ressor-
lir les contradictions des recits qui circulaienl en Afrique el en
Europe. Rien meme jusqu'ici ne m^avait persuade de la reallte de
la catastrophe ; el votre lettre , Monsieur, pourrait seule me faire
ajouter fol enliere a celle Irisle nouvelle, tanl je desirais ardemnient
d'apprendre le succes du major LaIng, d'avoir le plaisir de le pro-
clamer , et de concourir, quoique faiblement, a sa brillante renoni-
mee. Le major Denham a pu vous din; comment je raccueiliis a
Paris , combien je m'estiniai heureux d'embrasser ce brave offi-
cier , et de m'entrelenir avec un homme qui avail dix fois expose
(i) La Socicti' (]e Gc'oyraphie a rli'ridi.' que In lollrc dc M. J. Barrow el In
rt'poiise scraient impriinf'fs conime tenant a un ohjct cPinlcrel gontTal.
233
vaillamment sa vie pour parvenir le plus loin possible dans un
conlinent inconnu.
Maintenanl , Monsieur, voici ie^ propres expressions qui sont
robjct de votre reclamation : " 11 csl le seul European ( M. Augusle
» Caille), qui soil parvenu jusqu'a cc jour a terminer avec succ^s
» une enlreprise dans laquelle ont succombe tanl de courageux
» voyageurs. »
Vous voyez , Monsieur , qu'il s'agit dc Theurcux retour du
voyageur dans sa palrie , et non pas de la decouverle de Tom-
boclou. On ne lui fait pas un merile d'y etre alle le premier. C'est
ainsi qu'apres la niort dudocleur Oudney , Clapperton et Denbani
plus heureux revirent Icur i)ays natal ; on pouvail done dire , a leur
retour en Anglelcrrc , qu'ils elaicnt les premiers Europeens revenus
de Jiornou, et qui ibssent parvenus a terminer ce voyage avec
succes : et cela sans rien oler dc la glorieuse couronne du docteur.
\ ous rendrez done justice, Monsieur, je n'en fais aucun doute ,
non-seulement i moi , mais a M. Delaporte , vice - consul de
France , et vous reconnailrez , sans aucune peine , que personne
n"a cu I'intentlon de iVuslrer vos compalrioles de la gloire qui leur
appartient. Je m'lionore d'avoir contribue a etablir comme prin-
cipe, dans les reglemens de la Societe de (leograpbie, que les voya-
geurs de toutes les nations ont un cgal droit a son attention, que les
recompenses apparliennent a tous, quelle que soitleur patrie; enfin,
qu'Il n'y a aucune distinction dans le sein de cclle Soviete, cnlreles
etrangers el les regnicoles.
Ou'il nie soil pennis , Monsieur, dc deplorer , conmie vous-
nieme, le trisle evenement raconte dans votre leltre ; cepcndant
plusieurs circonstances semblent encore laisser au doute une faibie
place; puisse mon incredulile etre juslifiee par revenement! Si ce-
pcndant la catastrojihe est certaine, il restera un voeu a former,
c'est que ses joarnaux de voyage soienl retrouves, ou au moins que
son domeslique soil en etat de fournir quelques bonnes informa-
tions ; cnfiu que les ciu'ieux ma!<'riaux dont •> ous parlez , comnic
234
elant en voire possession , soieiil rendus publics ie plus t6t possi-
ble :ainsi que je I'espere, nous jouirons bientot des documens rap-
porles, dit-on , par le nomnie Lander , domestique de Clapper-
ton ; et alors je ne serai pas le dernier a faire valoir le nieritc de cette
nouvelle vicllnie des sciences. Permeltez-nioi , Monsieur , dajou-
ter ici une rcdexion : si j'avais eu a faire la liste des Europeens
qui onl alleint la ville de Tomboctou , je n'aurais pas oublie plu-
sieurs individus qui paraissent I'avoir visilee , et peut-etre aurais-
je nieme fait mention de Robert Adams , quoique son voyage soit
nivoque en doute, chose sur laquelle , vous le savez , les avis sont
parlages. M. Delaporte ^galement n'aurail pas manque de les citer,
si tel eut ete son but ; mais son intention elail sculement d'annon-
cer I'heureux relour du voyageur , apres avoir traverse le grand
desert : ce qui nest arrive ni a Hornemann, ni h Park , ni a
Oudney , ni a linfortune Laing , ni a tant dautres deplorables
viclimes. .
11 me resle , Monsieur , a me feliciter de I'occasion que vous
m'avez offerle de vous cxprimer mes veritables sentimens sur le
but que doivent avoir les dcicouverles geographi([aes , c'est-.\-dire
1 ulilile et ramelioralion qui en resulteront pour le sort de I'es-
pece humaiue; je suis egalement charme de pouvoir vous cxprimer
personnellement la haule estime que je professe pour les savans et
les voyageurs de votre pays ; c'est dans ces sentimens que je vous
prie de me croire , etc.
Fondatton d'un port a Goole sur rHuntbcr , et navigatiun des rivieres
d'Aire et Colder. (Extrait d'une lettre adressde a iM. Alex. Bar-
bie nu JJocAGE, par M. Spencer Stanhope, a la date du !^. oc-
lobre 1828. )
Je vous ai ejitretenu dans ma derni«^re lettre de la Gdogra-
phie ancienne , je vais aujourd'hui vous parler de la Geographie
mod< rne , ce ne sera sans doule pas sans interet pour la Societe
235
<le Geographic. Le (iouverneiiient vicnt d'accorder a la compa-
gnie, pour la navigation des rivieres Aire et Calder, les privi-
leges dun port dans la ville qu'elle a londee a Goole, a la nais-
sance dc I'Huinber. Cede compagnie doit son existence a un acte
duparlemcnt du rol (juillaunie III. Ses premiers menibres avaienl
rendu navigables la riviere Aire de la ville de Leeds , et la Calder
de la ville de Wakefield , jusqu'a un endroit appele Airnin-sur-
I'Ouse, sans autre resultat, que i'honneur d'avoir rendu un grand
service a leur palrie. Nous avons ete plus heurcux que nos prede
cesseurs. Celte navigation a rendu le W ess-riding de la province
d'Yorck , unc des parties les plus commer^antcs de I'Angleterre, et
la compagnie a des-lors profile de la prosperile qu'elle avaitrreee.
(^^uand la paix a rendu la Iranquillilc a IKurope, nous avons
Iravaille a perfectionner le cours de nos rivieres. Nous avons done
commence par solliciler du parlement des pouvoirs pour exe-
cuter le canal de Goole, d'apres le plan que nous avait propose le
celebre ingiinieur JVI. Rnenie. Get ouvrage est maintenant ac-
compli : il nous a coAte plus de 35o,ooo livres sterling. II rac-
courcit la navigation de i^-'niiHes, et dans un endroit ou il y a
quatre ans II n'y avait pas une seule maison , s'eleve actuellement
unenbuvel le ville a laquelle le Gouvernement vient d'accorder les
privileges dun port.
A peine cestravaux etaient-ils acheves, que dans le butd'en tirer
parti a son benefice une autre compagnie s'etait formee , qui se
proposail de faire un nouveau canal de ^Vakefield a Ferrybridge,
en cotoyant pour la plus grande parlie de noire riviere , en evitant
les detours. La speculation n'etait pas mauvaise , et M. Baring
s'etant mis a la tete de la compagnie, la chose dcvenait assez dan-
gcreuse. Mais apres une discussion fort animee dans la chambre
des communes, leur bill a ete repousse. Comrne nous avions pro-
mis a la Chambre de continuer nos ameliorations, nous avons
envoye M. Selford , actuellement le premier ingenieur de I'Angle-
icrre, pour examiner de nouveau nos rivieres ; et celte annee-ci
20l
nous avons soumis a la Chanibre, le plan qu'Il nous a propose ;
mais nos ennemis ne se crova:it point encore batlus, ont reparu
sur le champ de balaille , prcjteiidant que leur plan elail superleur
•a celui de M. Selfonl. i jg voix conire 88 ont lerniinc; la discussion
nouvelie en notrelaveur; el dans ce niomenl-ci nous commen^ons
nos travaux. J'ose a peine me (latter que ces Iravaux soient dignes
de I'atlention de la Sociele ; mais si rcla pcut lui etre agreable ,
j'aural I'lionneur de lui envover un exemplaire de noire bill , et
une epreuve de noire plan. Ixccevez, etc.
Nautical notice. — Calagouk island. — Notice nautique. — lie de
Calasouk.
^o'-
La Gazettede Cahutta , du 6 mars i8a8, contient In rapport siiivant sur un
mouillage dJcouvert par rinspecleur-genc'ral de la marine de Plnde, silue
a trente milles au siid d'Amherst. Ce mouilloge oRVe un abri sur aux vais-
seaux contre la mousson du sud-ou.'st.
ILE DE C\LAGOUK.
Calagouk , y comprls une petite ile (jui en louche presque la
pointe merldionale, a une elendue de six milles dans la direclion
du nord au sud ; on y remarque Irois monticules, dont le plus sep-
tentrional est le plus eleve, et a Tapparence dun pic, lorsquon
le voil du cole de I'ouest. La plus grande largeur de I'tle est dans
la parlie du nord ou elle peut avoir un mille el un quart, tandis
quelle n'est gueres <[ue dun demi-millc vers le sud.
La latitude de la plus petite ile est de i5" 9' 43" N. , el sa
longitude de 5' 4-5" a FE. d'Amherst.
Le bras de mer entre Calagouk el le conlinent, a qualre milles
de large; on ne rencontre, en le Iraversant, dcs dangers que pres du
continent, ou se trouvent de hautes rochcs noires qui s'elendent
a une courte distance durivage. Sa profondeurquiest de six brasses
h maree basse, pres de Calagouk, varie el augmenle jusqu'a onze
et m^me dou7.c brasses, a mesurc qu'on approche du couliiiciil.
23j
La cole oneuiaie <le I'lle s'eteud a peu pres du nord au sud, et
parait ne presenter d'autre danger, qu'un recif qui se prolonge en-
viron un deml-mille au sud-ouest, a la hauteur de la petite ile.
Le fond est tout vaseux , et laiicre y tient bien ; les marees sont
moyennes; celles des syzygies qui voni a environ trois niilles et
• lemi , montent el descendeni d'environ dix-huit pieds.
En cxplorant la cole E. de Calagouk, nous avons trouve , en
decenibre, sur une plage, et un peu au-dessus du monticule le
plus eleve, un elang d'eau douce tres-bonne. A en juger paries
.sources qui s'ecoulaient de Tetang et s'ouvraient un passage a tra-
vers le sable, a maree basse, il est probable que Taiguade pent
(levenir propre pour des vaisseaux ; en creusant des puits , on pour-
lait peut-eire avoir d'autres sources dans 1 ile.
Au nord de Calagouk est un long banc de sable, qui sVtend au
N.-IS.-E.; il a pres de six milles de longueur, et a son extremite
sud, il approcbe lellemeni de Calagouk, qu'il resle apeinc un canal
etroit et de peu de profondeur; vers le nord, le banc se terinine a
environ un mille et demi de distance, et a I'ouest dune petite ile
remarquable par de grands arbres qui en couvrent la partie occi-
dentale. Ce banc de sable cstescarpe, et la profondeur en est de dix
a douze brasses.
Le /ung banc de sable est a sec en plusicurs endroits ; a demi-
jusan, aux marees des quadratures et aux marees basses des syzy-
gies, il doit eirc prcsque entlerement a sec; un endroit vers le
milieu de cette plage, n'esl probablement jamais couvert par les
eaux, attendu qu'on y trouve de Therbe et autre vegetation, et
qu'en outre il s'y rend beaucoup de tortues de mer. L'esj)ace entre
le sable el la cote a trois milles de large environ ; il offre une pro-
fondeur de cinq a sept brasses, a maree basse, et la partie adjacente
du sable qui est a sec , peut avoir sept brasses.
On presume que le mouillage entre Calagouk, sera stir pour les
vaisseaux , pendant la mousson du S.-O. , et leur offrira I'avantage
de pouvoir entrer el sorlir le jour et la nuit. On ne recommaode.
238
point la passe par le noid, eiitre le sable el !<• ronlinent, mais 11
faudralt toujours au inoins doublerla petite ile qui est plus au large
dc lextreinite S. de Calagouk, et mouiller, durant la mousson
du S.-O. , a environ un denii-miile ou trois quails de niille du
rivage, un peu au-dessus du monticule le plus t'leve , par sept
brasses a eau basse, dans les marees des quadratures, ou par six
brasses, dans les marees des syzygies. Dans cette position, on
aura le long sable au nord; ce qui previendra tout mouvement des
lames venant de ce c6te; Tile de Calagouk sera sur un air de vent,
allaut a peu pres du N.-O. ou S. 5O. ; il y aura la meme profon-
deur entrc le batiment et Tile, et on sera 4 environ trente niilles et
demi d'Amherst. A peu pres vers Test, a parti r de Tendroit ou
le long sable reste 4 sec, il y a une langue de terre qui se detache
du continent et forme une petite eminence ; on y voit une pagode ,
une crique et une p<5cherie. La crique, i ce qu on pense, ne pe-
nelre pas bien avant ; carles quatre que Ton vit entre I'extremite S.
de Calagouk et I'lle, etqui etaient bordees d'arbres , avaient leurs
entrees a sec, au moment de la basse mer.
Les lerres, vis-a-vis Calagouk, paraissent favorabies k la cul-
ture , jusqu'a environ sept a huit miilcs de la cole , atlendu que le sol
dleve ne commence gueres qu'a cette distance.
Pendant la mousson du N.-E., un navire devrait mouIUer lout
pres du continent, lorsqu'il se trouve a la hauteur de Textremite
N. de Calagouk. Mais plus loin, vers le sud e^ a la hauteuK de la
petite ile, ilyaune longue chame de rochers a fie'ur d'eau, ainsi que
beaucoup d autres qui bordenl le rivage, a la distance d'environ un
demi-milie ou trois quarts de mille ; c'est pourquoi en gagnant le
mouillagc, il faul serrer Calagouk au plus pres, la sonde donnant
depuis dix jusqu'a sept brasses , sans onblier que la protondcur aiig-
mente a mesure qu'on s'approche du continent , el qu'elle peutaller
jusqu'a douze ou treize brasses. La latitude du point le plus dleve de
Calagouk est de iS" 34' 26" N.
Le long sable est escarpe sur loule la longueur dc sa parlie occi-
2oy
denlale, ayant douze a dix-huit brasses dans son voislnage immediat.
11 ne faudrait pas approcher, k molns dun mllle, de la cote ouest
de Calagouk, parce qu'il y a qiielques rochers Isolcs le long de
rfle. ^
La latitude oLservee sur la partie du long sable qui reste a sec,
csti5»38'2"N.
S/gne D. Ross, M. S. G. (i).
Voyage de decoui^er-te au lac Fkinl-Julm.
Le depute arpenteur-gdneral , M. Goldle , du 66" regiment an-
glais , et M. Davies , sonl partis de Quebec au mois de juiliet, sur
un bateau a vapeur , pour aller reconnaitre le pays situe entre le
Saint-Maurice et le Saguenay. lis dolvent s'embarquer dans un
canot aux Trols-Rlvleres , remonter le Saint-Maurice jusqu'au
confluent de la Tuque ( a 38 lieues des'Trois-Rivieres ) ou au
Windigo , un peu plus loin , gravir les lerres hautes qui separent
les tributalres du Saint-Maurice de ceux du lac Saint-John , des-
cendre le plus septentrional de ces dernlers jusqu'au lac, se diriger
de la vers remboucliure de rAssuabmousoin , qu'ils remonteront
aussi loin que le sol leur parailra susceptible de culture . et explo-
rer ensulte tout le pays situe entre cette riviere et celle des Aunes.
De lembouchure de cette dernicre , les voyageurs se rendront a
Chicontimy , etsulvront la rive S. O. du Saguenay pour retourner
a Quebec. On pense qu'ils mettront environ deux mois a exe-
cuter ce trajet. Deux autres expeditions de ce genre ont dii quitter
Quebec le i" aoflt dernier.
JMexique.
Le congres de Coahuila et de Tejas vient d'accorder au colo-
nel John D. Bradbum , et a Stephen Mac-Lean-Staplcs, lous
(i) Marinc-siirvcydr -general ( iiispccteiir-gciic'ral tie la iiiariiiu ).
deux citoyens des Etats-Unis , le privile<^e exclusif de naviguer le
Rio-del-Norle, a Talde de bateaux a vapeur, duranl quliize ans.
l>e journal luexlcain qui public celte autorisation , I'accompagne
des reflexions suivanles :
« L'applicalioii de la vapeur a !a navigation de ce flcuve va
ouvrir une nouvcUe ere pour le Mexicjue. Les Irois elats de Nuevo-
Leon, de CoahuiJa et I'ejas, de Chihuahua ct le nouveau Mexi-
que, qui n'ont jamais joui des avanlages de la navigation, rece-
vront maintcnant les productions des pays elrarigers et auront
un debouche pour I'exporlation des leurs.
« On salt que le Rio-del-TSorte a plus de 700 lieues de longueur,
ct qu'il arrose de fertilcs provinces oil 1 on recucille en abondance
du chaiivre, du lin , du ble , dn maYs, du sucre , de la cochcnille, du
tabac , etc. Les mines d'or et d'argent situees pres de ses bords ,
sont tres- riches, et celles de cuivrc, detain , de fer , de plomb et de
houille sont on ne peul plus productlvcs.
« Les avantages que cette entreprlse assure a ce beau pays , sont
pour lul de la plus haute importance. On calcule qu'avant sept ans
il exporlera en or , argent, maVs , fourrures, etc. , pour au moins
6,000,000 de dollars, et il est a presumer que son commerce aug-
mentera cbaque annce. Les droits de douane, perijus sur ces divers
objets, exc^deront 200,000 dollars par an. »
ILE DE BORNEO.
M. Van Capellen, anclen gouverneur des (^tabllssemens hollan-
dals dans les Indcs orienfales, ct membre dc la Societe de Geogra-
phic , lul a envoye des documens Ires-iutercssans sur Tile de Bor-
neo , avec une carle Ires-delaillee de la parlie occidenlale dc celte
tie , relevec par M. Muller qui a succombe dans ccttc exploration.
Les documens et la carte pourront trouvcr place dans les Memoires
de la Societe; mais en attendant nous avons ( ru devoir en extrairc
une esqulsse dans la petite carle placee a la suite de ce numero, qui
(out Imparfailc quVdle est , pourra du moins I'aire jugcr do I im-
24-1
porlaiice tics renseigueincns geograpliiqucs communiques par
M. Van Capellen sur uiie tie si importaule ct si peu coiinue , <lu
moins en France.
N 01 ROT,
Agent de la Socleie de Geographic.
Errata des N"* 64 ct 65.
Page I o8 , lig. 4- » au lieu de // rejoignil dans la Galilee une , llsez :
// se joignit dans la Galilee ii.
Page 1 18 , lig. 5 , 6 et y , an lieu de quelques traits de lumiere en
rappvrt ai'ec Vopinian einisc par de savans geographes , mais pour
pan^enir au centre de la Nigretie, il Jaut , de I'avis de Burckhardl ^
suivre la route d' 1 1 ornemann , en se dirigeant plus vers le sud; lisez :
des traits de lumiere en rapport avec I'opinion emise par de saoans
geographes , que pour parvenir au centre de la Nigretie, ilfallait suivrc
la route dHornemann en se dirigeant plus oers le sud.
Errata du N" 66.
Page 1 58 , lig. 5 , au lieu de depuis par, lisez : aiipres de.
Idem. lig. 7 , au lieu de le transporter , lisez ; le transport de
The lies.
Idem 1 58, lig. 3i , au lieu de etait alors , lisez : aoait ete.
Idem 160 lig. 3i , au lieu de ne me serais-je, lisez : ne me serais-je
pas.
wv*.-^ %.■%.%
B1I5L10GRAPII1E GEOGRAPHIOUE.
§ I". LIVRES.
013VP.A3E3 OiiWERAUX.
178. Memoirks composes au sujet
d\iNE CORHESPONDANCE MihTEOKO-
f.OGlQi'E, ayaiit pour but de parvc-
nir a prcdire le temps benucoup a
r;i»:iiirt' sur un point donne dc la
tcrre , par P. E. Mdrin , iiige-
iiieurs des Pouts el Chausst'es, I'f ,
I' ot 3« cahicrs, Paris, chei Treuttel
elWurtx.
l7q.HlST0IHE GENERAI.E DESVOYAGES
ouNouvclle Collection des relations
des Voyages par terre et par nier,
mise en ordre et conipK'ti'e ju<;f]u''a
nos jours, par C. A. \"\ alckenaer ,
menibre de I'lnstitut. Tome xiv ,
in-S". Paris, 1828; Lcfebvie.
1 80. Journal furdieneuestein Lan-
DUND seere sen. — Journal des
nouveaux voyages par terre et par
mer, par G. Friedenberg , in-8°,
avec pi. Berlin, 1S28; Kukker. 11 a
d(-ja paru le Lvcii tome de cette col-
lection.
ABI'iRaOrE.
1 8 1. The PRESENT ST ate OF Hayti, etc.
— Elat actuel de Haiti ( Saint-Uo-
mingue ), avec des remarques sur
VagricuUure, le commerce, les lois,
la religion , les finances et la popula-
tion de cette republique , pai- Ja-
mes Franklin , in- 8". Londres ,
1828 ; Murray.
(>ct ouvrage est trcs-intt'rf ssant.
ASI3.
Jml,s 0,,i:U,U-<.
182. The EAST-INDIA Gazetteer , —
Le Gazetier des Indes-Orienla-
les contcnant la description des
empires , royaumes , principautes ,
districts, villes, rivieres, etc., de
pindouslan et <\ef. pays environ-
nans , avec des esqiiisses des ni.Kurs,
usages, etc., des liabilaiis, par Wal-
ler Hamilton. , nouvelle edition , '2
vol.in-8<;. Londres, 1828; Parbury,
I I. 12 sh.
Siniil etCocJ i'lrhhur,
1 83. Journal of an embassy from
the governor general of india,
ETC. — Journal d'uue ambassade
envoyc'e par le gouverneur general
de rinde aux coiirs de Siani ct de
la Cochinchine, ou Pon presente le
tableau de Petal acluel de ces deux
royaumes, par John Crawford,
ccuyer. Londres, i828;in-4°.
Le Bulletin n"* G^ et 65 conlienl
une analyse de cetle mission qui
eul lieu du 2 r novembre 1821, au
19 d<'ceinbie i822.Qiioique la rela-
I ion en soil tardive ellenepeut man-
quer d'etre recherclie'e par toules
les classes de lecteurs ; ils y trou-
veroiil beaucoupde fails nouveaux
dont ha (Idclile est garantie par Ic
caraclcre de Pauleur, qui a joint
a son ouvrage une carte a grand
point des pays qipil a parcourus.
Les cotes de Pempire des Birmans,
de la presqu''ile de Malaca , du
royaume de Siam et de la Cocbin-
cliine,ysonlreprL'sente'esavec exac-
titude.
AIRIQUE.
i8{. Saggi pittorici , geografici,
ETC. — Essais pittoresques , ge'o-
grapbiques, slalisliques, liydrogra-
phiques, etc. , sur PEgypte, des-
sines et deceits par Girol Segalo
et Lorenzo Masi. Florence , 1827,
cliez Pauteur.
EDROFJC.
i8.'>.I\eiSENNACH DEN^'ORZUGLICHS-
TEN I I M'PSTADTEr* VON MKTTEL Eu-
^43
KOPEA — Voyages aiix principalis
\ illfsdc I'luiiopecentrak-. Dcsciin-
tioii des pays el des viilesavec leurs
liabitans , Ics sites pittoresqiies , les
iiniversiles , etc. , par G. i). Steisi ,
in-8», avec carle. Leipsic , 1828. Le
/)<■ volume de cet ouvrage vieiil de
parailre.
r,n,-n„<,,i ii„i,c.
1 8G. A COMPANION jfOR THE VISITOR AT
BisusSELS. — Guide du voyageur a
Bruxelles, avec IVstimation des
dc'penses pour la table , le loge-
nieiit , etc. , et des estjuisses sur les
Pays-Bas. On y a ajoute des noti-
ces d''un voyage en Italic par le
Tyrol, avec des observations sur"
li's routes des postes , in-S", avec
gravures , vignettes, etc. Londres .
1828 ; Hurst et Clarke , 4 sh. 6 d.
Ce livre , fort amusant, est utile
surlout aux voyageurs anglais qui
viennent a Bruxelles et paixourent
ritalie.
//,;/,,.. '^
187. GutDE DU VOYAGEUR EN ItALIE.
Premiere parlle. Contenant une
introduction sur ce pays et ses di-
vers etats , des instructions gene-
rales , la liste des diverses voitures
qui parlent de Milan pour desservir
toutes les routes de I'inlt'iieur ,
quelques plans de voyages avec Ae.s
vetturini (voituiers), les re'gle-
nieiis de pistj tie France et d'ltalie,
la valeur des niomiaies , un aper(,-u
des iiiesures itiiieraires <les divers
jiKiys , les hauteurs des priiicipeanx
points eleves. Les tableaux itiiu'rai-
■ res de toutes los routes de poste ,
depuis Paris jusqu'en Sicile , I'in-
dication des medleurcs anberges ,
ainsi. que la description de toutes
les routes par lesqiielies on entre
en Italic. Deiixicinr partic. Des-
cription historique et topographi-
que de toutes les villes , bourns ,
11 1* o '
villages et aiitres lieux reniarqua-
bles soil par leurs anti(|uites , nio-
numens, histoire , souvenirs ini-
portans , etc. , arrangt'e par ordre
alphabelique , acconipagnee de 4
j lies cartes routieres , et des pa-
noramas de Iionie et de Naples ,
par J. Bakzilav , revu et mis eri
ordre par J. H. , Paris , iSiiS , cbei
Truchy , boulevard Italieu , n" 18,
prix 6 fr. 5o cent.
188. VlAGGIO IN ALCUNI LUOGHI '
DELLA BaSILICATA E DELLA CaLA-
BRIA ClTERioilE. — Voyage en dil-
ferentes parties de la Basilicata et
de la Calabre citerieure, fail en
1S2G, par L. Petagna, G. Terrone
el M. Tenore , in-8». Naples, 1827.
Les trois professeurs qui out fait
ce voyage dnnnent une description
exacte et dc'taillee de tout ce que
ces contrees offrent d'intc'ressant
aux savans et aux curieux.
Etnls Siii'la.
189. VlAGGIO IN JaVOJA, ETC. —
Voyage en Savoye , ou description
des etats du roi de Sardaigne, par
D. Bertolotti , 2 vol. in-8". Turin ,
1828 ; Gius, Favale.
Gicce.
190. La Grece, ou description topo-
grapliique de la Livadie, de la Mo-
ree et de I'Arclu'pel ; contenant des
details curieux sur les mceurs el
usages deshabitans dc ces contrees;
par G.-B. Uepping, 4 vol. in -18,
avec line carte de la Grece el huit
vues d'apres Dodwell ; prix, fig.
iioires, 10 fr. ; colorices , i5 f r. ;
F"erra jeune.
Cet ouvrage, d\in autenr judi-
cieux , donl les travaux onl ele dif-
ferentes fois couronnc's par I'Insti-
tut de France , offre le resume de
tout ce qui a etc ecrit sur la Grece
par les voyageurs fran<;ais et etran-
gers. Le tome i'^'" traite des consi-
derations generates et de Pindepen-
daiice des Grecs , des moeurs et
usages, de I'histoire politique et
guerriere de ce peuple jusqu'en
1821, etc. L^n coup d'ojil sur son
elat en 182.J , sur sa population , et
line description topograpliique et
historique de la grande Grece ou
Livadie , terminent ce volume. Le
tome 2<' est cons.acre au Peloponesc
ou a la Morc'c. Les tomes S' et 4*
244
oni pour (il)jcl IWrcliipcl sous le
double rapport de la slatlsticpie et
de riiistoire. Cclle description ,
quoique conipost'e en iSsS, est en
fjMii(|ue sorte un ouvrage de cir-
constance.
AiUma-^lie.
191. DeUTSCHLAND , ODKR BlUEFE EI •
NES IN DeUTSCHI.aM) KEI^I-NDEN
DeUTSCHEN. — Letlres sur I'AHe-
niagne, par un voyagei^r atliiiiarul,
iu-8". Stdurard, iSu; ;'Fraiikli.
iqi.HlI.DMV \us DEMScH\VAHZW\!,I)E.
— L)escrij>lion pitlorescpic , lilsto-
riquc , gcognosticjue , tecliuologi-
que, etc. de la Foret-Noire , par L.
Biilirlen , in-H". Stoucard , 18.2S ;
Loflund , ?> flor.
Purllr^al.
ig3.P0UTUGAL ILLUSTRATED, ETC. —
• Lettres sur le I'ortiigal , par W.
Kinsey, in-S" avcc cartes , gravurcs
et vignettes , reprcsentaiit des cos-
tumes et des sites piltorestpies. Lon-
dres, 1828 ; TreuUel et Wiirtz. 1 1.
10 sh.
fraitcc.
194. Tableau des Pyrenees tran-
CAiSES , conteiiant une description
complete de cettc chaine de nion-
tagnes et de ses priiicipales vaik-es ,
depuis la Mt'dilerrani'c jus<pi''arO
cean , acconipagnc d'ohservations
sur le caractere , les mcEurs et les
idionies des peuples d('S Pyrenees;
sur Porigme des JJasques , sur les
proprictes particulieres des sources
minc'rales , et d'uiie esquisse des
diiTerentes classes dV'traiigers qui
visitant les etahlisseniens tliermaux
du pays, par M: Arbanere , clieva-
lier de la legion d'hnnneur ; 2 vol.
in-8°. Paris, 1828: Treuttcl et
W'iirlz. Prix : i.^ li.
§
2. ATLAS, CARTES GEO-
GRAPHIQUES, PLANS, ETC.
19.1. Atlas univep.sel de GEOcr.Ai'jiir.
ANCrEJJNE ET MODERNE, en cinquai! ■
te cartes sur grand raisin, aver
texte , par INI. Lapie pere , premier
ge'ographe du roi , et M. l.apie tils,
etc. Paris, 182S, Eyniery, parsous-
rription , papiei ordinaire , 75 Ir;.
vc'lin , 1 JO Ir.
196. Atlas CLASSIQUEETUNIVERSELDK
GEOGUAPniEA?JCtENSEET MoDEHNE,
compose de 60 cartes format grand
in-4", sur papier nom de Ji'sus ,
ayant cbacune un texle explicalll
en regard, pour en faciliter Ictude,
par A. H. Dufour. Paris, 1828 ;
JJufour et conip., par souscription,
90 fr.
197. Globe TERRESTRE,dressL'd'apres
les dernieres ob.s'ervations astrono-
nii([ues et les dc'couvertes les plus
recentes, par A. II. Duloiir, gi'o-
graplie, eleve de iNI. Lapie. Paris,
1828 ; chcz Cli. i)ien.
Ce beau globe, de onze ponces
de diamelre, est emincmment rc-
marquable par sa clarlc , le genre
du dessiii, la purete de la gravure
et la neltete de la lettre. liien pre-
ferable a ceux public's anterieure-
ment , il a ete I'objet d'lieureuses
innovations. Les eaux, an lieu d'etre
gravees et de former des taciies le
long des coiitinens et autour des
groupes d'iles , sont lavees conime
dans un dessin. I/auteur a substi-
tue aux figures fantastiques du zo-
dia(]ue, jusqii^alors representees sur
nos spberes , et (jui n'(-taient pro-
pres i]u'a fausser le jugement, Its
iigures geometriques <]ue presen-
tent reellement a la vue tlans le ciel,
les douze conslellations de cette
zone splieritjue.
(]e globe est en genera! au cou-
rant des connaissances ac<|uises jus •
qu'a ce jour sur la surface de la
planetc que nous babitons. S. INl.
EvERAT , Imprrmeur de la Socie'te' di Gcograpliie , rue du Cadran , n" iG.
SiiUetin de Ja Soe. t/e
liuiogfajti/jj e
V. S elves, li&IiOgfOpIif </e J'L&ut'ertii^ .
JJziUetJn de Ja Soc. de Geog. ]V.° 6f
J^jo. c/e J^. Selv'S.7if?>o^rar>hf
f/t' y / rtft't
BULLETIN
DE
LA SOCIETE DE GEOGRAPHIE.
NUMERO 68. — Decemere 1828.
PREMIERE SECTION.
MEMOIRES , EXTRAITS , ANALYSES ET RAPPORTS.
RAPPORT de la Commission Speciale chdrgee de rendve
compte du voyage de M. Auguste Caille.
Messieurs, ''"^^ ■• '
Vous avez nomme une Commission , composec de
MM. Eyries, Cadet de Metz, Amcdee Jaubert, Lare-
naudiere, baron Roger etmoi, pour prendre counaissance
des resultats du voyage de M. Auguste CaiJle dans I'inte-
rieur de FAfrique. Cette Commission s'est rassemblee et
m'a cbarge de vous faire le Rapport suivant. Son premier
soin a ete de s'assurer du point dc depart du Yoyageur,
des routes qu'il avait suivies, des pays et des lieux qu'il
6 '
246
avait visites. Interroge sur ces diverses questions et sur
toutes les circonstances de son voyaf^e, il a repinidu de
la maniere la plus claire et la plus satisfaisanlc. La Com-
mission a ete frappec du ton de simplicite et de sincerite
qui legne dans scs recits , et qui ne permet d'elever au-
cun doute sur la realite et I'authenticite de ses differen-
tes excursions, savoir : la traversee du Dhioliba, sa route
a Test des pays de Soulimana et de Kissi , sa navi(;ation
sur le grand fleuve , sa residence a Temboctou, cniin son
voyage a travers le grand desert jusfju'a I'empire de Ma-
roc. M. le baron Roger avait une connaissance positive de
son depart de SainL-Louis, et de son arrivee I'annee sui-
vante a Kakondy , d'oii il avait annonce, au Senegal,
son depart pour riuterieur. Ainsi le point de depart est
constate : il en est de meme de son point d'arrivee, puis-
qu'il a ete recueilli, presqu'au sortir du desert, par notre
coUegueM. Delaporte, gerant du consulat general a Tan-
ger. A I'egard de Temboctou , outre les details tres-cir-
constancies que rapporte le voyageur , et des esquisses
qu'il y a faites pendant son sejour, on a une autre espece
de garantie dans ses recits touchant la catastrophe de
I'infortune major Laing. qui avait atteint cette ville en
1826. Malgre la diversite des bruits qui circulent sur ce
triste evenement, les recits de M. Caille s'accordent avec
celui d'un Maure, ([ui est arrive a Saint-Louis en mars
dernier , |venant de Temboctou, et qui a vu clicz les
Touaricks, des livres appartenant au major. De plus, no-
tre compatriote residait dans une maison voisine de celle
qu avait habitec le voyageur anglais , et c'est la qu'il a re-
247
cucilli ties inforruaLions detaillees, et doiit la source parail
incontestable.
La Commission pent encore aj outer d'autres motifs de
confiancc a ceux qui precedent. Durant la premiere partie
de son voyage^ c'est-a-dire en cheminant a Test, a tra-
vers les montafjnes du Fouta-Dhiallon, il a passe entre Jes
villes de Timbo et de Labey, et par consequent, il a di\
couper la route qu'a suivie en 1818 notre collegue M. Mol-
lien. Or, il decrit de telle maniere les raontagnes , les
villages , I'aspcct du pays et toutes les localites, que
M. Mollien les a reconnus parfaitement dans le tableau
qu'en fait M. Caille. Ces deux voyages se confirment done
reciproquement, et ce resultat, pour le dire en passant,
n'est pas sans importance pour la geographic.
Notre compatriote a mis tant d'attention et de perse-
verance a noter ses routes, ses directions et le temps de
la marclie, qu'il a ete facile a I'un de nous de former avec
son journal un it.ineraire suivi et complet, depuis Kakon-
dy jusqu'au port de Rabat , dans I'etat de Maroc, ou se-
ront indiques la nature et les divers accidens du sol,
tels que les montagnes , les plaines, les ravins et les forets j
les villages et tons les lieux habitesj les rulsseaux, les
lacs et marais, les torrens, les cataractes, les gues, les
pults et tout ce qui regarde les eaux courantes et stag-
nantes. Tant de details ache vent d'inspirer une confiaiice
entiere dans ces recits.
Enlin, nous ajouterons encore qu'ayant ete interroge
sur la maniere dont il s'etait fait entendre des habitans ,
il a dit que c'etait principalenient au moyen de I'arabe
248
maurc, qui est parle au Sonr/jal, et qu'il avail en I'occa-
sion d'apprendre dans le pays dcpuis iBif). Et, en efTet,
il a repondu dans ce dialccte aux questions qui lui ont cte
adressees par la Commission, et de plus il a enoncc plu-
sieurs mots on mandin^jue d'uiie manicre conforme aux
vocabulaires existans.
Nous avons senti , Messieurs, que c'etnit uu devoir
pour nous de vous exposer tous ces motifs et d'y insister;
Maintenant il nous reste a faire connaitre quelques-uns
des resultats qui ont etc obi.enus, aliii que la Societe
puisse apprecier les acquisitions que la science vient de
faire. II ne nous est pas permis d'entrer ici dans de (i;rands
details, ce serait anticiper sur la publication. Un coup-
d'oeil general est tout ce que la Commission croit pou-
voir offrir dans ce moment a la curiosite du public.
Les voyages de M. Caille se lient de la maniere la plus
utile pour le perfectionnement on la confirmation des
connaissances geographiques aux excursions de Watt et
Winterbottom a Timbo, en I794j du major Laing clans
les pays de Kouranko et de Soulimana , en 1822; de
M. Moilien dans le Fouta-Dliiallon, en 1818; de Mun-
go-Park auDliloliba, en 179^ et i8o5j de Docbard a Ya-
mina et Bammakou, en 1819^ enfin, aux itineraires des
caravanes sur la route de Temboctou au pays de Tafilet.
On nepeutplus maintenant conscrverde doute sur la po-
sition tres-elevee des sources du B.lfing, leprincipalafflucnt
du Senegal. Parti le 19 avril 1827 de Kakondy, toinbeau
d.i major Peddie et dumajor Campbell, M. Caille a traverse
cette riviere a Bafila. II a traverse aussi le grand Ileuve de
2^9
Dhioliba tlaiis iiu pohiLqui sc lie lii's-iiaLureiiemeuL avec
la position que le major Laing; assigne a sa source, De la
il est alle et a reside a Kaukan, grande ville dans le pays
de ce uom , qu'enricliit le voisinage des mines d'or de
Bourre_, et il s'est poite jusqu'a environ 200 milles dans
Test , au-dela dvi Soidimana, jusqii'au village deTimc,
ou il est arrive le 3 aout. II avait jusqu'alors suivi une
caravane de marcLands mandingues, faisant route a pied-
Dans ce village, iJ i'ut reteiui malade pendant cinq mois
entiers, et attaqne d'une allection de scorbut qui le laissa
long-temps eotre la vie et la mort, suite de I'intempe-
rie du climat et des fatigues violentes qu'il avait essuyees
en Iranchissant les montagnes escarpees du Fouta-Dhiai-
lon. Cettegrande cliaine parait en eilet formeedeplusieurs
etages et remplie de torrens et de precipices. Dans cette
partie si interessante de sa route, il avait eu soin de pren-
dre des renseignemens sur la position de Bammakou, et
sur ses rapports avec la Senegambie, rapports qui, on
I'espere, ne seront pas steriles.
A Time commence une autre excursion vers le nord :
<;'est la deuxieme partie du voyage. M. Caillc vent re-
joindre le Dliioliba; il part le 9 Janvier dernier, et apres
avoir vu ou traverse plus de cent villages et pris une con-
naissance approclice de la position de Sego, il revolt le
fleuve le 10 du mois de mars, a Galia , venant de I'ouest,
ct il en traverse un bras, pour se porter a Jenne. Toute
cette partie est entierement neuve, ainsi que le cliemin
depuis les environs de Timbo , jusqu'a Time.
La ti'oisieme partie du voyage est sur le grand fleuve j
aSo
M. Caille s'y embarque le 23 mars, apres une residence
de treize jours a Jennc. II monte sur une tres-grande
barque, faisant partie d'une llotille marchande. C'etait le
temps des basses eaux : dans quelques endroits le fleuve
a la largeur d'un mille, et ailleurs il est beaucoup plus
etroit. Sa piofondeur et sa vitessesont variables,- chcmin
faisant il note et decrit les allluens et les lies, ct surtout
le lac Debo ( le meme qui est connu et figure dans les
cartes sous le nom de Dibbie, mais mal place), et il
donne sur tout le cours du fleuve des notions positives
autant que neuves.
Enfin il arrive a Kabra, le port de Temboctou , le iq
avril , et des le lendemain , il fait son entree dans la ville.
Apres avoir esquisse un aspect des habitations et des
constructions de cette cite, note les choses dignes d'ob-
servation , et s'etre informe du cours des eaux dans le
voisinage, il s'associe a une caravane partant pour le Ma-
roc. Le 4 mai il part pour el-Arawan avcc liuit cents
chameaux charges de toutes sortes de marchandises de
Tinterieur, et il y arrive en six jours ,• la , six cents cha-
meaux se joignent a sa caravane, et en huit autres jours,
il parvient aux puits de Teligue. Tous les puits d'eau
douce ou saum^tre et toutes les stations sont notes par
M. Caille avec soin , dans cette traversee du grand de-
sert. La saison des vents briilans de I'Est rend plus rudes
encore pour lui les fatigues et les privations de ce peni-
ble voyage. Parti le 19 mai d'el-Arawan , il n'arrive que
le 29 juin a el-IIarib, oii la caravane se divise en plusieurs
parties; et le 9.3 juillet, il parvient au Tafilet. Enfin il s'ar-
1 25l
lete, le la aout, au lieu meme ou Ben Batouta jeta le
baton de voyageur au 14*^ siecle, dans la villa de Fez • puis
il continue sa route avec un {3;uide, il gafi;ne la raer, et
le 17 du mois de septenibi-e, il arrive a Tanger, on M. le
Consul de France le revolt, veille a sa surete, et parvient
a le sauver des perils qu'il eut courus, si Ton avait pu le
reconnaitre sous son deguisement.
M. Caille s'etait muni avant son depart de deux bous-
soles qui lui ont servi pendant le cours de son voyage, et
a I'aide desquelles il a pu noter les directions de sa route.
Quelqu'impariait que soit un tel moyen, si on le compare
a des operations geometriques ou des observations celes-
tes , on doit se feliciter d'avoir le trace des routes , et des
renseignemens de visa sur des pays pour lesquels on ne
possedait jusqu'a present que des itineraires des Arabes ,
comptes par journees, et le plussouvent contradictoires ,
vagues ou confus. Ce qui prouve d'ailleurs qu'il a note
avec justesse la longueur des marches, c'est qu'elles se
trouvent d'accord avec ce que Ton sait de plus exact sur
les distances des lieux dans I'empire de Maroc.
Le succes de I'entreprise de M. Caille est d'autant plus
digne d'interet , qu'il I'a efFectuee avec ses seules ressour-
ces, sans la participation et le secours de personne. II a
sacrifie tout ce qu'il possedait pour subvenir aux besoins
du voyage. II a fait tout ce qui etait possible, et plus
qu'on ne pouvait esperer avec de tclles rcssources, et il a
eu le bonheur de reussir completement.
Si de tels services sont faits pour meriter a M. Caille la
bienveillance du public et celle du gouvernement, com-
252
bien iie doiveiit-ils pas exciter I'iMteret et la reconnaissance
(le la Societe de Geograj)hie ; c'est le profjramme publie
par la Societe eu 1824? fpi a acheve de le determiner a pe-
netrer dans I'interieur d'un continent inconnu. L'un de
nous etant au Senegal a cette epoque, et le voyant anime
tlepuis plusieurs annees de la passion des voyages , lui
coramuniqua un exemplaire de ce programme; et depuis,
M. CaUle ne cessa de iaire des efforts de toute espece
pendant trois autres annees, jusqu'a ce qu'il eut dccou-
vert le moyen d'effectuer un dessein aussi liardi : c'est ce
qu'atteste le temoin le plus digne de foi, notre collegue
M. le baron Roger, en ce temps gouverneur pour le Roi an
Senegal. C'est alors que M. Caille qnitta Saint-Louis et
visita plusieurs contrees voisines; puis il fixa son choix sur
le Rio-Nunez, pour point de depart; a Kakondy, ilfutassez
heureux de trouver une caravane partant pour I'interieur,
et il saisit habilement I'occasion favorable.
Le programme publie par la Societe, en 1824, est com-
pose de deux parties. La premiere demande principale-
ment des notions positives sur Temboctou et sur les ri-
vieres du voisinage , et des renseignemens sur les pays
a I'est; M. Caille a rempli la plupart de ces conditions.
La seconde partie , pour laquelle la Societe a afl'ecte une
recompense speciale, exige a la verite des observations
celestes; mais c'est encore une question de savoir s'il est
possible a ceiui qui penetre pour la premiere fois dans
ce pays , meme etant muni des instrumens necessaires,
de remplir une condition aussi difficile et perilleuse. Qui
ne connait, et la jalousie farouche que les Maures et tons
253
ceux qui sout en possession du commerce de ceLte partic
de FAlrique , out con^ue de tous temps contre les Emu-
peens, et la resistance qu'a eprouvee Belzoni qui avait
tente de suivre cette direction, et la fin tragique d' An-
tonio Piloti , et la triste issue de I'entreprise du major
Laing?
M. Caille a penetre jusqu'a Tcmboctou, il y est alle en
partant de la Senegambie, comme le demandait la So-
ciete. S'il n'a pas execute tout ce qu'elle souliaitait que
Ton put faire , il a^ en revanche, fait beaucoup d'observa-
tions neuves et precieuses qui n'etaient pas exigees, sur le
Fouta-Dhiallon, sur les pays de Test , et sur la partie supe-
rieure du cours du Dhioliba ; il a naviguc sur ce fleuve pen-
dant un mois j il a pris des renseignemens sur les mines de
Bourre, et fait d'autres reclierclies qui n'etaient pas de-
mandees : ce qui etablit une sorte de compensation. La
decouverte de ces pays et la description des regions de
Baleya, de Kankan et de Wassoulo, sont une telle acqui-
sition pour la geograpliie, que lors merae qu'il n'aurait
pas atteint la \ille de Temboctou, il meriterait une I'e-
compense tres-signalee. II a encore le merite d'avoir re-
cueilli un vocabulaire de la langue mandingue, et un autre
de la langue kissour, parlee a Temboctou concurremnient
avec le maure, et d'avoir note ce qui touclie aux coutu-
mes , aux ceremonies, aux productions et au commerce
des diff'erentes contrees. D'un autre cote , il y a dans no-
tre programme des conditions (pii ont ete rempiies en
partie, depuis sa j)ublication, par les celebres voyageurs
anglais, Outlney, Clapperton et Denham ; savoir : les con-
254
ditions qui regardent lo pays ct les montafrnes a Test et a
Test-sud-est de Tcmboctou : il n'y avait done plus les
niruies motifs pour cu exi/jer racconiplisscmenl;.
Aiusi, en decernant a M. Caille la recompense (ju'cile
a promise a celui qui aura atteint la ville de Temboct.ou
et en aura fourui une description, la Societe renqdira Fat-
ten te generale, et elle sera assuree de posseder des no-
tions exactes sur des paysmal connus ou totalcment igno-
resj elle accordei-a son honorable suffrage a un liomme
qui en parle, non pas par oui-dire^ mais pour avoir vu de
ses propres yeux; qui, dans ses recits simples et nail's,
raconte, sans nulle exageration, ce qu'il a observe, et ne
cberche point a exciter I'attention par des a ventures ex-
traordinaires. C'est precisement le genre d'interet que la
Societe de Geographic attache aux decouvertes : celui de
la verite.
C'est beaucoup qu'un homme soit parvenu a rompre
I'espece d'cnchantement qui semblait frapper tout Eu-
ropeen parvenu sur ce point mystcrieux du Dhiolibci.
On est sur maintenant que quatre a cinq mois sulTisent
pour arriver de Temboctou en Europe. A present que la
possibilite du voyage et du retour est prouvee par I'eve-
nement, et non par des conjectures, tous les hommes
devoues, que tant de catastrophes repetees coup sur
coup avaientpu detourner deleur dessein, vont reprendre
courage et tenterontl'entreprise. C'est un grand service de
plus qu'aura rendu a la science M. A. Caille, et dont elle
lui tiendra coniptc , si elle n'est pas cntierement consolee
par son succes, de la perte deplorable du major Laing.
:S55
Dans un sujet aiissi fecond en devoloppeinens geo-
grapliiques et scientifiques, il eut ete facile de s'etendre
et d'interesser par de nombreux rapprochemens ; mais
la Commission croit devoir se renfermcr dans le ccrcle
de la mission qu'elle a reque : son but est atteint si elle a
porte la conviction dans les esprits. Elle doit done ici pas-
ser egalement sous silence, et les recits de J. Leon, de Ben
Batouta, d'el-Edrisi^ et les relations des Portugais avcc
Temboctou dans le i5^ siecle, le voyage de Paul Imbert
dans le 1 7% celui de Robert Adamsen 1 8 1 o, encore contested
et tant de voyag^es qui se sont succede depuis 4o ans. En
agir autrement, ce serait oublier que nous parlous a des au-
diteurs qui out approfondi tons les eleniens des proble-
mes de la geographic de I'Afrique , ainsi que I'attestent,
Messieurs, vos trois sujets deprix^ en faveur des homines
determines a braver tous les perils pour explorer ce grand
continent, dans I'interet commun des sciences et de
I'humanite.
II est aise. Messieurs, d'apres tout ce qui precede , de
pressentir les propositions que la Commission a Thonneur
de vous faire : elle conclut , !» a ce que vous accordiez a
M. Auguste Caille le prix que vous avez ofTert au premier
vojageur qui parviendrait a Temboctou, en venant de la
Senegambiej 2° a ce que communication soit donnee du
present Rapport a LL. EE. les Minis tres de I'lnterieur, de
la Marine et des Affaires Etrangeres.
Nous ne finirons pas ce Rapport sans payer un juste
tribut de gratitude a M. Delaporte , gerant du consulat
general a Tanger , pour les soins genereux et empresses
256
(|iril a procliffucs a iioLrc conipatriule : la SocieLe liii
doit uu tx'nioigiia{i;c j)arl.iculici' de reconiiaissaiice pour
asoir sauve le voyageur et les papiers qu'il a rappoiLes.
Paris, le 37 novemhre i8a8.
Baruii Roger.
Lareka.tjdiere.
Amed. Jaueert.
Cadet de IMetz.
J. B. Eyries.
JoMARD , HappovLeiir.
AJopIc cu seance, le 28 iioveinbre 1828.
EXTRAIT du rapport sur I'ouvrage ayant pour tlire : Essai stalislique
sur les frontieres nord-esl de la France , par M. Audenclle, em-
ploye des duuanes.
La Commission ccntrale de la Sociele de Geographic , nous
ayant fait I'lionneur de nous charger dc lui rciidre comptc dc
Touvrage ayant pour litre : Essai slatislique sur les frontieres nord-
est de la France, par M. Audenelle , nous allons tacher de faire
connaitre cet ouvrage, el dans son ensemble, et dans ses tletails
les plus reniarquables (1).
Celle slatislique historique, en meme leinps qii ellc est speciale
a la ligne frontiere nord-est, enibrasse dans sa generalile les de-
partemens de la Meuse , de la Moselle , du Bas-l\hin , de la
(i) On s'est attachi' principalcment dans le rapporl dont col OKliait nc peut
tenir lieu , a faire ressorlir tous les fails qui pi'uvcnl inte'resser la Sociele d<;
Oeograpiiie , el qui onl paru clrc Ic fruil tie recherches faitcs avec soin el
d'observalloris exacles.
Meurlhe et des Vosges. Cette conlree intcressante situcc enlre
I'anliquc foret des Ardennes et Ic Rhln qui roule ses eaus rapides a
travers Tune des plus riclies vallees de I'Europc , offre entre deux
points geographiques aussi remarquables , une division physique
parliculiiire , un cadre d'observalions qui onl fait I'objel du travail
de M. Audenelle , public en deux parlies , et divise en huit livres.
Dans le premier livre, qui traite de la Topograpbie, I'auteur
decrit , point par point et avec toutes ses circonstances locales ,
les modifications et les enclaves , etc. , arretees par les commissai-
res des puissances limifropbes, la limite frontiere depujs Icsconfins
du departement des Ardennes jusque pres de Lauterbourg ou la
Lauler se perd dans 'e Rbin. Cette frontiere nord-est qui touche
au royaume des Pays-I5as , a la nouvelle Prusse et a la Bavierc
Rhenane , prcsente entre ces deux points un front de So myriame-
tres , mesure dans toutes ses parties anguleuscs , tandis qu'en llgne
droite ellc ne donue qu'une etendue de 3o myrlametrcs. Elle est
appuyce paries zones nord-est des departemens de la Meuse, de
la Moselle et du Bas-Rbin, representees jadls par celles des Trois-
Evccbcs, de la Lorraine etde la Rasse- Alsace. Dans une sous-divi-
sion de ce premier livre , M. Audenelle fait connaiire sous le
t'llrc d'Asper I cxferiew (III sol , les caracteres de cette contree qui
est a la fois plltoresqueagrlcole, manufacturlere et mineralogique:
elle a des montagnes primillves, nolamment dans les Vosges et
dans le pays de Ritcbe, qui forment cbaines, des gorges profondes,
des vallces larges et fertlles, des rivieres d'un cours commode
pour le commerce, des ruisseaux bien distrlbues pour raclivlte des
usines , de superbes forets et des masses intcrieures et exierieures
de diverses substances minerales. L'auteur donne la nomencla-
ture alphabctiquc des seize rivieres et des quarante ruisseaux qui
versent Icurs eaux dans la Moselle, etc. •
Le deuxieme livre qui a pour titre Richesses indigenes , est divise
en trois sections. La premiere traite de la Mlneralogie et comprend
tnutce qui est relalif aux mines de fer, de plomb, de culvrc, de
258
sel gemmc ct autres gites niineraloglques ; celtc premiere section
oftVe ties resultats interessaiis <lc stalistique iiiduslriellc. La
deuxieine section a pour objct le regnc vegelal ; la troisieme
traite de la Zoologie, et donne des details : i" sur la race des che-
vaux qui sont pclils , que I'habitude des paturages nocturnes , Je
mauvais fourrage out appauvris; 2° sur les boeufs qui sont d'une
laille movcniie, vigoureux et dociles ; ils suppleeut souvent a la
penurie des clievaux dans les travaux doniesliques ; 3' sur la vache,
le moulon metis, la clievre et le pore. La quantite de pores est
considerable , il se fait dans cetle conlree plus de ^00,000 cleves
par an , qui suffisenl a peine a la cousommation ; 4" sur le loup ,
le saiiglier, le renard, Ic chevreuil; 5" sur les animaux rongeurs,
les insectes, les viperes, les poissons et rornilhologie.
Le troisieme li\ re est le developpement du second , et il a pour
but de monlrer quel emploi Tbabilant a fait des ricliesses natu-
relles de la contree , et quels genres d'industrie celies-ci ont fait
eclore. L'auteur fait connailre quelle a ete la marche de ramelio-
ration de I'industrie agricole , la cause qui Ta retardee et son dlat
present. Ces considerations seront appreciees par les agronomes ,
nous nous batons de passer outre et de ciler en industrie manu-
facturiere , les superbes blanchisseries de Cbateau-Rouge et de
Varsberg ; la fabrication parliculiere des bas tricoles a la main ,
des liabitans de Jamelz; celle des tabatieres de carton qui occupe
3oo families des villages des environs des Sarguemines; les manu-
factures de draps de Briey, de Mercy-le-Bas , de Cons-la-Gran-
ville , de Fontoy. Trois de ces fabriques occupent 34o individus,
et produisent 38oo pieces de draps. Plusieurs chefs de famille
possedent des metiers pour leur propre compte , et en reunissant
leurs produits a ceux des grands (itablissemens qui viennent d'etre
cites, on trouve qu'ils donnenl annuellement environ Gooo pieces
de draps livrees au commerce interieur, et qu'une sonune de trois
millions circule par ce canal ; la belle filature de laine de Tucque-
gneux, les fabriques de tissus de colon, les tanneries, les fabriques
2%
<le foUe-forlc, d'alun, «k' vitriol, <le scl ammoniac, cic. L'auleur
en cnumere les produits; il donne cnsulle, et dans le plus grand
detail, la description des usines du premier ordre qu'il divise en
quatre classes : les forges , les verreries, les fayenceries et les pape-
teries. Ces forges qui sonl au noniLre de vingt-deux, et toutes
situees dans les cinq lieues frontieres , rivalisent d'induslrie avec
les usines de meme nature que la lielgique , la Pinisse et la Caviere,
possedent a la proximite des limites. M. Audenelle enlre a I'egard
de ces forges, fonderies, fenderies, hauts-fourneaux , gros marteaux
a martinets, platinerles , etc., dans des details tres-circonstanclcs
dont il serait peut-etre difficile de contesterlexactitude. ISous avons
compare seulement pour le deparlement de la Moselle, quelques-
uns de ces resuitats , avec ceux donnes par M. Viville , secretaire-
general , dans son deuxieme volume du deparlement de la Moselle.
Flusieursde ces resuitats sont restes les memes qu'en 1817 , epoque
de la publication de ce Dictionnaire. Doit-on en conclure que les
forges sont restdes stationnaires, ou que I'auteur s'est borne a
reproduire ces donnees ? Panni ces etablissemens qui appartiennent
presque tons au deparlement de la MoselJe , on doit distinguer les
forges d Hayangc connne les plus riches et les plus importantes :
elles se composent de 26 batimens, 3oo ouvrlers y sont attaches ;
la consommation annuelle est de 5, 280, 000 kilogrammes de
mineral qui rendent 1,827,000 kilogrammes de fer fort, etc.
M. Audenelle donne des details non moins interessans sur les
verreries de Moeyssenthal , de Creutzwaldt, de Goetzembmck , de
Munzthal , de Schoencck , de Pepinville, de Baccarat et de Sainl-
Quirin , de Soldalenlhal , de Plain de Volsch , de Cirey. II ter-
mine la description des etablissemens industriels en appelant
I'interet sur la culture de la betterave , dont on compte aux envi-
rans de Pont-a-Mousson et a Talange, d'importantes manufac-
tures qui se soutiennent quoiqu'elles aient a lutter centre le bas
prix des sucres exotiques. Ce livre qu'on pourrait considerer
comme un traitd expositif de Tindustrie dc la contree et dis
260
immcnscs rossoiirces qu'ellc procure , est tenniiie par 1111 resume
ou I'auleur, en recapilulaiil los fails parliculiers a chaque localite,
(lemonlre leur influence sur le commerce et I'economie politique.
Le livrc quatrieme qui a pour litre Coup-d'cu'l sur I'etranger, fait
connaiire quelles sont les puissances liniilrophes des trois dcpar-
temens frontieres. En decrivant les ressources agricoles et manu-
facturieres (Fun pavs etroilement lic^ a ces trois deparlemens , par
lies relations <lc voisinage el de commerce , Tauteur a eu pour but
d'etablir un terme dc comparaison enlre la France et 1 etranger.
M. Audenelle commence ce livre par la description des Pays-
Cas , dont les frontieres s'etendent des Ardennes jusqu'a la rive
gauche de la Moselle. Le Luxembourg, cette clef de I'Allemagne
el de la Hollande, qui passe pour la place de guerre la plus forte
et la plus importanle de I'Europe , fixe rallention des lecteurs par
la description de son site singulier, par son systeme de mines
presque toules taillees dans le roc , par les developpemens donnes
a ses fortifications. Quelques pages sont consacrees a son histoire ,
a la foret des Ardennes, aux villes du grand duche, dont Luxem-
bourg est le chef-lieu, a Arlon, etc.; a la nature du sol, pauvre
sous le rapport agricole , et riche sous celui mclallurgique. Avant
que le reculement de nos limiles eikt restreint les debouches , ^o
forges et fourneaux y etaient en aclivite. Parmi celles de ces usines
qui onl resisle a cet inconvenient, on remarque les forges de la
Soie, <le JJerchiuce , de Claireau etde la Sauvage, I'auteur donnc
des details sur ces importanles usines.
Vient ensuite la Prusse, comprise entre la rive droite de la
Moselle , et la rive gauche de la Sarre. La forteresse de Sarre-
Louis protege les elats prussiens au nombre de six ; ils ont etd
detaches du territoire fran^ais en i8i5. Le sol de ces etats est
generalcment nionlucux, el nt'anmoins II differe d'aspect au centre
entre la Sarre et la Moselle. T>a ce sont des hauteurs continues,
rarement separees par des vallees elendues. A Textr^mite droite
qui comprend le Birkenfeld et le Schambourg, ce sont des masses
26l
graniteuscs , ties gorges profondes , des forfits sauvages. « Sur le
point oppose dans la contree d'Eiffel , dit M. Audenellc , c'est
una chahie de niontagnes elancees dout les anneaus multiplies
splendent des Ardennes a la rive gauche de la Moselle. Le inont
Kelberg s'en detache et s'eleve a 5oo metres au-dessus du niveau
des eaux. Partout des traces de combustion et de vitrification
annoncent Taction d'un ancien volcan. La construction et les
couches de ces masses irregulicrement entassees, sont etonnantes
et bizarres. Leurs llancs dechires et leur aspect desert demontrent
encore qu'a leur formation la matiere fluide ou elles semblent
avoir ete dissoutes, fut long-temps secouee par de violens oura-
gans, el que de grandes revolutions physiques les ont renversees et
amoncelees confusement.
Les traces de cette combustion paraissent en divers endroits
encore recentes. Quelques anciens crateres y sont tres-reconnais-
sables , et particuiierement celui de Laach , c'est un vaste entonnoir
aujourd'hui converti en un lac de a lieues de tour , et d'nne pro-
fondeur qui n'a jamais pu etre sondee. Sa forme est circulaire ,
elle est tracee par une chaine de montagnes ties-escarpees , com-
posee dune lave poreuse rouge et noire , de pierre ponce et de
terre blanche ; les sables de ses bords sont noirs et dociles a
I'aimant comme la limaille de fer.
Parmi les beautes naturelles et pittoresques de TEiffel , on dis-
tingue : 1 '^ le mont Falkenberg dont le sommet couronnd de
roches crevassees , parait egalement avoir ete le cratere d'un vol-
can ; 2° les eaux thennales de Bertrich, situees dans la vallee
profonde de ce nom, pres du Falkenberg ; 3" prcs de ces bains,
une grotte de basalte dont les colonnes et les voiites sont formees
avec regularite et symetrie. « La contree de I'EiffcI , dit I'auteur ,
est la plus sauvage , la plus rude , la plus sterile , la moins habitue
de I'Europe policee. Ellen'est avivce par aucune route, par aucune
riviere. Les voyageurs ne se liasardent qu'avec crainte dans ses
vallees profondes et ses sombres forels ; cependant I'Eiffel est
17
262
peuple Ac mines ct de moniinicns romgins. On trouve dans ses
trislcs moiitagncs les fragmcns crun aquoduc, donl on pout sulvre
les vcsti"c's sur une ctcndiic dc 3n lleues, dans la dlroclion de
Treves a Cologne. Li' rinienl que Ton en delacho a Ic lulsant et la
durcte du quartz : en quelques endroits Ic monument est bien
conserve. « II est probable que ce canal aura servi k dirigcrles eaux
minerales qui jaillissent dans rEiffcl. Cette opinion, au surplus,
n'est point celle de Hertellus, vicil bistorien du Luxembourg.
<< Les elevations de i'Eiffel, dont les cimes souvcnl inaccessi-
bles sont rev^tucs de forests antiques , laissent quclquefois entre
elles des plateaux nus , sloriles et couverts de sables niouvans que
les vents nivellent et deplacent ; des landes privees d'ombragcs et
d'eaux vives, des plages marecageuses pendant les pluies, et tour-
beuses pendant les chaleurs...Dans I'Eiffel et dans le Schambourg,
on doit laisser quelquefois douze , quelquefois vingt-cinq ans de
repos a une lerre froide et rebelle. Au bout de ce temps on leve
un gazon qui a crrt d'environ doux pouces d'opaisseur.» On expose
ce foulllis de planles medicinalcs et odo rife ran les au soleil en
forme de cqnes, pour en faire claborer riiumidite, puis on y met
le feu. LeB'Cendres Tepandues fomient un engrais qui donne deux
a trols recoltes d'un seigle mediocre; c'est aussi par le moyen de
la conflagration que Ton y obtient la pomme de lerre, Tavoine et
le sarrasin.
Les frimas qui couvrcnt les montagncs de cette contn-e, durant
six mois de I'annce, « ses plateaux lapisses de steriles bruyeres ,
ses coteaux pierreux et volcanises, ses prairies aigres et mareca-
geuses , ses arbres rabougris et difformes lui ont merite le surnom
de Siberie. La peuplade de I'Eiffel , isolee dans le pays le plus
infrequente, semble une race partlculierc. Les moines qui se fixe-
rent dans cette solitude en ont (^te le9 seuls insliluteurs, mais ils
n'ont pu vaincre I'imprcssion que ce climat de fer opcre sur le
physique de I'homme. La tristesse de ses eiroitos vallecs semble
inlluer sur sa constitution et sur son caractere. Sa taille est au-
263
dessous (le la mediocre , le dcvcloppemeiit en esl tardif , et la forme
et les traits sont alteres de bonne heure par toutes les impressions
d'une vie penible : il esl cralnlif, irresolu , mais il a pour lui le
bon sens , la rectitude el la loyaute , dons que les vices d'une
societe qu'il connait a peine, n'ont pu alterer. »
Nous ne pouvons resister. Messieurs, a vous donner, mais en
pen de mots, quclques details sur les usages singuliers dcs habi-
lans de cette contree. Nous dcvons ces particularitcs a quelques
recherches que nous avons faites ; nous ne faisons ici que les re-
produire et les abreger :
Dans le pays d'Eiffel , le jour de Saint-Mathieu , les gargons de
la commune se rassemblent el metlent a I'encbere chaque fdle, en
les nommant les unes apres les autres ; chacune d'elles est adjugee
a celui qui en offre davantage. 11 acquiert le droit exclusif de la
frequenter pendant six mois. Dans quelques autres cantons les
gar^ons en planlant le mai , liralent au sort les filles du village ,
chacun devenait le sigisbee de celle qui lui etait ecliue , duranl une
annee cntiere. 11 devall repotidre de sa virginite , lorsqu'elle se
mariait , s'il n'avait pas den once sa conduife auparavant.
L'usage du labac a fumer esl general ; on voit quelquefois des
femmes et souvcnl des enfans la pipe a la bouche , il y a des
liommes qui ne la quiltent pas meme pour se couchcr. Dans les
nionlagnes de I'Eiffel , il est des cantons denues d'horloges ou la
pipe est une espece de clepsydre pour les habitans; lorsque le voya-
geur les inlerroge sur la distance d'un village a I'autre, au lieu de
repondre il y a lant de lieues , ils disenl : il y a tanl de pipes de
tabac.
M. Boncqueau, prefet de Tex-departement de Rhin-et-Moselle,
dit que cc trail est doublement caracleristique en ce qu'il peint en
meme temps la conlinuite de I'habilude et la situation isolee de
quelques hamcaux. Get admiuistrateur ayant ele curieux de s'in-
formcr de quoi se servaienl plus ancicnnement ccs memes habitans,
pour exprimer les divisions du temps , avant que l'usage du tabac
2G4
flit repandu, on lui lit connaitre que les chapelets leiir rcndaienl le
Illume service, ct qu'ils disalent la distance d'un ou deux cliapelels;
expression que Ton retrouve encore consacree dans quelques ope-
rations de la cuisine et dc recononiie domestiquc de ces bonnes
gens.
Nous avons vainement cherclic sur les cartes niodernes des
gcographes fran^ais , la position et la forme de celte conlr^e. La
description qu'en fait Tauteur, et que nous avons abregee dans
certains passages, laisse a desirer sous quelques rapports, et notam-
ment sur sa stluation precise. Nous devons regretter que M. Audc-
nelle n'en ait point fait connaitre les points cardinaux , les liinites
et les principaux lieux ; il regne a cet egard dans son travail un
vague que nous ne pouvons nous dissiinuler et qui nous porle a
penser que cet apre territoire n'a point ete visite par lui.
Avant 1827, la cliatne de TEiffel n'avait pas meine dt(^ indi-
quee sur les cartes frangaises. La simple indication existe sur ia
jolie petite carte physique de la France, publiee a Berlin , en 1824,
par Berghaus. La direction de cette chaine est figuree sur la carle
du grand duche du Bas-Rhin, dressee par Schmidt, a Berlin , en
1821. Notre laboricux collegue M. Brue, qui ne neglige rien pour
mettre ses travaux au niveau des connaissances acluelles, I'a deter-
minee avec ses points culminans, le Kelbcrg et Ic Mayenberg, sur
les cartes d'Allemagne et de la monarchic Autrichienne, dont il
vous a fait recemment hommage. La direction de cette chaine se
trouve ^galement menlionnee dans les ingenieux Essais de Geogra-
phic methodique el comparative de M. Denaix.
Le Dictionnaire Geogra[)hiquc universel, par une Socielc de
geographes(i827), fait mention de I'Eiffel, mais seulemenl comme
chahie de montagnes d'une longueur d'environ 20 lieues, et non
comme contree ou comme sous-division d'Elat ou partie de sous-
division. N'ayant pas sous les yeux d'ouvrages speciaux, manqiianl
ainsi de moyens de verification , nous avons ete forces, fante
de mieiix , de recourlr a des autoriles bien secondaires en giiogra-
phio , ol (le coiisuller les «liciionnaires d'Ayiies , tic Peuchel, de
Prud'lioiiime et aulres. L'Eiffcl , d'apres I'auleur de ce premier
lexique, etalt jadis enclave dans les departemens de la Roer et de
Rhin-et-Moselle , entre le duche de Juliers, les electorals de Colo-
gne , de Treves et le duche de l^uxembourg. Cette derniere et
simple indicalion de 1' Eiffel , enlre les electorats de Cologne, de
Treves , les duches de Juliers et du Luxembourg, est aussi celle
donnee par rEncyclopedie methodique. 11 nest pas question de cc
pays dans Moreri , et Trevoux n'en fail mention dans son grand
diclionnaire , que comme d'un petit pays d'AUemagne qui est en
partie dans Tarclieveche de Treves , et en parlie dans le duche de
Juliers.
Peuchet, dans le Dicti6nnaire de geographic commercante, dit
que ce district dont la plus grande elendue est de huit milles envi-
ron , du midi au nord, et de cinq lieues du levant au couchant,
faisait parlie de Tciectoral de Mayence. L'electeur en tirait annuel-
lemenl 80,000 a go, 000 ecus d'Empire.
Les cartes des anciens deparlemcns de la Roer, de Rhin-et-
Moselle, n'onl rien pu nous apprendrc sur cette contree; ces froi-
des copies de mauvalses cartes sont restees muettes a nos interro-
gations. La description topographique el statislique du deparlcment
dc la Roer, par Peuchel et Chaulairc que nous avons consullce,
lie nous en a pas apprls davanlage, elle garde a I'egardde TEIffel,
le silence le plus absolu. En commentanl la description dudeparte-
ment de Rhin-et-Moselle , par les memes auteurs , nous avons
remarque des details sur I'Eiffel, que nous avons rapproches de
ceux donnes par M. Audenelle . Nous avons dA rcconnailre, a ne
pas s'y meprcndre, que ce dernier avail puise dans cet ouvrage ,
mais il serail injuste de ne pas reconnaitre dgalement qu'il a donne
sur cette contree , des documens que I'ouvrage de Peuchel et
Chaulairc ne comporle pas. M. Audenelle , dans cette parlie de
son texte n'a point fait connailre les sources ou il a puise. Nous
ne faisons au surplus celle remarque, que parce que dans le cou-r
266
rant de son ouvragc il a religiouscinent cite les aulcurs au bas dcs
pages.
La description topographiqiic ct stalistique de I'ancicn departe-
mcnt de Rhln-et-Mo-selle , (pie nous vcnons de citer , nous a
donnc lieu d'y rcniarquer des notions generales : i <> sur les mon-
tagnes du pays dc rEifiel , qui forment cette chaine de volcans
eteints qui traverse tout le nord du deparlemcnt; 2" sur ie climat ,
la temperature, les habitations rurales, les nialadies de ccspays;
3° sur les moeurs, la nourrilure des habitans, leurs costumes, mais
nous avons vainement chcrche la situation et les liniiles precises
de ce pays , dont la seulc petite ville de Munster-Elffel senible
avoir conserve le nom. ISous n'avons pu trouver les nonis des
centres d' agglomeration de celte contree, pas meme ceux de quel-
ques villages et hameaux. Quelques points de geographie physique
n'ont pu suffisamment gulder nos recherches, et nos inductions
sont tombees d'elles m^mes, lorsque nous nous proposions seule-
ment d'en assigner approxiniativement le perimetre. L'ancien de-
partement dc RhIn-et-Moselle , qui etalt forme selon les uns de 4-o,
et selon les autres , de 48 petlts ctals d"Allemagne , offrait trois
pcuplades blcn distincles qui sont celles qui habilent :
I" Le Hunsruck, large plateau situe entre la Nahe, la Moselle
et le Rhin ; 2" les bords du Khin et de la Moselle; 3" rEifiel.
^ous avons lieu de presumer que la surface du pays d'EIffei est
plus considerable que revaluation qui resulteralt des elemcns don-
nes par Peuchet. Nous pensons que ccs elemens sont inexacts ;
cette opinion est iondee : i" sur ce que Ton doime gihioralement
a la chaine dc 1' Eiffel , 20 lleuos de longueur ; Peuchet veut que du
levant au couchant il y ail seulement 5 lieucs ; 2" que la peuplade
de I'Eiffel , est Tune des Irois peuplades distincles de l'ancien de-
parlemcnt de Rhin-et-Moselle , et qu'cUe doit n^cessairement
occuperune surface d'autant plus grande que la contree est moins
agglomeree a cause de son site tourmente , de ses accidens physi-
ques, el de lisolemenl de ses villages el hameaux ; 3" «|ue suivant
267
le Diclioniiaire de Baudiaii(i( 1705 ) , ce pays etait divise en 5
bailliages, 8 comles el selgiieuries, une priucipaute et unc abbaye.
Cette division a ch; rapporliie par Tbomas Cornellle, en 1708 ,
qui la copiee mot a mot dans Baudraud. Ijix-hult ans apres, c'est-
a-dire en 1726; Bruzen de la Marlinierc a donne d'une manierc
generale , mais assez claire , les points cardinaux de cette contree
qu'il a dit ctre situ(^e enlre le duche de Juliers au scptentrion ,
Telectorat de Treves au midi, quclqucs terres de I'electorat de Co-
logne a roiient, et le duche de Luxembourg a Toccident. Get
auteur en a donne la division en cinq comtes suivant Hubner , et
il a ^galement rapporle cclle de Baudrand.
En cherchant sur la carte les points donncs par ces dernlers
diclionnaires , qui ne font d'ailleurs nuUemenl connailre la super-
ficie de cette contree, nous avons reconnu que I'Eiffel faisait non-
seulemenl partie des anciens departemens de Rhin-et-Mosellc et
de la Boer, mais encore de cclui de la Sarre , ce qui vient a I'appui
de I'opinion que nous nous sommcs formee de ce pays, et qui fait
voir combien est fautif Tarticle du dictionnaire d'Aynes qui dit que
cette contree etait enclavee dans les seuls departemens de Bhin-
et-Moselle et de la Boer.
Les dictionnaires de Corneiile et de la Marlinierc s'accordenl
a reconnaitre que les geograpbes du temps oil ils ecrivaient , ne
connaissaient pas exaclement les limites de cette contree : Voici
comment s'exprime Cornellle : On n'cn sail pas bicn les homes.
]>e la Marlinierc , apres avoir donne les points cardinaux du
pays d'Eiffel , que nous avons reproduils , ajoute : Mais scs limites
lie sont pas hien fixes , il est vicmc amis duns la plupari dcs carles
recentes.
A quol tient done I'insouclance dcs geograpbes sur cette agreste
et malheureuse contree , pour avoir non-seulement neglige d'en
assigner la position precise sur la carle , mais encore de la decrlre
exaclement dans les Dictionnaires, donl la plupari sont en con-
Iradlctlon manifeste ^ Nous ne pouvons nous arreler .i I'ldee que
268
son peu d'etenduc en soil la cause, puisque la republiqiie deSainl-
Marin, qui n'a environ qu'une lieue quarree de surface, qui n'est
reellcincnt visible qu'au microscope sur nos mappeniondes , qui -
n'cst qu'un point sur une carle d'Europe , sc Irouve niemc deler-
minec sur nos pelitcs cartes d'lfalie, de nianicre a presenter, au-
tant que rccliclle le pcnnet, la forme de son terriloire.
N'ayantpu nous procurer a la bibliothequedu Roi, ouellen'existe
pas , la traduction de la statistique des pays d'Allemagnc rdunis k la
France, de Hoeli, non plus que le Memoire statistique du depar-
tement de Rliin-et-Moselle, par Masson, secretaire-general, et qui
est regarde coiume Touvrage le plus coniplet et le mieux fait sur
le deparlement, nous avons consulte toutes les statistiques des Irois
departemcns de Rhin-et-Moselle, dc la Roer et de la Sarre , que
nous avons pu nous procurer. Quclques unes trailent de I'Kiffel,
mais sans faire connaftre ni sa situation, ni sa population i\ quel-
que ^poque que ce soit. A Texception des details du genre de ceux
que nous avons cite's , on n'y trouve rien sur I'histoire de ce pays ,
sur son organisation civile , judiclaire , politique et religieuse.
Quant h Tinstruction, la ville de Munster- Eiffel est signalee
comme ayant poss(!de un college , compose de cinq niaitres et dun
pr^fet. Aucune annotation dans la division par arrondlssCmens et
cantons des trols departemens dans lesquels cette contr^e ctait
enclav^e, n'indique que telle ou telle commune appartenait avant
la reunion a la France au pays d'Eiffel. Une seule mention rela-
tive a I'agriculture , fait connaitre le canton d'Olmeu comme appar-
tenant i ce pays ; on trouve aussi , dans un autre passage : Les
j'uges de paix du pays d'Eiffel , onl phis som^ent des proccs a cona'tier
que des allcntals a poursuwre. Celte phrase qui semble iudicjuer que
les lois trouvent peu de coupablcs dans cette contrde , prouve qu'elle
etait divisd^ en cantons, mais n'en fait pas connaitre les noms ni
le n ombre.
La lecture de ces Memolrcs statistiques qui sont encore les ou-
vrages les plus modernes, quoiqu'ils datent de 1800 ;> 1802 , nous
2G9
a convaincus que ce pays pen connu ctait encore a decrire, el qu'il
lie I'avait ele jusqu'.^ present que il'une maniere tres-imparfaile. II
cxistalt il y a environ seize ans, dans la bibliolheqne <le la ville tie
Eonne, un manuscrit tie M. Chaunat, ayant pour litre VEiJJlia
illuslrata. INous ignorons si cet ouvrage a ete llvre a Timpression.
L'Eiffel qui forme une rtigion naturelle , estbaigneeparl'Ahr et
laNeff qui prennent leur source dans les montagnes, pour se jeter
onsuite dans le Rliin , apres un cours d'environ tlouze lieues,
pourrait devenir le sujet d'un prix. En le mettant au concours , la
Socieiti de Geographic conlribueralt a fairc coniiaitre ce pays ;
il en resulterait peut-eire quelque bien qui tourncrait au profit de
I'agriculture , de I'assainissement, de I'industrie etde la civilisation
de cette triste et interessante contree. Cette gloirc, Messieurs,
n'esl point a dedaigner, et si cette proposition pcul obtenir voire
assentiment, nous nous estimerons heureux de I'avoir soumise
d'avaiice a vos medilalions.
Apres cette digression nous reprenons i'analyse de I'ouvrage de
,M. Audenelle.
Si la culture n'est qu'un moyen secondaire de subsistance pour
I'Eiffel et le Scbambourg, la nature y a compcnse son avarice a
cet egard par des richesses metallurgiqucs qui en constituent la na-
ture essentielle tlu sol ; niais ce qui double leur interet, c'est qu'elles
gisent a colt; tl'une inepuisable provision de charbon de lerre , qui
permet d'y utiliser les mines reservt-es a Taction du feu, sans porter
la destruction dans les forets. L'auteur donne une idee tie limpor-
lance de ces mines de fer, de plomb, de cuivre, de mercure , de
zinc-oxide, etc., ainsi que tie la situation et de I'exploitation des
houilleres des Etats prussiens , les plus belles connues el les plus
facUes a exploiter. Ces houilleres qui sonl Ires-bien adminislrt'es ,
sontune source de prosperite pour le pays. Forct!'S d'abreger , nous
passorss rapidemenl sur des details interessans, pour arriver a la
Jiaviere rhenane, comprise entre la Prusse el le Rliin , elfpii a ^tt;
formtie du duche de Deux — Fonts cl dune partie du Palatiiial.
270
L'auteur tralle <le scs ressources agricoles ct forestieres , de I'educa-
lioii des betes a cornes, des chevaux , des Iroupeaux et de sa topo-
graphle ; il donne la description du Mont-Tonnerre , du Hunsmck,
du Sohnvald et du jMoiil-Jdar , des routes ouverles au com-
merce , etc. ; puis il hasanle quelques trails sur le caractere , les
moeurs , les idiomes et les religions des habilans du sol limitrophe
des trois deparlemcns. Franchissant la limite frontiere et portant
dc nouveau ses recherches sur Ic sol de la palrie , l'auteur traile dans
le livre cinquieme , sous le litre de Resume hislorique, des dvenc-
mens qui se sonl passes dans celle parlie de la Gaule lielglque sous
les Gaulois, les Romains, les Francs ; il retrace les faslcs de cctlc
contree aux differenles epoques oii elle iaisait partie de I'Austrasie
et de la Lorraine. Une sous-division traile de la feodalite et des
cliJiteaux. Ce livre ou quelques erreurs se sonl glissecs ne presentc
rien de neuf et n'est que le resultat d'une compilation.
Le livre sixieme ou I'Archeologie, estun appendice important de
la parlie historique , dont il presentc les preuves aulhentiques aux
premier ct second ages; ce livre donne dans une premiere section
des notions arclieologiques sur les premiers siecles , decrit les an-
ilquiles de Melz,de Scarponne, les lomheaux , les rulnes, les
statues , les voies militalres, les camps slationnaires des Romains ,
et le fameux monument d'Igel , slluc au-dessus de Treves, el sur
I'origlne duquel il exisle une foule d'opinions dlvergcnles ; dans
une seconde section, il presentc dans Tordre alpliabctique, la des-
cription topograpbique el slatisllque des etablissemens feodaux ,
milllaires et rollgieux, dont Toriginc remonle au moycn-age , et
auxquels se rallacbent quelques souvenirs ou quebpies Tails remar-
quables. Le livre seplieme est une esquisse des moeurs de la contree.
L'auteur les decrit a differenles epoques, examine les causes de la
civilisation el constate son etal present. Ses tableaux des ana-
baplislcs rcpandus dans les cantons de Test dc Nassau, des jults
fixes en Lorraine , ctparllculierement a Metz, des bohemlens des
environs dc Hitdie cl de Forbach, sonl remarquables par l<i viiite
271
<iescouleurs cl la nouveautedcs observations. Le huitieme et dernier
livre tralle des causes gcnerales de riniportance des iVontieres
liord-est; de la condition de Thabitant considere dans ses rapports
avec I'attitude militaire du pays , de Tesprit militaire qui y regne ;
de la position relative de la Prusse , des Pays-lias et de la JJaviere ;
de I'examen physique de la frontlere et des recherches sur les
moyens defensifs. Nous nous abstlendrons de donner le moindre
developpcment sur cette matierc ; c'est principaleinent a MM. les
ingenieurs militaircs et aux officiers de retat-niajor qu'il convienl
d'apprecier les considerations qui en font Tobjet.
Saus porter de jugement sur cet ouvrage, divise en deux parties
bien dislinctes, la topographic et la stalislique d'une part, I'histoire
et les moeurs de I'autre, et qui offre une connalssance sommaire et
positive de la conlree qu'il enibrasse, nous ne pouvons cependant
nous empeeher d'ajouter que la premiere partie est le fruit des
investigations et des explorations de I'auteur, quelle est riche de ren-
seignemens vrais et ncufs , et qu'elle est surlout remarquable par la
serie des etablissemens industrlels qui y sont decrits dune maniere
t res-complete ; la seconde partie est une compilation historique des
Annales de la Lorraine, de don Calmet; de la description de cette
province , par Durival ; de I'histoire geneaiogique, par Deligniviile ;
de I'histoire du Luxembourg, du pere Bertholet; des antiquites de
I'ancienne Gaule, de Grivault de la Yincelles ; des memoires de
Boulainvilliers; des chroniques de la ville de Mctz, et des statisli-
ques qui ont ete publiees, notamment de celle de la Moselle, par
Colchen ; de la Meurthc, par Michel, etc.
Sueur-Merlin.
OhseiviUiuns siir les prugrcs de la population , de Vagricullure et dii
commerce de MatAIVZAS.
RIen n'est plus important pour cclui qui lilucllc la iiiarclie de la
civilisation et I'accroisseinent de la richesse des peuples modernes,
que de comparer Ics progrcs successifs de quclques nations dans
toutes les branches qui contribuent au bonlieur d'un pays. Ma-
tanzas est dans ce cas; les elemcns de prosperite que celte villc ren-
ferme la destinent a devenir , avec le tenq)s, un des ports les pins
conunert^ans de liie de Cuba. Sa position geographlquc et militaire
sur une des principales baies de I'ile lui donne de grands avanlages.
Ce port, d'ailleurs, situe surle confluent des deux canaux de -Bahama
et sur le bord de deux rivieres , offre une rade susceptible d'etre
parfaitement bien defcndue.
A ces avantages naturels sc joignent les efforts que fait cette ville
pour rivaliser avec la capitale qu'elle avoisine, efforts aides des cir-
constances les plus favorables au developpenient des idces utiles. 11
n'en est pas ici comme dans les grandes villes ou des vues saines,
les intentions les plus pures et les plus patrioliques renconlrent
une foule de contradicteurs qui , meconnaissant les conceptions
les plus fecondes en prosperite publiquc, s'efforcent de repousser
le bien pour un mieux que souvent ils revent en se livrant a dc
dangereuses abstractions. Ces avantages, je le repete , ne peuvent
que tourner au profit de cette ville a peine sortie de son berccau.
D'apres les renseignemens slatisliqucs rounis en 1816 par don
Juan Tirry, gouverneur de Matanzas a cette epoque, la population
de la ville se monlail alors a 444^ habitans seulement repandus
dans 705 maisons; aujourd'hui, en 1827, ce nombre a plus que
double. On y conipte en effet g333 individus demeurans dans
i5GG maisons. Accroissement prodigieux dans I'espace de 10 an-
nees! L'dtat comparatif suivant fait voir la repartition dc la popu-
lation a ces deux epoques, et les proporlions exislanles erilrc les
diverscs castes.
27>>
Etat comparatij de la population de IVIatanzas , pour !es deux annecs
1816 et 1827.
ANNEES.
BLANCS.
Hi'MMES
de coiileur ,
l;i>rp«.
ESCLAVES.
TOTAUX.
PUOPORTIONS
eiilre
I.E-: C\S1ES.
1816
1827
2/(.2.1
5oi5
lOIO
IG88
IO16
2680
4.;4c
9333
54, 23, 23
54, 18, 28
E\CEDAKT.
259'.
678
1614
4887
La difference en plus pour les esclaves provient tlu luxe qui s'est
iiitroduit dans les habitations. On veut imiter les nioeurs de la ca-
pitale, et Ton remplit sa demeure de valets inutiles. Que Ton
compare ces resultats avec ceux qui onl ete recueillis sur la Havane
et ses faubourgs, depuis 1791 jusqu'a 1810 ( Voyez VEssa! pollLlque
sur File de Cuba , par M. de Humboldt (i) ) , ct dont les rapports
presentent :
Pour les blancs 73 \
' — les lionimes de couleur , libres.. 1 7 1 1
, , P f, \ pour cent.
' — ies esclaves looj
— toutes les castes ^^7]
On s'apercevra que I'accroisseinent de la population lotale de la
Havane, dans I'espace de vingt annees, presente le rapport de
117 pour cent , quelque chose de plus que les no pour cent qu'offre
malntenant Manlanzas dans dix annees seulement. En souniettant
cette comparaison a une meme echelle , on obtient pour les trois
castes les rapports suivans :
Ala Havane, dans 10 annees 36 — 8G — 82
A Matanzas id. id. 37 — 13 — 36
(i) Voiraussi VAper^i, statiitlque de Cuba , par M. Huber.
:^74
On appcllera done accroissenient favorable , Fexcedant dcs
blancs a Mafanzas, coniparativemcnf a cclui de la Havanc , landis
quo eel exeedant est moiudre pour la population dhoninies de cou-
leur , soil libres soil esclaves.
Une consequence assez nalurelle de ce prodigieux accroissemcnl
de la population de -Matanzas , c'est la marche progressive de sa
prosperile taut inlerieure qu'exterleure. AInsI le nombre de ses
rnacasins, de ses boutiques a dii saccroitre proporlionnellcmeni
dans le meme espace de temps : et d"un autre cole , I'agricullure
aufani que le commerce maritime en a dii tirer avanlage. On en
pent juger par I'examen du tableau suivant, qui s'occupe speciale-
ment des lieux dependans de la jurldiclion de cclte ville.
IlIuI iViine partie de la richesse agricole ties 7 pari/dos de la juridiction
de MantanzAS , en 1826.
Quantilc. .
tj / Caballerias
P I Esclavcs,
CO
g /Quantitc
6 1 Caballerias
!< ( Esclaves
c/, / Quantitc
o
=^ ' Caballerias
H ( Esclaves
p.
"' /Quantite
3 I Caballerias
^ I T- 1
< il.sclaves
Proprie'te's tliv. (haciendas).
36
1089
2480
4f
14s
1624
18
io5
1 53
298
3o2
839
'89 i
>9
20G
i3
137
ago
49'^
481
58
83
10
102
02
i55
479
17'
497
io58
80
176
2645
22
267
220
145
97
9
282
734
7
89
28
3i3
208
7'
i3i
I
36
16
'9
12
4>
786
25'
-'■t;
i43i
32S
79
12
a5i
711
1 7
80
1371
16
5i
5o
190
33o
214
loG
3 108
8193
Hi
714
7202
.48
1S12
1006
ii63
33o6
1677
81
I Cihallcria , mesura dr tciTe cgale a trentc-Jciix arcs cl dcmi.
' Polreros , puluragc cuclos ou Ton met li^s Ijirnls a IVngrals.
3 E.itancias ou silios , portion de terrain oil Ion ciillivc le manioc , Ic liananicr , 1.
iiiais , \o fourrdgc , clc. ( Places a vivres. )
ii
Comparuison dii tililrau tju I precede , eiitre les anrtecs 1816 ri 182G.
r.N
181G.
I 826.
EXCEUANT
,..Hir 1827,
Sucrcrics
Cafelrios
Polrcros ( palurages ).. . .
Estanclas ( places a vivres ).
Etablisscmens divers
76
1 38
6G7
loG
2.;4
i48
iiG:i
81
00
iG(j
10
GyG
81
Le tableau qui suit sert a intliciucr reienilue qu'occupenl Ics pro-
prietcs inirales tlans Ics sept districts de la juiidiclion de Matanzas,
etendue qui presente 8cj4i caballcrias de pays, ct dans laquelle se
trouvcnt repandus 18078 negres esclavcs, ainsi qu'il suit :
PIIOPRIETES.
CABALLERIAS
DK TERI'.E-
ESCLAVES.
Sucreries : • • ,*
Cafeirles . . . •
Polrcros ( pdlurages ). . . — .-
Estanclas ( places a vivres ). .
3io8
714
1812
3307
8193
7202
1006
1G77
«94i
(81178
Ce qui precede nous demontre que la culture et la fabrication
de la canne a sucrc occupent les ^^.oo de la population esclave ,
que la culture «lu cafe en occupe les '*°l,oo , les palurages ''/.oo , et
les plantes alimentaires s/. oo-
27
Le role des annees 1817 et 1827 presente
fSyyoescIav. alnrainpagnc, f 18078 escl. ^ la campacne.
poiiriSt7< r -J - 1 -ri pouri827< ^^ . .
^ '(ioi6 ic?. alaville. ' ^( 2G3o /J. alaville.
enseiTil)Ie 9786 osclnves.
ensemble 20708 esclaves.
Si I'oii veut connailrc le genre d' occupation auquel se livre cette
population esclave , on trouve
que les sucreries emploient 3q\
les cafcirles id 35 j centi^mes
les piilurages id. 5 1 de
lesproprletesdiverses id A^^^^^ population,
la vllle id. i3 )
II est facheux que Ton n'ail pas de renscigneniens precis sur les
individus blancs de la campagne et sur ceux de couleur, libres. On
aurait alors pu elabllr les rapports de leur accroissement respectif
pour les comparer avec le total de la population de cette juri-
diclion.
Quant au commerce tnarilime de Matanzas, don Ramon de la
Sagra a pu reunir assez de renseignemens pour tracer le tableau
de sa prosperite actuelle.
L'exportatlon des denrees du pays se fait non-seulement par
Matanzas , mais encore par d'autres points de la cote connus sous
les noms , Tune de Puerto Escondido , et I'autre de Arcos de Caiiasi,
lieux par lesquels se fait aussi le cabotage ; on peut evaluer environ
a 20,000 caisses les sucres introduits de ces endroits a Matanzas.
Les exportalions de ce port s'effectuent ensuite soit a I'etranger ,
soil a la Havane ; mais si Ion vicnt a examiner les bordereaux
des douanes de Matanzas, on y remarque que le transport des
denrees pour la capilale dimlnue a mesure que le commerce avec
I'exterieur acquiert plus d'aclivite.
\ oici I'etat des exportations en sucre , cafe et mdlasse , effec-
luees par Matanzas, dcpuis 1818 jusqu'a 1826 , savoir :
18
278
.
CAISSES
QUIISTAUX
BOUCAUTS
ANNEES.
dc
<le
lie
srcRE.
r.\FE.
MKT.ASSF..
1818
89,500
34,229
11,095
18,9
42,279
47'94'
8,355
1820
57,068
i8,4'>i
10,714
182,
60,492
52,438
"'74?
1822
64,953
24,640
16,759
1823
75,082
17,933
20,985
1824
67,158
46,182
23,448
1825
67,372
28,486
24,086
1826
91,209
5i,o33
23,657
Toutes ces donnees sont des Indices suffisans pour prouver I'ac-
crolsscment de la population ct de Tinduslrie agricolc et comnier-
ciale de Matanzas. Elles offrent un avenir satisfaisant pour une
ville qui comme celle-ci reunit de si precieux avanlages. Le mou-
vement commercial de ce port , pendant la dcrnierc annee , vient
a I'appui de cette assertion. Ce mouvement presentc 281 navires
etrangers et 5 espagnols a \ entree et 222 navires elrangers et 4
espagnols a la sortie.
L'exporlation pour les ports espagnols s'eleve a piastres.
la valeur de 81,260)
T- 1 . . 00/} 1, 800,004
jLt pour les ports elrangers, a 1,010,274 J ^•'
Soit 9,498,000 francs.
/
=79
L'importation dc provenance espagnole
s'eleve a la valeur de 24., 848 1
Et celle de provenance etrangcrc, a. . 978,324.) ' '
Soil 5,016,000 fr.
Ensemble 2,902,806
Environ quatorze millions et demi de francs.
Le releve de douanes a Matanzas presente pour
droits percus a rentree, la valeur de 3i4,i85
— id. a la sortie i3o,oo4.
444,189
Soit 2,221,000 francs.
Si Ton considere les valeurs des droits de douane pergus a la
Havanc dans la meme annee , Icsquels s'elevent :
Par Timportation a. . . 12,197,003 piastres
Par rexporlation a 10,060,329 id.
22,287,332 piastres.
Soit 111,286,660 fr.
Et si Ton compare ces valeurs en douane avec celles per^ues k
Matanzas , il resulte :
1° Qu'a la Havane ,
Timportalion a <ite grevee de 23 '/s pour cent , et
Fexportation id. de 6 '/, id,
2° Qu'a Matanzas :
l'importation a ete grevee de 3i '/s id.
Texportation id. de 7 'A "'•
La difference des droits d'un port a I'autre provient du com-
merce considerable que Matanzas fait avec I'^tranger , comparati-
vement avec celui qu'il fait avec les Espagnols. En effet , en
28o
examinant les dlats <lcs am'oages , on voit que Ics rapports entre Ic
iiombre des batimons cspagnols ct ceux clrangcrs, est conimc i
est a g pour la Havane, et conmie i est a 55 pour Malanzas; les
rapports, quant aux exporlatlons , sont counne i est a 1 1 pour la
Havane, et conune i est a ^6 pour IMalanzas.
On ne <loil pas s'etonner que Theurcuse posllloii du port, la
situation de la ville , la fertilite de son territoire , TaLondance des
bols et la proximite des maleriaux pour les constructions soient
autant de causes qui provoquent et favorisent cclte croissante pros-
perite. Les elrangers qui viendront y fixer leur residence sontsitrs
d'etre Lien accueillis par le gouvernemcntconime par les habitans.
Quand on voit rhomine affectionner le pays qu'il va visiter , c'esl
qu'il s'y trouve bicn.
Lorsque je me proposai de livrer au public une courte notice
sur Matanzas , je nepossedais encore, ditdon Ramon de la Sagra,
dans les Annales d'agricullure et des sciences qu'il publie a la Ha-
vane (novenibre 1827 ) , que des donnees stalisliques tres-incom-
pletes ; mais desirant acqucrir de nouvellcs lumiercs sur ce point
si interessant, je me detenninai a recourir aux archives de la
ville ; a mesure que je decouvrais de nouveaux elemens qui me fai-
saient passer d'une consideration a une autre , je me vis bientot a
meme d'cn dcduire toules ses consequences, Satisfait d'apercevoir
Paccroissement sensible de la prosperite d'une ville modeme, je
transformai mon article en un petit rccuell sur les richesses , la
population, Tiuduslrie, le commerce el les productions du district
ou juridiction de Matanzas; mais conune mes materiaux s'etaient
beaucoup accrus, je les jugeai tropetendus pour un journal perio-
dique ; aussi me suls-je borne a en donner la substance. Ce recit
rapide suffira pour falre deviner tout ce que I'avenlr promet a une
conlree vierge qui n'altend que des bras pour parvenir h uii baut
point de prosperite.
Signe 11 USER.
28 1
-^^Jiacr-T
DEUXIEME SECTION. "
ACTES DE LA SOCIETE.
^ 1«'". Proces-P'erbaux des Seances.
Seance dit 7 nowmbre 1828.
M. le due dc Saxe-Wcimar est adrnis, d'apr^s son desir,
nicmbre donateur de la Soclete.
Le mliiistre de rinterieur remercie la Socit^te de lul avoir com-
munique les renseignemens qu'elle a re^us sur le voyage de M. Au-
gusle Caiile dans le centre de I'Afrique, et annonce qu'il s'est em-
presse de recommander cet interessant voyageur a la bienveillance
de S. E. le ministre de la marine.
M. Jomard informe la Societi^ qu'il a eu k ce sujet une au-
dience du ministre de la marine, et que S. E. est dans les disposi-
tions les plus favorables.
M. Delaporle, dans une lettre adressee h M. le President de la
Soclete et dans deux nouvelles lettres adressees a M. Jomard ,
transmet des details sur le voyage de M. CalUe , et annonce que
sa residence a Tomljoctou etait voisine de celle qu'avalt occup^e
dix-huil mois auparavant le major Laing.
M. Jomard communique une lettre qu'il a re^ue de M. John
15arro\v de Londres, au sujet des voyages en Afrique, et dans la-
quelle ce savant reclame lapriorite en favcur du voyageur anglais,
pour le voyage de Tomboctou. 11 cite une lettre du major Laing,
datee de Tomboctou, le 21 septcmbre 1826, et arrivee en An-
glelerre par la voie de Tripoli. M. Jomard comnmnique egalement
la reponse qu il s'est empresse de faire a M, .J. Barro\v, et dans
laqueile , apres avoir rendu une egale justice aux voyageurs des
deu!^ nations qui ont penetre dans le centre de I'Afrique, il fait
282
remarquer que M. Caill^ n'a pas 6t6 prdsente par M. Delaporle
ni par personne, comme dtant le premier Europecn parvenu a
Tomboctou, niais comme clant Ic premier et le seul qui soil re-
veuu de la en Euro[)e. Sur la proposition de MM. Cadet de Metz,
Sueur-Merlin et de la Roquelle, la Commission cenlrale vote des
remerciemens a M. Jomard , et ordonne I'lnsertlon au -Bulletin
des deux pieces dont il vient de donner lecture.
Le m^me communique plusieurs reflexions sur le voyage de
M. Caille, lesquelles sont suggerees par les lettres qui lul sont
parvenues ; ii fait remarquer entr'autres les embarcalions de
soixante tonneaux sur lesquelles a navigue levoyageur, comme un
fait qui a besoin d'cxplicalion.
M. le vice-amiral Jacob, prefet maritime a Toulon, ecrit de
cette ville qu'il s'est empress^ de remettre h M. Caille rindemnile
qu'elle lui avait adressee pour cat interessant voyageur.
M. de \Ins de Peyssac, consul general de France a la Havane ,
ecrit que M. Daunery, gerant de ce consulat anterieurement a son
arrivee, I'ayant informe de I'envol qu'il falsalt a la Societe des
Annales des sciences publices par M. Ramon de la Sagra , il s'eii!-
pressait de lui adresser la suite de cette collection. II offre egale-
ment de seconder de tons ses efforts les travaux de la Societe. Re-
merciemens.
M. de la Roquette lit une letlre que M. le colonel (ilraldes ,
consul de Portugal au Havre , lui a ecrite pour reclamer en faveur
du tableau statistique qu il a publle en iSaS, la priorile sur la
balance politique duglobede M. IJalbi, qui n'en seraU, suivant lui,
que la cople imparfalte. 11 annonce qu'il offrira incessammcnt a la
Societ(5 une statistique tres-delaillce des iles de ?/Iadere , des A(^ores
et des ties du Cap \ erf.
M. de la Roquette fait observer que, des 1818, M. Balbi a
publle a Vcnise un tableau dont la balance politique n'est qu'une
extension et un developpement, et il explique les apparentcs con-
tradictions qui semblent cxistcr enire plusieurs colonncs de celle-ci.
La Commission decide que la leltre de M. (iiraldes sera inseree
au Bullerm avec les observations de M. de la Iloquelte.
M. W. Bald, ingenleur du comte de Mayo en Irlande, met
sous les yeux de I'assemblee les desslns d'une carle de ce comte ,
en aS feuilles, executee avec le plus grand soln. L'auleur a indique
sur cetle carte les hauteurs geodesiques et Larometriques ainsi que
les coupes geologiques. La gravure confiee aux soins de M. Pierre
Tardieu, est tres-avancee.
M. Brue presente a la Societe plusieurs cartes , gi^nerales et par-
tlculieres de I'Afrique, et annonce quil communiquera a la pro-
chaine seance une note sur la redaction de ces cartes.
M. Alex. Barbie du Bocage fait un rapport sur Touvrage que
M. Kelsall a offert a la Societe sous le tllrc ile : Remarks touching
geography especially thai of the British isles, etc.
M. Bottin lit deux rapports, le premier sur divers memolres
et dissertations de M. Mangon de Lalande au sujet de la position
de Tancienne ville de Samarobrlva, ct le second, sur la disserta-
tion de M. le comte d'Allonville , relative aux camps remains de
la Somme.
M. le rapporteur ne prend pas de conclusion en terminant le
premier rapport, parce qu'il n'esi pas facile d'emeltre une opinion
sur cetle question ; mais il propose qu'Il soil ecrit a M. Mangon
de Lalande pour le feliciter du zele quil met a elever des questions
de geographic ancienne dont la discussion ne pent elre que tres-
utile a la science.
Seance du 21 no\>eml>re 1828.
S. Ex. le ministre de la marine informe la Societe qu'elle s'as-
sociera bieii volonliers aux mesures qui seron I prises par le ministre
de I'interieur, pour recompenser dune maniere convenable les
travaux et le zele de M. Caille dont elle apprecie tons les litres ci
I'lnteret du gouvernement. M. Jomard presente a la Societe,
M. Caille, qui vienl d'arriver de Toulon; celui-ci adresse a !a
284
Socl^t^ ses remerciemcris pour I'lntdr^t qu'clle a Lien voulu lui
temoigner.
Sur la proposition de M. Jomard , M. le President riomme unc
commission spdciale pour prendre connaissance des resulfats du
voyage de M. Caille et en rendre coniple a la Commission cenlrale.
Cette Commission, composee de MM. Cadel de iMetz, Kyrles,
Jaubert, Jomard, de Larenaudiere et baron Iloger, est invitee a
faire son rapport avant Tassemblee generale , dans unc seance ex-
traordinaire de la Commission centrale. ( Foy. ce rapport, p. 245
du bulletin.)
M. Warden, au nom de M. Latour-Allard , communique I'ex-
trait d'une leltre adressee a M. de Forlin, par M. le comtc de
Sagui. Cellc lellre annonce qu'en creusant un puits a 12 lieues de
la Havane, on trouva a 100 pieds de profondeur, un vase parfai-
tement conserve , couvert de caract^res hyeroglypliiques , et portant
quelques figures dont une ressemble a un sagittaire du zodiaque.
Renvoi au comite du J5ulletin
M. Pacho lit un fragment d'un ouvragc inedit sur les peuples
INomades, anciens et modernes, ou tout en reconnaissant le me-
rile des observations de A olney sur les causes de la vie pastorale
de ces nations, et les appuyant de nouveaux lemoiguages, il s'at-
lache cependant a combattre les inductions que le meme savant a
tirees du contraste que prcsentent les moeurs des sauvages de TAm^-
rique avcc celles des Arabes scdnites. C'est a la difference des
croyances et des cubes religieux de ces bommes des deux contincns
que M. Pacbo allribue ce contraste.
M. le general Haxo lit un rapport sur Touvrage deM. le general
Bernard, relalif au canal projete qui doit unir la baie de Cbesa-
peak k rObio.
La Commission rcnvoie cc rappporl au comite du Bulletin et
accueille avec empressement I'offre que lui fait M. Ambroisc Tar-
dieu de graver xans/rais la carte lopograpliique qui acconqjagne
I'ouvrage de M. le general Bernard, pour eire jointe, dans ie
Bulletin , au rapport de M. le general Haxo.
285
M. (le la Roquette fait aussi un rapport siir I'ouvragc de M. le
general Andreossy , intitule : Constanf.iuople et le BospJiore de Thrace.
La Commission renvole cc rapport au coniite du Bulletin avec
rinvltatlon d'en inscrer un exirait dans un des premiers cahiers de
ce Kecueil. ( T oy. le bullelin N" 67, page 216.)
M. le Chevalier Jaubert rend coniple des progres de lininres-
slon de la traduction de I'Edrisi, et sur sa demande, la Commis-
sion centrale fixe le nombrc du lirage.
M. de Ferussac propose a la Commission de prendre one deci-
sion definitive au sujet de la gravure des planches qui doivent ac—
compagner TOrographie de TEurope par M. Eruguiere.
Renvoi de cette proposition a la section de comptabilite.
§ 2. Ailmissi'ons , Oiwrages ofjerts , cic.
MEjVIBRES NOUVELLEMENT ADMIS DANS LA SOCIETE.
Seance du 7 no\,iemhve 1828.
M. "William Bald, ingenieur du comte de Mayo, en Irlande.
M. Hapde, homme de Icttres, chevalier de plusieurs ordrcs^
M. Emile LouBENS, professeur de geographie.
I Seance du 21 noi^enibre.
M. Joseph Calassante Jedrzeiewick, de Varsovie.
M. Eustache Marylskj, de Varsovie.
M. ZOLLIKOFFER D'AlTENKLIMGEN.
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE.
Seance du 7 novembre 1828.
Par M. Brue, Carte generale de rAfrique; Paris, 1828, unc
28G
feu i He. Carle generale des etats du nord de VAfrnjue , de la mer Medi-
ie.tranee el de VKurope meridlonale; Paris, 1828, ime fcuillo. —
Carle detiiillee de VAJriqite el des ties qui en dependent ; Paris , 1828 ,
deux feuilles. — Carte de la Senegamhie , du Soudan el de la Guinea
septentrionale ; Paris, 1828, unc fcuille.
Par M. (jide : Nounelles Annates des voyages, cahicr d'oclobre.
Par M. JuIIIen : Revue encyclnpedique , caliicr d'oclobre.
Par M. de Ferussac : Bulletin des sciences geographiques , caliier
de seplembre. — i" volume supptementaire de 1828 de re Bulletin.
Par M. le baron Trouve : Annates de la tilteralure el des arts,
419'', 4-20' el 421'^ livraisons.
Par JM. de \ ins de Peyssac : ylnna/es des sciences de la Ilai'ane,
n"' 10, 11 et 12.
Par la Sociele de la Seine-Iiiferieure : Exlrail des travaux de
cette Societe , XXX' cahler.
Par la Sociele de I'Aube : N° 27 de ses Memoires.
Par la Societe de la morale chrelienne : N" 5g de son Journal.
Par M. Hapdc : Voyage souterrain , ou description des salines de
Hallein sur lis frontieres du Tyrol, pres Satz/jourg ; l^ynn, 18 iG,
une brochure in-8°. — De la propriele drumatique , du plagiat et de
Vetablissement d'un jury litteraire; Paris, i8rg, in-S".
Par les Auteurs : Plusieurs numeros du Globe.
Seance du 21 nooemljre 1828.
Par M. Alberl Monlemont : Voyage dans les cinq parties du
monde, tome 5*^, Amerique ; Paris, 1821, in-12.
Par M. Gide : Nouvelles annates des voyages; cahier de no-
vembre.
Par M. Arlhus-Berlrand : Bilitiollieque physico-economiquc, cahier
de novembre.
Par M. le baron Trouve : Annates de la titteraiure et des arts ,
4.22 €1423*^ livraisons.
Par les auleurs : Plusieurs numeros du (ilobe.
287
TROISIEME SECTION.
DOCUMENS , COMMUNICATIONS , NOUVELLES
GEOGRAPHIQUES , ETC.
Nous pre'sentons a nos lecteurs les extraits sulvans de rouvrage aussi ingcnieux
qu'intt'ressant , intitule « Fables Senega/a/'ses , recueillies de 'Ouolof , et
mises en vers frangais , avec des notes sur la Sencgambie , par M. le baron
Roger, ex-commandant et adminislraleur dw Senegal et dependances ,
officier de la Lcgion-d'Honneur. Paris, 1828, in-12 , p. -288, " W.
« Le Senegal coule de I'E. a TO. environ par 16" de latitude N.,
le tropique du Cancer est a 23° 3o'; le soleil a done passe sur le
Senegal pour arriver au tropique (dans le sysleme poellque et
vulgaire du inouvement apparent de cet astre ) ; il y repasse de
nouveau pour relourner a I'equateur, ce qui a lieu vers la fin de
julllet. C'est alors que se manlfeslent, dans cette contree , la plus
forte chaleur et des pluies abondanles , qui sont ordlnalrement
sulvies de calmes profonds. »
" J'ai tentede decrire les effels d'une grande secheresse. C'est un
fleau plus conimun dans cette partle de I'Afrlque, que dans beau-
coup d'autres pays , parce que le Senegal est chaque annee huit
mois sans recevoir de pluies. EUes sont encore plus rares en Egyple.
Mais ces deux contrees sont arrosees par les debordemens perlodi-
ques de leurs fleuves qui offrcnt les niemes phenomenes , et qui
produisent les niemes effets. D'ailleurs, dans leurs vasles plaines
alluvlonnaires, les irrigations artlficielles sont faciles. Les seche-
resses n'y sont done rcdoutables pour la vegetation, que dans les
terrains eleves , sablonneux, elolgncs des cours d'eau , et presque
toujours habltes : les autres lerres, plus proprcs a la culture, ne
manquent jamais d'eau, lorsqu'on salt tirer parti des ressources
naturelles. »
288
« II nc pleut, au Senegal, que pendant 3 ou 4-njois, de juln en
septenihre. A la fin de celle saison , le fleuve gross!, deborde regu-
lierenicnf sur Ics vastes plaines alluvionnaircs, au milieu desquellcs
il a son cours. Sa crue est pioportlonncUe a sa distance de la nier.
Pres de remboucliuie, elle n'est que de 2 i 3 pieds ; a 3o ou 4-o
lieues, elle est de loa 12 pieds; enfin, avant d'arriver a la premiere
cataractc, au Rocher de Felou, elle s'eleve a plus de 4^0 pieds. Ccs
proportions sont a peu pres les menics que pour Ics crues du Nil,
el ce rapprochement n'est assurenient pas le nioins frappant de ceux
qu'on a Toccasion de faire en grand nombre, lorsque Ton compare
lEgyple et le Senegal. »
<« Lamer se mele aux eauxdufleuve lorsqu'elles sont basses : clles
sont alors salces jusqu'^ iS ou 3o lieues au-dcssus de renibouclmrc;
mais lorsqu'elles sont gonllees par la saison des pluLcs, la difference
du niveau et la force du couranl repoussent I'eau salce ; le fleuve
devlcnt alors doux ; il s'ouvre mcnie dans la mer une espece de
lit dans lequel on a vu des batimens recueillir d'cxcellenle cau 3
plus d'un niille des cotes. »
« Les rosees , dans certaines saisons , sont extremement abon-
dantes sur les bords du Senegal; elles tiennentles tiges et les feuilles
des plantes plongees dans une humiditd tres-favorable a la vegeta-
tion. Ces rosees sont bien necessaires pour suppleer aux pluies tres-
ran\s dans cette contree , pendant la plus grande partie de rannce.
La longue sccheresse a souvent fail craindre pour le succes des
cultures; mais ne sail-on pas qu il pleul encore infinimenl moins
dans I'Egyple, dont la f'erlilite ne pent elre conleslee ' Ouire les
plus bienfaisanles rosees, les debordeniens du Senegal ne sont pas
moins regnllers, pas moins i'erlilisans que ceux du iSil. Ces deux
fleuves, ainsi que les vallees qu'ils arrosent, out entre eux les plus
etonnans rapports. »
« J 'ai lente de decrire en peu de vers , des calmrs qui ri-gncnt quel-
quefois entre les lropi([ues : ils plongent les liommes el la nature
euliere dans un etat de langueur el d'accablement extreme. On s'en
ferait clifficilement unc juste idee dans noire Europe. Le soJr, pres-
q.ie toujours un agreable mouvcmcnl dans lahnospherc rainene
la fraidieur et rend, en quelque sorle, aux etrcs vivans, Ic plaisir
el la sanie. »
« Le Senegal n'elait qu'un simple comploir de commerce, res-
trelnt aux pelites iles de Saint-Louis et de Goree : ce n'esl que
depuis quelques annces qu'on s'est assure d'un territoire convcnable,
et que j'ai coinmcnce des essais de cultures coloniales. Ces essais
donnciit Lcaucoiip d'esperanccs, qui se realiseronf certainement ,
si le gouvernement persevere avec sagessc dans son entreprise , si
Tinduslrie et les capitaux de I'Europe peuvent enfin se diriger
vers ce pays. »
« Dans les terrains en apparence les plus arldcs, au Senegal, les
premieres pluies fontnatire, chaque annee, ui.e immense quanlile
de planles, donl on a Lcaucoup de peine a se rendre mafire par
les sarclages , surtoul dans les nouvclles cullures. Cetle sorle de
vegetation spontanee, qui n'existe pas en Egyple, a toujours con-
tribue a me donner beaucoup de confiance dans la ferlilite du
sol. »
« L'bospilalitc^ est dans le caractere des negres du Senegal; mais
les prcceples de la religion de Mabomet ont encore fortifie les
dispositions naturelles, quails ont a la pratique de cette verlu. Ces
honmies, geaeralemeni bons, ont un air riant, et leur abord est
agreable. lis dorment vers le milieu de la journee , et prolongcnt
souventleurs veillees tres-avant dans la nuit. C'est surtout au clair
de la lune qu'ils se plaisent a faire la conversation, a cbanter, a
danserjusqu'au matin ! Lebruitdeleurs torn- tam, espece de tambour,
et leurs bademens de mains, s'entendent souvent d'un vUlage a
I'auire, et c'est un sujet d'cxcitalion niutuellc. »
ago
Tableau de I'etendue des diWrs rannux et chemins ferres des Etats-
Vnis, dont les mis sont achates et les autres en construction (i).
CANAUX.
Moms. *' tlcndue. Long, des c'cluses.
*Mi<liHesex ^9 S "I'lles. i36 pieds.
Blackslone 4^ 4-5o
Farmlngton 87 Sao
* Hudson et Eric 363 G88
*Chainplain 63 i53
*Os\vego 38 128
*Seneca . 20 5o
Delaware et Hudson. ... 65 61 5
Morris 86 i4.oo
*Chesapeake et Delaware. . i4 "
*Port Deposite 10 »
Chesapeake et Ohio 36o l^ooo
Ohio 3o6 ii85
Miami 265 889
Leheigh 4^ 35
Petit Schuylkill 25
Conestoga 18 70
*Schuylkill 108 588
*Uniori 79 5o3
Pcnsylvaiiic 296 iioo
Ohio el Erie 2i3 u
Delaware » >>
James el Kenhawa » »
* Dismal Swanip 33 »
(1) Extraildu Jioslon Courier du 4 aoul 1828, cl Ic P^ermond Chronicle.
* Les caiiuux marque's d'uii astcriqiii; sont acheves.
291
Louisville 3 »
Cap Fear 200 »
Santde, CoIumLia, Saluda. i5o 217
Savannah et Altamalia. . . 66 »
Allan liquc et Mexicaln. ... » »
Floride » »
Wolland 43 334
CHEMIJtS FERRES.
Noms. Longueur.
*Quincy 3 inilles.
Boston el Hudson. . . . , 187
Boston et Providence • l^-x
Albany et Schenectady 16
Campden et Amboy 60
*Mauch Chunk 12
Danville et Pollsville 4o
Columbia et Philadelphie 75
Schuylkill 8
Baltimore et Ohio »
Columbia et Campden »
Oakmulgee et Flint 36
De la Siberie orientale.
Le cllmal de la Siberie n'eslpas en general aussi rigoureux qu'on
ie croil ; jusqu'au 55"^ degrc de latitude nord , on y cultive les ce-
Teales avec succes. Les districts merldionaux de eel immense pays
ont a peu pres le cllmal de Petersbourg. Dans les environs de
Krasnoyarsk , la premiere vllle de la Siberie orientale, la neige
disparait au commencement d'avrii , et tout commence a verdir.
Cette vlUe est situee enlre les rivieres de Jenisey el de Katsclia ;
des monlagnes bolsees de formes pittoresques renloiircn! de
V
392
tous les rotes. Le district qui la renfermc est tres-ferlile : le seigic
y tlonnc le vliigt-cinq pour iin , et I'avoiiie le trente pour un ; aussi
les vlvres do premiere necessitd y sont-ils extrcineinent Lon mar-
clie ; aiiisi, par excmple , un pud ( quarante livres pesant) dc fariiic
dc selgle , coAte trente copeks (i) , un pud d'avoine douze copeks ,
un pud de viande , un rouble et demi en papier (2). Les paysaus
siberlens ont plus de proprcte que les Russes , et leurs cabanei
sont tres-bien tenues. Leurs souliers sont de cuir , et non d'ecorce
d'arbre , coinnie ceux de la plupart des paysans russes.
Irkutsk, la capitale de la Siberie orientale , est situee sur le
fleuve Angara , qui la partage en deux molties k peu pres dgales.
Des quais de bois , d'une construction elegante , bordent le fleuve
des deux cotes , et servcut a rembellissement de la ville. Irkutsk est
le grand entrepot du commerce de la Russie avec la Chine. Les
principaux articles d'exporlation sont des fourrures de prix , et des
draps provenant des manufactures russes et prussienncs ; Timpor-
talion consiste presque exclusivement en the ef nankin. Parmi les
negocians dirkutsk, il y a plusicurs millionnalres ; ce sont en
general des hommes dun esprit cullive , qui aiment la lecture , et
donnent a leurs cnfans une education soignee.
Irkutsk renferme environ deux mille maisons, la plupart en bois,
el possede une population de vingt mille amcs. Les edifices les
plus roinarquablcs sonl les eglises, surlout la cathedrale , fondee en
174^' On y Irouve aussi quelques maisons particulieres , tres-bien
balies ; cel'e de M. Sibirakow, premier magistral de la ville, ne
serait pas deplacce au milieu des palais de Petersbourg , et dans
les cercles elegans el cholsis qui s'y rassemblent , on oublie com-
pletemcnt qu'on est en Siberie , et Ton se crolt transporte dans
les salons de quelque grande capitale de TEurope.
( liihlioiheque universelle redi'gee a Geneve. ) S. M.
(1) On sail que le rouble est subdivise en cent copeks.
(2) Le rouble en papier vaul vingl sols de France.
293
Mission anglaise a Selinginsk en Siberie.
Au sud et a rexlremite de !a Sibc-rie, au milieu dcs hordes des
Bureles , qui passcnt pour Ics partisans les plus zeles du paganisme,
se trouve non loin de la residence du grand-pretre de celte peu-
plade , une petite colonie de missionnaires qui , avec courage , ont
brave des privations dc tout genre el surmonte des difficulles in-
nombrables pour s'etablir dans ce pays inbospilalier , et pour faire
participer ses habitans aux bienfalls du cbrlslianisme. Cette colonie
n'esl composee que dun Anglais et de deux Ecossais avec leurs fa-
milies , qui habitent deux maisons spacicuses, conslruiles en 1820,
aux frais du gouvernement russe, au milieu d'une vallee sablon-
neuse , situee sur les bords du Selinga et entouree de rochers qui,
de loin , ont Fapparence de forlifications. Les trois missionnaires
parcourenl pendant I'ete le pays habite par les Buretes , visiten^
les pcuplades voisines et vont jusqu'a la ville de Kiachta, sur la
frontlere de la Chine ; I'hiver, Us etudlenlles dialectes de la Siberie,
et traduisent des fragmens des llvres saints dans la langue des Bu-
retes, Us rendent aussicompte pendant cette morte saison de leurs
travaux a la societe des missions de Londres , avec laquelle lis en-,
tretiennent des relations regulleres. Leurs femmes tachent de les
seconder, en enselgnant aux jeunes fiUes Buretes dlfferens ouvra-
ges , el en repandant quelques Idees de civilisation parmi la partie
feminine de la population siberienne. Cette mission ne peut, jus-
qu'a present, se flatter d'avoir obtenu des succes marquans; ce
n'est encore qu'un faible germe qui ne pourra guere se developper
que lorsque le gouvernement chinols , devenu plus tolerant, se sera
relache de la severlte qu'il met actuellement a interdire h ses sujets
des communication? iniimes avec les elrangers. Si un jour les mis-
sionnaires de Canton peuvent donner la main a ceux du Selin-
ginsk, on pourra aiors esperer de voir le chrlstianlsme s'Intaoduire
parmi les peupL-s paiens de I'Asie orientale.
.o3-i;il,i.^,u.;,\Di-.i! ,:' ( E^^wt d'un Journal allemand. ) S.W.
19
394
Extrait dcs resumes statistlques compares de la France, du royaume
uni de la Grande-Breiagne et de Plrlande ei de la monarchic Pms-
sienne , parM. Adricn Ualbi , auieur Ac la IJalaiice politique du
Globe, etc.
Classification des villes d'apres leur populatiots'.
t r;ince. P>oy. imi.Nion. Pi us.
De 1,275,000 habitans , (Loiitlrcs). . . »
De 890,000 — (Paris). ... i
De 227,000 — (Dublin). ... »
De 193,000 — (Berlin).. . . »
i47,oooenviron.(GlasconetLyon). i
100,000 bab. ct au-dessus i
— 2
De
i4-7,ooo
De
100,000
De
go, 000
De
80,000
De
70,000
De
60,000
De
5o,ooo
De
4.0,000
De
3o,ooo
De
20,000
De
10,000
I
3
10
18
70
I
5
2
3
5
7
x8
46
I
I
a
G
21
'J'OTAL 110 ... 92 ... 34
Cette note curieuse, qui nous a ete remise par M. Adrien Balbi ,
et qui est extraite du travail important qu'il vient de publier , est
appuyee , pour la France, sur le rccensement de 1826 ; pour la
Graiide-Bretague sur celui de 1821 et pour UmonarchiePrussipnne
sur celul de 1819. , ,';- ! f •! ,,
» ♦ »'
[.? .,[, ERRATyl dun" 67.
^ j7 * ^' ' I au iieude Cordiliere, lisez Cordillere.
Id. 202, id. 1 5. I ':.'4ii:jr 6jl i.. ■•■,
' ' ' \ au lieu de Cordilieres, lisez Cordilleres.
Id. 209, id. 5. I
I
J
agS
BIBLIOGRAPHIE GEOGRAPHIQUE.
§ I". LIVRES.
OUVRAaES GBSliinAVX.
jgS. TasCHEN — BiBLIOTHEK DER
WICHTIGSTEN SEE-UND LaND-ReI-
SEN. — Bibliolheque portative des
Voyages les plus imporlans et les
plus intt'ressans par terre ct par
mer, Jepuis I'invention de I'impri-
merie jusqu'a nos jours; par H.
Jaeck, conservateur de la biblio-
lheque royale de Bamberg, in-ia ,
avec planches et cartes. Nuremberg,
1828. Haiibenstricker.
Le Bulletin a annonce' sous le
n" 77, les deux premiers volumes
de cette collection dont les vingt-
deux volumes suivans ont e'te' pu-
blic's depuis.
AMZRIQDE.
I 99. ZeiTSCHRIFT FiiR DIE AlLGEMEINS
Geographie. — Journal de Geogra-
phie generale ; par Ch. Hoffmann,
in-B", Breslau. 1827.
200. Geografia universale , etc.
— Ge'ographie universelle , etc. ;
par Malte-Brun. in-8° , Milan ,
1828. Ponzngno.
Le sixieme volume de cette tra-
duction du frangais en italien , a
paru.
201. Lehrgebaude DER Geographie.
— Cours de Geographic statistiquc
et historique ; par A. de Schlieben,
3 vol. in-80 , avec une carte des
hauteurs, une carle generale el 18
aulres carles. Leipsic, 1828. Gos-
chen.
La premiere partie du premier
volume a e'le publiee.
202. Reise s. Hoheit des Herzogs
Bernard zv Sachsen -Weimar
Eisenach durch nord d.^merica.
— Voyage dans I'Amcriquedunord,
fail par S. A. le due Bernard de
Saxe-W^eimar Eisenach , dans les
annees 1825 et 1826. 2 vol. in-8"
avec cartes , plans, vues ct vignettes.
Weimar , 1828. Hoffmann.
Cette relation divisceen vingt-huit
chapitres, est accompagnee : i" de
quatre planches repre'sentant une
vue du canal d'Erie', les ouvrages
hydrauliquesdeFair-.Mount,leCa-
pitole a Washington et I'edifice de
I'Universite' de Virginie ; a" de
qualre plans qui se rapportenl aui
viUcs de New- York, Philadelphie ,
Baltimore et Pifsburgh; So de
qualre cartes de Plymouth , New-
York, de re'lat d'Ohio et des Elats-
Unis de I'Ame'rique du nord.
20,'5. Wanderings in south Ame-
rica , etc. — Voyage dans I'Anic-
rique mcridionale, les Etats-Unis
et les Antilles; par Charles Water-
ton. Deuxieme edition in-80, Lon-
dres, 1828. i^(?//o(ve.y, 10 sh.
AFRIQUZ.
204. Journey TO Marocco. — Voya-
ges a Maroc, par le capitaineG.
BeauClebck, in-80 avec 9 planches
lilhographieeSjLondres, 1828. /'oo/e
et Edivards, 1 1- 1 sh.
Le capitaine Beauclerck , en ac-
rompagnanl a INLiroc le docteiir
Brown que le sult.an avail appele
aupresde lui comme mcdeciu , cut
occasion d'y faire des observations
curieuses qui sont I'objel de ce
livre.
Ttlarnlaiitjhi;' dt CYrenait/U''.
20.1. Relation d'un Voyage dans la
Marmarique, la C yrenaVque, etc.
par M. J. R. Pacho , membre dc la
igG
rommissioii ccnti-ale tie la Socie'tc-
de Geographic ilf P:iris, accompa-
gnoe de cartes geograpliiqueset to-
pographifiues, vl de planches repr(^-
seiilanl les nionuineiis de ces con-
trees. Troisieme partie: Cyre'naf-
que occidentale.
On ne peul donnerune idee plus
juste et plus precise du savant ou-
vrage de M. Pacho, qu'en rc'petant
avec les Nouvelies annales des voya-
ges , que I'auteiir parait avoir pres-
<]ue totalenienl exhnnie la ge'ogra-
phie ancienne de la Cyre'na'ique des
protondcs le'n^bres ou elle etail en-
sevelie.
Cohmif J'rnneai^e d' , ifrujue,
206. ESSAI DE STATrSTIQUE DE l'iLE
Bourbon, considere'e dans sa to-
pogi-apliie, sa population, son agri-
culture, son commerce, etc; ou-
vrage couronne' en 1828 , par TAca-
demie royale des sciences, suivi
d'un projet de colonisation de Tin-
te'rieur de cet ile ; par M. P. P. ^ .
Thomas, ancien comniissaire de
marine, ordonnateur a Pile Bour-
bon. 1 vol. 'm-%°.BarheUer, 1828.
EfKOyE.
Uai'iclc ci .lull icl'€.
207- Descetst of the Danube , from
KATfSBONN TO ViENNA , etc. —
Voyage sur le Danube, depuis Ra-
tisbonne jusqu'a Vienne , i'ait en
automne 1827; par J. R.Planche,
in-8u avec carte. Londres , 1828.
Duncan^ 10 sh. 6 d.
Cette relation de I'auteur de
Laj's and Logeiids of the Rhine ,
contient des descriptions des vilies ,
chateaux, nionasleres , siluts sur
les rives du Datuibe.
•J08. Statistica della Svizzera.—
Slatistique de la Suisse , par Ste-
FANO Fkancini, in-80 avec cartes.
Tvugano, \^i%. liuggla.
2og. EssAJ sua LA Statjstique du
CANTON deJJerne, par L. E. An-
dre , membre de la societe Helve-
tique de Paris ; i vol. iu-8'', SaVES-
TRE, 1827 , aveciinc jolie carle:
par I{. S. Stebeninann.
llri hr'ttanr.i'jue^.
210. The Picture of Scotland. —
Taldeau de I'ficosse, par Robert
Ciiamrert; 2 vol. in-8». Edin-
hourg, i8i8. Tact.
On trouve dans cet ouvrnge de
Tauleur de Traditions oi' Kdin-
l)urgh, une description exarte des
mcEiirs ecossaises anciennes et mo-
dernes,ainsi que traditions , etc. ,
sur cette contree.
r,anr,-.
2 11. Souvenirs pour servir a la
St.xtistique du departement de
t'ISERE, par !M. Ic baron d'HAUs-
SEZ , prc't'et de la Gironde , ancien
prefct de I'ls^re , in-8" avec 3 pl.
1828. Bordeaux, Lanefrnniine.
212. Description geographique du
departement du Var , suivie du
tableau sommaire de son organisa-
tion ecclesiaslique ; par uii honime
de lettres du menie deparloment ;
iii-12 , 1828. Diaguignan, Scrg.
2i3. Tovnv.T^wmR liistnt-lque , phy-
sique, s/a/.is/i(/ue ft meiiicalc dela
villfi el des environs de Cassel ,
departement du Nord, avec des
cartes geograpbiques et des vues li-
thographiJes; par P. J. E. de Smyt-
TERE. D. M., etc., in-8°, 1828.
Paris , chez I'auteur.
214. Coup-d'oeil sur le departe-
ment DE Lot-et-Garonne , ou
rapidc aper^u de Vetat de son
agriculture , de sa population et
de son industrie en 1828; par M.
de Saint- Amans , in-18 , 18-28.
Agen , Nouhel ; i-5o.
S, 2. ATLAS, CARTES GEO-
GRAPHIQUES, PLANS, ETC.
i-iS. New GENERAL atlas. — Nouvel
Atlas gc'ne'ral avec les divisions et
les frontieres cnluminees , planches
gravees d'apres de nouveaux des-
siiis , par Sidney Hall, in-lol. ,
Londres , 1828. Longmann.
Cet Atlas sera compose de 17
livraisons qui parattronf de mois en
mois.
'97
2i6. Carte compaivee des regences
d'Alger et 1)E Tunis , dressJo par
le chevalier Lapie ^ prcmuT gt'o-
graplie du Roi.Pariis, 1828. Pu/uet.
Sur cette carte en deux leuilles ,
les nonis ancieiis ont ete reviis par
M. Hase , membre de I'lnslilut ,
et les nomsarahos , par M. Amedi'e
Jaiibert , prolesseiir de langue tiir-
(jiie a IV'cole royale et spt'ciale des
langues orien tales. \Jn plan de la
ville et des environs d'Alger, qui sc
trouve comme arcessoire sur I'une
des leuilles de cette belle carte ,
ajoute encore a son utilite.
217. Carte delailk'e de /'v^y/7<7j/e f/
des lies qui en dependent , par A.
Brue , gc'ographe du Uoi , d'a-
pres les observations astronomi-
ques , les dccouverles et les hypo-
theses les plus reccntes. Paris, 1828,
chez I'auteur.
Cette carte en deux leuilles re-
pond parlaitenient a son titre. La
premiere t'euilie donne I'Al'rique
mi'ridionale et la seconde I'Africjiie
septentrionale.
218. Carte de la Seuegameie , DU
SoUdan et de la GurNEE septen-
trionale, redige'e par Brue , gco-
graphe du Uoi , d'apres les observa-
tions astronomi([ues et les dccou-
verles les plus recentes. Paris 1828.
Cette leuille , ainsi que ceiles de
la carte ci-dessus , iont partie de
Tatlas universel de Geographic, pu-
blic par I'auteur.
219. Senegambie et cote occiden-
TALE D'Apr.IQUE DEPUIS LE CAP
Blanc jusqu'au cap Sainte-anne,
pour servir a I'Plistoire generale
des voyages de C. A. \A^alckenaer ,
dressee sous la direction de I'au-
teur , par A. H. OuroUR; 1828.
Paris, chez Lefebvre, rue de TE-
peroli , W 6.
Cette carle coiistruite sur unc
grande echelle , I'auteur s'est atta-
che a y tracer toutes les diflt'rentes
routes desvoyageurs qui ont explore
cette contree ; elle est enrichie de
details interessans doniiant le cours
du Senegal , de Das;ana a Saint-
Lotiis: , la preujuife du Cap T'ert
et la Peninsule de Sierra-Leone.
20. Carte pour l'expedition de
Cyrus tt la lietraite des I)ix Mille
de Xenophon , par A. H. DuFOUU,
Paris, 1S28.
121. La MONARCHIE FRANCAISE COIH-
PAREE AUX PRINCIPAUX ETATS DU
ivio>riE, on essai sur la statistique
de la France , consideree sous les
rapports geograpliique , moral et
politique , oifrant dans un seul
tableau le maximum , Ic minimum
et le termc moyeii do sa population,
de la richcsse , de Tindustrie , du
commerre , de rinslruciion et de
la moralite de ses habitans , corn-
part's a leurs correlafifs dans plu-
sieurs pays de I'ancien et du nou-
veau monde ; a Tusage des hommes
d'etat , des administrateurs , des
banquiers , des negocians , des
voyageurs, et specialement de MM.
les Pairs de France et de MiVL les
Deputes. Un tableau grand iii-folio,
colorie', Paris, 1828, J. l\enouard ;
tj fr. Cel inle'ressant tableau qui ne
devait etre publie qu'en 1829, et
don tee bulleiincontient un ex trait,
vient de paraitre tout re'cemment.
S. M.
TABLE DES MATIERES
CONTENUES DANS LE TOME DIXIEME.
N"^ 65 a 68.
PREMIERE SECTION.
UEMOIHES, EXTRAITS, ANALYSES ET liAPPOliTS.
pages
■ Population comparative du monde dans les temps anciens
et modernes i
■ Narative of a journey from Constantinople to England,
relation d'un voyage de Constantinople en Angleterre ;
par le R. D. Walsh 6
- Remarques geographiques sur les parties infericures du
cours du Senegal et de celui de la Gambie, accompagnees
de deux cartes etd'unenote sur les positions de Tombouctou
et de Sego ; par M. .Tomard i6
- § 1. Remarques sur la carte du cours du Senegal, au-
dessous de Moussala, comprenant la carte particuliere du
Oualo »<>
- § 2. ]Nomenclaluredeslieuxsitues sur les bordsdu Senegal,
communiquee par M. le baron Roger 20
- § 3. TSoms et distances approxiniatives du village de Podor
aux frontleres du Foula (d'apres le journal de M.Restaut),
communique par M. le baron Roger 27
- § 4- Remarques sur une partie du cours de la Gamble , a
I'appui de la carte de la Gambie au-dessous de Coussaye
ct du Sen('gal , au-dessous de Moussala , assujetie aux ob-
299
servatlons les plus recenles 2<j
§ 5. Liste des positions geographiques pour la carte <lu
cours du Senegal au-dessous de MoussSIa et de la Gamble ,
au-dessous de Coussaye 34-
Renseigncmens donnes par un More du Senegal ( Sidi
Mohammed Marabout de Tischit ) sur les cliemins qu'ii
a parcourus en allant a Timbouktou , communiques par
M. le baron Roger i . . 35
Missions du RIo-Ucayale dans le Haut-Perou (commu- ,
nique par M. Warden) 4^(j
Journal of un Embussy, etc. , Journal d'une ambassade
envoyee par le gouverueur-general de I'lnde aux cours de
Slam et de Cochinchlne ; par J. Crawfurd (.coinmuuique
par M. BianchI) , • ,%• • '• ■ v;*r'n*i V • • • "^^
Les kliyangs d'Arakan (communique par le m^me ) ji
Operations geodeslques.et aslronomlques pour la mesure
d'un arc du parallele moyen execute en Plemont et en
Savole (communique par M. le chevalier Ronne) 76
Note sur Rarce ; par" M. Pacho g8
Notice sur la vie et les travaux du voyageur Rurckhardt;
par M. Sueur-Merlln loi
Notice sur les cartes et plans publics par le depot general
de Marine .,.....,,..... . . i4.5
Suite de la notice sur la vie et les travaux du voyageur
Rurckhardt; par M. Sueur-Merlin ., ^.^i,,, y/. .- i53
Journal d'un voyage au Perou , passage de la Cordlllere ,
des Andes, etc. etc.; par le lieutenant Charles Rrand, etc. 1^7
De la forme de la terre et de son Influence sur la Geogra-
phle et rAstronomie 210
Rapport de M. de la Roquette sur Touvrage ayant pour
titre : Constantinople et le Rosphore de Thrace, pendant
lesannees 1812, i8i3, i8i4et pendant Tannee 1826, etc.;
par M. le comte Andreossy. . . • ^-etoJl'irf)' iid-itra- .-A- .-i'^iG
>oo
r.t- Rai>porl de la Commission speciale chargee de rendrc
comple <lu voyage de M. Augusle Caille 245
— Kxtrail du Rapport de M. Sucur-Merlin , sur rouvra<^c
ayant pour lilre : Essai statislique sur les frontleres iiord-
esl de la France , par M. AudenelJe 25G
— Observations sur lesprogres de la population, de I'agricul-
ture et du commerce de Matanzas
272
ir SECTION.
ACTES DE LA SOCIETE.
— Proces-verbanx. 36, 119, 162, 228, 281
— Membres nouveaux '."'^i. ."' 89, 128, 167, >. 285
— Ouvragcs offerts a la Societc. . . . 4-o, I'^^'d- ibid. 227, ilml.
UP SECTION.
DOCUMENSj COMMUNICATIONS , NOVFELLES GEO-
GHAPHiqiES.
— Extrait de deux lettrcs de M. Rousseau .?i M> G. 13a,rbjc du
liocage ^i
B* TAi . 1 . J I r- • "' ; !•> •■'i'lt'^' •'.'d fUii 9jiiu/l ,
aie d Akmetchcl, dans la l^nmee.' L2
— i- I>{ouvel elablissement aux lies Keeling.. l^!^.
— Decouverle de nouveaux bas-fonds (^communiquee par
•'■"' M. Warden). i^G
— Lellre de M. le baron de Copellen , contenanl dcs rcn^ci-
vfgnemens sur Born(5o, ct sur la mort du voyageur Mullcr. 126
— Lettre de M. le chevalier d'Abrahamson , relative a ?a pu-
■'^ Plication des atlas du Daneirtarck et de la Norwcge. . . . 127
— Cartes des envk^ns de Segcbcrg et du Holsteiri^ '."i'UJ^.'iag
— Inscription runique troavee dans I'tle de Kingiktorsoalc, sni^ '
la c6te occidenfalc du Greenland ( conimuniqune par
M. A. Barbie du Rocage). . . , id-
3oi
— Note sur los eiapietenicns successifs tie lamer, siir la cole
occidentale dc rAugleterre. (Id.) i3o
— Expose sommaire d'unc route au travers du Mekran ; par
M. Grant. {Id.) iH
— Penang. — Emigration de Malais i35
— Nouvelles de La Perouse i36
— Journal Cherokee iSy
— Tremblement de terre ressenti a Delhi, el sur la cole du
Malabar i 38
— Tremblement de lerre dc Santa fe <le Bogota 139
— Notes sur les rochers decouverts dans I'Archipel des iles
Seychelles i4o
— Extrait d'une leltre connnuniquee par M. G. Barbie du
Bocage i4i
— Copie d'une leltre ecrite a M. L. de Freycinet, par
MM. Quoy et Gaimard , medecins de la marine , a bord
de la corvette du roi I'Astrolable 169
— GroUe de Ganges. (Extrait du Globe.) 180
— Notice sur les plus hautes latitudes auxquelles so sont eleves
differens navigateurs dans los regions septentrionales de
noire hemisphere 187
— Extrait d'une leltre de M. le doctcur J. Mease 190
— Atlas of the stale of South Carolina, etc., atlas de la Ca-
roline du Sud , dresse sous los auspices de la Legislature ;
par Robert Mills, ingenleur 191
— Leltre adressee a M. le president de la Societe do Geo-
graphle par M. Delaporte 1228
— Leltre de M. John Barrow a M. Jomard 23o
— Extrait de la reponse de M. Jomard a M. John Harrow. 232
— Fondalion d'un porta Goole sur I'Humbor 234
— Dccouverte du moulllage dc Kalagouk 2 3>)
5>
fh
V"" 3o2
— Voyage de tlt'couverte an lac Saint-John. ;:;;;::;: 23q
— Mcxiquc 23()
— He tie Borndo 240
— Extra! Is des Fables sdndgalaiscs de M. Ic baron Roger. . . 287
— Tableau de Tctendue des divers canaux et chemins ferrds
des Etat-Unis ago
— De la Siberie orienlale 291
— Mission anglaise a Selinginsk en Siberie 2g3
— Extrait des resumes stalisliques de M. Balbi 294
Errata i4i 241 294
BIBLIOGRAPHIE GEOGRAPHIQUE.
— § i" Livres 47> ^42 , 192, 242, agS
— § a. Cartes, etc 4^, i44> '^'^-i 244. 29G
FIN de;_la table.
NoiROr, /igent de In Soci'rle de Geographie.
EvERAT , Imprimeiir de !a Socic'lc de Ge'ograpbic , rue du Cadran, ti" it).