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Full text of "Bulletin de la Société de Géographie"

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BULLETIN 


DE   LA 


SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE 


'Some  Q)\DeiLvimi€'. 


BULLETIN 


!)E  LA 


SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE, 

REDIGE 

Par  MM.  Barbie  du  Bocage  ,  Bianchi  ,  Bonne  ,  Sueur  -  Merlin  , 
Warden  ,  et  autres  Membres  de  la  Societe ,  Geographes ,  Voyageurs 
et  Horames  de  lettres  Frangals  et  Etrangers. 

^omc  Ufuuifiiif. 


PARIS, 


CHEZ  ARTHUS  BERTRAND , 

LIBRAIRE  DE   LA   SOCIETE   DE    GEOGRAPHIE, 

RUE  HAUTEFEUILLE,   N"  23. 

iVERAT,  iniFRl.I«!£UR  DU  MONT-DE-PIETE, 

I  uc  (III  Catlriin  ,  .^^  x(j. 


1828. 


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BULLETIN 


DE 


LA  SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE. 


NUMERO  57.  —  janvier. 


PREMIERE  SECTION. 


MEMOIRES  ,   EXTRAITS  ,    ANALYSES  ET  RAPPORTS. 

Relation  d'une  ascension  au  volcan  du  Popocatepetl  dans  le  Mexique, 
par  MM.  GuiLL.  et  Frederic  Glennie. 

Mexico  est  environnee  de  montagnes  d'un  aspect  imposanl  ; 
I'une  des  plus  remarquables  est  le  volcan  du  Popocatepetl.  Ce  fut 
lui  dont  MM.  Guill.  et  Fred.  Glennie .,  tous  les  deux  attaches  a  la 
compagnie  unie  des  mines  du  Mexiqne,  resolurent  de  gravir  le 
sominet.  Us  etaient  accompagnes  d'un  negociant  qu'animait  le 
meme  sentiment  de  curiosite  ,  et  sulvis  d'un  porteur  nomme  Jo- 
seph Quintana.  Munis  d'un  barometre,  d'un  sextant,  d'un  teo- 
dolite ,  d'un  chronometre  et  d'un  telescope ,  ils  se  mirent  en  route 
le  16  avril  1827  au  matin.  Leur  absence  devait  etre  de  courte  du- 
r^e.  Leur  premiere  halte  fut  au  village  d'Ameca  ,  ou  ils  passerent 
la  nuit. 

Le  lendemain  ,  ils  furenl  bienlot  sur  pied,  dans  rinlenlion  de 


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sc  rendre  a  Allixco  ;    ils  snlvlrent  le  chcniin  de  Puebia  qui  passC 
entre  les  deux  volcans  ,   cl  qui  ios  inena  k  la  parlie  la  plus  elcvee 
<lu  vallon  ;   la,  ils  lournercnl  h  droilc  pour  aller  chcrcher  Ic  che- 
inin  de  los  !Neveros.  Ils  ne  tarderent  point  a  se  Irouver  sur  la  li- 
milc  de  la  vegetalion  qui  ,   d'aprcs  leurs  rnesures  baromelriques  , 
esl  clevee  de  12,0^3  picds  ane;lais  (12,0  i3  pieds  i  2  de  France)  au- 
dessus  du  niveau  de  la  nier.  Qnclqucs  individus  qu'ils  y  rcnconlre- 
rent  les  reniirenl  sur  la  voie  qu'ils  avaient  abandounec.  Par  la  route 
qu'ils  faisaient  et  qui  etall  obslruee  par  des  masses  considerables  de 
sable,  ils  n'auraient  pu  ,    en  cffet ,    ni  gravir  la  cime  du  volcan', 
ni  ;irriver  a  Allixco.  lis  durent  done  redescendre  du  point  ou  ils 
dlaieu!,  rcbrousser  chemin,  e»,  revenant  par  la  roule  qu'ils  avaient 
d'abord  suivie  ,    se  diriger  sur  le  village  de  Saint-Nicolas  de  Los 
Ranchos   oii  ils  firent  leur  seconde  balte  de  nuit.  Le  18  ,   ils  pri- 
reiit  la  direction  d'Allixco.  Le  chemin  court  a  Test  du  volcan  ct 
sur  la  lisiere  d'un  pays  fort  etendu ,  couvert  de  grands  blocs  de 
rochers  el  de  pierres  qui  paraissent  s'elre  detacbees  de  la  roclie  au 
milieu  de  laquelle  s'est  ouvert  le  cralere  actucl.  Jaloux   de  s'ap- 
procher  le  plus  possible  du  volcan  ,   ils  se  rendirent  au  village  de 
Tochilniico.  Leur  but  etait  d"y  recueillir  quelques  renseigneniens. 
Cependant  Talcade  D.  F.  Olivares  ,   quoiquc  proprletaire  du  Po- 
pocalepell  ,   n'avait  jamais  ete  au  sommet  de  la  montagne  ;  il  ne 
put  done  les  salisfaire  completement.  Neanmoins,  il  leur  offrit 
de  la  meilleure  grace   tous  les  renseignemens  qu'il  pouvait  avoir 
en  sa  possession  ;  il  leur  proposa  m^me  de  les  accompagner  dans 
celle  ascension.    Ce   magislrat   s'empressa   de  leur  procurer  des 
guides  et  des  porteurs  pour  leurs  instrumens,   et  leur  promit  de 
les  conduire  le  lendemain  a  la  ferme  de  Sainte- Catherine  qui  est 
slluee  au  pied  de  la  grande  montagne,   et  dont  les  terres  lui  ap- 
partienuent. 

Tous  les  voy^geurs  partirent  done  le  ig  a  cette  ferme  de  Sainte- 
(>alberiue  ;  niais  la  ,  des  affaires  survenues  a  leur  nouveau  compa- 
gnon   les  en  priverent,    sans  cependant   leur  fairc    changer    de 


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lesolulion.  Un  guide  leur  ful  donne  ,  qui,  Icur  faisanl  (raverscr 
un  Lois  cpais,  les  ainena  jusqu'a  la  liinite  sup^rieure  des  pins, 
qu'ils  trouverent  etre  a  i2,5i4pieds  anglais  (11,890  picds  de 
France)  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Un  grand  feu  eul  bientot 
echauffe  leurs  membres  engourdis ;  et ,  enveloppes  dans  Icurs 
capotes ,  ils  se  deciderent  h  passer  la  nuit  dans  cet  endroit ;  inais  ils 
eurent  beaucoup  a  souffnr  de  la  pluie  qui,  versminuit,  com- 
nienCj-a  de  tomber  ,  cl  k  laquelle  succeda  une  furle  grele. 

Le  20,  on  etait  resolu  d'arriver  au  sommet.  Des  porteurs  in- 
diens  furent  cbarges  des  instrumens  ,  tandis  que  les  voyageurs, 
monies  sur  leurs  mules ,  reprlrent  vers  les  trois  heures  et  deinie 
du  matin  ,  et  par  un  beau  clair  de  lune  ,  leur  ascension,  lis  ne 
tarderenl  point  a  depasser  loute  trace  de  vegetation  ;  alors,  ils  ne 
marcherent  plus  que  sur  un  sol  sablonneux  ,  mele  de  pierres  mou- 
vantes,  Quoique  la  pluie  de  la  nuit  Teul  rendu  plus  ferme ,  il  n'en 
causait  pas  moins  aux  mulcts  une  fatigue  excessive.  Ce  fut  de  celte 
maniere  que  Ton  parvint  de  la  base  de  la  montagne  jusqu'i  nii- 
c6le  ,  eh  se  delournant  ccpendant  du  S.  a  TO.  jusqu  a  six  heures 
du  matin.  Arrive  la ,  on  ne  pouvait  plus  avancer ,  soil  a  cause  du 
mauvais  etat  dans  lequel  se  Irouvaient  les  mulcts  ,  soil  a  cause  de 
rimpossiblllte  ou  Ton  se  voyait  de  franchir  la  cote  abrupte  que 
I'on  avail  dcvant  sol. 

11  faliut,  des-lors  ,  que  chacun  songcat  a  renoncer  a  sa  mon- 
ture,  et  se  determiniit  a  chenilner  a  pied,  en  porlanl  soi-ni(?nie 
son  manteau  sur  ses  epaules;  et ,  de  plus,  deux  outres  pleines 
d'eau.  Quintana  fut  charge  du  barometre.  Le  terrain  ,  toujours 
sablonneux,  etait  tres-nouveau  et  mele  de  beaucoup  de  fragmcns 
et  de  debris  de  pierres  ponces.  On  voulait  attelndre  ceutains 
rochers  qui  paraissaient  se  lier  avec  la  cime  de  la  montagne  ;  njais 
les  difficultes  s'accrurent  de  plus  en  plus  ;  la  pente  devint  plus  roide 
et  le  sol  si  mauvais,  que  ce  que  Ton  gagnait  a  chaquc  pas  que  Ton 
faisait  en  avant ,  on  le  perdait  en  glissant  en  arriere.  Les  efforts 
conlinusqu'il  fallait  faire,  autant  que  le  peu  de  densile  de  ratnios- 


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phere,  causaient  une  telle  fatigue  que  Ton  ne  pouvait  marcher  Tes- 
pace  de  quinze  ou  vingt  pas ,  sans  ^tre  contraint  a  reprendre  ha- 
leine.  On  chemina  de  cetle  iiianiere  Tespace  d'un  demi-mille; 
ensuile  on  atteignlt  des  rochers  ou  1  on  altendit  les  Indiens  qui  ne 
monlaient  que  tres-lentemenl.  Le  thermometre  de  Farenheit  se 
maintint  a  28°  (  2 '  Reaumur  ).  Le  ciel  etait  pur  ,  mais  1  horizon 
elait  borne  par  un  rideau  de  brouillards  qui  enipechait  de  distin- 
guer  les  objels.  On  aurait  pu  se  croire  au  milieu  dun  vasle  ocean. 
Ce  ne  fut  qu'a  huit  heures  du  matin  que  le  soleil  commen^a  de 
se  montrer. 

Des  que  les  Indiens  furent  arrives  ,  on  'prit  un  leger  repas  ,  et 
ensuite  on  sc  remit  en  marche  au  milieu  de  grandes  pierres  brisees, 
arrondies  a  leur  partie  superieure  et  liees  les  unes  aux  autres ,  de 
maniere  a  former  une  espece  de  cordon  ;  mais  elles  adheraient  si 
peu  Tune  a  Tautre,  qu'aussitot  que  Ton  y  posait  le  pied,  la  plu- 
part  se  detachaient  et  roulaient  au  loin  sur  la  pente  de  la  mon- 
tagne ,  en  sorte  qu'il  devenait  tres-dangereux  de  les  heurter.  A  la 
vue  de  ce  peril,  les  Indiens  se  troublerent  et  commencerent  a 
refuser  d'aller  plus  avant  :  a  force  d'inslances  et  de  promesses  , 
on  obtint  deux  qu'ils  continueraient.  Mais  la  nature  de  la  route 
ne  changeant  pas,  et  devenant  au  conlraire  de  plus  en  plus  mau- 
valse,  ils  persisterent  dans  leur  refus  ;  cependant  la  vue  d  un  ravin 
qu'ils  aper^urent  a  leur  gauche  ranimant  leur  courage  ,  ils  essaye- 
rent  de  s'y  rendre .  Ce  passage  ne  valait  guere  mieux :  il  devint  raeme 
plus  difficile  de  le  franchir,  a  cause  des  brouillards  dont  on  elait  en- 
veloppe,  etqui  empechaient  de  reconnaitre  le  veritable  chemin.  Ce 
fut  la  que  les  Indiens  perdirenl  toul-a-fait  courage.  Rien  ne  put 
les  determiner  a  se  porter  plus  loin  On  fut  done  contraint ,  apres 
leur  avoir  pris  une  partie  des  vivres  ,  de  les  renvoyer,  avec  le  res- 
tant  du  bagage  ,  a  Tendrolt  ou  Ton  avait  fait  halte  la  nuit  prece- 
dcnte ,  avec  Tordre  d'y  attendre  le  relour  des  voyageurs. 

Ce  fut  une  grande  contrarield  que  cet  abandon  de  la  part  des 
Indiens.  N'ayant  plus  avec  cnx  personne  pour  porter  Icurs  ins- 


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trumens  ,  MM.  Glennie  et  leurs  compagnons  manquerent  I'oc- 
casion  de  faire  les  observations  aslronomiques  et  physiques  qui 
etaient  I'objet  principal  de  leur  voyage.  Ncanmoins,  inalgre  ce 
contre-tenips,  ils  persislerent  dans  leur  projet ;  mais  c'etait  plus 
parti r.ulierement  dans  ('intention  d'observer  et  de  bien  reconnaitre 
le  pays ,  et  surlout  de  chercher  une  montee  plus  commode  ,  afm 
d'y  retourner  une  autre  fois. 

Pen  apres  que  Ics  Indiens  les  eurent  quittes,  les  nuages  au  milieu 
desquels  ils  se  trouverent  se  dissiperent,  en  sorle  qu'ils  purent  se 
dinger  vers  un  ravin  ,  qui  semblait  leur  promettre  une  route  plus 
aisee  ;  mais  ce  ravin  etait  tres-rapide  et  Ires-rocailleux  ,  aussi  ne 
parvinrent-ils  a  le  gravir  qu'avec  une  peine  extreme  ,  et  en  ayant 
le  soin  de  se  placer  sur  une  meme  ligne ,  afin  que  les  pierres 
heurtees  par  ceux  qui  se  seraient  trouves  les  premiers  ne  rou- 
lassent  sur  ceux  qui  les  auraient  suivis.  La  fatigue  et  la  douleur 
qu'ils  ressentaient  ,  particulierement  aux  genoux,  les  obligeaient 
de  s'arr^ter  tous  les  huit  ou  dix  pas.  Apres  avoir  fait  de  cette 
maniere  une  heure  de  chemin  ,  ils  arriverent  devant  un  amphi- 
theatre basaltique  tellement  escarpe  qu'ils  ne  purent  le  franchir 
qu'en  se  cramponnant  et  des  pieds  ct  des  mains  ,  et  non  sans 
courir  les  plus  grands  dangers  ,  aux  masses  qui  faisalent  saillie. 
Prenant  ensuite  sur  la  droite  ,  ces  intrepides  explorateurs  rencon- 
trerent  un  talus  de  sable  mouvant  qui  paraissait  forme  de  pierres 
ponces  reduites  en  poudre  ;  et  de  la  ils  parvinrent  a  une  roche 
tres-elevee  qui,  de  la  ville  de  Mexico,  ne  presente  que  Tapparence 
'i'une  aiguille.  C'est  une  masse  enorme  de  basalte  noir  et  compacle 
qui  affecte  la  forme  de  prismes  irreguliers;  les  fentes  et  les  cre- 
vasses que  Ton  y  apercevait  etaient  remplies  de  neige  glacee. 
A  mesure  que  MM.  Glennie  avan^aient ,  de  lemps  en  temps  de 
|telites  pierres  tombaient  sur  eux  ,  comme  si  elles  avaient  ete  je- 
fees  par  des  gens  places  au-dessus.  lis  commencerent  a  eprouver 
''es  douleurs  de  tete  et  de  legers  verliges  qui  fatiguaient  Quintana 
!  lus  que  les   autres,  lorsque  leur  baromelre  leur  fit  voir  qu'ils  sc 


lO 

irouvaient  k  i6,8g5  pieds  anglais  i6,oio  pieds  de  France )au-des- 
sus  da  niveau  de  la  mer;  et  cependant,  ils  n'avaienl  point  encore 
atteint  le  but  desire. 

Apres  s'etre  reposes  environ  une  heure  ,  et  avoir  pris  quelque 
iiourritiire ,  ils  se  remlrent  en  route.  11  est  impossible  dc  decrire 
tonics  les  circonslanccs  de  celte  courageuse  ascension.  Obstacles 
mulliplies,  passages  dlfficiles  et  perilleux,  souffrances  memc,  rien 
lie  col^la  a  ces  hardls  voyageurs  pour  franchir  le  talus  de  sable  qui 
ddja  forme  le  sommet  et  le  couronnement  de  la  montagne.  On  a 
peine  a  le  croire  ;  ce  ne  sera  que  lorsqu'ils  publieront  eux-mSmes 
Icur  journal  ,  en  nommanl  tous  les  lleux  de  leur  passage  et  en 
Taccompagnant  d'uiie  carle,  que  Ton  pourra  reellemeni  sc  former 
une  idee  exacte  et  complete  de  cet  interessant  voyage,  lis  nc  fuent 
sur  ce  talus  quHme  pause  tres-courte,  parce  que,  croyant  toucher 
au  terme  de  leur  course ,  et  a  Taccomplissement  de  leurs  desirs , 
ils  ctaient  empresses  d'y  arrlver.  Mais  ,  ils  etaient  tronipes  par  la 
rarefaction  de  fair  qui  leur  monlrait  le  but  beaucoup  plus  rap- 
proche  qu'il  ne  Fetait  en  effet ;  ils  ctaient  dans  Tillusion  sur  le 
chemin  qui  leur  reslait  a  faire ,  et  M.  Glennie,,  lui-meme ,  ne 
pensait  plus  a  autre  chose  qu'a  porter  son  baromeire  sur  Ja  parlie 
la  plus  elcvee,  pour  y  faire  ses  experiences.  Pour  surcroit  d'em- 
barras,  Quintana  qui  avait  beaucoup  souffert  pendant  toute  cetle 
journde,  s'abaltil  tout  k  coup.  Aux  questions  qu'on  lui  fit,  il  r^- 
pondlt  qu'il  etait  accable  ,  ct  qu'il  souffralt  de  grandes  douleurs  a 
la  lele  ;  mais,  comme  il  n'avait  cess^  de  fumer,  on  pensa  que  le 
profond  malaise  qu'il  eprouvait ,  devait  provenir  dc  la  ,  et  Ton 
conciut  qu'il  fallail ,  a  une  aussi  grande  elcvalion  ,  se  priver  de 
fumer,  tout  autantquc  dc  prendre  aucune  liqueur  spiritucuse.  On 
eut  beau  insisler  pour  qu'il  continual  le  voyage  ,  il  s'v  refusa.  On 
voyait  cependant  que  c'elail  a  regret;  on  n'insista  done  pas  da- 
vanlagc,  on  lui  recommanda  seulementde  rester  dans  celendroil, 
oil  on  vicndrail  le  retrouver. 

On  avait  en  face  de  soi ,  im  sol  de  sable  qui  se  presenlait  en 


1 1 


pen\e  <iouce  ;  il  etait  couvert  sur  la  gauche  ct  de  haul  en  bas,  d'unc 
iieige  gelee  en  fragmens  cubiqucs  et  prismaliques ,  qui  formaient 
comme  des  piliers,  des  ruines  chlnoises  ct  autrcs  figures  dont  Tas- 
pect  variait  a  Tinfini.  On  le  gravissait  en  pietinant  dans  la  neige , 
lorsqu'on  cornmen^a  a  entendre  un  bruit  semblable  a  celui  du 
tonnerre  qtii  gronde  dans  le  loinlain.  On  attribua  ce  bruit  a  la 
pluie  qui ,  disait-on  ,  toinbalt  quelque  part.  On  fitainsipres  d'une 
petite  lieue  en  avant,  mais  en  s'avrelant  frequemment ,  parce  que 
les  douleurs  de  lete  ct  de  genoux ,  la  difficulte  de  respircr,  et  les 
nausees  causalenl  d'horribles  souffrances.Tout  a  coup,  on  se  trouva, 
vers  les  cinq  heures  du  soir  et  sans  s'y  attendre,  sur  le  bord  le 
plus  eleve  du  cratere.  Rien  n'egale  Timpression  que  celte  vue  pro- 
duisit  sur  les  voyageurs.  I!s  avaient  passe  toute  la  journee  dans  la 
plus  grande  solitude  ;  ils  n'avaient  aper^u  ni  une  seule  plante,  ni 
un  seul  oiseau ,  ni  meme  un  seul  insecte.  A  chaque  pas ,  ils  n'a- 
vaient  rencontre  ici  que  des  quartiers  de  rocbers ,  et  des  masses 
brutes  loutesbrisees  par  Teffetde  leur  chute ;  et  la  que  des  pier  res  qui 
elaient  comme  vitrifiees  et  remplies  de  boursouflures ;  de  tous  coles 
ce  n'etalt  que  debris  ,  formant  des  las  de  decombres,  de  sable  et 
de  cendres.  L'esprit  tout  preoccupe  de  ces  produits  du  feu  ct  de 
ces  innombrables  signes  de  destruction  ,  ils  arriverent  soudaine- 
ment  sur  les  bords  dun  abime  immense,  dufond  duquel  jailllssait 
une  grele  de  pierres  avec  un  bruit  sourd  semblable  a  celui  que  pro- 
duisent  les  vagucs  de  la  mer,  lorsqu'elles  viennent  se  briser  avec 
fracas  contre  les  rocbers.  Par  un  mouvement  Involonlaire  ,  ils  re- 
culerenl  de  quelques  pas.  L'un  des  voyageurs  ,  les  cheveux  heris- 
ses,  ressentit  un  grand  vide  dans  Teslomac  et  tomba  meme  a  la 
renverse,  Tous  se  regarderent  sans  proferer  une  parole,  jusqu'a 
ce  que  cette  emotion  ,  causee  par  la  premiere  vue  de  i'abime  ,  se 
fAt  calmee.  Alors  on  revint  au  cratere  du  volcan  ,  et  Ton  s'occupa 
du  barometre  ,  dont  la  colonne  de  mercure  n'avait  plus  que  i5 
pouces  36o  de  hauteur.  Le  thermomctre  marquait  Sg"  el  a  Tair 
libre  33".  On  recueiliil  quelques  noles  ,  el  Ton  prit  quel<|ues 
dessins. 


12 

Les  voyageurs  observ^rent  que  presque  toutes  les  plerres  lancees 
par  le  volcan,  k  chaque  eruption  ,  restaient  en  dedans  du  cercle 
qu'll  s'elait  lui-inSnie  trace,  etretoinbaient  dans  le  cralere  ;  ct  que 
toutes  cclles  qui,  en  petite  quantite  ,  etaient  portees  en  dehors  ,  se 
prenpitaient  dans  la  direction  du  sud.  Us  remarquerent  aussi  que 
Je  bruit  sourd  qui  se  faisait  continuellenient  entendre  de  Tinterieur , 
augmenlait  de  temps  en  temps  comme  par  Teffet  d'un  craquement 
qui  devenait  de  plus  en  plus  fort^  et  que  c'etait  alors  que  le  volcan 
vomissait  les  pierres ,  le  sable  et  les  cendres  dont  ses  bords  sont 
couverts;  que  ces  acces  Etaient  frequens  et  plus  violens  les  uns  que 
les  autres ;  que  sur  divers  points ,  lant  en  dedans  qu'en  dehors  de 
la  bouche  du  cratere,  on  voyait  s'echapper  des  fumeroles  de  peu 
d'imporlance,  si  ce  n'est  les  trois  principales  qui  se  trouvent  du 
cole  de  Test,  et  a  une  assezgrande  profondeur.  Le  cratere  a  lui- 
meme  la  forme  d^un  long  entonnoir  dont  les  parois  sont  peu  in- 
clinees,  et  dont  on  ne  pent  apercevoir  le  fond.  Ces  parois  sont  elles- 
m^mes  coupees  ,  longitudinalement ,  par  plusieurs  rainures  presque 
droites  qui  descendent  de  toutes  les  inegaliles  de  la  bouche  du 
volcan  ;  elles  imitent  les  rayons  d'un  cercle,  coupes  par  trois 
anneaux  en  excavations  circulalres ,  qui  dlvisent  ce  cercle  en  quatre 
zones  de  grandeur  inegale.  La  plus  grande  qui  est  de  la  roche  vive , 
tandis  que  les  autres  paraissent  n'elre  que  de  sable  ,  est  la  premiere 
en  partant  du  cratere.  Au  dehors ,  ce  cratere  est  couvert  de  neige  ; 
mais  en  dedans  on  n'en  voit  que  dans  la  parlie  qui  regarde  le  nord , 
et  encore  ne  pent- on  apercevoir  jusqu'ou  die  s'etend.  Sa  bouche 
presque  circulaire,  a  un  diametre  d'a  peu  pres  un  mille.  Ellc  est 
bcaucoup  plus  basse  vers  Torient  que  vers  I'occident.  Son  c6te 
meridional  parait  Ires-mince,  il  est  rempll  d'inegalites  dont  la  na- 
ture est  telle  quelle  semble  en  defendre  Tacces ;  son  c6le  septen- 
trional ,  au  contraire ,  est  plus  ^pais  et  plus  uni,  Une  dernierc 
observation  enfin,  c'esl  que  les  vovageurs  apergurentde  la  ,  la  cime 
du  volcan  d'Orizava,  et  les  monlagnes  neigeuses  qui  I'entourent  : 
un  brouillard  epais  leur  derobait  la  vuc  de  presque  tous  les  autres 
objets. 


Ces  observations  terminees,  comme  la  nult  avan^ait,  MM.  Glen- 
iiie  redescendirent  par  le  meme  cliemin  qu'ils  avaient  suivl  pour 
arriver ,  jusqu'a  Fendroit  oil  iis  avaient  laisse  Quintana.  Quoiqii'ils 
eussent  d'abord  I'inlention  d'y  passer  la  nuit ,  pour  retourner  le 
jour  suivant  a  la  montagne ,  ils  furcnt  forces  d'abandonner  co  projet. 
Aleurretour  ,  Quintana  avail  le  pools  Ires-agite,  ce  qui  leur  donna 
quelque  inquietude,  et  les  contraignit  de  chercher  les  moyens  de 
le  descendre  au  plus  tot.  Ils  le  porterent  eux-memes  et  a  grand'peine ; 
mais  leur  embarras  s'accrut  bientot.  A  peine  ,  en  effet,  avaient-ils 
fait   quelques    pas,   qu'ils  reconnurenl    qu'il  ^tait  impossible   de 
reprendre  le  chemin  qu'ils  avaient  suivi  le  matin  ;  ils  entrerent  done 
dans  le  ravin  de  Los  Neveros  a  sa  naissance.  Ils  le  descendirent; 
mais,  comme  il  est  passablemenl  Incline  et  couvert  de  sable,  ils  en- 
fongaient  a  cbaque  pas.  C'est  ainsi  cependant  qu'ils  atteignirent  de 
nuit  et  apres  bien  des  fatigues,  les  limites  de  la  vegetation  ;  mais 
comme  ils  s'elaient  ecartesde  leur  premiere  route,  ils  n'arriverent 
point  au  lieu  ou  devaient  se  trouver  les  Indiens.  Malgre  les  grands 
feux  qu'ils  allumerent,  pour  leur  indiquer  le  lieuofi  ils  se  trouvaient, 
les  Indiens  ne  parurent  pas  de  toute  la  nuit.  Le  jour  suivant, 
2 1  avril ,  on  dut  prendre  le  parti  de  se  diviser  :  les  uns  se  dirigerent 
a  drolte,  et  les  autres  a  gauche,  en  poussant  tous  a  la  fois  de  grands 
cris,  afin  de  se  faire  entendre.  On  y  parvint  enfin  ;  et ,   lorsque 
tout  le  monde  fut  reuni ,  chacun  reprit  sa  mule,  et  Ton  descendit 
au  poste  de  la  Baqueria  ;  de  la ,  on  passa  au  village  d'Atlauca ,  et 
vers  les  huit  heures  du  soir  on  fut  de  retour  a  Ameca. 

Le  23  avril  on  avait  revu  Mexico,  apres  une  absence  de  cinq 
jours  seulement. 


Tableau 


l/^ 


TABLEAU   DES   LIEUX    OBSERVES. 


LIEUX  OBSERVIiS. 


Ameca  ,   village 

St. -Nicolas  de  los  Ranclios.  . 

Tochilniico  ,   village 

Limite  supe'rieurc  Jcs  pins. 

Limite  dc  toute  vegetation. 

Pointe  de  St.-Guillaume  ( i ). 

Bord  le  plus  e'leve'  du  cratere 
du  volcan  de  Popocatepetl. 

Postc  de  la  Baqueria 


LATITUDE 
Nord. 


19-17-40 


»9 


-  L- 


LOXdll  UDE. 
.'1  I'E.  de  IVIexico. 


oo-23'-3o" 
o-32-3o 


llAUTF.lR  Al-DE!!»LS 

de  la  mer. 


pied:*  aiigl 
8,216 

8,087 

6,930 

12,544 

12,693 

16,895 

17,884 
10,784 


pieds  fii'iir 

7,788 

7,781 

6,56; 
11,890 
12,043 
i6,oi5 

16,837 
10,222 


Journey  from  Buenos-Ayres  through  the  provinces  of  Cordova ,  etc.  , 

to  Potosi,   etc. 

Voyage  de  Buenos-Ayres  a  Potosi  ,  a  travers  les  provinces  de  Cordova  , 
de  Tuciiman,  et  de  Salta  ,  le  desert  de  Caranja,  Santiago  de  Chili  et  Co- 
quimbo,  entrepris  dansl'intcret  des  conipagnies  creees  pourrexploitatioii 
djes  mines  d'or  et  d'argent  du  Chili  et  du  Pdrou;  dans  les  annecs  1825- 
1826 ,  par  le  capitaine  Andrews  ,  de  la  marine  anglaise.  —  Londres  ,  1827, 
a  vol.  in-i2. 

Pressd  de  se  rendre  a  Potosi ,  le  capitaine  Andrews  ne  donne 
que  des  renseignemens  inconiplels  sur  la  capitale  de  la  republique 


(1)  Ou  :i  doriiK;  u  ce  pic  ,  qui  sc  voit  <le  Mexico  ,  lo  noiu   (3c  .Saitit-Guillaiunc  ,  cu 
riioniHiii  lie  M.  C'.uill.   Glcniiir,  qui  Put  Ic  inoliiir  ile  loUc  uxciirsiun. 


i5 

Argentine,  dont  il  exagere  beaucoupla  population.  Ce  nest  done 
reeilement  qu'a  la  sortie  de  Buenos-Ayres  que  commence  son 
voyage. 

Le  lecteur  se  Irouve  tout  d'abord  transporte  au  milieu  des 
Pampas.  Les  Pampas ,  conmie  on  le  sait ,  sont  de  vasles  plaines 
qui  commencent  presque  a  la  sortie  de  Buenos- Ay  res,  et  que  la 
vue  parcourt  dans  toutes  les  directions  sans  renconlrer  le  molndre  ' 
obstacle.  On  les  a  nommecs  avec  ralson  un  Ocean  terreslre.  Ces 
plaines  immenses  ont  a  peu  pres  trois  cents  lieues  de  largcur,  et 
s'etendent  depuis  la  capltale  de  la  republique  Argentine  jusqu'a 
la  base  des  Cordilleres.  Elles  sont  habitees  par  les  Guachos ,  peu- 
plades  espagnoles  a  demi-sauvages  ,  qui  y  vivent  dans  une  Inde- 
pendance  absolue.  Les  moeurs  de  ces  peuples  sont  singulleres  et 
assez  peu  connues.  N'ayant  aucune  demeure  fixe ,  les  Guachos^  bi 
la  manlere  des  Arabes,  changent  de  place  loules  les  fois  que  le 
manque  de  palurage  les  oblige  de  conduire  ailleurs  leurs  trou- 
peaux.  Leur  population  est  peu  nombreuse ,  et  les  families  vivent 
a  une  grande  distance  les  unes  des  autres.  Un  grand  nombre 
d'entre  elles  descendent  des  meilleures  families  d'Espagne.  Les 
Guachos  ont  des  manieres  agreables,  et  monlrent  souvent  des  sen- 
timens  nobles  et  eleves.  lis  habltent  de  miserables  huttes  dans 
lesquelles  sontentasses  pele-mele  gargons,  filles,  hommes,  femmes 
et  enfans.  (^es  huttes  remplies  de  puces  et  de  buichucas  (  esp^ce  de 
punaises  aussi  larges  que  des  grillons  )  sonl  inhabllables  en  ele. 
A  cette  ^poque  de  I'annee,  toutes  les  families  couchent  dehors 
sur  le  gazon ;  on  ne  dort  dans  les  huttes  que  Thiver.  Les  seuls 
sieges  qu'on  rencontre  dans  ces  cabanes  sont  formes  de  tetes  de- 
charnees  de  cheval.  Le  seul  ameublement  consiste  en  une  lampe 
alimentee  par  la  graisse  de  jeunes  taureaux,  et  dans  quelques  brides 
et  dperons  suspendus  le  long  des  murs  a  des  os  de  boeuf.  La  hutte 
est  chauffee  au  moyen  de  charbon  de  bois.  La  seule  nourriture 
du  Guacho  est  du  boeuf  et  de  Teau.  Get  aliment  unifornic  et  sim- 
ple lui  donne  une  force  et  une  vigueur  inconnues  aux  hommes  du 


It> 


viciix  conlincnl,   el  le  rend  capable  de  suppoilei" les  Iravaux  et 
les  exerciccs  les  plus  fafigans.  L'education  du  jeune  Guacho  com- 
mence au  sortir  de  la  mamelle.  A  peine  est-il  en  etat  de  marcher, 
qu'il  essaie  deja  avec  un  lasso  fait  de  fil  retors,  de  prendre  quel- 
ques  petits  oiseaux.  A  quatre  ans ,  il  est  en  etat  de  monter  k  che- 
vai ,  el  capable  de  mener  ainsi  patlre  les  bestlaux  a  une  distance 
'assez  eloignee  du  Corral  (  espece  d'enclos  ou  Ton  rassembie  pcle- 
mele  les  besliaux  de  toute  espece  ).  Plus  avance  en  age ,  ses  amu- 
semens  deviennent  plus  serieux ;  il  sc  livre  alors  avec  ardeur  ^  la 
chasse  dcs  aulruchcs ,    des   gamas ,  des  lions ,   des  tigres ,   qu'il 
attaque  courageusement.  Au  moyen  de  son  lasso ,  il  allrape  les 
boeufs  sauvages  et  les  autres  animaux  de  ce  genre.  La  distance 
qu'il   peut  parcourir  a  cheval  et  le  nonibre  d'heures  qu'il  peut 
y   rester   sont  a  peine  croyables.  11  est   facile  de  se  faire   une 
idee  de  I'independance  sans  bornes  que  doit  donner  un  genre  de 
vie  semblable  ;    aussi   I'esprit   du    Guacho ,    qui  ne  connatt  au- 
cune  espece  de  sujetion ,  est-il  rempli  d'un  sentiment  de  liberty 
aussi  noble  qu'il  est  inoffensif,    quoique  ce  sentiment  participe 
un  peu  des  habitudes  sauvages  de  la  vie  qu'il  m^ne.   En  vain 
vanterez-vous  a  ce  nouveau  centaure  les  douceurs  et   les  charmes 
de  la  vie  civillsee  :    II   vous  rt^pondra   que  le  plus  noble  em- 
ploi  de  I'homme  est  de  courir  constamment  a  cheval ;  que  c'est  la 
son  plus  beau  privilege  ;  qu'aucune  parure  quelque  brlUante  qu'elle 
soil,  qu'aucune  joulssance  quelque  douce  qu'elle  paraisse,  nepeuvent 
consoler  de  n'avoir  pas  de  monlure ,  et  que  I'emprelnte  du  pied 
humain  trace  sur  le  gazon  est,  h  ses  yeux  ,  une  preuve  de  defaut 
de  civilisation  et  de  barbaric.  II  n'a  aucun  de  ces  besoins  artifi- 
ciels  ni  de  ces  ddsirs  qui  tourmentent  et  devorent  les  populations 
policies;  et  quand  II  s'est  procure  une  bonne  selle  et  de  bons  dpe- 
rons,  il  ne  pense  pas  que  1' argent  pulsse  avoir  quelque  valeur. 
Son  caractere,  tres-souvent  estimable,  est  toujours  hospitaller.  Le 
voyageur  qui  parcourt  ces  vastes  regions  solitaires  est  touiours 
sAr  de  trouvcr  bon  accueil  et  assistance  dans  la  miserable  hutle  du 


17 
Guacho  ,  qui  s'enipresscrade  recevoir  son  bote  avcc  des  mani^res 
simples  et  ni^me  disllnguiies.  A  I'arrivee  du  voyagcur,  ie  Guacho , 
apres  pluslcurs  salutations  bienveillantes  et  amlcales,  conduira 
lui-meme,  a  son  propre  siege,  pres  du  foyer,  Thole  qui  vient  re- 
clamer  I'hospltalite.  Les  Guachos  professent  la  religion  cathollque; 
mais  risolement  dans  lequel  ils  vivcnt  donnant  a  leurs  pratiques 
de  dt^volion  une  grande  simplicite  ,  les  preserve  dc  cc  fanalisme 
rellgieux  qui  s'empare  Irop  souvent  des  habitans  des  villes.  Les 
morts  sont  enterres  dans  un  lieu  consacre,  et  sont  places,  dans  la 
fosse,  en  travers  dun  cheval  qu'on  y  a  prealablcment  enterre. 
Leur  costume  se  compose  essentieilement  dun  poncho,  morceau 
d'etoffe  a  peu  pres  carrd,  ayant  un  trou  pour  y  passer  sa  tete,  et 
de  bottes  formees  de  la  peau  d'un  poulain,  arrache  du  venire  de 
sa  mere  quelque  temps  avant  que  celle-ci  ne  metle  bas ,  et  a  une 
epoque  ou  le  poll  du  jeune  animal  n'est  pas  encore  forme  ,  et  oii 
la  peau  est  blanche  et  d'une  texture  tres-dellcate.  Cettepeau, 
dont  on  depouille  la  jambe  de  Tanlmal  a  lamaniered'un  bas  qu'on 
relourne,  s'adapte  parfallement  a  la  jambe  du  Guacho,  etilnit  par 
lul  faire  des  bottes  sans  coutures  assez  elegantes.  Ces  botles  pre- 
sentent,  a  leur  parlle  inferieure,  une  ouverture  suffisante  pour 
lalsser  I'orteil  i  decouvert ,  orleil  qui  est  la  seule  partle  du  pied  que 
le  Guacho  pose  sur  Tetrler,  imilant  en  cela  quelques-unes  des 
tribus  nomades  de  I'AsIe.  Get  orleil,  qui  par  Tusage  continucl  du 
Guacho  d'aller  a  cheval,  est  devenu  tres-salUant  et  tres-volumi- 
neux  ,  suffit  pour  malnlenir  loujours  !e  cavalier  en  equlllbre.  L'ha- 
bitant  des  Pampas  est  tres-adroil  a  la  chasse  des  perdrix  ;  11  se 
sert  a  cet  effet  d'une  baguette  au  bout  de  laquelle  se  trouve  un 
noeud  coulant.  Tout  en  courant  au  galop,  selon  son  usage,  son 
oeil  per^ant  cherche  ,  el  a  bientot  aper^u  la  proie  qu'Il  veut  at- 
teindre.  II  arrete  aussllot  son  cheval ,  et  forme  aulour  de  I'olseau 
un  cercle  qu'il  resserre  par  degres ,  jusqu'a  ce  qu'enfin  11  soil  assez 
pres  de  la  perdrix.  Celle-cl  ne  parait  donner  d'attention  qu'au 
lacet  ct  ne  semble  pas  s'occuper  du  chasseur,  qui  parvient  aise- 


i8 

ment  a  lui  jeter  le  noeud  coulant  autour   du  cou,   ct  a  rcnlevei 
coiiinie  un  poisson  pris  a  la  lignc. 

C'esl  apres  avoir  traverse  une  parlie  de  ces  plaines  que  le  capi- 
taine  Andrews  alteignit  Cordova^   eloignee  de  liuenos-Ayres  de 
173  lleues.  Cetle  vlUe ,  capilale  de  la  province  du  nieme  nom  , 
est  situee  dans  une  vallee  peu  profonde.  Sa  population  paratt  ^tre 
de  8  a  10,000  ames;  Ignacio  ]Nunez  la  fait  montcr  a  16,000,  el 
cellede  toule  la  province  de  Cordova  de  70,0003^0,000.  Elle  forme 
un  gouvcrncment  federal  avec  Buenos-Ayres  ,   ct  est  siluee  pres 
de   la  riviere  Parana,   qui  tonibe  dans  le  Rio  de  la  Plata.   Dans 
nuUe  autre  partie  de  TAmerique  du  Sud  rinfluence  ecclesiasllque 
n'est  aussi  puissanle  qu'a  Cordova.  Le  quart  seulemenl  de  la  ville 
paratt  compose  des  amis  sinceres  de   la  liberie  et  de  1  indepcn- 
dance  nationale  ;  les  trois  autres  parlies  sont  formees  dhonunes 
indifferens  ou  devoues  aux  prelres.   Celte  villc  possede  de  nom- 
breux  couvens  dhommes  et  de  femmes  ;  et ,  independanmient  des 
egllses  assez  bien  baties,  une  superbe  calliedrale  conslruite  dans 
le  style  nioresque.  La  province  et  la  ville  de  Cordova  ont  beau- 
coup  soufiert,  etont  vudetruire,  par  la  guerre  de  I'lndependance  , 
le  grand  commerce  de  mules  qu'elles  faisaient  avec  le  Perou  :  aussi 
toules  les  branches  d'industrie  y  sont-elles  languissanles;   et  le 
manque  de  capitaux  se  fait-ilsenlir  partout.  II  y  a  quelques  etran- 
gcrs  etablis  a  Cordova,   et  surtout  des  Frangais,  qui  y  exercenl 
diverses  professions  utiles,  et  qui  y  ont  ete  allircs  par  un  Amcri- 
cain  eclaire ,  don  Mariano  Fragiieira. 

Une  soiree  passee  a  Y Alameda  ou  promenade  publique  ,  offrit 
a  notre  auteur  I'occasion  d'admirer  les  belles  Cordoveses.  Laissons 
parler  le  capilaine  :  les  dariies  ,  dil-il ,  qui  visltent  I'Alameda  sont 
douees  d'une  elegance  de  mouvemens  ,  dune  symetrie  de  formes  , 
sans  le  sccours  du  corset ,  et  dune  souplesse  de  tournure  quen- 
vieraient  les  femmes  dc  nos  cllmats  seplenlrionaux.  L'aisancc  de 
leur  demarche  et  radmirable  proporlion  de  leurs  membres  delicals, 
qui  ne  sont  jamais  tyrannises  par  aucun  appareil  genanl ,  donneni 


10 


a  toulc  leur  personuc  iin  charnie  inexprimable.  Lcs  beanx  yeux 
dcs  «]anies  cic  ("oiflova  fixercnl  egalement  toiile  ratleiilion  du  ca- 
pilalne  Andrews,  l/.ien  ,  suivantlui,  ne  pcut  resislcr  a  la  seduction 
de  leurs  regards.  Excite  lout  a-la-fois,  sans  doute  ,  e^  par  la  recon- 
naissance et  par  le  patriotisme ,  M.  Andrews  parail  avoir  recher- 
che avec  soin  la  cause  «  de  celte  inimitable  demarche  des  dames 
americaines  ,  »  d-marche  qu'il  voudrall  voir  nalionallser  parmi 
SCN  belles  compatriotes.  «  J'aiappris,  dit-il  ,  que  c'elait  autrefois 
un6  coutunie  ,  si  meme  ce  n'en  est  pas  encore  une  aujourd'hui, 
dans  quelques  coins  eloignes  de  la  province,  d'allacher  les  jambes 
des  jeunes  fillcs  avec  un  ruban  auquel  on  donnail  une  longueur 
convenable.  Ce  ruban  dont  chacun  des  bouts  etait  fixe  separenient 
aux  chevilles  dela  jeune  fiUe,  ne  permettait  a  celie-ci  que  de  faire 
une  enjambee  d'une  elendue  proporlionnee  a  la  longueur  dn  ru- 
ban ,  longueur  qu'on  augmentait  ou  qu'on  diininuait  a  volonle.  On 
tra(:ait  ensuile  avec  de  la  craie  sur  le  planchcr  et  dans  plusieurs  di- 
rections des  signes  que  la  jeune  fille  s'excrcait  a  parcourir  symelri- 
quement  et  sur  la  poinle  du  pied.  •>  Si  c'est  a  cet  exercice  ,  ajoule 
M.  Andrews ,  qu'il  faut  aftribuer  la  grace  de  la  tournure  el  la  di- 
gnite  du  maintien  qui  distinguent  les  femmes  de  I'Amerique  du  Sud , 
il  merite  d'etre  introduit  en  Anglelerre.  II  a  d'ailleurs  Tavanlage 
de  pouvoir  ctre  facilemenl  appris  ,  et  je  ne  doute  pas  qu'une  dou- 
zainc  de  lemons  nemettcnt  une  jeune  lady  en  etat  de  paraitre  a  une 
Alameda  ajiglaise  avec  cet  air  majesluoux  qui  distingue  si  eminem- 
ment  les  belles  Americaines.  » 

La  nature  semble  avoir  prive  les  Cordouans  de  I'espril  elcve  , 
du  tact  deiicat  et  dii  genie  nalurel  des  Buemts-Ayriens. 

Commc  en  Egyple ,  les  sauterelles  sont  une  veritable  plaie 
pour  les  provinces  de  Rio  de  la  Plata.  Nous  avions  deja  aper^u , 
dit  Tauteur ,  des  myriades  de  ces  insecles  semblables  a  un  nuage 
sombre  ,  etendu  sur  Thorizon  ;  mais  lorsque  nous  vinmes  a  nous 
rencontrer  sur  leur  passage,  ils  etaient  lances  avec  lant  de  violence 
el  en  si  grand  nombre  conlre  la  tete  de  nos  chevaux  et  conlre  la 


20 


figure  de  nos  postilions  que  noire  marchc  en  fal  relardee,  et  que 
l«;s  postilions  avcugles  seiiiblaieiil  marcher  a  latous.  Dans  le  rayon 
parcouru  par  celte  grclc  tl  un  nouveau  genre,  chaque  buisson  pa- 
raissait  vivant  et  elait  en  un  instant  depouiile  de  son  feuillage  et 
de  son  ecorce.  Ccs  iosectes  amonceles  sur  la  terre  a  une  epaisseur 
de  trois  ou  quatre  pieds  resseniblaient  a  un  vastc  champ  d'epis  que 
le  vent  fait  ondoyer  ,  ou  aux  ondulalions  de  la  nier  legerement 
agitee  par  la  brise  du  soir.  La  canipagne ,  apres  leur  passage  , 
presenlait  un  aspect  vrainient  deplorable.  Les  ravages  produlls  par 
la  flanirne  ne  laissenf  pas  des  traces  plus  deplorables  el  plus  tristes. 

Si  Ton  en  croit  noire  voyageur  ,  a  niesure  qu'on  s'eiifonce  dans 
I'interieur  des  Pampas,  la  population  diminue  de  plus  en  plus. 
Quoique  la  contree  soit  belle  etparaisse  fertile  ,  a  peine  apercoii- 
on  ,  apres  avoir  parcouru  plusieurs  lieues,  quelques  inisdraLles  ca- 
banes  eparses  9a  et  la  et  bailies  en  terre. 

Sur  les  bords  du  Saladillo  ,  pelile  riviere  dangereuse  et  rapide 
qu'il  faut  passer  pour  se  rendre  a  Santiago,  noire  voyageur  fut 
tcmoin  d  une  scene  a  laquelle  un  oeil  europeen  n'cst  point  accou- 
tume  ,  et  traversa  le  torrent  d'une  manierc  qui  pourra  paraiire  as- 
sez  originale  a  quelques  uns  de  nos  lecteurs. 

«c  Parvenus  aux  bords  du  torrent ,  dit  le  capitaine  ,  "les  chevaux 
furent  deleles  de  la  voiture  et  se  rendirent  d'eux  memes  a  Tendroit 
de  la  riviere  ou  ils  avaient  Thabilude  de  se  mettre  a  la  nage  pour 
passer  de  I'aulre  cote.  Qnant  a  nous,  nous  reslames  sur  la  rive 
pour  attendre  le  bateau  qui  devalt  nous  y  porter.  Quelle  fut  noire 
surprise  de  voir  sur  la  rive  opposee ,  s'elancer  dans  le  torrent 
plusieurs  femmes  entieremenl  nues  qni  se  mirent  a  nager  vers  nous  , 
tenant  chacune  entre  leurs  dents  un  cordcau  de  cuir  attache  a  cha- 
cune  des  balsas  qui  composaient  la  flotille  qui  d^vait  nous  trans- 
porter de  I'autre  cote  de  la  riviere  ;  ces  femmes  dtaient  suivles  par 
une  vinglained'hommes  egalement  nus,  lords  of  the  creation  ^  pous- 
sanl  devant  eux  Tespece  de  bac  sur  lequcl  notre  voiture  devaiteire 
placee.  C'etait  un  spectacle  vraiment  pittoresque  que  de  voir  ces 


iiouvelles  iiereTdes  a  la  couleiir  d'ambrc ,  qui  paraissaient  se  joder 
dans  ics  caux  coniiue  dans  \eac  propre  clement,  s'eianccr  avec 
iegerele  sur  le  rivage,  et,  loutes  Iremljlanles  de  froid  ,  accourir 
vers  nous  pour  nous  offrir  leurs  services,  sans  m6mc  se  donner 
ie  temps  d'cxprlmer  I'eau  dont  etait  imbibee  leur  longue  chevelure 
dun  noir  de  jais. 

»  Le  balsa  ^  ou  bateau  de  cuir,  est  forme  d'une  peau  de  lau 
rcau  coupce  en  carre,  et  dont  chacun  des  coins  est  reuni  par  un 
simple  nceud.  On  le  prendrait,  h.  une  certaine  dislance,  pour  unc 
caisse  a  the  flottant  sur  la  riviere.  Au  mouvement  de  I'oscillation 
<le  deux  de  mes  malles,  qu'on  avail  placees  dans  ce  bateau-coquille 
pour  lui  servirde  lest,  je  reconnus  bientot  qu'il  etait  de  la  der- 
iiiere  importance  ,  si  I'on  ne  voulait  pas  tomber  dans  le  torrent, 
de  conserver  un  equilibre  parfait  pendant  la  traversde ;  aussi  ma 
conductrice  mit-elle  la  plus  grande  attention  a  me  placer  au  mi- 
lieu du  balsa,  dans  le  centre  meme  de  gravile  ;  ce  qu'elle  fit  d'ail- 
leurs  avec  une  adrcsse  qui  aurait  fait  honneur  au  marin  le  plus 
experimenle.  Je  m'assis  done  bien  prepare,  en  cas  d'accident , 
a  meltre  a  profit  mes  talens  en  fait  de  natation.  Ma  nageuse  prit 
alors  le  cordcau  du  balsa  entre  ses  dents,  s'clan^a  dans  I'onde , 
el  lutta  avec  unc  si  grande  force  contre  la  violence  du  torrent, 
qu'il  semblait  que  Ics  ondes  etincelassent  autour  d'elle.  Elle  tour- 
nait  de  temps  en  temps  les  yeux  vers  moi  comme  pour  me  rassu- 
rer,  et  avec  un  sourire  d'encouragement  elle  semblait  me  dire  : 
«  Wayez  pas  peur.  »  .Je  ne  pouvais  m'empecher,  cependant,  de 
reflechir  sur  la  situation  singuliere  ou  je  me  trouvais  place  :  seu- 
Icment  Tepaisseur  dune  peau  de  taureau  entre  moi  et  Teternite  , 
et  pour  toule  sauvegarde ,  I'adresse  d'une  femme  !  Mais  heureu- 
sement  nous  arrivames  bientSt  a  terre  ;  et  mes  compagnons  qui 
avaicnt  fait  la  Iraversee,  chacun  dans  un  navire  semblable  au 
nfilre,  debarqucrent ,  ainsi  que  moi,  sains  et  saufs.  » 

Les  habitans  dc  Santiago  sont  pauvres  et  paresseux.  La  popula- 
tion de  celte  ville  a,   depuis  la  guerre  de  Tlndcpendance,  consi- 


22 


deiablcinent  diminuc  ;  elle  est  k  peine  la  mollie  dc  celle  de  Cor- 
dova. Legouverneur  actuel,  le  senior  Ybarro,  est  parvenu  a  cette 
dignite  par  le  nioyen  de  Yultlma  ratio  :  inoyen  dont  ies  repuljli- 
cains  de  la  trempe  du  senior  Ybarro  savent,  a  ce  qu'il  parail, 
faire ,  dans  1  occasion ,  un  aussi  bon  usage  que  pourraient  lo  faire 
Ics  polentats  do  I'ancien  iiionde. 

Nous  francbirons  aussi  leslemenl  que  I'a  fait  I'auteur  Ies  qua- 
ranle  lieues  qui  separenl  Santiago  de  Tucuman,  jolie  villa  ou  nous 
nous  arrelerons  un  peu.  La  province  de  Tucuman  ,  dont  la  capl- 
tale  poitcle  nienie  rioni ,  a  la  forme  dun  trapeze,  dont  chacun 
des  cotes  est  d'environ  quarante  lieues  de  long.  Elle  est  bornce 
par  Ies  provinces  de  Salta ,  de  Santiago  del  Kslero  ,  et  par  celle 
de  Tacamarca.  Une  brancbe  des  Cordillercs  des  Andes  forme  sa 
limile  occidentale.  Quoique  voisine  des  tropiques  ,  son  climat  est 
doux  et  lempere  ;  elle  est  la  plus  petite  el  pourtant  la  plus  riche 
des  province^ uniesde  Rio  de  la  Plata.  Sa  population  estd'environ 
4o  a  5o,ooo  ames ,  dont  12,000  dans  la  capitale.  La  douceur  de 
son   climat  tl  \A  richesse  extraordinaire  de  son  sol  lui  onl  fait 

■w 

donner  le  uom  de  Jardin  de  VUnion  federate. 

C'est  a  Tucuman  que  fut  signee,  en  18 iG,  dans  un  congres  ge- 
neral ,  la  declaration   de  Tlndepcndance  de  TAmerlque  du  Sud. 
L'influence  des  pretres  est  tout-a-fait  nulle  dans  cette  province. 
LesTucumanais,  en  general ,  ont  I'csprit  vigoureux,  I'sinie  elevee, 
et  un  grand  fonds  d'honneur  ;   ils  sont  bons  et  bospilaliers  tnvcrs 
Ies  etrangers,  modesles  ,  quoique  doues  de  lalcns  naturels.  Les 
plus  eclaires  d'entre   eux  deplorent  les  habitudes  indolentes  de 
leurs  concitoyens  et  leur  manque  d'dducatlon  ;  ils  appellent  de 
leurs  vceux  tous  les  etrangers  inslrulls  ou  industricux.  Les  mines 
dor  et  d'argcnt  sont  abondantes  dans  cetle  province  ;  mais  telle 
est  la  ferlliite  du  sol,   la   beaute  du  climat  et,   peut-etre  aussi, 
I'absence  d6  besolns  nombreux  ,   que  lo  pcuple  se  refuse  a  aller 
s'enterrer  dans  des  mines,   loin  de  la  clarte  du  soleil,  pour  arra- 
cher  aux  enlrailles  de  la  terrc  des  richesses  inullles  aux  besolns  de 


23 

la  vie  :  aussi  n'y  a-t-il  qu'un  tres-petit  nonibrc  Ac  mines  qui  solent 
exploitees. 

Les  arls ,  les  sciences  et  la  litleralure  sdnt  inconnus  a  Tucuman. 
La  maslque  semble  seule  y  ^Ire  un  pen  ciiUivee.  LV'sprit  d'indepen- 
dance  qui  domine  dans  cetle  province ,  el  la  soif  de  connaissances 
qui  commence  a  se  faire  sentir,  ne  permettront  pas  que  eel  etat 
de  choses  subsisle  long-temps. 

Le  voyage  du  capitaine  Andrews,  depuis  Tucuman  jusqu'aSalta, 
ne  presenlant  rien  de  remarquable,  nous  nous  empressons  d'at- 
telndre  celte  ville  ,  capitale  de  la  province  du  mi-me  nom. 

La  province  de  Salta,  situee  au  sein  dune  nature  riche  et  fe- 
conde,  s'etend  enlre  le  20"  et  le  25'^  degres  de  latitude  nieridio- 
nale.  On  ne  peut  se  former  aucune  idee  esacle  de  la  variete  du 
sol,  et  de  celle  du  cllmat  de  celte  province,  si  Ton  ne  considere 
avec  attention  la  difference  d'elevation  qui  existe  enlre  les  di- 
verses  parlies  qui  composent  son  territoire  :  elevation  a  laquelle 
on  doit  altribuer  les  differentes  temperatures  qui  y  regnenl  en 
meme  temps,  depuis  le  froid  humlde  et  penetrant  des  zones  nei- 
geuses,  jusqu'a  la  chaleur  brAlanle  des  fropiques.  Sa  population 
est  de  i5,ooo  ames  ,  dont  environ  7,000  pour  la  ville  de  Salta. 
Cctle  population  est  si  peu  active,  qu'elle  est  obligee  de  tirer  des 
provinces  qui  I'enlourent  ,  les  objets  de  premiere  necessite  ; 
son  seul  commerce  est  celui  des  mules.  Cetle  province  sur  le 
territoire  de  laquelle  de  grands  evenemens  se  sont  passes  dans  les 
quinze  dernleres  annees,  a  beaucoup  souffert  dans  la  guerre  de 
rindependance ;  guerre  a  laquelle  elle  apris.une  part  active  et 
glorieuse. 

La  ville  de  Salta,  agreablement  situee  sur  un  terrain  incline  et 
k  rextremlte  d'une  plaine  immense,  esl  elolgnee  de  9  lieues  de  la 
grande  route  de  Buenos-Ayres  a  Potosi.  Les  rues  en  sont  propres 
et  uniformes  ;  les  maisons  batles  en  briques.  Deux  rivieres,  VArios 
el  le  6il/elio ,  la  premiere  surtout,  lui  fournlssent  de  I'eau.  De  celte 
ville  ou  aper^oit ,  a  trois  lieues  de  distance  du  cole  de  I'ouesl ,  les 


hautcs  colliucs  ,  premiers  echelons  dc  I'iinmense  chaine  des  Andes. 
La  beaute  des  dames  de  Salta  est  passee  en  proverbe,  Icurs  manlcres 
sont  douces  et  elegantes.  Lcs  hommes  sont  intelllgens  et  devoues 
a  la  cause  de  la  liberie. 

A  quclques  lieues  de  Salla,  et  dans  la  province  de  ce  nom,  on 
trouve  Jujuy,  petite  ville  situee  sur  la  grande  route  de  Polosi  et 
du  Haut-Perou.  Cette  ville,  plus  vivante  et  plus  commert^ante 
qu'aucunedecellesque  Tauteura  rencontreesdepuisBuenos-Ayres, 
parait  n'avoir  pas  aulant  souffert  des  ravages  de  la  guerre ,  que  les 
autres  villes  de  la  federation  :  elle  est  propre,  bien  batie  ,  et  situee 
d'une  maniere  tres-pilloresque ,  sur  un  plateau  entoure  de  monta- 
gnes  don  I  la  plupart  recelent  des  metaux  prer.ieux. 

C'est  presqu'au  sortir  de  Jujuy  que  commence  cette  immense 
region  montagncuse,  qui,  de  degres  en  degres,  va  se  terminer  aux 
Andes.  L'auteur  decrit  avec  talent  les  divers  aspects  pittoresques 
de  la  route  qu'il  parcourut  a  travers  les  montagnes.  INous  regrellons 
que  le  dcfaut  (Vcspace  ne  nous  permette  pas  de  traduire  ici  quel- 
ques  unes  des  descriptions  pleines  de  cbarmes,  qu'il  fait  des  admi- 
rables  tableaux  que  la  nature  elale  dans  ces  regions  elevees.  A 
mesure  que  le  voyageur  s  avance  vers  le  sommet  des  montagnes , 
Taspect  du  pays  devient  de  plus  en  plus  triste ,  jusqu'a  ce  que , 
parvenu  a  une  certalne  hauteur,  le  sol  nepresente  plusasesyeux, 
que  des  rocs  steriles;  d'horribles  precipices,  des  pitons  qui  per- 
cent les  nues,  et  partoul  Tabsence  de  Ihomme.  L'on  ne  rencontre 
dans  ces  solitudes  elevees,  que  I'innombrable  variete  des  dalms  du 
Perou,  et  des  Iroupeaux  de  Guanacos  qui  semblent  se  perdre  dans 
les  nuages. 

Lj^  route  de  Jujuy  a  Potosi  est  extrcmement  fatigante ,  et  c'est 
avec  un  vif  sentiment  de  joie  que  notre  auteur  atleignit  cette  der- 
niere  ville,  terme  de  son  long  et  penible  voyage,  et  dans  laquelle 
il  avait  espere  former  un  vaste  etablissement  pour  Texploitation  de 
t[uelques  unes  des  mines  de  Polosi ,  eloignees  de  quelques  lieues  dc 
la  ville  de  ce  nom.  Le  premier  soin  du  capitaine  ful  de  solliciter 


25 

une  audience  du' general  Bolivar ,  qui  se  Irouvalt  alors  a  Polosi.  11 
raconle  ainsi  son  entrcvue  avec  le  liheraleur. 

«  Ce  fut  le  1 8  octobre  1826,  que  je  fus  presente  k  Bolioar.  Je 
ne  nierai  pas  qu'au  moment  de  paraitre  devant  le  herosde  Tind*^- 
pendance  americaine,  je  n'aie  eprouve  celte  sensation  particuliere 
que  donne  la  presence  dun  homme  qui  a  rempli  la  terre  de  la 
gloire  de  son  nom  ,  mais  cetle  impression  ,  qui  approche  presque 
de  la  crainte,  fut  bientot  detruite  par  I'accueil  franc,  ouvert , 
cordial,  que  je  re^us  de.lui.  C'est  le  devoir  de  Ihistorien  de 
faire  connaitre  les  grandes  actions  du  heros  ;  je  veux  seulement 
decrire  ici  Thomme  tel  qu'il  m'apparut  dans  une  courte  entrevue* 

»  Bolivar  est  d'une  taille  ordinaire,  svelte  ,  bien  prise ;  il  semble 
Gonstitud  pour  la  vie  active  des  camps ,  et  pour  les  fatigues  de  la 
guerre.  Ses  traits  ont  un  expression  de  severite  qui  approche  de  la 
rudesse.  Son  nez  est  aquilin  ,  et  ses  yeux ,  qu'il  semble  rarement 
permettre  a  un  changer  d'observer  attentivement ,  sont  plus  pene- 
trans qu'animes.  Son  front,  sillonne  par  les  inquietudes  et  par  les 
meditations,  parait  toujours  etre  couvert  d'un  sombre  nuage.  En- 
fin  ,  tout  Tensemble  de  sa  physionomiequi  n'a  riende  cequi  carac- 
terise  un  genie  superieur,  annonce  nn  caraclere  ferme  et  decide, 
porte  I'empreinte  des  soucis  et  des  travaux,  et  a  mcme  quelque 
chose  de  repoussant.  Bolivar,  en  donnant  une  audience,  semblait 
nianquer  de  cetfe  aisance  qui  cbmnent  mix  personnes  placees  duns  un 
rang  aussi  ele\>e ,  et  je  remarquai  que  lorsqu'il  etalt  assis ,  il  avaitla 
mauvaise  habitude  de  passer  et  de  repasser  ses  mains  sur  ses  genoux. 
II  parle  d'un  ton  rapide,  mais  monotone,  et  ne  donne  pas  une 
opinion  favorable  de  sa  politesse  (i).  Les  qualites  d'un  fier  soldat  re- 
puljlicain  doivent  naturellement,  sans  doule,  differer  de  celles  d'un 
courtisan  de  la  vieille  ecole  europeenne ,  et  il  serait  bien  Strange, 


(i)  II  nous  semble  que  tout  ce  passage  est  en  conlmdiclion  avec  ce  (juc 
Pauteiir  a  dit  plus  haul  du  sentiment  que  Imms^iTAVacucil franc ,  oiwert 
el  cordial  de  Bolivar.  N.  du  R. 


26 

en  effel,  que  Ics  habilmk's,  Ics  inanities  <le  liolivdr  ,  toulc  sa  per- 
soniie  cnfin,  iie  porlassciil  pas  renipiciiilf  dii  caracltirc  a\  ciiliireux, 
sinqulier  el  guerrier,  tics  sceues  exliaordinaires  dans  lesquelles  il 
a  joue  le  principal  role.  » 

Revenons  a  Potosi.  Celtc  vllle  qui  ne  s'offre  h  riinagiiialioii 
eblouie  du  lecteur  en  general ,  qu  environnee  d'un  remparl  im- 
meiise  d  argent  massif,  el  flanque  de  tours  dorees,  est  Mtie  sur 
la  declivite  d'une  collinc  ,  doii  Ton  peul  Jouir  de  la  vue  de  la  riche 
el  fanieuse  inontagne  qui  lui  a  donne  son  nom.  Kile  possede  unc 
place  belle  el  vasle,  oil  1  on  Irouve  plusieurs  beaux  edifices  publics. 
La  population  de  celte  ville,  au  conunencenient  de  la  revolution 
aniericainc,  elail  d'envlron  i3o,ooo^mes  ;  elle  est  a  peine  aujour- 
d'hui  de  11,000,  celle  de  toute  la  province  est  d'environ  3oo,ooo, 
donl  les  qualre  cliiquiemes  sont  Indiens.  La  province  est  gouvernec 
par  un  intendanl  du  prefet,  invcsti  a  la  fols  du  pouvoir  civil  et 
inllilaire. 

La  niontagne  de  PolosI,  donl  le  sonimet  est  a  environ  i4,ooo 
pieds  anglais  au-dessus  de  la  mer,  semble  lorsqu'on  Texaniine  des 
hauteurs  de  la  ville ,  avoir  la  forme  d'un  vaste  pavilion  deploye ;  et 
si  rimagination  du  speclateur  pent  ccarler  un  moment  le  souvenir 
des  maux  que  celle  montagne  a  repandus  sur  le  monde,  aucun  as- 
pect de  la  nature  sterile  ne  peut  elre  plus  magnlfique  el  plus  im- 
posanl.  Les  nombreuses  teinles  mclalliferes,  rouges ,  grises,  verles  , 
jaunes,  roses,  etc.,  dont  le  vasle  cone  esl  colore,  et  qui  provien- 
nent  des  dii'ferens  metaux  qui  out  etc  repandus  ii  I'orlfice  des  mi- 
nes innombrables  qui  cicatrisent  les  flancs  de  la  montagne,  pro- 
duisent  un    effet   singulier   et  tout-a-fait  pittoresque.   Les  vieux 
Espagnolsportent  a  cinqmille  le  nombre  de  mines  qu'on  y  trouve ; 
mais  cette  (Evaluation  est  evidemment  exagerce.  Quoi  qu'il  en  puisse 
etre  dc  ce  nombre,  il  y  en  a  a  peine  une  ccnlaine  qui  soient  au- 
jourd'hul  en  aclivile.  Ces  mines   ont  donne  des  resullals  prodi- 
gieux.  Quelques  unes  ont  produil  jusqu'a  neuf  millions  de  dollars 
par  an,  3o,ooo  par  jour.  On   raconte  alnsi  la  decouverle  de  ces 


2? 

merveilleuscs  mines:  Un  liidlen  nomine  Diego  Gualoa,  en  cou- 
rant  apres  queiques  uns  de  ses  moutons  qui  s'etaient  tigarcs  sur  la 
niontagne  ,  fit  un  faux  pas  dans  un  endroit  dangereux,  et  ne  dut 
son  salut  qu'a  un  arbusle  qui  se  trouva  pres  do  lui  et  dont  il  se 
saisil.  L'arbrlsseau  deracine  par  la  violente  secousse  de  I'lndien, 
laissa  voir  a  dccouvert  le  precieux  metal  au-dessus  duquel  il  elait 
planle.  L'Indien  s'emprcssade  communiquer  sa  decouverlc  a  deux 
Espagnols  qui  exploitaient  dcija  les  mines  dc  Pasco,  et  qui  s'empa- 
rcrent  bienlot  de  cclle,  beaucoup  plus  considerable,  que  le  pau- 
vre  Diego  leur  avail  revel^e. 

Nous  ne  mettrons  pas  nos  lecteursjdans  la  confidence  des  mo- 
tifs qui  forcerent  le  capitaine  Andrews  a  quitter  brusquement  Po- 
tosi,  ou  il  avait  esper^  faire  un  long  et  lucratif  sejour.  L'auteur  prit, 
a  travers  les  Cordilleres  et  les  Andes,  le  chemin  de  Valparaiso , 
petit  port  de  mer ,  dans  la  republique  du  Cbili.  La  ,  il  s'embarqua 
en  compagiiie  du  ce^ebre  general  Rodil ,  a  bord  d'un  vaisseau  an- 
glais, et  apres  avoir  double  heureusement  le  cap  Horn,  atteignit 
Hio  Janeiro.  Arrive  a  Rio  Janeiro  ,  Ic  capitaine  se  rendit  a 
rOpera,  on  y  representalt  la  Chute  de  Puhnyre.  Le  principal  per- 
sonnage  etait  joue  par  un  caslrat  d'unc  taille  gigantesque.  Le  len- 
demain,  M.  Andrews  assista,  k  la  chapelle  imperiale,  a  un  Te  Deiim. 
"  Je  vis,  dit-Il,  Tfrnpereur  Don  Pedro  et  rimperatrlce,  comme 
LL.  MM.  IL  se  rendaienl  a  leurs  voitures  ,  sulvies  des  jeunes  prin- 
cesses, et  d'un  des  enfans  naturels  de  I'enipereur.  Les  troupes 
rendirent  a  la  mailresse  de  Tcmpereur,  unedes  filles  d'honneur  de 
rimperatrlce,  les  memes  horineyrs  qua  une  personne  du  sang 
royal,  c'est-a-dire  que  les  soldats  s'ageuouIUerent  lorsqu  elle  passa 
devant  eux !  » 

Frederic  Degeorge. 


28 

KapPCIH'  siir  Ic  nuiM-.l  /lllits    du  ruyiiiii/ic   de  Uuncmarck  dc  I\J.  Ic 
Chevulicr  u'Abrahamson  ;  i)ar  M.  liliVJE. 

La  Soclele  m'a  chargt-  de  lui  faire  un  rapport  verbal  sur  uii 
onvrage  qui  lul  a  cle  presciUe  par  M.  le  chevalier  d'Abrahainson  , 
aide-de-camp  de  S.  M.  le  roi  de  Danemarck,  et  qui  a  pour  litre; 
T^omelAtlas  du  royaume  de  Danemarck  par  Bailliages.  Get  ouvrage 
sera  compose  dc  48  Cartes,  divisees  en  quatre  sections ;  vingt-une 
fcuilles  sont  deja  publiees ;  les  vingt-sept  autres  doivent  paraitre 
dans  le  courant  des  annees  1828  et  1829. 

Avaiit  d'examiner  les  parlies  publiees  de  Touvrage  par  M.  d'A- 
bralianison,  je  dois  rappeler  que  le  gouverncmenl  danois  a  confie 
depuis  long-temps  a  TAcademie  des  Sciences  de  Copcnhague,  la 
publication  d'un  Atlas  topographique  du  royaume  ;  il  ne  manque 
a  cette  collection  que  la  Carte  du  Holstein.  Ce,grand  ouvrage  a  etc 
dirfge  par  M.  le  professeur  Schumacher,  Tun  des  membres  de 
I  Academic,  dont  les  hautes  connaissances  garanlissent  I'exac- 
titude  de  ces  Cartes  juslenient  estimees  :  pourtant,  et  sans  doute 
par  suile  d'observalions  el  d'operations  poslericures ,  on  a  re- 
connu  la  necessite  de  faire  subir  de  legeres  corrections  a  plusieurs 
points  de  la  Geographic  asironomique. 

Compare  aux  Cartes  de  I'Academie,  I'ouvrage  de  M.  d'Abra- 
hamson  presente  dans  cette  partie  des  differences  assez  sensibles, 
que  ,  jusqu  a  present  du  moins ,  ne  justifie  aucune  note  analylique  : 
nous  ne  pouvonsdonc  pas  pour  le  moment  rcndre  complc,d'une 
maniere  equitable  ,  d'une  des  parties  les  plus  importantes ,  celle 
qui  a  pour  but  la  justification  des  bases  sur  lesquelles  reposent  les 
details  topographiques. 

Plusieurs  motifs  rendaient  egalement  necessaire  la  publication 
du  nouvel  Atlas.  Jusqu'alors  on  ne  pouvait  consulter  avec  fruit 
que  les  Cartes  dressdes  sous  la  direction  de  M.  Schumacher;  mais 
la  grandeur  du  format  etait  incommode  pour  I'usage  du  plus  grand 
nombre,  et  Televation  de  leurprix  en  rendait  I'acquisillon  impos- 


29 

sible  a  la  plupart  des  forfuiies  ;•  d'aillenrs,  dcschangcmens  amenes 
par  le  lemps  exigeaient  tie  nouveilcs  intliralious ,  reclamees  pour 
I'elude  de  la  Geographic  physique  el  polilique,  et  de  la  Slatisliquc. 
Les  divisions  adminislratives  de  la  grande  Carte,  par  provinces , 
laissaient  aussi  a  diisirer  celles  des  bailliages ,  des  cures ,  etc. 

Le  plan  d'un  nouvel  Alias  fut  done  soumis  au  roi  de  Danemarck, 
qui  Ta  approuve,  et  en  a  confie  Texeculion  a  M.  d'Abrahamson, 
directeur  de  rinstitut  royal  de  Lithographic  ;  des-lors  les  nieilleurs 
sources ,  les  archives  et  les  depots  furcnt  mis  a  sa  disposition  ,  et 
Texecution  de  1  ouvrage  fut  commencec  avec  zele  il  y  a  Irols  ans. 

La  projection  des  Carles  dc  cet  Atlas,  du  format  petit  in-folio, 
a  et^  elablie  par  M.  le  docteur  Gliemann,  deja  honorablemcnt 
connu  par  diverses  publications.  Les  2 1  feuilles  que  nous  posse- 
dons  ont  etc  dressees  sur  la  meme  echelle  ;  le  mille  danois  de 
4.000  toises  y  est  egal  a  un  pouce  decimal ;  ce  qui  donne,  au  dcgre 
du  m^ridien  .  environ  o",64,  f>u  environ  un  metre  pour  i';4i000 
metres.  Les  longitudes  sont  comptees  du  meridien  de  Copenhaguc. 

Prcsque  lous  les  details  topographiques  du  nouvel  ouvrage  sont 
emprunt^s  aux  Carles  de  I'Acadcmie-  Chaque  feuillc  prcsente  en 
outre  la  division  par  bailliages,  qui,  en  Danemarck,  est  Tunile 
statistiquc  ;  ceux-ci  sont  subdivises  en  cures,  qui  comprennent 
souvent  plusieurs  paroisses;  des  signes  varies  indiquent  chacune 
de  ces  divisions,  que  les  besoins  journaliers  rendaient  necessaircs. 
Lc  chef-lieu  des  paroisscs  et  les  lieux  remarquables  ont  un  signe 
particulier.  Nous  pourrions  citer  encore  avec  eloge  plusieurs  ad- 
ditions importantes  ,  parmi  lesquelles  on  doit  savoir  gr^  a  M.  d'A- 
brahamson d'avoir  indique,  en  chiffres  arabes,  les  hauleurs  abso- 
lues  du  petit  nombre  de  points  les  plus  eleves  :  ellcs  sont  exprimees 
en  pieds  danois  ou  dixiemes  de  toise.  Les  Irois  classes  de  routes 
adoptees  dans  le  royaume ,  se  distinguent  par  la  variete  des  Iraits 
qui  les  rcpresenlenl. 

Pour  eviler  de  surcharger  les  Carles,  on  a  place,  pres  des  points 
importans  que  leurs  noms  u'auraient  pu  acconipagner  sans  confu- 


3o 

sion,  dcs  chiffrcs  qui  rcnvoienfa  Icurs  dcnojiiinalious  placoes  sur 
les  coles  de  la  Carte  ;  une  de  ces  feuillcs  ne  donne  pas  molns  de 
cent  nomsqiii  apparlienncnl  pour  la  pliiparl  a  de  pelites  ties. 

Tout  rouvrage  est  lllhographie  :  co  travail  est  fait  dans  Tlnslilut 
lithographiquc  ,  par  dcs  officiers  attaches  a  cct  etablissement.  La 
graviirc  de  chaquc  Carte,  sur  pierre,  a. employe  Irols ,  quatre  ou 
cinq  semaines.  Parini  cellesque  vous  avez  sous  lesyeux,  plusleurs 
offrent  un  resultal  salisfaisant ;  d'aulrcs  laissent  Leaucoup  a  desi- 
ror.  Cette  difference  doit  sans  doute  etre  altribuee  a  I'ordre  dans 
Icquel  les  planches  ontete  gravees;  d'aillcurs  il  scrail  injuste  d'exi- 
gcr  une  grande  uniforniile  dans  toutes  les  parlies  dun  ouvrage  peu 
dispcndieux,  et  destine  a  etre  repandu  en  tres-grand  nombre  ;  ct 
deja  le  rapport  qui  nou^  a  ele  fait  par  M.  Joniard  ,  au  nom 
d'une  commission  chargee  d'examiner  les  ressources  que  prestnlc 
la  lithographle  pour  Xsigravure  des  Cartes,  vous  a  monlre  toutes  les 
difficulles  qu'ont  a  vaincre  les  honimes  qui  font  de  ce  procedd  leiir 
etude  el  leur  occupation  habituelles. 

Laccueil  qua  re^u  le  iiouvel  Atlas  du  Danc-marct  a  deja  neces- 
silc,  a  deux  reprises,  le  reniplacement  de  plusleurs  pierres;  ct  la 
reputation  donlcel  ouvi-agc  joull  dans  le  pays  pour  lequel  il  a  ele 
fait ,  ineltra  bientot  M.  d'Abrahamson  a  meme  de  fairc  rcmplacer 
les  feuilles  donl  Texecutlon  lalsse  encore  a  deslrcr. 

Ce  premier  aper^u  montre  les  ameliorations  introduites  dans 
ce  nouvel  Alias.  iSous  ne  pouvons  qu'exprimerun  vif  desir  de  voir 
se  terminer  promplcment,  ct  avec  le  succes  quelle  a  deja  oblcnu, 
une  enlrcprise  qui  inleressc  la  Geograpliie  du  Danemarck  eu 
partlculler ,  et  celle  de  lEurope  en  general. 

D'apres  Topinion  que  nous  veiions  d'emettre  ,  nous  avous 
Thonncur  de  prier  la  Societe  d'inviter  I'auleur  a  poursuivre  son 
important  travail  ;  et  nous  lui  proposons  d'admelire  IVI.  le  che- 
valier d'Abrahamson  au  nombre  de  ses  niembres  correspondaus. 

l» 

Brui:. 


3i 


DEUXIEME    SECTION. 

ACTES    DE    LA    SOCIETE. 

§  1^''.  Proces-V^crhaiix  des  Seances. 
Seance  dii  l^.  jumner  1828. 

M.  Bruguiere  adresse  a  la  Societe  la  copie  rectifiee  et  augnienlec 
d'une  pailie  <le  son  Mcmoire  sur  Ics  monlagncs  de  I'Europc. 
Renvoi  a  M.  le  baron  de  Ferussac,  charge  de  survelUer  la  publi- 
cation de  cet  ouvrage. 

M.  de  Levvchine,  conseillcr  dc  S.  M.  TEnipereur  de  Russie , 
remercie  la  Societe  qui  vient  de  Tadntctlre  au  nonibre  de  scs 
membres ,  ct  lui  fait  homniage  dun  ouvrage  ayant  pour  litre  : 
Apergu  kislon'que  et  stalistique  sur  les  Cosaques  de  I'Oural:  il  propose 
a  la  Societe  Tenvoi  du  journal  d'Odessa ,  publie  en  russe  et  en 
fran^ais ,  et  destine  a  faire  connailre  Tetat  present  de  la  nouvelle 
Russie,  sous  les  rapports  du  commerce,  de  Tindustrie,  de  la 
geographic  et  de  rarchcologic. 

M.  de  Lewchlne  annonce  que  les  officlers  du  genie  russe  ont 
nivele  Tisthme  qui  separe  la  mer  Caspienne  de  la  mer  d'Aral,  et 
qu  ils  ont  reconnu  que  la  derniere  etait  beaucoup  plus  elevee  que 
la,  premiere  :  il  coinmuniquera  a  la  Societe,  les  resuUats  de  cetio 
importantc  operation. 

M.  le  professeur  Bcrghaus  avail  adresse  precedemment  une  leltre 
de  ?/L  le  general  Schubert ,  redigee  en  allemand  et  relative  aux  tra- 
vaux  geo-topographiques  executes  en  Russie  par  le  corps  de  Tetat 
major  imperial  russe.  M.  Alex.  Barbie  du  Bocage  en  donnc  con- 
nais.sance.  Insertion  au  Bulletin.  (Voir  p. 82. ' 


32 

M.  C.  Morcau  Jransmet  la  nouvellc  dc  la  iiiorr  du  capilalne 
(ylapperton ,  repanduc  a  Tripoli  par  des  \oyagcnrs  arrives  du 
Soudan  ;  sa  leltre  qui  conticnt  en  oulrc  des  rap[)orts  dcs  indigenes, 
sur  le  cours  des  rivieres  de  Tintcrieur  de  TAfriquc  ,  est  renvoyee 
au  couiite  du  liuilclin.  (Voir  p.^y-  ) 

IM.  Jomard  fait  observer  que  ces  rapports  tires  d'une  leltre  de 
Tripoli,  en  dale  du  2  novembre,  sont  aussi  incertains  que  tous 
ccux  qui  ont  emanc  jusqu'ici  des  memes  sources.  Le  fait  le  plus 
important  de  cette  leltre  est,  que  les  compagnons  de  voyage  du 
capitaine  Clapperton,  paraissent  avoir  traverse  dans  loule  son 
elenduele  continent  de  TAfrlquc,  dcpuis  le  golfede  Benin  jusqu  a 
Tripoli,  oil  ils  etaient  attendus  au  depart  du  courrier. 

Una  autre  leltre  de  M.  Rousseau,  consul  general  a  Tripoli ,  du 
17  novembre,  comniuniquee  par  M  G.  Barbie  du  Bocage,  con- 
firme  la  uouvelle  de  la  mort  du  capitaine  Clapperton  ,  el  de  celle 
du  major  Laing.  (  Voir  p.  4-8-  ) 

M.  Jomard  annonce  qu'une  deputation  de  la  Societe  a  etc  admise 
a  offrir  au  Roi,  en  audience  particullere  ,  le  second  volume  dure- 
cucil  de  ses  Memoires ,  et  quelle  a  re^u  de  S.  M.  I'accueil  le  plus 
flatteur.  La  deputation  a  ete  admise  pour  le  meme  objet,  chez 
monselgneur  le  Daupbin ,  et  chez  S.  A.  R.  M  '  le  due  d'Orlcans. 
M.  le  comte  Andreossy  fait  don  a  la  Societe  d'un  memoire  ma- 
nuscrit  contenant /7i/sto»e  geiierale  de  Vil'  de  JSaxi'e,  dans  TArchi- 
pel,sa  slatisliquc  et  des  considerations  sur  les  moeurs  el  les  usages 
de  ses  habilans ,  par  le  P.  J.  Liechtie,  qui  a  fait  dans  celle  tie  un 
sejour  de  plus  do  trente  annces. 

La  Commission  vote  dcs  remercimens  a  I\L  le  general  Andreossy, 
et  decide  que  le  memoire  sera  renvoye  a  Texamen  de  la  section  de 
publication. 

Sur  la  proposition  de  M.  Jomard  et  apres  une  discussion,  la 
Commission  centrale  arrele  que  le  progranune  des  prix  portera 
dorenavanl  la  clause  qui  suit :  la  Socirlfi drxire  r/ue  les  menioire.s  xoient 
f.riis  en  fmiifuix  ou  en  latin;  cepcndant  elle  laisse  au.v  conr.urrcns  la 


33 

facullc  dccvire  leurs  outrages  en  anglais ,  en  ilalien  ,  en  cspagnol ,  ou 
en  porlugais. 

Le  meme  membre  propose  de  limitcr  le  noinLre  des  correspon- 
dans  etracgers  a  dix-huit,  moilie  de  celui  des  membres  de  la  Com- 
mission centrale  ;  Ic  nombre  actuel  est  de  neuf.  Cetle  proposition 
est  adoptee. 

Un  membre  fait  observer  que  Ion  n'a  point  public  dans  lo 
n°  54-  dii  Bulletin,  une  note  concernant  les  documens  imprimes 
dans  le  numero  Sa.  Apres  avoir  entendu  plusieurs  membres,  la 
Commission  arrete  que  Ton  se  bornera  ^  rectifier  les  inexactitudes 
qui  ont  ete  relevees  dans  les  documens  dont  il  s'agit. 

La  Commission,  aux  termes  de  son  reglement,  procesde  a  la 
formation  de  ses  diverses  sections;  elle  nomme  M.  Pacho,  k  la 
section  de  publication  ,  en  remplacement  de  M.  le  colonel  Jacotin, 
decede;  et  M.  de  Rossel,  a  la  section  de  correspondance ,  en 
remplacement  de  M.  le  comte  Andreossy,  appelc  aux  fonctions 
de  vice-prdsidenf. 

M.  le  president  annonce  qu'il  a  ete  depose  sur  le  bureau,  deux 
mdmoires  destines  au  concours  relatif  a  la  geographic  de  la  France  ; 
le  premier  a  pour  litre  :  Essai  sur  la  description  physi(jue  du  bassin 
du  Cher,  et  le  second  est  intitule  :  De  Velat  ancien,  et  </e  I'etat 
actuel  de  la  baie  du  Mont-Saint-Michel  et  de  Cartcale ,  des  marais  de 
Dol,  et  de  Chdteauneuf  et  des  environs  de  Saint-Malo ,  depuis  le  cap 
de  Frehel  jusqu'au  Cotentin. 

MM.  le  baron  Coqucbert-Montbret,  le  baron  Ch.  Dupin  ct 
Puissant,  sont  nommes  commissaires. 

Deux  autres  memoires  destines  au  concours  relatif  au  nivelle- 
ment  des  rivieres  de  France,  sont  aussi  deposes  sur  le  bureau;  le 
premier  a  pour  litre  :  Nivellement  d'une  partie  de  la  vallee  de  I'Oise , 
comprise  entre  Vemhouchure  de  TAisne  et  celle  de  VOise  dans  la  Seine  , 
et  pour  devise  :  Les  progres  de  la  navigation  ,  du  commerce  et  de  I  In- 
dustrie sont  lies  ii  ceux  de  la  geographic ;  le  deuxieme  est  intltuli;  : 
Memoire sur  le  cours  de  la  riviere  de Somme ,  et nivelfement dune pariic 

3 


lie  cette  run  ere,  ct  porte  pour  devise  :  3fon  desir,  en  cherrJiani  une 
recompense  ,  est  d'etre  utile. 

MlVr.  JJonnc,  (loraboeuf  et  Haxo,  sont  nommes  commissaires. 

Seance  dit    18  jumner  1828. 

S.  Exc.  le  ininistre  de  Tinterieur  transmet  une  ampliation  de 
rordonnance  royale  du  19  decembre  1827,  par  laquelle  S.  M. 
veut  bien  approuver  les  reglomens  de  la  Societe  ,  y  coinpris  les 
articles  supplemcntaires. 

L' Academic  des  sciences  remercic  la  Societe  de  Tenvoi  qu'elle 
lui  a  fait  du  tome  II  du  recueil  de  ses  Mcmoires. 

La  Societe  medico-bolanique  de  Londres  adresse  Jes  diplonigs 
dc  menjbres  correspondans  qu  elle  a  accordes  a  MM.  Bertero  , 
Choris,  Peyrounenc  et  Taillefer ,  qui  voyagent  sous  les  auspices 
de  la  Societe  de  Geographic. 

M.  le  baron  de  Derfelden  de  Hinderstein  communique  plusieurs 
observations  sur  un  point  de  geographic  politique ,  relatif  aux  li- 
mites  actuelles  de  TEurope  et  jle  TAsie. 

La  Commission  centrale  ,  apres  diverses  observations  ,  decide 
que  cetle  lettre  sera  deposee  dans  les  archives  de  la  Societe. 

Sur  la  demande  de  M.  Sueur-Merlin  ,  la  Societe  accorde  a  la 
bibliolheque  de  la  villc  d'Abbeville  un  exemplaire  du  recueil  de 
ses  Memoires  au  prix  fixe  pour  les  Societaires. 

Elle  accueille  egalement  la  proposition  que  lui  fait  M.  Warden 
d  echanger  son  recueil  de  Memoires  contre  celui  de  la  Societe  de 
Canil)rldg<;. 

M.  C  Moreau,  present  a  la  seance  ,  depose  sur  le  bureau  plu- 
sieurs documens  manuscrils,  relalifs  aux  iles  Hebrides,  Orcades 
et  Shetland.  Renvoi  a  la  section  de  publication. 

Le  meme  membre  offre  a  la  Societe  un  plan  de  la  colonic  de 
Sierra-Leone ,  avecla  suite  des  documens  officiels  sur  cetle  colonic 
presentes  au  parlemenl  britannique.  l\envoi  a  M.  Eyries  pour  un 
rapport. 


Un  nieip.bre  desire  qu'il  soil  fait  des  ranpoils  verbaux  sur  tons 
les  ouvrages  offerts  a  la  Socicie. 

M.  Jomard  appelle  de  nouveau  I'atlenlion  de  ia  Soclele  sur  une 
proposllion  qui  a  elc  renouvelce  plusieurs  fois  dans  son  scin  ,  ct 
qui  a  pour  but  la  fondation  d'un  prix  annuel  en  faveur  de  la  de- 
couverte  la  plus  importante  faite  en  gt^ographie  ;  la  redaction  du 
programme ,  proposee  par  M.  Jomard,  est  mise  aux  voix  et  adoptee. 
(Voir  p.  38.) 

M.  Coraboeuf ,  au  nom  de  la  section  de  coniptabilile  ,  fait  un 
rapport  sur  le  budget  des  recettes  et  depenses  de  la  Sociele  poui 
I'exercice  1827-1828.  Les  conclusions  du  rapport  sont  adoptees. 

M.  Alex.  Barbie  du  Bocage  lit  un  rapport,  au  nom  du  comite 
provisoire  du  Bulletin  ;  la  commission  arrete  que  ce  rapport  sera 
depose  sur  le  bureau  pour  ^tre  consulte  par  les  membres  avant 
<l"etre  mis  en  deliberation. 


§  2.    Admissions,  Offrandes ,  etc. 

MEMBRES    NOUYELLEMENT   ADMIS   DANS   LA    SOCIETE. 

Seance  du  4  janoier  1828. 

.M.  le  comte  Herwyn  de  Nevele,  Pair  de  France. 
M.  Largeteau,    Lieutenant  aa  corps  royal  des  Ingenieurs- 
g^ographes. 

Stance  du  iS  janoier. 

M.  AuDENELLE,  Collaborateur  du  Journal  des  Sciences  militaires , 
etc. ,  a  Thionville. 

M.  Lepeudry,  G^ometre. 

M.  le  vicomte  DE  Simeon  ,  chargd  de  la  Direction  des  sciences, 
arts  et  belles-lettres  au  ministere  de  I'interleur. 


OUVRAGES   OFFERTS    A    LA    SOCIETE. 

Par  M.  Pacho  :  J  oyage  dans  In  Marmariifue  et  la  Cyrendi'que  ^  etc 
2^  parlie,  in-4". 

Par  M.  le  baron  Roger  :  Kcledor,  Histnire  africaine.  Paris,  1827, 
I  vol  in-8°. 

Par  M.  Lartigue  :  Instniction  naulique  sur  les  cotes  de  la  Guiane 
frangaise.  Paris,  1827,  une  brochure  in-8". 

Par  IM.  de  Lenchine;  ylperpi  historique  et  statistiqiie  des  Casaques 
de  rOural.  Paris  ,  1823,  i  vol.  in-8". —  Plusieurs  N"'  du  Journal 
dOdessa. 

Par  M.  Bajot :  Annates  maritimes  el  coloniales;  csi^iGr^edi^cetnh. 

Par  M.  Toulouzan  :  VAmidu  Bien  (  4*  cahier  1827  ). 

Par  M.  de  Leuven  :  Journal  des  Voyages ,  cahier  de  novembre. 

Par  la  Societe  de  la  Morale  chretlenne  :  N°  4-7  de  son  Journal. 

Par  la  Societe  Asiatique  :  N"^  64  ^t  65  de  son  Journal. 

Par  les  Auteurs  :  Plusieurs  numeros  du  Globe. 

Seance  du  1 8  Janvier. 

Par  M.  C.  Moreau  :  Accounts  relating  to  the  duties ,  exports,  im- 
ports ,  population  ,  schools ,  churches ,  marriages  ,  etc. ,  of  the  colony 
of  Sierra  Leone.  London  ,  1827,  i  cahier  in-f".  — Plan  of  the  colony 
of  Sierra  I.eone,  by  J.  W^yld ,  1  feuille.  —  Papers  relating  to  the 
Island  of  Shapooree.  London,  1827,  i  cahier  in-fol.  —  Chronolo- 
gical records  of  British  Finance  .^  founded  of  official  Documents.  Lon- 
don, 1827,  I  cahier  in-fol. 

Par  M.  Bouvard :  Connaissance  des  temps  ou  des  mouvemens  ce- 
lestes^ ii  r usage  des  astronomes  et  des  naoigateurs ,  pour  Van  i83o. 
Paris,  1827,  I  vol.  in-8°.  — Annuaire pour  V an  1828,  i  vol.  in-i8. 

Par  M.  Jullien  :  Reoue  encyclopedique ;  cahier  de  decembre. 

Par  la  Soci^t^  Asiatique  :  Nouoeau  Journal  Asiatique;  n  i". 
Janvier  1828. 


•'7 
Par  la  Societe  d' Agriculture  dc  Vcsoul :  Uaueil  ogronomiuuc dr. 
celle  Societe  ^  toni.  ii,  y"^  a  lo^  livraisons,  Vesoul,  1827. 
Par  les  Auleurs  :   Plunteurs  numcros  dii  Glube. 


§  3. 

Presentation  du  11'  volume  du  Recueil  des  Memoires  de  la  Societe  ^ 
au  Roi,  au  Dauphin  et  a  S.  A.  R.  le  due  d  Orleans. 

La  Sociele  de  Geographic  a  ete  admise,  le  16  deceniLre ,  a 
presenter  au  Roi,  en  audience  parliculiere  ,  le  second  volume  de 
son  Recueil  de  Memoires  et  de  Relations  inedites.  La  deputation  a  etc 
introduite,  dans  le  cabinet  de  S.  M.  ,  par  M.  le  due  de  Blacas  , 
el  presentee  par  S.  E.  le  comte  de  Chabrol  de  Crousol,  niinistre 
de  la  marine  et  des  colonies,  president  de  la  Sociele.  Apres  avoir 
remercie  Sa  Majesle  de  I'Ordonnance  par  laquelle  elle  a  daigne 
revetir  de  sa  sanction  royale  les  statuls  de  la  Societe,  le  Presi- 
dent a  rappele  la  protection  que  les  Kois  de  France  out  toujours 
accordee  aux  sciences  geographiques  et  a  la  navigation  ,  el  les 
instructions  tracees  de  la  main  nieme  de  Louis  xvi ,  pour  le  voyage 
de  decouvertes  enlrepris  par  La  Perouse. 

Le  l\oi  a  repondu  ,  qu'il  n'avait  pas  oublie  ce  qu'avail  fail 
Louis  XVI  pour  les  sciences ,  et  qu'il  vOTilait  marcher  sur  ses 
traces.  S.  M.  a  daigne  ensuite  ieliciter  la  Societe  de  Geographic 
de  son  zele  et  dc  ses  travaux ,  I'engager  a  poursuivre  son  cntre- 
prise,  et  lui  assurer  Fappui  de:  son  august^;  protection. 

En  sortant  de  chez  le  Roi ,  la  Sociele  a  etc  admise  a  Faudience 
de  S.  A.  R.  Monseigneur  le  Dauphin  ,  et  lui  a  olfert  le  second 
volume  de  son  Recueil.  Le  president  a  temoigne  a  Monseigneur  le 
Dauphin  combien  la  Societe  de  Geographic  s'estimerail  heureuse 
s'il  daignait  se  considerer  comme  son  protecleur.  S.  A.  R.  a 
adresse  a  la  deputation  des  paroles  pleines  de  bienveillance  et  d'in- 
terct  pour  les  travaux  auxquels  se  livre  la  Societe,  dans  le  hut 
d'elendre  les  decouverlcs  et  la  gloire  du  nom  fran(;ais. 


38 

Le  3o  tliiccmbre  sui\ai»l,  io  bureau  a  ete  admis  a  I'audience  de 
31oiiseigneur  le  due  dOrleans,  pour  lul  prescnler  le  11*^  volume 
du  Recueil  dcs  Menioircs  de  la  Societe  ,  et  reclamer  sa  bienveil- 
lancc.  S.  A.  R.  a  nianifcste  dans  sa  reponse  le  plus  grand  intcrot 
pour  Ics  travaux  de  la  Sociele  ,  et  s'esl  culretenue  long-temps, 
avec  la  deputation,  de  I'etat  des  decouvertes  geographiques  sur 
les  differens  points  du  globe.  Flnfin  ,  S.  A.  R.  a  exprime  le  desir 
de  concourir  d'uue  inauierc  direclc  et  efficace  au  but  que  la  So- 
ciele se  propose. 

PRIX  ANNUEL 
POUIl    J.V    UECOUVERTE    LA   PLUS    HIPORTANTE    EN   GEOGRAPIIIE. 

Un  mciubre  fait  la  proposllion  suivante  : 

Je  deniande  la  permission  d'appeler  I'attcnllon  de  la  Societe  sur 
une  proposition  qui  a  etc  rcnouvelee  plusieurs  fois  dans  son  sein, 
et  qui  a  ete  enleiidue  avec  faveur.  Le  moment  est  venu  de  la  r^- 
diger  d'une  maniere  definitive ,  afin  de  profiler  de  I'epoque  du  de- 
part des  pieces  qu'on  expedie  ordinairemcnt,  pendant  le  mois  de 
fevrier ,  aux  missionnaires  el  aux  correspondans  des  Socieles  sa- 
vantes  d'Anglelerre.  Celte  mesure  consiste  a  recompenser  perio- 
diquemcnl  les  decouvertes  les  plus  imp'ortantcs  en  geographic.  On 
ne  peul  gucre  doutcr  que  Toffre  d'une  recompense  annuellement 
repetoe  n'excilc  le  zele  et  Taclivile  des  voyageurs,  independamment 
de  la  valeur  pecuniaire  du  prix  ;  car  ,  c'est  moins  cette  valeur  que 
Thonneur  attache  a  unesemblable  couronne  qui  pour  rait  les  slimuler. 
Lorsque  cette  annouceparviendra  aux  nombreux  voyageurs  et  mis- 
sionnaires, anglais  el  amerlcains,  repandus  dans  toules  les  contr^es 
du  globe,  on  doit  se  flatter  qu'elle  attirera  toute  leur  atten- 
tion .  et  les  engagera  a  nous  faire  part  de  leurs  decouvertes,  une 
annee  ou  Tautre ;  ainsi ,  par  ce  nouvcau  moyen  ,  vous  allcindrez 
le  but  principal  qui  a  determine  la  formation  de  la  Sociele.  D'un 
autre  c6l<i,  cette  offre,  renouvele'e  tous  les  ans  ,  accroitra  la  re- 


^9 

noinmec  de  Tassocialion  ,  et,   par  consequent ,   le  nombrc  dc  scs 
membres  :  ce  qui  la  inettra  ,  par  la  suite,   clans  le  cas  d'elever  la 
valeur  des  recompenses.  Un  jour,   je  T.espere  ,   le  prix  annuel  de 
la  Sociele  de  Geographie  sera  aussi  celcbre  que  le  prix  Lulamle^ 
que  les  prix  Montyon  ,   et  la  gloire  en  rejaillira  sur  noire  patrie. 
Voici  la  redaction  que  j'ai  Thonneur  d,e  proposer. 
«  La  Societede  Geographie  offre  une  inedaille  dor  de  la  valeur 
»  de  i,ooo  fr.  an  voyageur  qui  aura  fait  en  geographie  une  JfV;oHt'e//c 
"  niarquante,  ct  jugeela  plusiuiporlanleparmi  cellesdonl  ellc  aura 
»>  eu  connaissance  pendant  le  cours  de  I'annee  1828. 11  recevra  en 
»  outre  le  titre  de  correspondant  perpeluel,  s'il  est  elianger,  ou 
»  celui  de  inembre ,  s'il  est  Fran^ais ;  et  il  jouira  de  tous  les  avan- 
»  tages  qui  sont  attaches  a  ces  litres. 

"  A  AdidiUi  A' UHQ  decouw.rte  de  cette  espece  une  mcdaille  d\>r  du 
«  prix  dc  5oo  fr.  sera  decernee  au  voyageur  qui  aura  adresse,  pendan  I 
»  le  nienie  temps,  a  la  Societe,  lesnotions  ou  les  communications  les 
«  plus  neuves  et  les  plus  utiles  aux  progres  de  la  science,  li  sera 
»  porte  de  droit ,  s'il  est  elranger,  sur  la  lisle  des  candidats  pour 
«  la  place  de  correspondant.  « 

La  Commission  Centraie  adopte  la  proposition. 
La  Societe  desire  que  les  niemoires  soient  ecrils  en  francjais  ou 
en  latin  ;  cependant,   elle  laisse  aux  concurrens  la  faculte  d'ccrire 
leurs  ouvrages  en  anglais,  en  italien,  en  espagnolouen  porlugais(i). 


(i)Tout  ce  qui  est  adresse  a  la  Societe  doit  etre  envoy  e  fra.ni:  de  port ,  el  sous 
le  couvert  de  M.  le  Pre'sident ,  a  Paris  ,  rue  et  passage  Dauphine  ,  11°  .Ui. 


^o 


TROrSIEME  SECTION. 

DOCUMENS,    COMMUNICATIONS,   ETC. 
AMfiRIQUE  SEPTENTRIONALE. 

Expedition  des  capitaines  KliSG  et  StoKES  ,  charges  par  le  gouoerne- 
ment  hritanniquc  d' explorer  les  aStes  du  detroit  de  Magellan.  (  Com- 
munique fiar  M.  Cesar  Moreau.") 

Ces  details  sont  dates  de  Monte- Video,  du  12  mai  1827.  Les 
deux  haliinens  de  S.  JM.  B. ,  Vyidi>eniure  ct  le  Beagle.,  parlirent  de 
Monte-\  idco  vers  le  milieu  de  noveinbre,  et  arrivercnt  dans  le 
detroil  de  Magellan  le  28  deceuihre,  ou  ils  niouillerent  dans  le  port 
de  Famine.  Le  premier  de  ces  Mlimens,  commande  par  le  capi- 
taine  King,  y  demeura  jusque  dans  les  premiers  jours  d'avrii  afin 
<l"explorer  la  c6le  orlentale  du  detroit ,  el  le  second  ,  que  comman- 
dait  le  capitainc  Stokes  ,  en  visila  la  parlie  occidentale. 

Les  nombreuses  baies  de  ce  de^lroit  sont  toutes  profondes  de  5o 
a  60  brasses ,  et  nc  prescntent  d'ancrage  que  dans  que!qu(;s  parties 
Ires-rapprochees  de  la  cote,  donlla  hauteur  presque  perpendlcu- 
laire  alteint  jusqu'a  2  ou  3oo  pieds.  Un  gros  bailment  ne  pour- 
rait  en  appiocher  <jue  tres-dlfficilenient  ,  a  cause  des  affreuses 
tempetes  qui  souvelit  y  succedent  au  calme  le  plus  complet.  Leur 
violence  est  telle,  en  effel,  que  les  arbres  sont  dt^racines  dcpuis 
le  sommet  des  montagnes  jusqu'a  leur  base  ,  ou  ils  demeurent  ac- 
cumules.  MM.  King  et  Stokes  Irouverent  sur  ces  cotes  deux  races 
dMionnnes  dislincles  Tune  de  1  autre,  les  Patagons  et  les  Indiens 
iiomades.  Les  premiers  habilent  la  partie  de  la  c6te  Nord,  a  TEst 
du  cap  Negro;  Jes  seconds,  distribues  par  tribus  errantes,  ne  se 
voient  qu'en  petites  troupes,  et  a  de  longs  intervalles.  lis  aper- 
9urent  d'abord  les  Patagons  a  cheval ,  au  nombre  de  20  environ  , 
dont  4  Temmes.  La  plus  Sget,   mt^re  de  4  ou  5  enfans ,  paraissait 


4i 

avoir  quaranle  ans ;  les  aufres  etaicnt  de  jeunes  fiUes  de  quinze  ans. 
Les  hommes,  en  grande  partie,  etaient  des  jeunes  gens  ,  i  I'excep- 
(ion  du  mari  de  la  fcmme  de  quaranle  ans,  qui  paraissait  a  pen  pres 
d«  meme  age.  Ces  Patagons  elaient  converts  de  peaux  d^animaux, 
parllculierement  de  peaux  de  guanaco  et  de  torelle.  Le  torelle 
est  une  espece  de  chat  du  pole  ,  il  repand  Todeur  la  plus  insuppor- 
table. Le  capilaine  King,  en  descendant  a  lerre,  trouva  ces  Pa- 
tagons montes  sur  leurs  chevaux  ;  ils  le  re^urent  avec  la  plus  grande 
surprise,  mais  sans  faire  Ic  moindre  mouvement,  jusqu'a  ce  que, 
s'etant  approchc,  II  presenta  a  la  plus  agee  des  Patagones  une 
medaille  qu'on  avait  frappee  pour  son  expedition  ,  elle  s'ecria  en 
espagnol ,  en  montrant  une  de  ses  filles  :  da  una  a  la  muchacha.  Le 
capilaine  King  en  offrit  une  seconde  a  cette  derniere,  qui,  pour 
la  recevoir,  se  hata  de  desccndre  de  clieval.  Au  premier  aspect , 
ces  Patagons  parurent  au  capilaine  King,  constlluer  une  race 
d'une  taille  Ires-elevee,  mais  une  fois  descendus  de  chevai,  leur 
stature  ne  parut  plus  aussi  remarquable  d'apres  ce  que  rapporte  cet 
officler,  il  sembleralt  ou  que  le  commodore  Biron  s'est  elrange- 
ment  tronipe  sur  le  compte  de  cepeuple,  ouque  depuis,  cette  race 
d'hornmes  a  pu  degenerer  par  suite  de  ses  communications  avec  les 
etablissemens  du  nord.  Ln  de  leurs  chevaux  etait  caparaconne  plus 
richement  que  ne  le  sont  ordlnairement  ceux  de  ces  pays  ;  la  bride 
et  la  selle  elaient  evidemment  de  fabrlque  espagnole  ,  et  leur 
a^alent  probablement  ete  apportees  par  le  Rio-JNegro.  Les  orne- 
mens  de  la  selle  etaient  de  cuivre  et  bien  polls.  La  jeune  fille  qui 
mont.iit  ce  chevai  porlalt  de  larges  eperons  egalement  en  cuivre  et 
semblables  a  ceux  dont  on  fait  usage  dans  le  voisinagc  de  Buenos- 
Ayres.  Les  harnois  des  autres  chevaux  etaient  tres-Iniparfaits  , 
ncanmolns  le  mors  efalt  en  fer  el  les  brides  en  cuir;  la  selle 
elail  en  bols,  recouverte  de  peaux  d'aniraaux,  et  presentait  un 
siege  assez  doux.  Revenus  de  leur  surprise,  les  Patagons  firent 
aux  Anglais  une  reception  fort  amicale  ;  ils  les  laisserent  monter 
leurs  chevaux  et  visiter  leurs  demeures,   sans  manifester  aucun 


'  4a 
signe  de  metiancc.  Trois  Palagons  ne  firenl  pas  iiienie  dilTiculle  dc 
monler  sur  le  navire  pour  se  rcndie  a  Tile  Hainte-lsahel ^  tandis  que 
les  aulreg  marc^erent  le  long  de  la  c6re.  Le  mal  de  mer  les  iiicom- 
modafortement  peudant  la  majeure  parlie  du  temps  qu'ils  passcreni 
a  bord  ,  ee  qui  conlribua  sans  doute  a  leur  rendre  plus  Iriste  el  plus 
pdniLle  la  separallon  de  leurs  compagnons;  les  yeux  fixes  sur  les 
colonnes  de  funiee  qui  sorlaienl  de  leurs  cabanes,  lis  n'osaienl  en 
detourner  la  vue.  Ccpendanl  des  que  le  njal  de  nicr  fut  passe,  lis 
reprirenl  leur  bonne  humeur  et  parurenltris-salisfalts.  L'und'eux, 
nonime  Aiglien  ,  le  plus  grand  de  cetle  Iroupc  de  Patagons,  n'avail 
que  6  picds  de  haul ,  cl  les  autrcs,  guere  plus  de5  pieds  lo  pouces, 
et  souveut  moins;  leurs  meinbres  elaient  mal  proporlionnes.  Dans 
une autre  occasion  ,  a  Gregory-Bay,  deux  Palagons,  et  une  Pala- 
gone,  la  cacique  Maria,  vinrciita  bord  de  V Achenturc,  el  y  passerent 
la  nuit. 

La  femme  paraissait  5gee  d'environ  quaranto  ans ;  ello  parlail 
passablement  Tespagnol  el  se  montrait  fori  communicative.  Dans 
la  soiree,  elle  funia  du  labac,  but  aulant  de  grog  qu'elle  put  eu 
obtenir,  et  finit  par  se  Irouver  complelement  ivre.  On  avail  pre- 
pare dans  I'entrepont  line  place  ou  ces  Patagons  pussent  reposer  ; 
jls  y  furent  pendant  quelque  temps  assez  IranquIUes  .  mais  comme 
on  ne  leur  permettalt  ni  de  chanter  ni  de  faire  le  moindre  bruit , 
lis  monlerentsur  le  pont  ou  lis  passerent  le  reste  de  la  nuit.  L'un 
deux  avail  perdu  safille  depuis  quelques  jours;  quand  le  grog  qrfii 
avail  bu  eAt  commence  h  operer,  il  exprima  son  chagrin  par  les  plus 
lugubres  hurlemens.  La  reponse  de  Maria  a  ccux  qui  I'engageaient 
a  faire  usage  de  son  autorile  pour  le  calmer  etail  loujours  :  «  Pro- 
hecilo  I  su  hijounico  morio  esta  mandna  (  pauvrc  malheureux !  son 
fils  unique  est  mort  ce  malin  )  ;  et  elle  ajoutait  :  cs  Borracho  (il  csl 
ivre).  Loin  d'employer  son  autorile,  elle  finissail  loujours  par  liire- 
Mucho  me  quiere  agiia  ardente  da  me  meas  ?  mucho  me  qui'ere  ser  hor- 
nir/io,  da  me  meas!'  (  j'aime  beaucoup  Teau-de-vie,  dounezi-m'en 
davanlagei' j'aime  beaucoup  a  m'enivrei  ,  donnez  m'en  davanlage.) 
Quoiqu'elle  fut  deja  a  moilie  ivre,  il  fallul  satisfaire  scs  dcsirs. 


i3 

Le  jour  suivant,  le  capitaine  King  et  plusieurs  personnes  de  Te- 
quipage  visilerent  un  camp  patagon  qui  se  trouvait  a  environ  trois 
mlUes  de  distance  dans  I'interieur ;  ils  y  virent  le  toinbeau  qui  ren- 
ferniait  les  restes  du  dernier  enfant  qui  elalt  mort.  De  retour  a  la 
bale  ,  ils  furent  temoins  d'une  cercmonie  religlcuse  qui  prescntait 
quelque  ressemblance  avee  les  rites  de  TEglise  catholique  ro- 
malne  ,  et  qui  faisalt  voir  que  les  misslonnalres  avaient  penetre 
jusque  dans  cette  mrlle  extreme  de  rAmerlque  du  Sud.  Leur 
dieu,  auquel  ils  donnalent  le  nom  de  christo  ^  etail  sculple  sur  bols 
et  mieux  qu'on  n'aurait  pu  le  croire  chez  des  peuplades  aussi  sau- 
vages.  Leur  figure  etait  peu  a  decouvert.  Maria  ,  apres  avoir  long-  , 
temps  discouru  sur  ses  verlus  ,  mit  fin  a  la  ceremonie  en  disant  au 
capitaine  King  avec  autant  de  gravile  que  d'emphase  :  mi  chrislo 
tiene  hueno  corazon  chrislo  mucho  qitiere  tobacco  dar  me  meas?  {Man 
Christ  a  Ion  cieiir,  il  aime  beaiiconp  le  tabac  ,  donnez-m'en  davantage.') 

Des  i5o  Patagons  aper^us  a  Gregory-Bay,  la  moltle  se  com- 
posall  d'hommes.  11  y  en  avalt  peu  dont  la  taille  excedal  6  pieds  ; 
un  seul  avail  6  pieds  i  pouce  3/4  ;  ils  etaient  en  general  d'une 
grosseur  enornie  ,  parliculierement  I'un  d'eux  ,  d'un  aspect  impo- 
sant  et  noble.  Le  capitaine  Slokes  mesura  la  circonference  de  sa 
poitrlne  ;  elle  elait  de  4  pieds  anglais  i/8  de  pouce.  Ces  mesures 
confirment  I'oplnlon  deja  etablie  de  rirregularlte  de  leurs  propor- 
tions. Les  mains  et  les  pieds  des  Patagons  sont  extrememenl  petits , 
mais  la  grosseur  de  leur  l^te  et  de  leur  corps  pourrait  convenir 
a  des  hommes  de  7  pieds.  Les  details  fournis  par  don  Felix  de  Azara 
sur  les  Indiens  Pampas  k  de  tres-legeres  exceptions  ,  pourralent 
s'appllquer  aux  Patagons ;  Ton  ne  peut  meme  avoir  aucun  doute 
sur  les  constantes  communications  qui  existent  entre  eux.  Le  ca- 
pitaine Stokes  se  trouva  parliculierement  en  rapport  avec  ces  In- 
diens ;  les  hommes  nc  lui  parurent  avoir  ni  force  nl  energie.  Quant 
aux  femmes,  elles  ne  brlUalent  point  par  Teclat  de  leur  beaute;  leur 
Jaille  moyenne  etait  au  dessus  de  5  pieds  1/2  ;  leurs  membres  etaient 
petits  et  conlournes.  Les  Patagons  se  latouent  avec  de  la  tcnc 


44 

rouge  ;  leurs  cheveux  sunt  iioirs  duis  ct  roides;  pouilos  pelgiier  , 
ils  se  servent  de  la  maclioire  iiifciieure  dune  lorpoise  ,  et  les 
graissent  ensuite  avec  de  I  liullc  de  baleine.  Leur  barbe  est  peu 
fournle ;  leurs  yeux  sonl  nolrs.  lis  out  le  nez  long  et  les  narines 
largcs  ,  la  bouche  trcs-fendue ,  les  levres  epaisses  ;  leurs  dents  pe- 
lites,  mais  reguliercs  ,  sont  elles-memes  teintes.  Leur  physio- 
nonile  est  denuee  d'expresslon ;  el  leur  velcnient  consisle  dans  la 
peau  du  sea  otter  doiil  ils  s'envclop(.'enl  coniiue  d'uii  manleau.  Les 
deux  polnles  superieures  de  cclle  peau  sonl  relenues  sur  les  epaules 
par  une  courroie.  Les  fenun«s  et  les  enfans  portent  des  colliers 
formes  de  jolies  ecaillcs  de  turbo,  lis  ont  pour  armes  Fare,  la 
Heclie  ct  la  lance.  La  longueur  ojdinaire  de  Tare  est  de  3  pieds , 
el  la  corde  est  fomi<^e  par  une  Iresse  des  fibres  des  intestins  du 
seal,  Leurs  fleches  ont  environ  2  pieds  de  long,  et  sont  ornees  de 
plumes  a  leur  extreniile  superieure.  A  1  autre  est  adapfe  un  caillou 
extreniement  aigu  qui  forme  le  coeur.  Le  bout  de  la  lance  est  en 
OS  tr^s-  poinlu  qu'ils  allachent  a  une  flciche  de  10  pieds  de  long  : 
ils  la  manient  avec  beaucoup  de  force  et  d'adresse  ;  ils  paraissent 
uioins  babiles  a  se  servir  de  Tare  et  de  la  fleche. 

Ccs  Indiens  n'ont  aucune  idee  de  ce  que  c'est  que  de  la  cul- 
ture ;  les  seuls  vegetaux  dont  Ils  font  usage  sont  en  petit  nombre. 
lis  se  nourrissent  le  plus  souvcnl  de  sea  otter  et  de  seal.  Les  terres 
quMIs  habllent  sont  enllerement  privees  de  quadrupedes,  et  ils 
u'ont  rendu  domesliques  ni  les  oies,  ni  les  canards  qui  y  abondent. 

Les  Patagons,  si  Ton  en  juge  d'apres  ceux-ci  ,  paraissent  avoir 
beaucoup  d'affection  pour  leurs  enfans.  Leurs  demeurcs  est  une 
espece  de  berceau  dont  M.  John  Marboroug  donna  une  idee  assez 
exacte  :  ce  berceau  est  forme  d'uii  certain  nombre  de  branches 
de  Tarbre  nomme  birch  dont  ils  enfoncctit  dans  la  lerre  la  plus 
grosse  »;xlremile  ;  Ils  courbenl  1  autre  en  forme  deml-circulaire. 
Le  diametre  est  denvlron  10  pieds  :  au  milieu  est  le  foyer  autour 
<luquel  se  reunissent  les  membres  de  la  famllle.  Tous  les  uslensiles 
de  menage  consistent  en  deux  ou  trois  ecaillcs  qui  servent  de  verr(;s 


45 

A  Loire  ,  et  en  deux  ou  trois  paniers  fabriques  par  les  femmes  avcc 
les  lierbes  m^iues  du  pays.  On  est  conslamment  accroupl  autotir 
de  leur  feu,  efon  quitte  la  huUe  le  moins  qu'on  le  peut.  Quelque- 
fois  on  rencontre  septou  hiiithabitalionsr^unies,  d'aulres  fois  unc 
seule  est  eloignee  de  plusieurs  milles  de  loiUe  autre.  Ces  Indiens 
passent  souvent  d'une  rive  du  delroit  a  Tautre  ,  sur  leurs  canols 
dontla  longueur  n'est  qued'environ  i4oui6  pieds.  Les  planches  qui 
les  composent  sonl  reunies  par  des  courroies  et  des  vis  de  cliSne , 
ainsi  qu'on  I'a  souvent  observe  a  I'egard  de  plusieurs  tribus  sau- 
vages.  Les  Patagons  ne  donnent  jamais  aucun  signe  de  reconnais- 
sance pour  les  cadeaux  qu  on  peut  leur  faire  ;  bien  mieux  ,  ils 
s'en  saisissent  comme  s'ils  craignaient  qu'on  ne  les  leur  reprit,  el 
le  cachent  aussilot. 

Leur  langage  est  excessivement  dur  et  guttural.  Les  mots 
le  plus  frequemment  usitcs  sont  shei-oo  et  petit.  Le  premier  signi- 
fie  une  enibarcation  ,  quelle  qu'en  soit  la  forme.  Quant  au  se- 
cond, la  prononciation  n'en  est  pas  tout-a-fait  conforme  a  ceile 
du  mot  fran^ais ;  mais  ce  qui  est  vraiment  surprenant,  elle  varie , 
pour  le  genre  et  le  nombre  ,  de  la  m^me  maniere  qu'en  fran^ais  : 
c'est  une  de  ces  coincidences  plillologiques  auxquelles  on  cher- 
cherait  vainement  a  donner  une  explication  satisfaisante.  Doucs 
d'une  facillte  prodigieuse  pour  imiterles  differens  sons  des  langues 
^trangeres,  ces  Indiens  pourraient  repeter  avec  la  plus  grande  pre- 
cision une  phrase  de  plusieurs  mots,  immediatemenl  apr^s  Tavoir 
entendu  prononcer. 

Sur  la  cote  occidenlale  du  detroil  do  Magellan  ,  au  cap  Galant, 
le  capilaine  Stokes  decouvrit  quelques  papiers  au  sommel  dune 
des  montagnes  qui  dominent  le  port ;  autour  d'eux  se  trouvaient 
eparpillt^s  les  fragmens  dune  bouteille  de  verre  dans  laquelle  ils 
avaient  ete  renfermes ,  et  dont  le  froid  avait  probablement  occa- 
sionne  la  rupture.  Les  papiers  etaient  neanmoins  encore  lisibles  ; 
leur  conlenu  etait  en  latin  :  les  uns  avaient  ete  ecrits  par  Bougain- 
ville en  1667,  et  les  aulres  elaienf  dates  de  Cordova,   1789.  Ils 


4fi 

itidiquaicnl  le  bul  du  voyage  dc  cc  ctilt-bre  uavlgalcur,  cl  donnaicnl 
ics  iioms  dcs  priiicij)au.\  officiers. 

Enlrc  le  canal  Saint- Jerome  el  Ic  cap  Galanl,  h  cole  nonl  do 
delroilpresenle  une  perspective  agreable.  Dans  TeloignemCnl  sont 
des  pics  clcves  el  des  monlagnes  couvertcs  de  neiges,  landis  que 
la  C(^*lc  offre  une  succession  admirable  de  monlagnes,  de  collines , 
de  valines  ,  de  bois  ct  de  plaincs  arros^es  par  des  rivieres  el  des 
ruisseaux.  Celte  partie  de  cotes  presente  des  rades  sAres.  Ulle  est 
fr^qucntee  par  les  differens  oiseaux  du  deiroil. 

En  entrant  dans  lOcean  Paclfiqne,  on  vit  un  nombre  conside- 
rable de  baleines  noircs. 

Le  lieagle  ,  pendant  lout  le  temps  de  sa  navigation  dans  le  dd- 
troit .  eut  a  souffrir  d'un  grand  nombre  de  tempfites  el  des  pluies 
qui  ne  cessaienl  de  tomber. 

Au  surplus,  telle  est  a  ce  qu'il  parait  la  violence  des  vents  d'oucst 
qui  rignent  dans  ce  deiroil  ,  di^-ja  celebre  par  lanl  de  d^sastres  , 
que  c'eslla,  plus  encore  que  les  difficulles  qui  naissent  de  sa  navi- 
gation aussi  bien  que  de  son  insalubril<5  ,  ce  qui  fail  pref'irer  au 
navigaleur  la  route  par  le  cap  Horn. 

Les  capilaines  King  el  Stokes  onlfail  un  grand  nombre  d'exp(5- 
riences  scicnllfiques  donlles  resultals  ne  sont  point  encore  connus. 


OCl^-ANIE. 

Nouaelle  Colonic  anglaiseau  nord  de  la  Noiwelle-Hollande. 

Le  capilaine  Stirling ,  commandant  la  corvette  anglaise  le  Success , 
vient  d'filre  cbarge,  par  son  gouvernement,  de  fonder  une  colonic 
dilx  port  Ra/Jles,  sur  la  c6te  nord  de  la  ISouvelle-Hollandc.  Get  eta 
blissL-menl  est  silu<';  par  le  i  i  "  4-3'  de  latitude  S. ,  el  par  le  132"  ^o' 
de  longitude  E.  de  Greenwich  (  r3oo  19'  30"  E.  de  Paris).  On 
en  I'sperc  de  grands  resultals. 


47 

AFRIOUE. 

Oljseroatolre  alih  SainU-Helenc. 

On  vient  d'etablir  uii  observatoire  dans  I'lle  Sainte-Helenc  , 
sur  la  monlagne  de  IKchcUe.  La  situation  gdographique  de  cet 
(^tablissement  donne  lieu  de  croire  qu'il  pourra  conlribuer  de  la 
inaniere  la  plus  efficace  aux  progres  de  I'aslronomle. 


Colonies  americaines  en  Afrique. 

L'etahlissement  americain  de  Liberia,  forme  sur  la  c6te  d' Afri- 
que, continue  de  prosperer.  Dans  le  courant  de  ce  mois  (Janvier 
i8a8),  la  Societe  de  colonisation  des  Elats-Unis  a  tenu  uneas- 
scniblee  gdnerale,  dans  laquelle  il  a  ^l6  rdsolu,  quattendu  Ics 
progres  sensibles  que  ne  cesse  de  faire  cette  colonie,  fondee  sur  le 
territoire  que  la  Societe  a  acquis  en  Afrique,  les  gerans  de  cette 
Societe  seront  charges  de  faire  les  d-marches  ndcessaires  pour 
1  acquisition  de  nouveaux  terrains.  Le  but  est  d'y  former  dautres 
elablisseraens  ,  entre  autres  lieux  au  cap  Palma ,  et  a  1  ile  de  Bu- 
hima ,  situee  a  lemhouchure  du  Rio-Grande. 


Nouve/les   du   major   Lai^G    ei  du    capiiaine   CLAPPEKTO>i. 
—  Pu'vieres  du  centre  de  V Ajrique. 

Dans  une  lettre  datee  de  Londres ,  le  iS  decembre  ii>2.-j ,  et  adres- 
see  a  M.  le  President  de  !a  Commission  centrale,  M.  Hioreau  ins- 
truil  la  Societe  que,  "par  une  lettre  partlculiere  de  Tripoli, 
du  2  novembre,  il  apprend  que  des  voyageurs  arrives  du  Soudan  , 
y  ont  repandu  la  nouvelle  que  le  capitaine  Clapperton  avait  perdu 
la  vie  a  Sakkalou.  Le  meme  correspondant  ajoute,  dit-Il,  qu  un 
court  espace  de  temps  nous  rendra  possesseurs  d  importans  docu- 
mens  sur  la  Geographic  de  i  Afrique  centrale  ,  parce  que  les  com- 
pagnons  de  Clapperton  ontquilte  Sakkatou,  pour  gagner  Tripoli 
a  travers  le  Bournou  et  le  Fezzan  ,  comme  Clapperton  lui-ra^me 
devait  le  faire,   et  comme  on   peut  croire  quil  I'aura   fait,  dans 


48 

le  cas  ou  le  bruit  de  sa  mort  ne  scrail  qu'un  faux  bruit.  II  est  cer- 
tain quails  sont  arrives  aSakkalou^ar  Ic  Dahomey,  on  parlant 
tin  bight  do  iienin.  Dans  tous  les  cas ,  ils  doivent  porter  avec  cux 
los  notes  el  papiers  do  Clapperlon.  (  Voir  a  ce  sujet  le  proces- 
verbal  de  la  seance  du  4-  Janvier  1828,  p.  Sa,  et  Textrait  de  lettre 
ci-dessous.  ) 

M.  Moreau  ajoute  a  sa  lettre  :  «  que  quelques  natifs  du  Bour- 
nou  (dont  le  Idmoignage  est  confirme  par  leshabilans  du  AVaday 
ct  du  Beghanni  )  assurent  que  los  eaux  du  Yeou  et  du  Gauibarou  , 
et  de  plusicurs  aulros  rivieres  iinportantes,  formeraient ,  par  leur 
reunion  ,  le  iSil  qui  arrose  la  JSubie  et  FEgyple  ,  et  que  le  lac 
Tchaad  devrait  lui-nidme  en  grande  partie  son  existence  aux  monies 
aflluens ,  auxquels  nous  ajouterons  Ic  Sharry ,  par  lequel  s'e- 
coule  une  qiiantile  d'eau  ^gale  a  celle  qu'il  revolt.  Ce  scrail 
done  avec  raison  que  les  Arabes  auraient  assure  a  Denham,  que 
le  Yeou  n'ctail  autre  chose  que  le  Nil.  On  dit ,  a  Maroc  ,  que  le 
Koara  ou  Joiiba  reunit  les  lleuves  inentionnes  ci-dessus ;  d'aulres 
Africains  Tassurent  aussi  ,  mais  ilsdisent  egalenientqu'unebranche 
de  ce  (leuve  se  jette  dans  1  Ocean  derriere  Dahomey.  » 

Voici  I'extrait  d'ane  letlre  de  M.  Rousseau  ,  Consul  geiiv-a/  de. 
France  a  Tripoli  de  Barbarie,  connnuniquee  par  M.  G.  Barbie  du 
Borage  ^  d'oi'i  il  resulle  que  Ton  ne  faisait  aucune  difficulte  ,  a  Tri- 
poli, au  17  noveiiibre,  d'ajouler  foi  a  la  nouvelle  de  la  morl  du 
major  Laing.  QuanI  a  celle  de  la  fin  du  capitaine  Clapperlon ,  elle 
paraft  moins  cerlaino ;  cepondaiil  elle  ne  pormot  gueres  de  con- 
cevoir  quelque  esperance. 

Tripoli,  17  novembre  18^7. 

K  La  nouvelle  de  la  fin  lragique.<le  Tinfortune  major  Laing  n'est 
plus  aujourd  hui  uii  probleme  que  pour  son  beau-pei^,  le  consul 
. britannique  a  Tripoli 

»  Lo  capitaine  Clapperlon,  ipii  avail  pris  nuc  direction  0|)[»o- 
see  pour  explorer  los  regions  centrales  do  lAfrique,  a  egalcment 


49 
p6ri  victlme  de  son  devouemenl  a  la  science.  11  paratt  avoir  ele  as- 
sassine  dans  ies  dtafs  du  Sultan  Bella ,  qui  Favait  si  bien  accucilii 
la  premiere  fois ;  Ies  uns  disent  a  Kanou ,  Ies  autres  a  Sakkatmi 
m^ine,  capltale  de  ce  prince  du  Soudan.  » 


ASIE. 

Notice  siir  Ies  Ciirdes. 

Dans  un  moment  oii,  de  meme  que  lous  Ies  Musulmans,  Ies 
Curdes  sont  appeles,  par  le  Grand-Seigneur,  a  concourir  a  la 
defense  de  Tlslamlsme,  on  verra  sans  doute  avee  interet  la  notice 
suivanlo.  lis  doivent  fournir  a  rarmce  otlomane  un  corps  nom- 
breux  de  cavalerie. 

Les  Curdes  descendent  de  ces  anciens  Parlhes  qui  se  r^pandirent 
dans  loule  PAssyrie  et  la  Mesopotamie.  Nommes  Kerad  en  sy- 
riaque,  c'est  de  la  que  Ton  a  forme  leur  nom  acluel  Curdes^  et 
donne  celui  de  Curdislan  au  pays  qu'ils  occupaient.  La  parlie  du 
mont  Taurus,  que  frequentent  pendant  Tele  cerlaines  peuplades, 
en  a  re^u  celui  de  Ciirdo. 

Les  Curdes  sont  aujourd'hui  re'pandus  dans  la  l*erse  autant  que 
danslaTurquie  ;  niais  dans  1  un  commedansTaulre  de  ces  deux  pays 
lis  vivent  independans,  ne  payant  qu'un  leger  tribut  au  souverain 
sur  le  terrltoire  duquel  ils  transportent  leurs  lenles.  Depuis  la  con- 
quete  de  FAsie  mineure  par  les  Romains,  conquele  qui  fut  ter- 
minee  par  Pomp<^e,  64  ans  avant  J.-C. ,  la  majeure  parlie  de  ce 
peuple  est  constamment  reslee  erranle,  meme  malgre  la  puis- 
sance romaine ,  qui  avail  fait  du  pays  Tune  de  ses  nombreuses 
provinces.  I-es  Curdes  d'aujourd'hui ,  qui  habilent  le  Curdislan 
propremenl  dit,  sont  sedentaires  et  dependans  du  Pacha  de  Bagh- 
dad, quoiqu'ils  aienl  leurs  lois  particulieres  ;  ceux  qui  demeurent 
dans  ies  autres  parties  de  la  Turquie  d'Asie,  mais  dans  une  po- 
sition plus  eloignee  des  provinces  de  la  Perse,  sont  nomades ; 
jamais  ils  ne  restent  plus  d'une  saison  dans  le  mSme  lieu. 

De  tous  temps  ils  ont  ete  generalement  consideres  comme  ir^s- 

4 


5o 


braves  cl  tres-propres  au  metier  des  armes  ;  ils  ont  plus  d'une  fois 
donnd  des  preuves  d'lin  courage  qui  s'est  rarement  dementi  :  aussi 
Mahomet,  qui  les  connalssail  bien,  disait-il  qu'en  se  reunissant 
ils  pourraient  bouleverscr  le  raonde  entier. 

Les  Curdes  de  la  Turquie  sont  beaux  hommes  ;  ils  ont  une 
physionomie  haute  et  animee.  Des  I'^ge  de  sept  ans  ,  leurs  enfans 
s'exercent  au  maniement  des  armes  ;  les  femmes  elles-memes  ne 
dedaignent  point  de  prendre  part  a  cet  exercice;  elles  y  acquierent 
meme  souvent  une  force  de  corps  et  une  adresse  vraiment  remar- 
quables.  Ils  suivent,  en  general,  la  religion  de  Mahomet  dans  ses 
principaux  precepies,  mais  avec  quelques  legeres  differen'-es  dans 
I'observalion.  Parmi  eux  se  trouvent  aussi  quelques  bourgades  de 
Chretiens  nestoriens  dont  le  culte  est  parfaitement  libre,  et  ne 
devient  jamais  Tobjet  de  persecutions  ou  de  difficultds. 

Commc  les  Mainoles  de  la  Moree ,  au  lieu  de  donner  une  dot 
a  leurs  filles  en  les  mariant,  ces  peuples  re^oivcnt  une  ccrtaine 
indemnite  de  Tepoux  qui  se  prt^sente  ;  ce  qu'ils  considerent  dans 
cet  acte ,  c'esl  qu'ils  ne  peuvent  otre  prives  d'une  personne  qui 
leur  est  utile  dans  I'interieur  de  la  famllle,  sans  en  otre  dedom- 
mages  d  une  maniere  quelconque. 

Les  principales  peuplades  de  Curdes  se  trouvent  du  cote  d'Er- 
zeroum,  de  Damas,  d'Hhaleb,  d'Hamid  et  de  Mossoul.  D'apres 
les  meilleurs  renseignemens  on  comple,  dans  la  Turquie  scule- 
ment,  iGoiOoo  tentes  de  Curdes,  dans  chacune  desquelles  se 
trouvent  au  moins  deux  hommes  faits,  habitues  aux  exercices  ies 
plus  violens  des  armes  et  du  cheval.  On  peut  les  comparer  aux 
Cosaques  ,  avec  infiniment  plusde  courage  et  moins  d'ardeur  pour 
le  pillage.  Leurs  troupeaux  font  toutes  leurs  richesses;  aussi  en 
ont- Ils  le  plus  grand  soin,  lorsque  surtout  Ils  changent  de  demeure. 
Des  lieux  agreables ,  de  gras  p^turages  sont  les  deux  choses  qui , 
avani  tout,  appellent  leur  attention.  Rarement  ,  ou  pour  mieux 
dire ,  jamais  ils  ne  se  rapprochent  des  cotes ;  I'inlcrleur  leur  offre 
des  conlrees  moins  arides,  et  des  pSturages  plus  abondans. 


5i 
Dans  leur  etal  acluel ,  les  Curdos  peuvent  loriner  en  cavalerie 
une  des  portions  les  plus  imporlantes  de  Tarmee  du  Sultan  ,   qui 
parait  lui-meme  compter  Leaucoup  sur  leur  appui. 


EUROPE. 


NlVELLEMENT  de  la  Haute  Plaine  Thuringienne.  —  ^.  LtTTKE  dc 

M.  Berghaus.) 

Berlin  ,   3o  octobre    iSay. 

Monsieur  le  President  , 

J'ai  Thonneur  de  vous  presenter  le  resume  des  operations  ba- 
rometriques,  dont  je  vous  ai  annonce  Teiivoi  par  ma  letlre  du  j8 
fevrier,  faites  par  M.  de  Veltheim  ,  ingenieur  en  chef  des  mines , 
ainsi  que  par  MM.  les  professeurs  Hoffmann,  Laihman  et  moi. 
Ces  donnees  numeriques,  si  nombreuses  par  rapport  au  peu  d'e- 
tendue  de  la  surface  qu'elles  comprennent,  fcront  bien  connaitre 
la  configuration  de  la  Haute  Plaine  Thuringienne  et  les  montagnes 
qui  la  bornent ,  qui  sont  le  Thuringer-W^ald  au  sud,  et  le  Harz 
au  nord  ,  et  de  la  terrasse  d'elevation  mediocre  formant  le  terrae 
inoyen  entre  le  plateau  bavaro-franconien  et  la  Basse-Allemagne, 
et  qui  s'etend  depuis  le  bord  septentrional  du  Harz,  sans  interrup- 
tion montueusc  (a  I'exception  du  prelendu  Elm,  pres  de  Bruns- 
wickj,  jusqu'a  la  plage  de  la  mer  Ballique.  Avec  le  temps  je  vous 
transmetlrai  un  tableau  semblable  des  chaines  qui  traversent  Test 
de  I'Allemagne  ;  savoir  des  Sudetes  appartenant ,  comme  le 
Thuringcr-^Vald  ,  a  la  grande  diagonale  montagnarde  d«  I'Europe 
occidentale. 

Si  la  Commission  centrale  jugeait  a  propos  de  publier  dans  les 
Memoires  de  la  Societe  le  tableau  que  je  presente  aujourd'hui, 
alors  il  serait  tres-utile  de  le  faire  preceder  dune  introduction 
descriptive,  pour  eclaircir  ces  chiffres,   arides  au  premier  coup 


fl  ceil ,  et  pour  quelques  uns  des  geographes  de   nos  jours  ,  mals 

si  fructueux  pour  la  science  veritable  ;  je  vous  prie  ,  Monsieur  le 

President ,  de  vouloir  bien  m'informer  si  ma  proposition  relative 

a  cetle  inlroduclion  est  conforme  aux  vues  de  la  commission. 

En  meme  temps,  j'ai  I'honneur  de  vous  communiquer  1  exlrait 

d'une  lell«re  de  M.  de  Schubert ,  general  au  service  de  S.  M.  I'em 

pcreur  de  toutes  les  Russies  ,  et  chef  du  depot  des  cartes  a  Saint- 

Pclersbourg.  Cetle    letlre    conlient    des  renseignemens  inleres- 

sans  sur  les  travaux  geo-topographiques  executes  par  ]MM.    les 

officiers  de  Tetat-major    imperial  dans  toute  I'etendue   du   vaste 

empire  russe.  Je  remets  la  publication  de  ces  nouvelles  ,  par  la 

voie  du  Bulletin  ,  a  la  decision  dela  Commission  centrale. 

Agreez,  etc. 

Signe  Berghaus. 


Renseignemens  sur  les  travaux  geo  -  topogrophiques  executes  en 
Russie  par  les  officiers  de  Tetat  major  imperial.  (  Exlrait  d'une 
letlre  de  M.  le  general  de  Schubert,  chef  du  depot  des  carles 
a  Sainl-Petersbourg ,  a  M.  Berghaus  ,  membre  de  la  Socicte 
de  Geographic.) 

Saint-Pe'tersbourg,  V4  septembre  1827. 

«  Avant  la  guerre  de  1812  Fetat-major-general  a  leve  topographi- 
quement  lesgouvernemens  de  If^iburg  ,  A'Esfh/and,  une  parlie  de 
la  IJ^oUiynle  et  une  parlie  du  grand-duche  de  Fhilande. 

"  Depuis  cette  epoque  ont  egalement  ele  leves  trigonometrique- 
ment  : 

1°.  Les  gouvernemens  de  Jf^ilno  ,  de  Kurland  et  de  Grodno,  par 
le  general  major  Tenner.  Les  premiers  sont  enlierement  termi- 
nes  ,  le  dernier  lest  presque  en  totalite.  Cetle  triangulalion  doit 
aboutir  par  Kreuzbourg  a  la  mesurc  dun  arc  du  m^ridien  faitc  par 
le  professeur  Struve. 

1°.  hcs  gouvernemens  de  Saint-Petershourg ,  de  l^skojf,  JSotvgu^ 


53 

rod  et  le  gol/e  de  Finlande  jusqu'a  Revel ,  par  le  general  major  de 
Schubert, ;  ils  sont  presque  entierement  termines.  Celte  Iriangu- 
lation  doit  se  ratlacher  dans  le  Hochland  el  dans  les  environs  de 
Rappin  a  la  mesure  d  un  arc  du  nicridicn  ,  faile  par  le  professeur 
Slrnve  ,  el  avoir  en  consequence  avec  cctte  operation,  au  nord  el 
au  sud,  un  cole  de  triangle  coniniun. 

3  .  Le  gouvernemenl  de  Moskwa  par  le  general  major  Mou- 
rawjeff ;  il  n'esl  point  aclievc. 

4.°.  Une  partie  de  la  Bessarabie  et  da  gouvernement  de  KiefJ. 
Ces  deux  Iriangulations  sont  faites  avec  de  pelils  instrumens  ,  et 
dans  le  seul  but  de  determiner  des  points  de  depart  pour  le  lever 
topograpliique. 

"  La  mesure  dun  arc  du  meridien,  faile  par  le  professeur  Struve 
est  connue  ,  et  par  sa  position  aulant  que  par  la  perfection  des 
instrument  dont  on  a  fail  usage,  el  le  talent  distingue  de  ce  sa- 
vant, elle  servira  de  verification  aux  deux  Iriangulations  qui  s'y  ral- 
tachenl.  Le  professeur  Struve  a  de  plus  ele  charge  par  la  Societe 
economique  deLivonie  de  faire  la  Iriangulalion  de  toule  celle  pro- 
vince ,  el  il  I'a  executee  en  grande  partie  avec  le  sextant.  Les  re- 
sullats  de  ce  travail  seronl  bienl6l,  i!  faul  Tesperer,  rendus  publics. 

»  Le  general  major  Tenner  a  deja  mesure  Irois  bases,  donldeux 
sur  la  glace  de  deux  lacs,  el  la  Iroisieme  non  loin  de  Polangen. 
J'en  ai  nioi  meme  egalemcnt  mesure  trois;  deux  dans  le  voisinage 
de  Saint-Petersbourg,  el  une  au  milieu  du  lac  llmen  ;  ces  six  bases 
ont  chacune  environ  I ovvertses  (35, coo  pieds  anglais)  de  longueur. 

"  L'etal-major  general  a,  depuis  i8i5,  fail  des  travaux  lopogra- 
phiques  sur  presque  tons  les  gouverneinens  de  Tempire  ,  soil  a 
I'aide  d'insi rumens  de  precision  ,  ou  bien  en  grande  partie  au 
moyen  de  la  planchette  ,  soil  en  reconnaissances  failes  a  vue  ,  ou 
avec  la  boussole  a  reflexion  de  Schmakalden.  Pour  les  premiers 
de  ces  travaux  on  a  adople  Teclielle  de  ~^q^  ou  celle  de  ^77500  ; 
pour  les  derniers  celle  de  -^f^  ou  bien  aussi  quelquefois  celle 

"*-     8  4  000- 


54 

»  Le  depot  general  des  carles  de  1  empire  russe  s'occupe  en  ce 
moment  de  la  redaction  de  deux  grandes  cartes  de  la  Russie  d'Eu- 
ropc  ou  plutot  de  la  Russie  en  Ae(^h  du  Volga,  pour  laquelle  on  a 
profile  de  tous  les  travaux  executes  par  Telat-major  general  ,  el 
principalement  de  lous  les  bons  materiaux  existans  sur  la  Russie. 
L'une  de  ces  carles  est  une  carte  geiirrale  militaire  en  8  grandes 
feuilles  ,  donl  la  gravure  est  deja  fort  avancee.  Je  pensc  que  cinq 
feuilles  parailront  dans  le  courant  de  cetle  annce.  J'ai  adople 
pour  celle  carte  Techelle  de  xg^^oo  »  c'est-a-dire  la  moiiie  de 
celle  de  la  Podrobnaja-Karta  ;  mais  die  sera  sur  beaucoup  de 
points  et  plus  complete  et  plus  exacte  ,  en  raison  des  nombreux 
renseignemens  qui  sont  venus  depnis.  Quant  a  I'ecriture  et  a  la 
gravure  ,  j'ai  pris  pour  model e  la  carte  d  Aulriche  de  Fallon ,  parce 
que  je  la  regarde  comme  une  des  plus  belles  et  des  plus  nettes  en 


ce  genre. 


»  L'autre  carte  se  composera  d'environ  6o grandes  sections,  dont 
quelques  unes  sont  egalement  a  la  gravure.  Son  echelle  est  de 
1 20000  ■>  ^^  ^'"  pcrmet  d'y  figurer  avec  leurs  plans  non-seulement 
les  viiles,  mais  encore  les  grands  villages. 

»  \Jn plan  des eni>irons de Saint-Pelersbourg en  6  feuilles,  est  dans 
ce  moment  livre  aux  graveurs  ;  il  doit  etre  acbeve  Tele  prochain. 
Ce  plan  ,  aussi  bien  que  rehii  des  environs  de  Krusnoj'e-  Selu ,  est 
dresse  d'apres  les  minutes  des  leves  topographiques  du  gouverne- 
n'"nl  de  Salnt-Petersbourg  (qui  se  font  sous  ma  direction),  el  vous 
vci  rez  que  nous  y  avons  figure  le  terrain  tout-a-fait  dans  lesysleme 
de  Lehmann.  » 

Signe   T.W.Schubert. 


Memoire  sur  la  figure  de  l.\  terre  ,  par  M.  Biot. 

Le  3  decembre  dernier,  M.  Biol,  mcmbre  de  I'academic  des 
sciences,  a  lu  a  TAcademie  un  Memoire  sur  la  figure  de  la  terre. 
Voici  l;i  substance  do  son  important  travail. 


Les  observations  de  Taufeur   confirmanl  les  resultats  auxquels 
('■laient  deja  arrives  plusieurs  observateurs  ,  I'ont  conduit  a  recon- 
riaitre  que  Faction  de  la  pesanteur  n'est  pas  la  meine  sur  tons  les 
points  dun  meme  parallele,  et  iie  varie  pas  unlformenient  le  long 
d'un  meine  rneridien.  II  a  decouvert  qu'a  Paris,  en  particuller,  la 
variation  annuelle  est  assez  forte  pour  determiner  unc  difference 
de  cinq  secondes  par  jour  sur  la  marche  des  horloges.   M.  Biol 
pense  qu'on  pent  trouver  dans  la  variation  de  Taction  de  la  pesan- 
teur, sur  un    meme  parallele,  la   cause   des   differentcs    mesures 
donnees  de  Taplatissement  de  la  terre.  II  indique  la  maniere  dont 
il  convient  desormais  de  diriger  les  observations  sur  la  longueur 
du  pendule  ,  pour  les  rendre  aussi  utiles  que  possible.  Toute  obser- 
vation isolee  serait  desormais ,  selon  lui,  peu  importante,  a  moins 
que,  par  un  hasard  sur  lequel  on  ne  pent  guere  compter,  elle  ne 
se  trouval  faite  sur  un  point  ou  Taction  de  la  pesanteur  serait  un 
matiinitm  ou  un  minimum.  En  general, on  doit  desormais  s'attacber 
a  repeler  les  observations,  soil  le  long  des  memes  paralleles,  soit 
par  un  m^me  rneridien  ,  afin  d'arrlver  a  Connaitre  les  lois  (dans  le 
cas  ou  il  en  existe)  suivant  lesquelles   onl  lieu  les  variations  dont 
I'existence  ne  pent  plus  ^tre  contestee.  L'auleur  termine  son  Me- 
nioire  en    faisant  une  remarque  que  les  Anglais   ont  eu  tort  de 
prendre  la  longueur  du  pendule  pour  base  de  leur  systeme   metri- 
que,  celte  longueur  pouvant  varier  suivant  des  causes  qui  ne  de- 
pendent en  aucune  maniere  de  la  position  geographique  ,  et  qui 
peuvent  ne  pas  rester  constantes  pour  un  meme  point  dans  le  cours 
des  siecles.  Sous  ce  rapport,  la  base  du  systeme  metrique  francais 
n'offre  pas  le  meme  inconvenient  au  meme  degre. 


i5iBLio<;r»\Piiii:  geoguaphioije  (0. 


§  I".   LIYRES. 

OnVRA&ES   GEAIERAUX. 

I.  DiSCOURS  Sl!R  LES  IlK\  OLUTIONS 
DE   LA  SURFACE  Dli  GlOBE  ,    et  SUr 

les  ■  hangcrneiis  qu' ellf  ^  nnt prn- 
ditifi  dtins  Ir  li'giie  animal :  par 
M.  le  baron  G.  Cumer.  5e  edit. 
in-8o,  avec  planch.  Paris,  IJufour 
et  d'Ocagne,  18-27. 
1.  Lettres  SUR  LES  Kevolutiojjs  dii 
Globe  ;  par  M.  Alex.  Bertrand. 
3"=  edit.  ,  revue  et  aiigmentc'e  ; 
in-8°,  avc'c  plancli.  Paris,  Four- 
nier,  1827.  (4  f""-  ^5  c.  j. 

3.  Recherches  siir  la  distribution 
geographiqjir  dfi  f^rgrlaiix  pha- 
nrrogarru's  dc  I'ancien  Mnridr  , 
dvpiiis  Vequatcur  jiisqu'au  pole 
arclique ;  suivies  de  la  desrriplion 
de  neiit"  pspeces  de  la  lamille  des 
Amentacees  ;  par  INl.  Mi-  bel  , 
membra  de  I'Acadeniie  des  Scien- 
ces, etc.  I  vol.  in-4".  Paris,  18-27. 

4.  NOUVELLE  MetHODE  POUR  CAL- 
CULER     LA     LATITUDE  ,    par    deuX 


hauteurs  dtt  snieil ,  prises  hors 
du  racrldicn  :  par  Lobatto.  in-8", 
Hrux.lles,   Tarlier,    18-28.    (  1   11. 

2D  C.  ) 

5.  Histoiregeneraledes Voyages, 
OH  Nouvelle  Collection  r/e>  voya- 
ges par  iner  et  par  terre ,  mis  en 
ordre  et  compk'tee  justjira  nos 
jours;  par  C.  A.  Walckenaer  , 
luenibre  de  Pliistilut.  Tom  la  , 
in-8",  Lefevre,  18-27.  (?  'r-  ^^  vol.) 

AMERIQUE. 

6.  HiSTOiRE  DE  l'Amerique  ,  par 
W.  HoBKRTSON  ,  traduite  de  Pan- 
glais  par  MM.  Suard  el  Morellet, 
de  PAcadi-inie  fraiicjaise ;  4*^  edit.  , 
contenant  les  if  et  10=  livres,  re- 
vue et  corrigt'e  sur  la  deruiere 
e'dition  atiglaise,  et  arcompagnec 
de  notes,  pulst'es  dans  les  ouvrages 
de  MM.  dc  Humboldt,  Hullocb, 
Warden  ,  Clavigero  ,  Jetterson, 
etc.  etc.;  par  M.  de  la  Koquette. 
4  vol.  iu-S".  cart,  ge'ograpli.  Paris, 
18-27. 


(i)  Le  changement  introduit  dans  la  redaction  du  Bullcliii  dr  la  Sot  ieti- ,  a  fait  penser 
qu'il  ne  serait  point  sans  inlcret  pour  les  amis  de  la  science  de  connaitie  les  ouvrages 
piiblies  sur  la  Geographic  a  nicsure  (jii'ils  [laraisscnt.  Les  rapports  et  les  coniplcs  rendus 
public's  dans  le  corps  du  Bidlelin  ne  remplissent  quiniparfaitemenl  ce  but.  On  a  done 
du  chcrcher  a  rcm^dicr  ici  a  cot  inconvenient,  en  signalant  les  ouvrages  cpii  paraissent 
le  plus  rae'ritcr  cctte  mention.  Notre  point  de  de|)art  est  le  Itr  Janvier  I8.'8;  niais 
I'importance  des  travaux  publics  a  la  fia  de  I'anne'e  1827  nous  a  forces  de  revenir  sur 
res  publications.  Tous  les  mois  .  qiielqucs  pages  du  Rulli-tin  seront  consacrees  a  les  sortei 
»l'annoiH'e>. 


5/ 


AMibRIQUB  SEPTENTRIOWALE. 

;.  A    PILGRIMAGE    IN    EnROPE     AND 

North  America. — Pelerinage  en 
Europe  el  dans  V Ainerique  du 
Nord  J  conduisant  a  la  decou- 
^^erte  des  sources  de  la  r'wiere 
Rouge  el  du  Mis  sis  si  pi ;  par  J.  C 
Bettrawii,  Es().,  2  vol.  in-S",  avec 
portraits,  plans,  cartes,  etc.  Lon- 
dres,  1827, 

8.  Nachrichten  dber  die  fruheren 
einwohner  von  north  america 
—  Notice  sur  les  anciens  habi- 
tans  de  V Arnerique  du  Nord  , 
et  leurs  monumens  ;  par  W. 
AssAK,  de  Pensylvanie  ,  avec  une 
Preface  de  Fr.  Mohre  ,  et  un 
Atlas  de  1 2  planches  lilhogr.  in-80. 
Heidelberg,  Oswald,  1827.  (4flor. 
3o  kr. ) 

y.  On  the  geologie  of  east-nor- 
FOLCK  ,  etc.  —  Sur  la  geologie  de 
la  partie  orientale  du  Norjolck  , 
avec  des  remarques  sur  I'Hjpo- 
these  de  M.  Robbards ,  relative- 
menl  a  I'ancien  niveau  de  I'O- 
cean  Gemianique  ;  par  Richard 
Taylor  ;  in-S"  avec  6  planches. 
Londres  ,  Cochran.  1828.  (  8  sch. 
6d. ) 

AmtmQVB  MGRIBIONALIC. 

10.  Instruction  nautique  sur  les 
*c6tes  de  la  Guiane  francjaise, 
redigc'e  d'apres  les  oidres  du  Mi- 
nistre  de  la  marine  et  des  colonies, 
par  M.  Lartigue,  lieutenant  de 
vaisseau  ;  in-S"  ,  avec  une  carte. 
Paris,  impr.  royale  ,  1827. 

II.FORETS  VIERGES  DE  LA  GuYANE 
FRANCAISE  ;  par  M.  Noyer,  in-S". 
Paris,  1827. 

1 2.  Voyage  en  Araucanie,  au  Chili, 

AU  PeROU  et  DANS  LA  COLOMBIE, 
oil  Relation  historique  et  Des- 
cription d'uti  scjour  dc  20  ans 
dans  I' Arnerique  da  Si^I ,  suivi 
d'u II  i'recis  des  revolutions  des 
colonies  espagnolcs  de  I'Anie- 
riquc  du  Sud ;  trad,  de  Tangl.  de 
VV.  B.  Stevenson,  claugmeutee 
dc  la  Suite  des  Revolutions   dc 


ces  colonies  depuis  i8i3Jusqu'd 
ce  jour;  par  J>ETIER,  in-S".  Paris, 
Fain,  1827. 

OCEANIE. 

l3.  Two  YEARS  IN  NEW  SOUTH  WALES. 

—  Sejour  de  deux  annees  dans 
la  Nouvellc-Galles  du  Sud,  on 
Tableau  de  I'etat  acluel  de  cetle 
colonie,  de  sa  topographic ,  de 
son  hisloire  nalurelle  et  des 
avanlages  particuliers  qu'elle 
off  re  aux  Emigrans  ;  par  P. 
Cunningham  ,  chirurgien  de  la 
marine  royale.  2  vol.  in-12.  Lon- 
dres ,  1827.;  ,.^,.^.:^_ 

1 4- Narrative  of  a  survey  of  the 
intertr0pic4l  and  western 
Coast  of  Australia  ,  etc  — Re- 
lation des  f^ojages  entrepris 
pour  explorer  les  Cotes  nord, 
nord-ouest ,  nord-est  et  partie 
des  cotes  occidentales  de  la  Nou- 
velle  -  Hollande  pendant  les  an- 
nees 1818,  i8ig,  1820,  1821  et 
1822;  par  le cap.  Philipp  P.  King, 
etc.  3  vol.  in-8°,  cartes  et  figures. 
Londres ,  1827. 

i5.  }3rieven  OVER  Bencoolen  ,  Pa- 
dang,  etc.  (en  hoUand.)  —  Let- 
tres  sur  Bencoolen  ,  Padang,  le 
rojaume  de  Menang  -  Kabari , 
Rhiouw ,  Singapour  et  Poulo- 
Pinang;  in-8t'.  Breda,  1827.  (  2  fl. 

60  cts. ).;      ; 

ASIE.  -'F>'\'z% 

16.  The  Orient.\l  Missionary. — 
Missionnaire  Oriental ,  ou  Re- 
lation d'une  Mission  entreprise 
dans  la  vue  de  repandre  le  Chris- 
tianisme  en  Arabic  et  sur  les 
rives  de  V Euphrate ,  pendant  les 
annees  1824-1825;  par  le  rev.  C. 
JUDKIN.  I  vol.  petit  in-80.  (10  s. 
6  d.  bds.) 

AFRIQUE. 

17.  Africa  described  in  its  ancient 
and  present  state.  —  L'AfriQUE 
deceit  e  dans  son  elat  and  en  el 
inoderne ,  d'apres  les  Relations  dc 
Bruce,  Ledyard  ,  Lucas,  Home- 


58 


mann  ,  Park  ,  Salt ,  Jarkson  ,  sir 
F.  Hedniker  ,  Beltoni  ,  les  Mis- 
sionnaires  portiignis  i^taiilies,  mis 
en  rapport  avcc  It's  ilc'couvurtes 
recentcs  du  major  Deiiliain,  clu 
D''  Oudney  et  dii  capitaiiie  Clap- 
perton  ,  pour  Pusage  des  jeuncs 
personnes  et  des  ccoles  ,  par 
M"  HoFLAND  ;  in-i2,  avec  une 
carte.  London,  1827. 

1 8.  Rapport  sur  h  f^'nyage  fait  par 
MM.  Ehremberg  ct  Hemprich , 
rn  Egypte  ,  Dorigala  ,  Sjrie  , 
Arahie ,  et  a  la  prnte  orientah 
du  plateau  de  V Abyssinie ,  de 
iSao  a  1824  ;  lu  3  I'Acade'mie  des 
Sciences  de  Berlin  par  M.  DE 
Humboldt  ;  in-^".  (en  allem.) 
Berlin,  1827. 

19.  V^OYAGE  A  INIeROE  ET  AU  FLEUVE 

HLANc ,  par  M.  Fred.  Caillaud 
de  Nantes,  4'^  vol.  in-80  et  3o=  livr. 
de  planches  et  atlas,  in-f",  Paris , 
1827. 

ao.  Relation  d'un  Voyage  dans  la 
Marmarique ,  la  Cyrena'iqiie ,  et 
les  oasis  d'Audjelah  et  de  3Ia- 
radch ,  accompagne'e  de  carles 
ge'ograpli.  et  topograph.  ,  et  de 
planches  representant  les  monu- 
mens  de  ces  contre'es  ;  par  M.  J. 
R.  Pacho;  ouvrage  de'die'  au  Roi. 
2^  partie,  Cyrenai'que  orientah ; 
2^  livr.  de  texte ,  in-4°,  et  4"  <le 
plane.  in-f°.  Paris.  Firmin  Didot , 
1827. 

EUROFZ:. 

hiiUc. 

21.  Voyage  en  Italie  et  en  SiCile  ; 
par  L.  SiMOND,  auteur  des  Voya- 
ges en  Angleterre  et  en  Suisse. 
2  V.  in-8°.  Paris ,  Sautelet ,  1828. 
(.5fr.) 

22.  Travels  through  Sicily,  etc.  — 
Voyage  en  Sicile  et  aiix  lies  Li- 
pari,  pendant  le  mois  de  decemh. 
1824  ;  par  im  officier  de  la  ma- 
rine ;  enrichi  de  vues  el  de  cos- 
tumes j  dessints  .sur  les  lieiix,  et 
lithographies  par  M.  L.  Haghe  ; 
in-.S°.  Londres,  Flint,  i8?.7. 


Cel  ouvrage  conlirnt  plntol 
rliisloire  ancieiine  des  pnncljiales 
villcs  de  la  Sicile,  que  des  observa- 
tions neuves  et  inte'ressantes  sur 
son  ctat  acluel,  conime  son  litre 
seinble  le  promettre. 
23.  Prospet«o  statistico  dkllk 
PROviNCiE  venete.  —  Tableau 
statistique  des  Provinces  Veni- 
ticnnes,  par  Ant.  Quadri;  in-16, 
avec  Atlas  de  82  tables  synoptiq., 
in-4°.  \enise,  1827.  (  i4  livrais.  ) 

Moiiarc/iie  aulrichienne. 

24-  Das  konigreich  Illyrien.  — 
Description  statistique  el  topo- 
graphique  du  royaume  d'lUyrie  , 
d'apres  sa  nouvelle  division,  Ma- 
nuel a  Tusage  des  voyageurs  ; 
in -8°.  Laybach  ,  Korn  ,  1827. 
(i  flor.) 

Monarchic  prussienne. 

25.  Topographische  -  Beschrei- 
bungder  provinz  pommern. — 
Description  topographique  de  la 
province  de  Pomeranic  ,  avec  uri 
tableau  statistique ;  par  F.  de 
RiSTORF.  in-80.  Berlin,  Nicolai  , 
1827.   (I  rxd  8gr.  ) 

France. 
aG.  Al.MANACH     DU     COMMERCE     DK 

Paris  ,  des  departcmcns  de  /« 
France  et  des  principales  villes 
du  Monde ;  par  J.  DE  la  TyNNA  , 
continue  el  mis  en  meilleur  01- 
dre,  conlenant  ,  etc.,  par  Scb. 
BOTTiN  ;  aimte  1828,  xxxi"  an- 
nce  de  la  publication,  X*  de  la 
continuation  par  I'cditcur;  in-8". 
Paris,  Gaullier-Laguionie. 
i7.EsSAi  STATISTIQUE  swle.s  Jron- 
tit-res  nord-est  de  la  France :  par 
M.  AuDE>ELLE.  Paris,  1827  ;  in-8". 

28.  AnNUAIRE  STATISTIQUE  ET  ADMI- 
NISTRATIF  du  dcpurlenient  dr 
raise  ai  du  diocese  de  Beau- 
vais ,  public'  par  ordre  tie  M-  le 
le  Pn-tet.  1828,  lli'-anne'e;  in-S". 
Beauvais,  Moisand,   1827. 

20.  Notice  sl'R  la  ville  de  frejus  : 
■    par  J.  A.  Fabre  ,  mcdecin  ordi- 


h 


naire  tie  Ms'  l'Ever|uc.  in-8",  Bri- 
gnolles,  Uuforl  ,   1827. 

§  2.  ATLAS  ,  CARTES  GEOGRA- 
VHIQUES  ET  PLANS. 

00.  Atlas  classique  et  universel  de 
GEOGRAPHIE  ,  pour  servir  a  Pins- 
truction  de  la  jeunesse ,  precedt 
d'une  introduction  donnanl  une 
idee  generale  de  I'ouorage  et 
des  connaissnnces  nccessaires  ii 
ceu.x  qui  sc  livrcnta  V etude  de  la 
Geographic  ;  par  A.  H.  DuFouii , 
gcograplie  ;  in-fo  oblong  dc  \ 
teuilles.  Paris,  1827. 

ii.  Cakte  GENEkale  de  la  Turquie 
d'Hurope  et  de  la  Grece ;  par 
le  chevalier  Lapie,  premier  gco- 
graphe  du  Koi,  etc.  1  f"^.  Paris , 
i8a8. 

Rt'sullnt  de  tons  les  Iravaux  de 
son  auteiir,  cette  carte  est  lelle 
(|ui  jusqu'a  present  offre  les  rcn- 
seignemens  les  plus  certains. 

?>2.  Carte  de  la  Hussie  occidenfale 
et  du  rojaumr  de  Pnlogne  ;   par 
Bbtik.    1   f"".   Palis,    18a-. 


3.>.  Carte    generale  ,  physique  et 
routiere  de  la  Mnnarciiie  aiilri- 
chiennc  :  par  Bruk.   i   fV.  P;iiis 

18-27. 

34.  Carte  de  V Allenmgne  ,  coni- 
prenant  les  Elats  de  la  Confede- 
ration germanique  ;  par  Bkde. 
I  1'^.  Paris,    1S27.   Chez  raiileur. 

Ces  trois  Cartes  font  parlic  de 
I'Atlas  puljliii  par  Pauteur,  dont 
les  travaux  se  reconiniandent  par 
Ic  soin  jiidicieiix  qu'il  appcirte  dans 
le  choix  de  ses  materiaux  ,  et  p.u- 
leur  grande  clarte. 

35.  Karta  o/ver  sodra  delen  afSve- 
rige  och  Norigc  en  (suedois). 
—  Carte  de  la  partie  nieridionale 
de  la  Suede  et  dc  la  Norwege ;  par 
C.  deFokbell.  Stockholm  ,  i8itj- 
iS-iG.  Avec  line  Notice. 

36.  Atlas  de  la  Statistique  du  de- 
partenient  des  liouches  -  du  - 
Blione ,  dediee  au  Roi  •  par  ie 
COnite  DE  \'lLLEISEUYE  ,  public- 
d'apres  Ic  voeu  du  Conseil  general 
du  Dcparteinent.  1'='''^  livraison  , 
iii-l".  Marseille  ,  Bicard  ;  Paris  , 
Blaise  ,   1828. 


SVEP.AT,  IMPUIMEUR  Dii  LA  SOCIETE  DE   GEOGRAPHIE  , 

r.UE    DU   CADr.AK,   K"    iG. 


•  I 


BULLETIN 


DE 


LA  SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE, 


NUMERO    58.    —    FEVRIER. 


PREMIERE  SECTION, 


MEMOIRES,  EXTRAITS,  ANALYSES  ET  RAPPORTS. 

ANALYSE    DF.    l'oUVRAGE    INTITULE  : 

Keledor  ,  Histuire  ofricaine,  par  M.  le  baron  Roger. 

I  vol.  In-S".  Paris,  1828. 

Le  lemps  ii'est  pas  tres-loin  de  nous  011  la  geograpliie  etait  relti 
guee  parini  les  eludes  sleriles,  presque  sans  Lul,  sans  channe  el 
sans  ulilite.  Alois,  la  science,  mal  comprise  par  levuigaire,  elail 
le  domainc  d'un  pelit  nombre  d'homines  de  genie  ou  de  nierite, 
qui  devinaient  a  peine  ses  deslinees  futures.  II  fallait,  pour  la 
meUre  a  sa  place,  des  evenemens  lels  que  ceux  qui  onl  renuie  le 
monde  depuis  cinquante  ans.  A  present,  la  geographie,  loin  d'etre 
une  etude  isolee  ,  lient  a  loutes  les  sciences,  que  dis-jei'  a  tous  les 
inter^ts  de  la  societe;  Tindustrie  et  le  commerce  dependent  de  ses 
progres,  et  ceux-ci  influent  a  leur  tour  sur  le  perfectionneinenl  de 
I'espece  liumaine.  Aujourd'liui,  on  pent  raffirmer  ,  il  est  impossible 
([ue  la  civilisation  nc  profile  pas  dc  ravancement  de  celle  science  ; 


et  celle-ci,  dos  progriVs  de  la  civilisalion  :  relle  influence  lerlpro- 
que  <le  Tunc  siir  Taiilrc  csl  un  fail  que  tout  lo  inonde  sent  (rop  Ijicn, 
uiie  verile  qu'il  est  Imp  facile  d'elahlir  ,  pour  les  developper  ici 
davantagc  ,  et  je  les  indique  sculenient  pour  expliquer  Tinleret 
qu'inspire  le  nouvel  ouvragc  qui  vienl  de  paraitrc  sur  TAfriquc, 
sous  le  noni  de  Kelcdor.  L'aridc  geographic  de  noinenclalure  ii'v 
tienlpasune  grandc  place;  mais ,  quiconque  voudra  approfondir 
les  circonslanccs  morales  et  locales  qui  caraclerisent  les  peuplcs  el 
le  lerriloire  de  la  Seneganibie  occidenlale,  le  lira  avec  frull ,  sur- 
loul  la  premiere  moilie  :  il  en  sera  de  meme  dcs  noles  qui  Icrniincnl 
rouvragc  ;  el  lout  le  resle  sera  lu  avec  un  verilablc  inlerel,  car  I'ou- 
\rage  ii'esl  romanesque  que  par  la  forme  sculemenl.  Rendrc 
compte  du  recit  des  avenlures  qui  servenl  de  cadre  an  lableau, 
conviendrait  peu  dans  ce  recueil  ;  mais,  cmprnntcr  quelques  cou- 
leurs  aux  scenes  varices  et  animees  par  lesquelles  M.  le  bai  on 
Roger  a  peint  le  climal  et  la  population  du  pays,  Felat  physi- 
que et  moral  dcs  habitans  ;  faire  bien  saisir  le  but  et  la  pensee  de 
Tauteur  ;  enfm ,  pai  ler  de  la  division  geograpbiqu(!  de  la  Senegambie 
d'apres  les  donnees  d'un  bonime  qui  a  habile  et  gouverne  le  Se- 
negal pendant  six  ans,  sera,  je  pense,  remplir  convenablement 
ia  lacbe  qui  m'est  iniposee.  Si  un  voyageur  qui  passe  rapidement 
dans  un  pays  peu  connu  ,  inspire  I'inlcrel  et  la  confiance  ,  quelle 
confiance  et  quel  intcret  ne  merile  pas  un  habile  adminislratein' , 
quand  il  prend  la  plume  pour  exprimcr  le  resullat  d'observations 
mitres  et  approfondics,  que  lui  ont  permisde  faire  de  frequens  cn- 
trelieiis  avec  les  principaux  du  l^ays ,  la  discussion  dcs  interels  et 
des  droits  leciproques  ;  enfin,  le  caractere  el  les  passions  des  ha- 
bitans, mis  en  jeu  dans  des  circonslanccs  graves  et  importantes  ■' 
Ce  n'est  pas  seulement  an  chef-lieu  de  la  colonic  que  M.  Roger 
a  observe  les  indigenes,  il  elait  porte  par  son  aclivite  nalurelle  , 
ot  son  ardent  d^sir  de  rcndre  retablissemenl  utile  a  la  merc-patrie, 
a  sc  transporter  partout  ou  sa  presence  pouvait  faire  du  bien. 
Dans  son  zclc  infaligablc ,   il  visilalt  les  ctablissemcns  formes  ou 


63 

projet^s  dans  les  provinces  ,  et  il  rccucillail ,  dans  scs  momens  de 
ioisir,  les  trails  de  ses  descriptions  (i).  Le  Iccteur  peul  done  espe- 
rer  de  trouver  dans  cet  ouvrage ,  comme  dans  les  autres  que  Taufeur 
prepare,  descouleurs  plus  neuves  el  plus  exactes  que  celles  qui  nous 
sont  fournles  par  les  relations  eslslantcs  ,  ct  des  faits  qui  ont 
echappe  aux  precedens  voyageurs.  Malgre  de  bonnes  descriptions 
du  Senegal,  on  n'a  pas  encore,  en  Europe,  des  idees  Ires-justcs 
sur  certains  details  de  moeurs  et  d'institutlons  qui  sont  d'une  assez 
haute  importance.  J  e  citererai  seulcment  pour  exemple  ,  la  popu- 
lation du  pays  et  son  etat  social.  Peu  s'cn  faut  qu'on  Ic  regarde 
comme  desert  ou  mal  peuple  ,  ct  ses  habltans  comme  des  demi- 
sauvagos.  Etcependant ,  tousles  voyageurs  s'accordent  a  dire  que 
la  population  est  tres-nombreuse ,  les  villages  tres-mulliplies ,  ct 
les  hommes  ,  en  general ,  plus  avances  dans  la  civilisation  qu'on 
ne  Ic  croit  communement.  Independamment  de  rindustrie  qui  est 
propre  aux  habltans  primilifs,  les  Senegamblens  ont  re9U  des 
Arabes,  avec  la  lol  musulmane,  certains  arts,  certaines  institulions 
qui  ne  sont  pas  indlgnes  d'exanmen.  II  faudra  bien  des  annees  pour 
que  TEuropeen  supcrbe  s'accoutuine  a  croire  a  I'aptitude  intellec- 
tuellp  de  TAfrlcain,  et  convienne  de  sa  perfectibilite ;  mais  enfin, 
avec  le  temps,  il  se  fera  a  cette  idee  :  one  erreur  funeste  au  bon- 
heur  d'une  partie  considerable  du  genre  humain  s'evanouira,  et  la 
verlte  se  fera  jour.  Deja  les  plus  puissantes  nations  de  TEurope  ont 
rcnonce  au  commerce  impie  de  la  traite  ,  et  Pontco^damne  comme 
un  crime.  Qui  e6t  pu  Tesperer ,  un  siecle  plus  tot ,  et  mcme  il  y  a 
quarante  ans  ;'  11  est  aussi  des  esprlts  philosopliiques  Irop  preoccu- 
pes  d'une  difference  d'organisation  ,  et  qui  sont  enclins  a  conclure 
de  la  difference  des  races,  non  pas  seulement  a  une  inferiorite 
d'intelligence  et  de  faculles,  mais  a  une  sorte  d'incapacite  sociale. 


(i)  M.  Rof^cr  ;i  adresse  a  la  Soclete  de  Geographic  un  c'crit  tres-infc'rcssant 
en  re'ponse  a  des  questions  sur  le  Senegal,  ct  eile  en  a  ordonne  I'impressiori- 
(  Consulle/.  Ic   lome  i  I  du  Rerueilde  la  Socictr.) 


H 

L'buvragcileM.  Roger  foiirnit  plus  d'un  argument;  ou ,  pour  inieuK 
(lire  (car  les  fails  sent  icl  les  meilleurs  argumeiis),  plus  (Vun  fait 
pour  reponilrcaux  tlolracleurs  des  iioirs,  el  en  cela  il  est  peu  d'ac- 
cord  avec  la  pluparl  des  ecrivains.  Heureusenienl  il  pensc  ct  il 
s'exprlnie  conuue  tous  les  vovageurs  qui  les  onl  vus  chez  eux  .  el 
non  pas  dans  resclavagc.  Mungo-Park,  n'avait-il  pas  deja 
porte  le  nieaie  Jugement  sur  les  noirs  de  la  Seneganible:'  N'avail- 
il  pas  eprouve  leur  bon  sens,  Icur  scnsibilile,  leur  intelligence? 
Je  rencontre  encore  le  meme  langage  chez  le  major  Laino  el  Ic 
major  Gray.  A  Sierra-Leone  ,  ce  dernier  trouva  des  ecoles  floris- 
santespeuplecsdiudigenes.Lesprogresdeseleves  noirsde  Freetown, 
dit  le  major  Gray,  en  aritbmelique  ,  en  geographic  et  en  liisloire, 
prouvent  une  capacile  bien  superieure  au  peu  de  moyens  atlribues 
jusqu'a  present  aux  negrcs,  et  demonlrent  clairement  qu'on  pent 
arriver  a  les  rendre  d'utiles  membres  de  la  soclete  ,  en  leur  donnant 
Teducation  necessaire.  Recenunenl,  on  a  trouve,  a  cent  milles  de 
cette  colonic,  dans  Tinterieur,  une  nation  gouvernee  regulierc- 
ment,  ayant  des  arts,  des  lois  et  des  magistrats.  Enfin,  la  colonic 
des  noirs  americains  a  Liberia,  c  csl-a-dire,  des  esclaves  devenus 
libres  dans  TAnicrique  du  Nord,  et  ranienes  dans  leur  palrie^  oii 
lis  s'administrent  par  eux-mSmes,  est  une  preuve  cvidente  et  vivanle 
de  Taptitude  des  Africains  pour  la  civilisation.  J'en  pourrals  citer 
une  autre  encore  plus  decisive;  mais  elle  m'ccarterait  trop  du  bul 
que  je  me  suis  propose. 

Passant  sou5  silence,  cornmc  je  dois  le  fafre  ici,  le  recit  que  fait 
de  ses  voyages  le  lieros  Acl'/iisioire  afriraiiir,  je  ni'arreterai  scule- 
ment  au  tableau  de  la  Senegambie,  tableau  en  action  qui  forme 
les  trois  premiers  livres  de  Touvrage ;  seulement  je  dirai  que  Ke- 
ledor ,  ne  dans  la  province  de  V^alo ,  eleve  dans  le  pays  de  Fouta- 
Toro  (republique  theocralique)  ,  lombe  tres-jeune  encore  au  pou- 
voir  des  marcliands  d'esclaves,  est  transporle  en  Amerique, 
vers  Tan  1797,  avec  ses  compagnons  d'Inforlune,  et  ne  revieni 
dans  sa  paliic  qu'apres  avoir  subi  loulcs  sorlosde  vicissiludcs,  pro- 


G5 

pres  a  former  son  jugeiiicnl  cl  a  edairer  son  cspril.  11  v  arrive 
prepare  a  jouer  un  role  dans  le  mouvement  qui  fail  marcher  in- 
sensiblement  cette  contree  vers  une  nouvelle  existence,  fruit  de  ses 
rapports  continuels  avec  la  civilisation  europeenne ,  el  surtout  du 
commerce  ct  des  ameliorations  agricoles  el  industrielles  qu'a  intro- 
dultes  le  gouvernement  de  la  colonic  fran^aise.  Dans  ce  qui  suil, 
je  rapprocherai  cl  je  fondrai  ensemble  Ics  notions  fournies  par  le 
texte  ,  cclles  qui  resullent  des  noles  nombreuscs  et  insfructlves 
placees  a  la  fin  de  Touvrage,  et  des  renscignemens  inedits  que  je 
dois  h  la  complaisance  de  M.  Roger. 

Aprcs  avoir,  en  peu  de  mots,  rendu  compte  de  la  revolution 
polilique  arrivee  en  lyyS  dans  le  pays  de  Foula,  et  qui  a  fail 
passer  le  pouvoir  royal  aux  mains  des  prelres  (ils  elisent  entre 
eux  I'Almami,  prince  temporel  et  spirituel ,  et  formcnt  un  conseil 
qui  le  revoque  a'volonte)  ,  Tauteur  donne  quclques  details  sur  la 
Senegambie  a  Touesl  du  liambouk  :  elie  differe  sensiblcment  de  ce 
qui  a  ele  admis  jusqu'a  present ,  et  elle  est  plus  precise  ct  plus  com- 
plete. Pres  de  I'Ocean,  sont  le  Walo  et  Cayor,  aujourd'hui  in- 
dependans  du  Gliiolof,  J{aol  ct  S'>lum ;  le  long  de  la  rive  gauche 
du  Senegal,  est  le  Fouta-Toro ,  et  au-dessous  du  Walo  qui  est  aussi 
au  bord  du  Senegal ,  est  le  royaume  Ghiolof ,  qui  s'etend  presque 
jusqu'a  la  Gamble;  plus  a  Test  et  au  sud,  le  iJondou  jusqu'a  la 
Faleme ;  enire  la  Faleme  el  le  Baling,  le  JJambouk,  pays  riclie 
en  mines  d'or;  sur  le  Senegal,  au-dessus  de  J>akcl,  I'ancieii  pays 
de  Galam  oii  elait  silue  le  fort  Sainl-Joseph ,  aujourd'hui  ruine, 
un  petit  fort  appele  Saint-Charles,  a  ele  construit  pres  du  meme 
emplacement,  il  y  a  Irois  ans  ;  plus  a  Test,  le  Kasson  et  le  Kaarta 
ou  bas  JJambarah,  deux  pays  aujourd'hui  confondus  en  seul,  par  un 
meme  inlcref,  etleuretat  de  guerre  pcrpeluel  avec  le  haul  Eamba- 
rah  (donl  Sego,  sur  le  Dhioli-lia,  est  la  capitale).  De  la,  jusqu'a 
ce  fleuve  ct  jusqu'a  Tombouclou,  est  un  espace  bcaucoup  nioins 
etendu  qu'on  ne  le  suppose,  qui  ne  serail  pas  Ires-difliciie  a  fraii- 
thir  par  le  commerce  ;  nous  en  avons  la  preuvc ,  el  di\ns  les  ex- 


66 
cursions  tie  Park,  el  dans  le  Irajct  continuel  des  caravancs;  c'est 
riiilorvalle  cnlie  les  deux  bassins  princlpaiix  de  celfe  coiilree;  son 
elevation  csl  mediocre,  peu  de  seniaities  siilfiscnt  a  le  traverser.  I^a 
nouvelle  position  qui  vient  d'etre  choisie  et  occupee  par  les  Fran(-ais, 
aportde  dela  dernierecalaracle,  sera  un  point  de  depart  excellent. 
D'autres  details  sur  ce  sujel,  seraient  aujourd'hui  prematures,  et 
il  suffil  d'ajoutcr  que  les  sciences  et  le  commerce  ne  pcuvent  man- 
quer  d'en  retirev  des  avantagcs  prochains.  Quant  aux  Maures  Dar- 
inankours,  Trarzas,  IJraknars  et  Dowiclis,  on  sail  qu'ils  sont  les 
maitres  de  la  rive  droite  du  (Icuve  ,  ct  qu'ils  font  la  loi  du  com- 
merce dans  les  escales  et  presque  dans  tous  les  marches  (i). 

La  population  de  loutes  ces  pcuplades  est  plus  considerable  qu'on 
nele  suppose.  En  voici  un  aper9u  en  gros  :  ^'Valo,  4-0, ooo  habi- 
tans;  Cayor,  25o,ooo;  (ihiolof,  200,000;  Fouta-Toro,  800,000; 
Uondou,  3oo,ooo ;  (ialam  ouKajaga,  100,000;  negres  restes 
soumis  aux  Maures,  60,000;  Trarzas,  3o,ooo:  iiraknas,  60,000; 
Maures  Jiowichs  et  Oualad  JJarck,  100,000,  sans  compter  les 
populations  qui  avoisinent  la  (iambie  ;  celles  du  haul  Senegal 
au-dessus  de  Galam;  cclles  du  Kaarta  et  du  bas  JJambarah.  Les 
Ktats  occidcntaux  ont  conserve  leur  population  primitive ;  mais  le 
grand  Elat  dc  Fouta-Toro ,  a  re^u  sa  population  actuelle  du  de- 
hors, les  Foulhs  ou  Peulhs  y  sont  verms  du  Uondou,  du  Foula- 
Dhialon  ,  duDentilia,  sous  le  nom  de  Toukouleurs,  nom  aujour- 
<rhui  limite  aux  Marabouts  ou  pretrcs  du  Fouta.  Entre  deux  bras 
du  Ileuvc,  est  une  ile  tres-riche,  appelee  lie  a  3Jorp/iil,  qui  a  4o  lieues 
de  long  sur  6  a  7  de  largeur  moyenne.  Lc  ^^  alo ,  palrie  dc  Ke- 
ledor ,  est  aujourd'hui  tout  entier  acquis  a  la  France,  il  s'etendde 
Dagana  a  Saint-Louis,  c'est-a-dirc ,  d'une  trcntaine  de  lieues  dc 
longueur  (2)  ;  sa  largeur  est  de  i5  a  20  lieues.  Des  plantations  nou- 

(i)  Voyez  in  niemolre  que  M.  Eyries  a  joint  an  voyiign  dc  M.  Mollien, 
ct  ses  autres  rcmarqucs  sur  le  Senegal. 

(2)  4o  lieues  de  POuesta  I'Est ,  scion    I'oiivrage   (  s''!!  ii')'  a  p;is  faute  d'im- 


'■>7 
vellcs,  ail  nonibrc  tic  plus  dc  l^o,  y  sonl  dlsst'iiiinocs  ;  la  colo- 
uisallon  y  prospc-rc,  ties  noirs  libres  viennent  y  louer  Icurs 
services,  ils  s'y  rendcutde  loo,  ct  memede  200  lieues  de  distance. 
L^iiiduslrlc  et  la  liberie  qui  anienent  ralsance;  la  justice  qui  ea 
assure  Ic  tVuit,  commencent  a  parler  a  la  raison  ct  a  rintcUigence 
des  indigenes ;  que  ne  doit-on  pas  attendre ,  pour  ramelioralion 
du  pays,  de  ces  premiers  essais  ,  surlout  si  le  commerce  de  France 
les  secondc  ,  si  I'opinion  les  encourage? 

Plusieurs  details  de  moeurs  que  rapporte  M.  Roger ,  appar- 
tlennent  plutol  aux  Arabcs  ct  a  la  religion  inaliometane  qn'aux  in 
dlgenes;  d'aulres  sont  cmpruntes  vislblement  a  I'Egypte  ou  a 
la  Nubie  ;  lels  que  Tart  de  niasser  ,  I'enfourchement  des  caplifs, 
les  formules  de  salut ,  de  missives  et  de  serment ,  les  regies  de  la 
priere  ,  renselgncmcnt  simultane  ,  Tattachementdu  Marabout  pour 
son  cheval  et  pour  ses  armes,  \e.s,  IMouezztn  cholsis  parmi  les  avcu- 
glcs,  etc. ;  mals  je  n'avals  pas  entendu  parler  en  Afriquc ,  du  niague- 
lisme  animal,  que  Tauleur  a  observe  dans  cescontrees.  Quant  aux 
bouffons  de  cour  ,  aux  chanteurs,  farceurs  et  musiciens  (les  Gawen- 
tlos  et  les  Griots),  tous  les  voyageurs  qui  ontvislte  laSenegambie, 
ont  decrit  plus  ou  n:ioins  bien  les  foiies  bizarrcs  des  uns,  les  jcuk 
des  aulres  ,  et  surtout  leurs  exces  et  leur  insolence.  Ces  derniers  ne 
se  niarient  qu'entre  eux,  c'est  une  caste  degradec,  ils  sont  prives 
meme  de  la  sepullure  commune.  On  salt  de  nieme  ce  que  sonl  les 
Giisgris,  c^est-a-dire,  les  anudettes  ou  talismans  d'ecrllures;  lout 
le  monde  connait  ces  singullers  preservatifs  contre  les  beles  fe- 
roces,  rincendie,  la  guerre  et  tous  les  maux  de  la  vie.  11  est  lei 
voyageur  qui  a  dfl  la  sienne  a  Tinnocent  artifice  des  griffonnages  les 
plusinslgnlfians;  je  ne  voudraisdonc  pas  qu'ilsperdissent  leur  credit. 
Que  les  Europeens  profilent  encore  quelque  temps  de  cette  faiblesse 
des  nations  africaines;  puisqu'elle  leur  sert  depasseporl,  el  qu'elle 
avance  les  decouvertes  ,  qui  pourralt  s'en  plaindre  ;' 

piession) ;  en  coniptant  Icssinuositts,  cc  serait  Irop  peu,  coiniiif  c\sl  tinp  en 
ligne  direclc.  La   position  dij  Dagnna  psl  fixce  aiijoiiifl'liiii. 


G8 

Lc  langage  du  pays  <le  Foula  csl  le  foulh;  celui  dcs  pays  de  Ohlo- 
Jof  ct  de  W  alo ,  est  le  wolof,  laiit;uc  indigene  qui  est  de  loutc 
anciennctc  ,  idionie  iiilercssant  qui  vienl  de  fixer  laltenlion  des 
savans,  par  les  partlculariles  singulieres  de  sa  coniposillon  ct  de 
sa  graniinaire  (i);  inais  on  ne  I'^crit  pas,  I'ecriture  no  scrt  que 
pour  exprimer  le  langage  arabe  des  marabouts,  ct  de  ceux  des  in- 
digenes qui  ont  appris  cette  langue.  C'est  ce  qui  avait  laisse  I'Eu- 
rope,  jusqu'a  ces  derniers  temps  ,  dans  I'ignorance  de  la  nature  et 
de  la  composition  de  la  langue  wolofe ;  aussi  le  premier  Kuropeen 
qui  est  parvenu  a  I'ccrire,  y  a  fait  dcs  decouverles  inlercssantes,  ct 
il  Ta  dil  a  une  circonstance  qui  merite  d'etre  rapporlce  ;  c'est-a-dire 
aux  efforts  que  les  pliilantropes  fran^als  ont  faits  en  1816 ,  pour  fairc 
donner  un  peu  d'instruction  aux  jeunes  \'\  olofs  qui  habitenl  le  Se'- 
ncgal.  Une  ecole  a  etc  ctablie  a  Saint-Louis;  le  maitrc,  comme  les 
disciples ,  ignorant  respectivement  les  deux  langues  ecrites ,  I'arabc 
ct  le  frangais  ,  il  a  fallu,  au  premier,  ecrire  un  dictionnaire  cntlcr 
de  I'idiome  des  seconds,  et  sous  leur  diclee;  ce  qui  I'a  conduit  a 
decouvrir  les  regies  grammatlcales. 

Le  salut  de /«  hince estun  uasgc  antique  ct  solennel,  praliqiie  an 
commencement  d'unc  campagne.  Cliacun  des  gucrriers  doit  passer 
devant  une  lance  tres-baute ,  et  jurer  devant  le  prince  de  combattre 
vaillamment  Tenncmi.  En  racontant  les  circonstanccs  de  la  cere- 
monie,  Tauteurparle,  a  cette  occasion,  d'une  autre  coulume;  celle 
qui  veut  qu'un  csclave  puisse  quitter  le  matire  qui  la  mallraite  ,  el 
devenir  celui  d'un  autre,  en  lul  faisant  une  injure  grave;  pareille 
cbose  existe  dans  le  Kalcongo,  et  cbez  les  Aschantees.  Autrefois  , 
au  Senegal,  Tesclave,  pour  oblenir  cette  mome   faveur,  pouvail 


(i)  M.  Roger  prepare  un  Mcmoirc  sur  la  langue  wolofe.  En  iSiS, 
nous  avons  public  k  Diilioiiruiire  P'J-'olo/ riliWgc  au  Senegal  ,  par  IM.  Dard., 
insliluteurdc  I'licole  do  Saint-Louis,  ct  imprinn-  il  Plniprimcric  Roy  ale.  — 
I  vol.  in-8",  avec.  un  avant-propos  et  dcs  tableaux,  IJepuis,  la  grammaire 
\yolofe  de  i\l.  Daid  a  parii. 


Gg 

coupcr  un  moiceau  dc  I'oroiile  au  luailro  qu'il  clioisissait,  ou  Lien 
a  son  fils. 

Les  V^olofs  sont  regis  de  temps  immemorial  par  une  sorle  de 
feodalite.  Ausol  apparliciincnt  les  droits  de  justice,  d'amcndc,  de 
confiscation,  de  peage,  d'aubaine.  Les  vassaux  paient  la  dime  au 
suzerain,  qui  la  partagc  quelquefois  avcc  les  pretres;  niais  dcja, 
comme  en  Europe ,  des  communes  cominencent  a  se  former. 
L'influence  du  regime  fran^ais  ne  tardera  pas  a  se  faire  sentir. 

Rien  n'cst  plus  fait  pour  surprendre,  a  cole  de  la  facilile  d'hu- 
meur  etde  la  douceur  des  ncgrcs  de  SenegamLie  ,  que  le  caractcre 
prononce  ,  la  fermele  et  I'esprit  d'independance  des  Foulils ;  mais 
leur  fierte  n'est  pas  cxemple  d'arrogancc;  ils  passent  meme  pour 
medians  et  perfides ,  M.  Roger  leur  rend  plus  de  justice,  et  il 
remarque  que  clicz  ce  peuple,  c'est  une  suite  du  momc  esprit  qui 
leur  a  fait  secouer  le  joug  de  leurs  tyrans.  lis  sont  passionnes 
pour  la  liberfe,  niais  amLilieux  et  turbulens,  souvcnt  livrcs  a 
la  guerre  civile  :  ce  n'est  pas  leur  seule  ressemblance  avec  les 
republiques  de  Rome  et  de  la  Greee.  Apres  leur  revolution , 
en  1775,  I'esclavage  fut  proscrit,  on  n'y  admit  plus  aucun  nouvel 
esclave  ;  chose  bien  remarquable ,  tout  esdave  ancien  devint  librc 
des  (jti'i'l  silt  lire.  Les  Foulhs  vont  jusqu'a  croire  que  nous  avons 
suivi  leur  exemple  en  proscrivant  la  traite.  Au  reste,  aujourd'bui, 
ces  memes  bommes  viennent  cbaquc  annee  par  ccntaines  sur  les 
plantations  frangaises,  et  se  livrent  au  travail  agrlcole.  lis  sont 
d'ailleurs  moins  robustes  et  moins  grands  que  les  Wolofs.  On 
sait  qu'au  lieu  d'un  noir  fonce ,  leur  teint  tire  sur  le  rouge. 
D'autres  traits  encore  les  distinguent  du  reste  des    autres  noirs. 

L'auteur  remarque  la  difference  des  usages  des  Serreres,  petit 
peuple  de  Raol,  au  sud  de  Cayor.  Plus  sauvages,  ils  ont  resistc 
au  maliometisme ,  et  ils  s'eloignent  aussi  des  Europeens.  Leurs 
funerailles  ne  ressemblent  point  a  celles  des  autres  Sencgalais. 
Le  mort  est  assis  couvert  dc  ses  plus  riches  vetemens;  un  parent 
lui   adresso  ainsi  la   parole    :    «  Pourqiioi   veux-!u  nous    (jiiilieri' 


70 

>•  iravais-tu  pas  parmi  nous  toul  cc  qui  I'elail  ncccssairei' quel  est 
»  Ic  sorcier,  I'ciiucnii  qui  t'a  failperir.'  »  Un  autre,  place  ilcrriere 
le  niort,  rtiponcl  pour  lui  qu'il  deinaudc  a  elre  inliunie ;  alors 
commenceiit  de  grands  cris  de  douleur;  mais  des  que  Je  corps  est 
en  lerre,  la  joic  succede,  on  chante  cl  Ion  danse ,  et  Ics  fetes 
durcnt  neuf  jours. 

Les  plus  beaux  negres  sont  les  Ghiolofs  :  ils  ii'oiil ,  dit 
M.  Roger,  d'africain  que  la  couleur.  Le  nez  est  rcguiier,  et  les 
cheveux  memes  sont  allonges.  Get  angle  facial  et  les  aulrcs 
signcs  plivsionomiques  qu'on  a  rcgardcis  coninie  la  uiesiiie  de 
1  intelligence  des  noirs,  se  rapprochent  considerablenient  de 
ce  qu'on  observe  en  Europe.  Que  diiont  done  ccux  qui  etablis- 
sent  sur  la  conformation  de  la  face  Tinferiorite  de  la  race 
noire?  Que  diront-ils  de  cetle  varicte  glnolofc  ,  pour  ainsi  dire 
europeenne?  Au  reslc ,  toul  cc  que  j'al  voulu  faire  ici ,  c'esl  de 
signaler  un  fait  atteste  par  Lien  des  voyagcurs  el  un  peu  Irop 
neglige  par  les  philosophes  et  les  analoniistes.  On  a  deja  rapporte 
plusicurs  trails  qui  prouvent  que  les  negres  ne  sont  pas  depourvus 
de  courage  moral  el  dune  sensibilite  vive  et  profonde.  On  pour- 
rail  en  trouver  d'autres  encore  dans  I'ouvragc  de  M.  Roger; 
mais  il  faut  se  borner,  et  citer  seulement  les  expeditions  que  firenl 
il  y  a  peu  d'annees  une  soixantaine  d'individus,  qui  avaient  par 
le  travail  rachete  leur  liberie.  De  la  Havane ,  ils  se  firent  transpor- 
ter au  Senegal  en  i8iy  et  en  1822.  L'amour  de  la  patrie  et  de 
I'independance  eclate  au  plus  haul  degre  dans  ces  expeditions  el 
dans  la  condulte  de  ces  bommes  qui  n'avaicnt  d'autre  perspective, 
en  prenant  une  aussi  courageuse  resolution ,  que  d'embrasser  leurs 
vieux  peres  ou  de  mourir  sur  le  sol  natal.  Qu'y  a-t-il  de  plus 
loucbant!  En  arrivant,  il  faut  le  dire,  on  les  voil  qnillcr  leurs 
babits  et  reprendre  la  pagne,  et  meme  subsiluer  bientot  le  saleni 
aux  prieres  accoutumees.  Les  femmes  ,  plus  conslantes  dans  les 
babitudcs  europeenncs,  melaient  confusemcnt  les  syniboles  des 
(IcMx  cultes  ,  el  usaient  jusqu'au  bout  leurs  manlilles  el  leurs  soies 


71 
Lroilvies,  pour  reprendre  a  leur  tour  la  pagnc  modcsle,  dont  leurs 
ineres  et  leurs  sceurs  elaient  drapees.  Mais  aprcs  tout,  qu'impor- 
Icnt  pour  CCS  hommes  le  costume  et  les  habitudes  des  colonies 
europeennes.  G'est  le  spectacle  de  la  civilisation,  des  arts,  et  dc 
Tindustrie  qu'ils  ont  besoin  d'avoir  constaminent  sous  les  yeux, 
et  heureusement  ils  le  trouvent  aujourd'hui  dans  les  etabllsseniens 
iVanrais.  Les  Maures,  repousses  sur  la  rive  droite  du  fleuve,  ne 
desolent  plus  le  W^alo.  Les  cultures  se  retablissent,  la  popidalion 
et  le  bien-etrc  augmentent  avec  le  travail  libre ;  des  maisons 
s'eievcnt ,  des  vegetaux  utiles  se  mulliplient.  Voila  enfin  une 
colonic  ou  des  Africains  librcs  s'adoinient  a  Tagrlculturc  ;  ils  per- 
fectionnent  les  races  dc  bestiaux  ;  avec  le  prix  de  leur  travail  ils 
achetent  nos  instruniens,  les  produils  de  nos  arts,  et  les  empor- 
tent  a  deux  cents  lieues ;  ils  emportent  aussi  avec  eux  le  nom  de  la 
France,  ouvrant  ainsi  la  premiere  porle  a  un  commerce  qui  ne 
peut  plus  que  s'accroitre  avec  le  temps.  11  faut  lire  les  derniercs 
pages  du  livre  pour  connaitre  et  apprecier  le  genereux  enthou- 
siasme  qui  anime  I'auteur  a  I'idee  de  I'avcnir,  a  I'aspcct  des  pre- 
miers fruits  d'unc  noble  cntreprise.  Qui  ne  parlagcrait  de  si 
honorables  sentimens  ?  Qui  meme,  en  traitant  un  tcl  espoir  d'illu- 
sion  ,  ne  rendrait  une  eclatante  justice  aux  efforts  de  Tadministra- 
leur  habile  el  infatigable,  qui  s'est  voue  a  une  oeuvre  de  bien  si 
difficile  et  si  ingrate?  Combien  on  prcnd  une  part  vive  a  sa 
sollicitude,  a  ses  voeux,  a  ses  efforts ,  que  rien  n'a  pu  decourager 
pendant  plus  de  six  annees  d'administration! 

Ce  ne  serait  pas  donner  une  idee  complete  dc  cet  interessant 
volume  que  de  passer  sous  silence  le  merite  du  style ;  I'exactitude 
seule  ne  peindrait  pas  asscz  bien  les  mojurs ,  les '  hommes  et  le 
climat.  Quoique  i'auteur  ait  etc  inspire  par  des  evenemens  liisto- 
riques  d'un  veritable  intcret,  par  des  traditions  vivanles ,  par  les 
paroles  memes  des  personnages,  paroles  dont  le  pays  a  garde- 
la  memoire  ,  cependant  il  imporlalt  dc  presenter  au  lecteur 
europeen  des  tableaux  vrais  et  exprcsssifs ,  parce  qu'on  ne  connaft 


7^ 
gucro  le  Senegal  que  par  dcs  dcsciiplions  nn  pen  arides.   Clioisis- 
sons  Ja  scene  dii  passage  du  deserl  qui  sepaie  Je  Foiila  de  Cavor. 
quandl'armee  dAbdoulkader,  en  1797,  porta  la  guerre  au  Daniel 
ou  roi  de  celte  derniere  conlrec  (i).  En  void  un  fraginenl  : 

"  Le  lendemain  le  solell  se  leva  mollis  lavorable;  il  ne  dardait 
que  dcs  rayons  obscurcis,  rougis  par  une  quanlile  de  sable  souleve 
do  Iborizon  el  repaududans  lair.  Tout  annon^ait  le  regno  de  ces 
vents  d'est  redoutes  du  voyageur,  de  ces  vents  hrulans  qui,  apres 
avoir  balaye  le  grand  desert,  en  rapportcnt  la  sechercsse,  Taridite, 
et,pour  ainsl  dire,  les  vapours  de  poussiere-  » 

»  A  peine  ellons-nous  en  niarche,  que  nous  apercilmes  comine 
un  petit  nuage  roux,  qui  changeait  a  cliaque  instant  de  forme,  et 
qui  faisait  les  oscillations  les  plus  singulieres  el  les  plus  subites. 
En  approchant,  il  grossissait  au  point  de  nous  inlercepler  le 
soleil  et  meme  la  lumiere.  Bicntot  nous  fiimcs  assaillls  de  la  plus 
effroyable  quanlile  de  grosses  sauterelles  qu'on  ait  jamais  vues. 
I-cs  arbres,  les  buissons,  en  un  instant  depouilles  de  leur  jeune 
dcorce ,  furcnt  surcharges  de  ces  insecles ;  le  sol  ea  elait  joncbe 
de  plusleurs  couches,  lair  pour  ainsi  dire  en  etalt  epalssl.  ISous- 
memes  en  fumes  converts ,  el  dans  Icur  odieux  bourdonnement 
ces  animaux  maudlts  frolssant  conllnuellement  noire  figure,  nous 
for(;aIent  a  nous  boucher  les  narines,  a  fermer  les  levres  et  les 
yeux.  « 

«  Ceux  qui  connalssent  par  experience  les  nuees  de  sauterelles 
qui  londent  quelquefols  sur  les  campagnes  d'Afrique ,  peuvent  seuls 
juger  des  effels  du  lleau  qui  nous  accablall,  plus  terrible  qu'il  ne 
s'elalt  jamais  monlre:  les  aulres  refuseralcnt  d'ycrolre.  Nous  nous 
ouvrlons  penlblement  un  passage  au  milieu  de  eel  immense  tour- 
billon,  foulant  aux  pleds  a  chaque  pas,  ecrasant  a  chaque  mouve- 

[i]  On  salt  (jue  Brak,  Darnel ,  Almami  sonl  les  noms  illvers  quo  prcn- 
nent  les  rois  de  ces  pays  :  Le  premier  ,  que  portail  le  roi  de  Walo,  n'a  plus 
d'ap;ilicalion  ;  le  second  est  celiii  du  roi  de  Cayor;  le  troisienie  appartieiit 
au  roi  de  IJoiulou  ,  et  le  prince  de  Fouta-Toro  le  portc  e'palemeiit. 


:3 

itienl  dcs  quanlites  Ac  ccs  degoAtans  inseclcs.  Isoli-s  ainsi ,  nc  dis- 
linguant  plus  notre  diemiii,  ne  nous  guidanl  qae  par  la  voix  , 
plusicurs  tie  nous  tomberent  suIToques ;  beaucoup  tVautres  furent 
cgares.  Heurcuscment  encore,  dans  cetle  calamlte ,  Ics  deux  ma- 
k'nronlreuses  cohucs  s'avan^alent  en  sens  contrairc.  Au  bout  dc 
<lcux  lieuresd'inquietudc,  dc  fatigues  inouies,  nous  commencaincs 
a  rolrouver  Fair  et  le  grand  jour.  » 

«  Qui  pourrait  compter  ie  nombre  prodigieux  d'oiscaux  de  toute 
especc  qui  suivalcnt  ce  monde  aerien,  ce  grand  meteore  anime? 
Combien  d'aigles,  de  faucons,  de  milans!  coniblen  de  grucs  et  de 
cigognes!  combien  de  marabouts  aux  vastes  ailes  ,  a  la  queue  ornec 
d'un  duvet  ricbe  et  leger!  Tous  semblaient  mus  par  Fesprit  de  la 
deslrucfion;  ils  devoraient,  massacraient  el  couvraient  la  terre  de 
morls  et  de  debris.  Affreux  averlissement  du  ciel!  nc  montrait-il 
pas  assez  I'empire  de  la  force  sur  la  faiblesse!  ne  devalt-il  pas  nous 
inspircr  d'uliles  pressenlimens  ? 

»  Nous  traversions  un  pays  que  ces  insecles  innombrables  ve- 
naient  de  depouiller  entierement  de  verdure;  plus  un  fragment  de 
f^'uille,  plus  un  brin  d'lierbe.  Un  vent  sec  et  brAlant  beurtait  avcc 
bruit  la  poussierc  centre  les  rameaux  des  arbres  et  contre  les  buis- 
sons,  seniblables  maintcnant  a  des  balais  uses  et  blancliis.  C'etait 
un  spectacle  de  desolation  ,  que  complclait  une  population  errante, 
barassee.  » 

«  Des  que  par  une  marche  penible  ,  nous  eumes  atteint  quelque 
ombrage ,  Almami  fit  faire  baltc  ,  afin  de  rallier  ses  gens  et  de  leur 
donner  un  repos  bicn  neccssaire.  C'est  la  qu'on  fut  force  de  passer 
la  seconde  nuit.  11  s'en  fallait  bien  qu'elle  ressemblal  a  la  premiere. 
Des  fatigues,  d'affllgeans  souvenirs,  des  inquietudes  pour  les  ab- 
sens ,  une  temperature  accablante  ,  imposaient  a  tout  le  monde  un 
morne  silence ;  il  n'etait  trouble  que  par  les  rechcrclies  et  les  oris 
de  ceux  qui  s'effor^aient  de  retrouver  le  pere ,  la  soeur  ,  I'ami  dont 
ils  avaient  ete  separes. 

'>  Le  meme  vent  soufda  loato  la  nuit;  mais,  commc  on  I'obscrvc 


74 


ordinaircmorit  dans  ccs  contrecs,  il  dcvint  alors  aussi  froid  qu  il 
avail  cle  chaud  pendant  le  jour,  Du  resle,  il  ne  perdit  ricn  dc  sa 
scchcrcssc;  la  nuit  n'apporta  pas  une  goutfe  de  rosec,  pas  la  plus 
Icgere  huniidile.  » 

«  11  etail  evident  qu'unejourncie  encore  plus  difficile  que  la  pre- 
cedenle  sc  preparalt.  Nous  avions  fait  a  peine  la  moitid  du  cheinin , 
el  la  foule  ne  pouvail  parvenir  en  un  jour  aux  fronlieres  de  Cayor. 
Cependanl  les  provisions  manquaicnl;  on  s'inqulelail  princlpale- 
ment  pour  reinplacer  Teau  qui  lirait  a  sa  fiu.  La  nature  du  pays  , 
surloul  dans  la  saison  ou  nouselions,  ne  perincttail  pas  d'esperer 
qii'on  pAt  s'en  procurer  aulrcmenl  qu'aux  puifs  des  villages,  donl 
on  elall  encore  Irop  dlolgne.  Ahuauu  scntil  tout  ce  qu'avait  de  cri- 
tique sa  position;  il  enlrevit  des-Iors  les  resullals  affreux  de  Ten- 
treprlsc  dans  laquellc  il  s'elait  imprudeniment  engage.  Des  le 
matin  de  la  troisiemc  journee  ,  il  fit  publier  que  tous  les  individus 
hors  d'etat  de  porter  les  armes  ctaient  invites  a  retourner  chez 
eux ;  qu'on  etait  content  dc  Icur  devouement,  que  Dieu  Icur  en 
liendrait  sans  doute  comptc;  niais  que  Icur  presence  serait  desor- 
inais  plus  luiisible  qu'ulilc ,  et  qu'il  apparlcnait  aux  guerrlers  seals 
dc  coullnucr  la  canipagne.  >> 

«  On  eprouva  dans  cettc  occasion,  qu'il  est  plus  facile  d'exallcr 
les  csprits  que  de  les  apaiser.  Tres-pcu  se  rendirent  a  I'invitation 
qui  Icur  etait  faite  ;  prcsque  lous  resolurent  de  suivre  Tarmee.  Tous  5 
criaient  qu'ils  voulaient  souffrir  pour  le  prophete  ,  afin  de  mdriter 
la  recompense  promise  ;  que  plus  les  obstacles  etaient  grands  ,  plus 
le  succes  serait  eclatant.  Le  peril  scmblait  exciter  encore  leur  aveugle 
confiance ,  et  donner  un  nouvel  aliment  a  leur  cnthousiasme.  La 
bonte  de  reculer  el  d'abandornier  leurs  compagnons  ,  la  crainlc  dc 
traverser  seuls  le  desert,  en  retinrent  un  bou  nombre  aussi;  car, 
en  se  monlrant  courageux ,  beaucoup  d'hommes,  a  I'ombre  de 
considerations  avouees ,  cedent  reellemenl  a  des  motifs  secrets, 
souvent  pcu  bonorables.  » 

«  Quoi  qu'il  en  soitla  troupe  prcsque  tout  entiere  se  mil  encore 


75 
en  niarrhe.  Jo  iic  decrirai  pas  cettc  terrible  journec,  pendant  la- 
quclle  rincleinencc  dcs  airs  surpassa  tout  ce  qu'oii  peul  iniagincr 
de  plus  desaslrcux.  Lc  del  etait  en  feu.  Le  vent  devorant  du  desert , 
soufflant  sans  relache ,  soulevait  en  tourbillons  le  saLle  leger  sur 
lequel  nous  marcliions.  Chaque  grain  brAlant  qui  frappait  notrc 
peau,  nous  causalt  un  sentiment  aigu  de  douleur.  En  se  retraclant 
dans  celle  alniospherc  cliargoe  dc  poussiere,  les  rayons  du  solell  de- 
venaient  insupportablcs.  Accables  de  chaleur,  les  corps  etaicnt 
brulans  ,  corrodes  ct  sans  aucune  transpiration ;  la  languc  sc  col- 
lait  dans  la  bouche  aridc;  la  gorge,  la  poitrlne  dessecbees ,  lais- 
saient  a  peine  passage  a  un  air  qui  seniblalt  enflamme.  Le  reste  de 
I'eau  qu'on  avait  emporlc  fut  bicnlot  cpuise;  mals  elle  ne  servit, 
en  quelque  sorte,  qu'a  exciter  encore  une  soif  inextlnguible.  '> 

Les  letlres  de  I'Almami  au  Darnel,  ct  les  reponses  de  celui-ci , 
lie  sont  pas  d'un  inoindre  interet.  11  faut  Ics  lire  dans  I'ouvragc 
nienic.  En  void  quelques  traits  :  ils  peignent  avec  vivadte  la  force 
de  raison  et  les  sentimens  energiques  de  ces  Africains  que  nous  ju- 
geons  peul-etre  un  peu  trop  legerement.  «  INous  sommes  cbarges 
(disent  au  roi  les  envoyes  de  I'Almami)  par  I'assemblee  de  Fouta, 
dc  vous  declarer  que  si  vous  ne  voulez  pas  reformer  voire  conduite 
el  celle  de  vos  gens,  nous  vous  y  contraindrons  par  la  force; 
void  les  emblemcs  que  nous  vous  apportons.  Choisissez  entre  ces 
deux  couteaux  :  avec  celui-ci  Almami  rasera  la  tete  de  Damcl ,  si 
Darnel  veut  se  faire  marabout  et  suivrc  la  loi  de  Mahomet ;  avec 
celul-la,  si  Damel  refuse,  Almami  lui  coupera  la  gorge.  »  Le  Da- 
niel de  Cayor  lui  repond  en  ces  mots  :  «  Almami ,  salut.  li  ne  me 
plait  pas  de  cholsir;  je  ne  veux  de  tol  nl  pour  barbler  nl  pour 
bourreau.  De  quol  te  meles-tu?  Ne  sais-tu  pas  que  le  prophete  a 
dit  :  Ac  (h'spii/ez  pas  (wcc  les  ignorans  ?  garde  done  ta  science  el  resle 
tranquille.  Mol  je  me  souvlens  qu'on  ma  lu  dans  le  Koran  celle 
sentence  :  Pardonncz  a  qui  vous  ojfense ;  c'est  pour  cela  que  je  te 
rcnvole  les  gens  sans  Icur  avoir  fait  couper  les  oreilles;  mals  qu'ils 
ne  reviennenl  plus.  Mahomet  a  dit :  Resignez-vous  a  voire  dcslinee; 


si  tu  me  fais  la  guerre  jo  me  resigne  a  to  Laltre.  »  Tout  cela  est 
hislorique  :  I'ambassatle,  le  discours,  la  reponse  el  Ics  evenemew^ 
(le  ia  guerre. 

M.  le  baron  l\oger  prepare  d'aulres  ouvrages  sur  le  Se'negal , 
(les  remarques  sur  la  languc  wolofe,  le  tableau  de  la  rcvolulioii 
tlu  Foulael  un  recuell  de  fables  s^negalalses.  On  ne  peut  que  Tin- 
viler  el  I'encourager  a  effectuer  son  projet.  Ces  productions  utiles 
conlribueront  a  elendre  nos  connaissances ,  a  interesser  le  publir 
fran^ais  au  sort  de  cette  parlle  de  I'Afrlque ,  et  par  coiisc^quent  a 
avancer  rocuvrc  de  ia  civilisation  sur  ce  grand  continent  (i). 

JOMAUI). 

(i)  11  faiit  laire  aussi  la  part  de  la  critiriue ,  die  sera  Icgferc.  Voir!  fjiielqiu-s 
points  (]iie  je  souniels  a  raiiteur  :  Yallah  est  line  exclamation  fre(|iieii(c  clicz 
les  Se'nt'galais ,  et  oii§inairc  des  Arabes.  En  adoplaiil  cette  origine,  rauteuc 
se  dcniande  si  VI,  signe  dii  pliiiiel  en  wolol',  n'iiKii(|iie  pas  ici  Tidee  de  l:i 
pluralite  des  Dicux  ;  mais  Talluh  signifie  en  wolof,  6  Dieu  ,  par  Dieu.  Lis 
Arabes  ont  apporte'  cette  exclamation  en  niSme-temps  que  le  nom  meme  de 
Dieu. 

Le  Delta  du  Nil  est ,  suivant  IVI.  Roger  ,  tout-a-fait  de'pourvu  d'arbres.  Lo 
fait  est  que  les  plus  bi'aux  sjcomores  et  line  foule  d'autres  arbres  y  abondenl. 
(  Voyezla  descriptio"  de  TEgypte  ,  t.  i ,  rtal  mod.)  ;  pcut-etre  cst-il  <iuestiim 
des  arbres  crolssans  spontaneincnt. 

Dansrintroduction,  il  met  la  Giraft'c  au  nombri'  des  aniinaux  dos  rives  du 
Senegal;  mais  il  ne'glige  de  dire  d'apres  quelle  autorite.  Jiis<pra  pn'seiit, 
les  voyageurs  ne  I'ont  pas  aper^ue  aupres  de  ce  fleuve.  M.  Roger  assure  que  les 
indigenes  ont  vu  la  Giraffe  sur  le  haut  Senegal ,  et  meme  dans  le  J'ays  de 
Gliiolof,  qu'on  en  apporte  des  peaux  a  Saint-Louis  ,  et  que  cet  animal  a  uw 
nom  en  wolof, 

Les  Fellatas  lui  paraissent  de  la  meme  race  (|ue  les  Foullis  et  meme 
les /^c//a/i.?  d'Egypte.  La  ressemblance  des  nomsa  entraine  I'auleur  un  pen 
trop  loin  ,surlout  pour  IcsFellalis.  La  metliode  d'iuslruction  luutnelle  serait, 
scion  lui  ,  ('tal)lie  au  Seru'gnl  ,  de  temps  immemorial.  11  est  plus  vraisemblable 
q>ie  renseignemeiit  sirnullanec  ,seulement  ,  a  etc  apporte  par  les  Arabes  (|ui 
le  pratiquent  au  Caire  et  en  d'autres  lieux.  (Voyez  I'abrege  de  la  metlH>de 
des  Ecoles  elemental  res  ;  Paris,  Colas  i8i6).  D'ailleiirs  ,  puisque  les  ^Volofs, 
nV'crivent  pas  leiir  langue  et  ne  I'ecrivaient  pas  davantage  avaut  la  conquele  , 
quelle  aurait  etc  I'ocrupalion  de  Icurs  ecoles  ? 

N.-Ji.  La  carle  ci-jointc  donne  le  cours  du  Senegal  au-dec-r>ous  de  Mous- 
sala  :  et  la  situation  respective  des  diffei'entes  conlreesdont  il  est  fait  men 
tion  dans  Touvrage.  Pour  la  construire,  j'ai  mis  a  profit  les  materiaux  les  plus 
rccens  et  des  communications  prccieuses  de  M.  le  baron  Roger. 


77 


Relation  d'tm  voyage  cCArica  a  Potosi  par  Ic  Despoblado ,, 
accompagnte  d'une  notice  sur  cette  dernidre  vilLc  ^  par 
M.  P.  J.  B.  Vasseur  ,  ct  cojnmuniqme  par  M.  Ricot  ,  nego- 
ciant  (i). 


NOMS    DES    GlTES    ET   DETAILS    DE   l.\   ROUTE. 


1826. 

Nov.  1 


Depart  de  la  ville  d'ArIca  pour  aller  coucher  a 
Lluta  qui  en  etait  eloignce  de  6  lieues. 

La  vallee  qu'il  fallut  traverser  est  tres-fertile ;  elle 
a  18  a  20  lieues  d'etendue  de  Test  jusqu'a  I'Ocean 
Pacifique.  Ties  -peuplee,  ses  habitations  sont  placees 
a  pen  de  distance  les  unes.  des  autres.  L'eglise 
principale  est  a  6  lieues  d'Arica ;  elle  est  fort  mal 
beitie  et  couverte  en  terre.  On  y  cultive  la  canne 
a  Sucre ,  le  mai's,  les  pommes  de  terre,  un  peu  de  ble , 
I'olivier  et  le  figuier;  il  y  a  bcaucoup  de  paturages  en 
alfalfa  (espece  de  luzerne).  La  largeur  de  la  vallee 
est  de  3oo  a  800  toises ;  elle  est  arrosee  dans  toute 
sa  longueur  par  le  Puo  de  Chacayuta  ^  dans  lequel  il  y 
a  toujours  de  Teau.  Celle  riviere  est  pleine  d'ecreVis- 
ses  delicieuses;  il  y  en  a-du  poids  de  6  a  8  onces.  II 
est  ppu  de  pays  au  monde  oil  il  y  ait  autant  de 
sauterelles,  les  habitans  ne  leur  donnent  jamais  la 

A  reporter 


(l)  Cette  relation,  qui,  ;i  \rai  dire  ,  est  plulot  un  journal  de  la  route  suivif 
par  M.  Vasseur  qu'une  relation,  offre  un  verit.ible  Interet.  On  .1  dii ,  pour  ne 
rien  lui  enlever  de  cet  interet,  la  reproduirc  telle  que  I'auteur  I'a  lul-ineme 
redigee.  II  serai  bien  a  deslrer  que  I'exeniple  de  M.  Vasseur  eut  de  nombreu.v 
iniilaleurs,  la  Geograpliie  positive  ferait ,  sans  contredit,  plus  dc  progres. 
(  Note  (In  Pedacteur  ) 

6 


1826. 
Novemb. 


20 


^0IV1S    1)ES    GiTES   ET   DETAILS   DE   LA   ROUTE. 


Report. 


chasse.   Los  nioiitagnesde  chaquc  cole  sont  en  sable 
et  en  pierres  de  lave  caicinecs. 

Boca-Aegra 

On  suit  en  remontant  la  meme  vallec;  a  3  licucs 
on  trouve  un  hanieau  qn'on  laisse  a  gauclic.  Buca- 
Negra  est  une  grande  forme  aupres  de  laquelle  Ics 
muletiers  ont  riialjilude  de  parquer  ;  il  y  a  aussi  trois 
ou  qualre  habitations  d'Indiens.  On  pout  s'y  procurer 
des  oeufs  de  poule  et  de  la  mauvaise  eau-de-vie. 

Los   CaRdones  (los  chardons ) 

On  suit  la  vallee  pendant  une  demi-licue,  puis 
I'on  entrc  dans  une  quebrada  (gorge  olroile)  soche 
etarlde;  pas  une  goutte  d'eau  ni  la  nioindre  verdure. 
Apros  deux  liouos ,  on  arrive  au  pied  de  la  Cuesla- 
Bhmca;  il  faul  deux  heures  pour  la  monter;  lo 
chcmin  est  a  pic ;  et  fraye  a  Iravers  un  sentier  de 
roches  et  de  grosses  pierres ;  on  suit  pendant  une 
demi-lieue  la  Crete  d'un  rocber  pour  passer  sur  une 
autre  creto.  Dos  deux  colds  ce  sont  dos  precipices  af- 
freux,  etle  cliemin  n'a  pas  plus  dun  pied  a  un  pied  et 
demi  de  large  ;.enfin  c'est  le  passage  le  plua  perilleux 
de  la  route.  Ensuite  on  traverse  une  espece  de  pumpa 
(plaine  aride).  De  la  on  enlre  dans  la  fjuehrada  de  los 
Ciirdones;  pas  une  goulle  d'eau  ni  la  moindre  source. 
Pendant  la  saison  des  pluies  ce  cbemin  esl  impralica- 
ble  parce  qu'iln'est  forme  que  dulildela  riviere.  11  ya 
un  passage  tres-etroit  ou  les  mules  cliargecs  peuvenl 
a  peine  passer  entre  deux  roches  coupeos  a  pic  ;  I'ou- 
vcrlure  n'a  que  7  pieds  environ.  On  remonte  colto 

A  reporter 


79 


MOMS    DES    (;iTE.S    ET   DETAILS    DE    LA   ROIITE. 


1836. 

Novenibi 


».  1 ,  22 
C-t  23 


Report. 


quehrada  pendant  3  lleues  pour  arrlver  au  gite ,  ou  il 
n'y  a  aucune  liaLitalion. 

On  blvouaque  sur  un  petit  plateau  a  droltc  du 
chemin.  II  n'y  a  ni  eau,  ni  palurage,  ni  bois ; 
les  mulefiers  apportent  ou  font  apporter  a  I'a- 
vancc  de  Wdjalja  pour  lours  animaux ,  qui  ne  boi- 
vent  cependant  que  le  lendemain  apres  6  lieues 
de  marche.  Du  bivouac  on  aper^oit  la  pleine 
mer.  Le  coucher  du  soleil  offre  aux  voyageurs 
ennuyes  et  faliguos  un  grand  dedommagenicnt ; 
c'esl  undcsplus  beaux  que  j'aie  encore  vu  en  Ameri- 
que.  On  appclle  cette  pascana  (les  muleliers  nom- 
menl  ainsi  le  gite  ou  ils  bivouaquent)  los  Qmlones, 
a  cause  des  cbardons  qui  croissent  dans  cette  que- 
hrada et  sur  les  montagnes;  on  n'y  voit  aucune  autre 
plante  ou  verdure.  Dans  une  parlie  du  Perou,  d'Arica 
a  Polosi ,  on  ne  se  sert ,  pour  la  construction 
des  maisons  ,  d'autre  bois  que  de  celui  du  cbardon. 
Sa  duree,  lorsqu'il  est  a  convert,  est  de  25  a  3o  ans, 
et  de  8  a,  10  ans  lorsqu'il  est  expose  a  la  pluie. 

Chapiquina  (nousy  avons  sejourne  les  22  et  23). 
On  continue  dans  la  gorge  de  los  Cardones  pendant 
une  lieue  parmi  de  grosses  pierres,  ensuite  on  tra- 
verse une  pampa ,  puis  on  arrive  au  Rio-Seco  ,  qui  n'a 
d'eau  que  pendant  les  pluies.  Avant  d'y  arriver,  on 
descend  une  montagne.  II  y  a  un  passage-tres-difii- 
cile  pour  les  grandes  cliarges  en  travers,  I'ouverture 
entre  deux  roclies  n'etant  que  de  &  a  7  pieds  ;  il  serait 
tres-facile  de  I'elargir,  la  pierre  etant  assez  tendre ; 

A  reporter 


8o 


NOMS    DES    CITES    ET   DETAILS    UE   I.A   ROUTE. 


1836. 

Novemb. 

21,  22 
et  23 


Report 

mais  jusqu'a  present  la  cupidlte  el  ravldite  des 
vice-rois  espagnols  I'avaient  trouv^e  assez  large  pour 
faire  transporter  Icurs  tresors  au  port  d'Arlca.  Au- 
dessous  du  chemin ,  sur  la  drolle ,  ct  a  une  grandc 
profondeur,  on  aper^oit  une  chaumiere  et  de  la 
verdure  ;  il  y  a  quelques  sources.  Apres  avoir  passe 
le  Rio-Seco,  on  monte  lentement,  enSuite  on  tra- 
verse une  pampa ,  et  a  une  lieue  du  Rio ,  on  descend 
la  cote  de  Cliuzviiza,  qui  est  presque  a  pic.  Au 
pied  de  cette  cote  coule  ,  de  droite  a  gauche ,  le  Rio 
de  Clizumiza,  la  premiere  eau  que  Ton  rencontre 
depuls  Boca-Negra.  La  monlagne  de  Chuzmiza  pos- 
sede  une  riche  mine  d'argent ,  elle  est  pleine 
d'eau,  ct  Ton  a  cesse  d'y  travailler.  De  la,  apres 
deux  lieues  de  montde  d'unc  pente  douce,  on  ar- 
rive a  la  Venta  de  Cliapiquiha ,  au  pied  dc  la  grande 
chaine  des  Andes ;  il  y  a  deux  maisons  et  une  chau- 
iniere.  En  tous  temps  les  arrieros  y  trouvent  de 
Xaljalfa  :  aussi  ont-ils  I'habitude  d'y  sejourner,  soil 
en  allant ,  soil  en  revenant.  On  y  paie.a  raison  dun 
real  par  jour  pour  cliaque  mule  (66^  '/^  )  ;  on  s'y  pro- 
cure de  tres-beaux  moutons.  De  jour,  la  temperature 
est  fort  douce ,  mais  il  y  gele  tres-fort  toutes  les  nuits 
et  pendant  toule  I'annee. 

Les  montagnes  qui  bordenl  la  route  ,  depuis 
le  Rio-Seco  jusqu  a  Chapiquina  rcnferment  de  nom- 
breux  troupeaux  de  daims  et  de  biches;  ces  animaux 
paraissent  connaitre  la  distance  a  laquelle  le  chas- 
seur peut  les  alteindre ,  car  Us  ne  s'cnfulent  que 
lorsqu'on  arrive  a  90 ou  100  pas;  lis  ne  se  laisscnt 

A  reporter 


8] 


1826. 

Novell  lb. 


•2.i 


NOMS   DES    GITES    ET   DETAILS   DE   LA   ROUTE. 


Report. 


jamais  approcher  Ac  plus  pres,  aussi  esl-il  difficile 
dc  les  tirer  quand  on  ne  parvient  pas  a  les  sur- 
prendre. 

Cluipitfuina  depend  de  la  parolsse  de  Be/en,  dis- 
tante  de  5  lleues  sur  la  droite.  A  6  lieues  sur  la 
gauche  se  Irouve  celle  de  Pocoroma :  ce  sont  deux 
grands  villages. 

Rio-Batancillo  (passage  des  Andes) 

On  commence    a    monter,  et  Ton  fait   5   lieues 
pour  arriver  jusqu'au  sommet;  le  chemin  est  assez 
bon  ,  il  n'y  a  pas  de  passage  difficile ;  on  traverse  8  a 
loruisseaux,  dont2  seulement  ont  de  I'eau  toule  I'an- 
nee.  Les  montagnes  sont  couvertes  de  broussallles  et 
d'arbustes ;  on  y  voit  un  assez  bon  nombre  d'arbres  a 
bruler  qu'on  nomme  quinoa,  mais  qui  ne  sont  pas 
Ires-grands.  Les  personnes   en    general  qui   n'ont 
point  habite  dans  le  voisinage  des  mines,  commen- 
cent,apres  avoir  monle  pendant  une  heure  ou  deux, 
ijsenlirle  sorroclie,  c'est-a-dire,  que  la  on  respire  uu 
airsilegeretlellementsublil,que  les  poumons  se  gon- 
flent  a  cause  des  cxhalaisons  des  mines.  On  eprouve 
des  maux  de  coeur  plus  ou  moins  forts ,  comme  le  mal 
de  mer  ;  souvent  on  vomit ,  et  Ton  ressent  un  grand 
malaise.   Quolque    ce   ful  la    premiei-e  fois    que  je 
traversasse   des  endroits  ou  Ton  eprouve  cette  in- 
disposition, je  n'en  ressentis  aucun  effet;  je  le  dois 
peut-etre  aux  conseils  que  Ton  m'avait  donnes  et  que 
je  suivis,  de  respirer  de  Tail  broye,  et  meme  d'en 
tenir  dans  la  bouche  pendant  tout  le  temps  de  la 
montec. 

A  reporter 


1 1 


40 


1826. 

Novemb. 


NOMS    DES    CrrES    ET  DETAILS   1)E   LA   ROUTE. 


Report 

On  volt  sur  loutes  les  montagnes  un  grand  nombrc 
fl'oispaux  (le  toutcs  les  coulcurs  ct  smloul  <le  pelitos 
pcrruclies  verles.  En  anivant  au  soinmct,  on  Irouvc 
une  vallee  tres-ouverle,  puis  une  grande  ;9«w/yfl ;  les 
monlagnies  a  droile  sont  encore  assez  elcvees  ;  a 
gauche  ellcs  sont  plus  Lasses.  On  suit  pendant  2 
licues  la  rive  drolte  du  Kio  dc  las  BiscacJ/as;  son 
nom  lul  vient  de  la  grandc  quantltc  de  ccs  aniniaux 
qui  habllent  ses  roclics ;  ils  rcsseniblenl  aux  lapins, 
sont  plus  gros  et  ont  une  longue  queue ;  leur  poll  est 
excesslvement  fin  ,  ct  s'arrache  en  le  touchant ;  c'csl 
un  fort  bon  manger.  Apros  2  licues,  le  liiu  se  jettc 
dans  VOca  que  Ton  traverse  ;  on  prend  a  gauche, 
on  nionte  un  petit  colcau,  et  Ton  entre  ensuile  dans 
une  grande  pampa.  A  parlir  du  haut  de  la  vallcc 
et  dans  tous  les  marais  du  haut  des  Andes,  on  Irouve 
une  grande  quantilc  d'oies,  de  canards,  dc  pcrdrix, 
de  grosses  alouelles,  etc. ,  qui  sont  Ircs-facilcs  a  lucr; 
on  pcul  y  faire  ses  provisions  de  roule.  On  traverse 
le  Rio  Cliovaiamho  qui  a  peu  d'eau,  et  Ton  trouve 
plusieurs  lagunas  (marais)  qui  en  etc  sont  a  sec;  mais 
leur  passage  est  Ires-difficile  pendant  la  saison  plu- 
vicusc;  II  n'y  a  aucunc  habllalion  a  la  pasama,  on 
j  n'cn  voil  que  sur  le  bord  An  Rio  Baiuncillo;  ce  nom 
lui  vient  de  ce  qu'auliefois  11  y  avait  pres  de  ce 
ruisseau  quelques  ballans  a  broyer  le  mais. 

Ce  gile  est  au  pled  et  a  une  licue  de  la  baule  mon- 

tagne  de  Chutjiii/inipe,  oil  il  y  ades  mines  d'argcnl  Ires- 

j  riche;,  mais  qui  sont  mal  etpeu  Iravaillecs,  a  cause  du 

j  froid  el  du  voisinagcdu  volcan  de  C/iungora,  qui  lou- 

[  . /  rcpurUr '     • 


4o 


4o 


83 


MOMS   DES    GlTES   ET   DETAILS    DE   LA   ROUTE. 


1826. 

Noveinb. 


Report 

jours  est  couvertdc  ncigeetfumecontinuellement.  Ce 
volcan  n'eii  est  qu'a  2  lieues  de  distance.  Le  patura^e 
estungazoiipele  etbriileparlaneige  etlevenl.  Chaque 
nuit,  et  pendant  toute  I'annee,  on  est  oblige  de  casser 
la  glace  le  malin  pour  avoir  de  I'eau;  elle  avait  2  pou- 
ces  d'epalsscur  le  25  au  matin,  et  c'etait  dans  I'ete. 

On  ressent  a  cette  pascana ,  et  pendant presque  toule 
la  distance  que  nous  avons  parcourue  le  2^,  un  sor- 
roche  assez  fort,  mals  je  ne  m'eii  suis  apcrcju  que 
par  Tindisposition  de  mes  compagnons  de   voyage. 

Rio  Chilquipanta 

On  monte  lentcment  pour  traverser  une  pampa 
de  puna  (plaine  inegale  et  climat  froid);  ensuite  on 
trouve  une  descenle  tres-rapide  et  longue ,  et  on 
arrive  aux  higunas  du  lac  CIningara,  qu'on  laisse  a 
une  denii-lieue  sur  la  gauche.  On  compte  4-  Heues  de- 
puis  le  gite.  Ce  lac  est  au  pied  d'une  haute  montagnc 
nommee  pachetu  {  en  indien,  une  paire);  sa  cinie 
est  lerniinee  par  deux  pointes  en  pain  de  sucre.  II  y 
a  considerablenient  d'oies,  de  canards,  de  becasses, 
dc  becassines,  et  autres  especes  de  gibier.  Ses  p^- 
lurages  sont  couverts  de  llamas,  nioutons  du  Perou 
que  Ton  einploie  comme  betes  de  somme ;  ils  por- 
lerjt  de  60  a  100  livres  ;  et  ne  font  pas  plus  de  3  a  4 
lieues  par  jour.  11  y  a  deux  cabanes  de  bergers.  A4 
lieues  plus  loin,  on  enlre  dans  une  petite  vallee  oii  il 
y  avait  autrefois  une  ferine  ou  poste  dont  il  ne  reste 
plus  que  lesruines;  c' est  une  pascana  que  V  on  nomme 
Tambo   Quemadn   (auberge  brAlee;    il    y    fait   Ires- 

//  reporter 


84 


1826. 

Novcmb. 


MOMS    DES    GlTES   ET   DETAILS    DE   LA   KOUTE. 


Report. 


froid ;  le  pSlurage  est  un  gazon  pole  ct  brftic  ;  I'cau 
y  est  tres-bonne  et  abondanlc.  Apres  avoir  traverse 
une  pampa  de  pres  de  4  lieues ,  on  arrive  au  Rio 
Chilijuipenta  qui  est  assez  large,  mals  peu  profond; 
II  y  a  des  petlts  polssons  pour  la  frilurc  ;  on  le 
traverse,  et  on  va  s'etabllr  a  une  dcnii-licue  plus 
loin  dans  une  esp^ce  de  prairie  sans  hcrbes.  Nous 
eprouvames  en  arrlvanlun  coupde  vent  tres- fort,  qui 
duralt  encore  deux  heures  apres  le  coucher  du  solell. 
Le  matin  ily  avaltunpoucede  glace  surl'eauquenoua 
avions  dans  notre  tente ,  quolqu'ellc  fill  bien  fermee. 

Le  matin  un  Indlen  du  hamcau  de  Cliiltjuipciitu 
vInt  dune  llcue  pour  olTrir  ses  services,  aux  niu- 
letiers ,  comme  c'estTusage,  etpour  lesaldera  char- 
ger; une  Indlenne  lalde  et  mal  vetue  vint  aussi;  elle 
apportalt  des  olgnons  quelle  ecbangca  contrc  de  la 
hicrhahuena  matey.  I-e  petit  hameau  de  Chilijuipenta 
est  au  bord  de  la  riviere  du  mcme  nom ,  sur  une 
elevation  ;  on  n'y  recoUe  presque  ricn  a  cause  du 
froid;  11  est  a  une  deml-lieue  du  pied  du  mont 
Sacama ,  le  plus  elevc  de  toute  cette  parlie  des 
Andes ,  et  continuellement  convert  de  neige ;  nous 
I'eilmes  en  vue  jusqu'a  2  lieues  A'yliulamarra ;  11  y  a 
46  lieues  de  distance.  On  y  trouve  un  grand  nonibre  de 
Ihimus  etquelques  cabanes  de  bergers.  Pendant  toule 
la  route,  on  volt  errer  de  tous  cotes  des  troupeaux 
de  vigognes  qui  ont  I'alr  d'attendrc  le  chasseur,  et 
s'cnfulcnl  quand  U  appreche. 

l\io  DE  LOS  Verros  (rivlere  du  crcsson) 


A  reporter. 


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1826. 

Novemb. 
26 


MOMS   DES    GlTES   ET   DETAILS   DE  LA   ROUTE. 


Repoit 

On  marclie  pendant  3  lieues  dans  un  terrain  de 
puna  et  de  pampa ;  ensuile  on  entre  dans  la  quebrada 
de  Chillaoa ,  qui  a  pres  d'une  lleue  de  long ;  il  v  a 
quelques  arbustes.  Elle  differe  des  autres  en  ce  qu'elle 
est   bordee    des   deux    cotes  de    rochers   de   meme 
hauteur  ,    coupes  perpendiculairement    comine    des 
remparts,  et  ayant  ^o  a  5o  piedsde  haut.  On  entre 
de  la  dans   la  grande  pampa  de  Cosapa.  Apres  une 
lieue,  on  traverse  le  liiu  Changamoco ,  ct  a  3  lieues, 
plus  loin,  celui  de  Cosapa,  qui  est  assez  large  ;  a  i5o 
toises  environ  sur  la  rive  gauche ,  il  y  a  une  assez 
jolic  maison  qu'on  nomme  la  venta  del  Rio  Cosapa. 
C'est  ici  qu'a  lieu  la  jonctlon  de  la  route  de  Tacnu 
a  Potosi  par  la  coidillere  de  Taiahora  ;  c'est  aussi  un 
gite  A'arrieros.  On  laisse  le  petit  village  de  Cosapa 
a  2  lieues  sur  la  gauche ;  pendant  plus  de  3   lieues , 
on  nc  cessc  de  I'apercevoir.  Cette  riviere  abonde  en 
oies,   canards,  becasses,  etc.  Toute  cette  immense 
plainc  est  couverte  de  llamas ;  9a  et  la  sont  quelques 
cabanes  de  bergers  formees  de  branchages  couverts 
de  lerre ;  on  n'y  voit  point  de  pierres. 

Cosapa  n'a  que  10  a  12  habitations;  c'est  une 
chapelle  dependante  du  curato  de  Turco,  distant  de 
1 5  lieues.  II  faut  encore  4  Heues ,  en  suivant  la  pampa, 
pour  arriver  a  Isipascaaa  de  la  fuenie  de  los  J'erros  (la 
fontaine  du  cresson);  on  n'y  rencontre  qu'une  chau- 
miere  en  picrre,  couverte  d'une  herbe  qui  ressemble 
au  jonc.  A  environ  un  quart  de  lieue  avanl  d'y  ar- 
river ,  on  suit  Ic  pied  d'un  rocher  forme  de  blocs  de 
rocs  places  par  la  nature  les  uns  sur  les  autres ;  vues 

A  reporter 


64 


H 


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DATES. 
1826. 

Novemb. 


NOIMS    DES    GiTES    ET   DETAILS   DE   LA   ROUTE. 


Report. 


a  la  distance  dc  200  pas ,  ces  masses  de  rocs  pre- 
scntont  I'aspect  de  mines  d'edifices  majcstueus  de 
tout  genre ,  telles  que  ccllcs  d'une  ville  jadls  vaste 
et  superbe.  On  bivouaque  a  So  pas  de  la  fonlaine 
qui  est  tres-abondantc ,  el  forme  dc  suite  un  erand 
ruisseau.  L'eau  y  est  fort  bonne.  Le  cresson  dlf- 
fere  de  celui  d'Europe  et  n'est  pas  aussi  bon.  11  y  a 
une  superbe  cbasse  d'oies  ,  de  canards,  etc.  11  gele 
loulcs  les  nulls. 

Rio  Turco 

En  partant ,  on  monte  legerement  pour  traverser  a 
son  extremile  la  monlagne  de  los  Verms.  Apres  une 
demi-lleuc  environ  on  entre  dans  une  grande  pam- 
pa,  el  on  apercoit  sur  la  gaucbe,  a  2  ou  3oo  pas ,  7  an- 
ciennes  buttes  qui  servaient  de  tombeaux  aux  Indiens 
du  temps  des  Incas ,  et  sur  la  droite  plus  de  3o ;  elles 
sont  presquc  toutes  de  la  memc  grandeur.  Elles  onl 
10  a  12  pieds  dc  long  sur  7  a  8  de  large  ,  avec  une 
petite  porle  Ires- basse,  de  2  '/,  a  3  pieds,  sur  20 
a  24  pouces  de  large  ;  Finterieur  n'a  que  Gay 
pieds  de  long  sur  2  ',4  a  3  de  large.  Les  murs  soHt 
en  briques  cuites  au  solcil  et  en  pisai ;  point  de 
croisees;  on  Ics  nomme  en  indien  Cliulpas,  en 
cspagnol  Ingenios.  C'etait  la  qu'on  enlcrrait  chaque 
faniille  avec  les  ricbesses  qui  lui  appartenaient.  La 
superstition  des  Indiens  catboliques  les  a  souvent 
empeches  de  fouillcr  ces  tombeaux,  el  chaque  fois 
que  les  plus  banlis  I'ont  fait,  ils  y  out  frouve  quel- 
qucs    vases  ou  bijoux.  On  traverse  toule  la  pampa  , 

/i  rf porter 


87 


NOMS    DES    CITES    ET   DETAILS    RE   LA   R(3UTE. 


1826. 

INovemb. 


28 


Report 

qui  est  plelne  tie  sable,  et  pendant  3  a  4-  lieues  tres- 
inauvaise.  Apres  8  lieues ,  on  franchit  le  Rio  Tit'ivl. 
On  ytrouve  peu  d'eau,  et  encore  est-clle  tres-mau- 
vaise;  on  voyalt  jadis  ,  pres  de  I'endroit  ou  Ton  passe 
le  ruisseau,  une  grandc  fermc  qui  a  cte  LrAlee  dans  la 
guerre  ,  par  les  Espagnols. 

Au  loin  sont  quelques  cabanes  de  bergers.  C'est 
aussi  une  pascana.  Apres  4  lieues  on  arrive  au  R!o 
Turco;  on  bivouaque  a  100  pas  sur  la  rive  gauche  ; 
point  dbabllations ,  mauvalse  eau ,  et  peu  de  bois ; 
pas  la  plus  petite  plerre.  Le  village  de  Turco ,  qui 
est  un  curato  assez  considerable ,  est  a  3  lieues  de 
la ,  au  nord  dans  la  montagne.-ll  y  gele  toutes  lesnults 


Rio  de  las  Barras 

On  continue  dans  une  vaste  pampa.  A  5  lieues,  on 
trouve  hs  Pastas  de  Choroma.  Le  sol  est  couvert  de 
sel ;  11  n'y  a  que  trois  pults  de  mauvalse  eau.  Les  In- 
diens  appellent  pulls ,  un  grand  trou  qui  conserve  de 
I'eau  pendant  les  sccheresses.  Point  de  bois,  11  faut 
I'apporler  de  2  et  3  lieues  ;  c'est  un  gite,  il  y  a  quel- 
ques cabanes  au  loin  :  cetle  plaine  est  couveric  de 
//ir/ma5.A  6 lieues  plus  loin  on  laissc  sur  la  gauche,  a 
un  quart  de  lieue ,  le  hameau  de  Cala,  qui  se  compose 
de  loa  1 2 habitations, avec  une chapelle  dependant  du 
curato  de  Corqucmarca,  sitae  a  10  lieues  dela  sur  la  gau- 
che. En  sulvant,  ct  toujours  sur  la  gauche  au  pied 
de  los  monies  de  Cala,  on  aper^oit  plus  de  3o  chulpas 
(tombeaux).  II  en  est  un  Ires-grand  ou  Ton  trouva, 
11  y  a  quelques  annccs,  des  richesses  considerables. 

A  reporter 


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NOMS    1)ES    GlTES    ET   DElAIl.S    DE    L\   ROUTE. 


1826. 

Movemb. 


29 


Report. 


Une  demi-lieue  plus  loin,  on  traverse  un  pelitcoteau , 
au  milieu  (luquel  on  Irouve,  a  gauclie  <lu  chemin ,  unc 
source  de  tres-bonne  cau ,  appelee  Oju  de  la  Culehra , 
(source  de  la  Couleuvre),  a  cause  de  sa  forme  ronde 
el  du  grand  nombre  de  ces  reptiles  qui  vivcnt  sur  ses 
bords  ;  clle  etait  prcsque  tarie  ,  ce  qui  esltres-rare.  A 
un  petite  lieue  plus  loin  est  le  gite ,  sur  le  bord  du  liio  dr 
JasBaras,  ouTonnetrouvequede  la  mauvaisceaudans 
des  trous;  point d'habitalions.  11  y  gelc  louteslesnuils. 

Pasto  de  ]VIuLLlPUNGo(p<^turagedeMullipongo). 

On  traverse  la  plaine  de  Cala,  qui  a  prcs  de  six 
lieues.  Apres  les  quatre  premieres  ,  on  trouve  la  pas- 
caiia  de  Cala,  ou  Pozo  Largo;  point  d'habilalions , 
mauvaise  eau.  A  deux  lieues  de  la,  on  arrive  a  une 
petite  cole  nonmiee  Amachuma  (source  des  Oiseaux), 
pres  de  laquelle  coule  une  petite  source  d'une  eau  ex- 
cellente.  On  continue  en  suivaiit  de  petils  co- 
teaux  ,  pendant  I'espace  de  quatre  lieues,  jusqu'au 
bourg  A\tndamarai ,  a  la  droite  duquel,  avant  d'ar- 
rlver ,  on  aper^oit  une  grande  quanlite  de  cJui/pus. 
II  y  a  beaucoup  de  ruisseaux  a  sec.  C'esl  deux  lieues 
avant  d'atteindre  ce  bourg  que  Ton  perd  enticrement 
de  vue  la  haute  el  blanche  cime  du  Sacama  que  nous 
apercevions  tous  les  jours  ,  et  qui  est  dloignee  <le 
46  lieues.  Commedepuis  Arica  nous  n'avions  trouve 
d'habilans  que  dans  la  vallee  de  Lliiia  et  a  la  ferme  de 
Chapiquiiia,  au  pied  des  Andes  ,  cela  nous  rejouil  de 
voir  enfin  un  pelit  bourg  ou  grand  village. 

Andamarca  est  la  capilale  de  la  province  de  Cu- 

A  reporter 


89 


1826. 

Novemb. 


NOIMS    DES    GITES    ET   DETAILS   DE   LA   KOUTE. 


Report. 


rangas  ;  il  y  a  un  gouverncur  (  equivalent  a  un  sous- 
prefel),  un  juge  de  leltres,  un  corregidor  et  trois 
alcades.  Elle  ren ferine  180  maisons,  une  belle  eglise, 
avec  autcl  ct  huit  cloches ,  six  chapelles ,  avec  leurs 
villages  ou  hameaux  ,  qui  sont :  O/vnofrt,  vice-pa- 
roissc  ;  Belen,  Capacavana,  Rosaspaia,  Aniapata  et 
Chuyiinquiani.  La  population  A^ Andamarca  est  de65o 
a  700  ames.  L'etendue  de  la  paroisse  est  de  i^  lieues 
sur  10 ,  et  la  population  ,  de  7  a  8,000  ames ;  elle  de- 
pend de  la  prefecture  (VOnno,  cloignee  de  2^  lieues. 
Jusqu'a  I'etablissement  de  la  constitution  ,  les  Indiens 
ont  eu  leurs  caciques  ;  mais  aujourd'hui  ils  sont  sup- 
primes  :  on  les  uommai'it  Inieradores  (Informeurs);  il 
y  en  avaitdeux  a  Andamarca.  Le  cure  est  un  homme 
instruit  fort  aimable  ;  il  se  nomme  D.  Pedro  Jose  de 
Funes;  nous  dinames  avec  lui,  et  poursuivimes  ensuite 
notre  route  jusqu'a  la  pascana  de  MuUipungo ,  qui  est  a 
deux  lieues  plus  loin;  nous  n'y  vimesaucune  habitation. 


3o  Catariri  (Nousysejournameslei«''decembre). 

fi  Dec.       OnsuItlaP«7n/9«,laIssantagauche,a2et4.ootoises, 
un  des  grands  lacs  AnDesaguadero;  apres  sept  lieues  et 
deuiIedechemin,dontilfautfaire  les  quatre  dernieres 
au  milieu  dcs  sables,  on  arrive  au  village  ^Orinoca, 
vice -paroisse  A" Andamarca,  qui  compte  80  habita- 
tions d'un  aspect  assez  miserable ;  Tegllse  est  grande 
I  et  pauvre  ;  nous  ne  pAmes  y trouver  que  quelquesoeufs 
jet  des  pommes  de  terre;  point  de  pain,  ni  vin,  ni 
j  eau-de-vie ;  11  y  a  un  sous-gouverneur  et  deux  alca- 
jdes;  c'est  aussi  une  pascana.  En  sortant  A' Orinoco 

!  A  repoHer 


102 


II I 


0" 


DMES. 
1826. 

Dccemb. 


NOIWS    DES    CITES    ET   DETAILS    1)E   LA   ROUTE. 


Report. 


on  fait  unc  lieue  de  bon  chemln  ,  puis  on  rentre  dans 
Ics  saLlcs  jijsqu'a  la  pascana  de  Cantari'rl.  On  Li- 
vouaque  a  200  toises  environ  ,  sur  la  gauche ,  pres 
«l'uue  giande  niarre  de  mauvaise  cau,  el  a  une  deuii- 
lieue  des  marais  du  Desagiiadero.  II  y  a  uue  uialson 
de  berger  sur  la  route,  niais  on  n'y  trouve  rieu. 


Poster  Piio 

On  suit  encore  la  ^a/7?/ja,  laissantagauclie  a  2et  4.00 
toises  pendant  plus  de  2  lleues,  les  Lagiinus  du  Besagua- 
(lero  quisont  couvertes  d'uiie  quantite  immense  d'oi- 
seauxaquafiques  de  toute  coulcur,  etdontleseaux  sont 
salecs.  Apres  4  Heues  depuis  le  gile,  on  arrive  par  des 
sables  assez  bonsaui?/o  de /as  Balzas  qa'i  est  a  200  toises 
en  de^a  du  village  depampa  UUagas.  On  passe  les  per- 
sonnes et  les  charges  sur  qualre  balzas  en  j one,  chacune 
porle  de  4  a  5oo llvres  pesant;  les  mules  vont  traverser 
au  gue  qui  est  a  'A  lieue  de  la  sur  la  gauche  ;  on  pale 
a  raison  d'un  real  pour  chaque  charge  demule.  Lapro- 
fondeur  de  celte  riviere  est  de  i5  a  20  pieds  ;  le  cou- 
rant  est  pen  raplde.  Elle  n'existe  que  depuis  10  a  12 
ansque  le  lac  etant  trop  plein  s'ouvrit  un  passage. 
Pampa  LUlagas  est  un  pauvre  village  conslslant  en  60 
chaumleres.  Son  commerce  principal  est  le  sel  qu'on 
recuellle  en  grande  abondance  dans  les  marais  ;  on  n'y 
recolte  que  des  pommes  de  lerre,  qui  au  surplus  sont 
fort  bonnes.  L'eglise,  le  clocher  et  le  cure  paralsseni 
tres-pauvrcs.  C'est  uue  dependance  de  Curumu  qui 
est  a  12  lieues.  Le  cure  paratt  un  fort  brave  honune  ; 
son  nom  cstD'  Santiago  Velasquez,  11  est  nalif  de  Po- 

A  reporter 


1826. 

Dc'cemb. 


NOMS    DES    GlTES    ET    DETAILS    DE   I.A    ROUTE. 


Report 

tosi.  Nous  vimes  chez  lul  une  couvee  de  liult  petltes 
autruches  qui  lui  avaient  ete  domieesparun  ile  ses  pa- 
rolsslens;  elles  avaient  ete  prises  dix  jours  aupara- 
vant,  commeellesvenaientd'eclorCjCtellesctaienldeja 
dela  grosseur  d*un  Lon  canard.  P«7«/?</  Ullagus  eslLali 
au  pied  d'un  rocher  Isole  dans  la  vaste  plainc  de  ce 
nom.Quelques  licuesavantd'y  arriver,  et  meme  jusqu'a 
200  loises  de  distance  ,  le  rocher  ressemble  a  une  ci- 
tadeile  dcs  micux  forlifiees  ;  il  est  plein  de  iiscachas  ; 
c'est  encore  une  pascana.  Nous  allames  coucher  a  l^. 
lieues  plus  loin  pres  dun  ruisseau  nomnie  le  Poster 
Rio  ;  point  d'habitations,  point  de  Lois  et  mauvaise 
•eau;  il  fallut  faire  une  denii-lieue  pour  en  trouver.  En 
sortant  de  pampa  Ullagas,  on  voil  trois  routes;  celle 
de  gauche  mene  a  Chuquisaca ,  celles  du  milieu  et  de 
droite  vont  a  Putosi ;  nous  primes  cette  derniere  qui 
est  la  meilleure  pour  les  mules  chargees.  Comme 
nous  nous  etions  un  peu  attardes  chez  le  cure,  la  nult 
nous  atteignit  environ  une  heure  apres  notre  sortie 
du  village  ;  nous  marchions  au  liasard  ,  Ics  Indiens 
que  nous  rencontrions  ne  nous  comprenant  pas  lors- 
que  nous  leur  demandions  la  route ,  parce  qu'ils  ne 
savaient  pas  parler  espagnol,  et  nous,  n'entendant  pas 
leur  langage.  Un  vent  tres-fort  el  une  pluie  ahondanle 
survinrent  avec  la  nuit;  cnfin  apres  trois  heures  de 
marche  par  un  temps  affreux,  nous  rejoignimes  nos 
bagages  qui  avaient  pris  I'avance,  et  nous  reconnu- 
mes  que  le  hasard  nous  avait  servis  et  que  nous  avions 
suivi  la  bonne  route,  nous  ne  nous  attendions  guere  , 
avant  d'arrivcr  au  gile ,  a  passer  cette  nuit  a  I'abri. 

y1  reporter 


IK 


1 1( 


i8a6. 
Decern  I). 

3 


NOlWS   DES    GITES   ET   DETAILS    DE   LA    ROUTE. 


Report 

Rio  Marques.  . 

On  suit  une  vasle  panipa  parsemee  de  petils  c6- 
loanx ;  a  8  llcues  on  passe  le jR/'o  de  Coroma  qui  csta  sec. 
11  n'v  avail  en  effet  de  1  eau  que  dans  un  grand  Irou  sur 
la  droile.  A  2  lieues  plus  loin  on  aperi^oit  sur  la  gau- 
che, le  clocher  et  une  parlie  du  village  de  Coroma; 
c'est  un  bon  curat o ,  renfermant  120  habitations;  11 
ctail  autrefois  beaucoupplus  grand,  maisuncpartie  fut 
bailee  paries  troupes  espagnoles;  11  depend  de  la  pro- 
vince de  Porco ,  departement  de  Potosi,  ct  cependant 
pampa  UUagas,  qui  est  une  annexe ,  depend  du  departe- 
ment d'Oi'uro.  jSous  fumes  couchera2lieucsplus  loin, 
snrXeshor As AuIUu Marques;  nous  aurlons  dti  faire  une 
llcue  de  plus  pour  aller  au  gite  accoutume,  mals  nous 
fi\mes  forces  a  nous  arreter  la ,  a  cause  d'un  violent 
orage.  De  chaque  cott^  du  chemin ,  on  volt  les  restes  de 
Bmaisonsqui  ontcte  briileesparlesEspagnols. Legite 
qui  est  au  passage  dcla  riviere  aunelleue  plus  loin  ,  est 
preferable  a  cause  du  paturage.  L'eau  du  Rio  Manpies 
est  bonne  ,  et  nous  parut  d'autanl  meilleure  que  nous 
en  buvions  de  Ires-mauvalse  depuis  plusleurs  jours. 
C'est  ici  que  I'on  rencontre,  sur  la  rive  gauche  AuRio 
Marques,  la  grande  route  qui  conduit  de  Buenos-Ayres 
ai/m«;ily  avaltuneposte  avcc  trols  habitations.  J  out 
a  ete  briile  par  les  Espagnols  qui  partout  out  detruit 
les  hameauK  ct  les  maisons  Isolees.  On  nomme  ce  lieu 
Ventilla  del  Marques. 

QuEBRADA  HUTsDA  (gorge  profonde) 

A  une  lieuc-nous  Iravers^mes   le  Rio  I\Iarques  en 

A  reporter 


1 1( 


12 


lo 


.4. 


93 


vxn-s. 

1826. 
De'cemb. 


NOJIS    DES    GITES    ET   DETAILS    DE    LA   ROUTE. 


Report 

face  de  la  Ventilla  del  Marques.  La  route  cle  Buenos- 
Ayres  est  sur  la  droite  ;  nous  sulvimes  la  rive 
gauche  pendant  trois  lieues  jusqu'au  pied  de  la  cole 
de  TIrata  oil  nous  la  perdimes  tout-a-fait.  Une  lieue 
plus  loin  sont  deux  habitations  r^unlcs  ,  appelees 
Pontisulla  ;  c'est  une  pascana.  A  une  demi-lieue  on 
monte  la  grande  cote  de  Calienle  Aovii  la  descenle  pier- 
reuse  est  extreinement  rapide.  Caliente  est  a  six  lieues 
du  passage  du  Kio  iMarques  :  il  y  a  quatre  habitations  et 
des  piiturages;  on  peut  s'y  procurer  de  I'orge  et  du 
mouton.  Ce  lieu  est  silue  dans  une  plaine  immense , 
arrosce  par  le  Rio  Caliente  qui  vient  de  cinq  lieues  de 
la;  dans  la  prairie  est  une  source  d'eau  iiede.  On 
suit  la  plaine  en  montant  insensiblement  pendant  une 
lieue ;  on  monle  ensuite  environ  un  quart  d'heure  une 
c6te  rapide  et  difficile  ;  le  chemin  continue  a  elre  tantot 
tres-pierreux,  tantot  couvert  d'un  sable  mou  ,  jusqu'a 
la  pascana  de  la  quehreda  Hunda  qui  est  a  trois  lieues 
de  la  Caliente.  Ce  gite  est  Ires-bien  nommc  ,  car  il  se 
trouve  entre  deux  monts  tres-eleves.  II  faut  aller  cher- 
cher  le  bois  a  plus  d'une  demi-lieue  dans  la  mon- 
tagne.  II  gela  tres-forl ,  et  nous  filmes  obliges  le  malin 
de  casser  la  glace  pour  avoir  de  Teau  et  faire  boire 
nos  mules.  On  ne  trouve  aucune  habitation  depuis 
Caliente  \ns(\ak  Condoriri,  a  quatre  lieues  de  Potosi. 


Llapa 


On  suit  dans  la  monlagne  un  chemin  pierreux  sans 
^tre  tres-difficile.  A  deux  lieues  on  passe  devant  une 
haule  montagne  noinmee    le    Guayna  dc  Potosi  qui 

A  reporter 


i4i 


1 49 


94 


DATES. 
1826. 

De'cemb. 


KOBIS   DBS    GITES   ET   DETAILS    DE    LA    ROUTE. 


Repurt. 


possede  une  mine  d'argent  trcs-richc;  on  la  laisse  a 
7  ou  800  toiscs  sur  la  dioite.  On  dil  Ic  sorrorhe  si 
fort,  que  incme  ccux  qui  y  sont  liabitucis  no  peuvenl 
y  resjslor.  De  la  on  descend  pendant  une  lieue  el 
demie,  et  on  passe  une  petite  riviere  qui  coule  au  nord ; 
toutes  les  precedentes  coulent  au  sud.  A  une  demi- 
lieue  plus  loin  ,  on  laisse  a  gauche  le  /ac  del  Toro  qui 
a  pres  de  Irois  lieues  de  circonference.  A  deux  lieues 
plus  loin  on  entre  dans  la  vallee  de  la pasrami  de  Llapa, 
il  faut  faire  environ  deux  lieues  pour  arriver  au  gite 
qui  est  a  I'aulre  extremite  de  la  plaine.  On  bivouaque 
sur  le  bord  du  ruisseau.  Point  de  bois  ,  il  faut  aller  le 
chercher  a  plus  d'une  lieue  sur  le  revers  de  la  mon- 
tagne  ,  a  gauche  et  en  arriere. 

C'est  ordinairement  le  gite  le  plus  redoutable  ^ 
cause  du  grand  froid  que  Ton  y  eprouve  ;  nous  eAmes 
le  bonheur  d'avoir  un  temps  superbe  et  point  de  vent. 
11  gela  cependanl  tres-fort  pendant  la  unit.  Cette 
vallee  offre  des  vues  tres-plttoresqucs  ;  elle  a  !^.  lieues 
de  long,  sur  une  ou  2  de  large;  elle  est  bordee  de 
tons  c6tes  par  de  tres-hautes  montagnes.  Celle  qu'on 
appelle  Llapa  est  en  avant  sur  la  gauche  a  une  lieue ; 
de  la ,  on  decouvre  parfaitement  Ic  Cerro  et  la  ville 
de  Polosi,  dont  la  distance  est  de  22  lieues. 

TOLLOSI 

A  un  quart  de  lieue  on  commence  a  monter,  et 
on  rencontre  souvent  de  mauvais  pas  jusqu'a  /os  dos 
Paclieias.  Des  qu'  on  est  arrive  au  point  le  plus  ^leve 
de  la    route  ,     on    apercoit    Ires-distinctemenl    le 


A  reporter ,    162 


DATES. 
1826. 

De'cemb. 


7  et8 


NOMS   DES    GlTES   ET  DETAILS   DE   LA   ROUTE. 


Report 

Cerro  de  Potosi  et  la  plus  grande  parlie  de  la  ville. 
II  y  a  18  lleues,  et  on  ne  diralt  pas  qu'il  y  en  ait 
moille,  a  cause  des  norabreuses  montees  et  dcsccntes, 
et  des  circuits  quil  faut  {'aire.  On  descend,  on 
monte,  puis  on  redescend  jusqu'a  la  pascana  d'Al- 
(julri,  oil  il  n'y  a  ni  bois,  ni  palurages.  Deux  lleues 
plus  loin,  on  descend  par  un  cheiriin  tres-pierreux 
au  Rio  Tablado.  On  monte  ensuite  pendant  plus 
d'une  demi-lieue  dans  une  qxiehnida  parmi  de  grosses 
pierres  ,  et  2  lieues  plus  loin ,  on  arrive  a  la 
pascana  de  Tollosi.  Tous  les  jours  des  orages  ;  il 
fait  tres-froid  ;  point  de  bois ,  on  fait  du  feu  avec 
des  broussailles  que  I'on  va  arracher  a  un  quart  de 
lieue  environ.  Nous  eumes  de  la  neige ,  de  la  grele 
etde  la  pluie  pendant  plus  de  2  heures  au  gite  ;  le  7  au 
matin  ,  le  temps  etait  le  m^me. 


Potosi 

En  partant  de  Tollosi^  on  commence  de  suite  a 
monter  la  fameuse  montagne  de  ce  nom  ,  pendant 
plus  d'une  lieue  el  a  pic;  on  descend,  on  monte, 
puis  on  descend  la  grande  montagne  de  Chasqui 
parmi  de  grosses  pierres ;  on  monte  encore ,  on  des- 
cend et  on  arrive  enfin  au  hameau  de  Condorirl,  a  4 
lieues  de  Potosi;  ce  hameau  est  b^ti  au  pied  d'une 
tres-haute  montagne,  tres-frequentee  par  les  con- 
dores ,  il  n'y  a  que  4^5  habitations.  L'alternative 
de  la  montee  el  de  la  descente  dure  encore  pendant  2 
lieues,  apres  lesquelles  il  faut  gravir  au  milieu  de 
grosses  pierres  la  c6te  a  pic  de  Chasqui  Lliista  qui  a 

A  reporter 


96 


J)\1ES. 

NOMS    DES    GITES   ET   DETAILS    DE    L\   ROUTE. 

LIEIES 

1826. 

Report 

170 

Decemb. 

une  lieue.  C'est  ainsi  qu'on  anive  sur  le  plateau  qui 

7et8 

s'etend  au  pled  de  la  vIUc.  Ce  n'est  pas  loul,  il  faut 

encore  faire  une  llcue  dans  une  plaine  couverte  d'e- 

normcs  cailloux  ronds. 

D'Arica  a  Potosi,  les  mules  ne  mangcnt  qu'en 

arrivant  a  lApascana,  ou  elles  ne  trouvent,  a  parlir 

du  Rio  Batancillo  qu'un  gazon  pele ,   sec  et  brAle , 

ou  Lien  quelques  grandes  lierbes  sechesLeauconp  plus 

dures  que  le  jonc;    elles    sonl  si    afi'aniecs    qu'clles 

rongenl  le  Lois  et  les   arbusles.  Elles  parlent  tres- 

grasses  et  arrlvent  Ires-niaigres;  souvent  ni^me  ii 

en  nieurt  en  route. 

Total   du  nombre  de  lieues  d'Arica  a  Potosi  par 

le    DesTtohlndo 

¥  TO 

M   X^              .^  f  Kj         f        •*   *'  t   1^*  *   ■   ^-^    •                 ••■••••••••••*••»#■» 

lyU 

Notice  sur  la  ville  de  Potosi. 

Celte  ville  est  batie  sur  un  terrain  iuegal  au  pied  de  rocbers  : 
toutes  les  rues  sont  en  pcnte,  Pair  y  est  si  leger  que  Ton  nc  pent 
pas  faire  5o  pas  sans  eprouver  un  manque  dc  respiration  qui  force 
a  marcber  tres-doucement  et  a  s'arrcter  souvent  pour  rcpren- 
dre  baleine.  Get  inconvenient  provicnt  du  voisinage  des  mines  ; 
c'est  ce  que  Ton  appelle  le  sorroche,  inais  il  est  de  loute  autre  nature 
que  celui  dont  j'ai  parle  dans  le  detail  de  la  route,  comme  n'occa- 
sionnant  simplement  qu'un  manque  de  respiration.  Aprcs  quclque 
temps  de  sejour  on  ne  la  plus  aussi  fort;  mais  on  ne  peut  jamais 
s'y  babituer  entieremcnl ;  les  iiaturcls  du  pays  eux-memes  I'eprou- 
vent  aussitot  qu'ils  marcbent  un  pcu  vite  en  montant.  Le  climal  est 
le  plus  rigoureux  et  le  pbis  variable  que  j'aie  jamais  babite;  Ton  a 


97 
Ics  quatre  saisons  presque  cliaque  jour  de  I'ele  (de  decembre  a 
mars);  il  fait  quelquefois,  pendant  3  ou  4-  heures,  une  cha- 
leur  assez  forte,  ensulte  arrive  la  pluie,  la  grcle,  et  uii  froid  Ir^s- 
vifqui  les  accompagiie  toujours.  L'hiver  est  Ires-sec  et  Ires-froid. 
L'on  ne  pent  pas  faire  de  feu  dans  les  apparlemens,  parce  que 
cela  ocsasionne  des  maladies  :  aussi  faut-il  etre  constammcnt  vetu 
comme  pendant  l'hiver  dans  le  nord ,  et  encore  ne  parvient-on 
pas  a  se  preserver  entierement  du  froid,  presque  continue!  dans  ce 
vilain  pays. 

11  n'y  a  aucune  promenade,  aucun  divertissement;  les  liaLitans 
se  visitent  tres-peu ;  tous  les  alentours  de  Potosi  ne  sont  que 
pierres  et  rocliers.  Tous  les  fruits  et  legumes  viennent  de  dehors 
a  la  distance  de  3o  lieues;  il  en  est  de  meme  pour  le  bois,  les 
fourrages  ,  etc. ,  etc. 

La  population  de  Potosi ,  d'apres  le  recensement  de  1826 ,  est  de 
n,2oo  ^mes;  elle  etait,  il  y  a  environ  3o  ans  de  52, 000.  Que  l'on 
juge  d'apres  cela  des  ravages  de  la  guerre ,  qui  seule  a  ete  cause 
de  la  diminution  de  la  population  et  de  la  mine  presque  totale 
de  cette  triste  vllle  qui,  en  Europe,  jouitpour  ses  richesses ,  d'un 
si   grand   renom  parmi  ceux  qui  n'en  connaissent  que   I'hisloire 


ancienne  ! 


Les  immenses  tresors  qui  ont  ete  tires  de  ses  mines  en  ont 
considerablement  diminue  les  richesses  ;  malgre  cela  ,  elles  en 
renferment  encore  beaucoup;  niais  le  travail  en  est  presque  aban- 


donne  faute  d'argent  et  d'hommes. 


Les  Indiens  de  Potosi  sonl  les  plus  sales  de  toute  I'Ameri- 
que ,  et  ils  forment  plus  du  tiers  de  la  population  de  cette  ville; 
il  suffira,  pour  donner  une  idee  exacte  de  ces  etres  degoAtans, 
de  dire  qu'ils  ne  changent  jamais  de  v^temens,  et  que  leur  plus 
c;rande  occupation  est  de  se  manger  la  vermine  les  uns  aux  autres. 

I>e  Q  decembre,  jour  de  Fanniversaire  de  la  bataille  d'Ayacucho , 
oil  les  Espagnols  furent  defaits  complelenienl,  il  v  eut  grande  fete  ; 
ic  matin,   toutes  les  autoriles  apres  s'etre  rcunies  chez  le  prefet  , 


98 

M.  (Tallndi) ,  se  rendiicnt  sur  la  place  publique ou un  amphitliealre 
avail  ete  dressc;  ct  la  ,  un  discours  en  meinoire  de  la  delivrance  du 
Pcrou,  du  joug  des  Espagnols,  fut,  prononcc  par  M.  le  prefet.  On 
se  rcndil  ensuile  a  la  mcsse,  puis  a  uu  banquet  fort  bien  assorii  en 
vins,  sucreries,  etc.,  et  assez  richcinent  prepare  dans  un  fort  beau 
salon.  Des  toasts  furent  p6rles  a  la  ronde,  ct  connne  j'elais  un 
des  invit»5s,  je  nc  manquai  point  dc  porter  unc  sanle  pour  la  pros- 
perite  du  pays ,  el  en  niemoire  des  braves  qui  ont  repandu  leur 
sang  pour  sa  liberie.  II  y  eut  a  remarquer  coininc  dans  tons  les  ban- 
quets de  ce  genre,  qu'a  mesure  que  Ics  bouteilles  se  vidaient,  le 
patriolisinc  devcisait  plus  cliaud ;  enfin  les  derniers  toasts  furent 
scelles  par  la  rupture  de  queiques  verrcs,  assiellcs  el  bouteilles. 

Le  soir,  il  y  eut  bal  dans  la  meme  salle.  J'observal  avee 
peine  que  les  dames  de  Potosi  soul  en  general  laides,  el  qu'on 
ne  pent  pas  seulement  en  compter  une  demi-douzainc  de  passables ; 
clles  ^taient  assez  bien  mises.  \  ers  minuit  Ton  passa  dans  un  salon 
voisin  de  celui  du  bal ;  une  table  de  80  converts ,  parfailement 
servie  dc  toule  espece  de  rafraichissemens  el  de  bons  vins ,  y  etait 
dressee.  Je  ne  pus  rien  prendre,  les  coliqucs  les  plus  violentcs 
dont  j'avais  ressenli  deja  plusieurs  fols  les  attaques  depuis  mon 
arrivee  a  Potosi,  m'ayant  force  de  me  retirerchez  moi.  Vers  trois 
hcures  il  y  cut  egalemenl  un  fort  beau  souper.  J'avduerai  que  je 
n'esperais  pas  Irouver  encore  autanl  de  bon  goiil  dans  le  bal  et 
I'assorliment  des  rafraichissemens. 

Les  10,  1 1  el  12,  il  y  eut  une  course  dc  laureaux  sur  la  place  pu- 
blique.  C'elait  bien  le  spectacle  le  plus  sot  que  j'eusse  vu;  les  jeunes 
gens  lesmieux  de  la  vilic  couraienl  a  cheval  apres  un  laureau;  une 
parlie  de  la  populace  les  accompagnait  a  pied,  et  tourmentail  le 
laureau  par  des  oris  el  des  gestes,  jusqu'a  ce  que  le  pauvre  animal , 
fatigue,  nc  voulAl  plus  repondre  a  Icurs  agaceries,  alors  on  en  fai- 
sait  vcnir  un  autre,  et  ainsi  de  suite. 

Le  jour  de  Noel ,  on  dresse,  dans  prcsque  loutes  les  maisons  ,  un 
autel  avcc  unc  grottc  representanl  la  naissance  de  renfant  Jesus  : 


99 
res  aulels  sont  plus  ou  moins  bicn  nines,  sulvani  les  moyens  des 
liabitans ;  il  y  en  a  de  fori  beaux  (  on  les  appelle  narimlento ,  nais- 
sance).  On  volt  avec  surprise  dans  rornement  de  ces  aulels  quan- 
lite  de  petlts  objels  fort  beaux  etfort  delicats,  travailles  par  les  In- 
diens;  lels  que  petils  chandeliers  en  argent,  saints  en  pierre  ou  en 
bois  ,  et  diverses  pelits  aiiimaux  fails  avec  des  malieres  semblables. 
11  est  reellement  etonnant  que  des  gens  aussi  stupides  que  le  sont 
les  Indiens  en  general,  puissent  faire  des  objets  de  la  plus  grande 
delicatesse ,  surtout  lorsque  Ion  considere  qu'ils  ne  se  servenl 
que  dun  mauvais  poin(^on  ou  caiiif,  ou  d'auires  instrumens  a  peu 
pres  analogues,  lis  n'attaclient  aucune  importance  a  leur  travail, 
et  vendentles  objets  a  tres-bas  prix. 

J'ai  vu  une  cliainea  gourmette  etun  forljoli  cachet  pour  inon Ire, 
fails  par  un  Indien  ,  avec  un  polngori  de  graveur;  il  avail  parfai- 
leinent  imite  le  niodele  qu'on  lui  avail  donne  et  qui  venait  de  France. 

Pendant  les  fetes  de  Noel,  les  Indiens  font  des  processions  par 
loute  la  ville,  porlantrenfant  Jesus;  ils  semasquent ,  et  promenent 
en  uienie  temps  des  hommes  de  paille,  dans  le  genre  du  Gayantde 
Douai.  Cetle  ridicule  procession  est  accompagnee  de  deux  ou  trois 
violons  el  d'aulant  de  vielles  et  de  mauvalses  harpes  ;  enfm  ,  c'est  la 
ceremonie  la  plus  burlesque  que  Ton  puisse  voir. 

L'anniversaire  d'Ayacucho  est,  a  cause  des  fetes,  la  seule  epoque 
ou  le  sejour  de  Polosi  soil  supporlable,  et  je  reconnais  que  j'avais 
tort  de  croire  que  le  trou  d'Arica  elail  le  lieu  le  plus  triste  que  Ton 
put  habiler  ,  car  lous  ceux  qui  auront  sejourne  dans  ces  deux 
vllles,  seront  d'avis  que  le  beau  climat d'Arica,  la  vue  el  la  distrac- 
tion que  procure  lemouvementduporl,  el  meine  le  terrain  de  sable 
qui  I'environne  et  ou  Ion  peul  au  moins  se  promener,  sont  bien 
preferabies  au  trisle  aspect  des  rocliers  de  Polosi,  a  son  climat  af- 
freux,  et  en  un  mot,  a  toulce  qu'on  peuty  voir, 

Potosi  ,  lo  30  j.-iuvicr  i6aj. 

Si'gne  YasskuR. 


DEUXIEME    SECTION. 

ACTES    DE    LA    SOCIETE. 

§  1^'".  Proces-V^erbaiix  des  Seances. 

Seance  dii    V  Jci>rier  1828. 

M.  le  prolesscur  Berghaus  adrcssc  a  la  Socidle  Ics  resumes  : 
I"  d'un  voyage  geognostique  dans  Ics  nionls  Ourals  par  M.  d'En- 
gelhardt ;  2"  dcs  excursions  botaniques  en  SiLerie,  par  M.  Lede- 
buhr.  Remerctmens  et  renvoi  a  la  section  dc  publication. 

M.  Girard  communique,  au  nom  de  M.  Ricot,  une  relation  du 
voyage  de  M.  Yassenr  a  travers  le  pays  depeuple  du  Haul-Perou, 
depuis  Arica  jusqu'a  Potosi.  (  Voir  p.  jj  )  D'apres  le  desir  de  M. 
Ricot,  la  section  de  correspondance  est  invitee  a  dresser  une 
seric  de  questions  qui  sera  transmise  a  M.  \  asseur  rcsidanl  a 
Chuquisaca. 

M.  Warden  communique  la  copic  dune  iellrc  adressee  au 
general  Clark  par  M.  S.  Smith ,  employe  dans  le  conmierce  des 
fourrures  sur  le  Haul-Missouri.  Celte  letlre,  dalee  de  Saint-Louis 
le  12  oclobre  1S27,  coiitient  des  details  inleressans  sur  uu  pays 
tout-a-fait  inconnu  jusqu'alors ,  el  situe  au  sud-ouest  du  Grand 
Lac  Sale  et  a   TOuest  des    Monts  Rocky.  (/'o/;p.  io5.) 

Le  memc  niembre  lit  une  note  relative  a  la  decouvertc  dc 
plusieurs  iles ,  faite  par  le  capitaine  Colfiu  dc  iSanluckct.  Ces  tics, 
aunombre  de  six,  outre  plusieurs  rocliers  et  recifs,  forment  un 
groupe  silue  au  midi  de  la  pointe  Sanddown  sur  la  cole  du  Japon  , 
dont  elles  ne  sont  eloignees  que  de   qiialre  jours  de  navigation. 

M.  Cesar  Moreau  annonce  qu'il  est  autoris<5  par  la  Sociele 
Royale  Asiatiquc  dc  la  Grande-iirelagnc  a  offrir  a  la  Societe  de 


lOl 


(jreographie  <le  taiie  circuler  sa  correspondancc  en  Asie  par 
i  inlermediaire  ties  nombreux  correspondans  anglais  lilablis  sur 
(livers  points  flc  celte  contree. 

Le  meine  membre  rcnouvelle  la  proposition  qu'il  a  deja  faite 
d'elablir  des  relations  frequentes  avec  les  societes  de  Londres, 
d'Edirnbourg,  de  Calculla  ,  de  Madras,  de  Bombay,  etc.,  et  de 
leur  envoyer  en  echangc  de  leurs  recueils  le  Bulletin  de  la  Sodete 
de  (ieograpliie.  Cetle  proposition  est  adoptee. 

M.  Cadet  de  Mclz,  lait  un  rapport  sur  un  menioire  nianuscrit 
de  M.  Fix  ,  rclalif  au  cadastre  et  a  sa  conservation.  La  Com- 
mission centrale  decide,  d'apres  les  conclusions  du  rapporteur, 
que   ce  memoire  sera  depose  dans  les  arcblves  de  la  Societe. 

La  commission  invite  un  de  ses  membres  a  lui  rendre  comple 
d'un  ouvrage  offert  a  la  Societe  par  M.  le  baron  Roger  ,  et  intitule 
Keledor ,  bisloire  africaine. 

M.  le  president  invite  les  trols  sections  de  la  Commission 
centrale  a  se  reunir  le  plus  tot  possible  pour  nommer  leurs  pre- 
sidens  et  secretaires. 

La  discussion  sur  le  rapport  du  comite  provisoire  du  Bullelin 
est*  renvoyee  a  une  seance  extraordinaire  fixee  au  vendredi 
8   fevrier. 

Seance  ilu  i5  Jn'iier  1828. 

MM.  le  vicomte  de  Simeon  et  Sicard,  admis  recenunent 
conune  membres,  remercient  la  Societe  et  offrent  de  seconder 
ses  travaux  de  tous  leurs  efforts. 

M.  le  docteur  Relnganum,  de  Berlin,  adresse  a  la  Societe 
un  exemplaire  de  VEssui  geographique  et  Msiorique  qu'il  vient  de 
publier  sur  le  lerrltoire  de  la  vlUe  de  Selinonle,  et  lui  exprimc 
le  desir  d'entrer  en  correspondance  avec  elle.  Remercimens  et 
renvoi  de  I'ouyrage  a  M.  Letronne  pour  en  rendre  compte. 

M.  Busset,  geometre  en  chef  du  departement  du  Puy-de- 
Dome,  fait  hommage  a  la  Societe   de  son  ouvrage  sur  la  i'aiiie 


102 


d'art  fill  Cadastre,  el  soumet  a  son  cxaiiien  la  premiere  feullle  dc 
Tatlas  topograj)hI(|iie  du  deparleinenl  dii  Puy-de-IJome  qu'Il  est 
sur  le  point  de  publier.  Ce  Iravuil,  doiit  I'execulion  parait  digne 
d'encouragcment,  est  renvoye  a  M.  lo  colonel  lionnc  pour  en 
rendrc  coniptc, 

M.  J.  Yosy  annoncc  qu'il  enverra  a  la  Socicte  un  exemplaire 
de   la  Geographic  de   Bushing  en    i6  volumes. 

M.  Chapellier,  tresorier  dc  la  Sociele,  adrcssc  quelques  obser- 
vations relatives  au  placement  des  fonds  de  la  Soci«ile  en  rentes 
sur  le  Tresor.  Renvoi  a  la  seclion  dc    complabllile. 

M.  Cadet  de  Metz,  rend  comptc  de  VEssui  sur  la  configu- 
ral'iun  et  la  constiliUion  geologiqiie  de.  la  Breiagne ,  offert  a  la 
Sociele  par  M.  Puillon  Boblaye. 

M.  Bianchi  fait  aussi  un  rapporl  sur  la  Relation  des  voyages 
de  Sidi-Aly,  traduile  de  railemand  par  M.  Moris,  et  offerte  a 
la  Sociele   par   Tanteur. 

M.  Alex.  Jiarbie  du  Bocage,  au  nom  du  comitc  provisoire  du 
Bulletin,  soumet  la  redaction  definitive  des  conclusions  de  son 
rapport  sur  le  nouveau  mode  de  publication  de  ce  Bulletin. 

M.  le  president  invite  la  seclion  de  correspondance  a  rcdiger 
une  serie  de  questions  geographiques  sur  le  Haut-Pcrou,  pour 
M.  Yasseur  qui  habile  ce  pays. 

11  invite  egalement  MM.  les  commissaires  charges  de  i'examen 
des  memoires  envoyes  au  concours,  a  falrc  leur  rapport  dans  la 
seance  du  7  mars. 

Les  sections  de  la  Commission  centrale  se  sont  rcunies  pour 
elire  leurs  presidens  et  secretaires;  ellcs  out  iiomme  :  dans  la 
section  de  publication,  M.  Eyries  president,  et  M.  JJianchi  secre- 
taire; dans  la  section  de  correspondance,  M.  Cadet  de  Metz 
president,  et  M.  de  la  Roquelte  secretaire;  dans  la  section  de 
coniptabilile,  M.  le  colonel  Bonne  president,  et  M.  Barbie  du 
Bocage  secretaire. 


io3 


§  2.    Admissions,  Of/randes,  etc. 

MEMBRES   NOUVELLEMENT   ADMIS    DANS   LA    SOCIETE. 

Seance  du  i"  fevrier. 

M.  LoRlOL,  chef  d'instllution. 

M.     Fr.    Sicard  ,    officier     d'etat-major,     collaborateur    du 

Journal   des   sciences  niilltaircs. 
M.     SURTEES. 

Seance  du  iS  feorier. 
M.  MoRiN  ,  chef  d'instllution. 

OUVRAGES    OFFERTS    A    LA    SOCIETE. 

Seance  du  \"  fevrier. 

Par  M.  Minano  :  Diccionario  geografico  esladislico  de  Espaiin 
y  Portugal,  tomes  6  et  7 ,  in-B". 

Par  M.  du  Ponceau  :  Eulogium  in  commemoration  of  the 
honourable  \'Viiliam  Tiighmann  ,  president  of  the  American  Philo- 
sophical Society  of  Philadelphia ,    1827,  in-S". 

Par  M.  de  Ferussac  :  Bulletin  des  sciences  geographiques ,  caliier 
de  decembre  1827. 

Par  M.  de  Leuven  :  Journal  des  voyages,  cahier  de  decembre 
1827. 

Par  M.  Arthus  -  Bertrand  :  Bibliotheque  physico-economique, 
cahier  de  Janvier  1828,  in-12. 

Par  les  auteurs  :  Plusieurs   numeros  du   Globe. 

Seance  du    i5  fevrier. 
Par   M.  Brue     :    Carte   generale  de   la    Monarchie    Prussienne , 


io4 

Paris,   1827  ,  uric  feuille.  —  Carte  de  la  Palestine  uncienrie  on  de  la 
Terre-Sainte ,    Paris,    1828;  une  fcuillc. 

Par  M.  JJussct  :  Atlas  du  dcpartcment  du  Pay -de- Dome, 
12'  feuille. —  Traite  pratique  de  la  partie  d'arl  du  cadastre ,  1827  ; 
un  vol.  in-8''. 

Par  M.  Jiruguiere  :  Des  montagncs  de  la  terre ,  avcc  un  appendice 
sur  les  cascades,   1828,  une  brochure  in-8". 

Par  M.  Hermann  Reinganum  :  Essai  geoi;raphique  et  historique 
sur  le  territoirc  de  la  ville  de  Selinontc;  un  vol.  in-S". 

Par  M.  de  Ferussac  :  Bulletin   des  sciences  geograpliiqucs ,  caliier 
de  Janvier  1828. 

Par  M.  Juliien  :  Reoue  encyclopedique ,  caliier  de  Janvier. 

Par    M.    Arllius -liertrand    :    Bibliothequc   physico-economique  , 
caliier  de  fevrier,  in-12 

Par  la  Sociele  de  I'Aube  :  Memoires  de  cette  Socicte ,  n"  il^. 

Par  les  auteurs  :  Plusieiirs  mimeros  du  Globe. 


TPtOISIEME  SECTION. 

DOCUMENS ,  COMMUNICATIONS. 

NOUVELLES    GEOGRA P HI QUES  ,    ETC 

Details  sur  le  major  Laing,  venus  par  la  voie  de  Maroc  (  er traits 
d'une  lettre  adressee  a  M.  JoMARD. 

Londrcs  ,  nj  j;invier  1828. 
Noire  gouvernement  a  ele  avcrti  par  colul  de  Maroc,  que  les 
deux  cenls  livres  sterling,  que  JJelzoni  avail  placees  pres  de  ce  der- 
nier, afin  qucn  arrivanl  a  Tinibouclou,  il  pAl  lonelier  ceUc  somme, 
avaient  ele  payees  a  un  honime  blanc  a  Tinibouctou  (sans  doufe  a 
Laing),  dans  le  commencement  de  Tan  1826  ;  mais  qu'on  tie  sa- 
vail  rien,  avec  cerlilude,  sur  ce  qu'il  elait  deveiiu  ensuilo.  Le  bruit 
courait   qu'en    1827  ,    un   bomnic   blanc    avail   quillo   Tinibouc- 
lou, avec  une  caravane  qui  relournail  dans  le  Maroc,  el  qui!  avail 


lOJ 


ele  assassine  en  route  par  quelqnes  uns  des  voyageurs;  que  d'au- 
tres  qui  n'avalent  point  pris  part  au  crime,  le  firenl  connaitre  en 
arrlvant  dans  le  Maroc.  L'existence  d'un  tel  bruit  dans  Ic  Maroc  , 
prouve  du  moins  qu'on  n'y  croit  point  a  I'autre  liistoire  de  Bani- 
barrali. 

II  parait  qu'on  avail  soupconne  qu'il  y  avait  de  la  mauvaise  foi 
de  la  part  du  baclia  de  Tripoli  a  I'egard  des  deux  voyageurs,  Laing 
et  Clapperlon.  Apres  la  bataille  de  Navarin  ,  sir  Edward  Codring- 
lon  envoya  un  vaisseau  de  lignc  a  Tripoli,  pour  faire  savoir  au 
baclia  ,  que  le  gouvernement  anglais  lui  demanderait  compte  ,  a 
lui  et  a  la  ville  de  Tripoli,  de  leur  sArete  ,  qu'il  s'altendait  a  ce 
qu'il  prit  sur  le  champ  quelques  mesures  decisives  pour  les  mettre 
en  stirete ,  ou  pour  temoigner  d'unc  maniere  satisfaisante  qu'ils 
u'auralent  point  peri  faute  de  la  protection  promise  par  le  baclia  , 
et  payee  par  le  gouvernement  anglais  ;  el  que  sir  Edouard  Codring- 
lon  se  proposait  de  visiter  Tripoli,  sous  peu  de  lemps ,  avec  son 
cscadre,  pour  apprendre  la  reponse  du  baclia.  M.Warliigton  ecrit, 
que  la-dessus,  le  baclia  a  envoye  des  personnes  a  Timbouclou  et 
a  Bornou  ,  pour  se  charger  des  hommes  blancs ,  et  pour  les  amener 
a  Tripoli  en  siirele. 

CoNTaEE  noiwelletncnt  decoiwerle  clans  leHaid-lMlssowi {Ssai\i-L,oms , 
n  oclobre  1827),  details  communiques  par  M.  M  arden. 

Le  general  Clark,  surintcndant  des  Affaires  Indlennes,  a  regu 
lie  M.  Jcdediah  S.  Smith  ,  employe  pendant  plusieurs  annees  au 
commerce  des  fourrures  dans  le  Haul-Missouri  ,  une  leltre  ou 
se  trouvenl  des  details  inleressans  sur  un  pays  lout-a-fait  iiiconnu 
jusqu'ici,  et  situe  auS.-O.  du  (i  rand  Lac  Sale,  et  a  I'ouesl  des  monts 
[\  ocky. 

«  J^e  22  aoul  1826  ,  dit  M.  Smitli,  je  quittai  le  Grand  Lac  Sale 
avec  un  detachement  de  quinze  hommes  ,  afin  d'explorcr  le  pays 
au  S-0.  ,  qui  m'elail  totalemenl  inconnu  ,  el  sur  lequel  je  nc 
pus  obleiiir  de  renseignemcns  sTlisfaisans  des  Iruliens  qui  confinenl 


1  oG 

avec  ce  pays  au  N-E.  Ma  tlirccllon,  cu  quillanl  Ic  lac,  fut  gene- 
ralemeul  S.-O.  et  O.  Je  traversal  Ic  petit  lac  Ula  ct  reniontai  la 
riviere  Ashley  qui  s'y  jette,  et  ou  nous  trouvames  une  nation  d'ln- 
diens  appelec  Sumpatch ,  qui  nous  monlra  des  dispositions  amica- 
les.  Passe  le  lac  Uta  je  ne  trouvai  plus  aucunes  traces  de  bisons ;  je 
vis  seulement  quelques  antilopes  (i)  ct  moutons  de  inontagnes  (2), 
et  une  grande  quantite  do  lapins  a  queue  noire.  Ayant  quitte  la 
riviere  Aslilcy,  je  traversal  une  chaiuede  monlagnes  S.-E.  et  N.-E., 
el  une  riviere  courant  S.-O.,  que  je  nommai  riviere  ylihims ,  en 
rhonneur  de  notre  president.  Les  eaux  en  etaient  bourbcuses  ct 
un  pen  jaunalres.  Ce  pays  est  monlagncux  dans  lapartie  orientale; 
on  y  volt  a  loucst  des  collines  rocallleuses  eparses  9a  el  la  . 
et  des  plaiues  sablonneuses.  A  quclque  distance  au-dessous  de  la 
riviere,  je  rencontrai  une  peupladc  d'lndiens  qui  se  nomnient  Pj 
Utches.  Us  s  hablUeut  de  pcaux  de  lapins,  counne  les  Sunipalcli  . 
ct  cullivent  le  inaYs  et  les  cilroullles,  dont  lis  font  leur  priiiclpalr 
subsistance  :  on  n'y  trouve,  en  fait  de  gibier  ,  que  quelques  lievres. 
A  dix  journees  de  niarclie  en  descendant,  la  riviere  tourne  au  S.-E. ; 
la  est  une  caverne  remarquable ,  dont  Tentrce  a  10  a  12  pieds 
de  hauteur  sur  5  a  6  pieds  de  largeur.  Apres  une  descente  d'en- 
viron  i5  pieds,  on  se  trouve  dans  une  place  spacleuse  ,  dont  la 
voute  et  les  inurailles  sont  de  salines  de  roche.  Je  continual  a  re- 
monter  la  riviere  Adams  pendant  deux  jours  ,  jusqu'a  son  enibou 
chure  dans  le  Seeds-Keeder ,  que  je  traversal  ,  et  au  S.  duquel  je 
rencontrai  uu  pays  sterile  renipli  de  rochers  el  de  montagnes.  Cettc 
riviere  renferme  beaucoup  de  bas-fonds  et  de  rapides.  Plus  loin 
est  une  vallee  ayant  de  5  a  i5  inilles  de  large  ;  les  rives  sont  fer- 
liles  ,  blen  boisees,  et  peuplees  par  des  Indlens  nommes  Ammu- 


(1)  Antilope  americana  de  Leuris  et  Clark.  Rupicapra  americana  de  M.  ite 
Rlainville. 


(u)  Ovis  iriontanadeM.de  Gcoftroy. 


107 
rJdehcs,  qui  recuelllent  du  ble  ,  des  feves,  iles  cllroiiilles  et  des  me 
Ions  en  abondance ,  et  cultivent  meine  le  ble  et  le  coton.  Jc  com- 
inencais  a  manquer  de  chevaux  et  de  fourrages  ,  cependant  je  reso- 
lus  de  m'arreter  dans  ce  pays  une  qulnzalne  de  jours  pour  reposer 
ma  suite.  J'y  echangeai  le  peu  de  chevaux  qui  nie  restaient  et  m'en 
procurai  d'autres  par  un  detachement  d'Indiens  maraudeurs  qui  les 
avait  enleves  aux  Espagnols ;  ces  Indlens  me  donnerent  en  meme 
temps  des  renseignemens  sur  les  possessions  de  ces  demiers  et  me 
procurerent  deux  guides.  Je  repassal  le  Seeds-Keeder,  et  apres  avoir 
marche  pendant  une  quinzaine  de  jours  vers  I'ouest,  j 'arrival  dans 
une  controe  entierement  deserte  ,  ou  je  passals  souvent  le  jour  et  la 
nuit  sans  trouver  d'eau.  Je  traversal  ensuite  une  plaine  de  8  milles 
de  large,  et  de  20  milles  de  long,  dont  la  surface  est  couverte  d'une 
couclie  de  sel  blanc,  au-dessous  de  laquelle  s'en  trouve  une  autre  de 
sable  jaune;  encore  quelques  pouces,  et  I'on  retrouve  une  autre 
couche  de  sel.  Le  Seeds-Keeder  se  jette  dans  le  golfe  de  Califor^ 
nie  ,  a  environ  80  milles  du  pays  des  Ammucblebes ,  et  prend  le 
iiom  dc  Colorado. 

Amon  arrivec  dans  la  Haule-Californie  ,  ce  qui  m'inquieta  ,  ce 
furent  les  soup^ons  du  gouverneur  de  Saint-Diego.  II  me  fit  con- 
duire  devanl  lul ,  mals  plusieurs  citoyens  des  Etats-Unis  (i)  ayant 
repondu  de  moi  ,  j'obtins  la  permission  de  m'en  retourner  avec  ma 
suite  et  d'acheter  les  provisions  dont  j 'avals  le  plus  pressant  besoin. 
Le  gouverneur  n' ayant  pas  voulu  me  lalsser  cotoycr  la  mer  vers 
Nodega  ,  je  m'avan^ai  a  Test  de  cet  etablissemenl.  Je  me  dlrigeai 
ensuite  au  N.-O.  a  une  distance  d'environ  i5o  a  200  milles  de  la 
c6te.  Je  traversal  environ  3oo  milles  dans  cetle  direction ,  au  mi- 
lieu d'un  pays  ou  je  vis  quelques  endroits  assez  fertlles,  peuples 
d'un  grand  nombre  d'Indiens ,  la  plupart  entierement  nus ,  sans 
armes  a  feu  et  vlvant  de  poissons ,  de  racines  ,  de  grains  et  de 

'i  '  Notamment  ,  Ir  capitm'ne  Cunningham  ,  f!u  batlinenf  It  Courier 
de  Boston. 


io8 

raisins.  Ces  Indiens,  quidiffcrcnl  esscnticllemcnt  <\c  ceuxque  j'avais 
deja  rcnconUc'S ,  nc  laisseiit  croiire  leurs  rlicveiix  que  jusqua  la 
longueur  de  3  pouces. 

Je  me  Irouvai  ensuite  pres  d'une  riviere  que  je  nomniai  TVim- 
melche  (d'une  Iribil  d'Indiens  cilablio  sur  ses  bords)  ,  et  j'y  aper^us 
quelques  castors  etdes  elans  ,  ainsi  qu'unc  grande  quanlite  d'antilo- 
pes  et  de  daims.  Je  fis  en  cet  endroit  une  courtc  hallo.  Mon  but  etait 
de  rcjolndrc  nies  compagnons  an  Grand  Lac  Sale,  en  Iraversantle 
mont  Joseph,  niais  je  nc  pus  eseculer  cc  dessein,  la  ncigc  elantsi 
epaisse  que  meschevaux,  doul  cinq  avaient  peri  faule  de  nourriture, 
ne  purent  avancer,  en  sorfe  que  je  me  vis  force  a  redescendre  dans 
Ja  vallee.  J'en  partis  le  20  mai ,  avec  deux  lionimes  seulemcnt ,  sepi 
chevaux  et  deux  mulcts  charges  de  foin  et  de  provisions  de  bouchc ;  et 
en  huit  jours  nous  parvinnies  an  mont  J  oseph,  que  nous  franchimes 
sans  autre  pcrte  que  deux  chevaux  et  une  mule.  La  neige ,  au  sommcl 
de  la  montagne  ,  avail  4-^8  picds  de  profondeur ;  mais  ellc  etait 
si  ferme  que  nos  chevaux  n'y  entrerent  que  de  quelques  pouces. 

Apres  avoir  marche  une  vinglaine  de  jours  a  Test  du  mont  Jo  - 
seph,  je  me  Irouvai  a  Tangle  S.-O.  du  Grand  Lac.  Le  pavs  enlre  la 
monSagne  el  le  lac  eslentieremenl  aride  et  sans  gibier.  Nous  mar- 
cliames  souvent  pendant  deux  jours  sans  Irouver  d'eau,  au  milieu 
de  deserts  incultes,  ou  Ton  n'apercevait  aucun  signe  de  vegetation. 
Nous  reucontrames  des  sources  dans  quelques  collines  rocailleuses, 
el,  par  suite,  quelques  bandes  dindiens  qui  nous  parurcnt  les  plus 
miserables  des  hommes.  lis  etaicnt  entierement  nus ,  el  ne  se  nour- 
rissaienl  que  de  graines  de  plantes,  de  cigales  ,  etc. 

A  notre  arrivee  au  Grand  Lac  Sale  ,  il  ne  nous  restail  plus  qu'un 
cheval  el  une  mule ,  et  encore  ^laienl-ils  tellement  harasses  qu'ils 
pouvaient  a  peine  porter  noire  mince  equipage.  Nous  avions  ele  re- 
duits  a  manger  ceux  de  nos  chevaux  qui  avaient  succombe  a  la  fatigue. 


I  or 


Etendue  el  population  des  possessions  anglaises  dans  la  presqit  'tie  Trans- 

gangeliijue. 

Les  pays  au  sud  de  Rangoon ,  qui  ont  ete  cedes  au  gouvcrne- 
menl  anglais  ,  par  suite  de  la  guerre  de  1826  et  1827  ,  consisteni 
dans  la  moitie  de  la  province  de  Martaban,  les  provinces  de  Ta- 
ivoy,  de  Ye  ,  de  Tenasserim  ,  et  les  fles  BlerguL 

Leur  longueur  sur  le^olfe  du  Bengale  est  de  420  milles,  et  leui 
iargeur  d'environ  5o  milles ,  ce  qui  donne  une  supcrlicie  lotale 
(a  I'exceplion  des  lies  Mergui)  de  21,000  m.  carres. 

La  population  ne  se  monte  qu'a  environ  5i,ooo  individus ; 
ce  qui  est  un  peu  moins  de  2  '/.  liaLitans  par  mille  carre.  Le 
revenu  ,  en  1827,  a  ete  de  4-  lacs  de  roupies. 

La  province  d'Arracan  et  sesdependancescomptentune  longueur 
de  220  milles  sur  le  bord  de  la  cote,  et  une  largcur  de  plus  de  5o : 
lasuperficie  estdoncd'environ  ii,ooom.  carres.  Quant  a  la  popula- 
tion ,  on  Testime  a  100,000,  ou  environ  g  individus  par  milk- 
carre.  Le  revenu  de  1827  se  montait  a  environ  3  lacs  de  roupies. 

Superficic.  lialiUans, 

Provinces  au  sud   de  Rangoon.  .  21,000  mill.  carr.  .     5i,oou 
Provinces  d'Arracan n,ooo 100,000 


Total 82,000 ,  .   1 5 1, 000 

11  faut  excepter  de  ce  calcul  les  ilcs  Mergui ,  qui  ne  sont  point 
habitees. 

Les  pays  d'ou  les  Rinnans  ont  ete  expulses  ,  et  auxquels  le  roi 
d'Ava  a  formellement  renonce  ,  sont  le  pays  d' Assam  et  les  petils 
etats  adjacens  au  sud  du  Rrahmapoutre.  Cette  partie  du  territoire 
occupe  un  espace  d'environ  /(.o, 000 milles  carres,  et  nourrit  une 
population  qui  probablement  est  de  2  a  3  individus  par  milh; 
carre. 

L'extreniite  orientale  d' Assam  ,  aujourd'hui  virtuellement  sous 
protection  anglaise ,   parait  servir  de   limife  au  Thibet  cbinois  , 

8 


1  10 

et  s'clendie  a  la  distance  de  200,000  millcs  en  dedans  de  la  pro- 
vince de  Yunan  ,  en  Chine. 

Ces  provinces  conquiscs  par  les  Anglais  ,  et  actuelicment  cnlre 
Icurs  mains  ,  fonnent  une  forte  position  mililairc  conlre  les  Jiir- 
nians  et  les  Siamois  ,  avec  lesquels  clles  les  niettent  en  contact 
immediat.  Lorsqu'elles  furcnt  vues  pour  la  premiere  fois  par  des 
voyageurs  europeens  ,  elles  elaient  soumiscs  en  partle  au  Pegu , 
royaume  alors  florissant,  el  en  partic  auSlam.  Mais  depuis  1760  les 
Jjirmaiis  ont  tout  conquis.  Des  lors  le  commerce  a  etc  toul-a-fait 
ancanti ;  et  telle  fut  la  fcrocile  des  vainqueurs  que  les  vaincus  fu- 
rent  ou  massacres  ou  rcduits  a  I'esclavage.  A  present  les  liirmans 
et  les  Siamois  se  trouvent  sous  la  surveillance  de  Pennang  ,  auquel 
ils  sont  probablement  tout-a-fait  annexes. 


Fondutlon  d'une  nouvelle  vi'.le  dans  les  Indes-Orientales. 

Une  nouvelle  ville  libre  a  etc  fondee  dans  les  Indes-Orientales. 
EUe  est  situee  sur  la  frontlere  de  I'empire  des  Birmans  ,  dans  un 
veritable  desert ,  uniquement  frequente  par  les  buflles,  les  elephans 
et  les  tigres.  Cette  ville  se  nomme  Amsthersl-Toivn.  Elle  prospere 
cependant,  parce  que  Ton  y  jouit  d'une  parfaite  liberie.  Douze 
mille  families  y  sont  deja  elablies  ;  et  les  Chinois  ,  auxquels  on  en 
a  cede  un  quarller,  s'y  rendenl  en  foule.  Ce  qui  surtoul  y  attire 
un  si  grand  concours  d'habilaus  ,  c'esl  que  les  pretres  IJoudhistes 
onl  annoncd  que  le  temple  de  Kyai-Kumi ,  du  Dieu  du  bonheur  . 
s'y  trouvait  autrefois ;  ils  prctendent  meme  qu'un  oracle  avalt  pre- 
dit  la  fondalion  de  la  ville. 


1 1 1 


BIBLIOGRAPHIE   GEOGRAPHIQUE. 


§  I".   LIYRES. 

OUVRAGES  GENERAUX. 

iy.  CONNAISSANCE   DES  TEMPS  OU  des 

mouoernensce/esfes,  al'iisagedes 
nstrottomes  et  des  navigateurs , 
pniir  Van  i83o  ;  in-8°.  Paris,  Ba- 
clielier,  1827. 

18.  Beytrage  zur  vergleichenden 
Klimatologie.  — Blemoires  pour 
seri'ir  d.  la  doctrine  comparee 
des  climats;  par  Schouvv,  profes- 
seurde  botanique  a  I'Universite  de 
Copenhague;  in-8°.  Copenhague, 
1827,  cliez  I'auteur.  Cah.  1. 

3g.  Supplement  au  Traite  de  Geo- 
DESIE ,  contenant  de  nouvelles  Re- 
marques  sur  plusieurs  questions 
de  geographic  mathi'matique  et 
sur  rapplication  des  mesures 
ge'odesiques  et  astrononiiques  a 
la  determination  de  la  figure  de 
la  terre  ;  par  M.  L.  Puissant  , 
lieutenant-colonel  au  Corps  royal 
des  ingcnieurs-geographes,  etc.; 
in-4°.  Paris,  1827,  Bachelier. 

{o.Recueilde  Voyages  et  re  Me- 
moires  ,  public's  par  la  Societe  de 
Geographie,  T.  i;  Voyages  de 
J\Iarco-Polo  ,  T.  11 ;  Me'moires 
divers,  avec  planches  et  cartes.  1  v. 
in-^o.  1824,  1825  et  1827. 

Les  tomes  iii  et  iv  sont  sous 
presse. 

AMURIQUE  SElfTEIVTRlOIffALE. 

41.  Die  Vereinigten-  Staaten  von 
NoRD  Amerika.  —  Les  Etats-Unis 
de  I'Amerique  dti  Nord  considert's 
sousleurs  rapports  politiques,  reli- 
gieux  et  sociaux ,  avec  un  Voyage 
dans  la  partie  occidentale  de  la 
Pensylvanie,    Ohio,   Kentucky, 


Indiana,  Illinois,  Missouri ,  Ten- 
nessee, lerritoire  d' Arkansas,  Mis- 
sissipi  et  Louisiane;  par  C.  Sidons, 
citoyen  des  Etats-Unis.  2  vol.  in-8°. 
Stuttgard,  1827,  Gotta. 

Get  ouvragc  ,  malgre'  son  litre 
allemand,  est  original. 

aiherique  meridionals. 

42.  Travels  trough  the  interior  of 
Golombia.  —  Voyage  dans  Vin- 
terieur  de  la  Colombie  ;  pai'  Gol. 
Hamilton  ;  2  vol.  in-S".  Londres, 
1827. 

ASIE. 

^3.  Two  years  in  Ava.  —  Drux  ans 
dans  le  royaume  d' Ava  ,  depuis 
le  mois  de  mai  1824  jusqulTu  me- 
me  mois  de  1826;  par  un  Ufficicr 
de  Vetat-niajor  du  quarticr-mai- 
tre  general;  in-8".  Londres,  1827. 
(i6sh.) 

44-  Des  Peuples  du  Caucase  ct  des 
Pays  au  nord  de  la  men  Noire  et 
de  la  mer  Caspienne  dans  le  x= 
Steele,  ou  Voyage  d' Abou-el~ 
Cassim  ;  par  M.  G.  dH)hsson  ; 
in-80.  Paj-is,  Firmin  Didol. 

AFRIQUE. 

45.  Travels  and  Adventures  in 
southern  Africa.  —  Voyages  et 
Aventures  dans  VAfriquemeri- 
dlonale,  par  G.Thompson;  in-4''- 
Londres,  1827,  Murray. 

EUROPE. 

46.  Tableaux  geographiques  ,  his- 
TORIQUES,  indlquant  la  distribu- 
tion et  le  denombrement  des  peu- 
ples et  des  religions  dans  les  di- 
vers etats  de  I' Europe,  etc.,  dres- 
se's  par  M.  Denaix  ,  ancien  eleve 


112 


tie  TEcole  polylecliniiiup,  chef  ilc 
bataillon  au  Corps  royal  dcs  inge- 
nieurs-g(;ograplie,s,  it  faisaiit  par- 
lie  de  son  ouvnige  inlitulc  :  lissai 
de  Geographir"  in<lhodi<pie  ct 
compart.licc.  -i  feuil.  Paris,  1828, 
chez  I'auteur. 

47.UEBERSICHTDER  GESCHICHTE  UND 
GEOGRAPHIE  DES  RuSSISCHEN  KA[- 
SEUSTAATS.     —     TtlblcttU      lllsto- 

ri(pie  et  gcogniphiipie  ilc  V Kin- 
pire  de  liussic;  par  C  ll.IlouN- 
scm.CH  ;  in-8".  Erlangen  ,  1827. 
Palm.  (  24  kr.  ) 

Suede  et  el  ,\oiw<'ge. 

48.  A  Winter  in  Lapland  and 
Sweden.  —  in  Huer  en  Lapu- 
nie  et  en  Suede  ,  par  Capell 
Brooke  ;  in-4".  Londres  ,  1827  , 
Murray. 

Details  curieiix  et  observations 
importantes.Com|)lL'nient  dc  I'ou- 
vrage  intitule  :  in  i-le  en  Ltipo- 
nie,  public  par  le  menie  auteur 
en  i8a3. 

France. 

49,  A  Memoir  of  the  Geology  of 
CENTRAL  France.  —  Memoire  sur 
la  Geologie  de  I'inte'rieur  de  la 
France  ,  y  compris  les  formations 
volcanicjues  de  PAuvergne,  du 
Velay  et  du  Vivarais  ;  par  G.  Pou- 
LET  Scrope;  in-b°.Londres,  1827. 

§  2.  ATLAS,  CARTES  GEOGRA- 
PHIQUES,  PLANS,  etc. 

DO.  Universal  historischer  Atlas. 
Athis  hislori<pie  tiniaerscf,  ou 
Tableau  de  rilistoirc  unicerselle 
depuis  les  temps  aniiensjusqu'd 
nos  jours  ;  Recueil  de  g  cartes 
geographiques  ,  etc.  ,  avcc  tcxie 
explicatif;  par  R.  V.  L.  {liijlile 
von  Licienstcrn  )  ;  iii-f".  Berlin, 
1827  ,  livr.  I. 

Cette  premiere  Ilvraison  con- 
tient  rHistoire  de  TEtliiopie  et  de 


TEgvple  ;  la  scconde  comprendi.i 
celle  des  Assyriens  ,  des  Pcrses  et 
des  Phcniciens  ;  et  la  troisieme,  la 
Geographiede  Tancien Testament. 

01.  Atlas  univeusel  de  la  Geogra- 
*     PHlE  physi/p/e,  pollli(pie,  statis- 

tiquc  et  77jineru1oghfue  de  toutes 
les  parties  du  l\[onde ,  sur  Te- 
chelle  d'une  ligne  pour  1900  toi- 
ses  ,  dresse  et  dessine  par  ^  AN 
DER  Meulen  ,  d'apres  les  mcil- 
leures  cartes  ,  voyages  et  observa- 
tions astronomiques  de  tous  les 
pays;  in-f".  BruxcUes ,  1827, 
chez  Tauteur. 

02.  Carte  des  pachalicks  dTIalep, 
d''Orfa  et  DE  Baghdad,  faisani 
partie  du  2"^  volume  du  Recueil 
des  jVIc'moircs  de  la  Sociele;  1  gr. 
feuillc.  Paris  ,  i8a5,  Picquet.  (  Sc 
vend  a  part  5  fr.) 

53.  Carte  generale  de  la  Greck 
MODiRNE,  ail  i,ooo,oooe  ,  drcssee 
par  le  chevalier  Lapie  ,  premier 
geographe  du  Roi ,  officier  supe- 
rieur  au  Corps  royal  des  inge- 
nieurs-geographes  ;  1  gr.  feuille. 
1828,  Paris,   Picquet. 

54.  Carte  de  la  Turquie  d'Europe  , 

a    IV'thelle   de    — - — ^ d'apres 

les  meilleures  carles  et  les  docu- 
mens  les  plus  recens.  2  f<^'.  lithogr. 
gr.  colombier.  Levrault.  (  6  fr.) 

55.  Plan  de  Constantinople,  avec 

SES  FAUBOURGS  ET  SCDTARID'AsiE, 

a  rcchelle  de ^ ;   1  feuilK 

20.000 

gr.  raisin.  Levrault.  (  2  fr.  ) 

Cc  plan  ne  parait  etre  qu'une 
copie  de  celui  qu'a  dresse  M.  Bai- 
bie  du  Bocage,  el  qui  a  ete  insere 
dans  le  grand  ouvrage  sur  Cons  • 
tanlinople  dc  ]\L  Melling  ;  il  ol- 
fre  seulement  moins  dV'tenduc. 
Le  plan  de  M.  Barbie  du  Bocage 
avail  deja  etc  adople  el  Iraduit  par 
AL  le  baron  de  Hammer,  qui  Ta 
joint  a  Son  ouvrage  sur  Conslan 
tinuplo  et  le  Bosplioro. 


IMPRIMERIE    d'eVERAT,    RUE    UU    CADRAN  ,    N''    >&. 


^  *  "*  "fc^  v-fc/^v^*  %  ■V'*.'* 


BULLETIN 


DE 


/  r 


LA  SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE. 


NUMERO  59.  ^  mars  1828. 


PREMIERE  SECTION. 


MEMOIRES,  EXTRAITS,  ANALYSES  ET  RAPPORTS. 


KapPORT  sur  la  Relatiun  des  voyages  de  SiDI  AhY  ,JiIs  de  HusSEIN  , 
numn^e  ordinairemeiit  KlATIBI  RouMi  ,  amiral  de  SoLlJViAlS"  11  , 
eaite  en  iurc,  iraduite  de  I'allernand  sur  la  version  de  M.  D'lcz  par 
M.  Moris,  memlre  des  Societes  de  Geographie  el  ylsiaiiqiie  de  Paris. 

Cette  relation  est  precedee  d'une  notice  de  M.  Diaz  sur  la  vie 
et  les  ecrils  de  SidI  Aly.  Le  traducteur  fram^ais  M.  Moris  a  pens6 
avecraison,  que  ce  morceau  etait  la  nieilleure  preface  que  Ion  pAt 
mettre  en  t^te  de  son  ouvrage,  qui  se  reconimande  a  Tatteniion 
des  savans  par  la  nature  des  fails  hisloriques  etdes  notions  geogra- 
phlques  qu'il  contient.  Sous  Ic  premier  rapport,  nous  nousborne- 
rons  a  indiquer  les  parties  les  plus  essentielles  de  la  biographic  de 
notre  auteur,  et  nous  nous  etendrons  plus  partlculierement  sur  ses 
voyages  dont  la  duree  et  les  faits  qui  s'y  rattaclient  nous  ont  paru 
dignes  de  votre  attention. 

9 


..  iiS 

L'auteur  de  cette  relation  appele  Kiatibi  Roumi ,  se  nommait 
reelJement  Sidi  Aly  fils  d'Husseui,  il  vccut  dans  le  siecle  de  I'em- 
pereur  des  Ottomans,  Sollinan  dit  Ic  Grand,  dont  le  regnc  cele- 
bre  sous  tant  de  rapports  ,  dura  de  i5i()  a  i5GG.  Le  premier  nom 
de  notre  auleur  est  un  surnom  poetique  pris  par  lui  dans  sa  jcunesse 
pour  qu'on  Je  distinguat  d'un  poelepersan  appele  Kiatibi  Adjeml. 
Toutefols  Sidi  Aly  n'a  point  brille  comme  poele  ;  on  ne  doit  done 
le  conslderer  que  comme  guerrler ,  voyageur  et  homme  d'etat.  La 
poesle  ne  fut  pour  lui  qu'une  distraction  passagere ,  bien  que  plus 
d'une  fols,  et  parllcullerement  dans  ses  voyages,  II  sut  s'cn  servir 
a  propos. 

Le  surnom  Klatihi ,  dont  la  signification  est  errwain,  secre- 
taire, pourralt  faire  croire  que  ce  voyageur  fut  attache  a  la  cban- 
cellerle  de  la  marine.  Cependant  on  ignore  en  quelle  quallte  II 
servait  sous  Khaireddin  -  Pacha  (Barbcrousse)  dans  Ics  guerres 
marltlmes  qu'Il  fit  sous  ce  celebre  amiral.  On  salt  seulement 
qu'apres  ces  guerres  li  se  trouvalt  comme  mllitaire  attache  a  la 
personne  du  Sultan  et  qu'Il  sc  distlngua  comme  marin  ;  qu'en  outre 
Soiimau  se  trouvant  a  Ilaleb  oil  on  lui  representalt  rimpossibilile 
de  retlrer  de  JBassora  les  valsscaux  laisses  dans  ce  port  par  I'amlral 
PIri  ReTs  (i),  II  jeta  les  yeux  sor  notre  auteur.  L'elude  que  Sidi 
Aly  avait  falte  depuls  long-temps  de  I'arl  de  la  navigation ,  le  zele 
qu'il  meltalt  a  en  coiinaitre  la  theorle  el  la  pratique ,  ses  services 
au  siege  de  Rhodes  ,  oii  11  avait  combattu  sous  les  yeux  memes  du 
Sullan ,  ses  campagnes  dans  la  Medlterranee  sous  les  ordres  de 
Khaireddin ,  de  Sinan  Pacha  et  aulres  amiraux ,  les  ouvrages  qu'il 
avait  composes  sur  lastronomie  et  la  science  naullque,  enfin 
les  services  de  son  pere  el  de  ses  aucetres  qui  s'etaient  succede 
dans  la  charge  d'iuspectcur  des  chantlers  imperlaux,  furent 
autant  de  motifs  qui  determlnerenl  en  i553  Soliman  a  nommer 
Sidi  Aly  amiral  de  I'Egyple,  avec  Tordre  de  se  rendre  d'Haleb  a 

(i)  Aiiienrtrnn  hail ■■  <lc  la  Ma\ i^ation  doni    Hadji   Kli.ilfa  pavlc  aver  e\oee. 


1 19 

Bassora  pour  conduire  a  Suez,  en  descendant  le  golfe  Perslque  ct 
remontant  la  mer  Rouge  ,  la  flolle  de  galores  qui  se  Irouvait  dans 
le  port  de  Bassora. 

C'est  du  recit  de  cctle  longue  et  penible  expedition  que  se  com- 
pose la  relation  de  Sidi  Aly.  Comme  ce  serait  depasser  les  homes 
de  ce  rapport  que  de  suivre  I'auteur  dans  les  details  qu'il  donne  de 
son  voyage  ,  nous  nous  bornerons  a  en  faire  connaitre  la  substance 
en  citant  les  passages  snivans  extraits  en  partie  de  la  relation  memc, 
ou  de  la  no  lice  de  M,  Diez. 

IjC  voyage  de  Sidi  Aly ,  commence  par  terre  ,  fut  continue  par 
mer,  et  II  se  termina  par  terre  sous  les  auspices  du  sort  le  plus  bi- 
zarre ,  par  suite  des  desastres  qui  firent  echouer  sa  mission.  A  peine 
avail-il  fait  voile  de  I'tle  d'Hormus  en  sortant  du  golfe  Persique  , 
qu'il  renconlra  une  ilotte  portugaise  forte  de  vingt  navires,  et  lui 
llvra  audacieusement  bataiile  avec  ses  quinze  galeres.  Sortl  victo- 
rieux  de  ce  premier  combat ,  bien  que  ses  batimens  eussent  beau- 
coup  souffert ,  il  continuait  sa  route  vers  les  c6les  de  I'Arabie  lors- 
qu'll  cut  une  nouvelle  rencontre  dix-sept  jours  apres  ;  cettc  fols  , 
Sidi  Aly  fut  attaque  par  une  flotte  portugaise  forie  de  trente-quatre 
vaisseaux.  Force  de  jcter  I'ancre  et  de  combatlre  dans  une  position 
desavantageuse,  il  ne  lui  restait  plus  qu'a  vaincre  ou  a  perir  ;  cepen- 
dantson  courage  sut  triompher  encore ,  et  vers  I'entree  de  la  nuit  I'a  - 
miral  portugais  fut  force  de  quitter  le  combat  sans  avoir  pu  s'empa- 
rerde  la  {lotillefurquc,nI  I'avoirbrAleeou  detrulte.  Sidi  Aly  rapporte 
qu'il  perdit  six  galeres  dans  ce  combat  inegal  et  meurtrier.  Repousse 
par  les  vents  des  cotes  de  I'Arabie,  11  navlgua  d'une  manlere  incer- 
lalne  vers  celles  de  la  Perse  et  de  I'Inde  ,  jusqu'a  ce  qu'enfm  une 
horrible  lempele  le  surprlt  et  le  transporta  sur  la  cote  du  pays  de 
(ruzarate.  II  pretend  que  ce  genre  de  tempete  qui  souffle  de  I'ouest 
elait  connu  dans  ces  parages  sous  le  nom  de  tempete  de  I'elephant. 
Celles  qui  ontlieu,  dit-il ,  dans  la  mer  occidentale  (la  Medlterra - 
nee) ,  ne  sonl  que  des  parcelles  de  poussiere  en  comparaison  de 
«.elle-ci.  Celle  lourmeiiie  dura  dix  jours;  nous  \  hues,  dil  i! ,  pen- 


I20 

<lant  loul  CO  leiiips  des  poissons  qui  (ilaipiil  aussi  \<)ue,s  que  deux 
galeros  et  au-del.i. 

Sidi  Aly  etanl  descendu  dans  le  porl  de  Daman ,  une  parlic  de 
ses  equipages  prit  service  dans  les  troupes  Indlennes  ,  sur  le  pied  de 
cinquante  aklche  ou  deux  florins  impdriaux  ,  solde  exorbitante  pour 
cette  epoque ,  et  qui  prouve  le  prix  qu'on  attachait  aux  soldats  otto- 
mans. Quant  k  lui ,  il  se  rendit  avec  le  reste  de  ses  gens  a  Surate , 
oil  il  arriva  trois  mois  apres  son  depart  de  Jiassora.  ]>.a  ,  il  fut  en- 
core allaque  une  troisieinc  fois  par  les  Porlugais  ;  mais  n'ayant 
que  quelques  navircs  desarines  a  leur  opposcr,  il  ne  put  s'avancer 
contrc  renriemi ,  cependanl  il  ne  prit  point  la  fuile ,  il  se  iorlifia 
sur  la  cole  avec  le  peu  de  moudc  qui  lui  restait  et  attendil  courageu- 
sement  a  terre  le  moment  du  combat.  Les  Porlugais  ne  pouvant 
s'emparer  de  sa  personne  clierchercnt  a  se  defaire  de  lui  par  des 
moyens  indignes  d'une  grande  nation,  preferantpour  ainsi  dire  la 
lionte  de  cette  action  au  danger  de  laisser  a  la  marine  ottomane  un 
amiral  lei  que  Sidi  Aly.  Echappe  aux  plegcs  de  ses  cunemis,  Ta- 
miral  ottoman  vend  ses  vaisseaux  au  sullan  de  Guzarale  et  se  de- 
cide,  suivi  de  cinquante  fideles  compagnons,  a  relourner  par  terre 
dans  sa  patrie.  Sa  renommee  personnelle  aulanl  que  la  craintc 
qu'inspirait  a  cetle  epoque  la  puissance  ottomanp  qui  etait  au  point 
le  plus  eleve  de  sa  prosperite ,  le  prect^dcrenl  en  lous  iieux  sans  le 
preserver  toujours  des  dangers  auxquels  il  etait  expose.  Presque 
partout  il  fut  oblige  de  jouer  un  role  qui  prouvail  Teslime  qu'on 
faisaitde  lui  et  des  lalens  qu'on  lui  supposait.  Tantol  soldat  de  Icl 
ou  tel  prince,  il  les  aidalt  dans  les  guerres  quils  se  livraienl  enlre 
eux ,  tantol  il  s'inlerposail  comme  medialeur  dans  leurs  diffe- 
rens  ;  et  d'autres  fois  ,  enfin ,  il  les  egayait  par  ses  poi^sies.  11  fut 
aussi  oblige  d'enseigner  I'aslronomie  au  sullan  de  Delhi  qui,  apres 
Tavoir  fait  relrograder  de  Labor  ou  il  clail  deja  parvenu,  le  retint 
trois  mois  a  sa  cour.  Presque  tous  les  princes  lui  firenl  les  pro- 
positions les  plus  avantageuses  pour  le  fixer  aupres  d'eux.  Le 
sultan    Abmed  de    Guzarale  voulail  bii   donner  le  pays  de  Bar- 


121 

(iedj ;  Chah-Hassan-Mirza  de  Sindi  lui  offiit  la  ville  de  Lalior , 
et  uii  Khan  des  Usbeks  la  ville  de  IJokhara;  inais  son  amour 
pour  ia  patrle,  sentiment  qui  domlne  dans  les  poesies  donl  if 
a  entremeie  sa  narration  ,  et  son  attachement  a  la  maison  otto- 
mane,  le  lirent  resister  a  toutes  les  seductions.  Son  seul  chagrin 
titait  de  voir  son  relour  retarde;  et,  son  vaeu  le  plus  ardent 
cdl  ete  de  recevoir  de  son  souverain  le  commandement  d'une  nou- 
velle  flotte  pour  venir  detruire  les  possessions  portugaises  en  Orient , 
mais  ce  voeu  ne  se  reallsa  pas. 

Le   retour  de   Sidi  Aly  par   lerre   est  veritablemenl  la   paitie 
de  sa  relation  qui  interesse  le  plus  la  geographic  et  la  science  des 
voyages ,  soil  par  I'cspace   immense  qu'elle   embrasse ,   soit   par 
le  nombre  des  designations  geographiques  connues  ou  inconnues 
qu'elle  renferme  ,  et  dont  plusieurs  ne  sont  point  sur  les  cartes  mo- 
dernes ,  ou  s'y  trouvenl  d'une  maniere  defiguree.  La  simple  enu 
meration  des  provinces  suffira  pour  donner  une  idee  generale  de  la 
longueur  de  ce  voyage.  Celles  que  Sidi  Aly  a  traversees  sont  :  le 
Guzarate,  le  Sind ,  la  province  comprise  entre  I'lndus  el  I'Afga- 
nistan  ,  le   Zaboulistan ,  le   liedakhchan ,  le  Khotlan ,  le  Mavera- 
ennehar  (la  Transoxiane)  ct  le  desert  du  Kiptchak.   lei  I'impos 
sibilile    d'aller    plus   loin    obllgea    le    voyagcur    de    retrogradei 
vers   le  sud-ouest ,  et  lui  fit  decouvrir  une  nouvellc  route  par  !e 
Khovarezm,  le  Khorassan  ,  la  Perse  et  le  Kurdistan;  de  la  ,  il  re- 
vint  par  la  Mesopotamie  et  la  Romelie  a  Andrinople  ou  se  trouvait 
Soliman.  Ce  voyage  dura  de  i553a  i55G. 

On  trouve  dans  cette  relation  quelques  details  curieux  sur 
les  localites,  les  usages,  les  mceurs  et  I'histoire  naturelle  :  tels  sont 
ceux  que  I'auteur  donnc  sui-  I'arbre  appeie  fari  (le  palmier  indlen), 
sur  le  iouba  oufiguler  de  Tlnde,  appeie  ardor  de  rayz  par  les  Portu- 
gais,  sur  le  zakkoum,  buisson  qui  porte  des  fruits  amers  donl  la 
torme  est  celle  des  amandes,  sur  une  quanllte  prodigieuse  de  singes 
du  pays  de  Bouroudj ,  sur  les  Piachbouts,  espece  de  cavaliers  indiens 
qui  pillent  les  caravanes ,  sur  la  classe  de  lellres  appeles  hat  qui 


13: 


servenl  fie  guides  aux  voyageuis,  sur  les  crocodiles  des  boids  de 
rindus,  sur  les  inanirs,  les  usages  el  la  croyance  des  Hindous, 
leur  coulume  de  briJcr  a  la  mort  d'un  d'enlre  eux  celle  des  fenuues 
du  defunt  qui  pour  rait  encore  avoir  des  enfans,  en  exemptant  de  eel 
usage  barbarc  celles  qui  ne  peuvent  plus  en  avoir,  surlamaniere  de 
prendre  a  la  chasse  les  cerfs  sauvages  et  les  bullies,  enfin  sur  les  deli- 
ces  de  la  ville  de  Caboul ,  la  capitale  du  Zaboulistan.  Du  temps  de 
Sidi  Aly  «  Caboul  elait  une  belle  ville  entouree  de  rocbers,  de  inon- 
«  lagnes ,  de  ruisseaux  limpides  el  de  jardins  delicieux  ;  labondance 
"  et  les  plaisirs  regnaicnl  dctoutes  parts  dans  les  banquets  et  les  reu- 
«  nions  joyeuses  ,  partout  on  y  trouvalt  de  tendres  et  seduisantes 
'<  beautes  qui  sc  livraient  a  toute  especc  de  plaisirs  ;  le  peuplc  y 
«  etait  constamment  occupe  demusique,  de  feles,  de  divertissemcns 
•'  et  d'assemblees.  » 

Nous  ne  terminerons  point  sansajouter,  d'apres  Hadji  Kbalfa, 
que  ce  voyageur  donna  lieu  an  proverbe  :  //  «  eprom'e  les  malheurs 
lie  Sidi  Aly,  ce  qui  veut  dire  que  les  infortuues  de  cet  amiral  sur 
terre  et  sur  mer  etaient  si  celebres  de  son  temps  que  lorsque 
quelqu'un  eprouvait  de  grands  malheurs  on  les  comparait  a  ceux 
de  Sidi  Aly.  11  fut  aussi  savant  dans  I'art  de  la  navigation  et  dans 
I'astronomie  qu'habile  dans  Tart  ^'ecrire  en  vers  et  en  prose. 
On  a  de  lui  sur  la  situation  de  la  mer  des  Indes  un  livre  qui 
porle  le  litre  de  Mouhit  (  Ocean ) ,  un  traite  sur  I'emploi  de 
i'astrolabe,  du  quart  de  cercle  et  du  sinus,  intitule  le  Miruir  de 
funivers;  enfin,  une  traduction  du Lii>re  des  conqucles  intitulee  {Futou- 
liii'e).  Depuis  lui,  Tannee  navale  n'a  pas  euun  liomme  qui  Taitegale. 
Tel  est  du  moins  le  jugement  qu'en  portait  Hadji  Kbalfa  dans  son 
Traite  des guerres  maritiincs  en  i64.5.  Nousajouteronsque  si  effecli- 
vement  la  marine  ottomane  n'a  plus  eu  depuis  lors  des  chefs  qui 
aient  porle  son  pavilion  dans  des  mers  si  lointaines,  elle  a  du  moins 
eu  dans  ces  derniers  temps  des  amiraux  qui  jouissenl  d'une  sorle 
de  celebrite.  Les  deux  derniers  qu'on  peut  citer  sont  Hassan  Pacha 
telebre  par  ses  combats  avec  les  Russes  dans  la  mer  Noire,  el 


12: 


Hussein  Paclia  connu  par  les  ameliorations  les  plus  IinportanLes 
qu'il  a  introduites  dans  la  marine  o I toinane  aussi  Ijleu  que  par  son 
atlachemenl  sans  Lornes  a  la  France. 

Nous  pensons  que  M.  Dicz  a  fail  une  chose  tres-ullle  en  joi- 
gnantala  transcription  en  lettres  lalinesdes  nomsdelieux  et  depays, 
celle  de  ces  memes  mots  en  caracteres  arabes.  IJn  tres-petit  nombre 
de  mots  seulement  nous  ont  paru  s'ecarter  de  la  prononciation  or- 
dinaire, tels  sont  cntre  autrcs  les  mots denguizipour den-iz  (lamer), 
giiinguk'izeh  pour  guegoize  ou  guhlze ,  petite  ville  dans  Tancierme 
Bithyuie.  Une  erreur  qui  s'est  glissee  dans  les  notes,  c'est  que  le 
touman,  piece  de  monnaie  persanne  en  or,  ne  vaul  pas  80  fr.,  mais 
seulement  20  fr.  environ.  Si  le  traducteur  fran^ais  n'a  pas  loujours 
ete  le  maitre  d'eviter  les  dlfficultes  qui  resultent  pour  nos  compa- 
triotes  de  I'adoption  d'nne  transcription  etrangere ,  et  surtout  de 
celles  des  Allemands ,  nous  pouvons  neanmoins  dire  que  sa  ma- 
niere  de  transcrire  les  mots  lures  ne  presente  pas  d'inconveniens 
graves  et  qu'elle  est  presque  partout  intelligible ,  meme  pour  les 
Orientaux. 

Les  conclusions  de  voire  rapporteur  sont  done.  Messieurs,  que 
la  relation  des  Memoires  de  Sidi  Aly,  d'apres  son  ulilite  geographi- 
que ,  merile  d'etre  conservcc  comme  un  document  precieux  dans 
voire  bibliotlieque ,  el  que  le  Bureau  doit  des  remercimens  a  M.  Mo- 
ris ,  tant  pour  I'avoir  Iraduite  dans  notre  langue  ,  que  pour  Thom- 
mage  qu'il  a  bien  voulu  en  faire  k  la  Sociele. 

BlANCHI. 


124 


Etat  indiquant  le  nam  et  la  hauteur  des  CENl'  vliNOT-SIX  montugnes 
d'Ecosse ,  dont  vingt-trois  seulement  ont  moinsde  lOuo  pieds  au- 
dessus  du  niveau  de  la  mer^  et  cent  trois  depuis  icoo  jusqua  34.8o , 
dresse  d\ipres  des  documens  officiels,  par  M.  C.  MoREAU  ,  vice- 
consul  de  France  a  Loudres  ,  et  menibre  de  la  Societe  royale. 

L'aspcct  de  TEcosse  est  en  general  nu  et  montueux.  Les  chat- 
nes  de  nioritagnes  les  plus  considerables  se  dirigcnt  de  Touest  a 
Test ,  et  quelques  unes  s'elendent  dune  mer  a  I'aulre.  Le  terri- 
toire  ou  se  trouvent  les  sources  de  la  Clyde  et  de  Tweed  n'est  qu'uu 
groupe  de  montagnes  d'ou  naissent  plusleurs  colllnes  dont  les  di- 
rections sont  differentes.  Les  coUines  dites  Cheviot  s'elendent  a  I'est 
le  long  du  Norlhumherland;  une  autre  brr.nche  se  porte  au  nord- 
est ,  a  travers  les  Peeples,  en  suivant  les  fronti^res  d'Haddington 
et  de  Berwick ;  une  troisieme  traverse  le  IMid  Codlon  au  nord  ;  le 
sol  intennediaire  est  uni,  bien  arrose  et  fcrlilc.  La  partie  mon- 
tueuse  de  ce  rovaume  est  particulierement  celle  qui  se  trouvc  au 
S.-W. ;  ellc  est  pcu  babltee.  Au  nord  de  ces  collines  se  trouve  la 
majeure  partie  des  terres  basses  d'Ecosse  (lowlands  of  Scotland). 
Elles  s'elendent  jusqu'aux  inonls  Grampians.  Dans  cette  vaste 
plalne  la  Forth  et  la  Clyde  forment  un  islhmc  elroit.  Aupres  de 
Redhead ,  dans  Angus  ,  commencent  seulement  les  montagnes 
considerables.  Elles  se  divisent  en  trois  branches  et  courent  au 
S.-W.  a  travers  Tile  de  Dunbarlon.  L'une,  nommce  Sydla-Hill^  se 
termineauccmtedu  Perth  ;  les  montagnes  Oc/hV/ forment  la  division 
moyenne;  la  troisieme  est  designee  sous  la  denomination  de  Mil/sof 
/i7fo/7/zetC«m/?5e/.Enlre  les  montagnes  deSIdla-Ridge  el  Grampians 
se  trouve  la  vaste  et  riche  vallc^e  de  Stralhmore.  La  chaine  des 
moms  (irampians  s'etend  de  Touest  a  Test  par  le  5 7"  de  latitude 
nord  ;  sa  largeur  est  d'envlron  5o  a  60  millcs.  Ces  montagnes  sont 
entierement  couvertcs  de  bruyeres;  j'en  exceptecependant  les  vallees 
oil  se  trouvcnl  plusleurs  terrains  bien  cuitives  et  d'exce|lens  patu- 


I2J 


rages.  EUes  s'abaissent  inseusiblement  vers  Test  :  aussi  une  parlie 
considerable  des  corntes  d'Aberdeen  ,  de  Murray  ct  de  Banff  est- 
elle  unie.  Dans  le  comte  d'Argyil ,  les  parties  situe'es  a  I'ouest  sont 
rocailieuses  et  montueuses;  des  bales  profoiides  s'entredechirent ; 
au  nord  sont  plusieurs  sysleines  de  lacs  qui  forment  autant  de  di- 
visions nalurelles.  L'un  d'eiix  s'etend  d'Inverness  aiiLoch-Linnbe  ; 
un  autre  de  Murray-Firlh  ,  le  long  du  Firth  de  Dornock  ,  de 
Loch -Shin  et  de  Loch-Lexford  a  la  mer.  Les  montagnes  qui 
se  dirigent  au  sud  presentent  a  Touest  leur  front  le  plus  escarpe 
et  blaisent  graduellement  vers  Test.  Sur  la  cole  orlentale  de  Ross 
et  de  Sutherland,  se  trouve  une  terre  basse  qui  se  termine  en  un 
promontoire  nomme  Ord-Head.  G'est  la  (jue  commence  Caith- 
ness, qui  forme  Tangle  nord-est  del'He.  La  surface  de  ce  comte  ,  a 
Texception  de  quelques  terres  interieurcs  et  elevees ,  est  en  gene- 
ral unie  et  marecageuse ;  a  Touest  se  trouvent  les  horribles  mon- 
tagnes du  Sutherland.  Tel  est  en  general  I'aspect  de  I'Ecosse. 
Dans  ses  parties  les  moins  frequeritees  se  trouvent  deux  districts 
remarquables  par  leur  ressemblance.  L'un  est  une  grande  piaine 
nommee  the  Moor  of  Rennock  ^  marecage  desert  de  20  mllies 
carres  ,  situe  entre  les  montagnes  dites  Glen- Lyon  et  Ben-Nevis  , 
dans  le  Lochaber ;  I'autre  comprend  des  portions  du  Coygach  , 
deTAssyntetde  THederachylis,  s'etendantlelong  dela  cote  orien- 
tale  jusqu'au  Loch-Inchard ,  ayant  environ  10  milles  de  largeur. 
Ce  district,  quoique  plus  eleve,  est  tres-rocailleux,  et  offre  des 
vestiges  de  fortes  commotions  naturelles.  Les  montagnes  y  sont 
partagees  en  des  milliers  de  fragmens  qui  gisent  a  peu  de  dis- 
tance. Au  milieu  de  ces  masses  brisees  se  trouvent  quelques  lacs 
d'eau  douce  ;  ^a  et  la  on  rencontre  une  chaumiere ,  de  petites  por- 
tions de  terre  rcmuees  avec  la  beche ,  et  preparees  a  recevoir 
quelques  graines  et  des  pommes  de  terre. 

Plusieurs  voyageurs  qui  ont  parcouru  les  montagnes  d'Ecosse 
dans  tous  les  sens ,  s'accordent  a  dire  que  la  population  ecossaise 
■^e  dlvise  ordinairemenl  en  deux  classes  :  les  highlauders  ou  mon- 


tagnards ,  et  les  lowlandcrs  ou  habilaiis  de  la  plaine.  Les  premiers 
occupent  les  provinces  montueuses  du  nord  el  les  seconds  celles 
du  sud.  Ces  deux  classes  different  Tune  de  I'aulrepar  Ic  langage, 
le  costume  et  les  moeurs.  Les  montagnards  parleut  le  dialecle  Ir- 
landais  ou  celtique,  landis  que  dans  les  contrees  du  sud  la  langue 
vulgaire  est  I'ancien  dialecte  scandinave  ,  mele  avec  I'anglo-saxon. 


NOMS  DES  COXITES 

d'ecosse 

uu    les     nioutaiiues    soul    ^iluees. 


NOMS 

MONTAGUES. 


Aberdeenshire. 


Arran.  .  .  . 
Argyleshire. 

Ayrshire.  .  , 


Banffshire. 


Berwickshire. 
Caithness.   .  . 


Dumfriesshire.    .  .  . 


Bc'iinartionie 

Cairntoul 

Ben- A  von 

Morven 

Carncach 

Buchof  Cabrach.    .  . 

Noath 

Benochie 

(•Mormond 

'Goatfeli 

Ben  Cruacheii 

Paps  of  Jura 

Cobler  of  Arroghar. 

Dumcoich 

Knockdolian 

Cairntable 

Knocknouan 

Knocdaw 

Carleton 

Cairgorm 

Benrinness 

Knockhill . 

Cockburn-Law.    .    .  . 

liunse  -  Law 

Old  of  Caithness.  . 

Pap  of  Caithness.  .  . 

Hartfell 

Lowtherhill 

Biack-Larg 

Qiteensbcrry-Hill.  . 

Cairnkinnow.    .    .  . 

Wisp-Hill 

Erickstane  -  Brae.    . 

Constitution-Hill.    . 


2880 
2700 
2.i77 
i8.io 
i5oo 
810 
2950 
3390 

2389 
730 

2090 
i6io 
1540 
i53.^ 

1020 

4080 

T-  /- 
'."♦' 

25uo 
900 
tj3() 

1  2.")0 
1229 

33o2 
3 1 00 
2890 
22  J9 
2080 
1940 
1 118 
io3a 


(i)   L(?  jiicil  .nuslai*  rgak-  i  1  policuJ  '1  ligu :•$  0  (loiiils  di:  1  laucr. 


12' 


NOMS  DES  COMTfiS 
d'ecosse 

iiu    U-s    liioiilai^iie:>    sout     siUices 


NOMS 


niONTAGNES. 


Edinburgshire. 


Fifeshire 

Forfarshire,  .  .  . 

Iladdingstonsliire. 
Iiivernesshire.  .  . 

Kincardineshire  . 
Kircubbrightshire 

Lanarkshire.    .    . 
Linlithgow.    .  .  . 


Black-Hill 

Ciiriieihy 

IMiiirfoot-HiU 

Allermore 

Kirkgetton 

Castelaw-Hill 

Arthur -Seat 

Salysbury-Craigs.    .  . 

Corsforphine  -  Hill.  . 

Calton-Hill 

Cross  of  Edinburg.  . 

St-Andrew's  church. 

Piazzo  of  the   Abbey. 

Hawk-Hill 

Lomond -West.  .  .  . 

)    Lomond  -  East 

1    Largo-Law 

(    Kelly-Law 

Cathlaw 

Craigwol 

Sidla  -  Hill 

Kinpurnie- Hill.  .  .  . 

Dunnichen-Hill.  .  .  . 

Dundee-Law 

N.  Berwich-Law.  .  . 

Ben-Nevis.    ...... 

Scarsough 

Mealfourvonnie.  .   .  . 

Scurdonnil 

Mount-Battock.    .  .  . 

Kerloch 

Klochnabane 

Cairmonearn 

Cairnsmuir 

Criffell 

Cairnharrow 

Lauders 

Coulter-Fell 

Tinto-Hill 

Leadhills 

Walstonmount.   .  .  . 

Westraw-HiU 

Cairnaple 


HAUTEUR 

I'n    pieds 

'iDlihli.S. 


1878 

1864 

i85o 

16IG 

i56o 

022 
55o 
470 
356 

277 

2l5 

117 

ii5 

1721 

1 466 

952 

810 

2264 

1600 

1406 

ii5o 

720 

5.25 

94° 
438o 
3412 
2730 
2730 
3465 
1890 
1370 
1020 

=^597 
i83i 
mo 
3i5o 
2440 
23o6 
i564 
i556 
1000 
149a 


I2t 


NOMS  DES  COMTES 

d'ecossk 

oil    les    Hioulugncs    sunt     silui.'os. 


NOMS 

dfS 

IMONTAGNF.S. 


Peeblesshire. 


Perthshire 


Renfrewshire 

I 
Rosshire.  .  .  ...... | 

Roxburgshire 

/ 
Selkirkshire 

Shetland. ...,.  . 

Stirlingshire.    .    . 

VS^liigtownshire 


Hartfield 

Broad  -  huw 

Witconib-liill 

Guncleugii 

Hells-Cleiigh 

Duiulroich 

MincIiHioor 

Ben  lowers 

Benmore 

Sclu'alliiin 

Beriglo 

Benderig 

Benvorlicli 

Ben-Lcdi 

Farragon 

jMouiit-Blair 

Birnani-llill 

Kings-Seat 

Diinsin.Tni-Hill 

Barry-Hill ; 

Atiiol-House 

Belmount-Lown 

iVlisti-Law 

Balagich 

Craig  of  Nielston 

Stanley-Bra(! 

Ben-Wyvis 

Cheviot-Hill 

Mellenword-Fell 

Megg's  Hill 

Riibcrs-Law 

Eilden-Hills 

Duiicnn-Hill 

Blackhouse-Htiglil 

\^  indkstraw-L.iw 

EUerick-Peii 

\Aard-law 

INIinchmoor 

Mainingshaw-Law 

Rona 

Ben  Lomond. 

Ben-Ledi. 

Bencleiigh. 

Alva-Hill. 

Campsie-Hills.  . 

Larg  ,...,.. 

Ingchrim-Fcll.    . 

iVlocliriim-FelliM. 

Knock  of  l.ur.e. 


HAUTEUR 
en   pieds 


2818 
-7  i ' 

2t;f>j 

2200 

2100 

2100 
2000 
3978 

mi 

3673 
3G5o 
3.1JO 
33oo 

3oOy 

:;.i3,i 

1  j8() 

I25(j 
f  O  1  ••. 

GG3 
420 
280 

1240 

1000 

820 

G20 

4380 
26,5  s 
2000 
1 480 

i3Go 
io3i 

2.>-0 

2  2C)5 
2220 
1900 

.877 
1780 

3240 

3o<i<j 
2200 
iGoo 
i5oo 
1758 
1020 
101  :( 
1000 


I2C 


TABLE  des  situations  geographiques  les  plus  remarquahles  d'Ecossc, 
/elks  que  villes ,  villages,  phares ,  etc.,  etc.,  calculees  sur  k  meri- 
dien  de  Greenwich  (i),  en  degres  de  latitude  et  de  longitude ,  cgale- 
meni  communiquee  par  M.  C  MoREAU. 


NOMS  DES  LIEUX. 


LATITUDES. 


LONGITUDES. 


.\berdeen i 

Ailsa  Rock 

Arbroath 

Ardnamurchan 

Arthur's  Seat 

Ayr  Point  Lighthouse  (pliare). 

Banff. 

Uass  Rock 

Belmont 

Ren  Nevis 

Rell  Rock 

Berwick 

IS.  Berwick  Law 

Buctian  Ness 

(^ampbelton 

Canna 

Cailhncss  Point 

Cheviot  Hills 

Cromarty 

Cnllen 

Ciimhray 

Lighthouse 

Dingwall 

Dunlries 

Dunbar 

Dunbarlon 

Duncanshy  Head 

Dundee 

Edinburg  observatory 

Fair  Hills  ,  Orkneys 

Fara  head 

Fine  Ness 

Fortrose .   . 

Foit  Augustus 

Fort  George 

Fort  William 

Garmouth ,  .  . 

Glasgow 

Gordon  Castle 

Greenock 


55 
56 
5(i 
55 

55 

57 
56 
5(i 
56 
5G 
55 
56 

57 
55 
58 


57 
57 
55 

5? 
57 
56 
56 
55 
58 
56 
55 

59 

6.> 
56 

57 
57 
57 
56 

57 
55 

57 

r*  f 

5o 


9 

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26 

40 
,/ 

35 

49 
26 
46 

3 

'^6 
26 

3 
46 
28 
43 

4^ 
43 
35 


o 
56 
59 

25 

57 
28 

4o 
16 
4o 

ao 

49 

5i 
38 

57 


o 

o 
o 
o 

18 

o 


o 
o 
3o 
21 
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o 
o 

45 
o 

52 

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o 

o 

3o 

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3o 

3o 

3o 

o 

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20 
O 
O 

3o 
o 
o 

& 

45 

32 

o 
o 


7 
10 

37 

0  - 

3/ 
1 1 

2 

26 

59 

42 

47 

32 

22 

8 

2 

5o 

57 
2 


23 

33 


/ 
2 

I 

54 
3 

37 

7 

39 


17 
8 

44 


Sec. 

20 
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o 
o 
o 
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57 

i5 
o 
o 

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1 1 

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22 
52 

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11 

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18 

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o 

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i5 

4o 

o 
o 
o 
o 

4o 

o 
3o 
36 

45 

3o 
o 


(l)  Ce  mpiidien  est  sitne  a  -x"  ao'  24"  de  rcliii  do  Paris. 


lOO 


NOMS  DES  LIEUX. 

LATITUDES. 

LONGITUDES. 

Hawk  Hill 

55 

-'57 
5G 

■>7 
55 

^'7 
5('. 

Ml... 

58 

3o 

4 

47 
54 

4 

o 

II 

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38 
28 
10 

3o 
12 
56 

49 
22 

37 
5o 

54 

40 

5i 

41 
56 
i3 
55 

52 

51 
36 
53 
40 
36 

S.r. 

28 
0 
0 
0 

3o 

3o 

0 

0 

22 

0 

0 

0 

0 

0 

3o 

48 

0 

0 

0 

0 

3o 

3o 

36 

0 

45 
0 
5 
0 
0 
0 

55 

40 

0 

3o 

Deg. 

3 

4 

3 

8 

3 

2 

3 

5 

2 

2 

5 

3 
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3 

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2 
2 
5 
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2 

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3 

5 
5 
0 

4 

Win. 
10 

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22 
40 
3o 

3 
1 1 

2 

32 

28 

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5 

37 
I 

(i 

43 

40 

2 

35 

3 1 

2 

12 
10 

6 

45 
55 

'4 
18 
3 1 
20 

45 

58 

2 

46 

56 

Src. 

7 
0 

0 

0 

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10 

0 

22 

47 
0 
0 
0 
0 
0 

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2 
0 
0 
0 
0 
0 
0 

12 

3o 

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0 
0 

7 
5 
0 
0 

52 
52 

45 

0 

Irivcrkoi  tin" 

S     Kilda 

Tvirk   !Nowton.  .•. 

Ivinnnird   iiOiKl.   ....       ..... 

Lc'iiU 

Lof  h  Luxford ,  .  .  • 

58 
5G 

56 

54 
58 

5.S 

58 

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56 
55 

54 

56 
55 
55 
56 
56 
55 

■5  7 
58 
58 
58 
55 

57 
56 

57 
6o 

58 

Mai  Island 

Montrose  Ness 

Mull  of  Oalloway.  .•••••. 

Noss  Head ' 

Old  Head 

Penlland   Skerries.  ....... 

Pelerliead 

PitlcnweeiTi 

Port  Glasgow 

Port  Patrick 

Ronald.-iay  cape 

Hed  Head 

Rothsay 

S,  Abb's  Head 

S'  Andrew's 

Scheallian 

Sotitra  Hill 

Speymoutli 

Stonehaven 

Stornaway 

-Stronuiess  ,  isle ... 

Tarbet  ,  (^antyrc 

Tarbet  Ness 

Tobermory 

Ullapool 

Unst  ,  Islands 

riane  \A'ratli 

DEUXIEME  SECTION. 

ACTES    DE    LA    SOCIETE, 

§  P'.   Proces  -vcrbaux  ties  Seances. 

Seance  clu  7  mars  1^2%. 

M.Becquey,  directeur  general  ties  ponts  et  chaiissees  ,  Iransmet 
^  la  Sociele  les  nlvelleineiis  des  princlpaux  points  du  cours  de  la 
Seine,  par  M.  licrigny.  Remerciniens  et  renvoi  a  la  Commission 
pour  la  carte  hydrographique  de  France. 

M.  Boucher  ,  correspondanl  de  Tlnstilut  a  Abbeville,  adresse 
un  memoire  manuscrit  sm'  la  position  de  Vancien  port  de  Quentovic, 
Rcmerchnens  et  renvoi  a  la  Section  de  Publication. 

MM.  liruguiere,  Denaix,  Dupin  et  Spencer  Smith  ecrivent.  a 
la  Societe  pour  lui  offrir  divers  ouvragcs. 

M.  (iuys,  vice-consul  de  France  a  Tripoli  de  Syrie ,  commu- 
nique quclques  details  sur  le  voyage  qu'il  vient  de  faire  au  Liban. 
M.  Ch.  Cochelet  adresse  diverses  observations  relatives  auxeffets 
des  courans  qui  regnent  sur  la  cote  occidentale  del'Afrique  ,  princi- 
palement  dans  le  voisinage  des  Canaries,  et  sur  les  nombreux 
naufrages  qui  en  sont  le  resultat.  II  pense  qu'on  pourrait  profiter 
des  circonslances  actuelles  pour  obtenir  du  ministcre  de  la  marine 
un  accroisscment  de  sollicilude.  La  Commission  se  borne  a  ren- 
voyer  aucomiie  du  Bulletin  la  leltre  de  M.  Ccchelet. 

M.  le  baron  Coquebert-Montbrct  annonce  que  M.  Hertzog,  se- 
cond surveyor-general  au  cap  de  Bonne-Esperance  ,  oil  il  est  sur 
le  point  de  se  reridre  ,  propose  d'entrer  en  relation  avec  la  Societe, 
et  qu'il  est  dispose  a  lui  fournir  tous  les  renseigncmens  qu'elle  pourra 
desirer  sur  ce  pays. 

La  Commission  accueille  la  proposition  de  M.  Hertzog,  et  decide 
qu'i!  lui  sera  ecrit  a  ce  sujet. 


l32 

M.  J  oniard  communique  unc  lettre  de  Londres  ,  en  dale  du  kj 
I'evricr  ,  contenant  do  nouveaux  renseigncmcns  sur  Ic  sort  du  ma- 
jor Laing.  Inserlion  au  Bulletin. 

M.  le  baron  dc  Ferussac  communique  une  lettre  de  M.  le  che- 
valier Gamba,  consul  general  a  'I'lflis  ;  cette  lettre  contient  des 
details  sur  le  frcmblenient  de  terre  donl  la  ville  de  liakou  vienl 
d'etre  le  theatre.  Insertion  au  Bulletin. 

M.  le  colonel  Bonne ,  au  nom  d'une  commission ,  fait  un  rapporl 
sur  le  concours  relalif  au  nivellement  des  fleuves  et  des  rivieres  dc 
la  France.  La  Commission  centrale  adoplc  les  conclusions  de  ce 
rapporl  el  decerne  deux  mcdailles  d'or  de  la  valeur  de  loo  fr.  clia- 
cune,  I'une  a  M.  Lcpeudry  ,  auteur  du  nwellemeni  d'une  partie  de  la 
Somme ,  et  Tautrc  a  jM.  J  odot ,  auteur  du  nU'ellement  d'une  partie  de 
rOise.  Insertion  au  Bulletin. 

M.  Jomardrend  comptede  I'ouvrage  dcM.  le  baron  Roger,  in- 
titule Keledor ,  histoiie  ajricaine  ;  il  souniet  a  I'assemblee  deux  cartes 
manuscritcs,  Tunc  represenlant  rensemble  de  la  Senegambie  re- 
duil  a  un  petit  nonibre  de  positions;  I'autre ,  le  cours  du  Senegal 
au-dessous  de  Mouslala.  Renvoi  du  rapport  au  comile  dj  Bul- 
letin. 

.  M.  le  baron  Coquebert-Monlbret  est  prie  par  M.  le  president  de 
faire  un  rapport  sur  la  Geographic  physique  ei  historique  dr  la 
France  ,  par  Bassins  ;  offerte  a  la  Sociele  par  M.  Loriol. 

Seance  particulitre  du  \li.  mars. 

La  Commission  centrale  ,  convoquee  exlraordinairemenl  pour 
la  nomination  des  niembres  du  Comile  du  Bulletin  ,  decide  qu'on 
proceder?  au  scrulin  a  la  majorile  absolue  sans  presentation  de 
(^andidat. 

Au  premier  tour  de  scrulin  MM.  Alex.  Barbie  du  Bocagc  , 
Bianchi ,  Sueur-Merlin ,  Bruc  et  Pacho  obtiennent  la  majorite. 
MM.  Brue  el  Pacho  s'etant  excuses  de  ne  pouvoir  en  ce  moment 
roopercr  a  la  redaction  du  Bulletin  ,    I'Assemblee   precede  a  uu 


1 33 

iiouveau  scrulin.  MM.  Bonne  et  Warden  obtiennent  la  majorlte 
absoluc.  En  consequence  ,  le  Gomlte  du  Bulletin  se  compose  de 
MM.  Barbie  du  Bocage,  Biancbi ,  Sueur-Merlin  ,  Bonne  et 
W  arden  ;  il  s'occupera  Innnediatement  de  la  redaction  qui  lui  est 
confiee ,  a  partir  du  Bulletin  de  Janvier  de  cetle  meine  annee  , 
n"  Sy  ,  en  rapproclianl ,  autant  qu'il  se  pourra,  la  publication  des 
nunieros  suivans  ,  alin  de  la  meltre  a  jour. 

Seance  du  21  nutrs  1828. 

S.  E.  le  Minislre  de  I'lntericur  informe  la  Sociele  que  ,  d'a- 
pres  le  vceu  qu'elle  a  emls  ,  il  vient  d'etre  accorde  par  son  depar- 
lement  un  pension  annuelle  a  la  veuve  de  M.  Malte-Brun  ,  en 
inemoire  des  services  rendus  a  la  science  par  ce  savant  geo2;raphc. 

S.  E.  le  Ministre  de  la  Guerre  remercie  la  Soci^te  de  I'envoi  du 
Pvecueil  de  ses  Memoires ,  et  lui  proniet  tous  les  encouragemens 
que  meritent  ses  utiles  Iravaux. 

M.  le  cbevalicr  d'Abrabamson  ,  aide-de-camp  de  S.  M.  le  Roi 
de  Danemark  ,  annonce  qu'il  a  obtenu  de  son  souverain  la  per- 
mission d'accepter  le  diplome  de  la  Soclete;  il  fera  tous  ses  efforts 
pour  contribuer  au  succes  de  son  utile  entreprise. 

M.  Noyer ,  ancien  depute  de  la  Guyaue  ,  informe  la  Societe 
de  son  retour  dans  cette  colonic  ,  lui  offre  ses  services  ,  et  promet 
de  lui  communiquer  tous  les  renseignemens  qu'elle  pourra  desirer 
surun  pays  qui  a  deja  si  vivement  fise  son  attention.  Renvoi  a  la 
Section  de  Correspondance. 

M.  C.  Moreau  transmet  des  renseignemens  sur  le  lieu  presume 
oil  a  perl  La  Perouse ,  ainsi  que  sur  retablissement  d'une  colonic 
anglaise  dans  I'ile  de  Fernando  Po ;  il  annonce  egalement  la  de- 
couverte  faite  par  le  capitaine  Smitb  au  Sud-Ouest  du  grand  lac 
Sale  ;  le  voyage  projete  du  capitaine  Franklin  dans  les  regions 
septentrionales  de  I'Amerique  ,  et  le  depart  prochain  du  capitaine 
Boteler  pour  I'exploration  des  c6tes  d'Afrique.  Reracrcimens  et 
renvoi  au  Comite  du  Bulletin. 

10 


i34 

iVi.  Corroy  ,  m«5decin  fraii^als  ,  ^labii  a  Tabasco  dcpuis  vingt-un 
ans  ,  adrcssc  a  la  Sociel'i  <lcs  rensoigncmcns  sur  Ics  ruinesdePa- 
lenque  ,  dans  le  (jualcinala,  et  annonce  qu'on  doit  lui  envoyer 
piusicurs  pierres  provenant  de  ces  ruines  cliaigecs  de  sculptures; 
il  offre  de  conlinuer  ses  recherclies  sur  celle  ancienrie  cite  ,  et  de 
les  communlquer  a  la  Socielc  ;  il  regarde  toulefois  comme  im- 
possible la  solution  complete  des  questions  proposees  par  le  pro- 
gramme. Remercimens  el  renvoi  au  Comile  du  Bullelin. 

ivi,  Jomard  ,  peneire  de  1  inleret  de  celle  lelire  el  de  I'impor- 
tance  des  monumens  de  Palenque  ,  fait  observer  que  M.  le  capi- 
taine  Antonio  del  Rio  ,  qui,  Ic  premier,  est  parvenu  a  Palenque  , 
eut  a  surmonler  de  nombreux  obstacles  ;  mals  qu'enfin  il  reussit 
dans  son  enlreprise. 

M.  Warden  mentionne  a  ce  sujet  la  curleuse  collection  d'anli- 
qultes  americaines  de  M.  Lalour  Allard,  et  rappelie  qu'une  bistoire 
dela  decouverte  de  Palenque  est  due  h  M.Dupaix,  colonel  Mexicain. 

M.lAoux  de  Roclielle  adresse  a  la  Sociele,  au  nom  de  M.  Scbu- 
macher  d'Allona  ,  la  descripllon  dun  instrument  qui  a  servi  a  eel 
asironome  pour  la  triangulalion  de  la  carle  du  Ilolslein  ,  dont 
I'auleur  destine  un  cxemplaire  a  la  Societe.  Remercimens  et  ren- 
voi du  Memoire  a  MM.  les  colonels  JJonjie  el  Coraboeuf. 

M.  le  vicomie  de  Toustain-Dumanoir  adresse  unc  note  sur  b 
ndcessile  d'appliquer  plus  generalemenl  les  cbronomelres  a  la  de- 
termination des  longitudes  ,  dans  les  voyages  de  long  corns,  par  les 
bAlimens  du  commerce  ,  et  il  appelle  parliculicrement  sur  eel  objct 
rallention  de  la  Societe  de  Geographic  qui  ,  par  son  institution  , 
doil  sinleresser  vivement  aux  progres  dc  la  navigation. 

M.  Huber  communique  un  exlrait  des  Annales  des  Sciences  de 
la  Havane  ,  renfermant  des  considerations  d'economie  publiquo 
sur  File  de  Cuba.  Remercimens  el  renvoi  au  Comile  duj>ullelln. 

M.  le  capitaine^d'Acosla  offre  de  communiquer  au  Comile  du 
Bulletin  des  renseignemens  exacts  sur  le  tremblement  de  lerre  dont 
la  vil!e  dc  l^opavan  viontdiMre  le  the.'^lre. 


t35 

M.  Ic  Larou  (^Oquebcrt-Montbrel  fait  uu  Kappoit  sur  ie  coii'- 
nours  relalif  a  la  Geographic  de  la  France.  La  Commission  adoplei 
Jes  conclusions  de  ce  rapport,  el  decerne  une  medaille  d'or  de  la 
valeur  de  /(.oo  fr.  a  M.  Manet,  auteur  d'un  Memoire  sur  VEiat 
ancien  ei  I'elai  arluel  de  la  buic  du  3Joni  Saint-Michel  et  de  Canrale, 
sur  les  marais  de  Dol  el  de  Chdleauneuf ,  et  sur  les  environs  de  Saint- 
Malo  ,  dcpuis  le  cap  FrehrJ  justfu'ttu  Cotcntin. 

Une  autre  medaille  d'or  de  la  valeur  de  loo  fr.  ,  est  decernee  a 
M.  Fabre  ,  ancien  verificaleur  du  Cadastre  a  Bourges  ,  auleur  dun 
Essai  sur  la  Description  physique  du  hassin  du  Cher.  < .  . 

MM.  de  Lesseps  el  David  ,  nommes  consuls  de  France  a 
Santa-Fe  de  Bogota  el  a  Mexico  ,  et  M.  Henri  Ternaux  qui  est 
sur  le  poinl  d'entreprendre  un  voyage  en  Amerique  ,  fonl  des  offres 
de  services  a  la  Societe  ,  et  soUicilent  des  instructions.  Renvoi  a 
la  Section  de  Gorrespondance. 

Proces-Verl/al  de  I'Jssemblee  Generate,  du  28  mars  1828. 

M.  le  vicomfe  Hericart  de  TImry,  vlce-presidenl  de  la  Societe, 
ouvre  la  seance  a  8  heures  da  soir,  dans  une  des  salles  de  Ihotel  de 
viiie ,  el  annonce  qu'une  indisposition  empechera  M.  le  conile 
Cbabrol  de  Crouzol,  de  presidcr  celie  reunion. 

Apres  la  lecture  du  dernier  proces-verbal,  on  passe  a  celle  de  la 
correspondancc.  M.  le  contre-amiral  baron  Ixoussin  adresse  des 
reclamations  tendantes  a  montrer  linconvenance  des  reflexions 
presentees  recemment  a  la  Societe  de  Geograpiiie  sur  la  pretendue 
imperfeclion  des  carles  de  la  coleoccidentaled'Afrique  a  la  hauteur 
du  desert  de  Sahara.  Cet  officier-general  s'elant  personnellement 
occupe,  en  1817  et  1818,  par  ordre  du  Pvoi,  de  I'exploralion  liy- 
drographique  de  ces  parages ,  a  lieu  d'etre  surpris  que  les  naviga- 
teurs  puissenl  s'y  croire  encore  exposes  a  des  dangers  Ires-in- 
quielans;  el  II  s'etonne  surtoul  que  les  precautions  a  prendre  pour 
eviter  les  dangers  reels  solenl  encore  si  peu  connues  desnavigateurs. 
Celle  leltre  remplie  de  fails  positifs  et  pleins  d'interet  est  renvoyee 
a  !a  Commission  du  Bulletin. 


1 36 

Unc  IcUre  relative  a  lintroduction  en  France  »le  la  brebis  dn 
Sifan  et  (lu  uiouloii  Purik ,  fixe  latlenlion  «le  la  Sociele;  clle  csl 
renvoyee  ainsi  que  <lcux  nioinuires  siir  eel  iiiiporlaut  objel,  offcrls 
par  lauleur,  M.  Key,  fabrlcant  ile  chales ,  a  Texamen  dc  la  Com- 
mission centrale.  11  en  est  tie  mtime  d'une  lellre  de  M.  Theodore  de 
Lesseps.iNomme  vice-consul  a  Sanla-Fe  de  Jiogola,  il  offre  ses  ser- 
vices a  la  Sociele  de  Geographic,  et  demandc  les  instrumenset  les 
inslruclions  nccessaires  pour  lui  servir  cl  le  dinger  dans  les  obser- 
vations auxquellcs  il  devra  sc  livrer. 

La  Sociele  entend  avcc  plaisir  la  lecluro  d  unc  notice  dc  .M.  Ic 
baron  Coqueberl  de  Moiitbret,  sur  la  hauteur  de  quelques  uues  des 
tnonlagnes  d'Asie  et  d'Amerique. 

Lemcme  savant  fait  ensuile  au  nom  d'une  commission  composee 
de  M3I.  Jomard,  Ch.  Dupin,  Girard,  Puissant,  el  lui,  uu  rapport 
sur  le  concours  rehitij  a  la  ilescrlplion  d'une  region  naturelle  de  la 
France.  Jitu^i  ouvrages  ont  etc  prescntcs;  et,  quoique  les  auteurs 
naient  pas  parfailementremplitoutcs  les  condilionsdu  programme, 
la  Soclcte  n'a  pas  cru  devoir  s'armer  dune  seviiritc  excessive  :  en 
consequence  elle  a  accorde  le  prix  offerl  de  l^oo  fr. ,  au  mcmoire 
N"  2  ,  ayant  pour  litre  :  dc  Velat  ancicn  ct  de  Velat  aetuel  de  la  Laie 
du  Mont-Sl  Michel  ct  dc  Cancale,  dcs  marais  de  Dol  et  de  Chdleau- 
neuf,  et  des  emnrons  de  St-]\Ialo,  depuis  le  cap  Frelwl  jusqu  'au  Coten 
tin.  L'auteur,  dont  lo  nom  cachelc  n'a  ele  connu  qu'apres  le  jugc- 
ment  de  la  Socicte,  est  M.  F.  G.  P.  B.  Manet,  prelre,  ancien  chef 
dinslilution  ,  rcsidant  a  St-Malo.  On  a  fail  egalement  connaitrc 
l'auteur  du  mcmoire,  n°  i,  M.  Jean-Michel  Fab  re ,  demeurant  a 
Bourges,  qui  a  presente  la  description  physique  du  lassindu  Cher , 
et  auquel  la  Sociele  a  cru  devoir  decemer  une  medailled  or  a  titre 
d'encouragement. 

A  ce  rapport  a  succede  celui  sur  le  nii'ellement  dune  portion  no- 
table d'une  rioiere  ou  d'un  flawe  de  France.  Deux  memoires  seule- 
ment  ont  ete  juges  dignes  dc  I'approbation  de  la  Sociele.  Le  nom 
de  leurs  auteurs  a  done  et^  proclame,   (•[  la  mcdaiilo  d'or  propos>^r 


,37 

Icur  a  ^le  remise.  Le  piemicr,  M.Lcpcudry,  s'cst  occupd  <3u  ni 
\<ellaneTU  dc  laSoriinir.depuis  SainL-Slrru-on,  cnlreSuhil-QufnlinetJIam, 
jusqu'a  la  mi'.r ,  sur  un  dheJoppemeni  de  178,560  metres.  L'autre, 
M.  Marc  Jodol,  a  doHnc  le  n'wellemcnl  d'une purlic  dcl'Oiac,  mire 
I'emhuurhnn;  de  I'/lisne  el  crilc.  de  I'Oise  dam  la  Seine ,  sur  un  deoe- 
loppcmenidc  102,000  mclres.  MM.  Lcpcurlry  ct  Jodot  sont  tous  Jes 
deux  niernbrcs  de  la  Socieli;  de  (ieograplile. 

Aprcs  la  proclamaljon  dcs  prix  ,  M.  Joinanl  lit  I'exlrail  d'laric 
lellre  de  Tahasco,  ecrile  par  JJ.  F'"  Corroy,  medccin  dirccteur  de 
I'hrkpilal  rriililaire,  el  relative  aux  ruines  de  ranclenne  villc  de  Pa- 
lenque,  danslc  Guatlmala.  L'auteur  offrc  d'envoycr  a  la  Societ<'  de 
(leograpliic ,  la  description  el  le  dessin  des  oLjcls  les  plus  rernarqua- 
Ijles  ,  el  les  plus  propres  a  faire  connattre  un  point  aussi  important. 

M.  G.  iJarbid  du  Bocage  donne  lecture  de  plusieurs  lellrcs  de 
M.  Rousseau  sur  rinterleurdel'Af'riqne  el  les  voyages  de  MM.Laing 
el  Cvlapperlon. 

On  fail  ensuile  I'annonce  des  prix  offcrls  par  la  Soci(;td  en  1828, 
cc  sont : 

i".  Unc  medaillc  d'or  de  1000  fr.  pour  le  voyageur  qui  aura 
fait  dans  le  cours  de  I'annee  1828  ,  la  decouverte  la  plus  impor  tan  le 
en  geographic. 

2".  Une  medaille  de  5oo  fr.  pour  le  voyageur  qui,  pendant  le 
nieme  Intervalle  de  temps,  aura  communique  les  notions  les  plus 
utiles  auxprogres  de  la  geograpliie. 

La  Societe  devant  aux  tcrmcs  dc  son  rf^glemcnt  rcnouvelcr  son 
JJureau  :»  celteepoque,  on  s'occupe  du  depouillement  du  scrulin, 
ouvert  des  roriginc  de  la  seance.  Les  resultats  en  sont  proclam(^s 
ainsi  qu'il  suit  : 

President,  M.  le  haron  Cuvier. 

VIce-Presidens.  MM.  le  comte  de  Laborde  ct  le  vicomte  Simeon, 

Secretaire- General.  M.  le  capitaine  Uuperrey. 

Scrutateurs.  MM.  le  baron  Roger  el  le  baron  Roussin. 
La  seance  est  Icv^c  a  10  heures. 


t38 


§  -1,  Admissions^  oiwrages  ojjerls ,  clc. 

MEMBRES    NOIJVELLEMENT    ADMIS   DANS    LA    SOOIETE. 

Seance  du  7  mars. 
M.  Clement-Mullet. 

Seance  du  -sl  i  mars. 

M.  Clement,  capilalne  au  corps-royal  des  iiigenieurs-g^o- 
g  raphes. 

M.  DE  Tessedik  ,  allache  a  I'ambassade  tl'Aulriche. 

ASSEHBLEE    GENEnALE    VU    28    MARS. 

M.  le  capilaine  A.  de  Capell-Buooke  ,  M.  A.  F.  1\.  S.  ,  elc. , 
memhre  donateur. 

M.  de  Beskovv  ,  chambellan  de  S.  M.  le  roi  de  Suede  ct  dc 
2*^or\vege. 

M.  CoLARD  ,   inslituteur  des  Enfans  de  France. 

M.  Danufeldt,  colonel  au  service  de  S.  M.  le  roi  dc  Suede., 

M.  le  Devitdar-Effendi. 

M.  da  Egana  ,  minlstre  plenipolentiaire  du  Chili,  a  Londres. 

M.  iienjamin  HuGER  ,  ingenieur  au  service  des  Elats-Unis. 

M.  Jarry  de  Makcy,  professeur  d'hisloire  de  I'Acadeniie  de 
Paris ,  etc. 

M.  le  Muhurdar-Abdy-Effendi. 

M.  le  prince  de  Salm-Dyck. 


OUVRAGES    OFFERTS    A    LA    SOCIETE. 

Seance  du  7  mars  1828. 
Par  M.  Denaix  :  Tableaux  gengrapliiques  /ii'slon'i/ur.s ,  iiu/h/iiai,(  ht 


1 39 

tliatributioii  ct  le  denomhrement  des  peuples^  et  des  religions  dans  les  di- 
i'fis  ctats  del' Europe,  Vans  ,   1828  ,  2  feuilles. 

Par  M.  Loriol  :  Geograpliie  physique  et  historique  de  la  France, 
parBassins;   Paj-is,  1828,  i  vol.  in-12. 

Par  M.  I3upin  :  Nai'igdlion  iiitcriatre  dc.  la  France,  Paris  ,  1828  , 
in-12.  —  Forces  elccLurules  a  la  fin  de  i^i-j  ,  el  situation  progressive 
clfS  forces  de  la  France ,  depuis  18 1 /i. ,  8'.  edilioii,  Paris,  1828,  in-12. 
—  Tableau  compare  de  l' instruction  populairc  uvea  I'industrie  des  de~ 
pariemens ,  d'apres  rexposition  de  1827  ,  in-8''. 

Par  M.  Grave  :  Annua  ire  stutistique  et  administratif  du  departe- 
ment  de  I'Oise  et  du  diocese  de  Beauvais  pour  les  annees  1826  ,  1827  et 
1828     3  vol.  in-8". 

Par  M.  G.  Jacob  :  Notice  sur  la  rarete  des  medailles  antiques,  lew 
iHileur  et  leur  prix ,  elc. ,  Paris,  1828,  une  brocli.  in-8". 

Par  M.  Spencer  Smith  :  traduction  en  anglais  du  Voyageur,  dis- 
coitrs  en  vers  par  yl.  Bruguiere ,  Laron  de  Sorsum ,  Caen,  1827  ,  in -8°. 

Par  M.  Sicard  :  Precis  historique  sur  M.  le  comte  Grenicr ,  lieute- 
naul- general  des  aimees  du  Roi ;  Paris,  1828,  in-8". 

Par  M.  Bajot  :  Annales  muri limes  et  coloni ales ,  cahiers  de  Jan- 
vier el  de  fevrlcr,  1828. 

Par  M.  de  Leuven  :  Journal  des  Voyages,  call,  de  Janvier. 

Par  la  Societe  Asiatiquc  :  Journal  Asiatiquc  ,   call,  de  fevrier. 

Par  la  Societe  de  la  Morale  rlirelienne  :  Journal  de  cette  Societe  , 
a-  48. 

Par  la  Societe  de  la  Charente  :  Annales  de  cette  Societe,  cab.  de 
jiovembre  el  de  decembre  ,  1827. 

Par  les  auteurs  :  Plusieurs  immcros  du  Globe. 

Seance  du  21  mars  1828. 

Par  M.  dc  Capell  iJrookc  :  T'ues  d'hit'er  en  Laponie ,  illuslratives 
tl'un  voyage  ei.trrpris  au  mois  de  decembre,  et  en  grande  par  tie  j  ait  en 
Iraineaur,  tires  par  des  rennes ,  etc.,  Londres  ,    1827,    i  vol.  in-foL 

Par  S.  E.  le  ministre  des  affaires  etrangercs  :  Les  Monumens  de 


i4o 


de  la  Fraiue,  par  M.  le  coiiite  de  Laborde,  aj'  livraison  ,  lii-fol". 
—  Auteurs  classtqiies  latins,  tomes  gi  ,  g2  ,  q3  et  04. 

Par  niadame  Malle-IJriiii  :  Melanges  srientlfiqucs  et  lilieraires  de 
M.  Malie-Brun,  Paris,  1828  ,   3  vol.  in-8". 

Par  M :  JSouveau  projct  de palxperpeluelk  cntre  tousles pcuples 

dc  la  ciireiieute,  elc. ,  Paris,  1826,  2  vol.  in-8". 

Par  I\i.  Jullicn  :  Revue  eticyrlopedique ,    calilcr  d(!  fcvrlcr. 
Par  M.  dc  Fcrussac:  Bulletin  des  sciences  gcographiqucs,  caliier  di; 
fcvrier. 

Par  M.  Leuven  :  Journal  des  Voyages,  caliicr  de  fevrier. 
Par  la  Societe  de  la  Morale  chretierinc  :  Journal  de  cett-e  Societe, 
n"  49. 

Par    M.    Arthus-Berfrand  :   Bihliotheque   physico- economique , 
caliier  de  mars. 

Par  M,  Schumacher  :  Description  d'un  instrument  qui  a  servi  a 
mesurer  la  base  de  la  carte  du  Jlolstein,  iii-4.". 
Par  les  auteurs  :  Plusieurs  numeros  du  Globe. 

Seance  generate  du  28  mars. 

Par  M.  Lapie  :  Carte  generate  de  la  Grece  modcrne,  Paris,  1828, 
une  feuille, 

Par  IM.  Klaproth :  Memoire  sur  les  sources  du  Brahmapouira  et  de 
riraouaddy ,  Paris,  1828,   in-8''. 

Par  M.  de  Lewchine  :  Notice  sur  le  flcui>e  Syr,  Paris  ,  1828  , 
10-8°. 

Par  M.  le  baron  Roussin  :  Memoire  sur  la  navigation  aux  (tUes 
occidentales  d'Jfrique,  Paris,  1819  ,  in-8". —  Suite  du  Memoire 
sur  la  navigation  aux  cotes  occidentales  d'/ifrique ,  Paris,  182 1  , 
in-8'. 

Par  M.  I'eissier  :  Note  sur  llicciacum  ,  station  ou  lieu  de  gttc  nii- 
lilaire  sur  la  voie  romaine  de  Metz  a  Treves  ,    in-8°. 

Par  M.  lley  :  Memoire  sur  le  mouton  Purik  observe  par  M.  W. 
Moorcroft  ,  in-8''.  —  Memoire  sur  la  brcbis  du  Sifan  ,  in-8". 


ParM.  Coulier  :  Desfauxcn  ecntures,  tant  pri^'ces  t^uc  puhlujiics  , 
el  des  moyens  de  s'en  garantir ,   iu-4.°. 

Par  M.  Toulouzan  ;  V Ami  du  lien  ,  5'^  cahier. 


Rapport  sur  deux  memoires  relaiifs  au  nii^ellement  hydrographique  d<- 
Vinterieur  de  la  France. 

La  Sooiete  de  Geographic ,  penelree  de  rimportance  des  com- 
municallons  naturelles  que  peuvent  offrlr  les  fleuves  et  les  rivieres, 
a  cru  devoir  fonder  annuellement  dix  medailles  d'orpour  etre  de- 
cernees,  a  litre  d'encouragement ,  a  tout  irigenicur  ou  autre  per- 
sonne,  autcur  d'un  nivellenient  geometrique  d'une  parlie  notable 
du  cours  des  fleuves  ou  rivieres  de  France. 

La  Societe  a  eu  roccasion  d'offrir  I'annee  derniere  une  medaille 
a  M.  Jodot  pour  un  nivellemcnt  d'une  parlie  de  la  vallee  de  la 
Meuse.  Celte  annee  il  est  parvenu  a  M.  le  president  de  la  Commis- 
sion centrale  deux  aulres  memoires  de  nivellement  qui  ontete  ren- 
voyes  a  I'examen  d'une  commission  speciale  composee  de  M.  le 
general  Haxo  ,  de  M.  le  lieutenant-colonel  CoraLceuf  et  de  moi.  Je 
vais  rendrc  compte  du  rcsultat  de  eel  examen. 

Le  premier  memoire  renfenne  un  nivellemcnt  de  la  Somme  dcpuis 
Si-Simon,  enfre  Saint-Qucnlln  et  Ham  jusqu'a  la  mer,  sur  un  de- 
veloppemeiitde  178,560  metres,  a  pen  pres4-4  lieues  communes  et 
sept  dixiemes.  II  a  pour  devise  : 

Mon  desir,  en  rherchant  une  recompense ,  est  d'etre  utile. 

Lc  travail  de  I'auleur  se  rapporte  a  deux  etals  dlflcrens  de  la  ri- 
viere: il  la  considere  d'abord  dans  son  ctat  primilif  quand  li  n'exls- 
lalt  encore  qu'une  navigation  Imparfalte  entre  Amiens  et  lamer; 
un  plan  special  indique  la  distribution  des  eaux  a  celte  epoque  ;  de- 
puls,  dc  grands  travaux  ont  ete  entrepris  pour  rendrc  la  Somnic 
navigable  depuis  St-Simon  jusqu'a  son  embouchure  sur  un  devc- 
Inppcmcnt  dc  plus  dc  44   l»<'u<'s ,  connu  pour  celte  parlie  sous   le 


110111  (le  Canal  J'Anguuleiiie,  lequel  se  liou\c  faiie  pailie  tie  la  ligric 
navigable  entn;  Paris  ct  la  iiier  par  la  Seine  et  TOisc. 

L'aiiteur  expose  dans  son  nicmoire  les  Jifferenles  circonslanccs 
tlu  cours  tie  la  riviere  dans  ce  nouvel  etal,  el  il  facilite  linlelligence 
de  sa  description  ,  au  inoyen  d'une  Ires-bonne  carle  hydrogra- 
pliique  d'enseinble ,  qu'ii  a  jolnte  a  son  travail;  il  fait  connaitre 
enfin  que  les  travaux  d'art  sonl  acluellement  tennines  a  Texceplion 
d'une  tres-petlle  portion  pour  la  iraversee  d' Abbeville ,  et  que  le 
canal  sera  entierenienl  livni  a  la  navigation  dans  inoins  d'une 
anncc. 

Des  profils  faits  avec  soin  dans  lesensdu  cours  de  la  riviere  ac- 
compagnenl  le  niemoire,  et  font  connailre  en  un  grand  nombrcde 
points,  I'elevation  de  ses  rives,  et  celle  des  bancs  de  la  baie.  Enfin 
un  tableau  general  donne  leseleinens  el  les  resultats  numcrlques  de 
tout  le  nivellement. 

Ce  niemoire  rlche  eu  renseignemens  utiles  a  paru  fait  avec 
conscience  et  meriler,  outre  le  prix  du  concours,  des  eloges  parti- 
culiers  :  en  consequence  voire  Commission  vous  propose  de  de- 
cerner  a  son  auleur,  conforniemenl  au  prograjnme,  une  medaille 
d'or  de  la  valeurdc  loo  francs. 

j\ i'l'ellemenl  d'une  partie  de  la  riviere  de  I'Oise. 

Un  autre  mcmoire  sur  le  nivellement  d'une  parlie  de  la  riviere 
de  rOise  est  aussi  parvenu  a  la  Commission  centrale  ;  celui-ci  a 
pour  devise:  Les progres  de  la  nai>igalion,  du  commerce  et  de  I'industrie 
sont  lies  ii  ceiix  de  la  geographic. 

Ce  nivellement  comjjrend  un  developpcmcnt  de  102,000  metres, 
20  lieues  communes,  enire remboucliure del  Aisne  elcellede  I'Oise 
dans  la  Seine. 

Le  memoiredescriplif  a  (rcs-pcu  d'elendue  ;  mais  il  est  accom- 
pngne  comme  le  precedent  des  profils  en  long,  indiquant  I'elevation 


1+3 

ue  la  surface  ues  eaux  de  I'OIse    a  I'epuijue  do  I'cliai^i;  ct  cclle  <ie 
celte  surface  a  Tegard  du  fond  du  clienal. 

Un  labieau  dolaiile  presenle  egalemeut  les  elemens  et  ies  re- 
sulials  de  lout  ie  liivelJement  sur  i'exaclilu<le  diujuel  nous  iie  for- 
nions  aucun  doule  ;  niais  nous  aurions  desire,  toulefois  ,  qu'on  edt 
indique  les  precedes  geouictrjqiies  sur  lesquels  il  est  etabli,  et  cetle 
remarque  doit  s'appliquer  aussi  an  nicnioire  precedent  sur  le  cours 
de  la  Sonnue. 

L'auteur  a  rempli  les  conditions  du  programme,  et  nous  devons 
faire  remarquer  que  le  nivellement  qu'il  a  recucilli  et  qu'il  soumet 
a  la  Sociele,  pourra  facilement  elre  lie  plus  tarda celui  de  la  Sonime 
et  former  r.n  ensemble precieux,  puisqu'ilne  s'agit  plus  que  de  ni- 
veler  le  canal  de  Picardie  qui  unit  TOise  a  la  Somme  sur  unc  lon- 
gueur de  4-  3  5  lieues  seulemcnl ,  pour  obtcnir  un  nivellement  com- 
plet  par  une  autre  voie  que  celle  dela  Seine  enlrc  Paris  et  la  mer, 
el  ce  rcsuhat  deja  fort  important  pour  Fhydrograpliie  de  la  France 
dont  vous  vous  occupez,  sera  le  fruit  de  voire  soUicilude  et  de  vos 
encouragemens. 

La  Commission  croit  devoir  vous  proposer  de  decerner  une  me- 
daiilc  d'or  de  la  valeur  de  loo  ir.  a  l'auteur  du  nivellement  d'une 
partie  du  cours  de  TOise. 

Paris,  7  mars  1028. 

Signe  a  Toriginal  par  Ics  niembres  de  la  Commission,  general 
Haxo;  Corabceuf  ;  chevalier  IjOnhe,  rapporteur. 


Rapport  sur  Ic  concours  relalij a  la  description  d'une  region  naturelle 

de  la  France. 

Des  commissaires ,  pris  dans  la  Commission  ccnlrale  de  la  So- 
ciele de  geograpliie,  et  auxquels  se  sont  reunis  MM.  Girard  et  Jo- 
niard ,  menibres  du  bureau,  ont  fait ,  par  I'organe  de  M.  Coqueberl- 
Monlbret,  le  Rapport  dont  iJs  avaient  ete  charges  sur  le  concours 
rclalif  .i  la  description  dune  region  naturelle  de  la  France. 


])cux  ouviagesavaienl  t'ld  adresses  h  la  Soclcld  :  Tun  ,  cnregistie 
sous  le  n"  i",  porle  ces  mots  pour  epigraplie  :  f  Amour  du  vrui  ful 
toujours  mon  guide.  11  est  intitule  :  Essai  sur  la  description  physique 
du  bassin  du  Cher. 

L'aulrc,  inscrit  sous  lo  ii"  2,  a  pour  litre  :  J)e  Velat  ancien  et  de 
Velat  actuel  dc  la  bale  du  jnont  Saint-Micliel  et  de  Cancale,  des  marais 
dc  Dol  et  de  Chuleauneuf,  et  des  em'irons  dc  Saint-lMalo,  depuis  le  cap 
Frrhcl  jusqu'au  Colenliii.  L'aulcur  a  pris  dans  le  livre  XV  des  Me- 
tainorpiioscs  d'Ovide  lepigraplie  suivante  : 

Villi  fgo  quoi]   fuernt  quondam  solidissima  tellus  , 

Esse  freluin 

Quodque  fuit  campus,  vallem  decursus  aquarum 
Fecit  et  eluvie  mons  est  deductus  in  aequor. 

Une  premiere  observation ,  qui  s'applique  aux  deu\  ouvrages  , 
c'est  que  leurs  auteurs  paraissent  avoir  pense  qu'en  demandant  la 
description  d'une  region  naturelle  ,  la  Societe  avail  cnlendu  unc 
description  puremcrtl  physique,  tandis  que  son  but  a  ete,  qu'apres 
avoir  substitue  des  limiles  prises  dans  la  nature  a  celles  que  don- 
nentles  circonscriptions  administratives,  et  avoir  determind  ainsi  une 
region  dont  les  differentcs  parties  offrissent  des  analogies  natu- 
relles  au  lieu  des  rapports  arbitraires  et  variables  qui  resultent  des 
divisions  poliliqucs  ,  on  s'attach^t  a  decrire  unc  telle  region  avec 
tousles  details  que  comporte  une  bonne  geograpbic  speciale  ,  et  no- 
tamment  qu'on  ne  negligent  pas  de  faire  connaitre  le  nombre,  la 
constitution  pbyslque,  les  moeurs,les  occupations  des  babitans, 
c'est-a-dirc ,  conime  s'exprime  le  programme,  les  rapports  physiques 
et  moraux  de  la  region. 

Sans  douts  cette  explication  previendra  toute  meprise  a  I'avenir. 

L'auteur  du  Memoire  n°  i"^".  annoncc  par  le  litre  de  son 
ouvrage  unc  description  physique  du  bassin  du  Cher  ;  ct  cepen- 
dant  il  n'a  decrit  les  contrees  arrosecs  par  cette  riviere  que  dans 
la  portion  de  son  cours  qui  depend  du  dt-parlcmcnt  auquel  clle 
donnc  son  nom  :  dc  sorle  qu'en  rcalile,  il  a  subordonne  son  tra- 


vail  a  la  circonscription  acliiiinislrativc,  ce  qui  est  conlrairc  aiix  in- 
tentions tie  la  Soclete.  Pour  se  conformei'  a  son  litre,  il  aurait  dA 
prendre  le  Cher  depuis  sa  source ,  dans  le  departement  de  la  Creuse, 
et  le  suivre  a  travers  ce  departement  el  celui  de  I'AUier  ,  jusqua  son 
embouchure  dans  la  Loire  pres  de  Tours,  sans  negllger  la  petite 
portion  des  departemens  de  Loir-et-Gher  et  d'lndre-et-Loire  qu'il 
arrose  egalcment.  Au  lieu  dc  cela,  Tautcur  ne  fail  aucune  mention 
de  la  partie  superieure  du  cours  dc  celte  riviere  ,  jusqu'a  ce  qu'elle 
entrc  dans  le  departement  du  Cher,  et  il  cesse  de  s'en  occuper  des 
qu'elle  en  sort.  L'auteur  nc  s'est  done  pas  conforme,  sous  ce  pre- 
mier rapport,  aux  intentions  de  la  Soclete  el  a  ce  que  le  litre  du  Mc- 
irioire  prometfait.  ■     .' 

11  est  lonibe  dans  une  seconde  erreur,  mais  plus  excusable,  en 
considcranl  le  bassin  d'une  riviere  comme  une  region  essentiellc- 
ment  natiircUe,  dans  le  sens  que  la  Soclete  attache  a  ce  mot.  Le 
bassin  d'une  riviere  ne  dolt  oblenir  cette  denomination  de  region 
naiurellc  qu'aulanl  que  le  pays  sur  Icquei  ii  s'elend  offre  dans  toute 
son  elendue  une  meme  constitution  physique  de  laquellc  rcsultenl 
les  mcmes  productions,  le  meme  genre  d'agriculture,  et  generale- 
menl  parlanl,  les  memes  habitudes  populaires  ,  loules  choses  qui 
sont  en  relation  les  unes  avec  les  autres.  l\icn  n'esl  plus  different, 
par  exemple ,  sous  ces  divers  rapports,  qu'un  pays  granilique,  tel 
que  la  parlle  du  sud  du  Bern,  et  un  pays  de  plaines  calcaires,  tel 
que  le  reste  de  celte  province.  On  eut  passe  a  l'auteur  de  compren- 
dre  dans  une  meme  description  toute  la  partie  calcaire,  quolqu'll 
ait  du  y  reconnaitre  des  bandes  de  differenles  natures ;  mais  on  ne 
sera  pas  d'accord avec  luilorsqu'Ilreunlt  dans  un  meme  cadre  des  re- 
gions naturelles  aussi  disllnctes  que  celles  dont  nous  venons  de  parler. 
Comme  region  naturelle,  le   sud  du  bassin  du  Cher  se   ratta- 
che  a  la  vasle  coiilree  granilique  qui  cnibrasse  le  Limousin  ,  la 
Marche  el  le  IJourbonnals.  Mais  le  centre  et  le  nord  du  meme  bassin 
appartiennenl,   sauf  une  llgne   de  terrain  de  translllon  succedanl 
au  granit,  a  deux  bandes,  I'une  de  calcaire  horizontal  anclcn  ,  I'anlrc 


i4G 

lie  la  formation  de  la  ciaie,  lesquelles  s'etendent  Tunc  el  1  auUe  tlu 
N.-N.-E.  au  S.-S.-O. ,  sur  ies  (iepartcinens  adjacens. 

Ces  observations  n'auronl  rien  dc  blessaul  pour  I'aulcnr  du  Mc- 
moire,  an  mdrile  duquel  nous  rendons  d'ailleurs  enliere  justice. 
11  ne  nous  blamera  pas  non  plus  de  regrelter  qu'aux  details  etendus 
et  plu3  ou  moins  exacts  qu'il  donne  sur  la  mincralogic  du  deparle- 
ment  du  Cher ,  il  n'en  ail  pas  joint  de  semblables  sur  la  zoologio  et 
la  bolaiiique,  el  qu'il  se  soil  borne,  dans  ce  qu'il  dil  de  la  nieleo- 
rologic ,  a  indiqucr ,  pour  Irois  annees ,  le  nombre  des  jours  de  pluie , 
de  neige,  de  gelee ,  et  ccux  oil  Je  vent  a  soufile  de  differens  points 
de  1  horizon.  Aucune  parlie  de  la  France  n'est  placee  plus  avanla- 
geusement  que  le  departement  du  Cher,  pour  des  recherches  sur  le 
climal,  Ies  planles,  Ies  animaux,  la  longcvlte,  etc.,  dans  le  centre 
du  royaume.  11  doit  cet  avantage  au  peu  d'elevatlon  de  son 
sol ,  a  I'eiendue  de  ses  plaines ,  a  son  eloigncment  des  differenles 
mers.  Lcs  observations  qu'on  y  ferait  pourraient  servir  a  etablir, 
en  quelque  sorle,  un  eial  normal,  duquel  on  parlirail  lorsqu'on 
aurail  a  dccrire  d'aulres  regions,  en  indiquant  jusqu  a  quel  point  ces 
regions  se  rapprocbenl  ou  s'eloignent  de  cet  etai  normal  sous  dif- 
ferens rapports. 

jNous  croyons  I'auieur  fort  capable  desalisfaire  a  ce  besoin  de  la 
science,  lorsqu'il  voudra  donner  cette  direction  a  ses  travaux. 

Nous  passons  maintenant  au  Memoire  sous  le  n"  2. 

La  contree  niarillnie  que  I'auteur  y  decrit  ne  se  borne  pas  a  un 
departement;  elle  comprend,  a  la  droile  du  Couesnon  ,  une  pelile 
portion  du  departement  de  la  Mancbe ,  el  a  la  gauche  de  celle  ri- 
viere ,  une  portion  du  deparlement  d'l!le-et-Yilaine.  Ainsi , 
I'auteur  a  compris  qu'il  ne  devait  pas  s'assujelir  aux  divisions  ad- 
ministralives.  Celte  contree  est  mdarcllc,  en  ce  sens  qti'elle  bonlc 
Ies  menies  parages ,  qu'on  y  trouve  Ies  niemes  phenoiiienes  dans 
Ies  marees,  Ies  m^mcs  greves,  des  rochers  isoles  semblables  Ies 
uns  aux  aulres,  que  Ies  habilans  se  livrent  aux  memes  genres  de 
travaux,  que  ses  coles  onl  essuye  Ies  memes  revolutions,  el  sofli 


'^7 

cxpossies   a   <les  dangers    qui   exigent  Jes  precautions    analogues. 

Peut-^tre  pourra-l-on  quelque  jour  einbrasser  un  pius  grand  en- 
semble, el  conslderer  coinme  une  meme  region  tout  le  golfe  com- 
pris  entre  la  cole  ouest  du  Coteniin  H  la  cote  nord  de  la  Bre- 
tegne  ,  en  decrlvant  simullaneinent,  non  -  sculemeut,  comme  i'a 
fait  Tauteur  du  Memoire  adrcsse  a  la  Societo,  Ics  ilots  et  ecueils  dc 
la  cgte  franc^aise,  mals  encore  les  iles  anglo-normandes  de  Jerse\  , 
Guernesey,  Aurignyel  Cers,  etc.,  qui  sont  placeesdans  les  niemcs 
circonslances  naturellcs,  el  en  tenant  complc  dc  la  configuration 
du  fond  de  la  mer  dans  lintervalle  qui  les  sopare  de  nos  coles,  con- 
figuration qui,  suivant  toutc  apparence  ,  parlicipe  de  celle  des  tcrrcs 
adjacentes. 

En  reconnaissantquerauieuresteritrL'  dans  I'esprit  du  Programme, 
nous  ne  prelendons  point  qu'il  en  ait  renipii  toutes  les  conditions. 

11  n'a  rien  dil  du  climat  ni  des  productions,  a  I'exceplion  des 
poissons,  qu'il  indique  seulement  par  leurs  noms  vulgaires.  11  a  passe 
les  planles  sous  silence.  II  s'excusc  de  n'avoir  pas  parle  du  genie  et 
des  moeurs  des  liabilans,  en  molivanl  cct  oub!i  sur  ce  que  ce  sont 
des  objels  assez  connus  (pcui-elre  aurait-i!  du  songer  que  ce  qui 
elait  parfailement  coimu  a  Saint-Malo  pouvait  ne  pas  I'etre  egale- 
ment  ciileurs);  mais  du  moins  il  a  senli  que  les  details  qu'il  croyait 
pouvoir  omeltre  etaient  du  nonibre  dc  ceux  que  la  Sociele  deman- 
dait ;  el  sur  ce  point  nous  lui  devons  une  remarque  curieuse,c'estque 
malgre  la  conliguitj  de  la  Normandie  el  de  la  iJretagne ,  qui  ne  sonl 
separees  dans  celte  parlie  que  par  la  tres-petile  riviere  du  Couesnon, 
les  babitans  des  deux  rives,  au  lieu  de  sc  fondre  par  nuances  insen- 
sibles  ,  comme  on  aurait  pu  le  supposer,  offrent  des  differences 
Iranchees  relalivement  a  Tair  du  visage  ,  au  costume,  au  langage, 
a  la  prononciation  et  aux  manieres.  Nous  esperons  que  I'auteur 
voudra  bien  ddvelopper  et  etendre  ulterieurement  ces  aperCjUs  inle- 
ressans,  lors  qu'il  suppleera  ace  qui  pent  manquer  a  son  travail 
sous   d'autres   rapports. 

Le    travail,    amcliore    ainsi  par  ses  soins,  pourra  occuper  ui:c 


1^8 

place  dlslliiguce  dans  Ics  7»Icinoires  «le  la  Sociclo,  et  oifrir  uiie 
lecture  lout-^-la-fois  inslrucliveet  aniusantc.  On  y  vena  surlout 
avoc  interet  I'liistolre  des  changemens  physiques  survenus  dans  ces 
parages,  el  par  reffi>l  desqucls,  suivant  les  expressions  d'Ovide 
que  I'auleur  a  prises  pour  epigraphe  ,  les  plaines  ont  ete  cliangecs 
en  vallces,  des  niontagnes  se  sont  trouvees  entourees  par  les  eaux; 
et  la  terre  fcrnie  est  devenue  un  domalue  de  la  nier;  oil,  comme 
le  dil  Horace,  cite  aussi  par  Tauteur  :  Des  poissons  de  loute  espece 
visitent  aujourd'hui  les  lieux  dans  lesquels  les  raniiers  aimaienl  a 
se  percher  autrefois. 

C'est  par  un  tableau  rapide  de  ces  grands  changemens  que  de- 
bute I'auteur. 

Peut-elre,   quelque   interet  que   puissent  presenter  les  prcuves 
et  meme  les  conjeclures  de  I'auteur  sur  I'etat  anclen  de  cetle   con- 
tree,   croira-t-il  utile  d'elaguer  quelques  details  purcment  hislo- 
rlques ,  et  de  fortifier  de  nouvelles  preuves  quelques-unes  de  ses  as- 
sertions sur  I'cpoque  du  grand  bouleversement  de  ce  littoral.  Peul- 
etre  aussi  sera-t-il  convenable  qu  il  fasse  disparaitre  tout  ce  qui  se 
rapporte  aux  troubles  civils  de  la  fui  du  siecle  dernier.  Enfin  nous 
serions  d'avis  que  la  plupart  des  notes  niullipliees  et  Ires-etendues, 
qui ,  au  nonibre  de  60  ,  occupent  80  pages  du  nianuscrll ,  fusseut  in- 
tercallees  dans  le  texte,  en  les  reduisant  a  <le  justes  proportions.  Au 
reste ,  ces  changemens  de  redaction  scront  du  ressort  de  la  section 
de  publication  ,  qui  se  concertera  ,  a  ce  siijcl,  avec  I'auteur;  etnous 
n'avons  cru  devoir  les  indiqucr  id  que  pour  modilier  jusqu'a  un  cer- 
tain point  I'approbalion  que  I'ouvrage  nous  a  paru  meriter  au  total. 
Des  observations  critiques,  aussi  legeres  qne  bienveillanles,  sonl 
pcul-elre  plus  (latteuses  pour  un  auteur  que  des  eloges  accordcs  sans 
restriction  et  d'une  nianiere  Irop  absolue.  II  y  a  long-temps  qu'on 
I'a  dit  :  qui  approuve  tout  n'approuve  ricn. 

En  resumd,  la  Socicte,  deslrant  s'altacher  dans  les  deparlemcns, 
des  correspondans  inslruiis  el  zeles,  capables  de  propager  1' amour 
el  la  culture  de  la  geograpliie,  n'a  pas  cru  devoir  se  montrer  armec 


t'!9 
dune  severil(i  excessive  ct  decouiageaiile.  On  a  espere,  en  agissani 
ainsi,  determiner  un  plus  grand  nombre  <le  concurrens  a  se  pre- 
senter, et  exciter  ceux  qui  ont  deja  repondu  a  noire  appel ,  a  faire 
des  efforts  pour  obtenir  des  succcs  plus  dccisifs. 

En  consequence ,  il  a  ete  decerne  au  Mcmoire  sous  le  n"  2  Ic 
prix  de  4^00  francs,  qui  est  celui  de  seconde  classe,  offert  par  la 
Societe  ; 

Et  au  Memoire  sous  le  n  '  i  une  medaille  d'or,  a  titre  d'encou- 


ragemcnt. 


CI).  DuPTN,  GlRARD,  L.  PuiSSATifT,  JOMARD, 
£t  CoQUEBERT-MOiSTBRET. 


I  [ 


l5n 


TROISIEME  SECTION. 

DOCUMENS,    COMMUNICATIONS,    NOUVELLES    GEOGRA- 

piiiQLES,  etc. 

AFRIQUE. 

Documens  sur  I'Afrlque  centrale,  exiralts  deplusleurs  lettres  de  M.  Rous- 
SEAU,  consul-general  et  charge  d'Jff aires  de  S.  M.  T.  C.  pres  la 
Regence  de  Tripoli  de  Barbarie,  communiques  h  la  Societe  de  Geo- 
graphic dans  son  assemhlee  generale  du  aSmars,  par  M.  G.  Car- 
BIE  DL"  BOCAGE.    (i). 

Dc'coiivertes  dans  Pinte'rieur  de  rAfriqiie. — Revolutions  politiquesaTom- 
boiiktoii.  —  Mort  du  major  Laing  et  du  capitaino  Ci.APPERTON. — Ouvrages 
arahes  sur  ces  contn'es. 

Depuis  long-temps  les  bruits  les  plus  contraflirloires  se  sont  re- 
pandus  dans  toutes  les  contrees  de  I'Europe  sur  les  everieniens  qui 
onl  eu  lieu  dans  Tinterleur  de  I'Afriquc  ,  ou  dinfatigables  vova 
geurs,  par  leurs  efforts  reiteres,  ontcependant  trouve  le  inoyen  de  pe- 
jielrer  nialgr^  tant  d' obstacles  qui  paraissaieul  insurmon tables. 

L'anxiete  la  plus  grande  regiie  sur  le  sort  des  inalheureux  Laing 
cl  Clapperton,  derniers  explorateurs  de  ce  vaslc  continent  el 
dernieres  victimes  dun  grand  devouement  a  la  science.  Les  jour- 
naux  ont  alternalivenient  affinne ,  dementi  el  confinnc  leur  morf. 
Peut  clre,  nialgre  tout  cc  qui  a  pu  elre  dit  a  ce  sujel,  la  Sociele  de 
Geographic  n  entondra-t-ellepas,  sans  inieret,  les  details  curieux  que 
j'ai  ele  a  meme  de  recueillir,  et  que  Ion  doit  a  un  de  nos  collegues  ct 
de  nos  correspondans  les  plus  zeles,  a  M.  Rousseau,  consul-gene- 


(i;  Tous  ces  documens  rec;usaPans  an  mois  dc  mars  i8q8,  out  <'U'  lusa  la 
memo  ('poqiie,  a  I'lnslilul,  a  PAcadcmie  des  Sciences  ct  a  ctllc  dcs  Inscrip- 
tions-ct-Bellcs-Lctfres. 


i5i 

ral  cl  charge  d'affaires  tie  France  pres  la  Rifgence  dc  Tripoli  de 
Barbaric.    Ccs   nouvellcs  soiit   reiifermees  dans  cinq  letlres  donl 

voici  Textrall.  " 

Sukkara-ies-Tripoli,  le  5  avril  i8-'.7. 

Consulat  general  de  France  a  Tripoli  de  Barbarie. 

M... ,   je   m'empresse    de   vous  ecrire  pour    vous   informer 

que  le  major  Laing,  donl  on  avail  precedemment  annonce  la 
fin  tragique,  a  reellement  peri  viclime  de  sa  courageuse  perseve- 
rance ,  apres  avoir  pu  neanmolns  visiter  la  fameuse  ville  de  Tom- 
bouktou.  (i)  Le  pacha  vient  de  me  communiquer  cet  avis  d'apres  une 
letlre  que  le  gouverneur  de  Ghadames,  son  lieutenant,  lui  a  ecrite 
(id  hoc,  et  qui  est  parvenue  ici ,  en  moins  dc  quinze  jours  ,  par 
courrier  extraordinaire. 

Le  voyageur  anglais  ,  que  Ton  disait  d'abord  avoir  succombt" 
sous  le  fer  des  brigands  dans  ie  territoire  de  Touall ,  n'y  avait 
ete  que  blesse  ;  de  maniere  qu'apres  avoir  echappe  a  cc  premier 
danger,  paries  soins  hospitaliers  dun  niaraboul,  il  s'etait  enfin 
rendu  a  Tombouktou.  Peu  apres  son  arrivee  en  ceite  ville  ,  les 
Fellans  dont  la  horde  puissanle  et  beliiqueuse  regne  exciusivement 
aujourd'hui  sur  les  immcnses  deserts  de  lAf  rique  centrale ,  vinrent, 
au  nonibre  de  Irente  mille ,  I'y  reciamer  imperieusement  pourlemet- 
ire  A  mort,  et  «  empecher  par-la,  dircnl-iis,  que  les  nations  chre- 
»  liennes ,  profilant  des  informations  qu'il  pouvait  leur  donner  sur  le 
»  Soudan,  ne  penetrassent  quelques  jours  dans  ces  contrees  eloignees 
<•  pour  en  asservir  les  peuples.  »  (  Ce  sont  les  propres  expressions 
du  Sckcikh  dc  Ghadames  dans  sa  lettre  au  pacha  que  je  traduis  litlera- 
lenienl.  ) 

Le  prince  ,  qui  commaude  a  Tomhoitlitou  ,   refusa  de  livrer  i"e- 

(>)   Dans  une  lettn;  de ,  aofit  1827,  M.  iiousseaii  a  envoye  a  M.  Barbi'-' 

flu  Bocage  Textrait  d'lni  journal  public  manuscril  a  Tripoli  de  Barbaric,  (vcl 
fixtrait  inst're  dans  ]i-  Bulletin  de  la  Socintc  de  Geograpbio  leiilrinic 
<tilr\nj|rc.s  rboso.s,  une  I'otirp  r]c  M.  Rousseau  sur  roinbouktoii. 


tranger  qu'il  avail  accucllli  avec  bienveillance  ;  et  pour  le  sous- 
Iraire  a  ranimosile  de  ses  persecureurs ,  dont  il  ne  voulait  pas  eii 
m^me  temps  s'al tirer  la  vengeance ,  il  Ic  fit  partir  pour  le  Barn- 
Sara  ,  sous  une  escorle  de  quinze  cavaliers  clioisis  dans  sa  propre 
garde;  mais  atteintblentot  par  une  bande  de  Fellans  qui,  luformee 
de  son  Evasion,  Tavait  vivement  poursuivl ,  Tinforlune  Laing  fut 
iinpitoyablement  egorge  avec  tous  ceux  qui  I'accompagnaient. 

Telle  a  ete  la  fin  tragique  du  vovageur  intrepide  qui ,  le  pre- 
mier, apu  penetrer  dans  I'enceinle  dune  ville  uiysterieusc,  objel 
«ie  tant  de  sollicitudes,  et  dont  la  connaissance  echappera ,  sans 
doute  encore  long-temps,  aux  investigations  les  mieux  dirigees  , 
puisque  ,  sulvant  toule  apparence  ,  il  n'y  a  nul  espoir  de  recouvrer 
les  papiers  du  mallieureux  Laing. 

En  attendant,  jourai  I'lionneur  de  vous  dire  que  les  Fellans, 
dont  lambilion  egale  la  ferocite,  profilanl  de  la  circonstance  de 
I'arrivee  du  major  Laing  a  Tombouklou  et  de  I'espece  de  protec- 
tion qu'il  y  avail  Irouvee  ,  se  sont  euipares  de  celle  ville  en  la 
taxanl  d  un  tribul  annuel  que  ses  habitans ,  incapables  de  leur  re- 
sisler,  doivent  leur  payer  desormais  pour  s'etre  rendus,  comme  ils 
\ts  en  accusent ,  complices  des  projets  d'envahissement  mcdiles  par 
les  li'tfideles. 

Ces  derniers  renseignemcns  m'ont  ete  communiques  par  un 
Scheikh  de  Tripoli  qui  a  long-temps  reside  a  Tombouklou.  C'est 
de  lui  que  j  ai  appris  qu  il  existe  une  blslolre  iorl  inleressanle  de 
cetle  ville,  qui  en  fail  remonter  la  fondatlon  .t  I'an  5io  de 
i'hegire  (i  1 16  de  J.  C.)  et  dont  I'auleur  est  Sidi-Althmed-liala  (i), 
nzXxi  di  Aiawan ,  bourgade  du  pays  des  Kentes,  peupladc  conside- 
rable  du   Soudan.   J'espere  me  procurer  cetle  histoire   avec  les 


(i)  M-  llousseaii,  dans  une  autre  lettre,  a  flonnci  Torigine  de  Tomboiikton  , 
d'apres  Topinion  He  cet  auteur  arabe.  Voir  le  Bulletin  de  la  Socicl'J  de  Ge'n- 
paphie.T.  VUI.) 


1 53 

vovages  du  c^lebre  Ibn-Buthaida ,  jusqu'i  prc^sent  si  pen  connus  en 
Europe  (i). 

Tripoli  ,  le   8  avril   1827. 

M ,  avant-hier,  6  du  courant,  aneuf  Iieures  du  soir,  je  me 

rendis  au  cliaiteau  du  Paclia  ,  qui  me  re^ut  avec  ce  ton  de  (ami- 
liarite  ,  de  confiance  et  de  Lonle  qu'il  a  pris  euvers  moi.  II  me 
parla  de  la  mort  du  major  Laing  qui  a  etc  assassine  ,  comme  je 
vous  I'ai  annoiice  par  ma  precedente ,  apres  avoir  visite  la  mysle- 
rieuse  ville  de  Tombouktou.  11  ne  saurait  elre  responsable  de  eel  ev^- 
ment  traglque  qui  s'est  passe  a  plus  de  go  journees  de  marche  au- 
dela  de  Ghadames ,  derniere  place  fronliere  du  royaume  de  Tripoli, 
aussi  le  pacha  deslre-t-il  que  les  details  que  j'ai  I'lionneur  de  vous 
iransmelire  sur  le  sort  du  voyageur  anglais  ,  soient  publics  dans 
nos  Journaus  ,  afin  que  les  gouvernemens  comme  les  societes  sa- 
vantes  de  TEurope ,  qui  s'iiiteressent  tant  au  succes  de  cette  noble 
elcourageuse  entreprise,  saclient  a  quoi  s'en  tenir. 

Tripoli ,  le  10  aout  1827. 

M ,  la  nouvellc  de  la  mort  du  major  Laing  ne  s'est  mal- 

heureusement  que  trop  confirmee.  Quant  a  Toinbouktou  que  le 
voyageur  anglais  a  dii  visiter  avant  de  perir  victime  des  persecu- 
tions des  Fellans  (ce  sont  les  Fellatas  dont  parlent  le  major  Denham 
et  Clapperton  )  ,  je  me  persuade  ,  de  plus  en  plus  ,  que  cette  villc 
n'a  jamais  ele  la  capllale  dun  grand  empire  ,  comme  on  le  croit 
generalemenl.  11  existe  de  Sidl-/lhhmtd  Bala  A' ylrawan  ,  sur  lequel 
se  fonde  en  grande  parlie  inon  opinion  a  cet  egard ,  plusieurs 
exemplalres  dans  le  Soudan,  et  j'espere  pouvoir  m'en  procurer  un  , 
pourvu  que  Ton  puisse  envoyer  quelqa'un  a  Touait  pour  en  faire 
I'acquisilion.  La  depense  que  necessilerait  cette  mesure  ne  saurait 


{\)  Par  unelettredu  24  mai  1827,  adresse'e  a  M.  G.  Barbie  du  Bocage  , 
et  liise'ree  dans  le  Bulielin  de  la  Societe  de  Geographic,  M.  Rousseau  annoncc 
qu'il  a  ete  assez  heureux  pour  acque'rir  le  premier  volume  ■6'' Ibn-Bathouta. 
I.e  I'  voliin)('  se  Uouvc,  ajoute-l-il,  e'galement  a  Tripoli. 


1 5^ 

gucre  s'^lever  a  plus  dim  iniliicr  do  francs.  J'al  la  confiaiice  dc 
croire  que  moyciinant  le  manuscrit  dont  il  s'agil ,  nous  aurions 
I'avanlage  de  donner  Ics  premiers  ,  au  sujet  de  Tomboiiktou  ,  des 
renseignciiicus  dautant  plus  positifs  ,  qu'ils  seraicnt  lirc-s  d'uii  livre 
dcrit  dans  les  coiitrees  inemes  ,  oil  se  trouve  cetle  fanieuse  cile  qui 
Gxe  depuls  si  long-lemps  rallenlion  de  1  Europe  savante. 

Jc  nic  suis  enfui  procure  un  exeinplaire  des  ouvrages  A'lbn- 
Balhouta  ,  en  deux  volumes  que  j'aurai  I'honneur  de  vous  adresser 
avec  la  Iraduction  que  je  me  reserve  d'en  faire  dans  mes  momens 
de  loisir.  Un  auire  ouvrage  m'est  lombe  depuis  peu  sous  la  main  ; 
c'esl  1  hisloire  de  Tripoli,  donl  je  ne  manquerai  pas  de  vous  pre- 
senter des  exlralts  propres  a  en  faire  connailre  les  parlies  les  plus 
inleressanles. 

Le  pacha  a  ete  charme  de  voir  publier  par  la  voie  des  jouruaux  , 
le  recit  des  circonstances  qui  ont  occaslonne  la  mort  du  major 
Laing  (i). 

Tripoli ,  Ic  i;  ikivcuiLiv    1827. 

M ,   par  la  precedente  du    20  aoiit,   j'ai   eu   Tlionneur 

de  vous  confirmcr  la  nouvelle  de  la  fin  tragique  de  linfortun^ 
major  Laing  qui  nest  plus  un  probleme* 

Je  remplis  aujourd'hui  un  devoir  non  moins  p<^niblc  en  vous 
informant  que  le  capilaine  Clapperlon  ,  qui  avail  pris  une  di- 
rection opposee  pour  explorer  les  regions  centrales  de  TAlrique , 
a  egalement  peri  victime  de  son  devouement  a  la  science.  11  paratt 
avoir  ele  assassine  (2)  dans  les  etats  du  sultan  JJei/u  qui  lavait  si 

(i)  Voii-  le  Bulletin  de  la  Socie'te'  dc  Geogaphic,  t.  viii. 

(2)  Des  nouvellcs  iLxentes,  venues  par  le  Senegal,  confirmentl'assassinat 
du  major  Laing.  Cependant  les  Anglais  etablissurb  Gambic  pretcndent  avoir 
des  lettres  de  la  m;iin  du  major  Laing  lui-m^me.  —  Quant  a  Clapperlon  ,  son 
domestique  Richard  Lander,  revenu  en  Angieterre  avec  les  notes  de  son 
maitre,  nousapprend  que  celui-ci  estmorlaSakatou,lc  i.l  avril  1827,  \ictiin<> 
de  I'influence  du  dimat ,  el  de  la  dyssenterie. 


i55 

bicn  accueilli  la  premiere  fois;  les  uns  disenl  a  Kanou,  les  autres  ;« 
Sakatuu  meiue,  capitale  do  ce  prince  du  Soudan. 

Quelques  personnes  prelcndenl  que  le  voyagour  anglais  n'est 
mort  que  de  maladle ;  mais  un  marchand  Manre ,  arrive  depuis  peu 
du  Soudan  ,  a  declare  s'eire  rencontre  avec  lui  a  Sakatou  dans  les 
premiers  jours  de  mai ,  el  que,  peu  apres  son  depart  de  celte  ville  , 
il  avail  appris  son  assassinat;  avis  qui  a  ete  confirme  par  la  cara- 
vane  arrivee  il  y  a  quelques  semalnes  de  Ghadames ,  et  surtout  par 
des  leltres  regues  poslerieurement  du  Fezzan  ,  de  la  part  d'urx  cer- 
tain Cherlf-il-Fossi  qui  reside  a  Mourzouk  ,  et  dont  on  ne  saurait 
suspecter  le  temoignage.  J'ajouterai  a  ce  peu  de  details,  que  je  vous 
donnc  tres  a  la  h«tte,  que  Ion  sait  aujourd'hui  d'une  maniere  po- 
sitive que  Tomboukioii  a  passe  sous  la  domination  des  Fellans  on  Fel- 
lalas  ;  el  que  c'est  le  nomme  Alihmed-Labbou  ,  parent  de  Bella  ,  qui  y 
ronuncnide. 

Je  vous  ai  expose  dans  ma  lettre  derniere  que  moyennant  un  de- 
bours  de  mille  francs  ,  je  pouvais  me  procurer  I'hisloire  de  Tom- 
houldou ,  par  Sidi-Ahhmed-Baba,  A^Araanin  ,  histoire  dont  il  cxiste  , 
a  ce  que  Ton  m'a  assure  ,  des  exemplaires  a  Touait.  Je  dois  vons 
prevenir  aujourd'hui  que  je  me  suis  determine  a  envoyer  directement 
dans  le  Soudan,  par  la  voie  An  Ghadames,  un  lionnne  de  confiance 
charge  de  faire  Tacquisition  de  cet  ouvrage  precieuK  ;  el  j'espere  , 
avant  cinq  niois  ,  vous  annoncer  que  je  I'ai  en  nia  possession;  je 
me  propose  de  le  faire  connaitre  moi-meme  en  Europe ,  par  ia 
traduction  que  je  publierai. 

Tripoli,  ie  lo  ddcemhie  iS.>7. 

M Par  quelques  observations  que  mon  confrere  M.  Jo- 

mard  a  communiquees  a  I'Academie  des  Inscriptions  el  iJelles- 
Leltres  ,  et  qui  se  trouvent  consignees  dans  les  n"*  48  et  ^9  (p^gcs 
2o3  et  2o4)  du  Bulletin  de  la  Societe  de  Geographie ,  j'ai  vu  que 
ce  savant  s'est  attache  a  refuter  les  informations  que  j'avais  eu  pre- 
cedemment  Thonneur  de  vous  donner  sous  la  dale  du  5  a\  ril  ,  rria- 


1 56 

tiveincrit  a  la  iiiorl  du  major  Laing.  Dans  les  n"*  subsciquens,  5i 
el  56  Ju  nieme  Bulletin  (pages  aS  et  26),  M.  Joinard  fait  ob- 
server, lorsque  vous  avez  communique  a  la  Societe  ma  letlre  porlant 
I'avis  confirnialif  tie  ce  funeste  evenement ,  qu'il  est  peu  probable 
que  le  consul  brilannique  a  Tripoli ,  beau-pere  du  voyageur ,  ait 
ignore  sa  triste  fin  ;  mais  en  ayanl  regu  la  nouvelle  avant  lui  ,  je 
m'etais  trouve  en  mesure  de  la  transmettre  le  premier  en  Europe. 

Je  m'empresse  de  vous  presenter  de  nouveaux  details  sur  les 
circonslances  qui  out  precede  ,  accompagne  et  suivi  la  morl  du  ma- 
jor Laing  :  ils  sont  puises  a  des  sources  dont  on  ne  saurait  contes- 
ler  laulhenticite. 

Avant  que  les  Fcllans  ou  Fcllatas  sc  fussent  rendus  matlres  de 
Tombouktou  ,  vingt-quatre  chefs  parml  lesqueis  se  irouvait  une 
femme  nommee  Nana-Bej'ra  (  princesse-mere)  commandaient  si- 
multanement  dans  cette  vllle.  A  I'arrivee  du  major  Laing,  I'un 
d'eux  nomme  Othman-1Voud-Qdid-Abouhekhr ,  raccueillit  dans  sa 
maison  a  la  reconimandalion  du  Slieikh-it-J^loklitar ,  cliez  qui  il  s'e- 
tait  refugie  (  sur  le  bord  du  JNil  des  negres  )  apres  avoir  echappe,  par 
les  soins  hospitallers  du  Marabout  SlieikJi-Abou-Neuma  de  Touatt , 
au  fer  homicide  des  Hougars  (i). 

A  peine  les  Fellans  s'etaient-ils  presentes  dcvant  Tombouktou 
pour  demandcr  la  tete  du  major  Laing  ,  que  son  bote  Othmnn- 
Ti^oud-Qa'id-Ahoubekhr  le  fit  evader  de  nuil  sous  I'escorte  de  plu- 
sienrs  de  ses  domcsllqnes  affidds  ,  au  nombre  desqucls  se  trouvait 
un  certain  Rc/ihal  de  la  tribu  des  Brrablsches ,  vendu  secrelemenl  aux 
Fellans  ;  et  c'est  cc  meme  Rehhal,  qui  ayant  donne  a  ceux-ci  I'avis 
de  sa  fuile  ,  lui  porta  lorsqu'ils  I'eurenl  atlelnt,  le  premier  coup  de 
poignard. 

,1)  Les  Hougfirs  Tornient  unc  tribu  indc-pendante  et  noinadc  que  les 
Ffllans  n'ont  pu  jusqu'a  present  assujelir.  Leurs  nonibreuses  families  se  Irou- 
vcnt  disseminees  enlrc  Touatt  et  Tombouktou  ,  et  ne  viveni  que  du  brigan- 
dage qu'elles  exercent  en  atfaqiiant  les  caravancs  au  milieu  des  di'SiTts  qui 
separent  ces  deuj;  villcs. 


IvL's  renseigiiemens  ci-dossus  sonl  d'aulani  plus  aullioiillqucs 
qu'on  les  doit  a  un  iK-gociant  Maure  ,  natif  de  GJiadaines  ,  rioiiimc 
Muhhammed-il-Ahed  ,  etabli  depuis  long-temps  a  Tomhouktou  ,  le- 
quel  au  mois  de  Djemazi-ul-Ewel  i:>.li.i  (ddcembre  182G)  los  a  com- 
muniques a  son  cousin  Miihhammed-il-Azar ,  residant  dans  la  pre- 
miere de  ces  deux  villes.  La  letlre  de  ce  dernier  ,  portant  la  date 
dc  Mohharrem  124-3  (aoAt  1827),  est  parvcnue  a  Tripoli,  accom- 
])agnee  de  celle  de  son  parent,  en  original,  dans  le  courani  de 
septembre  1827.  —  Ces  deux  documens  m'ont  ele  promptemqnl 
communiques,  et  je  ue  dois  pas  omettre  de  vous  dire  que  ISluli- 
hammed-il-Abed  termine  les  details  qu'il  transmet  a  son  cousin  de 
Ghadames  ,  en  le  prevenant  qu'il  a  cu  soin  de  recueillir  toutes  les 
parlicularites  relatives  a  la  fin  tragique  du  major  Laing  ,  sur  le 
tcmoignage  de  plusieurs  habitans  de  Tnmboukiou  ,  ct  de  tons  los 
marcliands  qui  avaient  fait  partic  de  la  caravanc  ,  par  laquelle  I'in- 
forfune  voyageur  s'etait  rendu  en  celte  derniere  ville  ;  precaution 
qu'il  luiaparu,  ajoute-t-il,  nccessaire  de  prendre,  afin  de  constater 
I'innocence  des  Ghadamesicns  qui  sont  sujets  du  pacha  de  Tripoli. 

La  relation  de  ces  evenemens  que  j'espere  me  procurer  t6t  ou  tard , 
doit  naturellement  conienir  des  renseignemens  positifs  sur  les 
principaux  incidens  du  voyage  du  major  Laing  ,  depuis  son  depart 
de  Ghadames ,  et  notamment  sur  Tattaque  des  Hougars ,  sur  la  ma- 
niere  presque  miraculeuse  dont  il  a  echappe  a  ce  premier  peril  , 
par  la  protection  du  MaraLoui  Ahou-Nedma  de  Toiiatf ;  sur  son 
arrivee  et  son  sejour  a  Tomboiiktou ;  sur  I'etat  social  et  les  forces 
mililaires  de  la  horde  des  Fellans  qui  I'ont  poursulvi  ,  et  cnfin  sur 
sa  sortie  de  celte  ville  mysterieuse  ,  et  sur  sa  mort  qui  n'est  plus 
aujourd'hui  un  problemo. 

J'ai  du  remarquer  par  les  memes  leltres  susmentionnees,  venues 
(le  Tojii/muk/ou  et  t]e  Ghadames,  que  le  sultan  Bella,  chef  souverain 
<lc  la  horde  des  Felhins ,  est  un  hommc  lettre  qui  a  compose  plu- 
sieurs ouvrages  sur  la  politique,  Thisioire  et  la  jurisprudence  :  il 
reside  ordinairement  a  Sakatou.  Son  parent  yihhmed-Lahhou   s'esl 


cmpaii-  (le  ToniLouktoti  i\  I'occasion  dc  I  arrivec  du  major  Laine  en 
cetlc  ville  ,   et  a  aneaiili  respccc  d'oligarcliic  qui  y  regnait. 

Apres  ce  coup  «lc  main ,  Labbou  a  t'labli  pour  gouverneur  unique , 
dans  la  ville  conquise  ,  le  meme  Oihinan-JVoud-Qdid-Jboubekhr , 
dont  il  a  ete  ci-dessus  fait  mention  ,  e^^'est  mis  en  marcbe  vers 
les  regions  de  I'Oucst  dans  le  but  d'envabir  le  Bambara. 

Les  details  que  je  viens  de  vous  soumellre  sonl  en  partie  extralts 

des  deux  Icttrcs  dont  il  s'agit  ,  el  en  partie  recueillis  de  la  personne 

meme  de  Tripoli  qui  les  a  revues,   et  dont  le  rang,  Tosprit  cullivc 

et  les  correspondances  quelle  entrelient  dans  Tinterieur  de  I'xVfri- 

que  allestent  la  veracitd.    C'est  encore  a  elle  que  Ton  doit  I'avis 

de  la  mort  de  Clapperlon  qui  a  peri,   connne  je  vous  en  al  deja 

informe,  a  Sakatou,  viclime  de  sa  courageuse  perseverance,  mal 

gre  le  bon  accueil  qu'il  avail  re^u  du  sultan  Bello  dans  son  premier 

voyage  au  Soudan.  Au  resle ,  la  double  perfidie  de  ce  prince  afri- 

cain  qui  a  commando  ou  permis  le  meurlre  du  major  Laing  el  du 

capilainc    Clapperlon   ,    a   la   nation  desquels   il    s'elail    d'abord 

monlre  atlaclie  ,    n'est  a  ce  qu  il  parail   que  le   resullat  de  la  me- 

fiance  qu'ont  dii  lui  inspirer  des  avis  parliculiers  qui  lui  designaienl 

ces  deux  infortunes  voyageurs  comme   des  espioiis  envoycs  dans 

le  Soudan  pour  y  recueillir  des  notions  propres   a  en    faclliler  la 

conquete  a  leur  gouvernement. 

Sigue  Rousseau. 


Ecrploralion  des  cotes  d'Afrique.  —  L'amlraule  anglaise  vienl  de 
decider  que  le  bailment  Vlleclu  serail  employe  a  explorer  les  cotes 
d'Afrlque.  Le  capilaine  T.  Bolder  elleslieulenans  Janibset  P*ogier 
sonl  les  prlnclpaux  officiers  qui  doivenl  faire  partie  de  cetle  nou- 
velle  expedition.  Plusleurs  jeunes  gens  s'y  sonl  rcunis  ,  on  espere 
penelrei"  dans  I'interieur. 


rSg 


Culonie  anglaise  de  Feriiando-Vo.  —  Voyage  projete  de  M.  Holrnan  a 
Angola.  —  Voyage  de  M.  Park  a  AgUapa.  {Extrait  d'une  lettrc  de 
M.  C.  MoREAU,  datee  de  Londres^  du  2  mars  1828.) 

Susceplible  parsa  position  dedevenirle  point  central  de  lous  les 
ctablisseniens  britanniques  siir  la  cote  occidentale  de  I'Afrique  , 
Fernando-Po,  vient  d'etre  le  sujet  d'une  exploration  nouveilc.  A 
peu  de  distance  du  continent,  clle  deviendra  le  vaste  entrepot  dcs 
produlls  du  sol  et  de  I'induslrie  de  I'Angleterre  ,  que  Ton  doit  espe- 
rer  pouvoir  facilcment  dlriger  vers  I'interieur  des  terres.  Le  climat 
en  est  sain ,  et  sur  plusieurs  points  on  peut  la  defendre  par  de 
bonnes    fortifications. 

L'expedition  nouvelle  est  arrivce  le  27  novembre  1827  a  Fer- 
nando-Po, ou  Maidstone- Bay  (  ainsi  nommee  par  le  coinmodoi'e 
JBuUen).  Les  capitaines  Owen  et  Harrisson  n'ont  rien  cpargne  pour 
la  creation  de  celte  importante  colonic.  A  leur  arrivee ,  tout  le 
pays  ctait  encore  couvert  d'arbres  et  de  bruyeres;  ils  durent  prendre 
immedialement  des  mesures  pour  abattre  ces  beaux  arbres  qui  fai- 
saient  rornement  durivage,  pour  niveler  le  sol,  etc.  En  moins 
d'un  inois  s'eleverent  des  tentes  elegantes,  dcs  liuttes  commodes » 
des  forges  et  d'autres  etablissemens  que  la  creation  de  la  colonic 
rendait  necessalres,  et  dont  on  avait  apporte  les  nombreux  mate— 
riaux  d'Europe.  L'etablissement  n'a  encore  que  6  milles  de  clr- 
conference,  mais  le  tcrroir  est  juge  tres-fertile.  Fernando-Po 
peut,  dit-on,  delruire  avec  un  seul  baliment  de  guerre  lecommerce 
des  esclaves ,  el  dans  la  realile  il  n'esl  aucune  colonic  qui,  par  sa 
position  ,  soil  plus  a  laeme  d'aneantir  cet  infame  trafic  qu'ont  jus 
qu'a  present  activement  alimente  tons  les  pays  du  continent  qui  s'eten- 
dent  de  lienin  a  Jiiafra.  Aujourd'bui  que  Fernando-Po  est  coloni- 
S(5e,  aucun  batiment  ne  pourra  risquer  d'y  aborder  sans  s'exposer  it 
etre  aperi^u.  On  n'a  eu  qu'a  se  feliciter  du  caractere  des  babiians  ;  ils 
paraissent  fori  doux.  Plusieurs  de  leurs  cbefs  sont  venus  visiter  en 


i6o 

corps  MM.  0\vcii  et  Hanisson  ,  et  on  I  inonlrc  les  intentions  les 
plus  pacifiqucs.  II  est  vrai  qu'on  leur  faisait  des  presens  qui  les  com- 
blalcnt  de  joie.  La  crainte  qui  d'abord  s'elait  einparee  de  loulesles 
peupladcs,  s'csl  bienlot  dissipec ;  et  aujourd'bul,  elles  vienneni 
faire  des  echanges  avec  les  colons;  Ic  fcr  parait  etre  Tobjetde  leur 
predilection.  Plusieurs  Europeens  enhardis  parce  premier  succes, 
se  disposent  a  tenter  quelques  decouvertes  dans  I'interieur  meme  du 
contlncni. 

Le  celebre  vovageur  Holman  de  la  socicl(^  rovale  de  Londres  qui. 
quoique  devcnu  ooeitgk  fort  jeuue,  n'en  fit  pas  moins  avec  succes 
des  excursions  dans  divcrses  contrees  de  I'Europe  et  principalenient 
dans  la  Russie  qu'il  a  si  blen  decrite ,  attendait  a  Fcrnando-Po 
une  occasion  pour  se  rcndre  i  Angola  ;  il  joulssait  alors  d'unepar- 
faile  sante. 

M.  Park  ^  le  fils  du  celebre  Mungo-Park,  accompagne  d'un 
voyageur  dont  le  nom  m'est  encore  inconnu,  a  quitte  Accra  le  29 
septembre  dernier  pour  se  rendre  a  Maupoiig  et  Aguapini ,  ou  il 
arriva  le  5  octobre.  Le  5  il  etait  a  Acrapong,  capitale  de  I'Agua- 
pim,  oil  il  n'est  reste  que  5  jours.  Le  10  il  se  remit  en  route  pour 
Aguaba  ou  II  est  arrive  avec  son  conipaguon  le  16  octobre.  Ces 
voyageurs  ontde  bons  instrumens  ,  des  notes  et  des  renseignemens 
precieux,  beaucoup  de  presens  a  offrlr ;  lis  sonl  eux-mcmes  robustes, 
actifs,  accoulumcs  a  la  fatigue  et  a  Texcesslve  clialeur  de  cede  zone 
brAlanle.  La  Geograplile  a  done  beaucoup  a  csperer  des  rensei- 
gnemens qu'Ils  rapporleront  (i). 


(i)   Oepuisla  <lalf   dc  ces  nouvcUos  ,   on  a  appris  que  M.  Park  avait  etc 
empoisoiinv. 


[6i 


OCEAN  IE. 


Sur  la  mart  de  La  Perouse.  a  Vile  Bfanicolo,  I'une  des  lies  de  rarchi- 
pcldu  S'-Esprit.  {copie  d'une  ktlre  de  M.  John  Russell  adressee 
a  son  onck  k  chevaUer  V'".  JjETAAM.) 

NouveUt-Zelande  ^1  novembre  1827. 
Mon  cher  sir  William, 

J'al  le  plaisir  de  vous  informer  de  noire  arrivee  ici ,  apres  un 
heureux  voyage  entreprls  dans  le  but  de  decouvrir  quel  aete  le  sorl 
de  La  Perouse  etde  sesnavircs.  Tousdeuxperirent  lameme  nuit  sur 
un  recif  qui  avoisine  rtlc  de  Manicolo  ^  siluee  par  les  11"  4-0'  ^^^i- 
lude  sud  et  167"  longitude  orienlaie.  Un  des  navires  sombra  sous 
voile  apres  s'eire  brise  sur  un  ecueii ,  ettout  individu  a  bord  perdit 
la  vie ;  I'autre  y  ful  egalement  jete  par  ia  vague ;  et  ceux  de  I'equipage 
qui  parvinrent  a  s'echapper ,  sauverent  du  naufrage  assez  de  mate- 
riaux  pour  consUxiire  un  petit  navire  ,  dans  un  lieu  qui  porta  le  nom 
de  Pdion :  plusleurs  d'entre  eux  y  furent  massacres  par  les  nalurels ;  lis 
reusslrent  neanmoins  a  confectlonner  leur  petit  navire  ,  gra^ce  au- 
quel  lis  abandonncrent  Tile,  a  rexceptlon  de  deux  d'entre  eux  ,  en- 
viron cinq  mols  apres  leur  naufrage;  Tun  de  ces  deux  Indlvidus  est 
mort  depuis  environ  trols  annees  ;  I'autre  s'embarqua  dans  un 
canot ;  son  sort  est  Inconnu.  Tres-vraisemblablement  U  a  peri , 
puisque  nous  avons  fait  inutllement  de  longues  recberches  dans  les 
lies  adjaccntcs. 

Nous  avons  obtenu  les  preuves  les  plus  convaincantes  que  ces 
vaisseaux  elalent  fran^ais.  Nous  possedons  a  bord  plusleurs  pieces 
d'argent,  de  culvre,  qui  portent  une  fleur  de  lys,  etune  grande  cloche 
oil  se  trouve  en  gros  caractere  rinscrlplion  :  BAZix  ma  fait;  une 
autre  plus  petite  avec  les  amies  de  France,  et  les  ornemens  de  I  j 
poupe  d'un  vaisseau  avec  une  large  fleur  de  lys  doree. 

Nous  tronvAmes  aussi  un  fragment  dc  cbandclier  dore ,  sur  lequcl 


1 6.1 

craienl  gravces  les  anncs  <lc  la  famllle  dc  Colignon  (  Azure  a  salyr 
between  et  niuUell  in  chief  and  a  crescent  in  base  or  supporters  : 
two  Lions  rampant,  regardant:  over  the  shield  a  viscount's  coro- 
net). 

Jc  suis,  etc., 


AMERTQUE    SEPTKNTRIONALE. 

Piegions  Arctiques.  —  Le  capitalne  Franklin  est  dans  I'inlentlon 
d'entreprendre  un  nouveau  voyage  dans  les  regions  septenlrionales 
de  rAnierique  dulSord,  afin  de  completer  I'exploratlon  de  la  parlie 
de  coles  qu'il  n'a  pas  encore  visitee,  cl  plus  parliculiercnicnl  I'es- 
pace  qui  le  separait  lors  de  sa  derniere  expedition ,  du  capilaine 
Beechey;  espace  qui ,  comme  nous  Tavons  deja  dit,  est  a  peu  pres 
Ac  1 1  degres. 


EUROPE. 

Hauteur  du  Mont-Blanc — Dans  !a  seance  du  !:5i  mars  ,  de  I'aca- 
demie  des  sciences,  M.  Mathieu,  membre  de  Tacademie,  a  lu  un 
rapport  sur  un  memoire  de  M.  Alexandre  Roger,  officier  <lu  Genie 
au  service  de  la  Confederation  sulsse  ,  rejatif  a  la  determination  de 
la  hauteur  du  Mont-Blanc  au-dessus  du  Itir  de  Genlvc  rt  dc  celle 
du  lac  de  Geneve  au-dessus  de  li  mer. 

11  resulte  tant  des  mesures  de  M.  Alexandre  Pioger ,  que  dc  celles 
prises  anlericurement  par  M.  Coraboeuf ,  que  la  hauteur  du  Mont- 
Blanc  au-dessus  du  lac  de  Geneve  est  de  4-'i-35  metres  a  tres  peu 
pres  ;  que  I'elevation  du  lac  de  Geneve  au-dessus  du  niveau  de  la 
iner ,  est  de  3^6  metres  ;  el  que  par  consequent  la  hauteur  du  Mont- 
filanc  ati-dessus  du  niveau  de  la  mer  est  de  4i^i  !• 

L'Academie  accorde  son  approbation  aux  Iravaux  de  M.  Roger 
ft  I'invitc  a  les  roitliiiucf. 


[63 


BIBLIOGHAPHIE    GEOGHAPHIQUE. 


§  I".    LIVRES. 

OUVRAGES  GEMERAUS. 

5b.  Tableaux  de  la  Nature  ou  Cmi- 
siderallnns  sur  les  Deserts ,  sur  la 
pliysinnomie  des  vegetaux ,  sur 
les  cataructes  de  I'Orennque,  sur 
la  structure  et  V action  des  vol- 
cans,  et  les  diffirentes  regions  de 
la  Terre ,  p^ir  VI.  de  Humboldt; 
tracliiits  de  Palleinanil  par  J.  B.  B. 
Eyries  ;  nouvcllc  edition  ;  2  vol. 
in-80.  Paris. 

5;.  A  lecture  on  the  Geography 
OF  Plants.  —  Cours  sur  la  Geo- 
graphic des  Plantes ;  par  John 
H.\RTON  ;  avec  carles  des  qiialre 
parlies  dii  monde  ,  011  les  noinsdes 
jilanlesindigeoesa  chaqiie  payssont 
Milxstilucs  a  ceiix  des  lieiix  ,  in-8". 
Londres,  1827,  Harvey.  {  3sh.  6d.) 

58.  Memoire  sur  les  operations  geo- 
grapjiiqups ,  faites  dans  In  carn- 
pagnc  de  la  corvette  de  S.  31.  la 
i^oqiiille,  pendant  les  aunees  182J- 
1825;  par  M.  DuPEUREY.  in -8". 
Paris  ,    1827. 

59.  atouh  through  parts  of  the 
United  -  States  and  Canada.  — 
f/«  Tour  dans  plusieurs  parties 
des  Ktats  -  Ihn's  et  du  Canada  : 
par  nn  sujet  brilannique  ;  in-8°. 
J^ondres  ,  1828  ,  Lohgman.  {  5  sh. 
1;  d.  ) 

Go. Five  year'sResidence  in"  Buenos 
Ay  RES  ,  etc.  —  Scjour  de  cinq  ans 
a  Buenos- Ayres  pendant  les  an- 
rices  1820-182'),  rontenanl  drs  re- 


inarq\ies  sur  le  pays  etses  habilans; 
in -8".  Londres,  1827,  Hebert. 
(  6  sh.  ) 

AFRIOUE, 

(i I.  Accounts  relating  to  the  duties , 
exports,  imports,  etc.  —  Rap- 
ports sur  les  droits,  I'cxporta- 
tion,  ritnporlation,  la  popula- 
tion ,  les  ecoles,  les  eglises,  les 
muriages ,  etc.,  de  la  colonie  de 
Sierra  Leone.  Londres,  1827.  1 
call.  in-f". 

ASI3, 

62.  Syme's  Esirassy  to  the  kingdom 
OF  AvA.  —  Anibassade  de  Syme 
au  royaume  d'y4va,  en  1795, 
rccit  des  operations  niilitaires  et 
poliliques  dans  Penipire  des  Bir- 
mans  ;  in -8".  Ediiiburg,  1827, 
Constable-  vol.  i.  (  3  sli.  G  d.  ) 

63.  Letters  from  the  East. — Let- 
tres  da  tees  de  V  Orient ,  ec  rites 
pendant  un  voyage  recent,  par  la 
Tur(juie,  I'llgypte ,  l' Arabic ,  la 
Terre -Sainte,  la  Sjrie el  la  Grcce; 
par  .L  Carne;  2  vol.  in-80.  Lon- 
dres, 1S27,  Colbiirn. 

TuKitile. 

64.  MOREA  AND  SEINE  BewOHNER.  — 

Description  de  hi  Moree  et  de  ses 
hahitans  ,  fuer  quelques  remar- 
qucs  sur  Constantinople  ;■  par  P. 
j\L  LiSCHKE  ;  in-8".  Dresde,  1827  , 
Hilscher.  (  i^S*"-) 

Etali  Snr.Ui. 

65.  AviSITE  TO  THE  SUMMIT  OF  VIoNT- 
Blanc.  —  f  isite  au  sommet  du 
Mont  -  Blanc ,  par  le.  capitaine 
SllERV,  ILL  ;  in-8".  I.ondr.-^s,  1827. 


1 64. 


Ce  voluiiiL'  se  tfii'iiiine  par  des 
instructions  sur  la  riieilleure  ma- 
iiiere  tie  faire  ce  vayage. 

G6.  Reis  door  Z^^-EDEN,N00R^VF.GEN, 
Lapplanu. —  I'ojage  en  Suede, 
en  Norivi-ge,  en  Lnpnnie  et  en 
Finlande,  laii  pendant  les  anne'es 
1817-1S20  :  par  VAN  ScHUBERT;  3 
vol.  in-8".  Devenlcr,  1827,  van  den 
Sigtenlmrst. 

tiojiuitiie  des  Payi~Iia:i. 

67.  Description  geographiquEjHis- 
torique  et  physique  uu  royaume 
DES  Pays-Bas  et  de  ses  Colo- 
NI5S  ;  edition  augmenlce  dn  ta- 
bleau statistiqiie  des  ressources 
agricolos,  nianiifacturieres  et  com- 
mcrciales  du  Royaume  ;  par  J. -J. 
Oecloet;  in-80.  Hriix-ellcs,  1827, 
Lecharlier.  (  6  fr. ) 

France. 

68.  Memoriat.  statistique  et  .idmi- 
siSTRATiF  desforrts  du  royaume, 
pourrannc'e  1828  (5cann('e) ,  con- 
tenant  ,  etc. :  par  1*.  E.  Herp.in  de 
Halle;  in-i8.  Paris,  1828,  Bu- 
reau de  I'Alnianacli  du  commerce. 
(3fr.) 

fit).  LWlsaCE  :  Nouvellc  Dcscriplmn 
'  hisiorique  et  topographique  des 
deux  dcpurtemens  du  lilv'n  ;  par 
Jean-FrtJdcric.  Aufschlager.  Sup- 
plement, in-So.  Strasbourg ,  1828, 
Hailz. 

Ouvrage  d'autanl  plus  important, 
(ju^il  contient  un  Catalogue  des  ou- 
vrages  imprimrs  et  niannscrlls  qui 
traitent  de  la  Topograpliie  ,  de  la 
Statistique  ,  de  I'Histoirc  naturelie 
et  des  Antiquitc's  de  PAIsace. 

70.  Lettres  d'un  Voyageur  a  l'em- 
bouchure  de  la  Seine,  conlenant 
des  details  histnriques ,  anecdoti- 
ques  et  statistiquessur  les  con  trees 
de  la  Xorntandie ,  connues  sous 
Ir  tiimi  deVw9,  DE  CaU-x,  de  LiRii- 


YlN  et  de  RoilMOlS,  dans  les  dcpar- 
temensdela  Scine-Inleneiire  ,  du 
Calvados  et  de  PEure:  par  Al.  A.->I. 
DE  Saint  -  Amakd.  Paris,  un  vol. 
in-8",  1828. 

§  2.  ATLAS, CARTES  GEOGRA- 
PHIQUES,  PLAJS'S. 

71.  Atlas  zu  der  Reise  in  nordli- 
CHEN  AfriK.4.  —  Alias  pour  le 
Voyage  au  nord  de  V Afrique  : 
par  E.  Ruppel;  in-f".  Francl'ort, 
1827,  Brouner.  Livr.  iii.  (4  flor. 
1 2  kr.  ) 

72.  Plan  0/  the  colony  of  Sierra 
Leone.  —  Vlan  de  la  colonie  de 
Sierra  Leone;  par  J.  Wild.  Lon- 
dres  ,   1827.  I  f«. 

73.  Atlas  geograpiiique  de  L''EMPiRr. 
deRussie,  du  royaume  de  Polo- 
gne  et  du  grand-duche  de  Fin- 
LANDE  ,  divise  en  gouvernemens  , 
avec  indication  des  villcs,  villages  , 
routes  de  postes  ,  etc. :  par  le  colo- 
nel dV'tat-major  Pedischef.  Sainl- 
Petersbourg  ;  73  fcuilles. 

7  J.  KaRT  0^ER  SmAVLEIINEUES  AMT- 

—  Carle  du  bailliuge  de  Srnaa- 
lehneu  (Norwege),  dressce  d'apres 
les  levf's  geographiques  ,  et  les  ob- 
servations astronouiiques  et  ge'ode'- 
siques;  parlescapitainesN.RAMME  , 
et  G.  Munthe.  (  Prix  de  la  Sous- 
criptiou  ,  2  species.  }   Christiania  , 

l82'o. 

Celte  Carte  est  la  premiferc  des 
Cartes  des  bailliages  norwcgiens, 
public'es  par  les  officiers  charge's  des 
leves.EUessontrcduites  a  1/200,000' 
de  la  surface  de  la  Norvvege.  Celte 
Carte  a  etc  gravee  et  nieine  impii- 
me'e  a  Paris.  Oans  un  angle  ,  les  au- 
teurs  ont  donne  le  plan  des  villes 
principal's,  telles  que  Moss ,  Fred- 
rikstad  et  FrcdrikshaldA^c^  aiitres 
leuilics  sont  annoncees  pour  parai- 
Irc  de  ()  en  y  mois. 


IMPKIBIERTE    d'evEHAT,    ROE    DU    CADRAN  ,   N" 


iJi. 


^«.-».'^*^m.-v% 


BULLETIN 


DE 


LA  SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE. 


NUMEROS    60   ET    ei.^AVRIL   ET    MAI    1 828. 


PREMIERE  SECTION. 


MEMOIRES ,  EXTRAITS ,  ANALYSES  ET  RAPPORTS. 


RenSEIGNEMENS  siir  la  Colonic  americaine  etablle  a  Lileriu ,  sur  la 
cote  (TAfriqiie,  sitiiee  a  I'Est  du  cap  Mesurado  qui  est  place  par  le 
6°  i5'  de  hit.  N.  et  le  12°  Sy'  de  long.  O.  de  Paris. 

Ces  renselgnemens  sont  contenus  dans  une  Icllre  adressee ,  le  1 7 
mars  1828,  par  le  capitaiiie  Nicholson,  de  la  marine  des  Etats- 
Unis,  a  Thonorable  M.  Clay,  oraleurde  la  chamLre  des  reprtisen* 
tans.  II  y  trace  le  tableau  sulvant  de  celte  colonie,  etablie  sur  la 
cote  d'Afrlque,  par  les  soins  de  la  Compagnie,  connue  sous  le  nom 
de  American  colonization  Society  (  Societe  de  colonisation  ameri- 
caine ). 

«  Ayant  visitd  la  colonie  de  Liberia ,  dit  M.  Nicholson  ,  en  re- 
venant  d'une  crolsiere  dans  la  Mcditerranee ,  je  suls  en  etat  de 
vous  communiqucr  des  renselgnemens  sur  sa  situation  actuelle,  et 
sur  son  accroissement  probable. 

»  Le  sol  occupe  par  les  colons  est  riche  et  fertile,  et  peul  four- 

12 


i66 

nir  a  la  consommalion  inlerieure  et  au  commerce  trcxporlallon* 
On  y  cultlvera  avec  succcs  le  sucre,  le  cafe,  le  colon,  Je  riz,  et 
on  y  trouve  des  Lois  de  teiuture  et  dcs  plantcs  medicinales. 

»  La  population  s'tilevc,  en  ce  nionienl,  a  1200  indlvldus,  tous 
sains  el  Lien  poiians.  Les  enfans  nes  dans  le  pays  sont  tres-beaux, 
et  je  pense  qu'ils  seront  aussi  faciles  a  clever  que  ceux  des  nalurels. 
Tous  Ics  colons  avec  lesquels  j'ai  eu  des  rapporls  (  et  c'est  la 
presque  totallle  ) ,  m'ont  exprime  le  desir  de  resler  dans  leur  situa- 
tion, plulot  que  de  retourner  aux  Etats-Unis.  Enfin  ,  je  ne  puis 
mieux  demontrer  Tetat  prospere  de  cet  elablissement,  que  par 
I'exemple  de  huit  homnies  de  nion  equipage  (  gens  de  couleur  em- 
ployes conune  artisans),  qui,  (ilanl  debarques,  demanderenl  et 
obtinrent  la  permission  de  s'y  fixer  d^finilivement. 

»  Ces  individus  etaienl  absens  de  cbez  eux  dcpuis  plus  de  trois 
ans ,  et  possedaienl  ensemble  pres  de  2,000  dollars  tant  en  effels 
qu'en  argent.  S'ils  n'avaient  pas  ele  convaincus  que  leur  bonbeur 
seraitbien  plus  assure  en  restant  au  milieu  de  leurs  freresa  Liberia, 
ils  neseseraientpas  determines  aabandonner,  peut-etre  pour  jamais, 
les  Elats-Unis ,  oil  ils  lalssent  des  amis  et  des  parens. 

M  Parmi  ces  colons,  ceux  de  Monrovia  (6"  i3'/«/.  12°  Sa'  long.) 
et  de  Caldwell  avaient  lair  le  plus  salisfait.  Leurs  manleres  annon- 
galent  des  bommes  qui  ont  re^u  les  bienfails  de  la  liberie  ,  et  qui 
savent  les  apprecier.  Plusieurs  avaient  amasse,  par  le  commerce, 
une  petite  fortune,  sil'on  pent  appeler  ainsi  la  possession  de  trois  a 
cinq  mille  dollars.  Ce  qui  prouve  rimporlance  loujourscroissanle  du 
commerce  de  ce  pays,  c'est  que,  Tannee  derniere,  il  y  a  ele  con- 
somme plus  de  cent  barriques  de  labac,  et  que  les  demandcs  de  celle 
denree  augmenlcnl  cbaque  jour.  L'ivoire  el  le  bois  de  teinture  sont 
en  ce  moment  leurs  principaux  articles  d'ccbange  centre  les  produc- 
tions etrangcres;  ils  yjoindronlbientol  des  bois  de  teinture,  des  gom- 
mes  et  des  planles  medicinales  qu'on  sail  exisler  dans  I'interieur. 

»  A  celle  occasion,  je  proposerai  de  permettre  a  quelques  colons 
d'acheter,  de  I'agenl  de  la  Compagnie,  un  certain  nombre  d'acres 


167 

Ae  terre.  Par  ce  moyen ,  les  plus  entreprenans  pourralent  donnei* 
tous  leurs  soins  a  la  culture  du  cafier,  qui  croft  spontanemcnt  dans 
le  voislnaijc  de  Monrovia.  En  un  mot,  le  sol  peut  fournir  toutes 
les  productions  qui  naissent  sous  les  tropiques. 

»  A  en  jugcr  par  le  bon  ordrc  et  la  discipline  que  j'ai  vu  observer 
parmi  les  colons ,  je  les  crois  en  etat  de  repousser  toute  attaque 
qui  pourrait  etre  tentee  centre  eux  par  les  naturels.  lis  sont  orga- 
nises en  compagnies  et  entendenl  parfaitement  le  maniement  des 
armes,  ets'en  serviraient  aubesoin  avecavantage  contre  destribus 
sauvages  et  indisciplinees.  II  est  vrai  qu'ils  ne  possedent  pas  de  ports 
capables  de  rccevoir  de  gros  vaisseaux  et  que  toutes  leurs  rivieres 
sont  obstruecs  par  des  bancs  de  sable  ;  mais  cet  inconvenient  est 
de  peu  d'iniportance  pour  leur  commerce  de  cabotage,  parce  qu'ils 
ont  plusieurs  h^ivres  et  entrees  accessibles  aux  petits  balimeils.  La 
plupart  des  gros  navires  ont  d'  aiUeurs  cet  avantage  que  les  vents  con- 
traires  ne  soufflant  pas  sur  cette  cote  ,  ils  y  trouvcnt  des  eaux 
unies  et  Iranquilles.  A  partir  du  cap  Mesurado,  il  y  a  un  bon  an- 
crage  et  on  a  place  une  batterie  sur  la  pointe  du  cap ,  pour  pro- 
teger  les  vaisseaux  contre  les  altaques  des  pirates. 

»  J  e  serais  d' avis  de  donner  al'agenldela  colonie  le  titre  «  d'a- 
gent  commercial ,  »  attendu  que  s'il  etait  reconnu  en  cette  qualite  , 
il  pourrait  intervenir  avcc  succes  dans  les  cas  ou  des  etrangers 
s'empareraient  de  proprictes  amerlcaines  qu'ils  refuseraient  de 
resliluer  sous  le  pretexte  qu'il  n'y  a  pas  d'agent  du  gouvernement 
accredile  sur  cette  c6te  ;  cas  qui  s'est  deja  presente. 

»  Je  regarde  aussi  I'existence  de  cette  colonie  comme  tres-im- 
porfante  pour  les  naturels  de  cette  cote,  lis  commencent  deja  a 
senlir  que  c'est  aux  bicnfaits  de  la  religion  et  de  la  civilisation,  que 
Thomme  doit  la  superiorite  qu'il  exerce  sur  ses  semblables.  Us 
avaient  suppose  que  cette  superiorite  n'appartenait  qu'aux  blancs ; 
mais  aujourd'hui  qu'ils  voient  dans  leur  voisinage  des  hommes  de 
lour  couleur,  jouissant  des  avantagesqu'ils  croyaient  exclusivement 
reserves  aux  premiers,  ils  sont  animes  d'un  desirde  s'instruire,  qui 


i6d 

favorisera  leur  civilisation.  Le  philaiilrope  pent  entrevoir  le  jour 
ou  noire  langue  et  noire  religion  dissiperont  les  lenebres  qui  cou- 
vrent  encore  cette  conlree.  Quand  on  songc  que  Tendroit  ou  il 
exisle  niainlcnant  un  peuple  vraiment  libre,  n'clail,  il  y  aquelqucs 
annees,  qu'un  diipol  d'csclaves  mis  a  la  cliaine  ,  ce  fail  seul  doit 
enllanuner  le  zele  de  lous  les  amis  de  riiumanite. 

n  On  se  plaint  dans  nos  grandes  vlllesdunombredenolrs  llbrcs 
qui  sont  condamncs  a  expler  de  legers  debts  dans  les  maisons  de 
detention.  La  coloule  ne  pourrait-elle  pas  profiler  du  Iravall  de 
ces  individus,  en  meme  temps  que  la  sociele  seralt  soulagc-e  pai- 
leur  deporlalion  ?  Je  puis  aOirmer  que  la  colonle  est  niaintenant 
moralemenl  el  physlquement  assez  forte  pour  n'avoir  rien  a  craln- 
dre  de  leur  part. 

»  Je  ne  pretends  point  fixer  de  quelle  manlere  et  sous  quel  carac- 
tere  lis  devraient  y  elre  re^us ;  mais  le  fail  est  que  retablissement 
manque  d'hommes  pour  defrlcber  et  culliver  une  terrc ,  qui  les 
dedommagerait  amplement  de  leurs  travaux. 

»  J  e  feral  observer  loulefois  que  le  cllmatde  Liberia  rcsscmble  h 
celui  des  pays  silues  sous  la  income  latitude  ;  et  que  le  sol  elaul  dune 
riche  vegetation  et  encore  couverldc  forcls,  Ton  dolt  s'alteudre  a 
y  voir  regner  de  temps  a  autre  des  fievres  billeuses ;  loulefois  je 
pense  que  le  cllmat  n'en  est  pas  plus  malsain  pour  les  bommes  de 
couleur  que  celui  de  la  cote  mcfridionale  des  Etals-Unis  ;  et  qu'a 
mesure  que  le  territoire  se  dtifricbera ,  il  devicndra  aussi  salubre 
que  les  pays  silues  sous  la  meme  latitude  meridionale.  J'ai  peine  a 
croire  que  les  blancs  aientete  destines  a  babiler  ce  point  du  globe  ; 
car  le  cllniat  leur  est  plus  fatal  qu'aux  honuncs  de  couleur.  » 

M.  Asliniun  ,  agent  pour  les  Africalns  ,  prls  a  bord  des  batimens 
negriers ,  au  cap  Mesurado  ,  annoncc  au  secretaire  de  la  marine 
des  Klats-Unis ,  dans  uue  lellre  du  28  aout  1827  ,  que  les  Irois- 
quarls  des  cent  quarante-deax  noirs  ,  qui  ctaient  arrives  de  Savan- 
nah, cesseraienl,  au  bout  d'un  mois  ,  d'etre  a  charge  au  gouverne- 
ment ,  el  que  le  restc  ,  a  rexceplion  des  malades  ,  ne  lui  cotkleralt 


plus  rien  dans  six  mols.  On  accorde  des  terres  aux  adulles ;  et  si ,  a 
I'expiration  de  douze  mois,  ils  se  sont  montres  dignes  des  droits 
civils,  on  les  admet  a  jouir  des  memes  privileges  que  Ics  autres 
colons. 

Le  meme  agent  ajoufe,  dans  une  leltre  du  22  decembre  1827  , 
que  tous  les  Africains  captures  ,  et  presque  tous  les  colons  venus 
d'Amerique  etaient  en  parfaite  sante  ;  que  neuf  seulement  avaient 
etd  malades  ,  dont  deux  captures  avaient  des  ulceres  aux  jambes  ;  et 
que  quarante  de  ceux  que  lacompagnie  avail  envoy^s  de  Georgia, 
avaient  eu  des  fievres  interinittentes  qui  n'avaient  guere  dure  que 
dix  jours.  M.  Ashmun  parle  avec  eloge  de  leur  bonne  conduite  et 
de  leur  Industrie ;  un  seul  avait  merite  une  peine  corporelle  ;  cinq 
manages  avaient  eu  lieu  ,  et  tout  commerce  enlre  les  personnes 
non  mariees  etait  sirictement  defendu  ;  plus  de  quarante  profes- 
saient  le  christianisme.  II  devait  en  envoyer  une  partie  ,  a  la  fin 
de  I'annee,  pour  former  un  (^tablissement  sur  les  bords  du  Grand- 
Eassa  ,  et  une  autre  ,  sur  ceux  du  Stockton  ,  a  mi-chemin  entre 
Caldwell  et  Monroe.  Le  sol  de  ces  deux  districts  est  fertile  (i).  Le 
reste ,  qui  se  compose  de  femmes  non-mariees  etde  mineurs,  de- 
meurcra  attache  aux  families  des  colons,  jusqu'a  ce  qu'Ils  puissent 
jouir  des  privileges  accordt-s  aux  emigrans  americains. 

Les  lionmies  se  livrent  pour  la  pluparl  a  ragrlcullure ,  ou  aux  arts 
mecaniques  tels  que  la  serrurerie,  la  menuiserie ,  la  construction  des 
bateaux ,  etc.  On  les  paie,  suivant  la  quallte  de  leur  ouvrage  ou  le  genre 
de  leurs  occupations;  les  uns gagnent douze  dollars  par  an  ,  d'aulres 
trente  ,  quelques-uns  quaranle-deux  ;  un  cbarpcntier  en  recoil 
qualre-vingl-seize.  On  donne  aux  uns  une  partie  du  produit  dune 
terme  ,  on  apprend  un  metier  aux  aufrcs ;  et  Ton  relient  les  gages 
de  plusieurs  femmes  pour  payer  Tcducation  de  leurs  enfans^ 

L'on  compte  soixante  liommes  ,  quaranle-une  femmes  el  six  en- 


(1)  11  a  t't(f  drcssc  line  carte  dupayssur  lacjiielle  se  Irouve  incli<iuc'e  la  posi- 
tion des  diffcrens  etablisscmens. 


170 

fans,  places,  a  gages,  ou  pour  cause  d'inlirmite ,  dans  dos  fa- 
milies qui  foumisscnt  a  leur  cnlrcllen  en  tout  ou  en  parlie ;  d'autres 
ysont  en  apprenlissagc ;  dix  homnies,  trois  femmcs,  un  imbecille, 
ct  deux  enfans  ,  au  service  du  gouvcrnemenl  de  la  Colonic  ,  ct  dix- 
neuf  femmcs  et  enfans  ,  sans  eniploi  :  en  lout  cent  quarante-deux 
individus. 

M.  Ashman  marque  au  secretaire  de  la  marine  que  les  meilleurs 
renseignemens  quil  puisse  se  procurer  sur  I'elat  de  la  traile  dans 
ces  parages  ,  sont  confenus  dans  le  rapport  de  M.  INicholson  ,  ca- 
pilalne  de  I'Ontario ,  qui  a  sejourne  quelque  temps  a  Sierra  Leone  , 
ou  il  les  a  recueillis.  Ello  a  recommence  sur  celtc  cole.  Les  navires 
qui  la  font,  portent  les  uns,  le  ^^OiviWon  franfai's  ,  et  le  plus  grand 
nombre  ccXmd'Espagne ,  et  sont  monies  par  des  Espagnols  ,  des 
Fran^als,  et  meme  par  des  citoyetis  des  EUits-Vms. 

M.  Southard,  secretaire  de  la  marine  des  Etals-Unis,  annonce 
au  congres ,  dans  une  communicalion  du  11  mars  1828  :  «  que 
cent  vingt-un  Africains  trouves  a  bord  d'un  navire  espagnol  nau- 
frage  ,  ont  <^te  retenus  a  Key-West ,  ct  que  le  mardchal  de  la  Flo- 
ride  orientale  a  pris  des  mesures  pour  faire  juger  les  coupables  :  le 
cas  etant  prevu  par  les  actes  du  congres.  »  (i) 

Warden. 


(i)  Letter  from  tlie  Secretary  of  the  Navy  transmitting  tlie  information 
required  by  a  resolution  of  the  House  of  Representatives,  of  the  !)''"  March,  in 
relation  to  the  present  condition  and  probable  annual  expense  of  the  United 
Stales  agency  for  recaptured  Africans  on  the  coast  of  Africa  ;  12  March  1828, 
"VVashington  ,  doc.  n"  193  ;  Recaptured  Africans. 


171 

Tableau  des  conslrucUons  execuiees  aux  frais  des  Etals-Unis  et 
affectees  par  eux  a  VAgence  pour  les  Africains  prls  a  lord  des  na- 
vires  negriers,  elablie  au  cap  MesuraJo  (i). 


Denonuii:tlion.  Valcur  cstimnlive. 

1°  Grande  Maison  de  I'Agence 7, 5oo  dollars. 

1°  Grenier  et  Magasin 5oo 

3°  Ancien    Magasin 5oo 

4°  Nouveau  Magasin  appele  Monroe 1,800 

50  Autre  Magasin 200 

6°  Fortification  de  Crown-hill 17^ 

70  Fort  Central ,  ci-devant  fort  Stockton.     .     .     .  gSo 

8"  Batterie  de  vingt-une  pieces 2,000 

10°  De'pot    central  pour    les  esclaves    repris  dans  la 

ville  de  Stockton 85o 

11°  Deux  Edifices 2,000 

i2"  Deux  autres  Edifices  dans  la  ville  de  Thompson.  ySo 

13"  Deux  Goelettes 2,200 

Total 20,225  dollars 


Des  Cherokees  et  de  lew  civilisation. 

Les  Cherokees,  presses  de  tous  cotes  par  la  population  blanche, 
etne  pouvant  subsister  plus  long-temps  de  la  chasse  el  de  la  peche, 
ont  ete  forces  de  s'adonner  a  Tagriculture  et  aux  arts  mecaniques. 
Encourages  par  les  agens  du  gouvernement  desEtats-Unis,  et  ce- 
dant  a  rinfluence  des  missionnalres  et  a  I'exemple  des  blancs  qui 
se  sont  unis  a  des  femmes  cherokees,  ils  ont  fait  depuis  vingt 
ans  des  progres  vraimcnt  surprenans.  Ils  habitentdesmaisons  com- 
modes ,  reunics  en  villages.  Bcaucoup  de  families  possedent  des 
fermes  de  3o  a  4-o  acres,  bien  cultivees  et  pourvues  de  betail,  de 
chevaux  et  de  pores,  qu'ils  vendentdans  les  elats  voisins.  Les  femmes 

(i)Dressepar  I'Agent  J.  Ashmun  ,  le  i«'"septembre  1827. 


172 

fontdubeurreetdcsfromages.Leshommes  se  Ilvrenl  aux  arts  m^cat- 
niqueslesplus  utiles  ;  out  dcs  moullns  k  bled  et  pour  scier  le  Lois, 
labriquent  eux-memes  leurs  draps ;  et  la  plupart  de  leurs  femmcs  sa- 
vent  fileret  tisser.  Us  echangenl  Ic  surplus  de  leurmaYspour du  sucre, 
du  cafe  et  d'autres  denrees.  Au  moven  de  dix  a  douze  missions  eta- 
blies  panni  eux  el  dirigees  pardes  liaptistcs  ,  des  Moraves  et  autres, 
ils  ont  appris  a  lire,  a  ecrire  et  a  compter.  Lc  nombre  des  cnfans 
qui  frequentent  les  ecoles  monte  a  5oo,  tous  parlant  anglais;  et 
on  a  affecte  100,000  acres  de  terrc  pour  la  dotation  de  leur  ecole 
principale.  Leurs  idces  superstitieuses,  notamment  leur  croyance 
aux  sorciers  et  a  la  puissance  de  guerir  les  maladies  par  des  jongle- 
ries,  se  sont  considerablement  affaiblies.  Enfm  ils  ont  adople  de 
nouvelleslois  penales;  et  leur  organisation  sociale  vient  d'etre  reglee 
par  une  constitution  dont  nous  donnerons  la  substance.  Une  impri- 
merie  a  et^  etablie  dans  la  capitale  ;  une  feuille  hcbdomadairc ,  appe- 
lee  lePJienix  Cherokee,  est  publiee  parun  Indicn  de  celte  nation,  dans 
sa  langue  natale,  avec  une  traduction  anglaise  en  regard.  L' on 
s'occupe  maintenant  d'y  former  une  bibliotheque  et  un  musee.  Un 
Cherokee,  nomme  Guess,  a  invent^  un  alj)liabet  compose  de  86 
caracteres,  aumoyen  duquel  plusleurs  de  ses  compatriotes  ont  ap- 
pris a  ecrire,  et  peuvent  correspondre  entre  eux. 

En  1809,  la  population  des  Chcrokees  elait  de  i3,3ig  individus 
(dont  la  moitie  se  composait  de  metis),  non  compris  34-1  biancs 
et  583  esclaves  noirs.  Le  nombre  de  leurs  villages  elait  de  65. 
Leurs  proprietes  en  cbevaux ,  betail ,  troupcaux ,  instrumens  ara- 
toires,  moulins,  etc.,  etaient  cstimees  environ  SjijSoo  dollars.  En 
1818,  pres  de  6,000  individus  de  cette  nation,  preferanl  la  vie 
sauvage  qu'avaient  menee  leurs  peres,  eniigrerent,  et  allerent  s'^- 
blir  sur  les  bords  de  la  riviere  Arkaiisaw ,  dans  le  lerritoirc  du  meme 
riom.  La  population  aclueile  dcs  Chcrokees  est  de  i5,o6o  individus, 
dont  147  liommcs  biancs  et  yS  femnies  blanches,  qui  se  sont 
mel^s  avec  eux,  et  1277  esclaves.  En  gen«^ral  le  nombre  dcs  In- 
diens  entoures  par  les  biancs  diminue  insensiblement;  celui  des 


,73 

Cherokees  a  au  contraire  augment*?.  Leur  accroissemenl ,  dans  les 
six  dernieres  annees,  a  ete  de  3,563  habltans. 

En  i8o5  et  1819,  ces  Indiens  cederent  aux  Etats-Unis  une  partie 
deleurterrltoire,  situee  au  N.  de  la  Tennessee  etal'Estde  la  Cha- 
tahoucliee.  Le  gouvernement  en  detacha  une  portion  de  12  milles 
Carres,  qu'il  affecta,  avec  leur  approbation,  a  la  fondation  d'une 
ecole  a  leur  usage. 

Avant  cette  cession,  les  Cherokees  possedaient  environ  24,000 
mlUes  Carres  d'une  belle  contrec  arrosee  par  la  Tennessee  et  ses 
affluens  et  par  quclques-unes  des  rivieres  qui  se  jetlent  dans  le  golfe 
du  Mexique.  Le  territoire  qu'lls  occupent  niaintenani,  d'environ 
14,000  milles  Carres,  comprcnd  Tangle  iS.-0.  de  la  ( ieorgie ,  le 
!N.-E.  de  I'etat  d' Alabama ,  et  le  S.-E.  de  celui  de  Tennessee,  au 
midi  de  la  riviere  de  ce  nom  et  de  celle  d'Hiwassee.  Les  limites, 
telles  qu'elles  viennent  d'etre  fixees  avec  le  gouvernement  ameri- 
cain,  sont  rapportees  dans  I'article  i"  de  leur  constitution,  que 
M.  le  ministre  plenipotentiaire  des  Elats-Unis,  a  Paris,  a  eu  la 
bonte  de  me  communiquer  ,  et  dont  voici  les  principales  disposi- 
tions : 

Constitution  de  la  nation  Cherokee ,  puLliee  ci  New  -  Echota ,    le  26 

juillet  1827. 

««  Nous,  les  representans  du  peuple  Cherokc'e,  reunis  dans  le 
but  d'affermir  la  tranquillite ,  d'augmenter  la  prosperity  nationale, 
et  d'assurer  a  la  generation  actuelle  et  a  celle  a  venir  les  bienfaits 
d'une  sage  liberie ,  apres  avoir  rendu  graces  a  I'Etre  -  Supreme  de 
nous  avoir  permis  d'accomplir  cette  mission  ,  et  implore  son  assis- 
tance divine  ,  avons  arrete  et  etabli  la  presente  constitution. 

Les  limites  du  territoire  des  Cherokees,  c'est-a-dire,  de  toutes 
les  terres  qui  ont  ete  solennellement  reconnues  leur  appartenir ,  et 
dont  la  possession  leur  a  ete  garantie  par  les  traites  avec  les  EtalSr- 
Unis  ,  demeurent  fixees  ainsi  qu'il  suit : 

La  ligne  va  de  la  rive  septentrionale  de  la  Tennessee  jnsqu'i  la 


174 
parlle  superlcure  des  Chickasiuv  old  Fields  (anciennes  plaines  des 
Chlckasaws) ;  de  la,  le  long  du  grand  allluent  de  celle  riviere,  y 
compris  loules  Ics  Jles  qu'il  reiiferine ,  jusqu'a  rembouchure  de 
THIwassee,  el  remontant  le  lit  de  cette  derniere  riviere,  en  com- 
prenant  de  nienie  les  lies  qui  s'y  Irouvent,  jusqu'a  la  premiere  mon- 
tagnc  qu'oa  rencontre  a  deux  milles  au-dessus  de  Tancienne  ville 
d'Hiwassee.  La  ligne  suit  alors  la  cliaine  qui  separe  llliwassee  dc 
Little  Teliico  jusqu'a  la  Tennessee,  a  Tallassee  ,  et  longcant  le  lit 
principal  de  cette  derniere,  y  compris  les  ties,  jusqu'a  la  joiiclion 
des  rivieres  Cowee  et  Nanteyalee  ,  elle  suit  la  cliaine  entre  les 
deux  enibranchemcns  jusqu'au  sommet  des  montagnes  Bleues  ,  et 
descend  au  chemin  de  peage  d'Llnlcoy.  De  la,  elle  va  en  llgne  di- 
recte  a  la  source  la  plus  proche  de  la  Chestalee,  et  en  totoyant  sa 
principale  branche,  jusqu'a  la  Ghatahouchee ,  et  ensuile  jusqu'a  la 
crlque  qui  sert  dc  demarcation  a  JJuzzard  -  Roost;  longcant  la 
ligne  qui  separe  cette  derniere  et  Creek  Nation,  elle  prend  la  direc- 
tion de  la  riviere  Coosa,  qu'elle  suit  jusqu'en  face  I'embouchure 
du  \^  ill's  Ci'eek  ;  et  descendant  le  bord  meridional  de  la  riviere, 
jusque  vis-a-vis  le  fort  Strother,  elle  remonte  le  Will's  Creek  de 
Test  a  I'ouest,  jusqu'a  sa  source.  Enfm ,  apres  avoir  suivi  la  chaine 
de  rocbers  qui  separe  les  rivieres  Tombccbee  et  Tennessee ,  jus- 
qu'au sommet  de  ladite  cbaine,  elle  sc  dirige,  au  nord  a  Ca/np- 
Cojfee,  sur  la  riviere  Tennessee ,  vIs-a-vIs  File  de  Chickasaw,  etde 
la  au  point  de  depart.  (x\rf.  l'=^) 

L'autorile  du  gouvernement  s'etcndra  sur  tout  le  territoire  com- 
pris dans  les  limitcs  ci-dessus,  lequel  est  et  restera  propriete  na- 
tionale  :  mais  les  accroissemens  qui  pourront  y  »^tre  fails  seront 
la  propriete  individuelle  des  acquereurs,  qui  justifieront  de  la  legi- 
limite  de  leur  acquisition,  sans  qu'ils  aicnt  loulefois  le  droit  den 
disposer  en  faveur  des  Elals-Unis,  par  des  stipulations  soil  avee 
le  gouvernement,  soil  avec  un  etat  particulier,  ou  avec  de  simples 
citoyens.  Dans  le  cas  ou  ces  proprietalres  quilleraient  avec  ce  qui 
leur  appartienl  le  territoire  national ,  pour  aller  s'elablir  dans  un 


autre  Etal,  ils  perdront  leurs  droits  et  privileges  de  citoyens.  Toute- 
fols  le  pouvoir  legislatif  aura  le  droit  de  rehabiliter  ceux  qui,  au  bout 
d'un  certain  temps ,  demaiideraient  leur  rdintegralion.  II  pourra 
aussi  proposer  des  lois  ct  rcglcmens  propres  a  empecher  les  ciloyens 
de  s'occupcr  de  ces  agrandissemens  dans  des  vues  speculatives. 

Le  gouvernement  reside  dans  les  trois  pouvoirs  legislatif,  exe- 
cutif  et  judiciaire.  Aucun  membre  de  Tun  de  ces  departeniens  ne 
pourra  exercer  les  fonctions  altribuees  aux  deux  autres ,  excepte 
dans  les  cas  spccialement  prevus  et  determines.  (  Art.  i  et  2.  ) 

La  legislature  se  divise  en  deux  branches  :  un  Comite  et  un  Con- 
seil  enllerenient  independans  Tun  de  I'autre  et  qui ,  reunis  ,  pren- 
nent  le  titre  de  «  Cuuseil  general  de  la  nation  Cherokee.  »  (Art.  i.  ) 
La  nation  continue  a  ctre  parlagce  en  liult  districts.  (  Art.  2.) 
Le  Comite  se  compose  de  deux  membres,  et  le  Conseil  de  trois, 
pris  dans  cliaque  district  et  nommes  pour  deux  ans  par  des  elec- 
teurs  ayant  la  capacite  voulue.  Les  premieres  elections  se  feront 
dans  cliaque  district,  le  i"^  lundi  du  mois  d'aoiit  1828  ,  et  a  la 
meme  epoque  ,  tous  les  deux  ans.  Le  Conseil  general  s'assemblera 
unc  fois  I'annee ,  le  second  lundi  d'octobre,  a  Nevv-Echola. 

iNul  ne  pourra  sieger  au  Conseil  general,  s'il  n'esl  citoyen 
Cherokee,  libre  ct  age  de  25  ans.  Les  descendans  d'hommes  Che- 
rokees  et  de  femmes  libres  qui  ne  sont  pas  de  race  africaine,  joui- 
ront  de  tous  les  droits  et  privileges  de  citoyen.  II  en  sera  de  meme 
des  descendans  de  femmes  Cherokees  ,  mariees  a  des  hommes 
d'une  condition  llbre.  Aucun  indivldu ,  ne  de  parens  noirs  ou 
mulatres,  ne  pourra  parvenir  aux  emplois  ,  honneurs  ou  dignites, 
sous  le  gouvernement. 

Les  electeurs  et  les  membres  du  Conseil  general,  excepte  dans 
les  cas  de  haute  trahison  et  de  felonie ,  ne  pourront  etre  arrctes 
pendant  la  duree  de  leurs  fonctions. 

La  fin  de  cet  article  est  consacree  a  fixer  le  mode  et  le  lieu  des 
elections  pour  I'annee  1828.  Le  Conseil  general,  dans  sa  premiere 
session,  presentera  a  ce  sujet,  une  loi  definitive.  (Art.  3.  ) 


176 

Tout  citoyen  libre  (  excepte  Ics  n^grcs  et  les  descendans  de 
Llancs  cld'Indiens  par  des  femmes  noires,  qui  peuvent  avoir  et6 
affranchis  )  ayant  18  ans  accomplis,  a  ie  droit  de  voter  dans  les 
elections  publiques.  (  Art.  4-  ) 

Les  articles  5 ,  6  et  7  conliennent  des  dispositions  rc^glemen- 
taires  relatives  a  Torganisation  interieure  du  Couscil  general. 

Les  inembres  du  Coinitc  recevront  sur  le  trcisor  royal,  2  dol- 
lars 12  par  jour  ,  el  les  membres  du  Conseil,  2  dollars  aussi  par 
jour  ,  pendant  la  session  du  Conseil  general.  Cette  allocation 
pourra  etre  augmentee  ou  diininuce  par  une  loi.  (Art.  8.  ) 

On  reglera  par  une  loi  de  quelle  maniere  se  feront  les  reelec- 
tions  aux  places  qui  viendraienl  a  vaquer  dans  la  legislature. 
(  Art.  9.  ) 

Cliaque  menibre  du  Conseil  general  pretera  sentient  a  la  cons- 
titution et  jurera  de  dcfendre  loyalement  les  inlcrets  de  la  na- 
tion. (Art.  10.  ) 

Tout  individu  ,  qui  aura  subi  une  condamnation  devant  une 
cour  judiciaire  ne  pourra  pretendre  a  aucun  eniploi ,  honneur  ou 
avantage.  —  Le  Conseil  general  rendra  loutes  les  lois  et  lous  les 
decrets  necessaires  k  la  prosperite  de  la  nation  ,  en  se  conformant 
a  la  presente  conslilution.  —  Aucune  loi  ne  pourra  avoir  <relfct 
retroaclif.  —  Toutes  les  lois  (  exceple  celles  sur  les  appropriations 
qui  seront  d'abord  dellberees  dans  le  Coinite  ),  pourroni  elrc  in- 
dislinctement  proposees  dans  Tune  ou  I'aulre  cbambre,  qui  auroni 
chacune  le  droit  d'approuver  ou  de  rejeter.  —  Tous  les  traites 
existans  auront  force  de  loi.  —  Le  droit  d'accusation  ,  en  matiere 
politique,  est  reserve  au  Conseil.  —  Le  Coinite  prononcera  sur 
les  accusations,  et  lorsqu'il  s'asseniblera  a  cet  effet,  les  membres 
pretcront  le  serment  d'usagc.  Personne  ne  pourra  etre  condamne 
sans  le  concours  des  deux  tiers  des  membres.  (  Art.  11  a  22.  ) 

Le  clief  principal,  son  adjoint  et  tous  les  officlers  civils  pourront 
etre  poursuivis  pour  crime  de  malversation  ;  mais  dans  le  cas  Ou 
lis  seraicnt  convaincus  ,  le  jugement  les  oLligera  seulement  de 


177 
se  demcttre  tie  leur  cmploi  ct  Ics   declarera  incapables  de  rem- 
plir  aucune  foiictlon  publlque.  (  Art.  23.  ) 

Le  pouvoir  exc-cutif  supreme  est  coiifie  a  un  chef  principal 
{principal  citief),  nomine  par  le  Conseil  general  pour  4ans.  lldoit 
clre  citoyen  libre,  ne  dans  le  pays  et  avoir  atleint  I'alge  de  25  ans. 
11  aura  un  adjoint  {assistant),  nonmie  de  la  meme  maniere  et  qui  le 
remplacera  en  cas  d'absence  ,  de  deces ,  de  demission  ou  d'inca- 
pacite,  jusqu'a  ce  que  le  Conseil  general  ait  precede  a  unc  nouvelle 
election.  (  Art.  i".  ) 

Le  chef  principal  et  I'adjoint  toucheront,  a  des  dpoques  dtiter- 
minees,  un  traitement  qui  ne  pourra  etre  augmente  ni  diminue 
pendant  la  duree  de  leurs  fonctions,  etils  ne  pourront  recevoir  au- 
cune autre  gratification  de  la  nation ,  ou  pension  d'une  puissance 
etrangere.  (2  et  3.) 

Le  chef  principal  pretera  serment  a  la  constitution.  —  II  aura 
le  droit  de  convoquer  extraordlnalrement ,  dans  les  occasions  im- 
portantcs,  le  Conseil  general.  —  II  velUera  a  I'execution  des  lois  , 
et  visitera  les  differens  districts,  au  moins  une  fois  tous  les  deux 
ans ,  pour  s'assurer  par  lui-ineme  de  I'etat  du  pays.  —  II  pourra 
uommer  aux  emplois  qui  viendraient  a  vaquer  dans  I'intervalle  des 
sessions  du  Conseil  general,  en  accordant  a  cet  effet  des  com- 
missions qui  expireront  a  la  fin  de  la  plus  prochalne  session.  (4  > 
5,  6  et  7.) 

Toute  loi  adoptee  par  les  deux  chambres  sera  soumise  a  la  si- 
gnature du  principal  chef,  qui  ,  s'il  ne  Tapprouve  pas,  pourra  la 
renvoyer  avec  ses  objections  a  la  chambre  ou  elleaura  ete  primiti- 
vement  discutee,  laquelle  Texamlnera  de  nouveau ;  si  elle  I'adopte 
une  seconde  fois  a  la  majorlle  des  2/3  des  membres ,  elle  Tenvoie 
avec  les  objections  a  i'autre  chambre  ;  etsi  elle  passe  danscette  der- 
nlere,  a  la  meme  majorite  ,  elle  a  des  ce  moment  force  de  loi ;  il 
en  serade  meme,  toules  les  fois  que  le  principal  chef  laissera  ecouler 
cinq  jours  (le  dimanche  excepte)  avant  de  renvoyer  la  loi,  a  moins 
que  le  Conseil  general  ne  se  soit  ajourne.  (8.) 


178 

En  cas  de  dissentiment  entre  les  deux  chambres,  le  principal  chef 
pourra  ajourner  le  Conscil  general  jusqu'a  I'epoque  qu'il  jugera 
convcnable,  pourvii  qii'elie  ne  depassc  pas  le  lenne  fixe  pour  la 
teuue  de  la  premiere  assemblee  conslllutionneilc.  (g.) 

Le  Conscil  general  nommera  un  conscil  parliculier  compose 
de  trois  niembres,  pour  concourir  avcc  le  principal  chef  (qui  le 
convoquera  a  sa  volonle)  et  Tadjoint  a  la  parlle  executive  du 
gouvernement.  Les  resolutions  de  ce  consell  seront  enrcgistrees 
etsignees  par  ceux  des  membres  qui  y  auront  pris  part  (10  a  i3). 

11  y  aura  un  tresorier  de  la  nation  choisi  pour  deux  ans  par  le 
Conseil  general.  11  sera  lenu  de  fournir  caution.  —  Aucun  denier 
ne  pourra  sortir  du  tresor  sans  un  niandat  du  chef  principal  deli- 
vre  en  vertu  d'une  loi.  —  Le  tresorier  percevra  tous  les  rcvenus  pu- 
blics et  rendra  un  coniple  reguller  des  recetles  et  des  depenses  a 
chaque session  annuelle  du  Conseil  general,  {i^  a  17.) 

Le  pouvoir  judiciaire  est  cxerce  par  unc  cour  supreme  et  par 
autant  de  tribunaux  inferieurs  que  le  Conseil  general  jugera  a  pro- 
pos  d'en  etablir.  —  La  cour  supreme  se  compose  de  trois  jugcs,  dont 
deux  formentla  majorite.  —  Les  juges  sont  nommes  pour  quatrc  ans 
par  le  Conseil  general  ;  ils  peuvent  loulefois  etre  destitues  avant  ce 
temps  surla  demande  des  2/3  des  niembres  du  Conseil  gcndral. — Us 
recevront  a  des  epoques  fixes  des  gratifications,  mals  ils  ne  perce- 
vront  aucun  autre  traitement  ni  aucun  droit  doffice.  —  Pour  pou 
voir  exercer  les  fonctions  de  juge,  11  faut  avoir  plus  de  3o  ans  et 
moins  de  yo.  — 11  y  aura  dans  chaque  district  plusleurs  justices  de 
paix  dependantcs  de  Taulorlte  legislative.  —  Chaque  tribunal  choi- 
slra  ses  propres  ofiiclers  pour  quatrc  aus,  lesqucls  seront  revocables 
pour  cause  d'incondulle.  —  La  cour  suprt^me  s'assemblera  annuelle- 
ment  dans  le  lieu  ou  sicgera  le  gouvernement,  le  second  lundi  du 
inois  d'oclobrc.  (1  a  i3.) 

Dans  tous  les  proces,  Taccuse  aura  le  droit  d'etre  entendu,  de  dc- 
mander  la  nature  etla  cause  de  I'accusation,  de  faire  confronter  les 
lemolns,  d'en  fairc  comparaitre  .i  dechnrge,  etc.  —  ]*onr  garantir  la 


179 
llbertd  individuelle  ct  cmpcclier  tout  acte  arbitraire  ,  on  ne  pourra 
aireter  aucun  iiulividu  iil  fairc  aucune  perquisition  ,  sans  uu  mandat 
legal.  —  Tout  prisonnier  pourra  etre  elargi  sous  caution  ,  a  moins 
qu'il  ne  soit  place  sous  le  poids  d'une  accusation  capitale,  et ,  dans 
ce  cas ,  il  faut  qu'il  existe  des  preuves  ou  do  fortes  presomptlons 
(  14.  et25.) 

Les  ininislres  du  culte,  etantspdcialement  occupcs  du  service  de 
Dieuetdu  salut  des  ^mes,  ne  doivent  point  etre  detournes  de  ces 
importantes  fonctions  ;  en  consequence  aucun  d'eux,  tant  qu'il 
exercera  son  minislere  religieux,  ne  pourra  elre  eleve  a  la  charge 
de  principal  chef  ni  prendre  place  dans  le  Conseil  general.  (16.) 

Tout  individu  niant  I'existence  de  Dieu  et  celle  de  la  vie  future, 
ne  pourra  remplir  aucun  emploi  civil.  (17.) 

Le  libre  exerclce  des  differens  cultes  est  autorise  ;  on  devra  tou- 
tefois  s'abstenir  des  pratiques  qui  pourraient  troubler  I'ordre  et  la 
sArete  publiques.  (18.) 

Le  principal  chef  sur  la  presentation  et  le  consentement  du  co- 
mite,  nommera  des  coinmissalres  pour  trailer  avec  les  Etats-Unis 
et  aura  soin  d'entretenir  les  relations  entre  la  nation  et  ce  gouver- 
nement  sur  le  pied  le  plus  amical.  (iq  et  20.) 

Les  electeurs  de  chaque  district  nommerontun  scherifpour  deux 
ans.  Dans  le  cas  ou  cette  place  viendrait  a  vaquer,  le  principal 
chef  nommera  un  fonctionnaire  qui  le  reniplacera  provisoirement 
jusqu'a  ce  qu'il  y  soit  pourvu  par  une  nouvelle  election  (21 ). 

11  y  aura  un  marcchal  nomme  pour  quatre  ans  par  le  Conseil  ge- 
neral (22.) 

Nul  ne  peut  etre  juge  deux  fois  pour  le  mc^me  delit,  et  aucune 
propriete  ne  sera  alienee  pour  cause  d'ulilite  publique  ,  sans  le  con- 
sentement du  proprietaire.  Quiconque  aura  a  se  plaindre  dune  in- 
jure ou  d'une  atteintc  a  ses  Interels,  obtiendra  satisfaction  par  les 
voies  legalcs  (23.) 

Le  droit  d'etre  juge  par  le  jury  est  inviolable  (24.) 

La  religion,  la  morale  et  I'enseignement  ^tant  les  bases  dc  tout 


i8o 

bon  gouvcrnement ,  rauloril(^  apporlera  sessoins  a  le  saire  (leurir 
dans  les  ccoles,  et  cncouragera  lous  Ics  moyeiis  d'education  (25). 

La  legislature  nomine  a  tous  les  entplols  autres  que  ceux  specifies 
dans  le  present  acte  (2G). 

Le  conseil  general  pourra  proposer,  dans  ccrlalns  temps,  les 
changemens  a  la  Constitution  que  les  deux  tiers  des  membres  dcs 
deux  chambres  jugcront  convenables;  et  le  principal  chef  pu- 
bliera  dans  ce  cas  une  proclamation  dans  lout  lEtat,  au  moins 
ncuf  mois  avanl  les  elections.  Si  les  nouveaux  representans  adop- 
tent  les  amendemens  proposes,  a  la  majoritii  des  deux  tiers,  lis  se- 
ront  sanctionnes  et  feront  partie  de  la  Constitution. 

»  Fait  a  ISevv-Echota ,  le  26  juillet  1827  ,  par  les  representans 
des  hull  districts  suivans  :  Chickamaugii ,  ChaUauga,  Coosuwatee  ^ 
AmoJiee,  Hickory,  Eiowa,  Taquoe  et  Aguve. 

Signe  J.   Ross,  president. 
A.  M'CoY,  secretaire. 

Aux  termes  d'une  convention  conclue  le  24.  avrll  1802 ,  entre 
les  Etats-Unis  et  I'etat  de  Georgie ,  le  gouvernement  de  TUnion 
devait  eteindre  a  ses  frais,  et  aussitot  qu'll  le  pourrait,  a  des  con- 
ditions raisonnables ,  les  titres  des  Indiens  sur  toutes  les  terres  qui 
dependent  de  la  (ieorgle. 

Le  24  decembre  1807 ,  un  comite  de  I'assemblee  generate  de 
eel  Etat  declara  que  les  Etats-Unis  etaient  tenusde  garantir  lesdites 
terres  a  la  Georgie ,  ainsi  que  toutes  celles  approprices  ou  non  , 
comprises  dans  les  llmites  de  cet  Etat  el  lui  appartenant ;  que  les 
Indiens  n'en  etaient  que  les  tenanciers  :  que  s'il  elait  nocessaire  de 
leur  accorder  dcs  terres  en  reserve ,  cette  cession  ne  devait  pas 
exceder  le  sixieme  du  territoire  en  question ;  et  qu'en  outre  le 
Gouvernement  general  devrait  en  faire  racqulsition  pour  la 
Georgie. 

En  consequence  de  cette  decision,  et  d'autres  reclamations  sub- 
sequenles  ,  la  chambre  des  representans  des  Etats-Unis  dcmanda 
(le  3  mars  1828)  des  renseigncmens  au  president  sur  «  Telablis- 


i8i 

sement  du  nouveau  gouvernement  des  Indiens  Cherok^es ,  dans 
Jes  etats  de  la  Caroline  du  Nord ,  de  la  Georgie ,  du  Tennessee 
et  de  r Alabama.  »  Le  secretaire  du  departement  de  la  guerre , 
dans  son  rapport  (  du  20  mars  )  adresse  a  ce  sujet  au  president, 
expose  «  que  ricn ,  dans  scs  attributions,  ne  lui  a  demontre  que  le 
nouveau  gouvernement  Cherokee  ait  ete  reconnu  en  aucune  ma- 
niere,  soit  par  le  pouvoir  cxecutif  des  Etats-Unis ,  par  quelque 
departement  ,  agent  ou  foncllonnaire  en  dependant ,  soit  par 
quelque  etat  ou  tribu  indienne.  »  En  consequence  ,  le  president 
chargea  le  meme  secretaire  d'inviter  I'agent  Cherokee  a  se  rendre 
aupres  des  chefs  de  cetle  nation  ,  et  a  les  avertir  que  leur  acte  cons- 
litutionnel  ne  pouvait  etre  cnnsidere  que  comme  un  reglement  in- 
terieur,  et  ne  pouvait  changer  en  aucune  maniere  leurs  relations 
avec  le  gouvernement  general  ,  telles  qu'elles  existaient  avanl  I'a- 
doplion  de  cette  Constitution  (i). 

Les  pieces  a  I'appui  de  cet  article  sont:  i"  une  lettre  du  secre- 
taire du  departement  de  la  guerre ,  contenanl  le  rapport  de  la  com- 
mission chargee  par  les  Etats-Unis  de  trailer,  avec  ces  Indiens, 
de  I'acquisition  dune  certaine  portion  de  leur  territoire,  et  dans 
lequel  on  trouve  la  Constitution  de  la  nation  Cherokee  ,  4o  p.  in-8", 
imprime  par  ordre  du  Congres,  Document,  n°  106;  2"  I'article 
Cherokees  du  Gazetteer,  ou  Dictionnaire  geographique  de  I'etat  de 
Georgie, par  le  Rev.   A.  Sherwood,  1827. 

Warden. 


(1)  jSIessagt  du  president  des  Etats-Unis  transmcttant  les  renseigne- 
mens  demandcs  par  la  chambre  des  representans  (  le  3  mars  ) ,  siir  I' eta- 
bliss  ement  d'  un  nouveau  gouvernement  chez  les  Cherokees.  Piece  N"  an. 


i3 


Tableau  <1c  la  population  ile  la  proi'inreilc  Cliiloe  (i). 


DIVISIONS. 

SEXES. 

dc7 

dei5 

(leiS 

dc35 

tleSo 

0    •- 

a 

1    ^ 

1 5. 

25. 

35. 

5o. 

70. 

-3   •• 

0 

H  a 

I 

San-Carlos ' 

( 

IlttniiiH-.s 

4;m 

/(JO 

2  "11 

2()0 

2«4 

429 

195 
279 

214 
239 

1 4.1 
120 

23 

■  6 

1 ,558 
.,793 

3,35. 

IIiiniiiK'S 
Feinmt's 

2t)n 
3.)3 

i3i. 
1 85 

1 53 
.54 

io3 
i>9 

i4= 
.4. 

84 
G6 

9 
>4 

91 . 
972 

1,883 

f.aialmnpii-v-Muiillln. 

lioinmes 

isr, 

1  5  I 

127 
'•'7 

63 

n: 

94 

108 

55 
53 

II 

9 

675 

.,4.i' 

.'ulbiico 

!  It)  mine  5 
rnnmi's 

8i8 

--lO 

532 
5o6 

446 

4!»5 

34', 
385 

323 
343 

21 1 

1C6 

39 

I" 

2,7.3 
2,622 

!     .„3, 

1alc;iliiic 

Ilumnifs 

(i.4 

585 

324 
3i6 

27a 

2'*2 

2l5 
2  11 

232 

260 

196 
96 

39 
9 

1,89s 
'.79' 

!     3,68r. 

l>U.u.u- 

llonimrs 

522 

25  I 

1 65 

.42 

,48 

109 

■9 

1,356 

1  •.,-fi' 

Kt-mincb 

560 

262 

2  1 1 

.84 

lol 

68 

1 1 

i,4"6 

f    ■' 

^iiinchao 

iloinincs 

1  ,20'( 

6o3 

446 

455 

428 

318 

76 

3,53o 

I        ---Oil 

reinmes 

i.ioG 

611 

629 

475 

426 

J  96 

33 

3,48. 

1  • 

laslro 

Hortimos 
Fcmnn's 

1,176 

77' 

6;o 

650 
768 

467 
557 

5io 

644 

466 
260 

143 

99 

4,182 
4,069 

j     8,25. 

'.lioncbi 

liomnics 
KeniiiK's 

616 
559 

395 

3  60 

3i3 
325 

35  I 

291 

285 
22  1 

.85 

88 

36 
20 

2,081 
1 ,864 

1     3,94.'; 

1  Homines 

G55 
668 

423 
4'9 

4^9 

267 

349 

336 

32ti 

240 
'73 

43 

^7 

2,359 
2,391 

1     4.750 
1 

!  I'cmnics 

13,ti8', 

-.6n4 

7,in3 

\s,.. 

-l.T^n 

3. ■"If 

697 

'|2.39" 

42.39. 

(.)  I/oi'cliipe!  dc  C!iiloe  a  616  uomiiie  pivt'ince  ,  parco  <[.rou  a  fail  Jes  lies  .^ui  le  com- 
posent ,  i.nc  Jes  liiiit  provinces  de  la  repal>lique  Chilicnuc. 

Cc  tableau  ,  qui  se  Irouvc  dansJu  n°  6  du  journal  La  Clave  ,  pulilii;  a  Santiago  dc  Cliiloc  , 
Ic  26  juillet  1827,  a  ete  dresse  par  rinlcudanl  du  la  province  sous  la  direction  dugouverncu.-. 
I.'on  y  remarque  avcc  surprise  qu^iprcs  unc  guerre  ,  dont  ces  iles  ont  ele  si  long  temps  le 
theatre,  le  nombrc  dcs  hommes  excede  cclui  dps  fcmmes.  On  y  coinpte  5,369  liommes  en 
ctat  dc  porter  Ics  arines  ,  de  I'age  dc  i5  a  So  aus  ,  ct  3,6ti  jcuoes  gens  dans  les  ecoles.  Les 
Kspagaols  se  sonl  niaintcnus  dans  eel  airliipel  jusqua  la  (iji  dc  la  gucnc. 


Rapport  sur  l' Atlas  du  deparlement  du  Puy-de-Dome ,  cntreprls  par 
M.  BussET,  geometre  en  chef. 

M.  Bussel,  geomelrc  en  chef  du  cadasire  du  departcinenl  du 
Puy-de-Domo,  a  fait  hoinniagc  a  la  Societi^  de  la  premiere  fcuille 


1 83 

«1c  I'Atlas  cantonnal  qu'il  public  pour  la  parlle  de  la  France  dont 
Ic  cadaslre  lui  est  confic. 

Le  nombrc  de  feuilles  dc  cet  Atlas  sera  dc  vingt-quatrc,  format 
grand-aigle,  plus  une  carte  gencrale  du  departement ,  en  une  seule 
feullle. 

M.  Bussct  n'a  ricn  neglige  pour  donner  a  son  travail  le  plus  haut 
degre  d'exactitude.  II  repose  sur  un  trcs-grand  nombre  de  pouits 
Irigonometriques,  determines  avcc  un  excellent  tbeodolite  de  Rei- 
chenbach  et  sur  des  bases  puisees  dans  les  grandes  operations  geo- 
desiques  de  la  nouvelle  carle  de  France. 

L'ecbelle  tres-grande  et  presque  inusitee  pour  les  carles  gravees, 
celle  de  '/50000,  lui  permet  d'offrir  avec  beaucoup  de  details  une 
des  contrecs  les  plus  inieressantes  de  la  France  et  peut-etre  de 
Tunivers. 

On  sail  que  feu  M.  Desmarets,  de  Tacademle  des  sciences  et  geo- 
logue  distingue,  a  public,  il  y  a  une  quarantaine  d'annees,  el  aussi 
sur  une  grande  eclielle,  une  carle  pbysique  de  I'ancienne  Auvergne; 
mais  la  nouvelle  carte  de  M.  liusset  sera  de  beaucoup  superieure  a 
celle-ci ,  soil  pour  Texactilude  ,  soil  pour  I'abondance  des  details  ^ 
sans  lui  ceder,  quant  aux  renseignemens  geologiques  dont  elle  sera 
enrichie. 

De  nombreuses  cotes  de  niveau,  deduiles  d' observations  baro- 
melriques,  dont  une  bonne  partie  est  due  a  M.  Ramond ,  feront 
connailre  I'elevalion  relative  des  monlagnes  et  autres  points  culmi- 
nans,  ainsi  que  ce^e  de  tous  les  cbefs  -  lieux  de  communes ;  enfin 
ties  vues  perspectives  de  differens  sites  de  monlagnes  indlqueront  les 
dispositions  de  leurs  groupes  et  un  grand  nombre  de  leurs  profils. 

On  doit  done  reconnaitre  que  I'ceuvre  de  M.  Russet  renferme 
une  tres-grande  masse  d'imporlans  documens  gcograpbiques,  of- 
ferls  avec  toute  garanlie  d'exactllude.  G'est  une  grande  entreprise 
que  vous  nc  pouvez  vous  dispenser  d'encourager  par  vos  suffrages. 
Elle  fera  faire  un  pas  de  plus  a  la  geograpiiie  de  notre  pays,  a  cette 
geograpbie  positive  modcrue,   qui  ne  laisse  plus  rien  a  faire  a  la 


i84 

sagacile  du  geograplie  cnti([Ue,  ot  vers  laquelle  sont  dirlges  niic 
parlu"  (le  vos  efforts.  Felicitous  done  M.  IJussct  do  son  courage  et 
de  son  liabilete,  faisons  dcs  vu>ux  pour  le  succes  coniplet  de  sa  belle 
entreprise,  sur  laquelle  nous  aurons  Ires-peu  d'oLservallons  a  faire. 

Nous  regretlons  que  I'Allas  du  Puy-de-Dome  no  prcscnte  que 
des  cantons  separes,  au  lieu  d'offrir  la  surface  enliere  du  departe- 
ment,  parlagee  par  feuilles  plelnes.  Cette  division  aurail  eu,  pour 
Tusage  ,  de  I'avantage  sur  les  cartes  cantonnales  ;  niais  nous  croyons 
qu'a  eel  egard ,  M.  Bussel  n'a  pas  eu  la  liberte  du  choix. 

ISous  ferions  observer  encore  que  ce  qu  on  appelle  le  figure  du 
terrain  laisse  a  desirer  dans  la  feuille  que  nous  avous  sous  les  yeux ; 
mais  M.  IJussetnous  expllque  quilnc  nouspresente  qu'une  simple 
eau-forte ,  dont  leffet  sera  modlfie  par  le  travail  ullerieur  du  gra- 
veur.  Nous  desirous  sincerement  que  I'cnsemble  de  I'ouvragc  ar- 
quiere,  sous  ce  rapporl,  loule  la  perfection  qu'on  reniarque  dans 
les  autres  parties,  qui  reunissent  Texaclllude  geometrlque  a  I'ele- 
gance  de  I'execulion. 

ISous  pensons  done  que  cette  oeuvre  geograpliique  tres  -  remar- 
quable  sera  Ires-utile  a  I'administratlon  ,  etdcviendra  Indispensable 
aux  geologues  eta  tons  les  voyageurs  eclaires  qui  auronl  a  par- 
courir  cette  parlie  ccntralc  et  piltoresque  de  noire  pays  ;  quelle 
pourra  meme  en  determiner  plusieurs  a  venir  la  visiter ,  certains 
qu'ils  seront,  de  trouver  dans  la  carle  de  M.  Busset  un  excellent  guide 
et  tous  les  renseignemens  qui  pourront  faciliter  leurs  recberclies. 

Je  propose  en  consequence  que  lAllas  du  departenient  du  Puy- 
de-Dome,  par  M.  Busset,  soil  mentionne  avec  eloges  dans  le  Bul- 
letin de  la  Societe. 

Ch"  Bonne. 


Extra  IT  d'unc  note  lue  par  M.  PuiSSANT  ,  dans   la  seance  de  la 
Commission  cenlrale ,  teuue  le  16  mai  1828. 

L'immense  rcseau  de  triangles  que  le  corps  royal  des  Ingenieurs 


i85 

geographes  ctend  sur  loute  la  France  ,  et  qui  en  couvre  deja  une 
grande  partle  ,  se  prolonge  vers  la  cote  de  Nice  ,  et  coniprend 
plusieurs  stations  d'ou  Ton  a  pu  relever  les  sommets  de  deux  mon- 
tagnes  de  I'ile  de  Corse  ,  i'une  appelee  le  Monte  Cinto ,  I'autre  Ic 
Monte  Pailla  orba.  Ces  stations  etant  visibles  les  unes  des  autres  , 
il  en  est  resulte  la  posslbilite  de  determiner  leurs  distances  mu- 
tuelles,  et  de  rectifier  la  position  geographique  de  la  Corse  sur  la- 
quelle  il  exislait  une  pefilc  incertitude  dans  le  sens  des  paralleles  , 
ainsi  que  Ic  Depot  de  la  guerre  le  fera  connaitre  plus  tard  par  la 
voie  de  son  Memorial.  Cette  maniere  de  rattacher  a  un  systeme  de 
triangles  des  points  isoles  ,  donne  lieu  a  une  question  de  geodesic 
qui  presente  de  grandcs  difficulles  quand  on  I'envisage  sous  le  point 
de  vue  le  plus  general  ;  celle  de  determiner  sur  le  spherdide  ierresire  la 
plus  courte.  distance  de  deux  points  quelronques  donnes  par  leur  latitude 
et  leur  longitude  ;  mais  ,  comme  dans  la  pratique  ,  la  courbure  de  la 
terre  et  les  vapeurs  atmosplieriques  s'opposent  a  ce  que  les  sommets 
des  montagnes  les  plus  elevees  s'aper^oivent  a  plus  de  quarante  a 
cinquanle  lieues  de  distance  ,  le  probleme  dont  il  s'agit  est  alors 
susceptible  d'etre  traite  par  les  procedes  elementaires. 

J'observerai  d'abord  qu'il  n'est  pas  essentiel  que  les  stations 
cholsies  pour  les  extremites  de  la  base  du  triangle  servant  a  y  ratta- 
cher un  point  eloigne ,  soient  visibles  Tunc  de  Taulre  :  il  suffit  au 
contraire  qu'clles  fassent  partie  dun  reseau  du  premier  ordre  ,  pour 
que  leur  position  respective  soit  parfailement  connue  par  leurs  la- 
titudes el  leurs  longitudes  ,  et  que  la  distance  qui  les  separe  puisse 
etre  determince  a  un  metre  pres,  dans  les  cas  les  plus  defavorables, 
a  I'aide  de  la  methode  suivante. 

Soit  A  B  la  distance  cherch^e,  exprimee  en  secondes  de  degre  : 
clle  peul  etre  consideree  comme  I'liypotenuse  d'un  triangle  recti- 
ligne  rectangle  dont  la  hauteur  y  est  egale  a  la  difference  des  longi- 
tudes mullipliee  par  le  cosinus  de  la  latitude  de  la  station  B  la  moins 
boreale  ,  et  dont  la  base  x  est  composee  de  deux  termes  ,  Tun  posi- 
tif ,   egal  a  la  difference  des  latitudes  mullipliee  par  le  rappojt  du 


1 86 

rajoii  lie  courbure  liu  meiidlcn  a  la  iionnalo  atipoiiil  A,  I'autre 

riegatif  egal  au  carre  dc  la  hauteur  y  niulli])lic  par  la  moilie   de 

la  langenle  dc  la  latitude  de  A,  et  divisc  par  Ic  rayon  rcdult  en 

secondcs. 

Analyiiquement ,   appelant  m  la  distance  du  point  A  boreal  au 

point  Ji  austral ,  /  la  difference  dc  leur  latitude  ,  et/>  ceile  de  Icur 

longitude  ,   exprimees  toutes  deux  en  secondcs  de  degre ,  on  aura 

en  nienies  unites 

,      „                               ^                       .    v"  tang  lat  A 
y=ip  cos  lal  B ;   x  r=z -, {  ^ :^, , 

e=  designant  le  carre  de  I'excentricite  de  la  terre  ,  ct  R"  le  n ombre 
dc  secondcs   contenues   dans   le   rayon   pris  pour  unite  ,    auqucl 

cas  R"=^^. 

sin  I 

Mainteuant  soit  M  un  angle  auxiliaire,  tel  que    tang  M  =  ^^ 
on  aura  en  secondes  de  degre 


a 


cos  M 

Soit  en  outre  D  la  distance  cherchee  ,  cxprini6c  en  metres  ,   on 

aura  definitivement 

D  =  «N  sin  i", 

a 
expression  dans  laquelle  la  normale  N  = 

[.— e'sinMati(A  +  B)]i, 

a  ctant  le  rayon  de  I'equateur. 

Les  calculs  qu'exige  cette  solution  extremement  simple  ,  s'abre- 
gent  singulierement  en  faisant  usage  des  tables  IV  et  V  de  mes 
Principes  du  figure  du  terrain  ,  qui  donnent  sur-le-cbamp  ,  I'une  le 
logarithnie  de  N  ,  I'autre  celui  de  T  =  log  (  i  +  e=  cos^  lat.  A. ) 
C'cst  ainsi  que  j'ai  Irouvc  ,  a  un  decimetre  prcs  ,  la  longueur  de  la 
base  du  grand  triangle  qui  a  servi  a  determiner  la  position  dc 
Monte  Cinto  ,  par  rapport  au  continent. 

Je  m'absticns  de  rapporter  ici  la  solution  plus  rigoureuse  que 


.87 


j'ai  dcduite  des  ("onnules  <lc  M.  Legendre  demonlrees  au  sixieme- 
livredema  Geodesic,  parce  qu'elle  s'appuie  sur  des  considerations 
aiialytiques  trop  t'levees ,  et  qu  en  definitive  ,  elle  est  plus  curieuse 
qu'utile  ;  toutefols  elle  m'a  mis  a  meme  de  me  convalncre  que  les 
melhodes  approximatlves  et  elementalres  dont  on  se  sert  au  Depot 
de  la  guerre  pour  determiner  les  positions  geographiques  des  prin- 
cipaux  points  de  la  nouvellc  carte  du  royaume  ,   dans  I'hypothese 

<le  g        d'aplatlssement ,  sont  encore  assez  exactes  pour  des  cotes 

de  triangles  qui  auralent  plus  de  deux  cent  mille  metres. 


DEUXIEME    SECTION. 

ACTES    DE    LA    SOCIETE. 

§  1*''.  Pioces-f^erbaux  des  Seances. 
Seance  du  1 1  a^ril  1828. 

S.  Exc.  le  ministre  derinterieur  informe  la  Societe  qu'elle  vient 
de  prescrire  en  sa  faveur  I'ordonnancementd'unesommedc  looofr. 
allouee  sur  les  fonds  duministere  pourl'encouragcmcnt  des  recher- 
clics  sur  rinterleurde  TAfrlque,  et  notamment  sur  la  ville  de  Tom- 
Louctou.  S.  Exc.  a  laquelle  la  destination  de  cette  somme  parait  tres- 
utile,  tant  dans  I'lnteret  de  la  science  que  dans  celui  du  commerce , 
Icniolgne  le  desir  que  la  Societe  lui  communique  les  renseignemens 
qui  lui  parvlendraicnt  sur  un  pays  qui  a  resiste  jusqu'a  present  a 
toutes  les  investigations,  ainsi  que  les  rcsultats  des  entreprises  for- 
mees  paries  voyagcurs  etles  correspondans  de  la  Societe.  Remer- 
clemens. 

M.  David  Morler,  consul  general  d'Angleterre  a  Paris,  informe 
la    Societe  qu'il  a  obtenu  de  son  gouvernement  I'entree  franche 


i88 

k  Londrcs ,  de  I'cxtralt  de  ses  rcgleinens  el  de  ses  programmes  de 
prix.  Remercicmens. 

M.  Langlcs  fils  prie  la  Societe  d'agreer  I'hommage  du  baste  de  feu 
M.  Langles,  son  pere.  La  Societe  de  Geographic  dont  eel  estimable 
savant  fut  un  dcs  principaux  fondatcurs ,  accticille  avec  empresse- 
ment  ct  reconnaissance  Toffre  qui  lul  est  fallc  par  M.  Langles  fils. 

M.  Noyer  inlonae  de  nouvcau  la  Societe  de  son  depart  pour  la 
Gulane  etsoUIcile  ses  instructions. 

La  Soclcle  Medico-Jiotanique  de  Londres  remercie  la  Societe 
de  I'envoi  du  tome  II  du  Recueil  de  ses  Memoires  et  lui  adresse  de 
son  c6te  mi  exemplaire  de  ses  reglemens. 

L'Academie  Royale  d'Irlandc  adresse  lesmemes  remercicmens 
pour  renvoi  que  la  Societe  lui  a  fait  du  recueil  de  son  asscmblee  ge- 
ne rale. 

M.  C.  Moreau  offre  a  la  Societe  un  exemplaire  de  son  Examen 
statlslique  du  royaume  de  France,  en  1787.  II  adresse  aussi  la  conti- 
nuation des  renseignemens  relalifs  a  la  colonic  de  Fernando  Po. 
Remercicmens  et  renvoi  au  comile  duRulIetin.  (  Voy.  pag.  2o5.) 

M.  Fabre  auquel  il  a  etc  decerne  unc  medaille  d'or  pour  son 
memoire  relatif  a  \a  desrrif)tiun  physujue  du  Bassin  du  Cher,  adresse 
ses  remerciemens  a  la  Societe. 

M.  Mangon  de  la  Lande,  president  de  la  societe  des  Sciences, 
Arts  et  Relles-lettres  de  Saint-Quentiu ,  adresse  trois  memoires 
ou  dissertations  qu'il  a  publics  sur  Samarobriva,  anciennc  ville  des 
Gaules;  il  temoigne  le  desir  que  la  Societe  de  (ieograpbie  veuille 
bien  les  examiner  et  rectifier,  s'il  y  a  lieu,  unc  errcur  essenlielle  en 
geographic  et  eu  histoire.  Remerciemens  et  renvoi  des  Irois  me- 
moires a  MM.  Rottin  et  Rarbie  du  Rocage. 

M.  Alexandre  iiarbie  du  Rocage  communique  une  lellre  de 
M.  Spencer  Stanhope  ,  contenant  diverses  observations  sur  I'em- 
placemcnt  de  la  ville  d'Olympie  en  reponse  a  quelques  reflexions 
consignees  dans  un  rapport  fait  a  la  Societe  sur  I'ouvrage  qu'il  a 
public  relativcment  a  la  plaine  d'Olympie.  (  Joy.  pag.  22.I) 


,89 

Le  meme  communique  une  Icltre  de  M.  d'Acosta,  contenant  des 
details  circonstanci^s  sur  le  tremblemenl  de  terre  de  la  ville  dePo- 
payan  :  ces  renseignemens  que  I'auteur  a  accompagnes  d' observa- 
tions curieuses,  seront  Insercs  au  Bulletin.  (  ?  oj.  pag-  200.) 

M.  Warden  communique  un  tableau  de  la  population  de  la  pro- 
vince de  Chiloe,  extrail  du  journal  public  a  Santiago,  sous  le  titre 
de  la  Chwe.  Remercicmens  el  insertion  au  Bulletin.  (To/,  pag.  182.) 

La  commission  ceutralc  enlend  la  lecture  d'une  note  de  M.  de 
Toutain-Dumanoir  sur  la  necessitc  d'appliquer  plus  generalement 
leschronometres  a  la  determination  des  longitudes,  dans  Ics  voyages 
de  long-cours,  par  les  balimens  du  commerce.  Apres  diverses  obser- 
vations, elle  an(?le  que,  conformement  au  voeu  de  Tautcur,  celte 
note  sera  transmise  a  S.  Exc.  le  minisire  de  la  marine  avec  priere 
de  vouloir  bien  la  prendre  en  consideration. 

M.  le  cbevalier  J  aubert  annonce  a  la  Societe,  la  decouverte  qu'il 
a  faite  d'un  manuscrit  du  geograplie  Arabe  El-Edrisi,  beaucoup 
plus  complet  que  toutes  les  copies  que  Ton  connaissait  jusqu'a  pre- 
sent de  ce  precieux  ouvrage,  el  cinq  fois  plus  etendu  que  le  texle 
commente  par  Hartmann  ;  sur  I'invitalion  du  president,  M.  Jaubert, 
qui  se propose  de  publler  la  traduction  du  manuscrit,  en  redigera 
une  notice  abregee  pour  un  des  procbains  numeros  du  Bulletin. 

M.  le  baron  Coquebert  de  Monlbret  depose  sur  le  bureau  une 
seric  de  questions  sur  le  haul  Perou,  destinees  a  M.  Vasseur  ,  qui 
parcourt  cette  contree. 

La  section  de  correspondance  est  invite'e  a  preparer  les  ques- 
tions qui  lui  ont  ete  demandees  sur  divers  points  de  I'Amerique. 

M.  Sueur  Merlin  lit  la  premiere  partie  de  son  rapport  sur 
YEssal  statistique  desfroritiercs  N.  E.  de  la  France,  par  M.  Audcnelle. 

MM.  Cadet  de  Metz  et  Duperrey  sont  invites  a  rendre  compte, 
le  premier  d'une  notice  de  M.  Delcros  sur  le  terrain  secondaire 
qui  constilue  la  chaine  de  Sainte-Victoire  et  les  environs  d'Aix, 
el  le  second ,  d'un  voyage  de  M.  de  la  Pylaie  ,  a  I'tle  de  Terre^ 
Neuve. 


Seance  du  i8  ami  1828. 

La  Societe  royale  de  Londres  remercic  la  Soclete  de  I'envoi  du 
Kecueil  de  scs  Meinoires. 

M.  Bruguiere  adrcsse  la  partic  de  son  nianuscrit,  qui  conlicnt 
la  desrription  des  Cevennes,  des  Vosges  et  du  Jura.  Renvoi  a 
M.  le  baron  de  Ferussac. 

M.  Fix  communique  un  tableau  des  observations  meteorolo- 
giques  faites  a  Clermont-Ferrand  pendant  ics  trois  premiers  mois 
de  1828.  Remerciepiens  ,  et  invitation  de  conlinuer  ce  travail. 

M.  C.  Moreau  annonce  la  nouvelle  de  la  niort  du  jeunc  Mungo- 
Park ,  fils  du  celebrc  voyageur  de  ce  nom  ,  qui  se  proposalt  d'ex- 
plorer  commc  lui  les  parlies  centrales  de  TAfrifpie.  Renvoi  de  la 
lettre  au  comile  duRullctin.  (/^oy.  pag.  aig.) 

Le  meme  Membre  donne  des  details  sur  les  premiers  resultals 
obtenus  dans  les  fouilles  failes  par  M.  Tingenicur  Nimmo ,  sur  plu- 
sieurs  points  d6la  cote,  qui  avoisinent  le  port  de  Liverpool.  Renvoi 
au  comite  du  Bulletin. 

II  adresse  egalement,  au  nom  de  la  Socliite  royale  asialique  de 
Londres  ,  une  circulaire  avec  une  serie  de  questions  sur  I'liistoire 
et  la  geographie  des  peuplcs  dc  TAsIe  ;  ces  questions  sont  destl- 
nees  a  ses  nombreux  correspondans  dans  cette  partle  du  globe. 
JVI.  C.  Moreau  annonce  en  meme  temps  que  la  Society  royale 
asiatlque  joindra  avec  plaisir  a  ses  questions  celles  doni  la  Societe 
de  Geograpbie  desireralt  avoir  la  solution.  Remercicmens,  et  ren- 
voi a  la  section  de  Correspondance  et  au  comite  du  Rullelln. 

M.  Jomard  communique  une  lettre,  ecrlle  du  Senegal  a  M.  le 
baron  Roger,  confirmant  la  mort  du  major  Laing  ,  d'apres  uu 
More  arrive  recenmient  de  Tombouclou. 

II  communique  aussi  une  lettre  de  M.  le  cbevalier  d' Abraham- 
son  ,  qui  offre  d'envoyer  a  la  Societe  la  suite  de  son  uouvel  Atlas 
de  Daneirjark. 

M.  Ed.  Jerdan,  de  Londres,  adrcsse  un  n"  dc  la  Gazelle  lilU;- 


'9' 

raire  de  celte  ville ,  contenant  des  details  sur  le  sort  de  La  Perouse ; 
11  deniande  a  entrer  en  relation  avec  la  Societe. 

M.  Manet  remercle  la  Societe  pour  la  medaillc  d'or  qu'clle  a 
hien  voulu  lui  decerner ,  et  soumet  quelques  observations  relatives 
au  mode  de  publication  de  son  Memolre.  Renvoi  a  la  section  de 
Publication. 

La  Societe  entend  avec  beaucoup  d'lnteret  la  lecture  de  divers 
documens  qui  lui  onl  ete  adresse's  par  M.  C.  Moreau,  sur  la  nou- 
velle  colonisation  anglalse  de]Fernando-Po.  Renvoi  au  comlte  du 
Bulletin,  (/^o/.  pag.  2o5.) 

M.  Erue  fait  quelques  observations  relatives  a  la  position  de 
cette  lie. 

M.  le  colonel  Bonne  fait  un  rapport  avantageux  sur  1' Atlas  du 
departement  du  Puy-dc-D6me  ,  entrepris  par  M.  Busset.  Renvoi 
au  comite  du  Bulletin.  {Voy.  pag.  182.) 

Seance  du  2  niai  1828. 

M.  W  illiam  Huttmann ,  au  nom  de  la  Societe  royale  aslatlque  de 
Londres,  reniercie  la  Societe  de  Tenvoi  duRecueil  de  ses  Memolres. 
"  M.  le  secretaire  de  I'Acadeinie  de  sciences,  arts  et  belles-lettres 
de  Dijon  ,  teinolgne  le  desir  d'obtenir,  pour  la  bibllolhequc  de  cette 
academie,  le  2'  volume  du  Recuell  des  Memolres  de  la  Societe, 
au  prix  fixe  pour  les  membres.  Accorde. 

M.  Langles  ecrit,  en  reponse  a  la  lettre  de  M.  le  President,  qu'il 
est  Ires-sensible  a  la  marque  d'estlme  que  la  Societe  veutbien  donner 
a  la  memolre  de  son  pere. 

M.  C.  Moreau  adresse  des  renseignemens  parvenus  a  Londres 
sur  les  premieres  tentatives  faites  par  M.  Jamison  et  plusleurs  na- 
turalistes  pour  pcnetrer  dans  I'interieur  de  la  Nouvelle-Galles  du 
Sud,  afin  de  s'assurer  de  I'existence  d'un  lac  qui ,  d'apres  le  rapport 
des  indigenes,  parait  avoir  une  tres-grande  etendue.  {Foy.  p.  220.) 

Le  meme  membre  adresse  des  details  curieux  sur  un  autre  voyage 
dans  I'interieur  de  la  IVouvelle-Hollande ,   entrepris  en   1827  par 


M.  Cunningham,  et  dont  Ics  resullats  paraissenl  Ires  salisfaisans. 
Kemerciniens  t-t  inserlion  an  liullelin.  (  /'«/.  pag.  2 in.) 

M.  Alexandre  Barbie  du  JJocage  communique,  d'apres  M.  Ste- 
venson, de  nouveaux  rcnseignemens  a  I'appui  de  ceux  que  M.  C.  Mo- 
reau  a  adresses  prccedcmment  sur  les  fonilles  failes  le  long  de  la 
cote  qui  avoisine  le  port  de  Liverpool.  Kenvoi  au  comite  du 
Bulletin. 

M.  Jomard  communique  TExtrait  d'une  letlre  de  M.  Raoul  de 
Beaufort,  relative  a  la  position  geographique  de  la  partie  S.  E.  dc 
I'ilc  d'Owyhee  qui,  selon  lui ,  se  trouve  a  18° 4;' a"  lieu  de  18" 42'' 
ainsi  qu'elle  est  marquee  sur  les  carles. 

M.  Sueur  Merlin  offre,  aunom  de  M.  Teissier,  sous-prefet  dc 
ThlonYllle,  pkisieurs  ouvrages  sur  la  Geographie  historique  doiil 
cet  estiuiable  savant  est  I'auteur.  M.  Boltin  veul  bicn  sc  charger  de 
rendre  conipte  de  VHistoire  de  Thionoillc. 

M.  Morin,  Ingenieur  des  ponls  el  chaussecs,  appellc  rallentlon 
de  la  Soclele  sur  sa  correspondance  meleorologique  el  sur  le  projet 
qu'il  a  contju  de  former  une  Soclele  dont  le  but  scralt  d'accelercr 
les  progres  de  la  meteorologle. 

jVI.  J.-G.  Barbie  du  Borage  annonce  que  le  bruit  de  la  morl  de 
M.  Rousseau  est  dementi  par  une  lellre  parvenue  reccmmenl  a 
Paris  ,  et  qui  est  posterieure  ^  I'dpoquc  ou  cette  nouvelle  a  ete 
apportee  de  IripoII. 

M.  Pacho  lit  un  fragment  sur  le  Jardin  des  Hespdrides.  II  dis- 
tingue d'abord  d'entre  eux  les  divers  jardins  de  ce  nom,  que  I'an- 
tiquite  a  successivement  places  dans  une  ile  de  I'Ocean ,  a  rexlremile 
occldenlale  de  I'Afrlque,  et  enfm  dans  la  CvrenaYque ;  11  s'atlarhe 
cnsuile  a  relrouver  lelleu  qui,  dans  cetle  dernicre  contree,  pent  le 
mieux  convenir  au  Jardin  des  Hesperldes.  M.  Pacho  refute  I'opi- 
nion  qui  place  ce  Jardin  aupres  de  I'ancienne  ville  de  Berenice ;  et, 
s'appuyant  de  divers  temolgnages  de  Tanllqulte,  notammenl  de 
la  description  detaillee  de  Scylax ,  11  croit  qu'aucun  lieu ,  dans  la 
CyrdnaVque ,  ne  sauralt  mieux  convenir  a  la  situation  du  Jardin  des 


Hesperldes  que  Ic  promontoire  Phycus ;  soit,  parce  que  ce  pro- 
inonloire  contient  un  port  ancienneinent  frcquentd  par  les  Plieni- 
cietis,  et  oil  peuvcnt  aborder  les  Argonautes;  soil,  parce  que  ses 
falaises  sont  elevees  et  abruptes  ;  soit  enfin,  parce  qu'il  a  retrouve 
dans  les  forefs  et  les  bosquets  qui  en  couronnent  le  sommct,  tous 
les  vegetaux  si  scrupuleusement  cnumeres  par  Scylax  ,  aux  pom- 
miers  et  noyers  pres,  qui  y  furent  probablement  apportes  par  les 
Grecs. 

M.  de  la  Pylaie.lit  I'exlrait  d'un  Memoire  intitule  :  Noiwelles  Ob- 
servalioits  sur  les  monumens  de  Caruac,  en  Bretagne.  Ce  Memoire 
plus  delaille  que  lout  ce  qui  a  etc  ecrit  jusqu'a  ce  jour  sur  ces  anti- 
quites  celebres,  renferme  des  considerations  nouvellcs  sur  I'objet 
de  ce  monument.  Renvoi  au  comite  du  IJulletln. 

M.  Sueur  Merlin  continue  la  lecture  de  son  rapport,  sxxr  VEssai 
StatisUque  sur  les  froniieres  N.  E.  de  la  France ,  par  M.  Audenelle. 

Seance  du  i6  mai  1828. 

MM.  le  baron  Cuvier,  le  vicomte  Simeon  el  le  baron  Roger, 
nounnes  president ,  vice-president  et  scrutateur  ,  a  la  derniere 
Assemblee  generale  ,  adrcssent  leurs  remerciemens  a  la  Societe  et 
lui  proniellent  de  seconder  ses  efforts. 

M.  le  cbevalier  de  Couessin,  admis  recemment  dans  la  Societe, 
lui  adresse  ses  remerciemens  et  lui  fait  hommage  d'une  carte  ma- 
nuscrite  ou  sont  tracees  les  differentes  routes  de  ses  voyages  et 
specialement  celles  de  son  voyage  aulour  du  monde.  Remercie- 
mens. 

M.  le  capitaine  Sabine  annonce  que,  sur  sa  proposition ,  la 
Societe  royale  de  Londres  a  decide  qu'elle  adresserait  a  la  Societe 
de  Geographic,  en  echange  du  Recucil  de  ses  Memoires,  les  Tran- 
sactions philosophiques  qu'cUe  public  cbaque  annee. 

M.  Deuaix  depose  sur  le  bureau  un  tableau  faisant  connaitre 
les  decouvertes  el  les  etablissemens  des  Europeens  dans  loutes  les 
parlies  du  monde.  Cette  publication  que  I'auteur  continue  avec  un 


'94 
zele  digue  d'eloges,  sera  incessaniment  suivie  il'uiie  iTiappeinonde 
et  de  deux  tableaux  geogiapliiques  destines  a  completer  ses  consi- 
derations generales  sur  le  globe  et  sur  I'Europe.  M.  Denaix  refute 
aussi  quclques  assertions  conlenues  dans  le  i8'  numcro  du  Biblio- 
mappe.  Remerciemens. 

M.  JSalhi  ofi're  un  tableau  qu'il  vicnt  de  publier  sous  le  litre  de 
Balance  puJlli'que  chi  globe  en  1828.  Iieniercieinens  el  renvoi  a 
M.  de  la  Roquellc,  pour  rendre  compte  de  cet  inleressanl  travail. 

M.  Uresson  ,  secretaire  d'ambassade  a  Washington  ,  adresse  un 
rapport  fait  par  le  gdneral  du  genie  JJcrnard ,  au  nom  du  bureau 
des  ingenieurs  des  Elals-Unis,  sur  le  canal  projete  qui  doit  unir  la 
bale  de  Cliesapeak  a  TOhio  :  ce  rapport,  accompagne  d'une  carte 
topographique  ou  sont  traces  les  profils ,  est  renvoye  a  M.  le  genci- 
ral  Haxo,  pour  en  rendre  coniple. 

M.  C.  Moreau  adresse  de  nouveaux  details  sur  la  niort  des  vova- 
geurs  Clapperton  et  Mungo-Park ,  apportes  a  Londres  par  Joseph 
Lander  qui  etail  au  service  du  capitainc  Clapperton. 

Le  m^me  JVIenibre  Iransmet  la  suite  des  renseignemens  relatifs 
a  la  nouvelle  colonisation  de  Fernando-Po.  II  annonce  egalcment 
qu'une  expedition  sous  les  ordres  de  M.  le  professeur  Hanstein  et 
le  docleur  Ennan  ,  de  Berlin ,  est  sur  le  point  de  se  rendre  dans 
le  nord  de  la  Siberie ,  dans  le  but  d'observer  les  phenonienes  du 
magnetisme  et  de  determiner  ,  s'il  est  possible ,  la  situation  des 
poles  magnetiques.  Remerciemens  et  renvoi  de  tons  ces  documens 
au  comile  du  iSullelin.  (J'oy.  pag.  221.) 

M.  Jomard  donne  lecture  d'une  lettrc  qui  lui  a  elii  adressee  du 
Senegal  et  qui  contient  des  nouvelles  de  la  catastrophe  du  major 
Laing,  d'apres  les  recits  des  Maures.  II  communique  entre  aulres 
une  note  ecrite  de  la  main  dun  Maure  venu  de  Tombouctou  h 
Saint-Louis  du  Senegal,  el  traduile  par  M.  Prosper  Gerardin.  Les 
details  confirment  ceux  qui  sonl  parvenus  en  Europe  par  la  vole 
de  Tripoli.  Renvoi  au  Comite  du  Rulielin.  {Voy.  pag.  2o3.) 

M.  Warden   communique  des   renseignemens   sur   la   colonic 


atnericaine  de  Liberia  surlacote  d'Afriquc  ,  cHablie  par  les  soins  dc 
!a  Coinpagnie  connuc  sous  le  titre  de  ylmerican  rolunisation  society. 
Reinerciemens  et  renvoi  auComlte  du  Bullclin.  {Voy.  p.  i65. ) 

M.  Puissant  lit  une  note  dans  laquelle  il  expose  une  melhode 
de  calcul  Ires-simple ,  pour  determiner  sur  le  splieroide  terrestre  , 
la  plus  courte  distance  de  deux  points  donncs  par  leur  latitude  et 
leur  longitude,  dans  la  supposition  que  cette  distance  ne  depasse 
pas  200,000  metres.  Cette  methode  ,  fondee  sur  les  considerations 
les  plus  elementaircs,  a  ete  appliquee  avec  succes  a  la  liaison  de 
I'ile  de  Corse  a  la  grande  triangulatlon  de  France,  et  a  conduit 
aux  niemes  resultats  que  les  formules  rigoureuses  de  la  trigono- 
metric splieroidiquc.  Renvoi  au  Comite  du  Bulletin. (/^'oj.  p.  184..) 

M.  Huber  adresse  la  suite  des  Considerations  d'economle  publi- 
que  et  statistlquc  sur  Tile  de  Cuba,  extraites  des  Annales  des  scien- 
ces, publiees  a  la  Havane,  par  M.  Ramon  de  la  Sagra.  Remer- 
ciemens. 

M.  Barbie  du  Bocage  depose  sur  le  bureau  un  Catalogue  de 
toutes  les  cartes  gravees  en  Russie  aux  frais  de  I'Elat,  jusqu'au 
i^""  Janvier  1828. 

§  2.    Acl missions,  Off  res  d'omTages ,  etc. 

MEMBRES   NOUVELLEMENT   ADMIS    DANS    LA    SOCIETE. 

Seance  du  11  avril. 

M.  JiiBETMT  ,  architecte. 
M.  le  comte  de  Neuwry. 

Seance  du  2  mai. 

M.  le  chevalier  Maurice  de  CouessIn  ,  genfilhomme  breton , 
ancien  commandant  de  lerre  et  de  mer,  etc. 

Seance  du  16  mai. 

M.  BoisTEMPS-DuBARRY,  chef  de  bureau  a  radministratlon  ge- 
ne rale  des  Douanes  royales. 


igG 


OTIVRAGES  OFFERTS   A    L.V    SOCIETE. 
Seance  du  ii  ami  1828. 

Par  M .  tic  la  Pylale  :  Voyage  a  Vile  de  Terre-Neme ,  Paris ,  1827, 
in-8». 

Par  M.  Delcros  :  Notice  sur  Ic  terrain  secondaire  qui  constitiie  la 
chatnc  de  Suinte-V ictoire  el  la  villc  d'Aix  ,  unc  broch.  in-S". 

Par  M.  JJoUin:  Almanack  du  Cuninierce ,   Paris,    1828,  i  vol. 

in-8". 

Par  M.  Mangon  dc  la  Lamk  :  Dissertation  sur  Saniaroljriva ,  an- 
ciennc  villc  de  hi  Gaule,  Saint-()uontiii ,  1  brochure  iii-8".  — Me- 
moire  sur  Samarodriva,  Saint- Quentiu  ,  1827,  i  broch.  10-8". — 
Memoire  en  reponse  a  celul  de  M.  liigollot,  sur  Samarobriva,  Saiul- 
Quenlin,  1827,  i  broch.  in-8". 

Par  la  Sociefe  Medico- Botanique  :  Bye-La.vs  of  tlte  Medico- 
Botanical  Society  of  London ,  1  broch.  in-8''. 

Par  M.  JJajot  :  Annales  maritinics  et  coloniales ,  cahier  de  mars 

1828. 

Par  iNI.  Jullien  :  Reme  Encyclopedique ,  cah.  de  mars  1828. 

Par  M.  Toulouzan  :  L'Ami  du  Bien,  G'^  cahier. 

Par  la  Societe  de  la  Seine-Inferieurc  :  Extrait  de  ses  iramu.v, 
trimestre  d'octobre  1827  ,  27''  cahier. 

Par  M.  Arthus-JBertrand  :  BiOliothequr  Physico-Economique , 
cahier  d'avril. 

Par  les  Auteurs  :  Plusicurs  numeros  du  Globe. 

Seance  du  iS  ai>ril. 

Par  M.  le  baron  de  Lalive  :  Lettres  d'un  Voyageur  a  I'emhouchurr 
de  la  Seine.  Par  M.  A.  de  Sainl-Amand.  Paris,  1828  ,  i  v.  in-8". 

Par  M.  de  Ferussac  :  Bulletin  des  Sciences  geograpluqurs ,  tahier 
de  mars. 


*9!? 

Par  la  Societe  d'agriculture  Je  Lille  :  Recueil  des  iravanx  de  cette 
Sociele ,  annee  1826  et  i"  triinestre  1827,  i  vol.  in-S". 

Par  la  Sociele  de  I'Eure  :  Journal  de  cette  Societe,  n°^  16  et  i7i 
Par  les  Auteurs  :  Plusieurs  niimeros  du  Globe. 

Seance  du  2  mai. 

ParM.  Te'issxer  :  Histoire  de  Thionoille ,  Metz,  1828,  i  v.  in-8". 
—  Rerlierches  siir  retymologie  des  noms  de  lieux  et  auiresdans  la  sous- 
prefecture  de  Thiumnlle,  i  broch.  in-S". 

Par  M.  Rclnaud  :  Description  des  Monumens  musuhnans  du  cabi- 
net de  M.  le  due  de  Blacas,  Paris  ,  1828  ,  i  vol.  111-8". 

Par  la  Societe  d'Emulation  deCambray:/l/emo//-es  de  cette  Societe, 
1826-1827  ,  I  vol.  in-8''. 

Par  la  Societe  de  la  Loire-Inferieure  :  Seance  publique  de  cette 
Societe,  i^i antes,    1827. 

ParM.  Gide  :  Nom^clles  Annales  desVoyage's;  t7i\\\er  S'sivrW, 
Par  la  Sociele  Asiatique  :  Journal  de  cette  Societe ,  call,  d'avrii. 

Par  les  Auleurs  :  Plusieurs  numeros  du  Globe. 

Seance  du  t8  mai. 

Par  M.  Denaix  :  Tableau  des  Etablissemens  fails  par  les  Europeens 
dans  ioutes  les  parties  du  Monde,  et  de  /a formation  des  elats  modernes 
par  lesquels  la  plupart  sont  remplaces.  Paris,  1828. 

Par  M.  Jialbi  :  Balance  politique  du  Globe,  en  1828. 

Par  M.  Bresson  :  Map  of  the  country  between  JVashington  ancf 
Pittsburg  referring  to  the  contemplated  Chesapeake  and  Ohio  canal  and 
its  general  route  and  profile ,  October  1826.  —  Message  from  the  Presi- 
dent of  the  United  States ,  deccmbre  1826. 

Par  JVI.  Bajol  :  Etat  general  de  la  Marine  et  des  Colonies ,  pour 
fannee  1828,  i  vol.  in-8°. 

Par  M.  le  chevalier  de  Coiicssiu  :  Carte  oil  est  Iracec  la  route  des 
differcns  Joyagcs,  el  particulierenient  de  celui  autour  du  Monde,  du 
iheiK  Maurice  de  Lou'essin,   1  feuille. 

Par  M.  Nicollet  :   Menioire  sur  iin  nouaeau  calcul  des  latitudes  dt\ 


IMontjouy  et  de  Barrelone ,  pour  servir  de  supplement  an  Traiie  de  la 
Lose  du  Sysleme  metrlque.  Paris  ,   1828  ,   i  broch.  iii-8". 

Par  M.  Warden  :  Obsenm^oes  sobre  a  ilha  de  S.  Miguel,  recolln- 
das  pela  comi'ssuo  iiimida  a'  mesrna  ilha  em  agoslo  de  1828  ,  e  re- 
gressudd  cm  oulubro  do  mesmo  anno.  Por  l.,uiz  da  Silva  Moiizinho 
de  Albiuiuerque  ,  e  seu  ajudunte  Ignacio  Pitta  de  Castro  Menezcs. 
Lisboa,  1826,  I  broch.  in-^". 

Par  M.  Arlhus  JJerlrand  :  Bibliotheijue  physico-^conomique ,  cah. 
de  mai. 

Par  M.  Toulouzan  :  UAmidu  Bien,  ^^  cahier. 

Par  les  Autcurs  :  Plusieurs  numeros  du  Globe. 


TROISIEME  SECTION. 

DOCUMENS,    COMMUNICATIONS,    NOUVELLES   GEOGRA- 

PHiQUES ,  etc. 

ETAT  DE  GUATEMALA.  —  Buines  de  Palenque  et  d'Ocosingo.  (Ex- 
trait  d'utie  lettre  adressee  de  Tabasco  le  10  decembre  1827  parF'" 
Corroy ,  medecin  fran^ais,  directeur  de  I'hopital  niililaire  de  celte 
ville.  ) 

J'ai  lu  avec  bcaucoup  de  plaisir  dans  I'Aigle  mexicaine ,  que  vous 
desiriez  des  details  et  des  renseignemens  sur  les  ruines  de  I'an- 
cienne  ville  de  Palenque  ,  et  que  vous  offriez  un  prix  pour  la  des- 
cription de  ces  ruines. 

Je  ne  pretends  pas  a  I'honneurde  recevoir  le  prix  quevous  proposez; 
mais  je  serais  Halte ,  et  il  me  serait  extremement  agreable  de  pou- 
voir  satisfaire  votre  curiosite  sur  ce  que  vous  demandez;  je 
ni'efforcerai  de  le  faire  aulant  qu'il  me  sera  possible. 

Jusqu'aujourdhui  ,  personne  n'est  en  etat  de  donner  plus  de  ren- 
seignemens que  ceux  que  je  possede  sur  les  ruines  de  cette  Palmyre 
am(^ricaine  que  j'ai  visitee  comme  un  second  \  olney  (  quoique  su- 
perficiellcment),  pendant  I'annde  1819. 


>99 

J'ai  entre  les  mains  i4-  dessins  de  figures  cl  d'hicroglyphes ;  j'ai 
vu  un  grand  nombre  des  originaux  qui  couvrent  les  murailles. 

Je  possede  egalement  I'histoire  que  I'on  a  ecrite  sur  ces  ruines  ; 
quolqu'elle  ail  besoin  d'etre  corrigce,  elle  nc  laisse  pas  d'etre  tres- 
instructivc  ct  remplie  de  details  curieux  et  surprenans. 

Si  Thierry  de  Menonville  ,  niedecin  fran^ais ,  rendit  service 
a  la  France,  sa  patrie,  en  y  apportant  le  premier  la  cochenille  (i),  moi 
Corroy  medecln  ,  qui  suis  ne  a  Paris  et  qui  ai  conserve  pour  mon 
ancienne  patrie  les  plus  vifs  sentimens  de  reconnaissance ,  comme 
lul ,  je  desire  partager  la  gloire  de  lui  etre  utile  en  tout  ce  qui  de- 
pendra  de  moi,  il  suffit  d'etre  ne  fran^ais  pour  ne  pas  etre  ingrat 
envers  son  pays  natal.  C'est  pour  cctte  ralson  que  je  recherche 
avccempressement  I'honneur  de  correspondre  avcc  voire  honorable 
societe  et  de  vous  donner  lous  les  renseignemens  que  je  pourrai 
me  procurer. 

Depuis  21  ans  je  reside  dans  cette  capltale  de  Tabasco,  situee  i 
4.0  lieues  ouest  du  nouveau  et  ancien  Palenque  ;  mon  epouse  est 
native  de  la  nouvelle  ville  de  Saint-Domlngue  (Saint-Domingo 
de  Palenque  )  ou  je  me  suis  marie  et  ou  j'ai  des  parens  et  des  amis ; 
ct  par  consequent ,  je  puis  plus  facilement  que  qui  que  cc  soil  tlrer 
des  dessins  de  loutcs  les  sculptures ,  ecus  d'armes  et  autres  objets 
qui  existent  en  ce  genre. 

II  y  aurait  des  difficultesa  surmonler  pour  seprqcurer  les  grandes 
pierres  ou  se  trouvent  les  diverses  figures  sculplees  que  vous  indl- 
qiiez  ,  et  meme  je  suis  cmbarrasse  pour  en  tirer  des  copies  :  on  ne 
trouve  dans  cette  ancienne  province  aucun  peintre  ni  dessinateur. 

(^uelques  uns  de  mcs  amis  de  Palenque  m'ont  offertde  m'envoyer 
ici  dans  8  ou  g  mols ,  deux  grandes  pierres  d'environ  3  varas  (  aunes 
d'Espagne)  de  long,  sur  une  et  demie  de  large,  et  qualre  doigts 
d'epaisseur  ;    je  desire  ardemmcnt  qu'ils  realisent  cette  offre. 


(0   \'oycz  riiisloirc  till  rcgiic  ar!iin[il  par  I*.!,  lo   haron  Cuvicr.,    torn.   4) 
[Ki^e  iG{,  annc'c  1817. 


!00 


11  est  impossible  de  salisfaire  cntiercment  vos  desirs ,  car  il  fau- 
drait  aballrc  ct  Lrftler  la  forct  pour  chasser  les  serpens  horribles  , 
Ics  coulcuvres  et  les  f^normes  et  monstrucuses  chauve-souris  qui  iii- 
festent  ces  pays-ci ,  et  s'y  renconlrent  en  grande  quantity.  Une  pa- 
reille  operation  neccssileraitbeaucoup  de  monde  ,  car  Ton  suppose 
que  I'ancien  Palenquc  a  -  licucs  dc  circonforence  :  inalt^re  tout ,  je 
puis,  commc  j'ai  eu  Ihonncur  de  vous  io  dire,  vous  procurer  de 
tres-bons  reuseignemcns  ,  et  pcut-etre  pourrai-je  fairc  plus  par  la 
suite  que  ce  que  je  vous  annonce  maintenant. 

J'ai  riionneur  de  vous  remettre  la  premiere  parlie  de  Touvrage 
sur  Palerique  ,  il  me  reslera  a  vous  euvoyer  la  seconde  ,  si  cette 
premiere  partle  est  digne  de  votre  attention.  On  les  a  imprimees 
avec  Tinlenlion  dc  publier  I'liisloire  de  Palenque,  ce  que  je  n'ai  pu 
encore  eft'cctuer. 

J'ose  vous  assurer  que  I'liistoire  qu'on  pourra  former ,  en  v 
ajoutant  4°  ou  5o  desslns  ,  sera  un  dfis  monumcns  les  plus  inte- 
ressans  de  notre  si<^cle;  mais,  pour  atteindre  ce  but ,  j'aurai  besoin 
d'aide  et  de  secours. 

ISous  avons  aussi  a  faire  de  nouvellcs  reclierches  sur  I'ancienne 
ville  ruinee  d'Ocosingo ,  eloignee  a  pen  pres  de  20  a  25  lieues  de 
Palenque,  jusqu'ici  on  en  a  tres-pcu  parle,  ct  cllc  n'cst  guere 
connue  et  cilee  que  dans  riilstoire  que  je  posscde. 

Ayez  la  bonte ,  si  vous  m'honorez  de   votre  correspondance  , 

de  m'^crire  par  duplicata,  par  \  era-Cruz  ,  el  je  me  ferai  un  plaisir 

'    de  vous  repondre. 

J  'ai  I'honneur  d'etre  ,  etc. 

Signe  Francesco  CoRROT. 


Lettre  sur  le  tremhlement  tie  ierre  de  la  Colomhie,  adressee  h  M.  yilex. 
Barbie  du  Bocage  ,  par  M.  d'ylrosla. 

M.  le  president  de  la  commission  centrale  de  la  Soclelc  de  geo- 
graphic m'a  inyile  ,  sur  voire  proposition  ,  a  donner  dcs  details  re- 


aoi 

latifs  au  dernier  tremblement  tie  lerre  qui  a  eu  lieu  h  la  Colombie. 
Quoique  /e  Globe  ait  deja  public  les  renseignemens  les  plus  im- 
portans  qui  nous  soient  parvenus  a  cet  dgard  ,  j'ai  cru  que  pour 
repondrc  a  Tinvilation  dc  M.  le  president ,  il  etalt  de  mon  devoir 
de  vous  coinmuniquer  tous  ceux  que  mes  relations  avec  le  pays 
in'ont  mis  a  meme  de  recueillir. 

Je  les  aurais  deja  communiques  a  la  Societc  si  j'avais  suppose 
qu'un  evenement  que  je  n'avais  envisage  que  sousle  rapport  geolo- 
gique  pdt  meriter  de  fixer  son  attention. 

Jamais  ,  dcpuls  la  decouverte  de  I'Amerique  ,  les  commotions 
du  sol  sur  la  Terre  Fcrme  n'ont  ete  ni  aussi  frequentes,  ni  aussi 
destructives  qu'au  commencement  de  ce  siecle. 

hn  1807  la  ville  de  Honda  ,  une  des  plus  peuplees  des  rives  de  la 
Madelaine ,  fut  detrulte  de  fond  en  comble  par  une  secousse  de 
tremblement  de  terre. 

Le  26  mars  181 2,  les  vilies  de  Caracas  ,  Merida,  la  Guaira  et 
San-Phelipe  eprouverent  le  meme  sort  :  vingt  mille  personnes 
perirent  dans  lespace  de  quelques  minutes. 

Le  17  juin  1826,  la  plus  violente  secousse  qu'ont  eut  jamais 
essuyee  a  Uogota  ,  renversa  un  nombre  considerable  des  edifices 
de  cetle  ville  ;  et  le  16  novembre  de  I'annee  suivante  ,  le  tremble- 
ment de  terre  ,  qui  se  termina  par  I'eruplion  du  Purace  ,  detruisit 
une  grande  partie  des  vilies  de  Popayan  et  de  Neyva. 

Trenle  ans  se  sont  a  peine  ecoules  depuis  le  4  fevrier  1797  ,  jour 
de  la  memorable  catastropbe  de  Riobamba,  qui  suivit  de  trois  mois 
seulement  la  ruine  de  Cumana  ,  et  nous  avons  vu  dans  ce  court 
espace  de  temps  ,  bull  vilies  ancantics  ,  et  plus  de  soixanle  iiiitle 
personnes  ensevelies  sous  les  ruines  des  habitations,  ou  noyees  par 
les  inondations  qui  ont  accompagne  les  trcmblcmens.  Je  crois  que 
riiistoirc  nous  offre  peu  d'cxemples  de  semblables  calamiles  ,  d'au- 
tant  plus  desaslreuses  dans  le  pays  dont  il  s'agit,  qu'il  est  soixante 
fois  moins  peuple  que  la  France  :  a  peine y  compte-l-on  trente  liabi- 
tans  par  lieue  carree. 


202 

Avaiil  rle  voiis  parlcr  du  deniier  <lc  ccs  IrcinLlenicns  Ac  Icrrc  ,  jc 
me  suis  perniis  dc  rappeler  ccux  qui  Tonl  precede.  Sirallcnlion  pu- 
Lliquen'a  pas  etc  suffisainineiil  fixee  sur  la  succession  deplorable  de 
ces  terribles  phenomenes,  donl  la  m»?mc  generation  a  ete  victime, 
peut-etre  faudrait-il  en  cherchcr  la  cause  dans  reloignemenl  du  pays 
oil  ces  accidens  sont  arrives ,  el  dans  I'importance  et  la  rapidile  des 
ev^nemens  d'un  autre  genre  qui  se  sont  succede  dans  le  inemc  in- 
tervalle  de  temps  sur  Tun  et  I'aulre  continent.  Toujours  est-il  vrai 
que  si  une  pareille  scrie  de  sccousses  se  renouvclait ,  on  ne  pour- 
rait  s'empecher  d'elever  une  objection  contre  I'opinion  des  geolo- 
gues  qui  pensent  que  la  frequence  etl'intcnsite  des  tremblemens  de 
terre  et  des  actions  volcaniques  diminuent  avec  I'^ge  du  monde. 

Le  Purace  est  le  premier  volcan  aclif  que  Ton  rencontre  dans  la 
cbaine  des  Andes  ,  au  sud  dc  Cumana  ,  sur  une  etendue  de  pr<^s  de 
quatre  cents  lieues.  Cest  dans  un  rayon  d'environ  quarante  lieues  , 
autour  de  ce  volcan  ,  que  le  dernier  trcmblcnient  a  exerce  ses  plus 
cruels  ravages. 

Les  trois  sommcts  du  Guaila,  du  Zotara  et  du  Purace  sont  trcs-voi- 
sins ,  et  leur  situation  ,  dans  le  groupe  que  forment  en  se  reunissant 
les  trois  brandies  des  Cordilleres  qui  traversent  la  partle  cenlrale 
de  la  Colombie,  est  fort  remarquable.  A  partir  du  i6  novembre  ,  a 
six  lieures  du  soir ,  que  la  premiere  secousse  fut  ressentie  a  Popayan , 
la  lerrc  nc  ccssa  de  s'agiter  ,  a  des  intervalles  plus  ou  moins  longs  , 
jusqu'au  moment  de  I'eruplion  du  volcan.  Celle  premiere  secousse 
se  fit  senlir,  a  qualre-vlngis  lieues  N.E.,dans  la  vllle  deliogola,assez 
vivement  pourrenverser  plusieurs  edifices,  tandis  que  les  secousses 
du  17  ,  a  cinq  beures  du  matin  ,  et  du  m^me  jour  a  11  lieures  4-5' 
qui  causerenl  tant  de  dommages  a  Pojiayan  et  dans  les  environs,  ne 
parvlnrent  pas  jusqua  cette  capltale ,  ou  furent  si  falbles  qu'iln'en 
est  point  fail  mention  dans  les  letlres  qu'on  en  a  revues. 

Les  babitaiis  de  la  vllle  de  Popayan  eurenl  le  temps  de  sesauver; 
deux  persoiiues  seulement  furent  luees  ;  mais  dans  les  vallees  de 
Neyva  et  de  Palia  plus  de   Irois  cents  habilans  perirenl  par  suite 


2  03 

des  inondatlons  et  de  la  crue  des  fleuves  ,  la  pluparl  des  lieux  habl- 
tes  etant  situes  sur  leurs  hords.  La  premiere  de  ces  valines  est  arro- 
see  par  la  Madelainc  supericure  et  ses  affluens  ,  et  peut  etre  consi- 
deree  comme  le  commencement  du  bassin  de  ce  fleuve.  La  seconde, 
que  traverse  la  Patia  ,  qui  porle  ses  eaux  a  la  mer  du  Sud  ,  est  la 
vallee  la  plus  profonde  et  la  plus  chaude  des  Andes  ;  elle  offre 
peut  -  elre  le  seul  exemple  dun  cllmat  malsain  ,  au  milieu  des 
Cordilleres. 

II  parait ,  suivant  une  lettre  du  gouverneur  de  la  province  de 
Neyva  ,  que  des  changemens  notables  se  sont  operes  a  la  surface 
du  sol  dans  cette  province  :  des  coUines  auraient  disparu  ,  et  des 
lacs  occuperaient  aujourd'hui  Icur  place  ,  nous  ne  savons  toulefois 
rien  de  positif  a  cet  egard. 

On  ignore  encore  ,  et  probablement  on  ne  connaitra  pas  de 
long-temps  Ics  effets  que  le  tremblcment  de  lerre  a  produits  vers 
le  S.  E.  Dans  cette  direction  ,  et  a  quelques  lieues  de  Popayan  , 
commencent  des  forets  immenses  ou  le  Caqueta  ,  le  Pulumayo  et 
le  Caguan ,  affluens  de  I'Amazone,  prennent  leurs  sources.  Ces  fo- 
rets sont  seulement  parcourues  par  les  Andaquies,  tribus  d'Indiens 
sauvages  ,  qui  n'ont  presque  aucune  communication  avec  les  autres 
habitans  du  pays. 

Si  quelques  nouveaux  fails  dignes  de  Fattention  de  la  Societe 
me  parviennent ,  je  m'empresserai  de  vous  les  communiquer. 

Paris,  le  10  avril  1828. 


Extra  IT  tVune  lettre  adressee  a  M.  Jomard,  en  date  de  Saint -Louis 
du  Senegal,  le  18  fevrier  1828,  concernant  le  major  Laing. 

II  n'est  bruit  Ici  que  de  la  mort  du  major  Laing.  La  nouvelle 
nous  en  arrive  de  tous  cotes.  Maures  et  negres,  a  Saint-Louis 
comme  a  Bakcl,  tout  le  monde  s'occupe  de  ce  tristc  evenemenl  et 
des  details  qui  en  confirinent  Taffrcuse  aulhentlcitc^.  Un  Marabout 


204 

de  Tischit  sort  i  1  instant  Je  chez  moi  ,  et  se  propose  pour  allor 
rcclamcr  pres  du  rol  do  Toinboijclou  les  niamiscrlts  et  les  effets 
de  ce  voyageur.  Les  details  qu'll.  m'a  communiques  sur  cetle  san- 
glantc  catastrophe  ,  sont  analogues  a  ceux  qui  sonl  consignes  dans 
la  lettre  ci-incluse ,  qui  est  egalement  relative  a  ce  deplorable  eve- 
nemcnt.  I.ors  memc  que  dcs  reriseignemens  plr.s  dignes  de  con- 
fiance  delruiraieiil  les  crainles  que  ceux  qui  sout  contenus  dans 
cetle  missive  me  font  conccvoir ,  il  est  neannioinsremarquable  que 
les  memes  nouvelles  circulent  dfe  I'extrcmite  de  I'Afrique  a  I'aulre 
extremitc  sans  eprouver  une  alteration  sensible  dans  I'ensembledes 
faits  qu'elle  signale,  ni  meme  dans  la  nature  des  particularites  qui 
s'y  rattachcnt. 

Enfm  ,  si  CCS  bruits  ne  la  confirmeiU  pas,  il  est  tres-probable 
qu'ils  sont  iuvenles  et  repandus  par  les  caravanes ,  qui,  en  s'oloi- 
gnant  du  centre  de  TAfriquc ,  croieiit  avoir  un  Interet  a  senior 
ces  afiligeans  rapports,  afin  d'en  eloigner  les  Europeens,  contre 
lesquols  les  marcliands  coh9oivent  une  jalousie  d'autant  plus  grande, 
que  ces  premiers  pretextent  uniqucment  le  desir  qu'ils  ont  dY'ta- 
blir  lours  relations .commerciales  pour  legitimer  leur  arrlvee  pres 
les  chefs  des  nations  quils  parcourent. 

Une  pcrsonnc  qui  arrive  de  Gambie,  me  fail  part  dcs  memos 
craintes  que  vous  me  tomoignoz  au  sort  de  M.  Clappcrton.  J^es 
Anglais  qui  resident  dans  cetle  colonic  paraissent  au  contraire 
s'alarmer  fort  peu  dcs  iuquioludes  qu'on  eprouve  sur  la  vie  du 
major  Laing.  Dcs  documcns  qu'ils  ont  obtenus  dernieroment  sur 
I'elat  de  ce  voyageur ,  sont-ils  d'une  nature  a  dissiper  lours  soup- 
90ns.' je  n'en  sais  rieu  encore;  mais  on  dit  que  c'esl  une  lettre  du 
major  Laing  qui   leur  inspire   cetle  socurile   qu'ils  partagent  sur 


son  sort. 


Si'sne  Prosper  Gekabdin. 


205 

Traduction  d'une  kttre  d'un  Mmre,  adressee  a  Saint-Louis. 
Chefs  (1e  la  Iribu  dcs  Darmancours  , 

Sachez  que  Chems  m'a  dll  qu'il  a  rc^u  une  lellre  de  Salek,  fi!s 
denotre  Iman  etde  notre  Clieih  (a  Tiscliit)  ,  relative  au  Chretien 
qui  est  allc  a  Ghadames.  De  celle  ville ,  il  a  marclie  vers  Toual, 
puis  ensulte  il  s'est  dirige  vers  la  tribu  de  CheVh  Moctar  (  chef  des 
Kountas  ,  a  Vtsi  du  royaume  des  Dowlches).  Moyennant  mllle 
gros  d'or ,  les  gens  de  cette  tribu  I'ont  accompagne  a  Tombouctou, 
ou  ils  sont  arrives  apres  une  route  qui  a  dure  sept  jours;  ensuite 
lis  I'ont  quitte.  Ce  blanc  rcsta  quclques  jours  a  Tombouctou,  puis 
il  en  sortit.  II  fut  rencontre  par  des  Maures,  qu'on  appellc  Bera- 
biches.  Ceux-cl  le  tuerent,  volerentson  argent,  ct  laisserent  la  les 
livfes  qu'il  posscdait. 

Salek  dll  que  si  les  Chretiens  veulent  ces  livres,  ils  n'ont  qu'a 
lui  envoyer  quelqu'un,  et  qu'il  les  lui  reinettra. 

Les  Eerablches  sont  des  Maures  qui  babitent  dans  les  environs 
de  Tombouctou  et  d'Araouan.  ' 

Le  roi  de  Tombouctou  se  nomme  /A- W '  clKluich. 


Extra  IT  des  renseignemens  sur  la  Colonic  anglaise  de  Fernando-Po , 
adresses  par  M.  C.  MoREAU. 

L'expedltion  destinee  a  former  la  nouvelle  colonie  de  Fernando- 
Po  mouIUa  dans  labaie  de  Maidstone  le  27  octobre  1827.  A  peine 
y  etail-elle  arrivee  que  dcs  naturels  ,  monies  dans  dcs  canots,  se 
presenlerent  pour  echanger  contre  du  fer  des  ignames,  des  lignes 
a  pecher,  de  la  volaille,  du  vin  de  palmier,  conlenu  dans  des 
calebasses ,  des  peaux  de  singes  et  de  seqjcns  et  de  pelites  boi- 
tes  artislemcnt  travaillees.  Ces  indigenes,  bien  que  d'une  stature 
moyenne,  paraissenl  neamnoins  fort  robustes.  lis  manifesterent 
au   commencement  de  la  repugnance  a  venir  a  bord  ;  mais  peu 


2o6 

^  peu  ils  se  rassurercnt  ;   cl  plusicurs  s'y  rendircnt  accompagncs 
de  leur  chef,  qui  sc  nommalt  Koukoulakou.    Us  avaient  Ic.  corps 
barbouille  (Vune  sorle  de  teinlure,  formee  d'ocre  rouge  et  d'hulle  de 
palmier.   Le  chef  seul  I'avait  pcint  en  jaune.   Lenrs  cheveux  ,  qui 
leur  tombalent  en  boucles  sur  les  epaules ,  claient  aussi  teinls  de 
la  meme  couleur.  lis  avaient  le  dcvant  de  la  tetc  decouvcrt ,  ot  le 
sonimet  en  parlle  rase.  Celle  des  jeunes  gens  I'elalt  enllercment ; 
et  il  ne  leur  restalt  qu'une  mechc  sur  le  haut.  Lcurs  chapeauK  elalcnl 
plats,  a  petite  Lords  et  ornes  de  feulUes,  d'os  de  singes  el  d'aulres 
aniniaux  et  de  plumes  blanches  et  rouges.  Ces  dernieres  devaicnt 
avoir  ete  plongees  dans  du  sang,  lis  portaient  des  bracelets,  des 
colliers  et  des  celntures.  Celles-cl  conslstalent  en  une  chaine  falle 
de  vcrlebrcs   de   serpens  ou  de  fruits  sauvages,  et  supporlalcnt  le 
seul  velcment  qu'ils  eussent  ,  Icquel  se  composait  d'un  pcllt  labller 
en  pcau,  qui  leur  pendalt  des  lianches  aux  culsscs.  Le  chef  seul  en 
porlall  un  par  derrlere.    La   muslque    semblalt  avoir  un  charme 
tout  parllculler  pour  eux.  La  vue  des  chevaux  ,  desanes,  des  boeufs, 
des  cochons,  etc.,  leur  causa  une  grande  surprise.  La  vache  les 
amusa  beaucoup  :  c'elalt  a  qui  lul  tirerait  la  queue ,  et  lui  en  arra - 
cherait  les  polls.  Koukoulakou  prenalt  plalslr  a  frolter  sa  lougue 
barbe  contre  celle  des  Anglais  qui  en  avaient.  Us  furent  tres-satls- 
faits  des  chaises  qu'on  leur  offrit  pour  se  reposer,  parce  qu'eux- 
mi^mes  s'asseolent  dans  lcurs  hultes  sur  des  blocs  de  bols  ,  contre 
I'usage  presque  general  des  Afrlcalns ,  qui  ont  riiabllude  de  s'ac- 
crouplr  sur  les  gcnoux  ou  sur  les  talons.  Le  fer  etalt  I'objet  auqucl 
ils  paraissalent  attachcr  le  plus  de  prix.  On  donna  un  cercle  de  fer 
au  chef,  la  moltle  d'un  autre  a  son  frere  et  des  morceaux  d'un 
pied  environ  de  longueur  a  chaque  personnc  de  sa  suite.  Un  des 
naturels  qui  ne  put  reslster  a  la  tentatlon  que  lui  causait  une  hache, 
s'en  saisit,  et  la  cacha  sous  son  tablier.  Decouvert  par  un  des  ma- 
telots,  11  falllll  expler  blen  cherement  son  crime;  car,  apres  avoir 
ele  cruellement  ballu  par  scs  camarades  ,  on  le  prit ,  et  on  Tatlacha 
a  un  arbre,  el  un  des  chefs  s'avan9ait,  un  couteau  a  la  main,  pour 


207 

I'egorger,  lorsqiie  MM.  Harrison  ct  Jeffery  intercedcrcnl  en  sa 
faveur,  et  lui  sauverent  la  vie. 

Ces  indigenes  ne  connaissent  pas  Tusage  des  vetemens;  les 
femnaes  vont  nues  comme  les  hommes.  Leurs  canots  ont  i5  a  3o 
pieds  de  longueur,  et  peuvent  contenir  douze  personnes.  lis  se  ser- 
vent,  pour  les  navlguer ,  d'une  espece  de  voile  carree ;  et  a  la  proue 
il  y  a  luie  perclie ,  dont  le  Lout  est  ome  de  plumes.  Le  bruit  des 
mousqucts  parut  Leaucoup  les  effrayer.  lis  s'en  plaignirent  nieme 
au  capitalne  ;  mais,  voyant  qu'on  nes'en  servait  que  pour  tuer  des 
singes  ou  des  daims,  ils  n'y  firent  bienlot  plus  attention. 

Le  capitaine  clioisit,  pour  y  construire  une  habitation,  un  em- 
placement qui  avait  ete  autrefois  occupe  par  les  naturels.  \  oulant 
se  concilier  leur  amitie ,  il  cntra  en  marche  avec  eux  pour  le  ter- 
rain dont  il  avait  besoin  ,  et  qu'il  leur  paya  avec  du  fer.  11  leur  re- 
pugnait  toulefois  de  voir  que ,  pour  couvrir  leurs  cabanes ,  les  An- 
glais dcpouillaient  les  palmiers  de  leurs  feuilles,  et  coupaicnlmeme 
les  arbres.  lis  ne  connaissent  rien  de  plus  delicieux  que  le  vin  qu'ils 
en  tirent;  et  I'idee  d'en  manquer  ne  leur  souriait  pas.  Aussi  ce  fat 
difficilement  que  le  capitaine  parvint  a  dissiper  leurs  craintes  a 
cet  egard,  et  il  fallut  meme  avoir  recours  a  un  petit  present  en  fer 
pour  les  tranquilliser.  M.  Owen  employa  plusieurs  jours  a  explorer 
la  parlie  orientale  de  la  baie;  ayant  juge  la  pointe  William  favo- 
rable a  I'etablissement  projete,  il  y  fit  aussilot  commencer  les  Ira- 
vaux  necessaires ;  et  le  25  decembre ,  il  en  prit  formellemcnt  pos- 
session. Le  chef-lieu  porte  le  nom  de  Clarence  -  Cooe.  Suivant  les 
derniers  renseignemens  qu'on  en  a  re^us ,  et  qui  ont  ete  transmis 
a  la  Societe  de  geographic  par  M.  Cesar  Moreau,  la  colonic  con- 
tinue de  prosperer,  et  ne  peut  manquer  de  devenir  un  jour  fort 
importanle.  EUe  possede  des  sources  abondantes  d'une  eau  limpide 
ct  excellente,  et  offre  plusieurs  bons  mouillages.  Les  colons  y  jouis- 
sent  d'une  sante  parfaite  ,  et  sont  pourvus  de  provisions  de  toutc 
espece,  de  moutons,  volaille,  lortues  ,  poissons,  etc.  Neanmoins 
ce  ne  sera  qu'apres  les  pluies  de  mars  qu'on  sera  a  meme  de  pro- 


2o8 

noncer  sur  la  salubrite  du  pays.  Le  5  Janvier  1828,  il  n'ctaitmort 
que  5  ties  lyo  Europeens  qui  y  dlaient  arrives  six  mois  aupara- 
vanl;  et  sur  5oo  iialurels,  la  morlalitc  ne  s'ctait  elevec  qu'a  six. 
La  maladic  qui  parail  y  regner  le  plus  coiumuneinent  est  uue  es- 
pece  d'ulcere  dout  le  chlrurgien  a  dcja  gutiri  3o  individus. 


lies  noui>ellement  decouverles ,  sur  la  c6te  du  Jopon. 

Ces  lies  ontetedecouverlesle  12  septembre  1824,  par  le  capilaine 
Coffin,  de  INaiitucket  (Etals-Unis).  Elles  sorit  au  noniLre  de  six, 
sans  compter  un  grand  nombre  de  rochers  ct  de  recifs,  et  ferment 
le  groupe  situe  au  midi  de  la  T^o'mie.  Saruluam ,  sur  la  cote  du  Japon , 
donl  elles  sont  liloignees  de  quatre  jours  de  navigation  seulcment; 
el  la  bale  oi'i-M.  Coffin  jeta  i'ancrc,  est  par  le  2G"  3o'  de  latitude 
nord,  et  le  i^i"  de  longitude  E.  de  Greenwicb. 

Le  capitaine  donna  a  la  plus  grande  de  ces  fles,  qui  a  4-  lieues 

;de  long,  le  nom  de  Fisher,  et  celui  de  Kidd  a  ccHe  qui  lui  parut 
ensuite  la  plus  etendue  ,  en  Tbonneur  de  MM.  Fisber  ct  Kidd 
de  Eristol  (  Angleterre),  proprietaires  du  bailment.  La  troisieme, 
la  plus  nieridionale ,  fut  appelee  lie  du  Sud;  et  il  nomma  la  qua- 
Irienic  lie  des Pigeons,  a  cause  de  la  grande  quantite  d'oiseaux  de  cette 
espece  qui  s'y  trouvent.  A  environ  4-  miUes  E.  N.  E.  de  1  lie  du  Sud 
sont  les  deux  autres  ties  donl  le  terrain  est  eleve  et  de  forme  circu- 
laire,  ct  auxquelles  M.  Coffin  ne  donna  point  de  noixi.  L'llc 
Fisber  s'etend  du  S.  S.  E.  au  N.N.  O.,  el  Tile  de  Kidd,  la  plus 
occidenlale  du  groupe ,  est  situee  au  S.  E.  de  la  parlie  seplentrionale 

;de  rile  Fisher.  Ces  ties  ferment  une  belle  bate  de  deux  milles  de 
large  sur  cinq  niillcs  de  long.  Le  capilaine  ayant  double  celte 
baie  ,  trouva  a  4  milles  au-dessus,  pres  de  i'Ue  Fisber,  une 
autre  baie  plus  petite  et  non  moins  commode,  ou  il  jela  I'ancrc 
par  1 5  brasses  ;  11  lui  donna  le  nom  de  IIdi>re  deCoJfin.  Ce  bavre  est 
g  I'abri  de  tous  les  vents ,  si  ce  n'est  du  cote    O.   S.  O.  ct  n'a 


aog 

poiiil  (le  courans.  M.  Coffin  y  pnt  5o  tonnes  d'cau  de  la  meil- 
lemc  qualltc ,  et  une  Lonne  provision  de  Lois.  Les  eaiix  de  cette 
bale  sonl  remplies  de  torlues  ,  de  honiards  et  de  polssons 
excellens.  Le  capltaine  Coffin  n'y  decouvrit  aucun  quadrupede, 
reptile  ou  insecte  de  quelque  espece  que  ce  fiit ,  pas  ineme  une 
fourmi.  On  y  liouve  bcaucoup  de  gros  arbres  de  la  plus  belle 
espece  ,  au  nonibre  desquels  est  I'arbre  a  cliou;  et  il  n'exisle  aucune 
marque  sur  les  arbres,  ni  aucune  trace  sur  le  sol,  qui  iudique 
que  riiomine  ail  jamais  penetre  dans  ces  lies.  Ce  groupe  sera  un 
lieu  de  relache  tres-utile  pour  Ics  balimens  employes  a  la  pecbe 
de  la  balcine  et  pour  ceux  qui  se  rendront  de  Canton  au  Port- 
Jackson  ou  a  la  cote  nord-oucst  de  TAmeriquc. 

Warden. 


Voyage  en  Sibeiie,  de   BI.  le  professcur  Ledebuhr. 

M.  le  professeur  Ledebuhr  vicnt  de  rendre  compte  au  conseil 
de  ruiiiversite  imperiale  de  Dorpat  du  voyage  botanique  qu'il  avail 
etc  charge  de  fairc  dans  les  monts  Altai",  et  dont  il  se  propose  de 
pnblier  une  relation  detaillee.  Nos  lecteurs  nous  sauront  gre  sans 
doule  de  metlre  sous  leurs  yeux  un  extrait  de  ce  rapport. 

«  Je  parlis  vers  la  fin  de  Janvier  1826,  dit  M.  Ledebuhr,  et  le  9 
mars  j'arrivai  a  Earnaoul ,  ou  je  fis  ,  avec  mes  compagnons  de  vo- 
yage, les  dispositions  necessaires  pour  commencer  nos  recherches. 
Le  docteur  Meyer  et  le  docteur  Bunge,  qui  devaient  se  diriger  le 
premier   vers  le  sud ,  et  le  second  vers  Test,  me  quitterent  le  18. 

Oblige  de  m'arreter  quelque  temps  a  Zmeinogorsk,  oii  j'etais 
arrive  le  12  avril,  j'en  profilai  pour  faire  quelques  excursions  dans 
le  voisinage,  et  pour  visiter  Tusine  a  soufre  de  Kolyvan  el  le  vol- 
can  de  Reven.  Le  28,  j'atteignis  Riddersk  ,  ou  j'etudiai  la  flore 
printaniere  a  la  base  des  monlagnes  qu  il  n'elait  pas  possible  de 
gravir;  je  fis  de  la,  en  attendant,  une  course  dans  la  steppe  des 


210 


Kirghis,  pour  comparer  la  florc  de  la  rive  moridionale  de  Tlr- 
tysch  avec  celle  de  la  rive  opposec.  De  retour  a  RIddersk,  ce  ne  fut 
que  Ic  8  juiii  que  j'cus  la  possibilite  de  commencer  mon  voyage 
dans  les  monlagnes.  Aprcs  avoir  traverse  les  glaciers  et  la  vallee  de 
Koxounc,  avoir  alleint  la  source  du  Tcharisch  dont  je  suivis  le 
cours  peudaut  plusieurs  jours  ,  j'arrivai  au  village  de  Tchelchou- 
liklia,  el,  le  26  juin,  je  rejoiguls  le  docleur  JJunge  dans  cclui  d'l- 
maue  sur  la  riviere  Koutague,  d'oii  je  relournai  a  Riddcrsk  par 
un  auire  cliemin  ,  a  t ravers  le  glacier  de  Koxoune. 

M'etant  aperi^u  que  la  contrce  arrosee  par  le  Tcharisch  elait 
d'une  richesse  adinirable  en  planlcs  rares,  dont  on  pourrait  faire 
une  ample  coUeclion  dans  une  saison  un  peu  plus  avancee ,  je  re- 
conunen^ai  la  meme  tournee,  le  12  juillct.  Arrive  le  23  au  village 
de  Korgone,  il  me  fut  impossible  de  remonter  a  la  source  de  la 
riviere  de  ce  nom  qui  coule  dans  une  vallee  rocailleuse,  bomee  par 
dcs  rochers  de  iGoo  a  2000  picds  d'elevation  ;  je  ne  pus  pdnetrcr 
qu'a  4  verstes  au-dela  des  carrieres  d'ou  Ton  tire  le  porphyre  el  le 
jaspe  pour  les  fabriques  de  Kolyvan.  Sur  la  foi  de  mes  guides,  qui 
m'assurerent  connaitre  un  autre  chemin  conduisant  a  la  limite  me- 
ridionale  de  ces  Alpes,  en  remontant  aux  sources  du  Sentilck  et  de 
rinea,  je  partis  par  Korgone  ,  le  25  juillet,  et  le  27  j'arrivai ,  non 
sans  difficulte ,  sur  un  plateau  uni ,  eleve  de  7000  pieds  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer ,  et  qui  a  25  verstes  du  iiord  au  sud,  rencon- 
tre qui  me  parul  d'autant  plus  remarquable ,  (jue  ce  plateau  n'est  in- 
dique  sur  aucunc  carte.  J 'en  descendis  avec  assez  de  peine  dans  la 
vallee  de  I'Ouba,  el,  le  3o,  j'arrivai,  sans  accident,  a  Riddersk. 

Apres  avoir  visile  de  nouveau  la  monlagne  d'Ouba,  je  me  rcmis 
en  route  le  4  aout  pour  Ouslkamenogorsk,  d'ou  je  remonlai  Tlr- 
tysch  jusqua  Rouklilarminsk ;  je  me  rendis  ensuite  a  la  mine  de 
Cipynovsk,  et  le  18,  j'arrivai  au  village  russe  de  Fikalka,  silue  a 
i5o  versles  plus  loin,  sur  la  ligne  meme  fronliere,  a  prcs  de  5aoo 
pieds  d'elevation  au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 

Ayant  eu  la  curiosile  de  visiter  Djinghislel,  premier  posle  avancc 


21  I 

chiuois,  je  m'y  rcndis  a  cheval  Ic  20  aodt,  et  j'y  re^us  un  fort  bon 
accneil ;  mals  jc  n'y  rcstai  que  vingl-quatre  licurcs.  Jc  rcprls  done  la 
route  de  Riddersk,  d'oi'i  je  vlsitai  encore  tous  les  lieux  riches  en 
plantes  rares ;  apres  avoir  mis  en  ordre  les  collections  que  j'avais 
recueillies,  je  revins  a  Barnaoul  par  le  lac  de  Kolyvan  et  les  usines 
de  Loklevsk,  pros  desquelles  j'examinai  un  lac  dont  les  eaux  sont 
chargees  de  sel  de  Glauber. 

De  son  cote,  le  docleur  Meyer,  qui  etait  arrive  Ic  8  avril  a 
Boukhlanninsk,  parcourutles  environs  jusqu'au  25  :  parti  avccune 
escorte  de  Cosaques,  il  se  rendit  ensuite  au  piquet  russe  nonime  Na- 
bat ,  sur  la  frontiere ,  et  a  la  peclierie  rassc  la  plus  elolgnee ,  qui 
n'est  qu'a  8  verstes  du  ISor-SaVssanc,  et  qu'il  atteignit  le  10  mai  ; 
de  la,  il  visila  les  monts  Arkoul  et  Dolen-Kara,  et  les  rivieres 
Roukane  et  Kourtchoune. 

De  retour  a  Oustkamenogorsk,  le  docteur  Meyer  se  rendit  a  Se- 
mipalatinsk,  d'ou  il  partit,  le  25  juillet,  par  ia  route  des  caravanes, 
qui  conduit  a  Semirek,  et  qu'il  suivit  jusqu'aux  monts  Arkatsk  ;  puis 
se  dirigeant  au  sud  ouest,  il  arriva ,  le  2  aoAt,  a  Djengliir  Tane ; 
il  continua,  jusqu'au  i5,  son  voyage,  dans  la  direction  de  Touest, 
et  tournant  ensuite  au  nord-ouest,  il  atteignit  le  groupe  des  mon- 
tagnes  de  Djengbilcnsk.  Le  25,  il  vit  Karkarala,  I'une  des  nou- 
velles  colonies  russcs  dans  la  steppe  des  Kirghis,  ou  il  s'arreta 
jusqu'au  3o  ,  qu'il  partit  pour  ia  mine  d'cmeraude  d'Altyne-Toube. 
Enfin,  le  28  septembre,  il  etait  de  retour  a  Semipalatinsk ,  et  le 
i5  octobre,  a  Barnaoul. 

Le  docteur  JJunge,  qui  etait  arrive  le  4  avril  au  village  de  Tcliet- 
choulikha ,  en  parlit  le  1 1  mai,  en  remontant  le  Tcharisch  jusqu'a 
Kane,  ou  les  ricliesses  de  la  flore  le  retinrent  quelques  jours;  tra- 
versant  la  montagne  qui  separele  Tcharisch del'OursouU,  il  atteignit, 
le  ig  mai,  le  rivage  du  Katoune  a  I'endroit  ou  il  re9oit  les  eaux 
du  grand  Oulegamene,  traversa  ce-te  riviere  et  les  monts  Verchalisk 
el  AVgalak,  el  arriva,  le  22,  au  bord  de  Tchouya,  qu'il  remonia 
jusqu'aux  iourtcs  duKalmoukSaissan-Mongol,  non  loin  du  premier 


poste  chinois.  Comme  la  saison  n'etait  pas  assez  avancec  pour  aller 
visiter  le  lac  de  Telelz,  il  reviiit  sur  ses  pas,  ct  arrlva  au  village 
d'linane,  en  Iraversarit  le  glacier  de  Terekfinsk. 

Nous  etaiil  rt'joinis  a  Iinane,  nous  rcinonlamcs  ensemble  le  Ko- 
xoune  jusqnau  village  d'Abai,  d'ou  le  docteur  liunge  se  rendil  de 
nouvcau  a  Kane,  cl  retourna  au  cainpeinent  de  SaYssan-Mongol , 
qu'il  atteignil  le  20  juillet;  il  en  parlll  au  bout  de  Irois  jours  pour 
le  lac  dc  Teletz.  Apres  avoir  traverse  successlvement  les  inontagnes 
couvcrtes  dc  neige  qui  separent  la  Tchouya  du  JJasclikanc,  ct  cettc 
derniere  riviere  du  Tcbonliscbmane,  il  arriva,  le  28,  au  lac;  mais 
le  mauvais  temps  et  la  cruedeseaux  I'obllgerent  dc  retourncr  promp- 
tement  sur  ses  pas.  Le  12  sepleaibre  nous  nous  rcnconlrames  a 
Zme'inogorsk. 

Le  nombrc  des  especes  de  plantes  que  nous  avons  trouvccsdans 
ces  diverses  excursions  s'eleve  au  moins  a  1,600,  dont  4  a  5oo 
etaient  enticrement  inconnues  jusqu'a  ce  jour  ;  cl  Ics  donnees  que 
Ton  avait  sur  la  plupart  des  autrcs,  ainsi  que  sur  les  lieux  ou  elles 
croissent,  etaient  fort  incompletes ;  aussi  je  crois  pouvoir  elre  en 
elat  de  publier  mainlcnant  une  Flora  Jltdka  aussi  cxacte  qu'il  est  k 
desirer.  iSous  avons  recucilli  des  semences  de  la  plupart  des  plantes 
les  plus  rares,  ct  quelques  excmplaires  vivans  en  ont  meme  ete  cn- 
voyes  a  Dorpat;  d'autres  sonl  resles  provisoiremenl  a  Barnaoul,  en 
attendant  la  belle  saison. 

La  geographic ,  la  slatistique ,  la  zoologie  et  la  mineralogic , 
n'ont  pas  ete  negligees  dans  le  cours  de  noire  voyage  ;  enfin,  les 
collections  que  nous  avons  formees  pour  runiversile  imperialc  se 
composent  : 

I"  D'un  bcrbier  de  la  flore  altaique ,  rcnfermant  1,600  especes  ; 
2.°  De  241  plantes  vivantes ; 
3"  De  1,34.1  especes  dc  semences; 
4"  De  700  especes  d'aniniaux; 

5°  D'eclianllilons  d'emeraudes,  et  dc  quelques  autrcs  substances 
mineralogiques ; 


2l3 

6"  De  quelques  objeis  d'antlquite  trouves  dans  des  tombeaux 
Ichoudes.  » 


Voyages  dans  ks  monts  Ourals,  de  M.  le  professeur  d'Engelhardt. 

M.  d'Engelhardt,  professeur  a  runiversite  de  Dorpal,  virnt  de 
faire,  ainsi  que  nous  Tavons  precedenunent  annonce,  aux  frais  de 
I'unlversite,  un  vovage  dans  les  inonis  Ourals.  11  a  presenle  ,  a  son 
retour,  auconseil  decelteuniversile,  un  rapport sur  celte  intercssanle 
excursion,  dont  nous  mettons  Id  un  exirail  sous  les  yeux  de  nos 
lecteurs.  M.  d'Engelhardt  se  propose  de  puLlier  sur  le  m<}me  sujet 
un  ouvrage  beaucoup  plus  circonstancie. 

Vers  la  fin  de  lliivcr  dernier,  dit  ce  savant  professeur,  je  me 
rendls  a  Sarcpta,  celte  vllle  etanl  le  point  le  plus  meridional  de  la 
contree  dont  je  devals  faIre  la  description.  J'cmployai  les  quatre  se- 
malnes  que  j'y  passai  :  i°  a  faire  des  courses  dans  les  steppes  vol- 
sines,  afin  de  les  examiner  sur  le  rapport  geologlque ;  2"  h.  deter- 
miner i'ancienne  embouchure  du  \olga,  et  les  coles  de  la  mer 
Casplenne ,  telles  qu'eiles  etaient  lorsque  Ic  niveau  de  cette  mer 
^lant  plus  eleve  qu'a  present,  elle  ne  falsalt  qu'une  mer  avec  la  mer 
Noire;  3"  a  mesurer  leur  hauteur  ;  4"  ^  visiter  les  hordes  Kalmou- 
kes  du  voisiuage  ,  et  a  recueillir  de  nouveaux  renseignemens  sur  ces 
pcuplades  ;  5°  enfin  a  me  procurer,  pour  etre  envoy^s  a  runiversite 
de  Dorpat,  des  idoles  et  des  ecrils  composes  par  les  Kalmoiiks. 

Avanlde  quitter  Sarepta,  je  fusrejoint  par  mon  compagnon  de 
voyage,  M.  le  docteur  Hess,  qui  avail  dirige  sa route  par  Moscou, 
Kouisk  et  \oroneje.  Les  recherches  faites  par  ce  savant  dans  les 
environs  de  Sarepta  et  sur  la  rive  drolte  du  \  olga ,  servirent  a  com- 
pleter les  renseignemens  que  j'avals  deja  recuelllis  sur  cetle  vaste 
conlree,  peu  riche  en  mineraux  ,  malstres-imporlanie  sous  le  rap- 
port geologlque  ,  comme  servant  de  chaine  de  communication  entre 
les  parlies  meridlonales  de  I'Oural,  el  de  rintericur  de  la  Russle 

europeenne. 

i5 


2l4 

De  SarepLa  je  me  rendisaOrenbourg  ou  j'arrivai  le  gmai ,  apres 
avoir  examine  les  riches  magaslns  de  sel  qui  se  trouvent  pres  la  for- 
leresse  d'llelzk,  ainsi  qu 'une  partie  des  steppes  que  Ton  traverse  pour 
s'y  rendre;  el  apres  avoir  explore  lesfronlieresdu  pays  des  Kalmouks 
du  cole  du  goiivernemcnt  dOrenbourg,  en  quillant  cetle  vllle,  je  re- 
montai  la  riviere  de  lOural,  jusqu'a  la  forleressc  de  Tanalilzh; 
m'etanl  aiorsdirige  vers  roccldent,  je  traversal  les  montagnes  pres 
de  la  Sakinara  etdc  Tlk ,  et  revins  a  Oreubourg,  en  suivant  ce  cote 
des  monts  Our als. Pendant  ce  voyage  sur  une  ctendue  de  plus  de  700 
versles ,  j'cxaminai  la  partie  mcridionale  de  cette  chame  de  monta- 
gnes, j'en  complelai  ct  rcctifiai  la  carle  geograpliique,  elje  nie  tra- 
cai  un  plan  plus  posilif  el  plus  circonstancie  de  la  roule  que  j'avais 
a  suivrc  pour  continuer  mon  voyage.  Ayant  charge  alors  M.ledoc- 
teur  Hess  de  se  rendre  a  Zlalooust  en  longeant  la  Sakmara,  je 
partis  pour  la  meme  destination  par  Slerlilamak  et  Ouffa. 

Les  resultats  de  ces  deux  voyages  furent  egalement  satisfaisans. 
Le  docteur  Iless,  ayant  parcouru  dans  tous  les  sens  la  partie  mcri- 
dionale des  monts  Ourals,  ajouta  de  nouveaux  renseignemens  aceux 
qui  avaieni  ete  deja  pris  precedemment  sur  ces  montagnes,  ainsi  que 
de  nouvelles  doiinces  pour  la  rectification  de  la  carle  de  ce  pays, 
et  me  fournit  les  movens  de  jolndre  aux  recherches  que  j'avais  deja 
failes  dans  la  partie  meridionale  des  monts  Ourals,  cclles  que 
j'allais  commencer  dans  la  cliaine  centrale  nommee  montagnes  de 
Zlatoousl. 

Suivant  moi-meme  la  pente  orienlale  de  ces  montagnes,  je  fus 
a  meme  de  prendre  non-seulcment  une  connaissance  di^lalHee  de 
rObchi-Svrt  (la  grande  chaine  des  Ourals),  que  je  vlsltais  pour 
la  seconde  fols,  et  que  je  Iraversals  alors  dans  toule  sa  iargeur, 
mals  je  pus  encore  deiermlner  le  sol  et  la  configuration  de  la  partie 
occideiilale  de  ces  montagnes.  Arrive  a  Zlalooust,  le  8  juin ,  je  me 
reridls  aux  mines  de  fer  du  district  de  Kussa  ,  situces  sur  la  penle 
occidenlale  des  monts  Ourals,  accompagnd  de  M.  de  ircrmann  ,  ad- 
joint du  chef  des  mines  de  Zlalooust.  .Tc  visilai  cnsulte  le  district  dc 


21^ 


Miass ,  connu  d'abordpar  ses  mines  de  cuivrc,  et  maintenant  par  la 
ricliesse  de  ses  velnes  d^or.  Ce  ful  !a  que  je  comiuengai  mes  obser- 
vations sur  la  nature  des  ramifications  de  Tor.  Apres  avoir  examine 
les  mines  de  cuivre  de  Poljakowsk  ,  de  Kisnekejewsk  ,  et  de  Kire- 
binsk,  je  penelrai  dans  la  chaine  des  monlagnes  d'lrmiel,  situee  a 
25  verstes  plus  au  sud,  ou  se  trouvent  les  sources  des  rivieres  de 
I'Ai,  de  l"Ui,  duJursen,  de  la  Belaya  etde  I'Oural.  L'Aiet  le  Jur- 
sen,  en  se  reunissant  parTOuffa  avec  la  Belaya,  appartiennent  au 
systeme  de  navigation  du  Volga ;  TOural  tombe  dans  la  mer  Cas- 
pienne,  et  I'Ui,  en  tombant  dans  le  Tobol,  vase  jelerdans  la  mer 
Olaciale.  Je  fus  alors  en  mesurc  de  faire  plusieurs  rectifications  a 
Ja  carte  geograpliique  de  ce  pays. 

Revenu  a  Miass  ,  je  visitai  les  niontagnes  d'llmen,  qui,  quoique 
connues  des  geologues  ,  depuis  un  demi-siecle,  par  Icurs  riclicsses  en 
topazes  etautres  pierres  precieuses,  n'ont  ele  examinees  jusqu'a  pre- 
sent ni  sous  le  rapport  de  la  geologic  ,  ni  sous  celui  de  I'oricto- 
gnosie,  c'est-a-dire ,  sous  le  rapport  des  mineraux  disperses  dans 
ces  monlagnes.  Gommc  des  recherclics  de  ce  genre  demandaient 
plus  de  temps  que  je  ne  pouvais  leur  en  donner,  sans  m'ecarter 
du  but  principal  de  mon  voyage,  je  me  contentai  de  faire  un  exa- 
men  geologique  des  niontagnes  d'llmen  ,  travail  que  j'entrepris 
d'aulant  plus  volonllers  que  je  me  trouvai  seconde  par  le  marchand 
de  mineraux,  natif  de  Lubek ,  Jean  Menge,  qui  joint  a  beaucoup 
de  zele,  des  connaissances  qu'on  trouve  rarement  parmi  les  gens 
de  son  etat. 

A  mon  arrivee  a  Zlatooust,  M.  Hermann  m'engagea  a  reunir 
nos  efforts  pour  explorer  les  districts  de  Miass  et  de  Zlatooust,  je 
m'emprcssai  d'accepter  cetle  offre. 

Je  lui  proposai  done  de  chercher  a  determiner  la  configuration 
des  monlagnes  de  Zlatooust ,  a  decouvrir  de  nouvelles  veines  de 
cuivre  et  de  fer  ,  et  a  trouver  les  lois  d'apres  lesquelles  les  cou- 
ches d'or  se  trouvent  distribuees  dans  ce  pays.  M.  Hermann  donna 
en  consequence  les  instructions  necessaires  a  quelques   employes 


■JM 


inftrieuis  des  mines,  pour  reinplir  les  deux  premiers  objets  Ae 
notre  plan ,  et  se  chargea  personnellemenl  des  recherchcs  dans  le 
district  de  Zlatooust.  J  e  ne  puis  pas  assez  rendre  justice  a  Tliabilete  et 
a  rintelligence  avec  lesquelles  cet  employe  sut  choisir  les  cndroits 
ou ,  d'apres  mon  avis ,  devalent  se  faire  les  fouilles  pour  la  recherche 
du  sable  d'or.  Le  rcsultat  de  ces  recherchcs  rcpondit  entierement  a 
mon  attente.  jSos  prcmiers,essais  nous  firent  decouvrir  les  regies  d'a- 
pres  lesquelles  se  trouvent  distribuees  les  couches  auriferes  ,  et  nos 
travaux  ulterieurs  en  ont  prouve  la  justesse.  Des  couches  de  sable 
aurifere,  ouvertes  a  un  endroit,  contenaient,  selon  leur  situation, 
tant6t  plus ,  tantot  moins  d'or  ;  quelqucs  unes  renfermaient  sur 
ICO  pouds  de  sable  4->  21,  i8,  2,  6  zolotniks  d'or;  d'autres  n'en 
contenaient  qu'un.  Ailleurs,  on  trouva  des  mines  qui  donnaient 
sur  10  pouds  de  sable  i  zol.,  2  zol.;  et  mcme  sur  5  pouds  1  livre 
4.  zolot.  d'or.  Ces  augmentations  et  diminutions  se  sont  trouvees 
parfailement  d'accord  avec  les  lois  que  nous  avions  decouvertes  pom- 
nous  dinger  dans  la  recherche  des  couches  auriferes ,  sans  cepen- 
dant  indiquer  la  quantite  d'or  que  pouvait  contenir  chacune  d'elles. 
Ayant  constate  ainsi  la  possibilite  d'adapter  la  geologie  aux  fouilles 
des  metaux,  je  con^us  I'espoir  qu'en  comparant  les  observations 
que  je  venais  de  faire  avec  celles  que  j'avais  dtija  faites  anterieure- 
menl  dans  d'autres  parties  des  monts  Ourals,  je  pourrais  trouver  a 
quelle  espcce  de  couche  des  montagnes  apparlient  I'or,  dans  quel 
dtat  ii  s'y  trouve ,  ou  gisent  le  plus  generalement  les  couches  de 
sable  et  de  debris  qui  renferment  I'or,  et  enfin  de  determiner  leur 
distribution.  Apres  avoir  envoye  a  Dorpat  les  differens  mineraux 
que  j'avais  recucillis  pendant  mon  voyage,  je  quittai  Zlatooust  le 
24.  juillet ,  et  me  rendis  par  Miass  et  Tchiiiosa  a  Ekaterinenbourg, 
ou  j'arrivai  le  26  du  meme  mois. 

Depuis  le  28  juillet  jusqu'au  2  septembre,  je  parvins  a  exami- 
ner :  I''  les  couches  de  sable  d'or  de  Beresowsk,  de  Pychminsk, 
dc  Syssert,  de  Kyschtim,  de  Kasly ,  de  Soimonow,  de  Nevviansk  , 
et  de  Nijny-Tahil ;  2"  les  couches  de  sable  renfermant  du  platine 


217 

de  Nijny-Tahil,  el  de  Nijny-Toura;  3°  les  couches  de  fer  et  de 
cuivre ,  ainsi  que  les  mines  de  ces  memes  mdtaux  de  Nijny-Tahil, 
et  de  Goro-Blahodat;  l^.°  les  carrieres  de  marbre  de  Gornochik. 
Je  parcoums  enfin  le  pays  situe  entre  les  rivieres  d'Isset  et  de  Si- 
nara,  pour  pouvoir  determiner  les  limiles  S.  E.  de  i'Oural. 

Ayant  recueilli  des  notices  exactes  sur  la  configuration  de  celle 
chaine,  ainsi  que  sur  I'exislence  de  I'or,  du  platlne,  du  cuivre  etdu 
fer  dans  ces  montagnes  ,  je  reconnus  en  meme  temps  que  je  devais 
me  borner  aux  recherches  que  je  venais  de  terminer,  la  saison  elant 
deja  trop  avancee  pour  pouvoir  en  entreprendre  de  nouvelles  dans 
un  pays  marecageux  et  couvert  de  forets  impenetrables. 

Je  crois  devoir  observer  ici,  qu'un  examen  exact  et  d(^laill^  de 
rOural  et  des  tresors  qu'il  renferme  ne  peut  etre  I'ouvrage  d'un  seul 
voyageur,  mais  qu'il  ne  peut  etre  execute  que  par  plusieurs  geologues 
habiles,  agissant  d'apres  le  meme  plan  dans  differcns  endroits.  Je 
quittai  Ekaterinenbourg  le  2  septembre,  et  revlns  ^  Dorpat,  par 
Perm,  Kasan,  IS'ijny-Nowgorod  et  Moscou.  J'examinai  pendant 
mon  voyage  jusqu'a  Perm,  la  chaine  des  rochers  de  la  partie  occi- 
dentale  de  I'Oural,  j'en  detenninai  la  hauteur,  et  comparai  leur 
configuration  avec  celle  de  la  partie  S.  E.  de  cette  chaine. 


Cartes  de  la  Georgie. 

Depuis  quelque  temps  on  a  public  a  S.  P^tersbourg  plusieurs 
carles  du  Caucase  et  des  pays  adjacens.  La  premiere,  en  russe  , 
est  intitulee  :  Carte  delaillee  de  la  Georgie  et  des  pays  qui  y  sont 
reunis  ,  redigee  par  le  lieutenant-colonel  Verkomhowski  en  i8ig  ; 
12  feuilles  avec  un  tableau  d'assemblage.  C'est  un  travail  incomplet, 
sans  graduation  et  sans  indication  des  montagnes;  de  sorte  qu'il 
represente  les  pays  caucasiens  comme  une  vaste  plaine ,  sans  la 
moindre  elevation.  Une  autre  carte  qui  n'est  que  d'une  feuille,  est 
mieux  faite  et  porte  ce  titre  :  Carte  generale  des  pays  situes  entrc 
la  mer  Noire   et  la  Caspienne  ,    avec   Findication    de    la    nouvelle 


2l8 

frontiere  entre  la  Russie  et  la  Perse ,  redigee  d'apres  les  cartes  les 
plus  rerentes ,  par  le  major-general  Khatov.  »  On  a  fait  entrer 
une  copie  clefeclueuse  de  cette  feuillc  dans  les  Voyages  en  Georgie 
de  M.  Ganiba.  La  pcrsonne  qui  I'a  traduito  du  iiisse  savait  si 
pen  cetle  laiignc,  qu'elle  n'a  pas  meme  conipris  le  tilre  de 
Toriginal ,  car  elle  le  rend  par  «c  Carle  'generate  »  des  pays  silues 
entre  les  mers  Noire  et  Caspienne ,  aoec  la  designation  des  noiu^elles 
frontieres  de  la  Russie  et  de  la  Perse  telles  qu'elle  onl  ele  arretees 
entre  les  Persans  el  le  general  -  major  Kliatoi>  en  i8ig,  par  M. 
M.  J.  M.  Durmet.  »  Ce  litre  pourrail  faire  troire  que  M.  Darmet 
est  Tauteur  de  la  carte ,  que  c'est  le  general  Klialhov  qui  a  fixe  les 
liniites  entre  la  Russie  et  la  Perse ,  et  que  cetle  fixation  a  eu  lieu  en 
i8iy.  Rien  de  celan'esl  exact  :  M.  Darmet  a  donne  a  la  carte  nial 
traduite  par  un  autre  ,  une  elegance  qui  nianquait  a  roriginal ;  le 
general  Khatov  n'a  jamais  ete  en  Perse,  niais  II  est  le  veritable 
auteur  de  la  carte  ;  enfin  les  frontieres  du  cole  de  la  Perse  ont  ete 
determinees  en  i8i3  par  letraltede  Gulislan  conclu  le  12  octobre 
entre  le  general  N.  Rtichtchwet  et  Mirza  abd-oul  Hassan  Klnm. 

En.  1826,  il  a  paru  une  nouvelle  carle  du  Caucasc  sous  le  litre 
fran^ais  :  «  Grande  carte  de  la  Geurgie  et  d'une  partie  de  la  Perse  , 
dressee  a  ^^j^q  par  le  general-major  K/iatoi' ,  puhliec  par  le  depot 
general  des  cartes  de  St.  Petersbourg,  en  srpt  grandes  feuilles,  trois  demi- 
feuilles  ,  et  deux  feuillets.  On  a  repubiie  en  1827,  une  partie  de 
ceite  carte  en  russe  ,  sous  le  litre  de  Theatre  de  la  guerre  avec  les 
Persans.  Elle  est  considerablement  augmentee  et  rcclifiiie.  L'im- 
portance  de  ces  deux  dernieres  cartes  nous  engage  a  reserver  ce  que 
nous  avons  a  en  dire  pour  un  second  article  qui  sera  insere  dans 
dans  un  prochain  cahier. 

(  Nom^eau  journal  de  la  Societe  asiaiique.) 


219 

'Ektkmts  de plusieurs  leitrcs  adressees  par  M.  Cesar  MoREAU. 

Lettredu  25  mars.  — M.  Cesar  Moreau  annonce  a  la  Societe, 
la  morL  du  fils  de  Mungo-Park.  Co  jeune  homme  devait  parcourlr 
les  pays  deja  visiles  par  son  pere ,  el  se  pioposait  easuile  de  ptiue- 
trcr  dans  les  parlies  centrales  S.  O.  du  continenl  africalu,  qu'ii 
n'avall  pas  explorees.  D'une  constituilon  robusle,  il  s'elait  accou- 
tume  de  bonne  heurc  aux  privations  et  a  la  faligue,  el  a  voyager 
sous  !e  soieil  le  plus  LrMant.  11  possedait  d'ailleurs  toutes  les  con- 
naissances  necessaires ,  et  tout  taisait  csperer  les  plus  heureux  re- 
sullats  de  son  voyage  ,  lorsqu'unc  imprudence  causa  sa  morl.  il 
etait  arrive,  au  mois  de  juIUet  1027  ,  au  Cape-Coast-Caslle  ,  et 
avail  pris  de  la  la  direction  de  TAkimbou  (  au  S.  de  I'Accoa)  ou  il 
coniplail  sejourner  quelque  temps  pour  se  familiariser  avec  les 
diiTiirens  dlalectes  des  contrees  qu  il  devait  parcourir.  Le  souverain 
de  ce  pays  I'accueillit  bien  ,  et  il  demeura  dans  ses  etats  durant  les 
mois  de  septembre  et  d'octobre.  Cest  dani  ce  dernier  mois  qu'a 
lieu  une  grande  solennite  religieuse.  Eile  se  celebrc  dans  une  vasle 
plaine,  au  milieu  de  laquelle  les  prelres  plantent  I'arbre  du  Fetiche, 
qu'eux  seuls  ont  le  droit  d'approclier.  Le  jeune  Park  avail  par- 
couru  toutes  les  lignes  et  dessine  les  cliefs  des  prlncipaus  peuples 
venus  de  loutes  parts  pour  y  assister,  lorsque ,  desirant  tracer  nn 
plan  exact  de  la  fete,  il  ne  vil  d'autre  moyen  que  de  nionler  sur 
Tarbre  en  question.  Neanmoins ,  il  consulla ,  avant  de  le  faire  ,  le 
roi  et  les  principaux  chefs  qui  ne  parurent  y  metlre  aucuii  obstacle. 
11  s'approcha  alors  de  I'arbre  sacre,  y  grimpa  du  consentement 
meme  des  pr^tres  ,  et  execula  son  dessin.  Touiefois,  deu?i"  jours 
apres,  il  avail  cesse  de  vivre  ,  et  Ton  presume  que  les  fetiches, 
craignani  les  suites  d'une  altcinle  porlee  a  I'objet  de  leurs  supers- 
titions ,  le  firent  empoisonner. 

Let/re  du  12  ai'riL —  M.  Cunningham,  rcceveur  de  la  colonic 
anglaise  de  la  Nouvelle-Gallesdu  Sud  ,  qui  a  deja  execute  plusieurs 
voyages  dans  I'interieur   dc   la  Nouvelle-Hollande  ,  enlreprit,  au 


220 

inois  d'avril  182J,  de  deteiininer  la  physionomie  du  pays  jusqu'a 
Brisbane,  el  celle  des  tcrrcs  comprises  entre  les  iSi"  et  i52"  de 
longitude  orientale.  11  parlit  de  Segenlioe,avec  onze  chevaux  pour 
porter  son  bagaj^e ,  et  suivanl  la  direction  du  uieridien ,  il  franchit 
les  plaines  dessecliees  de  Liverpool ,  oii  il  n'elait  pas  tombti  de 
piuie  depuis  quinze  mois,  et  s'arreta  quelques  jours  dans  une  con- 
tree  nue  et  sterile,  situee  au  nord.  Etant  arrive  sous  le  29"  de  lat. , 
il  se  vil  force,  a  cause  du  manque  d  lierbe  et  de  la  faiblesse  des 
cbevaux,  a  device  vers  IKst,  enlrc  les  ihi'et  i52"  de  longitude,  el 
sous  le  para'lele  du  mont  Vv  arning;  il  traversa  d  epaisscs  forets  ,  et 
entra  dans  une  belle  plaiue  ,  couverte  d'abondaus  paturages ,  a  la 
quelle  il  donna  le  nom  de  DarUng-Phuns.  Sa  superficie  est  d  envi- 
ron 2,800  acres,  et  on  n'y  rencontre  pas  un  seul  arbre  sur  une 
etendue  de  18  milles  de  long  et  de  Irois  de  large.  Le  milieu  eu  est 
occupe  par  une  cliainc  de  lacs  assez  profonds.  Les  plaines  de  Ped 
etde  Canning  sont  plus  vastes  que  celle-ci;  mais,  elanl  plus  larges 
€t  boisees  en  certains  endroits,  elles  n'offrent  point  un  aspect  aussi 
frappant.  L'on  concevrait  difficilement  un  pays  plus  beau  que  celui 
qui  se  developpe  alOuest,  pres  de  la  ccite,  entre  le  28*  et  le  29° 
de  lat.  Le  sol  forme  de  wliinsfone  ou  roclie  de  lioux  decompose, 
est  dune  extreme  ferlilite,  et  les  prairies  immenses ,  qu'arrosent  de 
nombreux  ruisseaux,  presenfent  des  lierbages  de  la  plus  grande 
ricliesse.  M.  Cunningiianx  s'assura  par  des  observations  barome- 
triques  que  la  bautcur  de  cetle  plaine  au-dessus  de  la  mer  elait 
de  quinze  a  dix-huit  cents  pieds.  11  s  arr^la ,  par  le  28'  G'  de  lat. 
et  le  102°  de  long.,  a  70  milles  environ  de  distance  des  ctabiisse- 
mens  anglais  du  IJrisbane.  11  prif,  pour  rcgagner  Sydney,  une 
route  un  pen  plus  a  lOucst  jusqiiaux  monlagnes  de  Ilarduick  , 
traversa  les  plaines  de  Liverpool,  passa  par  Segenhoe,  et  arriva  a 
Sydney  le  4  seplembre  1827  ,  apres  une  absence  de  six  mois. 

Leilre  du  iJ^-uvri/. — Tous  les  rapports  des  nalurels  de  la  Nouvelle- 
Galles  du  Sud  s'accordant  a  etablir  I'exislence  dun  grand  lac  dans 
rinterleur  du  pays,  M.  Tbomas  Jamison,  resolu  de  s'en  assurer. 


2£1 


partil  I'ann^e  demiere,  accompagne  de  plusieurs  naturalistes,  pour 
la  vallee  de  W^elllnglon.  II  penetra,  dans  la  direction  N.  O.,  a  80 
rallies  au-dela  de  Capety ,  ou  11  fut  oLligc  de  s'arreter ,  faute  de 
provisions.  II  n'etalt  plus,  sulvant  le  rapport  dcs  indigenes,  qu'a 
deux  journees  de  marche  du  grand  lac.  Ceux-ci  lul  dirent  ausslque, 
lorsque  le  vent  souffle  avec  violence  ,  les  eaus  en  sont  exlreine- 
ment  agitees  ,  doii  II  conciut  que  la  masse  en  doit  etre  conside- 
rable. Toulefois  ,  comnie  plusieurs  denire  eux  assurerenl  en  avoir 
fait  le  lour,  II  est  plus  que  probable  qu'il  n'a  aucune  communica- 
tion avec  la  mer.  M.  Cunningham  s'occupe  ,  dit-on,  des  prepa- 
rallfs  dun  nouveau  voyage  destine  a  resoudre  ce  probleme,  et  il 
faut  esperer  qu'Il'sera  plus  heurcux  que  M.  Jamison. 

Lcitre  du  2g  avril.  —  M.  Moreau  fall  part  a  la  Soclele  des  ren- 
seignemens  sulvans  sur  une  expedlllon  qui  dolt  se  rendre  dans 
le  nord-cst  de  la  Siberle,  pour  y  observer  les  phenomenes  du 
n.agnetlsme  ,  et  determiner ,  autant  que  possible  ,  la  situation  des 
poles  magnetiques.  Le  professeur  Hansleln  ,  le  lieutenant  de  ma- 
rine Due  et  le  docteur  Erman ,  de  Berlin,  sont  charges  de  ce  soln. 
On  pense  que  leur  voyage  durera  deux  ans.  C'esl  a  Salnt-Peters- 
bourg  que  doivent  se  reunir,  Ic  i5  mal ,  les  personnes  qui  compo- 
sent  rcxpedilion.  En  quittant  celfe  capitale ,  elle  se  dirlgera  vers 
Moscou,  Casan  et  Tobolsk;  de  la,  elle  passera  au  nord  en  snivant 
le  cours  de  I'ObI  jusqu'a  Beresaw,  pour  examiner  la  branche  sep- 
tenlrlonale  des  monts  Ourals,  que  les  voyages  entreprls  jiisqu'ici 
n'ont  fail  qu'Imparfallemenl  connailre;  de  Tobolsk,  elle  se  ren- 
dra  par  Tara  ,  Tomsk,  Krasnolarsk  et  Tslschnel-Udinsk ,  a  Ir- 
koulsk,  ou  elle  doll  hiverner,  et  aussitot  qu'Il  sera  possible  de  se 
remctlrc  en  route,  elle  se  dirlgera  au  N.-E.  vers  Jakoulsk  et 
Ochotsk.  C'esl  dans  ce  dernier  endroll  que  ces  savans  se  propo- 
senl  de  faire  les  observations  qui  font  Tobjet  de  leur  voyage  ,  et 
poury  arrlver,  lis  auront  a  parcourir  667  milles  anglais  dun  pays 
entierement  Inhablle.  C'est  M.  le  docteur  Erman  qui  est  charge 
des  observations  astronomiques. 


222 

Nuwelle  Carte  des  Eiais-Unis,  du  Canada,  du  New-Brunswick  ei  de      \ 

la  NouQeUe  -  Ecosse. 

On  vient  de  publler  a  Londres  unc  Carle  en  quatre  feuIUes  , 
intilul(ie  :  JSlap  of  the  United  States,  etc.,  Carte  des  Etats-Unis ,  du  \ 
Haut  et  du  Bas-  Canada ,  du  New-Brunswick ,  dc  la  Noiwclle  Ecosse , 
dressee  d'aprcs  les  derniers  relevemcns  et  Ics  informations  les  plus 
aulhentiqiies,  par  John  et  Alex.  Walker.  Celte  Carte  est  impor- 
tanle  par  le  resullat  des  observations  qui  s'y  trouvcnl  cxposces. 
Pour  les  etats  de  I'Union,  elle  est  le  resume  dc  la  plupart  des 
carles  orlginales  qui  ont  ete  dressees  par  les  divers  elals.  Le  trace  de 
la  cote  de  I'Ocean  Atlantique,  depuis  Saint-Augustin  jusqu'au  Cap 
Fear,  est  base  sur  les  derniers  relevemcns  qui  ont  ete  faits,  et  qui 
Font  reportee  beaucoup  plus  a  Test.  Les  lacs  Huron,  Supericurel 
Michigan  ont  egalement  ete  figures  d'apres  de  nouvcaux  releve- 
mcns; et  les  deux  derniers  surtout  presentent,  dans  leur  partie 
scptcnlrionale  ,  une  grande  difference  avcc  ce  que  Ton  connaissait. 
La  configuration,  plus  cxacic  que  celle  que  Ton  enpossede,esluue  aux 
dcrnieres  reconnaissances  faites par  lesAnglais.  Les  explorateursqui 
ont  vu  la  cole  nord  du  lac  Superieur  ont  pousse  leurs  operations 
jusqu'au  lac  des  Eois,  qui  a  change  ct  de  position  el  de  forme.  11 
etalt  d'aulant  plus  important  de  bien  determiner  la  situation  de  ce 
lac,  qu'il  scrt  de  point  de  depart  pour  la  fixation  de  la  limile  qui 
sert  a  separcr  les  possessions  anglalscs  du  lerritoire  de  I'Union.  La 
limile  de  I'etat  du  Maine  n'est  point  tracee  ,  elle  est  reslee  indecise, 
a  cause  des  contestations  qui  sc  sont  clevees  k  ce  sujet  enlre  les 
Anglais  el  les  Americains.  Ces  derniers  voudraientcomprendre  dans 
leur  lerritoire  les  sources  de  la  riviere  Saint-John  (Saint- Jean). 


Reconnaissance  liydrographique  de  VArchipel. 

Le  capitaine  Campdeu ,  charge  de  I'cxploralion  de  tout  I'Arclu- 
pel ,  a  envoye  a  Londres  le  resultat  de  ses  Iravaux  liydrographiques, 
depuis  le  cap  Saint-Ange  jusques  el  y  compris  le  golfe  d'Alhenes. 


223 

Trcwuux  hydrogruphlques  sur  la  cote  de  I'Amerique  meridiona/e. 

L'amlrautc  anglaise  vient  de  recevoir  la  premiere  parlie  des  Ira- 
vaus  du  capilalne  King,  que  Ton  salt  etre  charge  speclaleinent  de 
rexploralion  de  la  cote  d'Amerique,  depuls  Buenos- Ayrcs  jusqu'a 
Yaldivia,  sur  la  cote  occldentale.  On  coniiait  le  resullal  de  ce  qu'il 
a  fait  sur  la  cote  orienlale. 


Grece  ancienne; — Peloponese  ;  —  emplacement  d' Olympic  (Extrait 
d'une  lettre  de  M.  Spencer  Stanhope  a  M.  Alexandre  Barbie  du 
Bocage,  a  la  date  du  aS  mars  1828). 

Je  desire  vous  parler  d'Olympie.  Je  vous  serai  bien  oblige 

si  vous  voulez  salsir  la  premiere  occasion  d'exprimer  a  la  Sociele 
de  geographic  combien  je  suis  flatle  de  Thonneur  que  Ton  m'a  fait 
en  soumeltant  mon  ouvrage  a  la  critique  d'un  homme  aussi  eclaire 
que  M.  Isambert  (i) ,  et  que  je  suis  tres-reconnaissant  de  la  manlere 
dont  il  a  rempli  sa  tache;  mais  que  je  suis  loin  d'admettre  cepen- 
dant  que  jusqu'ici  tous  les  voyageurs  aient  eu  tort  de  reconnaitre 
dans  la  plalne  de  Miraka  (ce  que  conteste  le  rapporteur)  rempia- 
cement  d'Olympie.  Je  me  proposals  depuls  long-temps  d'adresser 
a  la  Soclete  quelques  observations  a  ce  sujet;  mais  comme  j'ai  vu  , 
il  Y  a  pen  de  temps,  M.  le  colonel  Leake,  et  que  j'ai  appris  de  lui 
ijuil  s'occupait  dun  ouvrage  sur  Olympic  ,  je  n'ai  pas  hesile  a  lui 
ceder  la  place ,  personne  ne  pouvant  mieux  trailer  un  pareil  sujet. 
que  ce  voyageur  distingue.  Je  me  bornerai  done  a  faire  observer 
que  si  la  distance  de  la  plainc  de  Miraka  a  la  mer,  la  reunion  des 
deux  routes,  au  point  marque  dans  la  carle  du  colonel  Leake  (cilee 
par  M.  Isambert) ,  et  Ics  proportions  des  diverses  parties  du  temple, 
sont  les  prinripales  raisons  dc  Toplnion  adoptee  par  M.  Isambert , 
eiles  ne  me  paraissent  pas  suffisanles  pour  changer  ropinlon  con- 
sacree  jusqu'a  present  par  tous  les  savans.  D'abord,  nous  ne  con- 


(i)  \'oir  Bulletin  de  la  Socic'te,  t.  iv,  p.  y;. 


32Z 


naissons  ni  I'emplaceinent  du  temple  de  Diane,  iii  lancieune  ronte 
de  ce  temple  a  Olympic.  ISt^antnoins  je  crois  que  la  distance  peut 
assez  bien  se  rapporler  a  cclie  que  nous  a  donnee  Strabon,  mals 
c'est  un  point  que  le  colonel  Leake  est  plus  en  etat  que  moi  d'e- 
clalrclr.  Ensulte,  pour  ce  qui  regarde  le  point  de  reunion  des  deux 
routes ,  il  faut  remarquer  qu'il  n'est  indiqui-  que  par  Iiasard.  La 
route  est  Iracee  dans  la  carle  d'apres  la  description  que  j'en  ai 
moi-meme  donnee  a  M.  Leake;  et  je  n'ai  pas  la  pretention  d'avoir 
indi(jue  la  memc  que  celle  qui  existait  au  temps  de  Pausanias,  mais 
bien  celle  que  nous  avons  suivie  en  passant  dOlympie  aux  mines 
de  la  ville  d'Elis,  a  travers  les  montagnes.  Or,  c'est  a  I'entree  de 
la  vallee  d'Audilalo  que  nous  avons  quilte  la  route  de  Pyrgos. 

Quant  au  temple,  si  je  n'ai  rieu  trouve  dans  ses  proportions  qui 
piit  etablir  que  ccs  ruines  appartinsscnt  au  temple  de  Jupiter,  il  ue 
faut  pas  oublier  que  d'autres  voyageurs  ont  ete  plus  lieureux ;  et  sA- 
rement  que  des  noms  aussi  celebres  parmi  les  voyageurs  que  ceur 
de  Chandler,  Cell  el  Cockerell  dolvent  intluerde  quelque  maniere 
sur  lopinion  de  la  Societe  de  Geographic. 


Du  nouoel  elahlissemeni  d' Amherst. 
Un  correspondant ,  en  parlan I  d' Amherst ,  dit  qu'il  pense  apres 
plusieurs  visites  ,  que  le  port  d'Amherst  est  tres-dangereux  ,  il  ne 
peut  elre  frequente  par  de  forts  balimens  sans  de  nombreux  dan- 
gers ;  a  cet  inconvenient  se  joint  celui  des  marees  qui  sont  extr^- 
mement  rapides  ,  et  se  prcsentenl  droit  en  Iravers  du  Channel  O. 

—  Beng.  Chron.  Sept.  20. 

Phenomene. 

On  vient  de  rccevoir  a  Poona  la  nouvclle  dun  phenomene  bien 

remarquahle  qui  s'estmanifcste  a  Nagar,  dans  le  Khandesh,  a  lasuite 

d'une  forle  pluie.  II  y  est  tombe  des  cieux  des  gouttes  de  sang  ;  et 

dans  plusieurs  endroits  les  grains  de  grele  pesaient  jusqu'a  une  livre^ 

—  Jsiutic  journal.  Aoril  1828. 


iWWVvVVVVVVVWWWVVVVVWVW  W%  VV\VV\'VWV\iW\VVV^WVWVWvWVV\VVVVVVWVWVl'V\.WV  VV*.V\'VWV\'VV 


BIBLIOGRAPHIE   GEOGRAPHIQUE. 


§.  I".    UVRES. 

OTJVRA&SS   GEWERAOX. 

^5.  Voyage  autour  du  Mot<de  ,  en- 
trepris  par  ordre  du  Koi  ,  sous  le 
minislere  et  conformt'ment  aux  ins- 
tructions df  M.  le  vicomte  Du  Bou- 
chage,  Sfcrdtaire-d'etat  au  departc- 
ment  dc  la  marine  ,  execute  sur  Ics 
corvettes  de  S.  M.  VUranic  ct  la 
Phjsicienne  ,  pendant  les  annccs 
1817-1820;  pulilie  sous  les  auspices 
de  LL.  EX.  iNI.  le  comte  Corbiere, 
secrc'taire-d\'lat  de  Tintc-rieur  pour 
la  parlie  liistoritpie  et  les  sciences 
naturelles ,  elM.  le  marquis  de  Cler- 
mont -Tonnerre  ,  secre'taire-  dV'tat 
de  la  marine  et  des  colonies  pour  la 
partie  nautique  ;  par  M.  Louis  de 
Freycinet,  capitaine  de  vaisseau , 
chevalierde  Saint-Louis  et  de  la  Lo- 
gion-d'Honneur  ,  membre  de  I'Aca- 
de'niie  royale  des  sciences  de  Flnsti- 
tut,etc. ,  etc. ,  commandant  de  I'expe- 
dition.V'^  partie  ,  IIistorique  ,  S^  li- 
vraison.  ln-4''.  Paris  ,  imp.  roy.,  avec 
5  pi.  in-fo.  (  12  tr.  la  livraison  aux 
souscripteurs  de  I'ouvrage  entier.  ) 

76.  Voyage  autour  du  Monde,  exe- 
cute par  ordre  du  Rni  parlucorvette 
de  S.  3[.  laCoqnille,  pendant  Irs 
•annees  iSa'^-iSaS,  sous  le  minis- 
terc  et  conjorrnement  aux  instruc- 
tructions  de  S.  Kxc.  31.  le  marquis 
de  Clerrnont-Tonnerre ,  et  public 
sous  les  auspices  de  S.  Exc.  31.  le 
comte  de  Cfiabrol  ^  ministre-secre- 
talre-d'etat  de  la  marine  et  des  co- 
lonies ;  par  M.  L.- J.  Dupereey  ,  ca- 
pitaine de  iregate,  etc.,  commandant 
de   Texpe'dition.   !''<=  division.    Zoo- 


LOGIE.  In-4°  de  5  feuilles  de  texfe  ; 
plus  ,  6  pi.  colorie'es  ,  gr.  in-f°.  Paris, 
i8a8  ,  Arthris-Bertrand. 

77.  Tascheneieliothek  der    Wich- 

TIOSTEN  SEE  UND  LaADREISEN.  — Bi- 

hliolhcipic portative  des  voyages  les 
plus  iriteressans  par  terre  et  par 
mer,  depuis  I'invention  de  Pimpri- 
meriejusqu''anosjours:parH.jAECK, 
conservateur  de  la  Bibiiotli.  roy.  de 
Bamberg.  In- 12  ,  avec  pi.  et  cartes. 
Nuremberg,  Haubenstricker,  T.  i-li. 
Ces  deux  premiers  volumes  ren- 
ferment:  1°  Voyage  de  Jean  du  Plan 
Carpin  ,  en  Tartarie  ,  en  1246.  —  1° 
Voyage  de  Ascelin,  en  1247,  tire  des 
Memoires  deSimon  de  Saint-Quen- 
tin. —  3°  Voyage  de  Guill.  de  Uubru- 
quis,  de  1 253- 1 255. — 4°JJeuxVoyages 
de  Marco  Polo,  de  1 260-12^5 ,  a  la  cour 
du  khan  tatare  Hirpiia'i. —  5°  Voyage 
d'une  ambassade  du  shall  de  Perse  et 
aulres  princes  en  Cliine  ,  \f^\(j-l/^1l. 
—  6"  Voyage  du  jcsuite  portugais 
Benedict  Goetz  de  Lachor  ,  dans 
I'empire  du  Grand  Mogol  et  en  Chi- 
ne ,    l(J02. 

78.  Description  et  usage' </m  instru- 
mens  meteorologiques  dc  H.  S.Les' 
lie;  tr;(d.  dc  Fanglais  par  J.-C.-F. 
Ajasson  de  Grands  ague.  In -4°  de 
7  feuilles.  Paris.  A.  Belin,  1827  (4  fr.) 

7CJ  Amfangsgrundeder  mathematis- 

"  CHElSGEOGRAPHIE.-iVcmr/i.s-  dc  geo- 

graphic  mathematique  ;  par  P.  Bre- 
wer. In-8°  avec  pi.  litliogr.  Dussel- 
dorf,  1827  ,  Schaub.  (16  gr.  ) 

80.  Prospetto    comparativo    delle 

I'RINCIPALI  MONTAGNI  E  DEI   PRINCl- 

PAM  FiuMiDELLA  Terra.  — Tableau 


22 


G 


comparatif  des  prlnctpales  mon- 
tagncs  et  des  pnncipmix  f/ei/fcs  du 
Globe  ,  (wec  une  Tuble  indiquattt 
les  luiuleiirs  etfes  longueurs,  lii-fol. 
Mil;.n,  i827,Sticcclii.  (Gliv.) 

81.  Elebientar  L'ntehiucht  der  ma- 

THEMAXrSCMKN  GEOGRAPHIE.  —  Jns- 

trucllnn  elernenlaire  dans  la  geo- 
grap/iie  mat/irrna/ique  ,  a  I'lisagc 
des  ecoles  niilit.iircs  ;  par  FaEi- 
SAUFF  DF.  Neijdegg.  la-8°.  Vienne  , 
Schranil)!.  ,  18.27.  (  i  floi-.  3o  kr.  ) 
83.  Balance  politique  du  Globe  en 
18^8,  ou  Essai  sur  la  stall sthjue 
generale  de  la  Terre  ,  d'aprcs  scs 
dwlslons  p'llllhiues  actuelles  et  Ics 
decoiwertes  les  plus  recentes ,  etc. ; 
re'digces  par  M.  Adiuen  Balbi.  In 
piano  d'unefeuille.  Paris,  1S28.  (6  i.) 

83.  Geschichte  der  geogkaphisciien 

ENTDECKUNGSREISEN. —  Hlstohe  dcS 

voyages  entrcpris  pour /aire  des 
di'couverles  gcographtqucs  :  par 
M.  Cn.  Falkenstein  ,  secretaire  de 
la  Iiil>liolhe(jiie  royale  de  Dresde. 
Dresde,  1828.  Ililscher  ,  deux  pre- 
miers caliiers  in-i  2. 

84.  The  modern  Traveller.  —  Lc 
Vojageur  moderne,  contenant  imc 
Description  popiiiaire  ,  gciographi- 
(|ue  ,  liisloriijue  et  topographique 
des  diflV'icns  pays  du  globe,  coni- 
posc'c  d'apres  les  meilleurs  autoritc's. 
In  -8".  Londres,  18^8,  Duncan. 
(Prix  de  cliaque  caliier  ,  2  sli.  2  d.  ) 
L'ouvrage  aura  trcnte  volumes,  dent 
vingt  sont  public's. 

85.  NAiiuATnE  OF  an  attempt  to 
reach  to  the  north  pole.  —  Recit 
de  la  tentative faltc  pourarrher  au 
pole  nord  sur  dis  bateauxconslruits 
dans  ce  but ,  appartenant  au  vaisseau 
de  S.  M.  rilechi,  dans  I'annce  i8-.7, 
S'US  le  coniniandenient  du  rapitaine 
"W .  ?:dw.  Parky,  H.  N.  F.  U.  S.  , 
ornt'de  planclies  et  de  cartes,  public 
avcc  r.iulorisation  de  S.  A.  II.  le  lord 
grand-amiral.  In-4°.  Londres ,  Mur- 
ray, 1828. 

86.  GENEALOGrSCn-HlSTORICH  statis- 
tische  Almanach.  —  Almanack 
gencalogiquc  et  slatistlque  ,  5^  ari- 


nee  (1828);  par  M.  le  D^  G.  Hassei. 
In-i8  de  5.5^  et  lyS  pages,  aver,  ta- 
bleaux. \"\  einiar,  1828,  bureau  d'in- 
dustrie. 

AICERIOCE. 
S-.L'ArT  DE  VERIFIER  LES  DATEsdepilis 

raunc'e  1770  jusqu'a  nos  jours  ,  lor- 
maiit  la  ronliiuialion  on  troisienie 
parlie  de  Pouvrage  public  sous  ce 
nom ,  par  les  religieux  Ix'ncdictms 
de  la  congregation  de  Saint- iNIaur. 
In- 8".  Paris,  Anibroise  Dnpont  el 
Iloret. 

La  partie  de  PHistoire  des  deux 
Amc'riques  ,  qui  rcmonte  a  la  pre- 
miere di'couverte,  a  etc  traitce  par 
INI.  Warden.  Ce  <]ui  en  a  dcjb  paru 
occupe  les  tomes  <),  10  et  11.  <Jn  y 
tronve  une  Ueiation  de  toules  les  dc- 
couvertcs  qui  ont  <'tc  laitcs  par  terre 
et  par  mer,  un  apeixju  gcograplii- 
quc  ,  slatisti(jue  et  polili((ue  de  clia- 
que pays  ,  et  un  Kc'suine  hislorique 
et  chronologique  de  la  londalion  des 
villes  ,  des  c'venemens  les  phis  ini- 
portans  qui  v  sont  arrives,  elc.depuis 
la  colonisation  premiere  jusqu'au- 
jourd'hui. 

Le  tome  9  renfermeles  ^'oyages 
et  f)(.'couverles  dt-  (Jiristophe  Lo- 
lomb  el  rilisloiie  de  la  Floride  ,  du 
IMexique  ,  ou  Nouvtllc  -  Fspagne  , 
avant  et  depuis  la  concpiele  des  Es- 
pagnols  ,  du  Nouvcau-iMexi(|ue  ,  du 
royauine  de  Guatemala ,  acluelle- 
ment  Provinces-Unies  de  TAmeri- 
que  centiale,  et  une  partie  de  celle 
de  la  C^aiilornic  el  de  la  cote  du 
Nord-Ouest. 

Tome  10  ,  continuation  de  la  Ca- 
lifornie  et  de  la  rote  du  Nord-Ouest, 
et  Histoiredu  Pi rou  ,  de  la  rc'publi- 
quede  Bolivia  et  dii  (^liili. 

Tome  1 1  ,  continuation  du  Chili  , 
el  Histoirede  la  n'publique  Argen- 
tine.— Le  ("^  volume,  qui  renferinera 
rHisloiredcla  Colombie ,  parailra  a 
la  fm  de  Pannee.  Cel  r)uvrage  s"ini- 
prinie  a  la  iois  in-loiio,  in-4''  et 
in-80. 
88.  IdEEN  TIBER  DIN  AUSWAUDERtJNG 
NACH  Amerika.  —  Idees  sur  I'erni- 
gratlon  pour  VAmcrique  ,  avec  des 


22' 


Memoires  xur  I'elal  acliiel  de  re 
pays  cl  de.  ses  habitans  ;  par 
E.  Braun.  In-8".  ,  avec  fig.  Gottin- 
gue,  1827  ,  Vanderbrock.  (  2  rxd. 
16  gr.  ) 

89.  Proceedings  of  the  Expedition 
to  exploke  the  northep.n  coast  of 
Africa.  —  licsultat  deV  expedition 
d' exploration  de  la  cole  nord  de 
r  Ajriqiie,  compreiinnt  unedLScilp- 
lion  de  la  Syrtc  tt  de  la  CyrcTin'it|ue, 
dcs  anciemies  villes  qui  coiiiposaicnt 
la  Pentapole  ,  ct  de  diverses  aulres 
ruines  ;  par  Ic  cap.  F.  W.  Ijeechey, 
K.N.  et  II. W.  Beechey  ;  in-4", 
aver  pi.  1828 ,  Londres.  (  3  f.  3  ,s.  ) 

ASIB. 

90.  Narrative  of  A  JOURNEYTHROUGH 
THE  rPPER  provinces  OF  India.  — 
Recltd'un  voyage  dans  ]'Indc,de' 
puis  Calcutta  jusi^u'a  Ijombaj  ; 
par  IiEGiNALD  IIf.ber,  c'veqiie  de 
Catcutla.  2  vol.  in-8°  avec  planch. 
Londres,   1827,  Murray. 

OCi^AKIE. 

91.  Voyages  of  discovery",  etc  — 
Voyages  de  Decoiu'ertes ,  entrepris 
pour  cornpliter  rinspcciinn  de  la 
cote  occidcntale  de  la  Nouvellc- 
Hollande  ,  dans  Ics  a n nres  iHir 
et  1822  ;  par  Ph.  Parker  King.  2  v. 
iii-8°,  avec  carles,  vues  pltlorcsfjiies, 
etc.  Londres,  1827,  INIurray.  (  i  liv. 
i6sh.) 

Tt'inttif. 

92.  StAMBUL  ODER  CONSTAINTINOPEL 
wie  es  1ST.  —  Description  de  I'elat 
actuel  de  Constantinople ;  par  VV. 
deLudemann;  iii-8".  iJresde,  1827, 
Hilscher. 


rm; 


ne  nnsc. 


93.  Reise  von  Sarepta  in  verschie- 
dene  Kai-mucken  IIorden,  etc. — 
Voyagede Sarepta  dans  diffrrentes 
hordes  de  Cahnouks  du  goiiverne- 
inent  d' Astracan,  uiit  eii  i8i3  ;  par 
II.  A.  SwiEK  et  J.  (jr.  SCHILL  ;  in-80  , 
avec  cartes.  Leipsic,  1827,  Kummer. 
(  I  rixd.  6  gr.  ) 


94.  Geographiedel'empiredeRus- 
SlE  ,  contenant  la  Rttssie  d' Europe 
et  la  Hussie  d'Asic;  par  Alph. 
Rabbe  ;  torn.  I ,  u-re  et  j*  parties  ;  2 
vol.  in-18.  1828,  Paris,  Jjiipont. 

ylll  nn.gr. 

95.  DerSpessart.  —  Description  to- 
pogntphitjuc  et  geologiipie  de  la  fo- 
ret  de  Spessart ;  3  vol.  in-8°,  avec 
carte.  Leipsic,  1827,  Rrockhars. 
(  4  rixd.    1 2  gr.  ) 

6.  Beschreibiing  des  Obermain 
Kreises.  ■ —  Description  grngraphi- 
que  ct  stutislique  du  district  du 
Haul-Mcin  ;  par  F.  Hohn  ;  111-8°. 
Bamberg,  1827,  Dederich.  (  2  flor. 
45  kr.) 

97.  Tableau  de  i.a  Suisse  saxonne  , 
du  pays  montagneux  sur  la  rive 
siiprricure  de  1' Elbe  et  des  parties 
liinitroplies  de  la  Jjol!cnie.]ii-o" , 
avec  uiu'  carte  ilint'raire  et  3i  vues 
piltoresijues.  Dresde,  1827,  Arnold. 

Alo/inii  /itf  tiiifi ichiciif.'e, 

98.  Geographisch  statisticheshand- 
WOEiSTERBIiCH  —  Diclionnaire 
gengrapliique  et  stntisti(pte  abrege 
del' empire  cV Aulriche.  I:i-i2,  avec 
line  grandc  table.  Vieiine 
Heubner.  (  1  flor.  36  kr. ) 

99.  Gm/eiz  und  seine  Umgeben.  — 
Description  historique ,  topogra- 
phique  et  statistique  de  la  ville  de 
Greet z  et  de  ses  environs  ;  par  Po- 
LSTOliEK.  ln-80.,  avec  4  vues.  Grastz, 
Damian  ,  1827.  (  3  llor.  3o  kr. ) 


ioo.Relazionedelprof.Aless.Volta 
Dt  UN  suoViaggio  litterario  nei.la 
Svizzf.ra — Relation  d'un  T'oyage 
lilleraire  fait  en  Suisse  par  Alex. 
\  OLTA  ,  public  pouria  premiere  iois. 
in-8\  pap.  velin.  jNlilaii,  1827,  So- 
cicte  Typ. 

La  date  de  ce  voyage  du  cc'Iebre 
Volla  est  de  1777  ;  on  y  trouvera  des 
observations  baromctriques  et  geo- 
logiquossur  Ic  mont  Saint-Gothard  , 
le  lac  de  Lucerne ,  etc. 

loi. Chronological  Records  ofBH- 


1827, 


228 


tish  finance  ,  founded  on  offidal 
documents.  —  Expose  chronolo- 
gique  des  finances  de  la  Grande- 
Bretagne  ,  d'apres  des  documens 
officiels.  Londrts,  1827,  i  cahier 
iii-f". 

S-HAWCE. 
102.  ESSAI  STATISTIQUE  SUR  LE  DEPAR- 

TEMENT  dMndhe-et-Loire,  oii  Van- 
cienne  Touraine  ;  par  W.  August. 
DuvAU.  ln-8°,  Paris,  Boucher. 

io3.  Memoire  stm  i.a  constitution 
GEOGNOSTiQUE  du  bassin  et  des  en- 
virons de  Narbonne:  parTouKNAL 
fils  ;  in-8°.  Moiilpillier,  iNIartel. 

104.  Description  oiiOGKAPHiQUE  du 
bassin  du  Bas-Boulonnais  \  par 
M.  Kozet,  olficicr  au  corps  royal 
des  ingc'nieurs  -  gcograplies;  iii-80  , 
avec  cartes.  Paris  ,  Selligue. 

§  2.  ATLAS, CARTES  GEOGRA- 
PHIQUES,    PLANS. 

io5.  Map  of  the  united  statks  and 
the  provinces  upper  and  lower 
Canada,  N.w  -  Brunswick  and 
Nova  Scotia.  —  Carte  des  Etats- 
JJnis  et  des  provinces  hautcs  et 
basses  du  Canada,  du  Neiv-Bruns- 
wick,  etdela  ISouvelle-Ecosse;  d'a- 
presles  derniers  relevemens  et  les  in- 


IViiiiiations  les  plus  autlientiqucs,  par 
John  et  Alex.  Walker.  4  leuilles. 
London,  1827  ,  \A'alker.  (  1.  i5  sh.) 
Voir  Supra  ,  p.  111. 
106.  Plat  of  the  Northern  Boun- 
dary line  of  the  state  of  Indiana  : 
—  Plan  de  la  ligne  de  di'niarralion 
septentrionale  de  l\'tat  (Piiidiana  , 
di  terniineeconfornu'nient  a  un  aclc 
du  Congres  du  2  mars  1827  ,  annexe 
a  un  message  du  president,  adresse  au 
Congres  a  ce  sujet.  1828,  Washing- 
ton. 

107.ESQUISSE  geographique  de  Tem- 
pire  des  Birmans  ;  carte  coloric'edeG 
pieds  2  polices  sur  3  pieds  i  pouccs. 
Calcutta  ,  i8i(i.  I  /^'i  roup.  ) 

La  meme  reduite   (  loroupies). 

108.  Caute  de  la  riviere  de  iNlartahan 
et  de  Pile  Amherst ;  par  W.  Spierz. 
Calcutta  ,   1S26.  (  10  roupies.  ) 

109.  Instruction  pour  lV.ntrke  de  la 
RiviEi'.E  d'Hoogly  (Gange)  :  par  le 
cap.W.  MaxFIELD,  premier  assistant 
de  Pi.gc'nicur  hydrographe;  suivies 
de  reclifications  de  longitudes  laites 
en  i8i()  par  les  nstronomes  de  TOb- 
servatoire  de  Calcutta,  el  d^m  guide 
pour  entrer  de  nuit  a  Table  baie  ; 
in-8°  d'une  feuille  et  demie.  Bor- 
deaux ,  imprimerie  de  Suweriuck, 
1827. 


EVERAT,    IMFRIIWEUP.  ,   RUE    DC    CABRAN,    K.    16. 


V<k'V-«%.^r^* 


BULLETIN 


T>n 


LA  SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE. 


NUMERO  62.  «~juiN  1828. 


PREMIERE  SECTION. 


Memoires,  extraits,  analyses  et  rapports. 


Expedition  projetee  par  le  gnuoemcmcnl  des  Elats-Unis  poui' 
explorer  les  mers  du  Sud. 

Des  citoyens  de  la  ville  de  Nantucket  adresserent ,  au  mols  de 
fevrier  dernier,  au  congres  des  Etats-Unis,  un  memoire  dans  le- 
quel  lis  appelalcnt  lattention  parlicullere  de  la  legislature  sur  le 
commerce  des  differentes  parties  de  I'Union  avec  les  ties  et  les 
c6tes  de  r Ocean  Pacifique.  lis  y  exposent  que  ce  commerce  et  celui 
qui  se  fait  entre  ces  ties  et  la  Chine  ont  rapporle  de  grands  avan- 
tages  ;  que  la  peche  de  la  baleine  emplole  plus  de  4-o,ooo  tonneaux, 
3  inille  marlns  et  un  capital  de  trois  millions  de  dollars ;  mais  que 
nombre  de  voyages  entrepris  par  des  balimens  marcliands  ou 
baleiniers  dans  des  mers  et  des  parages  tout-a-fait  inconnus,  ont 
6ie  accompagnes  de  peries  ruineuses  pour  les  armateurs  et  de  perils 
pour  les  marins.  Depuis  quelques  annees,  ils  ont  exploite  succes- 

16 


23o 

sivcmcnt  les  coles  du  Perou  et  du  Chili ,  cellesdu  N.-O.,  la  Nou-' 
vellc-Zelande  et  Ics  ties  du  Japon.  Les  bdn^fices  provenant  de  ces 
expeditions  out  etc  balances  par  des  pertes.  Uu  grand  noinLre  de 
biitimens  a  eclioue  sur  des  ties  ou  des  ecueils ,  qui  ne  sont  indiques 
sur  aucune  carte,  el  un  fail  qui  merite  d'etre  pris  en  consideration, 
c'est  que  la  plupart  des  navires,  qui  ont  visile  ces  niers,  ne  sont 
pas  arrives  a  leur  destination.  Les  petitionnaires  recommandent 
done,  comnie  elanl  de  la  dernicre  importance,  de  faire  explorer 
avec  une  attention  scrupuleuse  les  cotes  ,  lies  ,  bancs  et  reclfs 
qui  se  trouvenl  dans  ces  iners  ,  el  pour  cela  ils  invitent  le  gouver- 
nement  a  y  envoyer  une  expedilion. 

Le  comite  des  affaires  maritimes,  auquel  celte  petition  fut  ren- 
voyee,  demanda,  par  une  lettre  du  3  mars,  I'avis  du  secrelaire 
d'etat  de  la  marine.  Celui-ci  repondit,  le  14.,  que  ce  projel  avail 
toute  son  approbation  :  «  en  envoyanl ,  disail  -il ,  une  expedition 
pour  reconnaitre  cet  immense  Ocean  ,  nous  ajouterons  aux  con- 
naissances  geographiqucs  et  scienlifiques  ,  qui  sonl  aussi  utiles  aux 
commer^ans  qu'aux  autres  classes  de  la  societe.  »  II  termine  sa 
lettre  en  proposant  de  voter  a  cet  effel  une  somme  de  45  a  5o,ooo 
dollars. 

M.  Reynolds ,  Fauteur  de  ce  projet ,  I'appuic  sur  des  considera- 
tions du  plus  baut  interct.  «  Apres  la  guerre  de  la  revolution  ,  dit-il, 
les  baleines  etanl  devenues  fort  rares  sur  les  cotes  du  JJresil ,  ou 
la  pecbe  s'en  etait  faite  jusqu'alors  ,  les  inlrepides  marins  de  Nan- 
lucket  s'elancerent  audacieusement  dans  I'Ocean  Pacifique,  oil  les 
recits  de  Vancouver  et  de  Cook  leur  avaient  appris  qu'elles  exis- 
taient  en  abondance.  Ce  fut  vers  I'annee  1790.  Ces  expeditions 
aventureuses  eurent  beaucoup  de  succes ,  et  depuis  le  nombre  en  a 
toujours  ete  en  augmentant.  Nantucket  y  occupe  continuellement 
soixante-dix  navires  de  la  conlenance  moyenne  de  2,000  barils 
d'huile  ,  New-Bedford  soixante  ,  el  New-York ,  Boston  ,  Sloning- 
ton ,  New-London  ,  etc. ,  au  moins  vingl,  ce  qui  fail  en  tout  i5o 
navires. 


201 


»  En  supposant  que  chaque  batiment  rapporle  ,  I'un  dans  I'autre , 
iSoobarils  tl'huile,  avecune  quanlite  proportionnellc  de  maliere  a 
chandelle  ,  el  qu'II  melte  deux  ans  a  cxecufer  le  voyage,  le  calcul 
donncrait  un  resultat  de  i35,ooo  bafils  par  annee,  ou  4-»o5o,ooo 
gallons  ,  et  de  887  tonneaux  ,  ou  1,674,000  livres  de  chandelles  de 
spermaceti. 

»  L'equipage  de  cliacun  de  ces  balimens  se  compose  de  2  5 
hommes.  Ce  commerce  emploiedonc  3,75o  nialclots,  et  entretlent 
ainsi,  pour  Ics  connaissances  nautiqucs,  une  ecole  qui  n'a  point 
d'egaie  dans  le  monde.  Jusqu'ici  il  n'a  eprouve  ni  perle  nl  fluctua- 
tion sensible;  et  tons  ceux  qui  s'y  sonl  livres,  sont  devenus 
riclies ,  parce  que  la  consommatlon  inlerieure  de  ces  articles  est  consi- 
derable ,  el  que  Ics  marches  etrangers  n'en  sont  jamais  encombres. 
»  En  1744)  on  exporta  de  la  Nouvelle-Angleterre  en  Europe, 
3o,ooo  quintaux  de  morue  Ae  quallte  superieure,  et  8,020  tonneaux 
d'une  qualltc  inferleure  ,  aux  Indes  occidentales. 

»  11  est  generalement  reconnu  que  le  commerce  des  penux  de 
louiresde  mer  est  tres-produclif ;  mals  les  renselgnemens  Imparfaits 
qu'on  est  parvenu  a  arracher  a  la  cupidile  des  navigateurs  qui  les 
premiers  ont  parcouru  cet  ocean,  ne  permettent  pas  d'en  calculer 
Tetendue.  On  se  procuralt  d'abord  ces  peaux  precieuses  des  nalu- 
rels  de  la  cole  Nord-Ouest  pour  des  objets  de  peu  de  valeur,  tels 
que  du  drap  rouge,  de  la  verroterie ,  de  la  coulellerle,  etc.  II  n'en 
est  plus  dc  meme  aujourd'hui  :  ces  peaux  rapportent  en  Chine  de  4o 
a  70  dollars  piece,   et  quclquefols  davantage.  Les  personnes  qui 
se  sont  le  plus  partlculierement  occupees  de  ce  commerce  ,  en  esti- 
menl  le  prodult ,  depuls  son  orlglne ,  de  quinze  a  vingt-cinq  mil- 
lions de  dollars;  le  molns  qu'on  Talt  e value  a  ete  de  dix  millions. 
Les  loutres  n'ont  ete  rencontrees  jusqu'ici  que  sous  certaines  lati- 
tudes, du  44"  auGo^N.,  elentre  les  126"  et  iSo"  de  longitude  Est 
de  Londrcs.  Ellcs  se  trouvent  aussi  en  grande  quantite  sur  les  cotes 
des  lies  Behring,  Aleullennes  ,  Kurlles  et  des  Renards,  dans  les 
parages  de  Kamfscliatka,  etentrc  I'AsIe  et  TAmerique. 


202 

»  Les  naturalisles  iie  voieiit  pas  pourquoi  elles  n'existeraient 
pas  ^galement  le  long  des  contrees  inconnues  de  riieinisphere  me- 
ridional. C'est  la  un  point  a  eclaircir,  cl  la  nation  qui  aura  I'lion- 
neur  den  faire  la  decouverle,  en  retirera,  commc  de  raison,  tous 
les  profits. 

»  l<e  commerce  du  ^0/5  de  sandal  est  plus  facile  a  fixer,  parce 
qu'il  n'a  poinljile  entoure  du  menie  mystere  que  celui  des  peile- 
terics.  On  I'avait  trouve  pendant  nonibre  dannees  dans  les  iles  de 
tes  mers,  mais  on  ignorait  qu'il  existjit  dans  celles  de  Sandwich, 
avanl  le  voyage  des  capitaines  Davis  et  Windsliip,  de  Boston  ,  il 
y  a  vingt  ans.  II  sen  coupe  maintenant,  sur  eel  arcliipcl,  pour 
pres  de  3oo,ooo  dollars  par  an,  et  pour  200,000  dans  d'autres 
iles.  Si  ce  bois  devient  un  jour  rare,  il  faudra  ou  Taller  cliercher 
dans  d'autres  parages,  ou  en  enseigner  la  culture  aux  naturels  ;  et 
I'opinion  des  plus  celebrcs  navigateurs  a  cet  egard  est  quelle  ne 
demanderait  pas  plus  de  soin  que  celle  du  cliene,  du  lietre  ou  de 
tout  autre  arbre  forestier. 

Le  commerce  des  fourrurcs  de  pJioques  a  et^  aussi  fort  considerable 
dans  rOcean  Pacifique.  Oa  a  calcule  que  les  marins  des  Etats- 
Unis  y  ont  pris,  pour  leur  part ,  depuis  le  commencement,  plus  de 
sept  millions  de  ces  animaux.  Les  peaux  leur  ont  valu,  a  Canton, 
de  deux  a  trois  dollars  piece,  et  quclquefols  davanlage;  et  ils  en 
ont  aussi  rapporte  une  cerlaine  quanlite  daus  leur  palrie.  Le  Tele- 
graplie  de  Stonington  publie  une  estimation  de  ce  commerce,  qui 
donne  une  idee  avantageuse  de  Tesprit  entreprenant  des  babilans 
de  ce  petit  port.  Du  mois  de  novembre  18 19  a  celui  d'aottt  1827, 
dix-sepl  batimens  de  Stonington  y  apporterent,  comme  par  lie  de 
leurs  cargaisons ,  des  peaux  de  phoques ,  qui  se  vendirent  aux  en- 
cheres  810,747  dollars;  dies  avaicnt  toutcs  etc  recucillics  sous  le 
cercle  antarclique. 

Le  coniuierce  des  fourrures  de  quadrupedes  n'a  pas  encore  etc 
beaucoup  encourage.  Depuis  cent cinquante  ans,  la  compagnie  de 
la  baic  d' Hudson  en  a  eu  le  raonopole  cxclusif,  el  elle  en  a  tire 


233 

le  parti  le  plus  avantageux.  Toulefois,  si  des  capitalistes  entre- 
pronans  etablissaient  des  factoreries  bien  fortifiees  le  long  de  la 
cote  du  Nord-Ouest ,  ils  ne  larderaient  pas  a  ^tre  indemnises  de 
leurs  sacrifices;  car,  dans  le  compte  que  Robson  rend  de  la  bale 
d'Hudson  au  premier  lord  coinmissaire  d'Angleterre ,  on  lit 
«  qu'il  y  a  dans  celle  inunense  etendue  de  pays  assez  de  fourrures 
pour  la  consommalion  de  toute  I'Europe  ,  et  qu'elles  sont  le  par- 
tage  dun  petit  nombre  d'individus.  » 

»  Le  commerce  de  I'l'voirc  n'est  pas  encore  important,  mais  il  le 
deviendra  a  mesure  que  les  baleines  disparaitront ,  et  que  les  grandes 
villes  adopteront  le  mode  d'eclairage  par  le  gaz  d'hulle ,  parce 
qu'alors  on  sera  oblige  de  chasser  I'elephant  de  mer  pour  s'en 
procurer.  On  ne  dedaignera  plus  alors  Thuile  de  plioques  et  de 
marsouins.  Ce  n'est  que  depuis  peu  de  temps  qu'on  a  entendu  par- 
ler  de  la  peclie  de  ces  tlcrniers,  et  c'etait  seulement  par  liasard  qu'on 
en  prenait.  He  bien!  aujourd'liui  les  Indiens  et  d'aulres  les  pour- 
suivent  sur  tous  les  points  de  nos  cotes  les  plus  N.-E. 

»  Le  commerce  des  plumes  ne  s'est  pas  fait  dans  ces  parages  avec 
I'activite  dont  il  y  est  susceptible  ;  car  ,  a  en  juger  par  la  quantite 
d'oiseaux  aquatiques  qu'on  y  rencontre,  on  pourrait  s'y  procurer 
des  plumes  de  la  meiileure  espece  et  dans  la  plus  grande  abon- 
dance.  Les  plumes  pour  lits ,  recueillics  sur  la  cote  N.-O.  ,  ne  le 
cedent  en  rien  pour  la  qualite  a  I'edredon  de  Russie.  Le  besoin  de 
cet  article  est  grand  chez  nous  ,  et  se  fait  sentir  de  jour  en  jour 
davanlage.  II  en  est  de  mcme  de  celui  des  tonnes  plumes  a  ecrire 
qu'on  y  trouverait  egalement.  11  serait  facile  d'enseigner  a  ceux 
qui  se  livrent  a  cette  branclie  d'induslrie,  la  maniere  de  les  ap- 
preter  des  Hollandais  ;  et,  au  lieu  de  payer  tous  les  ans  pr<is  d'un 
demi-million  de  dollars  a  la  Hollande  et  a  la  Russie,  nous  serions 
a  ineme  d'en  fournir  a  notre  consommation  interieure  ,  et  pour 
celle  d'autres  pays. 

»  Tous  les  objets  que  nous  exporterions  pour  ce  commerce,  n'ont 
acluellement  aucun  debouche  exterleur.  Dans  peu  notre  rum ,  no- 


234 
tre  riz,  iiotre  tabac  ,  notre  eau-de-vie  de  grains,  nos  couvertures  , 
DOS  etoffes  de  lalne ,  nos  colons,  nos  calicos,  notre  coutellerie 
grossiere,  notre  bijouterie  depeu  de  valeur,  nos  inslrumensaratoires 
etnos  meubles  ,  trouveraient  un  marche  assure  aux  iles  Sandwich. 
M  11  est  bon  aussi  de  reniarquer  que  ces  voyages  onl  un  double 
avantage  :  on  cxpedie  pour  la  Chine ,  dans  de  pellls  baliniens,  les 
pelletcries  ,  fourrurcs ,  provenant  de  la  cote  IS.-O. ,  et  les  produits 
de  leur  vente,  rapportes  aux  Elals-Unls  ,  s'y  emploient  a  acheler 
des  cargaisons  pour  de  gros  navires  qu'on  cnvoie  directement  a 
Canton.  Par  ce  moyen  nous  conservons  chez  nous  les  metaux 
precieux  que  le  commerce  direct  avec  la  Chine  nous  a  si  long- 
temps  enleves. 

«  On  pent  se  former  une  idee  approximative  de  retcndue  de  nos 
relations  commerciales  dans  ces  mers,  par  le  rapport  du  capilame 
Hull  ,  que  le  gouvernement  avait  charge  de  protcger  notre  com- 
merce dans  la  mer  Paclfiquc.  Du  3o  mars  1824.  ,  au  1"  decembre 
1825,  il  vislta  232  batimens,  dont  le  tonnage  s'elevait  a  43,5o2 
tonneaux.  lis  etaient  montes  par  2,352  hommes  d'equipage  ,  et 
portaient  295  canons.  Et  il  est  probable  que  ce  capilaine  n'a  pas 
rencontre  la  moitie  des  batimens  qui  frcquentent  ces  parages. 

»  Lorsque  le  capitaine  Jones  relacha  a  Tile  de  W  oahou  ,  le  i" 
novembre  1827  ,  il  y  avait  dans  le  port  dix-neuf  navires  ,  jaugeant 
5,65o  tonneaux  ,  et  montes  par  378  hommes.  Qualre  etaient  char- 
ges de  pelleteries  ,  el  quinze  etaient  des  balciniers  qui  avaienl  a 
bord  25,080  barils  dhuile  ,  et  auxquelsil  n'en  manquait  que  6,320 
pour  completer  Icur  cargaison.  11  est  difficile  de  se  faire  une  idee 
de  I'activite  et  de  rinteliigence  que  nos  marins  deploient  dans  ces 
expeditions.  Les  maitres  de  navire  et  les  equipages  travailient  a 
I'envi  les  uus  des  autres.  Des  voyages  aussi  longs  et  aussi  difficiles 
donnent  a  ccux  qui  les  execulent  une  assurance  et  un  goul  pour  les 
entreprises  hardies  qui  se  maintiendronl  aussi  long-temps  que  nous 
exploiterons  ces  mers.  La  duree  du  voyage ,  les  dangers  de  la  na- 
vigation ,    la  grosseur  des  navires  ,    les  connaissances  ct  le  soin 


235 

qu'exige  leur  sillrele ,  et  les  vicissitudes  des  expeditions ,  font  de  lous 
ceux  qui  y  sont  engages  autant  de  navigateurs  ,  de  marins  ,  de  pi- 
lotes  et  de  canonniers. 

»  L'ouverture  des  ports  de  TAmcrique  du  Sudadeja  fait  prendre 
une  direction  favorable  a  nos  relations  commerciales  dans  I'Ocean 
Pacifique  ;  et  cet  etat  de  clioscs  ne  peut  que  s'amcliorer ,  si  nous 
veillons  a  la  conservation  de  nos  droits  dans  ces  mers  ,  et  si  le  gou- 
vernement ,  jaloux  de  ses  interels ,  y  entreticnt  une  force  suffisante 
pour  proteger  notre  commerce.  Favoriser  les  inter^ts  des  arma- 
leurs  dans  ces  parages ,  leur  accorder  toutes  les  facilites  possibles 
pour  leurs  operations  ,  leur  ouvrir  de  nouveaux  debouclies  ,  et  y 
etablir  une  croisiiire  capable  de  les  faire  respecter  ,  ce  serait  seule- 
ment  nous  acqultter  envers  le  commerce  du  pays  ,  puisque  le  fisc 
s'est  deja  enrichi  de  plusieurs  millions  a  ses  depens  ,  et  qu'il  n'a 
pas  m^me  depense  un  centinne  pour  le  proteger. 

)•  Les  officiers  de  marine  que  nous  avons  envoyes  dans  I'Ocean 
Pacifique ,  ont  rempli  leur  mission  en  hommes  sages  ,  aclifs  et  ex- 
perimentes.  ils  ont  appris  non-seulement  aux  indigenes  que  nous 
sommes  un  pcuple  puissant ,  en  etat  de  nous  dcfendre,  aussi  bicT*^ 
que  les  aulres  nations  ,  dans  ces  regions  lointalnes  ,  ma.i;  [l^  ont 
aussi  prouve  aux  etats  et  aux  empires  nalssans  de  rAr^jirique  du 
Sud,  que  nous  savons  punir  les  torls  et  maintenir  nos  droits  et 
que  nous  avons  autant  a  coeur  le  bien  du  genre  liumain  que'  la 
prosperite  de  notre  patrie.  La  force ,  judicieusement  employee  ,  est 
le  grand  panficaleur  du  monde  ,  et  un  peuple  ,  comme  celui  de 
I'Amerlque  du  Sud,  dont  les  Institutions  ne  reposent  pas  encore 
sur  des  bases  solldes ,  exige  une  surveillance  toute  parlicullere.  11 
est  impossible  que  notre  marine  pulssc  s'acqultter  de  ce  devoir,  et 
recbercher  en  memt;  iemps  des  lerres  inconnues.  D'un  autre  cote  , 
les  capllalnes  des  navlres  balelnlers  ,  trop  occupes  de  I'objet  de 
leur  voyage  ,  et  soumis  d'allleurs  aux  ordres  les  plus  strlcts  ,  ne 
peuvent  pas  non  plus  perdre  de  temps  a  faire  des  decouverles.  11 
serait  contraire  a  leurs  devoirs  de  s'arr^ter  un  seul  jour  pour  ex- 


a36 

plorer  une  c6te  que  le  hasard  Icur  autait  fait  apercevolr.  II  eii  est 
de  mcine  de  ceux  qui  frequentent  la  coie  duNord-Ouest,  et  dont  la 
route  est  plus  directe  que  celle  de  baleiniers. 

»  11  me  semble  aujourd'lmi  blen  demontre  qu'il  est  de  notre  in- 
ter^t ,  comme  dc  notre  honneur  ,  de  bien  connailre  la  structure  du 
globe,  et  de  nous  assurer  des  avantagcs  a  rclirer  de  I'Ocean  ,  cette 
immense  propriete  commune  des  nations.  L'liomnie  d'etat  eclaire, 
qui  en  embrasse  toutes  les  parties  pour  Irouver  de  nouveaux  debou- 
ches au  commerce  et  a  I'industrie  ,  ne  recuiera  done  pas  devant  ni> 
sacrifice  present,  lorsqu'il  sera  siir  d'en  obtenir  un  jour  les  plus 
heureux  resultats. 

«  II  ne  nous  reste  plus  a  explorer  que  la  region  polaire  du  Sud  ; 
toutes  les  tentatives  faites  par  les  navigateurs  curopeens  pour  y 
arriver  ont  etc  infructueuses.  C'est  une  contree  encore  presque  in- 
connue  ,  qui  offre  un  vaste  champ  a  nos  armateurs  entreprenans  , 
sans  exiger  de  grands  capitaux.  Un  pays  de  plus  de  i,5oo,ooo  milles 
Carres  est  entierement  inconnu ;  on  n'a  jamais  approche  d'une  cote 
qui  s'etend  I'espace  de  plus  de  3oo  degres  de  longitude  sous  le 
cercle  antarctique ;  il  y  a  d'immenses  regions  ,  situees  sous  des  la- 
titudes comparativement  plus  temperees  ,  qui  n'ont  cte  qu'impar- 
failement  cxplorees  ,  et  qui  meritent  de  fixer  I'attention  ;  et  qui 
sait  s'il  n'existe  point  dans  Iheinisphere  meridional  des  pays  corres- 
pondans  avcc  la  Laponie  ,  la  Norwege  ,  une  partie  de  la  Suede  et; 
les  cotes  septentrionale^  de  la  Russie  d'Asie  ?  »  W. 

Navigation  interieure  dies  Etats-Unis  d'Amerique. 

{Extraii  de  VAperpi,  general  de  la  naolgatton  interieure  des  Etats- 
Urn's,  Philadelphie ,  182G.) 

II  y  a  deja  quelque  temps  que  les  Elats-Unis  d'Amerique  sont 
consideres  comme  la  seconde  puissance  maritime  qui  ne  cede  le 
premier  rang  qu'a  I'Angleterre.  Ce  n'est  cependant  que  recem- 
ment  que  I'atlention  publiqne  s'est  portde  dans  ce  pays  vers  le  per- 


23; 
fectionnement  de  la  navigation  inlerieure;  niais,  duranl  lesdix  dcr- 
nieres  annees  qui  viennent  de  s'ecouler,  les  Americains  ont  fait 
dans  cetle  partie  des  progres  si  rapides ,  qu'on  peat  les  regarder 
comme  ayaiU  surpassc  toule  autre  nation  ,  la  Grande-JJretagne  ex- 
ceptce.  Si  Ton  conslderc  la  vaste  dissemination  de  la  populalion 
agricole  des  Etats-TJnis,  dont  les  produits  sont  immcnses,  et  dont 
presque  tous  les  besoins  factices  sont  alimentes  par  des  contrees 
etrangeres,  on  concevra  rempressement  de  cetle  population  a 
multiplier  ses  communications  interieures.  Get  enipressement  est 
tel,  que  les  temps  ne  sauraient  (5lre  eloignes  ou ,  par  I'etendue  ou 
le  nombre  de  leurs  canaux,  les  Elats-Unis  surpasseront  probable- 
ment  toute  autre  contree  civilisee. 

Avantl'annee  1816,  la  communication  interieure  par  desmoyens 
artificiels  dans  les  Etats-TJnis,  etait  limilee  a  un  tres-petlt nombre 
de  tentallves  Imparfaites  et  partielles.  A  I'excepllon  du  canal  de 
Merrimack,  dans  le  Massachusetts,   et  du  canal  de  Sanlee ,  dans 
la  Caroline  du'Sud  ,  11  n'existait  aucune  ligne  continue  et  complete 
de   navigation  artificlelle.  Pariout  ailleurs  on  n'avalt  rien  fail  de 
plus  que  de  creuser  et  de  perfectionner  les  lits  de  quelques  rivieres  , 
et  d'en  francliir  les  rapides  les  plus  impetueux,  ainsi  que  les  chutes, 
au  moyen  des  ecluses.  C'est  ainsi  qu'une  navigation  en  bateau , 
d'unc  nature  precaire,  s'etait  etendue  de  la  ville  de  Hartford  dans 
le  Connecticut  au  Vermont,  par  le  moyen  de  la  riviere  de  Con- 
necticut. Des  ecluses  avaient  ele  etablies  aux  petiles  chutes  ou  ca- 
laractes  de  la  riviere  de  Mohawk ,  et  de  ce  courant  on  avait  ouvert 
unc  tranchee  aune  autre  chute  ,  communiquant  avec  le  lac  Oneida. 
Par  ce  moyen  ,  une  communication  penible  s'etait  etablie  par  eau 
depuis  Schenectady  jusqu'au  lac  Ontario,   et  se  prolongeait  dans 
les  endroits  d'interruption ,  au  moyen  des  portages ,  jusqu'a  quel- 
ques-uns  des  pelils  lacs  de  I'elat  de  New-York.  Deja  on  avait  exe- 
cute en  partie  quelques  -  uns  des  canaux  projetes  :  mals  le  public 
n'avait  aucune  confiance  dans  leurs  succes  ;  et  on  ne  pouvail  obtc- 
nir  le  capital  necessaire,  soit  pour  continuer  ces  travaux,  soil  pour 


238 

acliever  ceux  qui  elaient  commences.  Tout  plan  d'amelioratlon  in- 
tcrieure  etait  re9u  avec  apatliie  et  defiance.  II  fallait  une  impulsion 
nouvelle  et  puissante  pour  exciter  Pattenlion  de  la  societe ;  il  fallait 
pro'wver  que  les  travaux  etaient  pratlcablcs,  et  en  demontrer  I'uti- 
lite.  Pour  cela  il  elait  essenliel  dc  se  mcnager  des  moyeiis  suffi- 
sans,  dans  le  cas  ou  la  depense  aurait  excede  revaluation  la  plus 
stride.  11  fallait,  par  une  experience,  prouver  immedlatement  la 
possibilite  de  tirer  un  revenu  de  cette  enlreprise.  Pour  effecluer  le 
premier  objet,  il  convenait  de  mellre  en  action  le  credit  et  les  re- 
venus  des  etats  les  plus  riches  et  les  plus  imporlans;  pour  altelndre 
le  second,  il  etait  essenliel  de  c.hoisir  convenablement  le  lieu  ou 
Ton  executerait  la  premiere  parlle  du  canal. 

Ce  premier  pas,  si  Important,  se  fit  enfin  daus  I'etat  de  New- 
York.  II  fut  resolu  par  la  legislature  de  ce  pays  d'engager  le  credit 
de  I'etat  pour  un  emprunt  destine  a  faire  un  canal  de  la  riviere 
d'Hudson  au  lac  Erie.  Lorsqu'on  en  vint  a  I'execution  de  ce  plan, 
on  choisit  une  portion  de  la  route  si  habllement,  qu'on  satlsfit 
meme  les  plus  violens  advcrsalres  du  projet.  Ces  derniers  pre- 
tendaient  que  I'entreprise  ne  serait  ni  praticable  ni  avantageuse. 
C'est  au  gouverneur  actuel  de  la  province  de  JSew-York,  Dewitt 
Clinton,  que  les  Etats -Unis  sont  en  grande  partie,  ou  plutot  en 
totalile  redevables  de  cette  heureuse  tentative.  L'avantage  de  cette 
conception ,  par  ses  resullats  et  par  I'influence  qu'elle  a  exercee  sur 
I'espril  public,  s'appllque ,  non-seulemenl  a  I'etat  de  New-York 
et  aux  provinces  au  commerce  desquelles  le  canal  sertdirectement, 
mais  encore  aux  Elals-Unis  en  general. 

Ce  fut  en  1810  que  I'etat  de  New  -  York  nomma  des  commis- 
saires  pour  examiner  les  moyens  d'ctablir  une  navigation  arlifi- 
clelle  de  I'Hudson  au  lac  Erie.  Le  gouverneur  Morris ,  au  nom 
de  ces  commissaires ,  presenla  differens  plans  qui  ne  furent  pas  sui- 
vis.  Dc  nouveaux  commissaires  furent  nommes;et  grace  au  genie 
de  Clinton  ,  ceux-ci,  plus  heureux  que  les  premiers,  parvinrenta  sur- 
monter  tons  les  obstacles.  L'auteur  du  memoire  enlre,  a  ce  sujet. 


2% 

tlans  de  longs  details,  pour  rendre  a  Ciiaton  loutc  ia  justice  qu'il 
nieritait. 

Depuls  rimpulsion  donnee  par  Theureux  exemple  de  New  -York, 
les  diverses  parties  de  rUiiion  onl  enfante  a  I'envi  une  foule  de 
plans  de  travaux  publics.  Quelques-uns  sent  ou  impraticables  ou 
sans  utilile  ,  d'aulres  au  conlraire  sent  de  la  plus  haute  importance. 
Les  legislatures  locales  out  aide  et  encourage  de  diverses  manieres 
I'invesligation  ou  la  construction  effective  des  canaux ;  mais  nuUe 
part,  exccpte  dans  TOhio,  on  n'a  iniile  I'etatde  New-York.  Get 
etat  avait  applique  lous  ses  moyens  a  cet  objel ;  politique  bardie  de 
sa  part,  et  qui  fut  couronnee  du  plus  heureus  succes. 

Les  Etats-Unis  peuvent  se  diviser  en  deux  grandes  parties,  la 
c()te  maritime  et  la  contrec  occidentale.  De  la  ,  trois  grandes  classes 
de  communications  interleures  :  communication  parallele  a  la  cote; 
communication  des  provinces  de  I'Ouest  avec  la  cote,  et  enfin  com- 
munication plus  speciale  dans  leur  objet ,  et  limilee  dans  leur  in- 
fluence, d'une  province  a  Tautre.  La  cote  des  Etats  -  Unis  presente 
un  contour  diversement  echancre,  entrecoupe  en  plusieurs  endroits 
par  de  grands  bras  demer,  dont  les  plus  remarquables  sont  la  bale 
de  la  Chesapeake ,  celle  de  la  Delaware  et  le  Sund  ou  detroit  de 
Long-Island.  Leur  situation  et  leur  direction  semblenl  naturelle- 
ment  inviter  a  examiner  s'il  ne  serait  pas  possible  de  les  faire  jolndre 
ensemble ,  en  elablissant  une  communication  interieurc  ,  a  I'abri 
de  la  violence  des  tempetes,  et  facile  a  defendre  contre  Tennemi. 
Par  ce  moyen,  on  subsliluerait  cette  route  au  passage  par  mer,  trajel 
a-la-fois  ennuyeux  et  plein  de  danger.  Cette  grande  ligne  de  navi- 
gation n'a  pas  manque  d'attirer  Tattention  ,  non-seulement  de  cha- 
que  gouvernement  local,  mais  encore  celle  de  I'administration  ge- 
nerale.  Cependanl  ce  qu'on  a  fait  se  rcduit  encore  a  bien  peu  de 
chose. 

Le  canal  le  plus  au  Nord  ,  destine  a  faciliter  une  communication 
parallele  a  la  cote ,  va  _de  la  bale  de  Massachusetts  a  celle  de  Buz- 
zard. Des  ingenieurs  militaires  consultes  sur  les  moyens  de  le  ren- 


24o 


tire  navigable,  ont  reconnu  quil  elail  susceptible  de  le  devenir 
sans  que  cet  objet  cntrainat  des  depenses  Irop  considerables ;  lis 
sont  meme  convenus  qu'on  y  elablirail  une  navigation  pour  de 
grands  sloops. 

Long-Island-Sound,  ou  le  delroit  de  Long-Island,  la  baic  et 
le  port  de  New-York,  ainsi  que  la  riviere  de  Rarilon,  offreiilune 
navigation  non  inlerronipue  pour  de  grands  sloops  jusqu'a  New- 
Brunswick  dans  I'ctat  de  New-Jersey.  De  cetle  vilie  jusqu'aux 
eaux  navigables  de  la  Delaware  la  distance  n'esl  pas  de  plus  de  I  rente 
milles.  La  contree  est  des  plus  favorables  pour  un  canal  qu'on  pour- 
rait  executer  a  soixante  pieds  au-dessus  du  niveau  de  la  maree ,  et 
qui  n'exigeralt  par  consequent  que  six  ecluses  a  cbaque  exfremite. 
Si  jusqu'a  present,  ajoute  I'auleur  de  ce  memoire ,  ce  projet  n'a 
pas  ele  execute,  c'est  faule  d'esprit  public  et  de  vues  liberales  de  la 
part  du  gouvcrneinent  de  I'elal  de  New-Jersev. 

La  couiniunlcalion  entrc  la  baie  de  la  Chesapeake  et  cello  de  la 
Delaware,  s'est  effectuee  sous  de  plus  beureux  auspices.  Elle  a  ele 
confiee  par  les  etats  de  Delaware ,  de  Maryland  et  de  Pensylva- 
nie,  a  une  couipagnie  privilegiee  qui  a  enlrepris,  dc  bonne  foi  et 
avec  beaucoup  d'ardcur ,  les  travaux  qui  avaient  ele  Tobjet  de  sa 
formation.  Ce  canal  sera  navigable  vers  la  fin  de  1828.  11  est 
destine  a  recevoir  des  navircs  tirant  sept  picds  d'eau ;  les  ecluses 
ont  vingt-deux  pieds  de  largeur  et  cent  pieds  de  longueur  d'une 
porte  a  Tautrc.  11  est  eleve  de  six  pieds  au-dessus  des  hautes  niarees 
des  bales  contigues,  et  il  n'a  qu'une  ecluse  a  cliaque  extremity, 
independammentdes  ecluses  des  marees.  Pour  effectuer  ce  plan, 
il  a  fallu  creuser  une  tranchee  de  pres  de  qualre  milles  de  longueur 
et  de  soixante-dix-sept  pieds  de  profondeur  a  I'endroit  le  plus  eleve 
de  la  colline.  Ce  canal  dans  toule  sa  lon^ueiii-  a  nioius  de  dix-huit 
milles  de  long. 

La  navigation  de  la  Chesapeake  est  sAre  et  non  interronipuc  jus- 
qu'aux caps  de  A  irginle.  C'est  entre  ces  caps  qu'cst  siluce  la  ville 
<le  Norfolk ,  vil  e  donl  le   commerce  est  de  quelque  Importance. 


2^1 

Le  port  de  Norfolk  communique  avec  les  tletroils,  ou  les  passes 
qui  s'elendenl  en  grande  partie  le  long  de  la  cote  de  la  Caroline  dii 
Nord.  Cette  commuicalion  se  fait  par  un  canal  qui  traverse  un 
vaste  marais  appele  le  Dismal-Swamp  (marais  affreux  )  ,  d'ou  est 
venu  le  nom  donne  a  ce  trajet. 

Albemarle,  Pamlico  et  Core-Sounds  offrent  une  communica- 
tion de  canaux  non  interroinpue  jusqu'a  Beaufort ,  dans  la  Caro- 
line du  Nord.  Mais,  pour  rendre  ce  passage  plus  s6r  et  plus  certain, 
on  a  propose  de  creuser  un  canal  de  Plymouth  a  Beaufort  ,  par 
A'^  asliinglon  et  ISewLern.  A  parlir  de  cette  derniere  ville  on  trouve 
une  suite  d  iles,  renfermant  des  soim/Is  ou  detroits,  jusqu'a  quel- 
ques  milles  de  I'embouchure  de  la  riviere  du  Cap  Fear  avec  la- 
quelle  on  peut  ouvrir  une  communication  a  pcu  de  frais.  Pres  de 
cette  embouchure  se  trouve  la  ville  de  A'S  ilminglon ,  d'ou  on  a 
projete  un  canal  allant  a  George-Town,  ville  siluee  surla  riviere 
Pedee ,  dans  la  Caroline  du  Sud.  On  a  aussi  trace  un  canal  de 
George-Town  ii  Charleston,  parallelement  a  la  cole,  a  parti r  du 
port  de  Charleslon  ;  et  derriere  Edisto-lsland  ,  il  existe  un  passage 
jusqu'a  la  riviere  du  meme  nom.  On  propose  d'unir  par  un  canal, 
cette  riviere  a  la  Savannah,  limite  des  etals  de  la  Caroline  du  Sud 
et  de  la  Georgle.  Toute  la  cote  de  la  Georgie  est  parsemee  d'iles 
qui  renferment  des  passes  navigables  et  s'elendent  au-dela  des 
limites  meridionales  decet  etat,  jusqu'a  rembouchure  de  la  riviere 
Saint- Jean  dans  la  Floride.  C'est  par  le  moyen  de  cette  riviere,  ou 
celle  de  Sainte-Marie  ,  frontiere  de  la  Georgie ,  que  des  ingenieurs 
au  service  du  gouvernement  general  ,  sont  occupes  a  chercher 
une  communication,  pour  de  grands  vaisseaux,  avec  le  golfe  du 
Mexique.  Qu'un  tel  passage  soil  praticable,  c'est  ce  qu'on  donne 
pour  certain;  on  ajoute  meme  que  le  gouvernement  est  en  posses- 
sion de  documens  qui  prouvent  qu'il  existe  reellement  un  passage 
pour  des  balimens  de  pelites  dimensions,  lequel  avail  servi  a  la 
piralerie,  avanl  la  cession  de  la  Floride  aux  Etats-Unis.  Tous 
les  canaux  dont  nous  avons  fait  mention,  de  Norfolk  vers  le  sud, 


42 


sc  conslruiraient  a  peu  de  frais,  parce  que  la  contree  est  basse 
el  loiite  onplaine;  on  pourrait  nieine  dans  la  plupart  des  cas  se 
passer  d'ecluses  de  maree. 

La  navigation  dos  rivieres  dc  Connclicut  el  d'Hudson,  et  celledu 
lac  Chaniplain,  peiivent  elre  coiisiderecs  connne  un  complcinoni  de 
la  navigation  arlificielle  parallelement  a  la  cole  des  Klals-Unis. 
Elles  forment  aulant  d'anneauxde  la  grande  cliainede  communica- 
tion de  Textreme  fronliere  au  golfe  du  Mexique. 

Une  navigation  imparfaile  avail  existe  long-temps,  de  IJarnel 
dans  I'etat  dc  \ermonl,  a  Hartford  dans  le  Connecticut,  par  la 
riviere  de  ce  nom ,  pour  des  navires  de  plus  de  cent  tonneaux.  CelU 
navigation  etait  cependant  si  precaire  et  si  Incerlainc ,  qu'on  re- 
solul  d'abandonner  entierenient  la  riviere  et  de  conslruire  un  canal 
lateral.  Pour  ccla  on  proposa  de  quitter  la  riviere  pres  de  Nor- 
tbaniplon  ,  et  de  se  diriger  vers  le  port  de  ISew-IIaven  ,  par  West- 
field  dans  le  Massacbusetts  ,  et  Farmington  dans  le  Connecticut.  La 
partie  du  canal  qui  se  Irouve  dans  ce  dernier  etat  sera  probablemenl 
terminee  dans  I'annee  courante  ,  1828.  La  partie  qui  depend  du 
Massacbusetts  a  egalement  etc  confiee,  par  un  acte  public,  a  une 
compagnie  privilegiee.  Le  lac  Chaniplain  offre  une  navigalon 
proi'onde  et  silre,  depuis  la  fronliere  du  canal  jusqu'a  sa  source, 
au  village  dc  \N  hlleball.  A  partir  de  ce  point,  commence  le  canal 
Cbamplain  dans  Telat  de  JNew -York.  Celte  navigation  retjoil 
jes  eaux  de  I'Hudson  a  Fort-Edouard.  La  longueur  entlcre  dii 
canal  est  de  24  milles.  A  partir  dc  Fort-Edouard  ,  le  passage  s'ef- 
fectua  d'abord  en  creusant  le  lit  de  I'Hudson  ,  et  au  moyen  de  quel- 
ques  tranchees  laleralcs  jusqu'a  Saratoga  ou  commen(^ait  un  canal 
lateral,  qui  s'eleiidait  h  ly  niijles  de  l;i  jusqu'a  ^^  alcrford,  au  con- 
fluent du  jNiobawk  et  de  1  Hudson.  On  a  cependant  fail  des  perfec- 
tionnemens  ultcrieurs  de  manlerc  a  former  un  canal  entier  de 
Fort-Edouard  a  Albany,  traversant  le  Mobawk  justement  au- 
dessous  des  cbules  de  Coboes.  A  partir  d'Albany,  I'Hudson  est 
navigable   sans   interruption  ( excepte   quclques   semalnes   duranl 


243 

I'annee  a  cause  des  glaces)  ,  pour  les  navlres  de  cent  tonneaux. 
Dcs  biitimens  de  5oo  tonneaux  peuvent  remonter  jusqu'a  la  villc 
d'Hudson,  a  cent  cinquante  milles  de  la  iner,  et  le  plus  grand 
valsseau  de  ligne  peut  trouver  un  canal  qui  n'a  pas  moins  de  millc 
yards  ou  cinq  cents  toises  de  largeur,  jusqu'a  Newburg,  a  solxante- 
cinq  milles  au-dessus  de  New-York. 

A  la  seconde  classe  de  communications  interieures  appartiennent 
celles  qui  dolvent  etaLIir  une  navigation  de  la  cote  maritime  aux 
dtats  de  rOuest.  Ces  deux  grandes  divisions  du  pays  sont  separees 
par  des  limites  naturelles  Ires-prononcees,  que  forme  une  suite  de 
montagnes ;  d'un  cote  sont  les  courans  qui  se  dirigent  vers  TAtlan- 
tique,   de  I'autre  ceux  qui  tombcnt  dans  le  Mississipl  ou  dans  les 
erands  lacs.  En  Ylrginie  et  dans  les  Carolines,  on  peut  conside- 
rer  ces  montagnes  comme  formant  quatre  cliaines  paralleles.  Nulla 
part  on  ne  rencontre  des  vallees  qui  les  traversent  entierement;  et 
dans  le  fait,  11  y  a  toujours  une  partie  de  montagne  qui  oppose  une 
barriere  complete  a  tout  genre  de  navigation  arlificielle ,  a  moins 
de  recourir  a  des  excavations  longucs  et  difficiles.  En  Pcnsylvanie, 
tandis  qu'a  Test  la  chaine  de  montagnes  reste  distincte,  les  autres 
montagnes  saffaissent,  et  se  confondcnt  les  unes  dans  les  autres. 
L'aspecl  de  la  contree  devlent  celui  d'une  plaine  elevee.  Cette  der- 
niere  se  termine  dans  I'etat  de  New -York,  et  descend,  par  une 
penle  graduelle  ,  jusqu'au  bord  du  lac  Ontario.  Une  cliaine  seule 
et  unique  traverse  entierement  I'etat  de  New -York  ;  et  meme  elle 
est  coupee,  a  une  grande  profondeur,  par  la  vallee  du  Moliawk,  a 
i'endroit  appele  Uttlc-Falls  (les  Peliles-Cliutes).  On  peut  regarder 
ces  montagnes  plutot  comme  des  collines  isolees  que  comme  une 
chaine  continue.  De  la  divers  courans  de  grande  dimension  s'e- 
chappent  par  les  vallees  intermediaires ;  mais  aucun  de  ces  cou- 
rans, exccptc  r Hudson  ,  n'admet  de  navigation  ascendante.  Son 
affluent,  le  Mohawk,  s'echappe  a  travers  la  seule  colline  qui  reste 
et    coule   dans   une   vallee   qui    commence    au   grand  bassin    du 
lac  Ontario.  Aucun  des  courans  qui  coulent  vers  I'Allantlque  ne 


244 

traverse  en  meine  Icnips  loules  les  montagiics,  a  I'exceplion  Ju 
Susquehannah.  Son  affluent ,  Ic  Tioga  ,  a  sa  source  sur  le  c6le 
occidental  de  la  plalne  dont  on  a  parle,  ct  consequcmnient  s'ouvre 
uii  passage  a  Iravers  les  niontagnes.  Mais  la  parlle  inieiicurc  du 
Susquehannah  est  tellement  obsliucepar  dos  rocliers  ct  dcs  rapides, 
que  cet  obstacle  ne  permellra  pas  sans  doule  d'cn  tirer  de  grands 
avanfages.  L't^tal  de  jSew-York,  au  moyen  du  lit  profond  et  navi- 
gable de  THudson  et  de  la  valliic  du  Mohawk,  offre  done  des  faci- 
lites  naturelles,  bien  superieures  a  celles  des  autres  titats,  pour  etablir 
des  communications.  Ces  avantages  ont  ete  completement  realises 
jjar  la  construction  du  grand  canal  occidental ,  qui  etablit  une  na- 
vigation continue  de  THudson  au  lac  Erie,  el  communique  ainsi , 
au  moyen  dune  branche  lateralc  ,  avec  les  lacs  Ontario  el  Os- 
wego. Ce  canal  a  363  milles  de  longueur.  La  difference  de  niveau 
entre  le  lac  Eric  et  THudson  est  de  564  pieds.  Le  canal  peut  se 
diviser  en  deux  grandes  sections,  d'ailleurs  inegales,  ctdont  I'une 
tire  ses  eaux  du  lac  Erie,  et  Tautre  d'un  plateau  cleve  ou  point  de 
partage ,  dans  le  voisinage  d'Utica.  C'est  le  lac  Erie  qui,  sur  une 
longueur  de  67  milles  el  demi,  a  parlir  de  remboucliurc  du  canal 
jusqu'a  Montezumji,  sur  le  lac  Cayuga  ,  fournit  la  plus  grande  par- 
tie  des  eaux.  On  descend  de  icjo  pieds,  au  moyen  de  21  ecluses. 
Au-dela  de  ce  point,  le  canal  s'eleve  de  62  pieds,  au  moyen  de  7 
ecluses,  jusqu'au  sommet  du  plateau  ou  point  de  partage.  A  partir 
de  la  et  sur  une  distance  de  6g  milles,  la  navigation  est  de  niveau 
et  non  interrompue.  On  descend  vers  I'Hudson  par  53  ecluses  , 
dont  une  vinglaine  se  succedent  dans  Tespacc  de  quelques  milles  , 
non  loin  des  ColioesouGrealFalls  (Grandes  Chutes)  du  Mohawk, 
pres  de  sa  jonction  avec  ITludson.  Outre  les  petils  aqueducs  el  les 
ponfs  au  moyen  desquels  ce  canal  franchit  les  plus  faibles  courans, 
il  traverse  la  riviere  Genessee  sur  un  aqueduc  de  ncuf  arches  de  00 
pieds  d'ouverture.  Ce  canal  traverse  aussi  le  Mohawk  deux  fois  sur 
des  aqueducs  de  748  et  de  1188  pieds  de  longueur  respectivemcnt. 
La  depense  de  ce  grand  travail,  jusqu'au  temps  ou  il  fut  ouvert  a 


la  navigation,  est  de  prcs  <le  neuf  millions  <lc  dollars,  doiil  sept 
millions  et  demi  furent  leves  par  einpnnil.  L'ctat  garantit  le  paie- 
ment  du  principal  et  de  Tintcret  de  ccUc  .somnie,  et  y  engagea  les 
recettes  de  plusieurs  branches  du  revenu.  Ces  rcssourccs  produlscnt 
environ  dix  pour  cent  du  capital  de  I'emprunt,  ce  qui  assure  la  li- 
quidation de  la  detle  dans  un  temps  dont  le  terme  n'est  pas  eloi- 
gne.  Ainsi ,  lors  mcinc  que  les  droits  sur  Ic  canal  n'auraieiit  pu  suf- 
fire  qu'a  I'entreleuir  en  bon  etat,  sa  construction  n'excedait  pas  les 
ressources  onlinaires  du  pays.  Mais,  au  moment  qu'il  ful  aclieve ,  le 
revenu  qu'on  lira  des  droits  devint  si  productif  qu'on  put  se  flatter 
qu'il  suffirait  pour  payer  I'lnler^t  et  eleindre  la  dettc.  La  recetle  pour 
Tannee  1826,  la  premiere  apres  que  la  navigation  eut  ^te  ouvertc 
de  la  riviere  au  lac,  monta  a  800,000  dollars.  EUe  n'a  pas  dfi  etre 
au-dessous  d'un  million  pour  I'annec  finissant  au  i"^"^  janvicr  1828. 
Toulefois ,  dans  le  commencement ,  cclte  immense  rccctte  a  ete  ab- 
sorbec  en  grande  partic  par  ics  dcpenses  du  canal,  qui  dans  ce  mo- 
ment est  a  peine  terminc.  Dans  le  dcsir  de  recueillir  les  avanSages 
que  promettait  cette  navigation ,  on  pressa  I'ouvrage  avec  trop  de 
hsite  peut  -  ^tre  :  on  n'attendit  pas  qu'il  fAt  termine.  Au  resle,  les 
depenses  des  deux  dernleres  annees  out  suffi  pour  terminer  com- 
plefement  le  canal;  et,  d'ici  a  peu  de  temps,  il  ne  coAtera  pas  plus 
que  les  autres  canauxpour  son  entretien  etses  reparations.  La  dette 
diminucra  rapidemcnt;  et  on  peut  facilement  prevoir  que  d'ici  a 
dix  ans,retatde  New-York  possedera,  libre  de  toule  charge,  nue 
source  de  revenu  plus  que  quadruple  des  taxes  directes  et  indirectes 
qui  alent  jamais  etc  levees  dans  ce  pays. 

L'auteur  du  Memoire  annonce  qu'il  reserve  pour  la  suite  ce  qui 
regarde  les  plans  de  communication  entre  I'Allanlique  et  les  par- 
lies occidenlales  de  I'Union ;  puis  11  continue  ainsi  : 

Le  grand  canal  de  I'etat  de  New  -  York  se  termine  au  lac  Erie, 
d'ou  il  ouvre  un  passage  aux  barques  de  cent  tonneaux.  Dc  I'exlre- 
mitc  Est  dc  ce  lac,  une  lignc  non  Interrompuc  de  mers  interieures 
.s'elend  jusqu'a  la  limlfe  la  plus  eloignee  du  lac  Superieur.  Les  bonis 

»7 


246 

(le  ces  lacs  iinmenses  embrassent  un  circuit  de  plusieurs  milliers  dc 
inillcs,  (lout  chaque  parlle  est  accessible  a  <les  b.iliiiiens  de  dimen- 
sion proprc  a  resislor  aiuc  gros  temps,  auxquels  ces  lacs  sont  sujcts. 

Mais  les  bords  de  la  piupait  de  ces  lacs  sout  occupes  par  une 
autre  nation ,  que  des  considerations  politiques  et  d'interet  person- 
nel porleront  a  fairc  prendre  au  conunerce  la  direction  du  cours 
du  Saint -Laurent.  Eeaucoup  de  ces  rivages  d'ailleurs,  par  la  na- 
ture du  sol  ou  du  cliniat,  ne  conviennent  pas  a  une  population 
nombreuse  et  ricbe.  Les  avantages  les  plus  iinporlans  du  canal  de 
New-York  doivent  done  se  cbercher  dans  les  elats  silues  entre  les 
grands  lacs  el  I'Obio ,  et  menie  dans  I'extension  de  la  navigation 
arlificielle  ,  vers  les  nouvelies  contrees,  a  I'ouest  du  Mississipi. 
Panni  ces  etats,  celui  de  I'Obio  est  Ic  seul  dont  I'etat  actual 
prometle  de  grands  resultals.  11  est  aussi  le  seul  qui  ait  imite,  sur 
uue  grande  echclle,  la  politique  de  I'elatde  New-York,  en  garan- 
tissant  le  paiement  du  capital  et  de  I'interet  des  emprunts  des- 
tines a  I'amelioration  interieure  du  pays.  Au  moven  des  fonds  ainsi 
leves,  on  a  commence  un  canal;  et  ilsexecute  rapidcmcnl,  depuls 
Cleaveland,  sur  le  lac  Erie,  jusqu'a  la  jonctlon  du  Sioto  aver 
rObio.  Un  autre  est  projete  et  meme  commence  ,  a  partir  des  eaux 
navigables  du  Haumee,  qui  lombe  dans  le  lac  Erie  jusqu'a  celles 
du  Miami ,  qui  est  une  brancbe  de  I'Obio.  Ce  qui  a  cle  execute  du 
premier  de  ces  canaux  a  deja  produit  une  revolution  dans  le  com- 
merce de  I'etat.  En  effel,  le  tabac,  qui  auparavant  descendait  par 
le  Mississipi  a  la  Nouvelle-Orleans,  a  ete  dirige,  anieilleur  mar- 
chti,  vers  New  -York,  et  de  la  transporle  ,  sur  des  navires  ,  aux 
entrepots  de  Virginie  et  de  Maryland.  Le  succes  de  cette  entre- 
prise  conduira  sans  doute  a  Tetablissement  d'un  entrepot  de  tabac 
a  Ne\v-York. 

Dans  les  premiers  temps  du  commerce  des  contrees  voisincs  de 
rObio,  leurs  produlls  elaienlembarquessur  des  batimens  grossiers, 
qui  dcscendaient  par  cette  riviere  et  le  Mississipi  a  la  Nouvelle- 
Orleans  oil   Ton  delruisalt  ces  batimens  pom-  servir   de  romhus 


•a47 
tible.  Quant  a  I'argcnt  qu'on  retirait  de  la  vente  des  marchandises, 
on  en  faisait  des  remises  sue  Philadelphie  ou  Baltimore.  De  la  Ics 
retours  en  marchandises  etrangeres  ctaient  transportes  ,  par  Ics 
montagnes,  a  I'Ohio,  et  par  ses  eaux,  a  leur  destination  respec- 
tive. L'introduction  du  bateau  a  vapeur  amena  un  cliangement  par- 
tiel,  en  pennettant  de  transporter  plusieurs  articles  par  le  Missis- 
sipi ,  malgre  les  difficultes  du  courant. 

On  est  a  la  veille  d'un  troisieme  cliangement ,  a  I'aide  duquel 
une  grande  portion  du  pays  sera  mise  en  communication  avec  New- 
York,  devenu  par  la  un  marche  d'importation  et  d'exportation  , 
tandis  que  d'un  autre  cole ,  on  aura  le  cliois  cntre  cette  ville  et  la 
Nouvelle-Orleans,  suivanl  la  saisou  ;  on  ira  par  JMew-l  ork  en  ete  , 

ct  par  la  Nouvelle-Orleans  en  hiver. 

B-i. 


Tableau  des  distances  de  Ocana,  siege  de  la  grande  Convention  de 
Columblc,  uux  chefs -lieux  des  difjerentes  provinces  de  cctlc  repu- 
hliijue,  tcl  qu'il  a  ete  dresse  par  ordre  du  Gouvernement ,  a  I'effct 
de  reglcr  les  indemnites  de  voyage  allouees  a  chaqiie  depute  (i). 

De  Ocana  .i  Bogota.    •• 1 16  licucs. 

a  Neiva i65 

a  Honda .  100 

a  Antioquia 100 

a  Tunja 86 

a  Socorro 66 

.1  Pamplona 60 

.1  Pore 116 

•T  Maracaibo i38 

a  Coro i33 


(i)  Ce  tableau  a   c'te   public  par  ordre  du  ininistrc   dc  rinti'ricur  Jose 
Manuel  Restrepo,  le  5  octobre   1827.  W"^. 


2^8 


a  rnijillo.    . 

.     t33 

h  Mei  ida.      .      . 

•       9'^ 

a  liariuas.    . 

.      1 33 

a  Arliaguas  .     . 

,73 

h  Guayana  . 

348 

a  Caracas.     .     . 

.     253 

a  Valencia.  .     . 

.     218 

.\  Cuinana.  . 

353 

h  la  Asuncion  .     . 

.     367 

k  Barcelona.      .     . 

333 

h  Cartajena  .     . 

1 33 

h  Monipox  .     . 

•       72 

a  Santa-Maria  . 

.     i68 

a  Riohaclia  .     . 

200 

k  Panama.    .     . 

233 

a  Veragua.    .     . 

.    3io 

k  Popayan    .     . 

23o 

a  Quibdo  6  Citara 

2^5 

a  Iscuande.  .     . 

273 

a  Paste.  .     .     . 

.   282 

a  Quito.  .     .     . 

.    38o 

a  Ibarra  

353 

a  Riobamba.     . 

425 

a  Cuen9a.     .     . 

460 

a  Loja 

498 

a  Guayaquil. 

465 

a  Puerto  Viejo. 

4o5 

TABIoE  COLOMBIE.     KSbis) 


nEPAUTEKi, 


Maturin., 


Orinoco.  . 
Venezuela. 


Population. 


Senateurs. 


14,690 

35,174 

36,.  47 
i6,3io 

87,179 

22,333 

159,874 

166,966 
„ .  i;-Q 
Stane  BoRRERO. 


Represeulans 


I 
I 

2 
2 

3 
I 

4 


tobre  1827 

\  son  Histolrc  de  cette  rdpubliqae  (i),  un 
nbre  ,  ne  sent  pas  comprls  les  indigenes  , 
3. 11  pretend  qu'au  commencement  de  la 
elle-Grenade  s'elevait  a  2,900,000  3mes  , 
dresse. 


'PESIDENCE  DE  (.lUlTO. 


157,000 

393,000 

42,000 

8,000 


1,234,000 
913,000 

6i5,ooo 
i38,ooo 


60,000 


2,900,000 


V  ,  chap.  26,  estime  la  superficie  de  "Vt'ne- 
5,  a  785,000  ames  ;  il  evalue  I'etendue  de  la 
,000;  ce  qui  donnerait ,  pour  toutc  la  Co- 


•epo  ,  tome  i«'',  Introduction. 


T.VBLK AL'  STATISTIQIE  DE  LA  REPIBLIQL'E  DE  COLOMBIE.     W8bU) 


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UN    A    FAIT    DEPUIS    L,\    RF.rTIFir  \THiN    Sl'lVANTE    A    L.\    POPrLATION    DH    DF.PARTEMENT  DE    CAUCA. 


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Itiiin/ivinhira. 

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Lcs  rcceriscnicns  ilcs  |irovinci;s  Jc  Chocn  ,  Itucnavcnlura  cl  Paslo,  sonl  ecus  faitscii  1825  ,  dc  niilmc  .inunc 
^rainic  parlie  dc  cflui  dc  b  [irovincc  dc  Popayjn  ,  parcc  ijue  ceuv  <1l'  I'annof  prOcodenlc  n'a»'aioiit  point  tie 
I'lablis  avcc  cvacliliidc ;  il  f.iut  pourlaiil  quu  I'oij  s.^che  quL-  du  lolal  di-  la  population  on  n  rdluit  S.yyo  haLi- 
lans  des  paroissi-s  di.'  Bitoniu  cl  Toboima  .  niinics  poslerifureinciil  a  la  province  dc  JSciva,  du  sorlc  r|ui.',  sans 
ccilc  diminution  ,  tile  conijittrait  aujourd'liui  1)1,704  iKibltans.  _ 

Popii}nn,   29  oclobrc  1837,        Sianr   Bonni.RO. 

M.  Rfslrepo  ,  ministre  dc  I'inWrieur  de  Colonibie  ,  public  .  dans  son  Hisloire  do  ccllc  njpulilique  (i),  un 
lablvau  desa  population  qu'il  tstime  2,717,142  habiUns.  Dans  ce  nombrc  ,  ne  sont  pas  coinpris  h-s  inili^L^nes  , 
qui  vivent  encore  dans  I'clal  sauvagc,  ct  qu'il  fait  nionler  ."i  aoo.ooo.  II  pretend  qu'au  cnminenfcincnl  de  h 
guenc  Je  I'Independance  ,  la  population  du  Vt'nezuela  cl  de  la  Noiivellc-Grenade  s'elevail  a  2,500,000  .lines , 
cl  que  400,000  pi^rircnt  duraiii  cuitc  lulle.  Voici  Ic  tableau  qu'il  en  a  drcssc'. 


Bbno,   ... 

„■„,,,',„-, 

,i-:...oo 

,i-,.„„ 

,,,,„ 

Inilig^ncs..  . 

.OT.ooo 

.t.l.ooo 

3<,'.,O.i0 

.,.  i,ooo 

Mclii  libru 

433,000 

140,000 

41,000 

O.i.ooo 

Eicbvc. 

TOT.\CX.   .  . 

60,000 

;o,.,o 

8.000 

.3S,.oo 

„.„,„, 

,.|o.,,.oo 

60,00.. 

>,fp..,oon 

M.  lie  Humboldt ,  dans  soti  A  oyage  aus  rugions  eijuinnxi.iles,  liv.  IV,  chap.  36,  cslime  la  superficicde  Vt'ne- 
zuelaa  33,700  lieues  tarri-'cs  dc  aoaudegrii ,  eisa  population  ,  en  i8a3,  a  ;85,ooo  .lines;  il  (.'value  Ittenducdcia 
Nouvelle-Gienade  el  dc  Quilo  58,a5o  lieues,  cl  sa  population  3,000,000 i  ce  qui  donocrait ,  pour  loule  la  Co- 
lombic,  un  total  de  3,785,000  lubiUns. 

(0  Uisloria  de  la  revolucion  de  la  repubtka  de  Colombia  ,  par  J,  .M.  ttutrcpo  ,  l'^""^  '"»  ialroduclion. 


2^9 


BepOHT  of  Cotnmissioncrs  o/  iiKjuhy  into  the  skitc  of  the  Colony  of 
Sierra-Leone,  in-fol.  avec  uiie  carte. 

Le  rapporl  des  commissalres  nommes  pour  examiner  I'etal  de  la 
colonic  de  Sierra-Leone  ,  est  divise  en  deux  parties  :  la  premiere 
contient  les  cliapitres  suivans  :  i°  Etendue  et  llmites  de  la  colonie  ; 
2"  Nombre  et  condition  de  la  population  divisee  par  classes  ;  3° 
Africains  delivres  et  departemens  des  Africains  liberes  et  de  I'inge- 
nieur ;  4"  Dispositions  pour  Tinstruction  religicuse  et  I'education 
de  ia  jeunesse  ;  5"  Agriculture;  6^'  Commerce  ;  7"  Revcnus  et  dc- 
penses ;  8«  Elat  judlciairc  et  civil ;  9"  Observations  sur  le  climat  de 
Sierra -Leone  ,  et  de  ses  dependances  sur  la  Gambie  et  sur  la 
(:6te  d'Or. 

La  colonie  de  Sierra-Leone  fut  fondee  en  1787  :  elle  a  successi- 
nient  pris  des  accroissemens  ,  differens  terrains  ayant  ete  acquis 
<!cs  chefs  negres  voisins  ;  elle  s'etend  du  %"  degre  5o'  ,  au  7^  degr^ 
de  latitude  nord  :  a  TO.  ,  TOcean  forme  la  limitc  qui  a  I'E.  est  en 
grande  partie  iniaginaire  ou  imparfaitcment  connue.  La  population 
se  compose  de  colons  negres  amenes  de  rAmerique  seplentrionale  , 
de  negres  mavons  de  la  JamaVque  ;  d'esclaves  de  la  liarbade ,  de 
tioldats  negres  admis  a  la  pension ,  de  kroumen  ou  negres  venus 
volonlairement  de  divers  lieux  d'Afrique  ;  enfm  de  negres  retires  de 
navires  marchands  saisis  en  faisant  la  traile.  11  v  a  aussi  des  blancs 

J 

qui  sont  les  militaires  formant  la  garnison  ,  les  officiers  civils  et 
judiciaires  ,  et  les  ecclesiastiques.  En  1826  ,  plusieurs  de  ceux-ci 
ctaienl  des  negres  :  la  mort  avait  bcaucoup  diminue  le  nombre  de 
ceux  que  leur  zele  avait  appeles  d'Europe.  II  y  avait  vingt-deux 
ecoles  avec  six  mailres  et  deux  aides-negres  pour  les  gargons ; 
cinq  mattresses  et  quatre  aides-negresses  pour  les  filles.  La  plupart 
des  colons  n'ont  que  des  notions  tres-imparfaites  de  la  culture 
des  terres.  II  existe  des  plantations  de  cafeyer  assez  considerables. 
On  a  ndglige  le  cotonnier,  on  pourrait  essayer  I'indigo.  Oh  re- 
lolle  du  manioc  el  aulres  racines  comestibles,  du  cacao,   du  riz; 


25o 

cclle  derniere  ilenr(5e  est  celle  qui  Irouve  plus  facilemenl  du  debit, 

Les  exporlalions  out  coniinonce  a  avoir  lieu  en  1817  ;  elles  con- 
sistent en  cafe,  riz  ,  poudre  dor,  ardent,  peaux  de  pantheres  , 
gommc  du  Senegal  grabelee  ,  gomme  copal,  poivre  de  (iuiude , 
cjre  ,  huile  de  palme  ,  bois  rouge  ,  ebene  ,  bois  de  cam  ,  dents 
d'eleplianls ,  dents  d'hippopotamcs,  miel ,  peaux  d'oiscaux  rein- 
bourrecs  ,  peaux  de  singes  ,  ignames,  arachides  ,  comes  de  bccufs, 
peaux  de  cerfs  ,  toiles  du  pays  ,  millet,  indigo,  ecorce  de  manglier, 
('■caille  de  tortue,  diverses  curiosites. 

Les  revenus  derivent  principalement  des  droits  d'enlree  sur  les 
marchandiscs  ;  en  1823  ils  se  sont  eleves  a  3,8go  liv.  y  s.  yd.  La 
ineme  annee  la  depense  a  ele  de  4-i>i3j  liv.  i3  s.  10  d.  un  quart. 

Les  lois  d'Anglclerrc  sont  en  vigueur  ;  cependant  le  gouverneur 
el  le  conseil  peuvent  rendre  les  ordonnances  qu'ils  jugenl  neccs- 
saires  au  bien  de  la  colonie  ;  mais  cettc  faculte  est  soumisc  a  des 
restrictions.  Le  gouverneur  est  assiste  d'un  conseil  de  neuf  mem- 
bres  ou  plus.  11  y  a  plusieurscours  de  justice  ,  entrc  autres  une  ami- 
raute  ;  tout  est  organise  comme  dans  la  Grande- Jlretagne. 

Les  effels  de  Tinsalubrite  du  dimat  dans  toute  I'etendue  du  gou  - 
vernement  de  Sierra-Lconc  ,  se  font  sentir  aux  Europeens  et  aux 
negres  venus  de  TAmerique  septentrionale.  En  Janvier  1822,  la  po- 
pulation totale,  non  couipris  les  mililaires  europeens  ou  indigenes, 
etait  de  i5,o8i  Individus;  elle  avait  augmentc  depuis  trois  ans. 
Parmi  les  blancs  le  nombre  des  d^ces  etait  en  general  d'un  sur  trois. 

La  seconde  partie  du  rapport  renferme  des  details  sur  les  dt'pen- 
dances  de  la  colonie  le  long  de  la  Gamble  ct  a  la  Cote  d'Or. 

Le  supplement  offrc  les  etals  rclalifs  aux  droits ,  aux  exportalions , 
aux  importations  ,  a  la  population  ,  aux  ecoles ,  etc. ,  de  la  colonie. 
On  voit  a  la  fin  ,  que  les  commissaires  n'ont  pas  pu  etendrc  leur 
examen  a  tous  les  objcts  dont  les  resolutions  de  la  cbambre  des 
communes  les  avaient  charges  de  s'occuper. 

La  carte  represente  Sierra-Leone  et  ses  environs. 

J.  B.  Eyries. 


VeruanI)EL1I>g  over  dc  IS ederlamhclie  onldekkingen ,  clc.  Memoib.E 
SUV  les  decouvertes  des  Ncderlundais ,  en  Amerique  ct  en  Australie , 
dans  les  Indes  et  aux  Terres  pojaires  ,  ct  sur  les  iioms  qui  lew  ont 
etedonnespar  les  Nederlandais ,  i  vol.  In-S". ,    Ulrecht, ,  1827. 

En  182 1  la  Soclete  provincialc  d'Utrecht  proposa  la  qucsllon 
suivantc  :  «  Puisque  sur  les  carles  d'Amerique,  d' Australie  ,  des  In- 
»)  des  etdes  Terres  polaircs,  publiecs  en  France,  en  Auglelerre  ot 
»  ailleurs  ,  les  noms  donnes  par  les  navlgaleurs  nederlandais  aux 
»  terres ,  mers ,  baies ,  rivieres  ,  caps ,  iles  ,  villes ,  forts  et  colonies , 
"  dans  les  premiers  voyages  qu'ils  ont  faits  ,  disparaissenl  a  mesurc 
"  que  Ton  s'eloigne  de  I'epoque  ou  ces  expeditions  ont  cu  lieu,  la 
>•  Societe  desire  qu'il  lui  soit  presente  un  Memoirc  dans  lequel 
"  seront  exposes  convenablement  les  services  des  Nederlandais  : 
i>  on  indiquera  par  quels  navigateurs  et  voyageurs  ces  noms  ont 
»  ete  donnes,  et  dans  quelle  relation  dc  voyages  ou  sur  quelles 
»  cartes  on  trouve  le  plus  de  renseignemens  sur  ce  sujel;  et,  s'il  est 
»  possible  ,  on  y  joindra  la  notice  des  carles  sur  Icsquelles  les  noms 
»   ont  ete  corriges.  » 

Lc  prix  fut  remportd  ,  en  1825  ,  par  M.  Bennet ,  capitaine  de 
navire ,  et  par  Van  Wyck  P\oelandszoon  ,  maitre  de  pension  ,  tous 
deux  demcurant  a  Hattem ,  ville  de  la  province  de  Gueldres.  Le 
titre  du  Memoirc  est  donne  plus  liaut. 

Ce  Memoire  est  divise  en  trois  cliapitres  :  le  premier  traltc  des 
decouvertes  des  Nederlandais  dans  les  Terres  polaires  arcliqucs  ,  et 
dans  la  mcr  glaclale  du  Nord. 

Le  second  chapitre  contlent  les  decouvertes  des  Nederlandais,  en 
Australie  et  dans  la  merdes  Indes. 

Le  troisleme  offre  un  examen  abrege  des  changemcns  de  noms 
donnes  par  les  Nederlandais  ,  changemcns  qui  font  croire  que  Ton 
a  meconnu  leurs  decouvertes  ;  et  one  reponse  a  quelques  reproches 
adresses  k  la  Compagnie  des  Indes  orientales  qui  etait  generalement 


232 


accusee  de  cacher  Ics  tlccoux  cries  lailcs  par  Ics  navigak-uis  tju'clle 
finplovait- 

L'ouvrage  est  termiiie  par  uue  descripllon  de  sept  carles  que 
M.  \an  Wick  Roelandszoon  avalt  dressees  pour  y  ^tre  jointes  an 
Memoire  ,  niais  qui  n'ont  pu  paraitre  en  iiicine  temps. 

Le  livre  de  MM.  Bcnnet  et\an  W  yck  Roelandszoon  ,  conlieul 
Leaucoup  de  fails  curieux  cl  de  renseig:ieniens  inslruclifs  ;  plusieurs 
questions  relatives  a  riiistoirc  de  la  geograplue  y  sonl  disculees 
dune  maniere  qui  failliouneur  aux  auleurs. 

Enfin  on  trouve  a  la  fin  dc  l'ouvrage  une  lisle  raisonnee  des 
principales  d^coavcrlcs  failcs  par  !es  ^NedcrJandais. 

J.  B.  Eyries. 


Bala>T.E  POLrriQUE  nv  globe  ,  ou  Essai  sur  la  statisLique  generate 
de  la  ierre ,  iVapres  ses  divisions  poUliques  actuelles  el  les  decouverLes 
les  plus  recentes ,  etc. ,  cic.  ,  etc.  ,  par  Adrien  JialLI  (i). 

La  Commission  ccnlrale  m'a  charge  dc  lui  rendre  comptc  dun 
Tableau  dont  M.  Adrien  Balbi  lui  a  fail  honunage ,  el  qui  a  pour 
tilre  :  Balance  politique  du  globe ,  etc. ,  elc. 

Jevais  d'aLord  lui  faire  connaitre  le  sujet  el  la  division  de  ce 
Tableau  ;  j'accompagncrai  eel  expose  de  quelqiies  observations. 

Dans  dt.'ux  colonnes  marglnales  Inlllulces  :  Olseivutiuns  prelimt- 
naires,  M.  Balbl  Indique  rapidement  les  diverses  causes  qui  rendcnt 
la  Geographic  politique  I'une  des  sciences  les  plus  sujeltes  a  des 
cliangemens  ,  el  annonce  qu'il  a  forme  Ic  projet  de  presenter  tous 
les  quatre  acinq  ans ,  ainsi  qu'il  le  fail  aujourd'liui ,  le  tableau  des  Cle- 
mens qui  constituent  la  force,  la  richesse  el  rimporlance  relative  de 
tous  les  Etals  de  I'Europe ,  et  des  principaux  Elals  des  aulres  par- 
lies du  moride.  11  fail  connaitre   la  methode  qu'il  a  suivie  pour 


(i)  Au  buK  iiii  de  la  lievuc  Encycloj)cili(iiic  ,  ruu  d'Enfer-Sainl-Michel.,. 
n"  18,  cl  clii'z  Jules  llcnouard  ,  rue  de  Touiiion  ,  n"  G  ;  jiiix  :  G  fr. 


253 

doimer  h  son  Tableau  loule  roxactilude  possible  ,  les  difficulles 
qiiil  a  eucs  a  sunnonlcr  ,  et  les  garanlies  que  presenlent  ses  divi- 
sions ,  ses  calculs  el  ses  appreciations. 

Quelqucs  explications  placees  egalement  en  marge  du  tableau  , 
perniettenl  d'en  saisir  a-la-fois  Tensemblc  et  les  details. 

iJEssal  slaiistlquesur  le  Portugal,  etc.  ,  I'ouvrage  le  plus  coinplet 
et  le  plus  exact  qui  ait  encore  ete  publie  sur  cette  parlie  de  la 
Peninsule  ,  et  V Atlas  etnograijhujue  du  globe  ,  ont  place  M.  JJaIbi 
au  premier  rang  des  pliilologues  et  des  statisticiens.  Dire  que  M.  le 
baron  de  Humboldt  a  adopte  plusieurs  de  ses  calculs ,  el  que  feu 
Malie-lirun  n'a  pas  cru  mieux  faire  dans  son  vi'=  volume  du 
Precis  de  la  geographle  unk'trselle  ,  que  dc  s'en  rapporter  pour  les 
details  de  la  population  de  VEiirope ,  aux.  calculs  exacts  et  aux  raison- 
ncinens  judicieux  de  M.  Balbi ,  ce  sonl  ses  propres  termes  ,  et  que 
ce  celebre  geographe  qui  voulait  bien  m'honorer  de  son  amilie .,  et 
dontnousregrclterons  tous  long-lemps  la  perle,  annoiice,  dans  une 
note  ipi'ilplacera  ii  la  fin  du  tom.c  fill  du  nieinc  Precis,  le  Tableau  des 
Etats  europeens  ,  extra! t  de  la  Balance  politique  du  globe  ,  c'est  faire 
de  cette  Balance  I'eloge  le  plus  pompeux  ,  eloge  auquel  I'examen 
niinutieux  que  j'ai  fait  du  travail  de  M.  Balbi  ,  me  porte  a  sous- 
crire  sans  restriction. 

Apres  avoir  indlque  les  grandes  divisions  du  globe  qu'il  partage, 
d'apres  notre  savant  coUegue  M.  le  baron  W  alckenaer  ,  en  monde 
ou  continent  ancicn  comprenant  I'Europc  ,  I'Asie  et  TAfrique  ,  en 
moude  ou  continent  nouveau  (FAmerique)  ,  cten  monde  maritime 
ou  Oceanic,  M.  JJalbi  donne  les  nonis  des  differens  Etals  de  cha- 
cune  de  ces  divisions  ,  leur  surface  en  milles  carres  geographiques 
de  Go  au  degre  equatorial ,  leur  population ,  la  classification  des 
habitans  d'apres  leur  religion  ,  les  noms  des  souverains  rcgnans , 
ou  des  chefs  des  gouvernemens ,  avec  I'epoque  de  leur  avenement,. 
les  dynasties  auxquclles  ils  apparliennent,  la  religion  que  les  souve- 
rains ou  chefs  professeni,  etc.,  les  revenus  et  les  dettes  des  divers. 
E'als  ,  en  francs  ,  I'evaluallon  de  leurs  anuees  dc  terre  et  de  mer,  la 


254 

classification dcs  hahilans  d'apii-s  leurs  langues ,  ct enlin  les  villes  ca- 
pitalcs  cl  principales,  avcc  riiulicalion  dcs  divisions  adminislrativcs. 

On  voit,  daprcs  cot  expose  succinct,  qu'cn  ajoutani  qiiclqucs 
lignes  dc  plus,  et  en  doiinant  une  autre  forme  aux  nialcriaux  con- 
tenus  dans  la  B'lla nee  politique  du  Globe ,  on  en  composcrait  facile- 
mant  une  geographic  elementaire  complete  ,  et  surloul  beaucoup 
plus  exacle  que  la  plupartdecelles  que  nous  possedons  en  cc  moment. 

Suivant  M.  Balbi,  la  terre  que  nous  habilons  a  une  surface  de 

148,522,000   ntilles   carres  ;    dont  presque    les    Irois  quarts,    ou 

110,84.9,000   milles,    sont  couverfs   par  TOcean  ct  ses  branches, 

leresle,  ou  37,r)j3,o<)0  milles,  forment  les  ciiu]  parties  dii  Monde, 

avec  les    innombrables  ilcs  ,  regardres   comme  leurs  dcpendan- 

ces  geographiqucs ,   et  JN^.  Baibi  leur  donne  une  populalion    de 

737,000,000  habilans , 

Qu'Il  distribue  ainsi : 

Surface.  Populalion. 


Kiii'opc 2,7g3,ooo 

Asie 12,118,000 

Afrique.    .  ' 8,5 iG, 000 

Ajnerique ii,i46,ooo 

Monde  maritime  ou  Ocdanie.  .  .     3, 100,000 


37,673,000 


227,700,000 

3go,ooo,ooo 

Go, 000, 000 

3g, 000, 000 

2O,3o0,0O0 


707,000,000 


Les  differences  notables  qui  existent  cntre  les  calculs  dcs  plus 
liabiles  statisticiens,  quoiqu'il  n'y  en  ait  pas  un  seul  qui  nc  prctende 
avoir  puise  aux  sources  les  plus  aulhcntiques,  dolventnous  inspircr 
quelque  defiance  sur  Fexaclifudc  rigoureuse  des  rcsultals  de  cetle 
science  qu'on  appellc  slatistique.  M.  iJalbi  n'est  done  pas  toujours 
d'accord  avec  ses  predecesseurs ,  el  en  comparant  le  travail  statis- 
tique  de  Ia  Balance  du  Globe ,  avec  les  donnees  du  meme  genre  pu- 
bliees  par  M.  de  Hassel ,  c'est-a-dirc  ,  par  le  plus  celcbre  des  sla- 
tisticiens  allcmands,  on  trouve  des  differences  imporlanlcs  qu'il 
serail   trop    long    d'ennmerer  ici.   I^cquel  dcs   deux  a  raison  ,  du 


255 

savant  italien ,  on  du  savant  alieinand  '^  C'est  une  question  fort  dif- 
ficile a  decider;  elle  ne  saurait  olie  rcsoluc,  si  tanl  est  qu'eUe 
jmlsse  I'etre ,  qu'apres  des  calculs  compliques  qui  exigeraieut  uu 
temps  que  je  ne  puis  leur  consacrer. 

Je  dirai  seulemcnt  que  tout  en  rendanl  justice  au  merlte  emi- 
nent du  geographe  allemand,  je  suisporte  a  adopter  de  preference 
les  resultats  presentes  par  M.  JJalbi  :  d'abord ,  parce  qu'il  a  publie 
son  ouvrage  apres  celui  dc  M.  de  Hassel ,  et  qu  il  a  pu  par  con- 
sequent le  consulter  et  le  corriger ,  ct  en  second  lieu,  parce  que 
jc  sais  qu'il  a  rassemble  avec  un  zele  infaligable  des  matcriaux 
imuienses,  et  qu'il  a  compare  entre  eux  non-seulemenl  la  plupart 
des  documcns  publics  et  particuliers  qui  existent,  et  ceux  qu'il 
s'est  procures  par  sa  vasle  correspondance  ,  mais  encore  ceux- 
qu'il  a  oblcnus  dans  ses  entreliens  avec  les  savans  de  loules  les 
nations  qui  resident  dans  la  capitale  de  la  France  ou  qui  y  font  un 
sejour  momentanc. 

Je  ne  ferai  a  M.  lialbi  qu'unc  seule  observation  sur  la  sla- 
lislique  ,  et  je  ne  prendrai  point  mon  terme  de  comparaison 
dans  M.  de  Hassel.  L'auteur  de  la  Balance  politique  du  Globe  ne 
donne  a  I'empire  Birman  qu'une  population  de  3, 000,000  habi- 
tans  :  cette  evaluation  paraitun  peu  faible  ;  le  major  Symes  I'avait 
sans  doute  portee  trop  haut  en  I'elevanta  17  millions  ;  mais  l'au- 
teur anglais  de  I'ouvrage  intitule  :  Tivo  years  in  Ava  ,  from  May 
1824  lo  May  1826,  publie  a  Londres  ,  en  1827  ,  a  calcule  qu'elle 
etait  de  6,000,000.  Cette  difference  enorme  entre  le  calcul  de 
M.  Balbi  el  celui  d'un  voyageur  qui  a  reside  deux  ans  sur  les  licux  , 
me  parait  inexplicable  ,  et  jusqu'a  plus  ample  information  je  don- 
nerai  la  preference  aux  resultats  trouves  par  le  dernier. 

C'est  a  tort  que  M.  Balbi  dit  que  les  viguiers  de  la  republique 
^''Andorre,  sont  les  chefs  de  ce  petit  etat ,  et  qu'elle  est  sous  la  pro- 
tection des  monarchies  fian^aise  et  espagnole.  L'Andorre  place  sous 
la  protection  du  roi  de  France  et  de  I'eveque  d'Urgel ,  et  non  du 
roi  d'Espagne  ,  quoique  I'eveque  d'Urgel  suit  un  prelal  espagnol , 


256 

a  pour  veritable  chef  un  syiullc  prcsldatil  le  consell  de  la  vallec,  ot 
les  vlgiiiers  nommes  ,  I'nn  par  Ic  roi  <le  France  el  1' autre  par  I'eve- 
que  tl'Urgel ,  ne  font  qu'adiiiluistrer ,  savoir  :  la  justice  criniiuelle 
avec  le  concours  de  six  haLitans  ,  et  la  justice  civile  par  le  inoyen 
d'un  baylc  qu'ils  noniment. 

J'aurais  desire  que  M.  Balbi  edl  adopted'  daus  les  uoms  d'etals 
et   de    vilies    uue    orthographe    uniforme  ;    qu'il   ii'eAt   pas  mis  , 
par  exeinple,  tantol  Il(mdi>re  et  tamloi  I] artover,  Granada  au  lieu  de 
Grenade  ,  loi-squ"a  cole  il  ccrit  Cordoue  et  non  pas  Cordoba ,  etc. ,  etc. 
Je  sais  que  celte  tinifornilte  esl  fort  difficile  a  atteindre  ;  raals  il  ue 
me  parait  pas  impossible   d'ea  approcber  en  se  tragant  d'avance 
des  regies  fixes.  Esperons  que  dans   une  nouvelle  edition  de  son 
tableau,  car  tout  nous  porte  a  croire  qu'il  en  aura  plusieurs  ,  parce 
qu'un  grand  nombre  de  personnes  voudront  se  procurer  un  ouvrage 
qui  renferme  dans  un  cadre  si  resserre  lant  de  renseignemens  cu- 
rieux  ,  imporlans  et  exacts  ,    M.  Balbi  retablira  cette  unifonmite 
que  les  plus  grands  esprits  ne  doivent  pas  dedalgner ,  a  nion  avis 
du  moins  ,  car  souvent  les  mots  font  tort  aux  cboses  ;  esperons  en 
meme  temps  qu'il  fera  disparaiire  quelques  faules  d'impression  qui 
se  sent  glissees  dans  sa  Balance  politique. 

Quoique  Philippe  Y,  duquel  descendent  les  branches  de  la  maison 
de  Bourbon  qui  occupenl  les  trones  d'Espagnc  et  des  Deux  Siciles  , 
portdt  le  litre  de  due  d'Anjou  avant  de  dcvenir  roi  ,  cependant  on 
n'est  point  dans  I'usage  de  donner  a  ces  deux  branches  le  nom  de 
Bourbon-Anjou ,  ainsi  que  le  fait  M.  Balbi,  on  les  appelle  lout 
simplement  Bourbon,  et  pour  les  dislinguer  on  dit  quelquetois  les 
Bourbons  d'Espagnc,  ks  Bourbons  de  iSaples. 

SiM.  Balbi  attache  quelque  importance  a  mcs  observations  qu'il 
tie  sera  peut-etre  pas  le  seul  a  trouver  minulieuses  ,  je  le  prierai 
d'ajouler  encore  quelques  lignes  a  son  beau  tableau,  el  de  nous 
faire  connattre  combien,  sur  la  tolalite  des  habitans  de  la  lerre  ,  il 
y  a  de  calholiques,  de  caivinistes,  de  lutherieas,  de  juifs,  de  ma- 
homclans  ,  d'idoldlrcs,  etc. ,  etc.  ,  et  s'il  bii  rcste  quelque  place, 


I'y  joindre  le  nombre  des  sectateurs  de  ces  diverses  religions  ,  au 
aoiiis  dans  cliacuuc  des  parlies  dn  monde  ,  s'll  ne  pent  le  donner 
)Our  chaque  clat  en  partlculler. 

Je  dirai,  en  termlnant  ,  qn'on  nc  pent  que  felicifcr  M.  JJalbi 
Tavoir  entreprls  un  ouvragc  aussi  blen  fait  et  aussi  utile  que  sa 
balance  poKliqiie  du  Globe;  el  je  Tinvite  a  tenir  la  promesse  qu'U  a 
alte  d'en  publler  de  semblables  tous  les  quatre  a  cinq  ans  ;  c'est 
m  service  qu'il  rendra  a  la  science  ,  et  dont  tous  ceux  qui  par  etat 
jupar  goAt  s'occupent  de  statlstlque  ,  lui  sauront  beaucoup  de  gre. 

De  l\  Pxoquette. 


)u  Commerce   de  la   Fraisce  a^ec  ses  colonies  et  les  puissances 

elrangeres ,  etc. ;  de  la  situation  de  ses  entrepots  et  du  mouvement  de 

sa  navigation  pendant  1827. 

Le  Gouvernement  vient   de  faire  dlstrlbuer  aux  cliambres,  le 

'ableau  des  importations,  exportations  et  de  la  navigation  de  la 

*" ranee,  pendant  1827.  11  resulle  de  cet  immense  travail  redige  a 

administration  desdouanes,  que  la  valeur  des  importations  s'eleve 

4i4>i37,ooi  francs,  et  se  compose: 

fi"  de  276,380,167  f.  de  matieres  premieres  a  oiivrer,  comme 
laines,  colon,  soie,  teiritures,bois,chan- 
vres,sucres})riits,marbre,metaux,  etc. ; 
,   2°  de     99,593, g3,">  f.  dc  produits  nalurels  destines  a  la  con- 
sommation,  comme  cafe  ,  Sucre  ,  t'pice- 
ries  ,  vins  ,  fruits  ,  etc.  ; 
3°  et  de  38,162,899  f.  seulement  d'objels    fabriques  ,   comme 
toiles  de  lin,  dc  chanvre  ,  soierie?  d'Eu- 
rope  ,  etc. 
Tandis  que  la  valeur  des  exportations  s'e'leve  a  5o6,8a3,737  f.   et  se  com- 
pose au  contraire  : 

lO  De    158,197,142  f.  seulcment  en  inatieres  premieres  ou produits  natu- 

rels  ; 
a°Et  de  348,626,595  f.  d'objets  manufacture's,  dont  la  valeur  principale  est 
celle  de  la  main  d'ceuvre. 


na 


turels. 


258 

Ce  n^est  pas  parliculieremcnt  sur  la  difference  dc  92,686,73ft  f.  entre  les 
cxportations  et  les  importations  qu'il  convient  de  se  fixer,  mais  biensur 
cellcs  qui  existent  par  classe  de  marchandises.  L'analyse  de  la  nature  des  ob- 
jets  rt'Ciis  oil  livrcs  ,  indi<|iio  que  la  France  a  adniis  plus  de  nialieres  que  dc 
travail  de  IV'tranger  ,  ct  qirdle  a  donne  en  echange   plus  de   travail  que  dc 

matieres.  En  effet ,  il  a  etc' importe' pour 375,974,102  francs. 

de  produits  naturels,  et  I'on  n'en  a  fait  sortir  que  pour  1 58, 197 ,142 

la  difference , 2i7,776,«j6o  fr.   prouvR 

Tactivile  de  Tindustrie  et  la  puissance  qu'elle  donne  dc  consonimer. 
Les  fabrications,  dans  ce  tableau  ,  nc  figurent  a 

I'entree  que  pour 38,162,899  f.  seulement, 

et  a  la  sortie  elles  sV'levent  a 348,626,565 

la  difference 3io,/[G3,6f)6  f.  est  en  faveur 

des  pxportations. 

En  recapitulant  ce  grand  travail  on  trouve  : 

1°   Que  Ic  mouvenient  general  du  commerce  de  la  France  avoc 

le  dehors,  presente  pour  1827  ,  les  resultats  sulvans  : 

/SjSjo   navires  franrais. 23o,i4o,295\ 

3,95g  idem.  Sous  pavilion  du  pays  d'oil 

yj  ■,  I  ils  viennent 111,626,559 

,    ,       )      48o/£/fw.Etraneersn'appartenantpas  (_^.„    ,       „ 

entrees  /      '  &  rr  r  > 060,804,228 


par 


au  pays  d'oii  lis  viennent 24,4i5,448 


7.7''^9 

Les  fronliercs  de  terrc igy, 621, gift 

3,522    navires  frangais 235,129,660^ 

4,141  idem.  Sous  pavilion  du  pa^s  oii 

ils  vont 167,728,160 

I  1,180  idem.    Etraneers  n'appartenant  I,-       /  r 

sorties   ^    '  °  '^'^  /602, 401,276 

pas  au  pays  oii  ils  vont 42)77^j285 


Valeurs 

orti< 

par 


8;843 

Les  frontiercs  de  Irrre 156,767,066  i 


Difference  en  favour  des  cxportations.  .  .     36,097,048 


2°  Que  le  commerce  special  de  lous  les  objcls  que  la  France  a 
re^us  pour  la  consommation ,   ct  de  ceux  qui  ont  ete  extraifs  de 


i'intdricur  pourl'etranger  ou  les  colonies,  donne  les  resultals cl-apres : 
Entree  :  valeurs  en  /  maliere  nccessairea  I'indus.  ayGj.'iSOjiGy  1 
inarchandises  mises  )  objets  decoii-  f  nalurels. . .  .     99,3g3,f)35  I  4i4>''^7,oo» 
en  consonimation,  [  sommation.   .  j  fabriques.  .  .     38,iG:i,8ijg  ] 


S 


tie  :  valeurs     en/produils   iiaturels 158,197,14a  j 

marchandises  fran-  ■  1  506,823,737 

Raises,  (  objets  manufacture's 348,636,595  I 


difference  en  faveur  des  exportalions.  .  .     92,686,736. 

Les  mouvemens  en  luimc'raire  ne  sont  pas  compris  dans  cc  resullal  ,  ceux 

.         ».               4   .-          .'  (  I'entree. .  68,86q,oi8  fr. 

qui  ont  puetre  constates  sont  a )  '     a;"'"' 

(  la  sortie.  .  31,471,932 
Le  resume  du  commerce  faitavecles  colonies  frangaises  etlescomptoirsfran- 

^aisdansl'Inde,  pendant  1827,  donne  pour  valeurs    |  impoi-tc'es6t,79i,339  f. 

(  exportees  56, 55 1,480 
Lessommes  payees  pour  primes  d'exporlalion  pendant  1827,  se  sont  elevees 
a  10, 149, 4-53.  L'ctatde  situation  des  entrepots  du  royaume  pendant  la  m^me 
anne'e  ,  donne  pour  resultat  ge'neral: 

_.  ,  ,  ,        ,.  .        «,        (  >"  Janvier.  .  .    83,647,409  fr. 

Valeur  des  marchandises  en  entrepot  au{  .,       ,  , 

(  3i    de'cembre .    90,274,4)3 

L'etat  des  mouvemens  de  la  navigation  du  royaume,  constates  en  chaque 

localite  pendant  1827  ,  donne: 

/faiteconcurremment /Navircs  frangais  2,923  nav.,   2  1,65-   ijoni. 

A  1  '  d'eqiiipage. 

I'enlr.  desi  avec  I'e'tranger.    .  .  .  [  Nav.  etrangers. .    434^9 '''^-  « 

batimens  ;/  /      aux  colonies 

navigation  1  rcscrveeauxseul.s  na- I  fran(;aises  .  .  .  .        /^-x'j  id.       5,914  h. 

I  vires  fiancais j  a  la  peche  .  .  .  .    5,26 (  ?W.    37,200  h. 

y  I  au  cabotage.  .  .  66,  {j88 /t/.  260,006  h. 


Total 79)54i  navires  donnant 

un  tonnage  de  3, 005,873  t. 

Ifaiteconcurrenimentf  Navires  frangais    3,o32  nav.,    22,267    ^' 

avec  I'e'tranger.  .  .  .   (Nav.  etrangers..     5,32 1  id.             « 
/       aux    colonies 

re'serve'e  auxseulsna- I  frangaises.    .    .   .        490  id.         7,oi4   h. 

vires  frani,ais j  a  la  peche.  .  .  .    6,284  'd-       4^,ogS  h. 

\au  cabotage.    .  .63,64o  id.     247,161  h. 

Total 78,717  navires  donnant 

iin  tonnage  de  2,928,918  t. 


260 

L'elal  tie  la  navigation  par  puissances  tics  batluieus  frangais  ct 
dtraiigcrs,  cntres  ct  sortis  avec  chargenienl  entier  ou  partiel  pen- 
dant 1827  ,  oil  Sf  troiiveiil  indiques  suivant  les  qualre  grandcs  divi- 
sions geographiques  ,  Europe,  yl/rnjur  ,  ylmenques ,  Asir ,  ainsi  que 
d'apres  les  trois  divisions  par  espece  ,  Colonies  frangaises ,  peche 
et  cabotage,  Ics  nonis  dcs  elals  d'oii  viennenl  et  ou  vont  les  navires 
fran^ais  ,  eirangers  ,  tiers,  et  Icurs  nomLres ,  prtiscrile  pour  la 
recapitulation  generale  a  rcntree  dcs  balinicns  Iran^ais  75,102  na- 
vires donnant  un  tonnage  de  2,56o,364. ,  et  montes  par  024,807 
hoinnies  d'equipage ,  a  la  sortie  78,396  navires  donnant  un  ton- 
nage dc  2,489,076  ,  dun  personnel  de  331,537  liommes,  ainsi 
que  d'autres  resuitats  generaux  et  partiels  du  plus  grand  interet 
pour  les  econornlstes  ,  et  qu'il  serait  surabondant  de  consigner  ici , 
nous  nous  absliendrons  ,  par  la  meme  raisou ,  de  deduire  les  conse- 
quences qu'on  peul  tirer  de  tous  les  resuitats  que  nous  venons 
d'tinumerer  ;  les  chiffres  parlenl  d'eux-menies ,  et  «'  ciiacun  peat 
avoir  son  opinion  sur  les  avantagcs  ou  les  pertes  que  ces  fails  rc- 
gullereinent  constates  ,  apportcnt  a  la  France ;  mais  dc  quelquc 
maniere  qu'on  veuille  les  combiner,  leur  importance  est  tres- 
grande  assurement.  >• 


20I 


DEUXIEME    SECTION. 

ACTES    DE    LA    SOCIETE. 
§  l^r.  P roces-Vcrhaux  des  Seances. 

Seance  du  G  ju!n  1828.  ' 

S.  Ex.  Ic  MInistre  tie  la  marine  aJrcsse  plusieurs  lettres  de  rc- 
commandalion  pour  MM.  les  commandans  des  stalions  navales  et 
les  consuls  de  France  en  Amerlque  ,  deslinces  a  M.  Henri  Ter- 
naux  qui  se  rend  en  Amerlque  ,  sous  les  auspices  de  la  Soclete. 

M.  Raffelspcrger  remercle  la  Socicle  qui  vient  de  le  recevoir 
au  nombre  de  ses  mcmbrcs  ,  et  promet  de  faire  tous  ses  efforts 
pour  seconder  ses  travaux. 

M.  Couller  offre  a  la  Soclete  un  exennplalre  de  I'ouvrage  qu'il 
vient  de  publier  sous  le  titre  de  Tables  des  positions  geonomiqucs  du 
globe  :  Tauteur  seralt  tres-honore  si  la  Soclete  jugealt  son  travail 
digne  de  concourlr  au  prIx  annuel  qu'elle  a  fonde  en  faveui  do 
celui  qui  ,  a  diifaut  dune  decouverte  geograpliique  ,  lui  adresseralt 
les  notions  les  plus  neuves  et  les  plus  utiles  aux  progres  de  la  science. 

La  Commission  cenirale  decide  que  Touvragc  de  M.  Coulier 
sera  admis  au  concours. 

M.  Ch.  Ed.  Guys  adresse  une  relation  succlncte  de  son  voyage 
au  Liban.  Renvoi  au  comlte  du  Bulletin. 

M.  C.  Morcau  annonce  le  depart  dt;  deux  expedldons  anglaises 
sous  les  ordres  des  capltaines  Foster  el  Boteler  ;  la  premiere  a  pour 
but  d'explorer  plusieurs  points  des  cotes  de  TAmerlque  meridlo- 
nale ,  et  la  seconde  (itcndra  ses  explorations  sur  les  cotes  occl- 
dentales  d'Afrique  ,  depuis  le  detroit  de  Gibrallar  jusqu'a  I'equa- 
leur.  Renvoi  au  comlle  du  Ruiletin. 

M.  D'Hombres  FIrmas  adresse  quclqucs  observations  toucliart 

18 


203 

la  communication  faite  a  la  Socicte  flans  unc  dc  scs  dcrniercs 
stances ,  par  M.  Grangent ,  ingeniciii-  (-ii  chef,  cl  qui  a  pour  objet 
Ic  nivcllement  du  dtiparfcmcnt  du  (lard  :  il  annonco  qu'il  continue 
ses  recherclics  sur  cc  sujet ,  et  il  tcmoigne  le  desir  d'eire  admis  au 
nomLrc  des  correspondans  de  la  Societe. 

Un  mcmbre  fait  observer  que  ,  d'apres  son  l\eglenient,  la  So- 
ciete ne  peut  accorder  (piau^c  etrangers  le  tilre  dc  rorrc.spondant. 

Sur  la  proposition  de  M.  de  la  Hoquetle  ,  la  Commission  cen- 
tralc  revolt  au  nombre  de  ses  correspondans  elrangers  ,  MAI.  dc 
Navarrele  ,  secretaire  de  S.  M.  C. ,  directeur  du  depot  bydrogra- 
pliique  de  Madrid  ,  directeur  dc  1' Academic  royale  dbistoire;  et 
Fr.-Anl. Gonzalez,  conservateur  en  chefdc  la  iiibiiolheque  royale 
et  des  Medailles  de  Madrid,  secretaire  pcrpeluel  de  lAcademie  es- 
pagnole  ,  qui  ont  satisfait  aux  conditions  du  Ueglement. 

M.  Sueur-Merlin  continue  la  lecture  de  son  rapport  sur  la 
statlslique  des  fronlieres  N.  E.  de  la  France  ,  par  M.  Audenellc. 
11  appelle  a  celle  occasion  raltentlon  de  la  Societe  sur  la  con- 
tree  de  TEiffel,  formant  une  region  nalurelle  ,  qui  pourrait  devenir 
le  sujet  d'un  prIx.  En  proposant  ce  prIx,  la  Societe  coutribueralt 
a  faire  connaitre  un  pays  qui  n'est  figure  sur  aucune  carle  ,  et 
dont  les  dictlonnalres  et  les  slalisliques  font  mention  dune  ma- 
niere  inexacle  ,  incomplete  ct  contradictoire.  La  Commission  reii- 
voie  celle  proposition  a  Tepoque  du  concours ,  et  decide  qu'un 
extrait  du  rapport  de  M.  Sueur-Merlin  sera  insere  au  JJulletin. 

M.  Eyries  ,  au  nom  d  unc  commission  ,  fait  un  rapport  si:r 
une  carte  d'une  parlle  de  la  Jiilhynle  ,  par  M.  de  Hammer. 

M.  JouannIn,qui  a  visile  ce  pays  en  oclobre  ct  novembre  iSaS, 
et  qui  a  vu  ISIcee  ,  Lefke,  etc.  ,  propose  d'examlner  de  son  c6te  la 
carte  dc  M.  dc;  Hanuner ,  et  d'en  faire  un  rapport  succinct. 

M.  EvtIcs  fait  un  second  rapport  .iur  un  meniolre  dc  MM.  iJeii- 
nelet  IVoelandszoon  ,  relatlfaux  decouvcrles  des  Jsedcrlandals ,  en 
Amerique  et  en  Auslralie  ,  dans  les  Indes  et  aux  Terres  pohiires. 
Renvoi  au  comltc  du  liullctin.  (Voy.  pag.  25i.) 


Le  meme  membre  rend  comple  de  la  seconde  parlie  du  rap- 
port des  commissaires  anglais  nonimes  pour  examiner  I'ctat  de  la 
colonic  dc  Sierra-Leone.  Renvoi  au  comite  du  Bulletin.  (  Voy. 
pag.  24.9.) 

M.  le  chev.  Jaubert  lit  une  notice  sur  un  manuscrit  du  geogra- 
phe  El-Edrisi  ,  et  la  traduction  de  la  preface  arabe.  II  annoncc 
qu  II  s'occupe  de  la  traduction  complete  de  ce  manuscrit  ,  et  qu'il 
se  feraun  plaisir  de  Ic  meltre  a  la  disposition  de  la  Societe,  si  elle 
le  Jugc  digne  d'etre  insere  dans  le  Recucil  de  ses  Memoires.  Plu  - 
sieurs  mcmbres  approuvent  cette  proposition  ;  ils  se  fondent  sur 
ce  qu  die  formerait  une  suite  naturelle  a  celle  des  voyages  de 
Marco  Polo  ,  Ic  premier  des  voyageurs  du  moyen  ^ge.  La  Com- 
mission cenlrale  remercie  M.  Jaubert ,  renvoie  la  notice  au  comite 
du  Bulletin  ,  et  I'offre  de  I'auteur  a  la  section  de  publication. 

On  depose  sur  le  bureau  plusieurs  excmplaires  d'une  notice  ex- 
traite  du  Moniteur  ,  relative  au  depot  de  geograpliie  cree  k  la 
Bibliotheque  du  Roi. 

M.  de  la  Roquetle  est  invite  a  rendre  compte  d'un  Memoire 
offert  par  I'auteur  ,  M.  da  Costa  ,  et  intitule  :  Dlemoria  da  serra 
que  ser^c  de  llmite  no  Brazil  pelo  lado  das  Guiiuis ,  e  do  Rio  Branio , 
que  delta  vem  ao  rio  Negro. 

Seance  du  20juin  1S28. 

M.  Brue  fait  observer  que  la  Icttre  de  M.  C.  Moreau,  mcn- 
lionnee  au  proces-verbal,  semble  trop  generaliser  les  travaux  qui 
restent  a  faire  pour  completer  le  reconnaissance  des  c6tes  occiden- 
tales  de  I'Afrique  ,  au  nord  de  I'cquateur.  Le  meme  membre  donne 
une  idee  de  Telat  de  la  geograpliie  de  ccs  cotes,  y  compris  les 
travaux  de  Laing  et  d'Owen,  et  annonce  que  les  reconnaissances 
de  ce  dernier  sont  deja  publiees  en  partie  par  I'amiraute  de  Lon- 
dres. 

M.  le  Cbevalier  d'Abrahamson  annonce  a  la  Societe  I'envoi  du 
■y^  volume  dc  I'Atlas  du  Danemark  ,  public  sous  sa  direction  ,  el  hii 


264 

adressc    diverses    observalions    yur   cello    iTiiiiorlante   piiblicalioii. 
Renvoi  au  comiie  du  IJullctln. 

M.  Frederic  MuUer ,  par  une  lellrc  ecriledc  Saint-Louis  du  Se- 
negal,  cl  dapres  un  niarchand  niaurc  do  Ticliil,  noinaie  Jladji 
Sidi  Ahmed,  confirme  que  le  major  Laing  avail  ele  assassine  par 
une  troupe  de  Jirebiches,  aRaou^n,  lieu  qui  se  trouvc  a  cinq  jour- 
nees  nord  de  Toinbouctou. 

M.  Joinard  annonce  que  M.  Duranton ,  charge  d'une  mission 
pour  le  JJambouck,  vieul  do  partir  avcc  un  mineur  pour  faire  la 
reconnaissance  des  mines  de  ce  pays  ct  y  former  un  etablissemenl; 
11  est  muni  des  instructions  dc  la  Sociele  cl  do  plusieurs  questions 
locales.  Ce  voyageur  est  le  memc  a  qui  Ton  doit  la  premiere  descrip- 
tion delacataracteduFelou,  publieedarisleBuHetin  de  laSocielc. 

M.  Solcau,  cnvoyo,  par  le  ministre  de  la  marine  pour  rempiir, 
dans  la  Guiane,  les  fonclions  d'ingenieur  des  ponls  et  chaussees, 
fait  des  offres  de  service  a  la  Sociele  ct  demande  a  cnlrcr  en  corrcs- 
pondance  avec  clle. 

M.  Giberl,  qui  se  rend  a  Tiflis,  fait  Ics  memcs  offres  de  service 
k  la  Sociele^ 

M.  le  president  invilc  la  section  dc  correspondancc  a  adresscr 
a  MM.  Soleau  et  Gibert,  une  scric  de  queslions,  et  il  rappellc  ca 
meme  temps  a  cetle  scclion  Tengagement  qu'el'.e  a  pris  de  dresser 
une  instruction  gcn^rale  pour  les  voyagcurs. 

M.  ^Yarden  depose  sur  le  bureau  plusieurs  articles  geograpbiqucs , 
contenant  :  i"  une  expedition  projetee  par  le  gouverncment  des 
Etats-Unis  pour  explorer  les  mors  du  Sud ;  2"  une  Notice  sur  un 
Maure  de  Tombouctou;  3"  une  Demarcation  dc  la  frontiere  du 
I'elat  de  I'lndiana.  Rcmerciemens  et  renvoi  au  comite  du  liulleiiii. 
(  Voy.  pag.  229,  268  ct  272.) 

MM.  le  marquis  Debcbasse  de  \crignv,  direcleur  general  du 
depot  de  la  guerre,  le  capitaine  de  Capell-lJrooke ,  de  la  Roquelle 
et  de  Vcrneuil,  Miiiano  Yosy ,  y\lbert-Monleniont ,  Eibent  et 
Delanglard,   <^crivent  a  la  Societe  pour  lui  offrir  divers  ouvrages. 


2G5 

la  Commission  ccntrale  vote  dos  remerciemens  aux  donaleurs, 
lI  invilc  MM.  Bonne  et  15rue  a  lui  rendre  compte,  le  premier,  du 
Rlcmorial  (hi  de/wl  de  la  guerre,  et  le  second,  iJu  Voyage  de  M.  de 
Capell-Erooke,  dans  la  Lapoiiie  ^  la- Suede  el  le  Danemark. 

M.  de  la  lloquette  ,  en  offrant  la  Relation  des  voyages  de  Chr/s- 
l<)])he  Coluntli,  annonce  que  Tediteur  est  dispose  a  faire  ,  en  faveur 
des  menibres  de  la  Sociele  ,  une  remise  sur  cet  ouvrage  donl  il 
sera  depose  plusleurs  exemplaires  au  secretariat. 

La  Societc  apprcnd  avec  douleur  la  mort  de  M.  Choris  ,  qui  a 
«5te  assassine  enlre  Puente  National  et  Plan  del  Rio  ,  pres  de  la 
\era  Cruz.  Ce  jcune  et  inlrcpide  voyageur  parcourail  I'Amerique 
sous  les  auspices  de  la  Sociele,  el  etait  muni  de  ses  instructions  el 
<le  ses  instrumens.  (\  oy.  pag.  283.) 

La  Commission  invite  son  secretaire  general  a  payer  un  tribut 
de  regrets  a  la  memoire  de  M.  Choris,  dans  la  Notice  annuelle  des 
travaux  de  la  Societe. 

M.  Bianchi,  au  nom  de  la  section  de  publication,  fait  un  rapport 
sur  divers  objels  renvoyes  a  sou  cxamen. 

La  Commission  centrale  adopte  les  conclusions  de  ce  rapport 
ct  decide  que  la  Traduction  du  manuscril  du  ge'ographe  arahe  Edrisi , 
laite  par  M.  Jaubert,  sera  publice  par  la  Sociele  et  formera  le 
tome  1\  du  Recueil  de  ses  Memoires. 

Elle  decide  aussl  que  le  Memoire  du  P.  Lieclitle  ,  sur  Vile  dc 
Nax/'e,  offert  par  M.  le  comle  Andreossy  ;  et  les  Notes  sur  les  iles 
du  nord  dc  VAngleterrc^  atlressees  par  M.  C.  Morcau,  n'etant  point 
de  nature  a  etre  publics  dans  les  Memoires,  seronl  reuvoycs  au 
comile  du  Bulletin  pour  elre  inseres  par  extrails  dans  les  divers 
cabiers  de  ce  recueil. 

M.  de  la  Roquelte  rend  compte  du  tableau  de  M.  Balbi,  intitule  : 
Balance  politique  du  globe  en  1828.  Apres  quelques  observations ,  ce 
rapport  est  renvoye  au  comile  du  Bulletin.  ( Voy.  pag.  252.) 

M.  Sueur-Merlin  communique  les  resultals  du  tableau  general  du 
commerce  de  la  France  avec  les  colonies  et  les  puissances  cMrangeres, 
en  1827,  et  du  mouvement  de  la  navigation,  (^oy.  pag.  aSy.) 


26G 


§  2.  Admissions^  outrages  ofjeris^  etc. 

MEMBllES    NOUVELLEMENT   ADMIS    DA^S    LA    SOCIETE. 

Seance  du  2.0  juln. 

M.  Elicnnc  David  ,  vice-consul  tic  France  a  Mexico. 
M.  Ferdinand  Marey. 


OUVRAGES   OFFERTS    A    LA    SOCIETE. 
Seance  du  GJiiin  1S28. 

Par  M.  Coulicr  :  Tables  des  principales  positions  geonomiques  du 
globe ;  Paris,  1828,  1  vol.  in-S". 

Par  M.  de  Ferussac  :  Bulletin  des  sciences  geographiques  ,  caliier 
d'avril. 

Par  M.  de  Leuven  :  Journal  des  voyages  ,  caliier  d'avril. 

Par  M.  Toulouzan  :  I'Ami  du  lien ,  8'^  caliier. 

Par  la  Societe  asiatique  :  Caliier  de  mat  de  son  journal. 

Par  la  Societe  de  la  morale  clirelienne  :  n°  5i  de  son  journal. 

Par  la  Societe  de  I'Eure  :  n°  iSde  son  journal. 

Par  les  Auteurs  :  Plusieurs  n"^  du  Globe. 

Seance  du  20  juin 

Par  M.  le  marquis  Delachasse  de  ^  erigny  :  Memorial  du  depdt 
general  de  la  guerre.  Tome  IV^ ,  in-4°. 

Par  M.  le  capilaine  A.  de  Capell -Brooke  :  A  JVinler  in  Lapland 
and  Siveden  with  various  observations  relating  to  Finmark  and  its  inha- 
bitants,  \jOnAoix ,  1827,  in-4''.  —  Trui^els  through  Sweden ,  Norway 
and  Finmark  to  the  North  Cape.  London  ,  iSaS,  in-^". 

Par  MM.  de  la  Ivoquctlc  et  de  \  erncuil  :  Relations  des  quatre 
voyages  entrepris  pur  Clirlstoplic  Colomb ,  pour  la  decouverte  du  Nou- 
veau- Monde,  de  1492  a  i5o4i  suivies  de  dioerses  lettres  et  pieces  inediles. 


267 

exlraUes  des  archwcs  tie  la  monarchie  esfjtignok,  et  puhiiees  fhir  D.  de 
IVavarrote;  ouvtagc  traduU  par  MM.  de  Vcriiouil  ctde  la  Roquellc. 
Paris,  1828  ;  3  vol.  m-8°. 

Par  M.  Albert  Monlemont :  J'oycrgc  ilans  les  cinq  parties  clu  monde; 
Paris,  1828;  tomes  i,  2  et  3. 

Par  M.  tie  Miiiano  :  Dictionnaire  geographique  el  stalislique  de  VEs- 
pagnc  et  du  Portugal.  Tomes  8,  9  et  10,  Madrid  ,  1828. 

Par  M.  JJibent :  Plan  general  de  la  ville  et  desfouilles  de  Pompe'ia. 
Paris,   1827;  I  vol.  grand  in-folio. 

Par  M.  Dclanglard  :  06sen>aiinns  on  geugrapJiical  projections;  or 
an  examination  oj  the  principal  metliodes  oj  constructing  maps  with  a 
description  of  a  Georama,  London,  1828,  in-S". 

Par  M.  Gide  :  NouQelles  Annales  des  voyages;  cahier  de  juin. 

Par  M.  de  Leuven  :  Journal  des  vvyages;  cahier  de  mai. 

Par  M.  le  baron  de  Ferussac  :  Bulletin  des  sciences geographiques  ; 
cahier  de  mai. 

Par  M.  Jullien  :  Rente  encyclopedique;  cahier  de  mai. 

Par  M.  Bajot :  Annales  maritimes  ctcoloniales;  cahier  de  mai. 

Par  M.  Arthus  liertrand  :  Bibliotheque  physico-economique ;  cahier 
de  juin. 

Par  M.  Everat :  1)^5  setw/v5  publics  en  usage  cliez  les  anciens ; 
Paris,  i8i3;   i  vol.  in-S". 

Par  M.  Dannery  :  Anales  de  ciencias ,  agricultura ,  commercio  y 
artes  ;  cahier  de  fevrier. 

Par  la  Societe  de  la  morale  chretienne  :  n"  82  de  son  journal.  — 
'Assemblee  generale  annuelle  de  cette  Societe,  du  24  a^^nl  1828. 


268 


TROISIEME  SECTION. 

DOCUMENS  ,    COMMUNICATIONS  ,    NOUVELLES 
6EOGRAPHIQUES ,    ETC. 

Notice  sur  an  Mcmre  de  Tomhouctou. 

Un  particulier  de  la  ville  de  Natchez  donne  les  renscignemens 
suivans  sur  eel  Afrlcain,  qu'il  est  queslion  d'eiivoycr  a  Liberia. 

Get  lionimc  s'appclle  Abdul  Ba/iliaman ,  inais  il  est  plus  coiinu 
sous  le  nom  de  Prince.  11  est  n<i ,  en  1762  ,  a  Tombouclou,  dont 
son  oncle  ALu-Abrahim  etait  alors  roi.Son  pcre  Alman  Ibrahim, 
gouverneur  de  Foutah-Jallo ,  ayant  secoue  le  joug  de  Tomhouctou , 
Prince ,  qui  venait  d'achever  son  education ,  entra  dans  Tarmee ,  et 
y  servit  avec  tanl  de  dislincllon  ,  qu'a  I'jige  de  vingt-six  ans,  il  re^ut 
Ic  commandement  de  deux  milie  hommes  que  son  pore  cnvovail 
combatlre  les  Hebolis  ,  Iribu  noire  qui  habile  au  N.  du  Foulah- 
.lallo.  Prince  rcussil  dans  cede  entreprise  ,  for^;a  ses  enneniis  a  la 
letraile  ,  el  saccagea  plusleurs  de  leurs  vllles.  Une  fois  sa  mission 
reniplie  ,  il  reprit  la  route  de  son  pays.  Ccpendanl  les  Hehohs  s'e- 
lanl  rallies  ,  el  ayant  fait  des  marches  forcees,  vinrent  se  porter 
dans  un  defile  par  lequel  Prince  devail  passer.  Celul-ci  tomba  dans 
Tenibuscade  ,  fut  fait  prisonnier  avec  prcsque  lous  ses  gens ,  et 
vendu  aux  Mendingoes,  qui  rcnvoyerent  a  bord  dun  batimcnt  ne- 
gricr,  alors  en  vue  de  la  cote. 

Prince,  mene  en  Anierique,  fut  achete  par  le  colonel  Foster,  de 
Natchez  ;  el  durant  une  caplivite  de  trenle-neuf  ans  ,  il  s'est  cons- 
lamnienl  ahstenu  de  liqueurs  fortes  et  n'a  jamais  commis  une  action 
d(;shonnele  ou  blamable.  Quoique  ne  dans  I'abondance ,  il  a  tou- 
jours  supportc  son  sort  sans  murmurcr,  et  s'est  montre  serviteur 
industrieux  et  fidele. 

Ces  parlicularites  m'onl  etc  comniuniquees  par  un  niedecin  re- 


269 

toinmandable  de  cettc  ville  qui  avalt  connu  intimement  Prince  k 
'i'omboa  ,  dans  la  province  de  Foutali-Jallo ,  et  qui  en  avail  re^u 
los  soins  les  plus  assidus ,  dans  une  maladie  longue  ct  penible  qu'il 
y  avail  eue.  lis  se  retrouverent  a  Nalchez ,  el  Prince  ne  parle  jamais 
de  leur  reconnaissance  sans  le  plus  profond  attendrissemont. 

Ce  Mauie  est  d'uiie  haute  slalure  (il  a  six  pieds  anglais),  el  quoi- 
que  age  de  soixanlc-six  ans,  il  conserve  loule  la  vigueur  de  Tage 
vinl.  Lorsqu'il  arriva  dans  lepajs  ,  il  portaitdes  cheveux  lonibant 
en  boucles  sur  ses  epaules  ,  et  ce  fut  avec  le  plus  vif  regrel  qu'il  se 
resigna  a  les  couper.  Depuis  lors,  il  a  enlierement  neglige  sa  che- 
velure  qui  est  devenue  rude  el  an  pea  crepue.  La  couleur  de  sa  peau 
a  aussi  considerablcmenl  change,  ce  qu'on  allribue  aulanl  aux  in- 
jures de  Tair  qu'aux  fatigues  de  Tesclavage  ;  el  son  exlerieur  an- 
nonce  plulot  le  Foulah  que  le  Maure.  Toulefois  ,  il  affinne  avec  une 
sorle  d'orgueil  qu'il  n'a  pas  une  seule  goulle  de  sang  negre  dans  les 
veines  ;  car,  dans  son  opinion  le  negre  est  dans  I'ordre  social  a  un 
degre  fori  au-dessous  du  Maure.  Ses  prejuges  cependant  ne  I'ont 
pas  empeche  de  se  marier ,  el  il  a  maintenant  une  nombreuse  fa- 
mille.  11  vicnt  souvent  me  voir,  et  je  Ic  Irouve  exlrememenl  mo- 
deste  ,  poli  et  intelligent.  Dans  Ics  conversations  que  nous  avons 
ensemble  sur  la  politique  ,  la  religion  ,  les  ma?urs  ,  la  position  geo- 
grapbique  ,  etc. ,  de  son  pays  el  des  contrees  voisines  ,  il  montre 
les  connaissances  les  plus  exactes ,  ainsi  que  je  m'en  suis  convaincu 
en  les  comparant  avec  les  recits  des  voyageurs  les  plus  dignes  de 
foi.  11  parait  connaitre  parfaitement  les  pays  situes  au  midi  du 
drand  Desert ,  mais  il  u'a  jamais  visile  ceux  du  nord. 

Prince  a  ele  eleve  dans  la  religion  maliomelane  qu'il  suit  encore , 
au  molns  en  apparencc.  Je  iui  ai  parle  a  ce  sujet  ,  et  je  le  crols 
assez  bien  dispose  en  faveur  du  christianisme  ,  dont  il  admire  les 
preceptes  ;  sa  princlpale  objection  est  que  les  Chretiens  ne  les  sui~ 
venipas. 

Le  pere  de  Prince  mourul  peu  apres  la  defalle  de  son  fds,  el  son 
frere  Almun  Abdulb  Gahdric  qui  lul  succeda ,   est  probablement 


270 

encore  le  monarque  regnant.  I'rince  prelrnd  qu'il  a  inoins  <]e  drolls 
au  trone  que  lui ,  parte  qu  11  est  tie  sanginele  ;  mais  11  ne  teinolgnc 
auciin  (leslr  de  reiilrcr  dans  la  carriere  puLlique  ,  et  Irente-neuf  aiis 
desclavage  ont  disslpe  en  lul  loutcs  Ics  Illusions  de  lauiblllon.  11 
serait  heureux  ,  dlt-il  ,  s'il  pouvalt  retourner  dans  sa  palrle  ,  poin- 
y  vlvre  Taini  dcs  hlancs  ,  el  nieler  ses  ossemens  a  ceux  de  ses  peres. 
Je  lul  al  expllque  le  but  de  la  colonle  de  Liberia  ,  el  11  souhalte 
beaucoup  y  aller.  11  est  persuade  ,  vu  le  peu  de  distance  de  cet  en- 
drolt  h  son  pays  ,  qu  11  pourralt  rendre  dhnportans  services  a  I'ela- 
blisscnient.  (^  oy.  la  suite,  pag.  282.) 


The  life  of  John  Ledtard  ,  etc. ,  Vie  de  Jean  Ledyanl ,  surnom- 
nie  Ic  voyageur  americain  ,  cwec  des  extraits  de  ses  journaux  et  dc 
sa  correspondance  ;  par  Jarcd  Sparks  ,  1828  ,  Camhridgc. 

Jusqu'icI   on  ne    connalssait  guere   Ledyard  que   par   le  recit 
imparfait  de  ses  voyages  qu'a  publie  ,  en   1790,  le  secretaire  de 
lassocialion    africaine    anglaisc.    M.  Sparks  s'esl  charge   de   re- 
dlgcr  unc  biograpliie  plus  complete  de  eel  honinie  remartjuable,  et 
s'cst  procure  a  cet  effet  de  sa  fainillc  ,  les  journaux  manuscrits  de 
ses  voyages  ,  et  une  partle  de  sa  correspondance  origlnale  ,  d'apres 
lesquels  11  a  execute  son  travail.  Les  evencmens  de  la  vie  de  Ledyard 
sont  extremement  varies  ,  et  plusieurs  cxcitent  le  plus  vif  interi^t 
par  renthousiasme ,  la  perseverance  ct  rexlrcmc  vlgueur  d'esprit 
qu'ils  lui  supposent.  11  naqult  dans  le  Connecticut  ,  etudia  d'abord 
a  Hartford  ,  et  passa  ensuite  au  college  de  Dartmouth  ou  11  se  des 
tlna  i  I'elat  de  mlssionnaire  chez  les  tribus  sauvages.  11  voyagea 
dans  le  pays  des  Indlens  des  Six  IXatlons  ,  et  construislt  a  son  re- 
tour  ,  dc  ses  mains  ,  un  petit  canot  dans  lequel  11  descendit  seul  le 
fleuve  de  Connecticut,  de  Hanover   a  Hartford.  Toulefois  ne  se 
scntantpas  beaucoup  de  goAt  pour  Tetude  de  la  theologle  ,  il  s'em- 
barqua  sur  un  navlre  en  charge  pour  la   Medltcrranec  ,    se  reu 
dll   de   la  aux  Antilles  ,    ct   ensuite   en  Angleterre  ,  oii    11   oblini 


271 

un  emploi  a  bord  du  vaisseau  du  capllaiiie  {]c»ok  ,  qu'I!  accoinpae;iia 
dans  sa  derniere  expedition,  il  sc  Irouva  au  conibal  oii  cc  colcbre 
iiavigatcur  pcrdit  la  vie.  De  rclour  dans  sapatrie  ,  apres  !a  guerre 
d'Amerique  ,  il  proposa  le  premier  une  expedition  a  la  cole  nord- 
ouest ;  inais  ne  recevant  pas  les  encouragemens  necessaircs  ,  il 
passa  en  Espagne  etde  la  en  France,  011  il  esperait  elre  plus  heureux. 
11  s'adressa  a  Paris,  a  Jefferson  ,  au  general  Lafayetle  et  a  Paul 
Jones ,  qui  approuverent  son  projet ;  mais ,  apres  avoir  perdu  deux 
annces  en  demarches  inutiles  aupres  de  plusieurs  negocians  pour  les 
dclenninera  fairc  les  frais  de  rcntreprise,  il  ful  oblige  d'y  rcnon- 
cer.  11  consul  alors  I'idee  de  se  rendre  par  lerre  de  Paris  au  detroit 
de  JJehring,  de  passer  de  la  en  Amcrique  ,  et  de  francbir  les  mon- 
tagnes  Rocky,  pour  regagner  les  Elals-Unis.  L'ambassadeur  russe  et 
le  baron  de  Grimm  ayant  oblenu  pour  lui  de  rimperalrire  I'aulo- 
risalion  de  parcourir  ses  etals  ,  Ledyard  parlit  pour  Hanibourg  , 
visila  Copenliague  et  Stockholm  ,  fit  le  tour  du  golfe  de  JJothnie  , 
au  coeur  de  Thiver,  et  arriva  a  Saint-Pelersbourg ,  ou  le  comte  de 
Segur  et  le  professeur  Pallas  lui  lirent  dclivrer  un  passcport  pour 
la  Siberia.  La  saison  elait  si  mauvaise  ,  lorsquil  arriva  sur  les 
fronlieres  du  Kamtschatka ,  que  le  gouverneur  de  Yakoatsk  ne  vou- 
lut  point  lui  laisser  reprendre  son  voyage  avant  le  prinlemps.  Sur 
ces  enlrefaites  ,  limperatrice  ayant  con^u  des  inquietudes  sur  ses 
intentions  ,  envoya  a  sa  poursuile  deux  soldats  russes  qui  le  firent 
marcher  en  hiver  plus  de  G,ooo  milles  ,  et  le  laisserent  sur  les  con- 
fins  de  la  Pologne,  dans  la  plus  grande  detresse.  11  parvint  cependanl 
k  regagner  I'Anglelerre  ,  ou  il  fut  bien  accueilli  de  sir  Joseph 
Banks  et  de  ses  autres  amis.  L'association  pour  I'encouragement 
des  voyages  en  Afrique,  venalt  de  se  former  a  Londres ,  el  Ledyard, 
de^u  dans  I'espoir  d'explorer  les  regions  inconnues  de  sa  patrie  , 
saisit  avcc  avidite  la  proposition  que  cette  societe  lui  fit  de  parlir 
pour  I'Afrique.  II  se  rendit  a  Paris  et  de  la  a  Marseille  ,  ou  il  mit 
h  la  voile  pour  Alexandrie  en  Egypte.  Arrive  au  Grand-Caire  ,  il 
y  sejourna  quelque  temps  pour  se  familiariser  avec  ia  langue  el  les 


272 

coulumes  des  lubiuiiia  ,  el  avail  coiiclu  un  iiiarchii  avoc  un  chef  »le 
taravaue  qui  faisait  roiile  pour  rintericur,  lorsqu'il  toiuba  nialade 
et  mourut  au  mois  de  Janvier  1790. 

Le  journal  de  son  voyage  en  Siberie  csl  eiilier  ,  ainsi  que  plu 
sieurs  lellres  qu'il  a  ecriles  de  llussie  a  M.  Jefferson.  11  rcnfcrmc 
des  observations  fort  curieuses  sur  le  rapport  qui  cxiste  enlre  le  ca- 
racteie  et  les  habitudes  dcsTartares  el  ceux  dcs  indigenes  de  I'Aine- 
rique  et  des  iles  de  la  nier  du  Sud.  Les  lellres  quil  adressa  d'Egvptc 
i)  M.  Jefferson  et  au  secretaire  de  I'associalion  africaine  ,  sont  aussi 
trcs-remarquables.  Le  journal  de  I'expedition  de  Cook,  sans  en  etre 
une  relation  complete,  contient  neanmolns  des  descriptions  animees 
el  des  observations  judicieuscs,  et  le  recit  qu'il  fait  de  la  mort  de  ce 
capitaine  est  emprcint  d'un  caractere  de  vivacite  et  de  verite,  qu'on 
ne  trouve  pas  dans  les  autres  relations  de  celle  catastroplie,  publiees 
jusqu'a  ce  jour.        ^^  . 


Demarcation  dc  lafrontiere  de  Veiat  de  I'lmllana. 

M.  E.-P.  Kendrick,  ingeuieur  des  Etats-Unis,  qui  fut  charge 
de  determiner  d'une  maniere  precise  la  ligne  de  demarcation  sep- 
tentrionale  de  I'etat  de  I'lndiana,  conformement  a  I'acte  du  congrcs 
du  2  mars  1827,  termina  ce  travail  au  inols  d'oclobre  suivant.  11 
partit  d'un  point  ,  sur  la  cote  S.-E.  du  lac  Michigan,  lequel  se 
trouve  a  10  milles  nord  ,  eta  2$  milles  iq  chaiues  ct  63  chainons 
E.  de  rextreniite  la  plus  meridionale  de  ce  lac.  De  ce  point,  la 
ligne  tracee  suit  la  direction  de  Test,  I'cspace  de  104.  milles  /(.g  chai- 
nes  et  55  chainons,  et  en  rencontre  une  autre  tirce  vers  le  nord, 
de  9  milles  64  chames  et  21  chainons  de  longueur,  qui  part  du  coin 
N.-O.  de  I'etat  de  TOhio.  M.  Kendrick  a  fixe  la  latitude  de  I'extre- 
mite  meridionale  du  lac  Michigan  a  4i°38'  58",  et  celle  de  la  fron 
liere  seplentrionale  de  I'lndiana  041"  47'  4-^"*  ^  ^  aussi  fait  do 
frequentes  observations  sur  riucllnaison  de  I'alguille  niagnclique: 
elle  etait  de  G"  10'  au  point  d'ou  il  est  parti,  et  de  4°  35',  a  lex- 
tremite  de  la  ligne.  NA  . 


.73 
Tremblement  de  trire  mix  Etats-Unis,  Ic  q  mars  1838. 

Entre  10  ct  1 1  hcures  du  soir,  il  a  elo  rcssciiti  un  liemblement 
.le  lerre  a  Balliniore,  Wasliiiigton  ,  Fredtirickburg  et  dans  la  par- 
tie  basse  dc  la  Yirglnie.  On  cprouva  deux  secousses  blen  disllnclcs  , 
dont  la  premiere  fut  la  plus  forte.  Les  malsons  furent  tellenieiil 
ebranlees,  que  beaucoup  de  personnes  qui  elaient  endorniles  sau- 
terent  a  bas  de  leur  lit,  et  ne  revinrent  que  dlfficllement  de  leur 
frayeur.  Ces  secousses  etalent  accompagnces  d'un  bruit  semblabh' 
a  celui  que  produit  unc  volturc  en  roulant  sur  le  pave.         ^ . 


ReNSEIGNEMENS  sur  L\  NOUVELLE-GUIISIEE. 

Extrnit  du  Voyage  de  Buenos-Ayrcs  a  trailers  Ics  proi'i'iiccs  dc  Tiicu- 
man,  Coi'doca,  Sulla,  etc.,  par  Ic  rapilaine  Andrews  ,  en  1825 
eti826  (i). 

Le  voyageur ,  dit  M.  Andrews  ,  qui  se  rend  dans  les  mers  dos 
Indes  el  de  la  Chine  par  le  canal  St-Georges  el  le  detroll  de  Dam- 
jpierre  ,  et  surloul  en  longcant  les  cAtes  de  la  Nouvelle-Gulnee , 
he  pent  reflecliir  sans  surprise  a  I'ignorance  profonde  oil  Ton  est, 
meme  sur  les  simples  localllcs  d'un  pays  aussi  riclic  et  aussi 
etendu. 

La  situation  de  la  Nouvelle-Guinee,  par  rapport  a  laNouvelle- 
Hollande  ,  est  Ires  -  interessante  ,  ct  II  est  perniis  dc  la  regarder 
comme  la  clef  des  Moluqucs  el  des  Philippines.  Sa  latitude  otant 
la  m^me  que  celle  de  I'ilede  Java  el  d'une  portion  de  Sumatra,  on 
y  trouve  loutes  les  productions  propres  a  ces  lies. 

La  INouvellc  -  (iulnoe  ,  aulrement  nommee  Papua  ,  d'apres 
la  d«^marcalion  imparfalle  indiquee  sur  les  carles,  se  prolonge 
depuis    I'equateur   jusques  vers   le    13"   de    latitude   S,  ,    et  com- 

(1)  Journey  from  Buenos- Ajres  through  the  Provinces  of  Cordova  , 
Tucuman  and  Salta  to  Polosi ,  etc.,  in  the  jears  iii:i5  and  181G,  2  vof. 
London,  1827.  Voy.  rAppcnrlirc  ,   vol.  I!  ,  p.  3nS. 


2  7/^ 


7-> 

prcnd ,  en  (•it'ncliic,  unc  longitude  dc  20  degros,  c"est-a-dirc  ,  dii 
i3o°  au  I  So"  E.  Celle  position  n'a  pu  eirc  delcniiinee  que  par 
quelques  baliuiens  conduits  par  le  hasard  dans  ccs  parages  pour 
prendre  dcs  ratVaichisscnicns  ,  ct  donl  les  equipages  ,  effraycs  dc 
I'aspcct  sauvagc  des  nalurels,  se  sent  empresses  de  se  renibarquer, 
aussitotque  leur  but  a  ete  rempli. 

Quand  nous  arriv;lmes  sur  ces  c6tes  ,  nous  jetiimes  I'ancre  pn-s 
d'unc  lie  voisine  de  la  principalc  terre.  Cette  ile  elait  couverle 
d'arbres  qui  s'avan^aient  jusqu'au  rivage  que  Je  sulvis,  afin  de  trou- 
ver  un  endroit  connuodc  pour  la  chaloupe.  Les  sauvages  ,  con- 
nalssant  notre  approcbc  ,  se  cachercnt  dans  les  bois  ,  et  pousserent 
des  cris  effrovablcs  qui  nous  firent  craindre  d'aboid  une  reception 
peu  amicalc  ;  mais  en  debarquant ,  nous  fiimcs  bien tot  assures  que 
ces  cris  n'claient  que  des  demonstrations  de  joie.  D'aillcurs  quel- 
ques huzzas  anglais  auraient  peut-elre  ele  aussi  cxtraordinaircs 
ct  aussi  alarmans  pour  un  peuple  dont  les  deux  sexes  elaicnt  dans 
un  etat  conipiet  de  nudile. 

Les  naturels  sortirciil  du  bois  en  grand  nombre  ,  ct,  entourant 
la  chaloupe  ,  ils  firent  mine  <ie  vouloir  la  Iratner  avec  tous  ceux  qui 
la  montaient  jnsques  sur  le  rivage  ,  connne  ils  le  font  pour  Icurs 
canols  ;  mais  s'etant  apercus  que  ce  inouvement  avait  fait  prendre 
a  mes  hommes  une  attitude  defensive  ,  ils  se  retirerent  aussitot  jus- 
qu'a  une  ligne  qu'on  leur  trara  sur  le  sable  avec  un  couteau,  et 
qui  laissail  une  distance  suffisanle  pour  parlementer.  Leur  chef  re- 
ponditau  signe  de  paix  que  nous  fimes  avec  un  drapeau  blanc ,  en 
eievant  une  branche  de  verdure  qu'il  v  enait  de  cueillir;  alors  chaque 
parti  deposa  ses  amies  ,  ct  au  bout  d'une  demi-heurc  ,  mes  gens 
fraternise  rent  avec  eux.  Je  les  lis  d'abord  survelller  ,  de  crainte 
de  surprise ;  mais  je  fus  parfailemenl  rassurc  sur  leurs  bonnes  in- 
tentions ,  et  les  echangesse  firent  dune  manlere  regulierc  par  I'cn- 
treniise  des  chefs  ;  bien  lot  nos  bartjues  furenl  plcincs  dc  volaillcs  , 
de  bananes  et  dc  fruits  de  divcrses  especes.  lis  parurent  d'abord 
vouloir  s'opposer  a  ce  qu  on  counat  le  bois  dont  nous  avions  grand 


2^5 

Ijcsoin  ;  inais  ils  furenl  facilcmeiit  apaises  par  Toffie  <Vun  clia- 
peau  reUoussc; ,  tie  quclqucs  boutellles  ,  de  coulcaux  ,  dc  cIiapelcLs 
el  de  morceaux  de  drap  rouge.  J)es  excniplaires  dn  Times  attire- 
rerent  aussi  partlculieienicnt  Jeur  attention  ,  et  les  caracteres  leur 
en  parurent  si  extraordinaires  ,  qu'ils  rcmplirent  leur  barque  de 
Cannes  a  sucre  pour  la  tete  d'un  des  numeros  de  ce  journal. 

On  n'engagea  pas  les  naturels  a  venir  sur  le  bathnent  de  pour  de 
queique  traliison ;  et  de  leur  cote  ,  ils  n'en  lenioignerent  pas  le 
desir.  JJeux  de  nos  marins  ,  qui  passerent  un  jour  et  une  nuildaiis 
1  lie  ,  revinrent  fort  contens  de  I'hospilalile  qu'ils  y  avaient  rc^ue  , 
et  nous  apprirent  que  la  limidite  de  ses  habitans  venait  de  ce  que 
Fun  denlre  eux  avait  ete  blesse  d'un  roup  de  fusil.  Un  liomme  , 
age  d'environ  cinquante  ans ,  fit  coniprendre  par  ses  gestes,  que 
I'equipage  d'un  navire  qui  avait  dejaaborde  sur  cette  cote  ,  avait  eu 
une  rixe  avec  les  naturels ,  et  que  cet  accident  en  etait  resulte  ;  il 
est  tres-probable  que  les  matelols  prirent  leurs  cris  pour  des  mar- 
ques d'agression. 

Leurs  instruniens  de  guerre  elaienl  des  arcs  ,  des  fleches  et  des 
frondes  ;  ils  se  scrvaient  de  cette  derniere  anne  avec  beaucoup  d'a- 
dresse  ,  et  portaient  des  boucliers  pour  la  delensive.  Les  pigrres 
necessalres  a  I'exercice  de  la  fronde  ,  arrondies  avec  soin  ,  etaient 
contenues  dans  des  filels  de  clianvre  dun  travail  curieux  ;  leurs 
lignes  pour  la  peclie  ,  pareillenient  faites  de  clianvre  ,  etaient  aussi 
tres-arlislenienl  Iressees  ;  leurs  canois  etaient  bien  conslruiSs,  mais 
moins  grands  et  nioins  bien  tailles  que  ceux  des  indigenes  qui  vin- 
rent  nous  voir  de  File  principalc.  Les  plantations  de  Cannes  a  sucre 
etde  bananiers  {musa)  etaient  distribuees  avec  uniforniite  ,  et  dans 
un  bon  ctat  dc  culture.  •' 

l^es  naturels  dc  la  grande  terre  de  la  IS'ouvelle-Guinee  nous 
donnercnt  en  echange  de  quelques  bagatelles  ,  une  grande  quan- 
tile  de  coquillages  dune  espece  lout-a-i"ail  inconnue  ;  des  brace- 
lets ,  formes  (a  ce  que  nous  pilmes  juger  par  la  grandeur)  de  la 
j)arlie  solide  des  dents  d'eicpiiant ,  des  arcs  ,  des  fleches  ,  etc. ;  nous 


=  7G 

rc^Ames  aussi  en  ccliangc  quelques  echanlillons  de  miiscatles  sau- 
vagcs  et  d'autres  epiccrles.  Une  remarquc  assez  singuliere  ,  c'est 
que  les  canots  dc  ces  insulaires  corilenaicut  oidlnairement  dix- 
neuf  persoiines  ;  quel  que  fiit  leur  nonibre  ,  il  otait  toujours  im- 
pair,  ce  qui  tilait  detcrniine  par  la  presence  d'un  individu  que  nous 
jugeaincs  eire  un  prolre  ,  et  qui  avail  sur  le  coude-pled  une  mar- 
que scniblable  a  celle  qui  scrail  produile  par  un  fer  rliaud. 

L'avaulagc  d'un  elablisscmcnt  a  rexlremild  occidcnlalc  dc 
celle  lie  parait  inconlcslable  :  en  nc  le  consideranl  que  sous  Ic 
rapporl  connnercial,  il  nous  procurerait,  dans  une  qualile  supe- 
rieurc  ,  les  arlicles  d'dpiceries  des  colonics  boilandaises  ;  et  sa 
possession  deviendrait  dans  la  suilc  une  compensation  de  la  perle 
si  faclieuse  dc  Java.  Celle  ile  pent  meme  receler  dans  son  sein  dcs 
productions  indigenes  qui  lui  sont  parliculieres  ;  enfin  ,  elle  pour- 
rait,  par  sa  position,  devenir  une  nouvelle  source  de  conniierce 
d'un  profit  incalculable  avcc  la  Cbine  ,  1  lude  el  liinmcnse  Arclii- 
pel  de  rOrient.         \>  . 

ExTRAlT  d'une  lettre  adressee  a  M.   Warden  par  M.  Latouu  - 
Allard,  dc  la  N ouvelle-Orlians. 

Paris,  le  ^3  avril  i8.i8. 
MOKSIEUR  , 

Je  m'emprcsse  de  repondrc  aux  diffcrenlos  qucslions  que  vou.-* 
me  failes  dans  voire  lettre.  [ 

La  personne  qui  a  achele  mes  dessins  et  mcs  manuscrils  est  \ 
M.  Auguslin  Agllo  ,  un  des  arlistes  les  plus  dlsllngxies  de  Londres, 
et  qui  est  I'ami  particulicr  de  milord  Kingsborougli.  Je  ne  saispas 
precisement  a  quelle  epoque  doit  paraitre  I'ouvrage  qu'il  public  sur 
les  anllquiles  du  Mexique ;  mais  je  me  rappelle  fort  bien  que  lors- 
qu'il  vint  a  Paris,  vers  le  milieu  de  dcccmbre  dernier,  il  me  dit  qn'a 
son  depart  dc  Londres,  cct  immense  travail  etall  deja  connnence. 
Immense  travail  est  bien  le  mot;  car  eel  ouvrage,  qui  ne  doit  elrc 
lire  qu'a  3oo  exemplaires  ,  sera  compose  de  quatre  volumes  grand 


277 
in-folio  dc  planches  coloiiees  et  de  deux  volumes  dc  texte.  Ces 
quatre  volumes  dc  planches  seront  formes  par  les  copies  des  ma- 
nuscrits  mexicalns  ,  conserves  a  Rome,  a  Yienne,  a  Berlin,  k 
Londres  et  a  Paris,  copies  qui  ont  loutes  ete  faites  par  M.  Aglio 
lui-meme,  et  que  Je  vis  chez  lui,  a  son  passage  a  Paris,  lors  de 
son  retour  de  Yienne;  dc  plus,  par  mes  120  desslns  de  monumens, 
mes  38  desslns  de  costumes  et  mes  i8  pages  d'anclennes  pelnlures 
mexicalnes  ,  sur  papier  d'agave.  Le  texte,  ecrit  en  anglais,  sera 
compile ,  arrange  et  explique  par  lord  Kingsborough. 

Population  de  la  Norw^ge; —  Tracaux  geographiques  et  d'utilite  pu- 

blique  ;  —  Limites. 

Le  comple  rendu  au  storthing  de  Norvvege  fait  connaitre  que  la 
population  de  ce  pays  est  aujourd'hui  de  i,o5o,i[32  Indlvidus;  ce 
qui  fair,  depuls  10  ans,  une  augmcntalion   de  164,701. 

Les  travaux  du  cadastre  sont  achcves,  sauf  82  milles  carres  allc- 
mands,  qui  restent  encore  dans  le  nord  du  royaumc.  Les  travaux 
pour  Fachevement  de  la  Carte  hydrographique  des  cotes  du  royaumc. 
se  conSinuent  avec  la  plus  grande  actlvlte.  II  en  est  de  meme  de 
ceux  qui  concernent  les  deux  grandes  routes  entre  les  provinces 
septentrlonales  des  deux  royaumes  de  Suede  et  de  Norvvege. — 
Deux  paqaebols  ont  etc  construils  pour  desservir  la  ligne  de  Chris- 
liania  a  Fladstrand  (Jullaud),  qui  doone  a  la  j\orvege  une  commu- 
nication avec  le  continent.  D  un  autre  cote,  au  nord,  une  nouvelie 
ligne  de  posies  se  He  a  la  poste  suedoise,  qui,  en  lilver,  transporto 
la  malle  de  Saint-Petersbourg.  Cinq  nouvcaux  phares  ont  ete  e'rl- 
ges  le  long  des  cotes,  et  celul  de  Rundoe  vemis  a  iieui:  —  l^a  cons- 
truction du  chateau  votee  par  la  dicte  pour  la  rosldence  du  roi  dans 
la  capitale  ,  s'achcve.  Elle  pourrait  etre  plus  prompte ;  mals  Sa  Ma- 
jeste  a  ordonne  de  regler  les  travaux  de  maniere  a  ohtcnir  une  so- 
lidite  monumenlale,  et  a  ne  pas  charger  le  Iresor  au-dela  des  al- 
locations. Le  roi  a  juge  necessaire  de  flure  devancer  I'epoquc  fixee 

'9 


278 

pour  rach«^,venient  du  grand  hopilal,  conimis  aux  soins  «le  la  facultc 
de  Christiania. — Les  greniers  d'abondance  ont  etd  ouverls  aux  ha- 
bltans  de  Seujen  et  Fromsoe;  Frcdricshall  a  etc  secouru.  Cette  mal- 
heureuse  ville  rcnail  de  scs  ccridres  encore  chaudes. 

Quant  aux  iVonliercs  du  colti  du  nord,  il  a  ele  mis  un  lermc  aux 
conteslallons  existant  depuls  120  ans  entre  les  riverains  norwc- 
giens  et  russes  de  la  fronliere  :  un  traite  a  fixe  les  liinitcs.  Des  com- 
missaires  des  deux  gouvernemens  les  ont  parcourues  enscn)ble  ,  et 
les  ont  rcglees. 


Le  celebre  voyageur  Edouurd  Ruppel  est  de  relour  a  Francfort. 
Le  senat  de  cette  ville  lui  a  accorde  la  somme  de  1000  florins  par 
an  pour  738  annees,  afinde  continuer  ses  voyages,  principalement 
dans  les  parties  de  I'Abyssinie  qui  n'ont  pas  encore  ^te  suffisam- 
ment  explorees  pour  les  sciences  naturelles. 


DESCRIPTION    D  ASTHAKHAN. 
Fragment  du  Journal  inedil  d'un  Voyageur. 

La  population  ordinaire  d' Astrakhan  est  evaluee  a  3o,ooo  anies. 
liC  nombre  en  est  deux  fois  aussi  grand  a  certaines  cpoques, 
lorsque  le  commerce  ou  la  peche  atllrent  la  multitude.  Tons  les 
ecclesiastiques  et  beaucoup  de  marchands  sont  Russes  ;  le  reste 
de  la  population  est  compose  de  Tarlares,  d'Armeniens,  de  Pcr- 
sans,  dTndiens,  de  (ieorgiens  ,  de  Kalmuks ,  de  IJuIgarcs,  et 
d'individus  de  presque  toutes  les  contrees  de  I'Europe.  La  plus 
grande  partie  de  ces  nations  ont  des  eglises  ou  des  chapellcs. 

Le  commerce  d'Aslrakhan  avcc  la  Perse,  I'lnde,  la  Cliinc  el  la 
Bukliarle  est  tres-considerable  ;  nnis  la  balance  n'est  pas  en  faveur 
de  la  Russie.  Les  importations  excedent  de  beaucoup  les  exporta- 
tions.  Les  articles  d'exporlation  sont  :  les  toiles,  le  cuir,  la  coche- 
nille,  les  soles,  le  velours,  etc.  Les  importations  sont:  la  sole    !< 


279 
dciue,  lecoton,  Ic  riz,  les  amandes  anit^res,  la  gaiance ,  les  fruits 
sees ,  les  lapis ,  les  couleurs ,  elc.  11  y  a  aussi  des  bazars  russes , 
tartares,  indiens  ,  persans  ct  armeniens.  II  est  interessant  dans 
cctle  foule  ,  a  travers  laquelle  on  peut  a  peine  s'ouvrir  un  passage, 
d' observer  les  divers  costumes  de  tant  de  nations,  et  de  remar- 
quer  les  traits  particuliers  qui  les  distinguent  et  les  caracterisent. 
Le  Tartare  et  I'lndicn,  quoique  differens  a  beaucoup  d'egards, 
ont  une  certalne  expression  de  franchise  et  de  cordialite,  tandis 
que  le  souple  et  sensuel  Persan  et  FArmenien  ,  a  I'exterleur 
repoussanl,  decelent  1' esprit  de  ruse  et  de  tromperie;  a  cet  egard  lis 
sont  tres-dlfferens  des  Circassiens  et  des  Georgiens,  dont  le  port 
est  noble  et  eleve. 

Je  me  rendls  un  jour  au  grand  bazar  des  Indiens,  pour  assisler 
a  Icur  culte  rellgleux.  Lorsqu  i!s  le  celebrenS,  iis  s'assemblent  cha- 
que  soir,  apressetre  baignes  dans  le  "W  olga.  Pallas  adecril  leurs 
rites;  le  principal  consiste  a  se  prosterner  frequemment,  avec 
les  pieds  nus  ,  sur  un  tapis,  devant  un  aulel  couvert  d'idoles,  et 
a  falre  entendre,  alternalivement  avec  les  brahmines,  un  chant 
qui  n'est  pas  sans  harmonle.  Durant  cette  ceremonie  on  repand 
conllnuellement  de  I'encens,  tandis  qu'on  sonne  de  petites  cloches 
et  qu'on  joue  des  cynibales.  Les  idoles  sont  faites  de  pierres  ap- 
porlees  des  bords  du  Gauge. 

Les  Indous  que  j'ai  vus,  qui  etaient  venus  d'une  province  fron- 
tiere  de  la  Perse  ,  sont,  pour  la  piupart,  de  taille  moyenne,  bien 
proporlionnes  ,  de  couleur  brun-clair,  et  habilles  en  cloffes  de 
sole  ou  de  coton. 

lis  ne  menaient  pas  leurs  femmes  avec  eux,  ayant  de  frequentes 
relations  avec  les  femmes  tartares.  lis  marquent  d'ordinaire  leurs 
fronts  avec  des  llgnes  rouges  ou  jaunes ,  quelques-uns  d'eux  portent 
des  boucles  d'oreilles,  non  au  bout  de  rftrelUe,  mais  passees  dans 
le  cartilage.  Leur  nourriture  est  tres-simple  ;  elle  consiste  habi- 
tuellement  en  riz  et  en  fruits;  mais  nouobstant  leur  croyance  a 
la  metempsvcose ,  lis  mangent  quelquefois  du  moulou.  L;;!i!   boi^- 


28o 

son  ordinaire  est  I'eau  on  le  cafe.  Astrakhan  est  t-nvironne  dc 
vignobles  etendus ,  qui  produisent  de  beaux  raisins,  falsant  un 
des  principaux  articles  du  commerce.  Les  fruits  de  toutes  sortes, 
avec  les  melons  et  le.-?  fraises,  sont  en  ahondance  ;  deux  des  pre- 
miers se  vendcnt  un  copeck;  une  livre  de  raisin  coikte  sept  co- 
pecks. II  y  a  beaucoup  de  nianufocturcs  de  soie.  Les  matieres  em- 
ployees viennent  pour  la  plupart  de  la  Perse  ,  et  les  etoffes,  mises 
en  oeuvre  et  travaillees  a  la  mode  orientale,  sont  rcnvoyccs  aux 
Persans. 

Panni  les  nations  commer^antes  qui  se  rehcontrent  a  Astra- 
khan, les  Persans  surpassent  tous  les  autres  par  leur  stature  et 
leur  noble  maintlen.  lis  sont  extremement  polis,  et  parfaitcnient 
verses  dans  le  commerce  ,  mais  de  mauvaise  foi.  Ouoiquc  tres- 
religieux ,  ils  boivent  du  vin  et  s'abandonncnt  h  toute  cspece 
d'exces  ,  jusqu'a  ce  qu'iis  aicnt  cinquante  ans.  A  cette  epoque 
commence  I'dge  de  la  penitence,  car  c'est  ainsi  qu'on  le  nomme. 

La  peche  ,  sur  les  bords  du  Wolga  et  dans  la  mer  Cas- 
plenne  ,  est  tres-considcrable;  il  y  a  quelquos  stations  qui  s'affer- 
ment  4.00,000  roubles  par  an,  entre  Astrakhan  el  Sarepta,  distance 
de  4-00  verstes  ;  il  n'v  a  que  deux  petilcs  villes  et  quelques  mise- 
rables  villages  habiles  par  des  Tartares ;  quelques  habitations 
de  Copacs  se  rcnconlrent  sur  lautre  rive  du  ^  olga.  Dans  I'in- 
terieur  sont  beaucoup  de  lacs  sales  d'une  grande  etendue,  tels  que 
celui  de  Bagdo,  non  loin  de  Tscbernodjar ,  qui  a  sept  milles  de 
circonference  ,   el  fournil  d'excellent  scl. 

Apres  avoir  visile  retabllssement  de  la  quarantaine ,  pres  de 
Zarizin  ,  Tauteur,  sans  s'arreter  long-temps,  retourna  a  Saint- 
Pelersbourg  par  la  route  de  Saraton ,  Pensa  et  Moscow. 

Sur  le  Rhone. 
-   Le   Rhone ,  rcnomme  par  la  grande  rapidite  de  scs  eaux  ,  se 
perdait  sous  un  rocher  pres  dc  Jiellegarde,  qui  en  Interceptait  la 
navigation  descendante.  Ce  rocher  vient  d'etre  coupe  ,  et  a  doime 


38  I 

lieu  a  la  construcllon  tl'un  canal  dans  lequel  flolle  mainlenant  une 
grande  quantity  de  Lois  de  construction.  La  compagnie  qui  a  en- 
treptis  ce  travail  important  a  obtenu  de  S.  M.  Sarde  rautorlsation 
d'exlraire,  pendant  vingt  ans,  des  bois  de  construction  du  Fauci- 
gnv,  afin  de  le  continuer.  11  vienl  d'etre  public  un  tableau  du  cours 
et  de  la  chute  de  ce  lieuve,  qui  iudique  ,  dans  une  premiere  colonne 
en  pieds  de  roi ,  les  elevations  de  38  de  ses  points  au-dessus  du  ni- 
veau de  la  mer,  depuis  sa  source  au  pied  du  glacier  de  la  Fourche 
jusqu'a  Lyon  ;  la  deuxieme  colonne  presente  les  distances  de  I'un 
a  I'autre  de  ces  points  ,  ce  qui  offre  un  developpementde  1,4.76,230 
pleds  de  la  source  jusqu  a  Lyon  ;  la  Irolsieme  colonne  donne 
les  largcurs  moycnncs  du  fleuve,  correspondantes  a  ces  trente- 
huit  points.  Le  cours  entler  tlu  Rhone  ,  depuis  sa  source  jusqu'a 
son  embouchure  dans  la  Meditcrranee  ,  est  de  2,4.90,570  pieds, 
ou  de  147  lleues  gcographiques  (i),  et  sa  chute  est  de  3,i3o 
pieils  ou  d'un  pied  sur  487  V^  de  distance.  , 


Decouverte  de  noiwelles  Iks,  —  Le  capitaine  du  bsitlment  Vyltlun- 
iique,  de  Nantucket,  JVI.  John  Gardner,  a  decouvert  dans  I'O- 
cean  Pacifique ,  en  se  rendant  a  la  peche  de  la  baleine ,  plusleurs 
ties  qui  ne  se  trouvalent  point  sur  ses  carles.  La  premiere  par  8° 
28'  de  lat.  ]y.  et  i44°  35'  long.  E.  (de  Greenwich);  la  seconde 
par  1°  7'  lat.  et  i65"  long. ;  3°  un  groupe  d'lles ,  lat.  S.  2"  1 5' ,  long. 
E.,  152"  5'.  II  rencontra  aussi  un  groupe  de  reclfs  et  d'ecuells, 
s'etcndant  du  N.-N.-E.  au  S.-S.-O. ,  enlre  le  1°  35'  et  le  2°  i5' 
de  lat.  S.,  et  le  i53'  45'  el  i53'^  i5'  long.  E.  W. 

{Nantucket  Inquirer.') 


Frojet  d'une  route  a  travcrs  ristlimc  de  Panama.  —  Le  chef  niili- 


(1)  208  lieues  '/'»  ordinaires. 


282 

taire  du  tlepartement  de  Panama  ,  dans  unc  note  adressee  aux 
agens  anglais,  donnait  I'avis  qu'il  etail  charge  par  le  gouverne- 
ment  municipal  de  faire  construire  unc  nouvelle  route  de  Panama 
a  Porlo-lJello,  afni  de  farllller  la  communication  par  terre  entre 
ies  deux  Oceans.  II  ctablit  que  la  distance  dirccte  de  Tun  a  I'aulre 
n'est  que  de  12  lieues  et  2  milles  anglais,  et  que  la  rouie  n'exce- 
dera  pas  i4  lieues  45o  verges;  que  trois  compagnies  de  Iravail- 
leurs,  de  60  hommes  chaque  ,  y  sont  occupees.  Enfin  il  csperait , 
en  mars  dernier,  poavoir  y  faire  passer  la  malle-posle,  et  avoir 
divers  endroits  disposes  pour  recevoir  des  cultlvateurs. 

L'edlleur  du  journal  qui  communique  cet  avis  assure  que  beau- 
coup  de  personncs  experimentees  pensent  qu'il  serail  possible  d'^-^ 
lablir  un  cbeniin  en  fer  a  travers  eel  istbme,  moyennanl  une  d^- 
pense  peu  considerable.  VV  . 


I        1    if  Si— 


Bateaux  a  vapeur.  —  On  trouve  dans  un  des  numcros  de  V Argus 
d' Albany ,  un  exeniple  de  la  celcrlte  extraordinaire  avec  laquelle 
naviguent  maintenant  Ies  bateaux  a  vapeur.  Un  de  ces  balimens, 
VAmerique  du  ISord ,  a  fait  la  Iraversee  de  jSew-York  a  Albany 
(  iGo  milles  anglais)  en  onze  heures  deux  minutes,  en  rclacbant 
aux  endroits  ordinaires  pour  prendre  des  passagers  et  des  paqucts. 
Peu  de  jours  apres  ,  il  ne  mil  que  10  lieurcs  Sg  minutes. 

Un  aulre  bateau  a  vapeur,  \ Indepcndanre ,  a  fait  la  mOme  tra- 
versee  en  1 1  heures.  Le  prix  du  passage  est  d'un  dollar  par  lete.    \'V  . 


Notice  sur  le  Prince  de  Tombouctuu.  —  Les  papiers  americains 
annon^aienl  dernierement  que  cc  Prince  el  sa  femme  ,  nommce 
Isabella ,  elaient  arrives  a  IJaltimore  ,  venant  de  Natchez  ,  dans 
uu  carrosse  a  qualre  chevaux  ,  el  s'etaienl  cnsulte  embarcjues  a 
bord  d'un  navire  falsaiit  voile  pom  TAfrlque  ;  le  lout  aux  frais  de 
la  Sociele  de  colonisation.  Isabella  ,  qui  est  mere  de  neuf  enians ,' 
a  ete  rachelee  une  somme  de  200  dollars  ,  fournic   par  souscrip- 


1   I 


^83 

lion.  On  s'accor<1e  a  reconnattre  dans  Prince  un  hoiiime  instmit, 
laborieux  et  d'une  probite  a  toute  epreuve.  (  Voy.  p.  268.  )       V^ . 


Patagonie.  —  Depuis  quelques  annces ,  le  gouvernement  de 
Buenos-Ayres  a  porte  une  attention  particuliere  sur  I'etabllssement 
de  Patagonie  :  il  y  a  elabli  de  frequentes  communications  par  mer , 
et  la  population  en  est  beaucoup  augmentee.  Le  Rio  Negro  ,  ou 
riviere  INoire,  est  situe  sur  le  4i"  ^^'  <'*-'  l^t-  S.  ;  et  par  le  56°  5o' 
de  long ,  O.  de  Cadix.  Son  entree  est  un  peu  difficile  a  cause  des 
bancs  qui  Tobstruent ,  et  cependant  des  fregatcs  y  ont  penetre. 
On  pcche,  a  I'embouchure  de  ce  fleuveetsur  les  plages  adjacentes, 
une  multitude  de  plioques  el  de  baleines.  W. 

Mort  de  M.  Clions  (i). 

En  1827  ,  M.  Clioris  ,  peintre  ,  qui  avail  fail  le  voyage  autour 
du  monde  avec  M.  O.  de  Kolzebuii  ,  expedition  dont  il  a  public 
la  relation  ,  est  parti  de  France  pour  I'Amerique  ;  il  comptait 
parcourir  une  grande  parlie  de  ce  continent ,  en  commencjant  par 
le  JMexique.  Apres  avoir  louche  successivement  h  plusieurs  iles  de 
I'Archipel  des  Antilles  ,  puis  a  Cuba  et  a  la  Nouvelle-Orleans  ,  ii 
avail  enfin  aborde  aux  coles  du  Mexique.  II  n'a  pas  tarde  a  y  etre 
victime  de  la  mauvaise  police  d'un  pays  ou  tout  est  encore  en 
combustion. 

Extrait  dune  lettre  de  MM.  Adoue  et  Plantevigne ,  de  la  Vera-Cruz.  , 
a  MM.  Eyries  Jreres ,  au  Havre. 

5  avrll   i8a8. 

M.    Choris,  peintre,  est  arrive  a  la  Vera-Cruz  ,  le  ig  mars 
dernier  sur  V Eclipse,  de  la  Nouvelle-Orleans  ;   nous  Tavons  re^u 

(1 )   M.  Choris  ctait  muni  des  instructions  ef  des  instrumens  de  !a  Socicto 
de  gt'ograpliie  ,  el  il  voyageait  sous  ses  auspices. 


284 

Ic  inieux  qu'il  nous  a  etc  possible.  Deux  jours  apres  son  arrivee , 
il  partit  pour  Jalapa,  avcc  une  letlre  tie  reconimandalion  que  nous 
lui  domiaines  pour  noire  correspondanl.  Le  leiidemain  de  son  de- 
part, nous  avons  appris,  avec  beaucoup  de  peine,  queM.  Clioris, 
et  un  Anglais,  son  compagnon  de  voyage,  avaienl  ^te  assassines 
par  qualre  voleurs. 

Le  premier  est  mort  d'une  balle  qu'il  a  regue  ,  et  d'un  coup  de 
sabre ;  le  deuxieme  fut  atteint  d'une  balle  dans  la  cuisse  et  dans  la 
poitrine  ,  de  cinq  a  six  grains  de  plonib  d'un  autre  coup  de  fusil. 
Cet  evenement  a  cu  lieu  entrc  Pucnte  National  et  Plan  del  Rio. 
Malgre  scs  blessures ,  M.  Henderson  a  continue  sa  route  jusqu'a 
Jalapa  ;  mais  a  Plan  del  Rio  ,  II  chargea  le  maire  de  faire  des  re- 
cherches  de  M.  Clioris  ;  II  Ignoralt  s'il  etait  en  vie  ou  mort.  Ce 
n'est  que  le  lendemaln  que  le  maIre  I'a  trouve  dans  les  bois :  on 
Tavait  cache  dans  le  feuillage ;  11  fit  prendre  le  cadavre  pour  le 
transporter  a  Plan  del  Rio  ,  ou  II  a  ete  enterr^. 


385 


kVVVWWX  W%>V%\WVVWW\VWVWV\n  VV\\*XVWV\VW\V\'\'VWWV*'WW\  VV*  WVV\'\VW'WV  l^WWVVWv\'VS^/«VW 


BIBLIOGRAPHIE   GEOGRAPHIQUE. 


§  I".  LIVRES. 

OITVRAOES  Gir.i.HATIX. 

no.  Meteorological  Essays  A^•D 
Observations.  —  Essais  et  obscr- 
valions  niett-orologlques  ,  par  Fre- 
derick Daniell,  iiouv.  edit.  in-8°. 
Londrcs ,  1827  ,  t.  il. 

ABTERIQ'aE. 

111.  Resuimen  Historico  de  la  rcvo- 
lurion  mexirana,  por  D.  Pablo  de 
Mcndibil.  Paris,  liobe'e  et  Ilingiay. 

I  la.  Collection  des  voyages  etdes 
decouvertes  des  Espagnols  de- 

PUIS    LA    FIN    DU    XVe    SIECLE. 
PREMIERE    PARTIE. 

Relations  des  quaire  voyages 
entrepn's  par  Chrislnplie  Colomb, 
pour  la  decouvcrte  du  Nouveau- 
JMonde ,  de  1493  <>  i5o4  ;  suivies 
de  diverses  lettres  et  pieces  iiic'di- 
tes  ,  extraites  des  archives  de  la  mo- 
narchie  espagnole  ,  et  publites  pour 
la  premiere  lois  par  ordre  et  sous 
les  auspices  de  S.  M.  Catholiquc  , 
par  Don  Slartin  Fernandez  de 
Navarrete ,  sccre'taire  de  S.  M.  C.  , 
directeiir  du  dt'polhydrographique 
de  Madrid  et  de  I'Acadcinie  royale 
d'hisloire  ,  membre  de  1' Academic 
espagnole  ,  correspondant  etran- 
gcr  de  la  Socief  c  de  geographie,  etc. 

Ouvrage  trnduit  de  IVspagnol , 
par  JVIM.  de  Verneuil ,  membre  de 
IVicade'niie  espagnole  ,  de  PAcade'- 
mic  royale  espagnole  d'histoire  , 
de  lasocietc  de  geographic,  etc. ;  et 
de  la  Hoque/le yTnemhre  de  TAcade 
niie  royale  espagnole  d'histoire  et 
de  la  Commission  centrale  de  la 
Sociele'  de  Geographic  ;  revu  sur 
Icur  traduction  par  M.  de  Navar- 
rete ,  et  accompagne  denotes  des 
traducteurs  et  de  WS\.  AbcURe- 


miisat ,  Adrien  Balbi ,  Baron 
Cinner ,  Jomard  ,  Labouderle  , 
Letronne  ,  de  Rosscl  ,  Saint- 
Martin,    f^T'alckenaer ,  etc. 

Dedie  a  la  Societe  de  Geo- 
graphie ,  avec  deux  portraits  de 
Cliristoplie  Colomb ;  ses  armoi- 
rics ,  le  Jt\ic  simile  d'une  de  ses  let- 
tres autogrnphes  ,  et  trois  cartes. 
A  Paris  ,  Strasbourg  et  Londres  ,  . 
chei  Treuttel  et  Wurlz.  3  vol. 
in-80.  Prix  :  31  fr.  et  cliez  I'agent 
de  la  Sorictc'deGoogr.nphie,  auquel 
peuvent  s'adrcsser  JMM.  les  Mem- 
bres  de  cette  Societe'. 

Le  litre  de  cet  ouvrage  et  les 
noms  des  savans  qui  I'ont  enricbi 
de  notes  ,  indiquent  assei  le  degre 
d'interet  qu'il  doit  oflrir  aux  dilfe- 
rentes  classes  de  lecteurs. 

Les  archives  de  la  monarchic  es- 
pagnole avaient  e'te  jusqu'a  nos 
jours  ferme'es,  et  les  tre'sors  qu'elles 
contiennent  enfouiset  perduspour 
la  science. 

Le  feu  roi  Charles  IV  con^ut ,  il 
y  a  plus  de  quarante  ans ,  I'heureuse 
idee  de  faire  faire  des  recherches 
dans  ses  depots  ,  si  riches  en  docu- 
mens  precieux  et  ineditssur  la  de- 
couverte  et  sur  rhistoire  de  I'Ame'- 
rique ,  et  sur  les  navigations  des  Es- 
pagnols.  11  en  confia  le  soin  a  M.  de 
Navarrete,  officierde  marine  plein 
de  zele  et  d'instruction  ,  aiijour- 
d'hui  dirccteur  du  depot  hydrogra- 
phiquede  Madrid,  directeurdel'A- 
cademie  royale  d'histoire,  etc.,  etc. 
Ce  savant  distingue  a  consacre  plus 
de  trente  annc'es  a  ces  laborieuses 
investigations,  aide'  par  feu  M.  Mu- 
noz  et  par  D.  Thom.  Gonzalez  , 
conservateur  des  archives  de  Si- 
mancas. 

C'est  le  re'sultatde  ces  longs  tra- 


a86 


%-aux  ((lie  nous  oflrons  nujoiirJ'hui 
■.m  public  ;  il  paraitra  d^autant  plus 
iniportaiit  que  nous  n'avous  encore 
riiri  ,  al)Solumcnl  ricii  dc  pariaite- 
nient  autlit-iitiijue  sur  I'liistoire  de 
Clir.  Coloinb  ,  doiit  Ics  (k  rouvertes 
cependaiit  out  eii  uiic  si  grande  in- 
flufiicesur  Icsdestini'fS  de  PAncien 
Monde  el  sui-  celles  dii  Nouveau. 

La  viede  PilluslreGc'noisse  Irouve 
tout  I'lilierK  dans  les  relations  nai- 
ves  (iii'iUlonnedesesvova^esel  dans 
Ics  lettres  qui  les  arroinpagnent  ; 
c'esi  la,  el  laseulemenl  qu'on  jieut 
c'tudier  ce  grand  honiuie ,  juger 
ies  actions,  son  caractere  ,  ses  pas- 
sions ,  etc. 

LV'diteur  fran^ais  publiera  suc- 
cessivement  les  relations  et  la  cor- 
respondance  tie  frsfiuce  ,  d'//o- 
jcda  ,  de  Pln^'nn  ,  i.\c  Cortrz  ,  de 
Pizarre ,  de  Magclhin  ,  etc.  ,  de 
manieie  que  chaque  relation  lornie 
un  tout  foinplet  et  inii  pendant  de 
celKs  qui  la  precedent  et  de  celles 
qui  la  suivent. 
ii3.  The  history  of  the  life  atvd 

VOYAGES  OF   ChRISTOFER     Cot.UM- 

BUS  ,  etc.  Histoire  de  la  vie  et  des 
voyages  de  Cliristophe  Colomb  , 
par  VVasliington  Irving,  ^  gros  vol. 
in-i2  ,  iinprimcs  par  IJidot  aine  , 
sur  papier  fin.   (  24  trancs.  ) 

ii4.  The  LIFE  OF  John  Ledyard,  etc. 
Vie  de  Jean  Ledyard  ,  voyageur 
amcricain  ,  oii  se  trouvent  des  ex- 
traits  de  ses  journaux  et  de  sa  cor- 
respondance ,  et  le  re'cit  de  son 
voyage  avec  le  capitaine  (!)ook;  par 
Jaueu  Sparks  ,  Cambridge  (Mas- 
sachussets  )    ibiS. 

1 15.  Picturesque  illustrations  of 
Buenos-Aykes  and  Montevideo. 
Tableaux  piltorestpies  du  15uenos- 
Ayres  et  de  Monte-Video,  coni- 
uosl's  de  24  plancbes  colori'.'es,  avec 
des  vues  et  des  dessins  de  costu- 
mes, etc.,  \n-\°  ,  Londres.  (gofr. ; 

lllj.    IIlSTOKIA  DE  LA  HeVOLUCION    DE 

LA  Repurlica  de  (Colombia  ,  por 
Jose  Manuel  Uesirepo.  Histoire 
de  la  rt'volution  de  la  Republique 
de    <^olond)ie  ,   par  Jose    .Manuel 


Uestrepo  ,  secretaire  de  I'inlerieur 
de  cette  lltpublique,  10  vol.  in-12, 
avec  Atlas  ,  Paris ,  a  la  librairie 
americaiue ,  rue  du  Temple  ,  n"  Gg, 

1827. 

AliSTR.II.AStK. 
117. Two  YE\»S  IN  NE^v-SoUTH-^VA- 
les.  Hi'sidence  de  deux  ans  dans  la 
Nouvelle-Galles  du  Sud  ,  par  Cun- 
ningliain  ,  ■.:  vol.  20  tr.  Colborn. 
Londres. 

118.  Letters  FROM  Europe.  Lettres 
ecritesd'Eiirope  ,  ou  Journal  d'un 
voyage  fait  en  Irlande  ,  en  Angle- 
terre  ,  en  France  ,  en  Italic  el  en 
Suisse  ,  pendant  les  annees  1825  , 
182*)  et  1827  ,  pa:-  N.  IL  Carter  , 
rSe\v-\ork,    2  vol.  in-8'. 

19.   Hellas  ,    oder    Darstellung 

DES  ALTEN  GrIECIIENLANDES  ,  etc. 
--Hellade,ou  Tableau  geograpliiqiie 
et  arclieologicjue  de  rancienne 
Grece  et  de  ses  colonies  ,  aver  les 
nouvelles  de'couvertts,  par  Fr.  Her- 
mann Kruse,  in-8°,  avec  cartes  et 
planches.  Leipsick  ,  1827  ,  N'oss.  , 
t.   II,    2=  partie. 

Cet  ouvrage  est  de  la  plus  grande 
importance  pour  celui  (]ui  di'sire 
ronnaitre  la  Grece  ancienne.  M. 
Kruse  qui  a  public'  son  premier  vol. 
en  1825  ,  et  la  i":  parlie  du  2=  en 
1826,  a  conipulst'  tons  les  auleurs 
anciens  et  modernes  qui  se  sonl  oc- 
cupcs  de  cette  contrt'e.  II  rend  avec 
impartialite  un  compte  sommaiii- 
de  leurs  travaux  ,  examine  ensuile 
la  gc'ograpliie  de  la  Grece  qu'ilsuit 
dans  ses  trois  branches  ,  niatlu-ma- 
tiijue  ,  pbvsi(iue,  et  liisli  rique  ou 
politique.  Ce  n'est  qu'apres  cet  exa- 
incn  general  qu'il  expose  avec  les 
plus  grands  details  !a  geographic  de 
I'Atlique,  de  la  Megaride  ,  de  la 
Ik'otie,  et  dans  le  volume  ci-dessus, 
la  I'hocide  ,  la  Doride  ,  la  Locride, 
rjitolie  ,  PAc.arnanie  ,  et  les  lies 
qui  en  di'pendeiil. 

Une  partie  de  PAtlas  (huit  cartesj 
a  paru  en  nieme  temps  que  relte 
portion  de  Pouvi-age. 


TABLE  DES  MATIERES 

CONTENUES  DANS  LE  TOME  TXEUVIEME. 


N"^  57  a  62. 


PREMIERE  SECTION. 

MEMOIJiES,  EXTRAITS,  ANALYSES  ET    R^PPOIiTS. 

pages 

—  Relation  d'une  ascension  au  volcan  du  Popocatepetl.     .  5 

—  Compte  rendu  du  voyage  de  Buenos-Ayres  a  PolosI,  par 
M.Fred.  Degeorge i4 

—  Rapport  de  M,  Bruesur  I'Atlas  du  Danemark  de  M.  d'A- 
braliamson. 28 

—  Analyse  par  M.  Jomard  de  Fouvrage  infilule  :  Keledor  , 
hisloire  africalne  ;  de  M.  le  baron  Roger 61 

—  Voyage  d'ArIra  a  Poiosi. —  Notice  sur  cette  derniere 
vllle ,  par  M.  V  asseur 77 

—  Rapport  sur  la  relation  de  Sidi  Aly,    fils   de  Hussein; 
tradulle  de  Tallemand  sur  la  version  de  M.  Dlez ,   par 

M.  Moris 117 

—  Elat  indlquant  le  nom  et  la  hauteur  des  princlpales  mon- 
tagnes  d'Ecosse  ,  par  M.  C.  Moreau 12/f 

—  Table  des  situations  geograpliiques  les  plus  remarquables 
d'Ecosse,   par  M.  C.  Moreau i2g 

—  Renselgnemens  sur  la  colonic  americalnede  Liberia,  par 

M.  Warden i65 

—  Des  Cherokees  et  de  leur  civilisation,  par  M.  W.     .     .      171 

—  Tableau  de  la  population  de  la  province  de  Clilloe ,  par 

M.  W 183 

—  Rapport  sur  I'Allas  du  deparlemeut  ilu  Puy-de-Donic  , 


-88 

rlc  M.   IJussct,  par  M.  le  clicv.  Bonne 182 

Extrait  d'une  note  de  M.  Puissant,  rclalive  a  la  question 
<le  determiner ,  siir  Ic  spherdide  ierreslre ,  la  plus  courte  dis- 
tance de  deux  pulnts  quelconques  donnes  par  leur  latitude  et 

leur  longitude 1 84 

Expc'dilion    piojeloe   par  le    gouvcrnemenl  des    Etats- 
Unis  pour  explorer  les  mers  du  Sud ,  par  M.  \A  ardcn.      221) 
Navigation  interieure  des  Etats-Unis  d'Amerique.     .     .     23G 
Tableau  des  distances  de  Ocana  ,  siege  de  la  grande  con- 
vention de  Colombie,  aux  chefs-lieux  des  differentes  pro- 
vinces de  cette  republique 247 

Tableau  slallslique  de  la  republique  de  Colombie.      .      .      248 
Comple  rendu  par  M.  Eyries,  du  Rapport  des  comniis- 
salres  anglais  charges  d'cxaminer  Telat  de  la  colonic  de 

Sierra  Leone 24<) 

Rapport  du  nieme  membre  sur  le  Memoire  de  MM.  Ren- 
net et  Roelandzsoon  ,  relatif  aux  decouvertes  des  Neder- 
landais  en  Amerique  et  en  Australie,  dans  les  Indes  et 

aux  Terres  polaircs 25 1 

Rapport  de  M.   de   la  Roquetle  sur  le  Tableau  de    M. 
Ralbi ,   inlllule  :  Balance  pullllcjue  du  globe  en    1828.      .      252 
Du  commerce  de  la  France  avec  ses  colonies  et  les  puis- 
sances etrangeres ,  etc.  ,  et  de  la  situation  des  entrepots 
et  du  mouvement  de  sa  navigation  pendant  Tannee  1827.     257 

IP   SECTION. 

ACTES  DE  LA  SOCIETE. 

Proces-verbaux 3i  ,    100,    i3i  ,    187,  2G1 

Membrcs   nouveaux.     .      .      .     35,    io3 ,    i38  ,   igS ,  2GG 

Ouvrages  offerlsa  la  Societc.    .     36,  ihld.  ,  llnd.  ,   19G  ,  Ibid. 
Presentation  auRoidu  2*'  vol.  da  Rccueil  des  Memoires 

de  la  Societe 37 


289 

—  ProposilioM   (Vun   prk  annuel  ,    pour  la   decouverlc  la 

plus  imporlante  en  gcogiaphie ,   par  M.  Joinard.     .     .       38 

—  Rapport  sur  denx  momolrcs  relallfs  au  nivellemcnt  liy- 
drographiquo  de  Tlntericur  de  la  France,  par  M.  le  cliev. 
Bonne i4i 

—  Rapport  sur  le  concours  relalif  a  la  description  d'une 
region  nalurelle  de  la  France  ,  par  M   le  baron  Coquc- 

bert  de  Monlbret.      . i4^3 

IIP  SECTION. 

DOCIJMENS ,    COMMUNIC^ITIONS ,    NOLFELLES    GEO- 

anAPHlOVES. 

—  \oyage  au  detroilde  Magellan  ),  navigation  Aix  Beagle  et 

de  Vj^fhenfure) ^o 

—  ISouvelle  colonic  au  port  RaHIes ^G 

—  Observatoirca  I'jle  Sainte-Helene 4/ 

—  Colonic  americaine ,  eii  Afrique /i/V/. 

—  Du  major  Laing  et  du  capltaine  Clapperlon i6/d. 

—  Exlrait  d'une  lettre  de  M.  Rousseau  a  M.  Barbie  du  Bo- 
cage  ,  relative  aux  memes  voyageurs 48 

—  Notice  sur  les  Curdes /^.c^ 

—  Lettre  de  M.  Bcrghaus ,   relative   au   nivellement  de  la 
Haute-PlaineTburingiennc 5i 

—  Renseignemens  sur  les  travaux  geo-topograpbiques  exe- 
cutes en  Russie  paries  officicrs  de  rclat-niajor  imperial.        62 

—  Mcimoircsur  la  figure  de  la  tcrre  ,  par  M.  Blot.     ...       54 

—  Details  sur  le  major  Laing  ,  venus  par  la  voie  de  Maroc, 
(Lettre  adressee  a  M.  Joniard.  ) io4 

—  Contree  uouvellement  decouverle  dans  le  Haul- Mis- 
souri. (  Details  communiques  par  M.  ^'Varden.  ).     .     .      io5 

—  Etendue  et  population  des  possessions  anglaises  dans  la 
presqu'ile  Transgangcitique ioq 


ago 

—  Fondalion  d'une  nouvclle  ville  dans  Ics  Indes  orientales.     no 
- —  Dociuuens  sur  rAfriiiiie  cenlrale  ;  exlralls  de  pliisieurs 

leltres  de  M.  Rousseau  et  comniuiiiques  par  M.  IJarbie 

du  Bocage i5o 

—  Exploration  des  coles  d'Afri que i58 

—  Extrait  dune  lellrc  dc  M.  C.  Moreau ,  relative  a  la  co- 
lonle  anglaisc  de  Fernando-P6  ,  etc iSg 

—  Renseigneinens  sur  la  n\orl  do  La  Perousc  ,  a  Tile  IMa- 
nicolo  ;  par  J  olin  Russell i6i 

—  Regions  arctiques 162 

—  Hauteurs  du  IMont-Blanc il^i'd. 

—  Etat  de  Guatemala.  — Ruines  de  Palonque  et  d'Ocosingo.  1 98 

—  Renseigncmens  sur  le  tremblenient  de  lerre  de  Colom- 

bie  ,  par  M.  d'Acosta 200 

—  Extrait  d'une  lettre  de  M.  Prosper  Gerardin  ,  datee  de 
Saint-Louis  du  Senegal,  sur  le   major  Lalng.      .     .     .      2o3 

—  Traduction  d'une  leltre  d'un  Maure  ,  adressee  a  Saint- 
Louis  ,  sur  le  menie  voyageur 2o5 

—  Extrait  des  renseigncmens  sur  la  colonic  de  Fernando- 

P6 ,  par  M.  C.  Moreau ibid. 

—  lies  nouvellemenl  decouvertes  sur  la  cole  du  Japon.     .     208 

—  Voyage  en  Siberie,  de  M.  le  professeur  Ledebuhr.     .     .     209 

—  V  oyages  dans  les  monts  Ourals ,  de  M.  le  professeur 
d'Engelhardt 2i3 

—  Carles  de  la   Georgic 217 

—  Extraits  de  plusieurs  leltres  adressees  par  M.  C  Moreau. 
— Mort  du  (ils  de  Mungo-Parck — Yoyages  de  MM.  Cun- 
ningliam  cl  Jamison  dans  la  i*Jouvelle  (ialles  du  Sud. 

,  —  Expedition  pour  le  IS.  E.  de  la  Siberie 219 

—  Nouvclle  carte  des  Etats-Unis ,  du  Canada,  du  New- 
Rrunswick  et  de  la  jSouvelle-Ecosse 222 

—  Reconnaissance  hydrograpbique  de  I'Archipel.     .     .     .  Hid. 

—  Travaux  bydrographlques  sur  la  cote  de  TAmerique  me- 


/v 


ridionale 228 

Giece   ancieiine.  —  Poloponese.  —  Emplacement  d'O- 
lympie.  (Extraif  tl'une  leilre  de  M.  Spencer  Stanhope  a 

M.  Barbie  du  IJocage.      .      .      , ibid. 

Du  nouvel    elablissenienl  d' Amherst 22^ 

Phi-nomene 'bid- 

Notice  sur  un  Maure  de  Tombouctou ,  par  M.  'W.     .     ,  3G8 
Vie  de  Ledyard,  surnomme  le  voyageur  americalii ,  par 

M.  W 270 

Demarcation    de  la  fronliere   de  TElat  d'Indiana,    par 

JVI.  W ,     ....  272 

-  Tremblement  de  terre  aux  Etats-T^nis.    ......  278 

-  Renscigneniens  sur  la  Nouvelle-Guinee  ,  par  M.  W.  .  ibid. 

-  Extrait  dune  lettre  de  M.  Latour-AUard  a  M.  Warden.  27G 

-  Populalion  de  la  Norwege.  —  Travaux  geographiques  et 
d\itilile  publiquc.  —  Limiies 277 

-  Pvetour  du  voyageur  E.  Kuppel  a  Francforl 278 

-  Description  d'Astrakhan ibid. 

-  INote  sur  le  Rhone 280 

-  Decouverlcs  de  nouvclles  lies 281 

-  Projet  dune  route  a  ouvrir  a  travers  I'lstlune  de  Panama,  ibid. 

-  CeLrile  extraordinaire  de  navigation  par   les  bateaux  a 
vapeur.    . 282 

-  ISolice  sur  le  Prince  de  Tombouctou  (Suite).     .     .     .    ibid. 

-  Etablissemcnt  de  Palagonie 288 

-  Mort  de  M.  Choris.  {Extrait  d'une  lettre  de  MM.  Adou  et 
Plantei'igne  ,  a  MM.  Eyries  ) ibid. 

BIDLIOGR^IPHTE    GEOGR.J PJITOl  E . 

-  Livres 56,  iii,  i63,  225.     285 

-  Atlas,  Cartes  geographiques,  Plans.     5g,  112,  164,  228. 

FIN    DF.    LA    TABLE. 

1 ...ivAl  ,  IMPRIMEBR  ,   ni'E    UU    CAnUAN  ,    N"     10. 


BULLETIN 


DE  LA 


f  / 


SOCEETE  DE  GEOGRAPHIE. 


CDowie.'    Oc)uxx€iite^. 


BULLETIN 


DE  LA 


SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE. 


REDIGE 

Par  MM.  Barbie  du  Bocage  ,  Bianchi  ,  Bonke  ,  Sueur  -  Merlin  , 
Warden  ,  et  autres  Membres  de  la  Societe ,  Geographes ,  Voyageurs 
et  Hommes  de  lettres  Frangais  et  Etrangers. 


^3'AI 


PAFilS, 

CHEZ  ARTHUS-BERTRAND, 

LIBRAIRE  DE  LA  SOClfiX^   DE   GEOGRAPHIE, 

aOE  HACTEFEDILLE,  N»  23. 

ilVERAT,  IDIPaiiaEUR  DU  MOMT-DE-FIETE., 

rue  du  Cadruu  ,  N*^  itj. 

1828. 


BULLETIN 


DE 


LA  SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE. 


ISUMERO  65.  —  JuiLLET  1828. 


PREMIERE  SECTION. 


MEMOIRES,  EXTRAITS,  ANALYSES  ET  RAPPORTS. 


Population  comparative  du  monde  dans  les  temps  aneiens 

el  modernes.  .  .      • 

On  trouve  dans  un  long  discours,  lu  par  M.  Merritt  a  la  Socletd 
philosophlque  el  litteraiie  de  Liverpool ,  quelques  rapprocliemens 
assez  interessans  sur  la  population  comparative  des  diverses  parties 
du  monde  dans  les  temps  aneiens  et  modernes.  L'auteur  de  ce  Me- 
moire  en  commenc^ant  par  TAsie  ,  remarque  que  nous  sommes 
absolument  sans  informations  sur  le  nord  etl'estde  cetle  ancienne 
parlie  du  monde.  Ses  observations  se  reduisent  a  ce  qu'en  Chine  , 
tout  presentant  raspcctdc  Tantiquile  la  plus  reculee  etde  la  prospe- 
rite  la  plus  invariable  ,  il  croit  pouvoir  admettre  comme  un  fait 
reconnu  que  la  population  de  ce  pays  a  toujours  ete  a  peu  pres 
stationnaire.  M.  Merritt  applique  la  meme  remarque  a  ccs  immen- 
ses  contrees  ,   appelees  aujourd'bui    Tartaric  ,    Siberie  ,    etc. ,  el 

I 


comprises  par  les  anciens  sous  la  denoiniiiatlon  gendrale  de  Scy- 
tliie.  II  en  (lit  autaiil  a  I'^ganl  du  sud  eldu  cenlrc  de  TAfrique. 

L'Inde  lui  seiuble  presenter  )e  nieme  svsteme  d'egalite ,  et  d'a- 
pres  ce  qu'Arrien  ,  Quinle-Curce  el  autres  nous  onl  rapporle  de 
I'excellence  de  son  gouvernemenl  et  de  sa  politique,  ainsi  que  de 
I'dtat  florissant  de  son  agriculture  el  de  ses  manufactures ,  M.  Mer- 
rill se  croil  aulorise  a  conclure  que  la  populalion  de  cetle  parlie  de 
I'Asic  n'a  pas  eprouve  de  grands  accroissemcns  dans  les  dcrniers 
temps.  Passant  dans  I'ouest  a  des  conlrees  Jadis  florissanles  et  po- 
pulcuses  ,  connues  sous  les  noms  de  Perse  ,  d'Anncnie  ,  de  Parlliie, 
etc.  ,  I'auteur  de  ce  Memoirc  trouve  qu'ici  la  balance  commence  a 
pencher  en  faveur  de  rantiquile.  11  parait ,  dit-il ,  qu'a  I'epoque  de 
I'invasion  d'Alexandre,  il  y  avail  un  nombre  considerable  de  petiles 
monarcbies  dans  celte  vaste  etendue  de  lerre  entre  la  Perse  et  I'Tn- 
dus ,  lleux  ou  Ton  ne  trouve  aujourd'bui  qu'une  culture  negligee 
et  une  falblc  population. 

La  Perse  ellc-meme  ,  a  en  croire  les  divers  auteurs ,  ful  un  des 
royaumes  les  plus  florlssans  ,  les  plus  opulens  et  les  plus  peuples  qui 
aient  jamais  existe.  L'armee  de  Cyrus,  a  son  relour  d'un  voyage 
dans  les  provinces  ,  ne  comptalt  pas  moins  de  buit  centmille  ames. 
Suivant  Herodote  ,  Plutarque  et  Isocralc ,  l'armee  avec  laquellc 
la  Grece  ful  envabie  ne  s'elevait  pas  a  moins  de  cinq  millions 
dbonnnes.  Les  maximes  salulaires  d'administration  attribuees  par 
Xenopbon  au  gouvernemeut  persan  ,  annoncent  une  civilisation 
tres-avancee.  Des  ce  temps  on  y  faisall  prevaloir  ce  systeme  d'econo- 
mie  domestique  rcgardee  aujourd'bui  commc  la  source  de  la  ri- 
chesse  veritable  des  nations.  De  nos  jours ,  la  plus  grande  parlie 
de  la  Perse  n'esl  guere  cultivee  que  dans  le  volsluage  des  grandes 
villes. 

Des  confins  de  la  Perse  occidenlale  aux  bords  de  la  McditerraneCi 
I'auteur  trouve  partout,  cbez  les  anciens,  une  population  uiiltor- 
memeut  rcpandue.  11  n'en  exisla  jamais  peul-elce  d'aussi  com- 
pacte  4ansune  semldable  etenduedepays.Le,8  deux.Armenies^laMc- 


sopolaniie,  la  Chaldee,  une  grandeparlie  de  laSyrie,  la  Gappadocc 
ct  presque  toute  PAsie  Mineure ,  renfermaient  une  foulc  de  villes 
vastes  ct  opulentes.  Beaucoup  de  cites,  lelles  que  liabylone,  Suze, 
Seleusle  ,  Antioche  ,  Ephese ,  Damas  ct  autres ,  rivalisalent  dc 
splendeur,  pour  aliisi  dire,  avec  Rome  elle-ineme,  parvcnue  aii 
plus  haut  point  de  sa  grandeur.  Aujourd'liui  ces  menies  contrecs 
offrent  a  peine  une  seule  cite  d'une  etendue  un  peu  considerable. 

L'auteur,  passant  d'Asie  en  Afrique,  trouve  que  la  depopulation 
de  cette  dernlere  n'esl  pas  moins  sensible.  On  doitpenser,  dil- 
II,  et  avec  beaucoup  de  probabllite ,  que  I'anclenne  Egypte  etall 
plus  peuplee  qu'aucun  autre  pays  de  nieme  etendue.  Herodote  parle 
de  vlngt  mllle  cites  :  c'est  sans  doute  une  exageration  ;  mais  on 
est  fonde  a  troire  que  sous  les  Ptolemees,  I'Egypte  avail  cinq  fois 
autant  d'habilans  que  de  nos  jours.  L'ElliIopic,  qui  n'offre  plus 
aujourd'liui  qu'une  mullilude  de  bordes,  parait  avoir  ete  jadis  fort 
avancee  en  civilisation.  Ce  qu'on  peut  affirmer,  c'est  que  toute  la 
cote  septentrionale  d'Afrique,  de  Tistbrne  de  Suez  au  delroit  de 
(ilbraltar,  formaltune  partie  de  Tanclen  monde  civilise.  Au  temps 
de  la  Irolslenie  guerre  punique,  Cartbage  avail  7,000,000  babitans. 

Le  reste  de  la  cote  nord  de  1' Afrique,  y  compris  la  Mau- 
ritanle  sur  I'Atlantlque,  la  Numidie,  la  Libye  ,  etc.,  renfermall 
un  grand  n ombre  de  nations  riclies  et  puissantes. 

A  regard  de  I'Europe,  M.  Merritt  trouve  que  la  population  a 
augmente  dans  les  temps  modernes.  La  Suede,  le  Danemarck  et 
la  Norwege,  ainsi  que  la  Russle  et  la  Pologne,  comprenant  I'an- 
clenne  Scandlnavie ,  la  Scytbie,  la  Sarmalie,  I'Esclavonie ,  etc., 
sont  sans  doute  des  pays  inieux  peuples  aujourdbul,  qu'ils  ne 
retalent  jadis.  La  grande  force  de  I'argument  en  faveur  des  mo- 
dernes s'appuie  sur  les  progres  etonnans  que  les  nations  repandue.<; 
dans  les  regions  moyennes  de  I'Europe  ont  fails  dans  les  Irois 
derniers  siecles,  telles  que  la  Grande-Brelagne ,  la  France,  la 
HoUande  et  I'AUemagne.  Cependant  la  difference  n'est  pas  aussi 
considerable  qu  on  le  suppose,  par  rapport  a  la  Grande-Brelagne. 


C^sar,  en  parlant  des  provinces  maritimcs  de  cetle  contree,  qui 
n'en  etait  proLableincnl  pas  la  parllc  la  plus  pciiplec ,  sexpriuie 
ainsi  :  Hominutn  est  infinila  muliiludi) ,  pecorls  miignus  numerus.  All 
reste,  on  pent  adniellre  que  Ics  lies  JJrltaniiiqiics  contlennent  a 
present  trois  fois  aulanl  de  monde  qu'au  moment  de  linvaslon  des 
Romains. 

Pour  ce  qui  concerne  parliculierement  la  France,  la  balance 
n'est  pas  si  facile  a  determiner.  Cesar,  dit-  on  ,  dans  le  cours  de 
ses  guerres,  ne  delrulsit  pas  moins  de  deux  millions  de  (xaulois. 
Le  nieme  conqucrant ,  en  parlant  de  I'Helvelie,  une  des  conlrees 
Ics  plus  steriles  de  Fancicnne  Gaulc ,  dit  expressement  que  la  na- 
tion se  deleniiina  a  faire  la  guerre,  parce  que  son  territoire  n'etait 
plus  assez  grand  pour  le  nombre  de  ses  habilans ,  pro  multlliuUne 
hominum.  augustas  fines  habere  arbitrabantur. 

Les  provinces  meridionales  de  la  Gaule  ,  suivant  Pline  ,  egalaient 
en  ricliesse  les  etats  d  Italic.  De  ces  remarques,  I'auleur  croltpou- 
voir  in  fere  r  que  la  suptiriorite  de  la  France  inoderne ,  en  compa- 
raison  de  son  etal  anclen ,  n'est  plus  aussi  considerable  que  Tout  ,. 
suppose  quelques  persomies.  Quant  a  la  Germanic ,  la  superiorite 
est  beaucoup  plus  sensible,  s'il  faul  en  croire  lacite.  11  dit  positi- 
vement  quo  cette  contree  etait,  en  general,  couverte  de  forets  et 
de  marais. 

Ainsi,  a  tout  prendre,  la  Germanic  est  dc  loutes  les  parlies  de 
I'ancien  monde  cclle  qui  a  le  plus  gagne  en  populalion.  Mais  a  \€- 
gard  du  midi  de  I'Europe,  M.  Merrilt  pense  que  la  superiorite  est 
loutc  en  faveur<le  lantiquite.  On  ne  peul  guere  douter,  ajoiitc-t-il, 
que  lEspagne  et  le  Portugal  lie  soient  beaucoup  declius  de  leur 
ancien  elal.  Du  temps  de  V  espasien ,  Pline  compte  3Go  villcs 
en  Espagne  qui  pour  la  plupart  semblent  avoir  une  etendue  con- 
siderable. L'llalie,  a  la  premiere  vue,  parait  presenter  Ics  plus 
grandes  farllites  pour  ela'Llir  la  couq)araison  ;  elie  est  cepemlanl 
Ja  contree  de  I'Europe  qui  offre  le  plus  de  difficulte  a  eel  egard. 
Suivant  les  autonrs  modernes,  lancienqe  Rome  contenail  qualrc 


5 

millions  d'habitans.  D'autres  en  redulsent  la  population  A  un  million 
(Vames.  M.  Hume  pense  que  celte  villc  etait  aussi  peuplee  que 
Londres ,  calcul  qui  parait  plutot  au-dessous  qu'au-dessus  de  la 
verite. 

L'ancienne  Grece  se  presenle  a  son  tour.  Que  peut-on  imaginer 
de  plus  deplorable  que  le  contrasle  entre  celte  illustre  nation  et  les 
contreesqu'on  appelle  aujourd'liui  Turquied'Kurope?Maisde  loules 
les  nations  de  laucicn  nioiide  ,  il  n'en  esl  aucune  peut-etre  qui  soit 
tombee  aulant  que  ia  Sicile ,  au-dessous  de  sa  premiere  grandeur.  Sc- 
ion Diogene-Laerce ,  la  seule  ville  d' Ariganle  ne  contenait  pas  moins 
de  800,000  ames,  nombre  qui  n'est  guere  infcrieur  a  la  population 
actuelle  de  toute  I'lle.  Syracuse  possedait  aulant  dliabitans ,  si 
meme  elle  n'en  avait  pas  davanlage  ,  puisqu'elle  passait  pour  la 
plus  grande  de  loutes  les  villes  grecques.  Les  cites  d'un  ordre  infe- 
rieuret  les  villages  etaient  presque  innombrables.  Aujourd'bui  Pa- 
lerme,  la  moderne  capltale  de  la  Sirile,  et  presque  la  seule  ville 
d'une  etendue  considerable  ,  ne  contient  guere  plus  de  100,000 
ames. 

Tel  esl ,  a  cc  qu'il  me  semble,  dit  Tauteur  du  Memoire,  le  ta- 
bleau comparatif  de  I'espece  bumaine  cbez  les  anciens  et  chez  les 
modernes ;  esquisse  imparfaite  il  est  vrai ,  mais  dont  les  trails  dis- 
linctifs  ne  peuvent  echapper  au  jugement  des  lecteurs.  II  resulte  de 
cet  examen  ,  ajoute  en  lerminant  M.  Merrilt,  que  des  trois  grandes 
parties  de  I'ancien  monde,  deux  au  moins,  I'Afrique  et  I'Asie,  ont 
eprouve  une  diminution  sensible  dans  leur  population  ,  depuis 
I'ere  vulgaire. 


Narative  of  a  Journey  from  Constantinople  to  England, 

Relation  d'un  voyage  tie  Constantinople  en  Angletcrre ,  par  Ic  reverend 
docteur   Jt^ahfi  ,    un  I'o/.  /V(-8°.  Lundres  ,    1828. 

Dansun  temps  oil  Ics  regards  de  I'Europe  soul  fixes  sur  reinpire 
ottoman  ,  le  public  iie  peut  manquer  d'accueiUir  favorablement  la 
relation  d'un  voyageur  qui  a  tout  recemment  parcouru  cet  empire. 
Les  details  dans  lesquels  I'auleur  enlre  sur  le  theatre  de  la  guerre 
actuelie  entre  les  Russes  ct  les  Turcs  ont  paru  lellement  interes- 
sans  ,  que  les  journaux  lilleraires  ont  dii  rivaliser  d'empressement 
pour  faire  connaitre  cet  ouvrage  a  leurs  abonues.  Cetto  circons- 
tance  explique  naturellement  I'insertion  presquc  simultance  d'un 
article  sur  cette  relation  dans  notre  Bulletin  et  dans  d'autres  re- 
cueils  periodiques,  quelqu'cmpressement  que  nous  ayons  d'ailleurs 
mis  a  le  faire  connaitre  a  nos  lecteurs. 

Le  docteur  \A  alsh,  depuis  1821,  a  reside  qneltpiesannees  a  Cons- 
tantinople en  qualile  dc  chapelain  de  Tanibassade,  a  la  suite  de  lord 
Strangford ;  linleret  de  sa  relation  est  dii  a  la  description  de  la  parlie 
de  son  voyage  qui  s'elend  de  Constantinople  au  Danube.  L'auleur  a 
suivi  lameme  route  qui  parait  devoir  ^Ire  celle  de  la  grande  armee 
russe  dans  §a  marche  actuelie  vers  cette  capitale.  Passant  par  liour- 
ghaz  et  Kirk-kelice  (les  quarante  cgliscs),  en  Ronielie  ,  apres 
avoir  iVanclii  la  chalne  desmouts  IJalkans  ,  il  descenditpar  Choumla 
el  Rouslchiouk ,  en  Jiulgarie  ,  vers  le  Danube.  Parveini  au-dela  de 
ce  lleuve ,  il  retourna  en  Anglelerre  en  traversant  la  Yalaclile  ,  les 
monls  Carpathians,  la  Transvlvanie ,  la  llougrie  ,  TAulriche  , 
TzVllemagne  et  les  Pays-lias. 

Entre  autres  particularites  de  sa  relation  ,  le  docteur  AA  alsh  rap- 
pelie  que  c'cstpar  des  aqueducs  que  Constantinople  revolt  I'eau  des 
montagnes  environnanles.  On  Irouve  aussi  dans  les  diffiirens  quar- 
tiers  de  cette  capitale  d'innnenses  reservoirs  qui  furent  creuses  par 
ordrc  des  empereurs  grecs  ;  mais  aujourd  hul  ces  citernes  sont 
toutes  en  mines,  a  Texception  dune  seule  «jui  est ,  dil-on,  assez  vaste 


7 
pour  fournlr  pendant  soixante  jours  de  I'eau  h  sept  cent  mille  habi- 
tans.  Cette  derniere,  malgrelaterre  qui  I'encombre,  est  encore  d'uiie 
grande  profondeur.  EUe  estsurmontee  d'un  toit  que  soutiennent  792 
colonnes  de  marbre.  Ce  reservoir  est  mahitenant  a  sec,  des  tor- 
deurs  de  sole  en  ont  pris  possession,  et  travaillent  au  fond  dans  une 
obscurite  presque  complete. 

«  Outre  ce  reservoir,  dit  le  docteur  Walsh,  il  y  en  a  un  autre 
»  que  Clarke  chercha  en  vain  ,  et  il  suppose  que  Gillius  (  Pierre 
»  Gille)  en  le  decrivant ,  I'aura  confondu  avec  le  precedent;  ce- 
»  pendant,  continue  noire  voyageur  ,  ayant  eu  plus  de  temps  et 
»  plus  d'occasions  favorables  que  Clarke,  je  le  dccouvris  acclden- 
»  tellement  apres  une  longue  recherche  ,  el  je  le  trouval  conforme 
»  a  la  description  donnee  par  Gillius.  Etant  entres  dans  une  maison 
»  particuliere  ,  nous  descendimes  une  longue  rampe  d'escalier  ,  et 
»  nous  nous  trouvames  sur  les  bords  dun  lac  soulerrain  qui  s'eten- 
»  dait  sous  plusieurs  rues.  I^e  toit  etait  voute  et  soulenu  par  336 
»  magnifiques  colonnes  de  marbre  :  I'eau  passail  de  la  dans  les  rues 
»  par  une  multitude  de  tuyaux  ,  et  les  babitans  ,  comme  I'observe 
»  Pierre  Giiles  ,  ignoraicnt  d'ou  cette  eau  provenait.  Le  Ture  qui 
»  nous  y  donna  acces  a  travers  sa  maison  I'appelait  y^ri?  liotan  sara'i 
j>  (  le  palais  souterrain),  et  disail  que  les  voisins  ,  dont  lesmaisons 
»  etaient  aussi  billies  au-dessus  ,  n'en  avaient  pas  la  moindre  idee. 
»  11  faut  convenir  que  d'apres  Taspect  de  velusle  des  murs,  il  sem- 
«  blait  probable  que  cette  cilerne  n'avait  ete  ni  visitee  ,  ni  reparee 
M  depuis  I'enlrde  des  Turcs  a  Constantinople  (i).  » 

Le  docteur  Walsh  donne  aussi  des  details  fort  interessans  sur 
les  Juifs  de  Constantinople:  ce  sont,  dil-il,  les  descendans  de 
ceux  qui  furent  expulses  dVEspagne  sous  Ferdinand  et  Isabelle.  Us 
forment  une  communaute  de  5o,ooo  personnes,  et  ils  habitent  un 


(i)  Voyez  sur  ces  reservoirs,  et  ge'nc'ralemenl  sur  tout  le  sysleme  des  eaux 
qui  abreuvenl  Constantinople,  I'ouvrage  imporlant  que  vient  de  publier 
M,  le  comic  Andre'ossy ,  intitule  Constantinople  et  le  Bosphorc  tie  Thrace^ 


8 
grand  quarlier  (  Jialata  ),  sur  Ic  cole  Aa  poil  oppose  a  celui  dcs 
Grecs  ( Ic  Fanal).  Ces  .Fulfs  soul  traitcs  par  les  Turcs  avec  une 
bienvelllance  loute  specialc;  ces  derniers  les  designeul  non  couime 
des  csf.lanes  ou  dcs  sujcis,  niais  comine  des  vislleurs  {mufofir). 
lis  conservent  la  plupart  de  Icurs  traits  dislinclifs,  el  out  uii  Ian- 
gage  parllculier.  lis  sont  en  general  fanatiques,  el  poursuivent  a 
entrance  ceux  de  Icurs  coreligionnaires  qui  aposlasioul. 

Notre  voyageur  en  parlaul  du  sultan  regnant,  dont  il  iuiportc 
de  connaiire  le  caractere  dans  la  crise  acluelle  de  la  Turquie  ,  le 
represcnte  comme  un  prince  plein  d'energie,  incapable  dc  repos 
et  ressemblanl  en  plusieurs  points  a  Pierrc-le-Grand ;  menie 
promptitude  dans  ses  entreprises ,  meme  vigueur  dans  la  poursuile 
et  memo  inllexibilite  dans  1' execution  de  ses  projcls.  Comme 
Pierre  ,  il  trouva  qu'il  ne  lui  etait  plus  possible  dc  tolerer  la  domi- 
nation de  sa  garde  prelorienne ,  et  de  meme  que  Pierre  se  debar- 
rassa  de  ses  Strelitz,  Mahmoud  prit  le  parti  de  se  defaire  de  ses 
Janissaires. 

Sans  etre  jeune  ,  ajoute  le  docteur  Walsh  (i)  ,  il  est  encore  dans 
la  force  de  I'^ge,  et  se  Irouve  etre  le  dernier  prince  de  la  race  ot- 
tomane  en  ,^tat  de  regner;  c'est  a  cette  circonslance  qu'il  doit  <le 
n'avoir  pas  etc  delrone  par  les  Janissaires.  Ce  sultan  est  verse  dans 
la  lilterature  orientale,  et  moins  imbu  de  prejuges  que  ne  le  sont 
ordinairement  les  princes  turcs.  11  n'esl  ni  morose  ni  cruel  dans 
sa  famille  ,  il  a  plusieurs  fiUes  de  differentes  meres  ,  el  il  leur  temoi- 
gne  a  toules  le  plus  tendrc  atlachcmcnt.  Dans  sa  vie  privee  ,  il  se 
monlre  affable  et  plein  d'urbanite ;  sil  est  severe  et  quelquefois  cruel 
envers  ses  propres  sujets,  les  personnes  appartenanl  k  d'autres  na- 
tions, ont  toujours  trouve  chez  lui  une  protection  inviolable. 

Donnons  mainlenani  un  apergu  dc  la  roule  parcourue  par  noire 
voyageur. 

Depuis  IJourghaz  jusqu'a  la  chatne  du  lialkan  ,  ou  pen  s"en  faut , 

(i)  Sultan  Mahmoud  est  n<i  le  20  jiiill(-t  1785.    N.  du  U. 


9 
qui  termine  la  Romelle ,  le  pays  n'offre  qu'urie  plaiiie  ,  oil  a  peine 
on  decouvre  un  arbre,  el  dans  quelques  endroits  des  habitans.  Le 
Balkan  commence  a  i4o  milJes  (anglais)  environ  de  Constanti- 
nople ;  la  gorge  des  plus  liautes  montagnes  est  un  ravin  ou  coule 
un  petit  ruisseau.  Ici  la  route  est  exiremement  difficile  et  dange- 
reuse.  Ce  chemin  creux  est  peut-etre  un  des  sites  les  plus  piltores- 
ques  de  I'Europe  ,  les  cotes  en  sont  a  pic  et  s'elevent  a  une  bauteur 
prodigieuse  ,  ils  sont  converts  de  bois  de  la  base  au  sonnnet ,  c'est 
a  peine  si  on  entrevoit  le  ciel  a  travers  I'espace  qui  les  separe  ;  les 
ponts  jetes  surces  abimes  sont  fragiles,  et  noire  voyageur  manqua 
de  perir,  par  la  rupture  de  Tune  de  ces  freles  conslruclions  ,  c'est 
apres  avoir  franchi  ces  monls  qu'il  se  Irouva  en  Jiulgarie. 

Cette  province  s'etend  aujourd'bui  des  bouches  du  Danube  le 
long  de  ce  fleuve,  jusqu'a  sa  jonction  avec  le  Timosk,  au-dessus 
de  AViddin.  Sa  longueur  est  d'environ  35o  milles  ,  et  sa  largeur 
<ic  4-0  a  5o.  Les  babilans  se  sont  etendus  bien  au-dela  de  ces  limi- 
tes  de  convention ,  ils  ont  peneire  par  degres  a  travers  la  chame 
des  montagnes,  et  ils  occupent  presqu'exclusivement  un  canton 
considerable  de  la  Romelie ,  ou  ils  remplissent  le  vide  qui  s'est 
fait  dans  la  population. 

Le  peuple  de  ce  pays  a  perdu  entierement  le  caractere  belli- 
queux  qui  distinguait  ses  ancetres.  La  nation  en  masse  semble  avoir 
adople  la  vie  pastorale  ,  ils  vivent  en  petiles  bandes,  formant  des 
groupes  de  maisons  sans  regularitc ,  et  qui  ne  meritent  point  le 
nom  de  villes.  Ils  en  ont  cependanl  quelques-unes  oii  ils  se  livrent 
au  commerce,  et  oul'on  trouve  des  manufactures.  Selymnia,  ville 
siir  la  pente  meridionale  du  Balkan,  contient  environ  20,000  ba- 
bitans  ,  presque  tous  Bulgares;  ces  derniers  y  fabriquent  divers  ar- 
ticles tres-rechercbes  en  i'urquie  ,  par  exemple ,  une  e toff c  com- 
mune en  laine,  et  des  canons  de  fusil  carabines  tres-estimes  chez 
les  Turcs. 

Ce  qui  a  plus  de  rapport  avec  leurs  babitudes  rurales,  c  est  la 
j)reparation  de  I'buile  essenlielle  de  rose,  appelec  air  ou  alar  de 


lO 

rose  (i).  Des terrains  considerables,  dans  Ics environs deSelymnIa  , 
sont  disposes  en  jardins  pour  ces  objets;  et  la  multitude  des  rosiers 
est  un  des  Iraits  dislinctiG>  de  cetle  belle  conlrec.  C'est  a  ces  simples 
pavsans  qu'on  doil  Ic  parfum  Ic  plus  cxquis  el  le  plus  precicux  qui 
existe. 

«  De  Ions  les  gens  de  campagne  que  j'ai  jamais  rencontrds , 
ajoute  le  docteur  %'N  alsh,  les  Bulgares  sont  les  plus  simples, 
les  pins  bienveillans  et  les  plus  prevenans.  lis  forment  un  con- 
traste  frappant  avec  les  Turcs ,  meles  parmi  eux.  Nous  rencon- 
trions  souvenl  sur  la  route  des  groupes  des  uns  et  des  autres,  tou- 
jours  separes ,  mais  employes  aux  memes  travaux.  Les  Furcs  se  re- 
connaissalent  a  lenrs  turbans,  aux  armes  qu'ils  portaicnt,  et  plus 
encore  a  leur  air  dur  et  dedaigneux.  Jamais  ils  ne  detournaieut 
leurs  buffles  ou  leurs  arabas  (  chariots  )  du  cbemin  ou  nous  de- 
vions  passer.  Loin  de  nous  temoigner  la  molndre  polilessc,  lis 
se  plalsalent  au  contraire  a  nous  causer  des  embarras ,  en  nous 

>  rejetant  au  milieu  des  arbres  et  des  bulssons.  Si  nous  en  abor- 
dions  quelques-uns,  pour  obtenir  du  lail  ou  de  I'eau,  nous  rls- 

)  qulons  d'etre  accuelllls  a  coups  de  poignard  ou  de  fusil.  Les 
Bulgares  se  reconnalssenl  a  leurs  bonnets  de  peau  de  mouton 

•  noirs,  a  leurs  vestes  d'etoffe  de  laine  de  meme  couleur,  fabrl- 
quees  par  leurs  femnies,  et  h  leur  pantalon  blanc.  Leur  cliaussure 
consiste  en  espece  de  sandales  attachees  avec  des  courroies  au- 
dessus  du  pied.  Les  Bulgares  ne  porlalent  point  d'armes  offen- 

>  sives  ;  mals  ce  qui  les  distlnguait  encore  mieux,  c'elait  leur  con- 
tenancc,  c'elait  leur  manlere  d'aglr.  La  premiere  est  ouverte, 

>  franclie,  blenvelllanle;  la  scronde  est  si  affectueuse  et  si  cor- 
diale ,  quo  tous  ceux  que  nous  rencontrions  semblalent  nous  ac 
cueilllr  commodes  amis.  Leurs  buffles  se  Irouvaient-ils  sur  notre 

>  passage,  ils  s'empressalent  de  les  en  detourner ;  eprouvlons-nous 

>  des  embarras  dans  notre  marche  ,  ils  redoublalont  aussilot  d'at- 

(i)  ^^/ar  mot  arabe  ;  en  turc  ^^ -^.^  gulVaghi  (hiiiln  de  rose)  N.  du  R. 


1 1 


»  tentlon,  pour  nous  prouver  que  ce  n'elait  pas  leur  iaule.  Leurs 
»  habitations  nous  etaient  toujours  ouvertes;  et  notic  presence 
»  etalt  presque  pour  eux  une  fele  de  famille.  La  retribution  que 
»  nous  leur  ilonnions  n'en  meritait  pas  le  nom  ;  el  si  nous  ne 
»  I'avions  pas  offcrte,  je  suis  dispose  a  croire  qu'on  n'aurait  rlcn 
»  demandc.  » 

En  1810,  le  principal  corps  de  I'arniee  russe  penetra  jusqu'a 
Chouinla ,  au  centre  de  la  province.  Les  Cosaques  avaient  traverse 
le  Balkan ,  et  s'etaient  montres  aux  portes  de  Bourgliaz,  a  80  mlUes 
de  Constantinople.  Cependanl  Choumla  fut  le  terme  de  Tinva- 
«ion  russe.  Quant  a  leur  chance  de  succes  aujourd'hui ,  voici  quelle 
est  lopinion  du  docteur  \'\  alsh  : 

"  Si  les  Russes  parviennent  a  forcer  la  barriere  artificielle  que 
leur  offre  Choumla,  ils  en  rencontrerontunenaturelle  bien  plus  for- 
midable :  ce  soiit  les  montagnes  du  Balkan.  Cinq  defiles  donnent 
acces  a  ce  niajestueux  renipart ,  eleve  par  la  nature.  L'uu  de  ces 
defiles  va  de  Sophia  a  Tatar- Bazardjik;  deux  de  I'eniova  par 
Keizanlik  et  Selpnnia,  et  deux  de  Choumla,  par  Caniabat  et 
Ha  Yd  OS. 

»  Les  trois  premiers  conduisent  a  Andrinople,  les  deux  derniers 
direclement  a  Constantinople.  Les  chemins  par  Ternova  sont  les 
plus  difficiles,  parce  qu'ils  passent  sur  les  sommites  les  plus  elevees 
et  les  plus  inaccessibles  de  la  chatne.  La  passe  de  Haidos  est  la  plus 
frequentee ,  les  ravins  y  offrant  pour  monler  plus  de  facilite  qu'ail- 
leurs, 

»  Cependant  aucune  de  ces  gorges  ne  paratt  impralicable  pour  les 
spahis ,  qui  sont  une  espece  de  cavalerie  feodale  turque ,  possedant 
des  fiefs  heredltaires,  a  condition  de  se  metfre  en  campagne  lors- 
qu'ils  en  sont  requis.  Quelques  -  uns  de  ces  corps,  par  leur  impe- 
tuosile  sans  freln  ,  sont  appeles  delis  (fous).  L'audace  de  leurs  en- 
Ireprises  justifie  ce  nom.  Une  semblable  cavalerie ,  dans  les  passes 
du  Balkan  ,  doit  opposer  une  resistance  formidable  aux  troupes  les 
plus  braves  et  les  mieux  disciplinees;  el  nul  doule  que  les  Russes 


I  a 

n'en  fassent  I'epreuve  s'ils  foul  jamais  une  tentative  conlre  cette 
barriere. 

>)  La  saison  sera  aussi  pour  eux  un  ol)stac!e ,  ici  la  seule  epoque 
(le  Tannee  favorable,  aux  operations  niililaires  est  le  printemps  : 
le  pays  est  alors  exlrcniemeut  beau  el  sain  ,  les  sources  et  les  ri- 
vieres (lonnenl  cks  eaux  douces  el  agreables  a  boire  ,  I'bcrbe  et  le 
fourrage  sont  abontlans ,  I'air  est  leger  et  salubre  ;  mais  a  inesure 
que  Tete  avance  ,  ies  rivieres  tarissent ,  les  vegetaux  disparaissent, 
il  ne  reslc  qu'un  sol  aride  ct  brAlant ,  dessecbe  le  jour  par  I'ardeur 
du  soleil  ,  et  dangereux  la  nuit  par  les  rosees  froides  et  abondantes. 
Toute  armce  ancicnne  ou  moderne  qui  a  tenu  la  cainpagne  en 
liulgarie  dans  celte  saison  ,  a  eprouve  ccs  pernicieux  effets  du  cli- 
inat.  Passer  la  chaine  des  monts  en  biver  avec  une  armee  ,  est  une 
entreprise  encore  plus  difficile.  Les  marais  combles  par  la  pluie  et 
liors  delal  de  supporter  le  poids  des  cbariots  ou  de  rartillerie  ,  les 
ravins  remplis  par  la  neige  ou  par  Teau  des  lorrens  qui  descen- 
dent  des  montagnes ,  et  qu'on  ne  pent  francliir  que  sur  des  ponls 
de  bois  cbancelans  qui  menacent  ruine  ;  les  nombreux  defiles  qu'une 
poignee  dhomnics  peut  defcndre  contre  toulc  une  armee  ,  ct  qui 
sont  aulani  de  forleresses  naturelles  derriere  lesquelles  les  Tiircs 
conibaflent  avec  tanl  d'energie  et  d'opiniatrete  ;  les  villages  epars 
qui  n'offrent  ni  abris  ,  ni  renforts ,  tout  cela  presente  des  obstacles 
que  les  Russes  n'ignorent  point.  Dans  leur  derniere  campagne  ,  ils 
eiaient  en  possession  de  lout  le  pays  depuis  les  monts  Balkan  jus- 
qu'au  Danube,  a  I'exceplion  de  Varna  ,  INissa  et  Chounila  oii  les 
Turcs  s'ctaient  renfermes.  Les  Russes  avaieiit  prcs  de  cent  milie 
hommes  completement  equipes  ,  dans  la  plaiiie  au-dessous  ,  a  I'en- 
Iree  des  defiles  au  pied  meme  de  la  monlagne  ,  et  cependant  ils 
n'entreprirent  jamais  de  la  gravir,  al'exception  de  quelques  Cosa- 
ques maraudeurs  qui  francbirent ,  il  est  vrai ,  la  chatne  ,  mais  qui 
lie  tarderenl  pas  a  rebrousser  cbemin.  » 

Les  Turcs  semblent  n'avoir  auciuie  apprebensiou  de  cc  cote  pour 
leur  capitale.  Se  fianl  a  la  force  naturelle  du  Balkan  ,  ils  n'onl  for- 


tifie  aucun  des  passages  ,  et  noire  voyageur  nc  se  rappellc  pas  avoir 
vu  line  seule  forteresse  depuis  Choumla  jusqu'a  ConstanliiioplCi 
Leur  plus  grande  cralnle  est  que  rinvaslon  ne  se  fasse  par  nier  ; 
et  dans  celte  persuasion  ,  ils  out  forlifie  non-seulement  les  Darda- 
nelles, mais  le  Bosphore  dont  les  rives  ressemblent  a  une  for- 
teresse continuee  de  la  mer  de  Marmara  a  la  mer  Noire. 

En  1821  ,  lorsqu'on  craignait  une  rupture  avec  la  Russie  ,  tous 
les  cMteaux  furent  repares  ,  et  de  nouvelles  batteries  erigees  sur 
chaque  poinfe  de  terre  donnant  sur  le  canal,  de  maniere  a  offrir 
une  opposition  redoutable  a  toute  approclie  par  mer.  Mais  nean- 
moins  ces  batteries  attaquccs  par  terre  ne  seraient  pas  tenables. 
Les  hauteurs  derriere  les  rives  du  Uosphore  les  dominent  parlout, 
et  si  on  effectuait  le  debarquement  plus  liaut  ,  de  fa^on  a  les  tour- 
ner,  ce  qu'on  disait  etre  alors  le  projet  des  Russes,  elles  seraient 
de  suite  abandonnces. 

Ce  qui  frappe  le  plus  un  voyageur  en  Turqule  ,  c'est  la  depopu- 
lation ;  cette  deniiere  se  fait  moins  remarquer  dans  ies  grandes  villes 
que  sur  les  auircs  poiuls  de  I'empire  ,  quoique  Constantinople  ait 
perdu  plus  de  la  moitle  de  sa  population  depuis  une  vingtalue  d'an- 
nees.  On  volt  a  chaque  pas  des  ruines  oii  jadis  existaient  des  villages 
florissans.  D'apres  le  concours  de  diffcrentes  causes  ,  I'espece  hu- 
maine  fait  plus  de  parte  et  se  reparc  moins  en  Turqule  que  dans 
tout  autre  pays.  «  Chaque  jour  la  vie  s'efface  dans  la  plus  belle  partle 
de  1  Europe  ,  et  la  race  humalne  est  menacee  d'extinctlon  sur  un 
sol  et  sous  un  climat  propres  a  contenir  la  population  la  plus 
nombreusc.   » 

Les  habltans  de  la  Moldavie  et  de  la  Valachle,  provinces  entre 
le  Pruth  et  le  Danube  ,  occupees  aujourd'bui  par  les  Russes  ,  ne 
sont  rien  moins  que  belliqueux.  Leur  constitution  physique  est 
faible,  et  leurs  qualites  morales  sont  modiliees  par  ce  meme  tempera- 
ment. De  grands  crimes  sont  inconnus  chez  des  hommes  qui  n'ont 
pas  asse2  d'audace  pour  les  tenter.  Cetle  cause  et  la  rapacite  des 
J  urcs  sont  des  borncs  insurmontables  nu  dt'iveloppement  de  Tin- 


duslric  humainc  ilans  ciHle  i'et  iile  coiiJree.  La  populalioii  <l«»s  (lcii\ 
provinces  est  ^valucc  h  un  niillioii  ot  denii ,  It-s  payans  ne  suul 
])lus  coimnc  autrefois  allaches  a  la  glebe  ;  ils  pcuveiit  allcr  oii  il 
leur  plait;  iij  sout  seiileiuenl  souniis  a  une  taxe  par  tete.  La  graiule 
masse  tlu  peuple  csl  illelriie  ou  plongee  clans  lignorance. 

La  base  dn  langage  de  ces  principautes  et  des  pays  voisins  est 
le  laliii  quon  parle  en  general,  et  avec  une  cerlaine  purete  ro- 
maiiie  en  1  ransylvanie.  A  larrivee  du  docteur  W  alsli  a  Hermans- 
tadt  ,  11  vit  avec  surprise  que  le  latin  etait  la  langue  ordinaire  dci 
peuple,  non  pas  un  jargon  comuie  en  \  alachie,  mais  bien  lidioine 
quon  enscigue  et  quon  parle  dans  les  colleges  ,  et  lei  quon  le  pro- 
nonce  en  Irlande  :  ces  dorniers  mots  du  docteur  A\  alsli  portent  a 
croire  qu'il  est  Irlandais. 

«  Je  fus  (iveille ,  dit-il ,  par  un  homme  qui  vInt  avec  une  lanterne 
»  dans  ma  chambre  ,  avant  qu'ii  fill  jour  ;  il  tenait  a  la  main  un 
»  verre  ,  etdit  forldistinctement :  V isne  schnaps ,  domlne?  Charm  j 
»  d'enlendre  dans  I'auberge  une  langue  que  jc  pouvais  conipren- 
»  dre  ,  je  lui  dis  :  Quid  est  srhnaps  ?  Mon  homme  allongea  le  doigl 
»  comnie  pour  demonirer  une  proposition  ,  et  repondit :  Schnaps, 
»  domine ,  est  ea  res  maxime  necessaria  omnibus  liominihus  omni  tem- 
»  pore.  Content  de  sa  definition  ,  je  ne  lui  demandai  pas  daulrc 
»  preuve  ,  mais  je  m'amusai  beaucoup  de  Tidee  que  le  valel dune 
«  auberge  obscure  parl^t  fort  distinctement  le  latin  ,  qu'il  m'assura 
«  devoir  etrc  la  langue  ordinaire  de  lamaison.   » 

Eu  Transylvanic  notre  voyageur  fut  tres-frappe  a  la  vue  des 
colonies  saxones  qui  sy  sonl  elablies,  et  y  forment  une  eptarchie; 
elles  descendenl  de  ces  families  qui  furent  expulsees  de  Saxe  ,  dans 
les  premiers  temps  de  la  reformation.  On  leur  permit  de  s'etabllr 
en  Transylvanic  ,  pour  servir  de  barriere  contre  les  Turcs  ,  dont 
ils  ont  courageusement  repousse  les  altaques.  Ces  Saxons  ont  con- 
serve leur  ancien  caractere  ,  et  ils  different  pen  des  premiers  re- 
formateurs  par  leur  air  ,  leurs  manieres  et  leur  habillement ;  leur 
contenance  est  grave,  leur  physionomie  serieuseet  rellechie  :  ils  ont 


en  general  le  nez  aquiliu  ;  leurs  mouslachcs  noires  Icur  donnenl  une 
figure  severe  et  sombre  ;  ils  sont  grands  et  robustes  ;  tout  leur 
maintlen  presente  un  certain  air  de  fierte  et  d'independance  ;  ils 
portent  de  grands  chapeaux  ronds  en  feutre  ,  de  dessous  Icsquels 
leurs  longs  cheveux  tombent  llbrement  sur  leur  visage  et  leurs  epau- 
les  ;  des  habits  courts  et  largcs  ,  des  liauls-dc-cbausses  a  la  maniere 
de  leurs  ancelres,  leur  donnent  une  resseniblance  parfaile  avec  ces 
gravures  en  bois  ,  representees  dans  les  bisloircs  des  premiers  re- 
formateurs.  Ces  colons  sont  de  la  religion  de  Calvin  ;  mais  une 
chose  digne  de  remarque  ,  c'est  que  ces  reformes  se  trouvent  me- 
Ics  a  plus  de  centmille  catholiques  romains,  et  qu'ils  vivent  ensem- 
ble dans  Taccord  le  plus  parfait. 

Nous  regrettons  que  les  bornes  circonscrites  de  ce  Bulletin  ne 
nous  permetlent  point  de  faire  connaitre  une  foule  de  details  cu- 
rieux  repandus  dans  le  reste  de  cette  relation  ,  telle  que  la  mort 
d'Ali  ,  pacha  de  Janina,  et  la  biographic  des  princes  grecs  du 
Fanal  ,  parmi  lesquels  la  Porte  choisissait ,  avant  1821  ,  ses  pre- 
miers drogmans,  et  les  hospodars  de  Valachic  et  de  Moldavie.  En 
general  le  voyage  du  docleur  Walsh  ,  par  la  maniere  dont  il  est 
ecrit ,  el  par  la  nouveaute  des  fails  qu'il  contient ,  nous  parait  dans  la 
circonstance  presente  de  nature  a  fixer  Taltenlion  du  public. 


RF.MARQUES   GEOGRAPHIQL'ES 

Sur  les  parties  inferieures  du  rours  tlu  Senegal et  de  celui  de  hi  Gamhie , 
accompagnees  de  deux  carles  et  d'une  note  sur  les  positions  dc  Tum- 
bouctou  et  de  Sego. 

§  1.  Kemarqiiessurla  carte  du  cours  du  Senegal au-dessous  de  Moussala,  coni- 
prenaut  la  carte  particulierc  du  Ousilo. 

Cest  k  roccasion  de  la  posiliou  geographique  de  I'anclen  foil 
Saint- Joseph  ,  et  de  celle  du  nouveauposte  que  la  France  entrellenl 
dans  le  haut  du  flenve ,  que  j'ai  ete  auiene  a  in'occuper  du  cours  du 
Senegal  ,  pcut-etre  un  peu  trop  neglige  jusqu'ici  par  les  geogra- 
phes.  De  tout  temps  et  sur  toules  les  carles,  on  avail  place  le  tort 
Saint-Joseph  vers  le  12''  degre  de  longitude  a  roccidcnt  de  Paris, 
et  cette  position  paraissail  admise  sans  contestation.  CependanI  plu- 
sieurs  donnees  m'avalcnt  fail  elever  des  doutes  sur  son  exactitude, 
lorsque  des  lellres  de  M.  de  Beaufort  vinrent  confirmer  ces  doutes 
de  la  inaniere  la  plus  frappanlc.  11  ne  s'agissait  pas  d'mie  correction 
de  quelques  minutes  ,  il  ne  s  agissait  de  rien  molns  que  de  reporter 
celle  position  a  pres  de  deux  degres  plus  loin  dans  rouest.  Dun 
autre  col^,  on  avail  des  inlervalles  itlneraires  entre  le  bassin  supe- 
rieur  du  fleuve  et  celui  du  Dhioliba  ,  autrement  des  distances  du 
Senegal  a  Sego  et  du  Senegal  a  Tombouclou  :  ces  lieux  interleurs 
se  trouvaient  ainsi  fixes  a  raisou  de  la  position  assignee  a  Saint- 
Joseph  ou  aux  lieux  voisins  (i).  11  devenait  done  important  de  la 
verifier  el  de  s'assurer  du  merile  des  observations  recentes  ;  deu\ 
moyens  exislaient  pour  le  faire  :  I'un  de  comparer  les  resultats  ob 
tcnus  par  plusicurs  observateurs  successifs ,  et  dans  des  circons 
lances  differentes ;  I'autre  ,  de  comparer  les  ilineraires  entre  cux  el 


(1)  /^q/M  Biilleliii  de  la  Socie'te'de  Ge'ograpliie  ,   n"   17,  page  177. 


»7 
aux  observalions  aslronomiqucs.  En  reunissant  ces  deux  moyens, 
on  approchait  en  quelque  sorte  de  la  cerliludc  ;  cclle  derniere  vole 
est  celle  que  j'ai  essaye  de  suivrc.  M.  de  Beaufort  m'avalt  commu- 
nique, en  1823,  la  position  suivante  pour  Bake! ,  comme  tres-ap- 
proximative  :  long.  O.  de  Paris,  i4°  5o',  resultant  de  son  premier 
voyage.  Comme  la  distance  de  Bakel  a  I'ancien  fort  Saint- Joseph 
est  connue  pour  elre  d'environ  34  milles  geographiques  a  Touest- 
nord-ouest  en  ligne  directe  ,  c'etait  placer  ce  dernier  vers  le  i4°  21' 
de  longitude  ,  au  lieu  de  12  dcgrcs  et  g  a  18  minutes  marques  sur 
les  diffcrentes  cartes.  Pendant  ie  cours  de  son  second  voyage,  M.  de 
Beaufort  m'adressa  la  position  suivante,  resultat  d' observations 
repetees  (i)  :  Bakel,  longit,  O.  i4"  5i'.  Avant  lui,  MM.  Dussault 
et  Dupont,  officiers  de  la  marine  royale  ,  avaient  trouve  :  lalit.  IN. 
14"  S3'  3o",  et  longit.  O.  14"  4^'  4o",  observaiion  qui  parait  la 
plus  exacle  de  toules.  Enfin  M.  Adrien  Partarrieu  ,  etabli  au  Sene- 
gal,  Tun  des  compagnons  de  voyage  du  major  Gray,  m'envoya 
Tobservation  qui  suit:  long.  O.  t4"34'  3o". 

11  parait  difficile  que  quatre  observateurs  independans  les  uns 
des  autres  ,  qui  ont  opere  cinq  fois,  a  des  epoques  tres-differentes  et 
par  des  procedes  divers,  aient  pu  s'accorder  ainsi  sur  la  longitude, 
sans  que  cet  accord  soit  fonde  sur  la  realite ;  autrement ,  ils  se  se- 
raient  tons  Irompes  dans  le  nieme  sens  et  de  la  meme  quantile  ,  ce 
qui  est  bicn  pcu  vraisemblable ;  et ,  ce  qui  Pest  encore  moins,  ils 
se  seraiont  tons  trompes  ega'ement  de  lenorme  quantltc  de  deux 
degres. 

11  est  vrai  qu'Il  fallait  supposer,  dun  autre  cote  ,  une  erreur  egale 
en  sens  contraire  ,  dans  la  construction  des  cartes  exislantes  ;  mais 
Ici  la  difficulle  etait  blen  moindre  d'expliquer  une  telle  difference, 
puisque  la  position  du  fort  Saint-Joseph  n'avait  pas  etc  deferminee 


(i)  JV'spere  avoir  occasion  de  revenir  sur  Its  observalions  de  M.  de  Beau- 
fort, et  le  ilegre  de  confiance  qu'elles  me'rilent. 

2 


i8 
parries  observations,  et  qu'on  I'avait  (^labile  seulemeiitijar  des  jour- 
ndes  de  marche  dont  rcstiinalion  est  arbilralre ,  et  par  des  evalua- 
tions ilineraires  deponrvues  debases  cerlaines.  De  plus,  les  ligiies 
parcourues  par  les  indigenes  et  par  les  anciens  employes  de  la  co- 
lonie  etaient  naturellemenl  et  involontairenient  augnientecs  dans  le 
caicul,  cc  qui  arrive  toujours,  parce  qu'on  ne  peut  lenir  comple  de 
toutes  les  inflexions,  a  nioins  de  proceder  par  des  moyens  geomii- 
triques;  or,  en  suivant  le  cours  du  Senegal,  si  plein  de  sinuosltes, 
ils  devaient  supposer  une  distance  totale  de  Saint-Louis  a  Salnl- 
Joscph  beaucoup  plus  longue  que  la  distance  reelle  ,  meme  en  fai- 
sant  la  reduction  la  plus  forte  sur  la  longueur  des  marches ,  par 
exeniple,  dun  sixicnie  oud'un  cinquieme  (i). 

11  n'esl  pas  douteux  que  c'est  a  des  estimations  de  cette  nature 
qu'il  faut  altribuer  le  trop  grand  intervallc  admis,  avant  et  depuis 
d'Anville,  entre  le  fort  Saint-J  osepli  et  FOcean  ;  ainsi  il  ne  faut  pas 
s'etonner  que  les  observations  celestes  rapportees  ci-dessus  placent 
le  fort  Saint-Joseph  vers  le  i4"  /i  de  longitude  auHcudu  12"  y4 
qu'on  a  admis  jusqu'a  present. 

Le  resultat  qui  precede  est  confirmci  par  des  distances  ilineraires , 
mesurees  recenmient  el  avec  plus  d'exaclitude  que  par  le  passe.  Un 
journal  de  la  roule  de  M.  Reslaut  sur  les  bords  du  Senegal ,  com- 
munique par  M.  le  baron  Roger,  montre  qu'il  y  a  820  milles 
(en  suivant  tous  les  contours  du  fleuve)  depuis  Podor  jusqu'a  Den- 
bakanc  ,  limite  du  pays  de  Fouta-Toro.  Le  premier  de  ces  points 
etant  a  120  milles  de  Saint-Louis,  el  le  second  a  24  miiles  de  l>a- 
kel ,  le  total  est  de  !fo!^.  milles  de  Saint-Louis  a  liakel ,  ou  de  5oo 
milles  jusqu'au  fort  Saint- Joseph.  Si  I'on  comparait  simplement 
cellc  distance  itineraire  a  la  mesure  des  contours  du  Senegal  sur  les 


(1)  «  L'oii  ne  peut  csliiiit^r  IVtendiie  de  son  coursa  nioins  de  la  moitic  en 
sus  de  la  distance  directe  d'un  de  scs  points  a  Pautre  »  (Statistique  de  la  colonic 
du  Se'ne'gal  ,  Aiinal.  Maril.  Septciiilirc  uSay).  Oelle  rcmarque  s'appliqup 
surtoul  acix  grands  inlcrvjllcs. 


'9 

ancicnnes  carles,  non-seulement  elle  ne  Ini  serail  pas  infericurc  , 
mais  elle  la  surpasscrail  uu  pen.  Ce  n'esl  doiic  pas  cctle  coinparai- 
son  qui  confirmerait  le  rapprochemect  de  Bakel  et  de  Tancien  fort 
Saint-Joseph,  du  cote  de  TOcean.  Mais  il  faut  falre  attention  que 
la  route  de  M.  Restaut  entre  dans  !es  plus  petites  sinuosites  du 
fleuve ;  et  les  cartes  existantes  ne  renferment  point,  a  beaucoup 
pres,  le  trace  de  son  cours,  avec  autant  de  noms  de  lieux  et  de  po- 
sitions. Indcpcndammentde  ces  inflexions  extrememenl  multipliecs, 
le  Senegal  se  porle  au  nord  de  Dagana,  d'apres  la  reconnaissance 
de  MM.  Dussaull  et  Dupont,  beaucoup  plus  qu'on  ne  pensait. 

Cetle  derniere  reconnaissance  ayant  servl  au  trace  de  la  carte 
ci-jointe,  pour  la  parlle  comprise  entre  Dagana  et  Moussala,  je 
dois  en  dire  ici  quelques  mots.  Le  general  Blanchot  a  dresse  une 
premiere  carte  du  cours  du  Senegal ,  qui  a  ele  successivement  oom- 
pletce  et  amelioree.  M.  Courlois  et  M.  Chateliux  ,  capitaine  au 
corps  royal  des  ingenleurs  gcographes ,  mort  a  Bakel  victime  du 
climat,  I'ont  d'abord  corrigee;  ensuite  M.  ])ussault  a  fait  des  ob- 
servations de  latitude  et  de  longitude  a  Bakel  et  a  lancien  fort 
Saiiit-Joseph.  A  une  autre  exireniite,  la  position  de  Dagana  (bien 
que  je  ne  connaisse  pas  d'observation  celeste  faite  en  ce  lieu)  etait 
assez  bien  detennince  pour  assujclir  a  ces  trois  points  une  recon- 
naissance du  cours  du  Senegal.  C'est  ce  qu'oiil  fait  MM.  Dussault 
et  Dupont ,  dans  une  carte  de  celte  parlie  du  fleuve ,  dressee  a  I'e- 
cbelle  de  i  pour  35o,ooo  a  pcupres.  11  est  vrai  que  cette  carte  aurait 
besoin  d'une  latitude  vers  le  coude  nord,  etd'une  autre  a  celuidunord- 
esl,  c'est-a-dire,  a  Souekar  et  a  Gaoual;  mais  jusqu'au  moment  oii 
le  gouvemement  ordonnera  la  construction  d'une  carle  topographi- 
que ,  ce  cours  du  Senegal  peut  suffire  pour  les  besoins  de  la  colonic. 
On  salt  que  tous  les  ans  mi  bateau  a  vapeur  conduit  les  employes , 
et  porle  des  marchandlses  de  Saint-Louis  a  Bakel.  Ces  courses  pe- 
riodiqucs  ont  penuis  de  pcrfeclionner  les  details  de  la  parlie  inter- 
medialre  ;  et  le  journal  de  route  de  M.  ResSaut,  de  Podor  h  Den- 
bakane ,   qui  euibrasse  la  plus  grande  partie  de  lintervalle  entre 


20 


Dagana  et  Bakel ,  n'est  pas  la  moins  interessanfc  flc  ccs  <llvcrscs 
reconnaissances.  C'esl  cc  qui  in'a  engage  a  le  pnbiier  I'lt  exleiiso. 
II  renferme  deux  a  Irois  fois  plus  de  positions  que  la  carle  de 
MM.  Dassault  et  Dupont,  et  je  n'ai  pu  les  introduire  dans  une  carte 
dressec  <i  2000000 »  "''''S  elles  lui  serviront  de  complement.  Or, 
les  Sig  milles  l\o  que  M.  Restaut  a  trouves  cntre  Denbakane  et 
Podor  se  Irouvent  a  peu  pres  sur  le  cours  du  (leuve,  lei  que  Pont 
trace  MM.  Dussaull  et  Duponf,  en  s'appuyant  sur  la  position  geo- 
graphique  assignee  par  eux  a  Bakel. 

Avant  de  parler  des  autres  mal^riaux  qui  m'ont  servi,  je  puis  tirer 
de  ce  qui  precede  la  conclusion  suivante  :  que  les  observations  celes- 
tes s'accordent  avec  les  distances  itineraires  pour  ramener  la  posi- 
tion de  I'ancien  fort  Saint-.]  osepli,  vers  les  i4°  12'  de  long.  Oc.  de 
Paris,  au  lieu  dc  12°  9' ,  conime  dans  la  carle  de  d'Anville,  de  12° 
18'  ou  i3'  ,  comme  dans  celles  de  M.  \\  alckenaer  el  de  M.  Lapie  , 
de  12"  i5'  et  16'  comnie  dans  celles  de  Mungo-Park ,  etc.  De 
Beaufort  rapprochc  encore  plus  Bakel  de  la  mer.  Ainsi  toules  les 
observations  et  les  reconnaissances  recentes  tendent  au  nieme  re- 
sultat.  On  pent  en  dire  autant  de  la  position  de  Mouss^la  ,  dont  la 
longitude  a  ete  observee  par  M.  Dussaull  par  14."  3'  '/s ,  et  se  trouve 
parfaltement  concordante  avec  Bakel  el  le  fori  Saiiil-.Toscph.  Tanl 
d'accord  doit  dissipcr,  il  me  seinble,  toule  incerlilude,  el  cest  avec 
raison  que  I'auleur  de  la  Stali^tique  du  Senegal  donne  seulement 
io4  lieues  de  distance  en  ligne  directe  ,  entre  Saint-Louis  el  Bakel, 
ct  107  entre  la  Larre  du  (leuve  el  Bakel.  Ainsi  I'objet  principal  de 
ce  travail  me  parait  atleint,  et  il  est  elabli,  seloa  nioi ,  par  les 
observations  des  officiers  frani-ais  ,  que  Makanna  (  I'ancien  fort 
Sainl-.rosepb)  est  bcaucoup  plus  .i  I'ouesl  que  ne  le  pensaienl  d'An- 
ville  et  lous  ecus  qui  out  public  des  cartes  du  Senegal ;  que  la 
longitude  de  ce  point  est  moins  orieulale  de  2°  4',  ^^*^  dans  la 
carle  de  d'Anville  ,  de  i"  56'  que  dans  celle  de  Mungo-Park,  dc 
plus  de  i"  54'  que  dans  les  carles  les  plus  recentes  et  les  plus  es- 
timees. 


21 


II  serait  raisoiinabic  de  coiiclurc  <le  \h  que  les  vlllcs  ccnlraics  sonl 
aussi  plus  rapprocliecs  <le  TOcean ,  el  que  Icur  posilion  dolt  etre 
changee,  si  ce  ii'est  de  la  iiieme  quantite  ,  du  moins  dans  le  meme 
sens  ;  car  c'est  toujours  a  partir  desderniers  posies  europeens  que 
Ton  a  coniple  les  intervailes  itineraires  ,  communiques  par  les  in- 
digenes, lorsqu  on  a  conslmit  les  cartes  de  cetle  conlrec.  Je  ne 
dissimule  pas  cependant  qu'il  faudrait  un  plus  grand  nombre  d'ob- 
servations  de  longitude  pour  avoir  une  enliere  certitude  sur  la  po- 
sition absolue  du  fort  Saint-Joseph  ;  mais  ,  dans  un  pays  semblable, 
c'est  beaucoup  den  approchcr  a8  ou  lo  minutes  pres  ;  or,  c'csl  le 
plus  grand  ecarl  en  longitude  que  presentent  les  observations  que 
j'ai  rapportees. 

Pour  tracer  le  Senegal  infericur  ,  c'est-a-dire  la  province  du 
Oua!o  qui  commence  a  Dagana  ,  j'ai  eu  des  secours  precieux  que 
je  dois  a  la  complaisance  de  M.  le  baron  Piogcr  :  i"  une  carte- 
reconnaissance  du  pays  de  Oualo  ,  indiquant  la  designation  el 
^'emplacement  des  quarante  etablissemeits  de  culture  ,  existant  h 
I'epoque  de  1824.,  et  divises  en  quatre  cantons,  a  lechelle  de 
7^'^pQ  ;  2"  une  carle  du  pays  de  Oualo  et  du  cours  du  Senegal,  par 
M.  Leprieur  a  j^^-^  environ  ,  encore  plus  detaillee  et  topograpbi- 
que  ;  elle  est  de  1827  ;  3"  une  carle  du  littoral  a  tres-grand  point, 
depuis  la  barre  dufleuve  jusqu'au  Marigot  (ou  bras)  des  iviaringoins, 
avec  une  parlie  des  lies  Bifecbe  et  Bouxar.  Tout  le  delta  du  Se- 
negal s'v  trouve  dessine  plus  completemenl  qu'il  ne  Tavalt  ete  par 
le  passe  ,  cbaque  brancbe  du  fleuve  y  porle  le  nom  qui  lui  appar- 
tient :  la  topographic  du  grand  lac  de  N'ghcr  ,  autrcment  de  Panie- 
Foul ,  long  de  9  lieues  ,  y  est  Iracee  avec  detail ,  ainsi  que  les  li- 
gnes  itineraires  des  reconnaissances.  II  en  est  de  meme  des  villages 
appartenant  aux  Maures  sur  la  rive  droite ,  et  de  la  posilion  des 
escalcs  des  Maures  Darmankous  el  des  IMauies  Trarzas.  J'ai  reduit 
a  —  -•;rT  ce  plan  du  delia  du  Senegal;  c'est  la  meme  echelle  que 
cellc  de  la  carle  d'Egyplc  en  trois  feuilles  ;  on  pourra  done  compa- 
rer ,  a  regard  des  formes  el  des  dimensions ,  cellc  parlie  de  deux 


az 


pays  qui  oiil  d  aillours  d'autres  rapports  ciilrc  oux  pour  I'clat  phy- 
sique, pour  les  productions  ct  pour  les  etros  qui  les  habllcnl  (i). 


(i)  J'ai  pu  comparer  aiissi  a  ces  divers  male'riaux  deux  carles  mantiscrites, 
provenant  de  labibliolheqiie  de  feu  M.  Buache  ,  iogcnieur  hydrographe  du 
de'pot  de  la  marine  ,  etc. ,  principalement  un  plan  du  cours  du  Niger  , 
grand  fleucf  du  Senegal,  navigable  ,  dessi'ne  d'aprrs  les  observations  de 
M.  le  chevalier  Kyrii's ,  faitcs  pendant  son  gouvernernent  au  Senegal, 
par  M.  Sarrazin  dc  Montferrier  ^  ingenieur ,  etc.,  en  1784.  Cette  carte 
s'e'tend  de  Saint-Louis  a  la  cataracte  de  Felou  ;  il  serait  difficile  d'en  tirer 
parti  pour  la  construction  dVine  carte  exacte  ,  parce  cju'on  ignore  comment 
elle  a  etc  levee  ,  et  qu'elle  est  sans  graduation  ;  niais  elle  renfernie  des  details 
assez  curieux  ,  le  trace  de  la  liiviire  a  morfil  (  c'est-a-dire  le  bras  du  Senegal 
qui  enfernie  au  midl  la  grande  i!e  de  ce  noui  )  ,  les  positions  de  Fclou  ,  de 
I'lle  dc  Caignou  et  du  fort  Saint-Pierre  ,  les  liniites  du  Oualo  ,  de  Cayor, 
d'Yolof ,  du  Siratik  ,  du  Bondou  ,  du  Bambouk  ,  a  cette  epoque  ;  cnfin  ,  les 
details  des  montagnes  et  des  forets  existant  dans  ces  conlrces  ,  depuis  la 
cataractc  jusqu'a  I'Occ'an. 

Dans  la  carte  du  Senegal ,  de  feu  Barbie  du  Bocage  (  1788  )  ,  le  fort 
Saint-Joseph  approche  plus  de  sa  ve'ritable  position  que  dans  les  cartes  sub- 
SL-quentis  :  il  est  par  i3o  8'  au  lieu  de  12°  9' ,  etc. 


§   II.  Nomenclature  des  Ueux   situes  sur    les    lords  du   Senegal, 
communiquee  par  M.  le  baron  Roger  (i)» 


ANDAR  ou  SAINT-LOUIS.  Brenn. 

Makka.  Escale  des  Darmaukous. 

Ghiaman  (2).  N'ghighcyn  (6). 

T'ghlank ,  ile  aux  biches  (3).  Ghick. 

Sahr.  Laouakh  (  escak  des  Trarzas  ). 

N'Gluagheyr  (Marigot  des  Ma-  N'GliIekteyn  (7). 

ringolns  )  (4).  N'liagar  (8). 

J.  N'ghiakal.  Faf. 

Khann.  Al-Roscho. 

GhiawSr.  Anghianghe  ou  Anghlanke. 

Ronq  ou  Aronq.  Anghiao. 

N'klior  (5).  RIchard-tol, 

(i)  Nota.  J'ai  transcrit  les  noms  d'apres  la  liste  arabe  dresse'e  par  un  indi- 
gene ,  oil,  suivant  I'alphabet  arabe  du  Senegal ,  le  ^  ctr.it  exprime  par  y\  , 
le  (3  P'"'  s_^'  Ic  i._9  par  ^^9?  le  »»-  tel  qu'il  est  prononce'  au  Kaire  ga  ^ 
go,  gue  ,  par  ==>  ;    enfin  le  son  ghia  ,  ghi'o  par  le  signe  ^« 

On  ne  doit  pas  s''attendre  a  trouver  dans  tous  les  mots  un  accord  complet 
entre  I'arabe  et  la  transcription,  atlendu  que  je  n'ai  voulu  alle'rer  ni  la  pro- 
nonciation  locale  ni  la  liste  arabe  originale  :  j'ai  choisi  danscellc-ci  seulement 
les  mots  differant  un  peu  du  mot  fran^ais  correspondant,  ou  bien  je  les  ai 
rapporte's  pour  des  noms  de  lieux  importans.  Ainsi,  ces  deux  listes  se  com- 
pletent  et  se  rectifient  re'ciproquement  I'une  par  I'autre. 

(2)  (^  (6)  Jr:^ 

A  • 

(3)    ^=^  (7)     J;;f^=^ 

(/o  ij^  (8)  J;^=^ 


Marigot  do  Tavvey  (y). 
Lac  de  N'ghier. 
I.  Kliouma. 
Ghidaqar. 

I.  T6d  ou  NKhare. 
Rikcyt. 

Bllor  ou  M'JJilor. 
Koylel. 

Dakaka  ou  Dagana  (jo). 
OUALO(ii). 
Kaye  (12). 
Bokliol. 
Fanaye  (i3). 
Kacho  (i4). 
Ghialmaghi  ;  i5). 
I.  Lamnaghio  (16). 
Donnaye. 

Donnaye  goughiaie,   Escale 
coq  ou  des  Braknas. 


■A 

Donn^ye-el  souq  el  syr-el  Brakn. 

(17) 
Tassangue  (18). 

Alchouqi  (19). 

BouoR  ou  ToDon  (20). 

Mokhlar  Salain. 

Ouro-ardo. 

Mbanam. 

A'oua  ou  aga  (21). 

Dorbos  ou  Dormos. 

Kobe. 

Souekar  (22). 

Haleybe. 

Boki. 

Ourokeydd  (23). 

Kaska. 

Donkcl. 

du  Gbioul-D5b(>. 

Deghie  fal. 


(10)    (_^^=^ 

(12)  J:l^ 
(,3)  JI^ 
(14)  Jil^ 

(i5)  ^ 

fiG)  ^Oii 


(18)  ^lli 

(ig)    ^j^l 

(20)  Jj-^! 
(21) jl^ 

(23)     J 


25 

A'bdallah. 

Gblououel. 

Loud  el  Iinan. 

Gaiok. 

Kolini. 

Gaoual  (27). 

Ghl.^rakel  (24). 

Daliourou. 

Ouasso-taki. 

KIglilelogh  (28). 

Uarobe  Ghikel  (aS). 

sadci. 

Tibckout  (26). 

Ondourou. 

Salde. 

Kondel  (29). 

Marigot  de  Salde. 

Benke. 

JJaghi. 

Gaogblenn. 

Baldi. 

Matam  (3o\ 

Dafilel. 

Beyalgliialo    Si). 

Ghiaskogh. 

Gblangbioli. 

—  le  Grand. 

Gbiemboigh  (32). 

—  le  Petit. 

Dolol. 

El-Neyre. 

Odobcre. 

IJigliian. 

Cbiali  (33). 

Belnabe. 

Bane. 

Kabobe. 

Gano. 

Kabeydl. 

Modinalla  (34). 

Gbial. 

Barmaghiam. 

Horenjit£i. 

Horedote  (35). 

Ghiouta-K^oul. 

Babatcl. 

(24)    S^J^ 

(3o)  jviU 

(35)  i^=4 

(30  3^'^ 

fa6)  vJ:,'^^  J 

(32)^^^ 

y*y>)    s_^            -^ 

^;  ' 

(27)    jy^ 

(33)  Jl 

• 

(28)    J^r-^ 

(34)  S'^r 

(29)  15a^ 

(35)  oS^V 

Gouriki. 

Gliinghen. 

Sadadel. 

Ghielle. 

Bilel. 

Ouaoude. 

Oueyrina  (36). 

Denbakane. 

FOUTA  (37). 

Moderi  (38) 

Minkara. 

Ghlldo. 

Toeyabo  (3g). 

Bakel. 

(ihlakila. 

Konkel. 

jvoiini. 

Yafre. 

Aronde. 

Ghioukoulore. 

Faleine ,  Riv.  (4.0) 

Koughioube. 

Tafasirga. 


(36)  }/s 

(37)  Oj^ 

(38)  J^^ 

(39)  vV 

(4o)  ^>^ 


26 

Kotcre. 

Sollou. 

Seykala. 

Karikoro  ,  Riv. 

Kabouloukouni. 

Kaboghiore  (40* 

Land 

DIkakoro  (4-2). 

(ililal  Kane. 

Souboukou, 

Kousseyla  ou  Koulsela. 

Toubaboukane  ,  et 

Makaniia  (ancien  fort  S.-Joscph, 

aujourd'bui  Saint-Charles). 
Maqa  doukou. 
Dramaiic. 

Magbiayghiari  (43). 
Gakoura. 
Bakekilta. 
Ghianc  ,  RIv. 
A'mbideydou. 
M  oussala. 


(43)>^^ 


^5    in.  Noms  el  distances  approximatwes  Jes  villages  ile  Podor  iiuj> 

frontieres  ilu  FoUTA  (  d'aprcs  le  journal  de  M.  Keslaut),  curnmu- 
nique  par  M.  le  barun  Roger. 

Ces   noms  do  lieux  n'ont  pu  elre  places  tous  sur  la  carle  du  cours  du 

Senegal  (i). 

inilles  dixlcnics. 

PodoraN'DIatal 3  7 

N'Dialal  a  Maho 3  8 

Malio  a  Moctar  Salain  (Moklitar) 4  5 

Moclar  Salam  a  Omardo  (Ouio-ardo).     .     .        »  7 

Ourardo  a  M'bsinain 6  » 

M'baiiain  au  ISadou 6  " 

Du  Badou  a  Diaho 4-  5 

Diaho  a  (]obe 12  » 

Cobe  a  Dara-Salam o  » 

Daia-Salam  a  rN'Dornios  (Dormos).  .     •     •  9  " 

N'Dormos  a  Alibi  (Haleybc) 4  5 

Alibi  a  Bokl 3 

BokiaWalaldi 6 

Walaldi  a  Kaska 6  » 

Kaska  a  N'Donguel  (Donkci) q  » 

N'Donguela  Guldiabi  (Gbioui-DcUe).     .     .       3 

Guldiabi  a  Foudi-Eliinon 2  3 

Foudi-Elimon  a  Tioubalil 3  » 

TlouballlaAbdala-Moctar(A'bdallabMokhtar)      6 

Abdala-Moctar  a  Wouala 3  » 

Woualaa  Diaronguc 3  » 

Diarongue  a  Wouassa-Taque(Ouasso-Taki).        2  3 

\^  ouassa-Taque  a  Tebegoulte  (  Tibekout ).  .       3  8 

(i)  Oil  ignore,   snr   taqiielle   des  dciix   rives  sont  places  plusieiirs   dc   cos 
villages. 


1 


8 


milles.       dixicmes. 

Tebegoulle  a  Saldi  (Salde) 12  » 

Saldia  M'Jiagi.i(Baghi) 3  7 

M'Uagni  a  Daoli  (DaAlel) 3 

Daoli  a  Cascogne  (Ghiaskogli  ) 4-  ^ 

Casoogne  a  Kqiiibalio 3  » 

Equlbaho  a  JJababe 3  >• 

Bababe  a  Quela 4-  5 

Qiiela  a  Cibi G  » 

Cibi  au  Petit  Dable i  5 

Petit  Dabie  a  Nerri »  7 

Nerri  au  Grand  Dabie i  5 

Grand  Dabie  a  Quikia »  8 

Quikia  a  Narnardi 3  » 

Namardi  a  IN'Diasain 3  >> 

N'Diasain  a  Kaiidi  (Kabeydi) 4  5 

Kaedi  a  Dioneta 3  » 

Dioneta  a  Dial  (Gbial) 3            » 

Dial  a  Elfeki 3 

ElfekiaHorenata(Horenal^) 3 

Horenala    a  Dioupoul 9  " 

Dioupoul  a  Dolou J  " 

Dolou  a  Alipori 4  ^ 

Abporl  a  Guiguelouni  (Kigluelogb).      ...  3            »> 

Guigueloum  a  Sadel u            >• 

Sadel  a  Oudrou  (Ondourou) 4-            ^ 

Oudrou  a  Coundcl  (Kondelj 6            » 

Couiidel  a  J'ioubalcl-Civi 4            •* 

Tioubalcl-Civi  a  Tioubalel-Matam.     ...  G            » 

Tioubalel-AIatam  a  IJeldiabe  ( JJeyalgbialo  ).  3            » 

Ucldiabci  a  Cinde i             ^ 

Cinde  a  Diaudoli  (Gbiaiigbioli) 3            >• 

Diaudoii  a  (iababe 4            •* 


=9 

millrs.        (lixiumcs. 

GabaLc  a  Tiempd  (Ghieinboigli) G  » 

Tiempe  a  Dolol 3  » 

Dolol  a  Audebcre  (  Odobtire) 3  „ 

Audebere  aTioubabo-Coiioi 3  .. 

Tioubabo-Couel  a  Couel 4-  5 

Couel  a  Ganon  (Gano) 3  » 

Ganon  a  Tindidiaba 2  2 

Tindidiaba  a  Ormathe [)  „ 

Onnatlie  a  Orn'doli 3  » 

Orn'doli  a  ijapatil  (iiabalel) 3 

Bapalil  a  Gourrique a  3 

Gourrlque  a  Guanr'guel 2  2 

Guanr'guel  a  Gulnkene ^  ;i 

Guinkene  a  Palalc! 3  „ 

Palalel  a  Saiilloumoudi 3  « 

SantioumoudI  a  Wouali  Diantanguc.    ...  4  » 

Wouall  Diantangue  a  W'oundl 4  5 

Wound!  a  (iuole  (  (ihielle) 3  » 

<iuole  a  IJotel  (Eitel) 4  5 

Botel  a  Lobali 5  a 

Lobali  a  Adabere 4  5 

Adabt'te  a  Vennant  (Oueynna 3  » 

Vcrmaut  a  Dumbakanl  (Denbakanc ).      .     .  3  » 


§  IV.  Remarqucs  siir  iine  partie  dii  coiirs  de  hi  Gamine ,  li  Vnnpui. 
lie  la  carte  de  fa  Gamine  au-dessuus  de  Coussaye,  ei  d.u  Senegal  au- 
desi-uus  de  JSioussdla ,  assujetie  aux  ohsetvations  les  plus  recentes. 

J'ai  communique  a  la  Soclete  de  gcograpbie  ,  il  y  a  plusieurs 
annocs,  des  observations  nouvelles  sur  plusieurs  positions  du 
rours  du  Senegal  ;  toutes  tendaient  a  diminiier  la  longueur  du 
cours  de  ce  fleuve     et  a  rapprochcr  considcrablcment  de  I'Occan  , 


3o 

les  villes  et  Ics  positions  plus  orientales.  Celte  remarque  me  pa- 
ralssait  avoir  un  double  interet  pour  la  geot^raphie  <le  cetle  par- 
lie  de  I'Afrlquo.  En  cifcl,  si  le  rapproclionieni  propose  otait  dc- 
niontre  certain ,  il  fallail  rcclifier  les  carles  pubiices  depuis  un  sie- 
cle ;  el ,  de  plus  ,  il  en  resullait  cette  autre  consequence  importanle, 
que  la  distance  a  parcourir  pour  alier  dans  les  parlies  centrales  el 
en  revenir,  serait  peut-elre  plus  courle  de  cent  lieues  que  sur  ces 
cartes,  surlout  pour  un  voyageur  parlant  des  possessions  Fran- 
daises.  Aujourd'hui  ,  Topinion  parail  devoir  eire  entierement  fi\(ie 
a  cet  egard  (i). 

Les  recberches  que  j'ai  failes  a  ce  sujet  m'onl  conduit  a  en  es- 
sayer  de  seniblables  sur  le  cours  de  la  Gainbie.  Je  possedais  egale- 
ment  des  observations  neuves  sur  plusieurs  points  de  ce  (leave  ou 
voisins  de  ses  rives  ;  inais  j'hesitais  beaucoup  a  les  adopter  ,  tant 
clles  sont  peu  en  barmonie  avec  les  cartes  eslimees.  II  a  fallu  reunir 
bien  des  elemens  ,  comparer  et  combiner  bien  des  donnees  entre 
elles  pour  fixer  mes  inccrtlludes.  Enfin,  je  me  suis  convainru  que 
loule  la  confusion  provenait  de  la  carle  du  second  volume  de  Muu- 
go-Park ,  pub'iee  a  Londres  en  i8i5,  dans  Touvrage  intitu- 
le :  Journal  of  a  mission,  etc.,  in  ffie  year  i8o5  ,  i  vol.  in-4-". 
Le  redacteur  de  cette  carte  a  etrangement  n>odifie  les  resultals 
consignes  dans  celle  du  premier  voyage,  iaquelle  etait  assez 
d'accord  avec  les  carles  anlerieures.  Le  cours  du  (leuvc  a  cle 
transports  k  pres  dun  degre  plus  au  nord.  Ce  bouleverse- 
menl  qui  rapprocbc  les  deux  (leuves  et  qui  etrangle  leur  inler- 
valle  ,  a  ete  adopte  et  copie  dans  toutes  les  carles  publiees  de- 
puis cette  epoque,  sans  discussion  et  sans  autre  autorild  qu'une 
carle  qui  ne  reposait  eiie-meme  sur  aucuoe  observation.  En  effet , 
iii  le  vovageur  Mungo-Park,  ni  aucun  autre  avant  lui  n'avaient  fail 
ni  conmiunique  dobservalions  de  latitude  portant  Pisania  a  i4" 
22',  Medina  a  i4"  28',  et  ainsi  des  autres  positions.  Le  deuxieme 

i)\ri\fic\-i]f<sus\c''  Jirmarffurs  gfogrciplu'i/ues,  elc. ,  §  1. 


3i 

voyage  de  Mungo-Park  n'avait  procure  d'observations  que  pour 
des  points  beaucoup  plus  orientaux  (  c'est-a-dire  a  Test  du  la"  3o' 
a  roccidenl  de  Paris  ).  II  n'y  avail  done  aucun  motif  pour  changer 
la  premiere  carle  dans  la  partie  occidenlale  du  cours  du  fleuve.  Ce- 
pendant  on  avail  pris  cette  carte  du  voyage  de  Park  ,  pour  base 
du  cours  de  la  Gambie ;  en  consequence  on  avail  trace  celui-ci 
dans  les  carles  anglaises,  fran^aises  et  allemandes,  a  prcs  dun  de- 
gre  trop  au  nord.  Telle  etail  I'idee  que  je  m'elais  dejn  faile  sur  ce 
point,  quand  je  recus  ,  il  y  a  qualre  ans,  les  observations  de  M.  de 
IJeauforl,  que  j'ai  eu  I'honneur  de  communiquer  .i  la  Societe  de 
geographic. 

J'clais  fortifie  dans  cette  opinion  par  deux  autres  observations 
de  M.  Adrien  Partarrieu,  relalivement  a  Kayaye  et  a  Medina,  a 
la  verile  trop  meridionalcs;  dun  autre  cole,  rilineraire  de  iVl.  de 
Beaufort  a  (ravers  le  (ihiolof,  depuis  Saint-Louis  jusqu'aux  rives 
de  la  (iambic ,  obligeail  necessairement  de  repousser  le  trace  de 
cette  riviere  plus  au  sud  que  dans  les  cartes;  mais  en  meme  temps, 
la  position  de  Baraconda,  placee  par  i3°  28'  N. ,  me  paraissait  un 
peu  trop  meridionale  pour  un  point  aussi  voisin  de  Medina , 
proximite  qui  est  incontestable;  de  meme  pour  Ghigbio-Bourey, 
par  iS"  26'  environ  (ou  3o  milles  ab"  E.  de  Niaye  Marigot].  Quant 
a  Coussaye  determine  par  M.  de  Beaufort,  je  ne  voyais  aucun 
motif  pour  y  rien  changer,  et  ce  point  servait  tres-bien  de  liaison 
enlre  les  deux  parties  du  cours  du  fleuve.  II  me  sembla  done  resul- 
ter  evidemment  de  ces  considerations  qu'il  fallait  changer  sur  les 
cartes  modernes  le  cours  de  la  Gambie ,  el  le  reporter  au  sud. 
Mais  la  position  de  Baraconda,  d'apres  de  Beaufort,  me  parais- 
sant  trop  meridionale  de  4  3  5  minutes  ,  j'etais  arrele  encore  pour 
faire  le  nouveau  trace  du  fleuve  ;  alors  je  m'adressai  a  M.  le  capi- 
taine  Sabine ,  correspondant  etranger  de  la  Societe  ,  afin  d'avoir 
communication  des  observations  recemment  faites  par  le  capifaine 
Owen ,  en  remontant  la  riviere  de  la  Gambie  jusqu'a  Fisania. 
Elles  me  sont  parvenues,  et,  quolqu'elles  s'arreleul  au  iG"  5//  de 


longitude ,  j'ai  6t6  en  ^lat  de  tracer  tol^rablemenl  cetle  parlie  du 
cours  de  la  riviere,  in'appuyant  sur  plusieursobservations  de  M.  de 
Beaufort,  les  itineraires  de  Muiigo-Park  et  ceux  de  M.  Gray. 
Je  regardc  le  reste  de  la  GaniLie  conime  a  peu  pres  inconnu  , 
M.  Mollieii  ne  Tayant  approclie  qu'en  deux  autres  points. 

\oici  le  tableau  des  diffeiences  qui  existent  enire  les  positions 
de  la  carte  du  deuxieme  voyage  de  Park,  et  celles  que  j'ai  adop- 
ti^es  ,  savoir  les  deux  premieres  d'apres  les  observations  du  ca- 
pitaine  Owen  ,  qui  confirment  pleinement  les  doutes  et  les  con- 
jectures que  j'avais  formes  autrefois. 


NOMS 

<les 
LIEUX. 


Kayaye.  .  . 
Pisania.  .  . 
Medina.  .  . 
Baraconila. 


LAIlTLlii:. 


i"".  Vovas.'  de 
M.  I'AUK. 


Nomcllc  c.irtp. 


■  4°. 


«4 


8' 

2  2 

•^9 


i3o.  j4 
1.3  .  33 
i3  .  38 


I.DM.I  n   IIL  .•,  lociid.  de  I'-ii-ij. 


?«.  Vovage  de 
M.  PAllK. 


N'ouvellc  rarle. 


i6".  48'  3" 

i6  .  3- 

if,  .  -1 

1 5  .  .",7 


17".  1-2 

iC)  .  5{ 

i(>  .  20 

.6  .  7 


Ici  Ion  voit  que  le  redaclcur  de  la  carle  de  M.  Park  a  anit-Iiore 
un  peu  les  positions  en  longitude  ,  trop  orlentales  dans  celle  du 
premier  voyage,  mais  qu'il  a  altere  les  latitudes  de  34',  de  49' ; 
de  5i',  el  rneme  de  55'. 

T^'ayant  pudecouvrir  la  cause  d'un  tel  derangement  qui  confrai- 
gnait  pour  ainsi  dire  la  Oambie  a  couler  dans  un  espace  beaucoup 
trop  relr(5ci ,  j'ai  chercbe  quelle  avail  die  Topinion  de  d'Anville 
sur  la  position  du  cours  de  la  (janible.  NY'sl-il  pas  digne  d'atten- 
lioii  que  sa  carle  d'Africjue  pnbliee  en  17^0  >  soil  beaucoup  plus 
coiiiornie  a  la  reallle  que  celle  qui  a  cte  gravoe  a  Londres  en  i8i5, 
et  copiee  ensuite  parlouU'  Le  tableau  ci-apris  le  prouvcra,  du 
moins  quant  aux  latitudes. 


33 


NOMS 

des 

LIEUX. 

Xmivei 

LAlllUDE. 

LONGl'I  (JDli. 

e  cuile. 

Carles  lie  M.  d'An- 
villei'tileM.  r.ar 
bie    dil    Socage  . 

ppi  --SS. 

Nuiivtlle 

carte. 

Carles  de  M    d'Ai) 
vlire.ldeM.Bar 
liie    du     Bocage 

Yannamarou. 

13°. 

/,.' 

1 30.    40' 

170. 

'9' 

i6«.  3o' 

Baraconda.    . 

i3  . 

34 

i3  .  5o 

16   . 

7 

j4  .  18 

Tenderbnr.    . 

i3  . 

27 

12  .  56 

i8  . 

9 

17  .  45 

Tankrowall. 

i3  . 

■2  5 

i3  .     0 

18  . 

2i 

18  .     8 

On  voit  encore  par  ce  tableau  que  les  plus  anclennes  cartes  ont 
constamment  adopte  les  longitudes  les  plus  falbles,  ou,  en  fl'autres 
teruies,  qu'on  a  toujours  suppose  les  lieux  trop  elolgnes  de  TOc^an. 
Ainsi  ,  ce  qui  est  arrive  sur  le  Senegal  est  egalement  arrive  sur  la 
Gambie.  La  cause  en  est  bien  connue  des  geographes  ;  c'est  qu'in- 
volonlaireinent ,  parfois  a  dessein  ,  les  voyageurs  sont  portes  a 
exagerer  les  distances  parcourues,  et  qu'ils  ne  deduisent  pas  assez  de 
leurs  estimations  pour  les  repos ,  pour  les  deviations  ,  pour  les 
obstacles  naturels,  enfin  pour  la  fatigue  des  bommes  et  des  ani- 
maux. 

La  carte  que  j'ai  deja  presentee  a  la  Societe  Tannic  derniere  , 
montralt  Tensemble  des  deux  fleuves  ,  du  moins  jusqu'aux  lieux  ou 
Ton  en  connait  le  cours  avec  quelque  certitude  ;  elle  est  de  nouveau 
sous  ses  yeux  ,  avec  les  rectifications  qui  resultent  des  observations 
qui  precWent ,  et  auxquelles  je  crois  superflu  d'ajouter  plus  de 
d^veloppemens. 


31 
i>  V.  Lisie  des  pusilions  geographn/ue.s  jiuur  Ju  carle  du  cours  elu  Senegal  au- 

(kssuiis  dc  JMuiissiila,  et  dc  hi  Canibic  au  dcssuus  dc  Coussayr  [  i). 


NOMS. 


I.VTirUllE    N. 


Cap  blanc.  (P  ■".  la  plus  sud). 

(>np  AJirik ■.  .  . 

Porteiidik. 

lleS.i-Louis  [VK  St.-Louis), 

Rarre  et  enib.  chi  Senegal.  . 

Cogue 

Ouarkhokli 

Elimane 


Bakel. 


Cap  Vert  (  la  Falaise  ).  .  . 
Goree  (  le  pavilion  de  la  ci- 

ladelle) 

Aiicien  F'.  iJ  -Joseph  ^Ma- 

kaiuia  ) 

INIoussala 


20", 

9  ■ 
»  . 
6  . 
6 

5  , 
5 
5 
5 


?iledina  (  Woulli).. 


0\iarneo 

Rocher  Felpu 

Kayaye  (  Gamble  ) 

Niaye  Marigot 

Yannamarou 

Coussaye 

Fort  Georges 

Pisania 

(]ap  Saiiite-'VIarie 

Balhursf  (ile  Sainle-Marie, 

I'avillon-  ) 

Rnraconda.l 

Tenderbar 

Tankrowall 

Fort  James 

Cap  Koxo 

Fort  de  Uissao 

Timbo 

Falaba 

!Mont  Souios 

Source  dc  la  Uokellc.  .  .  . 

Lomba  ou  I.onia  ,  source  du 

Dliioli-H.a 


^6'. 
■J.1  . 
a5  . 

02    . 

o  . 
.^5  . 
35  . 

20   . 

02    . 

51  , 

49- 
4o  . 
43. 
4o  . 
39. 

38  . 
34. 
3o  . 
38  . 
17  . 
08  , 
08  . 
34  . 
5 1  . 
4  2 
3fi  . 
33 


3  .  3o 


28 
28 
26 

25 

20 
20 

DO 
25 
O'! 

49 
4S 
45 


55" 

'  f 

o 

o 
48 
18 

o 

46 
5o 
3o 
20 
10 
o5 
10 
55 

o 
o 
o 
o 
0 
o 
o 
o 
o 


3i 

58 
o 
o 
o 

5o 
o 


LONGITLDE  O.  OlSSURVATEL  KS 


iH  . 
i3  . 
18  . 
i8  . 
iS  . 
18  . 

'7  • 
12  . 

i4  . 


18 
16 
18 
■  8 
18 

'9 

■7 
li 
1 2 
I  2 


20 
5 1 
3i 
53 
53 
02 
18 
36 
36 
4i 
•^4 


55 
07 

08 


o5 

54 
54 

•7 

4- 
4<"> 

2  5 


O 
O 

6 

o 

o  (cstimt'). 
o 
40 


3o 


14 

5i 

0 

>9 

53 

07 

'9 

4.-, 

0 

'9 

46 

40 

■i 

1  2 

0 

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o3 

3o 

16 

2 

0 

i() 

20 

0 

«7 

1.) 

0  (estimc) 

13 

02 

0 

16 

48 

0 

'7 

12 

0 

'7 

o5 

0  (estimc) 

'7 

18 

55 

1.) 

57 

0  (estimc) 

17 

o5 

55 

16 

54 

o3 

•0 

01 

0 

ol 
o  (eslime). 


07 

o 

o  (envr.) 

o     Id. 
10 

o     Ifl. 


36  . 


.  r«oussin. 
.  Koussin. 
.   lioussin. 
Beau  fori. 
.  Boussin. 
Id. 
Dc  Beaufort. 
Jd. 
Id. 
Dussault. 
.'\.  Partarricu. 
Dc  Benul'orl. 
B  ■  .   Bdussiii. 
Con. des  temps. 
B"  .  Roussin. 

Dussault. 

Id. 
Mungo-Park  , 

2''  voy.  carle. 
De  Beaul'ort. 
De  Beaufort. 
Mimgo-Park  , 

2''.  voy.  carte. 
De  Bean  fort, 
C'-.  Owen. 
\)e.  Beaufort. 
C"^  Owen. 
Id. 


C  *■.  Owen. 
De  Beaufort. 

C  1  .  f)wen. 

Id. 
B  '".  Boussin. 
B"".  Roussin. 

Mur.  Laing. 
\Vals. 
M"''.  Laing. 

M°r.  Laing. 


M'"'.  Laing. 


(1)  Si  je  nc  leniontc  pas  jusqira  Tainbico  ,  qui  parait  pcu  eloigne  dc  la  Gambie  ,  c'est  que  la  latituiic 
donnoe  par  Mungo-Park  (ii°S3')  me  paialL  tiop  iiiciidioiiale  ,  comiiie  ceJlcs  dout  il  a  etc  qui'sliou  ,  ct 
ccpcnc'aat  celle  liililude  a  ele  obseiviie  ;  mais  re  nVsl  pas  le  lieu  de  se  livipr  i  I'exanien  crilique  d.s  !; 
ol«civalioDi  U'l  voyageur;  M.  AValclstuav v  a  dfja  fail  cctle  ani'lysp  ,  mais  :1  ri'Sle  cDcore  des  points  at 
ec';:ircir. 


35 

Note  sua  les  positions  de  Tombouctou  et  de  Sego. 

Renseignemens  dunnes  par  un  More  du  Senegal  {SlBi  Mohammed, 
Marabout  de  Tischii),  sur  les  chemins  qu'il  a  parcoiirus  en  allant  h 
Tiinbouktou  ,  et  commiini(jues  par  M.  le  Baron  RoGEil. 

De  Mi^rza-Schloura  (Portendik)  k  Ouad^n,  lo  j.  de  chameau. 

De  Ouaden  a  Tischit i5 

De  Tischit  a  Outlet lo 

De  Oualet  a  Tiinbouktou  (  ainsi  prononcc)         7 

42  jours. 

2° 

De  Timbouktou  a  Araouan 6 

D'Araoucin  a  Schingt-ti  (Chingarin).    .  lo 

f  D'Araoufin  a  Toud^ni 3 

(  D' Araouan  a  Tousitt 12 

De  Tischit  a  Schingetl 7 

De  Ouaden  a  Agadir  (Arguin).   ...  g 


Noia.  II  resulte  de  la  combinaison  de  ces  itineraires  que  de  Tom- 
bouctou a  Arguin  ,  il  y  a  4-7  jours  de  marche. 

Selon  M.  de  Ijeauforl ,  el  d'apres  le  rapport  qu'on  lui  a  fait,  il  y 
a,  d'Elimanc  (capilale  actuelle  du  Kaarta  )  jusqu  a  Sego,  dix  jour- 
nees  de  chemin  a  pied ,  ou  quatre-vingts  lleues ,  en  marchant  k 
TEst-Sud-Est. 

JOMARD. 

P.  S.  Je  m'empresse  d'ajouter  ici  plusieiirs  observations  qui  viennent  d'etre 
portc'es  a  la  connaissance  du  public,  et  qui  completeront  la  liste  ci-dessus; 
elles  ont  e'le'  faites  par  M.  Le  Pre'dour  ,  lieutenant  de  vaisseau  ,  en  1827. 

Cap  de  Naze i4"  02'  00"  lat.  N.     19°  28'  4o"long.  O. 

Kiv.  de  Soman 14.  3i.  20  19.  22.  /^o 

Portudal 14.  28.  5o  19.  19.  4° 

Joal 14.    9.  i5  »9«  "•  4° 

Ciip  Sainte-Marie i3.  28.  4°  •9-  °3-   '" 

Fori  Ste-Mari.-    Bnlhurst).      i3.  27.  3o  18.  57.  4" 

Riv.  de  Cazainaiice.  .   .  .' .      12.  33.  3o  19.     5.     o 

Cap  Roxo 12.  :ii.   20  19.     3  3o 


36 


DEUXIEME    SECTION 

ACTES    DE    LA    SOCIETE. 

^  !"■.  P races- J^erhaux  des  Seances. 

Seance  du  4-  juillet    1828. 

M.  David  ,  vice-consul  de  France  a  Mexico  ,  qui  sc  rend  a  son 
posic ,  renouvclle  ses  offres  de  service  a  la  Sociele,  ct  exprimc  le 
de-sir  delrc  adniis  an  nombre  de  ses  nienibrcs. 

M.  Uibent,  arciiilectc  ,  qui  est  sur  le  polnl  d'enlrepreiidre  un 
voyage  en  Egypte  ,  fait  egalenient  des  offres  de  service,  et  te- 
nioigne  le  desir  de  recevoir  des  inslruclioas  de  la  Sociele.  ^ 

M.  H.  Gounmelcn ,  secretaire  de  M.  le  comic  d'Allonville  , 
prefet  de  la  Meurihe  ,  ecrit  a  la  Socidle  pour  In!  offrir  ses  services  , 
dans  le  cas  ou  elle  aurait  Tinlenlion  de  fairc  enlreprendre  des 
voyages  dans  les  contrees  loinlaines  el  inconnues.  (>elle  deinande 
est  acconipagntie  dune  recomniandalion  t res-favorable  de  M.  le 
comle  d'Allonville.  ''  •"■" 

La  Commission  regrcUe  de  ne  pouvoir  donner  suite  a  la  pro- 
position de  M.  Gounnelen. 

MM.  le  comte  Andreossy  ,  du  Rozoir,  de  Kochanski  et  Schu- 
macher ecriveni  a  la  Sociele  pour  hii  offrir  divers  ouvrages. 
( '^'oy.  page  4o.  ) 

M.  le  President  invite  le  comile  du  Bullelln  a  donner  une 
analyse  succincle  de  ces  ouvrages  dans  les  prochains  ]N°*  de  ce 
Recueil. 

M.  Jomard  fait  remarquer  rexticulion  lilhographique  de  la  carle 
des  environs  de  Segeberg,  offerte  par  M.  Schumacher,  et  propose 
de  la  comparer  aux   produils  de  lithographie  fran^aise  ,   appliquee      J 
aux  cartes  geographiques. 


37 
Le  m^nie  membre  prc^sente  h  la  Soci(^l^  unc  carle  oi  le  cours 
<le  la  Gamble  a  ele  tiacd  a  TOucst  de  Coussaye  ,  cl  assujeti  aux 
<lernieres  obseivalioris  aslronomiques  du  capllaino  Owcii ,  jusqu'a 
Pisania,  et  aiix  observations  ilin«;ralres  de  Beauforl  ,  pour  la  parlie 
orlenJale.  Cetle  carte  ,  exirailc  dun  travail  qui  s'elend  justiu'au 
liornou ,  comprend  le  pays  silue  entre  le  parallele  du  cap  Blanc 
et  celui  des  sources  du  Dliioiiba.  ,<'  jj  ., 

Dans  le  trace  du  cours  de  la  Gamble  ,  II  a  ele  oblige  d'aban- 
donner  celui  de  la  carle  du  deuxieme  voyage  de  Mungo-Park  qui 
avail  et<:  adople  par  tous  les  geograplies  ,  el  qui  parail  Irop  septen- 
trional de  34  ,  el  nieme  de  55  minutes.  Dans  les  reinarques  joinles 
a  cetle  carte  ,  il  fail  voir  que  les  positions  sur  la  Gamble  avaient 
<5ld  jug^es  trop  orlentales,  comme  celles  du  Senegal;  d'oii  il  suit 
que  les  vlUes  de  I'interieur  el  le  cours  du  Dliioiiba  sonl  plus  ra- 
proches  dc  I'Ocean.  :.;i. 

Apres  quelques  observations  de  MM.  Girard,  Eyries  et  Brud,  le 
Menioirede  M.  Jomardest  renvoye  aucomite  du  bulletin.  (V.  p.  16.) 
M.  Pacbo  lit  une  note  sur  lancienne  IJarce,  que  (juelques  au- 
leurs  anclcns  et  niodernes  out  confondue  avec  Plolemais  ,  situce 
vis-a-vis  dc  la  premiere  ,  et  sur  les  bords  de  la  nier  ;  il  jelle  un 
coup-d'a?il  sur  les  Annales  de  celle  ville  celebre  ,  donl  Ibisloire  a 
conserve  des  traits  interessans. 
Renvoi  au  comile  du  Bulletin. 

M.  Eyries,  au  noin  de  la  section  de  publication ,  eulretlenl 
I'Assemblee  du  Memoire  de  M.  Manet,  qui  a  obtenu  un  prlx  au 
dernier  concours  ;  il  conclut  a  ce  que  Tauteur  soil  invite  ,  avant 
r impression  ,  a  executer  les  cliangemens  iudiques  dans  le  rapport 
des  commissaircs. 

Les  conclusions  sonl  adoptees. 

Seance  du   18  juillet  1828. 

M.  Ic  docleur  Reingaqum,  de  Berlin,  par  sa  lellre  en  dale  du 
1*^'  juillet  1828,  exprlme  a  la  Sociele  le  desir  d'oblenir  le  litre  dc 


38 

correspoiidant  eiranger  ,  en  reinplissant  les  conditions  prescritcs 
par  le  regJement.  II  envoie  un  nouvel  ouvrage  sur  la  geographic  et 
I'histoire  i\e  I'ancienne  IVIcgaride.  Sa  deinandc  elant  appuyee  par 
plusicurs  niembres,  la  Commission  conlraie  prononre  ladmission 
de  ce  savant ,  et  renvoic  son  ouvrage  a  31.  Alex.  J»ai hie  du  liocage , 
pour  en  rendre  coniple. 

M.  le  baron  d'Homhres  -  Firmas  ecril  a  la  Societe  qu'il  serait 
flatte  d'etre  admis  au  nombre  de  ses  membres.  La  Commission 
prorionce  son  admission. 

M.  le  general  Andr^ossy  adresse  a  la  Sociele  un  ouvrage  qu'il 
vient  de  publler  sur  Constantinople  et  le  liosphore  de  Thrace  , 
avec  un  atlas.  Remercimcns  et  renvoi  a  M.  de  La  Roquettc,  pour 
en  rendre  compte, 

M.  de  Hammer  envoie  plusieurs  exemplaires  de  la  carte  itine- 
ralre  qu'il  a  jointe  au  Iroisieme  volume  de  son  Histoire  oltomane, 
et  appelle  I'attenlion  de  la  Societe  sur  cctte  nouvelle  production. 
Remercimens  et  renvoi  a  MM.  Bianchi ,  Eyries  et  Laple,  qui  ont 
deja  rendu  compte  d'une  carle  du  meme  savant. 

M.  Galissard  de  (iignac  exprime  a  la  Societe  le  dcsir  d'i^lre  ad- 
joint au  premier  voyageur  qui  se  deslineralt  a  parcourir,  sous  ses 
auspices,  des  climats  lolntains  et  inconnus. 

La  Commission  arrete  qu'clle  saisira  une  occasion  favorable 
pour  uliliser  son  zele  en  faveur  des  decouvertes. 

M.  Barbie  du  JJocage  atne  communique  deux  letlres  de  M.  Rous- 
seau ,  datees  de  Tripoli ,  le  3  mars  et  le  12  juin  1 828.  Dans  la  pre- 
miere ,  M.  Rousseau  annonce  qu'il  s'est  procure  un  assez  bon 
cxeniplairo  des  voyages  dTbn  Ratouta,  et  qu'il  espere  bienlot  pos- 
seder  I'Histoire  de  Tombouclou,  par  Sidi  Ali  JJaba  d'Aaravvan. 
11  annonce  aussi  que  M.  ^^  arrington  ,  constd  d'Angleterre  a  Tri- 
poli et  beau  -  pere  du  major  Laing,  s'occupe  de  la  recherche  des 
papiers  de  eel  intrepide  voyageur  ,  et  ([u'il  vient  d'envoyer,  pour 
eel  objel,  des  gens  a  Ghadames  et  a  Touat.  Par  la  seconde  leltre  , 
M.  Rousseau  informc  la  Societe  qu'il  espere  lui  envoyer  incessam- 


39 

menl  un  M^moire  sur  la  topograpliie  de  la  parlie  cenlrale  du 
royauine  de  Tripoli.  (Voy.  p.  4-I-) 

MM.  Taillefer  et  Peyrounenc  adressentune  relation  manuscrite 
de  leur  voyage  a  la  cole  de  Colombie,  fait,  en  1827,  sous  les  aus- 
pices de  la  Societc.  Pxenvoi  a  la  section  de  correspondance,  avcc 
I'invifation  de  transnietlrc  le  manuscrit ,  s'il  y  a  lieu,  a  la  section 
de  publication. 

M.  \^  arden  communique  un  numero  du  Phamix ,  gazette  du 
nouvel  etat  des  Cherokees ,  qui  font  deja  imprimer  diverses  pu- 
blications dans  leur  propre  langue ,  avec  la  traduction  anglaise. 

M.  Jomard  propose  qu'on  insere  au  Bulletin  un  exlrait  de  ce 
journal,  et  qu'on  y  joignc  un  ecbantillon  des  caracleres  adoptes 
par  cefte  nation  ,  Icquel  serait  execute  en  lithograpbie  ,  comme  le 
premier  exeniple  de  I'ccriture  dune  nation  sauvage,  assujelie  par 
cette  nation  m^me  au  systeme  europeen.  '    ''  ■■ 

M.  Sueur  Merlin  fait  un  rapporl  sur  la  Geographic  meihodique  de 
MM.  Meissas  et  Micbelot ,  accompagnee  d'un  atlas  par  M.  Charle. 
Apres  diverses  observations  et  I'annonce  d'une  seconde  edition, 
la  Commission  centrale  ajourne  I'impression  du  rapport. 


§  2.  Admissions,  ouvrages  offerts ^  etc. 

MEMBRES   NOU\ELLEMENT   ADMIS    DANS   LA    SOCIETE. 

Seance  du  l^juillet. 
M.  Vincent  Roche  ,  de  la  Colombie. 
Seance  du  iSJui/lef. 

M.  le  baron  d'Hombres-Firmas  ,  membra  de  pjusieurs  aca- 
demies,  a  Alais.  ;t  .  ■ 


4o 

OIIVR\GES    OFFERTS    A    LA    SOCIETE. 
Seance  du  4  juilkt  1828. 

Par  la  Society  rovale  de  Londrcs  :  Transacliuns  of  the  royal 
Society  of  London  for  the  year  i%2^  ,  pari.  I. 

Par  M.  le  comte  Andreossv  :  Carte  topograph! que  du  Bosphore  de 
Thrace  et  des  environs  de  Constantinople  ,  Paris,  1828. 

Par  M.  Schumacher  :  Carte  topograpliique  drs  environs  de  Segeberg. 

Par  M.  Du  Rozoir  :  Relation  du  Voyage  de  S.  M.  GuARLES  X, 
dans le'departemetit  duNord,  Paris  ,  1827  ,  i  vol.  in-fol. 

Par  M.  Lamarche  :  De  la  forme  de  la  terre  et  de  son  influence  sur 
la  Geographic  et  I'Asfronomie ,   Paris,   1828,  in-8". 

Par  M.  Kochanski :  Podroz  do  Chin  Przez  Mongolija ,  etc.  ^  oyage 
en  Chine  i  travers  la  Mongolle ,  fait  en  1820  et  182 1 ,  parM.  T\-ni- 
kowski,  traduit  du  russe  en  polonais,  par  M.  Kochanski ,  1828  , 
a  vol.  in-8''. 

Par  la  Sociele  acadeniique  d'Aix  :  Recueil  de  Memoires  et  autres 
Pieces  de  prose  et  devers,  qui  ont  ete  lus  dans  ses  seances,  depuis  i8a3 
jusqu'h  present,  Aix  ,  1827  ,  1  vol.  in-8°. 

Par  la  Societe  aslatique  :  Journal  de  cette  Societe ,  cahier  dejuin. 

Par  la  Societe  de  la  Seine-lnferieure  :  Extrait  de  ses  travaux. 

Par  la  Societe  de  la  Charente  :  Annules  de  reile  Societe ,  cahiers 
de  Janvier  et  de  fcvrier. 

Par  Ips  Auteurs  :  Plusieursn°^.du  Globe. 

Seance  du  iS  juillct. 

Par  JVI.  le  conile  Andreossv  :  Constantinople  et  le  Bosphore  dc 
Thrace  pendant  les  annees  181 2,  i8i3  e<  18 14-,  el  pendant  I'annee 
1826.  Paris,  1828,  I  vol.  in-S",  avec  atlas. 

Par  M.  Reinganuin  :  Das  alte  Megaris  ,  etc.  ,  Essai  sur  la  Geogra- 
phic et  I'histoire  de  Tahcienne  Megaride  ,  Berlin,  1825,  1  vol.  in-8". 

Par  M.  de  Hannncr  :   Carte  itineraire  de  Constantinople  it  Nissa. 

Par  M.  Gide  :  Nouvelles  Annales  des  Voyages,  cahier  de  juiilet. 


4i 

Par  M.  de  Leuven  :  Journal  des  Voyages,  cahier  de  juiii. 

Par  M.  Jullien  :  Revue  Encyclopedifjue ,  cahier  de  juiii. 

Par  M.  Arthus-Bertrand  :  Blbllotheque  physico-Economique ,  ca- 
liler  de  juillet. 

Par  les  Societes  d'agrlculture  et  de  medecine  du  deparlemeut  de 
I'Eure  :  J nuj-nal  de  ces  Societes ,  cahier  de  juiilct. 

Par  la  Societe  d'a^riculture  ,  sciences  el  belles-lettres  de  Macon  : 
Compte  rendu  des  truQaux  de  cetie  Sociele,  pendant  I'annee  1827  ,  par 
M.  Moltin,  in-8<>. 

Par  la  Soclete  du  depart,  du  Var  :  Bulletin  de  cetie  Sor.ieie,  n°  26. 

TROISIEME  SECTION. 

DOCUMENS  ,    COMMUNICATIONS  ,    NOUVELLES 
GEOGRAPHIQUES,    ETC. 


Extra  IT  de  deux  letires  de  M.  Pwusseau,  consul-general  de  France  a 
Tripoli  de  Barbaric,  adressees  a  M.  G.  Barbie  du  Bocage,  en  date 
des  3  mars  et  12  j'uin  1828. 

Monsieur  et  ami. . . .  mon  fils ,  qui  se  rend  a  Paris  pour  affaire 
de  service,  pourra  vous  donner  de  vive  voix  tons  les  renselgne- 
mens  que  vous  desirerez  avoir  sur  la  ville  et  les  environs  de  Tri- 
poli.... 11  vous  dira  que  j'al  enfin  trouve  un  assez  bon  exeniplaire 
des  voyages  i'lbn  Bathouta,  et  que  j'espere  ^tre  bientot  en  posses- 
sion de  Thislolre  de  Tombouctou  par  Sidi  Ali  Baba  d'Arawan ,  que 
j'attends  de  Touat. ...  La  nouvelle  de  la  mort  du  major  Laing, 
qui  doit  afillger  tous  les  amis  de  la  sclentie ,  n'a  jamais  ete  revoquee 
en  doute  Ici;  et  s'il  nous  reste  quelque  voeu  a  former,  c'est  de 
pouvoir  recouvrer  les  paplers  de  I'infortune  voyageur —  Je  pense 
que  son  beau-pere,  M.  Varrlnglon ,  s'occupe  de  leur  recherche, 
puisqu'il  a  de  nouveau  envoye  des  gens  a  Ghadames  et  a  Toujit. — ... 
•I'espere  pouvoir  vous  adresser  sous  peu  un  petit  memoire  sui  la 
lopographie  de  la  partle  centrale  du  royaume  de  Tripoli. 


Bale  d'Akmetctiet  (i)  ,  duns  la  Crimee' 

Nous  avons  insere  dans  le  n"  3a  de  noire  journal  (le  journal 
d'Odessa  en  langue  russe)  un  arliclc  qui  nous  a  ete  communique 
relatlvcment  .i  la  position  de  la  hale  d'Akmctchel ,  en  Crimee.  Les 
Informalious  renfermecs  dans  eel  article  elant  dun  Inlerel  general 
pour  le  commerce  el  la  navlgallon  des  coles  de  la  Mer-Noire, 
nous  croyons  que  nos  lecleurs  accuellleront  avcc  plalslr  les  nollons 
que  nous  porlons  a  leur  connalssance. 

La  bale  d'Akmetchel  se  Irouve  sur  la  c6te  occldcntale  de  la  pd- 
ninsule  Taurlque.  Elle  est  a  I'abrl  de  tous  les  venls,  a  I'excepllon 
decehii  du  nord;  sa  profondcnr  csl  de  Irols  k  ncuf  loises,  le  fond 
en  esl  tres-siir,  el  sous  tous  les  rapports  clle  peul  elre  consideree 
comme  le  melUeur  lleude  refuge  que  les  coles  de  la  Criuiee  offrent 
a  la  navigation,  (^uoiqu'clle  ne  solt  pas  dune  grande  elendue, 
celte  bale,  dans  sa  situation  actuelle,  peul  conlenir  jusqu'a  i5  bsi- 
tlmens  marcliands  ;  mals  ,  si  Ton  fortlfialt  par  un  mcMe  les  avan- 
lages  que  lul  donnc  sa  position  nalureile,  plus  de  trenle  valsseaux 
pourralenl  facilcmcnl  y  trouver  un  abri. 

Jusqu'a  present  cetlc  rade  n'esl  visilec  ordinalremeut  que  paries 
pellls  navires  de  la  marine  Imperlale  qui  servent  i  enlrefenir  les 
communlcallons  que  le  besoln  du  service  elabllt  enlre  Odessa  ct  la 
Crimee.  11  arrive  aussi  quelquefols  que  des  bSlImens  marchands 
viennent  y  jeter  I'ancre,  soil  pour  atlendre  un  venl  favorable  ,  soil 
pour  se  mellre  k  couverfde  la  tempele,  soil  pour  Irouver  un  lieu 
de  sAret(5  a  Tapproclic  de  la  nuil,  soil  enfm  pour  se  pourvoir  d'eau, 
qui  esl  dans  ces  environs  a\)()ndante  el  dune  excellente  quallle. 

Des  Tarlares,  anclens  habitans  de  celte  contree,  pretendent 
qu'avantle  temps  de  la  reunion  de  la  Crimee  a  I'Empire,  U  exls- 
lalt  sur  celle  plage  un  port  de  commerce  qui  ^talt  alors  en  assez 
bon  etat.  Cette  assertion  n'est  pas  denude  de  quelque  apparence  de 


(i)  La  ve'ritablp  prononciation  de  cc  nom  ,  qui  est  tiirc ,  esl  Akmesdjid 
Ji-sr**^.  a\   (b  ni(is<iiK'c  blanche.)  Note  du  rrdaclenr. 


/.3 

verllt?.  On  volt  encore  dans  ce  lieu  des  debris  d'anciennes  con- 
slructions,  des  puits  encombres  et  des  fontalnes  en  mines.  On  de- 
couvre  egalement  des  traces  qui  Indiquent  quil  a  exisfe  autrefois 
ici  des  plantations  de  vignes  el  d'arbres  fruitiers.  On  y  voit  des 
Ironcs  d'arbres,  des  racines,  el  i^a  et  la  quelques  ceps  de  vigne.  A 
one  distance  d'un  verste  de  la  baie,  dans  la  direction  du  sud,  on 
trouve  un  verger  d'une  assez  grande  elendue,  mais  qui  est  entie- 
rement  neglige;  il  renferme  une  grande  quanlite  de  figuiers  et  de 
cerisiers.  Pres  de  ce  verger  on  rencontre  un  pelit  village,  si 
Ton  peut  donner  ce  nom  a  six  habilalions  tartares.  Une  petite 
inaison,  conslruite  sur  les  bords  du  rivage,  sert  de  demeure  aux 
cosaques,   garde-cote,  ainsi  qu'a  un  employe  de  douane. 

A  une  distance  de  cinq  a  six  cents  wcrstes  de  la  baie,  il  se 
trouve plusleurs  villages  tartares,  lant  sur  la  cote  que  sur  le  chemin 
qui  conduit  k  la  ville  de  Kosloff  (Eupalorie).  Mais  les  habltans 
de  CCS  villages  ne  sont  pas  en  etal  de  fournir  des  cbevaux  aux  voya- 
geurs;  et,  en  debarquant  sur  la  cole,  il  faul  s'adresser  aux  cosaques 
pour  obtenir  deux  les  moyens  necessaires  pour  pouvoir  conlinuer 
sa  route  jusqu'a  Kosloff,  qui  esl  a  une  distance  environ  de  Go 
\versles  de  la  bale  d'Akrnetchet. 

Une  seconde  route  m;'ne  a  Perecup.  En  longeant  d'abord  la 
cote ,  on  traverse  plusicurs  villages ,  et  a  g  wersles  de  la  baie , 
on  rejointla  grande  route  de  poste,  qui  conduit  de  Simpberopoi 
h  Perecop.  Cette  ville  est  a  une  distance  de  120  werstes  de  la  cote. 

T*^ous  avons  parle  plu.s  liaut  des  avantages  que  presente  la  situa- 
tion de  la  baie  d'Akmelcbet.  Nous  ajouterons  qu'Independamnient 
de  la  sArele  qu'elle  offre  a  la  navigation  comme  lieu  de  refuge , 
elle  facilite  encore  d'une  maniere  toute  parllculiere  les  communi- 
cations maritinies  entre  la  Criniee  et  Odessa.  Au  sortir  de  la  baie, 
on  suit  pour  ainsi  dire  une  ligne  droite  le  long  de  1  ile  de  Tendra 
et  de  la  cote  de  Djaralgatch.  Les  phares  qui  y  sont  construits ,  ser- 
vent  a  indiquer  egalement  pendant  la  nuit  la  route  qu  il  faut  tenir. 

Les  considerations  que  nous  venons   de  developper  tendent  a 


44 

prouvcr  I'importance  de  la  bale  d'Akmetcliet.  iSous  rapporterons 
encore  ici  un  exeniple  remaiquable  qui  serl  k  confinncr  ce  que 
nous  avons  djt  de  rulllil^  qu'clle  piesente  k  la  navigalion. 

Aumois  d'aoAt  de  I'annee  i825  un  vaisseau  maichand,  expedid 
de  Tangarock  avec  une  cargalson  appartenant  a  une  malson  de 
commerce  d  Odessa,  fut  assailll  par  une  violente  lempele,  perdit 
ses  voiles,  et  fit  une  voie  deau.  Quoique  le  vaisseau  sc  trouvjit 
a  la  hauteur  de  la  baie  et  qu'il  pAt  y  enlrer  facilemeni,  le  capitaine 
n'osa  point  s"y  determiner,  rie  voyanl  pas  de  signal  sur  la  cole. 
Le  balimenl  aurait  infailliblement  peri ,  corps  el  biens,  si  un  des 
ofliciers  de  la  marine  imperiale  ne  s'etait  empresse  de  le  secourir. 

Get  officler  dirlgeait  son  propre  navire  vers  la  baie  dAkmet- 
chet,  et  voyant  la  dctresse  dans  laquelle  se  Irouvalt  le  balimenl  mar- 
chand,  il  lui  preta  son  assistance  pour  le  meltre  egalement  en  lieu 
de  siirete.  11  y  parvint  par  des  efforts  qui  font  I'eloge  et  de  son 
bumanite  et  de  son   experience. 

Une  heure  apres  quil  fut  cntre  dans  la  baie,  le  vaisseau  mar- 
chand  coula  h  fond,  par  suite  de  la  voie  deau  qu'il  avail  faite ; 
mais  I'equipage  et  la  cargaisou  furenl  sauves. 

Nouvel  etahUssement  aux  ties  Keeling. 

Les  ties  Keeling  situeesau  sudde  Sumatra,  consistent  en  une  chaine 
circulaire  d  iles  basses  couvertes  de  cocotiers.  Le  capitaine  J.  C  Ross, 
du  navire  le  Borneo  ,  a  reconnu  que  ce  groupe  d'iles  forme  un  port 
sAr  pour  des  bStimens  de  toute  grandeur.  11  I'a  nomme  Port  Albion. 
II  s'y  est  fixe  avec  sa  famill#et  quelques  autres  personnes  de  sa  suite , 
et  a  donne  a  retablissemenl  le  nom  de  New-Seima. 

Les  vaisseaux  qui  relournent  en  Europe,  el  ceux  qui  vont  a  la 
cole  occidentale  du  Sumatra  oudc  liengale,  sont  exposes  a  ('prou- 
ver  des  avaries  dans  les  parages  du  dctroit  de  la  Sonde  ,  oil  la  mcr 
est  tres-houleuse  ,  surlout  si  la  saison  est  tres-avancee.  Port- 
Albjon  se  Irouve  apeu  pressur  I'une  et  Tautre  route,  llseuible  done 


45 

devoir  etre  un  jour  d'une  grande  imporlance  pour  les  navigateurs, 
offrlr  un  lieu  de  refuge  pour  reparer  leurs  pertes  et  retablir  la  sante 
de  leurs  equipages.  Rien  n'est  si  ais«5  que  de  s'y  procurer  dcs  noix 
de  coco  ,  de  bonne  eau  ,  des  pores  el  de  la  volaille. 

Cette  chaine  meridionale  des  ties  Keeling  ,  ou  de  Corail,  s'etend 
depuis  12°  4'  jusqu'a  i2»  i4'  de  latitude  sud.  Sa  longueur  est  de 
ID  milles  anglais  etsa  largeur  de  7.  La  longitude  de  lapartle  occi- 
dentale  est  de  99°  4'  a  Test  de  Londres ,  ou  de  97°  3o'  a  I'esl  de 
Paris.  L'entree  du  port  est  fennee  par  les  deux  iles  qui  sont  le 
plus  au  nord  de  la  chaine. 

On  a  Irouve  que  le  cllinal  de  New-Sclma  est  sain.  La  saison 
des  plules  a  lieu  de  Janvier  h  julllel ;  mais  il  tombe  quclquefois  de 
legeres  ondees  ;  en  tout  temps,  le  vent  allze  est  celui  qui  dominc  , 
sans  interruption.  II  souffle  avec  plus  ou  molns  de  force ,  et  varie 
parfois  entre  le  sud  et  I'est-nord-est.  Le  tliennometre  se  tient  entre 
73"  et  84"  de  Fahrenheit  (environ  23"  et  29"  centigrade).  Le  cou- 
rant  porte  pour  Tordinaire  au  nord-  est,  a  raison  de  un  ,  ou  un 
et  un  quart  de  mille  par  heure. 

Si  un  valsseau  qui  veut  s'arrcter  a  Port-Albion ,  a  de  I'lncertitude 
sur  sa  longitude  ,  il  doit  gagner  le  parallele  de  la"  10'  de  latitude 
sud ,  lorsqu'il  est  a  une  distance  raisonnable  a  Test  de  ces  ties  de 
Corall ;  ensulte ,  II  fait  route  a  I'ouest.  Des  qu  II  en  a  vu  la  partie 
orientale  ,  II  gouverne  sur  Tile  de  la  Direction  qui  occupe  le  point 
le  plus  au  N.-E.  de  la  cliaine  ;  II  fait  le  tour  de  Tile  du  cole  de  Touest, 
et  doit  avoir  soln  de  s'eu  tenir  a  un  quart  de  mlUe  de  distance  ,  a 
cause  du  recif  qui  s'etend  de  I'tle  au  cote  occidental  du  port.  II  fau- 
drait  se  tenir  pr^la  jeter  I'ancre,  de  10  a  7  ou  6  brasses,  lorsque  Tile 
de  la  Direction  porte  a  Test  ou  a  Test  par  nord  ;  car  les  sondes  ne 
donnent  que  3  brasses  Irois-quarts  ,  quand  Ttlc  porte  au  nord-est.  Si 
on  est  dcpourvu  de  cable  a  chaine ,  on  choisit  un  fond  de  sable 
pour  y  Jeter  I'ancre.  Apres  cela  un  bailment  peut  se  falre  touer 
et  tirer  dans  le  bassin  Interieur  de  I'lle  de  la  Direction  ou  I'eau  est 
profonde  ,  ou  bien  II  se  fait  conduire  dans  le  port  par  un  hoinine 


habile  et  experimenle ,   apparlenant  a    I'elablisscinent  de    Nexv 
Selma ,  oii  il  lui  est  aise  dc  se  procurer  ilu  Lois  ct  de  i'eau. 

N.  U.  Celte  piece  offre  les  caracleres  d'une  Icllre  oflicielle.  Kile 
cstsignde  :  Jaimes  HorsburGH,  eta  pour  date  :  Quirt  office ,  India 
house ,  niai  22  ,   1828. 

Decouverte  de  nouneawx  bas-fonds. 
(  Exlrait  de  la  Gazette  de  Snlem  ,  dii  iZ  mni  18.18.) 

jM.  Endicott,  capltaine  du  Suffolk,  nous  a  communique  I'avis  sui- 
vaiit  ,  doiit  ii  a  eu  connaissance  a  Sainlc-Helene  ,  et  qu'il  croil 
utile   de  publier. 

«  On  vient  de  decouvrir  une  chaine  d'ecueils  dangercux  qui 
restent  S.  4^"  K.  par  la  boussole  ,  du  monument  de  Lady  Don- 
kin,  cloigne  d'environ  738  lieiies.  Ce  monument  est  situc  au- 
dessus  de  la  ville  de  Port  Elisabeth,  dans  la  baie  d'Algoa,  sur 
la  c6te  mdridionale  d'Afrlque.  Ce  bas-fond  se  trouvant  direcle- 
ment  sur  la  route  des  batimens  rcvenant  des  Indes,  on  nc  saurail 
donner  trop  de  publicile  a  sou  existence.  » 

Stgne  William  Ray, 

CommandanI  dir  brick  dc  la  Marine  Royale  anglaise  ,  Craigievar. 

11  est  probable  que  le  JVilliam  Pill  dont  la  perle  est  mcntionnee 
dans  I'ouvrage  de  Horsburgh,  intitule  :  East  India  Directory ,  se  sera 
brise  conlre  ces  ecueils;  car  on  a  trouve  dans  le  voisinage  beaucoup 
de  papiers  et  de  debris  de  b^limcnt  qui  ont  ete  reconnus  lui  apparlenir. 

Le  Suffolk,  dans  sa  traversiie  aux  Indes,  passa,  le  8  juiu  1827  , 
en  vue  dun  bas-fond  presume,  batlu  des  vagues,  a  2  ou  3  milles 
du  bsitiment  ;  mais  se  trouvant  sous  le  vent,  il  ne  put  le  recon-^ 
nattre.  La  latitude  du  vaisseau  etait  alors  de  19"  3y'  S.  et  la 
longitude  91"  7'  E. ;  le  bas-fond  a  3  milles  a  Touest.  Le  temps  elait 
extraordinairemenl  beau  ,  et  la  mer  d'un  caluie  parfait.  hci  lames 
se  heurtaient  confre  I'ecueil  de  minute  en  minute,  et  Ton  disliu- 
guait  ,  du  liaut  du  luAt  ,  la  forme  des  vagues  ,  avanl  qu'clles  ne  se 
fussent  brisees.  W. 


47 


BIKLIOGRAPHIE   GEOGRAPIIIQUE. 


§  I".    IIVRES. 

OUVRAG-SS   SrxiSitnAlIX. 
130.    EuTER    URFEINEa     PHYSISCHEN 

Weltcesehreibung. — Plan  d'une 
gc'ographie  physique  ,  par  Alex,  de 
Humboldt,  2  v.  iii-S",  i»-28,I>eiiin. 
Get   oiivrage  est   exlrait  des   le- 
mons  publlfjiies  donnces   par   Paii- 
teur,  a  licrliii.  II  en   paraitra  deux 
traductions  ,  une  en  Irancjais  et  une 
en  anglais. 
lai.  Tables  des  principales  posi- 
tions  GEONOMIQUES bU  GLOBE, re- 
cueillieset  mises  enordred'apresles 
aiiloritc's  lesplus  niodernes;  endeux 
parties,  renlerniant  les  expressions 
de  positions  de  tous  les  points  ma- 
lilinies  connus  ,   classes  par  ordre 
alpliab'Jtique  ,  avec  les  noms  des  oh 
servateiirs  ou  des  auteurs  auxquels 
les  chitlres  sont  dus  ;   plus  un  ap- 
pendice  contenant,  dans  leur  ordre 
geograpliique,  la  dc'noininatiou  des 
e'le'mens  des  principaux  points,  a 
Tusage    particulier    des    construc- 
teurs  de  cartes  ;   par  Ph.  J.   Cou- 
LIER,  Paris,   1828,   I   vol.  in -8", 
chez    Bossange  ,     quai    Voltaire  , 

AIWBRIQUE. 

l■^1.  A  GO'NNECT^D  WIEW  OF  THE 
WHOLE     INTERNAL    NAVIGATION     OF 

THE  UNITED  STATES.  Aper(-u  ge'ne- 
ral  de  la  navigation  inteiieure  des 
Etats-Unis,  tant  naturelle  qu'artifi- 
cielle,  etc.,  avec  g  cartes,  in-80, 
1826. 

ASm. 

lio.  Narrative  of  a  journey 
through  the  upper  provinces  of 
India  from  Calcutta  to  Bombay, 
etc. 


Relation  d'un  voyage  a  travers 
les  provinces  superieures  de  I'Inde, 
de  Boinliay  a  Calcutta  ,  par  le  re- 
verend lleginald  Heber  ,  dernier 
evequede  Calcutta.  Nouvelle  I'dil., 
3  vol.  in-S",  Londres,  avril  1828. 

■24- J'^URNALOFAMISSION  FROmHue 

Governor  general  of  India,  etc. 
—  Journal  d'une  mission  nux  cotes 
de  Siani  et  de  la  Cocliincliiiie  ,  sous 
lea  auspices  du  gouverneur-gcnt- 
ral  de  Plnde;  par  J«.  Crawfurd  , 
in-4°.  ,  avec  cartes  et  beaucoup  de 
planches.  Prix  :  3  liv.  3  sh.  ,  Lon- 
dres ,  182B. 

AE-RIOiJE. 

■J.S.  The  oriental  missionary. —  Le 
Missionnaire  oriental  ou  Kelation 
d'une  mission  entreprise  pour  re- 
pandre  la  connaissance  de  la  reli- 
gion chrctienne  en  Arable  et  sur  les 
rives  de  FEupbrate  ,  en  i8-'4  tt 
iS'iS  ;  parle  reverend  C.JUDKIN, 
petit  in -8°.  Prix  :  10  sli.  G  r. ,  Lon- 
dres ,  1828. 

EUB.OPE. 

26.  Tableaux  geographiques  ,  his- 
toriqoes  Incllquant  la  dlstribu- 
tinn  et  le  dennmhremeat  des  peu- 
p/es  et  des  religions  dans  les  di- 
vers etats  de  J  Ktirope,  par  ^L  De- 
NAl.x  ,ancien  c'leve  de  I'tcole  Poly- 
technique,  et  chef  de  bataillon  au 
corps  royal  des  ing.'n.-g(  ogr.  ,  2 
teuilles,  Paris,  1828,  chez  I'auteur. 
(jCS  tableaux  lout  partie  de  I'ou- 
vrage  du  nieme  auleur,  intitule: 
Kssal  de  geographic  inethodique 
el  comparative. 

Titj'iti'tc. 

ia7.CoNST.\NTIN0PLE  etle  BOSPHORE 

DK  Thrace,  pendant  fes  nnnces 
\\\\i  ,   i8i3  ct   i8i4,  cl  pendant 


i8 


Vannee  1826,  avec  un  alias  compo- 
se de  six  planches  grave'es  ,  et  de 
<]ii.itre  paysages  lithographies  ;  par 
M.  le  cointe  Asdrkossy,  lieute- 
nant -  general  d'arliUerie  ,  ancien 
ambassadeur  de  France  a  Londres  , 
i  Vienne  et  a  Constantinople,  de 
rinstitut  d'Egvple  et  de  relui  de 
France  (  Aradc^niie  des  Sciences)  , 
Mernbre  de  la  Chanibre  des  Depu- 
tes ,  etc. ,  etc.  . 

lln  vol.  in-80  ^  avcc  atlas  ,  Pans  , 
»8-j3,  rhez  Tht'opbile  Barrois  et 
Benj.'  Duprat  ,  rue  Hautefeuille  , 
n"  28,  chez  Alerlin  ;  quai  des  Au- 
giislins,  no  7.  Prix:  i5  tV. 

II  sera  rendu  coniple  de  cet  ou- 
vra^e  important  dans  le  prochain 
nume'ro  du  Bulletin  de  la  Societe 
de  geographic. 

128.  Mo>uMENS  DE  Rhodes,  drdic's 
a  S.  IM.  le  roi  des  Pays-Has  ,  par  le 
colonel  KoTTlERS  ,  commandeur  , 
chevalier,  etc,  in-folio,  avec  plan- 
ches. Anvers ,  1828.  L'auteur, 

129.  KONSBERGER  SOLVBERGVERK  I 
NOUGE,  HISTORISK.  OG  STATISTISK 
BESKREVET  (  en  danois  '.  Descrip- 
tion historique  et  statislique  des 
mines  d'argent  a  Kongsberg  par 
Thrare  Brunnick  ,  8".  Copen- 
haeue  ,  1826.  Bruninck. 


parCr. 

i3o.  Navigation  rNTERiEURE  de  la 
FRANCE  ,  par  le  baron  Ch.  Dupin  , 
Membre  de  la  Chanibre  des  Depu- 
tes et  de  rinstitut,  in-12,  Paris, 
1828. 

l3l.    ReLAT10>-    mSTORIQUE  ,     PITTO- 

RESQUE  ET  statistique  du  voyage 
de  S.  M.  Charles X,  dans  le  depar- 
tcment  du  Nord  ,  ornee  de  plan- 
ches lithographiees  ,  d<'di(?e  a  AHI. 
les  iVlembres  du  conseil-gi'neral  du 
departement ;  par  M.  Charles  Dll 
Bozoir;  Paris,  1827,  1  vol.  in-fol.. 


chei  I'auteur  ,  rue  de  Seine-Saint- 
Germain  ,  n"  3c(.  Prix  : 

§  2.  ATLAS,  CARTES  GEOGRA- 
PHYQUES  ,  PLANS  ,    ETC. 

1.32.  Carte  du  cours  du  sekegal  au- 

DESSOUS  DE  MOI  SSALA,  par  AL  Jo- 
MARD  ,  de  rinstitut ,  d'apres  les  ob- 
servations failes  parMNL  Dussaull 
et  Dupont,  et  les  divers  travaux 
ge'ographiques  des  officiers  de  la 
colonic  ,  Paris  ,  1828. 

La  meme  feuille  renferme  une 
carle  du  Oualo  ,  d''apres  une  carte 
lilhographic'e  au  Senrgal  en  1827, 
par  M.  Lcprieur,  et  les  maleriaux 
communique's  par  M.  le  baron  Ro- 
ger. 
i33.  Carte  TOPOGRAPHiQUE  du  bos- 

PHOREDE  THRACE  ET  DES  ENVIRONS 
DE     CONSTANTINOPLE     ,     levce     pat 

MM.  Thomassin  et  Vincent  ,  ca- 
pilainesdu  genie  ,  el  de  Moreton- 
CiiABRlLLANT,capilained'artitlerie, 
sous  la  direction  de  M.  le  lieute- 
nant-general comic  Andhf.ossv, 
pendant  son  ambassade  pres  la  Su- 
blime-Porle  ,  en  1812,  i8i3  et 
181  {  ,  Paris,  1828  ,  chezPicquet  , 
quai  Conti ,  n»  1 7.  Prix  :  6  fr. 

Cette  carle  est  la  se\ile  de  ce  gen- 
re qui  existe.  Jusquc-la  ,  les  envi- 
rons de  Constantinople  et  du  Bos- 
phore  ,  a  une  si  grande  distance  n'a- 
vaient  pas  encore  ete'  explores,  el  sou 
hydrographlen'claitpasplnsconnue 
quesa  topographic.  L'auleur  a  ap- 
plique a  cette  topographie  le  sysle- 
mc  general  des  eaux  qui  abrenvent 
Constantinople.  II  sera  rendu  un 
compte  plus  detaille  dc  cette  carte 
dans  un  des  prochains  numeros  du 
Bulletin. 
1 34. Carte  de  lapalestine  a-ncienue 
ou  DE  LA  terre-sainte  ,  par  Ad 
Brue,  1828,  Paris,  I  feuille. 


£VBRAT,  IMPRIMEUR  DE  I.A  SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE  , 

Bl'E    Dl-    CADKAN  ,    K"     !(>• 


,   .Mcri<hcii  (■ 


l.iiK.ilu.lr   ilii    Mrriilii-n   ,1,-   I'.,, 


BULLETIN 


DE 


LA  SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE. 


NUMEROS  6^  ET  65.— AouT  et  Septemere  1828. 


PREMIERE  SECTION. 


memoires,  extraits,  analyses  et  rapports. 


Missions  du  Rio  Ucayale,  dans  le  Haut-Perou. 

Rapport  qfficiel  concernant  Vetat  et  les  progres  des  missions  du  Rio 
Ucayale,  depuis  ijc^o  Jusqu'a  1818.  (Extrait.  ) 

Les  missions  de  Manoa  avaient  ete  detruites,  et  quinze  religieuv 
mis  a  mort.  En  1790  ,  les  sauvages  vinreni  prier  les  missionnaires 
de  relablir  les  Puclihs  (i).  Dans  cetle  vue,  Francisco  Girhal  se  rcndit 
a  Cambasa ,  et  ensuite  a  Manoa  ,  avec  une  escorte  que  le  gouver- 
neur  de  Maynas  lui  avalt  fournie  ,  et  chercha  a  s'assurcr  des  veri- 
lablcs  intentions  des  Indiens.  Ceux-ci  lui  ayant  fait  une  reception 
amicale ,  il  reconnut  la  possibilite  de  retablir  les  missions.  L'an- 
nee  suivante  ,  aide  d'autres  missionnaires ,  et  par  les  Setews  et 
les  Cunibos ,  il  commen^a  celle  reedification  par  la  fondation  du 
Pueblo  de  Sarayacu ,  au  6°  35'  de  lat.  S.  et  au  Soa"  i5'  de  long, 
du  miiridien  de  I'ile  deFer,  dans  une  position  avanlageuse,  prcs  de 


(  I  )  Villages. 


5o 

ia  vallee  {Que/jradu)  «lu  lueivio  iioiii  ,  vl  ilislani  «Vcnviron  luie  licue 
<le  I'Ucayale.  A  pen  prcs  vers  celU  t-poquc,  plusic'iirs  iicophyles  de 
la  province  «le  Maynas  ,  (pii  avaioil  ^•^^'t  ri'iiiils  par  Ics  Josuiles  sur 
les  bonis  <les  rivieres ,  arriverenl  a  celle  mission.  Avec  ces  derniers  , 
les  Setevos  el  autres  <le  differenlcs  naiions,  on  forma  unc  peuplarlc 
(  pobladon  )  de  800  iudividus. 

Les  Selevos  el  les  Cunlbos  ne  pouvant  vivre  en  bonne  inlclli- 
gence,  on  elablil,  en  1792  ,  un  autre  Puehlu  sur  le  Saravacu  ;  niais 
cet  endroil  ayant  etc  inonde  ,  on  Iransporta  relablissement  a  San 
Antonio  de  Chanchaguaya  pres  la  Quehrada  du  meme  noui,  par 
6°  5'  de  iat.  et  le  3o2"  aj'  long,  de  I'llc  de  Fjer. 

Les  Plros  qui  habitaient  la  parlie  supericure  de  TUcayale,  la- 
quelle  s'etend  le  long  des  rivieres  Paru  ou  Yanaliri ,  lanibo  el 
Cusa  ,  a  3oo  lieues  de  la  mer ,  ayant  eu  connaissance  de  ces  ela- 
blissemens  ,  vinrent  les  visiter,  mais  lis  n'y  scjourncrcnt  pas  ,  et 
revinrent  chez  eux. 

Kn  1794  »  unc  autre  bande  de  Piros  vinl  s'elabllr  a  quelques 
lieues  au-dessous  de  Sarayacu.  Unc  mission  y  fut  envoyee  pour 
les  aider  ;  luaisquelques-uns  de  ceux  qui  la  coniposalent  tomberent 
malades  ,  d'autres  moururent ,  et  le  reste  se  dispersa.  (dependant , 
le  nonibre  de  ces  Piros  s'etani  bcaucoup  accru  ,  ou  forma  ,  en 
I  790  ,  le  Pueblo  de  Nueslra  Sciiura  del  Piliir  <le  Bepiitino ,  par  Ic  6" 
55'  de  Iat.  S.  et  le  3o2°  18'  de  long,  de  I'lle  de  Fer,  entre  rUcayale 
et  une  grande  lagune. 

Les  Shipus,  qui  babltaleiil  les  bords  des  UIos  I'Isqui  et  Agual- 
tia  ,  etaient  ennemis  ii  reconclllables  des  Selevos  el  des  Cunlbos  : 
les  misslonnaires  parvinrenl  a  les  rapproclicr.  Kn  1809  '  ""  fonda 
sur  le  Pisqui  le  Pueblo  de  San  Luis  dc  Cliarustnunu  ,  Iat.  6"  i5', 
long.  3o3°  2'  de  I'ile  de  Fer,  a  4  jours  de  marclie  du  confluent  du 
Pisqui  et  de  I'Ucayale. 

Mais  eel  etablissemenl  se  trouvant  trop  isole  ,  on  forma  ,  en 
1811  ,  celui  de  Sun  Buenaventura  de  Cuntamana ,  par  7"  10'  de  Iat. 
et  302°   37'  de  long.  La  inemc  annec  et  dans   les   sulvanles  ,   le 


p.  Provincial  Manuel  Plaza  pacifia  la  uihii  <les  Sena's ,  diviscc 
cu  t lols  pcupladcs ;  Ics  litulms ,  les  liunubus  et  les  Qiscus ,  for- 
niant  ensemble  environ  looo  indlvidus  ,  di vises  en  280  fa- 
milies ;  il  les  reunit  en  un  seul  etablissement,  a  I'exception  toute- 
fois  des  Runubus  qui ,  a  cause  dune  maladle  contagieuse  ,  s'etaient 
retires  dans  les  montagnes.  Celte  reducllon,  xiomuvicCliaiuyu,  est 
siluee  par  6"  36'  de  lat.  el  302"  53'  de  long. 

Le  projet  fut  forme  d'ouvrir  une  nouvelle  communication  avec 
les  miissions  par  le  Rio  Tambo  ,  en  abandonnant  le  chemin  dan- 
gereux  de  Huayaga  ,  de  passer  ensulte  cbez  les  Piros  ,  et  de  se 
rapproclier  des  missions  de  Pajonal ,  detruites  par  la  revoke  de 
Santos  Atahualpa  ,  en  174^2.  Manuel  Plaza  quittaManoa,  pour 
se  concerter  avec  les  autres  Peres  sur  le  plan  a  suivre.  En  conse- 
quence deux  expeditions  furent  euvoyees  :  Tune  de  Manoa  par 
rUcayale;  I'autre  d'Andamarca  par  la  Pangoa;  et,  en  juin  i8i5, 
clles  se  renconlrerent  sur  les  bords  du  liio  Tumho.  Le  P.  Plaza,  ayanl 
reuni  plus  de  i3o  families  Piros  ,  fonda  le  Pueblo  de  Santa  Rosa 
ou  Lima  Rosa,  par  10"  3o'  de  lat.  et  3oi"  4-o'  <lc  long,  de  I'lle 
de  Fer,  pros  le  confluent  du  Rio  J  ambo  avec  le  Paru,  Yami  ou 
Yan  atiri. 

Afm  de  proteger  cet  etablissement,  on  construlsit ,  en  181 5,  le 
fort  de  S.  Buenaventura  de  Cbavini ,  sur  les  ruiues  des  auciennes 
missions  de  ce  iioni ,  vers  le  11°  4-*^''  fl<^  1^*-  ^^  1*^  3o2°  24' de  long. 
de  Tile  de  Fer ,  et  dans  lequel  on  reunit  les  garnisons  de  Uchi- 
bamba  ,  Canas  et  Andamarca. 

Les  tribus  eparses  sur  les  bords  de  I'Ucayale  et  de  ses  affluens  , 
sont  : 

Les  Mayoruiuis  ,  qui  occupent  Tangle  forme  par  I'Ucayale  el  le 
Maranon  ;  celte  tribu  est  la  plus  nombreuse  et  merite  ,  a  propre- 
ment  dire  ,  le  nom  de  nation  ,  ayanl  un  idiome  entierement  diffe- 
rent de  celui  des  autres  peuplades.  lis  sont  dociles  etindustrieux. 

Leurs  voisins ,  au  sud  ,  sont  les  Capanaguas  ou  Busquipanes  , 
qu  on  essaya  de  reunir  dans  le  commencement  de  181 7  ;  mais  une 


52 

dpith'-mie  s'clant  declarec  ,  ils  rotouriicient  ;'i  Icurs  villages,  ou  Ran' 
citerias.  lis  vonl  enlieremciil  iius,  el  parlciil  un  dialecle  compris 
par  ceiix  qui  savent  la  languc  Piina. 

On  a  des  renscigiiomcns  sur  une  aulre  nation  encore  plus  nom- 
breuse,  habitant  les  bords  d'une  riviere  aussi  grande  que  I'Ucayale, 
qui  coule  a  Test  de  celte  dcniicre  riviere  nord  ct  sud.  Cettetribu 
est  voisine  de  ccUe  des  Sencis  qui  sont  dociles  ,  reconnaissans  , 
d'une  humeur  gaie  et  d'une  physionoinic  agreablc.  Coinnie  !es 
Capanaliuas ,  ils  sont  enlierenient  nus  ,  sans  distinction  de  sexe. 

Les  Rtmos,  qui  s'elendent  vers  le  Cerros  de  Canchaguaya  ,  prcs 
d'Abavau,  vlvenl  dans  I'interieur  des  monlagnes  ,  et  viennenl 
rarement  a  rUcayaie. 

Les  Amahuacus  occupent  tout  le  pays  enlre  les  grandes  rivieres 
Cuja  ou  Ucaii ,  et  les  aflluens  iamaya  et  Sipahua  ;  ils  sont  dun 
caractere  doux. 

Toules  lesiribus  ci-dessus  sont  sur  la  droile  de  I'Ucayale  ;  sur  la 
rive  gauche  sont  les  suivaiites  : 

Les  Hotenlots  ou  Phiahuas ,  dont  le  veritable  nom  est  Inconnu; 
leur  malproprete  et  leurs  niceurs  les  onl  fait  comparer  aux  Hot- 
tentots d'Afrique.  Les  Panos  les  appellent  Puinahury  ,  ce  qui  est 
une  expression  indecenle.  En  18  n  ,  on  les  decouvrit  par  hasard  ; 
ils  frequenterent  quelque  lenqjs  les  missions ,  el  finirent  par  flis- 
paraitre  entierement. 

Les  Maparis  vivaient  jadis  enlre  I'Ucayale  et  I'lluallaga.  Ils  out 
etc  vus  ensuite  sur  le  cheniin  royal  de  Saula  Calalina  al  (^hipurana. 
lis  sont  paisibles  ct  n'onl  jamais  fait  de  rnal  aux  missiouuaires. 

Les  Setebos  vivent  dans  le  Sarayacu.  Le  Pana  est  leur  idiome 
natif  ,  ol  ils  parlent  la  langue  gencralc  de  I'lnca. 

Les  S/iifjios ,  qui  s'etendent  par  le  Pisqui  depuis  la  reduction  de 
Charasma,  habitaient  d'abord  les  bords  de  I'Aguaitia;  mais  ayant 
eU;  chasscs  par  les  Cashibos,  ils  vinrent  aUcayale  pour  sunir  avec 
les  Cunibos.  Us  sonl  scricux  et  ausl»;res ,  el  parlenl  la  langue  Pana 
avec  quelques  variations.  ,     , 


53 

Les  Plios  occupent  le  rcsle  de  I'Ucayale  el  le  bord  du  Pam- 
Yanti  ou  Yaiialari  ,  jusqu'a  I'endroit  ou  cclte  dernlere  riviere  est 
navigable.  Un  grand  nonibre  babite  aussi  ies  bords  de  la  Cuja, 
qu'on  suppose  etre  le  Paucartainbo  ou  Beni ,  ou  peut-etre  la  memc 
riviere  que  Ies  Portugais  appellent  le  Yavari.  Les  Cunibos  prelen- 
dent  qu'elle  conununique  avcc  TUcayale  par  El  Cdiio  ou  KIo 
Tamava. 

L,es  Cushidos  ,  nation  ferocc  ,  la  terrcur  de  TUcayale,  sont  dis- 
perses le  long  des  Rios  Pacbiter,  Sipiria  et  Aguaitia ,  et  pres  des 
rives  de  I'Ucayale.  lis  sonl  Ires-difficiles  a  soumettre  ,  et  regardes 
comme  antropopbages ;  toutes  les  expeditions  cnvoyees  conire 
eux  ont  ete  sans  succes.  lis  parlent  la  iangue  Pana  ,  avec  quelques 
variantes. 

Les  Campus,  Aiitis  ou  Andes  s'etendeut  des  frontieres  de  Cusco 
a  celles  de  Tarma ,  et  se  diviscnt  en  plusieurs  tribus.  Dans  celle 
nation  sont  compris  quelques  sauvages  vivant  isoles  et  sans  com- 
munication sur  les  bords  du  Tambo,  depuis  Sisipaqui  jusqu'a  Jesus- 
Maria  ;  les  idolatres  pres  le  nouvel  etablissemcnt  de  Cbavini , 
ceuK  d'Eni  et  Pereni  de  la  Sal,  et  les  restes  dos  28  tribus,  de- 
truites  en  ly^S.  Leur  idiome  differe  entierement  de  celui  des 
aulres  tribus.  Quoique  chacune  d'elles  prenne  le  titre  de  nation , 
elles  ne  sont  reellemeiit  quo  cinq  ,  dont  le  langage  est  distinct ,  el 
qui  vivent  sur  les  bords  <le  rUcayale  et  de  ses  affluens. 

Principales  rivieres  des  Missions. 

UUcayale,  grand  aflluent  du  Maranon  ,  dans  lequel  il  se  jetle 
par  le  4-"  i4'  de  lat.  et  le  3o5°  2'j'  de  long,  de  I'ile  de  Fer.  D'abord 
appele  Jiicayale ,  qui,  dans  la  Iangue  Omagua,  signifie  riviere  des 
Ennemis  (  Rio  de  Encmigos),  il  prend  son  nom  a  parlir  du  point 
de  jouction  du  Parobeni  et  du  Tambo  ,  dont  il  est  forme. 

Le  Parobeni,  qui,  dans  la  Iangue  des  Piros ,  est  le  meme  que  le 
Rio  Puro  ,  prend  sa  source  non  loin  de  Cusco ,  et  penetrant  dans 
les  montagnes  par  la  vallee  de  Santa  Ana  ,  se  dirige  vers  le  nord  , 
sans  s'approcher  du   Maranon  ,   exceple  dans    une  grandc  valicc 


siluee  dans  la  Painpa  del  Sacramento  ;  perd  son  noni  a  son  con- 
liiicnt  avec  le  Tambo  ,  et  prend  celui  d'Ucavale  au  lo"  3i'  de  lat. 
et  3o4"  36'  de  la  ni^me  longitude. 

Le  7a/n^o  prend  ce  nom  vers  le  i5°  70'  de  lat.  etle  3o3°  3o'  de 
long.  II  est  forme  par  TApurlmac  ,  la  Pangoa  etle  Chanchamayo; 
perd  son  nom  a  son  confluent  avec  le  Parobeni. 

L.\lf)iirimnr  ,  riviere  tres-connue  du  Perou  ,  entre  dans  les  mon- 
tagnes  par  les  missions  de  Huanta  el  le  paysdes  Antis  ou  Campas  ; 
s'unit  avec  la  Jauja  vers  le  12°  de  lat.  et  le  3o3"  4'  tl<-'  long. 

La  Fangou  s'unit  avec  la  Marameric  par  ii"  ig'  de  lat.  et  3o3  ■ 
3o'  de  long. ,  d'ou  elle  prend  son  nom ;  eiie  se  dirige  ensuite  N.  E. 
avec  le  Chanchamayo  ,  par  le  10'^  45'  de  lat.  et  303"  25'  de  long. 

La  Marameric  prend  sa  source  dans  la  Vuquerla  de  San  Miguel,  a 
5  lieuesE.  de  Andamarca,  traverse  les  montagnes  ,  revolt  les  eaux 
de  differens  ruisseaux,  et  coulant  au  JN.  E.,  elle  va  se  joindre  avec 
la  Pangoa  ,  et  perd  son  nom  a  cetle  joncllon. 

Le  Chanchamayo  prend  sa  source  prcs  Tarma,  se  dirige  au  N. 
N.  E.  vers  le  1 1  °  20'  de  lat. ;  incline  a  Test  pres  de  la  Sal ,  et  coule 
ensuite  directement  a  Test  jusqu'a  son  couduent  avec  les  diverses 
rivieres  qui  forment  le  Tambo.  Sur  les  Lords  de  cetle  derniere 
riviere  et  ses  affluens  ,  etaient  les  anciennes  Missions  del  Cerro  de 
la  Sill ,  detruites  lors  de  la  revoke  de  Juan  Santos  Atahualpa  (i). 

■      .    .  ■  w. 

(i)  ElPeruano.  28  juin   1826.     N"     8. 
ij  juillel.  .  ....  .<i^-f^3. 

■9 «4- 

2(> 17. 

Lima,  Impretita  del  Eslado. 


JoURTSAl,  of  an  finbiissy  fium  the  governor  -  general  of  [ndui,  lo  tfie 
courts  of  Siavi  and  Cochinchina  ,  by  Jolui  Cravvfurd  ,  Jisq. 
F.  R.  S.,  F.  L.  S.,  F.  Ct.  S.,  elc.  London,  1828. 

.loiuiKil  tl'uiie  ambassacle  envoye'c  par  le  gouverneur  -  general  ile  I'liide  aux 
couis  de  Siain  et  de  Cr.cliincliine,  par  Jolin  Crawiiird,  membrc  de  la 
Socie'te  royale.,  de  la  Soclt'tu  linin-eiine  et  de  celle  dc  geologle ,  iin  vol. 
iu-4°,  tio6  pages,  Londres,  1828. 

Ce  volume  ne  peut  maiicjuer  dc  conlribuer  essenliellement  aux 
jnogrcs  dc  la  geographic  el  dc  la  statistlque ;  on  y  Irouve  en 
cHct  unc  des  relations  ies  plus  inleressantes  dont  nous  ayons  eu 
a  rcndre  coniple  depuis  quelque  temps.    ,,;,j  j 

Vers  la  fm  de  1821  ,  lorsque  le  marquis  d'Hasliiigs  elail  gouver- 
neur-general  de  Tlnde,  il  tut  rcsolu  par  Ics  autorites  locales  d'ou- 
vrlr  unc  negociation  avec  Ies  deux  puissanles  monarchies  de  Siam 
el  de  la  Cochinchine,  afm  de  rcnouveler  Ies  relations  qui  avaient 
anterieurement  existe  enlre  Ics  sujcts  de  ces  etats  eljia  compagnic. 
Atteindre  cc  but,  c'etait  se  menager  unc  foule  d'avantages  com.- 
mcrcianx  et  politiques.  M,  Cra\vfurd  fut  choisi  pour  clict"  dc  cetle 
ambassade. 

II  quitta  Calculta  le  21  novcmbrc  1821,  ct  s'embarqua  sur  le 
vaisseau  de  la  compagnic  le  Jo/m  yldam,  duport  dc  38o  lonneau'i. 
11  avail  avec  lui  le  capitaine  DangcrKeld,  destine  a  lui  succeder  en 
cas  d'accident;  le  lieutenant  Ruterford,  de  Tarmee  de  I'lnde,  a  l,< 
itUe  d'une  escorte  de  trente  sipays ,  et  M.  Fiulayson ,  en  qualite  de 
uiedecin  et  de  naturaliste  dc  I'expedition.  FauSe  de  vent  et  a  cause 
des  dil'ficultes  de  la  navigation  du  Gauge,  il  fallut  sept  jours  a  nos 
voyageurs  pour  parcourir  la  partie  du  Oeuve  appelee  le  Reef -Buoy, 
derniere  limilc  oil  la  riviere  n'olfrc  plus  de  dangers.  Cependant 
la  distance  de  Calcutta  a  cet  endroit  n'etait  que  de  i4o  miiles 
(anglais),  «  Tout  vaisseau,  remarque  M.  Grawl'urd,  qui  tire  plus 
w  de  i5  pieds,  sous  chargement,  ne  peul  naviguer  sur  le  (range 
»  avec  sArete  el  economic,  l^es  batimens  de  la  compagnic  des  lades 
»   orienlales,  ordinairenient(|uport  de  1000  a  1200  lonncaux,  el  '1- 


56 

»  rant  au-dela  de  22  picds  deau,  ne  sont  niillcmont  propres  a  ccllc 
"  navigation  ,  lis  preiincnt  \cuv  cargalson  ;i  100  niiiles  cle  Calcutta  ; 
»  et,  indcpondamiTicnt  de  cet  inconvenient ,  lis  perdcnt  cominune- 
»  ment  une  parlie  de  leurs  equipages ,  a  cause  de  la  grande  insalu- 
u  brite  des  stations  oil  ils  sont  dans  I'usage  de  s'arreter.  «  L'ambas- 
sade  arriva  dans  la  matinee  du  1 1  decenibre  ,  a  Penang  ,  ou  a  I'lle 
du  Prince-de-Galles.  Ce  lieu  ctait  aulrefois  I'entrepot  general  d'un 
grand  commerce  avec  les  conlrces  a  I  est  du  Bengalc ;  mais  il  a 
perdu  beaucoup  de  son  importance  depuls  quelqucs  annees.  Cette 
perte  est  une  consequence  de  I'acquisition  de  Singapore  par  la 
compagnie ,  qui  en  a  juge  la  situation  plus  convenable.  Aujour- 
d'hui  Singapore  et  Malacca  dependent  de  Penang.  M.  Crawfurd 
desapprouve  comme  inutile  I'augmenlatlon  des  etablissemens  civlls 
et  mllitaires  que  cet  arrangement  a  occasionnes. 

Le  5  Janvier  1822,  I'expedltlon  quitta  Penang,  et  debarqua  le 
g  dans  la  plus  grande  des  iles  Dinding.  On  y  trouva  les  ruines  du 
tort  bollandals,  exaclement  tel  qu'Il  avail  cfe  decrit  par  Dampiere, 
qui  visita  cette  place  en  i68g.  M.  Finlayson  y  decouvritun  nouvel 
epidendrum ,  avec  une  tige  en  fleur,  d'envlron  6  pieds  de  long  et 
chargee  de  90  a  100  fleurs.  Le  i3  ,  les  voyageurs  entrerent  dans 
les  eaux  de  Malacca,  et  furent  re^us  tres-amlcalement  par  le  gou- 
vemeur  bollandals.  La  population  de  cetle  presqu'ile  ,  qui  n'a  point 
varle  dans  les  vingt-six  dernleres  annees,  est  evaluee  a  22,000  ames 
environ  ;  elle  se  compose  en  grande  parlie  de  Malals,  d'une  race 
de  sauvages  appeles  Benua  et  Jacong,  au  lelnt  olii'atre ;  de  colons 
Hindous  venus  deTelinga,  des  Holiandais  etabils  et  des  descendans 
des  premiers  conquerans  portugals.  Void  ce  que  M.  Crawfurd  <lil 
de  ces  dernlers : 

cf  Les  Portugals  monfent  a  ^ocj  i's  sont  tous  de  la  plus  basse 
»  classe;  les  traits  qui  distlnguent  les  Europeens  sont  encore  for- 
»  tement  enipreints  chez  eux ,  quolque  avec  un  grand  melange  de 
»  sang  asialique.  II  se  trouve  sans  doule  parnii  eux  des  descendans 
j>  en  lignc  directe  de  ces  gucrriers  si  fiers,  si  intolerans  ct  si  braves. 


57 
»  qui  combattirent  a  cole  tl' Albuquerque ;  niais  ils  n'oiil  cef- 
1.  lahiement  pas  herite  du  caractere  de  leurs  ancelres  :  c'est  aujour- 
»  d'hui  une  race  timlde  ,  palslble  et  soundse.  Ils  nous  presentent  un 
»  spectacle  bien  peu  comniun  en  Orient,  celui  de  gens  qui  portent 
»  un  nom  et  un  habit  europeens,  et  qui  sont  livrcs  aux  plus  humbles 
»  occupations  de  la  vie,  car  ils  etaient  employes  commc  doraes- 
)'   tiques,  journaliers  ou  peclieurs.   » 

Apres  un  repos  <le  quelques  jours ,  nos  voyageurs  quitterent  Ma- 
lacca ,  continuereatleur  voyage;  et  le  19,  a  6  heures  dusoir,  ils 
jeterent  Tancre  dans  la  rade  de  Singapore  ou  Sincapore  ,  latitude 
I"  10'  nord,  longitude  loS"  /fo'  a  Test  de  Paris.  Ce  n'etaitque  de- 
puis  environ  trols  ans  que  Singapore  appartenalt  a  la  compagnie 
(anglaise).  Pltis  tard,  M.  Crawfurd  y  fut  appele  en  qualite  de  re- 
sident et  gouverneur  local.  La  violence  de  la  mousson  de  Test  y 
relint  Texpedition  plus  d'un  mois.  Enfm  on  put  lever  I'ancre  le  aS 
fevrier ;  mais  il  fallut  se  lenir,  par  le  (ravers  de  iJorneo  ,  afm  d  e^^^ 
chapper  a  la  violence  des  courans  sous  I'abri  de  cette  tie.  Apres 
avoir  louche  plusieurs  petites  ilcs  sur  la  cole  orientalc  du  golfe  de 
Siam  ,  nos  navigaleurs  se  trouverenl  enfm,  le  22  mars,  dans  la  rade 
de  Slam  ct  a  I'embouchure  de  la  riviere  Menam,  sur  les  bords  de 
laquelle  est  balie  la  vllle  de  iiang-Kok,  capilale  du  royaume. 

Avanl  de  s'avancer  jusqu'a  Bang-Kok,  on  jugea  necessaire  de 
Jeter  I'ancre  au  village  de  Pak-nam,  premiere  station  sur  la  riviere, 
a  deux  niilles  et  demi  environ  de  son  embouchure  el  a  unc  courte 
distance  de  la  barre  sur  laquelle  le  valsseau  n'avait  pu  elre  mis  a 
Hot  qu'avec  une  extreme  difficulle. 

«  Ce  que  nous  vimes  a  Pak-nam ,  dit  M.  Crawfurd,  n'etait  pas 
»  de  nature  a  nous  donner  une  grande  opinion  desprogres  des  Sia- 
»  mois  dans  les  arts  qui  contribuent  aux  besoins  et  a  I'agrement  de 
>.  la  vie.  La  chaumiere  d'un  paysan  anglais  comporte  plus  de  jouis- 
»  sances  que  la  demeure  du  gouverneur  de  Pak-nam,  lequel,  ace  qu'on 
»  nous  dit,  exer^ait  une  autorile  arbitraire  sur  5o,ooo  personnes.  » 

La  courde  Slam  avail  d'abord  exige  le  debarquement  de  I'arlil- 


58 

lerie  aiiglaisc  j  niais ,  apr*^s  quelques  iiegociatiuns ,  eiie  se  tlcsista  dc 
celle  prelention.  En  consequence  ,  le  vaisseau  conlinua  sa  route  vers 
la  capitale,  ou  il  arriva  le  23  mars.  La  ville  ,  vue  de  la  riviere,  pa- 
raissalt  elre  un  ainas  de  liulles  et  de  cabanes ,  du  milieu  desquelles 
s'elevaient  <les  palmiers ,  des  arbres  a  fruit  et  les  ileclies  elancees 
et  brillanles  des  nonibrcux  temples  de  liuddha,  spectacle  vralmeni 
singulier. 

Le  vaisseau ,  bientot  apres  son  arrivee ,  fut  visite  par  le  fils  el  le 
neveu  du  prali-klang  (ministre  des  affaires  etrangeres).  Un  repas 
leur  ayant  ete  servi  a  bord,  lis  maugerent,  burent,  et  mAcherent 
du  tabacavecune  avidite  qui  n'etonna  pas  peu  leurs  Ii6les.  Un  se- 
cretaire vint  aussi  dans  le  cours  de  la  jouruec,  de  la  part  de  Sa 
Majeste,  afin  de  faire  la  description  detaillee  du  cheval  anglais  des- 
tine pour  le  roi ,  et  qui  avait  forlement  excite  sa  curiosite.  Enfin 
arriva  une  deputation  pour  recevoir  la  lettre  du  gouverneur  gene- 
ral. Apres  Tengagement  pris  de  la  repr^senter  au  moment  ou  I'am- 
bassade  serait  rcgue  a  la  cour,  la  lettre  fut  apportee  sur  le  pont, 
et  saluee  par  Tartillerie  du  vaisseau.  L'escorte  destince  a  lacconi- 
pagner  I'emporta  dans  un  vase  d'or,  et  sous  Tabri  d'un  parasol. 
La  lettre,  comme  le  rcmarque  M.  Crawfurd  ,  est  consideree  dans 
!  Orient  connne  la  piece  la  plus  iniporlanle  de  I'ambassade.  L'cxa- 
men  critique  auquel  on  la  soumet  s'etcnd  meme  al'envcloppe,  ainsi 
•[u'a  la  forme  et  a  la  qualite  du  papier. 

La  ceremonie  de  la  presentation  a  la  cour  ayant  ete  fixee  au 
8  avrll ,  M.  Crawfurd  et  ses  amis  partirent  de  leur  demcure  k 
8  heures  et  demie  du  matin.  Apres  avoir  traverse  plusieurs  ap- 
partemens,  ils  arriverent ,  non  sans  peine,  a  I'entree  de  la  sallc 
d'audieuce.  Parvenus  a  cellc-ci ,  ils  furent  forces  d'oter  leurs  cliaus- 
surcs ,  et  de  laisscr  les  liidiens  attaches  a  leur  service,  aussi  bien 
que  leurs  interpretes.  La  salle  ,  dit  M.  Crawfurd  ,  elait,  a  la  lettre, 
si  eijcombree  de  courtisans  couches  :\  plat -ventre ,  (jii  il  etait  dif- 
ficile de  se  remuer  sans  risquer  de  marcher  a  chacjue  instant  sur 
quelques  grands  fonclioiuiaires  d'etat. 


^9 

L'aspect  general  de  la  salle ,  riiuuible  allilude  des  courtisans  , 
la  situation  du  roi  et  le  silence  qui  regnait  dans  cette  enceinte, 
lout  presentait  un  spectacle  tres-imposant ,  ce  lieu  ressemblail  beau- 
coup  plus  a  un  temple  rcmpli  de  devots  en  prieres  qu'a  la  salle 
d'audience  d'un  nionarque  temporel. 

Le  roi  seinblait  avoir  de  5o  a  60  ans ;  il  etait  d'une  petite 
taille,  et  annongait  des  dispositions  a  prendre  du  corps.  Ses  traits 
etaicnt  trcs-communs,  et  decelaient  I'indolence  et  la  faiblesse  de 
son  caractere.  A  la  gauche  du  trone ,  on  avait  expose  ceux  des 
presens  du  gouverneur-general  qui  etaient  susceptibles  d'etre  trans- 
portes.  Un  secretaire  en  lut  la  nomenclature.  La  lettre  du  gouver- 
neur  -  general  ne  fut  ni  lue  ni  representee ,  malgre  I'engagement 
pris  anterieurement  a  cet  egard. 

«  Les  paroles  que  Sa  Majeste  siamoise  condescendit  a  nous  adres- 
»  ser,  dit  M.  Cravvfurd,  furcnt  prononcees  d'une  maniere  grave  , 
;•  mesuree  el  d'un  ton  d' oracle.  Un  des  premiers  officiers  les  Irans- 
»  mettait  a  une  personne  d'un  rang  inferieur,  et  cette  derniere  au 
»  ko-chai-sohak,  qui  etait  derriere  nous  ,  et  les  expliquait  en  langue 
»  malaise.  Voici,  telles  qu'elles  nous  furent  rendues,  les  questions 
»  proposees  :  Le  gouverneur-general  de  I'inde  (litteralement  en 
"  siamois,  le  lord,  c'est-a-dire ,  gouverneur  du  Bengale),  vous  a 
»  envoyes  a  Siam  ;  quel  est  voire  buti'  La  reponse  fut  une  courte 
)>  explication  de  Tobjet  de  I'ambassade.  —  Le  roi  d'Angleterre 
>y  a  -  t  -  il  connaissance  de  voire  envoi  .^  Le  gouverneur-general 
»  de  I'lnde  est  -  il  frere  du  roi  d'Angleterre  ?  Quelle  difference  y 
»  a-l-il  entre  I'age  du  roi  et  celui  du  gouverneur-general  '  Le  gou- 
»  verneur- general  de  I'lnde  etait- il  en  bonne  sante  lorsque  vous 
»  avez  quitte  le  Bengale  ?  Ou  vous  proposez-vous  d'aller  apres  avoir 
»  quitte  Siam?  La  paix  est-  elle  votre  but  dans  tons  les  pays  que 
»  vous  jugez  convenable  de  parcourir?  Avez-vous  intention  de  voya- 
>•  ger  par  terre  ou  par  eau  ,  de  Siam  a  Turan  i'  Est  -  il  dans  vos 
:»  projets  de  visiter  Hue ,  capitale  de  la  Cochinchine  i'  Apres  les 
»  reponses  a  ces  diverses  demandes,  Sa  Majeste  finit  par  ces  pa- 


6o 

»  roles  :  Je  suis  bien  aise  de  voir  un  cnvoyti  dii  gouverncar-genc- 
»  ral  <k'  llndc.  Quelque  chose  que  vous  ayez  a  dire,  donnez-en 
»  communication  au  minisire  Suri-W^ung-Cosa.  Cc  que  nous  al- 
»  tendons  principalcmcnt  de  vous,  ce  sont  des  armcs  a  feu. 

>•  Durant  Taudiencc,  il  etait  tombe  unc  forte  ondi'-e ,  el  il  plcu- 
»  vail  encore  lorsqu'elle  fat  tenninee.  Sa  Majeste  prit  de  la  occa- 
»  sion  de  nous  presenter  a  chacun  un  petit  parapluie ,  el  fil  donner 
»  I'ordre  de  nous  laisser  voir  a  noire  aise  les  curiosiles  du  palais. 
»  Les  cours  et  les  chemins  etant  tres-humides  et  tres-sales ,  a  cause 
»  de  la  pluie ,  nous  demandAmes  tout  nalurellement  nos  chaussures, 
»  que  nous  avions  laissees  a  la  derniere  porle  ;  niais  il  etait  impos- 
»  sible  de  nous  accorder  cetle  faveur  ,  les  premiers  princes  du  sang 
»  n'ayant  pas  Ic  droit  de  porter  des  chaussures  dans  I'cnceinte  sa- 
»  cree  ou  nous  etions.  II  aurait  ete  impolilique  de  monlrer  de  la 
»  niauvaise  humeur.  Nous  feigninies  done  de  nous  conformer  de 
»  la  meilleure  grace  du  monde  a  cet  usage  incommode,  et  nous 
»  pAmes  satisfaire  noire  curloslte  sans  reserve.   » 

Ce  ne  fut  que  le  i6  avril  qu'il  fut  possible  a  M.  Crawfurd 
d'entamer  la  negociation  dont  il  dtait  charg^.  II  obtint  enfm  ,  cc 
jour-la,  sa  premiere  audience  avec  le  prah-klang;  mais  ni  ce  jour  ni 
flans  aucune  autre  occasion  subsequenle,  ils  ne  pureiil  parvenir  a 
effecluer  aurun  arrangement  definilif  sur  les  points  qu'ils  eurent  a 
•liscuter.  Les  delais  iulcrininables  de  la  cour  de  Siam  auraient 
ete  en  tout  temps  un  obstacle  a  la  promple  conclusion  des  affai- 
res; mais,  dans  le  cas  present,  il  v  avail  d'autres  difficultes  bien 
plus  insurmonlables.  Ce  que  les  Siamois  avaienl  le  plus  a  cwur,  c"e- 
tait  d'obtenir  la  promesse  que  ,  si  on  faisail  un  traite  de  commerce , 
ils  auraient  en  tout  temps  le  privilege  de  pouvoir  se  procurer  des 
armes  a  feu  et  des  provisions  de  guerre  dans  les  ports  anglais.  Mais 
cY'tait  une  clause  que  M.  (^rawfiu'd  eul  le  regret  de  ne  pouvoir  ac- 
corder dans  toule  son  elendue.  Outre  ccUe  difliculte  ,  une  autre 
presque  aussi  forte  contribua  a  faire  echouer  la  mission  de  M.  Craw- 
furd aupres  des  cours  de  Siam  el  de  (^ochinchine.  Les  fiers  auto- 


crates  de  ccs  deux  pays  ne  voyaicnt  qu'avec  mc'pris  Tambassadeur 
du^ouvcmement  subordonne  de  I'lndc.  En  Cochlncblne,  M.  Craw- 
furd  ne  fut  pas  meme  admis  a  la  presence  du  roi;  el  ni  I'un  ni 
Tautrc  monarque  ne  condescendit  a  repondre  en  son  propre  nom 
aux  lollies  du  gouverneur-general.  On  fut  surpris  que  M.  Craw- 
furd  n'eiil  point  do  lettres  do  croance  du  roi  d'Anglelerrc  lui-mome. 
Ce  ful  pour  ce  niolif  que  la  cour  de  Cocbincbine  refusa  memo  de  re- 
cevoir  les  prosens  envoyes  par  Ic  marquis  d'Haslings.  A  Siam  , 
I'oreueil  du  roi  et  de  ses  ministrcs  ccda  a  leur  avarice  et  a  leur  ra- 
pacile;  et  les  presens  furent  re^us,  mais  seulement  comme  tribut 
d'un  inferieur  a  son  suzerain. 

Malgro  cos  docouragcmens,  M.  Crawfurd  persevera  dans  ses 
efforts  pour  altelndre  aulanl  que  possible  le  but  de  sa  mission. 
Ce  qu'il  avail  principaloment  a  coeur,  c'elait  rabolition  du  droit 
de  preemption  que  Sa  Majeste  slamoise  s'attrlbuait  et  exer^ait  sur 
toutes  les  niarcbandises  importees  pour  etre  vendues  dans  ses  etats, 
Aprcs  plusicurs  conferences  peu  satisfaisantes  avec  le  prab-klang  , 
la  negociation  sc  termlna  par  rultimalum  du  gouverneur  siamols, 
savoir  :  que  <<  les  vaisseaux  anglais ,  a  leur  arrlvee  a  Tembouchure 
>»  de  la  riviere,  seraient  visiles  par  le  gouverneur  de  Pak-nam ,  et 
>•  que  leurs  amies  et  leurs  canons  seraient  debarques  ,  suivant  I'an- 
>>  cienne  coulume  ,  qu'ensuite  les  navires  seraient  conduits  a  la 
»  capilale ;  que  dos  qu'ils  seraient  a  Tancre,  le  surinlendant  de  la 
»  douanc  leur  prcterait  assistance  dans  leurs  achats  et  leurs  venles 
»  avec  les  marchands  de  Siam,  et  que  les  droits,  ainsi  que  les 
»  charges ,  resteraient  les  memcs  qu'auparavanl.  Permis  du  reste 
»  aux  marchands  anglais  de  vonir  a  Siam,  pour  vcndre  et  achcler, 
»  confornniirtonl  a  ce  reglement.   » 

Cetle  piece  si  satisfaisanle  et  si  imporlante  avail  ete  remise  a 
M.  Crawfurd  le  12  juin.  Cependant  ce  tie  fut  que  vers  !e  milieu 
de  juillet  que  Total  de  la  barre  de  la  riviere  permit  au  vaisT-. 
seau  de  parlir.  Depuis  ce  moment  jusque  vers  le  milieu  d'aout, 
!o  temps  fut  employe  a  faire  le  voyage  de  Siam  a  Saigun ,  premier 


C,2 

jiorl  (le  Cocliincliine.  Ayaiit  allciiit  la  poiiilo  <lc  Kaiidyn,  a  rcm- 
bouchmc  de  la  riviere  <le  Saiguii,  Ics  voyageurs  furent  visites  par 
Ic  mandarin  de  ce  lieu,  qui  leur  fit  I'accuell  Ic  plus  hospitalier  , 
apres  qu'ils  eurent  descendu  a  terre.  Laissant  la  le  vaisseau  , 
M.  Crawfurd  et  M.  Finlayson,  avec  une  suite  de  trente  domes- 
tiques ,  renioulerent  la  riviere  en  bateau,  jusqu'a  Saigun  ,  on  ils 
arriverent  dans  la  matinee  du  2().  lei  ils  eprouverent  une  diffi- 
culle  iniprevue.  Le  gouverneur  de  la  Basse  Cochinchine  insista 
pour  voir  la  iellre  du  gouverneur -general  au  roi ;  ct  pour  le  safis- 
faire,  il  ne  lui  fallait  rien  moins  que  I'original,  qui  par  mallicur 
avait  ete  laisse  sur  le  vaisseau  a  Kandyu.  On  ful  done  oblige  de  I'en- 
voyer  chercher.  Cetle  leltre  fut  I'objet  de  beaucoup  de  criliques  de 
la  part  des  mandarins,  par  rapport  aux  tilres  qu'on  y  donnait  au  roi 
de  la  Cochinchine. 

Ayant  ete  honore  de  Faudience  <lu  gouverneur  ,  M.  Crawfurd 
quilta  Saigun  le  3  seplcmbre.  Apres  une  navigation  de  quelques 
heures ,  il  regagna  son  navire ,  et  il  contlnua  son  voyage ,  le 
long  des  cotes  occldentales  de  la  peninsule ,  vers  Hue ,  capitale  du 
royaume.  Le  i5,  il  entra  dans  le  port  de  Turan.  II  y  laissa  le  na- 
vire ;  el  accompagne  seulemenl  de  M.  Finlayson  et  d'une  douzainc 
de  personnes,  il  s'embarqua,  peu  de  jours  apres,  a  bord  de  deux 
galeres  fournies  par  le  gouvernement.  Apres  un  court  voyage ,  il 
arriva  a  sa  deslinalion.  La  premiere  chose  dont  les  aulorites  s'oc-  ^ 
cuperent  ici  fut,  comme  a  I'ordinaire,  la  lettre  du  gouverneur- 
general.  Malgre  ses  efforls,  M.  Crawfurd  n'eut  point  I'bonneur 
d'etre  presenle  a  la  cour.  Le  ministre  promit  seulement  de  faire 
connaitre  son  desir  a  Sa  Majeste.  «  11  est  naturei,  dit-il  en  sou- 
«  riant,  que  vous  meltiez  tant  de  prIx  a  I'honneur  d'etre  presente 
»>  a  un  si  grand  roi.   » 

Deux  ou  Irois  jours  apres,  les  voyageurs  eureul  la  liberie  d'aller 
partout  ou  11  leur  plalrall.  lis  ne  purenl  voir  sans  luterel  les  forti- 
fications clevees  sous  la  surveillance  du  precedent  roi ,  qui  avait  etc 
instruit  et  guide  par  quelques  ingdnieurs  fran^jais.  Les  defenses  au- 


G3 

lour  tie  la  ville,  les  casernes,  el  prliicipalcmenl  I'arsenal,  loutleur 
parut  construit  d'apres  les  meilleurs  principes,  et  entretenu  tlans 
un  ordre  admirable.  Nos  voyageurs  font  les  memes  elogcs  des  rou- 
tes ,  des  ponts  et  des  canaux,  dans  les  environs. 

Les  gastronomes  de  Hue  ont  un  mels  favori  fort  singulier  :  ce 
sont  des  wufs  broullles  dune  nouvclie  espece.  On  fait  couver  les 
ceufs;  et  apres  qu'ils  ont  cte  dix  a  douze  jours  sous  la  poule,  lis 
sont  reputes  Lons  a  manger.  Sa  Majesle  cocliinchlnoise  en  envoya 
aux  Anglais,  dans  les  derniers  jours  de  leur  residence  dans  la 
capltale. 

Les  presens  envoyes  par  le  gouverneur7general  n'ayant  pas  ete 
acceptes  par  le  gouvernement  coclilnchinois  ,  M.  Crawfurd  crut  de- 
voir refuser  ceux  de  ce  gouvernement.  Ce  fut  un  pretexte  pour  ce 
dernier  de  refuser  de  remetlre  a  I'ambassade  une  lettre  du  roi  pour 
le  gouverneur  -  general.  M.  Crawfurd  fut  done  oblige  ,  comme  a 
Slam  ,  de  se  contenter  dune  simple  lettre  du  minlstre.  A  I'egard  des 
relations  conmierclales ,  Sa  Majesle  daigna  permettre  aux  vaisseaux 
anglais  de  frequenter  Saigun,  Han  ou  Turan,  ainsi  que  Falfo  et 
la  capltale. 

L'expedlllon  quitta  Hue  le  17  octobre  ;  et,  s'ctant  rendue  par 
terre  a  Turan,  elle  s'y  embarqua,  arriva  a  Singapore  le  16  no- 
vembre,  el  a  Calcutta  le  ig  du  mois  sulvant.  M.  Crawfurd  rendi! 
conipte  de  sa  mission  au  marquis  d'Hastings,  qui  etait  sur  le  point 
de  partir  pour  retourner  en  Angleterre.  Le  gouverneur  ,  ainsi  que 
son  successeur  immediat,  feu  M.  Acland ,  approuverent  sans  re- 
serve la  condulte  sage  el  retjecble  de  M.  Crawfurd,  au  milieu  de 
circonstances  difficlles  et  embarrassanles. 

Pendant  la  derniere  guerre  des  iilnnans,  on  envova  une  nou- 
velle  ambassade;  mais  elle  n'eut  pas  plus  de  succes  que  celle  donl 
nous  venons  de  donner  une  esquisse.  Les  tentatlves  de  certains  ca- 
pitalistes  anglais  pour  former  des  relations  commerciales  avec  ce 
pays,  par  renlreinise  <les  negocians  de  Singapore,  peuvent  etre 
regardees  comme  ayanl  complelement  eclioue ;  resultat  qu'on  pou- 


64 

vait  priivoir,  dapres  la  jalousie  el  Ic  caraclcro  iiilrailablc  <lu  f'Oii- 
verneincnl,  etles  roslrlcllons  oiicrcuses  auxquelles  resle  expose  loul 
commerce  etranger  dans  les  ports  de  ce  royaume.  M.  Crawfurd 
pense  que  si  jamais  on  essaye  d'etablir  des  rapports  commerclaux 
avec  Siam  ou  la  Cochinchine,  il  faut  le  faire  seulemenl  par  Ic  moyen 
des  jonques  chinoises;  cardans  le  fait,  dlt-il,  les  habitans  de  la  Chine 
sont  les  seuls  elrangers  pour  lesqucls  ces  deml-barbares  ne  mon- 
trent  ni  aversion  ni  mepris.  Les  niouarques  de  ces  deux  conlrees 
regardcnt  le  roi  de  la  Chine  en  quelque  sorte  comme  leur  suze- 
rain. Quant  aux  aulres  souveraius,  ils  les  considerent  tous  conune 
leurs  inferieurs ,  pour  ne  pas  dire  leurs  vassaux.  La  rdvolution  de 
France  et  d'aulres  motifs  avaient  determine  beaucoup  de  Fran^ais 
a  partir  pour  la  Cochinchine,  oii  ils  acquirent  bicnlot  une  influence 
puissante  a  la  cour.  Us  sont  revenus  presque  tous  dans  leur  patrie, 
depuis  que  les  circonstances  ont  change;  mais  les  liaisons  qui  out 
etc  formees  enlre  les  Fran^ais  el  les  Cochinchinois  pourraient  sc 
relablir  dans  le  cas  dune  guerre  entrc  la  France  et  I'Augletcrre  , 
et  devenir  dangereuses,  dit  M.  Crawfurd,  pour  le  commerce  des 
Anglais  avec  la  Chine. 

L'empire  siamois  se  compose  aujourd'hui  de  Slam  propremcnl 
dite,  dune  grande  partie  de  Lao,  dune  portion  de  Camboje  el  de 
certains  elats  malais  devenus  ses  Iributaircs.  On  peut  considerer 
cet  etat  comme  comprls  cntre  le  B'^  et  le  21*=  degre  dc  latiludc  nord  , 
et  entrc  le  gg  et  107  degre  de  longilude  a  I'est  dc  Paris.  Sa  surface 
peut  s'cvaluer  a  igo,ooo  miiles  geographiques  carrc's  (  le  mille 
lineairc  de  20  au  degre  ).  II  csl  impossible  de  determiner  exacte- 
ment  sa  population  ;  mais  M,  Crawfurd  pense  qu'on  peut  la  porter 
a  environ  deux  millions  huit  cent  mille  individus ,  panni  lesquels 
on  ne  compte  qu'environ  douze  cent  soixante  mille  Siamois.  Le 
resle  se  compose  de  gens  de  Lao ,  de  Pegnans ,  CamboVens ,  de 
Malais,  de  Chinois(au  nombre  d'environ  4/(.o,ooo),  de  nalurels 
dc  la  parlic  occidenlale  de  I'lnde,  et  de  deux  mille  in<livi<lus  qui 
descendent  des  Portugais. 


65 

Les  Siainois  sont  d'un  brun-clair ;  k;inte  plus  foncee  que  cellc 
des  Chinois  ,  mais  ii'approchaiit  jamais  An  noir  du  negre  africain 
ou  dc  I'Hindou.  lis  sonl  plus  pelits  de  taillc  que  les  Hiiidous,  les 
Chinois  ou  les  Europeens ,  mais  plus  grands  que  les  Malais.  Leur 
physionomie  repand  sur  tout  leur  exlerieur  une  teinte  de  tristesse  et 
de  chagrin.  "Tel  est,  dil  M.  Crawfurd,  le  jugement  d'unEuropeen, 
»  et  tel  seraitsans  doute  aussi  celui  d'un  nalurel  de  I'AsIe  occidentale; 
»  mais  il  est  necessaire  d'ajouter  que  les  Siamois  ,  vains  en  toute 
»  chose,  out  une  idee  de  Leaute  ,  qui  leur  est  propre  et  qu'i's  ne 
»  sontnullenient  disposes  a  respecter  notre  opinion  a  cet  egard.  Je 
«  montraiun  jour  a  qiielques  Siamois  de  Calcutta  une  jeune  et  hel.'c 
»  Anglaise  ,  etje  temoignai  le  dcsir  desavoir  ce  qu'ils  en  pensaieni. 
»  lis  me.  repondlrent  que  je  verrais  de  plus  belles  personnes  quand 
»  j'irais  a  Siam  !  La  Loubcrc  raconte  qu'ayant  montre  aux  Siamois 
»  les  portraits  de  quelques  beautes  celebrcs  de  la  cour  de  Louis  XIV, 
»  il  fut  force  de  reconnaitre  qu'ils  n'avaleni  excite  aucune  admira- 
>.  tion.  LTne  grande  poupee  qu'il  leur  fit  voir  fut  plus  de  leur  goAt , 
»  et  un  jeune  mandarin  qui  jugeait  du  beau  sexe  a  la  maniere  des 
»  Siamois,  dit  qu'une  femme  de  cette  tournure  vaudrait  a  Siam 
»  5ooo  couronncs  (i5,ooo  Jiv.  sulvant  la  Loubere  en  1687  ).   » 

L'babillement  des  Siamois  conslste  simplement  en  une  toile  de 
soie  ou  de  coton ,  de  cinq  a  sept  coudees  de  long ,  passee  autour  des 
reins  et  des  cuisses ;  le  reste  du  corps  est  lalsse  entlereraent  nu.  C^uel- 
quefois  une  autre  echarpe  plus  ctroite  se  porte  en  forme  de  ceinture 
ou  est  jetiie  ncgligemment  sur  les  cpaules.  Leur  coulcur  favorite  est 
le  noir.  Le  blanc  est  reserve  pour  le  deuil.  II  n'y  a  gueres  que  les 
enfans  qui  portent  des  bijoux.  Les  Siamois  ,  comme  les  Chinois  , 
laissent  croitre  leurs  ongles,  qui  devlennent  d'une  longueur  deme- 
suree  ;  comme  lis  out,  contra  les  denis  blanches,  les  prejuges 
communs  aux  Orientaux  ,  lis  sont  dans  Thabitude  de  les  teindre  de 
bonne  Iieure  avec  une  encre  indeliibile.  lis  macheut  du  tabac  mo- 
deremeut,  mais  ils  en  fument  sans  cesse.  Cts  pcuples  surpasseni 
meme  les  Malais  dans  la  consonmiation  qu'ils  font  de  Tareca  et  <lc 

5 


66 

la  racine  dc  bclel.  La  ceremonic  iln  mariage  panni  les  Siamois  csl 
la  plus  simple  possible  ;  mais  ils  inellent  beaucoup  de  formalile  et  de 
pompc  dans  leurs  fiiuerallles.  lis  brAlent  Icurs  morfs  ;  mois  ils  n'im- 
luoient  jamais  de  viclimes  vivantes  sur  Ics  buchcrs  dc  ces  derniers. 

Les  Siamois  n'ont  fait  presque  aucun  progres  dans  les  arts  in- 
duslriels  ou  llbcraux.  Les  seuls  mccaniclens  de  quelqu'babillte 
parmi  eux  ,  sont  des  Ghinois  ou  des  Cocliiiicliinois.  C'est  de  la 
Chine  quils  tirent  presque  tous  leurs  usiensiles  de  zinc  et  de  cuivre 
jaune.  Les  armcs  a  feu  leur  vienneut  d'Kurope.  Les  feumies  seules 
travaillcnt  la  soic  et  le  coton  ,  et  le  font  a.vcc  tres-peu  d'habilete.  Ils 
fabriquent  eus-miimes  une  poterie  grossicre  ;  mais  loule  leur  por- 
celaine  esi  importee  de  la  Chine.  Leurs  habitations  ,  en  general  , 
sont  biities  simplement  de  bambous  ,  et  couvertes  avec  la  feuille  du 
palmier  Nipa.  ()uelques  maisons  ,  dans  la  capitale  seulement ,  sont 
construites  de  briques  et  dc  morlier ,  et  recouvertes  d'une  toiture 
en  tuiles.  Les  voillcs  scmblenl  inconnues  chez  eux.  Leurs  ponts , 
menie  dans  la  capitale ,  se  rcduiscnl  a  une  simple  planchc.  Les 
commu^cations  qui  sont  nombreuses  et  (5tenducs  se  font  par  eau 
presque  partoiit.  Leurs  temples  ,  les  plus  imporlans  de  leurs 
edifices,  sont  balis  dc  briqaes  et  de  morlier,  et  decores  avec  le 
plus  grand  soln.  L'arl  du  staluaire  est  borne  chez  eux  a  la  fabri- 
cation de  figures  de  Budha,  qu'ils  fontd'une  composition  de  plAtre, 
de  reslne,  d'buile  et  de  polls  baches,  et  qu'ils  recouvrcnt  de  vernis 
et  d'une  couclic  cpalsse  de  dorure ,  pour  cachcr  les  defauts.  Favo- 
rlses  par  le  sol  et  le  climat ,  ils  recuelllent  beaucoup  de  grains  ,  dc 
Sucre  et  de  poivre  ,  sans  etre  toutefois  fort  habiles  en  agriculture. 
A  la  verite,  ce  sont  des  Chinois  qui  cultlvent  cxcluslvement  lesucre 
et  ic  polvrc.  Le  pays  produit  aussi  beaucoup  d'huile  el  de  sel. 

L'instruction  est  rare  paiTnl  les  Siamois.  Tons  les  medecins 
praticiens  sont  Chinois  ou  Cochinchlnols  :  la  divination  et  I'astro- 
nomie  sont  du  ressort  de  quelqucs  brahmins  ^tablis  dans  le  pays. 
L'annee  slamoise  est  solaire ;  cl  se  compose  de  douze  mois, 
auxquels  on  ajoule  un  mois  inlercalaire  de  3o  jours,  chaque  Iroi- 


sieme  anncc  (i).  Leur  seniaine  est  de  sept  jours;  chaque  jour  com- 
menijant  au  coucher  du  solell ,  est  parlage  en  seize  veilles.  Leur 
garde-leinps  (chroaometre  ,  horloge  ou  clepsydre ) ,  est  le  m^me 
apparei!  qui  est  en  usage  chez  les  Hindous ,  c'est-a-dire ,  une  coupe 
percee  au  fond,  et  placee  dans  un  vase  plein  d'eau.  Ilsdivisent  aussi 
le  temps  en  cycles  de  douzc  et  de  soixante  aus.  lis  ont  deux  epoques, 
une  sacree  qui  date  de  la  mort  de  Gautama,  et  une  populaire,  a 
compter  de  rinlroduction  du  culte  de  Budha ,  a  Siam.  L'annee  com- 
men(;ant  avecle  ii  avril  i822etait,  sulvantla  premiere  maniere  de 
compler ,  la  2366^  de  la  chronologic  siamoise  ;  elle  en  etait  la 
1184"  selon  I'autre  ere.  Les  Slamois  savent  peu  d'arllhmetique ; 
et  calculent  a  la  maniere  des  Chinois.  lis  connaissent  le  systeme 
de  la  numeration  decimale  ,  leur  monuaie  courante  consiste  seu- 
lement  en  co-.vries  et  en  quelques  pieces  d'argent  (2). 

(i)  On  doit  au  cclebre  Dominique  Cassini  un  Me'moire  fort  curieux  sur 
1'astrononiie  sinmoise  ,  voy.  a  ce  sujet ,  1°  Le  voyage  de  La  Loubere  a  Siam  , 
i<^  vol. ;  2"  Les  me'moires  de  I'Acade'mie  des  sciences,  tome  viii ;  et  3°  L'astro- 
nomie  indienne  ,  de  Baill3^ 

Suivant  Cassini,  Pe'poque  recente  des  Siamois  commence  le  11  mars  638  de 
notre  erevulgaire,  tandisque  IVpoqiie  ancienne  remonte  a  544  ans  avant  J.-C. 
L'anne'e  siamoise  est  luni-solaire  ,  ayant  tantot  12  mois  ,  et  tanlot  i3,  selon 
qu'elle  est  commune  ou  embolismique.  Chaque  mois  lunaire  est  cense' de  3o 
jours  ,  mais  ces  jours  que  Cassini  nomme  jours  artificiels  ,  sonl  plus  courts 
que  les  jours  naturels  qui  se  complcnt  d'un  midi  au  suivant ;  sept^cent  trois 
jours  lunaircs  ,  ou  artificiels  font  632  jours  solaires  et  235  mois  lunaires 
egalent  ig  revolutions  du  soleil.  II  suitde  la  que  le  mois  lunaire  evalue'  en  jours 
naturels  ,  est  de  29  jours  12  heures  44'  -"  ^■^"'  22""  ,  et  que  la  re'volution  du 
soleil  se  fait  en  365  jours  5  heures  55'  i4"  environ;  c'est  a  peu  pres  l'anne'e 
d'Hipparque  et  de  Ptoleme'e.  M.  Crawfurd  ne  s'accorde  pas,  a  cet  e'gard  , 
entierement  avec  Cassini.  -A^-  du  R. 

(2)  Cowries,  espece  de  petiles  coquiUes  employees  coKime  monnaie  dans 
quelques  parlies  des  Indes  orieutales  ,  et  de  I'Afrique. 

3Ionna!es  actucUes  de.  Siam  scion  Kelly  : 

ISIonnaics  de  comptc  :  les  comptes  sc  tiennent  en  catlys-,  tales  ,  tlcals  ou 


68 

Les  Siamois  nc  savcnl  que  peu  de  chose  des  pays  (-trangers  ;  les 
seuls  noms  de  peuples  oii  dc  ronlrocs  quils  connaissent,  hors  de  la 
partie  du  globe  quils  habilent  ,  sont  :  Hua-Prek  (TAfrique)  ;  Fa- 
rang  (  TEurope  ) ;  Fraugsit  (  la  France)  ;  W  Ulande  (la  Hollande ) ; 
Angkrit  (I'Angleterre)  et  Morkan  (les  Elats-Unis.  lis  liaVssent  les 
voyages  de  mer,  et  Tesprit  de  leurs  institutions  repousse  loute  liai- 
son avec  les  etrangers. 

Leur  musique  est  plus  agrcablc  a  une  oreille  curopeenne  que 
celle  de  tout  autre  peuplc  de  TOrient,  exceptc  peut-etre  celle  des 
Turcs  et  des  Pcrsans.  Leurs  melodies  sont  vives  et  animees ,  el 
ressemblcnt  a  cellcs  des  Ecossais  et  des  Irlandais.  lis  out  beaucoup 
d'iuslruinens  a  vent  et  a  cordes.  L'alpliabet  siamois  sc  compose 
de  trente-neuf  consonnes,  outre  un  grand  nombre  de  voyelles.  lis 
ecrivent  de  gauche  a  droile  ;  les  regies  de  leur  grammaire  sont 
fort  simples.  Leur  lilterature  est  pauvre  et  sans  intcrel;  leurs  com- 
positions ,  excepte  les  ecrits  epistolaires,  sont  toutes  en  vers  et  dune 
simplicite  de  stvle  qui  n'offre  point  ces  melaphores  liardies  et  ces 
tournures  hyperboliques  des  langues  orientales.  La  langue  du  pays  est 
la  scule  en  usage  dans  les  chansons  ,  les  romances  et  les  chroniques 
uationales  ;  tous  leurs  livres  religieux  sont  ecrits  en  bali  conune 
dans  les  aulres  contrees  de  Test  oiile  buddhisme  est  la  religion  do- 
minante.  Le  peuple  en  general  apprend  a  lire  et  a  ecrire  ;  mais  ce 
n'est  que  dune  maniere  fort  imparfaite. 

M.  Crawfurd  ne  rend  pas  un  compte  Ires-favorable  du  caracterc 
des  Siamois  en  general.  «  A  en  juger  ,  dit-il  ,  d'apres  ceux  avec 
»  lesquels  j'ai  eu  des  relations,  je  n'hesite point  a  confinncrce  que 
»  les  Europeens  ont  souverit  assure  savoir  :  que  les  Siamois  sont 

tuals  ,  miams  ;  foiiangs  it  cowries.  Le  catty  -i^  20  tales  ;  la  tale  =r  4  ticals  on 
16  miams  ,  oii  32  f  jiiaii{;s.  J.e  fouang  —  800  cowries. 

Lesmonnaies  re'ellcs  sont  les  ticals  dW ,  les  ticals  d'argent  ,  les  miains , 
les  fouangs  et  les  sompaies.  Le  tical  d'or  =  10  ticals  d'argent.  Le  sonipaie  — 
le  quart  dii  fonnrg  ;  le  tical  d'argeiit  =29  a  oodeniersslcrl.  =:  2  fr.  98  cent,  a 

^'f'-o'j-  N.  du  n. 


69 

»  lainpans  ,  paresseux  ,  avides  jusqu'a  la  rapacite  ,  sans  delicalesse, 
»  pusillariiincs  el  vains  jusqu'a  Textravagance  !  D'un  autre  cole  on 
»  rcconnait  qu'en  general  lis  sont  temperans  et  abstemes  ;  faciles 
»  a  calmer,  paisibles  el  dociles.  Les  affeclions  de  tauiille  out  beau- 
»  coup  de  force  paniii  euK  ,  el  le  devoir  filial  esl  regarde  comme 
»  uiie  obligation  religieusc.  I-es  femmes  ne  sont  point  renfermees 
»  comme  dans  d'autres  coiilrces  orientales  ;  mais  elles  ne  paraissent 
>.  pas  Irailees  avcc  beaucoup  de  respect,  et  leur  vcrlu  ne  jouit  pas 
»  d'une  haule  estime.  Citons  texluellement  M.  Crawfurd. 

»  La  servilile  chez  les  Siamois  esl ,  comme  on  dcvait  s'y  atlen- 
»  dre ,  une  consequence  necessaire  du  despotisnic  rigide  sous  le 
»  poids  duquel  ils  sont  courbes.  La  subordination  des  rangs  est 
»  rigoureusement  etablic  a  Siam  ,  au  point  de  faire  disparaflre 
»  toule  apparence  d'egalite  ,  et  consequemment  toute  vral^  poli- 
»  tessc.  lia  coaduite  des  Siamois ,  envers  leurs  superieurs  ,  est  ab- 
»  jecte  au  dernier  point ,  tandis  qu'ils  sont  dedaigneux  et  inso- 
»  lens  envers  leurs  inferieurs.  Ce  caractere  semble  en  effet  im- 
»  priuie  dans  tous  leurs  acles  exterieurs.  Leur  gaile  n'est  jamais 
»  gracieuse  ou  franclie  comme  celle  des  tribus  mililaires  de  TAsic 
»  occidenlale  ;  elle  est  au  contraire  ignoble  et  grossi<^re  comme 
>»  celle  dun  etre  bas  et  rampant.  Peul-etre  aussi  que  les  attitudes 
»  par  lesquelles  se  manlfeste  la  soumission  envers  les  superieurs 
»  conlribuent-elles  a  bannir  I'alsance  ,  dans  les  relations  sociales, 
)>  et  il  semble  en  effet  Impossible  d'associer  la  moindrc  elegance  dans 
»  lesmanieres,  meme  superficiclle  avec  la  pratique  habituellede  ram- 
»  per  sur  les  genoux  ou  sur  les  coudes,  en  frappant  de  la  tele  conlrc 
»  terre.  Nous  eumes  1  occasion  d'observer  I'effctde  celtepralique  sur 
»  les  personnes  de  notre  connaissance,  dont  les  genoux  el  les  coudes 
i>  etaient  converts  d'escarres  noires  et  indelebiles.  Le  prah-klang 
»  surlout  offrait  des  traces  frappantes  de  c«s  proslernalions,  qu'il 
«  etait  oblige  de  repeter  au  nioins  deux  fois  par  jour  au  palais !  » 

Voici  mainlenant  queiques  notions  sur  la  Cochinchine.  Le 
royamc  de  cc  nom  se  compose  de  la  Cochinchiuc  proprement  dite, 


70 

flc  Tonquin  ,  et  (Vune  parllc  <le  rancien  royaume  de  CamLoge.  ll 
s'ctend  prcsquc  depuls  le  8"=  jusqu'au  23*=  degre  de  latitude  nord  ,  et 
sa  largeur  de  Test  a  Touest  varie  de  60  a  180  milles  (  anglais).  Sa 
surface  peut  s'evaluer  a  environ  g8,ooo  milles  carres,  et  la  popula- 
tion n'excede  probablcment  pas  de  beaucoup  cinq  millions. 

La  religion  clirelienne  introduite  dans  le  pays  vers  I'annce 
1624 ,  par  les  Jesuites  porlugais  venus  de  Macao  ,  n'a  fait  aucun 
progres  sensible  dans  ces  derniers  temps.  Ce  qui  en  elle  conlrarie 
le  plus,  dil-on  ,  les  moeurs  et  les  babitudes  des  Cocbincbinois ,  c'est 
qu'elle  interdit  la  polygamic. 

Les  Cocbincbinois  d'origine  Anam  sont  de  pctits  hommcs  trapus 
et  malfails.  Leur  conlenance  decele  neanmoins  un  air  de  gatle  et 
de  bonne  humeur.  Les  femmes  parurenl  a  noire  auteur  beaucoup 
mieux  faites  et  generalement  plus  belles  que  les  bommes. 

Le  progres  des  Cocbincbinois  dans  les  arts  utiles  sont  plus  con- 
siderables que  ceux  des  Siamois ;  les  premiers  nxoltent  des  cotons 
en  abondance  et  de  bonne  qualile.  Us  onl  aussi  porte  fort  loin 
Tart  d'elever  les  vers-a-soie  ,  et  d'en  tisser  le  fil.  La  manufacture  de 
laqueparlaq.uelle  leTonquIn  a  ele  long-temps  celebre  est  encore  en 
activilc.  Cependant  malgrc  tons  leurs  efforts  c'esl  blen  plus  I'esprit 
d'imilation  que  celui  d'invention  et  de  perfeclionnenient  qui  ca- 
racterjse  le  genie  de  ces  peoples  dans  les  arts. 

La  langue  anam  (  cocbincbinoise  )  est  toute  en  monosyllabes  ; 
par  sa  construction  et  son  caraclere  ,  en  general ,  elle  ressemblc  aux 
dialectes  des  provinces  de  la  Chine.  Le  peuple  qui  n'a  point  de  lilte- 
rature  qui  lui  soil  proprc  ;  re^oit  tousses  livrcsdes  Chinois. 

Ij'babillemcnt  est  a  peu  pres  le  meme  pour  les  deux  sexes.  Us 
portent  des  turbans  arranges  avec  beaucoup  de  soin. 

On  represente  les  Cocbincbinois  coumie  etant  doux  et  dociles. 
Les  classes  inferieures  sont  meme  remarquables  par  la  vivacite  et  la 
gaite  de  leur  caractere.  Malgre  leurs  frequentes  ablutions,  ils  sont 
malpropres  en  general.  Leur  linge  surtout  scmble  n'etre  pas  lave. 
I^ul  proprcle,  nul  cboix  dans  leurs  alimens.Des  oeufs  a  demi-couves, 


7» 
comine  on  I'a  dit  plus  haul ,  sont  leurs  mels  favorls  ;  et  la  verniinc 
ineme  leur  serl  quelquefois  fl'allniens.  La  sauce  qu'ils  aiment  le  plus 
sc  fait  avec  du  poisson  pulrefie  ,  assaisonnemeut  detestable ,  sous  le 
double  rapport  du  goAl  et  de  I'odeur  infecte  qu'il  exhale.  A  I'exem- 
ple  des  Siainois  leurs  voisins,  ils  se  regardent  comme  le  premier 
peuple  du  monde;  cependarit  jiullc  nation  n'est  tenue  dans  un  clat 
d'esclavage  plus  abject  par  ses  gouvernans.  Les  senliniens  religieux 
sont  nuls  chez  les  Cocbinchinois  ,  et  quoiqu'il  y  ait  quelques  pretres 
parniieux  ,  ils  semblent  inoinsles  considerer  comine  des  ministres 
de  la  religion  que  comme  des  diseurs  de  bonne  aventure. 

En  terminant  cet  article  auquel  nous  regrettons,  pour  les  mo- 
tifs allegues  dans  noire  dernier  numcro ,  de  ne  pouvoir  donner 
plus  d'elendue.  Nous  annongons,  d'apres  les  journaux  anglais,  la 
publication  tres-prochainc  du  journal  d'une  ambassade  du  m^me 
M.  Cravvfurd  a  la  cour  d'Ava.  E — i. 

Les    Khyangs    d'Arakan,    (Exlrail   de    la   gazette   de    Calcutta  , 

II  fevrier  1828.) 

En  decembre  dernier  ,  le  sous  -  commissaire  d'Arakan  fit  une 
excursion  a  la  foire  de  Talak  et  aux  sources  de  la  riviere  de  ce  nom. 
Cette  course  a  jet^  beaucoup  de  lumiere  sur  le  caractere  et  les 
moeurs  des  habitans  de  cette  province.  Le  passage  en  bateau  d'Akyab  a 
Talak  employa  quatre  jours,  el  on  eul  la  satisfaction  de  reconnaitre 
que^plusieurs  pctlts  villages  s'etaient  recemment  formes  sur  les  deux 
rives  de  la  riviere.  Le  village  de  Talak ,  etant  lui  -  memo  fort 
augmente ,  faisait  un  commerce  considerable  avec  les  habitans  du 
versant  oppose  des  monts  Yoomadong.  Ces  pcuples  apportent  a 
Talak  difterens  objels,  tels  quesoiesbirmeses,  lerre  japonnaise,  ou 
a  porcelaine,  colon  el  til  de  colon,  boites  du  Japon ,  et  quelques 
llngols  qu'on  echange  centre  des  niarchandises  anglaises  ,  du  be- 
tel ,  cic.  Environ  i5o  jeunes  boeufs  charges  avec  les  marchandises 
cl-dessus  menlionnees  ,  etaient  parvenus  des  hauteurs  d'Irrawaddy 
quelques  jours   avanl  I'arrivec    du    commissaire.  Les  marchands 


72 
njanl  lermine  leur  veiile,  se  disposaicut  a  s'en  relouiner.  Le  gou- 
verncmeiit  Birinaii  a  inallicureuscmcnl  adople  ties  iiiesurcs  qui 
leiulenl  a  gcncr  le  coiniuerce  en  elablissant  sur  le  tole  oppose  des 
montagnes,  des  douanes  qui  levent  une  laxe  de  lo  pour  cent  en 
especes  surtous  les  oLjels  dimporlation  et  d'exporlalion. 

Les  habitans  de  Talak  supposaient  que  la  riviere  nest  pas  navi- 
;^ablc  au-dela  de  la  premiere  cliaine  des  Yoomadong  ,  cliaine  dite 
L^hoongadong  ,  niais  le  coniinissaire  crut  devoir  s'assurcr  du  fait 
comnie  faisant  parlic  de  scs  fonclions  pour  enlretenir  des  relations 
ainicalt'S  avec  les  tribiis  des  montagnes.  11  etail  accompagne  d  uii 
ciicfmontagnardnommeTongrabo,  suividune  vinglaine  de  sesgens. 
lis  se  mirent  tous  en  roule  le  4 ,  ct  le  5  arrlverent  au  cimetiere  des 
Kbyangs  ,  silue  au  bord  d  lui  petit  ruisseau  qui  Iduibc  dans  la  riviere 
de  Talak.  Tongrabo  leur  apprit  qu'on  deposail  dans  cc  lieu  les  cen- 
dres  de  tous  les  Kbyangs  de  sa  caste ,  et  en  effet  on  y  trouva 
plusieurs  vases  de  terre  qui  conlenaienl  des  ossemens  et  des  ceisdres. 
^  ingt  inilles  plus  loin  ,  les  voyagcurs  portes  ([uclque  temps  sur  un 
courant  rapide  et  pcu  profond  ,  y  jeterenl  I'ancre.  Le  7  ils  conti- 
nuerent  leur  route ,  et  furent  encore  portes  sur  un  bas-fond  ; 
ici  les  bommcs  sautercnt  bors  du  bateau,  el  le  firent  avancer  a 
bras,  mais  apres  I'avoir  traine  quelque temps,  il  leur  fut  absolumcnt 
impossible  d'aller  plus  loin  Neanmoins  ils  avaient  penetr^  dans  la 
riviere  a  environ  trente  milles  plus  baut  qu'aucun  Europecn  ne 
I'avait  encore  fait.  Ici  I'aspcct  du  pays  est  extremement  agrcste 
et  romantique.  On  y  trouve  un  grand  nombre  d'elepiians  dune 
grosseur  extraordinaire  ;  nos  voyageurs  en  vircnt  six  dans  le  lit 
d'un  ruisseau  qui  descendait  de  la  montagne  ;  un  de  ces  animaux 
qui  faisait  sentinelle  donna  I'alarme  au  moment  du  danger  ,  et  ils 
disparurent  tous  aussilot  dans  les  bambous  epais  qui  couvrent  le  bas 
de  la  montagne  sur  tous  les  bords  de  la  riviere.  On  mesura  I'em- 
preinfe  du  pied  de  Tun  de  ces  quadrupedes ,  il  avait  23  pouces  dc 
long  sur  22  (iC  large  ;  cetle  emj)rcinte  (ilail  marquee  dans  1111  sable 
diir  ,  et  avcc  assez  d'exaciiludc. 

Le  conunissairc  deputa  Tongrabo  vers  ses  Irercs  de  la  montagne 


73 

pour  engager  ceux-ci  a  venlr  confe'rer  euseinble  ;  mais  ces  chefs 
n'oserent  condescendre  a  cette  demaiide  dans  la  crainte  de  de- 
plaire  au  Phyng  Moosoogrcc,  auquel  ils  palent  un  Iribut.  Cepen- 
dant  Ton  se  conccrta  et  on  pril  des  mcsiires  amicales  pour  garanlir 
a  I'avenir  la  souniission  el  la  cooperation  des  moniagnards  dc 
ce  pays.  Tongrabo  etait.  un  des  serdars  de  Khyng-berring,  et  a  la 
mort  de  ce  chef  entreprenanl ,  11  sc  refugia  a  Rainoo  ,  oii  11  reslda 
jusqu'al'invasiond'Arakan;  a  cetle  epoquc,  ilaccompagna  I'armee, 
et  apres  la  conquele  dc  cetle  contree  ,  il  s'y  fixa  de  uouveau ,  et  re- 
prlt  les  habitudes  de  ses  pcres ,  sur  les  bords  de  la  riviere  de  Talak, 
oil  il  est  tres-respecte  par  sa  propre  tribu  el  ses  partisans. 

\oicl  les  renselgnemens  curieux  qu'on  obtinl  de  Tongrabo  sur 
les  coutunies  des  Khyangs. 

Muriage.  —  Le  Khyang ,  lorsqu'il  se  marie  ,  envoie  en  present 
a  sa  pretenciue  des  cochons,  des  buffles  et  des  vetemens,  selon  ses 
moyens  ;  celle-ci  rend  celte  politesse  en  offrant  a  son  fulur  epoux 
une  lance  et  une  khong  (  grande  jarre  remplie  d'une  eau-de-vie  faile 
avec  du  riz  bouiili)  pour  I'usage  de  la  famille  :  ces  preliminaires 
conclus,  ils  prennent  devant  temoin  Tengagcment  de  vivre  ensem- 
ble comme  mari  el  femme  ,  et  c'est  la  en  quoi  consisle  toute  la 
ceremonie. 

Les  Khyangs  cxercent  riiospitalite  cntre  eux  ,  el  chaque  fois 
que  la  khong  ou  la  jarre  dont  nous  avons  parle  ci-dessus  ,  a  etc 
videe  ,  ils  indiquenl  par  une  enlaiille  faile  sur  un  petit  morceau  dc 
bambou  place  dans  la  parlie  apparenle  de  leur  habllation  ,  le  ■ 
nonibre  de  ces  actes  d'hospitalite.  Autrefois  les  chefs  prelen- 
daient  avoir  un  droit  sur  loutes  les  jolies  femmes  de  la  tribu, 
cetle  couiume  occasionnait  souventie  mallieurdes  vassaux.  Ceux-ci, 
pour  proleger  Thonncur  de  leurs  femmes  ,  adopterent  i'usage  de  les 
talouer ,  et  cetle  couiume  devint  peu  a  peu  commune  a  tous  les  rangs. 
En  effet ,  si  une  fdle  venalt  h  mourir  avant  que  I'operation  du  la- 
touage  eAlete  faile,  les  amis  regardalcnt  conune  un  devoir  de  noircir 
son  visage  avec  du  charhon,  avant  de  livrer  son  corps  aux  (lanmies. 


74 

Lois  (lu  divorce.  —  Lorsquc  la  femine  <lcniande  la  separation  ,  clle 
n'est  leniie  qu'a  rendre  a  son  marl  Tequlvalcnt  en  cspeccs  des  pro- 
sens  qu'elle  en  a  ro^us  avant  le  contrat ,  et  alors  ellc  est  libre  de 
former  d'autres  liens.  Mais  si  le  mari  fait  cette  demande  ,  il  doit 
donner  a  la  femme  toutcs  ses  proprietes  mobilieres  et  immobiliercs. 
Si  les  parlies  se  separcnt  d'un  mutuel  accord,  les  proprietes  sc  par- 
tagcnt  par  egale  portion  ,  et  dans  tous  les  cas  ,  les  cnfans  sont 
donncs  scion  le  sexc ,  les  gargons  au  mari ,  et  les  filles  a  la  fenmie. 

Lois  pennies.  —  SI  un  Khyang  tue  un  liomme  de  sa  tribu ,  le 
kigas  (  ou  peine  du  talion)  (i)  n'est  point  exige ,  mais  I'accusc  est 
oblige  de  donner  deux  esclaves  au  plus  proche  parent  du  defimt  , 
et  s'il  se  trouve  dans  rimpossibilite  de  le  faire  ,  lui  et  sa  femme 
deviennent  esclaves.  Lorsqu'un  Khyang  tue  un  homme  d'une 
autre  tribu,  la  tribu  qui  a  souffert  de  ce  crime,  demande  par 
rcpresailles  la  vie  de  deux  bommcs  ,  el  si  elle  ne  lui  est  pas  accor- 
dee  ,  elle  en  tire  vengeance  lorsque  Toccasion  s'en  prescnle. 

Ressources.  —  Les  Khyangs  sont  industrieux ,  et  se  llvrent  a  la 
chasse  lorsque  les  travaux  de  I'agricullure  ne  les  occupent  point. 
Leurs  femmcs  sont  employees  a  sarcler  les  plantations  de  colon 
et  de  tabac,  ou  bien  a  des  arts  utiles  ;  tels  que  filer  et  tisser.  lis 
sentent  raremcnt  le  besoin  ,  exceple  lorsqu'ils  sont  cti  guerre  avec 
une  tribu  volsine;  souvent  alors  leurs  villages  sont  bnMes  ,  et  leurs 
cultures  devastees  par  les  excursions  reciproques  des  deux  parlis  , 
et  tous  les  individus  des  deux  sexes  emmenes  en  esclavage  jusqu'i 
ce  qu'ils  puissent  donner  une  rangon  ou  etre  ecbanges.  lis  connais- 
sent  a  peine  I'usage  de  I'argent ,  mals  leurs  monlagnes  produisent 
du  colon  ,  du  labacel  du  riz  en  quantile  suffisanle  pour  leurpropre 
consommallon.  Les  rivieres  abondent  en  poisson ,  et  les  forels  en 
gibier.  Us  out  cbcz  eux  diverses  sorles  de  fruits  et  le  plantain  en 
arbrc  (planlaic  tree)  enabondance,  tous  cesavantages  leurs  donnenl 
les  movens  de  paver  un  rcvcnu  considerable  a  Taulorite  elablie. 

(i)      *sL.s^  (>e  mot  (|ui  est  nrabc  prouvc  que  la  languc  ct  la  Icj^islation  ik- 
Malionict  SL"  soul  I'galcment  ctcndiics aces  conlrees.  N.  du  li. 


75 

Habitations.  —  Les  villages  dont  quelques-uns  conllennent  de 
cinquante  a  cent  families,  sont  chacun  sous  le  coiitrole  d'un  chef 
subalternc.  Les  cabanes  sont  elevoes  du  sol  de  dlx  a  quinze  pieds 
environ.  On  y  entre  par  le  moyen  d'une  petite  eclielle  quils  rctirent 
generalement  a  la  nuit  pour  prevenir  toute  surprise.  Cinq  ou  six 
families  vivcnl  ordinairement  sous  le  meme  toil,  ayant  chacune  un 
foyer  a  part.  Le  rez-de-chaussee  est  occupe  par  les  cochons  ,  la  vo- 
laille  et  le  resle  du  betail. 

Nourriture.  —  Chez  les  Kyangs  la  loi  ne  prohibe  aucun  espece 
d'alimens  ;  ils  estiment  egalement  lebuflle,  le  cochon,  Telephant, 
le  tigre  (  I'alligator,  espece  de  crocodile  ),  et  les  reptiles  de  toule 
espece. 

Habillemens.  —  Les  hommes  ne  portent  generalement  rien  sur 
le  corps  ,  excepte  une  petite  piece  d'etoffe  autour  de  la  ceinture  , 
mais  ou  les  voit  rarenient  sans  un  turban  de  toile  bleue.  Les  femmes 
portent  une  jupe  bleue  flottante  ,  ressemblant  quelquefols  a  une 
chemise  ,  descendant  jusqu'aux  genoux  ,  etqui  dans  les  classes  plus 
elevees  est  brodee  avec  des  Ills  de  differentes  couleurs. 

Amies.  —  L'usage  des  armes  a  feu  n'est  pas  inconnu  aux  tribus 
des  montagnes.  Mais  comme  ils  ne  savent  pas  fabriquer  la  poudre  , 
leurs  armes  offensives  et  defensives  consistent  principalement  en 
lances  ,  epieux  ,  boucliers  et  arbaletes.  Lorsqu'ils  font  une  excur- 
sion dans  le  but  de  piller  ,  ils  emportent  toujours  avec  eax  une 
grande  quanllte  de  morceaux  de  bambous  tallies  en  pointe  ,  qu'ils 
fixent  en  terre  pour  retarder  et  embarrasser  la  marche  de  ceux  qui 
les  poursuivent ,  et  comme  les  habitans  des  montagnes  ne  portent 
jamais  de  chaussures  ,  ils  n'osent  pas  s'aventurer  la  nuit  a  pour- 
suivre  les  maraudeurs. 

Langage. — Les  Khyangs  n'ont  point  de  litterature  ;  leur  seule  his- 
toire  est  une  tradition  orale  qui  consiste  en  chansons  et  en  contes 
qui  se  transmcttent  de  memoire.  Le  langage  est  presque  inconnu 
aux  habitans  de  la  plaine ,  et  paralt  elre  tres-borne. 

Religion. —  Ils  reconnaissent  un  Eire  Supreme  ,  et  croienl  a  un 
pouvoir  surnaturel  ou  maglque. 


76 

Leur  musique  est  celle  des  nations  lout-a-fait  barbares  ou  a  demi- 
clvilisees.  lis  ont  le  gong,  le  tam-tam,  les  cymbaies  el  une  espece  de 
fltile.  Le  chef  des  musiciens  de  ce  pavs  tient  un  privilege  du  roi, 
et  il  n'est  permis  a  aucun  autre  d'exercerla  niusicjiie  ,  et  dc  donner 
des  representations  scenitpies  sans  la  permission  <ie  cedirecleur  su- 
preme des  musiciens  montagnards.  Celui-ci  paie  geniireusement  a 
Sa  Majeste  iiirmane  un  droit  pour  ce  privilege. 

Un  fait  curieux,  et  qui  doll  donner  de  la  defiance  pour  tons  les 
calculs  en  medecine ,  c'esl  que  dans  le  mois  dc  Janvier  dernier  le 
commissaire  et  une  autre  personne  firent  le  voyage  d'Akyab  a 
Talak  et  Kug,dans  un  bateau  decouvert  oil  ils  furent  exposes  jour  et 
nuit  pendant  une  quin/.aine  a  tons  les  effets  du  climal  :  lous  ces 
voyageurs  ,  y  comnris  les  don>estiques  ,  au  nombre  dc  dix-huit 
personnes  revinreut  en  tres-bonne  sante  ,  tandis  que  dans  des 
circonstances  en  apparence  plus  favorables  ,  la  meme  expedition 
eut  les  quatre  cinquiemes  de  son  equipage  malades.  Deja  le  lieu- 
tenant Gleu  avait  ete  victime  d'une  fievre  malignc ,  ainsi  que 
deux  sipays  et  un  piou  (coureur).  Le  commissaire  lui-meme, 
apres  une  maladic  douloureuse,  fut  tres-long  a  se  retablir  dc 
la  faiblesse  qui  lul  en  etait  rcslee.  Les  Mugs  eux-memes  soul'frent 
plus  que  les  Indiens  de  cette  induencc  du  climat.  B-i. 


Operations  geodesfques  et  astronomiques  pour  la  mesure  d'un 
arc  du  parallele  muycn,  executees  en  Piemont  et  en  Savoie  par  une 
commission  composee  d''ojficiers  de  V  eiat- nia]or  -  general  et  d'astro- 
nonirs  plemonlais  et  uutrlclilens,  en  1821 ,  1822  ,  1828 ,  2  volumes 
in  -  4-",  avec  un  cahicr  de  planches,  a  Milan,  de  I'imprimerie 
imperiale  etroyale,  1825-1827. 

Si  le  Bulletin  de  la  Socicte  de  geographic  ne  parait  pas  devoir 
s'occuper  des  precedes  mathematiques  employes  pour  les  determi- 
nations geodesiques,  il  ne  sauralt  se  dispenser  de  signaler  au  nioins 
les  grandes  operations  cnlrcprises  pour  fixer  d'une  nianiere  irre- 


77 
vocabk  les  nouvelles  bases  de  la  geographic  positive,  ou  pour  pro- 
curer de  nouvelles  notions  sur  la  grandeur  et  la  figure  de  noire 
globe.  Notre  Bulletin  doit  surtout  faire  connaitre  les  resulfats  de 
ces  grandes  et  dispendieuscs  entreprises  etla  direction  qu'on  a  juge 
convenable  de  leur  doiiner.  C'cst  done  comme  accomplissement 
d'un  devoir  que  nous  allons  rendre  compte  de  I'iniportant  ouvrage 
dont  nous  rapportons  le  tilre  ci-dcssus. 

On  connait  les  nombreuses  operations  qui  ont  ete  executees  a 
diverses  epoques ,  dans  le  sens  des  meridiens  et  les  consequences 
qu'on  en  a  deduiles  pour  la  grandeur  et  la  figure  de  la  terre.  Les 
geometrcs  ont  pense  que  des  consequences  analogues  pouvaienl 
elre  tirees  d'operalions  faites  dans  le  sens  des  paralleles;  et  le  pre- 
mier essai  de  cette  nouvellc  espece  de  mesure  fut  tcnte,  en  i73q, 
par  I'abbe  de  La  Callle  et  Cassini  de  Thury ,  entre  les  ermitages 
de  Celtc  et  de  Sainte  -  Vicloire  ,  dans  le  midi  de  la  France  ,  dis- 
tans  d'environ  160,000  metres. 

II  se  passa  ensuile  un  grand  nombre  d'annees  sans  qu'on  ait  en- 
trepris  de  nouvelles  determinations  dans  le  sens  des  paralleles;  et 
ce  n'est  cftectivement  que  de  nos  jours,  oii  la  science  geodesique 
a  acquis  plus  de  rigueur ,  et  re^-u  de  si  nombreuses  applications  , 
qu'on  s'est  specialement  occupe,  d'apres  les  ordres  de  divers  gou- 
vernemens,  de  nouvelles  mcsures  dares  de  parallele. 

Panni  les  plus  importantes  de  ces  operations ,  est  celle  de  la  me- 
sure dune  parlie  de  i'arc  du  parallele  nioyen,  qui  fait  I'objet  de 
cet  article  ,  mesure  enfreprise  dans  des  circonstances  et  pour  des 
motifs  dont  I'introduction  de  Touvrage  rend  compte  en  ces 
termes  : 

«  Depuis  I'annee  181 1,  ii  existait  dans  I'ltalie  superieure  un 
grand  rcseau  de  triangles  ,  mesures  par  les  officiers  ingenieurs-geo- 
graphes  franejais  et  ilaliens ,  dont  une  partie  considerable  s'etendait 
dans  le  sens  d'un  rneme  parallele  terrestre,  depuis  Flume,  pres  de 
la  mer  Adriatique  ,  jusqu'a  Rivoli ,  pres  de  Turin. 

"    \  crs  celtc  celtc  nieme  epoque,  les  travanx  que  le  gouverne- 


7« 
ment  fran^ais  avail  onlonnes  pour  la  mcsure  dc  la  mcridienne  enlre 
Dunkcrquc  et  Formentera ,  elaicnt  achcves.  Le  mcme  gouverne- 
menl,  persuade  de  la  grandeur  et  de  rimportance  de  ces  entre- 
prises  ,  ordonna  aussit6t  une  nouvclle  mcsure  dans  le  sens  perpen- 
diculaire  a  la  premiere  ,  qui  ,  en  parlanl  des  coles  de  ICJcean,  pres 
Bordeaux,  derail  rejolndre  le  reseaude  triangles  dllalie.  On  poussa 
ce  travail  avec  activite,  et  en  1818,  les  ingenieurs  -  geograplies 
fran^ais  avaient  deja  mesure  une  chatne  de  triangles,  qui  s'elendait 
depuls  la  Tour  de  Cordouan  jusqu'aux  frontieres  actuelles  de  la 
France  avec  la  Savoie.  C'est  ainsi  qu'avalt  ele  achevee  la  mesure 
de  la  partie  la  plus  considerable  de  Tare  du  parallele  qui  joint  I'O- 
cean  a  TAdriatique;  et  en  ralson  de  I'elendue ,  la  parlie  reslante  , 
depuis  les  environs  dc  Clianibcri  jusqu'ii  llivoll ,  parailrait  peu  de 
chose  a  quiconque  voudrait  faire  abstraction  des  circonstances  lo- 
cales :  mais  en  consld^rant  la  chatne  des  Alpes  et  les  glaces  eter- 
nelles  qui  en  couvrent  les  points  les  plus  eleves ,  on  comprend 
que  les  difficultes  etalent  sans  comparaison  plus  grandes,  et  que  la 
triangulatlon  qui  restall  a  execuler  prcsentait  des  obstacles  dont  on 
ne  trouve  point  d'cxemple  dans  rhisloire  de  la  geodesic. 

»  Le  projct  d'entreprendre  une  triangulatlon  en  Savoie  ,  propre 
a  remplir  cellc  lacune  ,  avail  etc  presente,  en  1820,  a  S.  M.  le 
rol  dc  Sardaigne  par  le  gouvernement  fran^ais.  Des  circonstances 
poliliques  tres-connues  en  ont  alors  empechc  I'ex^culion  En  182 1, 
aussilot  que  les  troubles  cesserent  en  Piemont,  le  meme  projet , 
communique  a  la  cour  de  Vienne ,  a  ete  repris  avec  d'autant  plus 
de  faveur ,  que  le  gouvernement  autrichien  en  avail  renouvele  le 
premier  la  proposition ,  en  offrant  au  gouvernement  dc  S.  M.  le 
roi  de  Sardaigne  son  concours  dans  cellc  imporlante  operation.  S'il 
etait  necessaire  d'augmenler  Tidee  de  rinteret  qu'elle  inspire  deja,  il 
suffirait  de  remarqucrqu'en  rattachant  ainsi  les  deuxchaines  de  trian- 
gles deja  mesures,  on  acquerait  le  grand  avantage  de  pouvoir  pro- 
longer  dc  9  degres  en  longitude  Tare  du  meme  parallele,  en  joignant 
son  extremitc  orlenlale  avec  la  cbaine  de  triangles,  en  grande 


79 

parlie  mesurcc ,  qui  depuis  Fiume  aboulit  a  Orsowa,  en  Iraversanl 
la  partie  tie  rempirc  autrlchicn  qui  comprend  la  Croalie  el  I'Es- 
clavonie.   » 

Ainsi  Irois  gouvernemens  concoururent  pour  I'cxecution  d'une 
des  plus  grandes  operations  qui  aient  etc  enlreprlses  pour  la  de- 
termination de  la  figure  de  la  terre  ;  car  en  etfet  le  developpemcnt 
de  Tare  du  parallele  compris  entre  la  tour  de  Cordouan  et  Orsova 
surpasse  23  degres  '/. ,  plus  d'une  heure  34  minutes  en  temps.  En 
consequence  de  ces  premieres  dispositions  ,  il  fut  signe  a  Turin ,  le 
27  juiilet  182  I  ,  une  convention  entre  les  deux  gouvernemens  au- 
trichicn  et  sarde,  pour  la  formation  d'une  commission  mixte  , 
composee  d'officiers  de  I'etat-major-general,  et  d'astronomes  au- 
Irichiens  etpiemonlais;  laquelle  fut  cliargee  dedeveiopper  le  projet 
et  de  I'execuler  dans  toutes  ses  parties,  pour  rendre  ce  travail  aussi 
complet  que  possible. 

Les  operations  geodesiqucs  entreprises  des  I'annee  i8n  ,  sur  le 
developpemcnt  du  parallele  dans  la  partie  qui  traverse  la  France  , 
et  confiees  a  M.  le  colonel  Urousseaud  (i)  ,  avaient  ete  conduites 
jusqu'au  cole  Colomhier-Grenier ,  points  situes  sur  les  frontleres  de 
la  Savoie.  Cest  de  cc  cote  de  48204,8  metres  que  les  officiers  autri- 
chiens  et  sardes  sont  parlls  pour  etabllr  sa  liaison  avec  celul  de 
Siiperga  -  Masse  ([u'l  termlnait  a  1' Occident  la  chaine  de  triangles 
deja  mesuree  dans  Fllalie  superieure  ,  par  les  officiers  ingenieurs- 
geographes  fran^ais  ,  pendant  1' occupation  fran^aise.  Un  systeme 
de  16  triangles  etablit  completement  cette  jonction  a  travers  les 
glaciers  et  les  sommites  inaccessibles  de  la  Savoie.  Les  localites 
qui  onl  offert  souvent  des  obstacles  presque  insurmon tables  n'ont 
pas  permls  de  composer  la  cliaine  de  fort  grands  triangles  ;  quel- 
ques-uns  des    cotes  n'ont  guere  que  10,000  metres  de  longueur  ; 


(i)  Voyez  dans  la  Connaissance  des  temps  pour  i83o,  le  Me'moire  de 
MM.  Brousseaud  ct  Nicollet  sur  la  mesure  d'un  arc  du  parallele  moyen  , 
lequel  contient  aussi  la  plupart  des  resultats  qu'oii  retrouve  dans  Pouvrage 
imprimd  a  Milan  ,  dont  nous  rendons  compte. 


8o 

mais  les  soins  apportes  a  la  mesure  des  angles,  faltc  avcc  d'excel- 
lens  Instnimcns  rcpetlleurs  ,  garanllssent  suffisamment  la  bonle  du 
resultat.  En  effet  les  angles  onl  etc  mesures  separcment  par  les 
ofiiciers  sardcs  et  autrlchiens  ,  et  Ton  ne  rcmaique  que  peu  dc 
difference  dans  les  valeurs  numeriques  des  angles  ,  oblenues  par 
chacune  des  deux  troupes  dobservateurs.  La  plus  grande  diffe- 
rance  que  nous  ayons  reniarquce  se  Irouve  dansle  premier  triangle, 
ou  elle  est  de  c)",2  sexagesiuiales  sur  Tangle  au  Grenler  ou  Granler ; 
ordinairement  elle  ne  s'eleve  qua  i  ,  2  ou  3  secondes.  L'erreur 
d'observatlon  sur  chaque  triangle  ,  apres  avoir  tenu  compte  dc 
I'exces  spbcriquc ,  est  cxtrcnicinent  petite  ,  car  son  maximum  n'est 
que  de  i",i8. 

On  peut  done  elrc  assure  que  la  partie  gcodesique  ne  laisse  rien 
a  desirer.  Le  reseau  de  triangles  est  uue  coniinualion  de  celui  me- 
sure en  France ,  el  les  longueurs  des  c6tes  dependent  aussi  bien 
que  ceux  de  France  ,  des  bases  de  Melun  el  de  Perpignan  ,  qui 
se  trouvent  consequemmcnt  liees  a  la  base  du  Tesin  ,  par  les  iG 
triangles  destines  ii  fermcr  la  lacune  qui  ne  permetlall  pas  de  la 
comparer  avec  les  premieres ;  les  calculs  ainsi  conlinues  donncnt 
pour  la  base  du  Tesin  une  difference  d'un  metre  seulement ;  dif- 
ference assez  peu  sensible  ,  et  qu'on  doit  s'atlendre  a  rencontrer , 
Jorsqu'il  s  agit  de  lier  par  un  grand nombre  de  triangles,  des  bases 
tres-eloignecs  les  unes  des  autres. 

Ces  calculs  ont  lous  etc  faits  d'apres  les  mclhodes  franraises  , 
aussi  bien  que  ceux  pour  la  determination  des  coordonnees  geogra- 
phiques  que  nous  ciovons  devoir  faire  connailre  ici  a  nos  lecleurs, 
en  y  joignant  les  bauleurs  absolues  des  points  au-dessus  de  la  mer , 
calculees  d'apres  des  observations  de  distances  zenithales  recipro- 
ques  ,  bien  preferablcs  aux  observations  baromelriques  pour  la  de- 
termination des  differences  de  niveau.  L'aplatissement  a  ete  sup- 
pose de  35g',-^5  comme  dans  les  operations  franraises. 


Bi 


Positions  geogrnphiqucs  ft  hauteurs  siir  la  mer ,  deduiles  des  operations 

gMdesiques. 


NOMS  DES  POINTS. 


LATITUDES. 


LONGITUDES 

coraptees 

de  I'Observatoire 

roval  de  Paris. 


HAUTEURS 

sur  in  luer  des 

pieds    des  sij^naux 

eu  metres. 


INIont-Colombier 

jMoiit-Granier 

iMont-Trclod 

INlont-Bellachat 

Pic  ilu  Freiic 

Perron  des  Encombres.   .  . 

Mont-Jouvet 

Roche -Chevriere 

Mont-Tabor 

Mont  d'Ambin 

Mont-Chaberton 

Mont-d'Albergian 

Roche-Melon 

Mont-Freidour 

Moiit-Civrari 

Supcrga 

Mont-Soylio 

Masse 


45 
45 


27  53,6 
4i  34,6 


3025'  l5"2 


45 

4.'5 

45 
45 
45 
43 

44 
45 
45 

44 
45 
45 
45 
45 


32 
21 

•7 

29 
17 

6 

9 

5? 


5 1,0 

4i,7 
36,9 

5l,2 
25,1 

54,2 

o  27,1 

12     12,9 

58  26,7 
II     7,2 

4  5o,9 
22  18,9 
18   i5,5 


3  35 

3  5 1 

4  4 
5i 

6 
18 

23 

i3 

32 


4 
4 
439 

4  44 

4  56 

4  59 

5  25 
5  II 
5  36 


>9>5 
35,8 

8,7 
4i,9 
5o,7 
1 1,0 

8,0 

38,9 

52,6 

52,8 

22,9 

27,7 
8,5 

57,4 
.53,7 
40,4 
10,2 


Positions  geographiques  secondaires. 


S.  Man  rIzio(cl<^'' delaparois.se) 
Torino  (observatoirc  aiicieii). 

Bellecoinbe  (  signal  ) 

Grelle  (signal) 

Lemens  (  signal  ) 

Lamotte  (  cl'^"'  de  la  paroisse  ). 
Chambe'ry  (tour  du  ch  "  r '  ). 


450  13'  8"7 

5' 

45  4  5,8 

5 

45  i3  3,2 

4 

45  3i  8,1 

3 

45  34  32,6 

3 

45  35  55,8 

3 

45  33  52,5 

3 

5''i7'45"3 
20  52,9 
3o  42,4 
28  40,9 
35  20,2 
32  33,6 
34  56,5 


1 437 '"6 
1926, 5 

2173,9 
=477, 9 
="706,  » 
2820,  2 
255i,6 
3273,5 
3172,0 

3373, 4 
3126,  7 

3o36,  7 
3.j:t3,  6 

•44,1,  9 
22o3, 9 
723,4(1) 

'9<^<J,  9 


34 


t'. 


(2) 


2752' 

'  1 

1407, 

339, 

9 

(1)  Pl;m  <Ie  la  galciio  de  la  coiipi)lc. 

(2)  Plan  des  balcons  du  clorher  de  la  paroisse 
{i)  Parapet  des  fcnetrcs  au  plan  des  rlocliers. 
(4)  Parapet  des  dcrnierc.^  fenelrcs. 


8a 

Tellcs  sont  les  inatieres  conleiiucs  dans  le  premier  volume  qui 
renferiiie  loute  la  parlie  geodcsique.  Des  plans  parfaitemenl  exe- 
cutes a  rechelle  de  i  pour  100,000,  font  connaitre  la  topographic 
des  environs  de  tous  les  signauK  ,  ct  aideront  a  en  retrouver  I'em- 
placemenl  s'ils  venalent  a  disparaitre.  De  plus,  six  panoramas  ou 
VTies  perspectives  ,  prises  des  stations  les  plus  importantes  ,  avec  la 
chambre  claire  de  W  oUaston  ,  faniiliarisent  le  lecleur  avec  les  diffi- 
cultes  locales  que  I'operation  devait  rencontrer  et  surmonter  ;  elles 
donneni  uue  idee  exaclc  de  la  contree  uionlucuse  et  glacee  qui  se- 
pare  le  Rhone  du  cours  du  P6 ,  et  font  decouvrir  a  de  tres-grandes 
distances  les  chaines  imposautes  des  Alpcs  etde  I'Apennin  que  Tele- 
valion  de  I'ceil  permet  d'apercevoir.  L'execution  de  ces  panoramas, 
oil  toules  les  sommitcs  remarquables  sont  rappelees  par  des  chiffres, 
a  exig^  Leaucoup  d'adresse  et  de  talent  de  la  part  du  dessina- 
teur  et  du  graveur.  Nous  pensons  qu'il  serail  impossible  de  faire 
mieux ,  et  si  Ton  pouvait  a  la  rigueur  regarder  ces  belles  vues 
comme  des  objets  de  luxe ,  dont  I'operation  pouvait  se  passer ,  ii 
faut  avouer  qu'ils  ne  sauraient  etre  mieux  places.  Nous  ferons  ega- 
lement  I'eloge  de  I'impression  de  Touvrage  ;  la  beaute  des  carac- 
teres,  le  choix  du  papier,  et  generalement  toute  Pexecutlon ,  font 
le  plus  grand  honneur  aux  presses  imperiales  de  Milan. 

Les  operations  gcodeslques  quon  vient  de  decrire  peuvenl  servir 
k  calculer  le  developpement  de  Tare  du  parallele  qui  traverse  la 
chaine  des  triangles.  Elles  ont  servi  aussi  a  determiner  les  longi- 
tudes et  les  latitudes  de  tous  les  points  du  reseau,  en  admettant 
toulefois  uiie  hypolhese  sur  la  grandeur  el  la  figure  de  la  terre ; 
mals  puisqu'on  se  propose  de  deduire,  dans  I'operation  qui  nous 
occupe,  la  forme  el  les  dimensions  du  spheroide  lerreslre,  il  n'est 
plus  possible  de  se  servir  des  differences  de  longitudes  donnees 
par  les  calculs  geodeslques.  Ces  differences  doivent  etre  deter- 
minccs,  k  priori,  par  des  observations  astronomiques ,  c'est-i- 
dire,  qu'il   faul    cherchcr  ramplitude  astronomique  de  Tare  du 


83  •        . 

parallele ,  correspondant  a  Tare  geodcsiquc  connu  en  mtifres,  ou 
I'angle  au  p61o ,  forme  par  les  meridiens  qui  passent  par  ses  deux 
extremites. 

Les  differences  de  longitude  se  determinant,  comme  on  sait,  par 
le  moyen  des  phenomenes  celestes ,  comme  les  eclipses  du  soleil  et 
de  la  lune ,  les  immersions  et  les  emersions  des  satellites  de  Jupi- 
ter,  les  passages  de  la  lune  au  merldien  ,  recemment  recommandes, 
et  mieux  encore  les  occullations  des  etoiles  derriere  son  disque. 
Ces  differens  moyens  out  etc  eprouves ;  mais  ceux  qui  pouvaient 
procurer  le  plus  d'exactitude  sont  insuffisans  pour  les  determinations 
delicates  dont  il  s'aglt.  Ces  observations  emploieraient  la  plupart 
beaucoup  de  temps,  et  exigeraient  des  correspondantes  qu'on  n'est 
pas  toujours  sAr  d'obtenir.  II  a  done  fallu  s'arreter  a  d'aulres  pro- 
cedes. 

Une  id^e  du  siecle  dernier,  emanee,  comme  on  I'a  dit  plus  liaut, 
de  I'abbt^  de  La  Caille  et  de  Cassini  de  Thury,  d'abord  abandon- 
nee,  puis  reprise  dans  ces  derniers  temps,  avec  le  secours  de  tous 
les  perfectionnemens  qui  se  sont  introdults  dans  I'astronomie  theo- 
rique  et  pratique,  offre  le  moyen  de  se  passer  des  phenomenes  ce- 
lestes, et  ramene  la  question  a  1' observation  d'un  nombre  plus  ou 
moins  grand  de  signaux  artiticiels,  qu'on  peut  produire  a  volonte, 
en  brftlant  une  petite  quantile  de  poudre  a  canon.  C'est  ce  moyen 
qu'on  a  choisi ,  et  auquel  on  donnera  toujours  la  preference  pour 
des  operations  du  mSme  genre ,  en  raison  de  ce  qu'il  est  suscep- 
tible d'un  degre  de  precision  qu'aucun  autre  procede  ne  peut  sur- 
passer  ,  lorsqu'on  n'epargne  d'ailleurs  aucune  peine  pour  avoir  le 
temps  astronomique  des  instans  des  signaux.  Ainsi  rien  de  plus 
simple,  puisqu'il  ne  s'agit  que  de  noter  le  temps  de  Fapparition 
d'un  signal,  vu  de  deux  points  eloignes ,  I'un  a  I'orient,  I'autre  a 
I'occident.  La  difference  des  temps  observes  est  prccisement  la  dif- 
ference de  longitude  cherchee.  La  lumicre  produite  par  I'inflam- 
mation  de  la  poudre  a  canon  peut  s'apercevoir  la  nuit  a  une 
Ires-grande  distance.  Ainsi,  par  le  moyen  d'un  seul  feu,  si  les 


H 

localitcs  sont  favorables,  on  peul  inesurcr  tin  assez  grand  arc  (i). 
Dans  les  operalions  cxecutees  pour  ileterinincr  Icdeveloppement 
de  Tare  en  metres  ,  il  n\i  point  etc  question  de  la  cooperation 
fran^aisc,  piiisqiic  les  operations  geodesiqiies  enlrepriscs  en  France 
depuis  la  tour  dn  Cordouan  jusqu'aux  liinites  de  la  Savoie,  elaient 
alors  completes  et  terminees;  mais  cette  cooperation  vase  montrer 
pour  la  mesure  de  I'amplitude  astronomique  de  Tare  qui  traverse  la 
frontierc  ,  a  laquelle  prirent  part  MM.  JJrousseaud  et  Nicollet ;  ils 
continucrent  ensulte  I'op^ration  jusqu'.'i  la  tour  de  Cordouan.  Nous 
ne  separerons  pas  dans  ce  qui  nous  resle  a  dire,  les  operations 
faites  en  France  de  celles  d'ltaiie ,  puisque  ces  operations  etaient 
dirigees  vers  Ic  menie  but.  Nous  rapporterous  aussi  la  mesure  as- 
tronomique faite  entre  Milan  et  Padoue,  dont  il  u'est  pas  question 
dans  I'ouvrage  que  nous  analysons,  nous  voudrions  meme  y  join- 
dre  celle  qui  a  A\\  etre  faite  depuis,  entre  Milan  et  Padoue  ,  inais 
que  nousdevons  omettre  pour  le  moment  ,  parce  que  les  resultals 
ne  nous  en  sont  pas  connus.  Quant  au  prolongement  de  Fiumc  a 
Orsowa  ,  nous  pensous  qu'on  ne  s'en  est  pas  encore  occupe. 

Le  parallele  moyen  egalement  eloigne  du  pole  et  de  I'equaleur , 
est  celui  dont  la  latitude  est  de  45  degres ,  mais  parce  qu'il  ne  fra- 
versaitpas  assez  symetriquementla  chaine  des  triangles,  on  a  prefer^ 

(i)  Dans  cette  mesure  d'lin  arc  du  parallele  moyen  ,  on  a  divise'  I'arc  total 
en  plusicurs  arcs  partiels  ,  flont  rnmplitude  a  etc  dL'termince  par  le  moyen 
d'un  seul  feu  ;  c'est  aussi  de  cette  nianiere  qu'ou  a  procedc  dans  d'autrc's  ope- 
rations du  m^me  genre  ;  maisrien  n'oblige  a  sc  borncr  a  un  seul  feu  ,  on 
pent  en  etahlir  aulant  qu'on  veut  sur  le  developpemcnl  de  I'arc,  pour  me- 
surer  en  une  seule  lois  un  arc  d'une  tres-grandc  c'tendue  ;  il  y  a  avantage  du 
cote  de  la  precision  el  du  cote  du  temps.  C'est  le  moyen  qu'on  a  employe 
pour  la  mesure  du  parallele  de  Brest,  qu'on  de'crira  e'galement  dans  ie  IJiillitia 
de  la  Socicte  ,  lequel  s'elend  dcja  jusqu'a  Bude  en  Hongric  ,  sous  une  am- 
plitude de  iZ  5  degres  ,  et  qui  doit  etre  prolong;'  jusqu'a  Czernowitz  en  Bu- 
covina ,  a  la  limite  ofientale  de  I'empirc  d'Autriche  ,  pour  ^tre  conduit 
plus  tard  jusqu'a  rOural.  Les  signaux  du  feu  ,  dans  cette  operation  ,  out  ete 
eleve's  par  le  secours  de  fusees. 


85 
de  mesurer  le  parallele  dont  la  lalllude  est  dc  45"  43'  1 2"  ,  au  moyen 
duquel  on  pourrall  deduire  la  longueur  du  parallele  moyen  (i). 

L'arc   total  entre  la  Tour  de  Cordouan  el  Padoue  ,   ou   plutot 
entre  Marennes  et  Padoue,  a  ete  divlse  en  sept  arcs  partiels,  alnsi 

qu'il  suit  : 

i"  Arc  entre  Padoue  et  Milan  ; 
2"         Id.        Milan  et  Mont-Cenis  ; 
S")  Id.        Mont-Ccnis  et  Mont-Colombier  ; 

4"  Id.         Colombier  et  signal  d'lsson  ; 

5"  Id.        Signal  d'lsson  et  signal  de  Sauvagnac  ; 

-6"         Id.        Signal  de  Sauvagnac  etmoulin  deSainl-Preuil; 

7"         Id.        Moulin  de  Saint-Preuil  et  Marennes ,  a   quoi   il 
faut  ajouter  par  occasion  I'observatoire  de  Geneve  ,  li^  a  I'opera- 
tion,  au  moyen  de  signaux  de  feu  etablis  au  Mont-Colombier,  et 
observes  par  MM.  les  professcurs  Pictet  et  Gautier. 
L'amplitude  du  i"  arc  a  etc  determinec  au  moyen 

fie l^.o  signaux. 

Celle  du 2"=  arc  par  3o 

3'^  arc  par  18 
4*^  arc  par  1 1 
5*  arc  par  20 
6'^  arc  par  10 

7'  arc  par  4^ »  ct  enfin  la  difference  de 
longitude  entre  I'observatoire  de  Geneve  et  le  Colombier  ,  par  24 
signaux  :  mais  les  contrarietes  eprouvees  au  Mont-Colombier,  par 
I'astronome ,  M.  Carlini ,  qui  ne  lui  permirent  pas  de  determiner 
le  temps  avec  precision  ,  firent  rejeter  les  observations  du  Colom- 
bier pour  lui  substiluer  Geneve ,  ou  toutes  les  conditions  relatives 
a  la  determination  du  temps ,  et  a  I'observation  dcs  feux ,  ont 
ete  parfaitement  remplies  ;  le  Colombier  ne  s'est  plus  Irouve  em- 
ploye dans  I'operalion  que  comme  poste  de  correspondance. 


(i)  Voyez  la  Connaissance  lies  temps  de  raiinee  i83o. 


86 

Voici  le  tableau  des  ainpliludcs  donnees  par  les  sigiiaux  dc  feu, 
et  coniparees  aux  amplitudes  geodesiques  : 


AMPLITUDES 

XMI'LITLUKS 

-■^  < 

ARCS. 

astrononii(|ncs 

giiodcsiciucs 

DIFFERENCES. 

y    - 

en  Icrnps. 

(Ml  lcinri<. 

I 

Marennes -St.-Preuil. 

3'48",99o 

3'49",43o 

+  o",44o 

1 

St.-Preuil-Sauvagnac. 

6  23,094 

6  22,910 

-o,.84 

3 

Sauvagnac-Isson.  .  .  . 

6  51,391 

(>  5 1, 1 60 

—  0,23l 

4 

Isson-Geneve 

1 1  57,820 

1 1   58,720 

+  0,900 

5 

Geneve-Milan 

12     9,570 

12     9,890 

r  0, 320 

ti 

Milan-Padoue 

10  45,383 

10  45,23o 

—  0,  i53 

j  Arc  tolal :  Marennes  Padoue 

5i'56",248 

5i'57",34o 

-r  1 ,  096 

Si  Ton  compare  les  developpemens  geodesiques  parllcls ,  cal- 
cules  par  le  moyen  des  cotes  des  triangles  et  des  azimuths ,  avec 
les  amplitudes  astronomiques  correspondantes  ,  on  aura  les  dif- 
ferentes  valeurs  suivantes  du  degre  lerreslre  a  la  latitude  de  4-5" 
43'  12". 


Noi 

ARCS  EN-  METRES 

LONGLEUR  DU  DEGRE 

des 

a  la  lulitiuli; 

dn    |uii'ullelc  I'l  la  latitude 

ARCS. 

ilo    .',50    43'    12". 

.1.-  \h"  .',.<'  ,  .". 

I 

74407"-,   385 

77985    ,    0 

2 

124182     ,     225 

77797   »  4 

3 

133345   ,  5  1 1 

7779^   >  0 

4 

233087  »  384 

77931   ,  8 

5 

23G717   ,  SgS 

77870   ,  8 

(i 

209256   ,   276 

77807    ,  3 

Arc  total 

:   .   .    1010996   ,    176 

77862  ,  6 

On  pcul  remarquer  par  le  premier  de  ces  deux  tableaux,  les  dif- 
ferences exprimecs  en  secondesdu  lemjts,  enlre  les  ampliludes  astro- 


87 
nomiques  et  les  amplitudes  geodesiques  ;  cet  ecart  surpasse  une  se- 
coiide ,  equivalente  a  124.  metres  pour  Tare  total  qui  en  a  plus  d'un 
million.  Ces  differences  peuvent  accuser  des  irregularittis  dans  la 
figure  de  la  terre  ,  comme  elles  peuvent  etrc  altrlbuees  aux  observa- 
tions qui  ont  donne  les  amplitudes  astronomiques ,  car  les  ampli- 
tudes geodesiques  doivent  etre  considerees  comme  exactes  dans 
Thypothese  d'ou  elles  sont  dedulles  ,  celle  d'un  ellipsoide  de  revo- 
lution ayant  ^\t,  d'aplatissement.  Elles  ne  paraissent  que  comme 
lerme  de  comparaison. 

D'apres  Ic  second  tableau ,  on  voit  que  la  plus  grande  difference 
entre  les  divers  resultats  obtenus  pour  le  degre  du  parallele  ,  est  de 
193  metres.  Elle  existe  entre  le  i*^"^  et  le  3"=  arc. 

Quelles  que  soient  les  causes  de  ces  differences,   il  est  d'abord 
evident  que  les  arcs  partiels  du  parallele  et  meme  Tare  total ,  n'etant 
pas  exactement   proportionnels  k   leur  amplitude  ,   on   ne    peul 
adopter  ni  la  moyenne  des  valeurs  deduites  des  arcs  parliels,  ni  la 
valeurdeduile  de  Tare  total ,  pour  la  longueur  du  degre  moyen  du 
parallele   entre  Marennes  et  Padoue  ;   car  on  ne  saurait  admetlre 
comme  fails  reels  les  anomalies  locales  que  les  resultats  rappor- 
tes  ci-dessus  sembleraient  metlre  en  evidence:  ceux-ci  etantdeduits 
d' operations  qui  ne  peuvent  conduire  avec  certitude  a  des  conclusions 
aussi  delicates  ,  lorsqu'elles  n'embrassent  pas  un  tres-grand  deve- 
loppement.   Le  mcilleur  parti  a  prendre  et  celui  qu'en  effet   ont 
prls  MM.  Jirousseaud  et  ISicoUet ,  etait  de  deduire  de  rensenible 
des  donnees  geodesiques,  etdes  amplitudes  observees,  lavaleurdii 
degre  la  plus  probable  qu'on  pourrait  introduire  ensuite  dans  la 
formule  qui  donne  Taplatissemenl,  afm  de  connattre  les  dimensions 
du  spberoide  qui  satisfaitle  mieux  aux  observations.  Cette  question 
traltee  par  Texcellente  methode  des  moindres  sommes  des  carres 
des  erreurs ,   a  donne  pour  erreur  probable  d'amplitude  sur  Tare 
total  ,  —  o",  i3  :  en  sorte  que  ramplitude  totale  corrigee  est  de 
5i'  56",  12  en  temps,  ce  qui  donne  77865,7  metres  pour  la  valcur 
la  plus  probable  du  degre  du  parallele  a  la  latitude  de  45°  4-3'  1 2". 


88 

Le  m^me  degre  a  la  meme  latitude  sous  Phj-pothese  de  -—^  d'apla- 
tissement,  scrait  dc  77816  metres.  Lcs  observations  faites  sur  le 
parallele  iiioyen  cnlre  Marennes  et  Padoue  indiqueraient  done  un 
plus  fort  aplalissenieut.  En  conibinant  en  effet  ce  degre  du  paral- 
lele avec  Tare  du  ineridien  niesure  entre  Greenwich  et  Foriuen- 
tera  on  trouve  -^y'-.s^  '■  avec  Tare  niesure  au  Perou,  — ^'—  :  avec  celui 
lie  rinde^-q';)",!*  Enfin  s'il  etait  permis  de  prendre  un  resultal  moyen 
oa  Irouverait  que  Taplatissemenl  general  du  globe  serait  de  — sFI- 
Ce  resullat  est  plus  grand  que  celui  qu'on  deduil  des  inegalites  lu- 
naires  ,  et  des  comparaisons  des  arcs  de  meridiens,  inesures  a  des 
latitudes  tres-differentes  ,  mais  il  se  rapproche  beaucoup  des  apla- 
tissemens  que  le  capitaine  Sabine  el  M.  de  Frevcinet  ont  trouves 
par  les  experiences  du  pendule  failes  a  diJferentes  latitudes. 

En  ne  prenant  des  observations  failes  sur  le  parallele  nioyen 
que  celles  qui  sont  comprises  dans  I'etendue  de  la  France  ;  on  ob- 
tiendrait ,  au  moyen  de  Tare  qui  s'etend  de  Marennes  a  Geneve  ,  un 
iiouveau  degre  de  parallele  qu'on  trouve  ^trc  de  77885,  7  metres. 
Puis  en  combinant  ce  degre  avec  Tare  du  m«Midien  compris  entre 
Dunkerque  et  Jiarcelone ,  on  aurail  „~'g  pour  I'applatissement  du 
spheroide  qui  scmble  le  niieux  reprcsenter  la  forme  du  globe  dans 
noire  region.  '•-;  of-- Si'!-- "o-'  '•)•:'•->•"■■;  ;;'•;•'■•.•■;  ■>  -l:;]}-  •^';   ;t  ^ 

Tels  sont  les  resullats  que  nous  tirons  du  memoire  insere  dans 
la  Connaissance  des  temps  pour  i83o,  lesquels  derivent  en  partie  des 
observations  consignees  dans  les  deuK  volumes  Imprimes  a  Milan  , 
et  attribues  a  MM.  les  astronomes  Carlini  el  Plana  ,  qui  ont  pris 
ane  tres-grande  partaux  operations  dont  il  s'agit.  Nous  nous  som- 
mes  attache  a  faireconnaitre  la  direction  qu'on  a  cru devoir  donner 
a  une  des  plus  grandes  operations  entreprises  jusqu'a  ce  jour  pour 
la  mesure  de  la  terre;  operation  imporlante  el  par  la  grandeur  de 
son  developpemcnt ,  et  par  la  situation  de  lazdne  moyenne  quelle 
embrasse.  Quand  il  s'agit  de  determinations  aussi  dellcatcs,  on  ne 
saurail,  ainsi  qu'on  I'a  deja  dit,  employer  des  procedcs  trop  exacts 
pour  I'observalion  du  temps.  L'emploi  des  mcilleures  lunettes  meri- 


8y 

(licntics  est  id  necessaire,  etnous  voyons  avec  regret  que  le  temps 
a  efe  quelqucfois  determine  par  des  liauteurs  absolucs  ,  au  moins 
pour  la  parlie  francaise  ,  methorle  qui  ne  comporte  pas  le  meme 
degre  de  precision  ,  et  a  laquellc  nous  croyons  pouvoir  atlribuer 
I'ecart  de  deux  secondes  de  temps  que  sigrialent  les  observations 
des  feux  faites  ,  le  12  aoAt  1823,  pour  obtenir  la  difference  de 
longitude  entre  les  observatoires  de  Solignat  et  de  la  Jonchere. 
Nous  voudrions  aussi  que  les  trop  pelils  arcs  fussent  exclus  de  ce 
genre  d'operation  ,  et  que  les  observations  fussent  generalement 
plus  nombreuses  :  car  c'esl  au  moycn  de  ces  princlpes  appliques 
par  des  observateurs  pleins  de  soln  et  de  sagacile ,  tels  que  ceux 
qui  ont  coopere  a  la  mcsure  de  Tare  du  parallele  entre  Marennes 
el  Padoue,  qu'on  pent  obtenir  des  amplitudes  d'arcs  de  longitude, 
exempts  de  tout  reproche  ,  et  propres  a  metlre  en  evidence  les 
anomalies  reelles  qui  doivenl  eire  atlribuees  aux  irregularites  de  la 
figure  de  la  terfe. 

Cette  irregularite  a  etc  parfailement  demontree  par  les  observa- 
tions des  signaux  de  feu  faitssurle  mont  Fenera  en  1823  et  iSa^  > 
pour  etablir  d'une  maniere  precise  la  difference  des  longitudes  entre 
I'observatoire  imperial  de  JJrera  a  Milan  (i)  etTobservatoire  royal 
de  Turin.  Les  deux  observatoires  de  Milan  et  de  Turin  sont  munis 
pour  la  determination  du  temps ,  d'excellens  instrumens  de  six  pieds 
de  foyer  du  cclebre  Reiclienbach  ;  a  Milan  c'cst  une  lunette  meri- 
dienne  simple  ,  a  Turin  une  lunette  meridienne  portanl  un  cercle 
meridien  :  il  est  inutile  de  dire  qu'ily  avait  dans  Tun  el  I'autre  ob- 
servatoire  de  tres-bonnes  pendules  :  ainsi  rien  ne  manquait  pour 
obtenir  le  temps  avec  une  extreme  precision. 

Les  observations  des  feux  ont  eu  lieu  les  i5,  16  el  17  mai  1823. 
—  Les  1  ,  4-  et  5  juillet  1823  ,  et  les  25  et  26  aoftt  1824^.  —  C'est-a- 
dire  a  trois  differentes  epoques. 

Du  i5  au  17  mai  1823 ,  il  y  a  eu  a  Milan  17  passages  observes  a 
la  lunette  meridienne  :  a  Turin  il  en  a  ete  observe  23. 


(1)  f^of.  le  tome  II  ,  page  3o  de  I'ouvrage  doiit  nous  rendoiis  conipte. 


9° 

Du  i"  au  5  juillet  il  y  a  cu  a  Milan  20  passages  observes  :  a 
Turin  29. 

Les  25  el  26  a  Milan  ig  passages,  ^ Turin  25. 

Les  marches  diurncs  des  deux  pendules  de  Turin  et  de  Milan  onl 
dA  etre  ,  comme  dies  ont  ete  effectivemenl  blen  connues :  par 
suite  Ic  Icnips  sideral  dc  I'apparition  dcs  signaux  a  pu  etre  parfai- 
tenienl  determine.  Ajoutons  que  les  observaleurs  etaient  au  nonibre 
de  3  on  4  a  Turin  ,  et  de  7  ou  g  a  Milan  :  on  n'a  tenu  compte  que 
de  la  moycnne  des  instans  observes.  Void  les  differences  de  longi- 
tude oblenues  : 

Le  i5  mai  1828  ,  6  signaux  :  ecart  entre  le  plus  grand  ct  le  plus 
petit  resultat ,  o" ,  y/}- 

Resultat  moyen 5'  5r)",   21 

Le  16,6  signaux  :  ecart  entre  le  plus  grand  et  le  plus  petit  re- 
sultat ,  o"  ,  48. 

Resultat  moyen 5'  58" ,   Sj 

Le  17  ,  6  signaux  :  ecart  entre  le  plus  §rand  et  le  plus  petit  re- 
sultat ,  o" ,  46- 

Resultat  moyen 5'  Sg'  ,  24 

Moyenne  des  trols  jours 5'  Sg",  00 

Le  i*"^  juillet,  6  signaux  :  ecart  entre  le  plus  grand  et  le  plus 
petit  resultat,  o",  63. 

Resultat  moyen 5'  58",  gi 

Le  4 »  6  signaux  :  ecart  entre  le  plus  grand  et  le  plus  petit  re- 
sultat ,  o"  88. 

Resultat  moyen 5'  58",  5G 

Le  5,  6  signaux  :  ecart  entre  le  plus  grand  et  le  plus  petit  re- 
sultat o'' ,  g5. 

Resultat  moyen 5'  58",  92 

Moyenne  des  trois  jours 5'  58",  80 

Le  25  aoAl  1824,  4  signaux  :  ecart  entre  le  plus  grand  et  le  plus 
petit  resultat ,  o'' ,  74. 

Resultat  moyen 5'  58',  75 


9^ 
Le  26 ,  5  signaux  :  ecart  enlre  le  plus  grand  et  le  plus   petit 
rcsullat,  o"  ,  74.. 

Resultat  inoyen 5'  58",  63 


Moyenne  des  deux  jours 5'  58",  6q 

Quoique  les  ecarts  paraissent  en  general  un  peu  forts ,  on  ne 
peut  elever  aucun  doute  que  Tamplitude  aslronomique  de  Tare  de 
longitude  entre  les  observations  de  Turin  et  de  Milan  ,  ne  soitpar- 
failement  delerminee  par  4-5  rcsullals  donl  les  auteurs  de  la  mesure 
elablissent   la  moyenne  de 5'  58",  85 

La  longitude  donnee  par  les  observations  geodesi- 
ques  est  en  temps  de 6'  o",  g3 

Difference.  .  .  2",   08 

Voila  done  une  anomalie  de  plus  de  2  secondes  de  temps  bien 
constatee  sur  un  arc  de  6  minutes  :  c'est  un-^^j  de  Tare.  Ainsi  on 
retrouve,  comme  on  devait  s'y  attendre  sur  les  arcs  de  parallele  , 
les  anomalies  qu'on  a  deja  remarquees  dans  les  arcs  du  mdridien  ; 
et  c'est  en  Italic  que  les  irregularites  les  plus  considerable^  ont  ete 
signalees  jusqu'a  ce  jour. 

Pour  fixer  les  idees  de  nos  lecleurs  sur  ces  singulieres  perturba- 
tions, nous  croyons  devoir  encore  extraire  quelques  details  interes- 
sans  que  nous  trouvons  sur  ce  sujet  dans  I'ouvrage  imprim^  a 
Milan. 

On  connait  la  mesure  de  I'arc  du  meridien  executee  en  Piemont 
par  le  P.  Beccaria,  dans  les  annees  1 762 ,  1768  et  1764.  Les  resul- 
tats  auxquels  etait  parvenu  cet  astronome  paraissalent  si  disparates, 
que  M.  de  Laplace  et  d'aulres  geometres  n'avaient  pas  cru  devoir 
les  employer  dans  leurs  recherches  sur  la  figure  de  la  terre.  II  etait 
ndanmoins  assez  important  d'examiner  de  plus  pres  si  I'eneur 
qu'on  supposait  etre  de  1200  metres  sur  un  arc  qui  n'a  guere  qu'un 
degre  d'amplitude ,  pouvalt  etre  attribuee  a  I'inexactitude  des  ob- 
servations et  des  mesures  faites  par  le  P.  Ucccaria,  ou  bien  si  ce 


92 
n'tilail  qu'un  ecart  qui  •It-peridail  (I'uiie  irre^ilarlle  locale  ,  soil  <lans 
la  fic;ure,  soit  dans  la  densili:  des  couchus  Icrrcstres. 

Dans  cetle  vue  ,  on  a  dispose  une  nouvelle  chaine  de  triangles 
entre  Mondovi  et  Andrate,  qui  llmilent  au  sud  el  au  nord  Tare  nic- 
sure  par  Bcccaria.  Des  i8og ,  plusicurs  ingdnicurs-geograplies  fran- 
^als  avaient  deja  dirige  la  Iriangulation  qu'ils  executaient  en  Lorn- 
bardie,  jiisqu'en  Piemonl  et  jusque  sur  la  base  interne  de  Beccaria. 
En  1822,  les  officlors  piemontais  ont  repris  la  triangnlallon  des 
officiers  frar.^ais,  el  I'ont  prolongec  au  nord  jusqu'a  Aiidrale.  II  ni- 
sulte  de  celle  suite  d'operalions  que  Tare  du  nierldien  nouvellenienf 
determine  entre  Andrate  el  Mondovi  est  une  nouvelle  mesure  ab- 
solume/il  independaule  de  I'ancienne,  et  qui  se  trouvant  appuyee 
sur  la  base  du  Tesia,  se  Irouve  aussi  reposcr  sur  les  bases  de  Me- 
lun  et  de  Perpignan  ,  auxquelles  la  premiere  est  lice. 

En  admeltaiit  Tapplalissement  du  spheroYdc  lerrestre  de  ^r^Vbs 
el  le  rayon  de  Tequaleur  de  GS^GgSG  metres,  le  developpement 
de  Tare  du  meridlen  entre  Andrale  el  Mondovi  a  ete  trouve  de 
12639^,6  metres. 

La  latitude  gdodcsiquc  d'Andrate  (cloclicr)  de  4-5"  3i'  !^.o" ,  45 
celle  de  Mondovi  (lour)  de 4^4    28    25  ,  G3 

D'ou  difference  ou  amplitude  geoddsique.  .  .  i"     8'  14.",  82 

Mais  la  latitude  astronomique  d'Andrate  a 

ete  observee  de 4-5°  3i'  12",   36 

el  celle  de  Mondovi  de 44     23  45  ,   38 

d'ou  difference  ou  amplitude  astronomique.  .  .        lo     7'  2G",  g8 
II  suit  de  la  que  I'amplitude  geodesique  surpasse  Tamplitude  as- 
tronomique de  47"i84  >  ce  qui  constilue  un  fait  des  plus  remar- 
quables. 

Le  developpement  de  Tare,  sous  une  amplitude  de  1"  7'  2G",g8, 
et  compris  entre  les  deux  latitudes  observees,  serait  dans  Tliypo- 
ihese  de  i^^',~  '''^Ppl'^''*'''*'^'"^'"*  ^^  124907,  1  metres;  et  comme 
le  developpement  geodesique  a  ete  trouve  de  126394,  6  metres,  il  y 


93 
a  cnire  ccs  deux  nombres  une  diffeicnce  de  i487>  i  melres  :  c'est 
^  de  I'arc.  Telle  serait  Terreur  que  Ton  aurait  commise  si  Ton  eut 
voulu  deduire  la  distance  enire  Aiidrale  et  Mondovi  d'apres  les  seules 
observations des  latitudes  astronomiques:  sur  quoi  les  auteurs  de  Tou- 
vrage  imprime  a  Milan  font  les  reflexions  suivantes :  «  Cette  enorme 
difference  met  dans  une  evidence  complete  Terreur  de  1  hypolhese 
appliquee  a  cette  partle  de  la  terre.  Si  les  causes  exterieurcs  pou- 
valenl  suffire  pour  expliquer  cette  especc  de  perturbalion  dans  la 
direction  du  fd  a-plomb ,  il  faudralt  i'attrlbuer ,  du  cote  du  sud,  a 
la  chaine  des  Alpes  marltlmes ,  et  du  cote  du  nord  a  la  chaine  des 
Alpes  Graiennes.  Mais  ii  est  possible  aussi  que  ce  singulier  pheno- 
mene  soit  produll  en  grande  partic  par  une  irregularlte  dans  la 
densile  des  couches  terrestres.  Les  donnees  necessaires  pour  sepa- 
rer  ces  deux  effets  manquent.  Si  Ton  etait  dispose  a  vouloir  consi-« 
derer  la  masse  des  montagnes  comme  une  cause  preponderante , 
on  serait  ausslfot  arrete ,  en  comparant  la  latitude  geodt-slque  dc 
Panne  ,  deduile  en  partant  de  Milan  ,  avec  la  latitude  aslronomlque 
qui  y  fut  observee.  Ici  Ion  trouve  une  difference  de  20",  4;  et  ce- 
pendant  ces  deux  villes  sont  situees  au  milieu  d'une  plalne  et  a  une 
distance  telle  des  montagnes  qui  ne  permet  guere  de  regardcr  I'at- 
traction  de  leur  masse  exterleure  comme  capable  de  produire  un 
effet  aussi  considerable.  Au  reste,  le  principc  de  raualogie  et  Ic 
rcsultal  de  plusleurs  autres  observations  concourent  a  faire  croirc 
que  les  anomalies  que  Ton  vient  de  citer  ne  sont  pas  purement  lo- 
cales. 11  est  probable  que  la  cause  qui  les  prodult  s'etend  a  toute  la 
penlnsule ,  et  meme  a  toute  I'Europe ,  en  se  modifiant  dlfferem- 

ment »  Ce  qu'Il  y  a  de  certain,  c'est  qu'Il  parait  impossible 

d'expliquer  ces  singulleres  anomalies  dans  VHolI  actuel  de  nos  con- 
naissanccs,  et  qu'elles  reclament  les  meditations  des  physlclens  et 
des  geomctres. 

Pour  fixer  plus  parllculierement  les  idecs  sur  ce  sujet  interessant, 
nous  allons  faire  suivre  un  tableau  des  latitudes  geodesiques  de  34 
points ,  comparees  avec  leurs  latitudes  astronomiques.  Ce  tableau 


94 

que  nous  fournit  encore  I'ouvrage  de  MM.  Carlini  et  Plana  , 
offre  les  resultats  gt^odesiques  de  calculs  fails  d'apres  una  hypolhese 
unique  de  fSg'.Ys  d'applatissement,  en  parlant  de  la  latitude  de  I'Ob- 
servatoire  royal  de  Paris.  Les  pelites  differences  peuvent  noffrir 
que  de  faibles  argumens  dans  la  question  qui  nous  occupc ,  puis- 
qu'a  toute  rigucur  on  pourrait  les  attribuer  aux  erreurs  dout  quel- 
ques  observations  astronomlques  peuvent  etre  affectecs ,  et  qui 
peuvent  clre  signalees  plus  tard ;  et  Ton  sait  que  M.  Nicollet  vient 
tout  receniment  d'cxpliquer  de  la  maniere  la  plus  beureuse ,  le  d^- 
faut  d'accord  que  M.  Mechain  avail  trouv^  dans  les  latitudes  astro- 
nomlques de  Mont-Jouy  et  de  Barcelone,  et  qu'il  a  definltiveinent 
conclu  des  observations  m^mes  de  M.  Mechain  la  latitude  du  fort 
de  Mont-Jouy  /^.i'^  i  \'  44  ">  5  ,  plus  petite  de  2",  i  que  celle  portce 
au  tableau  ci-dessous  (i);  correction,  au  reste,  qui  ne  fait  qu'aug- 
menter  encore  le  desaccord  qui  existe  entre  la  position  astrononii- 
que  el  la  position  geodesique  de  Monl-Jouy. 

(i)  Voy.  le  niemoiresur  un  iiouveau  calcul  des  latitudes  de  Mont-Jouy  et 
de  Barcelone ,  pour  servir  de  supplement  au  traile  de  la  base  du  systeme  me- 
trique.  Lu  a  I'Academie  des  sciences,  le  10  mars  1828  ,  par  1\I.  J.  N.  Nicollet. 


95 
TABLEAU  des  latitudes  astronomiques  de  quelques  points  situes  en 

Angleterre  ,  en  France  ,  en  Allemagne  ,  en  Espagne  et  en   Ilalie  , 
:  latitudes  des  memes  points  ,   deduiles  des  operations 


comparees  aux 
geodesiques. 


NOMS   DES   LIEUX. 


LATITUDE 

astriinoniiqiic. 


LATITUDE 
ge'oilesi(|iie. 


DIFFERENCE. 


Clifton 

Arbury 

Blenlieim 

Greenwich 

Dimnose 

Dunkcrque 

Paris  (Pantheon) 

Evaux 

Carcassonne 

Mont-Joiiy 

Formentcra 

Vienna  (  Saint -Etienne). 

Wels 

Munich 

Erlan 

Commorn 

Inspruck 

Geneve  (  observatoire).  .  . 

Colombicr  (signal) 

Andrate  (clochcr  i 

Milan  (  observatoire  ). .  .   . 

Verone 

Venise  {c\"  de  St-Marc).  . 
Padoue  (  observatoire  ).  .  . 

Mont-Cenis 

Turin  (observe  nouveau). 
Parme  (  c^^  Jy  St-Jean).  . 

Modene  (  tour  ) 

Genes  (  lanal) 

Mondovi  (tour) 

Florence  (clocher-dome). 

Pise  (observatoire) 

Rimini  (niaison  Garanipi). 
Home  (cX"  de  St-Pierre  ). . 


53027' 
52  i3 
5i  5o 
5 1  28 
5o  3; 
5i  2 
48  So 

46  10 

43  12 
4l    21 

38  39 
48  12 

48     9 

48  8 

49  53 

47  48 
47   16 

40  12 
45   52 

45  3i 
45  28 
45  26 

/i5  25 
45  24 
45  14 

45  4 
44  48 

44  38 

44  24 

44   23 

43  4G 

43  43 

44  3 
4.  54 


3i" 

28 

27 

40 

8 
8 

49 
42 

54 

46 
56 

32 

i3 
20 
55 

•7 

7 
2 

49 

12 

o 

9 

58 


7 
8 

14 
5o 

17 
45 
35 


45 


53^27' 
52  i3 
5 1  5o 
5t  28 
5o  37 
5i  2 
48  5o 

46  10 
43  12 

4i  21 

38  3ci 
48  12 

48     9 
48     8 

47  54 

47  48 
47   16 

46     12 

45   52 


45 
45 
45  26 
45  26 

45     2/^ 
45     14 

4 
48 


45 
4/ 


/^i  38 


44 
44 


33" 

34 

36 
45 
10 
i3 

49 
38 
53 
5o 

59 

27 
26 

16 

25 

4 

2 

56 
40 
i5 

23 

o 

4 

16 
16 

7 

44 


43  46 

43  43 

44  3 

41  54 


25 

2 1 

5 

33 

7 


+ 


4-  r 

f  6 

+  8 

+  5 

-I-  4 

o 

—  4 

—  I 

i-  4 

+  3 

—  4 
i-  i3 

—  4 
-;-  6 

8 
3 

—  o 

+  6 

+  28 

+  i5 

+  i3 

-j-  2 

H-  I 

+  8 

+  8 

—  6 

—  5 

—  3 

—  J9 

—  '4 

—  6 

— ■  12 
1 


Outre  les  nombreux  documens   pratiques  dont  nous  avons  eu 
'occasion  de  faire  mention ,  Touvrage  de  MM.  Carlini  et  Plana 


06 
lenfeime  la  discussion  dc  quelques  points  de  theorie,  et  la  demons- 
Iration  de  quelques  formules  nouvelles  appllcablcs  aux  questions 
de  haute  geodesle.  Nous  y  avons  rcmarquc  principalement  unc  for- 
mule  pour  le  calcul  des  arcs  de  parallele,  un  peu  differente  de 
celle  que  M.  Ic  lieutenant-colonel  Puissant,  noire  collegue  ,  a 
donn^  dans  son  excellent  Iraite  de  geodesic.  La  formule  donnee 
dans  le  second  volume  de  I'ouvrage  des  astronomes  italiens  n'em- 
ploie  que  deux  tcrmes ,  ct  cvite  le  calcul  des  normales  ;  le  geomctrc 
fran^ais  a  bcsoin  dc  trois  termes  et  des  normales,  mais  donl  on 
peut  avoir  les  valeurs  dans  des  tableaux  calcules  d'avance.  La 
formule  de  M.  Puissant ,  redulte  a  son  premier  terme  auqucl  on 
pourrait  souvent  se  borner  dans  la  pratique  ,  me  parait  offrir  une 
valeur  plus  approchce  de  la  quanlite  clierchee  ,  que  le  premier 
terme  correspondant  de  la  formule  italiennc  :  au  reste ,  elles  sont 
excellenles  toules  les  deux  et  peuvenl  otre  appliquees  indifferem- 
ment  avec  un  cgal  succes. 

Les  astronomes  italiens  se  sont  aussi  livres  a  une  discussion  Ircs- 
interessante  des  refractions  lerrestres  ;  ils  ont  examine  le  pro- 
bleme  ou  11  est  question  de  determiner  la  difference  de  niveau  de 
deux  points  fort  eloigncs  par  I'observalion  des  distances  zeni- 
thales  dun  des  points  sur  Thorizon  de  I'autre  ;  car  dans  ce  cas  les 
formules  simples  ou  Ton  ne  fait  entrer  que  le  coefricienl  moyen  de 
la  refraction  ,  paraissent  insuffisanles  ,  et  II  est  necessaire  d'obte- 
nir  unc  valeur  plus  exacte  de  ce  coefficient  en  ayant  egard  aux 
indications  du  barometre  et  du  thermometre ,  et  au  degre  plus  ou 
moins  grand  d'humidite  dont  I'alr  peut  etre  salurc.  Pour  donner 
une  application  de  leur  formule  ,  les  auteurs  se  sont  propose  dc 
trouver  trigonolriqucment  les  hauteurs  de  la  lloche-Melon  ,  du 
Mont-\  Iso  et  du  Mont- Rose,  observees  de  trois  stations  fres- 
distantes  I'une  de  i'autre  ,  savoir  dc  Milan  ,  de  'I'urln  ct  de  Mon- 
dovi  ,  avec  les  indications  baromctriques  et  thermometriques.  Les 
donnees  soumises  au  calcul  ont  fourul  les  resultats  suivans  : 


97 


ELEVATION    AlI-DFSSI'S    DE    I.A    MEF, 

MOYENNE. 

I'air  t'lant  sec. 

I'air  etant  sature 
d'liumidite. 

Roche-Melon 

i     Mont-Viso 

Mont-Ilose 

3526  ■"  7 
38oo  ,  0 
4604  ,  2 

3523 '"  4 
379G  ,  5 
46o3  ,  9 

3525'"o 
3798  ,  2 
4604  ,  . 

Comme  Tair ,  au  moment  des  observations ,  etalt  dans  un  etat 
moyen  d'humidltc  ,  on  doll  admettre  comme  exactcs  Ics  valeurs 
exprimees  par  les  moyennes  du  tableau  ci-dessus,  sur  quoi  on  doll 
remarquer  que  la  hauteur  de  la  Roche-Melon  a  ete  donnce  pkis 
haut ,  plus  forte  de  8  metres  ,  d'apres  les  observations  successive?; 
falles  sur  la  chaine  des  triangles  ,  et  qui  paraissent  meriter  encore 
plus  de  confiance. 

Notre  collegue  M.  le  lieutenant-colonel  Coraboeuf  avait  deja 
determine  les  hauteurs  des  memes  points  ,  d'apres  des  observations 
Irigonomeiriqucs  ,  failes  a  Tepoque  oil  cet  officier  prenait  pari 
aux  operations  geodcisiques  de  I'ltalie  superieure  (i)  ,  le  calcul  lui 
a  donne  pour  la  l\oche  Melon 3526  met. 

Le  Moni-Tiso 3836 

Le  Mont  l\ose {HoS 

Les  <lifferences  qui  existent  avec  les  de  terminations  precedenles 
a  I'egard  du  Mont-\iso  et  du  Mont-Rose  ,  doivent  etre  altribuees 
probablement,  a  Tinsuffisance  dela  formule  employee  pourcalculer 
les  hauteurs  relatives,  a  cause  de  la  longueur  des  rayons  visuels. 

Les  auteurs  ont  encore  applique  leur  formule  a  la  delerminalion 
de  la  hauteur  du  Mont-iilanc ,  par  des  observations  de  distances 
zenithalcs  faites  au  sonmiet  du  Mont-Colombier  et  du  Mont- 
Granier. 

En  supposant  que  Fair  fiit,  au  moment  de  I'observalion  ,  dans 


(  1  )  f'oj.  le  llecueil  des  Memoircs  de  l.i  SoriLle  de  Gc'ngraphie  ,  tome  II. 


98 
un  ^tat  moyen  d'huinidile  ,  on  irouvc  par  robservation  falte  au 

Coloinbier  ,   hauleiir  dti   Moul-lJIaiic 4797>7o  mel. 

Et  par  robservation  failc  au  Cranier.  .   .  .     4•8o/^,o3 

I^a  inoyeniic  est  ile 48oi,86 

II  resulte  de  ces  divers resudlats,  auxquels  on  doit  aj outer  une  grande 
confiance  ,  que  Ic  Monl-Blanc  est  plus  eleve  que  le  Mont-Rose 
de  i83  metres,  et  que  ce  geant  de  notre  vieille  Europe  conserve 
la  preeminence  que  son  rival  le  Monl-Kosc  avait  voulu  lui  enlever. 
Nous  navons  fait  connaitre  qu'impartaitenient  sans  doute  I'ex- 
cellent  ouvrage  iuq>rirae  a  Milan  ,  a  I'occasion  de  la  mesure  du 
parallele  nioyeu  ,  I'espaee  nous  a  manque  pour  entrer  dans  des 
developpemens  qui  en  auraient  mieux  fait  ressorlir  le  mcrite  ;  nous 
renvoyons  a  I'ouvrage  meme,  riche  d'observalions  failes  el  expo- 
sees  consciencieusenicnl,  ceux  qui  ont  a  s'occuper  des  questions  de 
haute  geodesic. 

Noie  sur  Biirce. 

11  serait  superflu  ,  ce  me  semble ,  de  trailer  longucment  de  la 
m^prise  que  plusieurs  auleurs  anciens  et  modernes  ont  faite  en 
confondanl  Barce  avec  PlolemaVs  ,  siluee  vis-a  vis  de  la  premiere 
et  au  bord  de  la  mer.  Mannert,  Thrige  el  aulres  savans,  ont  suf- 
fisamment  prouve  celte  erreur,  qu'il  n'cst  plus  permis  de  mettre 
en  problt^me  apres  le  temoignage  oculairc  de  Delia -Cella  ,  et 
dont  mon  propre  examen  m'a  tout-a-fait  convaincu.  Ainsi  ,  je 
recuserai  les  traditions  de  Sirabon  ,  Pline  ,  Suidas,  Serviiis,  et 
meme  d'Etiennc  ,  qui  ,  pour  tranciier  .^  sa  maniere  Ics  difficultcs 
geographiques ,  donne  a  la  premiere  villc  Tun  et  lautre  nom,  et 
je  m'en  rapporterai  exclusivement  aux  renseignemens  donnes  par 
Plolemec,  el  anterieurement  par  Scylax,  qui  distingue  posilive- 
ment  ces  deux  villes  ,  place  I'uiie  dans  Tinlcricur  des  terrcs  ,  a 
100  stadesde  la  mer,  el  I'autre  sur  le  littoral,  ce  qui  est  parfaite- 
ment  conforme  a  la  disposition  geologique  des  lieux  et  aux  mines 


que  I'on y  Irouve.  Cc  point  atlinis,  jetons un  coup  d'oeil  sur  les  anuales 
(lecetle  villctelobie,  doutrhistoirca  conserv('  <ies  traits  interessans. 

II  me  parait  permis  de  penser,  contre  rassertion  positive  d'He- 
rodote ,  mais  par  induction  de  ce  qu'il  avance  dans  plusieurs  pas- 
sages ,  que  Barce  serait  peut-^tre  anterleure  a  I'etablissement  des 
Grecs  en  Libye ,  ou  que  du  moins  elle  serait  originairement  inde- 
pendante  de  leur  colonisation.  Cet  historien  dit  que  cette  ville  ful 
batie  par  les  freres  d'Arcesilas  ,  quatrieme  roi  deCyrene,  etEtiennc 
dcBysance,  qu'elle  fut  construite  en  briqucs,  et  que  ses  fondateurs 
furent  Persee,  Zacynthe,  Aristomedon  et  Lycus.  Ces  deux  tradi- 
tions ne  sont  contradlctoires  qu'en  apparence,  puisque  les  fondateurs 
nomuies  par  Etienne  pounaient  etre  les  freres  d'Arcesilas ,  qu'He- 
rodote  n'a  point  nommes  ;  aussi  n'est-ce  pas  de  la  que  je  lireral  mes 
conjectures. 

S.  Geroaie  affirme  que  Jiarce  etait  I'ancienne  capilale  d'une  peu- 
plade  libyenne  (i),  et  Ion  trouve  dans  Herodote  plusieurs  passages 
qui  me  paraissenl  favorables  a  cette  opinion.  Sous  le  troisieme  roi 
de  Gyrene,  a  une  epoque  par  consequent  anterleure  a  la  fondatlon 
presumee  de  Barce  ,  il  est  question  d'Adicran ,  roi  des  Libyens , 
qui ,  outre  des  incursions  que  les  Cyreneens  falsaient  dans  son  ter- 
rltoire  ,  Implora  le  secours  des  Egyptleus  pour  les  en  chasser.  Plus 
tard,  nous  voyons  un  Arceslias  s'allier  avec  Alazir,  roi  des  Bar- 
reens ,  et  se  refugler  ensuilc  aupres  de  ce  prince.  Or,  les  nonis  dc 
ces  rois  de  Libye  ne  sont  point  grecs  ,  comnae  Tont  fait  remarquer 
plusieurs  philologues,  et  cette  succession  de  souverains  indigenes  , 
traitant  avec  une  grande  puissance  telle  que  I'Egypte ,  et  s'alllant 
avec  la  famille  royale  de  Gyrene ,  suppose  necessalrement  chcz 
eux  une  filiation  de  pouvoir  et  un  point  central  de  residence,  d'au- 
tant  plus  que  les  Barceens  ^talent  assez  avances  en  etat  social  pour 
que  les  traditions  alent  rapporte  que  MInerve  leur  avait  enseigiie 
.\  conduire  les  cbars  ,  et  Neptune  a  dompter  les  clievaux. 


(ij   Epist.  ad  Dss^-dan. 


lOO 


II  parait  done  probable  que  liarce  ne  I'lil  pas  i'ondee  par  lea 
Gr6cs ,  et  a  Tepoqiic  rap|)orlcc  par  Herodole  ,  inais  seulenieiit 
agraniVie  et  reconslruile  par  enx  a  celle  epoque,  et  qu'elle  dut  fitre 
antericurement  en  grand  ce  que  les  bourgades  mcridionales  de  la 
Pentapole  furent  de  tout  lemps»en  pelit ;  c'est-a-dlrc  une  enceinte 
spacieusc  pour  renfcrmcr  Ics  Iroupeaux ,  et  iles  fours  eievees  pour 
les  (icfeiidre.  II  resultc  ,  en  outre  ,  des  recits  d'Herodole  ,  qu'apres 
meme  que  les  IJarceens  se  furent  nieles  dans  Icur  ville  avcc  les 
Grecs,  ils  conllnuerent  a  etre  gouvern^s  par  leurs  propres  rols.  La 
vengeance  qu'ils  exercerent  sur  Arcesilas ,  vengeance  qui  s'etendit 
a  leur  souverain  Alazir,  occasionna  un  evenementassez  connu  pour 
qu'il  soit  supcrflu  do  le  repeter.  Tout  le  monde  se  rappelle  aussi 
I'expeditiond'Ariandes,  le  stratageme  d'Amasis,  la  prise  de  Barce, 
et  la  pcrfide  cruaute  de  Pherelinie.  (]etlc  catastrophe  porta  une 
atteinte  irreparable  a  la  ville  de  liarce  :  la  majeure  parlie  de  ses 
habitans,  reduits  en  esclavage,  furent  envoyes  en  Egypte  ,  et  de  la 
dans  la  Bactriane,  ou  ils  fonderent  une  bourgade  qui  porta  le  nom 
de  leur  ville  natale  ;  aussi  Tliistoire  se  tait  long-temps  sur  cetle 
ville,  et  ne  recommence  a  eclairer  ses  annales  que  pour  indiquer  un 
nouvel  evenement,  qui,  quoique  moins  funeste  que  le  premier, 
porta  neanmoius  un  coup  plus  terrible  encore  a  I'existence  poli- 
tique de  Jjarcc.  Les  Ptolemees  fureni  a  peine  maitrcs  de  la  Penta- 
pole qu'ils  fonderent  une  villc  sur  le  litloral ,  dans  le  lieu  meme  qui 
avail  servi  jusqualors  de  port  a  IJarce  ,  et,  de  meme  que  Ton 
vit  Apollonie  succeder  en  puissance  a  Cvrene,  de  meme  a  mcsurc 
que  la  ville  nouvelle  s'agrandil,  ellc  altira  dans  ses  murs  les  habi- 
tans Grecs  de  rancietine  ,  et  la  fit  pen  a  pen  oublicr  a  un  tel  point , 
que  la  pluparldes  gcographes  Tonlconfondue  avec  elle.  ISeanmoins 
ranciernie  Barce  continua  d'etre  habltee  par  les  Libyens  ,  mais 
connne  ville  libyenne,  el  non  comme  ville  grerque.  Ses  habilans 
1  eprirent  leurs  anciennes  habitudes  i  ils  recommcncerent  leurs  ex- 
cursions ,  et  acquirent  un  si  grand  renom  par  leurs  brigandages , 
que  loutes  les  peuplades  de  la  Libyc  cyrenaVque  sc  reunlrent  a  eux , 


lOI 


et  ils  furent  coUeclivemetil  designes  par  le  nom  dc  liarceens. 
Enresumantles  fails  ctles  conjectures  que  je  viens  d'cxposer  sur 
la  ville  de  Barco,  il  nc  faut  point  s'etonner  des  tenebrcs  dont  elle 
est  restee  entouree  dans  rhistoiic  ,  et  qu'Eulrope  ,  Ammien  ,  Sy- 
nesius  ,  Antonin  ,  Hierocles  et  Procope  ne  I'aient  pas  meme  nom- 
niee.  Toutefols  i!  me  parait  certain  que  cctte  ville  ,  habitee  avant 
la  colonisation  grecque  ,  survecut  a  tous  ses  desastres  ;  qu'apres 
avoir  ele  occupee  d'abord  par  des  Libyens  seuls,  et  ensuite  par  des 
Libycns  conjoinlement  avec  des  Grecs  et  des  Romains,  elle  joua 
encore  un  role  important  a  Fepoque  chretienne  et  eut  des  pontifes 
de  cette  religion ;  que  jusqu'aces  derniers  temps  elle  fut  distinguee  el 
indcpendante  de  Ptolemais;  enfin  que,  tombee  au  pouvoir  des  Mu^ 
subnans,  elle  ful  rendue ,  pour  ainsi  dire  ,  a  ses  destinees  primitives. 
Elle  vit  alors  la  barbaric  reconstruire  ses  niurs ,  relever  ses  tours 
antiques,  repandre  de  leur  sommel  I'epouvanle  et  la  terreur,  Ten- 
tourer  comnie  autrefois  dc  deserts;  enfin,  pour  comble  de  simili- 
tude ,  elle  donna  son  nom  a  toute  la  contree,  de  meme  que  IcsBar- 
ceens  avaient  donne  le  leur  a  loutes  les  peuplades  qui  les  entou- 
raicnl.  Pacuo. 


Notice  sur  la  vie  el  les  iramux  du  voyageur  BuRCKHARDT. 

Jean-LouisBurckhardt,  quele  celebregeographeMalte-Brun  con- 
sideralt  comme  le  modeled'un  voyageur,  avait  re^u  le  jour  a  Lausanne , 
eii  1784  ;  il  elait  le  huitieme  enfant  de  M.  Gedeon  Burckbardt  de 
Kirscbgarten  ,  ricbe  citoyen  de  B^ilc,  et  colonel  d'un  regiment 
Suisse  au  service  d'Angleterre.  Le  jeune  Burckbardt  fit  ses  pre- 
mieres etudes  a  Bale  ,  dans  la  maison  paterncUe  ,  et  termina  son 
education  a  Leipzig  et  a  Goeltlngue.  Aubonbeur  inappreciable  d'a- 
volr  re^u  une  excellente  education  classique  ,  il  joignait  une  con- 
naissance  parfaite  des  langues  anglaise,  frangaise ,  allemande  et 
italienne  ,  et  jusqu'a  I'age  de  dix-buit  ans,  il  avait  eludie  la  musique 
sous  les  meilleurs  maitres.  \  ers  180G,  le  jeune  Burckbardt  n' avait 


102 


encore  que  vingt-deu.v  aris  ,  lorsqu'il  se  rendit  a  Londres ,  aupres 
de  son  pere ,  dans  I'intenlion  d'entrer  au  service  de  I'Angleterrc  ; 
mais,  domine  par  la  passion  des  voyages  ,  et  le  desir  d'etre  utile 
a  ses  semblablcs  agilaiil  sa  belle  Sme ,  recouiniande  d'ailleurs  par 
ses  professeurs  a  sir  Joseph  Banks ,  president  de  la  socicte  royalc 
de  Londres  ,  dont  la  niaison  etait  devenue  Ic  rendcz-vous  de  lous 
les  savans  nationaux  el  etrangers  ,  il  se  presenta  a  la  socielc  Afri- 
caine ,  sous  les  auspices  de  ce  bienfaiteur  des  sciences  et  de  I'hu- 
manite.  Celte  sociele  ,  incertaine  du  sort  d'Hornemann,  cherchail 
un  voyageur  qui  voulttt  tenter  de  suivre  ses  traces ,  en  penetrant 
dans  I'interieur  de  TAfrique.  «  Quelle  garantie  nous  donnericz- 
vous,  dit  le  president  au  candidal  voyageur,  de  votre  capacile  pour 
execuler  el  endurer  tout  ce  qu'exige  une  entreprise  aussi  hasar- 
dcuse  ?. .  .  .  L'intime  et  forte  conviction,  dit  Burckhardt,  que  j  ai 
d  etre  pret  a  lutter  contre  toutes  les  difficultes  qui  se  presenteront.  » 

Celte  reponse  energique  de  Burckhardt  fit  agreer  ses  services ; 
et  lui-meme  voulut  des-lors  se  mettre  a  porlee  de  remplir  digne- 
mant  sa  mission.  II  se  consacra  done  a  I'elude  des  langues  turque 
et  arabe  ,  acelle  de  la  chimie,  de  rastronomie,  de  la  mineralogies 
de  la  medecine,  de  la  bolanique  et  de  la  chirurgie.  ()uoique  Ires- 
robuste,  il  adopla  en  nicme  tenq)S  un  regime  propre  a  endurcir  son 
corps  et  a  le  rendre  capable  de  supporter  les  fatigues  et  les  privations. 

Apres  trois  annees  de  sejour  en  Angleterrc,  il  en  partit  au  mois 
de  mars  i8og ,  s'embarqua  a  Cowes  pour  la  Syrie,  avec  I'intenlion 
de  se  perfectionner  dans  la  langue  arabe ,  et  dc  s'identifier  avec 
les  usages  et  les  manieres  des  Orientaux.  De  la  il  devait  se  rendre 
au  Grand-(vaire ,  et  profiler  dune  caravane  qui  se  rcndrait  au 
Fezzan,  pour  allor  a  Monrzouk,  lieu  designe  comnie  son  point 
de  depart  dans  I'interieur  de  TAfriquc. 

Avant  de  quitter  Londres,  Burckhardt  ecrivit  aux  auteurs  de  ses 
jours  :  «  Ce  que  j'emporte,  leur  disait-il,  de  plus  pr^cieux  avec 
moi  ,  c'est  voire  benediction ,  et  croyez-moi ,  ^e  n'en  sfuis  pas  in- 
digne  :  en  quelque  lieu  que  le  sort  me  conduise  ,  j'iniplorerai  le  cicl 


io3 

pour  vous,  et  il  me  sera  doux  de  penser  que  nos  pri^res  se  rencon- 
ireront  au  pied  du  Irorie  de  cclui  qui  seul  peut  les  exaucer.  Quant  a 
ce  qui  me  regarde,  j'ai  appris  a  ne  plus  former  de  vains  souhaits  ,  il 
arrive  si  souvent  que  ce  que  nous  desirons  avec  le  plus  d'ardeur  n'est 
nullement  ce  qui  nous  convient !  aussi  je  ne  me  berce  plus  d'espe- 
rances  ambitleuses  :  vous  revoir  un  jour,  mes  chers  parens,  c'est  tout 
ce  que  jc  demande  ,  el  ce  qui  me  rcndrait  heureux  au-dela  de  toute 
expression  !  » 

Apres  avoir  touche  a  lilc  de  Malte  ,  notre  voyageur  se  rendit 
a  Anlioche  et  ensuite  a  Alep.  Li  il  adopla  definltivement  le  costume 
oriental  et  prit  le  nom  de  Chc'ikh-Ibrahhn.  Deja,  pendant  la  tra- 
versee  de  Malte  a  Anlioche,  il  s'etait  donne  pour  un  Indien  maho- 
melan,  charge  d'une  mission  aupres  du  consul  anglais  a  Alep;  el 
si  on  le  pressait  de  parler  indien  ,  il  repondalt  dans  le  plus  mauvais 
dialeclc  Suisse.  A  Anlioche,  malgre  le  soin  qu'il  pril  de  ne  point 
se  laisser  reconnailre,  il  fut  cependant  soupc^onnc  de  n'elre  qu'un 
Franc  deguise  :  un  agha  lure  le  fil  queslionner  insidieusement  par 
un  drogman  ilalien  ,  qui  a  la  fin  ,  voulan*  s'assurer  s'il  elait  r^elle- 
ment  ce  qu'il  disail,  lui  liraun  peu  la  barbe.  Burckhardt,  en  strict 
observateur  du  point  d'honneur  oriental ,  lui  appliqua  imm^diate- 
ment  un  coup  de  poing  sur  le  visage.  Cetle  action  fil  rire  les  assistans, 
et  relablit  sa  reputation.  Suivanl  ses  instructions,  Burckhardt  passa 
deux  annees  et  demie  de  1809  a  1812  ,  a  Alep  et  a  Damas  ;  pen- 
dant cc  temps  et  toujours  dans  rintention  de  se  rendre  plus  facile 
la  langue  arabe ,  il  traduisil  dans  ce  dialecte ,  ou  plutot  il  transforma 
en  un  conte  intitule  BouiT'el-Bahr  ( la  perle  de  I'Ocean) ,  le  roman 
de  Robinson  Crusoe.  II  fit  aussi,  pendant  six  mois  del'ann^e  1810, 
de  nombreuses  excursions  preparaloires  a  son  grand  projet,  dans 
les  provinces  de  la  Syric,  de  Damas  ,  dans  les  montagnes  du  Liban 
el  de  I'Anti-Liban  ,  visila  les  ruines  el  les  mines  de  Palmyre  et 
d'Heliopolis  ,  les  sources  du  Jourdain  ,  et  parcourut  dans  tous  les 
sens  le  Haouran  oul'anclenne  Auranitis ,  pays  habile  par  des  Chre- 
tiens grecs  ,  par  des  Druses  et  des  Arabes  errans  ,  et  qui  n'avait  etc 


io4. 

visile   avant  lui  que   par  uii   scnl    voyagcur  curopeen   rinforlime 
Seetzen.  Afin  de  niicux  reussir  dans  cctle  excursion ,  il  avail  pris 
le  costume  des  habitans.  Qu'on  se  fic;urc  Chc'ilcU- Ibrahim  nionle 
sur  son  cheval ,  ol  affuble  d'une  grande  peau  dc  niouton  jelee  sur 
les  epaulcs,  ayani  dans  Ics  sacoches  de  sa  selle  unc  chemise  de 
rechange  ,  une  livre  de  cafe  ,  deux  de  labac,  et  aulant  d'orge  qu'il 
en  fallait  pour  la  provision  de  son  coursier  pendant   nn  jour,  la 
valeurde  cent  francs  dans  sa  ceinture,  un  peu  plus  dans  sa  bourse  , 
une  montre  ,  une  boussole  ,  un  llvre-journa! ,  un  crayon  ,  un  cou- 
tcau,  el  Ion  aura  une  idee  exacte  de  noire  jeune  Europeen.  Ainsi 
equipe ,  Cbeikh-lbrahim  rejoignit  des  fellahs  d'Ezar  a  Tun  dcsquels 
il  loua  un  ane,  non  pour  s'en  servir,  mais  afin  de  se  faire  de  son 
niaitre  un   protecteur  durant  le  voyage.   11  trouva  pendant  celle 
excursion  dans  le  grand  desert  qui  s'etend  an  nord-est ,  a  Test  et  au 
sud-estde  Zahle,  de  norabreuses  et  d'iniporf antes  mines  dont  quel- 
ques-unes  remontent  au  siecle  de  Trajan  et  d'Antonin.  JJurckhardt 
fit  encore  un  autre  voyage  d'Alep  a  Damas ,  en  suivant  I'Oronle, 
fleuve  pres  duquel  on  retrouve  des  vestiges  d'une  route  romalne. 
Au  sorlirde  Hamah  situe  a  quatre  journees  de  Tripoli,  il  se  dirigea 
sur  cette  ville ,  laissant  la  route  de  Damas  pour  visiter  le  chateau  de 
Maszyad  ,  residence  princlpale  des  Ismaylis ,  seclaires  d^ont  il  ra- 
conte  des  choses  fort  etranges.  De  IVipoli ,  il  revinl  a  Damas  par 
le  chemin  de  Kesrouan,  le  longde  la  cole  ,  el  visita  I'antique  Ey- 
blos.  liientfit,  infatigable  exploraleur,  il  fit  les  appr^ts  d'un  nouveau 
voyage  dans  le  Haouran,  et  dans  les  nionlagnes  a  Test  et  au  sud- 
est  du  lac  dc  Tiberiade.  11  y  vit,  pour  la  premiere  fois  ,  une  nuee 
tellcmenl  considerable  de  sauterelles  volanles,  que  la  surface  du  sol 
en  elait  completement  couverte;  a  chaque  pas  son  cheval  en  fuait 
des  quanlilcs  immenses ,  et  lui-meme  avail  la  plus  grande  peine  du 
monde  k  s'en  garantirle  visage.  A  Djcrasch,  il  visita  les  testes  dun 
temple  qui,  selon  lui,  fut  superieura  lous  ccux  de  la  Svrie,  cxcepte 
toulefois  a  celui  du  Soleil  a  Pahnyre. 

liurckhardt  avail  profondement  medite  sup  1  importance  de  son 


io5 

projet  ct  sur  los  aioyens  tic  le  fairc  reussir.  Voulant  inspirer 
<le  la  coiifiancc  aux  iiuiigcnes,  et  faire  disparailrc  k's  (lifficulles  ct 
les  dangers  qui  s'atlachent  trop  souvent  aux  pas  des  Europeens,  il 
sejourna  des  mois  entlcrs  au  milieu  des  Bedouins  du  desert ,  sc 
fanilliarisa  avec  la  langue ,  les  habitudes  el  la  religion  de  ces  vrais 
croyans,  au  point  de  pouvoir  passer  lui-m^me  pour  un  Arabe.  11 
n'cut  cependant  pas  toujours  a  se  fclicilcr  de  ces  hordes  noinadcs  : 
dans  une  courle  excursion  qu'il  fit  dans  le  Zor,  contree  pcu  connue, 
qui  s'ctend  le  long  de  I'Euphrale,  au  nord-est  d'Alep ,  il  se  vit 
arrete ,  mallraite  et  depouille  par  une  trpupe  d'Arabes  errans.  Par 
un  reste  de  pilie  ou  de  decence ,  ceux-ci  lui  avaient  laisse  la  piece 
la  plus  indispensable  de  son  vetement ,  lorsqu'unc  dame  ou  prln- 
cesse  arabe  survint,  et  voulant  avoir  une  part  au  butin,  se  mit  en 
devoir  de  lui  arracher  ce  dernier  voile,  qu'en  sa  qualile  de  femme 
elle  aurait  dii  respecter.  Comme  ellc  elait  vigoureuse  ,  ce  nc  fut 
qu'avec  beaucoup  de  peine  que  ilurckhardt  parvint  a  le  sauver. 

Le  fragment  suivant  de  la  lettre  que  ce  digne  fils  de  1' Helvetic 
ecrivit,  le  i6  Janvier  1811,  a  ses  parens,  et  que  nous  pouvons 
appeler  le  tableau  de  la  vie  du  voyageur  dans  ces  conirees,  peut  faire 
juger  combien  JJurckhardt  etait  bon  observateur. 

«  Voyager  seul  dans  !e  desert,  entoure  de  gens  dont  la  fidelitc 
est  douteuse  ,  se  soumettre  aux  plus  dures  privations,  et  endurer 
les  fatigues  les  plus  penibles,  parail  une  chose  fort  triste,  el  pour- 
lanl  j'y  Irouve  un  attrait  inexplicable.  Long-temps  avant  le  jour, 
le  voyageur  est  reveille  par  ses  compagnons;  il  quitte  la  tente  hos- 
pitaliere  oil  il  a  passe  la  nuit,  et  adresse  ses  remercimcns  aux  botes 
qui  I'ont  accueilli  amicalement,  et  qui  lui  ont  accorde  un  abri  et 
un  repas  abondant.  Les  chameaux  se  mellent  en  mouvemenl;  e.t  la 
caravane  cheniine  pendant  quelque  temps  en  silence  ;  enfm  le  soleil 
se  leve  majestueusement  au-dessus  de  Thorizon  :  I'Arabe  le  salue 
de  ses  chants.  A  la  vue  de  ce  spectacle  magnifique ,  quel  ccuur  se- 
rail  liisensibie  pour  louer  le  Createur,  qui  veille  sur  le  voyageur 
au  milieu  des  sables  du  desert;'  La  fraicheur  <hi  matin  ne  dine  ([ue 


ib6 

peu  (le  leinps;  trois  heures  apres  le  lever  du  soleil,  lair  est  deja 
briilanl  :  mais  un  iiiauleau  epais  garantit  le  voyageur  des  rayons 
Irop  ardeiis;  ct  la  provision  d'cau  que  porte  son  fidele  chameaii 
!ui  permet  d'elanchersa  soif.  Quelquefois,  duranl  les  heures  les  plus 
thaudes  du  jour,  la  caravane  s'arrSte  ;  les  chameaux  s'agenouillent 
en  formant  un  cercle  autour  de  leurs  m  ait  res ;  et  le  voyageur,  en- 
vcloppe  dans  son  niauleau,  selend  a  I'onibre  de  son  clianieau,  el 
chcrche  un  sommeil  rafraichissant.  C'est  de  ccsinslans  que  je  profi- 
tais  ordinairemenf,  dit  Eurckhardl,  pour  consigner  quelques  obser- 
vations sur  mon  journal ,  en  me  cachant  soigneusement  sous  mon 
manteau.  Bientot  le  signal  du  depart  se  donne,  et  la  caravane  se 
remet  en  marclie.  Au  coucher  du  soleil ,  elle  s'arrete  prcs  de  quelquc 
source,  autour  de  laquelle  les  betes  de  somme  trouvenl  a  peine  un 
peu  dherbc.  On  allume  du  feu  avec  de  ia  fientc  seclie  de  chaineau ; 
et  pendant  que  les  uns  font  boire  leurs  nionlures,  les  autres  preparenl 
le  repas ,  qui  se  compose  d'un  gateau  de  farine  cuit  dans  la  cendre, 
d'un  peu  de  beurre  et  de  biscuit.  Souvent  les  voyageurs  trouvent  une 
horde  d'Arabes  etablie  autour  de  la  source  oii  ils  comptaient  s'arre- 
ter.  Alors  lis  mettent  pied  h  terre  devant  la  tenle  duchef;  on  dtend 
aussltot  devant  eux  des  tapis  ou  des  nattes,  et  on  les  invite  k  s'y 
reposer  :  on  leur  offre  du  cafe  et  du  lall  de  chameau ;  et  Ton  tue 
un  agneau  ou  un  chevreau  pour  le  repas.  Les  botes  et  les  voyageins 
passent  la  soiree  a  fumer  ou  a  ccouter  des  contes.  Dans  le  loinlain 
se  foiit  entendre  les  chants  joyeux  des  jeunes  filles  arabes.  (^ue  de 
fols  je  quiltai  mes  compagnons  ranges  autour  du  foyer  hospitalier, 
pour  error  seul  sous  la  voAte  etoilce ,  me  livrer  a  mes  p«risees ,  et 
chercher  a  reconnailre  I'astre  qui  se  levait  au-dessus  de  la  demeure 
de  mes  parens  cherls!  Ah!  sans  doute  ,  un  lei  voyage  a  ses  ohannes. 
Au  milieu  du  desert,  I'liomme  pent  encore  Irouverde  domes  jouis- 
sances.  Le  bonhcur  n'a  fixe  exclusivement  sa  residence  dans  aucun 
lieu  de  la  terre  :  chacun  pent  le  trouver  egalement  dans  son  ccFur , 
au  milieu  des  Arabes  demi  -  sauvages,  aussi  bien  que  dans  les  cer- 
i  l«;s  de  I'Kurope  civilisce. 


»  L'Europeen  qui  voyage  <laiis  I'Orient ,  en  giaiid  seigneur , 
avec  unc  escorte  armee ,  de  bons  chevaux  qui  lui  servent  de  mon- 
Jure ,  des  chameaux  pour  porter  sa  tente ,  son  lit ,  ses  ustensiles 
(Ic  cuisine ,  n'eprouve  pas  plus  de  fatigue  ni  de  privations  que  s'il 
voyageait  en  Europe ;  mais  ce  n'est  pas  ma  maniere  de  voyager. 
Je  m'arretc  toujours  dans  le  plus  mauvais  karavanserai ;  je  n'ai 
pour  couverlurc  que  nion  niantcau,  el  que  la  lerre  pour  tout  iiia- 
telas  ;  je  mange  avec  les  conductcurs  dc  cliameaux ,  et  je  pause  moi- 
m^me  mon  clieval ;  mais  aussi  je  vois  ei  j'entends  beaucoup  de 
clioses  qu'ignorent  ceux  qui  voyagent  commodement.  C'esten  par- 
courant  ainsi  le  desert  que  j'ai  adople  la  maniere  de  vivre  des 
Arabes,  dont  j'offre  ici  quelques  details. 

»  L'liabitant  du  desert,  soumis ,  des  sa  jeunesse,  a  une  foule 
de  privations ,  contracte  des  habitudes  de  frugalite  que  le  ci- 
tadin  a  de  la  peine  a  comprendre.  Souvent  le  Bedouin  se  couche 
apres  une  marche  fatigante  ,  pendant  laquelle  il  a  etc  expose  aux 
ardeurs  dusoieil,  sans  avoir  pris  d'autre  nourriture  qu'un  peu  de 
lait  de  chameau  ou  une  poignee  de  farine  delayee  avec  de  I'eau  et 
du  sel.  Sa  nourriture  habituelle  est  une  espece  de  gateau  de  farine, 
cult  sous  la  cendre ,  el  nomme  Jad/e ,  qu'il  mange  apres  le  coucher 
du  soleil.  C'est  le  seul  repas  qu'il  fasse  de  la  journee.  Si  quelque 
t'lraiiger  vient  lui  demander  i'hospitalite,  c'est  un  jour  dc  fete.  Alors 
il  tuc  une  chevre ,  et  invite  ses  amis.  Les  convives  prennent  place 
autour  de  la  marmite ;  cliacun  en  tire  a  son  tour  un  morceau  avec 
ses  doigls,  en  arrache  quelques  boucliees  de  viande,  et  le  rejette 
dans  la  marmite,  jusqu'a  ce  que  le  repas  soil  acheve.  On  ne  laisse 
aux  femmes  que  les  pleds  el  les  oreilles  de  I'animal.  » 

Au  mois  de  juin  1812,  notre  voyageur  quitta  Damas  pour 
se  rendre  au  Caire  ;  et ,  au  lieu  de  suivre  la  route  de  Jerusalem  et 
de  Ghaza,  qui  est  la  plus  frequenlee,  il  prit  une  tout  autre  direc- 
tion ,  voulant  explorer  toute  la  contree  vlsilcc  avaut  lui  par  Seetzen, 
el  qui  s'etend  a  lest  du  Jourdain  et  de  la  mer  Morte  ,  et  entre  celle 
mer  el  la  nier  Rouge.  V^tu  comme  un  JJedouin  ,   Burckliardl  ne 


io8 

])ril  avcc  lui  auciin  bagago  ;  il  inonlait  une  vieille  juinent  dont  I'ap- 
parence  n'avait  rien  qui  <Mt  tenter  la  cupidite  des  Arabes.  Son 
but  etanl  lonjours  de  sc  faire  passer  pour  inusulinan  ,  il  avait  pris 
loutes  les  precautions  pour  ne  pas  trabir  son  secret.  II  rejoignit 
dans  la  Galilee  une  caravane  d'Arabes  de  la  vllle  de  Szalt ,  qui  sc 
dlrigeail  a  Test  du  Jourdain  :  pres  de  Szafcd  ,  on  lui  nionlra  Ic  pui(s 
oil  Josepli  fut  jcte  par  ses  frcres.  De  Tiberiade  ,  sur  Ic  lac  de  Ge- 
nezareth  ,  il  sc  rendit  a  Nazareth  ;  de  la  il  prit  la  route  de  Szalt  pres 
de  laquelle  est  le  Mezar  Oscha  suppose  contenir  le  lombcau  du 
propliete  Esaii,  egalcment  revere  des  Turcs  et  des  Chretiens. 

A  environ  dix-ncuf  milles  de  Szalt  se  trouve  Amman,  Tunc  des 
plus  anciennes  villes  qui  soient  menlionnees  dan3  riiisloire  juive. 
Apres  en  avoir  visite  les  mines,  Cheikli-lbrahim  se  rendit  a  Kerek, 
au  travers  des  vastes  plaines  de  Moab  ,  parcourucs  par  des  Ara- 
bes voleurs ,  aux  altaques  desquels  lout  voyageur  est  expose.  II 
sejourna  pendant  trois  semaines  dans  celle  ville  dont  les  habitans 
qui  devraient  etre  riches  exercent  riiospitalile  dune  maniere  par 
trop  genereuse  et  nuisible  a  leurs  interets  :  «  Tons  les  soirs  Kerek 
est  remplie  de  Bedouins  parasites  qui ,  stirs  d'y  trouver  un  bon 
gite  pour  eux  et  leurs  chevaux ,  y  passent  le  plus  souvent  qu'ils  pcu- 
venl  ;  ilsdescendentun  jour  dans  un  nialiale  ((juarlier)  ,  voni  a  un 
^^utre  le  Icndeinain ,  el  visilcnt  parfois  les  huit  dont  la  villc  se 
compose,  avant  d'en  sortir.  Pendant  son  sejour  a  Kerek,  noire 
vovageur  fit  une  excursion  dans  la  plainc  de  Glior  qui  lavoisine. 
]^e  cheikh  de  Kerek  s'offrit  lui-meme  pour  le  proteger  jusqu'a  Ta- 
file  ,  et  partit  avec  lui  sous  une  escorte  de  quarante  cavaliers.  En 
s'annongant  comine  guide  el  protecteur  ,  ce  chef  n'avait  d'autre  vuc 
que  d'exlorquer  quelques  piastres  a  IJurckliardt ,  qui,  en  parlanl  de 
sa  conduite,  donne  sur  la  nation  arabe  des  details  caracteiistiqucs 
qui  conlrasleni  dune  maniere  ft-appante  avec  les  vertus  hospitalicres 
de  ce  peuple.  Pen  apres  son  depart  de  Tafde ,  Burckhardl  ful  rcmis 
par  ce  clieikh  a  un  guide  arabe  Howevta  qui  sV-ngagea  pour  80 
piastres  a  le  conduire  au  Calre  el  a  lui  fournir  un  chameau.    Dd- 


tog 

barrasse ,  apres  uiie  vive  quercllc  ,  de  son  nouvcau  guide  qui  elail 
aussi  fieffe  larron  que  le  cheikh  dc  Keiek,  il  prit  un  Bedouin  pour 
le  conduireau  Caire  ,  dentil  se  trouvait encore  a4-oo  milles.  11  visita 
les  ruines  de  A'V^ady  Mou^a  ,  et  de  ce  point  il  eut  le  bonheur  de 
joindre  une  caravane  d'Arabes  Howeyta ,  avec  laquelle  il  Ira- 
versa  en  ligne  droile  une  partie  de  TArabie  Pelree  ,  reffVayaiit  de- 
sert d'El-Tyb  ,  passa  par  Suez  ,  et  arriva  enfin  au  moisde  seplembn," 
au  Caire.  Dans  ce  voyage  qui  cut  ses  dangers ,  Burckbardl  donnc 
des  details  du  plus  grand  interet ,  et  rappelle  des  circonstances  qui 
prouvent  combien  il  etait  done  de  ce  tact  si  necessaire  aux  voya- 
geurs  pour  explorer  les  regions  difficiles. 

Les  resultals  les  plus  iinporlans  pour  la  geograpliie  obtenus  par 
Burckhardt  dans  ces  differens  voyages  ,  sont :  i"  la  topograpliie  de-^ 
taillee  du  Haouran;  2'  la  situation  d'Apaniee  sur  I'Oronte  ,  I'une 
des  plus  importantes  villes  de  la  Syrie ,  sous  les  Grecs  macedo- 
niens  ;  3"  celle  de  la  vallee  Araba ,  vraisemblablement  le  Kadek 
Barnea  de  I'Ecriture  Sainte  qui  s'etend  de  rextremite  du  lac  As- 
phahite  jusqu'au  golfe  d'Acaba  sur  la  mer  Rouge,  et  qui,  formaiil 
une  communication  entre  Jerusalem  et  Fancien  portd'Asiongaber, 
servait  du  temps  de  Salomon  au  transport  des  marcbandiscs  ,  et 
facilitait  le  commerce  des  Israelites  avec  I'Egypte.  (  Cetle  vallee  011 
Ton  recueille  la  manne  (i)  vient  d'etre  visitee  tout  recemment 
par  MM.  Linant  et  de  Laborde  fils)  ;  4°  les  restes  imposans  de 
]*etra ,  ville  qui  sous  les  Romains  donna  le  nom  d'Arabie  Petree 
au  territoire  environnanf.  Ces  restes  se  composent  d'un  amphi- 
tbe^tre  construit  dans  le  roc  ,  des  debris  d'un  palais  ,  de  plusieurs 
Icmplc:  ,  dune  longue  suite  de  sepulcres  tailles  dans  le  gres  rouge, 
et  parmi  ceux-ci  un  mausolee  de  dimensions  colossales,  orne  d'o- 
belisques.  Ces  ruines  et  ces  lombeaux  qui  existent  dans  le  Wadv 
Mou^a  ,  vallon  lateral  de  la  vallee  d'Araba,  ont  ete  vus  de  nou- 
veau  par  MM.  Linanl  et  de  Laborde.  La  relation  du  dernier  de  ces 

(1)  Ce  iiilt  eiait  resle  inconnu  ,  Soelzen  cii  a  l;ii'   mention  le  premiur  ,  I't 
IJurckhardf  iia  faitfjue  le  coiinrmor.      S.  ?.!. 


no 

voyageurs  vienlconfirincr  lesd(5coiivertes  <le  Rmckliardt:  «  on  erfct, 
dit  M.  tic  Labonle  fils  a  son  pere  ,  nous  entrSmes  dans  la  vniic 
W^ady  Mouga  au  milieu  de  tombeaux  du  plus  grand  style  et  tailles 
dans  des  rotliers  a  pic  plus  eleves  que  les  premiers  ,  et  dansle  fond 
nous  aper^iiines  une  suite  de  momnnens  gigantesques  d'un  effet  qu'il 
est  impossible  de  depeindre.  Nous  avons  vu  ensemble  les  mines 
de  JJalbek,  les  longucs  colonnades  de  Palmyre,  la  rue  de  Loval  de 
Djerasck  ,  tout  cela  n'approche  point  de  ces  immenses  construc- 
tions a  deux  el  trois  etages  de  colonnes  ,  de  cet  espace  de  rocliers 
d'une  lieue  quarree  excave  et  jonclie  des  plus  riches  debris ;  nous 
etions  dans  unc  extase  conlinuelle.  » 

Les  travaux  de  cet  intrepide  explorateur  ont  encore  enriclii  la 
geographic  asiatique  de  I'indication  de  quelques  routes  de  cara- 
vanes,  de  nouvelles  determinations  de  points  pliysiques  et  liistori- 
ques  dont  les  dernieres  sont  contradictoires  avec  celles  precedem- 
ment  assignees  par  d'Anville  aux  m^mes  lieux. 

Burckhardt  ne  trouva  au  Caire  qu'unc  petite  caravane  de  Touatis, 
qu'il  ne  crut  pas  prudent  d'accompagner.  Trompe  ainsi  dans  son 
attente ,  il  la  laissa  partir,  ne  voulant  pas  s'enfoncer  dans 
Tinterieur  de  I'Afrique  ,  sans  avoir  prealablemcnt  pris  des 
renseignemens  sur  les  peuplades  qui  riiabitent.  Son  intention 
elait  d'attendre  la  caravane  qui  vient  tous  les  ans  de  Bournou 
au  Caire ,  et  que  des  troubles  qui  eclaterent  dans  ce  royaume  , 
retarderent  pendant  pres  de  deux  annees.  Force  d'ajourner  1' exe- 
cution de  son  projet,  et  ne  pouvant  rester  dans  I'inaction  ,  il  se 
determina  a  remonter  ics  deux  rives  du  Nil ,  depuis  Assouan , 
ou  la  premiere  cataracle  jusqu'a  Dar  el-Mahass,  sur  les  coufins 
du  royaume  de  Dongolah ,  qu'a  son  regret  il  nc  put  depasser , 
attendu  que  les  Mamelouks  alors  en  guerre  avec  Mohammed 
Ali  Pacha ,  en  etaient  les  maitres.  Les  contrces  d'une  tUcndui! 
d'environ  5oo  milles  ,  vues  par  lui  dans  cette  excursion,  n'avaient 
pas  encore  dte  entiereraent  explorces  par  les  Europeens.  Poncet , 
en  iGy8  ,    Dcrcmlo  ,  en  1 70!) ,  el   linice  ,    en    1772,   en    avaienl 


II I 


vjsitc  (liffL-rentes  parlies,  mais  il  reslail  particulleremeiit  a  par- 
courlr  les  Lords  du  Nil,  enlre  Derr  et  Dongolah  ,  ceux  de  I'Asta- 
boras  el  rancieiine  Troglodytique. 

Parti  d'Esiie  le  i8  fevrier  i8i3,  noire  voyageur  qui  avail  achele 
deux  dromadaires,  I'un  pour  lui,  I'aulre  pour  ses  conducteurs  qui 
devaient  relayer  dun  canlon  a  I'autre  ,  quilta  le  costuuie  lure 
pour  endosser  le  manleau  d'eloffe  bleue,  appele  thabout,  que  por- 
tent en  route  les  marchands  de  la  Haute-Egypte.  Son  bagage  con- 
sistait  dans  un  fusil  ,  un  sabre,  un  pistolet  et  un  sac  de  vivres.  11 
se  trouva  ,  le  22  ,  a  Assouan,  oii  il  laissa  son  domestique,  pril  pour 
guide  un  vieil  Arabe  qui  raccompagna  jusqu'a  Derr ,  et  qu'il  rem- 
pla^a  par  un  Bedouin  de  la  tribu  des  Kerraricli ,  qui  le  conduisil 
jusqu'au  terme  de  son  voyage. 

Pres  d'un  cndroit  nomme  Djebel-Lanioule ,  les  guides  arabes 
ont  I'usage  d'exiger  un  present  extraordinaire  de  celui  qu'ils  con- 
duisent ,  voici  comment  iis  s'y  prennent  :  ils  font  halte  ,  mettent 
pied  a  terre  ,  et  forment  un  petit  tas  de  sable  et  de  caiiloux  a  Tinstai- 
de  celui  que  les  Nubiens  mettent  sur  les  tombeaux  ;  ils  appelleni, 
ceia  creuser  le  tombeau  du  voyageur.  Cette  demonstration  est  suivic 
d'une  demande  imperieuse.  Uurckhardt  ,  ayant  vu  son  guide  com- 
mencer  cetle  operation  ,  se  mit  tranquillement  a  I'imiter,  puis  il 
lui  dit  :  \oila  ton  tombeau  !  car,  puisque  nous  sommes  freres ,  il 
est  juste  que  nous  soyons  enterres  ensemble.  >>  L' Arabe  ne  put 
s'empecher  de  rire ;  on  detruisit  reciproquement  les  travaux  sinis- 
tres ,  et  on  remonta  sur  les  chameaux  aussi  bons  amis  qu'aupara- 
vant.  L'Arabe  cita  ce  verset  du  Koran ,  qui  dit :  «  Aucun  viortel 
ne  connait  le  coin  de  terre  oil  sera  rreuse  son  tombeau.  »  A  son  re- 
lour,  Burckbardt  visila  ,  sur  les  bords  du  fleuve,  le  celebre  monu- 
ment d'Epsambol,  et  plusieurs  autres  temples  dont  celui  de  Ka- 
labsche  semble  avoir  plus  parliculierement  fait  I'objet  de  son 
admiration.  Ce  voyage,  qu'on  peul  cvaluer  a  environ  1000  milles 
anglais  ,  tant  en  remontant  le  cours  du  Nil  ,  qu'en  le  descendant , 
et  qui  se  fil  en  35  jours  ,  ne  lui  a  coill**  qu'environ  quarante-deux 


112 


francs,  sauf  un  presenl  <le  la  valour  <le  60  piaslres  turqiies  ,  qui! 
fit  au  Kachcfh  Hassan  a  Dorr.  I{iirckliarclt  qui  faisait  pen  dc  <lo- 
pense,  iion  par  avarice,  niais  par  prudence  el  dans  la  crainte 
d'exciter  la  cupidile,  vivalt,  ainsi  qu'il  nous  I'a  fait  connaitrc  dans 
sa  lettre  a  ses  parens  ,  absoiument  comnie  les  indigenes. 

Revenu  a  Esne,  notre  voyageur  y  atlendait  que  ses  correspon- 
dans  du  Caii  c  lui  inandasscnt  d'y  venir  joindre  quelque  caravanc 
destinee  pour  I'inlerieur  de  IWfrique.  11  mena  dans  celte  viiie  un 
genre  de  vie  propre  a  dtJtourner  de  lui  I'attention  ,  voyaullc  moins 
de  monde  possible  ,  depensant  peu  d'argent.  Quoiqu'il  eAt  reduit  sa 
ddpcnse  a  36  sous  par  jour  pour  lui ,  son  doineslique ,  son  chamcau 
et  son  ane  ,  il  fut  cepcndant  soup^onne  d'etre  riche.  II  etait  habille 
comine  un  fellah  arabe  ,  portant  une  longue  barbe ,  et  une  clicmise 
bleue.  La  langue  arabe  lui  etait  devenue  si  familiere,  que  niemc 
aux  ycux  des  plus  penetrans ,  il  passait  pour  etre  du  pays.  II 
altendit  pendant  six  mois  I'avis  qu'on  lui  avail  promis,  ce  nc  fiil 
qu'au  bout  de  cc  laps  de  lemps  ,  qu'il  apprit  avec  le  plaisir  le  [)lus 
vlf  qu'enfin  une  caravane  allait  parlir  de  Daraou  ,  village  sur  le 
!Nil  ,  a  Test  d' Assouan  ,  pour  le  grand  desert  de  la  Nubie ,  et 
pour  I'Abyssinie ,  et  quoique  celte  direction  ne  fut  pas  celle  qui 
lui  avail  ele  prescrite  par  la  Socicte  airicaine ,  il  n'en  saisit  pas 
moins  I'occasion  qu'elle  lui  offrait  de  ne  poini  prolonger  davan- 
tage  son  sejour  dans  un  pays  que  lui  rendait  odieux  I'oisivete  si 
opposee  a  son  caractere. 

Cheikh-Ibrabini  qui  s'elait  fait  passer  pour  un  pauvre  Irafiquant, 
en  prit  le  costume  ct  parut  a  Daraou  avec  un  anq)lc  tbaboul ,  une 
jaquelte  brune  de  laine  ,  une  chemise  et  un  panlalon  de  grosse 
loile  blanche,  des.  sandales  ,  un  lebde  ou  bonnet  de  laine  qu'en- 
lourait  un  mouchoir  arrange  en  forme  de  turban.  II  avail  amene 
un  chameau  ct  un  ane  ,  le  premier  devait  porler  son  bagage  ,  ses 
provisions  ct  son  r.nu  ,  el  le  second  lui  servir  de  monture.  11 
etait  sans  domeslique ,  ayant  envoyc  celul  qui  I'avait  servi  si 
fidelemenl  en  Kgypte,  poller  des  leltres  d'Ksne  au  Caire. 


Mais  ses  preparatlfs  de  voyage  ,  compares  a  ccux  de  scs  compa- 
gnons  ,  n'avaicnt  pas  cte  diriges  par  unc  economic  aussi  rigoureuse 
que  la  Icur,  il  se  delermina  done  a  vendre  son  cliameau ;  el  il  fut 
arrete  que  I'acheteur  ,  indcpcndamment  de  vingt  -  huit  gourdes 
payees  comptant ,  transporferait  son  bagage  a  travers  le  desert. 
Dans  la  poche  de  son  lliabout  etaient  un  petit  portefeuille ,  une 
boussole  ,  un  compas,  un  crayon  ,  un  canif  ,  une  bourse  a  tabac  , 
un  briquet,  de  Tamadou.  Burckhardt  s'etait  egalement  muni  d'un 
Koran  de  poche,  d'un  livre-journal  ,  d'un  encrier ,  de  quelques 
feuilles  de  papier  detachees  qui  devaicnt  lui  servir  a  tracer  des 
amulefles  pour  I'usage  des  negres  ,  dun  tapis  grossier ,  et  d'une 
couverture  de  laine  pour  la  nuit ,  d'une  liacbe  ,  de  deux  petites 
outres  pour  conserver  i'eau  ,  d'une  forte  aiguille  servant  a  coudre 
les  sacs  et  les  outres  ,  de  fil  ,  de  dix  brasses  de  corde  ,  d'une 
chemise  ,  dun  peigne  ,  d'une  petite  provision  de  remedes  , 
de  trois  outres  de  rechangc ,  d'un  fourneau  ,  de  la  vaisselle  en 
cuivre  ,  d'une  poele  a  griller  le  cafe ,  d'un  mortier  pour  le  piler, 
de  deux  tasses ,  d'un  couteau ,  d'une  fourchetle ,  d'une  ecucUe  de 
bois  pour  boire  et  remplir  les  outres.  Ses  provisions  de  bouche  se 
composaient  dequarante  livres  de  farine  ,  vingt  de  biscuit,  quinze 
de  dattes  ,  dix  de  lenlilles,  six  de  beurre ,  cinq  de  sel ,  trois  de.riz , 
deux  de  cafe  ,  quatre  de  tabac,  mie  de  poivre  ,  quelques  oignons  , 
et  quatre-vlngts  livres  de  dourra  pour  son  ane.  Ses  inarchandises 
consistaicnt  en  vingt  livres  de  sucre  ,  quinze  de  savon  ,  deux  de 
noix  de  muscade  ,  douze  rasoirs  ,  autant  de  briquets  en  acier  ,  deux 
bonnets  rouges,  et  quelques  douzaines  de  chapelets  en  bois,  dont 
les  grains  servent  de  petite  monnaie  dans  les  pays  meridionaux  ; 
ses  armes  Etaient  un  fusil  avec  trois  douzaines  de  cartouches  ,  un 
pistolet  et  un  nabbout  ou  b^lon  a  I'egyptienne  ,  garni  de  fer  aux 
deux  bouts,  qui  devait  servir  a  la  fois  pour  la  defense  du  voya- 
geur ,  et  pour  piler  son  cafe.  Sa  bourse  ,  renfermee  dans  une 
ceinture  ,  conlenait  cinquante  gourdes  ;  deux  sequins  etaient  en  ou- 
tre cousus  dans  une  petite  amuletle  de  cuir,  el  allaches  soigncusc- 

8 


I  li 


mcntautourdeson  coudc.  Unrckhardt,  qui  ctait  a  court  d'argent . 
et  qui  avail  flemandti  a  son  coriespondant  du  (^aire  uii  supplement 
de  foiids  qu'il  n'avail  pas  rcc^'u  quand  la  raravane  se  mil  en  route  le  2 
mars  1824,  n'avait  pu  se  procurer  one  montrc ,  celle  qu'il  avail 
s'etail  Lrisee  dans  la  Haufe-Egypte  :  aussi  a-t-il  soiu  d' observer 
que  les  heures  dc  marche  not^es  sur  son  journal ,  sont  le  resullat 
de  calculs  approximalifs  fondes  sur  Tobservation  du  cours  du  soleil. 
La  modicite  d'une  telle  pacolille  ne  permcttant  pas  de  supposer 
qu'un  honmie  raisonnable  ait  pu  tenter  une  pareille  excursion 
dans  des  vues  mcrcanllles ,  Jiurckliardt  fut  soup^onnc  par  ses 
compagnons  d'avoir  etc  force  de  quitter  rKgyptc  pour  deltes. 
Afin  de  dctruire  celle  opinion  ,  il  se  disait  a  la  recherche  d'un  cousin 
qu'une  speculation  dans  laquelle  toute  sa  fortune  dtait  engagee ,  avail 
conduit  depuis  quelques  annees  de  Siout  a  Darfour ,  eta  Sennaar. 

Muni  d'un  firman  du  vice-roi  d'Egypte,  el  d'une  lellre  de  rc- 
commandalion  d' Ibrahim  Pacha  ,  gouverneur  de  la  Haute-Egyple  , 
adressee  a  lous  les  rois  noirs  sur  la  route  de  Sennaar  ,  dans  laquelle 
le  fils  de  iVlohammcd  Ali-Pacharappelail :  Notre  hien-aime  llmiliim- 
k-Syrien,  et  qu'il  avail  caches  dans  une  poche  secrete  de  sou  tha- 
bout ,  afin  de  n'en  faire  usage  que  dans  des  circonstances  pressantes 
et  difficiles  ,  noire  voyageur  sc  rendit ,  en  vingt-deux  jours  ,  de 
Daraou  au  village  principal  des  Berbers  ,  en  traversant  le  grand 
desert  de  Nubie.  En  passant  par  le  defile  d'Abou-Ajadi  ,  la  cara- 
vane  ,  qui  etait  escortee  par  des  Abades  et  qui  se  composalt  dc 
quatre-vingts  persorines  ,  se  vit  tout  a  coup  altaquee  par  nn  parii  de 
celle  nation ,  qui  Icur  deniandail  un  droit  de  passage.  Elle  traversa  en- 
suite  Om-el-Hebel,  vallee  (5troite,de  Irois  heures  de  marche,  qui  ser- 
pcnte  constamment  entre  des  rochers  de  deux  a  Irois  cents  pieds  dc 
haut ,  coupes  a  pic,  et  qu'ombragent  des  bouquets  d'acacia  d'un  feuil- 
lage  sombre  et  luisant  commc  les  rochers  memes.  A  Damlul  est 
un  vasle  reservoir  loujours  rempli  d'eau  de  pluie  ,  douce  el  liui- 
pide,  qui  semblc  appeler  les  voyageurs  et  les  chamcaux.  El-Haimar 
esl  une  reunion  de  sources.  Le  Ouadi  Olaki,  autre  point  de  I'itinc- 


1 15 

raire  ,  est  rlche  en  p^lurages.  De  Touachy  et  de  Naboli,  on  arrive 
a  Schig£;re,  I'une  des  nicillcures  sources  au  milieu  demontagnes,  et 
a  moitie  chemin  du  desert. 

A  partir  de  ce  point ,  la  plaine  sablonneuse  ne  presenle  plus  au- 
cune  route  tracee,  et  Foell  seul  d'un  Bedouin  peut  y  devlner  Ic  che- 
min. L'extreme  secheresse  de  I'alr  y  favorlse  la  cruelle  illusion 
d'optlque  connue  sous  le  nom  de  miradj.  Pres  de  Ouadi  Salylia  la 
caravane  se  vit  envlronnee  d'une  douzaine  de  ces  lacs  aeriens  d'une 
couleur  d'azur  si  pur  et  si  clair  qu'ils  refletaient  distlnctement  les 
ombres  des  montagnes  qui  borhaient  I'horlzon.  Pendant  les  cinq 
derniers  jours  que  la  caravane  passa  dans  le  desert ,  elle  eut  beau- 
coup  a  souffrir  de  la  solf ,  les  sources  de  Nedjeym  etant  tarles  , 
elle  fut  forcee  de  contlnuer  sa  marche  ,  nialgre  le  vent  du  sud  qui 
augmentalt  la  clialeur  accablante  du  jour.  Les  provisions  d'eau 
commengalent  a  manquer  ,  les  lines  mouralent  en  grand  nombre  , 
les  chameaux  etalent  affaiblls  ,  les  hommes  ,  marcbant  a  pled  dans 
ce  desert  brAlant,  etalent  exposes  a  une  mort  presqu'lnevltable,  lors- 
qu'on  arrlva  enfin  dans  leplus  deplorable  etat  a  Abou-Selam,  lieu 
eloigne  de  six  beures  de  marche  du  NIl.Le  chef  des  Abades  envoya 
un  detachement  monte  sur  les  chameaux  les  plus  vigoureux , 
pour  allerrempllrquelques  outres  de  I'eau  de  ce  fleuve.Leseulcspoir 
de  ces  malhcureux  etait  d'aitelndre  ,  pendant  la  nult  ,  un  ooint 
du  Nil  ,  degarni  d'observatenrs  hostlles  qui  n'auralent  pas  manque 
de  venir  fondre  sur  la  caravane  ,  en  suivant  les  traces  des  cha- 
meaux ,  afin  de  la  plUer.  Les  voyageurs  hors  d'etat  de  reslster,  lan- 
gulssans  et  n'en  pouvant  plus  ,  attendalent  avec  une  anxiete  qui  ne 
peut  se  rendre  le  resultat  de  cetle  perlUeuse  expedition.  .  .  .  Enfin  , 
a  trois  heures  du  matin  des  crix  joyeux  se  font  entendre;  blentot 
les  chercheurs  d'eau  rentrent  au  camp,  on  se  preclpite  autour  d'eux, 
on  se  ranlme  en  buvant  a  grands  traits  les  eaux  douces  et  dellcleuses 
du  lleuve  conservateur.  Le  lendemain  on  se  dirigea  sur  Danqeyl  , 
chef-lieu  du  district  des  Uerbers ,  situe  sur  le  Nil  ,  au-dessus  de  la 
troisiemc  cataraclc. 


ij6 

En  approchant  de  ce  lleuvc  bienfaisanf  la  caravane  senlil  une 
plus  grande  liuniidlld  se  repantire  dans  Talr  ,  ct  les  Arabcs  s'ecrie- 
rent :  Dieu  soil  hue  !  nous  seiUons  le  Nil ! 

Burckhardt  passa  quiiizc  jours  a  Danqeyl ,  que  Ton  nommc  aussi 
Ouady-lierber.  II  drcril  los  moeurs  depravees  des  Meyrclabs  ,  ses 
babilans  qui  se  livrcnl  a  des  dcbaucbes  conlluuelles  ,   qui  ue  con- 
naissent  que  la  fourberic  ,  le  vol  et  I'lngratitude  ,  el  donl  les  beros 
sont  les  plus  courageux  brigands  qui  existent.  Notre  voyageur  quitta 
sans  regret  ce  lieu  de  corruption  ct  de  perfidie  ,  le  7  avril ,  et  ar- 
riva  le  10  a  Darner  ,  situe  au  confluent  de  TAstaboras  et  du  !Nil , 
petit  etat   ibeocratique  ,    dont  radniinlslration ,  aussi   douce   que 
sage,  coiilrastait  dune  inaniere  frappante  avec  les  desordres  des 
Berbers.  La  caravane  don  til  faisaittouj  ours  parlic,maigre  les  niauvais 
traileniens  qu'il  recevait  des  AUoweins  ,  el  qui  etail  dimlnuee  d'un 
tiers  de  son  monde,  quitta  Damer  le   i5  avril,   el  arriva  le  17  a 
Chendy.  La,  Ibrahini-le-Syrien   s'ctablit  au  inarche  ,    vendit  ses 
marcbandises  dans  une  ecboppe  ,  comnie  si  son  voyage    n'eAt  eu 
d'autre  but  que  de  lui  eu  procurer  la  defaite.  Apres  environ  Irois 
semaines  de  sejour  dans  cclte  ville,  la  plus  comnier^anle  de  I'Afrique 
mais  renommee  par  son  infaaie  commerce  d'esclaves  ,  il  acheta  un 
chameau  pour  onze  gourdes,  en  donna  seize  dun  jeunc  negre  ,  fit 
des  provisions,  et  profita  ,  le  17  mai,  d'une  forte  caravane  compo- 
sde  de  4-5o  personnes  ,  de  200  chameaux,  etc.,  qui  se  dirigealt  sur 
Suackin,  port  sitae  sur  la  mer  Rouge,  pour  s'y  rendre  aussi. 

En  accompaguant  cctle  caravane ,  Burckbardt  se  proposait 
surloutd'explorerrespacc  inconnu  quisepare  celte  ville  de  Clicndy , 
el  de  faire  le  pelcrinage  de  la  Mecquc  ,  persuade  que  le  litre  de 
pelerin  inilie  lui  scrait  de  la  plus  grande  utilile  dans  la  suite  de  ses 
voyages.  On  passa  I'Aslaboras,  et  bleutol  la  caravane  fuldans  le  pays 
des  Bistbarys  et  des  Hadendous,  tribus  nomades  ct  sauvages.  Ces 
Arabes,  aussi  beaux  que  braves,  sont  traitres,  cruels,  avares,  vin- 
dicatifs  ,  inbospitaliers ,  el  adonnes  au  vol.  Aucunc  loi  divine  ni 
bumainc  nc  les  empt^clic  de  se  livrer  a  la  fouguc  de  Icurs  passions. 


"7 

La  caravane  en  marchant  vers  Goz-Radjcb  traversa  leur  pays 
non  sans  dangers ;  elle  iranchit  Jes  montagncs  qui  separentle  bassin 
du  Nil  de  la  mer  Rouge  ,  et  arriva  le  28  mai  a  Suackln. 

Ces  deux  voyages  en  Nubie  ,  dont  nous  n'avons  pu  tracer  Titi- 
neraire  que  tres-succinclement ,  et  sans  en  pouvoir  faire  ressortir 
tous  les   principaux  evenemens  ,  a   cause    des   limltes   trop  res- 
treintes  dc  ce  Bulletin,  sent  des  plus  inleressans;  ce  dernier  sur- 
tout  ou  loutes  les  circonstances  qui  y  sont  decrites  etaient  neuves  , 
a  Tepoque  de  la  publication  de  Touvrage  ,  abonde  en  details  curieux 
non-seuleinent  sur  les  moeurs  et  les  usages  des  Arabes  Bedouins 
du  desert ,   el  des  autres  peuplades   des  pays    parcourus  par   cet 
excellent    observateur ,  niais  encore  sur  la  structure   pbysique  ,  la 
lopograpbie  ,  la  geologic  ,  I'hisloire  naturelle ,  les  idiomes  indige- 
nes ,  les  ressourccs  et  les  relations  conunerciales  de  ces  contrees. 
Des  remarques  generales  de  toule  espece  qu'expliquent  les  connais- 
sances  varices  de  ce  savant  ajoutent  encore  au  merite  incontesta- 
ble de  son  recif.  On  lui  doit  egalement  des  indications  precises  sur 
les  pays  de  Bagbenni  et  de  Bergou  ,  situes  entre  le  Bournou  et  le 
Sennaar,  indications  qui,  coniparees  aux  renseigneinens  de  Brow- 
ne et  de  Seetzen  ,  et  aux  observations  des  voyageurs  anglais  Oud- 
ney  ,  Clapperton  et  Denhani ,  ont  permis  de  fixer  la  position  de 
ces  contrees.  La  premiere  indication  du  cbangement  de  position 
de  Bournou  ,  et  sa  determination  sont  dues  a  Burckhardt ,  qui  fait 
aussi  mention  de  I'existence  dans  ce  royaume  d'un  grand  lac  d'eau 
douce,  le  Tsad,  ce  qui  a  ete  constate  par  ces  derniers  voyageurs.  II 
avait  recueilli  des  particularitcs  inleressantes  sur  les  babilans  et  les 
productions  du  pays  de   Bournou ;  quelques-unes  ont  etc  confir- 
mees par  le  major  Denbam.  11  donne  encore  sur  Dar-Katakou , 
contree  qui  s'etend  sur   la  riviere    de  Sbary  ,    des  notions   qui , 
rapprocbees  de  celles  des  trois  voyageurs  anglais  ,   prouvent  que 
cette   province  est  voislne  de   Bournou.   Burckbardt   avait  deja 
rcmarque  avanl  eux ,  que  les  Fellatas  dc  celtc  ville    faisaienl   un 
usage    constant    de    ces   (leclics   empoisonnees  ,  qui  ,  lorsqu'elles 


ii8 

p^n^trenl  dans  la  chair,  donnent  la  mort  en  quatre  ou  cinq  heiires. 
C'est  enfin  aux  renseigncmciis  qu'il  a  transmis  a  lAssocialioii  Afri- 
cainc,  qu^est  d<i  le  vojage  d Ouilney,  de  Ciappcrlon  el  de  Dcn- 
ham.  Ritchie,  Lyon  et  Burckhardt  ont  jele  sur  rintericur  de 
I'Afrique,  quelques  trailsdc  lumierc.en  rapportaved'opinion  emise 
par  de  savans  geographes,  mais  pour  parvenlr  au  centre  de  la 
Nigritie,  il  faut  de  I'avis  de  Burckhard  suivre  la  route  d'Hornemann, 
en  se  dirigeant  plus  vers  le  sud. 

II  faut  connaitre  le  journal  de  notre  voyageur  pour  sc  faire  une 
idee  des  privations,  des  fatigues  ,  des  souffrances  el  des  vexations 
qu  il  a  endurees,  ainsi  que  des  dangers  auxquels  il  a  el»i  expos^. 
Les  faits  ,  du  domaine  des  sciences  ,  cites  par  lui  ,  prendront  date 
et  pourront  eprouver  quelques  changemens  par  les  explorations 
des  voyageurs  a  veiiir ;  mals  ses  rdcits  curieux  ,  instructifs  et  inte- 
ressans ,  les  singuliers  accidens  dont  ses  excursions  furent  seinees  , 
seront  toujourslus,  aquelque  epoque  que  ce  soit,  avecce  vlf  interet 
qui  s^attache  a  sa  personne ,  et  qui  va  toujours  croissant.  «  On 
croirait  lire  un  ronian  oriental,  plulot  qu'une  suite  de  fails  liisto- 
riques.  Cette  illusion  tient  niolns  a  la  nature  extraordinaire  des 
aventures  du  voyageur ,  qu'a  la  maniere  habile  dont  il  en  detaille 
les  circonstances ;  son  recit  rend  ,  pour  ainsi  dire ,  presentes  a  nos 
yeax  toules  les  scenes  dans  lesquelles  il  a  figure ,  ou  celles  dont  il  a 
seulemenl  ete  le  tenioin. 

(ia  suite  au  prochain  Numero.) 

Sleur-Merliin. 


"9 
DEUXIEME    SECTION. 

ACTES    DE    LA    SOCIETE. 

§  l*"".  Pi'oces-Verhaux  des  Seances. 
Seance  du  i"  aoilt  1828. 

M.  le  baron  de  Capellen  ,  ancien  gouverneur  de  I'Archipel  de 
I'Inde,  adresse  a  la  Societe  une  carte  inanuscrite  des  cotes  occiden- 
tales  de  I'ile  Borneo  ,  qu'il  dit  elre  copiee  fidelenient  siir  celle  que 
M.  MuUer  a  redigee  sur  les  lieux  irienies  :  sa  letlre  contlent  aussi 
divers  renseignemens  sur  la  fin  tragique  dc  cet  intrepide  voyageur 
qui  donnait  les  plus  belles  esperances. 

La  Commission  centrale  rcnvoie  cette  carte  a  la  section  de 
publication  ,  ct  decide  ,  sur  la  proposition  de  M.  Brue  ,  que  M.  de 
Capellen  sera  prie  de  vouloir  bien  acconipagner  cette  carle  d'une 
notice  exlraite  des  nombreux  materiaux  qu'il  a  recueillis. 

M.  Dubra  ,  membrc  de  la  Societe  ,  soumel  un  projet  de  voyage 
dans  Tinlerieur  de  I'Afrlque ,  qui  pourrait  etre  execute  ,  depuis  le 
Senegal  jusqu'en  Egypte  ,  par  des  Maures ,  des  Arabes  ou  des  ne- 
gres  musulmans  ,  auxquels  seraient  adjoints  un  ou  deux  Europeens. 
Le  depart  d'une  expedition  pour  la  Moree  lui  parait  une  occasion 
favorable  a  I'executlon  de  ce  projet. 

M.  Yosy ,  secretaire  de  la  societe  medico-botanlque  de  Lon- 
dres ,  communique  des  details  sur  la  mort  de  M,  Chorls  ,  con- 
firmee deja  par  la  lettre  adressee  de  la  Vera-Crux  a  MM.  Eyries  , 
du  Havre. 

Le  meme  correspondant  annonce  qu'il  a  re^u  de  M.  C.  Moreau 
plusieurs  mllliors  d'exemplaires  dc  I'exlrait  en  anglais,  des  regle- 
mens  ,  programmes  et  circulaires  de  la  societe,  et  qu'il  se  fera  un 
plalsir  dc  les  cxpcdicc  aux  correspondans  de  la  societe  medico- 
bolanlque  ,  repaudus  dans  les  diverses  parties  du  monde ,  et  spe- 


I20 

cialcmcnt  (Jans  rirnlc.  II  iait  aussi  don  a  la  Sociele  (Vun  exemplairc 
de  la  (jt'Ographie  dc  Busching.  Iveineicnnciis. 

M.  Gonzalez  ,  de  Madrid  ,  adressc  ses  reniercinicns  a  la  Sociele 
qui  vient  de  lui  accorder  le  tilre  de  correspondant  etranger ,  et 
promel  de  faire  lous  ses  efforts  pour  conlribuer  au  succes  de  ses 
travaux. 

MM.  Ic  chevalier  d'Abrahamson  ,  le  comte  d'AUonville ,  Kel- 
sall ,  baron  Roger  et  C.  Smith  ,  ecrivent  a  la  Society  pour  lui  offrir 
divers  ouvrages.  (  Toy.  page  1 23. ) 

L'ouvrage  de  M.  !e  comte  d'AUonville  ,  intitule  :  Dissertation 
sur  les  camps  remains  du  departement  de  la  Somme  ,  etc. ,  est  renvoye 
a  MM.  Alex.  Earbie  du  Bocage  et  Bottin  dej.i  charges  de  rendre 
compte  de  plusleurs  Memoires  de  M.  Maiigon  de  Lalande  sur 
Samarobriva. 

M.  Alex.  Barbie  du  Bocage  estegalcment  invitd  a  rendre  compte 
de  l'ouvrage  de  M.  (!]h.  Kelsall ,  rclallf  a  la  geographic  des  iles 
Brilanniques. 

Le  meme  membre  communique  Textralt  d'un  rapport  sur  Ics 
travaux  de  la  sociele  royale  des  antiquaires  du  Nord  ,  a  Copen- 
hague,  pour  les  annees  1825  ,  1826  et  1827.  Ce  rapport  renferme  , 
entre  autres  objets  dignes   d'attention  ,  la   mention  d'une  picrre  I 

gravee  de  Runes  ,  trouvcc,  en  1824  ,  dans  Ttle  de  Kingik-Torsoak 
sur  la  cote  occidcntale  du  (iroeuland ,  sous  une  latitude  seplen- 
trionale  de  ^Sdegrcs.  Renvoi  au  comite  du  Bulletin,  (f'oy.  pag.  i2g.) 

M.  le  chevalier  Jaubert  annonce  que  la  traduction  des  10  sec- 
tions dont  se  compose  le  premier  cfimal  de  TEdrisi  est  terminee  et 
qu'elle  va  Sire  livree  a  rimpression. 

M.  W  arden  fall  un  rapport  sur  la  relation  manuscrlte  du  voyage 
de  M.  Taillei'cr  a  la  cote  de  Colomble ,  dans  le  couranl  de  I'annee 
1827. 

M.  Cadet,  de  Metz  ,  communique,  au  nom  de  la  section  de 
correspondance  ,  une  serie  de  questions  geueralcs  dcslinees  aux 
voyageurs  ,  et  propose  que  les  menibres  de  la  Sociele  solent  Invites 


121 

a  en  prendre  communication  au  secretariat ,  afui  d'y  ajouler  leurs 
observations  particulleres. 

M.  (t.  liarbie  dii  Bocage  depose  sur  le  bureau  une  proposition 
qui  a  pour  but  d'ajouter  de  nouveaux  articles  supplementaires  au  re- 
glement  de  la  Societe.  Cette  proposition  ,  prise  en  consideration 
par  la  Commission  centrale ,  sera  discutec  dans  la  procliaine  seance. 

M.  Jomard  annonce  qu'il  met  a  la  disposition  de  la  Sociele  les 
cuivres  des  deux  cartes  qu'il  vient  de  publier  sur  le  cours  du 
Senegal  et  de  la  Gambic,  et  dont  les  gravures  lul  ont  ote  offeiies 
precedemment. 

Seance  du  22  aoiU  1828. 

La  Societe  pbilosopbique  americaine  de  Pbiladelphie,  par  I'or- 
gane  de  son  secretaire ,  remercie  la  Societe  de  Gcograpble  de 
I'envoi  du  Recueil  de  ses  Memoires  ,  et  lui  adresse  ,  de  son  cote  , 
la  suite  des  Transactions  qu'elle  public. 

M.  Lamarche  adresse  de  nouvelles  observations  sur  la  traduction 
qu'il  a  faite  du  Memoire  de  M.  W  .  Smith  de  Scraped  ,  inlitule  :  De 
lajorme  de  la  terre ,  el  dc  son  influence  sur  la  geographic  et  rastronomie. 
II  resulte  de  ses  recberches  sur  Tangle  de  correction  ,  que  c'est 
un  astronome  frant^als ,  le  celebre  Lalande  ,  qui  le  premier  a  si- 
gnals d'une  manlere  indirecte  ,  il  est  vrai,  les  refonnes  a  faire  aux 
systemes  geographique  et  astronomique.  Renvoi  au  Gomite  du 
Bulletin. 

M.  Noiret ,  attache  a  la  Banque  de  France  ,  et  auteur  de  divers 
ouvrages  d'arlthmetique,  qui  a  fait,  avant  la  revolution,  un  sejour 
de  plusieurs  annees  au  Senegal ,  adresse  a  la  Societe  quelques 
reflexions  sur  les  moyens  a  employer  pour  faire  avec  securlte  des  de- 
couverles  dans  rinterleur  de  1  Afrlque.  11  pense  que  Ton  nepourra 
reussir  dans  une  entreprlse  de  cette  nature  qu'avec  le  secours  d'une 
expedition  imposanle  et  bien  armee,  en  distribuant  des  presens  aux 
princes  ou  chefs  des  pays  que  Ton  aura  a  traverser ,  et  en  prenant 
des  otages.  11  indique  ensuite  Temploi  a  faire  des  troupes  de  I'ex- 
pedition. 


122 

MM.  J  oinard,  Pacho  ct  dc  Couessin  prcseulciit  quclqucs  observa- 
tions sur  ce  inoyen  de  voyager  en  Afrique ,  ct  font  senlir  que  ['exe- 
cution serait  sujette  a  de  grandes  difBculles. 

M.  G.  Barbie  du  Bocage  communique  I'extrait  d'une  lettre  de 
Stockholm  ,  relative  a  la  publication  d'une  belle  carte  de  la  partic 
meridionale  de  la  Suede  et  de  la  Norvcge.  (\  oy.  pag.  i^i-) 

M.  Gautller  d'Arc  communique  I'Extralt  du  Journal  du  navire 
commande  par  le  capitalne  Michel  de  Saint-Malo,  duquel  il  rcsulte 
que  eel  officier  est  le  premier  qui  ait  decouvert  et  signale,  pres  des 
lies  Seychelles,  des  parties  encore  inconnues  jusqu'alors.  Renvoi  de 
celte  note  a  la  section  de  correspondance  ,  avec  Tinvitalion  de  la 
transmettre  ,  s'il  y  a  lieu  ,  au  comite  du  Bulletin. 

M.  Jomard  appelle  I'altention  de  la  Commission  centrale  sur 
les  nouveiles  recentes  qu'on  a  revues  du  capllaine  Dillon  ,  charge 
de  recueillir  les  debris  du  nauiVage  de  I'expedillon  de  La  Perouse  , 
dans  les  iles  de  Maiicolo  ,  et  d'oii  il  parail  rosullcr  avec  certitude 
que  c'est  bien  la  le  theatre  de  la  catastrophe. 

Parmi  les  ouvrages  offcrts  a  la  Sociele  ,  la  Commission  cen- 
trale remarque  celui  qui  a  pour  titre  :  Geographical  index  of  all  places 
ill  Inilia  ,  publie  par  MM.  Kinsbury  ,  Parbury  et  Allen.  Elle  de- 
cide que  cet  ouvrage  sera  renvoye  ,  commc  celui  de  M.  Coulier 
sur  les  positions  geonomiques  du  globe  ,  a  la  future  commission 
qui  sera  chargee  de  juger  le  coiicours  de  1829. 

Sur  la  proposition  de  plusieurs  membres,  la  Commission  decide 
que  le  Bulletin  dc  la  Societe  sera  adresse  a  plusieurs  societes  savantes 
et  directeurs  dc  journaux  scientifiques  et  lilt^raires  de  Paris  et  des 
deparlcniens  ,  en  cchange  des  Recueils  qu'ils  publlenl. 

M.  C.  Moreau  enlretient  Tasscmblee  des  mesures  qu'il  a  prises 
pour  repandre  dans  les  diverses  parties  du  mondc  ,  par  la  voie  des 
journaux  anglais  ,  I'extrait  en  anglais  des  rcglcmens  ,  des  program- 
mes et  des  circulaires  de  la  Societe.  II  annonce  egalement  qu'il  a 
cherche  a  elabllr  des  relations  avec  les  institutions  scientifiques  dc 
la  Grande-Bretagnc,  el  que  toules  ces  Inslilutions  sonl  disposees 


123 

ties-favorablenient  a  I'egard  de  la  Sociele  de  Geographic,  donl. 
elles  savenl  appiecier  les  utiles  travaux.  La  Commission  vote  des 
remerctmens  a  M.  C.  Moreau. 

La  Commission  passe  ensulte  a  la  discussion  de  la  proposition 
de  G.  Barbie  du  Bocage  ,  relative  a  une  addition  a  faire  au  regle- 
menl  en  ce  qui  regarde  les  corrcspondans  etrangers.  Plusieurs 
membres  observent  que  cette  proposition  et  celle  de  M.  C.  Mo- 
reau relative  au  meme  objet ,  onl  besoin  d'etre  mitrles  et  exami- 
nees avec  soin  ,  et  demandent  qu  elles  solenl  renvoyecs  a  MM.  les 
membres  du  bureau  et  presidcns  de  section.  Adopte. 


§  2.  Admissions ,   Outrages  ojjerts ,  etc. 

MEMBRES   NOUVELLEMENT    ADMIS    DANS    LA    SOCIETE. 

Seance  du  i"  aout. 

M.  CoupiN. 

M.  C.  Smith,  geographe,  a  Londres. 

Seance  du  22  aoilt. 

M.  Jacques  Barzilay,  interprete  expert  pres  les  tribunaux  de 
Paris ,  etc. 

M.  MoRLENT ,  redacteur  du  Journal  du  Havre ,  membre  de  plu- 
sieurs societes  savantes ,  etc. 


OUVRAGES    OFFERTS    A    LA    SOCIETE. 

Seance  du  1"  aout. 

Par  S.  Exc.  le  ministre  des  affaires  etrangeres  :  Histoire  de 
Ja  Com^eniion  natiunale,  par  M.  Lacretelle,  Paris,  1828,  tome  2". 

Par  M.  le  comte  d'AllonvIUc  :  Dissertation  sur  les  camps  ro- 
mains  du  departemenl  de  la  Somme ,  avec  leur  description ,  suivie  d'e- 
cliiircissemens  sur  la  situation  des  villes  gauloises  de  SamaroLrive  et 


124 

liniliispenre  cl  siir  /'epuque  de  la  cons/ruction  (Lis  qualre  camps  ro- 
inaiiis  (le  la  Sornme  ,  un  vol.  In-8°  ,  1828. 

Par  M.  le  baron  de  Capellen  :  Carle  manuscrite  de  Vile  de  Bor- 
neo, uiie  feuille. 

Par  M.  le  chevalier  d'Abrahainson  :  Alias  du  royanme  de  Da- 
ncmarck ,  par  Lain iages  (suite)  3  feuilles. 

Par  M,C.  Siuilh  :  Tlie  f florid  on  mercator''s projection,  Londres, 
1828,  2  feuilles; — Orhis  veteribus  notus  ,  Londrcs,  1827,  2  feuilles; 
—  A  combined  vieM  of  the  principal  mounUiins  and  nWrs  in  the  world; 
Londres,  1825,  une  feuille;  — Picture  of  organized  nature  as  extin- 
ding  over  the  earth,  Londres,  1828,  2  feuilles,  avcc  une  notice. 

Par  M.  Kelsall  :  Remark  touching  geography  especially  that  the 
Bristish  iles,  etc.,  Londres,  1825,  un  vol.  iii-8". 

Par  M.   JJajot  :  Annates  marllimes  et  coloniales,  cahier  de  juin. 

Par  M.  de  Ferussac  :  Bulletin  des  sciences  geographiques ,  cahier 
de  juin. 

Par  la  Sociele  Asiatique  :  Numero  7  de  son  Journal. 

Par  la  Societe  de  I'Aube  :  Numero  2G  de  ses  Memoires. 

Par  les  Auteurs  :  Plusieurs  numeros  du  Globe. 

Seance  du  22  aout  1828. 

Par  la  Sociele  philosophiquc  amerlcainc  de  Pliiladolphie  :  Tran- 
sactions de  cette  societe ,  vol.  Ill  (2''  parlie),  nouvelle  scrie. 

Par  M.  C.  Moreau  :  Examen  comparatif  du  commerce  de  la  Fran- 
ce avec  tous  les  pays  du  monde,  aux  deux  epoques  depaix  les  plus  im- 
portantes  qui  ont  precede  la  revolution  (1787  a  1  789),  f/  suioi  la  res- 
tauration  (1819  a  1821),  etc.,  Londres,  1828; — Examen  impar- 
tial du  commerce  de  la  Grande  -  Bretagne  avec  toutes  les  parties  du 
monde,  durant  les  epoques  les  plus  remarquables  des  17'',  18*^  et  19'= 
siecles,  Londres,  1828. 

Par  M.  C.  Moreau,  au  noin  de  M.  (].  Smith  :  Index  containing 
the  names  and  geographical  positions  of  all  places  in  the  maps  of  India, 
etc.,  J^ondres,  I'af),  un  vol.  in-8°. 


125 

Par  M.  Barzllay  :  Guide  du  voyageur  en  Italie,  un  vol.  "111-8°, 
Paris,  1828. 

Par  M.  E.  Gauttler,  aunoni  de  M.  Bltouze-Dauxmcnil  :  Carte 
du  canton  de  Poutorson  (Maiiche),  1827,  deux  feuilies. 

Par  M.  Jomard  :  Du  nombre  des  del'its  crimineh,  compare  a  Veloi 
de  V instruction  primaire,  Paris,  1827  ,  une  Lrochure  in-8''. ;  —  Ta- 
bleaux sommaires  faisant  connaitre  Vetat  et  les  hesoins  de  Vinstruction 
primaire  dans  le  departement  de  la  Seine,  Paris,  1828,  une  Lro- 
chure in-8''. 

Par  M.  Gide  :  Nouoelles  Annales  des  voyages,  cahier  d'aout. 

Par  M.  de  Leuven  :  Journal  des  voyages,  cahier  de  juiilet. 

Par  M.  de  Ferussac  :  Bulletin  des  sciences  geographiques ,  cahier 
de  juiilet. 

Par  M.  Jullien  :  Revue  encyclopedique,  cahier  de  juiilet. 

Par  M.  Arlhus-Berlrand  :  Bibliolheque  physico-economique,  cahier 
d'aoAt. 

Par  M.  Toulouzan  :  V Ami  du  Men  (10^  cahier). 

Par  la  Societe  d'agricuiture  de  Poitiers  :  Bulletin  de  cette  so- 
<iete,  n"  23. 

Par  les  Auteurs  :  Plusieurs  numeros  du  Globe. 


126 


TKOISIEME  SECTION. 

DOCUMENS  ,    COMMUNICATIONS  ,    NOUVELLES 
GEOGRAPHIQUES,    ETC. 


Lettre  de  M.  Van  der  Capcllen,  conlenant  des  rcnseignemcns  siii 
file  Borneo  et  sur  la  mort  du  voyageur  Muller. 

Utrecht,  3o  juin  i8a8. 

La  Sociele  de  geographic  m'avant  leinoigne  le  desir  de  recevoir 
des  renseignemens  geographiques  sur  Borneo,  jai  pens^  qu'une 
carte  des  cotes  occidenlales  et  nieridlonales  de  cette  tie,  encore  si  peu 
connue ,  ainsi  que  de  quclques  parties  de  I'interieur,  pourrait  lui 
etre  agreable.  Je  viens.  Monsieur  le  president,  lui  faire  I'liommage 
de  cette  carte ,  copiee  fideleinent  et  exactement  sur  cellc  que  Ic 
malheureux  Muller  a ,  en  grande  partie ,  redigee  sur  les  lieux  ,  et 
qu'il  m'a  envoyee  dans  le  temps;  elle  est  dessinee  de  sa  main. 
Veuillez  bien.  Monsieur,  Toffrir,  de  ma  part,  ^  la  Society  dc 
geographic,  et  lui  dire  que  je  la  prie  dc  considcrcr  eel  envoi 
comme  une  marque  du  desir  qui  m'aninie  de  conlrlbucr  par  mes 
faibles  moyens  a  la  propagation  des  sciences  dont  cHe  s'occupc 
avec  tant  de  succes. 

Si  M.  Muller  avail  pu  conlinuer  encore  ses  recherches  pendant 
quelque  temps ,  il  est  incontestable  que  la  connaissance  geogra- 
phique  de  I'lle  dc  Uorneo  se  serait  rapidement  perfcctionnee.  J'ai 
rarement  rencontre  tant  de  zele  et  tant  de  perseverance  a  braver 
les  difficulles  innombrables  qui  s'opposent  aux  voyages  de  la  na- 
ture dc  ceux  qu'il  a  entrepris,  unis  a  lant  dc  moyens  propres  a 
remplir  Ic  but  qui  les  lui  faisait  cntrcprendre.  J)cpuis  que  j'ai 
quilte  I'Archipel  de  I'lnde,  deux  des  Javanais  qui  accompagnaient 
M.  Muller  ,  et  qui  ont  echappe  d'une  maniere  miraculeusc  au  mas- 


127 

sacre  «3ont  les  autres  voyagcurs  ont  cte  les  victimes,  sont  revenus 
a  I'lle  de  Java.  On  a  dresse  proces  -  verbal  de  leur  relation ,  (res- 
imparfaile  a  la  verlte,  mais  qui  donne  neanmoins  quclques  details 
sur  la  fin  traglque  de  cet  intrepide  voyageur.  11  resulte  de  ce 
recit,que,  comme  un  autre  Colomb,  MuUer  promettait  d'un  jour 
a  I'autre  aux  nalifs  qui  I'accompagnaienl,  et  dont  rimpatience  et 
I'incredulile  augmenlaient  de  plus  en-  plus  ,  I'arrivee  de  leurs 
embarcallons  dans  la  grande  riviere  de  Pontianali,  qu'il  se  propo- 
sal! de  descendre ;  mais  que  ,  moins  beureux  que  le  voyageur 
americain,  il  devint  la  victime  de  Timpatience  de  ses  compagnons 
de  voyage,  avant  de  pouvoir  reallser  sa  promesse.  La  derniere 
lelire,  que  j'ai  re^ue  de  M.  Muller  est  datee  de  Kotty  ,  le  g  aout 
1825.  11  avail  I'intention  de  quitter  sous  peu  de  jours  cet  endroit , 
avec  I'espoir  d'atleindre  Pontianah  dans  le  courant  de  septembre. 
Cet  espoir  n'a  pas  ete  realis(5.  II  me  promettait  des  carles ,  des 
dessins  ,  des  notes,  etc.,  que  je  n'ai  pas  re^us ,  et  qui  auraient  ^te 
du  plus  grand  interet.  11  ne  m'avalt  fail  parvenir  encore  que  peu  de 
renseignemens  sur  ce  dernier  voyage. 


ExTRAIT  d'une  lettre  dc  M.  le  che{>alier  d'Abrahamson  sur  la  publica- 
tion des  Atlas  du  Danemarck  et  dc  la  Noivege. 

Copenhague  ,    ao   niai    1828. 

Agreezmes  remercimens  sinceres  pour  votre  lettre  et  pour  celle  de 
la  Societe'J'ai  rc^u  mon  diplome,  et  je  serai  extremement  salisfait 
de  Irouver  I'occasion  de  prouver  a  la  Soci^le  combien  je  sais  ap- 
precier  ses  utiles  travaux.  I'j,  ■  ' . 

Nous  avons  termine  le  2''  volume  de  Y Atlas  du  Danemarck.  Vous 
vous  rappelez  que  j'ai  eu  le  plaisir  d'offrir  a  la  Societe  le  1"  volume , 
compose  de  10  cartes,  comprenant  les  iles  danoises,  et  10  carles 
du  2"=  volume,  comprenant  les  trois  quarts  du  Jutland  septentrio- 
nal ;  il  manquail  alors  4  planches  ,  conlenaul  les  deux  bailliages  de 
Veiie  etde  Kibe,  et  lamoilie  du  bailliage  de  Ringkjobing  ;  j'attends 


l-2i 


une  occasion  pourvoiisics  cnvover  (i).  Le  3'=  volume  est  comniencr, 
11  conlieudra  le  Jullaiid  nieriilional  (le  duche  de  Sleswig),  en  8 
planches,  dont  une  linie,  deux  enlre  les  mains  des  graveurs  ,  deax 
dessinees,  une  construlte,  el  deux  qui  le  scront  aussltot  que  Ton 
aura  rectifid  quelques  points  essentiels.  J'espere  voir  paraitre  ces 
huil  planches  dans  le  couraut  de  I'annee. 

On  a  aussi  commence  un  travail  scmblable  pour  la  Norwcge.  Les 
capilaines  Muntlie  ct  l\amm ,  de  Chrlsllania ,  ont  la  direction  de 
celle  cntreprisc  utile.  11  est  a  presumer  que  le  Storthing  (les  Cham- 
bres)  pretera  son  appui  a  cetle  entreprise  natlonale  ,  quoiquil  ne 
veuille  allouer  des  fonds  que  pour  les  depenses  urgentes. 

L'echellc  que  Ion  a  adoptee  est  celle  de  ^^^ts-  Deux  carles  sont 
publiees  ;  savoir  :  la  carle  du  bailllage  de  Smaalehnene  (lat.  58°  5o' 
— 59°  4-8',  long.  E.  de  Tile  de  Fer,  28"  5'  —  zif  3G'j;  celle  du  bail- 
liage  d'Aggershaus  (lat.  59°  28' — 60°  34' ,  long.  H  de  I'ile  de  Fer, 
27"  Sj' — 29°  4-o'.  Les  uierldiens  et  les  cercles  paralleles  soul  traces 
de  20  en  20  minutes. 

Les  observations  mullipliees  de  M  Hansteen  ont  servi  a  appuyer 
les  bases  de  celle  carte  :  un  grand  nombre  de  rectifications  ont  el^ 
executees.  La  position  de  la  vlUe  de  Chrlsllania  a  etc  delermlnee 
par  28"  24'  3o",  long.  E.  de  I'lIe  de  Fer ,  ce  qui  fait  une  difference 
de  temps  avec  Paris  de  33'  38". 

L'execution  de  la  gravure  est  confiee  a  deux  artistes  fran^ais , 
MM.  Malo  et  Pelicler. 

Les  plans  des  villes,  a  lechelle  du  jvq-^,  sont  ajoules  dans  les 
angles  de  chaque  feuille. 

La  merldlenne  de  Kongsringer  et  les  perpendlculaires  sont  les 
lignes  centrales  desquelles  on  part  pour  compter  les  points  Irlgo- 
nomelrlques. 

Le  trolsieme  bailllage,  donl  la  carte  va  paraitre  ,  est  cehii  (l<* 
Hcdemarkeu ;  il  exigera  Irols  fcuIUes  ,  a  cause  dc  son  cteudue. 


(  I  )  Ces  feuilles  ont  etc  adresse'es  depuis  a  la  Socie'te. 


'-9 
Carte  dcs  environs  <1e  SegeLerg  et.  du  Holsfein. 

M.  le  professeur  Sclmmaclier ,  d'Altoiia  ,  vient  tie  publler  unc 
carte  Ilthographiee  fort  curicuse ,  des  eiwirons  de  Segeherg.  Cette 
carte  est  dessinee  sur  la  meme  echelle  que  le  grand  leve  dor.t  clle  est 
extraile ,  el  qui  a  ete  fait  sous  la  direction  de  M.  Schumacher.  Les 
environs  de  la  niontagne  de  Kalkberg  au  pled  de  laquelle  la  villc  est 
situee  ,  sont  d'autant  plus  interessans  .i  connaitre ,  qu'ils  peuvent 
founiir  d'utllcs  renseigneniens  aux  savans  qui  s'occupent  de  la  mi- 
ucralogie.  I^a  carle  du  Holslein ,  du  meme  auteur  ,  ne  paraftra  pas 
dans  la  meme  grandeur  ;  elle  sera  reduite  au  80,000^  comme  celle 
de  la  France,  se  composera  de  i5  feuilles  ,  el  comprendra  le  duclie 
de  Lauenbourg. 

Inscription  ninique,   trouvee  dans  File  de  Kingiktorsoak ,  sur  la  cote 
occidentale  du  Groenland. 

Le  rapport  que  vicnt  de  publier  la  Societe  royale  des  Anliqualres 
du  Nord  a  Copenhague,  pour  ses  travaux  des  annees  1825,  1826 
et  1827,  fait  mention  d'une  decouverte  interessante  pour  I'histoire 
de  la  navigation  vers  le  nord.  En  1824.,  on  Irouva,  dans  I'tle  de 
Kingiktorsoak,  sur  la  cote  occidentale  du  Groenland,  et  par  la 
latitude  de  78  degres ,  une  pierre  gravee  en  caracteres  runiques ;  elle 
portait  rinscription  suivante  : 

«  EUigr.  Sigvaps  :  son  :  r.  ok.  lijanne  .  Torlarson  ; 
Ok  :  Enrlpi.  Osson  :  laugardag.  in  :  fyrir  Gagndag. 
Holpu.  varda  le.  ok  rydu  :  M  CXXXI. 

Autrenicnt :  Erlingr  Sighvatssonr  ok  Bjarne  Pordarson  ok 
Endrldi  oddsson  laugardaginn  fyrir  Gagndag  blodu  varda  pessa  ok 
ruddu  1 1 35.  » 

\oici  !'explication  donnee  par  M.  le  oocteur  I\afn ,  professeur 
de  philosopliie  el  secretaire  de  la  Societe  royale  des  Anliquaires 
du  nord  : 

9 


i3o 

Er/ing  Sigoafson,  Bjarne  T/iurdarsori  et  Eiulri;le  (Jddson  crigerenl 
ees  monceaux  de  pierres  ( var<ler )  le  samedi  m'uni  Ic  jour  nomine 
Gagndag  (le  aS  avril);  et  ils  neUoyerent  la  place  en  ii35. 

M.  Kragh,  misslonnaire  au  Grocnland  et  correspondant  de  la 
Socit'le ,  a  vu  sur  le  lieu  oii  cette  inscription  fut  decouverte,  trois 
monceaux  de  pierres  ,  dont  apparcnimcnt  cliacun  de  ces  trois  indi- 
vidus  avait  ^rige  le  sien. 

Cette  pierre  est ,  dil  M.  I\afn  ,  dune  grande  importance  pour 
I'hisloire,  puisqu'elle  met  en  evidence  que  nos  ancelrcs  onl  deja, 
au  douzleme  siecle,  pousse  leur  navigation  sur  la  cole  occidentale 
du  Groenland,  jusqu'a  cette  haute  latitude. 


Note  sur  ks  emplelemens  surressifs  de  hi  mcr  sur  la  rote  occidentale 

de  I'Anglelcrre, 

Le  2  avril  dernier  ,  M.  C.  Moreau  communiqna  a  la  Sociele  Ic 
resultat  d'oliservalions  failcs  par  M.  Nirnmo  ,  ingcnieur  distingue 
de  TAngleterre  ,  sur  les  cotes  qui  avoislnenl  le  port  de  Liverpool. 
M.  Ni'inmo  a  fait  fairc  dans  plusleurs  cndroits  des  fouilles  qui  I'ont 
convaincu  qu'au-dessous  de  la  surface  de  la  mer  qui  balgne  acluelle- 
mentces  parages,  les  terres  avaient  dte  autrefois  cultivees,  el  qu'il 
etall  facile  d'yreconnailre  encore  des  traces  de  foretsetd'habitations. 
l^a  mer  ,  dans  eel  envahissement ,  ne  parait  pas  s'ctre  Lornce  au 
sejour  des  vivans  ,  elle  n'a  pas  meme  epai  gne  celui  des  morls.  Un 
cimetiere  a  etd  en  effct  decouvcrt  a  200  picds  au-dessous  de  la 
hauteur  moyenne  des  marees  ,  a  peu  pres  vis-a-vis  le  Mockhcggar 
Liglilhouse  ( le  phare  de  Mockbeggar  ). 

M.  Moreau  ne  donne  point  la  date  de  celte  curieuse  decouverle 
de  M.  INimmo  ;  elle  parait  cependanl  poslericure  aux  observations 
que  ce  meme  ingenieur  fit  de  concert  avcc  MM.  Robert  Stevenson  , 
John  Tol/y-  et  JV.  Laird,  de  Liverpool ,  dans  le  mois  de  fevrier  der- 
nier, sur  ie  rivage  du  Clieshlre.  AL  Stevenson,  preseiilantle  8  mars, 
a  la  sociele  \\  ernerienne  le  resultat  de  ces  observations,  v  lut  une 


notice  qui  excita  le  plus  grand  interet.  La  parlie  dc  la  c6!c  sur  la- 
quelle  II  porta  specialement  raltentiou  de  la  Soclete,  est  dc  7  milles 
environ  ,  entre  les  rivieres  de  la  Mersey  et  de  la  Dee  ,  le  Wal- 
laseapool  d'uu  cote  et  le  Dalpool  de  Tautrc. 

En  dedans  des  grands  estuaires  que  fornient  ces  deux  rivieres , 
la  cote  est  aLrupte.  Elle  se  compose  d'arglle  rouge  et  de  niarne 
melees  encore  d'une  assez  grande  quantile  de  terre  ,  qui  bient6t 
n'offre  plus  qu'un  gravier  grossier.  A  son  extrdmlte  la  pointe  de 
terre,  bornee  par  les  deux  rivieres,  s'abaisse  considerablement, 
et  se  trouve  de  beaucoup  au-dessous  des  plus  hautes  marees.  Elle  se 
prolonge  meme  de  3  a  4-  yards  dans  la  mer ;  et ,  quand  celle-ci  est 
basse  ,  on  volt  a  nu  de  I'argile  rouge ;  mais  dans  les  bautes  eaux 
on  y  aper^oit  une  marne  coloriee  de  bleu.  On  y  reniarque  aussi 
one  espece  de  iourbe,  rnais  cette  tourbe  disparait  presque  enliere- 
ment  sous  la  masse  du  sable  qui  la  tient  comme  ensevelie. 

Au  niveau  d'une  deml-maree  ,  celte  longue  presqu'ile  presente 
le  curleux  speclacle  d'une  forel  sous-marine ,  qui  enibiasse  une  cer- 
taine  etendue.  Les  iionibreuses  racines  des  arbres  qui  n'ont  point 
ete  emportes  par  la  mer ,  ou  dont  les  habitans  des  lieux  circonvoi- 
sins  ne  se  sont  point  encore  empares,  pour  en  fairedu  feu,  sonten 
pleine  decomposition.  Ces  arbres  semblent  avoir  ete  coupes  a  en- 
viron deux  pleds  du  sol.  On  en  volt  les  racines  sortir  dans  toutes 
les  directions ;  elles  percent  meme  a  t ravers  Targlle  qui  soutlent  le 
sol.  Les  arbres  n'avaient  point  la  meme  hauteur,  a  en  jugor  du 
moins  par  leur  diametre  qui  est  de  18  a  peut-etre  3o  pouces  ;  ils 
ont  la  conformation  du  chene  ;  plusieurs  tiges  ou  troncs  gisent  sur 
le  fond  meme  de  la  mer ;  ils  y  sont  en  parlie  couverts  de  sable  ou 
d'arglle;  et,  tel  est  a  present  I'etat  dans  leque!  ils  se  trouvent , 
qu'eu  les  frappant  avcc  le  premier  instrument  venu,  on  y  voit 
s'agiier  une  multitude  de  poissons  a  coquIUes ,  appeles  pholas  Can- 
dida ,  qui  out  trois  quarts  de  pouces  de  longueur  et  deux  de  largeur. 

Si  a  ces  preuves  Inconlestables  que  cette  pointe  de  terre,  a  present 
a  plus  de  20  pleds  au-dessous  de  la  pleuie  mer,  a  etc  autrefois  une 


102 

terre  scchc  qui  s'ctendail  beaiicoup  an-dcia  du  lien  ou  so  trouvent  cos 
reslesd'uiie  grandc  foret .  ou  ajoutc  cellos  qui  rossorlonl  dc  la  pre- 
sence de  masses  enonnes  de  greenstone  que  Ion  v  rencontre  ,  etqui 
ont  Ati  fairc  corps  avcc  la  terre  forme  ,  ol  parliculierement  avec  le 
rivage  en  dedans  de  la  Dec ,  ellcs  on  acqnerronl  sans  doule  uiic 
evidence  de  plus.  Ce  qui ,  au  surplus ,  est  encore  a  remarquor  ,  c'est 
que  les  habilans  dc  ce  district  ont  conserve  une  tradition  qui  parle 
de  I'ancien  otat  de  cettc  c6te.  Autrefois  olio  elait  couvcrlo  do  bois, 
aujouniliui  Ton  n"y  aper^oit  ccpeiidant  aucun  arbro  do  quolqu'cs- 
pece  (pjo  CO  soil :  «  Depuis  Vile  d'Hallia  jusqu'h  Birkrn/iear/ ,  dll  ua 
cbaul  Iraditionnol ,  un  ecurcuil  pourrait  sauier  d'arhre  en  arhre.  » 
On  designait  alnsi  I'ospaco  conipris  enire  la  Dec  et  la  Mersey; 
c'est  la  que  sc  Irouve  on  offol  cotto  foret  sous-marine  dont  nous 
venons  de  parlor. 

MM.  Stevenson,  Ni'mniu  ol  Tol'uy  ne  se  sont  point  contenles  de 
ce  que  la  vue  lour  offrait  ,  iis  out  inlcrroge  les  indlvidus  los  plus 
ages  de  celte  partie  du  (>!iosbiro,  afui  d'acquorir  quolques  autres 
lumieros  sur  cc  que  d'auciens  souvenirs  ])ouvalont  lour  rappcler  de 
I'etat  primitif  de  cette  cole.  Trois  vielllards,  Tun  de  g3  ans,  le  second 
de  86 ,  el  lo  troislomc  dc  80  ,  lour  lournirent  effectivemcnt  quel- 
quos  ronsoignemens. 

Le  premier ,  nia^on  do  profession  et  arpcntour  ,  lour  dil  avoir 
cte  employe  a  la  construction  du  pliare  que  Ton  eleva  dans  les 
terrcs  a  Lcasowe ,  dans  raniuio  1  764.  H  y  avail  alors  proche  du 
rivage  deux  pharos  ([ui  sorvaioiil  a  guider  la  navigation  <ios  marins 
qui  se  rendaienl  a  Liverpool  par  lo  chanel ;  niais  celui  qui  se 
trouvail  lo  plus  pros  do  la  uu-r,  oiivahi  do  lout  cote  par  los  caux , 
devint  tout-a-fait  inhabitable  ,  et  dut  etre  abandonne.  Un  nou- 
veau  phare  fut  done  construit  sur  le  Bidstone  llill ;  ol  le  phare 
aciucl  de  Leasowe,  colui  a  la  construction  duquel  il  avail  coopere, 
de  phare  dc  terre  qu'il  otail ,  devint  par  suite  de  ce  desaslre  ,  le 
pharo  dc  iner.  (]e  viciilanl  no  put  donnor  do  ronseignemcns  sur  la 
distance  qui  sciparail  originaircincnt  ccs  deux  lumieros;  niais  il  avail 


t33 

cepcndant  la  ccrlllude  qii'elles  elaicnl  cloignccs  I'une  de  I'aulre  de 
plusleurs  cenlaines  d'yards.  11  ajouta  qu'il  savait ,  par  les  niesures 
qu'il  avail  prises  ,  que  dans  Tespace  de  Iroiile  annees  seulement  la 
cote  de  LcasoNve  avail  perdu  ii  roots  du  Cheshire,  ou  88  yards.ll 
croit  Lien  que  depuis  qu'il  counail  ce  rivage,  la  cole  a  j)u  pcrdre 
un  demi-mille  de  lerre  ferine.  L'un  des  deux  aulres  vieillards  avail 
egalemenl  Iravaille  au  phare  ;  lous  les  deux  ontconfume  le  recit  dn 
premier. 

11  est  facile  de  se  rend  re  coinpie  de  ccs  changeniens  lorsque  I'oii 
voil  dans  Ic  rapporl  de  M.  Stevenson  que  la  maree  a  donne  ,  les  i6  , 
ly  el  i8  fevricr  dernier  ,  la  proine  la  plus  alarmanle  des  cmplete- 
mens  conSlnuels  de  la  mer  sur  !e  rivage  de  Lcasowe. 

A  la  haute  incr,  la  cole  ful  enlicrenient  couverlc  ;  la  vague  s'a- 
van^a  comme  un  torrent ,  a  la  distance  d'un  demi-mille  ,  entoura 
le  phare  inenie  de  Lcasowe  ,  et  continua  sa  course  a  Iravers  des 
lerres  Lasses  ,  jusqu'au  Vi'allaseapool  sur  la  Mersey.  La  ,  elle  se 
forma  un  iiouveau  canal  ,  en  mena^ant  d'envahir  plusleurs  milliers 
d'acres  d'une  lerre  excellenle  el  dc  riches  paturages ,  et  de  les  con- 
verlir  en  un  lac  permanent.  Lorsque  I'on  construisil  le  fori  de 
Leasowe  dans  les  lerres,  en  1764,  on  devait  le  croire  hors  des 
alleintes  de  la  mer  ,  el  cependanl  87  ans  aprcs,  le  17  fevrier  der- 
nier ,  11  elall  de  tout  cote  cntour(^'  par  les  flots  !  ...  11  est  proLaLle 
que  Lientol  Ton  se  verra  force  a  le  deserter  encore  ,  si  Ton  ne  se 
decide  point  a  y  falre  des  Iravaux  conslderaLles  ;  car  les  lerres  qui 
ravolslnent  sont  toutes  beaucoup  au-dessous  du  niveau  de  la  hiiulc 
mer  dans  les  grandes  marees. 

Cetle  parlie  de  la  cote  de  rAngicterre  n'esl  au  reste  point  la 
seule  qui  soil  exposee  a  de  parcils  desastres  ,  et  ou  I'on  apcr^olve 
quelques  deLris  dc  forets  ancienncs  dcvenues  aujourd'hul  sous-ma- 
rines. Coanne  le  fait  oLscrver  M.  Slwcnson ,  on  en  rencontre  sur 
plusleurs  aulres  poinis  de  la  Grande-l*retagne  ,  parliculierement 
sur  la  cole  du  Lincolnshire ,  sur  les  Lanes  de  la  Tay  pres  de  Fllsk  , 
a  Skiel  dans  I'lle  Mainland  des  Orcadcs ,  et  dans  d'aulres  localites 


1 34. 

encore.  Ce  sont  la  sans  doule  de  fortes  preuves  que  si  Ics  caux  de 
la  mer  semblent  abandoniier  certaiiies  parlies  du  continent ,  il  en 
est  d'autres  surlcsquellcs  elles  se  portent  avec  violence,  el  qu'elles 
ajoutent  indefiniinent  a  leur  immense  empire.         A.  JJ.  du   15. 

Expose  sommm're  d'une  route  faite  au  iruvers  du  Mekran ,  par  le 
capitaine  M.  P.  Grant,  en  1809,  et  commencce  sous  les  ordrrs  du 
general  Malcolm. 

La  premiere  parlie  de  ce  document  ne  conlient  qu'une  courte 
notice  sur  le  pays  en  general,  et  sur  les  villages  et  les  villes  qui 
peuplent  la  route  parcourue  par  son  auteur  ;  la  plupart  de  ccs  villages 
paraissent  de  bien  peu  d'importance  ,  ils  ne  se  composent  en  effet 
que  de  caLanes  couvertes  en  paille ,  et  defendues  le  plus  ordinai- 
rement  par  un  petit  fort  en  terre.  Entre  autres  lieux,  I'autcur  cile 
la  ville  de  Cuserkuud  (i)  ,  situee  dans  one  vailee  fertile  qui  comptc 
environ  2 1  njilles  de  largeur,  et  est  traversee  par  le  Nullah  de  Cajoo 
{Kadjou).  La  parlie  cullivee  comptcipeu  pres8  milles  de  circonfe- 
rence ;  la  ville ,  qui  consiste  en  5oo  liuUes  et  en  un  fort  de  terre , 
en  occupe  le  cole  oriental.  Cette  vailee  est  agreablement  arrosee 
par  25  grandes  sources  ,  et  produit  du  ble,  des  dalles  et  du  rlz  en 
grande  abondance.  Dans  le  Mekran ,  le  ble  est  moissonne  a  la  fin 
de  mars  ou  au  commencement  d'avril,  les  dalles  en  juin  ,  et  le  riz 
cn  septembre.  Le  Cheikh  de  ce  terriloire  est  independant ;  mais 
tout  son  revenu  ne  depasse  pas  1,000  ronpies  par  an. 

Le  principal  but  de  la  mission  du  capilaine  Grant  litanl  de  s'as- 
surer  s'il  y  avail  possibilile  de  faire  pcnelrer  une  armee  europeenne 
par  la  contrde  du  sud ,  il  a  pris  le  soin  de  reconnailre  surlout  deux 
routes  qu'il  a  decrites  avec  detail. 

Le  Mekran  est  partage  entre  un  nombre  infini  de  petits  chefs  , 
dont  les  principaux  sont  ceux  de  Kidj ,  Geh  ,  Bunpore  ,  Bawou  , 

(1}  Je  suppose  que  ce  mot  doit  sc  lirn  par  un  Fran^ais  Kasr-K^nd  (  Le  vil- 
lage  du  chateau   jJi  y^  ). 


i35 

Scurbaz,  Dezi ,  Pcndjgore  cl  Balah.  Kidj  est  consideree  coiinne 
la  premiere  ville  du  Mekran  ,  et  Geh  comme  la  seconde.  Elle  est 
eloigiice  d'environ  1 20  niillcs  dc  Cuserkund  h  Test ,  et  s'eleve 
ail  milieu  d'une  region  monlagneuse.  Le  Mekran  fut  conquis  par 
Nasser-Khan,  chef  de  Khelal-i-scwir ;  mais  quand  il  mourut,  en 
1794.,  soil  i  cause  de  Tindolence  de  scs  fds ,  soil  a  cause  du  peu 
d'avantage  qu'offrait  le  pays  ,  I'aulorite  de  sa  famille  fut  renversee. 
Toute  la  contree  peut  a  peine  fournir  25,ooo  honunes,  el  encore 
dans  I'etat  oii  cile  se  trouve ,  serait-il  impossible  de  les  faire  agir 
en  mcme  temps.  Leurs  arnies  sont  le  fusil  h  meche,  I'epee ,  le 
bouclier  etun  grand  routelas.  Beaucoup  d'enire  eux  sont  employes 
par  les  Arabcs  dans  leur  navigation  i  Mascat  ;  ils  sont  connus 
pour  ^tre  tres-fideles. 


Penang  ,  on  lie  du  Prince  de  Galtes.  —  Lmigratiun  de  Malais. 

Nous  avons  entendu  dire  que  dans  la  derniere  quinzaine,  i,3oo 
Malais  environ,  hommes ,  femmes  et  cnfans  ,  sont  arrives  dans 
cette  lie  et  a  la  Pointe  de  Wellesley ,  venant  d'un  district  voisin  du 
territoire  siamois  appcle  Selual.  lis  fuyaient,  dil-on,  de  ce  pays 
par  suite  des  ordres  qui  avaient  ele  donnes  par  le  gouvernement 
siamois  ,  quelques  mois  auparavant ,  de  saisir  et  d'envoyer  a 
Siam  ou  a  Ligor  un  certain  nombre  de  jeunes  gens  de  i3  a  16 
ans,  dont  la  plus  grandc  parlie  devait  ^tre  fournie  par  ce  dis- 
trict. On  dit  aussi  que  plusieurs  autres  personnes  out  egalement  ful 
dans  differentes  villes  ,  pour  echapper  a  ces  ordres ,  tandis  que  plu- 
sieurs autres  families  ont  deja  ressenti  cet  acte  de  severite  par  I'en- 
levcment  de  leurs  enfans.  La  raison  que  Ton  donne  de  cette  mesure 
dcspotique  et  inhumaine  est  Tintenlion  dc  former  un  etablissement 
d'orfevres  et  d'autres  artisans  pour  le  palais  de  Sa  Majeste  le  roi 
dc  Siam.  Trcnte-cinq  personnes  nou  comprises  dans  le  nombre 
ci-dessus  mentionne ,  el  emigrant  pour  la  meme  cause,  sont  arrivees 
ici  dans  les  premiers  jours  de  septembre  dernier. 

(  I'cnang,  a  Janvier  1828.) 


i36 

Nouoelles  de  La  Perouse. 

La  Gazette  de  Sydney  nous  apprcnd  que  le  vaisseau  la  Research, 
capitaine  Dillon,  que  la  compagnie  des  hides  cinploie  ades  decou- 
vertes ,  est  arrive  a  la  Nouvelle  Galles  merldionale ,  dans  le  moU 
de  Janvier  dernier,  venant  des  lies  Mallcolo,  ou  II  avait  etc  en- 
voye  dix-hult  inois  auparavant ,  pour  constaler  autant  que  possible 
!e  sort  de  I'lnfortune  et  celebre  La  Perouse.  Le  capitaine  Dillon 
parait  avoir  fait  de  nombreuses  decouvertes ;  et  II  a,  dit  -  on ,  en 
sa  possession  ,  diffcrentes  preuves  du  sort  mallieureux  du  maria 
fran^^ais  et  de  ses  compagnons. 

»  Quolque  la  Research  soit  a  one  grande  distance  de  la  ville ,  ce 
batlment  est  journellement  visite  par  des  personncs  ernpressecs 
de  voir  et  d'examlner  les  debris  du  naufrage  des  deux  vaisseaux 
fran9ais.  I^e  capitaine  Dillon  a  depose  dans  un  lieu  partlcullcr  ces 
precleux  objets,  qui,  des  qu'on  les  a  vus ,  ne  lalssent  plus  aucun 
doute  sur  leiu-  origliie.  De  tous  les  articles  qui  out  prlncipaleiiicnt 
attire  Tattention,  c'est  la  partle  vernie  de  la  poupe  qui  a  seinble  la 
plus  interessante.  Le  bois  de  cette  piece  du  bailment  porle  les  em- 
prelutes  de  I'epoque  ou  11  a  et^  construit.  Les  fleurs  de  lis  sonttres- 
bien  conservces;  el  11  est  ceriain  que  cette  piece  falsait  pailie  de 
Pouvrage  orne  de  la  poupe  d'un  des  vaisseaux,  quolque  les  dorures 
n'aient  pu  rcsister  a  Taction  du  temps  duraiil  jnes  d'un  demi-slecle. 
Nousavonsun  petit  fragment  de  celle  reilque,  (jue  nous  nous  sonuues 
permis  de  prendre  afin  de  le  classcr  pariiil  daulres  curloslles  qui  or- 
neront  le  musee  colonial ,  ausslt^t  qu'il  sera  organise.  Nous  espe- 
rons  que  le  capitaine  Dillon  nous  pardonnera  ce  larcin  en  faveur 
du  motif  qui  nous  a  portcs  a  le  commetlre.  C'est  mi  morceau  de 
sapin,  qui  ne  doit  avoir  servl  qu'a  un  ornement.  Nous  avons  cga- 
lement  riutenlion  d'enrichir  la  collection  du  musee  d'une  son- 
nelle  qui  porle  linscriplion  :  Baziis  m'a  fait. 

Le  debris  d'ustenslle  de  table  en  porcclalne  est  d'unc  anclenne 
forme  el  d'mie  epalsseur  telle  que  nous  iieii  a\  Ions  pas  encore  vu  de 


i37 
modele.  Si  nous  avions  vuLa  Pcrousc  nous-memes,  nous  ne  serious 
pas  plus  convaincus  que  nous  Ic  sommes  que  ces  objcls  onl  ete  a  bord 
des  vaisseaux  qu'il  commandait.  Le  pied  du  chandelier,  i'cpec,  la 
soucocpe  d'argent ,  le  dollar  espagnol ,  sont  des  preuves  irrecusables 
du  sort  du  navigateur  regrettc.  Nous  tenons  des  Fran^als  a  Lord 
de  la  Research  que  le  capitaine  Dillon  merlte  les  plus  grands  eloges 
pour  le  sang-froid  et  Tintrepidlte  qu'il  a  deployes  dans  I'ile  de  Ma- 
licolo  et  Ihabilete  qu'il  a  niontrec  en  evitant  les  ecuells  qui  en- 
tourent  cetle  ile.   » 


Journal  Cherok(^.e. 

II  parait  actuellement  a  la  Nouvelle-Echola  ,  chef-lieu  du  ler- 
riioire  des  Chcrokees,  un  journal  hebdomadaire  ,  public  par  un 
individu  de  ceUe  nation.  11  est  imprime  en  anglais,  aver,  la  traduc- 
tion Cherokee  en  regard,  et  I'abonnementn'en  coiite  que  i3  francs 
par  an.  Le  premier  numero,  intitule  le  Phen/.v  Cherokee ,  a  paru  le 
2  1  fevrier  1828.  II  renferme  i"  deux  articles  sur  la  bonne  cons- 
cience et  la  (lalterie  ;  2°  la  constitution  adoptee  par  la  nation,  au 
mois  de  juillet  1827,  et  donl  nous  avons  deja  fait  connaitre  les  prin- 
cipales  dispositions  dans  les  60^  et  61*=  JN"*  du  Bulletin  de  la  Socicte 
de  Geographic;  3"  une  lettrede  M. Thomas  L.  Klney,  au  secretaire 
de  la  guerre  sur  reniigration  des  Indiens  ;  4"  le  Pater  nosier  ,  en 
prose  et  en  vers  cherokees,  que  la  Soclete  se  propose  de  faire  lilho- 
graphier  ( i ) ;  5"  le  recit  du  danger  que  W  ashinglon  courut  a  West- 
point  de  lomber  enlre  les  mains  des  Anglais  ,  6"  Talpliabet  che- 
rokee  ;  7"  une  leltre  du  president  Jeffei'son  ,  adressee  aux  deputes 
Cherokees  ,  le  g  Janvier  tSog  ;  et  8"  un  expose  de  la  marche  que 
Tauteur  se  propose  de  suivre  dans  la  conduile  de  son  journal. 

L  alphabet  cherokee  se  compose  de  85  lettres ,  classecs,  sans  sys- 
teme  ni  methode  ,  dans  I'ordre  qu'elles  se  sont  presentees  a  I'es- 

(1)  /  uy.  \i:   iabluaii   cl-joinl. 


1 3^ 

prit  dc  M.  Guess,  qui  en  est  I'inventear.  Chaque  caraclere  expriine 
une  syllabe  ,  a  I'exccption  cVuii  soul ,  qui  a  le  son  de  noire  i  ,  et 
qui  sc  coHibine  de  tant  de  manieies  differenles,  que,  si  on  le  sup- 
priinail ,  il  faudrait  y  subslitucr  ty  nouvcaux  caraclercs  :  ce  qui 
porlcrait  a  102  le  nombre  dcs  Icttrcs  de  ralpbabcl  ,  el  le  ren- 
drail  entierement  syllabique.  11  rcsulle  de  la  ct  du  peu  de  syllabes 
que  renfermc  la  langue  ,  que  I'dlude  en  est  beaucoup  plus  facile  que 
ccUe  de  Fanglais.  Aussi ,  un  eleve  anglais  ,  qui  so  rappelle  les  longs 
mois  qu'il  a  passes  avanl  de  pouvoir  epcler  son  abecedaire  ,  esl-il 
elonne  de  voir  uu  jeune  Cherokee  intelligent  apprendre  a  lire  sa 
langue  en  un  jour,  et  n'y  en  ineStre  jamais  plus  de  deux  ou 
trois. 

L'arlicle  renfenne  d'aulres  renselgnernens  surcelte  langue,  mais 
iis  nc  nous  onl  pas  paru  de  nature  a  intercsser  la  Soclele.     W. 


Tremblemens  de  iarc  ressentis  a  Delhi  et  sur  la  cote  (le  ISlalabar. 

On  apprend  de  Delhi  qu'au  niois  d'aoiU  dernier ,  le  fort  dc 
Kolitaran  a  cte  detrult  par  un  tremblenient  de  terre ,  et  que  rnille 
personnes  ont  ele  ensevclies  sous  ses  rulnes.  La  meme  secousse  a 
fait  eclater  en  pieces  une  nionlagne.  En  tonibanl  dans  la  riviere 
de  Rawe,  ses  debris  ont  cause  dans  la  contree  une  inondalion  qui 
a  convert  un  rayon  de  100  coss.  Trois  mille  ouvrlers  ont  etc  em- 
ployes a  couper  un  canal  au  travers  de  la  montagne.  On  craignait 
qu'une  inondalion  seinblable  n'arrival  au-dessus  de  Lahore  quand 
la  riviere  aurait  pris  forccment  son  cours  par  le  canal. 

Dans  le  raenie  mois,  le  22,  une  forte  secousse  de  tremblemcnt 
de  lerre  ful  ressentle  a  quelquc  distance  de  la  cote  de  Malabar , 
vers  les  9  beures.  A  Vlngorla,  dans  le  Concan  meridional,  I'at- 
mosphere  fut  singulieremcnt  pure  pendant  loule  la  malinee ,  mais  la 
terre  etait  fort  agitee  ;  les  maisons  furent  violemment  secouees, 
el  leurs  babilans  effray<5s  en  sorlirent  avec  la  plus  grande  prccipi- 
laliou.  La  secousse  dura  presquc  un   quart  de  inlnulc ;  clle  elait 


accompagnee  d'un  bruit  sound,  semblable  a  celui  du  lonnerrc.  Sous 
ce  rapport,  cet  eveiiement  offrc  un  trisle  rapprochement  avec  le 
trcniblenient  de  terre  qui  en  1819  aglta  Cutch,  et  y  occasionna 
uue  si  effroyable  devastation.  Le  ihernnomelre  ne  s'eleva  pas  au- 
dessus  de  79"  pendant  toute  la  journee.  —  Bom.  Gaz. ,  septembre  5. 

Tremblement  de  terre  de  Santa-Fe  de  Bogota. 

(Extiait  de  la  relation  inanuscrite  du  voyage  de  M.  Taillefer,  a  la  cote  de 

Colonibie,  en  1827.) 

Ce  fut  pendant  le  sejour  de  ce  voyageur  a  Carthagene 

qu'eut  lieu  le  tremblement  de  terre  qui  a  detruit  la  moitie  de  Bo- 
gota. Use  fit  sentir  le  iG  novembre  a  6  heures  du  soir,  et  renversa 
toutes  les  maisons  de  la  plus  belie  rue  de  cette  capilale.  C'etait 
fort  heurcuseuient  I'beure  de  la  promenade,  de  sorte  qu'il  n'y  eut 
t^uere  qu'une  trentaine  de  personnes  ensevelies  sous  les  decombres. 
S'il  etait  arrive  de  nuit,  la  moilie  de  la  population  eut  ete  detruile. 
Les  secousses  se  ressentirent  du  sud  au  nord  et  dans  la  direction 
de  la  chaine  des  Cordiliercs  qui  s'elend  vers  Caracas.  Popayan 
soulfrit  beaucoup  ;  mais  deux  personnes  seulement  y  perirent. 
A  Neiva,  Guaga,  Villa-Yieja  et  Honda,  la  plupart  des  edifices 
fluent  renverses ;  et  une  foule  d'liabitans  trouva  la  mort  sous  les 
ruines.  Le  sol  s'entr'ouvrit  en  plusieurs  endroits;  des  arbres  enor- 
mes  furent  deracines,  et  presque  lous  les  volcans  de  la  Cordiliere 
qui  se  dirige  a  Test  eurent  des  eruptions.  Un  des  phenomenes  les 
plus  singuliers  qui  aient  accompagne  ce  tremblement  de  terre  , 
c'est  la  morlalite  prodigieuse  qui  s'est  nianifeslee  parmi  les  pois- 
sons  de  la  Magdalena.  Cette  riviere  a  charrie  des  poissons  morls 
pendant  plusieurs  jours.  II  est  probable  que  du  gaz  acide  sulfureux,  ^ 
resultant  de  la  combustion  du  soufre ,  aura  penelre  dans  son  lit 
par  quelque  issue,  se  sera  dissous  dans  ses  eaux,  et  aura  produil 
un  (leuve  d'acide  sulfurique ,  tres  -  etendu  sans  doule,  mais  assea 
concentre  pour  empoisonner  les  poissons. 


i^o 


Notes  sur  les  ruchers  decouverts  dans  I'archi'peldes  iles  Seychelles. 
(Extrait  <lu  journal  tlu  capitaine  Michel,  de  St.-Malo,  conimaiitlantl'^r/AM/-.) 

A  mon  di'part  dc  Paris,  je  vous  promis  dc  vous  envoyer  des 
noles  surlcs  roclicrs  que  j'al  vus  dans  I'archi pel  des  lies  Seychelles  , 
et  qui  n'elaieni  marques  iii  sur  les  deux  carles  anglaises  que  j'avais 
a  Lord,  ct  qui  claient  des  plus  receules,  iii  sur  la  carte  de  Dapres, 
qui  du  restc  est  si  defectueuse  que  les  marins  frani^ais  ne  sen  ser- 
vent  plus.  Comme  tous  mes  confreres  ,  jc  me  servais  des  cartes 
et  inslnictions  anglaises  ;  cV'st  par  celte  raison  que  loutes  mes 
longitudes  sont  comptees  du  meridien  de  Londres.  Le  navire  que 
je  comniandais  alors  etait  \ Arthur  du  port  de  l^oo  tonneaux  ;  j'ai 
conserve  nion  journal  timbre  ,  void  ce  que  j'y  trouve  :  «  Le  jcudi 
»  28  novembre  1822  ,  jai  fait  metlre  sous  voiles  de  la  rade  dc 
))  Saint-J3enis  pour  me  rendrc  a  (^alcutta.  Le  8  deceuibre  plu- 
»  sieurs  distances  de  la  lune  au  solell  m'ont  donne  pour  longitude 
»  moyennc  observcc  avec  plusieurs  sextans  55"  24'  E.  du  meridien 
»  de  Londres,  la  latitude  etait  alors  de  y"  87'  S.  ,  et  la  variation 
»  par  amplitude  occase  de  8"  4^'  O.  Du  8  au  12  decembre  tres- 
»  petite  brisc.  Le  jcudi  12  decembre  1822,  le  temps  et  la  mer  etauJ 
»  superbes  ,  calme  plat ,  nous  avons  cu  ,  a  q  bcures  '4  du  matin  , 
»  connaissance  de  onze  rochers ,  dont  un  nous  a  paru  devoir  elre 
»  gros  comme  notre  navire. 

»  Nous  les  avons  aper^us  de  la  grande  liune  a  environ  quinze 
»  milies  ;  nous  les  avons  conserves  en  vue  pendant  quatre  heures 
«  ^/4  ;  le  calme  nous  a  empechcs  d'aller  les  reconnailre  de  pres  , 
«  et,  malgre  tous  nos  efforts  ,  nous  n'avons  pu  nous  en  approcher 
«  plus  pres  que  de  11  a  12  millcs.  Le  calme  ayant  augmente  ,  les 
»  courans  Jious  en  onl  eloignes  quand  on  commen^ail  a  les  bicn 
»  apercevoir  de  sur  le  pont  de  notre  navire.  Ces  rochers  ne  sont 
>>  marques  ni  sur  les  cartes  anglaises,  ni  sur  les  carles  fran^aises  que 
»  j'ai  a  bord.  Leur  latitude  est  de  7"  G'  sud.  Leur  longitude  , 
»  cslimee  depuis  les  observations  du  8  decembre,  est  de  57°  20' 
»   E.  du   meridien  de   Londres.  Elles  formenl  une  chaine  avant 


i4i 

»  environ  tin  mille  de  longueur,  pt  qui  m'a  paru  irourir  N.  et  S. 

«  J'ai  passe  dans  Touesl  d'elles.  La  variation  obscrvee  avec  soin 

»  par  amplilude  occase  m'a  donne    a  jour   7"  i3'  O.  —  Le    19 

»  decembre  etant  par  3"  4^'  de  latitude  sud,  a  2  heures  20'  de  I'apres 

»  midi ;  j'ai  observe  la  distance  de  0  C  de  64."  18'  i5".  La  bauleur 

»  du  0  49"  5i'-  La  hauteur  de  la  C  Sg"  89'.  L'cell  etait  eleve  de  i5 

»  pieds  ,  ce  qui  m'a  donne  pour  longitude  redui'te  a  midi  G3"  -' 

«  E.  La  longitude ,  estimee  depuis  le  8  decembre  ,   etait  a  midi 

>.  le  menie  jour  de  620  42'  E.  de  Londres.  Cc  qui  donne  25  milles 

«  de  difference  E.  entre  ces  deux  longitudes;  il  est  probable  que 

M  cetle  petite  difference  est  due  aux  courans  portant  a  I'esL  depuis 

>»  que  nous  avons  atteint  les  vents  d'ouest  qui  regnent  aux  appro- 

»  ches  de  la  ligne.  Tout  m'assure  que  la  longitude  que  j'ai  donnee 

»  aux  onze  roches  vues  le  12  decembre  1822  ,  est  exacte.  Si  j'avais 

»  eu  une  difference  a  I'ouest  de  plus  de  trenle  rnilles  ,  j'aurais  eu 

»  le  fond  sur  le  banc  des  Seychelles  ou  j'ai  sonde  sans  trouver 

»  tond,  en  doublant  leur  latitude  du  i4  an  1 5  dece  inbre ,  etc.  etc.  » 


ExTKAJT  dhine  lettre  commuulquee  par  M.  G.  IjarLie  du  Borage. 

On  a  public  a  Stockholm  en  1826 ,  une  grange  carte  de  la  parfie 
merldionale  de  la  Suede  et  de  ia  Norwege ,  due  aux  soins  de  M.  de 
Forsell ,  directeur-general  des  arpenteurs.  Cette  carte  en  huit 
feuilles  est  dressee  a  I'echelle  de  ^Tir^'onri,  et  levee  d'apres  les  ordres 
du  roi  de  Suede.  Elle  est  remarquable  par  sa  clarte ,  son  exacti- 
tude et  son  execution,  De  nombreux  tableaux  statistiques  y  sont 
joints.  On  la  regarde  comme  la  meilleure  carte  de  Suede.  Le  prix 
en  est  de  60  francs. 


Errata  du  N°  63.  —  Juillet. 

Page  34  ,  ligne  4,  au  lieu  de  :  le  cap  Blanc,   long.   19"  20'  o" 
lisez  :  —  —       long.  ig°  22'  o" 

Page  45  ,  ligne  24  1  •'"  I'^u  de  :  il  fait  Ic  lour  de  Tile , 
lisez  :     —     il  tlouble  I'lle. 


l42 


b  «.'»^«  V%.'^^'^%«^'^fc^.'«'V^««'^^k  %.^ 


BIBLIOGRAPIIIE    GEOGRAPIIIQUE. 


§  I".    IIVRES. 

|35.    I'EIltK    DIE    ESEVOLKEP.tJNG    DER 

EiiDE  IM  JAiiRK  1828.  —  Siiria  po- 
pulation dc.  la  tf.rrre  en  1818  ,  par 
Jul.  I^ekgias,  in-S"  ,  Berlin,  18-28. 
Cetle  hrocliiirc  est  dirigt'e  contra 
les  assertions  de  qiielquespuhliristcs 
aileniaiidsfjui  si'pbigiient  de  lasur- 
abond:iiice  des  lioiiinies  sur  le  glo- 
be. L'aiiteiir  estirne  l.t  popiilalioii 
de  la  terrea  8<)M,.5^'8,")8o  iiidividus, 
savoir  :  en  Kiiropr.  a22,fig8,o.^S.  — 
Asie  ,  520,866, i5c).  —  yifriijuc  , 
106,778,210.  — Anivriipie ,  4o,joj, 
782.  —  Australie,  :i,ioo,^oo  iudi- 
vidiis. 

j36.  H(STOIilE  Gf.NKRM.E  DES  VOYA- 
GES ou  noiivclle  coi'Icction  des  re- 
lations des  voyages  par  te.rre  et 
par  rncr  ,  iiiise  en  ordre  et  com- 
pl(tee  jiistiu'a  nos  jnnrs,  ])ar  (>.  A. 
\Valck.enaer  ,  niernbre  de  I'lnsti- 
tut ,  loin-  xii; ,  in-8"  ,  Paris  ,  1828, 
Lekbvre. 

»37.  Memotue  sua  un  nouveau  cal- 

CUL    DES    LATirUDES    DE   MoNTJOUV 

ET  DE  Bakcei.one,  pour  servir  de 
supplement  an  tr.iitc  de  la  base  dii 
sysleme  ni'.'trir|U('  ,  par  INI.  Nicol- 
let ,  in-8"  ,  Paris,  1828,  Bachelier. 

138.  NUOVO  DiZloNAKlo  GEOGIIAFICO 

POR'i'.\TlL  . —  Nouveau  Diclionnai- 
re  geograpliifiue  portalii  ,  in  -  8".  , 
Venise,  1828,  Missiaglia,  call,  iv- 
vi(EHK-iMED). 

139.  BUDLMENTS  OF  GKOGR.\PHY,  etC. 

—  Ei(''mens  de  geographic,  d'apres 
un  nouveau  plan,  destine  a  aider 
la  niL-nioire  par  coiiiparaison  et 
classification,  par  ^V.  "\\ O.-idbrid- 


gc,  in-!'!,  aver  un  grand  nonibre 
de  planches,  Londres,  1828,  ^^  liit- 
taker,  3  sh. ,  6  d. 

i^o.  Hertha  Zeitschrisft  ,  etc. — 
Ilcrta.  Journal  grographique  et 
statistique  ,  par  Alex,  de  Humlx.ldt 
et  11.  Berghaus,  in-8<',  Sloucard, 
1828,  Cotla.  Mai. 

Coiitemi  :  les  Panhellenes  dans 
r.'\sie  niineure,  par  Baoul  Kocliel- 
te.  —  Sur  les  aiilicjuitcs  des  Etals- 
l  nis  de  rAiii.'riqiie  dii  Nord  ,  par 
Warden.  —  Keniarques  sur  la  Ja- 
niaV<jue  ,  par  Stabwasser  ,  inission- 
naire. — TSur  la  situation  geographi- 
que  de  Kara-Koruni,  par  Altel  Re- 
jnu.sat. —  Bi'cit  d'une  expedition  a 
la  source  de  la  riviere  Saint  -  Pier- 
re, par  \V.  Keating.  — Extrait  du 
voyage  dWugiislin  de  Aleverberg 
en  iiussie  ,  public  par  Fr.  Adelung. 

ADSiniQUE. 

i4i.  Mexico- IN  1827.  —  Le  Mexique 
en  1827  ,  par  G.  II.  Ward,  ex- 
charge  d'ailaires  de  S.  M.  Britan- 
iiique  dans  cc  pays  ,  2  vol.  in  8"  , 
avec  beaucou[)  de  planches,  Loii- 
dres  ,  1828  ,  Cotburn  ,    1  1.   18  sli. 

142.  Journal  of  a  voyage  to  i>eku, 
etc.,  .Journal  d'un  voyage  au  Pe- 
rou  ;  Passage  de  la  cordiliere  des 
Andes  ,  dans  Thiver  de  1827  ,  exe- 

^Cutc  a  pied  ,  sur  la  neige  :  Voyage 
a  travels  les  Pampas  ,  par  le  lieute- 
nant lirand  ,  I  voliim.  in-8".,  avec 
planches,  12  shill.,  Eondres,  clicz 
li.  Colburn  ,  1828. 

i.p.  The  AiMERtCANs  as  tiiey  are  , 
les  .-^niericains  tels  qu'ils  sont  ,  ou 
voyage  au  JNlississipi,  par  Tauleur 
dc  Austria  as  it  is  ,   2  vol.   in-ii"  , 


Londres  ,  1828,  Hurst  ,  Chance 
et  comp.  8  sli.  G  d. 
i44-  Notions  of  the  Americans.—- 
Notions  sur  \cs  Aniericains,  2  vol. 
in  -80.,  28  shill. ,  Londres,  chez 
Henri  Colbiirn,  1828. 

«  Get  oiivrage  est  le  nieilieur 
qu'on  ait  encore  ecritsurles  Ame- 
ricains.  >'  Tel  est  le  jugemcnt  dii 
re'dacteur  dii  London  PJ^'eckly  re- 
view. 

145.  Wanderings  in  South  Ame- 
rica, etc.  —  Voyages  dans  I'Ame'- 
rique  nieridionale  ^  les  Etats-Unis 
et  les  Antilles  ,  par  Charles  Wa- 
terton,  2^  edition,  in -8°,  Lon- 
dres ,  1828  ,  Fellowes.  10  sh. 

146.  A  Tour  through  the  United 
States  and  Canada.  —  Voyage 
aux  Etats-L'nis  et  au  Canada  ,  par 
un  Anglais,  in-8°,  Londres,  18^8, 
Longman,  5  sh.,  G  d. 

AFRIQUE. 

i47-  Researches  in  South  Africa. 
—  liecherches  aii  sud  de  I'Africijie  ; 
e'lat  civil  et  religieux  des  tribus  indi- 
genes; journal  des  voyages  de  Tau- 
teur  dans  Tinterieur  ;  expose  des 
progres  des  missions  et  influence 
du  christianisme  sin-  le  developpe- 
menl  de  la  civilisation  ,  parle  reve- 
rend John  Philip, doctiur en  theo- 
logie  ,  supcrieur  des  missions  de  la 
socie'tc-,  missionnaire  de  Londres  , 
au  cap  de  Bonne-Esperance  ,  etc.  , 
etc. ,  2  vol.  in-80  ,  avec  une  carte 
et  des  gravures  ,  prix  21  scbellings, 
relies  ,  i8i8. 

Les  journaux  anglais  ont  annon- 
ce'  ,  avec  de  grands  t'loges  ,  cet  ou- 
vrage  a  leurs  lecteurs  (  voir  Times 
april  24  ;  London  IVccklj  rt- 
vietv,  april  27  ;  LItLerarj  Gazette). 

1 48.  Resume  des  OPERATiotis  hydro- 

GRAPHiyUES    FAITES    SUR    LA    COTE 

occidentale  d'Afkique  ,  dans  les 
anne'es  18-26  et  1827  ,  a  hord  de  la 
fregate  la  Flore  et  de  la  j.;oeiette  la 
Jjorade,  etc. ;  par  INL  de  Pkedour, 
lieutenant  tie  vaisseaii  ,  iji-S"  d'une 
feuille,  Paris,  i8:'8,  Iluzai-d- Cour- 


ASiE, 
149.    MkMOIRE  SUR    LES    SOURCES    DU 
li RAIIMA-POUTRA,  ET  DE  I.'LiAOUAD- 

DY  ,  par  M.  Klaproth  ,  in- 8°  ,  Pa- 
ris ,  I  828  (  extrait  du  journal  Asia- 
ticjue  de  Paris  ). 
i5o.  A  Visit  to  the  Seven  Chur- 
ches ,  etc.—  Visite  aux-Sepl-Egli- 
ses  d'Asie,  avec  une  excursion  en 
Pisidie,  contenant  des  reinarcjues 
sur  l;i  geographic  et  les  anlir|iiit('s 
de  CCS  contrees,  parle  rev.  V.-J. 
Arundel,  chapelain  anglais  a  Smyr- 
na. 1828. 

EUROPE. 

GrtCf. 

i5i.  v'jketches  of  modern  Greece  , 
Esqui.sse  sur  la  Grece  moderne  , 
par  un  jeune  volontaire  anglais  au 
service  de  la  Grece,  2  vol.  in-8°  , 
Londres,  1828,  Hurst,  Ciiance  et 
comp.  I  1.  I  sh. 

i52.  iTiNhr.AiiiE  DE  Moree  ou  des- 
cription Dns  routes  de  cette  pe- 
NINSULE  ,  fradui't  de  I'anglais  desir 
W^iiliam  Gell ,  ])ar  M.  le  conite  de 
Tromelin  ,  lieulenant-gi'nt'ral,  :t 
publie  avec  approbation  de  S.  Exc, 
le  minislre  de  l.i  guerre  ,  prix  2  fr 
5oc. ,  chez  Anci?lin,  rue  IJaupliine, 
n"  g. 

lUrrie. 

i.'i.l.  Das  Konigheich  Illyrien  nach 

SEINER  NEUiCRN    EnTHEILUNG  ,    etc. 

—  Description  statislique  et  lopo- 
graphique  du  rojauine  d'llljrie  , 
avec  une  graiide  carte  d'lllyrie  ,  et 
2  plans  de  Leybach  et  de  Klageri- 
furth  ,  in-^io  ,  Prague  ,  1828. 

Lapi'iiin  et  •^iiedt. 

1 5  -(.  A  Wi  nter  in  Lapland  and  Swe- 
den ,  etc.  —  Un  hiver  en  Laponie 
et  en  Suede  ,  avec  diverses  obser- 
vations relatives  au  Finmark  et 
ses  habi  lans,  par  Arthur  de  C  apell 
Brooke,  1  vol.  in-4°,  avec  atlas, 
Londres,  182-5  chez  Murray. 

1 55.  Tr.wels  in  Russia,  etc.— Voya- 
ges en  Rnssie  ,  etc  ,  par  William 
Uae  Wilsen  ;  2  vol.  in-8°  avec  tig. 
Londres  ,  1828,  Longman  ,  i  liv.  4  sh. 


»4 


l,c  meiiie  ailteur  a  pnhliii ;  Tia- 
\efs  in  Nonvuj ,  Sivcdcn ,  Dcii- 
marck,  Gcnminj,  elc.  in-S".  i  liv. 
1  sli. 

i56.  Handhuch  zuu  konde  vo k  Deu- 
TSCiu.AND  UNU  PuEtisSEN.— "Wanuel 
de  la  connaissance  dc  rAll.inagiie 
et  dc  In  Prusse  ,  par  G.  ScHO)//  ,  in- 
80  ,  Bn-slau  ,  18.17  ,  Grilsso!!  Call , 
I.  rxd.  8  g. 

SJans  ce  premier  caliicr ,  <(ui  sera 
siiivi  dedfiixaiilrcs,  faiiteur  traiti; 
de  la  sittialioii  des  IVoiitieres  ,  de  la 
circonforence  ,  et  dc  la  division  de 
I'Allcmagr.e  ;  le  second  sera  r.onsa- 
cre  anx  "liaiiteiirs  ,  et  le  troisieme 
aiix  lleuveset  aux  rivieres. 

157.  Statistica  I)Ku.a  Svizzeha.— 
Stalislifjuc  dc  la  Suisse  ,  par  Ste- 
fano  Fuancini  ,  in-8"  avec  cartes  , 
Lugano.  1828,  Kuggia, 

llxilic. 

i58.  A.  DiSSERTATfoN  ,  etc.— Disser- 
tation sur  le  passage  des  Alpes,  par 
Ann  ibai.,  in-l-i"  av  ec  cartes  et  plans ; 
prix  :  12  scliill.  L.ondres  ,  clicz  H. 
Colliurn  ,  1828. 

El.ds  Sn.'tUs. 

iSg.  Narrative  of  ak  ascent  to  the 
SUMMIT  OF  Mont-Blanc.  —  Ht'cit 
d'un  voyage  an  soninict  du  Mont- 
Hlanc,  lait  an  mois  d'aout  1827,  par 
J.  AULDJO  ,  in -4"  avec  planches, 
Londres,  1828  ,  Longman. 

Fraucr. 
l()0.   ItiNERAIRE    DESCRIfTIF,   HISTO- 

Rinui;  ET  momimentai.  ilesrii.f]  f/f- 
juirtnncns  rnrnpost/nt  la  l\or- 
iiKiudic  ,  precede  (in  prc'cis  liislo- 
rique  ot  dc  la  gt^ograpliie  lijslorique 
de  ccttc  province  ,  et  suivi  i'  du 
dlrlionnaire  de  toutes  les  viiles  , 
liourgs  I't  roniniunes  :  2°  de  la  hio- 
grapliie  alpliabctiqne  de  tous  iesau- 
teiirs  et  artistes norniands  ,  par  J\L 
Louis  Dubois  (  V  et  2*^  parties)  , 
in  -  8"  ,  plus  des  planches.  Caen  , 
1S28,  jVlauccl  (  11  fr.  ),  avec  un 
atlas  lie  44  planches  (3o  I'r. ) 
161.  Geo(;uai'hie  physique  et  ms- 


4 

TORIQUE  1)E  I.A  FrANCE,    PAR  Uas- 
SlNS  ,  par  V.  A.  Loiiioi, ,  chef  d'ins- 
fitution  ,  in-i8,  Paris  ,  1828  ,  chez 
I'auteur. 
162.  Manuel  GEOGRAPniQUE  des  de- 

PARTEMENS  DE  LA  FrANCE  ETDE  SES 

colonies,  termine  par  un  diction- 
nairc  geograpliicjue ;  i  vol.  in-8" 
avec  100  pi.  enluminees.  Prix:  40  f. 
Paris,  1828,  chcz  IJaudoiiin  frcres, 
rue  de  \  augirard. 
i()3.  Annuaike   statistiqtje  et  ad- 

MINISTRATIF  DU  DEPARTKMENT  DE 
l'OiSE  ,  ET  DU  DIOCESE  DE  BeAU- 
VAIS  ,  pour  Ics  annces  182G,  1827 
cl  1828  ,  par  J\L  Grave  ,  3  vol.  in- 
8"  ,  Beauvais. 

^   2.  ATLAS,  CARTES-GEOGRA- 
PHIQUES,   PEAKS. 

1G4.  Atlas  of  ancient  geographv. 
—  Atlas  dc  geographic  ancicnne  , 
in-4".  Oxlord  ,   1828.  Vincent,  liv. 
1,  contenant  5o  feuilles. 
L'ouvrage  aura  5  livraisons. 

i65.  Cartes  des  Cantons  de  Pon- 

TO  ISON  ET  DE  SAI^T-P0IS,  Oil  Se 
trouvent  les  ro'.ilfs  royales  et  de'- 
partenientalcs ,  les  chcmins  vici- 
naiix  et  ruraux  ,  les  rivieres,  les 
montagnes,  et  les  jnincipales  mai- 
soiis  dc  clia(jue  liani'MU,  dressec  par 
ordre  de  M.  le  romte  d'Estourmel , 
pre't'ei  du  dcparteinent  de  la  ALan- 
che;  par^L  Bitouze-Dauxmenil, 
ge'oraetrc  en  chef  du  cadastre. 
1827. 

Ces  deux  cartes  font  partic  d'une 
carte  gc'nerale  du  deparlement  de 
la  Mauche,  en  120  feuilles. 

iGG.  Carte  gener.\le  de  la  bion.mi- 
cniE  Prussienne  ,  par  Ad.  Brue  , 
1827  ,  Paris,  I  feuille. 

ir,7.  Orris  veteribus  notus  ,  pu- 
blic par  C.  Smith  ,  Londres  ,  1828, 
2  feiiilleJ. 

it')8.  The  v^orld  on  jtercator's  pro- 
.JECTiON.  —  Le  glohe  d'apres  l.i  ])ro- 
jection  dc  Mercator ,  public  par  (>. 
Smith  ,  Londres  ,  1828  ,  2  Icuilles. 


I,VERAT,  Imprime 


ur  de  la  Sncictd  de  Geograi^hie  ,  rnc  du  Cadran ,  r."  .b. 


Posilions  (;c()ii;i'a(>Iii(]ii('s  . 


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Sf/i't.\<f,  ///Ao^i^-/-^n/tc  i/o /'C'nii-c'.tvi(y' 


7jn/Ictiri   de  7i<   Soc.    de   Geooj:  N'^  C4  —  d'.^ . 


TKXTE     DU    PATER, 

AIT.  GKWGT^  hR  OSe^AT,  (^H^PS^T., 
of- UCKt  <SiET  P. 6^  S-IW.I  UhiF^Jolr 
<ft*rOT>l,Ba  I.AX.TPRT  dBXxiyi-a.JSFJ?).!.  T. 
C^^irOy-^T  OT>yjE)APy,  lr»f  JMtAPA  i\y5BS0^ 

^5Z  cEeGr-/9  >KT,  (ipTiyj  u<r  i-rt,  rg-^- 

•VJCTDcTp-RT  IiA-^-^T.    «<S)yA"     WliSr" 
TRABITCTION     LITTE.RALK, 


<.^i->i-  ttauiM.>t  I*--.:/  y//u/ /ia^ u</rtot /'n ^ 


PATER 


.■3D  .i5)zy>i?).i  e<»)y-N"e<S'-s'^=o^"»'V'. 

cft.VAt    hj9, 
DbZ     R<5j9 

OESC^    1-RT  . 

2.  Dh  «li#P<SX« 

*>^G     IiJrfSPofJoi^. 

<fiSP<S^LPiJ 

XjAI-JPRT 
DB  d5yiS./l'^i5)I-<S)J  . 

3.  <Syo3JlW(K,9, 

.i«)_y.oAP>' 
IiSfl"  d>>yoJiso-c:; ; 

AlrAPAT 

Ay«)SO-T     hSiT. 

4.  DcT  6i»-t"Li»J 
o?y  IiOT)Al>/li>(«l^-V. 

5.  o'vrs-   ^z. 
eEecr  kr, 

ephyaz  i-R , 

I-R  hA^-1; 


ALPHABIiT    t'HEROKRK   , 


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BULLETIN 


DE 


LA  SOCIKTE  DE  GEOGRAPHIE. 


NUMERO  66.  ^OcTOBRE  1828. 


PREMIERE  SECTION. 


MEMOIRES ,  EXTRAITS ,  ANALYSES  ET  RAPPORTS. 


Notice  sur  les  Caries  puhliees  par  le  DepSi  general  de  la  Marine. 

Nous  avons  fait  connaitrc  (i),  dans  les  analyses  precedcntes,  les 
avantages  que  procure  aux  sciences  le  depot  general  des  cartes  et 
plans  de  la  marine  et  des  colonies. 

Ce  grand  etablissement  est  dirigd  par  M.  le  contre  -  amiral  de 
Rossel,  membre  de  racademie  des  sciences,  que  seconde  puissam- 
ment  M.  Jjeautemps-Beaupre,  membre  de  la  meme  academie.  Ges 
importans  travaux  sont  continues  avec  le  m^me  zele  et  une  aclivile 
toujours  croissante  ;  ils  obliennent  de  plus  en  plus  la  reconnaissance 
des  navigaleurs  et  des  savans.  La  pluparl  des  cartes  publiees  chaque 
annee  proviennent  des  travaux  du  corps  des  ingenieurs  hydrogra- 


(i)  Exlryit  (le  Panalysedcs  travaux  de  rAcadc'mie  Royale  des  Sciences,  pen- 
dant Tannt'i'  1S27,  par  M.  Ic  Haroii  Fourier,  Pun  des  secrt'laires  perpetuels. 

10 


1 46 

plies,  qui  se  trouvent  sous  Ics  onlres  iiimiediats  des  clicls  de  leta- 
blissemeul.  Lcs  aulres  carles  soiit  le  fruit  des  travaux  d'officiers  de 
la  marine  inslruits  et  experimentes,  qui  ne  negligent  aucune  occa- 
sion de  lever  les  plans  des  parlies  de  c6les  et  de  ports  qu'ils  out 
visitt's  dans  les  regions  les  plus  eloignees  du  globe. 

L'autorite  royale,  en  crdant  ce  depot,  a  voulu  propager  lcs  con- 
naissances  naufiques,  el  procurer  ainsl  aux  Ljitimcns  de  guerre  et  h 
ceux  du  commerce  lcs  movens  de  sc  preserver  de  uombreux  acci- 
dens.  Les  intentions  du  monarque  ont  (ile  fidelement  remplies; 
les  operations  qu'exige  la  construction  des  cartes  et  plans  de  la 
marine  ont  toujours  etd  favorisees,  et  out  rc^u  tout  le  developpe- 
ment  desirable.  Dans  I'espace  de  1 1  ans,  environ  2  5o  carles  ou 
plans  ont  dte  publics,  c'est-a-dire  que  depuis  i8i6,  la  collection 
des  carles  a  etc  presque  doubk'c.  Lcs  nouvelles  cartes,  levees  par 
des  metbodes  recenunent  perfeclionnecs ,  sonl  tres  -  pniferables 
aux  precedenles  :  elles  ont  acquis  un  degrc  eminent  d'exaclilude. 

Les  iugenieurs  hydrograpbes  sous  les  ordres  de  M.  Bcautemps- 
Beaupre  ont  termine  ,  en  1826,  les  operations  qui  procureront 
aux  navigateurs  des  cartes  tres-dclaillees  de  toutes  les  cotes  du  golfe 
de  Gascogne  et  de  tons  les  ports ,  meme  les  moius  considerables 
de  ces  cotes. 

Les  ccueils  ont  etc  explores  avec  le  plus  grand  soin  ;  et  leur  po- 
sition a  die  delennince  tres-exaclement.  Toutes  les  passes  ont  ete 
sendees,  ainsi  que  la  partie  de  mer  libre  qui  y  conduit.  Au  moyen 
des  dessins  ou  se  trouve  represenle  I'aspect  des  c6les,  vues  des  poisls 
ou  Ton  est  oblige  de  sc  placer,  les  navigateurs  qui  viennenl  clier- 
cher  quelque  mouillage  ou  quebpie  port,  et  ceux  qui  parcourent 
certaines  parlies  de  la  cote,  peuvent  dirigerleur  route  avec  securite. 

Cc  travail ,  qui  a  re^u  la  plus  grande  precision  qu'il  soil  pos- 
sible d'alteiiidre,  doit  se  ratlacber  a  celui  dc  la  carle  de  France, 
faite  par  les  ingenieurs  geograpbes  du  depot  de  la  guerre.  11  com- 
plelera  celte  carte,  en  y  ajoutant  toutes  les  connaissances  neces- 
saires  a  la  navigation  de  nos  cotes. 


i47 

Lc  public  va  bientot  connattre  ce  qui  restc  a  publicr  des  travaux 
de  M.  Gautlier  dans  los  mcrs  du  Levanl.  Deux  cartes  dc  TArchipel 
et  »jne  seconde  feuille  do  la  carte  generale  de  la  MediterraHee  vont 
tres-incessamment  etre  mises  au  jour;  et,  en  s'ajoutant  a  la  pre- 
miere feuille  de  la  Mediterranee ,  aux  cartes  de  la  mer  Adriatlquc, 
de  la  mer  de  Marmara  et  de  la  mer  Noire  ,  elles  complcteront  tout 
ce  qu'il  est  possible  de  retlrer  des  travaux  de  cet  officier,  et  fcront 
connaitre  les  eminens  services  qu'il  a  rendus  a  la  navigation. 
M.  Benoist,  ingenleur  bytlrograplie  ,  a  accompage  M.  Gauttier 
dans  toutes  ses  campagnes ,  et  a  ete  charge  d'obscrver  tous  les 
angles  et  les  rcievemens  nccessalres  a  la  construction  des  cartes. 
C'est  lui  qui  a  redigc  cclles  qui  vont  ^tre  publiecs ,  d'apres  des  mi- 
nutes qui  avaient  ete  primltivemcnt  arretees  sous  Ics  yeux  dc 
M.  Gauttier. 

L'lle  dc  Corse,  diitachee  de  la  France,  a  fixe  I'altention  du  mi- 
nistre  de  la  marine.  M.  Hell,  capitaine  de  valsseau  ,  a  cte  charge 
de  lever  des  cartes  de  toules  les  cotes  de  cette  lie.  11  a  eu  sous  ses 
ordres  des  officiers  zeles  et  instruits,  possedant  des  connalssances 
et  des  talens  Ires  -  varies.  Quatre  campagnes  ont  suffi  pour  deter- 
miner les  contours  des  cotes ,  lever  le  plan  des  ports  ,  placer  les 
ecueils ,  et  reconnailre  la  profondeur  de  I'eau  dans  toutes  les  passes 
a  tous  les  mouillagcs.  VIngt-huIt  ou  trente  cartes  ou  plans  forme- 
ront  la  collection  des  cartes  de  cette  ile ;  et  I'on  est  fonde  a  croire 
que  Ton  a  marque  sur  ces  carles  tous  les  dcuells  qui  pourraient 
compromettre  la  sArete  des  batimens.  On  en  a,  pour  ainsi  dire, 
acquis  la  certitude ,  parce  que  les  localites  ont  permis  d'employer 
un  moyen  connu  par  les  pecheurs  du  pays.  Au  large  de  toutes  les 
parties  salllantes  de  la  cote  ou  Ton  pouvalt  cralndre  que  les  con- 
trcforts  des  montagncs,  en  se  continuant  sous  I'eau,  donnassent 
lieu  a  quelque  ecueil  Isole,  on  a  promenc  dans  la  mer,  a  une  pro- 
fondeur que  ne  peul  jamais  attelndre  la  quille  des  plus  grands  ba- 
timens, un  cordage  qai  nc  pouvalt  pas  manquer  de  rcncontrer  les 
letes  des  rorhes  dangcreuses ,  dont  11  a  ete  ensuite  facile  de  deter- 


1/^8 

miner  la  position.  Get  ingenieux  proce<lc  a  fail  docouvrir  sur  les 
cotes  lie  Corse  deux  on  Irois  ecueils  ile  ccttc  nature.  Pliisieiirs 
cartes  ont  deja  die  publiccs ,  el  Jon  csperc  que  le  resle  paraitra 
dans  le  couranl  de  1828. 

La  belle  collection  de  carles  des  coles  du  liresil,  dontles  matd- 
riaux  ont  ete  recueillis  pendant  la  cainpagne  dirigee  par  M.  le 
contre -aniiral  baron  Roussin ,  alors  capilaine  de  vaisseau,  a  etc 
publiec ,  el  est  generalcnient  connue.  Toules  Ics  coles,  depuis  I'lle 
Sainle-Calhcrine  jusqu'a  Maraiiliani ,  soul  comprises  dans  i^  cartes 
on  plans.  11  faul  y  ajouter  la  carle  de  renibouchure  de  la  riviere  de 
Cayenne  et  de  ses  environs.  C'estle  travail  particullei-  dubatiment 
qui  naviguait  de  concert  avec  la  Bayadere,  conunandee  par  M.  le 
baron  Roussin  ;  on  le  doit  a  M.  (iressier,  ingenieur  hydrographe. 

M.  Givry,  ingenieur  hydrographe,  etalt  embarque  sur  la  Baya- 
dere, commandee  par  M.  le  baron  Roussin.  C'est  lui  qui  a  recucilli 
tous  les  nialiiriaux  necessaires  a  la  construction  des  cartes ;  il  les  a 
rediges  au  depot  des  carles  et  plans  de  la  marine,  sous  les  yeux  des 
chefs  de  I'elablissement.  Ce  beau  travail  honore  a  la  fois  Tofiicier 
sous  les  ordres  duquel  les  materiaux  en  onl  ete  recueillis,  et  lela- 
blissement  precieux  ou  11  a  ete  definitivement  rcdige.  11  prouve  un 
soin  scrupuleux  de  faire  valoir  les  operations  des  officiers  par  des 
travaux  hydrographiques. 

M.  le  baron  Roussin,  commandant  la  Bayadere,  n'a  pas  rendu 
de  moins  grands  services  dans  une  campagne  qu'il  a  faite  sur  les 
cotes  d'Afrique,  avanl  d'explorcr  celles  du  Rresil.  11  etail  accom- 
pagne  de  M.  Givry,  ingenieur  hydrographe,  qui  a  rempli  pendant 
telle  campagne  les  memes  fonclions  que  pendant  celle  du  Rresil. 
Une  carle  de  I'espece  de  golfe  compris  enlre  le  cap  Rlanc  et  le 
cap  V  ert,  ou  se  Irouvc  rembouchuro  du  Senegal,  est  le  premier  fruit 
quel'on  a  retire  de  celle  campagne. IJnc  seconde  carle,  qui  comprend 
depuis  le  cap  ilojador,  silue  presdes  Canaries,  jusquaucap  JJlauc,  va 
elrc  incessamment  publiee.  Une  carle  du  contour  exterieur  des  iles 
Jjisagots  et  du  canal  qui  separe  ce  groupe  d'iles  du  continent,  a 


1 4-9 

ele  egaleinent  publiee.  La  Bayadere  ii'a  pu  visiter  i'interieur  de  cet 
archipel;  le  peude  profondeur  des  canaux  qui  separentlesfles  exige 
lemplol  des  bateaux  qui  tirent  ties  -peu  d'eau.  La  meme  cause  a 
empeche  M.  le  coutre  -  amiral  Roussin  d'approcher  d'une  grande 
pariie  des  coles  situees  eutre  le  cap  Vert  et  la  riviere  de  Gamble  , 
et  meme  de  voir  ces  cotes.  11  en  resulte  que ,  dans  la  portion  de 
cote  qu'il  a  visltee  au  -  dela  du  cap  Vert,  11  se  trouve  des  lacunes 
qu'on  etait  dans  rimposslbilltc  de  remplir.  On  attend  que  des  of- 
ficiers  ,  qui  auraieat  parcouru  ces  cotes  dans  des  batimens  d'un  faible 
tirant  d'cau,  aient  recueilli  les  materiaux  qu'exige  cette  exploration. 
On  publlera  alors  celle  portion  des  travaux  fails  a  bord  de  la 
Bayadere. 

Une  de  ces  lacunes  vient  d'etre  rcmplie  recemment  par  ordre  de 
M.  Massieu,  capltaine  de  valsseau ,  commandant  la  station  d'A- 
Irlque.  11  a  expedio ,  sur  une  goelette,  M.  Le  Predour,  lieutenant 
de  vaisseau,  qui  a  reconnu  et  fixe,  a  I'aide  d'observations  astrono- 
mlques  et  de  inontres  marines,  la  position  de  la  cole  dcpuis  le  cap 
Naze  jusqu'a  la  riviere  de  Gamble,  intervalle  que  Ton  n'avait  pu 
reconnailre  a  bord  de  la  Bayadere. 

Les  ingenleurs  hydrograpbes,  embarques  sur  les  ballinens  de 
S.  M. ,  out  repandu  parrai  les  oificiers  les  methodes  adoptees  par  le 
depot  de  la  marine,  et  consacrees  par  rexpcricnce.  11  en  est  re- 
sulte une  grande  emulation  parmi  ces  derniers;  el  lis  se  sont  portes 
avec  un  zele  digne  des  plus  grands  eloges  a  faire  par  la  suite  rap- 
plication  des  connalssances  qu'Ils  avaient  acqulses  pendant  leur 
cooperallon  au  travail  des  ingenleurs  hydrograpbes.  Une  loule  de 
plans  parllcuHers,  de  carles  de  portions  de  coles,  ont  ete  envoyes 
au  depot  de  la  marine ,  et  ont  augmente  ses  rlchesscs.  II  seralt  im- 
possible d'enumerer  ici  lous  ces  plans  ,  redlges  d'apres  les  travaux 
parllcullers  des  officiers  de  marine.  On  se  contentera  de  citer 
MM.  Larllgue,  Le  Predour,  lieutenans  de  vaisseau.  Le  premier 
nous  a  procure  la  carle  d'une  portion  de  la  cole  du  Perou,  qui 
avail  ele  Iracee  Ires-Imparfaitement  par  les  Espagnols,  et  un  grand 


nombre  <lc  plans  Ae  porls  situds  taut  siir  celle  c6te  quo  sur  celle 
du  Chili.  M.  Le  Predour,  outre  la  parlle  de  cdte  qu'il  a  levee  a  la 
cMe  d'Afrique,  a  deterinine  la  position  geographique  d'un  grand 
nonibre  dc  points  de  la  cote  d'Or  et  do  celle  qui  sVlend  plus  au  sud 
jusqu'au  cap  Lopez.  On  lui  devra  un  plan  de  la  Laie  de  San -An- 
tonio dans  Tile  du  Prince.  Des  montres  marines  sont  einbarquees 
h  borddes  batlincnsdc  S.  M.  Les  officiers  fontconcourir  leslonsri- 
tudes  des  montres  avec  le  resultat  des  distances  de  la  lune  au  soleil 
et  aux  ^toiles,  et  obtiennent,  a  i'aide  de  cesdeux  moyeus,  des  po- 
sitions geographiques  d'uae  exaclilude  plus  que  suffisante  pour  la 
sArete  de  la  navigation  et  bien  snperieures  a  celles  que  Ton  pouvait 
oblenir  autrefois,  a  moins  que  Ion  n'eilt  occasion  d'observer  les 
occultations  d'eloiles.  On  a  pu  remarquer  que  des  distances  obser- 
vees  en  grand  nombre  sur  plusleurs  points  et  rapportces  a  un  seul 
par  les  differences  en  longitude  des  montres,  donnent ,  dans  cer- 
tains cas,  des  longitudes  qui  merltent  autant  de  confiance  que  le 
resultat  d'une  seule  occullatlon  observee  dans  un  seul  lieu. 

Les  methodcs  pour  faire  utilcment  usage  des  montres  marines  et 
pour  combiner  les  rLSultali  qu'elles  donnent  avec  ceux  des  distances, 
sont  fix(5es ;  c'esl  ce  qui  a  donne  les  moyens  de  publier  des  series 
de  longitudes  obtenues  par  des  montres  dans  les  principales  cam- 
pagnes.  On  en  a  deja  publie  un  grand  nombre  dans  la  Connaissanre 
des  temps,  afm  de  les  faire  connailre  a  tous  les  geographes.  La  dis- 
position des  tableaux  est  telle  que  Ton  pourra  juger  toujours  de  la 
confiaiice  que  cbacune  d'elles  uierlle  en  partlculier,  etde  celle  que 
Ton  doit  ajouler  a  la  masse  des  longitudes  falsanl  partie  dune  menie 
serle.  Les  mouvemens  diurnes  de  chaque  montre  sont  indiqucs  au 
commencement  et  a  la  fm  de  chaque  serle  ;  et  les  moyens  employes 
pour  conclure  la  longitude  de  chaque  lieu  porte  dans  le  tableau 
sont  aussi  indlqu(^s  par  des  caracteres  partlcullers,  solt  que  le  lieu 
ait  ete  place  par  un  rclevement  direct  ou  par  le  calcul  d'un  triangle 
dont  unc  parlle  de  la  route  du  vaisseau  forme  lui  cote. 

Les  positions  geographiques  determinees  par  M.  (iauttier  sur  la 


i5i 


plus  graiule  parlie  des  cotes  de  la  Mcdifenanee  ,  sur  les  contours 
de  lAdrlallque ,  dans  I'Aixliipel ,  sur  Ics  contours  de  la  mer  de 
Marmara  el  de  la  mer  Noire  ,  ont  ete  publiees.  11  en  est  de  meme 
de  toutes  les  latitudes  et  longitudes  observees  sur  les  cotes  du  Bresil, 
k  Lord  de  la  Bayadere ,  commandee  par  M.  le  baron  Roussln.  Les 
positions  geograpliiques  des  parties  de  la  cote  d'Afrique  reconnues 
et  levees  sous  les  ordres  du  meme  officier-general ,  le  seront  suc- 
cessivement.  Les  positions  que  M.  Lartlgue,  lieutenant  de  vaisseau, 
a  delerminees,  tant  sur  les  coles  du  Perou  et  du  Chili  que  sur  la 
parlie  scplentrionale  des  coles  du  Eresil ,  ont  ete  inserees  dans  la 
Cunnaissance  des  temps. 

Tous  les  objeis  dont  on  vienl  de  parler  formentla  partie  la  plus 
essentielle  des  travaux  du  depot  des  cartes  et  plans  de  la  marine  ; 
mais  pour  remplir  completemenl  sa  desllnation,  il  est  necessaire 
qu'il  public  des  descriptions  detaillees  ,  propres  a  faire  connailre 
Taspecl  que  prescntenl  en  general  les  coles  Iracees  sur  les  cartes  , 
et  I'aspect  particulier  des  parties  les  plus  frequenlees.  11  dolt ,  en 
outre,  ajouter  a  ces  descriptions  des  regies  propres  a  diriger  avec 
surete  les  batimens  qui  s'engagent  dans  des  passes  ^troiles  ou  dan- 
gereuses ,  ou  qui  font  route  le  long  d'une  cote  precedee  d'ecueils. 
De  pareils  ouvrages  ne  peuvent  etre  faits  que  par  I'examen  scru- 
puleux  des  journaux  de  plusienrs  batimens  qui  auraient  visile  les 
inemes  lieux ,  ou  d'apres  les  ouvrages  publics  anterieuremcnt.  Plu- 
sieurs  instructions  nautiques,  redigees  au  depot  des  carles  dela  ma- 
rine, ont  etc  publiees;  mais  celles  qui  sontles  plus  completes  sont 
les  instructions  nauliques  redigees  en  quelque  sorle  sur  les  lieux 
memes  par  les  officiers  qui  les  ont  visiles.  On  doit  a  M.  le  baron 
Koussin  une  Instruction  naullquc  detaillee,  sur  toutes  les  cotes  du 
JJresil,  dont  il  a  leve  les  cartes.  On  lul  doit  egalement  une  instruc- 
tion nautique  de  la  partie  des  coles  occidentales  d'Afrique  qu'il  a 
reconnues. 

M.  Lartlgue  a  public  la  description  de  la  parlie  des  cotes  du  Pe- 
rou et  du  Chili  ,   dont  il  a  delermlne  la  position  geograpbique. 


l52 

Le  meme  officicr  est  I'auteur  d'une  description  des  cdtes  de  la 
(iuyane,  depuis  le  grand  (ieuve  des  Aniazoncs  jusqu'a  Maranhani. 
II  y  a  compris  des  details  tres-reniarquables  sur  les  vents  et  sur  I'e- 
lat  de  I'atmosphere  dans  les  dlfferentes  saisons  de  raunee  ,  ainsi 
que  sur  le  mouvement  des  eaux  aux  memcs  epoques.  Ces  details 
sont  d'autant  plus  precieux  que  I'auleur  a  discute  les  causes  des 
j^lienonienes  observes.  Non-seulemeut  le  depot  general  de  la  ma- 
rine public  tous  les  travaux  des  ingeniours  bydrograplicset  des  ma- 
rins  fran^ais ,  mais  encore  il  s'altache  a  procurer  a  ces  derniers 
toules  les  connaissances  nautiques  acqulses  chez  les  autres  nations 
maritimcs ,  principalement  en  Angleterre.  En  consequence ,  on 
fait  graver  toutes  les  cartes  des  Espagnols ,  des  Anglais  etdes  autres 
nations,  lorsque  Ton  a  la  certitude  qu'elles  sont  le  resultat  de  tra- 
vaux authentiques.  II  en  est  de  ineme  des  instructions  nautiques , 
dont  le  ministre  de  la  marine  ordonne  la  traduction,  lorsqu'apres 
avoir  ete  niLlrement  examinees,  elles  paraissent  digncs  de  confiance. 
Ces  derniers  travaux,  pour  la  plupart ,  sont  le  fruit  du  zele  des  of- 
ficiers  de  la  marine  fran^aise.  Toutes  ces  traductions  sont  soumlses 
a  I'inspection  du  directem^gen^ral  du  depot  des  cartes  el  plans  de 
la  marine.  AinsI  le  chef  de  ce  grand  elablissement  ne  neglige  aucun 
soin  pour  donner  au  corps  entier  les  moyens  d'ajouter  a  une  gloire 
si  juslemcnt  acquise  par  les  armcs  celle  de  contribuer  aux  progrcs 
el  a  la  propagation  des  connaissances  nautiques.  Cettc  institution 
est  la  scule  qui  ait  ete  formee  en  Europe  sur  un  plan  aussi  etcndu. 
La  masse  de  ses  travaux  s'accroit  chaque  jour;  et  sa  reputation  est 
actuellement  etablie  chez  toutes  les  nations  marilimes.  On  peut 
dire  sans  exageralion  qu'aucunc  d'elles  ne  peut  rivaliser  avec  la 
France,  soil  pour  la  perfection  des  metbodes,  d'ou  depend  I'exac- 
tilude  des  cartes,  soil  pour  le  fini  el  la  nollele  de  la  gravure ,  soil 
par  rapport  au  grand  nombrc  de  carles  et  d'ouvrages  successive- 
ment  publics. 


1 53 

Suite  de  la  Notice  sur  la  vie  el  les  travaux  de  liuftCKllARDT,  par 
M.  Sueur-Merlin. 

jNfousavons  laisseBurckhardt  aSouackIn,cVou  il  s'eiiibarqua,  ley 
jiilllet  i8i4.>  siuua  bateau  d'une  seule  voile,  non  ponte,  pour  passer 
en  Arabic.  La  navigation  lenlc  et  ennuyeuse  le  long  des  coles  de  la 
Nubie  ,  au  milieu  des  recifs  de  corail ,  lui  fournit  encore  une  occa- 
sion de  recueillir  sur  ces  cotes  des  notions  geograpliiques ,  qui  se 
rattacbent  aux  travaux  du  lord  Valenlia  el  de  Tamiral  Popliam.  11 
debarqua  a  Djidda  ,  visita  les  villas  salntes  de  la  Mecque  et  de 
Mediae,  et  alia  fairc  ses  d<^votions  au  niont  Arafat,  ou  il  acquit 
le  litre  de  Hadgi  ou  pelerin  sanctifie,  litre  glorieux  reverb  par  les 
??lusulmans ,  et  qui  donnc  par  consequent  des  droits  a  une  grande 
consideration.  Ces  courses  reiterees  ne  furent  pas  sans  influence 
sur  la  sanlc  de  I'intrepide  Curckbardt;  il  eut  beauroup  a  souffrir. 
Voici  coinme  il  s'exprime  a  ce  sujet  dans  une  lettre  qu'il  ecrivll  du 
Caire  en  aout  i8i5 ,  a  ses  parens,  lettre  dans  laquelle  il  donne  des 
deiails  sur  les  deux  villes  saintes  : 

«  Les  acces  reiteres  de  fievre  ,  que  j'ai  eprouves  a  Djidda,  a  la 
Mecque  et  a  Medlne  ,  m'onl  condamne  pendant  quelque  lemps  a 
rinaclion.  .  .  .  D'ailleurs  la  guerre  que  faisait  Mehemed-Ali  Pacba 
aux  \^  ecbabiles ,  m'empcchait  de  penelrer  plus  avant  dans  I'inte- 
rieur  de  IWrabie.  Cependanlj'ai  trouve  moyen  ,  pendant  mon  se- 
jour  a  la  Mecque,  de  faire  plusieurs  observations  interessantes,  et 
de  lever  le  plan  de  cellc  ville.  J'ai  visile  Tayf ,  petite  ville  siluee 
dans  les  monlagnes,  a  trois  journees  au  midi  de  la  Mecque,  a  la- 
quelle ses  beaux  jardins  etses  excellens  fruits  ont  faitdonner  le  noni 
de  paradis  de  TArable.  Au  mols  d'oclobre  ,  je  me  suls  rendu ,  avec 
environ  bull  mille  pelerins(i),  au  mont  Ararat  (2),  oil  I'oncelebre 


(i)  D'apres  le  savant  Malte-Brun,  cettecaravaneaurait  e'te  de  (jualre-vingl 
mille  personnes  ;  c'est  uiie  erreur. 

(2)   Burckhardt  s'est  troiiipe  ;  il  a  voulii  parier  du  inout  Arafal. 


i5.i 

annuelleiiient  une  grande  fete  religieuse  qui  attire  des  Musulmaiis 
<les  pays  Ics  plus  elolgnes.  A  cette  epoque,  on  dlrait  que  la  vllle  de 
la  Mecque  est  transfonnce  en  un  iunnense  niardie  ;  toutes  les 
rues  sont  enconibrecs  de  pelcrins  qal  apportent  des  niarcliandises 
de  toutes  les  parlies  du  monde.  De  la  Mecque  j'allai  a  Medine  ; 
c'est-la  que  se  ttouve  le  lonibeau  de  Mahomet.  A  peine  arrive,  la 
fievre  me  pril  et  ne  me  quitta  pendant  trols  mois.  Sans  medecin, 
prive  des  drogues  qui  dans  pareille  circonstance  auraient  pu  m'6tre 
utiles,  il  fallul  bien  lalsser  agir  la  nature ,  et  me  borner  a  suivre  un 
regime  severe.  Mon  intention  avait  cUe  de  retourner  par  lerre  au 
(]aire  ,  en  traversanl  le  desert  de  Medine  ;  mais ,  epuise  par  celle 
longue  maladie ,  j'eus  beaucoup  de  peine  a  me  trainer  jusqu'au 
port  de  Jemhu ,  sur  la  mer  Rouge  ;  la  je  fus  oblige  d'atlendre  pen- 
dant plusieurs  semaines,  un  iiavlre  pour  m'embarquer,  sans  autre 
vue  que  celle  de  malades  attaques  de  la  peste.  Enfin,  il  arriva  ;  mais 
un  nouvel  acces  de  fievre  me  fit  debarquer  au  pied  du  mont  SinaV, 
oil  je  passal  qiiinze  Jours  dans  un  village  arabe  ,  dont  la  douce 
temperature  retablit  ma  sante.  Je  me  rendis  ensuite  au  Caire,  en 
passant  par  Suez;  rexcessive  chaleur  que  j'dprouvai  pendant  cette 
marcbe  ,  me  fit  retomber  malade.  Actuellement  je  suis  mieux  ,  et 
j'espere  que  I'air  de  la  mer  que  je  vais  respirer  a  Alexandrie  ,  re- 
parera  mes  forces.  Quant  au  voyage  que  je  viens  de  faire  ,  il  n'a 
pas  et^  tout-a-fait  sans  frail ,  quoique  je  n'ai  pas  pu  execuler  tons 
les  projets  que  j'avais  formes  ;  je  ne  suis  pas  completement  con- 
tent de  ses  resulals ;  au  reste  ,  je  pourrais  en  dire  aulaut  de  tons  les 
voyages  que  j'ai  fails  jusqu'a  present.   » 

Les  savans  ont  porte  un  lout  autre  jugement  sur  les  travaux  de 
ce  modesle  voyageur.  Belzoni  qui ,  comme  lui ,  s'est  illuslre  par  des 
decouvertes  et  par  des  recherches  importanles,  et  qu'on  a  cepen- 
dant  abreuve  de  chagrin  ,  dit  en  parlanl  de  Burckhardt ,  a  qui  il  ful 
presente  au  Caire,  chez  M.  Baghos,  Interprete  de  Mohamet-Aii,  et 
diietteur  des  affaires  elrangeres  :  «  Je  fis  la  connaissance  de 
M.  Burckhardi;  circonstance  Ires-heureuse  pour  moi  a  cause  des 


ri'iiseigneiuens  iinportans  que  je  dus  a  ce  savant  voyageur,  et  qui 
ine  furenl  ile  la  plus  grande  utillte  :  aussi  j'en  conserverai  toujours 
ie  souvenir  le  plus  reconnaissant....  Que  pourrais-je  ajouter  encore 
a  I'eloge  de  M.  Burckhardt  ,  honime  tellement  familiarise  avec  la 
langue  el  les  maeurs  des  peoples  de  I'Egypte  et  de  la  Nubie ,  que 
pcrsonne  ne  soup^onna  qu'il  fiil  Europeen:'  Les  dt^lails  qu  il  nous 
a  donnes  sur  les  triLus  de  ces  contrees  ,  sont  si  exacts  et  si  com- 
plets,  qu'a  ce  sujet  il  ne  reste  que  peu  ou  rien  a  observer.  » 

Eurckliardt  ,  qui  avait  ete  a  portee  d'apprecier  dans  ses  voyages 
roaibien  il  lui  serait  avantageux  d'obtenir  le  tilre  d'lladji,  s'elait 
soumis  avec  une  ferveur  apparente  ct  une  connaissance  reelle  des 
rites  islaniismes,  a  toutes  les  auslerilcs  prescrites  pour  entrer  dans 
la  corporation  de  ces  pelerins  sanctifies  ;  aussi  fiit-il,  apres  un 
long  examen  ,  declare  «  vrai  croyant,  done  d'une  instruction  peu 
commune ,  »  par  le  tlieologien  musulman  de  Tayf ,  qui  reunissait 
dans  sa  persomie  sacree  les  caracteres  de  juge  et  de  pretre.  Moha- 
met-Ali  Pacba  refusa  cependant  de  croire  qu'il  eut  subi  I'epreuve 
indispensable  de  la  circoncision,  mais  Burckhardt  fut  assez  bien 
inspire  pour  offrir  de  constater  le  contraire  ;  il  ne  fut  beureuscment 
point  pris  aumot,  un  gesle  qu'il  fit  parut  au  tlieologien  I'equivalent 
de  la  preuve.  Le  vice-roi  qui  avait  vuprecedemment  notre  voyageur 
au  Caire  en  demeura  persuade ,  ou  du  moins  dissimula  le  doute  dans 
lequel  il  perseverait.  Toutefois  noire  pelerin  du  moiit  Arafat,  re^ut 
a  cette  occasion  une  somm.e  d'argent  assez  forte  et  un  habit  complet 
d'osmanli.  On  con^oit  que  d'apres  les  inquietudes  qu'il  eprouva  dans 
cette  perilleuse  circonstance,  il  dut  user  de  beaucoup  de  circonspec- 
lion  ;  aussi  assure-t-on  que  jamais  Europeen  ,  elabli  au  Caire,  ne 
sut  dans  quelle  partic  de  la  ville  il  residait,  bien  qu'il  vint  quelque- 
fois  chez  eux  vivrc  comme  uif  Infidele  ;  mais  il  craignait  d'etre 
visite  a  son  tour  par  ses  compatriotes  ,  ce  qui  aurait  pu  le  rendre 
suspect  aux  Musulmans.  Le  vice-roi ,  qui  I'aimait  beaucoup ,  I'en- 
voyait  souvcntchercher  pour  convcrser  avec  lui. 

Apres  cetfe  digression  ,  nous  nous  batons  de  suivre  de  nouveau 


i5G 

les  traces  de  noire  voyagcur  ,  qui  ,  ainsi  qu'il  vient  Ac  nous  lap- 
jirendre  lui-meme ,  se  rendlt  au  Caire  ;  c'elail  au  niois  de  juin 
i8i5  ,  el  la  pestc  s'v  declara  au  mois  d'avril  18 iG.  N'ayant  pas 
la  liberie  de  se  sequeslrer  dans  sa  maison  ,  ct  nc  vouianl  pas  non 
plus  s'cxposer  a  ce  (leau  comme  les  Orienlaux  qui  par  fatalisnie  nc 
cherchent  aucuncracnl  a  sen  preserver  (i),  il  pril  la  resolution  de 
faire  un  voyage  de  Irois  mois  au  inont  Sinai.  1 1  y  decouvril  les  ruincs 
de  noinbreux  couvens  qui  attcslent  que  sous  le  JJas-Empire,  les 
environs  de  ce  mont  revere  etaienl  converts  de  nionaslercs  torniant 
une  association  a  I'iuslar  de  celle  du  nionl  Atlios.  11  visila  la  vallee 
Ghareudel  el  la  plaiue  de  Szaleli  ,  passa  queiques  jours  au  couvenl 
du  mont  SinaV,  el  parlil  ensuite  avec  des  guides  pour  la  ville 
d'Acaba,  mais  il  n'osa  y  entrer  faule  de  firman  ,  ce  qui  lui  fil  faire, 
en  retournanl  au  celebre  monastcre  grec,  la  renconlre  de  brigands 
vis-a-vis  lesquels  il  failut  faire  bonne  conlenancc.  Pendanl  qu'il 
courait  aux  chaineaux  prendre  son  fusil  pour  se  defendre  avec  ses 
conipagnons ,  il  enlendil  deux  coups  de  feu.  L'un  des  iJedouius 
de  sa  petile  Iroupe,  plus  courageux  que  son  principal  guide  ,  cria 
queiques  inslans  apres  en  essuyanl  son  couleau  ensanglante  :  sau- 
vons-nous ,  j'ai  (lepeche  le  brigand.  Les  environs  d'Acaba  occupes 
par  les  Irois  tribus  JJedouines  des  Omrans,  des  Aloweyns  el  des 
Heywats,  sont  infestes  de  brigands,  et  par  cela  meme  redoutabiespour 
les  voyageurs.  Eurckhardt  fit  aussi  queiques  pelerinages  aux  Sainls- 


(i)  II  n'en  est  pas  toujoiirs  ainsi  :  «  me  trouvant  ii  Jenibo,  sur  les  bords 
<le  la  Mer  Rouge,  au  nionient  011  la  peste  y  faisait  de  grands  ravages,  je  vis 
beaucoup  d'liabitaiis  de  la  ville  ,  s^'enluir  dans  les  montagnes  voisines.  Quand 
je  leur  demandais  pourquoi  lis  avajent  peur,  el  s'ils  ne  croyaicnt  pas  (jiic 
ieiirlieure  etanl  niarque'e,  la  peste  lesatteindr.iil  tout  aussi  bien  dans  les  mon- 
tagnes que  dans  leurs  demeures  ,  ils  nie  repondaient:  Dieu  envoie  la  peste  sur 
la  lerre  pour  appeler  au  ciel  les  homines  vertucux,  mais  nous  sentons  que  nous 
ne  sommes  pas  encore  digues  de  cette  grace;  nous  cherchons  done,  pnur  It- 
moment,  a  nous  y  soustraire. 

(  Extrait  d'unc  Icllrc  dc  Jiuickliardt  rccemment  publiic.  ) 


i57 

Lleux,  parliculiercmeiil  a  DjcbclMousa,  ou  la  montagne  dc  Mo'i'se, 
que  la  tradition  designe  comnie  I'Horeb  de  I'Ecriture.  Un  objet 
remarquable  d'histoire  naturclle  fixa  son  attention,  il  y  vitun  reptile 
'/cnimeux  ,  de  la  forme  d'une  araignee  ,  et  qui  ne  se  montre  que  la 
nuit  :  '(  Les  Bedouins  nomment  cet  insecte  abou-hanakain  ,  ils  en 
onl  la  plus  grande  peur  ,  ct  disent  que  sa  morsure  ,  si  elle  n'est 
pas  touj ours  mortelle  ,  produit  une  grande  enflure,  un  vomisse- 
nient  continu  et  les  souffrances  les  plus  cruelles.  »  Dans  celte  der- 
iiiere  excursion  ,  independamnient  des  inscriptions  des  Ouadi 
Mokatteb ,  gravees  sur  des  rochers ,  et  qui  lui  parurent  ctre  dues  a 
des  Chretiens  d'Egypte,  des  premiers  siecles  de  notre  ere,  Burckhardt 
recueillit  encore  des  notions  sur  la  nature  du  pays  entre  le  lac  As- 
phaltite  et  le  golfe  Acaba,  ainsi  que  des  documens  positifs  sur  la 
structure  generale  de  la  peninsule  du  mont  Sinai.  Parmi  les  faits 
geographiques  qu'il  a  signales,  le  plus  important  est  cclui  relalif'a 
retendue  el  a  la  configuration  du  golfe  d' Acaba,  avant  lui  si  imparfai- 
tementconnu  qu'il  etait  omis  sur  les  cartes,  ou  il  clait  represente  d'une 
maniere  fantastique  avec  une  extremile  fourchue  a  deux  branches, 
qu'il  n'avait  reellement  pas  (i).  Avant  d'atteindre  Suez,  Burckhardt 
avait  vu  le  mont  Serbal  el  quelqucs  autres  lieux  remarquables.  De 
Suez  au  Caire,  il  fut  fait  prisonnier  par  des  Bedouins,  mais  il  eiit, 
apres  plusieurs  aventures,  le  bonheur  de  s'oyader.  11  arrivaau  Caire, 
a  la  residence  de  Tagent  anglais  ,  deguise  en  berger  arabe.  Meconnu 
sous  ce  deguiseincnt,  il  resta  assez  long-temps  dans  la  cour  cxte- 
rieure,  et  n'obliai  qu'avcc  peine  un  entretien  de  M.  Aziz,  qui  fut 
bien  etonne  de  I'cntendre  lui  adresser  la  parole  en  fran9ais. 

De  retour  au  Caire,  Burckhardt  s'occupa  de  rediger  la  relation 
dc  son  dernier  voyage,  et  sa  notice  sur  les  Bedouins. 

Depuis  long -temps  il  avait  projele  dc  faire  transporter  en 
Anglelerre  le   buste   connu  sous  le  nom  du   jeune  Memnon  ,   et 


(j)  Sur  (iiiclfiucs  caries  lie  iSiii  tie  iios  nieilleurs  gcographes  ,  ce  golfo  est 
oncore  figurJ  dc  cettc  manicrc. 


i58 

avail  souvent  engage  Ic  Paclia  a  rciivoyer  au  prince  rogeni  ; 
Mohanict-Ali,  nc  pouvaiJ  simaginer  que  ce  qiril  icgardait  roniiiie 
uu  bloc  de  picrrc  pilt  I'aiie  plaisir  a  un  aussi  grand  pcrsonnagc  , 
aussi  n'avait-il  donne  aucune  suite  a  cette  dcmande,  qui  fut  failc 
tout  aussi  infruclueusemenl  dcpuis  par  M.  Banks.  11  nc  faiiul  ricn 
inoins  que  le  perseveranl  desir  de  Belzoni  d'en  entreprendre  I'en- 
levement  sur  place,  et  de  le  transporlcr  a  Alcxandrie  pour  voir 
realiser  cc  projct,  qui  fut  enfin  mis  a  execution  par  le  voyagcur 
italien,  au  milieu  de  millc  dilficulu-y  ,  que  son  esprit  ingenieux  et 
sa  Icrme  riisolulion  pouvaient  sculs  vaincre. 

Voici  comment  Burckhardt,  dans  une  lettre  date'e  duCaire  ,  du 
niois  de  decembre  1816,  s'exprimc  a  ce  sujet :  «  Enfin  ,  j'ai  vu  ar- 
river  ici  le  lameux  buste  de  Memnon,  que  j'ai  fait  transporter  de 
la  Haule-Egvpte  au  Caire.  11  pese  environ  3oo  quintaux  ,  c'est  au 
dire  des  auleurs  du  grand  ouvrage  sur  rEgj"pte  ,  le  chcf-d'cEu\  re  do 
la  sculpture  egyptienne. 

«  I-c  transport  de  ce  buste  jusqu'au  Caire,  a  deja  coAte  4oo  louis, 
dont  je  paie  la  moitic  ;  M.  Salt  payera  Tautre  moitie ;  au  moycn 
de  cette  sommc,  nous  procurerons  au  Musee  Britannique  un  tresor 
qui  vaut  bien  Jrois  a  qualre  mille  louis  ,  et  qui  nous  fera  honncur 
en.Anglelerre  ,  a  moi  et  a  mes  compatriotes.  De  plus,  j'ai  deja 
rassemble  environ  trois  cent  cinqiianle  manuscrits  aiabes  ,  dont 
la  piuparl  Iraitent  de  sujets  historiques  et  sont  du  plus  grand 
interet  (i).   » 

Burckbardt  attendait  avec  impatience  la  caravane  de  Moggrebins 
ouAfricains  de  I'ouest,  qui ,  apres  leur  pel(5rinage  a  la  Mecque  ,  de- 
vaient  a  leur  retour  passer  par  le  Caire,  quilter  PEgypte  ,  pour  le 
Fezzan  et  penctrer  dela  dans  Tinterieur  de  I'Afrique;  mais  avanl 
I'arrivce  de  celte  caravane,  si  long-temps  attcndue,  le  malbeureiiv 
Burckbardt  qui  avait  eu  la  douleur  dapprcndre  la  mort  deson  pere. 
et  dont  la  conslilulion  naguere  si  robusle,  elait  alors  alteree  par  le 
climat  devorant  de  TArabie  ,  et  la  mauvaisc  qualile  des  eaux  qu'on  y 


(i)  M.  Burckhardt  a  Idgiu-  ccs  manuscrits  a  I'univ^rsilc  de  Cambridge. 


bolt,  ful  aUaque  cVune  vIolentedisscrilcrie.Malgrc  lous  les  soins  que 
luiprodiguale  docleur  anglais  Richardson,  lamaladie  fit  en  dix  jours 
desprogresrapIdes.Burckhardt,  sentantsafin  approcher,  fit  appcler, 
le  i5  octobre  i8i  7^  Ic  scul  dcposilaire  de  son  secret,  son  ami  M.Sall, 
consul-general  de  la  Grande-J>retagne  en  Egypte ,  et  lui  dicla  scs 
dernieres  volontes  ;  puis  il  ajouta,  avec  une  expression  de  pliysio- 
nomie  ou  se  peignalent  tout  a  la  fols  le  regret  de  voir  s'evanouir 
toutcs  ses  esperances  et  la  plus  m^ile  resignation  :  Je  comptais  parilr 
dans  deux  mois  pour  le  Fezzan  ,  el  me  rciulrc  de  la  a  Tumbuuctou  , 
mais  le  del  en  dispose  auirerneid  :  rappelez-moi  au  souvenir  de  mcs 
amis.  Une  emotion  visible  I'enipecha  de  continuer  ;  enfin  il  dit 
avec  effort  et  d'une  voix  alleree  :  Priez  M.  Hamilton  d'inslruire  ma 
mere  de  ma  morl ,  et  de  lui  dire  (fue  ma  derniere  pensee  a  ele  pour 
elle » 

Peu  de  temps  apres  cette  douloureuse  entrevue,  il  expira  entrc 
les  bras  d'Osman  qui  lui  ferma  les  yeux.  Get  Ecossais  qui  etait  venu 
en  Egypte  a  Tepoque  de  I'expedition  anglaise,  et  qui  depuis  avail 
pris  ce  nom  ,  et  elait  passe  au  service  du  vicc-roi,  etait  sinceremeiit 
attache  a  JJurckhardt,  qui  lui  avait  fait  un  legs  dans  son  testament, 
Quelques  mois  avant  sa  morl,  cet  homme  genereux  avait  envoye  du 
Caire  un  don  considerable  en  faveur  des  indigens  de  sa  ville  natale. 

Eurckhardl  fut  enseveli  avec  toutes  les  ceremonies  prescrites  par 
la  religion  du  prophete;  et  ses  dcpouilles  mortelles  furent  deposees 
dans  le  cimcliere  turc ,  situe  hors  des  murs  de  la  ville. 

Les  sciences  gcographiques  et  historiques  sont  redevables  a  ce 
voyageur  :  I'^de  la  Relation  de  son  voyage  enlSubie,  suiviede  notes 
sur  le  Bournou,  i  volum.  in -4",  de  638  pages,  avec  des  carles, 
Londres,  i8ig;  2"  du  Voyage  en  Arabic  et  en  Syrie ,  i  vol.  in- 
4°,  de  6G0  pages,  Londres,  1822  ;  3"  du  \  oyage  au  mont  SinaY; 
4-"  de  piusieurs  manuscrits  que  possede  la  Soci  te  africaine ,  tels 
qu'une  Description  detaillee  de  la  Mecque,  une  Histoirede  I'origine 
el  des  progrcs  de  la  secte  des  Wcchabiles  ,  depuis  sa  fondation  jus- 
qu'en  181 5  ;  des  details  curieux  sur  I'interieur  de  TAfrique,  recueillls 


i6o 

lie  la  bouchc  de  pelerins  el  Ac  voyageurs ;  5 "  <le  plusieurs  voca- 
biilaires  (Viilionies  africains;  6°  d'un  Recueii  de  ggg  pioverbes  ara- 
bes ,  avcc  la  Iraduclion  anglaise  ;  7°  de  la  traduction  lidelc  dun 
poenie  burlesque,  ecrit  dans  le  dialecle  du  pcuple  du  Gaire. 

Si  les  Arabes  parlcnt  encore  du  Cheick-lbraliini,  tous  les  auteurs, 
voyageurs  et  savans  qui  Tout  connu,  ceux  nienic  que  divisaienl 
quelques  ininiitics,  adressent  a  sa  mc^inoire  un  concert  unanime  de 
louanges  :  «  Entbousiaste  des  beaux  arts,  dit  un  voyageur  anglais, 
Burckhardt  porte  en  lui  le  germe  des  plus  nobles  passions  dont  le 
coeur  humain  soil  susceptible.  Comment  ne  me  serais-je  epris  de  la 
societe  d'un  Icl  bomnie,  el  n'aurais-je  pas  appnicie  une  jouissance 
telle  qu'il  s'en  offrc  rarenienl  de  semblables  au  voyageur  erraul 
loin  de  son  pays,  de  sa  faniille  et  de  scs  inlimes  connaissances?  »  (i) 

L'auteur  des  voyages  a  Syouah,  dans  les  cinq  autres  Oasis, 
a  Meroe ,  M.  Cailliaud ,  qui  a  si  bien  merite  la  reconnaissance 
des  amis  des  decouvertes  arcbeologiques  el  geographiques  ,  en 
portanl  le  nom  fran^ais  sur  le  lleuve  Blanc,  jusqu'au  dixieme  degre 

de  latitude   scplenlrionalc  ,    s'exprinic    ainsi  :  «  JJurckbardt. 

Je  ne  saurais  ciler  le  noni  de  ce  savant  sans  lui  offrir  le  faible  bom- 
mage  de  ma  reconnaissance.  Ce  ful  a  lui  que  je  dus  des  conseils 
et  des  instructions  qui  me  guiderenl  sur  la  mer  Rouge,  dans  mes 
premiers  voyages  en  Egypte.  Les  sciences ,  par  la  mort  de  eel  bonmic 
estimable ,  onl  perdu  un  sectaleur  aussi  zele  que  profondemenl  ins- 
truit.  » 

Belzoni  ,  dont  la  trisle  destlnee  clail  de  succomber  ,  six  ans 
plus  lard,  de  la  meme  maladie,  au  moment  on  il  s'avanc-ait  vers 
les  contrees  qu'arrose  le  Niger ,  ful  affccle  de  la  mort  prematuree 
de  Burckbardt.  Qu'il  nous  soil  permis  de  faire  connailre  ses  vifs 
regrets.  C'est  jeler  encore  quelques  fleurs  sur  la  lombe  de  celle 
vlctime  de  la  science.  «  Des  la  premiere  beure  aprcs  mon  arrlvtie  , 

(  I  )  Journal  d'un  voyageur  anglais  qui  fit  In  connai.ssance  dc  Kurckiirilt 
en  Egypte. 


ibi 


j'eus  Ic  plaisir  de  revnir  inon  excellent  el  inalheureux  ami  M.  j{urc- 
kliardt,  dont  la  mort  a  cle  une  perte  particullere  pour  moi.  C'etait 
rhomme  le  plus  franc,  Ic  plus  loyal,  le  plus  desinteresse  que  j'aic 
jamais  connu;  exempt  de  toutes  ces  petitesses  d'esprit,  de  cos  dis- 
positions jalouses  et  cnvieuses  des  voyageurs  qui  veulent  avoir  vu 
tout  seuls  un  pays,  pour  le  decrire  selon  leur  fantaisie.  Ce  savant 
sans  ambition  et  sans  orgueil,  n'avait  en  vue  que  les  progres  des 
sciences.  Ses  ouvrages  attestent  assez  la  candeur  de  son  ame.   » 

Doue  de  sensibilite  et  de  tendres  affections  pour  les  sieus,  d'es- 
prit naturel ,  d'un  caractere  gai,  vif  et  genereux;  observateur  at- 
tentif,  plein  d'instruction,  prudent,  perseverant  et  courageux,  sa- 
chant  se  conformer  avec  facilile  aux  manieres  des  differcns  peuples, 
aimant  avec  ardeur  la  science  et  la  gloire  qu'elle  procure ;  profes- 
sant  le  plus  noble  et  le  plus  grand  atlachcment  pour  sa  patrie ,  ou 
il  complait  revenir  apres  ses  voyages,  passer  des  jours  tranquilles, 
au  sein  de  sa  famille,  tel  etait  Burckliardt,  mort  a  I'age  de  trente- 
trois  ans.  Ce  voyageur ,  qui  avait  fait  une  entiere  abnc^gatlon  dc 
lui-m6me ,  qui  par  dessus  toute  chose  avait  une  volonte  ferme  et 
une  grande  force  de  caractere,  se  proposait  de  parcourir  de  I'est  a 
I'ouest  les  vastes  regions  du  Soudan ,  et  semblait  etre  appele  a 
dechlrer  le  voile  qui  couvre  encore  Tombouctou ! 

Les  services  qu'il  a  rendus  aux  sciences  et  ses  ouvrages  sont  jus- 
tement  apprecies  par  le  monde  savant.  Notre  bul  ,  en  redigeant 
cette  notice ,  a  done  ete  moins  de  suivre  pas  a  pas  les  traces  de  ce 
celebre  voyageur,  d'annoter  en  quelque  sorte  toutes  les  circons- 
tances  de  ses  voyages,  de  faire  remarquer  les  avantages  que  la 
science  a  tires  de  ses  decouvertes  et  de  la  peinture  des  maeurs  des 
peuplades  qu'il  a  visitees ,  que  de  le  faire  connaitre  sous  ses  rap- 
ports moraux.  En  le  presentant  principalement  sous  ce  nouvel 
aspect,  il  etait  naturel  de  reproduire  quelques  fragmens  de  sa  cor- 
respondance  avec  sa  famille  ,  qui  etaienl  restes  jusqu'alors  inedits. 
Ces  lettres,  pour  lesquelles  nous  avions  a  nous  mettre  en  garde 
conire  noire  projire  enlrainement,  font  pari ie  d'une  brochure  qui 

II 


162 

vient  (oul  receinment  d'6tre  piiLlIce  a  IJale.  Nous  avons  <lii 
nous  borner  a  fairc  un  choix  parmi  ces  cxtrails  de  leltres,  afin 
d'en  intercaller  quelques-uns  dans  cetle  notice  ,  et  de  les  enchasser, 
comine  autant  de  picrres  prdcieuses. 

La  Suisse  s'enorgueillissail  d'avoir  produit  Rousseau,  Gessner  , 
Casaubon  ,  Uurlainaqui,  Pelilot,  Saussure  ,  Jean  de  Muller ,  lion- 
net,  Pictet,  Ducrest,  Deluc,  Tissot,  Troqchin,  Neckcr,  Mallet, 
Decandolle  ,  etc. ,  dans  ces  illustrations  en  tout  genre  ,  il  lui  man- 

quait  un  voyageur Depuis   1817  ,  elle  a  ajoute  a  ses  tit  res  de 

gloire  le  nom  de  I'incomparable  et  infortune  JJurckbardl! 

Sueur-  Merlin. 


DEUXIEME    SECTION. 

ACTES   DE    LA    SOCIETE. 

§  l^"".   Proces-Verhaux  des  Seances. 

Seance  du  5  septembre  1828. 

M.  le  docteur  James  Mease,  correspondant  de  la  Societe,  a  Phi- 
ladelphie  ,  aunonce  qu'il  a  ecrit  aux  gouverneurs  de  la  Virgin ie  et 
de  la  Caroline  du  Sud  pour  les  engager  a  offrir  h  la  Soclelc  un 
exemplaire  des  carles  de  ces  deux  Etats ,  publiees  aux  frals  et  par 
ordre  de  la  legislature.  Sa  demande  a  etc  accueillie  favorablement, 
et  la  Societe  recevra  incessammcrit  les  deux  cartes  qui  lui  sont  ac- 
cordees  par  les  representans  des  deux  Eta  Is  (  Voy.  pag.  igo  ). 

La  commission  vote  des  remercimens  a  M.  le  docteur  Mease  , 
et  accueille  la  proposition  que  lui  fait  M.  Warden ,  de  rendre 
compte  de  ces  deux  cartes.  (Voy.  page  191 ). 

M.  le  baron  d'Hombres  Firmas ,  remercie  la  Societe  du  tlire 
qu'elle  vient  de  lui  confcrcr ,  et  anuonce  I'intention  de  prendre 
une  part  active  a  ses  travaux. 


i63 

M.  I'abbe  Pallcgoix ,  qui  part  pour  Ics  missions  dcs  royaumcs 
voisiiis  dc  la  Chine ,  exprime  le  desir  d'entrer  en  relation  avec  la 
Societe ,  et  annonce  qu'il  se  fera  un  piaisir  de  repondre  aux  ques- 
tions geographiques  qu'elle  voudra  bien  lui  adresser. 

MM.  Eyries  et  Barbie  du  Bocage  pensent  que  la  Societe  doit 
accueillir  avec  d'autant  plus  d'interet  les  offres  gendreuses  de  ce 
missionnaire  ,  que  la  geographic  des  contrees  qu'il  se  propose  de 
visiter,  laisse  encore  au  zele  dc  I'cxplorateur  d'importantes  con- 
quetes  a  faire. 

La  commission  cenlrale  renvoie  la  lettre  de  M.  I'abbe  Pallegoix 
a  la  section  de  coirespondance  ,  avec  I'invilalion  de  lui  adresser 
une  serie  de  questions. 

M.  Gautlier  d'Arc  annonce  egalement  que  M.  Lefebvre  ,  voya- 
geur  zele  et  instruit ,  vient  d'entreprendre  ,  a  ses  frais  ,  im  voyage 
au  Sennaar,  dans  le  but  d'etudier  Thistoire  nafurclle  de  cette  con- 
tree  ,  et  qu'il  desire  entrer  en  relation  avec  la  Societe.  Benvoi  de 
la  demande  a  la  section  de  correspondance. 

M.  Sueur  Merlin  informe  la  Societe  que  M.  Bruc  des  Garuntiers, 
gouverneur  de  Saint-Pierre  et  Miquelon  ,  se  propose  de  lui  adres- 
ser quelques  renseignemens  geographiques  sur  le  pays  qu'il  habite. 

M.  C.  Morcau  entretient  I'assemblee  du  voyage  de  M.  Hart- 
mann  en  Afrique,  et  depose  sur  le  bureau  un  document  officiel  sur 
la  population  des  csclaves  dans  les  colonies  anglaises. 

M.  le  baron  Roger  offre  a  la  Societe  un  exemplaire  des  Fables 
Senegalaises  recueillies  de  I'Ouolof ,  qu'il  vient  de  publier.  Remer- 
mercimens. 

MM.  Meissas  et  Michelot  adressent  a  la  Societe  un  exemplaire 
de  la  deuxieme  edition  de  leur  nouvelle  Geographic  melhodique  ,  et 
demandent  que  le  rapport  de  M.  Sueur-Merlin  sur  cet  ouvrage , 
dont  I'impression  avait  ete  ajournee,  soit  insere  dans  un  des  pro- 
chains  numeros  du  Bulletin. 

D'apres  les  observations  de  plusieurs  membres ,  relativement  au 
but  que  doit  sc  proposer  la  Societe  ,   la  commission  centrale  passe 


1 64 

a  Tordre  ilu  jour  sur  la  deinancle  <le  MM.  Mclssas  cl  Michelot  ,  el 
decide  que,  conformement  a  I'espril  de  son  reglement,  il  ne  sera 
plus  fail  de  rapports  sur  les  ouvrages  purement  elemenlaires. 

M.  le  vicomle  de  Toustain-Duinanoir ,  membrc  de  la  Soci^te  , 
annonce  quil  a  com^u  le  projel  d'executer  sur  une  grande  echelle 
une  carle  en  relict"  de  rHurope,  a  Taide  des  excellcns  dociiniens 
que  lui  fourniroul  le  beau  travail  orographique  de  M.  JJruguiere. 
II  desire  pouvoir  conipler  ,  s'il  execute  son  entreprise  ,  que  la  So- 
ciete  lui  donnera  son  approbation  ,  et  secondera  ses  efforts. 

Plusieurs  membres  rappellenl  a  ce  sujel  les  divers  Iravaux  de  ce 
genre   executes  en   France  ,    en  Suisse    el   en    Allemagnc. 

M.  Eyries  ,  au  iiorn  de  la  section  de  publication  ,  fail  un  rapport 
sur  la  carle  de  Tile  Uorneo  ,  offerle  a  la  Societe  par  M.  le  baron  de 
de  Capellen  ;  il  conclut  a  ce  que  lauteur  soil  prie  d'accoiupagner 
cette  carle  d'une  notice  extraite  des  noinbreux  docuniens  quil  a 
recueiliis  sur  cette  ile-. 

Le  meme  membre  fait  un  rapport  sur  plusieurs  carles  et  plans  , 
relalifs  aux  cotes  de  I'Amerique  meridionale,  offerls  a  la  Societe  par 
M.  le  capilaine  Sklddy.  Apres  diverses  observations,  la  commission 
centrale  renvoie  les  cartes  et  plans  a  I'cxamen  dune  nouvellc 
commission,  et  elle  Tinvite  a  se  conccrtcr  avec  Tauleur  donl  on 
annonce  le  retour  procliain. 

M.  Jomard  annonce  a  la  Societe  la  nouvelle  qui  s'est  repandue 
de  la  morl  du  major  Denbam ,  gouverneur  de  Sierra-Leone  :  il 
elait  le  dernier  survivanl  des  trois  voyageurs  anglais  qui  onl  pene- 
tre  ensemble  dans  Tinlcrieur  de  TAfriquo  ,  cl  auxquels  la  science 
doit  des  decouverles  si  importanles  sur  la  parlie  centrale  de  ce  con- 
tinent. 

Seance  du  ig  scptemhre  1828. 

S.  Exc.  le  ministre  de  I'inlerieur  invite  la  Societe  a  faire  deposer 
a  la  direction  des  Sciences,  Belles-Leltr/'s  et  Beaux-Arls,  un  cxem- 
plaire  du  Recueil  de  ses  Mdmoires  el  de  son  IJuUelin.  Son  Excel- 


i65 

leiice  an  nonce  qu'elJe  se  I'era  rendre  coniple  de  ces  deux  ouvrages, 
et  qu'elle  examinera  ce  que  I'etat  des  credits  lui  pcrmetlra  de  de- 
cider sur  la  dcmande  de  souscription  qui  lui  a  etc  adressee. 

M.  le  due  de  Saxe-AVelmar ,  general-major  au  service  de  S.  M. 
le  roi  des  Pays-Bas,  adresse  a  la  Soclete  un  exemplaire  de  la  Re- 
lation de  son  voyage  aux  Etats-Unis ,  et  lemoigne  le  desir  d'etre 
ad  mis  dans  son  sein. 

La  Commission  vote  des  reniercimens  a  M.  le  due  de  Saxe- 
Weimar,  qu'eile  revolt  au  nombre  de  ses  membres,  et  renvoie 
son  ouvrage  a  M.  Huber,  pour  en  rendre  comple. 

M.  le  Secretaire  de  I'Academle  des  Sciences  de  Dijon  adresse  a 
la  Soclete  une  collection  des  Memoires  publles  par  cette  Acade- 
mie.  Remercimens. 

M.  Ic  baron  Trouve  adresse  a  la  Soclete ,  en  ccbange  de  son 
Bulletin ,  plusieurs  volumes  des  Annales  de  la  litlerature  et  des 
arts,  publics  sous  sa  direction.  Remercimens. 

MM.  Denaix ,  Pacho  et  Sicard  font  hommage  ,  le  premier  d'un 
Tableau  orographique  du  globe  ,  indlquant  la  liaison  et  les  depen- 
dances  geographiques  des  principaux  systemes  de  monlagnes  des 
deux  continens  ,  et  d'un  Tableau  Synoptlque  et  comparatif  des 
principales  divisions  geograpbiques  du  globe ,  presentees  dans  leurs 
rapports  liomologues  a  I'egard  de  lY-quateur  et  du  meridlen  de  I'lle 
de  Fer,  ou  relativcment  aux  climats  et  aux  salsons;  le  second,  de 
la  troisleme  partle  de  sa  Pvelation  d'un  voyage  dans  la  Marma- 
rlque  et  la  CyrenaVque ,  avec  quatre  llvralsons  de  planches ;  et  le 
troisleme,  d'un  Tableau  comparatif  des  differenles  organisations 
de  I'armee  de  terre ,  en  France,  depuls  lyGSjusqu'en  iSaS  ,  dresse 
au  Depot  de  la  Guerre ,  sous  la  direction  de  M.  le  marquis  de  la 
Delacbasse  de  Verlgny ;  ouvrage  lllhographle  avec  un  tres-grand 
soln.  Remercimens. 

M.  Firmin  Caballero  offre  un  ouvrage  qn'Il  vient  de  publler 
dans  le  but ,  dit-il ,  d' engager  M.  MInano  a  perfectlonncr  son 
Dicllonnaire  geograpblque  et  slatlstique  de   I'Espagne  et  du  Por- 


1 66 

fngal ;  II  se  propose  dgalcmenl  de  faire  coiinaitrc  dans  cet  opuscule 
les  materiaux  que  I'Espagne  possede  pour  sa  description  geogra- 
phique,  ainsi  qtie  les  divers  travaux  des  savans  espagnols. 

M.  Riiger,  de  Jirusellcs,  annonce  a  la  Sociele  qu'il  est  sur  Ic 
point  d'entreprendre  un  voyage,  dans  lequel  il  se  propose  de  visi- 
ter le  Mexique,  le  golfc  de  Californie  ct  Santa -Fe,  et  tcmoigne 
le  desir  de  recevoir  ses  instniclions.  Renvoi  de  sa  dcmande  a  la 
section  de  correspondancc. 

M.  Teyssedre  ecrit  a  la  Sociele  qu'il  dcsirerait  lui  soumctlre  le 
niodcle  d'un  appareil  pour  lourner  correctement  des  globes  terres- 
tres  ou  celestes  d'un  dianid^tre  arbltraire,  et  pouvant  servir  aussi  a 
tracer  sur  ces  globes  les  contours  des  pays,  les  cours  des  fleuves,  etc. 

La  Commission  decide  que  M.  Teyssedre  sera  invite  a  assister 
a  sa  prochaine  seance ,  pour  lui  soumettre  son  projet. 

M.  Tabbe  Manet  entrelient  de  nouveau  rassemblee  de  la  publi- 
cation de  son  Memoire ,  qu'il  paraitrait  desirer  de  faire  imprimer 
promptement. 

M.  Brue  communique  a  la  Societd  de  nouveaux  details  sur  la  na- 
vigation de  Vylstrolabe,  sous  les  ordres  du  capitaine  Durville ,  ct 
sur  les  nombreuses  richesses  scientifiques  recueillies  par  les  savans 
de  cette  expedition  (i). 

M.  Jomard  annonce  a  la  Commission  centrale  la  perte  bien  sen- 
sible qu'elle  vient  de  faire  dans  la  personne  de  M.  le  lieulenant-ge- 
ndral  comte  Andreossy,  son  vice-president;  ct  il  pale  un  premier 
hommage  a  la  memoire  de  ce  savant  recommandable ,  qui  s'est  dis- 
tingue en  tanl  d'occasions,  pendant  le  cours  de  sa  vie  politique, 
sclentlfiquc  el  mllltaiie.  M.  le  Secretaire-General  est  invite  par  la 
Commission  a  exprimer,  a  la  procbaine  assemblee  generale  les  re- 
grets que  lui  inspire  ujie  perte  aussi  iiiattcndue. 

(i)  Voyez,  page  1C9,  la  letlrc  adressee  a  M.  deFreycinct  par  MM.  Gaimard 
el  Quoy  ,  m('dccins  de  la  luarine ,  a  bord  de  la  corvette  dii  lt<ii  V-^i.itrofabc. 


167 
§  2.  Admissions  ,   Oin>rages  offerts  ,  etc. 

MEMBRES  NOUVELLEMENT  ADMIS  DANS  LA  SOCIETE. 

Sdance  da  ig  septembre  1828. 

M.  Bertsard  due  de  Saxe- Weimar,  general-major  au  ser- 
vice de  S.  M.  le  Roi  des  Pays-Bas. 

M.  Mahan,  de  la  Virglnie,  officier  du  genie,  au  service  des 
Ktats-Unis. 

OUVRAGES    OFFERTS    A    LA    SOCIETE. 

Seance  dn  5  septembre  1828. 

Par  M.  Albert  -  Mont^monl  :  Voyage  dans  les  cinq  parties  du 
wonde ,  tome  4-'',  Afrique,  Paris,  1828,  In-12. 

Par  M.  le  baron  Roger:  Fables  senegalaises ,  recueillies  de  VOuoloj 
el  mises  en  vers  frangais ,  etc  ;  i  vol.  in-12.  Paris,  1828. 

Par  MM.  Meissas  el  Miclielot  :  Noiwelle  Geographic  metJwdique , 
2"^  edition,  Paris,  1828,  i  vol.  in-12. 

Par  M.  Morin  :  Correspondance  pour  I'avancement  de  la  meteoro- 
logie  (3<^  memoiie)  ,  Paris,  1828,  in-8°. 

Par  M.  Bajot  :  Annates  maritimes  et  coloniales,  cahiers  de  juillet 
et  aout. 

Par  M.  le  vicomte  Hericart  de  Thury  :  Extrait  du  rapport  du 
voyage  des  commissaires  de  la  commission  administrative  de  la  succes- 
sion Delamarre  pour  la  prise  de  possession  du  domainc  d'Harcourt , 
au  nom  de  la  Suciete  royale  et  ccntrale  d' agriculture. ,  Paris,  1828, 
une  brochure  in-8°. 

Par  M.  Lourmand  :  Obsen?ations  sur  V education  particuliere ,  con- 
sideree  prinripalemeni  comme  source  d' experiences  pour  le  perjectionne- 
ment  de  Veducation  publique. 

Par  la  Societe  d'agriculture  de  Versailles  :  Memoires  de  cette  So^ 
ciete,  1828, 


1 68 

Par  la  Societe  de  la  Seine  -  Inferienre  :  Extrait  des  travaux  de 
cette  Socieie,  Rouen,  1^28,  i  cahicr  in-8". 

Seance  du  iq  septemhre  1828. 

Par  M.  le  due  de  Saxc  -Weimar  :  Reise  durch  Nord-Amerika, 
etc.,  Voyage  dans  I'Amerique  du  Nord,  pendant  les  annees  1825  et 
1826,  AAeimar,  1828,  i  vol.  in-8".,  avec  planches. 

Par  M.  Pacho  ;  Relation  d'un  voyage  dons  la  Mannarlqiie ,  hi 
Cyrena'ique,  etc  ,  3'  parlie  —  Cyreniilque  occideniale,  Paris,  1828, 
avec  les  4-%  5'',  6"=  el  7^  livralsons  des  planches. 

Par  M.  Denaix  :  Tableau  orographicjuc  du  globe ,  indlquant  la  liai- 
son et  les  dependances  geograpliiques  des  principaux  systemes  de  mun- 
tagnes  des  deux  contincns ,  1828,  i  feuille  ;  —  Tableau  synoptlque  ct 
romparaiif  des  principales  divisions  geographiques  du  globe,  prelscntecs 
dans  leurs  rapports  homologies ,  a  I'cgard  de  I'equateur  ct  du  meridien 
de  Vile  de  Fer,  ou  relatii>ement  aux  climals  et  aux  saisons,  1828  , 
unc  feuille. 

Par  M.  Firmin  Caballero  :  Correccion  fratema  al  presbilero  doc- 
Icr  D.  Sebaslian  Mliiano,  1827,  i  vol.  in-12. 

Par  M .  Sicard  :  Tableau  comparatlj  des  differentes  organisations 
de  I'armee  de  terre,  en  France,  depuis  i6j'6 j'usqu'en  1825,  dresse,  au 
DepSi,  de  la  Guerre,  sous  la  direction  de  M.  Ic  general  Delach^sse  de 
\  erigny. 

P^r  M.  Gide  :  ISouvelles  Annales  des  voyages,  cahier  de  septenibre. 

Par  M.  de  Leuven  :  Journal  des  voyages,  cahicr  d'aoilt. 

Par  M.  JuUicn  :  Reme  eficyclopediquc ,  cahier  d'aoul. 
•  Px>r  iV|.  le  baron  Trouve  :  Annales  de  litterature  et  des  arts,  tomes 
2g ,  3o,  .3  I  L'l  32,  in-8". 

Par  M.  Arlhus  Certrand  :  Bibliotlwque  physico-economique,  cahier 
de  seplembre  1828. 

Par  I'Academie  des  sciences  de  Dijon  :  Memoires  de  cette  Aca- 
demic pour  les  amines  i8o5 ,  1810,  i8i3,  1820,  1822,  1824-  et 
1825,  in-8". 


169 

Par  la  Socieli^  Aslaiique  :  Journal  de  celte  Sociele,  cahier  d'aoAt. 
Par  la  Sociele  de  la  Morale  Chretlenne  numeros  55  et  56  de  son 
Journal. 

Par  les  auteurs  :  Plusieurs  numeros  du  Globe. 


TROISIEME  SECTION. 

DOCUMENS  ,    COMMUNICATIONS  ,    NOUVELLES 
GEOGRAPHIQUES  ,    ETC. 


CopiE  d'une  lettre  ecrite  a  M.  Louis  de  Freycinet ,  r.apUalne  de 
vaisseau ,  memhre  de  Vacadcmie  royale  des  sciences  ,  par  MM.  Quoy 
et  Gaimard ,  medeciiis  de  la  marine  ,  a  lord  de  la  corvette  du  Roi 
/'Astrolabe. 

Hobart-Town  ,  sur  I'lle  Van-Diemen  ,  le  aS  de'cembre  1827. 
Cher  commandant,  nous  pensons  que  vous  avez  re^u  notre  lettre 
du  Port-Jackson  ;  mais  comme  il  peutne  pas  en  etre  ainsi  de  celles 
que  nous  vous  avons  ecrites  de  la  Nouvelle-Zelande  et  de  Tonga- 
labou,  nous  aliens  en  rcprendre  le  sens,  afin  que  vous  soyez  au 
courant  des  operations  de  notre  campagne. 

De  la  Nouvelle-Zelande  nous  vous  disions  que  les  vents  con- 
traires  avaient  empeche  M.  Durville  de  commencer  la  geographic 
a  la  baie  Dusky.  II  la  prit  au  Cap  des  vents  contraires,  et  la  continua 
jusqu'au  detroil  de  Cook.  Nous  reconnAmes  la  que  la  baie  Tasman 
etait  une  sorte  de  golfe  donl  nous  parcourilmes  la  profondeur.  Le 
commandant  se  fraya  une  route  dans  la  baie  de  la  Reine-Charlotte , 
au  travers  des  rochers  a  fleur-d'eau ,  sur  lesquels  la  mer  tombait  en 
cascade  ,  en  formant  des  remous  blanchissant  d'ecume.  Dans  cette 
position  critique  VJstrolabeioachai  deux  fois  avec  force.  La  violence 
des  courans  nous  fit  franchir  cette  passe  ,  qui  a  re9ulenom  Ae  Passe 
des  Franfais.  L'avant-veille  ,  forces  de  mouiller  pres  de  la  cote  ,  et 
exposes  a  une  forte  mer  qui  nous  couvrait  de  I'avant,  un  de  nos 


170 

cables  fut  ronum;  laseule  ancre  qui  nous  reslail,  brisee  ,  supporfa 
cependant  ce  mauvais  temps  avec  une  seule  patte ,  el  nous  sauva. 
Arrives  devant  la  passe  que  voulail  franchir  M.  Durvillc  ,  nous  fA- 
nies  entraincs  par  les  courans  dans  loutes  les  directions  avec  notre 
ancre  aufond;  nous  tourbilionnarncs  sur  nous-meines,  prcs  des 
rochers  de  la  cole  ,  de  la  plus  singuliere  nianiere  ,  jusqu'a  ce  que  le 
ralenlisscnient  de  la  maree  et  les  manoeuvres  convenables  nous  eus- 
sent  fixds.  Nous  traverssimes  le  ddtroit  de  Cook  et  contlnuaimes  la 
geographic.  Enfonces  dans  la  bale  d'Aboudance ,  nous  fAmes  prls 
(le  nuit  par  le  plus  violent  ouragan  qu'on  puisse  eprouver.  Le  len- 
demain  on  n'y  voyait  pas  a  cent  pas  ,  lorsque  sur  les  onze  heures  , 
le  ciel  s'eclaircit  assez  pour  nous  nionlrer  ,  a  quelqucs  encablures, 
une  chaine  de  brisans  sur  lesquels  la  mer  s'elevait  dune  maniere 
effroyable.  Nous  etions  sans  voilure ,  la  mer  ^norme.  Malgrd  la 
force  du  vent ,  il  fallut  faire  de  la  voile  et  les  prolonger ;  nous  les 
doublames.  Quelques  minutes  plus  lard  on  n'aurait  jamais  su  ce  que 
flit  devenue  V Astrolabe;  car  ces  rescifs  sont  a  six  lieues  de  terre  ;  et 
meme  apres  ce  danger,  si  le  vent  n'eAtpas  change,  nous  pouvions 
encore  etre  jetes  a  la  cote  ,  tant  nous  elions  enfonces  dans  la  baie. 
Nous  en  sortimes  pour  y  revcnir  lorsque  le  temps  devint  plus  fa- 
vorable. On  termina  la  geographic  de  cette  contree  par  la  riviere 
Tamlse  et  ses  environs.  Ces  travaux  modlfieront  le  tracd  de  celle 
partie  de  la  Nouvelle-Zelande  que  n'avaltpas  lermine  Cook.  On  a 
fait  environ  36o  lieues  de  cotes  toujours  fori  pres  ,  en  decrlvant  la 
branche  d'un  8.  C'est  de  la  baie  des  iles  que  nous  vous  donnS- 
mes ,  par  les  missionnaires  ,  des  details  plus  circonstancies  que  cet 
abrege. 

Nous  fAmes  lres-contrari('s  de  la  Nouvelle-Zelande  aux  lies  des 
Amis  :  il  nous  fallut  plus  d'un  mois  pour  y  arriver.  En  entrant  dans 
la  longue  passe  de  Tongatabou  ,  les  courans  nous  echouerent  sur 
les  rescifs.  Nous  nous  en  relirames  ;  mais  le  mauvais  temps  nous 
ayant  forces  d'y  rester  mouilles  presque  a  les  toucher ,  pendant 
trois  jours  Vyistrolabe  ful  en   perdilioii.    Toulcs  nos  aucros  furcut 


'7> 
iiiouiUees  :  celles  a  chaines  tinrent ,  mais  les  cM)lcs  furent  d'abord 
rompus  par  les  coraux.  Nous  prolongions  le  rescif ,  ayant  a  droite 
quclques  pieds  d'eau ,  a  gauche  5o  brasses  ,  et  un  peu  plus  loin,  point 
<le  fond.   Le  dernier  de  nos  grellns  retenalt  I'arriere  ,  et  a  chaque 
instant  nous  nous  attendions  a  le  voir  rompre  ,  et  le  navire   se 
briser.  Tout  etait  prepare  pour  sauver  Tcquipagc.    Une  nuee   de 
nalurcls  places  sur  les  rochers  scniblaient  aulant  de  vautours  atten- 
dant que  leur  proie  fut  expiree  pour  s'en  partager  les  debris.  D'un 
autre  cote  ,  en  arrivarit  k  terre  nous  eussions  ete  complelemenl  do- 
pouilles.  Dans  cette  position  ,  si  longuenient  desesperante ,  le  com- 
mandant ,  profitant  d'un  instant  de  calme  et  de  vent  un  peu  plus 
convenable ,  tenta  d'appareiller.  Toutes  les  retenues  furent  aban- 
donnees  a  la  fois  ,  toutes  les  voiles  bordees......  Le  resultat  futd'elre 

porle  sur  le  rescif;  mais  la  mer  etail  haute ,  et  il  ne  brisait  plus  alors. 
Nous  nous  en  rctirames  encore ,  el  reprimes  notre  position  d'au- 
paravant.  Le  lendemain  ,  le  temps  etant  devenu  plus  favorable  ,  un 
second  appareillage  reussit.  La  force  du  courant  nous  fit  bien 
echouer  encore  une  fois  ;  mais  ,  comnie  nous  etions  plus  en  dedans 
de  la  passe ,  il  n'y  avait  plus  de  danger.  Tongatabou  n'a  plus  de 
chef  supreme  ;  elle  est  gouvernee  par  trois  grands  chefs  qui  n'ont 
sur  le  peuple  qu'une  autorite  assez  faiblc.  Dans  notre  peril  ,  ils  se 
tinrent  coiistamment  a  bord  ,  en  nous  manifestant  de  bonnes  inten- 
tions ;  ce  qui  suit  prouvera  jusqu'a  quel  point  nous  devions  y 
compter.  Yi" Astrolabe  ,  solidement  construite ,  ne  se  trouva  point 
endommagee  ;  elle  perdit  deux  grosses  ancres  ,  et  toutes  celles  a 
jet  ,  si  imporlantes  dans  ces  mers.  Des  que  nous  fAmes  arrives  au 
mouillage  de  Pang-Hai'modou,  les  chefs  et  leur  suite,  qui  avaient 
conslamment  vecu  a  bord ,  cl  pour  lesquels  nous  mellions  un  se- 
cond convert ,  furent  recompenses  de  leur  bonne  conduile.  Une 
abondance  excessive  en  toutes  sortes  de  vivres  fit  oublier  a  I'equl- 
page  ses  fatigues.  Ces  insulaires  etaient  alors  fous  de  grains  de 
verrc  ,  surlout  des  bleus.  Pour  trois  grains  ils  donnaient  une  poule, 
et  cinq  pour  une  bouteille   vide.   La  mcilleure  harmonic  regnait 


entre  nous  ;  nous  parcourAmes  Tile  ;  ef ,  r'csl  la  veille  du  jour  fixe 
pour  notre  depart,  en  arrivant  de  visiter  les  missionnaires  anglais, 
que  nous  vous  ecrivimcs  a  la  hate  ,  etpar  eux  ,  les  details  ci-dessus, 
seulcment  beaucoup  plusetendus.  Ces  missionnaires  n'onl  que  peu 
<rinfluence,  et  habitent  sur  les  terres  dun  chef  peu  preponderant 
lui-niemc.   lis  lirenl  pour  nous  ,   dans  ces  circonslances  ,    tout  ce 
(ju  ils  purent.    Les  trois  principaux  chefs  de  Tile  sonl  Taofa,   Pa- 
lou  ct  Lavaka.  Ils  ont  chasse  le  Toui- Tonga  ou  premier  chef,  parce 
(juil  etait  Irop  remuanl.  Chacun  gouverne  son  district.  Palou  a  les 
manleres  agreables;  maisToafa,  qui  peutreunir2000  guerriers,  a  le 
plus  d'influence.  Le  matin  de  la  veille  de  notre  depart  les  naturels 
etaient  toujours  en  meme  nonibre  a  bord  avec  les  chefs.  Tout-a- 
coup  ils  nous  quiltereut  brusquement  pour  aller,    direnf-ils  ,  cele- 
brer  une  fete  sur  la  petite  ile  volsine  de  Pang-Ha'iniodou.   Un  de 
rios  canots  ,   monte  par  huit  hommcs  et  M.  Faiaguet,   eleve  ,  y 
faisait  du  sable.   Ils  I'enlevent  et  entrainent  de  force  nos  malelots. 
Bientot  ils  furent  au  travers  des  rescifs  ,  et  il  fut  impossible  an 
grand  canot  arnie  et  envoye  de  suite  d'avoir  autre  chose  que  I'em- 
barcation  qu'ils  ne  purent  faire  passer  sur  les  hauts-fonds.  Aucun 
motif  n'ayant  pu  donner  lieu  a  un  pareil  acte   d'hoslillle  ,    nous 
n'avons  jamais  pu  rallribuer  qua  la  liigerctd  de  caractere  de  ces 
insulaires  ,    ou  bien  au  dcsir  du  chef  Taofa  d'avoir  des  europcens 
aupres  de  lui  pour  le  servir  ,  comme  Palou  qui  a  des  Anglais  ;   car 
c'etait  Toafa  qui  avait  ordonne  cet  enlevement. 

Le  depart  fut  retarde,  carM.  Durville  se  trouva  fort  embarrass^ 
pour  ravoir  ses  hommes.  On  ne  pouvait  agir  sur  les  naturels  qui 
avaienttousdisparus.  On  chercha  a  les  inlimider  en  envoyant  brA- 
ler  les  maisons  de  la  cote.  A  peine  etall-on  debarque  ,  qu'on  tut 
regu  a  coups  de  fusil  lires  au  travers  des  broussailles.  Un  malheu- 
reux  caporal  de  marine  (Pvichard),  s'etant  imprudemment  avance 
dans  le  bols  ,  fut  envlronne  et  perce  de  coups  des  qu  il  cut  lire.  II 
expira  deux  heures  aprcs.  Ce  moyen  n'ayant  produil  aucun  elfet , 
le  commandant  attendit  un  jour  ,  el  apparcilla  pour  aller  allaquer  a 


170 

coups  de  canon  le  village  sacre,  nomm^  Mafangu,  qui  conlient  Its 
ionibeaux  des  chefs ,  et  les  temples  dedies  aux  esprits.  C'est  un 
sanctuairc  dans  une  ile  sacrce  par  elle-meme  (  Tonga-Tabou  ) , 
sancluaire  ou  Ton  n'a  jamais  ose  porter  la  guerre  dans  les  plus 
terribles  que  la  contree  ail  cues.  Les  precautions  qu'il  fallut  pren- 
dre pour  arrivcr  sans  s'ecliouer  vis-a-vis  ce  lieu  demandercnt  deux 
jours ,  pendant  lesquels  les  nafurels  s'occuperent  a  y  elever  des 
redoutes  bien  entendues  ,  sur  lesquelles  nos  canons  ne  purent  rien 
pendant  deux  jours  ,  quoiqu'a  tiers  de  portee.  Les  insulaires  nous 
riposterent  par  des  coups  de  fusil.  Tout  ce  qui  pouvait  combattre 
dans  1  lie  se  Irouvail  reuni  sur  ce  point;  Thonneur  d'une  pareille 
defense  y  appela-meme  ceux  qui  se  disaient  nos  amis.  La  Constance 
a  les  inquioler  et  a  les  tenir  loujours  en  arnies  etait  le  seul  moyen 
a  employer  pour  obtenir  nos  lionuues.  Cependant  le  temps  etait 
mauvais ,  et  la  position  de  la  corvette ,  si  pres  dun  rescif ,  pouvait 
n'etre  pas  sans  danger  d'y  echouer,  ce  qui  aurait  pu  entrainer  le 
massacre  de  I'equipage.  Nosprisonniers,  pour  lesquels  nous  avions 
tant  de  crainte  au  premier  coup  de  canon  ,  n'eurent  aucun  mal.  Nous 
les  voyions  se  promener  sur  la  plage ;  nous  conversions  mSme  avec 
eux  par  le  porte-voix  ;  mals  des  qu'un  d'eux  s'avancait  trop  dans  la 
mer  ,  on  tirait  sur  lui  pour  le  faire  revenir.  Enfin  I'eleve  fut  rendu, 
et  quelques  jours  apres,  tous  les  liommes  ,  nioins  un  qui  se  joignit 
a  un  autre  deserteur. 

Nous  appareillames  le  21  niai  ,  ct  nous  sortfmes  sans  toucher  par 
les  passes  difficiles  de  cette  ile,  dans  laquelle  ces  malheureuses  cir- 
constances  forcerent  M.  Durville  a  demeurer  pres  d'un  mois,  au- 
lieu  de  cinq  jours  qu'il  complail  y  passer  pour  regulariser  scs  tra- 
vaux  geographiques.  J^e  plus  mauvais  temps  qu'onpuisse  avoir  dans 
ces  parages  nous  acconqiagna  dans  les  Fidjis. 

Cet  arcbipel  immense  compte  plus  de  deux  cents  iles  ,  dont 
quelques-unes  a  TEst  sont  entourees  de  rescifs  qui  s'etendenl  pro- 
digieusement  loin.  Nous  trouv^mes  au  milieu  de  ces  ties  des  vents 
tres-violenls  ,  et  la  mer  toujours  grosse.  Dans  une  de  ces  longues 


nuits  (Ics  Iropiqiics,  nous  filnics  pontes  si  pros  <le  terre ,  (juc  nous 
allions  ,  pour  nous  sauver,  nous  engager  dans  vingt-sept  lieues  de 
rescifs',  vus  par  le  navire  le  Duf  (i)  ,  lorsque  dcs  brisans  ,  nous 
arrelant  tout  dabonl  ,  nous  forcerent  a  louvoyer  pour  nous 
clever. 

Nous  n'avons  aper^u  aucun  port  facile  sur  loules  cclles  dc  ces 
ilcs  que  nous  avons  approchecs ;  et  un  naturel  intelligent  nous  a 
assure  qu'il  n'y  en  avail  d'aulres  que  ceux  que  Ics  cliercheurs  de 
bois  de  sandal  Irouvaient  au  mjlieu  des  rescifs  :  aussi  y  fonl-ils 
souvent  naufrage. 

Nousrecueillimes  quatre  homnies  du  navire  cspagnol  deManille 
la  Conception  qui  avail  peri  il  y  a  Irols  ans.  Une  vinglaine  d'aulres, 
reslant  de  I'equipage ,  se  sont  sauves  sur  la  grande  Vili ,  a  Imbao  , 
ou  ils  sont  encore  avec  dcs  Anierlcains.  i^armi  cesEspagnols  etait 
un  jeune  liomme  de  Guam,  qui  continue  de  servir  avec  nous.  Si 
vous  Irouvez  convenable  de  publier  cette  note,  elle  pent  quelquc 
jour  etre  utile  a  ces  malheureux  vivanls  parmi  des  peuples  feroces, 
toujours  en  guerre  d'lle  a  tie  ,  eldevorant  leur  prisonniers.  C'esl- 
la  que  cette  horrible  couluine  est  porlee  au  plus  haul  degre.  Quoi- 
que  si  pres  de  Tonga  ,  ils  n'apparliennent  point  a  la  race  Polyne- 
sienne ,  et  tiennent  de  celle  des  Papons  ,  avec  de  plus  belles  formes, 
lis  sont  noirs  et  onl  les  cheveux  touffus  commc  eux.  lis  nomment 
leurs  lies  Vilis.  Le  bois  de  sandal  ne  se  Irouve  que  dans  deux.  C'est 
la  geographic  la  plus  perilleuse  que  nous  ayons  encore  faite.  Une 
null,  apres  avoir  laiss^  la  c6te  et  porle  au  large  ,  nous  tombames 
par  une  grosse  mer  sur  des  brisans.  A  leur  aspect  instanlane  la  vigie 
terrifice  manqua  de  voix  pour  les  annoncer.  lis  etalent  tellenienl 
pres  que  nous  ne  pouvions  plus  virer  vent  arriere  ;  il  fallul  les  pro- 


(i)  Na\iro  .Tnglais  rnvoyc,  il  y  a  trciilo  ans  ,  porter  des  missionnaiies  d;uis 
la  mer  du  Slid.  11  par.'iit  qu'il  a  passe  par  uii  petit  temps  sur  tons  ces  rcscils  , 
sur  lesqiiels  il  a  cependaut  louche  une  fois.  II  a  nomme  Carybde  el  Sylla  les 
plus  dangrreux. 


'75 
longer  a  une  demi-encablurc  ,  vl  passer  le  reste  dc  la  nuit  dans  la 
plus  grande  anxiete  sur  notre  position.  Encore  dans  cette  clrcons- 
tance  noire  perte  eAt  et^  totale.  De  la  nous  passames  dans  les  der- 
nieres  Hebrides ,  sans  nous  y  arreter,  ct  nous  fimes  au  vent  la  geo- 
graplile  de  plusieurs  ties  nouvelles  des  Loyaltig.  Get  arcliipel  de 
terres  peu  elevees  et  souvent  embrumees ,  est  considerable.  La  perte 
de  nos  ancrcs  cnipeclia  le  commandant  Durville  d'y  recherclier  un 
port.  L'ile  lieaupre  est  Texlremite  de  cet  archipel  dans  le  Nord- 
Ouest.  11  est  bien  surprenant  que  M.  d'Entrecasteaux  ne  I'ait  pas 
decouvert ;  car  toutes  ces  ties  se  suivent  en  vue  les  unes  des  autres  ; 
comme  ilest  fort  heureux  qu'il  ne  se  soit  pas  jete  sur  des  brisans 
considerables,  Ires-loin  de  Ttle  Beaupre  ,  et  d'autant  plus  dangereus 
qu'aucune  lerre  ni  roche  ne  les  signale.  Nous  reconnAmes  Tile 
Huon  sur  la  Nouvelle-Caledonie ,  et  de  la  jusqu'a  la  Louisiade 
nous  ne  rencontrames  plus  rien.  M.  Durville  allait  en  essayer  la 
geographic  ,  et  enti-er  dansle  detroit  de  Torres;  deja  nousvoyions 
de  fort  pres  I'lle  Rossel  et  la  petite  tie  Adele  de  Ruaut-Coutance , 
lorsque  le  mauvais  temps ,  qui  nous  avait  constamment  accompa- 
gne  ,  ne  lui  permit  pas  d'aboraer ,  depourvu  d'ancres  ,  une  cote  si 
perilleuse.  Porlaut  vers  I'Est,  il  reconnul  les  pctltes  ties  Laughlan , 
et  arriva  bientot  sur  la  Nouvelle-Irlande.  Toujours  mauvais  temps , 
sombre  ,  pluvieux  ;  oblige  de  sortir  de  I'anse  aux  Anglais  ,  on  en- 
voya  une  e».:ibarcation  reconnatlre  le  Havre  Carteret.  A  peine  fut-elle 
partie  que  nous  fumes  environnes  de  pluie  ,  de  brouillards ,  et 
obliges  de  manoeuvrer  pres  de  la  cote  pour  recevoir  notre  canot,  dont 
les  courans  nous  eussent  peut-elre  eloignes  pour  jamais  dans  la  null. 
C'est  alors  que  nous  fAmcs  portes  sur  I'tle  Leighs ,  a  I'entree  du 
h^vre.  II  lombait  des  torrens  de  pluie  ;  on  n'y  voyait  plus  a  ciu- 
quante  pas  ;  pendant  dix  minutes  nous  crdmes  tous  que  c'etait  la 
que  devait  finir  Vyistrolabe,  et  une  partie  de  son  equipage.  Heureu- 
sement  qu'a  vingt  pas  des  roches  a  pic  de  la  c6le ,  il  se  trouvaassez 
d'eau  pour  ne  pas  toucher.  Ceux  qui  se  seraient  sauves  fusseut  morls 
de  misere,  cette  terre  n'offrant  aucune  ressource.  Nous  I'echap- 


,7(i 
pSnies  encore.  Ce  h^vre,  assez  mal  indiquc,  n'est  point  ban.   II 
n'y  a  fond  et  mouillage  que  dans  un  seul  endroit ,  et  pour  deux 
navlres  seulement.  Nous  v  perdimes  une  ancre. 

Le  mauvais  temps  de  la  Louisiade'et  le  diifaut  d'ancres  ayant 
fait  modifier  le  plan  de  campagne  du  commandant ,  il  renon^a  , 
pour  cclte  annoe ,  au  Sud  de  la  Nouvellc-Guinee ,  et  se  decida  a 
faire  Ic  ^ord. 

En  y  allant,  il  reconnut  cette  partie  de  la  Nouvelle-Brelagne, 
opposee  a  celle  qu'avalt  faltc  M.  d'Entrecasteaux.  Nous  v  eprou- 
v^mes  les  plus  grandes  contrarietes  ;  et  dans  de  semblahles  lati- 
tudes, ou  nous  devious  esperer  de  beaux  jours,  nous  ertmes 
constamment  de  la  pluie ,  de  forts  vents  et  une  grossc  mor.  Dans 
ce  canal  resserre ,  ou  les  courans  ont  une  grande  force ,  la  naviga- 
lion  etait  souvcut  dcs  plus  inquletantes;  mais  la  Constance  et  la 
tenacile  de  M.  Durville  surmonterent  ces  obstacles  ;  et  il  (it  tout  ce 
qu'on  put  apercevoir  de  cette  terre. 

Arrives  au  detroit  de  Dampier,  malgrc  le  soin  de  passer  a  dix 
milles  dans  I'Est  de  I'endroit  ou  d'Kntrecasteaux  s'etait  trouve  en- 
gage ,  nous  rencontr^mes  encore  des  hauts-fonds  :  nous  ^tions  des- 
sus,  que  le  soleil  avait  empeclie  la  vigie  de  les  apercevoir.  Labrise 
etait  fraiche.  Kn  arrmint  et  lofanl ,  nous  passames  en  loucliant 
deux  fois. 

SI  nous  fusslons  demeur<^s  sur  la  roche ,  le  fort  veiii  qui  souflla 
deux  heures  apres,  ne  nous  eut  lalsse  d'auire  alfemallve  que  d'a- 
bandonner  V Astrolabe,  el  de  longer,  dans  nos  embarcallons ,  la 
Nouvellc-Guincc,  pour  tacher  dalleindre  Amboine.  Apres  le  de- 
troit de  Dampier,  cessa  le  mauvais  temps. 

La  geographic  de  la  partie  Nord  de  la  Nouveile-Gulnce  lul  lailc 
palsiblemenl  pros  de  terre  et  sans  lacune,  inalgre  les  forts  courans 
qui  nous  faisaient  avancer  autant  que  le  vent.  Les  cotes  sont  saines, 
clevees ,  quelquefols  considerablement.  11  n'y  a  que  tres  -  peu  de 
mouillages  sArs.  La  bale  Humboldt  est  la  seule  qui  paraisse  vasfe. 
Pour  la  bien  connaitre,  il  eiit  fallu  s'y  engager;  ce  que  nous  nc 


177 
pouvions  pas  nous  hasarder  de  faire.  Les  montsqui  I'environnent  ont 
rc§u  les  noins  de  plusieurs  membres  de  rAcademIe  des  sciences. 

Nous  restames  quelques  jours  a  Dorey ,  oii,  pour  qu'il  ne  se  pas- 
sSt  pas  un  mols  sans  que  nous  ayons  eprouve  quelque  evenement, 
nous  eumes  un  liomine  grievement  blesse  d'un  coup  de  fleche,  non 
par  les  paisibles  Papous  ,  mais  par  un  des  feroces  habitans  des 
monlagnes,  qu'Ils  nomnient  yj/fa(/iiis.  Avant  d'entrer  dans  les  Mo- 
luques,  nous  revimes  de  loin  les  lieux  que  nous  avons  paicourus 
avec  vous,  Rawak,  Boni,  Manouaran ;  nous  allions  passer  m^mc 
dans  le  detroit  de  I'Uranle,  lorsque  le  vent  nous  eloigna  des  terres 
auxquelles  vous  avez  eu  la  complaisance  d'imposer  nos  noms.  Vous 
voyez,  cher  commandant,  par  celte  relation,  qu'il  n'est  pas  possi- 
ble de  courir  plus  de  dangers,  sans  perlr,  que  n'en-a  couru  Vj^s- 
trolabe.  Nous  avons  appris  a  Amboine,  ou  il  a  plu  pendant  60 
jours,  que  le  mauvais  temps  a  regne  dans  presque  tout  I'hemisphere 
austral  pendant  I'annee  1827.  11  est  heureux  que  nos  relSches  s'o- 
perent  dans  des  lieux  ou  la  desertion  n'est  guerc  possible ;  car  les 
circonstances  dans  lesquelles  nous  nous  sommes  trouves  ont  slngu- 
lierement  diminue  Tardeur  de  beaucoup  de  nos  matelots. 

Les  occasions  pour  TEurope  sont  tellement  rares  a  Amboine, 
et  les  troubles  survenus  a  Java  peuvent  faire  que  vous  ne  receviezla 
lettrc  que  nous  vons  avons  ecrite  de  cetendroitqu'aprcs  celle-ci.Nous 
y  avons  etc  parfailement  accueillis ;  mais  on  rit  de  voir ,  comma 
par  le  temps  passe ,  les  minutieux  empecbemens  qui  ont  lieu  pour 
la  muscade  et  le  girolle.  Ces  braves  gens,  qui  ne  peuvent  pas  croire 
que  nous  en  avons  a  leur  vendre ,  semblent  avoir  donni  pendant 
60  ans.  Comme  autrefois,  ils  n'ont  que  Irois  ports  ouverts  auxna- 
vires  dans  les  Moluques;  et  un  baleinier  anglais,  dont  le  capitaine 
est  tres-malade,  est  traite  avec  la  plus  grande  rigueur.  II  a  des  gar- 
des a  son  bord ;  et  son  equipage  ne  peut  allcr  a  terre  qu'escorte  de 
soldals.  Nous  avons  cu  le  bonheur  de  trouver  des  ancres  et  des 
cordages. 

Nous  avons  ete  temoins  d'une  chose  curieuse  :  c'est  une  noce 

12 


178 

(le  riches  Chinois;  elle  dure  4°  jours.  Aussi,  apres  un  enterrc- 
nient ,  c'est  pour  eux  ce  qu'il  y  a  de  plus  ruineux.  Notis  avons  sur- 
pris  sur  la  physionoinic  du  marie  cette  impression  qu'il  eprouvc 
lorsqu'il  leve  pour  la  premiere  fois  le  voile  qui  couvre  une  epouse 
qu'il  n'a  jamais  vue.  Ges  circoustances  nous  fircnt  aussi  connaitre 
tout  le  talent  des  Chinois  pour  faire  les  bonnes  confitures. 

Nous  voila  parlis  pour  contourner  la  ISouvelle-IIollaude ,  afin 
de  prendre  le  delrolt  de  Torres  par  I'Est.  Apres  avoir  passe  Timor, 
nous  avons  cu  une  serie  de  vents  d'Ouest,  qui,  nous  contrariant- 
beaucoup,  donnaient  quelquefois  des  envies  a  M.  Durville  de  ten- 
ter le  passage  dans  cette  direction.  INous  ne  doutons  pas  qu'on  ne 
puisse  quelquefois  reussir.  Quand  nous  parlous  du  detrolt,  ce  n'esl 
point  par  la  route  ordinaire,  mais  le  long  de  la  Nouvelle-Guinee. 
Le  16  decembre  ,  nous  niouillames  dans  le  canal  de  d'Entrecas- 
teaux,  et  deux  jours  apres,  k  Hobart-Tovvn,  jolic  petite  ville  assise 
sur  la  cdte  Quest  de  la  rioiere  du  Nord.  C'est  le  chef-lieu  du  gouver- 
nement.  EUe  a  beaucoup  de  rajjport  avec  Sydney,  et  est  peut-etre 
niieux  pourvue  de  denrees  et  de  vivres  frais ,  propres  aux  naviga- 
teurs.  Derriere  elle,  est  une  assez  haute  montagne,  nommee,  comme 
au  Cap,  la  Table.  II  en  descend  en  effef  des  raffales  dune  violence 
extraordinaire ,  qui  font  forleraent  iucliner  les  navires  a  I'ancre,  et 
qui  enlevent  de  la  surface  de  la  mer  des  lourbillons  de  vapeurs 
d'eau  semblables  a  ceux  de  poussiere  sur  la  terre.  Nulie  part  nous 
n'avions  encore  vu  ce  phenomene.  Les  nalurels  sont  en  guerre 
avec  les  colons  ;  mais  ils  sont  pen  a  craindre  et  sont  relegues  dans 
les  montagnes.  Les  environs  dHobart- Town  sont  moins  beaux 
que  I'intericur,  oil  Ton  trouve  deux  ou  trois  autres  villes,  don(  une 
est  plus  grande  que  la  precedente  ,  et  de  tres-belles  fermes.  A  notre 
arrivee,  il  y  avait  g  mois  qu'il  n'avait  plu.  Quoique  en  ete,  II  y 
faisait  Ires-frais. 

L'intenliou  de  M.  Durville  etait  d'achever  en  passant  la  Nou- 
velle-Zelande,  et  de  prendre  des  vivres  ensuite  au  Port-Jackson , 
pour  allcr  a  Torres.  Mais  ici  les  documens  que  nous  avons  eus  sur 


'79 
1-e  lieu  oil  aurall  peri  La  Perouse  et  I'espoir  d'y  relrouver  encore 
quelques  iudividus  lui  font  negligcr  la  Nouvelle-Zelandc  ,  pour  se 
porter  de  suite  dans  I'archipcl  du  Saint-Esprit.  Nul  doule  que  cette 
nouvellc  liistoire  sur  La  Perouse  ne  vous  soit  connue  ;  mais  comme 
elle  est  accompagnee  de  circonstances  qui  ont  determine  la  com- 
pagnie  anglaise  des  Indes  a  Calcutta  a  expiidler  un  navire  pour  cet 
effct,  il  faut  croire  que  tout  n'est  pas  douteuxdans  cette  aflaire.  Le 
capitaine  Dillon  a  conduit  a  Calcutta  riiomme  qui  a  connu  a  Tu- 
copia  ou  Malicolo  ,  deux  vieux  Fran^ais  echappes  au  naufrage  el 
au  massacre  des  deux  equipages.  11  a  de  plus  apportc  une  epee  por- 
lant  des  marques  de  poingons  que  Ton  croit  fran^aises. 

Ces  renseigneinens  avaient  determine  deux  liommes  graves  ,  le 
docteur  Tetler  et  M.  Chaigneau,  IVan^ais,  a  faire  parlie  de  I'ex- 
pedition  du  capitaine  Dillon.  Malheureusement  ce  capitaine  vienl 
de  commettre  des  acles  qui  doivent  le  faire  considcrer  coinnie  a- 
peu-pres  fou,  celui,  par  exemple,  d'avoir  lourmente  et  maltraite 
le  docteur  Tetler ,  mis  par  la  compagnic  comme  historien  de  cette 
expedition  philantropique  ,  au  point  qu'en  arrivant  a  Hobart- 
Tovvn  ,  il  a  ete  civilement  condamne  a  deux  mois  de  prison  eta  5o 
louis  d'amende.  Ce  que  nous  vous  disons  la,  nous  I'avons  hi  irnpri- 
me,  et  de  plus,  nous  le  tenons  du  grand- juge.  M.  Teller  a  de- 
barque.  Enfni,  arrive  a  la  Nouvelle-Zelande,  le  capitaine  Dillon 
ne  sail  plus  que  devenir,  et  il  a  ecrit  que  la  inousson  ne  lui  permet- 
tant  pas  d'aller  aux  iles  du  Saint-  Esprit,  it  allait  retourner  a 
Calcutta. 

Si  nous  avons  du  temps,  nous  reviendrons  faire  des  vivres  au 
Port-Jackson  ;  mais  toujours  nous  continuerons  uotre  voyage. 
U Astrolabe -ponmiil  bien  rcsler  a  Torres  ,  d'apres  ce  que  nous  coi> 
naissons  des  dangers  des  rescifs.  Le  sort  de  son  equipage  dependra 
du  lemps  qu'il  fera.  II  y  a  deux  ans  que  deux  navires  anglais,  cher- 
chant  un  passage  pres  de  la  NouvcUe-Guinee,  se  sonttrouv^s  enga- 
ges pendant  l^o  jours  dans  les  rescifs,  et  ont  eu  beaucoup  de  peine 
a  s'en  retirer  sans  pouvoir  reussir.  Tin  Iroisiemc ,  ayanl  4oo,ooo 


i8o 

francs,  y  a  fait  naufrage  ,  en  s'dcarlant  un  peu  de  la  route  ordi- 
naire. Nous  esp^rons ,  cher  commandant,  avoir  de  vos  nouvelles 
a  notre  passage  a  I'llc-dc-France.  Notre  campagne  sera  fmie  alors. 
Recevez,  etc. 

Signe  Gaimard  et  QuOY. 

P,-S.  Nous  sommes  tres-contens  d'avoir  mis  en  sArete  nos  Ira- 
vaux  jusqu'a  cc  jour,  en  les  adressant  a  rAcademie,  avcc  plus  de 
i4oo  dessins.  Nous  avons  eu  Ic  malheur  de  perdre  ce  pauvrc  maitre 
Berenguicr,  second  charpentier  de  VUranle;  c'ctait  son  Iroisleme 
voyage.  Ses  qualites  nous  I'ont  fait  regretter.  Scrait-il  necessaire 
de  vous  dire  ce  que  contiennent  les  journaux  dllobart-Town  sur 
La  Perouse  ?  qu'un  dcs  navires,  echoue  sur  une  des  ties  du  Saint- 
Esprit,  aurait  fait  feu  sur  les  nalurels  ,  qui  auraient  fini  par  en 
massacrcr  tout  Tequipage;  que  le  second  navire,  voulant  lui  por- 
ter du  secours,  aurait  eprouve  le  meme  sort  :  mais,  plus  prudent, 
I'cquipage  ne  sevit  point  sur  les  naturels,  ct  fut  sauve.  Des  per- 
sonnes,  peut-etre  M.  La  Perouse  lui -meme,  tentercnt  de  gagner 
les  Moluques  dans  des  canots  :  ils  ont  peri ;  qu'enfm  il  y  avait  en- 
core dans  ces  ties  du  Saint-Esprit  beaucoup  d'effets  provenant  des 
navires.  Dans  le  cliiffre  de  I'epec  on  Irouve  le  nom  dc  La  Perouse. 
Ceux  qui  ont  connu  ici  le  capilaine  Dillon  dlsenl  que,  faute  de 
moyens,  il  serait  incapable  d'inventcr  un  pareil  chiffre. 


GrottE  de  Ganges.  {Extrait  du  Globe,  tome  VI,  n°  g8. ) 

La  fameuse  grotte  de  JJaumann  ,  dans  le  duclit^  de  Brunswick  , 
et  ccUe  d'Anliparos  ,  dont  le  ctilebrc  Tournefort ,  dans  ses  voyages 
du  Levant,  nous  a  fait  une  description  tres-curieuse  ,  mais  qu'on 
a  cru  fabuleuse  ,  ne  sont  que  de  faibles  images  dc  celle  de  Ganges. 
Je  Grains  d'employcr  un  espace  tres-precieux  dans  vos  interessantes 
colonnes  ;  cette  consideration  m'engage  a  commencer  sans  delai  le 
r^cit  de  men  expedition  soutcrrainc. 


i8t 

Celle  grotte  est  situee  ^environ  20,000  toises  au  nordde  Mont- 
pellier,  enlre  la  petite  ville  de  Saint-Bauzllle  du  Putois  et  celle  de 
Ganges.  Elle  s'appelle  en  Languedocien  Baoiima  de  las  doumdhelas^ 
c'est-a-dire  Grotte  des  Demoiselles  ou  des  Fees.  Urie  ancienne 
tradition  repandue  dans  le  pays  en  a  fait  leur  demeure  ,  et ,  dans 
cette  contrec,  les  bienfaits  de  la  civilisation  n'ont  pu  encore  faire 
disparaitre  enti^rement  cette  croyance  superstllieuse.Je  partis  done 
de  Montpellier  avec  trois  de  mes  amis  ,  parmi  lesquels  se  trouvail 
M.  de  Christol,  jeune  geologue  distingue.  Le  lendemain ,  a  Saint- 
Bauzille ,  nous  recrutames  quelques  jeunes  gens  de  Montpellier  qui  y 
etaient  venus  pour  respirer  I'air  pur   et  frais  des  Cevennes.  Munis 
de  torches  ,  de  chandelles,  de  cordes  et  de  provisions,  nous  nous, 
mtmes  en  marche  ,  accompagn(^s  de  monsieur  le  maire  de  Saint- 
Bauzille  ,  et  precedes  de  trois  guides  aussi  adroits  que   courageux. 
Enfin ,  apres  une  grosse  heure  d'une  marche  penible  ,  nous  par- 
vinmes  a  gravir  un  enorme   rocher ,  ou  notre  route  n'etait  qu'un 
sentier   trace  par  des  chevres.   Arrives    au   sommet ,  nous   nous 
trouviimes  dans  un  bois  taillis  ,  qui  semble  proteger  I'entree  mys- 
t^rieuse  de  la  caveme. 

Son  ouverture  ,  au  niveau  de  la  terre  ,  presente  une  excavation 
d'environ  20  pieds  de  diametre ,  sur  une  profondeur  de  3o  pieds. 
Elle  est  couverte  d'arbres  et  de  vignes  sauvages  qu'on  dirait  la 
pour  cacher  a  Thomme  les  abimes  profonds  ou  il  va  s'enfoncer.  Nous 
commengames  a  descendre  ,  en  nous  tenant  forlement  a  une  corde 
attachee  a  uji  rocher ,  jusqu'a  un  endroit  ou  nous  pla^^mes  assez 
solidement  une  echelle  de  bois  ,  au  bas  de  laquelle  nous  nous  trou- 
vames  ^  I'entree  de  la  premiere  salle ,  dont  le  terrain  est  fort  in- 
cline, humide  et  couverl  de  capillaires.  Nous  laissames  a  notre 
droite  un  autre  de  peu  de  profondeur.  En  face  de  nous,  des  piliers 
imilant  des  alignemens  de  palmiers  se  dessinent  en  forme  de  ga- 
leries  ;  ils  doivent  avoir  3o  pieds  d'elevation.  C'esl  dans  cette 
premiere  salle  que  chacun  de  nous  sortit  son  briquet,  et  que  , 
renonc^ant  pour  long-temps  a  la  clarle  du  jour  ,  nous  allumames, 


l82 

nos  torches.  Nos  soiiliers  dc  route  furent  remplac.es  par  une 
<  Iiaussure  l(^gere,  et  des  bonnets  sans  visierc  substiliies  a  nos  cha- 
peaux.  Cette  operation  taite  ,  nous  debouchames  dans  la  seconde 
salle  par  un  passage  si  etroit  que  nous  elions  forces  de  marcher 
de  c6te. 

Nous  fiimes  surpris  de  rimmenslte  de  cette  salle.  A  gauche  en 
entrant  on  aper^oit  un  rideau  d'une  hauleur  que  roeil  ne  peut  mesu- 
rer.  La  pointe  touche  le  sol,  et  on  le  dirait  pHss(5  parle  plus  habile 
artiste.  La,  nous  vimos  dc  belles  colonnes  ,  les  unes  en  obelisqucs, 
les  autres  renversees  ou  tronqiiees.  Sur  nos  tetes  elalent  des  nuages 
blancs  comme  de  I'albatre.  La  clartt^  de  nos  flambeaux ,  que  rette- 
chissaient  les  nombreuses  cristallisations  dont  ils  sont  composes  , 
leur  donnait  une  parfaile  ressemblance  avec  de  veritables  nuages 
parsemt'js  d'etoiles  brillantes.  La  voiite  de  cette  caverne  est  chargee 
de  festons  de  cristaux  ,  et  remplie  de  magnifiqucs  stalactites  et  de 
concretions  pierreuses,  qui  offrent  aux  yeux,  des  figures  tout-a-fait 
bizarres  ,  que  I'imagination  prevenue  rend  plus  merveilleuses  en- 
core. On  serait  meme  tente  de  croire  que  I'art  a  contribue  a  la 
perfection  de  ces  etonnantes  images.  Les  naturalistes  pourraient 
faire  des  remarques  tres-interessantes  ,  s'ils  parvenaient  a  calculer 
combien  de  siecles  il  a  fallu  pour  former  des  pyramides  de  200 
pieds  d'elcvation  ,  par  le  seul  concours  contluuel  de  I'eau  chargee 
de  maticres  lapidifiques,  qui  tombe  goulte  a  goulle  de  la  parlie 
superieure  de  ces  cavemes. 

II  fallut  faire  cesser  notre  admiration  pour  continuer  notre 
marclie.  Descendant  toujours  a  notre  gauche  ,  nous  passairnes  dans 
une  troisi^me  salle  ,  large  ,  et  surtout  fort  longue ,  qui  reprdsenfc 
assez  bien  une  galerie  tournante.  Nous  nous  arretames,  pour  en- 
trer  sous  une  voAle  tres-basse,  qui  nous  obligea  h  marcher  courbes. 
On  lappelle  k  four ,  a  cause  de  sa  forme.  Nous  avons  remarque 
aux  parois  de  cette  voille  une  congelation  blanche  et  gralueuse  , 
ressemblant  parfaitement  a  un  mouton.  Un  autre  four  moins  cu- 
rieux  se  presenta  ;  mais  nous  le  laissames  ,  pour  entrer  dans  une 


i83 

autre  salle  ,  dont  les  eiiornies  quarllers  do  pierres  renverses  et  les 
colonnes  brisees  annoncenl  de  grands  bouleversemens  et  des  con- 
vulsions violentes  dans  le  sein  de  la  terre.  L'aspcct  de  ce  lieu 
lugubre  attrlste  Toeil  ,  et  remplit  Tame  d'une  secrete  leneur.  Un 
trou  s'offrit,  qui  nous  conduisit  a  une  petite  piece  pouvant  a  peine 
nous  contenir.  Nos  guides  nousfirent  remarquer  derriere  des  piliers 
une  source  dont  Teau  nous  parut  delicicuse.  Dans  ce  lieu  ,  nous 
donnames  Fcpouvante  a  une  quantite  innoinbrable  de  chauve- 
souris  ,  qui  pousserent,  en  s'enfuyant ,  des  cris  aigus  propres  a 
porter  dans  I'ame  un  sentiment  d'horreur.  Non  loin  de  nous  , 
nous  vimes  des  cristallisations  brillantes  et  blanchatres  qui  se  des- 
sinaient  vaguement  dans  le  fond  noir  de  Tabime.  L'on  n'aperce- 
vait  devant  soi  qu'un  espace  sans  fin  ,  et  nulie  autre  route  pour  y 
parvenir  qu'un  rocher  a  pic  de  3o  pieds.  Nous  attachames  a  une 
stalactite  notre  echelle  de  corde  de  66  pieds.  Aulour  de  nous ,  ce 
n'etait  qu'affreux  precipices.  Nous  entendions  rouler  de  rochers  en 
rochers  les  pierres  que  nous  jetions  dans  cet  abime  immense  ,  et 
apres  un  long  silence ,  nous  les  entendions  de  nouveau....  Malheur 
a  qui ,  au  bord  de  ce  rocher  ,  aurait  eu  une  distraction  ,  un  etour- 
dissement :  il  y  allait  de  sa  vie  !  .  .  .  Notre  guide  se  hasarda  le 
premier  ;  vingt-cinq  pieds  au-dcssous  de  nous ,  le  rocher  rentrait , 
et  lechelle ,  sans  appui ,  tournait  sous  les  pieds  de  celui  qui  des- 
cendait.  Tons  ces  dangers  contribuaient  a  donner  a  notre  voyage 
quelque  chose  d'imposant  et  d'aventureux  ,  et  il  me  serait  bien 
difficile  de  decrire  les  sensations  que  nous  dprouvions  alors.  L'obs- 
curite ,  peu  dissipde  par  la  clarte  de  nos  torches  ,  le  silence  profond 
de  la  caverne  ,  nous  inspiraient  une  terreur  que  nous  avions  bien 
soin  de  cacher  a  nos  conipagnons.  Au  bas  de  I'echelle,  de  nouvelles 
difficultes  nous  attendaient.  Nous  nous  trouvions  au  milieu  du 
gouffre ,  sur  un  autre  rocher ,  que  son  peu  de  largeur  nous  for^ait 
a  evacuer  a  mesure.  A  notre  gauche  ,  il  n'y  avait  pour  descendre 
qu'un  passage ,  surnomme  le  pas  du  Diahle  a  cause  de  la  difficultc 
qu'il  offre.  Nous  commen^aimes  par  sauter  un  espace  de  3  pieds  , 


i84 

pouratteindre  une  piene  voisine. Unenonne  roclier,  apiccoinme 
une  muraille,  est  notre  unique  route  ,  et,  le  visage  tourne  conlre 
ce  mur  ,  les  genoux  sont  fort  g^ni^s  pour  cnjambcr.  Le  precipice 
dc  200  pieds  est  [derriere  soi ;  et  il  faut  marcher  de  cole  sur  ce 
plan  perpendlculairc  ,  les  pieds  tout-a-fait  en  dehors  de  la  pierre  , 
el  cherchant  la  moindre  exuberance  du  roc  pour  servir  de  point 
d  appui  aux  mains.  J'avoue  que  je  reculai  a  la  vue  d'un  tel  danger; 
mais,  dans  ces  lieux  inconnus  ,  Timaginalion  s'exalle,  et  je  passai.... 
Ce  n'est  pas  sans  effroi  que  nous  voyions  nos  camarades  ainsi 
suspendus  !  Au  milieu  de  ce  passage ,  qui  a  Irois  toises  de  long  ,  se 
trouve  un  anneau  de  fer  place  par  les  guides ,  et  auquel  est  allachee 
une  corde  qui  tient  par  I'aulre  bout  a  une  stalaclilc.  C'esl  sur 
celte  corde  qu'il  faut  se  suspendre  des  mains  ,  et  se  soulenir  par  la 
force  des  bras  ;  les  pieds  trouvent  a  peine  quelques  poinls  dappui. 
Cette  difficulte  sunnontee  ,  on  se  trouve  devant  le  pilicr  qui  lient 
la  corde.  II  est  transparent ,  d'une  blancheur  cclalante  ,  el  forme 
de  choux-fleurs.  A  parlir  de  sa  base ,  il  va  en  diniinuant  en  forme 
pyramidale.  Assis  a  cheval  sur  les  choux  -  fleurs  de  ce  pilier  ,  de 
nouveaux  obstacles  s'offrent  a  noire  vuc  :  le  roclier  forme  de  nou- 
veau muraille,  le  precipice  nous  entoure  ,  el  la  pierre  est  glissanle. 
11  faut  descendre  environ  aS  pieds.  Si  Ton  ne  tombc  pas  droit  , 
Ton  court  risque  de  se  precipiter  dans  un  trou  profoud  ,  et  de  se 
briser  contre  d'enormes  masses  de  pierres.  Une  faible  corde  sans 
noeuds  ,  le  long  de  laquelle  nous  nous  laissames  glisser ,  etait  en 
meme  lemps  noire  soutien  el  notre  gouvernail.  Seulement ,  au 
bas  de  celle  corde  ;  nous  pilmes  commencer  a  nous  croire  en  stl- 
rete  sur  une  stalaclilc  d'un  pied  de  dianietre  ,  qu'il  fallait  qui  Her 
sur-le-champ  pour  faire  place  a  celui  qui  suivait.  A  force  de  nous 
laisser  glisser  de  rochers  en  rochers,  lanlot  debout ,  tanlol  rem- 
pant ,  nous  servant  autant  de  nos  mains  et  de  nos  coudes  que  de 
nos  pieds  ,  et  trouvant  a  chaque  pas  de  nouveaux  et  aussi  dange- 
reux  obstacles  ,  nous  arrlvons  a  une  place  ou  nous  sommes  avec 
plus  de  sArete  que  d'aisance.  Notre  vue  est  dabord   frappee   d'uu 


i85 

autel  blanc  comme  la  neige  ,  de  forme  ovale  ,  et  assis  sur  des  mar- 
ches composdes  d'mi  email  eblouissanl,  en  feuIUes  posees  les 
uncs  sur  les  autres.  Plus  loin  se  decouvrent  des  colonnes  can- 
nelees ,  jaunes  et  Iransparentes  malgrc  leur  grosseur  deniesuree  ; 
car  il  fallalt  nous  metire  plusieurs  pour  les  embrasser.  Nous  ne 
pouvions  en  apercevoir  le  faile  ,  puisqu'en  depit  de  la  quantite 
de  lumieres  qne  nous  avions  ,  les  ombres  nous  cachaicnt  sou- 
vent  la  voL^le.  La  grandeur  de  cette  salle  est  egale  au  quart  de 
Monlpellier.  Son  sol  est  herlsse  d'asperltes,  de  colonnes  ,  de  py- 
r amides  ;  niais  nos  ycux  n'oul  pu  en  mesurer  ni  Televation  ,  ni 
la  profondeur.  La  vue  de  tant  de  beaules  nous  plongeait  dans  une 
ravissante  et  muette  admiration.  Des  obelisques  hauts  comme  des 
clochers  ,  ciseles  a  la  maniere  gotlii(|ue  ,  et  roussatres  ,  atlirerent 
long-temps  nos  regards,  lei  des  masses  de  la  grosseur  d'une  mai- 
son  qui  se  deploienl  en  forme  de  cascades  ou  imitent  des  nuages ; 
1.1  ,  de  hardis  piliers  de  cristal  brillant  dc  mille  claries  a  la  lueur 
de  nos  flambeaux;  enfin  ,  tout  ce  que  I'imagination  peut  enfanter 
de  plus  bizarre  et  elrange  s'offre  a  nos  regards.  Nous  avan^ons 
encore  ,  etnous  remarqons  une  statue  colossale  de  25  i\  3o  pieds  , 
posee  sur  un  piedestal ,  qui  represente  une  femme  tenant  un  enfant 
dans  ses  bras.  A  travers  les  longues  draperies  qui  la  couvrent ,  nous 
apercevions  les  formes  de  son  corps.  Ce  plienomene  ,  que  nous 
avons  examine  sans  prevention  ni  illusion  ,  est  vraiment  admirable. 
Dans  un  autre  comparlimcnt  (  car  il  est  bon  de  vous  dire  que  les 
nombreuses  colonnes  qu'il  y  a  ,  font  de  cette  salle  comme  une 
vaste  basilique  entouree  de  cbapelles  en  tout  sens)  ,  dans  ce  com- 
partiment ,  dis  -  je  ,  nous  trouvames  une  quantite  de  statues 
de  dlverses  dimensions  ;  et  entre  autres  un  trophee  d'armes  , 
avec  des  lances ,  des  canons  et  des  drapeaux  renverses  ,  sur- 
monte  a  la  hauteur  de  20  pieds  d'un  aigle  dont  les  ailes  sent 
bien  deployees  ,  mais  a  qui  il  manque  la  tete.  Un  des  guides  ,  qui 
pretendait  qu'une  seule  personne  etait  descendue  ou  nous  etions  , 
nc  voulait  pas  nous  mener  plus  loin  ;  mais  ayant  fortement  insiste 


.86 
jiour  pousser  en  avaiil ,  il  nous  conduisit  au  noinbre  de  six  a  uiie 
ouverture  ,  oi'i  nous  ttines  obliges  de  passer  un  a  un  en  rampant 
sur  le  ventre  ,  par  un  clicmin  entre  deux  rocliers  qui  n'avait  qu'un 
pied  de  hauteur  ,  et  forniail  une  penle  glissante.  Apres  avoir  ef- 
ectue  ce  passage ,  nous  filnies  dc  nouveau  arreles  au  bord  d'un 
autre  precipice  ,  sur  lequel  le  manque  de  cordes  fit  ce  qii'aurait 
peut-etre  fait  la  crainte ,  c'est-a-dire  nous  empecha  de  dcscendre. 
Le  guide  nous  assura  y  elre  descendu  une  iois.  Nous  avons  evalu(^ 
la  profondeur  que  nous  avons  parcourue  a  environ  Goo  pieds  sous 
terre.  La  temperature  de  cctte  grotte  nous  a  paru  assez  douce  ; 
nous  n'avons  cependant  pu  en  juger  qu'imparfaitement ,  a  cause 
de  la  fatigue  qui  nous  avail  mis  tout  en  nage.  Ce  que  Ton  eprouve 
la  est  extraordinaire  comme  les  objets  dont  on  est  cntoure.  Au 
fond  de  la  grotte  ,  lechoeurde  Robin  drs  Bois  ,  cliante  les  torches 
a  la  mains,  produisit  un  eifet  magique.  II  faudrait  un  volume  en- 
lier  pour  decrire  tout  ce  que  Ion  y  voit  ,  et  je  crois  que  j'ai  deja 
abuse  de  la  patience  du  lectear  ,  surtout  s'il  est  incredule. 

Nous  etions  dix-huit ,  y  compris  les  trois  guides  ,  et  chacun  de 
nous  craignait  que  nous  ne  pussions  pas  tous  revoir  le  jour  ,  dont 
nous  avons  ete  prive  pendant  six  heures  ,  surtout  apres  les  chutes 
que  firenl  quclques  j)crsonnes  ,  et  entre  autres  un  jeune  homine  , 
qui,  s'elant  accroche  a  une  stalactite  qui  lui  resta  a  la  main, 
glissa  de  la  hauteur  de  20  pieds  sur  un  plan  fort  incline ,  et  ne  fut 
arrele  dans  sa  chute  que  par  une  saillie  de  roc  ou  ses  pieds  avaienl 
peine  k  se  tenir.  Dans  la  seconde  salle  en  haut  ,  un  autre  ,  se  de- 
tacliant  du  bras  de  son  frere  qui  le  f^licitait  de  le  voir  echappe 
sain  el  sauf  a  tant  de  dangers  ,  disparail  aussitot  a  nos  yeux,  dans 
un  Irou  en  forme  de  Irappe  ,  an  bord  duquel  il  fut  assez  heureux 
de  se  retenir  par  le  bras  gauclie.  C'elait  lait  de  lui ! .  .  .  Pour  les 
autres  chutes  ,  nous  regardons  comme  miraculeux  ,  ou  du  moins 
comme  fort  heureux  qu'elle  n'aient  pas  eu  de  suites  plus  ficheuses 
que  des  contusions  et  de  legeres  blessurcs  ;  car  celle  caverne  est 
construlte  de  telle  maniere  qu'il  serait  impossible  de  remonter  un 


187 
homme  qui ,  tombe  dans  le  fond  de  rabiuie ,  ne  serait  encore  que 
blessc.  11  y  a  quelques  annees  qu'un  Anglais  se  cassa  la  cuisse  , 
en  se  laissant  tomber  de  rechelle  dc  corde  ,  sur  laquelle  11  eut  un 
cvanoulssement.  La  seulement  on  put  le  remonter.  Les  guides  , 
a  qui  elle  apparlient ,  pourraiont  rendre  cette  grotte  plus  pra- 
ticable  ;  mais  tel  est  le  petit  noinbre  de  ceux  qui  vont  la  visiler  en 
entier,  qu'ils  courraient  risque  de  compromeltre  les  frais  qu'ils 
y  feraient. 

Je  crois  qu'il  est  impossible  de  trouver  une  grotte  plus  remar- 
quable  ,  et  c'est  ce  qui  ni'a  fait  solliciler  I'insertion  de  ma  lettre 
dans  voire  recueil. 

Je  finis,  en  disant  qu'on  y  trouve  en  realitc  une  grande  partie 
des  bizarreries  merveilleuses  de  I'imagination  que  M.  Charles 
Nodier  a  si  bien  decrite  dans  son  Smaira. 


La  Bibliotli(^que  italienne  a  inserc  dans  son  numero  de  Janvier 
dernier  un  court  extrait  du  voyage  au  p61e  arctlque  du  capitaine 
Parry.  Get  article  est  termine  par  le  tableau  des  plus  hautes  latitu- 
des auxquelles  se  sont  eleves  differcns  navigateurs  dans  les  regions 
septentrionales  de  notre  hemisphere.  Ces  navigateurs  sont : 

En  iSgG,  Barentz  et  Hecmskerk  (hollandais) ,  qui  ont  atteintla 

latitude  de.   .   .  ' 80"   11' 

1607,  H.  Hudson  (Anglais)  celle  de 80    28 

1766,  Tchilchazov  (Russe) 80     21 

1773,  C.-.T.  Phlpps,  lord  Mulgrave  (Anglais).     80    48 

1827,  W.-E.  Parry  (Anglais) 82    4.5 

II  resulle  de  ce  rapprochement  que  le  capitaine  Parry  aurail  at- 
tcinl  ,  au  nord  du  Spltzbcrg,  une  latitude  plus  elevee  d'envlron 
deux  degres  que  celle  a  laquelle  elait  parvenu  le  capitaine  Phipps  , 
en  1773,  el  qu'aucun  navigateur  nc  se  serait  autaut  approche  du 
pole.  Ace  sujet,  M.  J.  Gautier ,  inspecteur-general  des  forels,  Ita- 
lien,  a  adresse  une  note  aux  redacteurs  de  la  Bibliolheque  de  Mi- 


1 88 

Ian ,  dans  laquelle  il  reclanic  en  faveur  d'aulres  navigatcuis  qui  au 
raient  depasse  de  beaucoup  la  lalilude  alteinte  par  Parry,  et  au- 
raient,  pour  ainsi  dire,  louche  au  pole.  11  rapporte  ce  qu'cn  dlt  le 
celebrc  Forster ,  conipagnon  de  Cook ,  dans  son  Histoire  des  de- 
rouoertes  et  des  voyages /aits  duns  k  Nord ,  Paris,  1788  ,  t.  II.  A  oici 
cc  passage  : 

«  Dans  le  temps  que  la  compagnie  du  Nord  hoUandaise  etait 
)>  encore  dans  loute  sa  splcndcur  (c'est-a-dire ,  de  i6i4  a  i64i)  , 
»  ellc  envoya  un  vaisseau  au  Groeiiland,  pour  y  charger  de  Ihuile 
»  de  poisson  ,  qu'on  faisait  a  Sewerenberge.  Mais  coinme  il  n'y  en 
»  avail  pas  suffisainment  pour  completer  la  cargaison ,  le  capitaine, 
»  Irouvanl  k  mer  libre*,  dirigea  droit  au  nord ,  et  approcha  a  la 
).  distance  de  2  degres  du  pole,  duquel  il  i!t  deux  fois  le  tour.  Ce 
).  capitaine  avail  coutume  de  raconter  cela  publlquement,  el  de 
).  prendre  son  equipage  a  temoin  de  ce  fait.  \  oyez  Zurgdrager, 
»  peche  de  la  baleine  au  Groi'niand  (en  allemand),  vol.  II,  chap. 
»  10 ,  page  162.  Joseph  Moxon  dlt  aussi  a  Wood,  en  1676,  comme 
).  celui-ci  nous  I'apprend,  qu'elanl  en  Hollande,  environ  20  ans 
»  avanl,  el  consequemmenl  en  i656,  il  entendit  dire  a  un  capi- 
n  taine  hoUandais,  hoinme  tres-respeclable ,  auquel  il  pouvalt  ajou- 
).  ter  foi ,  qu  il  avail  navigue  sous  le  pole ,  oii  il  Irouva  Fair  aussi 
»  chaud  qu'il  a  coutume  de  I'etrc  en  ele  a  Amsterdam.  Enfiu  le 
»  capitaine  Gould,  qui  avail  fail  plus  de  20  voyages  au  Groeu- 
..  land,  dit  au  roi  Charles  II  qu'elanl  au  Groenland  20  ans  aupa- 
>.  ravanl,  il  avail  rencontre,  pres  de  I'lle  Edges  (i),  a  Test  de  celle 
»  contree  ,  deux  navigaleurs  hollandais  qui  resolurenl  ,  comme  il 
«  ne  paraissait  point  de  baleine  sur  ce  rivagc,  de  faire  voile  plus 
«  loin  vers  le  nord  :  ce  qu'ils  firent  en  effel;  qu'ils  etaienl  revenus 


(1)  »  L'lle  Edges  est  proliablcment  une  des  iles  apparleaant  a  ce  groupe 
»  d'lles  decouvert  par  Ryke-Yse.  Le  c.npitainc  Thomas  Edge,  (jui  lit  dix 
••  voyages  au  <-iroeidand,  dccouvril  cette  ile  en  161G;  el  en  1^17,  une  ile 
»  silucc  i  la  liauteur  du  Spitzberg,  lul  appch^e  ile  Wyclie ,  du  noni  An 
"  M.  Wyche.  » 


i89 
»  i5  jours  apres,  et  avaieni  (^t^  jusqu'au  89''  degre,  ou  ils  n'a- 
»  vaient  vu  aucune  glace ;  inais  une  mer  parfaltement  liLre  et  des 
»  vagues  aussi  grandes  que  dans  la  bale  de  Biscaie.  La  decllnai- 
»  son  de  raiguIlJe  aimautee  dtalt  dans  ce  lleude  5  degrees.  II  arriva 
»  dans  la  suite  qu'un  de  ces  capitaines  vint  a  Londres;  le  capitaine 
«  Gould  le  prescnta  a  quelques  menibres  de  la  compagnie  du  Nord, 
»  qu'il  convainqult  pleinement  de  la  verite  de  sa  relation.  Yoyez 
«  la  Relation  de  quelques  voyages  ei  de  plusieurs  decouvertes  faites  de- 
»  puis  peu ,  Londres,  1711,  pag.  i4-5  ,  ainsi  que  Vlli'stoire  du 
»  froid,  par  M.  Boyle  (t.  11,  caliier  il ,  sect,  xi ,  pag.  2G5).    » 

M.  Gautier  ajoule  qu'il  connait  parfaitement  les  fables  dont 
sont  enrlclues  les  narrations  des  marins  ;  mais  qu'il  ne  saurait 
pourtant  accuser  de  mensonge  des  assertions  qui  lui  paraissent  si 
circonstanciees  et  si  positives  (i). 


(i)  Nous  sommes  tres-porte's  .i  recevoiravec  qiielque  incre'dulitc' des  fails  si 
extraordinaires  qui  signaleraient  un  elat  physiqiie  des  regions  polaires  si  diflc- 
rent  de  celui  que  les  observations  exactes  des  modernes  ont  bienconstatees.  Si 
le  gout  du  merveilleux  nVsl  pas  entre  pour  quclque  cliose  dans  les  narrations 
de  Moxon  et  de  Gould,  on  peut  siipposor  avec  beaucoup  de  probaliilite  que 
ces  navigateurs  se  sont  mcpris  sur  leur  position  et  avec  d'autaiif  plus  de  faci- 
lity; que  la  science  de  la  navigation  etait  alors  peu  avancce  et  les  instrumens 
nauliques  tres-imparfaits.  Jri  d'ailleurs  les  marins  eiix-memes  avaient  les  coii- 
naissances  necessaires  pour  s'en  servir  utilenient.  II  serait  pourtant  tres-pos- 
sible  que  quelques  navigateurs  eussent  atteint  une  latitude  plus  septentric-iale 
que  celle  de  Parry  ;  mais  nous  croyons  que  le  fait  n'est  pas  constate.  Sui- 
vant  nous  done  Parry  est  jusqu'a  ce  jour  le  navigateur  qui  se  soit  le  plus 
avance  vers  le  pole  arctique  ,  tandis  que  la  gloire  de  s'^tre  le  plus  approche 
du  pole  oppose  ,  beaucoup  moins  abordable  ,  appartient  toujours  a  son  com- 
patriote  I'immortel  Cook,  parvenu  ,  comme  on  salt,  a  la  latitude  australe  de 
71"  id'.     (N.duR.) 


Extra  IT  d'une  leltrc  lie  M.  le  docieur  J.  Mease,  corirspoiuhinl 
elranger  de  la  Societe. 

Philadelpliic,  9  mai  1828. 

Voulant  t^inoigner  ma  reconnaissance  a  la  Soclele  dc  Geogra- 
plile  pour  I'honncur  qu'clle  ni'a  fail  de  m'admeltre  dans  son  sein, 
et  conlribuer ,  aulant  qu'il  est  en  mon  pouvoir,  au  bul  (juelle  se 
propose,  jc  nie  suis  empresse ,  I'aulomne  dernier,  d'ecrire  aux  gou- 
vcrneurs  de  la  A  Irginie  et  de  la  Caroline  du  Sud  ,  pour  les  engager 
a  offrlr  a  la  Societe  un  exemplalre  des  carles  de  ccs  contrees,  les- 
qiielles  cartes  ont  ete  dressces  et  publiees  derniereinent,  aux  frais 
et  par  les  ordres  de  la  legislature  de  ces  elals.  Quelques  scuiaines 
apres,  M.  le  gouverneur  Giles,  de  la  A  irginie,  ni'a  informe  que 
sa  legislature  avait  accede  a  ma  demande.  Hier,  une  autre  leltre 
m'apprit  que  la  carte  etait  prete ,  et  qu'on  ne  desirait  plus  que  le 
nom  du  president  de  la  Societe ,  pour  la  lui  adresser. 

Yous  serez  probablement  frappe  ,  comnie  je  I'ai  ele,  de  la 

beaule  de  celte  carte.  Je  ne  doule  nuUenienl  de  son  exactitude;  la 
legislature  de  I'etat  a  vote  20,000  dollars  pour  sa  confection. 

1  e  n'ai  rien  re^u  du  gouverneur  de  la  Caroline  du  Sud ;  mais 

il  a  dit  a  mon  fils  qu'il  avail  communique  ma  letlre,  Ihiver  dernier, 
aux  represenlans  de  son  Elat ;  el  qu'ils  avaient  decide  qu'une  carle 
serait  doniiee  a  la  Societe  de  geographic.  D'apres  ccla,  je  dois 
croire  qu'il  lui  en  fera  passer  un  exemplaire. 

Permettcz-moi  de  saisir  cette  occasion  pour  vous  exprimcr 

conibien  il  me  serail  agreable  de  recevoir  le  liulletin  public  par  la 

Societe. 

Agreez,  elc. 

SigneJ.  Mease. 


'9» 

Atlas  of  ihe  state  of  South  Carolina ,  etc.  Atlas  cle  Tetat  dc  la 
Caroline  du  Sud  ,  dresse  sous  les  auspices  de  la  legislature ,  par 
Robert  Mills,  ingenicur ,  et  dedie  au  serial  el  ii  la  cliambre  des 
Representans  de  cet  etai. 

Ce  Lei  Alias  ,  qui  vient  de  paraitre  a  Philadelphie  ,  se  compose 
d'une  carte  generale  de  la  Caroline  du  Sud ,  et  de  vingt-huitaulres 
de  chacun  des  districts  ou  coniles  ,  dans  lesquels  elle  est  divisec.  Ces 
dernieres  ,  gravees  par  M.  H.  S.  Tanner  ,  sur  une  echelle  de  deux 
millcs  au  pouce,  ont  ete  rclevecs  de  1817  a  iSaS,  et  sont  execu- 
tces  avec  un  soin  tout  parliculier.  L'autcur  y  a  annexe  un  precis 
statistique ,  oil  il  traite  de  la  silualion  ,  des  limites  et  de  I'etendue 
de  cet  etat ;  de  I'aspect  du  pays ,  qu'il  divise  en  sept  regions  distinc- 
tes ,  de  la  nature  du  sol  et  du  climat ;  des  rivieres  et  des  canaux  ;  des 
villes  principales  ;  de  la  division  civile  et  administrative  i  de  I'orga- 
nisation  religieuse  etmilitairb,  de  I'instrulion  publique;  dugouver- 
nement  general ;  et  cnfin  du  commerce  et  des  manufactures.  On  v 
trouve  aussi  un  tableau  de  la  population  ,  par  district  et  par  classes  , 
d'apres  le  recensement  de  1820  ;  une  liste  des  gouverneurs  ,  sous 
Tadministration  des  proprietaircs  ,  sous  le  gouvernement  royal , 
et  sous  la  repuLlique  ;  et  un  resume  clironologlque  des  principaux 
evenemens  qui  se  rattachent  a  Thistoire  de  la  Caroline  ,  depuis  la 
cession  qu'en  fit  Charles  II  au  comte  de  Clarendon,  en  1662, 
jusqu'a  la  visite  du  general  Lafayette  ,  au  mois  de  mars  1825.  Cet 
Alias  ,  un  des  plus  complcts  qui  aient  etc  publics  aux  Etats-Unis  , 
se  vend  quinze  dollars. 

W. 


BIBLIOGRAPHIE   GEOGRAPUIQUE. 


§  I".    LIVRES. 

OUVRAGES      GEMERATIX. 

169.  IMlhlORIAI.ntI  DEPOT  GlINKRAI,  DE 

LA  GUEiuiE  ,  iiiijiiimi.' par  ordre  du 
miiiislre  ,  tomo  iv  ,  annc'e  1826, 
chez  Pirtiiirt ,  qiiai  Conti  ,  n"  17  , 
I  vol.  iii-4°.  Prix  :  18  fr. 

170.  Tableau  orographioue  du 
GLOBE  ,  iiidiqiiantla  liaison  etlesdc- 
pcndaiices  gcographiqiies  des  prin- 
cipaux  systemes  de  nionlagues  des 
deux  conliiicnts. 

—  Tableau  synoptjque  et  compa- 

RATIF  DES  PRCN'CIPALES  DIVISIONS 
GEOGRAPHIQUES  DU  GLOBE,  prcsen- 
te'cs  dans  letirs  rapports  liomologues 
a  IV'gard  de  IV'quateur  el  du  nii'ri- 
dien  de  I'lle  de  Fer  ,  ou  relalive- 
ment  aux  climats  et  aux  saisons  ; 
dresse  pour  iaciliter  IV'tude  de  la 
Mappeinonde  comparative  des  Es- 
saisde  Geograpliie;  par  M.  Uenaix, 
Paris  ,  1828.  Chez  I'aiiteur  ,  rue 
d'Assas,  n°  5  ,  et  cliez  Piajuet. 

171.  Voyage  dans  les  cino  parties 
DU  MONDE  ,  ou  I'on  decrit  lesprin- 
cipales  contrc'cs  de  la  terre  ,  les  cu- 
riosites  naturelies  ,  industrielles  , 
scientifiques  ou  littcraires  ,  les 
moeurs  ou  coutumes  des  nations  , 
les  riclicsses  ,  les  lorces  ,  lescultes, 
les  gouvernenicns  ,  avec  les  nota- 
bilites  ,  les  vilies  et  les  populations 
des  dilierens  etals  ,  par  .M.  Albert- 
IVIoNTEMONT  ,  Paris  ,  1828  ,  chcz 
Bechet,  quai  des  y\ugustins,  n°  57, 
4  vol.  in-i2,  avec  cartes,  conte- 
nant  I'Europc  ,  i'Asie  et  TAfrique. 

AMiiRIQOE. 

172.  ReISE  S""  HoHEiT  DES  IIekzogs 

Bernhard  zu  Sachsen-Weimar- 
Eisenach,  Durcii  Nokd-Amerika. 
Voyage  dans  rAnicrique  septen- 
trioiiale  ,  fait  dans  les  aiinces  1S25 
et  1826,  par  IM.  le  due  de  Saxe- 
Weimar  -  Eisenach  ,  \Veimar  , 
1828,  chez  \V.  Hoffmann  ,  i  vol. 
in-S". 


i-]?>.  Narrative  of  a  second  expedi- 

DITION  TO  THE  ShORES  OF  THE  POLAR 

SEA,  in  the  years  182.^  ,  1826  and 
1827  ,  etc.  —  Relation  d'une  se- 
conds EXPEDITION  aux  COTES  DE  LA 
MER  PoLAIRE  ,  en  l823,  1826  et 
1827  ,  par  Joltn  Franklin  ,  com- 
mandant de  Texpedition  ;  compre- 
nant  un  rc'cis  de  la  marrlie  d\iu 
de'tachement  dirige  vers  TEst  ,  par 
le  docteurVo/j//  Uichardson.  Lon- 
dres,  1828,  chez  Murray,  4  v.  in-8". 

AFBIQUE. 

174.  FABLESSENEGALAISES,rcClieillieS 
de  r(Juolof,  et  mises  en  vers  Iran- 
^ais  ,  avec  des  notes  deslinees  a 
faiie  connaitre  la  Seneganibie  ,  sou 
climat,  ses  priucipales  productions, 
la  civilisation  et  les  moeurs  des  ha- 
Lilans  ;  par  M.  le  baron  RoGER ,  Pa- 
ris, 1828,  chez  Nepveu  i  vol.  in- 12. 

17.1.  Kei.edor,  Histoire  Africaine, 
recueillie  et  publiec  par  M.  le  baron 
Roger.  Paris,  1828  ,  chez  Nepveu  , 
1  vol.  ia-8"  ;  prix  5  fr. 

§  2.  ATLAS,  CARTES GEO- 
GRAPHIQUES. 

176.  New  general  atl.as.  —  Nowvel 
ATLAS  GENERAL  ,  avec  les  divisions 
et  les  frontieres  enliimine'es  ;  plan- 
ches gravees  d'apres  des  noiiveaux 
dessins  ,  par  Sidney  Hall  ,  in-iol., 
Londies  ,  1828.  Longmann  ,  Liyr. 
l-vni.  Prix  de  chaque  live,  1  o  sli.l)  d. 

Cet  atlas  se  composera  de  17 
livraisons  qui  paraitronl  de  mois  en 
mo  is. 

177.  Carte  du  cours  de  la  Gambie  , 
au-dessousde  Coussaye,etDUc0URS 
DU  Senegal  au-dessous  de  Mous- 
sala  ,  assnjetie  aux  observations  les 
plus  rc'ccntes  ;  extrait  d'une  carte 
de  Pespace  conipris  entre  POcean 
ft  le  Fezzan  ;  et  entre  les  {••  et  27"= 
paralleles  nord  ,  par  iM.  JoMARD  , 
Paris  ,  1828  ,  1  feuillc. 


LvERAT,  imprimcur  dc  la  Socic'te  d<'  Geographic,  rue  ilii  (Radian,  n°  iG. 


SOCIETE  BE  GEOGRAPHIE. 


SUPPLEMENT 

AU   NUMERO    66    DU   BULLETIN. 


Voyage  d'un  Frangais  a  Tomhoctou. 

L'importance  des  nouvelles  suivantes  qui  vienncnt  de  parvenlr 
a  la  Soclete  ,  nous  met  dans  le  cas  d'ajouter  un  Supplement  au 
Bulletin  du  mois  d'octobre.  Ces  nouvelles  sont  conlenues  dans  one 
lettre  de  M.  Delaporle  ,  vice-consul ,  gtirant  par  interim  le  con- 
suiat  general  de  France  a  1  anger ,  Membre  de  la  Society  ,  adressee 
a  M.  Jomard  ,  Membre  de  ITnstitut ,  vice-president  de  la  Com- 
mission centrale  ,  ct  datee  du  27  septembre  dernier  ,  dont  voici 
I'extrait. 

«  M.  A.  Gaille ,  deja  mentionne  dans  un  des  Numeros  du  Bul- 
letin de  la  Societe  de  Geographic ,  a  parcouru  Tinterieur  de  I'A- 
frique  depuis  le  Rio  ISuiiez  jusqu'a  Tanger  ,  passant  par  Tom- 
boclou.  II  s'embarque  aujourd'hui  sur  une  goelette  de  guerre  de 
I'Etat  pour  se  rendre  a  Toulon.  La  Societe  de  Geographic  pren- 
dra  sans  doute  le  plus  grand  soln  de  ce  voyageur  qui  a  traverse 
I'Afrique  en  reclamant  partout  I'hospltalite  que  je  me  suis  empresse 
de  lui  offrir  moi-meme. 

»  Je  m'estime  heureux  d' avoir  ete  le  premier  qui  I'ait  embrasse. 
11  se  console  des  fatigues  qu'il  a  essuyees  par  Tidee  qu'il  est  le  seul 
Europeen  qui  soil  parvenu  jusqu'a  ce  jour  a  terminer  avec  succes 
une  entreprise  dans  laquellc  ont  succombe  tant  de  courageus  voya- 
geurs  M 


ExTRAlT  de  deux  lettres  de  M.  A.  Caille  a  M,   le  President  de  la 

Commission  Centrale. 

Toulon,    lo  octobre    1828. 

«  Etaiit  au  Senegal,  en  1824.,  je  projetai  d'explorer  I'Afrique 
centrale ,  de  visiter  les  viiles  de  Jenne  et  de  Tomboctou  ,  oLjet 
dcs  recherches  des  Europeens,  qui  a  coiile  la  vie  a  tant  d'illustres 
voyagcurs  ,  enfin  de  surpasser  ,  s'il  etait  possible ,  les  anglais  qui 
nous  avaient  devance.  Je  me  decidai  en  consequence  a  parlir 
pour  I'interieur  a  I'aide  de  mes  seules  ressources ,  persuade  qu'a 
nion  relour  le  Gouvernement  saurait  apprecier  mes  services. 

"  Le  19  avrll  1827,  je  quitlai  Cacandy  sur  le  Rio-Nuucz;  je 
sulvis  une  caravane  de  marchands  Mandingues  allant  sur  le  INiger. 
Grace  au  costume  arabe  et  a  la  religion  du  pays,  que  j'embrassai , 
les  nombreu-es  difficultes  allachees  a  ce  penible  voyage  ont  ^te 
applanies.  J'ai  franchi  sans  obstacles  les  liautes  montagnes  de  la 
Senegambie  et  du  Fouta-Dliialon ,  les  pays  de  Kankau ,  de  Was- 
soulo,  etc.;  el  je  suis  arrive  a  Time,  village  habite  par  des  Man- 
dingues mabometans,  siLne  dans  la  partie  sud  du  Bambara  ,  oh.  je 
sejournai  cinq  mois,  retenu  par  une  maladie  tres-grave. 

"  Le  9  Janvier  1828,  je  repris  mon  voyage;  je  visitai  I'tle  et  la 
ville  de  Jenne  et  je  m'embarquai  sur  le  Niger  sur  une  embarca- 
tion  d'environ  60  tonneaux  destinee  pour  Tomboctou ;  j'y  arrlvai 
apres  un  mois  d'une  penible  navigation.  Cetfe  ville  est  siluee  a  cinq 
milles  au  nord  de  Kabra,  dans  une  plalne  de  sable  mouvant,  ou  il 
ne  croit  que  de  fr^les  arbrisseaux.  J'y  sejournai  quatorze  jours; 
j'^tudiai  les  moeurs  et  les  usages  des  babitans ,  le  commerce  et  les 
ressources  du  pays,  et  je  pris  loutes  les  informations  que  je  pus  me 
procurer.  Ensuite  je  me  dirigeai  au  nord  pour  traverser  le  grand 
ddsert  et  j'arrivai  a  El-Ara\van.  Cette  ville  csl  siluee  a  6  jours  au 
nord  de  Tomboctou;  c'est  I'entrepot  du  sel  qui  est  transports  i 
Sansanding  ct  a  Yamina ;  elie  est  siluee  sur  un  sol  aridc  et  sans  au- 
cun  arbrisseau.  Le  vent  brulant  de  Test  y  r<igne  conlinucUement. 


»9^ 

.le  continual  ma  route  au  nord,  et  j'arrivai  au  puits  de  Teligue,  a 
huit  jours  d'El-Araw^n. 

»  Dela,  je  m'enfon9ai  dans  le  desert,  auN.-N.-O.  Tout  le  sol 
fst  compose  de  sable  mouvant  et  de  roches  de  quartz  gris  jaspe  de 
blanc.  Apres  deux  mois  de  marche  et  des  plus  penibles  privations 
dans  cet  liorrible  desert,  j'arrivai  enfin  a  Tafilet;  je  passai  a  Fez, 
Mequinez,  Rabat  etTanger,  ouje  fus  accueilli  par  M.  Delaporte, 
vice-consul  de  France ,  qui  me  procura  tous  les  soins  qu'exigeait 
ma  position.  Pen  apres  je  m'embarquai  sur  une  goelette  qui  me 
fonduisit  a  Toulon  ou  je  suis  en  convalescence.  » 


Apres  avoir  entendu  ces  communications,  la  Commission  cen- 
trale  a  decide  a  I'unanimile,  dans  sa  seance  du  17  octobre,  qu'il 
serait  envoye  sur  le  champ,  a  M.  A.  Caille,  une  premiere  indem- 
iiile  pecuniaire. 


EVERAT  ,    iMrniHEUR  DE  LA  SOCIETE  DE  GeOGRAPHIE,   RUE  DU  CaDEAN  ,  No    iB. 


BULLETIN 


DE 


/  / 


LA  SOCIETE  DE  GE0GR4PHIE. 


NIIMERO  eT.  —  NovEMBRE  1828. 


PREMIERE  SECTION. 


MEMOIRES,  EXTRAITS,  ANALYSES  ET  RAPPORTS. 


JouiiNAL  of  a  voyage  to  Peru  ;  a  passage  across  the  Cordillera  of  the  Andes  ,  in 
winter  of  1827  ,  performed  on  foot  in  the  snow ;  and  a  Journey  across 
the  Pampas.  By  lieutenant  Charles  Brand  ,  R.  N.  in-8° ,  pp.  3^6  ;  London  ; 
Colburn  ,  1828. — Journal  d'un  voyage  au  Pe'rou ;  passage  de  la  Cor- 
diliere  des  Andes  ,  dans  Thiver  de  1827  ,  exe'cute'  a  pied  ,  dans  la  neige  ; 
Voyage  a  travers  les  Pampas  ,  par  le  lieutenant  Charles  Brand  ,  de  la 
marine  royale  ,  in-S"  de  346  pages  ;  Londres  ,  Colburn  ,  1828. 

Le  lieutenant  Brand  quitta  Falmouth  le  28  avril  1827  ;  il  mit 
quarante-clnq  jours  a  faire  le  trajet  de  ce  port  a  Rio-Janeiro,  et 
fit  voile  de  la  pour  Montevideo  ;  mais  Famiral  bresilien  lui  ayant 
refuse  la  permission  d'aller  par  le  paquebot  a  Bucnos-Ayres ,  alors 
en  etat  de  blocus  ,  a  cause  de  la  guerre  entre  les  deux  pays  ,  il  fut 
oblige  de  se  rendre  par  terre  jusqu'tt  celte  destination,  en  traversant 
la  Bande  orientalc.  II  semblc  que  c'etait  de  la  part  de  I'amira!  une 

i3 


if)8 

absurdite  exlri-mc  que  d'cinpccher  les  passagcrs  d'allcr  a  liuenos- 
Ayres  par  le  paqucbot ,  qnand  ils  pouvalcnl  se  procurer  ,  sans  dif- 
ficultc  ,  dcs  passcporrs  pour  les  frontleres  ,  s'ils  titalent  delerminds 
a  s'cxposer  a  la  falii^ue  c!  au  danger  de  traverser  un  pays  qui  n'of- 
frail  aucune  dcs  connnodites  de  la  civilisation  ,  et  qui  elait  en  ou- 
tre infeste  de  voleurs  ;  mais  c'est  une  de  ces  anomalies  si  com- 
munes dans  rA»«ienque  meridlonale ,  ct  que  nous  nc  pouvons 
cxpliquer  ,  nous  qui  vivons  dans  I'ancien  monde. 

Apres  avoir  qiiille  les  avant-postes  bresiliens  ,  occupes  par  des 
noirs  ,  notre  aulcur  arriva  aux  ligncs  republicaines.  La  peinlure 
qu'il  fait  des  forces  des  patriotes  n'cst  point  flattee  ;  res  dcrniers 
avaient  un  air  tres-miserablc  et  grossier  ;  ils  etaient  tous  monies 
sur  des  clievaux  a  demi  -  sauvages ;  nu-pieds  et  nu-jambes,  avec 
d'enormes  eperons  atlaches  a  leurs  talons  nus  ,  par  des  lanleres 
de  peau  ;  leurs  longs  cbeveux  noirs  pendaienl  sur  leurs  cpaules  ;  ils 
avaient  de  grandes  moustaches  noires  ,  des  bonnets  rouges  et  des 
veslesbleuesbordeesde  rouge  ,  sous  lesquelles,  lorsqu'ilsgalopaient 
ct  caracolait'iit ,  on  aperccvait ,  en  avanf  el  en  arriere  ,  une  cein- 
lure  garnle  de  pislolels  ,  un  long  et  large  poignard  ;  ajoutez  h  tout 
cela  quils  porlaicnt  un  sabre  el  une  arquebuse ;  ceux  qui  n'avaient 
pas  la  derniere  ,|  avaient  de  vieux  mousquets  ,  des  fusils  de  chasse , 
etc.  Cea  gpns  elaient«n  arnies  pour  s'opposcr  a  rexcculion  du  traile 
d'apres  lequel  la  Cande  orientale  avail  etc  cc(\6e  a  rcmpereur.  lis  nc 
valaient  gu^-^re  mieiix  qu'une  troupe  de  bandits,  et,  pour  achever  Ic 
tableau,  raulcnrajoute  qu'il  y  avail  parmi  eux  de  nonibrcux  deser- 
teurs  amies,  dcs  deux  parlis,  qui  pillaicnt  el  massacraienl  de  tous 
les .  cotes.      . 

;  L;e,UeutenaBl,  Brand  ful  heurcux.d'avoir  pour  compag;nons  de 
yoyage  ^rois  Malais  et  un  i.spagnol ;  pendant  Irois  lieues  ils  curent 
pour  guide  un  gentil  p^lit  gargon  de  cinq  ans ,  qui  montail  un 
noble  co,ursier,  et  fredonnait,  lout  le  long  du  chemin,  une  chanson 
nalionale  ,  dont  le  refrain  elait:  «  yJux  armcsl  bnu'es  Orienlaux , 
"   yojlct^l^enitemi ;    c/iargez   htinlinieni.  »    Kn   general,  res  i^uides 


^99 
sont  boris  cavaliers  :  a  peine  a  cheval,  ils  crient:  Vamos,  senores ! 
aliens  ,  Messieurs  !  et  partent  au  grand  galop  ;  rien  ne  les  arr<^te; 
marais  ,  ruisseaux  ,  absolunient  rien  ;  il  faul  les  suivre  oi!  rester  en 
arriere.  Apres  avoir  brave  les  tigres ,  les  vautours  ,  les  insectes 
et  la  famine  dc  la  Bande  orienlale  ,  nos  voyageurs  Iraverserenl  le 
Ivlo.  dc  la  Plata  dans  une  barque  ouverte.  IJucnos  -  Ayres  leur 
parut  un  autre  Londrcs  ou  un  autre  Paris  ,  en  comparalson  de  la 
contree  sauvage  qu'Ils  avalent  parcourue.  Sous  le  point  de  vue  po- 
litique, la  metroj)oIe  republlcaine  elait  dans  une  situation  bien 
Irlste.  Le  papier -monnaie  etalt  tombe  presqu'a  rien  ,  et  on  s'at- 
tendait  a  une  baisse  nouvelle  de  jour  en  jour. 

Le  lieutenant  iJrand  quitta  JJuenos-Ayres,  et  se  mit  en  route  a 
travers  les  Pampas,  galopant,  comnie  c'est  Tusage  dans  ce  pays 
sauvage  ,  aussi  vite  que  les  chevaux  peuvent  aller.  Voici  rexplica- 
tion  qu'Il  donne  sur  cette  maniere  de  voyager. 

<r  On  pnurralt ,  dit-il ,  se  demander  poarquoi  les  voyageurs  ga- 
lopent  avec  celtc  etonnante  vltessc  dans  les  Pampas  ?  Pour  s'en 
rendre  comptc  ,  il  faut  se  rappeler  le  denuement  total  et  la  mis^re 
qui  avoisinent  cjt  affrcux  desert':  Ton  s'imagine  aisement  qu'un 
voyageur  n'est  nuUemcnt  dispose  a  y  rester  plus  long-temps  qu'il 
ne  lul  est  possible  de  le  falre.  II  faut  aussi  conslderer  qu'en  tout 
temps  on  est  expose  a  trouver  des  ludiens  ou  des  Isionteno- 
ros  qui  rodent  dans  les  environs;  si  par  hasard  ceux-ci  viennent 
a  savoir  qu'il  y  a  un  voyageur  sur  la  route,  nul  doute  qu'Ils  ne  lenient 
d  le  urprendre  :  c'est  pourquol,  le  mellleur  et  le  plus  sArmoyen  de 
les  eviter  ,  est  de  courlr  a  clieval  assez  vite  pour  echapper  a  leurs 
poursultes,  quand  meme  ils  seraient  prevenus  d'avance  ;  ajoutez  a 
cela  que  la  marcbe  des  cbevaux  est  telle  qu'il  semble  que  ces  ani- 
niaux  se  doutenl  du  chemin  qu  ils  ont  a  taire  ,  el  qu'Ils  soient  aussi 
presses  que  les  cavaliers  eux-memes  d'arriver  au  but.  Au  resle 
leur  peine  nest  pas  aussi  grande  qu'on  pourralt  se  rimagln,er;  car 
Ils  n'ont  jamais,  a  monter  ni  a  descendre  :  point  de  sinuosites ,  ni 
detours,  point  de  routes  obstniees  ;  nul  obstacle  de  ce  cote.  En  un 


2  on 

mot,  ricn  n'empi^che  d'aller  tout  droll  cii  avaiil;on  liouve  mcine 
un  plaisir  parliculier  a  courlr  h  cheval  dans  un  desert  affreux  ,  ou 
rien  n'atlire  rattention.  Absorbe  dans  une  foulc  de  reveries  pleincs 
de  chafme,  I'esprit  bAlit  des  chateaux  en  I'air;  c'cst  toul  au  plus  si 
ces  edifices  fanlastiques  sent  detruils  par  Je  galop  du  cheval  ou  par 
Tapparilion  de  la  maison  de  poste  qui  se  montre  a  I'horizon  de  la 
plaine  desolee ,  comnie  on  decouvre  a  riinprovisle  la  voile  dun 
vaisseau  en  iner.  Cette  vue  sert  seulenient  a  rompre  la  nionotonic 
pour  quelques  courts  momens  ,  jusqu'a  ce  que  le  voyageur  change 
de  cheval ,  el  qu'il  galope  de  nouveau  ;  alors  son  esprit  se  porle  en 
avanf ,  el  il  calcule  combien  il  lui  faudra  de  temps  pour  arrivcr  a 
la  fin  de  sa  course  monotone  ;  c'est  ainsi  que  ,  sans  aucun  motif  de 
s'arreter  ,  il  marche  en  avant  depuls  la  pointe  du  jour  jusqu'a  la 
nult ,  lant  qu'il  j)eut  trouver  des  chevaux  de  rclais  ;  sans  jamais 
penser  auchemin  qu'il  aparcouru  ,  il  ne  soccupe  que  de  celui  qui  lui 
resle  encore  a  faire.  » 

C'est  dans  cette  partie  de  sa  relation  que  noire  voyageur  donnc 
une  idee  generale  du  caractere  des  naturcls  des  Pampas.  \  oici  ce 
qu'il  raconte  de  la  famille  d'uu  brave  homme  qui  fut  son  hole  a 
Las  31ananl!ales  ou  aux  Sources. 

«  Ce  lieu  ,  dit-il,  n'etant  point  une  poslc  n'-gullere ,  n'a  point 
d'apparlement  de  maitrc  ;  mais  noire  hnic  qui  etail  un  homme  de 
>  bonne  humeur  el  de  beaucoup  d'embonpoinl ,  nous  re^ut  avcc  un 
»  visage  riant ,  et  fit  tout  ce  qui  dependait  de  lui  pour  nous  rendre 
son  miserable  sejour  aussi  agreable  que  possible.  Ces  braves  gens 
ont  plusieurs  qaalites  aimables  ;  I'urbanite  dans  les  nianieres  les 
distingue  particulierement.  Get  excellent  homme  ,  malgre  sa 
pauvrcte ,  vivant  avec  sa  fcmme  el  deux  filles  ,  nous  abandonna 
la  seule  chambre  qu'il  avail.  Lorsqu'll  prit  place  pour  manger 
avec  nous  ,  il  ne  loucha  point  a  ses  niets  ,  sans  faire  le  signc  de 
la  croix  ,  ct  sans  adresser  une  action  de  grsices  au  Crealcur. 
Tandis  que  nous  etions  a  souper  dans  I'intdrieur  ,  nous  eumcs 
un  spectacle  brillant  au  dehors.  On  avalt  mis  le  feu  aux  buissons 


201 

»  pour  neltoyer  la  canipagne  ,   el   sur  une  etendue  de  plusieurs 

»  milles,  un  desert  de  feu  jetait  un  eclat  eblouissant ,  el  se  deployait 

»  majeslueusement  sur  Thorizon.  Nous  doriuimes  lous  sur  la  terra 

»  humide  ,  au  rez-de-chaussee  ,  dans  la  petite  piece  de  notre  bon 

»  hote  ;  ce  qui  ne  parut  point  Tincommoder  nl  deranger  sa  famille  ; 

"  car  sa  femme  et  ses  filles  se  deshabillercnt  devant  nous,  comme 

»  s'il  n'y  avait  cu  personnc.  Bientot  apres  ,  tout  en  parlant  el  en 

»  riant,  ils  firenl  leurs  prieres ,  qu'ils  interronipaient  de  temps  en 

»  temps  pourbabiller.  Je  ne  pouvais  m'empecher  de  reflechir  aux 

»  bonnes  qualites  qui  claienl  evidennnent  innees  dans  cette  famille  , 

»  et  a  quoi  on   aurait  pu  les  amener  ,  avec  un  peu  dc  culture  et 

«  d'education.  » 

C'est  dans  le  mrme  esprit  que  le  lieutenant  Brand  parle  des  na- 
turels  des  Pampas  en  general. 

«  L'indolence  est  naturelle  aux  habitans  des  Pampas  :  il  ne  faut 

')  pas  s'en  etonner,  d'apres  leur  peu  de  besoins  !  Tant  qu'ils  ont  du 

»  boeuf ,   de  I'eau ,  un  cigare  ,  tous  leurs  desirs  sont  satisfaits.  Ges 

»  Pampas  formentune  race  d'bommes  vraiment  beaux  et  bien  fails  ; 

«  leur  physionomie  est  expressive  et  annonce  de  rinlelligence.  For- 
»ccs  par  la  necessilede  ne  chercher  que  dans  leurs  propres  ressour- 

)>  ces  les  moyens  de  pourvoir  a  leur  subsislancc  ,  ils  ont  acquis  un 

»  air  tout-a-fait  independant,  et  comme  Ils  ne  vivent  pour  ainsi  dire 

"  qu'a  cheval ,   eel  air  ne  manque  pas  de  noblesse.  Leurs  bonnes 

>>  qualites  sont  remarquables.  Traitez-Ies  avec  blenveillance  ,  et  ils 

»  vous  payeront  dc  retour.  Leur  reconnaissance  Ira  bien  au-dela 

»  de  ce  que  vous  pouvlez  en  attendre.  Un  cigare  presenle  a  propos 

»  et  avec  la  polilesse  convenable  ,  fera  plus  que  loutes  les  paroles 

»  desobllgeanles  que  vous  pourrlezleur  adresser,  el  dont  Ils  ne  s'em- 

»  barrasseraleul  nullement;  el  pourquoi  s'en  embarrasseralent-ils  ? 

M  Yivanl  aussi  libres  et  aussi  Independans  que  I'alr  ,  ils  ne  recon- 

>'  naissenl  la  superiorite  d'srucun    indlvidu  ,  morlel  comme  eux. 

»  Leur  goAt  les  porte  a  quesllonner  ,  mals  ils  le  font  avec  Talr 

»  et  les  manieres    dun    courlisan   qui  crauil  de  deplaire  ,  nean- 


202 

»  moins  ils  veulent  qu'on  leur  rdponde  avec  les  memes  egards. 
»  L'egalite  est  le  principe  de  toules  leurs  Iddes.  L'liuinLle  scrvlteur 
»  et  le  milord  seralent  egalement  salues  du  litre  de  ^d/Tor  (seigneur) 
»  par  le  simple  Gaucho  (  habitant  des  Pampas),  s'il  leur  adressait 
»  la  parole  a  I'un  et  a  iautrc.   » 

Le  lieulonanl  IJrand  arrlva  a  Mendoza,  vilie  sitnec  a  TE.  et  au 
pied  des  Andes,  dans  une  plaine ,  ornee  de  jardins  et  arrosee  par 
des  canaux.  La  latitude  de  ce  lieu  est  de  34."  S.,  et  sa  longitude  de 
72"  3f  45"  ^  rO.  de  Paris.  On  y  donna  des  fetes  aux  voyageurs. 

La  vue  des  Andes,  au  milieu  de  I'lilver  de  ce  pays,  ne  pouvait 
manquer  de  paraltre  effrayante.  Y  monler  ne  peut  jamais  eire  une 
partle  de  plaislr.  Les  dangers  naturels  des  passes  ctaient  alors  hor- 
riblement  augmentes  par  la  ncige,  et  depuls  plusicurs  anniics  on 
n'avait  eu  un  liiver  aussi  rigoureux.  Des  rapports  parvenus  a  Alen- 
doza,  sur  I'etat  de  la  Cordilicre,  exageraient  encore  les  perils 
qu'on  avail  a  rencontrer,  11  paralssalt  toutefois  (pie  plusicurs 
personnes  avaient  perl ,  et  que  la  communication  avec  le  Chili 
avail  et^  suspendue  pendant  cinq  semaines.  Cependant,  rien  ne  fut 
capable  d'effrayer  le  lieutenant  et  de  Tcmpccher  de  continuer  sa 
route.  On  ne  peut  s'cmpecher  de  convenir  que  la  relation  de  cette 
partle  de  son  voyage,  outre  Tlnteret  qui  s'y  ratlachc ,  donue  une  idee 
avantageuse  de  son  caraclere  entreprenant  et  de  son  courage. 

Ayant  fait  les  preparatlfs  nt^cessaires  pour  son  entreprise,  le 
lieutenant  quitta  Mendoza  le  i4  aoAt ,  avec  un  train  de  vingt-cinq 
mulcts.  II  n'avait  d'abord  que  six  personnes  ,  mais  d'autres  le  joigni- 
renten  route.  On  disait,  et  une  pareille  nouvelle  n'etail  rien  moins 
qu'agreable  a  entendre,  que  pen  de  temps  auparavaut ,  un  de  ses 
gens  el  onze  autrcs  Individus  avaient  ele  forces  de  rcsler  dans  une 
miserable  liutle  a  Yillavicencia ,  qui  n'est  qu'a  quinze  lieues  de  Men- 
doza ,  et  qu'ils  y  avaient  ele  bloques  par  la  neige  duranl  une  lempi^le 
qui  dura  douze  jours;  qu  lis  avaient  ele  contralnts  de  subsister  des 
restes  d'un  mulct  qu'ils  avaient  eu  la  precaution  de  rairiasser  sur  la 
neige  ;  on    a'joulall  qu'un   de   ces    malheureux  avail  peri.    Apres 


>oo 


avoir  alteint  le  sommel  de  la  premiere  cliaine  de  monlagnes,  la 
neige  ,  en  plusieurs  endroits  de  la  route  ,  coTnmen9a  a  former 
une  couche  tres-epaisse ,  soiide  et  glissaiite  ;  le  cnemin  etait  jon- 
che  de  carcasses  de  mulels  inorls  de  fatigue.  «  On  ne  pouvait 
»  voir  sans  surprise,  dit  i'auteur,  a  quel  point  ces  cadavresparais- 
»  saient  conserves;  c'^lait  sans  doute  leffet  de  la  rarefaction  de 
»  I'atmosphere.  Quelques-uns  semblaient  n'etre  morls  que  de  la 
>'  veilk.  En  les  examinant,  la  peau  etait,  pour  ainsi  dire  ,  cuite  au 
>•  four,  elle  adherait  aux  os.  II  ne  restait  qu'un  pur  squelette  cou- 
»  vert  de  peau,  en  sorte  que  je  pouvals  en  lever  un  et  le  soutenir 
»  dans  mes  bras,  tant  il  etait  leger!»  Cesingulier  effet  de  I'atmos- 
phere  a  ete  observe  dans  plusieurs  parties  des  Pampas  ainsi  qu'au 
Perou.  C'est  a  la  menie  cause,  ce  semble,  qu'il  faut  attrlbuer  les 
etincelles  eleclriques  que  notre  voyageur  observait,  lorsqu'il  tou- 
cbait  du  doigt  une  partie  quelconque  de  I'litoffe  de  laine  dont  il 
etait  habille. 

II  n'est  pas  difficile  d'imaginer  quelles  ont  du  <?tre  les  sensations 
de  I'auteur,  lorsqu'apres  etre  enlre  dans  la  vallee  d'Uspallata,  il  vit 
pour  la  premiere  fois  la  majeslueuse  Cordillere,  revetue  de  son 
manleau  d'hiver ,  de  la  tele  auxpieds.  «  Ce  fut  alors,  dit  le  lieute- 
nant Urand,  que  pour  la  premiere  fois  nous  I'avons  vue  tout  en- 
tiere;  car  tandis  que  nous  etions  sur  le  versant  oriental  des  monta- 
gnes  ,  les  sommets  seulement  etalent  visibles  pour  nous  ;  mais  dans 
ce  moment  toute  la  masse  se  decouvrit  a  noire  droite  comme  un 
monde  de  neige.  J'etais  frappe  d'etonnement ;  ma  tete  se  porta  fixe- 
ment  en  arriere  pour  contemplor  ces  majestueux  sommets,  s'ele- 
vant  au  milieu  des  nuages  ,  et  jc  pensais  qu'il  y  avait  beaucoup  de 
presomption  dans  la  tentative  de  les  traverser.  » 

Le  passage  suivant  rend  compte  de  quelques  unes  des  difficultes 
que  noire  auteur  eprouva. 

»  Notre  mont^e,  dil-il ,  devint  alors  tr^s-rapide  dans  la  region  des 
neiges;  nous  passions  au-dcssus  de  nombreux  pr(^cipices;  le  quatnemc 
passage,  le  I.adera  de  Las  Vacas,  <^tait  epouvantable :  nous  pAmes 


nous  convalncre  pleinement  que  nos  difficult^s  cl  nos  embarras  ne 
faisaient  que  commencer  ;  car  il  n'y  avail  pas  le  moinclrc  vestige  de 
chemin   trace.  La  pentc  de  la   montagnc  est  douce  en  face  de  la 
riviere  pendant  environ  1,200  pieds,  dont  la  moilie  etait  couverte 
de  neige.  Nous  fAmes  retenus  un  temps  considerable  pour  tracer 
notre  chemin;  les  mules  furent  encore  dechargees,  et  nous  mon- 
tSmes  jusqu'a  ce  que  nous  alteignissions  la  neige  ou  devait  com- 
mencer notre  detresse.  Nous  rampions  latcralemenl  sur  nos  mains 
et  nos  genoux,  faisant  de  temps  en  temps  des  glissades  de  quelqucs 
pleds ,  mals  nous  retenant  avcc  nos  batons.  Les  mules  venaient 
derriere ,  toutes  etaient  dechargees ,  excepte  une  qui  ne  portait  que 
des  objets  legers.  Quelques  uns  des  peons  (valets)  s'«^tablirenl  a  diffe- 
rentes  distances ,  au  bas  de  la  montagne  de  neige ,  avec  des  lacs  dans 
les  mains ,  attendant  ce  qui  allait  arrlver ;  tandis  que  les  autres  tiralenl 
les  mules  et  parvinrent  a  les  mettre  en  mouvement  a  force  de  cris 
et  de  coups.  Les  pauvres  animaux  trebuchalcnt,  tombaienl,  glis- 
saient ,  mais  ne  perdaienl  point  Tequilibre ;  ils  giissaienl  quelquefois 
sur  leurs  handles  pendant  trente  ou  quaranlc  pieds  le  long  de  la 
montagne.  Durant  tout  ce  temps ,  les  peons  criaicnt  de  toutes  leurs 
forces  en  faisant  tourner  leurs  lacs.  Enfin  une  mule  pcrdit  I'equi- 
libre,  et  roula  en  bondissant  I'espace  de  deux  cents  pieds  jusqu'au 
bas  de  la  montagne,   et  tomba  dans  un  torrent  dont  la  violence 
la   fit  porter   en    tournoyant    contre    les  roches ;    a    mon    grand 
etonnement,  die  atteignit  la  rive  opposee,  paraissant  n'avoir  pas 
beaucoup  souffert  de  sa  chute  ;  mais  ses  services  furent  perdus  pour 
nous.    Une  autre  mule  qui  portait  la  moitie  de  nos   provisions 
perdit  egalement  I'equiiibre  et  roula  de  mcme  au  bas  de  la  mon- 
tagnc; tousles  lacs  lui  furent  jetcs,  et  Tun  d'cux  I'attcignit  au  mo- 
ment oil  die  touchait  le  bord  du  torrent ,  ce  qui  sauva  le  pauvre  ani- 
mal et  nos  provisions  ;  nous  perdimes  cependant  notre  vin ,  du  pain, 
du  boeuf,  et  une  bouilloire.  Nos  fatigues  de  cette  journee  n'ctaicnt 
pas  terminees ;  a  mesure  que  nous  avancions,  la  neige  augmentait. 
Nous  arrivamcs  au  cinquieme  passage,  Jqan  de  Pobre  ,   qui,s'il 


2o5 

est  possible,  etait  le  pire  de  tous;  car  il  etalt  s^pare  en  deux  parlies 
par  la  masse  de  neige  qui  le  recouvrait ,  et  qui ,  en  plusieurs  endroils, 
etait  dure  et  giissante.  Si  nous  eussions  delache  les  yeux  de  notre 
chemin  lorsqu'une  fois  nousy  fumes  entres,  cetle  action  e6t  cte  pour 
nous  la  cause  dune  destruction  inevitable.  La  meme  ccrcmonie  de 
decharger  les  mules  eut  encore  lieu,  et  cbaque  liomme  pril  position. 
Je  ferai  remarquer  que  d'abord  les  peons  avalent  commence  a  bri- 
ser  la  neige  avec  leurs  batons  pour  rendre  le  cbemin  plus  sur  pour 
nous  et  les  mules;  nous  rampions,  comme  auparavant,  sur  les 
mains  et  les  genoux;  les  mules  suivaient,  et  alors  commen^a  le 
plus  penible  travail :  les  mules  s'effrayaient,  bronchaient,  glissaient 
el  se  coupaient  dans  cette  neige  durcie ,  a  un  tel  point,  que  leurs 
efforts  pour  y  enfoncer  leurs  pieds  ,  ensanglan(erent  tout  le  chemin. 
Plusieurs  perdirent  Tequilibro,  et  roulerent  le  long  de  la  montagne, 
jusqu'a  ce  qu'elles  fussent  arretcespar  les  lacs  qu'on  leur  jetaitavec 
une  etonnanle  dexterite.  Un  de  ces  pauvres  animaux  roula  jusqu'au 
bas,  sans  que  ses  efforts  ou  les  lacs  pussent  le  sauver;  il  bondis- 
sait  comme  une  balle  et  tomba  dans  le  torrent ,  qui  le  jeta  en  tour- 
noyant  contre  les  rochers  jusqu'a  ce  qu'il  fAt  englouli.  Un  autre  le 
suivit  bientot,  mais  plus  heureux  que  son  compagnon  ,  il  parvint 
a  gagner  la  rive  opposec,  oii  a  mon  grand  etonnement,  au  lieu  de 
rester  la  gisant ,  tous  les  os  du  corps  rompus ,  il  se  releva  sur  ses 
jambes  et  se  mit  a  brouter  panni  les  rochers.  C'est  ainsi  que  nous 
fAmes  prives  des  services  de  trois  mules.  Mon  compagnon  qui  avait 
deja  traverse  trois  fois  les  Cordilleres,  dont  une  fois  dans  I'hiver, 
n'avait  jamais  vu  une  mule  perdre  pied,  au  point  de  rouler  le 
long  de  la  montagne. 

»  Tous  ces  pauvres  animaux  furent  bientot  harasses,  et  le  bagage 
ainsi  que  les  provisions  furent  transferes  sur  le  dos  des  peons  qui 
se  chargercnt  de  cetle  tiiclie  avec  un  grand  fonds  de  bonne  humeur. 
Dans  certains  endroils  ils  avaient  pratique  des  marches  en  zigzag 
dans  la  neige,  et,  avant  que  nous  eussions  atteint  Cumbre,  le 
travail  qu'ils  avaient  execute  surpassait  Timagination.  Les  seuls  lieux 


20G 

de  repos  que  le  voyageur  rencontre  dans  les  plus  haules  parties  des 
Andes,  consistent  encasuchas,  ou  pefilcs  huttes  qui  lui  offrentdans 
les  temps  ordinaires  unc  blen  Iriste  ressourcc. 

»  Ces  miserables  cabancs  procnrcnl  neanmoins,  au  vovageur 
assailli  par  la  lenipelc  dans  ces  effroyables  regions  des  Andes, 
le  plus  agreable  lieu  de  repos.  On  en  coniple  huil  dans  les  plus 
hautes  parties  des  Cordilieres;  elles  sont  balies  en  brlques,  onl  en- 
viron dix  pieds  d'cldvalion ,  et  quatorze  pieds  de  longueur  sur  douze 
de  large.  Elles  avaient  autrefois  des  portes  ;  mais  la  necessite,  cette 
mere  severe  de  rindustrie,suggera  a  quelques  voyageurs  ,  qui  peris- 
saientdefroid,  de  les  bruler  pour  se  procurer  du  feu,  quon  ne  trouve 
jamais  dans  les  Cordilieres,  nieme  en  liivcr.  Les  poulres  etaient 
egalemcutbrtilees  ,  desorlequiletait  impossible  desegarantircontre 
un  froid  morlel.  Ajoutez  a  cela  qu'il  y  avait  neuf  trous  pour  donner 
entree  a  la  iumiiMC ,  qui  penetrait  aussi  par  la  porte.  Quelques  voya- 
geurs avaient  pris  mille  pelnes  pourboucher  ces  trous  avec  de  vieux 
cliiffons,  des  briques  ou  des  pierres  qu'ils  avaient  pu  trouver.  Comme 
ces  dernieres  n'ctaientpas  communes,  ils  avaient  arracbe  des  briques 
de  la  nmraille ,  et  d'un  escalier  qui  est  malnlcnant  en  si  mauvais 
etat  quon  pent  a  peine  monter  dans  linlerieur  ;  desorte  que,  dans 
pen  d'annees,  si  Ton  ne  prend  pas  le  parti  de  reparcr  ces  cabanes, 
ces  miserables  abris  offcrts  a  Thomme  s'ecrouleront. 

»  Une  tempele  dans  ces  affreuses  regions,  est  la  cbose  du 
monde  la  plus  epouvanlable.  J'ai  ete  temoin  d'un  ouragan  dans  le 
desert,  d'un  naufrage  ,  d'un  inccndie,  et  d'unc  tempdte  en  mer; 
mais  rien  ne  peut  cgaler  le  terrible  aspect  d'une  tourmente  dans 
les  Andes. 

»  Pendant  que  nous  elions  assis  en  grelottant  dans  ia  casucha  , 
les  montagnes  qui  nous  entouraient  paraissaient  un  mur  de  neige  ; 
leurs  sommets  se  reunissant  pour  ainsi  dire  en  une  seule  masse ,  avec 
les  nuagcs  de  neige  qui  flollaient  autour  de  nous.  En  vain  cher- 
chc-je  quelque  point  noir  pour  rcposer  mes  yeux  fatigiids ,  regar- 
dant les  monlagnes  du  sonunet  h  la  base ,  parcourant  des  yeux  le 


loy 


ciel  el  la  terrc,  (out  nic  paralssalt  un  monde  de  neige  offrant  par- 
tout  limage  de  la  desolation  ;  la  iniseraLle  casucha  se  montrant 
seule  dans  ce  desert.  Un  vent  Iinpetueux  soufflait  a  Iraversses  ou- 
vertures  ,  I'ebranlait  jusque  dans  ses  fondemens  ,  et  mugissait  avec 
un  horrible  fracas  dans  les  montasfnes  au-dessous  de  nous.  II  s'en 
dctachait  d'Immenses  masses  de  nelge  qui  se  precipllant  en  bas 
avec  un  bruit  effrayant,  menagalent  de  la  destruction  tout  ce  qui  pou- 
valt  se  trouver  sur  leur  passage.  Renferme  dans  la  casucha  ,  pendant 
que  la  tempete  inugit  autour  de  lul,  le  voyagcur  ne  pent  que  s"y 
tenir  immobile  ,  et  attendre  dans  une  humble  soumlsslon  la  vo- 
lonte  de  celui  qui  peut  seul  arreler  les  elemens  en  furle ,  et  sur  qui 
sen!  II  peut  compter  pour  sortir  heureusement  de  celte  horrible 
situation. » 

Lamontee  de  Cumbre  fut  la  partie  la  plus  laborieuse  du  voyage. 
Ce  n'est  qu'en  se  reporfant  au  dessin  lllhographlque  qui  se  trouve 
en  tete  du  volume  ,  que  le  lecteur  peut  se  faire  une  Idee  de  la  rapl- 
ditc  de  la  montagne  ,  et  des  fatigues  que  le  voyageur  a  cues  a  sup- 
porter pour  en  allelndre  le  sommct.  Notre  auteur  le  decrit,  comme 
s'elevant  au  milieu  des  nuages  a  la  hauteur  de  deux  mille  pieds  au 
molns,  et  n'offrant  qu'une  masse  de  neige  oii  ne  se  falsalt  remar- 
querl'emprelnted'aucuneautre substance.  EUeetaltaussi  unle qu'une 
glace  ,  el  comme  les  rayons  du  solell  e talent  completement  refle- 
chls  par  celte  masse  du  blanc  le  plus  pur  ,  cette  circonstance  lui 
donnalt  I'apparence  eblouissante  d'une  montagne  d'albalre.  II  leur 
fallut  quatre  heures  et  demie  d'efforls  excessifs  pour  allelndre  le 
sommet.  En  revanche,  la  descente  leurparut  une  partie  de  plaisir 
qui  ne  fut  pas  exempte  de  danger  ,  particulierement  a  la  Cuesta  de 
Concual.  Nous  allons  lalsser  parler  I'auteur  de  la  maniere  dont  il 
parvint  a  attelndre  le  bas  de  cet  enorme  precipice. 

«  C'dtalt ,  dlt-Il,  une  descente  cpouvantable  ,  condulsant  a  une 
profondcur  plus  terrible  encore ,  et  au  fond  de  laquelle  coulait  la 
riviere,  mais  un  peu  a  drolte.  C'etall  vraiment  une  chose  effrayante 
que  de  regardcr  en  bas ;  et  plusleurs  des  personnes  que  j'al  consultees 


208 

a  ce  sujet,  sont  coinme  mol ,  d'avis  qu'il  y  a  au  moins  onze  a  doaze 
cents  pleds  de  dcscente  directe  ,  et  telleinent  rapide  de  toutes  parls 
qu'il  n'y  avail  aucune  possibilile  de  s'arreter,  plusiours  endroils 
etaienldurs  et  glissans  ;  et  je  pensc  que  la  taclie  que  nous  avions  a 
accomplir  me  paraitrait  encore  au-dessus  de  la  puissance  huniaine  , 
si  je  n'etais  moi-uieuic  parvenu  a  la  renipllr,  tant  nous  connaissons 
peu  cc  dont  nous  sommes  capablcs,  avant  d'avoir  ele  mis  a  I'e- 
preuve. 

»  Je  m'arrSlai  stupefail  d'etonnemcnt ,  croyant  a  peine  qu'il  fAl 
possible  d'essayer  de  dcscendre.  Neanmoins  les  bagages  furent  de- 
charges  ,  el  roulerenl  en  has  avec  la  rapidile  de  I'eclair ;  nos  lits 
tomberent  dans  la  riviere  ou  ils  disparurent.  Alors  les  peons  , 
se  couchant  sur  le  dos ,  les  bras  et  les  jambes  etendus  ,  se  laisse- 
rent  glisser  ,  Tun  apres  I'autre  ,  a  mon  grand  eloiniement ,  avec  la 
vitesse  d'une  Heche,  et  dirigeant  leur  chule  loin  de  la  riviere^ 
malgre  la  rapidite  de  leur  mouvement.  L'un  d'eux  roula  sens 
dessus  dessous ,  bondissant  comme  une  balle  ,  jusqu'a  cc  qu'il  filt 
en  bas ,  ou  il  arriva  sans  le  moindre  mal.  Je  ne  me  souclais  pas 
d'en  faire  autanl ,  et  j'atlendis  pour  voir  comment  s'y  prendrail 
mon  compagnon.  11  s'approcha  des  bords  ,  fit  un  Iron  pour  y  pla- 
cer son  talon  ,  puis  enfon^a  a  moitie  son  baton  dans  la  neige  pour 
descendre  un  peu  plus  bas  :  puis  il  fit  encore  un  autre  trou.  II  des- 
cendil  de  celte  manierc  la  parlie  la  plus  rapide  ,  puis  se  laissa  glisser 
sur  le  derriere.  Vint  alors  mon  lour  ,  je  suivis  d'abord  le  plan 
de  mon  compagnon  ;  mais  n'aimant  pas  a  me  suspendre  ainsi  par 
un  seul  bras  ,  j'agis  d'une  manlere  plus  siire,  mais  plus  lenle.  Je  fis 
d'abord  un  Irou  avec  mon  baton  ;  j'y  plai^al  mon  talon ;  j'eu  fis  un 
second  ou  je  pla^ai  de  meme  I'autre  talon  ;  je  continual  de  meme  i 
etre  solidement  appuye  sur  mes  deux  pieds  el  sur  mon  derriere ,  jus- 
qu'a ce  que  j'eusse  franchi  la  parlie  la  plus  rapide.  Alors  je  me 
laissai  aller  sur  le  dos  ,  et  je  descendis  avec  une  vilessc  effrayanle  , 
une  distance  de  cinq  cents  pieds.  Deux  heures  furent  employees  a. 
parcourir  cCs  chemins  ;  mais  je  ne  me  serais  pas  laisse    glisser  sur 


209 

i.1  parlJe  la  plus  rapide  pour  toutl'argent  cl  tout  Tor  des  mines  du 
Perou.  » 

Au  bas  de  la  montagne  notre  voyageur  trouva  des  peons  qui  lui 
avaient  ete  envoyes  du  Chili ,  avcc  des  chevaux  et  des  mules  ,  et  il 
nc  perdit  pas  de  temps  pour  s'echapper  des  horribles  Cordllieres. 
La  relation  de  son  voyage  a  Valparaiso  et  a  Lima  n'offre  rien  qui 
me'rite  d'etre  cite.  11  relourna  par  les  Andes  a  Buenos-Ayres  ct  a 
Rio-Janeiro  ,  ou  II  arriva  au  milieu  de  fevrier  de  cette  annee.  Dans 
la  dernlere  parlie  de  son  journal  ,  11  a  rassemble  plusleurs  faits  ,  et 
etabli,  d'apres  son  experience,  plusleurs  directions  qui  peuvent  etre 
Ires-utlles  aux  voyageurs  qui  vculent  parcourir  I'Amerique  du  Sud. 
Pendant  le  sejour  de  I'auteur  h  Rio  ,  II  eut  occasion  de  voir  I'em- 
pereur  et  sa  jeune  famllle  a  TOpera.  La  description  sulvante  offrira 
quelque  Interet  au  moment  ou  la  jeune  rclne  de  Portugal  excite  tant 
d'attentlon. 

<r  Je  visltai,  dlt-U,  I'Opera  dans  le  dessein  de  voir  I'empereur  qui 
s'y  trouvait ,  accompagne  de  ses  deux  filles ,  la  reine  de  Portugal  et 
I'infante  ;  la  premiere  est  agee  d'environ  dix  ans  ,  et  la  seconde  est 
un  interessant  petit  enfant  de  six  ou  sept  ans ;  elles  etalent  en  grande 
parure  ,  et  comme  elles  se  trouvalent  dans  leur  magnifique  loge  , 
placee  en  face  du  theatre  ,  on  pouvalt  les  voir  tres-commodement. 
1^'Interieur  de  Tedifice  est  tres-clcganl ,  et  compose  de  quatre  rangs 
de  loges  de  chaque  cole  de  colle  de  I'empereur  ,  qui  occupe  tout  le 
fond  de  la  salle  ,  a  I'cxceptlon  de  quatre  petites  loges  placees  au- 
dessus.  La  grande  entree  du  parterre  est  au-dessous  ,  magnlfique- 
ment  ornee  de  candelabres  ,  de  glaces ,  de  tables  ,  de  chaises  ,  etc. , 
et  formant  un  tres-beau  salon.  La  loge  de  I'empereur  est  entlere- 
mcntouverle  par  devant,  a  Texception  d'unelcgere balustrade  ronde, 
en  sorteque  les  personnages  qu'ellecontenalt  etaicntparfaltement  en 
vue  du  public.  Toules  les  fols  que  le  rideau  tombalt ,  I'assemblee  se 
levalt,  par  respect  pour  I'empereur ,  ainsi  que  ceux  qui  ^talent  dans 
les  loges  lui  falsant  face,  et  lui  se  portait  chaque  fois  en  avant,avec  la 
petite  reine  et  I'infante.  S.  M.  avait  un  habit  bleu  sans  aucune  decora- 


210 

lion  ,  (Ics  culolles  cl  des  bas  blancs;  cl  si  cc  n'est  que  Ics  homines 
tie  sa  suite  ne  s'asseyaient  ni  ne  sc  porlaieiil  en  avanl ,  il  cull  etc 
impossible  «le  la  disllngucr  d'avcc  cux.  Comnie  la  teniptTaturc 
etail  ties-chaude  ,  I'cmpercur  se  servall.  pcudaul  loul  lopcra  d'un 
cventail  blanc,  meable  tres-cmploye  par  les  honmies  de  rAmiirlque 
du  Sud.  La  reiiie  csl  unc  joiic  petite  fdle  a  cheveux  blonds ,  et  par- 
faitemeni  belle.  EUe  etait  veluc  d'une  maniere  bizarre  ,  portant  un 
bonnet  de  paysannc  enipese.  La  jolie  infante  etait  la  plus  gaie  de 
tous;  son  costume  etait  celui  d'une  jeune  fille  anglaise  de  son  aige  , 
avec  une  jupc  en  panlalon  (petticoat  trowsers),  et  une  cclnlure. 
Ses  cheveux  blouds  et  brillans  (lottaicnt  en  longues  boucles  sur  ses 
epaules.  L'enipereur  csl  un  bel  honune,  denviron  trente  ans,  avec 
des  cheveux  tres-noirs  et  de  grandes  moustaches.  II  ne  paralt  pas 
tenir  beaucoup  a  Tetiquette  ,  car  il  causail  familierement  avec  les 
hommes  et  les  dames  places  dans  les  loges  aupres  de  la  sienne.  » 

Bien  que  les  dessins  qui  se  trouvent  dans  cet  ouvrage  offrent 
une  idee  tres-exacte  des  scenes  qu'ils  rcprescntent ,  nous  devons 
dire  quils  sont  Ires-mal  executes. 


DE    LA  FORME    DE    LA    TEURE    ET   DE   SON  INFLUENCE  SUR    LA 
GEOGRAPHIE  ET  l'aSTRONOMIE. 

Mc'nioire  prcseiilc  a  rAt-adcmie  ties  sciences  de  Pliiladclpliie  ,  par  ^VIlliaIns 
Smith  de  Siraped  ,  tradiiit  par  Lamarche',  broch.  in-8o  de  56  pag.  Pelicier 
el  Chalel  ,  libraires ,  Paris,  1828. 

Lorsqu'une  main  lemeraire  veut  porter  la  destruction  dans  I'e- 
difice  de  nos  sciences  geographiques  en  les  sapant  par  leur  base  , 
il  est  du  devoir  du  Eulietin  de  la  Societe  de  Geographic  ,  comme 
sentinelle  avancee ,  d'avertir  du  danger,  ou  de  calmer  les  alarmes 
(pi'aurait  pu  faire  nailrc  parmi  les  amis  de  la  science  une  altaque 
irredechie  :  heureusement  nous  n'avons  point  de  danger  reel  a 
prevenir,  mais  seuiemenl  a  signaler  quelques  erreurs  dans  Icsquelles 


211 

est  lombo  M.Sniilh  dc  SIraped  dans  Ic  Momoirc  donl  nous  venons 
de  rapporter  le  litre;  el  qu'Il  a  presente  a  1' Academic  des  sciences 
de  Philadelpliie.  \  oici  ce  donl  i!  s'agil: 

M.  Smith  chcrche  a  prouver  qu'il  faut  faire  mie  distinction  en- 
tre  les  degres  geographiques  qui  divisent  en  parlies  inegalcs  la  cir- 
conference  du  meridien  elliplique  de  la  terre  ,  el  les  degres  astro- 
nomiques  qui  partagenl  en  parties  egales  le  meridien  celeste.  11 
pretend  que  les  latitudes  geographiques  deduites  d'ohservations 
d'etoiles  ,  ne  peuvenl  etre  des  latitudes  astronomiques  ;  qu'il  est 
necessaire  de  faire  une  correction  aus  premieres  pour  oblcnir  les 
secondes.  11  avance  en  consequence  que  nous  ne  connaissons  pas 
i'exacte  position  de  notre  equateur  terreslre,  parce  que  nos  cata- 
logues d'etoiles  formes,  dit-il,  pour  une  latitude  moyenne  sous 
Tinduence  de  la  fonnc  de  la  terre  ,  ont  hesoin  d'etre  corriges.  II 
estinie  ,  d'apres  cela  ,  que  les  etoiles  reputees  equatoriales  ,  d'apres 
nos  catalogues  errones ,  doivent  etre  reportees  de  4^  minutes 
plus  [au  sud ,  en  supposanl  ,  comme  il  le  fail  ,  raplatissement 
dun   7 5''. 

11  explique  comment  les  Academiclens  fran^ais  qui  ont  ete  au 
PeroH  pour  la  mesure  d'un  arc  du  meridien  ,  se  sont  mepris  sur 
la  position  de  I'equalcur  ,  parce  qu'Ils  se  sont  fies  aux  declinalsons 
des  etoiles  equatoriales  dans  leurs  observations  de  distances  zenl- 
thales  ,  erreur  qu'Ils  auralent  cvltee ,  s'Us  eussent  observe  leur  la- 
titude par  des  hauteurs  des  memes  etoiles  au-dessus  de  I'horlzon ; 
lis  se  sont  crus  sur  la  llgne  equinoxlale,  tandis  qu'elle  existait  a  dlx- 
hult  lleues  plus  au  sud ;  on  contjoit  que  I'auteur  indlque  le  moyen 
cVeviter  a  Tavenir  une  erreur  si  grossiere  en  s'assurant  de  la  po- 
sition de  Tequateur  par  un  procede  dont  nous  parlerons  plus  loin. 

Ce  deplacement  tout  gralult  de  la  llgne  equinoxlale  de  4-6  mi- 
nutes au  sud  ,  sen  encore  merveilleusement  a  I'auteur  du  Memoire, 
pour  cxpllquer  la  Levue  ou  sont  toniLes  tous  les  astronomes  en 
assurant  que  le  solell  eclaire  dans  le  cours  d'une  annee  notre 
hemisphere  boreal  sept  a  hull  jours  de  plus  que  I'hemlsphere  op- 


2  12 


post^ ,  il  y  avail  la  une  injustice  commise  par  Ic  regulatcur  dcs 
mondes  envers  Ics  liabitans  dcs  conlrees  australcs  que  M.  Smith  a 
fait  disparailre  en  rendant  a  chacun  ce  qui  lui  revient.  Nous  devons 
convenir  que  Ics  idecs  dc  Tauleur  nous  ont  paru  ici  fort  cmbrouil- 
lees  ,  el  que  nous  ne  nous  llaltons  pas  surtout  d'avoir  Lien  compris 
ses  raisonncmcns  (i). 

On  voil  au  resre  que  M.  de  Siraped  ne  reculc  devant  aucunc 
consequence  de  son  etrange  tlicorie  ;  I'inadvertance  grossiere  dans 
laquelle  il  suppose  que  sonl  tombcs  tons  Ics  astronomes  ,  ne  I'ar- 
rele  pas  ,  il  se  coinplail  dans  son  erix'ur,  et  se  donne  une  peine 
infinie  pour  s'y   confirmer. 

Mais  sur  quel  fondement  rcposcnt  done  les  objections  de  I'au- 
teur  anicricain  '.'  le  voici.   Les  observations  astronomiqucs  se  font 
a  la  surface  de  la  tcrre:  la  ten  e  est  un  corps  dun  assez  gros  volume  , 
dont  les  dimensions  pourtant  doivent  »^tre  entierement  negligees  , 
a  I'egard  de  la  distance  incommensurable  qui  nous  separe   de  la 
sphere  des  etoiles  :  en  sorte  que  les  observations  faites  a  la  surface 
doivent  etre  considerees  comme  si  I'observaleur  se  trouvait  au  centre 
meme  de  notre  planete.  M.  de  Siraped  convient  de  ce  fait.  A  oilh 
qui  est  bien  pour  le  volume  ,  mais  quant  a  la  figure  elllptique,  c'esl 
autre  chose:  les  degresdu  meridien  terrestre  sont  inegaux  :  ils  croi- 
senten  allant  de  Tequateur  vers  le  pole  ,  tandis  que  les  degres  cor- 
respondans  de  la  sphere  etoilee  sont  lous  egaux  ;  or,  comme  il  s'agit 
de  rapporter  les  observations  au  centre,  voici  comment  raisonne 
M.  de  Siraped  :  «  La  normale  ne  passant  point  au  centre  ne  peut 
y  ramener  I'observatlon.  Pour  rendrc  celte  position  astronomlque , 
il  faut  du  centre  mener  une  parallele   a  la  normale  ,    ce  qui  ne 
change  pas  la  position  du  zenith;   car  I'intervalle  qui  separe   ces 
deux  lignes  etant  nul ,  relativement  a  la  distance  ou   la  terre   se 


(i)  Nous  prevenons  toutcfois  que  nous  ne  connaissons  le  Me'moire  que  par 
la  traduction  frangaise  de  M.  Lamarche  ,  <nii,dans  ce  passage,  peul-^trc 
n'apascomplelement  rendu  rorij;inal. 


21. 


Irouve  (les  eloiles  ,  nous  pouvons  sans  inconvenient  la  substituer 
a  la  perpendiculairc.  Mais  si  ce  transport  du  rayon  qui  nous  fait 
apercevoir  I'eloile  sur  un  point  de  la  lerre  plus  rapproche  du  pole  , 
ne  change  pas  la  position  du  zenith  au  ciel ,  son  cffet  est  remar- 
quable  a  la  surface  de  la  lerre  ;  car  il  nous  fait  voir  que  le  zenith  de  la 
perpendiculairc  est  zenith  astronomique  du  point  du  meridien  plus  rap- 
proche du  pole  oil  il  est  coupe  par  la  parallele  menee  du  centre,  etc.  » 
Cest  dans  ces  dernleres  lignes,  qu'existe  toute  la  decouverte  de 
M.  Smith  :  comme  la  parallele  a  la  normale  menee  par  Ic  centre 
coupe  le  meridien  a  une  latitude  plus  elevee  que  celul  auquel  repond 
la  nonnale  meme,  M.  Smith  veut  qu'on  ajoute  a  la  latitude  geogra- 
phique  observee  au  pied  de  la  normale  ,  le  petit  arc  du  meridien 
compris  entre  cette  meme  normale  et  le  point  plus  rapproche  du 
pole  marque  par  rextremite  du  rayon  afin  d'avoir  la  latitude  vraie 
ou  astronomique  du  pied  de  la  nonnale.  Get  angle  a  ajouler  est  ce 
que  I'auteur  appelle  Tangle  de  correction. 

Tons  ceux  qui  ont  un  peu  reflechi  sur  la  theorle  des  latitudes , 
remarqueront  aussit6t  le  vice  des  raisonnemens  de  M.  Smith  :  la 
normale  ou  verticale  donnee  par  la  nature  elant  supposee  prolon- 
gee  jusqu'a  la  sphere  celeste ,  fait  connaitre  Immedlatement  le  com- 
plement de  la  latitude  du  lieu  ,  par  1' observation  de  Tangle  entre  le 
zenith  et  le  pole.  SI  Ton  suppose  ensulte  la  normale  transporlee  au 
centre  parallelement  a  elle-meme  ,  Tangle  observe  avec  le  pole  n'a 
pas  change  a  cause  de  la  distance  immense  qui  nous  separo  des 
fixes,  comparee  a  la  grandeur  de  laterre.  Iln'importe  nuUement  en- 
suite  de  savoir  en  quel  lieu  la  parallele  a  la  normale  ou  le  rayon  coupe 
le  meridien  ;  car  il  n'y  a  rien  a  ajouter  ni  a  retrancher  ,  pour  cette 
cause,  a  la  latitude  observee.  La  normale  une  fols  donnee  ,  son 
transport  au  centre  ou  en  tout  autre  point  parallelement  a  elle- 
meme  ,  ne  change  en  rien  Tetat  des  choses  ,  et  la  figure  de  la  terre 
n'a  ici  aucune  influence  :  Tobservateur  place  au  centre  trouveralt 
absolument  le  meme  angle  entre  la  parallele  a  la  normale  prolon- 
§ee  ,  et  le  pole  que  Tobservateur  de  la  surface  entre  la  verticale  ou 


i4 


2l4 

iiormale  et  le  iiieme  pAle.  TVl.  Smith  est  done  completomcnt  dans 
rerreur  ,  et  il  n'est  pas  plus  heureux  quand  il  transporic  ses  raison- 
ncmens  aux  horizons  ralionncls. 

Ce  serait  meconnailre  les  lumieres  de  nos  lecteurs  que  de  nous 
appesantirsurrexaiuen  dune  doctrine  faussc  qui  n'aura  pas  etc  micux 
accuelllie  en  Anu-rique  qu'elle  ne  pcutretre  en  France.  11  est  diffi- 
cile de  concevoir  connnent  M.  de  Siraped  a  pu  pousscr  si  loin  ses 
illusions;  il  suppose  parexemple,  pour  appuycr  sa  iheorie,  que  les 
catalogues  d'etoiles,  dont  on  fait  usage  en  aslrononiie  ,  sont  fautifs 
quant  aux  declinaisons ,  parce  que  ces  catalogues  ont  etc  faits  pour 
la  latitude  moyenne  de  45  degres  ,  et  que  I'observation  n'a  pu  don- 
ner  que  des  declinaisons  erronees  auxqucUes  il  fallait  appliquerses 
angles  de  correction ;  mals  on  a  constriiit  des  catalogues  sous  dif- 
ferentes  latitudes  ,  a  Paris  ,  a  Greenwich,  a  Palermc,  a  Koenigs- 
Lerg,  an  cap  de  Bonne-Esperance.  Or ,  on  sc  serait  bicniot  apcrc^ii 
d'un  defautde  concordance  entre  les  declinaisons  des  memes  etoiles, 
puisquc  Tangle  de  correction  de  M.  Snillh  varie  avec  la  latitude  : 
au  cap  de  lionne-Esperance,  les  etoiles  equatoriales ,  determinees 
par  Lacaille  ,  auraient  exige  une  correction  en  sens  contraire  de 
celle  qu'il  aurait  fallu  appllquer  aux  memes  etoiles,  suivant  les  ca- 
talogues dresses  dans  noire  hemisphere;  ainsi ,  d'apres  le  catalogue 
de  Lacaille,  Tequalcur  aurait  dii  aussi  etre  deplace ,  suivant  les 
idecs  de  Tauieur,  d'envlron  i8  lleues,  mals  vers  le  nord. 

Les  18  lleues  proviennenl  des  4^  minutes  dont  M.  Smith  juge 
a  propos  de  deplacer  notre  equateur;  ces  46  minutes  viennent  de 
Paplalissement  toul-a-fait  Ideal  que  M.  Smith  adople  sans  inillcr 
ses  lecteurs  dans  les  motifs  de  son  choix ,  mals  probablement  pour 
se  donnerle  plalsir  dobllgerle  solell  a  parcourlr  les  signes  septen- 
trlonaux  exaclement  dans  le  mcme  temps  que  les  signes  merldio- 
naux. 

Api*6s  avoir  aInsI  renverse  notre  cdliice  astronomique,  M.  de  Si- 
raped  nous  indlque  heureusemcnt  le  moyen  de  le  reconslruirc.  11 
s'agit  d'abord  de  s'assurer  de  la  position  de  I'equateur ,  ce  grand 


2l5 


cerclc  fondamental  qucl'auteur  ne  salt  encore  ou  trouver.  Voici  Ic 
moyen  qu'il  indique  en  s'adressant  a  ses  concitoycnsdes  Etats-Unis: 

«  Chez  nous ,  Messieurs ,  ou  tous  les  r.itoyens ,  identifies  avec 
un  gGuvernement  solidemenl  assis  et  institue  pour  le  bonheur  de 
tous,  peuvent  culliver  ,  sans  distraction  ,  les  sciences  amies  de  la 
paix  ,  nous  somines  plus  a  meme  qu'aucun  peuple  du  globe  de  nous 
occuper  de  la  solution  de  ces  probli^mes  indispensables  a  I'astrono- 
mie  et  a  la  geographic.  Notre  tache  est  facile  :  transportons-nous 
par  dela  Quito,  chez  ce  peuple  ami  qui  vient  de  conquerir  sa  liberte; 
armons-nous  d'une  bonne  lunette  astronomique  dont  Taxe,  de  ni- 
veau et  dans  la  direction  des  poles ,  soit  parallelc  a  Thorlzon ,  que 
cet  instrument  ait  un  mouvement  de  rotation  perpendiculaire  a  cet 
axe,  et  ne  nous  arretons  ,  en  nous  porlant  vers  le  pole  austral ,  qu'a 
I'endroit  ou  ,  saisissant  une  etoile  a  son  lever,  et  la  tenant  constam- 
mcnt  au  centre  de  iiotre  instrument ,  tout  le  temps  de  sa  presence 
sur  I'horizon  ,  elle  ne  nous  echappera  qua  I'inslant  de  son  coucher  ; 
signalons  tet  endroit  de  laterre,  c'est  un  point  del'equateur;  ele- 
vons-y  un  observatoire  ,  il  doit  faire  epoque  en  astronomic  ,  etc.  » 

Une  fois  efabli  sur  I'equateur ,  I'auleur  indique  le  moyen  d'en 
trouver  le  diametre  ,  puis  la  longueur  du  petit  axe ;  il  se  propose 
ensuite  de  niesurer  le  diametre  du  soleil  avec  un  micrometre  ,  aux 
deux  solstices,  toujours  persuade  qu'on  le  trouverait  de  meme  am- 
plitude dans  ces  deax  positions  opposees,  puisque  I'auteur  est  per- 
suade qu'il  occupe  le  centre  de  I'orbile.  Enfm  M.  Smith  s'eleve  en 
ballon  afm  de  degager  ses  observations  des  influences  de  I'atmos- 
phere.  Ici  nous  sommes  contraints  de  Tabandonner,  ne  croyant 
pas  devoir  nous  engager,  avec  nos  lecteurs,  dans  les  regions  de 
I'air,  ou  nous  n'aurions  d'ailleurs  aucune  connaissance  nouvelle  a 
acquerir  en  compensation  des  dangers  a  courir.  En  effel ,  il  est  bien 
Evident  qu'avec  son  instrument  des  passages,  M.  Smilh  ne  Irou- 
vera  pas  I'equateur  a  une  autre  place  que  celle  qui  lui  a  ete  de  tout 
temps  assignee  par  les  astronomes;  il  en  sera  de  meme  des  axes 
terrestres.  Quant  au  diametre  soiaire,   les  observations  microme- 


ai6 


triqucs  qu'Il  repelera  lui  prouverout  qu'il  est  plus  grand  «le  .65 
secondes  au  solstice  d'hiver  qu'au  solstice  d'ete ,  que  le  soleil  oc- 
cupe  en  consequence  le  centre  de  I'orbite  terrestrc ,  el  que  I'auteur 
s'est  trompe  en  cela  conime  sur  lout  le  resle. 


Constant iriop/r  et  le  Busphore.  de  Thrace  ,  pendant  les  annees  1 8 1  2  , 
iSiZet  i8i4j  et  pendant  I'annee  1826. 

Avec  iin  alias  compose  de  six  planches  gravc'es  et  de  quatre  paysages ,  par 
M.  le  comle  Andre'ossy  ,  lieulenanl-gcne'ral  d'arlillerie  ,  ancieii  ambassa- 
fleur  de  France  a  Londres  ,  a  Vienne  et  a  Constantinople  ,  de  rinstitut 
d'Egypte  et  de  celui  de  France  (  Academic  des  sciences )  ,  membre  de  la 
Clianibre  des  dc'putc's,  etc.  (i). 

M.  le  general  Andreossy  ,  dont  la  Societe  de  Geographic  de- 
plore la  perle  recenle  et  inattendue,  avail  rasscmble  pendant  un 
sejour  de  deux  annees  a  Constantinople  ,  oii  ii  remplissait  le  postc 
d'anibassadeur  de  France  ,  les  elemens  de  Touvrage  sur  lequel  j'ai 
ete  charge  de  faire  un  rapport. 

Dans  un  Memolre  sur  fiiruption  dn  Pont-Euxin  dans  la  Mediter- 
ranee  envoye  al'Institut,  en  i8i3,  Thabile  voyageur  avail  deji 
fixe  la  lilhologie  de  rembouchure  de  la  premiere  de  ces  iners ,  et  il 
avail  fail  connaiire  dans  un  second  Memoire  lu  posterieuremenl 
a  I'Academie  des  sciences  le  systeme  des  eaux  qui  abreuvent  la  capi- 
tale  de  Tempire  ottoman.  Ces  deux  Memoires,  el  le  Voyage  a 
C embouchure  de  la  iner  Noire ,  publie  ,  eii  1818  ,  par  le  meme  ecri- 
vain ,  ont  ete  fondus  avec  d'aulres  documens  non  moins  precieux 
dans  I'ouvrage  iu»portanl  donl  je  vais  avoir  I'honneur  de  vous  en- 
Iretenir. 

L'auleur  trace  a  grands  trails  dans  lintroduction  les  vicissitudes 


(1)  Paris,  1828,  I  vol.  in-80  avec  atlas  ,  chez  Theophile  Barrois  ct  Bi-nj. 
Diiprat  ,  libraires,  rue  Haiitefeuille  ,  n"  28  ,  prix  i.~)  fr. 


217 

eprouvees  par  rancienne  .Byzance  qui  ,  fondee  ,  suivant  Denys 
d'Hallcarnasse  ,  par  le  navigateur  Byzas  ,  originaire  de  Megare  , 
667  ans  avant  J.-C. ,  passa  successivement  au  pouvoirdesPerses, 
des  Grecs  et  des  Pvomains.  Detruite  sous  Septime-Severe  ,  rebcilie 
par  Caracalla,  prodigieusementaugmentee  et  embellie,  on  pourrait 
presque  dire  rcconslrulle  par  Gonslantin  qui  lui  donna  son  nom  , 
et  y  fixa  sa  residence ,  elle  etait  depuis  1 1 23  ans  la  capitale  d'un 
empire  Chretien  elle  centre  des  luniieres,  lorsqu'en  i453  elle  tomba 
au  pouvoir  des  Turcs ,  commandes  par  Mahomet  II  :  catastrophe 
qui  exer^a  dans  deux  sens  opposes  une  prodigieuse  induence  sur  la 
civilisalion  de  I'Orient  et  dc  1  Occident. 

A  la  description  hislorique  de  Constantinople  ,  succede  un  court 
aper^u  de  la  conduile  politique  et  privee  du  sultan  regnant  Mah- 
moud    II  ,   auquel  le  general  Andreossy  paie  un  tribul  d'eloges 
pour  rhabilete  et  la  fermete  qu'il  a  deployces  depuis  son  avenement 
au  Irone  ,   en  lui  reprochant  une  seule  faute ,  le  Iraile  de  Bucha- 
rest signe  le  28  mai   1812  ,  traite  qui  a  place  en  effet  la  Turqale 
dans  une  f'aussc  posllion  a  I'egard  de  I'empire  russe  son  redoutable 
adversaire.  «  Sultan  Mahmoud ,  ditle  general,  jaloux  de  ses  droits, 
»  doue  d'un  grand  caracterc  ,  aclif ,  laborieux  ,  d'un  secret  impe- 
)>nelrable,    observateur  zele  de  sa  religion,  fidele   a  sa  parole  , 
«  sobre  et  respectant  les  moeurs  ,   peut  elre  regarde   a  juste  tilre 
»  comnie  un  phenomcne  pourla  Turquie....  »  Les  actesde  vigueur 
par    lesquels  il  a  force  a  la  soumission  cm  challe   les  pachas  re- 
belles  ,  dont  les  gouvernemens  ont  cess6  d'etre  hereditaires  ,   sa 
conduite   a  la  fois  pleine  de  prudence    et  d'energie  a  I'egard  des 
janissalrcs  qu'il  est  parvenu  a  detruire  a[>res  avoir  separe  si  habile- 
ment  leur  cause  dc  celle  des  oulema  qui,  dans  les  revolutions  du  se- 
rail ,  faisaient  cause  commune  avec  eux  ;  et  surlout  les  evenemens 
recens  qui  I'ont  eleve  si  haut  dans  I'opinion  du  monde  ,   justifient 
les  eloges  du  general  Andreossy  et  prouvent  que  celui  qui  les  dis- 
Iribue  etait  un  excellent  observateur  ,  et  qu'il  avail  apprecie   avec 
sagaclte    le   caracterc   du   successeur  de  Mahomet  II.  A  la   tete 


2t8 

d'un  peupie  arriere ,  il  est  vrai  ,  sous  Leaucoup  de  rapports ,  niai* 
lobuste,  infaligable  ,  ardent,  fanatique  et  possedant  d'aulres  qua- 
lites  eminerites,  Sultan-Mahinoud  est  peut-etre  destine  ,  dans  un 
avenir  plus  ou  moins  rapproche  ,  a  operer  la  regeneration  com- 
plete (le  son  empire  ,  en  le  faisant  sortir  dc  I'etat  stationnaire  dans 
lequel  il  vegete  depuis  si  long-temps. 

Le  corps  de  I'ouvrage  du  general  Andreossy  est  divise  en  trois 
livres. 

11  di'crit  dans  le  premier  la  situation  de  I'empire  Ottoman  , 
donne  ses  divisions  politlques  anciennes  et  nouvelles  ,  fait  con- 
naitre  I'inlerieur  du  serail,  les  charges  de  la  maison  du  Grand- 
Seigneur  ,  les  divers  ordres  religieux  ,  la  police  qui  regit  la  capi- 
tale ,  compare  la  legislation  des  Turcs  sur  Tesclavage  et  I'affran- 
chissement  a  la  legislation  adoptee  a  ret  egard  par  les  Romains  , 
en  donnani  la  preference  a  celle  des  premiers  ;  il  considere  enfin 
sous  tons  les  aspects  Constantinople  et  ses  habltans. 

Le    second  livre   est  consacrc^  au  Bospliore  dc  Thrace  et  a  ses 
environs,  f^'auteur  expose  d'abord  les  opinions  des  anclens  et  des 
moderncs  sur  la  formation  de  ce  canal   qui  reunit  lamer  Noire  a 
la  mer  de  Marmara,  question  si  souveni  debaltne,  et  qui  Interesse 
a  la  fols  la  fable  ,  riiisloire  et  la  g«^ographie  physique,  et  prescnte 
ensulte  la  slenne  avec  celle  reserve  et  cette  modestle  qui  sled  si  blen 
au  vral  talent.  C'est  parl'examen  de  la  topographic  des  deux  c6tes 
qui  longent  le  Bosphore  et  les  rivages  de  la  mer  Noire  k  I'entree 
de  cette  mer,  qu'Il  a  cherchd  a  resoudre  la  question.  Sulvant  lui 
les  deux  cotes  d'Europe  et  d'Asie  qui  delermincnt  ce   canal  ,    ont 
cxiste  primiijvement  dans  leurs  formes  geiierales  comme  on   les 
volt  aujourd'liul ,  et  leur  conliguration  ne  derive  pas  de  circons- 
tances  partlculieres  ,  mals  elle  est  aussi  ancienne  que  le  <lelroit  et 
les  deux  mers  dont  il  fait  la  communication.  La  configuration  do 
port  de   Constantinople  et  les   causes  auxquelles  on  dolt  I'attri- 
Luer  ,  le  releve  des  principales  hauteurs  des  deux  rives  dt^termintfes 
a  I'aide  du  barom^trc  et  du  tljermom<itre,  les  courans  du  Bosphore, 


219 

la  descriplioii  dc  la  capilale ,  les  Cyaiiees  ,  ecueil  de  ^Bo  h  5oo 
metres  dans  le  proiongement  et  a  peu  de  distance  de  Fanaraki  ,  et 
la  coionne  de  Ponipce  que  Gyllius  ,  Spon  et  A'V  heler  placenl  au- 
dessus  de  lecuell  ,  et  qui  pounait  bien  etie  Tautel  erige  dans  le 
menie  lieu  par  les  Remains  ,  en  I'honneur  d'ApoUon  ,  dont  parle 
Denys  de  Byzance  ,  fixent  tour  a  tour  I'attention  du  savant  diplo- 
male.  11  nous  entretient  aussi  de  la  Flore  byzantine  ,  des  animaux 
et  des  poissons  qui  habltent  la  region  qu'il  decril  ,  et  termine  son 
second  livre  par  une  vue  generalc  de  la  Proponlide  et  du  lios- 
phore ,  dont  nous  extrairons  le  passage  suivant  dans  lequel  sont 
coniparees  les  sensations  dilTerenlcs  que  Ion  eprouve  lorsquc  Ton 
volt  (jonslantinople  par  terre,  et  lorsque  cette  capitale  se  presente 
a  vos  yeux  en  y  arrivant  par  mer.  11  suffira  pour  donner  une  idee 
du  style  de  Tauteur. 

«  Les  bords  de  la  Propontide  presque  en  plaine  ,  offrent  Tas- 
pect  dun  terrain  legerementmamelonne.  Cette  partie  de  la  Thrace 
a  Ires-peu  d'eaux  courantes  ;  on  n'y  trouve  qtie  quelques  faibles 
ruisscaux.  La  culture  y  est  negligee,  et  la  population  se  resscnt  du 
peu  de  soins  qu'on  y  donne.  En  approcbant  ensuite  dune  capitale 
qui  jouit  d  un  si  grand  renom  ,  le  voyageur  est  frappe  de  surprise, 
lorsqu'il  aper^oit  des  campagnes  presentant  Taspect  d'un  pays  qu'on 
dirait  abandonne  ;  Ton  se  croirait  au  milieu  des  deserts  ,  et  Ton 
louclie  a  une  ville  immense  que  sa  situation  rend  I'entrepot  du 
commerce  de  I'Europe  et  de  I'Asie. 

»  Mais  quand  on  arrive  par  mer,  quand  on  a  double  la  pointe 
de  San  Slepbano  ,  et  qu'on  diicouvre  la  tour  de  Marmara  ,  placee 
a  I'un  ides  angles  du  chateau  des  Sept-lours;  que  I'enceinte  de 
Constantinople  commence  a  se  developper ;  qu'une  nouvelle  ar- 
chitecture ,  dc  nouveaux  edifices ,  de  nouveaux  costumes  se  mon- 
trenl  aux  regards;  que  Ion  approche  du  serail ,  de  cet  endroit 
mysterleux  qu  on  croirait  un  palals  de  dellces  ,  et  qui  parait 
etre  le  sejour  de  Tenyle  ,  des  intrigues  et  de  I'ennui;  que  I'on 
apcrcoit  sur  la  droile  ,  pres  de  la  cote  d'Asie ,  le  petit  Archipel  , 


220 

que  ies  anciens  appelaient  Demoncse ,  tic  des  (renics  ,  aujourfVImi 
connu  sons  Ic  nom  diledes  Princes;  qu'on  se  trouve  cnfni  ii  Ten- 
tree  duBosphore,  la  oii  TEuiope  el  I'Asie  seniblent  se  rapprochcr 
pour  se  confondrc  ,  et  que  separe  seulemenl  cc  canal  de  peu  de 
largeurqui  recoil,  par  Pintennedialre  des  mers  opposecs  ,  Ies  pro- 
ductions des  pays  Ies  plus  lointains  ,  on  s'arrele  pour  conleinpler 
le  magnifique  tableau  que  Ton  a  devanl  Ies  yeux.  On  en  jouit, 
et  Ton  ne  saurait  s'en  rendre  compte.  Rcvenu  de  cc  premier 
etonnenicnt,  on  remarque  sur  la  cole  d  Europe  la  reine  des  mers, 
s'elcvanl  en  amphilliealre  sur  le  littoral  dun  port  couvert  d'un 
nombre  considerable  de  vaisseaux.  En  face  sur  la  cole  d'Asie , 
Scutari  ,  I'ancienne  Cbrysopolis  ,  aujourd'bui  le  niarcbe  de  Bag- 
dad ,  de  la  Syrie,  de  la  Perse  ,  de  I'Asie  mineure;  et  dans  I'ln- 
tervallc,mais  plus  rapproche  de  la  cote  d'Asie,  un  rocher  isole  sur 
lequel  est  belli  le  pliare  qu'on  appelle  Kyz  -  Kou/Ze^i  (^Isi  Tour 
de  la  Fllle)  ,  et  qu'il  a  plu  aux  Europeens  dappeler  la  Tour  de 
Leandre. 

»  En  portanl  Ics  regards  dans  la  direction  du  Bospliore,  ce  beau 
canal  parait  a  une  certaine  distance ,  commc  un  golfe  ferme ;  ii 
s'ouvre  ensulte,  sed6veloppe,  se  referme,  se  rouvre  erjcore ,  el 
presente  successivement ,  a  raison  des  sites  et  des  diverses  sinuosiles 
qu'on  rencontre  ,  des  tableaux  aussi  nombreux  qn'enchanleurs.  Ces 
tableaux  sont  ornes  d'une  foule  d'objels  dont  la  plupart  s'offrent 
aux  yeux  pour  la  premiere  fols  ;  c'est  de  tous  coles  un  melange  de 
domes,  de  minarets,  de  cypres,  de  platanes,  de  tours  defensives, 
de  colonnes  et  de  palais,  de  maisons  et  de  kiosks  ayant  un  genre 
d'arcbllecture  parllcullcr.  On  voil  sur  tous  Ies  points  une  popula- 
tion nombreuse  et  active ;  une  multitude  de  bateaux  dans  un  mou- 
vement  continuel ,  Ies  uns  a  la  rame ,  Ies  autres  a  la  voile  ,  descen- 
dant, remontant  ou  traversant  le  Bospliore;  des  vaisseaux  arrlvant 
de  plages  etrangeres  ou  partant  pour  des  destinalions  lointalnes  : 
ces  objets,  animespar  un  del  brlUant,  parune  temperature  agreable, 
par  la  presence  de  belles  eaux  qui  ajoutenl  un  si  grand  inleret  a  la 


221 


richesse  d'un  paysage ,  et  ou  Us  se  multiplienl  en  s'y  refletant,  vien- 
iieiit  a  la  fois  parler  aux  yeux ,  saisir  les  sens,  et  s'emparer  de  I'i- 
inagination ;  mais  ces  objels  niucts  plaisent  encore  par  les  souve- 
nirs et  par  les  contrastes  qu'ils  presentent.  » 

Le  sysleme  des  eaux  qui  servent  a  abrcuver  Constantinople  et 
ses  environs,  compose  de  conduites  a  aqueducs  sur  arcades  et  de 
condulles  a  soiderazi ,  systeme  que  le  general  Andreossy  Irouve 
infiniment  superieur  a  relui  qui  est  assez  generalement  adoptedans 
les  autrcs  parties  de  TEurope,  occupe  tout  le  trolsieme  livre. 

Ce  systeme,  aussi  recommandable  ,  par  le  bel  ensemble  qu'il  of- 
Irc ,  que  par  des  ouvrages  d'art  d'une  applieation  peu  connue ,  est 
(lii  aux  empereurs  grecs,  qui  sont  parvenus  a  I'etablir  en  appliquanl 
en  grand ,  pour  la  conduite  des  eaux ,  cette  loi  des  Huides  qui  les  ra- 
mene  conslamment  a  la  m^me  hauteur  dans  divers  tuyaux  com- 
muniquant  cntr'eux.  L'auteur  fait  connaitre  ces  magnifiques  travaux 
dans  toutes  leurs  j)arlles ,  et  s'etend  parliculierement  sur  la  descrip- 
tion du  soiderazi  ou  pyramide  liydraullque,  massif  de  ma^onnerie 
ayant  ordinairement  la  forme  d'une  pyramide  tronquee  ou  d'un 
obelisque  egyptien ,  qui  sert  a  faire  circuler  les  eaux  depuls  eur 
source  jusqu'au  reservoir  de  distribution.  11  decrit  aussi  le  terazi, 
instmment  d'une  simpllclte  antique ,  ressemblant  au  niveau  de 
maijon  renverse,  employe  al'execution  des  grands  travaux  des  em- 
pereurs grecs ,  dont  les  sou-yohlji  ou  fontainiers  turcs  font  encore 
usage,  et  qui  parait  preferable  au  niveau  d'eau,  qu'ils  ne  connais- 
scnt  pas. 

C'est  en  comparant  la  consommation  totale  d'eau  de  Constan- 
tinople pour  vingt-quatre  beures  ,  avec  la  quolite  journaliere  ne- 
cessalre  a  cbaque  individu  en  partlculier,  qu  il  evalue  la  population 
de  cette  capitale  a  environ  600,000  ames;  evaluation  dont  il  con^ 
firme  rexactitude,  en  faisant  une  comparaisou  semblable  pour  la 
consommation  de  ble  pendant  le  meme  espace  de  temps. 

Outre  les  conduites  a  aqueducs  sur  arcades  et  les  conduites  a  sou- 
lerazi ,   les  empereurs  grecs  avalent  fait  construire  ,  pour  les  be- 


222 

soins  dc  leur  capilalc ,  dc  vasles  cilcrues ;  Ics  luies  voAlties ,  Ics  autre& 
a  del  ouvert.  Mais  le  fond  de  ces  dernieres  ,  qui  ont  dA  uecessairc- 
inent  eire  aliinentces  a  la  I'ois  par  les  eaux  de  pluic  ct  par  dcs  eaux 
courantes,  a  ole  converti  en  jardins,  a  I'exception  de  celle  d'Yere- 
Baiun- Serai  o\i  le  palais  soulerrain  ,  la  seule  qui  ait  conserve  sa  des- 
tination primitive. 

Tcls  sont  les  resultats  des  principales  observations  faites  par  le 
general  Andreossy,  et  que  je  n'ai  fait  qu'indiquer  sommairenient  , 
parce  que  j'ai  pens<^  que  c'etalt  dans  I'ouvrage  soul  qu'on  devait  en 
suivre  le  dcveloppement.  Elles  annoncenl  un  esprit  judlcieux  et  ob- 
scrvateur,  qui  envisage  un  sujel  sous  tous  ses  rapports  avant  de  le 
trailer,  etqui  le  traitc  ensuile  consciencieusement.  On  Irouve  dans 
Constani'inopk  et  k  Bosphore  de  Thrace  des  fails  inleressans  et  cu- 
rieux  ,  el  beaucoup  de  cboses  neuves  et  piquantei.  Q^^Ique  redlge 
en  partie  depuis  plus  de  dix  ans,  cet  ouvrage  est,  au  moment  ou 
nous  ecrivons,  presque  un  ouvrage  de  circonstance  ,  par  les  details 
posillfs  qu'il  renferirie  sur  I'empire  ottoman  el  sur  sa  capilalc. 

Quelques-unes  des  opinions  embrassees  par  Tauleur  offriront 
peut-elre  matiere  a  la  critique,  ct  tous  les  gens  du  metier  ne  par- 
lageronl  sans  doulc  pas  complelement  les  idees  qu'il  a  emises  ; 
mais  nous  pcnsons  qu'il  n'csl  aucun  lecteur  inslruil  qui  ne  rende 
justice  au  profond  savoir  du  general  Andreossy ,  ct  qui  ne  recon- 
naisse  qu'il  a  rendu  service  a  la  Geograpliie  ,  en  publianl  le  fruit 
de  ses  invesligalions. 

Plusieurs  des  notes  qui  lerminenl  cbactm  des  livres  peuvent  ^tre 
considerees  comme  de  vrais  memoires  ;  on  en  doit  quelques-unes 
a  MM.  Jouanin  ,  Jiiancbi  ,  a  feu  M.  Ruffm,  etc.  Une  carle  lopo- 
graphique  du  Bosphore  de  Thrace  et  des  environs  de  Conslantlno- 
ple,  levee  par  MM.  Thomassin  et  Vincent,  capitaines  du  genie,  et 
de  Moreton-Chabrillant,  capilaine  d'arlillerie  ,  sous  la  direction 
du  general  Andreossy,  el  deja  appreciee  par  les  savans ,  serl  a  I'ln- 
telligence  du  tivxte,  avec  un  atlas  ou  cetle  carle  est  reproduitfi  en 
pctil  ,  el  qui  est  compose  de  plans,  de  vues  et  de  coupes  de  mo- 

numens.  „ 

De  La  Roquette. 


DEUXIEME    SECTION. 

ACTES    DE    LA    SOCIETE. 

g  ler.  P roces-V^erhaux  des  Seances. 

Seance  du  3  octohre  1828. 

M.  le  due  de  Sase-W^eimaradresse  ses  remercimens  a  la  Societe, 
qui  vient  de  radmeltre  dans  son  sein,  et  lul  temolgne  touirinteret 
qu'il  prend  a  ses  utiles  travaux. 

M.  L.  de  Freycinet  communique  une  lettre  qu'il  a  re^ue  de 
MM.  Quoy  et  Gaimard,  medecins  naturalistes ,  emLarques  sui-  la 
corvette  VJstroIabe.  Celte  lettre ,  qui  conlient  des  details  importans 
sur  I'expedition  scientifique  du  capitaine  Durville,  est  renvoyee  au 
comlte  du  Bulletin  {Voy.  n°  66,  page  160). 

M.  Lamarche  ecrit  a  la  Societe  pour  lui  faire  part  des  moyens 
qu'on  pourrait  employer  pour  Texamen  des  objections  de  M.  Smith 
de  Siraped  contre  notre  systeme  astronomique.  Pienvoi  au  comite 
du  Bulletin. 

M.  Huber  adresse  la  suite  des  considerations  d'economie  pu- 
blique  sur  Tile  de  Cuba,  extraites  des  Annales  des  sciences,  com- 
merce et  agriculture ,  publiees  a  la  Havane  par  M.  Pv.  de  la  Sagra. 
Renvoi  au  comite  du  Bulletin  ,  avec  linvitalion  d'en  publier  les 
parties  qui  interessent  particuliercment  la  geographic. 

M.  Bruguiere  envoie  la  suite  de  son  manuscrit  sur  les  montagnes 
de  I'Europc,  contenant  la  partie  centrale  du  Systeme  Alpique. 
Renvoi  a  M.  le  baron  de  Ferussac,  charge  de  suivre  Timpression 
de  cet  ouvrage. 

M.  Tesseydre  ecrit  qu'il  regrette  de  ne  pouvoir  transporter  au 
lieu  des  seances  de  la  Societe  le  modele  qu'il  a  fait  execuler  pour 
tourner  les  globes.  Conformement  aux  decisions  anterieures  de  la 
commission  centrale,  ceux  des  membres  qui  auraient  I'intenlion 


224- 

(Vexamlner  eel  apparcil  poiirront  sc  rendre  aupres  de  I'inveiiteur . 
ft  f'airc  connaitre  ce  qu'ils  pcnsent  de  son  utilile. 

M.  Brue  fait  un  rapport  verbal  sur  la  partie  gcographique  du 
voyage  dans  la  Laponie  et  la  Suede,  ciilrepris  en  1827  par  M.  Ic 
capitaine  de  Capell  Brooke. 

M.  Eyries  passe  en  revue  les  differens  voyages  qui  onl  precede 
celui  de  JM.  le  capilaine  de  Capell  Brooke  dans  les  memes  contrees. 
Le  Comile  du  Bulletin  est  invite  a  inserer  un  extrait  du  rapport , 
en  faisani  enlrer  quelques  details  sur  ce  qu'Il  peut  y  avoir  de  neuf 
dans  les  observations  de  ret  interessant  voyageur  sous  le  rapport 
des  moeurs  et  des  usages. 

M.  Jomard  donne  lecture  de  I'avant-propos  d'un  vocabulaire  a 
I'usage  des  voyageurs,  qu'il  se  propose  de  publier  incessamment , 
dont  un  extrait  a  deja  ele  Insdrd  dans  I'Atlas  etnographique  de 
M.  Balbi.  Ce  recueil  a  pour  objet  de  fournir  a  cliaque  voyageur 
un  plan  methodiqued'interrogation,etde  procurer  la  connaissance 
de  tous  Ics  mots  essentiels  de  lidionie  du  pays  qu'il  parcourt. 

M.  Eyries  prend  la  parole ,  et  fait  sentir  par  des  esemples  I'uti- 
llte  d'une  pareille  publication. 

M.  Gauttier  d'Arc  annoncc  qu'il  a  retrouvc  a  la  Bibliotheque 
Royale  unc  traduction  ,  en  langue  roniane  ,  dune  Cbronique 
du  onzieme  siecle ,  contenant  plusieurs  fails  inleressans  ,  relatifs 
a  la  geographic  politique  de  T Italic  au  moyen  age.  Cette  Cbro- 
nique est  composce  par  Aiine ,  moine  du  monl  Cassin  ,  premier 
archeveque  de  Bordeaux.  Tous  les  auteurs  qui  se  sent  occupes  de 
riiistoirc  de  I'ltalie  annongaient  que  cet  ouvrage  etait  perdu  pour 
jamais. 

M.  Barbie  du  Bocage  annonce  que  M.  Houbigant  offre  de  mcltrc 
a  la  disposition  de  la  Sociele  ,  pour  elre  joints  a  son  JJulictin,  plu- 
sieurs excmplaircs  dun  plan  de  Varna  qu'il  vicnt  de  publier.  La 
Commission  cenlrale  accueille  I'offre  de  M.  Houbigant,  et  invite 
le  Comite  du  liuUelin  a  accompagner  ce  plan  d'une  notice  explica- 
tive. 


225 

M.  Pecchio  ,  voyageui"  italieu  dislingue  et  auleur  de  plusieurs 
ouvrages,  est  present  a  la  seance.  M.  le  president  I'invite  a  com- 
inuniquer  a  la  Societe  quelques  resultats  de  scs  interessans  voyages. 

Seance  du  17  uciohre  1828. 

M'"^  la  comlesse  Andrcossy  ccrit  qu'elle  est  tres-sensible  aux 
marques  de  Tinleret  que  la  Societe  veut  bien  prendre  a  la  perte 
qu'elle  a  faite ,  ct  la  prie  d'en  agreer  tous  ses  reinercimens. 

M.  Mahan,  officier  du  genie  au  service  des  Etats  -  Unis ,  dcrit  a 
la  Societe  ,  dont  il  vient  d'etre  re^u  membre,  qu'il  s'empressera  de 
contribuer  de  lous  ses  efforts  aux  vues  d'utilite  qu'elle  se  propose. 

M.  le  baron  de  Capellen ,  en  reponse  a  la  lettre  qui  lui  a  ete 
adressee  par  M.  le  president,  transmet  a  la  Societe  la  copie  d'une 
esquisse  de  I'lle  Borneo ,  falsant  partle  de  sa  collection  des  cartes 
manuscrites  et  inedites,  ainsi  que  divers  documens  destines  a  ac- 
compagner  la  publication  de  celte  carte. 

Remercnnenset  renvoi  a  la  Section  de  publication, des  documens, 
et  au  Coniile  du  Bulletin  ,  de  la  carle ,  avec  invitation  de  la  faire  li- 
ihographier. 

M.  W'"  Hutmann  ,  secretaire  de  la  Societe  des  traductions  orien- 
lales  de  Londres,  ecrit  qu'ayant  lu  dans  un  des  numcros  du  Bulle- 
tin que  M.  Rousseau,  consul  general  de  France  a  Tripoli,  s'etait 
procure  un  inanuscrit  tres-complet  des  Voyages  d'Ibn  Batouta,  il 
serait  tres  -  reconnaissant  que  la  Societe  voulilt  bien  lui  donner 
quelques  renseignemens  a  ce  sujet.  II  envoie  un  programme  de  la  So- 
ciete des  traductions  orientales,  annongant  qu'une  edition  de  I'E- 
drisl  doit  etre  publiee  k  Londres.  Cette  nouvelle  sera  communiquee 
a  M.  Jaubert ,  occupe  dans  ce  moment  a  publier  dans  les  Memoires 
tie  la  Societe  une  traduction  complete  des  manuscrils  de  ce  g^o- 
graphe. 

M.  Cesar  Moreau  communique  un  numero  de  la  Gazette  litte- 
raire  de  Londres ,  oil  II  est  question  du  projet  qui  a  ete  forme 
d'inslituer  une  societe  geograpliique  dans  cette  ville. 


226 

Le  nicmc  mcmbre  aiiiionce  I'arrlvec  a  Londrcs  du  capilainc 
Bcechey,  coiniiiamlant  Ic  Lrick  de  S.  M.,  le  Blossom,  apres  un 
voyage  de  decouvertes  entrcpris  en  1825.  Les  renseignemcns  cod- 
tenus  dans  cetlc  lettre  sur  les  resultals  de  I'expedltion  sont  renvoyes 
au  Comitii  du  liullotin  ,  ainsi  que  la  nouvelle  prec^dcnle. 

M.  C.-E.  Guys  adresse  a  la  Societd"  la  continuation  de  son  Iti- 
nerairc  an  monl  Liban ,  dcpuis  Antoura  jusqu'a  Jicu ,  par  la  chatne 
ccntralc.  II  donnc  aussi  quelques  details  sur  les  ponts  naturels  de 
Takra  et  d'Asphera. 

M.  Joinard  communique  une  leltre  que  Inl  adresse  M.  Dela- 
porte,  vice-consul  de  France  a  Tanger ,  en  date  du  27  scptcmbre  , 
par  laqucUe  II  lui  annonce  que  M.  A.  Caille  est  arrive  a  Tanger  , 
apres  avoir  termine  avec  succes  un  voyage  de  seize  mois  dant  I'in- 
terleur  de  TAfriquc  ,  el  avoir  visile  la  viile  de  Tomboclou.  M.  De- 
laporte  le  recommande  aux  encouragemcns  de  la  Societd. 

A  cette  lettre  sont  jointes  deux  autres  lettres  de  M.  Caille,  adres- 
sdcs  de  Toulon  a  M,  Jomard  et  au  president  de  la  Soclete,  dans 
lesquelles  ce  voyagcur  donnc  des  details  Interessans  sur  son  voyage. 
II  prie  la  Soclcle  d'obtenir  pour  lui  du  gouvernement  les  moyens 
de  se  rendre  a  Paris. 

Apres  avoir  cnlendu  ces  comniunlcallons,  la  Commission  ccn- 
tralc,  conslderant  I'lmportancc  de  ces  nouvelles  et  la  position  dif- 
ficile dans  laquclle  se  trouve  ce  voyageur,  apres  avoir  entendu  la 
Section  de  comptablllle,  decide  a  runanimite  qu'il  lui  serait  envoyd 
sur-le- champ  une  Indemnile  pccuniaire  de  5oo  fr.  Le  bureau  est 
charge  de  faire  les  demarches  nccessalres  aupres  du  minislre  de  la 
marine  et  du  ministre  de  rintiirieur. 

M.  Alex.  Barbie  du  Bocage  donnc  connnunication  dune  lettre 
de  M.  Spencer  Stanhope,  contenant  quelques  details  sur  la  fonda- 
tion  d'une  ville  et  d'un  port  a  Goole  et  sur  les  divers  canaux  exe- 
cutes dans  les  comtes  d' York  ei  de  Lancastre, 

M.  Tabbe  Manet  fait  connailrc  a  la  Societc^  ses  intentions  rela- 


227 

llvemcnl  a  la  publication  dc  son  Memoirc  qui  a  obtcnu  le  prix  au 
concours  <ie  1827. 

Renvoi  de  sa  lettre  a  la  Section  <le  publication  ,  avec  i'invita- 
tion  de  prendre  une  decision  definitive  k  ce  sujet. 

§  2.  Admissions  ,   Ouvragcs  offerts ,  etc. 


OyVRAGES   OFFERTS   A    LA    SOCIETE. 

Seance  du  3  orlohre  1828. 

Par  M.  de  Leuven  :  Journal  des  voyages  ;  cahier  d'aout. 

Par  M.  de  Y ivussAC  :  Bulletin  des  sciences  geographicjucs ;  cah'ier 
d'aoitt. 

Par  M.  Artlius-Bertrand  :  Bihliotheqiic  physico-economiqite ;  ca- 
hier d'octobre. 

Par  M.  le  baron  Trouve  :  Annales  de  la  litterature  et  des  arts  ; 
4. 1 5  et  4-iG'^  livraisons. 

Par  les  Auteurs  :  Plusieiirs  numeros  du  Globe. 

Seance  du  ij  octoLre. 

Par  S.  E.  le  Ministre  des  affaires  elrangeres  :  Histoire  de  la 
reaohitionjrangaise ;  par M.  Lacretelle.  (Directoire  executif.jTora.  3; 
I  vol.  in-8''. 

Par  M.  Giraldez:  Traite  de  cosmographie;  torn.  4'  .  in-^.". 

Par  M.  liajot  :  Annales  maritimes  et  coloniales;  cahier  de  sep- 
lenibre. 

Par  M.  de  Leuven  :  Journal  des  voyages ;  cahier  de  septcmbre. 

Par  M.  de  Ferussac  :  Bulletin  des  sciences  geographiques  ;  cahier 
d'aoAt. 

Par  M.  le  baron  IVouve  :  Annales  de  la  litterature  et  des  arts; 
4.17  et4i8'=  liv. 

Par  la  Socleic  Asiatique  :  Journal  de  celie  Soricte ;  cahier  de  sep- 
tembrc. 


228 

Par  la  Sociele  de  I'Eure :  Journalde  cette  Societe;  cah.  d'oclobre. 

Par  la  Societe  de  la  Morale  chr^lienne  :  Journal  de  cette  Societe  ; 
n"  57. 

Par  la  Sociele  royale  d'agrlcullure  de  la  Haute-Garonne  :  Seance 
puUi'qite  de  cette  Surlele ;  Toulouse  ,  1828. 

Par  la  Societe  des  traductions  orientalcs  de  Londres  :  Report 
of  the  proceedings  of  the  frist  general  meeting  of  the  subscribers  to  the 
oriental  translation  fund  with  tlie  prospectus  report  of  the  committee 
and  regulations;  London,  1828;  une  brochure  in-8'. 

Par  les  Auieurs  :  plusieurs  numeros  du  Globe. 


/ 


TROISIEME  SECTION. 

DOCUMENS  ,    COMMUNICATIONS  ,    NOUVELLES 
GEOGRAPHIQUES  ,    ETC. 


Lettre  adressee  d  M.  le  President  de  la  Socidte  de  Grographie  ,   par 

M.  Delaporte  ,  vice-consul ,  gerant  le  consulat-general  de  France 

au  Maroc. 

Tanger  ,  le  3  octobre   1838. 

Vous  faire  part  qu'un  Europeen  vient  de  conquerir  ,  en  Afri- 
que  ,  a  la  Societe  de  Geographic  ,  une  vaste  etendue  de  territoire  , 
c'est  vous  donner ,  ainsi  qu'a  elle  ,  une  bonne  nouvelle  ;  mais  lui 
annoncer  ainsi  qua  vous  ,  que  cet  Europeen  est  Francjais ,  c'est 
vous  la  rendre  encore  plus  agreable. 

Un  de  nos  concitoyens  ,  M.  Augusle  Caille ,  a  conquls  a  la 
Societe  de  Geographic  tousles  territoires  situes  entre  Rio  Nunez, 
Sierra  Leone  et  Tanger;  c'est-a-dire  entre  TOcean  et  la  iVIe- 
diterranee.  11  a  visite  les  villas  de  Kankan  ,  Jenne  ,  Timboctou  et 
Araouan.  II  a  habile  Toniboclou  pendant  quatorze  jours.  Sa  maison 
clait  a  quelques  porles  de  celle  qu'avait  occupee  le  malheureux 
major  Laing.   II  a   employe   seize  niois  ;i  faire  ce  travail  et  a  re- 


-ay 

nicillir  les  malerlaux  dont  il  enricliissait  sa  besace.  Rien  ne  I'a 
rcbute  :  ni  refus  ,  ni  tlL-goAls  ,  ni  fatigues  ,  ni  tlangers  :  sa  voca- 
tion ,  ainsi  qu'il  ine  la  dit  plusieurs  fois  ,  I'appelait  k  franchir 
I'Afrique  ;  il  I'a  suivie  ,  ct  a  resolu  le  proLIeme  ,  dont  Timpossi- 
bllite  paraissalt  presque  demontree,  qu'un  Europeen  peut  traverser 
I'Afrique.  11  a  voyage  sans  fasle ,  et  j'ai  vu.un  Derviche  queteur, 
la  besace  de  cuir  sur  le  dos  ,  se  jeler  sur  le  seuil  de  ma  porte  , 
et  me  tendre  non  la  main  de  I'indigence  ,  non  la  main  de  la 
misere  dont  il  portait  la  iivrce ,  mais  celle  d'un  compatriotc  qui 
s'adresse  a  un  serviteur  du  Koi  de  France  ,  et  requiert  sa  protec- 
tion. 11  Ta  obtenue ,  Monsieur  le  President;  ellc  lui  a  ete  donnde 
par  moi  qui  me  trouvc  gerer  momentanement  le  consulat-general 
de  France  ,  aulant  qu'il  a  ele  en  mon  pouvoir  de  le  faire ;  et  gr^ice 
a  la  cooperation  de  M.  le  chevalier  de  Luneau  ,  commandant  de  la 
station  navale  franijaise  a  Cadix,  qui  eul  la  complaisance  de  m'en- 
voyer  un  batimcnt  du  l\oi,  j'ai  sauve  le  voyageur  et  ses  papiers. 
M.  le  lieutenant  de  vaisseau  Jollivet  a  re^u  abord  de  la  goelette  du 
Roi  la  Legerr ,  qu'il  commande ,  M.  Caille  ,  et  le  28  seplembre 
dernier  il  a  fait  voile  pour  i'oulon  ,  ou  il  doit  purger  sa  quaran- 
lalne.  Deux  departemens  ,  celul  des  affaires  etrangeres,  et  celui 
de  la  marine,  ont  contribye  a  rendre  un  Fran^ais  a  son  pays  natal, 
eta  acquerir  a  laSociete,  dont  vous  eles  le  President,  un  voya- 
geur modeste  que  son  entrepris€  illustrera. 

M.  Gallic  ,  dont  les  fatigues  et  les  travaux  ont  altere  la  sante  , 
s'est  embarque  avec  la  fievre.  11  faut  esperer  quelle  n'aura  pas  de 
suite  ,  et  qu'il  abordera  a  Toulon  sain  et  sauf. 

Si  M.  Caille  ii'a  pas  le  brillant,  ni  I'education  de  nos  voyageurs 
modernes,  il  a  I'ingenuile  etla  franchise  dece  bon  voyageur  du  vieux 
temps,  qui  nous  a  donne  sur  I'lnde  tant  de  notions  interessantes. 
S'il  n'est  pas  I'Amedee  Jaubert  de  I'Asie  ,  il  sera  le  Marco  Polo 
de  I'Afrique;  et  il  aura  le  mc^rite  d'avoir  fait  a  ses  depens  et  san.s 
secours  ,  ce  que  tant  d'aulres  n  ont  pu  i.>xecuter  a  force  de  destruc- 
tions et  de  Iresors. 


aSo 

Apr^s  sa  quarantainc  ,  il  <loil  se  rendre  a  Paris ,  oi'i  il  a  I'lnteii- 
tion  (le  reclamer  Tassistance  de  M.  Ic  chevalier  Jomard  ,  president 
(lu  bureau  central  de  la  Sociefe ,  pour  la  redaction  des  riches  ma- 
t«riaux  qui  font  son  unique  fortune.  En  recoinniandanl ,  Monsieur 
le  President ,  ce  voyat^eur  a  voire  inter(?t ,  c'est  le  reconnnamier  a 
celui  de  tous  les  uieuibres  de  Ja  Societe  de  (ieographie  a  laquelle 
j'ai  I'honneur  d'apparlenir. 


A  M.  JoMARU  ,   memlire  de  F Institut. 

De  lAruiraulc  ,  LdiuIh-s  ,  le  -.'8  culnl  lo    if-'a    ,S, 

Monsieur  , 

J'ai  rhonneur  de  m'adresser  a  vous  sur  un  sujet  auquel  je  suis 
persuade  que  vous  prendiez  autant  d  inteiet  que  nioi  inenie,  le 
progres  des  decouvertes  en  Afrique. 

Je  vols  par  le  supplement  du  66*=  IJullelin  ,  public  par  la  So- 
ciete geograpliique  de  Paris,  qu'un  Fran^als  du  nom  de  Caille  a 
reussi  a  atteindre  la  ville  de  Tomboctou,  et  que  M.  Delaporle, 
vice-consul  a  Tanger ,  observe  dans  la  lettre  qu'il  vous  a  ecrite,  ])Our 
vous  annoncer  I'arrivee  de  M.  Caille  ,  que  ce  voyagcur  se  console 
des  fatigues  qu'il  a  souffertes ,  par  I'idee  qu'il  est  le  seul  Europeen 
qui  ait  reussi  jusqu'a  present  k  amener  a  une  heureuse  fin  une  en- 
treprlse  dans  laquelle  tant   de  courageux  voyageurs  ont  succombe. 

Loin  de  Hioi  ^e  concevoirla  penseede  diminucrlemerite  de  ce 
voyagenr  entreprenant  et  aventureux  ,  oude  blamer  le  juste  orgueil 
qu'il  doit  ressentir  poor  avotr  donn^  a  sa  tentative  une  heure«se 
issue  ;  mais  ia  justice  qui  est  due  a  la  memolre  d'un  autre  voya- 
geur,  qtri  a  peri  par  la  main  barbarc  d'un  assassin  ,  exige  que  je 
vous  expose,  Monsieur ,  que  M.  Caille  n'est  pas  le  seiil  Europeen 
qui  a  visile  Tomboctou  ,  Tii  le  premier. 

Fen  le  major  lifting  est  celui  qui  a  mis  le  premier  les  pi«ds  dans 
Tomboctou  ,  et  je  vais  vous  le  monlrer  par  lautorite  la  plus 
irrecusable,  sa  propre  signature,  et  far  cellc  de    son  serviteur  , 


23l 

ii|ul  est  inaliilenant  a  Tripoli.  Dans  une  lellre  adressee  i  M.  le 
consul  Waninglon ,  et  mainlenant  sous  mes  yeux ,  datee  dc  Tom- 
boclou  ,  21  septembre  1826,  le  major  dit  qu'il  est  arrive  dans 
cette  ville  le  18  du  mois  d'aout  precedent,  qu'il  devait  la  quitter 
Je  lendemain  de  la  date  de  sa  lettre,  c'est-a-dire  le  22  septembre  , 
et  qu'il  avait  I'inlention  de  continuer  par  la  route  dc  Sego ;  en- 
suite  ilentre  dans  bcaucoup  de  details  touchant  cette  ville  et  donne 
un  grand  nombre  de  documens  curieux  qu'il  a  reunis  sur  ce  sujet , 
et  d'autres  materiaux  qui,  sans  aucun  doute,  seront  publics  en 
temps  convenable. 

11  a  quilte  en  consequence  Tomboctou  le  22  seplembre  ,  avec 
une  petite  caravane  ,  ayant  un  seul  domestique  arabe  a  son  ser- 
vice ;  le  troisieme  soir  il  fut  rejoint  par  quelques  Arabes  faisant 
partie  de  la  caravane  ,  et  ensuitc  bassement  massacre.  II  arriva  que 
la  Icltre  mentionnec  plus  baut  el  quil  avait  ecrile  de  Tomboctou, 
se  trouvait  dans  la  possession  de  son  domestique  ;  son  bagage  a 
ete  pille  tout  entier  ,  ses  journaux  et  ses  nombreux  papiers  enleves  ; 
mais  nous  avons  encore  Tespoir  qu'ils  seront  recouvres.  Le  do- 
mestique a  subi  Texamen  le  plus  severe  ,  il  est  ferme  et  consequent 
dans  toutes  ses  reponses  ,  et  je  regrette  de  dire  qu'il  y  a  grand  sujet 
de  croire  que  cet  enlreprenanl  voyageur  est  tomb^  victime  du 
traitre  et  barbare  Rello  ,  qui  s'est  conduit  si  scandaleusement  en- 
vers  le  capltaine  Clapperton. 

J'espere  par  consequent  de  votre  justice ,  comme  un  bomme 
devoue  aux  sciences,  et  parliculierement  a  celle  de  la  Geographic, 
et  comme  president  de  la  Commission  Cenlrale,  que  vous  pren- 
drez  des  mesures  pour  donner  quelque  publicite  a  cette  communi- 
cation ,  comme  elle  a  etc  donnce  a  I'lieureux  succes  de  I'entreprise 
meriloire  de  M.  Caille. 

J'ai  I'honneur  d'etre,   Monsieur  ,  votre  tres-obeissant 
serviteur. 

John  Barjiow. 


"Eyrn  Ml  tie  /ti  rr/ions/;  c/^M.  JoMAtin  a  iM  JfUN  I^Mincw  ( i).x^ 

Par's,   3l   oc'olire    if<y8. 

Monsieur  , 

Quoique  etranger  a  la  letlre  qui  fait  Je  sujct  de  votrc  reclama- 
lioii  ,  je  n'aurais  jamais  voulu  parlicipcr  ,  meme  indireclemeiil  ,  a 
uue  assertion  conlraire  a  la  verite,  ou  a  la  reputation  du  courageux 
voyageurdonl  vous  dvifendez  justemenlles  inlcrets.  Personne  moins 
que  nioi  n'csl  accessible  aux  idees  exclnsives  de  nafionalite,  et  c'est 
aussi  dans  riiiterel  general  de  1  hunianite  que  je  suis  diivoud  a  la 
cause  dcs  sciences  et  de  leurs  progres  indiifinis.  Je  ine  serais  done 
rcjoul  sincerement  de  signaler  le  premier  en  France  le  retour  et  les 
succesdu  major  Laing,ainsl  que  j'ai  ele  assez  heureux  pourle  faire  a 
I'arrivee  du  capilainc  Clapperlon  et  du  major  Denham.  Vous  devez 
le  savoir,  Monsieur  ,  c'esl  moi  qui  annongai  au  public  frangais  les 
travaux  dc  ces  intrepides  exploraleurs;  qui  ai  public  le  premier  leurs 
admirables  decouverles  dans  TAfrique  cenlrale  ,  et  qui  payai  un 
legitime  bommagc  a  la  memoirc  du  docleur  Oudney.  Quant  au 
major  Laing  ,  j'ai  long-temps  conibatlu  el  revoqud  en  doutc  les 
bruits  anticipcs  de  sa  mort ,  et  je  me  suis  applique  a  faire  ressor- 
lir  les  contradictions  des  recits  qui  circulaienl  en  Afrique  el  en 
Europe.  Rien  meme  jusqu'ici  ne  m^avait  persuade  de  la  reallte  de 
la  catastrophe  ;  el  votre  lettre  ,  Monsieur,  pourrait  seule  me  faire 
ajouter  fol  enliere  a  celle  Irisle  nouvelle,  tanl  je  desirais  ardemnient 
d'apprendre  le  succes  du  major  LaIng,  d'avoir  le  plaisir  de  le  pro- 
clamer  ,  et  de  concourir,  quoique  faiblement,  a  sa  brillante  renoni- 
mee.  Le  major  Denham  a  pu  vous  din;  comment  je  raccueiliis  a 
Paris  ,  combien  je  m'estiniai  heureux  d'embrasser  ce  brave  offi- 
cier  ,  et  de  m'entrelenir  avec  un  homme  qui  avail  dix  fois  expose 


(i)  La  Socicti'  (]e  Gc'oyraphie  a  rli'ridi.'  que  In  lollrc  dc  M.  J.  Barrow  el  In 
rt'poiise  scraient  impriinf'fs  conime  tenant  a  un  ohjct  cPinlcrel  gontTal. 


233 

vaillamment  sa  vie   pour    parvenir  le  plus  loin   possible  dans  un 
conlinent  inconnu. 

Maintenanl ,  Monsieur,  voici  ie^  propres  expressions  qui  sont 
robjct  de  votre  reclamation  :  "  11  csl  le  seul  European  (  M.  Augusle 
»  Caille),  qui  soil  parvenu  jusqu'a  cc  jour  a  terminer  avec  succ^s 
»  une  enlreprise  dans  laquelle  ont  succombe  tanl  de  courageux 
»   voyageurs.  » 

Vous  voyez  ,  Monsieur  ,  qu'il  s'agit  dc  Theurcux  retour  du 
voyageur  dans  sa  palrie  ,  et  non  pas  de  la  decouverle  de  Tom- 
boclou.  On  ne  lui  fait  pas  un  merile  d'y  etre  alle  le  premier.  C'est 
ainsi  qu'apres  la  niort  dudocleur  Oudney  ,  Clapperton  et  Denbani 
plus  heureux  revirent  Icur  i)ays  natal ;  on  pouvail  done  dire  ,  a  leur 
retour  en  Anglelcrrc  ,  qu'ils  elaicnt  les  premiers  Europeens  revenus 
de  Jiornou,  et  qui  ibssent  parvenus  a  terminer  ce  voyage  avec 
succes  :  et  cela  sans  rien  oler  dc  la  glorieuse  couronne  du  docteur. 
\  ous  rendrez  done  justice,  Monsieur,  je  n'en  fais  aucun  doute  , 
non-seulement  i  moi  ,  mais  a  M.  Delaporte  ,  vice  -  consul  de 
France ,  et  vous  reconnailrez  ,  sans  aucune  peine  ,  que  personne 
n"a  cu  I'intentlon  de  iVuslrer  vos  compalrioles  de  la  gloire  qui  leur 
appartient.  Je  m'lionore  d'avoir  contribue  a  etablir  comme  prin- 
cipe,  dans  les  reglemens  de  la  Societe  de  (leograpbie,  que  les  voya- 
geurs de  toutes  les  nations  ont  un  cgal  droit  a  son  attention,  que  les 
recompenses  apparliennent  a  tous,  quelle  que  soitleur  patrie;  enfin, 
qu'Il  n'y  a  aucune  distinction  dans  le  sein  de  cclle  Soviete,  cnlreles 
etrangers  el  les  regnicoles. 

Ou'il  nie  soil  pennis  ,  Monsieur,  dc  deplorer ,  conmie  vous- 
nieme,  le  trisle  evenement  raconte  dans  votre  leltre  ;  cepcndant 
plusieurs  circonstances  semblent  encore  laisser  au  doute  une  faibie 
place;  puisse  mon  incredulile  etre  juslifiee  par  revenement!  Si  ce- 
pcndant la  catastrojihe  est  certaine,  il  restera  un  voeu  a  former, 
c'est  que  ses  joarnaux  de  voyage  soienl  retrouves,  ou  au  moins  que 
son  domeslique  soil  en  etat  de  fournir  quelques  bonnes  informa- 
tions ;  cnfiu  que  les  ciu'ieux  ma!<'riaux  dont  •>  ous   parlez  ,  comnic 


234 

elant  en  voire  possession  ,  soieiil  rendus  publics  ie  plus  t6t  possi- 
ble :ainsi  que  je  I'espere,  nous  jouirons  bientot  des  documens  rap- 
porles,  dit-on  ,  par  le  nomnie  Lander  ,  domestique  de  Clapper- 
ton  ;  et  alors  je  ne  serai  pas  le  dernier  a  faire  valoir  le  nieritc  de  cette 
nouvelle  vicllnie  des  sciences.  Permeltez-nioi  ,  Monsieur  ,  dajou- 
ter  ici  une  rcdexion  :  si  j'avais  eu  a  faire  la  liste  des  Europeens 
qui  onl  alleint  la  ville  de  Tomboctou  ,  je  n'aurais  pas  oublie  plu- 
sieurs  individus  qui  paraissent  I'avoir  visilee  ,  et  peut-etre  aurais- 
je  nieme  fait  mention  de  Robert  Adams  ,  quoique  son  voyage  soit 
nivoque  en  doute,  chose  sur  laquelle  ,  vous  le  savez  ,  les  avis  sont 
parlages.  M.  Delaporte  ^galement  n'aurail  pas  manque  de  les  citer, 
si  tel  eut  ete  son  but ;  mais  son  intention  elail  sculement  d'annon- 
cer  I'heureux  relour  du  voyageur ,  apres  avoir  traverse  le  grand 
desert  :  ce  qui  nest  arrive  ni  a  Hornemann,  ni  h  Park  ,  ni  a 
Oudney  ,  ni  a  linfortune  Laing  ,  ni  a  tant  dautres  deplorables 
viclimes.  . 

11  me  resle  ,  Monsieur  ,  a  me  feliciter  de  I'occasion  que  vous 
m'avez  offerle  de  vous  cxprimer  mes  veritables  sentimens  sur  le 
but  que  doivent  avoir  les  dcicouverles  geographi([aes ,  c'est-.\-dire 
1  ulilile  et  ramelioralion  qui  en  resulteront  pour  le  sort  de  I'es- 
pece  humaiue;  je  suis  egalement  charme  de  pouvoir  vous  cxprimer 
personnellement  la  haule  estime  que  je  professe  pour  les  savans  et 
les  voyageurs  de  votre  pays  ;  c'est  dans  ces  sentimens  que  je  vous 
prie  de  me  croire ,  etc. 


Fondatton  d'un  port  a  Goole  sur  rHuntbcr  ,  et  navigatiun  des  rivieres 
d'Aire  et  Colder.  (Extrait  d'une  lettre  adressde  a  iM.  Alex.  Bar- 
bie nu  JJocAGE,  par  M.  Spencer  Stanhope,  a  la  date  du  !^.  oc- 
lobre  1828.  ) 

Je  vous  ai  ejitretenu  dans  ma  derni«^re  lettre  de  la  Gdogra- 

phie  ancienne  ,  je  vais  aujourd'hui  vous  parler  de  la  Geographie 
mod<  rne  ,  ce  ne  sera  sans  doule  pas  sans  interet  pour  la  Societe 


235 

<le  Geographic.  Le  (iouverneiiient  vicnt  d'accorder  a  la  compa- 
gnie,  pour  la  navigation  des  rivieres  Aire  et  Calder,  les  privi- 
leges dun  port  dans  la  ville  qu'elle  a  londee  a  Goole,  a  la  nais- 
sance  dc  I'Huinber.  Cede  compagnie  doit  son  existence  a  un  acte 
duparlemcnt  du  rol  (juillaunie  III.  Ses  premiers  menibres  avaienl 
rendu  navigables  la  riviere  Aire  de  la  ville  de  Leeds ,  et  la  Calder 
de  la  ville  de  Wakefield  ,  jusqu'a  un  endroit  appele  Airnin-sur- 
I'Ouse,  sans  autre  resultat,  que  i'honneur  d'avoir  rendu  un  grand 
service  a  leur  palrie.  Nous  avons  ete  plus  heurcux  que  nos  prede 
cesseurs.  Celte  navigation  a  rendu  le  W  ess-riding  de  la  province 
d'Yorck  ,  unc  des  parties  les  plus  commer^antcs  de  I'Angleterre,  et 
la  compagnie  a  des-lors  profile  de  la  prosperile  qu'elle  avaitrreee. 

(^^uand  la  paix  a  rendu  la  Iranquillilc  a  IKurope,  nous  avons 
Iravaille  a  perfectionner  le  cours  de  nos  rivieres.  Nous  avons  done 
commence  par  solliciler  du  parlement  des  pouvoirs  pour  exe- 
cuter  le  canal  de  Goole,  d'apres  le  plan  que  nous  avait  propose  le 
celebre  ingiinieur  JVI.  Rnenie.  Get  ouvrage  est  maintenant  ac- 
compli :  il  nous  a  coAte  plus  de  35o,ooo  livres  sterling.  II  rac- 
courcit  la  navigation  de  i^-'niiHes,  et  dans  un  endroit  ou  il  y  a 
quatre  ans  II  n'y  avait  pas  une  seule  maison  ,  s'eleve  actuellement 
unenbuvel  le  ville  a  laquelle  le  Gouvernement  vient  d'accorder  les 
privileges  dun  port. 

A  peine  cestravaux  etaient-ils  acheves,  que  dans  le  butd'en  tirer 
parti  a  son  benefice  une  autre  compagnie  s'etait  formee  ,  qui  se 
proposail  de  faire  un  nouveau  canal  de  ^Vakefield  a  Ferrybridge, 
en  cotoyant  pour  la  plus  grande  parlie  de  noire  riviere  ,  en  evitant 
les  detours.  La  speculation  n'etait  pas  mauvaise  ,  et  M.  Baring 
s'etant  mis  a  la  tete  de  la  compagnie,  la  chose  dcvenait  assez  dan- 
gcreuse.  Mais  apres  une  discussion  fort  animee  dans  la  chambre 
des  communes,  leur  bill  a  ete  repousse.  Comrne  nous  avions  pro- 
mis  a  la  Chambre  de  continuer  nos  ameliorations,  nous  avons 
envoye  M.  Selford ,  actuellement  le  premier  ingenieur  de  I'Angle- 
icrre,   pour  examiner  de  nouveau  nos  rivieres ;  et  celte  annee-ci 


20l 


nous  avons  soumis  a  la  Chanibre,  le  plan  qu'Il  nous  a  propose  ; 
mais  nos  ennemis  ne  se  crova:it  point  encore  batlus,  ont  reparu 
sur  le  champ  de  balaille  ,  prcjteiidant  que  leur  plan  elail  superleur 
•a  celui  de  M.  Selfonl.  i  jg  voix  conire  88  ont  lerniinc;  la  discussion 
nouvelie  en  notrelaveur;  el  dans  ce  niomenl-ci  nous  commen^ons 
nos  travaux.  J'ose  a  peine  me  (latter  que  ces  Iravaux  soient  dignes 
de  I'atlention  de  la  Sociele  ;  mais  si  rcla  pcut  lui  etre  agreable , 
j'aural  I'lionneur  de  lui  envover  un  exemplaire  de  noire  bill ,  et 
une  epreuve  de  noire  plan.  Ixccevez,  etc. 


Nautical  notice.  —  Calagouk  island.  —  Notice  nautique.  —  lie  de 

Calasouk. 


^o'- 


La  Gazettede  Cahutta  ,  du  6  mars  i8a8,  contient  In  rapport  siiivant  sur  un 
mouillage  dJcouvert  par  rinspecleur-genc'ral  de  la  marine  de  Plnde,  silue 
a  trente  milles  au  siid  d'Amherst.  Ce  mouilloge  oRVe  un  abri  sur  aux  vais- 
seaux  contre  la  mousson  du  sud-ou.'st. 


ILE   DE   C\LAGOUK. 


Calagouk  ,  y  comprls  une  petite  ile  (jui  en  louche  presque  la 
pointe  merldionale,  a  une  elendue  de  six  milles  dans  la  direclion 
du  nord  au  sud  ;  on  y  remarque  Irois  monticules,  dont  le  plus  sep- 
tentrional est  le  plus  eleve,  et  a  Tapparence  dun  pic,  lorsquon 
le  voil  du  cole  de  I'ouest.  La  plus  grande  largeur  de  I'tle  est  dans 
la  parlie  du  nord  ou  elle  peut  avoir  un  mille  el  un  quart,  tandis 
quelle  n'est  gueres  <[ue  dun  demi-millc  vers  le  sud. 

La  latitude  de  la  plus  petite  ile  est  de  i5"  9' 43"  N. ,  el  sa 
longitude  de  5'  4-5"  a  FE.  d'Amherst. 

Le  bras  de  mer  entre  Calagouk  el  le  conlinent,  a  qualre  milles 
de  large;  on  ne  rencontre,  en  le  Iraversant,  dcs  dangers  que  pres  du 
continent,  ou  se  trouvent  de  hautes  rochcs  noires  qui  s'elendent 
a  une  courte  distance  durivage.  Sa  profondeurquiest  de  six  brasses 
h  maree  basse,  pres  de  Calagouk,  varie  el  augmenle  jusqu'a  onze 
et  m^me  dou7.c  brasses,  a  mesurc  qu'on  approche  du  couliiiciil. 


23j 

La  cole  oneuiaie  <le  I'lle  s'eteud  a  peu  pres  du  nord  au  sud,  et 
parait  ne  presenter  d'autre  danger,  qu'un  recif  qui  se  prolonge  en- 
viron un  deml-mille  au  sud-ouest,  a  la  hauteur  de  la  petite  ile. 

Le  fond  est  tout  vaseux  ,  et  laiicre  y  tient  bien  ;  les  marees  sont 
moyennes;  celles  des  syzygies  qui  voni  a  environ  trois  niilles  et 
•  lemi  ,  montent  el  descendeni  d'environ  dix-huit  pieds. 

En  cxplorant  la  cole  E.  de  Calagouk,  nous  avons  trouve ,  en 
decenibre,  sur  une  plage,  et  un  peu  au-dessus  du  monticule  le 
plus  eleve,  un  elang  d'eau  douce  tres-bonne.  A  en  juger  paries 
.sources  qui  s'ecoulaient  de  Tetang  et  s'ouvraient  un  passage  a  tra- 
vers  le  sable,  a  maree  basse,  il  est  probable  que  Taiguade  pent 
(levenir  propre  pour  des  vaisseaux ;  en  creusant  des  puits ,  on  pour- 
lait  peut-eire  avoir  d'autres  sources  dans  1  ile. 

Au  nord  de  Calagouk  est  un  long  banc  de  sable,  qui  sVtend  au 
N.-IS.-E.;  il  a  pres  de  six  milles  de  longueur,  et  a  son  extremite 
sud,  il  approcbe  lellemeni  de  Calagouk,  qu'il  resle  apeinc  un  canal 
etroit  et  de  peu  de  profondeur;  vers  le  nord,  le  banc  se  terinine  a 
environ  un  mille  et  demi  de  distance,  et  a  I'ouest  dune  petite  ile 
remarquable  par  de  grands  arbres  qui  en  couvrent  la  partie  occi- 
dentale.  Ce  banc  de  sable  cstescarpe,  et  la  profondeur  en  est  de  dix 
a  douze  brasses. 

Le  /ung  banc  de  sable  est  a  sec  en  plusicurs  endroits ;  a  demi- 
jusan,  aux  marees  des  quadratures  et  aux  marees  basses  des  syzy- 
gies, il  doit  eirc  prcsque  entlerement  a  sec;  un  endroit  vers  le 
milieu  de  cette  plage,  n'esl  probablement  jamais  couvert  par  les 
eaux,  attendu  qu'on  y  trouve  de  Therbe  et  autre  vegetation,  et 
qu'en  outre  il  s'y  rend  beaucoup  de  tortues  de  mer.  L'esj)ace  entre 
le  sable  el  la  cote  a  trois  milles  de  large  environ ;  il  offre  une  pro- 
fondeur de  cinq  a  sept  brasses,  a  maree  basse,  et  la  partie  adjacente 
du  sable  qui  est  a  sec ,  peut  avoir  sept  brasses. 

On  presume  que  le  mouillage  entre  Calagouk,  sera  stir  pour  les 
vaisseaux  ,  pendant  la  mousson  du  S.-O. ,  et  leur  offrira  I'avantage 
de  pouvoir  entrer  el  sorlir  le  jour  et  la  nuit.  On  ne  recommaode. 


238 

point  la  passe  par  le  noid,  eiitre  le  sable  el  !<•  ronlinent,  mais  11 
faudralt  toujours  au  inoins  doublerla  petite  ile  qui  est  plus  au  large 
dc  lextreinite  S.  de  Calagouk,  et  mouiller,  durant  la  mousson 
du  S.-O. ,  a  environ  un  denii-miile  ou  trois  quails  de  niille  du 
rivage,  un  peu  au-dessus  du  monticule  le  plus  t'leve ,  par  sept 
brasses  a  eau  basse,  dans  les  marees  des  quadratures,  ou  par  six 
brasses,  dans  les  marees  des  syzygies.  Dans  cette  position,  on 
aura  le  long  sable  au  nord;  ce  qui  previendra  tout  mouvement  des 
lames  venant  de  ce  c6te;  Tile  de  Calagouk  sera  sur  un  air  de  vent, 
allaut  a  peu  pres  du  N.-O.  ou  S.  5O. ;  il  y  aura  la  meme  profon- 
deur  entrc  le  batiment  et  Tile,  et  on  sera  4  environ  trente  niilles  et 
demi  d'Amherst.  A  peu  pres  vers  Test,  a  parti r  de  Tendroit  ou 
le  long  sable  reste  4  sec,  il  y  a  une  langue  de  terre  qui  se  detache 
du  continent  et  forme  une  petite  eminence ;  on  y  voit  une  pagode , 
une  crique  et  une  p<5cherie.  La  crique,  i  ce  qu  on  pense,  ne  pe- 
nelre  pas  bien  avant ;  carles  quatre  que  Ton  vit  entre  I'extremite  S. 
de  Calagouk  et  I'lle,  etqui  etaient  bordees  d'arbres ,  avaient  leurs 
entrees  a  sec,  au  moment  de  la  basse  mer. 

Les  lerres,  vis-a-vis  Calagouk,  paraissent  favorabies  k  la  cul- 
ture ,  jusqu'a  environ  sept  a  huit  miilcs  de  la  cole ,  atlendu  que  le  sol 
dleve  ne  commence  gueres  qu'a  cette  distance. 

Pendant  la  mousson  du  N.-E.,  un  navire  devrait  mouIUer  lout 
pres  du  continent,  lorsqu'il  se  trouve  a  la  hauteur  de  Textremite 
N.  de  Calagouk.  Mais  plus  loin,  vers  le  sud  e^  a  la  hauteuK  de  la 
petite  ile,  ilyaune  longue  chame  de  rochers  a  fie'ur  d'eau,  ainsi  que 
beaucoup  d  autres  qui  bordenl  le  rivage,  a  la  distance  d'environ  un 
demi-milie  ou  trois  quarts  de  mille  ;  c'est  pourquoi  en  gagnant  le 
mouillagc,  il  faul  serrer  Calagouk  au  plus  pres,  la  sonde  donnant 
depuis  dix  jusqu'a  sept  brasses ,  sans  onblier  que  la  protondcur  aiig- 
mente  a  mesure  qu'on  s'approche  du  continent ,  el  qu'elle  peutaller 
jusqu'a  douze  ou  treize  brasses.  La  latitude  du  point  le  plus  dleve  de 
Calagouk  est  de  iS"  34'  26"  N. 

Le  long  sable  est  escarpe  sur  loule  la  longueur  dc  sa  parlie  occi- 


2oy 

denlale,  ayant  douze  a  dix-huit  brasses  dans  son  voislnage  immediat. 

11  ne  faudrait  pas  approcher,  k  molns  dun  mllle,  de  la  cote  ouest 

de  Calagouk,   parce  qu'il  y  a  qiielques  rochers  Isolcs  le  long  de 

rfle.  ^ 

La  latitude  oLservee  sur  la  partie  du  long  sable  qui  reste  a  sec, 

csti5»38'2"N. 

S/gne  D.  Ross,  M.  S.  G.  (i). 


Voyage  de  decoui^er-te  au  lac  Fkinl-Julm. 

Le  depute  arpenteur-gdneral ,  M.  Goldle ,  du  66"  regiment  an- 
glais ,  et  M.  Davies ,  sonl  partis  de  Quebec  au  mois  de  juiliet,  sur 
un  bateau  a  vapeur  ,  pour  aller  reconnaitre  le  pays  situe  entre  le 
Saint-Maurice  et  le  Saguenay.  lis  dolvent  s'embarquer  dans  un 
canot  aux  Trols-Rlvleres ,  remonter  le  Saint-Maurice  jusqu'au 
confluent  de  la  Tuque  (  a  38  lieues  des'Trois-Rivieres  )  ou  au 
Windigo ,  un  peu  plus  loin ,  gravir  les  lerres  hautes  qui  separent 
les  tributalres  du  Saint-Maurice  de  ceux  du  lac  Saint-John ,  des- 
cendre  le  plus  septentrional  de  ces  dernlers  jusqu'au  lac,  se  diriger 
de  la  vers  remboucliure  de  rAssuabmousoin ,  qu'ils  remonteront 
aussi  loin  que  le  sol  leur  parailra  susceptible  de  culture .  et  explo- 
rer ensulte  tout  le  pays  situe  entre  cette  riviere  et  celle  des  Aunes. 
De  lembouchure  de  cette  dernicre ,  les  voyageurs  se  rendront  a 
Chicontimy  ,  etsulvront  la  rive  S.  O.  du  Saguenay  pour  retourner 
a  Quebec.  On  pense  qu'ils  mettront  environ  deux  mois  a  exe- 
cuter  ce  trajet.  Deux  autres  expeditions  de  ce  genre  ont  dii  quitter 
Quebec  le  i"  aoflt  dernier. 

JMexique. 

Le  congres  de  Coahuila  et  de  Tejas  vient  d'accorder  au  colo- 
nel John  D.  Bradbum  ,  et  a   Stephen  Mac-Lean-Staplcs,  lous 

(i)   Marinc-siirvcydr -general  (  iiispccteiir-gciic'ral  tie  la  iiiariiiu  ). 


deux  citoyens  des  Etats-Unis  ,  le  privile<^e  exclusif  de  naviguer  le 
Rio-del-Norle,  a  Talde  de  bateaux  a  vapeur,  duranl  quliize  ans. 
l>e  journal  luexlcain  qui  public  celte  autorisation  ,  I'accompagne 
des  reflexions  suivanles  : 

«  L'applicalioii  de  la  vapeur  a  !a  navigation  de  ce  flcuve  va 
ouvrir  une  nouvcUe  ere  pour  le  Mexicjue.  Les  Irois  elats  de  Nuevo- 
Leon,  de  CoahuiJa  et  I'ejas,  de  Chihuahua  ct  le  nouveau  Mexi- 
que,  qui  n'ont  jamais  joui  des  avanlages  de  la  navigation,  rece- 
vront  maintcnant  les  productions  des  pays  elrarigers  et  auront 
un  debouche  pour  I'exporlation  des  leurs. 

«  On  salt  que  le  Rio-del-TSorte  a  plus  de  700  lieues  de  longueur, 
ct  qu'il  arrose  de  fertilcs  provinces  oil  1  on  recucille  en  abondance 
du  chaiivre,  du  lin ,  du  ble  ,  dn  maYs,  du  sucre  ,  de  la  cochcnille,  du 
tabac ,  etc.  Les  mines  d'or  et  d'argent  situees  pres  de  ses  bords , 
sont  tres- riches,  et  celles  de  cuivrc,  detain  ,  de  fer ,  de  plomb  et  de 
houille  sont  on  ne  peul  plus  productlvcs. 

«  Les  avantages  que  cette  entreprlse  assure  a  ce  beau  pays  ,  sont 
pour  lul  de  la  plus  haute  importance.  On  calcule  qu'avant  sept  ans 
il  exporlera  en  or  ,  argent,  maVs ,  fourrures,  etc. ,  pour  au  moins 
6,000,000  de  dollars,  et  il  est  a  presumer  que  son  commerce  aug- 
mentera  cbaque  annce.  Les  droits  de  douane,  perijus  sur  ces  divers 
objets,  exc^deront  200,000  dollars  par  an.  » 

ILE  DE  BORNEO. 
M.  Van  Capellen,  anclen  gouverneur  des  (^tabllssemens  hollan- 
dals  dans  les  Indcs  orienfales,  ct  membre  dc  la  Societe  de  Geogra- 
phic ,  lul  a  envoye  des  documens  Ires-iutercssans  sur  Tile  de  Bor- 
neo ,  avec  une  carle  Ires-delaillee  de  la  parlie  occidenlale  dc  celte 
tie  ,  relevec  par  M.  Muller  qui  a  succombe  dans  ccttc  exploration. 
Les  documens  et  la  carte  pourront  trouvcr  place  dans  les  Memoires 
de  la  Societe;  mais  en  attendant  nous  avons  (  ru  devoir  en  extrairc 
une  esqulsse  dans  la  petite  carle  placee  a  la  suite  de  ce  numero,  qui 
(out  Imparfailc  quVdle  est  ,  pourra  du   moins  I'aire  jugcr   do  I  im- 


24-1 

porlaiice  tics  renseigueincns  geograpliiqucs  communiques  par 
M.  Van  Capellen  sur  uiie  tie  si  importaule  ct  si  peu  coiinue  ,  <lu 
moins  en  France. 

N 01 ROT, 
Agent  de  la  Socleie  de  Geographic. 


Errata  des  N"*  64  ct  65. 

Page  I  o8 ,  lig.  4- »  au  lieu  de  //  rejoignil  dans  la  Galilee  une ,  llsez  : 
//  se  joignit  dans  la  Galilee  ii. 

Page  1 18 ,  lig.  5  ,  6  et  y  ,  an  lieu  de  quelques  traits  de  lumiere  en 
rappvrt  ai'ec  Vopinian  einisc  par  de  savans  geographes ,  mais  pour 
pan^enir  au  centre  de  la  Nigretie,  il  Jaut ,  de  I'avis  de  Burckhardl  ^ 
suivre  la  route  d' 1 1 ornemann ,  en  se  dirigeant  plus  vers  le  sud;  lisez  : 
des  traits  de  lumiere  en  rapport  avec  I'opinion  emise  par  de  saoans 
geographes ,  que  pour  parvenir  au  centre  de  la  Nigretie,  ilfallait  suivrc 
la  route  dHornemann  en  se  dirigeant  plus  oers  le  sud. 

Errata  du  N"  66. 

Page  1 58  ,  lig.  5  ,  au  lieu  de  depuis  par,  lisez :  aiipres  de. 

Idem.       lig.  7  ,  au  lieu  de  le  transporter ,  lisez  ;  le  transport  de 
The  lies. 

Idem  1 58,  lig.  3i  ,  au  lieu  de  etait  alors  ,  lisez  :  aoait  ete. 

Idem  160  lig.  3i ,  au  lieu  de  ne  me  serais-je,  lisez  :  ne  me  serais-je 
pas. 


wv*.-^  %.■%.% 


B1I5L10GRAPII1E    GEOGRAPHIOUE. 


§  I".    LIVRES. 

013VP.A3E3     OiiWERAUX. 

178.  Memoirks  composes  au  sujet 

d\iNE  CORHESPONDANCE  MihTEOKO- 
f.OGlQi'E,  ayaiit  pour  but  de  parvc- 
nir  a  prcdire  le  temps  benucoup  a 
r;i»:iiirt'  sur  un  point  donne  dc  la 
tcrre  ,  par  P.  E.  Mdrin  ,  iiige- 
iiieurs  des  Pouts  el  Chausst'es,  I'f  , 
I'  ot  3«  cahicrs,  Paris,  chei  Treuttel 
elWurtx. 

l7q.HlST0IHE  GENERAI.E  DESVOYAGES 
ouNouvclle  Collection  des  relations 
des  Voyages  par  terre  et  par  nier, 
mise  en  ordre  et  conipK'ti'e  ju<;f]u''a 
nos  jours,  par  C.  A.  \"\  alckenaer  , 
menibre  de  I'lnstitut.  Tome  xiv  , 
in-S".   Paris,  1828;  Lcfebvie. 

1 80. Journal  furdieneuestein  Lan- 
DUND  seere  sen.  —  Journal  des 
nouveaux  voyages  par  terre  et  par 
mer,  par  G.  Friedenberg ,  in-8°, 
avec  pi.  Berlin,  1S28;  Kukker.  11  a 
d(-ja  paru  le  Lvcii  tome  de  cette  col- 
lection. 

ABI'iRaOrE. 

1 8 1. The  PRESENT  ST  ate  OF  Hayti,  etc. 
—  Elat  actuel  de  Haiti  (  Saint-Uo- 
mingue ),  avec  des  remarques  sur 
VagricuUure,  le  commerce,  les  lois, 
la  religion  ,  les  finances  et  la  popula- 
tion de  cette  republique  ,  pai-  Ja- 
mes Franklin  ,  in- 8".  Londres  , 
1828  ;  Murray. 

(>ct  ouvrage  est  trcs-intt'rf  ssant. 

ASI3. 

Jml,s  0,,i:U,U-<. 

182.  The  EAST-INDIA  Gazetteer  ,  — 

Le  Gazetier  des  Indes-Orienla- 

les  contcnant  la  description  des 
empires  ,  royaumes  ,  principautes , 
districts,  villes,  rivieres,  etc.,  de 
pindouslan    et   <\ef.  pays  environ- 


nans ,  avec  des  esqiiisses  des  ni.Kurs, 
usages,  etc.,  des  liabilaiis,  par  Wal- 
ler Hamilton. ,  nouvelle  edition  ,  '2 
vol.in-8<;.  Londres,  1828;  Parbury, 
I  I.  12  sh. 

Siniil  etCocJ i'lrhhur, 

1 83.  Journal  of  an  embassy  from 
the  governor  general  of  india, 
ETC.  —  Journal  d'uue  ambassade 
envoyc'e  par  le  gouverneur  general 
de  rinde  aux  coiirs  de  Siani  ct  de 
la  Cochinchine,  ou  Pon  presente  le 
tableau  de  Petal  acluel  de  ces  deux 
royaumes,  par  John  Crawford, 
ccuyer.  Londres,  i828;in-4°. 

Le  Bulletin  n"*  G^  et  65  conlienl 
une  analyse  de  cetle  mission  qui 
eul  lieu  du  2  r  novembre  1821,  au 
19  d<'ceinbie  i822.Qiioique  la  rela- 
I ion  en  soil  tardive  ellenepeut  man- 
quer  d'etre  recherclie'e  par  toules 
les  classes  de  lecteurs  ;  ils  y  trou- 
veroiil  beaucoupde  fails  nouveaux 
dont  ha  (Idclile  est  garantie  par  Ic 
caraclcre  de  Pauleur,  qui  a  joint 
a  son  ouvrage  une  carte  a  grand 
point  des  pays  qipil  a  parcourus. 
Les  cotes  de  Pempire  des  Birmans, 
de  la  presqu''ile  de  Malaca  ,  du 
royaume  de  Siam  et  de  la  Cocbin- 
cliine,ysonlreprL'sente'esavec  exac- 
titude. 

AIRIQUE. 

i8{.  Saggi  pittorici  ,  geografici, 
ETC.  —  Essais  pittoresques  ,  ge'o- 
grapbiques,  slalisliques,  liydrogra- 
phiques,  etc.  ,  sur  PEgypte,  des- 
sines  et  deceits  par  Girol  Segalo 
et  Lorenzo  Masi.  Florence  ,  1827, 
cliez  Pauteur. 

EDROFJC. 

i8.'>.I\eiSENNACH  DEN^'ORZUGLICHS- 
TEN  I  I  M'PSTADTEr*  VON  MKTTEL  Eu- 


^43 


KOPEA  —  Voyages  aiix  principalis 
\  illfsdc  I'luiiopecentrak-.  Dcsciin- 
tioii  des  pays  el  des  viilesavec  leurs 
liabitans  ,  Ics  sites  pittoresqiies  ,  les 
iiniversiles  ,  etc.  ,  par  G.  i).  Steisi  , 
in-8»,  avec  carle.  Leipsic  ,  1828.  Le 
/)<■  volume  de  cet  ouvrage  vieiil  de 
parailre. 

r,n,-n„<,,i  ii„i,c. 

1 8G.  A  COMPANION  jfOR  THE  VISITOR  AT 

BisusSELS.  —  Guide  du  voyageur  a 
Bruxelles,  avec  IVstimation  des 
dc'penses  pour  la  table  ,  le  loge- 
nieiit ,  etc. ,  et  des  estjuisses  sur  les 
Pays-Bas.  On  y  a  ajoute  des  noti- 
ces d''un  voyage  en  Italic  par  le 
Tyrol,  avec  des  observations  sur" 
li's  routes  des  postes ,  in-S",  avec 
gravures  ,  vignettes,  etc.  Londres  . 
1828  ;  Hurst  et  Clarke  ,  4  sh.  6  d. 

Ce  livre  ,  fort  amusant,  est  utile 
surlout  aux  voyageurs  anglais  qui 
viennent  a  Bruxelles  et  paixourent 
ritalie. 

//,;/,,..  '^ 

187.  GutDE    DU    VOYAGEUR   EN  ItALIE. 

Premiere  parlle.  Contenant  une 
introduction  sur  ce  pays  et  ses  di- 
vers etats  ,  des  instructions  gene- 
rales  ,  la  liste  des  diverses  voitures 
qui  parlent  de  Milan  pour  desservir 
toutes  les  routes  de  I'inlt'iieur  , 
quelques  plans  de  voyages  avec  Ae.s 
vetturini  (voituiers),  les  re'gle- 
nieiis  de  pistj  tie  France  et  d'ltalie, 
la  valeur  des  niomiaies  ,  un  aper(,-u 
des  iiiesures  itiiieraires  <les  divers 
jiKiys  ,  les  hauteurs  des  priiicipeanx 
points  eleves.  Les  tableaux  itiiu'rai- 
■  res  de  toutes  los  routes  de  poste  , 
depuis  Paris  jusqu'en  Sicile  ,  I'in- 
dication  des  medleurcs  anberges  , 
ainsi.  que  la  description  de  toutes 
les  routes  par  lesqiielies  on  entre 
en  Italic.  Deiixicinr  partic.  Des- 
cription historique  et  topographi- 
que  de  toutes    les   villes ,  bourns , 

11  1*  o     ' 

villages  et  aiitres  lieux  reniarqua- 
bles  soil  par  leurs  anti(|uites  ,  nio- 
numens,  histoire  ,  souvenirs  ini- 
portans  ,  etc.  ,  arrangt'e  par  ordre 
alphabelique  ,  acconipagnee  de  4 
j    lies  cartes  routieres  ,   et  des  pa- 


noramas de  Iionie  et  de  Naples  , 
par  J.  Bakzilav  ,  revu  et  mis  eri 
ordre  par  J.  H. ,  Paris  ,  iSiiS  ,  cbei 
Truchy  ,  boulevard  Italieu  ,  n"  18, 
prix  6  fr.  5o  cent. 

188.  VlAGGIO      IN      ALCUNI      LUOGHI    ' 
DELLA   BaSILICATA   E    DELLA    CaLA- 

BRIA  ClTERioilE.  —  Voyage  en  dil- 
ferentes  parties  de  la  Basilicata  et 
de  la  Calabre  citerieure,  fail  en 
1S2G,  par  L.  Petagna,  G.  Terrone 
el  M.  Tenore  ,  in-8».  Naples,  1827. 

Les  trois  professeurs  qui  out  fait 
ce  voyage  dnnnent  une  description 
exacte  et  dc'taillee  de  tout  ce  que 
ces  contrees  offrent  d'intc'ressant 
aux  savans  et  aux  curieux. 

Etnls  Siii'la. 

189.  VlAGGIO  IN  JaVOJA,  ETC.  — 
Voyage  en  Savoye  ,  ou  description 
des  etats  du  roi  de  Sardaigne,  par 
D.  Bertolotti ,  2  vol.  in-8".  Turin  , 
1828  ;  Gius,  Favale. 

Gicce. 

190.  La  Grece,  ou  description  topo- 
grapliique  de  la  Livadie,  de  la  Mo- 
ree  et  de  I'Arclu'pel  ;  contenant  des 
details  curieux  sur  les  mceurs  el 
usages  deshabitans  dc  ces  contrees; 
par  G.-B.  Uepping,  4  vol.  in -18, 
avec  line  carte  de  la  Grece  el  huit 
vues  d'apres  Dodwell  ;  prix,  fig. 
iioires,  10  fr. ;  colorices  ,  i5  f r.  ; 
F"erra  jeune. 

Cet  ouvrage,  d\in  autenr  judi- 
cieux  ,  donl  les  travaux  onl  ele  dif- 
ferentes  fois  couronnc's  par  I'Insti- 
tut  de  France  ,  offre  le  resume  de 
tout  ce  qui  a  etc  ecrit  sur  la  Grece 
par  les  voyageurs  fran<;ais  et  etran- 
gers.  Le  tome  i'^'"  traite  des  consi- 
derations generates  et  de  Pindepen- 
daiice  des  Grecs  ,  des  moeurs  et 
usages,  de  I'histoire  politique  et 
guerriere  de  ce  peuple  jusqu'en 
1821,  etc.  L^n  coup  d'ojil  sur  son 
elat  en  182.J  ,  sur  sa  population  ,  et 
line  description  topograpliique  et 
historique  de  la  grande  Grece  ou 
Livadie  ,  terminent  ce  volume.  Le 
tome  2<'  est  cons.acre  au  Peloponesc 
ou  a  la  Morc'c.  Les  tomes  S'  et  4* 


244 


oni  pour  (il)jcl  IWrcliipcl  sous  le 
double  rapport  de  la  slatlsticpie  et 
de  riiistoire.  Cclle  description  , 
quoique  conipost'e  en  iSsS,  est  en 
fjMii(|ue  sorte  un  ouvrage  de  cir- 
constance. 

AiUma-^lie. 

191.  DeUTSCHLAND  ,  ODKR  BlUEFE  EI  • 
NES  IN  DeUTSCHI.aM)  KEI^I-NDEN 
DeUTSCHEN.  —  Letlres  sur  I'AHe- 
niagne,  par  un  voyagei^r  atliiiiarul, 
iu-8".  Stdurard,  iSu;  ;'Fraiikli. 

iqi.HlI.DMV  \us  DEMScH\VAHZW\!,I)E. 
—  L)escrij>lion  pitlorescpic  ,  lilsto- 
riquc  ,  gcognosticjue  ,  tecliuologi- 
que,  etc.  de  la  Foret-Noire  ,  par  L. 
Biilirlen  ,  in-H".  Stoucard  ,  18.2S  ; 
Loflund  ,  ?>  flor. 

Purllr^al. 
ig3.P0UTUGAL    ILLUSTRATED,   ETC.  — 

•  Lettres  sur  le  I'ortiigal  ,  par  W. 
Kinsey,  in-S"  avcc  cartes  ,  gravurcs 
et  vignettes  ,  reprcsentaiit  des  cos- 
tumes et  des  sites  piltorestpies.  Lon- 
dres,  1828  ;  TreuUel  et  Wiirtz.  1  1. 
10  sh. 

fraitcc. 

194.  Tableau  des  Pyrenees  tran- 
CAiSES  ,  conteiiant  une  description 
complete  de  cettc  chaine  de  nion- 
tagnes  et  de  ses  priiicipales  vaik-es  , 
depuis  la  Mt'dilerrani'c  jus<pi''arO 
cean  ,  acconipagnc  d'ohservations 
sur  le  caractere  ,  les  mcEurs  et  les 
idionies  des  peuples  d('S  Pyrenees; 
sur  Porigme  des  JJasques  ,  sur  les 
proprictes  particulieres  des  sources 
minc'rales  ,  et  d'uiie  esquisse  des 
diiTerentes  classes  dV'traiigers  qui 
visitant  les  etahlisseniens  tliermaux 
du  pays,  par  M:  Arbanere  ,  clieva- 
lier  de  la  legion  d'hnnneur  ;  2  vol. 
in-8°.  Paris,  1828:  Treuttcl  et 
W'iirlz.  Prix  :  i.^  li. 


§ 


2.  ATLAS,  CARTES  GEO- 
GRAPHIQUES,  PLANS,   ETC. 


19.1.  Atlas  univep.sel  de  GEOcr.Ai'jiir. 

ANCrEJJNE  ET  MODERNE,  en  cinquai!  ■ 
te  cartes  sur  grand  raisin,  aver 
texte  ,  par  INI.  Lapie  pere  ,  premier 
ge'ographe  du  roi  ,  et  M.  l.apie  tils, 
etc.  Paris,  182S,  Eyniery,  parsous- 
rription  ,  papiei  ordinaire  ,  75  Ir;. 
vc'lin  ,  1  JO  Ir. 

196.  Atlas  CLASSIQUEETUNIVERSELDK 
GEOGUAPniEA?JCtENSEET  MoDEHNE, 

compose  de  60  cartes  format  grand 
in-4",  sur  papier  nom  de  Ji'sus  , 
ayant  cbacune  un  texle  explicalll 
en  regard,  pour  en  faciliter  Ictude, 
par  A.  H.  Dufour.  Paris,  1828  ; 
JJufour  et  conip.,  par  souscription, 
90  fr. 

197.  Globe  TERRESTRE,dressL'd'apres 
les  dernieres  ob.s'ervations  astrono- 
nii([ues  et  les  dc'couvertes  les  plus 
recentes,  par  A.  II.  Duloiir,  gi'o- 
graplie,  eleve  de  iNI.  Lapie.  Paris, 
1828  ;  chcz  Cli.  i)ien. 

Ce  beau  globe,  de  onze  ponces 
de  diamelre,  est  emincmment  rc- 
marquable  par  sa  clarlc  ,  le  genre 
du  dessiii,  la  purete  de  la  gravure 
et  la  neltete  de  la  lettre.  liien  pre- 
ferable a  ceux  public's  anterieure- 
ment  ,  il  a  ete  I'objet  d'lieureuses 
innovations.  Les  eaux,  an  lieu  d'etre 
gravees  et  de  former  des  taciies  le 
long  des  coiitinens  et  autour  des 
groupes  d'iles  ,  sont  lavees  conime 
dans  un  dessin.  I/auteur  a  substi- 
tue  aux  figures  fantastiques  du  zo- 
dia(]ue,  jusqii^alors  representees  sur 
nos  spberes  ,  et  (jui  n'(-taient  pro- 
pres  i]u'a  fausser  le  jugement,  Its 
iigures  geometriques  <]ue  presen- 
tent  reellement  a  la  vue  tlans  le  ciel, 
les  douze  conslellations  de  cette 
zone  splieritjue. 

(]e  globe  est  en  genera!  au  cou- 
rant  des  connaissances  ac<|uises  jus  • 
qu'a  ce  jour  sur  la  surface  de  la 
planetc  que   nous  babitons.  S.  INl. 


EvERAT  ,  Imprrmeur  de  la  Socie'te' di   Gcograpliie ,  rue  du  Cadran  ,  n"  iG. 


SiiUetin   de  Ja  Soe.   t/e 


liuiogfajti/jj  e 


V.  S elves, li&IiOgfOpIif   </e  J'L&ut'ertii^ . 


JJziUetJn   de  Ja  Soc.   de  Geog.  ]V.° 6f 


J^jo.    c/e  J^.  Selv'S.7if?>o^rar>hf 


f/t'  y  /  rtft't 


BULLETIN 


DE 


LA  SOCIETE  DE  GEOGRAPHIE. 


NUMERO  68.  —  Decemere  1828. 


PREMIERE  SECTION. 


MEMOIRES ,  EXTRAITS  ,  ANALYSES  ET  RAPPORTS. 


RAPPORT  de  la  Commission  Speciale  chdrgee  de  rendve 
compte  du  voyage  de  M.  Auguste  Caille. 

Messieurs,  ''"^^  ■•  ' 

Vous  avez  nomme  une  Commission ,  composec  de 
MM.  Eyries,  Cadet  de  Metz,  Amcdee  Jaubert,  Lare- 
naudiere,  baron  Roger  etmoi,  pour  prendre  counaissance 
des  resultats  du  voyage  de  M.  Auguste  CaiJle  dans  I'inte- 
rieur  de  FAfrique.  Cette  Commission  s'est  rassemblee  et 
m'a  cbarge  de  vous  faire  le  Rapport  suivant.  Son  premier 
soin  a  ete  de  s'assurer  du  point  dc  depart  du  Yoyageur, 
des  routes  qu'il  avait  suivies,  des  pays  et  des  lieux  qu'il 

6    ' 


246 

avait  visites.  Interroge  sur  ces  diverses  questions  et  sur 
toutes  les  circonstances  de  son  voyaf^e,  il  a  repinidu  de 
la  maniere  la  plus  claire  et  la  plus  satisfaisanlc.  La  Com- 
mission a  ete  frappec  du  ton  de  simplicite  et  de  sincerite 
qui  legne  dans  scs  recits  ,  et  qui  ne  permet  d'elever  au- 
cun  doute  sur  la  realite  et  I'authenticite  de  ses  differen- 
tes  excursions,  savoir  :  la  traversee  du  Dhioliba,  sa  route 
a  Test  des  pays  de  Soulimana  et  de  Kissi ,  sa  navi(;ation 
sur  le  grand  fleuve  ,  sa  residence  a  Temboctou,  cniin  son 
voyage  a  travers  le  grand  desert  jusfju'a  I'empire  de  Ma- 
roc.  M.  le  baron  Roger  avait  une  connaissance  positive  de 
son  depart  de  SainL-Louis,  et  de  son  arrivee  I'annee  sui- 
vante  a  Kakondy ,  d'oii  il  avait  annonce,  au  Senegal, 
son  depart  pour  riuterieur.  Ainsi  le  point  de  depart  est 
constate  :  il  en  est  de  meme  de  son  point  d'arrivee,  puis- 
qu'il  a  ete  recueilli,  presqu'au  sortir  du  desert,  par  notre 
coUegueM.  Delaporte,  gerant  du  consulat  general  a  Tan- 
ger.  A  I'egard  de  Temboctou ,  outre  les  details  tres-cir- 
constancies  que  rapporte  le  voyageur ,  et  des  esquisses 
qu'il  y  a  faites  pendant  son  sejour,  on  a  une  autre  espece 
de  garantie  dans  ses  recits  touchant  la  catastrophe  de 
I'infortune  major  Laing.  qui  avait  atteint  cette  ville  en 
1826.  Malgre  la  diversite  des  bruits  qui  circulent  sur  ce 
triste  evenement,  les  recits  de  M.  Caille  s'accordent  avec 
celui  d'un  Maure,  ([ui  est  arrive  a  Saint-Louis  en  mars 
dernier ,  |venant  de  Temboctou,  et  qui  a  vu  clicz  les 
Touaricks,  des  livres  appartenant  au  major.  De  plus,  no- 
tre compatriote  residait  dans  une  maison  voisine  de  celle 
qu  avait  habitec  le  voyageur  anglais ,  et  c'est  la  qu'il  a  re- 


247 

cucilli  ties  inforruaLions  detaillees,  et  doiit  la  source  parail 
incontestable. 

La  Commission  pent  encore  aj outer  d'autres  motifs  de 
confiancc  a  ceux  qui  precedent.  Durant  la  premiere  partie 
de  son  voyage^  c'est-a-dire  en  cheminant  a  Test,  a  tra- 
vers  les  montafjnes  du  Fouta-Dhiallon,  il  a  passe  entre  Jes 
villes  de  Timbo  et  de  Labey,  et  par  consequent,  il  a  di\ 
couper  la  route  qu'a  suivie  en  1818  notre  collegue  M.  Mol- 
lien.  Or,  il  decrit  de  telle  maniere  les  raontagnes ,  les 
villages  ,  I'aspcct  du  pays  et  toutes  les  localites,  que 
M.  Mollien  les  a  reconnus  parfaitement  dans  le  tableau 
qu'en  fait  M.  Caille.  Ces  deux  voyages  se  confirment  done 
reciproquement,  et  ce  resultat,  pour  le  dire  en  passant, 
n'est  pas  sans  importance  pour  la  geographic. 

Notre  compatriote  a  mis  tant  d'attention  et  de  perse- 
verance a  noter  ses  routes,  ses  directions  et  le  temps  de 
la  marclie,  qu'il  a  ete  facile  a  I'un  de  nous  de  former  avec 
son  journal  un  it.ineraire  suivi  et  complet,  depuis  Kakon- 
dy  jusqu'au  port  de  Rabat ,  dans  I'etat  de  Maroc,  ou  se- 
ront  indiques  la  nature  et  les  divers  accidens  du  sol, 
tels  que  les  montagnes ,  les  plaines,  les  ravins  et  les  forets  j 
les  villages  et  tons  les  lieux  habitesj  les  rulsseaux,  les 
lacs  et  marais,  les  torrens,  les  cataractes,  les  gues,  les 
pults  et  tout  ce  qui  regarde  les  eaux  courantes  et  stag- 
nantes.  Tant  de  details  ache  vent  d'inspirer  une  confiaiice 
entiere  dans  ces  recits. 

Enlin,  nous  ajouterons  encore  qu'ayant  ete  interroge 
sur  la  maniere  dont  il  s'etait  fait  entendre  des  habitans , 
il  a  dit  que  c'etait  principalenient  au  moyen  de  I'arabe 


248 

maurc,  qui  est  parle  au  Sonr/jal,  et  qu'il  avail  en  I'occa- 
sion  d'apprendre  dans  le  pays  dcpuis  iBif).  Et,  en  efTet, 
il  a  repondu  dans  ce  dialccte  aux  questions  qui  lui  ont  cte 
adressees  par  la  Commission,  et  de  plus  il  a  enoncc  plu- 
sieurs  mots  on  mandin^jue  d'uiie  manicre  conforme  aux 
vocabulaires  existans. 

Nous  avons  senti  ,  Messieurs,  que  c'etnit  uu  devoir 
pour  nous  de  vous  exposer  tous  ces  motifs  et  d'y  insister; 
Maintenant  il  nous  reste  a  faire  connaitre  quelques-uns 
des  resultats  qui  ont  etc  obi.enus,  aliii  que  la  Societe 
puisse  apprecier  les  acquisitions  que  la  science  vient  de 
faire.  II  ne  nous  est  pas  permis  d'entrer  ici  dans  de  (i;rands 
details,  ce  serait  anticiper  sur  la  publication.  Un  coup- 
d'oeil  general  est  tout  ce  que  la  Commission  croit  pou- 
voir  offrir  dans  ce  moment  a  la  curiosite  du  public. 

Les  voyages  de  M.  Caille  se  lient  de  la  maniere  la  plus 
utile  pour  le  perfectionnement  on  la  confirmation  des 
connaissances  geographiques  aux  excursions  de  Watt  et 
Winterbottom  a  Timbo,  en  I794j  du  major  Laing  clans 
les  pays  de  Kouranko  et  de  Soulimana  ,  en  1822;  de 
M.  Moilien  dans  le  Fouta-Dliiallon,  en  1818;  de  Mun- 
go-Park  auDliloliba,  en  179^  et  i8o5j  de  Docbard  a  Ya- 
mina  et  Bammakou,  en  1819^  enfin,  aux  itineraires  des 
caravanes  sur  la  route  de  Temboctou  au  pays  de  Tafilet. 

On  nepeutplus  maintenant  conscrverde  doute  sur  la  po- 
sition tres-elevee  des  sources  du  B.lfing,  leprincipalafflucnt 
du  Senegal.  Parti  le  19  avril  1827  de  Kakondy,  toinbeau 
d.i  major  Peddie  et  dumajor  Campbell,  M.  Caille  a  traverse 
cette  riviere  a  Bafila.  II  a  traverse  aussi  le  grand  Ileuve  de 


2^9 

Dhioliba  tlaiis  iiu  pohiLqui  sc  lie  lii's-iiaLureiiemeuL  avec 
la  position  que  le  major  Laing;  assigne  a  sa  source,  De  la 
il  est  alle  et  a  reside  a  Kaukan,  grande  ville  dans  le  pays 
de  ce  uom  ,  qu'enricliit  le  voisinage  des  mines  d'or  de 
Bourre_,  et  il  s'est  poite  jusqu'a  environ  200  milles  dans 
Test ,  au-dela  dvi  Soidimana,  jusqii'au  village  deTimc, 
ou  il  est  arrive  le  3  aout.  II  avait  jusqu'alors  suivi  une 
caravane  de  marcLands  mandingues,  faisant  route  a  pied- 
Dans  ce  village,  iJ  i'ut  reteiui  malade  pendant  cinq  mois 
entiers,  et  attaqne  d'une  allection  de  scorbut  qui  le  laissa 
long-temps  eotre  la  vie  et  la  mort,  suite  de  I'intempe- 
rie  du  climat  et  des  fatigues  violentes  qu'il  avait  essuyees 
en  Iranchissant  les  montagnes  escarpees  du  Fouta-Dhiai- 
lon.  Cettegrande  cliaine  parait  en  eilet  formeedeplusieurs 
etages  et  remplie  de  torrens  et  de  precipices.  Dans  cette 
partie  si  interessante  de  sa  route,  il  avait  eu  soin  de  pren- 
dre des  renseignemens  sur  la  position  de  Bammakou,  et 
sur  ses  rapports  avec  la  Senegambie,  rapports  qui,  on 
I'espere,  ne  seront  pas  steriles. 

A  Time  commence  une  autre  excursion  vers  le  nord  : 
<;'est  la  deuxieme  partie  du  voyage.  M.  Caillc  vent  re- 
joindre  le  Dliioliba;  il  part  le  9  Janvier  dernier,  et  apres 
avoir  vu  ou  traverse  plus  de  cent  villages  et  pris  une  con- 
naissance  approclice  de  la  position  de  Sego,  il  revolt  le 
fleuve  le  10  du  mois  de  mars,  a  Galia  ,  venant  de  I'ouest, 
ct  il  en  traverse  un  bras,  pour  se  porter  a  Jenne.  Toute 
cette  partie  est  entierement  neuve,  ainsi  que  le  cliemin 
depuis  les  environs  de  Timbo ,  jusqu'a  Time. 

La  ti'oisieme  partie  du  voyage  est  sur  le  grand  fleuve j 


aSo 
M.  Caille  s'y  embarque  le  23  mars,  apres  une  residence 
de  treize  jours  a  Jennc.  II  monte  sur  une  tres-grande 
barque,  faisant  partie  d'une  llotille  marchande.  C'etait  le 
temps  des  basses  eaux  :  dans  quelques  endroits  le  fleuve 
a  la  largeur  d'un  mille,  et  ailleurs  il  est  beaucoup  plus 
etroit.  Sa  piofondeur  et  sa  vitessesont  variables,-  chcmin 
faisant  il  note  et  decrit  les  allluens  et  les  lies,  ct  surtout 
le  lac  Debo  (  le  meme  qui  est  connu  et  figure  dans  les 
cartes  sous  le  nom  de  Dibbie,  mais  mal  place),  et  il 
donne  sur  tout  le  cours  du  fleuve  des  notions  positives 
autant  que  neuves. 

Enfin  il  arrive  a  Kabra,  le  port  de  Temboctou  ,  le  iq 
avril ,  et  des  le  lendemain ,  il  fait  son  entree  dans  la  ville. 
Apres  avoir  esquisse  un  aspect  des  habitations  et  des 
constructions  de  cette  cite,  note  les  choses  dignes  d'ob- 
servation ,  et  s'etre  informe  du  cours  des  eaux  dans  le 
voisinage,  il  s'associe  a  une  caravane  partant  pour  le  Ma- 
roc.  Le  4  mai  il  part  pour  el-Arawan  avcc  liuit  cents 
chameaux  charges  de  toutes  sortes  de  marchandises  de 
Tinterieur,  et  il  y  arrive  en  six  jours  ,•  la  ,  six  cents  cha- 
meaux se  joignent  a  sa  caravane,  et  en  huit  autres  jours, 
il  parvient  aux  puits  de  Teligue.  Tous  les  puits  d'eau 
douce  ou  saum^tre  et  toutes  les  stations  sont  notes  par 
M.  Caille  avec  soin ,  dans  cette  traversee  du  grand  de- 
sert. La  saison  des  vents  briilans  de  I'Est  rend  plus  rudes 
encore  pour  lui  les  fatigues  et  les  privations  de  ce  peni- 
ble  voyage.  Parti  le  19  mai  d'el-Arawan  ,  il  n'arrive  que 
le  29  juin  a  el-IIarib,  oii  la  caravane  se  divise  en  plusieurs 
parties;  et  le  9.3  juillet,  il  parvient  au  Tafilet.  Enfin  il  s'ar- 


1  25l 

lete,  le  la  aout,  au  lieu  meme  ou  Ben  Batouta  jeta  le 
baton  de  voyageur  au  14*^  siecle,  dans  la  villa  de  Fez  •  puis 
il  continue  sa  route  avec  un  {3;uide,  il  gafi;ne  la  raer,  et 
le  17  du  mois  de  septenibi-e,  il  arrive  a  Tanger,  on  M.  le 
Consul  de  France  le  revolt,  veille  a  sa  surete,  et  parvient 
a  le  sauver  des  perils  qu'il  eut  courus,  si  Ton  avait  pu  le 
reconnaitre  sous  son  deguisement. 

M.  Caille  s'etait  muni  avant  son  depart  de  deux  bous- 
soles  qui  lui  ont  servi  pendant  le  cours  de  son  voyage,  et 
a  I'aide  desquelles  il  a  pu  noter  les  directions  de  sa  route. 
Quelqu'impariait  que  soit  un  tel  moyen,  si  on  le  compare 
a  des  operations  geometriques  ou  des  observations  celes- 
tes ,  on  doit  se  feliciter  d'avoir  le  trace  des  routes ,  et  des 
renseignemens  de  visa  sur  des  pays  pour  lesquels  on  ne 
possedait  jusqu'a  present  que  des  itineraires  des  Arabes  , 
comptes  par  journees,  et  le  plussouvent  contradictoires , 
vagues  ou  confus.  Ce  qui  prouve  d'ailleurs  qu'il  a  note 
avec  justesse  la  longueur  des  marches,  c'est  qu'elles  se 
trouvent  d'accord  avec  ce  que  Ton  sait  de  plus  exact  sur 
les  distances  des  lieux  dans  I'empire  de  Maroc. 

Le  succes  de  I'entreprise  de  M.  Caille  est  d'autant  plus 
digne  d'interet ,  qu'il  I'a  efFectuee  avec  ses  seules  ressour- 
ces,  sans  la  participation  et  le  secours  de  personne.  II  a 
sacrifie  tout  ce  qu'il  possedait  pour  subvenir  aux  besoins 
du  voyage.  II  a  fait  tout  ce  qui  etait  possible,  et  plus 
qu'on  ne  pouvait  esperer  avec  de  tclles  rcssources,  et  il  a 
eu  le  bonheur  de  reussir  completement. 

Si  de  tels  services  sont  faits  pour  meriter  a  M.  Caille  la 
bienveillance  du  public  et  celle  du  gouvernement,  com- 


252 

bien  iie  doiveiit-ils  pas  exciter  I'iMteret  et  la  reconnaissance 
(le  la  Societe  de  Geograj)hie ;  c'est  le  profjramme  publie 
par  la  Societe  eu  1824?  fpi  a  acheve  de  le  determiner  a  pe- 
netrer  dans  I'interieur  d'un  continent  inconnu.  L'un  de 
nous  etant  au  Senegal  a  cette  epoque,  et  le  voyant  anime 
tlepuis  plusieurs  annees  de  la  passion  des  voyages ,  lui 
coramuniqua  un  exemplaire  de  ce  programme;  et  depuis, 
M.  CaUle  ne  cessa  de  iaire  des  efforts  de  toute  espece 
pendant  trois  autres  annees,  jusqu'a  ce  qu'il  eut  dccou- 
vert  le  moyen  d'effectuer  un  dessein  aussi  liardi :  c'est  ce 
qu'atteste  le  temoin  le  plus  digne  de  foi,  notre  collegue 
M.  le  baron  Roger,  en  ce  temps  gouverneur  pour  le  Roi  an 
Senegal.  C'est  alors  que  M.  Caille  qnitta  Saint-Louis  et 
visita  plusieurs  contrees  voisines;  puis  il  fixa  son  choix  sur 
le  Rio-Nunez,  pour  point  de  depart;  a  Kakondy,  ilfutassez 
heureux  de  trouver  une  caravane  partant  pour  I'interieur, 
et  il  saisit  habilement  I'occasion  favorable. 

Le  programme  publie  par  la  Societe,  en  1824,  est  com- 
pose de  deux  parties.  La  premiere  demande  principale- 
ment  des  notions  positives  sur  Temboctou  et  sur  les  ri- 
vieres du  voisinage ,  et  des  renseignemens  sur  les  pays 
a  I'est;  M.  Caille  a  rempli  la  plupart  de  ces  conditions. 
La  seconde  partie ,  pour  laquelle  la  Societe  a  afl'ecte  une 
recompense  speciale,  exige  a  la  verite  des  observations 
celestes;  mais  c'est  encore  une  question  de  savoir  s'il  est 
possible  a  ceiui  qui  penetre  pour  la  premiere  fois  dans 
ce  pays  ,  meme  etant  muni  des  instrumens  necessaires, 
de  remplir  une  condition  aussi  difficile  et  perilleuse.  Qui 
ne  connait,  et  la  jalousie  farouche  que  les  Maures  et  tons 


253 

ceux  qui  sout  en  possession  du  commerce  de  ceLte  partic 
de  FAlrique  ,  out  con^ue  de  tous  temps  contre  les  Emu- 
peens,  et  la  resistance  qu'a  eprouvee  Belzoni  qui  avait 
tente  de  suivre  cette  direction,  et  la  fin  tragique  d' An- 
tonio Piloti ,  et  la  triste  issue  de  I'entreprise  du  major 
Laing? 

M.  Caille  a  penetre  jusqu'a  Tcmboctou,  il  y  est  alle  en 
partant  de  la  Senegambie,  comme  le  demandait  la  So- 
ciete.  S'il  n'a  pas  execute  tout  ce  qu'elle  souliaitait  que 
Ton  put  faire ,  il  a^  en  revanche,  fait  beaucoup  d'observa- 
tions  neuves  et  precieuses  qui  n'etaient  pas  exigees,  sur  le 
Fouta-Dhiallon,  sur  les  pays  de  Test ,  et  sur  la  partie  supe- 
rieure  du  cours  du  Dhioliba ;  il  a  naviguc  sur  ce  fleuve  pen- 
dant un  mois  j  il  a  pris  des  renseignemens  sur  les  mines  de 
Bourre,  et  fait  d'autres  reclierclies  qui  n'etaient  pas  de- 
mandees  :  ce  qui  etablit  une  sorte  de  compensation.  La 
decouverte  de  ces  pays  et  la  description  des  regions  de 
Baleya,  de  Kankan  et  de  Wassoulo,  sont  une  telle  acqui- 
sition pour  la  geograpliie,  que  lors  merae  qu'il  n'aurait 
pas  atteint  la  \ille  de  Temboctou,  il  meriterait  une  I'e- 
compense  tres-signalee.  II  a  encore  le  merite  d'avoir  re- 
cueilli  un  vocabulaire  de  la  langue  mandingue,  et  un  autre 
de  la  langue  kissour,  parlee  a  Temboctou  concurremnient 
avec  le  maure,  et  d'avoir  note  ce  qui  touclie  aux  coutu- 
mes ,  aux  ceremonies,  aux  productions  et  au  commerce 
des  diff'erentes  contrees.  D'un  autre  cote  ,  il  y  a  dans  no- 
tre  programme  des  conditions  (pii  ont  ete  rempiies  en 
partie,  depuis  sa  j)ublication,  par  les  celebres  voyageurs 
anglais,  Outlney,  Clapperton  et  Denham  ;  savoir  :  les  con- 


254 
ditions  qui  regardent  lo  pays  ct  les  montafrnes  a  Test  et  a 
Test-sud-est  de  Tcmboctou  :  il  n'y  avait  done  plus  les 
niruies  motifs  pour  cu  exi/jer  racconiplisscmenl;. 

Aiusi,  en  decernant  a  M.  Caille  la  recompense  (ju'cile 
a  promise  a  celui  qui  aura  atteint  la  ville  de  Temboct.ou 
et  en  aura  fourui  une  description,  la  Societe  renqdira  Fat- 
ten te  generale,  et  elle  sera  assuree  de  posseder  des  no- 
tions exactes  sur  des  paysmal  connus  ou  totalcment  igno- 
resj  elle  accordei-a  son  honorable  suffrage  a  un  liomme 
qui  en  parle,  non  pas  par  oui-dire^  mais  pour  avoir  vu  de 
ses  propres  yeux;  qui,  dans  ses  recits  simples  et  nail's, 
raconte,  sans  nulle  exageration,  ce  qu'il  a  observe,  et  ne 
cberche  point  a  exciter  I'attention  par  des  a  ventures  ex- 
traordinaires.  C'est  precisement  le  genre  d'interet  que  la 
Societe  de  Geographic  attache  aux  decouvertes  :  celui  de 
la  verite. 

C'est  beaucoup  qu'un  homme  soit  parvenu  a  rompre 
I'espece  d'cnchantement  qui  semblait  frapper  tout  Eu- 
ropeen  parvenu  sur  ce  point  mystcrieux  du  Dhiolibci. 
On  est  sur  maintenant  que  quatre  a  cinq  mois  sulTisent 
pour  arriver  de  Temboctou  en  Europe.  A  present  que  la 
possibilite  du  voyage  et  du  retour  est  prouvee  par  I'eve- 
nement,  et  non  par  des  conjectures,  tous  les  hommes 
devoues,  que  tant  de  catastrophes  repetees  coup  sur 
coup  avaientpu  detourner  deleur  dessein,  vont  reprendre 
courage  et  tenterontl'entreprise.  C'est  un  grand  service  de 
plus  qu'aura  rendu  a  la  science  M.  A.  Caille,  et  dont  elle 
lui  tiendra  coniptc  ,  si  elle  n'est  pas  cntierement  consolee 
par  son  succes,  de  la  perte  deplorable  du  major  Laing. 


:S55 

Dans  un  sujet  aiissi  fecond  en  devoloppeinens  geo- 
grapliiques  et  scientifiques,  il  eut  ete  facile  de  s'etendre 
et  d'interesser  par  de  nombreux  rapprochemens  ;  mais 
la  Commission  croit  devoir  se  renfermcr  dans  le  ccrcle 
de  la  mission  qu'elle  a  reque  :  son  but  est  atteint  si  elle  a 
porte  la  conviction  dans  les  esprits.  Elle  doit  done  ici  pas- 
ser egalement  sous  silence,  et  les  recits  de  J.  Leon,  de  Ben 
Batouta,  d'el-Edrisi^  et  les  relations  des  Portugais  avcc 
Temboctou  dans  le  i5^  siecle,  le  voyage  de  Paul  Imbert 
dans  le  1 7%  celui  de  Robert  Adamsen  1 8 1  o,  encore  contested 
et  tant  de  voyag^es  qui  se  sont  succede  depuis  4o  ans.  En 
agir  autrement,  ce  serait  oublier  que  nous  parlous  a  des  au- 
diteurs  qui  out  approfondi  tons  les  eleniens  des  proble- 
mes  de  la  geographic  de  I'Afrique  ,  ainsi  que  I'attestent, 
Messieurs,  vos  trois  sujets  deprix^  en  faveur  des  homines 
determines  a  braver  tous  les  perils  pour  explorer  ce  grand 
continent,  dans  I'interet  commun  des  sciences  et  de 
I'humanite. 

II  est  aise.  Messieurs,  d'apres  tout  ce  qui  precede  ,  de 
pressentir  les  propositions  que  la  Commission  a  Thonneur 
de  vous  faire :  elle  conclut ,  !»  a  ce  que  vous  accordiez  a 
M.  Auguste  Caille  le  prix  que  vous  avez  ofTert  au  premier 
vojageur  qui  parviendrait  a  Temboctou,  en  venant  de  la 
Senegambiej  2°  a  ce  que  communication  soit  donnee  du 
present  Rapport  a  LL.  EE.  les  Minis tres  de  I'lnterieur,  de 
la  Marine  et  des  Affaires  Etrangeres. 

Nous  ne  finirons  pas  ce  Rapport  sans  payer  un  juste 
tribut  de  gratitude  a  M.  Delaporte  ,  gerant  du  consulat 
general  a  Tanger ,  pour  les  soins  genereux  et  empresses 


256 

(|iril    a  procliffucs  a  iioLrc  conipatriule  :   la    SocieLe  liii 
doit  uu  tx'nioigiia{i;c  j)arl.iculici'  de  reconiiaissaiice  pour 
asoir  sauve  le  voyageur  et  les  papiers  qu'il  a  rappoiLes. 
Paris,  le  37  novemhre  i8a8. 

Baruii  Roger. 
Lareka.tjdiere. 
Amed.  Jaueert. 
Cadet  de  IMetz. 
J.  B.  Eyries. 
JoMARD ,  HappovLeiir. 

AJopIc  cu  seance,  le  28  iioveinbre  1828. 


EXTRAIT  du  rapport  sur  I'ouvrage  ayant  pour  tlire  :  Essai  stalislique 
sur  les  frontieres  nord-esl  de  la  France  ,  par  M.  Audenclle,  em- 
ploye des  duuanes. 

La  Commission  ccntrale  de  la  Sociele  de  Geographic  ,  nous 
ayant  fait  I'lionneur  de  nous  charger  dc  lui  rciidre  comptc  dc 
Touvrage  ayant  pour  litre  :  Essai  slatislique  sur  les  frontieres  nord- 
est  de  la  France,  par  M.  Audenelle ,  nous  allons  tacher  de  faire 
connaitre  cet  ouvrage,  el  dans  son  ensemble,  et  dans  ses  tletails 
les  plus  reniarquables  (1). 

Celle  slatislique  historique,  en  meme  leinps  qii  ellc  est  speciale 
a  la  ligne  frontiere  nord-est,  enibrasse  dans  sa  generalile  les  de- 
partemens   de   la  Meuse ,   de   la    Moselle  ,  du  Bas-l\hin  ,  de  la 


(i)  On  s'est  attachi'  principalcment  dans  le  rapporl  dont  col  OKliait  nc  peut 
tenir  lieu  ,  a  faire  ressorlir  tous  les  fails  qui  pi'uvcnl  inte'resser  la  Sociele  d<; 
Oeograpiiie ,  el  qui  onl  paru  clrc  Ic  fruil  tie  recherches  faitcs  avec  soin  el 
d'observalloris  exacles. 


Meurlhe  et  des  Vosges.  Cette  conlree  intcressante  situcc  enlre 
I'anliquc  foret  des  Ardennes  et  Ic  Rhln  qui  roule  ses  eaus  rapides  a 
travers  Tune  des  plus  riclies  vallees  de  I'Europc ,  offre  entre  deux 
points  geographiques  aussi  remarquables ,  une  division  physique 
parliculiiire  ,  un  cadre  d'observalions  qui  onl  fait  I'objel  du  travail 
de  M.  Audenelle ,  public  en  deux  parlies  ,  et  divise  en  huit  livres. 

Dans  le  premier  livre,  qui  traite  de  la  Topograpbie,  I'auteur 
decrit ,  point  par  point  et  avec  toutes  ses  circonstances  locales , 
les  modifications  et  les  enclaves ,  etc. ,  arretees  par  les  commissai- 
res  des  puissances  limifropbes,  la  limite  frontiere  depujs  Icsconfins 
du  departement  des  Ardennes  jusque  pres  de  Lauterbourg  ou  la 
Lauler  se  perd  dans  'e  Rbin.  Cette  frontiere  nord-est  qui  touche 
au  royaume  des  Pays-I5as ,  a  la  nouvelle  Prusse  et  a  la  Bavierc 
Rhenane  ,  prcsente  entre  ces  deux  points  un  front  de  So  myriame- 
tres  ,  mesure  dans  toutes  ses  parties  anguleuscs ,  tandis  qu'en  llgne 
droite  ellc  ne  donue  qu'une  etendue  de  3o  myrlametrcs.  Elle  est 
appuyce  paries  zones  nord-est  des  departemens  de  la  Meuse,  de 
la  Moselle  et  du  Bas-Rbin,  representees  jadls  par  celles  des  Trois- 
Evccbcs,  de  la  Lorraine  etde  la  Rasse- Alsace.  Dans  une  sous-divi- 
sion de  ce  premier  livre  ,  M.  Audenelle  fait  connaiire  sous  le 
t'llrc  d'Asper I  cxferiew  (III  sol ,  les  caracteres  de  cette  contree  qui 
est  a  la  fois  plltoresqueagrlcole,  manufacturlere  et  mineralogique: 
elle  a  des  montagnes  primillves,  nolamment  dans  les  Vosges  et 
dans  le  pays  de  Ritcbe,  qui  forment  cbaines,  des  gorges  profondes, 
des  vallces  larges  et  fertlles,  des  rivieres  d'un  cours  commode 
pour  le  commerce,  des  ruisseaux  bien  distrlbues  pour raclivlte des 
usines  ,  de  superbes  forets  et  des  masses  intcrieures  et  exierieures 
de  diverses  substances  minerales.  L'auteur  donne  la  nomencla- 
ture alphabctiquc  des  seize  rivieres  et  des  quarante  ruisseaux  qui 
versent  Icurs  eaux  dans  la  Moselle,  etc.  • 

Le  deuxieme  livre  qui  a  pour  titre  Richesses  indigenes  ,  est  divise 
en  trois  sections.  La  premiere  traite  de  la  Mlneralogie  et  comprend 
tnutce  qui  est  relalif  aux  mines  de   fer,  de  plomb,  de  culvrc,  de 


258 

sel  gemmc  ct  autres  gites  niineraloglques ;  celtc  premiere  section 
oftVe  ties  resultats  interessaiis  <lc  stalistique  iiiduslriellc.  La 
deuxieine  section  a  pour  objct  le  regnc  vegelal ;  la  troisieme 
traite  de  la  Zoologie,  et  donne  des  details  :  i"  sur  la  race  des  che- 
vaux  qui  sont  pclils ,  que  I'habitude  des  paturages  nocturnes ,  Je 
mauvais  fourrage  out  appauvris;  2°  sur  les  boeufs  qui  sont  d'une 
laille  movcniie,  vigoureux  et  dociles  ;  ils  suppleeut  souvent  a  la 
penurie  des  clievaux  dans  les  travaux  doniesliques  ;  3'  sur  la  vache, 
le  moulon  metis,  la  clievre  et  le  pore.  La  quantite  de  pores  est 
considerable  ,  il  se  fait  dans  cetle  conlree  plus  de  ^00,000  cleves 
par  an  ,  qui  suffisenl  a  peine  a  la  cousommation ;  4"  sur  le  loup  , 
le  saiiglier,  le  renard,  Ic  chevreuil;  5"  sur  les  animaux  rongeurs, 
les  insectes,  les  viperes,  les  poissons  et  rornilhologie. 

Le  troisieme  li\  re  est  le  developpement  du  second ,  et  il  a  pour 
but  de  monlrer  quel  emploi  Tbabilant  a  fait  des  ricliesses  natu- 
relles  de  la  contree  ,  et  quels  genres  d'industrie  celies-ci  ont  fait 
eclore.  L'auteur  fait  connailre  quelle  a  ete  la  marche  de  ramelio- 
ration  de  I'industrie  agricole ,  la  cause  qui  Ta  retardee  et  son  dlat 
present.  Ces  considerations  seront  appreciees  par  les  agronomes  , 
nous  nous  batons  de  passer  outre  et  de  ciler  en  industrie  manu- 
facturiere ,  les  superbes  blanchisseries  de  Cbateau-Rouge  et  de 
Varsberg ;  la  fabrication  parliculiere  des  bas  tricoles  a  la  main  , 
des  liabitans  de  Jamelz;  celle  des  tabatieres  de  carton  qui  occupe 
3oo  families  des  villages  des  environs  des  Sarguemines; les  manu- 
factures de  draps  de  Briey,  de  Mercy-le-Bas ,  de  Cons-la-Gran- 
ville  ,  de  Fontoy.  Trois  de  ces  fabriques  occupent  34o  individus, 
et  produisent  38oo  pieces  de  draps.  Plusieurs  chefs  de  famille 
possedent  des  metiers  pour  leur  propre  compte ,  et  en  reunissant 
leurs  produits  a  ceux  des  grands  (itablissemens  qui  viennent  d'etre 
cites,  on  trouve  qu'ils  donnenl  annuellement  environ  Gooo  pieces 
de  draps  livrees  au  commerce  interieur,  et  qu'une  sonune  de  trois 
millions  circule  par  ce  canal ;  la  belle  filature  de  laine  de  Tucque- 
gneux,  les  fabriques  de  tissus  de  colon,  les  tanneries,  les  fabriques 


2% 

<le  foUe-forlc,  d'alun,  «k'  vitriol,  <le  scl  ammoniac,  cic.  L'auleur 
en  cnumere  les  produits;  il  donne  cnsulle,  et  dans  le  plus  grand 
detail,  la  description  des  usines  du  premier  ordre  qu'il  divise  en 
quatre  classes  :  les  forges  ,  les  verreries,  les  fayenceries  et  les  pape- 
teries.   Ces  forges  qui  sonl  au  noniLre  de  vingt-deux,  et  toutes 
situees  dans  les  cinq  lieues  frontieres ,  rivalisent  d'induslrie  avec 
les  usines  de  meme  nature  que  la  lielgique  ,  la  Pinisse  et  la  Caviere, 
possedent  a  la  proximite  des  limites.  M.  Audenelle  enlre  a  I'egard 
de  ces  forges,  fonderies,  fenderies,  hauts-fourneaux ,  gros  marteaux 
a  martinets,  platinerles  ,  etc.,  dans  des  details  tres-circonstanclcs 
dont  il  serait  peut-etre  difficile  de  contesterlexactitude.  ISous  avons 
compare  seulement  pour  le  deparlement  de  la  Moselle,  quelques- 
uns  de  ces  resuitats  ,  avec  ceux  donnes  par  M.  Viville  ,  secretaire- 
general  ,  dans  son  deuxieme  volume  du  deparlement  de  la  Moselle. 
Flusieursde  ces  resuitats  sont  restes  les  memes  qu'en  1817  ,  epoque 
de  la  publication  de  ce  Dictionnaire.  Doit-on  en  conclure  que  les 
forges  sont   restdes  stationnaires,  ou  que    I'auteur  s'est  borne  a 
reproduire  ces  donnees  ?  Panni  ces  etablissemens  qui  appartiennent 
presque  tons  au  deparlement  de  la  MoselJe ,  on  doit  distinguer  les 
forges  d  Hayangc  connne  les  plus  riches  et  les  plus  importantes  : 
elles  se  composent  de  26  batimens,  3oo  ouvrlers  y  sont  attaches  ; 
la    consommation    annuelle    est  de    5, 280, 000    kilogrammes    de 
mineral   qui   rendent    1,827,000    kilogrammes  de  fer  fort,  etc. 
M.  Audenelle  donne   des  details  non  moins  interessans  sur  les 
verreries  de  Moeyssenthal ,  de  Creutzwaldt,  de  Goetzembmck  ,  de 
Munzthal ,  de  Schoencck  ,  de  Pepinville,  de  Baccarat  et  de  Sainl- 
Quirin ,  de  Soldalenlhal ,  de   Plain   de  Volsch ,  de  Cirey.  II  ter- 
mine   la    description    des   etablissemens    industriels   en    appelant 
I'interet  sur  la  culture  de  la  betterave ,  dont  on  compte  aux  envi- 
rans  de  Pont-a-Mousson  et  a  Talange,  d'importantes  manufac- 
tures qui  se  soutiennent  quoiqu'elles  aient  a  lutter  centre  le  bas 
prix   des   sucres   exotiques.   Ce   livre   qu'on    pourrait   considerer 
comme  un   traitd   expositif  de    Tindustrie  dc   la   contree   et   dis 


260 

immcnscs  rossoiirces  qu'ellc  procure ,  est  tenniiie  par  1111  resume 
ou  I'auleur,  en  recapilulaiil  los  fails  parliculiers  a  chaque  localite, 
(lemonlre  leur  influence  sur  le  commerce  et  I'economie  politique. 
Le  livrc  quatrieme  qui  a  pour  litre  Coup-d'cu'l  sur  I'etranger,  fait 
connaiire  quelles  sont  les  puissances  liniilrophes  des  trois  dcpar- 
temens  frontieres.  En  decrivant  les  ressources  agricoles  et  manu- 
facturieres  (Fun  pavs  etroilement  lic^  a  ces  trois  deparlemens  ,  par 
lies  relations  <lc  voisinage  el  de  commerce  ,  Tauteur  a  eu  pour  but 
d'etablir  un  terme  dc  comparaison  enlre  la  France  et  1  etranger. 

M.  Audenelle  commence  ce  livre  par  la  description  des  Pays- 
Cas ,  dont  les  frontieres  s'etendent  des  Ardennes  jusqu'a  la  rive 
gauche  de  la  Moselle.  Le  Luxembourg,  cette  clef  de  I'Allemagne 
el  de  la  Hollande,  qui  passe  pour  la  place  de  guerre  la  plus  forte 
et  la  plus  importanle  de  I'Europe ,  fixe  rallention  des  lecteurs  par 
la  description  de  son  site  singulier,  par  son  systeme  de  mines 
presque  toules  taillees  dans  le  roc ,  par  les  developpemens  donnes 
a  ses  fortifications.  Quelques  pages  sont  consacrees  a  son  histoire  , 
a  la  foret  des  Ardennes,  aux  villes  du  grand  duche,  dont  Luxem- 
bourg est  le  chef-lieu,  a  Arlon,  etc.;  a  la  nature  du  sol,  pauvre 
sous  le  rapport  agricole ,  et  riche  sous  celui  mclallurgique.  Avant 
que  le  reculement  de  nos  limiles  eikt  restreint  les  debouches ,  ^o 
forges  et  fourneaux  y  etaient  en  aclivite.  Parmi  celles  de  ces  usines 
qui  onl  resisle  a  cet  inconvenient,  on  remarque  les  forges  de  la 
Soie,  <le  JJerchiuce ,  de  Claireau  etde  la  Sauvage,  I'auteur  donnc 
des  details  sur  ces  importanles  usines. 

Vient  ensuite  la  Prusse,  comprise  entre  la  rive  droite  de  la 
Moselle ,  et  la  rive  gauche  de  la  Sarre.  La  forteresse  de  Sarre- 
Louis  protege  les  elats  prussiens  au  nombre  de  six  ;  ils  ont  etd 
detaches  du  territoire  fran^ais  en  i8i5.  Le  sol  de  ces  etats  est 
generalcment  nionlucux,  el  nt'anmoins  II  differe  d'aspect  au  centre 
entre  la  Sarre  et  la  Moselle.  T>a  ce  sont  des  hauteurs  continues, 
rarement  separees  par  des  vallees  elendues.  A  Textr^mite  droite 
qui  comprend  le  Birkenfeld  et  le  Schambourg,  ce  sont  des  masses 


26l 

graniteuscs  ,  ties  gorges  profondes  ,  des  forfits  sauvages.  «  Sur  le 
point  oppose  dans  la  contree  d'Eiffel  ,  dit  M.  Audenellc ,  c'est 
una  chahie  de  niontagnes  elancees  dout  les  anneaus  multiplies 
splendent  des  Ardennes  a  la  rive  gauche  de  la  Moselle.  Le  inont 
Kelberg  s'en  detache  et  s'eleve  a  5oo  metres  au-dessus  du  niveau 
des  eaux.  Partout  des  traces  de  combustion  et  de  vitrification 
annoncent  Taction  d'un  ancien  volcan.  La  construction  et  les 
couches  de  ces  masses  irregulicrement  entassees,  sont  etonnantes 
et  bizarres.  Leurs  llancs  dechires  et  leur  aspect  desert  demontrent 
encore  qu'a  leur  formation  la  matiere  fluide  ou  elles  semblent 
avoir  ete  dissoutes,  fut  long-temps  secouee  par  de  violens  oura- 
gans,  el  que  de  grandes  revolutions  physiques  les  ont  renversees  et 
amoncelees  confusement. 

Les  traces  de  cette  combustion  paraissent  en  divers  endroits 
encore  recentes.  Quelques  anciens  crateres  y  sont  tres-reconnais- 
sables ,  et  particuiierement  celui  de  Laach ,  c'est  un  vaste  entonnoir 
aujourd'hui  converti  en  un  lac  de  a  lieues  de  tour  ,  et  d'nne  pro- 
fondeur  qui  n'a  jamais  pu  etre  sondee.  Sa  forme  est  circulaire , 
elle  est  tracee  par  une  chaine  de  montagnes  ties-escarpees ,  com- 
posee  dune  lave  poreuse  rouge  et  noire ,  de  pierre  ponce  et  de 
terre  blanche ;  les  sables  de  ses  bords  sont  noirs  et  dociles  a 
I'aimant  comme  la  limaille  de  fer. 

Parmi  les  beautes  naturelles  et  pittoresques  de  TEiffel ,  on  dis- 
tingue :  1  '^  le  mont  Falkenberg  dont  le  sommet  couronnd  de 
roches  crevassees ,  parait  egalement  avoir  ete  le  cratere  d'un  vol- 
can ;  2°  les  eaux  thennales  de  Bertrich,  situees  dans  la  vallee 
profonde  de  ce  nom,  pres  du  Falkenberg  ;  3"  prcs  de  ces  bains, 
une  grotte  de  basalte  dont  les  colonnes  et  les  voiites  sont  formees 
avec  regularite  et  symetrie.  «  La  contree  de  I'EiffcI ,  dit  I'auteur , 
est  la  plus  sauvage ,  la  plus  rude  ,  la  plus  sterile ,  la  moins  habitue 
de  I'Europe  policee.  Ellen'est  avivce  par  aucune  route,  par  aucune 
riviere.  Les  voyageurs  ne  se  liasardent  qu'avec  crainte  dans  ses 
vallees  profondes  et  ses  sombres    forels ;  cependant  I'Eiffel  est 

17 


262 
peuple  Ac  mines  ct  de  moniinicns  romgins.  On  trouve  dans  ses 
trislcs  moiitagncs  les  fragmcns  crun  aquoduc,  donl  on  pout  sulvre 
les  vcsti"c's  sur  une  ctcndiic  dc  3n  lleues,  dans  la  dlroclion  de 
Treves  a  Cologne.  Li'  rinienl  que  Ton  en  delacho  a  Ic  lulsant  et  la 
durcte  du  quartz :  en  quelques  endroits  Ic  monument  est  bien 
conserve.  «  II  est  probable  que  ce  canal  aura  servi  k  dirigcrles  eaux 
minerales  qui  jaillissent  dans  rEiffcl.  Cette  opinion,  au  surplus, 
n'est  point  celle  de  Hertellus,  vicil  bistorien  du  Luxembourg. 

<<  Les  elevations  de  i'Eiffel,  dont  les  cimes  souvcnl  inaccessi- 
bles  sont  rev^tucs  de  forests  antiques ,  laissent  quclquefois  entre 
elles  des  plateaux  nus ,  sloriles  et  couverts  de  sables  niouvans  que 
les  vents  nivellent  et  deplacent ;  des  landes  privees  d'ombragcs  et 
d'eaux  vives,  des  plages  marecageuses  pendant  les  pluies,  et  tour- 
beuses  pendant  les  chaleurs...Dans  I'Eiffel  et  dans  le  Schambourg, 
on  doit  laisser  quelquefois  douze ,  quelquefois  vingt-cinq  ans  de 
repos  a  une  lerre  froide  et  rebelle.  Au  bout  de  ce  temps  on  leve 
un  gazon  qui  a  crrt  d'environ  doux  pouces  d'opaisseur.»  On  expose 
ce  foulllis  de  planles  medicinalcs  et  odo  rife  ran  les  au  soleil  en 
forme  de  cqnes,  pour  en  faire  claborer  riiumidite,  puis  on  y  met 
le  feu.  LeB'Cendres  Tepandues  fomient  un  engrais  qui  donne  deux 
a  trols  recoltes  d'un  seigle  mediocre;  c'est  aussi  par  le  moyen  de 
la  conflagration  que  Ton  y  obtient  la  pomme  de  lerre,  Tavoine  et 
le  sarrasin. 

Les  frimas  qui  couvrcnt  les  montagncs  de  cette  contn-e,  durant 
six  mois  de  I'annce,  «  ses  plateaux  lapisses  de  steriles  bruyeres  , 
ses  coteaux  pierreux  et  volcanises,  ses  prairies  aigres  et  mareca- 
geuses ,  ses  arbres  rabougris  et  difformes  lui  ont  merite  le  surnom 
de  Siberie.  La  peuplade  de  I'Eiffel ,  isolee  dans  le  pays  le  plus 
infrequente,  semble  une  race  partlculierc.  Les  moines  qui  se  fixe- 
rent  dans  cette  solitude  en  ont  (^te  le9  seuls  insliluteurs,  mais  ils 
n'ont  pu  vaincre  I'imprcssion  que  ce  climat  de  fer  opcre  sur  le 
physique  de  I'homme.  La  tristesse  de  ses  eiroitos  vallecs  semble 
inlluer  sur  sa  constitution  et  sur  son  caractere.  Sa  taille  est  au- 


263 

dessous  (le  la  mediocre ,  le  dcvcloppemeiit  en  esl  tardif ,  et  la  forme 
et  les  traits  sont  alteres  de  bonne  heure  par  toutes  les  impressions 
d'une  vie  penible  :  il  esl  cralnlif,  irresolu ,  mais  il  a  pour  lui  le 
bon  sens  ,  la  rectitude  el  la  loyaute  ,  dons  que  les  vices  d'une 
societe  qu'il  connait  a  peine,  n'ont  pu  alterer.  » 

Nous  ne  pouvons  resister.  Messieurs,  a  vous  donner,  mais  en 
pen  de  mots,  quclques  details  sur  les  usages  singuliers  dcs  habi- 
lans  de  cette  contree.  Nous  dcvons  ces  particularitcs  a  quelques 
recherches  que  nous  avons  faites  ;  nous  ne  faisons  ici  que  les  re- 
produire  et  les  abreger  : 

Dans  le  pays  d'Eiffel ,  le  jour  de  Saint-Mathieu ,  les  gargons  de 
la  commune  se  rassemblent  el  metlent  a  I'encbere  chaque  fdle,  en 
les  nommant  les  unes  apres  les  autres ;  chacune  d'elles  est  adjugee 
a  celui  qui  en  offre  davantage.  11  acquiert  le  droit  exclusif  de  la 
frequenter  pendant  six  mois.  Dans  quelques  autres  cantons  les 
gar^ons  en  planlant  le  mai ,  liralent  au  sort  les  filles  du  village , 
chacun  devenait  le  sigisbee  de  celle  qui  lui  etait  ecliue  ,  duranl  une 
annee  cntiere.  11  devall  repotidre  de  sa  virginite ,  lorsqu'elle  se 
mariait ,  s'il  n'avait  pas  den  once  sa  conduife  auparavant. 

L'usage  du  labac  a  fumer  esl  general ;  on  voit  quelquefois  des 
femmes  et  souvcnl  des  enfans  la  pipe  a  la  bouche  ,  il  y  a  des 
liommes  qui  ne  la  quiltent  pas  meme  pour  se  couchcr.  Dans  les 
nionlagnes  de  I'Eiffel ,  il  est  des  cantons  denues  d'horloges  ou  la 
pipe  est  une  espece  de  clepsydre  pour  les  habitans;  lorsque  le  voya- 
geur  les  inlerroge  sur  la  distance  d'un  village  a  I'autre,  au  lieu  de 
repondre  il  y  a  lant  de  lieues ,  ils  disenl :  il  y  a  tanl  de  pipes  de 
tabac. 

M.  Boncqueau,  prefet  de  Tex-departement  de  Rhin-et-Moselle, 
dit  que  cc  trail  est  doublement  caracleristique  en  ce  qu'il  peint  en 
meme  temps  la  conlinuite  de  I'habilude  et  la  situation  isolee  de 
quelques  hamcaux.  Get  admiuistrateur  ayant  ele  curieux  de  s'in- 
formcr  de  quoi  se  servaienl  plus  ancicnnement  ccs  memes  habitans, 
pour  exprimer  les  divisions  du  temps  ,  avant  que  l'usage  du  tabac 


2G4 

flit  repandu,  on  lui  lit  connaitre  que  les  chapelets  leiir  rcndaienl  le 
Illume  service,  ct  qu'ils  disalent  la  distance  d'un  ou  deux  cliapelels; 
expression  que  Ton  retrouve  encore  consacree  dans  quelques  ope- 
rations de  la  cuisine  et  dc  recononiie  domestiquc  de  ces  bonnes 
gens. 

Nous  avons  vainement  cherclic  sur  les  cartes  niodernes  des 
gcographes  fran^ais ,  la  position  et  la  forme  de  celte  conlr^e.  La 
description  qu'en  fait  Tauteur,  et  que  nous  avons  abregee  dans 
certains  passages,  laisse  a  desirer  sous  quelques  rapports,  et  notam- 
ment  sur  sa  stluation  precise.  Nous  devons  regretter  que  M.  Audc- 
nelle  n'en  ait  point  fait  connaitre  les  points  cardinaux  ,  les  liinites 
et  les  principaux  lieux ;  il  regne  a  cet  egard  dans  son  travail  un 
vague  que  nous  ne  pouvons  nous  dissiinuler  et  qui  nous  porle  a 
penser  que  cet  apre  territoire  n'a  point  ete  visite  par  lui. 

Avant  1827,  la  cliatne  de  TEiffel  n'avait  pas  meine  dt(^  indi- 
quee  sur  les  cartes  frangaises.  La  simple  indication  existe  sur  ia 
jolie  petite  carte  physique  de  la  France,  publiee  a  Berlin  ,  en  1824, 
par  Berghaus.  La  direction  de  cette  chaine  est  figuree  sur  la  carle 
du  grand  duche  du  Bas-Rhin,  dressee  par  Schmidt,  a  Berlin  ,  en 
1821.  Notre  laboricux  collegue  M.  Brue,  qui  ne  neglige  rien  pour 
mettre  ses  travaux  au  niveau  des  connaissances  acluelles,  I'a  deter- 
minee  avec  ses  points  culminans,  le  Kelbcrg  et  Ic  Mayenberg,  sur 
les  cartes  d'Allemagne  et  de  la  monarchic  Autrichienne,  dont  il 
vous  a  fait  recemment  hommage.  La  direction  de  cette  chaine  se 
trouve  ^galement  menlionnee  dans  les  ingenieux  Essais  de  Geogra- 
phic methodique  el  comparative  de  M.  Denaix. 

Le  Dictionnaire  Geogra[)hiquc  universel,  par  une  Socielc  de 
geographes(i827),  fait  mention  de  I'Eiffel,  mais  seulemenl  comme 
chahie  de  montagnes  d'une  longueur  d'environ  20  lieues,  et  non 
comme  contree  ou  comme  sous-division  d'Elat  ou  partie  de  sous- 
division.  N'ayant  pas  sous  les  yeux  d'ouvrages  speciaux,  manqiianl 
ainsi  de  moyens  de  verification  ,  nous  avons  ete  forces,  fante 
de  mieiix ,  de  recourlr  a  des  autoriles  bien  secondaires  en  giiogra- 


phio  ,  ol  (le  coiisuller  les  «liciionnaires  d'Ayiies ,  tic  Peuchel,  de 
Prud'lioiiime  et  aulres.  L'Eiffcl ,  d'apres  I'auleur  de  ce  premier 
lexique,  etalt  jadis  enclave  dans  les  departemens  de  la  Roer  et  de 
Rhin-et-Moselle ,  entre  le  duche  de  Juliers,  les  electorals  de  Colo- 
gne ,  de  Treves  et  le  duche  de  l^uxembourg.  Cette  derniere  et 
simple  indicalion  de  1' Eiffel  ,  enlre  les  electorats  de  Cologne,  de 
Treves  ,  les  duches  de  Juliers  et  du  Luxembourg,  est  aussi  celle 
donnee  par  rEncyclopedie  methodique.  11  nest  pas  question  de  cc 
pays  dans  Moreri ,  et  Trevoux  n'en  fail  mention  dans  son  grand 
diclionnaire  ,  que  comme  d'un  petit  pays  d'AUemagne  qui  est  en 
partie  dans  Tarclieveche  de  Treves ,  et  en  parlie  dans  le  duche  de 
Juliers. 

Peuchet,  dans  le  Dicti6nnaire  de  geographic  commercante,  dit 
que  ce  district  dont  la  plus  grande  elendue  est  de  huit  milles  envi- 
ron ,  du  midi  au  nord,  et  de  cinq  lieues  du  levant  au  couchant, 
faisait  parlie  de  Tciectoral  de  Mayence.  L'electeur  en  tirait  annuel- 
lemenl  80,000  a  go, 000  ecus  d'Empire. 

Les  cartes  des  anciens  deparlemcns  de  la  Roer,  de  Rhin-et- 
Moselle,  n'onl  rien  pu  nous  apprendrc  sur  cette  contree;  ces  froi- 
des  copies  de  mauvalses  cartes  sont  restees  muettes  a  nos  interro- 
gations. La  description  topographique  el  statislique  du  deparlcment 
dc  la  Roer,  par  Peuchel  et  Chaulairc  que  nous  avons  consullce, 
lie  nous  en  a  pas  apprls  davanlage,  elle  garde  a  I'egardde  TEIffel, 
le  silence  le  plus  absolu.  En  commentanl  la  description  dudeparte- 
ment  de  Rhin-et-Moselle ,  par  les  memes  auteurs ,  nous  avons 
remarque  des  details  sur  I'Eiffel,  que  nous  avons  rapproches  de 
ceux  donnes  par  M.  Audenelle .  Nous  avons  dA  rcconnailre,  a  ne 
pas  s'y  meprcndre,  que  ce  dernier  avail  puise  dans  cet  ouvrage  , 
mais  il  serail  injuste  de  ne  pas  reconnaitre  dgalement  qu'il  a  donne 
sur  cette  contree  ,  des  documens  que  I'ouvrage  de  Peuchel  et 
Chaulairc  ne  comporle  pas.  M.  Audenelle  ,  dans  cette  parlie  de 
son  texte  n'a  point  fait  connailre  les  sources  ou  il  a  puise.  Nous 
ne  faisons  au  surplus  celle  remarque,  que  parce  que  dans  le  cou-r 


266 

rant  de  son  ouvragc  il  a  religiouscinent  cite  les  aulcurs  au  bas  dcs 
pages. 

La  description  topographiqiic  ct  stalistique  de  I'ancicn  departe- 
mcnt  de  Rhln-et-Mo-selle  ,  (pie  nous  vcnons  de  citer  ,  nous  a 
donnc  lieu  d'y  rcniarquer  des  notions  generales  :  i  <>  sur  les  mon- 
tagnes  du  pays  dc  rEifiel ,  qui  forment  cette  chaine  de  volcans 
eteints  qui  traverse  tout  le  nord  du  deparlemcnt;  2"  sur  ie  climat , 
la  temperature,  les  habitations  rurales,  les  nialadies  de  ccspays; 
3°  sur  les  moeurs,  la  nourrilure  des  habitans,  leurs  costumes,  mais 
nous  avons  vainement  chcrche  la  situation  et  les  liniiles  precises 
de  ce  pays  ,  dont  la  seulc  petite  ville  de  Munster-Elffel  senible 
avoir  conserve  le  nom.  ISous  n'avons  pu  trouver  les  nonis  des 
centres  d' agglomeration  de  celte  contree,  pas  meme  ceux  de  quel- 
ques  villages  et  hameaux.  Quelques  points  de  geographie  physique 
n'ont  pu  suffisamment  gulder  nos  recherches,  et  nos  inductions 
sont  tombees  d'elles  m^mes,  lorsque  nous  nous  proposions  seule- 
ment  d'en  assigner  approxiniativement  le  perimetre.  L'ancien  de- 
partement  dc  RhIn-et-Moselle ,  qui  etalt  forme  selon  les  uns  de  4-o, 
et  selon  les  autres ,  de  48  petlts  ctals  d"Allemagne  ,  offrait  trois 
pcuplades  blcn  distincles  qui  sont  celles  qui  habilent : 

I"  Le  Hunsruck,  large  plateau  situe  entre  la  Nahe,  la  Moselle 
et  le  Rhin  ;  2"  les  bords  du  Khin  et  de  la  Moselle;  3"  rEifiel. 
^ous  avons  lieu  de  presumer  que  la  surface  du  pays  d'EIffei  est 
plus  considerable  que  revaluation  qui  resulteralt  des  elemcns  don- 
nes  par  Peuchet.  Nous  pensons  que  ccs  elemens  sont  inexacts  ; 
cette  opinion  est  iondee  :  i"  sur  ce  que  Ton  doime  gihioralement 
a  la  chaine  dc  1' Eiffel ,  20  lleuos  de  longueur  ;  Peuchet  veut  que  du 
levant  au  couchant  il  y  ail  seulement  5  lieucs  ;  2"  que  la  peuplade 
de  I'Eiffel ,  est  Tune  des  Irois  peuplades  distincles  de  l'ancien  de- 
parlemcnt de  Rhin-et-Moselle ,  et  qu'cUe  doit  n^cessairement 
occuperune  surface  d'autant  plus  grande  que  la  contree  est  moins 
agglomeree  a  cause  de  son  site  tourmente ,  de  ses  accidens  physi- 
ques, el  de  lisolemenl  de  ses  villages  el  hameaux  ;  3"  «|ue  suivant 


267 

le  Diclioniiaire  de  Baudiaii(i(  1705  )  ,  ce  pays  etait  divise  en  5 
bailliages,  8  comles  el  selgiieuries,  une  priucipaute  et  unc  abbaye. 
Cette  division  a  ch;  rapporliie  par  Tbomas  Cornellle,  en  1708  , 
qui  la  copiee  mot  a  mot  dans  Baudraud.  Ijix-hult  ans  apres, c'est- 
a-dire  en  1726;  Bruzen  de  la  Marlinierc  a  donne  d'une  manierc 
generale  ,  mais  assez  claire  ,  les  points  cardinaux  de  cette  contree 
qu'il  a  dit  ctre  situ(^e  enlre  le  duche  de  Juliers  au  scptentrion  , 
Telectorat  de  Treves  au  midi,  quclqucs  terres  de  I'electorat  de  Co- 
logne a  roiient,  et  le  duche  de  Luxembourg  a  Toccident.  Get 
auteur  en  a  donne  la  division  en  cinq  comtes  suivant  Hubner  ,  et 
il  a  ^galement  rapporle  cclle  de  Baudrand. 

En  cherchant  sur  la  carte  les  points  donncs  par  ces  dernlers 
diclionnaires ,  qui  ne  font  d'ailleurs  nuUemenl  connailre  la  super- 
ficie  de  cette  contree,  nous  avons  reconnu  que  I'Eiffel  faisait  non- 
seulemenl  partie  des  anciens  departemens  de  Rhin-et-Mosellc  et 
de  la  Boer,  mais  encore  de  cclui  de  la  Sarre  ,  ce  qui  vient  a  I'appui 
de  I'opinion  que  nous  nous  sommcs  formee  de  ce  pays,  et  qui  fait 
voir  combien  est  fautif  Tarticle  du  dictionnaire  d'Aynes  qui  dit  que 
cette  contree  etait  enclavee  dans  les  seuls  departemens  de  Bhin- 
et-Moselle  et  de  la  Boer. 

Les  dictionnaires  de  Corneiile  et  de  la  Marlinierc  s'accordenl 
a  reconnaitre  que  les  geograpbes  du  temps  oil  ils  ecrivaient ,  ne 
connaissaient  pas  exaclement  les  limites  de  cette  contree  :  Voici 
comment  s'exprime  Cornellle  :  On  n'cn  sail  pas  bicn  les  homes. 

]>e  la  Marlinierc ,  apres  avoir  donne  les  points  cardinaux  du 
pays  d'Eiffel ,  que  nous  avons  reproduils  ,  ajoute  :  Mais  scs  limites 
lie  sont  pas  hien  fixes ,  il  est  vicmc  amis  duns  la  plupari  dcs  carles 
recentes. 

A  quol  tient  done  I'insouclance  dcs  geograpbes  sur  cette  agreste 
et  malheureuse  contree  ,  pour  avoir  non-seulement  neglige  d'en 
assigner  la  position  precise  sur  la  carle ,  mais  encore  de  la  decrlre 
exaclement  dans  les  Dictionnaires,  donl  la  plupari  sont  en  con- 
Iradlctlon  manifeste  ^  Nous  ne  pouvons  nous  arreler  .i  I'ldee  que 


268 

son  peu  d'etenduc  en  soil  la  cause,  puisque  la  republiqiie  deSainl- 
Marin,  qui  n'a  environ  qu'une  lieue  quarree  de  surface,  qui  n'est 
reellcincnt  visible  qu'au  microscope  sur  nos  mappeniondes  ,  qui  - 
n'cst  qu'un  point  sur  une  carle  d'Europe  ,  sc  Irouve  niemc  deler- 
minec  sur  nos  pelitcs  cartes  d'lfalie,  de  nianicre  a  presenter,  au- 
tant  que  rccliclle  le  pcnnet,  la  forme  de  son  terriloire. 

N'ayantpu  nous  procurer  a  la  bibliothequedu  Roi,  ouellen'existe 
pas  ,  la  traduction  de  la  statistique  des  pays  d'Allemagnc  rdunis  k  la 
France,  de  Hoeli,  non  plus  que  le  Memoire  statistique  du  depar- 
tement  de  Rliin-et-Moselle,  par  Masson,  secretaire-general,  et  qui 
est  regarde  coiume  Touvrage  le  plus  coniplet  et  le  mieux  fait  sur 
le  deparlement,  nous  avons  consulte  toutes  les  statistiques  des  Irois 
departemcns  de  Rhin-et-Moselle,  dc  la  Roer  et  de  la  Sarre ,  que 
nous  avons  pu  nous  procurer.  Quclques  unes  trailent  de  I'Kiffel, 
mais  sans  faire  connaftre  ni  sa  situation,  ni  sa  population  i\  quel- 
que  ^poque  que  ce  soit.  A  Texception  des  details  du  genre  de  ceux 
que  nous  avons  cite's ,  on  n'y  trouve  rien  sur  I'histoire  de  ce  pays , 
sur  son  organisation  civile ,  judiclaire  ,  politique  et  religieuse. 
Quant  h  Tinstruction,  la  ville  de  Munster- Eiffel  est  signalee 
comme  ayant  poss(!de  un  college  ,  compose  de  cinq  niaitres  et  dun 
pr^fet.  Aucune  annotation  dans  la  division  par  arrondlssCmens  et 
cantons  des  trols  departemens  dans  lesquels  cette  contr^e  ctait 
enclav^e,  n'indique  que  telle  ou  telle  commune  appartenait  avant 
la  reunion  a  la  France  au  pays  d'Eiffel.  Une  seule  mention  rela- 
tive a  I'agriculture  ,  fait  connaitre  le  canton  d'Olmeu  comme  appar- 
tenant  i  ce  pays  ;  on  trouve  aussi ,  dans  un  autre  passage  :  Les 
j'uges  de  paix  du  pays  d'Eiffel ,  onl  phis  som^ent  des  proccs  a  cona'tier 
que  des  allcntals  a  poursuwre.  Celte  phrase  qui  semble  iudicjuer  que 
les  lois  trouvent  peu  de  coupablcs  dans  cette  contrde  ,  prouve  qu'elle 
etait  divisd^  en  cantons,  mais  n'en  fait  pas  connaitre  les  noms  ni 
le  n ombre. 

La  lecture  de  ces  Memolrcs  statistiques  qui  sont  encore  les  ou- 
vrages  les  plus  modernes,  quoiqu'ils  datent  de  1800  ;>  1802  ,  nous 


2G9 

a  convaincus  que  ce  pays  pen  connu  ctait  encore  a  decrire,  el  qu'il 
lie  I'avait  ele  jusqu'.^  present  que  il'une  maniere  tres-imparfaile.  II 
cxistalt  il  y  a  environ  seize  ans,  dans  la  bibliolheqne  <le  la  ville  tie 
Eonne,  un  manuscrit  tie  M.  Chaunat,  ayant  pour  litre  VEiJJlia 
illuslrata.  INous  ignorons  si  cet  ouvrage  a  ete  llvre  a  Timpression. 
L'Eiffel  qui  forme  une  rtigion  naturelle  ,  estbaigneeparl'Ahr  et 
laNeff  qui  prennent  leur  source  dans  les  montagnes,  pour  se  jeter 
onsuite  dans  le  Rliin ,  apres  un  cours  d'environ  tlouze  lieues, 
pourrait  devenir  le  sujet  d'un  prix.  En  le  mettant  au  concours  ,  la 
Socieiti  de  Geographic  conlribueralt  a  fairc  coniiaitre  ce  pays  ; 
il  en  resulterait  peut-eire  quelque  bien  qui  tourncrait  au  profit  de 
I'agriculture  ,  de  I'assainissement,  de  I'industrie  etde  la  civilisation 
de  cette  triste  et  interessante  contree.  Cette  gloirc,  Messieurs, 
n'esl  point  a  dedaigner,  et  si  cette  proposition  pcul  obtenir  voire 
assentiment,  nous  nous  estimerons  heureux  de  I'avoir  soumise 
d'avaiice  a  vos  medilalions. 

Apres  cette  digression  nous  reprenons  i'analyse  de  I'ouvrage  de 
,M.  Audenelle. 

Si  la  culture  n'est  qu'un  moyen  secondaire  de  subsistance  pour 
I'Eiffel  et  le  Scbambourg,  la  nature  y  a  compcnse  son  avarice  a 
cet  egard  par  des  richesses  metallurgiqucs  qui  en  constituent  la  na- 
ture essentielle  tlu  sol ;  niais  ce  qui  double  leur  interet,  c'est  qu'elles 
gisent  a  colt;  tl'une  inepuisable  provision  de  charbon  de  lerre  ,  qui 
permet  d'y  utiliser  les  mines  reservt-es  a  Taction  du  feu,  sans  porter 
la  destruction  dans  les  forets.  L'auteur  donne  une  idee  tie  limpor- 
lance  de  ces  mines  de  fer,  de  plomb,  de  cuivre,  de  mercure  ,  de 
zinc-oxide,  etc.,  ainsi  que  tie  la  situation  et  de  I'exploitation  des 
houilleres  des  Etats  prussiens ,  les  plus  belles  connues  el  les  plus 
facUes  a  exploiter.  Ces  houilleres  qui  sonl  Ires-bien  adminislrt'es  , 
sontune  source  de  prosperite  pour  le  pays.  Forct!'S  d'abreger ,  nous 
passorss  rapidemenl  sur  des  details  interessans,  pour  arriver  a  la 
Jiaviere  rhenane,  comprise  entre  la  Prusse  el  le  Rliin  ,  elfpii  a  ^tt; 
formtie  du  duche  de   Deux — Fonts  cl  dune  partie  du   Palatiiial. 


270 
L'auteur  tralle  <le  scs  ressources  agricoles  ct  forestieres ,  de  I'educa- 
lioii  des  betes  a  cornes,  des  chevaux  ,  des  Iroupeaux  et  de  sa  topo- 
graphle ;  il  donne  la  description  du  Mont-Tonnerre  ,  du  Hunsmck, 
du  Sohnvald  et  du  jMoiil-Jdar  ,  des  routes  ouverles  au  com- 
merce ,  etc. ;  puis  il  hasanle  quelques  trails  sur  le  caractere  ,  les 
moeurs  ,  les  idiomes  et  les  religions  des  habilans  du  sol  limitrophe 
des  trois  deparlemcns.  Franchissant  la  limite  frontiere  et  portant 
dc  nouveau  ses  recherches  sur  Ic  sol  de  la  palrie  ,  l'auteur  traile  dans 
le  livre  cinquieme  ,  sous  le  litre  de  Resume  hislorique,  des  dvenc- 
mens  qui  se  sonl  passes  dans  celle  parlie  de  la  Gaule  lielglque  sous 
les  Gaulois,  les  Romains,  les  Francs  ;  il  retrace  les  faslcs  de  cctlc 
contree  aux  differenles  epoques  oii  elle  iaisait  partie  de  I'Austrasie 
et  de  la  Lorraine.  Une  sous-division  traile  de  la  feodalite  et  des 
cliJiteaux.  Ce  livre  ou  quelques  erreurs  se  sonl  glissecs  ne  presentc 
rien  de  neuf  et  n'est  que  le  resultat  d'une  compilation. 

Le  livre  sixieme  ou  I'Archeologie,  estun  appendice  important  de 
la  parlie  historique ,  dont  il  presentc  les  preuves  aulhentiques  aux 
premier  ct  second  ages;  ce  livre  donne  dans  une  premiere  section 
des  notions  arclieologiques  sur  les  premiers  siecles ,  decrit  les  an- 
ilquiles  de  Melz,de  Scarponne,  les  lomheaux  ,  les  rulnes,  les 
statues ,  les  voies  militalres,  les  camps  slationnaires  des  Romains  , 
et  le  fameux  monument  d'Igel  ,  slluc  au-dessus  de  Treves,  el  sur 
I'origlne  duquel  il  exisle  une  foule  d'opinions  dlvergcnles ;  dans 
une  seconde  section,  il  presentc  dans  Tordre  alpliabctique,  la  des- 
cription topograpbique  el  slatisllque  des  etablissemens  feodaux  , 
milllaires  et  rollgieux,  dont  Toriginc  remonle  au  moycn-age  ,  et 
auxquels  se  rallacbent  quelques  souvenirs  ou  quebpies  Tails  remar- 
quables.  Le  livre  seplieme  est  une  esquisse  des  moeurs  de  la  contree. 
L'auteur  les  decrit  a  differenles  epoques,  examine  les  causes  de  la 
civilisation  el  constate  son  etal  present.  Ses  tableaux  des  ana- 
baplislcs  rcpandus  dans  les  cantons  de  Test  dc  Nassau,  des  jults 
fixes  en  Lorraine  ,  ctparllculierement  a  Metz,  des  bohemlens  des 
environs  dc  Hitdie  cl  de  Forbach,  sonl  remarquables  par  l<i  viiite 


271 

<iescouleurs  cl  la  nouveautedcs  observations.  Le  huitieme  et  dernier 
livre  tralle  des  causes  gcnerales  de  riniportance  des  iVontieres 
liord-est;  de  la  condition  de  Thabitant  considere  dans  ses  rapports 
avec  I'attitude  militaire  du  pays  ,  de  Tesprit  militaire  qui  y  regne  ; 
de  la  position  relative  de  la  Prusse ,  des  Pays-lias  et  de  la  JJaviere  ; 
de  I'examen  physique  de  la  frontlere  et  des  recherches  sur  les 
moyens  defensifs.  Nous  nous  abstlendrons  de  donner  le  moindre 
developpcment  sur  cette  matierc  ;  c'est  principaleinent  a  MM.  les 
ingenieurs  militaircs  et  aux  officiers  de  retat-niajor  qu'il  convienl 
d'apprecier  les  considerations  qui  en  font  Tobjet. 

Saus  porter  de  jugement  sur  cet  ouvrage,  divise  en  deux  parties 
bien  dislinctes,  la  topographic  et  la  stalislique  d'une  part,  I'histoire 
et  les  moeurs  de  I'autre,  et  qui  offre  une  connalssance  sommaire  et 
positive  de  la  conlree  qu'il  enibrasse,  nous  ne  pouvons  cependant 
nous  empeeher  d'ajouter  que  la  premiere  partie  est  le  fruit  des 
investigations  et  des  explorations  de  I'auteur,  quelle  est  riche  de  ren- 
seignemens  vrais  et  ncufs  ,  et  qu'elle  est  surlout  remarquable  par  la 
serie  des  etablissemens  industrlels  qui  y  sont  decrits  dune  maniere 
t res-complete  ;  la  seconde  partie  est  une  compilation  historique  des 
Annales  de  la  Lorraine,  de  don  Calmet;  de  la  description  de  cette 
province ,  par  Durival ;  de  I'histoire  geneaiogique,  par  Deligniviile ; 
de  I'histoire  du  Luxembourg,  du  pere  Bertholet;  des  antiquites  de 
I'ancienne  Gaule,  de  Grivault  de  la  Yincelles  ;  des  memoires  de 
Boulainvilliers;  des  chroniques  de  la  ville  de  Mctz,  et  des  statisli- 
ques  qui  ont  ete  publiees,  notamment  de  celle  de  la  Moselle,  par 
Colchen  ;  de  la  Meurthc,  par  Michel,  etc. 

Sueur-Merlin. 


OhseiviUiuns  siir  les  prugrcs  de  la  population ,  de  Vagricullure  et  dii 
commerce  de  MatAIVZAS. 

RIen  n'est  plus  important  pour  cclui  qui  lilucllc  la  iiiarclie  de  la 
civilisation  et  I'accroisseinent  de  la  richesse  des  peuples  modernes, 
que  de  comparer  Ics  progrcs  successifs  de  quclques  nations  dans 
toutes  les  branches  qui  contribuent  au  bonlieur  d'un  pays.  Ma- 
tanzas  est  dans  ce  cas;  les  elemcns  de  prosperite  que  celte  villc  ren- 
ferme  la  destinent  a  devenir ,  avec  le  tenq)s,  un  des  ports  les  pins 
conunert^ans  de  liie  de  Cuba.  Sa  position  geographlquc  et  militaire 
sur  une  des  principales  baies  de  I'ile  lui  donne  de  grands  avanlages. 
Ce  port,  d'ailleurs,  situe  surle  confluent  des  deux  canaux  de  -Bahama 
et  sur  le  bord  de  deux  rivieres ,  offre  une  rade  susceptible  d'etre 
parfaitement  bien  defcndue. 

A  ces  avantages  naturels  sc  joignent  les  efforts  que  fait  cette  ville 
pour  rivaliser  avec  la  capitale  qu'elle  avoisine,  efforts  aides  des  cir- 
constances  les  plus  favorables  au  developpenient  des  idces  utiles.  11 
n'en  est  pas  ici  comme  dans  les  grandes  villes  ou  des  vues  saines, 
les  intentions  les  plus  pures  et  les  plus  patrioliques  renconlrent 
une  foule  de  contradicteurs  qui  ,  meconnaissant  les  conceptions 
les  plus  fecondes  en  prosperite  publiquc,  s'efforcent  de  repousser 
le  bien  pour  un  mieux  que  souvent  ils  revent  en  se  livrant  a  dc 
dangereuses  abstractions.  Ces  avantages,  je  le  repete  ,  ne  peuvent 
que  tourner  au  profit  de  cette  ville  a  peine  sortie  de  son  berccau. 

D'apres  les  renseignemens  slatisliqucs  rounis  en  1816  par  don 
Juan  Tirry,  gouverneur  de  Matanzas  a  cette  epoque,  la  population 
de  la  ville  se  monlail  alors  a  444^  habitans  seulement  repandus 
dans  705  maisons;  aujourd'hui,  en  1827,  ce  nombre  a  plus  que 
double.  On  y  conipte  en  effet  g333  individus  demeurans  dans 
i5GG  maisons.  Accroissement  prodigieux  dans  I'espace  de  10  an- 
nees!  L'dtat  comparatif  suivant  fait  voir  la  repartition  dc  la  popu- 
lation a  ces  deux  epoques,  et  les  proporlions  exislanles  erilrc  les 
diverscs  castes. 


27>> 


Etat  comparatij de  la  population  de  IVIatanzas  ,  pour  !es  deux  annecs 

1816  et  1827. 


ANNEES. 

BLANCS. 

Hi'MMES 

de  coiileur , 

l;i>rp«. 

ESCLAVES. 

TOTAUX. 

PUOPORTIONS 

eiilre 

I.E-:  C\S1ES. 

1816 
1827 

2/(.2.1 

5oi5 

lOIO 

IG88 

IO16 
2680 

4.;4c 
9333 

54,    23,    23 

54,  18,  28 

E\CEDAKT. 

259'. 

678 

1614 

4887 

La  difference  en  plus  pour  les  esclaves  provient  tlu  luxe  qui  s'est 

iiitroduit  dans  les  habitations.  On  veut  imiter  les  nioeurs  de  la  ca- 

pitale,   et  Ton  remplit  sa  demeure  de  valets  inutiles.   Que   Ton 

compare  ces  resultats  avec  ceux  qui  onl  ete  recueillis  sur  la  Havane 

et  ses  faubourgs,  depuis  1791  jusqu'a  1810  (  Voyez  VEssa! pollLlque 

sur  File  de  Cuba ,  par  M.  de  Humboldt  (i)  )  ,  ct  dont  les  rapports 

presentent : 

Pour  les  blancs 73 \ 

' —     les  lionimes  de  couleur ,  libres..      1 7 1 1 

,           ,  P  f,  \  pour  cent. 

'     —     ies  esclaves looj 

—     toutes  les  castes ^^7] 

On  s'apercevra  que  I'accroisseinent  de  la  population  lotale  de  la 
Havane,  dans  I'espace  de  vingt  annees,  presente  le  rapport  de 
117  pour  cent ,  quelque  chose  de  plus  que  les  no  pour  cent  qu'offre 
malntenant  Manlanzas  dans  dix  annees  seulement.  En  souniettant 
cette  comparaison  a  une  meme  echelle ,  on  obtient  pour  les  trois 
castes  les  rapports  suivans  : 

Ala  Havane,  dans  10  annees 36 — 8G — 82 

A  Matanzas         id.  id. 37 — 13 — 36 

(i)  Voiraussi  VAper^i,  statiitlque  de  Cuba ,  par  M.  Huber. 


:^74 

On  appcllera  done  accroissenient  favorable  ,  Fexcedant  dcs 
blancs  a  Mafanzas,  coniparativemcnf  a  cclui  de  la  Havanc ,  landis 
quo  eel  exeedant  est  moiudre  pour  la  population  dhoninies  de  cou- 
leur ,  soil  libres  soil  esclaves. 

Une  consequence  assez  nalurelle  de  ce  prodigieux  accroissemcnl 
de  la  population  de  -Matanzas ,  c'est  la  marche  progressive  de  sa 
prosperile  taut  inlerieure  qu'exterleure.  AInsI  le  nombre  de  ses 
rnacasins,  de  ses  boutiques  a  dii  saccroitre  proporlionnellcmeni 
dans  le  meme  espace  de  temps  :  et  d"un  autre  cole  ,  I'agricullure 
aufani  que  le  commerce  maritime  en  a  dii  tirer  avanlage.  On  en 
pent  juger  par  I'examen  du  tableau  suivant,  qui  s'occupe  speciale- 
ment  des  lieux  dependans  de  la  jurldiclion  de  cclte  ville. 


IlIuI  iViine  partie  de  la  richesse  agricole  ties  7  pari/dos  de  la  juridiction 
de  MantanzAS  ,  en  1826. 


Quantilc. . 

tj  /  Caballerias 

P  I  Esclavcs, 

CO 

g    /Quantitc 

6    1  Caballerias 

!<    (  Esclaves 

c/,    /  Quantitc 

o 

=^    '  Caballerias 

H    (  Esclaves 

p. 

"'     /Quantite 

3    I  Caballerias 

^  I   T-       1 

<       il.sclaves 

Proprie'te's  tliv.  (haciendas). 


36 
1089 

2480 

4f 

14s 

1624 

18 

io5 

1 53 

298 

3o2 


839 

'89  i 

>9 
20G 


i3 

137 

ago 

49'^ 
481 


58 
83 

10 

102 

02 

i55 

479 
17' 


497 
io58 


80 
176 

2645 

22 
267 
220 


145 
97 


9 

282 

734 


7 
89 

28 
3i3 
208 

7' 
i3i 


I 
36 
16 

'9 
12 


4> 
786 


25' 


-'■t; 
i43i 

32S 


79 


12 

a5i 

711 

1 7 

80 

1371 

16 
5i 
5o 

190 
33o 
214 


loG 
3 108 
8193 

Hi 

714 

7202 

.48 
1S12 
1006 

ii63 
33o6 
1677 

81 


I  Cihallcria  ,  mesura  dr  tciTe  cgale  a  trentc-Jciix  arcs  cl  dcmi. 

'  Polreros ,  puluragc  cuclos  ou  Ton  met  li^s  Ijirnls  a  IVngrals. 

3  E.itancias  ou  silios  ,  portion  de   terrain   oil  Ion  ciillivc  le  manioc  ,  Ic  liananicr  ,  1. 
iiiais  ,  \o  fourrdgc  ,  clc.  ( Places  a  vivres.  ) 


ii 


Comparuison  dii  tililrau  tju  I  precede ,  eiitre  les  anrtecs  1816  ri  182G. 


r.N 
181G. 


I  826. 


EXCEUANT 
,..Hir  1827, 


Sucrcrics 

Cafelrios 

Polrcros  (  palurages  )..  .  . 
Estanclas  (  places  a  vivres  ). 
Etablisscmens  divers 


76 

1 38 
6G7 


loG 

2.;4 

i48 

iiG:i 
81 


00 

iG(j 

10 

GyG 

81 


Le  tableau  qui  suit  sert  a  intliciucr  reienilue  qu'occupenl  Ics  pro- 
prietcs  inirales  tlans  Ics  sept  districts  de  la  juiidiclion  de  Matanzas, 
etendue  qui  presente  8cj4i  caballcrias  de  pays,  ct  dans  laquelle  se 
trouvcnt  repandus  18078  negres  esclavcs,  ainsi  qu'il  suit  : 


PIIOPRIETES. 


CABALLERIAS 

DK  TERI'.E- 


ESCLAVES. 


Sucreries :  •  •  ,* 

Cafeirles .  .  .  • 

Polrcros  (  pdlurages  ).  .  .  — .- 
Estanclas  (  places  a  vivres  ).  . 


3io8 

714 

1812 

3307 


8193 

7202 
1006 
1G77 


«94i 


(81178 


Ce  qui  precede  nous  demontre  que  la  culture  et  la  fabrication 
de  la  canne  a  sucrc  occupent  les  ^^.oo  de  la  population  esclave  , 
que  la  culture  «lu  cafe  en  occupe  les  '*°l,oo  ,  les  palurages  ''/.oo  ,  et 
les  plantes  alimentaires  s/.  oo- 


27 

Le  role  des  annees  1817  et  1827  presente 


fSyyoescIav.  alnrainpagnc,  f  18078  escl.  ^  la  campacne. 

poiiriSt7<         r      -J      -  1       -ri  pouri827<      ^^       .        . 

^  '(ioi6     ic?.     alaville.  '  ^(    2G3o    /J.  alaville. 


enseiTil)Ie  9786  osclnves. 


ensemble  20708  esclaves. 


Si  I'oii  veut  connailrc  le  genre  d' occupation  auquel  se  livre  cette 
population  esclave  ,  on  trouve 

que  les  sucreries  emploient 3q\ 

les  cafcirles  id 35  j        centi^mes 

les  piilurages         id. 5 1  de 

lesproprletesdiverses   id A^^^^^  population, 

la  vllle  id. i3 ) 

II  est  facheux  que  Ton  n'ail  pas  de  renscigneniens  precis  sur  les 
individus  blancs  de  la  campagne  et  sur  ceux  de  couleur,  libres.  On 
aurait  alors  pu  elabllr  les  rapports  de  leur  accroissement  respectif 
pour  les  comparer  avec  le  total  de  la  population  de  cette  juri- 
diclion. 

Quant  au  commerce  tnarilime  de  Matanzas,  don  Ramon  de  la 
Sagra  a  pu  reunir  assez  de  renseignemens  pour  tracer  le  tableau 
de  sa  prosperite  actuelle. 

L'exportatlon  des  denrees  du  pays  se  fait  non-seulement  par 
Matanzas  ,  mais  encore  par  d'autres  points  de  la  cote  connus  sous 
les  noms ,  Tune  de  Puerto  Escondido  ,  et  I'autre  de  Arcos  de  Caiiasi, 
lieux  par  lesquels  se  fait  aussi  le  cabotage  ;  on  peut  evaluer  environ 
a  20,000  caisses  les  sucres  introduits  de  ces  endroits  a  Matanzas. 
Les  exportalions  de  ce  port  s'effectuent  ensuite  soit  a  I'etranger  , 
soil  a  la  Havane ;  mais  si  Ion  vicnt  a  examiner  les  bordereaux 
des  douanes  de  Matanzas,  on  y  remarque  que  le  transport  des 
denrees  pour  la  capilale  dimlnue  a  mesure  que  le  commerce  avec 
I'exterieur  acquiert  plus  d'aclivite. 

\  oici  I'etat  des  exportations  en  sucre ,  cafe  et  mdlasse ,  effec- 
luees  par  Matanzas,  dcpuis  1818  jusqu'a  1826  ,  savoir  : 

18 


278 


. 

CAISSES 

QUIISTAUX 

BOUCAUTS 

ANNEES. 

dc 

<le 

lie 

srcRE. 

r.\FE. 

MKT.ASSF.. 

1818 

89,500 

34,229 

11,095 

18,9 

42,279 

47'94' 

8,355 

1820 

57,068 

i8,4'>i 

10,714 

182, 

60,492 

52,438 

"'74? 

1822 

64,953 

24,640 

16,759 

1823 

75,082 

17,933 

20,985 

1824 

67,158 

46,182 

23,448 

1825 

67,372 

28,486 

24,086 

1826 

91,209 

5i,o33 

23,657 

Toutes  ces  donnees  sont  des  Indices  suffisans  pour  prouver  I'ac- 
crolsscment  de  la  population  ct  de  Tinduslrie  agricolc  et  comnier- 
ciale  de  Matanzas.  Elles  offrent  un  avenir  satisfaisant  pour  une 
ville  qui  comme  celle-ci  reunit  de  si  precieux  avanlages.  Le  mou- 
vement  commercial  de  ce  port ,  pendant  la  dcrnierc  annee ,  vient 
a  I'appui  de  cette  assertion.  Ce  mouvement  presentc  281  navires 
etrangers  et  5  espagnols  a  \ entree  et  222  navires  elrangers  et  4 
espagnols  a  la  sortie. 

L'exporlation    pour    les   ports   espagnols  s'eleve  a  piastres. 

la   valeur  de 81,260) 

T-             1                  .                   .  00/}  1, 800,004 

jLt  pour  les  ports  elrangers,  a 1,010,274  J        ^•' 

Soit  9,498,000  francs. 


/ 


=79 


L'importation  dc  provenance  espagnole 

s'eleve  a  la  valeur  de 24., 848 1 

Et  celle  de  provenance  etrangcrc,  a.  .        978,324.)    '        ' 
Soil  5,016,000  fr. 

Ensemble     2,902,806 

Environ  quatorze  millions  et  demi  de  francs. 

Le  releve  de  douanes  a  Matanzas  presente  pour 

droits  percus  a  rentree,  la  valeur  de 3i4,i85 

—       id.     a  la  sortie i3o,oo4. 

444,189 

Soit  2,221,000  francs. 
Si  Ton  considere  les  valeurs  des  droits  de  douane  pergus  a  la 
Havanc  dans  la  meme  annee ,  Icsquels  s'elevent  : 

Par  Timportation  a.  .  . 12,197,003  piastres 

Par  rexporlation  a 10,060,329       id. 

22,287,332  piastres. 

Soit  111,286,660  fr. 
Et  si  Ton  compare  ces  valeurs  en  douane  avec  celles  per^ues  k 
Matanzas ,  il  resulte  : 
1°  Qu'a  la  Havane  , 

Timportalion  a  <ite  grevee  de 23  '/s  pour  cent ,  et 

Fexportation         id.  de 6  '/,  id, 

2°  Qu'a  Matanzas  : 

l'importation  a  ete  grevee  de 3i  '/s  id. 

Texportation         id.  de 7  'A  "'• 

La  difference  des  droits  d'un  port  a  I'autre  provient  du  com- 
merce considerable  que  Matanzas  fait  avec  I'^tranger  ,  comparati- 
vement  avec  celui  qu'il  fait  avec  les  Espagnols.  En  effet  ,  en 


28o 

examinant  les  dlats  <lcs  am'oages ,  on  voit  que  Ics  rapports  entre  Ic 
iiombre  des  batimons  cspagnols  ct  ceux  clrangcrs,  est  conimc  i 
est  a  g  pour  la  Havane,  et  conmie  i  est  a  55  pour  Malanzas;  les 
rapports,  quant  aux  exporlatlons ,  sont  counne  i  est  a  1 1  pour  la 
Havane,  et  conune  i  est  a  ^6  pour  IMalanzas. 

On  ne  <loil  pas  s'etonner  que  Theurcuse  posllloii  du  port,  la 
situation  de  la  ville ,  la  fertilite  de  son  territoire  ,  TaLondance  des 
bols  et  la  proximite  des  maleriaux  pour  les  constructions  soient 
autant  de  causes  qui  provoquent  et  favorisent  cclte  croissante  pros- 
perite.  Les  elrangers  qui  viendront  y  fixer  leur  residence  sontsitrs 
d'etre  Lien  accueillis  par  le  gouvernemcntconime  par  les  habitans. 
Quand  on  voit  rhomine  affectionner  le  pays  qu'il  va  visiter ,  c'esl 
qu'il  s'y  trouve  bicn. 

Lorsque  je  me  proposai  de  livrer  au  public  une  courte  notice 
sur  Matanzas ,  je  nepossedais  encore,  ditdon  Ramon  de  la  Sagra, 
dans  les  Annales  d'agricullure  et  des  sciences  qu'il  publie  a  la  Ha- 
vane (novenibre  1827  )  ,  que  des  donnees  stalisliques  tres-incom- 
pletes  ;  mais  desirant  acqucrir  de  nouvellcs  lumiercs  sur  ce  point 
si  interessant,  je  me  detenninai  a  recourir  aux  archives  de  la 
ville  ;  a  mesure  que  je  decouvrais  de  nouveaux  elemens  qui  me  fai- 
saient  passer  d'une  consideration  a  une  autre  ,  je  me  vis  bientot  a 
meme  d'cn  dcduire  toules  ses  consequences,  Satisfait  d'apercevoir 
Paccroissement  sensible  de  la  prosperite  d'une  ville  modeme,  je 
transformai  mon  article  en  un  petit  rccuell  sur  les  richesses ,  la 
population,  Tiuduslrie,  le  commerce  el  les  productions  du  district 
ou  juridiction  de  Matanzas;  mais  conune  mes  materiaux  s'etaient 
beaucoup  accrus,  je  les  jugeai  tropetendus  pour  un  journal  perio- 
dique ;  aussi  me  suls-je  borne  a  en  donner  la  substance.  Ce  recit 
rapide  suffira  pour  falre  deviner  tout  ce  que  I'avenlr  promet  a  une 
conlree  vierge  qui  n'altend  que  des  bras  pour  parvenir  h  uii  baut 
point  de  prosperite. 

Signe   11  USER. 


28 1 

-^^Jiacr-T 

DEUXIEME    SECTION.  " 

ACTES    DE    LA    SOCIETE. 

^  1«'".    Proces-P'erbaux  des  Seances. 
Seance  dit  7  nowmbre  1828. 

M.  le  due  dc  Saxe-Wcimar  est  adrnis,  d'apr^s  son  desir, 
nicmbre  donateur  de  la  Soclete. 

Le  mliiistre  de  rinterieur  remercie  la  Socit^te  de  lul  avoir  com- 
munique les  renseignemens  qu'elle  a  re^us  sur  le  voyage  de  M.  Au- 
gusle  Caiile  dans  le  centre  de  I'Afrique,  et  annonce  qu'il  s'est  em- 
presse  de  recommander  cet  interessant  voyageur  a  la  bienveillance 
de  S.  E.  le  ministre  de  la  marine. 

M.  Jomard  informe  la  Societi^  qu'il  a  eu  k  ce  sujet  une  au- 
dience du  ministre  de  la  marine,  et  que  S.  E.  est  dans  les  disposi- 
tions les  plus  favorables. 

M.  Delaporle,  dans  une  lettre  adressee  h  M.  le  President  de  la 
Soclete  et  dans  deux  nouvelles  lettres  adressees  a  M.  Jomard , 
transmet  des  details  sur  le  voyage  de  M.  CalUe ,  et  annonce  que 
sa  residence  a  Tomljoctou  etait  voisine  de  celle  qu'avalt  occup^e 
dix-huil  mois  auparavant  le  major  Laing. 

M.  Jomard  communique  une  lettre  qu'il  a  re^ue  de  M.  John 
15arro\v  de  Londres,  au  sujet  des  voyages  en  Afrique,  et  dans  la- 
quelle  ce  savant  reclame  lapriorite  en  favcur  du  voyageur  anglais, 
pour  le  voyage  de  Tomboctou.  11  cite  une  lettre  du  major  Laing, 
datee  de  Tomboctou,  le  21  septcmbre  1826,  et  arrivee  en  An- 
glelerre  par  la  voie  de  Tripoli.  M.  Jomard  comnmnique  egalement 
la  reponse  qu  il  s'est  empresse  de  faire  a  M,  .J.  Barro\v,  et  dans 
laqueile ,  apres  avoir  rendu  une  egale  justice  aux  voyageurs  des 
deu!^  nations  qui  ont  penetre  dans  le  centre  de  I'Afrique,  il  fait 


282 

remarquer  que  M.  Caill^  n'a  pas  6t6  prdsente  par  M.  Delaporle 
ni  par  personne,  comme  dtant  le  premier  Europecn  parvenu  a 
Tomboctou,  niais  comme  clant  Ic  premier  et  le  seul  qui  soil  re- 
veuu  de  la  en  Euro[)e.  Sur  la  proposition  de  MM.  Cadet  de  Metz, 
Sueur-Merlin  et  de  la  Roquelle,  la  Commission  cenlrale  vote  des 
remerciemens  a  M.  Jomard ,  et  ordonne  I'lnsertlon  au  -Bulletin 
des  deux  pieces  dont  il  vient  de  donner  lecture. 

Le  m^me  communique  plusieurs  reflexions  sur  le  voyage  de 
M.  Caille,  lesquelles  sont  suggerees  par  les  lettres  qui  lul  sont 
parvenues  ;  ii  fait  remarquer  entr'autres  les  embarcalions  de 
soixante  tonneaux  sur  lesquelles  a  navigue  levoyageur,  comme  un 
fait  qui  a  besoin  d'cxplicalion. 

M.  le  vice-amiral  Jacob,  prefet  maritime  a  Toulon,  ecrit  de 
cette  ville  qu'il  s'est  empress^  de  remettre  h  M.  Caille  rindemnile 
qu'elle  lui  avait  adressee  pour  cat  interessant  voyageur. 

M.  de  \Ins  de  Peyssac,  consul  general  de  France  a  la  Havane  , 
ecrit  que  M.  Daunery,  gerant  de  ce  consulat  anterieurement  a  son 
arrivee,  I'ayant  informe  de  I'envol  qu'il  falsalt  a  la  Societe  des 
Annales  des  sciences  publices  par  M.  Ramon  de  la  Sagra ,  il  s'eii!- 
pressait  de  lui  adresser  la  suite  de  cette  collection.  II  offre  egale- 
ment  de  seconder  de  tons  ses  efforts  les  travaux  de  la  Societe.  Re- 
merciemens. 

M.  de  la  Roquette  lit  une  letlre  que  M.  le  colonel  (ilraldes , 
consul  de  Portugal  au  Havre ,  lui  a  ecrite  pour  reclamer  en  faveur 
du  tableau  statistique  qu  il  a  publle  en  iSaS,  la  priorile  sur  la 
balance  politique  duglobede  M.  IJalbi,  qui  n'en  seraU,  suivant  lui, 
que  la  cople  imparfalte.  11  annonce  qu'il  offrira  incessammcnt  a  la 
Societ(5  une  statistique  tres-delaillce  des  iles  de  ?/Iadere ,  des  A(^ores 
et  des  ties  du  Cap  \  erf. 

M.  de  la  Roquette  fait  observer  que,  des  1818,  M.  Balbi  a 
publle  a  Vcnise  un  tableau  dont  la  balance  politique  n'est  qu'une 
extension  et  un  developpement,  et  il  explique  les  apparentcs  con- 
tradictions qui  semblent  cxistcr  enire  plusieurs  colonncs  de  celle-ci. 


La  Commission  decide  que  la  leltre  de  M.  (iiraldes  sera  inseree 
au  Bullerm  avec  les  observations  de  M.  de  la  Iloquelte. 

M.  W.  Bald,  ingenleur  du  comte  de  Mayo  en  Irlande,  met 
sous  les  yeux  de  I'assemblee  les  desslns  d'une  carle  de  ce  comte , 
en  aS  feuilles,  executee  avec  le  plus  grand  soln.  L'auleur  a  indique 
sur  cetle  carte  les  hauteurs  geodesiques  et  Larometriques  ainsi  que 
les  coupes  geologiques.  La  gravure  confiee  aux  soins  de  M.  Pierre 
Tardieu,  est  tres-avancee. 

M.  Brue  presente  a  la  Societe  plusieurs  cartes  ,  gi^nerales  et  par- 
tlculieres  de  I'Afrique,  et  annonce  quil  communiquera  a  la  pro- 
chaine  seance  une  note  sur  la  redaction  de  ces  cartes. 

M.  Alex.  Barbie  du  Bocage  fait  un  rapport  sur  Touvrage  que 
M.  Kelsall  a  offert  a  la  Societe  sous  le  tllrc  ile  :  Remarks  touching 
geography  especially  thai  of  the  British  isles,  etc. 

M.  Bottin  lit  deux  rapports,  le  premier  sur  divers  memolres 
et  dissertations  de  M.  Mangon  de  Lalande  au  sujet  de  la  position 
de  Tancienne  ville  de  Samarobrlva,  ct  le  second,  sur  la  disserta- 
tion de  M.  le  comte  d'Allonville ,  relative  aux  camps  remains  de 
la  Somme. 

M.  le  rapporteur  ne  prend  pas  de  conclusion  en  terminant  le 
premier  rapport,  parce  qu'il  n'esi  pas  facile  d'emeltre  une  opinion 
sur  cetle  question ;  mais  il  propose  qu'Il  soil  ecrit  a  M.  Mangon 
de  Lalande  pour  le  feliciter  du  zele  quil  met  a  elever  des  questions 
de  geographic  ancienne  dont  la  discussion  ne  pent  elre  que  tres- 
utile  a  la  science. 

Seance  du  21  no\>eml>re  1828. 

S.  Ex.  le  ministre  de  la  marine  informe  la  Societe  qu'elle  s'as- 
sociera  bieii  volonliers  aux  mesures  qui  seron I  prises  par  le  ministre 
de  I'interieur,  pour  recompenser  dune  maniere  convenable  les 
travaux  et  le  zele  de  M.  Caille  dont  elle  apprecie  tons  les  litres  ci 
I'lnteret  du  gouvernement.  M.  Jomard  presente  a  la  Societe, 
M.  Caille,   qui   vienl  d'arriver  de  Toulon;   celui-ci  adresse  a  !a 


284 

Socl^t^  ses  remerciemcris  pour  I'lntdr^t  qu'clle  a    Lien  voulu  lui 
temoigner. 

Sur  la  proposition  de  M.  Jomard ,  M.  le  President  riomme  unc 
commission  spdciale  pour  prendre  connaissance  des  resulfats  du 
voyage  de  M.  Caille  et  en  rendre  coniple  a  la  Commission  cenlrale. 
Cette  Commission,  composee  de  MM.  Cadel  de  iMetz,  Kyrles, 
Jaubert,  Jomard,  de  Larenaudiere  et  baron  Iloger,  est  invitee  a 
faire  son  rapport  avant  Tassemblee  generale  ,  dans  unc  seance  ex- 
traordinaire de  la  Commission  centrale.  (  Foy.  ce  rapport,  p.  245 
du  bulletin.) 

M.  Warden,  au  nom  de  M.  Latour-Allard ,  communique  I'ex- 
trait  d'une  leltre  adressee  a  M.  de  Forlin,  par  M.  le  comtc  de 
Sagui.  Cellc  lellre  annonce  qu'en  creusant  un  puits  a  12  lieues  de 
la  Havane,  on  trouva  a  100  pieds  de  profondeur,  un  vase  parfai- 
tement  conserve ,  couvert  de  caract^res  hyeroglypliiques ,  et  portant 
quelques  figures  dont  une  ressemble  a  un  sagittaire  du  zodiaque. 
Renvoi  au  comite  du  J5ulletin 

M.  Pacho  lit  un  fragment  d'un  ouvragc  inedit  sur  les  peuples 
INomades,  anciens  et  modernes,  ou  tout  en  reconnaissant  le  me- 
rile  des  observations  de  A  olney  sur  les  causes  de  la  vie  pastorale 
de  ces  nations,  et  les  appuyant  de  nouveaux  lemoiguages,  il  s'at- 
lache  cependant  a  combattre  les  inductions  que  le  meme  savant  a 
tirees  du  contraste  que  prcsentent  les  moeurs  des  sauvages  de  TAm^- 
rique  avcc  celles  des  Arabes  scdnites.  C'est  a  la  difference  des 
croyances  et  des  cubes  religieux  de  ces  bommes  des  deux  contincns 
que  M.  Pacbo  allribue  ce  contraste. 

M.  le  general  Haxo  lit  un  rapport  sur  Touvrage  deM.  le  general 
Bernard,  relalif  au  canal  projete  qui  doit  unir  la  baie  de  Cbesa- 
peak  k  rObio. 

La  Commission  rcnvoie  cc  rappporl  au  comite  du  Bulletin  et 
accueille  avec  empressement  I'offre  que  lui  fait  M.  Ambroisc  Tar- 
dieu  de  graver  xans/rais  la  carte  lopograpliique  qui  acconqjagne 
I'ouvrage  de  M.  le  general  Bernard,  pour  eire  jointe,  dans  ie 
Bulletin  ,  au  rapport  de  M.  le  general  Haxo. 


285 

M.  (le  la  Roquette  fait  aussi  un  rapport  siir  I'ouvragc  de  M.  le 
general  Andreossy ,  intitule  :  Constanf.iuople  et  le  BospJiore  de  Thrace. 

La  Commission  renvole  cc  rapport  au  coniite  du  Bulletin  avec 
rinvltatlon  d'en  inscrer  un  exirait  dans  un  des  premiers  cahiers  de 
ce  Kecueil.  (  T  oy.  le  bullelin  N"  67,  page  216.) 

M.  le  Chevalier  Jaubert  rend  coniple  des  progres  de  lininres- 
slon  de  la  traduction  de  I'Edrisi,  et  sur  sa  demande,  la  Commis- 
sion centrale  fixe  le  nombrc  du  lirage. 

M.  de  Ferussac  propose  a  la  Commission  de  prendre  one  deci- 
sion definitive  au  sujet  de  la  gravure  des  planches  qui  doivent  ac— 
compagner  TOrographie  de  TEurope  par  M.  Eruguiere. 

Renvoi  de  cette  proposition  a  la  section  de  comptabilite. 


§  2.  Ailmissi'ons  ,   Oiwrages  ofjerts  ,  cic. 


MEjVIBRES   NOUVELLEMENT    ADMIS    DANS   LA   SOCIETE. 

Seance  du  7  no\,iemhve  1828. 

M.  "William  Bald,  ingenieur  du  comte  de  Mayo,  en  Irlande. 
M.  Hapde,  homme  de  Icttres,  chevalier  de  plusieurs  ordrcs^ 
M.  Emile  LouBENS,  professeur  de  geographie. 

I  Seance  du  21  noi^enibre. 

M.  Joseph  Calassante  Jedrzeiewick,  de  Varsovie. 
M.  Eustache  Marylskj,  de  Varsovie. 

M.  ZOLLIKOFFER   D'AlTENKLIMGEN. 


OUVRAGES    OFFERTS    A    LA    SOCIETE. 

Seance  du  7  novembre  1828. 

Par   M.    Brue,   Carte  generale  de  rAfrique;  Paris,    1828,  unc 


28G 

feu  i  He.  Carle  generale  des  etats  du  nord  de  VAfrnjue ,  de  la  mer  Medi- 
ie.tranee  el  de  VKurope  meridlonale;  Paris,  1828,  ime  fcuillo. — 
Carle  detiiillee  de  VAJriqite  el  des  ties  qui  en  dependent ;  Paris  ,  1828  , 
deux  feuilles.  —  Carte  de  la  Senegamhie ,  du  Soudan  el  de  la  Guinea 
septentrionale ;  Paris,  1828,  unc  fcuille. 

Par  M.  (jide  :  Nounelles  Annates  des  voyages,  cahicr  d'oclobre. 

Par  M.  JuIIIen  :  Revue  encyclnpedique ,  caliicr  d'oclobre. 

Par  M.  de  Ferussac  :  Bulletin  des  sciences  geographiques ,  caliier 
de  seplembre. —  i"  volume  supptementaire  de  1828  de  re  Bulletin. 

Par  M.  le  baron  Trouve  :  Annates  de  la  tilteralure  el  des  arts, 
419'',  4-20'  el  421'^  livraisons. 

Par  JM.  de  \  ins  de  Peyssac  :  ylnna/es  des  sciences  de  la  Ilai'ane, 
n"'  10,  11  et  12. 

Par  la  Sociele  de  la  Seine-Iiiferieure  :  Exlrail  des  travaux  de 
cette  Societe ,  XXX'  cahler. 

Par  la  Sociele  de  I'Aube  :  N°  27  de  ses  Memoires. 

Par  la  Societe  de  la  morale  chrelienne  :  N"  5g  de  son  Journal. 

Par  M.  Hapdc  :  Voyage  souterrain ,  ou  description  des  salines  de 
Hallein  sur  lis  frontieres  du  Tyrol,  pres  Satz/jourg  ;  l^ynn,  18 iG, 
une  brochure  in-8°.  —  De  la  propriele  drumatique ,  du  plagiat  et  de 
Vetablissement  d'un  jury  litteraire;  Paris,  i8rg,  in-S". 

Par  les  Auteurs  :  Plusieurs  numeros  du  Globe. 

Seance  du  21  nooemljre  1828. 

Par  M.  Alberl  Monlemont  :  Voyage  dans  les  cinq  parties  du 
monde,  tome  5*^,  Amerique ;  Paris,  1821,  in-12. 

Par  M.  Gide  :  Nouvelles  annates  des  voyages;  cahier  de  no- 
vembre. 

Par  M.  Arlhus-Berlrand  :  Bilitiollieque  physico-economiquc,  cahier 
de  novembre. 

Par  M.  le  baron  Trouve  :  Annates  de  la  titteraiure  et  des  arts , 
4.22  €1423*^  livraisons. 

Par  les  auleurs  :  Plusieurs  numeros  du  (ilobe. 


287 


TROISIEME  SECTION. 

DOCUMENS  ,    COMMUNICATIONS  ,    NOUVELLES 
GEOGRAPHIQUES  ,    ETC. 


Nous  pre'sentons  a  nos  lecteurs  les  extraits  sulvans  de  rouvrage  aussi  ingcnieux 
qu'intt'ressant ,  intitule  «  Fables  Senega/a/'ses  ,  recueillies  de  'Ouolof ,  et 
mises  en  vers  frangais  ,  avec  des  notes  sur  la  Sencgambie  ,  par  M.  le  baron 
Roger,  ex-commandant  et  adminislraleur  dw  Senegal  et  dependances  , 
officier  de  la  Lcgion-d'Honneur.  Paris,  1828,  in-12  ,  p.  -288,  "  W. 

«  Le  Senegal  coule  de  I'E.  a  TO.  environ  par  16"  de  latitude  N., 
le  tropique  du  Cancer  est  a  23°  3o';  le  soleil  a  done  passe  sur  le 
Senegal  pour  arriver  au  tropique  (dans  le  sysleme  poellque  et 
vulgaire  du  inouvement  apparent  de  cet  astre ) ;  il  y  repasse  de 
nouveau  pour  relourner  a  I'equateur,  ce  qui  a  lieu  vers  la  fin  de 
julllet.  C'est  alors  que  se  manlfeslent,  dans  cette  contree ,  la  plus 
forte  chaleur  et  des  pluies  abondanles ,  qui  sont  ordlnalrement 
sulvies  de  calmes  profonds.  » 

"  J'ai  tentede  decrire  les  effels  d'une  grande  secheresse.  C'est  un 
fleau  plus  conimun  dans  cette  partle  de  I'Afrlque,  que  dans  beau- 
coup  d'autres  pays ,  parce  que  le  Senegal  est  chaque  annee  huit 
mois  sans  recevoir  de  pluies.  EUes  sont  encore  plus  rares  en  Egyple. 
Mais  ces  deux  contrees  sont  arrosees  par  les  debordemens  perlodi- 
ques  de  leurs  fleuves  qui  offrcnt  les  niemes  phenomenes ,  et  qui 
produisent  les  niemes  effets.  D'ailleurs,  dans  leurs  vasles  plaines 
alluvlonnaires,  les  irrigations  artlficielles  sont  faciles.  Les  seche- 
resses  n'y  sont  done  rcdoutables  pour  la  vegetation,  que  dans  les 
terrains  eleves  ,  sablonneux,  elolgncs  des  cours  d'eau  ,  et  presque 
toujours  habltes  :  les  autres  lerres,  plus  proprcs  a  la  culture,  ne 
manquent  jamais  d'eau,  lorsqu'on  salt  tirer  parti  des  ressources 
naturelles.  » 


288 

«  II  nc  pleut,  au  Senegal,  que  pendant  3  ou  4-njois,  de  juln  en 
septenihre.  A  la  fin  de  celle  saison ,  le  fleuve  gross!,  deborde  regu- 
lierenicnf  sur  Ics  vastes  plaines  alluvionnaircs,  au  milieu  desquellcs 
il  a  son  cours.  Sa  crue  est  pioportlonncUe  a  sa  distance  de  la  nier. 
Pres  de  remboucliuie,  elle  n'est  que  de  2  i  3  pieds ;  a  3o  ou  4-o 
lieues,  elle  est  de  loa  12  pieds;  enfin,  avant  d'arriver  a  la  premiere 
cataractc,  au  Rocher  de  Felou,  elle  s'eleve  a  plus  de  4^0  pieds.  Ccs 
proportions  sont  a  peu  pres  les  menics  que  pour  Ics  crues  du  Nil, 
el  ce  rapprochement  n'est  assurenient  pas  le  nioins  frappant  de  ceux 
qu'on  a  Toccasion  de  faire  en  grand  nombre,  lorsque  Ton  compare 
lEgyple  et  le  Senegal.  » 

<«  Lamer  se  mele  aux  eauxdufleuve  lorsqu'elles  sont  basses  :  clles 
sont  alors  salces  jusqu'^  iS  ou  3o  lieues  au-dcssus  de  renibouclmrc; 
mais  lorsqu'elles  sont  gonllees  par  la  saison  des  pluLcs,  la  difference 
du  niveau  et  la  force  du  couranl  repoussent  I'eau  salce ;  le  fleuve 
devlcnt  alors  doux  ;  il  s'ouvre  mcnie  dans  la  mer  une  espece  de 
lit  dans  lequel  on  a  vu  des  batimens  recueillir  d'cxcellenle  cau  3 
plus  d'un  niille  des  cotes.  » 

«  Les  rosees ,  dans  certaines  saisons ,  sont  extremement  abon- 
dantes  sur  les  bords  du  Senegal;  elles  tiennentles  tiges  et  les  feuilles 
des  plantes  plongees  dans  une  humiditd  tres-favorable  a  la  vegeta- 
tion. Ces  rosees  sont  bien  necessaires  pour  suppleer  aux  pluies  tres- 
ran\s  dans  cette  contree ,  pendant  la  plus  grande  partie  de  rannce. 
La  longue  sccheresse  a  souvent  fail  craindre  pour  le  succes  des 
cultures;  mais  ne  sail-on  pas  qu  il  pleul  encore  infinimenl  moins 
dans  I'Egyple,  dont  la  f'erlilite  ne  pent  elre  conleslee  '  Ouire  les 
plus  bienfaisanles  rosees,  les  debordeniens  du  Senegal  ne  sont  pas 
moins  regnllers,  pas  moins  i'erlilisans  que  ceux  du  iSil.  Ces  deux 
fleuves,  ainsi  que  les  vallees  qu'ils  arrosent,  out  entre  eux  les  plus 
etonnans  rapports.  » 

«  J  'ai  lente  de  decrire  en  peu  de  vers ,  des  calmrs  qui  ri-gncnt  quel- 
quefois  entre  les  lropi([ues  :  ils  plongent  les  liommes  el  la  nature 
euliere  dans  un  etat  de  langueur  el  d'accablement  extreme.  On  s'en 


ferait  clifficilement  unc  juste  idee  dans  noire  Europe.  Le  soJr,  pres- 
q.ie  toujours  un  agreable  mouvcmcnl  dans  lahnospherc  rainene 
la  fraidieur  et  rend,  en  quelque  sorle,  aux  etrcs  vivans,  Ic  plaisir 
el  la  sanie.  » 

«  Le  Senegal  n'elait  qu'un  simple  comploir  de  commerce,  res- 
trelnt  aux  pelites  iles  de  Saint-Louis  et  de  Goree  :  ce  n'esl  que 
depuis  quelques  annces  qu'on  s'est  assure  d'un  territoire  convcnable, 
et  que  j'ai  coinmcnce  des  essais  de  cultures  coloniales.  Ces  essais 
donnciit  Lcaucoiip  d'esperanccs,  qui  se  realiseronf  certainement  , 
si  le  gouvernement  persevere  avec  sagessc  dans  son  entreprise ,  si 
Tinduslrie  et  les  capitaux  de  I'Europe  peuvent  enfin  se  diriger 
vers  ce  pays.  » 

«  Dans  les  terrains  en  apparence  les  plus  arldcs,  au  Senegal,  les 
premieres  pluies  fontnatire,  chaque  annee,  ui.e  immense  quanlile 
de  planles,  donl  on  a  Lcaucoup  de  peine  a  se  rendre  mafire  par 
les  sarclages ,  surtoul  dans  les  nouvclles  cullures.  Cetle  sorle  de 
vegetation  spontanee,  qui  n'existe  pas  en  Egyple,  a  toujours  con- 
tribue  a  me  donner  beaucoup  de  confiance  dans  la  ferlilite  du 
sol.  » 

«  L'bospilalitc^  est  dans  le  caractere  des  negres  du  Senegal;  mais 
les  prcceples  de  la  religion  de  Mabomet  ont  encore  fortifie  les 
dispositions  naturelles,  quails  ont  a  la  pratique  de  cette  verlu.  Ces 
honmies,  geaeralemeni  bons,  ont  un  air  riant,  et  leur  abord  est 
agreable.  lis  dorment  vers  le  milieu  de  la  journee  ,  et  prolongcnt 
souventleurs  veillees  tres-avant  dans  la  nuit.  C'est  surtout  au  clair 
de  la  lune  qu'ils  se  plaisent  a  faire  la  conversation,  a  cbanter,  a 
danserjusqu'au matin !  Lebruitdeleurs  torn-  tam,  espece  de  tambour, 
et  leurs  bademens  de  mains,  s'entendent  souvent  d'un  vUlage  a 
I'auire,  et  c'est  un  sujet  d'cxcitalion  niutuellc.  » 


ago 

Tableau  de  I'etendue  des  diWrs  rannux  et  chemins  ferres  des  Etats- 
Vnis,  dont  les  mis  sont  achates  et  les  autres  en  construction  (i). 

CANAUX. 
Moms.  *'  tlcndue.  Long,  des  c'cluses. 

*Mi<liHesex ^9    S  "I'lles.  i36  pieds. 

Blackslone 4^ 4-5o 

Farmlngton 87 Sao 

*  Hudson  et  Eric 363 G88 

*Chainplain 63 i53 

*Os\vego 38 128 

*Seneca .     20 5o 

Delaware  et  Hudson.  ...     65 61 5 

Morris 86 i4.oo 

*Chesapeake  et  Delaware.    .      i4 " 

*Port  Deposite 10 » 

Chesapeake  et  Ohio 36o l^ooo 

Ohio 3o6 ii85 

Miami 265 889 

Leheigh 4^ 35 

Petit  Schuylkill 25 

Conestoga 18 70 

*Schuylkill 108 588 

*Uniori 79 5o3 

Pcnsylvaiiic 296 iioo 

Ohio  el  Erie 2i3 u 

Delaware » >> 

James  el  Kenhawa » » 

*  Dismal  Swanip 33 » 


(1)  Extraildu  Jioslon  Courier du  4  aoul  1828,  cl  Ic  P^ermond Chronicle. 
*  Les  caiiuux  marque's  d'uii  astcriqiii;  sont  acheves. 


291 

Louisville 3 » 

Cap  Fear 200 » 

Santde,  CoIumLia,  Saluda.  i5o 217 

Savannah  et  Altamalia.  .  .  66 » 

Allan liquc  et  Mexicaln.    ...  » » 

Floride » » 

Wolland 43 334 

CHEMIJtS  FERRES. 
Noms.  Longueur. 

*Quincy 3  inilles. 

Boston  el  Hudson.  .  .  .  , 187 

Boston  et  Providence • l^-x 

Albany  et  Schenectady 16 

Campden  et  Amboy 60 

*Mauch  Chunk 12 

Danville  et  Pollsville 4o 

Columbia  et  Philadelphie 75 

Schuylkill 8 

Baltimore  et  Ohio » 

Columbia  et  Campden » 

Oakmulgee  et  Flint 36 


De  la  Siberie  orientale. 

Le  cllmal  de  la  Siberie  n'eslpas  en  general  aussi  rigoureux  qu'on 
ie  croil ;  jusqu'au  55"^  degrc  de  latitude  nord ,  on  y  cultive  les  ce- 
Teales  avec  succes.  Les  districts  merldionaux  de  eel  immense  pays 
ont  a  peu  pres  le  cllmal  de  Petersbourg.  Dans  les  environs  de 
Krasnoyarsk  ,  la  premiere  vllle  de  la  Siberie  orientale,  la  neige 
disparait  au  commencement  d'avrii  ,  et  tout  commence  a  verdir. 
Cette  vlUe  est  situee  enlre  les  rivieres  de  Jenisey  el  de  Katsclia  ; 
des  monlagnes   bolsees   de   formes    pittoresques    renloiircn!    de 


V 


392 

tous  les  rotes.  Le  district  qui  la  renfermc  est  tres-ferlile  :  le  seigic 
y  tlonnc  le  vliigt-cinq  pour  iin  ,  et  I'avoiiie  le  trente  pour  un  ;  aussi 
les  vlvres  do  premiere  necessitd  y  sont-ils  extrcineinent  Lon  mar- 
clie  ;  aiiisi,  par  excmple  ,  un  pud  (  quarante  livres  pesant)  dc  fariiic 
dc  selgle  ,  coAte  trente  copeks  (i) ,  un  pud  d'avoine  douze  copeks  , 
un  pud  de  viande  ,  un  rouble  et  demi  en  papier  (2).  Les  paysaus 
siberlens  ont  plus  de  proprcte  que  les  Russes  ,  et  leurs  cabanei 
sont  tres-bien  tenues.  Leurs  souliers  sont  de  cuir  ,  et  non  d'ecorce 
d'arbre  ,  coinnie  ceux  de  la  plupart  des  paysans  russes. 

Irkutsk,  la  capitale  de  la  Siberie  orientale ,  est  situee  sur  le 
fleuve  Angara  ,  qui  la  partage  en  deux  molties  k  peu  pres  dgales. 
Des  quais  de  bois  ,  d'une  construction  elegante  ,  bordent  le  fleuve 
des  deux  cotes ,  et  servcut  a  rembellissement  de  la  ville.  Irkutsk  est 
le  grand  entrepot  du  commerce  de  la  Russie  avec  la  Chine.  Les 
principaux  articles  d'exporlation  sont  des  fourrures  de  prix  ,  et  des 
draps  provenant  des  manufactures  russes  et  prussienncs  ;  Timpor- 
talion  consiste  presque  exclusivement  en  the  ef  nankin.  Parmi  les 
negocians  dirkutsk,  il  y  a  plusicurs  millionnalres  ;  ce  sont  en 
general  des  hommes  dun  esprit  cullive  ,  qui  aiment  la  lecture  ,  et 
donnent  a  leurs  cnfans  une  education  soignee. 

Irkutsk  renferme  environ  deux  mille  maisons,  la  plupart  en  bois, 
el  possede  une  population  de  vingt  mille  amcs.  Les  edifices  les 
plus  roinarquablcs  sonl  les  eglises,  surlout  la  cathedrale  ,  fondee  en 
174^'  On  y  Irouve  aussi  quelques  maisons  particulieres  ,  tres-bien 
balies  ;  cel'e  de  M.  Sibirakow,  premier  magistral  de  la  ville,  ne 
serait  pas  deplacce  au  milieu  des  palais  de  Petersbourg  ,  et  dans 
les  cercles  elegans  el  cholsis  qui  s'y  rassemblent ,  on  oublie  com- 
pletemcnt  qu'on  est  en  Siberie ,  et  Ton  se  crolt  transporte  dans 
les  salons  de  quelque  grande  capitale  de  TEurope. 

( liihlioiheque  universelle  redi'gee  a  Geneve.  )      S.  M. 

(1)  On  sail  que  le  rouble  est  subdivise  en  cent  copeks. 

(2)  Le  rouble  en  papier  vaul  vingl  sols  de  France. 


293 

Mission  anglaise  a  Selinginsk  en  Siberie. 

Au  sud  et  a  rexlremite  de  !a  Sibc-rie,  au  milieu  dcs  hordes  des 
Bureles ,  qui  passcnt  pour  Ics  partisans  les  plus  zeles  du  paganisme, 
se  trouve  non  loin  de  la  residence  du  grand-pretre  de  celte  peu- 
plade ,  une  petite  colonie  de  missionnaires  qui ,  avec  courage  ,  ont 
brave  des  privations  dc  tout  genre  el  surmonte  des  difficulles  in- 
nombrables  pour  s'etablir  dans  ce  pays  inbospilalier ,  et  pour  faire 
participer  ses  habitans  aux  bienfalls  du  cbrlslianisme.  Cette  colonie 
n'esl  composee  que  dun  Anglais  et  de  deux  Ecossais  avec  leurs  fa- 
milies ,  qui  habitent  deux  maisons  spacicuses,  conslruiles  en  1820, 
aux  frais  du  gouvernement  russe,  au  milieu  d'une  vallee  sablon- 
neuse  ,  situee  sur  les  bords  du  Selinga  et  entouree  de  rochers  qui, 
de  loin ,  ont  Fapparence  de  forlifications.  Les  trois  missionnaires 
parcourenl  pendant  I'ete  le  pays  habite  par  les  Buretes ,  visiten^ 
les  pcuplades  voisines  et  vont  jusqu'a  la  ville  de  Kiachta,  sur  la 
frontlere  de  la  Chine  ;  I'hiver,  Us  etudlenlles  dialectes  de  la  Siberie, 
et  traduisent  des  fragmens  des  llvres  saints  dans  la  langue  des  Bu- 
retes, Us  rendent  aussicompte  pendant  cette  morte  saison  de  leurs 
travaux  a  la  societe  des  missions  de  Londres  ,  avec  laquelle  lis  en-, 
tretiennent  des  relations  regulleres.  Leurs  femmes  tachent  de  les 
seconder,  en  enselgnant  aux  jeunes  fiUes  Buretes  dlfferens  ouvra- 
ges  ,  el  en  repandant  quelques  Idees  de  civilisation  parmi  la  partie 
feminine  de  la  population  siberienne.  Cette  mission  ne  peut,  jus- 
qu'a present,  se  flatter  d'avoir  obtenu  des  succes  marquans;  ce 
n'est  encore  qu'un  faible  germe  qui  ne  pourra  guere  se  developper 
que  lorsque  le  gouvernement  chinols ,  devenu  plus  tolerant,  se  sera 
relache  de  la  severlte  qu'il  met  actuellement  a  interdire  h  ses  sujets 
des  communication?  iniimes  avec  les  elrangers.  Si  un  jour  les  mis- 
sionnaires de  Canton  peuvent  donner  la  main  a  ceux  du  Selin- 
ginsk, on  pourra  aiors  esperer  de  voir  le  chrlstianlsme  s'Intaoduire 
parmi  les  peupL-s  paiens  de  I'Asie  orientale. 

.o3-i;il,i.^,u.;,\Di-.i!  ,:'  (  E^^wt  d'un  Journal  allemand.  )  S.W. 

19 


394 
Extrait  dcs  resumes  statistlques  compares  de  la  France,   du  royaume 
uni  de  la  Grande-Breiagne  et  de  Plrlande  ei  de  la  monarchic  Pms- 
sienne ,  parM.  Adricn  Ualbi  ,  auieur  Ac  la  IJalaiice  politique  du 
Globe,  etc. 
Classification  des  villes  d'apres  leur  populatiots'. 

t  r;ince.      P>oy.  imi.Nion.  Pi  us. 

De   1,275,000  habitans  ,  (Loiitlrcs).  .  .  » 

De       890,000       —              (Paris).  ...  i 

De       227,000       —           (Dublin).  ...  » 

De       193,000       —           (Berlin)..  .  .  » 

i47,oooenviron.(GlasconetLyon).  i 

100,000  bab.  ct  au-dessus i 

—             2 


De 

i4-7,ooo 

De 

100,000 

De 

go, 000 

De 

80,000 

De 

70,000 

De 

60,000 

De 

5o,ooo 

De 

4.0,000 

De 

3o,ooo 

De 

20,000 

De 

10,000 

I 

3 

10 

18 

70 


I 
5 


2 
3 

5 

7 
x8 

46 


I 
I 

a 


G 

21 


'J'OTAL 110   ...    92    ...    34 

Cette  note  curieuse,  qui  nous  a  ete  remise  par  M.  Adrien  Balbi , 
et  qui  est  extraite  du  travail  important  qu'il  vient  de  publier  ,  est 
appuyee  ,  pour  la  France,  sur  le  rccensement  de  1826  ;  pour  la 
Graiide-Bretague  sur  celui  de  1821  et  pour  UmonarchiePrussipnne 
sur  celul  de  1819.  ,  ,';-  !    f      •! ,, 

»  ♦  »' 

[.?  .,[,  ERRATyl  dun"  67. 

^      j7  *    ^'  '    I  au  iieude  Cordiliere,  lisez  Cordillere. 

Id.    202,  id.    1 5.  I  ':.'4ii:jr  6jl   i..   ■•■, 

'    '      '  \  au  lieu  de  Cordilieres,  lisez  Cordilleres. 

Id.    209,  id.       5.  I 


I 

J 


agS 


BIBLIOGRAPHIE   GEOGRAPHIQUE. 


§  I".    LIVRES. 

OUVRAaES      GBSliinAVX. 

jgS.  TasCHEN  —  BiBLIOTHEK  DER 
WICHTIGSTEN  SEE-UND    LaND-ReI- 

SEN.  —  Bibliolheque  portative  des 
Voyages  les  plus  imporlans  et  les 
plus  intt'ressans  par  terre  ct  par 
mer,  Jepuis  I'invention  de  I'impri- 
merie  jusqu'a  nos  jours;  par  H. 
Jaeck,  conservateur  de  la  biblio- 
lheque royale  de  Bamberg,  in-ia  , 
avec  planches  et  cartes.  Nuremberg, 
1828.  Haiibenstricker. 

Le  Bulletin  a  annonce'  sous  le 
n"  77,  les  deux  premiers  volumes 
de  cette  collection  dont  les  vingt- 
deux  volumes  suivans  ont  e'te'  pu- 
blic's depuis. 

AMZRIQDE. 

I  99.  ZeiTSCHRIFT  FiiR  DIE  AlLGEMEINS 
Geographie. — Journal  de  Geogra- 
phie  generale  ;  par  Ch.  Hoffmann, 
in-B",  Breslau.  1827. 

200.  Geografia  universale  ,    etc. 

—  Ge'ographie  universelle  ,  etc. ; 
par  Malte-Brun.  in-8°  ,  Milan  , 
1828.  Ponzngno. 

Le  sixieme  volume  de  cette  tra- 
duction du  frangais  en  italien  ,  a 
paru. 

201.  Lehrgebaude  DER  Geographie. 

—  Cours  de  Geographic  statistiquc 
et  historique  ;  par  A.  de  Schlieben, 
3  vol.  in-80  ,  avec  une  carte  des 
hauteurs,  une  carle  generale  el  18 
aulres  carles.  Leipsic,  1828.  Gos- 
chen. 

La  premiere  partie  du  premier 
volume  a  e'le  publiee. 

202.  Reise  s.  Hoheit  des  Herzogs 
Bernard   zv  Sachsen -Weimar 


Eisenach  durch  nord  d.^merica. 
—  Voyage  dans I'Amcriquedunord, 
fail  par  S.  A.  le  due  Bernard  de 
Saxe-W^eimar  Eisenach  ,  dans  les 
annees  1825  et  1826.  2  vol.  in-8" 
avec  cartes  ,  plans,  vues  ct  vignettes. 
Weimar  ,  1828.  Hoffmann. 

Cette  relation  divisceen  vingt-huit 
chapitres,  est  accompagnee  :  i"  de 
quatre  planches  repre'sentant  une 
vue  du  canal  d'Erie',  les  ouvrages 
hydrauliquesdeFair-.Mount,leCa- 
pitole  a  Washington  et  I'edifice  de 
I'Universite'  de  Virginie  ;  a"  de 
qualre  plans  qui  se  rapportenl  aui 
viUcs  de  New- York,  Philadelphie  , 
Baltimore  et  Pifsburgh;  So  de 
qualre  cartes  de  Plymouth  ,  New- 
York,  de  re'lat  d'Ohio  et  des  Elats- 
Unis  de  I'Ame'rique  du  nord. 
20,'5.  Wanderings  in  south  Ame- 
rica ,  etc.  —  Voyage  dans  I'Anic- 
rique  mcridionale,  les  Etats-Unis 
et  les  Antilles;  par  Charles  Water- 
ton.  Deuxieme  edition  in-80, Lon- 
dres,  1828.  i^(?//o(ve.y,  10  sh. 
AFRIQUZ. 

204.  Journey  TO  Marocco. — Voya- 
ges a  Maroc,  par  le  capitaineG. 
BeauClebck,  in-80  avec  9  planches 
lilhographieeSjLondres,  1828. /'oo/e 
et  Edivards,  1  1-  1  sh. 

Le  capitaine  Beauclerck  ,  en  ac- 
rompagnanl  a  INLiroc  le  docteiir 
Brown  que  le  sult.an  avail  appele 
aupresde  lui  comme  mcdeciu  ,  cut 
occasion  d'y  faire  des  observations 
curieuses  qui  sont  I'objel  de  ce 
livre. 

Ttlarnlaiitjhi;' dt  CYrenait/U''. 

20.1.  Relation  d'un  Voyage  dans  la 
Marmarique,  la  C yrenaVque,  etc. 
par  M.  J.  R.  Pacho  ,  membre  dc  la 


igG 


rommissioii  ccnti-ale  tie  la  Socie'tc- 
de  Geographic  ilf  P:iris,  accompa- 
gnoe  de  cartes  geograpliiqueset  to- 
pographifiues,  vl  de  planches  repr(^- 
seiilanl  les  nionuineiis  de  ces  con- 
trees.  Troisieme  partie:  Cyre'naf- 
que  occidentale. 

On  ne  peul  donnerune  idee  plus 
juste  et  plus  precise  du  savant  ou- 
vrage  de  M.  Pacho,  qu'en  rc'petant 
avec  les  Nouvelies  annales  des  voya- 
ges ,  que  I'auteiir  parait  avoir  pres- 
<]ue  totalenienl  exhnnie  la  ge'ogra- 
phie  ancienne  de  la  Cyre'na'ique  des 
protondcs  le'n^bres  ou  elle  etail  en- 
sevelie. 

Cohmif  J'rnneai^e  d' ,  ifrujue, 
206.   ESSAI   DE    STATrSTIQUE   DE   l'iLE 

Bourbon,  considere'e  dans  sa  to- 
pogi-apliie,  sa  population,  son  agri- 
culture, son  commerce,  etc;  ou- 
vrage  couronne'  en  1828  ,  par  TAca- 
demie  royale  des  sciences,  suivi 
d'un  projet  de  colonisation  de  Tin- 
te'rieur  de  cet  ile  ;  par  M.  P.  P.  ^  . 
Thomas,  ancien  comniissaire  de 
marine,  ordonnateur  a  Pile  Bour- 
bon. 1  vol.  'm-%°.BarheUer,  1828. 
EfKOyE. 

Uai'iclc  ci  .lull icl'€. 

207-  Descetst  of  the  Danube  ,  from 

KATfSBONN  TO  ViENNA  ,  etc.  — 
Voyage  sur  le  Danube,  depuis  Ra- 
tisbonne  jusqu'a  Vienne ,  i'ait  en 
automne  1827;  par  J.  R.Planche, 
in-8u  avec  carte.  Londres ,  1828. 
Duncan^  10  sh.  6  d. 

Cette  relation  de  I'auteur  de 
Laj's  and  Logeiids  of  the  Rhine , 
contient  des  descriptions  des  vilies , 
chateaux,  nionasleres ,  siluts  sur 
les  rives  du  Datuibe. 

•J08.  Statistica  della  Svizzera.— 
Slatistique  de  la  Suisse  ,  par  Ste- 
FANO  Fkancini,  in-80  avec  cartes. 
Tvugano,  \^i%.  liuggla. 

2og.  EssAJ  sua  LA  Statjstique  du 
CANTON  deJJerne,  par  L.  E.  An- 
dre ,  membre  de  la  societe  Helve- 
tique  de  Paris  ;  i  vol.  iu-8'',  SaVES- 
TRE,  1827  ,  aveciinc  jolie  carle: 
par  I{.  S.  Stebeninann. 


llri  hr'ttanr.i'jue^. 

210.  The  Picture  of  Scotland. — 
Taldeau  de  I'ficosse,  par  Robert 
Ciiamrert;  2  vol.  in-8».  Edin- 
hourg,  i8i8.  Tact. 

On  trouve  dans  cet  ouvrnge  de 
Tauleur  de  Traditions  oi'  Kdin- 
l)urgh,  une  description  exarte  des 
mcEiirs  ecossaises  anciennes  et  mo- 
dernes,ainsi  que  traditions  ,  etc.  , 
sur  cette  contree. 

r,anr,-. 

2  11.  Souvenirs  pour  servir  a  la 
St.xtistique  du  departement  de 
t'ISERE,  par  !M.  Ic  baron  d'HAUs- 
SEZ  ,  prc't'et  de  la  Gironde  ,  ancien 
prefct  de  I'ls^re  ,  in-8"  avec  3  pl. 
1828.  Bordeaux,  Lanefrnniine. 

212.  Description  geographique  du 
departement  du  Var  ,  suivie  du 
tableau  sommaire  de  son  organisa- 
tion ecclesiaslique  ;  par  uii  honime 
de  lettres  du  menie  deparloment  ; 
iii-12  ,  1828.  Diaguignan,  Scrg. 

2i3.  Tovnv.T^wmR  liistnt-lque  ,  phy- 
sique, s/a/.is/i(/ue  ft  meiiicalc  dela 
villfi  el  des  environs  de  Cassel , 
departement  du  Nord,  avec  des 
cartes  geograpbiques  et  des  vues  li- 
thographiJes;  par  P.  J.  E.  de  Smyt- 
TERE.  D.  M.,  etc.,  in-8°,  1828. 
Paris  ,  chez  I'auteur. 

214.  Coup-d'oeil  sur  le  departe- 
ment DE  Lot-et-Garonne  ,  ou 
rapidc  aper^u  de  Vetat  de  son 
agriculture ,  de  sa  population  et 
de  son  industrie  en  1828;  par  M. 
de  Saint- Amans  ,  in-18  ,  18-28. 
Agen  ,  Nouhel ;    i-5o. 

S,  2.  ATLAS,  CARTES  GEO- 

GRAPHIQUES,  PLANS,  ETC. 

i-iS.  New  GENERAL  atlas. — Nouvel 
Atlas  gc'ne'ral  avec  les  divisions  et 
les  frontieres  cnluminees  ,  planches 
gravees  d'apres  de  nouveaux  des- 
siiis  ,  par  Sidney  Hall,  in-lol. , 
Londres  ,  1828.  Longmann. 

Cet  Atlas  sera  compose  de  17 
livraisons  qui  parattronf  de  mois  en 
mois. 


'97 


2i6.  Carte  compaivee  des  regences 
d'Alger  et  1)E  Tunis  ,  dressJo  par 
le  chevalier  Lapie  ^  prcmuT  gt'o- 
graplie  du  Roi.Pariis,  1828.  Pu/uet. 
Sur  cette  carte  en  deux  leuilles  , 
les  nonis  ancieiis  ont  ete  reviis  par 
M.  Hase  ,  membre  de  I'lnslilut  , 
et  les  nomsarahos  ,  par  M.  Amedi'e 
Jaiibert ,  prolesseiir  de  langue  tiir- 
(jiie  a  IV'cole  royale  et  spt'ciale  des 
langues  orien tales.  \Jn  plan  de  la 
ville  et  des  environs  d'Alger,  qui  sc 
trouve  comme  arcessoire  sur  I'une 
des  leuilles  de  cette  belle  carte  , 
ajoute  encore  a  son  utilite. 

217.  Carte  delailk'e  de /'v^y/7<7j/e  f/ 
des  lies  qui  en  dependent ,  par  A. 
Brue  ,  gc'ographe  du  Uoi  ,  d'a- 
pres  les  observations  astronomi- 
ques  ,  les  dccouverles  et  les  hypo- 
theses les  plus  reccntes.  Paris,  1828, 
chez  I'auteur. 

Cette  carte  en  deux  leuilles  re- 
pond  parlaitenient  a  son  titre.  La 
premiere  t'euilie  donne  I'Al'rique 
mi'ridionale  et  la  seconde  I'Africjiie 
septentrionale. 

218.  Carte  de  la  Seuegameie  ,  DU 
SoUdan  et  de  la  GurNEE  septen- 
trionale, redige'e  par  Brue  ,  gco- 
graphe  du  Uoi  ,  d'apres  les  observa- 
tions astronomi([ues  et  les  dccou- 
verles les  plus  recentes.  Paris  1828. 

Cette  leuille  ,  ainsi  que  ceiles  de 
la  carte  ci-dessus  ,  iont  partie  de 
Tatlas  universel  de  Geographic,  pu- 
blic par  I'auteur. 

219.  Senegambie  et  cote  occiden- 

TALE      D'Apr.IQUE     DEPUIS     LE     CAP 

Blanc  jusqu'au  cap  Sainte-anne, 
pour  servir  a  I'Plistoire  generale 
des  voyages  de  C.  A.  \A^alckenaer , 


dressee  sous  la  direction  de  I'au- 
teur  ,  par  A.  H.  OuroUR;  1828. 
Paris,  chez  Lefebvre,  rue  de  TE- 
peroli  ,  W  6. 

Cette  carle  coiistruite  sur  unc 
grande  echelle  ,  I'auteur  s'est  atta- 
che a  y  tracer  toutes  les  diflt'rentes 
routes  desvoyageurs  qui  ont  explore 
cette  contree ;  elle  est  enrichie  de 
details  interessans  doniiant  le  cours 
du  Senegal ,  de  Das;ana  a  Saint- 
Lotiis:  ,  la  preujuife  du  Cap  T'ert 
et  la  Peninsule  de  Sierra-Leone. 

20.  Carte  pour  l'expedition  de 
Cyrus  tt  la  lietraite  des  I)ix  Mille 
de  Xenophon  ,  par  A.  H.  DuFOUU, 
Paris,  1S28. 

121.  La  MONARCHIE  FRANCAISE  COIH- 
PAREE    AUX     PRINCIPAUX    ETATS     DU 

ivio>riE,  on  essai  sur  la  statistique 
de  la  France  ,  consideree  sous  les 
rapports  geograpliique  ,  moral  et 
politique  ,  oifrant  dans  un  seul 
tableau  le  maximum  ,  Ic  minimum 
et  le  termc  moyeii  do  sa  population, 
de  la  richcsse  ,  de  Tindustrie  ,  du 
commerre  ,  de  rinslruciion  et  de 
la  moralite  de  ses  habitans  ,  corn- 
part's  a  leurs  correlafifs  dans  plu- 
sieurs  pays  de  I'ancien  et  du  nou- 
veau  monde  ;  a  Tusage  des  hommes 
d'etat  ,  des  administrateurs  ,  des 
banquiers  ,  des  negocians  ,  des 
voyageurs,  et  specialement  de  MM. 
les  Pairs  de  France  et  de  MiVL  les 
Deputes.  Un  tableau  grand  iii-folio, 
colorie',  Paris,  1828,  J.  l\enouard  ; 
tj  fr.  Cel  inle'ressant  tableau  qui  ne 
devait  etre  publie  qu'en  1829,  et 
don  tee  bulleiincontient  un  ex  trait, 
vient  de  paraitre  tout  re'cemment. 


S.  M. 


TABLE  DES  MATIERES 

CONTENUES  DANS  LE  TOME  DIXIEME. 


N"^  65  a  68. 


PREMIERE  SECTION. 

UEMOIHES,  EXTRAITS,  ANALYSES  ET    liAPPOliTS. 

pages 

■  Population  comparative  du  monde  dans  les  temps  anciens 

et  modernes i 

■  Narative  of  a  journey  from  Constantinople  to  England, 
relation  d'un  voyage  de  Constantinople  en  Angleterre  ; 

par  le  R.  D.  Walsh 6 

-  Remarques  geographiques  sur  les  parties  infericures  du 
cours  du  Senegal  et  de  celui  de  la  Gambie,  accompagnees 
de  deux  cartes  etd'unenote  sur  les  positions  de  Tombouctou 

et  de  Sego  ;   par  M.  .Tomard i6 

-  §  1.  Remarques  sur  la  carte  du  cours  du  Senegal,  au- 
dessous  de  Moussala,  comprenant  la  carte  particuliere  du 
Oualo »<> 

-  §  2.  ]Nomenclaluredeslieuxsitues  sur  les  bordsdu  Senegal, 
communiquee  par  M.  le  baron  Roger 20 

-  §  3.  TSoms  et  distances  approxiniatives  du  village  de  Podor 
aux  frontleres  du  Foula  (d'apres  le  journal  de  M.Restaut), 
communique  par  M.  le  baron  Roger 27 

-  §  4-  Remarques  sur  une  partie  du  cours  de  la  Gamble  ,  a 
I'appui  de  la  carte  de  la  Gambie  au-dessous  de  Coussaye 
ct  du  Sen('gal ,  au-dessous  de  Moussala  ,  assujetie  aux  ob- 


299 

servatlons  les  plus  recenles 2<j 

§  5.  Liste  des  positions  geographiques  pour  la  carte  <lu 
cours  du  Senegal  au-dessous  de  MoussSIa  et  de  la  Gamble , 

au-dessous  de  Coussaye 34- 

Renseigncmens  donnes  par  un  More  du  Senegal  ( Sidi 
Mohammed  Marabout  de  Tischit  )  sur  les  cliemins  qu'ii 
a  parcourus  en  allant  a  Timbouktou  ,   communiques  par 

M.  le  baron  Roger i  .  .     35 

Missions  du  RIo-Ucayale  dans  le  Haut-Perou  (commu-       , 

nique  par  M.  Warden) 4^(j 

Journal  of  un  Embussy,  etc.  ,  Journal  d'une  ambassade 
envoyee  par  le  gouverueur-general  de  I'lnde  aux  cours  de 
Slam  et  de  Cochinchlne  ;  par  J.  Crawfurd  (.coinmuuique 

par  M.  BianchI) ,  •  ,%•  • '•  ■  v;*r'n*i  V  •  •  •     "^^ 

Les  kliyangs  d'Arakan  (communique  par  le  m^me  ) ji 

Operations  geodeslques.et  aslronomlques  pour  la  mesure 
d'un  arc  du  parallele  moyen  execute  en  Plemont  et    en 

Savole  (communique  par  M.  le  chevalier  Ronne) 76 

Note  sur  Rarce  ;  par"  M.  Pacho g8 

Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  du  voyageur  Rurckhardt; 

par  M.  Sueur-Merlln loi 

Notice  sur  les  cartes  et  plans  publics  par  le  depot  general 

de  Marine .,.....,,.....  .  .   i4.5 

Suite  de  la  notice  sur  la  vie  et  les  travaux  du  voyageur 

Rurckhardt;  par  M.  Sueur-Merlin .,  ^.^i,,,  y/.  .-  i53 

Journal  d'un  voyage  au  Perou  ,  passage  de  la  Cordlllere  , 
des  Andes,  etc.  etc.;  par  le  lieutenant  Charles  Rrand,  etc.   1^7 
De  la  forme  de  la  terre  et  de  son  Influence  sur  la  Geogra- 

phle  et  rAstronomie 210 

Rapport  de  M.  de  la  Roquette  sur  Touvrage  ayant  pour 
titre  :  Constantinople  et  le  Rosphore  de  Thrace,  pendant 
lesannees  1812,  i8i3,  i8i4et  pendant  Tannee  1826,  etc.; 
par  M.  le  comte  Andreossy.  .  .  •  ^-etoJl'irf)' iid-itra-  .-A-  .-i'^iG 


>oo 


r.t-  Rai>porl  de   la  Commission  speciale    chargee    de    rendrc 
comple  <lu  voyage  de  M.  Augusle  Caille 245 

—  Kxtrail  du  Rapport  de  M.  Sucur-Merlin ,  sur  rouvra<^c 
ayant  pour  lilre  :  Essai  statislique  sur  les  frontleres  iiord- 

esl  de  la  France  ,  par  M.  AudenelJe 25G 

—  Observations  sur  lesprogres  de  la  population,  de  I'agricul- 
ture  et  du  commerce  de  Matanzas 


272 


ir   SECTION. 

ACTES  DE  LA  SOCIETE. 

—  Proces-verbanx. 36,   119,   162,   228,   281 

—  Membres  nouveaux '."'^i.  ."'    89,    128,   167,     >.      285 

—  Ouvragcs  offerts  a  la  Societc.  .   .  .     4-o,  I'^^'d-   ibid.    227,  ilml. 

UP  SECTION. 

DOCUMENSj    COMMUNICATIONS ,    NOVFELLES    GEO- 

GHAPHiqiES. 

—  Extrait  de  deux  lettrcs  de  M.  Rousseau  .?i  M>  G.  13a,rbjc  du 

liocage ^i 

B*     TAi       .  1    .    J        I    r-  •     "' ;  !•>  •■'i'lt'^' •'.'d  fUii  9jiiu/l   , 
aie  d  Akmetchcl,  dans  la  l^nmee.' L2 

— i-  I>{ouvel  elablissement  aux  lies  Keeling.. l^!^. 

—  Decouverle  de  nouveaux  bas-fonds  (^communiquee   par 

•'■"'  M.  Warden). i^G 

—  Lellre  de  M.  le  baron  de  Copellen  ,  contenanl  dcs  rcn^ci- 
vfgnemens  sur  Born(5o,  ct  sur  la  mort  du  voyageur  Mullcr.   126 

—  Lettre  de  M.  le  chevalier  d'Abrahamson  ,  relative  a  ?a  pu- 

■'^ Plication  des  atlas  du  Daneirtarck  et  de  la  Norwcge.   .  .  .    127 

—  Cartes  des  envk^ns  de  Segcbcrg  et  du  Holsteiri^  '."i'UJ^.'iag 

—  Inscription  runique  troavee  dans  I'tle  de  Kingiktorsoalc,  sni^ ' 
la    c6te    occidenfalc  du   Greenland    (  conimuniqune   par 

M.  A.  Barbie  du  Rocage).  .  .  , id- 


3oi 

—  Note  sur  los  eiapietenicns  successifs  tie  lamer,  siir  la  cole 
occidentale  dc  rAugleterre.  (Id.) i3o 

—  Expose  sommaire  d'unc  route  au  travers  du  Mekran ;  par 

M.  Grant.  {Id.) iH 

—  Penang. — Emigration  de  Malais i35 

—  Nouvelles  de  La  Perouse i36 

—  Journal  Cherokee iSy 

—  Tremblement  de  terre  ressenti  a  Delhi,  el  sur  la  cole  du 
Malabar i  38 

—  Tremblement  de  lerre  dc  Santa  fe  <le  Bogota 139 

—  Notes  sur  les  rochers  decouverts  dans  I'Archipel  des  iles 
Seychelles i4o 

—  Extrait  d'une  leltre  connnuniquee  par  M.  G.  Barbie  du 
Bocage i4i 

—  Copie  d'une  leltre  ecrite  a  M.  L.  de  Freycinet,  par 
MM.  Quoy  et  Gaimard ,  medecins  de  la  marine ,  a  bord 

de  la  corvette  du  roi  I'Astrolable 169 

—  GroUe  de  Ganges.  (Extrait  du  Globe.) 180 

—  Notice  sur  les  plus  hautes  latitudes  auxquelles  so  sont  eleves 
differens  navigateurs  dans  los  regions  septentrionales  de 
noire  hemisphere 187 

—  Extrait  d'une  leltre  de  M.  le  doctcur  J.  Mease 190 

—  Atlas  of  the  stale  of  South  Carolina,  etc.,  atlas  de  la  Ca- 
roline du  Sud ,  dresse  sous  los  auspices  de  la  Legislature  ; 

par  Robert  Mills,  ingenleur 191 

—  Leltre  adressee  a  M.  le  president  de  la  Societe  do  Geo- 
graphle  par  M.  Delaporte 1228 

—  Leltre  de  M.  John  Barrow  a  M.  Jomard 23o 

—  Extrait  de  la  reponse  de  M.  Jomard  a  M.  John  Harrow.   232 

—  Fondalion  d'un  porta  Goole  sur  I'Humbor 234 

—  Dccouverte  du  moulllage  dc  Kalagouk 2  3>) 


5> 


fh 


V""  3o2 

—  Voyage  de  tlt'couverte  an  lac  Saint-John.  ;:;;;::;:  23q 

—  Mcxiquc 23() 

—  He  tie  Borndo 240 

—  Extra! Is  des  Fables  sdndgalaiscs  de  M.  Ic  baron  Roger. .  .  287 

—  Tableau  de  Tctendue  des  divers  canaux  et  chemins  ferrds 

des  Etat-Unis ago 

—  De  la  Siberie  orienlale 291 

—  Mission  anglaise  a  Selinginsk  en  Siberie 2g3 

—  Extrait  des  resumes  stalisliques  de  M.  Balbi 294 

Errata i4i  241  294 

BIBLIOGRAPHIE   GEOGRAPHIQUE. 

—  §  i"  Livres 47>   ^42  ,    192,   242,  agS 

—  §  a.  Cartes,  etc 4^,   i44>  '^'^-i  244.  29G 


FIN   de;_la  table. 


NoiROr,  /igent  de  In  Soci'rle  de  Geographie. 


EvERAT  ,  Imprimeiir  de  !a  Socic'lc  de  Ge'ograpbic ,  rue  du  Cadran,  ti"  it).