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Full text of "Bulletin de la Soci des sciences naturelles de Neuchl"

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BULLETIN 


DE LA 


SOCIÉTÉ DES SCIENCES \ATNELLES 


DE NEUCHATEL. 


1859 à 1861. 


Tome cinquième. © 7 


NEUCHATEL 


IMPRIMERIE DE H. WOLFRATH ET METZNER. 


1861. 


Lun cianenreigemumemmentinnentte" 


BULLETIN 


DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES 


Séance du 5 Novembre 1858. 
Présidence de M. L. COULON. 


On s'occupe de la nomination du bureau qui est cons- 
üitué de la manière suivante : 

M. L. Courox, président. 

» Bone, docteur, vice-président. 

» Ritrer, ingénieur, secrétaire pour la section de 
médecine et d'histoire naturelle. 

» L. Favre, 2nsf°, secrétaire pour la section de 
physique, chinne, mathématiques et techno- 
logie. 


M. le prof. ÆXopp annonce que lon a terminé Îes 
udomètres destinés à compléter les instruments de nos 
diverses stations météorologiques, et que Fontaines en 
possède déjà un en activité. La station importante de 
Chaumont perdra son observateur le 11 novembre pro- 
chain; il faudra se hâter de trouver un remplaçant, afin 
que nos tableaux d'observations, qui, dans ce point, ne 
comptent pas encore une année entière , ne présentent 
pas de lacunes trop considérables. 


M. Favre lit la notice suivante sur la précipitation de 
la rosée pendant le jour. 


BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. V. 1 


NS 


Vers la fin du mois de juillet dernier, je dessinais un 
matin , entre 9 et 10 heures, au pied du versant nord 
de Jolimont, à l'ombre des hêtres touffus qui forment 
la lisière de la forêt ; l'air était chaud, le ciel serein, 
le temps calme. Malgré la sécheresse qui régnait de- 
puis plusieurs jours, le sol était fortement détrempé 
par la rosée, et les feuilles des arbres et des arbrisseaux, 
ainsi que les herbes, étaient ruisselantes. Au bout 
d’une demi-heure de station, je m’aperçus que mes 
vêtements devenaient tout humides et produisaient sur 
moi une sensation de froid dont je ne me rendais pas 
compte. Je n’eus plus de doute sur la nature du phéno- 
mène qui se passait, quand, relevant ma palette qui était 
restée sur le sol de la route, je vis la surface supérieure 
de cet objet couverte d’une couche d’eau qui ruisselait 
à la moindre oscillation. A cette heure du jour, la rosée 
se déposait avec une abondance que l’on considère ordi- 
nairement comme un des attributs de la nuit. 

Sans doute le phénomène n’a rien en lui-même d’ex- 
traordinaire ; l’espace étant resté froid depuis la nuit, 
sous le couvert des arbres, l'air chaud et humide de la 
plaine marécageuse venant à s’y transporter, par l'effet 
des courants insensibles et continuels de l’atmosphère, 
déposait à l'instant sa vapeur d’eau sur les objets refroi- 
dis par le milieu ambiant et par le rayonnement vers un 
ciel parfaitement serein. La rosée pouvait ainsi se dépo- 
ser pendant toute la matinée jusqu'aux environs de 11 
heures, où les rayons du soleil faisaient invasion sur ce 
versant de la montagne. Mais il est une autre circons- 
tance qui accompagnait la chute de la rosée pendant le 
jour et qui mérite de fixer l'attention. La colline de Jo- 
hmont est, comme on le sait, formée de molasse et de 


D UN. en 


terrains argileux peu perméables à l’eau ; de nombreuses 
sources en descendent et forment, particulièrement sur 
le versant nord, une foule de ruisselets; ces filets d’eau 
coulent isolés jusque dans la plaine, où ils se réunissent 
dans le fond de quelque ravin pour donner naissance à 
des ruisseaux , utilisés comme moyens d'irrigation ou 
comme moteurs. Durant l'après-midi, il était facile de 
remarquer une diminution notable dans le volume des 
plus minces ruisselets; vers le soir leur hit était à sec. 
Pendant la nuit, tous ces petits canaux recommencçaient 
à couler , quelle que fût la sécheresse de la saison, ei 
cela continuait jusqu'à trois ou quatre heures après 
midi, moment où ils tarissaient pour quelques heures. 

On est obligé de reconnaître une relation étroite entre 
les deux faits qui viennent d’être exposés ; l’un est évi- 
demment la cause de l’autre; personne n’ignore la part 
de la rosée dans l’alimentation des sources, mais on n’a 
pas souvent l’occasion de constater par des observations 
directes à combien cette proportion peut s'élever. I faut 
pour cela un concours de circonstances particulières, 
comme dans le cas actuel. 

La quantité d’eau précipitée de cette manière, peut 
donner l'explication des sources nombreuses qui sour- 
dent à diverses hauteurs sur les flanes de Jolimont, con- 
servent toute l’année un volume à peu près égal et ne 
tarissent jamais, quelles que soient les circonstances 
atmosphériques. Pour expliquer cette abondance d’eau 
et la persistance des sources, on a imaginé de faire inter- 
venir les réservoirs de Chasseral. Les couches rocheuses 
de cette montagne, prolongées sous le marais, amène- 
raient à la base de Jolimont une nappe d’eau soumise 
à une pression immense qui l’obligerait à remonter au 


DU P,  ANR 


travers de la molasse jusqu'aux points où les sources ont 
leurs orifices. Sans examiner ce que cette théorie peut 
avoir de vrai au point de vue géologique, il suffirait 
d’une analyse des eaux de Jolimont pour démontrer si 
elles proviennent en partie du Jura. D'ailleurs, comme 
on vient de le voir, puisque sur un grand nombre de 
points de cette colline boisée, la rosée se dépose dès le 
coucher du soleil jusqu’à 11 heures du matin, c’est-à- 
dire pendant 15 ou 16 heures par jour, avec une extrême 
abondance , elle doit imbiber le sol assez profondément 
pour procurer aux sources celte alimentation modérée 
et continue qui est leur caractère distinctif. I n’est done 
point nécessaire d'aller chercher ailleurs le supplément 
d’eau, qu'un phénomène local dispense largement. 

À la suite de cette communication, une discussion 
s engage entre MM. Vouga, Kopp et Ritter. M. Kopp 
croit que l'air de la contrée marécageuse comprise 
entre les lacs de Bienne et de Neuchâtel est plus hu- 
mide qu'ailleurs, et que la quantité d’eau tombée doit y 
être aussi plus considérable ; c’est pourquoi il revient à 
l'idée qu'il a déjà émise autrefois , de profiter de lobli- 
geance de M. le directeur &e l’hospice de Préfargier, 
pour établir dans cet endroit une station météorologi- 
que où l’observation de Fudomètre promet des résultats 
intéressants. 


Séance du 19 Novembre 1858. 
Présidence de M. L. COULON. 


M. le professeur Desor décrit plusieurs objets trouvés 
dans le lac près de Marin. Quelques-uns de ces objets 


a He.) a 


sont présentés et donnent lieu à un examen res-intéres- 
sant. Ces ohiets sont un fourreau d'épée ou portion de 
gaine, ainsi qu'une épée entière d'environ 0,90 de lon- 
oueur, à 2 tranchants très-affilés et de 3 centimètres de 
largeur. 11 présente ensuite des fers de gaffe avec les 
clous qui les fixaient au manche en bois; l'un de ces 
fers est accompagné d’une partie de son manche ; enfin, 
parmi les objets les plus intéressants, 1l faut mentionner 
une agrafe (/ibula) en fil de fer, avec ressort à boudin, 
destiné à lui donner l'élasticité qu'aurait une agrafe en 
acier; une aiguille à coudre en fer; enfin des morceaux 
de quartz, des grains de fer pisoolitiques , des pierres à 
aiguiser, une dent, etc. 

De la discussion générale, il résulte que les habitants 
de nos lacs connaissaient l’art de travailler le fer à un 
degré aussi avancé qu’ingénieux. C’est ce que démontre 
surtout le fourreau en tôle d’une minceur extrême et, 
recouvert de dessins gravés, et la construction du res- 
sort à boudin dans l’agrafe , destiné à remplacer lélas- 
ticité de l'acier. M. Desor pense que, puisque ces objets 
se trouvent dans des conditions analogues à ceux des 
âges de bronze et de pierre, on est autorisé à en con- 
clure que les habitations sur pilotis ont continué à être 
en usage jusque dans l’âge de fer. 


M. le professeur Aopp soumet à l'assemblée les r- 
sultats de ses expériences sur l’évaporation du lac, ré- 
sultats qui seront publiés dans les bulletins météorolo- 
giques de la Société. 

M. Kopp annonce qu'il n’a pu continuer les expérien- 
ces avec le vase évaporatoire, vu son mauvais état et fes 


SRE AT, FANS 


détériorations nombreuses auxquelles 1l est exposé. Les 
expériences sont du reste très-difficiles en hiver. 


M. le professeur Xopp présente encore un travail sur 
la profondeur de nos lacs, leur cube, leurs bassins hy- 
drographiques, et sur les questions qui y ont rapport. 


M. Desor , professeur , insiste sur les expériences re- 
latives au vase évaporatoire, expériences qui doivent 
éclaircir ces questions, entre autres le rapport entre les 
vents, l’évaporation, la pluie et l'écoulement. 


M. le Président annonce qu’il a reçu de M. de Pour- 
talès-Castellane un Flammant femelle tué sur les bords 
du lac de Morat et destiné à nos collections. Cet oiseau 
est fort rare dans nos contrées. En 1793, on en prit un 
vivant à Grandson. Il fut empaillé par M. Benoît, des 
Ponts. En 1811, on en vit une vingtaine sur le lac de 
Constance et on réussit à en tuer plusieurs. Dès-lors il 
n’en est plus question en Suisse. M. Coulon se félicite 
d’avoir eu l’occasion d'examiner cet animal à l’état frais ; 
il a pu se convaincre de l'affinité des Flammants avec les 
cygnes et se faire une idée exacte de la couleur carminée 
du bec et des jambes. La langue énorme et charnue, est 
mise sous les yeux de la Société ; cet organe, dont l’ex- 
tension au-dehors paraît impossible, porte le long de sa 
partie médiane une série de papilles cornées, aiguës et 
recourbées en arrière. Le dessus du bec paraissait usé 
et aplani par des frottements réitérés, ce qui confirme 
ce qu'on dit de cet oiseau, qu'il s'appuie sur la par- 
tie supérieure du bec lorsqu'il cherche sa nourriture. 
M. Coulon fait voir encore le cœur et l'estomac qui ne 


SRE “AIN 


contenait que des grains de sable. Les vertèbres du cou 
sont au nombre de 48, c’est-à-dire une de moims que 
chez la grue. 


Séance du 3 Décembre 1858. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Knab, ingénieur cantonal , et M. Paul Godet sont 
recus membres de la Société. 


M. L. Coulon annonce que des ouvriers exploitant la 
roche valangienne, près de la Cassarde, au-dessus de la 
ville, pour recouvrir la route, ont trouvé une couche 
de marne calcaire de couleur verte, contenant des ro- 
gnons de chaux blanche. Il fait remarquer ce qu'il y à 
d’inattendu et de bizarre dans l’apparition de marnes 
dans une localité qui en parait dépourvue. Du reste, ce 
n’est point un banc que l’on a découvert, mais seule- 
ment un creux d'environ 1 mèt. 50 cent. de largeur, et 
d’une profondeur que l’on ne connait pas encore. I se 
propose d'exploiter ce dépôt précieux qui servira à amen- 
der avantageusement les champs et les plantages que 
l’on crée sur les rochers voisins. 

M. Gressly reconnait que des dépôts de cette nature 
sont assez rares, cependant il en a trouvé plusieurs dans 
des conditions analogues. Il en attribue la cause à des 
lavages opérés par les eaux, et à des dépôts dans le fond 
des ravins ou dans des cavités du sol. 


M. Coulon avertit les géologues que les travaux du 
chemin de fer par le Jura industriel ont atteint des 


Lui: : er RIGERE 


terrains qui paraissent être riches en fossiles précieux; 1! 
exprime la crainte que des objets intéressants ne se per- 
dent par incurie ou n’aillent enrichir des collections 
étrangères. Il demande qu'on prenne des mesures pour 
que les fossiles soient recueillis et qu’ils ne sortent pas 
du canton. fl pense qu'il serait bon d’en avertir M. Jä- 
mes Ladame, mgénieur en chef, et le prier de donner 
des ordres dans ce sens aux conducteurs de travaux. 


M. Desor fait une communication relative à la grotte 
récemment découverte près de Rochefort. Cette caverne 
a été trouvée par hasard. Des ouvriers du chemin de fer 
Franco-Suisse ayant construit une cabane pour s’abriter, 
avaient creusé Le rocher derrière cette hutte pour y éta- 
blir une cave. C’est en travaillant à cette excavation, 
qu'ils entendirent le bruit de leurs pioches se répereu- 
ter dans l’intérieur de la montagne. Cela exeita leur 
curiosité, et ils parvinrent enfin à un vide immense 
qu'ils reconnurent pour une caverne. M. Desor , qui l'a 
explorée, en fait la description. L'entrée , fort étroite, 
est suivie d’un couloir resserré qui conduit à un élargis- 
sement considérable, dont la voûte s'élève à une hau- 
teur d'environ cinquante pieds. C’est la partie la plus 
remarquable de la grotte; les parois en sont couvertes 
de stalagmites présentant de nombreuses boursouflures, 
et sur le sol on remarque des flaques d’eau , dans les- 
quelles se trouvent des conferves de couleur foncée, 
qui ont dù nécessairement se développer sans l’inter- 
vention de la lumière. De là on monte, par une série 
de rampes et de paliers qui n’ont rien d’extraordinaire, 
jusqu'au fond de la grotte, qui se termine en un eul- 
de-sac assez étroit, à quelques cents picds de l'entrée. 


1 


CRUE Miel 


M. Desor croit qu'il existe encore des excavations 
sous les paliers; c’est ainsi qu’il explique la résonnanee 
très-marquée observée en ces points. H est possible que 
des fouilles entreprises dans les endroits convenables 
feraient connaitre des ramifications de la grotte et pro- 
eureraient des échantillons de ces ossements qu'on ne 
trouve guère que dans les cavernes à étranglements et 
à paliers, et dont M. Carteron a recueilli une très-grande 
quantité dans les grottes de la vallée du Doubs. C'est en 
ereusant le sol des paliers que ce naturaliste a réussi à se 
procurer les os de plusieurs espèces de mammifères, en- 
tre autres de l'Ours colossal, connu sous le nom d’Ours 
des cavernes, et dont il est parvenu à reconstruire le 
squelette complet. 

La belle caverne de Rochefort est due à la même 
cause qui à produit la plupart des grandes excavations 
si fréquentes dans le Jura neuchâtelois. Les roches cal- 
caires de nos montagnes renferment dans certains éta- 
ces des couches de dolomie (jaluze) plus ou moins puis- 
santes, dont la destruction est inévitable aussitôt qu’elles 
sont rencontrées par un filet d’eau. À la longue, des 
bancs entiers de cette substance sont dissous et enlevés 
par les infiltrations que permettent les crevasses et les 
fondrières d’un sol tourmenté comme le nôtre. I n'est 
donc pas difficile, lorsqu'on a une connaissance com- 
plète de la structure géologique de notre pays, de déter- 
miner les localités où il est possible de rencontrer des 
excavations. Aussi M. Desor apprenant par le bruit pu- 
blie la découverte de la nouvelle grotte, devina immédia- 
tement sa situation, et ses prévisions furent entièrement 
justifiées. 


C’est, en effet, dans des bancs de calcaire dolomitique 
fortement inclinés, et s'appuyant contre la base de ta 
montagne de la Tourne , que se trouve la couche de ja- 
luze dont l’excavation a produit la caverne. L'action 
dissolvante a été exercée par l’infiltration que permet 
une fissure visible dans le sol au-dessus de la grotte. La 
tranchée du chemin de fer atteignant le banc de jaluze, 
a mis à découvert l’excavation dont l’orifice était obs- 
trué par les stalagmites et les substances pierreuses dé- 
posées par les eaux. La grotte de Ver, peu éloignée de 
la précédente, celles de Saint-Sulpice et de Fleurier 
sont exactement dans les mêmes conditions : celle de 
Trois-Rods, par exception , est creusée dans le calcaire 
valangien. 

M. le Président fait remarquer que la grotte de l'Er- 
mitage et une autre voisine du Pertuis-du-Soc , sont 
aussi comprises dans le valangien. 

M. Gressly ajoute que la grotte de Fleurier et plu- 
sieurs autres grottes situées le long du Doubs, renfer- 
ment encore des courants d’eau. Dans le Jura soleurois, 
les grottes ont été excavées par des causes analogues à 
celles que M. Desor vient d'indiquer. Il cite plusieurs 
exemples remarquables, entr’autres la grotte aux clo- 
chettes, ainsi nommée du bruit produit per la chute 
des gouttes d’eau. Les ossements y sont rares , mais on 
trouve dans toutes des amas de cailloux noircis déposés 
dans le point le plus bas. Une cavité, qui n’a pas été 
encore suffisamment examinée, contient une terre brune 
que M. Gressly croit être une matière animale, une sorte 
de guano, provenant des chauves-souris, hôtes ordi- 
naires des souterrains. 


ie : NE es 


M. Gressly explique la formation des boursoutlures 
remarquées sur les stalagmites de la grotte de Roche- 
fort; ce sont des demi-géodes dues au dépôt des ma- 
tières calcaires opéré par l’eau tombant de la voûte et 
subissant une lente évaporation. Leur surface est en- 
core humide et limoneuse. 

M. Desor demande des renseignements sur les grottes 
du Doubs qui ont dû servir de refuge, dans certaines 
circonstances, et désirerait savoir quels auteurs les ont 
mentionnées sous ce rapport. 

M. Ritter décrit deux grottes qu’il a visitées dans le 
Val-de-Saint-Imier , sur le versant sud de la vallée , vis- 
à-vis de Renan. Elles sont séparées par un ruz profond 
qui n’a que quelques mètres de largeur. L'une a envi- 
ron cent pieds de profondeur et présente des étrangle- 
ments qui permettent à peine de s’y mouvoir en rampant 
sur le ventre. L'autre a la forme d’une cloche dont la 
hauteur est très-considérable. 


M. Desor donne connaissance des travaux qui ont été 
entrepris sous sa direction, par lacommune de Peseux, 
en vue de procurer à ce village la quantité d’eau néces- 
saire à ses besoins. Jusqu'à présent les fouilles n'avaient 
donné que de maigres filets d’eau, obtenus à grands 
frais; on creusait dans les graviers diluviens où on n'a- 
vançait qu'avec peine, à cause des éboulements provo- 
qués par la nature du terrain. Les fontaines ainsi obte- 
nues ne donnaient qu'une quantité d’eau insuffisante, et, 
dans certains moments, la disette devenait telle, qu'on 
était obligé d'interdire les lessives, et qu’on avait à peine 
de quoi fournir aux besoins les plus pressants. M. Besor, 
consulté par la commune, fit entreprendre des fouilles 


CPR. LU 


à la naissance d’un petit ruz qui débouche de la combe 
valangienne au {rage, suit un moment la route de Ser- 
roue et descend de là sur Peseux. C’est au resserrement 
de ce ruz qu’on a trouvé une source donnant six pots par 
minute et qui promet de fournir davantage, lorsqu'on 
aura recueilli dans une galerie convenablement dirigée 
tous les filets qui doivent se réunir dans le réservoir na- 
turel formé par les marnes. 

À ce propos, M. Desor fait remarquer que cette zone 
de terrains valangiens n’est pas suffisamment exploitée 
aux environs de Neuchâtel, et qu'on y trouverait de 
l’eau si on voulait prendre la peine de fouiller le sol, en 
profitant des indications fournies par la géologie. D'or- 
dinaire on localise trop son examen, lorsqu'il s'agit de 
sources, et on suppose trop volontiers qu’elles provien- 
nent d'un espace limité. Ainsi les sources de l'Ecluse 
qui passent pour être néocomiennes, sont en réalité le 
produit des eaux de la grande voûte de Chaumont, qui 
rencontrent 1c1 les premières couches imperméables. 
C'est ce qui fait croire à M. Desor, et son opinion est 
appuyée par M. Coulon, que des creusages entrepris 
derrière le Mau-djobia, en suivant le verger des Auges, 
donneraient des sources abondantes, qui seraient bien 
accueillies à Neuchâtel, où le manque d’eau s’est fait 
sentir ces deux dernières années d’une manière très- 
réelle ; car pendant des semaines entières les fontaines 
n'ont coulé que quelques heures par jour. 

Quelquefois les combes marneuses où se ramassent 
les eaux présentent, dans leur parcours, des fissures 
qui interrompent tout-à-coup la circulation, et dans 
lesquelles l’eau se perd, soit d’une manière définitive, 


soit pour reparaitre pius bas. On en a un exemple dans 
la combe qui commence à Rochefort, et qui se conti- 
nue par Bôle et Corcelles. Le village de Rochefort a des 
sources en abondance, tandis que Bôle, Corcelles et 
Cormondrèche n’ont pas d’eau. Les sources de Roche- 
fort se perdent en un point que M. Desor a déterminé, 
et qui est au-dessous du village, dans un rétrécissement 
de la gorge, où se trouve un banc de jaluze et une cre- 
vasse perméable. Par des travaux appropriés, un bar- 
rage par exemple, on pourrait recueillir toutes ces eaux 
qui forment plus bas le Ferdasson, et les diriger dans 
des canaux, vers Bôle et Corcelles où elles seraient uti- 
hsées. 


M. Desor annonce que le tunnel du Mont-Sagne est 
percé et que toutes les prévisions de la coupe idéale 
faite par hu et M. Gressly ont été vérifiées aussi complè- 
tement que possible. On en peut conclure que pareille 
chose arrivera probablement pour le grand tunnel des 
Loges. 


M. Perregaux provoque quelques explications au su- 
jet de la table d'orientation de la chaîne des Alpes, pro- 
mise depuis longtemps, et qui n’est pas encore en place. 
M. Kopp répond au nom du comité de météorologie que 
les travaux préliminaires n'ayant pu être exécutés en 
temps opportun, il n'a pas été possible de finir cet ap- 
pareil avant la mauvaise saison. Dès que la Municipalité 
aura fait disposer le local et la base de la table, on s’em- 
pressera d’y mettre la dernière main. 


_ 


Le | NES. 


Séance du 28 janvier 1859. 


Présidence de M. L. CouLoN. 


M. Desor fait voir quelques nouveaux objets en bronze 
trouvés dans le lac près d’Auvernier. Les plus remar- 
quables sont : une faucille, un couteau ornementé et 
une pointe de lance en bronze. 


M. Tribolet soumet à l'examen de l'assemblée quel- 
ques fossiles du néocomien des Alpes suisses, pro- 
venant des précipices de la Veveyse, des environs de 
Merlingen, ete. Ces fossiles ont un facies propre qui ne 
se retrouve pas dans le Jura et qui résulte probablement 
de ce que le néocomien des Alpes est dû à une forma- 
üon de haute mer et celui du Jura à des formations ri- 
veraines ou côtières. Les couches des Alpes renferment 
surtout beaucoup d’ammonites, ce qui indique que les 
couches correspondent aux horizons inférieurs de notre 
néocomien. 


M. F. de Pury, docteur , rend compte d’un travail 
de M. le professeur Virchow, qui démontre que, dans 
les recherches médico-légales, le microscope peut faire 
découvrir des traces très-minimes de sang dans les cas 
où les réactifs chimiques laisseraient des doutes à cet 
égard. Il suffit, à cet effet, de recueillir soigneusement 
la matière suspecte sur un porte-objets, sans s'inquiéter 
si elle est ou non mélangée avec quelques particules 
étrangères, d'ajouter un peu de sel de cuisine desséché 
et pulvérisé, de couvrir légèrement le tout avee une 
plaque mince de verre, de verser de l’acide acétique 


LT" SU 


monohydraté , jusqu'à ce que l’espace entre les deux 
lames de verre soit rempli, et d’évaporer doucement 
sur une lampe à esprit de vin. Après le refroidissement 
on ajoute quelques gouttes d’eau distillée. On voit alors 
sous le microscope des cristaux rhomboïdaux d’un 
brun-noirâtre ou jaunâtre, qui ne sont que des cristaux 
d’'hématine, et qui se caractérisent en outre par leur im- 
différence pour les réactifs. M. Pury répète l'expérience 
devant la Société et lui présente sous le microscope des 
cristaux d’hématine obtenus par ce procédé. 


M. Desor annonce que, d’après les analyses de 
M. Wübhler, l’aérolithe tombé en Transylvanie contient 
du charbon et des traces de substance organique. 


Séance du 11 Février 1859. 


Présidence de M. L. CouLON. 
M. Eugène Jeanjaquet est élu membre de la Société. 


M. Tribolet fait voir quelques fossiles de loxfordien 
inférieur, provenant du Grand-Meuvran et trouvés par 
M. Mevrat; ils sont remarquables par leur conservation ; 
tous leurs caractères sont parfaitement visibles. Les 
principaux sont: Anunonites Lambert ; Amm. tortr sul- 
catus; Amim. athleta, etc. 


À propos des antiquités que lon continue à re- 
cueillir dans notre lac, M. Tribolet rapporte deux faits 
consignés dans les bulletins de la Société vaudoise des 
sciences naturelles et qui lui ont paru dignes d'intérêt. 


Ce sont, en premier lieu, des monticules bien délimités, 
élevés sur la rive méridionale du lac de Neuchâtel , et 
qui paraissent avoir servi de défense. On en signale un 
à Montbet, près du village de Chabrey, et un autre à 
Cotterd , sur la pente sud du Vuilly; l’église paroissiale 
occupe le sommet de cette éminence artificielle, autour 
de laquelle on voit les vestiges d’un large fossé. Ces res- 
tes de fortifications , antérieures à l'époque romaine, 
sont désignées sous Le nom d’'Erdburg. 

En second lieu, M. Tribolet signale la découverte 
faite par M. Troyon, de deux établissements distincts 
sur le 50! d'Yverdon. Is sont superposés et séparés par 
deux pieds d’alluvions bien stratifiées. L’inférieur est 
romain et atteste une époque de splendeur; mais en 
même temps la couche de charbon et de terre brülée 
qui l'accompagne, annonce les ravages du feu. Les allu- 
vions qui recouvrent ces débris ne proviennent mi de la 
Thièle mi du Buron, puisqu'on n’en retrouve point de 
traces en amont de la ville; elles ont donc été déposées 
par le lac, dont les eaux n’ont pu attemdre ce niveau 
élevé que par suite d’un barrage accidentel ou artificiel 
de la Thièle, en aval de Nidau , et produisant une inon- 
dation d’une certaine durée. L'ancienne £'hurodurum 
s'élevait sur une dune transversale, à-peu-près parallèle 
à la rive du lac. M. Troyon pense que son nom vient du 
Buron qui traversait la cité, et de la dune.sur laquelle 
elle était construite. L'établissement supérieur est aussi 
romain, mais il signale une époque de décadence et de 
défense militaire ; les constructions renferment des dé- 
bris de corniches et de sculptures qui ont dû appartenir 
à des édifices importants et d’une architecture soignée. 
C'est peut-être à cette époque, que la ville prit le nom 


NT RS DS 


de Castrum eburodunense, et qu’elle devint un fort des- 
tiné à repousser de nouvelles invasions de barbares. Les 
recherches de M. Troyon semblent donc établir que 
pendant la domination romaine, notre lac éprouva une 
hausse extraordinaire, qui dura assez longtemps pour 
permettre le dépôt de deux pieds d'alluvions stratifiées. 

M. Ladame rappelle que dans le mémoire sur labais- 
sement des eaux du Jura , les ingénieurs bernois font 
mention d’un ancien barrage élevé jadis à Eggerten 
dans la Thièle inférieure. Une tradition répandue dans 
la contrée conserve le souvenir de l’éboulement de la 
colline de Fenzberg, dont les matériaux, précipités dans 
la rivière, en obstruèrent le lit et provoquèrent une inon- 
dation et un changement considérable dans le niveau de 
nos lacs. 

M. Tribolet ajoute à ces faits plusieurs considérations 
qui lui semblent mettre Ilrors de doute que le niveau du 
lac de Neuchâtel a été autrefois plus élevé qu'aujour- 
d'hui. Ainsi, on a trouvé, il y a peu de temps, à sept ou 
huit pieds au-dessus du lac, en creusant un canal près de 
l'Arnon, des couches de différente nature superposées 
et remplies d’une énorme quantité de coquilles appar- 
tenant aux mêmes espèces qui vivent actuellement dans 
nos eaux. 

Sans vouloir contester ce qui vient d’être dit, M. Xopp 
fait connaitre quelques observations qui lui ont été com- 
muniquées par M. Otz, notaire, à Cortaillod, et qui pa- 
raissent établir que notre lac n’a guère dépassé en hau- 
teur son niveau actuel, mais qu’il à dû avoir jadis un 
niveau plus bas. Ce sont en particulier les roches polies 
descendant jusqu'aux eaux actuelles, dans le voismage 


de Concise ; ces traces de l’action glaciaire auraient.été 
BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. V. 2 


de ‘EURE 


effacées par les vagues, si le lac avait éprouvé une hausse 
de longue durée ; elles nous donnent ainsi le moyen de 
déterminer les limites supérieures de ses mouvements. 
Enfin un autel druidique, en place, a été révélé près de 
Cortaillod, par la baisse extraordinaire de l’année passée, 
et atteste qu'à une époque reculée les eaux n’avaient pas 
la hauteur qu’elles conservent actuellement. Il résulte 
de toutes les observations et de toutes les découvertes 
faites jusqu’à ce jour , que le lac de Neuchâtel a subi 
des hausses et des baisses plus ou moins considérables, 
mais les hausses ne paraissent pas avoir eu une très- 
longue durée. 


M. Louis Favre fait voir quelques objets celtiques en 
bronze trouvés l'été dernier, à trois pieds de profondeur, 
dans le marais situé sur la rive droite de la Thièle, 
à peu de distance en amont du pont de Saint-Jean. Ils 
consistent en une hache, une épingle à cheveux dont la 
tête massive est sphérique avec quelques traces d’orne- 
ments linéaires, et plusieurs fragments d’un objet dont 
on ne peut pas facilement définir l'usage et qui était 
peut-être une agrafe. Certaines parties de cette der- 
nière pièce sont tordues de manière à présenter l'aspect 
d’une vis à filets inégaux. Ce mode d’ornementation 
n’est pas rare dans l’industrie celtique. Ces antiquités 
ont été retirées de la tourbe, sur un espace de quelques 
pas; on n’a aperçu dans cet endroit, ni aux alentours, 
aucun pilotis, aucune trace de construction, aucun frag- 
ment de poteries. Pour expilquer leur présence, on ne 
peut donc pas admettre l'existence d’une station ou d’un 
village celtique, mais il est permis de supposer qu'un 
homme a péri en ce lieu et que ses ornements et ses 
armes se sont conservés Jusqu'à ce Jour. 


EL QUE 


M. Favre présente en même temps une carte du See- 
land où il marque le gîte de ces objets, ainsi qu’un des- 
sin représentant une coupe faite dans le marais, avec 
le niveau des eaux au mois de juillet 1858. La fable 
profondeur où cette découverte a été faite le conduit à 
admettre que notre lac, à l’époque celtique, devait avoir 
à-peu-près le même niveau que dans nos basses eaux 
de l’année passée; s’il était plus bas, la différence ne 
devait pas être considérable. Voici sur quelles consi- 
dérations il appuie sa manière de voir. 

Les sondages opérés dans divers points apprennent 
que, à partir de la surface du sol, on rencontre d’abord 
trois pieds d’une tourbe brune mélangée d’uneisi grande 
quantité de sable qu’elle ne peut être utilisée; les ob- 
jets de bronze reposaient au fond de cette couche. Au- 
dessous se présente un lit de 4 à 6 pouces de sable argi- 
leux très-fin, semblable au limon du blanc-fond du lac 
de Bienne, dont on est éloigné de quelques centaines 
de mètres. Enfin plus bas, se trouvent huit pieds au 
plus de tourbe compacte , exploitée par l'usine de St- 
Jean qui ja convertit en charbon. A la base de ce dépôt 
tourbeux , la sonde rencontre les couches argileuses 
servant de base au marais. Telle est la structure de la 
digue qui sépare le lac de Bienne de celui de Neuchâtel. 
Cette digue, plus basse de trois pieds pendant l’époque 
celtique, permettait à notre lac de se vider plus large- 
ment dans le lac de Bienne, et de prendre en général 
le même niveau que celui-ci. H est probable que la dif- 
férence dans le niveau ordinaire de ces deux bassins, 
date de l’époque où la tourbe sablonneuse supérieure a 
réussi à se déposer pendant des hausses d’une assez lon- 
gue durée. D'un autre côté, l'existence de la couche 


— 20 — 


sablo-argileuse , sur laquelle on trouve de nombreux 
fragments de bois roulés par la lame , nous oblige à re- 
connaître que les vagues passaient aussi à sa surface. 
Or, au mois de juillet 1858, les eaux étant fort basses, 
atteignaient exactement cette couche sans la dépasser, 
et la tourbe compacte complètement immergée se trou- 
vait dans les mêmes conditions qui ont dû présider à sa 
formation , lorsque les lacs de Bienne et de Neuchâtel 
ne constituaient qu'un seul bassin. 

La structure des terrains tourbeux et sans consistance 
qui forment les rives de la Thièle, entre les deux lacs, 
explique les ravages que les bateaux à vapeur produisent 
dans les berges, depuis que la navigation est devenue 
active sur cette rivière. 


Séance du 25 Février 1859. 
Présidence de M. L. COULON. 


M. Paul Meuron, ingénieur, est élu membre de la 
Société. 


M. le Président présente un poignard trouvé dans le 
marais d’Avenches et donné récemment au musée de 
Neuchâtel. Cette arme a la forme et les dimensions d’un 
fort couteau; elle n’est tranchante que d’un côté et le 
manche à perdu sa garniture de bois ou de corne. On 
remarque à la poignée quelques ornements de cuivre 
jaune, entr’autres trois petits cylindres creux disposés 
traversalement dans des trous ronds à peu près égaux, 
et devant figurer des clous analogues à ceux qu’on voit 
sur les couteaux de chasse de nos carabiniers. La lame, 


He Se 


noire et peu altérée, porte sur une de ses faces une pe- 
tite incrustation de laiton. M. Troyon, à qui M. Coulon 
a communiqué un dessin de cet objet, ne croit pas 
cette arme ancienne, l’incrustation de la lame dénonce 
une époque relativement récente. Il est possible que 
cette espèce de miséricorde provienne de la bataille de 
Morat. Le musée d’Avenches possède une pièce du même 
genre attribuée à la même époque. 


M. Xopp informe la Société que son ami M. Oscar 
Rau , d'Yverdon , est prêt à partir comme missionnaire 
chez les Cafres; M. Rau est instruit et imtelligent; 1] 
aime les sciences naturelles, et les contrées peu connues 
qu'il va visiter, fourmront un large champ à ses obser- 
vations. M. Kopp propose de le nommer membre cor- 
respondant. Nous aurons ainsi l’occasion d’être en re- 
lation avec l'Afrique méridionale et d'obtenir sur cette 
région des documents du plus haut intérêt. Cette pro- 
position est prise en considération par la Société et l'on 
décide de procéder à cette élection dans la prochame 
séance. 

. 

M. Zrébolet fait voir un échantillon de l’'Ammonites 
astlierianus, provenant des gorges de l’Areuse, au-des- 
sous de la colline du château de Rochefort. Cette am- 
monite caractérise nettement une couche des marnes 
jaunes, inférieures aux marnes bleues néocomiennes. 
Cette couche, qui se retrouve sur tout le territoire et 
toujours avec la même association de fossiles, doit avoir 
une valeur plus grande que celle qu’on lui a attribuée 
jusqu'ici. Il faut dire qu’elle est fort mince et ne se 
montre pas à découvert naturellement, et qu'on ne la 


— 22 — 


guère entrevue que dans les travaux de la percée du 
Seyon, à Neuchâtel, et à Renaud-du-Mont, près de Mor- 
teau, où on l’exploite avec la marne bleue pour l’amen- 
dement du sol. (M. Tribolet n’attend que l’occasion 
d’aller étudier ce nouveau point qu’il n'a pas encore 
visité, l’ammonite qu’il présente lui ayant été remise 
par M. l'ingénieur Dürrschmidt). 

Il présente encore plusieurs fossiles des grès verts que 
les travaux du chemin de fer Franco-Suisse ont mis à 
découvert dans les gorges de l’Areuse. Les couches de 
ce terrain y sont en forme de V renfermé dans un plis- 
sement de l’urgonien, correspondant probablement à 
l'axe du vallon géologique et soumis d’après son aspect 
à une compression violente. 

L'existence du grès vert, dans cette localité, est restée 
ignorée Jusqu'à ces derniers temps. 


M. Desor fait remarquer la différence qui existe entre 
les deux vallées inférieures de notre canton, dont la 
structure géologique est la même: le Val-de-Ruz est 
large, ouvert et riant, et le Val-de-Travers est étroit, 


sinueux et sévère. 
s 


M. Z° Coulon fait part d’un fait curieux qu'il a lu 
dans un journal de conchyliologie. Un naturaliste amé- 
ricain, M. Thomas, de Cincinnati, a découvert que cer- 
tams mollusques, particulièrement les hélices, annon- 
cent la pluie par leurs allures et leurs changements de 
couleur. 


M. Xopp fait une série d'expériences sur la lumière, 
avec l’appareil de Melloni, dont le cabinet de physique 
vient de faire l’acquisition. 


Di Ne 


Séance du 11 Mars 1859. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Oscar Rau est nommé membre correspondant de 
la Société. 


M. Coulon signale une particularité remarquable rap- 
portée par M. de Saussure dans le récit de son voyage 
en Amérique. Il raconte qu’étant sur le volcan Pizarro, 
situé dans la plaine de Pérote, montagne d’une extrême 
aridité et ne produisant que des agaves et des yuccas, 
il vit un grand nombre de pics (Colaptes rubricatus) qui 
paraissaient s’alimenter d’une manière extraordmaire. 
Ces oiseaux s'approchaicnt des hampes d’agaves, les 
frappaient de leur bec et en retiraient un objet qu'ils 
allaient manger en l’appuyant contre l'écorce des yuc- 
cas. M. de Saussure réussit à s'assurer que les substances 
trouvées par ces grimpeurs étaient des glands, dont les 
tiges creuses d’agave recelaient une grande quantité. Il 
est probable que ces glands y avaient été déposés par 
ces mêmes oiseaux, en cas de disette ; ils lesavaient intro- 
duits par des trous encore visibles et que leur bec leur 
permet de pratiquer facilement. On peut se faire une 
idée du travail de ces oiseaux par la circonstance que les 
chênes porteurs de ces fruits, se trouvaient à une dis- 
tance d’au moins dix lieues de l’endroit où cette obser- 
vation fut faite. 

À cette occasion, M. Coulon fait remarquer qu'il n’y 
a rien d’extraordinaire à voir des pics se nourrir de 
glands, malgré leur disposition bien connue à vivre 
d'insectes et de larves; il a trouvé le jabot d’un oiseau 
de ce genre rempli de noisettes entières. On sait, du 


De OUTRE 


reste , que les oiseaux appelés autrefois granivores, se ! 
nourrissent d'insectes pendant une grande partie de 
l’année et rendent ainsi à l’agriculture des services im- 
portants et trop souvent méconnus. 


M. Desor a fait continuer les recherches dans notre 
lac en vue de découvrir de nouveaux débris celtiques. 
Le pêcheur qu'il emploie, a exploré la rive méridionale, 
et a trouvé près de Chevroux une station très-impor- 
tante, marquée par de nombreux pilotis; il a ainsi con- 
firmé un fait que M. Desor soupçonnait depuis quelque 
temps. L'eau, troublée par les ruisselets qui descendent 
des falaises, n’a pas permis de pècher des objets de pe- 
tites dimensions, mais en compensation, on a retiré du 
fond du lac deux débris que M. Desor dépose sur le bu- 
reau. L'un est un bois de Cerf bien conservé ; l’autre pa- 
rait être l'os de la corne d’un grand bœuf, peut-être de 
l’Urus. Si cette détermination se confirme , ce dernier 
objet serait extrèmement précieux; car on ne possède 
en Suisse qu’un seul échantillon du grand ruminant qui 
vivait dans nos contrées, à une époque si reculée, que 
l'histoire n’en garde pas même le souvenir. H a été trouvé 
au bord du lac de Moosseedorf, et fut considéré d’abord 
comme appartenant au Cerf megaloceras; l'opinion de 
M. Troyon, qui rapportait ces débris à l'Urus, fut confir- 
mée plus tard par le naturaliste Jean Muller, de Berlin. 

En côtoyant le rivage, dans la direction d'Estavayer, 
on a retiré de l’eau une riche collection d'objets de 
bronze , entr'autres des épingles à cheveux et des bra- 
celets. Les stations de cette région appartiennent donc 
à l’époque du bronze. 

Une station nouvelle a été découverte dans le lac de 
Bienne, près de Hagneck ; elle n’a offert jusqu'à présent 


gt. ae 


aux explorateurs que des objets en pierre, et en parti- 
. culier des haches. M. Desor fait voir une hache en ser- 
pentine provenant de cette localité. 

M. Desor rectifie un détail qu’il a communiqué l’année 
dernière à la Société ; on avait trouvé dans le lac plu- 
sieurs vases contenant une certaine quantité de noyaux 
de cerises, selon la détermination de M. Godet, de Neu- 
châtel ; M. Heer, à qui ces noyaux ont été soumis , les 
tient pour des noyaux de prunes à cause des stries dont 
leur surface est sillonnée, ceux de cerises étant toujours 
lisses. Il paraît , d’après cela, que les peuples lacustres 
faisaient des provisions de fruits, qu’ils desséchaïent pour 
les conserver , et que les vases en terre dont ils étaient 
largement pourvus, servaient souvent à serrer les provi- 
sions. Les prunes et les noisettes n'étaient pas les seuls 
fruits dont ils fissent usage. M. Desor en possède un au- 
tre, de même provenance, et reconnu pour une pomme 
sauvage par M. Heer, qui annonce que des fruits analo- 
gues ont été trouvés dans des stations du lac de Cons- 
tance, où bon nombre dé pilotis sont des troncs de pom- 
miers de forêts. 

Les pilotis signalés devant Hauterive ont attiré l’atten- 
tion de M. Desor; il les a fait explorer par son pêcheur 
qui n’en a retiré, après de longues recherches, qu'un 
fragment de poterie celtique. Avec un tact, que lhabi- 
tude de ces investigations minutieuses développe chez 
ceux qui s’y adonnent, le pêcheur avait déclaré d’em- 
blée que cet endroit était pauvre et qu’il y perdrait son 
temps. Il avait remarqué que les pilotis ne portaient 
aucune trace de carbonisation , et l’on sait que les sta- 
tions incendiées sont seules riches en débris de toute 
espèce. | 


sn OT 


A la suite de cette communication, M. Coulon rap- 
porte qu’il a entendu dire, il y a quelques années, qu’on 
avait trouvé près des Brenets, une tête d'Urus tout en- 
tière, mais qui a été détruite par les ouvriers. 

M. L. Favre ajoute une particularité qu’il tient de 
M. Otz, notaire, à Cortaillod, qui possède une collection 
intéressante d’antiquités, c’est la découverte faite par 
lui-même, dans le lac, d’un vase renfermant deux fau- 
cilles et huit bracelets de bronze. Ceci vient à l'appui 
de l’opinion émise par M. Desor , sur les usages des po- 
teries, qui servaient , dans l’occasion, d’armoires ou de 
meubles analogues. 


M. Æopp présente et met en activité un petit appareil 
d’imduction muni d’un commutateur, construit pour 
l'usage des dentistes et au moyen duquel on prétend 
extraire les dents sans douleur. L'opérateur détermine 
la marche de l'appareil et la fermeture du circuit à 
l'aide d’une pédale. 

M. Kopp fait voir ensuite la pile qu’il emploie pour 
donner des commotions aux malades auxquels on pres- 
crit ce mode de traitement. Elle se compose de six cou- 
ples, contenus chacun dans un vase de verre, amorcés 
avec du sulfate de cuivre et renfermés dans une caisse 
de fables dimensions. Le grand avantage de cette dis- 
position est de rendre l'appareil portatif, facile à mettre 
en activité, et privé d’odeur désagréable ou malfaisante. 
M. Koppa déjà eu l’occasion de constater l'efficacité des 
commotions électriques pour le soulagement de certai- 
nes maladies. 


de, aan 


Séance du 25 Mars 1859. 


Présidence de M. L. CouLox. 


M. Paul Godet fait observer que la contradiction si- 
enalée dans la dernière séance par M. Desor, entre la 
détermination des noyaux de fruits par M. Heer et celle 
de M. Godet père , n’est qu’apparente , ces deux natu- 
ralistes désignant le même arbre par des noms diffé- 
rents: M. Godet l'appelle Cerasus mahaleb, et M. Heer, 
Prunus mahaleb. 


M. Charles Herzog est reçu au nombre des membres 
de la Société. 


M. Coulon rend compte d’un mémoire de M. Lere- 
boullet sur les écrevisses qui vivent aux environs de 
Strasbourg. Les fossés des fortifications et les ruisseaux 
de la contrée voisine nourrissent une énorme quantité 
d’écrevisses, qu’on pêche en-abondance pour les expé- 
dier à Paris. Jusqu’à ces derniers temps on les considérait 
toutes comme appartenant à une seule espèce, asfacus 
fluviatilis, celle qui est connue partout; mais M. Lere- 
boullet ayant comparé avec soin un grand nombre de 
ces animaux, remarqua, que les noms différents qu'ils 
portent dans la contrée, selon leur habitat, correspon- 
daient à des caractères fixes bien déterminés, et que là 
où il admettait une seule espèce il y en avait réellement 
trois, dont deux, qui lui paraissent nouvelles, ont reçu 
les noms de astacus longicornis, et astacus pallipes. Ces. 
deux dernières, de plus petite taille que les fluviatiles, 
sont moins savoureuses et moins délicates et ne sont 
guère employées que pour les soupes, les sauces et les 


ragoüts; la longicorne vit dans les ruisseaux et les eaux 
courantes à fond de cailloux ; la pallipède, qui est la plus 
petite, vit dans les fossés et eaux stagnantes à fond va- 
seux. On les pêche en automne, époque de leur ponte. 

M. Coulon engage les amateurs de zoologie à s'assurer 
sices deux nouvelles espèces sont représentées cheznous. 


M. Paul Godet fait la communication suivante: Les 
chitonides , regardés par les anciens comme des crus- 
tacés, ou complètement négligés par eux, se distinguent 
cependant par leur extérieur remarquable qui rappelle 
celui de nos cloportes. Leur coquille, qui s’insère dans 
le rebord du manteau visible tout autour, se compose 
de huit pièces ou valves disposées comme les tuiles d’un 
toit et mobiles les unes sur les autres de manière à per- 
mettre à l'animal de se rouler en boule. Ils sont tous 
marins et adhèrent aux rochers avec une très-grande 
force ; ils y restent quelquefois attachés pendant la ma- 
rée basse. 

Le premier auteur qui s’en est occupé est Petiver 
(1702); il les nomma oscabrions, de deux mots islan- 
dais: 0s% souhait et biorn oursin , parce qu’une légen- 
de attribue, à une pierre cachée dans le corps de ces 
animaux , la propriété d'accomplir tous les désirs du 
mortel assez heureux pour s’en emparer. 

Linné (1758) s'occupa aussi des oscabrions ; il en dé- 
crivit 9 espèces et leur donna le nom carton (4:70, man- 
teau, tunique), il les placa dans son ordre des multival- 
ves , à côté de ses lepas et des cirrhipèdes , ainsi done, 
parmi les mollusques. Gmelin, dans son système naturel, 
en mentionne 28 espèces, Wood 37, enfin Sowerby, 
en 1841 , en distingue 2901 espèces. En 1847, Gray les 


LD * D us 
divisa en 20 genres. Quant à leur anatomie, elle fut tour 
_à tour étudié par Poli (1792) Recherches anatomiques ; 
Middendorf (1846), Bulletin de l'académie impériale 
de Saint-Pétersbourg, et par d’autres. 

Blainville avait d’abord placé les chitonides , sous le 
nom de polyplariphora , dans. ses malentozoaires, en 
compagnie des cirrhipèdes; mais il revint plus tard à 
l'idée de Linné. 

Cuvier les a rapprochés du genre Patella, qui se trouve 
dans les gastéropodes eyclobranches, et cela à cause de 
leurs branchies disposées en cercle autour de l'ouverture 
de la coquille ; mais suivant l'opinion de M. Shuttleworth 
(Ueber Bau der chitoniden. Bern. Motth. Jun 1853) 
les chitonides diffèrent essentiellement des patelles par 
leur manque de tentacules et d’yeux et par la position 
de leur anus à l’extrémité postérieure du corps. Peut- 
être serait-il meilleur d’en faire une classe particulière 
et de les placer, avec Forbes et Haniey, entre les ptéro- 
podes et les gastéropodes. Remarquons cependant avec 
M. Shuttleworth qu’il est inutile de discuter là-dessus 
avant d’avoir étudié le développement de ces animaux. 

Nous avons vu que la coquille des chitonides se com- 
pose de 8 valves, dont les 6 moyennes ont une forme 
parallélogrammique et sont comme pliées vers le milieu, 
de manière à former une angle de 140°; ces valves, li- 
bres par leur partie postérieure, sont fixées antérieure- 
ment, et, au moyen de deux prolongements et de dents, 
correspondant à celles du manteau, dans les replis de 
ce dernier. Chaque valve se compose de deux couches 
de substance, l’une supérieure et extérieure, nommée 
tegumentum , et composée de petits tubes qui courent 
parallèlement à la surface (c’est cette couche qui pré- 


ui te 


sente les dessins et les sculptures dont la coquille de ces 
animaux est souvent embellie) ; l'autre nommée articu- 
lamentum, parce que c’est d'elle que partent les prolon- 
gements qui servent à l'articulation des valves. 

Dans cette couche inférieure, on distingue de chaque 
côté une paire d'articles de forme triangulaire et réunis 
par des sutures composées de petits prolongements sé- 
parés par des pores allongés. La partie moyenne, qui a 
la forme d’un triangle , est tout entière couverte de ces 
petits pores allongés et visibles à la loupe. Antérieu- 
rement, on voit s’avancer deux apophyses ou lamelles 
aplaties et séparées par une échancrure dentée. À droite 
et à gauche, le bord des valves est aussi pourvu de dents 
correspondantes à celles du manteau et qui sont sépa- 
rées en deux groupes par un sinus. Ce sinus embrasse 
le prolongement qui réunit les deux bords du fossé 
creusé à la Himite du rebord du manteau. A la partie 
postérieure de l’articulamentum , se trouve un espace 
très-étroit sur les bords, plus large dans le milieu, dif- 
féremment coloré et strié, et séparé des articles par une 
suture pourvue de pores. 

Aux valves ternunales, le nombre des articles va 
quelquefois jusqu’à douze, et tout le bord arrondi est 
pourvu de dents séparées en groupes par autant de si- 
nus que d'articles. La valve antérieure est échancrée 
postérieurement, tandis que la valve postérieure à au 
tequmentum , un peu après le bord antérieur , une par- 
tie relevée, nommée wmbo, et d'où partent ordinaire- 
ment des stries rayonnantes. 

Telle est la coquille des Chitonides, dans les groupes 
Lophurus, ete., et en particulier dans le C/uton (Lo- 
phurus) Cumingri Trembly, que nous avons sous les 
Yeux. 


— 1 — 


Le manteau de forme ovale est tantôt recouvert par 
les valves, sauf un rebord nommé /mbus , tantôt il les 
recouvre et n’en laisse voir que des dope: très-peu 
apparentes (chitonnellus). 

Les apophyses des valves pénélrent dans autant de 
poches disposées en deux séries parallèles le long du 
manteau. Les dents qui portent Le sinus antérieur trou- 
vent leurs correspondants dans une série de sillons den- 
tés et placés dans la ligne médiane du corps. La partie 
latérale est creusée en gouttière, au fond de laquelle 
se trouvent les petites dents et le prolongement indi- 
qués plus haut. Le rebord du manteau est recouvert, 
soit par de petites écailles ovales et calcaires, imbriquées 
et brillantes ( lophurus, etc. ) soit par des soies cornées 
(chætopleura), ou des aiguillons calcaires (acantho- 
pleura), quelquefois réunis en groupes distincts (crypto- 
chiton); enfin nous le trouvons quelquefois presque 
lisse et corné. Ces faisceaux d’aiguillons paraissent être 
mobiles d’après la volonté de l'animal. 

Dans certains groupes se trouvent encore autour des 
valves et au hord du manteau une série de pores qui 
portent des faisceaux de spicules fines et vitreuses. Ces 
spicules, ainsi que l’épiderme, les soies, les poils, ete., 
se composent probablement de ctine. 

M. Xopp présente le tableau des hauteurs des lacs de 
Neuchâtel, de Bienne et de Morat pour l’année 1858. La 
baisse excessive observée du miieu de février jusqu’à la 
fin de ce mois, et qui dépasse tous les chiffres connus 
auparavant, rend ce tableau très-remarquable. À ce 
propos, M. Kopp rappelle que les dispositions que lon 
avait adoptées à l'égard du limnimètre , à la colonne 


RQ UN 


météorologique, ont dû être quelque peu modifiées. 
Les limites extrêmes de la course inférieure de l’index 
étaient largement calculées sur les plus basses eaux con- 
nues; malgré cela, il a fallu entailler la pierre pour que 
le flotteur pût continuer à descendre, l’espace laissé 
libre ne suffisant plus au jeu de l'appareil. 


M. Tribolet donne une analyse rapide d’un article de 
M. Marcou sur le néocomien du Jura. L'auteur, après 
avoir fat l'historique du terrain néocomien et en par- 
ticuler de ses diverses désignations , s’élève avec force 
contre les géologues qui veulent retrouver dans chaque 
couche l’équivalent de tel terrain des autres pays, en 
leur imposant de prime-abord le même niveau; il veut 
que chaque contrée fasse sa géologie pour soi, établisse 
ses divisions d’une manière naturelle et indépendante, 
quitte ensuite à chercher ailleurs un parallélisme plus 
ou moins complet. Prêchant d'exemple, il donne im- 
médiatement une division des terrains néocomiens pour 
le Jura; il en fait trois groupes : ceux de Sainte-Croix 
(valanginien), du Chdteau (néocomien moyen), et de 
Noirvaux (urgonien). 

Le 1” se compose des marnes de Villars, des roches 
d’Auberson et de la limonite de Métabief. 

Le 2°° des marnes de Hauterive, desroches de l’Ecluse 
et de la pierre jaune de Neuchâtel. 

Le 3% des roches de Mauremont et du calcaire de 
Noirvaux-dessus. 

Et d’abord, quant aux trois grands groupes , comme 
ils sont tous représentés à Neuchâtel et que de plus, ils 
sont ici nettement accusés par une succession de gra- 
dis parfaitement accentués, n’est-il pas préférable de 


CEE | TRES 


leur donner le nom de ces gradins, puisqu’ainsi on se 
rend beaucoup mieux compte, à première vue, de la po- 
_ sition et de la signification de ces groupes, qu’on pour- 
rait appeler en conséquence de l'£rmutage, du Château 
et du Mal. Quant aux sous-étages, on pourrait changer 
le nom de roches d’Auberson, contre celui de roches de 
Fahy, attendu qu'ici ces rochessont pluspuissantes, plus 
régulièrement disposées en belles assises continues qui 
donnent lieu à une exploitation de marbre, et, pour le 
dire en passant, c’est sur le crêt qu’elles forment avec la 
limonite, que croît Le bon vin rouge de Neuchâtel. 

Le sous-groupe que M. Marcou appelle les roches de 
l’Ecluse, a peu d'importance; il n’a pas une faune par- 
ticulière, et ne se distingue guère par sa nature pétro- 
graphique du sous-groupe supérieur. 

M. Tribolet aurait préféré élever à la hauteur de 
sous-groupe les marnes jaunes inférieures à la marne 
de Hauterive qui, malgré une faible épaisseur, ont une 
faune distincte, caractérisée spécialement par l’Ammo- 
rates astierianus, et, de plus, ont une extension considé- 
rable, puisqu'elles se retrouvent, à Neuchâtel, dans les 
gorges de l’Areuse, et à Morteau, toujours parfaitement 
semblables à elles-mêmes. Il est possible que M. Marcou 
les fasse rentrer dans ses couches de Censeau; mais dans 
tous les cas, les marnes à Bryozoaires, de Sainte-Croix, 
qu’il pense être l'équivalent des couches de Censeau, 
apparüennent au groupe précédent ou valanginien. 

M. Marcou aurait pu appeler roches de Bôle la partie 
inférieure de son 3" groupe, car dans cette localité, cet 
horizon est seul à découvert, et dans ce cas, réserver 
pour le calcaire de Noirvaux-dessus le nom de roches 
du Mauremont, attendu que c’est plus particulièrement 


BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. V. 3 


| REP 


h! 


au calcaire à caprotines que cette colline doit son 
relief. 

Du reste, il n’y a rien de nouveau dans ces divisions, 
sauf les noms ou leurs équivalents déjà généralement 
adoptés chez nous. Ce qui rend l’ouvrage en question 
plus intéressant , c’est sa dernière partie, qui traite du 
synchronisme entre le néocomien et le wealdien, et 
où il fait remarquer que de même que le purbeck an- 
glais est l'équivalent du calcaire supérieur de Salins, 
attendu qu'on y trouve dans les couches marneuses 
un ou deux fossiles communs (Hemicidaris purbecki), 
le néocomien est aussi, par la même raison et par la 
position stratigraphique, le correspondant marneux du 
wealdien. 


Séance du 8 Avril 1859. 


Présidence de M. L. COuLOoN. 


/ 


. M. le prof. Xopp fait voir sous le microscope, avec 
un fort grossissement, des photographies sur verre, re- 
présentant des tableaux nettement visibles dans tous 
leurs détails, et ne mesurant pas plus d’un millimètre 
carré. | 


M. Perregaux présente un petit appareil au moyen 
duquel on obtient sur papier, avec célérité et exactitude, 
le dessin des feuilles des plantes. Cette présentation est 
accompagnée de plusieurs planches de fougères obte- 
nues par ce prorédé. 


M. le prof. Kopp litune lettre de la Société météoro- 
logique de France , qui désire entrer en relation avec 
notre Société et propose de faire un échange de publi- 
cations, comme nous le faisons déjà avec la Société 
géologique de France. 

Cette lettre contient sur les observations météorolo- 
giques les questions suivantes , auxquelles on demande 
des réponses détaillées : 


« Quels sont les thermomètres employés dans les di- 
verses stations ; à mercure ou à alcool! , d’un gros ou 
d’un petit volume ; libres et gradués sur le verre , ou 
enchassés dans une plaque de bois ou de métal? — Com- 
ment ont-ils été vérifiés en divers points de leur échelle? 
— Quelle est leur position? — Dans les villes ou à la 
campagne? Près ou loin des murs? — Comment sont-ils 
abrités aux différentes heures du jour? — Quelle est 
l'orientation à laquelle ils sont exposés? — Quels baro- 
mètres emploie-t-on?— Ont-ils été comparés à l’obser- 
vatoire de Genève ou ailleurs? — Comment sont-ils 
réduits à zéro ? — Quels sont les pluviomètres employés 
partout? — Quel est le diamètre de l’entonnoir ? — 
Comment sont-ils placés? — Comment l’eau recueillie 
est-elle évaluée? — Quelle est la hauteur au-dessus de 
la mer des cuvettes des baromètres, dans les diver- 
ses stations? — Si les baromètres sont comparés entre 
eux ? 

» Nous désirerions voir indiquer le nombre de fois 
que chacun des huit vents principaux a soufflé, au lieu 
de dénominations locales difficiles à rapporter à ce qui 
se note partout ailleurs. 


4 


re See 


» La température de 9 heures est sujette à donner des 
nombres au-dessus ou au-dessous de la vraie moyenne, 
selon l’exposition du thermomètre. Puisqu'on observe 
le baromètre 3 fois par jour à Neuchâtel, 1l serait préfé- 
rable d'observer le thermomètre aux mêmes heures ; 
la moyenne de ces trois nombres donne une moyenne 
qui dépasse en général de 0,3 la moyenne vraie. L’em- 
ploi de thermométrographes donne aussi des résultats 
d'autant plus commodes à obtenir qu’on n’est pas assu- 
jetti à des heures fixes, et qu'on risque moins d’avoir 
des lacunes; d’ailleurs l’observation simultanée de ces 
thermométrographes et des températures à heures fixes 
donne des résultats d’une valeur bien plus grande. 

» Nous appelons surtout votre attention sur le place- 
ment des thermomètres; en les plaçant dans un lieu 
découvert , loin des bâtiments, en les garantissant par 
des abris doubles, on obtient des nombres plus faibles 
et bien plus rapprochés de la vérité. 

» Dans le cas d’un changement de système d’obser- 
vation, soit sous le rapport de l'emplacement des instru- 
ments ou des heures, il est essentiel de continuer simul- 
tanément pendant un an au moins, l’ancien système et 
le nouveau, pour établir une liaison de l’un à l’autre et 
ne pas perdre le fruit de travaux antérieurs. 

» Nous avons vu avec un grand intérêt votre résumé 
des phénomènes météorologiques des XIV et XV° siècles 
et nous en attendons la suite. Nous avons donné , dans 
le 3° volume de notre annuaire , un résumé semblable 
se rapportant à Montbéliard , et, par conséquent appli- 
cable, à très peu près, à votre canton , car les grandes 
intempéries ne sont jamais locales. Nous désirons vive- 


STAR RE 


ment néanmoins que vous parveniez à combler la lacune 
que vous signalez dans vos chroniques. 

«Nous désirons obtenir tout ce qui est relatif à la 
météorologie, ainsi les années passées nous mtéressent 
autant que les années présentes. Nous vous enverrons 
en échange les années précédentes de notre annuaire.» 

A la suite de cette lecture on charge M. Kopp de ré- 
pondre aux diverses questions qui sont adressées et de 
donner toutes les explications qu'il jugera convenable. 

M. ÆXopp présente la suite des résumés météoyologi- 
ques tirés des annales de Boyve pour la prochaine pu- 
blication de nos Bulletins. (Voir l’Appendice). 


M. le Président annonce que les tranchées ouvertes 
pour les fondations du bâtiment que l’on construit au- 
dessous du palais Rougemont, ont mis à découvert une 
couche de tourbe, de quelques pouces d'épaisseur, repo- 
sant sur un lit d'argile et s’inclimant vers le lac. Il pré- 
sente un échantillon de cette tourbe, et fait remarquer 
ce qu’il y a d’anormal dans ce dépôt, situé dans l'enceinte 
de notre ville, et dans des conditions tout-à-fait extraor- 
dinaires. 

M. Ladame qui a examiné cette substance sur place, 
ne peut la considérer que comme une terre glaise pé- 
nétrée par des substances organiques; elle n’a pas l’as- 
pect de la tourbe, et ne présente pas, du moins à l’œil 
nu, les débris végétaux qui caractérisent ce combusti- 
ble. Il demande que cette lerre noire soit examinée au 
microscope, afin que l’on constate exactement sa nature. 


M. ÆXopp demande quela Société prête son concours 
à la réalisation d’un projet dont l'importance n’a pas 


SAR: 0 


besoin d’être démontrée ; il s'agirait de déterminer, par 
des observations directes, le rapport qui existe entre la 
quantité d’eau tombée sur un certain espace de terrain 
et celle qu'emportent les rivières provenant de cette 
contrée. Nous avons fait des expériences sur l’évapora- 
tion du lac pendant les diverses saisons de l’année; 
nous mesurons la quantité d’eau que la pluie et:la neige 
jettent à la surface du sol sur divers points de notre 
pays, mais nous ignorons combien la terre et la végé- 
tation absorbent de cette eau. Ce qui nous manque, 
c'est un coefficient qui nous permette d'évaluer, con- 
naissant la masse d’eau tombée, la part qui contribue 
à remplir nos lacs. Tant que nous ne posséderons pas 
ce coefficient, toutes les recherches que nous faisons 
pour étudier à fond la question des eaux du Jura, se- 
ront vaines, et le problème, posé depuis si longtemps, 
restera insoluble. 

Il n’y a, dans notre voisinage, qu’une seule localité 
qui se prête à ce genre d'expérience, c’est le Val-de- 
Ruz. Ce vallon est parfaitement limité, entouré de mon- 
tagnes, fermé de toutes parts, sauf d’un seul côté, 
avec un fond argileux formant une sorte de vase où s’a- 
massent les eaux de toute la contrée et n'ayant d’écou- 
lement que par le Seyon. M. Kopp propose done de 
distribuer dans les divers points du Val-de-Ruz un nom- 
bre suffisant d’udomètres pour évaluer fa quantité d’eau 
tombée dans le vallon entier, puis, d'entreprendre à 
Valangin, des jaugeages réguliers du Seyon. Cet ensem- 
ble d'observations ne manquerait pas de nous donner 
un résultat intéressant. Aussi M. Kopp manifeste l’es- 
poir , si la Société accueille favorablement son projet, 
devoir la direction des travaux publics de l'Etat s’asso- 


Lie nu 


cier à nos recherches, et, par son concours, leur &un- 
ner la possibilité d’être exécutées. 

M. Trébolet fait remarquer que la question n est pas 
si simple que le croit M. Kopp. Quand on aura jaugé le 
Seyon, aura-t-on mesuré toute l’eau qui s'échappe du 
Val-de-Ruz? I croit que la Serrière n’est pas complè- 
tement étrangère à cette contrée, mais pour quelle part 
la met-elle à contribution? C’est ce qu’on ne peut éta- 
blir. Ensuite les conditions météorologiques des diffé- 
rentes localités de cette vallée sont loin d’être égales. 
Ainsi la pluie tombe souvent sur les deux versants sans 
atteindre le milieu. I faudrait, pour cette raison, mul- 
tiplier les stations udométriques. 

M. Ladame croit aussi cette question difficile à ré- 
soudre ; elle est très-complexe et renferme des éléments 
de toute nature, géologiques, météorologiques, etc. 
Toutes les sources du Val-de-Ruz ne sont probable- 
ment pas alimentées seulement par les pluies qui tom- 
bent sur sa surface; 1l est possible qu’elles en reçoivent 
de points situés hors de son bassin, et avec lesquels 
elles communiquent par des conduits souterrains. Les 
marais fournissent aussi une quantité d’eau considéra- 
ble, qu'ils absorbent directement à l'atmosphère, et sur 
laquelle ludomètre ne donne aucune notion. Il ne faut 
pas oublier non plus que notre Jura est riche en failles, 
où les eaux s’engouffrent et disparaissent sans qu’on 
puisse les jauger. Il émet des doutes sur la valeur des 
résultats des expériences proposées. 

M. Ænab, ingénieur cantonal, croit que le Val-de- 
Ruz, est, près de nous, la localité la plus favorable, et 
il se chargerait volontiers de faire des jaugeages. H suf- 
firait pour cela de disposer à Valangin, dans le Sevon, 


# 


2.2} SM de 


une échelle limnimétrique qu'une personne observerait 
tous les jours. Les éléments complémentaires pour éva- 
luer la quantité d’eau écoulée, seraient donnés par la 
coupe du torrent et par la pente de son lit. 

M. Guillaume, conseiller d'état, désirerait que les 
observations fussent accompagnées d'une étude géolo- 
gique assez approfondie et assez complète pour qu’on 
pût avoir quelques données certaines sur les sources de 
la Serrière et sur la part que lui fournit le bassin du 
Val-de-Ruz. 

M. Ladame propose de jauger également la Serrière 
et d'établir des rapprochements entre ses hausses et 
ses baisses et la quantité d’eau tombée sur différents 
points du pays; on verra également si ses crues coïnci- 
dent avec celles du Seyon , et s’il existe quelque liaison 
entre ces deux cours d’eau. 


Séance du 29 Avril 1859. 


Présidence de M. L. Coulon. 


M. le doct" Cornaz lit la notice suivante sur une trans- 
position totale des viscères, qu’il a observée sur un ma- 
lade mort à l'hôpital Pourtalès. Il se nommait Antome 
Arigoni, était âgé de 57 ans et exerçait la profession de 
maréchal. L’autopsie eut lieu le 1” avril. A côté des 
lésions produites par la maladie, existait le vice de nais- 
sance à la fois le plus compliqué, le plus opposé à l’état 
normal et pourtant le plus simple à décrire et à com- 
prendre : l’inversion totale des viscères. En effet, le 
poumon gauche avait trois lobes et le droit n’en avait 
que deux ; le cœur était situé à droite, ayant à droite 


ADI TH 


sa moitié gauche, avec la valvule mitrale; à gauche sa 
cavité droite caractérisée par la valvule tricuspide; les 
artères pulmonaires et l'aorte en sortaient inversement 
de leur rapport normal; cette dernière ayant sa crosse 
tournée de gauche à droite, livrait d’abord une artère 
innominée pour le côté gauche, puis une carotide et 
une sous-clavière pour le droit et continuait son cours 
d’une manière analogue; l'estomac, situé à droite, ainsi 
que la rate (laquelle présentait un commencement de 
division en trois) avait son éardia à droite et son pylore 
à gauche , d’où partait le duodénum, qui était le point 
de départ d’un intestin également dirigé dans le sens 
opposé à celui qu'on est accoutumé à y trouver. En 
effet, plus bas, l’appendice vermiculaire et la valvule de 
Bauhin était à gauche, d’où le colon remontait pour 
redescendre à droite, côté duquel partait la courbure 
de VS iliaque ; le pancréas était également à rebours. 
Enfin le foie occupait l’hypocondre gauche, et la position 
de la vésicule biliarre , du grand lobe tourné à gauche, 
tandis que celui qui porte généralement le nom de gau- 
che était à droite, montraient suffisamment l’inversion 
de toutes ses parties. 

Inutile de dire qu’Arigoni n'avait jamais senti quoi 
que ce soit de ce singulier étal congénial, et ne s'était 
pas inquiété de ce qu’on percevait la matité du cœur, 
du foie et de la rate à des points anormaux. 

Cette hétérotaxie (suivant la nomenclature d’Isidore 
Geoffroy Saint-Hilaire) a reçu les noms de sûtus inversus, 
inversio, transpositio seu translocatio viscerum ; trans- 
locatio lateralis ; anastrophe ; inversa corporis structura; 
situs inversus ; transposition, inversion, renversement, 
bouleversement des viscères ; inversion splanchnique ; 


RES ? LEUR 


avec adjonction à ces noms français de l’épithète : com- 
plète, pour désigner que tous les organes assymétriques 
y prennent part. 

La meilleure description ne correspondrait pas à 
l'heureuse comparaison d'organes vus dans un miroir, 
qui est en outre bien propre à faire comprendre com- 
ment une anomalie aussi complexe n’exerce d'influence 
fàcheuse sur aucune fonction. 

Quant à sa fréquence, elle n’est pas aussi rare qu’on 
pourrait le croire. M. Cornaz en a observé un cas à 
l'hôpital cantonal de Lausanne, dans la division médi- 
cale de M. le D' De la Harpe, père, 1 y a une douzame 
d'années. Il se souvient en outre d’avoir lu dans un 
Journal politique français, vers la même époque, qu’un 
cas pareil venait d’être trouvé dans les amphithéâtres 
de la faculté de médecine de Madrid ; et c’est dans cette 
même ville qu'on vient d'en constater un, dont on lit 
la description dans le S2glo medico. 

Fait bien singulier, il paraît que cette anomalie est 
infiniment plus rare encore chez les animaux que chez 
l'homme, et pourtant quel phénomène eût été plus pro- 
pre à attirer l'attention des augures! Ni Otto, ni même 
Gurlt ne s’en occupent dans leurs savants ouvrages, et 
L. Geoffroy-Saint-Hilaire , après avoir mentionné dans 
sa thèse, que les animaux n’ont offert qu'un petit nom- 
bre de faits de transposition totale des viscères, paraît 
avoir constaté plus tard qu’il n’y en a pas de connus; 
les faits de transposition générale, c’est-à-dire des orga- 
nes extérieurs et intérieurs, tels qu'on en a observé 
chez les pleuronectes et chez divers mollusques, ne 
lui paraissent pas devoir être réunis à l’inversion splan- 


— &o — , 


chnique, opinion que M. Cornaz ne peu. cuinpietement 
partager. 


M. Paul Godet présente un échantillon du Phorus 
onustus Linné, provenant des Antilles et remarquable 
par les coquillages variés et nombreux agglutinés et sou- 
dés à sa coquille. 


M. L. Coulon a vu sur la route des Joux à la Tourne, 
qu’il parcourait hier de grand matin, et qui était mouil- 
lée par la pluie de la veille, une multitude de petits sil- 
lons creusés dans la boue et dirigés dans tous les sens. 
Ce phénomène n'était pas local mais se présentait au 
contraire sur une grande étendue de la chaussée. Il dé- 
couvrit bientôt la cause de ces apparences ; c’étaient des 
lombrics ou vers de terre ordinaires qui, sortis en grand 
nombre des prés voisins, avaient gagné la route et sy 
promenaient dans un but que M. Coulon n’a pu cons- 
tater. Il rappelle que des sillons analogues se remar- 
quent sur certaines roches, et qu’il serait possible de 
les expliquer par une cause semblable. 


M. Perregaux fait part des résultats obtenus par 
M. Pictet dans ses recherches sur les inscriptions gau- 
loises. Deux de ces inscriptions découvertes et déchif- 
frées par M. Pictet font mention de constructions ser- 
vant au culte dans les villages lacustres de l'Helvétie. 
On pourrait peut-être rapporter à ces édifices les crois- 
sants en terre cuite trouvés par M. le colonel Schwab, 
de Bienne , et dont il possède plusieurs exemplaires. 


M. Favre présente le dessin et des échantillons de Ia 
truffe d'automne (tuber brumale) trouvés au oc au- 


Le © AN 7 


dessus de Cornaux , et qu'il doit à l’obligeance de M. 
Coulon. Ce sont jusqu’à présent les seuls exemplaires 
comestibles de cette famille de champignons qu'il ait pu 
recueillir dans notre pays, où plusieurs personnes pas- 
sent pour en avoir récolté autrefois en assez grande 
abondance. On prétend que le Mail et les forêts de chê- 
nes voisines de Colombier et de Fontaine-André recèlent 
de ces champignons, et que des recherches faites avec 
le secours de chiens convenablement dressés ont donné 
quelques résultats. I n’est pas probable que les espèces 
comestibles estimées des gourmets se trouvent en grand 
nombre chez nous, si même elles y existent; le catalo- 
gue de M. Trog ne mentionne en Suisse que sèx espèces 
de truffes, dont une seule comestible, la truffe d’au- 
tomne , et encore est-elle peu appréciée. La nature de 
notre sol calcaire est loin d’avoir les qualités requises 
pour cette végétation, qui exige impérieusement une 
terre argilo-sablonneuse profonde et l’ombrage d'arbres 
à larges feuilles. 

H fait voir, de plus, le dessin d’un agaric trouvé ce 
printemps dans les bois de Chaumont, et qui présentait 
une singularité remarquable; c'était un petit champi- 
gnon de même espèce qui s'était développé sur le cha- 
peau du premier, de telle manière que les deux indivi- 
dus étaient soudés intimément par leurs chapeaux. Le 
petit parasite avait par conséquent ses feuillets et son 
pédicule en l'air. Le pédicule du parasite était desséché 
vers le bout, et les feuillets n’ont pas donné de sporules, 
tandis que le champignon principal en a fourni une 
grande quantité. - 


— À — \ 


Séance du 13 Mai 1859. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. le D' Hirsch, astronome attaché à l'observatoire, 
est élu membre de la Société. 


M. Xopp présente un baromètre métallique de Bour- 
don et Richard. C’est un des instruments commandés 
pour nos stations , par le comité de météorologie. Il est 
établi sur le même principe que le manomètre de Bour- 
don, et se compose d’un tube de laiton , à section ellip- 
tique, recourbé et à parois minces, dans lequel on a fait 
Je vide avec soin. Les pressions atmosphériques, s’exer- 
çant sur le tube, déterminent dans cet organe des mou- 
vements de flexion et d'extension qui se transmettent 
à l'aiguille du cadran, par l'intermédiaire d’un système 
de leviers et d’un engrenage. Le cadran est divisé en 
degrés correspondant aux millimètres du baromètre à 
mercure. Cet appareil renfermé dans sa boîte, peut 
être transporté très — facilement; il paraît être d’une 
sensibilité suffisante, et tout porte à croire que, quand 
il aura été comparé pendant un certain temps avec un 
baromètre à mercure ‘il rendra d'excellents services. 

M. Kopp termine en faisant remarquer la différence 
qui existe entre le baromètre métallique et le baromètre 
anéroïide dont notre colonne météorologique possède un 
spécimen, et dont il a pu apprécier les mconvémients. 


M. Paul Godet présente des exemplaires de trois 
espèces de mollusques qu'il vient de rencontrer aux 
environs de Neuchâtel (Pertuis-du-Soc) etqui n’y avaient 
pas encore été trouvées jusqu’ici. 


ROSE 


Ces espèces, quoique de très-petite taille, sont cepen- 
dant fort intéressantes et portent à une trentaine d’es- 
pèces le nombre de nos hélices indigènes. 

La 1" et la plus petite est l’Aelzr pygmeæa, Drap., 
qui se distingue par sa petitesse (1 ligne environ, ou 
moins), par des stries prononcées , lorsqu'on la regarde 
avec une forte loupe, par la forme de la bouche , etc. 
On ne pourrait guère la confondre chez nous qu'avec 
de jeunes exemplaires de l’helix rupestris ; mais les ca- 
ractères mentionnés plus haut et en outre la forme 
beaucoup plus déprimée de l’helix pygmæa l'en distin- 
guent éminemment. C’est la plus petite espèce d’hélice 
connue. 

Le 2"° espèce, l’helir aculeata, Mull., est facilement 
reconnaissable aux plis de son épiderme qui se prolonge 
en longs aiguillons souvent recourbés et qui couronnent 
le dernier tour de la coquille. 

La 3° enfin appartient à un groupe voisin de celui 
des hélices, et a été nommé par Hartmann acme lineata 
et pupula lineata par M. Agassiz. Elle se distingue des 
carychium , avec lesquels elle avait été autrefois con- 
fondue, par la présence d’un opereule. Sa longueur est 
de 5°" environ, et sa largeur de 1“*,5 à-peu-près. Sa 
surface est pourvue de stries transversales, c’est-à-dire 
dans le sens de l'axe de la coquille. Elle paraît être rare; 
aussi M. Charpentier la mentionne-t-il comme telle dans 
son catalogue des mollusques de la Suisse. 

Les deux autres espèces ne paraissent pas rares; tou- 
tes trois se recontrent sous les feuilles sèches et dans 
la terre humide, aux environs des rochers qui forment 
le petit défilé par lequel on pénètre dans le petit vallon 
du Pertuis-du-Soc. 


M. Coulon présente une pointe de flèche en fer, trou- 
vée dernièrement au sommet de Chaumont dans le pré 
de son domaine. Elle ne paraît pas être très-ancienne et 
ressemble à celles qui armaient les traits d’arbalète. La 
tête a la forme d’une pyramide triangulaire ; elle se ter- 
mine en arrière par une douille qui devait recevoir le 
bois. Le fer entier a environ trois pouces de longueur 
et est assez bien conservé. 

M. Favre annonce en avoir trouvé une semblable 1} 
y à une vinglaine d'années, lorsqu'on creusait les fon- 
dements de l’hôtel-de-ville de Boudry. 


M. Coulon fait voir une dent fossile trouvée dans le 
_portlandien que lon exploite à la carrière des planta- 
tions de Pierre-à-Bot, à l’origine de la route de Chau- 
mont. La forme de cette deal fait croire à M. Coulon 
qu'elle à appartenu à un saurien. Elle est conique, 
allongée , a environ un pouce de longueur et présente 
un beau poli ; elle porte d’un côté une arète tranchante 
bien marquée ; l'extrémité manque. M. Coulon fait re- 
marquer que chez nous, le portlandien est plus pauvre 
en fossiles que celui des parties plus orientales du Jura, 


ce qui fait apprécier d'autant pis les fossiles qu’on y 
rencontre. 


M. Perregaux dépose sur le bureau cinq plaques de 
cuivre qu'il a rapportées de Suède, et qui servaient de 
monnaie , dans ce pays, au commencement du siècle 
passé. Elles sont carrées, forgées grossièrement, épais- 
ses de 4 à 5"*, et portent des timbres frappés aux quatre 
angles; au milieu est marquée la valeur. L'une porte le 
chiffre de Charles XII et la date de 1715. Les unes sont 


os 


de 2 dalers, d’autres de 1 daler et de ‘} daler. Les plus 
grandes ont presque 15 centimètres de côté et pèsent 
plus d’une livre. M. Perregaux à eu occasion de voir 
des selles en usage à cette époque, et qui étaient munies 
des deux côtés de grandes et fortes sacoches en cuir, 
destinées à transporter cette monnaie formidable, lors- 
qu'on allait au marché. Il existe encore des pièces dou- 
bles de celles qui nous sont présentées; mais toute cette 
monnaie finira bientôt par disparaître , car les paysans, 
qui en ont encore, la vendent pour la fonte. 


M. Coulon informe la Société, qu'ayant été chargé 
par M. Dufossé , professeur au musée de Marseille, de 
prendre des informations sur les mœurs du Salut (Silu- 
rus glanis), et, en particulier, de s'assurer si cet animal 
produit des sons, ainsi que l’a avancé M. Valenciennes, 
il s’est empressé , ces jours derniers , de l’avertir par le 
télégraphe , qu’on venait de capturer quatre Saluts vi- 
vants, et qu’on les faisait voir à Neuchâtel. M. Dufossé 
n’a pu se rendre à cette invitation, mais M. Coulon est 
allé visiter ces poissons qui étaient d'assez belle taille. 
Les pêcheurs, interrogés sur la prétendue voix du Si- 
lure, ont déclaré n’avoir jamais rien entendu de sembla- 
ble; ils paraissaient même surpris qu’on leur adressàt 
une pareille question. 


Séance du 27 Mar 1859. 


Présidence de M. L, COULON. 


M. Coulon annonce qu’on a trouvé, il y a quelque 
temps, dans une vigne, près du hameau de Tschugg, 
sur le versant oriental de Jolimont , un vase en poterie, 


ENT A 2 


renfermant environ 300 monnaies milanaises, qui pa- 
raissent être d'argent. Il dépose sur le bureau le vase et 
quelques échantillons des pièces peu variées qui y étaient 
contenues. Le vase est de petite dimension et ne me- 
sure guère que un décimètre de hauteur, sur 7 ou 8 
centimètres de largeur; sa forme est celle d’un pot sans 
anse , large dans le bas, et un peu rétréci à l’ouverture; 
il est fortement ébréché; la terre est fine et couverte 
d’un vernis à l'extérieur. Les monnaies ont été soumises à 
: l'examen de M. Troyon; l’une représente saint Ambroise 
évèque de Milan ; les autres pièces portent pour effigie 
un serpent dévorant un enfant ; elles sont des Visconti, 
et M. Troyon croit qu’elles datent du XV° siècle, 

Une discussion s’engageant sur la nature du métal, 
M. Kopp se charge, séance tenante, de résoudre la diffi- 
culté ; la pierre de touche annonce de l'argent fin. Une 
des plus grandes pièces pèse 2 grammes 726 milligr., 
elle a une valeur de 50 centimes ; la plus petite pèse 
970 milligrammes, et vaut 20 centimes. 


M. Ladame \it une notice sur les changements d’état 
des corps, qu’il envisage d’une manière nouvelle ; il 
détermine les lois qui régissent ces phénomènes et, 
recherchant la part qu’elles ont en météorologie, il 
conclut en reconnaissant dans le plan général de la 
création une harmonie parfaite. (Voir l’Appendice). 


Le même présente des tableaux contenant le résumé 
d'observations météorologiques faites à Cornaux, de 
1812 à 1820 , par feu M. le pasteur Péters , sous la di- 
rection de MM. Coulon et de Montmollin. Ces observa- 
tions ont porté sur les vents , et ont été faites trois fois 


BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT. — T. V. 4 


Ep iee 


- par jour: à 7 heures du matin, à 1 heure et à 9 heures 
du soir. On y distingue # vents: la bise, le vent, Le joran 
et l’uberre. 

Le nombre des jours de bise est sensiblement le même 
que celui des jours où le vent d'ouest à régné, savoir: 
pendant 8 ans, 1336; mais l'heure de la journée apporte 
une différence dans la fréquence de ce mouvement de 
l'air et dans son intensité. Ainsi, le matin, on compte 
437 bises, à midi 535 et le soir 456. Le milieu du jour 
est donc marqué par des bises plus fréquentes et plus 
fortes. 

Avril est le mois le plus riche en bises; cependant 
les bises de mars ont chez nous une réputation mena- 
çante; mais il est probable qu’elles la doivent à leur 
force et à leur âpreté. C’est en Juillet qu’on en constate 
le moins. La bise paraît être un vent d'aspiration; elle 
souffle souvent à Genève, avant de se faire sentir à Neu- 
châtel. 

On compte en 8 ans, 336 vents le matin, 635 à midi 
et 365 le soir; le milieu du jour a la même influence 
sur le vent que sur la bise. Le mois le plus riche en 
vents, est mars (174); c’est le mois de septembre qui 
en compte le moins (72). On a observé plus de vents en 
hiver qu'en été. 

La somme des jorans est de 393 en 8 ans, soit envi- 
ron 50 par an. Juillet en a eu 72, c’est le plus grand 
nombre observé en un mois ; novembre 10, c’est le mi- 
nimum. L'été est la saison du joran, qui est en même 
temps un vent du soir. — D’octobre en mars on en 
compte 90 , de mars en octobre 300. 

Le matin en donne 42, midi 90, le soir 261. 

La somme des uberres est de 80 soit 10 par an. Ce 
vent paraît souffler de préférence en janvier , en avril, 


Di. TE UE 


mais surtout en décembre , tandis qu’en septembre on 
n'en compte que un. 

= Le matin en donne 17, midi 27, le soir 36. C’est donc 
aussi un vent du soir ; mais un vent d'hiver. 

En comparant ces tableaux aux observations analo- 
oues, faites dans d’autres points de notre pays, au Val- 
de-Ruz et à la Brévine, on voit que le joran et l’uberre 
n’ont rien de général. La bise et le vent seuls règnent 
sur une grande étendue; dans nos hautes vallées, le 
joran , comme brise du soir en été , est presque incon- 
nu; mais on a compté à la Chaux-de-Fonds , en 1812, 
66 °h de vents et 34‘, de bises. Le Val-de-Ruz, situé 
entre les grands courants des hautes vallées et la zône 
des brises, paraît être la région des calmes. Certains 
jours les observations signalent à la fois le vent à la 
Chaux-de-Fonds et à la Brévine, la bise à Cornaux et le 
calme à la Jonchère. Le joran et l’uberre ne sont done 
que des brises ou vents locaux déterminés par la confi- 
guration du sol et par la différence de température. La 
cause essentielle du joran paraît être dans le Jura, tan- 
dis que celle de l’uberre serait dans les Alpes. En été 
la différence de température commence à se faire sentir 
entre le Jura et le lac au coucher du soleil et s’accroit 
pendant la nuit ; alors l'air froid des montagnes descend 
vers la plaine, c’est le joran. En hiver les circonstances 
sont tout autres et la température du sol uniformément 
gelé ou recouvert de neige, ne présente pas des différen- 
ces assez notables entre le Jura et le lac pour déterminer 
le joran ; aussi cette brise est-elle rare en hiver, mais dans 
cette saison , entre la plaine suisse et les hauts sommets 
des Alpes, la différence de température peut être assez 
considérable pour produire un courant qui atteint nos 
contrées et qui est l’uberre. 


Meg”: NA 


M. Ladame sait que ce résultat est en opposition avec 
les données généralement admises en Suisse. Chacun 
considère l’uberre comme un courant d’air provenant 
de contrées lointaines et passant au-dessus de la chaîne 
des Alpes. Il ne hasarde cette opinion que parce que 
c’est le seul moyen de se rendre compte des faits re- 
cueillis soigneusement pendant huit années et dont on 
ne peut contester l'exactitude. 

M. Desor rend hommage aux idées lumineuses et aux 
aperçus nouveaux qui ressortent de la communication 
de M. Ladame. Il croit que les théories qui y sont pré- 
sentées pourront servir à éclaircir plusieurs questions 
de météorologie encore obscures, eten particulier celle 
des brouillards dont on s'occupe depuis longtemps sans 
grands résultats. Il saisit cette occasion pour encourager 
la Société à poursuivre avec zèle les travaux qu'elle a 
commencés, et les observations qu’elle fait dans les 
points les plus intéressants de notre pays. Les résumés 
d'observations renfermés dans nos bulletins sont lus 
avec un vif intérêt par les hommes de science, et il a 
eu dernièrement le plaisir d'entendre, à Paris, de la 
bouche de M. Renou , secrétaire de la Société météoro- 
logique de France, des choses très-flatteuses sur cette 
partie de nos publications. 

Cependant plusieurs faits avancés par M. Ladame lui 
paraissent un peu hasardés. Ainsi les brouillards sont 
plus fréquents dans les régions tropicales que ne le croit 
M. Ladame. Il cite pour appuyer sa remarque les obser- 
vations contenues dans l'ouvrage de M. Darwin. 

Quant à la bise, plusieurs personnes l’ont confondue 
en France avec le mistral, qui est la brise de la vallée 
du Rhône. Il suffit d’avoir ressenti les atteintes du mis- 


tral et de l'avoir étudié quelque temps, comme M. De- 
sor a pu le faire récemment, pour être convaincu que 
_ce courant est local et qu’il descend des Alpes et des 
Cévennes. La bise à des allures bien différentes et c’est 
avec raison qu’on la considère comme un vent général. 

Malgré les réserves faites par M. Ladame sur l’origme 
de l’uberre, et quelle que soit l'autorité des observations 
de Cornaux , il déclare que sa conviction n’en est point 
ébranlée , et qu’il a toujours reconnu dans ce courant 
une amplitude plus grande que celle qu’on vient de lui 
accorder. En général, l'uberre n’est autre chose que le 
fühn que chacun connaît en Suisse. Ce vent chaud, sou- 
vent énervant, provient de l'Afrique et a des caractères 
bien différents d’un vent local. Cependant 1l reconnait 
deux espèces d’uberre; l’un qui a une action énervante, 
et un autre qui n’a pas ce caractère et qui peut-être ne 
règne que des Alpes au plateau. Il voudrait que cette 
distinction fût faite dans les observations. Il se demande 
si l'observateur de Cornaux a su , dans tous les cas, dis- 
cerner l’uberre, et s’il ne l’a pas confondu avec d’autres 
courants. Il est surpris de la fréquence de ce vent , que 
chacun sait être très-rare, et il suppose quelques erreurs 
d'observation. 


M. G. Perreqaux fait voir une collection très-mté- 
ressante de monnaies cochinchinoises , appartenant à 
notre Musée, et qui ont été mises en ordre par ses soins. 
La plupart des pièces d’or et d’argent consistent en km- 
gots bruts sur lesquels est frappé un timbre qui en con- 
state la valeur. D’autres pièces sont des parallélipipèdes 
de diverses dimensions, couverts de caractères en relief 


et absolument semblables à de petits bâtons d'encre de 
Chine. 


2 Me 


M. Favre présente le dessin d'une morille (morille 
conique } remarquable par sa grosseur exceptionnelle, 
trouvée le 22 mai dernier dans les forêts de Pierre-à- 
bot, et qui pesait environ une demi livre. 


Séance du 3 Juin 1859. 


Présidence de M. L. CouLon. 


M. Desor rend compte de son voyage dans le midi de 
la France, au point de vue géologique. Ce qui l’a frappé 
en parcourant cette contrée et ce qui forme le caractère 
dominant du paysage, c’est l’extrème aridité des coteaux 
qui sont pour la plupart dépourvus de végétation , et 
forment un singulier contraste avec la fertilité extraor- 
dinaire des vallées. Le sol de ces vallées est si riche, le 
limon fertilisant du Rhône a une action si puissante, 
que l’on peut y cultiver ce que l’on veut; tout y vient à 
souhait et en abondance , il y a là une source inépuisa- 
ble de richesses. Le seul inconvénient que l’agriculture 
rencontre , est le mistral qui descend avec impétuosité 
des Alpes et des Cévennes et balaiïe la plaine , au grand 
détriment des cultures. On à imaginé de rompre la 
violence du vent en établissant des haies de cyprès, qui 
abritent les cultures , mais font un étrange effet dans le 
paysage , qui est loin d’en être embelli. C’est sous la 
protection de ces remparts de sombre verdure, que 
l'on cultive les pêches , les melons et les diverses sortes 
d'arbres fruitiers. 

La géologie explique facilement ces contrastes. Les 
collines sont de formation secondaire, crétacée , néoco- 

| 


__ mienne comme chez nous, avec la différence très-1mpor- 
tante que les marnes manquent même dans l’oxfordien. 
C'est l'absence de terrains argileux ou marneux , dont 
la fonction est de retenir les eaux, qui produit cette 
aridité. La surface des rochers est nue, corrodée, et 
offre un aspect analogue à nos /apias du Jura; on les 
nomme dans le pays des gariques. 

Cette structure du sol a une influence considérable 
sur les sources. La garigue est une sorte de désert sans 
eau. Il n’y a de sources que sur ses confins, au contact 
des terrains tertiaires. Les exemples les plus remarqua- 
bles sont la fontaine de Vaucluse et la fontaine de Nimes 
que les Romains ont recueillie avec tant de soi et à 
grands frais. Notre Jura occidental nous présente des 
phénomènes tout-à-fait analogues, dans la Serrières, 
l'Areuse, l'Orbe, etc. M. Fournet, qui a publié un tra- 
vail très-remarquable sur ces sources, propose de les 
appeler fontaines vauclusiennes. Les habitants de la 
contrée les nomment avennes ou évents, (orifice). 

Sur ces collines rocheuses, le botaniste trouve une 
flore particulière, la flore de la garique, caractérisée par 
des plantes sèches, des sous-arbrisseaux , comme des 
cistes, des lavandes, des genêts. Sur nombre de pots, 
on passe, sans transition , de cette flore à celle des ma- 
rais salants et quelquefois à celle des dunes. 

Les contrées fertiles sont ou des plaines d’alluvion 
ou des plaines de molasse. IL y a cependant des dis- 
tricts de molasse qui ont aussi leurs garigues. Cette 
molasse est toute semblable à la nôtre et on l’emploie 
de même pour les constructions. Chose bizarre, les Ro- 

:mains ne s’en servaient qu’avec répugnance et à leur 
‘corps défendant, par exemple, à Arles. Partout ailleurs, 


* 


RL Me 


ils faisaient usage de calcaire et surtout du néocomien. 
Les murs d’Avenches nous révèlent un fait analogue. 

Les terrains fertiles par excellence sont ceux d’al- 
Juvions; c’est là que les Romains se sont établis de pré- 
férence , et aujourd’hui encore on ne peut en trouver 
d’analogues que dans les contrées vierges de l’Amérique 
ou dans le delta du Nil. Plusieurs cantons en décadence 
par suite de déplacements survenus dans le commerce 
ou dans l'industrie, se sont relevés par l’agriculture. 
Avignon recouvre peu à peu son ancienne splendeur, 
grâce à la culture de la garance qui est devenue un arti- 
cle de première importance. La vigne est aussi cultivée 
dans les terrains d’alluvions, mais ses produits très- 
abondants sont d’une qualité inférieure ; aussi les vins 
de la plaine sont-ils en grande partie distillés et convertis 
en alcool ou en eau-de-vie. Il n’en est pas de même des 
vins fournis par les vignes qui croissent sur les collines 
sèches ou sur les cailloux. Comme chez nous, les ter- 
rains caillouteux fournissent les vins les plus recherchés, 
témoins les vins de Saint-George , d'Hermitage, etc. La 
quantté est rachetée par la qualité. 

On rencontre à l'embouchure du Rhône deux phéno- 
mènes géologiques fort remarquables: c’est la Camargue 
et la Crau. La Camargue est le delta du Rhône, elle 
s'étend sur un très-grand espace et est entourée par la 
Crau comme d’une ceinture. Formée de limon, large- 
. ment arrosée, elle se couvre d’une végétation herbacée 
luxuriante, et sert de pâturage à d'immenses troupeaux 
de chevaux, de moutons et de bètes à cornes. Cette 
contrée est souvent désolée par la fièvre provoquée par 
l'humidité de l’ar. 

La Crau est une plaine de plus de 30 lieues carrées, 
et entièrement recouverte de cailloux de quartz. On est 


PLANS: RCA 


frappé de surprise à l'aspect de cet horizon de pierres, 
entre lesquelles poussent çà et là quelques herbes. Une 
contrée dans des conditions aussi exceptionnelles, et qui 
n’est pas totalement abandonnée, doit avoir des mœurs, 
des habitudes , une culture particulières. On ne s’y oc- 
cupe que de l'élève des moutons ; c’est le seul animal 
qui puisse y vivre et il constitue la principale ressource 
des habitants. Cependant l’on peut prévoir le moment 
où, à la faveur des canaux d'irrigation et des plantations 
de cyprès, une bonne partie de la Crau sera convertie 
en terre cultivable. 

D'où viennent ces cailloux? telle est la première ques- 
tion que s'adresse le voyageur en arrivant au milieu de 
cette nature pétrifiée. Sont-ils charriés par le Rhône, ou 
sont-ils dus à la Durance ? Et si cette rivière les fournit, 
comment a-t-elle pu les semer dans ce lieu , puisque 
son confluent avec ie Rhône a lieu plus à l’ouest? Les 
géologues se sont occupés de cette question, depuis 
Saussure, sans être parvenus à donner des explications 
parfaitement satisfaisantes. 

M. Desor a voulu en avoir le cœur net, et, en compa- 
gnie de M. Martins, ils ont parcouru l’espace compris 
entre la Crau et la Durance , et ont remonté une bonne 
partie de la vallée où coule cette rivière. 

Une première observation à faire sur le cours de la 
Durance, c’est qu’elle ne traverse pas de lacs, comme le 
font presque tous les courants d’eau qui descendent des 
Alpes. Elle ne peut donc pas déposer en route les galets 
enlevés dans son cours supérieur, et les charrie, dans les 
hautes eaux, jusqu’à la mer. Il en est de même de son 
limon liasique dont la puissance fertilisante fait une des 
richesses du pays. Aujourd’hui les matériaux entrainés 


ds BE 


sont jetés dans le Rhône, mais autrefois 1} paraît qu’ilen 
était autrement. Dans le lieu appelé Pertuis, est une cou- 
pure profonde, une gorge d’où la Durance a dù couler di- 
rectement vers la mer. Tant qu’elle était renfermée dans 
un lit étroit et rapide, la rivière avait assez de force pour 
entraîner même les gros matériaux , mais arrivée dans 
la plaine, l’impétuosité de sa course diminuait, elle per- 
dait en force ce qu’elle gagnait en étendue et alors so- 
pérait le dépôt des cailloux qui n’a cessé qu'au moment 
où, par une cause inconnue, la Durance a changé de hit 
pour prendre celui que nous lui connaissons. 

Les galets que transporte la rivière sont de diverse 
nature, et dépendent naturellement des formations géo- 
logiques des montagnes auxquelles ils sont arrachés; les 
uns sont calcaires , les autres quartzeux; les premiers 
d’une résistance moindre sont détruits avant d’attemdre 
le delta; les cailloux de quartz résistent beaucoup mieux 
etarrivent ainsi presque exclusivement jusqu'aux points 
les plus bas. Voilà pourquoi le quartz est si abondant à 
la Crau. 

À mesure que l’on remonte la vallée , on rencontre 
des dépôts de cailloux d’abord de petite dinension, puis 
plus grands et enfin mêlés de galets calcaires formant 
un véritable terrain diluvien analogue à celui que l’on 
observe en Suisse. M. Desor tenait à vérifier un fait 
avancé par M. Elie de Beaumont, qui ayant cru recon- 
naître dans cette même vallée de la D'irance des dépôts 
diluviens soulevés , s'était prévalu de ce fait pour in- 
troduire dans son système un soulèvement tout-à-fait 
récent, celui des Alpes principales, qui serait postérieur 
à celui qui, chez nous, a soulevé la molasse. 

En effet, près des Mées, se trouvent des couches de 
cailloux redressées de 20°, 30° et 40°, et qui ont pu, dans 


de ON 


un examen rapide, induire en erreur un géologue aussi 
distingué, mais en réalité, ce dépôt n’est pas récent, il 
est contemporain de la molasse, sy mêle intimément 
etn’en diffère pas plus que le nagelflue de l'Uetliberg 
ne diffère de la molasse de Zurich. Sur une dizaine de 
lieues d’étendue et sur une épaisseur de 150 à 200 
pieds, l'immense dépôt présente des cailloux presque 
tous marqués d’impressions en creux, rentrant plus ou 
moins l’un dans l’autre, et offrant tous les caractères 
des cailloux impressionnés de notre nagelflue suisse. 

, Du moment qu'il en est ainsi, l’hypothèse d’un sou- 
lèvement post-molassique n’a plus de raison d’être, et 
le redressement des couches de cailloux impressionnés 
de la Durance, rentre dans le grand soulèvement des 
Alpes , le même qui a redressé notre molasse et donné 
au Jura son relief actuel. Les Alpes françaises, pas plus 
que les Alpes suisses, n’offrent d'indices d’un soulève- 
ment plus récent. 

Il restait un dernier fait à constater, savoir si les Alpes 
françaises ont été soumises à l’action glaciaire, comme 
le reste de la chaine , ou si elles en ont été préservées , 
ainsi qu'on l’admet généralement. Or MM. Martins et 
Desor ont vu, près de Sisteron, de véritables moraines, 
caractérisées par un entassement confus de blocs amon- 
celés sans triage; plus haut apparaissaient de nombreux 
blocs erratiques de grandes dimensions (5 mèt. de lon- 
gueur et 4 mèt. de largeur). Enfin, dans la cluse même 
de Sisteron, nos voyageurs ont eu la satisfaction de voir 
sur les rochers des traces manifestes de poli avec ac- 
compagnement de stries. On ne peut donc conserver de 
doutes sur un phénomène qui se trahit par des effets 
dont l'examen ne peut donner lieu à aucune méprise. 


or RE 
Après cette intéressante communication, M. le D' 
Cornaz dépose sur le bureau le mouvement de l'hôpital 
Pourtalès, pour l’année 1858. (Voir l'Appendice). 


M. le D' Zrsch lit la notice suivante sur l’établisse- 
ment de l'observatoire à Neuchâtel , son orientation et 
les premiers travaux d'installation. 

L'observatoire de Neuchâtel a été fondé dans un but 
essentiellement pratique , celui de la détermination du 
temps dans l'intérêt de l'horlogerie, et son organisation 
est particulièrement calculée pour atteindre ce but dans 
le plus haut degré possible. Cependant les instruments 
qu'il possèdera, malgré leurs dimensions modestes, lui 
permettront par la qualité de leur construction et la 
stabilité de leur emplacement , de prendre part jusqu’à 
un certain degré aux vastes travaux de l'astronomie, 
auxquels concourent aujourd’hui une centaine d’obser- 
vatoires tant publics que privés. 

Il va sans dire qu'avec ses moyens très-limités d’ins- 
truments et de personnel, l’observatoire de Neuchâtel 
ne pourra Jamais avoir l'ambition de rivaliser avec les 
grands observatoires de premier et même de second 
rang. Îl y a des sphères entières de l'astronomie qui lui 
seront inaccessibles. Ce sont d’abord les recherches 
d'astronomie physique, qui demandent des moyens op- 
tiques dont nous ne disposerons pas. De même il nous 
sera impossible de concourir aux grandes entreprises 
d'astronomie stellaire, que poursuivent les premiers 
observatoires, comme celui de Greenwich, de Poulkova, 
de Berlin, de Vienne, de Paris, etc. , et qui ont pour 
but d'étendre et de préciser nos connaissances des étoi- 
les et pour résultat les grands catalogues et les cartes 


MS Ur 2 


célestes. Il faut pour ce genre de travaux fondamentaux 
de l'astronomie, un nombre considérable d’observateurs 
et surtout un bureau de calcul, qui entreprend la réduc- 
tion longue et pénible des observations. 

À notre observatoire, qui ne possède que deux instru- 
ments et un astronome, il ne restera donc pour se ren- 
dre utile à la science , que la sphère des planètes et des 
comètes, qui d'ailleurs est, pour ainsi dire, à l’ordre du 
jour de l'astronomie. Dans cette partie, l'observatoire de 
Neuchètel se vouera plutôt à l'observation et aux calculs 
des astres connus , qu’à la découverte de nouvelles pla- 
nètes ou comètes. Ce dernier genre de recherches, bien 
qu'il n’exige point des moyens considérables, demande 
une occupation presque exclusive de l’astronome, chose 
impossible pour l observatoire de Neuchâtel, qui de cette 
manière ne répondrait pas à son but spécial. Et dans 
l'intérêt même de la science , il est préférable que nous 
contribuions à l’étude des petites planètes , que de vou- 
loir essayer d'augmenter leur nombre déjà très-consi- 
dérable , qui demande aux astronomes de très-grands 
efforts en observations et en calculs , si l’on ne veut pas 
risquer d’en connaitre seulement le nom, et même de 
les perdre tout-à-fait. 

Aïnsi en considérant bien les besoims de la science, 
et en tenant compte des moyens qui seront à notre dis- 
position, j'estime que les travaux scientifiques auxquels 
l'observatoire de Neuchâtel devra se livrer, non pas 
exclusivement , mais de préférence, seront les observa- 
tions des planètes, tant au méridien qu’à la lunette 
parallactique, et les calculs qui s’y rattachent. 

Je me bornerai aujourd’hui à vous rendre compte en 

quelques mots de la première observation astronomi- 


3 ON es 


que, faite à l'observatoire cantonal , dont je me réserve 
de vous donner la description détaillée pour le moment 
où 1l sera terminé. \ 

Déjà l’année dernière, avant qu’on commençât à bà- 
ür, j'avais fait faire par M. l'architecte Rychner, d’après 
mes Instructions, une orientation provisoire, à l’époque 
du solstice d'été, par le moyen du gnomon, opération 
que J'ai vérifiée quelques semaines après. Ce moyen assez 
imparfait était cependant suffisant, lorsqu'il ne s’agit 
que de mettre le bàätiment dans la direction du premier 
vertical à un ou deux degrés près, pour que l’ouver- 
ture, pratiquée dans une de ses salles, püt servir aux 
observations méridiennes. Mais à présent, que l’on doit 
placer les piliers qui porteront l’axe du cercle méridien, 
il faut atteindre une exactitude beaucoup plus grande, 
puisque les vis appliquées à un des coussinets de cet axe, 
qui servent à corriger la déviation en azimuth et à pla- 
cer l’axe optique de la lunette exactement au méridien, 
n'ont qu'un jeu très-restreint. Cette fois je me suis donc 
servi d’un instrument universel, comme l’appellent les 
Allemands, ou d’un théodolite astronomique, petit ins- 
trument, provenant de l'atelier de MM. Entel et fils de 
Munich , qui jouit d’une exactitude étonnante pour ses 
dimensions. Sitôt que l’obligeance d’un de nos artistes, 
de M. Grandjean du Locle, eùt mis à ma disposition un 
chronomètre , je commençai les opérations, qui mal- 
heureusement ont été retardées beaucoup par le mauvais 
temps que nous avons eu presque tout le mois passé. 

Il y a différentes méthodes pour déterminer la direc- 
ton du méridien. La première et la plus simple consiste 
à observer le moment où le soleil ou une étoile quel- 
conque atteint la plus grande hauteur au-dessus de 


AUS *: RO 2 


l'horizon, ce qui a lieu à leur passage au méridien; 
mais elle est aussi la moins exacte, car Justement parce 
que la hauteur des étoiles au méridien est un maximum, 
sa varialion par rapport à l’azimuth est très petite et par 
conséquent il devient très difficile de saisir le moment 
de ce maximum. Une autre méthode , qui est de beau- 
coup préférable, celle des azimuths correspondants, 
n’est pas applicable, quand on a placé, comme &@ans le 
cas actuel, son instrument dans une salle , où 1l n’em- 
brasse que la partie du ciel, visible par l’ouverture mé- 
ridienne pratiquée dans le bâtiment. Une autre raison 
empêcha d'employer la méthode la plus exacte, qui 
consiste à observer les passages successifs, supérieurs et 
inférieurs d’une étoile circompolaire; parce qu’à pré- 
sent, en été, un de ces passages a lieu nécessairement 
pendant le jour, et les étoiles ne sont pas visibles au 
grand jour dans de petites lunettes, comme celle d’un 
théodolite. 

Il ne restait donc que l'observation d’une étoile fonda- 
mentale au moment de son passage au méridien, calculé 
d'avance , après avoir constaté l’état du chronomètre 
par des observations de hauteurs correspondantes. Si 
lon dirige dans ce moment la lunette de l'instrument 
sur une étoile, c’est-à-dire qu’on la bisecte, au moment 
calculé, par le fil vertical de la lunette, celle-ci se trouve 
dans le méridien , et si l'instrument a été bien rectifié, 
on n’a qu’à baisser la lunette jusqu’à l'horizon , pour y 
déterminer les points nord et sud. En se servant de ce 
moyen , on doit pouvoir se fier à la marche du chrono- 
mètre , surtout si-les observations par lesquelles on la 
déterminée précèdent, à cause du mauvais temps, l’ob- 
servation principale de plusieurs jours; car une variation 


Pa M 


de cette marche, dont on ne pourrait pas tenir compte, 
fausserait nécessairement la direction obtenue. Cepen- 
dant on peut rendre très-petite l'erreur du résultat, qui 
proviendrait de cette incertitude dans laquelle on se 
trouverait, quant à la marche de sa montre, ou bien 
quant au moment du passage, si l’on choisit une étoile 
dont la déclinaison est très-grande, par exemple la Po- 
laire. Car la dérivée de l’azimuth par rapport à l'angle 
horaire est une expression qui contient le cosinus de la 
déclinaison; par conséquent, l'influence d’une erreur 
dans le temps sur l’azimuth, ou bien sur la direction du 
méridien, est d'autant moins sensible que l'étoile choisie 
pour l’observation se trouve plus près du pôle. 

Aïnsi après avoir constaté pendant plusieurs jours, 
par des observations de hauteurs correspondantes du 
soleil, l’état et la marche de mon chronomètre, je trou- 
vai par ce moyen qu'il avançait, le 1° juin, de 5h. 
4m. 12s.; d’un autre côté, d’après les données du Nau- 
tical Almanach, Xe passage inférieur de la polaire avait 
lieu ce jour-là à 8 h. 28 m. 3 s. temps moyen; amsi en 
bisectant la polaire avec le fil de la lunette à 1 h. 32 m. 
15 s., temps du chronomètre , je l'avais placée au mé- 
ridien. Comme dans la latitude de Neuchâtel, la po- 
laire a, près de son passage, un mouvement en azimuth 
qui ne dépasse pas 32,5 secondes d'arc dans 1 minute 
de temps, la direction de la méridienne , déterminée 
par cette méthode, ne pourrait être fautive que de 
32,5s., si je m'étais trompé d’une minute dans le temps 
du chronomètre ; et l'incertitude n’était que de quelques 
secondes. On voit donc que ce qui reste d'erreur possi- 
ble dans'la direction obtenue du méridien, est compris 
dans les limites dans lesquelles on peut corriger la 


direction de l’axe du cercle méridien après qu'il sera 
posé. Après avoir trouvé la direction du méridien, je l'ai 
fixée par des signaux provisoires, qui plus tard seront 
remplacés par des mires définitives. 

J'ai eu la satisfaction de me convaincre que lopéra- 
tion préalable a posé le bâtiment, et par conséquent son 
ouverture méridienne , dans la direction voulue à très 
peu près. 


M. le D' Guillaume présente un résumé des tableaux 

- d’exemption pour le service militaire dans notre canton, 

Plusieurs membres prennent la parole pour recom- 

mander les travaux de statistique à l'attention des per- 
sonnes qui peuvent s’en occuper. 


M. Favre annonce que le baromètre métallique qu’on 
lui a remis pour être comparé au baromètre à mercure, 
marche d’une manière satisfaisante, les deux instru- 
ments conservant un rapport sensiblement uniforme, 
surtout au-dessous de 720"; sous le rapport de la dé- 
licatesse le baromètre métallique paraît l'emporter sur 

. l'autre. 


M. Guillaume, conseiller d’état, a vu mercredi dernier 

4 juin, à 8 heures et demie du soir, un bolide extrême- 

ment brillant partant à-peu-près du zénith et cheminant 

vers l’ouest. Il a parcouru un espace d'environ 60 de- 

grés et s’est évanoui à environ 25 degrés de l’horizon. 

Il paraissait avoir 2 minutes de diamètre apparent. Sa 

. lumière devait être fort intense pour attirer les regards 

dans un moment où la nuit commençait à tomber et où 
quelques étoiles à peine étaient visibles dans le ciel. 


—— “8 $ —— 


BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. V. 5 


APPENDICES. 


MOUVEMENT 


DE 


L'HOPITAL POURTALES 


pendant l'année 1858 


par le D’ Edouard CORNAZ 


médécin et chirurgien en chef de cet établissement. 


Messieurs! 


Pendant l'année qui vient de s’écouler, deux causes di- 
verses ont amené une diminution sensible dans le nombre 
des malades traités dans votre hôpital, à savoir: la longue 
durée de la maladie de quelques-uns d’entre eux et surtout 
une diminution dans le nombre des lits dispomibles, néces- 
sitée par les constructions et les réparations qui y ont eu 
lieu en 1858; les effets de l'ouverture de la salle Grienin- 
ger, qui a augmenté notre effectif de 11 hits et en a ainsi 
doublé le nombre primitif, n'ayant eu lieu que le 11 dé- 
cembre, vous comprendrez que ce fait n'ait pu, à beaucoup 
près, contrebalancer les causes ci-dessus mentionnées. 

Quoi qu'il en soit, nous aurons à nous occuper dans ce 
rapport annuel de 352 malades: en effet, 


=: 6 


98 restaient en traitement depuis 1857, et 
306 sont entrés pendant l'année; 


me 


Total: 394 
dont 42 étantencore dans les salles le 4er janvier 1859, 


Restent: 352 malades sortis en 1858, à savoir : 
294 guéris, 
30 améliorés, 
4 incurables, 
et 24 morts, 

Si ce dernier chiffre s'élève au 6,82 pour cent, il ne faut 
pas oublier que la iminution des entrées a nécessaire- 
ment porté non sur les cas graves, le plus souvent suivis 
de mort, mais sur les plus légers; c'est à la même cause 
qu'il faut, fn bonne partie du moins, attribuer la lon- 
gueur de la durée moyenne du séjour de chaque malade, 
qui est de 46,98 jours, le nombre des journées de ces 352 
malades, de leur entrée à leur sortie, ayant été de 16,537. 

D'autre part, comme l'année 1858 a compté 17,016 
journées de la part des 394 malades qui y ont fait tout ou 
partie de leur séjour, 1l y a eu en moyenne 46,62 malades 
dans nos salles, nombre qui, avec notre total de 50 lits, 
diminué pendant la plus grande partie de l’année et aug- 
menté de 11 les dermiers jours seulement, prouve combien 
le comité des admissions a tâché d'utiliser le plus possible 
les lits à sa disposition. 

On sait que, à la suite des besoins démontrés par l’expé- 
rience, la Direction a arrêté le rapport de 2 lits d'homme 
pour À de femme. Le rapport annuel entre les deux sexes, 
241 hommes et 111 femmes, démontre une fois de plus, 
un fait bien connu dans cet établissement, que la moyenne 
du séjour des femmes y est un peu plus longue que celle 
des hommes. 


OUR 


Quant à la patrie de nos malades: 
490 étaient Neuchâtelois; 
477 Suisses d’autres cantons (dont 107 Bernois, 13 Vau- 
dois, 11 Fribourgeois, 10 Argoviens, etc.); 
20 Allemands, (dont 10 Badois, 9 Wurtembergeois, 
3 Hessois, ctc.); 
48 Italiens, (à savoir; 14 Sardes et 4 Lombards); 
45 Français ; 
1 Belge, et 
4 Danois. 

Avant d'en venir à la spécification des maladies traitées 
et des résultats obtenus pour chacune d'elles, nous dirons 
que les 18 principales opérations es ont consisté 
en: À extraction de loupe sus-orbitale; — 1 blépharoplas- 
tie; — À pupille artificielle; — 1 ablation de tumeur épi- 
théliale de la lèvre inférieure; — 1 double amygdalotomie; 
— A"trachéotomie; — À extraction d’un corps étranger 
(lame de couteau), implanté dans la paroi postérieure de 
la poitrine, — À opération d'hydrocéle par ponction et 
injection, — 2 réductions de paraphymosis; — 1 triple 
ponction pour une hydropysie enkystée multiple de lovai- 
re; — À réduction de luxation du cubitus; — 1 désarti- 
culation du poignet; — 1 ligature de l'arcade artérielle 
palmaire; — 2 amputations partielles d’un doigt; — et 2 
amputations de cuisse. Toutes ces opérations réussirent. 

De nos vaccinations et revaccinations de l’année, 92 
eurent le résultat désiré. 


AFFECTIONS GÉNÉRALES. 


87 cas, avec 76 guérisons, 2 améliorations et 9 décès. 
La seulé opération pratiquée sur l’un d’eñtr’eux, fut l'abla- 
tion des deux amygdales. 

8 Erysipèles, deux à la face et un à la jambe. L'un des 
premiers était accompagné d’un ozène avec douleur 


en he 


frontale très-vive, qui fut guéri par une dissolution 
concentrée de nitrate d'argent; tandis que chez l’autre, 
existait un eczème chronique du cuir chevelu. — Qua- 
tre de nos malades chirurgicaux présentèrent aussi de 
l'érysipéle, consécutif chez l’un d'eux à une opération. 

4 Anthrax, situés au dos, à la main, à l'aîne et à la 
cuisse: le dernier n'était plus représenté, lors de l’ar- 
rivée de la malade, que par un ulcère, et néanmoins 

elle exigea sa sortie avant sa guérison complète, pour 
demander peu après une nouvelle admission à laquelle 
le Comité ne put consentir; chez le premier, en revan- 
che, nous profitâmes de son séjour pour le débarrasser 
de la gale par la méthode belge. 

2 Fièvres intermittentes, toutes deux de type quarte, en 
mai, et chez des Italiens, dont un était en outre hypo- 
condriaque : le sulfate de quinine les guérit tous deux. 

41 Fièvres typhoïides, dont 8 terminées par la mort, due 
une fois à des hémorrhagies intestinales répétées ; deux 
fois au noma, compliqué dans un des cas d'une pneu- 
monie, quatre fois à des lésions cérébrales, qui, chez 
un, sous forme de congestion célébrale, produisirent 
une mort subite, tandis que, dans un autre cas, il y avait 
aussi eu pneumonie; une fois, enfin, à une pneumo- 
nie accompagnée d’un foie gras, chez un individu d’ha- 
bitudes peu sobres. — Parmi les complications des cas 
terminés par la guérison, nous indiquerons: des épista- 
xis répétés, des hémorragies intestinales (2 fois), une 
thyroïdite, une laryngite, une bronchite aiguë, deux 
paeumonies, une pleurésie, des furoncles; de plus nous 
observâämes lors de la convalescence, un ictère, fait peu 
fréquent, et une périostite du fémur: une de nos mala- 
des, âgée de 16 ans seulement, atteignit les derniers 
degrés du marasme, et n’en échappa pas moins à la mort. 
— Quant au sexe des malades, nous comptons 28 hom- 
mes et seulement 15 femmes. La plus jeune n'avait 


que 12 ans, une 13, 5 en avaient 16 (trois femmes), 
3 - 18 (deux femmes), 1 - 19, 2 - 20, 3 - 2 (une 
femme), 4 - 22 (deux femmes), 4 - 23 (deux femmes), 
2-94, 1-95, 1 - 26, 3 - 27, 3 - 99, 1 - 39, 1 - 33, 
1-38 (femme), 1 - 42, 1 - 43, 1 - 48 (femme), 
4 - 51. — Si l'on déduit deux cas restant de 1857, et 
qu'on les remplace par les deux encore en traitement 
au er janvier 1859, on trouve nos malades répartis 
comme suit, selon les mois et les localités: Janvier 6 
(Saint-Sulpice 3, Bôle, Boudry et Locle, chacun 14); — 
lévrier 1 (Sagne);—mars 3 (Neuchâtel 2 et St-Blaise 1); 
— avril 2 (Saint-Martin); — mai 3 (Saint-Martin 2 et 4 
voyageur), — juin 3(Saint-Martin, Môtiers et Serrières); 
— juillet 3 (Chézard, dont un de la montagne de ce 
village); — août 7 (Fleurier 3, Crôtets, Chaux-de- 
Fonds, Boudry et Neuchâtel, chacun 1); —septembre 4 
(Neuchâtel 9, Boveresse et Cernier, chacun 1); — octo- 
bre 6 (de Neuchâtel, Serrières, Boudry, Montmollin et 
Cernier, et un ambulant de la commune de Chézard et 
Saint-Martin), — novembre 1 (Neuchâtel); — décem- 
bre 2 (les Isles près Boudry et les Ponts.) Ces-quelques 
données suffiraient déjà pour nous démontrer l’exis- 
tence de 3 épidémies dans le pays pendant l’année 1858, 
à savoir une à Saint-Sulpice (3 cas en janvier), une 
à Saint-Martin et aux Chézards (8 cas d'avril à juillet), 
et une à Fleurier (3 cas en août, avec retentissement 
dans les villages environnants). Trois fois nous avons 
eu 2 personnes d'une même famille et maison attein- 
tes de cette maladie, à savoir: deux jeunes sœurs de 
la ruelle Breton de cette ville, âgées de 19 et 16 ans, 
dont l'éloignement d’un local insalubre coupa court 
à la propagation de la maladie; une mère et sa fille, 
de Saint-Martin; enfin deux frères du même village du 
Val-de-Ruz, qui ne nous arrivèrent qu'après que deux 
membres de leur famille eurent succombé à cette ma- 


US RAS 


ladie, qui emporta aussi l’un d’entre eux. — Quant à 
la contagiosité de cette affection, l’année écoulée nous 
a peu fourni de faits à son appui: une infirmière nous 
arriva malade de l'hôpital du Locle; une jeune fille de 
16 ans, servante depuis 3 semaines seulement à l'hôpital 
Pourtalès, y contracta cette maladie; trois de nos ma- 
lades la prirent aussi dans nos salles, à savoir une femme 
de 28 ans, en traitement pour une ophthalmie scro- 
fuleuse, un homme de 36 ans que nous soignions pour 
une morsure à l'index, et un jeune homme de 17 ans, 
qui offrait au genou une plaie contuse et qui pré- 
senta pendant la convalescence de la fièvre typhoïde, 
et à la suite d’une thyroïdite, une gangrène étendue des 
parois du cou, à laquelle il succomba; tous trois la con- 
tractérent pendant que les cas de typhus étaient assez 
nombreux dans l'établissement, — Quant au traitement, 
le plus souvent symptomatique, nous n'avons qu'un 
mot à en dire, c’est que le sulfate de quinine admi- 
nistré à haute dose au début, nous a paru, dans plu- 
sieurs Cas, exercer une influence heureuse sur la mar- 
che et la durée de la maladie. 


À Fièvre muqueuse (Abortivtyphus du professeur Lebert), 


de la Coudre, entré en mai, seul représentant d'une 
; , P 

petite épidémie de cette forme morbide qui eut lieu, à 

cette époque, à Saint-Blaise et dans les environs. 


1 Fièvre éphémère (Febricula). 


4 


cas d’Anfluenza où Grippe, pendant les deux derniers 
üers de janvier et le premier de février, tous de Neu- 
châtel, bien que cette maladie ait sévi alors épidémi- 
quement sur le canton presque entier: un de ces cas fut 
remarquable par une céphalalgie, des douleurs de ven- 
tre et de membres intenses; chez un autre, une mas- 
tite, compagne d'une grossesse, prolongea le séjour de 
la malade à l'hôpital, 


OU Er 


25 Rhumatismes, sans parler des Péricardites rhumatis- 
males qui nous occuperont ailleurs. C'était 21 Rh. 
articulaires aiqus, dont 13 sans aucune complication 
ou autre circonstance digne d'une mention spéciale; 
4 coïncidant avec des crises hystériques, de la chlorose, 
une gastralgie, ou une hypertrophie des amygdales, 
cause de surdité à laquelle on remédia par l’ablation 
de ces deux organes; 4 compliquées d’affections de 
cœur, à savoir trois anciens vices organiques, chez un 
des porteurs desquels se déclarèrent une hydropisie 
générale, puis une pleuro-pneumonie double, tandis 
qu'une fille de 18 ans, qui offrait une ancienne insuf- 
fisance de la valvule mitrale, eut une péricardite, puis 
une pneumonie, et succomba après avoir présenté un 
certain degré d’'hydropisie; enfin, dans un dernier cas, 
une péricardite se produisit, qui fut suivie d’une insuf- 
fisance de la valvule mitrale, lésion qui persista après 
la guérison du rhumatisme. — 1 Rh. chronique. — 
3 Rh. musculaires vagues ou localisés, dont un eompli- 
qué d’une bronchite chronique, et un localisé comme 
lumbago. Les recherches du Dr V. Gautier (de Ge- 
nève) tendent à prouver que Rhumatisme musculaire 
et Névralgie seraient synonimes: l'expérience pourra 
seule décider au sujet de cette réunion, et, provisoire- 
ment du moins, je n'ai pas cru pouvoir séparer les 
Rhumatismes musculaires des articulaires. 

À Paralysie saturnine mérite d'autant plus de nous occu- 
per ici, que le malade, Neuchâtelois, occupé aux tra- 
vaux de l'horlogerie à Genève, nous avait été adressé 
comme affecté de contractures rhumatismales: sa vue 
nous fit immédiatement penser à une intoxication mé- 
tallique, et, le tremblement qu'il présentait, nous pa- 
raissant dû à de la paralysie, les gencives n'offrant pas 
l'état scorbutique que leur donne le mercure, mais 
bien un liseret lilas, nous conclûmes à un empoison- 


on: D 


nement par le plomb, bien que le malade nous assurât 
qu'il se servait pour polir les glaces, d'une simple potée 
d’étain. L'iodure de potassium et des bains, simplement 
d'eau tiède d’abord, puis de foie de soufre, combatti- 
rent avec succès cette affection. Ajoutons que, dans 
une visite que M. le Dr Lombard (de Genève) voulut 
bien nous faire à l'hôpital, pendant le séjour de ce 
malade, non-senlement il accepta notre diagnostic, 
mais encore nous apprit, qu'en effet la plupart des po- 
tées d’étain de cette ville, contiennent par mesure d'é- 
conomie, une quantité notable de plomb.—Nous n'avons 
d’ailleurs eu, en 1858, aucun autre fait de dyscrasie 
métallique, et c'est dans nos salles que se déclarèrent 
les deux cas de Delirium tremens, que nous combatti- 
mes avec succès par le calomel à petites doses: un de 
ces malades eut plus tard une dyspepsie alcoolique 
que, chez lui et chez deux autres ivrognes, nous dûmes 
traiter par l'alcool à doses décroissantes, avec adjonc- 
tion de teinture d’assa-fœætida pour des motifs faciles à 
comprendre. 

À Anémie, chez une femme épuisée par 16 couches ou 
fausses-couches et par l'allaitement de 10 enfants. 

2 Chloroses, l'une chez une personne qui n'avait pas ew 
ses époques pendant 9 mois. 

2 Ictères sans intérêt spécial, tandis que 2 autres cas sur-- 
venus dans nos salles en présentent au point de vue: 
de leur étiologie : en effet, l'un survint pendant la con- 
valescence d'une fièvre typhoïde; et un petit garçon, 
au lit pour une fracture des deux os de la jambe, 
voisin d’un pneumonique dans le délire, fut tellement 
effrayé de ce que celui-ci avait projeté son pot de ti- 
sane dans sa direction qu'il en prit la jaunisse : inutile 
de dire que son dangereux voisin fut immédiatement 
isolé et fixé dans son lit. 


— T4 — ., 


MALADIES DES ORGANES DE L'INNERVATION. 


41, dont 35 terminées par la guérison, 2 améliorées, 2 
restées incurables et 4 suivies de mort. Aucune opération. 
8 Plaies à la tête, la plupart contuses et provenant soit 
de chutes sur la tête, dont une d’une hauteur de 25 
pieds, soit de celle d'objets pesants (tonneau, sapin 
abattu, etc.) sur cet organe: dans une, il y eut, en outre, 
fracture des os propres du nez; une seconde nécessita 
la ligature d'une artère lésée; chez une troisième, la 
plaie guérit par première intention; enfin un quatriè- 
me, tombé ivre dans un escalier, eut un delirium tre- 
mens et de l'érysipèle: seul, un de nos malades eut 
uñe plaie par instrument tranchant sur le crâne et une 
à la paupière supérieure. Bien que presque tous ces 
cas fussent graves, tous guérirent. — Tel ne fut pas le 
cas de 2 de nos 
3 Fractures du crâne, l'une occasionnée aussi par une 
chute dans un escalier, en état d'ivresse, suivi de frac- 
ture de l'os occipital, et d'épanchement sanguin soûs- 
jacent; c'est également, étant ivre, qu'un autre mal- 
heureux était tombé à la renverse d'un coup léger qui 
lui avait été porté; après avoir été plusieurs jours sans 
connaissance, il essaya de nouveau de se lever, tomba 
de rechef de sa hauteur, et se fractura le col du fémur, 
accident pour lequel on nous l’envoya; il mourut sans 
avoir repris connaissance, et présenta un épanchement 
sanguin au-dessous d’une fracture de l'os occipital, 
tandis que celle du col du fémur était en voie de se ci- 
catriser; le troisième, plus heureux, guérit: c'était un 
bücheron qui travaillait dans la forêt, quand un bloc 
de pierre, venant à se détacher, l’atteignit à la tête; ül 
perdit immédiatement connaissance, eut d’abondants 
vomissements, et nous arriva huit heures après l’acci- 


dent, avec persistance de sa perte de connaissance ét 
des pupilles contractées; au fond d’une plaie à lam- 
beau, située au sommet de la tête, nous trouvâämes deux 
fractures de l'os pariétal, l'une à angle droit sur l'autre, 
et présentant une dépression: ne voyant aucune indi- 
cation pour le trépaner, nous nous bornâmes à rap- 
procher les bords de la plaie par quelques points de 
suture, dont il fallut enlever un seulement, peu après, 
pour donner issue au pus; partout ailleurs, il y eut 
réunion par première intention, et, après une incision 
pratiquée pour donner issue à un liquide séreux qui 
se montrait journellement avant le pus quand on exer- 
çait une pression, la marche de la maladie fut aussi 
simple que son issue heureuse. 

Hémorrhagie méningée intrà-arachnoïdienne convul- 
sive. Trois observations publiées avec beaucoup de dé- 
tails par M. Binet (de Genève), nous engagent à donner 
ce nom à une affection que nous avions regardée au pre- 
mier abord comme des contractures rhumatismales, soit 
dues à l'effet du froid humide. Un Fribourgeois, venant 
de St-Blaise à Neuchâtel pendant une nuit, fut assailli 
sur la route et renversé dans un fossé, où il resta jusqu’au 
matin, qu'il fut relevé complètement raide: cet état de 
contracture des bras, avec raideur tétanique des extré- 
mités inférieures, s'accompagna par la suite de convul- 
sions avec perte de connaissance: le sulfate de quinine 
se montra utile au début, puis refusa ses services. Tan- 
dis que les 3 cas décrits par l’auteur cité furent suivis 
de mort, nous eûmes la chance de sauver notre malade, 
qui nous fut ramené (soit dit par anticipation) plus 
d’un an après dans le même état, mais ayant été com- 
plétement bien dans l'intervalle, et nous quitta une se- 
conde fois guéri, après un long séjour. — Si pour ce 
cas nous avons dû parler de ce qui se passa en 1859, 
nous devons rappeler notre rapport de 1857 pour 


er MUR 


1 Kyste du cervelet, dont le porteur, qui avait paru mieux 
portant en nous quittant, rentra à l'hôpital le 1er jan- 
vier 1858, et y mourut la nuit qui suivit: elle avait 
présenté, avons-nous déjà dit, une violente céphalalgie 
et du strabisme. 

1 Céphalalgie chez une femme hystérique et mélancoli- 
que, guérie, du moins momentanément. 

1 Commotion cérébrale, guérie: c'était chez une jeune 
fille qui tomba d’un char de foin d’abord sur les pieds, 
puis à la renverse, sur la tête. 

2 Commotions spinales chez deux individus tombés, l’un 
dans une carrière, et l’autre d'un arbre. 

3 Spondylarthrocaces, Vune provenant d'une chute sur 
la tête, depuis le haut d'un char de foin, guérie par 
des bains et des moxas; l’autre occasionnant une forte 
gibbosité chez un enfant, était accompagnée d'une pe- 
tite plaie fistuleuse sur le côté droit; notre traitement 
n'eut pas de résultat favorable, et ses parents le repri- 
rent: un moule en plâtre pris par M. le Dr IH. Schærer, 


pourra vous représenter parfaitement l’état de diffor- 


mité de ce pauvre garçon; une tuberculisation du corps 
des 6e et 7e vertèbres dorsales, également cause d’une 
gibbosité considérable, nous parut trop avancée pour 
nous permettre de renvoyer, sans inhumanité, un in- 
curable dont les souffrances et la patience remarqua- 
ble se prolongèrent au-delà de toute attente: à droite 
du corps des vertèbres s'était formée une poche remplie 
de matière tuberculeuse. 

3 Paraplégies, — ou plutôt 2, dont une revenue pour 
récidives, — celle-ci chez un enfant de 13 ans, d'autre 
chez une femme hystérique, toutes deux guéries par la 
noix vomique, ainsi que 


À Hémiplégie, également survenue chez un petit garçon 


de 13 ans, sans cause appréciable. 


is: HD 


4 Paralysie faciale, causée par une chute sur la tête, et 
_ considérablement améliorée par l’iodure de potassium, 
quand le malade exigea sa sortie. 

2 Prosopalgies, dont l'une due à de nombreuses dents 
cariées ne céda qu’à leur extraction, tandis que l’autre 
qui avait résisté, au domicile de la malade, à la quinine 
et à l’arsenic, fut guérie par l’iodure de potasSium, cure 
dont le résultat s’est maintenu dès-lors. 

7 Sciatiques, dont une réclama une application de pâte 
de Vienne, tandis qu'une autre, à type intermittent, et 
due au froid humide, fut guérie par le sulfate de qui- 
nine. 

2 Chorées, dont une fut traitée avec succès par la solu- 
tion de Kowler et des bains sulfureux, tandis que l’autre 
céda à un seul de ceux-ci d’une demi-heure, bien que 
la malade présentât des mouvements continus du bras 
droit, analogues à ceux de la jambe qui fait mouvoir 
un rouet, tandis que la tête s'abaissait de temps en temps 
comme pour marquer la mesure, spectacle frappant, 
et qui eût eu des effets fâcheux sur les autres femmes, 
si le traitement n’eût fait immédiatement cesser cette 
scène. J'ajouterai que le malade dont j'ai parlé l’année 
passée, comme ayant été guéri alors de son sixième 
accès de chorée par le tartre stibié à hautes doses, nous 
étant revenu en 1898, pour une plaie à la tête, nous 
avons pu constater la persistance de sa guérison. 

0 Hystéries, dont 3 guéries, 1 améliorée et À partie au 
moins aussi mal qu'à son arrivée, une des premières 
eut, dans nos salles, une angine tonsillaire. 


MALADIES DES ORGANES DE LA VISION. 


Des 23 affections de cette catégorie, dont 3 réclamérent 
une opération, 18 furent guéries, 4 améliorées et 1 ren- 
voyée sans résultat favorable. 


se 


\ 
À Loupe sus-orbitale, affection congénitale, guérie par ex- 


tirpation de cette tumeur, petite opération qui fut suivie 
de beaucoup de tuméfaction de la paupière supérieure 
et d'un érysipèle. 

cas de Plaies contuses aux paupières de l’œil droit: le 
manque absolu de pansement avant l’arrivée du malade 
à l'hôpital, détermina aux deux paupières une perte de 
substance, à laquelle nous remédiâmes aussi bien que 
possible, par une double blépharoplastie, qui produisit 
un si bon résultat, que le rapprochement des paupières 
recouvrait complètement l'œil. 


À Plaie contuse à la cornée, produite par un coup de 


tO 


bûche, qui avait perforé cette membrane et occasionné 
un épanchement sanguin dans la chambre antérieure, 
une procidence de l'iris, qui tiraillait l'iris en bas, et 
une cataracte. La plaie de la cornée fut guérie. 
Ophithalmitis ou Phlegmon de l'œil, sur un organe dont 
la vision était déjà perdue antérieurement. 
Ophthalmie gonorrhoïque qui avait déjà causé la perte 
de l'œil lors de l'entrée du malade, qui fut guéri de 
cet écoulement puriforme et de sa gonorrhée. 
Ophthalmies catarrhales, à savoir: À conjonctivo-kéra- 
lite, des deux veux, remarquable par sa gravité, et une 
conjonclivo-sclérolite. 

Ophthalmies scrofuleuses, autant de conjonctivo-kéra- 
tiles, dont une seulement améliorée, le malade, hypo- 
condriaque, ayant voulu sortir avant son entière gué- 


- rison; une guérie malgré son ancienneté et la présence 


d'une cicatrice ulcérée de la cornée; une autre qui ne 
le fut qu'avec une opacité partielle de la cornée; une 
double, aussi intense que longtemps rebelle au traite- 
ment; et deux dont le séjour fut prolongé par une 
bronchite ou une fièvre typhoïde. 
Conjonctivo-kératile chronique, chez une personne 
amaurotique de l’autre œil, qui dut partir pour suivre 
sa famille en Belgique, avant sa guérison complète. 


du JUS 


1 Kératite chronique, affection scrofuleuse des plus gra- 
ve, guérie par un long traitement général et local, 
mais avec persistance d’opacités. | 

1 Kératite à hypopyon, guérie. 

4 Kérato-iritis: la malade fut soumise à des frictions 
mercurielles autour de l'œil, à des instillations d'un 
collyre au sulfate d’atropine, et à l’iodure de potassium, 
à l'intérieur: à sa sortie, on avait obtenu à la fausse 
membrane deux ouvertures, au travers desquelles la 
malade voyait assez pour qu'elle n’ait pas voulu qu'on 
lui pratiquât une pupille artificielle. 

1 Atrésie de la pupille, opérée précédemment à l'hôpital 
par iridectomie, mais dont la pupille artificielle s'était 
obstruée par une fausse-membrane: cette fois, nous 
eùmes recours au serre-têle, au moyen duquel nous 
obtinmes une superbe pupille, qui se recouvrit aussi de 
fausses membranes: elles furent combattues avec suc- 
cès, et tout en faisait espérer l'entière résolution, quand 
le malade fut obligé de nous quitter, pour ne pas per- 
dre sa place. 

1 Ulcère de la cornée, chez une jeune fille borgne, dont 
l'œil actuellement malade présentait une ancienne cica- 
trice de la cornée et une synéchie antérieure, comme 
restes d'une ancienne ophthalmie: guérie. 

1 Cancer aux paupières de l'œil droit, affection trop 
avancée pour être opérée utilement, alors même qu’une 
opération n’eùt pas déjà eu lieu, ce qu’on nous avait 
caché avec soin, et qu'il n’y eût pas eu au-devant de 
l'oreille droite une tumeur de même nature, mais non 
encore ulcérée. Le malade dut être renvoyé comme 
incurable. 


MALADIES DES ORGANES DE L'AUDITION. 


1 seule, guérie. — C'était une Otorrhée scrofuleuse qui 
céda à l'huile de morue et à des injections d’une solution 
d’acétate neutre de plomb. 


Pt dure 


MALADIES DES ORGANES DE LA CIRCULATION. 


6 cas, dont 3 guéris, 1 amélioré et 2 terminés par le 
décès, dù, dans un des cas, à une affection intercurrente 
d'un tout autre organe. Pas d'opération. 

2 Péricardites rhumatismales, dont l’une accompagnée 
de douleurs articulaires, céda à un traitement énergi- 
que, tandis que chez l’autre, qui succomba, on trouva 
un épanchement considérable dans le péricarde, des 
villosités à la surface du cœur, une hypertrophie de cet _ 
organe et une insuffisance de la valvule mitrale, ainsi 
qu'une pleurésie du côté droit. 

4 cas de Palpitations du cœur, qui avaient été considé- 
rablement amendées par l'emploi topique de la glace, 
quand le malade fut pris d'une hydrocéphale aiguë, à . 
laquelle il succomba: le sommet de ses poumons con- 
tenait de nombreux tubercules miliaires non ramollis. 

4 Phliébite, intéressant la veine crurale droite, qui nous 
avait été adressée comme fièvre typhoïde commençante, 
et dont le porteur fut affecté de pleurésie pendant sa 
convalescence. 

4 Adénite inguinale, affection idiopathique, guérie. 

4 cas d'Ulcères scrofuleux siégeant à la peau et aux glan- 
des lymphatiques au cou, sous la mâchoire inférieure, 
au pourtour des clavicules, à la région du sternum et 
à celle du condyle externe du pied droit. Après une 
longue cure préparatoire, ce malheureux, qu'un ancien 
staphylôme rendait borgne, nous quitta, fort amélioré, 
pour les bains de Schinznach. 


MALRDIES DES ORGANES DE LA RESPIRATION. 


Sur les 37 maladies de cette catégorie, nous comptons 
27 guérisons, 7 améliorations et 3 décès: dans 2 cas nous 
pratiquâmes une opération. 


Qi ARTS 


2 Ozènes, accompagnés l’un de gastralgie, l’autre de cé- 


1 


phalalgie, et guéris tous deux. 


1 Nécrose syphilitique d'os du nez, récidive, traitée avec 


succès par l’iodure de potassium à l'intérieur et à l’ex- 
térieur, et par l'extraction de nombreux séquestres. 
Thyroidite, suppuration venue à la suite d’une fièvre 
typhoïde, et guérie ainsi qu'une bronchite chronique, 
Goître, guéri. 


4 Périlaryngite, dont le porteur, affecté d’une tuberculose 


miliaire, nous avait été adressé comme atteint de fièvre 
typhoïde : le malade étouffant à la suite de l'obstruc- 
tion d'un larynx par un fragment nécrosé du larynx, 
nous dûmes avoir recours à la trachéotomie, qui fut 
suivie d’un plein succès, en ce sens qu'à dater de ce 
jour, le malade put respirer tranquillement jusqu'à sa 
mort qui n'eut lieu que 37 jours plus tard et fut due, 
non à la périchondrite laryngée, mais bien à la phthisie. 
Ce cas, l’un des plus intéressants de l’année, ayant été 
publié avec tous ses détails dans l'Echo médical, il est 
inutile d'en donner davantage dans ce rapport. 


cas de Contusions à la poitrine, guéri ainsi que la 


bronchite chronique qui l'accompagnait. 


À Périostile costale siégeant à l'extrémité sternale de la 


troisième côte: guérie. 


1 Fracture de côte, accompagnée de contusions, chez un 


homme qui s'était trouvé sous un mur éboulé. 


2 Plaies par instrument tranchant à la région de la poi- 


trine, l'une au côté, accompagnée de blessures analo- 
gues à la mâchoire inférieure et à la joue du même 
côté, rapidement guérie, l'instrument n'ayant pas péné- 
tré dans la cavité thoracique; l’autre, arrivée à l'hôpi- 
tal le même jour, concerne un individu qui avait reçu 
dans une rixe, un coup d’un couteau-poignard, qui se 
brisa dans la région dorsale; le malade cracha immé- 
diatement du sang. Amené plus tard à l'hôpital, il fut 


BULL. DE LA SOC. DES SC. NAT. — T. V. 6 


Sat CR 


soumis à nos soins, qui ne pouvaient réussir à faire fer- 
mer cette plaie: la sonde nous fit enfin découvrir un 
corps dur, non recouvert de périoste, que nous primes 
pour un séquestre provenant d'une côte nécrosée : une 
incision prolongée des deux côtés, en suivant une sonde 
cannelée, nous permit d'extraire le bout brisé du cou- 
teau-poignard, placé le tranchant en avant, la pointe 
dirigée vers la colonne vertébrale; pour la seconde 
fois, le malade cracha du sang, fait qui, joint au pre- 
mier, me fit penser que les poumons avaient été inté- 


ressés, mais peu profondément, par cette lame, qui 


est également conservée dans la petite collection ana- 
tomo-pathologique que nous formons à l'hôpital. 


9 cas d'Asthme, dont un compliqué de bronchite chro- 


nique; tous deux guéris par la solution de Fowler. 


D Bronchites aiguës guéries; dans un cas, on profita du 


séjour de la malade pour amener la résolution pres- 
que complète de son goitre; le séjour d'un autre fut 
prolongée par un état de grande surexcitation nerveuse. 


4 Bronchite capillaire, affection intense, simulant une 


phthisie pulmonaire; guérie. 


2 Bronchites chroniques, l'une considérablement amélio- 


11 


rée, quand le malade exigea sa sortie; l’autre qui nous 
avait été adressé pour l'opération de l’'empyème(!), 
succomba à une hydropisie produite par sa bronchite 
chronique, malgré un traitement actif et varié. 

Pneumonies, avec un seul décès dans un cas où le 
poumon droit était complètement hépatisé, le gauche 
emphysémateux sur plusieurs points, la plèvre droite 


injectée, les deux cavités des plèvres remplies d'une 


grande quantité de sérosité, le cœur hypertrophié, 
ainsi que le foie en outre graisseux, et un rein hypé- 
rémié, pendant toute sa maladie, 1l n'avait pas eu de 
crachats tuilés : c'était un homme, âgé de 56 ans, tombé 
malade aux Emposieux, et entré à l'hôpital en décem- 


bre 1857. Le traitement de nos pneumonies a été varié : 
l'acétate de plomb uni à l'opium, la digitale en infu- 
sion, le tartre stibié, en ont fait les principaux frais : 
nous sommes, dans cette maladie, on ne peut plus 
sobre d'émissions sanguines, à cause de notre consti- 
tution médicale régnante, dans laquelle les phlogoses 
franches sont rares, et où l’on a fort à redouter des 
phénomènes d’adynamie, d’ataxie ou d’anémie pendant 
la convalescence de la plupart des maladies traitées 
de cette manière: nos résultats de cette année et des 
précédentes, sont bien propres à nous faire persévérer 
dans cette ligne de conduite. Un de nos dix autres 
malades avait eu un delirium tremens avant son entrée 
à l'hôpital, et eut pendant sa convalescence une dys- 
pepsie par défaut d'alcooliques, à laquelle nous remé- 
diâmes par un mélange de teinture d'assa-fœtida et 
d'alcool à doses décroissantes; un autre fut pris de 
delirium tremens dans l'établissement et dut être isolé: 
le calomel à petites doses triompha rapidement de 
cette complication de sa maladie; enfin, dans un autre 
cas, où la pneumonie affectait les deux poumons, mais 
surtout le droit, n’intéressant point leurs sommets, le 
malade présenta le délire le plus intense que j'aie ja- 
mais observé dans cette maladie, au point de faire 
craindre l'invasion insidieuse d'une fièvre typhoïde, et 
cela d'autant plus qu’on ne pouvait le prendre pour un 
delirium tremens: la morphine en triompha assez ra- 
pidement; enfin, un de nos malades présentait une hy- 
pertrophie du cœur. De nos 11 cas, un seul appartenait 
au sexé féminin; 4 seul était double, 8 siégeaient à 
droite, (à savoir 5 surtout à la base, 2 au sommet, et 
4 occupant tout le poumon), et 2 se trouvaient à gauche 
(tous deux à la base). Les âges des malades étaient de 
46, 20, 21, 22, 33, 40, 49, 43, 45 (deux cas, dont 
un féminim,) et 56 ans (seul décès). Quant aux mois 


Re er 


et aux localités, laissant de côté celui qui était tombé 
malade en 1857, et ajoutant 3 cas qui restaient en 
traitement au 1er janvier 1859 (trois hommes, tous 
guéris), nous trouvons les 13 cas reçus en 1858, ré- 
partis comme suit: seconde moitié de mars, 2 (ambu- 
lant et Cormondrèche); avril, 2 (Neuchâtel et Pouillerel); 
septembre % (Cormondrèche et Landeron); octobre, 1 
(Brenets); novembre, 4 (Boudry, Fontaines, Chaumont 
et Brenets ); décembre, 2 (Fleurier et ambulant ). 
Le petit nombre de cas du printemps, comparé par 
exemple à celui de 1857, nous paraît dù à la tempé- 
rature exceptionnellement douce et privée de retours 
de froids, qui signala notre printemps de 1898. — 
Quant aux pneumonies compliquant d’autres maladies, 
nous renvoyons à ce que nous en disons à propos de 
la fièvre typhoïde, du rhumatisme articulaire aigu, des 
fractures du crâne, de lempyème et de l'hépatite aiguë. 
3 cas d'Epanchement pleurétique, tous trois grandement 
améliorés, quand ces malades demandérent leur sortie. 
Il en fut de même de notre 

Empyème, cas très-compliqué qui paraissait être 
la suite d'une pleurésie diaphragmatique, qui avait 
aussi occasionné une hépatite chronique, suivie de la 
formation d'un abcès, tandis que le poumon gauche 
présenta aussi pendant le séjour du malade dans l’é- 
tablissement, une pneumonie intercurrente, et qu'il 
se forma un abcès de la région de l'épaule droite.—Ce 
cas et les trois qui le précèdent, représentent tout notre 
contingent de pleurésies, déduction faite des cas de 
pneumonie où la plèvre était plus ou moins intéressée, 
d'un cas de fièvre typhoïde, d’un de péricardite rhuma- 
tismale, et de celui de phlébite, qui présentèrent cette 
affection pendant leur séjour dans cet hôpital. 
Tuberculose pulmonaire, admis pour des symptômes 
qui avaient quelque analogie avec une fièvre intermit- 


25. rue 


tente; il dut nous quitter amélioré, le traitement ayant 
fait cesser la diarrhée colliquative qu'il présentait. 
Sans parler d'autres cas, où les poumons présentaient 
des tubercules, je me bornerai à rappeler que, à stric- 
tement parler, notre fait de périchondrite du larynx 
devrait être classé ici, si cette affection secondaire 
n'avait acquis, par l'opération qu’elle nécessita, un in- 
térêt tel, qu'il nous à paru préférable d’en parler sous 
cette autre rubrique. 


MALADIES DES ORGANES DE LA DIGESTION. 


13 guérisons, 4 cas améliorés et 4 décès, sont les résul- 
tats des 21 traitements d’affections de ces organes, dont 1 
seulement requit une opération, à savoir: 

À Epithélioma de la lèvre inférieure, qui fut guéri par 
l'excision de la tumeur et l'application de sutures en- 
tortillées. 

1 Nécrose du maxillaire inférieur, améliorée, mais dont 
le séquestre, non encore mobile lors de la sortie, devra 
être extrait plus tard. 

T Angine catarrhale. 

1 Embarras gastrique. 

2 Dyspepsies alcooliques, guéries par l'alcool à doses dé- 
croissantes, uni à de la teinture d’assa-fœtida. 

1 Gastralgies, dont 4 guéries, tandis que, chez les 3 au- 
tres qui ne présentérent qu'une amélioration de leur 
état, nous craignons qu'il ne s'agisse plutôt d’affections 
organiques de l'estomac au début. 

1 Colique, remarquable par sa violence, chez un individu 
précédemment opéré de hernies étranglées. 

À Pérityphlite. 

À Hépatite aiguë, compliquée d’une pleuropneumonie de 
la base du poumon droit, d'une caverne et de plusieurs 
tubercules du gauche, cette affection avait déterminé 


RSA a 


une augmentation de volume et de rougeur du foie, à 
la périphérie du lobe droit duquel étaient deux abcès 
de la taille d'une noix et plusieurs autres plus petits 
dans la substance même de ce lobe: des frissons répé- 
tés, un point de côté à droite, et plus tard une teinte 
ictérique des conjonctives et de la peau, avaient été les 
principaux symptômes de la maladie du foie, dont l’in- 
vasion avait suivi de peu de jours une chute sur la tête 
de ce malheureux, qui succomba à l'hôpital. 
Dégénérescence graisseuse du foie, des plus marquée, 
compliquée seulement d’un abcès qui s’étendait sur le 
côté droit du foie jusqu’au diaphragme. Egalement ter- 
minée par la mort. 

Péritonite tuberculeuse: ce malade présentait à son 
entrée une douleur localisée, analogue à celle d’une 
pérityphhite, mais accompagnée de diarrhée; à mesure 
que l'amélioration semblait survenir, se dessinèrent 
les symptômes d'une tuberculose pulmonaire, et le 
malade finit par succomber. À l’autopsie, nous trouvà- 
mes des adhérences sur toute la surface du poumon 
droit qui contenait de nombreuses cavernes, tandis que 
le gauche ne présentait que des tubercules disséminés 
et lui avait permis de vivre encore longtemps malgré 
les désordres de son congénère; la rate était hyper- 
trophée et friable; le foie et les reins graisseux; on 
trouvait en outre de nombreux dépôts de tubercules 
miliaires sur la couche séreuse des intestins, avec de 
nombreuses adhérences entre les deux parois du péri- 
toine dans la région iléo-cœcale, et cela à un tel point 
que l'intestin se déchire quand on veut le détacher, 
ses parois ne présentant plus de résistance à cette trac- 
ton; les glandes mésentériques étaient engorgées; mais 
il n’y avait aucune ulcération intestinale. 
Tuberculisation mésentérique, également suivie de mort 
après que la matière tuberculeuse eût provoqué des 


RER EAN 


perforations de l'intestin sans épanchement et une du 
diaphragme, au-dessous duquel était une poche remplie 
d'un dépôt tuberculo-purulent. 

Ascite, chez une personne hystérique; l'affection, es- 
sentielle à ce qu'il nous parut, après avoir résisté aux 
diurétiques les plus variés, et avoir été accompagnée 
de douleurs abdominales intenses, et de lipothymies, 
entra subitement dans une voie d'amélioration telle, 
que la malade nous quitta sans trace d’hydropisie. 


-1 Plaie par instrument tranchant à l'abdomen et au bras 


gauche, survenue dans une rixe, Se termina par la 
guérison, quoique la position de celle de l'abdomen, 
située à la région inguinale, la rendit particulièrement 
grave. 


| MALADIES DES ORGANES GÉNITO-URINAIRES. 


Au nombre de 11, elles offrirent 7 guérisons, 3 amélio- 


tions et À résultat nul, 4 d’entre elles furent opérées. 
4 Périnéphrite. 


1 


Catarrhe vésical. 


1 Hydrocèle, guéri par la ponction suivie d'une es 


1 


de chloroforme. 

Carcinome de la prostate: déjà opéré trois fois d'un 
squirrhe du rectum, une première par les docteurs de 
Marval et Vouga, et deux fois par nous à l'hôpital: 
l'affection tendait à revenir, et était accompagnée d’un 
carcinome de la prostate qui lui occasionnait de fré- 
quentes envies d’uriner: le traitement améliora un peu 
les symptômes de cette affection qu il ne pouvait être 
question de guérir. 

Carcinome de la région inquinale mérite d'autant plus 
d'être placé parmi les affections des organes génito- 
urinaires, que le cancer avait débuté par le testicule 
gauche, qui avait dû être opéré: c'était aussi pour une 


Gé UNS 


opération qu'on prétendait nous l'envoyer, quelque im- 
praticable et inutile qu’elle fût, et nous dûmes le ren- 
voyer, comme incurable, au bout de peu de jours, parce 
qu'il répandait une odeur insupportable et que notre 
seule salle d'isolement devait être cédée aux ouvriers 
chargés de changer la disposition de l'aile actuelle- 
ment consacrée aux femmes. 


2 Paraphymosis : l'un datait de 6 semaines, lors de l'ar- 


rivée du malade, et la réduction en fut singulièrement 
difficile à cause d’une solution de continuité assez pro- 
fonde, qui avait, sans doute, empêché le développe- 
ment de la gangrène: ce cas était dù à la masturbation; 
le suivant survint chez un individu affecté de phymosis, 
et chez lequel une imcision circulaire avait été prati- 
quée avant son entrée à l'hôpital; par là, nous eûmes 
aussi plus de peine à en obtenir la réduction, et une 
prolongation de son séjour, vu le temps nécessaire à 
la cicatrisation. 


À Métrite subaiguë guérie, du moins momentanément, la 


nature des douleurs et les métrorrhagies fréquentes de 
la malade me faisant craindre qu'il ne s'agisse chez 
elle d’un carcinome commençant de l'utérus. J'en dirai 
autant de 


4 Môétrorrhagie, qui céda aux ferrugineux et à la quinine. 


1 


Fibroide de l'utérus: la malade qu’on nous adressa 
pour cette affection, avait de violents maux de ventre 
qui cédérent complètement, après quoi la susdite tu- 
meur ne causant plus aucun inconvénient, cette femme 
fut congédiée grandement soulagée. 


4 Hydropisie enkystée de l'ovaire: trois kystes multiples 


furent guéris par une triple ponction, opérations que 
cette fille supporta chaque fois avec le plus grand cou- 
rage: toutefois, 1l en restait de plus profonds, non 
accessibles au troicart, de sorte qu’elle ne nous quitta 
que considérablement améliorée dans son état. 


AL". APE 


MALADIES DES ORGANES LOCOMOTEURS. 


C'est toujours la catégorie la plus nombreuse, repré- 
sentée, cette année, par 116 individus, dont 107 furent 
guéris, 7 améliorés et 2 moururent à l'hôpital: 8 d’entre 
eux subirent des opérations. | 

1 Luxation du cubitus gauche, qui fut réduite, mais à la 
suite de laquelle la mobilité du coude ne revint que 
lentement. 

20 Fractures, dont: 1 de l’omoplate, survenue dans une 
chute de 50 pieds de hauteur environ, chez un individu 
occupé à démolir une maison, et qui fut relevé pour 
mort: la fracture existait au-dessous de la crête de 
cet os, et fut guérie par l'application d'un bandage 
de corps et d’une écharpe; — 1 de l’humérus, égale- 
ment produite par une chute de 20 pieds environ: elle 
siégeait peu au-dessous de la tête de cet os, et fut guérie 
par un bandage plâtré; — 1 des deux os de l'avant- 
bras, traitée de la même manière; — 14 du cubitus, 
située à son tiers inférieur, et survenue pendant que 
cet individu se défendait contre des assaillants: même 
bandage; — 2 du radius, l’une produite par un ébou- 
lement de terre, l'autre par une chute, l'individu ayant 
été renversé par un gros chien: cette dernière intéres- 
sait l'épiphyse: chez toutes deux aussi, bandage plâtré; 
— 2 de phalanges de doigts de la main: chez l’un des 
blessés, les doigts annulaire et médius avaient été pris 
sous le balancier d'une pompe à feu qu’on essayait, et 
le premier subit une fracture comminutive telle, que le 
doigt avait dû être enlevé sur place; c'était aussi une 
fracture comminutive avec écrasement de l'index, qui, 
chez l’autre, nécessita que nous pratiquassions une 
amputation partielle de ce doigt; — 2 du fémur, l’une 
du col, guérie, mais depuis laquelle le vieillard qui 


APE Jim 


l'offrait, affaibli d’ailleurs par d'anciennes libations, 
sans doute renouvelées dès-lors, n’a jamais pu quitter 
son bâton pour marcher; l’autre, située au milieu de 
l'os, existait chez un enfant de 7 ‘}, ans, dont la cuisse 
avait été écrasée sous un ballot de bouchons, et ne 
laissa aucune suite; — 1 de la rotule: poussé dans un 
escalier, cet individu était tombé sur les genoux et 
s'était fracturé transversalement la rotule droite, qui 
fut guérie par l'application d'un bandage plâtré, précé- 
dée de celles de bandelettes fixées avec du colodium ;— 
4 des deux os de la'jambe, dont une était survenue chez 
un individu dont la jambe avait été prise sous un char 
de bois, et une provenait d'une chute d’un char de foin 
(qui lui occasionna aussi une plaie à la tête); la plus re- 
marquable, quant à son mode de production, concerne 
un enfant qui courait le long d’une surface en pente, 
au bas de laquelle son pied se trouva pris, tandis que 
le reste du corps suivait le mouvement commencé: une 
violente frayeur que lui causa un malade en délire, 
qui jeta dans sa direction un pot à tisane, détermina 
chez lui un ictère; — 4 du tibia; — 9 du péroné, l’une 
arrivée pendant que l'individu sautait d'une ‘voiture, 
l'autre pendant une expulsion hors d'un cabaret; le pre- 
mier présenta en outre de l’érysipèle à une joue; — 
T du calcanéum, chez un malade qui, dans un accès de 
delirium tremens, s'était jeté d'un premier étage dans 
une cour, chute à la fin de laquelle le tendon d'Achille 
avait arraché une portion de cet os, dont la fracture 
fut guérie par l'application d’un bandage plâtré; — et 
À du premier os métatarsien, sur lequel avait passé la 
roue d'une voiture: guéri de la même manière.—Sans 
que nous l’ayons mentionné dans tous les cas, on a pu 
vofr que c’est le plus souvent aux bandages plâtrés 
que nous avons eu recours, et cela avec de très-bons 
résultats, et sans en voir, pendant les trois premiers tri- 


HN: AN LES 


mestres, aucune suite fâcheuse: dès-lors, nous avons 
dû y renoncer momentanément, à cause de la formation 
d'abcès ou d’inflammations phlegmoneuses, en rapport 
avec une purulence des plaies qui a été en augmen- 
tant et nous a amené l'épidémie de pyémie et diphthé- 
rite des plaies qui s’est développée de toutes pièces 
dans toutes nos salles d'hommes, et qui a nécessité 
l'isolement des malades qui en étaient atteints et la 
non-admission de plusieurs personnes qui demandaient 
l'entrée dans l'hôpital pour des ulcères ou d’autres ma- 
ladies peu graves accompagnées de production de pus. 
Cette explication donnée, je ne puis assez me louer 
des bandages plâtrés, ayant successivement appliqué 
avec mes internes successifs, MM. les Drs Max Küchler, 
Ernest Revnier et Henri Schærer, diverses modifications 
de cette heureuse invention du Dr Matthysen, actuel- 
lement à Bois-le-Duc, pour m'arrêter à celle du pro- 
fesseur Demme, (de Berne), connue sous le nom de 
bandage plâtré en cataplasmes. Voici en quoi elle con- 
siste: sur une compresse étendue, et entre deux petits 
bâtons carrés de la hauteur voulue, on étend du gypse 
en poudre, jusqu’à ce que le tout ait atteint le bord 
supérieur des bâtons, qui sont ensuite enlevés, pour 
replier les quatre bords de la compresse sur cette 
plaque de plâtre pulvérisé: on verse ensuite sur le tout, 
avec une éponge, de l’eau, froide en été, tiède en hiver, 
aussi longtemps qu’elle est absorbée; dès qu'elle reste 
à la surface du linge, on étanche rapidement l'excès 
avec l'éponge, et l’on applique cette valve à la surface 
postérieure du membre, préalablement recouvert d'un 
peu d’ouate cardée, pour l'y fixer provisoirement avec 
une bande roulée: un quart d'heure après, le plâtre 
étant suffisamment sec, une seconde valve, dont les 
bords doivent légèrement dépasser ceux de la premiére, 
est appliquée de la même manière après l'enlèvement 


DRE TER ALU 


préalable de la bande provisoire, et le tout fixé avec 
une seule bande roulée: s'il s’agit de la jambe, une 
espèce d'étrier préparé de la même manière, et se ren- 
dant du talon au coude-pied, où ses deux bouts se 
croisent, termine l'appareil. C'est avec le Dr H. Schæ- 
rer qu'ont été faits les essais relatifs à cette modifica- 
tion du bandage, et, dans certains cas, par exemple, 
dans celui d’une fracture transversale de la rotule, 1l 
a montré un heureux esprit inventif, en commençant 
par rapprocher les deux fragments au moyen de ban- 
delettes enduites de collodion, qui eussent été insuffi- 
santes pour maintenir la coaptation, mais sans l'emploi 
préalable desquels, le bandage plâtré n'eût pu réussir, 
puisque, pendant sa dessication, les deux fragments 
osseux se fussent disjoints. Nous ajouterons que quel- 
ques confrères qui nous ont fait l'honneur de visiter 
l'hôpital, entre autres M. le professeur J. Hoppe, (de 
Bâle), et notre ancien chef de service, M. le Dr de Cas- 
tella père (de Fribourg), non seulement ont exprimé 
leur approbation sur ce mode de pansement, mais 
ont désiré en apprendre l'application pratique. Il serait 
trop long d'entrer dans le détail des causes qui me 
font préférer cette modification, aux bandages plà- 
trés primitifs de l'inventeur hollandais, à ceux du pro- 
fesseur B. Langenbeck (de Berlin), et à des essais an- 
térieurs du professeur Demme (de Berne), également 
abandonnés par lui, autant que je le sais. — Pour en 
revenir à nos fracturés de 1858, nous devons rappeler 
que dans un cas de fracture du crâne, le malade s'était 
postérieurement fracturé le col du fémur; puis que, 
pour avoir l'ensemble des fractures et non pas seulement 
celles des organes locomoteurs, il y aurait lieu de join- 
dre à celles qui viennent d’être analysées, 3 fractures 
du crâne, 1 de côte, et 1 des os propres du nez, qui 
accompagnait des plaies contuses à la tête. 


dal 1 ÉQ a 


16 Pluies, dont 2 articulaires, une du genou et l’autre d'une 
articulation du doigt, 3 à l'avant-bras, 2 à la main, 1 
à l'index, 2 à la région du genou, 3 à la jambe, 1 
au pied, À à un orteil, et 1 cas où le mollet et deux 
doigts de la main en présentaient. — C’est ce dernier 
cas qui présenta le plus d'intérêt au point de vue de 
sa triste complication, le tétanos, et de l’heureuse issue 
d'un traitement par le tartre stüibié: ayant publié ce 
cas in-extenso dans l'Echo médical, je me borne à y 
renvoyer pour les détails de cet accident occasionné 
par un coup de mine.— On sait la gravité qu'ont sou- 
vent les morsures faites par des animaux ou des hom- 
mes en colère: celle qui se présenta à notre observation 
siégeait à l'index et provenait d’un homme ivre, qui 
avait usé de cet argument de conviction dans une dis- 
pute: sauf un peu de raideur du doigt, rien n’eût trou- 
blé la bonne issue du traitement, si cet individu n'avait 
été atteint, dans nos salles, d'une fièvre typhoïde qu'il 
traversa heureusement.—La même maladie qui survint, 
pendant le traitement d'un autre de nos patients, affecté 
de plaie contuse au genou, eut une toute autre issue: en 
effet, alors que, bien que la bourse muqueuse de la ro- 
tule eût été ouverte, tout marchait vers la guérison, 
la fièvre typhoïde se déclara, fut suivie d’une thyroïdite, 
et enfin d'une gangrène des parois du cou, à laquelle 
ce malheureux succomba après de longues souffrances. 
— C'est aussi par la mort que se termina la plaie pé- 
nétrante du genou qui nous arriva avec pleine suppu- 
ration de la cavité articulaire (arthropyosis): c'était 
une Jeune fille, précédemment traitée à l'hôpital pour 
une affection assez singulière, consistant en la présence 
simultanée d’une pleurésie et d’une affection d'un ovaire: 

. il s'était déclaré chez elle, paraît-il, une hydrarthrose 
du genou, qui fut malheureusement ouverte après un 
traitement infructueux, ce qui développa la suppuration 


en ONE 


articulaire en question: peu aprés l’arrivée de cette 
jeune malade, je provoquai, vu la gravité de son état 
et les conséquences d’une opération ou de la tempori-. 
sation, une consultation de la part de mes confrères, les 
Drs Favre et Vouga, à la suite de laquelle nous agran- 
dimes l'ouverture pour donner libre issue au pus, la 
malade étant hors d'état de supporter l’amputation de 
la cuisse: survinrent quelques jours d'amélioration 
trompeuse, après lesquels elle expira. A l’autopsie, nous 
trouvâmes, outre les lésions dues à l’arthropyosis et 
spécialement une carie commençante des os qui com- 
posent l'articulation du genou, une tuberculose géné- 
ralisée, dont les principales lésions existaient aux plè- 
vres, aux glandes bronchiques, à l'ovaire droit et à la 
matrice, tandis que les poumons ne la présentaient 
qu'à un faible degré, et qu'on trouvait un état graisseux 
du foie et des reins. — L'autre plaie articulaire étaït 
due au malade lui-même, qui s'était fait une piqûre 
pour se soulager d’un panaris: la {re articulation du 
doigt majeur gauche avait été ainsi ouverte, mais heu- 
reusement que l'application d’un bandage plâtré en 
amena la guérison par anchylose de l'articulation. — 
À côté de ces deux,opérations pseudo-médicales, nous 
en avons à signaler deux que nous pratiquâmes: en 
effet, un malade ayant eu la main gauche prise dans 
une machine à briser les écorces, nous dûmes en prati- 
quer la désarticulation qui fut couronnée de succès. Une 
plaie d'arme à feu, également à la main gauche, avait 
déterminé une hémorrhagie effrayante à la paume de 
la main, qui résistait à la compression des artères de 
l'avant-bras et à quelques ligatures superficielles, et 
ne céda qu'à celle de l'arcade palmaire elle-même: 
grâce à cela, son malencontreux essai de nettoyer son 
fusil avec des fragments de verre n'eut aucune des 
tristes suites qui se présentaient à notre esprit au pre- 


Li 


es HR 


mier moment, et ce cas peut-être regardé comme une 
des belles cures chirurgicales de l’année 4858. — Un 
malade qui tomba sur un couteau, qui lui intéressa 
deux artères à l'avant-bras, guérit également. — Une 
fille, entre deux individus de nationalités différentes, 
dont l’un prétendait la conduire à la pinte, et l’autre 
ne voulait pas qu'elle accompagnät son rival, reçut de 
l'un des deux sept coups de couteau, et s’en guérit si 
bien, qu'elle put nous quitter pour être reconduite 
dans son canton par voie de police. — Enfin une 
servante qui, dans une altercation avec sa maîtresse, 
était tombée sur une vitre, en eut à l’avant-bras une 
plaie si profonde, que plusieurs tendons furent inté- 
ressés, et qu'à la guérison de la plaie, persistait une 
difficulté d'étendre les doigts, qui sera sans doute . 
permanente. — Abstraction faite des deux décès cités, 
tous ces malades nous quittérent guéris, sauf un qui 
voulut absolument partir avant l'entière cicatrisation 
de sa plaie de jambe. 


6 Contusions, dont 4 au bras, 1 à la région lombaire, 


4 à la hanche, 2 au genou et 1 à la jambe. — Celle 
au bras est remarquable, en ce qu'elle fut produite 
par une diligence qui passa sur le bras d'un individu 
qu'elle avait renversé, sans lui occasionner de fracture; 
dans une de celles au genou, le malade s'était donné 
lui-même un coup de manche de pioche, qui avait 
produit un épanchement prérotulien. 


1 Entorses, 1 du poignet et 6 du coude-pied, dont une, 


ancienne, fut simplement améliorée par l'emploi d’un 
bandage plâtré ; une autre, qui fut guérie, était rendue 
particulièrement sérieuse parce qu'un ancien accident 
avait déjà contourné le pied affecté en dedans. 


4 Myosites ou Ténosynites, à savoir : 2 lumbagos, 1 psoïte 


et À ténosynite crépitante de l’avant-bras ou aï.—L’un 
des lumbagos, consécutif à une chute datant de plu- 


16 


D ME 


sieurs mois, était en rapport étiologique avec une. 
coloration jaune de la peau, à laquelle les conjonctives 
ne prenaient pas part, et avec des urines normales dues 
sans doute à une hypertrophie constatée du lobe droit 
du foie, mais datant, au dire du malade, de sa chute; 
l'autre s'était produit en soulevant une pierre.— Notre 
cas de psoïte fut trés-grave; une simple chute sur le 
côté gauche suffit, chez ce sujet lymphatique, pour 
amener cette affection, suivie d'une suppuration intense 
et de diarrhée; quoiqu'elle l'eût mis aux portes du 
tombeau, il guérit complètement. — Quant à notre 
crépitation douloureuse des tendons, elle était due à 
l'emploi prolongé de la lime chez un maréchal, et 
accompagnée d'engourdissement des 3% et 4e doigts. 

Inflammations, superficielles ou phlegmoneuses, loca- 
lisées comme suit: 1 de toute l'extrémité thoracique, 
4 de l’avant-bras et de la main, 1 de l’avant-bras, 1 
de la main, 9 panaris, 1 du jarret et 2 du pied. Un 
des cas de panaris, chez un homme hypochondriaque, 
s'étant reproduit, ce malheureux nous supplia de lui 
enlever le doigt, puis, peu après sa sortie, 1l nous re- 
vint pour une fièvre typhoïde, avec le doigt parfaite- 
ment guéri, comme nous l'avions jugé alors que nous 
refusions cette opération. —Le seul cas, congédié avant 
l'entière guérison, concerne un individu également 
affecté de panaris, qui dut être renvoyé pour désordre 
dans les salles. —Le phlegmon de toute une extrémité 
thoracique concerne un individu, chez lequel cette 
grave lésion survint à la suite d’un simple effort, dont 
les suites avaient été aggravées par des imprudences 
du malade: l'application de pâte de Canquoin en hâta 
la résolution ainsi que l'issue du pus. — Dans le cas 
d'inflammation de l’avant-bras, le malade eut un éry- 
sipèle pendant son séjour à l'hôpital. — Un des pana- 
ris fut remarquable par la présence d’une fistule, bien 


SO des 


que l'os ne fût pas à nu. — Enfin, chez une servante, 
dont 3 doigts étaient affectés de panaris, à la suite des 
travaux inaccoutumés de la cuisine, la phalangette de 
l'index dut être enlevée. 

o Abcès, à annexer au paragraphe précédent, dans le 
rapport d'effet à cause: 1 siégeait dans le voisinage de 
la clavicule, 4 à la main, 1 au doigt, 1 paronychie et 
2 abcès à la cuisse. — Celui à la main avait été pro- 
duit par une épine implantée dans la paume de la 
main. — Dans le fait de paronychie, il fallut enlever 
l'ongle qui était remplacé par un nouveau quand le 
malade nous quitta. — Un des cas d'abcès à la cuisse 
fut des plus graves, et survint à la suite d’un coup que 
le malade s'était donné avec une pierre, l'application 
de pâte Canquoin amena la guérison de ce vaste abcès, 
tandis qu'un second qui se forma plus tard vers la 
tête du tibia, dut être ouvert avec le bistouri.—L’autre 
ne lui céda guère en gravité: venu à la suite d’une 
chute sur la neige, 1l dut être ouvert, ainsi qu'un épan- 
chement prérotulien. 

4 Périostites, 1 de l’olécrane et 3 du tibia. — Deux de 
ces dernières, suites l’une d'un coup de pierre et l’au- 
tre d'une contusion, furent guéries par l'application de 
pâte de Canquoin. — La troisième nous fut amenée 
comme cas d'urgence, une incision pratiquée ayant 
occasionné une hémorrhagie artérielle grave: chez cet 
enfant scrofuleux, un traitement général et local avait 
amené une grande amélioration, sans empêcher néan- 
moins le développement d'une périostite à l'avant-bras, 
quand son indiscipline nous obligea à le renvoyer. 

7 Arthrocaces, à savoir: 1 olénarthrocace, 8 chirarthro- 
caces et à gonarthrocaces. La première, considérable- 
ment aggravée par le traitement d’un rhabilleur, avait 
déterminé une anchylose, et la suppuration était assez 


abondante pour motiver une opération, à laquelle le 
BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. V. 7 


ue ie Es 


malade se refusa; toutefois 11 nous quitta grandement 
amélioré quant aux douleurs et à l'intensité de la sup- 
puration. — Une tumeur blanche du genou fut guérie 
chez une jeune fille scrofuleuse, présentant les plus 
fâcheux antécédents de famille, par l'application d’un 
bandage plâtré et l'usage de l'huile de morue. — Les 
deux autres nécessitèrent l'amputation de la cuisse, 
suivie d'un plein succès chez les deux autres malades, 
chez l'un desquels elle existait depuis 10 ans. 


2 Nécroses, l'une au pied droit, guérie par un long trai- 


tement général et local, et spécialement par l'applica- 
tion de pâte de Canquoin; l’autre à un fémur qui 
avait subi successivement deux amputations à Naples, 
et dont le porteur, après avoir présenté tous les symp- 
tômes d’une pyémie, nous quitta grandement amélioré, 
sous un prétexle spécieux, mais sans aucun doute pour 
rompre avec les habitudes de sobriété et d'ordre de 
l'établissement. 


2 Hygromas, À de la hanche, provenant d'une chute sur 


cette région, déjà ponctionné et traité par la teinture 
d'iode, ne céda qu'à la pâte de Canquoin; l’autre préro- 
tullen, consécutif à une écorchure négligée : l'hygroma 
était en suppuration, et nous injectâmes avec succès 
de la teinture d'iode par la fistule qui y existait. 


À Ongle incarné, guéri par l'introduction de charpie sous 


49 


le bord latéral de l’ongle, l'application d’eau de Gou- 
lard, et le repos. 

Ulcères, tous à la jambe, (un enflammé, un atonique, 
les autres variqueux), sauf un au pied (tuberculeux) 
et un au gros orteil (scorbutique). — Tous les ulcères 
variqueux et l’ulcère atonique des jambes nous quitté- 
rent guéris, sauf un des premiers qui voulut partir 
trop tôt; toutefois, la fréquence des récidives établit 
facilement le faible degré d'utilité pour les malades 
d’un traitement long, qui empêche souvent l'admission 


Lo 


de cas plus urgents: c'est, en effet, presque toujours 
en vain, qu'on leur recommande, à leur sortie, de por- 
ter une bande roulée ou un bas lacé. — L'ulcère au 
pied était une affection scrofuleuse qui exigea aussi un 
long traitement. — Celui au gros orteil, chez un pri- 
sonnier, était de nature storbutique, et assez invétéré 
pour que l’ablation du doigt ait été nécessaire: la gué- 
rison en fut longue, et ce meurtrier parvint à s'évader 
avant le moment où 1l eût été remis aux autorités de 
police, mais fut ensuite saisi par la gendarmerie 
française et rémtégré aux prisons de cette ville. — 
Quant à l’ulcère enflammé de la jambe, c’est un cas 
sur l'origine réelle de laquelle nous sommes resté dans 
le doute, et qui avait, à l'entrée de la malade, 8 centi- 
mètres sur 7 ‘/, de diamètre; il fut néanmoins com- 
plètement guéri par notre traitement. 

2 Congélations, toutes deux au pied. 

8 Brülures, 2 à la main et 1 au pied, produites deux par 
de l’eau bouillante et une des premières par du beurre 
fondu. 


MALADIES CUTANÉES. 


Les 9 cas y appartenant furent tous guéris et cela sans 
aucune opéralion. 

1 cas de Gale, qui avait déjà passé une nuit à l'hôpital 
quand nous le vimes, fut guéri par la méthode belge, 
mais non en deux heures. | 

D Eczèmes, dont 2 impétigineux au cuir chevelu, les 3 
autres à la tête, au genou et à la jambe, le dernier 
accompagné d'un pityriasis au bras. 

À Impetigo. 

4 Prurigo. 

1 cas de Syphilides, venu à l'hôpital pour une affection 
cutanée de nature douteuse, qui céda à l’iodure de po- 
tassium : la persistance de soi-disant fleurs blanches 


en A, = 


‘nous amena à constater l'existence d’ulcérations du col 
de la matrice, sur le vu desquels elle fut renvoyée; 
dès-lors les syphilides et autres accidents spécifiques 
ne se sont plus remontrés. 


Au début de ce rapport, je vous ai rappelé, Messieurs, 
l'ouverture de la salle Grieninger et le remaniement de 
l'aile occupée par les femmes. Un autre changement im- 
portant a eu lieu, je veux parler de la séparation en deux 
de l’ancienne salle IL, ce qui nous permet d’avoir doréna- 
_vant une chambre d'isolement pour chaque sexe, tandis 
qu'auparant c'était à l’ancienne salle VIT qu'incombait ce 
double service, ce qui n’eût plus pu avoir lieu avec une 
séparation plus complète des sexes, comme elle est établié 
aujourd'hui. 

En effet, les hommes occupent 16 grands lits et 2 pe- 
tits dans les salles I et Il (aile des hommes) et 23 grands 
dans les salles HI-VI (façade), tandis que les femmes en 
ont 18 grands et 2 petits, occupant les salles VIF, VII et 
Grieninger (aile des femmes), ce qui, à l'heure qu'il est, 
constitue trois services distincts de 18, 23 et 20 lits. Le 
rapport entre les deux sexes est resté ce qu'il était aupara- 
vant, 2 lits d'homme pour 1 de femme (antérieurement 
33 et 17, actuellement 41 et 20), c'est-à-dire celui que les 
besoins de la population avaient déterminé, et pourtant 
grâce à la présence de nombreux ouvriers de chemin de fer 
et d’autres entreprises, tandis que, depuis l’agrandissement 
de l'hôpital, nous avons déjà souvent été à court de places 
pour les hommes qui se présentaient pour des maladies 
admissibles, nous n'avons pas encore vu une seule fois le 
nombre des femmes au complet. 

_ Quoiqu'il n’y ait eu que peu d'opérations majeures ou 
de cas qui aient requis une consultation médicale, nous 
avons dù avoir recours pendant l’année aux Drs Léopold 
Reynier père, Favre et Vouga, qui ont bien voulu nous 


— 


—  A101 — 


seconder avec la plus grande complaisance. Je dois aussi 
vous mentionner le zèle que MM. les Drs Henri Schærer (de 
Wædenschwyl) et Joseph Richard, (de Bonfol), ont montré 
dans l'exercice des fonctions d’interne, dans lesquelles 1ls 
se sont succédés. 

Vous étiez accoutumés, depuis la fondation de lhôpital 
en 1811, aentendre le médecin en chef de cet établissement 
remercier les sœurs hospitalières de l'ordre de St-Jacques 
de Besançon, qui le desservaient: dans mon rapport de ce 
jour, Messieurs, j'aurais les mêmes éloges à leur donner, 
si elles étaient encore au milieu de nous. Mais, vous le 
savez, le 12 mai 1859, elles sont parties, et ont Fe rem- 
placées par des sœurs diaconesses de Strasbourg. 

Par ce changement, Messieurs, l'hôpital Pourtalès se 
trouve dans un moment de crise: ce n'est qu'avec beau- 
coup de peine qu’il pourra la traverser. Mais ne l’oublions 
pas, Celui qui soutient les institutions faites pour son amour, 
est toujours là pour continuer à veiller sur cet établisse- 
ment, et c'est avec confiance que nous pouvons regarder 
un avenir qui est entre ses mains, et où son aide ne fera 
pas plus défaut à nos malades et à ceux qui sont appelés 
à les soigner, qu'il ne leur a manqué jusqu’à ce jour! 


RAPPORT 


DU COMITÉ MÉTÉOROLOGIQUE 


DE LA 


SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELEES DE NEUCHATEL 


Pour l'année 1858. 


ED > D — 


Nous continuerons cette année le résumé des ob- 
servations faites anciennement à Neuchâtel et dans le 
canton, en rapportant les phénomènes les plus remar- 
quables recueillis dans les Annales de Boive pour le 
16"° siècle. 


Le résumé des observations météorologiques faites 
en 1858 comprend : les stations de Neuchâtel, de Chau- 
mont , de Fontaines et de la Chaux-de-Fonds, les ob- 
servations limnimétriques des trois lacs de Neuchâtel, 
de Bienne et de Morat. 


La baisse extraordinaire des eaux du lac nous four- 
nit l’occasion de résumer les observations relatives aux 
grandes baisses du niveau des eaux, ainsi que les ob- 
servations sur l’évaporation du lac. Nous ajouterons une 
notice sur les observations udométriques faites au bord 
du lac. 


— 103 — 


Résumé 


DES 


PHÉNOMÈNES LES PLUS REMARQUABLES QUI SE SONT PASSÉS 
A NEUCHATEL 


_DANS LE 16m SIÈCLE 


de l’an 1500 à 1600. 


1500. On fit peu de vin, mais il fut très-bon. 

1501. Il y eut presque toujours des brouillards et de 
longues pluies. Année peu fertile. On fit peu de vin 
et mauvais. Il tomba de la grêle. 

1502. Il tomba de la neige à la Pentecôte, et il fit un 
grand froid, tellement que les hirondelles tombaient 
mortes par terre. Les moissons et les vendanges fu- 
rent fort chétives. Les chenilles mangèrent les fruits 
et les herbes. Le 22 juin, grêle épouvantable qui fit 
un grand dégât à Berne, Soleure et au lac de Bienne. 

1503. Année abondante en vin et grain, mais Fhiver 
fut froid. 

1504. Été chaud. Il ne tomba point de pluie depuis 
avril jusqu’à fin juillet. Abondance de vin, mais le 
grain n'ayant pas pu croître à cause de la chaleur 
excessive, cela causa une grande cherté. 

1505. Abondance de grains. On fit peu de vin parce 
que le froid de l'hiver précédent avait fait PÈRES les 
ceps et les arbres. 


— 104 — 


1506. Hiver très-doux; 1l ne tomba pas de neige, si ce 
n’est le 5 décembre 1505, mais qui se fondit le len- 
demain. Il ne gela pot. Le mois de mars fut chaud, 
tous les fruits de la terre poussèrent et on eut une 
année abondante ; les chenilles gâtèrent tous les 
fruits des arbres. 

1507. Abondance de grains, peu de vin mais bon. 

1508. Le printemps fut fort déréglé. Il tomba en été 
beaucoup de grêle. Débordement des eaux en mai. 
La moisson fut petite, mais on eut beaucoup de vin. 

1509. Hiver long et rigoureux. On fit peu de grains, 
mais beaucoup de vin. 

1511. Débordement extraordinaire des eaux. 

1512. Peu de vin et de grains. Cherté. Le vin fut mal 
conditionné. 

1513. Année médiocre en grains et en vin. La gelée 
du printemps causa quelque dommage. Cherté. 
1514. L'hiver fut froid depuis la Saint-Martin jusqu’au 

25 janvier 1514. Toutes les rivières et les lacs gelè- 
rent. On pouvait aller tout au travers de celui de 
Neuchâtel. On ne put pas moudre , on faisait cuire 
le froment et le mangeait ainsi au lieu de pain. 
Toutes les fontaines tarirent, l’eau étant gelée. L'été 
fut chaud et sec et l’année abondante. Les vivres 

furent à bas prix. 

1515. Été froid et humide. On eut de la peine à mois- 
sonner ; le vin fut très-vert. 

1516. Bon grain. Le vin peu abondant, mais très-bon. 
1517. Des vents violents. En printemps les ceps et les 
vignes gelèrent, ce qui causa une grande cherté. 
1518. Hiver long et froid. Il y eut cherté jusqu'aux 
moissons. Mais l’été étant chaud et sec, on eut une 

grande abondance de grains et de vin. 


— 105 — 


1519. Année fertile. Forte grêle à Neuchâtel. 

1520. Année abondante. 

1522. A la Saint-George, gelée qui endommagea la 
vigne, on fit peu de vin, mais bien du grain. 

1523. Année froide et stérile. Il tomba beaucoup de 
neige dans la montagne. Peu de vin. 

1524. Année humide, ce qui empêcha la maturité des 
fruits, d’où cherté et famine. Vin vert et mauvais. 

1526. Peu de vin et de grams. Vin mal conditionné. 

1527. Les vignes ont été endommagées et retardées par 
le froid du printemps; on fit du vin si vert que per- 
sonne n’en pouvait boire. 

1528. En avril, froid très-violent, le grain et les vignes 
gelèrent. Cherté et famine. L'été fut aussi froid et 
pluvieux. Vin petit. 

1529. Au commencement il fit un temps si doux, qu’on 
labourait au Locle le 4 janvier, mais pour semer à 
Pâques. Été froid et humide, le vin fut mal condi- 
tionné. Les eaux débordèrent extraordimairement, 
surtout à Bâle. 

1530. Au commencement temps fort doux, on labou- 
rait au Locle le 4 janvier pour semer à Pâques, mais 
il fit un grand froid au printemps. 

1532. Prodigieuse quantité de neige, que plusieurs 
maisons furent enfoncées. 

1533. Moissons et vendanges peu abondantes. 

1534. Cherté, parce que pendant la guerre on n’avait 
pas cultivé les terres. 

1536. Été si sec que les ruisseaux tarirent et les mou- 
lins cessèrent de moudre. Il y eut abondance en vin 
et en grains. 

1537. Beaucoup de grain, mais peu de vin qui fut ex- 
cellent. Il y eut des débordements en divers lieux. 


de AU et. 


1538. L'été fut pluvieux et fort stérile. 
* 1539. Année très-abondante. 

1540. Été sec et chaud, les sources tarirent. Depuis 
février jusqu’en décembre, ïl ne plut que quatre 
fois. On n'avait à Neuchâtel qne l’eau du lac à boire, 
quelques-uns en allaient chercher à Serrières. Les 
arbres fleurirent deux fois. Au’ mois d'octobre, 
grande quantité de roses. Mais comme il ne plut 
point pendant tout l’été, le chanvre, le Imet les 
légumes réussirent mal. On fit beaucoup de vin et 
de grain. Plusieurs, faute de tonneaux, répan- 
daient le petit vin pour y mettre du meilleur. Le 
vin fut si bien conditionné, qu’il se garda près d’un 
siècle. 

1541. Le 24 janvier , il tomba une grande quantité de 
neige. Année abondante en vin et grains, quoiqu’en 
divers lieux les sauterelles eussent fait de grands 
ravages. 

1542. Année froide et tardive qu’on ne moissonna dans 
le vignoble, les avoines, qu’à la fin d'octobre. On 
commença à vendanger par un grand froid, tout 
étant gelé. Aussi le vin fut très-mal conditionné. 

1543. Débordements d’eau. Beaucoup de grain, mais 
peu de vin, qui, à cause des pluies, fut mal condi- 
tonné. 

1544. Printemps froid et venteux et année stérile. Il 
tomba beaucoup de grêle. 

1545. Cherté en Suisse. 

1547. L'année fut abondante en vin et grain. 

1548. Le 10 décembre, il fit tout-à-coup un froid si 
violent que toutes les rivières et fontaines gelèrent, 
ce qui occasionna une grande disette d’eau. 


. 


— 107 — 


1549. Les gelées du printemps firent périr la vigne, les 
longues pluies et ensuite la brûlure qui suivirent 
M érént la vendange qui fut chétive. Moisson 
abondante. 

1550. Vin en grande doidiuicel tellement qu’on don- 
nait un tonneau plein à celui qui en prêtait deux 
vides. 

1551. Tous les lacs gelèrent le 10 février, et ils le fu- 
rent pendant 12 jours. Le 14 mai, les pluies com- 
mencèrent et durèrent jusqu'à vendange. Année 
abondante en vins et grains, puisqu'on eut de la 
peine à trouver assez de tonneaux. Il tomba à la 
Saint-Michel une neige prodigieuse qui dura un 
moIs. 

1552. Printemps et été très-secs. Année fertile. 

1553. Au commencement de l’année, les vignes et les 
arbres gelèrent par un froid violent. Cependant 
moissons et vendanges abondantes. 

1554. Le 19 juin, inondation extraordinaire qui causa 
beaucoup de dommage aux arbres, prés et champs. 
Année médiocre en vin et grain. 

1555. Année pluvieuse; il avait fait des gelées au prin- 
temps. Récolte médiocre en vin et en grain. 

1556. Année pluvieuse; peu de vin et de grain. 

1557. Année humide, il plut tout l'été. Récolte mé- 
diocre. 

1559. Les pluies froides et continuelles de l’été empé- 
chèrent l’abondance et la maturité des raisins et des 
fruits de la terre. 

1560. Beau printemps, mais les pluies qui commencè- 
rent à la Saint-Jean durèrent longtemps, ce qui causa 
des débordements d’eau et retarda les moissons et 

_ ! les vendanges. Il tomba beaucoup de grêle. 


— 108 — 


1561. Il avait fait un grand froid au commencement de 
l’année. Le 20 janvier, toutes les rivières furent ge- 
léés. Les brouillards, le froid et les pluies de l'été 
causèrent une année tardive et peu fertile. On fit 
très-peu de foin. Le 17 juillet, il tomba autour de 
Soleure une si grosse grèle qu’elle cassa les tuiles de 
maisons. En octobre, il fit un vent des plus violents, 
qui renversa des toits, des forêts et des ponts. 

1562. Débordement des eaux en divers lieux. Les fruits 
de la terre parvinrent cependant à maturité, on 
moissonna et on vendangea de bonne heure. 

1563. La neige dura fort longtemps au printemps, ce 
qui fut suivi de longues pluies. Les moissons et les 
vendanges furent fort tardives, peu abondantes et 
le vin et le grain mal conditionnés. 

1564. Le 16 juillet il tomba avant midi une grande 
quantité de neige, qui surprit tout le ortiéi Elle 
brisa les branches des arbres et coucha les froments 
par terre. On crut tout perdu, cependant on ne 
laissa pas que de faire une heureuse moisson; mais 
les vignes ayant gelé au printemps, on fit très-peu 
de vin. 

1565. Le commencement fut si froid que des personnes 
furent trouvées mortes sur les grands chemins. Les 
lacs et les rivières gelèrent, les vignes périrent pres- 
que entièrement, aussi bien que les grains qui, lors- 
que la grande quantité de neige quiétait tombée, vint 
à se fondre, furent inondés. Le froid avait déjà com- 
mencé l’année précédente. Il fut si violent, que dans 
toute l’Europe les rivières furent gelées tellement 
qu’on passait à travers avec des chariots. On appela 
cet hiver, l'hiver des neiges. Lors du dégel, plu- 


\ 
F4 


Ce 


— 109 — 


sieurs ponts de la Suisse furent endommagés par la 
débâcle des glaces. Grande cherté et famine en 
Suisse. Le grain et le vin furent mal conditionnés. 

1566. Grande cherté. Les pluies continuelles rendirent 
le vin fort vert. 

1567. Les eaux débordèrent extraordinairement au 
printemps de cette année. On eut ensuite une grande 
sécheresse, ce qui fit qu'on eut peu de foin, mais 
beaucoup de grain et de vin. 

1568. A la Sant-George, il tomba de la neige de la hau- 
teur de deux pieds qui dura trois jours, mais elle 
ne causa aucun dommage et on ne laissa pas que de 
faire beaucoup de vin. Les eaux débordèrent encore, 
mais sans causer bien de dommages. Les gelées du 
printemps portèrent quelque préjudice aux vignes, 
toutefois la moisson fut assez abondante, | 

1569. On eut de petites moissons, parce que les neiges 
durèrent fort longtemps et fort avant dans le prin- 
temps, et on fit peu de vin. Ce fut le commencement 
d’une cherté qui dura sept ans. L'hiver fut si froid 
qu'on traversait les rivières avec des chariots char- 
gés. On l’appela l'hiver froid, par distinction des 
autres. 

1570. Hiver fort pluvieux et humide ce qui causa fa- 
mine et peste. Il y eut de grands débordements 
d'eau. 

1571. Cette année fut extraordinaire par rapport aux 
vendanges. Il était survenu une grêle épouvantable 
le 6 mai, à 7 heures du soir, qui ravagea toutes les 
vignes, depuis Serrières jusqu’à la Maladerie, ce qui 
fit qu'on vendangea deux fois, premièrement les 
raisins qui avaient échappé à la grêle, qui étant plus 


— 110 — 


tôt mürs que ceux qui avaient repoussé dès-lors, 
furent vendangés les premiers, et quinze jours après 
on vendangea les derniers. On fit très-peu de vin. 
L'hiver de cette année fut si froid que plusieurs per- 
sonnes en moururent. Les lacs furent tellement ge- 
lés qu'ils portaient des chariots chargés, et 11 tomba 
une prodigieuse quantité de neige. Les eaux firent 
en outre un grand ravage et les vignes gelèrent. 
Grande cherté. 

1572. Pendant mars et avril, toutes les rivières et les 
lacs de la Suisse s’enflèrent extraordinairement. 
L'hiver avait été fort doux; il ne gela que pendant 
huit jours et il ne tomba que fort peu de neige. Il 
tonna en janvier et février. La cherté augmenta sur 
la fin de l’année. On fit peu de vin et de grain. 

1573. En janvier tous les lacs gelèrent , il fit un hiver 
très-rigoureux, tellement que plusieurs personnes 
moururent de froid. Les lacs de Constance, de Lu- 
cerne et de Neuchâtel étaient tellement gelés qu’on 
les traversait avec des chariots chargés. On fit cette 
année peu de vin et très-vert. Les moissons furent 
peu abondantes, parce que les champs produisirent 
plus d'herbes que de bon grain qui périt par le froid 
de l'hiver précédent. 

1574. Petites moissons et vendanges. Vin vert. 

1575. Année abondante. | 

1576. Le 5 août, il s’éleva une tempête épouvantable 

/ sur le lac de Genève, accompagnée d’une grêle 
extraordinaire qui traversa toute la Suisse et qui se 
fit aussi sentir à Neuchâtel. Elle causa un dommage 
inexprimable aux arbres, aux maisons, aux vignes et 
aux champs. Huit jours après, il tomba encore une 


— 111 — 


autre grêle qui fit encore grand dégât. Cependant 
comme les froments et les orges étaient déjà mois- 
sounés et que plusieurs vignobles de la Suisse furent 
à couvert de cette grêle, aussi ne s’en suivit-il aucune 
cherté, au contraire les vivres baissèrent de prix. 

1577. Les vignes souffrirent par des gelées au printemps. 
On fit peu de vin et mauvais. Les moissons furent si 
pluvieuses qu’on fut obligé de serrer les grains sans 
les pouvoir sécher, ce qui fit qu’ils furent mal con- 
ditionnés. 

1578. Année abondante en vin et grains. 

1579. Il y eut cette année des débordements d’eau en 
divers lieux. Au mois de février , hausse extraordi- 
naire du lac de Bienne (voyez page 120). Le 8 octo- 
bre , inondation de Neuchâtel par le débordement 
du Seyon (voyez page 120). L'année fut-assez abon- 
dante, les longues pluies d'août ne causèrent aucun 
dommage. 

1580. Le 1” janvier il fit des tonnerres et des éclairs 
épouvantables qui durèrent depuis le matin jusqu’à 
trois heures de l’après-midi. Il fit cette année des 
pluies continuelles qui retardèrent les moissons, les- 
quelles furent cependant assez abondantes. Mais le 
vin fut mal conditionné. 

1581. Hiver doux. Été humide. Moisson assez abon- 
dante. Peu de vin et très-vert. 

1582. Le 16 janvier, éclats de tonnerre épouvantables. 
En été, pluies continuelles, on ne put pas sécher le 
grain qui fut abondant. Peu de vin et mauvais. 

1583 et 1584. Années abondantes en vin et grains. 

1585. En janvier, les eaux étaient très-basses. Prin- 
temps beau, mais les pluies qui commencèrent à la 


=. UE à 


Saint-Jean firent qu’on eut de médiocres moissons 
et vendanges. 

1586. Hiver froid. Il tomba beaucoup de neige qui 
étouffa une partie du grain et fit périr un grand 

- nombre de ceps de vigne, ce qui fit que les moissons 
et vendanges furent petites. Disette. On trouva à la 
campagne plusieurs personnes mortes qui avaient la 
bouche pleine d'herbes. On n’a jamais vu faire moins 
de vin. 

1587. La famine augmente. Peste et mortalité du bé- 
tail. On assure qu'il plut du miel le 4 août. Pluies 
continuelles. L'année fut stérile en grains et en vin, 
cependant, après moisson, le grain baissa. 

1588. Cherté. Les vignes ayant gelé et l’année étant 
pluvieuse et humide, on fit peu de vin et de grains. 
Le 24 mars, une violente tempête fit beaucoup de 
mal à Neuchâtel. Le 29 octobre , les eaux débordè- 
rent extraordinairement et causèrent beaucoup de 
dommages, ce qui était déjà arrivé en juillet. 

1589. Les pluies continuelles de l’année causèrent une 
petite récolte en grains et vin. Cherté. 

1590. L'été fut chaud et see. Vin et grains abondants 
et bons. 

1591. L'automne de l’année précédente avait été fort 
doux de même que l'hiver. C’est à quoi on attribua 
les ravages des souris pendant l'hiver aux grains des 
champs. Sur quoi un été très-chaud ayant séché 
les campagnes, l’année fut chétive en vin et grains. 

1592. Le printemps fut froid, l’été humide, ce qui causa 
une année peu abondante en vin et en grains. 

1593. A la Chandeleur il fit aussi chaud qu'en été, mais 
au printemps il tomba une grande quantité de neige 


— 113 — 


avec un froid violent qui dura trois semaines. Les 
arbres et les vignes ayant gelé au printemps, on fit 
peu de vin mais qui fut bon; la moisson fut abon- 
dante. ' 

1594. L'hiver fut très-froid et long. Le 11 mai il tomba 
de la neige qui dura deux jourset qui gela plusieurs 
ceps dans les vignes. Récoltes en grains et vin mé- 
diocres. 

1595. Été humide et tardif. Peu de foin. Le 28 mai 
grêle épouvantable. 

1596. Année peu abondante en vin et grains. 

1597. À la Saint-Martin, grande neige qui dura fort 
longtemps et étouffa le grain. Petites vendanges. 
1598. Il tomba pendant l'hiver prodigieusement de 
neige. Elle étouffa les froments au point qu’on fut 
obligé d’ensemencer de nouveau les champs, mais 
cette neige ayant fondu promptement en mars, il y 
eut des débordements d’eau qui causèrent de grands 
dommages en divers lieux. Le 6 mars, violente tem- 
pête qui fit aussi du mal. Pelites moissons et ven- 

danges à cause des pluies continuelles de l'été. 

1599. L'hiver fut si froid que presque tous les arbres 
périrent. Année abondante en vin et grains. Automne 
sec, ce qui empêcha le froment de germer. 


Comètes. 


Boive cite dans le 16° siècle 16 comètes. 
1500. Des comètes. 
1506. Comète épouvantable en août. 
1527. Le 10 octobre , comète rouge comme du sang, 
avec des épées autour. 


BUL, DE LA SOC. DES SC. NAT. T. V. 8 


— 114 +— 


1530. Comète en août. 

1532. En septembre et octobre, comète avec une ERA 
queue. 

1533. Comète en juillet et août. 

1539. Comète du côté de l'occident en mai, la queue 
était blanche et pâle et s’étendait vers le midi. Elle 
dura trois semaines. 

1543. Comète épouvantable, dont la queue ré 
le septentrion. 

1555. Comète dont la queue regardait l'occident. 

1556. Le 3 mars, comète avec une grande queue rouge 
et pâle au bout. 

1560. Comète. 

15717. Comète épouvantable, le 12 novembre, au signe 
du capricorne, qui avait une longueur de 50° d’é- 
tendue; elle embrassait les signes du sagittaire et du 
capricorne ; sa queue était tournée du côté d’occi- 
dent. Les astrologues reconnurent qu’elle était beau- 
coup au-dessus de la lune. Elle disparut le 17 jan- 
vier 1578. 

1580. En octobre, comète dont le cours était opposé à 
celui des autres comètes. Elle était au septentrion 
et avait commencé à paraître le 10 septembre. 

1582. Comète épouvantable avec une queue recourbée 
de vers le nord et l'occident. 

1590. Le 23 février apparut une comète. 

1593. Au mois d'août, comète avec une étoile comme 
une flamme et une grande queue. 

1596. En juin et juillet, comète très-grande sur le so- 
leil couchant. 

Parmiles 16 comètes qui sont citées par Boive, 1l yen 

a deux dont Hevelius, dans sa Cométograplue , ne fait 


— 115 — 


pas mention, ce sont celles de 1543 et de 1555; la der- 
_nière cependant pourrait être identique avec celle que 
Rockenbach cite pour l’année 1554, puisque ni l’un ni 
l’autre ne citent le mois de l'apparition, et que la seule cir- 
constance particulière mentionnée par les deux auteurs, 
que la queue regardait l’oceident, est commune aux 
deux astres: Peut-être aussi la comète de 1543, d’après 
Boive, est la même que celle dont Rockenbach et Ecks- 
torne parlent comme d’une comète d’un aspect terrible, 
qui a été vue à Constantinople en 1542. Aïnsi, il est peu 
probable que Boive augmente le catalogue des comètes 
déjà connues par d’autres sources. Au contraire , il y a 
27 comètes du 16° siècle dont 1l ne fait aucune mention. 

La comète de 1500 a été visible pendant quatre mois. 
Celle de 1506, citée par Boive, est la seconde de cette 
année. Une autre avait apparu dans le mois d'avril, pen- 
dant trois Jours, à Nuremberg. 

La comète, vue en 1527, le 10 octobre , paraît avoir 
frappé l'imagination de tous les observateurs ; tous s’ac- 
cordent sur sa couleur rouge de sang, et presque tous 
croient avoir vu des épées, des lances et même des têtes 
coupées autour, de sorte que, d’après Rockenbach, plu- 
sieurs spectateurs sont presque morts de terreur. 

La comète de 1530 a déjà été vue en juin, d’après la 
chronique saxonne. 

La comète de 1532 a été vue depuis le 22 septembre 
jusqu’au 8 décembre, son noyau était trois fois plus 
grand que le disque de Jupiter. 

La comète de 1533 a été vue par Appian déjà en juin; 
elle était circumpolaire et rétrograde. 

Pour celle de 1539, les circonstances citées par Boive 
sont données par d’autres auteurs. 


116 — 


La comète de 1556, vue déjà à Neuchâtel le 3 mars, 
n’a été vue par le célèbre Fabricius que le 4. Elle se dis- 
tingue par son mouvement très-rapide et par sa forme 
ressemblant à une demi-lune. 

En 1560, Thuanus parie d’une comète apparue le 28 
décembre , une autre a été déjà vue en avril, à Witten- 
berg, par Melanchton. Boive ne donnant pas de mois, il 
est incertain laquelle a été vue à Neuchâtel. 

Les détails sur la comète de 1577 ne contiennent rien 
de nouveau. Mæstlin donne 30° à la queue, Cornelus 
Gemma 20°, il parle de sa courbure ainsi que de trois 
rayons sortant de la comète, phénomène semblable aux 
secteurs lumineux de Bessel. Tycho-Brahé l’a vue en- 
core le 26 janvier 1578. 

La comète de 1580 n’a été vue nulle part aussitôt que 
le dit Boive. On l’a vue le 9 et 10 octobre. Il paraît 
étrange qu’elle ait été visible à Neuchâtel tout un mois 
plus tôt qu'ailleurs. H est confirmé par les autres obser- 
vateurs que son mouvement était d'abord rétrograde, 
mais alors elle est devenue stationnaire , et elle a conti- 
nué ensuite son mouvement dans le sens direct, dans la 
direction des signes du zodiaque , d’où les astronomes 
du temps ont conclu déjà qu’elle suivait les lois du mou- 
vement planétaire. Il n’est cité nulle part que la comète 
de 1582 ait eu la queue recourbée. 

La comète de 1590 à été aussi observée par Tycho- 
Brahé le 28 février. 

La comète de 1595 se trouve citée mais sans la re- 
marque: «avec une étoile comme une flamme. » 

En 1596, on à de nouveau remarqué la comète un 
mois plus tôt que ies autres observateurs. Rockenbach 
parle du 9 juillet, Mæstlinus du 3 août, Rothmann du 
21 juillet, comme date de la première apparition. 


— A17 — 


El y a donc très-peu de faits nouveaux et probablement 
plusieurs erreurs dans les observations citées par Boive. 
1 paraitrait que toutes ces remarques sur les comètes 
ont été compilées sur des livres et des manuscrits, mais 
qu’elles ne reposent guère sur des observations origi- 
nales. 


Trembhlements de terre. 


Dans le 16° siècle nous trouvons cités 12 tremblements 
de terre, en 1500, 1508, 1517, 1523, 1531, 1533, 
1538, 1565, 1573, 1574, 1584 et 1593. 

Celui de 1523 arriva le 19 mai, à 3 heures du matin. 

Celui de 1531 fut violent. 

Celui de 1538 arriva le 20 janvier. 

En 1565 on parle de plusieurs tremblements de terre. 

Celui de 1573 arriva le 20 décembre. 

Celui de 1574 arriva le 30 juin. 

Celui de 1584 arriva le 4 mai, le matin; il dura de 
trois à quatre jours; il fut violent à Neuchâtel; il causa 
de grands dommages à Aigle, Corbières et Yvorne. C’est 
sur les terres éboulées à Yvorne qu’on a bâti les vignes. 

En 1593, grand tremblement de terre à Neuchâtel. 

Dansle mémoire de E. Bertrand sur les tremblements 
de terre en Suisse , nous trouvons eités , outre ceux dé- 
signés par le chroniqueur , les tremblements de terre 
arrivés en Suisse en 14512, 1534, 1548, 1552, 1597, 
1560, 14571, 1572, 1575, 1576, 1577, 1578, 1594 et 
1597. | 
. Bertrand ne cite pas les tremblements de terre de 
1508, de 1517 et de 1565, qui se trouvent mentionnés 
dans Boive, sans indication spéciale. 


— 118 — 


Bertrand mentionne avec Boive que le tremblement 
de terre de 1593 fut ressenti à Neuchâtel. 

Bertrand dit d’une manière spéciale que ceux de 
1523 et 1533 furent ressentis à Neuchâtel. 

Boive , par contre, cite celui de 1584 comme ayant 
été ressenti fortement à Neuchâtel. 

De sorte que d’après les deux auteurs, les tremble- 
ments de terre de 1523, 1533, 1584 et 1593 ont été 
ressentis à Neuchâtel même. 


Pestes. 


Les pestes, mortalités et maladies contagieuses sont 
citées 22 fois dans ce siècle, dans les années 1500, 1502, 
1517, 1518, 1528, 1529, 1531, 1540, 1541, 1542, 
1546, 1550, 1563, 1564, 1565, 1570, 1575, 1577, 
1582, 1593, 1594 et 1595. 

Boive donne des renseignements particuliers sur les 
maladies suivantes : 

En 1517, maladie contagieuse et extraordinaire. La 
langue devenait blanche, on ne pouvait ni boire ni man- 
ger, on avait un mal de tête accompagné d’une fièvre 
pestilentielle , et on entrait en fureur. Cette peste fut 
aussi à Neuchâtel. 

En 1528, il y eut une grande peste qui faisait mourir 
dans les vingt-quatre heures. On nommait le mal la co- 
queluche, qui fut causé par le vin vert. 

En 1529, peste dite : der englische Schverss (la sueur 
anglaise }; ceux qui en étaient atteints, tombaïent dans 
un profond sommeil dont ils mouraient. Pour en guérir, 
° il fallait se faire suer pendant huit ou neuf heures; en 
restant plus longtemps en sueur, on en mourait. D’autres 


| AR 


secouaient ceux que le sommeil saisissait pour les em- 
pêcher de dormir. Ceux qui en étaient attaqués suaient 
par tout le corps, éternuaient à diverses reprises et 
mouraient, En Suisse, cette peste fut faible. 

1550. Peste à Bâle qui dura jusqu’en 1553. 

1564. Au commencement de l’année, il mourut beau- 
coup de monde de points, du mal de côté et de la poi- 
trine, ce qui se changea en une peste très-violente. 

1575. Peste apportée par les pèlerins. 

1577. Peste de juillet à Noël. 


Curiosités et faits divers. 


1547. Le soleil fut pâle toute l’année et ne produisit 
pas une claire lumière. 

1554. Le 12 mai 1l tomba une rosée semblable au miel 
et qui fut suivie d’une mortalité sur le bétail. 

1560. Il plut du sang. Des flammes de feu au ciel. 

1568. Le 9 août, trois lunes au ciel. 

1569. Le 3 mars, trois soleils ou parhélies. 

1570. On vit des volées d'oiseaux inconnus et en grand 
nombre ; on ne put savoir d’où ils étaient venus , ni 
ce qu'ils devinrent. 

1571. Le 29 septembre, le soleil à son lever parut rouge 
comme du sang, de 9 heures du matin jusqu’au 
soir 1] fut triste et obscur ; la lune parut aussi rouge 
pendant la nuit. Le 18 novembre, on vit tomber du 
feu du ciel. | 

1572. Au mois de septembre, une nouvelle étoile, fort 
grande , apparaissait en plein jour. Elle surpassa 
toutes les autres en grandeur et en lumière. Elle 
commença à se montrer au signe du Taureau. On 
la vit pendant près d’une année. 


— 120 — 


1582. Changement du calendrier au mois d’octobre : 
on retranche 10 jours. 

1587. On assure qu'il plut du miel le 4 août. 

1590. Le 26 février, un combat de gens de guerre au 
ciel ; le 27, une grande splendeur au ciel qui produi- 
sit une clarté comme en plein jour. En juillet, inva- 
sion d'une prodigieuse armée de grosses mouches 
qui avaient des aiguillons longs et vénimeux qu’elles 
pouvaient jeter par-dessus elles. Elles étaient vertes, 
blanches et noires, plusieurs personnes moururent 
de leurs blessures, de même que beaucoup de bétail. 

1596. En mars, pluie aussi rouge que du sang à Neu-° 
chtel. 


En 1579, deux faits très-intéressants sont mention- 
nés : une hausse subite du lac de Bienne et une inon- 
dation à Neuchâtel, causée par les eaux du Seyon. 

Il y eut cette année des débordements d’eau en di- 
vers lieux. Au mois de février, le lac de Bienne s’enfla 
d’une telle manière que la ville de Nidau fut mondée et 
que le bas du vignoble de Douane et des environs fut 
endommagé. 

Le 8 octobre, par un jeudi, la ville de Neuchâtel fut 
inondée par un déluge d’une manière extraordinaire. 

Environ les 9 heures du matin, il se fit au-dessus de 
Valangin un débordement d’eau très-considérable par 
un temps de pluie, accompagné d’un vent impétueux, 
de tonnerres et d’éclairs ; une nue s’y étant ouverte par 
un éclat de tonnerre , il y tomba un déluge d’eau qui, 
après avoir renversé deux maisons qui-étaient auprès 
du Seyon, en entraîna les débris et les meubles, dont 
quelques-uns furent retrouvés à Neuchâtel et à Saint- 
Blaise, où le lac les avait regorgés. 


— 121 — 


Le ruisseau de Boudevilliers ayant ensuite augmenté 
les eaux du Seyon, cela renversa les moulins du château 
de Valangin, avec les rouages et le pont qui est au-des- 
sous. Les bois de ce moulin et des deux maisons ci-des- 
sus étant entraînés par Îles eaux, aussi bien que plusieurs 
arbres qu’elles avaient déracinés, firent une écluse au- 
dessus du pont du Vausevon , entre les rochers, ce qui 
ayant ensuite renversé le dit pont, ces eaux abattirent le 
bas du moulin de Vauseyon; d’où, après un grondement 
de tonnerre, elles vinrent tomber sur la ville environ les 
onze heures avant midi. 

Elles abattirent d’abor Le gril qui était à l’entrée du 
Sevon ; les arbres et les bois que ces eaux entrainaient 
n'ayant pu avoir leur passage par-dessous le petit pont, 
le rompirent et renversèrent deux maisons voisines, avec 
le grand four de la ville, et entrainèrent les bois et gros 
tisons qui étaient devant le four, avec de grands noyers 
et les débris de ces maisons. 

Toutes ces choses s'étant ramassées firent une troi- 
sième écluse au-dessus du pont de la Croix-du-Marché, 
où les eaux ayant trouvé de la résistance, se répandirent 
par le bas de la ville. Elles brisèrent ensuite ce pont, et 
coulèrent avec une grande impétuosité jusqu’à la bou- 
cherie , où ayant rencontré la tour, qui était construite 
de grosses pierres et bâtie sur de doubles arcades, par- 


dessous lesquelles les eaux ne pouvant s’écouler, elles 


renversèrent encore cette tour, dans laquelle était le 
trésor et les chartes de la ville, qui furent entraînés 
dans le lac, aussi bien que les bêtes et tout ce qu’il y 
avait dans la boucherie. | 
La femme de Jean Caille, tailleur, fut écrasée sous 
les ruines de cette tour avec deux de ses enfants qu’elle 
4 


— 122 — 


tenait entre ses bras ; la maison du susdit tailleur et 
quelques autres voisines furent aussi renversées , de 
même que le pont neuf qui était le plus proche du lac, 
où toutes ces choses furent entraînées. 

Il y eut, tant dedans que dehors de la ville, environ 
trente maisons qui furent renversées. Les eaux s’aug- 
mentant au bas de la ville, firent que chacun cherchait 
un asile pour éviter d’être submergé; les uns se reti- 
raient dans les rues les plus élevées, les autres sur les 
toits des maisons ou sur les tours; on tendait des cordes 
depuis les fenêtres à ceux qui étaient dans les rues pour 
les tirer en haut et leur sauver la vie, les eaux étant 
hautes de neuf pieds dans les rues basses. 

Vingt personnes environ furent noyées et cent vingt 
bêtes , tant chevaux que vaches , furent submergées. Il 
y eut une grande quantité de marchandises, draperies, 
sel, etc., qui furent perdues. Le vin des tonneaux dont 
le bondon n’était pas bien fermé se répandit dans les 
eaux dont les caves étaient pleines. On ne saurait expri- 
mer le désordre que ce déluge causa; on voyait partout 
des bois, des planches, des chapeaux, des souliers et 
plusieurs autres choses qui flottaient sur les eaux ; on 
n’entendait de toutes parts que des cris et des lamenta- 
tions. Il y eut des chars de foin et de bois que l’impé- 
tuosité du courant entraîna dans le lac. 

Ce déluge ayant duré trois heures, les eaux commen- 
cèrent à diminuer ; le bas des maisons, les rues et les 
jardins se trouvèrent remplis de sable et de terre. Les 
voisins et particulièrement ceux d’Auvernier vinrent en 
ville avec deurs bateaux; on chercha les papiers de la 
ville , mais on n’en retrouva qu’un petit nombre et de 
peu de conséquence. On recouvra plusieurs tonneaux 


— 123 — 


et autres meubles que les vents avaient poussés jusqu’à 
Saint-Blaise. 

Le lendemain on commença à nettoyer les rues; elles : 
étaient couvertes d'environ deux pieds de terre, dont on 
seservit pour remplir de grands creux que les eaux avaient 
faits. On fit aussi d’abord de méchants ponts de bois 
_ à travers le Seyon, pour avoir communication d’une rue 
à une autre et pour charier la vendange, et en attendant 
qu’on en construisit en pierres, comme en effet il fallut 
en établir de nouveaux, tant au Vauseyon que dans la 
ville, où ils avaient tous été renversés. 

Les habitants de Cerlier, de Corcelles, de Cormon- 
drèche et de Peseux amenèrent des chènes et autres 
bois qu’on employa à faire des ponts. Ce débordement 
endommagea plusieurs autres bâtiments, tellement que 
la perte fut estimée à plus de cent mille francs. 


Résumé. | 
Dans le 16"° siècle nous trouvons 38 années où il y a 
eu peu de grain, 32 où les récoltes étaient ordinaires, 
et 30 où les récoltes étaient abondantes. Pour le vin on 
a eu 47 années où la récolte était médiocre ou nulle: 
9 fois le vin était bon, 31 fois le vin était de qualité or- 
dimaire, et 11 fois il était mauvais. 
On a eu 27 années ordinaires : 20 fois la qualité du 
vin était ordinaire, et 7 fois elle était mauvaise. 
On a eu 26 années abondantes: 2 fois le vin étant de 
qualité supérieure, et 24 fois de qualité ordinaire. 
En résumant relativement à la qualité, on a donc eu 
. 1 années où le vin a été de qualité supérieure, 75 an- 
nées où la qualité a été ordinaire, et 18 années où le vin 
a été mauvais. 


— 124 — 


En passant au détail des saisons nous trouvons pour 
l'hiver : 80 années ordinaires et 20 années exception- 
nelles, dont 5 à hiver doux, 14 à hiver très-froid et 1 à 
hiver pluvieux. 

Pour le printemps : 73 années ordinaires et 27 années 
exceptionnelles, dont 15 à printemps très-froid , 4 à 
printemps froid et pluvieux, 6 à printemps pluvieux, 1 
à printemps sec et 1 à printemps chaud. h 

Pour l'été : 74 années à été ordinaire et 26 à été 
exceptionnel, dont 1 très-chaud, 8 secs, 15 humides, et 
2 froids et humides. 

Pour l'automne : 96 ordinaires et 4 extraordinaires, 
dont 2 humides, 4 sec et 1 froid. 


RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE 
pour l'année 1858. 


Les observations et le résumé pour la Chaux-de-Fonds 
sont faits par M. Célestin Nicolet, pharmacien; les ob- 
servations de Fontaines sont faites par M. B. de Gélieu. 
Nous remplacons cette année les observations de Bon- 
villards par celles de Chaumont ; malheureusement ces 
dernières observations n’ont pu être faites que pendant 
10 mois. Nous renvoyons, pour l'explication des tableaux 
et pour la comparaison des années précédentes, aux rap- 
ports météorologiques de 1855, 1856 et 1857. 


TEMPÉRATURE DE L'AIR. 
Tableaux des observations thermométriques. 


Neuchâtel. 
Lo 
È Maxima et minima. | & - || Jours de 
sl se |ssl s |Ss as 
Bel er: | 'E = SSSR IRIS 
(Janvier ||-3,4 | 3,8 | 34 |-10,2 | 30 14,0 113118 —|— | 
[Février ||-1,1 5,9 5 & 12| -7,0 | 8&26 | 12,5 || 8115, —|— | 
Mars 3,0 || 45,0 125 & 30! -3,3 7 18,3. |— 
| Avril 1022 292 24 3,0 | 44 190 |—|—| 4|— 
Mai 11,4 || 22 31 3,0 9 19,0 |—|—! 6|— 
Juin 19,2 || 29 14 10,0 27 49,0 |-—]—128|—| 
|Juillet  ||16,8 || 26,8 | 18 9,0 | 31 17,8 | —|19 — | 
: Août 16,4 || 26,0 | 4&8 9,0 30 17,0 |— 1 181 — 
 Septemb.| 16,0 27,0 4 9,5 25 47,5 | — | 27 | 
| Octobre ||10,5 || 18,8 5 -0,5 31 19,3 |— NT ni 
Décemb. 4,9 || 12,8 13 -6,4 4 i 4115] 
Décemb. 28. 9,0 24 -4,2 15 5 
. ss : Lane | 65) 4 27,014 sept.|-10,2 130 janv.| 37,2 po] 7, 
| 
Chaux-de-Fonds. 
| ‘È $ Maxima et minima. S = | Jours de | 
BUS « : > A - | 
| < = £ PS | & [SSSR 
Sol S | ÈS S SE ESS SEs 
ssl = S A SES S RO RlS 
Janvier -6,9 3,0 2 -25,0 23 28 21110 — fa 
Février || -123 | 8.0 8 | -16,0 9 [24 | 6l21l- 71 | 
Mars 0,7 || 12,0 23 -10,0 12 [92 || 7118 —| 
Avril 8,0 || 21,0 24 0,0 | 12&143.21 |] 9) | 
Mai 8,2 || 23,0 31 0,0 8&9 | 23 sl AN ae 
Juin 17,2 || 30,0 b&6 10,0 25 20 —|— 9241 — 
Juillet 14,1 || 98,0 16 2,0 1 1926 ||-hM6|— 
Août 13,2 || 26,5 18 2,0 30 24,5 |—|—|12|— 
Septemb. 13,2 || 24,0 22 3,0 A&11| 21 —|— 112 5 
Octobre 1,2 | 47,0 | 4,7 &15 —h,0 | 30&31| 21 2, 2 —|— 
Novembrel| 0,7 || 43,0 14 -12,0 LA BR SIM ES 
Décembre -2,7 8,0 2% -14,5 10 29,5 1116114 —|— 
| RSS L: À, | le 274 mn, Hd 
; PAbe 
Année 6,0 || 30,0 |5&6 juin.| -25,0 |93 janv.| 55,0 167173 66|— 


Fontaines. 


ES | Maxima et minima. LE Jours de 
S S < 

SE SN ——— 

d > = © -£ 

Re £ S È > È È 
VE = SL a TS S © . "> 

ss 8 | 28 | 5 |se$ |:slsS LI 
So È e à = > “> SL ISISIS IE 
À Sell = à £ ES) à E 1 S RS IRIS 
Janvier || -5,9 || 2,2 20 16,1 27 | 18,3 03] 6 —|= 
Février || -2,2 || 7,8 13 14,0 8 91,8 || 51292] —|— 
Mars 1,3 || 192,0 |[24,29&31| -7,5 13 19,5 || 2194|—|— 
Avril 9,3 || 19,9 9% -0,8 14 20,7 || 11 —|— 
Mai 8,8 || 20,8 31 0,2 10 21,0 |—| 3| 11 — 
Juin 19,8 || 28,8 15 6,0 29 29,8 || |93| 
Juillet 45,1 || 25,0 | 15&18 3,2 n 21,8 |—|—|10| — 
Août 148 || 24,0 5 32 | 30 | 90,8 |—|—/10 — 
Septemb. || 44,5 || 21,5 4 &13 4,0 3 17,5 |—|—|110| — 
Octobre 7.4 || 16,0 k _3'8 | 30&31 | 19,8 || 2! 2|—| | 
Novembre|! 0,0 || 40,0 18 -11,0 10 21,0 |14| 6|— 
Décembre | 1,1 5,5 3 -8,5 18 14,0 |11113| —|— 
En FO Nr 0 LAY SES DRE MEN PU IT #1 
Année 6,8 || 28,8 | 45 juin. | -16,1 | 27 janv. | 44,9 15977154 4 


Cianuemonté. 


+ Maxima et Minima. s + || Jours de 
Te à © à 5 os E [es IS IS ls 
ss |ÈS | S | SSI RSER 
S -S a R = = R ESS RS IRIS 
Janvier _1,6 || 7,0 ñ 14,0 | 23&26| 21,0 19/11 — — 
Février -2,4 || 12,0 27 -14,0 8 26,0 110116, —|— 
Mars 0,4 || 12,0 24 & 30! -12,0 7 24,0 || 4128|—1— 
Havril 6,3 || 20,0 [20,23&94| 0,0 |2,3&12| 20,0 |—| 3| 3 — 
Mai 7,7 || 22,0 31 -4,0 3 26,0 || 5! 2] — 
Juin 18,0 || 30,0 | 2,14&924| 4,0 | 26 | 26,0 |—|—|23)— 
Juillet 13,8 || 28,0 | 1,14 & 15 3,0 4 &11| 25,0 |—|—|13|— 
Août 12,5 || 27,0 5) 8,0 | 29&30| 24,0 |——|—|10 A 
Septemb 12,4 || 30,0 16 3,5 : 26,5 ||—|—|14|— 
Octobre 6,2 || 20,0 4 -6,5 30 26,5 || 3| 1| 1|— 


mm —_— à —————————_— | | |—|ٗٗ|— 


23 Janv. 
1 10 mois. 7,0 || 30,0 16 sept. 14,0 8 Fra 440. [ICE à 


Le maximum est tiré des observations de midi et de 3 h. du soir. 


127 


TABLEAU DES VENTS, DE L'ÉTAT DU CIEL 
ET DU BAROMÈTRE. 


| Neuehâtel. 
| 
| S Etat du ciel. Vents. 
| “  . || Nombre de jours de Nombre de jours de 

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S = S S È Fm NE 4 he 

E = > 3 E Ér PR PPE S |T 

_æ S | = S S a ui z_|a 

| mm ( 
Janvier 730,5 8,5 4,5 | 18,0 15,0 12,0 4,0 - 
Février || 721,7 7,0 | 8,5 1 12,5 | 16,5 st Re N'= 
Mars 749,8 || 43,0 | 3,5 | 43,5 || 16,0 4,5 | 9,5 | 4,0 
Avril 720,8 || 42,5 | 8,0 | 40,5 || 90,0 :,5 | 4,5 | 4,0 
Mai 729,3 6,5 | 9,0 | 45,5 | 15,5 6,0 | 6,0 | 3,5 
Juin 724,3 || 16,0 | 8,0 | 6,0 | 49,5 4,0 | 3,5 | 3,0 
Juillet 721,8 || 13,0 4,0 | 44,0 9,0 5,0 | 44,0 | 3,0 
Août 722,1 || 19,0 | 42,0 | 7,0 || 16,0 6,0 | 7,0 | 2,0 
Septemb. || 725,4 15,5 4,0 | 10,5 19,5 6,0 4,0 | 0,5 
Octobre || 722,7 || 40,5 | 4,0 | 46,5 | 18,5 7,0 | 4,0 | 4,5 
Novembre|| 718,9 5,0 | 2,0 | 23,0 9,0 | 45,0 | 5,0 À - 
Décembre 723,7 2,5 4,0 | 24,5 11,0 8,0 | 12,0 = 
‘Année 729,8 | 6,5 i 76,5 


Chaux-de-Fonds. 


État du ciel. 
Nombre de jours de 


Vents. 
Nombre de jours de 


Baromètre à 0° 
Nuageux. 
Couvert. 


[nord 
Sud. 


—__—_—_—_— | | ————_—_ 1 ——_—Ù | — …————— | me 


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Novembre 


Décembre 


Année 


RS 
LR 


E] 


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6,7 
17 
0,2 
8,0 
5,3 
3,5 
3,0 
6,2 
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1,2 
3,0 


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— 129 — 


OBSERVATIONS HYGROMÉTRIQUES. 


Neuchâtel. 
Nombre de jours de ë 
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Li ARRUSE eA 
S HAS UP EN TEt SEE 
> Ÿ = Ca S ® 
061 MPRCUSE 1-1) 190 0 OS ORDRE de 
Janvier _ 5,0 6,5 _ 26,0 
Février 1,5 | 2,5 | 1,0 | - 12,0 
Mars 4,0 4,0 1,0 1 - 45,0 
Avril 6,0 - - 2 2 90,4 
Mai M0! 5 S 1 9 75,8 
Juin 3,0 - - 2 - 25,0 
Juillet 9,0 - - 3 - 153,0 
Août 4,0 = - 4 - 93,4 
Septembre 4,0 - 1,0 1 - 70,1 
Octobre 4,0 - 2,0 - 2 49,9 
Novembre 7,0 2,0 3,0 - - 101,2 
Décembre 7,5 1,0 1,0 - - 110,0 
Année 61,0 | 14,5 | 15,5 | 14 6 821,8 
Chaux-de-Fonds. 
Nombre de jours’ de Ÿ 
PT TT rs 
a A À 
.È Ÿd S Ÿd = .& 
CS nn mien 
&  |R|IS|IRlI= 
Janvier - 13,0 12 - - 50,0 
Février 0,5 4,7 Sida 1 © 6004 
Mars 2,5 4,7 - 1 - | 143,0 
Avril 5,7 0,2 AR EP 50 
Mai h,0 2,5 = L'ANPE 720 
| Juin 2.0 : - 4 2 41,5 
| Juillet 6,7 _ - 1 1 96,0 
Août 4,7 à af, At 2 MASON 
Septembre 6,0 _- - 1 - 91,0 
Octobre 5,4 1,0 6 1 1 77,0 
Novembre 6,0 4,2 k - - à 149,0 
! Décembre 4,0 4,2 4 | - - 9 179,0 


Année 47,5 | 28,7 | 31 | 13 | 6 11330,5 


— 130 — 


Fontaines. 
Nombre de jours de = 
£ 27] © à | 
= © 5 + 
PRE rl S IE ER à 
| SA Là és) SRE 
Janvier d 9 ; “ i Es NS 
Février : 1 à 1 A LS | PERS pe 04 
Mars n 4 1 » - 4 LE . | 
Avril 5 = . A A RQ LT. $ 
Mai 7 3 1 - - ee A # 
Juin 3 — - 2 4 7 _ _ 
Juillet 10 _- s 3 2 - |A _- 
Août 10 - - D) - 41 2 _ 
Septembre 8 - 1 1 - - 
Octobre 8 | k s a ‘hui fr 
Novembre 7 î : - - - | - | 220,8 | 
Décembre 4 41 3 - - - | - 1 101,3 | 
au 67 26 16 9 1 1914 "PT" - 
Fo croumont | Cinnumont. 
Nombre de jours de 5 
NE NT PNR US D. . 
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Q F FA S |" 23 S = 
Janvier — _ 6 5 = : à à 
Février 1 4,5 - - - = =. 2 
Mars 1 9 A _ pe 1 2. $ PE 
Avril 6,5 0,5 4,5 - A A _ _- 
Mai 10 3 7 J Le A Æ Su 
Juin U = - è à: 6 a “ 
Juillet 10 3,5 1 ED - 
Août 4 _ 2 1 - 1 141435), 
Septembre 9 = 5,5 | - - - 1,7 LS, 7 
Octobre 3 1 5 - - - - | 51,5 
Novembre _ = _ " - _- = - 
Décembre = # = a E £ . 


mms | ccateneente ——__—_—_—_—_….  ———__— —————— —— ——À| ——— 


‘Somme des 
| 10 mois. À 45,5 | 24,0 | 36,5 | 2 a |140 |2 ; 


o 


A RE EAP TC CCE D MT RP C2 NP REA A LÉ ER LL BEL  EE 2EE 


— 131 — ! 


Nous avons eu , comme toute l’Europe méridionale, 
un mois de janvier assez rigoureux. Mais pendant qu’en 
Italie et à à Naples même, la neige couvrait les monta- 
gnes jusqu'à leur pied, nous avons eu une sécheresse ex- 
trême, les routes étaient poudreuses. Le 20 et le 21 il 
tomba, par un vent d'ouest assez violent, un peu de 
neige qui couvrit les campagnes jusqu’à la fin du mois. 
Le froid augmenta et les bords du lac gelèrent le 30, 
mais le dégel survint dès le lendemain. 

Le mois de février a eu de beaux jours, surtout au 
commencement; au milieu et à la fin du mois il est 
tombé un peu de neige et de pluie, mais des vents d’est 
froids, secs et fréquents desséchèrent rapidement la ter- 
re; en même temps la température s’abaissa de nouveau. 
La sécheresse a persisté, aussi le lac a-t-il continué à 
baisser jusqu’à atteindre un niveau extraordinairement 
bas. Le 20 février les eaux étaient descendues jusqu’à 

3",151 au-dessous du môle, 16 centimètres au-dessous 
dés basses eaux de 1832 qui étaient j jusqu alors les plus 
basses eaux connues. 

Le commencement de mars fut encore froid, le 7 le 
minimum fut de —3°; mais avec les premières pluies, 
le temps se radoucit, et les 25 et 30 le maximum s’éleva 
déjà à 15°. Les premiers jours du mois, malgré les 
vents d'est, la neige tomba, mais en très-petite quantité, 
pendant que dans l'Italie supérieure il tomba des délu- 
ges de pluie. Le 5, le vent S.-0. commença à souffler, 
le baromètre descendit, le 6, à 699,5 , et le vent devint 
très-violent. Il tomba de la neige assez abondamment. 
La dernière neige tomba au bord du lac le 13, et puis 
vinrent les pluies printanières, pendant que les hauteurs 
furent couvertes de neiges épaisses ; à Chaumont, il 


LA 


Vi 


tomba le 13, 14 et 15, plus de 8 décimètres de neige. 
Le 25, de trois à cinq heures , eut lieu par un fort vent 
du nord le premier orage. On n’a pas vu d’éclairs, mais 
le tonnerre gronda. La végétation s'était mise en train. 

Le 1° avril, il v eut des abricotiers en fleurs, les ma- 
ronniers poussaient, le 8 Les hirondelles commencèrent 
à arriver, le 15 la vigne et les noyers poussent, et le 18 
les pommiers et les poiriers sont en fleurs. Pendant la 
première huitaine de ce mois on eut un vrai temps 
d'avril, des pluies et du soleil entremèlés ; la neige dis- 
paraissait rapidement. Le 9 il n’y en avait plus dans les 
hautes vallées, et le 22 elle avait disparu à Tète-de- 
Rang ; à la fin du mois, on eut des orages et de vrais 
jours d'été; le 21, 22, 23 et 24 le maximum s’éleva 
de 20° à 22°; mais le froid revint, Le 30 déjà il tomba de 
nouveau de la neige à Chaumont. 

Le 1° mai la montagne de Boudry était aussi couverte 
de neige, ainsi que les sommets et les versants à la Chaux- 
de-Fonds; le 5 toute cette neige avait disparu ; mais le 
8 les sommets des montagnes et les hautes vallées étaient 
de nouveau couvertes de deux pieds de neige qui dispa- : 
rut le 11. Ces retours de froid retardèrent bien un peu 
la végétation mais sans causer de dommages. Sur les 
bords du lac il n’y eut pas de gelées blanches , elles fu- 
rent empêchées par un horizon généralement couvert. 
Malgré les pluies, le lac n’a pas même atteint son niveau 
moyen. Le 25, la dernière petite neige est tombée à la 
Chaux-de-Fonds et sur Chaumont. fe 

Le commencement de juin fut très-chaud , mais des 
bises fortes, qui soufflaient surtout avec violence la nuit, 
ont rafraich1 le temps au point que, depuis le 26 juin 
jusqu au 4 Juillet, on a eu des gelées blanches chaque 


— 133 — 


nuit à la montagne; à Neuchâtel on a dû cesser pendant 
5 jours les bains du lac, qui avaient commencé le 2 juin. 
La température de l’eau, qui était de 22° le 20 juin, est 
tomhée le 23 à 17° et le 24 même à 13°. La tempéra- 
ture de l’eau s’est élevée de nouveau à 19° le 29. 

L'été de 1858 ne fut pas extrêmement chaud, etila été 
frais comparativement à celui de 1857 ; 11 n°y a pas eu 
un seul jour de grandes chaleurs. Cependant on n’a pas 
observé extraordinairement de pluies ou d’orages. Le 
rafraîchissement de l’été a eu pour causes un ciel très- 
souvent couvert et un air fréquemment agité. La bise 
N.—E. a dominé en juin, en juillet ce fut le vent S.-0. 
Le 21 juillet, un ouragan venu du S.-0. amena un orage 
terrible vers 5 heures du matin. Rarement on à vu un 
orage aussi violent. Le ciel uniformément couvert et 
tout-à-fait noir , était sillonné par d’immenses éclairs, 
les roulements du tonnerre se succédaient sans inter- 
ruption. La pluie était chassée par un vent impétueux. 
La foudre est tombée sur plusieurs maisons dans le can- 
ton de Berne, et il y a eu malheureusement plusieurs 
victimes. L’orage était accompagné de grêle, mais 1l n’y 
a eu que quelques endroits entre Yverdon et Neuchâtel 
qui aient été atteints. | 

Le 24 juillet, un orage de grêle a éclaté à Chaumont, 
les grêlons étaient de la grosseur d’une noisette ; cette 
grêle n’est tombée que sur la montagne. Les mois de 
juillet et d'août furent assez pluvieux et frais. Le mois 
de septembre fut assez chaud et sec: on n’a eu qu'un 
seul orage, 4 jours de pluie et un jour de brouillard; il 
y a eu des jours plus chauds qu’en juillet et août. 

Le raisin a bien müri; les vendanges ont eu lieu à 
Neuchâtel le 13 octobre. La quantité du vin a été plus 


— 134 — 


qu'ordinaire , surtout en rouge, mais la quahté n’a pas 
été aussi bonne que celle du vin de 1857; elle rivalise 
cependant avec celle de 1856. Les coups de vent glacial 
des-nuits de fin juin et le froid de Juillet ont intercepté 
la sève au moment où les vignes avaient à peine cessé 
de fleurir. Le raisin qui venait de naître, étant très- 
délicat, s’en est ressenti. Le tiers des grains est tombé 
dans tous les vignobles. Par exception , le raisin rouge, 
qui était plus précoce et dont le grain était mieux noué 
et moins tendre que le blanc, ne s’est point ressenti de 
ce froid. 

Le mois d'octobre fut encore beau et doux. Le temps 
a été généralement calme et couvert. On n’a eu cepen- 
dant que 4 jours de pluie. Le 29, le minimum de la nuit 
a encore été de 7°,5, quand le 30 la température s’est 
abaissée tout d’un coup par l'effet d’un fort vent N.E.; 
la nuit le thermomètre est descendu à 0°,2 et le lende- 
main à —0°,5. On a eu la première gelée et il est tombé 
quelques flocons de neige. Les premiers jours de novem- 
bre, l'hiver s’est installé d’une manière hâtive et rude. 
Pendant 15 jours, le vent N.-E. n’a pas cessé de souffler, 
le minimum est descendu à —6,4 au bord du lac, à 
—12 à la Chaux-de-Fonds, mais dès le 13, l’hiver qui 
s'était si brusquement établi, a dû céder à une tempéra- 
ture plus douce grâce aux vents S. et S.-0. qui ont pris 
le dessus. Le 18, le maximum s’éleva de nouveau à 12°,8. 
Pendant que là température s'élevait, le baromètre bais- 
sait, et Le 27, par un vent S. assez fort , 1l est descendu 
à 705,0. Mème pendant les grands froids, le ciel n’a été 
que rarement clair, et au milieu du mois il est tombé 
des pluies assez considérables pour empêcher une disette 
d’eau comme celle dont on avait eu à souffrir l’année 


à 


OM 


précédente. Pendant le mois de décembre, le ciel fut 
“encore presque constamment couvert. Des changements 
fréquents dans la direction du vent amenèrent des alter- 
natives de froid et de chaud. Pendant la première et la 
dernière décade, la température fut douce, mais au 
milieu du mois on eut quelques jours d’un froid assez 
vif. Dans la nuit du 26 au 27 décembre , entre 1 et 2 
heures du matin, par un vent S.-0. très-fort , on vit à 
Neuchâtel ainsi qu’à Fribourg des éclairs et on a entendu 
deux roulements de tonnerre assez forts. 


OBSERVATIONS DIVERSES. 


30 janvier, le port de Neuchâtel et les bords du lac 
sont gelés. 
31 janvier, dégel de la glace du port et du lac. 
13 mars, dernière neige à Neuchâtel. 
25 » premier orage sur le Jura, 
26 » commencement de la fonte des neiges dans 
les hautes vallées. 
4 avril, abricotiers en fleurs au bord du lac. 
8 >» les hirondelles commencent à revenir. 
8 » la neige a disparu au Val-de-Ruz. 
9 » la neige a disparu à la Chaux-de-Fonds. 
12 >» les noyers poussent. 
14 » la vigne commence à pousser. 
18 » premières fleurs de cerisiers et de poiriers en 
_ espalier. 
20 avril, reverdissement des prairies dans les hautes 
vallées. 
22 avril, plus de neige sur Tète-de-Rang. 
28 » plus de neige sur Chasseral. 


— 156 — 


30 avril, premier retour des neiges sur les montagnes 
et dans les hautes vallées. 
1 mai, neige sur tout le Jura. 
5 et 6 mai, la neige a disparu partout. 
8 mai, deuxième retour de la neige. Elle descend 
jusque dans le voisinage du bord du lac. 
11 mai, la neige a disparu. 
17 » premiers épis de seigle. Fin des semailles au 
Val-de-Ruz. 
25 » troisième et dernier retour de neige sur le 
Jura. Elle disparait le même jour. 
{ juin, premières fleurs d’esparcette. 
2 » commencement des bains du lac, température 
de l’eau du lac 18°,5. | 
8 juin, le seigle fleurit. 
42 >» le raisin commence à fleurir. 
21 » les fenaisons commencent au Val-de-Ruz. 
23 >» on suspend les bains du lac. 
Du 26 au 30, gelées blanches à la Chaux-de-Fonds. 
29 juin, reprise des bains du lac. 
Du 1 au 4 juillet, gelées blanches à la Chaux-de-Fonds. 
17 juillet, fin des fenaisons au Val-de-Ruz. 
21 » ouragan sur le lac. 
4 septembre, fin des moissons. 


ù » dernier orage à Neuchâtel. 
6 » premier brouillard à Chaumont. 
13 » » » à Neuchâtel, 
14 » » » à Chaux-de-Fonds. 
3 octobre, première gelée blanche dans les hautes 
vallées. 


4 octobre, dernier orage à la Chaux-de-Fonds 
5 » derniers éclairs vus à Neuchâtei. 


— 137 — 


7 octobre, clôture des bains du lac. 
12 » première neige sur les hauteurs du Jura. 
Elle disparait de suite. | 
13 octobre, vendanges. Qualité du vin assez bonne, 
quantité ordinaire. 
25 octobre, fin des semailles au Val-de-Ruz. 


28 » la neige prend pied sur le Jura. 
30 » première gelée au bord du lac et première 
neige. | 
6 novembre, la neige prend pied au bord du lac. 
11 » fonte de la neige au bord du lac. 
14 » fonte de la neige à la Chaux-de-Fonds. 
30 » nouvelle neige à Tète-de-Rang. 
5 décembre, nouvelle neige à Chaux-de-Fonds. Elle 
prend pied. 
26 décembre, éclairs et tonnerre à Neuchâtel. 
28 » la neige prend pied au bord du lac. 
MÉTÉORES. 


Le 10 janvier, à 9 heures du soir, on a vu à Rochefort 
et à Neuchâtel , un météore formé par une traînée lu- 
mineuse et rougeâtre. Sa direction était du S.-0. au 
N.-E. Sa lumière était plus forte que celle de la lune, 
on aurait pu lire à son reflet. Après s'être divisé en deux 
corps , il s’est subitement éteint dans la direction des 
Prés de Vent. 

Le 27 janvier, à 3 heures 45 minutes du soir, on a vu 
aux Brenets, par un temps très-clair et calme, une boule 
de feu laissant après. elle une traînée bleuâtre. Le mé- 
téore était à-peu-près de la grosseur de la tête d’un en- 
fant, 1l s’'avançait avec une très grande rapidité du N.-0. 


— 138 — 


au S.-£. Sa couleur était bleuâtre, la traînée qu'il lais- 
sait derrière lui avait de 6 à 7 pied$ de longueur et 
serpentait légèrement. À Aarau on a entendu un coup 
irès-fort accompagné de roulements. A Coire, comme 
aux Brenets on n’a pas entendu de bruit. 

Le 28 mai, à 4 heures du soir, on a observé au Val- 
de-Ruz, près de Savagnier, un arc-en-ciel horizontal. 
C'était après une très-forte pluie , au moment où le so- 
leil perçait de nouveau les nuages. Les couleurs étaient . 
beaucoup plus fortes qu’à l'ordinaire , surtout le bleu. 

Le 30 mai, entre 9 et 10 heures du matin, on a ob- 
servé à Neuchâtel et à la Chaux-de-Fonds, un halo solaire 
très-brillant. Le vent E. soufflait légèrement , le ciel 
“était clair quand tout d’un coup il s’est couvert comme 
d’un rideau de brume élevée et alors le halo a été aperçu. 
À mesure que le vent du nord, qui s'élevait, dissipait 
cette brume, le halo disparaissait. 

Le 31 mai, on a vu à Neuchâtel un nouveau halo au- 
tour du soleil, à 12 heures 30 min. Le cercle était tout 
entier visible, vers le nord et l’est les couleurs étaient 
très brillantes. Le ciel était brumeux et nuageux, deux 
petits nuages touchaient le bord occidental du soleil. 
À 1 heure, le cercle commenca à s’effacer et à 1 heure 
30 minutes tout avait disparu. 

Au Val-de-Ruz, le 16 juin, entre 10 et 11 heures du 
matin, le soleil ayant percé les nuages, M. de Gélieu l’a 
vu entouré de trois cercles dont le plus rapproché de 
l'astre avait toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Le quart 
de lune à son coucher, était comme doublé dans sa lar- 
geur par un cercle lumineux. Le ciel était clair à l’est 
et à l’ouest, mais sombre et orageux au sud. 

Le 4 octobre, à 5 heures du soir, on a observé le phé- 
nomène des bandes de Necker, les rayons s’étendaient 


— 139 — 


dans toute l'étendue du ciel. Le phénomène était en 
général très-brillant. (Voyez le Rapport pour 1855). 

Le 16 novembre, de 6 ‘2 à 8 heures du matin, il tom- 
bait à Fontaines une pluie abondante qui , en arrivant 
aux arbres , se transformait en glacons, dont le poids a 
brisé plusieurs branches de prumiers. Le soleil ayant 
paru vers 10 heures, produisit sur ces glaçons un reflet 
magnifique. À midi les glaçons avaient disparu. La pluie 
se transformait aussi en glace sur l'herbe et dans les 
rues. 


TREMBLEMENTS DE TERRE. 


Nous ne mentionnons que les tremblements ressentis 

en Suisse. 
« Le 5 février, à 4 heures du matin, on a ressenti dans 
toute la Suisse occidentale un léger tremblement de 
terre, dont la direction était du sud au nord. ILa été 
ressenti distinctement au Locle et à la Chaux-de-Fonds. 

Nous faisons la remarque qu’il y a plus de tremble- 
ments de terre ressentis sur les hauteurs qu’au bord du 
lac. 

Le 12 mars, à 1 heure du matin, on a ressenti un 
léger tremblement de terre à Schaffhouse et dans les 
environs. 

En décembre, on a parlé de plusieurs légères secous- 
ses dans le Valais. | 

COMÈTE. 
Quoique ne rentrant pas dans le cadre d’un bulletin 
météorologique, nous ne pouvons pas passer sous silence 
l'apparition de la magnifique comète, que chacun a pu 


admirer à la fin de septembre, Cette comète, l’une des 
plus remarquables du siècle, a été vue pour la première 


- 


+ MEN | 


fois Le 2 juin, par M. Donati, à Florence. Elle a été aper- 
cue, pour la première fois à Neuchâtel , le 10 septem- 
bre, par M. E. Jeanjaquet. La comète à pu être observée 
à Neuchâtel du 10 au 21 septembre, le 27 et le 28, (du 
22 au 26 le ciel était couvert). Le 29 et le 30 on n’a pu 
voir la comète que par intervalles, le 1° octobre le ciel 
était couvert. On a observé la comète les 2,3,4,5,6 
et 7 octobre. Les 8, 9, 10, 11, le temps était couvert; 
les 12, 13, 14, 45, 16, 17, la comète a été visible; le 
17, la comète a été observée pour la dernière fois à 
Neuchâtel, car dès-lors le temps était brumeux ou cou- 
vert, et quand, le 30 octobre, le ciel est redevenu 
clair, la comète n'apparaissait plus sur l'horizon. Nous 
renvoyons, pour les détails des observations faites à 
Neuchâtel , aux intéressants « Souvenirs de la comète, 
journal d'observations faites à Neuchâtel, par M. Eu- 
gène Jeanjaquet. Neuchâtel, imprimerie Leridecker.» 

L'observation la plus remarquable à laquelle cette 
comète ait donné lieu, c’est la constatation de la polari- 
sation de sa lumière, ce qui avait déjà été observé par 
Arago pour la comète de Halley. Ce fait prouve que les 
comètes ne sont pas lumineuses par elles-mêmes, mais 
qu’elles reçoivent leur lumière du soleil, comme les 
planètes. 

Cette comète était la cinquième de 1858, et avec elle 
les astronomes en ont vu trois autres, ce qui porte à 
huit le nombre des comètes de cette année. Il y en a eu 
six en 1857. 

La comète de Donati a surpassé en éclat la fameuse 
comète de 1811 qui fut visible pendant 510 jours. La 
comète Donati a été visible à l’œil nu, à Neuchâtel, 
pendant 27 jours. 


— A4 — 
TEMPÉRATURE DU LAC. 


Le 1” janvier , la température de l’eau a été de 5° et 
elle est arrivée à son minimum 1°,5 le 29 janvier. Dès- 
lors le lac s’est réchauffé graduellement, et il a atteint 
18°,5 le 2 juin. Le 16 juin, la température de l'eau est 
arrivée à 24°, mais alors l’eau s’est rafraichie, d’abord 
par l'effet d’un ciel couvert et puis par celui des pluies. 
Le 22, la température était descendue à 20°,5 quand 
le lendemain, sous l'influence de forts vents N.-E., l’eau 
n'avait plus que 17°,2, et le 24, 13°,5; le 25 la tempé- 
rature était revenue à 17°,5, et le 29 à 19°,2. 

Cette brusque variation de la température de l’eau 
était due à l’évaporation extraordinaire provoquée par 
la forte bise du 23. 

Le 21, la hauteur de l’eau évaporée était de 5,7 mil- 
limètres; le 22, de 5,2 millimètres; le 23, de 10,2 mil- 
limètres ; le 24, de 6,0 millim. ; le 25, de 4,3 millim. 
Une évaporation de 10 millimètres d’eau est un maxi- 
mum extrême et rare. 

Depuis le 29 juin l’eau est restée au-dessus de 18° 
jusqu’au 6 octobre, à l'exception de 5 jours en juillet 
où la température de l’eau variait entre 17° et 18°. L'eau 
a eu 20° pendant 4 jours en juin, 8 jours en juillet, 8 
en août, et 10 en septembre. Elle a eu 21° pendant 
4 jours en juin, 1 en juillet et 3 en août. Elle a eu 22° 
pendant 3 Jours en juin et 2 en Juillet. Elle a eu 23° 
pendant 4 jours en juin , et elle a atteint son maximum 
24° une fois en juin, le 16. La température de l’eau a 
de nouveau baissé depuis le 6 octobre et est arrivée à 5° 
en décembre. 

La saison des bains a duré du 2 juin au 6 octobre, 
pendant 126 jours, à l'exception de 5 jours à la fin de 
juin. 


a ee 


La température de l’eau est restée toute l’année au- 
dessus du minimum de la température de l'air, excepté 
pendant 4 jours en avril, 1 jour en mai et 1 jour en 
novembre , où le minimum de la nuit a dépassé la tem- 
pérature du lac. En comparant la température de l’eau 
au maximum de la température de l'air pendant la 
journée , on voit que le lac a été plus chaud que l'air 
pendant 29 jours en janvier, 22 en février, 7 en mars, 
0 en avril, 4 en mai, 1 en juin, 10 en juillet, 11 en 
août, 9 en septembre, 29 en octobre, 25 en novembre 
et 22 en décembre : pendant 169 jours dans l’année. 

La température de l’eau était au contraire moindre 
que la température maxima de l’air pendant 2 jours en 
janvier, 6 en février , 24 en mars, 30 en avril, 27 en 
mai, 29 en juin, 21 en juillet, 20 en août, 21 en sep- 
tembre, 2 en octobre, 5 en novembre et 9 en décembre: 
pendant 196 jours dans l'année. 


VARIATIONS DU NIVEAU DES EAUX 


DES LACS 
DE NEUCHATEL, DE BIENRE ET DE MORAT. 


Le tableau ci-joint indique les mouvements des trois 
lacs. Dans ce qui suit, les mesures limnimétriques sont 
exprimées en millimètres, et indiquent la distance du 
niveau de l’eau au môle de Neuchâtel, situé à 434,7 
mètres au-dessus du niveau de la mer. 


Lac de NeuehñtelL. 


La marche générale du lac est exprimée par le tableau 
graphique et le tableau plus bas; après la colonne hausse 
totale, a colonne nombre de jours indique le nombre de 


— 143 — 


jours où le lac a haussé; de même pour la baisse. Le 
nombre de jours où le lac est resté stationnaire n’est pas 
inscrit; ainsi en janvier il y a 3 jours de hausse, 25 jours 
de baisse, donc 3 jours où le niveau du lac n’a pas varié. 
Il y a eu dans l’année 40 jours où le lac est resté station- 
naire. ; 

La colonne kausse totale, exprime la somme des haus- 
ses pendant le mois ou dans Fannée. Il en est de même 
de la baisse. 

Le marimum par jour indique la hausse ou la baisse 
maxima qui à été observée à de certains jours du 
mOoIs. 


PCR OCDE ERP ONE SE NE RETIRE EEE IDN "CE SOTRLP ENT FIRE POIENENNN À PERESEE CI MERE UN TOME CV EEE TRUE CON EC TOET ANNEE PORTE TEL ETC TRES, 


Neuchätel. 
; 4 Maximum pe 

& £ ; & par jour.  Pendt le mois 

È à DU lues le lac 

S | Si 

RE S = L= . a a 

© . d . D S à Er 

8 2 2 = a 2 | Haussé|Baissé 

ë ë 'E ë à ‘5 de de 

rs = à |= Z_ |___ 

mm mm mm mm mm mn 
Janvier 10 3 411 25 5 10 _- 101 
Février 49 7 63 15 21 10 _- 44 
Mars 285 21 95 6 50 44 190 _ 
Avril 618 29 43 v! 71 10 375 - 
Mai 79 11 99 16 29 16 = 20 
Juin 8 293 28 3 19 _ 250 
Juillet 84 7 179 91 25 25 95 
Août 117 | 11 132 | 48 | 93 A1 " 15 | 
Septembre 40 7 111 17 10 1% - 74 
Octobre 61 5 110 18 923 A5 _ 49 
Novembre 417 45 167 A4 70 40 9270 - 
Décembre 302 46 117 A4 60 où 185 _ 
‘Année 2085 ! 126 1520 |! 199 71 #0; 1290 655 


Le lac a donc haussé , depuis le 1* janvier jusqu’au 
31 décembre, de 565 millimètres. 


ENS (dire 
Le 1° janvier, le lac était à 3010 , et le 31 décembre 
à 2445. 
Lace de Bienne. 


Le 1” janvier, le lac était à 3450, et le 31 décembre 
à 2701 ; le lac de Bienne a donc haussé dans l’année de 
749 millimètres. 


Bienne. 
ë a Maximum À 
É 2 L = par jour. Pendt le mois 
Le OS Ÿ © 
8 1 = DE le lac 
S "S 5 "S 
© > de ® S : ê g 
3 = > = 2 > |Haussé| Baissé 
SE D M Eee 
am mm mm mm 7 mm “mm 
Janvier 37 8 | 16 8 43 _ 44 
Février 29 7 120 17 6 16 _ 98 
Mars 397 25 9 3 33 $ 318 - 
Avril 668 49 59 10 95 10 609 - 
Mai 124 12 108 16 36 25 16 - 
Juin - _ 375 30 - 24 _ 375 
uillet 72 8 165 20 20 45 _ 92 
Août 133 14 136 47 63 17 - 3 
Septembre 31 7 111 17 10 12 - 80 
Octobre 62 6 415 19 45 29 - 53 
Novembre 403 49 118 14 4107 20 285 _ 
Décembre 339 17 74 12 75 9 261 - 
Année 9924 1 435 4471 | 201 107 2% 1489 ! 745 | 


Lae de Morat. 


Le 1°” janvier, le lac était à 2550, le 31 décembre 
à 1840 ; le lac de Morat a donc haussé dans l’année de 
710 milymètres. Le lac de Morat est resté gelé depuis 
le 22 janvier jusqu’au 18 février où il s’est ouvert jus- 
qu'aux trois quarts environ, mais ce n'est que le 9 mars 
que toute la glace a disparu. 


— 145 — 


On n’a pas pu farre de mesures exactes du niveau de 
l'eau depuis le 18 juillet 1857 jusqu’au 15 mars 1858, 
parce que le poteau limnimétrique était à sec. Le 18 
février environ, le lac a atteint le niveau le plus bas. Le 
21 février , le lac a haussé visiblement. Une mesure 
faite le 1” janvier à donné une hauteur de 2550. 


QT 0 


Morat. 
a a Maximum À 
$ È , È par jour.  |Pendt le mois 
E "s = a le lac 
E D = È 
Ÿ % Le) , a [7A a 
2 = > = 2 > AHaussé | Baisse 
= & 2 & È 2 pi rs 
PE ON RE 9 NC EPA À Cou nue 
mm mm mm mm mm mm 
Janvier - - - - - - - - 
Février - - - = = - - 
Mars - - - = - - - - 
Avril 340 | 34 220 | 13 180 | 30 120 | - 
Mai 80 6 100 10 30 10 _ 20 
Juin s à 340 | 95 s 20 PTT 
uillet 60 4 140 13 20 20 _ 80 
Août 70 | 6 80 | 5 20 | 20 - | 10 
Septembre 50 3 80 8 20 10 - 30 
Octobre 1920 6 100 10 40 10 20 _ 
[Novembre 520 6 160 | 44 170 | 920 360 _ 
Décembre 580 8 170 415 260 30 410 - 
Année 1820 73 1390 ! 113 260 30 910 ! 480 


A Morat, M. Haas observe en centimètres. 


L'un des faits les. plus remarquables pour l’année 
1858 a été la baisse extraordinaire des eaux des lacs, 
résultant de la sécheresse de l'année 1857 et du com- 
mencement de l’année 1858. | 

Dans le courant de 1857, il est tombé, en janvier et 
février , 36°" d’eau , au printemps 142"", en été 265°", 
en automne 170"", en décembre 15"”": au total dans. 


BULL. DE LA SOC. DES-SSC. NAT. — T. V. 10 


EEE: Le 


l'année 628"; ainsi un tiers de moins qu'il ne tombe 
d’eau dans une année ordinaire. Aussi, dès le mois de 
décembre 1857, le lac était arrivé au niveau des plus : 
basses eaux connues, et pendant les mois de janvier et 
février 1838, le lac est encore descendu de 16 centimèt. 
plus bas, à 3",151 au-dessous du môle, atteignant ainsi 
un niveau qui, de mémoire d'homme, n’a jamais été 
atteint. Il paraît même que, dans le siècle passé, jamais 
le lac n’a été aussi bas. 

Depuis qu’on fait des observations à Neuchâtel, c’est- 
à-dire, depuis 1817, les eaux les plus basses ont eu lieu : 

en 1832 où le lac est descendu à 2",991 


1834 » » 25033 
1848 » » 2" ,062 
1857 » » 3" ,005 
1858 » » dell 


au-dessous du môle de Neuchâtel. Le niveau le plus 
bas a été atteint, en 1858, Le 19 et Le 20 février. 
Devant les quais de Neuchâtel, il y a de grands ro- 
chers qui sont habituellement sous l’eau. Deux de ces 
blocs sont désignés sous les noms de Pierre à marbre 
et de Perre à selle ; le premier a ce nom parce qu'il a 
la forme d’une table ronde, le second parce qu'il a la 
forme d’une selle. 
Sur la Pierre à marbre on trouve gravées les dates : 
1791,1800, 1803, 1832, et on y a ajouté celle de 1858. 
Ces marques indiquent que l’eau avait atteint, en 1791, 
un niveau d'au moins 2",535, en 1800 de 2°,795, en 
1803 de 2",921. 
Sur la pierre à selle il n’y a pas de dates inscrites. 
La Pierre à marbre a commencé à se découvrir le 5 
juillet 1857, et a de nouveau été recouverte par l'eau 


br PE 
le 7 avril 1858. Elle est de nouveau sortie de l’eau le 
18 jui et est restée découverte jusqu’au 28 décembre 
où elle a de nouveau été recouverte par l’eau. 
La pierre à selle a été en partie hors de l’eau pendant 
54 jours, en janvier, février et mars 1858. 

Sur le grand rocher dit Pierre à Mazel, ne se trouve 
aucune date que celle gravée récemment, indiquant les 
basses eaux de 1858. 

Le lac de Neuchâtel a atteint le niveau le plus bas le 
19 et 20 février: 3151 ; le lac de Bienne a atteint le 
niveau le plus bas le 27 et 28 février : 3588 ; le lac de 
Morat a atteint le plus bas du 18 au 21 février : 


ÉVAPORATION DU LAC. 


Le résumé de ces observations ayant été publié dans 
les Mémoires de la Société des sciences naturelles de 
Neuchâtel, tome IV, dans le travail intitulé: Des varia- 
tions du niveau du lac de Neuchâtel, par M. Ch. Kopp, 
professeur, pag. 33, 34, 43 et 44, nous renvoyons les 
lecteurs que cela intéresse à ce mémoire. 


— 148 — 


EBésumé 


des 


Observations météorologiques relatives aux vents 


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LOT et  LONL & 


faites à Cornaux ,. de 
par M. le pasteur Péters, 


culeulé et présenté par M. le professeur H: LADAWE. 


Les vents ont été observés trois fois par jour : à 7 h. 
du matin, à 4 h. et à 9 h. du soir. | 

On a distingué quatre vents: la Bise ou les vents 
d'Est : N.-E., E., S.-E.; le Vent ou les vents d'Ouest : 
N.-0., O., S.-0.; le Joran ou le vent du Nord, qui 
souffle des hauteurs du Jura vers la plaine suisse; V'U- 
berre ou le vent du Sud, qui vient des Alpes. 

Les quatre premiers tableaux donnent les nombres 
qui expriment combien de fois, chaque mois, chaçun 
des vents signalés à soufflé aux différentes heures des 
observations. La dernière colonne verticale indique 
combien de fois chacun des vents a soufflé dans l’année 
aux différentes heures des observations. La colonne ho- 
rizontale : Somme, exprime combien de fois chacun des 
vents a soufflé pendant les huit années. 

Le cinquième tableau donne les nombres de fois que 
chaque vent a soufflé aux différentes heures d’observa- 
tions, pendant les huit années, pour chaque mois et 
pour les années. | 

Le sixième tableau exprime le nombre de fois que 
chaque vent a soufflé pendant l'hiver et pendant l'été, 
pour les huit années 


149 


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Janv. 


— 152 — 


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L'hiver comprend les mois d'octobre, de novembre, 
décembre, janvier, février et mars. L’été comprend les 
mois d'avril, de mai, juin, juillet, août et septembre. 

On remarquera que c’est en été que la différence . 
entre la somme des vents de { heure avec ceux de 7 h. 
matin et 9 h. soir est la plus grande. Il en est de même 
pour les bises. Le milieu du jour est marqué par des 
bises et des vents plus fréquents et plus forts. 

Ces observations démontrent que l’uberre est un vent 
d'hiver et qu’il souffle de préférence le soir, c’est donc 
ordinairement une brise, et que le joran est comme 
l’uberre un vent du soir, qu'il souffle de préférence en 
été, c’est donc aussi ordinairement une brise. 


Vent. Uberre. 


6e Tabl, RE re OU ER 4 nn CD 
* Hiver. Eté. Hiver. Eté. 
7 heures. 201 1935 16 1 
1 » 321 314 14 13 
9 » 239 126 23 43 
Somme. 761 570 53 aT 
Bise. Joran. | 
TR Paname EURE Te M, | 
Hiver. Eté. Hiver. Eté. | 
7 heures. 202 175 24 18 
| » 251 284 29 61 
9 » 219 231 46 245,: 
Somme. 672 696 99 29% 


— 159 — 


QUELQUES OBSERVATIONS 


SUR L'ÉTAT CONSTITUTIF DES CORPS 


A L'ÉTAT GAZEUX ET NUAGEUX. 
par M. LADAME, PROFESSEUR. 
CSC — 


Si l’on chauffe les corps solides, leurs différentes par- 
 ties se mobilisent, ils perdent leur rigidité, 1ls devien- 
nent mous et tendres, puis liquides et enfin gazeux. 

Si, au contraire, nous prenons les corps à l’état gazeux 
et que nous les refroïidissions , on admet généralement 
que les changements d’état qui se succèdent sont : l’état 
gazeux, l’état liquide et enfin l’état solide. 

Nous croyons qu’on peut formuler d’une autre ma- 
nière les lois de ces phénomènes; c’est le but de cette 
note. 


Première loi. — À une température très-basse, 
tous les corps sont solides et fixes, mais à mesure que la 
température s'élève, il arrive pour chacun d'eux un 
moment où ils sont entourés d’une atmosphère de leur 
propre substance ; cette atmosphère, attirée par le corps, 
exerce sur ce dernier une pression qui s'oppose à une 
nouvelle transformation du corps en gaz. 

La température à laquelle cette transformation com- 
mence à s’opérer, est différente pour chaque corps. 


— 1956 — 


Cette atmosphère a une étendue limitée d’après des 

lois qui sont encore peu connues. 

Si l’on enlève la substance gazeuse qui constitue 
cette atmosphère, il s’en produit une nouvelle émission, 
et le corps solide ou liquide qui lui donne naissance 
finit par disparaître entièrement. C’est à ce phénomène 
qu’on a donné le nom d’évaporation. 

Les faits qui démontrent la vérité de cette loi sont en- 
tre autres: la vapeur que produit la glace à 20° sous 0; la 
distillation du cuivre dans les alambics; la volatilisation 
de l'argent lorsqu'on le passe à la coupelle ; celle de l'or 
au foyer d’un miroir ardent ou sous l’action d’un cou- 
rant électrique; l’action qu'exerce le mercure en vapeur 
à une température basse sur les feuilles d’or suspendues 
à une certaine distance de sa surface. On peut consulter 
sur ce sujet un mémoire de M. Faraday. 


Beuxième loi. — La puissance expansive d’un 
gaz et la quantité de matière gazeuse contenue dans un 
volume déterminé, dépend de la température. Pour une 
température donnée, cette puissance expansive et cette 
quantité de matière sont suscepübles d’un maximum 
qui constitue ce qu'on appelle Le point de saturation. 

Ce maximum est d'autant plus élevé que la tempéra- 
ture est elle-même plus haute. 

Il résulte de là que l'atmosphère gazeuse qui se forme 
autour de chaque corps est d'autant plus étendue et a 
une puissance expansive d'autant plus grande que la 

# température est plus élevée. 


Æroisième loi. — Lorsqu'il n'y a pas d'action 
chimique , les atmosphères des différents corps se 
pénètrent et se mélangent entre elles sans avoir d'autre 


— 1517 — 


influence les unes sur les autres que celle de gêner le 
mouvement des particules qui les composent, ‘et par 
conséquent d’entraver et de retarder l’évaporation des 
COTPS. | 

Il résulte de cette loi que, si l’on place un certain 
nombre de corps dans un espace où ils n’éprouvent au- 
cune action extérieure , ceux-ci, après un temps suffi- 
samment long, finissent par être entourés d’une atmos- 
phère de leur propre substance dont l'étendue et la 
puissance expansive sont exactement les mêmes que si 
chaque corps avait été placé seul dans le dit espace. 

Plusieurs conséquences importantes se tirent des lois 
précédentes ; voici l’énoncé de quelques-unes d’entre 
elles : 

æ) Si la puissance expansive de l'atmosphère qui tend 
à se former autour d’un corps est supérieure à la résis- 
tance des obstacles qui s'opposent à sa formation , ces 
obstacles sont vaincus, les corps qui les provoquent sont 
repoussés avec violence, 1l y a explosion et rupture. 

Si l'obstacle vaincu est l'air atmosphérique, on dit 
qu'il y a ébullition. 

Ainsi l’ébullition de l’eau a lieu lorsque l'atmosphère 
de vapeur d’eau qui tend à se former au-dessus du li- 
quide à une tension supérieure à la pression de l'air. 

B) Si un corps est placé dans une enceinte indéfinie 
ou limitée , dont les diverses parties sont maintenues à 
des températures invariables, la répartition de la matière 
gazeuse dans cette enceinte, et la position qu’occupera 
le corps solide ou liquide dépendront : 

L° De la loi qui lie les températures avec l’état de sa- 
turation ; 


— 1958 — 


2° Des lois constitutives des atmosphères; lois qui, 
pour le dire en passant, résultent des actions attractives 
ou répulsives auxquelles les particules gazeuses sont sou- 
mises, (par exemple la gravité et la tension électrique); 

3° De l’étendue de l'enceinte ; 

4° De la quantité de matière qui compose le corps 
donné. 

Ces principes permettent d'expliquer d’une manière 
complètement satisfaisante le phénomène de la distilla- 
tion , le dépôt de l’eau et du givre sur les corps froids, 
la formation de la pluie et de la neige dans les régions - 
élevées de l'atmosphère, la hauteur des nuages suivant 
les saisons et suivant les climats, etc. 

Quand on suppose que la température des différents 
points de l’enceinte est maintenue invariable , il s’éta- 
blit, après un temps suffisamment long, un état statique 
et définitif, qui n’est plus troublé aussi longtemps que 
les circonstances restent les mêmes. 

Dans le cas où la température des points de l’enceinte 
est variable, 1l en résulte un état dynamique permanent, 
dont les lois sont d'autant plus difficiles à saisir, que les 
variations sont plus brusques et ont une plus grande 
étendue. 


Quatrième loi. — Par suite d’un refroidisse- 
ment convenable et d’une pression suffisante, les corps 
passent de l’état gazeux transparent à l’éfaf nuageux ou 
opaque, et de celui-ci à l’état liquide et solide. 

On peut admettre que tous les corps sont susceptibles 
de revêtir l’état nuageux, mais cette propriété des corps 
n’a été reconnue que pour un petit nombre (*) et on doit 


(1) Voir ma thèse sur la constitution de l'atmosphère , pnbliée en 1845. 


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ajouter que l’eau seule présente cet état sur une très- 
grande échelle, savoir dans les nuages et les brouillards. 

La constitution des corps à l’état nuageux est peu 
connue ; les conditions de son existence sont encore plus 
obscures. Il n’est pas venu à ma connaissance que per- 
sonne se soit occupé de ce dernier objet, et Je crois 
avoir le premier soulevé cette question , soit dans la 
thèse dont j'ai parlé plus haut, soit dans mes commu- 
nications à la Société des sciences naturelles. 

Pour le moment et me bornant à l’eau , je termine 
cette note par une observation qui me paraît avoir de 
l'importance pour l'étude des phénomènes météorolo- 
giques : 

L'eau ne prend l'état nuageux ou ne se forme en 
brouillard ayant un caractère de permanence, que dans 
des températures qui s'éloignent peu de 0°. 

Je ne nie pas qu’il ne puisse se former des brouillards 
à des températures élevées ou à des températures très- 
basses, mais les faits prouvent que dans les températures 
extrêmes, les conditions de l'existence du brouillard sont 
très-limitées, et que cet état n’est pour ainsi dire qu'é- 
phémère, de telle sorte que des changements peu con- 
sidérables dans les conditions de son existence, le font 
disparaître. | 

Ainsi il n’y a pas de brouillards étendus et de quelque 
durée dans les pays chauds, ni pendant l’été des zônes 
tempérées; il n’en existe pas davantage par les froids 
intenses des zônes glaciales, ni dans les hivers rigoureux 
de nos climats. Cela peut arriver quelquefois, mais les 
observations météorologiques prouvent que ce sont en 
général les températures moyennes qui sont le plus fa- 
vorables à la formation des brouillards et des nuages. 


— 160 — 


Chacun sait que la vapeur nuageuse qui s’échappe des 
chaudières à vapeur à haute tension, a une température 
si peu élevée qu'on peut y plonger la main sans danger. 

L’explication de ces faits peut se déduire de la loi qui 
lie la température avec la quantité de vapeur contenue 
à saturation dans un volume donné. 

Les idées qui précédent nous permettent d'expliquer 
certains faits météorologiques tels que : 

La pluie sans nuages des pays chauds et pendant les 
grandes chaleurs de nos climats ; 

La hauteur variable des nuages suivant les saisons ; 

La circonstance que c’est dans le voisinage des mon- 
tagnes et des pics élevés qu’ils se forment de préférence. 

En effet, d’après la température d’un pays, il faut 
s'élever plus ou moins pour arriver dans des conditions 
de température favorables à l’état nuageux de l’eau. 
Ainsi cet état se développant surtout dans le voisinage 
de zéro, il en résulte que les nuages d’été sont plus élé- 
vés que ceux d'hiver; que, dans la zône torride, les 
nuages sont constamment-très-élevés, et, qu’en échan- 
ge, ils sont très-bas et souvent au niveau du sol, dans 
l'hiver des zônes tempérées et dans la zône glaciale. 

D'autre part, les rayons solaires traversent l’atmos- 
phère presque sans perte ; ils arrivent à la surface du 
sol, où ils sont retenus, et dont ils élèvent la température. 
La chaleur de l’atmosphère provient dès-lors presque 
entièrement de son contact avec le sol; mais celui-ei a 
un relief très-varié, il s'élève à des hauteurs diverses 
dans l’atmosphère. Dès-lors celle-e1 subit à ces hauteurs 
des variations de température considérables, ce qui n’a 
pas lieu pour des points placés au même niveau au- 
dessus des plames. 


— 161 — 


Ces variations de température ont deux conséquences 
importantes: en premier lieu elles occasionnent des 
brises de montagne et des vents locaux; en second lieu, 
elles offrent des conditions favorables à la formation de 
l’eau à l’état nuageux. C’est là une des causes de la 
présence fréquente des nuages autour des montagnes 
et des sommets élevés.  - 

Les parties de l’atmosphère qui se trouvent au-dessus 
des plaines , ne sont point sujettes à des variations de 
température aussi fréquentes ; dès-lors, les conditions 
de la formation nuageuse doivent se réaliser beaucoup 
plus rarement, surtout si nous ajoutons que l'air placé 
au-dessus des plaines étendues est en général plus sec. 

Il résulte de là que la présence des montagnes dans 
un pays a pour effet de précipiter sur leurs he des 
masses d’eau considérables, qui en s’écoulant le long 
des pentes, s’en vont au loin répandre leur influence 
bienfaisante, et en arrosant les campagnes y apporter la 
fertilité et la vie. 

Remarquons enfin que la hauteur favorable à l’exis- 
tence des nuages étant d'autant plus grande que la tem- 
pérature du sol est plus élevée, l'élévation des nuages 
ira en croissant des pôles à l'équateur , et, coïncidence 
remarquable, nous apprenons par la géographie que la 
hauteur des montagnes va aussi en augmentant des pôles 
aux régions torrides. En sorte que les différences dans 
la hauteur des montagnes, dont les causes paraissent 
entièrement indépendantes de la formation des nuages 
et des lois qui règlent les changements d’état des corps, 
se trouvent copenbEt dans une relation intime avec ces 
causes, et prouvent, une fois de plus, l’ordre parfait qui 


règne dans la nature et la sagesse qui a présidé à toute 
la création. 11 


— 162 — - 


DONS D'OUVRAGES, 


Mémoires de l’Académie royale de Turin, tome XVII. 

Jabrbuch der kaiserlichen-kœniglichen, geologischen Reichan- 
stalt, tome VITE, n° 2, 3, 4. 

Mémoires de la Société royale de Liége, tome XI et XIII. 

es fur die gesammten Naturwissenschaften im Halle, t. X 
et X 

Würtembergische naturwissenschaftliche Jahreshefte, 13"*année, 
; cahier, 14e année, 2° et 3"° cahier. 

Berichte des naturhistorischen Vereins Harzes, années 1840 à 
1846, 1846 à 1847, 1847 à 1848, 1848 à 1849, 1851 à 1852, 
1833 à 1854, 1835 à 1856. 

Mémoires de la Société de physique de Genève, t. XIV, 2°° partie. 

Monatsberich der kæniglichen preuss. Academie der Wissen- 
schaften zu Berlin, Sept., Oct., Nov., 1857, Janv. à Juin 1858. 

. Annuaire de l’Académie de nie année 1858. 

Bulletins de l’Académie royale de Bruxelles, année 1857, t. 4,9, 3. 

De M. Charles-Th. Gaudin, professeur, Note sur SR em- 
preintes végétales des terrains supérieurs de la Toscane. 

Du même, Phénoniènes de mirages, dessinés à Palerme, en jan- 
vier et février 1858. 

Du même, Les charbons feuilletés de Durnten et d’Utznach, par 
M. O. Heer. 

Verhandlungen der naturforschenden Gesellschaft in Basel, 4° 

-, cahier, 2*° partie. 

Vierteljahrschrift der naturforschenden Gesellschaft in Zurich, 
3" année, n° 3, 4. | 

Mémoires de la Société d'agriculture d'Orléans, tome 3, n° 3 et 4. 

_ H. Falconer, On the species of Mastodon and Elephant. 

De la Société géologique de Londres, vol. VI, part. 2, page 
109 à 288. 

Journal of the Geological dit of Dublin, vol. 2 part. 1, 2, 
3: vol. 3, part. k n° 4-4, part. 2, n° 1-3, part. A n° 1- 3, 
- part. 4, n° 1-3; vol. 4, part 1: part. 2, n° 1, 2; vol. , | 
part. 1, n° 1-3; vol. 6, part. 1 ; 

| 0e Beobachtungen zu Anran, 1858. 

Map of the basin of la Plata by Th. J. Page. U. S. Navy. 

Archiv des Vereins der Freunde der Naturgeschichte in Mecklen- 
burg, 1° cahier, 1858. 


: 


— 163 — 


Jabresbericht des naturhistorischenden Gesellschaft Graubünde, 
année 1856-1857. 
Mémoires de la Société des sciences naturelles de Strasbourg, 
tome V, première livraison. 


Le néocomien dans le Jura et son rôle dans la série stratigraphique, 
par Jules Marcou. 


Bulletins de la Société des sciences de Berne, n° 408 à 493. 
American Geology, by Jules Marcou. 
Proceedings de Montreal. 


Ueber die gegenwartig herrschende Krankeït des Insekts der Seide, 
von Lebert, prof. | 


Extrait du programme de la Société hollandaise des sciences de 
Harlem, pour l’année 1857 et 1858. “hs 

Bulletins de la Société vaudoise des sciences naturelles, t. VI, n° 43. 

Annales de la Société des sciences médicales et naturelles de Ma- 
lines, 12"° année, trois livraisons, 13"€ année, 3"° livraison. 

Correspondenz-Blatt des zoologisch-mineralogischen Vereines 
Regensbourg, 12"° année. 


Ueber einige neue oder unvollkommen gekannte Krankeïten des 
Insekten, welche durch Entwicklung niederer Pflanzen im le- 
benden Korper enstehen, von prof. Lebert. 


De M. Kæchlin-Schlumberger , Note sur les fossiles tertiaires et 
diluviens du Haut-Rhin. | 


Du même, Observations critiques sur un mémoire de M. Gras, sur 
la comparaison des terrains quaternaires de Alsace avec ceux 
de la vallée du Rhône. 


Berichte über die Verhandlungen des naturforschenden Gesell- 
schaft zu Freiburg, I. B., Band I, n° 28, 29, 30, 31. 


Notes pour servir à une description géologique des montagnes 
rocheuses, par Jules Marcou, 1858. | 

Sur quelques géomèêtres rares en Suisse, par de la Harpe, docteur. 

Des différents phénomènes physiologiques, nommés voix des pois- 
sons, par M. le docteur Dufossé. 


- Mémoires de la Société royale de zoologie d'Amsterdam , 7° li- 
vraison, 1858. 


Journal of the Academy of natural Sciences of Philadelphia, 
vol. IL, partie 3, 4. 


_ Transactions of the Royal Society of Edinburgh, vol. 21, part. 4. 
Proceedings of the Royal Society of Edinburgh, session 1856-57. 


Natuurkundige Verhandelingen von den Hollandsche Maatschap- 
pii der Wetensecappen te Haarlem. Dertiende Deel. 


— 164 — 
À ; | ’ 
De la Société Helvétique des sciences naturelles, les feuilles 49 


et 24 et titre de la grande carte de la Suisse, par le général 
Dufour. ' 


Ouvrages reçus de l'institution Smithsonienne de Washington. 


Smithsonian Report for 4856, in-8°. 
Report on Agricultural Meteorology for 1856. By Prof. Jon. 
Henry, brochure. 


Catalogue of North American Diptera. By R. Ostensacken, in-8°, 
brochure. 


Catalogue of North American Mammals. By S.-F. Baird, 4 bro- 
chure 4. 

Cambridge, Mass-American association for Advancement of Scien- 
ce, À vol. 8°. 

Remains of domestic animals in South-Carolina by Francis-S. 
Holmes. A. M. brochure. 

Ohio Agriculture Report. 14856. 4 vol. &. 

Washington Report of the Commissioner of patents 1856. 4 v. &e. 

St-Louis. The Transactions of the Academy of Science of St-Louis. 
Vol. T, n° 2, 8e. 

Washington. Report of the superintendent of the U.-S. Coast 
Survey, for. 1856, 1 vol. 4e. | 

W. Sümpson. Prodromus Descriptionis animalium wertebratorum 
quæ in expeditione ad Oceanum pacificum septentrionalem a 
republica federata missa Cadwaladaro Ringgold et Johanne Rod- 
gers ducibus observavit et descripsit, part. V, brochure 8. 

Philadelphia. Proceedings of the Academy of natural Sciences, 
vol. 8, page 101 à la fin; vol. 9, page 1 à 198. 

Williamsburg. Report of the Eastern lunatic asylum. Broch. &. 

Charles Girard. M. DA List. of the fishes collected in Californie, 
by M. E. Samuels. Brochure. | 

Charles Girard. M. D. Descriptions of some new. Reptiles, collec- 
ted by the U. S. Exploring Expedition of Capt Charles Wilkes 
U. $. N. Brochure. 

Notice of some remarks by the late M. R. Hugh Miller, the testi- 
mony of the Ræœks, or Geology in its Bearings on the two 
theologies, Natural and Revealed. Brochure. 

Notice of remains of extinct vertebrata from the Valley of the 
Niobrara river by Joseph Leidy M. D. Brochure. 


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BULLETIN 


DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES 


DE NEUCHÂTEL 0 


Séance du 11 Novembre 1859. 


Présidence de M. L. COULON. 


La Société procède à l'élection de son bureau, qui 
se trouve composé, pour cette année, comme suit : 


M. L. Couron, Président. 

» Borez, docteur, vice-Président. 

» Paul Goper, instit', Secrétaire pour la section de 
médecine, d'histoire naturelle, de géographe 
et d’ethnographie. 

» Louis Favre, instit', Secrétaire pour les sections 
de physique, chimie, mathématiques, économie 
rurale, technologie et statistique. 

M. le Président entretient la Société de la découverte 
d’antiquités celtiques au bord du lac, près de Concise. 
Pendant l’été dernier , les travaux du chemin de fer en 
construction entre Yverdon et Vaumareus, ayant attemt 
le rivage dans ce point, on trouva un gisement très- 
riche d'objets celtiques appartenant à la période de la 
pierre. Un très-grand nombre de bois et d’ossements 
de cerfs, des haches de pierre, des instruments en os 


furent retirés de l’eau. 
BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. V. 12 


— 166 — 


Ainsi qu'il arrive toujours en pareille circonstance, 
les premiers débris mis au jour n’attirèrent pas d’abord 
l'attention des ouvriers, qui les cédaient à vil prix; 
mais les amateurs devenant nombreux et ardents, la 
valeur de ces objets haussa considérablement , et l’a- 
mour du gain fit naître une industrie pratiquée sur une 
grande échelle à Rome et à Naples, mais entièrement 
nouvelle chez nous. Les ouvriers s’adonnèrent à la fa- 
brication d'objets celtiques, et ils réussirent à mystifier 
une foule de personnes, non-seulement à Concise, mais 
encore dans les villes principales de la Suisse. M. le 
Président, qui a été victime de leur supercherie, fait 
voir plusieurs objets qu'il a achetés fort cher, et qui 
attestent chez leurs inventeurs une certaine dose d’1- 
magination et beaucoup d’audace. Les matériaux mis 
en œuvre sont d’une antiquité incontestable, maïs la 
forme et l’arrangement sont modernes. Aucun seru- 
pule ne retenait ces industriels, et leur ignorance leur 
donnait une assurance sans bornes ; sous leurs mains, 
les os et les bois de cerf prenaient'les formes les plus 
extraordinaires ; c’étaient des couteaux à deux tran- 
chants et à pointe acérée ; des poignards barbelés d’un 
aspect fantastique ; des haches entièrement inédites, 
faites d’une pierre coupante fixée à angle droit dans un 
grand andouiller de cerf; des ciseaux formés d’une 
dent de castor, etc.; ils allèrent même jusqu’à produire 
des haches auxquelles ils avaient adapté un manche de 
bois ! Appelant à leur aide les séductions du charlata- 
nisme , ils avaient imaginé une mise en scène qui ne 
manquait jamais son effet ; 1ls enterraient adroitement 
les articles de leur fabrication, et, lorsqu'ils avaient 


— 167 — 


autour d'eux une galerie de spectateurs suffisante , ils 


retiraient du sol, comme par hasard, des objets qui 


semblaient y avoir été enfouis pendant des milliers 
d'années. Personne ne pouvait résister à cet appât. 
Malgré les prix élevés auxquels la marchandise était 
cotée , elle trouvait un rapide écoulement ; les ama- 
teurs se hâtaient de profiter de la veine avant qu'elle 
fût épuisée , et les collections s’enrichissaient de toutes 
parts. Cette satisfaction générale fut changée en un dé- 
boire amer par les dépêches de M. Keller, de Zurich, 
sur la personne duquel une tentative de mystification 
venait d’être dirigée. Le savant archéologue découvrit 
de suite l’imposture et avertit ses amis de se tenir sur 
leurs gardes. (était un peu tard ; on avait acheté en 
Suisse pour environ dix mille francs d’antiquités plus ou 
moins frelatées et de contrefacons de diverses sortes. 
Les auteurs de l’entreprise, voyant leurs affaires pren- 
dre une mauvaise tournure et craignant l'intervention 
des tribunaux, s’enfuirent en France , sans oublier leur 
caisse remplie des bénéfices de leur exploitation. 
Cependant M. le Président dépose sur le bureau plu- 
sieurs objets non falsifiés, tels que des haches de pierre; 
des fragments de bois de cerf, creusés pour recevoir 
une pierre tranchante ; un maillet en bois de cerf; des 
dents de porc (canines), dont une percée d’un trou pour 
être suspendue; une pierre à aiguiser ; un poignard en 
os fait d’un calcaneum de cerf; une épingle à cheveux, 
formée d’un os pointu muni d’une tête sphérique en 
argile ; diverses lames en os d’un beau poli, etc.; ces 
divers objets, provenant de Concise, ont été déclarés 
authentiques par des hommes compétents; un certain 


— 168 — 


nombre ont été retirés de l’eau par des personnes di- 
gnes de confiance. | 


M. le prof. Hop fait lecture d’une lettre de M. Knab, 
ingénieur cantonal , adressée au président de la Société 
des sciences naturelles de Neuchâtel. Dans cette lettre, 
M. Knab croit devoir relever des erreurs qu'il signa- 
le, non-seulement dans les différences de niveau des 
échelles limnimétriques des lacs de Morat, de Bienne 
et de Neuchâtel, mais même dans le chiffre donné par 
M. d'Ostervald, pour la hauteur du môle au-dessus de 
la mer. Il appuie ses observations en présentant un tra- 
vail de nivellement fait par M. l'ingénieur Lehmann, en 
1858, pour la correction des eaux du Jura, 

D’après M. Lehmann, le môle de Neuchâtel serait à 
436"81 au-dessus de la mer, au lieu de 434", chiffre 
de M. d’Ostervald. En outre, les échelles de la Neuve- 
ville et de Morat sont trop basses, la première de 0"40, 
la seconde de 0"16. Il fait remarquer de plus que les 
explications de M. Kopp, au sujet de la date de 1634, 
inscrite sur la porte du port de la Neuveville, ne sont 
pas exactes en ce qui concerne les hauteurs ; car, selon 
M. Lehmann, la croix qui accompagne cette date ne 
serait qu’à 0"6 au-dessus du môle de Neuchâtel et à 
0"74 au-dessus des hautes eaux de 1802. — À cette 
lettre sont annexés : un tableau de nivellement par M. 
Lehmann, et trois tableaux des hauteurs des trois lacs 
pendant les années 1856, 1857 et 1858. 

M. Kopp exprime l’étonnement que cette lecture lui 
a causé. Chargé, par le comité de météorologie, de 
disposer les échelles limnimétriques de Neuchâtel, de 
Morat et de la Neuveville, il s’est acquitté de cette tâche 


— 169 — 


avec l'exactitude que lui permettaient les moyens mis à 
sa disposition. Si des erreurs ont été commises, il faut 
chercher qui doit en porter la responsabilité: on ne doit 
pas oublier que les nivellements qui ont servi de base à 
l'établissement des échelles dans nos trois lacs, ont été 
exécutés par MM. Otz et Knab. Si M. Knab a des infor- 
mations à donner à la Société sur cet objet, et s'il a des 
doutes sur la valeur des opérations, il peut en faire le 
sujet d’une communication qui serait discutée au sein 
de la Société. 

M. Kopp ne s’est jamais fait d'illusions sur l'exacti- 
tude absolue des nivellements qui-ont précédé l'érection 
des échelles; il aurait fallu pour cela qu'il ignorât les 
chiffres variés des nivellements antérieurs; c’est aussi 
pour cette raison qu'il accorde une confiance limitée 
aux résultats renfermés dans!le tableau de M. Lehmann, 
ainsi qu'aux travaux des ingénieurs de chemins de fer, 
qui prétendent calculer la hauteur de notre sol en re- 
montant les lignes ferrées depuis la mer jusque dans 
nos montagnes. La hauteur du môle qui sert de zéro 
à notre limnimètre, soit 454"7, est la dernière qu'ait 
fournie M. d'Osterwald , que notre Société envisageait, 
à juste titre, comme une autorité en pareille matière. 
Ce chiffre était admis à l’époque où les échelles furent 
posées ; M. Kopp ne pouvait pas en choisir un autre, 
sous peine d’en prendre la responsabilité personnelle, 
et d’ailleurs il ne l’a fait que du consentement du comité 
de météorologie et avec l'approbation de la Société. 
Voulons-nous maintenant, sur la foi du tableau qu'on 
nous présente aujourd’hui, adopter un chiffre nouveau 
pour la hauteur de notre môle et remanier les zéros et 
les niveaux de nos échelles? Pouvons-nous, dans un 


L 


— 170 — 


ordre de choses qui demandent de la stabilité et de la 
tenue, introduire des changements qui peuvent se re- 
nouveler aussi souvent qu'il nous plaira de prendre en 
considération les nivellements nouveaux qui nous seront 
soumis ? — M. Kopp demande, en conséquence, que la 
Société maintienne le chiffre de M. d'Osterwald , soit 
434°7 pour l'altitude du môle au-dessus de la mer, ainsi 
que les différences de niveau de nos diverses échelles, 
jusqu’à ce qu’un travail scientifique sérieux et définitif 
vienne , une fois pour toutes, consacrer des nombres 
certains et à l'abri de toute réclamation ultérieure. 

M. Ladame, prof., voit deux choses distinctes dans la 
lettre de M. Knab: d’une part elle met en question la 
hauteur du môle, telle que l'avait calculée M. d’Oster- 
wald; de l’autre, elle élève des doutes, peut-être méri- 
tés, sur les nivellements des échelles limnimétriques de 
nos trois lacs. 

Quant à la première question, M. Ladame rappelle 
comment M. d'Osterwald est parvenu à calculer la hau- 
teur du môle, et explique sa part, ainsi que celle des 
ingénieurs français, dans ce travail. Ceux-ci, occupés 
à lever la carte de la France, avaient déterminé la hau- 
teur de nos principaux sommets du Jura. Ces données 
ont servi de point de départ à M. d’Osterwald pour me- 
surer la différence de niveau entre ces sommets et notre 
môle. Plus tard, une révision ayant été opérée dans la 
triangulation de la France, et les hauteurs des sommets 
ayant subi une réduction, il dut changer le nombre 
d’abord admis de 437" en celui de 434"7. Mais cela 
n'infirmait en aucune manière son travail personnel, 
qui avait été fait avec le soin et la rigueur que M. d’Os- 
terwald apportait dans toutes ses opérations et qui lui 


— 171 — 


ont donné le degré d’autorité dont il a toujours joui 
dans notre pays. 

Quant à la seconde question, il ne voit aucune im- 
portance scientifique dans la révision du niveau des lacs 
qui nous est soumise. Tous les nombres publiés jusqu’à 
présent sont en désaccord, et il est probable qu'il en 
sera ainsi jusqu'à ce qu’on entreprenne cette opération 
d’une manière scientifique, en tenant compte de la ron- 
deur de la terre et de tous les éléments qui peuvent as- 
surer le succès d’une pareille entreprise. Il n'a jamais 
eu grande confiance dans les nivellements de MM. Otz 
et Knab, qui ont été faits de station en station, de ma- 
nière à entrainer des erreurs inévitables; c’est pourquoi 
il n’est pas surpris des réclamations actuelles. Il pense 
que nous ne devons pas nous y arrêter, et qu'il faut nous 
borner à considérer le tableau de M. Lehmann comme 
une document intéressant qui trouvera sa place dans 
nos archives. La seule précaution à prendre, tout en 
conservant nos anciens chiffres, est de les accompagner 
de la date qui rappelle l’époque où les limnimètres ont 
été posés. — Les propositions de MM. Kopp et Ladame 
sont adoptées par la Société. 


Séance du 25 Novembre 1859. 


Présidence de M. L. COULON. 


. A l’occasion du procès-verbal une discussion s’engage 
sur la question de la hauteur du môle de Neuchâtel. 
M. Hirsch annonce à ce sujet qu’il espère pouvoir con- 
tribuer plus tard à fixer définitivement la hauteur de 


x 


— 172 — 


Neuchâtel au-dessus de la mer, en comparant notre 
observatoire avec un autre observatoire dont la hauteur 
soit bien constatée. Une triangulation donnera alors la 
hauteur du môle au-dessous de l'observatoire de notre 
ville, et par conséquent la hauteur exacte du môle au- 
dessus de la mer. — Quant au niveau des trois lacs, 1l 
ne s'explique pas les différences signalées dans les résui- 
tats des mesures; car, suivant lui, on doit pouvoir dé- 
terminer ce niveau trigonométriquement à 2 ou 3 lignes 
près. Il faut observer en outre que cette différence est 
d’un intérêt majeur pour la météorologie de notre pays. 


M. le président à remarqué que, lors des premiers 
froids que nous avons eus cet automne, le lac a fumé à 
diverses reprises. C’est la première fois que M. Coulon 
observe ce phénomène en automne ; il a lieu régulière- 
ment au printemps. 


M. Hirsch rend compte de deux découvertes qui ont 
été faites cet été par les astronomes et communique un 
mémoire sur la Détermination de la différence de longi- 
tude entre Genève et Neuchâtel. — Voici comment il 
s’est exprimé à cet égard : | 


Messieurs, 


Depuis les communications que j'ai eu l'honneur 
de vous faire dans notre dernière séance d’été , les tra- 
vaux en astronomie ont été poursuivis dans toutes les 
parties de notre science avec le zèle et la conscience 
que l’on connaît aux astronomes. On a fait des progrès 
de tout côté. Cependant je me bornerai à vous citer de 
cette époque deux découvertes importantes, dont une 
a augmenté d’une nouvelle planète le groupe entre Mars 


— 173 — 


et Jupiter et dont l’autre promet, si elle se vérifie, d’en- 
richir notre système solaire de tout une zone de corps 
célestes, intérieurs à l'orbite de Mercure. 

Le 22 septembre, à 8 heures, 30 minutes du soir, 
M. le D'R. Luther, à Bilk (près Dusseldorf), auquel la 
science doit déjà tant de découvertes planétaires, a 
trouvé la 57° des petites planètes, à laquelle M. le pro- 
fesseur Hæk d’'Utrecht, a donné le nom de WMnemosyne. 
Ce nouvel astre , qui était lors de sa découverte de 10% 
grandeur, a été observé depuis à plusieurs observa- 
toires, entre autres à Berlin, à Vienne , à Paris et à Co- 
penhague. Ses éléments, calculés approximativement 
par M. Thiele de Copenhague , montrent le caractère 
de tout le groupe ; l’inclinaison de son orbite est de 15° 
4, l'angle d’excentricité de 6° 5’, et la demie grande 
axe, égale à 3,155202, la place entre Thémis et Eu- 
phrosyne. 

î Quant à l’autre découverte, elle n’a pas été faite à 
l’aide du télescope, mais avec les yeux de l'esprit. C’est 
le plus puissant instrument que l’homme possède pour 
l'étude de la nature, je veux parler du calcul mathé- 
matique, qui promet d'ajouter à un des plus glorieux 
exploits de la science moderne, à la découverte de Nep- 
tune, un fait semblable, en déduisant d’une petite irré- 
gularité dans le mouvement d’un corps céleste l’exis- 
tence d’autres que l'œil n’a jamais aperçus. C’est de 
nouveau aux recherches persévérantes et aux calculs 
circonspects de M. Le Verrier que l’astronomie devra 
cette conquête. Voici ce dont il s’agit: M. Le Verrier, 
qui a débuté dans sa carrière scientifique en 1842 par 
l'étude du mouvement de Mercure, a cru pouvoir re- 
prendre utilement ces recherches, après avoir entière- 


— 174 — 


ment revu la théorie du Soleil, cette pierre angulaire 
de l'édifice planétaire , comme Kepler l'appelle. En es- 
savant de représenter par la théorie les 21 observations 
de passage de Mercure devant le Soleil , qui comportent 
une exactitude d'observation exceptionnelle, M. Le 
Verrier se convainquit qu’il n’était pas possible de les 
représenter exactement, si l’on ne voulait pas supposer 
des erreurs d'observation, impossibles en elles-mêmes 
et qui augmenteraient progressivement depuis 1697 jus- 
qu’à 1848. Conduit à rechercher la raison de cet écart 
entre la théorie et l'observation, M. Le Verrier trouva 
bientôt qu'il suffit d'augmenter de 38” le mouvement 
séculaire du périhélie de Mercure, pour faire concorder 
toutes les observations des passages à moins d’une se- 
conde près. 

Mais cette augmentation du mouvement du péri- 
hélie de Mercure, comment l'expliquer ? Comme ce 
mouvement provient de l’action des autres planètes et 
notamment de Vénus, il faudrait, pour expliquer ces 
38", augmenter la masse de Vénus d’un dirième. Or, 
cette masse de Vénus on la trouve égale au */100000 de la 
masse du Soleil par les perturbations que Vénus fait 
éprouver au mouvement de la Terre, et en même temps 
par la variation séculaire de l’obliquité de l'écliptique, 
produite par cette même planète. Or, si l’on voulait 
augmenter la masse de Vénus d’un dixième , il faudrait 
admettre une erreur de 5” dans les mesures de l’obli-. 
quité de l’écliptique , telle qu’elle est déduite des obser- 
vations les plus exactes de sept solstices depuis Bradley 
jusqu’à nos jours. Comme cette erreur est très-peu pro- 
bable, 1l faudrait alors admettre une cause inconnue 
qui expliquerait cet écart dans la variation de l’éclip- 
tique. 


HR) de 


On est donc conduit à choisir entre ces deux hypo- 
thèses (entre lesquelles M. Le Verrier décline de décider 
d’une manière absolue), ou de supposer une force per- 
turbatrice qui troublerait l’obliquité de l’écliptique de 
la quantité mentionnée, ou bien une autre cause d’at- 
traction qui imprimerait au périhélie de Mercure les 
38" de mouvement séculaire. Comme il est impossible 
de concevoir la première sans lui attribuer aussi des 
effets très-considérables sur d’autres éléments du mou- 
vement planétaire , effets qui ne sont visibles nulle part, 
on est plutôt porté à adopter l’autre hypothèse et à sup- 
poser qu’il existe entre le Soleil et Mercure une ou plu- 
sieurs planètes, qui produiraient cette perturbation dans 
le mouvement du périhélie de ce dernier. Or, puisque 
une telle planète unique devrait avoir une masse assez 
considérable et un éclat très-vif, de sorte qu’on l'aurait 
dû voir souvent passer devant le Seleil et briller dans les 
éclipses totales de Soleil, et qu’en outre cet astre de- 
vrait se mouvoir dans un cercle, dont le plan coïncide- 
rait avec l'orbite de Mercure, pour ne pas produire aussi 

- des perturbations dans le mouvement du nœud et de 
linclinaison de cette orbite, — perturbations qui n’exis- 
tent pas, — on devra, pour faire disparaitre toutes les 
difficultés, supposer au lieu d’une seule planète d’une 
masse considérable, toute une zone d’astéroïdes, circu- 
lant entre Mercure et le Soleil, pareille à celle entre 
Mars et Jupiter. L'action de ces planétoïdes s’ajouterait, 
pour produire ce mouvement séculaire du périhélie, 
tandis que les perturbations périodiques se contreba- 
-lanceraient. 

Voilà l’mgénieuse hypothèse de M. Le Verrier, dont 
il faut maintenant attendre la vérification par l’observa- 


— 176 — 


tion méthodique surtout des taches solaires , parmi les- 
quelles on devrait reconnaître les planétoïdes mdiquées 
par M. Le Verrier. Car jusqu'ici il ne s’agit que d’une 
hypothèse et on aurait tort, si l’on mettait ce beau ré- 
sultat de calcul en analogie avec la découverte de Nep- 
tune. Ce que M. Le Verrier vient de trouver pour Mer- 
eure , c'était le point de départ de son grand travail sur 
Uranus; il constate seulement une perturbation dans le 
mouvement de Mercure et croit la pouvoir expliquer par 
l'attraction d’autres planètes. De même on connaissait 
longtemps avant Le Verrier les inégalités d'Uranus et 
on les expliquait par l’action d’une autre planète ; mais 
alors M. Le Verrier calcula non ‘pas l'existence, mais 
l'orbite et la position de cette planète, et M. Galle la 
trouva à la place mdiquée. 

Or, il serait impossible de faire le même travail pour 
Mercure, parce qu’il s’agit ici d’un mouvement séculaire 
d’un seul élément, et non pas comme avec Uranus, de 
perturbations périodiques. D'ailleurs, cette fois lobser- 
vation a moins besoin d’être guidée d’aussi près par le 
calcul, la zone où peuvent se trouver ces corps pertur- 
bateurs, étant beaucoup plus resserrée. Les travaux 
infatigables de notre confrère , M. le professeur Wolf à 
Zurich , sur les taches solaires et peut-être l'observation 
minutieuse des environs du Soleil à l’occasion de l’é- 
clipse totale de l’année prochaine décideront vite la 
question. 


Détermination de la différence de longitude, entre 
les observatorres de Genève et de Neuchâtel, par le 
transport d'un chronomètre. 


Pour un observatoire nouveau , la détermination de 
sa position géographique est un des travaux les plus 


— 177 — 


urgents et les plus importants, parce que cette donnée 
entre nécessairement dans tous les résultats des obser- 
vations astronomiques qui y sont faites. L'une des co- 
ordonnées qui déterminent la position d’un lieu sur le 
globe , la latitude, s'obtient, par des observations de 
hauteurs méridiennes des étoiles, avec une grande 
exactitude, pourvu qu'on y tienne compte de la con- 
stante de réfraction particulière à ce lieu. Un observa- 
toire, muni comme le nôtre d’un cercle méridien d’une 
grande perfection et solidement établi, peut déterminer 
de cette manière sa latitude par des moyens purement 
astronomiques. Il n’en est pas de même pour l'autre 
élément géographique; en effet, la détermination de la 
longitude exige des moyens artificiels, c’est-à-dire, qui 
ne sont pas empruntés au ciel, si l’on ne veut pas atten- 
dre une longue suite d’années, pour connaître la longi- 
tude avec une exactitude suffisante. Car toutes les mé- 
thodes, qui servent à trouver la différence en longitude 
de deux endroits — si l’on fait abstraction des moyens 
géodésiques qui ne comportent pas l'exactitude désira- 
ble pour la longitude d’un observatoire — toutes ces 
méthodes reviennent à ces deux choses: premièrement 
à observer , dans les deux endroits, un phénomène qui 
est simultané pour eux, et ensuite à connaître avec la 
dernière exactitude la correction des deux pendules qui 
ont servi à ces observations. Or, les phénomènes du 
ciel, qui sont vus au même instant par tous les endroits 
de la terre, sont assez rares; ce sont des éclipses, les 
occultations d'étoiles par la lune, etc., phénomènes, 
d’ailleurs, dont l’observation souvent ne permet pas 
d'atteindre le plus haut degré d’exactitude. Il faut donc 
un grand nombre de ces observations pendant une lon- 


— 178 — 


gue suite d'années, pour pouvoir en déduire un résultat 
dont l'erreur probable se tienne dans des limites assez 
restreintes. 

Cette circonstance a engagé, les astronomes, depuis 
longtemps, de suppléer à ce défaut par l'observation 
de phénomènes terrestres produits artificiellement. Un 
des premiers moyens qui a été employé dans ce but, 
l'explosion d’une quantité de poudre ou de fusées à un 
point élevé, intermédiaire et visible aux deux endroits 
dont il s’agit, a donné des résultats très-satisfaisants , 
surtout dans les mains habiles de l'infatigable Zach. 
Mais ce procédé a le grave inconvénient qu'il ne peut 
être employé que pour des endroits assez rapprochés. 
Dans nos derniers temps on a pu remplacer ces signaux 
par le courant électrique, dont la rapidité prodigieuse 
rend presque simultanés les phénomènes qu’il produit 
à deux endroits même très-éloignés l’un de l’autre; et 
c’est là un des plus grands services que la télégraphie a 
rendus à la science. Aussi est-il permis d'espérer que 
notre observatoire pourra tirer profit de ce moyen le 
plus exact de tous, pour la détermination de sa longi- 
tude, aussitôt qu'il sera en communication télégraphi- 
que avec le réseau suisse, et je ne manquerai pas de 
vous rendre compte, en son temps, des opérations de 
cette nature que J'ai l'intention d'entreprendre. 

Mais en attendant, 1l était important de connaître la 
longitude de l'observatoire au moins d’une manière ap- 
proximative. Or, la perfection heureuse à laquelle les 
artistes de notre époque sont parvenus dans la fabrica- 
tion des chronomètres, fournit un moyen très exact 
pour la détermination des longitudes, surtout si on 
peut l'employer sur une vaste échelle. Ainsi les grandes 


ee L | ES 


expéditions chronométriques que le gouvernement 


russe à fait faire sous l'initiative de M. Struve, entre les 


observatoires de Pulkowa, d’Altona et de Greenwich, où 
l’on a employé jusqu’à 80 montres marines, et d'autres 
expéditions pareilles, entreprises par le gouvernement 
anglais, ont donné des résultats remarquables par le 
degré de leur exactitude. Il va sans dire que l’observa- 
toire de Neuchâtel n’a pas à sa disposition des moyens 
aussi vastes. Mais il s’agissait pour nous d’abord, comme 
il a été dit, d’une première approximation , qui pourra 
servir de point de départ pour les autres méthodes plus 
exactes. J’envoyai done, il y a quelques mois, un 
chronomètre marin, que notre concitoyen , M. Henri 
Grandjean , avait eu l’obligeance de mettre à ma dis- 
position , à l'observatoire de Genève, pour qu'il y fût 
comparé pendant un certain temps; lorsque sa marche 
et son état sur le tenaps moyen de Genève fut suffisam- 
ment constaté, je lai fait revenir avec les précautions 
nécessaires pour le garantir autant que possible contre 
les secousses pendant son trajet, et j’en ai déterminé de 
nouveau à notre observatoire la marche et la correction 
par rapport au temps moyen de Neuchâtel. 

Voici le résultat des comparaisons faites à Genève et 
à Neuchâtel, comparaisons qui jouissent d’une grande 
exactitude, puisque , favorisé par le beau temps de cet 
automne , j'ai pu faire des observations méridiennes 
presque chaque jour , et qu’il est probable que, par la 
même raison , la correction de la pendule de Genève 
était connue avec toute la rigueur désirable. 


_Chronometre marin, GRANDJEAN, N°5. 


Date. 


Midi moyen. 


1839. 


Août 30 
31 
Septem. 1 


> > 
æ © © © 1 D Où à NO 


de de le De jee 
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17 


[ES 
ee) 


19 
20 
21 
22 
23 
24 
25 


Le 26 à 6h. 
du matin 
* Si l’on se sert, comme il paraît préférable, de l'expression «correction » d’une montre, 
au lieu «d'erreur» ou «d'état,» il faut comprendre que les signes .£ ou — veulent dire 
que la montre est en retard ou qu'elle avance sur le temps de l'endroit, et que les mêmes 
signes apposés à la marche, expriment , par conséquent, que la montre retarde ou avance 


Correction * 
par rapport 
au temps moyen 
de Genève. 


L d B èx : É 
pe S£és|S <| £ 
5 ns Ÿ- ee L 80 2 "= 
Ê = È Midi moyen. E 22 S S| $ 
Sept.27à8 h. 
ar du soir|+ 3m75,0 05.0 
PE 0 11+0,2/P8 à 6 h. soir 7,0 DE +0°,4 
08 40,7] + Sept. 29 18 + 0 6 :40D,2 
03103 30 |... 7,9 Sn 
og ts Où 4 | 7,51 ESS 
de LA: à 2 La GI s 
1,6 4 2 + 0,2 me 
Lol r0:3 3 7,6/ PE 
5 — 0,2 4 8,3 4 0,7 
gel % 5 9,7 10,3 
pal 5 6 10,8) à pl+09 
és ter 1 [304286 © 
à 0.2 +-0,3! Le chronomètre a été arrêté. 
210,2 TA Ge to hits 15,3 
M RE ul 413,617 314 
0,311 0,8 12 | 1301. 06 sr 
2 0 Le , — 
0,3 “six 13 12,1! %| 00 
1,5 1 14 105 1,8 te: 
sk :0,0 3 3,3 ) 
15 15 4 d 
è: —0,2 » 9 9 1,1 
1,7 16 4,8 ? 
[+ 0,5 | 9 4 
1,2 17 | +958 ? 
2 | — 0,9 
2 — 0,2 
071 +16 
08 — 0,1 
4 — 0,3 
nr 0,0 
— 0.91 +0,? 


de la quantité indiquée pendant 24 heures. 


Le chronomètre a été transporté à Neuchâtel. 


— 181 — 


… Pour déduire de ces observations la différence en 
longitude entre Genève et Neuchâtel , l’on sait qu’on 
n’aurait qu’à retrancher la correction du chronomètre, 
par rapport au temps moyen de Genève, de celle qu'il 
montre par rapport à celui de Neuchâtel, si l’on pou- 
vait supposer que le chronomètre n’a pas eu de mar- 
che pendant son trajet; mais comme cette marche 
existe toujours , il faut encore la retrancher de la diffé- 
rence des deux corrections. Or comment déterminer la 
marche du chronomètre pendant le voyage, surtout si 
les variations de la montre employée sont un peu con- 
sidérables? Faut-il alors adopter la marche moyenne 
que la pièce a montrée pendant son séjour à la première 
_ station, ou celle qu’elle a eue à la seconde. Apparem- 
ment ni l’une ni l’autre, il sera plutôt rationnel de sup- 
poser que la marche a varié pendant le trajet propor- 
tionnellement au temps, et par conséquent de prendre 
pour marche de voyage, la moyenne entre la marche 
à la première et celle à la seconde station. 

Dans notre cas ,da marche moyenne pendant les 27 
jours à Genève a été de —0°,31; et celle à Neuchâtel 
pendant les dix jours, jusqu’au 7 octobre, où la pièce a 
été arrêtée, était de +0°,58; on obtiendrait donc la 
marche diurne du chronomètre pendant son voyage, 
* égale +0°,135. Alors les calculs se présenteraient ainsi: 


Correction le 26 septembre, à 18 h. . . —0" 4,7 
Marche pendant 38 heures . . . . . +  0°,2 
Correction le 27 septembre, à 8 heures, 

par rapport au temps de Genève . . —0" 4,5 


Correction le 27 septembre, à 8 heures, 
par rapport au temps de Neuchâtel. . +3" 7°,0 


Différ. en longit., entre Neuchät. et Genève +3" 11,5 
BUL, DE LA SOC, DES SC, NAT. T.V. . 13 


— 182 — 


Ces 3" 11°,5 exprimeraient donc la différence en 
longitude qui existe entre les deux observatoires, et ce 
nombre :s’accorde parfaitement bien avec le résultat . 
qu'on pourrait déduire de la triangulation française. 
Car, d’après les chiffres donnés par la Connaissance des 
Temps, Von a par rapport au méridien de Paris : 


Longitude orientale de Neuchâtel . . . 18"29°,0 

» » » Genève L Li. +1 AMOR 
Différence entre les villes de Neuchâtel et de 

Genève . . . J'9 GE SERIE 


Maintenant la carte d'Osterwald donne pour diffé- 
rence des méridiens du gymnase de Neuchâtel d’une 
part, et du point du Mail, où l'observatoire cantonal 
est construit, de l’autre: 5°,4, qui ajoutées aux 3° 6°,0, 
résultant de la triangulation française, donnent 3" 11°,4 
pour la différence en longitude des deux observatoires, 
c'est-à-dire 0,1 de moins que ce que nous venons 
d'obtenir par notre chronomètre. Bien que ces deux 
résultats s’accordent plus qu'on ne pouvait s’y attendre, 
il ne faut pas y attribuer trop de poids, puisque tous les 
deux proviennent de méthodes qui ne peuvent pas don- 
ner des longitudes dont l’erreur probable ne dépasse 
0°,1. Car, pour revenir à notre chronomètre, si l'on 
examine les marches diurnes , on voit que la montre 
pendant les derniers temps de son séjour à Genève 
a avancé, mais que cette avance atteint son maximum 
entre le 20 et le 21 septembre, à partir de quel jour la 
tendance d'avancer diminue ; le premier jour, à Neu- 
châtel, la marche est nulle et-la montre commence 
alors à retarder. Si par ces considérations on voulait 
adopter pour marche de voyage du chronomètre, la 
marche moyenne entre celle qu’il a montrée le dernier 


— 183 — 


jour à Genève, et l’autre qu’il avait pendant le premier 
jour à Neuchâtel, on obtiendrait —0°,45 au lieu de 
+0°,135, et le résultat de la différence des longitudes 
serait alors 3" 12°,4 au lieu de 3" 11,5 que nous avons 
‘ trouvé plus haut. 
J'adopterai cependant ce dernier nombre, dont j'éva- 
lue l'erreur probable à 1° à peu près. 
Par conséquent, la longitude de l'observatoire canto- 
_ nal de Neuchâtel se trouve déterminée provisoirement 
. à 27" 49,2 par rapport au méridien de Greenwich; 
4184286» >»: » » Paris (*). 
J'attends les opérations télégraphiques que je pense 
exécuter l’année prochaine , pour fixer définitivement 
la longitude de notre observatoire. 


À propos de son dernier voyage en Angleterre, 
M. Hirsch annonce qu'il a proposé à l’astronome royal 
une détermination télégraphique de la différence en 
longitude entre Greenwich et Neuchâtel, et que cette 
proposition a été accueillie favorablement par M. Airy. 
Une source de difficultés et d'erreurs considérables dans 
ce genre d'opérations, provient du grand nombre de 
relais qu’il faut employer pour transmettre un courant 
sur un aussi long parcours à l’aide des appareils Morse. 
Mais 1] paraît qu’un nouvel appareil télégraphique, in- 
venté par M. Hipp, permettra de surmonter cet obstacle 
et de se passer entièrement des piles locales sur un trajet 
même plus considérable encore. Alorson pourraitespérer 


_ = (* Je me sers ici des données du Nautical Almanac, qui donne 
pour longitude de Genève, par rapport au méridien de Paris, 
15m 175,1, c’est-à-dire 1%,1 de plus que la Connaissance des Temps. 


— 184 — 


qu’en reliant directement notre observatoire avec celui 
de Greenwich d’un côté, et avec l'observatoire de Munich 
ou de Vienne de l’autre, on obtiendra une détermination 
télégraphique des longitudes sur la diagonale sud-est de 
l’Europe, comme on la possède déjà pour la diagonale 
nord-est. — La Société en accepte l’augure avec satis- 
faction. 


Séance du 9 Décembre 1859. 


Présidence de M. L. GOULON. 


M. Coulon montre à l'assemblée une hache en pierre 
qu'il a reçue d'Australie, et qui, faite d’une pierre d’ap- 
parence volcanique, rappelle d’une manière frappante 
les haches celtiques qu’on a trouvées récemment chez 
nous. On fait observer à ce propos, que tous les peuples, 
dans leur enfance , ont un âge de la pierre. 


M. le D' Guillaume rappelle qu’il a fait , il y a quel- 
ques années , des recherches sur la sécrétion du sucre 
dans le dabète. W lit quelques observations prélimmaires 
sur la maladie en général et communique le commen- 
cement de son mémoire proprement dit. On examine 
avec intérêt les courbes destinées à représenter d’une 
manière graphique les phases de la maladie, et qui 
montrent combien la nutrition opérée au moyen de 
substances amylacées augmente la sécrétion du sucre. 

M. le D’ Borel dit que le diabète a aussi été observé 
dans nos contrées ; c’est une maladie que les médecins 
“ont quelquefois méconnue : il se rappelle avoir été con- 


— 185 — 


sulté par une personne qui souffrait du diabète depuis 
neuf mois. Jusqu’alors on l’avait nourrie de fécule, 
d’eau de gomme, comme si elle était atteinte d’une af- 
fection chronique. L’urine, claire comme du petit-lait, 
était plus pesante que l’eau et passait à la fermentation 
alcoolique; malgré cela cette personne s’est guérie du 
diabète, mais l’année suivante elle est morte de phthi- 
sie. Un enfant que M. le vice-président a vu à Paris en 
1813, était dévoré d’une soif ardente, comme c’est du 
reste le cas ordinaire dans cette maladie ; il rendait, 
chose étonnante , jusqu’à 30 livres d'urine en 24 heu- 
res. La cataracte se déclare aussi souvent chez les dia- 
bétiques. M. Desor rappelle que l’illustre Arago est 
mort du diabète et aveugle. Chez des chiens nourris de 
sucre par Magendie, on a vu la cornée ss trouble 
et ces animaux périr aveugles. 


M. le Président annonce que la pierre qu'il a fait en- 
lever du jardin du château de Thiellé et qui porte les 
armoiries de Longueville — Neuchâtel, et la date de 
1659, est maintenant déposée à la porte du musée eth- 
nographique. 


M. Desor raconte qu’il a vu un morceau d’un ombre- 
- chevalier qui devait peser au moins huit livres. Le plus 
gros poisson de cette espèce qu'il ait observé jusqu’à 
présent n'en pesait que trois. 


M. Desor rend compte d’un ménoire de M. Mortillet 
sur les terrains qui affleurent le long des chemins de 
fer d'Italie, avec un aperçu sur la structure et la forma- 
tion des lacs. Suivant M. Mortillet, le lac d’Iséo (lac de 


—. 186 — 


moraine), aurait été formé par un barrage produit par 
un ancien glacier, ce qui confirmerait les observations 
faites par M. Martins, qui ävait appelé l'attention sur le 
lac de Guarde où l’on avait remarqué des collines for- 
mées par des moraines. Le même phénomène d’un bar- 
rage glaciaire avait été indiqué en Suisse dans le petit 
lac de Bret, près Vevey. 

Mais M. Mortillet, au lieu de rester is de justes 
limites, est allé trop loin, en généralisant le fait et en 
prétendant que tous les lacs des Alpes ont la même ori- 
gine. M. Desor proteste contre les exagérations d’une 
pareille théorie; il revient à ce propos sur un travail 
dont il a donné communication l’an dernier, dans une 
des séances de la Société d'utilité publique , sur l'or 
gine des lacs de la Suisse. 

Les lacs, dit-il, sont intimement liés à la structure et 
aux accidents du sol qui les encaisse. Dans les Alpes, 
les bouleversements ont été trop considérables pour se 
prêter à cette étude; elle est plus facile dans le Jura; 
c’est donc dans le Jura que nous chercherons nos points 
de comparaisons. De même qu’on distingue trois espè- 
ces de dépressions: les vallons, les combes et les cluses, 
de même on peut distinguer trois espèces de lacs : les 
lacs de vallons , les lacs de combes et les lacs de cluses. 
Il en est d’autres qui sont le résultat de grandes éro- 
sions: c’est le cas des lacs de Neuchâtel, de Zurich et 
de Constance. 

1° Le caractère du vallon, c’est de présenter une dé- 
pression en général assez régulière, les couches s’abais- 
sant plus ou moins rapidement vers le fond de la 
dépression pour remonter de l’autre côté ; dans ce cas- 
là, si le fond du vallon est rempli d’eau , les deux rives 


— 187 — 


ne devront pas présenter une grande différence ; le lac 
sera peu profond et relativement peu pittoresque. 

9° Les cluses sont des déchirures profondes, aux flancs 
abrupts, dans lesquelles les couches ont été violem- 
ment brisées et se correspondent de part et d'autre; 
c'est le cas des gorges du Seyon. Supposons que ces 
dernières se remplissent d’eau, nous aurons un lac. 
présentant un caractère particulier , bien différent du 
précédent. Les rivages seront abrupts et accidentés, 
présentant des saillies et des rentrées, et extrêmement 
pittoresques. Le lac des Brenets nous en fournit un 
exemple. 

3° Les combes, dont le vallon de Fahy est un type, 
présentent d’un côté des couches inclinées, dont on 
n’aperçoit que la surface extérieure, tandis que de 
l’autre, les couches, brisées par un soulèvement , nous 
présentent leur tranche abrupte. Le fond d’une dépres- 
sion pareille remplie d’eau, donnerait un lac d’une pro- 
fondeur moyenne , peu accidenté sur une de ses rives, 
très-abrupt et pittoresque sur l’autre. 

Si maintenant nous passons en revue quelques-uns 
des lacs principaux des Alpes, nous y reconnaissons ai- 
sément ces trois types. Nous avons des lacs étroits 
et profonds, perpendiculaires aux chaînes et aux af- 
_fleurements des couches; ce sont des lacs de coupure 
ou de cluse. C'est le cas ie lacs de Côme, de Lugano, 
du lac Majeur. 

Le lac de Thoune est perpendiculaire à la direction 
des Alpes; il coupe la chaîne du Beatenberg; c’est 
done un lac de cluse. Le lac de Brienz fait un coude 
avec le précédent; il présente d’un côté (côté de la cas- 
cade de Giesshach) des rochers abrupts; de l’autre une 


— 188 — 


rampe assez uniforme bien que raide: c’est un lac de 
combe. Le lac de Wallenstadt est aussi un lac de com- 
be, surtout à son origine du côté de Wallenstadt. 

Le lac des Quatre-Cantons réunit plusieurs types ; il 
est lac de cluse de Fluelen à Brunnen (lac d’'Uri); lac de 
combe de Brunnen à Buochs, et lac d’érosion dans la 

molasse, près de Lucerne. 
= Restent nos lacs de la plaine. Ils diffèrent trop des 
lacs que nous venons d'indiquer pour pouvoir avoir la 
même origine. Îls ne sont point liés au soulèvement des 
montagnes. C’est un autre agent qui a creusé les bassins 
qui les contiennent. Ce ne sont donc pas des lacs oro- 
graphiques, mais bien des lacs d’érosion dans la molasse, 
ou dans les terrains diluviens. 

Les lacs de l’intérieur de la Suisse se rattaché à 
la forme primitive de la montagne ; les lacs de la plaine 
sont d'époque postérieure, des lacs d’érosion ; ceux enfin 
qu'on rencontre sur les sommets des Alpes ( Grimsel, 
Saint-Gothard, etc.) ne sont que des trous remplis d’eau. 
Il n’est pas douteux qu'il n’y ait quelques lacs de mo- 
raine, peut-être le lac d'Iséoenest-ilun; mais plusieurs 
de ces lacs d'Italie ont leur fond bien au-dessous du ni- 
veau de la mer (*); ils ne sont donc pas dus uniquement 
à des phénomènes glaciaires, et lors même qu’on enlè- 
verait les barrages des morames, 1l n’en resterait pas 
moins un lac au même endroit. 


(*) Le fond du lac Majeur est à 2000 pieds au-dessous du niveau 
de la mer, celui du lac de Côme à 1200 pieds, celui du lac d'Iséo 
à.440 pieds, et celui du lac de Guarda à 700 pieds. 


\ 


— 189 — 


Séance du 6 Janvier 1860. 


Ÿ Présidence de M. L. COULON. 
! » 


M. ÆXopp rend compte de l'emploi qui a été fait de 
la somme de fr. 1000 , allouée par l’État à la Société 
pour l'achat et la confection d'instruments destinés aux 
observations météorologiques dans le canton. Les dé- 
penses ont atteint le chiffre de fr. 1088»97. Il demande 
à quelle administration il doit s'adresser pour obtenir le 
remboursement des frais de réparation et d'entretien 
de la colonne météorologique. 

On fait ensuite lecture d’une lettre de Berlin, en- 
voyée à la Société par un comité institué pour perpétuer 
la mémoire de M. de Humboldt. Après avoir rappelé les 
travaux de lillustre savant, et la part qu’il a eue dans 
les progrès des sciences, cette lettre annonce que le 
moyen choisi pour honorer sa mémoire, est de créer, à 
l’aide de souscriptions recueillies dans le monde entier, 
un fonds destiné à l’avancement de la science, en four- 
nissant des subsides aux savants peu aisés, aux voyageurs 
qui tentent des découvertes, et à toutes les entreprises 
qui ont en vue le progrès intellectuel. C’est donc pour 
demander le concours de notre Société dans la réalisa- 
tion de ce projet, que cette circulaire lui est adressée. 

Une discussion s'engage à la suite de cette lecture. 
Quelques personnes demandent que l’état de nos finan- 
ces soit parfaitement établi, avant de prendre l’engage- 
ment de contribuer dans une certaine mesure à une 
entreprise qui a du reste toutes leurs sympathies. D’au- 
tres, prenant en considération les faibles ressources dont 
la Société peut disposer , croient qu'il est préférable de 


! | RER 
— 190 — 
s'adresser à chacun de ses membres en particulier et 
proposent en conséquence de faire circuler une liste de 
souscription. Cette proposition est adoptée et le bureau 
est chargé de l’exécution de ce vote. | 


M. Benguerel lit la relation fort intéressante d’un 
voyage qu’il a fait aux Orcades et aux Shetlands, en 
1858. L'auteur a parcouru ces contrées pendant plu- 
sieurs mois et a séjourné dans les lieux qui présentaient 
de l'intérêt au pot de vue de ses recherches ornitho- 
logiques. Il a donc pu étudier à loisir la physionomie 
du pays, son climat, ses productions, sa flore, sa faune, 
sa structure géologique , les mœurs des habitants, leur 
industrie, leur histoire , etc. | 

Parti d'Angleterre au mois de Juin, il suit d’abord 
les côtes orientales de l'Écosse, s’arrêtant dans tous les 
ports où le steamer fait une halte de quelque durée; 
il décrit ainsi successivement les villes d'Edimbourg , 
d’Aberdeen, de Peterhead, de Cromarty, de Wick; il 
entre ensuite dans le détroit de Pentland, fait le tableau 
de l’Océan dans cette région des courants et des tem- 
pêtes, parvient au milieu des Orcades , atteint l’île de 
Pomona, et s'arrête à Kirkwall, la ville principale de 
cet archipel. M. Benguerel fait un récit animé et pitto- 
resque des scènes nouvelles qui frappent ses regards, 
dans les nombreuses excursions sur mer, le long des 
côtes, ou dans l’intérieur, dont il fait l'exploration le 
fusil à la main. 

Après un séjour de quelques semaines aux Orcades, 
il part pour les Shetlands, et à la suite d’une navigation 
assez difficile, il débarque à Lerwick, dans la grande 
île de Mainland. C’est ici que la nature septentrionale 


Mt 


se présente à lui avec ses caractères si marqués d’ari- 
dité, de dénüment, de silence et de mélancolie ; mais 
c’est aussi dans ce groupe d’îles que la vie animale lui 
offre des scènes si grandioses , que toute description ne 
peut donner une idée approchée de la réalité. Dans une 
excursion au Skeldaness, îlot formé d’un rocher, dont 
un des flancs s’élève verticalement de trois cents à cinq 
cents pieds au-dessus de la mer, 1l vit sur ses parois 
perpendiculaires les nids des oiseaux de mer assemblés 
par millions, de telle manière qu’on ne pouvait pas 
trouver un espace vide sur une étendue d’un tiers de 
lieue. L'air était obscurci par des myriades d'oiseaux 
qui volaient autour des nids, et qui étaient occupés à 
chercher la nourriture de leurs couvées; on ne pouvait 
comparer le nombre et l'aspect de ces animaux qu’à 
celui des flocons d’une épaisse chute de neige. 

Les principales espèces d'oiseaux recueillies par M. 
Benguerel sont : 


Larus marinus. Sterna hirundo. 
fuscus. Procellaria pelagica. 
» argentalus. . Puffinus anglorum. 
» Rissa (tridactvle). | Charadrius pluvialis. 


Ÿ 


» Canus. » hiaticula. 

Pelecanus cristatus. Anas mollissima. | 
» car bo. D»  CŒMX. 

Sula Bassana. Alauda arvensis. 
Uria troile. Anthus campestris. 

». grylle. | Sturnus vulgaris. 
Alca torda. Sazxicola rubetra. 

»  arctica. | Fringilla montana. 


Lestris catarrhactes et Ri-\  »  domestica. 
chardsonit. | 


— 192 — 


: L'absence totale d'arbres et de buissons, et l’aridité 
du sol, qui ne produit que quelques bruyères (erica 
cinerea) et de la tourbe, et, çà et là: pénguicula vul- 
garis, — gnaphalèum droicum, — lotus corniculatus, — 
sazifraga aizoides, — trifolium repens, —plantago ma- 
ritima, — cochlearia officinalis, — aspidium filis mas et 
{æm,—rend la faune des îles très-limitée ; on n’y trouve 
pas de lièvres, mais beaucoup de lapins fort petits ; pas 
de reptiles ni de mollusques, peu de crustacés; la mer 
présente peu de coquillages, mais les poissons sont ex- 
trêmement abondants , surtout les Gadoïdes; malgré 
cela , les espèces qu'il est possible de se procurer, sont 
peu nombreuses à cause des engins employés pour la. 
pêche par les insulaires. Au lieu de filets, qui ramène- 
raient à la surface une foule d'espèces diverses, les pê- 
cheurs font usage de lignes immenses, de plus de qua- 
torze mille pieds de longueur, qu'ils descendent à une 
profondeur de mille à douze cents pieds. Cette ligne est 
garnie de dix en dix pieds de forts hameçons amorcés 
avec un morceau de chair de poisson de la grosseur du 
poing. C’est ainsi que se fait la pêche de la morue, dont 
on retire jusqu'à deux ou trois mille livres d’un seul 
-coup. On voit par là que les échantillons sont loin d’être 
variés; les seules espèces qui viennent apporter quel- 
que distraction à cette récolte monotone sont, de temps 
à autre, un pleuronecte, une raie ou un squale vorace 
qui saisit la morue presque dans les mains du pêcheur. 
Le produit de ces pèches si abondantes est salé et séché 
pour l'exportation; les pauvres insulaires ne gardent 
que les têtes pour leur alimentation de l'hiver. Et à 
propos de la dessication de cette multitude de poissons 
de grande taille, qui s’accomplit à l'air libre, sur la 


— 193 — 


grève, M. Benguerel fait remarquer la rapidité avec la- 
_ quelle se fait cette opération; 1l semble que l'air, dans 
ces parages, jouit de la propriété desséchante à un 
beaucoup plus haut degré que dans d’autres contrées. 
Les squelettes qu’il préparait étaient desséchés en peu 
de jours, tandis qu’en Angleterre il fallait un temps 
beaucoup plus long pour arriver au même résultat. 

M. Benguerel a aussi porté son attention sur la struc- 
ture géologique des îles qu’il a visitées ; les Orcades 
sont uniformément composées de vieux grès rouge, 
_ tandis que les Shetlands sont de formation primitive : 
grauwacke, gneiss et serpentine. 

M. Benguerel donne des détails intéressants sur la vie 
que mènent les habitants de ces iles pendant l'hiver, 
alors que la mer furieuse élève autour d’eux une bar- 
rière souvent infranchissable , et que le soleil, très-bas 
sur l'horizon, leur apporte à peine quelques heures 
d’une pâle lumière. Ils s’occeupent de la fabrication 
d’objets en laine, et particulièrement de chàles qu'ils 
tricotent avec beaucoup d’art et de goût. Cette indus- 
trie leur a été enseignée par le due de Medina-Sidomia, 
l’infortuné commandant de / Znvincible Armada (15838) 
qui, jeté par la tempête dans ces parages, pendant 
l'hiver, ne trouva d'autre remède à l’ennui qui démo- 
ralisait ses soldats, qu’en les occupant à préparer les 
laines des moutons des îles, à la teindre avec des li- 
chens, et à la tricoter pour en faire des vêtements. 

À Lerwick, M. Benguerel eut souvent l’occasion : 
d'observer que les nuits d'été, même par un temps 
couvert, n’ont pas d’obscurité ; une espèce de clair- 
obscur remplace la lumière du soleil, pendant le court 
espace de temps que celui-ci est sous l’horizon, et ses 


— 194 — 


rayons mêmes ne cessent de rougir les nuages au nord. 
Cette longue durée du jour en été et de la nuit en 
hiver, ne laisse pas que d’avoir une grande influence 
sur le genre de vie et les habitudes des peuples qui 
habitent les contrées septentrionales ; ils en viennent à 
ne plus s'inquiéter d’une distribution régulière de la 
journée ; ils se lèvent tard et commencent souvent à 
travailler vers le soir. Il leur arrive souvent de dire 
qu'il fait une belle matinée, et il est en réalité sept ou 
huit heures du soir. Pour eux le vrai jour, c’est l'été; 
la nuit, c’est l'hiver. Cet excès de lumière ou d’obscu- 
rité n’est pas favorable à la santé et cause des insomnies 
et une certaine 1rritation nerveuse dont bien des per- 
sonnes souffrent, particulièrement en hiver, lorsque le 
vent et le froid les retiennent dans une inaction presque 
complète. 

Cette communication terminée, M. Benguerel fait 
voir à la Société quelques antiquités qu'il a rapportées 
de Norvège, et qui ont été recueillies dans des tom- 
beaux. Ces objets sont : un fragment de couteau en fer, 
des morceaux de cuirasse en cuivre ciselé, un fragment 
d’agrafe de ceinturon, des verroteries, probablement 
d’origine phénicienne, une pointe de lance en fer, et 
des pointes de flèches. 


Séance du 20 Janvier 1860. 
Présidence de M, L. Coulon. 


M. le D' Vouga présente des spécimen de jeunes trui- 
tes écloses ou encore contenues dans l’œuf. Il rend 
compte des essais de M. Fréd. Verdan, chez lequel les 


nest ADR 


’ 


éelosions avaient lieu avec peine, les expériences ayant 
été faites dans de mauvaises conditions. 

M. Vouga dispose à Cortaillod d’une source de 9° cen- 
tigrades , et qui donne 160 litres par minute : ces eaux 
sont moins tuffeuses que celles des sources avoisinantes; 
elles se trouvent à 30 pieds au-dessus du niveau de la 
Reuse, et paraissent très-favorables à l’éclosion des œufs 
dont 95 ‘/, ont réussi. | 

Il montre des œufs prêts à éclore, la plupart provien- 
nent des eaux de l’Arnon. Chez nous le commerce des 
œufs se fait sur une grande échelle ; ces derniers sont 
expédiés en quantité à Huningue après la fécondation. 
On a beaucoup de peine à en obtenir. M. Vouga à même 
dû employer les menaces pour s’en procurer 5 à 6000; 
_ mais malheureusement il n’a pu faire ses essais dans 
une maison ou dans un local qui fût à l’abri de la mal- 
veillance et des accidents. 

Dans une des caisses les éclosions ont moins bien réus- 
si, à cause d’une vase très-fine qui a recouvert les œufs 
après quelque mouvement imprimé à la caisse. Ce fait a 
amené la coagulation de l’albumine et, de transparents 
qu'ils étaient, les œufs sont devenus blancs et opaques. 
Ce phénomène, qui est une asphyxie, s'explique par la 
mort du poisson. La condition du succès est une eau 
convenable avec une légère couche de gravier. L’œuf a 
un mouvement , 1l s'élève, est pris par le courant, tour- 
billonne , puis va se poser plus lom; ce mouvement 
est produit par un mouvement du poisson lui-même 
dans l’œuf. ] 

En s'appuyant sur ces faits, M. Vouga pense que l’on 
pourrait obtenir les œufs de poisson au moment de la 
maturité, les placer dans des réservoirs pour attendre 


— 196 — 


la maturité du frai (si on les prend au moment précis , 
on obtient environ 85 ‘/, éclosions) opérer la fécondation 
dans ces réservoirs, et au moment où les petits au- 
raient perdu leurs vessies et où le besoin de nourriture 
extérieure commencerait à se faire sentir, on pourrait 
les remettre dans le lac, où ils réussiraient selon toute 
probabilité. En rendant ainsi au lac quelques centaines 
de mille poissons , on parviendrait à le réempoissonner. 

La Reuse est défavorable au développement des œufs. 
Dans un courant rapide un grand nombre d’entre eux 
échappent à la fécondation, ou bien 1ls sont mangés par 
d’autres poissons. Souvent aussi les eaux baissent rapi- 
dement, les œufs sont mis à sec et périssent. Ils sont 
quelquefois aussi recouverts par une couche de limon; 
en un mot, un très-petit nombre des œufs qui y sont 
déposés, réussit. | 

Il existait anciennement à l’usine de Cortaillod un 
canal dans lequel les poissons remontaient pour y dé- 
poser leurs œufs, après quoi ils redescendaient et ve- 
naient se faire prendre dans un étang à nasses où on les 
retrouvait le matin. Dans un carnet de pêche de l’an 
1733, on voit que, depuis le mois de novembre jusqu’au 
mois de mars, on a pris en cet endroit 6,500 livres de 
truites, 7 ou 8 fois ce qu’on prend actuellement. On les 
vendait alors 10 kreutzer à 3 batz la livre; on les vend 
maintenant à fr. 1550 environ. On prend tout au plus 
1000 truites de 5 livres par an, et environ 2000 dans 
l’'Arnon; il y a donc une diminution considérable à la- 
quelle il serait urgent de porter remède. 

M. Vouga a l'intention de proposer au grand-conseil 
d'accorder une concession de la pèche de la Reuse assez 
longue pour qu’au bout de 7 à 8 ans les poissons éclos 


SPORE D: ri 


puissent revenir se faire prendre. S'il obtenait cette 
concession, M. Vouga s’engagerait à mettre en liberté, 
la première année, 60 à 100, 000 poissons. Il voudrait 
pour cela avoir l'appui de la Société et demande qu'une 
commission soit nommée pour visiter ses appareils et 
constater la vérité de ses assertions. Il a maintenant 
30,000 œufs en incubation. 

Les œufs morts, ajoute M. Vouga, deviennent blanes. 
Parmi eux (il y en a quelques milliers) quatre ont pré- 
senté une couleur rouge, quelques autres une couleur 
violette. Cette coloration tient peut-être à l’existence, 
entre deux des membranes, d’une matière granuleuse 
d’origine végétale. Ce n’est pas une matière colorante. 
L'un des poissons éclos s’est trouvé avoir deux corps et 
deux têtes dont une seule avait deux veux. M. Vouga 
montre au microscope la circulation du sang chez ces 
petits poissons dont les plus grands ont quinze jours 
d'existence. 

M. Desor dit que M. Vogt a fait des propositions pa- 
reilles au gouvernement de Berne, mais en réclamant 
des baux de 30 ans. Il pense que la Société doit donner 
son appui à une œuvre semblable, et appuie la propo- 
sition de nommer une commission ; mais il voudrait 
qu’elle fût composée de délégués de la Société d'utilité 
publique, en même temps que de la Société des sciences 
naturelles. 

M. le Président propose de nommer deux membres de 
la Société qui se joindraient aux délégués de la Société 
d'utilité publique. Cette proposition adoptée, on nomme 
M. le président et M. le prof. Desor auxquels on adjoint 
à l'unanimité M. L. Favre. 


BUL. DE LA SOC, DES SC, NAT. T. V. 14 


LFP 2 


M. Xopp dépose sur le bureau le résumé météoro- 
logique tiré des annales de Boyve, et les tableaux des 
observations faites dans nos diverses stations météoro- 
logiques pendant l’année 1859. Pour la première fois, 
la station de Préfargier, récemment établie, nous envoie 
ses tableaux, dont les chiffres confirment un fait déjà 
prévu par M. Kopp, c’est que la quantité d’eau tombée 
en ce point est plus considérable que celle qui tombe à 
Neuchâtel. Remarquons cependant qu’en été les averses 
sont plus fréquentes dans notre ville , mais en hiver les 
brouillards sont plus intenses à Préfargier, et il y tombe 
une plus grande quantité de neige. 

M. Z. Coulon croit que la station de Chaumont pour- 
ra prochainement être remise en activité. Le fermier qui 
a remplacé M. Buchs, l’ancien observateur , a offert-ses 
services dans ce but. M. Coulon juge cet homme capa- 
ble de remplir cette mission et recommande au comité 
de météorologie d'installer le plus tôt possible les instru- 
ments de cette station importante. 

Quant à celle des Brenets, les observations ne se font 
pas d’une manière régulière ; il faudra prendre des me- 
sures pour remédier à cette lacune. 


M. Xopp annonce qu'un météore d’un éclat extraor- 
dinaire a été vu la nuit dernière, vers quatre heures du 
malin. | 


Le même donne quelques détails sur le limnimètre 
de la Neuveville, dont les travaux du chemin de fer né- 
cessitent le déplacement L’observateur actuel, M. le 
professeur Isely, désire savoir si l’on maintiendra le chif- 
fre admis jusqu'ici pour la hauteur du zéro, d’après les 


; A 


données de M. d’Osterwald , ou si, pour mettre nos ob- 
servations en rapport avec celles qui se font dans le reste 
de la Suisse, on adoptera les mesures obtenues par les 
ingénieurs de la Confédération, c'est-à-dire 436" 91, 
au lieu de 434 70 pour la hauteur du môle au-dessus 
de la mer, M. Kopp pense que l’on doit mformer M. Ise- 
ly de la résolution prise récemment par la Société , de 
conserver les chiffres de M. d’'Osterwald, jusqu'à ce 
qu'une rectification sérieuse et inattaquable en ait dé- 
montré l’inexactitude. 

M. Xnab, ingénieur cantonal, regrette la diversité 
qui existe dans les mesures limnimétriques exécutées 
en Suisse, et dont la cause est due au manque d’unité 
dans les points de départ. Nos confédérés mesurent les 
hauteurs des eaux à partir d’une base dont la hauteur 
au-dessus de la mer dépasse de 2" 21 celle que nous 
admettons sur l'autorité de M. d’Osterwald. De cette 
manière nos observations ne peuvent être utilisées en 
Suisse qu’à la condition de subir une réduction. Ne se- 
rait-il pas plus convenable d'adopter une base com- 
mune, afin de donner aux travaux qui s’accomplissent 
dans la confédération entière l’homogénéité qui leur 
manque. M. Knab n’a point l'intention de suspecter 
l'exactitude des opérations géodésiques de M. d’Oster- 
wald, et il est porté à croire que la différence entre 
ses mesures et celles faites en Suisse provient d’une 
fausse interprétation donnée à l'expression eaux moyen- 
nes, dont s’est servi le géomètre neuchâtelois, et qu'on 
a prise pour l’équivalent de nivbau du môle. 

M. Æopp répond que cette question est traitée en dé- 
tail par M. d'Osterwald lui-même, dans un travail spé- 
cial renfermé dans le premier volume des Mémoires de 


ee 


D de 


la Société , où l’auteur rend compte des opérations par 
lesquelles il a déterminé la hauteur du môle au-dessus 
de l'océan. On pourra se convaincre, en consultant ce 
document, de l'intention bien manifeste qu'avait M. d’Os- 
terwald de désigner le môle, qu'il envisageait comme 
un point stable et fixe , et non point les eaux moyennes. 


M. Hirsch prend part à la discussion par la commu- 
nication suivante : 


Hauteur de l'observatoire de Neuchâtel au-dessus de 
la mer. — Dans une de nos dernières séances, j'ai eu 
l’honneur de vous rendre compte d’une première déter- 
mination de la longitude de notre observatoire. Je me 
permettrai aujourd hui de vous entretenir d’un autre 
élément qui fixe la position de l'observatoire sur le globe, 
sa hauteur au-dessus de la mer. 

Des deux méthodes qui servent à déterminer l’éléva- 
tion d’un point, la méthode barométrique est précieuse 
surtout à cause de la facilité et de la rapidité avec les- 
quelles elle permet d'arriver à une connaissance très- 
approximative de la différence du niveau de deux en- 
droits. Mais elle ne peut pas rivaliser avec l’autre , qui 
se base sur des opérations trigonométriques et des nivel- 
lements, quant à l'exactitude des résultats, surtout si 
l'on ne tient pas compte de la pression des vapeurs qui 
existent dans l'atmosphère au moment des observations 
barométriques. Bessel a montré que cette influence de 
l'humidité de l’air sur les résultats hypsométriques est 
très-considérable ; paï exemple: pour une différence 
de niveau de 1000 mètres et une température moyenne 
des deux stations de 20°, cette influence monterait déjà 
à 9 mètres environ. 

Même si l’on emploie des moyennes barométriques 


L Ÿ Er" ee 
ne" LR | Jr ” SA 
.Ÿ'En 


= 


— 201 — 


d’une longue suite d'années, les différences de hauteur 
qu’on en déduit peuvent encore être sujettes à une in- 
certitude assez forte. Des recherches très-mtéressantes, 
entreprises il y a quelques années à l'observatoire de 
Vienne par M. Pick, ont diminué encore considérable- 
ment la confiance que les savants avaient dans les résul- 
tats hypsométriques obtenus à l’aide du baromètre , et 
servent à constater la supériorité, sous ce rapport, des 
mesures de hauteur , basées sur des observations trigo- 
nométriques. | 

Pour faire un premier pas dans la connaissance de la 
hauteur de notre observatoire , j'ai prié notre collègue, 
M. Guillaume, directeur des travaux publics, de faire 
faire par les géomètres de l'Etat un nivellement à partir 
du lac jusqu’à l'observatoire. Ce nivellement a été exé- 
cuté le 3 Janvier; on est parti du lac dans la cour de 
MM. Maret et Ritter et en suivant la route du Mail, on 
est-arrivé par 34 nivellements partiels à l'observatoire. 
On a trouvé de cette manière que le crampon à gauche 
de la porte de la grille de l’observatoire est à 54" 016 
au-dessus du lac, et comme le limnimètre montrait ce 
Jour que le niveau du lac était à 2° 21 au-dessous du 
môle, on obtient 51" 806 pour la hauteur du crampon 
mentionné au-dessus du môle de Neuchâtel. On a dé- 
terminé ensuite deux autres points, la hauteur du seuil 
de la porte d’entrée et surtout celle du point zéro de 
l'échelle du baromètre, qui se trouve placé dans la salle 
des chronomètres. On a donc: 

Hauteur au-dessus du môle de Neuchâtel : 


Crampon de la grille, 51,806. 
Seuil de la porte d’entrée, 52*,255. 
Plancher de la salle des chronomètres, 52",230. 
Cuvette du baromètre, 53",046. 


> 4 ACANn 


— 202 — 


Pour avoir une idée exacte de la confiance que ces 
résultats méritent, j'ai cherché l’erreur moyenne de la 
cote assignée au baromètre. Si nous supposons, vu les 
circonstances atmosphériques défavorables dans les- 
quelles MM. Mayor et Guinand ont opéré, que l'erreur 
moyenne d’un coup de niveau, y compris à la fois l'er- 
reur du pointé et celle de lecture, monte à 3°", comme 
il y a eu 38 de ces opérations, à partir du lac jusqu’au 
baromètre de l’observatoire, on trouve pour le chiffre 
53",046, obtenu pour l'élévation du baromètre, l’er- 
reur moyenne ou l'erreur à craindre égale à + 18"",48. 
Cette limite s'accorde assez avec la circonstance que les 
ingénieurs du chemin de fer Franco-Suisse ont trouvé 
la hauteur du stand de 4 centimètres différente de celle 
indiquée par les géomètres de l'Etat. 

Ainsi en fixant l'élévation du baromètre de l’obser- 
valoire au-dessus du môle de Neuchâtel à 53",05 + 
0",02, nous sommes dans des limites d’exactitude tout- 
à-fait suffisantes. Je dirais même plus que suffisantes, 
puisque la hauteur du môle lui-même au-dessus de la 
mer comporte encore une incertitude beaucoup plus 
considérable. 

Vous savez, Messieurs, que feu M. d'Osterwald a 
donné en dernier lieu pour cette hauteur 434",70, tan- 
dis que les ingénieurs suisses la trouvent égale à 436",91; 
selon que l’on adopte l’un ou l’autre de ces chiffres, on 
obtiendrait donc pour la hauteur de l’observatoire au- 
dessus de la mer 487,75, ou bien 489°,96. 

L'incertitude de plus de deux mètres pour une hau- 
teur qui est basée sur des opérations trigonométriques 
de premier rang, se rattachant toutes gu grand œuvre 
géodésique de France, est certes trop forte, et c’est non 


— 203 — 


seulement dans l'intérêt de l'observatoire, mais aussi 
parce qu'une foule d’autres questions s’y rattachent, (je 
pense surtout à la grande question de la correction des 
eaux du Jura), que je désirerais voir disparaître cette 
anomalie. Je crois que notre Société est appelée avant 
tout à résoudre cette question d’une manière définitive, 
et comme il y a en jeu, d’un côté, l'autorité certes très- 
respectable d’Osterwald, et de l’autre, des raisons di- 
gnes, sans aucun doute, d’être prises en considération, 
je propose que la Société nomme une commission 
chargée d’examiner la question de la hauteur du môle, 
et de rendre compte à la Société du résultat de ses re- 
cherches. i 

À la suite de cette communication , l'assemblée 
adoptant les conclusions de M. Hirsch , nomme la com- 
mission chargée de cette importante vérification. Elle 
se compose de MM. Knab , Ladame professeur , Kopp 
professeur, Hirsch et Paul Meuron ingénieur. M. Knab 
est chargé de convoquer la commission pour la réunion 
où elle doit se constituer. 


M. Hirsch fait part de la découverte faite par M. Les- 
carbault, d’une nouvelle planète entre Mercure et le 
soleil. L'existence de ce corps céleste avait été révélée 
à M. Le Verrier par les perturbations observées dans les 
mouvements de Mercure. Cette planète n’est pas visible 
à cause de sa proximité du soleil, et ne le deviendra 
que dans certaines éclipses de soleil, et quand elle pas- 
sera sur le disque de cet astre. 


M. le professeur Vouga présente deux bracelets cel- 
tiques qu’il a été chargé d'acheter pour le compte du 


— 204 — 


musée. Îls sont en bronze, et ont été choisis parmi 
quatre exemplaires qui restaient de onze recueillis par 
M. Burky, dans le lac devant Cortaillod. L'un d'eux, 
qui porte des dessins obtenus à la fonte, a été retiré 
de l’eau en compagnie d’une boucle de bronze dans la- 
quelle il était passé. L’autré est orné de dessins gravés. 


M. Desor fait voir plusieurs objets d’antiquités celti- 
ques, recueillis devant Concise et devant Corcelettes. 
Ceux qui proviennent de Concise, sont des bois de cerf 
et de chevreuil, un instrument formé d’une côte et qui 
devait servir, selon toute probabilité, à polir les pote- 
ries et à y graver les dessins qui en faisaient l'ornement. 
Une très-belle lame en silex, et enfin une faucille en 
bronze, mais celle-ci a été trouvée plus avant dans le 
lac que les autres objets. De Corcelettes, un couteau 
d’une forme élégante, avec le bouton de poignée; une 
longue épingle à cheveux ; plusieurs anneaux ; un petit 
objet très-mince en forme de fer de hache, percé d’un 
trou à l’angle opposé au tranchant et dont la surface 
entière est couverte de dessins. Tout fait supposer que 
cet objet était une amulette. Ces objets sont en bronze. 


M. Coulon dépose sur le bureau plusieurs potes de 
flèches en os, trouvées devant Concise, par M, Maurice 
DuPasquier, étudiant. Deux d’entre elles, taillées avec 
beaucoup de soin, ont une forme très-remarquable et 
très-rare. 


— 205 — 


Séance du 3 Février 1860. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Guillaume, docteur, lit la fin de son mémoire sur 
la sécrétion du sucre dans le diabète. 


La commission nommée pour examiner l’établisse- 
ment de pisciculture de M. le D' Vouga, rend compte, 
par l'organe de M. L. Coulon, de la course qu’elle a faite 
à Cortallod. Tout est très-bien ordonné ; sur la pente 
d’une colline, de laquelle sort un ruisseau, sont étagées 
des caisses où viennent se réunir les jeunes truites. Un 
grand nombre d’autres poissons de même espèce habi- 
tent un ruisseau de moindre pente et s’y cachent sous 
les pierres et les feuilles où 1l est difficile de les aperce- 
voir. M. Vouga compte faire construire des bassins et 
des étangs pour y placer les poissons à leurs différents 
degrés de développement. M. Desor déclare avoir été 
aussi très-satisfait. Les poissons lui paraissent très-bien 
portants et vigoureux. La Société, pense-t-1l, ne peut 
que prèter son concours à ces expériences. 


M. le Président annonce qu'il a reçu cette semaine 
des mouettes tridactyles (Larus tridactylus), tuées pen- 
dant un grand vent. Ce sont, à sa connaissance, les 
premiers oiseaux de cette espèce qui aient paru sur 
notre lac. D’autres exemplaires, tués il y a quelques 
années sur la Thièle, ont été envoyés à la Chaux-de- 
Fonds. — Ces oiseaux n’ont qu’un rudiment de pouce ; 
ils sont plus petits et plus bas sur jambes que les mouet- 
tes ordinaires. Les vieilles ont le bec jaune avec un peu 


— 206 — 


de rouge à la base ; les jeunes l’ont noir. L’une d’entre 
elles avait dans le jabot trois jeunes perches; ces der- 
nières sont souvent, en cette saison, jetées en grande 
quantité par les vagues sur les pierres du rivage et là 
deviennent la proie des oiseaux. 


M. Gressly fait voir à la Société deux très-beaux re- 
liefs géologiques exécutés par lui-même, l’un du canton 
de Bâle sur la même échelle que la carte de Kündig, et 
l’autre de plus grande dimension pour servir à l’étude 
plus détaillée de la chaîne du Jura bâlois. L’échelle est 
quadruple de celle de la carte de Buchwalder. 

M. Desor fait remarquer que tous les cirques , en fer 
à cheval, ont leur concavité tournée du côté de l’est, 
comme c’est le cas dans le Creux du Vent en particulier. 
À quoi tient ce fait que la concavité soit toujours tournée 
du même côté? Ce phénomène n’a pas encore été expli- 
qué. Il dit en outre que les cluses lui paraissent contre- 
dire la théorie qui veut que le Jura ait été soulevé d’une 
manière lente ; ces brisures portent tout le caractère 
de déchirures faites violemment , et non point celui 
d’une action lente et progressive. 


M. Desor rend compte d’une découverte des plus in- 
téressantes faite 11 y a 15 ans environ à Amiens, par 
M. Boucher de Perthes. Ce savant, qui a publié un 
ouvrage en 2 volumes sur des objets antiques trouvés 
dans des tombeaux , a consacré un chapitre aux antiqui- 
tés antédiluviennes. M. Desor a parcouru cet ouvrage , 
mais voyant que l’auteur paraissait doué d’une imagi- 
nation assez ardente, 1l n'avait osé tirer aucune con- 
clusion. Dès-lors, M. Priestwich, homme froid, sans 


— 207 — 


théories et qui connaît fort bien les formations récentes, 
s’est rendu à Amiens ; 1l y a trouvé les instruments indi- 
qués par M. Boucher. Il à publié un rapport dans lequel 
il a représenté deux haches de #4 à 10 pouces de long, 
qui, suivant lui, portent le cachet incontestable de l’in- 
dustrie humaine. Dans l'endroit en question, on trouve 
un amas d'argile sableuse avec des fragments de silex 
formant une couche de 2 à 12 pieds d'épaisseur. Au-des- 
sous on rencontre une couche d'argile légèrement colo- 
rée et contenant des mollusques terrestres, (Pupa, He- 
hix, Clausilia, ete.), analogues aux espèces actuellement 
vivantes, et en outre des hiaches en silex. Cette couche 
a une épaisseur de 8 à 25 pieds. Plus bas est une couche 
de sable blanc (sable aigre) de t à 2 pieds, puis une 
couche de gravier siliceux de 2 à 6 pieds, avec des co- 
quilles lacustres et d’eau douce, appartenant aux genres 
Bithinia, Planorbis, et mèlées à des espèces marines 
(Tellina sohdula, Purpura lapillus, Buccinum unda- 
tum, Littorella rudis, etc.) On y trouve en outre de 
nombreux débris de mammifères et des haches. Plus 
bas encore existe une marne faiblement colorée, avec 
des Helix, Succinea, Pupa, ete. C’est dans la couche 
de sable gras et dans celle de sable aigre que se présen- 
tent surtout les haches. 

L'auteur s’abstenant de toute considération théori- 
que , arrive aux conclusions suivantes : 


1° Les ustensiles en silex sont évidemment Hs 
de l’homme. 


2° Ils se trouvent dans des couches non remaniées. 


3° Ils sont associés à des débris de mammifères 
éteints. 


— 208 — 


4° Ils appartiennent à une époque antérieure à celle 
du contour actuel des terres, en tant qu’on ne considère 
pas les grands traits. ; 


M. Gaudry, beau-frère de M. d Orbigny, vient de 
publier un mémoire sur la contemporanéité de l'espèce 
humaine et de certains mammifères qu’on croyait 
éteints lors de l’arrivée de l’homme sur la terre. Les 
conclusions de ce travail sont les suivantes : 


1° Les premiers hommes ont été contemporains de 
l'Elephas primigenius, Rhinoceros tichorhinus, ete. 


2° Le terrain nommé diluvien s'est déposé après l ae 
parilion de l’homme. 


Un troisième mémoire de M. Pictet donne l'histori ide 
de la découverte et établit de même que l’homme a dû 
être témoin de la cause qui a déposé les graviers à ha- 
ches de silex. On n’a pu trouver trace d’ossements hu- 
mains ; mais les haches sont abondantes et aucun géolo- 
gue n’a hésité à y reconnaître l’œuvre de l’homme. Les 
graviers à haches seraient contemporains de l’époque 
postpliocène d'Angleterre et analogue aux terrains di- 
luviens. 


Les ossements de mammifères fossiles trouvés en 
même temps que les haches, appartiennent aux ani- 
maux suivants : 


Elephasprimigenius(Mam-| Cervus tarandus, priscus. 


mouth). Ursus spelœus. 
Bhanoceros tichorinus. Hyæna. 
Hippopotamus. Fels. 
Bos Urus et Bison. Equus adamaticus, etc. 


Cervus somonensis. 


— 209 — 


On s’est souvenu depuis, que de pareils faits avaient 
été constatés en Angleterre depuis plus d’un demi- 
siècle, mais qu’on les avait passés sous silence , tant 
on était persuadé du contraire de ce qu'ils faisaient 
préjuger. 

M. Guillaume, conseiller d’état, pense que l’on doit 
être très-circonspect dans l'explication de faits sem- 
blables. Comment ne trouve-t-on point d’ossements 
humains dans ces couches? Les ossements humains 
sont-ils peut-être de telle nature qu'ils ne puissent se 
fossiliser ? 


M. Desor raconte qu'en Amérique on a découvert 
dans d'anciens tombeaux des pipes représentant des 
animaux de plusieurs espèces grossièrement sculptés. 
Parmi ces représentations on reconnait facilement le cas- 
tor, le bison, V'aigle, Yalligator, le lépidostée, animal ca-. 
ractéristique de ces contrées, le /ynx, le cougouar, etc.; 
mais jamais on n’a vu aucune image représentant le 
mastodonte ou aucun animal antédiluvien. 


M. le D' Guillaume rappelle les crânes trouvés en 
Belgique , et qui ressemblaient à ceux des races du 
sud de l'Afrique, et M. Gressly un anneau en lignite 
dans le diluvium , d’après Contejéan et Flammont. 


M. le professeur Xopp fait un rapport sur l'analyse 
qu'il a faite des eaux des Ponts. Ces eaux contiennent 
du soufre en quantité suffisante pour qu’on puisse la re- 
commander pour des bains. La température de l’eau est 
de 9° 5; chauffée à 26°, il y reste encore assez de sou- 
fre pour des bains chauds. La source elle-même est assez 
abondante. 


— 210 — 


Un litre de cette eau contient : 


Sulfate de chaux. . . SO°,Ca0 gram. 0,0911 
Sulfure calcique. . . S.Ca »  0,0098 
Chlorure caleique . . Cl.Ca »  0,0050 
Phosphate caleique . . Ph0°.2Ca0  »  0,0044% 
Hyposulfite calcique  .  S°0*.Ca0 »  0,0014 


Bicarbonate de chaux . 2 CO*.Ca0 »  0,2150 
Bicarbonate de magnésie 2 CO*.MgO »  0,1263 


Bicarbonate ferreux.  . 2 CO*.Fe0 »  0,0040 
AE A LOU GTS SAT ONT : »  0,0010 
De. D. à À à » 10:0927 
Matières or ganiques HR 0 CERIREDSES 

; | »  0,5000 
Hydrogène sulfuré libre  . . . . . . 0,0060 


ou 4 centimètres cubes, 
qui se renouvellent toujours par la décomposition des 
sulfures. 


M. le D' Cornaz dit quelques mots sur l'analyse des 
eaux de la Brévine, faite en 1827, par M. Pagenstecher. 


Douze onces d’eau de la Brévine contiennent: 


Gaz acide carbonique . . 1,85 pouc. cubes de Paris. 
DrraADte RE NC USE » 
Carbonate de Chatte RESTE AUTRE 
» de magnésie. . 0,15 » 


» de fer oxydulé . 0,41  » 
Extractif combiné à la chaux 0,25  » 

Ainsi, cette eau est remarquable d’un côté par la 
quantité assez notable de fer qu’elle contient, et de 
l’autre côté par le manque absolu de toute espèce de 
sels autres que des carbonates. 


— 211 — 


Nous sommes pauvres en eaux minérales, et elles 
sont mal connues. Les ouvrages balnéologiques con- 
tiennent plusieurs erreurs à leur égard; c’est ainsi qu'on 
cite à Fleurier une source minérale qui se trouve en 
réalité à Buttes, et à Engollon une source qui est à Fon- 
taine. C’est une question intéressante, dont la Société 
devrait s'occuper. — M. ÆXopp appuie cette demande ; 
il cite un fait, où, faute d’avoir employé l’analyse chi- 
mique on croyait purgative une eau remarquable au 
contraire , parce qu’elle ne contenait pas de sels en dis- 
solution. 

Sur la proposition de M. Cornaz, une commission est 
nommée pour étudier les eaux minérales de notre can- 
ton, et en faire l'analyse et la statistique, afin d'arriver 
à une connaissance complète de cette question. La com- 
mission se compose de MM. L' Coulon, Desor, Cornaz 
et Kopp. 


M. Guillaume, conseiller d'état, annonce que tous les 
documents relatifs à la question du niveau du môle ont 
- été pris dans les archives de l’état et remis à M. Hirsch, 
rapporteur de la commission nommée pour s'occuper 
de cette affaire. Il espère que le dépouillement de tous 
ces matériaux , tant imprimés que manuscrits, nous 
donnera la clef de la différence qui existe entre les 
chiffres de M. d’Osterwald et ceux des ingénieurs suis- 
ses. Il croit que ces derniers n’ont admis ni la première 
hauteur du Chasseral, calculée par les ingénieurs fran- 
çais, ni la seconde qui est survenue après une recti- 
fication, et qui a donné lieu aux changements que 
M. d’Osterwald a opérés dans les nombres qu’il avait 
primitivement publiés. Les ingénieurs suisses ont pris 


— 212 — 


probablement pour point de départ de leurs travaux une 
moyenne entre les deux hauteurs de Chasseral. M. Guil- 
laume ajoute que parmi les papiers dont il vient de par- 
ler, se trouve en tête d’un tableau des hauteurs des 
divers points du canton, une préface de la main de 
M. d’Osterwald , qui lui a paru si intéressante, qu'il en 
demande l'impression dans nos bulletins. (Voir Appen- 
daces). 

M. le D' Hirsch fait remarquer que cette explication 
ne rend pas compte exactement de la différence qui 
existe entre le chiffre des ingénieurs suisses et celui de 
M. d'Osterwald pour la hauteur du môle. C’est pour- 
quoi il se propose de profiter d’un voyage à Berne, 
qu'il fera prochainement, pour demander des explica- 
tions sur les opérations qui ont conduit les i ingénieurs 
suisses aux chiffres admis par eux. 

M. Guillaume demande que M. Otz, notaire à Cor- 
taillod , soit nommé membre de la commission chargée 
de vérifier la mesure de la hauteur du môle ; il serait 
fort utile, non seulement par ses connaissances scien- 
üfiques, mais par les renseignements qu’il pourrait don- 
ner sur les opérations de M. d’Osterwald, avec lequel 
il à travaillé pendant plusieurs années. Cette proposi- 
tion est adoptée. 


MM. Desor et Hirsch donnent quelques détails sur le 
météore lumineux du 20 Janvier, à 4 heures du matin. 
[ était produit par un globe de feu d’un immense éclat, 
qui à été vu sur un vaste espace et qui a effrayé un 
grand nombre de personnes. 


M. Hirsch dépose sur le bureau une deuxième bro- 
chure de M. Wolf, de Zurich, sur les taches du soleil. 


RE 7 


— 213 — 


On prie M. Hirsch de présenter une analyse de ce mé- 


moire dans une des prochaines séances. La première 


brochure du même auteur, sur ce sujet, a été analysée 
par M. Kopp. 


M. Hirsch fait voir à la Société une montre japonaise, 
qu'il tient de Fobligeance de M. Aimé Humbert, prési- 
dent de l'Union horlogère. Elle a été envoyée par M. le 
D' Lindau, agent de cette compagnie, chargé d'ouvrir 
des relations commerciales avec le Japon. Ce petit ap- 
pareil se compose d’une boîte de cuivre, à charnière 
parfaitement travaillée, et s’ouvrant d’une manière à 
présenter deux parties égales, offrant chacune un 
cadran, dont lun porte un gnomon, et l’autre une 
boussole. Ces cadrans, fort bien exécutés-et divisés, 
lui paraissent formés d’un alliage de zinc et d’argent. 
Celui du gnomon est simplement divisé en 12 parties 
égales, mais celui de la boussole porte 12 divisions 
correspondantes aux heures, et celles-ci sont par- 
tagées en 10 parties. Pour se servir de cet instru- 
ment, il faut l’orienter à l’aide de la boussole ; alors 
l'ombre du gnomon tombe sur le chiffre qui marque 
l'heure. On obtient le mème résultat, mais avec une 
approximation plus grande, en disposant l'appareil de 
manière à faire tomber l'ombre du gnomon sur midi. 
Dans cette position, c’est l'aiguille de la boussole qui 
marque l'heure, et comme sur ce cadran l'heure est di- 
visée en 10 parties, on connait le temps à six minutes 
près. | 

M. Hirsch fait remarquer la bienfacture de cet ins- 
trument, qui n’a pas plus de 3 centimètres de largeur 


! BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. V. 15 


— 214 — 


lorsqu'il est fermé, et qui peut être porté comme une 
breloque, grâce à une boucle mobile qui surmonte le 
couvercle. Mais les services qu’il peut rendre sont fort 
limités, puisqu'il exige le concours du soleil. Les Japo- 
nais doivent être mal renseignés sur la marche du temps 
pendant la nuit et dans les jours nébuleux. 

M. Xopp fait remarquer qu’on voit fréquemment en 
= France, dans les mains des enfants, un appareil tout- 
à-fait semblable, quoique d’une exécution plus gros- 
sière. Il est assez bizarre de retrouver au Japon un objet 
assez populaire en France. On fait observer que les 
missionnaires jésuites, qui ont séjourné assez longtemps 
au Japon, ont pu y introduire cette forme de cadran 
solaire. M. Hirsch ne peut pas admettre cette explica- 
tion, car la boussole nous vient des Chinois, qui la con- 
naissaient quatre siècles avant l’ère chrétienne. 

M. Hirsch espère que cet objet ne sera pas le seul 
que nous aurons du Japon; si M. Lindau obtient la per- 
mission de voyager dans l’intérieur du pays, nous pour- 
rons nous procurer des renseignements fort intéressants 
sur tout ce qui concerne cette contrée si peu connue, 
et très-particulièrement sur l’état des sciences exactes 
qui y sont cultivées. 


M. Desor exprime le désir que M. Lindau püût aussi 
nous faire parvenir des échantillons d'animaux pour nos 
collections zoologiques. Il propose que la Société en 
fasse la demande à ce voyageur, par l'intermédiaire de 
M. Aimé Humbert, et que notre lettre soit accompagnée 
d’un diplôme de membre correspondant. Nous nous at- 
tacherions ainsi un homme instruit qui se trouve dans 
les circonstances les plus favorables pour recueillir des 


} 


— 215 — 


faits nouveaux dans toutes les directions possibles, et 
qui nous ferait part de ses découvertes. Mais pour que 
M. Lindau sache sur quel point il doit porter son atten- 
tion et pour ne rien laisser au hasard, M. Desor pense 
qu'il serait convenable de charger les membres de la 
Société, qui peuvent s’en occuper, de dresser des ta- 
bleaux des objets que nous recommandons tout par- 
ticulièrement à sa sollicitude. Ce serait le moyen de 
guider ses investigations et de nous procurer des cho- 
ses d’une importance reconnue. 


Cette proposition est adoptée. 


Séance du 17 Février 1860. F 
Présidence de M. L. COULON. 


M. le D° Guillaume présente à la Société trois per- 
sonnes auxquelles il a fait, il y a trois ans, l’opération 
du sérabisme, d'après la méthode de Græfe. La pre- 
mière personne est une jeune fille qui travaille actuel- 
lement à l'horlogerie et qui ne voyait un objet qu'avec 
lun des deux yeux , l’autre restant inutile. Elle a pu 
reprendre son travail huit jours après l'opération. — 
La seconde est un jeune homme, opéré en 1857; 1l 
louchait de l'œil gauche. — La troisième , un Jeune 
homme, que M. Kopp se rappelle avoir vu loucher ex- 
trêmement de l'œil droit. L'opération a réussi d’une 
manière éclatante ; les mouvements des deux yeux sont 
maintenant parfaitement parallèles. Ces faits prouvent 
que Île résultat de l'opération est durable. 


— 216 — : 


M. Vouga annonce que M. Schwab, de Nidau, a reçu 
d’Abbeville deux spécimens de haches provenant des 
couches dont a parlé M. Desor, dans son rendu-compte 
(voy. procès-verbal de la séance précédente), et que 
M. Otz, qui les a vues, a de la pee à se persuader 
qu’elles portent le cachet de l’industrie humaine. M. De- 
sor répond que les beaux échantillons ne sont pas fré- 
quents et qu'il ne croit pas qu'il faille se former une 
opinion d’après des exemplaires qui ne doivent pas 
compter parmi les plus remarquables. 

M. le D' Lindau est nommé membre correspondant 
de la Société. 

À la suite de cette nomination, M. le D' Hirsch de- 
mande que le diplôme que l’on destine à M. Lindau soit 
expédié le plus promptement possible et adressé à M. 
Aimé Humbert. Le comptoir de l’Union horlogère pré- 
pare un envoi à destination du Japon , pour le 15 Mars 
prochain; il est à désirer que le bureau profite de cette 
occasion pour faire tenir à M. Lindau tous les documents 
que notre Société jugera convenable de Jui transmettre, 
Si nous voulons obtenir de notre correspondant des 
renseignements utiles, nous devons faciliter sa tâche en 
lui posant des questions bien déterminées sur tous les 
points qui peuvent nous paraître mtéressants. M. Hirsch 
s’est déjà occupé de la rédaction d’un recueil de ques- 
üons relatives aux mathématiques et à l’astronomie; il 
en fait lecture , et prie instamment les membres de la 
Société qui s'occupent de sciences physiques ou natu- 
relles, de préparer leurs questions pour la prochaine 
séance du 2 Mars. 


| 


" 
L2 


— 217 — 


M. Guillaume, conseiller d'Etat, fait remarquer qu'il 


serait convenable de prendre connaissance des récits 


de voyages au Japon, entre autres de l'ouvrage de Sie- 
bold , afin de ne pas multiplier les questions et de ne 
prendre des informations que sur les points obscurs ou 
inconnus. 


M. le doct. Guëllaume fait voir une arquebuse à mè- 
che qui lui paraît provenir de la bataille de Grandson. 
Cette arme est d’une grande magnificence ; le bois est 
couvert d’incrustations en ivoire sur toute son étendue; 
sur ces incrustations sont gravées avec beaucoup d’art 
une foule de compositions dont plusieurs se rapportent 
à l’histoire de Guillaume Tell. Cette arquebuse pèse 
17 livres; le canon est à huit pans et rayé à l’intérieur. 
M. Guillaume exprime le désir que cet objet précieux, 
qui appartient à un particulier de Neuchâtel, soit ac- 
quis, pendant qu’il en est encore temps, par le Musée 
pour enrichir notre collection ethnographique, car il 
est à craindre que cette arme ne soit prochainement 
achetée par des étrangers. — Quelques personnes élè- 
vent des doutes sur l’âge que M. Guillaume attribue à. 
celte arme, et la croient postérieure à la bataille de 
Grandson. 


M. Xopp fait l'exposé de la question de l'ozone, et 
répète toutes les expériences sur lesquelles reposent 
les théories remarquables de M. Schænbein. 


_— 218 — 


Séance du ? Mars 1860. 


Présidence de M. L. COULON., 


M. Kopp demande conseil à la Société sur le pot 
suivant: il s’agit de l’hémicycle construit près de l’ancien 
môle et- dans lequel on veut placer une table destinée 
à indiquer la position des montagnes et des villages 
situés de l’autre côté du lac. Faut-il élever le sol au 
niveau de la battue, ou laisser un creux dans lequel 
on descendra au moyen de deux ou trois marches? Si 
on élève le sol, on n’aura plus de lac pour horizon, ou 
bien il faudrait abaisser la table, de manière à rendre la 
position de l’observateur très-incommode. La Société 
passant sur le désavantage de perdre le lac pour hori- 
zon, eu égard à d’autres inconvéniens plus graves, pense 
qu'il vaut mieux élever le sol. — M. Kopp continue 
l'exposé des découvertes de M. Schœnbein. 


Séance du 16 Mars 1860. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. le professeur Desor annonce qu'il a trouvé däns 
la forêt de Combe-Varin un tronc de sapin blanc coupé 
à deux pieds du sol, d’un diamètre moyen de 1" 42; 
on y comptait 255 anneaux d’aceroissement. Cetarbre 
devait donc être âgé de 255 ans. Les derniers 85 an- 
neaux ne mesuraient ensemble que deux ou trois milh- 
mètres, tandis que les anneaux placés entre le centième 
et le cent quatre-vingtième, avaient jusqu'à un centi- 
mètre d'épaisseur chacun. A partir de la cent quatre- 
vingtième année, l'arbre a donc cru très-lentement. Le 


— 219 — 


maximum de croissance a eu lieu vers 160 ans. M. L. 
Coulon dit que le fait se rapporte à ce qui a été observé 
à la Joux, où l’on a également remarqué que ce n’était 
qu’à l’âge de 100 ans que les arbres commençaient à 
prendre un accroissement considérable. 


M. Xopp termine sa communication sur l'ozone. (Voir 
 Appendices.) 


Séance du 13 Ari 1860. 
Présidence de M. L. COULON. 


M. le D' Hrrsch communique à la Société la décou- 
verte de la cinquante-huitième planète du groupe entre 
Mars et Jupiter, faite le 24 mars par M. Luther, de 
Bulk. La planète, qui était de onzième grandeur lors de 
sa découverte, a reçu le nom de Concordia, par M. le 
professeur Bruhns, de Leipzig. 

… D'un autre côté, M. Liais, ancien astronome de l'ob- 
servatoire de Paris, actuellement directeur de la trian- 
gulation des côtes du Brésil, a découvert, le 26 février, 
à Olinda, au Brésil , une comète double. Malheureu- 
sement, cet astre si intéressant a été découvert dans les 
- derniers Jours de la période pendant laquelle il était 
visible, et 1l est peu probable que d’autres observations 
viennent s'ajouter à ceiles de M. Liais, qui l’a pu suivre 
jusqu’au 3 mars seulement, où la lumière de la lune 
est venue l’étemdre. Car selon l'orbite que M. le D° 
Pape a calculé d’après ces observations, la comète a déjà 
passé son périhélie le 16 février, et son intensité a dû 
diminuer très-vite après sa découverte, tandis que 


— 220 — 


deux mois auparavant elle a été visible dans notre hé- 
misphère avec le même éclat qu'au 26 février, éclat 
que M. Liais compare à celui d’une étoile de neuvième 
grandeur, quant au point lumineux qui se trouvait à 
l'extrémité de la plus grande nébulosité.—Il faut done 
probablement renoncer à l'espoir de pouvoir étudier 
davantage cette comète intéressante. 


M. le professeur Xopp fait part d’une demande adres- 
sée par le secrétaire de la Société météorologique de 
France, en vue d'obtenir des mformations sur l’époque 
depuis laquelle on fait, dans notre canton, des observa- 
tions de météorologie. Ce sont nos derniers bulletins, 
où il est fait mention d'observations anciennes exécutées 
en 1812 dans diverses parties du pays, qui ont engagé 
M. Renou à s’enquérir de la date précise où on a com- 
mencé à s'occuper de cette branche de recherches. 
M. Ladame est prié de fournir les renseignements né- 
cessaires pour répondre aux divers points de cette lettre. 


M. Coulon annonce qu’on lui a apporté ces derniers 
jours, de la forêt située au pied de Chaumont , un œuf 
de bécasse; 1l manifeste sa surprise de voir cet oiseau 
nicher malgré la rigueur inaccoutumée de la saison. 


M. Xopp a remarqué un mouvement de baisse bien 
- marqué dans les eaux du lac ; il en conclut que la neige 
est fondue sur nos montagnes. M. Coulon répond qu'il 
y à encore sur le sommet de Chaumont environ deux 
pieds de neige, et que probablement la fonte ne cessera 
pas avant la fin d'avril; bien loin de voir les eaux du lac 
s'abaisser maintenant, on doit s'attendre à une hausse 


— 22€ — 


qui ne s'arrêtera que lorsque les neiges auront totale- 
ment disparu. 


M. Ladame rend compte de quelques-unes des expé- 
riences qu'a faites M. Niepce sur l’action exercée par 
la Jumière sur certains corps, tels que le nitrate d’ar- 
gent et le chlorure sodique, qui, après leur msolation, 
donnent lieu à du chlorure d'argent qui noircit dans 
l'obscurité. Le chlore et l’argent subissent donc ici une 
altération qui pourrait bien avoir quelque analogie avec 
l’ozonification de l'oxygène par l'étincelle électrique, et, 
en général , avec les divers états d’activité de l'oxygène 
SP par les intéressantes expériences de M. Schæn- 
bein, que M. Kopp a répétées dans la dernière séance. 


M. le D' Hirsch fait part des résultats obtenus dans la- 
détermination de la différence de longitude entre les ob- 
servatoires de Berne et de Neuchâtel, qu’il a entreprise, 
il y a peu de jours, à l’aide de quelques chronomètres 
fabriqués dans nos Montagnes. (Voir Appendices.) 

Trois de ces appareils, dont la marche est fort satis- 
faisante, lui ont fourni pour la différence entre l'heure 
de Berne et celle de Neuchâtel une moyenne de 1 min. 
99 97. 

La longitude de Berne, d’après les ingénieurs suis- 


ses, étant Fran Li nd do des rt et D) AA 
Celle de l'observatoire 4 Neuchâtel est 
nee dun to oi ms, 18%:20845 


Dans des opérations analogues faites 
il y a quelques mois, entre Nenchâtel et 
Genève, M. Hirsch avait trouvé . . . 18" 28°60 


La différence entre les deux opérations 
LE C CRE MO Re 


— 222 — 


M. Hirsch lit la notice suivante, dans laquelle il rend 
compte du dernier mémoire publié par M. Wolf, de 
Zurich, sur les taches du soleil, les périodes observées 
dans l'apparition de ces taches, et le rapport très-cu- 
rieux que l’on a découvert entre ces périodes et les va- 
riations connues depuis longtemps dans la déclinaison 
de l'aiguille aimantée. 

Lorsque , 1] y a quelques semaines, j'ai mis sous les 
yeux de la Société la continuation de l'ouvrage sur les 
taches du soleil par mon savant collègue, M. Wolf, de 
Zurich, lon à exprimé le désir d'entendre un résumé 
de cette intéressante publication. C’est pourquoi je me 
permettrait de vous donner aujourd’hui un compte-ren- 
du suceinct de cette monographie, qui gagne chaque 
jour en intérêt. 

M. Wolf a réuni maintenant en un seul ouvrage les 
dix premières communications qu'il avait publiées sur 
les taches solaires, pour la plupart dans les mémoires 
de la Société zuricoise des sciences naturelles, en y 
ajoutant une préface et en y réimprimant son mémoire 
bien connu de 1852. 

Vous savez que ce dernier contient la première dé- 
termination exacte de la durée de la période des taches 
solaires, que M. Wolf fixa alors à 11 ans 111 + 0,038; 
après avoir fait remarquer quelques analogies entre les 
phénomènes des étoiles variables et celui des taches so- 
lares, M. Wolf s'étendit surtout sur le rapport fort cu- 
rieux qu'il avait découvert presque en même temps 
avec Sabine et Gautier, entre Les périodes des taches 
solaires et les variations connues depuis longtemps dans 
la déclinaison de l'aiguille aimantée. M. Wolf démontra 
non seulement que les deux périodes ont une durée 


— 223 — 

égale, mais aussi que le temps des marima et des 
minima coïncide à peu près dans les deux phénomènes, 
et même qu'ils se ressemblent sous ce rapport, que la 
phase ascendante de la période est considérablement 
plus courte que la phase descendante. 

Dans les différentes communications qui forment 
pour ainsi dire la suite de ce premier mémoire , M. Wolf 
s’est efforcé avec une grande perspicacité et une rare 
érudition, de prouver autant que possible ces décou- 
vertes et d'acquérir à la science, comme fait indubi- 
table, cette relation étrange entre le magnétisme ter- 
restre et les révolutions qui s ir dans la photo-, 
sphère du soleil. 

Dans sa IX° communication (vous diitiiises déjà les 
autres), M. Wolf justifie d’abord sa période moyenne 
de 11 “/; ans, par les observations qu'il a pu recueillir, 
à partir de 1610 jusqu’en 1856. I fait remarquer que 
les périodes différentes s’éloignent considérablement de 
leur durée moyenne, l'incertitude moyenne étant pour 
les minima — 1,575, pour les maxima — 1°",870. 

Un résultat très-intéressant, bien que négatif, de 
cette longue série d'observations, c’est que l'abondance 
ou la rareté des taches solaires paraît être sans mfluen- 
ce sensible sur la température terrestre. 

En revanche, M. Wolf constate de nouveau et d’une 
manière plus concluante le rapport intime entre les 
taches du soleil et les variations de l'aiguille atmantée. 
Il prouve par une lettre du célèbre physicien, M. Han- 
steen, que cette période existe non seulement pour la 
déclinaison, mais aussi pour les deux autres éléments 
magnétiques, l’inclinaison et l'intensité. 


— 224 — 


Permettez, messieurs, que j'ajoute ici une observa- 
tion fort curieuse, qui a été faite l'automne dernier, 
par M. Carrington, en Angleterre. Cet astronome était 
occupé de ses observations journalières sur la position 
et la forme des taches solaires, lorsqu'il vit, le 1° sep- 
tembre 1859, une lumière blanche et beaucoup plus 
intense que la surface du soleil surgir tout-à-coup au 
milieu d’une grande tache, qui, depuis plusieurs jours, 
attrait l’attention des observateurs. Le phénomène 
dura plus de cinq minutes et, après son extinction, la 
tache parut n'avoir subi aucun changement. La même 
lumière a été vue par M. Hodgson, à Highgate, et les 
deux observateurs donnent, pour le comimentement 
11 heures 18" et pour la fin, 11 heures 23”, temps 
moyen de Greenwich. Lorsque, quelques jours aprés, 
M. Carrington eut occasion de voir à Kew les observa- 
tions des trois éléments magnétiques enregistrés par 
voie photographique, il apercut dans chacune des trois 
courbes une très-grande perturbation qui, selon toute 
apparence, était produite simultanément avec le phé- 
nomène qu'il avait observé dans la photosphère du so- 
leil. 

Pour en revenir à M. Wolf, on trouve encore, dans 
sa IX° communication, la littérature du sujet, dans la- 
quelle se distingue surtout l'œuvre de M. Carrington 
qui constate que la zone des taches solaires a sur le 
globe du soleil un mouvement régulier et parallèle à 
son équateur, dont elle s'approche et s'éloigne tour 
à tour. 

Dans la X° communication, M. Wolf donne d’abord 
les observations faites par M. Schwabe, à Dessau, depuis 
1826-1848 , et 1l en conclut que la courbe annuelle des 


— 225 — 


taches solaires ne correspond qu’en partie avec celle 
des variations magnétiques, néanmoins ces observations 
font reconnaître une période correspondant à l’année 
terrestre, et même elles en indiquent une autre qui suit 
. l'année de Vénus. 

M. Wolf croit encore y trouver la preuve, que pro- 
bablement les aurores boréales augmentent avec le 
nombre des taches solaires. : 

Enfin M. Wolf fait aussi mention de la nouvelle pla- 
nète intra-mercurielle, et il signale parmi les anciennes 
observations des taches solaires, celles qui se rappor- 
tent peut-être à une de ces planètes; il montre que 
trois d’entre elles pourraient s'expliquer par l'hypothèse 
d'une planète de 435,15 de révolution. — Une fois 
qu'on aura réussi à revoir la planète découverte par 
M. Lescarbault, il sera aussi plus sûr de la reconnaître 
parmi les taches solaires observées anciennement. 


Séance du 27 Avril 1860. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. le Dr Cornaz communique le rapport annuel sur 
l'hôpital Pourtalès (voir Appendices), et donne quelques 
détails sur une épidémie de diphthérite des plaies qui à 
sévi sur des blessés. —Il parle d’une apparition de fièvre 
intermittente spontanée, qui, depuis les travaux du 
chemin de fer d’Yverdon et par suite de grands remue- 
ments de terrains, s’est manifestée pour la première fois 
dans notre pays. 


M. le professeur ÆXopp annonce que M. Mayor lui a 
remis un tableau détaillé constatant l’état du ciel, la 


” 


2 8 


direction des vents, la clarté des Alpes et du Val-de- 
Travers. Les observations ont été faites quatre fois par 
jour, et sont très-soigneusement notées. M. Mayor y a 
joint un résumé pour 1858 et 1859. La Société pré- 
sente à M. Mayor ses remerciements et le prie de con- 
{inuer son intéressant travail. (Voyez le Rapport météo- 
rologique.) 

M. Hirsch voudrait qu'on y ajoutât des observations 
sur l'intensité des vents, cette donnée est actuellement 
plus utile que celle qui regarde leur direction. 


M. Ladame présente quelques observations sur le 
grésil. Il en est tombé au mois de février après la neige. 
Ce grésil était très-égal et de la grosseur d’une tête d’é- 
pingle ordinaire. Il a recouvert la terre sur une épais- 
seur de trois lignes. Mercredi passé ce phénomène s’est 
renouvelé. Un examen attentif a montré ce grésil com- 
posé d'environ 10 ‘/, de petits glacons d’une trans- 
parence parfaite, et dont quelques-uns polyédriques 
étaient englobés dans une neige plus dense qu’à l’ordi- 
naire. Il en est tombé pendant un quart d'heure. La 
question du grésil, de même que celle de la neige, est 
encore obscure; mais on ne peut pas révoquer en dou- 
te la relation qui existe entre leur formation et les phé- 
nomènes électriques. 


M. Xopp fait voir à la Société un dessin fait à Combe- 
Varin et représentant l’aurore boréale observée chez 
nous pendant la nuit du 28 au 29 Août 1859 , à 2 heu- 
res du matin. 


M. le professeur Æopp entretient la Société de quel- 
ques huiles destinées à remplacer celles dont on se sert 


ER ET 


— 227 — 


dans l'horlogerie. Elles ne se figent pas par le froid, mais 
ne supportent pas aussi bien le chaud. Le problème n’est 
donc pas encore résolu. Toutefois un appareil mgénieux 
est un filtre en bois de buis, qui sert à filtrer la moelle 
d’os, employée à la fabrication de cette huile. 


M. Guillaume, conseiller d'Etat, présente un mor- 
ceau du câble sous-marin, qui va d'Angleterre en 
Belgique. Ce câble à trois fils de cuivre, entourés cha- 
eun de gutta-percha. Le tout est revêtu de chanvre 
goudronné et renfermé dans un tube formé de fils de 


fer galvanisés, de quatre lignes d'épaisseur environ, 


et disposés les uns contre lés autres, de façon à s’en- 
rouler en spirale autour du chanvre goudronné. — Un 
autre morceau de càble sous-marin provient de la ligne 
télégraphique d’Osborne, dans l’île de Wight, en An- 
gleterre. Le câble est.plus petit; il n’a que deux fils de 
cuivre. On à reconnu que la pression de l’eau à de 
grandes profondeurs exerce une influence notable sur 
la transmission du fluide électrique. L'eau elle-même 
pénètre jusqu’au fil de cuivre, et empêche cette trans- 
mission. Pour s'assurer de ce fait on a remplacé le fil 
de cuivre par du potassium qui s’oxyde immédiatement 
au moindre contact de l’eau, et l’on a vu qu’à une 
pression équivalente à celle que le fil éprouve dans la 
mer, l'eau pénétrait jusqu’au potassium et venait l’oxy- 
der. De plus, il s'établit dans le câble des courants 
induits qui se contrarient. Pour obvier à ces inconvé- 
nients, on cherche maintenant à augmenter l'épaisseur 
de l'enveloppe de gutta-percha, et à remplacer le fer 
galvanisé par du chanvre goudronné. 


— 228 — 


Séance du 25 Mai 1860. 
Présidence de M. L. COULON. 


La Société avait été convoquée à l'observatoire par 
suite d’une invitation de son directeur, qui désirait que 
ce nouvel établissement scientifique fût inspecté par 
l'autorité scientifique du pays. — L'observatoire est si- 
tué à l’est de la ville, au Mail, dans une position assez 
éloignée des grandes routes et des habitations, pour que 
la poussière et la fumée ne puissent pas nuire à la lueidi- 
té de l'atmosphère et à la conservation des instruments, 
et pour que la tranquillité nécessaire aux observations 
astronomiques ne soit pas troublée. Il a été construit sur 
les rochers qui affleurent le long des flancs de la col- 
line du Mail et qui sont devenus célèbres par les traces 
de glacier (Gletscherschliffe), que M. Agassiz y avait 
étudiées. Ces rochers ont permis de donner aux sup- 
ports des instruments, qui y reposent immédiatement 
et d’une manière tout-à-fait indépendante du reste du 
bâtiment, une stabilité à toute épreuve. Situé ainsi au 
milieu de la verdure (on a eu soin de couvrir de gazon 
les rochers qui entouraient le bâtiment), l'observatoire 
a un horizon des plus vastes; c’est seulement vers le 
nord, que la chaîne du Jura, à laquelle notre ville est 
adossée, s'élève à une hauteur de 12 degrés environ. 

Le bâtiment, orienté de l’est à l’ouest quant à sa fa- 
cade principale, annonce de loin sa destination par la 
coupole qui couronne la petite tour placée au centre; 
à l’ouest de la tourelle se trouvent les autres salles d’ob- 
servation, à l’est le logement de l’astronome ; une pièce 
attenante à l'aile occidentale est habitée par l’aide de 


— 229 — 


l'observatoire. Cette réunion, à l'observatoire, des loge- 
ments des fonctionnaires, est une condition essentielle 
pour rendre possible un travail continu et régulier. 

Les membres de la Société, reçus par le directeur, 
sont conduits d’abord dans la salle méridienne , qui, oc- 
cupant toute la largeur et la hauteur du bâtiment, est 
assez vaste pour contenir l'instrument méridien avec 
tous ses accessoires , tels que pendule sidérale, niveau, 
bam de mercure , ete. 

Cet instrument principal de l’observatoire est un beau 
Cercle méridien, provenant du célèbre atelier de MM. 
Ertel et fils, de Munich, (successeurs de Reichenbach). 

La lunette, à forme biconique, a 51 lignes d'ouverture 
réelle et 72 pouces de distance focale; l’objectifachroma- 
que, ainsi que les oculaires dont le grossissement varie 
de 60 à 350 fois, sont fournis par MM. Merz et fils. Le 
micromètre contient un système de 21 fils, distribués 
autour du fil du milieu en quatre groupes de chaque 
fois 5 fils, dont la distance équatoriale est environ de 
3 secondes. En outre, il contient 1 fil horizontal fixe 
et 2 fils mobiles, un vertical et un horizontal, conduits 
par des vis micrométriques à tambours divisés. — Tout 
près du micromètre se trouve à la portée de la main de 
l'observateur, qui manie les vis, et fixée sur le tube 
oculaire de la lunette , la elef électrique, qui, d’après la 
méthode américaine, sert à enregistrer sur le chrono- 
oraphe, dont il sera question plus tard, les moments de 
passage des étoiles. 

La lunette est disposée de manière à permettre d’é- 
clairer , soit le fond du champ par la lumière d’un bec 
de gaz, qui, introduite le long de l’axe de rotation, est 
réfléchie vers l’oculaire par un miroir posé dans Le cube 


BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. V. 16 


— 230 — 


qui se trouve au centre de la lunette sous un angle va- 
riable, afin de pouvoir modérer l'éclairage ; soit aussi 
d'éclairer les fils directement, en laissant le champ 
obscur, au moyen de deux lampes suspendues librement 
près de l’oculaire. Ce dernier éclairage permet l’obser- 
vation au méridien des astres, tels que les petites pla- 
nètes, dont l'éclat trop faible ne supporterait pas de 
lumière artificielle dans l’intérieur de la lunette. 

Sur le même axe que la lunette sont fixés deux cer- 
cles de 3 pieds de diamètre, dont l’un porte sur un 
limbe d'argent deux divisions; une de ces divisions, 
allant de 15° en 15°, donne par un vernier la minute 
d'arc et sert à caler la lunette ; l’autre division, dont les 
intervalles sont de 2”, est observée à l’aide d’un système 
de quatre microscopes, qui, avec un grossissement de 
80, subdivisent l'intervalle de 2° en 120 parties, de 
sorte que les angles de hauteur sont lus jusqu’à la se- 
conde d'arc. — L'autre cercle n'étant qu'un cercle de 
contrepoids , il y a deux systèmes de chaque fois 4 mi- 
croscopes aux deux côtés de l’instrument , afin de pou- 
voir faire les observations de déclinaison dans les deux 
positions de la lunette, que le cercle divisé soit placé à 
l'est ou à l’ouest. — Ces microscopes sont fixés à 90° de 
distance sur deux cercles, scellés solidement dans les 
piliers et munis de deux grands niveaux, qui permet- 
tent de mesurer les changements de position subis par 
les microscopes. 

Le limbe divisé ainsi que les tambours des microsco- 
pes, sont éclairés par des becs de gaz, placés à 5 pieds 
de distance de l'instrument. 

L'instrument est parfaitement symétrique et équilibré 
dans toutes ses parties. L’axe de rotation repose sur des 


TOUS RS te eh ir bé | 


PET 


roues de frottement, supportées à l’aide de leviers par 


des contrepoids, de sorte que le frottement des touril- 
lons dans les coussinets s’opère avec très-peu de poids. 
Les tourillons cylindriques de l’axe tournent dans des 
coussinets qui ont la forme d’Y à double courbure, de 
sorte que le contact ne se fait qu’en deux points. Pour 
s’assurer de la rondeur parfaite des tourillons, il y a 
deux niveaux à levier, dont l’extrémité repose sur les 
tourillons. 

Pour niveler l'axe de rotation, on se-sert d’un grand 
niveau très-sensible, suspendu aux parois de la salle ; 
l'appareil de suspension est disposé de sorte que le ni- 
veau, après avoir été amené au-dessus des tourillons, 
peut être. détaché et vient alors avec ses supports se 
poser librement sur l'axe, exactement au-dessus des 
points de contact des tourillons avec les coussinets, — 
Un autre appareil auxiliaire , mobile sur des rails qui 
passent entre les piliers, sert à retourner la lunette, 
pour pouvoir observer dans les deux positions de lin- 
strument, le cercle divisé à l’est et à l’ouest, et pour dé- 
terminer ainsi l’erreur de collimation de l’axe optique. 

Dans ce but et pour trouver l’azimut de la lunette, 
on a construit à 100 mètres au nord de l'instrument une 


mire. C’est une plaque trouée, munie d’un croisé de 


fils et assise solidement sur un pilier en granit, posé 
lui-même sur le roc. Sur un autre pilier d’une stabilité 
semblable, posé devant la fenêtre du nord à 4" de la 
lunette, se trouve une lentille, dont la distance focale 
est égale à la distance de la mire; par cette disposition 
la lumière d’un bec de gaz, placé derrière la plaque de” 
mire, entre en rayons parallèles dans la lunette et y fait 
voir nettement un petit disque lumineux, On obtient 


— 232 — 


alors l’azimut de la lunette en mesurant avec le fil mo- 
bile du micromètre la distance angulaire entre le fil 
vertical de la mire et le fil du milieu de la lunette. L’azi- 
mut de la mire elle-même est contrôlé par une autre 
mire lointaine, qui sera placée de l’autre côté du lae à 
deux lieues environ de distance, et en dernier lieu par 
les observations de la Polaire. 

Enfin, on a ménagé entre les deux piliers qui sup- 
portent l'instrument, une espèce de puits, au fond du- 
quel sur le roc se trouve placé le bain de mercure, qui 
de cette manière est garanti contre toute secousse et 
contre les courants d'air ; en observant sur ce bain le fil 
horizontal de la lunette, on détermine le point de Nadir 
du cerele divisé; en même temps on obtient, par l’ob- 
servation des fils verticaux, une seconde donnée pour 
linclinaison de l'axe. 

L'instrument est placé sur deux piliers en marbre 
d’Arvel, cimentés sur des blocs énormes de granit, qui 
eux-mêmes reposent sur le roc du Mail; le-tout entière- 
ment isolé du plancher et du reste du bâtiment. 

La salle est coupée dans la direction du méridien par 
une ouverture fermée par deux volets verticaux et 
deux volets horizontaux, qui s'ouvrent facilement à 
l’aide de cabestans et de poulies. 

À côté de l'instrument se trouve la pendule sidérale, 
placée $ur un pilier isolé, sous un angle de 45° avec le 
méridien, de sorte que l’observateur peut la voir et 
l'entendre dans toutes les positions. Une chaise méca- 
nique, mobile sur les mêmes rails avec la machine de 
_ retournement, permet à l’astronome de prendre com- 
modément toutes les positions exigées par les différentes 
directions de la lunette. — Enfin, deux escaliers fixes, 


ER TT 


— 233 — 


entourant les piliers sans les toucher, donnent un facile 


accès aux microscopes et à leurs niveaux. 

Après avoir entendu toutes ces explications sur l’in- 
strument principal de l'observatoire, qui certes compte 
parmi les instruments méridiens les plus beaux et les 
plus perfectionnés, la Société est conduite dans la salle 
attenante, qui contient les chronomètres en observation 
et les appareils électriques. 

Parmi ces derniers, on remarque d’abord la belle 
Pendule électrique, construite par M. Shepherd, de 
Londres. Le mouvement du balancier, compensé au 
mercure, y est entretenu par un échappement à force 
constante, remonté toutes les deux secondes par un 
électro-aimant , dont le courant est fermé par un con- 
taet à ressort, établi par le balancier même tout près 
de sa suspension et au moment de sa plus grande excur- 
sion ; la seconde après, le balancier, dans son excursion 
opposée, décroche l’échappement et laisse tomber un 
petit poids, dont la chute toujours constante donne 
l'impulsion au balancier. Le pendule en oscillant établit 
encore toutes les secondes deux autres courants, qui, 
traversant alternativement deux bobines en sens inverse, 
provoquent dans un système de deux aimants d’acier, 
posé sur les pôles des bobines, un mouvement de va-et- 
vient, qui, par un échappement à ancre et un rouage 
ordinaire, est transformé dans le mouvement des ai- 
guilles. 

C'est cette pendule qui, réglée sur le temps moyen 
de l'observatoire, télégraphie automatiquement l'heure 
exacte aux centres de l'horlogerie du pays et au bu- 
reau central télégraphique de Berne, en fermant'cha- 
que jour à 1 heure après-midi un courant. Cela est 


— 234 — 


obtenu par un système de trois contacts à ressort, dont 
un est établi par la roue d'heure chaque jour pendant 
quelques minutes avant 1 heure; le second établi par 
la roue des minutes, reste fermé pendant la 59° minute 
de chaque heure; enfin le troisième est établi par la 
roue des secondes à chaque minute pleine. Le cireuit 
électrique n'étant fermé que lorsque les trois contacts 
sont établis à la fois, on conçoit que cela doit arriver 
chaque jour une fois, à 1 heure précise. 

Quelques minutes avant 1 heure, la pendule est mise 
à l'heure d’après les observations célestes et à leur dé- 
faut d’après les comparaisons avec toutes les autres 
pendules et chronomètres de l'établissement. Pour pou- 
voir le faire exactement , on se sert d’un pendule auxi- 
liaire, qui, suivant qu'on baisse ou qu’on lève une 
fourchette, est sensiblement plus court ou plus long 
que le balancier à secondes, et qui par conséquent en 
oscillant conjomtement avec ce dernier, le fait avancer 
ou retarder d’un centième de seconde pour chaque 
oscillation. 

Après être ainsi mise exactement à l'heure, la pen- 
dule, fermant le courant d’une pile locale de 8 petits 
éléments Bunsen, met en action un relais, qui de son 
côté établit le courant d’une forte pile de ligne de 144 
éléments Bunsen. Ce courant très-fort, conduit d’abord 
par un fil spécial de l’observatoire jusqu’à la ligne fédé- 
rale, s’y bifurque et chemine sur la ligne, à côté de la 
correspondance ordinaire et sans la troubler, dans la 
direction de Berne et de la Chaux-de-Fonds, où il met 
en mouvement, ainsi qu'au Locle, trois petites pen- 
dules de coïncidence, qui, placées à côté des régula- 
teurs respectifs, servent à en déterminer chaque jour 
la correction d’une manière tout-à-fait exacte. 


+ TN 


Un autre appareil électrique très-intéressant est le 
Chronographe, construit dans l'atelier télégraphique 
de la confédération à Berne, par son ingénieux chef, 
M. Hipp. Il sert à enregistrer les observations de passa- 
ges et permet d'en déterminer les moments jusqu'aux 
centièmes d’une seconde près. C’est en substance un 
cylindre en laiton, recouvert de papier et mis en mou- 
vement de rotation uniforme par un rouage, auquel le 
ressort vibrant, inventé par M. Hipp, sert de régulateur. 
À côté du cylindre chemine sur des rails, dans la direc- 
tion de l'axe du cylindre un petit wagon, mis en mou- 
vement par le même rouage. Ce wagon porte deux 
plumes, qui de cette manière tracent sur le cylindre 
tournant deux lignes spirales parallèles ; une des plumes, 
guidée par un électro-aimant en rapport électrique avec 
la pendule sidérale, laquelle ferme un courant toutes les 
secondes, dévie légèrement, et dessine ainsi sur une des 
spirales une suite continue d'espaces, représentant des 
secondes de temps; l’autre plume, en connexion avec 
la clef électrique de l’instrument méridien , en fait au- 
ant aux moments des passages des étoiles devant les 
fils. On conçoit que de cette manière les passages sont 
enregistrés exactement et qu’en appliquant une échelle 
divisée , on peut mesurer les petites fractions de seconde 
qui s’écoulent entre la dernière seconde de la pendule 
sidérale et le moment du passage. 

Ce même instrument peut servir aussi aux détermi- 
nations télégraphiques des différences de longitude, 
aux comparaisons des pendules, etc. 

Ajoutons encore, que les piles de tous ces appareils 
se trouvent dans la cave, de sorte que leurs émanations 
ne peuvent pas nuire aux instruments précieux, ni 
gèner l'observateur. 


— 236 — ne 


Dans la salle des chronomètres se trouve encore un 
baromètre Fortin, fabriqué par M. Fastré aîné, à Paris; 
le baromètre ayant été observé pendant plusieurs mois 
à l'observatoire de Paris, sa correction est connue. 
En fait d'instruments météorologiques, l'observatoire 
possède encore un thermomètre normal et plusieurs 
thermomètrographes, dont un dans chaque salle. Le 
thermomètre normal avec un de ces thermomètres à 
maxima et minima se trouvent suspendus sur un sup- 
port mobile devant la fenêtre du nord de la salle méri- 
dienne , à la distance de 1", devant la facade du bâti- 
ment et au-dessus du sol, abrités contre la pluie et le 
soleil du matin et du soir. Ces thermomètres peuvent 
être amenés devant la fenêtre de la salle, l’astronome 
peut y lire pendant la nuit, sans sortir de la salle, la 
température de l'air extérieur, nécessaire à la déter- 
mination de la réfraction. 

De l’autre côté (à l'est) de la salle méridienne , se 
trouve la tour , au centre de laquelle s'élève, sur le roc 
et isolée du bâtiment, une colonne de six pieds de 
diamètre, construite de gros blocs de calcaire ancien 
cimentés ensemble. Cette colonne, contre le bas de 
laquelle sont fixées cinq pendules astronomiques, fabri- 
quées dans le pays et livrées en concours à l’observa- 
toire, qui, après une épreuve d’une année, conservera * 
les deux meilleures, cette colonne, dis-je, porte en 
haut le second grand instrument de l'observatoire , la 
Lunette parallactique. | 

Cette lunette, qui provient de l'atelier bien connu 
de MM. Merz et fils, à Munich, successeurs de Frauen- 
bofer, a un objectif achromatique de 72 lignes d’ouver- 
ture réelle et de 96 pouces de foyer. Ses 5 oculaires 


5 Cie LS. 2 


— 237 — 


astronomiques grossissent 85, 127, 192, 288 et 456 


fois. Elle est munie en outre d’un micromètre annulaire 
à deux anneaux d'acier, et d’un micromètre de position 
d’après Frauenhofer , qui a aussi cmq oculaires grossis- 
sant de 128 à 480 fois. Son chercheur a 19” d’ouver- 
ture sur 20 pouces de foyer. La lunette est montée pa- 
rallactiquement selon le système allemand (supportée 
par un pilier au centre); elle est équilibrée soigneuse- 
ment dans tous les sens, et munie d’une horloge, qui, en 
la tournant en 24 heures de temps sidéral autour de son 
axe oblique , parallèle à l'axe du monde, lui fait suivre 
le mouvement diurne des étoiles. Les deux axes portent 
deux cercles divisés sur des limbes d'argent et lus par 
deux microscopes opposés ; le cercle horaire de 9 pouces 
de diamètre donne les 4 secondes de temps; le cercle de 
déclinaison de 12”, donne les 10 secondes d’arc. — 
L'instrument a sa plaque fondamentale scellée dans un 
pilier en marbre d’Arvel, qui lui-même est porté par 
la colonne massive décrite plus haut. Il est abrité par 
une coupole tournante, qui repose sur les murs de la 
tour et se meut avec une grande facilité sur un système 
de roues, qui, sans frottement d’axe, tournent entre 
deux rails coniques, l’un fixé sur le mur, l’autre au- 
dessous de la coupole. Cette dernière est construite en 
bois avec deux parois séparées par une couche d'air, de 
sorte que la couverture extérieure en tôle de fer venant à 
s'échauffer considérablement par l’insolation , la tempé- 
rature sous la coupole ne s'élève pas sensiblement. — 
L'ouverture de la coupole est couverte parun volet mo- 
bile dans le sens d’un grand cerele vertical, qui monte 
et descend sur des rails par un système de galets et de 
cabestans — La fermeture de ce volet, comme aussi 


— 238 — 


celle des volets méridiens, a soutenu d’une manière 
tout-à-fait satisfaisante la rude épreuve de l'hiver der- 
nier avec ses ouragans de pluie et de neige. 

Après que la Société eut inspecté toutes les parties , 
les instruments et appareils de l’observatoire, et enten- 
du les explications détaillées du directeur, les mem- 
bres, trompés dans leur espoir de voir quelque chose au 
ciel, qui dans l'intervalle s'était obscurcei entièrement, 
redescendirent dans la salle des chronomètres , pour y 
tenir séance. 


M. le D' Ærsch annonce la découverte d’une comète, 
faite le 17 avril dernier, par M. George Rümker, astro- 
nome de Hambourg. L’astre, d’un éclat assez faible, 
se trouvait alors dans la constellation de Persée, près 
de l'étoile 4. Le mauvais temps qui a règné ici depuis 
ce Jour, a empêché jusqu'à présent de voir cette co- 
mète à notre observatoire. 


M. Théodore de Meuron apporte et montre une 
coquille trouvée dans le lac près d'Yverdon. Chose cu- 
rieuse ce n’est rien moins qu'un exemplaire d’une 
espèce marine bien connue, qu’on rencontre dans la 
Méditerranée , l'Anomia ephippium Lam. Elle avait 
encore l’animal lorsqu'on l’a trouvée ; mais comme on 
sait qu'il est impossible qu’une coquille marme vive 
dans les eaux douces de notre lac, lon pense qu’elle à 
été apportée ou envoyée à Yverdon avec des huîtres 
et qu’elle aura été jetée en compagnie des écailles de 
ces dernières. 


M. AHirsch lit alors la communication suivante sur 
l'éclipse totale de soleil du 18 Juillet (Voir Appendaces). 


A 20 © 


M. Hirsch montre ensuite des cartes qu’il a publiées 
pour faire voir la marche de léclipse en général aussi 
bien que les particularités qu’elle présentera en Espa- 
gne et dans l'Amérique du nord; pour ces deux pays, 
les cartes contiennent non seulement les limites de la 
zone de totalité, mais aussi des lignes isochrones, qui 
permettent de trouver pour chaque endroit les moments 
du commencement, de la plus grande phase et de la 
fin de l'échipse. 


M. Hirsch fait voir une couleuvre de petite taille, 
qu'il a trouvée sous la loge du chien de garde de lob- 
servatoire. M. Coulon la reconnait pour être la cou- 
leuvre lisse (Col/uber lœvis Lacépède; Col. austriacus 
Gmelin; Zacholus austriacus Wagler). 


M. le Président propose d’avoir encore une séance 
pour entendre les communications que M. Desor, ré- 
cemment revenu d'Italie, pourrait avoir à nous faire. 
On convient de se réunir dans quinze jours comme à 
l'ordinaire. 


Séance du 8 Juin 1860. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. le Président annonce la mort d’un membre de 
la Société, M. Anker, vétérinaire , à Anet. 

Il fait ensuite part à la Société du riche envoi qui nous 
est arrivé d'Amérique de la part de la Société smith- 
 sonienne. 


7 ON à 


Sur la proposition de M. le professeur Ladame, on 
décide que tous les tableaux où sont consignées les oh- 
servations de météorologie faites à toutes les époques 
dans nos diverses stations, seront déposés au gymnase , 
dans la nouvelle salle de physique qui sera créée pro- 
chamement , et où l’on établira dans ce but une armoire 
spéciale. Un inventaire très-exact de ces documents 
sera fait par le comité de météorologie, et on ouvrira 
un registre où les personnes qui désirent consulter ces 
tableaux et les emporter à domicile, seront tenues d’in- 
scrire la sortie, la rentrée et la destination de ces objets, 
qu'elles prendront ainsi sous leur responsabilité. 


M. Desor applaudit à toutes les tentatives qui ont pour 
effet de provoquer les progrès de la météorologie. Neu- 
châtel à déjà fait beaucoup, mais il reste encore bien 
des choses à faire ; s’il nous arrivait de nous arrêter dans 
notre marche, un regard jeté autour de nous suffirait 
pour stimuler notre zèle. Ainsi la ville de Soleure fait 
actuellement de très-grands sacrifices pour fonder un 
musée où seront réunies les riches collections de Hugi 
et d’autres savants soleurois; en même temps des sta- 
tions météorologiques seront créées, et on aura en par- 
ticulier des observations faites simultanément au Weis- 
senstein et à Soleure , dans deux points rapprochés, 
situés à une différence de niveau considérable, et par 
conséquent dans des conditions qui promettent les ré- 
sultats les plus intéressants. 


Cette communication rappelle à la Société que nous 
avons possédé pendant neuf mois, une station aussi im- 
portante que celle du Weissenstein, c’est celle de Chau- 
mont. M. Hirsch regrette qu’elle soit abandonnée, etil 


Le gr dE US 


ss 


— 241 — 


demande que l’on prenne des mesures pour la remettre 
prochamement en activité. 


M. Hirsch annonce qu'il vient de recevoir la correc- 
tion du baromètre de l'observatoire de Neuchâtel, en 
comparaison avec celui de l'observatoire de Paris. 


M. le prof. Desor entretient la Société du voyage 
qu'il vient de faire en Italie. Les circonstances dans 
lesquelles il's’est trouvé, ne lui ont malheureusement 
pas permis d'accorder aux recherches géologiques tout 
le temps qu’il aurait voulu y consacrer. Cependant il a pu 
examiner assez en détail la plaine lombarde, pour se faire 
une idée des causes qui ont modifié si profondément cette 
contrée, et qui lui ont imprimé la physionomie si remar-- 
quable qu’elle présente aujourd’hui. Ce qui frappe avant 
tout, quand on jette les yeux sur une carte d'Italie, c’est 
cette vaste dépression qui sépare la chaîne des Alpes de 
celle de l’Apennin, et qui présente dans toute son éten- 
due l’uniformité la plus complète , tant sous le rapport 
du niveau que sous celui de la composition et des produc- 
tions du sol. On a le sentiment que cette uniformité est 
due à une cause générale, qui a exercé son action sur 
toute la contrée. En effet, c’est à l’ancienne extension 
des glaciers des Alpes et à l'énorme masse d’eku qui 
s’en échappait, qu’il faut attribuer l’état actuel de cette 
plaine partout unie, partout fertile et présentant par- 
tout les mêmes caractères. 

Sur le revers méridional des Alpes, l’époque glaciaire 
n'a pas laissé les mêmes traces que sur la pente oppo- 
sée. En Suisse, les roches polies et les blocs erratiques 
qui s'élèvent très-haut le long du Jura, nous appren- 
nent que les glaciers ont couvert autrefois la plaine 
sans toutefois en modifier notablement le relief. Dans 


7 


la haute Italie, au contraire, le même phénomène s’est 
arrêté à la sortie des Alpes et n’a pas dépassé le seuil des 
vallées latérales ouvertes dans la chaîne. C’est là qu'il 
faut chercher les traces des glaciers, et elles se Mmani- 
festent aux veux du géologue sous la forme d'immenses 
moraines, qui constituent parfois de véritables mon- 
tagnes. Celles d'Ivrée n’ont pas moins de 600 pieds de 
hauteur. Les bords du lac Majeur en sont flanqués de- 
puis Arona jusqu'à Sesto-Calende. Les monticules qui 
ferment, vers le sud , les bassins des lacs de Garde et 
d'Iséo, la colline de Solferino, qu'un fait d'armes ré- 
cent vient de rendre célèbre, ne sont autre chose que 
des moraines frontales d'anciens glaciers. À peu de dis- 
tance de la chaîne, les moraines disparaissent et l’on 
n'a plus sous les yeux qu’un pays plat, dont la surface 
a été lavée par les eaux résultant de la fonte des glaces 
et nivelée par les débris qu’elles entraïnaient dans leur 
course. 

. C’est pour avoir admis d’une manière trop absolue 
la nécessité d’une succession chronologique entre ces 
deux sortes de dépôts, que les géologues ont été d'avis 
si partagé, suivant les localités qu'ils exploraient; les 
uns affirmant que le terrain erratique est nécessaire- 
ment plûs ancien que le terrain diluvien, les autres pré- 
tendant l'inverse et admettant par conséquent plusieurs 
sortes d’alluvions. En parcourant la plaine lombarde, 
M. Desor n’a pas tardé à se ranger à l’opinion de son 
ami, M. Gastaldi, et à reconnaître que les deux agents, 
la glace et l’eau, ont agi s’nultanément , de telle sorte 
que pendant que les glaciers accumulaient leurs mo- 
raines gigantesques à [vrée et à l'issue de la plupart des 
vallées piémontaises et lombardes, il s'échappait de ces 


— 243 — 


mêmes glaciers des torrents en rapport avec l'étendue 
des glaciers qui, débouchant tous dans la dépression 
comprise entre les Alpes et l’Apennin, ont fini par la 
combler et la niveler. D’un autre côté, les glaciers de 
cette époque ont dû, comme ceux de nos jours, être 
soumis à des influences extérieures et par conséquent 
subir des oscillations en rapport avec les saisons ou avec 
tels changements climatériques qui ont pu survenir. Par 
suite de ces oscillations, il a pu arriver que l’un des dé- 
pôts ait empiété sur l’autre, sans qu'ils cessent pour 
cela d’être de la même époque. 

Cette contemporanéité des dépôts glaciaires et tor- 
rentiels est moins évidente sur le versant nord des Al- 
pes, par la raison que le grand glacier recouvrait toute 
la plane suisse, jusque sur les flancs du Jura. Les dé- 
pôts stratifiés ou alluviens, qui attestent l’action exclu- 
sive de l’eau, n'ont pu se former iei qu'après le retrait 
partiel des grandes glaces, lorsque celles-ci n’occupaient 
plus que les dépressions des lacs actuels. Le véritable 
pendant des dépôts de la plaine lombarde doit être cher- 
ché dans le Leæss et la vallée du Rhin. 

La structure des Alpes qui s’abaissent brusquement 
du côté de l'Italie, l'exposition favorable de ce versant 
aux rayons du soleil et l'absence de ces grands cirques 
où s'accumulent les neiges qui alimentent les glaciers, 
expliquent pourquoi les glaces se sont moins étendues 
vers le sud que vers le nord, où les montagnes s’abais- 
sent graduellement, où les cirques sont nombreux et où 
l'exposition ne favorise pas la fonte des neiges. 

Sur les terrains glaciaires, dont le pied méridional 

- des Alpes est couvert, on trouve un grand nombre de 
’ tourbières qui ont pu s'établir, grâce à la nature im- 


— 244% — 


perméable du limon glaciaire déposé dans ces points. 
Ainsi les tourbières du Piémont sont des tourbières de 
moraines. La composition de la tourbe ne rappelle 
pas celle de nos vallées du Jura, mais plutôt celle du 
grand marais du Seeland; elle est peu dense, mais en 
général d’une belle couleur noire, ainsi qu’on en peut 
juger par l'échantillon déposé sur le bureau, et elle 
fournit un bon combustible que lon utilise avec avan- 
tage. Grâce à l'impulsion provoquée par le mouvement 
politique actuel, on draine les petits bassins tourbeux, 
on exploite la tourbe pour les fours à chaux, et, sur le 
fond limoneux , on trouve un terrain d'une extrême 
fertilité, qui sera une source de richesse pour l'avenir. 

La plaine lombarde fournit peu de débris fossiles; 
du temps de Cuvier on a trouvé aux environs de Plai- 
sance, plusieurs squelettes de baleines qui sont dépo- 
sés au musée de Milan. Mais de l’autre côté de FA- 
pennin, dans le bassin de l’Arno, le sol supérieur est 
extrêmement riche en ossements fossiles de grands 
quadrupèdes. Florence possède un musée rempli de 
squelettes d’éléphants à défenses colossales, de masto- 
dontes, de rhinocéros, etc., qui paraissent plus récents 
que ceux de la molasse. M. Falconer, qui en a fait 
une étude spéciale, est arrivé à cette conclusion que 
ces animaux n'appartiennent pas à une époque récente, 
mais à l’époque tertiaire. Parmi ces ossements , les uns 
enterrés dans une couche de marne, sont conservés 
presque entiers; mais au-dessus, dans un terrain cail- 
louteux (appelé panchina dans le pays), portant des tra- 
ces de transport, les ossements, plus ou moins défor- 
més, semblent avoir été roulés par les eaux. M. Desor 
se demande si ce dernier terrain, qui est évidemment 


— 245 — 


cataclystique et le plus récent, ne renferme peut-être 
pas la dernière création fossile, qui a expiré à l’avène- 
ment de l’époque glaciaire. 

Avant de terminer cette communication, M. Desor 
fait part à la Société de quelques recherches qu’il a 
faites au bord des lacs de la Lombardie, pour découvrir 
des traces d'habitations lacustres. Le mauvais temps ne 
lui a pas permis d'entreprendre des explorations sui- 
vies. Cependant les informations prises auprès des pê- 
cheurs, lui ont révélé la présence de pilotis dans le lac 
Majeur. Il est persuadé que les lacs d'Italie fourniront 
aux explorateurs les mêmes objets que nous retirons 
de nos lacs. Un couteau de bronze et des pointes de 
lance du même métal, trouvés dans les marais voisins 
du lac Majeur, prouvent que des recherches conve- 
nablement dirigées seraient fructueuses. M. Desor 
attend avec impatience le moment où l'existence d’ha- 
bitations lacustres sur ces beaux lacs sera démontrée, 
car les auteurs latins, qui ont vécu sur leurs rives, ne 
faisant aucune mention de ces constructions, on en peut 
inférer que, déjà de leur temps, les traditions qui y 
avaient rapport étaient éteintes, et que, par conséquent, 
la haute antiquité de ces monuments d’un autre âge ne 
peut pas être contestée. | 

Quant au point de départ des peuples qui ont laissé 
ces traces de leur existence, M. Desor croit qu’on est 
aussi fondé de le chercher vers le sud que vers le nord, 
ainsi qu’on le fait d'ordinaire. Les passages des Alpes, 
à cette époque, ne devaient pas être plus difficiles que 
de nos jours. En tous cas, les montagnes étaient un ob- 
stacle moins grand aux communications des peuples, 


BUL. DE LA SOC, DES SC, NAT, T, V. 17 


— 246 — 


que les forêts de la Germanie. Les anciens habitants de 
l'Italie, les Etrusques, originaires de l'Asie, ont pu se 
répandre vers le nord et porter avec eux les premiers 
rudiments de leur civilisation sur une vaste étendue de 
territoire. Cette opinion lui est suggérée par la décou- 
verte qu'il a faite à Rome, dans une collection parti- 
cubère, de deux haches en bronze du genre de celles, 
bien connues chez nous, dont la lame est mince , sans 
oreilles, et munie d’une bordure légèrement saillante. 

Il ajoute cependant, que le musée Grégorien, si riche 


en antiquités, ne possède rien d’analogue aux objets 
retirés de nos lacs. 


M. Gressly présente des dessins représentant la baie 
de Spezzia dans tout son développement et tous ses dé- 
tails. Ces dessins faits par lui-même avec beaucoup de 
som, donnent une idée très-nette de la structure des 
montagnes qui entourent ce bassin célèbre. 


M. Ch.-L. Borel attire l’attention de la Société 
sur les eaux qui alimentent nos fontaines. Depuis que 
des travaux importants ont été exécutés dans les gorges 
du Seyon, les chambres d’eau ne fonctionnent plus et 
les eaux du torrent ne passent plus au travers des filtres 
pour se purifier. Il en résulte que l’eau des fontaines est 
aussi limoneuse que celle du Seyon, et par conséquent, 
ne présente pas les conditions désirables de salubrité. 
Il demande que, dans une question qui intéresse à un 
si haut degré la santé publique, la Société prenne une 
initiative qui ne sort pas de ses attributions et qu’elle 
fasse des démarches pour provoquer l'acquisition des 


rl het flo 


\ re 247 TS 


sources de Valangin, qui seules peuvent nous donner 
de l’eau de bonne qualité. 


M. Desor ne désespère pas de trouver de l’eau aux 
environs de Neuchâtel, et il se prépare à faire des re- 
cherches avec M. Gressly, pour répondre au mandat 
qu'il en a reçu des autorités de la ville. 


. APPENDICES. 


| 


Extrait du volume manuscrit de M. d'OSTERVALD, déposé aux 
archives de l'État, intitulé: « Volume renfermant les calculs 
de Hauteurs. » 


Hauteur du môle de Neuchâtel 


au-dessus de la mer. 


La hauteur des eaux du lac, variant de plus de 2 
mètres, 1l m'a paru qu’il fallait adopter un point fixe, 
au bord du lac, dont l'élévation au-dessus de ses eaux 
püt être aisément mesurée, et que l’on devait rappor- 
ter à ce point fixe toutes les hauteurs du pays. Fai 
choisi en conséquence le haut du môle de pierre du 
Seyon, dans la partie où sa base commence à être bai 
gnée dans les basses eaux. 

Comme ce môle va peut-être subir quelque change- 
ment, on va indiquer sa hauteur actuelle sur les rochers 


du Crêt (*). 


{*) Cette indication ne se trouve pas dans le volume. 
G, G. 


— 249 — 


L'élévation de ce môle au-dessus de la mer a dû na- 
turellement faire le premier objet de mes recherches. 
J'avais obtenu , il y a plus de trente ans, de M. le 
colonel Henry, chef des travaux géodésiques des Fran- 
çais en Suisse, la communication des hauteurs du Chas- 
seral (1611",7), du Chasseron (1612",0), du Moleson 
(2009",3) au-dessus de la mer, et j'avais à la même 
époque aidé M. le professeur Trallès à faire des re- 
cherches sur la réfraction, et nous avions pu déduire 
la hauteur de ces mêmes points, par une série d’ob- 
servations zénithales simultanées, du moins au Chasse- 
ron et au Moleson, au-dessus du lac; de sorte qu’il 
m'a été facile de faire le rapprochement de ces diver- 
ses données , et j'en avais communiqué le résultat à la 
Société des sciences naturelles qui l’a fait insérer dans 
ses Mémoires. La moyenne obtenue pour la hauteur du 
môle sur la mer était de 437,7 par les observations 
trigonométriques, et de 434",5 pour celles barométri- 
ques. 

Mais les hauteurs données par M. le colonel Henry et 
qui étaient déduites de la méridienne de Strasbourg 
seulement, ont été changées deux fois au dépôt de la 
guerre, à la suite des nouvelles mesures qu'ont four- 
nies les nouveaux travaux français. 


La Description géométrique de la France indique 
les hauteurs suivantes à ces trois points : 
Chasseral 1610",54 
Chasseron 1612°,— 
Moleson  2007",01 
Enfin la seconde partie, publiée dernièrement, com- 
me supplément à cette Description géométrique de la 


France et qui renferme tous les élements sur lesquels 
les calculs sont fondés, modifie ces hauteurs de la ma- 
nière suivante : 


Chasseral 1608",08 
Chasseron 1609",01 
Moleson  2005",02 


C’est sur ces derniers résultats que M. le colonel 
Corabœuf, auquel j'avais communiqué mes premiers 
calculs, a établi la hauteur de notre môle au-dessus 
de la mer. Ces détails sont consignés dans le n° 54 (an- 
née 1838) du Bulletin de la Société géographique de 
Paris, de la manière suivante : 


Hauteur du Chasseral sur la mer par la triangulation 


française . . .. . . A608n,8 
Hauteur du Chasser \ sur le môle 
par mes propres calculs . . ,. 1174",0 


Hauteur du môle sur la mer 434,8 
Hauteur du Chasseron sur la mer 


par les travaux français .. . .  1609m,1 
Hauteur du Chasseron sur le môle 
par observations simultanées  .  1174m,2 
434m,9 
Hauteur du Moleson sur la mer par 
les travaux français . . . . 2005m,2 
Hauteur du Moleson sur le môle 
par observations simultanées 157023 
434n,3 


Moyenne des observations trigonométriques 434,7 - 


— 251 — 


La moyenne de 377 observations (*) faites par M. 


Coulon, et de 729 » faites à la maison 
des orphelins, avait donné pour résultat une hauteur 
sur le môle de MÉRINT 5 


ce qui différait de 3 mètres des premiers calculs trigo- 
nométriques, mais qui est aujourd’hui complètement 
d'accord. 

Je pense donc que l’on peut, d’après ces données, 
adopter la moyenne de 434",7 pour la hauteur du 
môle de Neuchâtel au-dessus de la mer. 


Les ingénieurs suisses ont adopté pour la hauteur 
de notre lac sur la mer . . . . . . . 435,07 


Pour juger de combien nous différons , 1l 
faut ajouter la hauteur du môle sur les eaux 
hi Lo > de PURE 


437,14 

Nous différons donc d’avec eux de 2",44. 
Mais jusqu'à ce qu'ils aient fait connaître les éléments 
qui leur ont servi, et qu’ils nous aient démontré l’er- 


reur des nôtres, nous nous en tiendrons au résultat 
ci-dessus. 


Hauteur du sol du signal Chasseral. 


Ce point sert de point de départ aux ingénieurs suis- 
ses pour le calcul de toutes les hauteurs de la Suisse. 
Il a été adopté comme suit d’après la Description géo- 
métrique de la France : 


1610",54 et 1608",60 ; moyenne 1609",57. 


(*) Barométriques. G. G. 


— 252 — 


Mais la seconde partie de cette description adopte 
pour cette hauteur 1608",8 ; il en résulte une diffé- 
rence de 0®,77 qui se retrouvera dans tous les calculs 
suisses. 


Nous nous conformons à ce dernier résultat de 
1608m,8 
Hauteur du môle sur la mer  . . . .  434m,7 


Hauteur du Chasseral sur le môle 1174%,1 


Nota. Le volume manuscrit d’où l’on a tiré les précédents ex- 
traits, ne porte aucune date ; il doit avoir été écrit entre 1838 et 
1844. Selon M. Ofz, il daterait de 1843. 

| G. G. 


2h © Q © ÉE————— — 


DÉTERMINATION 


DE LA 


DIFFÉRENCE EN LONGITUPE 


ENTRE LES 


OBSERVATOIRES DE BERNE ET DE NEUCHATEL. 


Lorsqu'au commencement du mois de mars j'ai fait 
un voyage à Berne dans l'intérêt de l'observatoire, j'ai 
cru ne pas devoir laisser passer cette occasion de dé- 
terminer la différence des longitudes entre Berne et 
Neuchâtel par le transport de chronomètres, comme je 
lai fait il y a quelques mois pour l'observatoire de Ge- 
nève et le nôtre. C'était d'autant plus nécessaire, que 
la Confédération ayant accepté notre offre, de fournir 
chaque jour le temps exact à son administration des 
télégraphes, et ce service étant à la veille d’être orga- 
nisé, il fallait connaître la différence des heures de 
Berne et de Neuchâtel assez exactement pour pouvoir 
régler la pendule normale du bureau central des télé- 
graphes à Berne, par les signaux venant de l’observa- 
toire de Neuchâtel. 

… Grâce à l’obligeance de quelques artistes de nos Mon- 
tagnes, j'ai pu employer cette fois trois chronomètres , 


“RE — 254 — 
deux montres marines, dont une est la même qui m'a 
déjà servi pour l'opération avec Genève , et un chrono- 
mètre de poche. 

Pour vous donner une juste idée de la confiance que 
le résultat, obtenu par ces montres, peut mériter et en 
même temps pour constater, ce que je fais avec un plai- 
sir particulier, jusqu'à quel degré de perfection les ef- 
forts de quelques-uns de nos horlogers distingués ont 
déjà mené la fabrication des pièces de précision, j'ex- 
trarai de nos registres de comparaisons la marche de 
ces trois montres, avant, pendant et après le voyage à 
Berne, en ne prenant toutefois que les jours où l’état du 
ciel a permis de faire des observations astronomiques. 
Ces chiffres fourniront en même temps la base de notre 
calcul de longitude. (Voir Tableau n° 1, p. 258.) 

Je partis le 3 mars, à 9 heures du matin , après avoir 
comparé les trois chronomètres à la pendule normale, 
qui se trouva contrôlée elle-même par les observations 
de la nuit précédente. À mon arrivée à Berne j'allai 
immédiatement comparer mes montres à la pendule de 
passage de l'observatoire , de sorte qu'il ne s’est écoulé 
que huit heures à peu près entre les deux comparai- 
sons effectuées à Neuchâtel et à Berne ; comme j’em- 
_ployai du reste beaucoup de soins dans le transport des 
montres, J'ai eu la satisfaction de constater que leur 
marche n'avait subi en route qu'une variation très-peu 
considérable, ce qui est une condition essentielle pour 
obtenir un résultat satisfaisant par cette méthode. Enfin 
J'ai eu la chance de pouvoir faire des observations le 
soir et la nuit même de mon arrivée à Berne. M. le 
professeur Wild et son ami M. le D'Sidler qui s'occupe 
également d'observations astronomiques, m’ont prêté 


= 


— 255 — 


à cette occasion leur concours avec le plus grand em- 


pressement et ont fait leur possible pour déterminer 
la correction et la marche de leur pendule sidérale 
avec toute l'exactitude que comportent la qualité et 
l'emplacement de cette horloge. Malheureusement le 
temps favorable pendant la première nuit de mon sé- 
jour à Berne changea bientôt, de sorte qu'il nous fut 
impossible, comme nous en avions l'intention, de dé- 
terminer l'équation personnelle qui existe entre M. le 
professeur Wild et mor. 

La même circonstance qui empêcha de reprendre 
les observations à Berne avant le 9 mars, rend le résul- 
tat du voyage de retour moins sûr. Car d’après le cal- 
cul des observations que M. Wild a bien voulu me four- 
nir, on obtient pour la pendule de passage de Berne : 


Correction Marche diurne. 
ei dam a TL LL, 05 : 
USSR ik # 

9 » ANT NE Te DU 2" 7: 
12 » NOEL LE AT: 7 


Ainsi comme la marche de la pendule a fait un saut 
considérable après le 3 Mars, les comparaisons des 
chronomètres, effectuées à Berne les derniers jours, 
donnent nécessairement l’état de ces montres avec 
moins de précision. Une autre raison encore conduit 
à envisager le résultat fourni par le voyage de retour 
comme d’une exactitude, inférieure à l’autre, c’est que 
le temps écoulé entre la dernière comparaison à Berne 
et la première à Neuchâtel, était cette fois de 2 Jours 
5 heures, c’est-à-dire, sept fois plus grand que lors du 
voyage de Neuchâtel à Berne. — Quant à l'hypothèse 


— 256 — 


qu’il convient d'adopter sur la marche des montres pen- 
dant le trajet même, 1l me semble que pour cette fois, 
comme les chronomètres n’ont pu être comparés à 
Berne que pendant quatre jours, la méthode la plus 
rationelle serait de prendre pour marche de voyage la 
marche moyenne entre celle qu’ils ont montrée pendant 
ces quatre jours à Berne et celle qu'ils ont eue pendant 
un temps égal à Neuchâtel ; d'autant plus, que les mar- 
ches des deux montres marines au moins paraissent 
avoir une tendance régulière à retarder, ce qui empé- 
che déjà d'adopter la marche moyenne d’une époque . 
plus considérable. 

En partant de cette hypothèse, nous nl donc 
les résultats suivants : (Voir Tableau n° 2, p. 259). 


Si l’on prend la moyenne que les trois montres offrent, 
on obtient : 


Voyage de Neuchâtel à Berne. 


Chronomètre Rossel .  . . 1°55" 60 
» Grandjean  . 1° 55° 47 

» de poche . .. 155" 64 
Moyenne , … . 1 55° 57 


D’après les raisons que j'ai indiquées plus haut, Je 
préfère laisser de côté les trois résultats fournis par le 
voyage de retour, d’autant plus que le chronomètre 
marin Rossel donne une différence tout-à-fait irrégu- 
ière, dont je trouve l'explication dans la circonstance 
que le mécanisme de suspension de cette montre a été 
trouvé à mon retour légèrement dérangé , ce qui devait 
l’exposer pendant le voyage à de petites oscillations assez 
brusques. 


4 
À 
F 


— 251 — 


_ En m'en tenant ainsi aux trois premiers résultats , 
qui sont parfaitement concordant entre eux, Je trouve 
pour la différence en longitude des observations de Berne 
et Neuchâtel: 155" 57 chiffre qui contient néces- 
sairement encore l'équation personnelle des observa- 
teurs, et dont j'évalue la précision à une seconde près, 
surtout parce que la détermination du temps s’est faite 


à Berne dans des conditions peu favorables. 


Cette limite d’exactitude se confirme, si l’on compare 
la longitude de notre observatoire, obtenue ainsi par la 
voie de Berne, avec celle que j'ai trouvée il y a quel- 
ques mois, -par l'opération analogue faite avec Génève. 
On trouve alors : 

Longitude de Berne d’après les mgénieurs 


TT A ELA LNN e C PES ONE EMAIE 
Mnehaioi-Bérne 5,20 D TS DAS 
Longit. de l’observ. de Neuch. (par Berne). 18° 29° 15 

» » »  (p. Genève). 18° 28" 60 
Diféréncé 21% 0 ETS 0" 55 


L'intérêt avec lequel M. le professeur Wild a accueilli 
mes offres et l’achèvement des appareils télégraphiques 
me font espérer de pouvoir encore dans le courant du 
mois prochain faire la première détermination télégra- 
phique de longitude, qui, je l'espère, vérifiera la lon- 
gitude obtenue par les chronomètres, tout en la corri- 
geant. | 

À. Hirscx. 


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ÉCLIPSE DE SOLEIL 


DU 18 JUILLET 1860. 


Messieurs , 


Comme c’est aujourd'hui la dernière séance ordi- 
naire de ce printemps, Je crois ne pas devoir la laisser 
passer sans vous entretenir brièvement du grand phé- 
nomène céleste qui nous attend dans deux mois; Je 
veux parler de l’éclipse totale de soleil, du 18 juillet. 

Cette éclipse totale , visible en Amérique , en Europe 
et en Afrique, partout dans des pays assez accessibles, 
est attendue par les astronomes et les physiciens avec 
une espèce d’impatience qui s'explique, lorsqu'on 
songe à la rareté relative de ce phénomène, et au nom- 
bre et à l'importance des questions et des problèmes 
dont on attend la solution de l’éclipse de cette année. 
Je n’ai qu'à mentionner le phénomène de la couronne 
qui entoure la lune au moment de la totalité de l’é- 
chipse. Bien que la dernière éclipse de 1851 , observée 
en Prusse et en Russie , ait fait beaucoup avancer l’ex- 
plication de ce phénomène, la grande question de sa- 
voir si cette auréole appartient au soleil ou à la lune, 
doit encore être décidée par les observations. Ensuite, 
le phénomène encore plus mystérieux des protubéran- 
ces roses, qui à tant frappé tous les observateurs des 
deux dernières éclipses visibles en Europe, et pour le- 
quel nous ne possédons encore aucune théorie bien 


— 261 — 


établie. En effet, l'hypothèse qui semblait la plus na- 
turelle, savoir que ces protubérances auraient quelque 
rapport avec les taches solaires ou bien avec les facules, 
a perdu beaucoup de son poids, depuis que M. Littrow 
qui a observé avec précision la position de ces protubé- 
rances dans la dernière éclipse et les a comparées en- 
suite avec les positions de toutes les taches et facules 
considérables, est arrivé à un résultat décidément né- 
gatif. On ne peut donc espérer faire des progrès dans 
cette matière pleine d'intérêt et de mystère, qu’au 
. moyen d'observations soigneuses , faites sur la position, 
les dimensions et les mouvements des protubérances, 
observations fort difficiles et délicates, qui demandent 
des instruments et des observateurs spéciaux. 

Enfin, cette éclipse doit décider aussi du sort de la 
planète de Lescarbault; d’abord de son existence, der- 
mèrement mise en doute par M. Liais, qui a observé le 
soleil le même jour et à la même heure que M. Lescar- 
bault, sans apercevoir la planète; et si on la revoit, de 
son orbite et des détails que l’observation isolée et in- 
complète de M. Lescarbault n’a pu fournir à la science. 

Des moyens extraordinaires d'observation, et sur- 
tout des photographies, qui se préparent sur une vaste 
échelle, devraient aussi montrer d’autres planétoïdes 
du groupe situé entre Mercure et le soleil , que l'hypo- 
thèse de M. Le Vernier suppose pour l'explication de 
la perturbation découverte par lui dans le mouvement 
du périhélie de Mercure. 

À côté de ces questions principales, une foule du 
tres qui intéressent vivement l’astronomie et la physi- 
que, justifient les mesures prises par plusieurs gouver- 
nements, qui envoient des expéditions en Espagne, en 


BUIL.. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. V. 18 


— 262 — 


Amérique , etc. Il est à espérer que des moyens aussi 
considérables et le concours d’un grand nombre d’as- 
tronomes que l'Espagne verra se réunir, auront des 
résultats dignes du sujet et du zèle que l’on met à l’ap- 
profondir. 

Comme j'ai calculé d'avance, il y a déjà quelques 
années, les détails de cette éclipse importante, j'aurais 
désiré pouvoir l’observer aussi dans la zone de la tota- 
lité; mais je dois y renoncer quoique avec regret, vu 
qu'il serait difficile pour moi de quitter pour un temps 
quelque peu considérable, notre observatoire encore en 
voie d'organisation. D'ailleurs comme l’éclipse du 18 
juillet sera aussi visible à Neuchâtel, au moins partielle- 
ment, son observation, bien qu’elle ne puisse pas porter 
grand fruit pour la science en général, profitera à 
notre observatoire, auquel elle fournira une nouvelle 
donnée pour la détermination de sa longitude. L’ob- 
servation exacte des moments d'entrée et de sortie de 
la lune pourra cependant contribuer à faire connaître 
les erreurs de nos tables astronomiques, lorsque plus 
tard la position géographique de notre observatoire sera 
établie par d’autres moyens avec toute l'exactitude dé- 
sirable. — Enfin, des observations exactes et nombreu- 
ses sur les positions des taches et facules pourront être 
utiles à la discussion des observations de protubérances. 

Pour donner à ceux de mes collègues, qui désire- 
raient observer le curieux phénomène , quelques di- 
rections, je vais vous communiquer ce que le calcul 
m'a appris sur les éléments de l’éclipse pour Neu- 
châtel. 

Elle commencera à 2h 21,1, t. m. de Neuchâtel, et 
le premier contact de la lune aura lieu au point du dis- 
que solaire, qui se trouve à 75°,17, compté vers l’ouest 


— 263 — 
à partir du point nord. La plus grande phase aura lieu à 
3h32m,4 et elle sera de 9,4 doigts, c’est-à-dire que la 
lune couvrira 0,783 du diamètre du soleil. — Enfin, 
l'éclipse finira à 4133%,4 et la lune quittera le bord 
solaire à 127° 4’, compté à partir du point nord vers l'est. 

Pour connaître le point nord du disque solaire et 
par conséquent les points de contact, ce qui est im- 
portant surtout pour l'observation du commencement, 
si vous avez une lunette pourvue d’un fil mobile, fai- 
tes seulement quelque temps avant l’éclipse, suivre ce fil 
par le bord ou une tache du soleil, en le tournant, 
jusqu’à ce que le bord du soleil dans son mouvement 
diurne ne le quitte plus. Alors votre fil aura la direc- 
tion parallèle à l’Equateur. Mais si vous n'avez pas 
ce simple micromètre, ou point de lunette du tout, il 
faut alors déjà renoncer à l'observation exacte des mo- 
ments de contact; il suffit dans ce cas de savoir, que la 
lune entrera du côté occidental un peu au-dessous du 
cercle de hauteur qui passe par le centre du soleil. 
Il est bien entendu que je parle de l’image directe; si 
vous vous servez d’une lunette astronomique, il va sans 
dire que l'entrée aura lieu du côté gauche. 

Celui qui s'intéresse à l’éclipse moins pour l’observa- 
tion scientifique que pour l'apparence générale et le 
côté pittoresque du phénomène , fera bien de monter 
à Chaumont ou sur un autre point offrant une vue 
étendue ; si le temps est favorable, il sera ravissant de 
voir voler l'ombre gigantesque de la lune sur le vaste 
pays que l’on embrasse depuis ce point de vue. 

Pour vous donner une idée de la marche de lé- 
eclipse en général, je mets sous vos yeux des cartes 
que j'ai dessinées à l’usage des observateurs. 


# 


ROSE" Re 


Après que j'eus publié ces cartes et les calculs sur 
lesquels elles reposent, parurent les nouvelles tables de 
la lune par M. Hansen de Gotha. Comme ces tables, 
qui reposent sur la longue suite des observations de la 
lune, faites à Greenwich et sur la théorie perfectionnée 
de M. Hansen, différent assez considérablement des 
anciennes tables de Burkhardt dont je m'étais servi, 
J'ai repris mes calculs et j’ai trouvé en effet un dé- 
placement sensible de la zone de totalité. Comme je 
l'ai montré dans une communication à l’académie de 
Vienne en 1858, les tables de Burkhardt donnent la 
déclinaison de la lune de 4”°,5 plus petite qu’on ne la 
trouve dans les tables de Hansen, ce qui déplacerait 
l'ombre sur la terre vers le sud. Cependant l'effet de la 
différence en ascension droite est plus considérable ; car 
puisque les tables de Hansen assignent à la lune une 
ascension droite plus petite de 2,4, le moment de la 
conjonction est retardé , et comme le mouvement en 
ascension droite de la lune dépasse celui du soleil de 
2*,4 environ par heure, l’éclipse aura lieu d’après Han- 
sen 1" environ plus tard que d’après Burkhardt. Comme 
maintenant la déclinaison de la lune diminue de 10” 
à peu près dans 1", l'ombre de la lune couvrira la 
terre dans une partie un peu plus méridionale qu’on 
ne le trouve par les tables de Burkhardt. Ainsi corri- 
gées, les limites de la zone de totalité assignées par 
. moi, concordent avec celles trouvées par M. le profes- 
seur Wolfers, à Berlin, d’après une méthode différente. 
Les petites différences qui existent encore, provienrrent 
de ce que M. Wolfers n’a pas tenu compte de l’aplatis- 
sement de la terre et qu'il a négligé l'effet de la paral- 
laxe sur le diamètre apparent de la lune. 


— 265 — 


_ La carte publiée par M. Mädler, à Dorpat, suit entiè- 
rement les limites que j'avais données. Enfin, celle que 
M. Hind a fait paraître dernièrement comme supplé- 
ment au Vautical Almanac, différe de la mienne d'une 
manière insensible, quoique M. Hind ait employé les 
tables du soleil faites par M. Le Verrier, tandis que 
j'ai fait aussi mes calculs pour le soleil avec celles de : 
Hansen. 

Il est donc très-probable , que l'observation confir- 
mera les prévisions du calcul. 


RAPPORT 


DU COMITÉ MÉTÉOROLOGIQUE 


DE LA 
SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE NEUCHATEL 


pour l’année 1859 
présenté par M. Ch. KOPP, professeur. 


2 < — 


Nous continuons le résumé des observations faites 
anciennement à Neuchâtel et dans le canton, en rap- 
portant les phénomènes les plus remarquables recueil- 
lis dans les Annales de Boyve, pour le 17" siècle. 

Le résumé des observations faites en 1859 dans le 
canton et les observations limnimétriques des trois lacs 
de Neuchâtel, de Bienne et de Morat. 


Résumé 


DES. 
PHÉNOMÈNES LES PLUS REMARQUABLES QUI SE SONT PASSÉS 
A NEUCHATEL 
DANS LE 17m SIÈCLE 


de l’an 1600 à l’an 1700. 


1600. Beaucoup de grains, peu de vin. 

1601. Printemps froid, les gelées durèrent jusqu’à la 
Pentecôte, qui était le 11 mai. Toute l’année le so- 
leil fut pâle et sans vigueur. L'année fut pluvieuse ; 
on ne put pas bien sècher le grain. Le vin fut vert. 


— 267 — 


1602. Moissons abondantes. Les vendanges furent pe- 
tites à cause des gelées du printemps. 

1603. Eté chaud et sec. Abondance en grains et en 
vin. En novembre, on eut des fleurs dans les jardins 
et on voyait des arbres en fleurs. 

160%. Bonnes récoltes en vin et en grains. 

1605. Année fertile en bon vin et en grains. 

1606. Prodigieuse quantité de neige en janvier ; en 
mars pendant trois jours, depuis la veille de Pente- 
côte il y eut des vents très-violents qui firent beau- 
COUP de mal. Le 10 août forte gelée qui fit du mal 
aux vignes et aux champs. 

1607. En janvier, ouragan furieux qui fit beaucoup 
de ravage. Le vin et les grains réussirent. 

1608. Au commencement de l'an, il fit un froid si vio- 
lent que tous les lacs et les rivières de la Suisse ge- 
lèrent, qu'on pouvait voyager partout en voiture. 
Les eaux débordèrent et causèrent de grands domma- 
ges. Les arbres et les grains gelèrent au printemps 
ce qui fit qu'on fit une petite récolte. 

1609. Hiver si doux qu'on vendait des fraises sur le 

* marché de Neuchâtel à la Chandeleur ; mais ensuite, 
il fit de fortes gelées, ce qui joint aux grosses pluies 
de Saint-Jean, enleva une partie des fruits de la 
terre. Les vendanges se firent par un si grand froid 
que le raisin gela dans les cuves. On n’eut point de 
fruits d'arbre. Après les semailles d'automne , il fit 
un froid si sec que le grain ne put pas germer. 

1610. Hiver fâcheux entremêlé de froids, de vents et 
de pluies. Petites moissons, mais beaucoup de vin. 


Cherté. 
1611. Il tomba peu de neige tout l'hiver. Le 9 février, 


ST 


éclat de tonnerre extraordinaire. Il plut beaucoup 
en printemps; les eaux débordèrent et couvrirent 
les campagnes. Cependant les moissons et les ven- 
danges furent assez favorables. | 

1612. Hiver fâcheux et rigoureux. Mars, avril et mai 
furent tellement secs qu'on manqua d’eau en divers 
lieux et les fruits des arbres périrent. Puis temps si 
inconstant qu’on eut de la peine à moissonner et à 
vendanger. 

1613. Abondance en vin et grains. 

1614. À la Saint-Martin 1613 il tomba beaucoup de 
neige qui dura jusqu’à la fin d'avril 161%, qui étouffa 
les grains. Vins et grains furent peu abondants, 

1615. L'hiver avait commencé le 1 novembre 1614 par 
un froid très-violent, qui dura jusqu'au prmtemps. 
Cependant il fit si chaud à Pâques que les arbres 
fleurirent. En mai, fortes gelées, cependant on mois- 
sonna à Saint-Jaques et tout fut vendangé à Saint- 
Michel... 

1616. Il fit un hiver froid et il y eut beaucoup de neige. 
L'été fut chaud et sec. Les fontaines tarirent: On 
moissonna le 25 juin. Grande abondance de vin et 
de grains tellement qu’on ne trouva pas assez de ton- 
neaux. Ce fut la bonne année par excellence. 

1617. Hiver et printemps si doux que les arbres fleu- 
rirent en mars. Grande sécheresse. L’année fut fer- 
ile, mais le vin fut vert. 

1618. Année abondante en grains, mais non en vin. 

1619. Année assez abondante. 

1620. On fit bien du grain quoiqu'il plut trente jours 
sans cesser avant la moisson. Il y eut peu de vin, 
mais 1l fut excellent. 


! 


— 269 — 


1621. L'hiver fut très-froid, il gela tellement qu'on 
trouva en divers lieux quinze pieds de glace. Il y 
eut peu de vin à cause des gelées du printemps. Les 
moissons furent médiocres. 

1622. En printemps, le dégel rapide causa des débor- 
dements considérables. L'année fut pluvieuse, on eut 
bien de la peine à cultiver la terre. Le 30 juillet, 1l 
tomba beaucoup de neige sur nos montagnes, il gela 
ensuite, ce qui fit qu’on eut de la peine à moissonner 
et le grain fut mal conditionné. En septembre, les 
ishres fleurirent de nouveau et les oiseaux firent des 
petits. On eut peu de vin et 1l fut vert. 

1623. Cherté, grêles et temps fächeux. On eut cepen- 
dant une bonne année. 

1624. Le 1° février, le lac de Neuchâtel gela Jus- 
qu’à 400 pas, ce qu'aucun homme vivant n'avait vu. 
Un grand nombre de personnes s’y allèrent prome- 
ner. Puis vents violents et pluies continuelles tout 
l’été. Le grain renchérit ensuite de cela. 

1625. Pendant toute l’année le temps fut mconstant et 
pluvieux. Le grain fut mauvais, les vendanges peti- 
tes et mauvaises. 

1626. Le 18 mai, il y eut une gelée qui causa une 
grande cherté. Le printemps avait été très-beau, 
mais les pluies froides et continuelles qui suivirent 
la gelée, firent qu’on eut de la peine à faire les foins. 
Le 2 juillet, grêle épouvantable, il tomba des grêlons 
gros comme des œufs. Un vent d’uberre accompagné 
de tonnerres et d’éclairs la poussait avec violence. 
On ne vit après cette grêle ni feuilles, n1 fruits de- 
puis Neuchâtel jusqu’à Cortaillod. On ne vendangea 
pas dans les endroits frappés par la grêle. Ce fut 


nr. de 


l’année de la tempête. On eut si peu de vin que 
100 ouvriers produisirent un muid et du vin très- 
mauvais. 

1627. Grosse grêle sur le vignoble de Neuchàtel. Cherté. 

1628. Eté froid et pluvieux, déjà l'hiver avait été 
fächeux. Le 16 juin, il y eut à Soleure une grêle 
inouie. On eut peu de grain. Les grains des monta- 
ones furent gelés. La cherté continua et le défaut 
des grains fit qu’on moissonna trop tôt. Les raisms 
selèrent avant les vendanges, on fit peu de vin et 
mauvais. Les longues pluies d'automne firent qu'on 
ne put semer les froments qu'à Noël. 

1629. Le 28 janvier, il y eut un vent violent qui fit du 
mal aux arbres et aux maisons. La cherté continua 
jusqu'aux moissons, le prix baissa de moitié. Quoique 
la neige eut subsisté jusqu’à la fin de mai, l’année 
fut assez avancée. Les moissons eurent lieu le 15 
juillet. Les vendanges se firent au milieu de septem- 
bre. Les pluies ne cessèrent depuis août jusqu’à la 
Saint-Martin, tellement qu’on ne put semer que fort 
peu. 

1630. Le 9 juillet, grèle des plus terribles qui fit sur- 
tout beaucoup de mal dans les montagnes de Neu- 
châtel, où elle tua beaucoup de bétail. Le 27 août, 
orage violent qui gàta les toits des maisons et ren- 
versa les arbres. On eut peu de grain, mais beaucoup 
de vin. 

1631. En août, neige d’un pied dans le vignoble; ce- 
pendant l’année fut abondante et on eut du très- 
bon vin; il fut à si bas-prix qu'on donnait un pot de 
vin pour un œuf. L'été fut chaud et sec. 

1632. On eut de riches moissons. On eut peu de vin à 
cause des gelées du printemps. 


— 271 — 


1633. Année assez abondante en grains, mais les ge- 
lées du printemps firent qu'il y eut peu de vin. 

1634. Le 13 décembre 1633, il survint un froid si 
violent que plusieurs personnes en moururent, le 
bétail mourut aussi de froid. Les lacs et les rivières 
sgelèrent, ce qui dura environ cinq semaines. On eut 
de médiocres moissons et vendanges, mais le vin 
fut bon. 

1635. Année peu abondante. 

1636. Année peu abondante. 

1637. On eut beaucoup de vin , mais peu de grains. 

1638. Hiver froid mais beau et sec. Il y eut peu de 
neige. Le printemps fut chaud et l’été pluvieux. Les 
gramsréussirent assez bien. 

1639. Le 11 avril, toutes les vignes gelèrent et après 
la gelée tous les bourgeons avancés séchèrent. L'été 
fut pluvieux, ce qui nuisit aux fruits de la terre. 

1640. Janvier et février furent doux, mais mars fut ri- 
goureux et le froid dura jusqu’à fin d'avril. Le 3 
mai, grèle en divers endroits du comté de Neuchà- 
tel. L'été fut très-pluvieux ce qui fit qu’on eut de 

_chétives moissons et vendanges. Le vin fut appelé 
_guinguet. La cherté augmenta. 

1641. Petite récolte , les gelées du printemps avaient 
nui AUX vignes. 

1642. Au commencement de juillet , les vignes étaient 
fort belles, mais les pluies froides et ensuite la brü- 
lure et la grêle enlevèrent presque tout. On fit peu 
de vin. Les eaux et la grêle firent aussi du mal à la 
Sagne et au Locle. On eut peu de grain. Cherté. 

1643. En mai plusieurs gelées. La moisson fut abon- 
dante. La vendange fut médiocre, mais on eut d’ex- 
cellent vin contre toute apparence. 


— 272 — 


1644. Le 6 juillet, il y eut des pluies si abondantes que 
les vignes de Neuchâtel et Peseux furent presque dé- 
truites par les ravines. En même temps, il tomba 
une forte grêle. L'hiver fut rude et fâcheux, il tomba . 
une si prodigieuse quantité de neige , qu’il y en avait 
six pieds en pleine campagne; elle dura jusqu’en 
mars. Plusieurs gelées en mai firent que les mois- 
sons et vendanges furent médiocres. 

1645. Le 19 janvier, vent violent qui fit beaucoup de 
dégât , qui abattit des toits, déracina des arbres et 
renversa des maisons. Le cours du Rhône fut arrêté 
pendant trois heures, le lit du fleuve parut à sec et 
on y prit beaucoup de poissons. L'été fut chaud et 
sec. On ut des grains et du vin en abondance. 

1646. En hiver froids violents. En mai si grande séche- 
resse que les fontaines tarirent et que l’herbe sécha. 
Abondance de grains et de vin. 

1647. Année abondante. 

1648. On eut d'assez bonnes moissons, mais peu de 

. Vin. 

1649. On eut beaucoup de vin. 

1650. I fit si chaud en janvier que les arbres poussè- 
rent leurs boutons. Environ à la Saint-Jean il fit si 
froid qu'il fallut chauffer les fourneaux. Bonnes 
moissons et beaucoup de vin. 

1651. Les gelées du printemps firent quelque dom- 
mage. 

1652. Les eaux furent hautes, car il plut beaucoup dans 
l’année. Abondance de vin et de grains. Fin novem- 
bre, on eut des fraises müres, les arbres fleurirent, 
on vit des cerises, mais elles ne mürirent pas. Il fit 
très-chaud. Les eaux baissèrent et les rivières dimi- 
nuèrent considérablement. 


— 273 — 


1653. On eut beaucoup de grains et de vin bien con- 

 ditionnés. En décembre, si grande sécheresse que 
presque toutes les fontaines tarirent, les moulins fu- 
rent à sec. 

1654. Abondance de grains et de vin quoique l’année 
fut pluvieuse. ” 

1655. Année assez abondante quoique les msectes ra- 
vagèrent les fruits de la terre. 

1656. Année pluvieuse mais abondante en vin et en 
grains. | 

1657. Année humide , on eut de la peine à moissonner 
et le vin fut vert. | 

1658. Le 1” janvier, neige extraordinaire. Beaucoup 
de grains et de vin. 

1659. Année abondante en foins, vins et grains. 

1660. En janvier et février , froids si violents que plu- 
sieurs lacs gelèrent en Suisse. L'été fut très-chaud, 
l’année fut abondante à l'exception de quelques lieux 
frappés par la grêle. 

1661. Le 21 mars, grosse grêle. Année assez abon- 

_dante. f 

1662. Le 2% mars, 1l tomba une grosse grèle. L'année 
fut pluvieuse. Les 29 et 30 novembre, il tomba une 
si prodigieuse quantité de neige qu’on ne put pas al- 
ler au temple du haut, la neige atteignit jusqu'aux 
fenêtres des maisons. 

1663. Année peu abondante. 

1664. En janvier, il tomba une quantité prodigieuse 
de neige et 1l fit un froid si violent que plusieurs 
personnes moururent sur les chemins devenus impra- 
ticables. Les pluies continuelles qu’il fit pendant cinq 
mois causèrent des débordements d'eaux en divers 


— 274 — 


lieux , elles nuisirent aux fruits, aux grains et au vin, 
qui ne purent pas muürir. | 

1665. Au mois de Janvier il tomba une si prodigieuse 
quantité de neige que le passage des Alpes fut fermé 
pendant plusieurs semaines. Il fit un grand froid en 
Espagne et en Italie. Chez nous, le froid fut si violent 
que les vignes gelèrent en plusieurs lieux. Le 19 fé- 

.vrier, 1l éclata un orage violent. Le 19 juillet, tem- 
pête qui renversa des arbres et des maisons. L'année 
fut abondante en grains eten vin; on a eu de la peine 
à trouver assez de tonneaux. 

1666. Année abondante en grains et en vin. 

1667. On fit beaucoup de vin cette année. 

1668. On fit peu de vin. 

1669. L'été fut chaud; il ne plut presque pas depuis 
la St-Georges jusqu'à l’année suivante. Les fontaines 
tarirent. L'année fut abondante. 

1670. L'hiver fut extrêmement froid, tellement que 
toutes les fontaines gelèrent et même le vin dans les 
caves. Année abondante en grains et en vin. 

1671. L'année ne fut pas très-abondante. / 

1672. Année abondante en vin et en grains. 

1673. Sans remarque particulière. 

- 1674. Année peu abondante. 

1675. Le printemps fut très-froid et humide comme 

l'été, ce qui rendit l’année tardive ; les raisins et les 

fruits, quoique abondants, ne furent pas bons. En 
outre l'hiver commença de bonne heure. Les grains 
des montagnes gelèrent entièrement; 1l tomba beau- 
coup de neige au milieu des vendanges, qui eurent 
lieu le 1°” novembre, cependant les raisins n'étaient 
pas mûrs, tellement qu’on eut de la peine à les pres- 


— … " 


— 275 — 


_ser. Le vin fut vert et n’était que du guinguet. Il y 
eut beaucoup de vin mais il fut cher. Après cet hiver 
d'automne qui dura quelques semaines , on eut un 
beau décembre et une chaleur excessive pour la sai- 
son. Le vin resta doux pendant l'hiver et ne fermenta 
qu'au printemps. L'année fut appelée l’année de la 
gelée. 

1676. L'été fut très-chaud. On eut une bonne année. 
On eut peu de vin mais fort bon. La vente du vin se 
fit à prix bas afin d’en faciliter l'écoulement et pour 
réparer la faute qu’on avait faite l’année passée par 
une vente à prix excessif, qui fit que les vins demeu- 

_ rèrent à la charge des particuliers, 

1677. Le 25 juin, à la suite d’un orage, très-grand 
débordement d’eau à Neuchâtel, le bas de la ville fut 
inondé; les eaux couvrirent le four de la ville; le 
pain et la pâte furent fondus. Il y eut de grandes ra- 
vines qui ruinèrent quelques vignes. La foudre tom- 
ba sur le temple du château et la cure de Serrières. - 
On fit beaucoup de vin. 

1678. Année assez abondante. 

1679. En juillet, grêle qui fit beaucoup de mal, ce 
qui fut cause qu'on fit peu de vin. 

1680. L'automne fut si chaud que les arbres fruitiers 
fleurirent de nouveau en octobre. On fit beaucoup 
de vin. 

1681. L'hiver fut très-froid et des plus violents. L'été 
fut très-chaud et sec; les fontaines tarirent tellement 
qu'on vint du Val-de-Ruz faire moudre le grain à 
Serrières. 

1682. Année abondante en grains et en vin. 

1683. Grande récolte de vin. 


— 2716 — 


1684. Janvier et février furent extrêmement froids. Les 

rivières gelèrent, on les traversait avec les chariots 
chargés; plusieurs personnes moururent de froid. 
L'année fut très-abondante. 

_ 1685. Sans remarque particulière sauf un tremble- 
ment de terre. 

1686. Année abondante. 

1687. Le 27 juillet, à 4 heures du matin, grêle poussée 
si violemment par le vent, qu'elle ruina une partie 
des vignes depuis Colombier jusqu’à Cornaux. 

1688. Le 5 juillet, grêle à 10 heures du soir qui s’éten- 
dit sur toute la Suisse, poussée par un vent si violent 
que l'orage abattit plusieurs arbres; il y eut cherté 
à la suite. L'hiver survint avant qu’on eut moissonné 
dans la montagne. Il y eut beaucoup de graines qui 
demeurèrent sous lesneiges jusqu’au printemps 1689. 

1689. Année pluvieuse en été. Les trois lacs de Morat, 
de Neuchâtel et de Bienne furent réunis en un seul. 
Le 18 avril, orage accompagné de grêle qui fit du 
dégât. Cherté qui dura cinq ans. 

1690. Année peu abondante. 

1691. Récoltes chétives. 

1692. Année stérile. 

1693. On eut peu de grains et de vin. Grande cherté. 

1694. Année abondante; les prix baissent. 

1695. Le 25 janvier, le lac de Neuchâtel gela d’un 
bout à l’autre tellement qu’on pouvait le traverser de 
tous côtés, même avec des traîneaux chargés et atte- 
lés de chevaux. Plusieurs jeunes gens le traversèrent 
le 31 Janvier et entre autres deux bourgeois de Neu- 
châtel, Jean-Frédéric Pury et Jean de Pierre, qui 
couchèrent à Portalban , d’où ils revinrent le lende- 


— 211 — 

main à Neuchâtel. Ils assurèrent qu’il y avait 11544 
pas de Neuchâtel à Portalban. Plusieurs autres per- 
sonnes passèrent encore le lac. À St-Blaise, soixante 
hommes y allèrent faire l’exercice environ mille pas 
en avant et firent des décharges. Chacun allait s’y 
promener avec assurance. Îl y avait une trace rouge 
comme du sang, qui était longue d’une lieue et envi- 
ron deux cents pas loin de la ville. Le 14 février, il 
se fit une ouverture du côté du couchant du port, 
par laquelle il sortit avec impétuosité une prodigieuse 
quantité de glace qui fut poussée entre le port et le 
Seyon, de facon qu'il se fit du côté du soleil levant 
de, ce ruisseau un monceau aussi haut qu’une mai- 
son. Il se fit aussi des monceaux de glace depuis le 
pont du Mouson jusqu’au lieu qu’on nomme des Cail- 
loux. Ces monceaux s’y étaient ramassés avant que 
le lac dégelàt et seulement par les ouvertures qui 
s'étaient faites près des bords. Les premiers morceaux 
de glace furent poussés par les vents avec tant d’im- 
pétuosité que des pierres s’élevèrent, se trouvant sur 
ces glaçons , les autres gläçons qui suivirent furent 
poussés sous les premiers, en telle sorte que ces pier- 
res, quoique fort grosses, furent élevées jusque au 
haut des monceaux de glace qui étaient environ de 
vingt pieds de hauteur, et qu’elles ne redescendaient 
à terre qu’à mesure que la glace fondait. Enfin le lac 
dégela entièrement la nuit du 28 Février au 4° Mars. 
Et cependant la navigation ne laissa pas d’être en- 
core dangereuse à cause des grands quartiers de glace 
qui venaient heurter contre les bateaux. 

Voici ce qu'on trouve inscrit dans les annales 
d’Estavayer : 


BUL, DE LA SOC, DES SC. NAT. T.V. 19 


— 218 — | 


« Aujourd’hui, 11 février 1695, l'après-midi, sont 
arrivés en cette ville Jean-Michel Gottoliat, de Pro- 
vence; Henri, fils Jonno Rougemont, de Saint-Au- 
bin , et compagnie, etc., lesquels tous ensemble ont 
passé, dès Saint-Aubin en cette ville, le lac sur 
olace à pied sec, au grand étonnement d’un chacun 
pour n'avoir vu, entendu dire, ni trouvé par écrit un 
semblable fait; il leur a été ordonné par Mrs de ville 
de boire chacun un pot de vin avec pain et fromage 
que M. le Gouverneur F. Hyacinte Devevey leur a 
livré. Ce qui a été annoté pour servir de mémoire 
futur comme très-véritable. Signé: Cantin, secré- 
taire du Conseil. » e 

Voici ce qu’on trouve encore écrit dans les anna- 
les touchant cet événement : | 

« L'année 1695, le 11 février, le lac de Neuchà- 
tel était si fortement gelé que de tous côtés on le 
passait à pied sans aucun danger. On alla ainsi har- 
diment depuis Estavayer à la foire de Neuchâtel, ce 
qui dura 8 jours, si bien que hommes et femmes, 
petits et grands, pauvres et riches, pour mémoire et 
rareté du fait, allaient librement et sans crainte dan- 
ser au rond sur la glace qui, au milieu du lac, était de 
l'épaisseur de deux bons pieds de roi, et à l’arrivée 
du dégel, on entendait comme des décharges de ca- 
non quand la glace se fondait; il y semblait que deux 
armées étaient en présence, combattant l’une contre 
l’autre. Ce fracas s’entendait jusqu’à Romont, même 
au-delà comme si c’eût été des tonnerres continuels.» 

Le lac de Neuchâtel avait déjà été gelé aux années 
1420, 1515 et 1573. L'année fut fort pluvieuse. On 
fit du vin mal conditionné. 


— 219 — 


1696. On fit très-peu de vin. 

1697. Année peu abondante. 

1698. L'année fut très-froide, l'hiver dura jusqu’à la 
fin de mai et la neige dura jusqu’au 18 mai. Il en 

- tomba les deux premiers jours de Juin. Le foin de- 
vint très-rare. Les moissons de la montagne n'étaient 
pas achevées à la St-Martin. On recueillit des grains 
dès-lors encore, qui furent chargés sur des trai- 
neaux. On fit encore assez de vin. 

1699. On fit beaucoup de vin. 


Comètes. 


1604. Petite comète de la figure d’une étoile, en oc- 
tobre. 

1607. Le 16 septembre, comète dont la queue regar- 
dait lé midi. 

1618. Grande comète en novembre et décembre 1618 
et janvier 1619, qu’on voyait à trois heures du matin 
du côté du septentrion et qui tendait vers le midi; 
elle avait une grande queue qui regardait vers l’oc- 
cident et qui avait la forme d’une pyramide. 

Boive ne cite dans ce siècle que trois comètes. La 
discussion à laquelle nous nous sommes livrés dans le 
Bulletin de l'an passé, à ce sujet, montre que ces notes 
ont en général peu d'importance. Nous ne nous y arrê- 
terons pas plus longtemps. 


Tremblements de terre. 


1601. Plusieurs tremblements de terre; ceux du 15 
février et du 8 août furent peu violents, mais celui 
du 8 septembre, à deux heures après minuit, abattit 
des cheminées. 


— 280 — 


1612. Le 9 novembre, grand tremblement de terre. 

1619. Le 29 janvier, tremblement de terre. 

1620. En janvier, tremblement de terre. 

1621. Le 20 et 21 mai, tremblement de terre. 

1625. Le 22 février, à onze heures du matin, tremble- 
ment de terre. 

1630. Le 29 décembre, tremblement de terre, mais 1l 
ne fit pas de mal. 

1642. Le 22 novembre, trois secousses de tremblement 
de terre pendant la nuit. 

1648. Le 23 novembre, tremblement de terre. 

1649. Le 25 novembre, tremblement de terre. 

1652. Le 4 février, tremblement de terre. 

1656. Le 23 février, tremblement de terre en Suisse, 
trois secousses. 

1660. Le 4 et 5 novembre, six secousses de tremble- 
ment de terre. 

1661. Le 25 février, tremblement de terre, 

1665. Le 31 mars, tremblement de terre. En mai, 
tremblement de terre. 

1670. Le 6 juillet , tremblement de terre à deux heures 
du matin. 

1680. Le 24 juillet, tremblement de terre. 

1681. Le 17 janvier, tremblement de terre, une se- 
cousse. 

1682. Le 2 mai, tremblement de terre. 

1685. Le 26 février, rude secousse de tremblement de 
terre. 

1689. En juin , tremblement de terre. 
Boive cite 24 tremblements de terre. Bertrand, dans 

son mémoire sur les tremblements de terre de la Suisse, 

en cite 40 dont 17 ressentis à Neuchâtel. D’après ce 


— 281 — 


dernier auteur, les tremblements de terre ressentis à 

Neuchâtel ont eu lieu dans les années 1618, 19, 21, 

42, 48, 50, 52, 56, 60, 61, 65, 70, 80, 81, 82, 88 et 

1689. 

Boive ne donne pas d'indications de lieux, et il ne 
cite pas 4 des tremblements de terre qui d’après Ber- 
trand ont été ressentis à Neuchâtel, ce sont ceux des 
années 1618, 1650, 1661 et 1688. Les autres trem- 
blements de terre cités par Boive se rapportent d’après 
Bertrand à la Suisse, à l'exception de celui de 1656 que 
Boive rapporte expressément à la Suisse pendant que 
Bertrand le rapporte à Neuchâtel et à la Suisse. Boive 
cite en outre trois tremblements de terre, qui ne sont 
pas mentionnés par Bertrand, ce sont ceux des années 
1612, 1649 et 1664. Ces tremblements de terre sont 
cependant indiqués par Boive avec leur date précise et 
celui de 1612 avec la qualification de grand tremble- 
ment de terre. 

En maintenant donc ces trois indications de Boive, 
le nombre des tremblements de terre ressentis en Suisse 
s'élève à 43 dont 17 ressentis à Neuchâtel. Ils ont eu 
lieu dans les années : 

1600; 1, 12, 47, 18; 19, 20, 21;:225939,195,:80,:98: 
38, 42, 44, 45, 48, 49, 50, 52, 53, 54, 56, 60, 61, 
63, 64, 65, 66, 68, 70, 72, 78, 19, 80, 81, 82, 84, 
85, 87, 88 et 1689. 


Pestes. 


1603. En juillet et août, maladies du bétail ; il crevait 
si on ne lui raclait pas chaque jour la langue avec 
une cuillère d'argent. 

1604. Cette maladie, appelée le chancre, continue. 


— 282 — 


1608. Peste à Neuchâtel. 

1610. Maladies et cherté. 

1612. Peste. 

1618. Petite vérole pestilentielle. 

1628. Peste à Neuchâtel. 

1629. Peste à Neuchâtel, surtout dans la rue des Mou- 
lins et la rue Saint-Maurice, mais elle n’enleva pas 
un grand nombre de personnes. La contagion fut à 
la Sagne et à Valangin. 

1630. Peste violente. Les villages furent réduits en dé- 
serts. L'herbe croissait dat les rues. Depuis 1564 1l 
n’y en eut pas d’aussi violente, on avait de la peine 
à trouver des vivres à cause de la contagion. 

1635. Peste surtout aux Ponts. 

1636. Cherté et peste à Neuchâtel; soixante-et-six fa- 
milles furent infectées. Le pays fut fort dépeuplé. 
Personne n’osait descendre des montagnes , il fallut 
s’entr'aider pour vendanger. 

1638. Peste à la Chaux-de-Fonds. Elle fut dans le 
comté depuis 1629, tantôt dans un lieu tantôt dans 
un autre, mais bénigne. 

1639. Peste et cherté. 

1664. Mortalité du bétail. 

1667. Peste à Bâle. Des jeunes gens qui en venaient 
furent forcés de faire quarantaine dans une vigne à 
Neuchâtel. 

1682. Maladie du bétail, le chancre comme en 1604. 


Observations diverses et Curiosités. 


1604. Le 21 décembre, entre 8 et 9 heures du ma- 
tin, deux soleils. 


— 283 — 


1605. Le 3 octobre, éclipse totale du soleil qui dura 
environ une heure. ; 

1611. Le 9 février, éclat de tonnerre extraordinaire. 

1620. Le 25 juin, deux soleils ou parhélies à midi, un 
environnant l’autre, l’obscurcissait beaucoup. 

1621. Le 2 septembre, deux escadrons de feu qui 
s’entre-choquaient dans le ciel et devinrent rouges 
comme du sang, de 5 heures du soir à 3 heures (du 
matin. (Aurore boréale). 

1627. Le 18 novembre, trois parhélies. 

1639. Le 4 avril, le soleil levant fut pâle et presque 
sans lumière et rayons; il paraissait couvert d’un 
voile couleur incarnat et qui paraissait tourner avec 
rapidité autour de son centre; il sortit une nuée 
bleue de derrière ce voile qui devenait rouge, cou- 
leur de sang, autour du soleil, et enfin devint jaune. 
Le soleil se vit ainsi trois jours après la pleine lune. 
Huit jours après, toutes les vignes gelèrent le 11 mai. 

1654. Les sources ferrugineuses de Ja Brévine sont dé- 
couvertes. 

1686. Construction de la fontaine de la place par l’ad- 
ministration de la ville et de la maison Montmollin 
sur la place. Le chancelier emplova du vin pour 
faire du mortier, tant le vin fut à bas prix. Il fit faire 
les caves plus profondes que le niveau du lac; 1l em- 
ploya de la Chaux hydraulique, venue des pays 
étrangers. 


Résumé. 


Dans le 17° siècle nous trouvons 30 années où 1l y a 
peu de grain, 35 où les récoltes étaient ordinaires et 
35 où les récoltes étaient abondantes. 


— 284 — 


Pour le vin, on a eu 39 années où la récolte était 
médiocre ou nulle : 4 fois le vin était excellent, 28 fois 
de qualité ordinaire et 7 fois le vin était mauvais. 

27 années ordinaires : 22 fois de qualité ordinaire et 
5 fois de qualité mauvaise. 

34 années abondantes: 3 fois de qualité bonne et 31 

fois de qualité ordinaire. 
= En résumant relativement à la qualité, on a donc eu 
7 années où le vin a été de qualité supérieure, 81 fois 
de qualité ordinaire et 12 fois de qualité mauvaise. 

En passant au détail des saisons, nous trouvons pour 
l'hiver : 86 années ordinaires et 14 années exception- 
nelles, dont 3 à hiver doux, 11 à hiver très-froid. 

Pour le printemps : 92 années ordimaires et 8 an- 
nées exceptionnelles dont 3 à printemps très-froid, 1 à 
printemps froid et humide, 2 à printemps pluvieux, I 
à printemps sec et { à printemps chaud. 

Pour l'été : 85 années à été ordinaire et 15 à été ex- 
ceptionnel dont 3 très-chauds, 5 secs, 5 humides, 1 
froid et humide, 1 froid. 

Pour l'automne, 94 ordinaires et 6 extraordinaires 
dont 1 humide, 4 froids et 1 chaud. 


RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE 
pour l'année 1859. 


Aux anciennes stations météorologiques de Neuchâtel, 
de la Chaux-de-Fonds, de Fontaines et de Bonvillards , 
vient se joindre Préfargier , où M. l’aumônier Fritz Bo- 


UE de 


rel a commencé les observations au mois de février ; 
ces observations ne sont incomplètes que pour 1859. 

Les observations et le résumé pour la Chaux-de- 
Fonds, sont faits par M. Célestin Nicolet, pharmacien ; 
les observations de Fontaines sont faites par M. B. de 
Gélieu, celles de Bonvillards par M. le D' Malherbes. 
Nous espérons que le Locle et les Brenets, stations 
munies de bons instruments, nous enverront leurs tra- 
vaux. Les observations de Chaumont vont de nouveau 
être reprises. À Neuchâtel, les observations sont répar- 
ties entre plusieurs personnes : M. Louis Favre observe 
le baromètre à 9 h. du matin, à midi et à 9 h. du soir; 
M. Mayor observe à sa campagne, au bord du lac, près 
de l’usine à gaz, le vent et l’état du ciel, à 8 h. du 
matin, à midi, à 4 h. et à 10 h. du soir; les autres ob- 
servations sont faites sous la direction ou par M. Kopp. 
Il est bien entendu d’ailleurs qu'aucun des observa- 
teurs chargés d’une observation spéciale, ne néglige 
d'observer les divers instruments qui sont à sa disposi- 
tion quand il en a le temps et surtout lorsque quelque 
phénomène particulier attire plus spécialement son at- 
tention sur les observations météorologiques. 

Ainsi M. Mayor, à côté de ses observations ordinaires, 
a noté les moments où les différentes parties de notre 
horizon se montrent ou se voilent. Nous donnons plus 
loin le résumé de ces observations si intéressantes pour 
les habitants de Neuchâtel et pour les nombreux voya- 
geurs qui visitent les rives de notre lac. 


TEMPÉRATURE DE L'AIR. 
Tableaux des observations thermométriques. 


Neuchâtel. 


ÈY Maxima et minima. AT | Jours de 
Soi = DR. CO CR = È PR Der D 
> >: . = . = À = Æ< 
AIT SL LS E 5 ES g | BÈ | M | 
del ‘SO |SÈ | À 2" | |. s ISIS| LTS 
Sol E S à = S'5 | &S SSI 
Sul = [SE = SES! SS RIS IR 5 
Janvier ||-0,8 9,2 30 -9,5 10 18,7 || 6119) —|— 
Février 1,8 9,8 26 -6,2 D 16,0 || 2113), —|— 
Mars 6,2 || 46,0 | 98 | -1,0 2 17,0 | BP RE 
Avril 8,8 || 22.0 6 |-2,5 2 | 94.5 |— ia TS 
Mai 16,3 || 228 30 4,5 1% | 18,3 |—|—| 10|— 
Juin 17,4 || 29,6 28 8,2 20 | 21,4 |—|-—| 24|— 
Juillet |21,9 || 31,5 | 14 13,0 | 26 | 18,5 |—|—| 926| 5 
Août 20,2 || 31.0 8 | 12,0 | 24 19,0 |—|—| 928| 2 
Septemb.|| 14,6 || 23,8 9 7,2 12 16,6 |—|—| 14|— 
Octobre [111,4 || 2220 | 2 | 422 | 93 | 20,8 |—|=|: 2|— 
Novemb 4,1 || 15,2 1 -2,8 15 | 18,0 || 4113| —|— 
Décemb. ||-1,1 8,0 31 |-11,5 18 19,5 113110! —|— 
Année 10,1 | 31,5 


14 juilt|-11,5 | 18 déc. | 43,0 É 68|108 7 


| Préfargier. 
| 
| Maxima et Minima. 3 + || Jours de 
| D. CE = = PT AE à 
S | as $ | $ | ss ES ls 
=: LS € =, | à € |S sole 
Février 6,5 | 14 -10 5 16,5 | 9! 2! 47 
Mars 14,5 14 2,5 | 94 17 15| 8| 8, 
Avril 20,0 6 -3,5 9 23,5 || 10| 4! 46 
Mai 22,8 22 n 1% 18,8 7| 8| 16 
Juin 30,0 28 6,5 | 20 21,5 | 5113! 12 
Juillet 34,0 5 11,0 | 27 23 20| 8| 3 
Août 30,0 2 | 10,4 31 19,6 || 14111| 6 
Septemb. || 22,5 4 5,0 12 17,5 || 10/11! 9 
Octobre 20,3 2 0,5 23 20,8 91 5] 17! 
Novembre!|| 14,3 7 -3,3 21 17,6 4| 6| 20 
7,0 31 -14,0 21 21,0 1, 6 


D embre 


|| _— 


Somme 34,0 | 5 juillet. 


————— 


14,0 


21 déc.| 48,0 111041821148 


La température moyenne de l’année tirée des maxima et 
minima de ce tableau est de 109,3, 


Temp. de l'air 
à 9 h. du mat. 
| Maxim. 


+ 
s 


+ 
- 


2 
- 


2 
” 


- 
” 


+ 
” 


2 
vs 


2 
1 


> RO RO => > 
D > © Où IN I & © 


2 


s 
“ 


+= NO NO © O9 RO NO > > 
VO © 2 -J © © Cr OO 


” 


2 


æ © Cr Or & =] & Or We Ur =I 
+ © Ur 9 00 NO © © RO RO 00 > 


© 


- 


| 


0 


” 


æ 


Fontaines. 


Maxima et minima. 
Es NN. à 


Date du 
maxim 


30 
26 
14 


7 
99,24 & 27 
28 
4 
9 
97 


31 


31,2 |4 juillet. 


Minim. 
Date du 
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Le maximum est tiré des observations de midiet de 3 h. du soir. 
Les jours de grandes chaleurs n’ont pas pu être comptés, parce que le 


thermomètre à minimum était dérangé. 


Chaux-de-Fonds. 


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Août 17 | - JO rT ar lT ee De rep td 
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Décembre 2,0 6,0 - - - - 107 7 
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TABLEAU DES VENTS, DE L'ÉTAT DU CIEL 


ET DU BAROMÈTRE. 


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— 291 — 


L'année 1859 fut une belle année, aussi nous nous 
bornerons à indiquer en quelques mots la marche gé- 
nérale du temps. 

Le mois de janvier fut sec et froid, les routes étaient 
poudreuses. La température s’éleva cependant les der- 
niers jours du mois sous l'influence des vents S.-0. et 
il tomba une forte quantité de neige à la montagne. Le 
mois de février fut doux et sec. Le printemps s'installa 
dès le 3 mars; il y eut cependant encore des jours de 
gelée en mars et avril, mais par contre aussi on eut en 
avril déjà des jours d'été. 

La température du printemps fut douce, il y eut des 
pluies assez abondantes, on n'eut pas ces retours de 
froid si dangereux, appelés chez nous les chevaliers de 
mai; aussi la végétation était-elle brillante et précoce. 

Juin fut assez chaud, mais le temps fut instable. 
Juillet fut très-sec et excessivement chaud, ainsi que le 
mois d’août. Septembre fut encore chaud mais humide. 
En octobre on eut la première neige; en novembre le 
froid fit irruption et en décembre l'hiver s'installa par 
des froids très-rigoureux. Nous complétons cet aperçu 
par les remarques que M. Nicolet a faites sur l’année à 
la Chaux-de-Fonds. 


L'année 1859 a été pour nos montagnes et pour no- 
tre localité une année exceptionnelle par l'absence de 
pluie pendant les mois de juillet et d'août, partant par 
les fortes chaleurs de l'été, et par la rigueur du mois 
de décembre. 

L'hiver n’a pas été rigoureux, le sol est resté cou- 
. vert de neige depuis le 1° janvier jusqu’au 17 mars; la 
fonte de la neige avait été favorisée, vers la fin de fé- 


vrier, par une succession de plusieurs belles journées, 
le sol commençait alors à poindre, les retours succes- 
sifs de la neige blanchissaient le sol nouvellement dé- 
couvert sans toutefois arrêter la fusion, elle était très- 
avancée le 6 mars, et le 12 mars la vallée était décou- 
verte à l'exception des dépressions du sol et des locali- 
tés protégées par l'ombre des forêts de sapins ou par 
celle des murs. A cette date le crocus vernus apparais- 
sait pour la première fois et embellissait déjà les prai- 
ries, mais une neige qui tombait à gros flocons le 
31 mars, suspendait la marche de ce printemps trop 
précoce, couvrait de nouveau le sol en ramenant l’hi- 
ver avec ses rigueurs. Cependant cette neige disparais- 
sait le 4 avril pour revenir le 11 ; après plusieurs belles 
journées elle disparaissait le 14 pour revenir le lende- 
main. La neige qui tombait à gros flocons le 15 avril 
pendant la matinée, puis quelques lueurs de soleil, 
précédaient un phénomène rarement observé dans nos 
hautes régions, car un orage se produisit vers quatre 
heures et demie du soir; F était accompagné d’une 
chute abondante de neige puis de grésil , les éclairs qui 
sillonnaient les nues étaient immédiatement suivis de 
tonnerres éclatants. Ces vicissitudes atmosphériques 
n'ont pas trop retardé le réveil de la nature; après plu- 
sieurs retours de la neige, la vallée était découverte le 
23 avril, à l'exception toutefois des sommités, et le 
reverdissements des prairies était général. 

Les sentinelles avancées des hirondelles revinrent le 
29 et le hêtre était feuillé le 30 avril. Le printemps était 
installé et l’orage du 2 mai n’a pas entravé sa marche. 
Mai et juin furent pluvieux, par contre juillet et août 
furent marqués par une chaleur élevée et constante qui 


— 293 — 
nous donna pénurie d’eau et des récoltes hâtives. Les 
fenaisons étaient terminées vers le milieu de juillet et 
les moissons vers le milieu d'août; cependant malgré 
la chaleur qui a régné pendant l’été nous n’avons pas 
eu un jour de grandes chaleurs, et le maximum de tem- 
pérature n’a pas dépassé 31 degrés centigrades. Les 
chiffres donnés par les journaux sur l’excessive élévation 
du thermomètre dans nos montagnes étaient exagérés. 

La première neige est tombée le 22 octobre et s’est 
maintenue pendant # jours, le 26 elle disparaissait, 
puis elle à reparu et disparu successivement jusqu’au 
31 ; elle est revenue le 9 novembre et avec elle les pre- 
mières attemtes du froid, elle a pris pied et s’est main- 
tenue jusque vers la fin du mois. C'était l'hiver au mi- 
lieu de Pautomne. Cependant novembre a été marqué 
par plusieurs belles journées, mais la neige sous un ciel 
serein abaisse singulièrement la température surtout 
dans la nuit, aussi novembre a-t-il compté 18 jours de 
gelée et 5 jours d'hiver; vers la fin de ce mois les vents 
du sud et de l’ouest, des pluies abondantes firent dis- 
paraître notre couverture d'hiver. 

La neige revenait le 1” décembre, pour ne plus 
quitter notre sol durant ce dernier mois de l’année. La 
température de décembre a été très-froide : on a eu 
13 jours de gelée et 16 jours d'hiver ; la différence 
entre le maximum et le minimum de ce mois a été 
de 33°. La différence entre le maximum et le minimum 
de 1859, a été de 59°; la différence pour 1858 avait été 
de 55°. La température moyenne de l'année a été de 


7°,2, cette année a donc été de 1°,2 plus chaude que 
- l'année 1858. 


BUL, DE LA SOC. DES SC, NAT. T,. V. 20 


31 


UT 


OBSERVATIONS DIVERSES. 


janvier, il tomba à Fontaines 52 centimètres de 
neige. | 


25 février. Commencement de la fonte des neiges à la 


montagne. 


26 février, première sortie des abeilles au Val-de-Ruz. 


17 
18 


31 


k 


mars, première apparition du cr6cus vernus à la 
montagne. Les labours commencent. 

mars, plus de neige dans la vallée de la Chaux-de- 
Fonds. 

mars, retour de la neige dans les hautes vallées ; 
elle couvre le sol et ramène les rigueurs de l'hiver. 
avril, on voit des hirondelles à Neuchâtel. 

avril, fonte de la neige nouvelle dans les hautes 
vallées. | 

avril, premières fleurs de poiriers en espalier à 
Neuchâtel. | 
avril, premiers coups de tonnerre. On entend le 
Coucou. | 

avril, la neige blanchit encore le sol de la vallée de 
la Chaux-de-Fonds; elle disparaît le 14. 

avril, premier orage sur Neuchâtel , accompagné 
de neige, pluie, grèle et grésil. À la Chaux-de- 
Fonds, neige à gros flocons , puis orage avec chute 
de neige et de grésil par un fort vent ouest. Le 
tonnerre gronde avec force au milieu des tourbil- 
lons de neige. 


17 avril, dernière neige et dernière gelée à Neuchâtel. 


22 


23 


» dernière neige à la Chaux-de-Fonds; elle 
blanchi le sol. 
avril, plus de neige dans les hautes vallées ; rever- 
dissement des prairies. 


— 295 — 


30 avril, feuillaison du hêtre; labours très-avancés. 

10 mai, plus de neige à Tête-de-Rang. Arrivée des 
hirondelles à la Chaux-de-Fonds. 

11 mai, arrivée des martinets à la Chaux-de-Fonds. 

1% » fin des semailles au Val-de-Ruz. 

{ juin, premières fleurs d’esparcette au Val-de-Ruz. 
28 » commencement des fenaisons sur la montagne. 
14 juillet, fenaisons très-avancées. 

3 août, départ des martinets de la Chaux-de-Fonds. 
13 »  moissons très-avancées à la montagne. 

16 » l'herbe des prairies à la montagne est en gé- 
néral jaunie par la sécheresse. 

20 août, moissons terminées à la montagne. 

28 août, magnifique aurore boréale. 

30 » dernier orage à Neuchâtel. 

11 septembre, première gelée blanche dans les hautes 


vallées. 
2 octobre , dernier jour d'été à Neuchâtel. 
Hi vendange à Neuchâtel. Qualité excellente. 


Quantité moyenne. 

12 octobre, aurore boréale. 

21,9 le sol est blanchi par la première neige à 
la montagne, elle reste jusqu'au 26. 

22 octobre, première neige au Val-de-Ruz. 

2 première neige à Neuchâtel. 

27 » le sol est couvert de neige à la montagne; 
elle fond le 29. Elle revient le 30 et disparait de 
nouveau le 31. 

9 novembre, retour de la neige à la montagne. Pre- 
miers froids vifs. 

11 novembre, première gelée à Neuchâtel. 

13 » premier jour d'hiver. 


— 296 — 


29 et 30 novembre, fortes pluies, même à la Chaux- 
de-Fonds. 
1° décembre, retour de la neige à la montagne. Elle 
se maintient. 


ORAGES. 


Le 3 mai , à huit heures du soir, il y eut du côté de 
Grandson un violent orage accompagné d’une grêle 
dont les plus gros grêlons étaient comme de petits œufs 
de poule; il en est tombé pendant douze minutes une 
masse si considérable, sans mélange de pluie, qu’on 
voyait par les éclairs que les vignes étaient couvertes 
de grêle, à faire croire qu’il y avait un demi-pied de 
neige. Les vignes, les arbres, les graines et les four- 
rages en ont beaucoup souffert. La colonne de grêle a 
assailh les communes de Bonvillards , de Grandson, de 
Champagne, Onnens, Corcelles et une partie de Con- 
cise. À Grandson, un homme a été emporté dans le 
lac par les eaux du Grandsonnet, qui s’est subitement 
transformé en torrent. 

À Neuchâtel, ni au Val-de-Ruz on n’a remarqué cet 
orage, si ce n'est par une baisse subite du baromètre. 

Baromètre à Neuchâtel, le 3 mai à 9 h. du matin, 
718,2", à midi 716,2, à 9 h. du soir 714,1; le 4 à 
9 h. du matin 711,5, à midi 708,8. 


Le 31 octobre et 1°” novembre , on a eu à Neuchâtel 
une tempête violente. Le lac avait des vagues énormes. 
Le service des bateaux à vapeur a dû être suspendu. 
Le 1 novembre, à 4 heures du soir, l'ouragan a re- 
doublé de violence. La force du vent était horrible. 
Plusieurs becs de gaz ont été tordus et renversés; des 


— 297 — 


cheminées emportées tombaient avec fracas dans la 
rue; sur l’église du château , la tige de fer qui suppor- 
tait le coq a été ployée. Sur la promenade du faubourg, 
quatorze arbres ont été coupés à fleur de terre. Une 
pluie froide et serrée accompagnait cette tempête. 
Heureusement qu’on n’a eu à déplorer aucun accident. 


RÉCOLTE DU VIGNOBLE. 


À Neuchâtel, le rendement par ouvrier de vigne à 
été de deux gerles pour le blanc et de 1/, et 5}, de gerle 
pour le rouge. La qualité a été la meilleure depuis 
183%. On la compare au 1849 et au 1857. Sans le re- 
tard causé par la sécheresse du mois d'août, on aurait 
atteint la qualité de 1811. 


AURORES BORÉALES 
du 29 Août et du 12 Octobre. 


M. Desor a observé avec M. Martins, de Montpellier, 
l'aurore boréale , à Combe-Varin, dans la vallée des 
Ponts. Ces observateurs nous ont transmis les détails 
suivants : | 
: «Le matin, à 2 heures de la nuit du 28 au 29 août, 
nous fûmes réveillés par une lueur intense qui colorait 
le ciel au nord. Nous crûmes , dans le premier imstant, 
que c'était le reflet d’un grand imcendie dans la di- 
rection du Locle. Mais peu à peu nous avons observé 
au milieu de cette prétendue lueur d'incendie des 
rayons verticaux dont les uns étaient plus éclairés que 
les autres. En même temps , la lumière s’étendait dans 
la direction de l’est et de l’ouest. Il n’y avait plus à 
hésiter sur la nature du phénomène. C’était une aurore 


— 298 — 


boréale magnifique qui s’étalait à nos yeux et dont l’é- 
clat était encore rehaussé par l’obseurité du ciel et le 
brouillard argentin répandu sur la vallée. 

L'auvrore boréale occupait environ le tiers de notre 
horizon septentrional, et souvent les rayons éclatants 
- s'élançaient jusqu'à la demi-hauteur zénithale. Le 
phénomène dura un grand quart d'heure. Ce qui nous 
frappait surtout, c'était la couleur rouge feu de l'au- 
rore, pendant que celles que nous avons vues dans les 
pays polaires étaient plus claires et plus blanches. Nous 
n'avons pas non plus observé ces ondulations ascendan- 
Les, si caractéristiques dans les aurores boréales polaires. 


_ 


M. Sire, professeur à l'école mdustrielle de la Chaux- 
de-Fonds, nous à donné les renseignements suivants : 

Dans la nuit du 28 au 29 août, la population de 
notre ville a été mise en émoi par le eri sinistre @w 
feu, motivé par une forte rougeur que l’on distinguaut 
nettement au nord-ouest. Au premier aspect, la forme 
nébuleuse et circonscrite de cette lueur fit croire à 
l'existence d’un violent incendie dans une commune 
voisine; mais, comme la rougeur ne tarda pas à envahir 
l'horizon vers le nord, on reconnut alors qu'on avait 
devant les veux un de ces magnifiques météores lumi- 
neux dont notre ciel est malheureusement trop privé. 
A minuit et demi, la rougeur avait gagné beaucoup de 
chemm, elle occupait toute la constellation de la 
Grande-Ourse, qui était alors à son passage intérieur , 
et s’étendait assez en avant vers le nord-est. Jusqu'à 
ce moment, le phénomène ne consistait qu'en une 
longue bande lumineuse d'un rouge de sang, à (ra- 
vers laquelle on distinguait nettement les étoiles. Mais, : 


— 299 — 


peu à peu la lumière s’éleva vers le zénith et atteignit à 
peu de chose près la hauteur de l'étoile polaire, sur- 
tout dans la partie nord-ouest; tandis qu'à l'extrémité 
nord-est , elle se terminait par une large colonne de 
lumière inclinée vers l’est à sa partie supérieure. À une 
heure du matin, la traînée lumineuse était limitée au 
N.-0. et au N.-E. par une série de bandes brillantes 
inclinées en sens inverse et semblant converger vers un 
point situé très-bas au-dessous de l'horizon. A ce mo- 
ment, le météore était dans toute son intensité et plus 
développé vers l’ouest que vers l’est. — Ce magnifique 
météore dura ainsi quelque temps, puis s’affaiblit gra- 
duellement, d’abord du côté de l’ouest, et s’éteignit en 
partie vers 11/, heure du matin, à l'exception de la co- 
lonne lumineuse de l'est, qui à persisté avec un éclat 
variable pendant toute la durée du phénomène. A cette 
heure, la plupart des personnes attirées par ce spec- 
{acle , le jugeant terminé, rentrèrent dans leur domi- 
cile, et j'allais en faire autant, lorsque je fus frappé de 
la lumière blafarde qui envahissait alors, depuis l'hori- 
zon, toute la constellation de la Grande-Ourse et s’éten- 
dait en outre à une grande distance à gauche et à droi- 
te, ce qui donnait à cette partie du ciel la même appa- 
rence que la teinte lumineuse qui précède le lever de la 
lune par une belle nuit. — Frappé de l'aspect insolite 
de cette partie de notre horizon, j'en fis part à quel- 
ques personnes et nous résolümes de déterminer com- 
bien de temps durerait cette clarté. Nous fûmes ample- 
ment récompensés de notre patience, car un quart 
d'heure ne s'était pas écoulé, que nous vimes une lueur 
rouge très-intense se reformer vers le N.-0. et la co- 
lonne de l’est gagner en éclat; puis insensiblement 


— 300 — 


une troisième masse lumineuse se développa sur la 
Grande-Ourse au point de l’obscureir en partie. L’au- 
rore présentait à ce moment trois parties très-distinc- 
tes. Peu de temps après, la lumière centrale se dissipa 
et laissa de nouveau briller la constellation de la Grande- 
Ourse; c’est alors que nous fûmes témoins du plus ma- 
jestueux spectacle auquel on puisse assister à notre la- 
ütude. De longues bandes lumineuses, semblables aux 
rayons d’un éventail, ne tardèrent pas à se montrer, 
d’abord blanches, puis passant rapidement au rouge de 
feu. Ces bandes, tantôt nombreuses, tantôt rares , ap- 
paraissaient brusquement , variables en éclat et sem- 
blables à des jets de feu lancés d’un point situé très-au- 
dessous de l'horizon. Enfin, vers 2 heures du matin, . 
l'intervalle compris entre les deux nrasses lumineuses 
de droite et de gauche fut occupé par un are légère- 
ment cintré, formé de stries verticales alternativement 
lumineuses et obscures, offrant l’aspect d’une voûte 
très-surbaissée s'appuyant sur les deux masses lumi- 
neuses formant les pieds-droits. Sous cette voûte appa- 
raissait la lumière blafarde dont il a déjà été question. 
Les stries variables en longueur et en intensité avaient 
une mobilité remarquable, apparaissaient et disparais- 
saient rapidement, pour reparaitre plus brillantes sur 
une autre partie de l’are. Cet arc disparut et se repro- 
duisit une seconde fois, mais avec moins d’éclat et of- 
frant des stries blanchâtres plus nombreuses que dans 
le précédent. Ces stries blanches furent bientôt les seu- 
les qui restèrent visibles, elles devinrent de moins en 
moins nombreuses ét n’apparurent plus qu'à de rares 
intervalles; insensiblement, la masse Jumineuse de 
gauche s’éteignit, celle de droite disparut à son tour, 


— 301 — 


mais plus lentement, et à 2°}, heures du matin, toute 
trace de rougeur avait cessé. Seule la lumière blafarde 
persistait encore, mais elle avait considérablement faibli 
et ne tarda pas à s’effacer. Le météore avait duré deux 
heures et demie environ. | 


C’est de minuit et demi à 3 heures du matin que 
l'aurore boréale du 28 au 29 août a été observée. Au 
bureau télégraphique de Bâle, on a fait la remarque 
que depuis 11 heures du soir jusqu’à 7 heures du ma- 
tin, il arrivait de minute en minute, sur toutes les li- 
ones, un courant continu comme celui qui produit les 
traits, en sorte que, pendant tout ce temps, 1l a été im- 
possible d’expédier aucune dépêche. Ce phénomène 
était tout différent de celui qu’on a l’occasion d’obser- 
ver pendant un orage ordinaire : ce sont alors des pornts 
qui se produisent avec bruit. 


L’aurore boréale du 1° octobre n’a pas été observée 
chez nous. Le 12 octobre on a vu dans le Jura une au- 
rore boréale, mais elle a été masquée par des nuages 
dont la teinte rosée en a signalé la présence. 

Voici comment le phénomène s’est présenté à la 
Chaux-de-Fonds: La journée avait été pluvieuse et le 
soir le ciel était nuageux à l’ouest et en partie couvert 
à l’est; à huit heures et demie du soir une forte rou- 
geur, que l’on observait au nord-ouest, colora insen- 
siblement en rouge pourpre les nuages disséminés dans 
* cette région du ciel. Cette rougeur atteignit ensuite 
les nuages obscurs qui couvraient la région nord-est. 
Les nuages du nord-ouest n'étaient pas complètement 
colorés en pourpre, la partie orientale des nuages pré- 
sentait cette couleur et la partie occidentale présentait 


x 


— 302 — 


une teinte blafarde. L’agitation de ces masses vapo- 
reuses par un vent de sud-ouest et le contraste des 
deux couleurs donnaient lieu à des zones chatoyantes 
qui fatiguaient l'œil de l'observateur. | 

Ce météore s’est affaibli msensiblement et cessa une 
heure après son apparition. 


Dans la nuit du 1” au 2 septembre, on a observé, au 
bureau du télégraphe de Zurich, un phénomène sem- 
blable à celui qui s’est produit au moment de l'aurore 
boréale. Des courants continus se sont fait sentir sur 
toutes les lignes et principalement sur celles qui étaient 
le mieux isolées. Ils duraient sans Interruption pendant 
quelques minutes, puis cessaient un instant pour re- 
commencer de nouveau. Ce phénomène, dont l’inten- 
sité était très-inégale, n’a pas interrompu complètement 
le service des dépèches, mais l’a considérablement en- 
travé. Le 2, même phénomène, mais plus fort et ren- 
dant toute transmission de dépêches impossibles, de 
5 1, à 9 heures du matin; les dépêches arrivatent 
toutes mutilées. Le mème fait s'est présenté à Stutt- 
gard, à Munich, à Saint-Gall , à Bâle, à Olten et dans 
d’autres endroits encore. 


Comme ces apparitions répétées d’aurores boréales 
ont coincidé avec une période de sécheresse vraiment 
extraordinaire par sa longue durée , cette circonstance 
apporte une confirmation vraiment frappante à une 
théorie de ce phénomène météorologique qui à été 
donnée, il y a plusieurs années, par M. de la Rive. 
Voici comment il explique la formation et la manifes- 
tation des aurores, en tenant compte de la plupart des 


état med nt ss dt à éd. 


liane) 


Séde dé à led sta 


— 303 — 


conditions atmosphériques au milieu desquelles elles 
se produisent. 

C’est dans la condensation en un seul point d’une 
masse énorme d'électricité provenant de l'atmosphère, 
que M. de la Rive trouve l'explication de ce phénomène. 

Les vapeurs qui s'élèvent constamment des mers 
équatoriales emportent avec elles, dans les régions 
supérieures de l’atmosphère, une quantité considé- 
rable d'électricité positive laissant dans la partie so- 
lide du globe l'électricité négative. Chassées vers les 
pôles boréal et austral par les vents alizés qui Fègnent 
constamment de l'équateur aux pôles dans les parties 
de l'atmosphère les plus éloignées de la terre, ces va- 
peurs y portent avec elles leur électricité positive , ‘et 
mettent ainsi toute l'atmosphère dans un état élec- 
trique positif qui va en diminuant de haut en bas. Il y 
a une tendance constante à la neutralisation entre cette 
électricité positive de l'atmosphère et la négative de la 
terre, neutralisation qui s'opère, soit directement à tra- 
vers la couche d’air elle-même, soit surtout aux deux 
pôles où viennent converger.et se condenser les cou- 
_rants de vapeurs entraînés par les vents. Le premier 
mode de neutralisation est plus ou moins actif, suivant 
le degré plus où moins grand d'humidité de l'air, et 1l 
se manifeste souvent sous forme d’orages et par la chute 
de la foudre. Le second, qui est le mode normal, 
donne lieu aux aurores , qui ne sont en général visibles 
que dans les régions polaires. L’aurore boréale n'est 
done que la décharge électrique , conséquence de ce 
mode de neutralisation, assez intense pour devenir lu- 
mineuse et affectant une forme et un mouvement par- 
ticuliers sous l'influence du pôle magnétique de la 
terre. 


— 304 — 


Selon M. de la Rive, l’aurore boréale du 29 août, 
qui a paru à une époque de l’année très-peu avancée, 
et qui constitue sous ce rapport une exception extrême- 
ment rare, a été la conséquence de la sécheresse extra- 
ordinaire qui à régné pendant l’été de 1859 dans 
presque toute l'Europe. L'absence presque complète 
d'humidité dans l’air pendant cette longue période, a 
empêché que l'électricité positive, constamment appor- 
tée par les vapeurs dans les régions supérieures de l’at- 
mosphère, pût se neutraliser directement dans une pro- 
portion un peu considérable avec l'électricité négative 
de la terre, et s’écouler ainsi verticalement, pour aimsi 
dire. Il en est résulté que cette électricité accumulée 
a produit une décharge vers le pôle boréal beaucoup 
plus intense et beaucoup plus hâtive qu’à l'ordinaire. 

Les phénomènes extérieurs que présentent les au- 
rores boréales en général, et, en particulier, ceux qui 
se sont manifestés dans la grande aurore du 29 août, 
rappellent complètement ceux que l’on observe quand 
on fait passer dans l’air un peu raréfié une série d’étin- 
celles électriques d’une certaine mtensité. Dans cette 
expérience que l’on exécute souvent dans les cours de 
physique, on ne peut s'empêcher de voir l’image fidèle, 
bien que vue en miniature, de limposant phénomène 
des aurores boréales, qui étalent, surtout aux pôles, 
la plus vive splendeur de leurs effets lumineux. Formes, 
couleurs, mouvement de la masse lumineuse, variations 
dans les apparences, tout est identique à ce que pré- 
sente l'écoulement de l'électricité d’une machine à 
travers l'air raréfié. 

Les influences si prononcées que les télégraphes élec- 
triques ont reçues pendant les deux jours qui ont suivi 


A 


l'apparition de l'aurore boréale viennent encore à l’ap- 
pui de l'explication donnée par M. de la Rive. Seule- 
ment ces effets ne seraient point dus, d’après ce physi- 
cien , à l'électricité libre répandue dans le haut de l’at- 
mosphère, mais à un courant électrique parcourant la 
terre elle-même, et mamifestant sa présence par son 
action sur les fils et les appareils électriques comme sur 
l'aiguille aimantée. La distance énorme à laquelle se 
trouve le foyer électrique ne permet pas d'admettre 
que le fluide vienne agir à la surface de la terre. Mais 
d’où provient ce courant terrestre? Il est, selon M. de 
la Rive, la conséquence de la décharge électrique 
énorme qui s'opère vers les pôles. Quand la décharge 
électrique a lieu, au pôle, entre l'atmosphère positive 
et la terre négative, deux courants doivent nécessaire- 
ment se manifester, l’un dans les régions supérieures 
de l'atmosphère, visible, vu la nature du milieu dans 
lequel il se propage ; l’autre , dans la croûte solide de 
notre globe, qui ne peut donner naissance à aucune 
apparence lumineuse, mais qui peut être rendu sen- 
sible par son action sur l'aiguille aimantée, comme cela 
résulte des nombreuses observations d’Arago. Les fils 
télégraphiques ont fourni un nouveau moyen d’accuser 
la présence de ce second courant : en effet, un long fil 
métallique en communication par ses deux extrémités 
avec le sol doit en dériver une portion ; et si, dans le 
circuit de ce fil, se trouve un appareil capable d’accu- 
ser la présence de l'électricité en mouvement, comme 
le sont les appareils télégraphiques, il est évident que: 
cet appareil sera mis en action, ainsi que cela a été 
généralement observé pendant l'apparition de l'aurore 
boréale. 


Les perturbations qu'ont éprouvées les appareils des 
lignes télégraphiques, confirment la théorie de M. de la 
Rive. Les fils télégraphiques n'étaient pas parcourus 
par des courants successifs et répétés, donnant lieu à 
des séries de décharges électriques, mais bien par de 
véritables courants continus. Cette remarque a été faite 
également en Toscane et en Angleterre L'existence de 
ces courants établit une différence essentielle entre 
l’action de l'aurore et celle qui est exercée par de sim- 
ples orages, laquelle n’est que locale et instantanée. 
Ainsi l’on a généralement remarqué dans toutes les 
lignes télégraphiques suisses, que, tandis que l'influence 
d'un orage fait marquer à l'appareil de Morse de sim- 
ples points, celle de l'aurore du 29 août lui faisait tra- 
cer des traits plus ou moins longs : preuve de la plus 
longue durée du passage, dans les fils, de la décharge 
électrique. 

La théorie donnée par M. de la Rive explique done 
de la manière la plus satisfaisante ce phénomène mé- 
téorologique , si rare à notre latitude, et dont nous 
avons eu pourtant cette année deux apparitions rap- 
prochées. 


VARIATIONS DU NIVEAU DES EAUX 
DES LACS 


DE NEUCHATEL, DE BIENNE ET DE MORAT. 


Le tableau ci-joint indique les mouvements des trois 
lacs. Dans ce quisuit, les mesures limnimétriques sont 
exprimées en millimètres, et indiquent la distance du 
niveau de l’eau au môle de Neuchâtel, situé à 434,7 
mètres au-dessus du niveau de la mer. 


oi. 


— 307 — 
Lae de Neuchâtel. 


La marche générale du lac est exprimée par le ta- 
bleau graphique et le tableau plus bas; après la colonne 
hausse totale, la colonne nombre des jours indique le 
nombre des jours où le lac a haussé; de même pour la 
baisse. Le nombre de jours où le lac est resté station- 
naire , n’est pas inscrit; ainsi, en Janvier, 1l y a eu 5 
Jours de hausse pendant lesquels le lac a haussé de 33 
millimètres , il y a eu 24 jours de baisse pendant les- 
quels le lac a baissé de 178 millimètres, pendant 2 jours 
le niveau du lac n’a donc pas varié. 

Il y a eu dans l’année 34 Jours où le lac est resté sta- 
tionnaire. 

La colonne Lausse totale exprime la somme des hausses 
pendant le mois ou dans l’année, de même pour la bais- 
se; le marimum par jour mdique la hausse ou la baisse 
maxima qui à été observée à de certains jours du mois. 


Lac de Neuchâtel. 


b , Maximum Fe. 
& e < e par jour.  Pendt le mois 
È î È 5 PME Ve ve le lac 
ee © E © | 
NS Fe = SE £ a (44 
Fa = à S 2 >. Aaussé | Baissé 
È È = : È = de de 
+ | e Ne. Ne Me e 
mm mm mm mix an mm 
Janvier 3 5 178 24 10 45 _ 4145 
Février 100 13 37 11 40 5 63 - 
Mars 171 14 44 10 35 14 197 - 
(Avril 415 25 10 2 Up) 7 405 _ 
al 174 12 144 16 97 20 30 _ 
Juin 16 3 216 | 22 6 15 ; 200 
Juillet 6.| .11/:401 | 301 6 | 25 + 18 36) 
Août 7 9 305 | 29 5 30 L 298 
 ]Septembre 51 7 173 | 21] 32 18 : 122 
Octobre 231 | 12 96 | 16 E 80 | #5 | 135 | - 
Novembre 489 15 79 19 FL 155 10 410 - 
Décembre 9275 10 140 19 65 13 135 - 
‘Année 1968 | 119 À 1893 | 249 P155 | 30 À 1305 | 1160 


D D PP rm nn meme 


— 308 — 


Le lac a donc haussé, depuis le 31 décembre 1858 
jusqu’au 31 décembre 1859, de 145 millimètres. 


Le 31 décembre 1858, le lac était à 2445 et le 31 
décembre 1859 à 2300. 


/ 


+ Lae de Bienne. 


Le 31 décembre 1858, le lac de Bienne était à 2702, 
le 31 décembre 1859 à 2460, le lac a donc haussé 
dans l’année de 242 millimètres. 


Lac de Bienne. 


60 


a a Maximum | | 
s È ? > par jour. Pendt le mois 
> © D S | 
E " = Ÿ PL +, le lac 
= 3 S TS 
SAN LD Pbedi) DS TS APS MON Li 
£ È > = 2 > |Aaussé| Baissé 
Z ‘È = = ‘È de de 
S LE LS | St | ES pose, 
mm mm min min mm mm 
Janvier 52 3 210 97 37 45 - 158 
Février 174 45 124 12 40 33 50 - 
Mars 268 22 68 8 40 415 200 - 
Avril 399 25 21 3 43 10 378 - 
Mai 2929 44 190 45 40 27 32 - | 
uin 14 3 2392 23 5) 97 - 218 
Juillet 0 0 407 31 0 24 _ 407 
Août 4 1 346 30 4 25 _ 349 
Septembre 34 4 167 24 16 13 - 133 
(Octobre 243 9 78 16 50 9 165 _ 
Novembre 620 45 130 44 185 26 190 - 
Décembre 343 11 158 19 92 45 185 - 
Année 2373 | 199 9181 | 2922 185 33 4500 |! 1258 | 


Le 19 Janvier, le lac de Bienne gela, la glace avait à 
Neuveville une épaisseur de 9 millimèt. Les bateaux à 
vapeur traversaient cependant le lac en brisant la gla- 
ce. Le 20, la glace devant Neuveville avait une épais- 
seur de 35 millimètres, un bateau à vapeur forca en- 
encore le passage, mais le lendemain , la glace et un 


2 


ds Me A mé 


Lu. 


— 309 — 


brouillard épais empêcha la navigation. Le 23, on pa- 
tina sur le lac, le brouillard s'étant dissipé; le 26 , le 
dégel commença au milieu du lac, un bateau remor- 
queur à vapeur se hasarda de traverser le lac; le 27, 
tout le lac était ouvert et tous les bateaux reprirent leur 
service. | 

Le 1° février, 1l tomba 18 niniities de neige à Neu- 
veville, les flocons surnageaient à la surface del eau, et 
le lac prit une teinte d’un gris-blanc d’un aspect extra- 
ordinaire. 

Le 25 février , il se forma de la glace dans le port de 
Neuveville, mais dès le lendemain , elle avait disparu. 


Lace de Morat. 


Le 31 décembre 1858, le lac était à 1840mm, le 31 
décembre 1859 à 1750. Le lac a donc haussé dans l’an- 
née de 900 millimètres. 


Lac de Morat. 


Maximum 
par jour. UPend' le mot 


le Lac a 


a a 
Haussé | Baissé 


Hausse totale. 
Nombre de jours. 
Baisse totale. 
Nombre de jours. 


Hausse. 


min 


110 


BUL. DE LA SOC, DES SC. NAT. T. V, 21 


eu SD, 


Le lac de Morat a été tout gelé depuis le 19 janvier 


jusqu’au 29 janvier où il a commencé à dégeler au 
milieu, et le 2 février le lac était complètement ouvert. 


TEMPÉRATURE DU LAC. 


Le 1° janvier, la température de l’eau a été de 4°,2, 
elle est arrivée à son minimum, 3°, du 14 au 18 inclu- 
sivement. Dès-lors le lac s'est réchauffé ; le 1° fé- 
vrier , la température du lac était de 4°,2 ; le 1° mars, 
de 5°; le 1% avril, de 6°; le 1% mai, de 10°,2; le 1° 
juin, de 18°; le 1° juillet, de 21°; le 1 août, de 25", 
et l’eau a atteint son maximum de température , 26°, 
le 8 août. Dès-lors l’eau s’est refroidie lentement, le 1° 
septembre, elle était à 21°; le 1° octobre, à 18°; le 1* 
novembre, à 13°, et le 1° décembre, à 7°,5. Le 16 dé- 
cembre elle était à 4°, et le 21 à 3°. 

L'eau a atteint 18° le 1” juin, mais ce n’est que de- 
puis le 7 juin qu’elle est restée au-dessus de cette tem- 
pérature jusqu’au 15 septembre. Du 15 septembre au 
7 octobre, elle a atteint 18° encore 12 fois, et elle n’est 
pas descendue au-dessous de 16°. La saison des bains a 
donc duré 129 jours, du 1° juin au 7 octobre. 

Pendant ce laps de temps, l’eau a été : 

à 15°,5 pendant 1 jour, le 3 jum; 


à 16° » 4 jours, { en juin, 3 en septembre; 

à 17° » 12 jours, 5 en juin, 7 en septembre; 

à [8° » 30 jours, 16 en juin, 7 en sept. et 7 en 
octobre ; 


à 19°, pendant 6 jours, 2 en juin, 4‘en septembre; 
à 20°, pendant 13 jours, soit 4 fois en juin, 1 fois en 
août, et 8 fois en septembre; 


L 
. 
J 
| 
| 


— 311 — 


à 21° pendant 10 jours, soit 1 fois en juin, 2 fois en 
juillet, 6 fois en août et 1 fois en septembre ; 

à 22°, pendant 8 jours, soit 2 fois en pue et 6 fois en 
août ; 

à 23°, pendant 11 jours, soit 9 fois en Juillet et 9 fois 

_ en août; 

à 24°, pendant 17 jours, soit 13 fois en juillet et 4 fois 
en août ; 

à 25°, pendant 16 jours, soit 5 fois en juillet et 11 fois 
en août ; 

à 26°, pendant 1 jour, le 8 août. 

La température de l’eau est restée toute l’année au- 
dessus du minimum de la température de l'air, excepté 
pendant 13 jours, soit 4 jours en mars, 5 en avril et 4 
en mai, où le minimum de la nuit a dépassé la tempé- 
rature du lac. Trois fois, le minimum de l'air était égal 
à la température du lac, 1 fois en mars et 2 fois en 
mai. En comparant la température de l’eau au maxi- 
mum de la température de l’air pendant la journée, on 
voit que le lac a été plus chaud que l’air pendant 24 
jours en janvier , 10 en février, 2 en mars, 1 en avril, 
{ en juim, 1 en Juillet, 5 en août , 9 en septembre, 21 
en octobre , 21 en novembre et 24 en décembre : pen- 
dant 121 jours. Pendant 4 jours, la température maxi- 
ma de l'air a été égale à la température de l’eau, 2 fois 
en août et 2 fois en décembre. Le lac a donc été pen- 
dant 240 jours plus froid que le maximum de tempé- 
rature de l'air pendant la journée. 


— 312 — 


Nous terminons notre rapport par le résumé des ob- 
servations spéciales de M. Mayor, sur la visibilité des 
montagnes qui bornent notre horizon. 

L’ re de Neuchâtel est surtout très-pittoresque 
et intéressant vers l'occident et vers le sud et sud-est. 

A l’ouest, on voit au bord du lac le village de Ser- 
rières et au-dessus des vignes et des arbres; plus loin, 
Colombier, Boudry et Cortaillod au milieu de la petite 
plaine de l’Areuse, avec leurs prés verts, leurs vergers 
et leur jolies maisons de campagne. Derrière, s’élè- 
vent les montagnes de Boudry et de la Tourne. Ces deux 
imposantes montagnes sont séparées par le Val-de-Tra- 
vers, dont on voit toute la profondeur, mais dont on ne 
peut bien distinguer que les sauvages gorges de la Reu- 
se, au-dessus desquelles se trouve le fameux Creux-du- 
Vent. Plus loin, vers le sud-est est le Montaubert dont 
les pentes gracieuses descendent vers le lac. La vue du 
Val-de-Travers rappelle à toutes les personnes qui ont 
parcouru l'Italie, les beautés de la baie de Naples. 

Le sud et le sud-est de l'horizon de Neuchâtel est 
occupé par le lac comme premier plan , les collines du 
Vully et d'Estavayer forment le deuxième plan. La 
côte méridionale du lac , formée par ces collines, est 
à peu près toute droite, sans saillies, ni rentrées pro- 
noncées. Elle serait bien monotone , si une végétation 
des plus brillantes ne l’embellissait. Derrière ces colli- 
nes est la plaine fribourgeoise , et derrière celle-ci s'é- 
lèvent les Alpes calcaires qui relient le Jura aux gran- 
des Alpes granitiques. 

La rive du lac semble s’effacer pour permettre au 
plus vaste et au plus magnifique des panoramas des 
Aipes de se déployer comme un immense évantail. Plus 


er Multi MÉRRétRR dS 


me. dur is ON dns ét dont D Dé, 


série + … . dut 


UV ON JR 


de cent cimes et des plus remarquables, forment cette 
dentelle étincelante qui fait de notre horizon un objet 
d'admiration. | 

A l’est, entre Jolimont et le Vully, on voit le mont 
Pilate, le Schafscheinberg, le Bauchlen, l’'Engelberger- 
Schlossherg , le Spanærtli , la Schrattenfluh, les Hefti- 
zæhne et le Titlis. Au-dessus du Vully, on voit les 
Thierberge , le Brienzergrat, le Hohgant, les Triften- 
hœrner , le Blackenstock , les Wildgrat, Gerstenhorn, 
Schwarzhærner et les Wellhærner. Puis viennent les 
grandes cimes célèbres des Alpes bernoises, les Wet- 
terhærner avec le Faulhorn et le Rothhorn; le Bergli- 
stock, les glaciers supérieurs et inférieurs de Grin- 
delwald, le Lauteraarhorn, les Schreckhærner, le 
Mittelgrat, la Strahleck, l'Eiger accompagné des pics du 
Finsteraarhorn et de l'Agassizhorn, le Mæœnch, la Jung- 
frau et le Gletscherhorn. Là commence la développe- 
ment de la chaîne du nord des Alpes : les cimes que 
l'on voit sont le Niesen, le Stockorn, le Wirtherengrat, 
la Nunenenfluh, le grand Gantrich, lOchs, la Scheibe, 
la Mæhrenfluh , le Spital-Gantrich , la Geisshalbflub, 
Kaisereck, Rigishalbfluh, Ouschelen, Kærblifluh, Klein- 
Morbenfluh, Myrentluh, Bera, Fischwænze, Holhimatt, 
Philisima , les Dents de Brenlevyre et de Foliera. 

Derrière ces montagnes on voit s'élever les cimes 
neigeuses de la chaîne du milieu des Alpes, qui conti- 
nue le groupe des grandes Alpes bernoises et qui borde 
la vallée du Rhône du côté du nord; les cimes que 
nous voyons sont les suivantes : l’Ebnefluh , le Mittag- 
horn, l’Aletschhorn, le Grosshorn , le Gspaltenhorn , le 
Breithorn, la Blümlisalp, le Doldenhorn, le Balmhorn, 
V’Altels, le Rinderhorn, la Wildstrubel, le Gelten- 

horn, les Diablerets et le grand Mouveran. 


TRS 


Le Moleson, les tours de Mayen et d’Ay, et la dent 
de Jaman forment un groupe à part qui sépare nette- 
ment les Alpes suisses des Alpes italiennes. 

A l’ouest du groupe du Moleson on voit les Aiguil- 
les d’Argentières, la Dent du Midi, le géant des Alpes, 
le Mont-Blanc avec les Aiguilles du Gouté. Plus loin 
encore , on voit en un groupe spécial , les Alpes savoi- 
siennes : la dent d’Oche, les Cornettes et les rochers 
d'Enfer. | 

Toutes ces cimes , au nombre de 81, sont inscrites 
sur la table du panorama des Alpes établie sur le quai 
du collége. 

Au centre de ce magnifique tableau se trouve l’Altels 
et le Balmhorn, qui se dessinent comme un triangle g1- 
gantesque formé par une paroi de glace toute unie et 
d’une blancheur étincelante. 

À gauche et à droite, le regard est attiré par les deux 
groupes admirables de la Jungfrau et du Mont-Blanc. 
Et certes, c’est avec surprise qu’on voit ces cimes célè- 
bres des Alpes bernoises et des Alpes italiennes, se ré- 
fléchir à la fois dans les eaux d’un lac jurassique. 

Dans les tableaux qui suivent, sous le nom de grandes 
Alpes on entend les Alpes toujours couvertes de nei- 
ge, le groupe de la Jungfrau , Eiger et Mœnch, l’Altels 
et le Mont-Blanc et les autres cimes des Alpes du mi- 
lieu. Par petites Alpes on entend surtout la chaîne de- 
puis le Stockhorn au Moleson, le groupe du Moleson 
et le groupe des Alpes savoisiennes. 


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Petites Alpes. | Val-de-Travers. 


Grandes Alpes. 


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JANVIER 


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10 — 20 


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HUIT HEURES DU MATIN. 


Grandes Alpes. Petites Alpes. Val-de-Travers. 


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Janvier 93 a élraes 4 san | ee 
Février. . . || 15 P 9 || 44 5 9 || 48 3 qi 
Mars 14 6 | 41 || 10 8 | 13 || 42 5 | 44, 
Avril .. 18 4 8 || 44 8 8 || 49 3 8 | 
Mai. 26 à 1 22 6 3 || 18 9 4 | 
Juin 18 k 8 || 13 7 | 10 || 45 9 6 
Juillet 12 5 | 14 9 4 | 18 3 6 | 99 | 
Août . || 22 8 6 6 6 | 19 2 | 43 | 46: 
Septembre . 16 7 7 12 10 8 12 6 42 | 
Octobre .. {|| 23 6 2 || 21 8 2 || 920 8 3 | 
Novembre . 29 3 5 29 3 5 29 4 7 
Décembre . 26 3 2 26 2 3 26 9 3 


MIDI. 
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| Grandes Alpes. Petites Alpes. Val-de-Travers. 
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Janvier , . . 19 3 9 16 5 10 17 5 9 
Février . -. 13 7 8 12 8 8 47 4 7 
Mars .. 14 7 10 9 9 13 9 8 14 
Avril . . 19° 3 8 A4 8 8 16 6 8 
Mai . 24 3 4 20 5 6 14 10 7 
Juin .. 23 2 5 14 10 6 10 16 4 
Juillet . 15h" 8) are 9 56). 2640702 "Roses 
Août .. 93 5 3 5 8 18 3 15 13 
Septembre 13 9 8 10 11 9 9 11 10 
Octobre 18 8 5 16 10 5 15 10 6 
Novembre . 22 3 5 29 3 5 22 4 4 
Décembre . 24 5 2 23 6 2 25 3 3 


—_—_— | | —_— | —— | ——_— |__| ————— 


Année . .. || 297 63 75 11 470 89 | 106 I 459 105 101 


» 


— 320 — 


QUATRE HEURES DU SOIR. 


2 MMM | 


Août . 3 
Septembre . 
Octobre 

Novembre . 
Décembre , 


Année . .. 


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Grandes Alpes. Petites Alpes. | Val-de-Travers. 
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Sur 1095 observations faites à 8 h. du matin, à 12h. 


et à 4 h. du soir : 


les grandes Alpes Ctaient 


couvertes 684 fois soit p.°/ 62,5 
en partie couvertes 182 » 16,5 
claires 229 » 21,0 

les petites Alpes étaient 
couvertes 509 fois soit p.°/o 46,5 
en partie couvertes 268 » 24,5 
claires 318 » 29,0 


le Val-de-Travers était 


couvert 501 fois soit p.°/0 46,0 
en partie couvert 287 » 26,0 
clair 


307 » 28,0: 


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— 321 — 


L'étude de ces tableaux est assez intéressante pour les 
habitants de Neuchâtel. Nous ne voulons qu'en quel 
ques mots indiquer le service qu'ils peuvent rendre. 
On reconnaît que les grandes Alpes sont le plus sou- 
vent claires en février, mars et juillet, les petites Alpes 
en août, juillet et mars, et le Val-de-Travers en juillet, 
août et mars. 

Si l’on veut donc savoir à quelle heure du jour , en 
juillet, les grandes Alpes sont ordinairement claires, on 
verra qu'elles le sont 14 fois à 8! du matin, 8 fois à 
midi et seulement 6 fois le soir; donc vers midi le hâle 
ou les nuages cachent les Alpes au milieu de l'été. 

En mars, on voit que les grandes Alpes sont claires 


11 fois à 8 heures, 10 fois à midi et 11 fois le soir. 


En continuant ces observations pendant quelques an- 
nées, on pourra indiquer avec quelque certitude les 
heures où, suivant les saisons , on a le plus de chance 
de voir notre horizon dans toute sa beauté. 


RÉSUMÉ 
DES TRAVAUX DE M. SCHOENBEIN 


OUR 2040) 


présenté par M. KOPP, professeur. 


Tout le monde sait que, depuis 1837, M. Schœnbein 
s'occupe de l'étude de l'ozone, de cet oxygène allo- 
tropique dont il a signalé le premier l'existence et dont 
lui seul nous a donné successivement les propriétés, 
les réactifs pour en constater la présence et le rôle 
qu’il joue dans les phénomènes de la nature et de la 
chimie. Ces études d’un si grand intérêt, ont reçu, ces 
dernières années, un degré d'importance si considéra- 
ble, les faits découverts par M. Schœnbein ont ouvert 
des horizons si larges et si nouveaux , que la Société 
doit en prendre connaissance. Je puis d'autant mieux 
présenter ces faits à la Société, que M. Schæœnbein a eu 
la bonté de répéter dans notre laboratoire, à Neuchà- 
tel, toutes les expériences capitales relatives à l’ozone 
et à sa théorie. 

L'ozone n’est que de l'oxygène, mais de l’oxygène 
dans un état différent de l'oxygène de l'air. Trois mé- 
thodes principales servent à faire passer l’oxygène or- 
dinaire, à son état allotropique, à l’état d'ozone. 

La première, celle par laquelle on a le plus rapide- 
ment de l'ozone, consiste à tourner pendant quelque 
temps le plateau d’une machine électrique ; l’odeur de 
l'ozone ne tarde pas à se faire sentir. 


— 3923 — 


… Mais pour se procurer l'ozone afin de le faire servir 
à des expériences, il vaut mieux le préparer au moyen 
du phosphore ou au moyen de la pile. Pour se servir 
du phosphore, on introduit dans un ballon de verre un 
morceau de phosphore de trois ou quatre centimètres 
de long, avec de l’eau de manière que le phosphore 
plonge à moitié. À une température de 180 environ, 
au bout d’un quart d'heure, l'air du ballon est bien 
ozonisé. Le ballon ne doit pas être bouché, ou, si on 
tient à le faire, il ne faut le boucher qu'imparfaitement, 
car le phosphore peut s’enflammer par suite de loxy- 
dation énergique du phosphore, provoquée par l'ozone. 

La troisième méthode consiste à décomposer l’eau 
par la pile. L’oxygène qui se dégage est ozonisé; pour 
que l'expérience réussisse bien, 1l faut avoir soin de 
prendre de l’eau aiguisée d’acide chromique ou d’acide 
sulfurique, préparée d'avance et bien fraiche. 

La méthode par le phosphore est celle qui fournit 
de l’ozone en plus grande quantité et le plus facile- 
ment. La présence de l'ozone est caractérisée par les 
réactions suivantes : 

1) Son odeur particulière est frappante. C’est peut-être 
le réactif le plus sensible. 

2) Le papier ozonométrique ; c’est du papier amidonné 
et imbibé d’une faible dissolution d’iodure de potas- 
sium : ce papier est coloré en bleu par l'ozone. On 
humecte le papier avant de s’en servir. C’est ce pa- 
pier qui sert aux observations de l’ozone dans l'air. 

3) Une eau amidonnée, très-claire et contenant de 
l’iodure de potassium, remplace souvent avanta- 
geusement le papier ozonométrique. Cette dissolu- 
tion bleuit par l’ozone. 


— 32% — 


4) La teinture alcoolique de la résine de gayac est 
bleuie par l'ozone. Elle doit être préparée au mo- 
ment de s’en servir, 

5) L’ozone décolore une teinture peu foncée d'indigo, 
comme on l’emploie pour la recherche de lacide 
azotique. 

Les propriétés de l'ozone sont cb de l'éxyitiél 
mais ces propriétés sont beaucoup plus PO 
dans l'ozone que dans l'oxygène ordinaire. 

L’ozone est de l'oxygène d’une énergie considérable, 
ayant, même à froid, des affinités plus fortes que 
celles que possède l'oxygène ordinaire, à des tempéra- 
tures élevées. — Ainsi l'ozone transforme rapidement 
à froid le sulfure de plomb en sulfate. Un papier d’acé- 
tate de plomb noirci et humecté, suspendu dans de 
l'air ozonisé, blanchit après quelque temps. Les taches 
arsénicales, produites par l’appareil de Marsch , dispa- 
raissent en peu de temps, par l’oxidation de larsenic, 
lorsqu'on les abandonne dans un atmosphère d’ozone 
sous une cloche avec un peu de phosphore et d’eau. 

L'argent est oxydé à la température ordinaire; en 
présence de la chaux ou de la potasse, l'azote de l'air 
est changé en acide azotique par l'ozone, mais ces ex- 
périences, ainsi que beaucoup d’autres oxydations par 
l'ozone, exigent du temps et des quantités considéra- 
bles d'ozone. 

L'ozone étant même à froid un agent oxydant très- 
énergique, M. Schænbein admet que la plupart de nos 
composés qui servent à produire les oxydations dans 
les laboratoires et dans l’industrie, sont des corps con- 
tenant de l'ozone. — Il admet que ce n’est que l’oxy- 
gène à l’état d'ozone qui soit capable de produire ces 


Ni. de 


oxydations, et que les agents ordinaires de loxydation 


sont des corps simples ou composés unis à l’ozone, et 
il les appelle ozontdes. 

La manière dont M. Schæœnbein écrit les formules de 
ces corps rend parfaitement compte de sa manière de 
voir, O représente l’équivalent de l’oxigène ordinaire, 
© représente celui de l’ozone. 


Ainsi M0 — Mn0° + © 
MnO° — Mn0O + © 
Mn0O° — Mn0O + © 
PhO* — PhO + © 
AgO — Ag +0O 
CrO° — CrO + ©” 
FeO* — FeO + €> 
AzO° — A0 + © 
CIO — CI + e 
C10ÿ = CI + © 


Les oxydations que l’on fait si fréquemment avec 
ces corps, surtout avec l’acide azotique, l’acide chro- 
mique , les oxydes et acides du manganèse, les acides 
du chlore, résultent du fait que ces corps sont porteurs 
d'ozone’; ils cèdent cet ozone aux corps oxydables et 
ils ne cédent que l'oxygène qui est à l’état d'ozone et 
non l'oxygène ordinaire. 

Ainsi AzO° se décompose en Az0° et cède les trois 
équivalents d’ozone qu'il contient; AzO* n’est pas dé- 
soxydé, parce que son oxygène n’est pas à l’état d’o- 
zone. 

Il est facile de constater que les ozonides contiennent 
réellement de l'ozone. Ainsi les vapeurs nitreuses et 
l'acide azotique bleuissent le papier ozonométrique. fl 


_ en est de même de tous les ozonides solubles. — Quant 


BUL, DE LA SOC, DES SC, NAT. T,. V. 22 


— 326 — 


aux ozonides insolubles, tels que PbO* et MnO*, il suffit 
de les chauffer doucement dans un tube de verre pour 
voir qu’ils dégagent de l'ozone, en introduisant dans le 
tube un papier ozonométrique humide. Il faut avoir 
soin de ne pas élever trop la température, parce que 
l'ozone est ramené par la chaleur à l'état d'oxygène or- 
dinaire. Il suffit d’ailleurs de secouer la poussière fine 
de ces corps avec la dissolution d’amidon et d’iodure. 
de potassium pour voir la dissolution bleuir. On peut 
encore caractériser la présence de l’ozone dans tous les 
ozonides, avec la solution d’indigo et avec la teinture 
de gayac. 

Jusqu'à présent on n'avait admis que dans les com- 
binaisons organiques, le fait, que dans un composé 
contenant plusieurs équivalents d’un même corps sim- 
ple, ces équivalents ne jouaient pas le même rôle et 
devaient être soigneusement distingués les uns des au- 
tres comme si c’étaient les équivalents de deux élé- 
ments différents. 

La théorie des substitutions en donne, en chimie or- 
ganique , de nombreux exemples. 

M. Schœnbein a étendu ce fait théorique aux com- 
binaisons inorganiques et il distingue dans certaines 
combinaisons oxydées, deux oxygènes : celui qui est 
en combinaison stable avec le deuxième élément de la 
combinaison, c’est l'oxygène ordinaire; et celui qui est 
en combinaison instable avec le deuxième élément de 
la combinaison, c’est l'oxygène à l’état d'ozone. 

Tous les composés oxydés qui contiennent de l’ozone 
sont donc susceptibles de transporter facilement ce 
corps sur d’autres corps simples; ce sont non-seule- 
ment des corps oxydés, mais en outre des corps oxy- 
dants. 


RCE 


TE PO EP A 


— 321 — 


Mais M. Schænbein ne s’est pas borné à appliquer à 
la chimie inorganique une théorie de la chimie orga- 
nique ; il est allé plus loin. Pour la première fois, 1l a 
montré en quoi consistait la différence qui existe entre 
les équivalents d’un même corps dans une combinaison 
donnée , lorsque ces équivalents jouent des rôles diffé- 
rents; il ne s’est pas borné à une distinction théori- 
que; il ne s’est pas borné à adopter une nomenclature 
et une manière d'écrire qui puisse exprimer le fait, il 
a préparé ces deux équivalents différents d’un même 
corps simple ; et s’il distingue dans AzO° les équiva- 
lents de l'oxygène transportable sur d’autres corps et. 
servant à l'oxydation, des équivalents de l'oxygène qui 
ne jouent pas ce rôle: AzO'—Az0* + ©), il a montré 
aussi les propriétés différentes de loxygène ordinaire 
Ô, de celles de l’ozone © et il nous a appris à changer 
l'oxygène O en ozone © et à ramener l'ozone © à l'état 
d'oxygène 0. 

C était certes déjà beaucoup que d'avancer et de dé- 
montrer les faits théoriques que nous venons d’énu- 
mérer rapidement. C'était ouvrir un champ nouveau 
à la chimie inorganique qui était pour aimsi dire une 
science close, qui n'avait plus d'autre rôle que de cher- 
cher des applications industrielles, des méthodes de 
préparations expéditives et sûres , et des méthodes d’a- 
nalyses délicates, exactes et rapides. 

M. Schœnbein a poursuivi les conséquences de ses 
découvertes, et les faits les plus extraordinaires sont 
sortis de ses recherches. 

Parmi les composés oxidants, il en est un qui devait 
éveiller l'intérêt de M. Schœnbein et qui exigeait une 
étude nouvelle : c'était Peau oxygénée HOz. 


— 328 — 


L'eau oxygénée découverte en 1818 par M. Thénard, 
est en effet un corps oxidant puissant et à certains 
égards comparable aux ozonides, et l'équivalent d'oxy- 
gène qui suroxide l’eau, HO + 0, est d’une ES 
comparable à celle de ozone. 

Ainsi l’eau oxygénée transforme comme l'ozone, ra- 
pidement, le sulfure de plomb en sulfate; 1l suffit de 
chauffer un petit morceau de papier d’acétate de plomb 
noirei, dans l’eau oxygénée, pour qu'il soit blanchi im- 
médiatement, 

Les effets oxidants de l’eau oxygénée sont décrits 
dans toutes les chimies. Nous n’entrerons donc pas, à 
ce sujet, dans plus de détails. 

Pour préparer l eau oxygénée, M. Schœnbein opère 
de la manière suivante : 

Le suroxyde de barium, BaO*, est pulvérisé, délayé 
dans l’eau, et puis la baryte est précipitée par l'acide 
hydrofluosilicique. On sépare par le filtre le fluosilicate 
de barvyte; le liquide que l’on obtient est de l’eau oxy- 
génée assez concentrée, avec laquelle on peut faire 
toutes les réactions propres à ce corps. 

Les eaux de lavage acides contiennent encore assez 
d’eau oxygénée pour servir aux expériences où l’on n’a 
besoin que d’une proportion très-faible d’eau oxygénée. 
L'eau oxygénée obtenue ainsi contient d'assez fortes 
proportions de fluosilicate de baryte ; pour avoir de 
l’eau oxygénée pure, il faut suivre la méthode de Thé- 
nard. — Cependant la méthode de préparation par l’a- 
cide hydrofluosilicique présente bien des avantages par 
sa simplicité et sa rapidité. Malgré des lavages répétés, 
le fluosilicate de baryte recueilli sur le filtre, se gonfle 
bientôt et laisse dégager des bulles de gaz oxygène, pro- 


— 329 — 


venant de l’eau oxygénée qui imprègne et reste fixée au 
précipité, et qui est décomposée par l’oxyde de fer qui 
d'ordinaire se trouve mêlé au suroxyde de baryum. 

L'eau oxygénée se comporte done comme un ozonide 
vis-à-vis des corps oxydants, mais comme un ozonide 
faible, comme on peut facilement le voir avec la disso- 
lution d’indigo, qui n’est décolorée que très-lentement 
par cet agent, pendant que la décoloration est immé- 
diate par l’ozone et les ozonides. 

Ce qui rend l’eau oxygénée si remarquable, ce n’est 
pas tant l'énergie avec laquelle elle produit les oxyda- 
tions ; cette propriété est même assez faible, et la chi- 
mie n’a jamais employé ce corps comme agent oxydant; 
mais ce sont les réactions singulières de l’eau oxygénée 
et les actions anormales expliquées par la force cataly- 
tique ou tout à fait inexpliquées, qui ont fait de HO? 
un corps tout à fait à part. 

Voici quelques-uns de ces phénomènes remarqua- 
bles. Avec l'or, le platine, l'argent très-divisés, quoique 
ces métaux n'aient aucune affinité pour l'oxygène, l’eau 
oxygénée est décomposée tout-à-coup et l'oxygène 
libre se dégage. Il en est de même du charbon très-di- 
visé. On à donné à ce genre d’action si peu commun en 
chimie, le nom de Sénarnèse catalytique. 

Certains oxydes présentent des réactions bien plus 
singulières encore. — Ainsi l’oxyde d'argent se décom- 
pose tout en opérant la décomposition de leauoxygénée, 
de sorte qu’il reste pour résidu de l’eau pure et de l’ar- 
gent, et qu'il se dégage de l'oxygène provenant tout à la 
fois de l’oxyde métallique et du bioxyde d'hydrogène. 
Cette décomposition des deux oxydes se fait avec beau- 
coup d'énergie, et le dégagement de gaz est aussi 


— 330 — ‘ 


abondant que dans la décomposition d’un carbonate. : 
M. Schœnbein a multiplié ces actions singulières, et en 

a donné l’explication. I a en outre reconnu que les per- 
oxydes de potassium et de sodium KO*, Na0°, ainsi que 

le peroxyde de baryum BaO°, se comportent comme 
l’eau oxygénée HO, et que ces corps appartiennent à 
une classe spéciale de composés oxydés. 

La préparation du peroxyde de baryum est citée dans 
tous les traités de chimie. M. Schœnbein prépare les 
peroxydes de potassium et de sodium en chauffant les 
métaux dans un creuset, et au moment de l’inflamma- 
üon du métal, 1l souffle de l'air en grande quantité dans 
le creuset. Les peroxvües se forment en assez grande 
quantité. Ces peroxydes présentent donc les mêmes 
réactions que HO*, et ils produisent les mêmes effets 
singuliers. 

M. Schœnbein a reconnu que les composés oxvdés 
dont 1} s’agit : l’eau oxygénée, les peroxydes de potas- 
sium, de soaium et de baryum, sont des corps oxydants, 
mais d’une nature différente des ozonides. L'expérience, 
sans rendre bien compte de cette distinction, en a déjà 
décidé ainsi, puisqu'on n’emploie pas ces corps comme 
remplaçant les ozonides, et d’ailleurs les effets singu- 
lers qu'ils présentent en font un groupe à part, et très- 
distinet de ces composés oxydés et oxydants caractérisés 
comme ozonides. Cependant, comme ces derniers, ces 
composés sont porteurs d'oxygène, qu'ils peuvent céder 
à d’autres corps en se décomposant et en les oxydant. 
Mais ces équivalents d'oxygène qu’ils cèdent à des corps 
oxydables, ne sont pas des équivalents d'ozone, ils ne 
Sont pas non plus des équivalents d'oxygène ordinaire, 
qui ne peuvent pas produire les oxydalions que ces 
équivalents d'oxygène produisent. 


— 331 — 


Ces équivalents sont donc de l'oxygène dans un état 
particulier, dans un état allotropique, différent à la fois 
de l'oxygène ordinaire et de l'ozone. 

M. Schœnhein donc été conduit à admettre une 
troisième modification allotropique de l'oxygène , celle 
de l'oxygène positif ou de l’antozone, nom caractéris- 
tique qui va se justifier. L’oxygène ordinaire de Pair 
sera appelé oxygène neutre et représenté par O. — 
L’oxygène produisant l'oxydation dans les ozonides sera 
appelé ozone ou oxygène négatif, et représenté par ©). 
— L'oxygène produisant l'oxydation dans l’eau oxygé- 
née et les peroxydes de K, Na et Ba, sera appelé anto- 
zone ou oxygène positif et représenté par @. 

Nous appellerons les composés, qui contiennent loxy- 
gène dans ce nouvel état allotropique, antozonides. 

Donc pour M. Schænbein , 

l’eau oxygénée : HN — HO 
le suroxyde de barium: BaO° — Ba0 + © ; 
le peroxyde de potassium : KO°— KO + @ÿ ; 
le peroxyde de sodium : NaO° — NaO + @. 

Nous arriverons aux preuves à l'appui de ces distinc- 
tions théoriques. 

M. Schœnbein admet entre ces trois oxygènes les 
rapports suivants : 

De même qu’il est admis que l’électricité neutre ou 
naturelle résulte de la neutralisation réciproque de 
l'électricité positive par l'électricité négative, de même 
l'oxygène neutre résulte de la combmaison des deux 
oxygènes , l’un positif, l’autre négatif, © + @ = 0, 
l'ozone et l’antozone se neutralisent , ils perdent chacun 
leurs propriétés caractéristiques et deviennent chacun de 
l'oxygène ordinaire. Il est évident que dans la comparai- 


ES 2 


son qui vient d’être faite entre l'électricité et l'oxygène, 
il ne s’agit nullement d’attribuer les relations qui exis- 
tent entre les trois différentes espèces d'oxygène, à des 
états électriques différents. Les noms d'oxygène positif, 
négatif et neutre, sont pris réellement dans leur signi- 
fication algébrique, et n’indiquent que des oppositions. 
Ainsi, sous la réserve que nous venons de faire relative- 
ment à la portée de la comparaison entre les différentes 
électricités et les oxygènes allotropiques, nous allons 
encore nous servir de cette comparaison afin d’expri- 
mer brièvement la théorie des oxygènes allotropiques. 

L’électricité neutre, électricité inerte et sans action, 
est attribuée à tous les corps à l’état naturel: de même 
l'oxygène ordinaire ou neutre est répandu presque par- 
tout, soit à l'état libre, soit à l’état combiné, et il ne 
possède aucune affinité énergique, qu'il soit libre ou 


combiné. Mais de même que l'électricité neutre peut 


sous certaines influences être partagée en deux électri- 
cités, l’une positive, l’autre négative, de même loxy- 
gène neutre peut se diviser en deux oxygènes allotro- 
piques, l’un oxygène négatif ou ozone, l’autre oxygène 
positif ou antozone. 


Les électricités négative et positive ont des caractères 


communs ; elles peuvent l’une et l’autre produire cer- 
taines actions mécaniques ou chimiques; de même les 
deux oxygènes, l'ozone et l’antozone, ont des caractères 
communs, ils sont tous deux des oxygènes actifs, à affi- 
nités puissantes, pouvant produire des oxydations et ils 
peuvent à cet égard se remplacer l’un l'autre. 

Ce qui distingue les deux électricités négative et po- 
sitive l’une de l’autre, c’est leur action réciproque l’une 
sur l’autre : les deux électricités s’attirent et se neutra- 


/ 


— 333 — 


lisent. Ce qui distingueles deux oxygènes l’un de l’autre, 
c'est de même leur affinité réciproque, ils peuvent se 
combiner, se neutraliser en produisant l’oxygène ordi- 
naire ou neutre. Voilà donc une chimie toute nouvelle. 
Un même corps peut non-seulement affecter trois états 
allotropiques différents, mais cet élément, sous l’un de 
ces états, peut se combiner chimiquement à lui-même, 
constitué sous l’autre de ces états, et de cette combi- 
naison résulte le même corps dans un troisième état 
allotropique différent des deux premiers. 

M. Schœnbein a multiplié les expériences à l'appui 
de sa théorie des oxygènes allotropiques. Nous allons 
rapporter les phénomènes les plus saillants, tous tirés 
de la chimie inorganique, réservant pour plus tard 
l'exposition des faits qui se rapportent à la chimie or- 
ganique. 

Il n’est pas besoin de rappeler ici les propriétés de 
l'ozone et des ozonides, ni d’insister de nouveau sur les 
particularités de l’eau oxygénée. L'existence de l'ozone 
est imcontestée ; quant à l'existence de l’antozone , elle 
va ressortir de ce qui suit. Nous nous occuperons d’a- 
bord des faits qui prouvent que l'ozone et l’antozone, 
@et©, se combinent pour former de l’oxygène ordi- 
naire , O, et dans cette combinaison, on trouvera l’ex- 
_plication des actions singulières de l’eau oxygénée. 

Examinons d’abord l’action singulière de HO° sur 
oxyde d'argent, déjà connue de Thénard. L'eau oxy- 
génée se décompose tout en opérant la décomposition 
de l’oxyde d’argent ; de sorte qu’il reste pour résidu de 
l’eau pure et de l'argent, et qu'il se dégage de l'oxygène 
provenant tout à la fois de l’oxyde métallique et du bi- 
oxyde d'hydrogène. 


— 334 — 


L'expérience est facile à faire. Vérsez dans de l’eau 
oxygénée, préparée par la méthode de M. Schæœnbein , 
décrite plus haut, de l’oxyde d'argent ; 1l se fera un 
abondant dégagement de gaz. Examinez ce gaz, c’est 
de l’oxyène ordinaire, sans odeur, enflammant une al- 
lumette présentant un point en ignition, mais n'agis- 
sant en aucune facon sur les réactifs de l’ozone. Le 
liquide qui reste n’est que de l’eau pure et le dépôt noir 
est de l’argent métallique. L’explication de ce fait de- 
vient facile avec la théorie de M. Schænbem. L’oxyde 
d'argent est un ozonide : 

AgO = Ag + © 

L'eau oxygénée est un antozonide: 

HO? — HO + @ 

or, mettons les deux corps en contact 
(Ag + ©) + (HO + @)— Ag + HO + O0 

l'équivalent © et l'équivalent @ neutralisent récipro- 
quement leurs propriétés; plus d'ozone, plus d’anto- 
zone, il ne reste que de l'oxygène neutre. Nous nous 
sommes servis précédemment des mots que @ et © se 
combinent ; par à M. Schœnbem n'entend nullement 
exprimer qu’il y a combinaison, comme entre SO° et 
KO: il ne veut exprimer par le mot combinaison, dans 
le cas spécial des deux oxygènes allotropiques, qu’une 
neutralisation réciproque des propriétés caractéristi- 
ques de ces deux oxygènes. 

L'expérience que nous venons de citer et son expli- 
cation n’est d’ailleurs pas isolée. M. Schæœnbein la ré- 
pète en mettant en contact un ozonide quelconque avec 
l’un des antozonides. 

Parmi les nombreuses expériences que l’on peut 
faire, les suivantes sont faciles à répéter et caractéris- 

iques. 


— 335 — 


- Dans la dissolution rose de l’hypermanganate de po- 
tasse, acidulée par quelques gouttes de SO*, versons 
HO*. La dissolution devient immédiatement incolore, il 
y a effervescence et le gaz qui se dégage n'est que de 
l'oxygène ordinaire. Dans la dissolution, HO* n’existe 
plus, il n'y a plus que HO. L’acide hypermanganique 
n'existe plus, 11n°y a plus que du sulfate de manganèse. 
Mn°0? — Mn + © 
Me HO 6: 

Les deux oxygènes allotropiques ont neutralisé récipro- 
quent leurs propriétés, il ne reste plus que de l'oxygène 
ordinaire qui, n’entrant dans cet état dans aucune com- 
binaison avec les corps en présence, se dégage. 

La dissolution verte du manganate de potasse aci- 
dulée mise en contact avec de l’eau oxygénée, est dé- 
colorée; il y a dégagement d'oxygène, formation d’un 
sel manganique et d’eau ordinaire. 

Prenons une dissolution peu concentrée , jaune, d’a- 
cide chromique, acidulée en outre par SO’; en contact 
avec HO*, il y a dégagement d'oxygène ordinaire, ré- 
duction de CrO* à l’état d'oxyde de chrome, la disso- 
lution devient verte, réduction de HO* à l’état de HO. 
C’est toujours la même réaction, mettons en contact un 
composé porteur de ©, un ozonide avec un composé 
porteur de D, un antozonide, il y aura désoxydation 
des deux composés oxydés, chacun est ramené à un 
degré d’oxydation inférieur, en perdant les équiva- 
lents d'oxygène allotropique qu'il contient ; les deux 
oxygènes D et © ont neutralisé réciproquement leurs 
propriétés caractéristiques et il ne reste que de l’oxy- 
gène ordinaire. 

Cette réaction se présente avec tous les ozonides et 
avec tous les antozonides. 


PE DE 
Prenons un ozonide insoluble, par exemple PbO° ou 
PbO + © ; secouons l’oxyde puce avec HO* acidulé par 


un peu d'acide nitrique. Il se dégage de l'oxygène or- 
dinaire, il se forme de l’eau et de l’azotate de plomb. 


Il en sera de même de MnO* avec HO*. Toutes ces 
expériences réussiront tout aussi bien avec un ozonide 
quelconque et l’un des antozonides KO*:;, NaO° ou 
Ba0*. 

L'expérience de l’hypermanganate de potasse acidulé 
de SO’ et du peroxyde de potassium est très-intéres- 
sante. La décoloration de la liqueur rose est mstantanée 
et le dégagement d'oxygène tellement abondant, qu'on 
peut facilement le recueillir pour le soumettre-à toutes 
les réactions ordinaires de l’oxygène neutre. 

L'expérience se fait très-bien aussi avec le peroxyde 
de barium, mais le dégagement d'oxygène est moins 
abondant. Ce qui est surtout frappant dans ces réac- 
tions, c’est cette désoxydation réciproque, l’un par 
l’autre, de deux composés servant ordinairement comme 
corps oxydants, et ce dégagement d'oxygène qui se fait 
avec effervescence comme le dégagement de CO? dans 
la décomposition d’un carbonate par un acide. 


Ce fait étrange peut facilement être mis bien en évi- 
dence par les expériences suivantes si connues. 


L’acide sulfureux réduit immédiatement la dissolu- 
tion de lhypermanganate de potasse ou du chromate 
de potasse. SO* est oxydé par les acides métalliques et 
changé en SO* pendant que les acides sont réduits à 
l’état d oxydes de manganèse et de chrome. Les acides 
hypermanganique et chromique sont donc ici des corps 
oxydants bien caractérisés. 


— 331 — 


Remplaçcons SO* par HO*. La réaction ne parait pas 
changer, les acides métalliques sont réduits , il y a dé- 
coloration. Mais où est le corps oxydable qui a pris 
l'oxygène abandonné par les acides? C'est l’eau oxy- 
génée qui a produit la réaction, un corps porté déjà 
à son maximum d’oxydation! C’est en se désoxydant 
lui-même qu’il parvient à désoxyder l’autre corps. 
C’est l’action réciproque des oxygènes allotropiques 
nécessairement différents entre eux, qui produit cette 
double action désoxydante, et dans cette réaction les 
caractères distinctifs des deux oxygènes disparaissent 
et 1l ne reste que de l’oxygène ordinaire. 

L'existence d’un antozone, d’un oxygène négatif, 
©) est une conséquence forcée de l'examen de ces phé- 
nomènes. | £ 

Ces faits ont suffi à M. Schœnbein pour créer des 
réactifs très-sensibles , propres à constater la présence 
de l’eau oxygénée ou d’un antozonide , et même d’en 
indiquer quantitativement le degré de concentration. 


* 
Réactifs de l'eau oxygénée. 


1° Une liqueur , acidulée par SO*, contenant HO”, 
décolore immédiatement une solution rose d’hyper- 
manganate de potasse avec dégagement plus ou moins 
abondant d'oxygène. 

2° Le mélange d’un sel ferrique et de cyanure rouge, 
donne une liqueur brune. Par l'addition de HO* le sel 
ferrique étant réduit à l’état de sel ferreux, la liqueur 
verdit, ensuite de la formation de bleu de Prusse qui 
se dépose peu à peu. 


— 338 — 


3° L’acide chromique est réduit par HO*. Il se forme 
du sulfate chromeux st la liqueur a été acidulée par 
SO*. On emploié CrO* à l’état très-dilué, la dissolution 
doit être jaune, elle verdit par HO°. S'il n’y a que peu 
de HO* et si on a ajouté un petit excès de CrO”, il est 
assez difficile de voir la couleur verte du sel chromeux. 
M. Schœnbein a cependant rendu ce réactif très-sen- 
sible en opérant de la manière suivante : Après avoir 
ajouté à Ja liqueur contenant HO* et acidulée préala- 
blement par un peu de SO dilué, de l'acide chromi- 
que en quantité telle que la liqueur soit d’un Jaune 
pâle, on verse une petite couche d’éther et on secoue 
vivement. S'il y a de l’eau oxygénée, mème en quantité 
très-minime , l’éther se cclore en bleu d’azur plus ou 
moins foncé. Cette couleur bleue disparaît peu à peu à 
mesure que le sel chromeux se forme. Elle ne se pro- 
duit que lorsqu'il y a un acide libre, tel que SO*, dans 
la liqueur. M. Schœnbein a indiqué la composition 
probable de ce composé bleu. 

Ces trois réactions sont basées sur l’action désoxy- 
dante de HO, déterminée par la neutralisation réei- 
proque de © de HO* avec @ du réactif qui est un 0z0- 
nide. Afin de compléter la liste des réactifs de HO”, 
nous indiquerons les autres en réservant l'explication 
de leur manière d'agir. 

4° L’amidon contenant de l’iodure de potassium est 
instantanément bleui par l’ozone. HO° ne produit cette 
coloration qu'avec une extrème lenteur. Cependant 
HO° mème très-étendu , colore immédiatement l’ami- 
don contenant IK, si on a soin d'ajouter au mélange 
quelques gouttes d’un sel ferreux. Ainsi, si une liqueur 
mélangée avec l’amidon , contenant IK, ne bleuit pas, 


— 339 — 


\! 


mais ne produit la coloration bleue qu'après l'addition 
de quelques gouttes d’un sel ferreux, cette liqueur 
contient HO°. La liqueur doit être aussi neutre que pos- 
sible. Un acide libre empêche la réaction. 

5° L’indigo est décoloré immédiatement par l'ozone. 
HO* ne produit cette décoloration que très-lentement, 
cependant si l’on ajoute à HO° quelques gouttes d’un 
sel ferreux , la décoloration de l’indigo a lieu instanta- 
nément. 

Avec ces réactifs, constatant la présence de quanti- 
tés même très-petites de HO”, on peut montrer que 
l'oxygène ordinaire se dédouble en @ et en @. Il est 
vrai que jusqu’à présent M. Schænbeim n’est pas par- 
venu à isoler l'oxygène positif, mais 1l montre que lors- 
qu'il se forme de l'ozone, 1l y a aussi formation de HO”, 
et 11 montre que lors de l’oxydation d’un corps, oxvy- 
dation opérée par l'ozone, il y a simultanément forma- 
tion d’eau oxygénée. 

Il y a vingt ans, M. Schænbein a montré que lorsque 
l’on décompose l’eau par la pile, l'oxygène qui se dé- 
gage a les propriétés de l’ozone. Il à fait alors déjà la 
remarque que la production de l’ozone est favorisée 
par une température basse et des électrodes de petites 
dimensions. En opérant dans ces conditions, on con- 
state facilement l’ozone au moyen du papier ozonomé- 
trique, mais en même temps aussi on peut constater la 
présence de HO° dans l’eau qui sert à la décomposi- 
tion. Ce fait a déjà été constaté en 1853 par M. Mei- 
dimger. M. Schœnbein a montré que la production de 
l'ozone et de HO* sont simultanées. S'il n’y a pas d’o- 
zone , il n’y a pas de HO*; s’il y a de l’ozone ,‘on est 
sûr de pouvoir constater la présence de HO*. 


— 340 — 

Pour faire l'expérience, on met dans un verre, en- 
touré d’un mélange refrigérant , de l’eau acidulée par 
AzO” , dans cette eau plonge l’électrode négatif. L’é- 
lectrode positif plonge dans un tube fermé en bas par 
un morceau de vessie etrempli d’eau acidulée par AzO° 
et colorée en rose par lhypermanganate de potasse. 
Le tube est placé dans le verre. En faisant agir la pile, - 
l’eau est décomposée. Si on reconnaît qu’il se dégage 
de l'ozone, on verra en même temps la dissolution de 
Mu‘O’KO se décolorer. On peut remplacer la dissolu- 
tion rose par de l’acide chromique ou bien par le mé- 
lange de cyanure rouge et d’un sel ferrique. S'il n’y a 
pas dégagement d'ozone , la liqueur ne sera ni décolo- 
rée, n1 changée. | 

Examinons actuellement la liqueur acide que lon 
obtient en préparant l’ozone par le phosphore: Jus- 
qu’à présent on n’a rien trouvé que PhO° et PhO°. M. 
Schænbein guidé par les idées théoriques, a cherché 
l’eau oxygénée , et il en a constaté la présence ; en em- 
ployant les réactifs cités plus haut, on peut constater 
la présence de HO*, si toutefois il y a eu production 
d'ozone. Si l'ozone ne s’est pas produit, on ne trouvera 
pas d’eau oxygénée. Un mélange de PhO°, PhO*° et 
d’eau ne produit aucune de ces réactions. Un mélange 
artificiel de ces acides et de HO* se conduit comme 
l'eau acide qu’on obtient par la préparation de l’ozone 
par le phosphore (voyez page 323). Par une raison 
Jusqu'à présent inconnue, la quantité de HO* ne peut at- 
teindre qu’une certaine limite, quelle que soit d’ailleurs 
la durée de l'opération de la production de l’ozone. 

En*secouant de l’eau avec de l’ozone ou avec de 
l'oxygène ordinaire, jamais M. Schœænbein n’a pu pro- 
duire, même des traces de HO”. 


— 9341 — 


Les deux oxygènes allotropiques sont donc formés 
simultanément par l’oxygène ordinaire et sous l’action 
du phosphore, qui dédouble l'oxygène ordinaire en le 
polarisant de deux manières différentes par un certain 
mode d’action encore inconnu. Comme l’eau peut se 
combiner avec @,, il se forme HO*, pendant que © s’u- 
mit au phosphore pour l’acidifier, en même temps qu’il 
s’en dégage une partie. Certaines quantités de @ et © 
se neutralisent sans doute , pour former de nouveau de 
l'oxygène neutre. 

Dans les oxydations les plus usuelles, les mêmes 
phénomènes se présentent. 

Si l’on secoue vivement de la grenaille de zinc, bien 
décapée , avec de l’eau distillée dans un flacon rempli 
d'oxygène ordinaire ou avec de l'air , l’eau devient lai- 
teuse par suite de l’oxydation du zinc; cette eau est 
filtrée et séparée de l'oxyde de zmce formé. Si on cher- 
che dans cette eau , avec les réactifs de HO”, de l’eau 
oxygénée , on verra qu'elle en contient une certaine 
proportion. Toutes les réactions de l’eau oxygénée se 
produisent distinctement , et 1l suffit de secouer cette 
eau pendant peu d’instants avec du noir de platine, 
avec PbO* ou MnO*, pour qu’elle perde complètement 
toute trace de HO* et ne produise plus aucune des réac- 
tions caractéristiques de ce composé. 

L'opération réussit encore mieux si l’on emploie de 
la grenaille de zinc amalgamée, quoique le mercure 
ne Jouisse nullement de la propriété de donner, avec 
l'eau et l'air, de l’eau oxygénée. 

Pendant cette oxydation du zinc et la formation de 
HO*, il ne se dégage pas d’ozone, sans doute l’oxygène 
négatif est employé à l'oxydation du zinc. 


BUL, DE LA SOC. DES SC, NAT. T. V. 23 


SE 2e 


Les mêmes phénomènes se produisent en opérant 
avec de la limaille de plomb pur, de cadmium et de 
cuivre. 

Pour le plomb, il est avantageux de se servir d’un 
amalgame liquide de plomb. A côté de ces faits, nous 
devrions citer de nombreuses expériences tirées du do- 
maine de la chimie organique, mais nous désirons nous 
borner aux phénoniènes qui se rapportent à la chimie 
minérale. 

Les expériences que nous venons de décrire justi- 
fient les idées théoriques de M. Schænbein sur loxy- 
sène et ses modifications allotropiques. 

Une première série d'expériences nous a montré 

- comment l'oxygène ordinaire se forme par la neutrali- 
sation des deux oxygènes allotropiques ; la deuxième 
série montre comment l'oxygène ordinaire se dédouble 
en @ et en ©. 

[nous reste encore à appeler l'attention sur quelques 
faits particuliers où les oxygènes allotropiques jouent 
un rôle important , et qui montrent avec quelle facilité 
la théorie de M. Schænbein se prête à l'explication de 
ces phénomènes anormaux nommés phénomènes cata- 
lytiques. 

Thénard a déjà montré que l’eau oxygénée, secouée 

. avec du noir de platine, est décomposée sans que le 
platine soit oxydé. Le platine agit par son contact seul. 
L'oxygène qui se dégage est de l'oxygène ordinaire. 

Ce fait paraît au premier abord contradictoire avec 
la théorie de M. Schœnbein ; HO° — HO + @, c’est 
donc de l'oxygène positif qui devrait se dégager, et 
cette action du platine aurait dû être une méthode de 
préparation de l’antozone. 


TN 


Pour expliquer l’action du platine et la production 
de l'oxygène ordinaire , M. Schœnbein a fait les expé- 
riences suivantes : 

On sait que la résine de gayac est un réactif très- 
sensible de l’ozone , pendant que HO* et les antozoni- 
des sont sans action sur elle. 

Si l’on mélange donc de la teinture alcoolique de 

gayac avec HO*, la temture ne change pas; mais dès 
qu’on secoue ce mélange avec du noir de platine, la 
teinture est bleuie comme par l'ozone ou un ozonide. 

On sait que HO° ne décolore que très-lentement 
l'indigo. Si l’on secoue un mélange d’indigo et de HO* 
avec du noir de platine, la décelonation est immédiate. 

Ces faits ne montrent-ils pas que sous l’influence 
du platine , l'oxygène positif exerce les mêmes actions 

que l’oxygène négatif. Il faut donc admettre que le 
platine possède la propriété de changer l’état de pola- 
risation de l'oxygène. En effet, si le platine, par son con- 
tact avec l'oxygène positif de HO°, change cet @ en ©, 
l’eau oxygénée cesse d’ exister , elle ps décomposée là 
où le contact a lieu, et dès lors cet oxygène négatif 
libre neutralise immédiatement une certaine portion 
de l'oxygène positif combiné à HO*, et l'oxygène neutre 
résultant de cette neutralisation se dégage. L'action se 
continue tant qu’il y a de l’eau oxygénée. 

IL est sans doute inutile d'ajouter que les autres mé- 
taux qui produisent un effet hs sur HO”, agis- 
sent comme le platine. $ 

Mais ce ne sont pas seulement certains métaux à lé- 
tat de grande division qui produisent cette inversion 
dans la polarisation de l'oxygène. M. Schœnbem a 
trouvé diverses substances qui jouissent de cette pro- 


PT NE CE PR TE PU. 


ai DES 


priété, et parmi celles de la chimie inorganique , les 
. plus remarquables sont les sels ferreux. 

Si l’on mélange HO* avec de l’amidon contenant de 
l'iodure de potassium, il n’y a pas d'action. Mais si l’on 
ajoute au mélange deux ou trois gouttes d’une dissolu- 
tion très-étendue d’un sel ferreux , de sulfate ferreux, . 
par exemple, l’amidon est immédiatement coloré en 
bleu très-intense. 

La teinture de gayac n’est pas bleuie par HO*, mais 
si l’on ajoute au mélange quelques gouttes de sulfate 
ferreux, la coloration est très-mtense. 

. HO° ne décolore que très-lentement l’mdigo , mais 
en ajoutant au mélange quelques gouttes d’un sel fer- 
reux très-étendu, la décoloration est immédiate. 

Comme nous l'avons déjà cité, M. Schœnbein a fondé 
sur cette action des sels ferreux plusieurs réactifs de 
l’eau oxygénée et des antozonides. 

Les sels ferreux jouissent de la même propriété que 
le platine, avec cette légère différence qu’il y a oxyda- 
dation du sel ferreux pendant que le platine ne s’oxyde 
pas. 

Pour que le sel ferreux s’oxyde, il faut que l’oxygène 
soit ramené à l’état de ©, car Fe‘0° — Fe0° + ©; 
le sel ferreux comme le platine intervertit donc la po- 
larisation de l'oxygène positif, et décompose l’eau oxy- 
génée. 

Les actions dites catalytiques ne sont done que des 
cas particuliers de tous ces phénomènes de polarisa- 
tion dont nous avons cité des exemples si nombreux et 
dont la cause est, il est vrai, inconnue. Toutes les dif- 
ficultés ne sont pas levées, mais du moins la catalyse 
n’est plus un phénomène exceptionnel, elle rentre 


— 345 — 


dans une série générale de faits qu’on rencontre à cha- 
que pas dans les réactions chimiques. 

Il est évident qu’il se passe là des actions qui ca- 
chent l’un des phénomènes fondamentaux de la chi- 
mie, dont l'interprétation exacte conduira la chimie 
théorique dans une voie toute nouvelle. Jusqu'à pré- 
sent il est impossible de dire de quelle manière l’élec- 
tricité, le phosphore, le zine, le platine, les sels ferreux 
et tant d’autres corps polarisent l'oxygène , et quelles 
sont les causes générales qui déterminent la formation 
des états allotropiques des corps; mais déjà les réac- 
tions les plus importantes de la chimie sont rendues 
plus claires qu’elles ne l’étaient, parce qu'elles sont 
rendues plus générales et qu'elles sont ramenées à un 
même principe. Les études ultérieures éclaireiront ce 
qui est encorè obscur. 

Pour compléter cet exposé je devrais encore mon- 
trer à la société les phénomènes qui se rattachent à la 
chimie organique. Je les réserve pour d’autres séan- 
ces. En me renfermant dans le cadre de la chimie m- 
organique, j'ai désiré faire voir que la théorie de M. 
Schænbein est assez avancée pour pouvoir même être 
exposée dans l’enseignement de la chimie, amsi que 
je l'ai déjà fait cette année dans mon cours de « Dé- 
veloppements de chimie et de physique. » 


CA DORE 


MOUVEMENT 


DE 


L'HOPITAL POURTALÈS 


pendant l'année 1859 


par le Dr Edouard CORNAZ 


médecin et chirurgien en chef de cet établissement. 


Messieurs! 

Un des faits qui contribue le plus à augmenter la mor- 
talité des établissements hospitaliers, dans des moments 
donnés, c’est l'invasion de ces épidémies qui trouvent 
dans les conditions hygiéniques de ces agglomérations de 
malades, le meilleur terrain pour leur propagation, à la- 
quelle la contagion vient souvent encore contribuer. Si 
la fièvre typhoïde, le choléra-morbus, etc., jouent parfois 
ce rôle, on ne peut généralement pas admettre que de 
telles maladies trouvent dans les hôpitaux un terrain plus 
favorable que dans ces réunions d'individus plus ou moins 
entassés, manquant souvent de la quantité convenable 
d'air, d'aliments réparateurs, etc. Mais tel n’est plus le 
cas, quand il s’agit de la fièvre puerpérale dans une mai- 
son d'accouchements, de la pourriture ou gangrène des 
hôpitaux, de la pyémie, de la diphthérite des plaies, dans 
un service de chirurgie. 

Pendant la première moitié de l’année 1859, les deux 
dernières de ces affections se sont montrées simultané- 


ME ae 


ment dans notre hôpital, et tant à cause de l'importance 
qu'il y à à en étudier séparément les résultats, (ce qui ne 
se pourrait dans le courant de ce rapport où les cas sont 
classés d'après la maladie qui a motivé l'admission de 
chaque individu), qu'à cause de la rareté de la diphthérite 
des plaies dans nos hôpitaux suisses, il m'a paru néces- 
saire de réunir 1ci quelques données à ce sujet, que je me 
réserve de traiter ailleurs avec plus de détails. Je ferai 
suivre cet exposé de quelques mots sur deux cas de té- 
tanos traumatique observés pendant l’année; cette autre 
grave complication des affections chirurgicales méritant 
également une attention plus particulière. 

On ne trouve dans les ouvrages, même les dé mo- 
dernes, de chirurgie , que bien peu de documents de 
quelque valeur sur la diphthérite des plaies. Quelques-uns, 
tels que Rokitansky-et Chelius signalent son existence dans 
certains cas de phlébite et pyémie, tandis que d’autres, 
par exemple Robert (de Paris) et F. Hevyfelder, décrivent 
cette affection comme le premier degré de la pourriture 
ou gangrène des hôpitaux. D'après la lecture de leurs des- 
criptions et l'observation qui m'est propre, 1l me parait 
que la diphthérite des plaies n’est pas nécessairement liée 
à l’une ou l’autre de ces deux graves maladies, et récem- 
ment encore le professeur Michaux (de Louvain) la men- 
tonnait dans une observation de resection tibio-tarsienne 
d’après le procédé de Pirogoff, sans que rien dans son 
travail fit supposer que l'hôpital où elle se montra, fût 
alors en proie soit à la pyémie, soit à la gangrène noso- 
comiale. 

S1 cette affection peut apparaître sporadiquement, 1l pa- 
raîtrait que quand elle prend un caractère épidémique, 
la diphthérite des plaies s'accompagne volontiers, soit de 
pourriture des hôpitaux, soit de pyémie, mais non des 
deux dans la même épidémie, et qu'on peut avoir alors 
trois cas devant soi: 1° diphthérite simple, 2 diphthérite 


” 


— 348 — 


et gangrène réunies, 9 gangrène nosocomiale seule, dans 
l'un des cas; ou 1° diphthérite simple, 2 diphthérite et 
pyémie réunies, 3° pyémie seule, dans l’autre. 

Tel fut du moins, celui de la petite épidémie que nous 
avons traversée pendant la première moitié de l'année : 
1859, et qui se déclara chez 10 malades du sexe masculin, 
couchés dans les salles IT (3 cas), IT (1 cas), IV (3 cas), V 
(2 cas) et VI (1 cas). Le premier fait se déclara à la mi-dé- 
cembre 1858, et le dernier d’entre eux qui nous quitta, ne 
le fit que le 6 octobre 1859, isolé qu'il avait été à la fin de 
son traitement dans une chambre du rez-de-chaussée ordi- 
nairement non-utilisée. Si l’on joint à ces 10 cas une pyé- 
mie spontanée, entrée comme telle le 5 avril, et placée à 
la salle V, où cet individu mourut le 5 mai, on peut dire 
que le domaine de notre observation s’étendit à 44 cas. 

Les premiers furent clair-semés : en effet, la maladie 
n'atteignit que À des malades entrés dans chacun des mois 
d'octobre, novembre, décembre 1858, janvier, février et 
mars 1859, puis 4 en avril, sans parler de celui auquel 
il vient d’être fait allusion. La mortalité fut de trois; mais 
là ne fut pas le seul côté grave de cette épidémie, qui 
se propagea par voie de contagion, en même temps 
qu'elle surgissait dans 5 salles différentes, ‘et nous força 
à demander au Comité de restreindre autant que possible 
les admissions de malades présentant de la suppuration 
ou nécessitant des opérations chirurgicales. En outre, tous 
les individus atteints firent un séjour fort prolongé à 
l'hôpital, soit respectivement de 31 (pyémie spontanée, 
mort), 89, 93 (mort), 105 (mort), 111, 138, 145, 171,184, 
213 et 241 jours. 

A la restriction apportée à certaines admissions ne se 
bornèrent pas les mesures que nous fûmes appelés à pren- 
dre. En eflet, nous nous hâtâmes d'adapter les salles IV 
et II, où s'étaient déclarés les premiers cas, à la séques- 
tration absolue de ces malades d'avec les autres; tous les 


EM — 


instruments et appareils de pansements, qui durent être 


employés pour eux, ne le furent plus à aucun autre usage; . 


une provision de charpie qui avait une légère odeur de 
moisi, fut détruite; tous les lits où avaient couché un 
de ces malades furent remis à neuf dans toutes leurs four- 
nitures; enfin, pour en finir avec cette épidémie qui pre- 
nait des allures imquiétantes, nous vous proposämes et 
obtinmes de vous une réparation aussi complète que pos- 
sible de toutes les salles d'hommes, n’en pouvant exclure 
la salle I, seule qui n'avait pas présenté de faits de pro- 
duction de cette double affection épidémique, tant parce 
qu'elle était située entre trois de celles qui en avaient fourmi, 
que parce que son état hygiénique laissait à désirer. Ainsi 
que je l'ai dit, le dernier malade dut finir son traitement 
au rez-de-chaussée de l'établissement, dans une salle spé- 
ciale. 

Les résultats de ces mesures furent très-satisfaisants. 
Dès lors la pyémie n’a pas reparu à l'hôpital, et le seul cas 
de diphthérite des plaies qui s’y représenta, et cela en no- 
vembre et dans une salle de femmes, n'eut aucune gravité, 
et de plus fut facilement évacué dans un état de santé 
convenable, cette personne qui avait subi pour une né- 
crose superficielle du tibia une resection partielle de cet 
os, ayant demandé avec instances de pouvoir aller soigner 
son enfant malade. 

Abstraction faite de ce cas, nous avons eu simplement 
la diphthérite des plaies dans 4 cas, chez des malades af- 
fectés : d'une plaie pénétrante du coude (24 ans), — de 
plaies à la cuisse et à la jambe (17), — d'ulcères atoni- 
ques au bras (46), et de contusions à la jambe (20); — 
elle fut précédée d’une lymphangite dans un seul cas, ce- 
Jui d’un homme, âgé de 58 ans, atteint de plaies con- 
tuses à la tête, chez lequel la lymphangite se montra à 
une jambe; la diphthérite des plaies et la pyémie étaient 


réunies chez trois malades, atteints de : fractures des 2 


= 0 


os de la jambe chez deux (41 ans décès, et 42 ans), — et 

. de fracture compliquée des os de la face (34); — enfin, 
la pyémie se déclara seule chez 2 malades, l’un affecté de 
plaie pénétrante du genou (39 ans, mort), — l’autre de 
fracture des deux os de la jambe (24 ans), chez lequel 

“un œdème douloureux de la jambe peut d'autant plus être 
regardé comme un dépôt de matière diphthéritique dans 
les intervalles du tissu musculaire, que pareille lésion fut 
observée chez le 10me malade, âgé de 19 ans, admis pour 
une pyémie, et qui ne présenta pas de plaie et partant 
pas de fausse-membrane visible extérieurement. Il résul- 
terait de là que, sur 10 cas, il n’en resterait qu'un où la 
diphthérite ait manqué soit à la surface de plaies, soit dans 
des parties non-exposées à l'air. 

Pendant que cette épidémie régnait, nous n'avons pas 
eu d'angine diphthéritique ou de croup à l'hôpital, mais 
bien deux cas de la première de ces maladies dans notre 
clientèle civile, et nos recherches auprès de plusieurs de 
nos confrères ne nous ont rien appris de la présence 
de cette maladie ou du croup à Neuchâtel à cette épo- 
que; plus tard encore, en décembre 1859, pendant une 
petite épidémie de scarlatine, nous avons eu en ville 2 cas 
d'angine diphthéritique, et un de cette maladie sans scar- 
latine. 

Quant au traitement suivi par nous pendant cette épi- 
démie, il se ressentit beaucoup de l'absence de documents 
dans da science, et d’ailleurs ce serait sans grand avan- 
tage que nous en parlerions ici, nous réservant de le faire 
ailleurs. Nos questions à divers praticiens de la ville, dont 
plusieurs ont vu quelques-uns de ces cas, ainsi qu'au 
professeur Lebert, alors à Zurich, qui désira aussi voir 
celte rare affection, n'ont fait que nous montrer l’incer- 
titude de la science devant cette maladie chirurgicale. 

Le traitement du tétanos traumatique, cet épouvantail 
des chirurgiens, a été de notre part celui par le tartre sti- 


— 391 — 


bié à doses de tolérance, tel qu’il nous avait réussi en 
1858, dans le premier cas où nous l’ayons employé. 

Deux hommes du Val- de-Ruz, entrés en octobre 1859, 
l'un pour des plaies contuses des doigts, l’autre pour une 
gangrène d'un doigt avec phlegmon de la main, en furent 
successivement atteints dans deux salles différentes: le pre- 
mier présenta les premiers symptômes du tétanos, le 11me 
jour après son accident, soit le 19 octobre, et y succomba 
le 23 octobre; chez l’autre, c'est le 18 que le trismus com- 
mença et ce n'est qu'après 9'/, semaines que les derniè- 
res traces en cessérent. 

Chez tous deux, nous eumes recours au tartre stibié à 
doses de tolérance, mais débutâmes avec une dose trop fai- 
ble chez le premier (grain 1/4), et de suite par la double 
chez le second, qui guérit. Ayant d’ailleurs exposé récem- 
ment l’histoire détaillée de ces deux cas, avec nos ré- 
flexions sur cê traitement, qui nous a fourni jusqu'ici 2 
succès et À insuccès, dans cette maladie ordinairement 
regardée comme presque incurable, nous n’en dirons pas 
davantage ici. 

Les 4 décès dus à l'épidémie de diphthérite des plaies 
et pyémie et au tétanos, semblent devoir nous donner un 
chiffre de morts plus considérable qu’à l'ordinaire. Tel 
n'est heureusement pas le cas. 

En effet, il restait en traitement : 


au 4er janvier 1859 42 malades, 
Il en fut admis pendant l’année 399 
Fotalonftre eroh oise 48 


Sur ce chiffre, 339 nous quittèrent guéris, 
M améliorés, 
17 sans changement favorable, 
. 24 moururent; 
et 40 restaient en traitement le 31 décem- 
bre 1859. 


— 9392 — 


Ces 441 malades ayant fait un séjour de 17,823 jour- 
nées, là moyenne quotidienne des malades en traitement à 
l'hôpital fut en 1859 de 48,83. D'un autre côté, les 401 ma- 
lades sortis pendant l’année, les seuls qui fassent l’objet 
du présent rapport, ayant entre eux tous 18,486 journées 
d'hôpital, du jour de leur entrée à celui de leur sortie in- 
clusivement, la moyenne de séjour de chacun d'eux est de 
46,10 jours. 

Ces 401 malades se répartissent d’après le sexe en n 268 
hommes et 133 femmes, soit presque juste dans le rap- 
port de 2 à 1, qui est aussi celui des lits, et qui doit pro- 
bablement en partie sa cause à la prolongation de séjour 
des affections chirurgicales chez les hommes, due à l’é- 
pidémie de diphthérite des plaies et de pyémie, puisque, 
sans cela, la durée généralement plus longue des mala- 
dies chez les femmes donne en général dans cet hôpital 
une proportion relativement plus faible au sexe féminin. 

La nationalité de nos malades fournit les documents 
suivants : 

156 Neuchâtelois, 
166 Suisses d’autres Cantons (91 Bernois, 21 Vaudois, 
15 Fribourgeois, 9 Tessinois, 8 Zuricois, etc.) 
39 Italiens (26 Sardes et 9 Lombards) 
29 Français. 
‘20 Allemands (10 Badois, 4 Wurtembergeois, etc.), 
et 2 Belges. 

Le nombre des opérations importantes ne fut pas très- 
considérable , les circonstances particulières de l’année, 
nous ayant engagé à en refuser dans l'intérêt des malades. 
Toutefois, en y réunissant les réductions de luxations et 
de hernies pratiquées à l'hôpital, nous arrivons encore 
au chiffre de 28, à savoir : 8 réductions de luxation, 
À resections partielles dont trois du tibia et une de los 
malaire, 4 extractions de cataracte par lambeau supérieur 
sur trois individus, 2 iridectomies, 2 réductions de hernies 


NAS 353 = . 


par le taxis, 2 ouvertures de kystes, et une de chacune des 
6 opérations suivantes: amputation de la cuisse, opération 
de l'empyème par incision, réduction d'un paraphymosis, 
et opération du phymosis chez un même individu, extrac- 
tion d'une balle, et enlèvement d’une phalangette. 

Disons encore que, pendant l’année, 124 malades ont été 
vaccinés avec succès, bien que presque tous l’eussent déjà 
été une fois ou eussent été atteints de variole. 


AFFECTIONS GÉNÉRALES. 


Sur 90 malades, 77 nous quittèrent guéris, 5 amélio- 
rés, 2 sans changement favorable dans leur état et 6 mou- 
rurent à l'hôpital. Aucun d'eux ne subit d'opération chi- 
rurgicale. 

À Marasme sénile, renvoyé au bout de quinze jours. 

2 Intoxications par la belladone : quatre ouvriers de 
la vallée d'Aoste s'étant promenés sur notre versant 
du Chaumont se laissèrent aller à l'attrait trompeur 
de ce fruit inconnu : chez trois, il se produisit des 
vomissements qui suffirent chez 2 pour éviter tout 
accident, tandis que, chez le 3me, ils n'offrirent que peu 
de gravité; en revanche, le 4me en ayant peu mangé 
seulement, n'éprouva pas ce bénéfice de la nature, 
et me fut amené par un camarade qui le croyait fou : 
tous deux furent guéris rapidement parl’opium, contre- 
poison emprunté à la médecine italienne. 

2 fois un même individu vint se faire traiter avec suc- 
cès de la Colique saturnine, par l'emploi interne de 
liodure de potassium : à peine il nous avait quitté, 
qu'il reprenait son ouvrage, couchant même au mi- 
lieu de pièces de poterie recouvertes de céruse; la 
récidive ne se fit pas attendre, et si, cette seconde fois, 
sa sortie fut trop précipitée, du moins son départ pour 
sa patrie ne l'exposait plus à subir si rapidement une 
seconde atteinte de cette intoxication métallique. 


— . 304 — 


3 cas de Syphilis tertiaire, adressés à l'hôpital comme 
atteints d’autres affections, purent être traités avec 
l'autorisation du Comité : c'étaient une roséole syphi- 
litique opiniâtre, guérie par l'usage interne du su- 
blimé; une paralysie incomplète avec atrophie de l’ex- 
trémité thoracique gauche, accompagnée d’un tophus 
au tibia droit; et une céphalalgie, qui toutes deux cé- 
dérent à l'iodure de potassium. 

À Varioloïde, survenue à Neuchâtel chez un cordonnier, 
âgé de 27 ans, antérieurement vacciné : n’ayant en- 
core que des prodrômes peu tranchés à son arrivée, 
il poussa cet exanthème dans nos salles, et nous four- 
nit une nouvelle occasion d'apprécier l'utilité des re- 
vaccinations préventives auxquelles nous continuons à 
soumettre la grande majorité de nos malades. 

2 Anthrax, tous deux situés au dos, et même double 
chez un des malades convalescent de zona, tandis que 
chez l’autre la tumeur se forma sous nos veux. 

1 Erysipèle, siégant à la face. 

1 Pyémie spontanée qui, dès son début, s'accompagna 
d'un état typhoïde et peu après de douleurs si intenses 
dans la région lombaire, que nous crûmes à l'inva- 
sion d'une variole : ayant réuni ailleurs tout ce qui 
regarde l'épidémie de diphthérite et pyémie survenue 
à l'hôpital, nous y parlons aussi de ce cas terminé par 
la mort, bien que la pyogénie se fût ici développée 
avant l'entrée à l'hôpital. 

27 Fièvres typhoiïdes, auxquelles il faut en joindre 1 cas 
survenu chez une malade traitée dans la salle Grie- 
ninger pour un ramollissement de la cornée: ce cas 
fut le seul de l’année où la contagion se soit mani- 
festée à l'hôpital. Sur ces 28 cas, nous avons été assez 
heureux pour ne perdre que 2 malades, le premier et 
le dernier entrés, dont celui-là succomba sans doute 
à de vastes escarres gangréneux, alors qu'il paraissait 


Re de pe Ce ht 


— 359 — 


se relever de sa maladie, tandis que, chez celle-ci, la 
mort fut due à une rupture de l'intestin et à la péri- 
tonite consécutive, après qu'il y eût eu des hémorrha- 
oies intestinales peu intenses. Parmi les 25 autres 
cas, nous avons à noter les complications suivantes : 
6 fois une bronchite plus ou moins intense, 1 second 
cas d'hémorrhagies intestinales, 1 lymphangite mtense 
de la cuisse avec gonflement des ganglions inguinaux ; 
chez 4 malades, la convalescence fut signalée par une 
complication, à savoir : 1 ptyalisme spontané, À as- 
cite, 1 thyroïdite, 1 prosopalgie, ce dernier cas chez une 
femme qui en avait présenté immédiatement avant 
la fièvre typhoïde; enfin, signalons encore 1 cas dans 
lequel il y eut à deux reprises un délire intense: le 
28me cas, survenu à l'hôpital, fut accompagné d'une 
légère bronchite, et à peine convalescente, cette ma- 
lade fut atteinte d'érysipèle aux deux jambes. Ces 28 
cas se décomposent en 16 hommes et 12 femmes 
(parmi lesquelles cette dernière). Leurs âges étaient: 
deux fois 18 ans, trois fois 20 (deux femmes, dont 
l'une est le cas contracté à l'hôpital même), une 21, 
deux 22, trois 23 (une femme), une 24, deux 25 
(femmes), deux 26 (une femme), une 28, deux 50, 
une 32, une 33 (femme), une 34 (femme), une 39 
(femme), trois 38 (deux femmes), une 40, et une fois 
enfin 43 ans (femme). Fait assez curieux et opposé aux 
moyennes réelles de cette maladie, nous avons ici nos 
plus jeunes malades appartenant au sexe masculin, 
tandis qu’une femme est la plus âgée d'entre eux; et, 
en outre, tandis que l’âge moyen des femmes a été 
cette année de 271, ans, celui des hommes n’a été 
que de 255/,! — Si nous retranchons 3 malades en- 
trés à la fin de l’année 1858 et que nous reprenions 
les deux restés en traitement au 1er janvier 1860, nous 
trouverons les mois et les localités suivantes pour ces 


— 356 — 


27 malades : 2 en avril, (Fontaines et Fleurier), 2 en 
mai (Grandchamp et Neuchâtel), 1 en juin (Fretreu- 
les), 3 en juillet (Fontaine-Melon, Chézard et Buttes), 
6 en août (deux à Neuchâtel et à Rochefort, un à 
Cortaillod et à Boudry), 5 en septembre (Boudry, Cor- 
taillod, Couvet, Chézard, et le cas survenu à l'hôpital), 
2 en octobre (Cormondrèche et la Sagne), 2 en no- 
vembre (Lignières, Favarge et Cormondrèche), 3 en 
décembre (deux à Neuchâtel et un à Fleurier). Comme 
on le voit, c’est dans le District de Boudry que la ma- 
ladie a le plus sévi pendant le courant de l’année, puis 
au Val-de-Travers et au Val-de-Ruz, tandis qu'ailleurs 
il ne paraît y avoir eu que des cas tout-à-fait spora- 
_diques. Une femme arrivée de Fontaines en avril, 
avait perdu un de ses enfants de cette maladie lors 
de son arrivée. — Si nos résultats curatifs ont été si 
heureux pendant cette année, vous serez amenés, 
Messieurs, à vous demander à quoi les attribuer : un trai- 
tement généralement symptomatique n’en peut point 
seul assumer les honneurs; mais compterons-nous pour 
rien l'influence hygiénique de l'ouverture si récente 
des salles de femmes et des réparations nécessitées 
dans celles d'hommes par notre épidémie de pyémie 
et de diphthérite des plaies, laquelle, soit dit en passant, 
n’a atteint aucun de nos typhisés, quelle que soit leur 
tendance à présenter des escarres gangréneux et des 
abcès; j'ai lieu de croire aussi, que la nouvelle orga- 
nisation de l'alimentation de notre hôpital a pu jouer 
un rôle très-favorable sur nos malades en général et 
sur ceux-ci en particulier. Quelles qu’en soient d’ail- 
leurs les causes, nous avons obtenu la proportion la 
plus favorable qu'aucune année ait encore présenté 
pour la fièvre typhoïde à l'hôpital Pourtalès, celle de 
1 décès sur 14 malades. 


PRE CPAS PET TE 


2 vor 


oi dur led en 


— 9397 — 


5 Fièvres intermittentes, dont 3 quotidiennes, ou à par- 


28 


ler proprement deux cas, l’un d’eux nous étant revenu 
pour une récidive, tandis que l’autre avait des accès 
caractérisés presque uniquement par des transpira- 
tions nocturnes périodiques; À tierce; et 1 quarte, 
cette dernière ayant pris naissance aux Gorges-du- 
Seyon. Toutes guérirent sous l'influence de la quinine. 
Quant à l’origine de ce derniers cas, il paraît cons- 
tant que de grands remaniements de terrain, comme 
ceux qu'ont nécessités la construction de nos voies 
ferrées, provoquent la formation de cas de cette ma- 
ladie dans des localités où elle n’avait jamais surgi, 
et quelques faits que j'ai observés m'ont prouvé que 
tel est le cas dans notre pays. 

cas de Rhumatismes , tant aigus que chroniques, qui 
se décomposent comme suit : 15 Rhumatismes arti- 
culaires aigus ou subaigus, dont plusieurs cédèrent 
assez rapidement au sulfate de qumine, qui échoua 
dans d’autres cas : tous furent guéris, sauf une Lom- 
barde qui exigea soudain sa sortie avant sa guérison, 
pour aller répéter la même cérémonie à l'hôpital de la 
ville de Neuchâtel; aucun de ces cas ne présenta de 
péricardite : un de nos malades fut atteint pendant sa 
convalescence d’une urticaire précédée de diarrhée. — 
1 seul Rhumatisme muscularre aigu, guéri par la qui- 
nine. — 12 Rhumatismes chroniques ou vagues, parmi 
lesquels un lombago et un rhumatisme du muscle 
deltoïde; deux ne furent qu'améliorés, parmi lesquels 
une servante chloro-hystérique qui avait en outre une 
insuffisance de la valvule mitrale, et un chez qui le 
traitement n’eut aucun résultat favorable sur un vieux 
rhumatisme du genou. 

maladie de Bright, chez un horloger âgé de 25 ans, 
tombé malade aux Eplatures, à l'autopsie duquel nous 
trouvâmes des exsudations consistantes à la surface 
BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. V. 24 


10 


qu 


= M 


de la dure-mère, un épanchement séreux dans les 
ventricules du cerveau et dans les cavités de la poi- 
trine et de l'abdomen, une hypertrophie du cœur, des 
adhérences pleurétiques, des tubercules au sommet 
des poumons , une rate faible, un foie muscadé et les 
altérations caractéristiques des reins. 

Chloroses, dont une succomba à une affection aiguë 
du foie, survenue pendant son traitement, et caracté- 
risée par un ictère citrin et l’état muscadé de cet or- 


ane, qui n'avait pas subi d'altération de volume; - 
> P ; 


tandis qu'une autre, obligée de retourner chez ses 
maîtres pour n'y pas perdre sa place, nous quitta avant 
son entière guérison, et qu'une seconde ne fut .éga- 
lement que grandement améliorée par un long trai- 
tement; des 7 autres, qui furent guéries, une dut être 
renvoyée pendant sa convalescence à cause de sa con- 
duite : plusieurs présentaient des troubles digestifs, 
et une nous avait été envoyée pour une enfluredes jam- 
bes , à laquelle le repos et l'iodure de fer portèrent 
reméde. 

cas d'Anémie, 1 chez une petite fille de 12 ans, dû 
très-probablement à une hygiène mauvaise sous tous 
rapports, À consécutif à la fièvre typhoïde, 1 à des 
hémorrhagies intestinales probablement déterminées 
par des hémorrhoïdes, 1 à des pertes utérines, 1 à un 
accouchement et à une diarrhée chronique, 1 enfin 
(terminé par la mort) à une implantation du placenta 
au bord du col de l'utérus, chez une malheureuse fille 
primipare de 15 ans, qui avait perdu beaucoup de 


sang pendant sa grossesse, et chez laquelle j'avais dû . 


pratiquer, en son domicile, une version podale. 


MALADIES DU SYSTÈME NERVEUX. 


En rattachant à cette catégorie, les lésions traumati- 
es de la face dont la principale gravité gît dans l'effet 


ETATS DRE VE FT PRE ER CEE 


ds St Murs. bots d'es À dé 


tort fa 


Das ‘sn { 


ds or nage cé id ac 


— 399 — 


qu’elles peuvent exercer sur le cerveau, nous avons à 
vous renseigner ici sur 32 malades, dont 1 mourut, 1 
partit sans amélioration, et 30 nous quittèrent guéris. 1 
resection partielle de l'os malaire fut la seule opération 
pratiquée sur l’un d'eux. 

6 cas d'Hystérie chez des femmes, dont 2 compliqués 
de symptômes chlorotiques : un des cas avait été pro- 
voqué par la première apparition des règles; chez une 
l'application d'huile éthérée de moutarde aux mollets 
mit bonne fin à des accès hystériques sur lesquels l'i- 
magination, sinon la volonté, paraissait exercer une 
grande influence. 

3 cas de Chorée, dont un, attribué à la grande chorée, 
était la récidive d’une affection que nous avons dé- 
signée en 1858 comme paralysis agitans partiel, chez 
un homme âgé de 46 ans, qui présentait une hypé- 
resthésie extrêmement développée d’une vertèbre cer- 
vicale, d'où peut-être les accidents nerveux, remar- 
quables par leur régularité, qui se sont produits dès 
lors : la guérison fut obtenue assez rapidement par 
l'emploi de grands bains sulfureux, du tartre stibié 
à doses de tolérance et enfin de la solution de Fowler. 
Les 2 autres cas de petite chorée existaient chez des 
jeunes filles. 

9 Sciatiques, toutes guéries, dont une compliquée de 
névralgie du crural, une double qui ne céda, après de 
longs essais infructueux, qu’à l'usage interne d’une so- 
lution de sublimé dans du vin de semences de col- 
chique, tandis que ? ne guérirent que par l'application 
de pâte de Vienne, et que, dans un cas très-ancien, 
et dont la nature avait été méconnue, une cautérisa- 
tion de l'oreille amena un résultat favorable et rapide. 

4 Névralgie brachiale qui résista à tout traitement, 
comme cela avait eu lieu avant l'entrée dela malade et 
comme cela fut encore le cas ensuite, après qu'elle 


— 360 — 


eût réclamé sa sortie: nous soupçonnâmes comme cause 
de la névralgie, une pression continue sur le plexus 
brachial. 

1 Paralysie de l'extrémité supérieure droite, affection 
spontanée guérie par la teinture de noix vomique et 
le fer rouge ponctiforme. 

1 Spondylarthrocace mortelle après un traitement de 183 
jours, chez un individu de 53 ans: après avoir fait une 
chute sur la région lombaire pendant l'hiver précé- 
dent, il ressentit une vive douleur qui le tint au ht 
pendant quelque temps, puis se remontra en avril 
1858 sans nouvelle cause occasionnelle ; à son arri- 
vée à l'hôpital, on constata une saillie notable des 
Gme et 7me vertèbres dorsales, douloureuses à la pres- 
sion, et des signes de phthisie pulmonaire commen- 
çante; malgré l'incurabilité du mal, nous dûmes gar- 
der ce malade dont le transport eut pu avoir les sui- 
tes les plus fâcheuses, et 1l succomba à une tubercu- 
lose du corps de ces deux vertèbres et des poumons. 

1 Commotion spinale, chez un cantonnier qui était 
tombé avec son échelle en voulant réparer lisolateur 
en verre d'un poteau télégraphique. 

1 Méningite rachidienne chronique, d'origine rhumatis- 
male, guérie par l’iodure de potassium, des moxas et 
des bains. 

1 Hémorrhagie méningée intrà-arachnoïdienne à forme 
convulsive, récidive dont j'ai déjà dit quelques mots 
par anticipation dans mon précédent Rapport, et dont 
la double observation a d'ailleurs été publiée très- 
longuement dans l'Echo médical. 

4 cas de Contusions faciales, survenues chez un individu 
qui était tombé d’un mur, et qui intéressaient aussi 
une paupière, tandis qu'il.se forma sous nos yeux 
chez ce malade un hémophthalmos interne: les jam- 
bes et le dos le faisaient aussi souffrir. 


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— 361 — 


4 Brûlure à la face, guérie par le liniment oléo-calcaire, 
avait élé produite par la déflagration de poudre de 
chasse qu'il avait imprudemment allumée le 1er jour 
de l'an. 

4 Pluies de tête, sur les causes et les résultats desquel- 
les nous donnerons quelques détails : 1 coup de cou- 
teau à la région occipitale, accompagné de foulure du 
poignet, fut guéri très-rapidement (12 jours); — 1 
cocher avait reçu au côté droit de la face dans le voi- 
sinage de l'œil, un coup de pied de cheval, avec ac- 
compagnement de contusions à l'occiput et au côté 
gauche de la face : une lymphangite à la cuisse, sui- 
vie de sphacèle superficiel au pied et à la tête, puis 
de diphthérite des plaies, et enfin un ictère simple pro- 
longèrent beaucoup son traitement; — un ouvrier de 
chemin-de-fer étant tombé de la voie ferrée en cons- 
truction dans l'Areuse, au-dessous de Rochefort, se fit 
au cuir chevelu 8 plaies qui nécessitèrent des points 
de suture et ne demandèrent que 40 jours de traite- 
ment; — À quatrième, atteint à la tête d’une très- -grosse 
pierre, n’avait que 3 plaies du cuir chevelu, mais une 
dépression située au-dessus de l'arcade zy gomalique, 
un épanchement sanguin sous la paupière supérieure 
gauche et un suintement séreux assez notable par 
l'oreille correspondante, rendaient le cas plus grave 
encore que le précédent; malgré la probabilité assez 
grande d'une fracture du crâne, nous ne pûmes le re- 
tenir plus de 44 jours, terme au bout duquel il alla 
reprendre ses travaux, sans avoir eu de suites fâcheu- 
ses de cette grave imprudence. 

9 Fractures d'os de la face, Yune provenant d'une chute 
de cheval, (celui-ci ayant été effrayé par la nouveauté 
d'un convoi de chemin-de-fer), n’intéressant que l'os 
malaire et compliquée d’une plaie qui s’étendait de 
l'oreille jusqu'au milieu de la joue et une ecchymose 


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oculo-palpébrale, guérie avec légère déformation de 
l'os affecté, — l’autre produite par la déflagration d'une 
mine au moyen d’une allumette chimique, avec les lé- 
sions les plus graves de la face (bouche, nez, oreille, 
paupières), intéressait l'os malaire, le maxillaire su- 
périeur, les os propres du nez et le plancher de l’or- 
bite, et s’accompagnait d'une hémorrhagie intense. 
Une grande faiblesse suivie de délire, la fonte succes- 
sive des deux yeux, l'élimination d'une petite pierre 
cachée sous la clavicule et d'un fragment nécrosé de 
cet os, la resection d'une partie de l'os malaire, la 
pyémie et la diphthérite des plaies, telles furent les pé- 
ripéties par lesquelles passa cet infortuné, qui nous 
quitta, guéri sans doute de ses plaies, mais aveugle 
et mutilé en son visage de la manière la plus na- 
vrante. 


MALADIES DES YEUX. 


Si dans la plupart des faits de lésions traumatiques de 
la face que nous venons de rapporter, l'œil et les paupié- 
res furent plus ou moins compromis, les 33 cas suivants 
intéressaient exclusivement ces organes : 29 guérisons, 1 
amélioration, et 3 malades partis sans soulagement, furent 
nos résultats : il y eut 6 opérations subies par 5 malades 
seulement. 

1 Plaie pénétrante de l'œil gauche provenait d'un mor- 
ceau de fonte et nécessita l'excision d’une partie de 
l'iris et plus tard l’enlèvement de fragments du cris- 
tallin pour remédier à la tension oculaire : l’atrophie 
de l'œil resta dans des limites satisfaisantes et le ma- 
lade fut guéri, mais ne put naturellement recouvrer 
la vue déjà perdue à son entrée. 

6 Blépharites, atteignant soit les glandes de la paupière, 
soit son bord libre, dont 1 chronique, 1 double et 3 


— 363 — 


compliquées d'un certain degré d’inflammation ocu- 
laire; une de celles- ci avait été entretenue et augmen- 
tée par l’évulsion de cils. Un autre cas mérite d'attirer 
un instant l'attention pour montrer à quelles absardi- 
tés peuvent être conduits ceux qui se fient en fait de 
thérapeutique à toutes les inspirations de leur cerveau 
et aux conseils de médicastres de profession ou d’occa- 
sion, de l’un et l’autre sexes, et cela alors même que le 
voisinage de nombreux médecins et la non-réussite 
d'essais antérieurs de traitement devraient les engager 
à recourir le plus promptement possible à des con- 
seils entendus. Ayant été exposée à un violent cou- 
rant d'air tandis qu'elle était en transpiration, une 
femme, domiciliée à la Coudre, éprouva la sensation 
bien connue de présence d’un grain de sable dans 
l'œil et s’éveilla le lendemain avec les paupières col- 
lées. Pour remédier à cette ophthalmie catarrhale, elle 
débuta tout simplement par se laver. les yeux pendant 
trois jours consécutifs avec sa propre urine: la douleur 
s'en étant accrue d'autant, elle s'adressa à une com- 
mère qui lui fournit un collyre composé, à ce qu'il pa- 
raît, de substances très-âcres qui la firent beaucoup 
souffrir; elle essaya ensuite, sans plus de succès, de 
lotions avec de l’eau-de-vie; puis elle se fit enlever une 
quantité de cils, qu’elle évalue à une centaine, ce qui 
exacerba encore davantage le mal : alors elle se fit 
successivement ventouser, percer les oreilles, arracher 
des dents, etc.; enfin, après ces neuf semaines de clini- 
que ambulante, elle se décida à entrer à l'hôpital, pis- 
aller qui lui réussit assez promptement. Dans ce cas, 
ainsi que dans le précédent, l'application répétée du 
crayon de nitrate d'argent sur le bord libre de la pau- 
pière produisit un très-bon effet. 
3 Conjonctivites catarrhales, dont une double. 


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— 364 — 


1 Conjonctivite scrofuleuse, dans laquelle la cornée qui 
portait de nombreuses et anciennes taches, ne fut pas 
atteinte cette fois. 

8 Conjonctivo-kératites scrofuleuses, dont 2 accompa- 
gnées d’ulcère de la cornée: la guérison d’une d’entre 
elles fut d'autant plus heureuse, que l’autre œil était 
amaurotique; des 6 autres cas, 2 étaient accompagnés 
de gastralgie, et 4 eut un bien triste résultat: il s’agit 
d'une affection très-intense qui, malgré un très-long 
traitement, tendait au pannus, quand le malade fut 
soudain pris d’une manie aiguë, maladie de famille 
qui nécessita son transfert à Préfargier où il y suc- 
comba. 

4 Conjonctivo-kératite variolique, accompagnée d’un ul- 
cère, guérie, mais avec une cicatrice opaque. 

1 Kératite scrofuleuse primitive. 

1 cas de Taies à la cornée, guéri par l'emploi topique 
du laudanum et d’une pommade à l'iodure de potas- 
sium, combiné à l'usage interne d’antiscrofuleux. 


1 Ramollissement de la cornée (Kératomalacie), affection 
scrofuleuse qui occupait tout le pourtour de la cor- 
née gauche, que nous parvinmes à guérir, Mais na- 
turellement avec un changement notable dans la por- 
tée de la vue, fait d'autant plus triste pour cette jeune 
servante, que l’autre œil était recouvert de taches 
nombreuses. Pendant son traitement, elle fut soudain 
prise d’une fièvre typhoïde assez grave, pendant la 
convalescence de laquelle ellé eut encore un érysi- 
pêle des jambes. Elle nous quitta munie d'un verre 
approprié à la portée actuelle de sa vue. 


À Perforation de la cornée, affection traumatique dans 
laquelle l'iris faisait procidence au travers de la plaie 
de la cornée : le malade fut guéri, mais en conserva 
une taie considérable. 


— 369 — 


4 Hypopyon également traumatique, puisqu'il provenait 
d'une esquille de bois projetée contre l'œil d’un indi- 
vidu qui faisait des bûches, traité avec le même ré- 
sultat que le précédent. 

1 Jritis avec légère co-affection de la cornée et syné- 
chies postérieures, dès l'entrée de la malade : elle fut 
guérie de son iritis, mais les adhérences en question 
résistérent à l'usage local du sulfate d'atropine à haute 
dose, et pourraient d’ailleurs avoir bien préexisté à 
cette atteinte d'iritis, celle-ci étant en effet une réci- 
dive. 

1 Glaucôme complet à un œil et incomplet à l'autre; 
la malade, soumise à une première iridectomie du 
côté le plus intéressé, fut prise d'un tel ennui, qu'il 
fallut bon gré mal gré céder à son désir déraisonna- 
ble de nous quitter avant même que lirritation pro- 
duite par cette opéralion fût passée, de peur de voir 
sa santé générale s’en ressentir gravement. | 

1 Ophthalmite, affection purulente qui avait déjà né- 
cessité une ponction de l’œil quand la malade nous 
parvint : il n'était donc plus question que d'être mai- 
tre de l'inflammation, la vue étant déjà perdue. 

3 Cataractes, qui subirent 4 extractions à lambeau supé- 
rieur, dont voici les résultats en ordre chronologique: 
a) Femme âgée de 44 ans, opérée à l'œil gauche : le 
cristallin se présenta à l’orifice de la plaie immédiate- 
ment après l'incision de la cornée et l'iris dut être ré- 
duit; léger tiraillement de la pupille en haut et produc- 
tion dans le champ pupillaire de quelques filaments 
qui gênalent encore un peu la vision, quand la malade 
voulut partir, renvoyant à plus tard l'opération sur 
l'œil droit. — b) Femme de 56 ans, chez laquelle il fal- 
lut commencer par guérir une bronchite chronique 
avant de penser à l'opération : plein succès à gauche, 
formation à droite d'une fausse-membrane que je me 


— 366 — 


proposais d'enlever, quand il me fallut céder devant 
le heimweh de ma malade, qui promettait de se sou- 
mettre plus tard à cette petite opération supplémen- 
taire. — c) Femme de 99 ans, opérée à gauche il y a 
quelques années à Pontarlier par un oculiste ambu- 
lant; elle en perdit l'œil et dut même faire soigner 
alors dans cet hôpital l’ophthalmie consécutive. Notre 
opération pratiquée à droite eut un plein succès, l’ir- 
régularité permanente de sa pupille provenant d’an- 
ciennes synéchies. — Dans les cas de cataracte dure, 
nous donnons, on l'a vu, la préférence à l'extraction 
dont les résultats sont plus radicaux, mais qui néces- 
site parfois des opérations secondaires peu graves que, 
malheureusement, l’impatience ou l'ennui des malades 
renvoie souvent à une soi-disant époque postérieure, 
empêchant par là un résultat définitif bien plus favo- 
rable. 

1 Amblyopie guérie par l'iodure de fer, ainsi qu'une 
surdité concomitante fort développée, cas des plus 
intéressant sur lequel je ne me prolongerai-pas, l'ayant 
publié, avec le suivant, dans l’'Echo médical. 

1 Amaurose survenue en quelques heures à la suite 
d'hémorrhagies intestinales et sur laquelle les ferru- 
gineux et la noix vomique n’eurent aucun résultat. 


MALADIES DES OREILLES. 


2 cas, l’un guéri, l’autre renvoyé comme incurable, en 
forment tout le contingent. 

1 Otorrhée chronique, affection scrofuleuse fort ancienne, 
sur lequel un traitement réparateur de la constitution 
n'eut aucune influence. 

1 Périostite de l’apophyse mastoide, de même origine, 
guérie par l'emploi prolongé de l'huile de morue, 
après avoir déterminé une fistule. 


7 ST 


tuba d'oh tue sn 


— 367 — 


MALADIES DES ORGANES DE LA CIRCULATION. 


Autre petit groupe, représenté par 4 faits seulement: 
2 malades furent guéris, 1 amélioré et 1 renvoyé sans 
résultat favorable. 

À Vice organique du cœur, chez une jeune fille d’une 
vingtaine d'années, est le dernier d’entr’eux. 

3 Adénites lymphatiques, siégeant à la région sous- 
maxillaire, au cou et à la région inguinale gauche : 
cette dernière consécutive à des couches concernait 
une malade qui exigea sa sortie avant son entière 
guérison ; la première existait chez un hypocondria- 
que. 


MALADIES DES ORGANES DE LA RESPIRATION. 


Des 40 affections dont nous avons à parler ici, 7 
furent terminées par la mort, 4 n'éprouvérent pas de 
changement par notre traitement, 4 en éprouvèrent une 
amélioration notable, tandis que les 25 autres trouvèrent 
leur guérison à l'hôpital. 2 seulement de ces 40 malades 
subirent des opérations. 

4 Plaie au cou, provenant d'une tentative de suicide au 
moyen d’un rasoir de la part d’un individu mélanco- 
lique, qui fut dirigé convalescent sur la Waldau. 

2 Thyroidites aiguës, l'une, imflammation d'un goître, 
sénant beaucoup tant la respiration que la dégluti- 
tion, et accompagnée d'amygdalite, céda à l'usage ex- 
terne de la teinture d'iode, combiné à celui d'un looch 
au chlorate de potasse; tandis que chez l’autre ma- 
lade arrivé à pied de la ville à l'hôpital, un traitement 
antiphlogistique énergique n'empêcha pas la mort 
survenue au bout de 5 heures: à l’autopsie, outre des 
congestions veineuses, nous trouvâmes des abcès du 


— 368 — 


lobe droit de la glande, dont le gauche était simple- 
ment enflammé. 

À Kyste à la région sterno-claviculaire droite, guéri par 
l'incision de la tumeur. 

À Abcès à la poitrine, situé dans la région axillaire 
droite, à la hauteur de la pointe de l'omoplate, et 
probablement dù à une lésion de côte, fut guéri par 
l'application de pâte de Vienne; le malade resta néan- 
moins très-cachectique. 

3 Fractures de côtes : l'une des 6e et 7e côtes droites, 
chez un vieillard que des jeunes gens avaient lancé 
sur un char; la seconde, siégeant aux 5e et 6e cô- 
tes gauches, existait chez un individu qui avait été 
renversé par un cheval qu'il ferrait; enfin, la 3e, si- 
tuée à la 6e côte gauche et compliquée de fracture de 
la clavicule du même côté, détermina un emphysème 

. sous-cutané de tout le côté gauche, spécialement à la 
face et au cou, bien que cette lésion ne fût la suite 
que d'une chute de sa hauteur chez un homme âgé 
de 66 ans. 

1 Plaie d'arme à feu à la poitrine, provenant d’une dé- 
charge de grenaille dans le côté droit de la poitrine 
et dans le bras du même côté, guérie malgré sa gra- 
vité et la pénétration de grains de plomb dans le 
poumon : ce n’est pas ici le lieu de rappeler l’agita- 
tion auquel ce coup de feu donna lieu à Auvernier où 
il eut lieu. 

1 Bronchile aiguë. 

7 Bronchites chroniques, chez 6 individus dont 1 aprés 
nous avoir quitté de son chef, grandement amélioré, 
revint mourir à l'hôpital, et dont l’autopsie nous mon- 
tra une transposition complète des viscères, observa- 
tion communiquée à notre Société des sciences. na- 
-turelles et publiée in extenso dans l'Echo médical; 1 
cas compliqué d’hydropisie commençante fut congédié 


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_ comme cas trop chronique, tandis que 1 autre com- 
_ pliqué d'œdème des jambes fut guéri, ainsi que les 3 
autres. 

13 Pneumonies, dont 2 terminées par la mort, à savoir 
une du côté droit, accompagnée d'épanchement pleu- 
rétique, d’exsudations aux méninges et d'épanchement 
dans les ventricules du cerveau, et une double chez un : 
individu dont les poumons offraient depuis longtemps 
une tuberculose à marche lente: 2 des autres cas 
avaientaussi des signes de cette dernière affection, tandis 
que chez À autre nous ne fimes que la soupçonner, 
et que À autre était profondément cachectique : no- 
tons encore À cas avec délires intenses qui cédèrent 
au chloroforme, et 2 dont la convalescence présenta 
comme complications l’une un diarrhée rebelle, lau- 
tre une inflammation des conduits auditifs. — Nos 13 
malades appartenaient au sexe masculin, et av&ient 
les âges respectifs de 17, — 19, — 26 (trois cas), — 27 
(deux), —28 (deux), — 40,— 44, —50, — et 65 ans. 
Quant au siége de la pneumonie, elle intéressait 7 fois 
le côté gauche, 4 le droit (deux fois intéressant tout 
le poumon), et dans 2 cas elle était double, (une fois 
aux sommets). — Retranchant les 4 individus tombés 
malades en 1858, nous en trouvons un total de 9 cas 
pour 4859, tous répartis sur le printemps, à savoir : 
4 en mars (Serrières),2 en avril (Peseux) et 6 en mai 
(Neuchâtel 3, Hauts-Geneveys, Fleurier et ambulant). 
L'influence des premières chaleurs sur cette maladie 
ressort d’une manière bien saillante de ces chiffres; 
en revanche, celle de l'automne ne s’est point montrée 
comme l’année précédente. 

2 Pleurésies aiguës, tous deux entrés en mars, appar- 
tenant au sexe masculin et venant du Val-de-Ruz; 
l'un arrivé presque convalescent fut emmené par son 
père peu après son entrée: chez l’autre, dont la mala- 


— 3170 — 


die siégait à gauche, il se montra bientôt un abcëés à 
l'extrémité inférieure, puis les bras s'œdématisérent et 
une maladie de Bright emmena le malade, qui présen- 
ta une vaste collection purulente dans l'épaisseur du 
bras droit, dont l’humérus en était même dénudé, et 
des tubercules crétacés au sommet des deux poumons. 
2 Empyèmes, Y'un chez un homme de 928 ans, occupant 
le côté gauche, disloquait complètement le cœur à 
droite, bien qu'il eût été déjà opéré par ponction à 
l'hôpital de la Chaux-de-Fonds à la partie postérieure 
de la poitrine : nous fimes une nouvelle opération 
par incision et application de ventouses à la surface an- 
térieure du tronc, au niveau du 5me espace intercostal ; 
il y eut immédiatement une grande amélioration, 
puis plus tard se produisit beaucoup plus bas une 
ouverture fistuleuse, par laquelle le pus se dégorgeait 
par saccades : enfin, après un long séjour et le refus 
de sa part de laisser répéter l'opération, le malade 


nous quitta pour tenter une cure aux bains d’Yver-. 


don, et me promettant de ses nouvelles ultérieures, 
qui ne me sont Jamais parvenues. L'autre cas exis- 
tait chez une petite fille de 11 ans et était en con- 
nexion avec une diathèse tuberculeuse prononcée : 
en effet, le cerveau et le cervelet présentaient chacun 
une masse tuberculeuse assez volumineuse dans leur 
intérieur, plus de nombreux petits tubercules à leur 
surface, les deux poumons étaient infiltrés d’une 
quantité de tubercules miliaires; à droite existaient 
de nombreuses adhérences pleurétiques anciennes et 
un empyème enkysté contenant environ 12 onces de 
pus; le péritoine était aussi parsemé de tubercules 
miliaires; le foie présentait des ulcères tuberculeux; 
les trompes de Falloppe étaient remplies d'une masse 
tuberculeuse; enfin, les reins paraissaient présenter 
une altération graisseuse. 


— 311 — 


6 Tuberculoses pulmonaires, envoyées, sauf un cas venu 
pour une congestion pulmonaire intercurrente, sous 
d’autres diagnostics : 2 améliorations, 5 renvois comme 
incurables et À décès furent nos résultats : ce der- 
nier Cas, peu développé à gauche, l'était fortement 
au poumon droit qui contenait des cavernes plus une 
vomique à sa base, tandis qu’il y avait quelques con- 
crétions aux valvules du cœur. 


MALADIES DES ORGANES DE LA DIGESTION. 


31 guérisons, À incurable et 3 décès forment les 39 
cas appartenant à cette catégorie, dont 3 subirent des 
opérations. 

À Plaie contuse à la lèvre inférieure, chez un individu 
qui avait été renversé par un char. 

À Plaie d'arme à feu au menton, chez un homme dont 
l'essai de se détruire d’un coup de pistolet n'avait eu 
d'autre effet, que de se loger derrière l'os maxillaire 
inférieur, une balle que nous dûmes en extraire. 

À Fluxion dentaire, cause d'une prosopalgie qui céda, 
ainsi que sa cause efficiente, à l'emploi de cataplas- 
mes et d’acétate de morphine. 

4 Glossite superficielle, sorte d’érythème de la langue, 
dont elle fut guérie ainsi que d’une leucorrhée intense 
et d’un bothryocéphale, lequel fut expulsé sous l'em- 
ploi du cousso. 

3 Angines calarrhales. 

2 Amygdalites phlegmoneuses, Yune, double, guérie par 
des searifications, et l’autre par l'évacuation d’un abcès 
de l’amygdale. 

À Perforation carcinomateuse de l'œsophage, dans laquelle 
les progrès de l'affection cancéreuse avaient produit 
une communication entre cet organe et les voies res- 


— 312 — 


piratoires, et amenèrent bientôt la mort, qui nous 
permit de constater l'absence de toute autre lésion car- 
cinomateuse. 

Rupture des muscles dbdominants , nom sous lequel je 
désigne les suites d’un effort fait par une femme pour 
soulever une personne malade et dans laquelle lésion 
il devait y avoir déchirure de fibres musculaires. 


4 Abcès dans les muscles abdominaux, vaste poche pu- 


2 


rulente qui mit le malade à deux doigts de là mort. 
Contusions de l'abdomen, l'une assez sérieuse, pro- 
venant d'un coup de pied de cheval, fut guérie; l’autre 
malade avait fait une chute sur un tas de pierres, et 
ne put se relever seul : il y eut chez lui hématurie, 

œdème des parois du ventre, DEA et enfin péri- 
tonite mortelle. 


3 Embarras gastriques, dont 1 accompagnait chez un 


ds) 


jeune garçon de 11 añs le mouvement de descente 
du testicule droit, alors engagé dans l'anneau ingui- 
nal, d’où il ne continua pas plus loin sa migration 
pour le moment. 

Dyspepsies, dont À cas compliqué de catarrhe pulmo- 
naire, et 1 d'hypochondrie, tandis que chez le troisième 
une opération antérieure de cancer du sein me fit 
craindre qu'il ne s’agît d’une squirrhe commençant de 
l'estomac, bien que le traitement eût délivré ce ma- 
lade de ses accidents dyspeptiques, momentanément 
du moins. 

Gastralgies, d'origine chlorotique toutes deux. 
Ulcère chronique de l'estomac, renvoyée comme incu- 
rable. 

Entérites muqueuses, diarrhées plus ou moins mten- 
ses, dont 4 chez un hypochondriaque. | 


2 Hernies étranglées, Yune inguinale et du côté droit 


chez un homme, l’autre crurale et du même côté, 


— 313 + 


chez une femme, toutes deux réduites par le taxis 
après l’usage d’un bain tiède prolongé. 

2 cas d'Helminthiasis, dans un cas la fougère mâle dé- 
barassa le malade d'un bothryocéphale, tandis que dans 
l'autre des lombrics et des oxyures furent évacués sous 
l'usage de la santonine. 

2 fois nous eûmes le même malade pour une Plaie mé- 
nétrante de l'abdomen : dès la première nous obtin- 
mes la cicatrisation de cette plaie de balle de pistolet; 
mais des douleurs survenues plus tard dans la région 
lésée nous ayant fait craindre qu'il ne s’agit d'un ef- 
fort d'élimination de ce corps étranger, nous enga- 
geâmes le malade à rentrer à l'hôpital pour y être sur- 
veillé ; à l'heure qu'il est, ce jeune homme circule 
et travaille avec ce projectile dans la région ingui- 
nale. 

1 Tuberculose aiguë du foie, accompagnée de la même 
altération des glandes bronchiques et des poumons à 
un moindre degré, et terminée par la mort. 


MALADIES DES ORGANES GÉNITO-URINAIRES. 


Elles se présentèrent 10 fois à notre observation, et 
donnèrent comme résultat : 6 guérisons, 2 améliorations, 

, {À cas incurable et À décès; 2 opérations furent nécessi- 

. . iées par un des malades de cette rubrique. 

À Catarrhe vésical, envoyé comme paralysie de la ves- 

sie, qui céda à l'usage du baume de copahu. 

1 Paraphymosis qui subit la réduction du paraphymo- 
sis à son entrée et l'opération du phymosis par le 
procédé du professeur d'Ammon avant sa sortie. 

1 Sarcocèle scrofuleux du côté droit chez un jeune 
homme d’une vingtaine d'années qui nous avait été 
adressé pour la castration : un traitement général et 
local nous permit d'obtenir une amélioration pour la 


BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. V. 25 


# 314 — 


consolidation de laquelle il fut adressé aux bains de 
Lavey. | 

4 Déchirure du périnée, suite de couches, chez une pri- 
mipare qui avait été traitée comme enfant à cet hô- 
pital d’une plaie de cette région, dont la cicatrisation 
avait considérablement rétréci les organes sexuels ex- 
térieurs : aussi dûmes-nous tendre à empêcher la 
réunion complète de cette nouvelle lésion, afin d'en 
éviter la répétition en cas de grossesse nouvelle : 
malheureusement, elle exigea sa sortie avant son en- 
tier rétablissement. 

2 Métrorrhagies puerpérales, l'une consécutive à des 
couches à terme et l’autre à une fausse-couche. 

4 Engorgement de matrice, qui avait déterminé une 
rétention d'urine. 

1 Ovarite, irritation de l'ovaire accompagnée de chlo- 
rose chez une élève du Prébarreau. 

À cas dont le diagnostic le plus probable est celui d'Hy- 
dropisie enkystée de l'ovaire, bien que nous n’ayons pas 
pu en découvrir encore les symptômes caractéristiques 
et renvoyée chez elle vu l'impossibilité de tenter au- 
cun traitement pour le moment du moins : à première 
vue, les indications de la malade tendaient plutôt à 
faire penser à une grossesse extra-utérine. 

4 Squirrhe du sein gauche, cause d’une suppuration sa- 
nieuse infecte, suivie de la mort de la malade, chez 
laquelle on trouva un volumineux abcès à la base du 
poumon droit, un foie gras et de nombreux calculs 
biliaires. 


MALADIES DES ORGANES LOCOMOTEURS. 
Représentées par le chiffre élevé de 144, elles nous 


fournirent 127 guérisons, tandis que 8 cas partirent amé- 
liorés, 3 comme incurables, et que 6 moururent. Avec 


+ 


a 


PR ET ER EN Ag 


— 3175 — 
les réductions de luxation, le nombre des opérations 
qu’elles nécessitèrent fut de 14. 

8 Luxations, dont 2 de la clavicule chez l’une desquelles 
l'extrémité acromiale de cet os avait été luxée en bas 
par un coup de bâton appliqué sur l'épaule, le bras 
étant fixé; tandis que chez l’autre l'extrémité sternale 
s'était luxée par une chute dans un escalier, dans la- 
quelle cet individu s'était fait en outre près de l'œil 
une plaie qui réclama quelques points de suture. —"2 
de l’humérus, l’une en arrière et en bas, survenue 
dans une chute d’une élévation de 8 pieds; l’autre 
sous-coracoïdienne, provenant de la chute d’un vieil- 
lard dans un chemin gelé, fut facilement réduite par 
le procédé d’Astley Cooper, bien qu'elle datât déjà 
de deux jours : mais l’œdème de l'extrémité persista 
et il se forma au-devant de la tête de lhumérus un 
foyer de suppuration, dont l'issue du contenu fut fa- 
citée par l'application de pâte de Vienne : ce néan- 
moins, la faiblesse fit des progrès inquiétants et en- 
leva le malade; à l’autopsie, nous trouvâmes la déchi- 
rure de la capsule à sa partie antérieure et interne, 
ce qui explique la vive pression exercée par cette tête 
d'os luxée sur le plexus brachial. — 4 du coude, 
accident arrivé à un conducteur dont le coude avait 
heurté le sol, à mesure qu'il était tombé de sa dili- 
gence. — À du 4er os métacarpien, compliquée d’une 
plaie au menton, lésions produites toutes deux par 
une chute de cet individu sous son char, par lequel il 
avait été trainé. — 2 du fémur, l'une en arrière et en 
haut, comme seule suite de ce qu'un wagon vide 
avait passé sur la hanche du porteur de cette lésion; 
l’autre, dans la même direction, fut produite aussi par 
un wagon en mouvement, que cet imprudent voulut 
arrêter en le poussant du pied : la vigueur du ma- 
lade et les 12 heures qui s'étaient écoulées depuis 


24 


— 316 — 


l'accident, en rendirent la réduction trés-difficile. — 
Toutes les autres réductions de luxation avaient eu 
lieu sans peine. 

Fractures, réparties comme suit: 1 de la clavicule 
(sans parler d'une autre produite en même temps 
que celle d'une côte, et accompagnée d'emphysème 
sous-cutané), 1 du cubitus, 4 du radius, 1 du 4me os 
métacarpien, 2 de phalanges de doigts de la main, 
1 du fémur, 1 de la rotule, 12 des deux os de la 
jambe et 1 du tibia. Pour compléter la série des frac- 
tures observées pendant l’année, 1l faudrait encore 
y ajouter 3 cas de fractures de côtes, à l’un desquels 
je viens de faire allusion, 2 d'os de la face, et peut- 
être 1 du crâne, si toutefois la rapidité de la guéri- 
son permet d'établir ce diagnostic. — L’'étiologie de 
ces 30 cas de fractures diverses est fournie par les in- 
dications suivantes : simple chute de sa hauteur 2; 
olissade le long d’un talus 1; chute dans un escalier 
3; chute dans une rixe 2; chute de cheval 1; chute 
simple depuis une voiture en mouvement 3; chute 
depuis un lieu élevé (échafaudage, pont, toit) 3; in- 
dividu jeté sur un char 1; chute provoquée par le heur- 
tement des pieds contre un obstacle à la circulation (tas 
de pierre) 1; écrasement sous une roue en mouvement 
(wagon, char) 2; coup de pied de cheval 1; coup de 
bâton 1; pierres volumineuses atteignant un individu 
2; coup de mine 1; fracture provoquée par la chute 
d’une poutre lâchée 2; coup de machine à pilotis 1; 
chute à la renverse sous une échelle 1 ; chute avec un 
échafaudage 1; écrasement entre deux wagons dont 
un en mouvement À : ces quelques données n’ont pas 
d'autre prétention que d'établir la variété des causes 
de fracture. — Les faits qui, indépendamment de leur 
cause, présentent le plus d'intérêt sont les suivants : 
n° 9, mortification et suppuration observées pendant 


— 311 — 


une fracture des deux os de la jambe, et où malgré 
que le fragment supérieur du tibia eût fait saillie au 
dehors, il n’y eut pas moins guérison sans aucune re- 
section; -— n° 9, individu tombé avec un échafaudage 
et ayant eu la jambe broyée sous un bloc de pierre, 
fracture compliquée des 2 os, amputation de la 
cuisse, nécrose du bout du fémur, resection de ce 
fragment, diphthérite de la plaie, pyémie et mort; — 
n° 29, fracture oblique des deux os de la jambe, ec- 
chymoses sous-cutanées au-devant du tibia, dont le 
fragment supérieur fit une saillie que nous dûmes 
reséquer avec la cisaille de Liston; — n° 62, même 
fracture, également oblique, survenue dans un esca- 
lier, même resection au moyen de la scie à chainette, 
diarrhée, diphthérite des plaies et pyémie, guérison; 
— n° 63, fracture des 2 osde la jambe, œdème doulou- 
reux, frissons, état typhoïde, diarrhée, symptômes 
indiquant une pyémie, guérison; — n° 168, jambe 
sur laquelle avait passé la roue d'un char chargé de 
700 pots de vin, consolidation de la fracture des deux 
os sans aucune complication ;— n° 307, fracture obli- 
que des 2 os de la jambe survenue dans une rixe où 
l'individu fut renversé, marche immédiate sans bé- 
quille dès le premier lever du malade; — n° 395, 
double fracture de la rotule, l’une longitudinale, l’au- 
tre transversale, fistule communiquant de cet os à 
l'air extérieur, delirium tremens, guérison complète ; 
— n° 342, broiement du tibia, arrachement du pé- 
roné de son articulation supérieure, artères déch- 
rées, chez un jeune garçon, sur la jambe duquel 
passa la roue d’un wagon en mouvement, depuis le- 
quel il avait sauté bas, hémorrhagies intenses pen- 
dant des heures, anémie et état général tel qu'il faut 
renoncer à toute amputation avant d'avoir tenté de 
mettre le malade en état de la supporter, mort rapide; 


— 318 — 


— n° 391, diarrhée inquiétante et escharre au sa- 
crum, chez un homme qui s'était fracturé les deux 
os de la jambe en glissant le long d’un talus, guéri- 
son; — n° 568, chute depuis un toit peu élevé, frac- 
ture du radius et plaie au poignet, luxation du fémur 
en arrière et en haut, réduite avant l’arrivée du ma- 
lade, rétention d'urine et diarrhée, guérison. —Comme 
on le voit par l'ordre des numéros, c’est pendant la 
première partie de l’année que nos fracturés présen- 
tèrent facilement des suppurations inquiétantes, la 
diphthérite des plaies et la pyémie, tandis que, plus 
tard, tel ne fut plus le cas: m'étant occupé ailleurs 
de cette question, je n’en dirai rien de plus 1ci. Ainsi 
que je le disais dans mon précédent Rapport, ces ac- 
cidents m'ont momentanément obligé de renoncer 
presque absolument aux bandages platrés, tant pour 
éviter leur pression que pour être à même de suivre 
plus exactement l’état des membres fracturés: dés-lors, 
ce genre de pansement a été peu employé pendant la 
première partie de l'année 1859, pour y revenir dès 
que cela me parut possible. 


24 Plaies, dont 4 articulaires (deux du genou et deux du 


coude), 1 intéressant simultanément la cuisse et la jam- 
be, 1 de cuisse, 1 de la région du genou, 2 de jambe, 
3 de pied, 1 de la région du coude, 1 d’avant-bras, 6 
de main et 4 de doigt. Sur les 24, deux furent suivies 
de mort, à savoir : une du genou, chez un tâcheron qui, 
étant tombé sur le ventre, avait eu la rotule transper- 
cée d’un clou, plaie de l'articulation qui ne nous arriva 
qu'au 10me jour, dont le porteur succomba à la pyémie 
après d'affreuses douleurs, sans avoir voulu consen- 
tir, en temps convenable, à une amputation; et une 
plaie contuse des 2me et 3me doigts, qui fat compliquée 
d’un tétanos mortel, dont il a été question d’ailleurs. 
En revanche, nous fûmes assez heureux pour conserver 


Me 7 TA en CENT A TS NS 171 


— 319 — 


même la mobilité de l'articulation dans l’autre cas de 
plaie pénétrante du genou, occasionnés par un coup de 
hache que l'individu s'était porté lui-même. Des 2 cas 
de plaie pénétrante du coude, l’un dû à une chute et 
compliqué de fracture du coudyle interne de l'humé- 
rus, et d’autres lésions graves, guérit par anchylose, 
après avoir présenté la diphthérite des plaies: la guéri- 
son eut aussi lieu avec anchylose dans l’autre cas, où 
le malade avait reçu dans une rixe un coup de hache, 
qui lui avait aussi enlevé la partie postérieure du cou- 
dyle externe de l'humérus. Le seul autre cas qui ait pré- 
senté la complication de diphthérite des plaies, est celui 
d’un ouvrier de chemin de fer, qui avait eu deux vastes 
lambeaux cutanés , formés au-dessus et au-dessous 
du genou, et qui nous quitta de son chef avant sa 
guérison complète, impatienté des retards de son trai- 
tement, dont il ne pouvait apprécier la cause. Un 
seul motiva une opération, celui d’une plaie par ar- 
rachement au petit doigt, sur lequel avait passé une 
roue, cas dans lequel nous fimes l'extraction de la 
phalangette avec conservation de la matrice de l’ongle 
qui donna naissance à un rudiment unguiculaire. Des 
17 autres cas, 8 étaient des plaies d'armes à feu 
(dont une simplement chargée à poudre, un cas d'hé- 
morrhagie grave pendant le traitement), 3 prove- 
naient de pierres, 3 de coups de hache (également un 
cas d'hémorrhagie inquiétante), 2 de chutes, 1 d'un 
coup de pied de cheval, 1 d'avoir étéprisentre un cricet 
une pierre, 4 enfin, de l’une des 4 causes suivantes : 
scie circulaire (doigts coupés, ouverture d’une articu- 
lation de l’un d’entre eux, guérison), — crochet d’une 
balançoire (arrachement de tendons, rétraction per- 
manente d'un doigt), — engrenage d’un moulin, — 
machine à couper les chiffons (amputation de quatre 
orteils malgré la présence d’un gros sabot de bois). 


L4 


— 380 — 


9 Contusions , situées respectivement: 1 à la région lom- 
baire, À à toute une extrémité inférieure , 2 à la han- 
che, 1 à la jambe, 1 au pied, 2 à la main et 1 au pouce. 
— Trois de ces cas méritent seuls d’être relevés, à 
savoir : n° 100, passage d’une charrette sur la hanche 
et la jambe, sans fractures; — n° 377, contusion de la 
région lombaire par une poutre, suivie d’un certain 
degré de paralysie (paresis) des extrémités inférieu- 
res, — n° 176, diphthérite des plaies, dans un cas de 
contusion à la jambe. 

4 Entorses, dont 2 au poignet, 1 au genou et À au 
coude-pied, dont les deux premières étaient dues à 
des chutes sur la main. L 

1 Myosite, ou plutôt un lumbago dù à un effort. 

16 Inflammations à savoir: 2 phlegmons à la main, 1 paro- 
nychie, 10 panaris superficiels ou profonds, 1 érysipèle 
phlegmoneux de la jambe, 2 inflammations au pied. 
Dans le cas de paronychie, l’ongle tomba spontané- 
ment; dans un des panaris, compliqué d’urticaire , 1l 
fallut enlever la phalangette; 2 malades avaient des 
panaris multiples ; enfin, il y eut un malade atteint 
aussi de panaris qui nous quitta de son chef avant son 
entière guérison. | 

8 Abcès, dont 4 à la main, À prérotulien, 1 au coude- 
pied et 2 au pied. Un de ceux de la main existait chez 
une fille atteinte en outre d’ulcère chronique de l’es- 
tomac; celui du coude-pied avait été provoqué par 
une roue de char; enfin, l’abcès prérotulien, survenu 
sans cause connue, se vidait par une fistule insuffi- 
sante, dont l'agrandissement produisit une guérison 
assez rapide. 

1 Oedème des jambes, occasionné par le froid humide, 
fut rapidement guéri par des applications d’eau-de- 
vie camphrée et surtout par le repos. 

À Gangrène du médius, suivie d’un tétanos traumati- 


2 UE 


que, terminé par guérison, dont il a été déjà question 

plus longuement. 

Périostites, dont 1 existant simultanément à la région 

du coude et à celle du genou, affection scrofuleuse, ac- 

compagnée d'abcès, qui ne trouva aucune amélioration 
d'un long traitement à l’hôpital, qu'elle quitta pour 
les bains de Schinznach, d’où elle fut renvoyée peu 
après, le médecin ayant craint qu'elle n’y mourut; — 

— À à la clavicule et à une jambe, dont la première 

seulement avait produit un abcès, — 4 du fémur; — 

1 à la jambe; — et 1 au pied, due à la chute d’une 

pierre sur cette partie. 

3 Nécroses, dont 2 notées comme améliorées, parce que 
le traitement obünt la cicatrisation de fistules et non 
l'élimination du séquestre: elles siégaient, l’une au 
fémur et l’autreau 24 os métatarsien; tandis que le 3me 
cas, intéressant une partie du tibia, fut guéri par la 
resection de la partie osseuse malade : une diphthérite 
légère de la plaie, la seule arrivée soit dans la 2de 
moitié de l’année, soit chez les femmes, nous fit ac- 
corder avec plaisir à la malade l'autorisation d’ache- 
ver la consolidation de sa guérison chez elle, où la 
rappelaient des devoirs de famille. 

1 Carie à un genou anchylosé, intéressant les extrémi- 
tés articulaires du fémur et du tibia, améliorée par un 
long traitement, pour la terminaison duquel nous con- 
seillâmes les bains de Schinznach. 

. 7 Arthrocaces, à savoir : 3 coxarthrocaces, dont deux 
unilatérales exigèrent pour leur guérison un traite- 
ment fort long, tandis qu'une double fut prompte- 
ment en état de nous quitter; — 3 gonarthrocaces, 
dont un des porteurs nous quitta sans amélioration 
après avoir refusé de subir une amputation ;—1 podar- 
throcace, parti de son chef sans changement. 

2 Anchyloses (vraies) du coude, provenant de subluxa- 
tions négligées du cubitus, améliorées. 25" 


Qt 


e 


— 1 


Fausse-anchylose, à l'index, suites d'un panaris, dé- 


truite par quelques mouvements forcés. 


1 Hydrarthrose des genoux, guérie par lateinture diode. 
1 Hygroma prérotulien guéri par l'ouverture de la tu- 


29 


meur, suivie de badigeonnages autour de la plaie. 
Ulcères, à savoir : 1 scrofuleux au bras, consécutif à 
une périostite qui fut également guérie, tandis que 
cette petite fille conserva un ozène concomitant; — 
1 atonique au bras, dont le traitement fut énormé- 
ment prolongé par la diphthérite des plaies; —3 ato- 
niques, à la jambe, dont un n'était autre que la ré- 
ouverture d’une plaie précédemment traitée à l’hôpi- 
tal; — 16 variqueux à la jambe, tous guéris, les uns 
par le repos et le sublimé en pansements; d’autres 
par l'usage interne de l’iodure de potassium, sans 
garder le lit; quelques-uns par les deux agents réunis 
ou successivement employés; — 1 au pied, consécu- 
tif à une écorchure de soulier, dont le porteur fut en 
outre guéri de la gale par l'usage de poudre à canon 
incorporée à de la mélasse. 


1 Congélation des extrémités inférieures, qui produisit 


la mort avant même qu'on eût pu donner aucun soin 
à cette malheureuse ivrogne. 


4 Brülures, dont 1 à la cuisse, due au phosphore, déjà 


traitée dans un autre hôpital, dont le porteur exigea 
sa sortie, sans motif plausible, avant sa guérison com- 
plète; —— 1 au pied, chez une chlorotique; — 1 exis- 


tant simultanément à 3 extrémités, chez un individu 


qui était tombé dans un creux de chaux; — enfin, 1 au 
tronc, que nous réunissons à celles des extrémités, 
chez un homme qui était tombé dans le feu. 


MALADIES CUTANÉES. 


Abstraction faite des phlegmons, ulcères, congélations 


et brülures, classés d’après leur siége, nous avons à ren- 


AE et 2 Me, 27. 


— 383 — 


seigner, sur 12 affections de la peau ou des tissus immé- 
diatement sous-jacents, toutes guéries, et dont aucune 
n'exigea d'opération. 

D Eczèmes, dont 1 plus ou moins généralisé; —1 aux 


mains, compliqué de-:chlorose; — 1 aux jambes, déjà 
ancien; — À du cuir chevelu, longtemps rebelle au 
traitement; — 1 eczème impétigineux de la face et 
plus spécialement des paupières. 


2 Impétigos, siégant aux extrémités inférieures. 


2 


Psoriasis, l'un datant de 14 ans, n'épargnait que le 
cuir chevelu, et céda à l'emploi soutenu de solution 
de Fowler, qui réussit également dans l’autre cas, In- 
vétéré aussi, mais n’occupant absolument que le cuir 
chevelu, et pendant le traitement duquel, cette élève 
du Prébarreau fut atteinte d’eczème de la région sour- 
cilière. 

Gales, lune compliquée d'un eczème pour lequel on 
nous avait adressé cet individu, tandis que chez l’au- 
tre elle affectait une forme pustuleuse : le premier 
fut guéri par la pommade d'Helmrich, l'autre par des 
frictions de poudre à canon incorporée à de la mé- 
lasse, mode de traitement que nous employâmes al- 
ternativement avec la méthode belge, pour les quel- 
ques rares cas observés chez des individus entrés pour 
d'autres maladies. 


1 Furoncle à la jambe gauche. 


oi 


Arrivé au terme de mon rapport sur les affections, 
traitées à l'hôpital Pourtalès pendant l'année 1859, qu'il 
me soit permis, Messieurs, de vous remercier au nom des 


malades des réparations et améliorations survenues dans 


cet établissement, ou en bonne voie de terminaison. La 
réparation si coûteuse, mais aussi si nécessaire, de toutes 
nos salles d'hommes, a mis bonne fin à la pyémie qui, 


— 384 — 


avec ou sans diphthérite des plaies, nous avait causé de 
vives inquiétudes auxquelles vous vous associâtes. L'élé- 
vation d'un logement pour le médecin-interne procurera 
bientôt à l'hôpital, un avantage considérable pour les 
premiers secours à donner aux malades, soit qu'ils ar- 
rivent, soit qu'un accident inattendu survienne pendant 
leur traitement. L'établissement en voie d'exécution d'une 
machine destinée à porter les malades aux bains, sans 
leur faire traverser des corridors froids, nous fera oublier 
le temps, peu distant encore, où les bains ne pouvaient: 
avoir lieu en hiver que dans les salles et très-exception- 
nellement, le local qui leur était destiné se trouvant en 
dehors de la maison. Deux domestiques hommes, faisant 
les fonctions d'infirmiers, sous la direction d'une sœur, 
sont également un de ces heureux changements, qui ne 
permettent qu'un regret, celui de ne pas les avoir eus 
plus tôt. Une organisation des repas, plus en harmonie 
avec nos mœurs et nos heures nationales, a été accom- 
pagnée de l'établissement d’un régime alimentaire, à peu 
près calqué sur celui que notre savant confrère le Dr 
Borel, à introduit depuis longtemps à l'hôpital de la ville 
de Neuchâtel. Une lingerie et une tisanerie ont été créées 
aux deux extrémités de l'étage occupé par les malades. 
Soit par manque d'aération, soit par d'autres raisons, 
l'humidité et l'odeur de certaines salles avaient souvent 
attiré votre attention : dans une salle, auparavant la plus 
humide, un essai assez simple d'aération, nous a paru 
répondre à l'un des côtés de la question; dans un autre, 
l'établissement d'une armoire à deux portes destinée à ren- 
fermer la chaise-percée à aussi fourni un résultat satis- 
faisant. Vous rappellerai-je, enfin, qu'en séparant plus 
complètement les services des deux sexes, à la tête de 
chacun desquels est une sœur spéciale, vous avez, au 
moyen des deux infirmiers, pu séparer les hommes en 
deux divisions, à la première desquelles nous avons ad- 


— 389 — 


joint la salle II, pour un peu mieux équilibrer l'ouvrage. 
Voilà, Messieurs, ou je me trompe fort, une preuve bien 
péremptoire de la sollicitude avec laquelle vous continuez 
à veiller au développement progressif de cet utile éta- 
blissement; car, bien que vous ayez pu voir quelques-uns 
des changements ci-dessus lors de votre réunion annuelle 
de 1859, tous remontent à cette année-là, objet du pré- 
sent rapport. 

Mais une autre modification bien plus profonde est 
également survenue pendant ce laps de temps, je veux 
parler de l'arrivée de sœurs-diaconesses de Strasbourg. 
Vous savez tous, Messieurs, que chaque année vous vous 
plaisiez à reconnaitre le dévouement des sœurs qui les 
ont précédées et ont soigné les malades pendant 48 ans. 
Aussi, quand le 12 mai 1859 vit se produire ce change- 
ment, tout en sachant d'avance que nous pouvions comp- 
ter sur beaucoup de dévouement, de zèle et d’obéissance 
de la part de nos diaconesses, nous füûmes un moment prêt 
à douter de nos forces devant la tâche si grande de réor- 
ganiser tout le service médical de la maison, que tous ses 
domestiques avaient aussi quittée. Ce que nous appréhen- 
dions dans l'exercice de nos fonctions, d’autres, Mes- 
sieurs, avaient aussi à s'en préoccuper avec tout autant 
de raisons peut-être dans d'autres branches. Or, dans les 
limites de mes fonctions, je me plais à reconnaitre tout 
ce que la marche de l'hôpital Pourtalès a eu de satis- 
faisant malgré ce que des débuts, le départ d’une sœur, 
les fonctions provisoires d'une seconde, et la longue ma- 
ladie d'une troisième, présentaient de particulièrement 
difficile à nos diaconesses. Après avoir rendu grâce de 
cet heureux résultat à Celui pour l'amour duquel elles 
se livrent au soin des malades, vous reconnaîtrez avec mot, 
Messieurs, que c’est personnellement à chacune des sœurs 
que nous le devons. Rien n’est plus éloigné de mon goût 
que les compliments et les éloges, et il m'a toujours 


— 386 — 


semblé que rien ne prouvait mieux qu’un établissement 
marchait bien que quand il faisait peu de bruit, même 
à ce point de- vue : c’est sur le pied de la plus grande 
franchise que je me suis mis vis-à-vis de nos sœurs; et 
si, en ce Jour, J'ai désiré leur dire mes remerciements 
de leur bon concours, elles sauront, d’une part, que ce 
n'est là que l'expression réelle de ma pensée, tout comme 
elles comprendront que j'aie désiré la leur faire connaître 
au bout d'une première année, pendant laquelle elles ont 
eu une tâche fort difficile. 

Mais, Messieurs, oublierais-je ici de vous dire la bonne 
volonté qu'a montrée à m'aider pendant cette transition, 
M. le Dr Joseph Richard (de Bonfol), auprès duquel les 
sœurs ont toujours pu trouver la ferme volonté de leur 
aider. Dans ses fonctions d’interne, 1l a d'ailleurs acquis 
tout droit à ma reconnaissance. Vous dire que mon ami 
et interne actuel, M. le Dr Ernest Reynier fils, de cette 
ville, a été une excellente acquisition pour l'hôpital, n’ap- 
prendrait rien de nouveau à aucun de vous. Dans les cas 
où j'ai eu besoin de la coopération d’autres médecins, 
MM. les Drs Léopold Reynier père et Barrelet, se sont 
prêtés à mon désir avec la plus grande complaisance, 
pour laquelle je leur offre aussi mes remerciements sin- 
cères. 

Que mes vœux pour cet établissement, auquel j'ai voué 
une si profonde affection, et pour vous, Messieurs, qui 
avez bien voulu m'appeler à des fonctions si honorables 
pour moi, vous solent un garant de mon désir de tou- 
Jours répondre à votre confiance par tout le zèle dont je 
serai capable! 


— 387 — 


OUVRAGES RECUS PAR LA SOCIÉTÉ 
PENDANT L'ANNÉE. 


Mémoires de la Société de physique de Genève, t. XV, 1'° partie. 

Jahrbuch der kaiserlichen-kæniglichen geologischen Reichsan- 
stalt, t. X, année 1858; t. XI, année 1859; de janvier à : 
septembre. 

Die Fossilen-Mollusken des Tertiær-Beckens von Wien, II Band, 
von D' Moritz Hôürnes. 

Monatsbericht der kæœniglichen preussischen Academie der Wis- 
senschaften zu Berlin , 1858 juillet-décembre et l’année 1859. 

Verhandlungen der naturforschenden Gesellsch. in Basel, 1859, 
2° et 3° cahier. 

Verhandlungen des natur-historischen Vereines der preussischen 
Rheinlande und Westphalens, 1857 2 et 3° cahiers, 1858 
4 cahiers , 1859 4 cahiers. 

Zeitschrift der deutschen Geologen, X° vol. ; XI° vol., 4°, 2 et 
3° cahier. 

Archiven des Vereines der Freunde der Naturgeschichte in 
Mecklenburg , 13° année, 1859. 

Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles, tome VI, 
n°‘ 44, 45 et 46. 

Obsérvations météorologiques d’Arau , année 1859. 

Jahrsbericht der naturhistorischen Gesellschaft Graubündens , 
1857-1858. 

Einleitung in das Studium der Physik und Elemente der Mecha- 
niks von B. Studer. 

Mémoires de la Société impériale des sciences naturelles E Cher- 

.. bourg, t. V. 

Bulletins de la Société linnéenne de Normandie, 4° vol., 1858-59. 

Contributions à la flore fossile italienne, deux mémoires 4, de 
M. Gaudin et du marquis de Strozzi. 

Bulletins de la Société des sciences de Berne , n° 424-499. 

Jabrbücher des Vereins für LR im Hérrogihionh Nassau, 
43° cahier, 1858. 

Sechzehnter und siebenzehnter FAN de der Pollichia, 
eines naturwissenschaftlichen Vereins der Rheinpfalz, 1859. 


— 388 — 


Die Athysanus-Arten der Gegend von Wiesbaden, von C. L. 
Kirschbaum. 

Vierteljahrschrift der naturforschenden Gesellschaft in Zürich , 
1858 3° et 4° cahier, 1859 1°", 2%, 3° cahier. 

Mémoires de la Société royale de Liège , t. 14. 

Programm auf das fünf und zwanzigste Stiftungsfest der Hoch- 
schulen. Berne , 1859. 

Abhandlungen herausgegeben von der Senckenbergischen natur- 
forschenden Gesellschaft, 3% Band , 1* Lief. Francfort, 1859, 

Mémoires de l’Académie des sciences de Turin. t, 48. 

Annales de la Société des sciences médicales et naturelles de 
Malines , pages 81-198. | 
Berichte über die Verhandlungen der naturforschenden Gesell- 

schaft zu Freiburg. I Band; Band IL, Heft 1. 

Zeïtschrift für die gesammten Naturwissenschaften , herausgeg. 
von dem Naturvereine für Sachsen und Thüringen , in Halle. 
13° et 14° vol. 

Mémoires de l’Académie de Dijon, t. 7°, 1858-1859. 

Würtembergische naturwissenschaftliche Jahreshefte, 15*° Jahr- 
gang, 3° cahier; 16°, 1° cahier. 

Oberhessische Geséllschaft für Natur und Heïlkunde. Giessen , 
1859 ; siebenter Bericht. 

Neues Lines Magazin , 36° v., cah. 1859-1860. 

Uebersicht der Witiomang à im nœrdlichen Deutschland, nach den 
Beobachtungen des meféroligibeltet Institut zu Berlin, 1855, 
1856, 1857, 1858. 

Bulletins de la Société paléontologique de Belgique, t. I, n° 1-4. 

Métamorphisme des roches de transition à Thann et environs, 
par M. Kæchlin-Schlumberger. 

Passigraphie Mittel arabischer Zahlzeichen. 

Sul graduale sollevamento di una parte della costa di Sicilia, per 
Gættano Giorgio Gemmellaro. 

Nota sul ferro oligisto di monte corvo su l’Etna , par le même. 


‘Sui modelli esterni doleritici della quercia in contrada pinitella 


su l’Etna, par le même. 

The influence of sewer emanations, by T. Herbert-Barker. M. 
B. London. 

Case of large secondary prostatic calculus removed Perinæal 
incision , par le même, 


— 389 — 

On cystic entozoa in the Human Kidney, par le même. 

The treatment of fevers with specia Reference to ventilation, par 
Je même. 

Casa of strangulated Hernia and operations ; with Remarks, par 
le même. 

On the intra-uterine fractures with un Illustrative case, par le 
même. 

Ilustrations of the origin and propagation of certain epidemic 
diseases, par le même. 

On the relative value of the Ozonometers of D' Schænbein and 
Moffat. 

Based upon daily observations for eighton Months at Bedford, 


par le même. 
L. R. von Fellenberg, Analysen von antiken Bronzen. 


Des engrais verts pour les vignes, par Victor Chatel (de Vire). 

Culture des pommes de terre, par le même. 

Nouvelles observations sur la maladie de la pomme de terre et de 
la vigne, par le même. 

Agriculture , céréales, par le même. 

Boletin de la Sécisd de Naturalistas Neo grenadinos. 

Phénomènes célestes résultant de la transmisson successive de la 
lumière, par E. Jeanjaquet. 

Mittheilungen über die Sonnenflecken, von D' Rudolf Wolf. 

The fossil plants of the coal measures of the united states with 
descriptions of the new species, by Leo Lesquereux. 

The paleontological report of $. S. Lyon, E. T. Cox and Leo 
Lesquereux. 

Defence of D' Gould by the scientific council of the Dubley ob- 
servalory. 

Geological Sketch of the estuary and fresh water deposit forming. 

The bad laud of Judith river by F. V. Hayden M. D. 

Extinct vertebrate from the Judith river and Great lignite forma- 
tions of hebraska, by Joseph Leidy, D. M. 

Commentationes Botanicæ auctoribus fratribus. Schultz Bipon- 
tinis. 

Mémoires de la Société d'agriculture «d'Orléans, t. 3, n° 5-6; 
t. 45t. 5, 1-2. 

Analyse des eaux minérales de la Brévine, M. Ch. Kopp. 


LA 


= 390 — 

Bulletin de l’Académie royale de Belgique. 27° année, 1. 4, 5-6. 

Table générale et analytique du recueil des Bulletins de l’Acadé- 
mie royale de Belgique. 1"° série, t. 1 à 23. 

Annuaire de l’Académie royale de Bdgitqié) 1859. 

Beitrag zur Kenntniss der Ostracoden, von D’ S. Fischer. PR 
chen 1855. 

Ueber die Zersetzungen Salpetersæurensalze durch Koblen, von 
August Vogel, jun. München 1855. 

Beitrag zur Kenntniss der Oxalsæurensalze, v. Aug. Vogel, jun. 

Die statischen Momente der ardisotili tes Gliedmassen , von 
Prof. D' Harless. München 1857. 

Neue Beitræge zur Kenntniss der Fossilen-Sæugthier-Ueberreste 
von Pikermi , von D' Andreas Wagner. München 1857. 

Molekulære Vorgænge in der Nervensubstanz, von Prof. D' Emil 
Harless. München 1858, 1% et 2%, . 

Denkrede auf Johann-Nepomuk von Fuchs, v. Franz v. Kobell. 
München 1856. u 

Ueber den Anbau und Ertrag des Bodens im Kænigreiche Baiern. 
I Abtheil., von D' F. B. W. v. Hermann. München 1857. 

Neue Beitræge zur Kenntniss der urweltlichen Fauna des litho- 
graphischen Schiefers, von D' A. Wagner. 1* Abtheilung , 
Janvier, München 1858. 

Beitræge zu einer wissenschaftlichen Begründung der Lehre vom 
Mienenspiel, von Prof. Dr E. Harless. München 1855. 

Resultate aus der kæniglichen Sternwarte veranstalteten meteoro- 
logischen Untersuchungen, von D' J. Lamont. Münch. 1857. 

Esperimentelle Beitræge zur ‘Beurtheilung hygrometrischer Me- 
thoden, von August Vogel, München 1857. | 

Ueber J Dh Müller und sein Verhæltniss zum jetzigen Stand- 

- punkt der Physiologie, v. D' Th. L. W. Bischoff. Münch. 4858. 

De mutationibus quæ contingunt in spectro solari fixo. Elucu- 
bratio professoris Francisci Zantedeschi. München 1857. 

Ueber die Physik der Molecularkræfte, von Prof. D' Jolly. 

Monumenta sœcularia, herausgegeben von der kœnigl. baïieri- 
schen Akademie der Wissenschaften, zur Feier ihres hundert- 
jœæbrigen Bestehens, am 28. Mærz 1859. Untersuchungen über 
die Lichtstærke der Planeten Venus, Mars, Jupiter u. Saturn, 
verglichen mit Sternen, von Ludwig Seidel. 


— 391 — 


Erinnerung an Mitglieder der mathematisch-physikalischen Classe 
der kæniglichen baierischen Akademie der Wissenschaften , 
von D' C. Fr. Phil. Martins. 

Beitræge zur næhern Kenntniss des Sauerstoffes, von C. F. 
Schœnbein. München 1858. | 
Ueber einige neue Reiïhen chemischer Berührungswirkungen , 

von C. F. Schænbein. München 1856. 

Ueber das Verhalten des Bittermandelæles zum Sauerstoffe ; von 
C. F. Schœnbein. München 1857. 

Mittheilungen über metallische Superoxyde, v. C. F. Schænbein. 
München 1857. 

Ueber die næchste Ursache der spontanen Bläuung einiger Pilze , 
von CG. F. Schænbein. 1856. 

Coupe de l'axe anticlinal au-dessous de Lausanne, par C. Th. 
Gaudin et G. de Runion. 

Nouv. gisement de feuilles fossiles à Lavaux, p. C. Th. Gaudin. 

De la question de homme fossile, par F. S. Pictet. 

Des silex taillés trouvés, par M. Boucher de Perthes, dans les 
dépôts diluviens du départem' de la Somme, p. F. S. Pictet. 
Extrait du mémoire: Les laves du mont Etna, formées sur les 
pentes rapides et les cratères de soulèvement, par sir Ch. Lyell ; 

traduit par Ch. Th. Gaudin. 

Mémoires de l’Académie impériale des sciences de Saint-Péters- 
bourg. VII: série, t. 1°’, n° 1 à 15; t. 2, n° 4. 

Bulletin de l’Académie impériale des sciences de Saint-Péters- 
bourg. T. 1°, feuilles 1 à 9. | 
The transactions of the Academy of Science of Saint-Louis. 

Vol. I, n° 3. 

Proceedings of the american association for the advancement of 
science. Twelfth meeting, Hels at Baltimore : Maryland, May 
1858. 

Annals of the lyceum of natural History of New-York. Vol. VI, 
n° 6, 7, 8, 9, 10-13; vol. VII, n°* 1-3. 

Reply to the Statement of the trustees of the Dudley observatory, 
by B. A. Gould. Albany 1859. 

First report of a geological reconnaissance of the northern coun- 
ties of Arkansas 1857-1858. 


— 392 — 


Report on the geological survey of the State of Jowa, by James 
Hall. J. D. Whitney. Vol. HIE, 8. 

A paper and resolutions in advocacy of the establishment of a 
uniform system of meteorological observations throughout the 
whole american continent, by major R. Lachlan. Cincinnati, 
0. 1859. 

Mémoirs of the geological survey of India. Vol. I, part. 1-2. : 

Extrait du programme «Ge la Société hollandaise des sciences à 
Harlem, année 1860. 


* Ouvrages reçus par l'institution Smithsonienne de Washington. 

Smithsonian contributions to knowledge. Vol. X. 

. Annual report of the Smithsonian Institution, for 1857-1858. 

Journal of Academy of natnral sciences of Philadelphia. Vol. IV, 
part. 1-2, 4. ? 

Boston Jour nal of natural History. Vol. VI, n° 4, 8. 


Proceedings of the Academy of natural sciences of Philadelphia. 
1858-1859. 


Proceedings of the Boston Society of natural history. Fin du 


vol. V; vol. VI, 1-144. 

Geological Explorations in Kansas territory, by F. B. Meck and 
F.-V. Hayden. 

Ichthyological notices by Charles Girard, M. D. 

Descriptions of some new Reptiles collected by the U. S. Explo- 

_ ring Expedition of cap. Charles Wilkes, by Ch. Girard. M. D. 

Notes upon various new genera and new species of Fishes, by 
Charles Girard, M. D. 

List of the fishes collected in California, by S. Samuels, with 
descriptions of the new species by Charles Girard, M. D. 

The Mosaic account of the creation by James C. Fisher. 

Report of the superintendant of the U. S. coast survey for 4857. 
Prof. A. D. Bache. 

Report of the Commissioner of patents for the year 1857. Agri- 
culture. 

Ohio Agriculture report , 1857. 

Ichthyotogical notices by Charles Girard, M. D. 

Geographical notices by Charles Girard, M. D. 


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BULLETIN 
DE LA SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES 


DE  NEUCHATEO 


Séance du 9 novembre 1860. 


Présidence de M. L. COULON. 


La Société"procède à l'élection de son bureau, qui 
est composé pour cette année comme suit: 


M. L. Courow, Président. 

» Borez, docteur, Vice-Président. 

» Louis Favre, instit, Secrétaire pour la section 
de médecine, d'histoire naturelle, de géographe 
et d’ethnographie. 

» Jsezy, instit”, Secrétaire pour les sections de phy- 
sique, chimie, mathématiques, économie rurale, 
technologie et statistique. 


M. le Président annonce qu'il a convoqué la Société 
le 4 octobre pour examiner la table d'orientation pro- 
visoire qui venait d’être installée par les soms de 
M. Kopp. Un certain nombre de membres ont assisté à 
cette réunion où l’on a discuté les mérites de l'appareil 
et les modifications qu’on devrait y apporter pour obte- 
nir de l'instrument définitif les résultats les plus satis- 
faisants. Il demande quel a été le résultat des expé- 
riences qui ont été faites pendant le mois qui vient de 
s'écouler. 

BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. Y. 26 


— 394 — 


M. Xopp donne tous les détails relatifs à l’établisse- 
ment de cette table. Au milieu de l’emplacement élevé 
au bord du lac par la municipalité , il a fait disposer 
un socle en pierre sur lequel on a ajusté solidement la 
table formée d’une plaque de tôle demi-circulaire. Sur 
une couche de ‘vernis blanc on a tracé la direction des 
sommets de la chaîne des Alpes, de quelques cimes du 
Jura et de quelques villes et villages du voisinage. Les 
noms ont été écrits à l’encre et recouverts d’un vernis 
transparent. Pour rendre l'emploi de cet imstrument 
plus facile, on a d’abord essayé un système de pointes: 
destinées à donner les alignements. Cette méthode 
n'ayant pas paru commode a été abandonnée et rem- 
placée par une alidade fixée par son extrémité au cen- 
tre de la table et mobile autour de ce point. La table a 
été visitée tous les jours de beau temps par un grand 
nombre de personnes. L'écriture tracée sur la table a 
souffert du contact de l’alidade et n’est plus guère lisi- 
ble; mais l'appareil en général a été respecté du public 
et n'a éprouvé aucun dommage. 


M. Desor entretient la Société des dernières décou- 
vertes , faites en Suisse, dans le domaine des antiquités 
celtiques. Il passe en revue les nombreuses stations de 
notre lac qui appartiennent, les unes à l’âge de la pier- 
re, les autres à l’âge du bronze. 

L'année dernière M. Desor avait signalé une station 
vis-à-vis de Hauterive, mais il n’avait pu l’explorer. 
Pendant l'été il a dirigé ses recherches de ce côté, et, 
aidé de son pêcheur, il a constaté l'existence de pilotis 
couvrant un espace de trois quarts de pose, à environ 
60 mêt. du rivage, et à une profondeur de 4 à 5 pieds 


OR ON Pr L'EST ANT PT 
s pet S 


— 395 — 


dans les eaux moyennes. Le sol de cette station est en- 


_ tièrement formé de gros cailloux qui ont jusqu’à deux 


pieds de diamètre , et qui ont été, selon toute apparen- 
ce, transportés en ce lieu, puisque dans l’espace envi- 
ronnant le fond est vaseux et notablement plus bas. Les 
pieux sont plus épais que ceux des autres stations, ils 
atteignent un pied de diamètre, et ne dépassent pas le 
sol. Cette colline caillouteuse sous-lacustre a rappelé à 
M. Desor le Steinberg de Nidau , qui paraît avoir été 
élevé dans le seul but de consolider les pilotis qui ne 


- pouvaient être enfoncés par les moyens ordimaires à 


cause de la profondeur de l’eau ou de la dureté du fond. 
Les galets qui servaient à cet usage étaient tirés de dé- 
pôts éloignés. On sait qu’un canot naufragé, encore 
chargé de cailloux, a été découvert près de l’île de 
St-Pierre. Après des tentatives infructueuses, M. Desor 
est parvenu à recueillir dans cet endroit quelques osse- 
ments et plusieurs débris de vases; ces objets sont les 
mêmes que ceux qui proviennent de Concise. Cette 
station appartiendrait ainsi à l’âge de la pierre. 

En Suisse, l’âge de la pierre est représenté par plu- 


sieurs stations très-riches et fort intéressantes ; telles 


sont celles de Moosseedorf, de Wangen au bord du lac 


. de Constance, de Wauvyl dans le canton de Lucerne, 


et enfin celle de Robenhausen sur le lac de Pfäffikon , 
où les fouilles ont produit les résultats les plus inat- 
tendus. Le lac de Pfäffikon est entouré de tourbières 
qui ont été mises en exploitation. Les tranchées faites 
dans le marais ont découvert une grande quantité de 
pilotis s'étendant sur un espace d'environ trois poses, 
et reliés entre eux par des poutres et des planches atta- 
chées par des chevilles de bois. Les pieux extérieurs 


= “6 2 


étaient réunis par des branches entrelacées. L’institu- 
teur de Pfäffikon, M. Messikommer, a contribué à la dé- 
couverte de ce campement, et c’est à ses efforts et à 
ses soins que l’on doit les objets curieux qui en provien- 
nent et dont M. Desor met toute une collection sous les 
yeux de la Société. Ce sont des haches de pierre, prove- 
nant de blocs erratiques de ce district, des ossements 
aiguisés pour exécuter divers travaux, une grande dé- 
fense de sanglier, taillée en forme de faucille, des frag- 
ments de cordes et de divers tissus bien caractérisés, des 
franges, des fils de Jin , du rouge, probablement pour 
se peindre le corps, des graines de plusieurs sortes : du 
froment, même un épi entier et d’une grande espèce ; 
de l'orge, des noisettes, des faines de hêtre, des noyaux 
de cerises, de prunelles , des graines de lin, de fraises, 
de framboises, de troëne , de sapin ; des écailles de dif- 
férents poissons, des pommes et, ce qui paraitra encore 
plus extraordinaire, des fragments de pain. 

L’authenticité de ces objets est garantie par la loyauté 
de M. Messikommer et par le témoignage de M. Keller. 
Quant aux déterminations, elles sont dues à M. le pro- 
fesseur Heer, qui a soumis ces singulières trouvailles à 
un examen scrupuleux. 

Grâce à ces découvertes, les peuplades qui habitaient 
les stations de l’âge de la pierre se présentent à nous 


sous un jour tout nouveau. On les a considérées jusqu’à- 


présent comme des hordes sauvages, possédant à peine 
les premiers rudiments d’une civilisation encore dans 
son berceau. On ne les jugeait qu’en raison des maté- 
riaux qu'elles mettaient en œuvre et du petit nombre 
d'instruments et d'outils imparfaits qu’elles parvenaient 
à confectionner. Aujourd'hui, nous voyons que ces 


so dai=tipe lé À D du di dunes ad te Re mn < 


— 397 — 


mêmes peuples amassaient des récoltes et cultivaient la | 
terre avec assez de soin et de succès pour obtenir les 
beaux épis de froment qui sont déposés devant nous; ils 
faisaient des provisions de toute espèce, connaissaient 
l'usage du lin, filaient et fabriquaient des tissus; ils 
agissaient enfin comme les peuples arrivés à un degré 
avancé de développement. Et cependant on ne peut 
s'empêcher de se demander comment, sans le secours 
des métaux , ils pouvaient exécuter des travaux aussi 
considérables et aussi variés. Nous sommes frappés du 
contraste que présentent les résultats qu'ils obtenaient 
et les moyens dont ils disposaient. Remarquons en pas- 
sant que dans les stations de l’âge de bronze, où l’on a 
trouvé des objets de métal d’un travail relativement si 
élégant et si perfectionné , on n’a trouvé que des traces 
très-minimes de provisions : ainsi des noisettes et des 
noyaux de cerises et de prunes dans quelques vases 
d'argile pêchés dans notre lac. 

M. Desor fait un rapprochement entre les provisions 
abondantes trouvées à Pfäffikon et l’état de conserva- 
tion des objets en bronze de nos stations. Les couteaux, 
les pointes de lances, les haches de bronze sont très- 
peu usés ; 1ls ont leurs contours primitifs, quelques-uns 
même paraissent neufs. Ils n’ont donc pas été jetés 
comme hors d'usage; on ne peut pas non plus invo- 
quer la négligence à l’égard d’un métal qui devait être 
précieux ; enfin, ce n'est pas par hasard que cette mul- 
titude d'objets se trouvent ainsi déposés dans nos lacs 
et nos marécages. Une catastrophe seule peut expli- 
quer cette destruction qui paraît avoir été violente et 
subite. On voit clairement que les populations ont été 
surprises à l’improvisie sans avoir pu mettre en sûreté 
leurs provisions et leurs richesses. 


— 398 — 


M. Desor ajoute qu'ayant appris qu'on avait trouvé 
des pilotis sur les bords du lac d’Iseo, il s’y est rendu 
de Lugano à la suite de la réunion de la Société Helvé- 
tique des sciences naturelles ; mais les pilotis annoncés 
ne sont en réalité que d’anciens piquets de soutène- 
ment pour consolider le rivage ou des balises pour gui- 
der les pêcheurs. 

M. Favre annonce qu'il s’est informé auprès des per- 
sonnes les mieux renseignées, si les lacs de Thoune et 
de Brienz renfermaient des traces de pilotis et d’habi- 
tations lacustres. Rien de pareil n’a été observé jusqu’à 
présent, d’ailleurs la structure des rivages, et la brus- 
que profondeur de l’eau s’opposent à l'établissement 
de semblables constructions. Si l’on pouvait espérer 
d’en rencontrer, ce serait plutôt sur les petits lacs non 
encore explorés d'Hubischi et d’Amsoldingen au pied 
de la chaîne du Stockhorn. 

M. Desor donne quelques détails sur les antiquités dé- 
couvertes cette année à Sion. La ville est située sur le 
cône d’attérissement de la Sionne ; les cônes des riviè- 
res du Valais sont les seuls endroits de la vallée où l’on 
soit à l'abri des inondations du Rhône. En creusant les 
fondations de quelques maisons à peu près à l'extrémité. 
du cône, on a trouvé des tombeaux et des antiquités 
burgondes; au-dessous une couche de terre végétale, 
au-dessous encore, des alluvions du Rhône, et dans cel- 
les-ci des tombeaux renfermant des épingles à cheveux, 
des bracelets et d’autres objets en bronze, semblables 
à ceux de nos lacs; ainsi que des urnes en argile conte- 
nant des ossements carbonisés. Cette découverte est 
intéressante à plus d’un titre: d’abord elle nous ren- 
seigne sur la coutume de brüler les morts avant de les 


— 399 — 


ensevelir, et cela nous explique pourquoi l’on ne trou- 
ve point d’ossements humains dans le voismage de nos 
campements lacustres. Nous voyons ensuite que ces 
peuples n'étaient pas localisés sur nos lacs et qu’ils ha- 
bitaient des contrées qui en étaient assez éloignées. Du 
reste tout semble indiquer que cette race a couvert 
une partie considérable de l’Europe, car on en trouve 
_des traces nombreuses depuis la Norvège jusqu'aux 
Pyrénées. Enfin , la portion du cône de la Sionne qui 
s'élève au-dessus de ces sépultures n’a pu être déposée 
qu'après un long espace de temps, et nous pouvons 
ainsi nous faire une idée de la haute antiquité de ces 
monuments. 

La question si obscure de l’origine de la race celti- 
que recevra probablement des éclaircissements pré- 
cieux , si l’on met à exécution le projet formé récem- 
ment en Italie d'explorer le lac de Thrasymène, situé 
au milieu de l’ancienne Etrurie. Si l’on y trouve des 
restes d'habitations lacustres accompagnées d’objets de 
pierre ou de bronze, rien ne s’opposera plus à ce qu’on 
rattache cette race à celle des Etrusques qui remonte 
à 1200 ans avant notre ère. Et bien que nul auteur la- 
tin ne fasse mention de pareilles constructions , on en 
conclura simplement que la tradition en était étemte 
et que tout souvenir en était effacé à l’époque où ils 
écrivaient. 


Séance du 23 Novembre 1860. 


Présidence de M. DEsor,. 


M. le D' Guillaume croit qu'on pourrait ajouter aux 
stations lacustres déjà connues, celle du Landeron, où 


— #06 — É 


les ouvriers du chemin de fer Franco-Suisse ont trou- 
vé, en creusant le port, des pilotis sur une assez grande 
étendue. Ces pieux élaient assez bien conservés pour 
servir de bois de chauffage, et ont été vendus pour cet 
usage au Landeron. Un plan détaillé de cette station a 
été dressé par les soins de M. l'ingénieur Perdu. 

M. Desor fait remarquer que pareille chose a eu lieu 
à St-Blaise , lors de la baisse des eaux en 1858 ; on a 
retiré du lac une grande quantité de pieux qui ont été 
utilisés comme combustible. 

M. Desor, voyant le nombre des stations de nos lacs 
augmenter d'année en année , sent la nécessité d’en 
faire un relevé complet sur une carte qui en donnerait 
un tableau d'ensemble. I faudrait pouvoir se procurer 
des cartes d’une échelle assez grande, pour que les sur- 
faces pilotées y soient représentées dans leur dévelop- 
pement et avec les signes caractéristiques servant à 
distinguer les différents âges auxquels elles appartien- 
nent. Passant en revue les cartes que nous possédons, 
il donne la préférence à celle qui a été publiée pour 
servir aux travaux des commissions nommées pour 
s'occuper de la correction des eaux du Jura. 


M. Kopp demande que les notices sur la faune de 
notre lac, qui ont paru dans l’Almanach dé la Société 
d'utilité publique , soient réunies et complétées de ma- 
nière à former une monographie du lac de Neuchâtel, 
que notre Société publierait dans son Bulletin. Pour 
donner une idée d’un semblable travail, 1l lit la traduc- 
tion de quelques fragments d’une description du lac 
de Constance , au point de vue géologique , géographi- 
que et météorologique et qui a pour titre: Le lac de 


— 401 — 


Constance, par M. de Bühler de Stuttgart, présenté à 
la société wwurtembergeoise des sciences naturelles, 1855. 

M. Desor fait observer que, malgré sa valeur scienti- 
fique, ce travail ne contient pas des données complètes 
sur le lac de Constance ; ainsi on n’y trouve rien sur la 
- flore, sur la faune et sur d’autres questions importantes, 
qui rentrent naturellement dans une monographie. Si 
l’idée de M. Kopp est mise en exécution, nous cherche- 
rons à réunir des documents plus complets. 

M. De Fihippr, de Turin, qui nous fait l'honneur 
d'assister à la séance, est invité par M. Desor à faire 
part à la Société du résultat de ses recherches sur 
la faune des lacs d'Italie, compaée à celle des lacs 
du vérsant septentrional des Alpes. — La faune ich- 
tyologique des eaux douces d'Italie est bien plus pauvre 
que celle de l’Europe centrale. Aucun genre ne lui 
est propre ; les deux genres marins Blennius et Go- 
bius ont seuls en Italie des espèces fluviatiles. Plusieurs 
genres communs sur le versant nord, lui manquent 
complètement : tels que Surus, Aspro, Acerina, Lu- 
cioperca, puis Carassius, ainsi que le grand genre 
Abramis ; puis encore parmi les Sa/monides, les Co- 
regones et le véritable genre Sa/mo. Le seul poisson 
qui, sous un certain point de vue, remplace les core- 
gones, dans les lacs d'Italie, est la Frnfe (Agone en 
Lombardie) qui, pourtant, se trouve aussi dans les 
fleuves tributaires de l'Océan, tels que la Loire, le 
Rhin, etc. 

C’est à peine si l’on peut compter 32 bonnes espèces 
de poissons d’eau douce en Italie. On doit donc, ajoute 
M. De Filippi, modifier un peu l’idée généralement re- 
çue sur là pauvreté numérique des espèces de la faune 


0: 


du Nord, comparée à celle des pays tempérés. Les re- 
cherches des naturalistes danois, qui ont tiré des mers 
du Grœnland des richesses zoologiques inattendues, 
viennent à l'appui de cette observation. 

Passant ensuite aux anciens habitants de la IN 
qui ont fait l’objet de diverses communications, dans 
cette séance, M. De Filippi pense qu’ils avaient dù éta- 
blir leurs demeures dans des plaines marécageuses ren- 
fermant des lacs, non par libre élection , mais forcé- 
ment. En effet, si on se reporte à l’état de la Suisse à 
cette époque, on finira peut-être par trouver que les 
glaciers devaient être alors beaucoup plus étendus qu’à 
présent, et ne laissaient entre eux que des bassins très- 
circonscrits, ou des lacs, autour desquels seulement a 
pu se former peu à peu un terrain solide et se déve- 
lopper une végétation aérienne. M. Gastaldi a trouvé, 
au pied des Alpes, à quelques lieues de Turin, dans un 
bassin tourbeux, dont on a tiré quelques pointes de 
flèches en silex et des vases de l’époque de la pierre, 
une quantité de troncs de sapin, couchés dans une di- 
rection rayonnante bien marquée. On ne pouvait ex- 
pliquer leur présence, en cet endroit, où il n’en existe 
plus, que par le voisinage des glaciers qui sont aujour- 
d’hui refoulés dans la chaine des Alpes. 


M. le D' Guillaume présente deux racines de carot- 
te blanche tordues et enroulées en spirale l’une autour 
de l’autre, comme une corde. Cette singularité végé- 
tale lui a été apportée de la Coudre. La cause en doit 
être cherchée, selon lui, dans la graine; par une cause 
quelconque, les germes des deux graimes, pressées l’une 
contre l’autre, ont déterminé cette disposition à l’en- 
roulement. 


La 


— 403 — 


M. ÆHérsch lit une notice sur les principaux phéno- 
mènes astronomiques signalés pendant cet été. 

Ce travail mentionne la découverte presque simul- 
tanée, du 12 au 19 septembre, de quatre nouvelles 
planètes télescopiques appartenant au groupe placé 
entre Mars et Jupiter, de sorte que le nombre des pla- 
nètes actuellement connues s'élève à soixante-deux. 

Le nombre des comètes de cette année, outre les 
deux déjà découvertes au printemps, a été augmenté 
de deux autres; l’une a été vue à l'œil nu pendant le 
mois de juin par plusieurs personnes , mais n’a pu être 
observée que peu de temps à cause de la position de 
son orbite et de l’état du ciel; l’autre, d'apparence 
télescopique , a été découverte en octobre. 

La partie principale de sa communication, qu'il con- 
tinuera dans les séances prochaines, est relative aux 
observations faites pendant l’éclipse du 18 juillet, soit 
à l’observatoire de Neuchâtel, soit dans les autres ob- 
servatoires d'Europe et d'Amérique, ainsi qu'aux di- 
versés stations choisies par les astronomes pour étudier 
plus complètement et sous ses diverses faces le phéno- 
mène si rare et si imposant d’une éclipse totale. 

Les calculs longs et difficiles qu’il faut effectuer à la 
suite des observations, ont retardé la publication des 
rapports des astronomes. Cependant ceux des Russes 
ont paru les jours précédents et on attend prochaine- 
ment ceux des Anglais. 

M. Hirsch ajoute que les observations de M. Planta- 
mour, de Genève, ne s'accordent pas avec celles de M. 
Secchi, de Rome, ce qui a amené des discussions entre 
ces deux astronomes. 


— 404 — 


À l'exception de l'Espagne où il a fait un temps ma- 
gnifique durant l’éclipse, l'orage qui s’est fait sentir à 
Neuchâtel a été presque général dans toute l’Europe et 
a beaucoup contrarié les travaux des astronomes, en 
même temps qu'il causait nombre de dégats : ici bri- 
sant les arbres et là renversant les clochers. Cependant 
malgré toutes ces circonstances défavorables, la science 
a heureusement pu recueillir beaucoup de faits inté- 
ressants. —Il est curieux, par exemple, que la variation 
du baromètre a été presque nulle dans toutes les sta- 
tions pendant l’éclipse. 

La photographie a rendu de grands services, en re- 
produisant nettement et en conservant d’une manière 
sensible tous les détails de ce grand phénomène. On 
a liré plusieurs centaines d'épreuves durant les diver- 
ses phases de l’éclipse, et leur comparaison a déjà fait 
remarquer des différences singulières entre les pou- 
voirs optiques et chimiques de plusieurs points du dis- 
que solaire : des détails, par exemple, ont été vus au 
moyen des instruments et ne sont pas accusés par les 
épreuves. 

M. Desor dit qu'à Combe-Varin, l'échipse a été à 
peme visible à cause de l’intensité de l'orage, mais que 
l'obsurité est devenue très-sensible. Il n’a cependant pas 
remarqué que les animaux aient manifesté de la frayeur ; 
quelques poules seulement se sont dirigées du côté du 
poulailler. 


Séance du 7 décembre 1860. 
Présidence de M. L. COULON. 


M. Desor fait lecture d’une lettre de M. Sace, prof. 
de chimie, adressée à M. Aimé Humbert, directeur de 


— 405 — 


l’Union horlogère. M. Sacc, cherchant à venir en aide 
à la partie de la population de notre pays, qui est at- 
teinte par la crise industrielle, recommande, dans ce 
but, la culture de l’aylanthe et l'éducation du ver-à-soie, 
qui se nourrit des feuilles de cet arbre. Les résultats 
encourageants qu’il a obtenus lui-même dans des es- 
sais tentés récemment, lui font espérer la réussite com- 
plète de cette nouvelle branche d'industrie. Pour réali- 
ser ce projet, il conseille d'engager les communes à 
tirer parti des terrains incultes qu’elles possèdent dans 
les régions où l’aylanthe peut végéter ; et, comme le 
ver-à-soie se nourrit lui-même sur les feuilles de lar- 
bre, on n'aurait d'autre peine que celle de surveiller 
le développement des larves et de recueillir les cocons. 
Les ouvrières auxquelles l’industrie ne donne plus 
d'ouvrage , pourraient s'occuper du dévidage des cacons 
et même du tissage de la soie. Dans le cas où cette pro- 
position serait prise en considération , M. Sace offre de 
fournir des semences d’aylanthe et des graimes de ver- 
à-soie, avec tous les renseignements nécessaires pour 
assurer le succès d’une pareille entreprise. Il ajoute 
que dès la seconde année le jeune arbre fournit déjà 
assez de feuilles pour nourrir une certaine quantité de 
vers—-à-so0le. 

La Société manifeste l'intérêt que lui inspire le pro- 
jet de M. Sacc et elle fait des vœux pour sa réalisation. 
Cependant plusieurs membres rappellent les essais mal- 
heureux de la culture du mürier blanc et de l'élève du 
ver-à-soie tentés chez nous , il y a quelques années, et 
ils doutent de l'aptitude de nos populations pour un 
pareil travail. 


— 406 — 


M. Desor complète la communication qu’il a faite 
dans une séance précédente sur les antiquités trouvées 
à Robenhausen, notamment sur les tissus qui en pro- 
viennent et qu’il a présentés à la Société. Tout en recon- 
naissant la parfaite honorabilité de M. Messikommer, 
de qui il tient ces objets, il a voulu cependant prendre 
des renseignements sur les conditions dans lesquelles 
ces débris ont été trouvés , afin de dissiper les doutes 
qui s’élevaient, malgré lui, dans son esprit. Une lettre 
de M. Keller, de Zurich, lui apprend que les fruits, 
conservés, grâce à leur état de carbonisation, ont été 
trouvés dans des vases de poterie analogues à ceux qu’on 
a recueillis chez nous; mais les tissus ont été découverts 
dans l'emplacement occupé par les restes d’une cabane 
formée de pieux et de nattes, que l'exploitation de la 
tourbe a révélés à une profondeur de huit pieds. C’est 
de là que proviennent les échantillons de lin , de grai- 
nes de lin, de fil, de tissus, etc., ce qui semble indi- 
quer, en cet endroit, la présence d’un atelier où la 
matière textile était amassée et mise en œuvre. 


M. le D' Hirsch continue la lecture de sa com- 
munication relative à l’éclipse du 18 juillet écoulé. 
Pour la compléter et l’éclairer, il fait passer sous les 
yeux des membres de la société des dessins de la 
Bibliothèque universelle (dus à MM. Plantamour et 
Gauthier), ainsi que ceux du P. Secchi, de Rome. Tous 
ces dessins sont des reproductions de photographies et 
rendent très-bien compte des diverses particularités 
relatives à l’auréole et aux protubérances rouges qu’on 
observe, pendant une éclipse, autour du disque de la 
lune. M. ‘Hirsch ajoute que les Anglais ont obtenu des 


du A : 


photographies plus grandes que celles qu'il fait voir, 
en employant des appareils particuliers et des procé- 
dés plus expéditifs. 

Il continuera la lecture de son travail à la séance 
prochaine. 


M. Desor s étonne que l’on n’ait pas connu plus tôt la 
forme si singulière de la lune, chez laquelle le centre 
de gravité ne coïncide pas avec le centre de figure. — 
M. Hirsch explique que ce n’est qu’à la suite d’une 
étude très-attentive et très-délicate des inégalités du 
mouvement de la lune, et au moyen de calculs diffici- 
les, qu'on a pu découvrir cette particularité lunaire. 
Le stéréoscope est venu prêter son secours pour mon- 
trer, avec son pouvoir perspectif, la surface renflée que 
la lune tourne vers la terre. 


M. Xopp présente un compteur à gaz démonté; il 
en fait voir séparément les divers organes et en expli- 
que le jeu et les fonctions. 


Séance du 21 Décembre 1860. 


Présidence de M. L. COULON. 


Il donne lecture d’une lettre de M. Andréaz, de Fleu- 
rier, qui avait demandé de faire des observations mété- 
réologiques , mais qui n'avait pas obtenu de réponse; 
il dit que les instruments sont placés à la cure de Mô- 
tiers où il croit qu’on ne les utilise pas: — Il réitère 
l'offre de ses services. 


— 408 — 


Le Président annonce aussi que M. Edouard Terrisse, 
à St-Jean, a également offert son concours pour faire 
des observations météréologiques. 

M. Hirsch désire que, si la Société provoque des ob- 
servations dans tout le canton, les instruments soient 
contrôlés et comparés de temps à autre avec un étalon 
normal. Ce n’est, à son avis, qu’à cette condition, que 
les observations auront une valeur réelle et compa- 
rable ; il s'offre pour la vérification des baromètres. 

Il serait aussi nécessaire que les observations se fis- 
sent aux mêmes heures dans toutes les localités et, 
autant que possible, à celles qui sont adoptées en Fran- 
ce, dont la zone météréologique a le plus de rapport 
avec la nôtre. 


M. Hirsch remet à la Société deux brochures de M. 
Wolf, de Zurich, relatives aux taches solaires. W remar- 
que à ce sujet que l’éclipse du 18 juillet n'a eu au- 
cune influence sur les instruments magnétiques, de 
sorte que, s’il y a relation entre les phénomènes ma- 
gnétiques et la cause des taches solaires, cette relation 
est indépendante de la lumière du soleil. 

Il termine la lecture de son rapport concernant l'é- 
clipse du 18 juillet (Voy. l'Appendice). 

Il ajoute que plusieurs expéditions d’astronomes ont 
été envoyées en diverses contrées de l'Amérique, pour 
observer l’éclipse, dans des positions très-différentes 
en latitude et en longitude. On attend de leurs rap- 
ports des éclaircissements et une conclusion définitive 
pour ce qui concerne la nature des protubérances rou- 
ges. ‘ 


MOT ANS  ekPIT NE a 


— 409 — 


M. Desor entretient la société des recherches et des 
discussions actuelles sur l'antiquité de la race humaine. 

La découverte des haches en silex d'Amiens et d’Ab- 
beville accompagnées d’un grand nombre de débris de 
mammifères antédiluviens, découverte dont il a déjà oc- 
cupé la Société dans sa séance du 3 février, a provoqué 
un assez grand nombre de recherches et de travaux; 
M. Desor énumère et présente plusieurs mémoires qui 
y ont rapport. Tous sont d'accord pour admettre que 
l'espèce humaine remonte beaucoup plus loin qu’on ne 
le pensait auparavant et qu’elle est sans doute contem- 
poraine de la plupart des grands mammifères (éléphas, 
prémigenius, rhinocéros tichorhinus, bos priscus, hyp- 
popotame, etc.), qu'on croyait déjà éteints lors de l’ap- 
parition de l’homme sur la terre. 

Puis il fait lecture d’une lettre que M. Collomb lui 
a adressée à ce sujet. Dans cette lettre, M. Collomb ex- 
plique que toute la plaine de la Picardie est recouverte 
par un diluvium général, sans fossiles, qu’il appelle 
diluvium des plateaux; ce qui implique l'existence 
antérieure d’une immense nappe d’eau qui aurait re- 
couvert toute cette contrée. Ce pays de plaines est 
coupé de profondes vallées, provenant, sans doute, de 
ce que le sol, à son émersion, a été soulevé plus haut 
qu'il ne l’est actuellement, de manière à former un 
vaste plateau qui communiquait avec l’Angleterre; les 
eaux se sont alors retirées impétueusement, en creu- 
sant profondément le sol dans toutes les dépressions où 
la violence des courants s’est fait sentir. Cet exhaus- 
sement est tout aussi probable que celui de beaucoup 
d’autres contrées dont nous connaissons les oscillations 
du sol. 

BUL. DE LA $0C, DES $C. NAT. T. Y. 27 


— 410 — L 

Le Canal de la Manche n’existant pas encore, les 
mêmes animaux pouvaient vivre en Picardie et en An- 
gleterre. 

Dans le fond de ces vallées on trouve un diluvium 
particulier composé de cailloux et de graviers du voi- 
sinage, que M. Collomb nomme diluvium des vallées. 
Ce diluvium déposé au commencement de l’époque qui 
suivit le retrait général des eaux, par les torrents nom- 
breux qui descendaient du plateau vers la mer, est ce- 
lui qui contient les débris de mammifères et de haches. 
— C’est aussi pendant cette époque que l’Aomme appa- 
rut en compagnie des grands mammifères et qu'il laissa 
quelques-uns des produits de ses mains mêlés aux gra- 
viers et aux ossements charriés par les rivières. 

Au-dessus du diluvium des vallées, on voit le délu- 
vium rouge de Paris. M. Collomb en fait l'équivalent 
des cailloux de la vallée du Rhin recouverts à leur 
tour par le /em sur lequel sont placées les anciennes 
moraines. 

De ce parallélisme établi entre le diluvium rouge de 
Paris et les graviers du Rhin imférieurs aux moraines, 
il conelut naturellement que l'apparition de l’homme 
est antérieure à la grande époque glaciaire. 

C'est cette identité supposée par M. Collomb des 
deux dépôts du diluvium de Paris et des graviers du 
Rhin que M. Desor n’admet pas. Pour qu’elle existât, 
il faudrait que les mêmes fossiles, les mêmes débris 
organiques s’y trouvassent, ce qui n’a pas été vu Jus- 
qu'à présent. — Il réfute donc, dans l'exposé suivant, 
et la supposition de M. Collomb et la conséquence qu'il 


en tire. 
ce GRIeI D 


DE L'HOMME FONSILE 


DANS SES RAPPORTS 


AVEC L'ANCIENNE EXTENSION DES GLACIERS. 


(Lettre de M. Ed. COLLOMB à M. Ed. DESOR). 


Paris, le 4 Décembre 1860. 


Vous me demandez de motiver la thèse que J'ai sou- 
tenue de l'apparition de l’homme sur la terre avant 
l'existence des anciens glaciers des Alpes. C’est ce que 
j'ai fait par ma lettre à M. Alph. Favre (). Je vais 
essayer de compléter ce: premier aperçu par une es- 
quisse des principales phases de la période quaternaire 
telles que je les conçois. Mais auparavant, permettez- 
moi de vous rappeler l’ordre et la succession des dé- 
pôts diluviens dans les principaux bassins de la France 
et de la Suisse, en supposant, bien entendu, que vous 
admettez avec moi, comme faits acquis à la science : 
1° Que les dépôts quaternaires du nord de la France ne 
sont pas des dépôts remaniés postérieurement. 2° Que 
les objets de l’industrie humaine qu'on y trouve sont 


incontestablement fabriqués de main d'homme, et dans 


leur lieu et place naturels, qu’ils n’ont pas été intro- 


(!) Sur l'existence de l'homme sur la terre antérieurement à l'ap- 
parition des anciens glaciers. (Archives des sciences de la Biblioth. 
universelle ; tome VIII, pag. 200 ; juillet 1860.) 


— 412 — 


duits après coup dans les lits de sable ou de gravier (‘). 
Ceci posé, jetons un coup-d’æœil sur les coupes des 
terrains diluviens dans les différents bassins : 


Bassin DE LA Somme (Voir pl. I, fig. 4). La coupe que j'ai re- 
levée sur le terrain, en compagnie de M. Lartet, d’après les indi- 
cations de M. Boucher de Perthes, à Saint-Acheul, près d'Amiens, 
présente la disposition suivante des dépôts : 

4. à la partie supérieure , du lehm ou less; 


2. à la partie moyenne, des lits de sable gris et de sable rou- 


ge, avec de petits lits de silex; 

3. à la partie inférieure, des graviers dont la majeure partie 
-est formée de silex roulés de la craie, et des lits de sable blanc, 
avec des coquilles d’eau douce très-fragiles. C’est le gisement des 
silex taillés de main d'homme. 


Bassin DE LA SEINE. Le terrain quaternaire y est composé 
comme suit, d'après M. Ch. d’Orbigny (fig. 2): 
4. Lehm et terre végétale; 


2. Diluvium rouge, sable quartzeux avec galets et graviers, 


et sable marneux sans coquilles: 

3. Diluvium gris, à éléments granitiques avec lits de sable 
marneux, avec coquilles lacustres. A la base sont des graviers 
renfermant des restes d’éléphant et de rhinocéros. 

M. Gosse a recueilli dans la partie inférieure du diluvium gris 
une hache en silex exactement pareille à celles que j'ai récoltées 
à Saint-Acheul; il y a trouvé beaucoup d’autres objets taillés de 
main d'homme et des ossements de mammifères éteints. 


Bassin DE L’Yonxe. M. de Vibraye, en faisant des fouilles dans 
la grotte d’Arcy, y a remarqué l’ordre de superposition suivant: 
4. Partie supérieure : Lehm argileux ; 


(*) Voir à ce sujet, les écrits, mémoires, notes, de MM. Boucher 
de Perthes, D' Rigollot, Joseph Prestwich, John Evans, R. Godwin- 
Austen, J.-W. Flower, R.-W. Mylne, S' Charles Lyell, H.-D. Rogers, 
Albert Gaudry, George Pouchet, de Sauley, Alfred Maury, E. Littré, 
Charles Desmoulins, F.-J. Pictet, E. Lartet, de Verneuil, Alph. Favre, 
H.-J. Gosse, Victor Meunier. 


PP DEP) 7 OU ITS UE ST NT 


an. 2 Ce pt Pi ob ni dE 


— 413 — 


2. Partie moyenne: Sable et gravier calcaire provenant des 
montagnes voisines ; 


3. Partie inférieure: Graviers roulés dont les roches sont d’o- 
rigine assez éloignée, du Morvan. 

C’est du dépôt inférieur que provient la mâchoire humaine 
que M. de Vibraye a trouvée, avec une tête de l’ours des 
cavernes et beaucoup d’autres fragments et objets très-intéres- 
sants. 

En résumé, on peut rapporter toutes les coupes du 
terrain quaternaire connues jusqu’à ce jour à trois dé- 
pôts distincts, en négligeant, bien entendu, les détails 
locaux. Ce sont : 

Le supérieur, connu sous le nom de lehm ou lœæss. 

Le moyen, composé de sable, et de graviers dont 
l’origine n’est pas très-éloignée (d/luvium rouge de 
: 17) SES 

L’enférieur, composé de graviers roulés dont l’ori- 
gine est plus lointaine (de/uvium gris de Paris). 

Ces coupes étant admises, rien n’est plus facile que 
de prouver que l’homme a réellement fait son appari- 
tion sur la terre avant l’ancienne extension des glaciers. 
Il suffit pour cela d'examiner attentivement les dépôts 
quaternaires de la vallée du Rhin, et en même temps 
ceux de l’intérieur d’une vallée des Vosges. 

Le terrain quaternaire de la vallée du Rhin, de Bâle 
à Mayence, se compose de trois dépôts caractéristiques, 
comme dans le reste de la France (fig. 3). Ce sont: 

4. Le lehm; 

2. Les graviers qui proviennent des Vosges sur la rive gau- 
che, du Jura en amont du bassin, et de la Forêt-Noire sur la rive 
droite ; 


3. Les graviers composés exclusivement de cailloux d’origine 
alpine, 


—— 


+ 
Dans l’intérieur d’une vallée des Vosges, on a pour 
la même époque la coupe suivante : (fig. 4). 


4. Moraines bien caractérisées ; 


2. Graviers roulés, sans galets striés ni blocs erratiques ; 
3. Granite ou terrain de transition. 


En combinant la plaine et la montagne (fig. 5), on 
obtient la succession suivante : 


4. Moraines dans la montagne ; 


4% Lehm dans la plaine; 


2. Dépôt moyen: Caïlloux roulés d’origine locale; 
3. Dépôt inférieur : Caiïlloux roulés d’origine alpine ; 
4. Granits ou terrain de transition. 


Ainsi, en Alsace, le lehm ou læss de la plaine corres- 
pond synchroniquement aux anciennes moraines des 


vallées des Vosges. 


D'après cela, il me semble naturel d'établir le pa- 


rallèle suivant : 


Dans le N.-0. de la France : 
Lehm ; 


Dépôt moyen: Sable et gra- 
viers connus sous le nom de 
diluvium rouge (vallée de la 
Somme, de la Seine, de la 
Marne); 


Dépôt inférieur : Graviers 
provenant d’un transport loin- 
tain , renfermant à la base des 
silex taillés de main d'homme 
et des restes fossiles de mam- 
mout, de rhinocéros, de cerf, 
de cheval, de bœuf, ete, 


Dans la vallée du Rhan : 


Lehm et moraines dans la 
montagne ; 


Dépôt moyen: Graviers com- 
posés de matériaux ne venant 
pas d’une grande distance; an- 
térieur aux anciens glaciers: 


Dépôt inférieur : Graviers, 
cailloux roulés exclusivement 
composés de roches d’origine 
des Alpes; antérieur aux an- 
ciens glaciers. 


— A5 — 


Ces coupes ne sont pas nouvelles; elles sont connues, 
publiées et même adoptées par la plupart des géolo- 
gues. Restent donc le rapprochement et les analogies : 

Si le parallélisme ci-dessus est fondé, je suis autorisé 
à en tirer cette double conséquence : 

1° Que l’homme fossile, contemporain du mammout, 
du rhinocéros et de tant d’autres animaux éteints, est 
antérieur aux anciens glaciers. 

2° Que le phénomène erratique du nord est proba- 
blement indépendant de celui des Alpes, et antérieur à 
la venue du mammout. 

C'est cette dernière proposition que je tiens surtout 
à motiver aujourd’hui. 

Entre autres preuves, en voici une recueillie en An- 
gleterre, pays compris dans la zone d'activité du phé- 
nomène du nord. M. Falconer y a trouvé l'éléphant aw- 
dessus des blocs erratiques (boulders) , tandis que dans 
Ja sphère d'activité erratique des Alpes, on trouve l’élé- 
phant au-dessous des blocs erratiques. Il y a donc lieu 
de distinguer entre l’erratique du nord et celui des 
Alpes. 


Voici comment les choses se présentent : 
. 


En Angleterre. (e Diluvium avec, Æ lephas primigenius e 
. Blocserratiques du nord, roches striées. 

4. Blocs erratiques et lehm ; 

3. Diluvium moyen; 

2. Diluvium inférieur ; diluvium alpin 
avec £lephas primigentus , rhinocéros 
et silex taillés de main d'homme, cor- 
respondant au n° 2 anglais. 


En France, dans le 
rayon des Alpes, sui- 
vant les localités. 


Ce phénomène du nord paraît donc être le plus an- 
cien en date. Les mers glaciales ou glaciaires arrivaient 


= 


- ‘4 — 


jusqu’au milieu de l'Allemagne; elles couvraient pres- 
que toute l'Angleterre; du côté de l’est, elles venaient 
joindre la mer Caspienne. Pendant Pexistence de ces 
mers, pas de faune pachydermique possible , pas d’é- 
léphants, pas de rhinocéros; le pays était couvert par 
les eaux. Mais aussitôt que ces grandes nappes d’eau se 
furent retirées, ou plutôt pendant qu'elles se retiraient 
d’un côté, le diluvium des vallées commenca à se for- 
mer d’un autre côté. 

Pour plus de clarté, divisons tout cela en séries par 
ordre de date en commençant par en bas (fig. 6). * 


4" Série. À l’origine de la période quaternaire qui 
est fixée, comme vous savez, après les derniers dépôts 
tertiaires sub-apennins, commence le grand phénomène 
erratique du nord, dont les résultats sont : les roches 
striées de la Scandimavie, les dépôts de blocs erra- 
tiques du nord de l'Allemagne, de la Russie, ceux 
d'une grande partie de l'Angleterre, résultant de la 
grande extension de la calotte boréale de glace. En 
France, ce phénomène a laissé des traces; il a donné 
lieu au dépôt qu'on a appelé diluvium des plateaux. 
Dans le bassin de la Seine, il existe, mais faiblement 
accusé; je crois que parmi les cailloux de ce dépôt on 
a reconnu des roches d’origine scandinave ("). Ce dilu- 
vium est antérieur à tous les autres qui gisent aujour- 
d'hui au fond des vallées ; quand il s’est déposé, ces 
mêmes vallées n'étaient probablement pas complète- 
ment creusées, autrement elles eussent été comblées. 

Pendant tout le temps qu’a duré cette série, la terre, 
dans nos régions du moins, ne parait pas avoir été ha- 


(*) Bayle: Cours de géologie à l’école des Ponts et Chaussées : inédit. 


Ed 


— 417 — 


bitée; on n’y trouve pas de traces de fossiles, soit 
marins, soit terrestres; mais ce n’est pas une raison 
pour qu’on n’en trouve pas ailleurs. Peut-être qu'en 
Amérique, ces phénomènes envisagés au point de vue 
synchronique ne se sont pas passés tout-à-fait de la 
même facon. 


2" Série. Après ce phénomène et par un passage 
graduel et insensible qui exclut toute idée de révolution 
brusque, est arrivé le diluvium des vallées (n° 2), qui 
comble la partie inférieure de presque toutes les gran- 
des dépressions du sol en Europe. Cette série est la 
plus importante, parce que c’est le moment où la popu- 
lation animale, y compris l’homme, commence à venir 
peupler les continents. Ce diluvium ne paraît pas avoir 
eu son point de départ dans le nord, mais il aurait au 
contraire rayonné des principaux massifs montagneux. 
Ainsi, le plateau central de la France a envoyé ses sédi- 
- ments, sous forme de cailloux roulés, dans la direction 
de la vallée de la Seine, de la Loire, etc. On trouve des 
fragments de granit du Morvan dans le diluvium infé- 
rieur des environs de Paris; on n’en trouve pas dans 
le diluvium supérieur. Les Alpes ont envoyé leurs 
cailloux par la vallée du Rhin à cent lieues de leur 
point de départ; ils forment la partie inférieure du 
dépôt de Bâle à Mayence, (voir les coupes de MM. 
Kæchlin-Schlumberger, Collomb, Daubrée, Scipion 
Gras). — Par la vallée du Rhône, ils ont été également 
transportés à grande distance dans des directions en 
rapport avec la configuration du sol (voir les coupes de 
MM. Sc. Gras, Lory, E. Collomb). Par la vallée du PÔ 
également (voir les coupes de MM. Ch. Martins et Gas- 
taldi). A cette époque, la vallée du Danube a probable- 


— 418 — 


ment participé au même phénomène de transport, 
mais J'ignore si cette vallée a été suffisamment explo- 
rée à ce point de vue; (je ne connais pas de coupe du 
diluvium de la vallée du Danube). Les Pyrénées, com- 
me les Alpes, comme le plateau central, ont joué le 
même rôle (Voir les coupes de M. Leymerie). 


Passons maintenant en revue quelques-uns des ani- 
maux les plus caractéristiques, les plus connus qui 
vécurent à cette époque, dont les restes commencent à 
se montrer dans la partie inférieure du diluvium des 
vallées. Je m’appuie pour cela d’une conversation que 


je viens d’avoir avec M. Lartet. Nous trouvons : 
+ 


à Amiens : l’Zlephas primigenius , le Rhinoceros tichorhinus, 
dont les ossements accusent un travail de main d’homme : 
les cartilages sont raclés, enlevés avec des instruments en 
silex ; 

le Cervus sommonensis, avec entailles dans ses bois, faites de 
main d'homme ; 

le Cervus elaphus, Bos priscus, Bos primigenius, et de nom- 
breux silex taillés par l’homme; 


à Abbeville : les mêmes espèces: les ossements de bœuf ont 
fréquemment des marques qui accusent incontestablement 
un travail humain à l’aide du silex ; il existe des haches en 
silex dans la même couche ; 


à Grenelle (Seine) : l’Zlephas primigenius, le Rhinoceros ti- 
chorhinus , le Bos primigenius, un grand Felis et haches en 
silex ; 

au canal de l'Oureg (Seine): (voir l’excellente coupe de 
Brongniart, dans sa Description des environs de Paris; ani- 
maux décrits par Cuvier); 

l'Elephas primigenius , Megaceros hybernicus : ossements fré- 
quemment entaillés par homme ; 
Bos priscus, avec entailles humaines. 


MR 


. Ces animaux existaient à cette époque, non-seule- 
ment en France et en Angleterre, mais on les retrouve 
en Sicile. M. Anca vient d’y ajouter l'E£/ephas africanus 
et la Hyène tachetée, ce qui tendrait à prouver que 
les îles britanniques étaient jointes au continent, et 
que la Sicile faisait corps avec l'Afrique. Dans l’état 
de la configuration actuelle , ces animaux n'auraient 
pas pu y vivre. 


3" Série. Au diluvium inférieur des vallées suc- 
cède insensiblement le diluvium moyen des wallées ou 
diluvium rouge de Paris, qui n’a pas à beaucoup près 
le développement et la puissance du précédent. Il est 
d’une origine encore plus locale; partout où 1l a été 
examiné avec soin, on l’a trouvé composé d'éléments 
dont l’origine n’est pas très-éloignée. Ainsi, dans la 
vallée du Rhin, ses couches se composent de cailloux, 
de graviers, qui sont venus, soit des Vosges, soit de la 
Forêt-noire , soit des montagnes jurassiques qui bor- 
dent le bassin; on n’y rencontre plus de cailloux al- 
pins. Ce fait d’un transport de matériaux à petite dis- 
tance paraît se reproduire sur beaucoup d’autres points 
de la France; il donne à penser que le phénomène n’a 
pas eu une bien grande intensité. 


4"° Série. Nous arrivons enfin à l’époque des an- 
ciens glaciers des Vosges, des blocs erratiques et des 
moraines qui sont superposés à tous les dépôts précé- 
dents. Le lehm fait partie de la même série. A cette 
occasion, je vous ferai remarquer que le lehm peut 
varier d’origine et de composition; il peut même y 
avoir eu des lehms de différentes époques géologiques, 
comme il y a des marnes, des argiles et des calcaires 


= ‘66 + 


de toutes les époques; maïs, si j’examine les coupes du 
terrain quaternaire dans la vallée du Rhin, dans celle 
de la Somme, de la Seine, du Rhône, Je trouve con- 
stamment un dépôt argileux, marneux, limoneux, un 
lehm ou lœss, superposé à tous les dépôts antérieurs, 
souvent dans une situation transgressive ou indépen- 
dante des dépôts de graviers; je suis donc obligé d’en 
tenir compte, de le séparer des lits de matériaux de 
transport sous-jacents et d’en faire un vrai dépôt géolo- 
gique, qui termine la série ou plutôt qui ne la termine 
pas, puisqu'il continue à se déposer encore de nos jours. 
À cette série se rattache probablement la dernière gran- 
de extension des glaciers des Alpes, puisque leurs blocs 
erratiques et leurs moraines sont d'ordinaire superpo- 
sés à tous les autres dépôts: vous voyez que J'ai soin de 
dire : probablement, parce qu’il est difficile de savoir 
s'ils se sont fondus exactement en même temps; ceux 
des Vosges n'étaient pas très-puissants, 1ls n’arrivaient 
pas à une altitude de 1500" au-dessus de la mer, ils 
ont dù disparaître de la surface du sol beaucoup plus 


tôt que ceux des Alpes qui avaient plus de 150 kilom. - 


de longueur, une épaisseur de plus de 1000" et des 
altitudes qui s'élèvent peu à peu à 4000". Du reste, 
ces phénomènes sont beaucoup plus difficiles à étudier, 
à débrouiller dans les montagnes que dans les plaines; 
dans les Alpes, par exemple, il y a beaucoup de causes 
pertubatrices qui trompent l'œil, les cônes de déjec- 
tion, les éboulements, les alluvions torrentielles, etc., 
qui n'existent pas dans la plaine. Il en est des glaciers 
anciens comme des terrains stratifiés : si l’on n’était pas 
sorti des montagnes pour classer les étages, on n'aurait 
jamais pu se tirer d'affaire. 


— 421 — 


 Hrésulte donc de ma manière de voir, que si les 
faits recueillis à Amiens, Abbeville et ailleurs, que si 
les restes de l’industrie humaine , tels que haches et 
autres débris en silex, entailles de main d’homme re- 
connues sur les ossements fossiles, sont bien positive- 
ment enfouis dans les couches inférieures du diluvium, 
sans avoir été dérangés plus tard, il résulte, dis-je, que 
l’homme existait avant les anciens glaciers des Vosges 
et avant la dernière extension de ceux des Alpes, en 
compagnie de l’Elephas primigenius, du Rlunoceros 
tichorhinus, du Bos priscus, ete. Or comme il est en 
même temps postérieur à l'extension des glaces du 
nord, il faut qu’il y ait eu, à partir de la fin du terrain 
tertiaire, au moins deux époques de grande extension 
des glaciers; l’une, au commencement de la série qui 
est représentée par le phénomène du nord, l’autre dans 
des temps très-rapprochés de nous, dont je trouve des 
traces palpables dans les Vosges. Mais rien ne prouve 
qu'il faille se limiter à ces deux extensions. Peut-être, 
pendant le long cycle quaternaire, y en a-t-1l eu d’au- 
tres, qui ne sont pas encore étudiées. 

Ces extensions et ces retraites des glaciers n’ont ce- 
pendant pas eu une influence aussi grande qu’on pour- 
rait le croire sur les pdfftlations animales de l’époque, 
puisque , d’après M. Pictet (‘): «Il n’y a eu entre la 
» période diluvienne ou quaternaire et la période mo- 
» derne aucune modification de la faune ayant le moin- 
» dre rapport avec les changements qui caractérisent et 
» distinguent les autres faunes paléontologiques. » Si, 
par hypothèse, un cataclysme ; une révolution géologi- 


(1) Pictet: Bibliothèque universelle, tome VIII, p. 267, août 1860, 


— 4922 — 


que venait aujourd’hui détruire et fossiliser la faune 
actuelle, y compris l’homme, les paléontologistes de 
l'avenir, en classant les terrains, en distinguant les dé- 
pôts jurassiques, crétacés, tertiaires, arriveraient à la 
période quaternaire et actuelle. Ils n’éprouveraient au- 
cune difficulté de comprendre ces deux dernières, tout 
entières dans la même parenthèse. Ils ne feraient pas 
de l'apparition de l’homme au point de vue biblique et 
historique un point de départ pour l'ouverture d’un 
nouveau et dernier terme de la série. 

M. Lartet vient encore de me dire, d'accord avec M. 
Pictet, que, sauf la disparition d’un petit nombre d’es- 
pèces, toute la population actuelle a existé dès l’ori- 
gine de la période quaternaire. 

Ainsi, les anciens glaciers, leur grande extension, 
leur retraite successive dans tel ou tel groupe de mon- 
tagnes, sur tel ou tel point du globe, les dislocations 
du sol, l'apparition des volcans alignés, les change- 
ments dans la configuration des continents et des mers, 
ne sont en définitive que des accidents locaux ou ré- 
gionaux. Ces phénomènes n’ont pas une importance 
telle, qu’on soit obligé de les prendre pour le commen- 
cement d'un chapitre de l’histoire de la terre. Ce ne 
sont réellement que des par@faphes qui s'appliquent 
à telle ou telle contrée. La population terrestre n’en a 
pas été gravement affectée, puisque tous ces phénomè- 
nes physiques n'ont pas empêché la faune, y compris 
l'homme, de se développer et de vivre, depuis les pre- 
miers temps quaternaires jusqu’à nos jours, sans chan- 
gements notables, offrant ainsi une succession non 
interrompue de faits paléontologiques. 


|| 


II EE D 


DES PHASES 


DE LA PÉRIODE DILUVIENNE 


ET DE 


L'APPARITION DE L'HOMME SUR LA TERRE. 


fat É. Degae. 


( Réponse à M. Ed. COLLOMB |). 


L'histoire, de la géologie a enregistré peu de faits 
qui aient produit une sensation aussi générale que la 
découverte de débris de l’industrie humaine faite dans 
les terrains diluviens de la vallée de la Somme, par M. 
Boucher de Perthes. Il s’agit en effet de notre propre 
race dont les origines se trouvent ainsi tout d’un coup 
reculées bien au-delà des limites qu’on lui assigne or- 
dinairement. De plus, ces anciens habitants du sol de 
la Picardie, qui ont fabriqué les haches en silex des en- 
virons d’'Abbeville et d'Amiens, vivaient dans des con- 
ditions fort différentes de celles de nos jours, entourés 
de grands animaux dont la race est éteinte et que l’on 
s'était habitué à reléguer dans les périodes antédilu- 
viennes. Il ya là en effet de quoi stimuler la sagacilé des 
géologues non moins que des archéologues et de tous 
ceux qui se vouent à l'étude du passé. Est-1l étonnant 
_ que l’étrangeté du fait, qui venait bouleverser tant et 


— 424 — 


de si anciennes et vénérables notions, ait fait éclore 
aussi une foule de théories, dont quelques-unes se res- 
sentent un peu de l’entrainement du moment. 

Les haches d’Abbeville sont enterrées dans une cou- 
che de gravier diluvien, qui indique des changements 
considérables dans le régime des eaux. Ces graviers ne 
sont pas même les derniers; d’autres plus récents leur 
sont superposés, qui attestent également des mouve- 
ments notables des eaux. L'aspect de l’Europe a par 
conséquent subi des modifications considérables de- 
puis la venue de l’homme. Celui-ci a vu paître autour 
de lui l’éléphant, le rhinocéros, de grands bœufs d’es- 
pèces particulières. Il les a vu disparaitre par l'effet de 
causes inconnues. Tout ceci nous reporte à une date 
tellement éloignée, qu’il est oiseux de vouloir l’appré- 
cier à la mesure des temps historiques. Et si la race 
humaine a résisté et survécu à des crises pareilles, 
pourquoi ne la ferait-on pas remonter jusqu’au com- 
mencement de la période quaternaire ? L'homme ne 
pourrait-il pas avoir été témoin des grands change- 
ments climatériques qui ont amené les glaciers des 
Alpes jusque sur les flancs de notre Jura et y ont dé- 
posé les grands blocs erratiques? Cela ne serait pas im- 
possible en effet, s’il était démontré que l’extension des 
glaciers des Alpes est postérieure à celle des glaciers 
du nord. Telle est en particulier le point de vue auquel 
s'est placé M. Collomb, en prétendant que l’homme 
est antérieur au phénomène erratique des Alpes. 

Pour établir sa théorie, M. Collomb, et c’est là le 
grand mérite de son travail, a fait une étude compara- 
tive des dépôts diluviens des différents bassins de la 
France , qu’il parallélise ensuite pour en déduire ses 


— 425  — 


conclusions, en commençant par le diluvium des pla- 
-teaux (voy. pl. 6). 

La succession des terrains diluviens dans les plaines 
du nord de la France, telle que l’indique M. Collomb, 
_est parfaitement exacte. Pour que le diluvium des pla- 
teaux ait pu se former, 1l faut que tout le pays ait été 
sous l’eau. À cette époque, les vallées de la Somme et 
de la Seine n’existaient probablement pas encore. Eus- 
sent-elles existé, qu’elles auraient été comblées par ce 
même diluvium. Les plateaux de leur côté, n’ont pu 
être mis à sec sans un exhaussement du sol, qui aura 
facilité l'écoulement des eaux. C’est probablement à 
cette époque qu'ont été creusées les vallées. Il est fort 
possible que le sol des plateaux ait d’abord été porté à 
un niveau plus élevé qu'aujourd'hui, ce qui explique- 
rait la profondeur des vallées et justifierait la supposi- 
tion qu’à cette époque l'Angleterre n’était pas complè- 
tement séparée de la France, en sorte que le mammout 
(Elephas primigenius) et le rhinocéros aux narines 
étroites passaient peut-être à pied sec de la Picardie 
dans les comtés de Kent et de Suffolk ("). 

_ À mesure que le sol revenait graduellement à son 
niveau actuel, les mêmes rivières qui avaient com- 
mencé par creuser ces profonds ravins , les auraient 


(t) On n’a pas encore pu établir si ce diluvium des plateaux du 
nord de la France est marin ou d’eau douce. C’est là sans doute 
une difficulté, mais elle n’est pas sans analogie. Aux États-Unis, 
dans les états de l’ouest, nous avons un diluvium de plateau recou- 
vrant d'immenses étendues, dont l’origine est encore incertaine 
(voir le mémoire remarquable de M. Lesquereux sur les prairies de 
l’ouest) et qui, comme en Europe, a précédé le diluvium des vallées 
(valley-drift), dans lequel se trouve surtout le mastodonte gigantes- 
que, le compagnon du mammout,. 

BUL. DE LA SOC, DES SC. NAT. T. Y. 28 


DS RS Me. 


de nouveau comblés partiellement, au moyen de ma- 
tériaux emmenés des massifs du plateau central de la 
France, du Morvan, etc. Ainsi se serait formé le dilu- 
vium des vallées. Jusqu'ici nous sommes d'accord. 
Au-dessus de ce diluvium des vallées se trouve, dans 
le bassin de la Seine, un autre dépôt d’origine encore 
plus locale, le diluvium rouge de Paris. Que M. Col- 
lomb parallélise ce diluvium rouge avec le diluvium 
gris de la vallée de ia Somme, cela nous paraît parfai- 
tement justifié et par la nature des terrams et par leur 
position respective. Mais M. Collomb ne s’en tient pas 
là. Il pousse plus loin la comparaison et va jusqu’à 
placer en regard du diluvium rouge de Paris et par 
conséquent aussi du diluvium gris de la Somme, le dé- 
pôt de cailloux de Ja vallée du Rhin qui, comme l’on 
sait, passe insensiblement au læss. Remarquons en pas- 
sant qu'entre les plaines occidentales de la France et 
la vallée du Rhin, la distance est considérable, et que 
si les premières se rattachent par leurs dépôts diluviens 
‘au plateau central de la France, la plaine du Rhin est 
intimément liée à la chaîne des Alpes et doit avoir subi 
au moins le contre-coup des grands évènements dont 
ces montagnes ont été le théâtre. N'est-ce pas un peu 
se hazarder aussi que de comparer les petits diluviums 
locaux des vallées de la Seine et de la Somme aux 
gigantesques dépôts diluviens de la vallée du Rhin ? 
Mais du moment que l’on admet ce parallélisme, 
toutes les conséquences qui en découlent s'imposent 
d’elles-mêmes. Le dépôt de cailloux, nous dit-on, n’est 
pas limité à la vallée du Rhin; il remonte dans les val- 
lées des Vosges , où les dépôts morainiques avec blocs 
erratiques lui sont distinctement superposés. Ces blocs 


— 427 — 


attestent l’ancienne extension des glaciers dans les 
Vosges; donc le dépôt caillouteux sur lequel ils re- 
posent est antérieur aux grandes glaces. Et s’il est ad- 
mis que ce dépôt caillouteux est parallèle au diluvium 
rouge de Paris, il s'en suit que le diluvium des vallées 
qui est inférieur au diluvium rouge doit être à fortior 
antérieur à l'existence des glaciers et par conséquent 
que les mammouts, les rhinocéros, bos primigenius et 
l’homme qui a façonné les haches en silex, sont anté- 
glaciaires. I s’en suit de plus que le phénomène gla- 
ciaire du nord est complètement différent de celui des 
Alpes, qu’il est de beaucoup antérieur. Ce sont là, on 
le voit, des conséquences considérables auxquelles on 
est conduit du moment que l’on accepte le parallélis- 
me ci-dessus. Il vaut donc la peine d’y regarder d’un 
peu plus près et de rechercher sur quoi ce parallélisme 
se fonde. ÿ 
Remarquons d’abord que rien n’est plus fugace et 
plus inconstant que l'allure des terrains diluviens dans 
les vallées. Leurs caractères dépendent essentiellement 
de la nature des massifs et des plateaux auxquels les 
vallées se rattachent ; ce n’est guère que lorsque plusieurs 
bassins remontent à un même massif, que la compo- 
sition et la manièfe d’être de leurs dépôts peuvent 
fournir des données sur l’âge relatif. Du moment qu'il 
s’agit de bassins très-éloignés, ces analogies ne suffisent 
plus. Il faut en appeler à des critériums plus constants 
et indépendants des circonstances locales. Or ce sont 
précisément ces critériums qui font défaut, lorsqu'on 
vient à comparer les bassins de l’ouest de la France à 
celui du Rhin. Je vois dans le parallélisme invoqué par 
M. Collomb une idée ingénieuse, mais qui a le tort de 


— 428 — 


n'être motivée par aucun fait de quelque importance. 
Il est vrai que le diluvium rouge de Paris et le dépôt 
caillouteux du Rhin sont l’un et l’autre recouverts par 
du lehm. Mais je le demande, cette circonstance suffit- 
elle pour établir un parallélisme et une contempora- 
nélté auxquels se rattachent des conséquences aussi 
majeures ? 

Le parallélisme, dans un cas pareil, ne peut guère 
s’élablir que par l'identité des débris enfouis dans les 
terrains qu'il s’agit de paralléliser. Ainsi, si à défaut 
de restes de l’industrie humaine, on trouvait dans les 
dépôts caillouteux des vallées des Vosge: les ossements 
des mêmes animaux qui sont associés aux flèches en 
silex dans la vallée de la Somme et de la Seine, il y 
aurait lieu d'en conclure que les deux dépôts sont 
parallèles, et comme le dépôt des vallées des Vosges est 
inférieur aux anciennes moraines , il en résulterait que 
les mammouts, les rhinocéros, les grands ours et par 
conséquent aussi l’homme qui fut leur contemporain 
dans l’ouest de la France, remontent au-delà de l’an- 
clenne extension des glaciers des Alpes. Or personne, 
jusqu’à présent, n’a signalé, ni dans les Vosges ni ail- 
leurs, des ossements de mammout ou autres au-dessous 
des moraines. 

M. Collomb nous répond que l'absence d’ A 
dans les vallées des Vosges n’est pas une difficulté, 
puisqu'il est bien connu que ces ossements existent 
dans les graviers de la vallée du Rhin, qui sont un 
dépôt parallèle et contemporain. C’est ici qu'est le 
nœud de la question. M. Collomb ne nous en voudra 
pas, si nous Jui rappelons ses propres réflexions sur la 
nécessité d'être très-cireonspect, lorsqu'il s’agit de 


— 429 — 


comparer les formations diluviennes des montagnes 
à celles de la plaine. Ajoutons encore que les vallées 
des Vosges ont été le théâtre de glaciers, tandis que 
nous ne sachions pas que jamais la grande vallée du 
Rhin ait été envahie par les glaces. Les mêmes diffi- 
cultés, quoi qu'on en dise, n'existent pas lorsqu'on 
compare les dépôts diluviens de la vallée du Rhin à 
ceux de la plaine suisse, du Hegau, de la Souabe. 

Le lehm de Canstadt, on le sait, a fourmi les magni- 
fiques squelettes de mammout qui font l’ornement du 
musée de Stuttgart. La Suisse de son côté, a fourni un 
riche contingent de ces mêmes ossements. Tout le 
monde a entendu parler des défenses trouvées dans le 
diluvium des environs de Genève et qui furent pendant 
un temps attribuées aux éléphants de l’armée d’Anni- 
bal. On a retiré de non moins belles défenses du ht de 
la Sarine près Fribourg. Il existe des ossements à Neu- 
châtel, à Soleure (dans les graviers des remparts), à 
 Trimbach près d’Olten, à Aarau, à Liestal (dans les 
graviers de la Frenke), sur plusieurs pots du cours de 
la Birse, tels que Dornach, Grellingen, enfin ils sont 
nombreux à Rhemfelden et dans les environs. 

Dans toutes ces localités les ossements sont enfouis 
dans des graviers stratifiés ou du moins remaniés, com- 
posés de matériaux glaciaires qui ont subi l’action des 
eaux. Ces dépôts, fort distincts des limons glaciaires, 
sont par conséquent postérieurs à ces derniers, puisque 
ce sont eux qui en ont fourni les matériaux. Ils ont 
été accumulés d’une manière assez irrégulière, qui 
soulève des problèmes fort intéressants sur l’aspect du 
pays à cette époque. Sur bon nombre de points, ils 
recouvrent des lambeaux de diluvium glaciaire, qui 


ED 


ont résisté aux dénudations. D’autres fois on voit les 
blocs erratiques reposer à la surface de diluviums 
stratifiés, dans des conditions où ils n’ont pu être dé- 
posés que par des glaces flottantes. Ce n’est certes pas 
M. Collomb, lui qui connaît si bien la Suisse, qui con- 
testera que ces dépôts diluviens stratifiés ne soient post- 
glaciaires, l’œuvre des eaux, qui ont dû nécessairement 
jouer un rôle considérable pendant la longue période 
du retrait des grandes glaces. Mais de la plaine suisse 
à la vallée du Rhin la distance n’est pas grande. Rien 
de moins téméraire dès-lors que de conclure que les 
dépôts qui renferment les mêmes ossements fossiles 
datent de la même époque. En effet, s’il est démontré 
qu'ils sont post-glaciaires à Liestal, Arau, Soleure, etc., 
pourquoi ne le seraient-ils pas à Rheinfelden et aux 
environs de Bâle ? 

Ceci posé, il nous reste à examiner les raisons sur 
lesquelles on se fonde pour rapporter les mammouts 
des vallées de la Somme et de la Seine, ainsi que les 
débris de l’industrie humaine qui les accompagnent à 
une autre phase de la période diluvienne que leurs 
congénères de Suisse, s’il est vrai qu’ils sont séparés de 
ces derniers par le phénomène très-considérable, quoi 
qu'on en dise, de l'existence des grands glaciers alpins. 

M. Collomb cite à l'appui de son opinion le fait que 
M. Falconer aurait trouvé en Angleterre l'éléphant au- 
dessus des blocs erratiques, tandis que dans la zone 
erratique des Alpes, on trouve le même éléphant aw- 
dessous des blocs erratiques. Nous ne croyons pas nous 
tromper en pensant que cette distinction repose, selon 
toute apparence, sur une méprise. En Suisse, comme 
en Angleterre et dans le nord de l’Europe et de l’Amé- 


— 431 — 


rique , il faut distinguer entre le terrain glaciaire pro- 
prement dit (coarse drift) caractérisé par l’absence de 
tout triage , — les blocs et les cailloux étant envelop- 
pés et en quelque sorte noyés dans un limon qui n’est 
autre que la couche de boue du grand glacier — et 
le dilüvium ou drift remanié dont font partie le lœæss 
ou lehm. Le premier ne renferme pas d’ossements, 
tandis qu’ils sont fréquents dans le diluvium. Ce der- 
nier n’est pas pour cela dépourvu de blocs, mais ils 
n’ont plus leur limon glaciaire. Il n’est pas rare non 
plus de rencontrer des blocs à la surface du diluvium 
remanié, ce qui fait supposer qu'ils ont dû être trans- 
portés par des glaces flottantes. C’est en particulier le 
cas des célèbres blocs de Juterborg, non loin de Dres-. 
den. Dans ce cas, il peut arriver que les ossements d’é- 
léphant que recèle le diluvium soient au-dessous des 
blocs, mais ils n’en font pas moins partie, les uns et les 
autres, du diluvium remanié, qui est postérieur à l’ex- 
tension des grands glaciers, tout aussi bien que le drift 
avec ossements d’ Angleterre: | 

Le principal argument de M. Collomb est celui qu’il 
tire du prétendu: parallélisme du diluvium rouge de 
Paris avec le dépôt de caiiloux des vallées des Vosges 
sur lequel reposent les anciennes moraines. Mais nous 
avons vu que ce parallélisme n’est rien moins que dé- 
montré; or, du moment qu’il est révoqué en doute, il 
est évident que les conséquences qui en découlent ne 
sauraient plus être admises sans réserve. 

Après avoir ainsi déblayé le terrain, nous demande- 
rons à notre tour, pourquoi les graviers de la Somme 
avec ossements de mammout accompagnés de restes 
de l’industrie humaine, ne seraient pas parallèles à nos 


- ee à 


terrains à éléphants de la Suisse. D’ordinaire, la con- 
cordance des espèces dans un terrain autorise à con- 
clure à l'identité d'époque, surtout lorsque, comme 
c’est ici le cas, l’identité spécifique n’est pas douteuse. 
Il est vrai que M. Collomb ne relègue pas pour cela 
l'éléphant du diluvium suisse dans une autre période 
géologique; l'éléphant de la Somme est pour lui qua- 
ternaire , comme celui de la Suisse; seulement il re- 
monterait plus loin dans cette période, puisqu'on le dit 
antérieur à l’extension des glaciers des Alpes. L’époque 
glaciaire des Alpes ne serait dès lors plus la même que 
celle du nord, et l'éléphant de la Somme ainsi que 
l’homme qui fabriquait les haches d’Abbeville auraient 
vécu entre les deux phases glaciares. 

Quoique invraisemblable , cette distinction n’en se- 
rait pas moins justifiable, s’il était démontré que les 
graviers à mammout de la vallée du Rhïh se poursui- 
vent bien réellement dans l'intérieur des vallées des 
Vosges et y sont recouverts par les moraines. Or c’est 
là précisément ce à quoi nous ne pouvons souscrire, en 
présence des difficultés que cette identification soulè- 


ve, aussi longtemps du moins qu’on n’aura pas constaté, 


des ossements de mammout ou autres débris d'animaux 
diluviens dans les graviers infra-morainiques des Vosges. 

Nous ne prétendons pas pour cela que les mam- 
mouts soient apparus simultanément sur tous les points. 
Comme la période du retrait des grandes glaces a sans 
doute été fort longue, ils ont pu exister dans la plaine 
du Rhin et au débouché des vallées des Vosges et de la 
Forèt-noire , tandis que l’intérieur de ces vallées était 
encore occupé par des glaciers. La Suisse, par contre, 
devait leur être fermée à l’époque de la plus grande 


— 433 — 


extension des glaces , alors que les glaciers du Valais 
‘et du Mont-Blanc venaient s'appuyer contre le Jura et 
déposer à son sommet et sur ses flancs les blocs errati- 

ques des Alpes. Aussi bien, où auraient-ils trouvé leur 

pâture , quand toute la plaine n'était qu’un vaste gla- 

cier? Ils n’ont donc dû pénétrer en Suisse qu'après ou 

pendant la disparition de la grande nappe de glace. 

Cette seconde phase, qui commence avec la fonte des 

glaciers, a dû nécessairement être caractérisée par de 

srandes inondations qui ont été de longue durée. C’est 

alors que les matériaux glaciaires de la plaine suisse 

ont été profondément remués et remaniés en même 

temps que les eaux, en s’écoulant par la vallée du 
Rhin, y déposaient cette couche de graviers alpins 

qui renferme une partie des ossements de mammout 

(Rheinfelden). C’est à la même époque que la plaine 

lombarde a été comblée et nivelée par les matériaux 

qu’entrainaient et déposaient les torrents alimentés par 

les glaciers du revers des Alpes. La plaine de la Bresse 
remonte probablement à la même époque. 

Ce qui se passait sur le pourtour des Alpes a dû se. 
répéter dans le nord de l'Europe et de l'Amérique avec 
cette différence pourtant qu'ici la mer a joué un rôle 
considérable en venant remplacer sur nombre de points 
les anciens glaciers. 

Dès lors la présomption demeure en faveur d’une 
contemporanéité de tous les gisements de mammout 
qui partout succèdent à la période glaciaire. Et com- 
me les gisements de la Suisse sont déterminés d’une 
manière relativement assez précise, nous en concluons 
que ceux d’Abbeville doivent être du même âge, et par 
conséquent que l’homme qui y a laissé les débris de 

28* 


— 434 — 


son imdustrie, n’était pas antérieur aux grands glaciers 
des Alpes. 

De la sorte le diluvium de toute l’Europe, avec tou- 
tes ses subdivisions, telles que M. Collomb les a con- 
statées dans les vallées de la Somme et de la Seine 
serait, sans exception, post-glaciaire. Cela ne saurait 
nous étonner. Nous n'avons jamais été enclins à mar- 
chander le temps à l’époque diluvienne. Nous croyons 
au contraire, et nous nous sommes appliqués à le dé- 
montrer, qu'elle a présenté des phases multiples qui 
toutes ont eu une durée considérable ("). 

Si les considérations qui précèdent sont fondées, 
elles auront pour résultat de mettre également à néant 
la distinction que M. Collomb voudrait faire entre le 
phénomène glaciaire du nord et cèlui des Alpes, dis- 
tinction qui ne repose que sur un seul argument, le 
prétendu parallélisme du diluvium rouge de Paris avec 
le dépôt caillouteux de la vallée du Rhin. Ce parallé- 
lisme écarté, il n’y a plus de raison pour que les deux 
phénomènes ne soient pas contemporains. Toutes les 
présomptions sont au contraire en faveur de cette con- 
temporanéité. En effet, la cause, quelle qu’elle soit, 
cosmique ou tellurique, qui a livré tout le nord de l’Eu- 
rope et de l'Amérique à l’envahissement des glaciers 
polaires a dû nécessairement réagir sur les glaciers des 
Alpes, de même que les glaciers des Alpes n’ont pas 


() Voir Bulletin Soc. géol. de France; nouv, série, t. IV, p. 182. 
Qu'il nous soit permis, puisque l’occasion s’en présente, de déclarer 
encore une fois que nous ne nous sommes jamais associés à ces 
théories fantasques de MM. Schimper et Agassiz, qui attribuent la 
période glaciaire à un frisson subit que la terre aurait éprouvé à 
la fin de la période tertiaire. 


ME le 


pu acquérir, à un moment donné, des dimensions vingt 
fois plus considérables sans qu’une extension pareille 
ninfluençât à son tour les glaciers du nord. Ce double 
envahissement des glaces marque pour nous le point 
de départ de la période quaternaire. Tout ce qui est 
au-delà appartient à la période tertiaire. Aussi bien, 
s’il est un accident qui mérite de faire jalon dans l’his- 
toire de la terre, c’est bien celui-là. Il n’a pas seule- 
ment transformé en désert les parties de notre hémi- 
sphère qu’il recouvrait d’un manteau de glace, son 
action a dû s'étendre aussi aux régions adjacentes non 
comprises dans la calotte glacée. Sans prétendre que 
la vie animale et végétale ait été complètement anéan- 
tie à cette époque , nous ne pouvons nous dispenser 
d'admettre qu’elle a dû subir des modifications profon- 
des, ne füt-ce qu’en vertu des changements climato- 
logiques qui ont dû survenir et dont l’on retrouvera 
peut-être un jour les traces. 

Le val d’Arno est peut-être destiné à Jeter quelque 
Jour sur cette importante question. Rien dans ces ré- 
gions n'indique que les glaciers aient Jamais passé par 
là. Et pourtant nous avons été frappé de la structure 
cataclystique que le terrain le plus récent, la penchina, 
affecte dans certaines localités, en particulier dans les 
tranchées du chemin de fer de Peschiera ; on dirait, 
sur certains points, de véritables amas de terrain gla- 
claire, entre autres à la station de Borgo di Buggino. 
Les matériaux y sont entassés pêle-mêle , sans aucun 
ordre; de gros blocs arrondis, ayant jusqu’à deux pieds 
de diamètre, sont noyés dans des amas de limon ou 
de fin gravier, le tout attestant un mouvement violent 
et tumultueux des eaux. Ce même dépôt renferme, 


— 436 — 


sur divers points des environs de Florence , une faune 
très-riche de grands mammifères, en particulier des 
éléphants dont on a distingué deux espèces, l’'E/ephas 
meridionals et V'Elephas antiquus. En revanche, le 
mammout , le rhinocéros tichorhinus%et toute la faune 
diluvienne manquent. Quelle est la cause qui a pu ame- 
ner la destruction de cette faune si récente et pourtant, 
selon toute apparence, antéglaciaire du Val d’Arno? Y 
aurait-il témérité à attribuer sa disparition aux modi- 
fications profondes que le climat de ces contrées a dû 
éprouver par suite de l’avancement des glaciers des 
Alpes jusqu’au bord de la plaine lombarde ? 


— C2 EI — 


TO CS 


DES MODIFICATIONS 


QUE LES 


FAUNES TERRESTRES ET LACUSTRES 


ONT SUBIES PENDANT L'ÉPOQUE QUATERNAIRE 


—————— 


{ Réponse à M. J. PICTET.) 


Les considérations qui précédent nous conduisent à 
l'examen d'une autre question, concernant les évolu- 
tions de la faune et de la flore depuis l’époque tertiaire. 
M. Collomb, en vue de diminuer l'importance du phé- 
nomène glaciaire qu’il envisage comme un simple acci- 
dent survenu au milieu de l’époque quaternaire , s’ap- 
puie de l’opinion de M. Pictet, d’après laquelle «il n°y 
a eu entre la période diluvienne et la période moderne 
aucune modification de la faune ayant le moindre rap- 
port avec les changements qui caractérisent et distin- 
guent les autres faunes paléontologiques. » Pour établir 
cette thèse, M. Pictet essaie de démontrer «que oute 
la faune actuelle ou moderne a existé dès l’origine de la 
période diluvienne ». (") 

Malgré l'autorité que cet énoncé emprunte à la haute 
réputation de l’auteur, nous ne pouvons nous dispenser 


(:) Notice sur la période quaternaire ou diluvienne, considérée dans 
ses rapports avec l'époque actuelle. (Archives des sciences de la biblio- 
tkèque universelle. Août 1860). 


— 438 — 


de le considérer comme un peu trop absolu. Qu'il nous 
soit permis de soumettre à ce sujet quelques réflexions 
à notre savant confrère de Genève. 

Nous sommes loin du temps où l’on supposait qu’à 
chaque nouvelle formation, la faune et la flore tout 
entières du globe avaient été complètement anéanties 
et remplacées par un ensemble de nouveaux animaux 
et de nouvelles plantes. Les changements, souvent con- 
sidérables, qui s’observent d’une formation à l’autre et 
que l’on se plaisait à expliquer par des bouleversements 
généraux , sont l’œuvre du temps bien pius que l'effet 
de crises violentes. Nous aussi nous admettons, en nous 
appuyant sur nos études spéciales, que chaque for- 
mation , chaque étage est empreint d’un cachet qui lui 
est propre, qu'il emprunte à l’ensemble de ses anis 
maux et de ses plantes. Mais il ne s’en suit pas que 
toutes les espèces ont nécessairement existé pendant 
toute la durée de la période qui correspond à la forma- 
tion ou à l’étage auquel elles appartiennent. M. Pictet 
lui-même admet des-extinctions , témoin celle du 
mammout, du rhinocéros, de l’ours des cavernes ("). Il 
n'est pas moins certain que d’autres espèces s'étendent 
à plusieurs formations, embrassant par conséquent un 
cycle beaucoup plus vaste. Il est vrai que ce sont en 
général des types inférieurs. Mais pour la théorie en 
question, le rang n’y fait rien. Il nous suffit de rappeler 
que la plupart des paléontologistes admettent un nombre 


(*) Nous n’examinerons pas ici jusqu’à quel point ces extinctions 
peuvent être attribuées à l’homme. Si l’homme civilisé est l'ennemi 
naturel des bêtes fauves, il n’en est pas de même de l’homme sau- 
vage. Nous ne pensons pas que ce dernier soit responsable d'au- 
cune extinction. 


-ù M9 


assez considérable de coquilles de l’époque actuelle, 
qui remontent à la période pliocène et même au mio- 
cène. Nous pourrions citer diverses espèces d’échini- 
des qui sont dans le même cas. Ainsi donc, le grand 
évènement qui, pour nous, marque l'aurore de la pé- 
riode quaternaire — l’extension des glaces polaires et 
alpines — n’a pas entraîné à sa suite un changement 
complet de la faune (‘); il n’a pas, comme on l’a dit 
avec emphase, enveloppé toute la création dans un vaste 
linceul. Mais il a cependant dû réagir sur les conditions 
générales de la vie à cette époque. Il est impossible 
que le pied méridional des Alpes, où croissent aujour- 
d'hui , sur les bords du lac de Côme et du lac Majeur, 
le grenadier et le laurier, ait présenté le même aspect, 
lorsqu'une immense ceinture de glace se déployait au 
bord de la plaine lombarde. La faune aussi devait être 
bien différente. Qu’auraient fait au bord d’un glacier 
le lézard vert, le gecko, le scorpion et tant d’autres in- 
sectes qui ne s’accommodent que de pays chauds, ou 
dont l'existence est liée à celle de certaines plantes ou 
arbres exigeant une température élevée? Nous savons 
d’ailleurs par des recherches récentes , que les ancien- 
nes tourbières d'Yvrée renferment des troncs d’arolle 
(Pinus cembra), qui aujourd’hui ne se rencontrent qu’à 
des hauteurs considérables au-dessus de la mer. Quel 
est le botaniste qui oserait supposer que ce pin a ja- 
mais été associé au grenadier? Lors donc qu’il croissait 
au bord de la plaine lombarde, le laurier et le grenadier 
devaient en être exclus. Si ceux-ci prospèrent auJour- 

(*) Ces passages sont encore bien plus naturels dans l’hypothèse 


de M. Pictet, qui fait commencer la période quaternaire par une 
phase diluvienne qui aurait précédé la phase glaciaire. 


— 440 — 


d’hui sur le flanc et dans les vallées du revers méridio- 
nal des Alpes, c’est qu'ils y sont venus plus tard, après 
la retraite des glaces, par conséquent longtemps après 
le commencement de la période quaternaire. On nous 
répondra que cela se peut fort bien, mais qu'ils exis- 
taient auparavant ailleurs et qu’ils n’ont fait que se 
propager par immigration. C’est en effet la théorie 
qui satisfait le mieux l'esprit, surtout en ce qui con- 
cerne les plantes. Mais est-elle également applicable à 
la faune? 

Il est évident que lorsque la plaine suisse toute en- 
tière et le revers méridional des Alpes jusqu’au bord de 
la plaine lombarde étaient recouverts par des glaciers, 
la vie devait être à peu près bannie de ces vallées. Les 
lacs d'Italie, en particulier, qui aujourd’hui nourrissent 
une faune variée de poissons, de mollusques, d'insectes, 
de crustacés , de vers, étaient alors déserts, puisqu'ils 
faisaient partie de la grande calotte de glace alpine (°). 
Ce n’est donc que lorsque les lacs eurent de nouveau 
retrouvé leur fluidité, que les animaux lacustres de 
toute sorte ont pu venir s’y installer. On conçoit que 
les quadrupèdes , les oiseaux et même les insectes, 
soient, comme les plantes, venus d’ailleurs pour pren- 
dre possession du vaste domaine qui se dégageait devant 
eux, que le chamois, la marmotte, la gélinotte, qui 
aiment le voisinage des neiges, que le corbeau des Al- 
pes, l’alouette des montagnes, soient ainsi remontés de 
proche en proche du bord de la plaine , jusque dans 
leur domaine actuel, au milieu des hautes montagnes. 


(1?) Nous avons montré ailleurs que la glace a même dû s’y main- 
tenir plus longtemps qne sur les coteaux. Revue suisse, janv. 1860. 


6 RE de 


Mais cette immigration ne saurait s'appliquer à une 
foule d'animaux dont les facultés locomotives sont très- 
faibles, (les vers, les escargots), ni aux animaux aqua- 
tiques et moins encore aux poissons et mollusques 
lacustres , qui sont limités aux lacs, et ne passent pas 
dans les rivières. Comment concevoir en effet que les 
ombre-chevaliers ou les corrégones aient pu venir d’ail- 
leurs s'installer dans nos lacs, après le retrait des gla- 
ces? Ils ne pouvaient immigrer des lacs du nord, qui 
étaient en grande partie recouverts par les glaces, et 
dont les espèces sont d’ailleurs différentes. L’immigra- 
tion aurait donc dû partir du sud. Or nous savons qu’il 
n'existe pas de corrégones de l’autre côté des Alpes. Les 
espèces des lacs d'Italie présentent les mêmes difficultés. 
Nous savons que ces lacs renferment quelques espèces 
qui leur sont propres, entre autres l’Ide ( Leuciscus 
Idus), qu'il n’est par conséquent pas possible de faire 
venir d’où que ce soit, puisqu'il n’existe nulle part ail- 
leurs. Il faut donc qu'il ait été créé dans les eaux qu'il 
habite. W y a donc eu production de nouveaux types, 
après le retrait des glaces, et par conséquent longtemps 
après le commencement de l’époque quaternaire. 

Le même phénomène doit s'être produit dans. les 
lacs de la Scandinavie. Nous savons par les polis et les 
stries qui se voient partout sur leurs bords et par les 
amas de matériaux erratiques qui les entourent, qu’ils 
ont été recouverts, comme tout le pays, par la grande 
calotte de glace boréale. Plus tard, après la disparition 
des glaciers, la Scandinavie s’est affaissée de manière 
à être envahie par les eaux de la mer, qui se répandirent 
sur tout le domaine des lacs actuels. Les animaux marins 
que M. Loven a découverts récemment dans plusieurs 


“ fe dé 


des lacs scandinaves, sont probablement les descendants 
de ces premiers colons de la mer glaciale , qui ont sur- 
vécu aux mouvements subséquents du sol et aux chan- 
gements de régime qui en ont été la conséquence, lors- 
que la Scandinavie, s’élevant de nouveau du sein des 
eaux , est redevenue une seconde fois continent et 
que les eaux de ses bassins sont devenues douces de 
salées qu’elles étaient. 

Ce n’est qu’à la suite de cette dessalaison des lacs, que 
la faune ichtyologique et melacologique qui les habite 
aujourd’hui a pu y être installée. Il n’est guère possible 
qu’elle soit le produit d’une immigration. D’où serait- 
elle venue ? Car ici nous nous trouvons en présence d’une 
foule d’espèces qui sont propres aux régions boréales et 
qui, n'étant pas représentées dans les régions plus tem- 
pérées, n’ont pas pu venir du sud; elles ne sont pas non 
plus venues du nord, où les glaciers ont dû persister plus 
longtemps qu'en Scandinavie. I] faut donc, ou bien que 
les espèces se soient considérablement transformées 
sous l'influence de ces changements de climat, ce que 
nous ne sommes pas plus disposés à admettre que notre 
savant collègue de Genève, ou bien qu’il y ait eu ici 
aussi intervention de la force créatrice. Cette inter- 
vention dans ce cas, remonterait à une époque très- 
ancienne, sans doute, mais cependant postérieure au 
retrait des eaux marines, — qui ont laissé leurs traces 
jusqu’à 600 et 800 pieds au-dessus du niveau actuel de 
la mer du Nord , — et postérieure aussi , selon toute 
apparence, à l'apparition de la faune de nos lacs suisses, 
attendu que ceux-ci n’ont jamais été envahis par la 
mer, après le retrait des glaciers. 

Il résulte des considérations qui précèdent , que des 


_ 


— 443 — 


types nouveaux sont venus , à plusieurs reprises, com- 
pléter la création quaternaire , une première fois après 
la disparition des grands glaciers alpins, sur le pourtour 
de la chaîne, et une seconde fois dans le nord, quand 
la mer se retira du massif scandinave. Il en a été de 
même dans le nord de l'Amérique, et tout porte à croire 
que la Sibérie qui se range parmi les terres les plus ré- 
cemment exondées, a été le théâtre de mutations sem- 
blables. Il est donc erroné de dire que toute la faune 
de l’époque quaternaire a existé dès l’origine de la pé- 
riode diluvienne. 
RÉSUMÉ. 
Nous concluons de ce qui précède : 

1° Contrairement à M. Collomb, que l’homme n’est 
pas antérieur à l'extension des glaciers des Alpes, que 
le phénomène glaciaire du nord n’est pas d’une autre 
époque que celui des Alpes, et que l’homme, ainsi que 
bon nombre d'animaux et de plantes, a fait son appa- 
rition après la disparition des grandes glaces. 

2° Contrairement à M. Pictet, que la faune et la 
flore de l’époque quaternaire n’ont pas toute lhomo- 
généité qu'il leur prête , qu'il n’y a pas seulement eu 
des extinctions, témoins le mammout, le mastodon gi- 
ganteus, le rhinocéros tichorhinus, l'ours des cavernes, 
mais que la faune a aussi été complétée à plusieurs re- 
prises par l'intervention de la force créatrice, à la suite 
des changements climatologiques que la surface de no- 
tre globe a subis. La vie s’est manifestée sous des formes 
nouvelles, toutes les fois que des conditions nouvelles 
d'existence ont surgi. 


— 4x — 
EXPLICATION DE LA PLANCHE I. 


Fig. 4. Coupe du diluvium de la Somme: 


1. Lehm ou Loess. 

2. Sable gris et rouge-avec de petits lits de silex. 

3. Graviers et petits lits de sable blanc avec des coquilles d’eau 
douce. Gisement des haches en silex. : 


Fig. 2. Coupe du diluvium de la Seine : 


4. Lehm et terre végétale. 

2. Diluvium rouge de Paris. 

3. Diluvium gris avec restes d’éléphant et de rhinocéros. Ha- 
ches en silex. 


Fig. 3. Coupe du diluvium de la plaine du Rhin, à Mulhouse : 


1. Lehm. 
2. Graviers des Vosges. 
3. Graviers d’origine alpine. 


Fig. 4. Coupe à travers une vallée des Vosges : 


1. Moraines avec blocs erratiques. 
2. Graviers roulés sans blocs erratiques. 
3. Granit ou terrain de transition. 


Fig. 5. Coupe à travers la plaine et la montagne: 


1. Moraines dans la montagne. 

42 Lehm dans la plaine. 

2. Cailloux roulés d’origine locale. 

3. Caïlloux roulés d’origine alpine. 
4. Granit ou terrain de transition. 


Fig. 6. Coupe théorique du diluvium dans l’ouest de la France: 


1. Diluvium des plateaux. 

2. Diluvium des vallées. 

3. Diluvium moyen ou diluvium rouge de Paris. 
4. Lehm et moraines. 


— 445 — 


Séance du 11 Janvier 18641. 


Présidence de M. L. COULONX. 


M' Benguerel entretient la société du voyage qu'il a 
fait en Islande pendant le courant de l'été dernier. H 
décrit d’abord les îles Féroë et leur aspect mélancoli- 
que au milieu de la mer sauvage qui les environne; il 
passe en revue leur faune, leur flore et leur structure 
géologique où domine le Trapp; donne quelques dé- 
tails sur leur capitale Thorshavn, avec ses maisons de 
bois et ses toits de gazon. Puis traversant le Gulfstream, 
sans y trouver une différence notable de température, 
il arrive en vue de l'Islande, qui lui présente avec sa 
mer et son ciel sombres, ses glaciers et ses monta- 
gnes rocheuses, un tableau dont rien ne peut expri- 
mer la désolation. Il s'arrête aux iles Westmanna, en 
décrit la structure géologique , et les nombreuses es- 
pèces d'oiseaux qui y michent. — En parlant des ilots 
formés de rochers, situés au S.-0. du cap Reykjaness, il 
fait l’histoire du grand Pingouin du Nord (A/ca impen- 
nis) el du rôle qu'il joue dans les sagas islandaises. Cet 
oiseau, autrefois si commun sur ces îlots, qu'on pouvait 
en tuer des milliers à coups de bâton, lorsqu'on lui fai- 
sait la chasse pour les provisions d'hiver, et qui était 
encore abondant il y a une dizaine d'années, à main- 
tenant totalement disparu ; il n’est plus possible de se 
procurer en Islande soit les œufs, soit les dépouilles de 
cette espèce, qui est en voie de s'étendre. S'il est un 
lieu du globe où l’on puisse espérer d’en rencontrer les 
derniers représentants, c’est sur la côte du Labrador. 
— En tournant le cap Reykjaness, M. Benguerel aperçoit 


BUL. DE LA SQC, DES SC. NAT. T, V. 29 


— 146 — 


le Snæfelssyokull, la plus haute montagne de l'Islande, 
souvent mentionnée dans l’Edda ; puis le vaisseau jette 
l'ancre dans la baie de Rosier 

Avant d'entreprendre son voyage d'exploration dans 
l'intérieur de l'île, M. Benguerel fait quelques excur- 
sions aux environs de Reykjavik; 11 visite les montagnes 
brülantes de Krisuvik, où sont de nombreuses sources 
sulfureuses dont la température s'élève à environ 94° C, 
et qui se trouvent au milieu de marais, de plames de 
laves, de volcans éteints, de solfatares et de fumaroles. Il 
se rend à Videv, où il a l'occasion d'observer la ponte en 
orand des Eiders (Anas mollissima) qui fournissent aux 
propriétaires du rivage une énorme quantité d'œufs, et 
le riche duvet dont le mâle revêt plusieurs fois le nid. 
— À Engev, il trouve des millions de mormons (Alca 
arclica) qui creusent dans le sable une multitude de 
trous profonds de plusieurs pieds, où 1ls déposent leurs 
œufs ; ces oiseaux ont la vie extrêmement tenace; ils se 
défendent avec une rare énergie, on en a vu qui, blessés 
à mort, vivaient encore plusieurs jours et continuaient 
mème à couver. 

Le 21 juin, il se met en route pour l'intérieur. En 
Islande les voyages se font à cheval; on se réunit plu- 
sieurs, on emporte ses vivres avec soi, et les étapes sont 
marquées, à cause de l'excessive rareté du fourrage, par 
les localités peu nombreuses et bien connues qui pro- 
duisent de l'herbe. Les terrains herbeux sont les oasis 
de cette terre envahie par les laves et par les glaces, et 
ils ont une très-grande importance aux veux des ha- 
bitants, puisqu'ils sont les seuls moyens d'assurer les 
communications entre les diverses parties de l’île. C’est 
dans l'intérieur de ce pays que l’on peut se faire une 


SORT ee 


idée de l’activité des volcans , et des modifications con- 
sidérables qu'ils apportent dans le relief et dans la 
structure du sol. Partout s'étendent d'immenses cou- 
lées de laves, des trachytes, des basaltes, des sables 
volcaniques de couleur sombre qui donnent au paysage 
un aspect sinistre. Les glaciers qui descendent des 
montagnes et la neige qui couvrait encore à cette épo- 
que une grande partie de l'ile, donnaient à cette nature 
bouleversée un air d'abandon et de sauvage grandeur 
dont rien ne peut rendre la poignante tristesse ; car 
dans ces latitudes le soleil ne revêt pas les objets des 
riches couleurs qui donnent tant de poésie aux neiges 
de nos Alpes ; sa lumière est {erne, blafarde, elle éclaire 
sans animer. On y rencontre peu d'oiseaux ; le CAaru- 
drius pluvialis, le Numenius phacopus et T Emberiza 
ruvalis sont les seuls habitants de ces tristes plaines, 
avec les cygnes qui se tiennent au bord des rivières, 
Arrivée à Thingvalla, en traversant la grande cre- 
vasse de l’Almannagja. La vallée de Thingvalla joue un 
rôle important dans l'histoire de l'Islande, comme lieu 
de réunion du Allthing, assemblée de la nation, dans le 
genre de nos landsgemeinde. Vingt et une heures à che- 
val à travers un désert pour atteindre Kalmannstunga. 
Visite à Ja grande caverne de Sturtzhelli, formée par un 
flot de lave inférieur qui s'est écoulé, tandis que la 
superficie était déjà refroidie et consolidée. Ascension 
de la montagne de Baula, dont la base est de basalte et 
le sommet de trachyte. Lac gelé de Hôllthavordivatn sur 
lequel jouent Anser ferus el Anas glacialis. Axrivée au 
bord du Hrutafjord sur la rive septentrionale de l'ile ; 
ce golfe est peuplé d'oiseaux: Sferna arctica, Colymbus 
septentrionalis et glacialis, Tringa alpina et maritime, 
Lestris parasitica, ete. Delà, le voyageur suit les côtes 


— 448 — 


de la mer glaciale vers l’est. À Hneusum il voit: Anas 
histrionica et Phalaropus hyperboreus. — Près du lac 
Sveinavatn, des essaims de moustiques obscureissent 
l'air et font endurer aux voyageurs d’atroces tortures. 
À Akurevyri, quelques champs de pommes de terre et, 
chose rare, plusieurs arbres, entre autres Sorbus aucu- 
partia de vingt à vingt-cinq pieds de haut. Près de Hälls, 
une petite forèt de leails nains dont plusieurs attei- 
gnent quatorze et quinze pieds. Sur le lac Myvatn, des lé- 
gions innombrables d'oiseaux, surtout d’ Anatides, parmi 
lesquels on distingue Anas Barrown et Marila. Des mil- 
liers de nids jonchaient le sol ou se cachaient dans les 
herbes aquatiques. Les grèbes établissent leur nid, où 
ils pondent un seul œuf, de manière à ce que, suspendu 
aux roseaux, il flotte un peu au-dessus de la surface du 
lac. Les stercoraires conservent ici leurs habitudes de 
pillage, et ils paraissent se nourrir des œufs qu'ils en- 
lèvent dans les nids. On récolte en cet endroit une pro- 
digieuse quantité d'œufs de toute espèce ; un seul pro- 
priélaire en avait amassé plus de soixante mille. Cest 
la principale provision d'hiver, le sol ne produisant 
aucune céréale. On les met en barils parmi du sable 
volcanique , et ils se conservent intacts pendant long- 
temps. Visite aux volcans de boue de Revkjalid, et retour 
vers le sud à travers le grand désert de Sprengisandr 
(lhorrible lave) où pendant eimq Jours, les voyageurs ne 
rencontrèrent aucun être vivant, à l'exception des ey- 
gnes, des oies sauvages et de quelques pluviers.—Après 
une excursion aux Geysers, M. Benguerel retourne à 
Revkjavik. 

Pendant ses voyages dans les régions boréales, M. Ben- 
suerel a eu mainte fois l'occasion d'observer des aurores 
boréales, et il s’est attaché à reconnaitre s'il est vrai, 


ER 


comme quelques personnes l’assurent, que ces phéno- 
mènes sont accompagnés d'un bruit. I n'a pu parvenir 
à distinguer le moindre bruit pendant l'aurore, mais il 
s’est assuré, en interrogeant des Islandais intelligents 
et dignes de foi, que l’on devait distinguer deux espè- 
ces d’aurores boréales: Une, locale, s'étendant sur un 
petit espace et où la lumière électrique se manifeste 
avec un bruit ou pétillement plus ou moins prononcé, 
et l'aurore proprement dite qui se produit dans un si- 
lence plein de grandeur. 


Les plantes suivantes ont été observées en Islande par 
M. Benguerel : 


Callitriche verna”? Stalice armeria et linum cathar- 
Veronica aquatica, anagallis, al-1 ficum. 

pina ? fruticula ? Juncus vivipares ele. 
Pingquicula vulgaris. Rumez crispus et acetosa. 
Scurpus palustris et lacustris. | Æpilobium montanum, angusti- 
Eriophorum polystachium? folium et tetragonum. 
Alopecurus geniculatus. Vacciniunr oxycoccos. 
Atra flexzuosa. Caluna vulgaris. 
Pou pratensis et trivialis. Polygonum aviculare. 
Scabiosa succisa. Andromeda vulgaris. 
(ralium boreale ? Pyrola secunda. 
Plantago lanceolata et maritima.|Saxifraga nivalis, hirculus, ar- 
Alchemalla vulgaris. soides, hypnoides et petræa. 
Myosotis scorpiodes. Silene maritima, acaulis et in- 
Primula  farinosa,  Villarsia | flata. 

nymplhaeoides. S'tellaria media? 
Azalea procumbens. Sedum acre et villosum ? 


Viola canina, tricolor, palustris. | Lychnis alpina. 
_Gentiana nivalis et amarella ?  ICerastiun alpinum ? 
Angelica archangelica. Sorbus aucuparia. 
Parnassia palustris. 


— 450 — 


Potentillu area, anserina et ver-| Geranium sylvaticum et monta- 


n«. | num. 
Geurn rivale. | Lotus corniculatus. 
Comarum palustre. | T'réfolium pratense. 
ET 4h 17. À  Matricaria chamomilla. 
l'anunculus acris, repens et gla-| Leontodon taraxacum. 

cialis ? \Hieracium sybiricum. 
Caltha palustris.  Gnaphalium. } UMRPETENNEES 
AREMONES TOUT | Erigeron alpinum. 
Thymus ser pyllum. Orchis mascula et hyperborea. 
Prunella vulgaris. Carex de différentes espèces. 
Rhinanthus crista galli. Betula nana. 
Pedicularis flamme. Salix de plusieurs espèces. 
Draba verna. Juniperus communis. 
Thluspi bursa pastortis. Equisetum arvense. 
Cochlearia officinalis. Cystopteris fragilis. 


Cardamine pratensis et petroea.|Asplentun septentrionale. 


Les oiseaux observés sont les suivants : ils sont ac- 
compagnés de leur nom islandais : 


Aqguile albicilla, Oern. Haematopus ostralequs, Xjaldur 
Falco islandicus, Falki. Numenius phacopus, Spoi. 
Falco caesius, Smirill, Dverg-|Tringa alpina, Lauprell. 

falk. lringa maritima, Selningur. 
Corvus corax , Hrafn. Totanus calidris, Stelkur. 
Turdus iliacus, Skograprästur. !Scolopax gallinago, Hrossagoukr 
Motacilla alba, Mariatla. lallus aquaticus, Keldusvin. 
Anthus pratensis, Thufutitlingr! Phalaropus cinereus , Yhorshani. 

el Gratitlingr. Phalaropus hyperboreus , Odins- 
Sazicola œnanthe, Stemdepill et! hani. 

Grau digesmutte. Procellaria glacialis, Fylungr. 
Emberiza nivalis, Salskrikja ou!Sterna aretica, Kria. 

Sniolitlingr. Larus tridactilus, Skegla. 
Tetrao lagopus, Rjupa. Larus marinus, Svartbakur. 
Charadrius pluvialis, Loa. Lestris catarrhactes, Makallas- 


Charadrius hiaticula, Sandloa.|  kumur. 


— 51 — 


 Lestris Richardsoni, Kjoi. [Anas histrionica, Stromoend. 
Cygnus ferus, Alpt. | » glacialis, Havalla, 
Anser albifrons, Gragas. »_ mollissima, Oedurfugl. 
Anser segetum, Gragas. Merqus merganser, Toppoend. 
Anas boschas, Stora Stockond ou!» serrator, litla Toppoend. 
Graoend. | Podiceps cornutus, Florgodi. 
Anas strepera, Hla Graoend.  |Sula alba, Hatsula. 
» crecca, Urt. Colymbus glacialis, Himbrimi. 
»_ penelope, Raufhofda. Colymbus septentrionalis, Lomur. 
» marila, Vuggoend. Uria grylle, Tristi. 
» nigra, Hrafnsoend. Uria troile, Langnetja. 
»  Barrowti, Husoend. |Wormon fratereula, Lundi. 


M. le Dr. Guillaume présente un modèle d'abri pour 
les petits oiseaux. Désirant réaliser l'idée énoncée par 
M. de Tschudi dans sa brochure , Les insectes nuisibles 
et les petits oiseaux, À voudrait qu'on intéressàl les en- 
fants de notre pays à la conservation de ces animaux si 
uliles et st aimables, et, pour cela, il a demandé à la 
Société d'agriculture cantonale qu'il soit fait des efforts 
pour encourager les enfants à construire de pareils 
abris, et à les prendre sous leur protection. On admire 
le goût mgénieux que M. Guillaume à su introduire 
dans la construction de cet objet. 


Vu l'abondance des travaux annoncés, on décide, 
sur la proposition de M. Desor, que la Société se réuni- 
ra chaque semaine, au Jour et à l'heure ordinaires. 


— MD — 


Séance du 18 Janvier 1861. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. le Président annonce à la Société que le musée 
vient de faire plusieurs acquisitions importantes, entre 
autres une très-belle Hvène rayée, et un Bouquetin 
d'Espagne (Capra Hispanica Schimper) que M. Schim- 
per nous envoie de Strasbourg. Ce Bouquetin est plus 
petit et plus svelte que celui des Pyrénées; son pelage 
est gris-brun, le ventre blanchâtre; du noir le long de 
l’'épne dorsale et au bas des flancs; la barbe et la 
queue fort courtes sont d’un noir luisant. Les cornes, 
de plus de deux pieds, cannelées, grisàtres, rappro- 
chées à la base, s'élèvent d'abord en ligne droite, mais 
au milieu de leur longueur elles se courbent brusque- 
ment en dehors en décrivant trois quarts de spirale, 
puis se relèvent vers la pointe en décrivant un quart de 
spirale en avant. Les cannelures sont plus prononcées 
chez les jeunes et vont en s'effaçant chez les vieux. II 
habite les plus hautes cimes de la Sierra Nevada (les 
massifs de Veleta et Malahacca) où M. Schimper la 
découvert il y a une douzaine d'années et a pu s’en 
procurer un certain nombre d'exemplaires; 1l le signa- 
le aussi dans la Sierra Tejeda et dans la Sierra Morena. 

On à apporté aussi à M. Coulon des canards tadorne 
(Anas tadorna L.) et deux exemplaires de Anas glacialis 
L. tirés sur notre lac. Ces canards sont extrêmement 
rares chez nous, et il signale leur apparition comme 
un fait remarquable et qui atteste la rigueur de l'hiver. 


L'un des forestiers sous les ordres de M. Coulon, a 
vu, 1] y à quelques jours, au sommet de Chaumont, la 


neige couverte d'une immense quantité de podures. Le 
froid était, dans ce moment-là, très-intense, et malgré 
le soleil, la neige ne fondait pas. M. Coulon ajoute que 
plusieurs insectes, particulièrement des diptères et des 
- punaises ne se montrent que lorsqu'il fait très-froid et 
quand la terre est couverte de neige. 


M. le D' Grllaume fat voir deux noix qui présen- 
tent des particularités Imtéressantes. L'une à été pro- 
bablement percée par un oiseau avant la formation 
de la coquille, il en est résulté quelque chose d’analo- 
gue à la nécrose des os; le tissu de la coquille s’est 
produit d’une manière inégale el en laissant des lacu- 
nes qui n'ont pu être comblées entièrement. Ce phéno- 
mène est du reste assez fréquent dans les années plu- 
vieuses. — L'autre noix, dont la coquille n'avait rien 
de remarquable et qui était hermétiquement fermée, 
contient, inséré dans le tissu de son amande, un frag- 
ment de chaume de gramimée, d’une longueur de 2 
ou 3 centimètres. La cause qui à pu déterminer l'intro- 
duction de ce fragment de tige, dans ce fruit, lui est 
inconnue. | 


M. Desor communique sa réponse à la notice de M. 
 Pictet sur /4 période quaternaire ou diluvienne, consi- 
dérée dans ses rapports avec époque actuelle. 


M. Desor attire l'attention sur l'origine et la nature 
du bronze dont sont formées les antiquités qu'on trouve 
dans les stations lacustres de la Suisse. M. de Fellen- 
berg a analysé des échantillons de tous les bronzes qu’on 
a recueillis, et a publié les résultats de ses analyses 


…— NE 5 


dans deux mémoires; il cite comme un fait digne d’être 
remarqué, que le #2chel s y présente constamment , mais 
en proportions variables. Cette existence du nickel dans 
les bronzes lacustres est une preuve que le cuivre em- 
plové à leur fabrication a été tiré des Alpes, dont les 
pyrites cuivreuses sont toujours nickelifères. 

Mais dans quelle partie des Alpes les minerais cui- 
vreux étaient-ils exploités? quelques archéologues pré- 
tendent que c'était dans le Valais. M. Desor, avant 
plusieurs raisons de croire que les habitants des deux 
versants des Alpes étaient alors en relations, a toujours 
penché vers l'opinion que les minerais servant à la 
confection du bronze, étaient exploités sur le versant 
italien des Alpes. 

Son opinion se trouve corroborée par une réponse 
que lui à faite, à ce sujet, M. Gerlach, ingénieur des 
mines de cuivre du Valais, qui lui écrit en ces termes : 

« J'estime que vous êtes dans le vrai en supposant 
» des relations entre les habitants des deux versants 
» des Alpes dès la plus haute antiquité. Ces relations 
de la Suisse avec l'Italie ont dù subsister à l’époque 
» du bronze aussi bien que de nos jours. C’est ce qui 
résulte surtout des analyses que M. de Fellenberg a 
» faites des objets de bronze trouvés dans les lacs de la 
» Suisse. Ce bronze renferme du nickel. Or le bronze 
nickelifère ne provient pas, comme semble le croire 
M. de Fellenberg, des mines du Valais, mais de la 
grande zone de roches amphiboliques qui s'étend de 
Biella par Varallo et Cuzzago jusqu’au lac Majeur. 
» Là, en effet, les pyrites cuivreuses sont partout ac- 
» compagnées de pyrites de fer nickelifères que l’on 
» envisageait encore il y a dix ans comme de la cuprite 


) 


LA 


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Le 


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— 455 — 


_» blanche ( Weisskupfererz). Nos minerais de cuivre 
» valaisans, au contraire, ne sont pas accompagnés de 
» nickel et de plus ils ne se trouvent pas à l'état pyri- 
» teux, mais à l’état arsénieux. Or la réduction de ces 
» derniers présente des difficultés telles qu'il n’est nul- 
» lement probable que les anciens autochtones aient 
» jamais pu en faire facon. Par contre les minerais 

_» pyriteux de cuivre et de nickel sont d’une réduction 
» très-facile. » 


Séance du 25 Janvier 1861. 


Présidence de M. L, COULONX., 


M. de Mandrot, colonel fédéral, lit une notice qu'il 
a publiée et déjà communiquée à la Société des anti- 
quaires suisses. Elle décrit quelques lieux fortifiés du 
canton de Vaud. Ces lieux fortifiés sont de simples 
remparts en terre avec ou saus fossé dont la position 
est toujours fort bien choisie: ordinairement, 1ls oceu- 
pent l'extrémité d'une presqu'ile formée soit par les 
contours d'un fort ruisseau, soit par des ravins qui 
coupent les bords très-abruptes d’un plateau. La noti- 
ce renferme la description de six emplacements que 
M. de Mandrot a visités et dont il fait voir des dessins 
topographiques très-bien exécutés qu'il a levés sur les 
lieux. Plusieurs portent le nom de Chätelurd. 

La similitude de disposition et de forme de ces forti- 
fications indique qu’elles ont dû être construites à la 
même époque et dans le même but. Deux hypothèses 
peuvent être faites à cet égard. Elles sont antéromaines 


— 456 — 


et remontent aux Helvétiens; ou bien elles sont posté- 
rieures à l’époque romaine et auraient été élevées pour 
servir de lieux de refuge lors des invasions des barba- 
res. M. de Mandrot croit que la première supposition 
doit être écartée parce que les Helveto-Celtes n'avaient 
pas l’usage de tels remparts; par contre la dernière 
s'explique très-bien par la nécessité où étaient les ha- 
bitants de se réfugier avec leurs troupeaux dans des 
lieux fortifiés pendant que les barbares, et plus tard 
les Hongrois et les Sarrazins , dévastaient le pays. La 
dernière hypothèse est encore rendue plus probable 
par la nature des débris qu'on à retrouivés dans quel- 
ques-unes de ces fortifications, voisines d'anciens éta- 
blissements romains; ces débris sont des pierres de roc 
taillées, des fragments de tuiles romaines, des mor- 
ceaux de molasse ; le tout avant déjà servi. 

M. de Mandrot ne connaît pas de fortifications analo- 
gues dans le canton de Neuchâtel. Une redoute en ter- . 
re se voit au-dessus de Vaumareus, à cinq minutes de 
l’ancien chemin romain ; mais cette redoute devait sans 
doute servir d’abri à une petite station romaine char- 
gée de veiller à la sûreté de la route. 

M. de Mandrot montre encore les dessins de deux 
menhirs du bois du Devin près Gorgier, vus chacun de 
trois ou quatre côtés. 

M. Desor croit, comme M. de Mandrot, que les heux 
fortifiés décrits dans sa notice sont postérieurs aux 
anciens àges. 


Ilest fait lecture d'un mémoire qui a pour titre: 
Considérations théoriques sur les seiches et les varia- 
tons de température du lac de Genève, par M. Knab, 


— 451 — 


ingénieur cantonal. M. Knab n’assistant pas à la séance 
on n'entre pas en discussion sur ce travail. 


M. Kopp donne quelques détails sur le résumé mé- 
téorologique qui sera inséré dans le Bulletin de cette 
année. 


M. le Dr. Guillaume fait voir sous le microscope des 
préparations de cheveux et de cuir chevelu, que M. 
Desor tient de M. Molleschott. Parmi ces objets, on 
remarque de beaux exemplaires de tubes capillaires 
isolés, plusieurs coupes horizontales du tube et de la 
racine des cheveux. Un exemplaire remarquable de la 
papille du cheveu, présente, entièrement isolée, cette 
proéminence conique qui s'enfonce dans la racine du 
cheveu. M. Molleschott a obtenu l'isolement des papil- 
les en faisant macérer pendant quelques mois un frag- 
ment de cuir chevelu dans une solution composée : 
d’une partie d'acide acétique concentré , d’un poids 

MRÉCIAUCA AE ROIS ERA TER CES ERP 
D DALUIe AIO. "2 NOR 0 7 C'RCTOUPES 
et de 2 parties d’eau distillée. 

Outre ces objets, on remarque encore de beaux 
exemplaires de museles capillaires, de glandes sudori- 
fiques et de glandes sébacées. 

Toutes ces préparations, qui se distinguent par leur 
élégance et leur netteté, permettent de faire une étude 
complète du cheveu et des organes épidermiques qui 
l'entourent. 


— 458 — 


Séance du 1" Février 1861. 


Présidence de M. L. COULON. | 


Le Président donne connaissance du décès de M. le 
comte Pourtalès-Castellane, membre de la Société, 
dont il rappelle les libéralités pour le musée de Neu- 
châtel. 


M. Hirsch lit un mémoire sur la détermination du 
méridien de la ville de Neuchâtel, qu'il a faite à la 
demande de M. Kopp (Voyez appendice). 

Il remarque que la position du point sud est généra- 
lement mal connue du public de Neuchâtel qui le croit 
plus à l’ouest qu'il n’est réellement. I! serait donc utile 
d'établir ou de désigner un signal bien en vue pour 
marquer la véritable direction du méridien astronomi- 
que de la ville de Neuchâtel. Le public en acquerrait 
une idée plus juste de sa position à l'égard des quatre 
points cardinaux, et l’on pourrait orienter par ce moyen 
tout ce qui à besoin de l'être, comme les girouettes mé- 
téorologiques, la table du panorama des Alpes. 


M. Xopp remarque à propos de cette dernière qu'il 
a trouvé des différences assez notables entre son tracé 
et celui d'Osterwald. Il demande que la Société lauto- 
rise à faire quelques nouveaux frais pour revoir cette 
table d’une manière définitive, la faire graver et hâter 
l'exécution de tout ce qui a rapport à son achèvement, 
afin qu’elle soit faite pour la belle saison. 


M. Gressly fait avec le concours de M. Desor, une 
exposition détailke des caractères orographiques et 


— 459 — 


géologiques de la contrée du Val-de-Travers parcou- 
rue par le chemm de fer des Verrières. — La carte 
étalée sous les yeux de la Société a été établie d’après 
celle d'Osterwald et les tracés des ingénieurs, et colo- 
riée géologiquement par M. Gressly. — Les travaux du 
chemin de fer, en fouillant profondément le so! dans 
plusieurs endroits, ont mis à nu un grand nombre de 
couches cachées par les alluvions et les éboulements, de 
sorte qu’on a pu reconnaitré dans cette contrée l'exis- 
tence de plusieurs terrains qui y étaient ignorés aupa- 
ravant. Le parcours de cette ligne a donc lieu sur une 
grande variété de terrains et d’étages tous bien carac- 
térisés et déjà connus dans d’autres parties du canton. 
— La grande formation jurassique v est représentée 
depuis la grande oolithe jusqu'au purbeck; la forma- 
tion crétacée y comprend les trois étages du néoco- 
mien, ceux du grès-vert et du cénomanien; les terrains 
tertiaires et les quaternaires v présentent aussi de 
nombreux dépôts. 

Les caractères orographiques n’en sont pas moins 
variés el remarquables, d'autant plus qu'ils se voient 
sur une étendue de pays assez petite. Les vallons, les 
combes et les cluses, même les cirques comme celui du 
Creux-du-Vent, y montrent toute espèce de formes 
souvent pleines d'anomalies (comme la gorge de Champ- 
du-Moulin) propres à mettre en défaut la perspicacité 
des géologues. Le Val-de-Travers, tantôt élargi, tan- 
tôt resserré et qui semble n'être qu'une seule vallée, 
est en réalité composé d’une suite de vallons et de 
combes, unis par des cluses dont l'Areuse occupe tou- 
Jours le fond. 

M. Gressly est chargé de compléter et de corriger 
cette carte dans quelques parties qu’on lui signale ; elle 


— 460 — 


sera publiée et accompagnée d’un mémoire pour la 
rédaction duquel M. Desor prêtera son concours. 


2 


M. Desor montre deux échantillons d’antiquités la- 
custres; le premier est une petite faucille en bronze 
qui pouvait s'adapter à un manche; le second est une 
pointe en fer dont l'extrémité est carrée; elle a été 
trouvée à Grandchamp , au bord du lac, ce qui sem- 
ble indiquer, dans cette lécalité, une nouvelle station 
de l’âge du fer. 


M. Desor fait ensuite une analyse de l'ouvrage que 
M. Troyon à publié sur les habitations lacustres. Cet 
ouvrage résume un grand nombre de recherches dues 
surtout à M. le docteur Keller et publiées dans les di- 
vers mémoires de la Société des antiquaires suisses. Il 
se divise en deux parties principales. La première con- 
tient l'histoire et la description de toutes les découver- 
tes relatives aux divers âges de la pierre, du bronze et 
du fer; dans l’âge du fer il distingue l’époque antéro- 
maine et l’époque romaine. Cette première partie, riche 
de faits et pleine d'intérêt, mérite beaucoup d’éloges; 
elle est un auxiliaire indispensable à tous ceux qui 
veulent s'occuper de semblables recherches. | 

La seconde partie est en quelque sorte la conclusion 
naturelle de la première. D'où venaient ces peuplades 
dont nous retrouvons les débris d'industrie et quand 
vivaient-elles? Telles sont les questions dont M. Troyon 
essaie de trouver la solution. Tout en reconnaissant 
les idées ingénieuses, la manière habile de se servir des 
faits et l’érudition de l’auteur, M. Desor analyse et dis- 
cute plusieurs de ses hypothèses dont il cherche à 


— 461 — 


montrer le côté faible et en signalant par des objec- 
tions raisonnées le fond quelquefois plus théologique 
que rationnel de quelques-unes de ses théories. 


Séance du 8 Février 1861. 


Présidence de M. L. COoUuLox. 


M. Hirsch lit la communication suivante, dans la- 
quelle il rend compte des observations faites pendant 
une année sur cinq pendules astronomiques présentées 
à l'Observatoire cantonal. 


RECHERCHES 


SUR DES | 


PENDULES ASTRONOMIQUES. 


L'Observatoire cantonal ayant ouvert en 1858 un 
concours pour deux pendules astronomiques, les artis- 
tes du pays ont présenté cinq horloges qui, depuis leur 
installation à l'Observatoire, ont été observées et com- 
parées régulièrement et dans des conditions identiques, 
afin de choisir les deux meilleures. Dans ce but on à 
calculé pour chacune les marches diurnes et les varia- 
tions de ces marches ou leurs différences; ensuite on a 
formé pour chaque pendule la somme de ces variations 
en faisant abstraction des signes, et on en a pris la 
moyenne. C’est d'après ces moyennes des variations 
de la marche diurne, qu’on à classifié les pendules, 
en donnant la première place à celle qui a pré- 
senté la moindre variation moyenne. Le concours est 
. maintenant terminé et l'Observatoire a gardé les deux 


BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. 30 


— 462 — 


horloges qui en sont sorties les premières. Nous 
n'avons qu'à nous féliciter de nous être adressé aux 
artistes de notre pays; car ils nous ont fourni deux ex- 
cellentes pendules astronomiques qui, tout en faisant 
orand honneur aux artistes qui les ont construites, ren- 
dront d'excellents services à notre Observatoire lequel, 
s’oceupant spécialement de la détermination du temps, 
‘a par cela même un intérêt particulier de posséder des 
pendules de premier ordre. Et, en effet, nous avons 
pour pendule normale une pièce, dont la variation 
moyenne diurne pendant 11 mois est seulementde 0,17, 
et qui, ayant commencé au mois de février avec une 
marche de 1°,63, a fini au mois de décembre avec la 
. marche de 2,05, en montrant au milieu de l'été (mois 
de juillet) une marche de 2,41. Certes, cette pendule, 
construite par l'Association Ouvrière du Locle, sous la 
direction et d’après les plans de M. William Dubois des 
Monts, comptera parmi les meilleures pendules astro- 
nomiques connues. 

J'ai l'honneur de vous soumettre les tableaux qui 
contiennent les résultats de l'observation de toutes ces 
pendules; 1} me paraît naturel que notre société con- 
signe dans ses publications la marche de ces cinq pen- 
dules astronomiques qui; sous le point de vue scien- 
üfique, peuvent être envisagées comme les chefs-d’œu- 
vre de notre industrie nationale. 

Je prendrai ensuite la liberté de vous communiquer 
les comparaisons et les recherches que j'ai faites sur la 
marche de ces pendules. Comme on a rarement loc- 
casion d'observer un aussi grand nombre de bonnes 
pendules astronomiques sous des conditions identiques 
et pendant un temps un peu considérable, j'ai pensé 


— 463 — 


que la discussion scientifique de leurs marches pourrait 
avoir un certain intérêt et jeter peut-être quelque lu- 
mière sur des questions encore obscures qui se ratta- 
chent aux variations légères, mais réelles cependant, 
auxquelles même les meilleures pièces de précision 
sont sujettes. Ces questions intéressent non-seulement 
la haute horlogerie, mais aussi l'astronomie qui, comp- 
tant les pendules parmi ses instruments les plus im- 
_portants, à toujours tàâché de contribuer à leur perfec- 
tion. N - i | 

Pour rendre cette discussion aussi claire que possible, 
je commencerai par vous donner une description suc- 
eincte de leur construction et de leur installation; je 
vous expliquerai ensuite la méthode qu’on a suivie pour 
les observer, et la manière dont on a déterminé les 
températures dans lesquelles elles ont marché. Je les 
compareral alors sous le point de vue de la régularité de 
leurs marches, et enfin je rechercherai de quelle ma- 
nière et Jusqu'à quel point on peut expliquer les varia- 
tions de leur marche par les différentes causes, telles 
que changement de température, àge des huiles, ete. 


Deseription des pendules. 


Le programme du concours avait posé, pour la cons- 
truction de ces pendules, certaines conditions qui ont été 
toutes remplies par les artistes. Comme 1l nous impor- 
tait avant tout de procurer de bonnes pendules à l'Ob- 
servatoire et moins de provoquer toutes sortes d'essais, 
d'expériences et d’inventions qui, tout utiles qu’elles 
auraient pu être pour lhorlogerie, auraient cepen- 
dant diminué les chances d'atteindre le but principal 


—  A464 — 


du concours, nous avons recommandé aux concurrents, 
comme direction générale, de suivre un des systèmes 
déjà éprouvés par l'expérience , notamment celui de 
Kessels, et nous avons prescrit certains détails de la 
construction, tels que l’échappement à ancre (Graham, 
dimensions de Kessels) et la suspension à ressorts. Pour 
ces derniers nous avons recommandé aux constructeurs 
d'utiliser les résultats des savantes recherches, que 
MM. Laugier et Winnerl, sous l'initiative de Bessel, ont 
faites en 1845, concernant l'influence du ressort de 
suspension sur la durée des oscillations et par lesquelles 
ils ont établi qu'il existe entre le poids de la lentille et 
la force élastique -des ressorts de suspension, un rap- 
port tel que les oscillations du pendule libre deviennent 
isochrones. Parmi les pendules du concours, celle de 
M. Friedrichs, de Fleurier, a suivi exactement les di- 
mensions proposées par le mémoire de MM. Winnerl 
et Laugier; les autres s'en rapprochent de très près, en 
tenant compte de l'influence de léchappement. Les 
deux pendules de l'Association Ouvrière du Locle ont 
d’ailleurs, dans leur suspension, ceci de particulier, 
que la distance des deux ressorts de suspension est plus 
considérable qu'on ne le fait ordinairement; elle atteint 
à peu près 8°". — 

Quant à la compensation, on a laissé le choix entre 
celle au mercure et celle à gril, tout en indiquant la 
supériorité théorique de ce dernier système, pourvu 
qu'il soit exécuté avec beaucoup de soin. Et, en effet, 
nous avons reçu une pendule compensée à mercure 
(celle de M. Alexandre Houriet, à Couvet), les autres ont 
des balanciers à gril. Parmi ces derniers les deux du 
Locle ont 9 tringles : 5 d'acier et 4 de laiton; celle de 


—  À465 — 


M. Friedrichs a 4 tringles d'acier et une de zinc, enfin, 
le pendule de M. Girard, de la Chaux-de-Fonds, est 
compensé moyennant 2 tringles de zinc et 3 d’acier. 
Ce dernier a le défaut que sa lentille n’est pas suspendue 
au centre, comme celle de tous les autres, ce qui em- 
pêche le jeu complet de la compensation. Le rouage de 
toutes ces horloges est très-simple et son calcul était 
donné par la condition que les pendules devaient mar- 
cher au moins 35 jours, et par la disposition du ca- 
dran qui devait montrer les secondes séparément, . 
et les heures depuis zéro jusqu'à 24. En effet, la pen- 
dule Girard marche 35 jours, la pendule Friedrichs 
36, la pendule Houriet 40 jours, les deux de l'Associa- 
tion Ouvrière 42 jours. Le mouvement de la pendule 
Houriet se distingue par une solidité vraiment anglaise; 
celui des deux pendules du Locle par le fini, on pourrait 
dire parfait du travail; la pendule Girard, par le luxe 
de. son exécution, toutes les parties étant dorées. 

Quant à l'amplitude de loscillation , à laquelle le 
programme avait assigné la limite de 2°/°, les pendules 
Friedrichs et Houriet oscillent par 2°,15", la pendule 1 
de lAssociation Ouvrière par 2°,22,5; celle de Girard 
par 2°,24'; le n°1 du Locle seul a une oscillation un peu 
trop forte s’élevant jusqu’à 2°,50'. 

Les cages des deux pendules de l'Association Ouvriè- 
re sont construites à doubles parois, pour maintenir 
plus constante la température à l’intérieur; celle de la 
pendule Houriet atteint le même but par sa solidité 
extraordinaire et son excellente facture; les deux 
autres pendules sont moins favorisées sous ce rap-: 
port, leurs cages étant des vitrines assez légères. — 
Les deux pendules du Locle ont en outre le grand avan- 


— 466 — 


tage que le mouvement et le pendule sont suspendus 
directement au mur d'une manière tout-à-fait indé- 
pendante de la cage qui est fixée séparément; de cette 
manière la marche de la pièce est entièrement sous- 
traite à l'influence de la cage, soit par le travail de son 
bois, soit par les chocs qu’elle peut recevoir. 

D'ailleurs, on à pris toutes les précautions pour assu- 
rer à toutes ces pendules une stabilité à toute épreuve ; 
trois ont été placées contre la colonne massive qui porte 
la lunette parallactique ; la pendule Girard, qui à servi 
jusqu’à présent comme pendule de passage, est fixée à 
un pilier en marbre tout-à-fait isolé, et la pendule 
Houriet repose sur des barres de fer scellées très-solide- 
ment dans une énorme pierre du mur de la tour, dont 
l'épaisseur en ce point est de 6 à 7 pieds. 


Méthode d'observation et de caleul. 


Comme à pendule sidérale que M. Winnerl exécute 
pour l'Observatoire n'était pas encore terminée au 
commencement du concours, la pendule Girard a fonc- 
tionné comme pendule de passage. Toutes les fois que 
le ciel Fa permis, on a observé le soleil et un assez 
grand nombre d'étoiles fondamentales, pour en déduire 
à l'aide des constantes du Nautical Almanac les erreurs 
de la lunette méridienne et la correction de la pendule 
de passage. L'observation du soleil n’est entrée dans ces 
calculs que subsidiairement et à défaut d'étoiles fixes, 
pour rendre la détermination de l'heure indépendan- 
te des petites erreurs qui se trouvent encore dans les 
tables du soleil. Les erreurs d’inclinaison et d’azimuth 


—  A67 — 


de l’axe de la lunette ont été déterminées par lobser- 
vation du niveau, de la mire et de l'étoile polaire pour 
chaque groupe d'observations , et de temps en temps la 
collimation de l'axe optique qui varie très-peu. Ainsi on 
a obtenu avec la dernière exactitude les corrections de 
la pendule sidérale, que l’on à réduites avec la marche 
qui s'ensuit, au moment du midi moyen de chaque jour 
d'observation. D'un autre côté, on a comparé tous les 
jours à midi les quatre autres pendules entr’elles et à la 
pendule sidérale; à cet effet, l’aide indiquait pour cha- 
que pendule trois secondes à l'intervallede 10° par un /0p 
sec, que j'observais à la pendule sidérale ; pour contrôle 
Je comparais les quatre pendules encore directement 
entre elles, et je prenais alors la moyenne de toutes ces 
comparaisons. Ensuite j'ai calculé ces comparaisons, 
en transformant les moments de la pendule sidérale en 
temps moyen à l’aide de ces corrections obtenues, com- 
me il a été dit, et du temps sidéral à midi moyen, don- 
né par le Nautical Alinanac. De cette manière on dé- 
terminait pour chaque pendule sa correction à midi 
moyen, et en formant les séries des premières et secon- 
des différences, on obtenait leurs marches diurnes et 
les variations de ces marches, telles que vous les trou- 
vez consignées dans les tableaux que je mets sous vos 
veux. 

Ce que je viens de dire, explique pourquoi ces ta- 
bleaux ne contiennent pas les marches d’un jour à l’au- 
tre ; il fallait envisager à priori toutesles pendules comme 
également bonnes, et par conséquent on ne pouvait pas 
choisir une d'elles pour pendule normale, dont on 
aurait supposé la marche constante pendant les inter- 
valles des observations astronomiques, car on aurait 


RE oi - 


introduit ainsi un élément arbitraire dans le caleul. : 
Malgré l’état météorologique extraordinairement mau- 
vais de cette année, les six mois, depuis juillet à 
décembre, qui ont été fixés comme époque de 
concours, ont donné cependant 52 jours d'observation, 
de sorte que c’est en moyenne le 3" ou 4" Jour qui 
a été clair. C’est surtout le mois de novembre qui, à 
cause des brouillards, a fourni peu d'observations, et le 
plus long intervalle de 16 jours obscurs. En général on 
trouve : 


Pendule Durée du séjour Nombre .. Intervalle moyen 
à l'observatoire d'observations. entre deux observ. 
Eard" "202 MO AMOR 120 4 jours. 
Priedricns, CARO 97 3 » 
Houriet: :! 11; 131% » 95 3:40 7% 
Assoc. ouvr. II . 11 » 84 4 » 
» » Li 7 » 60 3 !fà » 


Détermination des températures. 


L'élément qui influe le plus sur la marche des pen- 
dules et des montres, est sans contredit la température ; 
car bien qu'on cherche par les différents moyens de 
compensation d'éliminer cette influence de la dilatation 
des métaux qui composent les organes principaux de 
ces Instruments, on n'y arrive Jamais d’une mamière 
absolue, et c'est Justement pour pouvoir juger jusqu’à 
quel degré la compensation a été atteinte dans les pen- 
dules, et pour pouvoir démêler ainsi cette cause de va- 
riation d'avec les autres influences perturbatrices, que 
nous avons observé régulièrement les températures des 
salles où les horloges étaient placées. A cet effet, j'ai 
placé des thermomètres dans la salle méridienne, sur 


—  A69 — 


le même pilier qui porte la pendule sidérale, et dans la 
tourelle, sur la colonne au milieu des autres pendules ; 
ce sont des thermomètres à maxima et minima, qui ont 
été observés ainsi tous les jours à midi. La moyenne 
entre les températures extrêmes a été prise alors pour 
la température moyenne de la salle, à laquelle les 
pendules ont été exposées pendant les 24 heures; ces 
températures moyennes se trouvent sur les tableaux 
des marches. 

Je n’ignore point que ce procédé n'est pas tout-à- 
fait exact, et que la température moyenne entre les 
extrêmes n’est pas rigoureusement la température 
moyenne vraie du jour. Il faudrait pour cela que le 
changement de température eût lieu d’une manière ré- 
gulière et continue, ou en d’autres termes, que la mar- 
che de la température püt être représentée par une 
ligne droite ; mais du moment où, si l’on représente les 
températures comme ordonnées sur les abscisses des 
heures, la-marche de la température paraît sous la 
forme d’une courbe s’éloignant sensiblement d’une ligne 
droite, comme cela à Ré en réalité, il ne suffit pied de 
prendre la demi-somme des températures extrêmes pour 
avoir la température movenne vraie; il faudrait connai- 
tre l'équation différentielle qui exprime la loi de la va- 
riation de la température pendant un jour, et l'intégrer. 
Dans les observatoires, où l’on peut observer la tempé- 
rature à chaque heure, ou mieux encore où l’on a des 
instruments enrégistreurs, qui dessinent la courbe de 
la température, on à pu ainsi déterminer le coëfficient 
par lequel il faut multiplier la demi-somme des tem- 
pératures extrêmes pour avoir la vraie température 
moyenne. Pour les moyennes des mois ou de l’année, 


— T0 — 
ces coëlficients sont les mêmes pour toute une contrée, 
et ceux que M. Plantamour a ealculés pour Genève, 
pourraient s'appliquer également pour Neuchâtel. Mais 
il n'en est pas ainsi pour les températures moyennes 
diurnes; et d’ailleurs, ils ne sont valables que pour la 
température extérieure de l'air, tandis qu'il s’agit et 
de la température des salles de l'Observatoire, tempéra- 
ture qui est sujette à des variations brusques et irré- 
gulières, par exemple, lorsqu'on ouvre dans la nuit les 
volets pour observer. 

Comme je reviendrai à une autre occasion sur cette 
question des températures, Je veux seulement ajouter 
encore qu'il existe un moyen très-précis pour détermi- 
ner pour ainsi dire lintégral de la température diurne, 
moyen qui est surtout précieux lorsqu'il s’agit d'étudier 
l'influence de la température sur la marche des mon- 
tres et des pendules. C’est un instrument qu'on pour- 
rat nommer thermomètre chronométrique, ou bien 
chronomètre thermométrique. C’est en substance une 
bonne montre exécutée en tout comme un chrono- 
mètre , seulement son balancier n’est pas compensé; 
naturellement la marche d’une telle montre doit varier 
fortement avec la température, et en déterminant sa 
marche pour des températures extrèmes, on peut trou- 
ver de combien de secondes elle varie par degré cen- 
grade pendant un certain temps. Cette donnée une 
fois connue, on comprend qu’en déterminant chaque 
jour la marche de ce chronomètre, on peut en con- 
clure la somme de toutes les températures partielles 
qui ont régné pendant le jour dans l'endroit où elle 
s’est trouvée. 

J'ai commandé une montre de ce genre à un de nos 


sis MR 


artistes qui l'aura bientôt terminée ; posée dans l'armoire 
des chronomètres, elle en fera connaître la température 
movenne. Mais en attendant il a bien fallu se contenter 
d'observer les températures maxima et minima; ce 
moyen est encore préférable à celui qui consiste à 
prendre pour température moyenne la température ob- 
servée à 9 heures du matin; car ce moyen donne un 
résultat approximatif seulement pour l'air extérieur. 


Comparaison des pendules 


quant à la régularité de leurs marches. 


Si lon calcule pour chaque pendule la variation 
moyenne pour tout le temps de son séjour à l'Observa- 
toire, on obtient le résultat suivant : 


Varial. moyenne. 


S. 
Pendule IT, de l'Association ouvrière 0,174 


» F » » 0,188 
mnHlourietss 7 02 Pa 2 u0,29b:(1) 
Dés rishmiehes ji 1" 0. 04047 
DUR COMBAT 2 2 20 AL AD 20 


Mais comme les pendules sont arrivées à différentes 
époques, ces variations ne sont pas rigoureusement 
comparables; en calculant pour les six derniers mois 
de l’année 1860 qui ont été fixés pour époque du con- 


() Pendant l’époque du concours, un accident arrivé à la pen- 
dule Houriet à considérablement altéré sa marche ; son balancier a 
montré des taches de rouille et on a été obligé, pour l'empêcher 
de se propager, d’y mettre des gouttesd’huile. Si l’on exclut le temps 
pendant lequel cette cause perturbatrice a influencé la marche, on 
trouve pour sa variation moyenne 0,185, ce qui la place au se- 
cond rang, 


— 472 — 


cours et où toutes les pendules se sont trouvées dans 
les mêmes conditions, on trouve : 


Variat. moyenne. 


CR 
Pendule IT, de l'Association ouvrière 0,178 


» r » » 0,184 
51:27: Priedtichsso1r.5410154041%:300/2088 
rar. : oi onrjélt Det-2(0 0 

ni "HIQUIIÉ, id, < COSE 


Les différences un peu fortes entre ces nombres et les 
précédents, s'expliquent, pour la pendule Houriet, 
par l'accident dont nous avons parlé, pour la pendule 
Friedrichs parce que son constructeur l’a nettoyée au 
mois de mai, et pour celle de M. Girard, parce qu’on a 
renforcé sa compensation au mois d'avril. 

Quoique ces nombres suffisent pour donner une juste 
idée du mérite relatif des pendules, ils ne sont pas 
l'expression la plus exacte de leur valeur absolue com- 
me instruments de précision. Car le service qu'on de- 
mande à une pendule astronomique, c’est qu’en con- 
naissant sa correction et sa marche diurne à un certain 
moment, on puisse calculer pour un autre moment 
quelconque l'heure exacte. Mais cela suppose une mar- 
che uniforme et constante: or puisque la meilleure pen- 
dule n’est pas une machine parfaite et que par consé- 
quent sa marche variera toujours un peu , la meilleure 
pendule sera apparemment celle qui expose l’astronome 
à la moindre erreur, lorsqu'il en calcule l’état pour 
un certain moment en employant la marche qu'elle 
avait montrée lors de la dernière observation. Ainsi, il 
s’agit de trouver pour quelle pendule, en calculant de 
la manière mentionnée, l'erreur à craindre est la plus 


() Voyez la note de la page précédente. 


—  AÀTS — 


faible. Or, si l’on envisage les petites variations de la 
marche d’une pendule comme des erreurs fortuites, 
c’est-à-dire, comme des quantités qui ne sont liées à au- 
cune loi connue et pour lesquelles on ne peut pas trouver 
la forme d’une fonction déterminée de variables suscep- 
tibles d’être mesurées, alors un raisonnement analogue 
à celui qui est à la base de la méthode des moimdres 
carrés, conduit à se croire exposé à la moindre erreur 
par la pendule pour laquelle la somme des carrés des 
variations est la moindre. Ou bien, si comme dans no- 
tre cas, le nombre des variations n'est pas le même 
pour toutes les pendules, on obtiendra des chiffres qui 
seront, pour ainsi dire, l'expression de la régularité de 
la marche, si l’on prend pour chaque pendule la 
moyenne des carrés des variations et qu'on extrait la 
racine de cette moyenne. 

Pour rendre plus clair par un exemple ce procédé 
et ce qui le distingue de l’autre qui consiste à prendre 
simplement la variation moyenne, supposons deux pen- 
dules A et B dont une (A) aurait montré trois variations 
exprimées en dixièmes de seconde par les nombres 1, 
2et 9, l’autre (B) aurait les variations 3, 4, 5. 
La variation moyenne pour toutes les deux serait la 
même, #, et pourtant ilest clair que la seconde pendu- 
le serait la meilleure et exposerait à une erreur moindre 
que la pendule À qui peut faire des sauts de 9 dixiè- 
mes de seconde dans sa marche. Car bien que pour 
la pendule B les variations qu’on négligerait, seraient 
dans la plupart des cas un peu plus fortes que pour A, 
d’un autre côté, on n’a pas à craindre des variations 
considérables dans quelques cas, comme pour l’autre 
pendule. Cette supériorité de la seconde pendule qui 


—  AÀ14 — 


n’est point exprimée par la variation moyenne, devient 
visible par l’autre méthode; car on obtient | 
pour la pendule (A) y 12 + 2% + 9° — 5,4 (dix"®* de seconde} 
3 
et pour la pend!e {B) V3? + 4 + 5 — 4,1 (dix"s de seconde). 
3 
J'ai done exécuté ce calcul pour nos einq pendules 
et J'ai obtenu le résultat suivant : 


Pour tout le temps de l'observation. Pour les six mois Juill. -Décemb. 1860. 
Racine de la Racine de la 
moyenne des moyenne des 
carrés des va- carrés des va- 
riations. . riations. 
S. S. 
Pend'e IT, Ass. ouv. 0,219 Pend'e IT, Ass. ouv. 0,229- 
D'ALT, » 0,259 » I, » - 0,261 
»  Friedrichs 0,303 »  Friedrichs 0,277 
»  Houriet 0,321 (!) » Girard 0,330 
» Girard 0,437 »  Hourict 0,334 (1) 


En comparant ces chiffres aux variations moyennes 
données plus haut, on voit que, lorsqu'on ne se tient 
qu'aux six mois pendant lesquels les pendules ont été 
dans les mêmes conditions, l’ordre des pendules n’est 
pas altéré, cependant les différences entre leurs valeurs 
relatives sont un peu changées; et certes, ces derniers 
nombres donnent une idée plus juste de la précision 
des pendules. Ces nombres représentent ce que l'on 
appelle dans la méthode des moindres carrés l'écart 
moyen des observations par rapport à leur moyenne ; 
On sait que l'erreur moyenne où l'erreur à craindre 


(:) Pour la pendule Houriet il faut faire ici la mème remarque 
qu'auparavant ; en excluant les mois où il y a eu des gouttes d'huile 
sur son balancier, on trouve pour elle le chiffre 0,240, ce qui la 
place done de nouveau au second rang. 


—  A4T5 — 


s'obtient en multipliant l'écart moyen par V =, si x 
désigne le nombre d'observations. — Dans notre cas, 
lorsqu'on calcule la correction d’une pendule pour un 
moment quelconque en employant la dernière correc- 
tion et marche obtenues, c’est-à-dire, lorsqu'on sup- 
pose la variation zéro, l'erreur à craindre résulte pour 
les différentes pendules en multipliant par les coëfficients 
respectifs les nombres donnés plus haut. 


Pour tout le temps de l'observation. Pour les six mois Juill.-Décemb. 1860. 
Erreur moyenne. Erreur moyenne. 
Pend'® IT, Ass. ouv. 0,220 Pend'° TI, Ass. ouv. 0,231 
» k, » 0,260 » | à » 0,264 
»  Friedrichs 0,305 »  Friedrichs 0,280 
»  Houriet 0.323(!) » Girard 0,333 
» Girard 0,439 »  Houriet 0,338 (1) 


Enfin, le calcul des probabilités enseigne qu’on ob- 
tient l'erreur probable en multiphant l'erreur moyenne 
par le nombre 0,674489. Voici ces quantités pour 
nos pendules : 


Erreur probable. Erreur pipe: 
Pend':IT, Ass. ouv. 0,148 Pend'eIl, Ass. ouv. 0, 156 
incl » 05175 pyulE, » 0,178 
»  Friedrichs 0,206 »  Friedrichs 0,189 
» Houriet 0,218 (!) » Girard 0,224 
» Girard 0,296 »  Houriet 0,298 (1) 


Pour terminer cette comparaison des pendules, j'a- 
jouterai encore qu'à l’aide des erreurs moyennes j'ai 
calculé les poids des difiérentes pendules, fonctions qui 


en découlent par la formule p — —— x 
4 T 


a; J'ai 


obtenu : 


() Si l’on exclut pour la pendule Houriet les marches altérées, 


on obtient pour erreur moyenne 0,242 et pour erreur probable 
0,163. 


— 476 — 


Poids. 

Pendule IT, Association ouvrière 1,49 
» HOUREL Tuer De MÉTRO 

» I, Association ouvrière 4,14 

» FPicdnehs 4/, . 1001, "RS 

» Gad titre F2 D'UDINFEETE 


C’est à l’aide de ces nombres que je calcule par 
exemple la correction de la pendule électrique, pour 
la mettre à l'heure et envoyer le signal d'heure aux 
Montagnes. Chaque pendule donne par sa comparaison 
à la pendule électrique une correction de cette derniè- 
re; au lieu de prendre la moyenne arithmétique de ces 
corrections, je calcule la moyenne probable, c'est-à- 
dire, qui donne la moindre erreur à craindre, par la 


formule M — ma cle 


_— 


. De cette manière J'arrive à te- 
nir l'erreur du signal dans les limites d’un dixième de 
seconde, même pendant les époques où les observations 
directes du ciel sont assez rares. x 


Recherches des formules qui représentent 
la marche des pendules. 


La pendule astronomique est un instrument de préci- 
sion dont l'âme est le régulateur, le balancier; toute 
cause qui change la durée de l'oscillation du balancier, 
altère la marche de l'horloge. Or la théorie du pen- 
dule montre que les oscillations ne sont constantes que 
sous deux conditions, d’abord que la longueur du pen- 
dule reste la même, et ensuite que l'arc d’élongation ne 
change pas sensiblement, même si loscillation s'opère 
dans de petits arcs (de 1° à 3° tout au plus). Il s'ensuit 
qu'il y a surtout deux éléments qui doivent influencer 


— T1 — 


la marche d’une pendule; en premier lieu la tempéra- 
ture qui, en produisant des dilatations et des contrac- 
tions dans les matières qui composent le balancier, doit 
changer la longueur du pendule; et en second lieu 
l’âge des huiles ou l’état des frottements dans le roua- 
ge et dans l’échappement. Car à l’aide de ce dernier, 
la force du poids moteur doit restituer au balancier, 
à chaque oscillation, la quantité de mouvement qu’il 
perd par la résistance de l'air et de la suspension; or 
si les huiles viennent à s’épaissir avec le temps et 
qu’ainsi la résistance des divers frottements de l’hor- 
loge augmente, la force d'impulsion que l’échappement 
transmet au balancier, doit diminuer et, par consé- 
quent aussi, l'amplitude d’oscillation de ce dernier; 
mais le pendule, en oscillant par des ares plus petits, 
les décrira en moins de temps. C’est là l'explication du 
fait que presque toutes les pendules avancent avec le 
temps. 

Les artistes combattent ces deux causes perturbatri- 
ces d’abord par les différents systèmes de compensation 
qui ont pour but de maintenir le centre d’oscillation à 
la même distance du point de suspension dans toutes 
les températures, et ensuite, en cherchant l’isochronis- 
me, c'est-à-dire, une construction du pendule, de sa 
suspension et de son échappement, telle qu’il décrit les 
petits arcs compris entre 1*L° et 2° sensiblement 
dans le même temps; et comme cet isochronisme est 
très-difficile à obtenir dans la pratique, les bons artistes 
en diminuent le défaut en exécutant toutes les parties 
du mouvement avec beaucoup de soin, afin que l’état 
des frottements ne subisse pas de changements consi- 
dérables. 


BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. V. 31 


— 6 


Mais quoi qu’on fasse, on ne peut jamais obtenir dans 
la pratique ni une compensation n1 un isochronisme 
absolus; et tout ce qu’on peut espérer, c’est de s’ap- 
procher autant que possible de l’état théorique ou de la 
perfection absolue. 

Il y a donc lieu de rechercher, comme Lieussou l’a 
fait le premier, pour chaque pendule, jusqu'à quel 
point l'artiste a réussi à réaliser la compensation et 
l’isochronisme ; car non seulement on se formerait ain- 
si une idée exacte de la valeur d’une pendule, mais si 
l’on parvenait à découvrir la loi des variations d’une 
pendule, c’est-à-dire, à représenter ces variations com- 
me fonctions de différents éléments variables, tels que 
température, âge des huiles, etc., et à déterminer les 
constantes de ces fonctions, alors on se rendrait indé- 
pendant de ce reste d’imperfection que la meilleure 
exécution laisse toujours subsister, et on assimilerait 
ainsi les pendules aux autres instruments astronomi- 
ques dont on détermine également les petites erreurs 
pour dépouiller les observations de leur influenee. 

Ainsi lorsqu'on ne tient compte d’abord que de l'in- 
fluence des agents principaux dont j'ai parlé, et qu’on 
néglige les autres, tels que pression de l'air, magnétis- 
me terrestre, etc., qui, s'ils influent du reste sur la 
marche des pendules, ont certainement une importan- 
ce beaucoup inférieure, alors on peut représenter la: 
marche d’une pendule par une équation de la forme 


M—a+fx)+e(t 


ou / signifie la température, z le temps écoulé à partir 
d'un certain moment et a une constante. La significa- 
tion d’abord de cette constante est facile à compren- 


— 179 — 


dre ; elle exprime la marche d’une pendule à compen- 
sation et isochronisme parfaits pour lesquels, par consé- 
quent, les deux autres termes sont nuls; dans ce cas 
la marche d’ufie pendule par rapport au temps moyen 
dépend uniquement de la longueur du pendule laquelle 
se règle par l’écrou à l'extrémité du balancier. La con- 
stante a mesure donc l’exactitude avec laquelle on est 
parvenu à règler une pendule au temps moyen. — Le 
second terme qui dépend du temps, est l’expression du 
défaut d’isochronisme et de l'influence de l’âge des 
huiles, influence qui doit naturellement augmenter 
- avec le temps; enfin, le dernier terme, dépendant de 
la température, provient du défaut de la compensation. 
Peut-être devrait-on ajouter un quatrième terme de la 
forme F (t, x), dépendant à la fois du temps et de la 
température, puisque l’état des frottements dépend 
aussi de cette dernière en raison de la fluidité des hui- 
les; cependant comme cette influence ne se fera sentir 
que dans les températures extrèmes, lorsque les huiles 
viennent à se figer ou à se volatiliser, nous la négli- 
gerons pour le moment. 
Pour arriver à connaître la somme des deux fonctions, 
- j'ai représenté graphiquement la marche de nos pen- 
dules, en prenant le temps pour abscisse et les marches 
pour ordonnées ; pour unité des abscisses j’ai pris deux 
jours et pour celle des ordonnées deux dixièmes de se- 
conde. J'ai construit de même la courbe des tempéra- 
tures diurnes moyennes, déterminées comme il a été dit 
plus haut. En la comparant avec la courbe des marches, 
ainsi que ces dernières entre elles, on voit immédiate- 
ment qu’il existe en effet un rapport entre les change- 
ments de marche et de température, puisque les grands 


— 480 — 


«mouvements des courbes correspondent généralement; 

mais le degré de cette dépendance est bien différent 
dans les différentes pendules. Il en est de même pour 
l'influence de l’âge des huiles, car tandis que la pen- 
dule IF de l’Association montre une marche presque 
toujours parallèle à l'axe des abscisses, celle de Fried- 
richs a une inclinaison marquée. 

Pour étudier de plus près ces courbes et pour sépa- 
rer les effets des deux causes, j'ai construit des lignes 
isothermes en réunissant les marches qui ont eu lieu à 
des températures égales et à des époques différentes. 
J'ai d’abord constaté que ces points forment des lignes 
sensiblement droites et que ces lignes ont une imcli- 
naison sur l’axe des abscisses , différente pour les diffé- 
rentes pendules. On ne peut donc pas, pour nos pen- 
dules au moins, négliger le second terme, comme le 
fait M. Lieussou, qui suppose ainsi un isochronisme 
parfait, aussi impossible en pratique qu’une compensa- 
tion parfaite. Il s'ensuit d’abord que la fonction f (x) 
est linéaire et qu'on peut écrire l’équation 


M—a+bxx+py(t, 


où la constante à est la tangente de l’angle que les li- 
gnes isothermes font avec l’axe des abscisses. Cette con- 
stante est donc la mesure de l’isochronisme; si elle est 
nulle, la marche de la pendule ne change point avec le 
temps; si elle est positive, la pendule retarde avec le 
temps; si elle est négative, elle avance, el cela d'autant 
plus que le nombre trouvé pour à sera plus grand. 

En construisant sur les courbes de marche les diffé- 
rentes lignes isothérmes correspondantes aux différen- 
tes températures, on voit que ces lignes sont sensible- - 


— 481 — 


ment parallèles entre elles, et que les distances qui les 
séparent dans le sens des ordonnées, sont sensiblement 
proportionnelles aux différences des températures res- 
pectives. On en conclut que la fonction & (f) est égale- 
ment linéaire ; au moins peut-on, comme nous le ver- 
rons, se contenter de cette première approximation, et 
les données d'observations dont nous disposons, ne 
permettent pas à présent de compléter l'équation de 
marche et de chercher à en déterminer d’autres ter- 
mes qui dépendraient, soit du carré des températures, 
soit de la température et du temps à la fois. Ainsi donc 
nous sommes amenés à écrire l'équation de marche 
des pendules sous cette forme 


M—a+b.x+e.t 


v 


Nous avons déjà expliqué la signification des deux 
constantes a et à; la constante c est la quantité dont la 
marche de la pendule varie, si la température diurne 
change d'un degré; elle est donc la mesure de l’exacti- 
tude que l'ar tiste est parvenu à à obtenir dans le règlage 
de la compensation; si elle est nulle, la compensation 
est parfaite ; si elle est positive , la pendule retarde 
lorsque la température monte, donc la compensation 
est trop faible; au contraire, une pendule est surcom- 
pensée , lorsque dans son équation la constante c est 
négative. 

J'ai déterminé pour nos cinq pendules les équations 
de leurs marches; comme ces équations contiennent 
trois constantes à déterminer, il faut former pour cha- 
que pendule trois équations de condition qu’on résout 
- alors par la méthode d'élimination. J'ai done calculé 
pour chaque pendule les marches moyennes et les tem- 


pératures moyennes pour tous les mois, et J'ai choisi, 
pour former les équations, les marches de telle sorte 
qu'il y ait parmi elles à la fois les plus grands intervalles 
de temps et les plus fortes différences de température 
possibles. Après avoir ainsi déterminé pour chaque 
pendule les constantes de sa marche, j'ai calculé les 
marches mensuelles et je les ai comparées aux marches 
observées. Les différences qu’on obtient ainsi entre les 
marches calculées et observées, proviennent en partie 
de l'erreur signalée plus haut, qu’on commet en pre- 
nant pour la température moyenne la demi-somme des 
températures extrêmes, et en partie aussi des termes 
négligés dans l'équation de la marche. 

Voici les résultats de ces calculs pour les différentes 
pendules. 


1 16600 — x * SYE00 0 — SET — = 
"IEN 87 onbodq 


GOYT — —= LLYLS'O + LOG — —=% 
09 
SYE00 0 — — GEL O + Ye‘0 — — 
16800 — — 9 
00‘0 Se — | pIVe 0 — | SeyL‘0 — € 8% 
800 — | 686 — | g9ys 0 — | 69590 — € 66 
000 + | #86 — | 996v0 — | 1g5‘0 — € Ge 
80 + | 5° — | 9gc9‘0o — | Yr67 0 — € _££ 
O0 | 8Pe = hsëzg'o — | 0je 0 — || -, 96 
80‘0 146 — | LLOL‘O — | 01080 — © 08 
800 — | Y66 — | 8190 ,— | LOTO — || «mot pe 
00‘0 L0"& — | 8y1g‘0 — | 00000 — 
*"{O-"2/89 | ‘291209 | TL Fe 
’ Sal]PATAU 
SOU | AHOUVN | 16600 — | $Y€00"0 Æ Pase 


“094 S'61 
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‘des 87 
‘JNOY 97 
‘TM£ LD 
umf LT 
‘CN 87 


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J'Y LAS 
2° VST+ 4° o9+r— 
D'LYT+E J'oLr— 


“aug 


due], 


ST + —= y — 


17° — 
106 — 


"NOILIENO9 44 SNOILVAÜA 


09'GT 
GL°9ç 
+0°6S 
18*68 
Go‘ 
60°8€ 
c9°ce 
6681 
€0‘LT 


°S 


‘IL AINGNTXAd 


ET ‘IOTAURF 
O7 — || + ‘oiquo99q 
6 — || 6 ‘91qW940N 

—; || 9" “0100720 


‘U 


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“HHOAVN | ‘NOILIAUHON "SALVE 


1 * ECG 0 — T° STS00' 0 — EL T— = K 
‘umf£ 17 onbodq 


ver = 
GIS00 0 — —= 
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00‘0 Gee — | #0990 — | £6G60 — 
16 0 — | vg‘ge — | SOLL‘O — | TILS0 — 
810 — | S6'E — | GEST — | 6690 — 
00‘0 LTY — | 89S6T — | 681% 0 — 
800 — |l'arr — | 9EOTS — | 060€ 0 — 
100 + | O1‘t — | 98186 — | SYST 0 — 
00‘0 YL'g — | LG006 — | 00000 — 
\ 

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“AHJAVN | "NOILI4HHO)N "SHLV 


"SHOIUCAINX H'IOUNAd 


— 486 — 


Pour la‘pendule Houriet il a été difficile de détermi- 
ner les constantes parce que le nettoyage qu’elle a 
subi en septembre a rendu trop courte la période pen- 
dant laquelle elle à marché sans interruption. Cepen- 
dant on peut représenter les marches des trois mois 
octobre, novembre et décembre, par l'équation 


2 
M=— — 1°,068 + 0,00545 X x + 0,09167 X # 


On rencontre la même difficulté pour la pendule 
Girard qui, servant de pendule de passage, a été mise 
à l'heure de temps à autre. Ensuite, l’élément de com- 
pensation est tellement prépondérant dans les varia- 
tions de la marche de cette pendule que la détermina- 
tion de la constante 4 devient très-incertaine. J'ai pu 
assez bien représenter sa marche par l'équation 


M— — 5,369 + 0,270 x # 


dont voici la comparaison avec l'observation : 


g£ slecsla£s| 6 4 
sov|<éss|l=ce| 5e 
DATES. CORRECTION. |Z 2 | 2 ele 23 # ! 
ete von = © D Em 
BÉSlERS|SRS PAS 
nn. 
2 Juillet + 2,19 s. 0. s. s. 
: 0,87 À-+ 47.852 0.67 | 10,20 
11 Août — 32,84 
13 Août + 2,83 | 
en nn EN] 0,78 | +:47,0 À — 0,78 0,0 
eptemp,. — 
0 : : Se — 4,56 | + 14,7 À — 4,40 | + 10,16 
Ct0D. — 4 
Fe L : Hi 09 — 9,66 | + 10,3 À — 2,59 | + 10,07 
ovemb. — 9m 31, k 
on Lee 3,63 | + 5,1 | — 3,99 | — 0,36 
écemb. — - À 
As L'ET Bel = At 0,0 


4 Janvier — 6 17,22 : 


 — 487 — 
Si l’on met en regard les équations des cinq pendules 


Pendule IT, Association ouvrière : 
M = — 1,495 — 0°,00345 . x — 0°,0391 . é. 


Péndule Houriet : 
M = — 15,068 + 0°,00545 . x + 0*,0917 . é. 


Pendule I, Association ouvrière : 
M = — 1°,734 — 0°,00515 . x — 0°,1223 . £. 


Pendule Friedrichs : 
M = — 14,717 — 0:,03616 . x — 0°,2380 . r. 


Pendule Girard : 
M = — 5,369 +, DU5210 ,>XC 


on voit se confirmer d’une manière frappante l’ordre 
qui leur a été assignée par les erreurs probables, et lon 
reconnait les causes des différences qui existent entre 
elles par rapport à la régularité de marche. Ainsi, 
quant au règlage de la compensation, il est de beaucoup 
le plus parfait dans la pendule IE du Locle, dont la 
marche varie seulement de 0°,04 pour un changement 
de température de un degré ; le défaut de compensation 
est déjà deux fois plus fort pour la pendule Houriet, 
trois fois plus fort dans la pendule [ du Locle, six fois 
plus fort chez la pendule Friedrichs et sept fois plus 
fort pour la pendule Girard, pour laquelle un degré 
de changement de température produit 0°,27 de secon- 
de de variation dans la marche diurne. On voit en ou- 
tre que la compensation est trop faible dans les pen- 
dules Houriet et Girard, tandis que les autres sont plus 
ou moins surcompensées. | 

Quant à la partie de la variation qui dépend du 
temps, elle est très-faible pour les trois premières pen- 


Re De . 


dules (3 à 5 millièmes de seconde par jour), tandis 
qu’elle est très-forte (8 fois plus) pour la pendule Frie- 
drichs. Cela provient de ce que l’artiste a accepté tout 
simplement les dimensions qui établissent l’isochronis- 
me pour le pendule libre, mais qui doivent être mo- 
difiées, lorsqu'on a affaire à un échappement à repos 
qui a déjà en lui-même des conditions d’isochronisme. 
Là surtout il devient nécessaire de règler l’isochro- 
nisme du pendule, lorsqu'il oscille sous l'influence du 
rouage, en corrigeant les dimensions des ressorts de 
suspension, jusqu à ce qu’on obtienne la même marche 
pour des arcs différents. 

En revanche, l'expérience de notre concours paraît 
démontrer qu’il n’est point nécessaire, comme la plupart 
des traités d’horlogerie l’enseignent, de règler la com- 
pensation du pendule, conjointement avecle rouage. Car 
la pendule dont la marche varie le moins avec la tempé- 
rature, est justement celle pour laquelle la compensa- 
tion du balancier a été réglée par M. Dubois à l’aide du 
pyromètre, indépendamment du mouvement. 

Si l’on Jette un coup-d’œil sur les colonnes des dif- 
férences entre les marches calculées et observées, on 
voit que la marche d’une pendule est d'autant mieux 
représentée par l'équation de la forme 


M= 4 LOX ECxXI 


que la pendule a une marche plus régulière. Ainsi, 
tandis que la pendule IT du Locle, lorsqu'on calcule 
sa marche mensuelle théoriquement d’après l’équation, 
expose à une erreur probable qui monte seulement à 
0°,046, cette même erreur est pour la pendule I 0°,092 
et pour la pendule Friedrichs 0°,122. Mais même dans 


— 489 — 


les meilleures pendules, il reste de petites irrégularités 
dont les considérations précédentes ne rendent pas 
compte. Comme je l'ai déjà dit, les données dont nous 
disposons, ne suffisent pas pour expliquer ces pertur- 
bations; j'ai essayé vainement de découvrir une influen- 
ce de la pression atmosphérique sur la marche des 
pendules , et pour décider s’il en existe de la part du 
magnétisme terrestre, les éléments nécessaires nous ont 
manqué. D'ailleurs, je crois que ces questions ne peu- 
vent être décidées que par des expériences directes, 
expériences que j'espère pouvoir entreprendre un jour 
dans notre Observatoire. 


M. Ladame fait observer, à propos des recherches 
concernant la compensation, que le thermomètre ne 
donnant pas la température des objets, mais seulement 
celle de l'air qui les environne, la courbe de variation 
des températures déduite des observations thermomé- 
triques convient à l'air, mais n'indique pas de quelle 
manière cette température varie dans les corps qui y 
sont placés. 

M. Hirsch répond que les expériences montrent que 
la courbe de variation des températures est la même 
pour les objets que pour l'air, sauf que la courbe des 
premiers est retardée à l’égard de celle du second, en 
d’autres termes que les changements de température 
_se font sentir dans les objets de la même manière que 
dans l'air, mais toujours plus tard. ; 

Il donne des explications sur les jsihodes em- 
ployées par les constructeurs d’horloges astronomiques 
pour obtenir la compensation. Les uns opèrent la com- 


— 490 — 


pensation au repos par le moyen du pyromètre; les au- 
tres corrigent le pendule par une suite de tâtonnements 
en le faisant osciller à diverses températures. 


M. Xopp présente un résumé des observations mé- 
téorologiques faites à Bedford, en Angleterre, pour 
1859 et 1860. Ce résumé lui a été envoyé par M. Bar- 
ckers, météorologue anglais, qui exprime le désir d’en- 
trer en correspondance avec notre Société, à laquelle il 
enverra annuellement ses observations en échange des 
nôtres. Ensuite de cette communication, la Société dé- 
cide de présenter M. Barckers en qualité de membre 
correspondant 


M. le D' Guzllaume , fait voir le plan de l’ancienne 
gare et du port du Landeron, indiquant les endroits 
où l’on a rencontré des pilotis lacustres en creusant le 
port. 


Séance du 15 Février 1861. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Xopp communique quelques articles du Mercure 
suisse de 1741, ayant trait aux seiches du lac de Genève. 


M. le professeur Desor entretient la Société des dé- 
couvertes faites à Amiens et à Abbeville par M. Boucher 
de Perthes, et sur lesquelles se porte actuellement lat- 
tention générale. Les résultats obtenus sont d’une telle 
nature, qu'il est facile de comprendre pourquoi ils ont 
été accueillis, pendant longtemps, avec une extrême 


= AR 


réserve. Les premières trouvailles de M. Boucher de 
Perthes (haches et potes de flèches en silex) remon- 
tent à vingt-cinq ans en arrière ; il y a plus de onze ans 
qu'il a publié deux volumes sur les antiquités trouvées 
dans sa province. Et cependant ce n’est que récem- 
ment, à la suite des recherches entreprises sur les lieux 
par M. Joseph Prestwich et par M. le D' Rigollot, que 
l'attention des savants anglais et français a été sérieuse- 
ment éveillée. Dès lors, les visiteurs sont allés en grand 
nombre examiner les gisements diluviens du bassin de 
la Somme, et les résultats de leurs explorations ayant 
confirmé les assertions de M. Boucher de Perthes, ces 
découvertes sont sorties des limbes du mystère et ont 
pris rang parmi les faits acquis à la science. 

L'été dernier, M. Gaudin, de Lausanne, a fait un 
séjour à Abbeville chez M. Boucher de Perthes; celui- 
cl, avec sa générosité bien-connue, lui a fait voir tous 
les gisements d’antiquités et lui a remis plusieurs objets. 
qu'il avait recueillis lui-même: M. Desor dépose sur le 
bureau une partie de cette collection ; il invite chacun 
des membres présents à examiner attentivement ces 
échantillons, et à s’en rapporter à son impression per- 
sonnelle pour porter un jugement. 

On ne peut s’empècher de voir une intention bien 
marquée et l'intervention de la volonté et de la main 
de l’homme, dans ces fragments de silex revêtant une 
forme que cette pierre ne présente pas naturellement. 
En effet, le silex ne se trouve dans la nature qu’en ro- 
gnons plus ou moins arrondis ; pour leur donner la for- 
me des haches d’Abbeville , il faut les tailler avec un 
soin tout particulier, et surveiller attentivement la di- 
rection des chocs à l’aide desquels on parvient à façon- 
ner peu à peu cette substance dure et cassante. 


— 492 — 


Dans la contrée d’Abbeville, ces haches en silex sont 
bien connues; les ouvriers sont habitués à les trou- 
ver dans la profondeur du sol; ils les désignent dans 
leur langage familier sous le nom de langues de chat , 
comme nos carriers désignent les dents de requin de 
la molasse, sous le nom de becs d’oiseau ou de langues 
de serpent. 

Dans les couches profondes qui renferment ces an- 
tiques débris de l’industrie humaine, se rencontrent, 
confondus ensemble, des ossements de mammouth, 
qu'on retrouve en chair dans les glaces des rives de la 
Léna, un rhimocéros, un bœuf et un cerf qui ont égale- 
ment disparu de la surface de notre globe. 

Ces os, qui sont assez bien conservés, et surtout les 
bois de cerf, portent des entailles qui paraissent avoir 
été faites avec un instrument grossier. M. Lartet a étu- 
dié minutieusement ces traces d’un. travail primitif, et 
il à fait des essais pour reconnaître avec quel genre 
d’instrument ces entailles ont été pratiquées. Les lames 
et les scies d'acier, employées par M. Lartet, n’ont rien 
produit d’analogue, mais les haches et les scies de silex, 
avec leur tranchant imparfait, ont donné des résultats 
entièrement identiques. 

L'époque où ces débris ont été déposés est-elle bien 
éloignée de nous ? On peut juger du temps qui s’est 
écoulé, par l'épaisseur des couches de diluvium (gravier 
et sables) qui recouvrent ces gisements et qui s’élen- 
dent aussi bien dans la vallée de la Seine, que dans 
celle de la Somme ; dans certaines localités cette épais- 
seur atteint plus de 30 mètres. — Bien plus, par des- 
sus les couches de diluvium le plus récent se trouvent 
de vastes tourbières qui s'étendent jusqu’à la mer et 


— 493 — 


même sous les eaux de la mer, et se prolongent dans 
la Grande-Bretagne de l’autre côté du détroit. Au fond 
de ces dépôts de tourbe on a découvert, en France 
comme en Angleterre, des haches de silex de même 
forme que les autres, mais d’une couleur noirâtre, 
(M. Desor en fait voir plusieurs), des bois de cerf et des 
ossements d'animaux. Ces objets sont post-diluviens et 
les animaux auxquels ils sont associés sont tous de l’épo- 
que actuelle. 

L'examen de ces tourbières conduit à penser que le 
continent se prolongeait autrefois beaucoup plus vers 
l'océan Atlantique, et que la Grande-Bretagne n’en 
était pas séparée comme aujourd’hui. Cette séparation 
a eu lieu depuis l'existence de l’homme , qui a vu se dé- 
poser deux diluviums successifs avant d’être témoin de 
cet événement remarquable. 

M. Ed. Forbes avait déjà reconnu auparavant, dans 
la flore et même dans la faune de la Grande-Bretagne , 
trois facies bien marqués: l’un se rattachant à l'Espagne 
par l'Irlande , l’autre à la France , enfin un troisième au 
nord de l’Europe. Cette remarque vient à l'appui des 
considérations qui précèdent, et donne une grande pro- 
babilité à l'union primitive des Iles Britanniques et du 
continent européen. En présence de tant de faits si con- 
cluants, M. Oswald Heer et M. Gaudin se sont rappelé 
le passage où Platon mentionne la disparition de l’At- 
lantide dans les eaux de l’océan, et ils se sont demandé 
si la séparation de la Grande-Bretagne et de l'Europe, 
depuis la création de l’homme , n’a pas pu donner lieu 
à cette tradition. 

Jusqu’à présent, on n’a pas encore découvert d’osse- 
ments humains associés aux objets antédiluviens trou- 


BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. 32 


— 494 — 


vés à Amiens et à Abbeville; cette lacune n’est pas suf- 
fisante pour soulever des doutes sur la réalité de l’exis- 
tence de l’homme à cette époque reculée. Chacun sait 
combien les ossements humains sont rares dans nos ha- 
bitations lacustres; la coutume de brüler les morts y 
contribuait peut-être pour beaucoup; d’ailleurs per- 
sonne n’ignore l’empressement superstitieux que met- 
tent les ouvriers à faire disparaitre les débris de cada- 
vres. De sorte que, pour le moment, 1l serait prématuré 
de trop insister sur cette circonstance , et l’on peut en- 
core conserver l'espoir de voir surgir mopinément quel- 
ques vestiges qui donneront leur sanction à ces décou- 
vertes. | 


M. Desor présente une épingle à cheveux pêchée de- 
vant Auvernier; elle est en bronze, et présente dans 
l’ornementation de la tête une particularité intéressante. 
La tête , de forme sphérique , porte plusieurs trous d’en- 
viron 3 millimètres de diamètre , dans lesquels sont in- 
crustées de petites boules du même métal, faisant saillie 
de la moitié de leur diamètre. M. Desor possède plusieurs 
épingles du même modèle, mais dont la tête percée de 
plusieurs trous ronds a perdu les grains de métal qui y 
étaient logés. — Cette même station d’Auvernier doit 
attirer tout particulièrement l'attention de la Société, 
par la présence d’une pirogue formée d’un tronc creusé, 
d'environ 40 pieds de longueur, qui git dans la vase à 
une profondeur de 7 ou 8 pieds, et qu'il est facile de 
distinguer lorsque l’eau est calme. M. Desor propose 
que la Société prenne les mesures nécessaires pour qu’un 
objet de cette importance et si près de nous, ne se perde 
pas, ou ne nous soit enlevé pour aller enrichir des col- 


— 495 — 


lections étrangères ; c’est à notre Musée qu’il doit pren- 
dre place, s’il est possible de le sortir de l’eau et de le 
conserver intact. 

Il termine ses communications par la lecture d’une 
lettre de M. de Fellenberg, qui lui rend compte des 
analyses de quelques bronzes celtiques envoyés par M. 
Desor ,! sans désignation d’origine. Il a voulu voir si la 
composition de ces bronzes pouvait fournir des induc- 
tions plus ou moins certaines sur leur provenance. Ces 
objets sont au nombre de cinq; le n° 1 est un bracelet 
provenant de la montagne de la Clape, près de Nar- 
bonne; les n° 2, 3, 4, du lac de Neuchâtel , etlen°5, 
de Hagenek au lac de Bienne. | 

Or d’après M. de Fellenberg, le n° 1 contient sensi- 
blement moins de nickel que les autres: 0, 18; tandis 
que chez les autres, on trouve 0,46 — 1,2% — 0 — 
0,44. Par exception le n° 4 ne possède pas de nickel, 
mais ce métal est remplacé par 1,22 de cobalt. 

Le n° 1 se distingue encore par un reste de dorure 
fort curieuse, que M. de Fellenberg n’a pas encore ob- 
servée sur les nombreux échantillons qui lui ont été 
soumis jusqu’à présent. 

Il les range dans la catégorie des objets pouvant ap- 
partenir à des localités qui tiraient leur cuivre du Va- 
lais ou de la chaîne des Alpes valaisannes ou piémon- 
taises, où il se trouve du nickel accompagnant le cuivre. 


M. le D'° Æirsch communique la découverte d’une 
nouvelle petite planète, faite Le 10 février par M. de Gas- 
paris , à Naples. Cet astre, de 10" grandeur lors de sa 
découverte, est la soixante-troisième planète du groupe 


— 496 — 


entre Mars et Jupiter, c’est la huitième que M. de Gas- 
paris a découverte. Elle n’a pas encore reçu de nom 
définitif; on a proposé dernièrement de l'appeler Z{aha. 


Séance du 22 Février 1861. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Desor présente une hache en serpentine pêchée 
devant Chevroux. Cet objet se distingue de ceux de 
l’âge de la pierre que nous possédons, par une forme 
régulière, symétrique, et qui témoigne d’un goût déjà 
développé. Elle est percée comme nos haches moder- 
nes, d’un trou pour recevoir un manche; ce trou est 
cylindrique, percé avec la plus grande régularité et 
d’un poli parfait. M. Desor montre l’analogie qui existe 
entre cet échantillon remarquable et des objets simi- 
laires trouvés dans le Danemarck et dont il fait voir 
des figures ; 1l n'hésite pas à les considérer comme les 
produits de l’industrie d’une même race. Conformé- 
ment à l’idée exprimée par M. Nilson de Lund, il in- 
siste sur l'importance que prend l’analogie , lorsqu'elle 
porte sur des objets qui attestent un degré de culture 
incontestable et dans lesquels celui qui les a façonnés 
s’est préoccupé non pas seulement de l'utilité, mais de 
la grâce et de la beauté de la forme, tandis que les 
instruments primitifs et frustes qui répondent aux pre- 
miers besoins de l’homme sans culture, ne peuvent 
pas, par leur analogie, établir une communauté d’ori- 
gime. Ainsi, sur tous les points de la terre, les sau- 
vages ont d’instinct assujetti une pierre tranchante au 


'AR 


- bout d’un bâton pour s’en faire une arme ; il ne vien- 
drait à l’idée de personne d’attacher à ces objets une 
valeur ethnographique, pour en conclure une identité 
d’origine et de race. 

Les nombreuses figures d'instruments de pierre et de 
bronze que fait voir M. Desor, lui fournissent l’occasion 
de rappeler la théorie de M. Troyon, qui fait intervenir 
des invasions de peuples nouveaux, pour expliquer le 
passage de l’âge de pierre à l’âge de bronze, et de celui- 
ei à l’âge de fer. M. Desor ne partage pas cette manière 
de voir à l’égard du passage de la pierre au bronze, à 
cause de l’extrême ressemblance de forme qui existe 
entre les mêmes objets confectionnés avec ces deux 
substances ; les haches de toute espèce, les couteaux, 
les pointes de lances et de flèches, amsi que les vases 
d'argile de ces deux périodes , sont façonnés sur le mèê- 
me modèle, et accusent, chez le plus grand nombre, le 
sentiment du beau et la recherche de l'élégance. Il ad- 
met que le peuple qui travaillait la pierre, s’est appro- 
prié peu à peu l’usage du bronze, et a continué à em- 
ployer les mêmes formes auxquelles il était habitué et 
qu'il n'avait perfectionnées qu’à la longue. Il n’en est 
pas de même de l’âge de fer, qui montre dans le grand 
nombre d'objets qui nous ont été transmis, des tradi- 
tions et des préoccupations toutes différentes et qui se 
distinguent par quelque chose de lourd, de grossier, 
d'inculte, qui trahit une autre race. 

M. Desor présente encore une hache en bois de cerf, 
provenant de Chevroux, et une pointe de lance en fer, 
provenant de Marin. 

Il dépose en outre sur le bureau plusieurs échantil- 
lons de minéraux rapportés d'Angleterre par M. Ben- 
guerel, et destinés à prendre place dans nos collections. 


— 19 = 


M. Desor propose à la Société d'adresser une demande 
pour obtenir du conseil administratif de la commune 
de Neuchâtel, que le Musée soit ouvert au publie, non- 
seulement le jeudi et le dimanche matin, mais encore 
pendant deux heures le dimanche après midi. Cette 
proposition qui est appuyée par M. Guillaume, conseil- 
ler d'état, est adoptée. 


Séance du T Mars 1861. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Favre lit une lettre de M.de Perrot, président du 
conseil administratif de la Commune de Neuchâtel, qui 
donne une réponse favorable à la demande adressée par 
la Société, pour obtenir l'ouverture du Musée, le diman- 
che après midi. 


M. Desor présente une livraison des Matériaux pour 
la paléontologie suisse, par M. Pictet. Elle contient la 
description des reptiles et poissons fossiles de l'étage vir- 
gulien du Jura neuchâtelois, par MM. Pictet et Jaccard. 
Toute la partie géologique est de M. Jaccard, du Locle, 
dont nous avons recu des communications à plusieurs 
reprises ; ce travail est remarquable par la lucidité et la 
bonne ordonnance de l'exposition. Dans l'étude que 
MM. Desor et Gressly ont faite de ce terram, il y a quel- 
ques années, plusieurs points étaient restés obscurs, à 
cause de la difficulté que l’on rencontrait dans la re- 
cherche des fossiles caractéristiques. M. Jaccard a été 
plus heureux; une route ayant été établie récemment 


— 499 — 


sur les rives du Doubs, il a exploré les tranchées où il a 
découvert en abondance l’Osfrea vrrqula qui distingue 
cet étage. Possesseur de ce point de départ, il a poursuivi 
ces terrains sur un vaste espace, et a réussi à en déter- 
miner les limites d’une manière précise. Ces études et 
le travail où elles sont consignées font le plus grand 
honneur à M. Jaccard, qui, simple ouvrier horloger, ne 
peut consacrer à la science que de courts moments, et 
est parvenu cependant à force de zèle et d'énergie à as- 
socier son nom à celui de M. Pictet dans une publica- 
tion importante. 

M. Desor termine sa communication par quelques 
observations critiques à l’égard de plusieurs poissons 
fossiles, Sphaerodus et Pycnodus que M. Pictet recons- 
truit d’une manière qui ne lui paraît pas entièrement 
admissible. L 


M. Hirsch remet à la Société la suite des communica- 
tions sur les taches du soleil, par M. Wolf de Zurich, et 
en donne un résumé suceinct. Ce nouveau cahier des 
intéressantes communications de M. Wolf, contient d’a- 
bord sur cette matière un cours populaire que l’auteur 
a donné à Zurich; ensuite les observations de M. Wolf 
pendant l’année 1860, et le tableau des nombres rela- 
tifs depuis 1749-1860. M. Wolf déduit de cette longue 
suite d'observations, la loi suivante: Une plus grande 
activité sur la surface du soleil correspond à des pério- 
des plus courtes du phénomène des taches, loi à laquelle 
M. Wolf attribue avec raison une grande importance. 
Comme d'habitude M. Wolf continue la littérature de 
sa spécialité. 

Enfin M. Hirsch annonce à la Société, que M. Winnerl 
de Paris, qui assiste à la séance, vient d'installer la pen- 


UE 


dule sidérale qu’il a construite pour notre Observatoire 
et qui est destinée à fonctionner avec le chronographe 
de M. Hipp, pour enregistrer à la fois l'heure et les 
observations. 

« La méthode américaine des observations astrono- 
miques, continue M. Hirsch , par laquelle on substitue 
l’enregistration électrique. simultanée de l’heure et de 
l'observation, à l’appréciation du moment de passage 
des astres par la vue et l’ouie de l’astronome, consti- 
tue un vrai progrès dans l’art déjà si perfectionné de 
l'observation astronomique. Elle se propage toujours 
davantage dans les observatoires de l'Europe ; on 
l’a introduite à Greenwich, à Altona, à Munich et si 
nous ne nous trompons, à Gotha. Les recherches mi- 
nutieuses de M. Pape, astronome d’Altona, ainsi que les 
travaux antérieurs de M. Aïry, ne laissent aucun doute 
sur la supériorité de la méthode électrique. Elle réunit 
deux grands avantages; d’abord elle augmente l’exac- 
titude des observations de passage dont elle diminue 
l'erreur probable pour ces deux raisons, qu’elle substitue 
à l’appréciation la mesure des fractions de seconde, et 
qu'en dispensant l’astronome d'écrire les moments de 
passage à chaque fil, elle permet d'augmenter considé- 
rablement le nombre de ces fils, dont la moyenne doit 
ainsi nécessairement gagner d’exactitude. L'autre avan- 
tage de la nouvelle méthode consiste en ce qu’elle réduit 
très-considérablement, ce que l’on appelle l'équation 
personnelle entre les différents observateurs, dont la 
grandeur quelquefois étonnante provient comme 1l pa- 
rait de la combinaison dans le cerveau de deux sensa- 
tions différentes, de la vue et de l’ouie, combinaison 
qui paraît s’opérer chez les différents mdividus avec des 


L 
+ 


Mec 


différences très-notables, beaucoup plus considérables 
en tout cas que n’en offre la combinaison d’unesensation 
(de la vue) avec une action de la volonté sur les nerfs 
moteurs du doigt (en fermant une clef électrique). 

» Abstraction faite de l’augmentation sensible du tra- 
vail, le grand obstacle qui s’opposait Jusqu'à présent à 
l'introduction de la nouvelle méthode, c’est la difficulté 
d'appliquer à une pendule astronomique un appareil, 
qui doit fermer des courants électriques à chaque se- 
conde , sans compromettre la régularité de sa marche. 
Dans l’origine on a fait faire les contacts nécessaires par 
le pendule , dont l'extrémité inférieure passait par une 
goutte de mercure; plus tard on à fait remonter au 
moins le point d'appui qui devait fermer le contact, vers 
l'extrémité supérieure du pendule; enfin on s’est con- 
vaincu que cette méthode altère presque toujours la 
marche des horloges très-sensiblement. On a alors es- 
sayé de produire les contacts par l'intervention du roua- 
ge. Mais comme il en fallait un à toutes les secondes, 
on était forcé d'appliquer les organes électriques à la 
roue ou à l'arbre de l’échappement, c’est-à-dire à la 
partie la plus sensible du mécanisme. 

IT y a donc là une véritable difficulté à vamcre, un pro- 
grès considérable à réaliser, et c’est pour cela que je me 
suis adressé, pour avoir cet appareil, à un des premiers 
artistes de notre époque. Après de müres réflexions nous 
sommes tombés d'accord, M. Winnerl, M. Hipp et mot, 
de faire faire les contacts par un rouage spécial, que le 
mouvement principal de la pendule n’a qu'à dégager 
toutes les secondes, en rendant libre une détente (*). 


(*) On évite ainsi l’influence fâcheuse qu’exercerait sur la marche 
le frottement variable produit par l’étincelle entre deux surfaces 


— 902 — 


» M. Winnerl voudra bien vous expliquer lui même 
le mécanisme ingénieux qu'il a exécuté à cet effet avec 
tous les sons que l'appareil délicat exige. » 

M. Wennerlexpose la construction de sa pendule et M. 
Hirsch l'explique par des dessins au tableau. On a posé 
sur l'arbre de l’échappement une roue à soixante dents, 
dans les coches de laquelle une pierre tenue par un 
ressort peut descendre. La forme de la pierre et les 
arrondis des dents sont combinés de telle sorte, qu’en 
descendant le plan incliné de la denture, la pierre rend 
à la roue une impulsion très-sensiblement égale à la 
force qu’elle lui emprunte pour remonter l’autre plan 
incliné, de sorte que la pendule conserve à très-peu 
près la même marche, qu’elle fonctionne avec ou sans 
cet organe. 

La pierre est en outre taillée de manière à présenter, 
dans sa partie supérieure , un plan dirigé vers le centre 
de la roue et perpendiculaire à la longueur du ressort 
qui la porte. Lorsque la pierre se trouve en repos sur 
les dents, elle retient un volant dont le fouet vient but- 
ter contre le plan de la pierre dont nous venons de par- 
ler; lorsqu'elle descend au contraire dans les coches, 
elle laisse échapper le volant mis en mouvement, com- 
me il a été dit, par un rouage spécial. L'’axe du volant 
porte en même temps une autre pierre perforée par un 
cylindre de platine. Sur cette pierre frottent deux res- 
sorts d’or, munis à leurs extrémités de petites plaques 
de platine et posés d’une manière isolée, mais en rap- 
port métallique avec les fils conducteurs du courant. 


métalliques. En chargeant le mouvement de l'horloge d’un travail 
aussi constant que possible, nous espérons atteindre le but que nous 
nous sommes proposé, c’est-à-dire assurer des contacts d’une force 
suffisante sans altérer la marche de la pendule. 


— 503 — 


Lorsque le volant est en repos, les ressorts reposant 
sur la pierre et la communication métallique se trou- 
vant ainsi interrompue, le courant n'existe pas. Mais au 
moment où, le fouet devenant libre, le volant fait son 
demi-tour, les ressorts viennent à glisser sur les parties 
en platine et ferment amsi le courant à chaque seconde, 
excepté à la 60", par la raison qu’une des coches de la 
roue est pleine. Le contact ayant lieu par frottement, 
on est assuré que les surfaces resteront assez propres 
pour laisser passer le courant sans difficulté. D'ailleurs 
on peut armer les deux ressorts d’une manière varla- 
ble, et donner ainsi aux contacts la sûreté nécessaire qui, 
comme on le sait, dépend en grande partie de la pres- 
sion avec laquelle les deux métaux se touchent. De 
même on peut changer le poids moteur du rouage du 
volant et varier ainsi la vitesse ou plutôt la durée du 
contact. 

Les expériences que l’on a pu faire jusqu’à présent, 
montrent la fonction parfaitement régulière de cet ap- 
pareil, qui produit sur le chronographe les marques de 
seconde avec toute la sûreté et la nettété désirables. 

M. Hirsch est actuellement occupé à régler la pendule 
conjointement avec le chronographeet en rendra compte 
en son temps à la Société. 


M. Zsely expose un travail qu’il a entrepris dans le 
but de reconnaitre si l'analyse mathématique peut ex- 
pliquer l’mfluence du ressort de suspension sur la du- 
rée des oscillations du pendule. MM. Laugier et Win- 
nerl ont trouvé , au moyen d'expériences dont ils ont 
publié les résultats dans les comptes rendus de l’Aca- 
démie des sciences, en 1845, que le ressort de sus- 


— 504 — 
pension a la propriété de diminuer la différence de 
durée qui se manifeste dans les oscillations du pendule 
suivant l'amplitude , et même de rendre le pendule 
complètement isochrone. 

En introduisant dans l’étude mathématique du mou- 
vement du pendule, la force d’élasticité du ressort, M. 
Isely a trouvé la raison de l’influence produite par ce 
dernier et de plus la relation mathématique qui doit 
exister entre le poids, la longueur du pendule avec les 
dimensions du ressort, pour que celui-ci rende le pen- 
dule isochrone (voyez Appendice). 

M. Ladame reconnait tout ce qu’il y a d’intéressant 
dans ce travail et dans ses conclusions, mais il n’est 
pas complètement d'accord avec l’auteur sur la manière 
dont quelques éléments y sont considérés, et il craint 
que la valeur de certains termes négligés comme très- 
petits, n'influe un peu sur la forme du résultat. 

M. Hirsch engage également l’auteur de ce travail à 
le compléter par la démonstration que les termes qu'il 
a négligés dans ses développements, sont du même or- 
dre que ceux qu’on néglige dans la théorie du pendule. 
Il remarque ensuite que l'application de la formule trou- 
vée par l’analyse est difficile, à cause de la présence 
d’un facteur , le coëfficient d’élasticité, qui doit varier 
beaucoup suivant la nature de l'acier. 

M. Wénnerl dit que, malgré toute l'importance qui 
s'attache à la question de l’isochronisme du pendule, 
l'horlogerie pratique ne peut utiliser complètement sa 
théorie. Un pendule bien 1sochrone, lorsqu'il oscille 
indépendamment du rouage , perd cette qualité lors- 
qu'il sert de régulateur à une horloge pourvue d’un 
échappement à repos. Les variations d’action du roua- 


Re ul 


ge sur l’échappement pendant les diverses phases du 
repos, altèrent son isochronisme théorique, ce qui exI- 
ge que l'artiste combine avec beaucoup de sagacité et 
d'expérience, tous les détails du régulateur, pour que 
celui-ci remplisse convenablement ses fonctions. 

M. Winnerl donne des détails sur les résultats cu- 
rieux que le frottement produit à la longue dans le 
mécanisme d’une pièce d’horlogerie et dont la théorie 
peut difficilement rendre compte : ainsi l'usure de 
certaines pièces d'acier, à la suite de laquelle survien- 
nent des grippements qui peuvent altérer sensiblement 
la marche de l'horloge. 

Il distingue sous ce rapport deux genres de frotte- 
ments : celui qui a toujours lieu dans le même sens et 
l’autre qui a lieu dans un mouvement de va-et-vient. 
C’est surtout dans ce dernier que le grippement se pro- 
duit, tandis que par l’autre, il se dépose après quelque 
temps, sur les surfaces frottantes, un intermédiaire 
naturel dont l’origine et la nature ne sont pas encore 
bien connues, mais qui, en fonctionnant comme l’hui- 
le, empêche l’usure des métaux. 

M. Ladame ajoute que le frottement présente en 
effet quelquefois des phénomènes inexplicables : ainsi, 
sans qu'on puisse assigner de cause apparente comme 
le verglas , le brouillard, etc., on voit les roues d’une 
locomotive patiner sur les rails. Il trouve cependant 
que ce n’est pas une raison pour que la pratique dé- 
daigne les recherches théoriques dont les arts de pré- 
_cision ont toujours utilisé les résultats et dont ils profi- 
tent avantageusement pour travailler avec plus de sû- 
reté. 


— 906 — 


Séance du 15 Mars 1861. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Le Président distribue une circulaire de MM. Rut- 
timeyer et His, professeurs, à Bâle, annonçant qu'ils 
s'occupent de créer une collection de crânes de toutes 
les époques et de toutes les races. [ls se recommandent 
à toutes les personnes qui, dans l’étendue de la Suisse, 
pourraient leur envoyer des échantillons intéressants, 
soit antiques, soit modernes. 


M. Desor communique une lettre de M. Gaudin sur 
la végétation contemporaine de l’homme primitif, Jus- 
qu’à présent, les seuls faits qui attestent l'existence de 
l’homme avant l’époque glaciaire sont: 1° Les débris de 
l’industrie humaine associés à des ossements d'animaux 
éteints, trouvés à Abbeville et dans quelques autres 
lieux. 2° Les entailles découvertes sur des bois de cerfs 
par M. Lartet. Aujourd'hui, M. Gaudin produit un au- 
tre genre de preuves tirées de ses études sur les flores 
fossiles. Il a recherché si les modifications survenues 
dans la faune quaternaire avaient quelque parallélisme 
dans la flore; si les forêts fréquentées par les hommes 
qui ont taillé les haches de silex de la France, de l’An- 
gleterre et probablement d’autres contrées de l’Euro- 
pe, étaient composées des mêmes espèces d'arbres 
dont elles sont peuplées de nos jours. Les comparai- 
sons faites par M. Gaudin l’autorisent à admettre que 
les divers changements survenus dans la faune de l'Eu- 
rope se reproduisent, pour ainsi dire, parallèlement 
dans la flore. Ainsi certains genres de végétaux con- 
temporains des grands mammifères ne se trouvent plus 


\ 


— 907 — 


en Europe (genres Thuya, Liquidambar, Juglans); 
quelques espèces sont complètement étemtes ( TAuya 
Savania, Juglans paviæfolia Gaud); d’autres existent 
encore en Europe, tantôt près du gisement des mêmes 
espèces fossiles, tantôt dans des contrées voisines. 

Il cite plusieurs faits géologiques qui lui paraissent 
établir que ces changements dans la flore et dans la 
faune se sont accomplis en même temps. 

M. Desor fait ressortir l'importance des observations 
de M. Gaudin; quand on assiste par la pensée à des 
modifications si profondes qu’elles atteignent les espè- 
ces végétales aussi bien que les espèces animales, on 
sent qu’on n'est plus dans le monde actuel, dans l’épo- 
que historique, mais bien au contraire dans un monde 
encore primitif, séparé du nôtre par des périodes que 
nos méthodes chronologiques ne peuvent pas appré- 
cler. 

M. Gaudin arrive, pour le monde végétal, aux mè- 
mes conclusions admises par M. Lartet pour le monde 
animal : une grande partie de la population végétale 
de notre continent a traversé toutes les phases de la 
période quaternaire, et l’homme a pu continuer à exis- 
ter aussi bien que le monde végétal de notre continent. 


M. Hirsch annonce la découverte de deux nouvelles 
petites planètes, faite les 4 et 9 mars par M. Temple, 
à Marseille. Ce sont les 64" et 65° du groupe; la 64° 
a reçu de M. Vals le nom d’Angelina, en l'honneur de 
M. Zach, qui avait établi son observatoire au couvent 
de Notre-Dame des Anges, près de Marseille. 

Une autre découverte très-intéressante vient d’être 
faite dans le domaine du calcul planétaire et cométaire 


— 008 — 


par M. le D' Axel Moœller de Lund. On connaît les mé- 
morables travaux de M. Encke sur la comète de M. Pons, 
à la suite desquels elle a reçu le nom du savant astro- 
nome de Berlin. Celui-ci, en calculant les différentes 
apparitions de cette comète à courte période, a trouvé 
que son mouvement offrait une anomalie qui ne pou- 
vait pas s'expliquer par les lois connues de la mécanique 
céleste, même si l’on tient compte des perturbations 
que l’astre peut subir de la part des différents corps du 
système solaire. Ce résultat, malgré la réputation si 
bien fondée de M. Encke , rencontra beaucoup d’imcré- 
dulité parmi les savants. C'était la première révélation 
de l'existence, dans le ciel, de forces autres que Fat- 
traction newtonienne, bien que les phénomènes des 
comètes aient fait naître chez plusieurs grands maîtres 
de la science des hypothèses qui tendaient à supposer 
soit une force répulsive du soleil, soit des forces polai- 
res (électriques ou magnétiques) qui produisaient les 
mouvements oscillatoires des queues de comètes. Mais 
lorsqu’en 1858, après la dernière apparition de sa co- 
mète, M. Encke reprit pour la huitième fois ses calculs, 
il démontra avec évidence, ce qu’il avait entrevu déjà 
en 1819, l'existence de l'accélération du moyen mou- 
vement de cet astre, dont la théorie de la gravitation 
ne pouvait pas rendre compte. Le fait était établi, mais 
les savants osaient à peine se prononcer sur son expli- 
cation. Ainsi M. LeVerrier, en communiquant en 1858, 
à l’Académie de Paris, le résultat des profonds calculs 
de M. Encke, tout en se déclarant convaincu du fait, 
hésita à accepter l'explication proposée par M. Encke, et 
qui consiste dans l'hypothèse d’un milieu résistant. Cette 
hypothèse explique en effet d’une manière tout-à-fait 


— 509 — \ 


satisfaisante l’accélération du mouvement de la comè- 
te, que l’habile calculateur avait découverte. Si les pla- 
nètes ne se montrent pas Imfluencées par cette cause 
perturbatrice , cela tient à ce que ce milieu résistant 
est d’une ténuité telle que son action ne peut se faire 
sentir que sur des corps d’une densité également très- 
minime comme le sont en effet les comètes. Mais il y 
avait deux autres objections que M. Encke a signalées le 
premier; d’abord la résistance d’un milieu ambiant ne 
devait pas seulement produire une accélération du mou- 
vement, mais en même temps une diminution de l’ex- 
centricité de l’orbite ; or la comète d'Encke ne montre 
qu'une faible trace de cette autre perturbation. II fal- 
lait de plus que l’action de ce milieu résistant se fit sen- 
ür également sur les autres comètes à courtes périodes. 
M. Encke exprima sa conviction qu'on parviendrait à 
le démontrer. C’est ce que M. Moœller vient de faire 
pour la comète de Faye. 

Après avoir basé sur les deux premières apparitions 
de 1843 et 1851 les éléments d’une ellipse osculatrice 
pour 1851 et après avoir calculé les perturbations des 
six planètes principales, il a trouvé, en comparant l’é- 
phéméride pour 1858 avec les observations, des diffé- 
rences énormes , qui montent en ascension droite jus- 
qu’à 47° 11” et en déclinaison à 7’ 41”. Ces différences 
qui imputeraient aux observations des erreurs de 270”, 
c'est-à-dire, cent fois plus grandes que les erreurs que 
les astronomes commettent aujourd’hui, disparurent 
aussitôt que M. Meæller introduisit l'hypothèse de M. 
Encke, en ajoutant, au moyen mouvement et à l’excen- 
tricité , des termes variables dépendants du temps. 


BUL, DE LA SOC. DES SC. NAT. T, V. 33 


Il trouva les coefficients de ces termes 
+ 0",2429 et — 34,574, 
de sorte que pour l’époque 1858 Oct. 1, 
u = 4712,98033 + 0,242906 x £. 
0 —49 51° 54,18 — 34",574 x 1. 

La somme des carrés des erreurs, qui étaient de 
1737322" lorsqu'on calcula seulement avec la théo- 
rie de l'attraction, est réduite ainsi à 869 et l'erreur 
moyenne d’une observation à 6”, 28. 

Voilà donc un second fait dans le mouvement comé- 
taire , qui exige l’admission d’une force autre que lat- 
traction de la masse et qui est suffisamment expliquée 
par l'hypothèse d’un milieu résistant. Mais ne-peut-on 
pas, par d’autres hypothèses, rendre compte de ce fait 
d’une manière aussi satisfaisante? M. Faye avait été con- 
duit, déjà en 1858 où le travail de M. Encke coïincidait 
avec l'apparition de la grande comète de Donati, à com- 
biner les deux genres de phénomènes, celui de l’accé- 
lération du mouvement des comètes avec les émanations 
et les mouvements compliqués des queues de comètes , 
en les expliquant par une seule hypothèse, qui consiste 
à attribuer aux rayons du soleil une force répulsive. 
Sans vouloir entamer ici la question, si M. Faye a réussi 
à expliquer par cette hypothèse d’une force répulsive 
du soleil, dont l’origine remonte jusqu’à Euler et même 
à Keppler, les phénomènes si complexes de la figure des 
comètes, surtout le mouvement oscillatoire des sec- 
teurs lumineux, qui avait conduit Olbers et Bessel à 
l'hypothèse d’une force polaire; sans vouloir parler 
des expériences que M. Faye a tentées pour prouver 
expérimentalement l'existence d’une force répulsive 
dans tout corps incandescent, je me bornerai à dire 


— Di — 


que cette force répulsive peut en effet avoir une com- 
posante tangentielle, capable d'imprimer une accé- 
lération au mouvement de la comète , du moment 
qu’on lui attribue, comme le fait M. Faye, une vitesse 
définie de propagation, et qu'on ne regarde pas son ac- 
tion comme instantanée , puisqu'elle dépend alors du 
soleil apparent et qu’on peut la décomposer suivant le 
rayon vecteur et la tangente. Mais d’un autre côté lob- 
jection reste valide , qu’une telle force pourrait bien 
produire un effet périodique, se renouvelant, comme la 
formation des queues, à chaque révolution, mais non 
pas un effet continu qui s'ajoute de révolution en révo- 
lution , comme on l’a observé pour les deux comètes 
périodiques. De même, il me semble un peu hasardé 
de vouloir rattacher à cet ordre de faits la question 
si vivement controversée ces derniers temps, entre 
MM. Delaunay et Adams d’un côté et M. Hansen de 
l’autre , sur la grandeur du coefficient de la grande 
inégalité séculaire de la lune. 

Mais quelle que soit l'hypothèse qu'on veuille préfé- 
rer pour l’explication du fait maintenant indubitable 
de l'accélération du mouvement des comètes et de la 
diminution de leur excentricité, 1l faut reconnaitre 
dans ces faits, tout petits qu'ils semblent et tout isolés 
qu’ils soient, le germe d’une de ces grandes découvertes 
séculaires qui, en faisant connaître une force nouvelle 
dans la nature, ouvrent à la science tout un horizon 
inconnu et modifient considérablement les principes 
fondamentaux de la philosophie naturelle. 


M. Mayor présente le tableau détaillé des observa- 
tions qu'il a faites à Neuchâtel pendant l’année 1860, 


— 512 — 
pour constater l’état du ciel, la direction des vents, la 
clarté des Alpes et du Val-de-Travers. 

Il en donne un résumé très intéressant qui com- 
prend les années 1858, 1859 et 1860. La société té- 
moigne beaucoup d'intérêt pour ce travail et en remer- 
cie M. Mayor. 


À propos du brouillard qui règne à Neuchâtel, 
M. Ladame remarque que, lorsque le brouillard règne, 
le givre se dépose alors fréquemment sur les arbres et 
ordinairement du côté d’où vient le vent. 

M. Desor remarque qu'il y a souvent deux couches 
de brouillard superposées avec une zone intermédiaire 
qui en est privée. 

M. Coulon dit qu'il y a quelquefois au milieu du 
lac, des espaces dénués de brouillards, où les oiseaux 
aquatiques se réunissent pour jouir de la clarté du ciel 
et de la chaleur du soleil. 


M. Zsely entretient de nouveau la société de ses 
recherches sur le ressort de suspension du pendule. Il 
montre que les considérations dont il s’est servi dans 
son analyse, lui semblent être à l’abri de toute objec- 
tion lorsqu'on a en vue les petites oscillations. Mais à 
sa première analyse qui induit à la possibilité d’attein- 
dre l’isochronisme dans les petites oscillations, 1l en 
ajoute et développe une seconde plus rigoureuse et 
plus générale qui démontre que, mathématiquement, 
en se basant sur les principes expérimentaux de l’élas- 
ticité, l’isochronisme absolu par le ressort est impossi- 
ble à obtenir, mais que celui-ci diminue pourtant la 
différence dans la durée des oscillations. (Voyez Ap- # 
pendice). 


— 913 — 


Séance du 22 Mars 1861. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Kopp présente le plan définitif de la table d’o- 
rientation des Alpes et de son alidade. On y remarque 
plusieurs changements qui la rendent plus élégante et 
plus commode. Ces plans sont approuvés. 


M. Hipp fait la lecture d’un travail concernant les 
instruments météorologiques. On sait combien les ob- 
servations météorologiques sont fatigantes pour l’obser- 
vateur qui, dans des cas de négligence imvolontaire, 
peut être tenté de remplacer par des intercalations 
approximatives les chiffres qu'il n’a pas notés. M. Hipp 
en conclut l'importance des instruments dits autogra- 
phiques qui notent eux-mêmes les observations. La 
photographie a déjà été utilisée dans ce but, et les appa- 
reils photographiques enregistreurs fonctionnent dans 
plusieurs observatoires météorologiques. Mais ces appa- 
reils sont peu pratiques parce qu'ils exigent des prépa- 
rations quotidiennes coûteuses et délicates. M. Hipp 
propose d'employer l'électricité comme l’agent le plus 
commode pour commander les appareils enregistreurs. 
Il choisit comme exemple le thermomètre, et décrit 
quatre procédés qui lui semblent propres à être em- 
ployés pour noter les variations de cet instrument. 
(Voy. Appendice). Un de ces appareils a déjà été essayé 
par M. Wild, de Berne, qui en a reconnu l’exactitude 
et l'utilité. 


—  D14 — 


Séance du 5 Avril 1861. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. le Président annonce que les observations météo- 
rologiques interrompues depuis près de deux ans, re- 
commenceront prochainement à Chaumont; M. Kopp 
et lui ont visité ces derniers jours le local qui servira 
de station ; toutes les mesures sont prises pour que les 
instruments puissent être installés sans retard. 


M. Desor rend compte d’une exploration qu'il vient 
de faire dans le lac, devant Auvermier. 1l exprime la 
surprise qu’il a éprouvée en apercevant au fond de 
l’eau, calme et transparente, la multitude de pilotis 
plantés dans cet endroit. Ces pieux ne sont pas dispo- 
sés en ligne droite, mais en zig-zag ; 1ls commencent à 
environ cent mètres du rivage ; leurs dimensions sont 
faibles, leur diamètre est de trois, quatre et au plus 
cinq pouces; leur saillie au-dessus du fond, qui est 
vaseux , n’est guère que de deux pieds. Un certain 
nombre de ces pieux, surtout vers le bord, sont reliés 
ensemble par un clayonnage formé de branches entre- 
lacées dont tous les détails sont parfaitement visibles. 
À quelques mètres plus au large est la pirogue dont 
M. Desor a déjà entretenu la Société. 

En se dirigeant vers les joncs, au fond de la baie, on 
rencontre un amas de pierres, qui a l’air d’une ancienne 
grève submergée, recouverte de quelques pieds d’eau. 
On y distingue une grande quantité de pilotis beaucoup 
plus gros que les autres, mesurant dix et même douze 
pouces de diamètre et coupés à ras du sol. Les pierres, 


dit e 


— 919 — 


au milieu desquelles ces pieux sont enfoncés, présen- 
tent des grandeurs diverses et en général des formes 
anguleuses; quelques-unes seulement sont des galets 
arrondis. Tout porte à croire que cette colline artifi- 
cielle est un Sternberg établi, comme celui de Nidau, 
au fond d’une anse abritée. C’est le second que M. 
Desor signale dans notre lac (*). On y trouve peu de 
débris, seulement quelques fragments d’os, de poteries 
et des pierres à moudre le grain. Ces vestiges semblent 
annoncer l’âge de la pierre; mais peut-on considérer 
les grands pilotis comme appartenant à cette époque ? 
On a peine à comprendre comment des outils de pier- 
re, à tranchant imparfait, ont pu couper ces fortes 
pièces de bois avec la netteté d’un trait de scie. Cette 
circonstance a été observée aussi devant Hauterive. 

M. Troyon admet sans difficulté que ces pilotis sont 
contemporains de la pierre, et il explique leur section 
nette au niveau du sol, par l’action des vagues qui s’est 
fait sentir sur eux plus longtemps que sur ceux de l’é- 
poque du bronze, dont la longueur est encore de plu- 
sieurs pieds. 

Mais si les choses s'étaient passées ainsi, les pierres 
qui entourent les pieux auraient été arrondies par les 
vagues et présenteraient toutes la forme de galets; tan- 
dis que celles qui sont anguleuses ont conservé intactes 
leurs faces et leurs arêtes. D'ailleurs l'extrémité rongée 
uniquement par l’eau n'aurait pas la coupure nette 
observée par MM. Desor et Kopp. Enfin, on doit recon- 
naître que si l’on attribue aux vagues des effets destruc- 
teurs aussi énergiques sur les pieux massifs de l’âge de 
la pierre, on est embarrassé d'expliquer leur impuissan- 
ce à l'égard des minces piquets de l’âge du bronze qui 


(*) L'autre est situé devant Hauterive. 


— 916 — 


paraissent intacts. Toutes ces considérations portent 
M. Desor à admettre que les grands pilotis ont été en- 
foncés au niveau des pierres qui les maintiennent, et 
ne l’ont jamais dépassé. 

Enfin, dans la même baie, on a reconnu près du 
Bied une troisième station qui paraît appartenir à l’é- 
poque du fer. Cette abondance d'établissements lacus- 
tres dans cet endroit, s'explique facilement par la sé- 
curité que l’on devait trouver au fond d’une crique 
protégée de trois côtés contre le vent et les lames. 

M. Desor présente un plan détaillé des deux premiè- 
res stations. D’après ce plan, le Steinberg paraît avoir 
uue forme à peu près circulaire d'environ 104 mètres 
de largeur dans un sens et de 90 mètres dans le sens 
opposé. Il est à 106",8 de la rive et à 20 mètres du 
premier pilolis de la station du bronze, qui s'étend de 
là vers le Nord, sur une faible largeur. Ce plan est ac- 
compagné d'une coupe dressée à la suite des sondages 
exécutés par M. Desor. Cette coupe représente le profil 
du fond du lac, suivant une ligne qui, partant de la 


rive, traverse le Steinberg et atteint la station de bron- 


ze vers la pirogue naufragée. La saillie du Stemberg, 
quoique fable , est ainsi mise hors de doute. La pro- 
fondeur de l’eau au milieu de cette construction était 
en avril de 1", 70, et au bord de 2", 15, et de 3", 80. 
Le vieux canot est à une profondeur de 4", 70. 


M. le docteur Hirsch lit une communication relative 
aux courants électriques dérivés, qu'il divise en coor- 
donnés et en subordonnés. L'analyse mathématique 
très-détaillée qu'il fait de ces courants, en s'appuyant 
sur les lois de Ohm, a surtout en vue leur application à 


… simiti 


— 017 — 


l'horlogerie électrique. Son but est de rechercher 
les meilleures conditions d’après lesquelles ces courants 
peuvent être employés pour faire marcher d'une ma- 
nière régulière un système d’horloges électriques (Voy. 
Appendice). 


Séance du 12 Avril 1861. 


Présidence de M. Louis COULON. 


M. le Président annonce que M. Perregaux a rapporté 
d'Egypte, pour nos collections, un aigle impérial adulte. 
Cet oiseau est fort rare et notre Musée n’en possédait 
qu’un Jeune. 

Il présente ensuite des échantillons des diverses sor- 
tes d’écrevisses qu’on pêche aux environs de Strasbourg: 
Astacus longicornis Ler. et Astacus pallipes Ler., et fait 
remarquer les caractères qui les distinguent de l’écre- 
visse commune, Asfacus fluviatihs, qui vit dans nos 
TUISSEAUX. 


M. Kopp communique une partie du résumé d’ob- 
servations météorologiques faites dans le siècle passé et 
tirées des Annales de Boyve, du journal du receveur 
Péters, de Hauterive, et du yournalrédigé par Abraham 
Ducommun dit Tinnon, du Valanvron, de 1724 à 1740. 
Ce dernier manuscrit lui a été communiqué par M. Cé- 
lestin Nicolet. | 

À propos de cette communication, une discussion s’en- 
gage sur la publication du Bulletin météorologique. Ces 
dernières années on en a tiré cinq cents exemplaires, 
mais ce nombre est trop considérable puisqu'il en reste 
encore beaucoup qui ne sont pas placés. On décide que 


— 018 — 


pour cette année le bulletin sera imprimé en caractè- 
res plus petits et qu’on n’en tirera que deux cents 
exemplaires à part. 


M. Desor appelle l'attention de la Société sur un 
fait qui se passe au Mail et qui nous intéresse particu- 
lièrement. La Municipalité de Neuchâtel exploite de- 
puis quelque temps la colline située à l’ouest de l'Ob- 
servatoire. La pierre qu'on en retire sert à recharger 
les routes. Or c’est précisément sur ce versant du Mail 
que se trouvent les plus beaux échantillons de roches 
polies qui existent aux environs de Neuchâtel. Chacun 
sait que ces traces de poli et celles du Landeron ont 
fait naître la théorie, généralement admise aujourd’hui, 
qui pose en principe l’ancienne extension des glaciers 
et qui explique par là le transport des roches errati- 
ques et tous les phénomènes de l’époque glaciaire. Les 
roches du Landeron ont déjà disparu sous le marteau 
du carrier ; il n'existe donc plus que le lambeau du 
Mail qui est ainsi le terrain classique des polis glaciaires 
et le monument d’une grande théorie scientifique née à 
Neuchâtel. Il nous est donc précieux à plus d’un titre 
et nous devons chercher à le conserver intact. C’est 
pour arriver à ce résultat que M. Desor propose de faire 
des démarches auprès de la Municipalité. 

Près de l'Observatoire cantonal, M. Desor signale 
un bloc erratique formé de granit vert ou d’une variété 
d’arkésine qui diffère de l’arkésine proprement dite en 
ce que dans celle-ci l’'amphibole est disposée fréquem- 
ment en feuillets parallèles qui lui donnent un aspect 
grossièrement schistoide , tandis que la substance du 
bloc est compacte. Cette variété très-rare ne se trouve 


—  D19 — 


qu’à la Dent-blanche au fond de la vallée d’Hérens. Tel 
serait le lieu d’origine de ce bloc, suivant l'opinion 
d’un géologue très-compétent, M. Gerlach, ingénieur 
des mines à Sion, qui a visité le Mail il y a quelques 
Jours, en. compagnie de M. Desor. 


M. Gressly a observé des traces de perforation par 
les pholades sur les rochers du rivage, le long du jardm 
. d'horticulture. 


Si le temps est favorable, M. Hirsch demande que la 
séance de vendredi prochain ait lieu à l'Observatoire ; 
la citation pourrait se faire le jour même pour 7‘, heu-- 
res du soir. 


M. Kopp demande l'approbation de la Société pour 
insérer, soit dans le bulletin, soit dans les journaux, un 
article destiné à aviser le public que les documents 
nécessaires pour continuer le résumé des événements 
remarquables arrivés à Neuchâtel, manquent depuis 
1747 à 1769, et que les personnes qui en possèdent, 
sont priées de les communiquer au bureau météorolo- 
gIque. ; 

Cet avis obtient déjà un résultat séance tenante: M. 
Ladame annonce qu’il a des observations très-complè- 
tes de 1740 à 1780. 


M. le docteur Hirsch aimerait que l’on profitât de la 
station météorologique de Chaumont pour faire des ob- 
servations sur la bise. Il a remarqué, ainsi que beau- 
coup de personnes, que la bise très-violente pendant la 
journée, diminue d'intensité vers le soir et cesse même 
totalement la nuit, à Neuchâtel, pour recommencer à 


ce. "000 as. 


souffler de plus belle dès le matin. Il croit que le cou- 
rant d’air qui produit la bise subsiste encore la nuit, 
mais à un niveau plus élevé. 


Séance du 19 Avril 1861. 


Présidence de M. Louis COULON. 


La Société est réunie à l'Observatoire. Pendant qu’u- 
ne partie des membres, restés au rez-de-chaussée, exa- 
minent les divers appareils de l'établissement, la lunette 
méridienne et les instruments électriques, pendule, 
chronographe, du jeu desquels M. Hipp donne l’expli- 
cation, une autre partie est montée sur la coupole. Là 
M. le docteur Hirsch, directeur de l'Observatoire, dis- 
pose la lunette parallactique pour que chacun puisse, 
à tour de rôle, contempler notre satellite et les deux 
principales planètes, Jupiter et Saturne. Le ciel est très- 
pur, et la lune, aux trois quarts pleine, laisse parfaite- 
ment voir sa surface hérissée de cratères volcaniques, 
et de montagnes projetant des ombres gigantesques. 
Jupiter se montre nettement avec des bandes équato- 
riales et trois de ses satellites. Saturne présente son 
anneau obliquement, en forme d’ellipse évidé, distinc- 
tement isolé du sphéroïde. 

Toute la Société est enchantée de sa visite et de la 
manière aimable avec laquelle M. le docteur Hirsch lui 
a fait les honneurs de l'établissement qu'il dirige. 


— 521 — 


Séance du 26 Avril 1861. 


Présidence de M. Louis COULON. 


M. de Mandrot annonce qu’il a commencé à relever 
les plans des principaux lieux historiques du canton de 
Neuchâtel, comme les ruines de Bonneville, le château 
de Rochefort, le Châtelard de Bevaix et la redoute des 
Bourguignons près de Vaumarcus. 

Il communique aujourd’hui le plan de la Bonneville, 
fait à l'échelle de ‘/,60. Cette localité située au Val-de- 
Ruz, à côté du chemin de Valangin à Engollon, à 8 
minutes de ce dernier village, et dans un petit bois de 
sapins isolé, offre les ruines d’une ville fortifiée. Elle 
fut fondée en 1136 et détruite en 1301 pendant les 
guerres des seigneurs de Valangin, desquelles elle re- 
levait, avec les comtes de Neuchâtel. Ceux-ci la sur- 
prirent sans défense et la rasèrent ; beaucoup de ses 
habitants se réfugièrent à la Neuveville. 

La Bonneville était sans doute une espèce de place 
d'armes où les habitants de la contrée pouvaient se ré- 
fugier en temps de guerre avec leurs bestiaux. L’em- 
placement qu’elle occupait est de forme rectangulaire, 
ayant 240 pas de long et 60 de large. Elle était com- 
posée d’une seule rue, de chaque côté de laquelle il 
pouvait y avoir 40 maisons. En comptant 10 habitants 
par maison, cela donnerait une population de 800 ha- 
bitants. M. de Mandrot a supputé le nombre approxi- 
matif des maisons après avoir observé que dans les vil- 
. les voisines, les anciennes maisons n’ont le plus souvent 
que six pas de front. ; 


— 922 — 


M. Ladame présente le registre des observations fai- 
tes à Neuchâtel, dont il a parlé dans la séance du 12 
avril, embrassant la période de 1753 à 1782. On y 
trouve des notes rédigées avec ordre et précision d’ob- 
servations barométriques, thermométriques et relatives 
à l’état du ciel, faites trois fois par jour; plusieurs ré- 
sumés, entr'autres une moyenne des oscillations baro- 
métriques , y sont intercalés. Des phénomènes variés 
concernant la végétation y sont indiqués. L'auteur de 
ce travail n’est pas connu. La Société pourra en dis-. 


poser pour en extraire tout ce qui lui semblera conve- 
nable. 


M. le Président annonce que la Municipalité a accordé 
une somme de fr. 400 pour l'achèvement de la table 
d'orientation, et qu’elle a donné une réponse favorable 
à la demande que nous lui avons adressée au sujet de 
la conservation des roches polies du Mail. 

Il annonce aussi que sur notre demande, les conseils 
de la Commune ont décidé l’ouverture provisoire du 
Musée, le dimanche, de 2 à 4 heures, dès le 28 avril 
prochain. 


M. Gressly fait voir une plante marine du genre des 
Ulves, qu'il a rapportée de la Méditerranée en juin 
1859, et qu'il a conservée dans un aquarium alimenté 
par de l’eau salée artificielle. Elle s’est conservée inerte 
jusqu’à ce printemps, mais depuis quelques semaines 
elle a végété et s’est accrue d’une manière très-re- 
marquable. 


M. G. Perreqaux présente une nombreuse collec- 


A 


tion d’antiquités égyptiennes qu’il destine à enrichir 


— 023 — 


notre Musée; la plupart proviennent des tombeaux ; ce 
sont en particulier des lampes funéraires, des vases en 
terre, des scarabées, des amulettes, des graines de di- 
verses sortes, des fragments de pain, des petits sarco- 
phages en bronze avec des figures d’animaux de même 
métal, des momies de plusieurs espèces d'animaux dans 
leurs enveloppes, des tissus antiques, et des débris de 
sculpture en calcaire et en granit détachés des monu- 
mens. 

Ces objets sont accompagnés d’un assez grand nom- 
bre d’ustensiles et d’armes en usage chez les Arabes 
et chez les peuplades qui habitent les bords du Nil-blanc. 
Enfin il met sous les yeux de la Société une collection 
fort intéressante de coquillages de la mer Rouge, et des 
minéraux des diverses formations de l'Egypte. 

M. Perregaux fait un récit sommaire de son voyage 
en Egypte, et pour mieux faire comprendre les détails 
qu'il donne sur ce pays et ses principaux monuments, 
il expose une collection de photographies et de gravu- 
res. Ïl à parcouru l'Egypte dans toute son étendue, a 
visité Suez et a remonté le Nil sur un espace de 321 
lieues à partir d'Alexandrie, jusqu’à la deuxième cata- 
racte, à Wadi-Halfa, en Nubie. Ce voyage, quoique fort 
long, se fait facilement et sans danger ; il suffit de quel- 
ques recommandations pour faire tomber tous les obs- 
tacles us on porqil rencontrer. 


Séance du 3 Mai 1861. 


Présidence de M. Louis COULON. 


M. Garnier présente, de la part de M. Desor, deux 
poignards en fer pêchés devant Port-Alban; l’un est à 


— 024 — 


deux tranchants symétriques, avec une poignée élégante 
privée de sa garniture, l’autre est un couteau à un seul 
tranchant semblable à une muséricorde bourguignonne. 


M. Hipp expose la construction de quelques appa- 
reils électriques qu'il présente à la Société. Ce sont : 
1° Une horloge électrique destinée à être placée dans 
le circuit d’un courant fermé toutes les minutes par 
une horloge régulatrice. Le mouvement de l’armature 
est communiqué au cliquet qui fait avancer la roue à 
rochet par le moyen d’un double levier dont le Jeu 
neutralise l’accroissement de vitesse que prendrait l'ar- 
mature à mesure qu'elle s'approche de son électro- 
aimant. L'action électrique ne sert qu’à dégager le chi- 
quet et c’est le poids du double levier qui, en retom- 
bant, fait avancer la roue d’une dent. L’impulsion aimsi 
produite est suffisante, mais ne risque pas de pousser 
la roue de plusieurs dents à la fois. 

M. Hipp dit qu'une horloge régulatrice peut, au 
moyen de courants dérivés d’une seule pile, faire fonc- 
üonner 20 à 30 horloges électriques, à condition que 
l'intensité du courant soit partout la même, ce qui s’ob- 
tient au moyen de résistances convenables. 

Il mentionne une cause qui entrave fréquemment et 
même arrête tout à fait la marche des horloges électri- 
ques. L’étincelle qui se produit chaque fois que le cou- 
rant est interrompu, oxyde la surface des interrupteurs; 
à mesure que l'oxydation augmente, le courant rencon- 
trant plus de résistance, diminue d'intensité et finit 
quelquefois par cesser complètement. Pour obvier à 
cet inconvénient, que M. Hipp signale comme le plus 
important qu'il ait remarqué dans ses observations sui- 


— 5925 — ; 

vies sur les horloges électriques, il propose de faire 
opérer la fermelure du courant dans l'horloge régula- 
trice au moyen d’un axe faisant un tour par minute; 
cet axe est muni d’un doigt de platine qui vient appuyer 
sur trois ressorts avec un frottement suffisant pour en- 
lever l’oxyde et la poussière. 

2° Une sonnerie ou carillon dont le marteau vibre 
avec beaucoup de force et de rapidité par la double 
action de l’aimantation et d’un ressort antagoniste. Un 
rhéotome spécial interrompl le cireuit aussitôt que 
l’'armature s’approchant de l’électro-aimant se détache 
en même temps du contact d’une vis qui communique 
avec l’un des pôles de la pile, tandis que l’autre pôle 
communique avec son axe de rotation. Le marteau 
peut, à volonté, heurter soit un timbre métallique, soit 

un morceau de bois, et rendre ainsi un son différent. 

= 30 Un appareil destiné à servir de sonnerie pour les 
hôtels. En même temps que le carillon avertit les gens 
de service, un guichet s'ouvre et montre le numéro de 
la chambre où l’on appelle. Le guichet s'ouvre de haut 
en bas, en retombant par son poids, lorsqu'il n’est plus 
retenu par le crochet que porte l’armature d’un élec- 
tro-aimant placé derrière. 


M. le docteur Hirsch lit une notice concernant les 
travaux géodésiques du général russe de Schubert. 
Après avoir énuméré les principales méthodes qu'on 
peut employer pour déterminer la figure exacte de la 
terre et indiqué les erreurs qu'ont commises les savants 
français dans la détermination du mètre, il montre 
que les mesures nombreuses , répétées sur plusieurs 


BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. 34 


— 526 — 


points du globe et sur des arcs beaucoup plus étendus, 
ont permis de faire une comparaison plus sûre des di- 
vers arcs de méridiens. L’impossibilité de faire accor- 
der tous les résultats avec l'hypothèse de la forme 
ellipsoidale de révolution du globe, a conduit à recher- 
cher et à étudier avec soin les causes de perturbation 
qui agissent sur le fil à plomb suivant les inégalités 
du sol et rendent ainsi erronées les opérations géodé- 
siques. En tenant compte de ces perturbations, M. de 
Schubert, après avoir essayé de la supposition que 
la terre serait une ellipsoïde à trois axes inégaux, est 
revenu à la théorie de l’ellipsoïde de révolution, for- 
me qui permet le mieux de relier entr’elles toutes les 
mesures effectuées, en même temps qu’elle est une 
conséquence des hypothèses géologiques admises au- 
jourd’hui. (Voir Appendice). 


Séance du 10 Mai 1861. 


Présidence de M. L. COULON. 


M. Hirsch annonce la découverte de deux nouvelles 
planètes télescopiques, la 66" et la 67". 

Une comète a été signalée dans la région boréale du 
ciel; M. Hirsch l’a vue sur une ligne tirée de Jupiter à 
la Grande-Oursei elle a l’aspect d’une nébuleuse avec 
un commencement de queue. 


M. Kopp communique le résumé des observations 
qu'il a faites pour reconnaître les variations mensuelles 
de température des fontaines de la ville de Neuchâtel, 
pendant les années 1852, 1853 et 1854. On sait qu’une 


— 527 — 


des principales qualités d’une eau salubre est la con- 
stance de sa température en toute saison; or 1l résulte 
des tableaux dressés par M. Kopp, qu'un petit nombre 
seulement des fontaines de la ville approchent de cette 
condition essentielle; plusieurs présentent des varia- 
tions qui dépassent les limites qu’on peut raisonnable- 
ment admettre. Quelques-unes n’ont que 1° et 2° en 
hiver, et jusqu’à 18° en été. Cet état doit certainement 
diminuer la consommation de l’eau comme boisson et 
augmenter celle des autres liquides. 

Il serait nécessaire pour obtenir une eau plus pota- 
ble, de placer les conduits plus profondément et d’éta- 
blir les chambres d’eau dans les endroits abrités. Il 
faudrait de plus favoriser et encourager le creusage de 
puits partout où l’on peut trouver de l’eau, plutôt 
que de conduire en ville des sources éloignées; car 
l’échauffement ou le refroidissement augmente avec la 
longueur du parcours des tuyaux. 


M. Ayer entretient la Société des divers voyages qui 
ont été faits en Afrique pour explorer ce continent. Di- 
visant cette contrée en trois grands centres principaux, 
le Niger, le Nil et le Zambèze, il trace d’abord une es- 
quisse de la plupart des voyages antérieurs qui ont été 
exécutés dans chacun de ces bassins. — [1 énumère en- 
suite les diverses expéditions qui se préparent ou qui 
sont déjà en route pour étendre ce cercle d’explora- 
tions, dans les vastes régions situées entre le Nil et le 
lac Tschad, ainsi que dans les contrées mystérieuses 
parsemées de grands lacs où le Nil doit prendre sa 
source. La découverte de cette dernière devra, à moins 
d'obstacles bien graves, être Le résultat des recherches 


— 528 — 


entreprises par quatre expéditions simultanées , mais 
non concertées et convergeant vers le même but. 


Séonce du, 41. Mar. 1861 


Présidence de M. L. COULON. 


M. le professeur Ladame fait une communication sur 
la température du lac à diverses profondeurs. (Voir 
Appendice). 


M. le professeur Ladame présente ensuite des ta- 
bleaux contenant la température, mesurée une fois par 
mois, de toutes les fontaines de la ville de Neuchâtel, 
dans les années 1840, 1849, 51, 52, 53, 54 et 55. Il 
donne à propos de ces tableaux les explications suivan- 
Fes 

Avant 1834, l’eau qui alimentait la ville de Neuchàä- 
tel provenait de sources insuffisantes; c'étaient : 

1° Une source au Suchiez qui fournissait les fontai- 
nes de la cour du Château, des rues du Château et du 
Pommier. 

2° Une source au Tertre qui alimentait la fontaine 
du Neubourg, dite des Chavannes. 

3° Des puits tels que ceux du Concert et des Greniers; 
ce dernier était placé près de la voûte du Neubourg du 
côté des Terraux. 

4° Les sources de l’Ecluse, alimentant quelques fon- 
taines du bas de la ville, mais qui tarissaient facile- 
ment. 

5° Des puits et des citernes appartenant à des parti- 
culiers. 


— 929 — 


6° Le lac près duquel on établissait des pompes dans 
les temps de disette d’eau. 

L'été de 183%, si remarquable par sa sécheresse, 
provoqua des recherches dans le but de donner à la 
ville une alimentation plus abondante et plus réguliè- 
re. M. Favre-Borel, alors Directeur des travaux publics 
de la ville, remarqua dans les gorges du Seyon et dans 
le lit même du torrent, à sec depuis longtemps, un ré- 
servoir naturel rempli d’eau. Il reconnut que ce réser- 
voir était alimenté par une source qui sourdait dans le 
lit même de la rivière. Après en avoir constaté le débit 
qu'il trouva très-considérable, il formula et fit adopter 
par les conseils de la Bourgeoisie, un projet par lequel 
on établirait des chambres d’eau derrière un barrage 
placé en travers du Seyon. 

C'est ainsi que depuis 1835 à 1849 les fontaines de : 
la ville reçurent cette abondante alimentation. Mais 
cette eau, quoique provenant en partie d’une source 
naturelle, recevait en même temps celle de la rivière 
même ; elle laissait en conséquence beaucoup à désirer, 
tant sous le rapport de la température que sous celui 
de la pureté; chaudes en été, elles étaient glacées en 
hiver, et les plus grandes précautions étaient nécessai- 
res pour empêcher les conduits de gêler lorsque le 
froid devenait un peu intense. C’est pour cette raison 
que les colonnes des fontaines devaient être entourées 
en hiver d’une épaisse couche de fumier. En 1849, on 
fit à l’Ecluse des fouilles qui eurent d’heureux résul- 
tats; elles donnèrent assez d’eau pour fournir à toutes 
les fontaines de la partie basse de la ville jusqu’au 
Crêt. Les rues élevées et les quartiers éloignés du cen- 
tre continuèrent à recevoir l’eau du Seyon. 


— 930 — 


Des doutes ayant été énoncés au sujet de la qualité 
des sources de l’Ecluse, doutes qui consistaient à dire 
que les travaux faits n'avaient eu pour résultat que de 
permettre à l’eau du Seyon, qui coule dans le voisina- 
ge, de venir se mêler à l’eau des sources, M. Ladame 
pensa qu'un moyen simple et certain de s’en assurer 
était de prendre la température mensuelle de ces eaux ; 
chacun comprendra que les eaux torrentielles ou su- 
perficielles ont une température très-variable, en rap- 
port avec la saison. 

Il résulte des observations présentées par M. Ladame 
(voir Appendice) que la température des sources de V’'E- 
cluse est à peu près constante et égale à la température 
moyenne de l’année pour Neuchâtel. En effet, la diffé- 
rence entre les plus hautes et les plus basses tempéra- 
tures des sources pendant l’année, flotte entre 3° et 4° 
pour les fontaines rapprochées , et à la source elle-mé- 
me, elle ne dépasse pas 2°. 

Les sécheresses extrêmes de 1858 et 1859 ayant à 
peu près tari toutes les sources qui nous alimentent, la 
municipalité se vit obligée de fournir aux fontaines qui 
s’approvisionneut à l’Ecluse, un supplément pris au 
Seyon; on opéra ainsi un mélange qui a subsisté dès 
lors et qui est fort regrettable. Du reste, M. le prési- 
dent fait remarquer que les maisons construites depuis 
quelques années sur le terrain où passent les eaux de 
l’Ecluse, avant de se rendre aux sources, peuvent avoir 
fait perdre à ces dernières leur pureté primitive. Nos 
eaux sont donc toutes impures et insalubres. 

M. Ladame discute le moyen proposé par M. Kopp, 
pour ramener l’eau des conduites à une température 
moyenne, et qui consiste à établir, sur le parcours, des 


— 931 — 


réservoirs profonds où l’eau se réchaufferait en hiver 
et se refroidirait en été. Il trouve ce moyen insuffisant, 
et croit que la seule ressource qui reste à la ville de 
Neuchâtel pour se procurer de l’eau convenable, est 
d'établir une prise d’eau dans le lac à une profondeur 
et à un éloignement suffisants, et de l’élever dans un 
château d’eau à l’aide d’une machine à vapeur. Cette 
idée a déjà été émise à l’époque où la Compagnie du 
Franco-Suisse songeait à l’établissement de sa prise 
d’eau près du Crêt pour l'alimentation de la gare et de 
ses locomotives. 

Quant aux sources de Valangin sur lesquelles beau- 
coup de personnes fondent leur espoir, M. Ladame les 
Juge insuffisantes et hors d'état de compenser les frais 
que nécessiterait leur introduction dans la ville. A plu- 
sieurs reprises 1l les a Jaugées et il a été surpris de les 
trouver aussi faibles. 


M. Guillaume, conseiller d'état, fait voir un mor- 
ceau de bois de sapin, verni au silicate de potasse, et 
qu'il considère, grâce à ce préservatif, comme ayant 
perdu ses propriétés inflammables. Ce vernis, qui re- 
vient au même prix que la peinture à l'huile, a été ap- 
pliqué en plusieurs couches, sur toutes les pièces de 
bois du nouveau magasin de munitions; on a enduit de 
même la façade ouest de l'Observatoire pour préserver 
la pierre de l’action de l'humidité et de la gelée. Les 
bons effets que l’on retire de l'application de ce sel, lui 
font regretter qu'il ne soit pas d’un usage plus répan- 
du, car il est une foule d’objets exposés à l'air et à la 
pluie, par exemple, des moulures délicates, des sta- 
tues, des bas-reliefs qui, avec une faible dépense, 


— 532 — 
pourraient être conservés sans altération pendant un 
grand nombre d'années. 


M. le professeur Xopp annonce l'établissement du 
Comité helvétique de météorologie destiné à donner 
aux observations qui se font dans un grand nombre de 
points de la Suisse, l'unité et l’homogénéité qu’elles 
méritent. Pour être renseigné complètement sur le 
compte des comités locaux, sur le mode de procéder, 
sur les instruments, sur les conditions où ils se trou- 
vent, etc., le comité central a élaboré un questionnai- 
re que M. Kopp soumet à la Société et dont il fait lec- 
ture. On charge le Comité de météorologie de répon- 
dre à ces questions pour ce qui nous concerne. 

M. le D' Hirsch est nommé vice-président du Comi- 
té de météorologie. 


M. Xopp fait voir un appareil construit à Paris et 
destiné au bureau de contrôle de la Chaux-de-Fonds. 
Il sert à faire, par la voie humide, avec la plus grande 
exactitude et avec une extrême rapidité, six essais 
d'argent à la fois. Ces essais sont destinés à vérifier les 
résultats obtenus par la coupelle. Tout est combiné 
pour rendre les erreurs impossibles, ct pour mettre par 
conséquent l’essayeur à l’abri des récriminations des 
fabricants dont les boîtes sont reconnues au-dessous du 
titre légal. 


Séance du 24 Mai 1861. 


Présidence de M. L,. COULON. 


M. le D' Cornaz présente le mouvement de l'hôpital 
Pourtalès pour 1860. (Voir Appendice). Cette année, 


TES EDR, 


— 533 — 


constamment froide et pluvieuse , a été très-remarqua- 
ble par sa salubrité relative , bien que son état météo- 
rologique semblât annoncer le contraire. Aucune épi- 
démie ne s’est manifestée , l'hôpital n’a compté que 
douze cas intenses de fièvre typhoïde, et chose éton- 
nante, les affections chirurgicales , ordinairement en 
minorité, ont dominé de beaucoup tous les autres cas. 
C’est la première fois que le rapport de cet établisse- 
ment enregistre un résultat de cette nature. 

On peut en conclure que l'influence du froid hu- 
mide continu n’est point préjudiciable à la santé pu- 
blique ; il ne produit des effets fâcheux que lorsqu'il 
succède brusquement à un temps chaud et sec. À ce 
propos M. Cornaz fait remarquer combien sont mini- 
mes les résultats positifs introduits dans la science par 
la météorologie appliquée à la médecine, bien que ses 
observations se poursuivent depuis plusieurs siècles. 

M. Cornaz fait mention d’un cas de diabète sucré qui 
s’est présenté dans des conditions fort singulières; au 
moment de la mort, Furine du malade contenait moins 
de sucre que celle d’un autre individu atteint du même 
mal, et qui depuis bien des mois vaque, comme d'or- 
dinaire, à ses occupations. S'il n'avait considéré la ma- 
ladie qu’au point de vue chimique, comme le font cer- 
tas médecins, il aurait pu se tromper singulièrement 
sur l’état du malade. Il a la conviction que dans le 
traitement du diabète on ne doit pas se laisser guider 
uniquement par l’analyse chimique, et refuser aux 
malades les aliments carbonés, car malgré toutes les 
précautions, la formation du sucre s’opère en eux aux 
dépens de leur graisse, et les réduit bientôt à une 
maigreur extrême. Les habitudes de la nutrition étant 


— 0534 — 


changées, et une sécrétion anormale du sucre étant 
devenue leur état habituel, il faut au contraire leur 
fournir les éléments de cette sécrétion pour qu’elle ne 
s’accomplisse pas aux dépens de leur propre substance. 


M. le Président entretient la Société de l’augmenta- 
tion des collections du musée pendant les dix années 
qui viennent de s’écouler. Les achats faits à l’aide des 
fonds votés par la Commune ne sont pas la seule sour- 
ce de cet accroissement; les dons provenant d’un grand 
nombre de personnes y tiennent une place considéra- 
ble. | 

1850. 1852. 1858. 1861. 


Mammifères . . . 196 — 314 374 
Oiseaux. .: .. + . 2618 — 1876 2329 
Menies Ce UE — — 225 
AO. dau. à — 447 467 
DEUST Ur tr — — 151 
Coléoptères  . . . 4776 0818 7091 71726 
Hyménoptères. . . — — 878 1725 
Orthoptères. . . . — — 147 341 
Névroptères . . . — — 129 306 
DIDICICS 2 0 — — — A2 
Lépidoptères d'Europe — — — 1526 
Coquilles terrestres . 702 1317 1527 1879 
Coquilles marines. .  — — 1964 2147 
Hess 7 es — — 18000 


M. Coulon remarque qu’il n’a fait entrer dans ce 
tableau que les objets déterminés et exposés dans les 
salles du musée ; il en reste encore un assez grand 
nombre qui wont pu être classés et disposés, re de 
place. 


. 
a pd tt nd 


— 535 — 


M. Zsely fait la communication suivante : 

L’attraction qu'un électro-armant exerce sur son ar- 
mature augmente à mesure que celle-ci s’en approche. 
Cet accroissement d'intensité produit un mouvement 
accéléré qui offre des inconvénients dans plusieurs ap- 
plications des électro-aimants. Pour y obvier, on a ima- 
giné un système de double levier de la figure suivante 
(fig. 3). 

Soit E l’électro-aimant et A l’armature. Celle-ci est 
fixée à l'extrémité d’un levier coudé A O L,, sur lequel 
repose un second levier DIB , dont le contact a lieu au 
repos, en M par exemple. Lorsque l’armature s’est ap- 
prochée de l’électro-aimant et a pris la position À’ 
(fig. 4), le levier inférieur a tourné autour de son pi- 
vot O en soulevant le levier supérieur, de sorte que le 
contact se fait alors en M', plus éloigné de O que M. — 
On conçoit que le rapport des bras de levier changeant 
ainsi à chaque instant du mouvement de l’armature, on 
puisse , en donnant aux deux leviers une forme conve- 
nable, neutraliser, plus ou moins, l’accroissement de la 
force d'attraction. — Cherchons donc quel doit être le 
tracé approximatif des courbes des deux leviers pour 
qu'un tel effet ait lieu. Nous ne tiendrons compte que 
de la variation de la force d’attraction et nous suppo- 
serons constantes toutes les autres quantités qui entrent 
dans les conditions du problème, comme l'intensité 
du courant, le moment de la résistance, etc. ; nous 
supposerons aussi que l'attraction varie en raison in- 
verse du carré de la distance. Si ces suppositions ne 
sont pas rigoureusement exactes, nous n’en trouverons 
pas moins un résultat suffisamment approximatif, car 
il s'agit 1c1 d'obtenir un mouvement à peu près et non 


— 936 — : 


complètement uniforme, auquel on ne pourrait sans 
doute pas attendre, puisqu'il y a trop de variations peu 
susceptibles d'analyse dont il faudrait tenir compte. 
Occupons-nous d’abord du levier inférieur : 
Admettons qu’au départ de l’armature , lorsque le 
contact est en M, 1l y ait équilibre dans le système. 
Désignons par e l'attraction initiale de l’électro-aimant; 
par à la distance O M etc, celle I M. Soit», le moment 


de la résistance et / la longueur O A. Nous aurons 


Di au de La 
légalité == 2 
m C 


On peut toujours satisfaire à cette égalité au moyen 
des quantité variables e, 7, m; le rapport ee est donc 
déterminé par la position du premier point M, qu'il 
faut fixer à priori. Appelons ce rapport g. 

Lorsque l’armature prend la position O A”, le levier 
tourne de l’angle A O A’, de manière que c’est une 
ligne O M' faisant avec O M un angle M'OM—AOA, 
qui vient se placer sur la ligne des centres O I. 

Le contact ayant lieu en M', l'équilibre du système 
peut s’exprimer par une nouvelle équation. 

S1 a désigne la distance A E, et a' la distance A'E, 


Vattraction de l’aimant sur l’armature A’, sera / x _. ; 
soit OM —xzet IM — 4 — x (en faisant 10 — d); 
l'équation d'équilibre sera : 


a © 


exX—Xl(d—xr)=max 
a 

4 5 DDR ART EU à : né HE S ms 
rt RG ANT Ma  RE TT 

a ©? 

dax re 

3 a"? 

On en tire x — # 

1+qx 

a'? 


à = a 
ou , en appelant z le rapport variable 


PSE. 50e ft) 

1+q 
Cette formule donne la longueur de O M, et déter- 

mine la position de M' sur cette ligne. 
Pour construire l’épure de la courbe inférieure, il 

faut donc : 

1° Tirer la ligne des centres O I et y fixer la position du 
premier point M, d’où l’on conclut la valeur q—=— 

2° Tracer la ligne O A qui indique la position initiale 
de l’armature et diviser l’angle À O E en un cer- 
tain nombre de parties égales, par exemple en qua- 
tre ; les rapports des lignes E 1, E 2, E 3, etc., 
avec la ligne E A, seront les diverses valeurs de z. 

3° Tracer au-dessous de O I une ligne O X faisant un 
angle XOI — E O À; diviser cet angle en un mé- 
me nombre de parties égales que E O A et porter sur 
les droites de division des longueurs calculées par 
la formule (‘) en y remplaçant 4, g et z par leurs 
valeurs. Les points M, M', M”, etc., étant joints par 
une ligne, donneront le tracé de la courbe cherchée. 


EA EA : 
On peut, sans grande erreur, faire les rapports Si 
etc., égaux aux rapports des angles; si l’on a, par 
exemple , divisé À O E en quatre parties égales, les 
valeurs de z sont successivement “/:, */, 4. 


En désignant l'angle variable E O A' par 0 et l’angle 
EO A par «, on a z — — et : 


a? 
LE CR d q 
se nu — ga? +0 


La courbe du levier inférieur approche donc d’une 
courbe polaire dont le rayon vecteur serait x et l’axe 
fixe, la ligne O X. 


— 538 — 


Les points M, M’, etc., du levier supérieur, qui doi- 
vent venir en contact avec leurs homologues du levier 
inférieur, sont situés à des distances respectives de F, 
égales à d—x; en outre la longueur de l’are MM’ dans 
le levier supérieur doit être la même que celle MM’ 
dans le levier inférieur. Ces deux conditions déterminent 
la position des points successifs M, M’, M”, etc., du le- 
vier supérieur et par conséquent sa courbure. Pratique- 
ment, la courbe du levier d’en haut s'obtient très-faci- 
lement par quelques essais après qu’on a tracé le levier 
d'en bas; un léger arc de cercle que l’on modifiera par 
quelques coups de lime suffira ordinairement pour 
atteindre le but. 


Séance du 31 Mai 1861. 


Présidence de M. L. CoULON. 


M. Hirsch communique à la Société le résultat des 
observations qu'il a entreprises, de concert avec M. 
Plantamour, pour déterminer la différence de longitu- 
de entre Genève et Neuchâtel, à l’aide du télégraphe 
électrique (voir Appendice). 


M. Hipp ajoute quelques explications sur les instru- 
ments employés dans ces expériences, et qui sont sortis 
de son atelier. Il annonce qu'il travaille à la construc- 
tion d’un appareil qui permettra d'entreprendre la 
détermination de la longitude non-seulement entre 
Neuchâtel et Paris, mais entre Neuchâtel et Green- 
wich, par un courant direct, et sans le secours de re- 
lais intermédiaires. 


APPENDICE, 


LES 


DÉCOUVERTES ASTRONOMIQUES 


FAITES PENDANT L'ÉTÉ DE 1860. 


2 7 m————— 


Pendant les vacances de cet été, notre connaissance 
du système solaire a été complétée par la découverte de 
quatre nouvelles petites planètes appartenant au groupe 
placé entre Mars et Jupiter. 

Le 12 septembre, M. Chacornac, à Paris, a trouvé la 
99me planète qui n’a pas encore reçu de nom. Deux jours 
après, M. Ferguson, de l'observatoire national de Was- 
hington, a découvert un astre de 11me orandeur, dont le 
mouvement propre a été immédiatement reconnu, et qui 
est appelé par les astronomes américains Titania. Pres- 
que simultanément, M. Goldschmidt, de son côté, a décou- 
vert une troisième planète, également de 11me grandeur, 
à laquelle M. Luther, de Bilk, a donné le nom de Danaë. 
M. Goldschmidt avait déjà remarqué cet astre le 9 sep- 
tembre, à 8 heures du soir; mais empêché par une in- 
disposition, il n’a pu le suivre et ne l’a revu que le 19 
septembre, où il a constaté définitivement sa nature pla- 
nétaire. Enfin, la quatrième a été découverte à l’observa- 
toire de Berlin par les astronomes adjoints MM. Feærster et 
Lesser. Ces messieurs voulaient, le 14 septémbre, observer 
la nouvelle planète (59) de Chacornac, lorsqu'ils virent en 


— 540 — 

effet une étoile de même grandeur si près du lieu qu’ils 
avaient estimé d'avance, qu’ils la prirent d’abord pour la 
planète cherchée. En la suivant, ils reconnurent par la 
discordance entre leurs observations et celles des autres 
observatoires, qu'ils avaient affaire à une nouvelle planète, 
qu'ils ont annoncée au mois d'octobre. M. Enke lui a 
donné le nom d’Erato. 

Comme ces découvertes se sont suivies de très-près (elles 
tombent toutes dans une semaine), et que pour plusieurs 
d’entre elles il y a eu des circonstances particulières, on 
est dans le doute sur la manière de les ranger. Si l’on 
veut les ranger d’après les dates de la découverte même, 
les planètes se suivraient dans cet ordre: 

(59) Chacornac, 

(60) Fôrster et Lesser, 
(61) Ferguson, 

(62) Goldschmidt. 

Mais puisqu'on a adopté comme principe général de 
priorité dans les découvertes scientifiques, qu'on se dirige 
d’après la publication dans une académie ou société scien- 
üfique, ou bien dans un recueil scientifique quelconque, 
en suivant la même règle dans ce cas, l’ordre des quatre 
planètes est celui-ci: 


(59) Planète de Chacornac, découverte à Paris, le 19 
septembre, 

(60) Titania, découverte par Ferguson à Washington, 
le 15 septembre, 

(61) Danaë, découverte par Goldschmidt à Paris, le 19 
septembre, 

(62) Erato, découverte par Fœrster et Lesser à Berlin, 
en octobre. 


La circonstance particulière, qu'après 18 mois de repos 


le catalogue de ces petites planètes se trouve tout d’un 
coup augmenté de quatre, a fait naître dans l'esprit de 


FUTT AN 


— Al — 


M. LeVerrier une idée qui, d'après ses propres paroles, 
est étrange peut-être au premier abord, mais qui peut 
très-bien être une réalité. En effet, si ces planètes exis- 
taient depuis longtemps, comment se fait-il qu’elles aient 
échappé aux regards perçants des astronomes. N'est-il 
pas possible qu’elles se soient formées tout récemment? 
L'espace autour du soleil est, on le sait, rempli de matière 
cosmique à tous les degrés de ténuité et de grosseur. 
M. LeVerrier pense donc qu'un gros fragment, animé 
d'un mouvement elliptique de vitesse variable, pourrait 
s'adjoindre par attraction et par entrainement des frag- 
ments plus lents, qu’il atteint dans sa marche; l'ensemble 
de ces fragments agglomérés constituerait alors une petite 
planète de formation récente, et qu'on ne voit aujourd'hui 
que parce qu'elle n'existait pas hier. 

Sans vouloir émettre une opinion sur cette hypothèse 
hardie, il faut remarquer qu’une telle reprise subite de 
découvertes s’est déjà produite quelquefois dans l'histoire 
des petites planètes, et-que cette fois elle pourra s’expli- 
quer en partie par les circonstances atmosphériques favo- 
bles du mois de septembre après un été presque généra- 
lement pluvieux. 

Le nombre des comèles de cette année, — je vous ai 
déjà parlé de deux, de celle de Liais et de Rümker, dé- 
couvertes au printemps, — a été depuis augmenté de deux 
autres. La première (la troisième de l’année) a été vue 
au mois de juin par plusieurs personnes, car «elle était 
visible à l'œil nu dès le commencement. Dans une telle 
circonstance 1l est difficile de fixer la date de la première 
découverte; en France on veut l'avoir vue à différents 
endroits avant le 22 juin. Le premier astronome qui l'a 
annoncée, est M. Hock, d'Utrecht, qui l’a vue le 22 juin, 
ainsi que M. Donati, à Florence. Le 93 elle a été observée 
à Altona par Peters, et à Bonn par Winnecke. 

Comme la déclinaison de cet astre diminuait rapide- 
BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. V. 35 


— 542 — 


ment, et que le clair de lune, ainsi que le mauvais temps 
qui régnait à cette époque dans une grande partie de 
l'Europe empéchait l'observation, elle a été peu observée 
et pendant, un temps assez court. Pour notre observatoire 
la comète était cachée par les montagnes. 

Le fait singulier que cette comète est subitement appa- 
rue à l'œil nu et qu’elle a disparu aussitôt, s'explique par 
son orbite et se comprend facilement, si l’on remarque 
la grande rapidité avec laquelle son éclat a changé. Si 
l'on appelle 1 l'intensité maxima, on a pour 

le 10 juin, l'intensité égale 0,438 


44 » » 0,727 
E8:.irs » 0,963 
926  » ) 0,968 
201,2 ) 0,958 
20 juillet » 0,340 


Je ne dois pas oublier que M. Dimbowski a vu à Milan, 
le 27 juin, le noyau de cette comète sous forme d’un crois- 
sant parabolique avec un petit renflement au centre. Le 30 
déjà, il était rond de nouveau. | 

Enfin, le 95 octobre, M. Temple a découvert, à Mar- 
seille, une petite comète télescopique, que le mauvais 
temps nous empêcha de suivre. 

Le fait principal dans les annales astronomiques de 
cette année, est l’éclipse totale du 18 juillet. Les astrono- 
mes qui se sont rendus en grand nombre en Espagne, ont 
été généralement favorisés par un temps magnifique, qui 
a permis de suivre partout toutes les phases du phéno- 
mène. Le gouvernement espagnol, sous l’habile initiative 
de M. Aguilar, directeur de l'observatoire de Madrid, a 
cherché à faciliter par tous les moyens les efforts des 
savants. Je vous rendrai compte des résultats de cette cam- 
pagne scientifique dans une de nos prochaines séances; 
qu’il suffise pour aujourd'hui de parler des quelques ob- 
servations qu'il a été possible de faire ici. — M. Hirsch 
lit alors la notice suivante sur ses observations de l'éclipse. 


Le. 


OBSERVATION DE L'ÉCLIPSE DE SOLEIL 


du 48 Juillet 1860, 


A NEUCHATEL. 


(Voir page 403 du Bulletin des séances.) 


Malheureusement plus de la moitié de l’éclipse a été 
perdue pour nous, de même que pour la plus grande 
partie de nos contrées, par l'orage violent qui a parcouru 
presque toute la Suisse dans l’après-midi du 18 juillet. 

Déjà à midi, on apercevait un orage lointain; à 1 heure 
15 minutes le ciel se découvrit avec un vent très-fort de 
N. N.-0., de sorte que le commencement de l'éclipse a pu 
être observé. 

J'avais préparé pour l'observation notre grande lunette 
parallactique, dont j'avais réglé le mouvement sur celui 
du soleil. J'employais le plus faible oculaire du micromè- 
ire de position dont le grossissement est de 128. Ne pou- 
vant avec la grande lunette voir qu'une partie du soleil à 
la fois, j'avais monté aussi notre chercheur de comète 
afin d'embrasser le disque solaire tout entier. Comme il 
importe dans ce genre d'observations, si l'on veut saisir 
exactement le moment du commencement, de concentrer 
d'avance son attention sur le point où l'ombre doit parat- 
tre, j'avais calculé ce point avec exactitude, et après avoir 
déterminé quelques instants auparavant le point nord du 
soleil, je fis passer le fil du micromètre par le point du 
contour du disque solaire où l'immersion devait avoir lieu. 
Le premier contact s’est fait exactement à ce point, c’est- 
à-dire à 750 48" à l'ouest du point nord, et à 2h 21m 905 
temps moyen de Neuchâtel. L'incertitude de cette obser- 
vation peut être d’une seconde, le contact ayant eu lieu 


— 544 — 


au point même du disque solaire, où le fil du micromètre 
le coupait; il arriva ainsi que je ne m'aperçus de la pré- 
sence de la lune que lorsque son ombre dépassa sensible- 
ment l'épaisseur du fil. 

Je ne pus pas m'empêcher de pousser un cri de satisfac- 
tion, lorsque la lune apparut exactement au moment et à 
l'endroit que le calcul lui avait assignés. Les astronomes 
qui observaient l’éclipse à Desierto de las Palmas, en 
Espagne, parlent aussi d'un cri de joie poussé par la 
multitude à la fin de l'éclipse totale, lorsque le premier 
rayon du soleil reparut. Quelle différence entre ce senti- 
ment d’orgueil bien légitime que la perfection de la science 
inspire à l’astronome, et la joie naïve avec laquelle le peu- 
ple salue la réapparition de l’astre du jour. Ces deux mou- 
vements ne représentent-ils pas d'une manière bien signi- 
ficative les deux types de la nature humaine; d'un côté 
l’homme de science qui contrôle et prédit les phénomènes 
de la nature par la force de sa raison, et de l’autre côté 
l'homme dont l'âme opprimée et assujettie à l'influence des 
forces de la nature, s'ouvre joyeusement au premier rayon 
du soleil, comme on l’a observé sur les feuilles d'un acacia 
de Constantinople. 

Pour revenir à mes observations, j'ai suivi l'ombre de 
la lune à mesure qu'elle s'avançait sur le disque du soleil. 
Malgré les circonstances atmosphériques défavorables, les 
contours des astres étaient parfaitement nets et sans on- 
dulation ; dans notre superbe lunette les sinuosités, les 
montagnes et les vallées de la surface de la lune se pré- 
sentaient avec une précision surprenante, et la silhouette 
dentelée de la lune noire se projetait sur le fond brillant 
du soleil d'une manière tellement tranchée, comme on ñne 
l’observe jamais pour des objets terrestres, pour lesquels 
l'ombre et la lumière sont toujours séparés par des demi- 
teintes de transition. De même lorsque la lune s'approchait 
des taches du soleil et commençait à les couvrir, je n’ai 


— 945 — 


pu voir le moindre changement ni dans la forme ni dans la 
couleur de ces taches et de leurs pénombres, malgré toute 
l'attention que j'y apportais. Ce fait, confirmé d’ailleurs 
par M. Aguilar et le père Secchi qui observaient en Espa- 
gne, prouve de nouveau l'absence d'une atmosphère lu- 
naire, douée du moindre pouvoir de réfraction. 

J'ai pu observer l’occultation de deux groupes contenant 
10 taches, indiquées sur le dessin par les lettres à, b...., k. 
À 3 heures déjà les nuages commençaient à passer devant 
le soleil, sans le couvrir cependant entièrement; en même 
temps le vent augmenta considérablement. À 3 heures, 7 
minutes, j'ai encore pu fixer le moment de l’occultation 
pour la première tache d’un groupe situé dans le quartier 
austro-oriental du soleil. Mais à 3 heures, 8 minutes, le 
soleil était déjà invisible, le tonnerre commença à gronder 
et au moment du milieu de l’éclipse tout le ciel était cou- 
vert de nuages épais, de sorte que l'effet de l’affaiblisse- 
ment de la lumière sur le paysage était difficile à observer; 
cependant il m'a semblé qu'il faisait plus obscur qu'à 
l'ordinaire à cette heure même avec un ciel entièrement 
couvert. 

Voici maintenant les moments d'immersion du soleil et 
de plusieurs taches; les lettres de ces dernières corres- 


pondent à celles du dessin. 
Temps moyen de 


Neuchâtel. 
Commencement de l'éclipe. . . . . 9h 21m 205 
AR 30 ‘169 
Grand groupe de taches près lo “ ve 
du bord oriental du soleil. l 29 405 
e 39 ? 


Groupe de taches isolées, sans | 
pénombre dans le quartier 
austro-occidental du soleil. | 


TS 

OS RO RO RO RO RO RO RO RO RO RO 
—— 
D 


TS 


— 946 — 


Les perturbations qui ont eu lieu dans l'atmosphère ont 
dû nécessairement cacher aussi l'effet de l’éclipse sur les 
instruments météorologiques. 

Le tableau suivant, qui indique la marche du baromé- 
tre et du thermomètre extérieur à l'ombre, 


= | BAROMÈTRE [THERMOMÈTRE 


réduit à O°. centigrade. 
2 heures 0 min. 716m,09 + 2408 
TUE LOU. 3 716m,00 + 950,0 
DJ LL. 715m,85 + 240,4 
: pété er |: ee 715m,81 + 922%,8 
4 » O0 » 715,53 + 9929 
Ait OS 716m,26 + 9109 
A0 ET CA 716m,39 + 200,7 


montre pour la température une baisse continue; cepen- 
dant il y a un saut un peu plus fort vers le milieu de 
l'éclipse. Le baromètre qui est descendu de Omm,49 de 2 
à 4 hres, et qui est remonté de 0,86 jusqu'à 5 heures, 
l'aura fait plutôt sous l'impulsion de l'orage que sous 
celle de l'éclipse. D'ailleurs dans la zône même de la 
totalité, on n’a pu nulle part constater une influence 
sensible et marquée de l’éclipse sur le baromètre. 


RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS 


PUBLIÉES 


SUR L'ECLIPSE TOTALE DE SOLEIL 


du 18 Juillet 1860. 


Bien qu'une grande partie des rapports que nous avons 
à attendre sur les détails de cet important phénomène 
nous manquent encore, entre autres les résultats des 
commissions anglaises et russes qui ont observé en Espa- 
gne, et les observations faites dans l'Amérique du Nord, 
sur l’ordre du congrès des Etats-Unis, les publications 
d'un grand nombre d’astronomes français, allemands, es- 
pagnols et italiens, contiennent déjà une telle masse de 
faits curieux et d'observations précieuses, qu'il serait 
peut-être utile dès-aujourd'hui de les résumer, de les 
comparer entre elles et de les condenser pour ainsi 
dire, sauf à les compléter plus tard par les communica- 
tions qui paraîtront encore. 

Pour pouvoir embrasser ce grand matériel scientifique, 
il convient de classer les observations d’après certaines 
catégories. Ainsi nous parlerons d’abord des observations 
astronomiques proprement dites, qui consistent essentiel- 
lement dans l’ébservation des moments des différents con- 
tacts extérieurs et intérieurs, des angles de positions pour 
lesquels ces contacts ont eu lieu, ainsi que des moments 
d’occultation et de réapparition des taches du soleil. En- 
suite nous traiterons des observations optiques, et de ces 


— 048 — 


phénomènes curieux que l’on désigne sous les noms de 
couronne et de protubérances; nous passerons alors en 
revue les observations météorologiques et physiques; en- 
fin, nous résumerons sous le titre d'observations diverses, 
les différents renseignements sur le degré d’obscurité 
pendant l’éclipse totale, sur la visibilité des étoiles, sur 
l'impression éprouvée par les organismes, etc. 


XI — Observations astronomiques. 


Si l’on veut restreindre l’astronomie, comme le fait 
Bessel, peut-être un peu trop rigoureusement, à l'étude 
des mouvements des corps célestes, les éclipses intéresse- 
raient l'astronome, sinon exclusivement, au moins prin- 
cipalement, par les données qu’elles peuvent fournir pour 
le contrôle de nos tables astronomiques du soleil et de la 
luné. En effet, l'observation exacte des moments des dif- 
férentes phases, ainsi que des points où ont lieu les qua- 
tre contacts des deux disques, est d'une grande impor- 
tance pour la mécanique céleste, et surtout pour la 
théorie si compliquée du mouvement de notre satellite. 
Il est facile de voir, si l’on envisage le phénomène d'une 
éclipse sous le point de vue purement géométrique, que 
les moments et les directions dans lesquels un observa- 
teur aperçoit ces contacts, dépendent à la fois de la po- 
sition absolue et relative qu'occupent les deux astres dans 
l’espace, ainsi qué de la situation où l'observateur se 
trouve sur le globe terrestre; il n’est pas non plus diffi- 
eile de comprendre, combien, d'après la nature même 
du phénomène, doit être grande l'influence de la moin- 
dre erreur commise, par rapport à la position ou au mou- 
vement des deux astres, sur la direction et le mouvement 
des deux cônes d'ombre. Ceci explique pourquoi l’exacti- 
tude avec laquelle l'observation d’une éclipse vérifie les 
calculs préalables, est envisagée comme pierre de touche 


— 549 — 
principale de la perfection que l'astronomie a atteinte 
dans les différentes époques. : 

D'un autre côté, un coup-d'œil sur la figure géométri- 
que d’une éclipse, apprend que l'observation des contacts 
peut servir à deux choses : ou à corriger les positions des 
astres qui forment le cône d'ombre, si la position de l’ob- 
servateur sur la terre est parfaitement connue, ou bien 
à déterminer cette position géographique (surtout la lon- 
gitude), si l’on suppose exactes les positions assignées 
par les tables au soleil et à la lune. L'ensemble de ces 
observations pourra être employé à trouver l’un et l’autre, 
les corrections aux tables et les coordonnées géographiques. 
Aussi les astronomes ne manquent-ils jamais d'utiliser 
dans ces deux directions les précieuses données fournies 
par les éclipses; ils le feront aussi cette fois. Mais la na- 
ture de ces observations mêmes, aussi bien que des cal- 
culs auxquels elles donnent lieu, explique assez que leur 
publication se fait attendre. En effet, les observations 
des moments de contacts impliquent la connaissance de 
l'état et de la marche des chronomètres avec lesquels 
elles ont été faites, et cela exige tout un système d’au- 
tres observations auxiliaires, ayant pour but justement la 
détermination du temps local et de la latitude du point 
d'observation. Ensuite il faut calculer et réduire ces dif- 
férentes observations. On comprend ainsi facilement pour- 
quoi la plupart des astronomes n’ont pas encore publié 
les résultats définitifs de leurs observations de ce genre. 
Je né pourrais donc pas à présent vous communiquer 
quelles sont les corrections qui résultent de toutes ces 
observations pour nos tables astronomiques. Cependant 
je crois voir par l’ensemble des observations que j'ai pu 
recueillir, que l'éclipse est arrivée quelques secondes après 
le moment assigné d'avance par le calcul, et surtout que 
la durée de la totalité a été un peu moindre qu'on ne 
l'avait prédite, ce qui prouverait que les diamètres appa- 


MU ee 


rents des deux astres ont besoin d’être légérement cor- 
rigés, à quoi d’ailleurs les astronomes s’attendaient. Les 
inégalités du contour de la lune, provenant de la hauteur 
relativement très-considérable des montagnes lunaires, 
explique d’ailleurs une grande partie de ces discordances, 
car tel observateur verra le premier ou le dernier rayon 
plus tôt ou plus tard, suivant que le contact aura lieu au 
sommet d’une montagne ou au fond d’une vallée de la 
surface de notre satellite. | 
L'échange de signaux d'heure entre l'observatoire de 
Madrid et les différentes stations d'observation, que le 
gouvernement espagnol a rendu possible en mettant les 
lignes télégraphiques à la disposition exclusive des astro- 
nomes, pendant plusieurs heures, avant et aprés l'éclipse, 
facilitera beaucoup aux astronomes le calcul de leurs ob- 
servations , en fixant la longitude de leurs stations. 


II. — Observations optiques. 


Couronnes et Protubérances. 


Vous connaissez tous, sinon par l'observation de la nature, 
du moins par des dessins, les curieux et magnifiques 
phénomènes, qui font des éclipses totales de soleil un des 
plus beaux et des plus saisissants spectacles de la nature, 
laquelle, avec cette richesse inépuisable, qui dans la mort 
même rallume la flamme éternelle de la vie, au moment 
où elle paraît vouloir nous plonger dans l'obscurité tota- 
le, entoure l’astre éclipsé d'une gloire éblouissante de 
lumière et de couleurs, et, en nous cachant le soleil, nous 
dévoile, soit le secret de sa constitution physique, soit un 
des nombreux mystères que renferme le jeu multiforme 
des ondes de sa lumière. Cette fois, comme dans d’autres 
occasions pareilles, tous les observateurs sont d'accord 
sur l'impression profonde que la magnificence du phéno- 
mène , la transparence et la finesse des couleurs du blanc 


F 
22 Le “ 
Ca cn Doi piner-mé Cat 


ai fit dat: "ms 


ubei-sss. ‘ins 


— 901 — 


d'argent avec lequel brille l'auréole, du rose, du rouge 
ou du violet des protubérances, produisent sur l'âme du 
spectateur; et si en opposition directe avec les Arabes de 
Dongolah, qui ont assuré sérieusement et naïivement 
à l’astronome égyptien, Mahmoud-Bey, que les deux mi- 
nutes de l'obscurité totale leur ont semblé deux heures, 
les astronomes s'accordent à dire que ces quelques mi- 
nutes leur ont paru s’écouler en quelques secondes, on 
doit expliquer peut-être cette impression, non seulement 
par l’attention tendue avec laquelle ils ont tâché d’accu- 
muler en si peu de temps une masse d'observations im- 
portantes et difficiles, mais aussi par la puissance avec 
laquelle la beauté du spectacle a frappé leur esprit. 
Avant d'entrer dans les détails que l'observation de 
cette année a fournis, et afin de les enchaîner et d'en 
faire voir l'importance relative, il me semble utile de ca- 
ractériser en quelques mots les traits généraux de ces 
phénomènes et de développer les deux théories par les- 
quelles les savants ont essayé de les expliquer et entre 
lesquelles on a espéré que l’éclipse de 1860 déciderait. 
Au moment où le dernier rayon direct de soleil dispa- 
raît, ou même quelques instants avant, on voit se former 
autour des deux disques superposés un cercle lumineux 
d'un blanc d'argent ou blanc de lait, qui, partant du 
bord noir de la lune, s'étend ordinairement jusqu’à une 
distance égale à peu près au diamètre de la lune, sa lu- 
mière se perdant peu à peu. Quelquefois elle offre un as- 
pect assez uniforme, dans d’autres occasions on a pu re- 
connaître des zones concentriques de différente intensité, 
ou bien aussi des bandes minces radiales. De cette cou- 
ronne partent alors dans des points plus ou moins nom- 
breux de son contour, des faisceaux de lumière blanche, 
s'étendant jusqu’à deux ou même trois diamètres lunaires. 
Pour la plupart ces faisceaux consistent en rayons diri- 
gés normalement au contour de la lune; l'ensemble de la 


— 02 — 


couronne et de ces faisceaux figure alors une espèce de 
gloire pareille à celle dont les peintres entourent les têtes 
des saints, ou bien des ostensoirs aux rayons d’or que 
l’on voit dans les églises catholiques. Mais parfois les fais- 
ceaux de rayons blancs sont sensiblement inclinés par rap- 
port au bord de la lune, auquel ils sont même quelque- 
fois tangents. Il arrive aussi que leurs formes sont tout- 
à-fait irrégulières. | 

À côté de ce phénomène de l’auréole blanche, qui est 
parfaitement visible à l'œil nn et était par conséquent 
déjà connu des anciens, on a observé dans les éclipses des 
temps modernes un autre genre d’appendices visibles, sur- 
tout dans les lunettes. Ils se distinguent par leur couleur 
brillante, qui d'un rouge pourpre entremêlé de teintes vio- 
lettes, peut passer par la couleur fleur de pêcher au rose 
le plus tendre. Ces protubérances, comme on les appelle, 
affectent les formes les plus variées, quelquefois elles se 
présentent sous forme de pics de figure pyramidale assez 
régulière, quelquefois sous forme de crochets, de flam- 
mes, de nuages, etc.; immédiatement après le commence- 
ment ou avant la fin de la totalité de l’éclipse, on voit 
dans la région où le soleil a disparu ou va reparaître, 
un si grand nombre de ces protubérances, qu’elles semblent 
former des chaînes de montagnes, qui embrassent par- 
fois 60 à 800 du disque. La hauteur des protubérances 
dépasse rarement 1”, 5. Dans la plupart des cas elles pa- 
raissent avec leur base être assises sur le bord de la lune, 
mais on en a vu qui étaient entièrement détachées du 
contour de la lune et d'autres qui empiétaient considéra- 
blement sur le bord lunaire. 

Cest surtout ce singulier phénomêne des protubé- 
rances qui occupe le plus l'attention des observateurs 
dans les éclipses modernes. On a cru l'avoir découvert 
pour la première fois dans l’éclipse de 1842; cependant 
il est probable que des observations antérieures parlent 


— 553 — 


déjà de phénomènes identiques avec les protubérances 
rouges; c’est surtout hors de doute pour la description 
qu’en donne Birgerus Vassenius, professeur de mathéma- 
tiques au gymnase de Gôtheborg, qui a observé l'éclipse 
du 2 mai 1733. Depuis on l’a perdu de vue jusqu'en 1849; 
à partir de cette année on a observé les protubérances 
dans toutes les éclipses totales, notamment dans celles de 
1851, 1858 et 1860. 

Maintenant, comment faut-il expliquer tous ces phéno- 
mênes curieux? Sont-ce des objets réels appartenant au 
soleil ou plutôt à l'atmosphère solaire, qui seraient invi- 
sibles ordinairement, à cause de l’éclat éblouissant du so- 
leil et qui deviendraient visibles dans les éclipses totales, 
parce qu'alors la lune, s'interposant comme écran, préser- 
verait l’œil de la lumière directe du soleil? Ou ne seraient- 
ce que des phénomènes purement optiques, des jeux de lu- 
mière, des mirages, qu'on pourrait expliquer d'une manière 
suffisante, par la théorie des ondulations, comme étant 
produits par la diffraction, l'interférence et la réfraction ? 
Les savants sont divisés sous ce rapport; les deux hy- 
pothèses, que l’on peut appeler hypothèse topographi- 
que et hypothèse optique, ont de nombreux défenseurs, 
qui savent étayer leur théorie d'arguments variés et plus 
ou moins importants. 

Pour mieux faire voir la portée des observations de 
cette année, et pour pouvoir juger à quel parti elles 
tendent, dans leur majorité, à donner raison, il con- 
vient de développer brièvement les deux théories et d’en 
caractériser les points principaux. 

D'abord, quant à la couronne, les savants qui croient 
devoir lui attribuer une existence réelle, la considèrent 
comme une atmosphère immense qui entoure le soleil 
et qui devient visible par la lumière réfléchie ou diffuse 
du soleil, du moment que sa lumière, relativement plus 
faible, n’est plus éteinte par la lumière directe beaucoup 


— 004 — 


plus intense du soleil. Cette atmosphère, qui s’étendrait 
si loin qu’un grand nombre de comètes devraient la tra- 
verser dans leur périhélie (ce dont le mouvement de 
ces astres n’accuse aucune trace), serait alors la troi- 
sième enveloppe gazeuze du soleil; car vous savez que 
pour expliquer les taches du soleil et leur pénombre, on 
suppose le noyau obscur du soleil entouré d’abord par 
une couche de nuages sombres, et ensuite par la pho- 
tosphère proprement dite, source de la lumière et de la 
chaleur du soleil. 

L'hypothèse contraire explique le shéfainiss de l’auréole 
par un simple fait de diffraction, que les rayons du so- 
leil, qui rasent le contour de la lune, éprouvent par l'at- 
traction de notre satellite, qui les fait dévier dans le cône 
d'ombre. Cette hypothèse rend compte en même temps 
des faisceaux de rayons blancs qui, dans des formes et des 
directions variées, s’élancent de la couronne proprement 
dite à une distance double ou même triple; ces faisceaux 
seraient produits par l'ombre des hautes montagnes de la 
lune, dont quelques-unes dépassent le bord de 25000’; 
suivant que ces montagnes seraient symétriques et d’une 
forme conique, comme c’est le cas pour la plupart, ou 
bien qu’elles présenteraient des pentes irrégulières et 
d'une inclinaison différente, les faisceaux auraient une 
direction radiale et une forme régulière, ou bien une di- 
rection plus ou moins inclinée et des contours variés. 

Sans pouvoir entrer ici dans les détails de ce phéno- 
mène optique, nous faisons remarquer que cette hypo- 
thèse non seulement explique les faits que l'observation 
a constatés relativement à l’auréole, mais qu’elle est ad- 
mise pour d'autres phénomènes du même genre, tels que 
les rayons que nous voyons sortir quelquefois derrière 
des nuages épais qui cachent le soleil du matin ou du 
soir. Qu'il me soit permis de citer ici une observation 
d'auréole que j'ai faite cet automne, et qui m'a frappé 


pâr sa ressemblance extraordinaire avec celle que pré- 
sentent les éclipses totales. Dans une belle journée d’octo- 
bre, je descendais la montagne depuis Chambrelien vers 
Boudry; le soleil était près de l'horizon et se cacha bien- 
tôt pour moi derrière le Creux-du-Vent, lorsque tout à coup 
je vis la forme arrondie de cette montagne entourée, dans 
sa partie supérieure, d'une couronne de lumière blan- 
châtre, de laquelle s'élañçaient des faisceaux de rayons 
lumineux de tous les côtés à une hauteur considérable. 
Ces rayons partaient surtout des arbres ou d’autres pro- 
éminences du contour de la montagne, comme on a 
constaté que les rayons des auréoles d’éclipses répondent 
aux montagnes de la lune. Ces expériences grandioses 
d'auréole que la nature nous offre quelquefois, sont d’ail- 
leurs corroborées par des expériences de cabinet, qu'on 
produit, en interceptant la lumière, par un écran dentelé 
au bord. Cette expérience, faite la première fois par La- 
hire, a été répétée depuis par d’autres physiciens, et, 
dernièrement encore, par le père Secchi, qui a même pu 
reproduire les faisceaux de rayons tangents au bord de 
l'écran. 

Il n’est donc pas étonnant que même avant l’éclipse de 
cette année la plupart des astronomes étaient déjà parti- 
sans, en ce qui regarde la couronne et ses aigrettes, de 
l'hypothèse optique. Il n’en est pas ainsi pour les protu- 
bérances rouges. La majorité des savants les considéraient 
comme des objets réels, comme des nuages immenses, 
dont quelques-uns auraient alors 80,000 lieues de long sur 
20,000 lieues de large, qui flotteraient dans une atmos- 
phère extérieure du soleil. Ce dernier serait ainsi entouré 
de toute une couche de matière rouge, laquelle se trou- 
verait, dans certaines régions, plus ou moins condensée 
sous différentes formes. L'argument principal de cette opi- 
mion consiste dans le fait rapporté par tous les observateurs, 
que les protubérances qui se montrent au bord orien- 


— 556 — 


tal de la lune sont masquées, et celles du côté opposé dé- 
masquées successivement par la lune dans son passage 
devant le soleil. 

Quelques savants cependant, surtout des physiciens, et 
avant tous M. de Feylitsch, professeur de physique à l'uni- 
versité de Greifswalde, ont cru pouvoir expliquer aussi 
ces protubérances par l'hypothèse optique; selon eux elles 
prendraient naissance par les montagnes lunaires de pe- 
tite dimension (au-dessous de 176m); ces montagnes don- 
neraient lieu à une diffraction et mterférence des rayons 
solaires, lesquels, réfléchis encore par les particules de 
notre atmosphère, qui se trouvent sur leur chemin, pro- 
duiraient les images de ces protubérances. L’exphication 
complète de ce phénomène optique me conduirait trop 
loin; qu'il suflise de dire que les rayons de soleil, qui, en 
rasant une montagne lunaire, paraissent, par la difraction, 
en venir, subissent par suite de l'interférence un affaiblis- 
sement en rapport inverse de la longueur d'onde des dif- 
férentes couleurs. Il s'ensuit que la lumière du soleil, 
blanche dans l’origine, doit paraître rouge après la dif- 
fraction subie au contour des petites aspérités lunaires. 
Cette théorie a pour conséquence aussi que les protubé- 
rances orientales disparaissent et que les occidentales 
apparaissent successivement; mais elle veut que ces chan- 
gements aient lieu avec une vitesse supérieure à celle 
avec laquelle la lune se déplace devant le soleil. Voilà 
donc pour décider entre les deux hypothèses, un eritérium 
bien net et d'autant plus précieux, qu’il remet la déci- 
sion à des mesures exactes. Nous verrons bientôt ce que 
l'éclipse de cette année a appris sous ce rapport. 


4. — Observation de la couronne. 


Presque tous les observateurs ont vu la couronne 
avant ét après la fin de la totalité, ainsi le père Secchi 


— SUN 


l'a vue 40 secondes après la fin de l'éclipse totale, M. le Dr 
Wellenberg l’a aperçue, à Valencia, pour un moment en- 
_core, 10 secondes après la réapparition du premier rayon 
de soleil. M. Petit, à Briviesca, a commencé à apercevoir 
l’auréole autour du soleil, 12 secondes (par erreur pro- 
bablement, son rapport dit 12 minutes) avant le premier 
moment de l'obscurité, et l’auréole soustendait alors un 
angle de 3 et quelques secondes. Enfin, M. Fevylitsch, à 
Castillon de la Plana, a vu se former la couronne, 20 se- 
condes avant le commencement de l'éclipse totale. 

La largeur de la couronne, c’est-à-dire de l'anneau 
brillant, est estimée par le père Secchi égale à un rayon, 
par M. Wellenberg à un diamètre lunaire; M. Petit lui 
donne 17’, et M. Goldschmidt dit qu'à l'œil nu elle ne 
paraissait atteindre que 6’. Il est naturel qu'un tel phé- 
nomène, dont le contour extérieur se perd graduellement, 
paraisse être de dimensions différentes, vu par des moyens 
optiques différents. Il faut remarquer que les photogra- 
phies du père Secchi accusent une légère différence dans 
les deux axes; l'axe équatorial (par rapport au soleil) pa- 
rait plus grand que l’axe polaire. 

- Quant à l'apparence de la couronne proprement dite, 
tous les observateurs décrivent sa couleur comme blanc 
d'argent ou blanc de lait, à l'exception de M. Goldschmidt 
qui l’a vue d'une couleur jaune très-prononcée; mais 
comme à l'œil nu elle lui paraissait également blanche, 
la coloration provenait peut-être d'un défaut de sa lunette. 
A la plupart des astronomes, la lumière de la couronne 
a paru uniforme et régulièrement décroissante; c'est ainsi 
que l'ont vue M. Aguilar et le père Secchi, à Desierto de 
las Palmas; cependant sur les photographies que ces sa- 
vants ont obtenues, la couronne n'a pas partout la même 
intensité. M. Feylitsch, à Castillon de la Plana, MM. 
LeVerrier et Foucault, à Terrazona, et M. Petit à Bri- 
viesca, ont vu au contraire la couronne former deux 
BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. V. 36 


— 8 — 


anneaux, dont l'intérieur, qui était le plus brillant, avait 
7: 30", l'autre 9’ 30” de hauteur. M. Lespiault qui a ob- 
servé au même endroit, parle aussi de deux zones concen- 
triques. Enfin l’aide de M. d'Abbadie qui se trouvait éga- 
ment à Briviesca, a remarqué de même des différences 
d'intensité dans les anneaux de la couronne. Comme l’ap- 
parence de la couronne, sous ce rapport, parait varier 
d'un endroit à l’autre, on sera fondé d'attribuer ces diffé- 
rences à l’état atmosphérique du lieu d'observation et à 
la répartition différente des couches superposées de l'air. 

M. Airy, à Pobes, près Orduna, n’a remarqué ni à la 
vue simple, ni dans la lunette, rien d’annulaire dans la 
structure de la couronne; elle lui paraissait ressembler 
(comme en 1851), au dessin de la rose des vents sur les 
boussoles, sauf quelques irrégularités. 

M. le Dr de Wellenberg qui à Valencia s’est voué spé- 
cialement à l'observation de la couronne, n’a pas vu de 
zones concentriques, mais au contraire l’auréole lui a 
paru composée de plusieurs bandes minces séparées, qui 
en général convergeant vers le centre de la lune, se croi- 
saient cependant quelquefois sous des angles aigus. M. 
Lespiault a vu de même la partie zénitale de la couronne 
formée de lignes de lumière entre-croisées dans tous les 
sens, quelques-unes étaient même tangentes au disque. 
Quelques-unes de ces bandes, plus intenses que les autres, 
dépassaient la partie annulaire de la couronne, et for- 
maient alors les aigrettes ou faisceaux. Ces faisceaux lui pa- 
raissaient longs d’un rayon et demi à deux rayons lunaires; 
MM. Aguilar et Secchi leur donnent deux diamètres, MM. 
Petit et Plantamour un diamètre et demi. — La plupart de 
ces faisceaux étaient droits; le père Secchi n’en a point vu 
d'autres; à M. Wellenberg, ils paraissaient cependant tous 
avec des contours irréguliers et mal définis, comme des 
nuages. Plusieurs étaient courbés à l'extrémité, et quel- 
ques-uns avaient des formes irrégulières. M. de Wellen- 


ie, 2. à dnèrs à die ‘rt 


— 559 — 


berg en a vu deux en forme de crochets, qui figuraient 
ensemble une espèce de Iyre; ces deux faisceaux corres- 
pondaient au point où M. Wellenberg avait vu disparaître 
les derniers rayons du soleil entre deux aspérités de la 
lune, et où il avait remarqué deux protubérances se for- 
mer immédiatement aprés. Les mêmes ont été vus par 
M. Fevylitsch, par M. Goldschmidt, pour lequel ils ressem- 
blaient à une parabole, et par la commission qui observait 
à Batna, en Algérie, sous M. Laussedat, qui compare ces 
agrettes à un panache. M. Wellenberg a vu encore une 
autre aigrette très-longue (de 3 diamètres lunaires) res- 
semblant à une trainée de nuages; M. Goldschmidt la com- 
pare à la branche australe de la nébuleuse d'Orion. 

La relation que M. Wellenberg a remarquée entre ces 
aigrettes et les protubérances, est confirmée dans un plus 
haut degré par M. Plantamour, qui les a vues correspondre 
entièrement aux protubérances rouges ; aussi dans les 
dessins que mon savant collègue de Genève à publiés dans 
la Bibliothèque universelle, les faisceaux de-la couronne 
semblent partir des protubérances. Il faut, je crois, voir 
une confirmation de ce rapport dans le fait que sur les 
photographies que M. Foucault a obtenues à Terrazona, 
les faisceaux les plus longs correspondent aux dentelures 
de la lune. 

Pour compléter les observations de la couronne, men- 
tionnons encore que plusieurs savants et surtout M. Praz- 
mowski à Briviesca, (ce dernier avec un polariscope d’une 
construction spéciale), ont constaté positivement une forte 
polarisation de la lumière de la couronne; le plan de la 
polarisation coincide avec la normale au contour de la 
lune. 

Ce fait cependant ne met nullement hors de doute, 
comme le veut M. Aguilar, l'existence réelle de la cou- 
ronne, Car il prouve seulement que la lumière de la cou- 
ronne émane du soleil et qu’elle a été réfléchie, ce que 


— 560 — 


la théorie optique admet et demande même également. 

En général, il faut dire que l’éclipse de 1860 a donné 
gain de cause à cette hypothèse quant à la couronne; aussi 
à l'exception de M. Aguilar et du père Secchi, (ce dernier 
veut que l'anneau intérieur au moins, soit une atmos- 
phère du soleil), tous les observateurs envisagent la 
couronne et ses faisceaux comme une image produite par 
la diffraction des rayons du soleil au bord dentelé de 
la lune , et par la réflexion qu’elles subissent ensuite 
dans notre atmosphère. 

Il convient cependant de mentionner ici une modifica- 
tion de cette hypothèse émise dernièrement par le savant 
astronome de Paris, M. Faye, qui veut faire intervenir 
comme milieu réfringent l'atmosphère de la lune. On sait 
qu'il a été admis en astronomie comme un fait, que la lune 
ne possède point d'atmosphère, et en effet les observations 
des occultations d'étoiles par la lune, n’ont jamais fait dé- 
couvrir aucune trace de réfraction produite par quelque 
enveloppe gazeuse de notre satellite. Mais il y a quelques 
années les recherches profondes que le célèbre astronome 
de Gotha, M. Hansen, poursuit depuis longtemps sur la 
théorie de la lune, lui ont révélé le singulier fait que pour 
notre satellite, le centre de gravité ne coïncide point avec 
le centre de figure, au contraire, que celui-ci est de 15 
lieues plus rapproché de nous que le centre de gravité. 
Cette découverte a été confirmée par une étude intéres- 
sante que M .Gussew a fait de deux vues stéréoscopiques 
de la lune, que M. Warren de la Rue a obtenues photo- 
graphiquement dans les deux phases opposées de sa libra- 
tion. Dès lors, — et M. Hansen était le premier à en tirer 
celte conséquence, —— il devint possible d'admettre que 
notre satellite , qui est apparemment dépourvu d'eau et 
d'air du côté tourné constamment vers la terre, en pos- 
sède sur l'hémisphère opposé. M. Faye raisonne mainte- 
nant ainsi : si la lune du côté opposé à la terre possède 


— 561 — 


une atmosphère, elle doit être échauffée à un haut degré 
par l'insolation continue pendant sept à huit jours, à 
laquelle ce côté est exposé à la phase de la nouvelle lune 
(pour laquelle les éclipses ont lieu), et par conséquent elle 
débordera alors le cercle du niveau moyen qui limite 
l'hémisphère tourné vers nous, et en bordera le contour 
sur une certaine épaisseur; tandis que, à la pleine lune, 
où la plupart des occultations s’observent, l'atmosphère 
refroidie par une nuit de huit jours serait rentrée dans 
ses limites, et par suite invisible pour nous. Par cette dé- 
duction ingénieuse, M. Faye tâche de rendre plausible la 
présence d’une atmosphère autour de la lune, dans les 
échipses et il croit ainsi non-seulement contribuer à l'ex- 
plication de l’auréole, mais encore rendre compte de quel- 
ques autres faits, tels que le raccourcissement de la durée 
de l’'éclipse totale, et la visibilité du contour de la lune 
en dehors du soleil. 

Malgré ce que présente d’ingénieux cette hypothèse, nous 
crovons qu'elle est sérieusement contestée par d’autres 
faits; car non-seulement on voit disparaître les étoiles subi-' 
tement et sans aucune déviation de leurs rayons derrière 
le bord obscur de la lune, peu de temps avant et après 
la nouvelle lune; mais dans les éclipses on ne voit aucune 
trace de cette atmosphère ni dans les contacts des deux 
astres ni dans l’occultation des taches du soleil, comme 
J'ai eu l'occasion de le constater moi-même cette année, 
et comme tous les autres observateurs l’affirment. 


2. — Observations des protuhérances. 


Le nombre des protubérances rouges observées en 1860, 
a été beaucoup plus considérable que dans les éclipses an- 
térieures, de sorte que quelques observateurs renoncent à 
en fixer le chiffre d'une manière exacte, surtout parce que 


— 962 — 


vers le commencement et la fin de l’éclipse totale, les pro- 
tubérances se sont tellement multiphiées qu'elles ont cou- 
vert sous forme de chaînes toutes les régions du bord de la 
lune. Même les photographies ne sont pas d'accord sur le 
nombre de ces proéminences, comme vous pouvez le voir 
aux gravures que J'ai l'honneur de mettre sous vos yeux, et 
qui sont publiées par le père Secchi, d'après les photogra- 
phies obtenues au Desierto de las Palmas. On comprend 
d’ailleurs que la sensibilité de la plaque, le temps d’ex- 
position, ainsi que le pouvoir optique de l'appareil em- 
ployé ne sauraient rester sans influence sur l'intensité de 
l'impression produite par ces objets sur le collodium, et 
par suite aussi sur le nombre que l’on en retrouve sur 
les plaques sensibles. 

Le père Secchi a vu 10 protubérances, dont il a me- 
suré pour 6 les angles de position; le Dr Wellenberg 
parle de 4 proéminences ; Petit en a compté 9; LeVerrier 
a vu le nuage détaché, deux nuages superposés l’un à 
l'autre, et à l’est 2 pics et un troisième en forme de dent, 
donc en tout 6 protubérances; Bianchi à Vittoria parle 
de 3 grandes protubérances qu'il croit identiques avec 
celles de 1842. M. Goldschmidt signale surtout, outre le 
nuage détaché, 4 autres de formes différentes. À Batna, 
en Algérie, on a vu 7 protubérances, mais le temps man- 
quait pour faire tout le tour du disque. M. Legrand dit 
qu'il n’a pas vu plusieurs protubérances décrites par le 
père Secchi, dont il se trouvait cependant éloigné seule- 
ment de trois lieues. Les dessins de M. Plantamour mon- 
trent, outre les chaînes rouges, 4 proéminences distinctes; 
ceux de M. Gautier seulement trois; enfin Mahmoud Bey 
a vu 6 protubérances, dès le commencement jusqu'à la fin, 
où une 7ne apparut. 

Tout en tenant compte de la différence des moyens 
optiques employés par les différents astronomes , ainsi 
que de l'influence que peut avoir sur le nombre de ces 


— 963 — 


protubérances aperçues par chaque observateur, la direc- 
tion dans laquelle son attention était tournée dans un 
laps de temps aussi restreint, la comparaison des témoi- 
gnages que nous venons de faire, semble indiquer que 
dans les différents endroits l’on a vu des nombres diffé- 
rents de protubérances. 

Quant à leur forme, =— en faisant d'abord abstraction 
des bandes rouges dentelées et très-étendues que tous les 
observateurs ont vues quelques moments avant et après 
les contacts intérieurs, — les observateurs ne sont pas 
d'accord sur un point principal; les uns les ont vues avec 
des contours tranchés et parfaitement distincts, et de for- 
mes invariables, comme par exemple MM. Aguilar, Secchi, 
Gautier, Bianchi; tandis que, à d’autres, elles ont paru 
mal définies et subissant des changements considérables, 
comme par exemple à MM. Goldschmidt, Feytitsch, Plan- 
tamour et Lespiault. M. Goldschmidt dit dans son rapport 
intéressant qu'il à assisté à la formation d'une protubé- 
rance; M. Legrand a vu à Castillon de la Plana, surgir 
comme un trait du bord de la lune une protubérance, qui 
atteignit à l'instant sa plus grande hauteur; dans une 
autre il a vu un mouvement intestin indescriptible. M. 
Plantamour enfin, a vu parefllement à ce que raconte 
M. Goldschmidt, 3 secondes avant la totalité, jailir des 
flammes du rouge le plus vif, dont quelques-unes ont 
disparu bientôt, tandis que d’autres sont restées visibles 
en changeant de forme et de couleur, et se transformant 
en protubérances. L'observation la plus intéressante, sous 
ce rapport, faite également par M. Plantamour, regarde 
le nuage isolé, qui pour cet astronome, avait l'air de se 
dissoudre, ses dimensions diminuant dans tous les sens, 
en même temps que sa couleur et son éclat devenaient 
plus pâles; enfin il a fini par disparaître vers le milieu 
de l’éclipse, sans qu’il eût été atteint par le disque de la 
lune. 


ST HR 


En général, les descriptions que les différents observa- 
teurs donnent des formes, s'accordent encore moins que 
les nombres de ces protubérances, vues aux différents 
endroits. La plupart avaient la forme de pics, dont quel- 
ques-uns étaient légèrement effilés ou courhés à l’extré- 
mité; plusieurs observateurs en ont vu sous forme de cro- 
chet; sur une des photographies de M. Warren de la Rue se 
trouve une protubérance qui ressemble à un boumerang; 
elle n’était. pas visible à l'œil; une autre avait la forme 
d'un navire sous voiles; d’autres ressemblaient à des flam- 
mes qui auraient jailli d’un foyer situé derrière le disque 
noir de la lune, comme s'exprime Mahmoud Bey. Enfin, 
M. Goldschmidt compare la plus grande protubérance 
qu'il a vue, à une girandole, une autre ressemblait au 
signe de Saturne ou à une b gothique, une troisième avait 
la forme d'une dent, enfin une autre était carrée. Toutes, 
ajoute cet habile observateur, ont montré dans leurs for- 
mes, une tendance générale à s'infléchir en courbe, dont 
la concavité était tournée du côté de l’ouest. 

Nous voyons donc, pour la forme aussi, se produire dans 
les différentes relations, des différences notables, qu'il se- 
rait difficile d'attribuer uniquement à l’individualité des 
observateurs. On peut fairé la même remarque quant aux 
couleurs des protubérances. En général leur teinte dans 
léclipse de cette année était rouge ou rose, tandis qu’en 
1891 elles montraient la couleur de fleur de pêcher. A cet 
égard, M. Airy s'exprime ainsi: la couleur des protubéran- 
ces n'était pas identique avec celle que j'ai vue en 1842 et 
1851. Le genre de couleur était bien le même, rouge 
presque laque (full blush-red, or.nearly lake), mais elle 
était mêlée de blanc, dans une fnesure plus grande à la 
base, que dans les parties supérieures. M. LeVerrier décrit 
la couleur du nuage isolé comme rose, mêlée de nuan- 
ces violettes; sa transparence semblait rehausser jusqu'au 
blanc l'éclat de quelques-unes de ses parties. Deux autres 


Ë — 969 — 


nuages offraient de très-grandes inégalités d'intensité dans 
leur lumière. Les trois autres pics étaient dans leur partie 
supérieure, comme les nuages, vivement teintés de la même 
couleur rose et violette, tandis que le côté opposé parais- 
sait blanc. — Le père Secchi dit que la couleur des protu- 
bérances était pourpre mêlée de violet ; le nuage qu'il vit 
vers la fin de l'éclipse était rose. M. Lesprault a vu le 
nuage détaché d'une couleur rouge rosé, non uniforme. 
M. Bianchi, opticien de Toulouse, a vu les protubérances 
de couleur rose et blanche au commencement, puis rose 
et d'un violet vif sur les angles; plus tard la nuance a 
passé au rouge-jaunâtre. Le rose était translucide comme 
provenant d’une matière vitreuse en fusion, ou comme du 
charbon très-incandescent. À M. Goldschmidt, la protubé- 
rance qu'il a vue se former, a paru grise avant la dispa- 
rition totale du soleil, et un instant après, la pyramide 
devenait plus claire et diaphane et se colorait en rose. 
M. Warren de la Rue dit de la chaine de protubérances 
minces qui se montrait au commencement, que leur teinte 
n'était pas uniforme à quelques exceptions près, leur cou- 
leur ne se rapprochait en rien du rouge ou du rose : deux 
d'entre elles cependant avaient une teinte rose fine bien 
décidée. M. Roche remarque que les protubérances qui 
paraissaient rouges à Miranda, étaient blanches à Valencia, 
et bien plus grandes. L'observation de M. Plantamour porte 
qu'en général les protubérances changeaient vite de cou- 
leur et d'éclat; pâlissant rapidement, leur couleur passait 
du rouge à une nuance rose tirant sur le violet. Les jets 
de lumière qu'il en a vus sortir aux moments des contacts 
étaient du rouge le plus vif. Mahmoud Bey a vu à Den- 
gola deux protubérances d'une couleur blanchâtre. Enfin, 
M. Gautier s'exprime sur une des protubérances de la 
manière suivante: elle grandit visiblement et devint bien- 
tôt un magnifique cône d’un rose brillant, on peut dire 
céleste, et offrant une remarquable analogie avec un 


— 966 — 


Mont-Blanc de dimensions fort réduites, vivement coloré 
des rayons du soleil couchant. C’est là un terme de com- 
paraison que Je ne saurais trop recommander à ceux qui 
n'ont pas vu d'éclipse totale. Sauf un éclat très-supérieur, 
la teinte est souvent exactement la même. Parmi les ob- 
jets de fabrication humaine, un beau taffetas rose glacé, 
serait ce qui donnerait le mieux l’idée de son apparence 
et de sa couleur. 

J'en viens maintenant aux dimensions des protubéran- 
ces, qui en revanche de leur plus grand nombre, ont 
montré cette fois une hauteur beaucoup moindre qu’en 
1851, car tandis qu'alors elles avaient 3° de hauteur, elles 
n'ont atteint, en 1860, que 1’,5 en moyenne. Ainsi des 
deux protubérances que le père Secchi a vues près du 
point où le soleil avait disparu, une avait 2,5 de hauteur 
sur 2’ de largeur à la base; l’autre n'avait que la moitié | 
de la hauteur, mais s'étendait sur 5’. M. Petit leur donne 
comme hauteur maxima 130" à 1’ 40”, tandis que la 
largeur à la base était pour une de 5', pour une autre 
de 7'. M. Lespiault donne à la proéminence au-dessus du 
point Est une hauteur de 2,4 sur 1' de large. M. Golds- 
chmidt estime la hauteur de la girandole à 8',5 environ 
au commencement et à 4' vers la fin. La protubérance 
que Warren de la Rue a observée avant la totalité, avait 
1" de large sur 1',5 de haut. Mahmoud Bey estimait la 
plus haute des protubérances de 3' à 4'. Quant au nuage 
détaché, M. LeVerrier lui donne 1',5 de haut sur 3' de 
long, et l'espace qui le séparait de la lune lui semblait 
de 1',5, tandis que M. Aguilar l'estime à 10” seulement ; 
M. Lespiault donne pour ces trois dimensions respectives 
les nombres 0',5, 1',6 et 45”. 

Ce qui est beaucoup plus important que les dimensions 
absolues ou plutôt maxima de ces appendices, (quantités 
d’ailleurs très-difficiles à trouver), c’est leur changement 
avec le temps. Car comme nous l'avons déjà expliqué, les 


— 967 — 


mesures de ces changements contiennent l'experimentum 


crucis pour la réalité des protubérances, qui, si elles sont 
vraiment des nuages flottant dans une atmosphère du so- 
leil, ne pouvant pas dans le court espace de 3m subir des 
changements ou des déplacements sensibles pour un obser- 
vateur terrestre, doivent nécessairement être masquées, (si 
elles se trouvent du côté oriental), ou démasquées si elles 
sont occidentales, avec la vitesse avec laquelle la lune passe 
devant le soleil. Ce sont surtout deux observateurs, MM. de 
Feylitsch et d'Abbadie qui se sont presque exclusivement 
occupés de la mesure exacte de ces changements de hau- 
teur des protubérances au moyen de micromètres spéciaux. 
M. de Feylitsch a trouvé pour une protubérance orientale 
qu’elle s'abaissait en 1" 3s de 47”,2; or d'après le calcul que 
M. Plantamour a exécuté avec les tables de Hansen pour la 
lune, et de LeVerrier pour le soleil, on voit que le maxi- 
mum de la vitesse, avec laquelle la lune pouvait couvrir 
un objet au bord du soleil était de 27°,7 par minute, et 
pour la direction où se trouvait la protubérance en ques- 
tion de 29”,63. Par conséquent, l'observation a constaté un 
mouvement de 47,2 en 1" 3s, tandis que le mouvement 
relatif de la lune ne permet que 26,92 dans le même 
temps; le rapport de la vitesse observée à la vitesse cal- 
culée est donc de 1,76 à 1. Le résultat obtenu par M. 
d'Abbadie est encore plus fort, car il a trouvé le décrois- 
sement d'une protubérance deux fois, et une autre fois 
même 2,32 fois plus fort que le mouvement de la lune ne 
le permettait. Bien qu'il soit à regretter qu'une pareille 
mesure ne soit pas exécutée également pour une protubé- 
rance occidentale (le temps manquait à ces habiles obser- 
vateurs pour la terminer), ces deux résultats concordants 
sont appuyés d’une manière concluante par des mesures 
prises dans des éclipses antérieures sur des protubérances 
occidentales. Ainsi, M. Petit avait trouvé en 1849 le chan- 
gement d'une protubérance — 1'45", tandis que le mou- 


— 968 — 


vement relatif de la lune comportait seulement 1117"; le 
rapport des deux vitesses était donc 1,36. En 1851, les 
mesures exécutées par MM. d'Abbadie et Struve, montraient 
des changements de 39",7, 44,6, -35"',0 pour les mouve- 
ments lunaires correspondants, 30,9, 27,8, 28,8; ce qui 
donne pour les rapports de vitesse les nombres À 29, 1,60 
et 1,22. 

Tous ces nombres résultant de mesures exactes faites 
avec des micromètres ad-hoc, par des observateurs habi- 
les, nous paraissent tellement concluants qu’on peut énon- 
cer comme un fait «que les protubérances rouges croissent 
du côté occidental et décroissent du côlé oriental avec 
une vitesse beaucoup plus forte, presque double de celle 
avec laquelle elles seraient masquées et démasquées par 
la lune, si elles appartenaient, comme des objets réels, 
au soleil. » La seule observation de cette année, reposant 
sur de vraies mesures, qui paraît donner un résultat dif- 
férent, est celle de Messieurs Chacornac et Villarceau qui 
ont trouvé que l'angle de position d'une protubérance 
s'est accru dans la direction et de la quantité (10,75 par 
minute) demandées par l'hypothèse où la protubérance, 
étant supposée appartenir au disque du soleil, est entrai- 
née dans le mouvement de cet astre. Cependant nous ne 
POUTORs pas attribuer à cette obsegvation le même poids 
qu'à celles des hauteurs des protubérances, vu qu'il est 
très- difficile de mesurer avec précision ces angles de 
position, surtout lorsque le champ de la lunette employée 
n'embrasse pas tout le disque du soleil à la fois, (comme 
c'était probablement le cas pour les grandes lunettes ins- 
tallées à Moncayo), et qu'il devient par conséquent très- 
difficile de faire passer le fil du micromètre par le centre 
du soleil. Il est à espérer que la comparaison micrométri- 
que des dimensions et des positions de certaines protubé- 
rances sur des photographies prises à différents moments 
de l’éclipse lèveront le dernier doute à cet égard. 


— 569 — 


Quoique dans notre esprit les mesures exactes de MM. 
d'Abbadie et de Feylitsch nous paraissent prononcer un 
jugement bien formel contre l'hypothèse topographique, 
et qu’en général il faut convenir que l’éclipse de 1860 a 
été favorable à l'hypothèse optique aussi en ce qui con- 
cerne les protubérances rouges, nous ne voulons pas dis- 
simuler que cette théorie, loin d’être généralement reçue, 
n’a même pas encore le suffrage de la majorité des savants 
pour elle. Au contraire, jusqu'à présent-1l n'y a, outre les 
les savants que je viens de nommer, à notre connaissance 
du moins, que deux astronomes, MM. Plantamour et Faye 
qui se soient prononcés décidément en sa faveur. 

Après avoir mis sous vos yeux le témoignage des faits, 
permettez que je résume encore en quelques mots les 
plaidoyers des adversaires, pour que vous puissiez juger 
en pleine connaissance de cause, si vous ne préférez pas 
renvoyer encore le jugement. — Parmi les astronomes 
qui considèrent les protubérances comme des appendices 
réels du soleil, M. Aguilar donne comme arguments entre 
autres : quoique le bord oriental de la lune présentât 
plus d'anfractuosités que l’autre, le plus grand nombre 
de protubérances ont été observées du côté occidental; 
(il faut remarquer ici que les monticules de la lune, qui 
d'après l'hypothèse optique donnent naissance aux protu- 
bérances, sont trop petites pour être aperçues, même par 
de forts grossissements); 2 l'intensité avec laquelle les 
protubérances se sont produites sur les plaques photo- 
graphiques; et 3 le complet accord entre les observations 
faites à différents endroits très-éloignés, (nous avons cité 
cependant des différences très-notables de nombre, de for- 
me et de couleur). | 

Le père Secchi, un des plus chaleureux défenseurs de 
la réalité des protubérances, fonde son opinion surtout 
sur l'identité complète, mais contestée par M. Plantamour, 
des photographies obtenues par lui au Desierto de las Pal- 


=. ‘590 = 


mas, et par M. Warren de la Rue à Rivabelloza, à des 
stations distantes entre elles de 9m de temps, et sur la 
circonstance que la zone, où les protubérances les plus 
longues et les plus variées se sont montrées, correspond 
à la zône des taches du soleil; enfin il remarque qu'il n’a 
pas pu produire les protubérances artificiellement. 

M. LeVerrier s'exprime ainsi: « Quant aux appendices 
rougeàtres, on ne saurait s'en rendre compte par les seules 
lois de la diffraction; mais comme ils s'étendent beaucoup 
moins que l’auréole, comme leur distribution ne laisse 
apercevoir aucune relation connue avec la configuration 
du profil de la lune, on n’a véritablement aucune raison 
de leur contester une existence réelle. Laissons donc jus- 
qu'à plus ample examen les protubérances au soleil, l’au- 
réole au pur espace où la diffraction s'opère. » 

M. Petit, sans oser formuler une conclusion nettement 
tranchée, croit pouvoir dire néanmoins qu'il lui paraît 
possible de raltacher assez convenablement les protubé- 
rances observées à la présence de certaines taches sur le 
même contour. 

M. Warren de la Rue s'appuie sur le contour intérieur 
très-irrégulier de quelques protubérances, trop irrégulier 
pour qu'on püût l’attribuer à des montagnes vues en profil 
sur le bord de la lune, et surtout sur la protubérance 
complètement détachée de la lune. Quant à cette dernié- 
re, 1l faut rappeler que l'hypothèse optique l'explique en 
supposant qu'on ne voit sa partie inférieure que parce 
qu'elle aurait une couleur blanchâtre qui se confondrait 
avec celle de la couronne. 

M. Gautier enfin donne comme premier argument puis- 
sant pour la réalité des protubérances, leur apparition en 
beaucoup plus grande abondance dans les régions tout- 
à-fait voisines du bord du soleil, et ensuite l'apparence 
même, si nettement définie des protubérances, qu’elle ne 
peut dériver que d’un objet réel et matériel. 


— 571 — 


* L'autre savant de Genève, qui a pu observer l’éclipse 
dans la zone de la totalité, M. Plantamour cite à l'appui 
de l'explication optique, outre l'argument principal qu'il 
puise dans les mesures micrométriques des changements, 
les deux observations suivantes : 1° Les protubérances 
prennent au moment de l'immersion et de l'émersion 
l'apparence bien caractérisée de jets de lumière. 20 Les 
changements considérables de couleur et d'éclat, qu'il a 
constatés surtout pour le nuage détaché. 

M. de Feylitsch ajoute à la déduction tirée de ses me- 
sures de vitesse, la considération que les grandes diffé- 
rences entre tous les phénomènes de J'éclipse de 1860 et 
ceux qu'il a observés, neuf ans auparavant, à Carlscrona 
en Suède, et de l’autre côté leur grande ressemblance 
avec ceux observés au Brésil en 1858, ne s'expliquent 
qu'en admettant que ce sont des phénomènes optiques, 
qui changeraient nécessairement d'aspect, vus une fois 
dans l'atmosphère brumeuse du nord, une autre fois sous 
le ciel pur de l'Epagne méridionale ou du Brésil. 

M. d'Abbadie trouve une preuve subsidiaire contre la 
réalité des protubérances dans la différence très-notable 
de forme sous laquelle lui et M. Warren de la Rue, ont 
vu une même protubérance à deux stations distantes seu- 
lement de 50 kilomètres. | 

Enfin, M. Faye, en étudiant sans prévention tous les faits 
connus sur ce sujet, s’est rangé décidément du côté de la 
théorie optique; voici ses arguments principaux. Il rap- 
pelle d'abord que des protubérances lumineuses ont été 
vues en dedans de la lune par l'amiral Ulloa, (on a revu le 
trou d’Ulloa dans l’éclipse de cette année, à Batna en Algé- 
rie), Aranda et Winthuysen, en 1778, et par MM. Valz, 
Billet et d'autres observateurs, en 1849, enfin par M. de 
Parpart, à Sterlus, en 1851. Ce simple fait renverse d’après 
M. Faye l'hypothèse de l'enveloppe rose de nuages solaires 
. et ne laisse place qu'à la seconde partie du dilemme, c’est- 


— 72 — 


 à-dire à un jeu de lumière. Ensuite, en constatant que les 
différentes éclipses ont montré des protubérances de cou- 
leur blanche, rose, rouge le plus vif, rouge mêlé de parties 
orangées, de couleur fleur de pêcher, violette, noire, et 
enfin des protubérances blanches bordées de noir, il trouve 
difficile d'admettre dans le soleil des nuages de toutes 
ces couleurs. Enfin, il rappelle qu’Arago a tenté vaine- 
ment d'identifier les positions des protubérances vues à 
différentes stations en 1842, et que Airy n’a pas mieux 
réussi pour celles de l'éclipse de 1851; M. Faye croit 
déjà voir des différences pareilles dans les dessins et pho- 
tographies de cette année. Donc les protubérances ne peu- 
vent pas appartenir au soleil, car alors l’effet de parallaxe 
devrait être complètement insensible. 

Après avoir rassemblé ainsi tous les faits et les argu- 
ments que l'on à mis en ligne pour les deux hypothèses, 
nous espérons que les photographies anglaises et les ob- 
servations américaines décideront ce qu’il y a encore de 
douteux dans cette question. 


3. — Observations météorologiques 
et physiques 


On a constaté partout un abaissement sensible de tem- 
pérature, plus fort, naturellement, pour les thermomètres 
exposés au soleil, qu'à l'ombre; la quantité d'abaissement 
est cependant assez différente dans les différentes stations, 
ce qui s'explique facilement, puisqu'à côté de l’éclipse il 
y avait d’autres influences sur le thermomètre, qui com- 
mençait d'ailleurs dans la plupart des stations, à l'heure 
de l’éclipse, son mouvement descendant ordinaire. 

Voici les nombres que nous avons trouvés dans les 
différents rapports pour l'abaissement de la température: 


— 5173 — : 


Au soleil. A l'ombre. 


Kremsmünster . . Ait. 0750 3°, 
(hors de la zone de totalité). 

Desierto de las Palmas, . . 7°,0 4°,0 
D CE PE RS — “lieu de lélinse 
RE... TT ia ni 190 25,5 
Algérie, (Bouzaria à 385"). . 11°,5 — 

» NA Le EUuT. 34 50540 — 
Moncayo (au thermomètre noir) 10°,0 — 
Batna, (en Algérie) . . . . 5°,0 — en dix minutes. 
MARDAAONE à) Le80 el , D 10) Lies ss | 


À Desierto de las Palmas, M. Botella a observé, avec un 
thermomultiplicateur, que la diminution de la chaleur 
augmenta rapidement, à mesure que la lune occulta les 
régions centrales du soleil, et moins sensiblement lorsque 
l'éclipse atteignit le bord. Une pareille différence a été 
constatée entre le centre et le bord du soleil quant à l’in- 
tensité de la lumière, l'obscurité augmentant rapidement 
lorsque la lune avait atteint le centre. Les observateurs 
à Bordeaux, quoique l’échipse n’y fût pas entièrement tota- 
le, ont trouvé que les trois thermomètres à l'ombre, au 
soleil et celui à boule noircie, indiquaient au maximum 
de l’éclipse, tous la même température: le thermomulti- 
plicateur différentiel marquait zéro. Presque partout on 
a remarqué une augmentation considérable d'humidité de 
l'air pendant l'éclipse, (à Bordeaux elle s’est accrue dans 
le rapport de 1 à 1,6), et une forte rosée. 

Le baromètre au contraire n’a montré nulle part une 
influence sensible de l’éclipse sur la pression de l'air. 

Il en est de même pour les instruments magnétiques, 
qui n’ont accusé aucune variation dans les éléments du 
magnétisme terrestre par suite de l'éclipse. Cette obser- 
vation générale parait donc prouver, que s'il existe une 
relation intime entre le magnétisme de notre globe et les 


BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. V. 37 


ne RE 


taches du soleil, la lumière de ce dernier au moins n'y 
joue aucun rôle. 


4, — Observations diverses. 


L'obscurité qui a régné pendant l’éclipse parait avoir 
été réellement différente d'après l’état de l'atmosphère et 
du ciel, (présence ou absence de nuages, etc), et plus 
encore elle a été estimée différemment par les observa- 
teurs selon l’état momentané de leur vue et de la fatigue 
de l'œil. Du moins c’est ainsi que nous croyons devoir 
expliquer les rapports très-différents sur ce point. Ainsi 
le père Secchi affirme qu'on pouvait pendant la totalité 
lire sans peine et distinguer de menus objets; 1l ajoute 
cependant que cette lumière pouvait provenir d’un nuage 
peu éloigné et faiblement éclairé. De même, M. Petit, à 
Briviesca, .a pu lire et écrire distinctement; et M. Gautier 
dit qu'à Terrazona, l'éclairement fut très-suffisant pour 
prendre sans difficulté des notes au crayon et pour dis- 
tinguer la seconde au chronomètre. Enfin, M. Airy rap- 
porte que l'éclairage était plus fort qu’en 1842 et en 
1851, peut-être dix fois plus fort. Il croit qu'il aurait pu 
lire le chronomètre à une distance d’un pied, cependant 
il était difficile de marcher, là où le terrain était inégal. A 
Moncayo, d’après M. Packe, il fit trop sombre pour lire, 
cependant il distinguait les chiffres du cadran de sa mon- 
tre. Tout au contraire, M. de Wallenberg a dû employer 
une lanterne pour lire le chronomètre et pour dessiner. 
De même M. Lawe a vu à Fuente de Mar, près Santander, 
l'obscurité si grande, qu’il ne pouvait plus lire les ther- 
momètres;, mais le ciel était presque entiérement cou- 
vert. M. Plantamour, à Castellon de la Plana, pouvait à 
peine voir l'heure au chronomèêtre, même en le rappro- 
chant de l'œil autant que possible; M. Plantamour a es- 
sayé de comparer le degré de clarté que donnait 15 jours 


À me + baie dc dent à “21ù chén at sisi ver 
4 


— 5179 — 


plus tard la pleine lune, à 14 heures du soir, par un temps 
très-favorable, mais la lune étant bien moins élevée au- 
dessus de l'horizon, et il n’avait guère plus de difficulté à 
voir l'heure que pendant l'éclipse totale, mais d’un autre 
côté le ciel paraissait plus sombre et le nombre des étoi- 
les visibles était beaucoup plus considérable. Car à Castil- 
lon on n’en a vu que huit: les quatres planètes Mercure, 
Vénus, Jupiter et Saturne, de plus Arcturus, l'Epi de la 
Vierge, Sirius et Régulus; M. Rumker a vu en outre Castor 
et Pollux. Au Desierto de las Palmas, on à vu Mercure, 
Vénus, Jupiter, Castor et Pollux, Capella et Syrius. A 
Pobes, on a vu en outre Procyon et Capella. À Batna, on 
n'a aperçu que cinq astres: Jupiter, Vénus, Saturne, Ré- 
gulus et Sirius. Mais nulle part on n’a pu trouver la pla- 
nète intermercurielle de M. Lescarbault, bien qu’on Pait 
cherchée avec soin. M. LeVerrier qui dans le temps avait 
espéré qu' on reverrait cette planète dans les éclipses, s'ex- 
prime ainsi dans son rapport à ce sujet: «Si l'on avait pu 
espérer de voir quelqu’une des petites planètes voisines 
du soleil, et dont l'existence est indubitable, on eût été 
détrompé par l'intensité de la lumière qui n'a cessé de 
subsister, même au moment de l'obscurité totale. » Gepen- 
dant, l’on a vu Mercure presque partout, et M. Feyhitsch 
a vu une étoile au zenith, lorsque l’échpse n'avait accom- 
pli que les ’/, de la phase partielle. M. Airy dit: «Ce qui 
me frappait surtout, c'était le grand éelat de Jupiter et 
de Proeyon dans une telle proximité du soleil; ils auraient 
dû être entièrement invisibles, si la partie de l'atmosphère 
par laquelle leur lumière passait, n'avait pas été totale- 
ment privée d'illumination. » De plus, MM. Villarceau et 
Chacornac, munis d'instruments très-puissants et installés 
à une hauteur trés-considérable (1,500 mètres environ), 
sous une atmosphère d'une remarquable limpidité, étaient 
certainement dans les meilleures conditions pour trouver 
l'astre qu'ils cherchaient. En fout cas, la probabilité de 
son existence a été diminuée par ce régultat négatif. 


— 916 — 


Quant à l'aspect général du ciel et du paysage, qui est 
comparé par plusieurs observateurs à celui d'une demi- 
heure avant le lever du soleil; le père Resselhuber, à 
Kremsmünster (hors de la zone de totalité), a vu le paysa- 
ge gris-bleuâtre ; à Castillon, le ciel parut à M. Feylitsch 
gris de pierre avec un ton vert. M. Goldschmidt décrit pour 
Vittoria le ciel comme bleu-noir au zénith, et jaune-vert à 
l'horizon. C'est ici qu’on a observé les ombres mouvantes, 
connues par d’autres éclipses; des personnes autour de 
lui, ont assuré à M. Goldschmidt que des taches d’un beau 
jaune (amarillos), se sont dessinées sur leurs vêtements, 
surtout sur les chemises, se mouvant de l’ouest à l’est. 
M. Airy rapporte que les contours des montagnes étaient 
clairs, mais la distance était entièrement perdue; elles 
étaient, en vérité, une masse indivise de noir tout près du 
spectateur. Au-dessus des montagnes jusqu’à environ 6° 
ou 8° de hauteur, surtout vers le nord, le ciel était d'un 
jaune et orange brillant. Plus haut encore, le ciel était 
passablement noir, moins obscur cependant que dans les 
échipses antérieures. 

Le cône d'ombre a été vu très-bien au Moncayo traver- 
sant l'atmosphère dans sa marche excessivement rapide 
de N.-0. au S.-E. Un amateur qui l’a observé à Tudela, 
en donne dans les comptes rendus la description suivante: 
« Vous avez quelquefois observé la pluie tombant à dis- 
tance d'une manière inclinée; supposez qu'au lieu de voir 
des rayons de pluie tombante, vous ayez une énorme 
masse d'atomes, une poussière impalpable d’un gris foncé 
verdâtre, également inclinée en partant du soleil qui était 
très-haut à Tudela, et vous aurez une idée de ce que J'ai 
vu. Au retour de la lumière, je n’ai aperçu qu'une masse 
confuse, s'en allant sans que jé pusse distinguer d’'inchi- 
naison. » 

Il nous reste à citer les observations faites sur l'impres- 
sion éprouvée par les êtres vivants. Dans le département 


Mae 2 de 


— 9711 — 


de l'Hérault, où l’éclipse était presque totale, les feuilles 
de trois acacias de Constantinople, se sont en partie fer- 
mées à l'approche de l’échipse totale. À Fuente del mar, 
plusieurs fleurs, entre autres Hibiscus africanus fermè- 
rent leurs corolles. À Kremsmünster, les hirondelles dis- 
parurent et les autres oiseaux se turent. Au Desierto, les 
cigales se turent, et on vit voltiger une chauve-souris. 
M. le comte Aguillon a vu, près de Toulon, un coq et ses 
poules se précipiter dans leur poulailler, tous les insectes 
ont disparu et les cigales ont cessé leur chant. À Alger, 
on à vu rentrer les bœufs et les chèvres tout seuls au 
village, comme 1ls ont coutume de le faire aux approches 
de la nuit. À Batna enfin, les oiseaux, les insectes et les 
fleurs se conduisirent comme aux approches de la nuit, 
mais les animaux supérieurs ne parurent pas impres- 
sionnés. 

Je terminerai par la description que Mahmoud Bey 
donne de l'impression éprouvée par le peuple à Dengolah : 
« Les personnes qui étaient autour de nous, auprès de qui 
elles venaient chercher un peu d'assurance, se laissaient, 
malgré leur raison, aller au saisissement universel. Tous 
se pressaient les uns contre les autres; ils se demandaient 
mutuellement pardon et s’'embrassaient comme pour se 
dire adieu. (était partout autour de nous, dans l’eau, sur 
la terre et dans le cœur des hommes une indéfinissable 
terreur, qui se traduisait par une immense et tumultueuse 
confusion de cris, de voix, de prières, révélant l'angoisse 
de la nature entière. Mais à l'instant même de l'obscurité 
complète, tout devint silencieux et muet. Plus un cri, 
plus un bruissement, plus même un souffle, mais Barton 


_J'anxiété et la consternation. 


sur 


LA FIGURE DE LA TERRE, 


(Voir pag. 526 du Bulletin). 


Un travail d’un haut intérêt, que M. le lieutenant- 
général de Schubert vient de publier sur la figure de la 
terre, me paraît mériter votre attention. 

Vous savez quel grand intérêt on a attaché de tout 
temps à la connaissance de la figure de notre planète, 
de sa grandeur, et de son applatissement. Parmi toutes 
les questions que le développement de l'astronomie et 
de la géodésie a soulevées, c’est, à l'exception peut-être 
de celle de la longitude en mer, cette question de la fi- 
gure de la terre, dont la solution a été poursuivie avec 
la plus grande ardeur par les grands maîtres de la 
science, et a été appuyée le plus vivement par les gou- 
vernements des grands états. Depuis les premières expé- 
ditions des savants français envoyés au commencement 
du dernier siècle au Pérou et en Laponie, on n’a pas 
cessé de poursuivre ces recherches par des entreprises 
souvent grandioses, exécutées dans toutes les parties 
du monde ; elles reçurent une nouvelle impulsion puis- 
sante , lorsque dans la grande révolution française on 
conçut l’idée de trouver dans la nature même une nou- 
velle unité de mesure, unité immuable, facile à retrou- 
ver en tout temps, et qui devait se distinguer par un 
rapport simple à la grandeur de notre globe, et qu’on 
rattacha ainsi ces recherches directement à un but d’u- 


— 10” 


tilité pratique. Quoique ce but n’ait pas été atteint (*), 
et il ne pouvait pas l'être, cette idée a contribué heu- 
reusement à développer et à préciser nos connaissances 
sur les dimensions de notre planète. 

La science possède trois moyens différents pour arri- 
ver à la connaissance de la figure de la terre , dont les 
deux premiers sont essentiellement mécaniques et dé- 
duisent l’applatissement de la terre des effets qu'il pro- 
duit sur certains mouvements. C’est d’abord le mou- 
Yement oscillatoire du pendule simple à secondes; en 
déterminant la longueur de- ce pendule à un grand 
nombre de points différents du globe , et les Anglais et 
les Français ont envoyé de nombreuses expéditions à 
cet effet dans toutes les parties de la terre, on en a 
déduit l'intensité de la pesanteur à ces différents points 
du globe, et on a conclu de toutes ces données que 
l’applatissement de la terre est — 4. La seconde mé- 
thode est purement astronomique, et consiste à déduire 
l’applatissement terrestre de certaines mégalités du 
mouvement de la lune; Laplace a trouvé amsi pour 
l’applatissement +. Le troisième chemin qui conduit à 
la connaissance des dimensions terrestres, est le plus 
direct , et consiste dans la combinaison des mesures 
linéaire et angulaire d’un arc terrestre d’une certaine 
étendue, par laquelle on apprend la courbure de la sur- 
face terrestre dans la région où l’on a opéré. Et si notre 
globe a une forme régulière d’un ellipsoïide de révolu- 
. tion, deux mesures d’arc de ce genre exécutées dans les 


(*) D’après Bessel, le quart du méridien ne contient pas 10,000,000 
mètres, mais 10,000,000 + 565, il faudrait augmenter le mètre de 
1},,"'" pour qu'il soit la 10,000,000° partie du quart du méridien. 


— 580 — 

régions polaire et équatoriale, devraient fournir les deux 
éléments de cette figure, à savoir le diamètre équato- 
rial et l’applatissement. Or plus ces mesures d’arc de 
méridien se multiphaient et gagnaient en exactitude, 
plus il paraissait impossible de les concilier toutes par 
la supposition d'un ellipsoide de révolution ; en cher- 
chant par le calcul l’ellipsoïde qui représentàt le mieux 
toutes les mesures, et dont l’applatissement a été trouvé 
— % tandis que le grand axe équatorial avait 3271933 
toises, 1l restait cependant des petites différences , qui 
parce qu'elles dépassaient l'incertitude provenant des 
erreurs d'observations, amenaient les astronomes à ad- 
mettre «que la terre est un corps légèrement irréquer, 
dont les méridiens ont des rayons de courbure un peu 
différents. 

Cependant les mesures qui avaient fourni ce résultat 
n'embrassaient que des arcs de quelques degrés (1 “/,° 
à 3°), à l'exception de celui de la France qui s'étend 
sur 12 1/,°. Mais depuis quelques années, quatre autres 
mesures d'ares d’une étendue considérable ont été ter- 
minées , celle de la Russie embrassant 25 /,°, de l’An- 
gleterre avec 10°, des Indes avec 21'/,° et enfin au Cap 
sur une étendue de 4 !/,° 

En partant de ces nouvelles données beaucoup plus 
complètes, M. de Schubert a essayé d’abord de repré- 
senter toutes les mesures par l'hypothèse d’un ellipsoïde 
à trois axes. Mais quoiqu'il y réussit dans les limites 
des erreurs d'observations, une telle hypothèse était 
contraire à toutes les autres théories bien établies de la 
mécanique céleste et de la géologie. Pour pouvoir re- 
venir à l’idée d’un sphéroïde de révolution , 1l fallait 
découvrir une erreur théorique que l’on avait commise 


RE 


jusqu'alors. C’est ce que Airy fit en montrant que les 
inégalités ordinaires du terrain suffisent pour dévier la 
ligne d’aplomb sensiblement, et que par conséquent il 
faudrait remplacer la surface des mers, à laquelle on 
avait réduit jusqu'alors toutes les mesures, par une 
autre surface géométrique de la terre, indépendante 
de ces influences locales. Aïry montrait qu’en nivelant 
soigneusement le terrain environnant les extrémités des 
arcs mesurés, on pourrait arriver à déterminer la dé- 
viation produite sur la direction de la ligne d’aplomb 
par les inégalités ordinaires du terram, et à réduire 
ainsi les latitudes observées aux latitudes géodésiques. 
Mais d’après lui, il serait impossible de faire autant 
pour l'influence des grandes et hautes montagnes, dont 
l'attraction peut être quelquefois zéro , quelquefois 
même négative, à cause de leurs parties pour ainsi dire 
submergées, avec lesquelles il faut, d’après Airy, se 
figurer ces montagnes plonger dans la masse liquide de 
notre planète, pour s'expliquer lé maintien de léquili- 
bre statique de l'écorce solide de la terre. 

En partant de ces vues, M. de Schubert a repris ses 
calculs ; 1l a cherché quel ellipsoïde de révolution on 
obtiendrait en employant dans les mesures de grands 
arcs , seulement les points où l’on ne pouvait pas sup- 
poser d'attraction locale , (il laissait ainsi de côté les 
mesures des Indes, à cause de l'Himalaya), et après 
avoir ainsi déterminé la figure de la terre, M. de Schu- 
bert a recherché avec quelle exactitude elle représente 
les autres petits ares mesurés dans différentes parties de 

la terre. 

Sans pouvoir entrer dans les détails de ces calculs 
longs et compliqués, je me bornerai à vous communi- 


— 582 — 
quer les résultats que M. de Schubert croit avoir établis. 
1° La combinaison des trois grands arcs mesurés en 
Russie, en Angleterre et en France, pourvu qu’on sup- 
pose à Fuglenäs, près du Cap nord, une attraction locale 
de 3” indiquée par le terrain , donne avec une grande 


concordance 4 = 3272667,1 Paris 
b — 3261104,3 » 2 
— 283,032 

2° À l'exception du grand are des Indes, aucune 
autre mesure n’oblige à abandonder l’idée que la sur- 
face de la terre est celle d’un sphéroïde de révolution ; 
et puisque l’arc mesuré au Cap s'accorde aussi bien que 
tous les autres avec les données du sphéroïde de révo- 
lution , on n’est point justifié à supposer pour l’hémis- 
phère australe une forme différente de celle de notre 
hémisphère. 

3° La surface des mers montre une multitude de 
petites ondes, provenant des irrégularités du terrain. 
La hauteur de ces ondes est assez petite, pour qu’on 
puisse dans toutes les opérations géodésiques prendre 
la surface des mers pour la surface géométrique de la 
terre. Mais par leur inclinaison de quelques secondes, 
ces ondes influent sur les opérations astronomiques, 
notamment sur la détermination de la latitude. 

4° La raison qu’on ne réussit pas à accorder entière- 
ment toutes les mesures d'arc, ne doit pas être cher- 
chée ni dans les erreurs d'observations, ni-dans la forme 
irrégulière"des méridiens terrestres, mais uniquement 
dans la déviation locale de la ligne d’aplomb. 


Ra cc 
É 
ra 


DETERMINATION 
du 


MÉRIDEEN DE NEUCHATEX. 


(Voir pag. 458 du Bulletin). 


Sur l'invitation de notre collègue M. le prof. Kopp, 
qui étant chargé par la Société de construire une table 
d'orientation pour l'horizon de Neuchâtel, désirait con- 
naître la position exacte du méridien qui passe par 
cette table, j'ai fait, le 24 septembre, avec le théodolite 
astronomique de l'observatoire, des observations de 


. hauteurs correspondantes du soleil. J'ai choisi cette 
méthode, puisqu'elle fournit en même temps une dé- 


termination exacte du midi vrai de l'endroit , et que je 
pouvais obtenir ainsi la différence en longitude entre 
l’observatoire et la ville. 

Dans ce dernier but surtout , il aurait été désirable 
qu'on pût prendre des hauteurs aussi éloignées que 
possible du méridien ; car si l’on différentie la relation 
qui existe entre l’angle horaire , l’azimut et la hau- 


teur, on trouve d 4 7, où dt et d'A signi- 
30 cos. w sin. À 


fient les variations de l’angle horaire et de la hauteur, 
et où et À sont la latitude de l'endroit et l’azimut de 
l’astre observé ; par conséquent l'influence d’une er- 
reur dans l'observation des hauteurs sur le temps ob- 
tenu devient d'autant plus petite , que l’astre se trouve 
plus rapproché du premier vertical. Mais ce jour-là, le 
brouillard ne se dissipait que vers 10 heures et demie, 


ë — 984 — 


En 


de sorte que mes observations se trouvent un peu rap- 
prochées de midi; cependant la bonne qualité de l’in- 
strument employé, dont les cercles donnent les 10” avec 
grande certitude, a permis d'obtenir des résultats satis- 
faisants. 

J'ai observé trois paires de hauteurs correspondantes 
du bord supérieur du soleil, dont voici les données: 


AVANT-MIDL. APRÈS-MIDI. 


TN 

Lecturedu| Lecture TEMPS Lecture 
cercle du du du 

de hauteur.\cercle azimut.| chronométre. || cercle azimut. 


| 530 0! |353° 29! 20''|10h. 39 m. 40 5.1] 390 36’ 2!',5,0 h. 59 m. 30 s. 
520 407 13559 13" 30/7110 » 45 » 8 »|] 370 52° 17!!,510 » 54 » 3 »! 
520 10! 13570 57! 13'/|10 » 53 » 40 »|| 359 9'15!' |0 » 45 » 31 »| 


On obtient donc immédiatement : 


LECTURE Moyenne des lectures MOYENNE 
du des 
du é 
cercle azimutal temps observés 
cercle de hauteur. pour le méridien. pour le midi vrai, 
530 0! 169 32! 41,25 23 h. 49 m. 355,0 
529 40! 169 32! 53'!,75 23 » 49 » 35 ,5 
520 10" 160 33! 141",00 23 » 49 » 35,5 
Moyenne . . 16° 32! 56'!,3 23 h. 49 m. 355,33 


Ces deux résultats ont besoin encore de corrections 
à cause du changement de la déclinaison du soleil, 
changement qui aux équinoxes est le plus considéra- 
ble, et dont le signe est positif; car puisque la déeli- 
naison du soleil va en décroissant, le soleil atteint la 
hauteur correspondante de l’après-midi plus tôt qu'il 
ne l'aurait atteint si sa déclinaison était constante ; par 
conséquent le moment obtenu pour le midi vrai est 


\ 


— 589 — 


avancé et le méridien placé trop à l’est. En caleulant la 
correction du méridien par la formule différentielle, et 
la correction du midi par les tables très-commodes de 
Gauss, et en empruntant /g » aux éphémérides astro- 
nomiques de Berlin, on obtient pour les deux quantités 
les nombre 5° 32’ et 16°,03, qui ajoutés aux moyennes 
d'observations, donnent 

Lecture de l'instrument pour le vrai méridien 16°38'28" 

Temps du chronom. Frodsham pour le midi vrai 23 h. 49m. 515,36. 

Quant au méridien , il aurait suffit de mettre le cer- 
cle azimutal à la lecture trouvée, et de pointer avec la 
lunette le point sud ; malheureusement les montagnes 
qui avaient été claires au commencement , s'étaient - 
chargées, dans ia région du sud, de brouillards et de 
nuages, de sorte qu’il devint impossible de fixer exac- 
tement le point sud de l'horizon ; cependant il est hors 
de doute qu'il se trouve très-près de la Dent du Midi, et 
on l’a indiqué ainsi sur la table provisoire d'orientation. 
Pour pouvoir tracer le méridien exact sur la table dé- 
finitive , j'ai pris immédiatement les trois azimuts que 
voici: 


Angle sud du bâtiment de Préfargier . . . — 107025" 38" 
Cime de l’Altels (le rocher qui perce la neige) — 42°54r 38" 
Sioener-de-Sérrièrés 101 1 7, 0JEM ARMES 6997 839"! 


Ces trois points de repair permettent non-seulement 
d'établir quand on voudra la direction du méridien, 
mais ils donnent aussi le moyen, pour décider par le 
calcul , qu'elle est telle ou telle cime sur laquelle on 
aurait des doutes. Comme il y a un assez grand nombre 
de points dans le vaste horizon des montagnes, que la 
vue de Neuchâtel embrasse, sur les noms desquels les 
connaisseurs ne sont pas d'accord, ni entre eux ni avec 
le panorama d’Osterwald, il suffira d’en mesurer l’angle 


— 986 — 


azimutal, et de le porter sur une carte exacte ; dans 
quelques cas rares d’une difficulté spéciale, il faudra 
peut-être encore mesurer la hauteur apparente du point 
en question au-dessus de notre horizon, pour éviter 
chaque doute possible. Ainsi par exemple, la pointe 
marquée 55 sur le panorama d’'Osterwald, et sur lequel 
Osterwald paraît être incertain, car il dit: «Pointe dans 
le Valais, apparemment le Bietschhorn,» a d’après mes 
mesures l’azimut oriental 54° 45° 41° par rapport au 
méridien de Neuchâtel ; si l’on rapporte cet angle sur 
la carte, on trouve que la pointe en question est l’A- 
letschhorn ! — Quant au temps trouvé pour le midi 
vrai, l'équation du temps était pour le midi vrai du 24 
septembre 8" 7°,91, de sorte qu'on obtient: 

Temps moyen pour le moment du midi vrai 23 h. 51 m. 52°,09 

Temps du chronomètre » » » _» 23 » 49 » 515,36 


Correction du ehronomètre par rapport au 

temps de Neuchâtel-ville, one: oCciI- 

dentale du quai) . . ‘ +: 3 0 
Comme d’après des rossheniliiite titésà avec 

la pendule moyenne de l'observatoire, on 

avait correction du chronomètre par rap- 


port au temps de l'observation. ,. . . + 2m. 6,00 
On. trouve la différenee en longitude entre 
l’observatoire et la ville de Neuchâtel. . 55,27 


Ou bien exprimé en are = 1’ 19". 


Et comme la longitude de l'observatoire a été trouvée 
par des comparaisons faites avec les observatoires de 
Berne et de Genève — 18 m. 28°,88, il en résulte pour 
la longitude de Neuchâtel-ville (point indiqué) 18 m. 
23,61, tandis que la Connaissance du Temps indique 
18 m. 225. ; 

- Dans une prochaine occasion, je pense aussi déter- 
miner la latitude du même endroit. | 


NOTE 


sur 
QUELQUES INSTRUMENTS MÉTÉOROLOGIQUES ENREGISTREURS 


PAR M. HIPP. 


(Noir pag. 513 du Bulletin). 


Lorsque la Société des sciences naturelles de Berne 
nomma, il y a quelques années, un comité météorolo- 
gique chargé de l’orgañisation de nouvelles stations et 
de l’étude des perfectionnements à apporter aux obser- 
vations, la difficulté principale signalée dans les discus- 
sions de cette commission, fut celle de trouver un assez 
grand nombre d’observateurs capables et consciencieux. 

C’est à cette occasion que je proposai déjà à la com- 
mission dont j'étais membre, de remplacer les instru- 
ments ordinaires par des appareils enregistreurs ou 
autographiques ; afin 1° de rendre les observations m- 
dépendantes du plus ou du moins d'habileté et d'exac- 
titude de l'observateur, 2° pour fournir à la science, au 
lieu d'observations isolées , entachées d'équations per- 
sonnelles , souvent inconnues et très-variables, des 
suites d'observations continues n’exigeant que des cor- 
rections instrumentales faciles à opérer et à vérifier 
de temps à autre. 

Comme agent enregistreur, j'imdiquai l'électricité 
qui à, sur la photographie employée jusqu’à présent, les 
deux avantages importants de dispenser d’une foule de 
préparations pénibles et difficiles qui ne peuvent guère 


—  D88 — 


se faire que dans un établissement considérable , et de 
permettre l'emploi d'appareils d’un prix assez modique 
pour qu'ils soient à la portée de la plupart des obser- 
vateurs. 

La Société des sciences naturelles de Berne entrant 
dans mes vues, me chargea d’abord de la construction 
d’un thermomètre. Mais comme cette commande eut 
lieu justement à l’époque où je me disposai à quitter 
Berne pour venir fonder un établissement à Neuchâtel, 
je ne pus pas l’exécuter. Néanmoins, M. le prof. Wild, 
profitant des indications que je lui donnai à ce sujet, 
fit exécuter à Berne un instrument semblable qui, selon 
Jui, donne de bons résultats. 

Comme notre Société s’occupe maintenant de lor- 
ganisation des observations météorologiques , 1l y aura 
peut-être quelque utilité à ce que je vous décrive briè- 
vement le principe des nouveaux instruments que j'ai 
inventés. 

Le procédé photographique d’enregistration à l’im- 
mense avantage de ne point influencer du tout les ins- 
truments dont 1l note l’état à chaque instant; 1l fallait 
conserver cette qualité chez les instruments électriques. 
Voici comment je crois avoir atteint ce but, et ce que 
j'envisage de caractéristique dans mon mvention. Les 
aiguilles, les index, etc., des instruments météorologi- 
ques, sont laissés tout-à-fait libres, c’est-à-dire qu'aucun 
organe de l'appareil enregistreur ne les touche ; seule- 
ment par moments plus ou moins répétés, où l’on veut 
que l’état soit noté , une fourchette vient prendre 
l'aiguille et lui fait marquer sa position présente, en la 
laissant de nouveau libre immédiatement après. 


— 589 — 


. Comme moyen d'enregistrer, J'emploie le procédé 
dont je me suis déjà servi très-avantageusement il y a 
quelques années pour mon chronographe, et qui con- 
siste à faire imprimer par une pointe très-aiguë une 
suite de traits sur une bande de papier qui se déroule. 
Cette suite de traits convenablement rapprochés, donne 
la courbe thermométrique, barométrique, ete. 

Voici l’exécution mécanique (voyez fig. 5). 

Une bande de papier & a, de 8 à 10 centimètres de 
largeur, est serrée entre deux cylindres à et c, dont 
le premier porte une roue dentée / à rochet. Un cliquet 
d qui engrène dans cette roue, la fait mouvoir d’une 
dent chaque fois qu'il reçoit un mouvement de va et 
vient sous l'impulsion de l’électro-aimant », dont l'ar- 
mature » oscille autour de l'axe 0. En même temps 
que le cliquet recule et que la bande de papier avance, 
l'extrémité g de l'ancre saisit l'aiguille ? de l'instrument 
météorologique (thermomètre, baromètre, etc.), et 
presse la pointe L contre le papier où elle marque un 
petit trou. Lorsque le courant cesse, le ressort r ra- 
mène l’ancre dans sa position ordinaire et l'aiguille ? 
redevient entièrement libre. Les courants de lélectro- 
aimant sont régularisés par un mouvement d’horlogerie 
ou si l’on veut par une espèce d'horloge électrique à 
des intervalles que l’on peut déterminer pour chaque 
cas spécial. 

L'appareil que je viens de décrire peut être employé 
de bien des manières, et être adapté à toutes sortes 
d'instruments météorologiques. 

Je me bornerai aujourd’hui à indiquer plusieurs mé- 
thodes pour enregistrer les températures. 


BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. V. 38 


RQ” on 


Si l’on veut conserver le thermomètre à mercure, on 
n’a qu’à le pourvoir d’un flotteur dont l’axe soit en acier 
aimanté ; une aiguille en fer suspendue librement à 
côté du thermomètre, suivra les mouvements du petit 
flotteur aimanté, et marquera sa position avec l’autre 
extrémité, moyennant une petite pointe, comme cela a 
été décrit. 

On pourrait aussi suspendre le thermomètre à mer- 
cure comme une balance qui oscillerait par le déplace- 
ment du centre de gravité, provenant de la variation de 
longueur de la colonne mercurielle. Mais cela exigerait 
une suspension très-délicate, et en le plaçant à l’exté- 
rieur, les courants d’air pourraient le faire osciller. 

Le même inconvénient, dû à l’action du vent, diminue 
aussi , il me semble, la valeur du troisième procédé qui 
consiste à employer un ressort thermométrique tourné 
en spirale, et portant à son extrémité la pointe destinée 
à marquer sa position. 

Sous ce rapport, la quatrième méthode que je pro- 


pose serait peut-être la plus à l'abri de toute objection 


et de tout inconvénient. Elle consiste à former une es- 
pèce de pendule à gril, dont les tringles sont disposées 
de sorte qu'elles augmentent ou multiplient la dilata- 
tion au lieu de la compenser. Une aiguille avec levier, 


porte la pomte qui marque les traits sur la bande de 


papier. 

Une autre fois , je vous entretiendrai de l'application 
de mon appareil enregistreur pour marquer la courbe 
barométrique , de même que les courbes des autres 
instruments météréologiques. 


SET — 


_ 


- RE 


NOTE 


SUR LES 


COURANTS ÉLECTRIQUES DÉRIVÉS 


‘el remarques sur l'établissement 


D'UN SYSTÈME D'HORLOGES ÉLECTRIQUES. 
(Voir p. 517 du Bulletin). 


> 9 —— — 


Lorsqu'il s’agit d'établir un système d’horloges élec- 
triques , une des précautions principales à prendre, 
consiste à éviter qu'un dérangement produit dans une 
de ces horloges ne fasse cesser la marche de toutes les 
autres, et qu’on puisse au besom ôter une pendule en- 
tièrement du cireuit sans que les autres soient par celà 
influencées sensiblement. Les accidents variés qui peu- 
vent arriver à des horloges publiques, et surtout les 
dérangements auxquels elles sont exposées de la part 
des particuliers, lorsqu'on veut combiner les horloges 
publiques avec des horloges dans les maisons privées, 
enfin le besoin de pouvoir nettoyer et réparer une des 
horloges sans compromettre la marche des autres, de- 
mandent impérieusement un arrangement tel, que les 
horloges ne fassent pas simplement partie du circuit 
général, mais que chaque horloge soit parcourue seule- 
ment par un courant dérivé, dont l'interruption ne fait 
pas cesser le courant principal. Dans la plupart des 
cas, on devra acheter cet avantage par une perte dans 


— 992 — 


l'intensité du courant qui circule dans chaque horlo- 
ge, d’abord parce qu’on divise et subdivise le courant 
fourni par la pile, et ensuite parce que les courants 
dérivés étant d’une force très-inégale dans les différen- 
tes horloges selon leur position par rapport à la pile, 
on sera obligé quelquefois d’intercaler dans les circuits 
des horloges des résistances additionelles pour obtenir 
dans toutes la même intensité du courant, ce qui est 
naturellement d’une grande importance pour la mar- 
che régulière des horloges. 

Mais alors 1l s’agit de trouver par quelle manière de 
dérivation on s'expose à la moindre perte du courant, 
ou bien de trouver pour chaque cas donné le meilleur 
système qu'on puisse suivre. Il y a surtout deux ma- 
nières différentes de combiner un système de courants 
dérivés, c’est de les coordonner ou bien de les subor- 
donner. Dans le premier cas, le pôle positif de chaque 
circuit dérivé regagne le circuit principal avant qu’on en 
dérive le suivant ; dans le second système au contraire, 
le pôle positif du premier courant dérivé ne regagne 
le cireuit principal qu'après celui de tous les autres. 
On voit en outre qu’on peut combiner ces deux systè- 
mes de bien des manières, en dérivant par exemple 
d’abord un circuit subordonné, dans lequel alors on 
intercale tout un système de courants coordonnés, etc. 

Il serait donc intéressant et utile de trouver dans ces 
différents systèmes les formules générales pour l’inten- 
sité de chaque courant dérivé, qui permettraient de 
juger avec sûreté dans chaque cas donné, quel système 
serait le plus avantageux à employer; et ensuite quelles 
sont les résistances à ajouter dans chaque circuit dé- 
rivé, ou bien quelle construction il faut donner aux 


PRE + 
à 2 


— 093 — 


bobines des électro-aimants , pour obtenir dans toutes 
la même force. — Nous allons donc développer, en 
partant des lois d’'Ohm, les formules générales pour un 
nombre quelconque de courants dérivés des différents 
systèmes, et en tirer quelques conséquences qui pour- 
raient avoir leur utilité pratique. 


1. 


Il est bien connu que lorsqu'un courant électrique 
se divise en deux branches, les intensités dans ces der- 
nières sont inversement proportionnelles aux résistances 
dans ces mêmes branches. On en déduit immédiate- 
ment que lorsque dans un cireuit une partie est formée 
par deux fils parallèles, on peut exprimer la résistance 
de cette partie, si Les résistances dans les deux fils sont 


° Fr 
r,etr,, par la fraction ——— 
Ban ET 


Si l’on a maintenant un circuit avec une dérivation 
entre les points a et à (voir fig. 1) et que l’on appelle 


E la force électro-motrice ; 


J l'intensité du courant primitif (sans dérivation) ; 
PP, » courant principal (c’est-à-dire de tout 
le système du circuit primitif et dérivé); 
? l'intensité du courant partiel (entre les points a et b); 
LT » courant dérivé ; 
et que R exprime la résistance du cireuit primitif à 
| l'exclusion de la partie ab et y comprise la 
résistance essentielle de la pile ; 
r la résistance de la partie «ab, de sorte que 
R + rest la résistance du crcuit primitif, enfin 
_ r, la résistance du circuit dérivé, 


alors l’on a 
URSS Juge HAIREM TS PEER 
TT R+r î rt RtHTUJ ELLE 

TH, 


et puisque 7:27, =7,:r 


LH M RRLENNN, 
' ” . r; r, |: VERRE 
=t+1') —— — © ZE ———— 
; (e ere Re Rr+r)+r.r, 
> : . r r Er 
AE. ——— — = ——————————— 
L (e à) r+r, J, r+r, Rr+r)+rr, 


2. — Courants dérivés coordonnés, 


ae 


Si l’on applique ces formules au cas de plusieurs 
courants dérivés coordonnés, que nous appellerons U, 
UE U:...…. et pour lesquels 4 7153 ?2 Ta5 25 Ms... 
représentent les intensités et les résistances, tandis que 
ri w, 0, .…. expriment les résistances des circuits par- 
tiels compris entre les points de dérivation & 13 aa ba; 
dal ide 

Si ensuite on appelle J, J J;..... les intensités du 
courant principal dans le cas de 1, 2, 3,..... courants 
dérivés, L, Le L; les résistances de tout le circuit pri- 
mitif à l'exception des parties comprises entre les points 
de dérivation, l’on à d’abord : 

1° Dans le cas d’un seul courant dérivé (voir fig. 2). 


E. (r, + w È " w 
CR Re TT u = Li as 
L, (r, + w,) + r, w, L, (r,+w,) +r,w, 
2° Dans le cas de deux courants dérivés (voir fig. 3) : 
E 
Vu 


r, W To W 
L, + Mons us Te MATE 


Ta + Wy Te Ÿ Us 


— 999 — 


ALES Wy (To + Wo) 
1 [fr +w,) (ro +00) +7, 00, (r, +0) +rs ur (7, +40) 
. Us (TT, +w,) 
2, Fu E. eus: 2 1 4 


L, (r, +4w,) (ra +we) +, wy (ro + We) + To Wo (Ti +) 


En continuant ainsi, il est facile d’entrevoir la loi de 
ces formules pour le cas général de x circuits dérivés. 
Si l’on met pour abréger 


rw To W Yn Un P. W 
ST Se D 1 TE. EF Hess. 


- Ms 


Pat Un. Ta + We Pn + Un Tr +w 


on peut écrire l'intensité du courant principal 


E- 


et l'intensité dans le circuit dérivé du rang # 


: U'x 
u =], ——— 2 
k n A 244 Ur ( ) 
On voit que pour obtenir la même intensité dans tous 
les circuits dérivés, il suffit d’avoir partout le même 


Tk ue PT : 
rapport — entre les résistances dérivée et partielle. 
tx 


Mais si l’on suppose partout la même résistance dans 
les circuits dérivés, alors il faut, pour que l'intensité v 
soit également partout la même, adopter aussi partout 
la même résistance partielle. Si l’on appelle ces résis- 
tances r et #, on peut écrire alors 

, F + 
fn =E. ———— 
Lir+w)+n.r4w 


stat... ln =E. & (4) 


L(r+w)+nruw 


— 996 — 


3, — Horloges dans des ecireuits coordonnés. 


Les deux conditions dont nous venons de parler, sont 
tout naturellement remplies dans le cas des horloges 
électriques, si l’on suppose ce que des considérations 
pratiques paraissent conseiller dans la plupart des cas, 
que toutes les horloges ont des bobines de même nature. 
Ainsi, en employant des courants dérivés coordonnés, 
on n’a pas besoin d'introduire des résistances artificielles 
pour avoir la même force dans toutes les horloges. Mais 
il y a une autre raison qui y oblige. Car on comprend 
que si l’on voulait, pour ainsi dire, accrocher tout sim- 
plement les pendules à la ligne, 1l n’y aurait qu’une 
très-faible partie du courant de la pile qui passerait par 
les horloges. En effet, si l’on écrit la formule (4) sous la 
forme 

PO Re 
L+n.r + L. — 
20 
on voit que si r est beaucoup plus fort que #, ce qui 
aurait lieu dans le cas où l’on procéderait de la manière 


mentionnée, le terme du dénominateur L= deviendrait 


fort considérable , et la valeur de ? serait très-petite. 
— En général, le courant dérivé deviendra d'autant 
plus fort que est grand, et il atteindra son maximum 
lorsque 20 = +, c’est-à-dire s’il n’y a pas de conducteur 
du tout entre les points a et 4, ou bien qu’il n’y a pot 


de dérivation ; dans ce cas ? devient — [= 5 comme 


L+n 
cela doit être. 


n 


— 997 — 


En introduisant entre les points « et 4 une résistance 
variable, une espèce de rhéostate, on pourrait toujours 
régler l'intensité du courant de chaque pendule selon 
les besoins; ordinairement on tiendra cette résistance 
assez grande par rapport à 7; mais dans le cas où le 
courant ne circulerait plus dans une pendule, ou qu’on 
serait obligé de la sortir du circuit, on rendrait la ré- 
sistance artificielle aussi petite que possible. Ces rhéos- 
tates auraient pour ainsi dire la fonction des robinets 
dans nos conduits de fontaine ou de gaz. 

Il conviendra souvent de rendre la résistance artifi- 
cielle égale à celle de l'horloge ; on obtient alors 


y à : E 
7 QL+nr ET à HEAPA (6) 


D 


Je 


c’est-à-dire dans ce cas on aurait dans les horloges une 
intensité de courant égale à celle qui s’y trouverait, 
lorsqu'elles feraient directement partie de la ligne sans 
aucune dérivation , mais que la ligne aurait la double 
résistance. Au lieu de mettre une résistance artificielle 
entre les points de dérivation, égale à celle d’une horlo- ” 
ge, il sera souvent plus rationnel d’y mettre une seconde 
horloge (voir fig. 4). Car il n’est pas très-probable que 
deux horloges qui seraient ainsi accouplées, cesseront à 
la fois de conduire le courant, surtout si l’une d’elles 
au moins est une horloge publique, accessible seulement 
aux employés. On pourrait adopter cette combinaison 
avec toute sûreté dans un des circuits dérivés subor- 
donnés, car si même toutes les deux horloges ne con- 
duisaient plus le courant , il n’arriverait pas moins à 
toutes les autres. 


— 998 — 


La formule (6) prouve, en outre, que si l’on combine 
n horloges de résistance égale, de sorte que deux se 
trouvent toujours accouplées en deux circuits dérivés 
parallèles (voir fig. 5), on obtient dans ces pendules la 
même intensité du courant , qu’on aurait en intercalant 
la moitié de ces pendules tout simplement dans une li- 
gne qui aurait la double longueur de celle du cas pré- 
cédent. 


4. — Courants dérivés subordonnés. 


Nous conserverons la même notation qu'auparavant, 
et nous appellerons s, 5, $,..... les intensités des cir- 
cuits partiels, correspondant aux résistances 2, 202 5... 
Ensuite pour rendre les formules plus claires, nous 
représenterons par U, Un +, la résistance de la partie 
de la ligne située entre les circuits dérivés U, et Us +, ; 
dans ce sens que lorsque la ligne est double (sans qu’on 
fasse revenir le courant par La ne 

= 020 + DR 2 C7 0e) 
ESA ==. A de: + a PER Qo Az 
et que dans le cas contraire, où l’on aurait réuni les 
points 41 Da... à la terre, 
DU = case =") rest 

Enfin on exprime par P U, la résistance de la ligne 
à partir de la pile jusqu'au premier circuit dérivé, y 
comprise la résistance de la pile même ; alors on trouve 
d’abord dans le cas de 

1° Deux circuits dérivés: 
W, = Te + U, We 


3 (70) 
AE? DA - 


PU, (r, + w,) + rw, 


—  D99 — 


: ï 
RES NU 


rite + Ta Ua rer PUS PU, "UE 


D, ON RENE ee 0 TR 
RE UE U + PU, U U 


20 Trois courants dérivés. 
Il est d’abord facile à voir que les résistances par- 
tielles peuvent être exprimées ainsi (voir fig. 6) 
we = T3 + U U, 


Te W 
PME HE à AP 
1 Pa + Us 
11 T T. T T 
à T 
Va + T3 + U Un 


Si l’on substitue ces valeurs dans les formules 


W, 

QE, 

: PU, (r, +w,)+7, uw, 
1 le 

Si = E - 


"PU, (r, + w,) +r,uw, 
on trouve après quelques développements 
late + ra ll Ur OÙ, D + U, US UT 


Cr. D 
| Palo + Tia + Pan UU 
PE 7e 4 4 2 


D 


en désignant par D le dénominateur suivant : 
D=rirars+ rire PU + Ts PU + Te Pac PU, +7 Pa Ua Us 
+r, PU U,Us+rs PU, U, U,+P U,. U, UX U, U, 


Lorsqu'on se rappelle maintenant que l’on a 


/ w FEU, TU 
Men RE ie 3 2 3 


1 , : 
Va + Wo Va PE USD, 


On obtient 
Ter ir DOI TE 
1, = E 5 
f r Tr 
S9 = 3 —= E Fit 


En continuant ainsi à développer les formules pour 
quatre et plus courants dérivés, on parvient à en trou- 
ver la loi générale que l’on peut formuler ainsi : 

«Si dans un cireuit électrique il y a » circuits déri- 
vés subordonnés, on obtient l'intensité du courant 
dans chacun de ces circuits, en multipliant la force 
électro-motrice par des fractions qui ont toutes le mê- 
me dénominateur , formé d’après la loi suivante : 

Le dénominateur a ? termes, dont chacun est com- 
posé de » facteurs. 

Le premuer terme est le produit des résistances de 
tous les circuits dérivés. 

Viennent ensuite » {ermes, dont chacun est le produit 
d’une combinaison des résistances de (n-1) circuits dé- 
rivés, multipliée par les résistances des parties de la 
ligne, dans lesquelles celle-ci serait divisée, si les (7-1) 
circuits dérivés de la combinaison en question n’exis- 
laient pas. 

n. n-1 
1. 2 
duit d’une combinaison des résistances de #-2 circuits 
dérivés, multipliée par les résistances des parties de la 
ligne, dans laquelle cette dernière serait divisée , si les 
(n-2) circuits dérivés de la combinaison en question 
n'existaient pas, etc. 
 ntermes dont chacun est le produit de la résistance 
d’un circuit dérivé avec toutes les parties de la ligne, 


Suivent alors 


termes, dont chacun est le pro- 


— 601 — 


dans lesquelles cette dernière serait divisée, si le cireuit 
dérivé en question n’existait pas. 

Enfin, /e dernier terme est le produit des résistances 
de toutes les parties de la ligne, en lesquelles elle se 
trouve divisée par tous les circuits dérivés. 

Les numérateurs des fractions avec lesquelles il faut 
multiplier la force électro-motrice pour obtenir l’inten- 
sité des courants dérivés, ont des termes de 7-1 fac- 
teurs ; et le numérateur du circuit de l’ordre # a 2"-* 
de ces termes, de sorte que si l’on commence à comp- 
ter les circuits dérivés à partir de la pile , les numéra- 
teurs des expressions pour 2% % 23... ?x .. 2 Ont 
PRE QE ON TEPrTIes. 

On forme ensuite le numérateur de 4 en supprimant 
dans le dénominateur commun d’abord dans tous ses 
termes la résistance de la partie de la ligne qui com- 
mence de la pile. Parmi les termes du dénominateur 
ainsi réduits, on supprime alors tous ceux qui contien- 
nent comme facteur la résistance du circuit dérivé en 
question (r.), ensuite tous les termes qui contiennent 
la résistance d’une partie quelconque de la ligne qui 
soit située en decà (c’est-à-dire vers la pile) du circuit 
dérivé Us. — Les termes restants du dénominateur 
forment les termes du numérateur. 


3. — Horloges dans des cireuits dérivés 
subordonnés. 


On voit que dans ce cas les intensités dans les circuits 
dérivés sont lom d’être égales sous toutes les conditions. 
Mais lorsqu'il s’agit de faire marcher un système d’hor- 
loges électriques, il importe beaucoup d’avoir la même 


— 602 — 


force dans toutes les bobines, et si l’on suppose celles-ci 
construites parlout de la même manière , il faudrait 
alors intercaler dans chaque circuit une telle quantité 
de résistance artificielle, que l'intensité du courant de- 
vient partout la même. Il s’agit done de déterminer 
pour chaque circuit dérivé la quantité de résistance 
qu’il faut intercaler, c’est-à-dire de trouver sous quelles 
conditions 7, = 7, = ?,.... Comme ces expressions ont 
un dénominateur commun, il faut égaler leurs numéra- 
teurs , par exemple dans le cas de 3 horloges, mettre 

riraerirs + Pr UU 

= les + lee Us Us + rs U, U, + U, Us. WU; 
d'où l'on tire facilement 

fa rs + Ù Un 

Tir + 2UU er, + U,U + 2U, U 

En généralisant on trouve pour le cas de » courants 

dérivés | 
Vn-4 = 7n + Us an =’ + Un-1 Un 
Vn-2 —=?n-1 +92 Un-oUn-t =? + Un-1Un ee Un-5 Uni 
Vn-3 =7n-2 + 3 Us U-9=7"n + Uni U, +92, Un9 Uni +3, Us Une 


ri, —= ra+{(n-1) Ü: Ua: 
= Tan + Uni Un + 2 Use Unit + 9 Us Uno +... + (n-4) U: U>2 

Il est d’ailleurs facile de vérifier ces formules direc- 
tement. Car prenons un système de » horloges, il est 
clair que pour voir le courant se partager en @,, (voir 
fig. 7) en égales parties, il faut que 7, = 7: + | PR à 
Ensuite pour qu’au point a,, on ait d’abord dans les 
deux branches la même résistance, 1l faudra que 


T T Vn-1 
ln = U, » U: PUS 


nu 
… 


— 603 — 


Mais comme il y a dans une des branches une nouvelle 
bifurcation, il faut pour que l'intensité soit la même en 


U,+ qu'en U,., et U,, que r,2 = 2 (Ue Ua + —) 
= 4 + 2 U,o U,. , et ainsi de suite. On retrouve donc 
les mêmes formules. 

Il est facile à voir, que si la résistance essentielle de 
toutes les horloges est supposée égale , que les résistan- 
ces artificielles à y ajouter pour obtenir partout la même 
force du courant, sont pour les horloges dans leur ordre 
à partir de la plus éloignée de la pile, 


pour l'horloge la résistance artificielle est 
Mer 420 3 150 
Mons rie) se 20 Het Ua 
Us 2:21... Uni Un, + Y'Un:e Uni (7) 
à et RENE Ün-1 Un + 2 Un-2 Un-1 + 3 Un-3 Un-2 
U: = . . . | AT U,, + 9 Un-2 Uni +... + (n-1) Ui Us 


Maintenant si l’on intercale réellement ces résistan- 
ces et qu’on obtient dans toutes les horloges la même 
force du courant, quelle sera cette force ? 

Si nous remplacons, par exemple dans les formules 
données plus haut (voir p. 9) pour les intensités des 
courants dans le cas de trois horloges, les valeurs que 
nous venons de trouver pour 7, et r, (voir p. 12), nous 
trouvons après quelques transformations, et en divi- 
sant le dénominateur par le numérateur 
= ip = Li pue JR REL  u 
17 SPU, + ZU,U + Didier 
et en opérant de même pour le cas général de x horlo- 
ges, l'intensité du courant, lorsqu'elle est rendue la 
mème dans toutes, est 


— 604 — 


| E 


Pour appliquer ces formules à un exemple , suppo- 
sons qu'on ait 5 horloges, chacune avec une résistance 
essentielle de 5000 , et placées à des distances (à partir 
de la pile), dont les résistances exprimées dans la même 
unité sont 300, 3000, 1000, 2000set 400. La résistance 
essentielle de la pile soit de 200, de sorte que PU, —500. 
On suppose encore que le courant est reconduit par la 
terre. En coordonnant les courants dérivés et en interca- 
lant entre les points de dérivation des résistances égales 
à celle d’une horloge, on trouve d’après la formule (6 @ ) 


l'intensité du courant dans chaque pendule ?=E 


tandis que, si les pendules faisaient directement parties 
1 
du cireuit principal , la force serait? —E —— ju 


On aurait donc acheté la sûreté de la marche, en aug- 
mentant la résistance dans la proportion de 69 sur 319, 
ou bien en diminuant l'intensité du courant dans la pro- 
portion de 388 : 319, c’est-à-dire à peu près de 5 : 4. 

Si l’on subordonne les courants, il faut, pour rendre 
la force partout la même , ajouter aux horloges à partir 
de l’avant-dernière , les résistances artificielles suivan- 
tes : 400, 4400, 7400 et 19400 et on obtient alors d’a- 
près la pou (8) l'intensité dans toutes les horloges 
LE 3600 

Ainsi dans notre exemple le second système est de 
beaucoup préférable , puisque la force du courant dans 


les horloges se trouve plus grande que dans l’autre sys- 
tème dans la proportion de 388 : 269, ou bien de 13 : 9. 

Il n’en sera pas toujours ainsi ; et les données de cha- 
que cas particulier doivent décider à quel système il 
faudrait donner la préférence. 


Toutes les fois où la résistance artificielle, qu’il faut 
intercaler pour obtenir l'égalité du courant, devient 
plus grande que la résistance d’une bobine, il convient 
apparemment de lui substituer une horloge. Dans 
l'exemple ci-dessus cela aurait lieu pour les 3 premiers 
circuits dérivés, auxquels il faut ajouter 19400 , 7400, 
4400 de résistance. On pourrait donc introduire dans le 
premier cireuit-encore 4 horloges, dans le second d’a- 
bord 2 horloges accouplées, comme il a été dit (voyez 
page 595), ce qui donnera 2500 de résistance, et en- 
core une horloge simple ; enfin dans le troisième on in- 
troduirait une horloge. 


D'après les circonstances de chaque cas donné on 
pourra toujours trouver les combinaisons les plus avan- 
tageuses d’après les formules que nous venons d'établir. 


Le 
: 


de 


Si les convenances de fabrication et du service ne 
demandaient pas l’uniformité des bobines, il serait cer- 
tainement préférable, d'utiliser la résistance artificielle, 
qui ne serait pas assez grande pour être remplacée par 
une horloge , en la faisant faire partie de la bobine mé- 
me, au lieu de l’ajouter extérieurement et par consé- 
quent sans effet utile direct. 


BUL. DE LA S0C. DES SC. NAT. T. Y. 39 


0 — 


Lorsqu'on admet des différences de construction 
pour les bobines d’un système d’horloges, on peut 
même envisager le problème sous un autre ent de vue 
plus exact. 


Car en effet ce qu’il s’agit d'obtenir, ce n’est point 
la même intensité du courant électrique dans toutes 
les horloges, mais bien le même moment magnétique, 
pour que l’armature des électro-aimants soit attirée par- 
tout avec la même force. Or ce moment magnétique ne 
dépend pas seulement de la force du courant qui cir- 
cule dans la bobine, mais aussi du nombre des spires 
qui la forment. Si ce nombre est appellé p et que mn si- 
gnifie le moment magnétique , l’on am—p x1t,etil 
s'agirait maintenant de déterminer les conditions, dans 
lesquelles ces quantités » deviennent égales dans un 
système de x horloges, pour lesquelles les intensités ? du 
courant seraient données par les formules du $ 4. En 
d’autres termes, il faudrait trouver les valeurs dep, 
qui satisfassent aux conditions 7, —p, ?, = Mm,—= p, 1, 
ES NE Pi Ne 


On aurait donc n — 1 équations de condition pour dé- 
terminer les x quantités p, p, p, ...p, , de sorte que un 
des nombres p resterait indéterminé , comme cela doit 
être. On le déterminerait de manière à ce que l’effet 
magnétique » dépasse le minimum de force mécanique, 
nécessaire pour faire fonctionner les horloges avec 
sûreté. 

Mais si l’on considère, qu’en réalité les seules con- 
stantes du problème sont les distances des horloges, 
c'est-à-dire des quantités que nous avons désignées par 
PU,, U, U,, U, U...., que les résistances des bobines 


— 607 — 

| r,r,r,..… sont également à déterminer et sont en même 
temps liées aux nombres p, p, ps... des spires, on voit 
qu’il y a en effet 2 (n —- 1) quantités à déterminer, tan- 
dis qu’il n’y a que 7 — 1 équations de condition. 


Le problème est done complètement indéterminé et 
théoriquement on peut obtenir l’égalité de l'effet magné- 
tique par un grand nombre de combinaisons. Cependant 
la pratique restreint cette diversité, puisqu'on ne peut 
pas dépasser certaines limites dans les dimensions des 
électro-aimants. En général, comme l’intensité du cou- 
rant diminue à mesure qu'on s'éloigne de la pile, 1l con- 
viendrait de donner aux bobines des horloges , voisines 
de la pile, beaucoup de résistance et peu de spires; les 
aimants seraient courts et les bobines d’un fil très-min- 
ce, auraient un grand diamètre intérieur. Le contraire 
aurait lieu pour les dernières horloges; là on choisirait 
un fil fort, pour diminuer la résistance et on augmente- 
rait le nombre des spires ; les aimants seraient longs et 
les bobines d’un faible diamètre intérieur. Dans la prati- 
que 1l y aura toujours des limites pour les deux bobines 
extrêmes, pour la première faible et à grande résistance 
et la dernière forte .et à petite résistance. Connaissant 
dans chaque cas donné les distances des horloges et les 
limites de construction pour les deux bobines extrêmes, 
on pourra toujours déterminer, d’après les formules 
données, le nombre de spires et la résistance de chaque 
bobine, de telle sorte qu’en augmentant à partir de la 
première le nombre de spires et en diminuant la résis- 
tance, on obtienne partout le même effet magnétique. 


Il y a cependant une considération, qui porte à obte- 
nir cet effet seulement approximativement et de préfé- 


— 608 — 


rence par l’augmentation de la résistance dans les pre- 
mières bobines, sans en diminuer le nombre des spires, 
de sorte que l’on obtienne une légère décroissance de la 
force magnétique pour chaque horloge suivante, et 
qu’elle soit la plus faible pour la dernière. Car en pla- 
çant celle-ci à la fin du contour près de la pile, l’em- 
ployé chargé de la surveillance serait presque assuré 
que toutes les horloges ont assez de force , si cette der- 
nière marche avec sûreté. 


. MOUVEMENT 


DE 


L'HOPITAL POURTALÈS 


pendant l’année 1560 


par 


le D' Edouard CORNAZ 


Médecin et Chirurgien en chef de cet Etablissement. 


Messieurs ! 


Quelques semaines encore, et il y aura un demi-siècle 
que l'hôpital Pourtalès, dont la construction avait été 
commencée en 1808, recevait son premier malade; le 
premier rapport annuel ayant élé terminé au 31 décem- 
bre 1811, celui que j'ai l'honneur de vous soumettre em- 
brasse la cinquantième année de l’activité de cet établis- 
sement. 

Il n'y a que peu de mois, et nous avions l'espérance 
que ce jour aurait pu voir réunis dans cette enceinte, un 
des premiers membres de la Direction, le dernier fils du 
fondateur de cet hôpital, son ancien médecin et son premier 
intendant. Dieu en a décidé autrement, et de ces quatre 
contemporains de l'ouverture de ce pieux établissement, 
il n’en reste que deux. Un membre de cette Direction 
nous a aussi été enlevé tout récemment ; en sorte que 


— 610 — 


cet anniversaire d'un demi-siècle d'existence, que beau- 
coup de nous se réjouissaient de célébrer, doit avant tout 
rappeler à notre souvenir les trois grandes pertes que 
l'hôpital a faites. 

C'était mon maître dans la carrière et mon prédéces- 
seur , le Dr F° de Castella, qui devait être enlevé le pre- 
mier des trois: 44 années de dévouement à cet établis- 
sement et d'une pratique étendue, l'avaient engagé à aller 
passer ses vieux Jours dans sa patrie; mais là, vous le 
savez, 1l se trouva plus étranger qu'au milieu de nous, et 
malgré le dispensaire qu'il dirigeait avec le Dr Thürler, 
et dans lequel il voyait le premier rudiment de cet hôpital 
cantonal fribourgeois, rêve de sa vie, qu’il ne devait pas 
voir éclore, il ne put oublier ni Neuchâtel, ni surtout l’hô- 
pital Pourtalés: les visites de notre Président et d'un autre 
membre de cette Direction vinrent ranimer par des souve- 
nirs d'un autre temps, le crépuscule de sa vie terrestre, et 
peu de jours après sa dépouille mortelle était confiée à la 
terre, mais non pas, comme il l’avait si souvent désiré, 
dans le cimetière de l'hôpital Pourtalés. 

C'est là en revanche, que repose celle du comte de 
Pourtalès-Castellane, dernier fils du vénérable fondateur 
de cet établissement. Vous n'avez point oublié, Messieurs, 
les paroles aimables avec lesquelles il s’invita, et le Dr de 
Castella avec lui, aux futures réunions annuelles de la 
Direction, le jour où mon prédécesseur y assistait pour la 
dernière fois en qualité de médecin et chirurgien en chef: 
ni l’un ni l'autre n’y ont plus reparu, et tous deux se sont 
succédés bien rapidement dans la tombe. Sans avoir ja- 
mais fait partie de la Direction, M. Frédéric de Pourtalés 
portait à l'hôpital créé par son noble père, un intérêt vé- 
ritable, et s’'unit toujours à ses frères pour le soutenir de 
sa fortune, dans des années difficiles pour les ressources 
de cet établissement. 

Enfin le doyen Guillebert, le second en rang des as- 


en CU 


sesseurs de cette Direction, mérite aussi d'être rappelé 
ici. Qu'il siégeât au milieu de vous ou qu’en l'absence de 
votre chapelain protestant, il en remplit momentanément 
les fonctions, 1l le faisait avec cette conscience qu'il met- 
tait à toutes choses, et s’il fallait une preuve de l'attention 
qu'il prêtait à tous les détails relatifs à cet hôpital, il me 
suffirait de vous rappeler ces rapprochements que sa mé- 
moire lui fournissait chaque année entre certains résul- 
tats statistiques et ceux d'années antérieures de ces Mou- 
vements. 

Il serait hors de place, Messieurs, de vous en dire 
davantage sur la carrière de ces trois hommes, dont la 
mémoire est encore si fraiche dans le cœur de chacun de 
nous; J'ai donc hâte d'en venir à l'objet proprement dit 
de ce Mouvement. 


40 malades restaient en traitement dépuis 1859, 
et 419 entrèrent dans nos salles en 1860. 


Total: 459 
dont 51 devant être transportés à l'exercice 1861, 


Restent: 408 malades, sortis pendant l’année 1860, dont: 


330 guéris, 
32 améliorés, 
16 incurables, 

et 25 morts. 


Le chiffre des décès a atteint, comme on le voit, le 
6,13 pour cent sur le chiffre total des sorties. La moyenne 
du séjour de chacun des 408 malades, du jour de leur 
entrée à celui de leur sortie inclusivement, a été de 
43,98 jours, le nombre de leurs journées ayant été de 
17,945. Enfin comme le registre de l’année accuse 19,561 
Journées de malades, la moyenne du nombre des malades 
journellement présents à l'hôpital, a été de 53,45, et au- 
rait pu sans peine être plus considérable, si l'année n'eût 


— 612 — 


présenté, somme toute, remarquablement peu de maladies 
graves. 

Le rapport entre les deux sexes a été de 299 hommes 
pour 109 femmes. 

Classés d’après leurs nationalités respectives, nos ma- 
lades donnnent le tableau suivant: 

491 Neuchäâtelois ; 

206 Suisses d’autres cantons (dont 105 Bernois, 24 Vau- 
dois, 18 Tessinois, 14 Argoviens, 10 Fribour- 
geols, etc.) ; 

34 Allemands (dont 18 Wurtembergeois, 7 Badois, etc.); 
28 Français; 
14 Tialiens (tous du nouveau royaume d'Italie); et 

o Belges. 

Les 24 principales opérations pratiquées pendant l’an- 
née furent : 2 amputations de la jambe, 1 amputation du 
pied à la méthode Pirogoff, 1 resection d'une articulation 
à un orteil, l’ablation de 2 phalangette, 1 myotomie du 
sterno-cléido-mastoïdien, 2 opérations d'hygroma, 1 dou- 
ble d'hydrocèle, 1 de phymosis, 2 écrasements linéaires, 
l’un de tumeurs hémorrhoïdales et l’autre d'une portion 
de la langue, 1 opération de hernie étranglée et 1 taxis, 
1 trachéo-laryngotomie, À excision d’une ancienne cica- 
trice entre le cuir chevelu et un point privé d'os, 2 abla- 
tions d’amygdales, dont une double; et 6 opérations de 
- chirurgie occulaire, à savoir : À extraction à lambeau, 
4 extraction linéaire et 1 dilacération de la capsule pour 
des cataractes, 1 opération double de ptosis, À de l’ectro- 
pion d’après Gaillard, et l'extraction d’un corps étranger 
dans l'œil. 


AFFECTIONS GÉNÉRALES. 


Au nombre de 75, elles présentèrent 64 guérisons, 1 
amélioration et 10 décès : aucune opération notable. 


DM née 


Delirium tremens , V'un guéri par l'opium et l’autre 
par le tartre stibié; une otorrhée, une conjonctivite 
et un catarrhe pulmonaire prolongèrent beaucoup le 
traitement du dernier. La même affection se montra 
comme complication dans trois autres cas. 

Colique saturnine, chez un ferblantier, essentiellement 
guérie par l'iodure de potassium. 

Erysipèles, dont 3 à la face et un aux paupières : 
deux compliqués d’abcès sur d’autres points. Un éry- 
sipêle périodique à la face, paraissant plus ou moins 
en rapport avec la menstruation, exigea un long trai- 
tement par les ferrugineux. 

Zona, compliqué d’une angine tonsillaire phlegmo- 
neuse et de douleurs rhumatismales. | 
Pyémies, toutes trois terminées par la mort. Un de 
ces malades (n° 119) présenta un arthropyosis du 
genou gauche et de l'épaule droite, des épanchements 
purulents à la surface du cerveau et du cervelet, et des 
abcès multiples dans les poumons; nous ne pûmes, 
vu son état de délire, rien apprendre de ses commé- 
moratifs. La seconde (n° 384) présentait l'extrémité 
inférieure gauche demi- fléchie et croisée sur la droite, 
des selles involontaires et liquides, et d’affreuses ul- 
cérations aux jambes et à la région sacrée: à l’au- 
topsie cadavérique, nous trouvâmes un gros caillot de 
pus concret, enveloppé d'une couche de sang noir, 
dans la veine iliaque gauche. Chez le dernier (n° 453), 
la pyémie était consécutive à une périostite du fémur: 
après la mort, nous constatâmes entr'autres lésions, 
des abcès métastatiques à la surface des deux pou- 
mons, un abcès dans les parois du cœur, une assez 
forte quantité d'un liquide citrin dans le genou droit, 
une vascularisation sur le condyle externe du fémur, 
au-dessus duquel le périoste, détaché de l'os devenu 
rugueux, était baigné dans du pus. 


1 


28 


+ OS 


Fièvre puerpérale, également terminée par la mort 
(no 75) survenue à la suite d’un avortement, dont la 
malade ne voulut jamais reconnaitre la possibilité: 
cette malheureuse succomba à l'urémie. A l’autopsie 
cadavérique, le sang était remarquablement liquide, 
l'utérus ramolli était tapissé à son intérieur par une 
exsudation jaunâtre, et les deux reins, mais plus-spé- 
cialement le gauche, présentaient une dégénérescense 
graisseuse. 
Fièvres typhoides, tant légères (fièvre muqueuse, ty- 

phus abortif — 12), que graves (typhus abdominal 
— 16), dont 5 terminées par la mort. Aucun de nos 
autres malades ne contracta cette maladie dans nos 
salles, mais elle atteignit l’un de nos infirmiers et la 
servante des salles de femmes, qui font partie des 28 
cas indiqués ci-dessus. Comme complications, 9 pneu- 
monies, dont deux doubles et une unilatérale furent 
mortelles, tandis qu'une des six autres ne survint que 
pendant la convalescence et à la suite d’une angine 
tonsillaire; chez notre servante, qui avait présenté 
un délire intense, il se développa à la suite de la 
pneumonie des escarres considérables à la fesse et à 
la grande lèvre gauche, graves symptômes malgré 
lesquels elle finit par guérir: à l’autopsie d'un des 
cas compliqués de pneumonie double, il y avait en 
outre œdème d'une extrémité inférieure, et un épan- 
chement pleurétique, peut-être survenu pendant les 
derniers instants de la vie: les ulcérations intestina- 
les étaient en voie de cicatrisation, tandis que, dans 
le cas de pneumonie simple mortelle, également ac- 
compagné de méningite et de pleurésie, il y avait 
un processus gangréneux dans le voisinage de la val- 
vule de Bauhin; ce cas avait été accompagné d'une 
prostration extrême, et il s'était formé chez ce jeune 
garçon de 11 ans, une ulcération de la cornée pendant 


— 615 — 


sa vie. Des 2 cas d'hémorrhagie intestinale observés, 
et tous deux terminés par la guérison, l’un était ac- 
compagné d'un épanchèement pleurétique et l’autre 
d’une des pneumonies unilatérales : ce dernier fut en 
outre suivi d’une rechute de la fièvre. 3 bronchites 
plus ou moins intenses, dont une suivie de décès : 
dans un des cas il resta une grande faiblesse des ex- 
trémités inférieures pendant la convalescence. Dans 1 
autre cas, il y eut un œdème d’une extrémité infé- 
rieure à cette période de la maladie. Le cinquième 
décès fut dù à une perforation de la taille d’un pois, 
qui se forma à environ 1 pouce au-dessus de la val- 
vule iléo-cœæcale et détermina une péritonite: nous 
trouvâmes aussi un épanchement pleurétique chez cet 
individu. Disons, pour être complet, qu'un malade fut 
guéri de la gale par la méthode belge, après la ter- 
minaison de la fièvre. Ces 28 cas se décomposent en 
95 hommes (5 décès) et 3 femmes. Sauf un malade 
(décès) dont on ne put avoir aucun renseignement, 
leurs âges étaient les suivants: une fois 11 ans (décès), 
une 17 (décès), quatre 18 (deux femmes), trois 19 
(une femme), deux 20 (un décès), trois 21, deux 22 
(un décès), un 24, un 25, deux 26, trois 27, un 28, 
un 33, un 97 et un 40 ans. Nous ferons remarquer, 
comme fait curieux, la gravité que revêtit cette affec- 
tion chez les deux plus jeunes malades et chez notre 
servante, âgée de 18 ans, qui ne guérit qu'après avoir 
couru les plus grands dangers. — Déduction faite de 
3 malades admis en 1860, les 25 fièvres typhoïdes 
entrées en 1860, se classent d'après les mois et les 
localités, comme suit: 3 en janvier (hôpital même, 
Neuchâtel et Boudry), 1 en février (Neuchâtel), 2 en 
avril (à Serrières), 3 en juin (deux de Neuchâtel et un 
ambulant), 4 en juillet (hôpital même, Cortaillod, Tra- 
vers et Locle), 3 en août (deux de la Sagne et un de 


LA 


— 616 — 


Neuchâtel), 5 en septembre (quatre de Neuchâtel et 
un de Couvet), 2 en octobre (Neuchâtel), 2 en novem- 
bre, (Fontainemelon et Sagne). Dans cette dernière 
localité, il y avait eu un certain nombre de cas, dont 
un terminé par la mort, dans la maison d'où nous 
venait un des malades du mois d'août : d’ailleurs, sauf 
les 2 cas de Serrières, venus dans un moment où il y 
en avait d'autres dans le hameau, rien n'indique 
trace d’une épidémie dans le pays en 1860, Neuchâtel 


seul ayant un contingent de 13 cas, dont 2 survenus 


2 


parmi le personnel de l'hôpital. 

Fièvres intermiltentes, 1 seule quotidienne et 5 tierces, 
dont 2 cas chez le même individu qui était retombé 
malade au Landeron, peu après sa première sortie de 
l'hôpital; la forme quotidienne s'accompagna d'un 
phlegmon de l’aisselle, guéri par l'évacuation du pus: 
le seul cas développé dans le canton (à St-Blaise), chez 
un tessinois, s’accompagna de diarrhée. Un malade 
admis pour un ulcère à la jambe présenta également 
de la fièvre intermittente. 

Rhumatismes, dont 1 seul simplement amélioré; à di- 
viser en: 1l'arliculaires aiqus ou subaiqus, dont plu- 
sieurs fort intenses; l’un d’entre ces derniers se com- 
pliqua d'une pneumonie et d’eschares gangréneuses 
au sacrum; dans un autre cas nous guérîimes aussi le 
malade d’une angine et d’un psoriasis; — 5 muscu- 
laires, dont deux localisés aux muscles intércostaux 
et un au deltoïde, tandis que dans un quatrième, il 
y eut un iclère intercurrent ; — et 7 vagues ou 
chroniques, chez l’un desquels nous pümes en outre 
guérir une incontinence d'urine, tandis que deux au- 
tres conservérent l’un un vice organique du cœur, et 
l'autre une lésion ancienne de l’estomac: chez ce der- 
nier, le rhumatisme ne fut qu'amélioré. 

Maladies de Werlhoff, chez des femmes, l’une peu 


D 7 


Te” 


atteinte fut rapidement guérie par l'élixir acide de 
Haller; l’autre atteinte de métrorrhagie depuis dix-huit 
jours et d’épistaxis depuis trois, lors de son arrivée à 
l'hôpital, avait alors tout le corps couvert de petites 
pétéchies, tandis que les bras et les genoux présen- 
taient des ecchymoses considérables, on dut immé- 
diatement lui tamponner les narines et lui faire des 
injections d’alun dans le vagin, tandis qu’on lui ad- 
ministrait à l'intérieur du perchlorure de fer et du 
seigle érgoté, suivis ensuite de la mixture acido-sul- 
furique : plus tard se montrèrent des douleurs aux 
muscles intercostaux, avec une toux inquiétante; tou- 
tefois elle nous quitta guérie, ne conservant qu'un 
vice organique du cœur , également d’origine rhuma- 
tismale. 

Diabète sucré, amené mourant à l'hôpital, y succomba, 
bien que l'urine ne contint que 17,56 grammes de 
sucre par litre, et que les poumons ne renfermassent 
pas de tubercules: en revanche, il y avait une cataracte 
corticale à gauche; en outre, le malade avait été atteint 
de dysenterie, peu avant l'invasion de la glucosurie. 
Ictère, auquel on pourrait en joindre trois cas surve- 
venus dans nos salles. 

Anémie, causée par une lactation prolongée. 
Chlorose, chez une. fille qui fut également guérie d’un 
psoriasis de la paume de la main. 


MALADIES DU SYSTÈME NERVEUX. 


Au nombre de 27, dont 16 furent guéries, 5 améliorées 
2 ne subirent pas de changement notable et 4 succom- 
bérent ; il y eut deux opérations pratiquées sur ces ma- 


lades. 


3 Hystéries, 2? chez des femmes , l'une améliorée et 
l’autre guères modifiée, et À chez un homme, cas chez 


= 


lequel s'observait entr'autres un globe hystérique bien 
caractérisé, et qui céda rapidement à l'assa-fœtida. 
Chorée, chez une fille de 18 ans: bien que ce ne fût 
que cette forme peu accentuée que les allemands 
nomment « Muskelunruhe », elle n’en fut pas moins 
fort rebelle au traitement (tartre stibié, puis grands 
bains soufrés); elle présenta en outre une angine 
tonsillaire intercurrente. 

Epilepsie traumatique , consécutive à une fracture 
grave du crâne avec dépression des fragments osseux, 
enlevés au bout de quelques jours : il entra à l'hôpital 
91 mois après l'accident ; après l'essai inutile d'un 
séton à la nuque, nous endormîmes le malade avec du 
chloroforme, entourâmes par une incision l'ancienne 
cicatrice de trois côtés, relevâmes ce lambeau en haut 
(côté de son point d'attache), et détachâmes tant que 
possible les téguments de la dure-mère, mais nous ne 
découvrimes aucun point osseux suspect d'exercer une 
compression sur le cerveau: alors, comme à la pre- 
mière opération, et comme depuis son entrée à l'hô- 
pital à propos de l'extraction d’une dent, nous eûmes 
une hémorrhagie artérielle grave, au point que cet 
individu paraissait avoir une disposition à l’hémophi- 
lie; le troisième jour, ayant voulu renouveler le pan- 
sement, le même phénomène se renouvela, la charpie 
qu’on avait dù intercaler sous le lambeau, en fit tomber 
une partie en gangrène, fait qui joint à une couche 
diphthéritique, qui se montra pendant une dixaine de 
jours, retarda la cicatrisation complète : l'opération 
amena un ralentissement très notable des accès, pour 
lesquels une cure soutenue par la fleur de zinc a été 
recommandée au malade. 

Tétanos traumatique, ayant marché sur du verre en 
se baignant, cet individu avait porté la main à son 
pied et la blessa aussi; huit jours après survenait du 


2 


— 619 — 


trismus, puis un tétanos pour lequel je l'envoyai de 
suite à l'hôpital où il succomba, malgré un traitement 
énergique par le tartre stibié à doses de tolérance, 
médication qui nous a donc réussi deux fois et échoué 
deux fois jusqu'ici. 

Sciatiques, dont une céda rapidement à l'application de 
sangsues aux deux malléoles du coude-pied; ce même 
malade fut ensuite atteint à un doigt d'un rhumatisme 
qui céda promptement à deux de ces annélides. 
Névralgie scrotale, les douleurs partaient de la région 
lombaire, s'irradiaient dans la région iliaque et se 
terminaient dans le testicule droit. 

Névralgies intercostales, chez l'un des porteurs des- 
quelles nous ne trouvâmes pas d’autre lésion, bien qu’il 
dût avoir eu une atteinte de catalepsie, à laquelle il 
était sujet, peu de jours avant son entrée. 

Névralgies brachiales, l'une entretenue par la pression 
d'un goître que nous ne pümes guérir, et dès-lors 
simplement améliorée; l'autre enlevée par l'usage de 
la solution de Fowler. 

Torticolis, affection remontant à deux ans et demi, 
améliorée par la section sous-cutanée du sterno-cléido- 
mastoïdien, mais que nous ne pümes guérir complé- 
tement, vu le déplacement consécutif des vertèbres, 
et qui dut être adressée à un établissement ortho- 
pédique. 

Abcès froid au thorax, siégeant à droite de la colonne 
vertébrale, à la hauteur des 11me et 12me vertèbres 
dorsales, guéri par le drainage: son séjour fut prolongé 
par un œdème de l'extrémité inférieure droite, dû à 
ce que nous constatâmes plus tard, à un second abcès 
par congestion, qui, parti du même point, s'était di- 
rigé là. 

Myélite aiguë, chez un individu qui avait été serré 


> je 


— 620 — 


entre deux chars, et qui nous quitta amélioré, après 
un long séjour, plutôt que de laisser répéter sur lui 
l'application de moxas. 

Myélite chronique, surtout caractérisée par de l’en- 
gourdissement dans les jambes et une douleur lom- 
baire ; le malade nous quitta de son chef sans amé- 
lioration, malgré un long traitement. 

Apoplexie spinale, affection caractérisée surtout par 
l'impossibilité de rester au lit et par de violentes dou- 
leurs, et terminée par la mort lors d'une seconde hé- 
morrhagie qui eut lieu dans la queue de cheval. 
Dépression du crâne, occasionnée par un éclat de mine, 
accompagnée de compression cérébrale, et guérie par 
l'emploi soutenu de dérivatifs sur le tube digestif. 
Plaie de tête: une chute de 30 mètres de hauteur sur 
un plan incliné, avait produit chez cet individu deux 
plaies qui atteignaient jusqu’à l'os. 

Commotions cérébrales, l'une à la suite d’un coup de 
bâton, les autres provenant de chûtes d’un cheval ou 
d'un char: ce dernier malade souffrait aussi de la tête 
du péroné. 

Congestion cérébrale. 

Abcès du cerveau, siégeant sur le côté externe du lobe 
moyen gauche, tandis que la majeure partie de cet hé- 
misphère du cerveau et du cervelet était couverte d'une 
épaisse couche de pus concret; la rate était considé- 
rablement ramollie et les intestins injectés: ce malade 
nous était arrivé sans connaissance, poussant parfois 
des cris aigus et laissant aller sous lui; peu avant sa 
mort, la pupille droite était resserrée et la gauche 
fortement dilatée. 

Tubercule du cerveau: une invasion brusque fut suivie 
chez ce malade, de dilatation des pupilles, puis d’un 
mutisme complet, sans que l'intelligence parût abo- 
lie; puis vint un délire complet avec tentatives de sor- 


— 621 — 


tir du lit, la tête se pencha sur le côté droit, 1l y eut 
une tendance à l’opisthotonos et présence d’albumine 
dans les urines: il prononça quelques mots l’avant- 
veille et la veille de sa mort. Un tubercule de la taille 
d’une noix se trouvait à la partie supérieure et anté- 
rieure de l'hémisphère gauche du cerveau, et un se- 
cond, gros comme une aveline, existait à la base de 
la moitié droite du cervelet; il y avait en outre une 
pneumonie hypostatique et des tubercules miliaires 
au sommet des deux poumons; puis à la hauteur des 
Qme et Ame vertèbres dorsales, des poches remplies 
d'un pus concret reposant sur des vertèbres altérées, 
et en contact avec la moëlle épinière fort diffluente 
sur ce point; dégénérescence tuberculeuse des glandes 
mésentériques ; rate légèrement diffluente ; ancienne 
exsudation consécutive à une péritonite et vieilles adhé- 
rences pleurétiques. 


MALADIES DES YEUX. 


Aussi au nombre de 27, avec 21 guérisons, 5 amélio- 
rations et 1 résultat nul: 6 opérations. 

2 Plaies contuses à la paupière supérieure , l'une prove- 
nant d'une chute contre une pierre anguleuse, l’au- 
tre de l'atteinte d’un morceau de fer lâché par le ma- 
lade : cette dernière nécessita quelques points de su- 
ture. 

1 Plaie pénétrante de l'œil, qui avait été atteint par un 
morceau d'acier que ce serrurier forgeait: les désor- 
dres étaient tels qu'il ne pouvait être question de sau- 
ver la vue: ce néanmoins, un traitement actif fut 
nécessaire pour combattre l'inflammation et enlever 
les parties qui faisaient saillie par la plaie. 

1 Corps étranger dans l'œil, chez un individu qui y avait 


BUL. DE LA SOC. DES SC, NAT. T. V. 40 


10 


— 622 — 


été atteint d'un éclat de capsule fulminante qu'il avait 
fait éclater au moyen d'une pierre; le corps étranger 
siégeait sur l'iris, et ne put être enlevé, après l’inci- 
sion préalable de la cornée, qu'avec les plus grandes 
difficultés : malgré un traitement antiphlogistique 
énergique, il se forma une exsudation derrière la- 
quelle la pupille resserrée disparut entièrement; plus 
tard une masse de pus concret vint proéminer dans 
la chambre antérieure et nécessita une ponction de la 
cornée ; enfin un hypohæma se montra à la partie 
interne de la cornée. Nous parvinmes à enrayer cette 
grave inflammation, mais le malade demeura borgne. 


.Brülure à l'œil, produite par du mortier et guérie par 


un collyre d’eau sucrée. 

Conjonctivites, deux catarrhales et une scrofuleuse: 
bien que cette dernière, qui siégeait dans les deux 
yeux, n'intéressât pas la cornée, il y avait une ulcéra- 
tion dans le voisinage de celle de l'œil droit; une des 
conjonctivites catarrhales était entretenue par une 
dacryocystite que le malade ne voulut pas laisser opé- 
rer; dans le troisième cas, il y eut léger tremblement 
et pyrosis alcooliques. 

Conjonctivo - kératites, toutes scrofuleuses, accompa- 
gnées dans cinq cas d'ulcérations de la cornée, et 
dans trois de taies, anciennes chez deux, récentes chez 
le troisième : dans un cas il y avait en outre entro- 
pion spasmodique d’une paupière inférieure, heureu- 
sement guéri par le procédé de Gaillard (de Poitiers). 
Kératomalacie, siégeant à l'œil droit, put être en- 
rayée, mais non sans laisser à sa suite un vaste leu- 
côme qui obstruait toute cette cornée, moins deux 
points. 

Hémophthalmos traumatique, chez un individu ren- 
versé par des assaillants, qui lui avaient causé une 


petite plaie contuse au grand angle des paupières 


— 623 — 


droites et produit ce double hémophthalmos avec 
œdème des paupières. 

Iritis aigu, guéri par les mercuriaux et le sulfate d’'a- 
tropine, qui parvint à détacher quelques-unes de ses 
synéchies postérieures, lesquelles produisirent plus 
tard une rechute. 

ritis syphilitique , essentiellement traité par l’atro- 
pine, des frictions mercurielles sous la plante des pieds 
et l’iodure de potassium à l'intérieur. 

Iritis chronique, après l'enraiement duquel il eût été 
nécessaire d'enlever une fausse-membrane qui ob- 
struait la pupille, opération à laquelle le malade 
refusa de se soumettre. 

Luæation de cristallin cataracté, cataracte branlante 
provenant d’un coup de branche sur l'œil, et opérée 
avec succès par l'extraction linéaire. 

Cataracte traumatique, provenant d’un éclat de bois 
qui avait atteint l'œil, tandis que cet individu faisait 
des bûches; elle était accompagnée de synéchies pos- 
térieures: l’atropine et la dilacération de la capsule 
eurent d'heureux résultats, mais le malade nous quitta 
un peu trop vite. 

Cataracte purulente, également produite, chez un 
borgne, par un coup violent sur l'œil: l'extraction de 
la capsule de cette cataracte présenta de grandes dif- 
ficultés et s'accompagna de la perte d'une partie du 
corps vitré, le lambeau ne se réunit pas par première 
intention, et dès-lors il y eut suppuration de l'œil. 
Ptosis, opéré par l’excision d'un morceau ovalaire à 
chaque paupière supérieure et sa suture, après qu'on 
l'eut guérie d’une blépharo-conjonctivite entretenue 
par la chute des paupières et-d'une céphalalgie. 


— 624 — 


MALADIES DES OREILLES. 


4 cas, tous guéris. C’étaient: 


1 


2 


Ulcère du pavillon, probablement consécutif à un 
eczème, et guéri par le nitrate d'argent. 

Otites externes, dont une due à un eczème du conduit 
auditif; chez l’autre le traitement améliora en outre 
notablement son ouïe, bien qu'il y eût perforation du 
tympan. 

Olorrhée, guérie, ainsi que d'un eczème à la face et 
plus spécialement à la lèvre supérieure, qui se montra 
pendant le traitement. : 


MALADIES DES ORGANES DE LA CIRCULATION. 


5 guérisons, À cas renvoyé comme incurable et 1 décès, 


forment les 7 affections de cette catégorie. 


1 


Péricardite rhumatismale, survenue chez un individu 
déjà atteint de vice organique du cœur avec lésions 
valvulaires, qui présenta, pendant son séjour, un 
rhumatisme articulaire. 

Endocardite. Quelque temps après une chute de 75 
mètres, qui ne l'avait retenu malade que trois jours 
seulement, ce malade fut pris d’enflure des jambes, de 
toux , d'oppression et d’inappétence, puis de crache- 
ments de sang : à son arrivée, il répondait au souffle 
et sans voix, avait de l'oppression, une grande an- 
goisse, les extrémités froides et une diarrhée intense: 
il offrait une matité considérable du côté droit de la 
poitrine avec diminution considérable du murmure 
respiratoire et disparition du frémissement costal; le 
malade expectorait un sang rouge, qui ne se coa- 


_gulait pas; son pouls battait 100 fois à la minute. 


À l’autopsie, nous trouvâmes un cerveau assez dur, 


ns 


— 625 — 


des ulcérations à la partie antérieure des cordes vo- 
cales, un épanchement considérable dans la cavité 
thoracique droite, refoulant contre la colonne verté- 
brale le poumon qui offrait une teinte foncée et était 
gorgé, surtout dans son lobe moyen, d’un sang noir 
à odeur infecte, rappelant celle de la gangrène des 
poumons ; le cœur était hypertrophié et ses cavités 
tapissées à l'intérieur d’une exsudation jaunâtre, sur- 
tout accusée aux valvules , qui n'offraient pourtant 
aucune altération organique; le foie était hypérémié 
et les intestins finement injectés. 

Vice organique du cœur , renvoyé comme incurable. 
Lymphangites, toutes deux à l'extrémité supérieure, 
l'une consécutive à une brûlure, l’autre à une piqüre. 


2 Adénites, l'une axillaire, l’autre à la jambe. 


MALADIES DES ORGANES DE LA RESPIRATION. 


Des 38 affections de cette catégorie, 26 se terminérent 


par la guérison, 2 furent simplement améliorées, 7 ne 
subirent pas de changement notable, et 3 eurent une 
issue fatale. 1 de ces dernières avait subi une opération. 


1 


Carcinôme au cou, qui dut être renvoyé sans autre 
thérapeutique qu'une contre-ouverture à un clapier, 
tant à cause de l'étendue de la lésion, que parce qu’une 
première opération n'avait pas eu d'effet favorable. 

cas d'Ulcérations syphilitiques du larynx, dans lequel 
une laryngo-trachéotomie fut pratiquée pour tenter 
d'éviter la mort par suffocation et de pouvoir gagner 
le temps nécessaire au traitement de la syphilis: une 
hémorrhagie de l'artère thyroïde supérieure, survenue 
pendant l'opération, ne put être arrêtée qu'après de 
longues recherches, et contribua encore à affaiblir le 
malade: nous renvoyons aux détails consignés dans 


— 626 — 


le 5me cahier supplémentaire de nos registres, p. 85- 
86, pour les résultats de l’autopsie cadavérique. 
Contusions de la poitrine, chez deux de ces malades, 
il n’y avait pas d'autre lésion, bien que l’un d'eux fût 
tombé sous un char, dont la roue lui avait passé sur le 
corps, et l’autre du haut d’une grange; assailli sur la 
route en plein jour, le troisième avait reçu des coups 
de pieds dans la poitrine et à la région sacrée, et eut 
pendant son traitement un érysipèle de la paupière 
supérieure gauche. 

Fractures de côtes, toutes sur des hommes, #4 à gau- 
che et 2 à droite; 2 étaient tombés dans des escaliers, 
À d'un échafaudage sur un rocher, 1 d'un second 
étage pour être reçu dans une brouette après avoir 
brisé un échafaudage dans sa course aérienne, 1 d'un 
coup de pied de cheval, 1 enfin, ayant voulu enlever 
une planche placée en travers des rails au moment du 
passage d'un train, fut accroché par la locomotive 
pendant qu'il se retirait, et lancé de côté par le chas- 
se-pierres : il eut en outre une plaie au-dessus de 
l'œil gauche et des crachements de sang. 

Pleurésies, 2 à droite et 1 à gauche, chez des hom- 
mes. 

Epanchement pleurétique, siégeant à gauche, chez un 
jeune garçon, fut également guéri, et cela par l’appli- 
cation d'un vésicatoire et des badigeonnages avec la 
teinture d'iode. 

Pneumonies , dont 1 terminée par le décès; 3 étaient 
doubles; 3 siégeaient à gauche et 1 à droite; le som- 
met ne fut intéressé exclusivement que dans un cas, 
accompagné de délire et d'un peu de diarrhée. Elles 
atteignirent 6 hommes et 1 femme, aux mois de: jan- 
vier (Couvet), mars (Planchettes), mai deux (Peseux et 
Bied), octobre deux (Hauterive et Cernier) et décem- 
bre (près de Concise). Dans le cas de pneumonie dou- 


— 627 — 


ble terminée par la mort, les deux poumons conte- 
naient des tubercules ramollis; le testicule droit était 
comprimé par une poche formée à la suite d'un an- 
cien épanchement sanguin dans la tunique vaginale. 
— Comme nous l'avons vu, 8 cas de fièvre typhoïde et 
1 de rhumatisme articulaire aigu furent compliqués 
de pneumonie; la même complication se présente pen- 
dant le traitement d’un eczème et celui d’une fracture 
du col du fémur. 

Bronchiles aiguës, survenues de janvier en mai, tou- 
tes guéries, toutefois chez un malade tout nous fit sup- 
poser la complication d'une tuberculose pulmonaire, 
et un autre d’entre eux fut enlevé, en 1861, dans cet 
hôpital, par la phthisie et l'emphysème pulmonaires. 
Bronchile chronique, guérie, bien qu’elle füt entée 
sur un emphysème des poumons. 

Tuberculoses pulmonaires, 2 renvoyés avec et 5 sans 
amélioration, et même l’un d'eux avec développement 
de fièvre hectique: un des cas avait paru à première 
vue pouvoir être regardé comme une fièvre intermit- 
tente, mais hélas ! il ne s'agissait chez lui que des 
transpirations nocturnes d'un pauvre phthisique. 
Emphysèmes pulmonaires, l'un renvoyé comme incu- 
rable, l'autre mort à l'hôpital: il nous avait été adressé 
comme atteint d'une sciatique, à cause d’une douleur 
de l'extrémité inférieure, due à un œdème commen- 
çant, il avait, en réalité, un emphysème pulmonaire, 
quelques tubercules miliaires dans les poumons, des 
athérômes à la valvule semi-lunaire et dans le système 
artériel, un catarrhe chronique de la vessie et une 
hernie inguinale avec éventration! 


— O8 — 


MALADIES DES ORGANES DE LA DIGESTION. 


Au nombre de 35, dont 22 guéries, 6 améliorées, 
2 renvoyées à titre d’incurables et 5 terminées par la 
mort: 4 subirent une opération. 

1 Glossite superficielle, sorte d’érythème sans autre gra- 
vité que celle qu’y attribuait l'imagination de cette 
malade, qui présentait (ainsi qu'un de ses frères, pa- 
rait-1l,) une inversion splanchnique complète. 

1  Carcinôme de la langue, où nous pratiquâmes l’abla- 
tion partielle de cet organe au moyen de l’écrasseur 
linéaire de Chassaignac, mais sans pouvoir atteindre 
autrement d'autres portions cancéreuses, spéciale- 
ment au plancher de la cavité buccale, qu’en y appli- 
quant le fer rouge; 1l nous quitta amélioré, sa plaie 
cicatrisée, mais portant encore une portion de cette 
tumeur maligne. 

1  Nécrose du maxillaire inférieur, où l’état du malade 
et la présence de parties nécrosées à l’apophyse zygo- 
matique de l'os temporal, nous engagèrent à ne pas 
pratiquer immédiatement d'opération, plus tard ayant 
réuni deux ouvertures fistuleuses, nous pümes enle- 
ver trois sequestres de la mâchoire inférieure, dont un 
considérable : au bout de quelque temps, le malade 
succomba avec les phénomènes de la fièvre hectique. 
Une matière caséeuse remplaçait les sequestres enle- 
vés et les poumons présentaient un fort développe- 
ment d'emphysème et de tuberculose, et même des 
vomiques à leur base. Ce malade avait déjà été traité 
précédemment à cet hôpital pour la même affection. 

1 Fracture du maxilluire supérieur : ce malade avait 
reçu à la face un coup de pied d'un cheval, qui avait 
aussi déterminé une plaie contuse s'étendant de la 
lèvre inférieure au menton. 


— 


2 


— 629 — 


Angine lonsillaire, cas grave par la dyspnée de la ma- 


lade, qui dut finalement subir l’'amputation des deux 
amygdales. £ 

Embarras gastriques. 

Dyspepsie. 

Gastralgies, dont 3 sorties avant leur guérison, entre 
autres une hystérique. Dans un des autres cas, l’éma- 
ciation de la malade nous avait fait craindre, à pre- 
mière vue, un carcinôme de l'estomac: atteinte de 
gale, elle en fut guérie par la méthode belge; le der- 
nier de ces cinq malades devait avoir vomi chez lui 
des sarcines. 

Carcinômes de l'estomac, l'un soulagé et l’autre ren- 
voyé comme incurable. 

Catarrhes intestinaux, dont 2 chroniques: l’un de ces 
derniers ne céda qu’à un traitement long et varié. 
cas de Constipation , affection rebelle à la noix vomi- 
que, mais qui ne résista pas à l’aloës: elle existait 
chez un malade hypocondriaque. 

Hernies inguinales étranglées , l'une opérée avec suc- 
cès, mais sans obtenir l’oblitération de l'ouverture 
herniaire, l’autre réduite par le taxis après un bain 
prolongé. 

cas de Tumeurs hémorrhoïdales, où nous n'obtinmes 
que de l'amélioration, la malade ayant refusé toute 
opération. 

Pérityphlite, affection aussi aiguë dans son début, 
qui en avait imposé pour une fièvre typhoïde, que 
rapidement guérie par quelques sangsues et de l'huile 
de ricin. 

Péritonites franches, dont 2 cas graves essentielle- 
ment guéris par l'opium. 

Entéro-péritonite tuberculeuse, accompagnée de quel- 
ques tubercules au sommet des poumons et de quel- 


j — 630 


ques glandes bronchiques tuberculeuses, et terminée 
par la mort. 

Péritonite traumatique, chez un homme d'équipe qui, 
ayant bu, eut le malheur de se laisser serrer entre 
deux tampons de wagons, ce qui produisit une hypé- 
rémie du rein gauche et une péritonite mortelle. 
Contusion à l'abdomen, chez un charretier qui avait 
été pris entre son char dont l'essieu s'était brisé, et un 
mur de la descente de Serrières; quoique la région 
du foie eût surtout souffert, un traitement antiphlogis- 
tique énergique réussit à lui sauver la vie. 

Hépatite aiguë, affection mortelle, qui à côté de l’ic- 
tère qui l’accompagnait, présentait beaucoup d'ana- 
logie avec une fièvre typhoïde. 

Hypertrophie du foie, affection en rapport avec une 
chlorose, de la leucorrhée et des symptômes nerveux, 
et qui céda au traitement employé contre cet ensemble 
pathologique. 

Carcinômes du foie, l'un renvoyé comme incurable, 
et l’autre mort à l'hôpital: c'était une femme qui avait 
été admise pour un kyste à la jambe, momentanément 
guéri par le drainage chirurgical, quand l'affection can- 
céreuse commença sa marche funeste avec une grande 
rapidité. 

cas de Coliques hépatiques, sans doute dues à des 
calculs biliaires, et dissipées par l'éther sulfurique 
associée à l'huile de ricin. 


MALADIES DES- ORGANES GÉNITO-URINAIRES. 


Sur 19, 13 guérirent, 2 subirent une amélioration, 2 


restèrent incurables et 2 moururent. 3 opérations sur 2 
individus, 
9 Catarrhes vésicaux, tous deux en voie de-convalescence 


à leur arrivée. 


— 631 — 


1 Rupture de la vessie: s'étant levé la nuit pour uriner, 
ce malade prit la fenêtre pour la porte, et tomba ainsi 
d’un troisième étage; il en résulta une fracture com- 
pliquée des os du bassin avec pénétration de la tête 
du fémur droit dans la cavité abdominale, la rupture 
du diaphragme avec hernie d’une portion du foie dans 
la cavité thorachique, enfin une rupture de la vessie, 
cause la plus rapide de sa mort, qui n’en eut pas 
moins lieu 24 heures seulement après la chute. 

2 Déchirures de l'urèthre, occasionnées , l'une par une 
chute sur l'angle d'une chaise, l’autre par celle depuis 
le sommet d'une diligence sur le dossier d’une chaise: 
dans le premier, la grande perte de sang nécessita 
l'emploi consécutif de ferrugineux après que la sonde 
à demeure ne füt plus nécessaire; chez l’autre, il se 
forma deux fistules, l’une à la base du pénis et l’au- 
tre au périnée: des sondes élastiques à demeure et 
des cautérisations au nitrate d'argent firent tous les 
frais du traitement, également couronné d'un plein 
succés. 

1 Hydrocèle double, guérie par une double injection de 
chloroforme pratiquée le même jour, après évacuation 
préalable du liquide au moyen du trocart. Il fut éga- 
lement opéré d’une tumeur hémorrhoïdale au moyen 
de l'écraseur Chassaignac. 

1 Phymosis : après qu’un traitement préalable eut fait 
disparaître chez lui un œdème de la verge, ce ma- 
lade fut opéré par le procédé du professeur d'Ammon. 

1  Leucorrhée, affection déterminée sans doute en bonne 
partie par une latéroversion de l'utérus, accompagnée 
d’engorgement, d'une constipation opiniâtre, puis plus 
tard d'une tympanite abdominale : soudain il y eut amé- 
lioration, et la malade nous quitta guérie, du moins 
momentanément. 

1 Prolapsus utérin, ancienne suite de couches, qui pro- 


— 632 — 


curait à cette femme, arrivée au quatrième mois d'une 
nouvelle grossesse, des inconvénients graves, qui cé- 
dérent au décubitus dorsal et surtout au développe- 
ment ultérieur de la matrice gravide. 

Mérrite, de cause indéterminée, accompagnée vers la 
fin du traitement, d'un abcès à la grande lèvre gau- 
che. 

Ulcération de l'utérus. 

Carcinôme de l'utérus, envoyé à l'hôpital comme ul- 
cère simple de cet organe, bien que l'affection cancé- 
reuse fût si avancée, qu’il n’eût plus même été possible 
de procurer à la malade quelque soulagement par l’a- 
blation du col de la matrice. 

Grossesse extrà-utérine. C'est sous cette rubrique que 
nous rangeons en finale ce cas, que nous avions hé- 
sité à regarder, en 1859, comme provenant de kystes 
de l'ovaire, bien que nous n’eussions jamais constaté 
de fluctuation. Il y avait eu dès-lors une nouvelle gros- 
sesse normale, terminée en janvier 1860, et la tumeur 
abdominale, que nous considérons comme produite 
par un lithopædion, avait dès-lors gagné en volume. 
Des frictions avec l’iodure de potassium en amenérent 
une diminution telle que, à la sortie de la malade, on 
ne pouvait plus causer de douleur qu’en refoulant cette 
tumeur contre le foie: la malade ne sentait d’ailleurs 
plus à cette époque ni douleur, ni gêne, soit pendant 
la marche, soit dans la station. 

Cystosarcôme de l'ovaire, renvoyée sans que nous 
eussions rien tenté sur ce cas qui nous paraissait être 
au-dessus des ressources de l’art: pendant son séjour 
à l'hôpital, elle avait présenté des accidents graves, 
probablement dus à la rupture spontanée d’un kyste 
de l'ovaire. 

cas de Kystes de l'ovaire, ponctionnés pour la secon- 
de fois à l'hôpital : les deux kystes ouverts (l’un peu 


— 633 — 


auparavant au Val-de-Ruz) se remplirent de nouveau, 
une constipation opiniâtre nécessita l'emploi répété 
de purgatifs, et la malade nous quitta de son chef 
légèrement améliorée. 

2 Abcès du petit bassin. L'un était dû à un dixième ac- 
couchement très-pénible (version podale, amputation 
du bras, application du crochet-mousse et éventration 
de l'enfant) et faisait saillie sur la paroi droite du va- 
gin, la guérison en fut obtenue dans un temps rela- 
tivement court. L'autre cas présenta beaucoup de res- 
semblance avec une fièvre typhoïde, mais fut pourtant 
accompagné de métrorrhagies : la malade, qui parais- 
sait convalescente , ayant voulu se livrer à des sauts, 
retomba sur sa chaise et mourut subitement: le pus 
existait surtout dans les trompes de Fallope dégéné- 
rées, et à droite entre ces organes et le rectum, collec- 
tion qui baignait l'ovaire droit et dont la rupture d’une 
paroi avait été cause de la mort: il y avait aussi une 
petite quantité de pus dans la cavité utérine. 

2 Mastites, toutes deux occasionnées par la lactation, 
l'une ayant déterminé un abcès, l’autre des fistules. 


MALADIES DES ORGANES LOCOMOTEURS. 


Des 160 cas à rapporter à cette catégorie, 150 se ter- 
minèrent par leur guérison, 9 nous quittèrent plus ou 
moins améliorés et À dans un état grave; aucun ne mou- 
rut: 9 de ces malades subirent des opérations. 

À Luxation compliquée du tibia gauche, chez un hom- 
me (n° 241) qui avait été atteint, dans un chable, 
par un tronc d'arbre projeté depuis la hauteur: le 
tibia luxé sortait par la plaie et il y avait en outre une 
double fracture du calcanéum. L'amputation de la 


—  — 


jambe, immédiatement pratiquée, fut suivie d’une . 
hémorrhagie qui nous obligea de rouvrir l'appareil de 
pansement pour pratiquer la ligature de l'artère pé- 
ronière, qui n'avait pas donné après l'opération. Plus 
tard, il y eut gangrène superficielle sur plusieurs 
points le long de la cuisse jusqu'au genou, point sur 
lequel persistèrent longtemps des ouvertures fistu- 
leuses; puis il fallut pratiquer des contre-ouvertures 
sur le côté interne de la cuisse. La formation d’eschar- 
res au sacrum, celle de plaques diphthéritiques sur 
Ja plaie d'amputation et l'élimination de petits seques- 
tres des os sciés, renvoyérent considérablement la 
guérison de ce malade. ù 
28 Fractures, à savoir : 1 de la clavicule, 3 de l’'omoplate, 
1 col de l'humérus et 1 de son condyle interne, 1 du 
cubitus, 4 du radius, 1 d'une phalange de l'index, 
4 du col du fémur, 3 du corps de cet os, (dont une 
intéressait aussi le col), 8 des deux os de la jambe, 
1 de la rotule et 3 du péroné.— M'étant occupé, l’an- 
née passée, de passer en revue avec vous, la cause 
déterminante des fractures traitées à l'hôpital, je ne 
vous citerai actuellement que les plus remarquables, 
mais attirerai votre attention sur deux autres éléments 
statistiques importants , le côté du corps atteint et 
le sexe des malades. 21 fractures siégeaient à droite, 
7 seulement à gauche: 26 existaient chez des hom- 
mes , 2 seulement chez des femmes. — Parmi celles- 
ci, on peut dire qu’une (n° 314) n’en fut atteinte qu’en 
lieu et place de son maladroit cousin, qui se laissa 
choir d'un prunier, au pied duquel cette femme était 
occupée à ramasser le fruit, ayant fléchi en arrière 
la jambe gauche, dont les deux os furent fracturés. 
— L'autre, était une enfant (n° 283), dont la fracture 
de rotule avait été longtemps méconnue, à cause de 
la présence d'une hydarthrose. — La même complica- 


— 635 — 
tion se développa chez l'individu (n° 257) qui, en sciant 
une poutre, eut le malheur d'en être atteint sur la 
cuisse et d'en avoir le fémur droit fracturé simulta- 
nément à son col et au passage du tiers moyen au 
tiers inférieur; l'appareil Hagedorn-Dzondi obtint les 
plus heureux résultats. — Les trois autres cas de frac- 
ture de fémur ne guérirent qu'avec un raccourcisse- 
ment plus ou moins considérable: l’un d'eux (n° 124), 
tombé d'une hauteur de 25 pieds sur des roches, eut 
pendant le traitement de sa fracture du col du fémur 
droit, une pleuro-pneumonie et un phlegmon de la 
cuisse. Tombé de plus haut encore, depuis un écha- 
faudage où il était occupé à la démolition de notre an- 
cien hôtel-de-ville, un ouvrier, déjà boiteux d’ailleurs, 
eut des accès épileptiques pendant son traitement. Le 
dernier, dirigeant un petit traîneau chargé de bois 
sur la pente d'une forêt, avait eu la cuisse violemment 
serrée contre un sapin qu'il n'avait pu éviter : il fut 
fort peu tranquille pendant son séjour dans un pan- 
sement plâtré, qu'il fallut remplacer par l'appareil 
Hagedorn-Dzondi. — Deux fractures du péroné n'eu- 
rent pour cause qu'une chute depuis la hauteur des 
individus, dont un s'était tordu le pied (n° 30), et 
l'autre avait fait un faux pas à la suite duquel il était 
tombé assis sur la jambe dont le péroné se fractura 
alors (n° 65). — Les fractures de l’omoplate s’obser- 
vérent toutes 3 en septembre : deux provenaient de 
chutes de char (n°s 348 et 358), et la première 
était accompagnée d’un emphysème sous-cutané; une 
était la suite d'une simple chute dans l'escalier (n° 
348). — Un facteur étiologique, dont l'importance ne 
saurait être méconnue, mais qu'il est souvent difficile 
d'établir, c'est l’état d'ivresse des individus lors de 
l'accident: sans elle, les chutes dans les escaliers se- 
raient sans doute moins fréquentes et moins souvent 


— 636 — 


suivies de fractures des os (4 des 28 cas de cette an- 
née) : le delirium tremens, cette complication si fà- 
cheuse de ces lésions, ne s’est heureusement présenté 
qu'une fois parmi cette classe de malades, à savoir: 
chez le porteur de la fracture du col de l’humérus 
(n° 147). — Parmi les chutes sur la main, qui déter- 
minèérent des fractures, une eut lieu pendant l'in- 
cendie des Hauts-Geneveys, chez un pompier monté 
sur un toit (n° 391). —Les chemins de fer nous fourni- 
rent 2 fractures des deux os de la jambe droite; une 
double, accompagnée d’une plaie au coude-pied, chez 
un individu sur la jambe duquel avait passé la roue 
d'un wagon (n° 21); une simple chez un ouvrier, qui 
était tombé en portant un rail (n° 319) : ce dernier 
présentait à son arrivée une incontinence d'urine. — 
Parmi nos fracturés, celui qui nous causa le plus 
d'inquiétudes, avait aussi eu les deux os d'une jambe 
brisés; au bout du temps nécessaire, en enlevant le 
bandage plâtré, nous trouvâämes une pseudarthrose, 
que nous fûmes obligé de détruire en frottant les uns 
contre les autres les fragments osseux, opération sui- 
vie de la guérison complète de la fracture, mais seu- 
lement après que le malade eut traversé un érysipèle 
phlegmoneux grave (n° 202). — Une autre fracture 
compliquée des deux os de la jambe nécessita une 
amputation, dont la guérison fut prolongée par une 
suppuration accompagnée de grands fragments de tis- 
su cellulaire mortifié par la diphthérite des plaies (n° 
153): une bronchite chronique, qui avait été consi- 
dérablement améliorée, présenta quelques semaines 
après son retour à la maison, une exacerbation à la- 
quelle 1l succomba. — Le coude est une articulation 
dont les lésions sont souvent compliquées et d’une ré- 
duction difficile ou même impossible : pendant le cou- 
rant de l’année nous recûmes un cas de fracture du 


29 


— 637 — 


condyle interne de l'humérus (n° 379), chez lequel une 
luxation du coude concomitante avait été réduite avant 
son arrivée, tandis que la fracture méconnue était 
reslée sans pansement: une chute sur cette main éten- 
due, la main ouverte et complètement tournée en ar- 
riére, avait été la cause de cet accident, qui laissa 
persister une grande difficulté dans les mouvements 
de flexion de l’avant-bras, sans que ceux de pronation 
et de supination en fussent gênés. Un autre malade 
(no 228) étant tombé sur le bras, avait cru n'avoir 
qu'une contusion et attendit une semaine avant de 
réclamer des soins: à une fracture du cubitus, se joi- 
gnait une luxation du radius ou avant, qui ne put être 
réduite qu'incomplètement, et laissa une certaine dif- 
ficulté dans la flexion et surtout dans la pronaiion de 
l'avant-bras, bien que la fracture füt complètement 
consolidée. 

Plaies, dont 3 articulaires (deux de genou et une 
d'une articulation d'un doigt), 10 aux doigts, 4 à la 
main, À au bras; 1 à la cuisse, 5 à la jambe, 5 au 
pied et 3 aux orteils. Ici aussi il n’y eut que 2 femmes 
aiteintes pour 27 hommes. En revanche 18 fois le 
côté gauche était seul intéressé, 10 fois le droit seu- 
lement et 1 tous deux. — La seule plaie d'arme à feu, 
concerne un coup de grenaille déchargé à bout por- 
tant dans le pied, dans une partie de chasse (no 45) : 
une amputation -resection tibio-tarsienne d’après le 
procédé Pirogoff fut pratiquée, et malgré une diarrhée 
iniercurrente et la diphthérite des plaies, eut un si 
beau résultat, que l’amputé, avec un racourcissement 
de cette extrémité de deux et demi centimètres seule- 
ment, marchait sans canne lors de sa sortie. — La 
diphthérie vint compliquer 5 autres plaies: une par 
écrasement du pied sous une roue de wagon (n° 59), 


BUL. DE LA S0C. DES SC, NAT, T. v. 41 


— 638 — 


où l'extrémité du quatrième orteil tomba, et pendant le 
traitement de laquelle survint aussi une lymphangite; 
une plaie de la cuisse, chez une femme (n° 262), qui 
élait simplement tombée assise; un coup de hache sur 
l'index (n° 39); une plaie articulaire de doigt produite 
par un éclat de vitre; et une plaie pénétrante du ge- 
nou. — Ces deux derniers cas méritent une mention 
plus détaillée. Chez l’un (n° 242) un coup de hache 
ayant porté à faux, avait atteint le côté externe de 
l'articulation, dans laquelle la plaie pénétrait: néan- 
moins, ce malade avait été négligé pendant quinze 
jours, quand il fut admis à l'hôpital; nous observâmes 
un écoulement de synovie, une adénite inguinale sym- 
pathique, une couche diphthérique sur la plaie, et 
pourtant, grâce à une immobilisation continue, 1l ne 
conserva de ce grave accident qu'une anchylose du ge- 
nou. L'autre plaie de genou (n° 231), due à la même 
cause, qui avait produit une violente hémorrhagie, 
guérit plus heureusement encore. Devant de tels 
faits, et ce ne sont point les premiers qu'il nous 
soit donné d'observer ici, comment comprendre que 
tant d'ouvrages de chirurgie indiquent l’amputation 
comme absolument nécessaire dans les cas de plaie 
pénétrante du genou? — Un coup de scie ayant ou- 
vert l'articulation interphalangienne du pouce, et le 
porteur de cette lésion (n° 316), n'en ayant pas moins 
continué à travailler pendant une quinzaine de Jours, 

nous eùmes également la chance d'assister à une gué- 
rison sans opération. — J'en reviens à un cas men- 
tionné plus haut à propos de sa complication diphthé- 
ritique: en glissant dans un escalier, un homme avait 
brisé une vitre et s y était ouvert la première articu- 
lation de l’annulaire (n° 377): nous pratiquâmes la re- 
section des deux extrémités articulaires intéressées, 
mais n'en obtinmes qu'une guérison lente, à cause de 


11 


— 639 — 

Ja diphthérite qui envahit la plaie et d’un abcès surve- 
nu sur le bord externe de celle-ci. — De deux cas de 
plaies par scie circulaire, l'un (n° 38) où l'index avait 
été enlevé et le médius intéressé ainsi que la paume 
de la main, eut le troisième doigt éliminé par gan- 
grène; chez l’autre (n° 295), les doigts étaient seuls 
atteints, surtout le pouce qui avait été amputé par 
cel instrument. — Nous observâmes une morsure d'é- 
talon si intense (n° 302), qu'elle avait déterminé une 
forte hémorrhagie. — De six hommes qui portaient 
une grosse pierre au moyen de civières, un (n° 186) 
fut atteint au moment où le brancard brisa, et sa plaie 
au pied produisit aussi une forte hémorrhagie. — Un 
index pris dans une chaîne (n° 165), conserva un cer- 
tain degré de raideur.— Une chute contre une chaise 
(n° 205), produisit, à la suite d'une plaie à la jambe, 
une périoslite du tibia. — Signalons enfin une autre 
plaie de jambe (n° 368), survenue à la suite d'un choc 
reçu par un homme qui s’évanouissail! — Une gale, 
guérie par la méthode belge, et un ictére, furent ob- 
servés chacun sur un des malades atteints de plaies. 
Contusions, situées : 2 à l'épaule, 2 à la hanche, 2 au 
genou, 2 aux jambes, À à la région tibio-tarsienne, 
2 aux pieds. — Toutes 11 avaient atteint des hommes, 
1 aux deux jambes, les 10 autres également réparties 
sur l’une et l'autre moitié du corps. — Celle des deux 
jambes (n° 36) concernait un individu sur lequel 
un char avait passé presque sans lui faire aucun mal 
appréciable, mais qui s'en plaignait néanmoins, Bac- 
chus aidant, plus que les dix autres ensemble. — Et 
pourtant, un de ceux-ci (n° 346) avait eu sur la jambe 
un bloc de pierre de plus d'un quintal! — Mention- 
nons enfin une contusion à la hanche, chez un in- 
dividu (n° 68) qu’on avait jeté par une fenêtre, cas 
qui nécessita un rapport médico-légal. 


5) 


20 


SOS Ne 


Entorses, 1 au poignet et 4 au coude-pied, dont une 
ancienne, guérie par le bandage plâtré, qui nous ren- 
dit aussi les meilleurs services pour d’autres. 
Myosites, soit 1 lombago et 2 psoites: de ces der- 
nières, l'une (n° 389) fut remarquable par l’activité 
de linvasion et la rapidité de la guérison, sans forma- 
tion d'abcès ; tandis que l’autre (n° 106) présenta 
dès son entrée une poche fluctuante dans le triangle 
de Scarpa, sur laquelle nous appliquâmes le caustique 
de Vienne, dont nous incisämes ensuite l’escharre ; 
uni à de grands bains et à l'huile de morue, ce trai- 
tement fut couronné de succés. 

Inflammations superficielles ou profondes, savoir : 
12 panaris, 3 phlegmons de la main, À inflammation 
de l'extrémité supérieure, 1 phlegmon de la cuisse, 
1 phlegmon du jarret, 1 inflammation des pieds et 1 


d'un orteil. — Dans un cas de panaris du pouce, l’ex- 


traction de la phalangette put être pratiquée sans dé- 
truire la matrice de l’ongle, qui dès-lors se reprodui- 
sit; et, chez un autre, il fallut extraire cette phalan- 
gelte nécrosée : un autre panaris s’accompagna d'une 
lymphangite traitée avec succès par la teinture d'iode; 
un quatrième, négligé lors de l’arrivée du malade, 
présentait des fistules, et ne se guérit qu'avec une 
anchylose ; de trois panaris superficiels ({ouwrnioles 
soit viroles), un était accompagné d’un eczème, et l’au- 
tre de la gale, heureusement guérie par la méthode 
belge. Deux des phlegmons de la main avaient pour 
origine première, des plaies contuses négligées. L'in- 
flammation des pieds était due à de la fatigue chez 
une personne à pieds plats, que nous guérimes en 
outre de sa chlorose. Le phlegmon du jarret, fut trai- 
té avec succès par des topiques : dans ce cas, nous 
nous abstinmes d'autant plus de toute incision, 
que le sujet était hémophile. Sans avoir la même 


©9 


or +9 


— 641 — 


prédisposition fâcheuse, le porteur d'une inflamma- 
tion de l'extrémité supérieure, ayant subi l'incision 
de deux abcès, situés l’un à l’avant-bras et l'autre 
au bras, eut une hémorrhagie extrêmement forte. Le 
cas de beaucoup le plus grave, fut celui de phlegmon 
de la cuisse gauche, à laquelle durent être prati- 
quées plusieurs incisions, envahies par la diphthérie 
des plaies: une pleurésie grave, probablement de na- 
ture tuberculeuse, mit ses jours en danger, et Île 
malade exigea de retourner chez lui dans un état 
grave d'affaiblissement et de maladie. 

Abcès, à rattacher à la catégorie précédente, dont 2 
à la cuisse, 3 à la région du genou et À aux deux 
avant-bras. Ce dernier cas était dû à une fatigue 
excessive chez un individu obligé, depuis trois semai- 
nes, de tourner une grosse roue pendant toute la 
journée, occupation à laquelle il fallait sans doute 
aussi attribuer chez lui une hydrarthrose du genou. 
Un cas d’abcès à la cuisse, qui nécessita une incision 
et l'application de pâte de Vienne, était consécutif à 
la rougeole. 

Œdèmes, 1 des pieds, 1 des jambes et 1 de l'extrémité 
supérieure, respectivement dus à de la fatigue chez 
un individu à pieds plats, à plusieurs nuits passées 
assis dans un fauteuil, enfin à la compression pro- 
duite sur les vaisseaux du bras par une fracture de 
la clavicule non consolidée et irréductible : dès que le 
repos eut fait disparaître ce gonflement, le malade 
s'évada, sans doute, pour reprendre ses excès alcooli- 
ques. | 

Périostites, toutes deux au tibia, guéries. 

Nécroses, À du tibia, À du péroné et 3 du fémur. Dans 
le premier cas, nous enlevâmes un petit sequestre : 
le second, dû à un coup de pied, siégeait à la mal- 
léole externe du coude-pied, et était accompagné d'une 


. - 


— 642 — 


mastite ; les 3 nécroses du fémur nous quittérent 
améliorées, un des malades de son chef, les deux au- 
tres pour faire une cure de bains, l'un d'eux ayant 
une ancienne luxation spontanée du fémur et l’autre 
une anchvlose du genou. 

Abcès froids, 1 à la région axillaire, 4 à la région 
poplitée et 1 au genou. Dans le premier cas, après 
l'évacuation du pus, nous ne pümes arriver à l'os ma- 
lade; le second était grave et avait empiré, grâce aux 
soins chirurgicaux d’un empirique : il concernait 
un sujet affaibli, atteint de nécrose du fémur et d'an- 


chylose du genou : la pâte de Vienne fit merveille, et 


la guérison ne fut pas trop entravée par la diphthéri- 
te; enfin, dans le dernier cas, aprés une incision, nous 
parvinmes à la tête du tibia, presque dénudée à la 
suite d'une ancienne gonarthrocace : l'emplâtre de 
Scott, recouvert-d'un bandage compressif, amena la 
guérison de cette affection. 

Arthrocaces, À du genou et 3 du coude-pied. La pre- 
miére, commençante, céda à la compression d'un 
bandage plâtré: l'emplâtre de Scott, seul ou consécu- 
tif à la teinture d’iode et à la pâte de Vienne, eut le 
même résultat sur deux podarthrocaces, dont une in- 
tense ; la dernière, due à une carie de l'articulation 
tibio-tarsienne, avait déterminé des fistules : avant 
d'en venir à l’amputation, nous essayâmes d’un ban- 
dage plâtré, qui produisit une amélioration telle, que 
le malade désira retourner chez lui : toutefois, il est 
plus que probable qu'il en faudra venir tôt au tard 
chez lui à l'opération que nous avons différée alors. 
Anchyloses, 1 scapulo-humérale, consécutive à une 
luxation de l’humérus, réduite facilement, mais où 
l'on avait maintenu trop longtemps l'immobilité; 1 
coxo-fémorale, consécutive à une coxarthrocace; et 1 
du genou, consécutive à une position vicieuse, prise 


17 


— 643 — 


instinctivement pour remédier à un raccourcissement 
de l’autre extrémité inférieure à la suite d'une frac- 
ture et d’une arthrite négligée pendant un an qu'il 
passa au lit: la gymnastique améliora ces 3 anchyloses 
incomplètes. 

Hydrarthrose du genou, guérie par l'application suc- 
cessive du bandage plâtré, de sangsues et du fer 
rouge. 

Hygromas, l'un situé derrière l’olécrane, qui, n'ayant 
pas cédé à une ponction suivie d'injection de chloro- 
forme, nécessita l'ouverture de la poche qui fut rem- 
plie de charpie; tandis que l’autre, situé au-devant 
de la rotule, céda à deux injections de chloroforme. 
Ganglions au tendon d'Achille, lun consécutif à un 
coup, l’autre à des excès de travail : la digitale guérit 
en outre l’un de ces malades de palpitations du cœur, 
tandis que l’autre fut débarrassé de la gale par la 
méthode belge. 

Ongle incarné, guéri par lintroduction de charpie 
sous le bord de l'ongle. 

Ulcères, 16 situés aux jambes et 1 aux orteils: 9 va- 
riqueux, o atoniques, 2 scorbutiques (celui des orteils, 
entr'autres), et 1 scrofuleux. Ce dernier existait chez 
un sujet torpide, anémique et hystérique, qui présen- 
ta, pendant son séjour à l'hôpital, de la rachialgie, 
de la diarrhée, des crachements de sang et un orgeo- 
let. Un cas négligé d’ulcère variqueux, avait détermi- 
né un phlegmon de l'extrémité, avec hypertrophie par- 
tielle des enveloppes cutanées et formation successive 
de trois abcès, qui furent tous traités par le caustique 
de Vienne; sans parler d'un ictère intercurrent, nous 
dirons que la diphthérite prolongea le séjour de ce 
malade. Elle se montra aussi dans deux autres cas 


d’ulcères variqueux et dans deux d’ulcères atoniques. 


Un malade affecté d'ulcères atoniques, présenta pen- 


11 


— 644 — 


dant son séjour une fièvre intermittente; chez une 
jeune fille de douze ans, atteinte d’ulcères scorbuti- 
ques, l'ablation d'une amygdale hypertrophiée remé- 
dia à une surdité notable, tandis que sa sœur, du 
même âge, et atteinte de la même forme d'ulcères aux 
orteils, nous présenta une double cataracte commen- 
çante. Deux malades atteints d'ulcères furent débar- 
rassés de la gale par la méthode belge. 

Congélations, toutes aux pieds ou plus spécialement 
aux orteils : le seul cas grave avait déterminé une 
gangrène partielle aux deux pieds, du gros orteil de 
l'un desquels nous dûmes extraire un fragment os- 
seux; une lymphangite en accompagnait un second; 
deux des porteurs de ces congélations étaient fort 
simples, et l’un d'eux en avait été atteint en attendant, 


les pieds dans la neige, la dame de ses pensées qui n’a- 


vait garde d'arriver à cet aimable rendez-vous; enfin, 
un des cas concernait un individu, atteint d’une syphi- 
lis tertiaire, vierge de tout traitement, de l'existence 
de laquelle le porteur n'avait aucune idée, bien qu’il 
eût des tophus et un ecthyma, et dont nous fûmes 
heureux de pouvoir le guérir. 

Brülures, 1 au pied et 2 au bras: la première, su- 
perficielle et due à du lait chaud; une de celles du 
bras était survenue chez un individu qui s'était ap- 
puyé contre un poêle ardent; la dernière intéressait 
en outre la face, chez une fille tombée dans le feu 
pendant un accès d’épilepsie, triste maladie que cette 
vaste brûlure ne guérit pas, ainsi que cela a pourtant 
déjà été observé. 


MALADIES CUTANÉES. 


Au nombre de 16, dont 2 seuls ne nous quittèrent que 


fort améliorées. 


— 645 — 


Eczèmes, dont 5 simples, À rouge et À impétigineux : 
c'est parmi les premiers que se trouvait une femme 
qui exigea sa sortie avant son entière guérison, deux 
d’entr'eux présentèrent comme complication, l'un du 
delirium tremens et l’autre une sciatique; l'eczème 
rouge était accompagné d'une gale, guérie par la 
méthode belge; enfin, l’eczema impetiginodes exis- 
tait chez une scrofuleuse atteinte d'une forte dévia- 
tion de la colonne vertébrale, et qui était également 
affectée d'ophthalmie. 

Psoriasis; l'un invétéré guéri par la solution de Fow- 
ler et des frictions de poix; l’autre, accompagné d’ul- 
cérations aux pieds et d’une fissure à la commissure 
des lèvres, guéri par le sublimé, tandis que la bella- 
done faisait passer une incontinence d'urine chez ce 
même individu. 

Ecthyma, l'un localisé aux extrémités inférieures, 
guéri par des cataplasmes et une eau de sublimé, tan- 
dis que la méthode belge enlevait à ce malade sa ga- 
le; l’autre, d'origine syphilitique , traité par l’iodure 
de potassium à l’intérieur. 

Gaules, adressées sous d’autres noms; l’une guérie par 
la poudre à canon incorporée à de la mélasse, l’autre 
par la méthode belge : c’est presque exclusivement 
de cette dernière que nous nous servimes pour les 
9 autres galeux , traités à l'hôpital pour d’autres ma- 
ladies. 

Furoncles, spécialement pénibles à leurs porteurs, l’un 
étant situé au périnée et sur la fesse droite, l’autre 
au-devant du genou, où s'était développée une vive 
inflammation. 

cas de Tubercules de la peau, affection ancienne, sié- 
geant à un bras, grandement améliorée, puis dirigée 
sur les bains de Loësche. 


— 646 — 


Pour Jes opérations qui ont requis, soit une consulta- 
tion préalable, soit l'assistance de confrères étrangers à 
notre service, nous avons eu recours à MM. les Drs Rey- 
-nier, père et fils, et Barrelet, qui se sont toujours mon- 
trés empressés à nous seconder : pour deux cas de la 
clientèle des Drs Hægler (de Fleurier) et Béguin (de Cor- 
celles), nous nous sommes rendu avec le plus grand plai- 
sir au vœu exprimé par ces honorables confrères, d’être 
convoqué pour les opérations qu'ils prévoyaient devoir 
avoir lieu sur leurs malades respectifs. 

Pendant les trois premiers trimestres de l’année, M. le 
Dr Ernest Reynier fils a continué à nous seconder avec 
tout le zèle possible et vous savez, Messieurs, que, s’il 
n'eût élé nommé médecin de la ligne du Val-de-Travers, 
vous eussiez vu avec plaisir continuer avec lui l’ancien 
mode de vivre. Tel n'ayant pu être le cas, son successeur, 
mon ami, le Dr François de Pury, à peine de retour de 
son voyage au Brésil, a’ inauguré le logement construit 
pour le médecin-adjoint dans l’enceinte de la cour de 
l'hôpital : vous avez tous déjà vu et apprécié M. de Pury 
à l’œuvre pendant le premier trimestre de mes fonctions 
de médecin en chef, et dès-lors vous me ‘dispenserez de 
vous faire l'éloge des qualités qui le distinguent. 

En revanche, permettez-moi de vous féliciter d’avoir 
amené à bonne fin la translation dans une dépendance 
immédiate de l'hôpital, du second médecin dont l’ancien 
titre d’interne semblait indiquer depuis longtemps la seule 
place logique : si par là, le titulaire perd en liberté, il y 
gagne du temps pour l'observation des malades et pour 
ses travaux particuliers, et une vie d'homme, souvent 
compromise faute de soins immédiats, réclamait bien les 
frais que cette installation a nécessités. 

L'achat du jardin et du cabinet situé vis-à-vis de l'hôpi- 
tal n’a, sans doute, pu avoir lieu sans des sacrifices pécu- 
niaires de la part de la Direction; mais, du moment qu'on 


— 647 — 


L 


allait utiliser ce terrain pour y élever une construc- 
tion, l’aération et la vue de l'hôpital en eussent trop souf- 
fert, pour que vous n'ayez pas vu là une nécessité : aussi 
grâce à cette acquisition, Je l'espère, nous ne tarderons 
pas à avoir un établissement convenable pour les bains 
du lac. 

Il serait injuste de ma part de ne pas vous signaler le 
zèle soutenu de nos sœurs diaconesses dans leurs fonc- 
tions respectives. L'institution des infirmiers a aussi con- 
tinué à prouver toute son utilité. 

Puisse l'hôpital Pourtalès, en passant du premier demi- 
siècle de son existence à un second, continuer à rendre 
au Canton et à ses habitants, les mêmes services que pen- 
dant les cinquante années écoulées, et, qu’en continuant 
à s'améliorer peu à peu dans ses diverses parties, il rap- 
pelle toujours le souvenir de l’homme vraiment libéral 
qui voulut que cette fondation fût également ouverte à 
tous les malades de notre pays, sans distinction de natio- 
nalilé ni de confession religieuse, et qui n’attendit pas 
le moment de sa mort pour faire chérir sa mémoire! 


INFLUENCE 


DU RESSORT DE SUSPENSION 
DES OSCILLATIONS DU PENDULE. 
Pre Me. Tab, 


(Voir page 504 des séances). 


On sait qu'il y a deux espêces de suspension pour le 
pendule des horloges astronomiques: la suspension à 
couteau, et la suspension à ressort. 

Dans cette dernière, la tige du pendule est accrochée à 
la partie inférieure de deux lamés minces d'acier dont les 
extrémités supérieures sont fortement serrées entre les 
-mâchoires d'une pince fixe. Le pendule ne peut osciller 
qu’en faisant fléchir ces lames d'acier qui se courbent 
ainsi, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. On évite, dans 
cette suspension, les frottements qui résultent des oscilla- 
tions du pendule, mais la raideur du ressort influe sur 
le mouvement. 

MM. Laugier et Winnerl ont reconnu qu'on pouvait 
profiter de l'action des ressorts de suspension pour faire 
disparaitre les très petites différences qui existent entre 
les durées des oscillations d’un pendule, lorsque l'ampli- 
tude de ses oscillations varie de O à 5 degrés. Dans un 
rapport communiqué à l’Académie des sciences, le 14 
juillet 1845, ils ont fait connaître les résultats de leurs 
expériences exécutées avec tout le soin possible. 


— 649 — 


Is ont fait osciller un pendule, long d’à-peu-près 1 mé- 
tre, avec des amplitudes de 10, 3, 50, (l'amplitude étant 
le double de la demi-oscillation.) Ce pendule a porté suc- 
-cessivement des lentilles de 4 kilog., 6 kilog. et 8 kilo- 
grammes. 

Ils ont trouvé les résultats suivants : 

19 En suspendant le pendule avec deux ressorts, écartés 
de 2 à 3 pouces, larges chacun de 5 millimètres, épais 
de */,5 de millimètre et longs de 4 millimètre, les oscil- 
lations de 3° et 5° d'amplitude ont été plus rapides que 
celles d’un degré, mais la différence devenait d'autant 
plus faible que la lentille était plus pesante. 

20 En suspendant le même pendule avec deux ressorts 
exactement pareils aux précédents, pris dans le même 
morceau d'acier, mais ayant une longueur de 3 millimé- 
tres, les oscillations ont été sensiblement isochrones, dans 
les diverses amplitudes. 

Disons que ces messieurs ont compté le temps que du- 
raient deux mille oscillations du pendule. 

Cette étude, entièrement expérimentale, est accompa- 
gnée de quelques réflexions théoriques pour expliquer 
l'influence que peut exercer le ressort de suspension. 
Voici ce que le rapport dit (voyez Moinet, traité d'horlo- 
gerie, [me partie, chap. VIIL, page 495). 

« Si l’on réfléchit à la.manière dont s'exécute le mou- 
» vement du pendule, on voit que deux effets distincts . 
» concourent à son isochronisme : le premier tient à la fle- 
» xion du ressort qui, à chaque instant, diminue d'autant 
» plus la longueur du pendule qu’il s'écarte davantage de 
» la verticale ; le second, qui parait être le plus considé- 
» rable, est causé par la résistance du ressort ; il ajoute 
» à l'intensité de la pesanteur un terme variable avec 
» l'amplitude et augmentant sans cesse avec elle. Ce terme 
» diminue toujours la durée des oscillations et a d'autant 
> plus d'influence que l'amplitude est plus considérable ; 


— 650 — 


Y 


on conçoit, d'après cela, qu'en choisissant convenable- 
ment le ressort de suspension, ce double effet, dû à sa 
flexion et à sa résistance, puisse en chaque point de l'arc 
décrit par le centre de gravité du pendule, être égal à 
la différence qui ordinairement se manifeste entre les 
durées des oscillations suivant l'amplitude; en d'autres 
termes, on conçoit que ce double effet puisse varier de 
manière à rendre le pendule isochrone, si, la force du 
ressort est très faible relativement au poids de la len- 
tille, les oscillations auront une durée moindre dans les 
petits arcs que dans les grands, comme il arrive ordi- 
nairement , mais si on augmente la force du ressort, 
» il peut se faire que la durée des oscillations diminue 
» lorsque l’oscillation augmente dans de certaines limi- 
» tes, de sorte que l’on aura; pour ainsi dire, dépassé 
» lisochronisme. Nos expériences, disent-ils, ont confirmé 
» la justesse de ces considérations, car elles ont réalisé 
» les différents cas qui viennent d'être énumérés. » 

Ces considérations générales sur la théorie de résis- 
tance du ressort, variable suivant sa flexion, mais dont la 
loi n'est pas indiquée, ne me semblant pas suffisamment 
nettes, J'ai essayé, dans l'analyse suivante, de rechercher 
si le calcul ne pourrait pas mieux préciser quel est le 
vrai mode d'agir du ressort rééié Là on l'applique à la sus- 
pension d'un pendule. 

On peut regarder une lame élastique comme composée 
d'une infinité de fibres élémentaires parallèles. Quand 
cette lame est courbée, toutes ses fibres subissent le même 
effet. Celles qui sont situées du côté de la convexité s’al- 
longent, tandis que celles qui sont placées du côté de la 
concavité se raccourcissent. Entre les fibres qui se dila- 
tent et celles qui se contractent, il y en a nécessairement 
dont la largeur ne varie pas ; on les appelle fibres neu- 
tres, quand la lame a une section rectangulaire, les fibres 
neutres sont situées au milieu de l'épaisseur. 


RE — A 


DS Un O0 DA en. He DR ; 


— 651 — 


Toutes les fibres du ressort étant ainsi déformées, réa- 
gissent pour reprendre leur longueur primitive et ten- 
dent par conséquent à redresser le ressort. — On admet, 
comme résultat de l'expérience, que la force avec laquelle 
une tige dilatée ou contractée réagit pour revenir à sa pre- 
mière longueur, est donnée par la formule suivante : 


" F=Es- (1) 


à condition que la limite d’élasticité ne soit pas dépassée : 

L désigne la longueur primitive 

à l'allongement ou la contraction 

s la section du fil ou de la fibre 

E est une constante qui dépend uniquement de la na- 
ture du corps. On l'appelle coëfficient d’élasticité. Pour le 
bon acier trempé, fondu, trés-fin et recuit, E est à-peu- 
près égal à 30,000. 

On peut définjr la constante E en disant que c’est l'ef- 
fort exprimé en kilogrammes, avec lequel il faudrait tirer 
un fil ayant un millimètre carré de section pour l'allon- 
ger d'une quantité égale à sa longueur, en supposant : 
que son élasticité se conserve intacte pendant toute la 
durée de cette traction. | 

Si l’on calcule, au moyen de la formule (1), la somme 
des actions de toutes les fibres élémentaires renfermées 
dans la lame élastique, on trouve la valeur du couple qui 
tend à redresser cette lame en un point quelconque en 
faisant tourner la partie libre autour d'un axe transver- 
sal perpendiculaire au milieu de son épaisseur. Ce couple 
est exprimé par la formule suivante : 

2 3 
OC St | (2) 
RÉ A ATIR 
dans laquelle b désigne la largeur de la lame 
a sa demi épaisseur, 
r le rayon de courbure de la fibre neutre 
au point considéré. 


— 652 — 


La quantité exprimée par cette formule (2) se nomme 
le moment d'élasticité. 

Pour abréger nous représenterons 2/3 b a ÿ pare. 

Supposons maintenant une lame encastrée par une de 
ses extrémités (fig. 1) de sorte que l'extrémité O de la fibre 
neutre soit fixe et que la tangente à cette fibre en 0 ne 
puisse pas changer de direction ; supposons que cette 
lame soit sollicitée à l’autre extrémité par une force P 
perpendiculaire à la direction primitive O X; on devra 
exprimer que le moment de la force P par rapport au 
point p ou la fibre neutre perce le plan #n d'une sec- 
tion transversale, est égal au moment d'élasticilé de cette 
section. 

Si æ et y sont les cordonnées du point p et h l’abscisse 
extrême H, point d'application de la force P, on aura : 


. —P(A— 7) (3) 
dy\ 2\ 
H+(a)r 
Or — L (4) 
d?y 
da? 
. ce qui donne i 
dy\2\ ? 
Ee nu (3) (5) 
PIR= SZ) Ey 
dx? 


Il s'agit donc de trouver l'équation de la courbe de la 
fibre neutre par l'expression de son rayon de courbure. 
Si l'on suppose d'abord que le ressort subisse une fle- 
. ; ‘ {> ; 1 
æion très faible, on pourra négliger le carré de (3) à 
côté de l'unité, et l'équation (5) deviendra après transfor- 
mation : 
s id 
Ee. —P(A—7x) (6) 


dx? 


_— 653 — 
_ Une première intégration donne : 


= d | œ 
Ee Pl (ar | (7) 


d'y | 
La constante est nulle parce que -=- = 0 lorsque x — 0; 
si 4 — h, on a: 


C:. VAOTRERE, 2 
Ee. Er — 5 Ph ot 
dy: Re 
! er 9 { 
Er}; 2Ee L (8) 


Cette valeur de (2) donne l'inclinaison de la tangente 
au point extrême de la lame. 

En intégrant l'équation (7) une seconde fois, on ar- 
rive à ; 


pour l'équation de la courbe. 

Lorsque & = à, c.-à-d., à l'extrémité du ressort, y = f; 
en désignant par f l'écartement extrême du ressort, ou 
ce qu'on appelle la flèche, savoir K H, alors 


Ph° 


Re. | [AN 
t— 3Ee , (10) 
on: en Ure-P:— _ { (11) 


c.-à-d., que la force nécessaire pour fléchir un ressort droit 
d'une petile quantité, est proportionnelle à la flèche, en 
raison inverse du cube de sa longueur , en raison directe 
de sa largeur et du cube de son épaisseur. 
L’équation (10) donne encore : 
Pis 08 
Ééu rar 


BUL. DE LA SOC, DES SC. NAT. T. V. 42 


— 654 — 
ce qui change l'équation (9) en 


CANNES SPORE RAR 
c'est l'équation de la courbe renfermant pour données les 
coordonnées extrêmes X et f du point K. 
L'équation (8) devient aussi : 
dy es AP (44 
Crea ie 
pour linclinaison de la langente sur l'axe des abscisses, 
au point K. 
L'équation de cette tangente K LE, est: 


: } A 
y—f= (zh) (15) 
quand on fait y — 0, pour connaître le point [ où elle 
coupe l'axe des abscisses, on trouve: 


S OOre LE h 146) 


h — x où H1—= ?}, 


c'est-à-dire, que la tangente à l'extrémité de la fibre neu- 
tre va couper la ligne des x, OH, loujours au tiers de 
l'abscisse de l'extrémilé; ou, au tiers de la longueur du 
ressort ; car, celui-ci, étant très-peu fléchi, on peut, sans 
erreur appréciable, prendre sa longueur pour l’abscisse 
OH 

Appliquons maintenant ces propriétés statiques pour 
étudier l’action que le ressort peut exercer sur le mou- 
vement d'un pendule, dont l'amplitude des. oscillations 
resle pelite, et par conséquent dont le ressort de suspen- 
sion est très-peu fléchi. Soit (fig. 2) O le point d'attache 
fixe du ressort et K son extrémité liée à la verge du pen- 
dule. Cette verge reste constamment tangente, par sa ligne 
moyenne, à l'extrémité de la courbe que prend le ressort 


— 655 — 


à chaque instant de sa flexion. La ligne moyenne de la 
verge va donc toujours couper, par son prolongement, la 
verticale (prise pour axe du x), au même point [, pendant 
toute la période de l'oscillation; et 


A5 die 27 
HP AN 


en désignant par / la longueur du ressort, et rempla- 
çant partout À ou l'abscisse extrême par l; parce qu'on 
peut, sans erreur appréciable, regarder comme étant 
égal à L. 

Le mouvement du pendule s’exécutera donc pendant 
toute la durée de l’oscillation autour du point 1; et en 
désignant l'angle KIH par 8, on le considérera comme 
l'angle d'écart du pendule à un instant quelconque ft. 

Le pendule est sollicité par deux forces: 

19 Le poids de la lentille et du pendule L = mg (m est 
la masse du pendule; g — 9,8088). 

La composante normale de cette force sur le pendule est 


my x sin 0 
et son moment par rapport au point [ est: 
mat sin 0 (17) 
v désigne la longueur du pendule. 
20 La force P avec laquelle il faudrait agir sur l'extré- 
milé du ressort en K, suivant la direction KH pour écarter 


celte extrémité de la verticale de la distance f = KH. 
Cette forme P a pour valeur, d'après l'équation (11) 


PR / 
Or “KH ou FT *% ang 
ou f — 2}, / X tang 0 (18) 
Donc pures tang 9 (19) 


{2 


ee 


Son moment relativement au point 1, autour duquel 
oscille le pendule, est P X TH ou 


4Ee | 
37 tango (20) 


c'est-à-dire que le moment du ressort ou la valeur de son 
action sur le pendule est en raison directe de la tangente 
de langle d'écart et en raison inverse de sa longueur. 
 L'équation différentielle du mouvement d'un solide qui 
tourne autour d'un point fixe, est: 


9 » 
-1à a somme des moments des forces 91 
"FLE moment d'inertie SA 


La somme des moments des forces est ici: 


mg Ù Sin 6 + 


1 ORNE 
ET ne: 


Le moment d'inertie est » (v° + uw?) en supposant que 


v soit la distance du centre de gravité du pendule au 


point I'et w, le rayon de giration. 


On à done, en introduisant ces quantités dans de Lx 
tion (21) 


Ee 


mat Sin 4 + 
d20 J 


tang 6 
UT PUR m (v5 + u? (82) 
Si on divise les deux termes du second Rp par 
mgqv; qu'on remplace v + — simplement par v en sup- 


posant que v soit la longueur du pendule simple qui os- 
alle comme le pendule composé, et qu'on fasse 


A RRRRUS EE (23) 
3lvmy e "Œ: 
On aura: 
d?@ _ 


CE TT be - L< sin 0 + K tang o (24) 


cd nn side, 


— 657 — 


On intègre cette équation en la multipliant par 2 406, 
eton a: 


ii 1 19 cos8+#2K1I 6 | 
= — {9 cos9 + 2 K log cos 25) 
: | 2 cos 0 + 08 COS 0, + © (25) 
Si on désigne par x l'angle de la demi-oscillation, on 
d 6 
remarque que lorsque 8 — % Ty OÙ la vitesse — 6, d'où 
C— — un 2 cos « + 2 K log cos z (26) 
et 
d6 g cos 6 
7 — | (2 cos 0 — 2 cos 2) + 2 K log (27 
dt? v | e ose D 
on en lire 
dt=— VV y dû (28) 
DIX 74 RE NEC (ER cos 0 


2 cos0 — 2 cos a) +2 k log 
cr COS 4 


On prend ici le signe — parce que { augmente lorsque 
ô diminue. 


Or (29) 
cos 0 9 J°°S 0 — cos 1 cos 0 — cos ay © | 
COS a he 0 +cosx 3 \cos8 + cos a | 
mais 
6 ot 
» ô RTE ne  ——— —— sr è ge \ 
PSE ES RE r etc. (30) 
e "_ 
COS a = | — — + — — etc. (F4: 
2. 94 re 
el 
a En (? a rte gt x 


COS Ô — Cos + — 


e 


— 658 — 


De sorte que pour ne pas introduire des puissances de 
l'arc supérieures à la Ame, je néglige dans la série (29) 
tous les termes à partir du second et je fais: 


cos 0 [ cos 0 — cos à | 
— PARTS EAN. FES AE 
log CoSa | cos6 + cos a ( PA 
La formule (28) devient alors 

di=—V y d8 - 4 (34) 

9 LAN | 2 K | 

(2 cos 8 — 2 cos à 1 + — 
| cosü+cosa | 


Si on remplace (2 cos 8 — 2 cos a), (cos 8 + cos a) par 
leurs valeurs tirées des séries (30) et (31), en conservant 
les termes jusqu'à la #me puissance de l'arc inclusivement, 
puis qu'on effectue quelques transformations, on trouve 
facilement les équations suivantes: 


di=—V y d 6 
9 EE 
ae vhs 24.62) | {( (1+K)+ 2 (e +0?)} 
48 V ex? 
a" — pi ee SN (a + 6) 
De MTS TT dt (37) 
| ue dE 
\ QU+K Var EVI—K'(a +68) 
en faisant pour abréger 
1—92K , 
Ras k) À (38) 
Puis 
dt—— V d A M Se 


gU+KV ae — 6° 2 VS TT | 


— 659 — 


L'intégration de cette dernière donne (40) 
| 3K° ÿ l'E rurr 

; ï (1+ — 34) are cos =— HE 2 
CIE) RAS ue | 

Cette intégrale doit être prise depuis 0 = à à 0 = — 0, el 


elle donne pour la durée complète d’une oscaillation du 
pendule, dont l'amplitude totale est 24 
ER AUTRE K’ , 
CRC PPT (41) 
jU+Ki n | 
Pour vérifier la justesse de cette intégrale, je remar- 
que: 4° que lorsque le ressort est supprimé, on a 
K — 0 
et si « = 0 où est infiniment petit, 


me 


(2 


Lt fi 
ce qui est la formule donnée par tous les ouvrages de mé- 
canique pour calculer la durée des oscillations infiniment 
petites. 
2% Lorsque K = 0, mais que + au lieu d’être infiniment 
petit, est simplement petit, on a 
T7 v ae a? 
Le ( À + — ) 
q 16 
Cette formule est celle que Poisson donne dans son ou- 
vrage de mécanique, (Ier vol., p. 345), pour calculer la 
durée des oscillations lorsqu'elles sont petites, mais non 
infiniment petites. 
Revenons à la formule (4). Elle contient la solution 
du problème de l'isochronisme par le ressort. En effet, 
0 RE 
le facteur 4 +— 2 qui varie avec l'amplitude de 


l'oscillation, deviendra la constante 1, lorsque 
D. == A) 


— 660 — 


a RE MBUEAE à 
r CNE MT Ses 
Cette quantité devient égale à 0, lorsque À 
—2K—0 (42) 
ou CA 
8 Ec 
— 1, ou 8 Eee = Sum 4 
ou TE ou 8 Ee = 3 q (43) 
Pre NU ae 8 E 
Si K' était négatif ou 2 K >°1 ou 2 > 4, le facteur 
v gm 
3 K' 


3 K' 

(1 HE d a) deviendrait (1 a 2) et la durée 
des oscillations diminuerait avec leur amplitude. 

Lors même que K' ne serait pas o, la différence entre 


la durée des oscillations, suivant l'amplitude, serait d'au- 
tant plus diminuée que K' serait plus petit ou que De 
approcherait plus de l'unité. 

Ainsi le résultat de l'analyse précédente est qu'en sup- 
posant les oscillations petites et par conséquent le ressort 
très-peu fléchi (*) ce qui permet de supprimer (2 
à côté de l'unité, dans l'expression du rayon de courbure, 
le ressort peut amener l'isochronisme, c'est-à-dire faire 
disparaître les peliles inégalités qui se manifestent dans 
la durée des oscillations d'un pendule. 

La condition d’isochronisme étant donnée par la rela- 
tion (43) 

SEe 
3lvmg 
on voit que l'influence utile du ressort pour amener l'iso- 
chronisme est : 
19 En raison directe de l’élasticité du ressort exprimée 
par E. 


Ne | 


(:) L’angle que fait le ressort avec la verticale, n’est à peu près que 
les 2/3 de l'angle d'écart. 


— 660 — 


20 En raison directe de e — 2/3 b a°, c.-à-d. de la lar- 
geur et du cube de l'épaisseur du ressort. 

30 En raison inverse a) de la longueur du ressort 

b) de la longueur du pendule 

c) du poids mg du pendule. 
Toutes les quantités contenues dans la relation (43) peu- 
vent se déterminer exactement, sauf E qui varie avec la 
nature des aciers. Il varie entre 21,000 et 30,000 ; en 
prenant une valeur moyenne 25,000, on pourra choisir 
pour données le poids du pendule, sa longueur, la lon- 
gueur du ressort ainsi que sa largeur et déterminer son 
épaisseur 2 « au moyen de l'équation | 


SE Xe T—= Llu mg 


où toutes les quantités seront connues, sauf à. 

En un mot cette équation peut servir à calculer la valeur 
d'une des quantités qui y sont contenues, lorsqu'on con- 
nait toutes les autres. 

Le résultat de l'analyse expliquerait donc fort bien les 
résultats des expériences de MM. Laugier et Winnert. 

Leur ressort de 1 millimètre rendait la quantité 


trop forte et l'isochronisme était dépassé, mais la diffé- 
rence diminuait avec le poids de la lentille qui est un 
facteur du dénominatenr. 

Le ressort de 3 millimètres, en diminuant la quantité 
K remplissait sensiblement les conditions de l'isochro- 
nisme. 

La quantité À aflecte la durée de l'oscillation en fai- 
sant varier le facteur 


— 662 — 


Plus Æ sera grand, plus aussi 9 7 sera diminué et par 
g (1+K) 


conséquent | 
PT Y HAVer 
qi +K) 
sera plus faible pour la même longueur du pendule. 

Ce qui signifie que le ressort augmente la rapidité des 
oscillations du pendule, d'autant plus que la quantité K 
est plus grande. — Cette conclusion est tellement conforme 
avec les expériences de Laugier et Winnerl, que je ne 


puis m'empêcher de transcrire ici leur tableau pour que 
chacun puisse juger soi-même. 


Expériences faites avec le ressort de 4 millimètre. 


| _2000 oscillations ont duré : 
Amplitude de Apte de ArpREe de 


1 Lentille du poids de 2 kilog.|  1977'',00 1975" ,60 1974,37 
| Gistinth » » #kilog.|| 2010.55 | 20097,84 | 2008°,93 
LH: » » Gkilog.| 2020,31 | 2019,80 | 2019°7,34 
he» +» Skilog.! 2027,04 | 2026",68 | 20261,38 


Expériences faites avec le ressort de 3 millimètres. 


2000 oscillations ont duré : 


nt. “M, © UT: 
Aphatie ne de| Amplitude de 
5° 


IT Lentille du poids de 4 kilog. 
UT  » » _» 6 kilog.| 
ASE r » 8 kilog. 


| 

| | 

| 20247,96 | 209,89 | 20247,90 

| 2030",28 | 2030",33 | 2030°,37 

| 20347,81 | 20347,81 | 2034r,98 
On voit clairement dans ce tableau que l'augmentation 

de longueur du ressort, et l'augmentation de poids de la 

lentille en diminuant 


4 Ee e 


ont fait croître 


— 663 — 


4 À 20 dé MEGE 
g(1i+KkK) 
La suspension à ressort exige donc que l'on fasse le pen- 
dule à secondes plus long que pour la suspension à cou- 
teau, d'autant plus que l'influence du ressort devient plus 
énergique, pour établir l'isochronisme. 
- Sans avoir besoin du secours de toute l'analyse précé- 
dente, on peut très bien s'expliquer l'influence du ressort 
pour amener l'isochronisme, rien qu'à l'examen de la fig. 2. 
L'action du ressort s'exerce en K suivant la direction K ; 
si on la décompose en deux composantes dont l’une N soit 
normale à I K, on trouve qu'elle vaut : 


2E 
Ne=Prx cos 0 — j— tang 9 x cos 6 
en vertu de (19), ou 
286 e 
sin. 


c.-à-d. que la force avec laquelle le ressort agit normalement 
sur le pendule a la même forme que l’action de la pesan- 
teur ou qu'elle est proportionelle au sinus de l'angle d’é- 
cart. Mais son bras de levier I K augmente depuis le com- 
mencement de l'oscillation à la fin. La valeur de I K est 


ee iciable 52 et varie donc d 
E c:ae0 
cos 8 ou sans erreur apprecia e A a et varie ao 
21, l 
Île Là —— 
COS «& 


c'est cette augmentation du bras de levier sur lequelle aqut 
la composante normale du ressort qui produil son effet 
utile pour amener l’isochronisme. 

La force normale du ressort s'ajoute à l'intensité de la 
pesanteur , et produit ainsi une plus grande rapidité des 
oscillations, grandes et petites. 


— 664 — 


Ainsi ce n'est pas le raccourcissement du ressort qui, 
en diminuant la longueur du pendule, amène l'isochro- 
nisme; au contraire, le pendule devient plus long puisque 
1 S' est rigoureusement plus grand que [ S; mais c’est . 
parce que la force croissante du ressort agit sur un bras 
de levier de plus en plus long à mesure que l'amplitude 
augmente. L’allongement total du pendule en passant de 
la position LS à la position I $ est du reste tellement 
faible que cette variation ne peut influer en rien sur la 
quantité 


V D 
g(1+K) 


puisqu'il affecte le numérateur v dont Ja valeur est 1,000 
lois celle du ressort de 1 millimètre ; quelle influence 
pourrait produire une variation d’une fraction très pe- 
tite de millimètres sur une longueur de 4 mètre placée 
sous un radical ? 

Les considérations théoriques de MM. bé et Wan- 
nerl, manquent donc de justesse et ne pénêtrent pas du 
tout à la vraie cause de l'influence du ressort. — Leurs 
expériences ont été faites avec beaucoup de soin et sont 
telles qu'on pouvait en attendre d'artistes de précision si 
éminents ; mais l'explication a été conçue après la con- 
naissance des faits et les expériences n’ont pas confirmé 
sa justesse ; c'est bien plutôt l’explication qui a été ima- 
ginée en vue des résultats de l’expérimentation. 

Voyons maintenant si, en reprenant l'équation 6), et 
en essayant d'en tirer l'équation de la courbe du ressort, 
sans négliger le carré de ( _. à côté de l'unité, nous 
arriverons aux mêmes résultats. Nous ne serons plus alors 
obligés de supposer l'amplitude des oscillations aussi pe- 
tite que dans l’analyse précédente. 

Si l'on fait pour simplifier 


Rs fe 
P 
on aura 
d ? 
Che ss 
4 d x [ru 
CEE) ————<— (45) 
d?y 
d x? 
ou en faisant 
dy dy …:4p 
dx ed LME Ÿ- 
ce dp | 
(A 2) dis see he | (46) 
L + p?) 72 


en intégrant, on trouve 


dy 
PORC 
DR le un _ (47) 
6 V1+p V dy? 
1 4 
1 F 2) 
la constante est ici nulle; 
on en tire : 
1 
(hx — — 3° 
\ 9 / 
.. Se (48) 


| | Lieu 
2 


La Le , ; } d 
A l'extrémité du ressort, on a æ — h, et Le — tang 6, 
en désignant toujours par 8 l'angle que la tangente à 
l'extrémité du ressort fait avec l'axe des abscisses. 


L'équation (47) donne alors: ‘ 
À c tang 6 


Vi 


US tele (49) 
VA + tang?8 


er 0 sin. () 


d'où 
k? ein 
on D'eins 0247 00 D (50) 


On en conclut que 
f 


2 Ee sin. 8 
D ar (51) 
La valeur p ou 4 (48) conduit à la série suivante: 
1 2 7 1 2 £ { 1 2 : (52) 
#3 Az — 2) x — x) 3(4xz— & 2) 


= ——— + © — + ———— — + elc. 
zx c 2 c5 8 c° 


Le terme général de cette série est 
1 2n—1! 
1.3. 5.7 .…. (2n — 3) (hx — Tin 
Des ee (RUE FAT 


Le rapport d’un terme au précédent est 
2 
une 
LT 
2n c? 


et on voit que ce rapport tend vers 


 2 
Chpate R) 


ce? 
| Mais (hx — . æ?)? varie de 0 à(— hk2)? tandis que c° 
qui contient E? est grand; on a, du reste, puisque 
he? 4 


Ce Pi NE 
2sin.8 ? 


et 
LE Rad Ce ia 


GT D RU Co gs PL REUNS DU Le LS sin. 20 


— 667 — 

c’est-à-dire que ce rapport varie de o à sin. * 0. —La plus 
grande valeur du rapport d'un terme au suivant ne peut 
donc pas dépasser sin. 26, qui est toujours très-petit, par- 
ce que l'angle 8 de s'élève jamais qu'à 2 ou 50. 

La série (52) est donc trés-convergente et puisque le 
3me terme contient déjà la me puissance du sinus 6, on 
peut se contenter des deux premiers et prendre: 


dy E, 1 (hæ LEZ. ta x? ] hax _— a Ent La 
PR CC PONT uen 
Cette équation donne par l'intégration: 
(54) 
__ 3 hAX — 1 10 5 2 — 84 2 à + 35 h 5 — 5 x! 


= UE Lan NE SC PMOETU 
6 c 200 c5 


Si l’on fait &æ — h et y — f pour connaitre les coordon- 
nées de l’extrémité k du ressort, lorsque l’écart est 8, on a: 


h5 h° ; 
Éregeiesgrt (55) 
h? 
Au moyen de la valeur € = ———, on a 
‘ 2 sin. 6 
9 sin. 6 8 sin. ? 0 
== 3 /, + -——— À (56) 


Les termes suivants négligés contiendraient les 5me, 7me 
puissances du sinus. 


Puisque f ou KH est connu au moyen de 6, on en tire 


HR DU Re 
tang 6 tang 6 
2 cos @ 8 sin. 206 cos 0 


Mais lorsque le pendule est dans la position IS’, telle 
que sa verge K S’ prolongée fait l’angle 8 avec la verticale, 


— 668 — 


et coupe, par son prolongement, celle-ci en }, le mo- 
ment de l’action du ressort par rapport au point [ qui est 
le centre de rotation, devient: 
P X IH ou 
2 Ee sin. 8 

nr A 2/, h cos 6 + #/},, À sin. ? 8 cos 8 | (58) 

ou 
4 Ee sin. 8 cos à 
3h 

Il s'agit maintenant de trouver la relation de À ou de 
l'abscisse extrême, avec la longueur / du ressort. 

Il faut, pour cela, exprimer la longueur de la courbe 
en fonction de ses coordonnées. En désignant par s l’axe 
de courbe, on sait que 


1 + 12}, sin. 6 (59) 


SAV VT) dy? 
dia 
dx? 
En remplaçant T4 par sa valeur connue dans l'équation 
(48), on trouve : 


Os 
V 


d x 


| 1 
ST PA 
Développons en série, nous aurons : 


1 1 
(Az — —xr) Atax——= zx) Le 
Eu 4 - ai 2 
ddr LA + 
l 2 ç° 8 "ls 
Cette série est semblable à la (02); en l'intégrant, on 
obtient pour les deux premiers termes : 
20 /? x° + 32 — 15 ha 


— 669 — 


Lorsque x — h, s — l; donc 


ps ce h° 
[= hi + —— (63) (le terme suivant serait — — | 
15 c° 


105 
ou 
l— h( 1 = sin, 24 
= 4: + sin. ) (64) 
d’où 
l 
— JL FRS sale, FÉERIES À (& p\ 
h 1 + */!,, sin. ?6 (69) 


Si nous substituons cette valeur de k dans l'expression 
du moment du ressort (99), celui-ci ne contiendra plus 
que la variable 6. 


On a alors: Moment de l'action du ressort — 


4 Ee sin. 6cos6 , L, we 

ani és 25  FÉERN e à 
D. (A + ss Sin. 26) (4 + *},, sin. 20) . (66) 
ou 


4 Ee sin. 4 cos 8 ( dé \ , 
34 R ) 


en négligeant les 4mes puissances du sinus, qui introdui- 
ralent dans les intégrations les 6mes puissances de l'arc. 

Mettons cette expression du moment dans l'équation 
(21), nous trouvons: 


(68 


4 Ee 
{sin. 6 cos 6+°4/,,, sin. Ÿ8 cos 


30 


4% _ mgv sin. 0 + 


ma 


TT: = me 
6p € m (v? + u) 
et, en faisant encore 
L 4 E e 7 f 
= —= K (69) 
3 lv mg 
nous {rouvons: 


BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT..T. V. 43 


| MR 


(70) 
d?6 gt": op. ++ STI 
a 4] sin. 6 + K sin. 8 cos 8 + %/,93 K sin. 58 cos o| 
dr v | 
En intégrant, on à 
d 6 137 K 52 (4) 
& h € ne 
. — 1/9 6058 — s sin. 0 + ee K sin. 6 cos 20 + € 
a" 105 105 


\ d f] L h 
A cause que “Te lorsque 0 — x on obtient après 


les transformations convenables et par l'intégration 


amas ETS 3K” ,) | 
35 + 12K ; 
——————— — |" TS 
420 À + K K té 


Pour obtenir l'isochronisme, il faudrait encore que Îa 
constante K” fut nulle, mais puisque 


39 + 12K 

120 A +K 
il est impossible que K” devienne 0, K ne pouvant, par sa 
nature, devenir négatif, attendu que 


h — 


P 11 
— 


4Ee 


om 9 


r "1 ] AR RAS Qe : 
Lorsque K — 0; K° — —; si K était & , on aurait 


12 


Kt— — 


39 

Ainsi, lorsque les amplitudes ne sont plus très-petites 

pour permettre de supprimer dans l'équation de la courbe 
d LU A LA Le Là 1 

du ressort, le terme (=) à côté de l'unité, et que l'on 
tire la valeur de la force du ressort, de la forme rigoureu- 
sement mathématique de cette courbe, on arrive à cette 
conclusion que l'ésochronisme est impossible. 


— 671 — 


Ïl n'en résulte pas moins que le ressort exerce son in- 


= 1 


fluence pour diminuer le facteur (1 + 


2) dépen- 
dant de la grandeur de l'amplitude. En effet, on voit que 
la constante K est multipliée au numérateur par 12 et au 
dénominateur par 420, d’où il suit que l'augmentation de 
R affecte beaucoup plus le dénominateur que le numéra- 
teur; le multiplicateur de 2° est donc d'autant plus faible 
que K est plus grand. De plus pour une longueur donnée 


de pendule, on voit que le facteur fo, diminuant 


——————— — 


sa 
aussi avec l'accroissement de À, cela tend encore à rendre 
les oscillations moins inégales en durée. 

Le résultat de la seconde analyse ne dément donc pas 
complètement celui de la première. [l indique sans doute 
que l’isochronisme absolu est impossible ; mais il indique 
aussi que le ressort peut diminuer l'inégalité qui existe 
entre les durées des oscillations de diverses amplitudes ; 
et comme la valeur de la force P tirée de l'équation (47) 
est rigoureusement juste; que de plus les séries qui ont 
donné la valeur de la flèche et de l’abscisse L ne sont en 
erreur que depuis les 5mes puissances du sinus, on peut 
présumer que l'action du ressort sur l’isochronisme doit 
s'étendre au delà des amplitudes de 3 ou 9°. 

Il est bien probable aussi que, lorsque les amphitudes 
ne dépassent pas 9°, on varient entre 0 et 5°, l'action du 
ressort est tr és-approchée de celle qui a été trouvée dans 
la 1re analyse, ce qui est prouvé par les expériences de 
Laugier et Winnerl, dont le pendule a dépassé lisochro- 
nisme avec le ressort de 1 millimètre. 

Nous pouvons donc répéter que le ressort a d'autant 
plus d'influence pour produire l’isochronisme : 

10 qu'il est plus élastique, plus large, plus épais et 
plus court. 

2 que le pendule est moins lourd et plus court. 


EN 


Dans les deux analyses précédentes, j'ai toujours fait 
abstraction de la traction longitudinale que le ressort 
éprouve soit par le poids de la lentille, soit par la force 
centrifuge. 

Voyons si cette traction, variable suivant l'angle d'écart, 
peut exercer une influence sur l’isochronisme. 

Lorsque le pendule est écarté de la verticale de l'angle 
8, la composante du poids de la lentille qui tire le ressort 
est m4 COS !. 

La force centrifuge vaut 2 mg (cos 8 — cos %). 

La composante totale qui tire le ressort est donc : 

mg (3 cos 0 — ? cos +) 


Lorsque le pendule est vertical, celle force vaut mg 
(3 — 2cos x). 

Or le ressort dont la section est s — 2 ba éprouve de la 
part de cette force un allongement 7, tel que si l désigne 
la longueur de ce ressort avant toute traction, on aura: 


it q 13 cos, 0 — 2 cos a] ES he da 


mgl'13 cos4 — 2 cos 4 
Es 
La longueur totale du ressort après l'allongement sera 
donc : 


LE S 4 ing 3 cos 4 — 2 cos a | 


Ps PENSE Die METRE CE 


Lorsque le pendule est vertical, on a : 


pp les + mg (3—2cos a | 


sS 
Si le ressort éprouvait, pendant toute la durée de los- 
cillation, la même traction, celle-ci n’influerait en rien 
sur son action. Mais puisque cette tracfion diminue depuis 


— 673 — 


la position verticale jusqu'à l'angle + où elle vaut mg cos 
:, il en résulle que le ressort se raccourecit d'une quan- 
lité très-faible sans doute qui ne peut exercer aucun effet 
sur le radical V5, inais qui introduit une variation 
plus grande dans l'expression du moment du ressort con- 
tenant / au dénominateur. Autrement, le raccourcissement 
du ressort augmente sa force. 

Comparons la longueur ! du ressort dans la position # 
à celte longueur !” dans la position verticale. On à 


2" Es +mg 3 — 2008 


ee —— tarots _ ee 


Ma + mg 3 cos 0 — 2 cos x 
en effectuant la division et remplacant les lignes trigono- 
métriques par les arcs, on à très-approximativement : 


te 3m 
— == l + AA fj° 
/ 3KEs 
d'où 
/ J'! 
FUN Me, 
| + M4 0° 


EU 
û 
A ‘S 


Mettons cette valeur au lieu de / dans l'expression du 
moment du ressort (équation 67) après v avoir remplacé 
les lignes trigonométriques par les arcs ; puis effectuons 
les intégrations des équations différentielles, nous arrive- 
rons au même résultat final, sauf que la constante K” 
devient : | 

RES ON She er À 


VE 
420 1 + K) 

Ce qui montre que le numérateur de K'' est diminué 
par l'effet de la diminution de traction du ressort lorsque 
le pendule passe de la position verticale à la position +. 

. Pets . : 2 ; m 4 
Mais cette diminution est très-pelite à cause que 5 
toujours petit par suite de la grandeur de E, 


est 


— 674 — 


Ainsi la variation de traction exercée sur le ressort fa- 
vorise l'isochronisme, mais d'une manière presque insen- 
sible- parce que EE reste une fraction qui change 
peu # dont il est retranché et que la constante K'' reste à 

L% . 35+12K 
peu près équle LSTTN TES NS 

Les variations de température, en allongeant et en rac- 
courcissant le ressort, doivent probablement modifier légé- 
rement son action, puisque la longueur / est contenue 
dans la quantité K. 


» 


* 


RAPPORT 


DU COMITÉ MÉTÉOROLOGIQUE 


DE LA 
SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES DE NEUCHATEL 
pouf l'année 1860 


présenté par M. Ch. KOPP, professeur, 


Se 


Nous continuons le résumé des observations faites an- 
ciennement à Neuchâtel et dans le canton, en rappor- 
tant les phénomènes les plus remarquables recueillis dans 
les Annales de Boyve pour le 1ème siècle, et dans les 
observations manuscrites de Péters, receveur, et Pierre 
Péters, son fils, à Samnt-Blaise; ainsi que le résumé des 
observations faites en 1860 dans le canton de Neuchâtel, 
et celui des observations des trois lacs de Neuchâtel, de 
Bienne et de Morat. 


Hésumé 
DES 
PHÉNOMÈNES LES PLUS REMARQUABLES QUI SE SONT PASSÉS 
A NEUCHATEL 
DANS LE 18° SIÈCLE 


de l'an 1700 à l'an 1750. 4 


Extraits des Annales de Boyve, 
1700 — 1720. 
(Ces extraits sont précédés et suivis de guillemets « ».) 


— 676 — 
Résumé 
des remarques de ce qui est arrivé de plus extraordinaire par 
rapport au temps et aux saisons, de même que la production 
et la fertilité de la terre dans ce pays, dès le commencement 
de ce siècle par 
4 Monsieur le Receveur Péters à Saint-Blaise, 
de 1702 à 1793, 
el par son fils 
Monsieur le Greffier Péters à Saint-Bluise, 
de 1724 à 1728; 
et des remarques sur les saisons de l’année où j'écris Le temps qu’il 
fait durant chaque mois el la production des fruits de la terre, 
particulièrement ce qui regarde la vigne, commencé par moy 
Pierre Péters à Saint-Blaise, l'an 1729 
qui est la 24€ de mon âge, 
de 1729 à 1746. 


1700. «Année abondante. » 

1704. «Année pas très-abondante. » 

1702. «Année très-peu abondante.» Janvier: 4-4 froid, puis temps 
doux. Février : doux. Mars : il fait aussi chaud que le sont, 
depuis quelques années, la plupart des étés. Avril : 4-5, beau ; 
6-8, neige, froid et gelée; 9 avril au 4 mai, froid sans gelées ; 
5-31, beau temps avec bises, il fait cependant moins chaud 
qu'en mars. A Pâques il fait plus froid qu'à Noël. Juin : 4, 
petite grêle; 1-12, beau temps; 13-27pluie ; 28-30, beau et 
chaud. Juillet, 1-10, beau et chaud; le 3 forte grêle; 11-44, 
pluie; 15-28, vents froids, 29-31, chaud. Août : 1-7, beau; 
8-31, pluies. Sept: 1, brouillard le matin, après-midi chaud ; 
2-7, temps variable; 7, forte grêle ; 8-11, chaud; le 11 les enfants 
se baignent dans le lac; 12-30, temps ordinaire. Oct. : beau, 
le brouillard se lève chaque matin à 11 heures; puis il fait 
chaud. A Ja fin du mois neige et gelées. Nov. : 1-42, froid; 
143, dégel; 14-30, temps variable, vent et pluie. Déc. : temps 
ordinaire ; le 20 et le 31, vent très-fort, Le baromètre est très- 
bas. 


— 677 — 


1703. «On eut tres-peu de vin.» Janvier, 4-3, vents violents, sur- 
tout le 3, le baromètre plus bas que jamais ; 4-10, bise; 11-31, 
neige. Février: variable; la fin du mois, beau. Mars : 1-10, 
variable; 11-18, froid ; 19-24, pluvieux ; 25-31, beau. Avril : 
4-5, beau; 6-8, froid, neige; 9- Î 4, beau; 15, neige et vent; 
16, gelée blanche; 17-24, beau; 25, pluie et vent; 26 et 27, 
beau , 28-30, pluie. Mai : 1, pluie; 2-8, beau; 9-13, froid, 
pluies; 44, gelée blanche, beau; 15-20, beau: 20-31, beau et 
chaud. Le 20, des enfants se baignent au lac. Juin : pluvieux: 
beau, les 2, 5, 9, 14 et 30. Juillet : beau ; pluies, les 2 et 19. Les 
4, 5 et 6, il faisait très-froid, neige à Chasseral et à Chaumont. 
Août : chaud avec quelques pluies douces. Sept”: 1-10, beau; 
14-20, pluies; 21 et 22, matin brouillard, après-midi, beau; 
23-26, variable et pluvieux; 27, beau: 28-30, pluies. Oct., 
nov. et déc. : temps doux. Déc. 13-31, froid rigoureux. 

1704. «On eut peu de vin.» Janvier, Février et Mars: pluies, nei- 
ges, vents violents. La fin de mars, beau; le 28 mars, tonner- 
re et éclairs, grêle. Avril: 1-4, beau; 5, tonnerre; 6-8, beau; 
9-45, pluie; 16-30, beau. Le 30, grêle. Mai: 1-5, pluvieux 
et froid, neige à Chaumont. Le 3, grêle; 7-28, beau; le 22, 
grêle à Chaumont ; 29-31, pluies. Juin : 1-5, pluies, grêle; 6- 
10, beau ; 11-17, pluies avec grêle; 18, beau; 19-27, pluie; 
le 24, grêle: 28-30, beau. Juillet : 1-10, beau; 10-31, pluies 
et plusieurs grêles. Août : beau: le 3, pluie. Sept.. oct., nov. 
et déc. : beau et hiver doux et presque sans neige. 

1705. «On eut beaucoup de vin.» Janvier et février : beau, mais 
assez froid. Mars: beau; à la fin du mois le froid revient, 
neige chaque jour jusqu'au 12 avril. Avril, 12-26, beau; 27, 

. gelée la nuit; 28-30, beau. Mai : 1-25, beau; le 5, neige à 
Chaumont ; 24-31, neige et gelées blanches. Juin : 1-10, beau ; 
14-24, pluie; 25-30, beau. Juillet: beau et chaud. Août : beau 
et chaud, sécheresse. Les 19 et 22, pluie. Sept. : 1-3, beau; 
4-7, pluie, 8-18, temps frais ; 19-30, beau; oct. et nov. : beau 
et sec. Déc, 1-5, beau; 6-31, pluie. Eaux très-hautes. 

41706. «On eut beaucoup de vin.» Janvier et février : beau, sans 
neige, mais neige à la montagne. Mars : un peu froid et ven- 
teux. Avril : beau. Mai : 4-13 beau, le 13, on cueille des frai- 

ses mûres; 44-22, pluie; 23-31, beau, «Le 28 mai, inondation 


SNS JEU 


à Auvernier par un orage de grêle et de pluie, les ravines 
endommagèrent les vignes.» Juin et Juillet: beau, quelques 
pluies douces : dès le 12 juillet, chaleurs extraordinaires. Août : 
grandes chaleurs et extrême sécheresse à la montagne. Les 17 
et 28, pluie. Sept., oct., nov. et déc. : doux, presque sans 
neige ni glace. Année très-chaude, «Les marais des Ponts et de 
la Sagne furent desséchés. Année très-abondante. » 

1707. Janvier et février : doux; le 22 février, tès-chaud. Mars : 
chaud. Fin mars et avril: froid et neige; mai : 1-21, froid et 
neige; 22, chaud; 25-28, pluie; 29, beau; 30 et 31, pluie. 
Juin: 1-7, pluie; 7-30, beau et chaud; Juillet : 1-17; pluie; 
le 4, grêle, 17-22 beau; 25, grèle ; 23-31, pluie. Août : pluies. 
Sept. el oct. : laids. Nov. et déc. : doux, pluies, peu de neige. 

1708. «Il y eut peu de vin. » Janvier, février, mars et avril : 
fort doux sans neige ni glace. Le commencement du printemps 
fut humide. Le lac fut très-haut, cependant moins qu'en 
1689. Mai : beau et see. Les 5, 6 et 7, gelées. Juin : pluvieuxæ 
Juillet : 4-26, pluies, froid pour la saison: 27, premier jour 
ressemblant à un jour d'été; 27-30 beau; 31, grêle. Août : 
chaud, excepté les 22, 29 et 30. Le 22, grêle. «On vit des loups 
dans les montagnes.» Sept. : 1-11, chaud; 12-19, pluie; 20-30, 
beau; Octobre : beau, bises. La fin du mois, froid et neige. 
Novembre et décembre : doux, brouillards. 

1709. Janvier : 1-5, très-doux et humide; 6-24, froid très-inten- 
se. Le Jac ne gela qu'aux bords à cause de la bise qui Fagita. 
[ y avait aux fenêtres un doigt d'épaisseur de glace ; «le 6, 
après trois jours d'une gelée douce, qui avait duré jusqu’à 
midi du 6, le temps changea tout-à-coup et il revint un froid 
violent après-midi, qui dura trois semaines et qui causa beau- 
coup de mal en Europe. Il en résulta une cherté générale, la 
Broie gela et les bords du lac furent gelés. » Février : tres- 
froid. Le 13, dégel; 13-22, brouillard, temps très-doux; 23- 
3 mars, froid. Mars, 5-11, dégel rapide; 12 et 13, froid; 14- 
21, pluie; 22-93, beau; 24-31, pluie. Avril: 1-7, variable; 
8-22, beau; le 18 et le 21, les enfants se baignent dans le lac; 
23 et 24, pluie; 25-31, froid, neige au Val-de-Ruz; Mai: laid, 

-pluvieux. Les 16, 17 et 18, froid et gelées. Juin : pluvieux; 
le 15, les enfants recommencent à se baigner au lac. Juille(: 


— 679 — 
4-10, variable, 10-13, froid; 14-20, pluie ;:21-27 chaud: 28- 


31 pluie. Août: beau; les 2 7 et 8, pluie; mr 31, variable; 
Septembre : variable. L'hiver fut doux. «On fit très-peu de 
vin. » I] y avait si peu de raisin qu’il v en avait à la vendange 
comme dans les autres années, après vendange, dans le temps 
du grapillage. Le froid de hiver, les gelées de mai et Fété plu- 
vieux en furent la cause. 

1710. Janvier et février: temps ordinaire. Mars : 1-24, beau et 
chaud; 25-31, pluie. Avril: 1, beau ; 2-5, neige et froid; 5- 
30, temps ordinaire. Mai: temps ordinaire; les 1, 2 et 3, gelées 
blanches. Juin : temps très-favorable. Juillet, 1-16, pluvieux. 
Le reste de l’année, temps ordinaire. 

1714. Janvier : doux, froid les derniers jours. «On cueillit des 
fraises et des violettes dans les montagnes, le temps ayant été 
doux depuis l'automne. Mais l'hiver fut_ très Fude: dès lami- 
janvier». Février : Eaux très-basses. Le 9, grosse pluie qui a 
amené la fonte des neiges et, par suite, inondation du Seyon à 
Neuchâtel, le 10, beaucoup de neige qui fond rapidement. «La 
nuit du 9 au 10, les neiges abondantes ayant fondu tout d’un 
coup en peu d'heures, causerent un si grand débordement 
d’eau à Neuchâtel que les magasins de la rue des Moulins 
s’emplirent d’eau; ce qui arriva encore le 16, le débordement 
continua les 23 et 24.» Les eaux du lac sont montées plus haut 
qu'en 1708, mais moins qu'en 1689. Mars : pluie tout le mois. 
Avril: pluie. Mai: 1-15, pluie, neige et quelques gelées blan- 
ches; 13-928, chaud. Juin : 1-4, frais; 5-18, beau et chaud; 
19, pluie d'été; 20-29, beau et chaud; 29 et 30, pluie; Juil- 
ms : très-beau. Août : du 30 juillet-21 août, pluie; le 17, grê- 

; 22, beau: 23-4 septembre, pluie. Le reste de l’année fut 
as On cut beaucoup de vin, mais vert. 

3712. Janvier : 1-13, froid ; 44-534, doux; «le 14, à quatre heu- 
res du matin, débordement du Seyon à Neuchâtel. Les caves 
de laïville se remplirent d’eau. Gette inondation dépassa celle 
de Pan passé. Elle fut causée par une grosse pluie qui com- 
mença le soir et qui fondit la neige des montagnes.» Février : 
doux. On ne voyait plus aucune neige au Val-de-Ruz et mé- 
me bien peu sur les montagnes en sorte que les arbres com- 
mençaient à pousser. Mars : 1-10, doux ; 11-13, froid et neige 


\ 


— 680 — 


surtout le 19, jour où il est tombé une sit grande quantité de 
neige, que les chemins en plusieurs endroits étaient devenus 
impraticables. Elle s'est heureusement dissipée par le soleil 
petit à petit, en sorte qu'il n'y en avait plus guère à Pâques le 
27, quoiqu'il eût encore neigé le 26; 27-31, temps ordinaire. 
Avril: 4, beau; 2-18, pluie; 19-24, froid et neige; 25-30, 
beau. Mai : 1-2, beau; 3-27, pluie et temps frais. Juin : beau, 
la fin du mois, très-chaud. Juillet: 1 et 2, très-chaud; le 3, 
pluie et vent; 4-6, frais: 7-31, chaud , beau temps. Août : 
chaud et sec, Septembre : beau; le 3 et 10, pluie; le 42, on à 
encore pris des bains au lac. Oct, nov. et déc, : temps ordi- 
paire. Le vin fut bon et abondant. 

1713. Janv., févr., mars: peu froid. Avril: froid; 19-34, neige 
chaque jour. Mai: 1-13, froid; 14-18, chaud ; 19-29, brouil- 
lard; 23-27, chaud; 28-31, froid, neige à Chaumont. «On a 
semé en mars par quelques beaux jours quoiqu'il fit froid. Ces 
semailles furent suivies de pluies froides et de fortes gelées 
jusqu'au 30 avril, En nai, on eut des bises froides, et l'air ne 
ne se radoucit qu'au milieu d'août. » Juin : froid sec pour la 
saison. Il a neigé à la Chaux-de-Fonds, on chauffe les four- 
neaux comme en hiver, même au Val-de Ruz. Juillet : 1-5, 
beau; 6, pluie; 7-22, froid. Le 10, il a neigé au Val-de-Ruz, 
gelée blanche sur le marais de Saint-Blaise; le 14, il fait bien 
froid ; «le 10, on eut des glacons au Val-de-Ruz; le 45, il gela 
au Val-de-Ruz et à la montagne;» 23, pluie; 24-26, beau; 27, 
pluie; 30 et 31, beau. A la Chaux-de-Fonds on a chauffé pres- 
que tout le mois les fourneaux, ainsi qu'aux Ponts. A la Chaux- 
de-Fonds le 9 et 10, il y tombait des flocons de neige aussi 
épais et aussi gros qu'il fait communément au temps de Noël. 
Août : 1-21, pluies avec quelques beaux jours: 22-28, bise ; 
29 et 30, beau; 31, pluie. Sept. : 1-8, pluie avec deux ou 
trois beaux jours; 9, beau; 10 et 11, pluie; 12-14, beau; 45- 
17, bise; 18-93, chaud; 24-30, bise. Oct. : 1-3, pluie; 4 et 6, 
beau et gelée blanche ; 7 et8, pluie et froid. Le reste du mois, 
temps variable. Nov. : 1-11, doux; 12-14, froid piquant ; 15- 
31, doux. Déc. : 1-5, bise, froid très-intense; 6-26, doux et 
brouillards; 27-31, très-doux. Le 30 au matin, il a tonné, et 
le 31, on a vu des moucherons en quantité. On a été surpris 


— 681 — 


de voir des arbres encore chargés de leurs feuilles, à la fin de 
année, malgré les gelées et le froid qu’il a fait. «Le 29 nov., 
il tonna , il fit un vent très-chaud et on a eu de longues 
pluies, ce qui causa un prompt dégel, car il ÿ avait auparavant 
un froid violent qui avait duré quelques jours.» [Il y eut peu de 
vin. La pourriture s’est mise aux raisins d’une manière si 
prompte qu’elle a surpris tous les vignerons. 

1714. «Les feuilles des arbres ne tombèrent qu'au printemps. » 
Janv. : 1-5, brouillard; 6, jour d'été; 7-14, brouillard; 1517, 
bise très-forte; 18-31, brouillard. Février : Disette d’eau à la 
montagne, il v a fait janvier et février, un vrai printemps. Le 
lac est très-bas. Beau; pluie, le 16 et 22; neige, 28 et 29. 
Mars : 1-15, froid ; 16-28, beau ; 29-31, pluie. Avril : 4 et 2, 
fort froid; 3-7, beau; 8, neige; 9-13, doux, 14-48, neige, 
gelées fortes, de la glace; 19-25, beau et chaud. On a vu des 
éffants se baigner au lac, ce qui est surprenant; 25-29, pluie 
et frais; 30, bise froide, Mai : 1-14, froid, gelées blanches. Le 
1, glaçons aux chénaux des moulins; 15-31, pluies chaudes. 
Juin : 1-14, beau; 15-30 pluies. Juillet : 1-30, beau et chaud, 
quelquefois de bonnes pluies douces; 31, pluie et vent. Août : 
temps favorable, quelques pluies douces. Sept. : le 45, vent 
très-violent, pluie froide, C’est en cette nuit que le terrible in- 
cendie de Neuchâtel est arrivé, ayant commencé à dix heures 
du soir. La fin de l'année, temps ordinaire. 

1715. Janvier : pas bien rude. Février, mars : temps ordinaire ; 
le 29 mars, fort froid. Avril 1-6: froid; le 4, neige jusqu'au 
bord du lac; 7-30, beau, chaud ; le 21, tous les arbres sont en 
fleurs ; le 26, bonne pluie chaude. Mai : 1-24, fort chaud ; 25- 
31, bise. Juin: 1-10, grande chaleur; 11-19, pluie; 19-21, 
beau ; 21-30, pluie. Juillet : variable, moins chaud que juin. 
Août : 1-12, temps froid pour la saison, sans pluie ; 43, pluie ; 
44-17, très-chaud; 48, pluie; 19-31, beau. Sept. et octobre : 
temps favorable. Nov. et déc. : assez beau, à la fin de l’année, 
neige. «L'été fut si sec, qu'au mois d'août le bétail ne trouva 
plus de quoi se repaitre sur les pâturages. On fit peu de fom.» 

1716. Janvier et février : froid et beaucoup de neige. Mars: le 
dégel se fait très-lentement, neige de temps en temps. Avril : 
1-10, froid; neige, le 5 et le 8: 44 et 12, beau et chaud; 


— 682 — 


43-19, beau et froid ; 20-29, beau. Il y a encore toujours de 


la neige le long des haies. Le 29, . le 30, première pluie 1 


depuis Ja S'-Martin 4745. Mai: 1, neige; 2-17, froid , à la 
montagne beaucoup de neige; 18-31, beau et chaud; les 29 
et 30, pluie chaude ; le 98, les enfants ont commencé à se 
baigner au lac. Juin: le 2, la montagne de Boudry est blan- 
che de neige ; 1-10, beau ; 11-44, pluie; 15-27, beau et chaud ; 
28-30, pluie; le 29, brouillard épais. Le 14, il a fortement 
neigé aux montagnes, et à Chaumont il faisait bien froid. Juil- 
let: 1-8, froid et pluie : 9, chaud, le soir, pluie, vent très- 
violent et si froid qu'il gelait et neigait à la montagne. «Le 9 
juillet il gela au Val-de-Ruz et le soir il fit une pluie froide qui 
dura plusieurs jours. Le 10, il tomba de la neige sur la monta- 
gne » 9-17, vent, temps froid; 18-31, beau. dar 1-28, beau 
temps. Il plutles 10, 19 et25:; 29-31, bise ; le 29, gelée blan- 
che. Sept. : 1-8, bise, beau temps; 9, pluie : 10-15, beau ; 16- 
30, vents violents, pluies, La neige prend pied à la montagne. 
Oct. : 1-23, pluies, temps froid; 23-31, brouillard le matin, 
assez doux après-midi. Les vendanges ont eu lieu le 27. Le vin 
était vert. Nov. el dée, : temps ordinaire. des vendanges furent 
fort tardives, on ne commenca que Je 26 octobre. Le vin fut 
vert, on en fit peu. Les légumes furent détruits par une pro- 
digieuse quantité de chenilles. En septembre, les gelées firent 
du mal aux grains des montagnes et les pluies longues qui sui- 
virent, les gâtèrent presque entièrement. » 

1747. Janvier, février et mars : temps ordinaire. Avril : froid à 
cause de la bise. Le 21, première pluie. Mai : froid, pluvieux 
et venteux, gelées blanches. Juin: 1-8, beau et frais; 9-19 
beau et chaud: 13-16, pluie : 17-20, beau et chaud; 24, 
pluie: ie 26, chaud et beau: 27, pluie, orage: 28-30, pluie. 
Juillet : 1, beau; 2-7, pluie; 8-31, beau et hien chaud. Août : 
1-29, beau, mais pas aussi chaud qu'en juillet à cause de la 
bise, très- si de pluie; le 29, pluie, orage. Septerabre : à 
orage, 3-4, froid, il a fortement gelé à à la montagne ; 5-8, bise ; 
9-25 , ss et pluie douce; 26-30, bise très-froide et forte. 
Oct. : beau temps. Nov. 1-23, beau temps. Les eaux sont ve- 
nues tres-basses ; 24-31 décembre, pluies et vents continuels 
de sorte que les eaux sont remontées fort haut. On à fait une 


F — 683 — 


assez abondante récolte et un fort bon vin. «Le printemps fut 
très-froid. Il tomba de la neige le 11 mai, il gela le 12, et tou- 
tes les nuits furent fort froides. Cependant cela ne fit pas de 
mal. Au commencement de décembre vent du midi des plus 
violents qui dura plusieurs jours et qui produisit de grandes 
pluies et une grande inondation. » 

1718. Janvier, 1-22, vent et pluie; 23, très-doux ; 24-34, froid 
violent et bise, pas de neige. Février: 1-2, froid et bise; le 
6, neige; le 11, bise; 12-19, froid, mais calme; 20, pluie, 
la neige fond. Mars : le 12, neige: 12-31 beau et chaleur ex- 
traordinaire de sorte que de souvenance d'homme on n'a pas 
vu un plus beau mois de mars. Avril: 1, beau et chaud: 
2, pluie; 3-5, pluie et froid; 6-7, neige; 8-13, froid, gelées 
blanches ; 14, pluie ; le 14, orage; le 15 au soir, ouragan 
furieux ; 15-16, froid et neige à Chaumont ; 17-19, pluie ; 20- 
30, beau et chaleur assez forte pour la saison. «Mars et avril 
furent très-chauds à la réserve d’une dizaine de jours au com- 
mencement d'avril pendant lesquels ilgela.» Mai : 1-9, fort beau 
et bien chaud; 10-12, pluie; 13, froid, neige à Chaumont ; 
14-16, temps variable ; 17, beau temps; 18, gelée blanche; 19- 
26, chaleur étouffante; 27, pluie; 30, pluie; 31, éclairs sans 
grand tonnerre, pluie. On à eu peu de fruits; la vermine a 
tout rongé. Juin: 1, orage; 2-21, beau et grande chaleur ; le 
10, 45,16 et 21, pluie; le 21, grêle au Val-de-Ruz et 
à Chaumont. «Le 20, grêle à Neuchâtel et au Val-de-Ruz qui fit 
un grand dégât ; 21-27, pluie ; 28-30, beau. Juillet : beau tout le 
mois, grandes chaleurs; le 13 pluie. Août : 4 et 2, beau, vent; 
3 et #, pluie; 5, beau; 6-11, grandes chaleurs; 12 et 43, 
pluie; 14-25, grande chaleur; 26-31, beau, excepté le 95, 
orage. Septembre : tout le mois fort chaud ; le 13 et 14, bonne 
pluie. Abondantes vendanges et vin excellent. On a remarqué 
que pendant ces vendanges qui, à cause du beau temps et de 
Fabondante récolte, devaient inspirer de la joie, on était dans 
un morne silence et comme consterné; ce qui était causé par 
l'embarras de trouver des tonneaux et des tonneliers. Oct. : 
1-5, chaleur extraordinaire pour la saison; 6-10, variable, 
H1-A17, forte chaleur pour la saison. 48-19, brouillard, 20, forte 
gelée blanche. 21, froid. 22-26, pluie 27, neige. 28-31, varia- 


— 684 — 


ble. La pluie du 22 a duré 24 heures, elle est venu à propos, 
car les eaux étaient si basses avant la nuüit du 21 que la plupart 
des fontaines étaient taries. Les barques ne pouvaient plus 
entrer dans la Thièle sans raseler presque toute leur charge, 
personne ne pouvant se souvenir d'avoir vu le lac plus petit. 
Le haut des pilotis de mon port ‘à M. le receveur Péters) étaient 
à sec, en sorte que je pouvais faire le tour de ma battue et 
sans mouiller le pied. «La sécheresse continua jusqu’en octo- 
bre; on fit beaucoup de vin et de graines. » Nov. : très-doux. 
Déc. : 1-21, très-doux; 21-31, hiver ordinaire; 

1749. Janv. : 1 et 2, a trnids 2-17, pluie el vent violent; 18, 
calme ; 19- 94, pluie ; 22, doux comme en mai; 22 janv.-22 fév., 
pluies. Les eaux ont beaucoup haussé. Mars: 1 et 2, neige; 3- 
25, beau temps, surtout le 7, chaleur extraordinaire pour la sai- 
son; 26, neige abondante au bord du lac, froid; 27-29, neige ; 
30-31, dégel. Avril: 1-10, froid, il gèle comme en plein hiver; 
Alet 12, beau; le 21 janv., mon baromètre élait au 19" degré 
ce qui marque le beau temps continuel, et cependant la pluie 
est venue. Le baromètre était le 1 avril à la pluie depuis 
longtemps, une quinzaine de jours, sans qu'il ait plu; 45, il 
tonne; 14 et 15, beau; 16, gelée le matin, neige; 17-30, froid, 
gelées blanches, bise, Mai: #-1%, bise: 15-24, chaleur; 
25, vent et petite pluie; 26-31, beau. Juin : très-chaud et 
sec; le 4, une petite pluie; 8-13, forte bise; le 14, petite 
pluie; 15-18, bise. De mémoire d'homme on n'a vu une 
semblable sécheresse pendant le printemps. Plusieurs vachers 
ont renvoyé leurs vaches, faute d'herbes. Si cette sécheresse 
continue, la vigne s'en ressentira et on aura si peu de foin 
qu'il faudra tuer une grande partie du bétail pour pouvoir 
hiverner le reste. Plusieurs prés ne promettent absolument 
rien, et ceux qui rendent la moitié ou le tiers des autres an- 
nées, sont rares. Les orges sont aussi dans un pitoyable état, 
les dernières semées ne produisent rien , le grain n'étant non 
plus germé que s’il était resté dans le grenier; 19-24, pluie. 
La terre labourée a été bien trempée, ce qui n’était pas arrivé 
pendant tout le printemps. Le raisin commençait à se flétrir et 
à tomber; 22, beau; 23, gelée blanche, surtout forte aux 
montagnes: 24, beau ; 25 et 27, pluie. La sécheresse a cessé. 


HA 


«Le printemps fut très-sec. Il ne plut point du milieu de mars 
an 20 juin, si ce n’est par petites ondées, qui ne tombant que 
par intervalles de quelques semaines, ne faisaient que de causer 
de plus en plus la brûlure. 1 fit assez froid au milieu de mars, 
mais dès-lors on eut une chaleur si excessive que l’herbe sécha 
tellement qu'on ne fit que le dixième du foin qu'on avait cou- 
tume de faire. On vendaitle bétail à vil prix ; le grain ne réussit 
que dans les endroits frais et il doubla de prix. Il + eut en outre 
un grand nombre de sauterelles qui firent du mal.» Juillet: 4, 
très-chaud ; dans la nuit du 2 au 3, grêle; le 3, grêle; le 4, 
orage et pluie; 5-12, plusieurs pluies bienfaisantes; 13-31, 
beau temps, grande chaleur ; le 22, grêle. Août : tout le mois, 
chaleur extraordinaire ; 25 et 26, pluie. Septembre : 4, très- 
chaud ; 2-6, sec; 7, pluie ; 8-12, bise; 13 et 14, pluie. Le reste 
de l’année, temps ordinaire. La vendange a été très-abondan- 
te et le vin fut bon, en sorte qu'il est bien sûr que les années 
de sécheresse sont les meilleures pour la vigne. 

1720: L'année a commencé par un temps très-doux ; mais à par- 
tir du milieu de janvier, le froid et la neige sont venus et ont 
duré si longtemps que le printemps n'a commencé que le 15 
avril. I a fait froid et un temps variable jusqu'au 47 avril, la 
neige ayant persisté jusqu'alors, dès-lors il.a fait chaud. Mai : 
4, chaud, orage et pluie. On a eu de la pluie jusqu’à mi-mai, 
neige à Chaumont; le reste du mois, sec et beau. Juin: le 
commencement fort chaud et plus chaud qu'en 1719; le 5, 
grêle; le 7, grêle ; 5-26, pluvieux; 27-29, grande chaleur; 30, 
pluie. Juillet: 1, sombre et vent; 2, pluie; 3-25, variable; 
26-31, beau. Août: temps variable et très-souvent des pluies; 
28, orage; 30, pendant la nuit, orage et grêle. Sept. : 2-5, 
beau temps; Get 7, pluie; 15, gelée blanche et le soir grêle; 
19-23, pluie; 24-30, beau, mais frais. Octobre : 4-12, beau; 
13-18, pluie; le 48, orage, grêle; 29, gelée le matin; 31, 


€ 


beau. On a eu des vendanges désagréables en raison du froid 
et des pluies. Novembre : 4-2, pluie; 3-18, beau; 18-29, froid 
et gelée; 21-31, variable. Déc. : 1-10, pluie. Les eaux ont 
extrêmement haussé ; 10-31, variable, pluies. 

1721. Janvier : 1-15, brouillard, à la montagne chaud et beau: 
15-21, beau; 22 et 93, brouillard; 24 et 25, pluie; 26, neige, 


BUL,. DE LA SOC, DES SC. NAT. T. V. 44 


— 686 — 

mais doux; 27-29, doux; 30 et 31, bise, froid, gelée. Févr. : 
1, neige, mais doux; 2-4, beau: 5-8, pluie; 9, premier froid 
intense de l'hiver, la neige prend pied pour la première fois; 
10-98, froid, il gèle. Mars : 1-5, brouillard, doux; 6-21, bise, 
froid intense: 22-25, doux : 26, pluie; 27-31, doux. Avril : 1- 
45, donx; 16-20, pluie; le 16, il a tonné, grêle; 24, froid, 
neige à Chaumont; 22, froid; 23-27, doux; 98 et 29, froid; 
30, pluie, Mai : tout le mois, pluies; le # et 26, neige jusqu'à 
ni-côte. Juin : 4, temps sombre, on voyait le soleil comme on 
voyait la pleine lune; 2-9, beau; 10, frès-chaud; 44 et 12, 
pluie; 13-16, beau ; 7 26, petites pluies; 27-30, pluie. Juil- 
let : 1-3, pluie; 4-6, petites pluies; 7-J8, bise, beau; 19-31, 
pluie et le 20, grêle. Août: 1-10 chaud; 10-31, pluvieux. 
Sept. : 1, beau; 2-4, pluie; 5-7, brouillard le matin, chaud 
après-midi. Le 7, on s'est baigné au lac; 8-12, beau; 12-24, 
pluvieux; 25-30, brouillard le matin, chaud ipresiniiltl Oct. 
1-6, chaud; 7-16, bise et neige; 17-22, beau; 22-31, plu- 
vieux: le 29, orage. Nov. : 1-8, pluie; 9-10, beau; 11-13, 
brouillard ; 44, beau; 45, pluie; 16-20, brouillard; 24, beau ; 
22-27, brouillard; 28-30, froid. Dée.: 1-12, pluie: 13-16, 
froid ; 17-31, pluvieux. 

1722. Janv. beau, brouillards fréquents, sans neige et sans 
pluie, Février : 4-15, variable, pluies fréquentes ; 16, neige ; 
17-20, pluie; tonnerre, Je 19: 21-28, chaleur extraordinaire 
pour Ja saison, Mars: 1-2%, beau temps, chaleur extraordi- 
naire pour la saison; pluies le 4, 9 et 10; 25-31, froid inten- 
se; neige, surtout . 29; très-forte gelée, le 34. Avril : { et 2 
beau et peu froid; 3-5, froid et forte gelée la nuit; 6-8, pluie: 
9-22, bise ; très-froid à à partir du 20; 23-28, beau; 29 et 30, 
pluie; le 31, éclairs, tonnerre et un peu de grêle. Mai : 1-9, 
froid : 10-12, chaud: 13 et 14, bise forte : (5-2 5, pluie; 26- 
28, bien chaud; 29 et 30, pluie; 31, beau. Juin : 4, beau; 
2et 3, pluie; 4-6, beau; 7-10, pluie : le 7, tonnerre, pluie et 
grêle qui a fait du mal; 11-16, beau ; 17 et 18, pluie; 19-24, 
beau: 22, pluie; 23-30, beau. Juillet: 1-12, beau; le 8, 
pluie ; 13-51, variable, tantôt beau, tantôt pluie. Août: 1- 
17, variable ; 18-23, grande chaleur ; 24, pluie ; 25-31, beau. 
Du { Sept. au 25 Oct., beau; le 26, il à plu enfin. Le reste 
de l'année, temps ordinaire. 


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17923. Janv.: 1, pluie; le reste du mois, temps ordinaire ; mon 
baromètre était au premier degré le 4, ilest monté au onzième 
le 2, au quinzième le 5, an seizième le 4, au dix-septième le 5, 
et au vingtième le 6, Fév. : 1-43, pluie fréquente ; 10-14, très- 
froid. Du 14 Février au 25 Mars, beau ; 24-25, pluie ; 26-31, 
beau. Avril: beau, sans aucune pluie. Mai: 1-11, beau, 
sécheresse extraordinaire pour la saison ; 12-13, petites pluies ; 
14-21, beau ; 22, petite pluie; 23-27, beau ; 28-31, froid. 
Juin: 1-5, froid; 6-30, chaud, surtout le 46. I à plu le 4, 
6,7, 16 et du 24 au 30. Apres le 7 la terre labourée était trem- 
pée, mais la terre non labourée n’a pas été trempée bien pro- 
fond même à la fin du mois. Le 46 orage. Juillet : 1-24, pluie, 
presque chaque jour; 25-31, beau. Août: très-chaud, mais 
pluie presque chaque jour. Sept. : beau et bise; pluie le 30, 
Oct. : 4-5, pluie; le 3, orage ; 5-51, beau, excepté 18-19, pluie. 
Nov. et Déc. : beau, fin décembre un peu de neige et de pluie. 
Vendanges très-belles et abondantes. 

1724. Janv., Fév., Mars : beau temps. Avril, Mai, Juin : temps 
variable. Juillet, Août, Sept. : beau temps. Pluies au milieu de 
Sept., Octobre et commencement de Novembre : variable, Fin 
Novembre et Décembre : beau et doux. Belles vendanges et 
très-abondantes. 

1795. Janv. et Fév.: beau. Mars et Avril: il a presque toujours 
plu et neigé. Mai et Juin : temps inconstant, brouill. fréquent. 
On n'a pu sécher les foins qu'avec précipitation ;/ en profitant 
des moments de chaleur qu'il faisait de temps en temps. Juil. : 
4, pluie ; 2, joran ; 5-4, beau ; D, pluie ; 6-15, beau ; 44-15, 
pluie ; 16-17, beau ; 18, orage et grêle ; 19-26, froid pour 
la saison ; 27-51, beau avec de petites pluies. Août: 4-2, pluie : 
5-», beau; 6-8, pluie; 9-11, beau ; 12-15, pluie; 16-19, va- 
riable ; 20, beau ; 21-51 ,pluie. Sept. : 1-2, pluie ; 5, beau; 4, 
pluie ; 5, beau ; 6, pluie; 7-10, beau et très-chaud ; 11-35, 
beau, bise, puis fort chaud ; 26-28, pluie ; 29-50, beau. Oct. : 
1-8, variable : le 4, orage avec grêle ; 9-23, beau ; 25-25, 
pluie ; 26-51, beau. Nov. : beau, la fin très inconstant, Déc. : 
temps inconstant, tantôt grandes gelées, puis dégels subits ; 18, 
vent impétueux, éclairs, tonuerre et grêle, la côte était toute 
couverte de neige ; 26-54, calme et comme des jours d'été; peu 
de vin. 


= O8 


1796. Janv. : 1-6, neige et pluie; 7, tres-froid ; 8-12, moins 
froid ; le _ ge et très-froid ; 16-21, froid aussi rigoureux 
qu’en 1709; 22, dégel ; 25-31, désagréable. Fév.: d’abord beau, 
puis pluie, puis beau, et enfin pluie. Mai: au commencement 
beaucoup de neige, surtout aux montagnes où il y en avait 
déjà en quantité, de sorte qu'il y en a présentement prodigieu- 
sement ; au milieu du mois bise ; à la fin assez chaud, Avril : 
1-5, froid, surtout le 5 ; 6-8, le froid diminue: pluie mais 
neige à Chaumont ; 9-20, beau temps ; 20-50, variable: Mai : 
1-26, beau ; le 5, neige à Chaumont ; 27-938, pluie ; le 27, 
orage ; le 28, grêle ; 29-51, brouillard. Juur: beau, très- 
chaud ; au commencement du mois des brouill. Juil. : 1-5, pluie ; 
4-5, beau ; 6-7, pluie ; 8-22, beau et bien chaud ; le 25, pluie 
et grêle ; 24, beau ; 25-26, pluie; 27-51, beau. Août: 1-5, 
beau ; 4, orage ; 5-11, beau avec pannes petites pluies ; 12, 
pluie ; 15-51, très-chaud. Sept. : 1-2, petites dE 5-15, sec ; 
16-19, pluie ; 20-25, beau ; 26-50, pluie. Oct. : 1-5, beau : À- 
1, pluie, vent; 8- 19, beau ; 20-51, désagré able. Nov. : désa- 
gréable jusqu'au milieu du mois, puis beau, violettes fleuries. 
Fin du mois, pluie et vent. Déc. : premiers.jours, beau ; puis, 
pluie et neige qui ne dure pas, même à la montagne ; les der- 
niers jours du mois, la neige prend pied. 

1727. Janvier: 1-2, beau: 3, dégel ; 4-51, variable, doux. Fév. : 

beau, quelques petites pluies ; les derniers jours, bise et gelées 

blanches. Mars : beau, au milieu du mois quelques pluies : 

les derniers jours, froid et surtout le 54. Avril : 1-5, froid ; 4- 

6, beau ; 7, tonnerre, pluie ; 8-10, pluie ; 14-14, beau et chaud; 

15, pluie ; 16, variable ; 17, pluie ; 18-19, froid ; 20-30, tan- 

tôt froid, tantôt très-chaud. Mai: 4, pluie; 2, beau, la nuit 

pluie et orage ; 3, pluie ; 4, brouillard épais le matin, chaud 
après midi ; 5-11, chaud ; le 6 pluie, les enfants se baignent 
au lac ; 12-51, jours très-chauds et de temps en temps pluie. 

Juin: chaud, presque chaque jour pluie? Juillet: temps très 

variable ; le 12, brouillard sur le lac comme en automne. le 

13, pluie; 14-19, beau, grandes chaleurs; 20, pluie, tonnerre ; 

21, beau ; 22-31, chaud, mais temps désagréable par les fré: 

montés pluies. Août: 1, variable ; 2-4, beau ; 5-6, pluie ; 7- 

31, beau, Sept.: 1-2, variable; 3-12, beau ; 13, pluie; 14-15, 


— 689 — 


beau ; 16, pluvieux ; 17-30, beau. Oct. : très-beau, fort chaud 
sauf quelques pluies au milieu du mois ; abondantes vendanges 
et bon vin ; un ouvrier de vigne à donné 7, 8 à 9 gerles et au- 
dela. Nov. : très-froid, surtout les derniers jours. Déc. : très-hu- 
nide, surtout depuis le milieu du-mois jusqu'au 25 : 26-27, 
sec et froid ; 28-29, pluvieux ; 30-31, assez beau. 

1728. Janv.: 1-8, humide et pluvieux; 9-10, froid et neige; LA, 
dégel ; 12-14, pluvieux ; 15-16, beau: 17-31, variable ; pluies 
fréquentes. Fév. : 1-2, humide ; 3-17, froid et sec; 18-22, 
doux et beau ; 23, brouillard ; 24-34, beau. Mars: doux et 
beau; le 1, neige qui fond ; les 8, 9, 21, 31, pluies ; le 29, 
tonnerre. Avril: 4, blanche gelée, pluie, puis beau: 2-9, beau, 
mais le 4 pluie et gelée blanche ; 40, froid, pluie, neige à la 
montagne ; 11-14, beau ; 15-17, pluvieux ; 18, pluie, neige ; 

7 19, gelée blanche ; 20-30, beau ; Mai : 4-2, beau ; 3-4, pluie, 
neige à la montagne; 5-9, pluie; 10-14, beau ; 12, pluie ; 15, 
beau et chaud ; 14-15, beau, pluie la nuit ; 16-48, pluie ; 19- 
20, beau, bise ; 21, pluie, orage, très-chaud ; 22, beau; 25, 
bien chaud, le soir orage ; 24-28, beau et vent; 29-314, bise, 
matinées froides, beau. Juin : 1-14, beau et chaud ; 12-13, 
pluie ; 14-17, chaleur extraordinaire, beau; 18-25, pluie ; 
26-30, beau, grandes chaleurs ; le 30, grêle, Juillet: 4, pluie ; 
2-8, très-chaud, beau ; 9, pluie ; 10-24, beau ; 25, pluie ; 26- 
27, beau ; 28-29, pluie ; 30-31, beau avec de petites pluies. 
Août : 1, orage ; 2, pluie ; 3-31, beau, très-chaud, Sept, : 1- 
17, très-chaud, beau ; 18-20, frais, pluie ; 21-30, beau. Oct. : 
1-5, doux ; 6.31, variable, Nov. et Déc. : temps ordinaire, la 
{in de l’année assez froide. Vin délicieux. 

1729. Janv.: 1-2, doux ; 3-31, très-froid, Il y à eu cependant 
quelques coups de tonnerre. Fév.:1-7, pluie et neige ; 8-1#, 
très-froid ; 15-17, beaucoup de neige ; 18-20, très-froid ; 21-22, 
doux, fonte rapide des neiges. Mars: 8, % et 10, très-froid ; 
21-22, neige; 23-28, froid; 29, très-doux; 30-31, très-froid; le 
lac a gelé de l'épaisseur de trois à quatre pouces de St-Blaise à 
Neuchâtel. Avril: le #, chaud, orage, grêle et pluie, neige à 
Chaumont ; 6-7, neige sur la côte ; le 11, grêle ; le 21, gelée 
blanche ; 22-30, pluie. Mai : 1-9, pluie; 10-11, pluie, orage ; 
12, chaud, pluie, orage, joran très-impétueux ; 18-19, pluie 


— 690 — 


froide, neige à Chaumont; 20-25, pluies ; 26-31, beau. Juin 
1-2, chaud, le soir éclairs et tonnerre ; 3-25, beau ; 26, pluie 
douce. Juillet : le 19, ouragan, orage, grêle ; les 29, 30 et 31; 
fortes pluies. Août: 1-8, pluie; S-11, bise froide; 12-31, plu- 
vieux. Septemb.: 1-15, chaud et beau: 16-30, pluvieux; le 30, 
éclairs et tonnerre. Oct.: 1-10, pluie: 11-24, beau; 25, la 
montagne de Provence est blanche de neige: 25-31, pluie. 
Nov. : ordinaire. Déc. : pluvieux, à la fin du mois quelques 

jours doux avec brouillards. Vin très-mauvais. | 
1730, Janv. : 1-5, brouillard ; 6-51, beau. Fév.: 1-2, neige et 
pluie ; 3, pluie; 1-5, gelée; 6, pluie; 7, froid; 8-10, pluie 
avec vent: 11-13, neige; 14-28, doux, variable. Mars: pluie, 
neige et soleil mais en général pluvieux. Avril: beau :; avec 
quelques gelées blanches ; le 19, pluie, neige à Chaumont. 
Mai : 1-2, froid; 11-13, froid, le soir du 13, pluie et grêle; 19, 
srêle ; 28, orage ; le mois fut pluvieux. Juin : le 7, grêle ; le 
milieu du mois a été froid. Juillet : le #, pluie, orage, grêle ; 
le 5, pluie copieuse ; le 7, on voyait trois sortes de raisins aux 
vignes et même dans une même vigne ; il y en avait comme 
des lentilles, d’autres qui commencaient à défleurir et d’autres, 
enfin qui n'avaient aucune apparence de fleurir, le temps avait 
toujours été trop pluvieux et les brouillards de fin Mai et de 
Juin avaient fait beaucoup de mal. Le 27, il fit bien froid, neige 
à Chasseral, gelée à la montagne. Depuis le milieu du mois, 
temps froid et grosses pluies. Août: 1-9, joran froid : 10-20, très 
chaud: le 27, on voyait des raisins mürs et d’autres en fleurs : 
# Je 28, orage; le 30-31, bise froide et violente. Sept. : 10-19, 
pluie, pendant Ja nuit éclairs et tonnerre ; le 23, froid ; le reste 
du mois entremêlé de chaud, de froid et de pluie. Oct. : 4-8, 
chaud : 9-10, pluie froide; 13-14, froid ; quelques partieuliers 
ont vendangé ; le 15, de 5 heures à 6 heures du matin, pluie 
copieuse, de G heures à 10 heures du matin, 3 pouces de 
neige, de 4 heures du soir jusqu'au malin du 16, neige conti- 
nuelle, il y en avait un demi pied: le 16, froid ; 17-25, froid : 
on chauffe les fournaux: du 15 au 16, il gela très-fort comme 
en hiver; le 16, la neige diminua peu, les enfants glissèrent 
avec leurs fairons deux jours de suite: le 17, on fut con- 
traint de reculer le ban des vendanges, à cause du froid et de 


— 691 — 


la neige, jusqu'au 23, ce qu'il ÿ à de particulier c'est qu'aux 
montagnes il w'en est point tombé: il n’y en avait ni au 
Locle, ni à Chaux-de-Fonds ni à La Sagne, ni à Chasseral, 
il y en avait aux Hauts-Geneveys et elle s’étendit dans les can- 
tons de Berne, Soleure et Fribourg : du 15 au 16, on entendit 
du tonnerre. À Hauterive et à Cornaux on à vendangé deux 
jours plus tôt qu'à St-Blaise, ils étaient obligés de secouer la 
neige des ceps; le 24, 25 et 26,11 a plu: sur la fin des vendanges 
le raisin se trouva si tellement pourri qu'en secouant les ceps 
tous les grains tombaient, les vins n'ont pas laissé que d’être 
bons, mais surtout ceux qui ont été vendangés avant les neiges 
ont été trouvé excellents, cependant ils ne valaient pas le 1728 
qui était délicieux. Nov.: le #, on vendangeait encore : 7-17, 
pluie ; le 17, neige à Chaumont: 18-28, beau ; 29-30, pluie. 
Déc. : 1-5, pluvieux ; 6-24, froid, pluie et neige ; 25-26, froid : 
27, doux, couvert: 28-29, couvert, froid: 30, froid, beau : 31, 
froid, brouillard bas. 

1731. Janv. : 1-2, froid, brouillard ; 3, chaud ; #, pluie, gelée la 
nuit ; 5, couvert, doux, le reste du mois neige, pluie et quel- 
quefois soleil, Fév. : 1-5, neige ; 6-7, pluie, doux ; 8-11, neige 
il y en à quatre pieds, bise ; 14-15, chaud le jour, gelée la nuit; 
le 22, le lac a gelé devant St-Blaise, la glace avait un demi 
pied d'épaisseur en certains endroits: 20-22, chaud, la neige 
diminue ; 25-26, pluie douce puis neige qui fond ; 26-28, pluie 
douce malgré la bise : on écrit qu'à Naples, à Rome et à Turin, 
on n'a jamais vu aulant de neige et un hiver si rude, à Besan- 
çon il y avait 10 pieds de neige dans la ville et à la campagne. 
Mars : 1-7, chaud, gelée la nuit; 25, les neiges ont disparu ; 
les lacs de Bienne et de Morat on été gelés, ce qui a duré jus- 
qu'au 27 de ce mois, qu’ils sont tout à fait dégelés ; le lac de 
Morat a regelé depuis. Le reste du mois, pluie, neige et vent, 
avant encore gelé les derniers jours. Avril: 1-6, neige ; 17, 
on voit encore de la neige: 21-23, neige à Chaumont ve- 
nant de bise, il est à remarquer que la grande quantité de neige 
qu'on à eu est venue de bise et s’est aussi fondue par la bise 
et le soleil, sans que cela ait causé le moindre mal : 28-30, va- 
riable, soleil, pluie et vent. Mai: 1, pluie, neige à Chaumont : 
6, pluie, éclairs et tonnerre vers Yverdon: 7-9, pluvieux ; le 9, 


gelée blanche ; 10-12, pluie : F3 20, les chaleurs ont commen- 
cé; 29, orage ; 30, orage; 31, froid. Juin: 16-17, gelée aux 
montagnes ; 18, gelée au 4 dé Travers ; 24, orage; 24-30, 
pluie, orages, indé chaleurs ; 30, orage itiblé Juillet : 1- 
, le soir orage et pluie; 18, orage ; 19-20, pluie et tonnerre ; 
n pluie, orage ; 22-23, bise et joran froid ; 24, orage terrible 
et hate : RS 1, chaud, bise et joran froids, quelques orages. 
Août: le 12, orage: 12-25, orages fréquents; 25-31, pluie. 
Sept.: 1-2, orage; 3-15, variable; 16-20, pluie; 22, gelée 
blanche la nuit, chaud le jour. Oct. : 1-24, chaud; 25-31, plu- 
vieux. Nov. : pluvieux, quelques petites gelées blanches ; vent. 
Déc. : 1-23, variable, pluie, neige, gelée ; 24-25, grosse pluie 
et vent impétueux ; 26-30, pluie, neige et gelée ; 31, brouil- 
lard, doux. j 
1732, Janv.: 1-19, froid ; 20, chaud ; 21-27, très-froid ; 28, froid, 
neige : 29-30, pluie ; 31, chaud le jour, gelée la nuit. Février : 
1-4, chaud le jour, gelée la nuit: 5-9, très-froid : 9-10, pluie et 
neige ; 13-15, brouillard épais à Chaumont, chaud ; 16-28, 
pluie ; 29, {rès-chaud, Mars : 1-%, beau ; 5-12, chaud le jour, 
la nuit gelées blanches ; 13, froid, gelée et pluie : 1#, pluie, 
uelge et froid ; 15-22, chaud, quelques gelées la nuit; 23, neige ; 
, fonte de la neige : 25, neige, pluie ; 26, pluie et soleil ; 
27, pluvieux ; 28-31, beau, Avril : 1-6, beau : 7-8, pluie ; 9-30, 
beau, sauf un jour de pluie. Mai: 1-9, beau; 10-12, pluie froide, 
neige à Chaumont : 13-14, gelée au bord du lac ; 16, pluie très- 
abondante ; 17-22, beau et chaud ; le 21, orage ; 23-24, pluie; 
25-29, beau ; 30-31, pluvieux, froid, neige à Chaumont. Juin: 
1-10, pluie, quelques fois de la neige à po T2 11, orage ; 
12-13, beau le matin, pluie le soir ; 14-18, beau; 19, orage vio- 
:) 


lent, chaleur brûlante ; 20, pluie ; sv orage ; 22-24, plie: 

24-30, chaud avec quelques pluies. Juillet : 1, beau; 2-7, pluie ; 
8-13, beau; 14, pluie; 15-18, beau ; 19-23, it et orages ; 
le 23, grêle et pluie; 24- 30, très: chaud: 31, orage, pluie, cha- 
leur excessive. Août: 1-4, beau; 5, pluie, grêle, orage. Sept. : 


1, tres-chaud, le soir ee ë 2-4, hic 3-8, très-chaud: 9, 
couvert, bise; 10-17, beau; 18, pluie; 19, orage; 20-31, pluies 
continuelles et copieuses , ps blanches gelées s: le mois fut 
généralement froid. Oct, 21, pluvieux; 2-9, chaud; 10, pluie : 


des UE | 


gelée, froid ; 12-14, froid ; 15, pluie, orage terrible ; 16 
pluie et orage : 17-26, pluie; 27-31, chaud, brouillard du ma- 
tin très-épais. Nov. : 1-3, brouillards épais; 4-16, see, bise et 
beau ; 17, pluie douce ; 18-19, bise froide ; . neige ; 21, 
gelée ; 22-25, chaud ; js pluie ; 27-29, sua ès ; 30, pluie, vent 
très-fort la nuit. Déc. : 1, neige et vent ; 2-13, ho 14, neige: 
15, dégel; 16-19, très-froid ; 20-26, froid, FRET 27, pluie ; 
28, doux ; 29, pluie ; 30-31, doux, brouillard, On fit peu de 
vin et bien vert. 

1733. Janv. : 1-2, pluie; 3, couvert, doux ; #, clair, chaud ; 5, 
le matin couvert, le soir clair et chaud; 6-7, brouillard épais et 
bas lequel seutait mal : 8, pluie ; 9-12, froid, pluie, neige sur 
la montagne ; 13, beau : 1%, pluie ; 15, couvert ; 16-20, Pare 
brouillards bas qui sentent mal: 20-31, variable. Février : fus: 
brouillards épais ; #8, gelée la nuit : 9, dégel: 10-28, beau et 
chaud, quelques gelées la nuit: le 20, neige à Chaumont. Mars : 

beau, gelée la nuit; 5, pluie, neige à Chaumont ; 6-31, 
temps pluvieux, gelée chaque nuit. Avril: 1-2, pluie, vent: 
3-7, beau; 8-10, pluie; 10-21, beau; 22-23, pluie ; 24, pluie, 
coup de tonnerre, petite grêle; 25-30, pluvieux. Mai: 1-3, 

pluie, orages surtout le 3 ; 3-8, pluie, neige à la montagne: 9, 
gelée forte, les vignes en ont souffert beaucoup ; 11-12, froid 
et gelée; 13, pluie; 14-17, Roc: et chaud; 18-23, pluie; 24, 
bou le mütin _ le soir ; 25, couvert; 26-31, pluies très- 
abondantes. Juin : 1, pluie ; 24 , beau, bise: 7, pluie, orage; 
11-16, beau; 17-23, pluie; 2#, orage; 25-26, pluvieux ; 27- 
30, beau, chaud. Juillet: 1, had orage ; 2, vent, pluvieux ; 
3-1+, beau et chaud ; 15, orage : 16, orage ; 17, pluie; 18, 
19 et20, orages ; 21-30, beau ; 31, pluie. Août: 1, pluie; 2, 
chaud; 3, orage et grêle ; 4-7, beau et chaud ; $, orage: 9- 
11, pluie; 12-13, beau: 1# ,orage, pluie copieuse ; 45, pluie ; 
16-21, chaud ; 21, pluie et orage : 22, orage terrible avec grêle, 
très-chaud, le soir pluie ; sys Sept.: 1-4, chaud et 
beau ; 5, pluie ; 6-12, beau : 13 Rare 15-20, chaud ; 21- 
23, bise, froid, gelées pr se chaud ; 28-50, froid et 
gelées blanches. Octi54-6, beau : î 8. “plie; vent impétueux ; 
9-16, beau, quelques fois brouillard le malin ; 17-18, bise froi- 
de; 19-22, brouillard froid; 23-24, pluie; 25-31, froid, neige et 


D 
# 


fortes gelées. Nov.: 1-9, froid, plusieurs fois neige à Chau- 
mont ; 10, pluie et vent ; 11-21, chaud, gelées la nuit: 22-23, 
pluie, neige à Chaumont ; 24-30, brouillard. Déc. : 1-5, brouill. : 
6-14, pluie; 15-20, beau ; 21, brouillard froid, gelée ; 22-24, 
pluvieux ; 25, couvert, vent; 26, doux, pluie ; 27, couvert, 
pluie ; 28-29, doux, pluie : 30-31, brouillard bas, clair à Chau- 
mont. On trouva des violettes en fleurs et des fraises presque 
mûres. 

1734, Janv. : 1, brouillard ; 2, chaud ; 3; couvert, pluie; #, 
pluie ; 5, beau le matin, le soir pluie ; 6-16, vent, pluie, neige 
et gelées ; 17-24, tres-froid, bise violente ; 23-27, brouillard 
bas, froid ; 28, chaud ; 29-31, brouillard. Fév. : 1-2, froid ; 3, 
pluie; 4-5, chaud ; 6, le matin neige, le soir pluie; 7-14, 
froid ; 15, chaud ; 16-18, pluie ; 19, beau, quelques éclairs ; 20- 
26, beau ; 27, pluie et vent ; 28, vent très violent, pluie à Neu- 
châtel, le vent fit tomber une tour de Fancienne église. On a 
trouvé des violettes pendant tout l'hiver. Mars: 1-2, pluie et 
neige ; 3-5, chaud ; 6-8, pluie et neige ; 9-24, variable ; 25-26, 
pluvieux, Chaumont est blanc de neige ; 27, froid, pluie et vent 
froid ; 28-29, chaud ; 30-31, pluvieux. Avril: 4, pluie ; 2-4, 
chaud ; >, orage, grêle: 6, chaud; 7, pluie: 8-10, neige à 
Chaumont, froid et pluie ; 11-17, chaud ; 18, pluie, les arbres 
sont en pleine fleur ; 19, pluie et chaud, orage ; 20-27, chaud ; 
28, gelée blanche le matin, les arbres et les vignes en ont souf- 
fert; 29-30, très-chaud. Mai: 1, chaud, pluie ; 2, beau, après 
midt pluie; 3, brouillard le matin, chaud: #, beau; 5-6, 
pluie ; 8-10, beau, le 9, des garcons se sont baignés dans le 
lac; 11-14, pluie, froid; 15, froid: 16-17, bise froide; 48, 
orage, pluie ; 19-20, beau; 21-25, sombre, froid et pluvieux ; 
26, orage, grêle, neige à la montagne ; 27-28, temps froid; 29- 
31, chaud. Juin : 1-10, très-chaud ; #, orage et pluie; 6, éclairs; 
11-12, pluie fraiche ; 13-16, très-chaud; 17, orage et pluie; 18, 
pluvieux et chaud, orage ; 19-20, chaud, pluie et vent; 21-25, 
très-chaud ; 26-27, bise fraiche, joran, vent, temps pluvieux ; 
28-30, très-chaud. Juill.: !, beau, orage la nuit ; 2, très-chaud ; 
3, beau, orage la nuit; %, beau le matin, joran très-violent le 
soir, pluie; 5-6, pluie, vent très-fort ; le lac a monté de 3 pieds ; 
7-9, chaud ; 10, pluie le matin, chaud ; 11-13, chaud ; 14145, 


pluie; 16, chaud; 17, chaud le soir et la nuil joran froid ; 18, 
chaud le matin, froid et sombre le soir, joran froid, on trouve un 
feu bien agréable; 19, froid, pluie, le lac et le grand marais sont 
au même niveau, de même que la Thièle, et les prés d’outre 
Thièle et ceux de dessous Vavre sont remplis d'eau; 20, grosse 
pluie ; 21, chaud, orage malgré la bise fraiche ; 22, pluie; 25 
et 24, chaud; %5, pluie et vent; 26, pluie; 27 et 28, chaud; 
29, chaud, pluie la nuit ; 30 et 31, pluie. Trois fois dans ce 
mois le ruisseau de Saint-Blaise a débordé et inondé le bas du 
village. A la fin du mois, les lacs de Neuchâtel, de Morat et de 
Bienne, en y joignant le grand marais d’Anet et celui d’outre 
Thièle, avec ceux de Cornaux, Cressier et Vavre, tous ces en- 
droits ne paraissaient que comme un seul lac. Le courrier de 
Berne ne put passer d’Arberg en decà avec son cheval; il fut 
obligé de prendre un bateau. Le 5 et le 6, PAreuse a débordé 
et causé de grands dommages à Boudrv et Cortaillod. Le pro- 
verbe qui dit: «Quand il pleut de bise, il en vient jusqu'à la 
chemise, » a été vrai cette année. Jacques Tissot dit le Pere, 
âgé de 88 ans, à dit que de sa vie il n'avait vu les eaux si dé- 
bordées à un temps d'été, n'v que jamais il n'en a entendu 
parler, se pouvant ressouvenir de 73 ans pour le moins. Août: 
4, beau, joran violent ; 2, chaud ; 3, chaud le matin, après 
midi bise froide et forte ; 4-6, beau; 7, pluie: 8, pluie; 9 et 
10, beau; 11, pluie, Le lac était si baut le 14 qu'il venait à 
deux ou trois pieds près des novers de Vignier, les prés des 
environs du Vignier sont sous Peau, aussi bien qu'une partie 
des jardins de Bregot. Au Landeron , les jardins ont été telle- 
ment inondés, qu'on à fauché les choux et autres jardinages 
qui étaient devenus comme s'ils avaient été bouillis ; 12, pluie 
et soleil; 153, pluie; 14, bise et chaud; #5, chaud, pluie la nuits 
16, beau, froid Le matin, 17, chaud, petite pluie; 18-20, très- 
chaud ; 21, chaud, joran et pluie le soir; 22 et 25, très-chaud ; 
24, brouillard le matin, puis chaud le soir, pluie et joran fort; 
25 et 26, chaud: 27, pluie le matin, puis beau : 28, beau, 
pluie le soir; 29, pluie; 30 et 31, chaud, soir et matin bise, 
les eaux diminuent, les vendanges ont belle apparence. Sept. : 
1-8, chaud, quelquefois brouillard le matin: 9, chaud , pluie 
le soir ; 10, chaud, vent violent et pluie ; 14 et 12, vent fort, 


. temps sombre, chaud: le 12, orage; 13 et 14, sombre; 45, 
pluie: 16-20, chaud ; 21 et 22, froid, joran, neige sur la mon- 
tagne; 23, forte bise, pluie le soir, 24 et a. pluie ; 26-51, 
bei et chaul; bise matin et soir. Oct | let 2, chaud, Moule 
lard le matin; 3, pluie, neige à Chasseral ; 4, LR ; o-T, pluie; 
8, beau ; 9, beau, pluie le soir; 10-15, beau; belles vendan- 
ges, qualité de 1728; 16, pluie et froid: 17, chaud; 18-20, 
pluie et vent; 21-22, beau, gelées blanches le matin; 93, 
beau, pluie après midi, vent; 24-28, pluie, neige à Chaumont : 
29-31, bise froide, pluie et neige; le 51, les toits sont blancs 
de neige le matin. Nov.: 1-3, neige, le sol est blanc, froid : 
4-5, vent doux et pluie; 6, sombre, vent et froid ; 7 et 8, un 
peu de neige ; 9, beau : 10 et 11, brouillard le matin, beau ; 
12-20, brouillards froids et humides sans qu’on ait vu le soleil ; 
21, bise, froid, les brouillards sont dissipés, gelée ; 22-24, très- 
froid, un peu de neige, bise; 25, pluie qui gèle sur la terre ; 
26-50, froid, temps sombre ; le 30, brouillard. Décemb.: 4-5, 
froid et sombre; 4, dégel, DES 5-7, pluie, vent fort, doux, la 
neige a disparu à Chaumont : , bise froide, il gèle: 9, bise 
on la Thièle à sb ainsi que le lac de Saint-Blaise 
et le lac de Neuchâtel sur le bord; 10, sombre et très-froid ; 
11-17, brouillard; 14, neige, puis pluie; 15, beau; 16, dégel, 
un peu de pluie; 17 et 18, pluie et brouillard: le A7, éclairs et 
tonnerre; 19, pluie et neige; 20-23, sombre, pluie et brouil- 
lards; 24 26, pluie ; 27, neige et pluie ; 28, beau et doux, le 
soir pluie ; 29, vent, pluie mêlée d’un peu de grésil de neige ; 
30 et 31, beau. 

1735. Janvier : 1, sombre et doux ; 2, pluie el neige, doux; 3, 
doux, beau; 4, beau, froid le soir; 5, neige; 6, un peu e 
neige, bise, bélhpe blanches chaque matin ; 7, sombre , vent, 
neige; 8-10, vent et pluie ; 14 et 12, sombre ; 13, bise, som- 
bre; 14-16, un peu de soleil; 17, froid, ain 18, vent, clair 
le matin, couvert le soir; 19 et 20, pluie très-abondante, vent 
très-fort ; 21, vent, pluie et neige ; 22, neige, le soir doux ; 23, 
pluie et vent; 24, beau; 25, vent et chur, pluie le soir; 26, 
pluie et neige ; 27, froid, neige, de dégel; 28, pluie et vent; 
29, pluie; 30, beau ; 31, pluie, le soir neige. Février: 1, 
neige, le soir pluie; 2-5, bise; G, neige et bise; 7, bise, beau 


{ 


— 0697 — 


et froid ; 8, doux et calme; 9-14, bise, gelée chaque nuit; 15- 
17, brouillards ; 17 et 18, froid, il y a six pieds de neige à la 
montagne ; 19, sombre et froid ; 20 , dégel, pluie le soir; 21- 
28, brouillards et beau. Mars : 4, brouillard, beau le soir, pluie: 
2 et 3, doux et beau ; 4, sombre, pluie, un peu de neige; 5, 
sombre, froid; 6, chaud; 7-10, vent, soleil et pluie; 11-13, 
beau ; 44, pluie ; 45-18, chaud ; le 48, gelée blanche le ma- 
tin ; 49 et 20 , bise froide ; 24, froid et neige ; 22, dégel ; 23- 
26, beau ; gelées blanches le matin ; 27, pluie ; 28, brouillard, 
puis pluie et-chaud ; 29 et 30, pluie; 31, sombre, un peu de 
pluie. Avril : 4, pluie, neige à la montagne; 2, sombre et froid; 
3, froid et clair, bise; 4, pluie et neige; 5, neige, puis doux; 6, 
sombre et froid; 7, vent violent et pluie; 8 et 9, chaud; 10, 
pluie ; 11, variable ; 12, pluie, froid; 13, pluie, joran, puis 
bise ; 14-20, beau ; 21, vent et pluie, neige à la montagne; 29, 
beau le matin, puis variable ; 23, pluvieux, puis froid ; 24, 
pluie et froid: 25, froid et sombre ; 26-28, chaud; 29, joran, 
petite pluie ; 30, pluvieux et bise, après-midi chaud. Mai: 1, 
pluie, vent le matin, joran et bise violente le soir; 2, vent et 
pluie ; 5, chaud et beau; 4-6, chaud; 7, brouillard et pluie; 8, 
beau , mais frais; 9 et 10, pluie, vent; 11 et 12, beau avec un 
peu de pluie; 13-21, sec, bise et joran; 22, vent et variable ; 
23, pluie et froid, neige à Chaumont; 24, pluie, un peu de 
grêle , il fait froid comme en hiver, neige à la montagne ; 95, 
pluie, grêle, froid; 26 et 27, beau mais froid ; 28, pluie, doux; 
29, pluie ; 30, sombre et froid, neige à Chaumont; 31, beau le 
soir, bise forte et froide. Juin : 1, variable ; 2, sombre; 3, bien 
beau ; 4, pluie douce ; 5, brouill. le matin, beau , puis pluie; 6, 
beau, le soir pluie ; 7, pluie ; 8, sombre, chaud; 9, chaud ; 10 
et 14, chaud ; 42, pluie, chaud; 13, chaud, pluie; 14, plu- 
vieux; 15, sombre, pluie le soir ; 16, sombre ; 17, beau, un 
peu de pluie ; 18, très-chaud; 19, très-chaud, un peu de pluie; 
20, pluie le matin, puis beau; 21 et 22, bien chaud ; 23, pluie; 
24, joran froid, bourrasques de pluie, froid ; 25 et 26, chaud; 
27, pluie ; 28 et 29, chaud, quelques grosses pluies ; 30, chaud, 
de la pluie le soir. Juil.: 1, beau le matin, orage, le soir pluie; 
2, pluvieux et chaud ; 3, beau, pluie et tonnerre le soir; #4, va- 
viable; 3, beau, un peu de pluie avec bise et joran froid; 6, 


— 698 — 


sombre, frais; 7 et 8, soleil, pluie, joran froid ; 9, chaud ; 10 
et 11, joran impétueux, beau, puis soleil et pluie ; 12-16, beau 
et chaud ; 47, chaud, joran violent la nuit, orage et pluie ; 18 
et 49, pluie; 20, variable, joran froid; 21, pluie, froid; 22, 
variable ; 23, chaud; 24, pluie : 25, beau ; 26, pluie puis beau, 
le soir orage ; 27, très-chaud ; 28, pluie, orage; 29, chaud ; 
30, pluie; 31, sombre puis chaud. L'orage du 17 au 18 a été 
très-violent à Pontarlier et an Val-de-Travers. La grêle a dé- 
truit toutes les moissons dans ces régions. Août : 1 et 2, chaud; 
le 2, orage ; 3, pluie; 4, variable; à, chaud: 6, dede 7, Va- 
riable ; $-10, chaud; 41, beau Île soir, grosse pluie ; 12, chaud; 
43, orage et grosse pluie; 1#, bcañ: 15-27, beau; 28, très- 
chaud, petite ua k et 30, très-chaud, orage le 30; 31, 
pluie. Peplempre x 1 -3, bien chaud; #, chaud, un peu de 
pluie; à et 6, très HS 7, pluie le matin, beau; 8, beau; 
9, pluie, sombre , frais: 10, pluie; 11 et 19, chaud ; 13-18, 
beau; 19 À tt a 20, beau: 21 et 22, beau, orage et pluie 
le soir; 23, pluie ; 24, beau, pluie le soir; 25-27, pluie et 
froid; 28, habde 29, pluvieux ; 30, chaud. Octobre : 4 et 2, 
brouillard le matin, chaud le soir ; 3, chaud ; 4-10 brouillard 
le matin, soleil le soir; 11 et 12, pluie; 13, pluie et froid, 
neige à RCE 14-16, beau, brouillard le matin; 17-22, 
pluie: :23, bise et froid ; 24- 4, sombre et froid. Novem- 
bre: 1-4, soil e et froid ; 6 et ds brouiliaé] le matin, beau le 
soir ; 8, pluie ; 9-11, beau, gelées la nuit; 12-19, brouillards 
bas et humides et RE belles soirées ; 20 et 21, sombre et 
doux ; 22, pluvieux; 23-25, temps d'été; 26, pluie le matin, 
puis beau : 27-30, brouillards bas et humides , froid. Décem- 
bre: 1 et 2, brouillards tout le ] jour; 3, brouillard le matin, 
puis beau; 3, brouillard et pluie; 5, beau, puis pluie ; 6, pluie, 
Chaumont est couvert de neige; 7-13, pluie et doux ; 1#et 15, 
brouillards:; 16, variable ; 17 et 18, beau; 19 et 20, brouil- 
lard; 21, pluie, puis chaud et beau; 22, bise et froid; 23 et 
24, bise et soleil; 25 et 26, sombre et bien froid ; 27, quelque 
soleil ; 28, variable, pluie le soir; 29, pluie et neige; 30 et 31, 
matinée froide, le soir doux. | 

1736. Janvier: 1, pluie, le soir clair, bise froide et forte; 2, 
froid, bise; 3 et 4, froid, sombre: 5, sombre le matin, We le 


— 699 — 


soir; 6-13, beau et froid, fortes gelées la nuit; 14, pluie; 15, 
beau, le soir brouillard; 16-19, brouillard ; 20 et 21, beau ; 22 
et 23, beau, pluie le soir ; 24, jour d'été; 25, pluie ; 26, beau; 
27 et 28, pluvieux; 28, le soir neige; 29-31, beau et doux. Fé- 
vrier : À, pluie; 2, neige et pluie; 3, gelée la nuit, doux et so- 
leil; 4, beau ; 5-7, doux et sombre ; 8-13, brouillard le matin, 
puis beau; 14-16, pluvieux, neige à Chaumont; 17, un peu de 
neige, puis soleil; 18, doux et beau ; 19, neige, puis pluie; 21- 
22, doux et clair; 23, neige et pluie, puis bise et froid ; 24-96, 
clur, un peu de neige, froid ; 27-29, neige, went fort et froid. 
Mars : 1, beau ; 2, neige, variable; 3, pluie et beau; 4, brouil- 
lard, puis beau et froid; 5, beau, après-midi vent et pluie, la 
nuit neige ; 6, pluie et neige; 7, neige et soleil; 8, beau, froid; 
9-16, beau; 17, beau, puis pluie; 148, pluie: 19, pluie et 
neige; 20, froid, neige la nuit; 21-95, beau; 26-30, beau, 
bise; 31, pluvieux. Avril: 4, froid, clair; 2, beau, le soir 
pluie; 3, pluie le soir, éclairs et tonnerre : 4-7, beau; 8-14, 
chaud : 12 et 13, très-ehaud; 14 et 15, bise froide: 16-20, 
beau: 21, pluvieux: 22, pluie: 23 et 24, beau; 25, variable ; 
26, pluie et froid ; 27, pluie ; 28, froid ; 29 et 30, beau , bise. 
Mai : 1, sombre et froid ; 2, pluvieux le matin, puis chaud ; 3- 
6, beau: 7, pluvieux, tonnerre: 8, chaud, pluie le soir, joran 
froid : 9 et 10, beau: 14, chaud, le soir joran ; 12 et 13, froid, 
bise; 14, pluie, froid, neige à la montagne, et le soir neige sur 
les vignes du haut de Saint-Blaise: 15, froid ; 16, forte gelée 
qui à fait du mal au vignoble: 17, pluie, neige à la montagne, 
froid : 48, beau; 19, pluie: 20, beau mais froid; 24, plu- 
vieux ; 22, pluie; 23 et 24, beau; 25 et 26, pluie la nuit, 
beau; 27-31, beau et chaud. Juin : 1, chaud ; 9 et 3, chaud, 
orage le soir; 4-6, pluvieux, mais chaud; 7, beau le soir, 
orage ; 8, beau, très-chaud, le soir orage: 9, pluie; 40, beau, 
puis pluie: 11 et 12, pluie: 13-15, chaud; 16, chaud , le soir 
orage.avee un peu de grêle: 17-23, bien beau; 24, quelques 
heures de pluie: 25, très-chaud; 26, variable ; 27-30, pluie 
avec Joran froid matin et soir. Juillet : 4 et 2, beau, un peu 
de pluie le soir; 3-8, bien chaud; 9, pluie Ja nuit, tout le jour 
des orages et grande chaleur; 10, très-chaud, surtout la nuit : 
15, le matin orage et pluie, journée tres-chaude: 12, la nuit 


? * 


— 700 — 


pluie et orage, pluvieux; 13-15, pluvieux ; 16-20, beau; 21, 
pluvieux; 22-31, chaleur étouffante ; le 95, orage. Août, 4 et 
2, très-chaud: 3, orage le matin et pluie, le soir chaud ; 4, pluie 
et orage; 5-8, pluvieux, il fait frais; 9-17, bien beau, 17 au 
soir orage ; 18, pluie ; 19, beau, le soir joran et pluie ; 20-22, 
chaud ; 23, joran impétueux, chaud ; 24-31, grandes chaleurs; 
le 26, il a plu quelques heures avec joran violent. Septembre : 
4-4, chaud , un peu de pluie: 5 et 6, moins chaud: 7, pluie et 
orage ; 8-9, pluie ; 10-19, chaud : 13, pluie, joran; 14-24, beau 
et chaleur extraordinaire; le 22, pendant la nuit orage: 25 et 
27, beau: 28, pluie et froid: 29 et 30, beau. Octobre : 1-4, 
beau et chaud, matinées et soirées froides; 5, pluie le soir, 
neige à Chaumont; 6 Es 7, bise froide et violente ; 8-10, beau; 
41, pluie et sombre; 12, sombre et froid: 13, beau, quelques 
béures de pluie: 14 , beau et chaud : 15 et 16, brouillard le 
matin, beau et chaud le soir ; 17, beau, pluie la nuit ; 18, pluie, 
puis beau et doux ; 19 et 20, pluie, vent violent; 21-31, beau, 
bise les derniers jours. Pendant les mois d'août, septembre et 
mi-octobre, le lac a été aussi bas qu’on puisse jamais Pavoir vu: 
à Neuchâtel, à St-Blaise, les fontaines ont manqué d’eau l’es- 
pace de deux à trois mois, mais la moindre pluie qu’il tombait 
“: faisait couler quelques heures. Nov.: 4-3, beau, bise froide; 

, pluie; 5-7, beau: 8, pluie ; 9-25, beau, sauf deux ou trois 
Diée le 25, un peu de neige, Phambnté était tout blane : 26- 
30, beau, mais froid , il continue de bien geler. Décembre : Fi 
doux; 2, un peu de pluie; 3, pluie, neige à Chaumont; 4-6, 
beau ; 7, pluie, vent impétueux : 8 et 9, doux : 10, neige, puis 
pluie, puis beau; 11 et 12, jours d'été ; 13, pluie; 14, beau: 
15, pluie; 16, neige; 17-24, beau ; 25, brouillard; 26, vent, 
pluie et soleil; 27, pluie, puis soleil, vent violent le jour, calme 
la nuit; 28, beau, terre gelée ; 29, beau, vent ; 50, pluie, vent 
violent: 31, clair, puis sombre, le soir pluie. 

4757. Janvier: 1, pluie le soir, clair et froid; 2, doux et clair, le 
soir sombre , neige, puis pluie , vent fort; 3, neige avec de la 
pluie; 4, neige, vent fort; 3-7, elair et sec; 8, chaud pour la 
saison; 9, pluie le matin, beau le soir: 10, sombre et fort 
doux; 41, sombre, puis red 19 et 15, ie 14-19, doux, 
variable: 20-23, beau; 2%, brouillard ; 25, sombre ; 26-98, 


h 


OS 


brouillards bas et humides; 29, brouillard et pluie; 30 et 31 
beau. Février: 1, neige et vent le matin, clair et bise le soir: 
2 et 3, froid, bise; 4, neice et vent; 5-7, beau, bise: 8, vent 
violent, pluie et neige: 9-12, sec et beau; 13, neige: 14, 
neige et dégel:; 15 et 16, pluie et neige: 17-93, see et beau: 
24, pluie; 25-28, beau. Mars: 1, beau ; 2, pluie; 3 et #, beau, 
le 4, pluie le soir; 5-7, beau: 8 et 9, pluie; 10-13, bise et 
froid , gelée chaque matin; 14-17, beau; 18, sombre et froid, 
neige ; 19-93, beau et chaud ; 24-26, pluie, neige à Chaumont: 
27, beau; 98, pluie, vent; 29, beau; 30, pluie; 54, beau. 
Avril : 4, variable ; 2, pluie; 3 beau; 4, très-chaud; 5, beau ; 
6-8, pluvieux, neige à la montagne ; 9, froid, forte gelée la. 
nuit; 10 et 14, chaud ; 12, chaud, orage le soir, puis bise froide 
et violente; 13 et 14, pluvieux ; 15-18, chaud, quelques e- 
lées blanches 1e matin : 19-22, très-chaud ; 23, pluie, puis bise 
froide ; 24-26, bise froide : 27-30, chaud ; le 30, orage le soir. 
Mai: 4, beau, un peu de pluie; 2, très-chaud ; 3, pluie; 4, 
brouillard bas, puis pluie: à, pluie; 6, pluvieux; 7, froid, 
bise; 8-10, chaud; 11-15, chaud, chaque soir tonnerre et un 
peu de pluie; 14-17, grandes chaleurs; 18, beau , avec pluie 
matin et soir ; 19.et 20, grandes chaleurs, le 20 au soir orage 
et pluie; 21, orage et pluie; 22 et 23, pluie et froid; 24-98, 
pluvieux et froid; 29-31, clair et froid. Juin : 4, très-chaud: 
2, très-chaud, orage ; 3, orage avec grêle et pluie, temps som- 
bre; 4, 5 et 6, chaque jour orage de 10 heures du matin à 4 
heures du soir, le reste du temps brouillard bas; 7, brouillard 
le matin, puis beau et chaud, le soir orage ; 8, beau; 9, chaud, 
le soir orage; 10, chaud, éclairs et tonnerre le soir; 11, chaud, 
pluie, orage le soir; 12-14, pluvieux ; 45 et 16, beau: 47, 
pluie le matin, froid ; 18-93, très-froid ; 24, extraordinaire- 
ment froid, pluie le matin ; 25-27, assez froid ; 28-30, chaud ; 
pluie le 30 au soir. Juillet : 4 et 2, chaud, le 2 au soir orage : 
3-5, chaud ; 6, chaud, orage ; 7-10, bise froide ; 11-43, gran- 
des chaleurs ; 14, pluie douce ; 15 et 16, très-clair; 17-54, très- 
chaud , quelques orages. Août : 1-7, chaud, fréquentes pluies : 
8-10, chaud ; 41, pluie; 12 et 45, chaud ; 14, chaud , orage le 
soir ; 13-18, pluvieux ; 19, pluvieux, il à neigé et gelé aux 
montagnes ; 20, froid ; 21-50, pluvieux et vent violent; 51, 


BUL. DE LA: SOC/ DES SC NAT TV, 43 


— 102 — 


orage et grêle. Septembre: 1-8, très-chaud, orage et pluie; 9- 
30, chaud , à l'exception de quelques jours de pluie. Octobre : 
1-6, pluie, le lac a haussé considérablement, le grand ma- 
rais est tout-à-fait sous l’eau, l'on ne se souvient pas d’une crue 
aussi rapide ; 6-31, variable ; le 24, Chaumont est blane de 
neige; vendange abondante, mais vin de qualité inférieure. 


Novembre: 1-4, pluie; 5-7, beau; 8-17, beau, bise; 18, 

beau; 19, pluie et neige; 20-30, variable. Décembre : 1-4, 

beau ; 5, pluie; 6, chaud; 7 et 8, pluie et neige ; 9, furieux 
ouragan sans pluie ; des arbres ont été déracinés , des toits fu- 
rent enlevés, des murs renversés; 10-31, sombre et froid, 
quelquefois de la neige. 

1738. Janvier: 1 et 2, sec, beau; 3, pluie, froid le matin , beau 
le soir; 4, beau le matin, pluie le soir; 5 et 6, sombre et froid; 
7, beau le matin, neige, beau le soir; 8, neige, sombre et 
froid ; 9 et 10, sombre et froid; 11, brouillards , froid ; 49, 
neige, le temps se radoucit ; 13, dégel ; 44, sombre et froid ; 
15, beau ; 16, beau, bise ; 17-19, beau ; 20-22, pluie ; 23, 
neige ; 24 et 25, variable; 26-31, sec et clair. Février : À, som- 
bre et doux; 2 et 3, pluvieux; 4, chaud ; 5, beau, grosse gelée 
blanche le matin; 6-10, beau; 14-45, pluvieux; 16-19, chaud, 

mais gelée la nuit; 20, neige ; 21-28, beau, sauf deux jours de 

pluie et de neige. Mars : 1, pluvieux ; 2-7, chaud; 8, pluie et 

neige ; 9 et 10, beau ; 11 et 12, vent froid, neige et pluie; 13, 

beau; 14-16, froid et neige ; 17-25, assez beau ; %6, pluie et 
neige; Chaumont est blanc de neige; 27-51, beau ; le 514, pluie 
douce. Avril: 1-5, très-chaud; 6, très-chaud, tonnerre et 

éclairs ; 7, pluvieux; 8 et 9, chaud, gelées blanches le matin; 

10 et 11, vent, pluie-et air froid; 12-16, beau ; 17, pluie et 
vent ; 18 et 19, chaud, gelées blanches le matin ; 20-95, chaud, 

un peu de pluie; 26 et 27, pluie et froid ; 28, pluie, neige à 
Chaumont; 29 et 30, beau, bise; le 28, 29 et 30, gelées blan- 
ches le matin. Mai: 1, neige, froid; 2, Ja neige disparait à 

midi, froid ; 5, gelée comme en hiver le matin; les vignes ont 

souffert d’une manière générale; 3 et 4, variable et froid; 5, 

pluie et très-froid ; 6-13, très-froid, de la pluie, neige à Chau- 

mont; 14, brouillard, puis beau et chaud; le soir, orage ct 

pluie ; 15-20, chaud et quelques orages ; 21-23, pluie ; 24-95, 


ns 


D D 


chaud ; 26-28, pluie : 29-51 ,: très-chaud ; le 54, grosse pluie. 
Juin : 1, chaud, orage le soir et pluie ; 2-5, date ; 6 et 7, Jo- 
ran froid, un peu de pluie; 8, froid pour la saison, un peu de 
pluie ; 9, variable; 10, chaud ; 11:44, pluie le matin, froid 
surtout le 14; 15-21, bien chaud; 22 et 23, pluie; 24 et 25, 
très-chaud; 26, orage; 27, chaud; 28, joran violent qui a 
abattu une grande quantité de bois dans les vignes, lon comp- 
te environ la dixième partie des raisins emportée ; de plus, ily 
a une si grande quantité de vers, qu'on en a trouvé jusqu’à 
douze et plus dans une grappe, les noirs en ont plus que les 
blanes : le fléan est général et s'étend aussi chez nos voisins; 
neige à Boinod et aux environs ; 29 et 50, bien froid pour la 
saison, de temps en temps de grosses pluies. Juillet : 1°; beau, 
pluie le soir ; 2, pluvieux, orage, le soir froid; 3, pluie, froid; 
4-6, clair,:joran froid; 7-9, chaud; 10-16, très-chaud avec 
bise froide le matin et le soir; 17, très-chaud, orage ; 48, cou- 
vert, orage au-delà du lac; 19, fort chaud; 20-27, douces 
pluies , très-chaud ; 23 et 24, pluie; 25-29, bien chaud ; 30, 
très-chaud , orage le soir; 31, variable et chaud. Août: 1-47, 
très-chaud , beau , sécheresse ; 48, un peu de pluie le matin, 
très-chaud le soir, oraÿe, grêle; 19, très-echaud; 20, très-chaud, 
Je soir orage, pluie et grêle à minuit; 22 et 23, pluvieux ; 24, 
fort vent, Le temps est rafraichi; 25-31, jours de pluie et de 
vent, temps frais. Septembre : 1, beau; 2, chaud, orage le 
soir , vent violent; 5 et 4, chaud, mais matin et soir frais; 5, 
chaud, gelée blanche; 6- 10, pluie: 11-14, assez chaud ; 15, 
orage la nuit, pluie le ‘our, joran violent et froid ; 16- ue beau: 
: 45 8 “pluie : 91 23, chaud : 24. pluie; 25 et 26, trie 27, plu- 
vieux; 28, chaud; 29 “var iable ; 30, pluie et vent. Detôbre ex 
Vendanges mauvaises. Les raisins pourrissent, surtout le blanc. 
Le blanc cependant est supérieur en qualité à celui de 1737, 
le rouge excellent, mais peu; 1-26, pluie, à la réserve de quel- 
ques bonus jours ; 27 et 28, Chaumont est couvert de neige ; 
29-31, sombre et froid. Novembre : 1-15, sombre et brouil- 
lards; 15 et 16, brouillard le matin, clair après midi; 17 et 18, 
gelées le matin ; 19 et 20, neige et bise froide; 21-30, brouil- 
| lard! temps lai sur les montagnes. Décembre : 1-15, brouil- 
” lards sombres et bas ; 14, pluie : : 45, beau ; 16-22, variable; 


17 


MOSS: 218 


25, bise impélueuse et très-froide : lout est gelé ; 24-31, sec et 
clair. ç 
39. Janvier : 4-7, un peu de neige, assez beau ; 8, neige le 
soir ; 9, neige et pluie; 10 et F1, beau et doux, la neige a dis- 
paru ; 12-14, vent et pluie; 15, terrible vent et pluie ; 16 et 
17, vent fort et pluie ; 18, joran très-violent et pluie ; 19-24, 
vent et pluie ; 22-31, varfable. Les gros vents du 15 et du 18 
ont abattu une multitude d'arbres dans les forêts; à Cudrefin, 
le 18, le vent enleva un bateau de pêcheur à la hauteur des 
maisons et le jeta à soixante pas de sa place ; le vent du 15 s’é- 
tendit sur une grande partie de l'Europe. Février : 1-5, beau ; 
4-6, vent violent et pluie; 7, pluvieux; 8 et 9, beau et doux ; 
10-21, pluie, vent et neige ; 22-98, beau temps. Mars : À et 2, 
beau ; 3, ventet pluie le soir ; 4 et 5, sombre et froid, neige à 
la montagne ; 6-10, chaud, mais gelée chaque matin ; 14, vent 
violent et pluie, neige à Chaumont ; 12 et 43, pluvieux ; 14- 
1, beau ; 18, pluie et vent, neige à Chaumont ; 19, pluie et 
vent; 20, vent et froid ; 21-25, beau, gelées pendant Ja nuit; 
26-28, neige et vent ; 29, {rès-raid et neige; 30 et 34, froid, 
neige el Hate: Avril: #, shbie et neige ; 2 et 3, mauvais temps 
et froid; 4 et 5, beau ; 6, beau, pluie le soir ; 7, pluie et vent; 
8-10, beau, matinées bien froides, neige à Chaumont; 41, 
beau, neige et plaie à Chaumont ; 42 et 43, pluie et froïd; le 
15, éclairs et tonnerre du côté de Berne; 14 et 15, froid, pluie, 
vent, neige à Chaumont; 46 et 17, froid, il gèle ; 48, neige et 
pluie ; 19, vent violent, neige et pluie ; 20, pluie et neige ; 21, 
neige, la campagne est blanche; 22, neige le matin, puis beau 
le soir, quelques coups de tonnerre ; 25, beau, puis pluie mé- 
lée de neige et de grêle de peu de durée ; 24 et 25 , de petites 
pluies avec neige ; 2 26, beau, mais froid; 27, beau le soir, 
pluie; 28; pluie et vent, Chaumont est toujours blanc de neige; 
29, beau ; 30, chaud. Mai : 1, beau le matin, pluie le soir; 2 
et 5, de temps en temps de grosses pluies; 4, beau , pluie le 
soir ; 5, beau, pluie le soir, éclairs et tonnerre ; 6, pluvieux ; 
1, froid, pluie, neige à Chaumont ; 8-22, il pleut de deux jours 
a: ; 25-28, chaleurs extraordinaires: : 29, très-chaud, vers le 
soir orage, pluie et grêle ; le 50 et 31, tes -chaud, le mois 
d'août, tant chaud soit-il, ne saurait être plus chaud. Juin : 1- 


Me ue 


4, bien chaud ; 5, -orage à midi avec grèle ; 6, bien chaud; 7, 
orage le matin, orage à midi, vent impétüueux, le temps est ra- 
fraichi ; 8, joran froid ; 9, dre Us joran froid le matin ; 
14, pluie : 15-17, tab: , très-chaud, orage le soir; 
19 20, trés-chaud ; 21, pluie . qe e: 22, chaud ; 95, oragé 
et pluie; 24, extraordinairement chaud, orage, pluie et grêle ; 
25, pluie et orage ; 26, joran froid ; 27-29, beau le soir, éclairs 
et tonnerre ; 50, pluie et vent. Juillet : 1 et 2, très-chaud ; 5, 
orage et pluie le matin, chaud le soir; 4-7, chaleur étouffante; : 
le 8, à { h. du matin orage, orage avec un peu de grêle au 
milieu du jour ; 8-42, pluie ; 15-17, très-chaud ; 18, pluie et 
vent ; 19-24, très-ch: ud, le 24, orage avec un peu de grêle ; 
25-27, pluie : 28-01, beau. Août : 1-4, beau : o, beau, orage 
le soir; 6-8, beau; 9, beau, orage : 10-19 ,; beau ; 43- LE, rss 
16 et 17, chaud, matinées fraiches: { IS, orage, vent impétueux 
et froid, pluie ; 20-24, clair mais froid : Ë 28 et 29, pluie et 
orages ; 30 et 31, très-chaud, Septembre : 1-5, chaleur étout- 
faute ; 6, beau le soir, orage ; 7-8, pluvieux et frais ; 9, beau 
et froid ; 10, pluie et froid ; 11, variable ; 12, froid ; 43, vent 
violent et pluie, froid ; 14-16, variable ; 17, pluie : 19, us 
20 et 21, chaud ; 22, chaud, puis pluie ; 23 et 24, pluiei; < 
30, pluvieux ; les raisins pourrissent, le vin sera AE EU e ai 
tobre : 1-4, beau ; k 5 Lu 6-9, beau ; 10, pluie ; 11-17, 
pluie el le froid : 8-27, sombre, bise froide, deux ou trois 
pluies ; 27, pluie et neige , bise trés-Froide : 28-31, froid, bise. 
Hasa e 1-5, bise froide; 6-8, pluie : 9-18, sombre et 
froid ; 19 et 20, neige et grand froid ; 24, forte gelée ; 22-30, 
très-froid ; le 30 , neige. Décembre : 1-10, pluie et vent ; 11- 
#4 pluvieux ; 20-24, brouillards sombres et bas avee pluies; 
25, brouillard, puis soleil, doux; 26, sombre, vent ;: 27, som- 
bre, bise, le soir pluie, neige à Chaumont; 98, clair, bise; 
29, bise, clair, forte gelée; 30, sombre ; 31, sombre; il n’a 
gelé que les 29, 30 et 31. 
1740. Janvier : 1-3, brouillards sombres, bas et-froids ; #4, 
brouillard le matin, le soir neige ; D, froid et neige ; 6 et T7, 
froid; 8 et 9, bise forte et froid intense; 10, neige ; 44 et 12, 
très-froid ; 13, neige et vent; 14-17, vent et pluie, la neige à 
disparu ; 18 et 19, pluie et neige ; 20, beau; 21 , neige le ma- 


ur PAGE 4h 


tin, elle à disparu le soir ; 22, pluie ; 23 et 24, froid et neige ; 

25-28 , beau , gelées la nuit ; 29 et 30, brouille s; 91, beau, 
Février: 1-3, beau mais froid ; 4, pluie et vent ; 5-12, froid 
rude; 13-29, extraordinairement froid. Mars: 1, très-froid ; 2, 
neige ; 3-8, bise, grand froid ; 9, vent, le temps se radoucit; 
10, pluie 11-17, brouillards bas et sombres, mais tont reste 
gelé ; 18, chaud; 19-21, neige. Le 19, il a passé entre Saint- 
Blaisegt Marin une si grande quantité de grives, d’alouettes et 
de bécasses, que les grives et alouettes étaient sans nombre. 
L'on à tué plusieurs bécasses dans le village de Saint-Blaisé, 
pour ce qui est des grives et des alouettes, on en a tant tué, 
qu'en offrant à un creutzer la grive, on n’en pouvait vendre. La 
chasse a duré les 19, 20 et 24, et dès-lors le reste s’est si bien 
dissipé, qu'on n’en a plus vu une plume. Le 20, un particulier 
tira d’un seul coup une bécasse, quatre grives et deux alouettes: 


les grives n° Feel que la peau et les os, ainsi en était-il des 


alouettes. 22-30, neive, forte gelée chaque nuit, bise; 31, 
beau. Pendènt les mois de février et mars, les jé de Bienne 
et de Morat ont été D Rae n’a pas pu naviguer dessus 


avec les bateaux. Avril : variable , beau, pluie et neige, 
gelées le matin et la es, et 10, chaud; 11, 12 et 13, le lac 


a un peu gelé aux environs di Neuchâtel : 14, très-chaud ; 15, 

temps sombre et froid, neige sur la montagne ; 16, petite 
neige; 17, neige, .le lac de Bienne était tout gelé, la glace était 
épaisse d’un bon écu; le lac de Neuchâtel était gelé devant St- 
Blaise les 18 et 19 ; 20-24, beau ; 25, pluie; 26-30, beau et 
bise froide, Beaucoup Né vignes ont gelé, Mai: 1et2, vent 
fort et froid; 3, neige; 4, neige et irédéréids le soir pluie, tou- 
jours vent Lt: 6, in ds: FR INER petite neige ; 7, neige et 
froid comme en hiver; 8, neige et pluie ; 9, pluie , neige sur 
la hauteur; 19, gelée qui a fait du el aux vignes, petite pluie: 
on à encore chauffé les fourneaux. Voilà passé sept mois que 
l’on chauffe les fourneaux sans discontinuer. Dans toute l’Eu- 
rope, on n'a jamais eu un hiver si long et si froid; 14-43, 
beau ; 14-16, pluie, vent et froid ; le 16, il a neigé aù Val-de- 
Ruz comme en hiver; 17, il a gelé à glace la nuit; 18, neige 
sur la hauteur; 19, variable el froid: 20, pluie le matin, neige 
à Ja montagne, le reste du jour variable "et froid; 21, pluvieux, 


+20 
he: 


Lot om té 


PPS TE 


L 


LE MAT de 


puis bise froide; on met encore les surtouts d’hiver pour se ga- 
rantir du froid; 22-96, jours tantôt chauds, tantôt froids.Les vi- 
gnes sont tellement remplies d'urbecs que lon n’en a jamais 
tant vu ; si l’on ne les enlevaient avec la main, ils mangeraient 
tous les raisins. La récolte des raisins est considérable: si les 
grosses gelées de l'hiver et celles de mai n’avaient pas enlevé 
les vieux ceps, il est certain que Ja récolte aurait été plus con- 
sidérable qu’en 1718 et 1719. Les arbres sont fort beaux; les 
graines sont belles, il ne leur manque que de la pluie; 27, 
pluie et chaud; 28 et 29, chaud: 3 . pluie et brouillard ; Le 
bise froide, es le matin. Juin: 4, bise, clair et froid ; 
4 iod: , pluie; 7-9, bien PA ; 40-12, pluie; dr et 
D, pluie le Re 16, pluie; 17, beau; 18, pluie, tonnerre du 
côté de Fribourg; 19 et 20, tue 21 et 22, variable; 25, pluie 
le soir; 24-26, beau et bien chaud; 27, pluvieux ; 28, plu- 
vieux, un peu de me orage du PE du Y al-de-Ruz ; 29 et 30, 
beau. Juillet : : bien chaud: , pluie Je soir et joran ; 5, 
beau, orage la dé 6 et 7,:v AE 8-19, très-chaud; 13, 
orage la nuit ; 14-25, très-beau, sauf quelques bonnes pluies ; 
24-26, des pluies; 27-30, chaud, mais matin et soir frais à cause 
du joran et des bises violentes; 34, pluie, puis beau. Août: 1, 
variable; 2, orage et pluie: 3 et 4, pluie; 5, beau; 6 et 7, 
pluie; 8, beau; 9 et 10, pluie; 41-13, chaud. L'on voit ac- 
tuellement quatre sortes de raisins dans les vignes : les pre- 
miers, qui ont donné le tour; les seconds, qui approchent; les 
troisièmes, qui ne sont pas défleuris; enfin, les quatrièmes, 
qui ne sont pas en fleur; 44-16, pluie, vent violent et froid. 
Les eaux ont bien augmenté , les marais sont sous l’eau; 17- 


D, 


et 18, chaud ; 19 et 20, chaud, pluie le soir; 21, brouillard, le 


soir pluie, vent et Joran ANRT 29, orage le re 25-31, beau 
et chaud. Septembre : 1, chaud et sombre : 2, sombre, pluie ; 

3 et4, pluie; 5-13, en chaud, brouillard le ep 14, pluie, 
orage le soir du côté de Fribourg ; 15-19, bien chaud; 20, jo- 
ran et pluie; 21-27, beau; 28, froid, surtout soir et matin ; 
29 et 39, sombre et froid. Octobre : À et 2, froid. On preud les 
habits d'hiver; 3 et 4, assez beau ; 5, pluie. Les raisins crois- 
sent peu ; 6-8, clair, bise froide ; 9, forte gelée. Les vignes ont 
bien souffert ; 10, pluie; 41, neige; 12, forte gelée comme en 


— 108 — 


hiver, que tout était si raide que c’était une compassion de 
voir les raisins et les fruits couverts de neige et de glacons; 13, 
neige et pluie; 14, gelée à glace ; 15, la terre est si durement 
gelée qu'on n’a pu labourer qu'à midi. Dans aueun vignoble il 
n’y à une grappe de raisins toute mûre, le cou des raisins est 
gelé. Dieu sait le vin qu'on fera, les raisins sont gelés et ridés ; 
16 et 17, pluie si copieuse que le lac à haussé d’un demi pied, 
toutes les feuilles des vignes sont tombées; 18 et 19, froid, ge- 
lée chaque matin; 20-22, vendange, 20 , forte gelée ; 21, ge- 
lée comme au cœur de l'hiver, à midi les chemins étaient remm- 
plis de glace ; 22-27, il a gelé chaque nuit; 28-31, temps doux 
et chaud. Le moût des rouges est doux comme du miel et fort 
rouge , l’on a trié ce qui n’était pas mûr, leur grande douceur 
provient de la gelée; les mauvais raisins qu’on a triés des rouges 
et qu'on a pressés sont aussi fort doux. Quant aux blanes , ils 
sont moins bons que les rouges, mais le vin sera buvable et 
meilleur que celui de 1739. Le blanc était si dur, qu'on se ser- 
vait de taille-foin et de pelles pour avoir et faire sortir le jus. 
Les dimeurs de Fhôpital , qui tirent les deux tiers de la petite 
dime, envoyèrent dire à celui qui dimait de leur part pourquoi 
il n’envoyait pas chercher des gerles pour y mettre la vendan- 
ce de la vigne ; il leur fit savoir qu’au lieu de gerles , ils de- 
vaient envoyer des sacs, qu'également leur pesanteur n’en fe- 
rait pas sortir le jus, et qu’il leur enverrait leurs sacs de rai- 
sins par leur voiturier. Plusieurs particuliers de Saint-Blaise 
en ont apporté dans des tabliers sur leur tête, d’autres dans des 
draps. On croyait que le vin serait inbuvable, mais le con- 
traire est arrivé, contre le sentiment de tout le monde. Les vins 
sont très-bons et doux, mais pour en juger tout à fait, il faut 
attendre qu'ils soient clairs et si leur qualité ne changera pas 
en verdure. Novembre : {, pluie et vent violent; 2, pluvieux, 
neige à Chaumont ; 3 et 4, gelée, neige, froid piquant; 5-10, 
bise, froid connne en hiver; 44, le temps se radoucit, vent; 
19, vent, dégel ; 15, pluie et neige; 14, clair, gelée, Le 12 et 
le 13, le baromètre est descendu de 14 degrés en peu d'heures; 
15, beau, neige le soir ; 16, bise, froid ; 17, neige; 18 et 19, 
beau ; 20 et 21, pluie, neige à Chaumont ; 22 et 23, bise; 24, 
beau, un peu de neige; 25, beau; 26, beau, Le soir de la neige; 


D City, 


— 109 — 


27, pluie, puis beau; 28-30, beau, gelée les matinées. Décem- 
bre : L'et2, beau et chaud, gelée le matin; 3, pluie et vent; 4, 
> et-6, vent très-violent et pluie ; 7, beau et doux; 8, gélée! 
la nuit, beau le jour, vent violent la nuit avec pluie et neige ; 
9, beau : 10-12, variable; 13-18, pluie et vent violent, surtout 
la nuit ; 19- 21, pluies torrentielles qui font des ravages consi- 
dérables. Les lacs de Neuchâtel ; de Bienne, de Morat ne font 
qu un seul lac. Le grand Mars. les prés sous V " re et les ma- 
rais de Cornaux el + Cressier sont sous l’eau : 22, pluie, coups 
de vent terribles ; le 17 et le 20, on a vu des NE 23, bise 
et neige; 24, beau et gelée; 25, froid et bise; 26, luie et 
vent ; 97, doux et sombre; 28 | sombre, le soir pluie et vent ; 
29, gelée le matin, puis dégel : 30 et 31, neige. 

ATM. Janvier: 1, froid, forte gelée; 2, sombre, brouillard et 
pluie, vent doux, dégel; 3, sombre, pluie le soir ; 4, clair, 
le soir vent et pluie ; 5, vent et pluie; 6, clair, chaud ; 7, pluie; 
8-9, beau et chaud: 10 et 11, pluies, le lac à augmenté 
d’un demi pied pendant ces deux jours ; 12 et 13, blé, neige 
à Chaumont, vent très-fort ; 14, pluie, bise; 15, bise et froid : 
16, très-froid, bise; le lac était bien haut, la route du village 
de Thièle au pont est sous l’eau, St-Jean est comme une île 
dans un lac; 17, vent, neige et pluie; 18 , sombre , froid le 
matin , le soir sombre et dégel ; 19, hise froide et forte; 20- 
22, très-froid; 23 et 24, neige, bise très-froide; 25-27, très- 
froid ; 28, neige et pluie, vent; 29, chaud ; 30 et 31, brouil- 
lard bas le matin , sombre le soir. Février: 4, beau, pluie le 
matin ; 2, brouillard bas; 5-6, vent impétueux et pluie; 7 et 
8, beau; 9-17, brouillards bas et sombres, à la réserve de deux 
jours qui ont été fort chauds; 48 et 19, fort chaud ; 20-95, beau, 
gelée la nuit ; 26, beau, pluie le soir ; 27, beau, Chaumont est 
blanc de neige ; 28, beau, le soir pluie. Mars: 4, pluie et neige; 
2-6, beau ; 7, pluie, neige et vent; 8 et 9, beau; le 10, beau, 
un peu de pluie; 11-13, bise forte et froide ; 44 et 45, beau, 
gelée la nuit; 16, beau, pluie la nuit, neige à Chaumont; 47- 
25, beau, bise, gelée la nuit; 26, bise violente, neige le soir; 
27, bise très-violente, froid vif; 28-31, chaud. Avril : 1 et 2, 
chaud; 3, pluie et doux; 4, pluie ; 5 et 6, neige et froid, bise; 
17-11, très-froid; 12-46, froid , temps sombre, neige à Chau- 

BUL, DE LA SOC.-DES SG. NAT. T. V. 46 


— 7110 — 


mont, bise piquante ; 17-22, beau ; 23, beau, un peu de pluie; 
24-27 , beau et chaud; 28, joran froid; 29, vent, puis joran 
froid; 30, gelée comme en hiver, neige, joran fort. Le vin de 
1740 est vert, il sent la gelée à pleine bouche, personne ne 
veut de ce vin; on n’en a pas vendu une bosse. Mai : 1, gelée 
forte, la vigne a beaucoup souffert; 2, neige et pluie, vent vio- 
lent; 3, gelée la nuit, neige et pluie; 4 et 5, chaud malgré la 
bise; 6-9, chaud , le soir joran ; 40-12, pelites neiges, froid ; 
43, chaud ; 14, gelée la nuit qui a fait du mal aux vignes ; 45, 
-chaud , le soir petite pluie douce; 16-18, chaud; le 48, orage 
au-delà du lac: 49, chaleur brûlante, orage sur le lac, pluie; 
20, pluie le matin ; 21 et 22, chaud; le 22, pluie le soir; 23, 
très-chaud , orage de l’autre côté du lac et pluie; 24 et 95, 
pluie ; 26, gelée la nuit dont les vignes se sont ressenti, brouil- 
. lard et chaud ; 27, chaud , pluie le soir; 28 , pluie; 29, pluie 
et chaud. Le lac qui était bien bas, comme au temps des sé- 
cheresses, commence à hausser. 30, pluie et chaud le soir, jo- 
ran terrible à 41 heures du soir, tel qu'il n’y a pas une mai- 
son qu’on ne croit à tout moment devoir être renversée. Il n'a 
pas plutôt cessé que la pluie est revenue de bonne façon. 31, 
pluie. Juin : 4-9, chaud; 10, chaud, le soir pluie et orage; 11, 
beau ; 13-14, beau, pluie le soir avec quelques éclairs et ton- 
nerres; 15 et 16, beau; 17, beau, orage avec petite grêle ; 18, 
pluie, vent fort; 19, pluie le matin, beau le soir ; 20, joran 
violent et froid ; 21 et 22, beau, joran le soir; 23, pluie; 24- 
27, beau, joran le soir; 28, beau, orage le soir ; 29 et 30, bien 
chaud. Juillet : 4-4, chaud; 5, chaleur étouffante; 6 et 7, très- 
chaud, orage et pluie; 8 et 9, pluvieux, frais; 10, frais; 11-13, 
pluvieux; 14 et 15, beau; 16-20, pluvieux et frais; 21-95, 
bien chaud ; 26 et 27, pluie ; 28-30, orage ct pluie ; 31, bien 
frais. Août : 4, froid, le soir pluie; 2-4, très-chaud; 5, très- 
chaud; 6, orage; 7-12, très-chaud ; 13, grande chaleur et 
orage; 14, orage et pluie; 45, beau; 16, beau, pluie le soir; 
17, pluie; 18-30, beau; 31, beau, le soir pluie avec quelques 
coups de tonnerre, Septembre : 4, beau; 2-7, pluie et vent ; 8- 
45, beau ; 16-20, pluie et vent; 21-24, beau et chaud; 25, jo- 
ran fort, pluie; 26-30, beau. Octobre : 1-11, beau et chaud, 
brouillards le matin; 142, pluie; 13 et 14, beau; 45 et 16, 


— 111: — 


_ pluie, belles vendanges; 17-29, beau et bien chaud; 30 et 31, 
pluvieux. Novembre : 4, beau et chaud; 2 et 3, ‘pluie et vent; 
4-7, beau; 8, pluie ct fort vent, puis Eee 9-13, beau; 14 a 
45, bise froide ; 16-18, beau : 19, pluie, neige à Chaumont ; 
20 , froid, gelée la nuit; 22-23, gelée la nuit; 24, pluie et 
vent; 25 et 26. sec et froid : 27, avion: 28, neige et froid; 
29 et 30, très-froid. Décembre : 4, beau : 2, pluie; 3-7, beau, 
quelquefois brouillard le matin: 8, pluie le soir; 9-19, som- 
bre, brouillards et quelques gelées le matin ; 20, pluie el neige; 
91-51, froid, brouillard, gelée la nuit. 

1742. Jauvier: 1, dégel, beau; 2, pluie et neige: 5, neige; 4 et 
5, très-froid; 6 et 7, froid, un peu de neige; 8 et 9, neige et 
froid; 10, beau; 11, neige la nuit, beau; 12, beau; 43, 
pluie, dégel ; 14 et 45, pluie et vent; 16 et 17, neige la nuit; 
48, vent et dégel; 19-23, froid, un peu de neige; 24, neige: 
25-30, pluie; 31, beau et chaud, Février: 4, gelée la nuit, 
beau; 2, pluie la nuit, beau et chaud; 3, froid , bise ; 4-6, 
beau; 7 et 8, brouillards, gelée blanche: 10 et 44, pluie et 
vent violent; 42-14, chaud; 15, pluie et petite neige, joran 
froid ; 16, pluie et vent; 17, beau et froid; 18, neige, vent et 
joran très-violent: 49, neige et froid violent, bise ; 20-29, bise 
très-froide et violente ; 23-27, très-froid; 28, neige, pluie et 
vent. Mars : À, neige: 2, beau; 3, gelée la nuit, neige et vent; 

4, neige et vent; 5 et 6, beau , mais froid la nuit; 7 et 8, bise 

et froid ; 9-15, bise forte, très-froid ; 16, dégel, pluie et neige; 

17 et 21, beau, gelées la nuil ; 22, beau , tonnerre le soir sur 

le lac; 93, plaie : : 24, sombre et froid; 25, bise et froid; 26- 

28, froid matin et soir, beau le jour; 29, neige; 30, dégel, puis 

bise froide; 31, très-froid , bise forte. Avril : 4-3, très-froid, 

bise ; 4, neige; 5, bise, neige ; 6-12, très-froid ; 43-16, beau ; 

17-20 , pluie et vent, neige à la montagne ; 21, neige; 22 el 

23, sombre; 24, pluie le matin, puis beau; 25, beau, pluie 

le soir, neige à Chaumont ; 26-29, froid; 30, beau. Mai: À-3, 

chaud, joran la nuit; 4 et 5, beau; 6, pluie; Tet 8, froid, ge- 

lée; 9, pluie; les 6,7 et8,Chaumont était blanc de neige chaque 
matin; 40-42, chaud et bise très-forte; 13 et 14, très-chaud ; 

15 et 16, pic: 17 et 18, bise froide; 19 et 20, pluie : 21-23, 

beau ; 24 et 25, pluie, neige à Chatmoit, id: 26-28, froid: 


— 112 — 


29 et 30, pluie; 31, beau, joran froid. Le lac a bien haussé de 
2 pieds 7 pouces pendant le mois. Juin : 1-4, chaud; 5, pluie; 
6, orage et pluie le soir; 8, pluie, orage le soir; 11-13, un peu 
de pluie, orages du côté des monts ; 14, très-chaud, orage au- 
delà du lac le soir ; 45, pluie et chaud ; 16, frais, bise ; 17-19, 
très-chaud ; 20, pluie; 21-23, chaud malgré la bise; 24 et 
25, très-chaud; 26 et 27, joran fort et froid; 28 et 29, très- 
chaud ; 30, pluie, orage. Juillet : 1, pluie, puis beau; 2-7, ex- 
cessivement chaud; 8, pluie, orage, un peu de grêle; 9-14, 
pluie et vent; 15, pluie, puis beau; 16 et 17, beau; 18, beau 
et pluie; 19 et 20, bien chaud; 21, pluie ; 22-31, très-chaud. 
Août: 1, très-chaud; 2, chaud, pluie avec grêle qui n’a pas 
fait de mal ; 3, chaud, joran ; 4, pluvieux, vent froid; 5 et 6, 
pluie ; 7-9, chaud ; 10-34, bise, gelée chaque nuit à la monta- 
gne, sécheresse. Septembre : 1-2, chaud ; 3, pluie, chaud; 4, 
bise ; 5-9, chaud; 10, pluvieux ; 11, brouillard le matin, chaud, 
le soir orage; 12 et 43, chaud : 14, très-chaud ; 45, joran fort; 
15 et 16, frais ; 17, pluie, neige à Chasseral ; 18 et 19, assez 
beau ; 20, pluie; 21, doux; 22, froid; 23, pluie et vent froid ; 
24, gelée blanche; 95, froid; 26 et 27, pluie, vent fort ; 28, 
froid ; 29 et 30, soleil et froid. Octobre : 1-5, beau et froid ; 
6-8, pluie; 9, doux; 10, pluvieux ; 11-14, pluie, neige à Chau- 
mont; 15, pluie et grêle qui n’a pas fait de mal; 16, pluie et 
petite grêle; 17, pluie; 18, sombre ; 19-24, chaud ; 95 et 26, 
brouillards ; 27-29 , chaud; 30 , pluie; 31, beau. Novembre : 
1-4, sombre; 5, forte gelée blanche, chaud; 6, chaud ; 7, pluie; 
8, beau; 9, pluie, à Chaumont neige; 8, froid ; 10, gelée 
blanche ; 11, vent et soleil; 12-30, pluie, quelques beaux jours 
et quelques blanches gelées. Le lac a haussé de 3 pieds ce mois. 
Décembre : 1, chaud; 2-24, froid, beau, avec quelques jours 
de pluie et de neige; 25, neige, bise violente, très-froid ; 26, 
neige et très-froid; 27, neige, extraordinairement froid ; 28, 
beau, froid, vent ; 29, moins froid, brouillard ; 30 et 34, brouil- 
lard et froid. 

1734. Janvier : 1-7, brouillard, sombre et froid ; 8, vent. Les ar- 
bres sont couverts de frimas épais allant jusqu’à 4 pouces; ils 
présentent un aspect des plus beaux et ce qui donne le plus 
charmant coup-d’œil qu'on püût voir; 9 et 10, pluvieux et doux; 


EE RE 


11-43, doux; 14-31, sec et froid, sans neige. Février : 4, beau 
et sec ; 2-4, froid et beau; 5, petite neige; 6-8, vent impétueux 
et pluie; 9-44, beau, gelée la nuit; 15-17, vent et pluie; 18, 
pluie et neige; 49 et 20, pluie et vent fort; 21-28, beau. Mars : 
4, beau et chaud; 2, petite pluie ; 3-13, beau; 13-15, petites 
pluies ; 16, neige, qui fond vers le soir; 17-31, neige, vent, 
pluie avec quelques beaux jours Les eaux ont bien augmenté 
ce mois. Avril : 4, beau ; 2 et 3, pluvieux, vent; 4, beau, le 
soir pluie et la nuit vent impétueux ; 5, neige, bise; 6-11, 
pluie. Il est tombé tant de pluie que les trois lacs de Neuchà- 
tel, de Morat et de Bienne, avec le grand Marais et outre- 
Thièle, ne paraissent être qu’un seul et même lac. 12, beau ; 
13, froid, joran ; 14, gelée le matin, neige ; 15 et 16, neige et 
vent violent ; 47, neige et bise; 18, vent et neige, froid vif; 
19 et 20, neige et froid ; 21, froid; 22, froid et neige, le soir 
pluie ; 23, beau et doux ; 24, beau ; 25-27, pluie; 28, beau et 
chaud ; 29, bise; 30, gelée la nuit, beau et chaud le jour. 
Mai : 4, beau; 2, pluie et vent; 3, beau; 4, pluie, vent fort; 
5-7, pluie; 8 et 9, chaud, pluie le soir; 10, beau, pluie le soir; 
11-14, beau et chaud; 15, beau, tonnerre le soir au-delà du 
lac et pluie; 16-21, chaud; 22, bise froide, puis pluie ; 23, 
bise très-froide et forte; 24-26, chaud; 27 et 28, pluie ; 29-31, 
chaud. Juin : 1 et2, pluvieux: 3-6, chaud ; 5 chaud ; 6, pluie; 
7, pluie; 8-16, beau ; 17, chaud, orage le soir avec quelques 
grains de grêle; 20, orage, le soir pluie ; 21 et 30, pluies dou- 
ces presque chaque jour. Le lac a haussé d’un pied. Juillet : 
1 et 2, bien chaud; 5, vent fort, pluie ; 4-6, beau ; 7-10, beau, 
pluie, éclairs et tonnerre chaque soir, avec joran fort et froid; 
41-14, chaud; 15 et 16, pluvieux; 17, bien chaud ; 18 et 19, 
pluie, frais; 20, très-frais ; 21, bien chaud; 22 et 23, pluie et 
vent. Les eaux ont augmenté considérablement, les marais 
sont sous eau, la plupart resteront sans être fauchés ; 24-26, 
beau ; 27, chaleur brûlante, orage le soir avec grêle. A 6 heu- 
res, il a fait les quatre vents, lesquels étaient très-violents, et il 
pleuvait extrêmement fort, et cela pendant une heure et demie. 
28, pluie; 29-31, chaud et beau. Août : 4 et 2, orage et pluie; 
33, chaud; 6, pluie; 7-15, beau; 16, orage vers midi et 
pluie; 47 et 18, pluie et doux; 19-25, beau; 26 et 27, pluie; 


| Le WE 


98 et 29, beau; 30, orage et pluie; 31, chaud. Septembre : 
4, chaud ; 2, pluvieux ; 3-6, beau ; 7, Sie 8, chaud; 9-12 
chaud , chaque soir orage et pluie, le 12 avec grêle qui à fait 
du mal; 43, chaud; 14, ie 15, chaud ; 16-18, pluvieux ; 
20-25, bise, sombre, froid ; MENT : 27, brouillard sombre 
et humide ; 28-30, ed le matin, puis beau et chaud. 
Octobre: 4, brouillard le matin, puis beau ; 2, chaud ; 3-6, 
bise forte ; 79, gelée blanche Ja nuit, beau; 10, pluie, après- | 
midi orage ; 11, doux: 12-14, beau, bise froide; 15, pluie, à 
Chaumont neige; 16 et 47, pluie et neige ; 18, froid, le soir 
pluie et vent; 19, pluie et vent, doux ; 20, beau; 21 et 22, 
pluie, vent fort; 23, gelée Ja nuit, chaud; 24 et 25, beau; 26, 
beau , pluie le soir ; 27-30, pluie ; 51, beau. Novembre : 1 et 
2, pluie; 3-10, brouillard bas et sombre; 11-14, beau; 15 et 

6, pluie et vent, neige à Chaumont ; 17-21, beau; 22 et 23, 
gelées blanches ; 24-29, beau avec un peu de pluie: 30, chaud. 
à let 2, beau : 3-11, brouillard; 42 et 15, bise; 14- 

, brouillards bas avec des gelées; 22, doux ; 23-24, mi 

ue 25, brouillard le matin, beau le soir;-26, beau; 2 
pluie et neige, froid; 28, neige, vent fort; 29, gelée, a 
beau ; 30 et 31, pluie. 

1744. Janvier : 4, bise, beau ; 2, froid, neige; 3, très-froid, bise: 
4-12, forte bise, très-froid ; 13, neige: 14-16, beau, froid vif; 
17 et 18, brouillard, peu froid: 19-31, extraordinairement 
froid. Février : 1, froid très-rude, neige; 2, neige ; 3-16, froid 
vif; 17-19, doux ; 20, doux, vent et pluie ; 21 et 22, fonte de 
la neige ; 23-29, bise et froid. Pendant les mois de janvier et de 
février, les lacs de Morat et de Bienne étaient si tellement ge- 
lés qu'on les traversait avec des chariots chargés de vin et au- 
tres marchandises. Le lac de Neuchâtel à été si bas que lon ne 
se souvient pas de Pavoir vu si retiré. Dans les montagnes on 
manquait d’eau. Mars: 1, beau; 2-6, vent et pluie, le lac 
hausse; 7, neige le matin, beau le soir, bise; 8, froid ; 9-42, 
pluie et vent ; 13, neige ; 14, pluie et neige; 15, pluie; 16-20, 
vent, souvent de la neige, froid; 21-31, bise très-froide. Avril : 
#: chaud, pluie le soir ; 2, sombre ; 5 et 4, pluie, à Chaumont 
neige; 5, beau; 6 et 7, chaud; 8-15, pluie et neige, le lac 
hausse beaucoup; 16, gelée la nuit, le jour beau ; 17-19, beau, 


— 


Je soir du 19, éclairs et tonnerre ; 20-22, beau ; 23 et 24, chaud 
un peu de pluie le soir; 25, chaud, il neige à Chaumont; 27- 
29, pluie chaque soir ; 30, beau, bise. Mai : 1-6, beau; 7, jo- 
ran froid ; 8-10, très-froid ; 11, pluie, grêle à Cressier; 12-14, 
beau ; 45, chaud, pluie le soir; 16-25, chaud avec des pluies ; 
26, bise très-froide ; 27-29, froid, surtout matin et soir, les 
bourgeons des vignes ont gelé en maint lieu ; 50 et 34, chaud. 
Le Jac est si haut, que la route de Thièle au pont est couverte 
d’eau dans sa partie Ja plus basse ; mais les eaux commencent à 
baisser. Juin ; 4, très-chaud ; 2, chaud, mais joran froid matin 
et soir; 3, pluie : 4-6, chaud; 7, orage, pluie; 8-30, temps 
sec, bise, quelquefois forte et froide; il n’est tombé que deux 
fois un peu de pluie. Juiliel: 1, très-chaud, le soir orage; 2 
et3, très chaud; 4, très-chaud, orage ; 5, pluie et orage ; 6, 
pluie, joran froid ; 7-15, beau; 16-18, beau , très-chaud, ora- 
ges continuels; 19, pluie, le lac monte; 20-22, chaud; 23, 
us 24-28, beau ; 29, orage, pluie; 50 et 51, beau. Août: 
; Chaud ; 4, pluvieux; 5-10, très-chaud; 11-15, HUE 
4 froid ; 14-19, beau ; 20, beau, éclairs et tonnerre; 24, beau; 
22, phie le soir ; 23, chéudi 24. pluie et froid ; 25 et 26. pluie: 
27-30, CHU 51, pluie el vent. Septembre : Let 2, pluie; 3 
et 4 , chaud: 5, pluie: 6-9, beau; 10, orage et pluie; fre froid, 
pis la nuit; 12. 14, Fier ed froid É nuit; 45- 50, temps 
variable, tantôt chaud, tantôt des brouillards et toujours des 
nuits froides. Octobre : 1-3, beau, brouillard le matin ; 4-6, 
pluie; 7-9, beau; 10, pluie et vent; 41, pluie ; 42, beau , le 
soir éclairs et tonnerre; 15-31, beau le jour, mais pendant 
chaque nuit pluie. Novembre : 1-8, pluvieux ; 9-13, beau; 44, 
pluie, neige à Chaumont ; 15-17, pluie et vent; 18-28, beau; 
29 et 50, neige et froid. Décembre : 1-20, temps sec avec quel- 
ques rares jours de pluie et de neige; 21 et 22, pluie; 23, pluie 
et neige; 24, neige; 25-27, bise, forte gelée; 28, vent, puis 
bise; 29, vent, neige, puis dégale Gi et 31, temps doux. 
1745. Janvier: 1, doux et sombre; 2, petite pluie, puis bise; 5, 
bise , cependant doux, le baromètre était au-dessus de séche- 
resse; 4, vent et pluie; 5, sombre et doux, neige le soir; 6- 
17, temps ordinaire ; 18-23, froid intense. Le lac a gelé depuis 
la Sauge jusqu'au commencement du Sars, surtout dans les 


— 116 — 
environs de St-Blaise jusque vers Cudrefin. La glace avait dans 
sa plus grande épaisseur un demi-pied. Le 24, dimanche ; il 4 
avait des centaines de personnes de tout âge et condition qui 
se promenaient sur la glace. Le 25, il y en avait tout comme 
à un marché de Neuchâtel ; le soir et avant la minuit, il y avait 
encore du monde avec des lanternes. Le 26, commencement 
du dégel, le soir pluie, la nuit forte gelée ; 27-29, très-froid. II 
a gelé tout de nouveau, si bien que les garçons et filles avec 
d’autres personnes ont passé une partie de la nuit sur le lac, 
étant éclairés par plusieurs flambeaux qu'on avait plantés de 
distance en distance; 30, vent; 31, vent fort qui a brisé la 
glace; 31 pluie et vent. Février :.4, doux; 2-4, pluie; 5, beau; 
6, pluie; 7 brouillard; 8, froid, neige; 9, petite neige; 10-26, 
beau; 27 et 28, bise forte, froid intense. Mars : 1, bise très- 
froide , neige ; 2, froid, la bise a cessé; 9-21 temps pluvieux 
et froid , On à vu des éclairs et entendu du ae : 22, les 
gelées ont cessé ; 22-31, doux et les derniers jours même très- 
chaud. Avril: 1-9", chaud malgré la bise ; 10-12, pluie, neige 
à Chaumont; 13, chaud; 14, pluie et vent; le bois de Chulle 
est tout vert, les arbres printaniers sont en fleurs ; 15, beau; 
16, joran froid; 17, chaud; 18-30, assez froid. Mai : 4, plu- 
vieux; 2, pluie; 3, pluie, neige à Chaumont; 4, dégel; 5 et 6, 
beau; 7, beau, le soir pluie, éclairs et tonnerre; 8, beau, le | 
soir pluie; 9, pluie; 10-26, beau; 27-30, pluvieux et deux 
orages; 91, chaud. Juin : 4 et 2, froid, joran violent ; 3, chaud, 
le soir orage et pluie; 4, pluvieux et froid; 8, un peu de pluie; 
9 et 10, beau; 11 et 12, un peu de pluie; 13, beau ; 14, pluie, 
orage ; 19-18, pluie ; 19, pluie et orage ; 20- 29, pluie: 25, jo- 
ran très-froid , pluie; on est forcé de s’habiller comme en hi- 
ver ; 25, pluie. Le lac a haussé de plus d’un pied ; 26-30, chaud, 
quelques pluies avec du vent. Juillet : 1-4, beau ; 5, pluie; 6- 
8, fortes chaleurs, 8 au soir orage et pluie; 9, pluie; 40, 
beau ; 11 et 12, pluie ; 13, chaud ; 14 et 15, pluvieux; 46-19, 
beau; 19 et 20 au soir, orage ; 21-27, beau , bise qui cesse le 
soir; 28, beau; 29, beau, orage le soir et pluie; 30 et 51, 
pluie. Août : 1-3, pluie ; 4-16, variable ; 47, très-chaud, orage 
et pluie; 18, très-chaud et le soir orage ; 18-95, bise et joran 
le jour, pluie la nuit, à la réserve de deux jours; 26-928, pluie; 


— 117 — 


29, brouillard et pluie ; 30, beau ; 51, orage continuel et pluie. 
Sept : 1-3, pluie; 4-14, beau; 15, pluie et vent; 16-19,chaud; 
20-21, chaud , pluie la nuit; 22-24, bise froide ; 25-27, très- 
chaud, brouillard le matin ; 28-31, bien chaud. Octobre : 1-3, 
beau et bise; 4 et 5, bise et froid, il gèle à Chaumont; 6, il 
gèle à glace à Lignières ; 7-9, doux; 10, pluie; 11-15, chaud, 
pluie la nuit; 14, vent fort et froid, pluie, neige à la monta- 
gne ; 45, pluie, puis beau ; 17, beau; 18, beau, pluie le soir; 

19-98, beau, brouillards le matin ; 29 et 30, pluie. Novembre : 

Let 2, pluvieux; 1-25, beau, un seul j jour de petite pluie ; 26, 
beau, forte pluie et orage le soir; 27, neige et froid ; 28, il 
gele, pluie et neige; cs froid; 30, beau avec gelée. Décem- 
bre : 4, pluie et vent; 2, vent; 3, froid, neige; 4-24, couvert, 
il gèle bien ; 2, ie di bas, les arbres sont couverts de fri- 
mas ; 26, beau; 27, couvert; 28, un peu de pluie; 29-31, brouil- 
lards et doux. 

1746. Janvier: 1, beau puis couvert; 2-4, pluie ; d, neige sur la 
côte, le soir pluie ; 6 et 7, pluie et doux, même la nuit ; 8, sec 
et beau ; 9-20, sec avec quelques brouillards, un peu froid ; 24, 
neige ; 29 et 25, froid, brouillards; 24-31, froid, temps som- 
bre, bise. Fév. : 1, beau ; 2, ventet pluie, décd : 3-5, pluvieux; 
6, pluie puis out ; 7, beau, vent; 8, pluie, vent fort; 9, vent 
violent, pluie puis neige; 10, bise, il gèle le soir, vent; 44, 
bise, froid ; 12-14, froid intense; re brouillards humides, 
la neige s’en Va , pélée chaque nuit; 2 22, pluie et vent le soir, 
bise, neige et froid; 23 et 24, neige; 25, très-froid; 26, neige; 
27 et 28, très-froid. Mars : 1, doux; 2 et 3, pluie, la neige a 
disparu , 4-8, beau; 9, neige, puis pluie et vent fort et froid ; 
10, bise; 11 et 12, bise très-froide, neige; 13 et L#4, bise forte 
et froide; 15-22, ‘vent, quelques jours de pluie; 23, beau, 
neige le soir ; 24, dégel, beau et chaud; 25-29, beau ; 30, beau, 
tonnerre du côté de Fribourg; 34, beau, Avril: 1-12, pluie cha- 
que jour; 13-14, beau et gelée; 45, beau; 16, beau et doux; 17, 
froid, pluie le soir; 48 et 19, vent froid, beau; 20, pluie, le soir 
orage avec grêle sans pluie ; 21-30, beau. Mai: L, beau; 2, 
pluie ; 3-6, bises 7et8, bien dd 9-17, très- chant nuit et 
jour ; 18, pluie le soir, quelques éclairé et du tonnerre; 19, 
pluie; 20-30, pluie chaque jour, chaud; 31, beau. Juin: 1-17, 


— 7118 — 


pluie chaque jour et chaque nuit excepté le 17, le lc a aug- 
menté d'environ 4 pieds, le grand marais, les prés sous Vavre 
sont sous l’eau; 18-22, il fait froid, joran ; 23 et 24, beau ; 
25-27, pluie ; 28-50, chaud. Juillet: 4 et 2, chaleur forte , le 
2 au soir pluie et orage ; 5, beau, pluie le soir et vent violent ; 
4 et 5, très-chaud, orage le soir; 6, chaleur brülante, orage 
le soir avec joran très-violent, grêle qui n’a pas fait de mal; 
7-51, chaleur sans pluie, excepté le 30 au soir orage. Les eaux 
ont beaucoup baissé, sécheresse. Le foin coupé le matin était 
sec et mis en grange le soir. Août: 4, chaud ; 2, chaud le soir 
pluie ; 3-51, sec et fort chaud , il n’a fait un peu de pluie que 
5 fois dans les deux dernières semaines pendant les après-midi. 
Grande sécheresse partout, les bois sont jaunes, les jardinages 
tels que choux, raves, carottes, etc., ont péri. Septembre: 1, 
beau ; 2, brouillards bas ; 3 et 4, chaud; 5, chaud, le soir pluie 
avec éclairs et tonnerre; 6, frais, clair, joran ; 7-10 , assez 
chaud ; 11, beau, le soir pluie; 12, pluie, doux; 44 et 15, 
frais; 16-28, beau: 29, chaud ; 30, grosse gelée blanche la 
nuit, beau le jour. Octobre: 1-3, beau; 4-6, bise, gelées blan- 
ches; 7, plus doux, bise; 8-12, beau; 13, pluie le soir ; 14, 
pluie la nuit; 15, beau ; le 14 et 15, neige à Chaumont qui se 
dissipe pendant le jour; 16, forte gelée la nuit; 17, neige le 
matin qui fond le jour; 18, beau; 19, pluie et neige; 20-51, 
bise et beau. Novembre: 1, pluie ; 5 et 5, beau, le 5 au soir 
pluie; 6-12, variable; 13-14, pluvieux; 15-30, sec, il gèle la 
dernière semaine. Décembre: 1-5 , neige; 4-9, pluie et vent; 
10-24, beau ; 95 et 26, neige ; 27-31, beau. 


(Fin du manuscrit de Pierre Péters, de Saint-Blaise). 


Les documents de 1746 à 1750 manquent. 


M. C. Nicolet, pharmacien, à la Chaux-de-Fonds, a bien voulu 
recueillir pour le comité météorologique les observations consi- 
gnées dans le journal d'Abraham Ducommun dit Tinnon, faites 
au Valanvron, hameau près fa Chaux-de-Fonds, pendant les an- 


PR 


nées 1727, 28, 34, 36, 59 et 40. Les ohservalions sont consignées 
jour par jour, et leur comparaison avec les observations faites à St- 
Blaise, a montré un accord parfait, sauf les différences résultant 
de la position des lieux d’observation. 

Nous transcrivons de ces notes ce qui parait être le plus remar- 
quable. 

Nous réunirons sous le chapitre curiosités ef faits divers, les 
notes extraites de tous les documents qui étaient à notre disposi- 
tion. Sont marquées de guillements « » les notes extraites des 
Annales de Boive , et de crochets | | celles extraites du journal 
de Ducommun, du Valanvron, et sans signe particulier les notes 
de Saint-Blaise. 


OBSERVATIONS DIVERSES ET CURIOSITÉS. 


1706. « Le 12 mai, à 9 heures et demie du matin, éclipse totale 
du soleil. » 
Ceux qui travaillaient aux vignes furent obligés de quitter 
leur travail à cause des ténèbres. On vit beaucoup d'étoiles au 
ciel, le temps étant fort serein. On ne voyait du soleil qu’un 
petit bord tout à l’entour. Dans les maisons, on allumait des 
chandelles. Ceux mêmes qui étaient les mieux persuadés que les 
éclipses sont naturelles, ne pouvaient s'empêcher de frémir en 
voyant ces ténèbres à cette heure du jour. Les poules couraient 
au poulailler , et les oiseaux volaient à leurs nids. 
1712. « Le 6 janvier, deux soleils ou parhélies. » 
« Le 29 novembre. Il tonna et on vit un arc-en-ciel. » 
1713. « Le 30 avril, parhélie au lever du soleil. » 
« Le 50 décembre, arc-en-ciel au Val-de-Ruz. » 
1714. « Le 15 septembre, à 8 heures du soir, un arc-en-ciel de 
lune. » | 
« Le 418 décembre, on vit du haut des montagnes, au-dessus 
des brouillards du lac, trois parhélies, et la nuit une croix 
rouge qui couvrait la lune, ce qui dura les deux nuits suivan- 
tes. La croix devint plus blanche et enfin disparut. » 
1715. «Le 28 novembre, arc-en-ciel au Val-de-Ruz. » 
1716. «Le 16 novembre, aurore boréale vers le nord et locci- 
dent jusqu’àprès minuit. » 


LL à 


« Le 21 juin, au lever du soleil, il était rouge el beaucoup 
plus grand qu’à l'ordinaire, et sans clarté, ce qui dura environ 
une heure. Cela eut lieu plusieurs s jours de suite. On vit de 
même la lune à son coucher. » 

« Le 20 novembre, à 2 heures après-midi, on entendit au 
Val-de-Ruz et aux environs, un grand bruit dans les airs qui 
dura environ un demi quart d’heure, quelques-uns crurent que 
cela s'était fait sous terre. Le 26 novembre , tremblement de 
terre. » 

1719. « Le 22 février, à 7 heures du soir, une splendeur écla- 
tante parut tout d’un coup à Neuchâtel et dans toute la Suisse. 
On vit encore la même chose deux fois, le 50 mars et le 5 
avril le soir. » 

« Le 12 juillet, le soleil parut rouge à son lever, et le soir 
il parut tout pâle et sans rayons, on pouvait le regarder sans 
être ébloui, ce qui continua jusqu’au 17. Dès-lors cela alla en 
diminuant. Le soleil paraissait sans vigueur , cependant il fai- 
sait des chaleurs excessives durant le jour, il n’avait aucun , 
rayons, mais surtout le 13 juillet 1l parut extrêmement grand 
et rouge. » 

1720. « Le 20 octobre, à 4 heures du matin, arc-en-ciel de lune 
sur le lac. » 

1726. Le 19 octobre, on a vu au ciel une rougeur extraordinaire 
qui a commencé à notre vue vers à heures du soir, et a conti- 
nué une bonne partie de la nuit avec beaucoup de clarté, celte 
lueur a pris son commencement du côté de bise, on croyait 
ici qu'un incendie embrasait quelque village du Val de Saint- 
Imier. Cette grande clarté s’est faite apercevoir dans toute la 
Suisse et en d’autres endroits de l'Europe. 

1727. | Le 16 janvier, vers 10 heures de la nuit, lueur extraor- 
dinaire du côté de Bourgogne. | 

{ Le 16 mai, la foudre est tombée sur l'église du Locle, A+ 
a arraché le coq, elle est descendue dans l’église, et en est sortie 
par une porte qu’elle a percée de 3 petits trous, comme ceux 
faits par une balle de fusil, l’église était pleine de fumée. ] 

1728. | Le 8 mai, de 5 heures et demie à 8 heures, trois parhé- 
lies réunis par un cercle lumineux. | 

[ Le 25 juillet, un parhélie au soleil levant avec un cercle 
lumineux. ] 


ER 


1750. Le 2 novembre, à 9 heures du soir, l’on voit ici et ail- 
leurs une grande rougeur au ciel en forme de pain de sucre, 
qui dura l’espace d’une demi-heure, laquelle était d’une grande 
étendue. 

1751. En janvier et février on a vu quelques troupes d’outardes 
dans le pays, mais surtout dans la châtellenie de Thièle, qu’on 
en à vu jusqu'à des douzaines ensemble, on en a tiré quelques 
unes qui se sont vendues de 45 à 50 batz la pièce. Le printemps 
Von en vit quelques-unes aux environs de Saint-Blaise , qui à 
peine pouvaient-elles voler à cause de leur maigreur et fai- 
blesse ; quand elles volaient, il semblait que c'était des vans, à 
cause de leur grande largeur et grosseur. 

1752. Le 9 septembre il a fait sombre avec de la bise froide ; sur 
les huit heures du soir il fit une clarté comme un éclair, la- 
quelle dura quelques minutes, le ciel était fort obscur où cela 
paraissait; cette clarté ressemblait à celle de la lune, quand 
elle est haute et dans son plein; le ciel ne parut absolument 
point rouge ailleurs. 

'ATAA. Pendant la mi-décembre, janvier et une partie du mois de 
février, l’on a vu au ciel, du côté ducouchant, une comète en 
forme de verge, qui paraissait des fois de la longueur de 3 à 4 
pieds, et d’autres jours de quelques toises de longueur , et jet 
tant des flammes de feu. Dès la mi-février jusques au dernier, 
elle s’est vue du côté du levant, laquelle paraissait plus grosse 
et plus affreuse. Quand le ciel était couvert elle ne paraissait 
point, on ne la voyait que quand le soleil était couché, et avant 
son lever. 

1746. Le 51 août, le soleil était sans rayons lumineux, mais point 
rougeûtre. Le 1 septembre, il a fait du soleil jusqu’à midi, 
depuis jusqu'à la nuit, on le voyait d’un rouge pâle, il était 
triste à voir ne donnant aucun rayon , et en le regardant il ne 
faisait point de peine. 


TREMBLEMENTS DE TERRE. 


1704. Le 18 avril, un peu avant 10 heures du soir, tremblement 
de terre qu’on a presque senti nulle part qu’à Saint-Blaise. Peu 
dé personnes à Hauterive, à Marin , à Neuchâtel, et personne 
à Voëns. 


— 122 — 


1716. « Le 26 novembre, à 5 heures du soir , tremblement de 
terre à Neuchâtel et aux environs. » 

1717. « Le 9 août, tremblement de terre. » 

1729. «Le 18 octobre, tremblement de terre. » 

1798. | Le 5 août, tremblement de terre à la Chaux-de-Fonds, 
Neuchâtel, Payerné et Berne, à 4 heures du soir. | 

1729. Le 26 et 27 mai, quelques secousses de tremblement de 
terre ressenties à aairdt Blaise. 

1755. Le 8 juillet, à { heure et demie, tremblement de terre à- 
Büren, si violent que les cloches se firent entendre d’elles- 
mêmes (Aercure suisse). 

1756. Le 12 juin, tremblement de terre ressenti à Saint-Blaise, 
à Cornaux, et surtout à la Chaux-de-Fonds où l’on a senti plu- 
sieurs secousses, à la première les maisons se sont secouées, à 
la deuxième que l’on branlait sur les chaises comme quand on 
branle un enfant dans son berceau. 

4758. Dans la nuit du 47 au 18 mars, à 5 heures du matin, lon 
a senti, à Saint-Blaise, quelques secousses de tremblement de 
terre. | 

1759. Le 18 mars à midi, l’on a senti, à Saint-Blaise, quelques 
secousses d’un tremblement de terre; le plus gros s’est fait 
sentir à la Prévotée où il semblait que les buissons allaient 
s’enfoncer en terre; des particuliers qui étaient dans cet en- 
droit, croyaient que la terre s’ouvraient sous leurs pieds de la 
grande secousse qu'ils sentirent. 

1741. Le 2 février, entre 9 et 10 heures du soir , il a fait à St- 
Blaise, Hauterive et Marin une grosse secousse de tremblement 
de terre, et encore une à 41 heures et trois quarts avant mi- 
nuit; de la première secousse il semblait que le haut des mai-” 
sons, de même que les caves surtout les voûütées tombaient. 


“C'est dans la période dont nous faisons le résumé que les obser- 
vations météorologiques ont été commencées d’une manière scien- 
tifique à à Neuchâtel. Ces documents ont été publiés dans le Mercure 
suisse, Journal mensuel ou recueil de nouvelles historiques, poli- 
tiques, littéraires et curieuses, à Neuchâtel, chez Jonas- George 


a on 


Galandre, et rédigé par une société composée de gens de lettres, 
d'hommes de science, de médecins, de poètes, d'amateurs et mê- 
me de femmes. Ce journal mensuel fut commencé en décembre 
1732. Les observations météorologiques dont nous avons à nous 
occuper ici, furent faites par M. le docteur Garcin, qui avait 
exercé la médecine et la chirurgie avec réputation, et rempli les 
premières places de sa profession, attachées au service militaire 
des Etats-généraux , non seulement en Europe, mais aussi dans 
leur Compagnie des Indes Orientales. Pendant 25 ans consécutifs 
qu’il a été dans ce service , il a visité un grand nombre de pays 
en Europe et ailleurs; au commencement de 1720, il partit 
pour les Indes où il resta 10 ans. Pendant ses voyages il est resté 
en correspondance avec plusieurs des savants les plus illustres de 
cette époque : avec Sloane , président de la société de médecine 
de Londres, avec Jussieu, de Paris, avec Boerhave, de Leyde, et 
Connullin, professeur de botanique à Amsterdam. 

Il fit diverses communications scientifiques, surtout sur des 
sujets d'histoire naturelle alors tout nouveaux à l’Académie des 
sciences de Paris, et à la société royale de Londres. A son retour 
des Indes, Garcin fut nommé membre de la société de Londres, et 
correspondant de l'Académie de Paris. 

En 1752, le docteur Garcin s'établit à Neuchâtel pour se repo- 
ser de ses longs voyages, et c’est en 1753 qu’il commença ses 
observations météorologiques. | 

il fut fortement encouragé à entreprendre ce travail par Pexem- 
ple de Scheuchzer, qui, en 1728, d'accord avec Joseph de Sessa, 
prieur des capucins du St-Gothard, fit placer au haut de cette mon- 
tagne, dans le couvent, un baromètre réglé auparavant avec celui 
sur lequel il faisait ses observations à Zurich. Scheuchzer envoya 
les doubles observations des 5 derniers mois de 1728 à l’Académie 
de Paris. En 1732, il envoya à l’Académie de Bologne, sous le 
titre de Coelum triste, les variations du baromètre qui eurent lieu 
à Zurich et sur le Gothard, depuis août 1728 jusqu’en déc. 1751. 

Garcin eut connaissance de ces observations de Scheuchzer, et 
entreprit les siennes; ses observations furent fort appréciées à 
Paris, à Zurich, à Genève, à Bâle, et Jean Bernouilli père, adressa 
en mars 1734 une lettre à M. Bourget, professeur de philosophie 
à Neuchâtel , lettre dont l’original se trouve dans les manuscrits 


relatifs à Bourget, déposés à la bibliothèque publique de Neuchà- 
tel, dans laquelle: Bernouilli exprime son extréme satisfaction 
avec laquelle il avait vu ces observations, approuvant aussi les 
réflexions qui les accompagnent, la description des instruments 
et la manière de faire les observations, laquelle dit-il est telle 
qu’un physicien peut la souhaiter. Bernouilli donne ensuite quel- 
ques indications sur les corrections à faire au baromètre relative- 
ment à la capillarité et à la dilatation du mercure. Il termine par 
la comparaison des observations faites par lui à Bâle, avec celles 
de Neuchâtel. 

Garcin accompagnait les tableaux de résumés et de remarques 
théoriques qui anrenèrent des discussions scientifiques très-inté- 
ressantes entre lui et d’autres physiciens, surtout avec de Mairan, 
de Paris, avec Muschenbrock, Utrecht, avec Daniel Bernoulli, 
de Bâle. 

Garcin était un esprit ingénieux et d’une grande activité, à 
côté de ses travaux et discussions météorologiques, il entreprit 
pour le grand Dictionnaire du commerce, la rédaction de près de 
70 articles relatifs à l'histoire naturelle, aux aromates, drogues, 
plantes alimentaires , à ja géographie et au commerce des {ndes. 
Les articles sont signés ou marqués d’une croix. Les plus remar- 
quables sont ceux sur le commerce des anciens arabes, la fin de 
la préface historique, les additions sur Ceylan , sur Java, Suma- 
tra, les Mollusques, sur le commerce des canelles, les articles sur 
la canne à sucre, la muscade, l’aloës, le benjoin , le cachou, le 
eurcuma , etc. Il publia en outre dans le Mercure suisse une dis- 
sertation sur l'emploi des bains chauds, et sur ceux d’Aïx. 

Il entreprit une longue discussion avec M. d’/vernois, médecin 
à Neuchâtel, et un médecin anonyme de Genève, sur les secours 
à donner aux noyés. 

C’est assez pour montrer le mérite de l’homme qui fut le fon- 
dateur des observations météorologiques à Neuchâtel. 

Nous passons à la description des instruments employés par 
Garcin et à ses observations. 

Les observations se faisaient deux fois par jour, le matin au 
lever du soleil, et le soir dans le crépuscule qui suit le coucher 
du soleil. 

Le baromètre avait toutes les conditions requises pour être bon. 
Son verre, dit l’auteur, est un gros tuyau bien droit, bien uni et 


— 7125 — 


des meilleurs d'Angleterre. IL a été nettoyé et défléché par un 
piston et par la chaleur. Le mercure et le vide qui est au-dessus, 
sont bien purifiés de l’air. et lorsqu'on incline le baromètre, le 
fluide métal qui y est renfermé, touche parfaitement et avec bruit 
le bout du tuyau. L’échelle adaptée à l'instrument est de deux 
pouces de Paris, divisés en 24 lignes ; ces deux pouces sont placés 
immédiatement au-dessus des 25 pouces où la colonne de mereure 
demeure élevée. Ainsi l'échelle montre le 26 et le 27% pouce, 
dans lesquels sont renfermées toutes les variations du mercure 
qui se font au niveau du lac de Neuchâtel où on fait les observa- 
tions. L'auteur conjecture que la différence de la hauteur du 
mercure entre Paris et Neuchâtel va à un pouce ou environ, ce 
qu'il espère découvrir plus précisément par l’expérience. Dans 
cette supposition il trouve que Neuchâtel est plus élevé que les 
bords de la mer de 187 toises en ligne perpendiculaire. 

Pour les vents, l’auteur pense que chaque vent a ses propriétés 
tant pour les météores que pour les biens de la terre. Nos mon- 
tagnes causent aux vents beaucoup de variétés, par la raison 
qu’elles font obstacle à leur direction, en les réfléchissant d’une 
infinité de manières. Chaque lieu de la Suisse semble avoir le 
sien propre, surtout lorsqu'ils sont faibles. L'auteur croit qu’en les 
observant, il convient de s'attacher aux plus élevés en suivant de 
vue la direction des nuages, afin de reconnaître autant qu'il est 
possible le vent le plus général. Il abandonne lui-même les infé- 
rieurs à moins qu’ils ne soient forts et de durée. Ge sont les pre- 

“miers qui sont l’objet de ses observations ordinaires , et dont l’es- 
pèce est marquée dans les tableaux. On indique quatre degrés de 
force dans les vents. 

Pour le temps, le mot soleil signifie un beau temps, nuages un 
temps nuageux, couvert un temps où il y a peu ou pas de soleil. 
Un temps sombre ou prêt à pleuvoir est indiqué par obscur. 

Le thermomètre est un thermomètre de Fahrenheit, 32° indi- 
que la gelée, le thermomètre portait 96 degrés. Le thermomètre 
est exposé hors d’une fenêtre qui regarde en plein air le nord. 

Garcin regrette de ne pas pouvoir donner le degré d’humidité 
de air, mais les hygromètres lui paraissent peu sûrs, leur ressort 
ne saurait avoir la justesse requise pour s’en servir aussi utile- 
ment qu’il serait nécessaire. 

BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. Y. 47 


— 126 — 


Il se propose de donner les variations de la boussole , et il a 
fait venir un excellent compas de variation de 6 pouces de dia- 
mètre, construit par van Keulen, d’Amsterdam. 

En juin 1754, Garcin trouve qu’il est convenable d'observer les 
vents supérieurs et les vents inférieurs. C’est ce qui l’engage à 
_les ranger sous 2 colonnes. | 

En Suisse on voit presque toujours les vents supérieurs et in- 
férieurs régner à la fois sous plusieurs directions. Tantôt l’une 
des couches d'air est en mouvement, l’autre en repos, tantôt l’une 
se meut plus vite que l’autre, tantôt elles vont en sens contraires. 
Quand les vents supérieurs sont élevés, leur direction vient de 
loin, ils passent par-dessus les montagnes et ne sont pas refléchis 
par elles. Mais si l'air est plus raréfié ou que le temps soit cou- 
vert, ces mêmes vents soufflant alors sous une direction plus 
basse , sont sujets à être réfléchis par les montagnes. Les vents 
inférieurs sont ordinairement les plus forts. Ils sont ou généraux 
ou particuliers, ceux-ci qui sont les plus fréquents, doivent leur 
origine aux pays voisins ou peu éloignés de celui où ils soufflent, 
nos vallées donnent souvent de ces vents particuliers. + 

Dans le même tableau -de juin 1754, Garcin ajoute une co- 
lonne qui montre les jours de la lune : des curieux, dit-il, ayant 
désiré pour voir d’un coup-d’æil le rapport des révolutions de ce 
satellite avec celles du temps. Il y a apparence que la lune fait 
diverses pressions sur notre atmosphère. Nous n’en avons pas de 
preuves certaines, mais sa proximité, son tournoiement autour 
de notre terre, le flux et reflux de la mer qui paraît en dépendre, 
sont des marques assez probables pour nous faire croire qu’elle 
occasionne des mouvements aériens utiles à notre monde. Des 
observations générales et bien concertées mèneraient aussi à cette 
connaissance. 


Comme les observations de Garein sont imprimées, nous n’en 
donnerons qu’un résumé. 


Les tableaux météorologiques se trouvent dans le Mercure 
suisse : 


SIA. va 


— 127 — 


15734. 


Janvier, page 106. — Février, manque dans l’exemplaire qui 
se trouve à la bibliothèque de Neuchâtel. — Mars, page 90. — 
Avril, page 116. — Mai, page 111. — Juin, page 98. — Juillet, 
page 114. — Août, page 122. — Septembre , page 104. — Oc- 
tobre, page 116. — Novembre, page 110. — Déc., page 116. 


1735. 
Janvier, page 124. — Février, page 109. — Mars, p. 498. 
— Avril, page 129. — Mai, page 155. — Juin, page 121. 


— Juillet, page 101.— Août, page 115. — Septembre, p. 125. 
— Octobre, page 127. — Novembre, page 130. — Décembre, 
page 117. 


Ces observations ont été imprimées pour les années 1754 el 
1755. Elles cessent dès-lors. Cependant dans les années suivantes 
Garcin a dû continuer les observations , car de temps à autre 1l a 
publié des considérations et des discussions scientifiques sur des 
objets de météorologie, mais ces documents, restés en originaux, 
paraissent être perdus. 


Nous allons donner le résumé de ces deux années d’observa- 
tions. Nous réduirons les degrés Fahrenheit en degrés centi- 
grades, et les lignes du baromètre en millimètres. 


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En jours de 24 heures. 


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| Février || 2! 16! 9! 4!—{1—| | E Février || 3| 8! 13|—| 3 
| Mars 81" 5/41 47 AT 911-246 Mars B PEONE TE MSN RS EAIES 
| Avril AP OP TU). 6-91 Avril 7| 11 ga) 
| Mai 71 41 44! 6|—|—| 3]! Mai 2! 41| 44! 4 — 
| Juin 40! 6! 40! 4/—!! 3! 4 E Juin 3! 192! 43|/ 2 — | 
| Juillet || 3} 13, 5110/—|—| 2|— } Juillet || 31 14| 9! 5 — 
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Octobre! 2! 41} 41! 7|—1]-=} | EL Octobrell 41 8! 15} 3| 1[—|—]— 
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Neuchâtel, 1733. 


En jours de 24 heures. 


Vents supérieurs. Vents inférieurs. | 
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Janvier || 19: —| 6|—|— 5 Janvier 15! 8] 5|—] 1|[—1|2 
Février :| 05[—113(1— 1 1 8 À Février | 4! 31 141—1 11 21 7 
Mars 16 4126 [AE 8 Mars D EME à 10 Na | EN PE ag 
Avril 431-3146 PT te 7 P'AVTI GORE LE 
Mai 48 21 71—|—1|—1 4 Mai AVE Li CAS ESS CS a 
Juin 47| 41 91 4{—1— | 6 Juin 71 6 Giudl—2 |} "27 5 
Juillet: |[.24} 14t 21 411]! $ Juillet 11541 71 92917 41/9 
Août 5! 4141! 41—|— | 7 E Août 8| 1 6113|—|— | 3 
Sept. AOL SMART | #9 Sept. 12| 4 11 5I—|=1T 2 
Octobre|| 10! 41411 41—|—}| 8 EOctobrell 4! 51 471 11—|—| 7 
Nov. 8|—| 4|— |—| 41\14 | Nov. 4| 81 14/54) — 71 1! 5 
Déc. 45: 26 tt 4). 5 Dée 9! 7 9|—|—1 115 
Année 1163122184! 9 A1 9177 # Année |1961611110127| 2145154 


— 130 — J 


La statistique des orages et des grêles paraissant assez complète 
poûr la série d’années dont nous nous occupons, nous résumerons 
ces observations. 


ORAGES ET GRÊLES REMARQUABLES. 


17027 septembre : grêle depuis Neuchâtel à Saint-Blaise , sur- 
tout le long de la montagne, la grêle ne s’en étant écarté de 
loin. Le vent la chassait de Neuchâtel vers Saint-Blaïise , et la 
bise de Saint-Blaise vers Neuchâtel, ensorte que les deux co- 
lonnes s'étant rencontrées près de la Coudre et Hauterive, c’est 
l'endroit où il a été le plus tempêté, il n’est presque pas de- 
meuré ni feuille ni raisin. 

4717. Août 29: Orage violent pendant tout le jour. La foudre 
est tombée sur des maisons , à la Coudre , à Cornaux, au Lan- 
deron, à Neuveville, à Savagnier, etc., mais sans causer nulle 
part des incendies, excepté à la Coudre. 

1718. Juin: la nuit du 21 au 292, pluie, mais forte grêle au Val- 
de-Ruz et à Chaumont. Août : 25, grand orage vers 7 heures 
du matin. La foudre est tombée dans un bateau qui allait de la 
Sauge à Neuchâtel, où il y avait une douzaine de personnes. Le 
batelier en a été tué sur-le-champ, le reste de l'équipage n’a 
eu que de la peur, quoique le bateau ait été fendu, et qu’il se 
soit rempli d’eau. La foudre à percé le chapeau du pauvre 
foudroyé, lui a crevé un œil et cassé le petit os d’une jambe, 
on ne voyait pas d’autres blessures sur son corps, mais ses 
habits étaient brülés et déchirés du même côté. 

1719. Juillet: dans la nuit du 2 au 5, à une heure après minuit, 
il est tombé une grêle qui a désolé tout le Val-de-Ruz et tous 
les lieux, depuis Cornaux jusqu’à la Roche de Bienne. 

1720. Mai: 1, orage le soir, grêle aux Ponts et au Val-de-Ruz, 
de sorte qu’on y a vu beaucoup de grêle sur la neige. Juin : 5, 
grêle qui surprenait par sa grosseur et par sa figure. Les grains 
étaient la plupart aussi gros que de bonnes noix; le 7, grêle 
qui a fait beaucoup de mal à Corcelles, Cormondrèche, le haut 
d’Auvernier. Lausanne en a aussi essuyé une terrible qui a 
abîmé son vignoble, vingt-sept paroisses du canton de Fribourg 
ont été désolées. Août: la nuit du 28 au 29, un peu après 


— 131 — 


minuit, il a fait un temps épouvantable d’éclairs et de tonnerre, 
ce qui paraissait un incendie par la lueur continuelle des éclairs. 
Ce temps a duré jusqu’au jour. Une grêle qui a commencé sur 
les frontières de ce pays, du côté de Pontarlier, a fait un grand 
ravage sur les montagnes, au Val-de-Travers , à la Brévine, 
aux Ponts et est venue tomber sur les vignobles de Bôle, Cor- 
celles, Peseux , Colombier et Auvernier , où en des endroits 
elle n’a laissé ni feuille , ni raisin. Elle est venue à Cortaillod 
où elle s’est jetée au travers du lac. La nuit du 30 au 31, aussi 
après minuit, il a encore fait un grand orage, mais ce temps 
n’a pas été si long ni si violent que le précédent , cependant la 
grêle a fait beaucoup de mal aux endroits des dits villages qui 
avaient le moins souffert, et même à une partie du vignoble 
de Neuchâtel, étant venue jusques au-decà du Vauseyon. 

1795. Juillet: 18, orage, grêle extraordinaire, non par la quan- 
tité, mais 1l y avait des grains aussi gros que des œufs de pi- 
geon. Septembre : 27, grêle en quantité très-considérable, entre 
Môtiers-Travers et Brévine, que le lendemain on en a aperçu 
en des endroits la hauteur d’un demi pied. Décembre : 18, il 
a plu abondamment, et il a fait un vent impétueux accompa- 
gné vers le soir d’éclairs, de tonnerre et de grêle , ce qui est 
bien extraordinaire dans une saison si avancée et à la vue d’une 
si grande quantité de neige dont la côte est couverte. 

1726. Mai: 17, orage, la foudre est tombée à Vœns, où elle a 
étouffé 4 bêtes à cornes. Juillet: 23, pluie et petite grêle, mais 
qui a fait du mal à Vœns, à Corcelles, Boudry, Bôle, et au 
Val-de-Ruz. 

1729. Juin: 1 et 2, éclairs et tonnerre le soir. À la Chaux-de- 
Fonds, vers 4 h. du soir, il y était tombé une grande quantité 
grêle et de la grosseur d’un œuf de poule, qu’on avait pesé des 
grains qui pesaient une demi-livre, et un davantage. Le dit 
orage s’est étendu environ 4 à 5 lieues en longueur. Juillet: 

” 49, sur les 5 heures du soir il a fait une grosse pluie mêlée de 
grêle qui ne dura point. À 9 heures du soir, il fit un gros temps 
de tonnerre et d’éclairs, avec du vent si violent, qu’il enlevait 
les tuiles des maisons, et arrachait les arbres. Cet ouragan se 
fit sentir à Lignières, où il a enlevé 9 toits, au Val-de-Ruz il 
renversa 3 maisons, dans les montagnes il enleva des toits et 
des cheminées. 


Lorie HR | 


1730. Juillet: 4, orage à 9 heures du soir suivi de pluie; dès 41 
heures jusqu’au matin, orage toute la nuit, au commencement 
il y avait de la grêle, elle fit du mal à Cortaillod, Grandson, 
Payerne, etc. Elle survint vers minuit à la maison rouge, il y 
en avait en si grande quantité qu’on la ramassait à pleine main 
et les grains étaient de la grosseur d’une bonne noix. Cette 
tempête a abîmé les grains à Soleure, à Lucerne, le pays fut 
ruiné six lieues de long sur deux de large. Août: 28, sur le 
soir, éclairs et tonnerre épouvantables, avec pluie copieuse de 
quelques heures. Les éclairs et le tonnerre furent le plus ter- 
rible sur les 7 heures, les quatre vents se battaient, que lon se 
croyait à la fin du monde. Les vignes ont beaucoup souffert de 
la ravine qui venait de la montagne, ayant eu beaucoup de 
murailles de renversées. 

4731. La nuit du 30 juin au 1° juillet, sur les 9 heures du soir, 
il fit un orage terrible, à 10 heures il semblait que tout se bri- 
sait et que les maisons croûlaient. L’on n’a jamais rien vu de 
si affreux. Les éclairs se voyaient à 5 ou 6 endroits à la fois. La 
plupart du temps il semblait qu’on jetait des pierres sur le toit. 
Cet épouvantable tintamare dura jusque vers les 2 heures du 
matin, sur les 4 heures du matin il fit encore du tonnerre. Le 
dit jour et le précédent, il avait fait une chaleur brûlante. Pen- 
dant cette terrible nuit, la foudre est tombée dans plusieurs en- 
droits du pays. À Marin, un poirier fut brûlé, à Enges, du bé- 
tail fut tué, à Morat, la foudre tomba en 6 endroits sans faire 
de mal. Le 18 juillet, à 11 heures du matin, orage, la foudre 
tomba sur la tour de Douane sans faire de mal, il tomba aussi 
là de la grêle. 

1732. Juillet: 23, orage jusque vers 11 heures du soir, grêle 
sur les 10 heures du soir, il y avait des grains comme de bon- 
nes noix ; il y avait des gens qui faisaient les foins et qui ne 
savaient où se cacher, ils se croyaient pérdus. Août: le 5, à 5 
heures du soir, forte pluie, grêle qui fit du mal à Cornaux, 
Cressier et Landeron ; à 4 heures, orage, la foudre tomba près 
Fontaine-André, et près du gibet de Saint-Blaise. 

1733. Août: le 3, à 3 heures du soir, orage avec un terrible 
temps de grêle et de pluie. A Bôle, Bevaix, Boudry et Cortail- 

> lod, la grêle tomba en si grande quantité, qu’il y en avait des 


| — 133 — 


endroits qu’elle était de la hauteur de deux pieds. Le nuage 
creva à Bôle et Bevaix, l’eau était si haute et les ravines si 
fortes, que les chemins furent creusés de 7 à 8 pieds. La grêle 
était poussée par le joran et la bise, et pendant un moment 
par l’uberre qui l’empêchait d'aller plus loin, mais aussitôt que 
Puberre tomba, elle fut poussée de là le lac. Le 22 août, 
à 4 heure après-midi, orage , la foudre tomba en feu dans le 
lac; au commencement il tomba un peu de grêle , les quatre 
vents se battaient au-dessus de St-Blaise ; à 2 heures et demie 
le ciel était de nouveau clair. La grêle a fait quelque mal au 
vignoble, surtout près du port de Hauterive. La grêle était 
poussée par luberre qui la menait depuis Estavayer; on la 
voyait distinctement traverser le lac. 

1734. Avril : dans la nuit du 5 au G, orage et petite grêle pen- 
dant une demi-heure. La foudre tomba à Chézard. Juillet : 21, 
à 7 heures du soir, il est survenu du joran et de la bise qui 
étaient violents, il a aussi fait des éclairs et du tonnerre deux 
ou trois fois; nonobstant que la bise était fraiche. Septembre : 
12, à 4 heures du soir, orage pendant demi heure. La foudre 
est tombée à Frochaux à côté de quelques jeunes gens de St- 
Blaise, dont deux furent renversés par terre sans avoir eu d’au- 
tre mal que d’être étourdis; la foudre entra dans un jardin à 
côté, fit un trou en terre de quelques pieds de largeur, brûla 
encore un prunier et se dissipa. 

1725. Mai : 95, il a plu à réitérée fois pendant le jour, y ayant 
eu quelque peu de grêle mêlée. Il est tombé une colonne de 
grêle le long de Chaumont vers les 2 à 3 heures après midi, 
les grains étaient d’une grosseur extraordinaire. Il a aussi grêlé 
au Val-de-Ruz, qu’elle était grosse comme des noisettes. Juil- 
let: orage la nuit du 17 au 18, de minuit à 7 h. du mat. Cette 
nuit, une nuée noire venant du midi vint fondre sur le bail- 
liage de Pontarlier, le ciel était tout en feu de 10 heures du soir 
à 4 heures du matin, ce fut un orage continuel entremêlé 
d'heure en heure d’une grêle des plus fortes, qui tomba jus- 
qu'à cinq différentes reprises en si grande abondance que la 
terre en demeura couverte jusqu’à 9 heures du matin. Au 
Val-de-Travers, il a fait à peu près le même temps, la grêle 
était si abondante que, sur les 8 heures du matin, la terre 
en était couverte de 2 à 3 doigts. 


— 134 — 


1737. Juin : le 5, à 11 heures du matin, orage, de 3 heures du 
soir à 5 heures du soir, orage avec grêle ; la plupart-des grains 
étaient comme de grosses noisettes. Le plus gros temps était à 
Marin. Juillet: le 2 au soir, orage de quelques heures, la 
foudre est tombée à Neuchâtel, dans le Seyon, à côté de V’'E- 
cluse, Août: le 59, à.2 heures du soir, orage avec grêle jusqu’à 
6 heures du soir. Le tonnerre est tombé dans les champs près 
de Marin. La grêle a fait du mal à Cortaillod. 

1738. Août : le 20, orage à 10 heures du soir. Il est aussi tombé 
de la grêle entre 11 heures et minuit. Les vignes ont été abi- 
mées tout le long des lacs de Neuchâtel et de Bienne. 

1739. Mai : 29, à 4 heures du soir, orage, pluie abondante mêlée 
de grêle d’une grosseur extraordinaire, qu’il y en avait des grains 
comme des œufs de poule. Les vignes entre Neuchâtel et Saint- 
Blaise ont été si abimées, que de plusieurs années on ne les re- 
mettra pas sur pied. Juin : 18, orage à midi, orage de 8 h. du 
soir à # h. du matin. La foudre est tombée à peu près dans le 
même moment en trois endroits différents à St-Blaise : au bas 
du ruisseau, derrière chez M. lé D' Bugnot et dans la battue de 
M. Fischer ; 21, orage à midi, la foudre tomba à Münschemir, 
et y brûla trois maisons ; 23, de 2 heures du matin à 4 heures 
du matin , orage, la foudre tomba plusieurs fois dans le lac ; 
24, à 5 heures du soir, orage avec grêle, la grêle a duré un 
quart d'heure, et a été surtout le long de Chaumont, mais sans 
faire de mal, quotqu'elle fut très-grosse, mais il ne faisait par 
bonheur pas de vent. Juillet : le 8, à À h. du matin, il a fait 
un éclair des plus gros que l’on ait vu de longues années, suivi 
d’un terrible coup de tonnerre, que les maisons de St-Blaise en 
ont tremblé ; à 10 heures du matin, orage avec petite grêle, le 
gros s’est donné à Chaumont, à Hauterive et à la Coudre, la 
grêle a frappé depuis Auvernier à Bienne. Il y en avait à des 
endroits un demi pied, mais elle était si menue qu’elle n’a pas 
fait grand mal. 

1743. Juillet: 27, à 5 heures du soir , orage avec grêle. Il a fait 
un gros coup de tonnerre, que la foudre est tombée aux envi- 
rons de St-Blaise, il est tombé un peu de pluie , laquelle était 
suivie de grêle d’une si grande grosseur, qu’il y en avait pour 
la plus grande partie comme de grosses noix ayant leur coque, 


— 135 — 


d’autres comme des écus aux trois couronnes ; mais il n’y eut 
que peu de mal dans nos quartiers, parce que ce temps ne dura 
que deux minutes, mais le gros a été à Cornaux jusqu’à Bienne, 
où tout a été abîmé. Septembre: 12, à 5 heures du soir, orage 
avec grêle qui a fait du mal depuis Marin jusqu'à Thielle. 
Octobre : 10, à 2 heures du soir, orage, la foudre est tombée à 
Neuchâtel sur une maison vers le bord du lac, a cassé un mi- 
roir et un baromètre, et s’est ensuite dissipée. 

1744. Juin: 7, à 3 heures du matin, orage, la foudre est tombée 
dans le lac au-dessous de la maison de commune. 

1746. Avril: 20, à 3 heures du soir , éclairs et tonnerre avec de 
la grêle sans pluie, que la terre était grise une demi-heure. 
Juin: 3, ouragan et orage terrible au Val-de-Travers, il y avait 
dans certains endroits jusqu’à 4 pieds de grêle, elle s’est étendue 
de St-Sulpice jusqu’à Couvet. Juillet: le 5, à 9 h. du soir, orage 
avec grêle , la grêle n’a duré qu’un quart d'heure, mais avec 
un joran si violent que les fruits des arbres ont été abattus. 
Elle n’a pas fait de mal aux vignes. 


En groupant les 260 orages cités dans les 29 années de 1717 à 
1746 suivant les mois , on trouve la distribution inscrite dans la 
colonne nombre , dans le tableau qui suit. Il résulte de ces chif- 
fres qu’on a en moyenne 9 orages par an, dont 5 en juillet, 2 en 
juin, 2 en août, | en mai et 4 en septembre. En 1751, on a eu 
le maximum : 25 orages dans l’année. Parmi les années orageuses, 
on doit citer 1755, 1754, 1757 et 1739. 

Sur ces 260 orages, il y en a 221 pour lesquels on indique 
l'heure où l’orage a commencé. En comprenant dans le matin, 
les 8 h. de 4 h. du matin à midi, dans le soir , les 8 h. de midi 
à 8 heures du soir, et dans la nuit, les 8 heures de 8 h. du soir 
à 4 heures du matin, on trouve la distribution indiquée par : le 
tableau qui suit. 

Nous ferons remarquer que les heures où le plus d’orages ont 
eu lieu doivent être citées dans l’ordre suivant : 5 h. du soir, 
maximum, 5 heures du soir, 7 heures du soir, 4 heures du soir, 
9 heures de la nuit, 8 heures de la nuit, 2 heures du soir, midi, 


— 7136 — 


6 heures du soir, minuit, 10 heures &u soir. Le matin les orages 
sont rares, 


ORAGES. 

EE ER PT 

Nombre. | Matin. Soir. Nuit. 
Janvier +. . . 1 — — — 
HÉNTIET : ©. 1 — — 1 
ET OR Pa 3 — 1 2 
‘: LA v NEVERS SARRER 15 — 9 4 
Mate fs 4 27 — 18 5 
DR nm fi 59 8 33 13 
- FH AMEN MIRE 14 2 30 24 
ROUt 7 AN 7 Jr 48 6 23 11 
Septembre . . 24 _ 12 12 
ODeloben 5:11 8 E “ abs 
Novembre , . — — — 

| Décembre . . 2 — 2 — 

MANOE.,  SiNS 260 16 135 70 


Quant aux grêles, en groupant les 81 grêles citées dans les 44 an- 
nées de 1702 à 1746, suivant les mois on trouve la distribution 
inscrite sous la colonne nombre, dans le tableau qui suit. II résulte 
de ces chiffres, qu’il tombe en moyenne 2 grêles par an, dont 
lune en juin ou juillet, et l’autre dans l’un des autres mois. En 
170%, on a eu jusqu’à 13 grêles petites et grandes; parmi les an- 
nées à grêles un peu nombreuses, on pourra citer 4719, 4720, 
1725, 1729 et 1750. Sur ces 81 grêles, il y en a 45 pour les- 
quelles on indique l’heure où la grêle a commencé. En parta- 
geant, comme pour les orages, la journée en 3 parties égales de 
8 heures chacune, on trouve la distribution indiquée par le ta- 
bleau qui suit: 


GRÊLES. | 

D FES ne. CR | 

| Nombre. | Matin. Soir. Nuit. | 
Janvier . — — = LE 

Février . —— —— — | 

Mars 1 2Ë = Let 

Avril 8 ju n | | 
Mai . 12 ner 7 E 
Juin . 20 2 + I 

Juillet 24 { 5 " | 
Août {) Le A k 
Septembre, 4 sé 9 dE 
Octobre : 114 2 ee fl SE 

Novembre . — = FR 

| Décembre . 1 = il Æ 
Aimée: #4. 8! 3 32 10 


On voit que les grêles sont très-rares le matin et peu fréquentes 
la nuit; elles tombent à peu près indifféremment de 41 heures du 
matin à 9 heures du soir, on mentionne deux grêles à 11 heures 
du soir et une grêle à une heure du matin. De minuit jusque vers 
midi, on n’a donc jamais vu de grêle, sauf une seule fois. 


TABLEAU 


DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA FLORAISON DE LA VIGNE 
ET DE L'ÉPOQUE DES VENDANGES A SAINT-BLAISE. 


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+ =5 |Raisin en fleurs! % 
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1700 2 oct. [Mauvais. 

1701 111% » 

1702| 16 mai | 9 juin |27 juim |13 » » 

11081 4759 2. » | 417 » |[Médiocre. 

1704! 25 avril [28 mai 24 sept. » 


1705| 16 mai |10 juin [30 juin [26 oct. [Mauvais. 
1706| 29 avril|25 mai 15 sept. » 


BE ® 
PR 
EX, 
2SÈÈE 
SÉ2Ea 
ET À D 4 
Res] 
1707 | 11 mai 
1708 | 11 » 
1709 | 11 » 
17101 9 » 
1141 9 » 
12 8 » 
131 18 » 
141 16 » 
15h16 1» 
161 22 » 
1474-42 -» 
18 | 29 avril 
19 | 140 mai 
20 8 » 
91 4 » 
pe. D» 
23 | 23 avril 
24 5 mai 
25 | 10 » 
26 F,9 
27 7e 
28 dc 
20 rt 293, 
301 F2 
M2 
32 
33 
34 
935 7 mai 
36 | 25 avril 
37 9 mai 
38| 19 » 
39 | 23 » 
40! 3 juin 
41 | 23 mai 
42 4 juin 
43 | 19 mai 
44 | 24 5» 
45 | 16 » 
46 | 11 » 
47 
48 
1749 


Moyenne! 12 mai 


(Suite). 


Raisin en fleurs 


aux 


endroits 
printan- 


10 juin 
19.2 
10 » 


4 juin |: 


15.» 
16 0 
29 mai 
9 juin 
9 » 
23 mai 
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30 » 
juin 
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5 mai 
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16 » 

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24 juin 
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5 juin [25 juin 


Commencemèent 
des 
vendanges 


a | mms À ——_—_—_—_—_—_——— | —————————— 


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10 » 
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9 » 
21: 9 
24 » 
14 » 
18 _» 
e L 
3 LE 
10 » 
16 » 


9 oct. 


Qualité du vin. 


Bon. 
Très-bon. 
Mauvais. 
Bon. 
Très-bon. 
Mauvais. 
» 
Bon. 
Très-bon. 
Bon. 
Très-bon. 


.[Mauvais, sans force. 


Mauvais , trop mûr. 


Mauvais. 
Bon. 
Mauvais. 
Bon. 

» 


Mauvais, trop mûr. 


Bon. 

» 

» 
Mauvais. 
Mauvais. 

3on. 
Mauvais. 
Bon. 

» 

» 
Très-bon. 
Bon. 
Médiocre. 

» 
Médiocre. 
Bon. 

» 
Très-bon. 
Mauvais. 
Médiocre. 
Très-bon. 
Médiocre. 
Mauvais. 
Vert. 


dé. NDS 


RÉSUMÉ MÉTÉOROLOGIQUE 


pour l'année 1860. 


Les stations météorologiques du canton sont: Neuchâtel, Fon- 
_taines au Val-de-Ruz, Chaux-de-Fonds et Préfargier. Les obser- 
vations au Locle n’ont pu être faites qu'incomplètement. Les 
observateurs sont restés les mêmes. Le comité météorologique les 
remercie de leur concours bienveillant. 


M. Mayor a continué ses observations sur les moments où les 
différentes parties de notre horizon se montrent ou se voilent. 


Pour ne pas augmenter trop les dimensions de notre bulletin, 
nous nous bornerons à donner des extraits des résumés des ob- 
servations des différentes stations. 


Les rigueurs du mois de décembre 1859 furent suspendues au 
commencement de la nouvelle année. En janvier il ne tomba 
que peu de neige, mais beaucoup de pluie. Le 50, à 8 heures du 
soir, il y a eu, au bord du lac, un orage avec éclairs et tonnerre, 
par un fort vent S.-0.. Il fut suivi d’une légère chute de neige. 
Le froid revint avec la bise en février. Dans la nuit du 25 au 26, 
le port de Neuchâtel fut gelé tout entier, mais le dégel commença 
déjà le 26; les 12, 13, 14 et 15, la bise soufflait avec une vio- 
lence extrême. Il tomba peu de neige dans le bas, mais, sur les 
hauteurs, la neige n’a pas cessé de tomber et, en certains en- 
droits, elle s’est amoncelée au point d’intercepter la circulation 
sur les routes. Les courriers étaient en retard de huit et de douze 
heures et n’arrivaient à leur destination qu’avec des peines inouïes 

et exténués par la fatigue et le froid. 

(Suite à page 744). 


{ 


TEMPÉRATURE DE L'AIR. 


Tableaux des observations thermométriques. 


Neuchâtel, 18360. 


| È È | Maxima el minima. ë é Jours de 

Re = . Ss S = = | 

A Gee MR AR EEE AS Se SES S 

És| ils | les |< ss 

Ssls ll S | 8 SsReR te 
Janvier 3,9 || 10,0 5 |—3,0 9 13,0 |—| 5] — 
Février  |-—1,4 |! 40.0 DT. 182 15 18,0 |HO| 14! — 
Mars 3,1 || 16,0 29 |—8,0 12 24,0 || 31 7| — 
Pareil 74 || 18.0 7 |—o2| 90 |482/|-| 4| — 
| Mai 14,0 || 23,5 [23 & 25| 6,0 29 17,3 —| 44 
| Juin 16,2 || 27,5 [26 & 27| 8,5 8 19,0 |—| —| 13 
| Juillet 47,5 À 27,2 16 9,5 { 47,7 |} —1 95 
Aoûl 16,4 || 29,9 30 9,8 | 8&18 | 19,4 |—| —| 93 
Septemb, || 13.7 || 21,0 122 & 23| 6,5 97 14,5 |-—| —!| 4 
Octobre 9,3 16,5 8 0,0 413 16,541 ie 
Novembrel! 3,0 || 41,0 A7: |-+3,5 | A & 91 | 44,5 || 1] 91 
| Décembrel! 1,9 5,0 9: -K=65 23 45,5 || 41 8] — 
| Année 8,7 || 29,2 | 30 août|—8,0 |15 fév.et| 37,2 |MS| 45 79 


12 mars. 


| 


Fontaines, 1860. 


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| Janvier 0,1 9,0 2 —9,91 9 |18,01 #41 23 — 
| Février  {||—3,7 5,5 26 |—12,3| 15 17,8 || 22 NB 
Mars 0,6 141,2 | 29 |-—144,9| 42 | 95,4 || 6 | 21 | — 
| Avril 5,5 || 16,8 7 | —40! 19 | 20,8 | — | 16 | — 
| Mai 12,9 || 25,0 19 45017 "29" 940 "TT 7 
Juin 14,4 || 27,2 26 4,0 8 93,9 || — | —:1,40 
| Juillet 15,5 || 25,0 | 16 55-414 le): LEP 
| Août 14,8 || 24,8 26 4,2 1 20,6 | — | — 8 
Septemb. || 12,0 || 20,1 24 3,1| 28 17,0 | — | — 1 
| Octobre 7,0 || 15,2 s. 1 -2sh248 | 19e ha 
| Novembre||—0,5 8,1 2 |-—11,5| 20 19,6 || 10 | 12 
Décembre||—0,7 6,0 
Année 


Maxin.a et minima. 8 Ë Jours de 

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Février  |—5,9 5 25 |—920 2 25 2 8|— 
Mars —1,3 || 11 21 |—95 A4 36 7 | 22, — 
Avril 3,4 || 14 7 &A17| —6 12 & 20 | 20 2 | 19, — 
Mai 11,0 || 23 292 —1 29 & 30 | 24 — | —| 9 
Juin 12,9 || 28 26 A 8 27 — | —| 9 
Juillet 13,8 || 27 3 3 |1,3 & 21| 24 — | —/10 
Août 13,3 || 25,5 26 2 1 & 2 23.5 || — | —| 9 
Septemb. || 10,8 || 20 |23 & 24 0 27 20 — | —|2 
Octobre 6,7 || 47 7 —2,5 13 19,5 || — | 10 — 
Novembre|| 1,1 || 10 14 &15|—16,5 21 26,5 8 | 171 — 
0,5 3 


411 mars 53 


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Avril 


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Juin 1 
Juillet 4 
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Août 
Septemb. 
Octobre 
Novembre 
Décembre 


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Janvier 1,5 || 40,0 2 |—: 
Février —0,8 || 10,2 27 |— 
3,6 

6 
5 
7 
4 
1 
8 
8 
4 
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Année 


28,7 |27juin|—8,3 |11 mars| 37,0 |150/28 


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1 
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BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. V. 48 


TABLEAU DES OBSERVATIONS HYGROMÉTRIQUES. 


É ex: 
Neuchâtel, 1560. Préfargier. 


Nombre de jours de 
DR. CO RS 


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Eclairs. 
Millimètres d'eau 
tombée 


Millimètres d'eau 
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Neige. 
Brouill. 
Orage. 
Gréle. 


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Janvier 
Février 
Mars 
Avril 

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Juin 
Juillet 
Août 
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Octobre 
Novembre 
Décembre 


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Année 


Chaux-de-Fonds, 1860. Fontaines. 


Nombre de jours de Ÿ È 
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Janvier 5.149 À 7 - - 344 148 

+ Février 1,2 | 8,5 - 6 - - 185 43 

Mars 1,5 [8,5 | - | 6 - | - | 403 36 
Avril EAU RCE ME Li MS taie Qi 81 39,5 
Mai 7.2 - 1 - 1 1 123 80,5 
Juin 9 0e 4 LA 3 | 11 174 112,9 
Juillet és tre De CE EN GET 49,1 
Août 7 RP AS Sas 9 | - | 458 143,2 
Septemb 9 - - - 1 - | 172 187,8 
Octobre 25 3 3 - - _- 165 410,3 
Novembre! 3,7 | 3 9 4 - - 142 11,5 
Décembre! 3 9,5 6) 8 - - | 209 73,2 
Année 81,3 | 57 22 | 31 Al 2 | 2209 1035,0 


Ds ne 


PR 


ET DU BAROMÈTRE. 
Neuchâtel, 1860. 


TABLEAU DES VENTS, DE L'ÉTAT DU CIEL, 


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— 744 — 


Dans bien des endroits les chemins étaient tout-à-fait cachés 
dans la neige, qui avait de 4 à 5 pieds d’épaisseur. Il y en avait 
même sur les hauteurs jusqu’à 7 pieds. Autour des maisons et au 
bord des routes, on mesurait 8, 9 et 10 pieds de neige. Dans l’un 
des emposieux des Ponts, on en a mesuré 40 pieds. Il y avait des 
maisons dont les fenêtres étaient cachées par la neige, et quelque- 
fois, comme à la Chaux-du-Milieu, la neige atteignait le premier 
étage. 

Le 27 février, un vent S.-0. très-violent éleva tout à coup la’ 
température à 10°. Les rafales de ce Fôühn prirent les caractères 
d’un véritable ouragan entre 2 et 5 heures de l’après-midi. Dans 
POberland , il fut d’une violence extrême. Des forêts entières fu- 
rent renversées, des pierres pesant plusieurs quintaux, employées 
pour assurer les toitures des chalets contre le vent, furent enle- 
vées et transportées jusqu’à trente pas. Les vallées étaient semées 
de débris de toits. Dans le canton de Glaris, il y a eu des avalan- 
ches et des chutes de rochers qui ont coûté la vie à plusieurs per- 
sonnes. Les lacs étaient soulevés en vagues énormes. Dans notre 
Jura, les dégâts causés dans les forêts ont été terribles. Des cen- 
taines de sapins étaient renversés à la fois, brisés à quelques pieds 
du sol ou déracinés complétement. A la Chaux-du-Milieu, les 
toits de six maisons ont été emportés à la fois, quoiqu’ils fussent 
chargés d’une neige épaisse. A la Chaux-de-Fonds, plusieurs che- 
minées furent renversées et précipitées dans la rue. Ce Fôhn ter- 
rible paraissait avoir brisé les rigueurs de l’hiver. Déjà un beau 
soleil promettait le printemps, quand cet interminable et rigou- 
reux hiver reparut aussi intense que jamais. Le 7 mars, le froid 
se fit de nouveau sentir à la montagne, la neige tomba à petits 
flocons pendant toute la journée sans interruption, et avec une 
telle abondance que la lumière du jour en était rendue blafarde 
et que toutes les communications furent interceptées. Ce même 
jour, dans un enterrement à la Brévine, l’on a descendu la bière 
à 14 pieds de profondeur, dont 9 pieds de neige, ancienne et 
nouvelle, Le 11 mars, le minimum retombait à la Chaux-de- 
Fonds à — 25°, et le 12, à Neuchâtel, à — 8°. Partout à la mon- 
tagne les routes étaient de nouveau couvertes de 3 à 5 pieds de 
neige fraîche. Il fallait au courrier du Locle aux Ponts cinq heu- 
res de temps pour franchir une distance de moins d’une lieue, Le 


courrier d’Yverdon au Locle a mis trois jours pour faire la route. 
Le 21 mars, on a mesuré à la Vue-des-Alpes un amas de neige de 
45 pieds de profondeur. Pendant cet hiver extraordinaire, que ces 
derniers froids de mars devaient clore, le triangle a dû ouvrir 
trente fois la route des Hauts-Geneveys à la Chaux-de-Fonds et 
vingt-cinq fois la route de la Tourne, pendant que dans les hi- 
vers ordinaires, même rigoureux, on ne fait jamais plus de neuf 
à dix courses de triangle. Malgré cela, plus d’une fois le courrier 
a dû coucher aux Loges, à la Tourne ou à la Sagne. Les frais de 
courses de triangle et de déblaiement des neiges sur les routes can- 
tonales se sont élevés à 34,900 fr. 

Enfin, le 18 mars, une température plus douce amena le prin- 
temps, sans que toutefois l’hiver eût cédé ses droits compléte- 
ment. Le 24 et le 25 mars, il tomba à la montagne une neige 
abondante qui forma de nouveau, sur certains points, des encom- 
brements qui dépassaient trois pieds et qui gênaient les commu- 
nications. Il tomba de la neige au bord du lac les 25 et 26. Mais 
cette neige fondit de suite à Neuchâtel et peu à peu à la monta- 
gne. En avril, on eut encore un jour de gelée et de neige, mais, 
en général , l’état de la température fut convenable. On a eu des 
alternatives de beau temps et de pluie et des vents généralement 
chauds. Le mois de mai a eu quatorze jours d'été, sans aucune 
gelée, et deux orages. On pouvait encore espérer une belle année, 
mais l’été vint compromettre ces espérances, car le ciel fut très 
souvent couvert et il-tomba une grande quantité d’eau. La tem- 
pérature ne fut pas assez élevée, on n’a eu que 61 jours d’été pen- 
dant les mois de juin, juillet et août, pendant que, en 1859, on 
en a eu 78, et même la température est tombée neuf fois à 10° et 
au-dessous. On a eu des jours assez chauds, mais le mauvais 
temps a pris toujours rapidement le dessus. Le 18 juillet, au mo- 
ment où l’éclipse presque totale du soleil a eu lieu, le ciel se cou- 
vrit de nuages et un orage formidable éclata entre Morat et 
Bienne ; la foudre tomba sur une maison de Bretiège, qui fut in- 
cendiée. En août, on a déjà eu une matinée de brouillard. Le 11 
août, on eut à la Chaux-de-Fonds la première belle journée d’été. 
On a pu faire, malgré cet été humide et tempéré, tant bien que 
mal, les récoltes dans le bas; mais, à la montagne, on a eu bien 
de la peine à faire les foins et les moissons. Ainsi les fenaisons 


— 746 — 


commencées à la montagne le 15 juillet, ont duré jusqu’au 25 
août. Continuellement le travail a dà être interrompu à cause des 
pluies, et souvent on ne put rentrer que des foins déjà altérés. La 
vigne était bien retardée. À la montagne, les orges et l’avoine ne 
mürissaient pas, et l’automne , au lieu de réparer les défauts de 
l'été, a continué avec du mauvais temps. Le 4° septembre, il 
tomba une pluie abondante. Cette pluie s’étendit sur toute la 

Suisse et fut surtout considérable sur les hautes montagnes. Le 2 
_ septembre, le Rhin déborda depuis Ragatz jusqu’à Rheineck, et 
toule la vallée du Rhin présentait l’aspect d’an immense lac. A la 
suite de cette pluie, qui a duré plus de dix heures sans interrup- 
tion, l’Aar déborda dans la vallée de Hasli. Dans le Haut-Valais, 
le Rhône dévasta les districts de Viége et de Sion. La vigne ct 
les moissons subissaient l’influence fâcheuse de ces mauvais 
temps. On a eu en septembre douze jours de pluie et on n’a eu 
que six jours de beau soleil. Le mois d’octobre fut un peu plus 
favorable, on n’a eu que cinq jours de pluie. Cependant, déjà le 
9 octobre, la neige commençait à tomber sur la montagne; elle 
couvrait le sol à la Chaux-de-Fonds et blanchit les champs d’a- 
voine non coupés ; le 12, des flocons de neige tombèrent au bord 
du lac sur les ceps chargés de raisins, hélas! peu màrs, et le 13, 
la température est descendue à 0°, même à Neuchâtel Heureuse- 
ment que les brouillards devinrent plus fréquents et que la tem- 
pérature s’améliora, surtout vers la fin du mois. Le 8, on fit à la 
montagne la moisson de l'orge; les avoines durent pour la plupart 
être coupées pour servir de fourrage, le rendement après le bat- 
tage étant nul. Les vendanges se firent le 24, la quantité fut 
moyenne, la qualité mauvaise Du 21 au 51, on a eu de belles 
Journées à la montagne, ce fut l’été en automne. Dans le bas on 
a eu des brouillards. 

Le mois de novembre fut sombre et froid. La neige, tombée le 
>, resta presque partout jusqu’au 13. Le 11, on a eu le premier 
jour d'hiver au bord du lac. La pluie et le mauvais temps re- 
vinrent de nouveau le 22, pour se maintenir jusqu’à mi-décem- 
bre, où l'hiver s'installa définitivement. L’année 1860 fut froide, 
pluvieuse et peu productive. 


—  T4T — 


OBSERVATIONS DIVERSES. 


27 février, vent d'ouest violent. 11 renverse plusieurs cheminées 
à la Chaux-de-Fonds, il dévaste les forêts du Jura. Chute con- 
sidérable de neige. Les chemins sont impraticables. 

> mars, chute considérable de neige à gros flocons dans la mon- 
tagne. Tourbillons de vent S.-0. 

7 mars, la neige tombe à la montagne en petits flocons toute la 
journée, sans interruption, et avec une telle abondance que 
toutes les communications sont interceptées. 

11 mars, belle journée , nuit magnifique, mais froid intense : 
minimum à la Chaux-de-Fonds, — 25, 

12 mars, minimum à Neuchâtel, — &. 

16-21 mars, première cigogne, premier papillon à Préfargier. 
Les abeïlles sortent activement. 

24 et 25 mars, neige abondante à la montagne. 

10 avril, à Neuchâtel, quelques rares hirondelles. 

45 avril, premières morilles dans la forêt de Chaumont. 

14 avril, plus de neige au Val-de-Ruz. Commencement des se- 
mailles. 

16 avril, hirondelles nombreuses à Neuchâtel. 

20 avril, dernière chute de neige au Val-de-Ruz; elle fond 
le 21. 

23 avril, dernière neige à Neuchâtel ; elle disparait de suite. 

28 avril, neige à la Chaux-de-Fonds, la campagne est blanche 
comme en hiver. 

80 avril, fonte de la neige à la Chaux-de-Fonds, le sol se décou- 
vre. Le crocus vernus apparaît. 

4e mai, premières fleurs de poiriers en espalier. 

2 mai, premières feuilles aux tilleuls à Neuchâtel. Commence- 
nent des labours à la montagne. ; 

> mai, arrivée des martinets et reverdissement des prairies dans 
les hautes vallées. La neige a disparu tout-à-fait. 

7 mai, les peupliers reverdissent. 

8 mai, premier orage au Val-de-Rurz. 

12 mai, feuillaison du hêtre à la montagne. 

13 mai, les lilas sont ouverts. 


— 148 — 


47 mai, colza en fleurs. | 

18 mai, feuillaison du sorbier, de l’érable et du maronnier à la 
montagne « 

20 mai, feuillaison du tilleul à la montagne. 

24 mai, premiers épis de seigle. 

25 mai, plus de neige sur Tête-de-Rang. 

27 mai, dernière neige à la Chaux-de-Fonds, aux Hauts-Gene- 
veys, à Tête-de-Rang. Elle disparaît dans la journée. 

29 mai, neige fondante à la Montagne. Elle ne prend pas pied. 

1° juin, plus de neige à Chasseral. 

2 juin, premières fleurs d’esparcette au Val-de-Ruz. 

9 juin, un orage à Neuchâtel, accompagné de quelques grêlons. 
Forte grêle au Vully. 

26 juin, froments de printemps en fleurs. 

29 juin, tilleuls en fleurs à Neuchâtel. 

2 juillet, commencement des fenaisons au Val-de-Ruz. 

45 juillet, commencement des fenaisons à la Montagne. 

25 juillet, fin des fenaisons au Val-de-Ruz. 

11 août, première belle journée d’été à la Montagne. 

25 août, les cultivateurs terminent les fenaisons à la Montagne. 

27 août, commencement des moissons au Val-de-Ruz. 

12 septembre, commencement des moissons à la Montagne. 

27 sept., première gelée à glace à la Montagne. 

ù octobre, fin des moissons au Val-de-Ruz, forte gelée à la Mon- 
tagne, les dablias des jardins sont perdus. 

8 oct , récolte de l’orge à la Montagne, la plupart des avoines 
sont coupées pour servir de ru le rendement après le 
battage étant nul. 

9 oct., première neige à la Montagne, elle blanchit le sol et cou- 
vre ke champs d’avoine non-coupés. 

12 oct., première neige au Val-de-Ruz, et à Neuchâtel la neige 
tombé’ sur les ceps chargés de raisins. 

13 oct., la neige disparait partout pendant la journée, premier 
Jour de gelée au bord du lac. 

17 oct., dernière hirondelle. Le gros départ s’est fait depuis quel- 
ques jours. 


24 oct., vendanges à Neuchâtel. Quantité moyenne, qualité mau- 
vaise. 


— 7149 — 


6 novembre, neige à la Montagne, au Val-de-Ruz et à Neuchâtel. 
Ellé disparaît partout le 13. 

17 nov., neige au Val-de-Ruz, elle prend pied. 

18 nov., la neige prend pied à la Chaux-de-Fonds. On voit des 
traîneaux. L'hiver est installé. 

1* décembre, arrivée des brouillards du lac à la Montagne. 


MÉTÉORES. Pa 

Le 20 janvier, vers cinq heures du matin, météore brillant se di- 
rigeant du S.-0. au N.-E. Il fut observé à Neuchâtel et à la 
Chaux-de-Fonds. 

. Le 5 février, halo lunaire très-coloré, suivi d’une chute de neige, 
observé à Préfargier. 

Le 6 mars, halo lunaire très-grand, observé à Préfargier, suivi - 
d’une chute de neige. 

Le 17 avril, de 10 heures à 11 heures, halo solaire ; à 4 heure 
80 m., halo solaire double, observés à Neuchâtel. 

Le 20 août, demi-halo solaire à À heure, observé à Neuchâtel. 


VARIATIONS DU NIVEAU DES EAUX 


- DES LACS 


DE NEUCHATEL, DE BIENNE ET DE MORAT. 


Les mesures limnimétriques sont exprimées en millimètres et 
indiquent la distance du niveau de l’eau au môle de Neuchâtel, 
situé à 454,07 mètres au-dessus du niveau de la mer. 

La marche générale des lacs est donnée par le tableau graphi- 
que et les résumés. La colonne hausse totale exprime la somme 
des hausses pendant le mois ou dans l’année, la colonne nombre 
de jours indique le nombre des jours où le lac a haussé; le nom- 
bre des jours où le lae est resté, stationnaire n’est pas inscrit. La 
colonne maximum par jour indique la hausse ou la baisse ma- 
xima qui a été observée à de certains jours du mois. 


— 7150 — 


Lae de Neuchâtel. 


Le 31 décembre 1859 le lac était à 2300 millimètres, et le 31 
décembre 1860 à 1865. Le lac a donc haussé de 435 millimètres 
dans l’année. 


Lac de Neuchâtel, 1860. 


Maximum Pendant le mois 
ar jour. 

Sr le lac 

a a 


Hausse | Baissé 


Hausse totale. 
Nomb. de jou@ 
Baisse totale. 


Janvier 
Février 
Mars 
Avril 


: Décemb. 


| 
Année 


Il y a eu dans l’année dix-sept jours où le lac est resté station- 
naire. 

Le lac a atteint le 21 juillet et le 7 septembre la bauteur 
moyenne des eaux, 2,200 millimètres. 


Lae de Bienne. 


Le 31 décembre 1859, le lac était à 2,460 ; le 31 décembre 
1860, à 2,201. Le lac a donc haussé dans l’année de 259 milli- 
mètres. 

Le lac fut gelé le 25 février, glace de 7 lignes d'épaisseur. Le 
dégel a eu lieu le 4 mars, à 4 heures du soir. 


Lac de Bienne, 1860. | 


& £ à £ Maximum Pendant le mois 
E = L = PERS) le lac 
S.|S PS Le D 
n ; ’ s “ a a 
A = > = 2 > 0 Le 
= = 2 = È & Hausse | Baisse 
È = À = ES à de de 
mm mm mm mm mm mm 
Janvier 431 18 71 10 64 44 360 — 
Février 151 4 315 21 45 45 — 164 
Mars 201 18 117 12 43 15 84 — 
Avril 255 11 112 18 51 17 143 — | 
Mai 292 12 4175 18 81 25 417 — 
Juin 34 5 979 25 10 27 — 245 | 
Juillet 16 2 433 27 12 28 ._— 417 
Août 163 41 145 17 24 19 18 — 
Sept. 399 23 13 2 65 8 386 = 
Octobre A 13 201 47 48 19 TL — 
Nov. 211 42 209 17 39 24% 9 — 
Déc. 51 6 154 20 17 18 _ 103 
Année À 2476 135 2217 204 81 28 1188 929 


Lace de Morat. 


Le 31 décembre 1859, le lac était à 1750 millimètres, le 31 
décembre 1860 à 1610 millimètres. Le lac a donc haussé dans 
l’année de 140 millimètres. 


| 


Lac de Morat, 1860. 


Maximum 


“or Pendant le mois 


le lac 


a a 
Haussé | Baissé 


Nomb. de jours. 
Nomb. de jours. 


Hausse totale. 
Baisse totale. 


=> 
os 


Janvier 
Février 
Mars 
Avril 
Mai 
Juin 
Juillet 
Août 
Sept. 
Octobre 
Nov. 
Déc. 


>= 
D NI = = N > © 


> Là 


LC me | mm À nant 


Année 


RU 4 Sites 


Pendant le mois de février, les observations n’ont pas pu se 
faire, à cause des fortes vagues et des glacons attachés au poteau 
du limnimètre, 

TEMPÉRATURE DU LAC. 

Le 1 janvier, l’eau du lac avait une température de 6°,2; elle 
est arrivée à son minimum 4°,2 le 15 février. Du 11 au 27 fé- 
vrier, la température a varié de 3,5 à 1°,2. À partir du 27 fé- 
virer, l’eau s’est réchauffée lentement; le 1* mars, elle était de 
4°; le 4° avril, de b°,5; le 1° mai, de 7°,5; le 1°" juin, de 12°; 
le 1°" juillet, de 19. Elle a atteint son maximum 24°,5 le 18 juil- 
let. Pendant le mois d'août, la température de l’eau a varié en- 
tre 47°, 5 et 20; le 1° septembre, l’eau était à 190,8 et dès lors le 
lac s’est refroidi lentement. Le 1° octobre, il était à 16°; le 1‘ 
novembre, à 41°,5; le 1° décembre, à 8°, et le 31 décembre, à 
39,5. L'eau a atteint 18° le 24 juin, et elle est restée à cette tem- 
pérature et au-dessus jusqu’au 5 septembre, excepté le 5 juillet 
et le 4 août, où la température est descendue à 17°,5. Le 8 sep- 
tembre, elle était déjà de 16°,5. La saison des bains a donc duré 


du 24 juin au 7 septembre : 76 jours; pendant ce laps de temps 


Veau a été à 17° pendant 1 jour en juillet, 4 en août, 2 en sep- 
tembre ; à 18°, pendant 3 jours en juin, 2 en juillet, 13 en août, 
2 en septembre; à 19, 1 jour en juin, 9 en juillet, 12 en août, 
9 en septembre; à 20°, 1 jour en juin , 14 en juillet, 5 en août; 
à 21°, À jour en juin et 4 en juillet; à 24°, 1 jour en juillet. 

La température de l’eau est restée toute l’année au-dessus du 
minimum de la température de l’air, excepté pendant 20 jours, 
soit 2 jours en mars, 4 en avril, 13 en mai et À en décembre, où 
le minimum de la nuit a dépassé la température du lac. Le 30 
avril, le minimum de l’air était égal à la température du lac. 

En comparant la température de l’eau au maximum de la tem- 
pérature de l’air pendant la journée, on trouve que le lac a été plus 
chaud que lair pendant 19 jours en janvier, 23 en février, 5 en 
mars, { en mai, { en juin, 6 en juillet, 5 en août, 10 en septem- 
bre, 22 en octobre, 25 en novembre et 25 en décembre, pendant 
440 jours. Pendant 10 jours , la température maxima de Pair a 
été égale à la température de l’eau, 1 en janvier, 2 fois en juin, 
1 en août, 3 en septembre, ! en octobre, 1 en novembre , 1 en 
décembre. Le lac a donc été pendant 216 jours plus froid que le 


maximum de température de l’air pendant la journée. 
——"“ TT 


LR PES... NS TP 


— 153 — 


SFR 


sur la 


Température du lac à dilérentes profondeurs. 


Par H. LADAME, professeur. 


Les observations qui font l’objet de cette note ont été. 
faites, celles de 1839 et 1840, avec un thermomètre 
à alcool minimum; ce thermomètre était tenu horizon- 
talement au moyen d’un lest suffisant, qui empêchait 
en outre l'appareil d’osciller. — Ce thermomètre était 
descendu sans enveloppe, et dès-lors il éprouvait toute 
la pression de l’eau, ce qui tendait à diminuer son vo- 
lume et à donner, pour de grandes profondeurs, des 
indications un peu trop fortes. Cependant pour les 
profondeurs d’une trentaine de mètres, qui sont celles 
maxima, auxquelles on a descendu ce thermomètre, la 

correction est négligeable. 
= Les observations des 22 février et 14 avril 1842 ont 
été faites par M. le professeur Guyot et moi, avec un 
thermométrographe qu’on enfermait dans un tube en 
cuivre épais, qui protégeait le thermomètre contre la 
pression. On laissait l'appareil 25 minutes dans l’eau 
pour chaque expérience. 

On a choisi pour le lieu des expériences , la région 
du lac comprise entre le môle (aujourd’hui quartier 
Purry) et l’Evole, soit en avant de la Placé du Marché, 
à une distance du rivage de 600 à 1000 mètres environ. 


COR 


Tableau des observations faites sur la température du lac, (en 
degrés centigrades), à differentes profondeurs par un temps 
calme et un ciel serein. 


I 2 3 4 > 6 7 


s 
= 
D 


1839. | 1839. 


pi 
@ 
© 
Le 
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Profondeurs 


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mn ta Lee SSP tes 
TorsE | 25 ge SE al we” AE SNTENS 
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de 6 pieds | Ss |&:|1S:|S<|SS |SSs|SsS 

ss ie [Se ls a Se | S 5 

. S =._! + = 

de France. NT ie = ZE ERA NE “E 
Air. 210,5 | 240,5 | 190,5 | 150,5 
Surface du lac. || 23°,5 | 16° 140,5 | 240 159,8 


1 toise. 


NB. Les observations inscrites dans les colonnes 1, 2, 3,4 et 
, ont été faites avec le thermomètre à alcool, (elles sont corri- 
rigées du relèvement du zéro) ; les observations 6 et 7 ont été 
faites avec des thermométrographes renfermés dans des tubes 
épais en cuivre, (elles sont corrigées du relèvement du zéro ); 
2, l’expérience a été faite dans une tache longitudinale parallèle 
au rivage ; 3, l'expérience a été faite en dehors de la tache, à une 
distance d'environ 5 mètres. 


de Lt. tt He D TD. On. 


Dés ti Le, dy 


— 7155 — 


Les observations rapportées dans les colonnes 2 et 3 
du 6 juillet 1839, exigent quelques explications. 

Par un lac calme, il arrive fréquemment que sa sur- 
face présente des étendues plus ou moins considérables. 
et d’une forme quelconque , qui sont plus brillantes et 
plus miroitantes que le reste de la surface , on les ap- 
pelle faches, bandes lisses ou fontaines. On croit assez 
généralement que l'apparence d’un grand nombre de 
taches est un pronostic de mauvais temps ou de pluie. 

En comparant les résultats inscrits dans ces deux 
colonnes, on remarque que la température de l’eau 
dans la tache et à niveau égal jusqu’à la profondeur 
de 5 toises est plus élevée qu’en dehors de la tache. Il 
serait bon de renouveler l'expérience, car si elle con- 
firmait le fait, elle fournirait une donnée importante 
pour l'explication du phénomène des taches, qui jus- 
qu'ici n’en a reçu aucune certaine , et à l'abri d’objec- 
tions sérieuses. 


* 


Il me paraît qu’on peut ramener aux causessuivantes 
les variations de température du lac, soit qu’on les ob- 
serve à la surface ou dans la profondeur. 


1° Température de l’air. Par le contact de l'air et de 
l’eau, ces deux corps tendent à uniformiser leurs tem- 
pératures ; l'énergie de cette action dépend du renou- 
vellement de l'air à la surface de l’eau, et par consé- 
quent de la force du vent et de sa durée. 


2° Température de l'air combinée avec son état 
hygrométrique. L'évaporation qui enlève à l’eau une 
grande quantité de chaleur, est forte par les vents secs 
et chauds; elle est faible par les vents froids et hu- 
mides. 


— 156 — 


Je ne citerai qu’un fait pour donner une idée de l'im- 
portance de cette cause : une évaporation de 10 muilhi- 
mètres en 24 heures (ce que l'expérience a donné au 
mois d'août 1856) enlève par mètre carré une quantité 
de chaleur suffisante , pour porter 65 litres d’eau de la 
température de 0° à celle de l’eau bouillante. 


3° Les courants, qui peuvent être verticaux ou ho- 
rizontaux. 


4° Le fond. | 

Les parties solides, qui forment le vase dans lequel 
le lac est contenu , ont en général une action uniforme 
et constante ; ce n’est que dans les parties qui peuvent 
être atteintes par le rayonnement solaire, ou dont la 
température peut être modifiée par leur propre rayon- 
nement vers les espaces célestes, et en conséquence 
près des bords et sur les hauts-fonds, qu’une action 
d’une certaine variabilité peut se faire sentir. 

La forme du fond peut aussi avoir une influence par 
la direction qu’elle imprime aux courants. 


5° La température des sources qui sourdent dans le 
fond du lac a évidemment une influence qui se recon- 
naît surtout par les courants verticaux qu’elles produi- 
sent. De là l’origine de ce que l’on appelle vulgairement 
les fontaines, si redoutables pour les patineurs ; ce sont 
les endroits d’un lac gelé où la glace a une épaisseur 
moindre que partout pt 


6° La température des affluents et des effluents, celle 
de la pluie, de la neige ou de la grêle qui viennent se 
mêler à ses eaux. 


— 151 — 


7° Le rayonnement solaire. 

Quand les rayons solaires tombent à la surface de 
l'eau, ils pénètrent dans sa masse, et cèdent peu à peu 
leur chaleur aux couches qu’ils traversent. On ignore 
la profondeur à laquelle cette action peut s'étendre, 
mais puisqu'on trouve une température constante de 4° 
à quatre ou cinq cents pieds, d’après les expériences de 
Saussure , on peut admettre que l’action solaire ne se 
fait pas sentir au-delà de ces profondeurs. L'action so- 
laire est une des causes les plus puissantes de l’échauf- 
fement du lac, car les couches chaudes de la surface 
ne peuvent pas communiquer par conductibilité leur 
chaleur aux couches plus profondes. On sait, en effet, 
que la conductibilité de l’eau est sensiblement nulle. 


8° Aux causes précédentes, nous ajouterons le rayon- 
nement de l’eau vers les espaces célestes , ainsi que la 
pression atmosphérique, dont les variations n'ont pas 
lieu simultanément avec la même intensité sur tous les 
points d’une surface aussi étendue que l’est notre lac, 
(on attribue à ces variations les seiches du lac de Genè- 
ve), et sans doute aussi les actions électriques, l'influence 
des animaux et des plantes, etc. - 

C’est dans le but de fournir quelques faits propres à 
éclairer la discussion et à déterminer le rôle de chacune 
des causes que nous avons signalées, que je joins à cette 
courte notice les tableaux suivants: 


BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. V. 49 


Sue ges 


Températures de l'air et de la surface du lac, observées par un ciel 
serein et un air calme, le 24 mai 1847 et le matin du 25. 


here | 
HEURE = S = gi 
£ Date. | S 5 | S 8 È État du ciel. 

: , eo LA 
l'observation . È = ë E = 
6 h. mat. 124 mai.| 170,7 | 16v,5 | 1°,2 | Calme, serein. 
8 » » 18,6 16,6 2,0 » » 

9 » » 18,9 18,0 0,9 » » 

10 » » 24,7 18,7 3,0 » » 

11 » » 22,6 18,5 4,1 » » 

12 » » 25,5 20,0 D,0 » » 

4 h. soir. » 26,2 20,8 5,4 » » 

2 » » 27,3 20,4 6,9 » » 

3 » » 28,0 22,1 5,9 » » 

4 » » 28,4 21,0 7,4 » » 

5 » » 29,2 18,6 10,6 » » 

6 » » 27,1 20,5 4,2 » » 

8 » » 23,3 18,1 5,2 » » 

10 » » 22.5 17,4 51 » » 
41, h. mat.|25 mai.| 19,5 17:5 2,0 |[Serein, vagues de vt 
6 » » 19,9 17,3 2,6 | Serein, vent. 
7 » » 21,6 16,3 d,3 » » 
JA ‘p » 22,3 14,3 8,0 » » 


Voir le tracé graphique de ce tableau numérique à la fin du 


volume. 


| 


On remarquera que depuis le moment où le vent s’est 
élevé, la température du lac a diminué rapidement par 
le mélange des couches profondes avec celles de la sur- 
face. Le but des observations étant de noter la tempé- 
rature de l’eau par un temps calme et un ciel serein, 
afin de constater l’action de l’air sur l’eau , celle des 
rayons solaires et l'influence du rayonnement du sol et 
de l’eau vers les espaces célestes, l’arrivée du vent ne 


na inc tatin sc ent he des Ces “Sd Sr st, 


— 199 — 


permettait plus de continuer l'expérience à ce point de 
vue : elle fut en conséquence abandonnée. 

Les observations contenues dans ce tableau font voir 
que la température du lac suit en général celle de l'air. 
Ces températures montent et descendent ensemble. 
Cependant il y à plusieurs inversions que le tableau gra- 
phique fait encore mieux ressortir que les chiffres. I 
faut donc admettre une autre cause des variations des 
températures du lac, que celles du contact de Fair ou 
des rayons solaires et du rayonnement vers l'espace. 
Cette cause ne me parait pas pouvoir être autre que 
celle des courants horizontaux. On constate en effet par 
les corps légers jetés à la surface de l’eau, que par le 
lac le plus calme etle plus miroitant, il existe toujours 
un mouvement dans ses eaux soit dans un sens soit dans 
un autre, mouvements dont les pêcheurs tirent un pro- 
nostic du temps. 

Le problème de l'influence relative des diverses eau- 
ses qui agissent sur la température des eaux de notre 
lac est, comme on le voit et comme on pouvait le pré- 
voir, très-compliqué, et il sera toujours difficile d’étu- 
dier chaque cause pour en déterminer la loi et les effets. 

Nous relatons ici d’autres expériences, qui pourront 
être utiles pour résoudre cette question. 


— 760 — 


Température de l'air et de l’eau du lac, à sa surface et à une pro- 
fondeur peu considérable au-dessous de cette surface. 


RS FES : 
> ER AA 
DATE 5 [Fa S|S ls 
S . = Le] £ 
8 Heure. SE È 8 5 ÿ È Etat du ciel. 
1839 SR ESS | EE |È 
Sslssl als |S 
7 juin | 4h. 5' soir.| 190,0! 16°,0 10,7] 14°,0/20,0 Calme et serein. 


» » 
Bise faib., serein 
Calme et serein. 


8 » 2» 5’ » |24,0 | 17,0 
10 » 9»  mat.| 17,5 | 16,2 
14 5» 9 » » | 22,5 | 19,0 
14 5» 3/a h. soir. | 26,0 | 22,2 
18 » 8 h. 5’ mat.| 22,5 | 20,5 |: 
20 » 9 » mat.| 22,7 | 22,0 
20 » 3»  soir.| 28,5 | 24,5 
20 » 8 » » |25,0 | 24,0 
22 » 411 » 5! mat.| 27,0 | 23,0 

1 juillet| 9» » |15,0 | 16,2 


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7 


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Ces observations ont été faites de la manière suivan- 
te: Le thermomètre employé était à l'alcool coloré , on 
l’enfonçait dans l’eau au moyen d’un lest. Le thermo- 
mètre étant tenu horizontalement, on lisait directement 
les indications au travers de la masse d’eau transparente. 


Ces expériences présentent quelques résultats inté- 
ressants , savoir : 


1° La température à 0",7, quoique variable, a tou- 
jours été inférieure à celle de la surface. 


2° Les températures de la surface ont été constam- 
ment inférieures à celles de l’air, excepté celle du 
1" juillet, et, à mesure que la température de l'air 
augmentait ou diminuait , celle de la surface de l’eau 
marchait dans le même sens. 


— 161 — 


3° En réuuissant les observations du matin , on trou- 
ve que la température moyenne de la surface a dépassé 
de 0,5 celle de la couche inférieure , tandis que, pour 
les observations du soir, la différence est de 1,8. 

Comme on ne peut pas admettre que les variations 
de température à 0,7 soient dues à une communica- 
tion de la chaleur superficielle puisque l’eau ne possède 
pas de conductibihité , et qu’en outre on ne peut pas at- 
tribuer ces mêmes variations à des courants verticaux, 
puisque l’eau de la surface était constamment plus lé- 
gère que celle du fond, il faut bien admettre que ces 
variations sont déterminées par la radiation solaire qui, 
en vertu de la diathermanéité de l’eau, atteint cette pro- 
fondeur. | 

En tenant compte des lois de la diathermanéité d’a- 
près lesquelles les couches supérieures absorbent la plus 
grande proportion de chaleur rayonnante, on explique 
également pourquoi la différence des températures est 
plus considérable dans l'après-midi lorsque le soleil est 
depuis plus longtemps sur l'horizon. 

Des expériences plus nombreuses faites à diverses 
profondeurs et dans diverses saisons permettraient de 
fixer jusqu’à quelle profondeur se fait sentir l’action 
diurne du soleil. 


SJODTPIR 
sur la 
Température de l’eau des fontaines 
de la ville de Neuchâtel, 
Par H. LADAME, Profr. 


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— 163 — ” 


: Ajoutons que la température moyenne de l’air a été de 
8°,9 en 1852 
80,1 en 1853 
8°,4 en 1854 
7°,9 en 1855 
Moyenne des 4 années — 8°,3. 

Les distances indiquées ne sont qu'approximatives, 
elles ont été prises à l'échelle sur la carte de la ville, 
levée au ‘/009 par MM. Colin et Renard. 

Nous nous bornons à faire quelques remarques sur 
les observations consignées dans ce tableau. 

La première, que l'échauffement et le refroidisse- 
ment de l’eau est en rapport intime avec la longueur 
des tuyaux que cette eau parcourt; dès-lors si l’on veut 
conserver aux eaux de sources leur température primi- 
tive, il faut enfoncer les tuyaux dans le sol et les en- 
tourer de substances non conductrices comme du char- 
bon calciné (braise de boulanger) ou de l'air. 

La seconde , qui a un intérêt scientifique , c’est que, 
à notre latitude et pour les environs de notre ville, la 
température moyenne des sources est plus élevée que 
la température moyenne de l'air; on sait que le con- 
traire a lieu en général dans la zône équatoriale (Arago). 

La troisième , qui peut paraître singulière , constate 
que l’année 1855, qui a offert les plus grands écarts 
dans la température des fontaines, est celle qui a la 
température moyenne de l'air la plus basse. 

Je dois ajouter que la plupart des observations con- 
tenues dans les tableaux mensuels dont j'ai extrait le 
tableau ci-dessus, ont été faites par le préparateur Louis 
Philippin, dont l'intelligence et le soin donnent toute 
confiance aux nombres qui y sont inscrits. 


— LEE BE 


‘ SE — 


OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ 


pendant l'année. 


Bulletins de l’Académie impériale des sciences de St-Pétersbourg. 
Tome 1, feuilles 10-36. Tome 2, feuille 1-17, 4°. 

Mémoires de l’Académie impériale des sciences naturelles de St- 
Pétersbourg, tome 2, n° 1-7 ; tome 5, n° 1, 4°. 

Catalogue des céphalopodes fossiles des Alpes suisses, par W.-A. 
Ooster, 1"° partie, 4°. 


Annales des sciences physiques et naturelles d'agriculture et d’in- 


dustrie, de Lyon, tome 8; troisième série, lome 1. 

Mémoires de la Société impériale des sciences naturelles de ses 
bourg, tome 6. 

Jahrbuch der Kaiserlich-Kôniglichen geologischen Reichsans- 
talt, 10° année, n° 4; 11%, n° 4. 

Mémoires de la Société de physique de Genève , tome 14, 2m 
partie. 

Bulletins de la Société vaudoise des sciences naturelles, tome 6, 
page n° 46-47. 

Achter Bericht der oberhessichen Gesellschaft fur Natur- und 
Heïlkunde. 

Memoirs of the geological Surtey of India, vol. 1, part. 3"; et 
un rapport pour l’année 1858-59. 

Neues lausitzisches Magazin, 57" vol., 4° et 24 cahier. 

Transactions of the royal Society of Edinburgh, 29° v., 1'° part., 
1857-58. 

Proceedings of the royal Society of Edinburgh, session 1858-59. 

Bulletins de la Société des sciences de l'Yonne, année 1860 , 14° 
vol., 1% et 21 trimestre. 

Zeitzchrift der Deutschen geologischen Gesellschaft, 11° vol., 4° 
cahier; 42° vol., 4* et 24 cahier. N 
Atti della Societa geologica in Milano, 1° vol, 1855-59 ; 2° v,, 

1859-60. 


| 
| 
4 
F 


— 165 — 


Schriften der kôniglichen physikalisch -6konomischen Gesell- 
schaft zu Kônigsberg, 1'° année, 1"° partie. 

Annuaire de l’Académie royale de Belgique , 1860 , 26° année ; 
1861, 27° année. 

Bulletins de l’Académie royale des sciences de Belgique, 1859, 
tomes 7 et 8; 1860, tome 9. 

M. Maury : Nécessité d’un système général d'observations météo- 
rologiques. 

Verhandlungen der naturforschenden Gesellschaft in Basel, 2° 
partie, 4"° cahier. 

Bulletins de la Société des sciences de St-Gall, année 1858-60. 

Berichte-über die Verhandlungen der naturforschenden Gesell- 
schaft zu Freiburg im Brisgau, 2° vol , 24 cahier. 

. Fellenberg: Analyse du bronze antique, 3 cahiers. 

Actes de la Société jurassienne d’émulation, 10° session , 1858. 

Erster Bericht des Offenbacher Vereins für Naturkunde, 1860. 

Mémoires de la Société académique de Maine et Loire, du 1° au 
8e volume. 

Würtembergische naturwissenschaftliche J abreshefte, 15° année, 
1° et 24 he 16° année, 1° cahier. 

Jahresbericht der naturforschenden Gesellschaft Graubündens, 
5° année, 1858-59. 

Archiv des Vereins der Freunde der naturgeschichte in Meklen- 
bourg, 14° année. 

Verhandlungen des naturhistorischen Vereines der preussichen 
Rheinlande und Westphalens, 17° année, 1° et 21 cahier. - 

Mittheilungen über die Sonnenflecken, von D' Rudolf Wolf, 
41° et 12° cahier. 

Mémoires de la Société royale des sciences de Liège, tome 15. 

Naturhistorische Abhandlungen aus dem Gebiete des Wetterau. 
Eine Festgabe der Wetterauer Gesellschaft für die gesammte 
Naturkunde zu Hanau, bei ihrer 50 jährigen Jubelfeier , 11. 
August 1858. 

Jahresbericht der Weiterauer Gesellschaft für die gesammte Na- 
turkunde, zu Hanau, 1855-57, 2 cahiers; et 1858-60. 


410 = 


Sulla carta geologica della Lombardia del Cav. Francesco de 
Hauer, cenni del Dottor Giovanni Omboni. 

Sul terreno erratico della Lombardia del Dottor Giovanni Omboni. 

Observations météorologiques d’Arau pour Pannée 1858. 

Beiträge zur Kenntniss der Entomostraceen, von D' Sebastien 
Fischer. Munich, 1860. 

Ueber die Zusanimensetzung eines Gletscherschlammes, vom 
Dachsteine am Hallstädter See, von Aug. Vogel jün. Munich, 
1860. 

Die fossilen Ueberreste von nackten Dintenfischen, von D" A. 
Wagner. Munich, 1860. 

Molekulare Vorgänge in der Nervensubstanz, 5° Abhandluug, 
von Prof. Emil Harless. 

Denkrede auf Alexander von Humboldt, von GC. F, P. v. Mar- 
tius. Munich, 1860. 

Papers read to the botanical Society of Edinburgh , by G Law- 
son. 

Bulletins de la Société des sciences naturelles de Berne , pages 
440-468. 

Mémoires de la Société d'agriculture , sciences , belles-lettres et 
arts, d'Orléans, tome 5, n° 3, 4 et à. 

Sitzungsberichte des Konigl. bayer. Akademie des Wissenschaf- 
ten, zu München, 1860, cah. 1, 2 et 3. 

Zeitschrift für die gesammten Naturwissenschaften , von dem 
Naturwissenschaften Vereine für Sachsen und Thüringen in 
Halle, 1858. 

Taschenbuch für Mathematik, Physik, Geodäsie und Astronomie, 
von Rudolf Wolf. « 

The natural history Review and Quarterly journal of biological 
science. London, 1861. 

Jahrbücher des Vereins für Naturkunde im Herzogthum Nassau, 
14e cahier. 

Abhandlungen , herausgegeben von der Senckenbergischen na- 
turforschenden Gesellschaft, 2%° volume, 2° livraison. 

Il congresso dei naturalisti Svizzeri in Lugano, rapporto del D° 
Giovanni Omboni, 


À — 71607 — 
Gita geologica nei dintorni del lago d’Iseo, fatte nei giorni 4. 5. 
settembre 1860 dai signori Mortillet, Cornalia, Stoppani, Vitta, 
Antonio e Omboni. | 
. Almanach der küniglich bayerischen Akademie der Wissens- 
chaften, für das Jabr 1859. 
De M. le colonel de Mandrot: Notice sur quelques lieux fortifiés 
dans le canton de Vaud et sur les sceaux historiques du canton. 


Ouvrages reçus de l’Institution Smithsonienne. 


Smithsonian contributions to Knowledge, 11% volume. 

Patent office agriculture report 1858-59. 

Dreizehnter Jahresbericht des Ohio Staats-Landbaübehôrde, 
1859. 

Boston journal of natural history, 7*° vol., n° 4. 

Check lists of the Shells of North America , by Isaac Lea, P.-P. 
Carpenter, W.-M. Stimpson, W.-G. Binney and Temple Prune. 

Proceedings of the Boston Society of natural history, p. 145-240. 


Proceedings of the American association for the advancement of 
science, Thirteenth meeting held at Springfied. Massachusetts, 
1859. 


TABLE DES MATIÈRES. 


—SRS-r— 


A. Travaux de la Société en général et Miscellanées. 


Pages. 

Bulletins de l’année 1858-59 publiés en 1859. 1-161 

» » 1859-60 » 1860. 165-386 

» » 1860-61 » 1861. 393-538 
Dons d'ouvrages faits à la société et produit de ses publica- 

D ss. "AOS DT EE 
Nominations du Héioan & la ste Mrs “ee STORE 
Commissions spéciales nommées par la société. 197, 203, 211 
Station de Chaumont . . . Aer 201 A A0 
Flammant donné au musée par NT de Pourtalès- Castel- 

lane:… . 6 
Table d’o rientation de la chaîne des pre 13, 218, 303. 458, 

515 et 522 
Hauteur du môle et des lacs de Neuchâtel, Bienne et Mo- 

rat si 2 64,168, 10828 
Appareil pour obtenir la représentation des feuilles des 

plantes. M. Perregaux . . sr AE 34 


Monnaies de Suède et de Coehnchine. M. Pie . A7, 53 
Tableaux de statistique par M. le D' Guillaume , . . 04 


Sur la hauteur du môle, par M. Hirsch. . . . . 171 
Hache de pierre envoyée d'Australie. M. Coulon . . . 184 
Pierre du château de Thielle portant les armoiries de Lon- 
gueville. M. Coulon . . 7 67 RÉ PSS 
Achat d'instruments de météorologie. M. Kopp PTE. 
Lettre de Berlin au sujet de Humboldt . . . . . . 189 
Montre japonaise et voyage du D' Lindau au Japon . 213, 216 
Ameebuse à mèche. M. Guillaume, DE . 2,4 400 
Huiles employées dans l'horlogerie. M. Kopp . . . . 226 


Cables électriques sous-marins. M. G. Guillaume . . . 227 
Dessins de Ja baie de Spezzia par M. Gressly . , , . 246 


— 7169 — 
Pages. 


Fontaines de Neuchâtel, par M. Ch.-L. Borel . . . . 246 
Hauteur du môle de Neuchâtel au- ee de la mer, do- 


cument de M. d’Osterwald . ., . . 248 
Etude sur le lac de pat par M. à, Bühler. M. 
.]. 1 PiinE RS j 51 2. 180 LPO € CPR 
Demande faile à la commune dédié le musée au public 
RORARENS APPORTENT ER IENON, RUN CES PERL ARS 
Lettre de MM. Ruttimeyer et His. . . . 906 
Fontaines de Neuchâtel; leur Mme M. rh . 
Ladame . . UTE OET 028 
Vernis désert valet au side de pose M. G. Guil- 
lite 1." : PER) RESUU CPAPTERREE 
Augmentation des cohectos au'é musée. M. Coulon . . 554 


B. Travaux des Sections. 


Are Section 


SCIENCES PHYSIQUES et CHIMIE. ASTRONOMIE. 


PHYSIQUE. 
Pile et commutateur, par M. Kopp . . . . . . . 26 
Photographies microscopiques, par M. Kopp . . . . 94 
Baromètre métallique de Bourdon et Richard, par M. 

MORE Li FN ONE 45 
Sur le baromètre nee par \. L. Te HUE 000 19 65 
Compteur à gaz, par M. Kopp . . . . RP 
Sur les courants électriques dérivés, par M. Hirsch . 516, 591 


Appareils électriques construits par M. Hipp . . . . 524 


Température du lac à diverses profondeurs, par M. La- 
dames rs shine 4 tee tn ipigrotieis ere 


Note sur le même sujet, par le même . . . . . . 753 


Note sur la température de l’eau des fontaines de la ville 
de Neuchâtel, par M, Lädamesc"HptgsuLr ER UN: 602 


— 7110 — 


MÉTÉOROLOGIE. 


; Pages. 
A de la rosée CELLES le jour, par M. L. Fa- 
vre RS RÉ LU NE 0 1 


Po bon du ra par . Le à : 

Lettre de la Société ere de rare: M. 
DD. UT. sut 4) Le COR 

Sur la quantité d’eau du au V # ve 5 M. Kopp . 37 

Résumés d'observations faites à Cornaux par M. Péters. 


M. Ladame. . . NE UE 
Remarques faites à ce it par M. Désos Mes SN en D2 
Sur un bolide, par M. G. Guillaume. . . PHIETOIT 65 
Rapport du comité de météorologie pour 1858 : STE 
Résumé des phénomènes les plus remarquables observés 

à Neuchâtel dans le:XVP siècleust 4 . +: . 4209 
Résumé-météorologique pour 1858 et 1859 . . . 124, 198 
Evaporation du lac (fumée), par M. Coulon . . . . 172 
Observation d’un météore. M. Kopp . . . . . 198, 212 
Fonte de la neige sur le Jura. M. Kopp . . . . . 220 
Observations de l’état du ciel et des vents par M. Mayor. 225 
Sue prés, par M. Eadame : "2: 2 2 7, COLE 
Aurore boréale. M. Kopp . . . . Ana 
Tableaux d'observations météor ologiques AeHisE au gym- 

nase. M Ladame . . LOIRE PRESS 
Baromètre de l’observatoire. N. sie site 52 RS 
Rapport du comité de météorologie pour 1859 . . . 266 


Résumé des phénomènes les plus remarquables qui se sont 
passés à Neuchâtel dans le XVII° siècle. — Annales de 


MEL. Le PR A IAIO RS NELA 
Résumé Ro raloritge pour 1859 il À San . 284 
Observations météorologiques à faire à Éibéribtie et à St. 

Jean. Instruments d'observation . . 4 1416 RE 


Seiches et variations de température du ka de Gaabtes 
par M. Knab, ingénieur cantonal . . . . . 456, 490 


: Pages. 
Résumé d’observations faites. à Bedford, en NE 

MOD, UT . "490 
Tableaux de l'état du ciel et à des vents pour 1860, Li M. 

PRIOR AR Rs à re à: 


Instruments enregistreurs pour ER AT par M. 
Re | L 4 4 alt dtariéer 


Résumé d’observations arte LT anciennes. M. 


Kopp* : + PER CRT 
Observations sur la bidé M. Hirsch pe dr OUR Del eo © 
Observations faites de 1755 à 1782. M. Ladame . . . 522 
Comité helvétique de météorologie . . . "5932 
Rapport du comité météorologique pour l'énnée 1860 a: | 


Résumé des phénomènes les plus remarquables observés à 
Mencnatel dans:le: XVII SIÈGES 1% 0 Jr 449 2/10 


CHIMIE. 


Analyse des eaux des Ponts et de la ne par M. Kopp 


LM, :Cofnaz.. Lis # soie #r,008 
Résumé des travaux de M. dhcaabei sur l ozone, par M. 

ROppe 0. sep hn dl Alba ioine 25 GR BAT AO 
Action chimique de la lumière sur certains Ron M. La- 

dame.) :{ %. no £i 


Sur la nature du de de sont facriés a dial an- 
tiques trouvés dans les lacs et dans d’autres lieux. M. De- 
Dr DUO IR AT. Lee 3.3 : JD ED 


Appareil pour les essais par la voie hell M.Kopp . 532 


ASTRONOMIE. 


Sur l'établissement de l'observatoire à Neuchâtel, par M. 
LES RE RENE SMS s CRE CON et Det ee LORS 


Découvertes en astronomie. N Hirsch SALE SU 172 


Détermination de la différence de longitude entre Genève 
et Neuchâtel, par M ÆHiséh 4e ,  , . 176, 558 


Détermination télégraphique de la différence en longi- 
tude entre Greenwich et Neuchâtel, par M. Hirsch . . 183 


L4 


7 AR os, 
Hauteur de l'observatoire de Neuchâtel au-dessus de la 
ner: This ES LUE 200 
Taches du soleil, Compte-rendu ds A “ \. Wolf. 
AUDE: Hiréohi 2. US 2 SS"ENNNNSS 199 
Découverte d’une nouvelle planète et dat comète dou- 


+ 


Pages. : 


Me Hirsch ., 1, 1. 219 
Détermination de la différence de ie Be Neu- 
ehâtel et Berne, par M. Hirsch. -. . . . , 291,253 


_ Description de CEE de Neuchâtel, par M. Hinès 298 
Découverte d’une comète par M. G. Rümker. M. Hirsch 238 
Communications sur l’éclipse du 18 juillet 1860, par M. 
Hirsch . . . . . . . 238, 260, 404, 406, 408, 545 
Notice sur les principaux phénomènes astronomiques ob- 
servés pendant l’été de 1860. M. Hirsch . . . . 403, 539 


Eclipse du 18 juillet 1860. M. Desor . . . . . . . 404 
Forme de la lune. M. Desor et M. Hirsch . . . . 407 
Sur la détermination du méridien de la ville de Neuchâtel, 

par M. Hirsch  . . . INPUT SON 
Observations sur la marche # cinq pendules astronomi- 

ques. M. Hirsch . . . . ; à 345 107), NS VENTES 
Observation faite à ce sujet par . Ladame: : : :- 409 
Soixante-troisième pelite planète. M. Hirsch . . . . 495 
Sur la pendule sidérale de M. Winnerl Eee à l’obser- 

vatoire. M. Hirsch . . . . 200 
Svixante-quatrième et sixantecinquiène pete panies 

Kilce RES dire RE 


Accélération du mouvement moyen di site. hypo- 
thèse de M. Enke et travaux de M. Mœller. M. Hirsch 507 


Réunion de la société à l'observatoire . . . . . . 520 
Soixante-sixième et soixante-septième peus ni — 
Une comète. M. Hirsch . . . 226 
Résumé des observations publiées sur l'éclipse ie solefl ah 
Del 200. 0 4 Lada Len ue mea Lt 20e OS 
MATHÉMATIQUES. 


Sur le ressort de suspension du pendule, par M. 
Mely, doll nr hide ae.dslr su SSSR 


d — 113 — 
Pages. 
Observations à ce ve par MM. Ladame, Hirsch et Win- 
CPR .  D04 
Travaux nesoes dé séniéral Schubert. M. ‘Hirsch 025-078 


Sur la forme des leviers d’un appareil électrique par M. 
M 5 ie 7 SORCIER 


2e Section. — HISTOIRE NATURELLE. 


GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE. 


Dépôt de marne dans le calcaire valangien, par M. L. 


Loulon RTE PT ER OS ONE RP 7 
. Grotte de Rochefort, par M. “fe DER PER RE 8 
Fontaines de Peseux, par M. Desor . . . ‘ 11 
Fossiles du néocomien des FD suisses, par Ni. “ribos 
| PESTE * SL TE 14 
Fossiles du grand Mae ran, par \. Tribolet tte LE 15 
Sur l’Ammonites astierianus, par M. Tribolet . . . . 21 
Analyse de la notice de M. Marcou sur le néocomien, par 
D Tobolet: :. 32 
Tourbe au bord du lac, en ville. M. chu et M. Ladini 97 
Dent fossile du portlandien. M. Coulon  . . . . . 47 
Observations faites en Provence par M. Desor  . , . 65 
Observations sur un mémoire de M. Mortillet, par M. 
Desor : RE À Dot € di CU VEUT LU RERS 


Reliefs lngianhe à par M. Gate ant n"t. 20h : AC FNS ONPEL ONES 
Antiquités d'Amiens et terrain diluvien, par M. Desor . 206 
Sur la Lombardie , par M. Desor . . PS EE 
Lettre de M. Collomb sur l’homme fossile dés ses rap- 

ports avec l’ancienne extension des glaciers. M. Desor 409 
Des phases de la période diluvienne et de l’apparition de 

l’homme sur la terre, par M. Desor . . . . . 423 
Des modifications que les faunes terrestres et lacustres ont 

subies pendant l’époque quaternaire, par M. Desor . 437 


Sur l’orographie et la géologie du Val-de-Travers, par MM. 
Bressivet DÉSOr 5 Le “4, todo oeraul hi 


BUL. DE LA SOC. DES SC. NAT. T. V. 50 


— 114 — 7 
Observations sur les matériaux pour la paléontologie 
suisse par M. Pictet et M. Jaccard. M. Desor 
Lettre de M. Gaudin sur la végétation contemporaine de 
l’homme primitif, M. Desor AE 
Rochers polis du Mail. M. Desor 


Perforation de rochers par les pholades au me Fe Fe 
M. Gressly 


BOTANIQUE. 


Tuber brumale {truffe d'hiver) par M. L. Favre 

Morchella conica (morille conique), par M. L. Favre . 

Accroissement du tronc des sapins, par M. Desor . 

Carotte de forme bizarre. D' Guillaume 

Noix présentant des Fe intéressantes. D' Guil- 
laume J ; 

Plante marine du genre dés *e es. M. ces 


| 


ZOOLOGIE. 


Observations sur certains RÉF MES d’Améri Fape: par M. 
L. Coulon 


Observations de M. de ue sur FE pics F Amérique 


par M. Coulon 
Ecrevisses des environs de FAR par M. ETES 
Notice sur les Chitonides, par M. Paul Godet 
Phorus onustus, par M. Paul Godet . 
Lombrics observés par M. Coulon | 
Coquilles terrestres trouvées par M. P. Godet . 
Renseignements sur le Salut (silurus glanis). M. Coulon 
Sur un ombre-chevalier, par M. Desor 
Voyage aux Orcades et aux Shetlands, par M. a de 


Pisciculture, par M. le D' Vouga et M. Coulon . . 194, 


Observations à ce sujet par M. Desor . 
Larus tridactylus (mouette tridactyle), par M. ps " 
Oeuf de bécasse: M:'Coulon ue USE 


#) 
e 


218 
402 


455 
522 


22 


23 
27 
28 
43 
43 
46 
48 
185 
190 
205 
197 
205 
220 


EN A 


Coquille marine trouvée dans le lac de Neuchâtel. M. Th. Nc > 
Meuron EE HIMAADOEX rer UE 238 
Coluber lævis Lac. {couleuvre lisse), par M. Hirsch 239 
Poissons des lacs d'Italie et de Suisse, par M. De Filippi, 
de Turin À ÿ 401 
Lettre de M. Sacc sur wie ver à soie de l'ailante. NE He 404 
Voyage en Islande, par M. Benguerel 445 
Abri pour les petits oiseaux, par M. le D' Guillaume AA 
Bouquetin d'Espagne (capra hispanica Schimper) envoyé 
au musée. M. Coulon , SPTEIE 452 
Canards tués sur notre lac. M. Coulon 452 
Podures sur la neige. M. Coulon . 453 
Aigle impérial rapporté d'Egypte par M. Péché . D17 
Echantillons de trois espèces d’écrevisses des environs de 
Strasbourg. M. Coulon D17 
5° Section. — MÉDECINE. 
Sur le moyen de découvrir les traces de + Li M. F. 
de Pury : \ DE 14 
Sur un cas de vanspostion totale des viscères, par M. 
ÉORRL".. =. ; - 40 
Mouvement de hôpital Pourtalès en | 1858, par M. éd 
naz CRT "66 
hechierehise sur Pr séréton du sucre x le aibète par 
M. le D' Guillaume 184 
Observations sur ce sujet par M. le Dr Borel 184 
Opération du strabisme par M. le D' Guillaume 215 
Diphthérite des plaies à lhôpital Pourtalès, M. Cornaz 225 
Mouvement de lhôpital Pourtalès en 1859, par M. Cornaz 346 
Préparations de cheveux et de cuir chevelu faites par M. 
Molleschott. D' Cuillaume 457 
Mouvement de dr Pourtalès Pr : 1860. M. Cor- 
Haz Qi PAT RTS. HA OURS 


— 116 — 


‘we Section. — GÉOGRAPHIE ET ANTIQUITÉS. 


GÉOGRAPHIE. 


ages. 
Sur les voyages faits en Afrique dans les dernières années N: 
pour l'avancement de la géographie. Sources du Nil. 

M. Ayer 027 

ANTIQUITÉS. 
Objets en fer trouvés dans le lac devant Marin, par M. 

Desor k 
Objets en bronze tadinés das le lad/ persil \. Desôr 14 
Anciens travaux de défense et changements dans le niveau 

du lac, par M. Tribolet . Lt Gi 15 
Observations sur le même sujet par MM. Ladame ek Otz 17 
Objets en bronze trouvés au bord de la Thièle par M. L. | 

Favre 18 
Poignard trouvé ds É marais sd venchée M. ir coulis 20 
Objets trouvés par MM. Desor et Otz : 24 
Pointes de flèche en fer. MM. Coulon et Favre . 47 
Monnaies milanaises trouvées à Tschugg. M. Coulon . 48 
Antiquités lacustres de Concise, par M. Coulon 165 
Antiquités, par MM. Vouga, Desor, Coulon , 203 
Antiquités d'Amiens, par MM. Desor et Vouga . . 216, 490 
Antiquités lacustres et origine de la race celtique, par M. 

Desor :-. 
Pilotis trouvés au Sbauiieron et à | St- Blaise: MM. Guil- 

laume D", et Desot . . . PET D 
Antiquités trouvées à Béhhs M Desor 406 
Sur quelques lieux fortifiés dans le canton de Vaud, par 

M. le colonel de Mandrot 455 
Antiquités lacustres et analyse du livre dE M. To fon, M. 

Desor RTAREE 460 
Antiquités FAT M Détow SE UT 194, 495, 514, 5923 
Sur la Bonneville au Val-de-Ruz, par M. de Mandrot, 

colonel 021 
Antiquités égyptiennes rapportées par \. 6. Perregaux 223 


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Coupe du Diluwtune dans le Dépar! de La . Coupe du Diluviuns dans le Dépar! de la 
Sonime [ Antens Abbeville ect Seine à Grenelle, Frky cet. 


Fig. 3. 


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Couque théorique du Diluvium dûns l'Ouest de la France. 


Coupe à travers la plaine et lu Montoyne 


Coupes à travers le Diluvium dela France. 


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