BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ BOTANIQUE
DE FRANCE
FONDÉE LE 23 AVRIL 1854
TOM I<> .DIX- HUITIÈME
1871
••rentière partie j Compte rendu des séances.
’ ième partie : Revue bibliographique et tables b£ volume.
.e ces deux parties a une pagination spéciale. Les circonstances politiques
ont empêché la Société de tenir, eu 1871, une ses'ion extraordinaire.)
PARIS
AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ
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TOME DIX-HUITIÈME
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AU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ
RUE DE GRENELLE , 84
1871
I
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University of Illinois Urbana-Champaign
https://archive.org/details/bulletindelasoci18unse
I
LISTE DES MEMBRES
DE LA
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE
AU 1er NOVEMBRE 1871.
Siège de la Société, rue de Grenelle, 84, à Paris.
abzac de ladouze (le comte d’), au château de Bori-Petit, commune de
Champcevinel près Périgaeux.
ALANORE, pharmacien, à Clermont-Ferrand. Membre à vie .
almansi (Emmanuel), BorgoSan Croce, 54, à Florence.
AiMBLARD (Louis), docteur en médecine, rue Paulin, 14, à Agen.
AMBROSI (Fr.), directeur du Musée, à Trente (Tirol, empire d’Autriche).
AIMDOUARD (Ambroise), pharmacien, rue du Calvaire, 1, à Nantes.
ANDRÉ (ÉDOUARD), rédacteur de P Illustration horticole , rue de la Bruyère, 10,
à Paris; et à la Croix-de-Bléré, par Bléré (Indre-et-Loire).
ANDREÆ, pharmacien, à Fleurier, canton de Neuchâtel (Suisse).
ardoino (Honoré), à Menton (Alpes-Maritimes). Membre à vie.
Arnaud (Charles), à Layrac (Lot-et-Garonne).
AUBOUY, professeur au collège de Lodève (Hérault).
avice, médecin-major au 55e régiment de ligne, armée de Versailles.
ayasse (Étienne), Grand quai, 18, à Genève.
babington (Charles -Cardale), professeur à l’Université de Cambridge
(Angleterre). Membre à vie .
baillet, professeur à l’École vétérinaire d’Alfort (Seine).
Baillière (Émile), libraire-éditeur, rue Hautefeuille, 19, à Paris.
bal AN SA, naturaliste-voyageur du Muséum, à Nouméa (Nouvelle-Calédonie).
Membre â vie. (Correspondant à Paris : M. Cosson, rue du Grand-Chan¬
tier, 12.)
ball (John), 24, Saint Georges road, Eccleston square, à Londres.
barat, professeur au lycée de Tarbes. Membre à vie.
barcelo y coimbis (Francisco), professeur de physique à Ylnslituto Balear ,
à Palma, île de Majorque (Espagne).
BARLA (J.-B.), directeur du Musée, à Nice.
barnsby (David), directeur du jardin botanique, â Tours.
BARRANDOrv, huissier, rue de l’Argenterie, 29, à Montpellier.
à Paris.
BARTHEZ (Melciiior), pharmacien, à Saint-Pons (Hérault),
Baudoin (Antonin), élève en pharmacie, rue du Brave-Rondeau, 17, à la
Rochelle.
beauteaips beaupré (Chaules), juge au tribunal de la Seine, rue de Vau-
girard, 22, à Paris,
békétoff. (André), professeur à l’Université de Saint-Pétersbourg.
belloc, greffier de la justice de paix, à Langon (Gironde).
bentham (George), au jardin botanique de Kew près Londres.
bescherelle (Émile), chef de bureau au ministère des travaux publics, rue
du Cherche-Midi, 102, à Paris,
besnou (Léon), ancien pharmacien de la marine, rue Saint-Yves, 13, à Brest.
bianca (Joseph), à A vola (Sicile).
blanche (Emmanuel), docteur en médecine, président de la Société des amis
des sciences de Rouen.
blanche (Henri), à Dole (Jura).
blanche (Isidore), consul de France, à Tripoli (Syrie). Membre à vie.
bocquillon, docteur en médecine et ès sciences naturelles, boulevard Saint-
Germain, 7, à Paris. Membre à vie.
boisduval , docteur en médecine, rue des Fossés-Saint-Jacques, 22, à Paris.
boissier (Edmond), rue de ITIôtel-de-Ville, A, à Genève. Membre à vie.
bolle (Garl), docteur ès sciences, place de Leipzig, 13, à Berlin. Membre à vie.
bordère, instituteur primaire, à Gèdre par Luz (Hautes-Pyrénées).
bories (Paul), pharmacien de la marine, à Saint-Denis (île de la Réunion).
bornet (Édouard), docteur en médecine, Villa-Thuret, à Antibes (Alpes-Mari¬
times) ; et rue de Bourgogne, 19, à Paris. Membre à vie.
bouchardat, professeur à la Faculté de médecine, rue du Cloître-Notre-
Dame, 8, à Paris.
boucheman (Eugène de), rue de l’Orangerie, 27, à Versailles.
boijdïer, pharmacien, à Montmorency (Seine-et-Oise).
BOUILLE (le comte Roger de), au château de Goué, par Mansle (Charente); et
rue Bayard, 33, à Pau.
bouis (de), rue du Faubourg-Saint-Honoré, 168, à Paris. Membre à vie .
boulay (l’abbé), professeur au séminaire de Saint-Dié (V osges).
bourgault-ducoudray, rue Duboeage, 36, à Nantes.
BOURGEAU (Eugène), naturaliste-voyageur, rue Saint-Claude, IA, à Paris.
Membre à vie.
bouteille, à Magny-en-Vexin (Seine-et-Oise).
bouteiller, professeur, à Provins (Seine-et-Marne).
boutigny, sous-inspecteur des forêts, à Auch.
bouvier, docteur en médecine, à Lancy près Genève.
BRAS (A.), docteur en médecine, à Villefranche-de-Rouergue (Aveyron).
braun (Alexandre), membre correspondant de lTnstitut, professeur à l’Univer¬
sité de Berlin, Kochstrasse, 22.
bresson, licencié ès sciences naturelles, rue des Feuillantines, 69, à Paris.
Bretagne (Paul de), rue de Chateaubriand, 7, à Paris. Membre à vie.
LISTE DES MEMBRES.
bringuier (Anténor), docteur en médecine, rue Saint-Guilhem, 27 ou 43,
à Montpellier.
brongniart (Ad.), membre de l’Institut, professeur de botanique au Muséum,
rue Cuvier, 57, à Paris.
brown ^Théodore), rue Ancienne, 97, à Carouge près Genève.
brullé (Émile), docteur en médecine, à Hesdin (Pas-de-Calais).
brutelette (R. de), rue Saint-Gilles, à Abbeville (Somme).
bubani (Pierre), docteur en médecine, à Bagnacavallo près Ravenne (Italie).
buffet (Jules), pharmacien, rue d’Aboukir, 99, à Paris.
bullemont (de), chef de division à la préfecture de police, rue d’Assas, 16,
à Paris.
bureau (Édouard), docteur en médecine et ès sciences naturelles, quai de
Béthune, 24, à Paris ; et à Cop- Choux , commune de Mouzeil, par le
Boulav- des -Mines (Loire-Inférieure).
burle (Aug.), rue Neuve, 41, à Gap.
burnat (Émile), à Nant-sur-Vevey (Suisse, canton deVaud).
GARASSE (Paul), pharmacien, à Raon-l’Étape (Vosges). Membre à vie.
callay, pharmacien, au Chesne (Ardennes).
calmeil, médecin en chef de la maison de Charenton (Seine).
cannart d’hamale (de), sénateur, à Malines (Belgique).
caron (Édouard), à Rubempré près Villers-Bocage (Somme).
Caron (Henri), à Bulles (Oise). Membre à vie.
caruel (Th.), professeur extraordinaire à l’École de pharmacie, à Florence.
Membre à vie.
casaretto (Jean), docteur en médecine à Chiavari (Italie). Membre à vie.
CASPARY, professeur à l’Université de Kœnigsberg (Prusse).
castello de paiva (le baron de), à l’Académie polytechnique, à Oporto
(Portugal). Membre à vie.
cauvet, docteur en médecine et ès sciences, pharmacien-major aux hôpitaux
militaires de la division de Constantine (Algérie).
CESATI (le baron Vincent), directeur du jardin botanique de Naples.
ghabert (Alfred), médecin-major, à l’hôpital militaire de Médéah (Algérie).
CHABERT, juge de paix, à Saint-Vallier (Drôme).
chaboisseau (l’abbé), rue Saint-Martin, 300, à Paris.
CHAPUIS, employé des Douanes, aux Rousses (Jura).
chastaingt, conducteur des ponts et chaussées, à la Châtre (Indre).
CHATIN (Ad.), professeur à l’École supérieure de pharmacie, rue de Rennes,
129, à Paris. Membre à vie.
chevalier (l’abbé E.), professeur au séminaire d’Annecy (Haute-Savoie).
cintract (Désiré- Auguste), sous-chef de bureau au ministère de la guerre,
rue Saint-Dominique, 22, à Paris.
clarinval (le colonel), rue Saint-Marcel, 18, à Metz.
CLOS (D.), professeur de botanique à la Faculté des sciences et directeur du Jardin-
des-plantes, à Toulouse. Membre à vie.
clouët, rue Saint-Jacques, 189, à Paris.
coemans (l’abbé Eug.), place Saint-Pierre, 6, à Gand (Belgique).
viij SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
colvin (le Rév. Robept-F.), pasteur à Mo (Fat (Écosse). Membre à vie.
constant (Alexandre), banquier, à Autun (Saône-et-Loire). Membre à vie.
CORDIER, docteur en médecine, quai Saint-Michel, 19, à Paris.
CORNU (Maxime), répétiteur de botanique à la Faculté des sciences, rue d’Ulm,
Zi5, à Paris.
cosson (Ernest), docteur en médecine, membre du Conseil général du Loiret,
rue du Grand-Chantier, 12, à Paris. Membre à vie.
COSSON (Paul), rue du Grand-Chantier, 12, à Paris.
courci ère, professeur au lycée, rue Pradier, 6, à Nîmes.
CRÉvélier, greffier du tribunal, à Confolens (Charente).
CROUAN, rue de la Vierge, 31, à Lambézellec près Brest (Finistère).
darracq, pharmacien, à Saint-Esprit près Bayonne (Basses-Pyrénées).
de rary, professeur à l’Université de Halle (Prusse).
debeaux, pharmacien- major, à l’hôpital militaire des Invalides, à Paris.
decaisne, membre de l’Institut, professeur de culture au Muséum, rue Cuvier,
57, à Paris.
de candolle (Alph.), membre correspondant de l’Institut, cour Saint- Pierre , 3,
à Genève.
delacour (Théodore), quai de la Mégisserie, U, à Paris.
delaunay, manufacturier, boulevard Heurteloup, 72, à Tours.
delondre (Augustin), rue Saint-Pierre, 3, à Sèvres (Seine-et-Oise).
berbès, professeur à la Faculté des sciences, rue des Minimes, 10, à Marseille.
derouet, rue Chabannais, 1, à Paris; et rue des Fossés-Saint-Georges, 4, à Tours.
deruelle, avocat, rue des Bons-Enfants, 28, à Paris.
des étangs (Léon), juge au tribunal d’Aulun (Saône-et-Loire).
des étangs (S.), juge de paix, à Bar-sur-Aube (Aube).
des moulins (Charles), r ne et hôte! de Gourgues, à Bordeaux.
dezanneau (Alfred), docteur en médecine, à Saint-Pierre-Montlimart, par
Montrevault (Maine-et-Loire). Membre à vie.
dorvault, directeur de la Pharmacie centrale, rue de Jouy, 7, à Paris.
doumet-ad\nson, président de la Société d’horticulture et d’histoire naturelle
de l’Hérault, à Cette (Hérault).
DROUSSANT, boulevard du Temple, 3A, à Paris.
duby (le pasteur), rue de l’Évêché, 5, à Genève.
duchartre (P.), membre de l’Institut, professeur de botanique à la Faculté
des sciences, rue de Grenelle, 8 A, à Paris. Membre à vie .
du colombier (Maurice), inspecteur des lignes télégraphiques, place des
Vignaux, à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées).
ducot (Frédéric), rue Saint-François, 7, à Bordeaux.
dufour (Édouard), licencié ès sciences naturelles, président de la Société
académique de la Loire-Inférieure, rue de l’Héronnière, 6, à Nantes.
Membre à vie.
duhamel, rue Saint-Honoré, 191, à Paris.
dulac (l’abbé), paroisse Saint-Jean, à Tarbes.
dupuy (l’abbé), professeur au petit séminaire d’Auch.
durand, pépiniériste, à Bourg-la-Reine (Seine).
LISTE DES MEMBRES.
IX
durieu de Maisonneuve , directeur du Jardin-des-plantes, à Bordeaux.
dussau, pharmacien, place de Rome, 9, à Marseille. Membre à vie .
duval jouve (J.), inspecteur de l’Académie, rue Auguste Broussonnet, 1, à
Montpellier.
duvergier de HAURANNE (Emmanuel), membre du Conseil général du Cher,
rue de Tivoli, 5, à Paris; et à Herry (Cher). Membre à vie.
duvillers, architecte-paysagiste, avenue de Saxe, 15, à Paris. Membre à vie .
eighler, professeur et directeur du jardin botanique de Gratz (Styrie).
ELOY de vicq, place de Cerisy, à Abbeville (Somme).
faivre (Ernest), professeur à la Faculté des sciences, avenue de Noailles, 5Zt,
à Lyon.
faré, directeur général de l’administration des forêts, rue de Rivoli, 156, à Paris.
FAURE (l’abbé), professeur au petit séminaire de Grenoble.
fée (A.), professeur à la Faculté de médecine de Strasbourg.
fermond (Charles), pharmacien en chef à la Salpêtrière, à Paris. Membre à vie,
fleutiaux, boulevard des Filles-du-Calvaire, 22, à Paris.
fournier (Eugène), docteur en médecine et ès sciences naturelles, rue de
Seine, 72, à Paris. Membre à vie.
FRANCHET (Adrien), au château de Cheverny, par Cour-Cheverny (Loir-et-Cher).
franque vil le (le comte Albert de), rue Palatine, 5, à Paris; et au
château de Bisanos, par Pau. Membre à vie.
FRÉmineau, docteur en médecine et ès sciences naturelles, rue Turbigo, 68
à Paris.
gadeceau (Émile), négociant, quai de la Fosse, 90, à Nantes.
gaillardot, médecin sanitaire de France, à Alexandrie (Égypte).
gandoger (Michel), propriétaire â Arnas près Villefranche-sur-Saône (Rhône).
gariod, juge suppléant au tribunal de Gap.
garovaglio (Santo), directeur du jardin botanique de Pavie (Italie).
garroute (l’abbé), chez M. le marquis de Saint-Exupéry, à Agen.
GAUDEFROY, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, 8, à Paris.
gay (Claude), membre de l’Institut, rue de la Ville-l’Évêque, 26, à Paris.
Membre à vie.
genevier (Gaston), pharmacien, quai de la Fosse, 83, à Nantes.
germain de saint-pierre, au château du Bessay, par Chantenay- Saint- Imbert
(Nièvre); et rue de Vaugirard, 22, à Paris. Membre à vie.
geslin (Jules), avoué, rue de Toulouse, 2, à Rennes.
gillot (Xavier), docteur en médecine, à Autun (Saône-et-Loire).
gobert, propriétaire, à Bouaye (Loire-Inférieure).
godefroy (Y.), professeur au lycée, rue du Cygne, 6, à Châteauroux.
GODron , doyen de la Faculté des sciences, rue de la Monnaie, Zi, à Nancy.
goeppert, professeur à l’Université de Breslau (Prusse).
GONOD d’artemare, pharmacien, à Clermont-Ferrand. Membre à vie.
GONTIER, docteur en médecine, rue Saint-Honoré, 36Zi, à Paris.
goumain-cornille, secrétaire de la mairie, place du Panthéon, à Paris,
X
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
gras (Auguste), bibliothécaire de l’Académie royale des sciences de Turin.
gras (François), horticulteur, rue de l’Abbé-de-l’Épée, 159, à Marseille.
grenier (Ch.), doyen de la Faculté des sciences, Grand’-rue, 10b, à Besançon.
gris (Arthur), docteur ès sciences naturelles, aide-naturaliste au Muséum, rue
Guy-de-la-Brosse, 5, à Paris.
gubler (Ad.), professeur à la Faculté de médecine, rue du Quatre-Septembre,
18, à Paris.
guiard (l’abbé), rue Saint-Dominique, 23, à Paris.
guighard, rue de l’Algérie, 22, à Lyon.
guillard (Achille), docteur ès sciences, rue de Bruxelles, 15, à Paris; et à
Labruyère, par Vaugneray (Rhône).
guillaud (Alexandre), aide de botanique à la Faculté de médecine, rue Sau-
nerie, 8, à Montpellier.
GUILLON, directeur des contributions indirectes, à Niort.
guilloteaux-vatel, rue Mademoiselle, 2, à Versailles. Membre à vie.
guiraud, docteur en médecine, grand’rue Ville-Bourbon, à Montauban.
hacouin (Jules), rue Bourtibourg, 9, à Paris.
halley, professeur au collège d’Avranches (Manche).
hasskarl (J.-K.), docteur en philosophie, à Clèves (Prusse rhénane). Membre
à vie.
Hébert, pharmacien en chef à l’hôpital des Cliniques, place de l’École-de-
Médecine, à Paris.
hennecart (Jules), ancien député, rue Neuve-des-Mathurins, 41, à Paris.
hénon, docteur en médecine, cours Morand, 56, à Lyon.
hervier-basson (Joseph), rue de la Bourse, 31, à Saint-Étienne.
homolle, docteur en médecine, rue Bonaparte, 7, à Paris.
howard (John-Eliot), à Tottenham près Londres. Membre à vie.
huberson (Gabriel), attaché à la préfecture de la Seine, rue Garancière, 4,
à Paris.
hullé, professeur d’hydrographie, à Blaye (Gironde).
iiusnot (Th.), maire de Cahan, par Athis (Orne). Membre à vie.
J Aubert (le comte), membre de l’Institut, député du Cher à l’Assemblée natio¬
nale, au domaine de Givry, par Jouet-sur-l’Aubois (Cher).
JEAnbernat (Ernest), docteur en médecine, rue du Musée, 4, à Toulouse.
JOLY (Joseph), place Saint-Bernard, 8, à Dijon.
jordan (Alexis), rue de l’Arbre-Sec, 40, à Lyon.
Jourdan (Pascal), ingénieur civil, garde-mines, villa du Bon-air, à Vichy (Allier).
Membre à vie.
JUHel de laiwote-baracé, au château du Coudray, près Chinon (Indre-et-
Loire); et rue Casimir Périer, 19, à Paris.
jullien-crosnier, conservateur du Musée, rue d’Illiers, 56, à Orléans.
kanitz (Aug.), professeur d’histoire naturelle à l’Institut supérieur agricole
d’Altenbourg (Hongrie).
LISTE DES MEMBRES. Xj
kralik (Louis), rue du Grand-Chantier, 12, à Paris. Membre à vie.
Kresz, docteur en médecine, rue des Bourdonnais, 14, à Paris.
LAGRANGE, docteur en médecine, au Bois-de-Rosoy, par Hortes (Haute-Marne).
laisné, ancien principal du collège, boulevard du Sud, à Avranches (Manche).
lamotte (Martial), professeur d’histoire naturelle, barrière d’Issoire, à Cler¬
mont-Ferrand.
LAMY (Édouard), ancien banquier, rue Saint-Esprit, à Limoges.
lange (Johann), directeur du jardin botanique de Copenhague.
LANNES, capitaine des douanes, aux Salins-d’Hyères (Var).
LARAMBERGUE (Henri de), place de l’Albingue, à Castres; et à Anglès-du-
Tarn (Tarn).
larcïier (Ad ), chef du bureau de l’instruction publique à la préfecture de la
Seine, avenue de Clichy, 127, à Paris.
l arévellière-lépeaux, au Gué du Berger, par Thouarcé (Maine-et-Loire).
LA SAVINIERRE (E. dk), rue de la Monnaie, 7, à Tours.
lasègue (Antoine), rue de l’Ancienne-Comédie, 3, à Paris.
LAUTOUR, pharmacien, à Vassy-près-Vire (Calvados).
LAVALLÉE (Alphonse), rue de Penthièvre, 6, à Paris.
lavau (Gaston de), au château de Moncé, par Pézou (Loir-et-Cher). Membre
à vie.
lerel, docteur en médecine, à Valognes (Manche).
le bien (Émile), ancien avocat à la cour de cassation, boulevard Malesherbes,
172, à Paris.
lefèvre (Éd.), rue de Constantine, 27 (Plaisance), à Paris.
lefranc (Edmond), pharmacien en chef de la garde républicaine, à Paris.
LEFRANC DE VILLELONGUE (Léon), rue des Martyrs, 37, à Paris.
le grand (Antoine) , agent voyer d’arrondissement, cloître Notre-Dame, à
Montbrison (Loire).
leguay (le baron Léon), au château de Serceaux, commune de Valframbert
par Alençon.
leîourdan (Alfred) , directeur du Jardin-des-plantes, place Saint-Michel, 7,
à Marseille.
le maout (Emmanuel), docteur en médecine, rue de Poissy, 2, à Paris.
LEPELTIER (Armand), docteur en médecine, rue de Feltre, 10, à Nantes.
lépine (Jules), ancien chirurgien de la marine, commissaire de surveillance
administrative des chemins de fer, à Châtellerault (Vienne).
le sourd (Ernest), docteur en médecine, rue de l’Université, 8, à Paris.
lespinasse (Gustave), rue de la Croix-Blanche, 25, à Bordeaux.
lestiboudois (Thémistocle), membre correspondant de l’Institut, rue de
la Victoire, 92, à Paris.
letourneux (Aristide), conseiller à la cour d’appel d’Alger.
letourneux (Tacite), président du tribunal civil de Fontenay-le -Comte
(Vendée).
LOCK, pharmacien, à Vernon (Eure).
LOAIBARD (Armand), au Vigan (Gard).
lombard (F.), rue Chabot-Charny, 48, à Dijon.
Xij SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
loret (Henri), rue Barthez, à, à Montpellier.
lortet, docteur en médecine, avenue de Saxe, 69, à Lyon.
maillard (Adguste), docteur en médecine, rue du Petit-Potet, 3 A, à Dijon.
malinvaiid (Ernest), rue Clément, 6, à Paris. Membre à vie.
malinverni (Alessio), à Quinto près Verceil (Italie).
manceau, conservateur de la bibliothèque de la ville, rue de Rivoli, 2, au Mans.
Membre à vie.
manescau, ancien représentant, à Pau.
marcet (Adolphe), docteur en médecine, licencié ès sciences naturelles, rue
Bonneau, 7, à Suresnes (Seine).
marchand (Léon), docteur en médecine et ès sciences naturelles, rue
Lhomond, 37, à Paris.
marcilly, inspecteur des forêts, à Châlons-sur-Marne.
marès (Paul), docteur en médecine, à Alger.
marjolin, chirurgien des hôpitaux, rue Chaptal, 16, à Paris. Membre à vie.
marlier, officier comptable des subsistances militaires. Commission de liqui¬
dation de l’armée de la Loire, au Mans.
marmottan, docteur en médecine, rue Desbordes -Vahnore, 31 (Passy), à
Paris.
Martin (Bernardin), docteur en médecine, à Aumessas près le Vigan (Gard).
Martin (Émile), juge, à Romorantin (Loir-et-Cher).
Martin (Joseph de), docteur en médecine, à Narbonne (Aude).
Martin (Louis de), docteur en médecine, boulevard du Jeu-de-Paume, 22,
à Montpellier.
aiartinet (J.-B.), licencié ès sciences naturelles, rue Monge, 27, à Paris.
MARTINS (Ch. ), membre correspondant de l’Institut, directeur du Jardin-des¬
plantes, à Montpellier. Membre à vie.
marvillet, pharmacien à Autun (Saône-et-Loire).
masson (Victor), libraire-éditeur, place de l’ÉcoIe-de-Médecine, à Paris.
Mathieu (Aug.), inspecteur des forêts, rue Stanislas, A6, à Nancy.
Matignon (E.), à Fontainebleau (Seine-et-Marne).
maugeret, inspecteur du télégraphe, avenue de Villars, 8, à Paris.
maugin (Gustave), avoué, rue Guénégaud, 12, à Paris. Membre à vie.
méhu (Adolphe), pharmacien, à Villefranche-sur-Saône (Rhône).
»
mer (Emile), garde général des forêts, à Chaumont en Bassigny.
mercey (Albert de), à Cannes (Var).
Michel (Aug.), rue Lemercier, A8 (Batignolles), à Paris.
miégeville (l’abbé), à Notre-Dame-de-Garaison, par Castelnau-Magnoac
(Hautes-Pyrénées).
mignot, docteur en médecine, à Beaumont-sur-Oise (Seine-et-Oise).
millardet, docteur en médecine, à Montmirey par Moissey (Jura).
moggridge (J. Traherne), maison Gaslaldi, à Menton (Alpes-Maritimes);
et care of Rev. M.W. Moggridge, LongDitton, Kingston on Thames (An¬
gleterre). Membre à vie.
monard (P.), ancien médecin en chef des armées, rue de l’Évêché, 25, à
Metz.
LISTE DES MEMBRES.
x SS 1
MOQUIN-TANDON (Olivier), rue de Sèvres, 44, à Paris.
morière (J.), professeur à la Faculté des sciences de Caen. Membre à vie.
morren (Édouard), professeur à l’Université de Liège (Belgique).
motel ay (Léonce), rue Guillaume-Brochon, 7, à Bordeaux. Membre à vie.
mougeot (Antoine), docteur en médecine, membre du Conseil général des
Vosges, à Bruyères (Vosges).
mouillefariive (Edmond), avoué, rue V'entadour, 7, à Paris. Membre à vie .
MOURA-BOUROtJiLLOU (B.), docteur en médecine, rue Molière, 25, à Paris.
NÆGELI (Carl), professeur à l’Université de Munich (Bavière).
netto (Ladislau de Souza Mello y), directeur de la section d’agriculture et
de botanique au Musée impérial de Rio de Janeiro (Brésil).
i\OÉ (le marquis de), rue du Bac, 126, à Paris.
nouel, directeur du Musée d’histoire naturelle, à Orléans.
noulet, professeur à l’École de médecine, rue du Lycée, 14, à Toulouse.
OPOix (Joseph), horticulteur, chef des cultures de M. le duc de Vallombrosa,
à Cannes (Var).
OUDEMANS (C.-A.-J.-A.), professeur de botanique, à Amsterdam.
OZANON (Charles), à Rougeon, par Buxy (Saône-et-Loire).
PAILLOT (Justin), pharmacien aux Chaprais, commune de Besançon,
paira (Michel), cultivateur, à Geudertheim près Brumath (Alsace).
paris (E.-G.), lieutenant-colonel du 100e régiment d’infanterie, à Pérîgueux.
Membre à vie.
parlatore (Ph.), professeur de botanique au Musée royal d’histoire naturelle
de Florence.
PARSEVAL- GRANDMAISON (Jules de), avocat, aux Perrières près Mâcon.
passy (Antoine), membre de l'Institut, rue Pigalle, 69, à Paris; et à Gisors
(Eure). Membre à vie.
payot (Vénance), naturaliste, à Chamonix (Haute-Savoie).
PEDicmo, professeur à l’Institut technique, via del Fico a Foria, 24, palazzo
Février, à Naples.
PELLAT, conseiller de préfecture, rue des Vieux-Jésuites, 8, à Grenoble.
peltereau (Ernest), notaire, à Vendôme (Loir-et-Cher).
penchinat (Ch.), docteur en médecine, à Port-Vendres (Pyrénées-Orientales v'
pérard (Alexandre), rue Guy-de-la-Brosse, 4, à Paris.
perrier de la bathie (Eugène), à Conflans près Albertville (Savoie).
perrio (François), rue des Pyramides, à Pontivy (Morbihan).
personnat (Victor), à Sancerre (Cher).
petermann (C.-E.), rue Foy, 9, à Saint-Quentin (Aisne).
petit (Guillaume), ancien député, à Louviers (Eure). Membre à vie .
petit (Paul), pharmacien, rue des Quatre-Vents, 16, à Paris.
piré (Louis), secrétaire de la Société royale de botanique de Belgique, rue
d’Orléans, 15, à Ixelles-lez-Bruxeües.
PL ANC MON (Émile), professeur à la Faculté des sciences et directeur de FÉcoie
supérieure de pharmacie de Montpellier.
XIV
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
planchon (Gustave), professeur à l’École supérieure de pharmacie, boulevard
Saint-Michel, 139, à Paris.
poisson (Jules), préparateur au Muséum d’histoire naturelle, rue du Tem¬
ple, 191, à Paris.
pomel, ingénieur garde- mines, à Oran (Algérie).
pommaret (E. de), à Agen.
pourtier (Jules), employé des contributions indirectes, rue Saint-Vincent, 21, à
Besançon.
pradel, pharmacien, rue Réaumur, 15, à Paris.
prillieux (Édouard), docteur ès sciences, rue Cambacérès, l/i, à Paris.
pijget (l’abbé), chez Madame de Livet, à Pringy près Annecy.
Oüestier (l’abbé), curé à Thury-en-Valois, par Betz (Oise).
rames fils, pharmacien, à Aurillac.
ram O ND (A.), administrateur des douanes, rue des Écoles, 38, à Paris.
ravain (l’abbé) , professeur au collège de Gombrée (Maine-et-Loire).
reboud, médecin-major au 3e régiment de tirailleurs indigènes, province de
Constantine (Algérie).
remy (Jules), ancien voyageur du Muséum, à Louvercy, par Châlons-sur-
Marne. Membre à vie.
Renault (Bernard), docteur ès sciences, professeur à l’École normale spéciale
de Gluny (Saône-et-Loire).
ripart, docteur en médecine, rue de l’Arsenal, 1, à Bourges.
rivet, rue Lemercier, 89 (Batignolles), à Paris.
rochebrune (Alph. de), rue de Beaulieu, 65, à Angoulême. Membre à vie.
rodin, chef d’institution, à Beauvais,
rodriguez (JuAN),calle de la Libertad, 48, àMahon, île deMinorque (Espagne).
Membre a vie.
roget de belloguet, rue de l’Université, 15, à Paris.
ROSS (David), 7, Regent place, à Edimbourg. Membre à vie .
roumeguère (Casimir), rue Riquet, 31, à Toulouse.
ROUSSEL, docteur en médecine, rue des Fossés-Saint-Jacques, 26, à Paris.
rouy (Georges), à Saint-Léger-du-Bois, par Épinac (Saône-et-Loire) ; et rue
Saint-Lazare, 11, à Paris.
royer (Charles) , avocat, à Saint-Rémy près Mon tbard (Côte-d’ Or). Membre a vie.
royet (Eugène), docteur en médecine, à Saint-Benoît-du-Sault (Indre).
roze (Ernest), attaché au ministère des finances, rue des Feuillantines, 101,
à Paris.
sagot (Paul), docteur en médecine, professeur à l’École normale spéciale de
Cluny (Saône-et-Loire).
saint-exupéry (le comte Guy de), à Agen.
saldanha da gama (Joao de), à Rio de Janeiro ; par M. Thorin, libraire, bou¬
levard Saint-Michel, 58, à Paris.
salve (le vicomte Sébastien de), place des Prêcheurs, à Aix-en-Provence
(Bouches-du-Rhône); et au château de Reillanne (Basses-Alpes).
LISTE DES MEMBRES.
XV
SAPORTA (le comte Gaston de), à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).
sauze (l’abbé), curé de Marcieu, par la Motte- Saint-Martin (Isère).
sauzet (de), licencié ès sciences naturelles, rue d’Astorg, 3, à Toulouse.
Savatier (Ludovic), chirurgien de la marine, arsenal de Lokoska, par Yoko¬
hama, au Japon. Membre à vie.
savy (F.), libraire-éditeur, rue Hautefeuille, 2Zi, à Paris.
schlumberger (Henri), maire de Guebwiller (Alsace). Membre à vie.
schmitt, pharmacien-major, à l’hôpital militaire des Coiinettes, à Lyon.
Membre à vie.
schoenéfeld (W. de), rue de Bellechasse, 35, à Paris. Membre a vie.
seinot de la loxde (Ch,), à Rosseau par Corné (Maine-et-Loire).
serres (Hector), pharmacien, à Dax (Landes).
seynes (Jules de), professeur agrégé à la Faculté de médecine, rue Saint-
Guillaume, 29, à Paris; etàLassalle (Gard).
SONGEON (André), rue de Roche, à Chambéry.
SOUBEIRAN (J.-L.), secrétaire de la Société zoologique d’acclimatation, rue de
Lille, 19, à Paris.
spagh (Édouard), conservateur de la galerie de botanique au Muséum, rue
Cuvier, 57, à Paris.
spéneux (Louis-Eugène), pharmacien, à Saint-Leu-Taverny (Seine-et-Oise).
TAILLEFERT, Maison de Charenton, à Saint-Maurice (Seine).
TANTENSTEIN, rue Paillet, 29, à Paris.
tardieu (Maurice), rue de Tournon, 6, à Paris.
targioni-tozzetti, professeur d’histoire naturelle, à Florence.
tassi ( Attilio), professeur d’histoire naturelle, à Sienne (Italie).
TCHIHATCHEF (Pierre de), membre correspondant de l’Institut, aux soins de
MM. Fenzi et Cie, banquiers, à Florence.
THÉRY, docteur en médecine, à Langon (Gironde). Membre à vie .
théveneau, docteur en médecine, à Béziers (Hérault).
thibesard, rue Saint-Martin, (\ 9, à Laon.
thiébaut, lieutenant de vaisseau, à Vitry-le-François (Marne).
thorel (Clovis), docteur en médecine, rue de Longchamps, 3 (Passy), à Paris.
thuret (Gustave), membre correspondant de l’Institut, à Antibes (Alpes-
Maritimes).
timbal-lagrave (Édouard), rue Romiguière, 15, à Toulouse. Membre à vie f
tisseur (l’abbé), aux Chartreux, à Lyon.
titon, docteur en médecine, à Châlons-sur-Marne, Membre à vie.
tocquaine, pharmacien, à Remiremont (Vosges).
todaro, directeur du jardin botanique, à Païenne (Sicile).
tourlet, à Chinon (Indre-et-Loire). Membre à vie.
trabut (Louis), étudiant en médecine, cours Lafayette, 67, à Lyon.
TRiADOix cadet, chez M. Laniel, rue Conti, à Pézénas (Hérault).
TRIBOUT (A.), docteur en médecine au Grand-Quevilly, par Rouen.
TROUILLARD, banquier, à Saumur (Maine-et-Loire).
tuezkiewicz (Diomède), docteur en médecine, au Vigan (Gard)*
TULASNE (L.-R.), membre de l’Institut, rue Cuvier, 57, à Paris,
xvj SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
valon (Ernest de), conserv. des hypothèques, à Coulommiers (Seine-et-Marne).
van tieghem (Ph.), docteur ès sciences, maître de conférences à l’École nor¬
male, rue de Sorbonne, A, à Paris.
VENDRELY, pharmacien, à Champagney (Haute-Saône).
VERLOT (J. -B.), directeur du Jardin-des-plantes, à Grenoble.
VIAüd-grand-marais (Ambroise), professeur à l’École de médecine, rue Beau¬
soleil, 2, à Nantes.
vibraye (le marquis de), membre correspondant de l’Institut, au château de
Cheverny, par Cour-Cheverny (Loir-et-Cher) ; et rue de Varenne, 56, à
Paris.
vigineix (Guillaume), rue de la Harpe, A 9, à Paris.
vilmorin (Henri), rue du Bac, 39, à Paris.
walker (Arthur), docteur en médecine, 32, Melville-street, à Édimbourg.
Membre à vie.
WARION (Adrien), médecin-major au 1er bataillon léger d’Afrique, à Mascara
(Algérie).
watelet, officier de l’instruction publique, à Soissons (Aisne).
watters (James), Dalkeith road, Belleville, près Édimbourg. Membre à vie.
weddell (H.-A), docteur en médecine, rue de la Tranchée, IA, à Poitiers.
zaniewski (Jean), étudiant en pharmacie, rue des Feuillantines, 8A, â Paris.
zetterstedt, professeur à l’Université d’Upsal (Suède).
Membres admis en novembre et décembre 1871.
franco (Luis), médecin à Machecoul (Loire-Inférieure).
posada-arango (Andres), docteur en médecine, à Medellin (États-Unis de
Colombie). Membre à vie.
leclerc (François), ancien pharmacien à Seurre (Côte-d’Or),
VENDRYÊs, attaché au ministère de l’instruction publique, place Saint-Sulpice, A,
à Paris.
rorel (J.), professeur au collège de Gap.
SOCIETE BOTANIQUE
DE FRANCE
SÉANCE DU 13 JANVIER 1871.
PRÉSIDENCE DE M. E. ROZE, VICE-PRÉSIDENT.
Malgré le bombardement qui sévit particulièrement sur la rive
gauche de la Seine (où se trouvent la plupart des établissements
scientifiques et d’instruction publique de Paris), en dépit des obus
qui atteignent les maisons de la rue de Grenelle et même de la rue
Saint-Dominique (plus rapprochée encore de la Seine), la Société se
réunit au local habituel de ses séances, rue de Grenelle, 84.
Sont présents : MM. Buffet, Cauvet, l’abbé Gbaboisseau, Cintract,
Damiens, Debeaux, Aug. Delondre, Gaudefroy, Mouillefarine,
E. Roze, W. de Schœnefeld, le DrTribout et Henri Vilmorin.
Conformément à la décision prise dans la séance du 9 décembre
dernier, les élections pour le renouvellement du Bureau et du
Conseil (qui ont lieu habituellement dans la première séance de
janvier) sont ajournées. Le Bureau nommé pour 1870 reste en
fonctions jusqu’à nouvel ordre.
M. le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la
séance du 23 décembre 1870, dont la rédaction est adoptée.
M. Aug. Delondre donne lecture lui-même de la lettre suivante
qu’il adresse à M. le Président delà Société :
LETTRE DE SI. A «g. IMELOXDKE.
Monsieur le Président,
Les armées allemandes, sans aucun avis préalable, ont cru pouvoir, au mé¬
pris de toutes les règles du droit des gens, obliger à nos hôpitaux aussi bien
T. xviu.
(séances) 1
2
SOCIETE BOTANIQUE DE EBANCE.
qu’à 110s établissements scientifiques des dévastations inutiles, qui heureuse¬
ment n’altéreront en rien la courageuse attitude de Paris assiégé. Notre noble
cité se défend avec héroïsme, et, si elle succombe, la famine seule pourra la
réduire à capituler. Mais, parmi les établissements atteints, se trouve le Mu¬
séum d’histoire naturelle, si cher à tous les membres de notre Société. M. Che-
vreul, directeur du Muséum, a protesté au nom de cet établissement. Nous
vous proposons de demander à la Société de s’associer par son vote à la pro¬
testation de M. Chevreul, sans préjudice de tout autre mode de protestation
plus efficace contre les procédés sauvages des Prussiens, et en général des
sujets de la Confédération de l’Allemagne du Nord en guerre contre nous.
Agréez, etc.
Augustin Delqndre.
M. Mouillefarine propose de nommer une Commission chargée
de constater les dégâts commis au Muséum par le bombardement.
La Société adopte cette proposition, et désigne, pour faire partie de
ladite Commission, sous la présidence de M. Decaisne, MM. Delondre,
Gaudefroy et de Schœnefeld.
M. l’abbé Chaboisseau met sous les yeux de la Société trois volumes
de sa bibliothèque, avec les annotations suivantes :
NOTES SUR QUELQUES OUVRAGES RARES OU CURIEUX RELATIFS A LA BOTANIQUE,
par II. l’abbé CHABOISSEAU (suite).
I
Mentzel. — lî iva£ (3otocvcovu|uo; 7coXuyXoTxoç xaQoXtxoç.
Index nominum plcmtarum universalisa etc. —
Editio altéra. — Berolini , 1696. — ( Pritzel , Thésaurus
Hier. bot. n° 6789.)
Voici l’exemplaire même de la bibliothèque de J. Gesner, de Zurich : il
porte au-dessous du titre la note manuscrite suivante : « Provenant de la bi¬
bliothèque de Jean Gessner (sic). Acheté 4 livres 16 sous chez le citoyen Fussly
le fils, à Zurich, le 7 brumaire an VIII. (Signé) De Cayrol.» — L’ouvrage est
interfolié et rempli de notes manuscrites de J. Gesner sur la synonymie des
plantes; avec une sorte d z préface manuscrite où cet auteur expose la mé¬
thode à suivre pour continuer le travail de Mentzel. Cet exemplaire est donc
par le fait un véritable manuscrit de J. Gesner, dont la date peut être à peu
près fixée par cette phrase significative de sa préface : Cum vero a Linnœo
pauciores plantœ ex his auctoribus (J. Bauhin, Morison, Ray, Tournefort)
suis in scriptis potissimum in Horto Cliffortiano commemorentur. . . h' Flor¬
ins Cliffortiams a été publié en 1737 ; le manuscrit présent ne doit cire pos-
SÉANCE DU 13 JANVIER 1871.
3
térieur que d’un petit nombre d’années. Il prouve du reste que J. Gesner, en
annotant et contiatant Mentzel, s’était souvenu du Catalogus plantarum ,
latine , grœce , germanice et gallice , publié en 1 562 par Conrad Gesner, et
avait pensé à continuer l’œuvre.
II
Pedanii Dioscoridis Anazarbei de medicinali matériel libri seæ,
Jeanne Ruellio Suessione interprète , etc. — Francofurti, 1543.
— ( Pritzel , Thés. n° 11518.)
Cette édition de Dioscoride n’a rien de rare ni de remarquable. Seulement
l’exemplaire présent est celui de la bibliothèque de Colbert, relié en maroquin
rouge, à ses armes, et portant à l’intérieur la mention manuscrite d’une écri¬
ture caractéristique : Bibliothecœ Colbertinœ.
III
De universali stirpium natura , libri duo , Joannis Costcei Lau-
densis, ad sereniss. Emmanuelem Philiberturn et Carolum
Emmanuelern Sabaudiœ ac Pedemont. D. et P. — Augustes
Taurinorum, 1578.
Pritzel (Thés. n° 2010) dit avoir vu ce livre dans la bibliothèque De Can-
dolle ; ce qui le suppose peu commun. L’exemplaire que je présente offre un
intérêt spécial : il est orné d’une belle reliure de Boyet, en maroquin citron,
aux armes du prince Eugène de Savoie, dont les ancêtres en avaient reçu
la dédicace. — Au verso du dernier feuillet, on a mis l’estampille : Dupl.
biblioth. palat. Vindobon. Ce qui suppose un autre exemplaire au moins
aussi beau et aussi curieux. (Je n’ai pu, pendant le siège de Paris, avoir aucun
renseignement sur ce point ; d’ailleurs mes pensées étaient portées ailleurs :
ce n’est qu'hier [8 février 1871] que j’ai reçu enfin des nouvelles de ma
famille.)
Les trois volumes dont je parle ici ont été achetés par moi à Paris, en vente
publique.
Lecture est donnée de la communication suivante, adressée à la
Société :
NOTE SUR LA CULTURE DU CACAOTIER, par II. l®aeal SiÉ%rV.
( Grenade-de-Nicaragua, 25 novembre 1869.)
La culture du Cacaotier varie suivant les pays. — Le cacao que produit le
Nicaragua est estimé ; mais, comme il entre pour une forte proportion dans
l’alimentation publique, la production est à peu près absorbée par la consom-
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
fi
motion locale; le peu qui est exporté va dans les républiques voisines où l’on a
renoncé à sa culture, mais où on ne l’estime pas moins. Le San-Salvador s’est
voué à l’indigo, Guatemala à la cochenille, Costarica au café, Nicaragua au cacao,
Honduras exploite ses forêts ; on 11e connaît donc pas ou presque pas le cacao du
Nicaragua en Europe.
Cette culture présente certains avantages nouveaux aux cultivateurs, en ce
sens qu’elle est éminemment perfectible , et que certainement un planteur qui
essaierait tous les perfectionnements rationnels arriverait à faire obtenir aux
cacaos portant sa marque, sur les marchés européens, une plus-value excep¬
tionnelle.
Le Cacaotier ne se rencontre que rarement à l’état sauvage. Il donne alors des
fruits en quantité, mais d’une qualité inférieure et d’un arôme presque nul ;
en revanche, il contient beaucoup de beurre de cacao. On ne cultive que la
variété à fruit rouge ; d’autres variétés se rencontrent, semées accidentellement.
Sous l’influence de la culture, les fruits deviennent moins nombreux, mais
plus savoureux et plus gros.
Une fois le terrain défriché, on sème d’abord des arbres-abris. Tous les
arbres à feuillage menu et tremblotant sont bons pour cet usage. O11 choisit
celui que l’on veut. On emploie ici la madera negra , espèce d’immortelle à
fleurs rouges. Les conditions que doit remplir un arbre-abri sont : d’arriver
le plus rapidement possible à sa hauteur normale, de tamiser la lumière sans
l’intercepter, de 11’être pas apte à se couvrir de parasites, de n’être pas
détruit par les insectes, et enfin d’avoir des racines qui lui permettent de ne
pas être abattu parle vent. D’autres ajoutent encore : et d’être bon à quelque
chose.
La madera negra , employée au Nicaragua, ne réalise aucune de ces condi¬
tions-là. Elle met sept ans pour arriver à la hauteur suffisante ; elle replie ses
feuilles pendant la plus forte chaleur du jour, et laisse alors passer le soleil
juste au moment où il est le plus préjudiciable au Cacaotier; elle est dévorée
par le comédien, les fourmis, et se couvre de caturiguin (n° U 7 de l’herbier) ;
ses racines s’étalent à la surface du sol, et un vent fort l’abat en détruisant
quelquefois douze ou quinze Cacaotiers dans sa chute. Enfin elle 11’est utile
qu’à la condition d’être arrachée, c’est-à-dire comme bois de chauffage ou de
construction.
L’amélioration à apporter sur ce point serait de la remplacer par exemple
par le Copahu, le Cassia Fistula , le marungo qui permet de faire beaucoup
de miel et de cire, etc., etc. Le marungo me paraît le meilleur, parce qu’il rem¬
plit toutes les conditions et arrive en deux ans à donner l’ombre suffisante.
On plante la madera en quinconce très-régulièrement de ù en h mètres, ce
qui, par parenthèse, est beaucoup trop près, étouffe les Cacaotiers et les em¬
pêche d’arriver à leur grosseur normale. Il faudrait (3 mètres, sauf à employer
des arbres-abris plus larges de dôme.
SÉANCE DU 13 JANVIER 1871. 5
Ou divise la plantation, à l’aide de chemins d’exploitation, en grands carrés
de 500 mètres environ de côté, appelés madriados. Chaque madriado est
entouré de mangos qui l’abritent du vent et y concentrent l’humidité et la
chaleur. Quelquefois on y ajoute une haie supplémentaire de pinnelas ou de
Caféiers.
Lorsque l’arbre-abri est à point, on dépose la graine du Cacaotier juste au
milieu des intervalles de 4 mètres qui séparent les abris. Si l’on ne veut pas
attendre aussi longtemps (sept ans pour la madera negra et huit ans pour le
Cacaotier, en tout quinze ans), on sème à la fois le Cacaotier et l’abri à leur
distance, et tant qu’ils sont petits on maintient des Bananiers çà et là entre
eux. Le Bananier se plante de rejetons, donne de l’ombre au bout de deux
mois et des fruits au bout de huit ; il s’entretient ensuite de lui-même. Il y a
des plantations où il n’y a jamais eu d’abri que les Bananiers; les Cacaotiers
une fois âgés de dix ans n’y ont plus eu d’abri que leur propre feuillage et ne
s’en sont pas trouvés plus mal.
Le Cacaotier se sème aux premières pluies, en enfonçant l’index dans le sol et
en introduisant dans le trou une graine. Au bout d’un mois on passe une revue,
et l’on resème partout où la graine n’a pas levé.
On obtient un résultat plus certain et meilleur en semant en paniers, c’est-
à-dire en faisant des vases avec une matière végétale quelconque, y mettant
de la terre bien préparée et y semant la graine ; une fois qu’elle a bien levé,
on porte et Bon enterre le tout au lieu voulu ; le vase pourrit, fume le pied, et
le développement de la plante est assuré.
On desgerbe toutes les fois que les herbes ont atteint un pied. Au bout de
six ans, le Cacaotier donne des fleurs ; à sept ans, quelques fruits ; à huit ans, il
est en pleine récolte; il dure ensuite trente ans. Une plantation doit donc avoir
des madriados échelonnés , afin d’en avoir toujours un nouveau prêt à donner
au moment où un vieux n’est plus bon qu’à arracher. Les vieux madriados
replantés sont bien meilleurs que les autres. Quand un madriado a atteint
la moyenne de son âge, le desyerbage n’y est plus aussi fréquent : l’ombre
empêche les herbes de pousser.
Les principaux perfectionnements dont la culture du Cacaotier est alors
susceptible sont l’irrigation, la taille, les mesures nécessaires à prendre pour
le forcer à ne donner, autant que possible, que des fruits du tronc et non des
branches ; car ceux du tronc sont de beaucoup les plus savoureux.
Ces trois procédés sont inconnus au Nicaragua ; le dernier n’est même usité
en grand nulle part. Quant à la taille, elle est pourtant indispensable : les
arbres ici donnent des feuilles immenses, des branches nouvelles chaque année,
et les fruits en sont appauvris d’autant. Quant à l’irrigation, lorsqu’il y en a,
elle est fortuite, partielle et naturelle; les essais d’irrigation artificielle et géné¬
rale qu’on a faits n’ont produit que des résultats maigres et insuffisants, ou
des inondations qui ont dépouillé les racines de la madera negra et l’ont rendue
6
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
plus apte à être couchée par le vent. L’irrigation ne doit pas être permanente ;
ce qu’il faut, c’est un passage d’eau suffisant au pied de chaque ligne d’arbres,
puis une interruption pour laisser agir le soleil. On y arrive au moyen de vannes
convenablement distribuées, qui donnent alternativement de l’eau aux files
impaires et aux files paires, vingt-quatre heures à chacune. L’irrigation permet :
1° d’obtenir une récolte à peu près permanente, au lieu que sur les terres non
rriguées elle n’a lieu que pendant six mois (de décembre à mai) ; 2° d’avoir des
fruits plus gros, des grains plus pesants et meilleurs ; 3° de planter le Cacaotier
dans des terres où le sous-sol est maigre et le sol peu épais. Dans les terres
dites à cacao, le sous-sol doit être argileux et le sol épais. — On interrompt
l’irrigation pendant la saison des pluies.
La récolte du cacao est le point capital de cette culture. Si le fruit est cueilli
avant ou après le point de maturité ( mazorca ), l’arome peut être nul ou
détestable. Cela demande un coup d’œil spécial, un grand souci des intérêts du
maître de la maison, et conséquemment oblige celui-ci à faire le possible pour
maintenir sur sa plantation, par sa bienveillance, sa générosité, ou par con¬
trats spéciaux, les mêmes gens, afin qu’ils connaissent tous les arbres des allées
dont ils sont chargés, et guettent pour ainsi dire le moment où chaque fruit
est à point. Cet idéal est loin d’être réalisé au Nicaragua, et les produits
actuels étant néanmoins de très-bonne qualité, on est fondé h croire qu’ils
auraient une saveur exceptionnelle s’ils étaient l’objet de soins rationnels et
assidus.
Les fruits récoltés sont ouverts et les amandes retirées ; il y en a de quarante
à soixante par fruit. On fait sécher au soleil sur des claies, on dépouille, on
fait un triage sommaire, et l’on emballe dans des sacs pour la vente et l’ex¬
pédition.
Mais, en bonne règle, les choses ne doivent pas se passer ainsi. Les graines,
enveloppées de la pulpe aigrelette et, du reste, agréable et comestible qui y
adhère, doivent subir une fermentation qui développe l’arome avant la torré¬
faction, au grand avantage du produit.
Dans certains lieux, on jette les graines dans des fosses et on les y laisse
soixante heures. Ces cacaos sont dits terré s; on en fait grand cas. Mais le pro¬
cédé est défectueux, parce que, le cacao n’étant pas remué, il se développe de
la moisissure; de plus, le temps de la fermentation est insuffisant. Le meilleur
mode d’opérer paraît être de faire séjourner les graines pendant cent vingt
heures dans des troncs d’arbres creusés ou des caisses de bois, et de remuer
la masse toutes les douze heures avec des pelles de bois.
Un procédé mexicain, ignoré ici, consiste à laver ensuite les graines dans
des cuves. Le produit est plus propre, la graine durcie et la fermentation
arrêtée juste au point voulu. En séchant tout de suite et sans laver, il pour¬
rait y avoir continuation d’une fermentation intime dans chaque graine, qui
serait préjudiciable.
SÉANCE DU 13 JANVIER 1871. 7
Voilà tous les procédés de culture du Cacaotier et de récolte du cacao.
J’ajouterai qu’indépendamment du capital relativement considérable qu’elle
nécessite immédiatement, et du laps de temps énorme qu’elle exige avant de
donner lieu à une première récolte, c’est de toutes les récoltes iuterlropicales
celle qui a le plus d’ennemis. Les primes à payer par paire d’ailes de perro¬
quet, queue d’écureuil ou tête de singe, etc., etc., viennent s’ajouter aux
frais d’entretien, sans compter la surveillance incessante qu’il faut exercer
contre l’homme et les animaux domestiques, la nuit surtout.
Et pourtant le cacao ne vaut guère plus de 150 à 200 fr. les 100 kilogr.
sur la place du Havre, ce qui fait 1 fr. 50 à 2 fr. le kilogr. en France, ou 1 fr.
et 1 fr. 50 ici. Chaque arbre, l’un dans l’autre, ne donnant guère plus de
1 kilogr. par an, il s’ensuit que la plantation du Cacaotier est une assez mé¬
diocre spéculation, si l’on tient compte de tous les frais et inconvénients signalés
plus haut et de ceux signalés en général dans la note n° 3.
Un hectare planté en Cacaotier ne donne guère plus de 1000 fr. de recette
brute; nous verrons que ce résultat est bien loin de certaines autres cultures
spéciales à la contrée. Deux hommes par hectare suffisent à son entretien
annuel et à sa récolte, une fois que la plantation est en plein rapport.
Mais il n’en reste pas moins vrai que c’est là la plus artistique, la plus aris¬
tocratique de toutes les cultures intertropicales, et que, entreprise sur une
grande échelle et en observant tous les perfectionnements ci-dessus indiqués,
on l’amènerait, au Nicaragua surtout, à prendre le premier rang, même
sous le rapport financier, grâce à l’augmentation en nombre du produit par
hectare et au prix plus élevé que prendrait le produit ainsi obtenu, dû à ses
qualités.
M. le Secrétaire général donne lecture de la note suivante :
QUELQUES MOTS SUR LE SOUMBOUL, par M. Filial VŒIiKFX.
(Extrait de la Chronique misse publiée dans le BiUletin de la Société de géographie de Paris,
cinquième série, t. XX, pp. 67-68, juillet-août 1870.)
Il y a quinze ans environ, l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg
offrit une prime de 20 demi- impériales (environ 400 fr.) pour le premier
échantillon complet de la plante nommée Soumboul, qu’il n’avait pas encore
été possible de déterminer, faute d’en connaître autre chose que la racine.
Cette dernière, très-eslimée en Orient comme médicament contre le choléra,
se vend dans toutes les villes du Tui kestan, et le prix très-modéré de ce remède
donne lieu de croire que le Soumboul n’est pas une plante très-rare. Il n’en a
pas moins été impossible à divers savants de la découvrir dans le pays même,
et les efforts qu’a faits M. Favitski pour se procurer soit des graines, soit un
exemplaire complet de la plante, ont été vains.
8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Borchtchof, dans ses Matériaux pour servir à une géographie botanique
du pays aralo-caspien , dit que, d’après les indigènes qui ont été dans le Kho-
kand, patrie du Soumboul, celte plante serait une Ombellifère, et croit qu’il
faudrait la ranger dans la tribu des Peucédanées, peut-être dans le genre
Heracleum.
Le baron d’Osten-Saken, qui en 1867 avait recueilli à Tachkend des ren¬
seignements sur le Soumboul, et à la note duquel nous empruntons ces détails,
n’avait pu réussir non plus à s’en procurer une branche ou seulement une
feuille.
La question en était là à la lin de 1869. Or, dans une lettre publiée par
l’avant-dernier numéro des Izvestiya (15/27 mars 1870), M. Fedtchenko
écrit de Moscou, sous la date du 7 mars, qu’à ce moment là le jardin bota¬
nique de l’Université de cette ville possédait sept pieds vivants de Soumboul,
provenant de racines que M. Fedtchenko avait lui-même rapportées vivantes
de l’expédition du Turkestan. Le plant le plus avancé faisait sa troisième feuille.
Les observations de M. Tchistiakof sur la racine du Soumboul devaient paraître
dans les Mémoires de la Société des naturalistes de Moscou. Toute la lettre
de M. Fedtchenko est très-intéressante, autant pour le naturaliste que pour le
géographe. Cet été-ci, le voyageur devait retourner dans le bassin du Zériaf-
chane, et il se proposait d’explorer lui-même les parties du territoire de
Maguiane, d’où proviennent les exemplaires du Soumboul cultivés au jardin
botanique de Moscou.
M. de Schœnefeld appelle sur cette note le bienveillant intérêt de
ses honorables confrères, et surtout de ceux d’entre eux qui s’oc¬
cupent spécialement d’études pharmaceutiques et de matière médi¬
cale. — Il ajoute que, d’après le Dictionnaire de Mérat et De Lens
(t. VI, publié en 1834), Somboo ou Sombu serait le nom, en
langue tamule, du Pimpinella Anisum.
M. Cauvet veut bien se charger de faire des recherches et de
donner, à la séance prochaine, quelques renseignements sur le
Soumboul.
M. de Schœnefeld communique ensuite à la Société un article
(publié par le Journal de la Société asiatique ) sur les noms arabes
de quelques végétaux.
M. l’abbé Chaboisseau veut bien se charger de parcourir ce travail
et d’en entretenir la Société à la prochaine séance.
SÉANCE DU 27 J AN V [ER 1871.
y
SÉANCE DU 27 JANVIER 1871.
PRÉSIDENCE DE M. E. ROZE, VICE-PRESIDENT.
M. le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la
séance du 13 janvier, dont la rédaction est adoptée.
Le Secrétaire général annonce ensuite à la Société la perte
cruelle que vient d’éprouver M. Ach. Guillard, l’un de ses hono¬
rables vice-présidents. Son fils, M. Léon Guillard, âgé de trente-
quatre ans, avocat distingué et membre zélé de la Société d’anthro¬
pologie (à laquelle il consacrait tous ses loisirs), a été tué au champ
d’honneur, d’une halle au front, dans le parc de Bu zen val, le 19
de ce mois. Ses funérailles ont eu lieu le 23, au milieu d’un grand
concours de parents, d’amis et de compagnons d armes, et M. de
Schœnefeld a eu l’honneur d’y représenter la Société botanique
de France.
La Société exprime unanimement la plus vive sympathie pour
le deuil profond qui frappe le cœur paternel de M. Ach. Guillard,
et décide qu’une lettre de condoléance lui sera adressée.
M. Aug. Delondre, rapporteur de la Commission chargée de
constater les dégâts commis au Muséum d’histoire naturelle par le
bombardement, donne lecture de son rapport, ainsi conçu :
RAPPORT DE M. Aug. Oi^LOADRE SUR LES DEGATS CAUSÉS AU MUSÉUM D’HIS¬
TOIRE NATURELLE DE PARIS PAR LES OBUS DE L’ARMÉE ALLEMANDE PENDANT LB
BOMBARDEMENT DE PARIS EN JANVIER 1871.
Fait à la Société botanique de Franco au nom d’une Commission prise dans son sein, et composée
de MM. Decaisne, président, W. de Schœnefeld, Gaudefroyet Aug. Delondre, rapporteur.
L’Inslitut de France, réuni le 18 septembre 1870 en assemblée générale
comprenant les cinq classes dont il se compose, a constaté qu’une année alle¬
mande, en faisant le siège de Strasbourg, en soumettant la ville à un bombar¬
dement cruel, venait d’endommager gravement son admirable cathédrale, de
brûler sa précieuse bibliothèque, et, partant de ce fait, s’est préoccupé, au
milieu de toutes les douleurs de la patrie, des intérêts qu’il a la mission spé¬
ciale de défendre. Il a rédigé en conséquence et publié une déclaration par
laquelle il protestait contre la possibilité du bombardement de Paris; cette
déclaration est reproduite dans les publications officielles de l’Institut (1).
(1) Un exemplaire a été déposé dans les archives de la Société botanique de France.
10 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
La Société botanique de France, fondée à Paris le 23 avril 1854, avait déjà
cm devoir, en reprenant à la date habituelle le cours de ses réunions, donner
unanimement, dans sa séance du 11 novembre 1870, son adhésion pleine et
entière à cette solennelle déclaration, en insistant sur la préservation des her¬
biers publics et privés, qui craignaient surtout Faction du feu, et de la conser¬
vation desquels elle se préoccupait spécialement, comme base de ses études.
La protestation de la Société botanique avait été reproduite dans les Comptes
rendus de l’Académie des sciences (séance du 28 novembre 1870). Plus
récemment, Paris étant déjà investi et assiégé depuis le 17 septembre 1870,
M. Faye, président de l’Académie des sciences, a donné, dans la séance
du 9 janvier 1871, la parole au vénérable M. Chevreul, directeur du Muséum,
qui a fait la lecture de la déclaration suivante :
« Le Jardin des plantes médicinales, fondé à Paris par édit du roi Louis XIII,
à la date du mois de janvier 1626,
» Devenu le Muséum d’histoire naturelle, par décret de la Convention, du
10 juin 1793,
» Fut bombardé, sous le règne de Guillaume Ier roi de Prusse, comte
de Bismark chancelier, par l’armée prussienne, dans la nuit du 8 au 9 jan¬
vier 1871.
» Jusque-là il avait été respecté de tous les partis et de tous les pouvoirs
nationaux et étrangers.
» E. Chevreul, Directeur. »
Comme on le voit, il ne s’agissait plus de protester contre la possibilité,
mais il fallait s’élever contre le fait meme du bombardement.
Cette protestation du Muséum devait plus que jamais attirer l’attention de la
Société botanique, préoccupée vivement du sort, non- seulement des herbiers
du Muséum, mais de ses propres collections, puisque son siège se trouve dans
la partie bombardée de la ville de Paris. Aussi cette Société a-t-elle, dans
sa séance du 13 de ce mois, nommé une Commission chargée de se rendre
au Muséum pour exprimer à M. le Directeur et à MM. les Professeurs-admi¬
nistrateurs, en se mettant au nom de la Société à leur disposition, son
adhésion pleine et entière à leur protestation ; la Commission était de plus
chargée de se rendre compte des dégâts et d’en faire un rapport qui serait lu
dans sa prochaine séance.
La Commission, composée de MM. AV. de Schœnefeld, secrétaire général,
Gaudefroy et Augustin Delondre, s’est transportée le lundi 16, au Muséum, chez
M. le professeur Decaisne, afin de le prier, conformément au vœu de la Société,
d’en accepter la présidence, et a visité avec lui les parties de l’établissement
qui ont été atteintes. C’est avec le plus profond regret que nous avons pu
constater les dévastations sérieuses qui sont consignées dans ce rapport.
Nous remarquerons tout d’abord que le bombardement, contre lequel pro-
SÉANCE DU Ti JANVIER 1871.
il
testait M. Chevreul dans la séance de l’Académie des sciences dn 9 janvier,
n’avait pas cessé le lundi 16, jour de la visite que la Commission a faite au
Muséum; jusqu’à cette date, le Muséum avait reçu dix-huit obus, et il en est
tombé encore d’autres ultérieurement. Il nous paraît vraiment douteux qu’un
bombardement ainsi prolongé pendant plus de huit jours puisse provenir d’une
erreur de tir, ainsi que le prétendent, dit-on, les autorités prussiennes.
Un des obus est arrivé au bas de la butte où se trouve le Cèdre-du-Liban,
près de l’allée qui va passer entre les deux grands pavillons des serres pour
rejoindre l’allée des tilleuls; un autre avait pénétré en terre, tout contre la
serre tempérée, du côté opposé de la même allée; trois obus sont tombés au
bas du pavillon des serres tempérées, et ont projeté du gravier contre le vitrage
de ce pavillon, qui a été atteint et brisé à une hauteur de 10 mètres. La serre
des Fougères a été atteinte obliquement. Dans le pavillon des Palmiers, tous
les carreaux du côté sud sont brisés, probablement par la détonation des obus.
La serre à multiplication, au bas de la terrasse, est complètement effondrée;
aucun carreau n’y est resté intact. Il en est de même de la serre aux Orchidées.
Il nous est assurément bien permis de dire ici que la dévastation de cette der¬
nière serre est d’autant plus déplorable que la collection d’Orchidées qui s’y
trouvait était la plus complète de France. Combien ont dû souffrir, entre
autres, de pareilles plantes originaires d’un climat chaud, lorsque, pendant la
nuit du 8 au 9 janvier, elles ont été subitement exposées à un froid intense
d’environ — 10 degrés, et ont subi, par conséquent, une différence de tempé¬
rature d’au moins 26 degrés; quelques-unes ont en outre été littéralement
hachées par les éclats d’obus.
Les Orchidées des tropiques n’ont pas été, du reste, les seules pertes que
nous ayons à mentionner; quelques plantes, et notamment des Pandanées,
ont été réduites à l’état de filasse. Les Cyclanthées ont aussi beaucoup souffert.
Parmi les raretés végétales vivantes qui ont été atteintes, nous citerons les
Clusiacées et plusieurs espèces nouvelles originaires des îles Philippines. Un
magnifique Camphrier ( Camphora officinarum) a été endommagé par un obus
qui en a brisé une forte branche.
M. le professeur Decaisne a fait, du reste, établir une liste des plantes ainsi
saccagées : nous la joignons à ce rapport, et nous espérons que tous les direc
leurs de jardins botaniques français ou étrangers, sous les yeux desquels elle
passera, s’efforceront de combler libéralement les regrettables lacunes qu’elle
signale dans notre grand établissement scientifique.
La serre où se trouve l’aquarium a eu tous ses carreaux brisés sur une des
faces; quant à l’aquarium, où l’on pouvait admirer naguère une collection
précieuse de Marantacées, il a été vidé en grande partie par crainte d’acci¬
dent, et nous ne pouvons qu’applaudir à cette sage précaution : en effet, cet
aquarium se trouve au-dessus des appareils de chauffage des serres, et si une
bombe, en tombant dans l’aquarium, l’avait défoncé, l’eau aurait pu inonder
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
r>
les appareils de chauffage et les magasins de combustible, el produire encore
d’irréparables désastres.
Si, quittant les serres, nous entrons dans les galeries, et nous nous rendons
à celle où se trouvent les reptiles, objet particulier des études d’un professeur
dont le Muséum déplore encore la perte toute récente, du bien regretté M. I)u-
méril, de M. Bibron, etc., nous rencontrons les traces de deux obus qui,
entrant par la face sud au travers d’un mur de 60 centimètres au moins
d’épaisseur, ont traversé la galerie et sont sortis par la face opposée; deux
grandes armoires ont été ainsi mises dans l’état le plus complet de dévastation.
À ces galeries ne se borne du reste pas le dégât que la zoologie devra
enregistrer au Muséum; d’autres bâtiments du Muséum, consacrés à cetle
science, ont été atteints. Les laboratoires d’entomologie, de malacologie, d’er¬
pétologie ont été en partie détruits, ainsi que les collections qu’ils renfer¬
maient. Les galeries de botanique, de géologie et de minéralogie n’ont pas
été épargnées.
C’est avec une véritable et profonde tristesse que votre rapporteur consta¬
tait avec la Commission cette dévastation d’autant plus pénible pour lui que
de nombreux liens le rattachaient personnellement au Muséum, où il a des
maîtres, peut-être devrait-il dire plutôt des amis, tant ces maîtres lui témoi¬
gnent de bienveillance, et où il a été admis pendant un temps trop court, à son
grand regret, à collaborer avec les sommités scientifiques qui y président à
l’enseignement des sciences.
Mais rentrons dans le jardin même, dans lequel plus de cinquante obus sont
aujourd’hui tombés, au milieu de cette collection si complète de plantes
vivantes de plein air, dans cette école de botanique modèle, si bien disposée
pour l’étude.
En général, les collections de plantes vivantes du Jardin royal de Kew, près
de Londres, contiennent peut-être des échantillons plus beaux, plus plaisants
à la vue, de certaines espèces ; mais l’ensemble est loin d’y être aussi complet
qu’au Muséum d’histoire naturelle de Paris. Que de dévastations y ont fatale¬
ment produites les obus !
Les projectiles ont également atteint les logements des professeurs, et nous
avons eu à craindre pour la vie même de maîtres bien-aimés, tels que MM. Che-
vreul, Brongniart, Milne Edwards, de Quatrelages, Delafosse, Spach, etc.
Professeurs, chefs de service du Muséum, employés, tout le monde enfin,
dans l’établissement, est resté à son poste el a rempli avec le plus grand
zèle son œuvre de sauvetage. M. le professeur Decaisne a passé toute une
semaine sans se reposer ni se coucher (1). Toutes les précautions du reste ont
(1) Dès le 9 janvier notre secrétaire général, et quelques autres de nos confrères
aussitôt qu’ils ont appris que le Muséum était devenu l’objectif des obus prussiens, se
sont bâtés de s’y rendre et d’offrir leurs services pour aider à réparer le désastre.
SÉANCE DU 27 JANVIER J 871.
1 g
J t/
été prises. Espérons que nous n’aurons pas maintenant à enregistrer de plus
grands malheurs.
Mais nous ne pouvions nous défendre d’une impression encore plus pénible
lorsque nous nous rappelions que ce Muséum d’histoire naturelle, ce séjour où
les Buffon, les Cuvier, les Geoffroy Saint- Hilaire, les Jussieu, lesBrongniart, les
Blainville, les Gay-Lussac, les Duméril, etc. , etc. , ont mis au jour leurs im¬
mortels travaux, voyait, comme le disait avec tant de raison le rédacteur d’un
de nos journaux politiques, accourir chaque année de tous les points de
l'Allemagne des savants qui fouillaient les trésors de ses riches collections, qui
chaque année trouvaient au Muséum l’accueil le plus cordial, la plus bienveil¬
lante hospitalité. Les registres de notre grand établissement scientifique sont
couverts de leurs expressions de gratitude, et cependant, il ne s’est pas trouvé
dans toute celte Allemagne, qui se croit le flambeau de l’humanité, une seule
voix pour demander que le Muséum fut respecté. Rappelons que, en 1 81 à ,
c’est à l’influence d’un savant allemand et même berlinois, l’illustre Alexandre
de Humboklt, que le Muséum et ses collections ont dû d’être sauvegardés.
Nous observerons encore que c’est sur un espace très-restreint, dans le voi¬
sinage de nos collections, que tombent surtout les projectiles, c’est-à-dire dans
la partie de l’établissement la plus intéressante au point de vue scientifique.
Y a-t-il eu erreur de tir? Cela ne nous paraît pas possible. Les obus arri¬
vent avec une précision trop mathématique, et d’ailleurs le chemin du Muséum
est familier aux nombreux naturalistes de l’Allemagne, et par conséquent
sa position topographique bien connue de l’armée prussienne. Ce n’est du
reste pas notre seul établissement scientifique endommagé par les bombes
« r
germaniques. Notre École des mines a vu aussi ses collections scientifiques
soumises aux effets du bombardement, et là encore la précision du tir était
remarquable. La Sorbonne, le Collège de France, l’École normale, l’Ecole de
pharmacie, le Val-de-Grâce, la bibliothèque Sainte- Geneviève et une foule
d’autres établissements scientifiques ont été aussi atteints.
C’est donc en toute connaissance de cause que la Société botanique de
France peut voter son adhésion à la protestation faite au nom du Muséum par
M. Chevreul, son directeur; mais le siège même de ses séances, le lieu où se
trouvent sa bibliothèque, ses herbiers, etc., et où tant de botanistes allemands
(notamment en 1867) ont été fraternellement accueillis, est aussi dans la
partie bombardée de Paris, sur la rive gauche, comme la plupart de nos
établissements scientifiques ; elle doit donc avoir à exprimer des craintes
sérieuses pour ses collections particulières, et à émettre à ce point de vue une
adhésion nouvelle à la protestation actuelle. Heureusement, jusqu’à ce jour,
ces dernières craintes ne sont pas encore devenues des réalités.
D’autre part, la science n’exclut pas l’humanité : en face de l’acharnement
des armées allemandes, du meurtre des enfants et des femmes sans défense,
ne nous sera-t-il pas permis aussi de protester au nom de l’humanité contre
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
U
celte barbarie scientifiquement organisée, et de nous reposer, d’autre part, un
instant sur les nobles et sympathiques actes desWashburne, des Wallace, etc.?
L’homme de science et le citoven les en remercient du fond du cœur.
V
Paris, 25 janvier 1871.
Augustin Delondre.
M. le Président, au nom de la Société, remercie M. Delondre du
soin consciencieux qu’il a apporté à la rédaction de ce travail, dont
la lecture a été écoutée avec un vif intérêt.
Liste des végétaux des serres du Muséum qui ont été détruits en janvier 1871,
lors du bombardement de Paris} soit par l'action directe des projectiles 3
soit par l'effet du froid intense auquel il n'a pas été possible de soustraire
tes plantes instantanément.
Acanthophœnix crinitus.
Acridocarpus.
Acrocomia cubensis.
— Prieurii.
Adansonia digitata.
Adelaster albinervis.
Afzelia africana.
Agalmyla.
Agathophyllum aromaticum.
Aleurites.
Alstonia.
Amomeæ.
Amorphophallus.
Anda Gomezii.
Anthurium maximum.
— rubronervium.
Anliaris toxicaria.
Apeiba glabra.
Aræococcus.
Areca alba.
— coccoides.
— horrida.
— Nibungii.
— nobilis.
— speciosa.
— triandra.
Aristolochia corditlora.
— Duchartrei.
— labiosa.
— saccata.
Aroidaceæ (species generum).
Arrhostoxylon.
Arrudea clusioides.
Artabotrys.
Artocarpus incisa.
— integrifolia.
Aspidopteris.
Asystasia.
Azolla amazonica.
Bactris acanthocnemis.
— amazonica.
— cariotæfolia.
— Liboniana.
— socialis.
Balanites.
Barringtonia.
Bassia.
Bertholletia excelsa.
Blackwellia.
Borassus flabelliformis.
Botryodendron speciosum.
Bucida.
Burasaia madagascariensis.
Byrsonima.
Calamus Jenkinsonianus.
— latispinus.
— Lewisianus.
— microcarpus.
— robustus.
— Royleanus.
Calathea (species generis).
Calycophyllum.
Canarium.
Carolinea insignis.
— princeps.
Carpotroche.
Caryocar.
Caryophyllus aromaticus.
Ceroxylon ferrugineum.
— niveum.
Choripetalum Porleanum.
Clusiaceæ.
(’ocbliostema Jacobianum,
i Cochlospermum.
SEANCE DU
Commersonia.
Connaraceæ.
Conocarpus.
Conoeephalus Fonlanesii.
Cosmibuena obtusil'olia.
Cossignia.
Coutarea.
Cryptophragmium.
Cupania.
Cyanophyllum assamicum.
— magniücum.
Cyanospermum.
Cyclantheæ (Carludovica, etc.).
Cynometra.
Dæmonorops fissus.
— perianthus.
— trichrous.
Dialium.
Dichorizandra mosaica.
Didymocarpus.
Dipleryx.
Dipterocarpus.
Dischidia.
Durio zibethinus.
Dypsis pinnatifrons.
Elytraria.
Entada.
Eriolæria.
Erythalis.
Fernelia.
Ficus Sycomorus.
/ Ceraptoteris.
Filices, præcipue j Lindsæa.
spec.generum : j Saccoloma,
\ Schizæa.
Freycinetia insignis.
— javanica.
- — nitida.
Gagnebina.
Galactodendron.
Garcinia Mangostana.
Garuga.
Gaudichaudia.
Glochidion Porteanum.
Gnetum.
Gynocephalum.
Gyrocarpus.
Hecastophyllum.
Hellenia.
Herrania.
Hevea.
Hippomane Mancinella.
Hoya.
Hygrophila.
Hyophorbe Commersoni.
— YerschafTeltii.
Imbricaria.
Iriartea.
Isclmosiphon guianense.
*27 JANVIER 1871.
Ischnosiphon obliquum.
— surinamense.
Kielmeyera.
Kleinhovia.
Knoxia.
Lagetta funifera.
— lintearia.
Laplacea.
Latania aurea.
— Loddigesii.
— Verschaffeltii.
Lavoisiera.
Lecythis.
Lepidocaryum gracile.
Licuala peltata.
— spinosa.
Liebigia.
Livistona rotundifolia.
Lucuma deliciosa.
Ludia.
Luxemburgia.
Lysionotus.
Manicaria saccifera.
Mapania silvatica.
Mappa Chantiniana.
Marantaceæ.
Marcetia.
Matisia.
Mauritia.
Memecylon.
Meriana.
Melroxylon læve.
Microlicia.
Mitchelia Champaca.
Mitracarpum.
Monodora.
Monorobea.
Moquilea guianensis.
Musa Abaca.
— coccinea.
— glauca.
— textilis.
Myonima.
Myristica aromatica.
— laurifolia.
— ■ moschata.
— sebifera.
Nastus.
Nepentheæ.
Nipa.
Nymphæaceæ.
Ochna mozambicensis.
Ochroma Lagopus.
Ochrosia.
Olmeyda ferox.
Olyra.
Omphalocarpum.
Pachypodium.
Palicourea.
1(5
SOCIETE BOTANIQUE ÜE FRANCE
Pandanophylluni Porleanuni.
Pandanus amaryllidifolius.
— Amherstii.
— Blancoi.
— brorneliæfolius.
— Candelabrum.
— caricosus.
— inermis.
— polycephalus.
— Porteanus.
— pygmæus.
— spiralis.
Pariana.
Parkia.
Parsonsia.
Taullinia .
Pcixotoa.
Pergularia.
Pharus.
Philodendron calophyllum.
— Melinoni.
— Simsii.
Phœnicophorium Sechellarum.
Pinanga Kuhlii.
— lalisecta.
— maculata.
Piptadenia.
Piscidia carthagenensis.
Pistiaceæ.
Plectocomia liimalaica.
Pongamia.
Pothos (non Anthuria).
Pyrenaria.
Pyrostria.
Quiinia Decaisriiana.
Quivisia.
Tiapatea.
Rhynchanthera.
lihynchotecAim.
Saceopetalum.
Saldinia.
Sauropus Cardneri.
Schizolobium glutinosum.
Schmidelia.
Scliwabea.
Securidaca volubilis.
Seniecarpus.
Serjania.
Simaba Cedrou.
Siphonia.
Smeathmannia.
Spachea.
Tetrazygia.
Toddalia.
Toulicia.
Touroulia
Turræa.
Unisema.
Urania aniazonica.
— Mettensis.
Urvillea.
Yinsonia.
Vouapa.
Wolkensteinia Theophrasii
Xylopia ælhiopica.
— Irutescens.
Zanopia sarcophylla.
Zingiberaceæ.
Acriopsis.
Bonatea.
Brouglitonia.
Colax.
Cyathoglollis.
Evelina.
Galeandra.
Govenia.
Grobia.
Orchideæ, prœcipue généra :
Galeottia.
Guebina.
Huntleya.
Ionopsis.
Ponlhiæva.
Physurus.
Oruithocephalus.
Sarcadenia.
Scaphiglottis.
Spathium.
Warrea.
Stelis
Physosiphon.
Masdevallia.
Octomeria.
Pedilonum.
Diothonea.
Ponera.
Barkeria.
La Société, adoptant ies conclusions du rapport de M. Delondre,
donne son adhésion à l’énergique protestation de M. le directeur
du Muséum»
17
SÉANCE DU 27 JANVIER 1871.
M. Gauvet, pour répondre à l’invitation qui avait été adressée
dans la dernière séance par M. de Schœnefeld, donne lecture de lu
note suivante :
NOTE RELATIVE AU SUMBUL, par M. CAC VET.
Dans la séance du 13 de ce mois, M. de Schœnefeld nous a communiqué
un article relatif à l’origine du Sumbul (voy. plus haut, p. 7). D’après
l’auteur de cet article, il existerait encore une grande obscurité au sujet de a
plante qui fournit le Sumbul.
La 2e édition de Y Histoire des drogues de Guibourt ne nous enseigne rien
à cet égard, M. le professeur G. Planchon, autant que je puis juger, n’ayant
rien ajouté à ce que son illustre prédécesseur avait écrit sur cette racine.
Dans la 7e édition de YOfficine, M. Dorvault dit simplement que le Sum¬
bul « paraît provenir d’une Ombellifère voisine des Angelica ».
Je n’ai pas eu le moyen de consulter les Traités de matière médicale et de
thérapeutique de M. Bouchardat.
Voici l’article que j’ai consacré au Sumbul dans mes Nouveaux Eléments
d'histoire naturelle médicale , t. II, p. 310-311. Je crois en avoir emprunté
la majeure partie à Y Histoire des médicaments nouveaux de Guibert, ouvrage
de grande valeur, à mon avis, et que les Français n’ont peut-être pas assez
consulté.
« Le Sumbul , Soumbul, Jatamansi, racine musquée ( Sambala Guibourt),
en allemand Moschuswurzel , est la racine d’une Ombellifère orthospermée de
la tribu des Angélicées.
» La plante ( Angelica moschata Wiggers) qui fournit cette racine croît
dans les régions montagneuses du nord de l’Inde anglaise. Elle vient en Europe
par la Sibérie, et ses propriétés médicales ont été surtout étudiées par les mé¬
decins russes. Le Sumbul est en tronçons épais de 2 à 4 centimètres, larges
de 5 'a 10 centimètres, dont la tranche est fibreuse et blanc-jaunâtre, et qui
présentent de nombreuses stries circulaires. Cette racine est composée de fibres
grossières, irrégulières, facilement séparables, et recouvertes par une sorte
d’écorce mince, ridée, un peu sombre ou légèrement brune. Sa saveur est
d’abord douce, puis amère, balsamique, laissant dans la bouche un arôme très-
vif qui se communique h l’haleine. Elle a une odeur forte et franche de musc.
» Reinsch y a signalé, entre autres principes, une huile volatile, deux ré¬
sines balsamiques, et un acide particulier, Y acide sumbulique , qui paraît être
identique à l’acide angélicique.
» La racine de Sumbul est un stimulant nerveux ; on l’a employée contre les
fièvres adynamiques, la dyssenterie et la diarrhée à forme asthénique, contre le
choléra, le delirium tremens, la chlorose, l’aménorrhée, la dysménorrhée, etc,
(SFANCF.S) 2
T. XNTIt.
18
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
» Selon M. 'Murawief, la résine est le principe actif de cette plante. Cette
résine s’obtient à la manière de celle du Jalap; elle est blanche, transparente,
de saveur acide, aromatique, brûle sans résidu et se ramollit entre les doigts.
Stromeyer prescrit le Sumbul sous forme de teinture alcoolique. »
M. l’abbé Chaboisseau remet sur le bureau le numéro du Journal
de la Société asiatique de Paris, contenant un article Sur les noms
arabes de quelques végétaux , qui avait été présenté à la dernière
séance (voyez plus haut, p. 8) et qu’il s’était chargé d’examiner.
Ccl article, dit M. Chaboisseau, se trouve dans 1 e Journal asiatique, 6e série,
t. XV, n° 56, janvier-février 1870, et n’occupe pas moins de 150 pages d’im¬
pression. L’auteur, M. J. -J. Clément- 31 ullet, est malheureusement mort avant
d’avoir pu en revoir les épreuves, de sorte que la correction typographique
laisse beaucoup à désirer. Jl traite des noms arabes donnés aux variétés cultivées
de certaines espèces du genre Citrus , à quelques Hibiscus et Alcea, aux Eu-
phorbiacées et autres plantes désignées sous le nom de « Tithvmale », à diverses
Cucurbitacées, enfin au Platane, au Noyer, au Noisetier, à l’Amandier, au
Châtaignier, etc. — M. Chaboisseau est d’avis que cet article n’offre qu’un
bien faible intérêt phytographique, mais qu’il contient de curieux renseigne¬
ments bibliographiques, et méritait à ce titre d’être signalé aux botanistes qui
s’occupent de l’histoire de la science. On y trouve les noms d’auteurs arabes
qui sont très-peu connus.
M. Cauvet fait à la Société la communication suivante :
OBSERVATIONS DE M. CAUVET, RELATIVES A QUELQUES-UNS DES TRAVAUX
PRÉSENTÉS A LA SOCIÉTÉ PAR M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE.
La Société remarquera, sans doute, que je me suis permis, à plusieurs
reprises, de lui communiquer mes impressions au sujet des travaux déjà
anciens de plusieurs savants et très-honorés confrères.
Il ne faudrait pas attribuer à une tendance à la critique ces observations
tardives.
Les membres de la Société qui habitent loin de Paris ne peuvent prendre
une part active à la discussion. Ils aiment mieux se taire, dans les cas où leur
personnalité n’est pas en jeu, réservant leur opinion sur le sujet traité, adop¬
tant ceci, repoussant cela. Il est à croire toutefois que, dans bien des cas, ils
en agiraient autrement si cela était en leur pouvoir.
Je me suis souvent trouvé dans la nécessité de garder le silence, à cause
de mon éloignement. J’avoue d’ailleurs que, si je pouvais en ce moment tra¬
vailler avec quelque suite, je préférerais exposer mes recherches plutôt que de
19
SÉANCE DU T) JANVIER 1871.
discuter les opinions des autres. Mais, dans les circonstances douloureuses où
nous nous trouvons, étudier sérieusement est à peu près impossible; c’est à
peine si l’on peut lire et réfléchir.
La Société me pardonnera donc de l’entretenir aujourd’hui des remarques
qui m’ont été suggérées par la lecture de quelques-unes des communications
de son honorable président, M. Germain de Saint-Pierre.
T. — Note sur la marche de la sérc e# sur l’origine des tissus.
En parcourant le n° 5 du compte rendu des séances de la Société botanique
pour 1869, j’ai été surpris de voir M. Germain de Saint-Pierre admettre,
comme l’expression de la vérité, que les tissus produisant l’accroissement des
tiges descendent de la base des feuilles (pp. 371-372).
M. Germain de Saint-Pierre dit : « La substance des tissus fibro-vascu -
» laires s’élabore dans les feuilles (aux dépens de la sève ascendante) et en
» descend sous la forme de tissu naissant pour s'organiser de proche en
» proche , de haut en bas et de ‘ dehors en dedans (et aussi sur place pendant
» l’élongation du jeune rameau qui résulte de l’élongation d'un bourgeon) en
» fibres et en vaisseaux (dont l’union constitue les faisceaux fibro-vasculaires
» de l’écorce et du bois); à l'encontre de l'opinion des botanistes qui admet-
» tent que les tissus tout formés se prolongent de bas en haut et de dedans
» en dehors vers les bourgeons et vers les feuilles. »
L’opinion de M. Germain de Saint-Pierre me paraît difficile à concilier avec
l’observation immédiate des points ou se produisent de nouveaux tissus.
Des figures en contradiction absolue avec cette manière de voir ont été
données, si je ne me trompe, par M. T récul, dans les divers mémoires rela¬
tifs à l’origine des racines et dans ceux où ce savant expose ses recherches sur
l’évolution du nouveau bois.
En ce qui concerne l’origine des tissus ligneux, j’ai toujours vu les tissus
nouveaux procéder de tissus préformés, dont les éléments se développent de
dedans en dehors, puis se divisent, cette production s’effectuant sans discon¬
tinuité pendant une période de temps plus ou moins considérable.
Quant au mode d’apparition des faisceaux dans les bourgeons, je n’ai jamais
observé que ces vaisseaux naquissent des feuilles. Le faisceau fibro-vascu-
laire, à son origine, m’a toujours paru se montrer au sein d’un tissu plus clair
que les tissus ambiants, à éléments plus fins, plus délicats, indépendant de la
jeune feuille, et situé à quelque distance de sa base. Ce faisceau, d’abord
composé de cellules spiralées, mais non encore de trachées, s'allonge de proche
en proche par ses deux extrémités, tant par la production d’éléments nou¬
veaux que par l’élongation des éléments déjà formés. Il pénètre ainsi dans la
feuille, d’une part, et vient, d’autre part, s’appuyer sur la face externe du
faisceau voisin préexistant.
‘20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE;
Dans une note sur la structure anatomique des Cactées {Recueil de mémoires
de médecine, etc., militaires , 1861, 1er semestre), note dont il a été donné
un résumé dans la Revue bibliographique de notre Bulletin , j’ai montré que
la formation de nouveaux faisceaux à l’intérieur des cladodes de Y Opuntia
vulgaris s’effectue sur place, dans l’intervalle compris entre deux faisceaux et
au sein de ce tissu plus clair dont je viens de parler. Rien dans cette pro¬
duction nouvelle ne me laissa soupçonner qu’elle fût due à la présence d’un
tissu naissant descendu des feuilles.
On sait, d’ailleurs, combien sont fugaces les feuilles des Opuntia , et je ne
vois pas trop quel rôle actif elles peuvent jouer dans la nutrition générale et
l’apparition ultérieure des faisceaux, chez des cladodes depuis longtemps
a ph y lies.
Revenons à l’origine du bourgeon. Un bourgeon naissant est, sans contre¬
dit, formé d’abord par une ou plusieurs cellules préexistantes, qui, sous une
influence mystérieuse, se mettent à proliférer. Il est incontestable que, dès
lors, la prolifération ne peut s’effectuer dans un seul sens. Si elle se produi¬
sait seulement de bas en haut ou de dedans en dehors, le jeune rameau, privé
d’un point d’appui solide, serait facilement arraché. Mais il n’en est pas ainsi,
comme on peut s’en convaincre par observation directe : la partie inférieure
des faisceaux issus du noyau primitif s’étend à la fois de bas en haut, de haut
en bas et latéralement, c’est-à-dire sur tout le pourtour de son point d’émer¬
gence, de telle sorte qu’il se produit une sorte de greffe entre le rameau et
l’arbre qui le porte. M. Bureau a rapporté un fait qui semble, au premier
abord, venir à l’appui de l’opinion de M. Germain de Saint-Pierre.
M. Bureau a vu les faisceaux libro-vasculaires d’un T écorna radie ans,
greffé sur un Catalpa , s’insinuer entre le bois et l’écorce du Catalpa , sur
une longueur assez considérable.
Ce fait, très-intéressant en lui-même, démontre comment se fait la soudure
du rameau à l’arbre, mais il ne prouve pas que « la substance des tissus...
descend sous la forme de tissu naissant , pour s'organiser de proche en pro¬
che... en fibres et en vaisseaux ». Il est incontestable que si, une fois effectuée
la greffe du jeune rameau, les nouveaux tissus ne se formaient pas sur place,
de dedans en dehors et non de haut en bas , si la sève issue du rameau descen¬
dait sous forme de tissu naissant , les faisceaux libro-vasculaires du Tecoma
auraient dû se montrer sur toute ou presque toute l’étendue du Catalpa , au-
dessous du point d’émergence du rameau greffé. Ceci nous ramènerait donc,
d’une manière détournée, aux théories de Du Petit-Thouars et de Gaudi-
chaud.
M. Germain de Saint-Pierre repousse ces théories ; mais il considère comme
absolument vraie l’existence d’une sève descendante; il attribue à cette sève
la production de tous les nouveaux tissus.
J’avoue ne pas bien comprendre ce qu’est cette substance des tissus fibro-
SÉANCE I)U 27 JANVIER 1871.
21
vasculaires , qui s'élabore dans les feuilles et en descend sous forme de tissu
naissant, pour s'organiser de proche en proche, de haut en bas, etc.
Ce n’est pas le tissu qui descend , comme dans la théorie de Du Petit-Thouars,
c’est la substance des tissus qui descend sous forme de tissu naissant. Entre
les deux théories, la différence ne me paraît pas grande; mais il ne me semble
pas nécessaire de m’arrêter plus longtemps à ce sujet. Tout ce que je voulais
en tirer, c’est que M. Germain de Saint-Pierre admet que les nouveaux tissus
sont dus exclusivement à la sève descendante, et je saisis cette occasion pour
combattre cette manière de voir.
Cette théorie d’une sève descendante créatrice des tissus est regardée
depuis longtemps en France comme l’expression de la vérité, et cependant je
ne vois pas sur quel fait absolument probant on a pu l’étayer. Toutes les expé¬
riences rapportées à ce sujet, dans les ouvrages spéciaux, peuvent tout aussi
bien être invoquées en faveur de la théorie de la diffusion. L’observation dé¬
montre, en effet, que les liquides contenus dans les végétaux ne tendent pas
uniquement à monter des racines aux feuilles et à descendre des feuilles aux
racines. Ces liquides se portent partout où il y a un principe a dissoudre, à
transformer, partout où doit s’effectuer une production nouvelle.
Dans les végétaux qui tallent , les matériaux de la nutrition ultérieure s’accu¬
mulent dans les feuilles principalement, puis s’en échappent en majeure partie,
lorsque s’effectue la montée de la plante. C’est pourquoi M. Rocbleder a pu
considérer les feuilles comme des magasins temporaires des principes nutritifs.
Les recherches de M. Corenwinder et de M. Isid. Pierre ont fait connaître
la nature et les migrations d’un certain nombre de ces principes. Dans les
végétaux vivaces, surtout chez les arbres, il se produit des phénomènes de
même espèce, quoique dans un ordre peut-être différent. M. J. Sachs a mon¬
tré que les feuilles perdent, avant de tomber, la chlorophylle et l’amidon dont
elles étaient remplies.
Cette disposition de principes immédiats, azotés et hydrocarbonés, ne peut
être attribuée exclusivement à la respiration des feuilles, qui, devenues jaunes
ou rouges, exhalent alors exclusivement de l’acide carbonique. La théorie
que Morot et d’autres ont étayée sur la transformation de la chlorophylle ne
paraît pas avoir fait beaucoup d’adeptes.
M. Sachs a vu d’ailleurs que, pendant l 'évacuation automnale des feuilles,
les cellules de transport du pétiole sont gorgées de matériaux albumineux. La
disposition de l’amidon et de la chlorophylle du parenchyme des feuilles, au mo¬
ment de leur chute, et la présence de matières albumineuses dans leur pétiole,
un peu avant cette chute, sont des faits identiques aux migrations observées
par MM. Corenwinder et Isid. Pierre, dans les plantes qui tallent.
Où se rendent ces matériaux nourriciers que les feuilles avaient fabriqués
et emmagasinés? Il me paraît difficile d’admettre que la totalité de ces prin¬
cipes s’arrête dans les bourgeons axillaires.
22
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. .
D’autre part, M. A. Gris a découvert que, pendant l’été, il se forme un
dépôt de matière amylacée au sein de la moelle, des rayons médullaires et du
parenchyme ligneux : ce dépôt va en augmentant, jusqu’à l’arrêt de la végé¬
tation, et se résorbe au printemps suivant, lorsque monte la sève.
Évidemment, cet amidon a son origine dans les feuilles, et les recherches
de M. Sachs nous montrent la période ultime de ce transport.
Les auteurs qui admettent une sève descendante ne devraient pas chercher
ailleurs les preuves de leurs croyances. Mais est-ce une sève de ce genre,
c’est-à-dire fournissant les matériaux nécessaires au développement ultérieur,
que ces auteurs appellent une sève descendante? Non. M. Germain de Saint-
Pierre, rappelant la théorie de Mirbel sous une forme peu différente, nous dit
que « la subdance des tissus. . . descend sous la forme d’un tissu naissant , pour
» s'organiser cle proche en proche... en fibres et en vaisseaux ». Ainsi les
nouveaux tissus du bois ne seraient produits que lorsque la sève retournerait
des feuilles dans la tige.
Or combien d’arbres voient commencer le développement de leurs couches
ligneuses printanières concurremment avec la formation des feuilles, sinon
avant que ces organes apparaissent ?
Les réflexions qui précèdent me portent à formuler les propositions suivantes,
que je crois fondées :
1° La sève élaborée sert surtout à la production des principes amylacés et
autres, que l’on trouve dans les tissus persistants, pendant l’arrêt de la végé¬
tation.
2° Cette sève arrive dans les tissus ligneux par imbibition ou par l’intermé¬
diaire des tubes cribreux et des laticifères, dont on connaît les relations avec
les faisceaux ligneux et les rayons médullaires.
3° Les matériaux ainsi emmagasinés sont modifiés et dissous par la sève
ascendante, et arrivent, par diffusion latérale, dans la zone génératrice, où ils
fournissent les matériaux des nouvelles cellules.
U° Ainsi s’explique l’épaississement considérable que présente la sève cam¬
biale dès le commencement de la végétation.
SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1871.
PRÉSIDENCE DE M. E. ROZE, VICE-PRÉSIDENT.
M. le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la
séance du 27 janvier, dont la rédaction est adoptée.
Lecture est donnée de la communication suivante :
SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1871.
23
OBSERVATIONS DE II. CAUVET, RELATIVES A QUELQUES-UNS DES TRAVAUX
PRÉSENTÉS A LA SOCIÉTÉ PAR M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE (1).
II. — Remarques à propos du Tableau, analytique tVune classifi¬
cation morphologique fies organes souterrains fie la végétation
(Bulletin, 1870, t. XYII [Séances], p. 127).
Je me permettrai peu d’observations au sujet de ce tableau. On pourrait
lui reprocher peut-être la longueur et le grand nombre de ses divisions; peut-
être encore trouverait-on à y reprendre relativement à certains mots nouveaux
(gemmosarques, turiosarques , caulosarques) , dont la nécessité n’est pas bien
démontrée, et qui viennent s’ajouter à la liste déjà considérable des termes
employés en botanique. Toutefois ma critique, si critique il y a, portera
exclusivement sur les parties suivantes :
1° L’auteur dit ; racine non coléorrhizée (la plupart des racines) . Or
M. Trécul a démontré que toutes les racines adventives sont coléorrhizées.
2° Racine piléorrhizée [un petit nombre de racines; exemple : Lernna ).
Évidemment, M. Germain de Saint-Pierre ne considère comme piléorrhize
que l’enveloppe celluleuse, ou coiffe , qui entoure l’extrémité des racines de
plusieurs plantes aquatiques. Cette restriction ne me semble pas fondée.
3° Racine non piléorrhizée (la plupart des racines). Cette manière de voir
est basée uniquement sur le besoin de séparer les racines pourvues d’une
coiffe de celles qui n’en ont pas.
Toutes les racines sont piléorrhizées ; seulement, au lieu d’être presque
complètement libre comme dans les Lemna , la piléorrhize est, dans la grande
majorité des plantes, adhérente par toute son étendue à l’extrémité de la
racine. Ce fait, d’observation facile, ne peut être révoqué en doute. M. Trécul,
le premier, donna le nom de piléorhize (sic) à l’enveloppe celluleuse de i’ex-
trémité des racines, fit connaître son origine et montra sa présence chez les
Phanérogames. MM. Garreau et Brauwers ont étudié son mode d’exfoliation
et rapporté à tort à cette exfoliation l’excrétion d’un certain nombre de prin¬
cipes par les racines des plantes.
Enfin, M. Germain de Saint-Pierre range la racine diffluente du Gui parmi
les racines pivotantes (2). Je ne sais trop sur quoi il se fonde pour en agir ainsi.
On dit qu’une matière est diffluente, quand sa masse peut se répandre de
manière à occuper tous les interstices du corps poreux dans lequel elle
s’introduit.
La racine du Gui (si c’est une racine) s’interpose entre le bois et l’écorce
(1) Voyez ci-dessus, p. 18.
(2) Voy. Bulletin de la Soc bot. t. XVI, p. 376, et t. XVII, p. 129.
2/i
SOCIETE EüTAlNlQUE 1>E FitAiNCE.
de son hôte, à peu près connue s’épancherait un liquide épais. Mais peut-on
en induire qu’elle est difïluente ?
.le n'ai jamais eu l’occasion d’étudier la végétation du Gui et d’examiner
la structure de ses plus jeunes tissus, dans leurs points d’application au bois.
Cependant il m’est difficile de croire que ces tissus soient tellement mous,
qu’on puisse les comparer au cambium de Mirbel et les appeler diffluents.
Il est probable que la végétation de la racine du Gui s’effeclue à peu près
comme celle du Cytinet, et, pour les jeunes tissus de ce dernier parasite, je
puis affirmer que jamais ils ne sont diffluents. Jusqu’à preuve contraire,
je me refuse donc à admettre que la racine du Gui est diffluente , et je crois
celte appellation basée sur un aperçu spéculatif plutôt que sur un fait anato¬
mique.
Ensuite la racine du Gui est-elle bien une racine? Sans doute, elle en
remplit les fonctions; mais range-t-on les suçoirs de la Cuscute au nombre des
racines? D’ailleurs, l’apparition régulière de bourgeons sur cette prétendue
racine aurait dû rendre Al. Germain de Saint-Pierre plus circonspect et ne
lui permettre de rien préjuger, jusqu’à ce qu’on soit bien fixé sur une
structure dont on 11e possède peut-être pas encore tout le secret.
Enfin, peut-on appeler pivotante une racine qui ne l’est pas du tout, ou
qui, du moins, 11’est 'pivotante que par les courts prolongements adventifs
qu’elle envoie dans les rayons médullaires?
Celte manière d’être me semble plutôt devoir être rapportée à ce groupe de
racines qu’on dit fasciculèes. O11 nomme fasciculées les racines dont le corps
principal émet plusieurs pivots secondaires aussi développés que lui.
A ce compte, si tant est que la racine du Gui soit pivotante , il faudrait aussi
la dire fasciculée.
Je n’admets pas, d’ailleurs, que la racine du Gui soit pivotante, car l’épate-
ment de la base du Gui 11e peut, en aucune manière, être regardé comme
un corps en forme de pivot.
Qu’il me soit permis maintenant de présenter quelques observations au
sujet de la différence que M. G. de Saint-Pierre admet entre la racine et la tige.
M. G. de Saint-Pierre donne, comme caractère distinctif entre la tige et
la racine, la présence d'un bourgeon à l’extrémité de la tige, l 'absence de ce
bourgeon à l’extrémité de la racine ( Bull . Soc. bot. t. XVI, p. 335-372).
Pour le botaniste qui cherche à différencier le caudex ascendant du
taudex descendant, le caractère invoqué par M. Germain de Saint- Pierre peut
être regardé comme absolu, bien que d’observation souvent difficile. Il est
évident toutefois que, étant donné un tronçon végétal dépourvu de bourgeons ,
si long d’ailleurs que soit ce tronçon, le caractère essentiel de distinction
manquant, peu de botanistes pourront dire si ce tronçon appartient à une tige
ou à une racine.
Sans revenir ici au mémoire de M. Ach, Guillard, mémoire au sujet duquel
SÉANCE DU 10 FÉVRIER 4874.
255
j'ai eu l’honneur de présenter quelques observations à la Société (voy. t. XVII,
p. 325), on sait aujourd’hui qu’il n’existe pas de caractère anatomique certain
sur lequel on puisse s’appuyer pour différencier la racine de la tige.
La racine a généralement une écorce plus épaisse que celle de la tige; la
moelle s’y montre chez un certain nombre de plantes; enfin, on y trouve sou¬
vent un liber bien déterminé. En ce qui concerne les fibres libériennes, j’ai
reconnu leur présence dans les racines du Cislus monspeliensis ; la forme de
ces fibres, leur disposition en groupes concentriques en dehors de la zone
génératrice, et la coloration rose que leur communique l’acide chlorhydrique
ne permettent aucun doute à cet égard.
Il est un caractère, peut-être négligé, qui pourrait servir de distinction entre
la racine et la tige : c’est la forme des cellules épidermiques. Dans les racines,
d’ordinaire, les cellules épidermiques sont légèrement renflées en dehors,
chaque cellule étant séparée de sa voisine par un faible sillon. Les naturalistes
allemands ont regardé cette forme des cellules épidermiques de la racine
comme constituant une sorte d’épiderme particulier, et ils lui ont donné le
nom d ’epiblema. Ces cellules présentent assez habituellement aussi, sur leur
paroi externe, un épaississement considérable, et sont disposées tantôt sur
un seul rang (Veratrum album e, t V. viride ), tantôt sur plusieurs rangées
(Salsepareilles). On sait, au contraire, que les cellules épidermiques de la tige
sont généralement aplaties, et que leur paroi externe se distingue nettement
de la cuticule qui les recouvre.
Toutefois, on ne saurait recommander la constitution de Yepiblema
comme caractéristique ; car, en étudiant la structure anatomique de la feuille
des Aloë et la répartition des principes contenus dans ses tissus, j’ai vu les
cellules épidermiques de cette feuille offrir la même forme renflée que celles
de Yepiblema.
Ainsi, épaisseur plus grande de l’écorce, absence de moelle et de liber,
forme des cellules épidermiques, aucun de ces caractères n’est absolument
propre à la racine.
Reste le caractère purement spéculatif, quoique fondé, établi par M. Ger¬
main de Saint-Pierre : l’absence de bourgeon à l’extrémité de la racine.
Je ne sais comment M. Germain de Saint-Pierre a défini le bourgeon.
Voici, si je ne me trompe, la définition que M. le professeur Clos, mon
maître, m’a enseignée :
Un bourgeon est un petit corps ovoïde ou conique, composé d’un axe et d’ap¬
pendices, et qui est le rudiment d’un rameau ou de la prolongation de la tige.
Si la présence d’appendices sur les bourgeons est nécessaire pour établir sa
nature, la distinction admise par M. Germain de Saint-Pierre est absolue.
Si nous supprimons, pour le bourgeon, ce caractère de la présence d’ap¬
pendices, nous trouverons la plus grande ressemblance entre lui et le point
végétatif de l’extrémité de la racine. Chez l’un et chez l’autre se montre ce
26
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
que nous pouvons appeler un centre de développement, c’est-à-dire un point
dont l’activité créatrice détermine l’élongation de l’axe. Il est vrai que l’acti¬
vité de l’extrémité de la racine est, ou mieux semble incessante, tandis que
celle du bourgeon terminal éprouve un temps d’arrêt en rapport avec l’arrêt
de la végétation. On médira sans doute que, dès son origine, l’extrémité de
la racine offre une constitution spéciale, alors même que le jeune organe,
encore à l’étal latent, est caché sous l’écorce. Dès sa première apparition, en
effet, la racine est coiffée par la pilorrbize, qui la recouvre comme une calotte,
tandis que jamais, à ma connaissance, on n’observe rien qui ressemble aune
pilorrbize, au-dessus du point végétatif du bourgeon.
Mais, je le répète, le bourgeon qui termine la tige et le tissu spécial que l’on
trouve à l’extrémité de la racine offrent une grande ressemblance quant à
leur but final, qui est le prolongement de l’axe.
Je crois donc que, si l’on accepte la distinction spéculative admise par
M. Germain de Saint-Pierre, il sera bon de la modifier de la manière sui-
vante : La tige est toujours terminée par un bourgeon ; l’extrémité de la racine
est toujours enveloppée par une pilorrbize.
M. Cornu fait la communications uivante :
NOTE SUR LE SYNCHYTRIUM STELLARIÆ MEDIÆ Fuckel ET LE SYNCHYTRIUM ALISMATIS
species nova, par M. Maxime CdïlXLi.
I. — Dans le milieu du mois de septembre de l’année 1868, pendant l’au¬
tomne et l’hiver, qui furent pluvieux et doux, je rencontrai, dans toutes les
vignes humides des environs de Romoranlin, le Stellaria media attaqué par
un parasite particulier.
Ce parasite, que je n’avais jamais vu avant cette année et que je croyais
nouveau, est le Synchytrium Stellariœ mediœ Fuckel, Champignon qui vit
dans les cellules épidermiques dilatées du Mouron-des-oiseaux, sans aucune
sorte de mycélium. J’ignorais que le Champignon eût été découvert (1) aupa¬
ravant, et j’essayai d’en faire l’étude. Je ne trouvai à peu près que des spores
immobiles ; j’en envoyai des échantillons frais à M. Roze, qui ne trouva aussi
que ces dernières.
C’est seulement le 27 octobre de l’année suivante, qui avait été très-sèche,
que j’en rencontrai de nouveau quelques échantillons, mais ils étaient fort
rares; je pus du moins, cette fois, voir les sporanges et suivre leur déve¬
loppement.
On sait que le genre Synchytrium a été établi et étudié dans un mémoire
(1) C’est YUredo ( Podocystis ) puslulata Fuckel, Fungi rhenani , fasc. 5, n° ti09. —
L’auteur a reconnu plus tard, dans les Addenda (Ve et VIe suppl.), quec’est un véritable
Synchytrium.
SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1871.
27
publié par MM. DeBary et Woronin (extraits des Comptes rendus de la So¬
ciété des naturalistes de Fribourg en Brisgau , t. III, fasc. ii,trad. in Ann.
des sc. nat. 5e série, t. III, p. 238, 1865).
Les Synchytrium connus sont peu nombreux ; le S. Taraxaci (qui vit sur
le Taraxacum officinale ), le S. Succisœ {Succisa pratensis) , le S. Anémones
(. Anemone nemorosa ), sont les seuls cités clans le travail de MM. De Bary
et Woronin.
La première espèce seule est étudiée complètement; la seconde, rencontrée
une seule fois, semble, d’après les échantillons secs, être fort analogue à la
première; la troisième n’est connue qu’à l’état de spores immobiles. L’étude
n’en est pas achevée.
Dans un travail plus récent, M. Woronin {Bot. Zeit. t. VI, p. 81, 1868)
est revenu sur les Synchytrium ; il y étudie le S. Mercurialis perennis et
cite le 5. Stellariœ Fuckel, mais il ne l’a vu que sec.
Je n’ai pas l’intention de m’étendre beaucoup sur cette plante; je n’en dirai
que quelques mois. Le Stellaria attaqué est tout entier d’un jaune d’or ou
d’un jaune brunâtre, dont la teinte est variable, suivant que les sores ou les
spores immobiles sont en majorité; il est rabougri, difforme, hypertrophié,
et se reconnaît d’assez loin. Il faut se garder de confondre cette teinte avec la
couleur jaune pâle que prennent souvent les feuilles mortes ou malades du
Mouron.
La membrane générale du sore est difficile à voir : les sporanges qui y sont
contenus sont irréguliers et polyédriques, d’une belle couleur rouge orangé.
En les tenant dans l’eau, le contenu change d’aspect et se résout en zoospores
après trois ou quatre heures.
La forme, la couleur, les mouvements saccadés et amiboïdes des zoospores,
toutes les particularités décrites pour le Synchytrium Taraxaci , se retrouvent
ici. M. Woronin ne se trompait pas quand il pensait que le S. Stellariœ
devait être placé h côté du S. Taraxaci avec le S. Succisœ.
On pourrait parler assez longuement de la formation des spores immobiles
et des développements et hypertrophies cellulaires, qu’on rencontre chez le
Stellaria , faciles à étudier ici surtout, parce qu’ils ont lieu parfois dans les
poils disposés en ligne le long de la tige.
Je n’ai pas réussi à obtenir la germination des spores immobiles, peut-être
faute d’avoir récolté des spores bien mûres, peut-être à cause de la difficulté
inhérente au sujet. Il serait cependant important de savoir si le contenu se
développe en un seul et unique sporange {S. Taraxaci) on en un sore [S. Mer¬
curialis).
Le S. Taraxaci semble commun en Allemagne. Il paraît l’être bien moins
chez nous; je ne l’ai jamais rencontré. Le S. Anémones se trouve en plusieurs
endroits aux environs de Paris. Le S. Succisœ n’a été trouvé qu’une fois par
M. De Bary, le «S. Stellariœ l’a été très-rarement par M. Fuckel. Il est pos-
*28
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
sible, pour celte dernière espèce, que l’époque tardive de l’apparition et les
conditions d’humidité dans lesquelles elle doit vivre (qui varient d’une année
à l’autre) en rendent la rencontre beaucoup moins fréquente que celle des
autres espèces du môme genre, quoique la plante hospitalière soit des plus
communes (1).
II. — J’ai rencontré à Villeherviers (Loir-et-Cher), en septembre 1869,
sur YAlisma ranunculoides var. repens, un parasite que je rapporte de même
au genre Synchytrium. Les cellules de l’épiderme contiennent une ou deux
grandes spores, à parois assez épaisses, sphériques ou elliptiques, à épispore
brun et un peu irrégulier; le plasma est opaque et finement granuleux; ces
spores sont plongées dans le contenu bruni de la cellule. J’avais cru d’abord
devoir les rapporter au Cystopus Alismcitis Bonorden (2), mais l’absence com¬
plète de mycélium m’a montré que j’avais affaire à un Chytridium. L’ana¬
logie assez grande de ces spores avec certaines spores stables des Synchytrium.
Stellariœ et Anémones m’a déterminé à adopter pour cette espèce le nom gé¬
nérique de Synchytrium. Je propose de l’appeler Synchytrium Alismatis.
Je n’en ai trouvé qu’un nombre restreint d’échantillons. Le parasite produit sur
les feuilles de très-petites taches noires, tout à fait analogues à celles qui se
montrent aux endroits froissés ou blessés de la plante hospitalière. J’ai récolté
beaucoup de ces feuilles présentant ces taches, et n’ai pu, après un long examen,
en trouver que fort peu d’attaquées : quatre ou cinq feuilles au plus. VAlisma
ranunculoides est très-commun en Sologne; le Synchytrium Alismatis, au
contraire, paraît y être fort rare (3).
(1) M. Fuckel dit, en effet, dans son Catalogue , p. 17 : « Uredo pustulata. .. In Stel¬
lariœ mediœ caulibus, foliis, pedunculis, petiolis calycibusque, rarissime. Autumno. »
(2) Bot. Zeitung, t. XIX, p. 194 (1861). — A ce propos, on peut faire remarquer
que M. De Bary n’en a pas parlé dans son grand travail sur les Péronosporées (Ann. sc .
nat. 1863).
(3) Note ajoutée fendant l'impression. ( novembre 1871). — Le Synchytrium Stellariœ
a été revu cette année vers le milieu du mois d’octobre, mais très-rare, à cause de la
sécheresse du sol, et muni surtout de sporanges. — Le S. Alisynatis a été retrouvé et
un peu étudié. Les spores jeunes émettent des sortes de filaments analogues à ceux qui
proviennent delà germination des zoospores (ex.: Chytridium roseum , voy. De Bary et
Woronin, loc. cit.), qui perforent les parois des cellules voisines ; ils se renflent à leur
extrémité de l’autre côté de la cloison. La petite masse ainsi formée se segmente en quatre
cellules, dont l’une communique avec le filament et les trois autres donnent naissance à
des filaments analogues dont l’extrémité finit par se développer en spore. C’est ainsi que
le parasite chemine de proche en proche. Une fois son rôle terminé, le tout disparaît en se
contractant; il ne reste plus de la petite masse qu’une sorte de globule oléagineux où les
membranes se distinguent très-mal. On finit bientôt par n’en plus voir de trace : ce serait
une sorte de mycélium fugace.
SÉANCE DU 2 /l FÉVRIER 18/1.
29
SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1871.
PRÉSIDENCE DE M. E. ROZE, VICE-PRÉSIDENT.
M. le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la
séance du 10 février, dont la rédaction est adoptée.
Il annonce ensuite à la Société l’affreux malheur dont vient
d’être frappé M. le comte Jaubert, l’un de ses anciens présidents et
de ses fondateurs les plus dévoués à son institution. Son fils, M. le
vicomte Hippolyte Jaubert, vient de succomber à la fleur de l’âge,
victime de son dévouement pour les habitants de la commune de
Coulongé (Sarthe), dont il était le maire, du courage avec lequel
il a défendu, contre les soldats du duc de Mecldembourg, la vie du
curé de sa paroisse, et des mauvais traitements qu’il a subis pen¬
dant une douloureuse captivité. C’est avec un vif sentiment de dou¬
leur et d’indignation que la Société apprend cet horribleévénement,
qui remonte à la seconde moitié de décembre, mais dont la nouvelle
n’a pu arriver à Paris que tout récemment; elle décide qu’une
lettre sera adressée, en son nom, à M. le comte Jaubert, pour
l’assurer de sa profonde sympathie.
M. Cauvet fait à la Société la communication suivante :
DE LA STRUCTURE DU CYTINET ET DE L’ACTION QUE PRODUIT CE PARASITE
SUR LES RACINES DES CISTES, par UI. CAUVET.
III, — Action produite par le Cytinet sur les racines des Cistes (1).
Les recherches consignées dans la première et la deuxième partie de ce
travail ont fait connaître la structure anatomique du Cvtinet et celle de la
(1) Lorsque j’eus l’honneur de présenter à la Société ma note sur le Cytinet (voy. Bul¬
letin , t. XVII, p. 305), je fis observer qu’un travail du même genre avait été inséré par
M. le comte de Solms-Laubach, dans les Annales de M. Pringsheim. Bien que les deux
premières parties de mon mémoire eussent été reçues par l’Académie des sciences le
18 juillet, que la troisième eût été présentée au même corps savant dans la séance du
16 août, que, par conséquent, mon travail eût fait son apparition à peu près à la même
date que celui de M. de Solms, je craignis, comme on me l’avait dit, d’avoir labouré
dans un champ ensemencé. Je fis part de ces craintes à la Société botanique et réservai
la communication de la troisième partie jusqu’à ce que j’eusse pu me rendre compte du
travail de M. de Solms. Mon savant ami M. Kralik a bien voulu lire ce mémoire. Il l’a
trouvé peu différent du mien et m’en a traduit plusieurs passages, surtout ceux qui pou¬
vaient se rapporter aux questions restées douteuses pour moi.
Autant que j’ai pu en juger, M. de Solms a beaucoup dilué ses observations, principa¬
lement en ce qui concerne la description et la forme des cellules fibveuses de la partie
intraradicale du parasite. M. de Solms n R pas, plus que moi, fait connaître la manière dont
30
SOCIÉTÉ BOTANIQÜÈ DE FRANCE.
racine du Ciste-de-Montpellier (voy. Bulletin , t. XVII, pp. 305 et 322). Il
sera donc facile dedislinguer, au sein d’une racine attaquée, ce qui appartient
au parasite de ce qui appartient à son Iiôte.
Le Cytinet est rarement solitaire sur la racine du Ciste; le plus souvent il
forme une touffe plus ou moins compacte, dont les éléments semblent groupés
au hasard autour de la racine attaquée.
Comme le Gui, sur la branche qui le porte, le Cytinet pousse sur un point
quelconque du pourtour de la racine. Mais, au lieu de se diriger verticalement,
par rapport à son point d’émergence, il s’élève jusqu’à la surface du sol et se
courbe ainsi plus on moins, selon le lieu où il est implanté, pour arriver à la
lumière, fleurir et fructifier.
Dès la première évolution de cette plante, il existe donc une différence
entre elle et le Gui.
Si l’on fait une section longitudinale, passant par le milieu du Cytinet et delà
racine du Ciste, on observe, au sein de cette dernière, une ou plusieurs lignes
de couleur généralement plus foncée que celle des tissus voisins et qui bru¬
nissent à l’air. Ces lignes pénètrent plus ou moins le corps de la racine, tantôt
distinctes, tantôt anastomosées; les plus extérieures convergent vers la base
du Cytinet et, d’autre part, s’étendent souvent en ligne droite jusqu’à une
distance relativement grande de leur point d’attache au parasite.
Une coupe transversale de la racine envahie montre le parasite s’enfonçant
s’effectue la germination du Cytinet, ni comment cette plante, dès son origine, s’introduit
dans les racines du Ciste. Enfin, s’il parle de la végétation du Cytinet, il m’a semblé
n’avoir guère étudié le bourgeon du parasite dès sa première apparition sur la racine.
La figure qu’il donne de ce bourgeon est peü différente de la mienne, avec cette re¬
serve que, dans mon travail, cette dernière représente un bourgeon plus jeune.
En général, dans les dessins de M. de Solms, les tissus du parasite me semblent pro¬
portionnellement trop grands, et je suis persuadé que, tout en conservant une certaine
exactitude, ces figures sont surtout schématiques . Ainsi s’explique la netteté de ces des¬
sins et l’absence de ce fouillis que l’on peut l’eprocher aux miens. Comme je voulais
représenter fidèlement ce que je voyais, il falhait bien retracer sur le papier tous les
contours et toutes les cellules que la chambre cl aire y renvoyait.
Au reste, M. de Solms a étudié la structure d es tissus parasites sur des échantillons ve¬
nus d’Espagne et conservés dans de l’alcool*,. Il se peut donc que ces échantillons aient
subi une altération quelconque, bien que l’alcool soit généralement regardé comme un
liquide conservateur.
En définitive, M. de Solms a effleuré ssulemenît la constitution anatomique du Cyli-
nns ; il n’a pas étudié la structure de la racine du Ciste; enfin il ne me paraît avoir rien
dit de plus que moi sur les tissus inlraradica u& du parasite et sur la manière dont
s’effectue leur végétation.
J’ai été plus sobre de détails au sujet de lafo.rmc des cellules fibreuses du Cytinet : je
ne crois pas que cela puisse m’être imputé con ame un défaut. En toutes choses, surtout
dans la science, la sobriété dans l’exposition d( ;s faits observés m’a toujours semblé né¬
cessaire.
Je ne sais si le mémoire de M. de Solms sera, traduiten français, niais je suis persuadé
qu’il ne servirait qu’à confirmer la vérité de m.es descriptions anatomiques. Je crois donc
bien faire, en communiquant à la Société 1 a troisième partie de mon travail. Ceux
que cette question peut intéresser y trouveront des renseignements sur la structure et le
parasitisme d’une plante peu ou point étudiée * çn France.
SÉANCE DU 2/i FÉVRIER 1871. 31
dans la racine, sous forme d’un prolongement conique, à l’extrémité duquel
s’arrête, ou mieux semble s’arrêter le tissu cellulo-vasculaire, qui en consti¬
tue les faisceaux. Sur les côtés du cône, on voit la portion la plus extérieure
du bois rompue et déjetée vers l’écorce ; on peut même suivre, jusqu’au voi¬
sinage du centre de la racine, les tissus envahisseurs qui pénètrent dans le
corps ligneux et en dissocient les éléments.
Ainsi la coupe longitudinale montre le parasite s’étendant plus ou moins loin
de son point d’émergence, tandis que la coupe transversale le montre contour¬
nant et dissociant les couches ligneuses.
La portion intraradicale du Cytinet ne forme donc pas, comme on l’ob¬
serve pour le Gui, une sorte d’épatement constitué par une dilatation de
sa base, que les couches ultérieurement développées recouvrent et enchâs¬
sent.
Les tissus du parasite du Ciste contournent sa racine, en même temps
qu’ils la pénètrent en avant, en arrière et dans sa profondeur.
Cette constitution, dont je ne connaissais guère d’exemples que dans la vé¬
gétation des Champignons parasites, a failli m’induire en erreur, lorsque j’étu¬
diais la structure anatomique de la racine du Ciste.
J’avais choisi une racine en apparence très -saine et, après en avoir fait une
coupe transversale, je l’examinai au microscope.
Le centre (ou à peu près) de la coupe était occupé par un tissu cellulaire
peu développé, mais dont les éléments différaient beaucoup, par leur forme
et leur grandeur, des libres et des vaisseaux du bois ambiant.
La portion centrale de cette sorte de moelle était formée de cellules polyé¬
driques relativement très-grandes.
Le calibre de ces cellules s’amoindrissait à mesure que l’on s’avançait vers
la périphérie, où il atteignait son minimum.
Toutefois, même en ce point, leur dimension était plus considérable de
beaucoup que celle des fibres qui ies entouraient.
Supposant alors que la racine du Ciste était pourvue d’une moelle, je me
réjouissais à l’idée de signaler cette nouvelle exception à l’absence de moelle
dans les racines.
Une coupe longitudinale, passant par le centre de cette prétendue moelle,
me montra que son pourtour était formé d un côté de libres ligneuses et, de
l’autre, de vaisseaux paraissant annelés.
La présence de vaisseaux annelés au pourtour du cylindre celluleux sem¬
blait autoriser la supposition que l’enveloppe immédiate de la prétendue moelle
était un étui médullaire.
Par un examen longtemps prolongé, je m’assurai que les vaisseaux obser¬
vés étaient des vaisseaux rayés, dont le faible calibre m’avait induit en erreur,
et que la constitution du cylindre celluleux différenciait beaucoup les éléments
de ce cylindre des cellules ou libres de la portion centrale de la racine du
32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Ciste. Ces dernières sont, en effet, infiniment plus petites et proportionnelle¬
ment plus épaisses.
La racine examinée était jeune ; mais, pour admettre l’existence d’une
moelle dans les jeunes racines du Ciste, il faudrait supposer que les cellules
de cette moelle se multiplient ultérieurement par division interne et se ligni¬
fient ensuite, pourarriverà l’état sous lequel se présente le noyau central dans
les racines plus âgées.
Si une telle modification se fût accomplie, j’aurais certainement, dans le
grand nombre de racines examinées, saisi le passage entre ces deux états suc¬
cessifs. Malgré les recherches multipliées auxquelles je me suis livré, je n’ai
jamais vu le centre des racines du Ciste occupé par un autre tissu que celui
dont j’ai parlé plus haut et qui est de nature ligneuse.
A un grossissement de âOOfois, la prétendue moelle se montre composée de
cellules très-irrégulières, de grandeur variable, toutes plus ou moins ponctuées.
Ce tissu est traversé par des séries tortueuses de cellules plus étroites, à parois
plus largement ponctuées, et que l’on ne peut suivre dans une grande éten¬
due. Le plus souvent, en effet, elles disparaissent tout à coup, pour se mon¬
trer avec le même aspect, sur un autre point de la préparation.
Grossies 500 fois, on les voit formées de parois d’épaisseur variable, irré¬
gulières, marquées de saillies et d’étranglements, qui, si ma mémoire est
fidèle, rappellent à l’esprit la structure des cellules du périsperme de la datte.
Ces étranglements de la paroi peuvent se montrer isolés sur une seule des
faces, ou juxtaposés sur les deux faces d’une même paroi. Dans ce dernier
cas, les canalicules contigus sont toujours séparés par une mince couche qui
paraît due à la persistance de la paroi primitive de la cellule.
En rapprochant cette constitution de celle que M. A. Gris a faite de la
structure anatomique de la moelle, dans un certain nombre de familles, on
serait tenté d’admettre que le cylindre celluleux étudié est une moelle. Les
raisons que j’ai invoquées plus haut s’opposent à cette manière de voir. La
suite des recherches dont je vais rendre compte montrera que la prétendue
moelle appartenait à l’une de ces ramifications que le Cytinet envoie dans la
racine du Ciste.
Parmi les très-nombreuses racines de Ciste que j’ai examinées, aucune ne
m’a fourni de renseignements au sujet de la manière dont s’effectue l’évolu¬
tion de la graine du Cytinet. Aucune ne m’a présenté de traces de la graine
du parasite, au-dessous des plus faibles élevures de l’écorce. Je ne puis donc
indiquer comment se produit la pénétration primitive du Cytinet.
La destruction annuelle de la tige florale de cette plante et la présence d’un
abondant mucilage dans ses ovaires permettent de supposer que sa graine
arrive au contact de la racine du Ciste et s’attache à elle par son enduit vis¬
queux.
Pénètre-t-elle ensuite de la même manière que la graine du Gui?
SÉANCE DU 2/| FÉVRIER 4 871.
33
Nous savons que le parasite n’a pas besoin de ses graines, pour se multiplier
dans l’intérieur d’une racine, car les prolongements émanés de sa base peu¬
vent être considérés comme des stolons. Mais si la suite de ces recherches
montre la vérité de cette assertion, elle n’indique pas comment se fait l’enva¬
hissement d’une racine saine.
Là, comme je l’ai dit plus haut, gît le point obscur de la question posée,
question que je n’ai pu résoudre, et qui demande, pour être éclaircie, une
nouvelle et toute différente série d’observations et d’expériences ; je m’y atta¬
cherai lorsque le temps et les circonstances me le permettront.
Partout où j’ai étudié le premier développement du Cytinet, je l’ai vu s’ef¬
fectuer de la manière suivante :
Sur un point quelconque de la racine du Ciste et immédiatement au-des¬
sous de l’écorce, se montre un mamelon celluleux, à la base duquel apparais¬
sent des stries plus ou moins prononcées, indices des tissus vasculaires. Ce
mamelon soulève l’écorce et finit par en déterminer la rupture. Il présente
généralement alors, à son sommet, un certain nombre de feuilles écailleuses
qui se recouvrent successivement.
Quand la jeune plante fait saillie au dehors, l’écorce de la racine est rejetée
latéralement et forme autour du parasite une sorte de bourrelet circulaire plus
ou moins déchiqueté sur ses bords.
Si, un peu plus tard, on veut séparer le parasite de son hôte, le Cytinet se
détache aisément : sa base présente l’aspect d’un cône court, à sommet
arrondi, et la racine du Ciste offre, au point d’implantation, une sorte de godet
ou de cratère d’une faible profondeur.
Sur les racines déjà vieilles, ces godets persistants ressemblent assez aux
cicatrices arrondies du rhizone du Sceau-de-Salomon (Convallaria Polygo -
natum L.).
Si le jeune bourgeon est en communication immédiate avec un autre Cyti¬
net, si surtout il est placé sur l’un des points du grand cercle qui passe par la
base du second parasite, on observe alors que les tissus ligneux de la racine
sont profondément dissociés.
Parfois, d’ailleurs, le bourgeon se montre fort éloigné du Cytinet qui lui a
donné naissance. On ne voit partir, de chaque côté de la base, qu’un mince
fdet de tissu envahisseur, et ce fdet va s’amincissant jusqu’à ce qu’il dispa¬
raisse.
Comme, dans ce cas, on ne trouve pas de graine à son lieu de production
et qu’on ne peut saisir aucune corrélation apparente entre lui et le Cytinet
dont il émane, on se demande quelle est l’origine du nouveau parasite.
L’étude des tissus envahis va permettre de résoudre ce problème.
Si l’on fait une section transversale d’une racine de Ciste en un point voisin
d’un Cytinet, on voit que le tissu envahisseur s’est glissé au delà de l’écorce
et de la zone génératrice jusque dans l’aubier, dont il a attaqué les fibres :
t. xV'ir. (séances) 3
3/4 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
une partie du jeune bois est séparée de la portion centrale et rejetée du côté
de l’écorce, avec les faisceaux libériens. L’écorce est absolument saine et ses
éléments ont été respectés.
Les faisceaux ligneux, ainsi séparés de leurs congénères, forment des îlots
de grandeur variable. Leurs intervalles sont occupés par un tissu à cellules
étroites dépendantes du parasite. Leur bord externe est surmonté par les sé¬
ries correspondantes des cellules delà zone génératrice; leur bord interne,
plus ou moins déchiqueté, est en contact immédiat avec le tissu envahisseur.
Les faisceaux ligneux, encore adhérents à la portion centrale de la racine,
présentent un certain nombre de saillies et d’angles rentrants irréguliers ;
autour ou dans l’intérieur de ces saillies et de ces angles, se montre le tissu pa¬
rasite qui les emboîte exactement.
Tout l’espace compris entre les deux portions du tissu ligneux est occupé
par le tissu envahisseur.
Celui-ci présente d’ordinaire, vers son milieu, une sorte de zone dépourvue
de cellules et dont les bords plus foncés se détachent nettement. Ces bords
sont formés de cellules jaunâtres, à parois un peu plus épaisses.
Quant aux éléments du tissu parasite interposé, ils sont presque unique¬
ment composés de grandes cellules, les unes incolores et polyédriques, les
autres jaunâtres, souvent plus allongées et plus étroites que les cellules inco¬
lores.
Au sein de ce tissu, se montrent quelques-unes des cellules ou de ces semi-
vaisseaux irréguliers ponctués ou treillissés dont la présence a été signalée dans
l’étude de la tige du Cytinet.
Si l’on examine, à un grossissement plus considérable, l’une des dépressions
anguleuses du bois attaqué, on voit que le -parasite s’enfonce dans le tissu
ligneux par des sillons tortueux, qui viennent, comme des îlots, se montrer de
loin en loin à la surface de la coupe.
Ces sortes d’îlols du tissu parasite sont composés surtout de cellules
fibreuses ou de vaisseaux irréguliers, garnis de ponctuations nombreuses et
inégales.
Dans les points où il attaque les fibres ligneuses, le tissu envahisseur est
principalement constitué par des éléments de deux sortes : les uns, qui occu¬
pent surtout le centre et l’extrémité du sillon, sont formés de vaisseaux rayés,
ponctués ou réticulés, parfois même munis de formations spiralées ; les autres,
situés sur les côtés du sillon, sont composés de cellules de nature variable,
généralement ponctuées. Ces dernières sont souvent coupées par un certain
nombre de cloisons, complètes ou non, dont la présence indique que ces cel¬
lules sont en voie de prolifération par scissiparité.
Selon Schacht, les racines du Gui pénètrent dans le bois, en usurpant la
place des rayons médullaires.
Dans le Cytinet, les ?Yicines (si l’on peut parler ainsi) m’ont paru surtout
SÉANCE DU 10 MARS 1871.
35
attaquer les fibres, dont elles déterminent la destruction. En examinant un
certain nombre de coupes transversales, on s’assure, en effet, que les cellules
des rayons médullaires résistent plus que les fibres et se montrent souvent sur
les côtés du sillon que le parasite s’est creusé.
Quand le tissu envahisseur occupe un assez grand espace au sein du bois, il
se compose en majeure partie de cellules ponctuées, à parois épaisses et cana-
liculées, tout à fait semblables à celles des cellules observées dans la préten¬
due moelle dont j’ai parlé plus haut. Ces cellules sont de même nature que
celles dont j’ai signalé la présence dans les sillons envahisseurs, au contact des
fibi 'es ligneuses. Sur une coupe longitudinale, on les voit plus allongées, mais
leur organisation est la même.
Le parasitisme du Gy tin et n’est pas comparable à celui du Gui. Dans ce
dernier, selon M. Jean Chalon, les expansions de la base s’étendent à une
distance relativement grande de son point d’attache, en rampant surtout au-
dessous de l’écorce. Les racines qu’il envoie à l’intérieur du bois s’y enfoncent
surtout en usurpant la place des rayons médullaires.
Le Cytinet ne forme pas d’épatement proprement dit au-dessous de l’écorce.
Il rampe au milieu du bois, et le dissocie en s’y traçant des sillons tortueux,
qui, sur une coupe longitudinale, apparaissent comme des amas de tissus
étrangers au sein des tissus ligneux. Enfin, sa pénétration dans le bois s’effec¬
tue par la destruction des fibres ligneuses, tandis que les rayons médullaires
sont ou semblent être respectés pendant plus longtemps.
Les recherches que je viens de faire connaître auraient dû être corroborées
par l’examen microchimique des racines attaquées par le Cytinet.
Malheureusement les exigences du service m’ont empêché de continuer ces
études pendant un certain temps. Quand je voulus les reprendre et sou¬
mettre les divers tissus à l’action des réactifs, la végétation du Cytinet était
terminée.
Je ferai toutefois observer, dès à présent, que la potasse, dont l’action sur le
Cytinet est si manifeste, ne m’a semblé déterminer aucune coloration spéciale
au sein des éléments du parasite dans la racine.
SÉANCE DU 10 MARS 1871.
PRÉSIDENCE DE M. E. ROZE, VICE-PRÉSIDENT.
M. Larcher, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal delà
séance du 2/1 février, dont la rédaction est adoptée.
M. le Secrétaire général annonce que le Conseil, dans sa séance
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
du 8 de ce mois, a fixé les élections, pour le renouvellement annuel
du Bureau et du Conseil, au vendredi 7 avril prochain. Cette déci¬
sion est soumise à la ratification de la Société et sanctionnée par
elle.
Lecture est donnée d'une lettre de M. le comte Jaubert, dont suit
la teneur :
LETTRE DE II. le comte JAUBERT.
Bordeaux, 24 février 1871.
Prière à M. le président de la Société botanique de France de vouloir bien
lui communiquer et faire insérer au procès-verbal de la prochaine séance la
lettre ci-dessous.
Son dévoué confrère, Comte Jaubert.
Extrait du Moniteur universel du 23 février.
A M. le Président de V Académie impériale des Curieux de la nature , en session
Dresde .
Monsieur le Président,
Bordeaux, 20 février 1S71.
Je me suis senti grandement honoré lorsqu’en 1858 j’ai reçu le diplôme de membre
de votre célèbre Académie, sous le cognomen de Gundelsheimer, compagnon de Tourne-
fort en Orient, allusion obligeante à mes travaux comme botaniste voyageur dans ces con¬
trées. La guerre actuelle entre nos deux nations a pris un tel caractère, qu’un Français
ne peut plus, sans compromettre sa propre dignité, entretenir de relations, même scien¬
tifiques, de l’autre côlé du Rhin. En conséquence, je vous prie de vouloir bien retrancher
mon nom de la liste des membres de votre Académie.
Agréez personnellement, Monsieur le Président, l’assurance de ma considération très-
distinguée.
Comte Jaubert,
Membre de l’Institut,
député du Cher k l’Assemblée nationale.
Note du rédacteur du Moniteur, — Une lettre dans le même sens a été adressée par
M. le comte Jaubert à la Société royale de botanique à Ratisbonne.
M. Cauvet fait à la Société la communication suivante :
REMARQUES A PROPOS DE CERTAINES QUESTIONS DE PHYSIOLOGIE SOULEVÉES
PAR LA THÈSE DE M. JULES EDMOND DUVAL (1), par 11. CAUVET
Dans la thèse qu’il a soutenue devant l’École supérieure de pharmacie
de Paris, M. Duval a émis quelques opinions qui me paraissent au moins
hasardées.
Je ne me serais pas occupé de cette thèse, si elle n’eût pas été couronnée et
(1) Des ferments organisés, de leur origine, et du rôle qu'ils sont appelés à jouer
dans les phénomènes naturels. Paris, avril 1 869, in-A°.
SEANCE OU 10 MARS 1871.
si les rédacteurs du Journal de pharmacie et de chimie , en insérant plu¬
sieurs passages de ce travail dans leur journal, n’avaient ainsi semblé lui don¬
ner une certaine approbation.
Lorsque je lus ces extraits, je voulus tout d’abord protester au nom de la
physiologie. Mais j’étais alors en Algérie, et je me dis que peut-être certaines
parties non citées de cette thèse enlevaient quelque chose de leur absolutisme
aux théories un peu risquées de M. Durai.
Depuis mon arrivée à Paris, le hasard m’a fait rencontrer cette thèse, et
j’ai vu avec étonnement que les extraits cités représentaient bien l’opinion de
son auteur.
Je vais donc me permettre de discuter celles des parties de cette thèse qui
me paraissent renfermer des erreurs scientifiques.
M. Duval dit (p. 25) : « Autant qu’il nous a été permis de l’apprécier, la
» prédisposition polymorphique des êtres inférieurs, le besoin fatal de leur
» mutabilité, n’ont été émis par personne d’une manière non équivoque. »
L’auteur parle des travaux de Turpin, de Berkeley, Bail, Haliier, Schlei-
den, Hoffmann et Pouchet. Mais, s’il a lu ces travaux, il ne semble guère
en avoir tiré profit, au point de vue du polymorphisme des êtres inférieurs.
M. H. Hoffmann a reconnu que la levure de bière, que l’on jette après s’en
être servi, donne constamment naissance à une efflorescence douce et grisâtre
composée surtout de Pénicillium glaucum , puis, en moindre quantité, de
Pénicillium brevipes , d 'Ascophora eleguns , etc. 11 pense, d’après ces obser¬
vations, que la levure de bière est produite par des Champignons ordinaires
en particulier par des Pénicillium , sur les filaments desquels, soit végétatifs,
soit fertiles, se montrent les cellules du ferment.
Le ferment, dit-il, est dû aussi à une sorte de bourgeonnement des spores
submergées et même à une production de conidies (par étranglement), de
quelques ramifications du mycélium aquatique.
Ces conidies se forment également, dans des circonstances analogues, sur
V Ascophora Mucedo.
Je ne sais si l’on connaît bien la nature et les fonctions de tous les appareils
de multiplication (?) ou de reproduction (?), que l’on observe chez certains
Champignons. Qui ne sait que, pour beaucoup de végétaux inférieurs, le mi¬
lieu entraîne un changement dans la forme de leur appareil reproducteur, ou
même dans l’aspect général de la plante? il est reconnu que tous les Crypto¬
games se reproduisent normalement par des spores, et pourtant que de
noms divers n’a-t-on pas donnés aux formes différentes des organes repro¬
ducteurs !
Que sont ces conidies , ces pyenides , ces spiculés , ces stérigmates, ces
basides, ces cystides , ces conidies, ces sporanges, ces spermaties, ces
oogonies , ces oocystes, etc., si ce n’est, en beaucoup de circonstances,
des exemples de polymorphisme appliqué à la reproduction?
38
SOCIÉTÉ BOTANIQUE UE FRANCE.
Ce polymorphisme a été signalé chez les Erysiphe , qui sont un état parti¬
culier de la végétation d’autres plantes. M. De Bary l’a étudié chez les Pucci-
nia; M. OErsted et M. Decaisne l’ont démontré chez le Podisorna Scibinœ,
qui devient le Rœstelia cancellata du Poirier. *
Enfin, les mémoires de M. E. Rallier ont appris que les parasites de
l’homme appartiennent à un petit nombre d’espèces, dont chacune peut se
modifier considérablement, selon les milieux.
Je 11e puis évidemment citer ici tous les travaux faits à ce sujet et montrer
que, le plus souvent, les auteurs ont été très -affirmatifs à propos du polymor¬
phisme des végétaux inférieurs.
Quel exemple plus curieux de polymorphisme peut-on présenter que celui
des états successifs des Myxomycètes, tour à tour animaux et plantes ?
Pour les Bactéries et autres Vibrioniens, que M. Duval range parmi les
animaux, sait-on bien la nature de ces êtres problématiques?
Us s’agitent dans les liquides, et Ehrenberg, Dujardin, les zoologistes en
général, les rangent parmi les animaux.
Mais, depuis longtemps, M. H. Hoffmann et M. Nægeli considèrent le Bac-
terium Termo comme un Champignon (un Schizomycète, pour M. Nægeli).
Pour M. Colin, les Bactéries sont le jeune âge des Zooglœa , les Spirillum
sont des Oscillaires.
Selon M. Lueders, les Bactéries peuvent ramper comme des Vibrions, s’en¬
tortiller comme un filament d 'Hygrocrocis, se pelotonner en boules et former
le Zooglœa de M. Colin; dans les liquides en fermentation, elles se transfor¬
ment en Leptothrix ou en espèces du genre Palmella. Les spores des Mucor ,
Botrytis et Pénicillium , cultivées dans l’eau pure, produisent des Bactéries,
qui grossissent, puis se confondent et constituent des agglomérations par qua¬
tre, huit, seize, semblables à celles des Merismopœdia et autres Palmellées ; ou
bien ces corpuscules arrivent à renfermer un liquide, avec un noyau brillant
à chacune de leurs extrémités : ce sont alors des Torula.
Voilà pour les êtres douteux compris entre le règne animal et le règne
végétal.
Passons au polymorphisme des animaux inférieurs.
Sans nous occuper du mode de reproduction des Spongiaires, si bien étu¬
diés par MM. Laurent, Carter, Grant, Kœlliker, Huxley, Schmidt, Lieber-
kuehn, ni même des phénomènes de généagenèse offerts par les Distomaires,
les Cestoïdeset les Polypo-Méduses, bornons -nous à relater les transformations
singulières que l’on a signalées chez les Infusoires.
M. Pineau a vu une Monade se transformer en Actinophrys. L’un des
rayons de VA ctinophrys s’allonge, le corps de l’animal se renfle d’un côté,
s’amincit de l’autre; on dirait une poire supportée par une longue queue :
V Actinophrys devient un Acincte. Puis le sommet de la poire s’affaisse, se
creuse d’une cavité dont les bords se garnissent de cils vibratiles; un orifice
SÉANCE DU 10 MARS 1871
39
ouccal apparaît au centre de cette cavité, s’élargit de plus en plus, en même
temps que, dans le pédicule, s’organise un cordon très- contractile : VAci*
n'ete se change en Vorticelle.
Les observations de M. Slein semblent faire suite à celles de M. Pineau.
Après un certain temps, la Vorticelle redevient Acinète. Celle-ci, par bour¬
geonnement interne, produit une série continue de Vorticelles , ou bien, tou¬
jours à l’intérieur, le bourgeon se fractionne en un nombre infini de nucléoles
très-petits qui s’organisent peu à peu et s’échappent enfin sous la forme de
Monades.
M. Pineau a vu les Vorticelles présenter un autre mode de production :
certaines perdent leurs pédicules, s’enkystent, et se transforment en Oxy-
triques. Les métamorphoses de ces derniers Infusoires ont été étudiées par
Jules Haime.
Après s’être multipliée par fissiparité, l 'Oxy trique perd ses mouvements
petit à petit, ses cils disparaissent, et elle s’entoure d’une coque flexible, sécré¬
tée par ses téguments.
De ce kyste sort un Loxode , qui se remet en boule et, par des transfor¬
mations nouvelles, se change en un Trichode-Lyncée. Là, sans doute, ne
s’arrête pas l’évolution, car Jules Haime n’a pu découvrir les œufs du Tri-
chode.
En admettant que les recherches de Jules Haime continuent celles de
M. Pineau, le Trichode , avant d’arriver à cette forme dernière, passerait par
les états successifs de Monade, Actinophrys , Acin'ete , Vorticelle , Oxy trique,
Loxode .
Les auteurs plus modernes n’ont pas généralement accepté la valeur des
observations de Pineau et de Stein; aucun n’a attaqué celles de Jules Haime.
M. d’Udekem, qui combat les observations de Stein, admet néanmoins que,
si les Vorticelles ne se transforment pas directement en Acinètes , il existe une
nouvelle phase dans cette métamorphose : la Vorticelle s’enkyste, du kyste
sort une Opaline , et celle-ci, après avoir nagé quelque temps, se fixe et de¬
vient une Acinète. Cette dernière enfin produit des sortes de bourgeons
internes, qui, une fois sortis de leur parent, se meuvent à l’aide de longs cils
vibratiles, puis se fixent et se transforment en Acinètes.
Nous venons de voir la mutabilité , le polymorphisme se montrer dans les
animaux, dans les végétaux et chez les êtres douteux placés entre ces deux
règnes.
M. Duval a eu donc tort de dire que cette mutabilité n’avait été indiquée
par personne d’une manière non équivoque.
Passons à la partie saillante de la thèse de M. Duval et analysons-la rapide¬
ment.
L’auteur a mis des lambeaux de Padmella cruenta dans un liquide fermen¬
tescible, et il a remarqué que la matière verte des cellules de cette plante s’est
ZiO SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
transformée d’abord en sphérules, puis en amas de cellules identiques à a
levûre de bière, quoique plus petites, et qui sont devenues libres par la des¬
truction de la cellule-mère.
Les nouvelles cellules ont déterminé la fermentation alcoolique de la liqueur.
M. Duval conclut que la production de ces cellules est due à la faculté créa¬
trice des granulations moléculaires, qui se transformeraient lorsqu’elles se
trouvent dans des conditions favorables à leur évolution. Au lieu de ne voir,
dans le fait observé, qu’un cas de polymorphisme des Palmella , dont la
matière verte, comme chez beaucoup de végétaux inférieurs, peut, en s’ag¬
glomérant, donner naissance à une forme nouvelle, ainsi que l’a observé
M. Lueders, M. Duval en tire une déduction bien autrement étendue.
Il pense que la matière contenue dans les cellules vivantes peut, en de cer¬
taines circonstances, se transformer pour donner naissance à un ferment,
mais, bien entendu, sous l’influence vivifiante de l’oxygène. Selon lui, dans
l’expérience de Gay-Lussac avec le grain de raisin, c’est moins à la bulle d’air
introduite qu’à la matière vivante des cellules qu’est due la production du fer¬
ment. Aussi admet-il comme fondée l’opinion de Fabroni, que, dans un grain
de raisin, la matière fermentescible se trouve juxtaposée à la matière ferment.
De là à dire qu’il en est de même dans la fermentation de tous les sucs de
fruits, il n’y avait qu’un pas à faire, et M. Duval ne s’en prive pas.
Je ne suivrai pas l’auteur dans les raisonnements de valeur problématique
sur lesquels il essaye d’appuyer sa manière de voir, qu’il appelle une conception
hardie.
Bien hardie elle est, en effet, cette conception d’un jeune homme qui veut
combattre l’hétérogénie et ne s’aperçoit pas qu’il suit la même voie, les mêmes
errements que les apôtres de ce système. Il pense s’écarter de l’opinion de
Buffon sur le système des molécules organiques, en cela « que le grand natu-
» raliste argumentait sans preuves palpables, et que sa doctrine, embrassant
» un champ beaucoup trop vaste, la faisait tomber dans les régions nuageuses
» du mystère et de l’impénétrable
J’avoue que je suis resté tout ébahi en lisant cette phrase. On peut répondre
à M. Duval : Et vous donc ! où allez-vous? Parce que vous vous trouvez en
face d’un végétal polymorphe, vous vous croyez en droit de tirer, de ce que
vous voyez, une théorie que Buffon tirait de son seul génie, et qui n’en était
pas moins admirable, malgré son défaut de vérité.
L’expérience de Gay-Lussac avec les grains de raisin est, à peu de chose
près, comparable à celles qui ont servi de base à la méthode d’Appert, et,
quant à l’opinion de Fabroni, elle est depuis longtemps reléguée parmi ces
théories qui prennent leur source dans les régions nuageuses du mystère ,
comme dit M. Duval.
Je ne saurais trop m’étonner d’ailleurs que M. Duval ne connut pas le mé¬
moire publié par 51. H. Hoffmann, dans le Botanische Zeitung , et dont il a
SÉANCE DU 10 MARS 1871.
k\
été rendu compte en 1860 dans notre Revue bibliographique (voy. le Bulle¬
tin, t. VII, p. 180). Son esprit judicieux eût été sans doute mis en éveil par
la lecture de ce mémoire, et sa croyance en la vérité de l’opinion de Fabroni
eût été profondément modifiée.
M. H. Hoffmann s’est assuré, de visu et experimento, que la fermentation
des fruits est déterminée par les spores de Cladosporium, Stemphyliurn , etc. ,
qu’on trouve à leur surface. Si l’on immerge ces fruits dans de l’eau bouil¬
lante, pendant quatre à dix secondes, la fermentation de leur jus ne s’établit
pas ou s’établit incomplètement et avec un retard de plusieurs heures. Si l’on
maintient des baies de Groseillier-à-maquercau dans l’eau froide, pendant trois
quarts d’heure, en les agitant de loin en loin, cette eau agit comme ferment,
faible à la vérité. En raclant ces baies avec un scalpel et en mettant les raclures
dans de l’eau distillée, à l’abri de toute poussière, vingt-quatre heures après
on y remarque des filaments germinatifs en groupes épais et de nombreuses
cellules de fermenta tous les degrés de développement.
Je ne m’étendrai pas davantage sur les travaux de M. H. Hoffmann, et je
passe sans autre transition à ce que je disais plus haut relativement à la pa¬
renté des opinions de M. Duval avec celles des hétérogénistes.
M. Pineau place un morceau de chair musculaire dans de l’eau de puits ;
en observant la manière dont s’effectue la destruction de cette chair, il reste
convaincu que la substance organique s’est convertie en animalcules.
MM. Pouchet et Joly disent avoir vu les granules du vitellus de l’œuf
de poule se réduire à un état de ténuité extrême et donner naissance à des
Monades et à des Bactéries.
M. Montegazza enferme un morceau de courge fraîche, avec de l’eau dis¬
tillée, dans un tube plat qu’il ferme à la lampe et qu’il met sur le champ du
microscope.
Après une observation non interrompue de seize heures, il voit sous ses
yeux se former des Vibrions et des Bactéries.
Dans les expériences ci-dessus, selon ceux qui les ont faites, c’est la matière
organisée qui se transforme en animalcules. D’autre part, M. Duval a conclu
de son observation avec le Palmella que la production des cellules-ferments
est due à la faculté créatrice des granulations moléculaires qui se transforme¬
raient lorsqu’elles se trouvent dans des conditions favorables à leur évolution.
On peut juger que cette manière de voir est en tout comparable à celle des
hétérogénistes.
Si, mieux instruit de la manière dont se fait souvent la multiplication des
Champignons inférieurs et de beaucoup d’Algues, il s’était contenté de voir,
dans le fait observé, un phénomène de multiplication analogue à ceux que l’on
observe chez les êtres généagénétiques, M. Duval eût été dans le vrai. Mais il se
lance dans les régions nuageuses des hypothèses, et ce qu’il regarde comme
une conception hardie n’est pas autre chose qu’une utopie pure et simple.
k'I SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
La parenté que je viens de signaler entre les opinions des hétérogénistes et
celles de M. Duval n’a pas été entrevue par lui. Aussi termine-t-il la troisième
partie de sa thèse par les conclusions suivantes, basées à la fois sur la muta¬
bilité des germes et sur la production d’un être nouveau, issu de la matière
des cellules. Il admet donc :
« l°Que, malgré que l’air soit la source la plus commune des ferments, ce
» disséminateur universel n’est pas toujours indispensable à leur formation
» originelle.
« 2° Que la panspermie pure et simple, abstraction faite delà mutabilité des
y> germes, est impuissante à expliquer leur origine dans tous les cas.
» 3° Que du moment où ces reproducteurs des ferments 11e se trouveraient
» pas en nature dans les liquides normaux retirés de l’organisation vivante,
» les granulations renfermées dans les cellules non brisées qu’on rencontre
» forcément dans ceux-ci sont susceptibles de s’accroître et de devenir, après
» modification, des ferments actifs, aptes à se reproduire et possédant en tout
» point le caractère des ferments proprement dits. La panspermie, la mutabi-
» lité des germes et leur formation possible dans les cellules vivantes, voilà
» donc trois moyens d’action qui se simplifient l’un par l’autre. Ajoutons enfin
» qu’ils annihilent d’une manière évidente la croyance aux genèses spon-
» tanées. »
Je m’arrête ici, 11e voulant pas poursuivre plus loin l’examen de cette thèse,
ni combattre les arguments sur lesquels son auteur étaye ses opinions.
On a pu juger combien ces opinions sont différentes de celles que suggèrent
l’observation judicieuse des faits et les principes de la science.
M. Roze présente les observations suivantes :
Mon intention 11’est pas de suivre M. Cauvet dans toutes les parties de son
intéressante critique. Je lui demanderai seulement a permission d’émettre
une opinion moins affirmative que la sienne au sujet de la levure, que certains
auteurs rattachent, il est vrai, à un Pénicillium , mais, à ce qu’il me semble,
tout au moins prématurément, sinon à tort. J’ai fait moi-même quelques
recherches sur ce sujet, et j’ai été conduit à reconnaître que le résultat de
l’expérience, quel qu’il fût d’ailleurs, était des plus susceptibles d’une inter¬
prétation erronée. En effet, si le Pénicillium succède au Mycoderma , rien
ne prouve que ce dernier ne lui serve point alors de substratum pour se déve¬
lopper ; et si un semis de spores de Pénicillium est suivi de l’apparition du
Mycoderma , il est à peu près impossible d’avoir la certitude que ce dernier,
ou ne l’accompagnait point, ou 11e se trouvait pas déjà lui-même sur le liquide
fermentescible. D’où il résulte que cette question, comme celle des générations
spontanées, est extrêmement difficile à prouver expérimentalement.
D’un autre côté, M. Cauvet 111’a paru considérer les Myxomycètes comme
SÉANCE DU 10 MARS 1871.
A3
des animaux. M. De Bary, auquel on doit de fort beaux travaux sur ces êtres
singuliers, les avait en effet classés comme tels à la suite de ses premières
recherches. Mais il me semble avoir changé d’avis depuis lors, surtout dans
ses dernières publications, puisqu’il remplace même le nom de Mycétozoaires ,
qu’il leur avait donné antérieurement, par celui de Myxomycètes. Certes, de
si étranges Champignons étaient bien faits pour étonner tout d’abord, car on
ne se fait guère à cette idée qu’un végétal puisse exister sans qu’il soit revêtu
de tissu cellulaire durant sa vie propre, pendant laquelle il est en même temps
doué d’un mouvement sensible et soumis à une nutrition pour ainsi dire ani¬
male ! Mais cette organisation si particulière n’est plus aujourd’hui susceptible
d’être jugée comme tout à fait anormale, car ce que nous savons déjà du rôle
du plasma ne tend à rien moins qu’à nous prouver qu’il constitue la base
essentielle de la vie des plantes. Quoi qu’il en soit, j’espère, avec l’agrément
de la Société, pouvoir lui faire dans quelque temps une communitation sur
cet important sujet.
M. Cauvet répond :
Les observations présentées par M. Roze se rapportent à deux ordres de faits
bien distincts :
1° Ce que j’ai dit du polymorphisme des Pénicillium ;
2° L’animalité (?) des Myxomycètes.
Je vais répondre à chacune d’elles successivement.
En entreprenant la critique de la thèse de M. Duval, je n’ai pas eu la pré¬
tention d’affirmer que tous les faits exposés dans ma note sont incontestables
et définitivement acquis.
Je me suis proposé de prouver combien M. Duval a eu tort de dire que « la
» prédisposition polymorphique des êtres inférieurs, le besoin fatal de leur
» mutabilité, n’ont été émis par personne d’une manière non équivoque ».
Pour montrer l’erreur de cette opinion, j’ai cité quelques exemples du
polymorphisme observé chez les êtres inférieurs et j’ai pris ces exemples :
1° chez les animaux; 2° chez les végétaux; 3° chez les êtres de nature pro¬
blématique, qui semblent jetés comme un pont entre les deux règnes.
Je n’ai pas à défendre la valeur réelle des travaux dont j’ai parlé : je faisais,
à l’encontre des idées de M. Duval, une sorte de revue bibliographique des
faits observés.
Je n’avais pas d’ailleurs à juger ces travaux. Si je me l’étais permis, si
j’avais suivi le vagabondage de ma pensée lorsque j’étais au milieu du fouillis
d’opinions contradictoires émises au sujet du polymorphisme et de la nature
du protoplasma, j’aurais été bien au delà du but précis que je m’étais imposé :
la critique de quelques points litigieux de la thèse de M. Duval.
M. Roze me reproche d’avoir été trop affirmatif au sujet de l’origine de la
h h
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
levure. Je sais combien celte question est encore entourée d’obscurité et com¬
bien il est difficile (sinon impossible), dans des expériences de ce genre, de se
mettre à l’abri de toute cause d’erreur.
Je lui abandonne volontiers les travaux de M. H allier, et même ceux de
M. Lueders, comme j’ai abandonné les travaux de Pineau sur les métamor¬
phoses des Infusoires.
Je ne puis toutefois en faire autant vis-à-vis de ceux de M. H. Hoffmann.
Ce savant, dont l’autorité est incontestable, regarde les Leptothrix comme
formés par un assemblage de Bactéries, et, tout en faisant les plus grandes
réserves au sujet des difficultés de l’expérimentation, il admet que le Myco-
derma peut naître du Pénicillium.
J’avoue que ces questions ne sont pas encore bien nettement définies, et je
crains fort que, comme celle des générations spontanées, elles ne soient jamais
résolues d’une façon péremptoire. Toutefois, si la saine induction des faits
met hors de doute l’inanité de la théorie des générations spontanées, il ne sau¬
rait en être de même pour la question du polymorphisme. Si je ne craignais
d’être entraîné trop loin, je pourrais montrer le polymorphisme chez les ani¬
maux, en rattachant ce polymorphisme au phénomène de la généagenèse.
L’animal digénèse a besoin d’un certain milieu pour revêtir certaine forme,
il peut se multiplier parfois d’une manière surprenante (Acéphalocystes,
Hydatides).
Si les expériences relatives aux végétaux ne sont pas encore absolument
démonstratives, rien 11c prouve que certains d’entre eux ne possèdent pas la
même propriété. Il faut être très-réservé à cet égard, je le concède volontiers ;
mais cette réserve ne saurait induire à une négation dont les faits observés
tendent à montrer le peu de fondement.
M. Roze m’attribue, bien à tort, l’opinion que les Myxomycètes sont des
animaux. Je ne vois pas, dans ma notice, ce qui peut m’être imputé en faveur
de cette croyance.
Les travaux de 31. Cienkowski, de 31. Wigand et de M. De Bary ont depuis
longtemps fait connaître la nature de ces Champignons (?) singuliers, que, tout
d’abord, M. De Bary avait nommés Mycétozoaires et rapportés avec doute au
règne animal.
J’en ai fait. l’histoire abrégée dans mes Nouveaux Eléments d’histoire natu¬
relle médicale , et, si la Société le désire, je pourrai lui communiquer ce
chapitre de mon livre.
Je n’ai point dit que les 3Iyxomycètes sont des animaux; mais j’ai dit que,
pendant une partie de leur existence, ces êtres présentent tous les attributs de
l’animalité. Ils se meuvent et se nourrissent comme les Amibes ; comme les
Amibes , ils se contractent sous l’influence des excitants. Un observateur qui
les examinerait, pendant cette période de leur vie, ne pourrait s’empêcher de
les prendre pour des animaux. Si l’on suit, au contraire, leurs différentes
SÉANCE DU 10 MARS 1871. Il 5
phases, on les voit arriver à la production de la cellulose , c’est-à-dire de ce
principe immédiat qui paraît être le seul caractère exclusif des végétaux.
La matière animée qui forme seule le Myxomycète à son origine n’est évi¬
demment pas spéciale à ces êtres, comme le fait observer M. Roze. En 1860,
M. Garreau étudia le plasma des cellules, et, voyant que cette matière se con¬
tracte sous l’influence de l’alcool, de l’acide chlorhydrique et de l’azotate de
mercure, il l'appelle matière animale intracellulaire.
Depuis cette époque, MM. Schultze, Hæckel, Schnetzler ont fait connaître
leurs recherches sur le protoplasma. Ils ont vu que ce protoplasma se com¬
porte comme les pseudopodes des Polylhalames et des Radiolaires, lorsqu’on
le soumet à l’influence des réactifs chimiques et des courants d’induction. Les
granulations du protoplasma se meuvent de la même manière que dans les
pseudopodes de ces animaux ; comme chez eux, on observe la confluence des
filaments qui arrivent au contact.
D’autre part, M. Kuehne a démontré que la substance contractile, vivante,
incluse dans le sarcolemme, est un liquide dont les mouvements peuvent s’ef¬
fectuer dans tous les sens et coagulable à AO degrés. En comparant ce liquide
à la matière qui forme le parenchyme des Amibes, M. Kuehne a observé que
ce parenchyme est coagulable par la chaleur, comme la substance contractile
des muscles, et que les courants d’induction, qui font contracter les muscles,
influencent aussi les Amibes, qui se contractent vivement en boule.
Dans ses études sur l’irritabilité, M. Claude Bernard a admis que les sub¬
stances contractiles sont des degrés divers d’une même substance, celle-ci
pouvant être libre et amorphe (Amibes) ; unie à une enveloppe élastique et
constituant un système à la fois contractile et élastique (Polypes hydraires);
limitée dans des tubes constituant les fibres musculaires lisses ou striées et
dominée par des nerfs.
Les recherches de M. Claude Bernard démontrent que la rigidité cada¬
vérique est due exclusivement à la contraction de la matière vivante incluse
dans le sarcolemme. Cette propriété est comparable à celle que possèdent les
Amibes et les Myxomycètes, dans leur période animale (?), de se contracter
en boule.
Il existe donc, chez les animaux et les végétaux, une matière vivante, con¬
tractile, qui se montre dépourvue d’une membrane propre chez les êtres les
plus inférieurs de ces deux groupes, soit d’une manière permanente (Amibes),
soit d’une manière transitoire (Myxomycètes).
La seule différence entre le plasma des végétaux et la matière incluse dans
le sarcolemme, c’est que la première se meut entre des parois rigides (le plus
souvent), tandis que la seconde, contenue dans des tubes élastiques, peut, en
se contractant, amener le raccourcissement de ces tubes.
M. Hofmeister a donné, des mouvements des granulations du plasma, une
explication peut-être un peu hasardée et que Eautorité de ce physiologiste
Z|6 SOCIÉTÉ BOTANIQUE UE FRANCE.
pouvait seule étayer. Je ne crois pas que l’on puisse rapporter tous les phéno¬
mènes de la nature animée à des actions purement physiques et chimiques. Il
y a sans doute, au-dessus de ces actions, quelque chose de plus élevé : c’est
ce qu’on appelle la vie.
M. Roze nous annonce une communication sur le rôle du plasma. Je désire
bien vivement qu’il puisse éclairer quelques-uns des points encore si obscurs
de l’histoire de cette matière.
La rigoureuse observation des faits et la sûreté du jugement dans les
déductions sont des qualités qui distinguent M. Roze, et je ne doute pas que
sa communication ne présente un haut intérêt.
M. Cornu présente quelques échantillons desséchés de Nitella
batrachosperma , intéressante espèce de Characées, dont il a entre-
tenu la Société dans sa séance du 25 novembre dernier (voy. le
Bulletin, t. XVII [Séances], p. 303).
M. l’abbé Chaboisseau annonce qu’il a trouvé récemment, dans
la Seine, à Billancourt près Paris (en face du bastion n° 67), le
Char a mucronata.
SÉANCE DU 24 MARS 1871.
PRÉSIDENCE DE M. E. ROZE, VICE-PRÉSIDENT.
M. le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la
séance du 4 0 mars, dont la rédaction est adoptée.
Lecture est donnée de la lettre suivante de M. le Président de
la Société :
LETTRE DE il. EEBMA1A' DE S AIM'T- PIERRE.
A Monsieur le Secrétaire général de la Société botanique de France.
Château du Bessay (Nièvre), 16 mars 4871.
Cher Secrétaire général,
Je vous prie d’être mon interprète près de la Société botanique, et de
vouloir bien transmettre à nos honorables confrères les bien vifs regrets que
j’exprime dans ces quelques lignes de ne pouvoir leur adresser de vive voix
l’expression de mes sentiments.
Des devoirs de famille, d’impérieuses obligations m’ont forcé de rester éloi¬
gné de Paris pendant la durée de cette guerre si désastreuse pour la France et
SÉANCE DU 2/l MARS 1871.
hl
si fatale pour la civilisation, dont Paris était et est encore à la fois la tête et le
cœur. Je ne saurai jamais me consoler de n’avoir pu me trouver au milieu de
vous, Messieurs, pour partager les privations et les dangers que vous avez si
stoïquement et, il est permis de le dire, si héroïquement supportés pendant la
durée de l’investissement et du bombardement de la capitale du monde des
sciences, des lettres et des beaux-arts (j’ai, pour mon humble part, rendu
d’obscurs mais utiles services en qualité de médecin d’ambulance).
Votre attitude si ferme et si pleine de dignité alors que, malgré le retentis¬
sement sinistre du canon et sous la grêle d’engins meurtriers qui criblaient la
rive gauche de la Seine et pouvaient à chaque instant vous atteindre, vous
poursuiviez avec calme les travaux de vos séances ; cette attitude, Messieurs,
que notre monde scientifique ne pouvait qu’attendre de vous, restera un des
titres les plus précieux, un des souvenirs les plus glorieux de la Société bota¬
nique de France.
Qui nous eût dit, Messieurs, il y a quelques mois à peine, lorsque, pendant
notre dernière session, nous parcourions si gaiement les pittoresques monta¬
gnes du Morvan, les rives agrestes de la Loire, les riches campagnes de la
Bourgogne, du Nivernais et du Berry, que tant de beaux pays étaient menacés
de si grands désastres?
Quelques semaines plus tard, l’honorable président de la session, notre
savant maître M. le comte Jaubert, qui nous avait offert à tous, au château de
Givry, une si charmante et si cordiale hospitalité, était atteint bien cruellement
dans ses affections les plus chères : son fils, M. le vicomte Hippolyle Jaubert,
dont beaucoup d’entre nous ont pu apprécier les éminentes qualités d’esprit et
de cœur, martyr de son dévouement à la cause de la France et de l’humanité,
était ravi à la famille dont il était adoré.
Qui de nous, Messieurs, pendant cette guerre funeste, n’a été frappé en plein
cœur ? qui de nous n’aspire en ce moment à des jours de calme qui puissent
nous permettre de panser de si cruelles blessures ? Et le retour à nos chères
études n’est-il pas, pour distraire des chagrins du cœur, pour adoucir les
peines de l’esprit, l’un des remèdes les plus efficaces ?
Cette année, si néfaste et si fertile en désastres de toute nature, n’aura ce¬
pendant pas été stérile au point de vue de notre science de prédilection. Sans
doute, les projets que nous étions heureux de mettre à l’élude au début de
l’année précédente, projets relatifs soit à l’ordre à mettre dans nos importantes
collections, soit aux gravures à multiplier dans les articles et les mémoires de
notre Bulletin , soit à toute autre amélioration, ont dû, par la force des choses
et le malheur des temps, subir un temps d’arrêt forcé ; mais cet arrêt n’aura
été, espérons-le, qu’un court ajournement. Pendant les premiers mois de 1870,
d’importantes et nombreuses communications, d’intéressants mémoires, d’in¬
structives discussions ont occupé et animé de nombreuses séances. Notre inté¬
ressante session, au mois de juin, dans les domaines de la flore du centre de
AS
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
la France, nous laissera les plus charmants souvenirs; enfin, malgré les diffi¬
cultés de tout genre apportées pendant la longue durée du siège de Paris à
l’impression de notre Bulletin, un numéro composé de sept feuilles a été publié
en janvier dernier, et un autre numéro est en ce moment sous presse. C’est
à votre zèle et à votre dévouement, mon cher Secrétaire général, que notre
Société est particulièrement redevable de ce résultat inespéré.
Il y a deux mois, l’investissement de Paris avait forcé la Société botanique
d’ajourner ses élections annuelles; aujourd’hui, nous sommes invités à mettre
un terme à cet ajournement. En transmettant les fonctions de la présidence
à l’honorable confrère appelé à me succéder, je fais des vœux bien ardents
pour qu’il lui soit donné de voir s’ouvrir pour la France, et aussi pour notre
chère Société botanique, une nouvelle ère de prospérité.
Recevez, mon cher Secrétaire général et excellent ami, l’expression de mes
sentiments les plus dévoués.
Germain de Saint-Pierre.
M. le Secrétaire général donne aussi lecture d’une lettre de
M. Antonin Baudoin, membre de la Société, qui propose pour cette
année une session extraordinaire dans le département de la Cha¬
rente-Inférieure, et transmet à cet effet l’offre du bienveillant con¬
cours de la Société des sciences naturelles de la Rochelle. Des re-
mercîmenls sont votés à cette savante Société et à M. Baudoin.
Malheureusement les circonstances politiques actuelles ne permet¬
tent pas d’espérer que la Société botanique puisse organiser, cette
année, en temps utile, une session départementale quelconque.
Le travail suivant est déposé sur le bureau de la Société :
ÉTUDE SUR LES HIERACIUM DE LAPEYROUSE ET SUR LEUR SYNONYMIE,
par M. Édouard TIlIlUL-IiAGRAVE.
(Toulouse, juin 4870.)
ïl est, de l’aveu de tous les botanistes, difficile de bien établir la détermi¬
nation et la synonymie des Hieracium adoptés par Lapeyrouse dans son His¬
toire abrégée des plantes des Pyrénées et dans le Supplément qui l’a suivie.
Cette difficulté et cet embarras tiennent à plusieurs causes inévitables dans un
genre formé d’espèces nombreuses, ambiguës ou affines, dans lesquelles les
caractères sont peu tranchés et souvent très-variables. Ces faits sont parfaite¬
ment connus de tous ceux qui se sont occupés sérieusement du genre Hiera-
çium. Je n’insisterai pas là-dessus.
Je dirai cependant que presque tous les auteurs qui ont écrit sur les Hiero-
SÉANCE DU 2/i MARS 1871.
49
cium des Pyrénées ont eu le tort de baser leur détermination et leur synonymie
sur des sujets pris dans des herbiers toujours incomplets et souvent de pro¬
venance douteuse, au lieu de choisir les types dans leur lieu natal, en ayant
le soin de les suivre dans les diverses stations où ils ont été indiqués. Ils
auraient aussi dû tenir un grand compte d’une foule de circonstances climaté¬
riques ou chimiques, qui peuvent faire varier ces plantes critiques et induire
en erreur les botanistes descripteurs qui ne seraient pas prévenus.
Ces premières conditions bien établies, il fallait alors poursuivre ces mêmes
recherches dans les herbiers qui pouvaient renfermer quelques échantillons
instructifs, soit que leur provenance fût directement de Lapeyrouse, soit d’un
autre auteur cité par lui. Enfin on devait puiser des renseignements d’une
grande valeur dans les ligures citées et dans la synonymie adoptée par l’auteur
de l’ Histoire abrégée des plantes des Pyrénées.
Une circonstance importante, de laquelle on n’a pas tenu suffisamment compte
dans l’étude des Hieracium de Lapeyrouse, est le peu de fixité de la méthode
d’observation de cet auteur, qui prenait en grande considération le port, le
faciès, la pubescence, et souvent même la taille ou le nombre des fleurs, choses
certainement très-variables. Il fut amené ainsi à modifier plusieurs fois ses
déterminations, de manière que ce qui était une variété dans la Flore est
devenu espèce dans le Supplément; des types même furent dédoublés. Il
résulte de ces faits que si l’on base ses observations sur des plantes d’herbiers
répandues dans la première période, elles portent certains noms, tandis que si
elles ont été nommées plus tard, dans le Supplément par exemple, elles en
porteront d’autres ; et comme l’herbier de Lapeyrouse a été fait après la pu¬
blication de la Flore et du Supplément , il est probable qu’il aura modifié
encore, en le faisant, ses premières déterminations, fl était, en outre, convaincu,
comme il l’a écrit à Villars, d’après la correspondance que j’ai sous les yeux,
qu’il y avait dans les Pyrénées un grand nombre F* Hieracium à décrire encore
comme types, mais qu'il ne pouvait les débrouiller.
Ces considérations ont servi de base au travail que je présente aujourd’hui
à la Société, et reposent tout entières sur des recherches personnelles faites
dans la montagne sur les plantes vivantes que j’ai poursuivies dans une foule
de localités et dans des stations variées, principalement dans celles indiquées
par Lapeyrouse. Je n'ai pas non plus négligé l’étude de son herbier, malheu¬
reusement très-incomplet, ainsi que celui de Chaix que Villars cite à chaque
page. Enfin, j’ai fait, dans mon travail, une large part aux figures citées
par lui.
Je dois avouer que j’ai été souvent découragé dans mon œuvre, et que je me
demandais parfois s’il ne vaudrait pas mieux, comme certains auteurs l’ont
proposé, abandonner ces noms difficiles à bien établir, et créer tout à nouveau,
avec des déterminations mieux faites, exactes et rigoureuses. Mais il m’a sem¬
blé qu’en agissant ainsi, ce serait manquer aux plus simples notions du devoir
T. xvi n. (séances) U
50
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FBÀNCE.
et à la probité scientifique, qui doit être la règle à laquelle il n’est permis
à personne de se soustraire.
J’ai été fortifié dans cette voie par l’étude sérieuse des livres de Villarset de
Lapeyrouse, et surtout par la lecture de leur correspondance, dans laquelle
ces deux botanistes phytographes ne manquaient jamais, avec une exactitude
et une probité qui les honorent, de rendre pleine et entière justice aux au¬
teurs leurs devanciers ou leurs émules.
Je crois donc pouvoir aujourd’hui, sans trop de témérité, aborder cette
question difficile et controversée, en y apportant quelques lumières.
Lapeyrouse, prenant en considération le port ou l’aspect de ces plantes, les
divise d’une manière tout à fait superficielle en quatre sections. La première
r
est appelée les Piloselless la seconde les Pulmonaires, la troisième les Eper-
vières, enfin il nomme la quatrième les Cérinthoïdes. Outre ces quatre divi¬
sions arbitraires, il établit le genre Lepicaune, dans lequel il fait rentrer plu¬
sieurs Crépis et les Hieracium du groupe Amplexicaule des auteurs.
Nous allons passer successivement en revue chaque groupe séparément, en
étudiant les espèces et leurs synonymies les plus importantes.
Section I. Piloselles.
i. Hieracium aureum Lap. Hist.pl. Pyr. p. ù68 ; non Vill. (. Leontodon
hispidum forma alpina Schullz-Bip. Cichor. n° 9ù. — Apargia dubia
Hoppe.)
La plante de Lapeyrouse ne peut se rapporter au Leontodon aureum L. Sp.
et, par conséquent, à la plante de Villars, ni de Scopoli, car elle n’a pas été
retrouvée dans les Pyrénées.
Mais si l’on consulte la diagnose de Lapeyrouse, qu’il emprunte, selon son
habitude, à Willdenow, il est facile de se convaincre qu’il y a là une erreur de
détermination de sa part. En effet, Lapeyrouse dit de sa plante calycibus his-
pidis, tandis que le Crépis aurea Cass. ( Leontodon aureum L. Sp.) a les
écailles du péricline et même les pédoncules couverts de longs poils noirs,
mêlés de poils plus courts, blancs et tomenteux : caractère qui n’aurait pas
échappé à Lapeyrouse, car ceux tirés du vestimentum étaient pour lui du pre¬
mier ordre.
Après cette diagnose, il ajoute : « Fleurs jaunes purpurines en dessous »,
tandis qu’elles sont jaune orangé dans le Crépis aurea Cass., circonstance que
n’aurait pas oublié de citer notre auteur.
Enfin il indique cette plante dans les prairies alpines, à Nielles et Barèges.
Je l’ai vainement cherchée dans toutes les localités de la région alpine pyré¬
néenne, que j’ai souvent parcourue, notamment à Melles, où je n’ai jamais
pu la trouver; mais, dans cette localité, j’ai vu en quantité un Leonto¬
don , très-voisin de Y hispidum L. , que je rapporte à la forme alpina
SÉANCE DU 2/| MARS 1.871. 51
Sch.-Bip. Cichor. n° 94, qui, d’après cet auteur, serait VApargia dubia
Hoppe. Ce Leontodon de Melles a la souche pérennante et même vivace, des
feuilles courtes, inégalement roncinées, épaisses, à nervures rougeâtres, cou¬
vertes de poils simples et bifurqués, rudes au toucher ; les liges sont nues,
purpurines, uniflores ; les écailles du péricline sont légèrement hispides, vert
foncé ; les fleurs de la circonférence de la calathide sont rouges en dehors,
comme le dit Lapeyrouse, et jaunes en dedans. Nous inclinons à penser que
c’est là la plante de Lapeyrouse.
2. H. ai pîn mu Lap. Hist. pl. Pyr. p. 468; non L. Sp. p. 1224.
(H. piliferum Hoppe, pl. exsicc. n° 1790.)
Ce synonyme est connu depuis longtemps. VH, alpinum L. n’a pas été
trouvé dans les Pyrénées, tandis que le piliferum abonde à Cagire, à Casta-
nèse. M. Bordère l’a trouvé aussi aux environs de Gèdre (Hautes-Py¬
rénées).
3. il. pnmiium Lap. Hist. pl, Pyr. p. 469, et Suppl, p. 122. ( H . bre-
viscapum DC. FL fr. t. Y, p. 439.)
V Hieracium pumilum de Lapeyrouse est une espèce bien déterminée qui
n’a rien de commun avec Y H. pumilum de Linné, ni de Jacquin, quoique
Lapeyrouse assure que sa plante est celle de Hoppe et de Willdenow, que
Koch rapporte avec raison comme variété à VH. alpinum L.
C’est dans le Supplément (l. c.) que nous trouvons de précieux rensei¬
gnements sur cette espèce. Lapeyrouse en signale trois formes : la forme type,
qui est uniflore ; la forme p, plus grande, qui offre de trois à six calathides ;
enfin une troisième dont nous parlerons tout à l’heure.
Il indique les deux premières dans les Pyrénées orientales, au Canigou,
à Costabone et Cambredases, où l’on trouve aujourd'hui encore cette espèce.
Mais la troisième appartient au centre de la chaîne, sur les rochers escar¬
pés de Penna-blanca et du port de la Picade; il la distingue des deux
autres variétés par la phrase diagnostique suivante : y. majus « incanum, vil -
losius, ligulis subtus rubescentibus » ; et il ajoute : « Cette variété, sans être
plus haute, est plus renforcée, la fleur est plus grande, rougeâtre en dessous,
les poils sont plus nombreux, plus pressés, plus soyeux, horizontaux et ar¬
gentés. »
Cette variété ne peut être réunie aux deux premières qui constituent
VH. pumilum Lap. Outre les caractères que je viens de signaler d’après
cet auteur, j’ajouterai que les écailles du péricline sont longues et recour¬
bées après l’anthèse ; les calathides sont jaune d’or, deux ou trois fois plus
grandes, avec les fleurs ligulées, pourpres en dessous, passant au rouge som¬
bre en se desséchant. Cette plante, très-rare, se trouve encore dans les loca¬
lités signalées par Lapeyrouse, sur les rochers très-escarpés du port de la
Picade et de Penna-blanca ; elle descend même quelquefois dans les prairies des
Campsaur en allant vers l’Entecade, où elle a été retrouvée deux fois par
52
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
M. Lézat, à qui je suis redevable de plusieurs plantes rares du centre de la
chaîne. Je la distingue à cause de cela, en lui donnant le nom d’HiERAClUM
Lezatianum Nob.
4. H. buibosum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 469. (Crépis bulbosa Cass, in
Ann. sc. nat. t. XXIX, p. U.)
5. H. Piloseiia Lap. Hist. pl. Pyr. p. 469.
Plante bien connue, nullement douteuse; elle varie à petites fleurs, à péri—
cline couvert de poils blancs ou noirs, quelquefois mélangés.
6. H. dubium Lap. Hist. pl. Pyr. p. 469. (fl. auriculœ forme Fries,
Symb. p. 7.)
7. si. Awricuia Lap. Hist.pl. Pyr. p. 469.
Dans les basses montagnes, on trouve le type des auteurs, et si l’on monte
dans la région alpine inférieure, on rencontre en abondance une variété uni-
flore, comme l’a déjà observé M. Zetterstedt (PL vase, des Pyr. princip.
p. 165).
8. II. Siybridnm Lap Hist. pl. Pyr. p. 469.
Cette plante est non-seulement critique pour notre flore pyrénéenne, mais
encore pour la flore française. Il est certain que la plante type est celle figurée
dans Y Histoire des plantes du Dauphiné de Yillars et dans son Voyage bota¬
nique. J’ai vu aussi, dans l’herbier de Chaix, un échantillon bien conservé de
cette plante, qui est conforme à la figure citée; mais j’ai vu de diverses prove¬
nances des Hieracium étiquetés hybridvm Chaix, qui me paraissent très-
douteux.
Chaix, d’après le nom qu’il a donné à sa plante, croyait qu’elle était hy¬
bride; j’ai, dans mon travail sur l’herbier Chaix, attribué l’origine de la plante
du Dauphiné au croisement des H. Auricula et alpinum. Si ces faits sont
exacts, comme j’ai lieu de le croire, Y H. hybridum Chaix ne peut pas venir
dans les Pyrénées, puisque ses parents ne s’v trouvent pas. En effet, personne
depuis Lapeyrouse n’a pu constater la présence de cette plante critique dans
nos montagnes, et nous ne pouvons encore savoir quelle est l’espèce que cet
auteur a eue en vue, car i! ne faut pas oublier que Lapeyrouse avait en sa pos¬
session l’herbier Chaix, qui, comme je l’ai dit, renferme un bon échantillon
de cette plante. Il dit même dans sa Flore que la culture n’a pu la modifier;
mais la culture, pour Lapeyrouse, consistait à transporter la plante vivante
dans le jardin et la conserver soit en pot, soit en pleine terre.
Quoi qu’il en soit, ce synonyme reste encore pour moi dans les desiderata
de la flore pyrénéenne.
9. il, asirantiaetim Lap. Hist. pl. Pyr. p. 470. (H. Auricula L, Sp. var.
majus. )
Lapeyrouse signale cette plante au port de Paillères, d’après Pourret; il ne
l’avait pas trouvée lui-même, et, depuis cette époque, personne, à ma con¬
naissance, n’a été plus heureux,
SÉANCE DU ’2/l MAltS 1571.
Mais Lapeyrouse dit que cette plante a souvent des rejets rampants comme
Y H. dubium , ce qui nous ferait croire que sa plante serait peut-être une
espèce voisine d’une des formes de Y H. Auricula. MM. Clos et Loret ( Révision
herb. Lap.) disent avec raison que la plante qui porte ce nom dans son herbier
est en effet, Y H. Auricula L. , qui a, comme on le sait, les fleurons de la cir¬
conférence rouges en dessous.
10. H. Lïiwsonii Lap. Hist. pi. Pyr. p. 470.
En voyant les nombreuses variétés ou formes dont Lapeyrouse fait suivre la
description de son B. Lawsonii , on peut se faire une idée de l’embarras qu’il
a éprouvé pour pouvoir bien caractériser cette espèce, et sa description nous
donne en même temps un exemple de la manière dont il a vaincu cette dif¬
ficulté. Voici quel était son système : Il empruntait à Linné sa méthode, qui
consistait à prendre un type de convention et à grouper autour de ce type
toutes les formes voisines, à caractères ambigus ou moins tranchés; mais, au
lieu d’englober toutes les variétés dans une diagnose courte et précise, il les
énumérait toutes les unes après les autres, avec un ou deux mots caractéristi¬
ques, et même souvent une courte diagnose les accompagnait. Mais, à mesure
que ses études s’avançaient, il prenait certaines variétés pour en fairedes espèces,
comme on peut s’en convaincre dans Je Supplément publié longtemps après.
Ainsi Y H. L awsonii Lap. représente un petit groupe de plantes qui
renferme plusieurs espèces affines, que Lapeyrouse a entrev aes sans pouvoir
les caractériser convenablement. Elles se rapprochent beaucoun de la section
des Cérinthoïdes , qui est la plus intéressante des plantes des Pyrénées. Ce petit
groupe est caractérisé par une souche forte et ligneuse, courte, donnant nais¬
sance d’abord à des feuilles ovales, obtuses, arrondies, ensuite d’autres ellip¬
tiques, lancéolées-aiguës et atténuées aux deux bouts; plusieurs tiges grêles,
aphylles, glabres, bifurquées dès le milieu; pédoncules glabres ou hispidules;
calathides de moyenne taille, à péricîines glabrescents et verdâtres.
Ce groupe est aussi très -rapproché de Y H. saxatile Vill. , qui marque
le passage entre celui qui m’occupe et les Cérinthoïdes. Mais ce dernier
est formé par des plantes plus robustes, à souches fortes, plus allongées,
produisant de grandes feuilles, toutes de même forme, très-nombreuses; des
tiges grosses, vertes , hérissées, ainsi que les pédoncules, ceux-ci glanduleux.
Les écailles du péricline sont couvertes de poils, tantôt blancs, tantôt noirs,
simples, soyeux ou glanduleux, selon les espèces. Ces trois groupes contien¬
nent une foule de plantes très-intéressantes, peu connues. Mais, voulant me
renfermer spécialement dans celles dont Lapeyrouse nous a donné l’histoire,
je rechercherai seulement ici quelle est la forme typique que je crois trouver
dans la figure de Villars citée par Lapeyrouse, et qu’on voit encore dans les
localités indiquées par cet auteur. C’est une plante commune et très-répandue
dans toute la chaîne.
Les var. P et y sont exactement les mêmes; Tune est plus velue et à poils
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
5/l
plus lins que l’autre; les feuilles sont plus courtes, à pétioles ailés, dentés; la
tige est simple, non ramifiée. Je pense que ces deux variétés, mieux étudiées,
pourront un jour être distinguées.
La variété multicaule « scapis aphyllis, foliis rotundatis sessilibus », serait
inextricable si Lapeyrouse ne citait pas la ligure de Barrelier, Icon. 342, qui
représente une plante appartenant au groupe suivant ( Pulmonaires ) et que
nous rapportons, dans les Pyrénées, à Y H. divisum Jord.
Les variétés hirsutissimum « incanum, lanatum » et lanatum « foliis acute
lanceolatis » (Lap. Hist. pl. Pyr. p. 470), sont élevées, dans le Supplément ,
au rang d’espèces, comme Lapeyrouse le fait entrevoir dans son ouvrage, sous
le nom 6! H. scopulorum , en l’accompagnant de la diagnose suivante : « Incano-
villosum, scapo subnudo, foliis petiolatis, lanceolatis acuminatis, radice præ-
morsa »; i! indique cette espèce au port de la Picade, où on la trouve encore.
Mais Lapeyrouse, qui donnait à la taille des plantes et à la grandeur de
certains organes, comme nous l’avons déjà dit, une valeur exagérée, fut obligé,
pour rester fidèle à ses principes, d’ajouter à cette plante une variété (3 majus
pour placer une forme luxuriante, qui se distingue ainsi, dit-il : « Angustifo-
lium, foliolis et peliolis elongatis », auxquels il aurait pu ajouter « tige ra¬
meuse en panicule », telle que celte plante se trouve encore sur les rochers
autour de la ville de Yénasque et que l’on a distinguée depuis comme espèce
[H. Lychnitis S. et P.).
Quelques botanistes réunissent Y Fl. scopulorum Lap. avec Y H. sericeum
Lap. Cependant ces deux plantes n’ont de commun qu’un certain vesti-
mentum blanc; elles se distinguent, comme je l’ai dit autrefois dans notre
Bulletin, assez pour ne pas même appartenir à la même section.
11. H. Diontanuni Lap. Hist. pl. Pyr. p. 470. [Soyeriamontana Monn.
Ess. )
Synonyme bien exact; mais ce qui l’est moins, c’est la localité de la vallée
d’Eynes, indiquée par Pourret; car, à ma connaissance, personne n’a trouvé
cette plante dans cette riche vallée.
Section II. Pulmonaires.
12. iiieracium giaucum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 471. (H. vogesiacum
Mougeot apud Fries, Monogr. p. 52. — H. juranum Rapin, Cat. cant. Vaud ,
p. 212.)
Malgré l’opinion de Lapeyrouse, qui donne à sa plante le synonyme
d 'H. scorzonerœ folium, je pense que la plante qu’il a eue en vue appartient à
Y H. vogesiacum Moug., qui abonde dans toutes les prairies de la région
alpine. Il a été trompé par un examen trop superficiel. La forme de M. Rapin
est très-commune aussi sur les rochers dans la même région, où l’on ne peut
trouver Y H. glaucum AU.
55
SÉANCE DU 24 MARS 1871.
13. il. îmmiie Host; Lap. Hist. pl. Pyr. p. 471. {H. Jacquinii Yill. —
H. pumilum Jacq. Austr. tab. 189.)
Cette espèce est parfaitement déterminée ; je ne l’ai pas vue dans le centre
de la chaîne, mais elle est assez répandue dans les Hautes- Pyrénées, d’où
M, Bordère et le comte Roger de Bouillé nous l’ont donnée.
14. II. intermedium Lap. Hist. pi. Pyr. p. 471.
Nous avons déjà dit avec mon ami M. Loret, dans notre Etude sur l’herbier
Marchant , imprimée dans le Bulletin de la Société en 1860 (t. VII), que la
plante de Lapeyrouse était VH. fragile Jord. Dans l’herbier de ce botaniste,
il y a plusieurs espèces réunies du groupe Silvaticum , et parmi elles se trouve
un échantillon d'H. fragile , semblable à celui de l’herbier Marchant.
15. il. miirorum Lap. Hist.pl. Pyr. p. 471.
Lapeyrouse, ayant confondu sous ce nom toutes les espèces que les bota¬
nistes ont distinguées depuis, ce synonyme ne peut convenablement se placer,
et n’a d’ailleurs aucune importance.
16. si. siivaticuni» Lap. Hist. pl. Pyr. p. 472.
Même observation.
17. il. paisidosum Lap. Hist.pl. Pyr . p. 472.
Cette espèce est tellement tranchée qu’elle ne peut être sujette à aucune
contestation.
17 bis. M. aitissimtim Lap. Hist. pl. Pyr. Suppl, p. 125.
Il y a longtemps qu’on a établi que cette plante devait être rapportée au
Crépis succisœ folia Tausch; mais la forme des Pyrénées est à feuilles plus
larges et plus velues, de consistance molle, embrassantes, sa panicule est plus
développée. M. Serres (Bull. Soc. bot. t. III, p. 278) en a fait une espèce:
Crépis altissima Serres.
Il est certain que la plante du Jura et des Alpes est bien plus glabre et
plus fluette, mais ce même fait se présente pour le Crépis blattarioides , dont
Lapeyrouse avait fait, en se servant des mêmes caractères, plusieurs espèces
de Lepicaune (multicaulis, tomentosa, turbinatd). ,
18. H. ïampsanoides Vill. ; Lap. Hist. pl. Pyr. p. 472. ( Crépis lam-
psanoides Gouan.)
Le Crépis ïampsanoides Gouan présente les mêmes variations que le C. suc¬
cisœ folia Tausch (glabre, velu ou tomenteux). Je ne crois pas que ce soient des
espèces, mais des variations parallèles, dues aux influences physiques ou chi¬
miques des lieux où croissent les individus représentant ces espèces.
t
Section III. Épervières.
19. Hieracium denudatum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 473.
EH. denudatum Lap. est une des espèces les plus critiques de ce groupe.
La plupart des auteurs le rapportent en synonyme à VH. boreale Fries
56
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
(G. G. Fl. Fr. t. II, p. 385), Steudel à Yumbellatum et au silvaticum ,
MM. Loret et Clos au boreale , tandis qu’ils considèrent VH. cordi folium
comme devant être réuni à Yumbellatum. Lapeyrouse confondit d’abord ces
deux plantes sous la même dénomination ; mais cet auteur, après avoir établi
son denudatum, sépara la plante de Babar près Saint-Béat pour en faire, dans le
Supplément, son cordi folium, il commit la faute de ne pas refaire la descrip¬
tion comparative des deux espèces, de manière qu’il est encore difficile de les
séparer, si l’on veut prendre pour base la description de ces deux plantes dans
son ouvrage. Son herbier n’est pas exact, car tout dans ce genre y est mélangé,
brouillé ; et la synonymie des auteurs que nous venons de citer aurait-
elle une base certaine, qu’elle serait loin d élucider ces deux plantes ; car, dire
que telle espèce se rapporte au boreale ou à Yumbellatum des auteurs, n’a
aucune autorité, ces deux plantes représentant un ordre d’idées qui, aujour¬
d’hui, tend à diminuer de valeur par le défaut d’exactitude.
Pour éclairer la détermination des H. denudatum et çordifolium , il ne
reste que peu de chose du passé, si ce n’est l’herbier Marchant, qui contient
un échantillon de Y H. çordifolium de Lapeyrouse. Il était donc indispensable
que de nouvelles découvertes vinssent apporter des faits nouveaux à l’appui de
ceux déjà connus. Nous avons pensé que des recherches dans les Pyrénées,
aux localités citées, étaient le seul moyen d’élucider celte question litigieuse.
Aussi, depuis bien des années, nous avions cherché ces plantes à Saint- Béat,
à Bagnères-de-Luchon, dans les Pyrénées centrales, toujours en vain, quand,
il y a deux ans, M. A. Peyre, en parcourant un chaînon inexploré, a trouvé
en quantité Y H. çordifolium de Babar et a jeté par cette précieuse découverte
un jour nouveau sur cette question. Il résulte de mes récentes recherches que
Y H. çordifolium Lap. est une bonne espèce, bien distincte de Y H. denudatum
de Lapeyrouse, qui, à son tour, est le même que Y H. pyrenaicum Jord.
Lapeyrouse [Hist. pl. Pyr. Suppl, p. 128), en donnant une diagnose de
son çordifolium , réunit les deux plantes, comme je l’ai déjà dit; il donne des
caractères qui ne peuvent aucunement convenir au pyrenaicum , comme, par
exemple, « calices glabres », caractère essentiel qui convient très-bien, au con¬
traire, au çordifolium. Mais si l’on sépare ces deux plantes et que chacune
reprenne ses caractères, on verra facilement quel’//, pyrenaicum trouvera
dans la description de Y H. denudatum Lap. une foule de caractères qui lui
conviennent. Cette plante se trouve encore dans les localités citées par Lapey¬
rouse.
L’/7. çordifolium Lap. est une plante bien tranchée, qui se distingue par
ses tiges effdées au sommet, ses pédoncules glabres fins et par son péricline
glabre, ses ligules non ciliées, rougeâtres en dessous, les feuilles inférieures
lancéolées, sessiles, ramassées au bas des tiges, tandis que celles d’en haut
sont espacées, ovales-amoindries, embrassantes, à peine dentées, et justifient
très-bien le nom que Lapeyrouse lui a donné. Cette espèce a un port particulier.
SEANCE DU 24 MARS 1871.
57
L 'H. denudatum Lap. (H. pyrenaicum Jord.) a aussi les feuilles ramassées
au bas des tiges, mais elles sont hérissées et beaucoup plus larges. Celles de la
lige sont appliquées, ovales-lancéolées, dentées; les pédoncules ou rameaux
sont gros, hérissés, étalés et courts; les périclines sont hérissés de poils blancs;
les ligules ont les dents ciliées; la plante est basse et assez trapue; la souche est
multicaule. Mon ami M. Peyre a trouvé ces deux plantes dans la chaîne qu
sépare la vallée de Luchon de celle de Saint-Béat, dans la région alpine infé¬
rieure, sur les rochers les plus escarpés des cascades, notamment à Juset près
Luchon.
20. H. sabanduni Lap. HlSt.pl. Pyr. p. 473.
Lapeyrouse trouve que la fig. 2 delà planche xxvn du Flora pedemontana
d’Allioni représente assez bien cette plante ; cela est vrai, mais celle des Pyrénées
a des feuilles plus embrassantes et un peu panduriformes, ainsi que la panicule
plus étalée (voy. mon travail sur l’herbier Chaix, in Mém. Acad. Tool, pour
1856, et tirage à part, p. 43, où j’ai décrit cette plante sous le nom d’JIiE-
RACIEM CONTROVERSUM Nob.).
21. U. prcnantlioidcs Lap. Hist. pi. Pyr. p. 473.
Cette plante se présente dans les Pyrénées comme celle du Dauphiné; mais
comme cette dernière, elle nous semble différer de l’espèce des Vosges, qu’on
» nomme aujourd’hui avec raison H. prœruptorum.
22. H. înnceoiatum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 473.
J’avais pensé autrefois (voy. mon travail sur l’herbier Chaix, tirage à part,
p. 44) que cette plante était différente de VH. controversum , mais de nou¬
velles observations me portent à croire que le lanceolatum Lap. est une forme
exiguë et grêle de son sabaudum et, par conséquent, de mon controversum.
23. il. eriopiiorum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 474.
Nous avons établi, mon savant ami M. Loretet moi, dans le Bulletin de la
Société, t. VI, p. 387, que la plante de Lapeyrouse n’avait que des rapports
éloignés avec Y H. eriophorum de Saint-Amans. Nous avons, en conséquence,
proposé cette espèce comme nouvelle, et nous l’avons décrite sous le nom
d’HiERACiUM pseuderiophorum. Depuis celte époque, je cultive cette espèce
de graine dans mon jardin ; elle n’a pas varié, même dans sa pubescence, ce
qui n’arrive jamais au groupe du silvaticum et du murorum.
24. H. umbeiiatum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 474.
Cette plante linnéenneeslle type aujourd’hui d’un groupe d’espèces affines,
que Lapeyrouse a peu connues ou qui l’ont embarrassé autant que Linné et
ses successeurs. Comme eux, Lapeyrouse avait réuni ces formes sous la rubri¬
que d 'H. umbellatum ; il avait cependant, pour se conformera sa méthode,
établi deux variétés, (3 et y, tout à fait insignifiantes et mal caractérisées.
[La suite prochainement.)
58
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
M. Cornu fait à la Société la communication suivante :
NOTE SUR DEUX GENRES NOUVEAUX DE LA FAMILLE DES SAPROLÉGNIÉES,
par M. Maxime CORjüTU.
En étudiant les Saprolégniées, j’ai rencontré deux genres nouveaux.
L’un est caractérisé par un support général formé de cellulose épaisse, du¬
quel partent en rayonnant des filaments munis çà et là d’étranglements, comme
le Leptomitus lacteus Ag. et le Lept. brachynema Hildebrdt (1). Je propose
de le nommer Rhipidium, du grec pt7ri&ov (éventail). Si le L. lacteus , par le
mode de sortie de ses zoospores, rentre dans le genre Saprolegnia, comme
l’a montré M. Pringsheim (2), le genre nouveau se rapporterait au genre Py-
thium. Mais la constitution anatomique des filaments s’y oppose évidemment.
Les sporanges sont ovales et séparés du reste du filament par un étranglement
oblitéré par un dépôt de cellulose formant une cloison épaisse.
Le plasma s’en épanche sous forme d’une masse cylindrique, large comme
la moitié du sporange et deux fois plus longue. On reconnaît bientôt qu’il est
entouré d’une mince vésicule à parois transparentes : les zoospores se séparent
sur-le-champ, crèvent les vésicules et se dispersent dans l’eau. Gela rappelle le
mode de sortie qu’on observe chez certaines formes du Pythium proliferum
De Bary. La structure des zoospores est la même, sauf des points de détail, que
dans le genre Pythium.
Le deuxième mode de reproduction a lieu par oogones et par anthéridies.
La gonophérie est unique : elle est étoilée ou un peu irrégulière. Après la
fécondation, elle s’entoure d’une membrane qui reproduit ce contour. Elle
s’accroît ensuite par la partie interne dont le contour devient circulaire. Les
parois de l’oospore sont fort épaisses et d’une grande blancheur. Leur mode
d’accroissement est justement l’inverse de ce qu’on observe chez les Péronospo-
rées. On voit que le genre Rhipidium se distingue de toutes les autres Sapro¬
légniées.
J’en ai trouvé quatre espèces :
Deux ont une oospore étoilée.
L’une présente des filaments munis de nombreux étranglements : Rhipidium
INTLRRUPTUM.
L’autre n’en a jamais qu’un seul à la base de chaque filament : Rh. con¬
tinuum.
Dans une troisième espèce, l’oospore est à contour extérieur ondulé ; les ar¬
ticles, c’est-à-dire les intervalles entre deux étranglements successifs, ne sont
(1) Jahrbuech. f. wlss. Bot. t. VI, p.”«253 (1867); et Ann . des sc. nat. 5e série,
t. VIII, p. 327.
(2) Jahrbuech. f,wiss. Bot. t. II, p. 228 (1859).
RÉUNIONS D’AVRIL ET DE MAI 1871. 59
pas cylindriques, mais clavifonnes et parfois très-allongés (1 millim.) : Rh.
ELONGATUM.
Une dernière espèce, beaucoup plus rare et moins bien étudiée, présente
certains sporanges (?) munis de pointes longues, dirigées en haut ou en bas :
Rh. spinosum.
L’autre genre est caractérisé par des zoospores normalement munies d’un
seul cil. Il n’y en a pas d’autre exemple dans la famille des Saprolégniées.
Je propose de lui donner le nom de Monohlepharis ( SXe^pt; cil, povoç,
unique).
Le corps de la zoospore sort d’abord du sporange., le cil y restant encore
engagé; par la traction qu’elle exerce pour l’en retirer, elle en fait sortir
une seconde, puis une troisième. On voit ainsi, à l’ouverture des sporanges où
les zoospores sont disposées en file, trois zoospores imparfaitement libres et
encore retenues par leur cil dont des longueurs diverses pour chacune sont
déjà dégagées. Si dans les sporanges les zoospores sont plus abondantes, un
plus grand nombre sort et se dégage à la fois.
La reproduction sexuée a lieu par oogones et anthérozoïdes. Ces derniers,
identiques aux zoospores, mais dont le diamètre est moitié moindre, naissent
de petits sporanges très-réduits ayant identiquement la forme des grands.
L’anthérozoïde pénètre dans la gonosphérie et la féconde. Celle-ci s’entoure
alors d’une membrane qui ne tarde pas à se couvrir de verrues et à brunir.
Il y en a trois espèces :
L’une présente des sporanges prolifères, comme le Pythium proliferum
De Bary; la reproduction sexuée n’y est pas connue : Monoblepharis pro¬
liféra.
Chez une autre, l’oogone est solitaire et sphérique ; l’anthéridie, solitaire
aussi, est située au-dessous dans le filament ; l’oogone contient une oospore
unique interne : M. sphærica.
Chez l’autre espèce, qui est très-polymorphe, les oogones sont dissymétri¬
ques, oblongs, solitaires ou disposés en file jusqu’au nombre de douze; les
anthéridies variables naissent sur eux ou à l’extrémité des rameaux voisins.
La gonosphérie après la fécondation sort de l’oogone et devient une oospore
externe, mais adhérente : M. polymorpha.
Des détails plus circonstanciés sur ces deux genres seront donnés dans une
Monographie de la famille des Saprolégniées, qui paraîtra dès que les circon¬
stances le permettront.
RÉUNIONS OUVRIT ET DE MAI 1871.
La séance électorale pour le renouvellement annuel du Bureau
et du Conseil, fixée au 7 avril, a été forcément contremandée par
60
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
suite de la subite interruption, à dater du 30 mars, des communi¬
cations postales, qui rendait absolument impossible la réception des
bulletins de vote expédiés des départements et de l’étranger.
Le IA avril, la Société n’a pu non plus tenir de séance régulière,
en raison des graves événements politiques dont la ville de Paris
est malheureusement devenue le théâtre et du départ d’un grand
nombre de ses habitants.
Quatre membres seulement (MM. Cornu, Ducbartre, Duvillers et
de Schœnefeld) se sont trouvés réunis vers neuf heures et se sont
entretenus (autant que le permettaient les préoccupations du jour
et les soucis du lendemain) de sujets scientifiques.
M. de Schœnefeld a mis sous les yeux de ses confrères :
1° Une rondelle d’une bûche de bois exotique, probablement bois de tein¬
ture, provenant (suivant MM. Ducbartre et Cornu) d’un arbre de la famille des
Césalpiniées. Ce bois, d’un prix relativement élevé, a servi, en janvier dernier,
de combustible à l’imprimerie de M. Martinet, au moment de la grande disette;
il semblait dégager une quantité de calorique bien supérieure à celle que don¬
nent nos bois de chauffage habituels.
2° Un petit traité élémentaire de botanique, en langue grecque moderne,
ouvrage qui, bien qu’imprimé et publié en 1 845, ne ligure pas dans le 77<e-
saurnsdeM. Pritzel. Ce livre est tiré de la riche bibliothèque néo-hellénique
de M. AV. Brunet de Presie (de l’Institut), professeur à l’École spéciale des
langues orientales vivantes. Phi voici le titre :
VE y^eipcchov t^ç fioToevtxrjç, ircf.pà Saueptou Aav&pep, ccp%up<xp/J.axor:otQv zyjç A. M. ,
xaOrjyyj toü t rj; xoù Tvpocrcôpivôjç xrj; fiorocjr/.Yj', èrrcTJjutou xoù àvTtniiTeK-
Xovroç jusXou; Ætacpopwv ératpjwv x. r. X. Ev A d/jyaiç, èx tvjç TU7roypa^taç K. ’Av-
t ov iolSov , ô$ôî ‘Eppov. — Manuel de botanique , par Xavier Landerer, phar¬
macien en chef de S. M., professeur de chimie et temporairement de botani¬
que, membre honoraire et correspondant de diverses Sociétés, etc. Athènes,
de l’imprimerie d’Antoniades, rue de Mercure, 1845. In-8° de xii et 220 p.
M. Cornu annonce la mort de M. Cave, et donne les détails
suivants sur ce douloureux événement :
M. Cave fut blessé le 30 octobre en se battant, devant Dijon, contre les
Prussiens. Il se trouvait dans les vignes entre la ville et Saint-Apollinaire,
61
RÉUNIONS D’AVRIL ET DE MAI 1871.
lorsqu’il tomba frappé d’un éclat d’obus dans le côté. Ou ne le releva que le
lendemain, et il mourut peu d’heures après. Il n’avait que trente-huit ans.
Ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé de l’Université, docteur
ès sciences, Charles Cave était professeur de physique au lycée de Dijon.
Sa thèse était un mémoire de botanique; il avait cru pouvoir affirmer l’exis¬
tence d’une zone génératrice chez les feuilles et en avait déduit des consé¬
quences sur la structure et le développement du péricarpe. Il avait, dans cet
ordre d’idées, présenté à l’Académie des sciences une note Sur la placenta¬
tion des Primulacées . On lui doit aussi un petit Traité de botanique très-
élémentaire (1).
Tout le monde sera unanime pour payer un juste tribut d’admiration et de
regret à cet homme de cœur qui n’hésita pas à donner sa vie pour sa patrie,
quand son âge, sa position sociale et son titre de père lui permettaient d’échap¬
per aux obligations militaires. Nous devons donc dire : Honneur à sa mé¬
moire !
M. de Schœnefeld rappelle qu’un article de M. Gave, Sur la
zone génératrice des organes appendiculaires , a été communiqué
à la Société dans sa séance du 8 juillet 1870 et publié dans notre
Bulletin, t. XVII, p. 271.
Le 28 avril, la Société s’est trouvée également dans Fimpossibi-
lité de tenir une séance régulière.
Trois personnes seulement sont présentes : MM. Kralik, J. -B.
Martinet et de Schœnefeld, M. Duchartre, indisposé, s’est fait ex¬
cuser.
M. Martinet sollicite son admission dans la Société, sous le patro¬
nage de MM. Decaisne et A. Gris. Le Secrétaire général prend acte
de cette présentation, et reçoit des mains de M. Martinet le ma¬
nuscrit d’une communication Sur les organes glanduleux des
espèces du genre Citrus (2) .
Le 12 mai, la situation ne s’étant nullement améliorée, même
impossibilité de tenir une séance régulière.
Quatre membres (MM. Debeaux, Duchartre, Kralik et de Schœ-
(1) Voyez le Bulletin, t. XVII (Revue), pp. 67, 97 et 110.
(2) M, Martinet a depuis retiré son manuscrit.
62 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
nefeld) sont présents. Ils se bornent à prononcer l’admission provi¬
soire de :
M. Martinet (Jean-Baptiste), licencié ès sciences naturelles, élève
en médecine, rue Monge, 27, à Paris, présenté par MM. De-
caisne et A. Gris.
Cette admission sera soumise à la ratification de la Société aus¬
sitôt qu’elle pourra se réunir en nombre suffisant.
Enfin, le 26 mai, le vendredi de cette semaine néfaste qui a
inondé de sang et jonché de ruines la capitale du monde dit civi¬
lisé, au moment où, après cinq jours de lutte acharnée, la partie
orientale de la ville restait encore, sur les deux rives de la Seine,
au pouvoir de l’insurrection, où la flamme achevait de dévorer les
plus splendides monuments de Paris, où la circulation, le soir sur¬
tout, était partout difficile et même interdite dans certains quartiers,
il était plus que jamais impossible de songer à tenir une paisible
séance scientifique (1).
SÉANCE DU 9 JUIN 1871.
PRÉSIDENCE DE M. E. ROZE, VICE-PRÉSIDENT.
M. le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la
séance du 2Zi mars et du compte rendu des essais de réunion qui
ont été tentés en avril et en mai. La rédaction de ces pièces est
adoptée ; et la Société confirme l’admission de M. J. -B. Mar-
(1) Néanmoins notre Secrétaire général, pour l’acquit de sa conscience, a cru devoir
se rendre à l’heure habituelle au siège de la Société. Ainsi qu’il le prévoyait, il a eu le
regret de s’y trouver absolument seul. — Dès le mercredi matin, d’ailleurs (aussitôt
que les habitants du quartier Saint-Thomas d’Aquin, après quarante-huit heures de sé¬
questration absolue, eurent enfin la faculté de franchir le seuil de leurs demeures), M. de
Schœnefeld avait eu la satisfaction de constater lui-même que les collections de la Société
étaient parfaitement intactes, malgré l’épouvantable lutte qui la veille avait criblé de pro¬
jectiles la plupart des édifices de la rue de Grenelle et plus ou moins complètement dé¬
truit un grand nombre des maisons de la rue du Bac. • — Le lendemain jeudi, il était allé
aussi- s’assurer que les nombreux exemplaires du Bulletin déposés chez le brocheur, ainsi
que les manuscrits confiés à l’imprimerie de M. Martinet, n’avaient éprouvé aucun dom¬
mage. ( Note de M. Je Pi'csidevt de la Société .)
SÉANCE DU 9 JUIN 1871.
63
tinet, comme membre de la Société, admission prononcée à titre
provisoire par les Membres réunis le 12 mai.
M. le Secrétaire général donne lecture de la délibération suivante,
prise le 31 mars dernier par les deux seuls membres présents de
la Commission électorale :
La Commission de sept membres, chargée de dresser une liste de candidats
pour les élections fixées par le Conseil au 7 avril 1871, a été dûment convo¬
quée pour aujourd’hui 31 mars.
Les deux membres soussignés sont seuls présents, les autres étant absents
de Paris et ne pouvant y rentrer par cas de force majeure.
La Commission, considérant que, ainsi réduite, elle ne peut fonctionner
utilement;
Considérant, en outre, que la ville de Paris se trouve en ce moment dans
une situation tout exceptionnelle par suite d’événements que le Conseil ne
pouvait prévoir lorsqu’il a, le 8 de ce mois, fixé les élections au 7 avril ;
Enfin, considérant surtout que l’interruption des relations postales, même
dans l’enceinte de Paris, ne permet pas plus d’expédier des convocations que
de recevoir des bulletins de vote ;
Invite M. le Secrétaire général à suspendre toute opération relative aux
élections.
Les membres de la Commission ,
A. Lasègue, P. Duchartre.
M. de Schœnefeld ajoute que les élections pour le renouvelle¬
ment du Bureau et du Conseil, n’ayant pu avoir lieu (par suite des
graves événements politiques) ni en janvier, ni en avril dernier, il
il y aurait lieu de fixer une nouvelle date pour ces élections, ou de
les ajourner au mois de janvier prochain.
Sur la proposition de M.E.Cosson, la Société renvoie la discussion
de cette question à la prochaine séance. Une convocation ad hoc
sera adressée à tous ceux des Membres qui ont un domicile à
Paris.
M. le Secrétaire général donne lecture de la déclaration sui¬
vante faite le 29 mai à l’Académie des sciences, par M. Chevreul,
directeur du Muséum d’histoire naturelle de Paris :
DÉCLARATION DE m. CUEVBEUL.
C’est avec une satisfaction bien vive que j’annonce à l’Académie que le
Muséum d’histoire naturelle a heureusement échappé aux dangers qu’il a
(54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
courus et à l’incendie dont il fut menacé toute la journée du mercredi *24 mai.
Les dommages qu’il a éprouvés sont peu de chose relativement à ce qui
pouvait arriver.
Qu’il me soit permis de dire à l’Académie combien nos confrères, M. De-
caisne pour les serres et les jardins, M. Milne Edwards pour la ménagerie et
les collections de son service, M. Delafosse pour les galeries de minéralogie et
de géologie, et M. de Quatrefages pour la galerie d’anthropologie, ont déployé
de zèle et d’activité dans cette circonstance où toutes les collections du Muséum
pouvaient être anéanties.
Combien j’ai regretté que notre confrère M. Blanchard et M. le professeur
Deshayes, logés loin de nous, aient, pour celte raison, été obligés d’interrompre
de temps en temps les services qu’ils ont rendus au Muséum, empêchés par
la force d’y parvenir lorsqu'ils l’auraient voulu.
Enfin M. Gervais, logé hors de l’établissement, mais dans son voisinage,
n’a épargné ni son temps ni sa vie même pour veiller à la conservation des
collections de l’anatomie comparée.
Dans les circonstances si graves auxquelles nous venons d’échapper, il est
de mon devoir de dire aux amis de la science ce qu’ils doivent de remercî-
ments aux professeurs du Muséum dont je viens de citer les noms.
Lecture est donnée d’une lettre de M. Leybardie, qui se dis-
pose à explorer l’île de Madagascar, et offre ses services à la
Société à cette occasion. M. le Secrétaire général est invité à répon¬
dre à M. Leybardie que la Société accueillera avec intérêt les com-
munications botaniques qu’il voudra bien lui envoyer, et s’efforcera
de concourir au placement des récoltes de plantes qu’il sera à
même de faire durant son voyage.
M. Ghatin annonce qu’il a récemment trouvé, dans le parc de
Meudon, X Euphorbia dulcis et le Poa sudetica; près des Essarts-
le-Roi (Seine-et-Oise), X Orchis viridis et X Asperula galioides.
M. Cosson annonce que M. Mouillefarine a constaté, à Neuilly-
sur-Seine, le Trifolium resvpinatum , dont les graines ont proba¬
blement été apportées avec des fourrages destinés aux armées qui
ont assiégé Paris.
M. Gosson signale l’abondance de Y Anacharis Alsinastrum dans
les fossés aquatiques peu profonds des environs d’Oslende (Bel¬
gique) ; il y a observé cette plante au mois d’avril de cette année.
M. l’abbé Cbaboisseau fait à la Société la communication sui¬
vante :
SÉANCE DU 9 JUIN 1871.
65
SUR QUELQUES CHARACÉES DES BASSINS DE VERSAILLES ET DES ÉTANGS CIRCONVOISINS,
par II. S‘aï»î»é CUiBOPSEilU.
J’ai eu la bonne chance de rencontrer, le 12 mai dernier, à Versailles, une
superbe colonie de Chara aspera Willd. Cette espèce dioïque, qui se repro¬
duit facilement par les nombreux bulbilles dont ses racines sont chargées,
habite en grande quantité dans trois des bassins du parc, sans que jamais les
sexes soient réunis. Ainsi les individus mâles se trouvent seuls dans le petit
bassin circulaire de la terrasse (dite Parterre d'eau), au-dessus de l’Orangerie
et tout à côté de l’aile sud du palais, qui contient la galerie des Batailles; *
tandis que les individus femelles sont seuls dans le bassin d’Encelade, et aussi
dans un autre petit bassin circulaire du parterre, à droite et immédiatement
au-dessous du bassin de Latone (1).
Cette singulière distribution fait supposer que Sa propagation r»’est faite, dans
chaque bassin, par un individu unique et par les racines, les nucules, quoi¬
que bien conformées, n’ayant jamais germé, par suite de l’absence des anthé-
ridies. Il serait difficile d’expliquer la présence de cette espèce en pareil lieu :
je ne doute pas qu’elle ne provienne d’un étang des environs, où on ne l’a pas
encore observée. Toujours est-il qu’elle doit s’être introduite depuis plusieurs
années.
La colonie est nombreuse; elle ne se tient que dans des bassins pavés et
dans les lignes formées par les interstices des pierres, l'a où s’accumulent le
sable et les détritus. Les bassins n’ont pas été nettoyés à fond depuis plusieurs
années, et du reste les bulbilles échappent facilement à la destruction. La
plante manque généralement là où le pavage a subi des réparations depuis
quatre ou cinq ans. Je ne l’ai vue dans aucun des bassins qui ne sont pas pa¬
vés, ni dans ceux où l’eau un peu plus profonde met le végétal dans de mau¬
vaises conditions de respiration et surtout de lumière. On sait que les Chara-
cées sont délicates sur les conditions de développement, et qu’elles restent
souvent plusieurs années avant de reparaître. Il pourrait donc se faire que je
fusse arrivé à point pour surprendre le Chara aspera dans une année favorable.
Cependant l’abondance des bulbilles est un gage de réapparition constante, et
je crois plutôt qu’il n’a pas été aperçu jusqu’ici, parce qu’on ne songe guère
à faire une herborisation sérieuse en se promenant sur la terrasse de Versailles,
lia fallu les vacances forcées que m’ont faites les événements pour attirer
mon attention sur cette espèce en pareil lieu.
J’ai visité à la môme époque l’étang de Trou-Salé et celui de Trappes. Le
premier était à sec. Dans le second, à moitié vide et très-vaseux, j’ai vu en
(1) Ce bassin et celui qui lui sert de pendant du côté gauche sont désignés, suq les
plans du parc, sous le nom de bassins des lézards.
T. XVIII. (SÉANCfcS) 5
66
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
abondance le Nitelia opaca Ag. , et avec lui un Char a encore peu développé,
dioïque, inerme, qui me fait soupçonner un Ch. fragifera, connivens , ou quel¬
que chose de semblable, .le me propose d’y retourner bientôt et de l’étudier.
M. Gosson présente à la Société le travail suivant :
INSTRUCTIONS SUR LES OBSERVATIONS ET LES COLLECTIONS BOTANIQUES A FAIRE
DANS LES VOYAGES, par M. K. COSSO^Ï.
Le développement actuel des relations commerciales entre les peuples, la
facilité et la rapidité des communications rendent de jour en jour les voyages
plus fréquents, et permettent en quelques semaines d’atteindre les pays les
plus éloignés et de parcourir des contrées qui, jusqu’à ces derniers temps,
étaient fermées aux investigations scientifiques. Parmi les voyageurs, il en est
un grand nombre qui, sans faire de la botanique le but spécial de leurs
recherches, n’en ont pas moins le désir de faire profiter cette science de leurs
découvertes et formeraient des collections botaniques s’ils savaient pouvoir en
réunir les éléments sans trop se détourner du but principal de leurs voyages
et le faire facilement et utilement. C’est à eux que s’adressent surtout ces
instructions, restreintes aux notions les plus pratiques concernant l’exploration
botanique d’une contrée, les instruments d’observation, de récolte et de pré¬
paration, le choix et la récolte des échantillons d’herbier, la récolte des
racines, des bulbes, des fruits, des graines et des bois, les notes à prendre
sur les plantes récoltées et leur étiquetage, la préparation des échantillons, les
moyens d’assurer la conservation temporaire des collections, ainsi que les
procédés les plus avantageux pour leur emballage et leur expédition.
I. - — ExpIoratM»» hotaitî(|ue <1 une contrée.
La végétation d’une vaste contrée ou d’une circonscription même peu éten¬
due offre toujours des caractères particuliers plus ou moins nettement tran¬
chés; ces caractères sont nombreux et d’importance diverse. Il n’y a lieu
d’insister ici que sur ceux qui doivent surtout appeler l’attention du voya¬
geur, en négligeant ceux qui résultent de l’étude approfondie de la flore et
qui demandent des travaux de détermination et de statistique impossibles à
réaliser en voyage. Pour ces dernières recherches, le calme du cabinet et l’étude
des grands herbiers et des ouvrages sont indispensables.
Dans l’état actuel des connaissances sur la végétation de la plupart des con¬
trées du globe, il y a plus d’intérêt à explorer avec soin une contrée d’une mé¬
diocre étendue, surtout si elle offre des milieux variés, tels que littoral, prai¬
ries, marais, montagnes, forêts, steppes, terrains cultivés, etc., qu’à parcourir
de grands espaces et à y glaner pour ainsi dire les espèces les plus remarqua¬
bles. Il n’y a guère d’exception à ce précepte général que pour les steppes et
SÉANCE DU 9 JUIN 1871.
67
les déserts dont la végétation est trop uniforme pour offrir à l’observateur de
nouvelles espèces, si ce n’est à de grandes distances (1).
A part l’Europe et une grande partie de l’Amérique du Nord, il est peu
de pays dont la llore soit assez connue pour qu’il n’y ait pas un véritable inté¬
rêt scientifique à ce que le voyageur y recueille toutes ies plantes, même les
moins remarquables et les plus répandues. Parmi ies contrées lointaines,
celles dont l’exploration botanique est la plus imparfaite sont celles qui occu¬
pent l’intérieur des continents et surtout celles que bonne peut atteindre qu’en
traversant de vastes étendues de désert.
Avant d’explorer une contrée, il est indispensable d’étudier préalablement
sa géographie et son orographie, et de prendre un aperçu de sa végétation par
l’examen des herbiers publics ou particuliers dans lesquels sa flore est le pius
largement représentée ; de se procurer les ouvrages botaniques publiés sur le
pays, ou au moins d’en extraire des notes sur les plantes ies pius caractéristi¬
ques, en reproduisant par des calques les planches ou les parties de planches
suffisantes pour faire reconnaître sur le terrain les espèces les plus remar¬
quables.
Le voyageur, alors même qu’il est versé dans les études botaniques, ne
doit emporter avec lui que quelques \olumes bien choisis concernant la flore
du pays qu’il doit parcourir; car s’il recueille des échantillons complets, s’il
prend sur la plante vivante des croquis et des notes pour les caractères les
plus fugaces, s’il prépare avec soin des fleurs ou des parties de fleurs, des
sommités florifères ou fructifères, s’il conserve dans l’alcool les fleurs et les
autres parties que la dessiccation peut altérer, etc., il sera bien mieux à même,
après son retour, d’arriver à des déterminations précises que par l’étude, trop
souvent imparfaite, qu’il ferait dans le cours de ses explorations. Si la végé¬
tation d’un pays a été 1 objet d’une llore locale, ou au moins d’un catalogue,
il devra se borner à ces livres, qui seront pour lui des guides précieux pour
peu que les notions génériques lui soient familières; car le nombre seul des
espèces de chaque genre qu’il aura recueillies lui montrera si ses récoltes com¬
prennent la plus grande partie des espèces citées. Pour les contrées peu con¬
nues au point de vue botanique, ou qui n’ont pas été l’objet de publications
spéciales et sur lesquelles ies documents se trouvent dispersés dans ies traités
généraux, dans de nombreuses publications ou consignés dans des ouvrages
que leur volume ne permet pas de transporter facilement, le voyageur doit se
borner à un Généra qui lui permette d’arriver au moins à la connaissance
des genres les pius largement représentés ; sans cette notion générique, ses
recherches perdraient pour lui beaucoup de leur intérêt et seraient nécessai¬
rement moins complètes en raison des confusions auxquelles il serait exposé.
(1) Bans les déserts et les dunes du Sahara, chaque degré de latitude n’ajoutera sou
suit qu’une espèce ou deux au nombre des espèces observées.
t>8
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Il est utile, sinon indispensable, d’arriver dans le pays à une saison pendant
laquelle la flore n’est encore représentée que par un petit nombre d’espèces;
on sera ainsi à même de suivre la végétation dans ses développements succes¬
sifs, tout en faisant une reconnaissance rapide des lieux, et de prendre pour
centre de ses recherches les parties qui offrent les milieux les plus variés et
sont par cela même les plus riches au point de vue botanique. Dans l’explora¬
tion du pays, il faut visiter successivement ses diverses parties en se guidant
sur le degré de développement de la végétation ; on doit commencer parcelles
dont la végétation est la plus précoce, et y revenir, si c’est possible, à une
saison plus avancée, pour y recueillir les espèces à floraison tardive et des
échantillons en fruits des espèces déjà vues en fleurs. Du reste, il vaut généra¬
lement mieux herboriser à une saison un peu avancée qu’à une saison trop
précoce; on aura ainsi presque toujours des échantillons complets, c’est-à-dire
portant à la fois des fleurs et des fruits, et l’on sera à même de recueillir des
graines, des souches ou des bulbes des plantes que l’on ne trouvera qu’en
fruits. Un assez grand nombre d’espèces croissent également dans la plaine et
dans la montagne, et il sera souvent facile de trouver à des altitudes plus grandes
des échantillons en fleurs des plantes déjà défleuries dans les plaines. Pour les
espèces qui ne s’élèvent pas dans la montagne, on en rencontrera souvent,
après la saison des pluies, des repousses fleuries, si toutefois on ne les a pas
encore trouvées en fleurs dans des lieux plus frais ou plus ombragés que ceux
où elles croissent ordinairement.
Le voyageur devra prendre note de l’importance relative des familles qui
sont le plus largement représentées dans la flore, soit par le nombre des
espèces, soit par celui des individus, et qui donnent à cette flore son type
spécial. Cet ordre d’importance pourra être modifié par des études ultérieures,
mais cette première annotation aura, comme M. Alph. de Candolle l’a si judi¬
cieusement fait observer (1), l’avantage d’appeler surtout l’attention sur les
plantes qui, par leur abondance, sont essentiellement caractéristiques. — Pour
compléter les données fournies par l’importance relative des familles, i! est très-
utile de noter celles qui sont à peine représentées dans le pays ou qui y
manquent complètement, et cette dernière donnée a d’autant plus de valeur
que les conditions générales du climat auraient pu, au contraire, faire croire
à priori que les plantes de ces familles devaient y exister.
Les plantes des diverses familles se combinant d’une manière très-diffé¬
rente selon les contrées, il esl important de tenir compte de leurs combinaisons
aux diverses stations, ces combinaisons constituant un caractère souvent tout
aussi essentiel que celui de la prééminence de telle ou telle famille.
Pour les genres, il faut observer, comme pour les familles, ceux qui sont le
plus largement représentés, soit par le nombre des espèces, soit par celui des
(1) Alph. de Candolle, Caractères qui distinguent la végétation d’une contrée.
SÉANCE DU 9 JUIN 1871.
69
individus, et ceux qui, en raison des dimensions qu’atteigueni leurs espèces,
ou au moins une partie de leurs espèces, donnent au pays son aspect général.
Les mêmes principes doivent être appliqués aux espèces. Ainsi l’attention
devra se porter surtout sur les plantes spontanées les plus communes, parti¬
culièrement sur celles qui dominent dans e pays, ainsi que sur les plantes carac¬
téristiques, c’est-à-dire celles qui sont les plus remarquables, soit par leurs
formes, soit par leurs dimensions, quelle que soit d’ailleurs leur abondance. On
devra s’appliquer à n’omettre aucun des arbres et des arbrisseaux qui forment
l’essence principale des bois et des broussailles. Trop souvent le botaniste ne
rapporte que des échantillons imparfaits de ces végétaux, dont il remet de jour
en jour la récolte à cause meme de leur fréquence on de la difficulté qu’il a
quelquefois, en raison de leur hauteur, d’en obtenir de bons échantillons.
Après ces grands végétaux, viennent comme importance les plantes les
plus répandues et qui, sur les divers points explorés, constituent le fond de la
végétation, surtout celles qui croissent en dehors des cultures et loin des habi¬
tations, et forment la base des prairies naturelles et des pâturages. Si, en raison
des circonstances, on doit négliger quelques espèces, que ce soient surtout
les plantes dites rudérales , propres au voisinage des lieux habités, croissant
dans les jardins, les terrains cultivés, les lieux habituels de campement, auprès
des puits, des aiguades, sur les décombres, etc ; ces plantes qui accompagnent
l’homme sont souvent cosmopolites et offrent par cela même une importance
moindre au point de vue de la géographie botanique. Il en est de même pour
un grand nombre de plantes des moissons que l'homme multiplie pur des
semis involontaires et parles labours qui, en ameublissant le sol, en font dis¬
paraître les plantes réellement indigènes qui l’occupaient d’abord. La plupart
de ces plantes sont répandues dans une grande partie du monde ou dans le
monde entier, et leur véritable patrie est souvent inconnue, en raison même
de leur diffusion actuelle due aux circonstances particulières qui favorisent
leur propagation.
Les lieux marécageux ou aquatiques offrent ordinairement une végétation
très-variée (1); mais les plantes de ces stations sont souvent celles qui sont le
(1) On ne saurait trop recommander les précautions hygiéniques à prendre pour l’ex¬
ploration des marais et des bords des eaux à niveau variable, surtout dans les pays chauds,
car on est exposé à y contracter le germe d’affections paludéennes, qui, trop souvent, dé¬
terminent des accidents graves ou mortels, même longtemps après que l’on est soustrait
à la cause qui les a produites. 11 ne faut jamais, avant de pénétrer dans l’eau, négliger de
se débarrasser des vêtements qui pourraient être atteints par elle et de remplacer les
vêtements mouillés, ou au moins de ne les remettre qu’après les avoir fait sécher. Une
recommandation non moins importante est d éviter de passer la nuit dans un campement
exposé aux émanations marécageuses. Il est prudent de prendre du vin de quinquina ou
de l’extrait de quinquina, ou au moins du café ou quelque spiiilueux avant une herbori¬
sation dans les marais. On ne doit séjourner clans les lieux marécageux ni au moment de
la plus forte chaleur, ni au coucher du soleil, et il faut, au préalable, avoir pris un repas
suffisamment réconfortant.
70
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
plus largement répandues non-seulement dans le pays, mais même dans le
monde, et, en raison de ce fait, elles ont une importance moindre au point
de vue de la géographie botanique que celles des terrains secs.
On doit porter son attention d’une manière spéciale sur les végétaux em¬
ployés à des usages alimentaires, médicaux, économiques ou industriels. On
doit également ne négliger aucun de ceux qui sont connus des habitants pour
leurs propriétés vénéneuses.
Les plantes rares sont trop souvent l’objet de la préférence presque exclu¬
sive des voyageurs; ce sont évidemment celles qui ont le moins de valeur
comme caractéristiques d’une flore et qui peuvent être le plus impunément
négligées. Du reste, à part quelques exceptions, et ce fait est surtout particulier
aux flores des îles et des pays de montagnes, ii n’y a que peu de plantes qui,
rares sur un point, ne se rencontrent pas en plus ou moins grande abondance
à des localités plus ou moins éloignées.
Les plantes cultivées en grand, en raison de la large place qu’elles occupent
dans la flore du pays et du caractère spécial qu’elles lui impriment, méritent
une attention particulière. L’explorateur doit noter si elles occupent ou non
de larges espaces, et constater, toutes les fois qu’il le pourra, si leur culture
remonte à des temps déjà anciens, ou si, au contraire, elles sont d’introduction
récente.
Les milieux divers dans lesquels les plantes peuvent croître constituent
leurs stations. Il faut noter les stations principales que présentent les contrées
parcourues, en les classant d’après l’étendue qu’elles occupent; cette mention
fournira les notions les plus utiles sur les caractères généraux de la flore. En
effet, chaque station, telles que les prairies, les forêts, les marais, les rivières,
les sables, les rochers, les terrains salés, les champs cultivés ou incultes, etc.,
offre un certain nombre de plantes particulières. — Les aspects variés que
peut présenter la végétation à chaque station doivent être soigneusement
constatés en tenant compte des végétaux qui lui donnent ses principaux
caractères.
La fréquence ou la rareté des végétaux appartenant à certaines grandes caté¬
gories physiognoinoniques, telles que les plantes grasses, les plantes à feuilles
persistantes ou aciculées, les plantes annuelles, les plantes vivaces, les plantes
épiphytes, etc., ne doit pas être négligée; car ce caractère, bien que d’une
importance moindre que les précédents, contribue aussi à donner à la flore un
type spécial.
Toutes les observations qui viennent d’être indiquées doivent être prises
pour l’ensemble du pays, pour ses diverses régions naturelles et pour les sta¬
tions principales que l’on y rencontre, lorsque ces régions et ces stations offrent
des caractères particuliers.
C’est surtout dans les pays montagneux que la flore offre des différences très-
tranchées selon l’altitude. Les diverses zones de la végétation seront carac-
SÉANCE DU 9 JUIN 1871.
71
lérisées par les végétaux ligneux qui y dominent, et celles dépourvues de bois
et de broussailles le seront par leurs plantes les plus abondantes et les plus re¬
marquables. Les limites inférieure et supérieure de ces zones, ainsi que leur
altitude moyenne, doivent être déterminées au moyen de baromètres ou d’hyp-
somètres bien réglés ( I).
Lorsqu’on a déterminé, au moyen du baromètre ou de l’hypsomètre, l’alti¬
tude des zones des végétaux caractéristiques, on peut y rattacher les plantes
qui croissent avec eux, et avoir ainsi des données presque complètes sans mul¬
tiplier outre mesure les observations.
Les déterminations d’altitude sont importantes non-seulement dans les pays
dont la topographie a été peu étudiée, mais même dans ceux pour lesquels
existent les meilleures cartes donnant ces indications ; car ce qui intéresse
surtout le naturaliste, c’est bien plutôt l’altitude des zones végétales que celle
des points culminants, qui n’ont souvent pour la fiore qn’une valeur secon¬
daire. Dans le cas où des observations barométriques n’auraient pas été exécu¬
tées, l’ordre de superposition des zones végétales noté avec soin fournira de
(1) L’altitude devant être établie aussi exactement que possible, il est indispensable,
pour une exploration sérieuse, de se munir d un ou de plusieurs baromètres Fortin,
le moins fragile et le plus simple des baromètres à mercure, en emportant des tubes
de rechange et du mercure pour être à même de remonter l’instrument en cas de fracture
du tube. Il est avantageux de se munir aussi d’un ou de plusieurs baromètres anéroïdes
(système Vidi ou Bourdon), bien réglés sous la cloche de la machine pneumatique: Ces
derniers baromètres sont très-utiles pour déterminer l’altitude des zones végétales, car ils
permettent de multiplier les observations, en raison même de la facilité avec laquelle
elles peuvent être prises; mais il ne faut avoir dans ces instruments portatifs qu’une
confiance relative pour les observations prises dans le cours d’un voyage : en effet, les
secousses du cheval ou de la voiture troublent souvent leur marche; de plus, les obser¬
vations dans les montagnes doivent être faites en gravissant les pentes et non en les
descendant, car, dans ce dernier cas, la cuvette métallique du baromètre anéroïde étant
quelquefois assez longtemps à reprendre son élasticité, on pourrait avoir îles résultats très-
incorrects. Les baromètres anéroïdes, dont la marche, comme nous l’avons déjà dit, est
souvent troublée dans le cours d’un voyage rapide, sont, au contraire, des instruments
précieux pour les observations à poste fixe, et ils fourniront le moyen facile d’établir des
points de repère pour la détermination des altitudes. En effet, lorsqu’ils ont été réglés
d’après un bon baromètre à mercure et contrôlés par une série suffisante d’observations,
étant soustraits aux causes de perturbation que peuvent causer dans leur marche les
secousses auxquelles ils sont exposés dans un voyage, leurs indications seront très-suffi¬
santes pour servir de moyen de comparaison à celles que l’on prendra sur les divers points
que l’on explorera. Les faibles erreurs de lecture que pourra commettre l’observateur
chargé des observations à poste fixe seront presque insignifiantes, pour peu qu’il soit
exercé, et d’ailleurs ces erreurs disparaîtront presque complètement dans l’établissement
d’une moyenne comprenant un certain nombre d’observations. — Pour suppléer au besoin
au baromètre, le voyageur peut utilement aussi se munir d’un hypsomètre. Les indica¬
tions fournies par cet instrument n’ont pas, il est vrai, toute la valeur des observations
barométriques, mais elles peuvent donner des approximations généralement suffisantes
pour la détermination des limites des zones végétales. — Un observateur exercé pourrait,
s’il était dépourvu de baromètre et d’hypsomètre, avec un simple thermomètre à mer¬
cure bien réglé et à divisions assez larges, en évaluant à l’œil les dixièmes de degré,
apprécier la température à laquelle a lieu l’ébullition de l’eau, et, au moyen des tables
hypsométriques, arriver à des indications d’altitude déjà très-utiles.
72
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
précieux repères pour juger approximativement de l’altitude à laquelle croît
telle ou telle espèce, en la rapportant à la zone dans laquelle elle a été obser¬
vée; mais il va sans dire qu’il 11e faut pas omettre de mentionner si la plante
existe dans toute l’étendue d’une des zones, si elle se rencontre dans deux ou
plusieurs de ces zones, ou si, au contraire, elle ne se trouve que dans la partie
supérieure ou inférieure de l’une d’elles. Il est évident que dire d’une plante
qu’elle se rencontre sur un point de l’Europe dans la zone du Chêne, du
Hêtre, du Mélèze, etc., ne donne qu’une idée vague de l’altitude à laquelle
elle croît, mais celte notion devient plus précise si i’on mentionne qu’elle
n’existe qu’à la limite supérieure ou inférieure de la zone caractérisée par
l’un de ces arbres.
Des thermomètres à mercure, bien réglés et gradués sur tige, serviront à
observer les températures atmosphériques aux diverses heures de la journée,
leurs maxima et leurs minima, et celles non moins importantes du sol à sa
surface et à des profondeurs diverses; les observai ions de la température du
sol permettront souvent de juger de son degré d’humidité, car l’abaissement
de la température à une faible profondeur sera d’autant plus rapide que l’eau
contenue dans le sol sera en plus grande abondance, comme cela a lieu souvent
dans les dunes, au bord de la mer et dans les déserts.
I! serait avantageux d’avoir en outre à sa disposition des thermomètres
maxima et minima ; surtout si l’on peut les laisser un certain temps en expé¬
rience, après les avoir placés dans des conditions convenables, ils permettront
d’apprécier les variations de température de l’atmosphère et du sol, et l’in¬
tensité du rayonnement pendant la nuit.
Il est indispensable de noter la profondeur des puits et leur température,
ainsi que celle des sources, de même que la durée des pluies, leur saison
habituelle, leur fréquence ou leur rareté, leur abondance, la présence ou
l’absence de neige ou de glace, l’épaisseur de leurs couches, la date des pre¬
miers et des derniers froids, les températures maxima et minima de l’at¬
mosphère et du sol aux diverses saisons, etc. En un mot, toutes les obser¬
vations qui peuvent contribuer à faire connaître le climat doivent être consi¬
gnées sur le carnet du voyageur explorateur.
Le botaniste voyageur doit se munir de médicaments propres à combattre
les affections les plus communes dans les pays qu’il doit visiter. S’il n’est pas
médecin, il devra étudier les caractères généraux de ces affections et les
moyens les plus propres à les combattre. Avec un petit nombre de médica¬
ments bien choisis et quelques instruments de petite chirurgie, on peut non-
seulement se préserver souvent d’accidents graves, mais encore, par les soins
que l’on donnera aux malades, se rendre facile l’accès des contrées habitées
par des populations fanatiques ou presque hostiles.
Dans presque tous les pays peu civilisés ou habités par des peuplades sau¬
vages, l’Européen est considéré comme médecin et respecté en cette qualité.
SÉANCE DU 9 JUIN 1871.
73
On négligerait un moyen important de sécurité, si Ton ne se mettait à même
d’entretenir ces bonnes dispositions (1).
{La suite à la prochaine séance.)
M. Cauvet fait à la Société la communication suivante et met sous
les yeux des Membres présents de nombreux dessins à l’appui.
STRUCTURE DU RICIN D’AFRIQUE, par II. CA t TV .8.3 T.
Pendant mon séjour à Bougie (Algérie), je voulus étudier comparativement
la structure du Ricin commun et celle de l’Euphorbe arborescente (Eu-
phorbia dendroides).
On sait que le Ricin d’Afrique devient un arbre de moyenne grandeur, et
que le tissu ligneux y occupe un espace beaucoup plus considérable que chez
le Ricin cultivé en France.
Sans atteindre les mômes dimensions, l’Euphorbe arborescente acquiert
néanmoins une taille et une grosseur suffisantes pour qu’on puisse la ranger
parmi les arbustes.
Je ne savais pas si l’étude comparée de ces deux Euphorbiacées avait été
faite, et je pensais qu’il serait intéressant de rechercher si des végétaux d’une
même famille, mais appartenant à des tribus différentes, possèdent ou non la
même structure.
Malheureusement, la guerre a interrompu ce travail avant que j’eusse ter-
(1) On pardonnera au médecin cette digression presque étrangère au sujet de cet
article, en raison de son importance capitale, surtout dans les contrées habitées par les
peuples d’origine orientale, qui ont pour le médecin européen une estime qui le leur fait
respecter presque à l'égal de leurs marabouts qu’ils entourent d’une si grande vénération.
C’est pour ne pas avoir tenu compte de cette donnée si importante que les explorateurs
de l’Afrique centrale ont été si souvent victimes, dans le cours de leurs voyages à travers
des pays malsains, de leur zèle et de leur dévouement pour la science. On n’aurait
peut-être pas à déplorer la perte cruelle que la Société de géographie vient de faire d’un
de ses membres les plus dévoués, voyageur intrépide, s’il ne se lût pas laissé entraîner par
son ardeur môme à braver, sans avoir tous les moyens de les combattre, les dangers
d’un climat meurtrier.
La connaissance de la flore du Maroc, et spécialement celle des hautes montagnes de
ce pays, encore d’un accès si difficile et si dangereux, malgré son voisinage de l’Europe,
est un des desiderata de la science. Il n'est pas douteux cependant qu’un médecin ne
puisse se concilier le bon vouloir des populations fanatiques de cette contrée et de leurs
chefs, et aborder enfin les sommités neigeuses encore inexplorées de ces montagnes qui
promettent à la botanique de précieux documents. Il lui suffirait de séjourner quelque
temps dans les villes les plus voisines, d’y faire reconnaître sa qualité de lebib, et il pour¬
rait être certain, grâce au prestige médical, après avoir conjuré l’ombrageuse méfiance
des chefs arabes, de trouver auprès des populations berbères de la montagne non-seule¬
ment la sécurité, mais même une cordiale hospitalité (voir les renseignements donnés
par M. Balansa [Bull. Soc. géogr. avril 1868] sur la bienveillance que lui ont témoi¬
gnée les habitants des hautes montagnes situées au sud-ouest de la ville de Maroc, bien
veillance qui fait un heureux contraste avec la perfidie des chefs arabes).
Ih
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
miné l’étude du Ricin. Quant à l’Euphorbe, je n’ai pu examiner qu’une coupe
de la racine.
Dans cette communication, je me bornerai donc, pour le moment, à l’exposé
de mes recherches sur le Ricin, et je ferai connaître aujourd’hui la structure
du Ricin d’un an.
J’aurai l’honneur de mettre sous les yeux de la Société des figures histolo¬
giques dessinées à la chambre claire, avec un grossissement de 400/1.
Première partie.
A. Radicelles. — Sur une radicelle d’environ 1 centimètre 1/2 de dia¬
mètre, l’épiderme n’existe plus. Je n’ai jamais trouvé, à sa place, celle couche
simple ou multiple de cellules singulières, bombées et épaissies en dehors,
minces en dedans et à lumen d’ordinaire très-excentrique, couche que les
Allemands ont nommée epiblema.
Le suber est formé de cellules jaunes, plus ou moins exfoliées, recouvrant
un tissu à parois très-minces, à mailles irrégulières, en général allongées tan-
gentiellement, parfois presque carrées.
Quelques-unes renferment des groupes de cristaux disposés en rosaces.
Les cellules corticales sont remplies de fécule (août 1870) à grains arrondis ou
elliptiques, marqués d’un hile central et de grosseur à peu près uniforme.
Beaucoup de ces cellules contiennent, en outre, des groupes de cristaux
semblables à ceux du suber.
Les cellules corticales sont le plus souvent ovoïdes ou ovales. Au sein du
tissu qu’elles constituent, se trouvent de petits amas de fd)res (?) ou canaux (?)
à parois peu épaisses, tantôt vides, tantôt occupées par une formation cylin¬
drique, distincte de la paroi du canal et plus ou moins ratatinée. Le cylindre
cavitaire est pourvu d’un lumen de grandeur variable : ii se montre comme
une fibre enchâssée dans une autre.
Si l’on traite ce tissu par une solution de potasse au huitième pour 100, la
matière du cylindre cavitaire s’épaissit beaucoup et s’applique contre la paroi
interne de la fibre enveloppante, tandis que son lumen se rétrécit et que des
stries circulaires se dessinent dans son épaisseur.
Ces éléments, qui, tout d’abord, ressemblaient à des laticifères, offrent
alors un aspect comparable à celui des fibres libériennes.
Sont-ce là de jeunes fibres ou des cellules scléreuses (pachydermes?)? Un
traitement par l’acide chlorhydrique dilué m’aurait sans doute permis de
résoudre cette question, si j’avais eu le temps de terminer cette étude.
Toutefois la grande longueur des éléments litigieux ne permet guère de
les rapporter aux cellules pachydermes. Le cylindre cavitaire est-il issu de la
paroi de la fibre? Le lumen de celte formation est parfois double; elle est
normalement distincte de la fibre et ne peut être regardée comme une pro-
SÉANCE DU 9 JUIN 1871. 75
duction de cette paroi, si, comme ou l'admet généralement, l 'épaississement
des cellules s’effectue par intussusception.
Au voisinage de la zone génératrice, ces fibres sont moins épaisses et vides
ou garnies d’un cylindre à lumen plus grand.
La zone génératrice se distingue nettement de l’écorce. Elle est formée
d’éléments très-fins, allongés tangentiellement, disposés en séries régulières,
et pourvus d’une mince paroi.
Le corps ligneux se compose de fibres dont l’épaisseur augmente rapide¬
ment et présente des vaisseaux ponctués assez grands. En de certains points,
les méats interfibreux sont occupés par des canaux très-petits.
Les cellules des rayons médullaires sont disposées en séries simples ou
doubles, finement ponctuées, plus grandes, en général, que les libres voisines
et souvent séparées d’elles par des parois très-minces.
Le centre de la radicelle est occupé par des vaisseaux d’un calibre plus
faible que celui des vaisseaux du bois, et par des fibres à parois peu épaisses.
Ce tissu central ne se distingue du bois que par l’étroitesse plus grande de ses
éléments.
B. Racine. — Dans une racine de 6 millimètres environ, l’épiderme n’existe
pas. Le tissu subéreux est formé de cellules minces, incolores ou brunâtres,
déprimées et ratatinées, selon qu’elles sont vivantes ou exfoliées On y trouve
parfois un peu de fécuie.
Les cellules corticales sont grandes, ovales, irrégulières, gorgées de fécule ;
quelques-unes offrent une teinte lie de vin.
La coupe transversale ne présente pas toujours des cellules à cristaux; on
y observe seulement, par places, des taches brunes, occupant tonte l’étendue
de quelques cellules.
Sur la coupe longitudinale (radiale), au contraire, les cellules à cristaux
sont relativement nombreuses, mais réunies par petits groupes au milieu des
cellules à fécule.
Les fibres (?) corticales ont une épaisseur à peu près égale; leurs parois
extérieures, propres, sont d’ordinaire bien visibles ; les diverses couches in¬
ternes s’y montrent distinctement, sans le secours d’aucun réactif.
Ces fibres sont réunies en amas composés d’un petit nombre d’éléments.
Elles ont une grande longueur et se terminent généralement en une pointe
effilée. Leur cavité médiane est souvent presque obstruée par des expansions
plus ou moins irrégulières, issues de la couche d’épaississement. Te n’ai jamais
vu d’ouvertures dans leurs parois, et leur canal ne m’a point semblé contenir
de liquide.
Au voisinage de la zone génératrice, se trouve un tissu brun clair, à cel¬
lules quadrilatères, parfois allongées radialement et remplies d’une substance
mal définie, au sein de laquelle se montrent de petits amas cristallins disposés
en rosace.
76 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Les jeunes vaisseaux, situés dans !a zone génératrice ou dans l’aubier, sont
petits et composés de cellules allongées juxtaposées. Au premier abord, ils res¬
semblent à des trachées, tant les raies que présentent leurs parois sont
longues par rapport au diamètre de chacune des cellules constitutives. Je ne
sais si le calibre de ces vaisseaux change rapidement ou si les cloisons juxta¬
posées de plusieurs cellules sont résorbées de très-bonne heure, mais la plupart
des vaisseaux voisins sont fort grands. On trouve, toutefois, au sein du tissu
ligneux, quelques vaisseaux rayés, d’un diamètre relativement petit.
Les fibres ligneuses ont des parois minces. Celles qui entourent les vais¬
seaux ou qui bordent les rayons médullaires sont littéralement farcies de
fécule.
Les vaisseaux sont, en général, très-grands et rayés ou ponctués. Ils se
terminent d’ordinaire en une pointe courte, par un biseau, qui se juxtapose au
biseau inverse de l’autre vaisseau. La paroi de séparation m’a semblé perforée.
Quelques vaisseaux disséminés dans le bois ont des parois assez épaisses,
jaune d’or, et leur canal est tantôt vide, tantôt obstrué de matières jaunâtres,
soit libres, soit adhérentes.
Leurs parois n’offrent pas les perforations lenticulaires qui distinguent la
plupart des vaisseaux du Ricin. (On en verra de nombreux exemples dans
l’étude de la tige.)
Certains autres, situés entre deux vaisseaux régulièrement constitués, sont
amincis vers l’une de leurs extrémités qui offre, dans sa cavité, une produc¬
tion celluleuse très-fine, analogue à une dentelle.
Sont-ce là des vaisseaux conducteurs d’une nature particulière?
Enfin, les cellules des rayons médullaires offrent de nombreuses ponctuations
et contiennent beaucoup de fécule. Le centre de la racine est occupé par un
tissu à mailles étroites et à parois assez minces. Ce tissu renferme un peu de
fécule. Il est parcouru par quelques vaisseaux plus petits que ceux du bois,
parfois même d’un calibre à peine plus grand que celui des fibres ambiantes.
En examinant une coupe longitudinale, passant par le milieu de la racine,
j’ai vu le centre de ma préparation occupé par un tissu singulier, qui parais¬
sait isolé au sein du bois et présentait la forme d’un ovoïde très-allongé.
Ce tissu a une teinte générale rose; il est formé de cellules minces, régu¬
lières, finement ponctuées, très-petites au centre de la préparation, d’autant
plus grandes, au contraire, qu’elles sont plus extérieures.
Lorsque je pratiquai la section longitudinale de la racine, j’essayai de suivre
une ligne rousse qui paraissait en occuper le centre: le tissu observé devait
donc se retrouver sur un autre point de ma préparation. En l’examinant dans
toute son étendue, je trouvai, en effet, un autre amas du même tissu, moins
bien défini, mais composé d’éléments rosés et tout aussi étroits.
Un examen comparatif de ce tissu et du tissu central de la racine montre
que leurs éléments différaient par la grandeur des cellules médianes, par
SÉANCE DU 9 JUIN 1871.
/ /
l’épaisseur de leurs parois et surtout par la constitution des cellules les plus
extérieures du premier comparées à celles des libres du second.
Les fibres du tissu central sont, d’ailleurs, allongées dans le sens de l’axe
de la racine, tandis que les cellules du tissu nouveau sont à peu près d’égales
dimensions dans tous les sens.
Le tissu en litige paraît donc être formé par des amas d’éléments sécréteurs
espacés dans la longueur de la racine. Lien ne prouve, toutefois, que cette
opinion soit fondée. La racine du Ricin peut, en effet, avoir son parasite comme
tant d’autres; dans ce cas, le tissu observé serait analogue à celui que j’avais
trouvé dans une racine de Ciste, prétendue saine, et que tout d’abord j’avais
rapporté à une moelle.
M, Cauvet dépose ensuite sur le bureau la liste suivante :
LISTE DES PLANTES RÉCOLTÉES AUX ENVIRONS DE BOUGIE, PENDANT L’ANNÉE 1870,
par M. D. CîAUVKT.
Les environs de Bougie sont peu fréquentés par les botanistes ; je ne saurais
exprimer trop de regrets à cet égard. La flore de cette région est très-riche,
et pourtant c’est à peine si elle est mentionnée dans les catalogues : aussi ai-je
eu la facile satisfaction de voir que, parmi les plantes récoltées en six mois,
trois cent cinquante, environ, étaient nouvelles pour la station de Bougie. J’ai
même eu le bonheur de trouver une espèce nouvelle (?) que M. le D' Cosson,
quia bien voulu se charger de la détermination des plantes mentionnées dans
cette liste, a provisoirement nommée Genista stenocarpa, et de recueillir,
avec Heurs et fruits, le Bupleurum plantagineurn Desf. , que, depuis Desfon¬
taines, personne n’avait vu en fleur. Comme je me bornais alors aa simple rôle
de récolteur, on conçoit que je ne puisse tirer vanité de ce qui fut un hasard.
Puisse cette modeste nomenclature de plantes offrir quelque intérêt aux
botanistes et déterminer l’un d’eux à séjourner assez longtemps à Bougie pour
en étudier la flore !
Clematis cirrosa L.
Anernone palmata L.
Adonis autumnalis L.
Ranunculus arvensisL.
— muricatus L.
— palustris L. var. procerus.
— trilobus Desf.
— Philonotis Retz.
Ficaria calthæfolia Rchb.
Nigella damascena L.
Papaver hybridum L.
— dubium L.
Fumaria agraria Lag.
— oflicinalis h.
Sinapis amplexicaulis DU.
— pubescens L. var. circinata.
Sisymbriuin erysimoides Desf.
Biscutella apula L.
Raphanus Raphanistrum L.
Réséda alba L.
Helianthemum guttatum Mill.
Fumana viscida Spach.
— lævipes Spach.
Cistus monspeliensis L.
— salvifolius L.
— villosus Lmk.
Dianthus siculus Presl.
Silene inflata Sin.
78
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
Silene arnbigua Cambess.
— imbricata Desf.
— galiica L.
Lychnis læta Ait.
— Cœli-rosa Desr. var. aspera.
Cerastium glomeratum Thuill.
Linum angustifolium Huds.
— strictum L.
— corymbiferum Desf.
Hypericum dentatum Lois.
— perforatum L.
— repens Poir.
Malva silvestris L.
— parviflora L.
Lavatera cretica L.
— trimestris L.
— olbia L. var. hispida.
Malope malopoides L.
Géranium dissectum L.
— atlanticum Boiss. et Beut.
Buta bracteosa DC.
— angustifolia Pers.
Rhamnus Alaternus L.
Genista ulicina Spach.
— stenocarpa sp. nova (chemin du grand
phare), février.
Ononis alba Pers.
— pendula Desf.
Ànthyllis tetrapbylla L.
— Vulneraria L.
Medicago Gerardi Waldst. et Kit.
— orbicularis Ail.
— denticulala Willd.
— sphærocarpa Ail.
— minima Lmk.
— pentacycla DC.
Melilotus sulcata Desf. var. compacta.
— infesta Guss.
— parviflora Desf.
Trifolium angustifolium L.
— isthmocarpum Brot.
— stellalum L.
— tomentosum L.
— resupinatum L.
— squarrosum L.
— arvense L.
— procumbens L.
Lotus cytisoides L.
— omithopodioides L.
— edulis L.
Tetragonolobus purpureus Mœnch.
Astragalus epiglottis L.
— chlorocyaneus Boiss. et Reut.
— pentaglottis L.
— sesameus L.
Phaca bætica L.
Ornithopus compressus L.
Scorpiurus subvillosà L.
— sulcata L.
Coronilla juncea L.
Hippocrepis unisiliquosa L.
— multisiliquosa L.
Onobrychis Caput-galli Lmk.
Vicia tetrasperma Mœnch var. pubescens.
— Lens Coss. et Germ. (cuit.).
— hybrida L.
— Monardi Boiss.
— saliva L.
— lutea L.
Lathyrus Ochrus DC.
— Clymenum L.
— latifolius L.
Orobus airo-purpureus Desf.
Anagyris fœtida L.
Cralægus Azarolus L.
Poterium ancistroides Desf.
— Magnolii Spach.
— verrucosum Ehrenb.
Myrtus communis L.
Tamarix africana Poir.
Lythrum Grœfleri Ten.
Paronychia argentea Lmk.
Bupleurum plantagineum Desf.
Œnanthe globulosa L.
— anomala Coss. et DR.
Smyrnium Olusatrum L.
Caucalis leptophylla L.
Scandix Pecten-VenerisL.
Daucus parviflorus Desf.
— muricatus L.
Lonicera implexa Ait.
Rubia peregrina L.
Sherardia arvensis L.
Vaillantia muralis L.
Galium saccharatum Ail.
— lucidum Ail.
Asperula lævigata L.
— hirsuta Desf.
— aristala L. f.
Centranthus ruber DC.
Valeriana tuberosa L.
Scabiosa monspeliensis Jacq.
Agératum. . . . (cuit.?).
Asteriscus maritimus Mœnch.
Pallenis spinosa Cass.
Pulicaria odora Rchb.
Inula viscosa Ait.
— graveolens Desf.
Bellis annua L.
— silvestris Cyrill.
Evax pygmæa Pers.
Phagnalon saxatile Cass.
Helichrysum Fontanesii Cambess
Chrysanthemum coronarium L.
— segetum L.
Anacyclus clavatus Pers.
Anthémis fuscata Brot.
— punctata Vahl.
SÉANCE DU 9 JUIN 1 .87 J .
79
Pyrethrum Myconis Mœnch.
Nardosmia fragrans Rchb.
Senecio delphinifolius Vahl.
— erraticus Bert.
— crassifolius Willd.
Calendula arvensis L.
— sufîruticosa Vahl.
Echinops spinosus L.
Centaurea napifolia L.
— pullata L.
Galactites tomentosa Mœnch.
Rhaponticum acaule DC.
Carduncellus cæruleus DC.
Hedypnois cretica Willd.
— polvmorpha DC.
Tolpis umbelîata Bert.
Scorzonera undulata Yahl.
Helminlhia echioides Gærtn.
Urospermum Dalechampii Desf.
— picroides Desf.
Seriola ætnensis L.
Thrincia tuberosa DC.
Hypochœris neapolitana Ten.
Campanula Rapunculus L.
Arbutus Unedo L.
Erica arborea L.
— multiflora L.
Olea europæa L.
Jasminum fruticans L.
Phillyrea latifolia L.
Vincetoxicum officinale Mœnch.
Nerium Oleander L.
Anagallis arvensis L.
— — var. platyphylla.
Chlora grandillora Yiv.
Erythræa Centaurium Pers. var. suffruti-
cosa.
Convolvulus sabatius Yiv.
— althæoides L.
— — var. sericeus.
— Cantabrica L.
— siculus L.
Lithospermum rosmarinifoliurn Ten.
Ëchium plantagineum L.
Anchusa italica Retz.
Cynoglossum cheirifolium L.
— pictum Ait.
Hyoscyamus albus L.
Solanum villosum Lmk.
Scrot'ularia canina L.
Verbascum Blattaria L.
Veronica Anagallis L.
Linaria triphylla Mill.
— rellexa Desf.
Anarrhinum pedatum Desf.
Antirrhinum Orontium L. var. grandiflo-
rum.
Trixago apula Slev.
Orobanche condensata Moris.
Orobanche rninor Sutt.
— amethystea Thuill.
Phelipæa Muteli Schultz.
Lavandula multilida L.
— Stœchas L.
Micromeria græca Benth.
Calaraintha grandillora Mœnch var. parvi-
flora Coss.
Rosmarinus officinalis L.
Salvia Verbenaca L.
Clinopodium vulgare L. var. plumosum.
Stachys hirta L.
Brunella vulgaris L.
Marrubium vulgare L.
Ballota nigra L.
Prasium majus L.
Teucrium flavum L.
— Polium L.
— fruticans L.
Ajuga Iva Schreb.
Plantago Psyllium L.
— Lagopus L.
— macrorrhiza Poir.?
— Serraria L.
Globularia Alypum L.
Polygonum Convolvulus L.
Rumex bucephalophorus L.
Daphné Gnidium L.
Thymelæa hirsuta Endl.
Osyrisalba L.
Aristolochia longa L.
— Fontanesii Boiss. et Bout.
Cytinus Hvpocistis L.
Mercurialis annua L.
Euphorbia Paralias L.
— exigua L.
— dendroides L.
— Peplus L.
Salix pedicellata Desf.
Juniperus Oxycedrus L.
Quercus Pseudosuber Desf.
Pinus halepensis L.
Alisma Plantago L.
Tamus communis L.
Ruscus Hypophyllum L.
Arisarum vulgare Targ.
Arum italicum Mill.
Simethis bicolor Kunth.
Allium triquetrum L.
— nigrum L.
*v
— Chamæmoly L.
— roseuin L.
Ornithogalum arabicum L.
Bellevalia comosa Kunth.
Scilla Aristidis Coss.
Gladiolus byzantinus Mill.
Trichonema Columnæ Rchb.
— Bulbocodium Ker.
Iris Sisyrinchium L.
SO - SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Iris stylosa Desf.
— fœtidissima L.
Ophrys Spéculum Link.
— Scolopax Cav.
— tenlhredinifera Willd.
— bombyliflora Link.
— lutea Cav.
— picta Link.
Aceras anthropophora R. Rr.
Cyperus esculentus L.
Pollinia distachya Spreng.
Penniselum asperifolium Kunth.
Briza maxima L.
Phalaris paradoxa L.
Phalaris brachystachys Link.
Melica minuta L. var. latifolia.
Lagurus ovatus L.
Avena fatua L.
Festuca Myuros L. var. seiuroides.
Promus mollis L.
Dactylis glomerala L.
Ampelodesmos tenax Link.
Lolium perenne L. var. mulliflorum.
Ægilops ovata L. var. triaristata.
Adiantum Capillus-Veneris L.
Pol y podium vulgare L.
Pteris aquilina L
Selaginella denticulaia Koch.
SÉANCE DU 23 JUIN 1871.
PRÉSIDENCE DE M. LASEGUE, ANCIEN PRESIDENT, PUIS DE M. ROZE, VIC E-PRESIDENT.
M. le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la
séance du 9 juin, dont la rédaction est adoptée.
Des lettres spéciales de convocation ayant été adressées à MM. les
Membres résidant à Paris, la Société est appelée à se prononcer
d’une manière définitive au sujet des élections pour le renouvelle¬
ment annuel du Bureau et du Conseil. Après une courte délibération,
la Société, en raison du peu de temps qui nous sépare des vacances,
prolonge jusqu’au 5 janvier prochain les pouvoirs du Bureau et du
Conseil nommés le 7 janvier 1870. Les élections du 5 janvier 1872
auront lieu exactement dans les mêmes conditions où auraient eu
lieu celles qui, par force majeure, n’ont pu être faites ni le 6 jan¬
vier, ni le 7 avril 1871,
Lecture est donnée d’une lettre et d’une proposition de M. le colo¬
nel Paris, tendant à modifier l’article 3 des statuts, à exclure de la
Société tous les nationaux de la Confédération allemande du Nord
et à rompre toutes relations avec les corps savants de ce pays.
Cette grave question est renvoyée à l’examen du Conseil, et lui
sera soumise aussitôt que les circonstances permettront de le réunir
en nombre suffisant ; et la Société se réserve de prendre ensuite une
décision définitive à l’égard de la proposition de M. Paris.
M. Cosson présente à la Société le travail suivant :
SÉANCE DU *23 JUIN 1871.
SI
INSTRUCTIONS SUR LES OBSERVATIONS ET LES COLLECTIONS BOTANIQUES A FAIRE
DANS LES VOYAGES, par II. JB. COSMO* (suite).
II. — Instruments d’observation, de récolte et de préparation
des plantes.
Pour les études rapides qui doivent être faites en voyage on peut se borner
à une loupe à deux ou à trois verres, à un bistouri, un rasoir, une lancette et
deux aiguilles solidement emmanchées, l’une droite, l’autre courbe à son
extrémité ; ces quelques instruments suffiront dans la plupart des cas pour les
coupes et les dissections indispensables devant conduire à la connaissance des
genres. Le microscope et ia loupe montée (1) ne sont guère utiles que pou
les dissections délicates et les études cryptogamiques.
Pour la récolte et la préparation des plantes, la conservation et le transport
des collections, le voyageur doit, avant son départ, indépendamment de plu¬
sieurs rames de papier non collé, se munir de tous les instruments et du
matériel nécessaire. Ces instruments sont peu nombreux et faciles à se pro¬
curer, mais il faut apporter beaucoup de soin à leur choix, car de ce choix
dépend en grande partie le succès botanique du voyage. Les principaux in¬
struments de récolte sont : une pioche courte solidement emmanchée ou un
piochon en forme de marteau à bec allongé; une houlette ou une lame épaisse
et solide en forme de fer de lance ou de couteau-poignard, à deux tranchants,
munie d’un manche solide; un échenilloir, dont on se servira avantageuse¬
ment pour la récolte des échantillons des arbres que l’on pourrait difficilement
atteindre sans lui; plusieurs couteaux et serpettes; une boîte d’herborisation
environ du formai du papier, mais d’une assez grande capacité ; une petite
boîte d’herborisation de poche ; des ilacons bien bouchés (2), destinés à con¬
server dans l’alcool les plantes entières ou les parties de plantes de nature à
(1) M. Nachet a construit, d’après les indications de l’auteur de cet article, un mi¬
croscope très-portatif, muni d’une table à dissection qui, avec un porte-loupe et une
série de doublets, sert aussi de loupe montée.
(2) Les flacons dans lesquels doivent être renfermés les échantillons ou fragments
d’échantillons à conserver dans l’alcool, doivent être munis de bouchons ajustés avec le
plus grand soin pour éviter la déperdition ou l’évaporation du liquide qui se produisent
trop souvent, surtout avec les bouchons de liège. Avec ces bouchons, il est indispensable
de les enduire, ainsi que le col du flacon, d’une couche d’un lut très-tenace qui est
souvent difficile à préparer et à employer en voyage, et qui a l’inconvénient d’empêcher
d’ouvrir le flacon si cela est nécessaire. On ne saurait trop recommander aux naturalistes-
voyageurs de se munir de flacons à bouchage métallique et hermétique du système Jack¬
son (50, rue de la Chaussée-d’Antin, à Paris), qui ont l’avantage de se fermer avec une
grande précision et de pouvoir être ouverts autant de fois qu’il en est besoin, alors même
qu’ils renferment déjà des échantillons plongés dans l’alcool. Lorsque le flacon est plein,
le bouchon métallique peut facilement être scellé par du lut, du mastic ou du plâtre,
que l’on introduit entre la plaque supérieure du bouchon et la cavité du col du flacon.
T. XVIII. (SÉANCES) 6
82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
être altérées par la dessiccation ; des feuilles d’un carton résistant du format
du papier; des planchettes, de dimensions un peu plus grandes, de bois blanc
(peuplier), munies vers leurs extrémités d’une gouttière plate de bois dur (chêne)
qui les empêchera de se déjeter et facilitera e glissement des courroies; des
châssis de bois dur munis de barres transversales et longitudinales; des châssis
de fer, légers, garnis d’un treillage à mailles assez serrées ; des courroies, les
unes de cuir, les autres de coutil fort (dit tirant) pour serrer les presses; du pa¬
pier goudronné pour envelopper les paquets de plantes sèches; de la poudre in¬
secticide, delà benzine ou de l’acide phénique pour préserver ces paquets de
l’atteinte des insectes; des toiles cirées pour protéger contre la pluie les caisses,
les sacs ou les ballots renfermant ces paquets ; des cordes et des ficelles de
diverses grosseurs. — Il n’v a pas lieu d’insister ici sur l’emploi de ces divers
instruments dont l’usage est généralement connu de tous ceux qui ne sont pas
complètement étrangers aux recherches botaniques (1).
On ne saurait trop recommander d’emporter autant de papier que le com¬
portent les moyens de transport dont on disposera et la nature du voyage
que l’on doit exécuter. Le choix du papier à préparation doit être l’objet d’une
attention toute spéciale; il doil être non collé, aussi perméable que possible à
l’humidité, suffisamment résistant. Le meilleur est celui qui renferme des ma¬
tières laineuses, car c’est celui avec lequel on obtiendra la dessiccation la plus ra¬
pide et avec lequel en sera le moins exposé à voir se développer la fermentation
des plantes mises sous presse. On peut dire, comme indication générale, que
plus on aura de papier à interposer en coussins épais entre les feuilles ren¬
fermant les échantillons, moins on aura de peine pour la dessiccation, tout en
obtenant rapidement les meilleurs résultats. Le papier à sécher doit, pour les
traversées et les voyages lointains, être renfermé dans des caisses adaptées à
son format et d’une forme convenable pour pouvoir être, au besoin, facilement
chargées sur des bêtes de somme. Dans le cours des explorations, ces mêmes
caisses serviront à contenir les paquets des plantes entièrement sèches et à les
soustraire ainsi aux chances d’avarie auxquelles elles peuvent être exposées
par les chargements et déchargements successifs. Cette recommandation est
surtout importante pour les pays dans lesquels la sécheresse de l’atmosphère
et une température élevée rendent les échantillons très-fragiles. On ne saurait
trop engager les botanistes voyageurs à adopter, pour le papier destiné aux
préparations de plantes, un format de 62 ou 63 centimètres de longueur sur
26 ou 27 centimètres de largeur, c’est-à-dire d’une grandeur un peu infé¬
rieure à celle de la plupart des herbiers. On évitera ainsi de donner aux
échantillons des dimensions qui les excluraient des collections.
(1) Pour plus de détails, consulter l’ouvrage de M. B. Verlot ( Guide du botaniste her¬
borisant , pages 27-68) et l’article Herborisations du Nouveau Dictionnaire debotani-
que , par M. Germain de Saint-Pierre.
SÉANCE DU 93 JUIN 1871,
83
III. — Choix el récolte des échantillons d’herbier.
Les échantillons d'herbier, recueillis et préparés avec soin, sont la véritable
base de l’étude des plantes, car iis permettent de comparer facilement entre
elles, et au même état de développement, les espèces voisines; ils sont aussi,
comme l’a dit avec une si grande justesse d’expression A. -P. De Candollê; des
documents certains et permanents qui éclairent la classification et la nomen¬
clature. Ce sont, comme le fait observer l’éminent botaniste, des types sau¬
vages plus précieux à observer que les végétaux cultivés dans les jardins,
souvent déformés par la culture. On 11e saurait donc apporter trop de soin au
choix et à la récolte de ces précieux moyens d’étude.
Dans les voyages à pied ou à cheval, et ce sont les seuls qui permettent
d’étudier à fond la flore du pays, il faut que l’attention soit constamment en
éveil et que Pou visite chaque point différant notablement de l’ensemble de la
contrée par l’aspect de sa végétation, par la nature du sol, son degré de sécheresse
oü d’humidité, sa configuration, etc. On arrive ainsi à recueillir en peu de
temps un grand nombre d’espèces. Si, au contraire, on n’herborise qu’aux en¬
virons des centres où l’on séjourne, on peut laisser passer inaperçues un grand
nombre de plantes, et ne pas retrouver en aussi bon état de développement
celles que l’on avait vues aux stations que l’on n’avait fait que traverser. 11
est Utile de s’écarter souvent des chemins fréquentés, car la végétation dans
leur voisinage est généralement modifiée en raison même de leur fréquentation
par l’homme et les animaux domestiques qui a pu en faire disparaître ou, au
contraire, y introduire un certain nombre d’espèces. — Il ne faut jamais re¬
mettre la récolte d’une plante que l’on trouve en bon état de développement,
quelle que soit d’ailleUrs son abondance dans le pays. 11 arrive trop souvent
que dans les collections des voyageurs, ce sont les plantes les plus abondantes
qui ont été négligées, car on est toujours disposé à attendre le jour où l’on
ne sera pas surchargé d’occupation pour procéder à leur récolte; tout
voyageur sérieux ne sait que trop combien sont rares ces journées de
loisir relatif.
Les plantes ne doivent être, autant que possible, récoltées que lorsque les
caractères présentés par leurs divers organes, racine, tige, l’euilies, ileurs,
fruits, graines, ont acquis leur complet développement. Si l’on est à même de
recueillir des échantillons assez nombreux de chaque espèce, il faut repré¬
senter, par la série des échantillons, les diverses périodes de la végétation de
la plante, toutes les variétés ou modifications qu’elle peut présenter, ses
extrêmes de taille, sa taille moyenne, etc. Il va sans dire que l’on doit surtout
s’attacher à la récolte des échantillons en fleurs et en fruits; généralement ces
deux états peuvent se rencontrer sur le même individu, mais il y a lieu de
S A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
procéder à deux récoltes lorsque la plante en fleurs ne porte pas en même
temps des fruits complètement mûrs.
Lorsque la taille de la plante le permet, la souche ou la racine doit être
recueillie entière; mais si elle est trop volumineuse, elle peut être fendue lon¬
gitudinalement avant d’être soumise à la préparation. Il en est de même des
bulbes, dont on doit, en tout cas, ménager les écailles et les tuniques exté¬
rieures qui fournissent souvent des caractères importants.
La tige doit être recueillie entière, lorsque la taille de la plante n’excède pas
la longueur du papier ou lorsqu’elle peut y être renfermée après avoir été re¬
pliée à angles très-aigus une ou deux fois sur elle-même. Il est souvent utile,
pour les échantillons dont la tige doit être repliée, de lui faire subir, au niveau
du pli, un léger écrasement qui lui enlève son élasticité et lui permet de garder
la direction qu’on veut lui donner; pour les tiges très-élastiques il est même
quelquefois indispensable de fixer le pli par une anse de papier fort, de fd ou
de ficelle. Lorsque les tiges ou les rameaux sont trop volumineux pour pou¬
voir entrer dans l’herbier, on obtient souvent de bons échantillons en les
fendant longitudinalement ; il est indispensable d’en agir ainsi lorsque les fleurs
naissent sur le vieux bois de troncs volumineux. Pour les arbres et les arbris¬
seaux, il est utile de prendre des fragments d’écorce et des rondelles munies
de leur écorce du tronc, des branches ou des rameaux, ainsi que des coupes
longitudinales de 2-3 décimètres de longueur et également munies de leur
écorce.
Les feuilles étant souvent différentes de forme dans la partie inférieure de
la plante, dans sa partie moyenne et dans sa partie supérieure, il est indispen¬
sable dans ce cas, si la plante, même repliée, ne peut être contenue dans le
format du papier, de recueillir des fragments de liges munies de feuilles pré¬
sentant ces formes diverses. Un certain nombre de plantes, comme les Om-
bellifères, par exemple, ont souvent les feuilles radicales et inférieures très-
différentes des feuilles caulinaires; on doit recueillir avec soin ces feuilles qui
offrent souvent des caractères importants, alors même qu’elles sont flétries ou
desséchées lors de la floraison; si elles n’existent plus sur les individus en
fleurs ou en fruits, on doit les rechercher sur ceux dont le développement est
moins avancé. Il est même quelquefois indispensable, surtout pour les plantes
bisannuelles, telles que les Carduacées, de recueillir à part les rosettes de
feuilles radicales, car elles auront disparu longtemps avant la floraison. Chez
un certain nombre de plantes les feuilles et les fleurs ne se développent pas
à la même époque, et dans ce cas elles doivent nécessairement être recueillies
à part.
Les fleurs, offrant les caractères de première valeur, doivent être l’objet de
soins particuliers. Autant que possible on doit recueillir des échantillons por¬
tant des fleurs complètement épanouies et des boutons à divers degrés de déve¬
loppement, car l’étude de la préfloraison et delà symétrie des parties florales
SÉANCE DU 23 JUIN 1S7Î.
85
sera généralement beaucoup plus facile sur les boutons que sur les ileurs elles-
mêmes. Pour les [liantes où les deux sexes sont séparés, on doit recueillir des
échantillons de l’individu male et de l’individu femelle. Pour la plupart des
arbres, il est important d’avoir des échantillons munis de (leurs et de fruits et
des échantillons portant des feuilles adultes provenant du même individu,, et il
est souvent utile, pour éviter de regrettables confusions dans les genres dont
k*s espèces sont voisines par leurs caractères, de marquer, si la durée du
séjour le permet, le sujet sur lequel doivent être faites les diverses récoltes. —
Pour obtenir des échantillons florifères ou fructifères des arbres élevés, sur¬
tout dans les forêts vierges où les grands végétaux ligneux croissent très-rap-
prochés et ne fleurissent généralement que dans la partie supérieure de leur
cime, il faut varier les procédés de récolte. Les plus avantageux sont certai¬
nement d’abattre les arbres ou d’v grimper, ou d’y faire grimper pour en
couper les branches qui doivent fournir à l’herbier les rameaux portant les
fleurs ou les fruits, mais ces moyens sont loin d’être toujours praticables en
raison de la perte de temps qu’ils entraînent, et, dans les pays civilisés, ils
pourraient exposer le voyageur à de fâcheuses contestations ; mais dans la
plupart des cas on peut employer l’échenilloir ou un crochet de fer ou de bois
pour détacher les rameaux, a défaut de ces instruments, on peut lancer dans
les branches ou les rameaux une pierre fixée à une ficelle dont l’autre extré*
mité est retenue dans la main, et, en tirant à soi, on peut généralement
abaisser les branches ou détacher les rameaux, et obtenir ainsi les échantillons
d’herbier. Enfin on peut avoir quelquefois recours au fusil pour détacher les
rameaux que l’on ne pourrai! atteindre par un autre moyen. — On est aussi
réduit à ce procédé brutal pour détacher des fragments de plantes croissant
à de grandes hauteurs sur des rochers abrupts.
Les fruits ne sont pas moins importants que les fleurs pour la détermination
des genres et des espèces, et, dans un certain nombre de familles, telles que
les Crucifères, les Bignoniacées, les Ombellifères, les Valérianées, les Com¬
posées, les Graminées, etc., ils fournissent les différences génériques et spé¬
cifiques principales. Les fruits doivent être recueillis avant leur complète
maturité et à leur maturité parfaite; en effet, les jeunes fruits sont souvent
très-utiles pour l’étude de la forme, lorsque celle-ci est modifiée à l’extrême
maturité par la déhiscence.
Ce n’est qu’exceptionnellement que les graines doivent être recueillies
à part et renfermées dans des sachets, et seulemement lorsque les fruits les
laissent échapper facilement; mais toutes les graines qui se détachent des
échantillons doivent être soigneusement conservées dans des sachets de papier
placés dans la même feuille que l’échantillon lui-même.
Pour les plantes parasites il faut autant que possible conserver leur adhé¬
rence avec la plante nourricière, ou au moins noter avec soin, lorsque cette
adhérence ne peut être maintenue, sur quelle plante elle croissait. Dans le
bô
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
familles ou le parasitisme a lieu par les libres radicales, ou doit apporter les
plus grandes précautions dans l’arrachage pour respecter toutes les adhé¬
rences, et débarrasser les racines de la terre au moyen d’un lavage dans une
eau courante ou sous le robinet d’une fontaine.
Une bonne précaution à prendre pour la récolte des Cryptogames inférieures,
c’est de placer au fur et à mesure tous les échantillons recueillis d’une même
espèce, soit dans un sac de papier, soit dans un flacon bouché, suivant la na¬
ture ou la consistance de l’espèce. On évite ainsi d’avoir à se livrer, pour la
préparation, à un travail de triage toujours long et minutieux et rendu quel¬
quefois presque impossible par le mélange qui peut se produire d’individus
appartenant à des espèces voisines et par la terre qui, dans le transport, les
salit et masque leur forme.
Les échantillons des plantes aquatiques croissant trop loin des bords ou dans
des eaux trop profondes pour pouvoir être recueillis directement (ce qui est
le mieux toutes les fois que cela est praticable), peuvent souvent être obtenus
au moyen d’un petit culot de bois lesté de plomb, hérissé de crochets de fer
et attaché à l’extrémité d’une ficelle, ou mieux au moyen d’un râteau ,
muni d’un manche suffisamment long, avec lequel ou drague le fond de
sable ou de vase dans lequel la plante est enracinée.
Les espèces d’ Algues qui croissent dans les eaux douces peu profondes, ou
dans la mer, sur les plages basses ou les rochers du littoral mis à découvert
pendant le reflux, surtout au moment des plus basses marées, sont facilement
recueillies avec leur base insertionnelle ou les crampons qui les fixent au sol
on aux rochers; mais pour celles qui croissent dans les mers sans flux et re¬
flux ou à de grandes profondeurs, il faut profiter de toutes les occasions qui
peuvent les mettre à votre portée, et ne pas négliger de les recueillir lors¬
qu’elles sont rejetées sur la plage par les tempêtes ou par les filets des
pêcheurs.
Pour la récolte des Lichens croissant sur les noues d’arbres, il suffit d’en-
lever’une tranche de l’écorce qui les porte. Pour recueillir ceux qui croissent
sur les rochers ou sur les pierres, il faut employer un ciseau à froid et un
marteau, en évitant de briser les échantillons et de prendre des fragments de
roche trop volumineux pour être placés convenablement dans l’herbier.
Les plantes recueillies doivent être placées immédiatement dans la boîte
à herboriser, après avoir eu le soin de débarrasser leurs racines de la terre
qu’elles peuvent retenir, et avoir replié, d’après le format du papier, les
échantillons lorsqu’ils sont trop grands pour y rentrer sans cette précaution.
Mais pour éviter les causes de détérioration que les échantillons subissent sou¬
vent dans la boîte en s’v froissant, en s’y crispant par la chaleur, en perdant
les pétales de leurs fleurs, etc. , on doit, à la première halte, les en retirer pour
les placer sur les feuillets de papier h préparation renfermés dans un cartable
que l’on doit toujours avoir avec soi. On ne saurait trop insister sur l’impor-
SÉANCE DU 23 JUIN 1871.
87
tance de la bonne installation de ce cartable pour assurer la conservation des
plantes à texture délicate dans les pays tempérés, et de presque toutes dans les
pays chauds; en effet, la boîte de métal y étant souvent exposée à une tempé¬
rature élevée, on aura à craindre le développement d’un commencement de
fermentation très-nuisible pour une bonne dessiccation. Les plantes disposées
dans le papier que renferme le cartable y sont, au contraire, soustraites à ces
causes de détérioration.
Un cartable se compose de deux feuilles de carton résistant (le meilleur est
celui qui est fabriqué avec des débris de cordes goudronnées) ou de forte
carte, recouvertes ou non de parchemin, de cuir, de toile ou de toile cirée, réu¬
nies au moyen de deux courroies ou simplement d’une cordelette solide. On
peut avantageusement substituer aux cartons deux feuilles de cuir suffisamment
épais. Entre les deux feuilles de carton ou de cuir on place une centaine de
feuilles simples de papier à préparation et une vingtaine de feuilles doubles. —
Le cartable peut être utilement muni d’une ou deux courroies pour le porter
soi-même, soit en gibecière, soit en havre-sac, soit derrière la boîte; mais
dans les longues courses il vaut mieux en charger le guide qui vous accom¬
pagne, ou, ce qui est encore préférable, si l’on est à cheval, le placer dans un
sac de tapisserie grossière, de moquette ou de grosse toile, ouvert en haut et
fixé par ses deux angles à une courroie que l’on attache à l’arçon de la selle.
Dans les longs voyages et les courses qui doivent fournir d’abondantes récoltes,
il est très-avantageux d’avoir deux de ces sacs renfermant chacun un cartable
et que l’on réunit par des courroies pour les placer comme un bât sur la
bêle de somme.
Dès que l’on a recueilli tous les échantillons qui doivent représenter une
espèce, échantillons que l’on a momentanément déposés dans la boîte à her¬
boriser, on doit les retirer de la boite pour les disposer avec autant de soin
que possible sur les feuilles simples du cartable. On peut généralement placer
plusieurs échantillons sur une même feuille, mais il faut leur donner la forme
qu’ils devront garder définitivement. Toutes les feuilles simples consacrées à
l’espèce et couvertes d’échantillons seront renfermées dans une feuille double
formant chemise, et si elles forment un paquet un peu volumineux, ce paquet
sera entouré de deux feuilles doubles emboîtées et sera fermé eu outre, à
chaque extrémité, par une feuille simple pliée vers le milieu de sa longueur.
Un ficelage en croix, simple ou double suivant le besoin, maintiendra le pa¬
quet suffisamment serré. — Les plantes et les fascicules de plantes que l’on
placera dans le cartable devront être assez comprimés pour empêcher leur
déplacement et leur froissement par suite du transport. Pour les plantes à
texture très-délicate et se flétrissant vite, ainsique pour celles dont les corolles
sont très-caduques, les échantillons devront être immédiatement disposés d’une
manière définitive et placés à l’intérieur de feuilles doubles. Si l’on dispose,
comme cela est utile dans les voyages à cheval ou à mulet, de deux cartables
88
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
renfermés dans des sacs, il est très-avantageux de réserver un de ces cartables
aux plantes qui doivent recevoir leur arrangement définitif au moment même
de la récolte, et l’autre à celles qui ne doivent être arrangées que provisoi¬
rement. — Les branches et même les feuilles des échantillons trop touffus
doivent en partie être supprimées, mais en en ménageant la base pour mon¬
trer la place qu’elles occupaient; on doit, au contraire, conserver les feuilles
radicales ou inférieures même lorsqu’elles commencent à se détruire, car ces
feuilles ou leurs débris peuvent offrir souvent des caractères utiles et laissent
à l’échantillon son port naturel.
Les plantes dont les fleurs s’épanouissent aux premières heures du jour, ou,
au contraire, vers le coucher du soleil, doivent être déposées dans la boîte jus¬
qu’au moment où les fleurs s’ouvrent de nouveau ou auront été remplacées
par des boulons qui se seront épanouis, et l’on ne doit mettre l’échantillon
en presse que lorsqu’il présente un certain nombre de fleurs régulièrement
ouvertes.
IV. — Récolte des hsilbcs. des fruits, des graines et des Vtois.
Indépendamment des échantillons d’herbier, le voyageur aura à recueillir
des bulbes, des rhizomes ou des graines des végétaux offrant une valeur scien¬
tifique spéciale ou ayant un intérêt économique, médical ou industriel. Il sera
ainsi à même d’obtenir après son retour la reproduction et la multiplication
des plantes qui doivent être étudiées dans toutes leurs périodes de végétation
ou pouvant offrir des applications utiles. Les difficultés que présente le trans¬
port des plantes vivantes à de grandes distances, en raison des soins qu’elles
réclament et de l’espace qu’elles occupent (1), doivent engager à recueillir
surtout des graines dont la conservation et le transport offrent généralement
bien plus de facilité.
Les bulbes et les rhizomes, pouvant se conserver assez longtemps pour être
replantés utilement, doivent être recueillis après que la plante a disséminé ses
graines ou est au moins défleurie, c’est-à-dire pendant la période de repos.
C’est surtout pour les Monocotylées bulbeuses que la récolte des bulbes et des
graines est particulièrement utile, car il est souvent presque impossible d’é¬
tudier ces plantes d’une manière complète, si ce n’est sur des échantillons
vivants.
Les graines doivent être récoltées complètement mûres, c’est-à-dire au mo¬
ment de la déhiscence naturelle du fruit, si ce fruit est déhiscent, ou de sa
maturité parfaite accusée par la consistance de son péricarpe, s’il est indé¬
fi) Consulter, pour la conservation et le transport des plantes vivantes, les Instruc¬
tions pour les voyageurs, publiées par le Muséum d'histoire naturelle , où se trouvent
consignés des renseignements étendus sur l’emploi de la caisse Ward, serre portative la
mieux appropriée aux longues traversées.
SÉANCE DU 23 JUIN i 871.
89
hiscent. Elles doivent être séchées à l'air libre et maintenues dans un lieu
bien sec, puis enfermées, selon leur volume et leur quantité, dans des sachets
de toile ou de papier. Il va sans dire que les sachets doivent être accompagnés
d’étiquettes identiques à celles des échantillons d’herbier et portant le même
numéro d’ordre. — Les graines des fruits pulpeux doivent être séparées de la
pulpe avant d’être soumises à la dessiccation. — Les graines huileuses, perdant
promptement leur faculté germinative, réclament des procédés de conservation
particuliers et doivent être expédiées dans des caisses accessibles à l’air, et dans
lesquelles on fera alterner des couches de sable avec des lits de graines con¬
venablement espacées et disposées pour en assurer la germination pendant le
transport à destination.
Les échantillons de bois, les fruits et les graines, trop volumineux pour
pouvoir être préparés avec les plantes ou parties de plantes recueillies pour
l’herbier, doivent être pris sur l’individu même qui entrera dans l’herbier ou
qui en a fourni les échantillons.
Les échantillons de bois doivent, comme nous l’avons dit plus haut, être
munis de leur écorce et comprendre des coupes horizontales et des coupes
verticales, soit de la tige, soit des branches, suivant leur grosseur. Dans le cas
où le diamètre de la tige ne permet pas d’en prendre une rondelle, il est bon
de recueillir un fragment de son écorce, souvent assez différente d’aspect de
celle des branches. — On doit, autant que possible, placer les échantillons
de bois dans des lieux bien aérés, ni trop secs ni trop chauds, afin d’éviter
qu’ils ne se fendillent par une dessiccation trop rapide.
Les produits fournis par les plantes, tels que les gommes, les résines, les
sucs condensés, les substances tinctoriales, médicinales ou toxiques, doivent
être munis du même numéro d’ordre que les échantillons de la plante qui les
fournit.
V. — Étiqnetage des échantillons, notes et carnet de voyage.
Le voyageur doit, au moins une fois par jour, consigner sur son carnet de
voyage toutes les observations météorologiques, géologiques ou autres qui sont
de nature à fournir des documents utiles sur le pays qu'il explore et sur les
influences qui en déterminent la végétation. Mais tous les renseignements
concernant les plantes dont il recueillera des échantillons doivent être inscrits
sur des feuillets libres ; ces feuillets seront réunis aux échantillons de la
plante, avec 1 étiquette qui doit les accompagner, et porteront le même numéro
d’ordre que l’étiquette elle-même.
Autant que possible chaque échantillon, ou au moins chaque série d’échan¬
tillons appartenant à une même espèce et recueillis à une même station et à
une même date, sera, au moment même de sa préparation, munie d’une éti¬
quette portant un numéro d’ordre. — Le numérotage des étiquettes devra
90
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
être continu en suivant l’ordre régulier de la série des nombres de la première
à la dernière plante récoltée dans le voyage. Ce numéro d’ordre, qui devra
être invariablement maintenu, permettra de correspondre pendant et après
le voyage avec les botanistes et d’en obtenir des renseignements sur l’es¬
pèce dont on leur aura communiqué des échantillons numérotés, et plus tard,
si la plante est décrite comme nouvelle, il offrira un facile moyen de véri¬
fication et de concordance. — Indépendamment du numéro d’ordre, l’éti¬
quette doit indiquer les noms générique et spécifique, si on les connaît, lé
nom trivial que les habitants du pays donnent à la plante, s’il en existe, et la
signification de ces noms, souvent caractéristiques, toutes les fois que l’on
pourra l’apprendre. On inscrira également sur l’étiquette la localité indiquée
géographiquement avec autant de précision qu’on le pourra, ainsi que la sta¬
tion, l’altitude approximative si on la connaît, la nature du terrain, son état
d’agrégation, son exposition, son degré de sécheresse ou d’humidité, la date
de la récolte. Il est également important de noter si la plante est rare ou abon¬
dante ; si elle croît isolée ou réunie en groupes d’individus; si elle occupe un
grand espace du pays ou si, au contraire, elie est localisée; si elle se rencontre
plus particulièrement en société avec une ou plusieurs espèces. — C’est sur¬
tout pour les espèces constituant les essences principales des forêts et des pâtu¬
rages, ainsi que pour celles ayant des usages économiques, industriels ou
médicaux, que le nom trivial doit être noté avec soin. On devra, pour ces
plantes usuelles, prendre tous les renseignements sur les parties employées et
sur leur mode d’emploi, il est également important de mentionner les pro¬
priétés des espèces connues comme toxiques par les habitants. — La couleur
et l’odeur de la fleur et des autres parties de la plante, ainsi que la saveur,
qui sont généralement plus ou moins altérées ou disparaissent par la dessicca¬
tion, doivent être notées. Il est avantageux, si l’on sait dessiner, de joindre à
ces derniers renseignements un croquis des fleurs, des fruits et autres parties
qui peuvent être déformées par la dessiccation et, par une teinte à l’aquarelle,
d’en indiquer aussi exactement que possible la couleur lorsqu’elle est de nature
à s’altérer par la préparation de l’échantillon. — Si les échantillons sont com¬
plets, il faut noter s’ils représentent la taille moyenne de la plante, ou si, au
contraire, ils appartiennent à ses extrêmes de grandeur. S’ils sont incomplets,
comme c’est le cas pour la plupart des arbustes et pour les arbres, on doit
prendre note de la taille habituelle de l’espèce. Il est important de mentionner
si les arbres et les arbrisseaux sont ramifiés dès leur partie inférieure, et, dans
le cas contraire, d’indiquer vers quelle hauteur naissent leurs ramifications
principales ; il ne faut pas non plus négliger d’inscrire dans ses notes si les
branches et les rameaux sont espacés ou rapprochés, s’ils sont dirigés hori¬
zontalement, obliquement ou verticalement. La circonférence du tronc des
arbres doit être mesurée à un mètre du sol. — Pour les grands végétaux
ligneux, dont le port ne peut être apprécié d’après les échantillons d’herbier,
SÉANCE DU 23 JUIN 187 J.
91
il est très-utile que le voyageur, toutes les fois qu’il le pourra, prenne une vue
d’ensemble d’un ou de plusieurs sujets représentant le mieux le type habituel
de l'espèce par un croquis, s’il sait dessiner, ou mieux par une épreuve photo¬
graphique, s’il a un appareil héliographique à sa disposition.— Il faut, sur les
étiquettes, distinguer avec soin les plantes cultivées ou échappées des cultures,
des plantes réellement indigènes, et, pour ces dernières, indiquer toujours si
elles se rencontrent loin des habitations, ou si, au contraire, elles sont propres
aux lieux habités, au voisinage des campements, des puits, des sources et autres
stations fréquentées par l’homme.
Trop souvent, après une journée laborieusement remplie par les récoltes
et une soirée consacrée à la préparation des plantes recueillies, on n’a pas le
temps d’écrire les étiquettes définitives portant toutes les indications néces¬
saires, et l’on doit se borner, avant de mettre en presse les échantillons, à les
accompagner d’étiquettes portant seulement la date et la mention sommaire
delà station. Mais il ne faudra pas négliger de profiter du premier moment
de loisir pour substituer à ces étiquettes provisoires des étiquettes définitives
pendant que fou aura encore présentes à ia mémoire toutes les données qui
doiveut y être consignées.
Pour les échantillons de bois, ainsi que pour les graines et les fruits conser¬
vés à part, comme nous l’avons déjà dit plus haut, on doit reproduire l’éti¬
quette de la plante d’herbier avec son numéro d’ordre, et coller cette étiquette
sur l’échantillon, le sachet ou le flacon ; pour plus de sûreté, il est bon d’in¬
scrire encore directement le numéro d’ordre sur les échantillons de bois.
Si l’on ignore le nom d’une espèce, il est souvent commode de lui substi -
tuer un nom de genre ou de famille accompagné d’un nom spécifique arbi-
bitraire, nom que l’on reproduira sur les étiquettes. Dans le cas où le nom du
genre et même celui de la famille sont inconnus, ce qui peut arriver souvent
alors que l’on aborde l’étude d’une végétation entièrement nouvelle pour soi,
on peut fixer sur les feuillets d’un carnet portatif des échantillons fragmen¬
taires; ce carnet sera une précieuse ressource pour la comparaison des élé¬
ments de la végétation des divers points que l’on sera à même de visiter :
cette recommandation est surtout importante pour les arbres ou les végétaux
essentiellement caractéristiques des régions naturelles d’une contrée ou des
zones de végétation d’une montagne élevée. On aura ainsi un moyen commode
de prendre des notes sur la fréquence ou la rareté de ces végétaux, si l’on a eu
le soin d’établir par le même numéro d’ordre la concordance exacte. entre les
échantillons du carnet et ceux de l’herbier.
[La fin à la prochaine séance.)
M. le Secrétaire général donne lecture de ia lettre suivante qu’il
vient de recevoir de M. l’abbé Boulav :
d
92
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
LETTRE DE BI. l’abbé KOULAY.
Séminaire de St-Dié, 20 juin 1871.
Monsieur le Secrétaire général,
J’ai l’honneur d’adresser à la Société botanique de France un petit paquet
de plantes sèches renfermant des échantillons des espèces suivantes :
1. nedwigiditun imberbe Br. et Sch. — Rochers granitiques, près de
Vagney, arrondissement de Remiremont (Vosges), altitude environ 500 mètres.
Espèce nouvelle pour l’Europe moyenne: elle n’a été signalée en France jus¬
qu’ici que dans les Pyrénées.
2. Bryum eyciophyiium Schwgr. — Bords vaseux de l’étang du Fran-
kenthal au Hohneck (Vosges); altitude, 1100 mètres. Cette espèce se retrouve
sur les bords de plusieurs autres de nos petits lacs des Vosges; elle est nouvelle
pour la France. Malheureusement ces deux espèces sont stériles dans les
localités de nos régions où je les ai découvertes.
3. Fragnria roseîiiot a N. Boul. — Espèce nouvelle, voisine du Fr. vesca :
stolons munis d’une écaille à base engainante dans l’intervalle des bouquets de
feuilles; tiges florifères nues ou ne portant qu’une feuille ordinairement uni-
foliolée, feuilles radicales trifoliolées, blanchâtres, un peu soyeuses en dessous,
à foliole médiane sessile ou pétiolulée ; pédicelles garnis de poils appliqués;
divisions du calice étalées ou renversées à la maturité — elle s’en distingue
nettement par ses pétales orbîculaires constamment rosés , à teinte plus vive
vers la base , et par son fruit globuleux déprimé et non ovoïde. — Fleurit au
printemps et pendant tout S’été. — Hab. coteaux de grès vosgien, près de
Mutzig (Alsace). — Depuis cinq ans que je cultive cette plante, elle n’a pas
changé.
La rédaction de mon travail descriptif sur les Muscinées de l’Est est ache¬
vée, et l’impression en serait commencée depuis longtemps sans les tristes
épreuves par lesquelles nous avons dû passer.
Les conditions de souscription ne sont pas changées, mais le prix de l’ou¬
vrage sera notablement plus élevé en librairie.
Lecture est donnée des communications suivantes, adressées à la
Société :
NOTE EXTRAITE D’UN MÉMOIRE SUR LES FRUCTIFICATIONS DU CALAMODENDRON,
par .11. ISciisard REVALLT
(Cluny, 20 juin 1871.)
Ce végétal, si commun dans le bassin d’Autun et si important à l’époque
houillère, a excité raltention elles études d’un grand nombre de paléontolo-
SÉANCE DU 23 JUIN 1871.
93
gistes, mais il est encore loin d’être connu complètement. En effet, ses fructi¬
fications se sont rencontrées, mais non suffisamment conservées; on n’a aucune
donnée sur son écorce; celle-ci, dans les échantillons fossilisés par la silice ou
le carbonate de chaux, a complètement disparu, vraisemblablement tombée
avant la fossilisation ; on ne peut donc savoir si elle renfermait des lacunes
extérieures, comme il s’en rencontre dans celle des Prêles de notre époque,
détail qui a son importance pour compléter l’assimilation de ces derniers
végétaux avec leurs aînés.
Ce n’est pas que l’on puisse espérer trouver une ressemblance complète
entre les végétaux formant le groupe des Equisetum de la période houillère et
ceux qui composent actuellement cette famille. Le temps qui s’est écoulé
entre les deux époques est trop considérable pour que l’on ne doive pas ren¬
contrer des différences profondes entre les individus composant Sa même
famille à deux moments si éloignés l’un de l’autre dans le cours des âges.
Les végétaux, comme les animaux, sont soumis à des lois permanentes de
transformations dépendant principalement du climat et qui amènent fatalement
des modifications profondes dans le type primitif; et ce dernier, plus ou moins
modifié, finit lui-même par disparaître quand la limite de plasticité ou d’élas¬
ticité vitale (pour ainsi dire) se trouve dépassée.
Il est donc d’une haute utilité philosophique, lorsqu’on rencontre une
famille animale ou végétale qui, en survivant aux siècles, a dû conserver les
traces de leur passage, de bien observer les individus qui la composent, car
les changements que les générations successives ont subis sont la conséquence
des révolutions lentes qu’elles ont traversées et, par conséquent, peuvent ser¬
vir à l’histoire de ces dernières.
C’est principalement par l’étude de quelqu’une des grandes familles vé¬
gétales et animales, prise à l’origine et suivie avec détail jusqu’à nos jours, que
l’on peut espérer avoir quelques données sur la grandeur, la durée des chan¬
gements climatériques du passé.
Les familles des Equisetum, des Fougères, des Lycopodes,des Conifères, etc. ,
qui ont apparu de bonne heure et qui sont encore représentées mainte¬
nant par de nombreux individus, offriraient certainement un intérêt consi¬
dérable si l’on pouvait suivre les phases diverses, les changements importants
qu’elles ont subis à travers les siècles.
En effet, si les Calamodendron, les Calamites, les Sphenophyllum , les
Astérophvllites, etc., représentent les individus qui, à l’époque houillère, ont
été les ancêtres de nos Prêles actuelles, si bien connues depuis les travaux de
MM. Duval-Jouve et J. Mîlde, la différence profonde qui existe entre les
premiers et les derniers annonce une lacune immense, et l’on est en droit de
prévoir l’existence d’une multitude d’individus devant servir de transition et
qui porteront dans la modification de leurs organes l’histoire sommaire des
temps géologiques.
9 b SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Dans le règne animal, à mesure que l’on remonte dans le passé, les espèces
dont la place est douteuse augmentent, les individus présentant réunis des
caractères propres à des familles, à des classes différentes deviennent plus
nombreux; il en est de même chez les plantes, et si les exemples n’en sont
pas plus fréquents, c’est que les conditions de conservation complète des vé¬
gétaux rarement se sont trouvées réunies, et que peu de sujets relativement
sont parvenus jusqu’à nous.
Cependant on peut citer, dans le terrain houiller seul, plusieurs végétaux
offrant simultanément cette diversité de caractères qui se sont séparés depuis
pour devenir la propriété exclusive d’une famille. Ainsi :
Le Psilophyton rappelle le développement des Fougères par ses jeunes
pousses terminées en crosse, la fructification des Pilulaires actuelles par ses
sporanges élégamment suspendus, et la structure interne des Lycopodes par la
disposition et la nature des tissus qui forment sa tige.
Le Calamodendron , si l’on examine son tissu ligneux, épais, uniforme,
formé de longues cellules scalariformes, séparé par des rayons médullaires,
pourra être rangé parmi les Gymnospermes. Si, au contraire, on donne plus
de valeur, comme caractère spécifique, à la présence d’une couronne intérieure
de lacunes aériennes (lacunes essentielles), il passera pour une Prêle gigan¬
tesque dont le tissu ligneux serait considérablement développé; cette dernière
opinion se confirme, si l’on se rappelle la description anatomique de cônes
étudiés et rapportés au Calamodendron par M. Binney.
Mais les spores de ce végétal n’offrent pas d’élatères, comme celle des
Prêles ; elles sont assez bien conservées pour qu’on puisse être certain que si
ces organes eussent existé primitivement, il en resterait des traces après la
silicification.
Dans les Prêles que nous connaissons, les sporanges sont fixés à des écailles,
qui auraient persisté dans les cônes de Calamodendron si les sporanges avaient
eu cette disposition: on n’en trouve pas de traces.
On sait que le cône de Calamodendron est formé d’un axe central qui sup¬
porte une série de verticilles stériles et fertiles en alternance; les sporanges, au
nombre de quatre sur chaque rameau fertile, ont la forme de sacs à section
rectangulaire, et sont remplis de granulations nombreuses.
Ayant eu l’occasion de trouver silicifiés quelques-uns de ces cônes, je si¬
gnalerai quelques différences qui existent entre eux et ceux rencontrés en
Angleterre.
Je ne connais ceux-ci que par la description et les figures que M. Binney a
données dans son mémoire : Observations on the structure of fossil plants
found in the carboniferous strata.
En comparant les grandeurs respectives de chacune des parties des deux
séries de cônes, on arrive à faire le tableau suivant :
SÉANCE DU 23 JUIN 187 J.
95
Cônes d’Autun. Cônes anglais.
Diamètre de Taxe . . .
5 mm
0mm,7 à 0
Nombre des rameaux composant un verticille
fertile . .
16
6
Rameaux composant un verticille stérile et al¬
ternant . * . .
16
6
Hauteur des sporanges . .
2mm
0mm,42
Épaisseur .
0mm,7 à
1 0mm,42
Longueur diamétrale . . .
lmm,3
0mm,92
On voit que les cônes que j’ai étudiés sont plus volumineux que les cônes
du Savant paléontologiste de Manchester, que l’axe et les sporanges ont des
dimensions plus considérables; la différence est surtout sensible pour la hau¬
teur des sporanges, et par conséquent pour la distance des verticilles stériles
et fertiles entre eux; ce qui devait amener un allongement remarquable dans
l’axe du cône.
J’ai mesuré le diamètre des spores contenues dans des sporanges apparte¬
nant à différents cônes; j’en ai trouvé qui avaient 0mffi,02 à 0inm,03 de dia¬
mètre et d’autres plus volumineuses, 0mm,092.
Celles figurées par M. Binney me paraissent avoir 0inin;05.
I,es dimensions des spores m’ont semblé constantes dans un même cône ; si
cette différence dans la grandeur relative des spores que j’ai mesurées n’est
pas accidentelle , on serait en droit d’admettre l’existence de macrospores et
de microspores; les microspores étant neuf à dix fois plus petites que les
macrospores.
Les macrospores et les microspores seraient portées par des cônes différents,
placés soit sur le même individu, soit sur des individus distincts.
Comme on le voit, le Calamodendron offre des difficultés sérieuses pour un
classement définitif : son tissu ligneux, composé uniformément de cellules al¬
longées scalariformes et séparées par des rayons médullaires, le rapproche des
Gymnospermes. Les lacunes centrales qui entourent la moelle (lacunes essen¬
tielles) le feraient ranger à côté des Prêles dont le tissu ligneux aurait pris une
grande extension. Enfin, la présence des spores de dimensions très-distinctes,
et par conséquent de fonctions très-différentes, ferait songer aux Lycopodes.
Il y a loin, comme on peut en juger, de la structure du Calamodendron à
celle des végétaux de nos jours ; on n’en trouve aucun dont on puisse le rap¬
procher avec quelque certitude : cela tient évidemment à l’immense vide laissé
entre les plantes de l’époque houillère et leurs congénères de l’époque actuelle,
les intermédiaires manquent, et l’on s’égare faute d’un nombre suffisant de ja¬
lons. Souhaitons que les travaux des paléontologistes finissent par faire revivre
quelques-uns de ces types perdus, qui seraient si pleins de révélations.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
DISCUSSION DE QUELQUES POINTS DE GLOSSOLOGIE BOTANIQUE (suite;,
par II. ■>. CLOS (I).
(Toulouse, 21 juin 1871.)
]. De la placentation centrale filamenteuse ou columnaire adhé¬
rente ou dérivée. — Aug. de Saint- Hilaire écrivait du genre Portulaca ,
en 1816 : « Cinq filets s’élèvent du fond de l’ovaire qui est à une seule loge
et le traversent dans toute sa longueur : aucune substance ne se trouve inter¬
posée entre ces filets... A peu près jusqu’aux deux tiers ou au delà, les filets
donnent naissance à de nombreux ovules, mais ils restent nus dans la partie
supérieure. Après la fécondation. .., les filets se rompent à leur extrémité ; les
cordons ombilicaux s’allongent; la partie des filets qui ne portait point d’ovules
disparaît et les semences semblent portées par cinq placentas libres. » ( Mém .
sur les plantes auxquelles on attribue un placenta central libre, pp. A2-
U'â.) (2) C’est, en effet, à ce dernier état que Gærtner a décrit et figuré la cap¬
sule du Portulaca pilosa ( De fruct. et semin . tab. cxxvm, p. 212), encore d’a¬
près la remarque d’A. de Saint-Hilaire. Endlicher, dans son Généra, n° 517à,
décrit ainsi la placentation des Portulaca : « Ovula plurima, columellæ basilart
liberœ simplici v. ramosæ funiculis distinctis inserta », assertion tout à fait
opposée à celle d’A. de Saint-Hilaire. M. Spach se borne à dire : « placentaire
à 3-8 branches filiformes » ( Phanér . l. V, p. 225), et WM. Bentham et
L>. Hooker ne signalent pas la placentation dans leur description du genre
Portulaca ( Généra , t. I, p. 156). Enfin, M. Godron, décrivant, dans la
Flore de France (t. I, p. 605), l’ovaire des Portulacées, le dit uniloculaire
par V oblitération des cloisons , et donne à tort aussi au fruit de cette famille
un placenta central libre.
M. Duchartre a depuis longtemps reconnu que le prétendu placenta central
des Caryophyllées dérive d’une placentation axile an début, suivie de la des¬
truction des cloisons (in Revue botanique, t. II, pp. 220-225). Payer a
constaté le même phénomène chez les Portulacées. Dans les Portulaca en
particulier, « à un certain moment, la cavité de l’ovaire est quinquéloculaire
dans sa partie inférieure et incomplètement quinquéloculaire dans sa partie
supérieure. les ovules naissent non-seulement dans l’angle interne des loges
complètes, mais encore sur les bords libres des cloisons qui les séparent.
Aussi quand, par suite des développements, ces cloisons se déchirent comme
dans les autres Portulacées, les bords libres des cloisons qui sont chargés
d’ovules persistent comme l’axe central, qui en est également couvert, et sem-
(1) Voyez le bulletin, t. IV, p. 738 ; t. VI, p. 187 et 211 ; t. VIII, p. 615; t. IX,
p. 355 et 652 ; t. XII, p. 348.
(2) L’auteur rappelait, en 1841, cette disposition dans ses Leçons de botanique ,
541.
SÉANCE DU 23 JUIN 1871.
97
blent n’en être que des ramifications [Traité dé organogénie , pp. 329-330). «
r
Ce même botaniste rappelle cette disposition dans ses Eléments de botanique,
pp. 199-200, après avoir défini les placentations centrale, pariétale, axile ;
mais il omet de distinguer la placentation centrale libre ou à un seul point
d’attache, des Primulacées par exemple, de la même placentation dérivée
adhérente ou à double point d’attache : c’est à cette dernière division qu’ap¬
partient le placenta filamenteux des Portulaca, le placenta columnaire des
Calandrinia et des Talinum. Il convient, en outre, de distinguer ces placentas
centraux adhérents en fertiles ou ovuli fèves (comme ceux des deux derniers
genres cités, des Portulaca (1), des Caryophyllées), et en stériles ou nus, les
ovules naissant du bas de la loge [Dîontia, Claytonia perfoliata, où trois
filets parcourent celle-ci de la base au sommet). C’est ce que montrera le petit
tableau suivant :
Placentation! Vrirn^ive ou essentielle à un seul point d’attache. . Primulacées.
centrale
dérivée
columellairc (à un seul axe) . . Carxjophy liées t
1 ( Calandrinia.
; , , i tous fertiles ovuliferes ,,
\ filamenteuse , les) \ Talinum.
{ filaments étant , t stériles j Montia.
' tes centraux sternes, j Claytûnia verf0ualût
II. Stlpniies. — J’ai depuis longtemps proposé îe mot de stipulium pour
ces réunions de stipules qui simulent, soit des calicules (plusieurs Malvacées),
soit des involucres [Pélargonium, Paronychia ), et qui étaient décrites comme
tels (voyez le Bulletin , t. I, p. 298, t. II, p. 5).
Mais il est un certain nombre de plantes chez lesquelles les deux stipules
de la feuille ou de deux feuilles voisines se soudent plus ou moins intimement,
soit que les feuilles persistent (Melianthus, Rubiacées ligneuses, Houblon),
soit qu’elles disparaissent, comme au sommet des tiges de plusieurs Rosiers,
comme dans Y Hulthemia, où la feuille est remplacée par deux stipules soudées
ensemble et figurant une feuille simple réticulée, comme enfin, d’après De
Candoîle, dans la plupart des Érvlhroxylées et. dans le Pictetia squamata (2).
On ne saurait nier l’avantage, en morphologie et surtout en pho tographie,
de pouvoir désigner par un seul mot des organes composés, et le mot stipulie
me paraît très-propre à dénommer tous ceux qui proviennent de la soudure
plus ou moins complète de deux stipules.
Chez la plupart des Erodium , en particulier chez les espèces dont les
rameaux s’étalent et s’appliquent plus ou moins sur le sol, chaque paire de
(1) Voyez, pour la structure interne de l’ovaire du Pourpier commun, la figure don¬
née par MM. Decaisne et Le Maout dans leur Traité général de botanique.
(2) Voyez De Candoîle ( Organographie , t. II, p. 209); on y lit : « Les rameaux de
la plupart des Érytliroxylées, du Pictetia squamata et de plusieurs autres plantes, sont
souvent revêtus par de petites écailles imbriquées et scarieuses ; ce sont des stipules
persistantes et très-rapprocliées dont les feuilles ont manqué, etc. »
T. XVII I. (séances) 7
08 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Touilles est accompagnée de deux stipules d’un côté, d’une stipulie de
l’autre.
III. Flateau. — Mot créé par De Candolle, qui le définit « espèce de dis¬
que plus ou moins aplati, qui représente la vraie tige dans les bulbes et qui
émet par-dessous les racines et par-dessus les feuilles et les fleurs » ( Théor .
élém. p. 323), interprétation adoptée par la plupart des morphologistes
modernes, mais qui me paraît susceptible d’une plus grande extension.
J’ai depuis longtemps proposé d’appliquer le mot collet à cette portion de
tout axe caulinaire de première génération interposée à la tige et à la racine
et limitée en haut par les cotylédons, en bas par les points d’origine des ran¬
gées de radicelles [Ann. des sciences nat . 3e sér. t. XIII, pp. 5-20) (1).
Très-court chez les plantes à cotylédons hypogés (Fèves, Pois, Marronnier-
d’Inde), le collet constitue la totalité du tubercule des Cyclamen , la presque
totalité de celui des Radis ronds, une portion des tubérosités des Navets arron¬
dis et des Betteraves, tout l’axe épigé sous-cotylédonaire du Welwitschia
mirabilis. Mais au-dessus de ces parties d’axe, dont le caractère morphologique
essentiel est d’être tout à fait nues, estime autre partie souvent très-courte, et
tantôt restant telle pendant toute la vie de la plante (qu’elle porte soit les cotylé¬
dons et l’inflorescence, ex. : Welwitschia , soit les feuilles et les pédoncules,
ex. : Cyclamen ), tantôt ayant une durée qui varie de quelques mois à deux
ans ou à un grand nombre d’années (certaines plantes annuelles, les bisan¬
nuelles et les monocarpiennes, comme les Agave). Je ne vois pas la possibilité
de distinguer ces tiges très-courtes des plateaux > et j’y rapporterai encore les
axes à feuilles empilées de la plupart des Palmiers dans les premières années
de leur vie, car je puis leur appliquer exactement la définition donnée par De
Candolle du plateau des bulbes.
IV. Pseudovuies. — MM. Duval- Jouve ( Monogr . des Equis.) et Du-
chartre [Traité génér. de bot.) ont adopté le mot pseudembryon , que j’ai
proposé à la date de dix ans (in Bull. Soc. bot. de France , t. VI, p. 213,
en note) pour le rudiment de la jeune plante des Cryptogames vasculaires. Le
premier de ces deux savants a substitué depuis le mot sporophyme à celui de
proembryon ou de prothallium. Mais je m’étonne de voir partout désigner
sous le nom d 'archégones les vrais arcliégones des Mousses et des Hépatiques,
et les petits corps qui, chez les Cryptogames vasculaires se montrant sur le
sporophyme, ont reçu de M. Leszczyc-Suminskv le nom d 'ovules et méritent
(1) Adopté par quelques botanistes avec cette signification, rejeté par d’autres et en
particulier par les Allemands, le mot collet est préférable à celui d ’acce hypocolylé (proposé
par M. Thilo Irmisch), qui a le double désavantage d’être composé et de pouvoir s’appli¬
quer à tout l’axe sous-cotylédonaire, c’est-à-dire à l’ensemble du collet et du pivot. Le
nom de mésophyte vaudrait assurément mieux qu’axe hypocotylé, si M. Germain de
Saint-Pierre ne l’avait appliqué récemment à cette tranche horizontale de la tige qui
porte les cotylédons, tranche qui fait essentiellement partie de la tige, dont les cotylédons
sont les premières feuilles.
99
SÉANCE DU *23 JUIN 1871.
celui de pseudovules : car s’il y a parité entre eux et les archégones, il n’y pas
identité, les archégones ayant une organisation plus compliquée analogue à
celle des pistils et produisant de nombreuses spores, tandis que les pscudo-
vules restent à un état extrême de simplicité et donnent naissance à un seul
corps celluleux qui devient le pseudembryon. Les auteurs s’accordent à sépa¬
rer les deux groupes de plantes qui les produisent. M. J. -G. Agardh, en
particulier, en fait deux des quatre régions qu’il admet dans le règne végétal
sous les noms d 'Anthogamœ, pour les Muscinées, et de Thallogamœ , pour les
Acotylédones semi-vasculaires ( Theor . syst. plant. 393). N’y a-t-il pas là un
nouvel argument en faveur de la distinction proposée par moi en 1859 des
archégones et des pseudovules?
Y. Variété et anomalie. — Dans son excellent traité de Tératologie
végétale, b.. Moquin- Tandon a compris les variétés sous le titre d’anomalies
légères, les divisant en quatre groupes d’après la coloration , la villosi té (dimi¬
nution, disparition, augmentation), la consistance et la taille.
Ayant cherché, dans un travail spécial, encore en voie de publication, 5
envisager les monstruosités des plantes dans leurs rapports avec les divers
degrés de la classification, j’ai été conduit à cette conclusion que les variétés,
en tant que représentant des sous-degrés des espèces, ne doivent pas figurer
dans le cadre tératologique. Ce n’est pas que la limite entre elles et les ano¬
malies soit toujours parfaitement tranchée; mais le règne organique n’est-il
pas le règne des transitions et des nuances? J’espère prouver que, dans la
très-grande majorité des cas, variétés et anomalies représentent des étals
d’un ordre tout différent. Je suivrai la quadruple division établie par Moquin,
en y ajoutant quelques considérations sur l’apparition ou la perte des rayons
chez les Composées.
1° Coloration. — La diminution de coloration dénote souvent faiblesse ou
maladie, et alors elle disparaît avec les causes qui l’ont déterminée ; le chan¬
gement de couleur est parfois l’effet de la station, d’un abaissement de la
température et de la nature du sol. Qu’une Campanule, une Digitale, un
Erythrœa Centaurium , un Galactites , se montrent avec des fleurs blanches,
je ne saurais y voir un cas tératologique, et j’en dirai autant de l’Aubépine
passant du blanc au rouge, des racines de Betteraves empruntant successive¬
ment leur coloration au blanc, au jaune et au rouge.
Mais si la couleur entre dans le caractère de l’espèce, comme c’est le cas
du Lamium purpureum , faudra-t-il qualifier d’anomalie le fait (observé par
M. Godron) du remplacement de la couleur pourpre par la couleur blanche?
J’inclinerais à l’admettre. Et il en est peut-être ainsi de VAntirrhinurn Oron -
tium, appelé en France Muflier rubicond. Cultivé pendant plusieurs aimées
dans l’école de botanique de Toulouse sous l’ombrage d’un Pauloivnia , il por¬
tait toujours des fleurs blanchâtres. Les graines de celles-ci ont donné celte
année des individus semblables, bien qu’exposés au soleil.
100
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
2° Villosité. — On sait combien le caractère de pilosisme ou de glabrisme
est dépendant des circonstances extérieures; on sait qu’il peut offrir de nom¬
breux degrés entre l’état normal et l’exagération du phénomène ; dans ce
dernier cas même, il n’appartient pas à la tératologie, mais bien à la phylo-
graphie, qui y voit, selon le point de vue auquel se place le botaniste descrip¬
teur, ou une variété, ou une race, ou une espèce : tels le Plantago lanata
Ilost, Y Hieracium 'prostratum DC.
La monstruosité n’apparaît que lorsqu’un organe limité est exceptionnelle¬
ment atteint soit de villosité, soit de glabrisme, comme c’a été le cas pour les
étamines d’un Salix triandra qui s’étaient accidentellement couvertes de poils.
3° Consistance. — Que la lige et les feuilles deviennent plus charnues au
voisinage de la mer ou sous l’influence d’arrosements abondants, plus sèches
sur les montagnes et dans un sol aride, c’est une modification que l’on pour¬
rait prévoir à priori et qui rentre dans le groupe des variations ou des varié¬
tés. Mais la tératologie pourra réclamer ses droits si, comme on l’a vu, une
corolle et les organes sexuels du Vicia Craccci deviennent charnus, si les fleurs
d’une Rave prennent la consistance cartilagineuse, si une capsule remplace la
baie de Raisin.
4° Taille. — Serait-on plus fondé à voir de vraies anomalies dans les réduc¬
tions ou exagérations dans la taille des plantes ? Quel botaniste n’a observé
tous les degrés entre le Coquelicot aussi élevé que les Blés qu’il infeste et la
forme, lilliputienne de la même espèce, et cependant la notion que tous ces
individus appartiennent à un même type spécifique n’est pas mise en doute.
Mais supposons qu’un changement de taille en plus ou en moins rende l’espèce
méconnaissable, comme il en a été du Plantago minima DC-, rapporté au
P. major par Moquin-Tandon, au P. intermedia par MM. Grenier et Go-
dron ; je suis disposé, par le fait même de cette indécision, à voir une ano¬
malie dans cet écart considérable d’un type spécifique.
5° Doit-on rapporter au cadre tératologique la perle ou l’apparition acciden¬
telle des' rayons chez les Composées?
J’ai déjà étudié, dans une précédente communication, la valeur de ce
caractère au point de vue taxinomique (voyez ce recueil, t. XVIII, pp. 182-
189).
Je n’hésiterai pas à voir des anomalies : 1° dans le Linosyris vulgaris radié,
car le fait, à ma connaissance, n’a été signalé qu’une fois; 2° dans les cas
exceptionnels où l’on pourrait constater la perte des rayons par des Radiées,
où ce phénomène n’a pas encore peut-être été consigné dans les annales de la
science (. Rudbeckia , Coreopsis , Actinomeris , Cosmos , etc.). Mais, en vertu
de ce principe que la monstruosité est oujours un fait accidentel, j’admettrai
comme variétés le Leucanthemum vulgare discoideum, Y Anthémis aurea
(variété de l’yl. nobilis qui s’est fixée), le Senecio Jacobœa ebadiatüs ou
DISCOIDEUS.
SÉANCE DU J/l JUILLET 1871.
101
M. Maxime Cornu annonce à la Société la découverte de quelques
Algues d’eau douce intéressantes. Il a trouvé récemment :
1° Le Rynchonema rostratum Hass. (que ni Kuetzing ni Rabenhorst n’ont
vu et qui n’avait pas été retrouvé depuis Hassal), aux environs de Romoran-
tin (Loir-et-Cher), dans un fossé où il était très-abondant. Il est très-recon¬
naissable par sa taille et ses nombreuses bandes de chlorophylle.
2° Le Sphœroplea annulina, qui formait des pulvinules d’un rouge vif dans
les mares situées entre les deux lignes de chemin de fer, à la station de Juvisy
(Seine-et-Oise). Aux environs de Romoranlin, il formait sur la terre sèche
une sorte de tapis rouge.
3° L’ Hydrodictyon utriculatum , aux environs de Romorantin. Cette Algue
paraît être peu commune dans le centre de la France. M. le docteur Ripai t
(de Bourges), malgré ses actives recherches, ne l’a rencontrée qu’une seule
fois.
M. Cosson entretient la Société de l’important voyage exécuté au
Maroc par MM. J.-D. Hooker et J. Bail, qui ont exploré les hautes
sommités de l’Atlas, aux environs de la ville de Maroc.
Ce voyage, dit M. Cosson, ne peut manquer de fournir de précieux docu¬
ments sur une flore presque inconnue. Le regrettable Webb n’avait abordé
les montagnes du Maroc qu’aux environs de Tétuan, et M. Balansa, qui s’était
proposé d’explorer les hautes régions de l’Atlas, n’avait pas pu dépasser
J 800 mètres, à cause des mauvaises dispositions des indigènes, qui l’avaient
forcé de renoncer à sa périlleuse entreprise. Les nouvelles reçues de MM. Hoo¬
ker et J. Bail font espérer que leur voyage sera continué avec autant de bon¬
heur qu’ils l’ont commencé, grâce à la liante protection du gouvernement
anglais.
SÉANCE DU 1 h JUILLET 1871.
PRÉSIDENCE DE M. AD. BüONGNI AiiT , VICE-PRÉSIDENT.
M. le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal de la
?éance du 23 juin, dont la rédaction est adoptée.
M. le Président annonce quatre nouvelles présentations.
M. Augustin Delondre fait à la Société la communication suivante :
102
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
NOTES DE BOTANIQUE ET D’ACCLIMATATION VÉGÉTALE, par M. A. DELON DRE.
I. Des progrès récenls des plantations de Cinchonu dans
les Indes britanniques.
Divers rapports antérieurs, insérés dans les publications de la Société d’ac¬
climatation à la suite de l’Exposition universelle de 1867, nous ont permis, en
collaboration avec notre collègue M. J.-L. Soubeiran, de retracer les premières
phases de l’introduction de la culture des Cinchona dans les Indes britanni¬
ques jusqu’au mois d’avril 1866, et même un peu au delà, par suite de la
communication de documents encore inédits à cette époque. M. Cl. -R. Mark-
ham, secrétaire de la Société Royale de géographie de la Grande-Bretagne,
qui, dès l’origine, avait vivement contribué aux bons résultats obtenus et qui
n’a cessé d’y apporter un concours vraiment utile, a bien voulu, avec son
amabilité ordinaire, se mettre à notre disposition et nous procurer les docu¬
ments nécessaires pour vous entretenir des nouveaux progrès obtenus depuis
cette époque.
Si sa profonde expérience de la langue (1), des mœurs des habitants, des
produits naturels du sol, de la constitution du sol même (2) et du climat des
pays d’où les Cinchona sont originaires, son plan de récolte des graines des
divers Cinchona , ainsi que l’expédition qui s’en est suivie, dans laquelle il a
recueilli lui-même sur certains points une quantité de graines et de plants de
Cinchona pendant que ses collaborateurs en recueillaient sur d’autres points,
ont déterminé assurément le succès de l’entreprise, M. Cl. -R. Markham n’a
pas cru, ainsi que nous l’avons déjà observé ailleurs, que sa tâche fût ainsi
terminée. Il a contribué par ses conseils à la bonne installation des plantations
dans les Indes, en les visitant sans cesse non-seulement à l’origine, mais encore
actuellement (3), et se rendant compte si les Cinchona lui paraissaient installés
dans les mêmes conditions que dans leur patrie originaire : il a, de plus, eu soin
de se tenir au courant des documents les plus importants publiés dans les divers
pays sur les Cinchona , et de mettre ces documents mêmes à la disposition des
(1) La langue quichua , qui a été de la part de M. Markham l’objet de publications
bien connues des linguistes.
(2) Nous rappellerons ici que les mœurs des habitants et les produits du sol dont les
Cinchona sont originaires, ont été pris par M. Markham pour sujets de deux ou¬
vrages relatant les voyages qu’il a faits dans ces pays. Ces ouvrages sont le Cuzco and
Lima et le Travels in Pcru and in India. Ce dernier, qui est un récit de l’expédition de
M. Markham et de ses collaborateurs à la recherche des graines et des plants de
Cinchona , et de leur introduction dans les Indes britanniques, contient notamment des
renseignements aussi nombreux qu’intéressants sur la végétation du Pérou et des pays
voisins, aussi bien que sur celles des Indes britanniques.
(3) M. Markham a notamment vjgjté, en 4866, le district de Wynaad, si riche en
‘ plantations de café.
SÉANCE DU J II JUILLET 187] .
103
surintendants des plantations gouvernementales de Cinchona et meme des di¬
recteurs des plantations particulières, ou d’en faire des extraits ou des traduc¬
tions pour les mettre à leur portée, afin de leur faciliter leur tâche. En dehors
des ouvrages classiques sur la matière, tels que ceux de MM. il. -A. Weddell,
J.-E. Howard (1), Karsten, Phœbus, J. -E. de Vrij, Otto Berg, Yogi, etc. , bien
connus, nous mentionnerons, parmi les opuscules et traductions publiés pour les
directeurs de plantations, les Notes on tlie Cinchona trees of Huanucco , extrait
du t. II, pp. 217-23 etpp. 257-64, de l’ouvrage deL. Pœppig, intitulé : Reise
in P cru ivœhrend der Jahre 1827-32 ; The Cinchona species of New-Gra-
nada, extrait publié en 1867 des travaux de Mutis et de Karsten sur les Cin¬
chona de la Nouvelle-Grenade, et les Notes on the Quinquinas , publiées
en 1871, qui sont une traduction du travail de notre collègue M. Weddell
inséré dans les Annales des sciences naturelles , 5e série, tt. XI et XII.
Les efforts faits par M. Markham et par les divers surintendants des
plantations des Indes britanniques, par MM. W.-G. Ivor, le docteur Ander¬
son, le docteur Thwaites, etc., etc., aidés des conseils si utiles de divers
savants, et notamment de M. le docteur J.-D. ïïooker, de M. Howard, ont
continué à porter des fruits sérieux, et les résultats obtenus depuis notre
rapport antérieur, ainsi que le constatent les documents existants entre nos
mains et dont nous donnons ci-dessous un extrait succinct, permettent de
considérer l’acclimatation des Cinchona dans les Indes britanniques comme
un fait incontestablement acquis, et la culture de ces végétaux si utiles comme
prenant dans ce pays un développement de plus en plus considérable, sans que
le changement de pays nuise aucunement à la qualité de V écorce. Ainsi se
trouve réalisé, au prolit de l’Angleterre, le rêve qu’avaient fait La Condamine
et plus tard A. Delondre père, et que notre collègue M. Weddell avait presque
entièrement réalisé.
Un herbier qui provient des plantations des Neilgherries et qui nous a été
envoyé par M. Mac Ivor avec les écorces récoltées, constitue une preuve
palpable du bon état des plantations, et nous permet de mettre sous les
yeux de la Société botanique les feuilles, les fleurs et les fruits d’une partie des
espèces de Cinchona de ces plantations. Un travail chimique que nous proje¬
tons depuis longtemps et que diverses circonstances indépendantes de notre
volonté nous ont seules empêché d’exécuter, nous permettra de confirmer les
résultats obtenus par MM. Howard, de Vrij et Broughton.
Quelques nombres puisés dans les rapports officiels feront aisément com¬
prendre les progrès récents obtenus.
D’après le rapport officiel, publié le 31 décembre 1866 par M. Mac
(1) Il est à peine besoin de rappeler ici que M. Howard a publié sur la quinologie
des plantations des Indes britanniques un magnifique travail bien connu des quinolo-
gistes et dont un exemplaire se trouve, grâce à la libéralité de notre collègue, dans la
bibliothèque de notre Société.
IDA
SOCIETE BOTANIQUE LE FRANCE.
Ivor, il existait, tant dans les pépinières d'Ootacamund que dans les plantations
de Dodabetta, de Neddiwatlum, de Pvcara, de Malakoondah, situées dans les
Neilgherries, un total de 1 783 303 plants de Cinchona , dont 83A 545 -appar¬
tenaient au C. succirubra et 787 903 au C. officinalis var. (3 Condaminea.
D’après le rapport annuel de M. AY.-G. Mac Ivor pour 1866-67, le nombre
des plants s’était élevé à 2 026 0/jô. Le rapport pour 1867-68 donnait le
chiffre de 2 353 370 ; les rapports de 1868 et 1869 mentionnaient de nou¬
veaux accroissements dans le nombre des plants de Cinchona , qui le 31 jan¬
vier 1870 était de 2 595 176, dont 1 215963 C. succirubra et 1 185159
C. officinalis var. Condaminea. En outre, 178 605 plants de diverses espèces
de Cinchona avaient été distribués à diverses personnes, ainsi que 295 onces
de graines (1).
Les Cinchona installés dans les plantations prennent d’année en année un
développement de plus en plus grand, tant en hauteur qu’en largeur, ainsi
que le constatent les rapports officiels. Quelques-uns atteignent 25 pieds anglais
de hauteur (env. 7m,60).
Tout en s’occupant du développement et de la bonne installation des plan¬
tations, M. Mac Ivor, pour éclairer sa marche, a continué des essais compara¬
tifs sur la culture à l’ombre des arbres vivants et la culture en pleine exposition à
l’action de l’air et de la lumière sans aucun abri protecteur, sur le moussage (2) ,
sur la formation des alcaloïdes dans l’écorce. D’après les observations de M. Mac
Ivor, les feuilles paraîtraient jouer un rôle important dans la formation des alca¬
loïdes : elles ne devraient donc pas être enlevées de l’arbre sans nécessité.
La méthode de culture à laquelle les essais de M. Mac Ivor l’ont conduit,
se trouve résumée dans un véritable manuel pratique de culture des Cinchona ,
qu’il a publié sous le titre de Notes on the propagation and cultivation of
médicinal Cinchona.
La qualité des écorces fournies par les Cinchona des Indes britanniques
avait du reste été constatée par comparaison avec les écorces des Cinchona
(t) La France a eu sa part dans cette distribution de graines : plusieurs personnes ont
fait en France et dans nos colonies divers essais avec ces graines. C’est notamment avec
des graines envoyées par M. Mac Ivor que M. Aug. Rivière a pu faire, dans les serres
du jardin du Luxembourg, à Paris, ses expériences si intéressantes sur la germination
des Cinchona et sur la prolongation de la faculté germinatrice de leurs graines pendant
plus de trois ans. Les résultats de ces expériences sont consignés dans différentes notes
publiées par M. Rivière dans le Bulletin de la Société d’acclimatation. M. Rivière a de
plus utilisé les plants obtenus, pour effectuer des essais d’acclimatation des Cinchona en
Algérie, qu’il continue encore en ce moment. Malgré les événements qui ont attristé
Paris depuis plusieurs mois, les serres du Luxembourg, bien que le palais et le jardin
aient été exposés à deux bombardements successifs assez prolongés, contiennent encore,
grâce aux soins de M. Rivière, un millier de pieds de Cinchona. Ce fait prouverait la
rusticité, relative du moins, de certaines espèces.
(2) Procédé qui consiste à couvrir de mousse bien verte et exemple de Lichens les
troncs ou branches des arbres décortiques à la façon du Chênï-Liége, afin de favoriser
la reproduction de Fécorce.
SÉANCE DU 14 JUILLET J 871.
105
d’Amérique, tant au point de vue chimique (1) par les analyses de MM. IIo -
ward et de Vrij, d’une compétence assurément incontestable, et par celle
de M. Broughton, élève de M. le professeur Frankland, attaché aux plantations
des Neilgherries comme chimiste pour apporter à M. Mac Ivor l’aide de ses
connaissances spéciales, qu’au point de vue médical par les résultats des inves¬
tigations des commissions médicales nommées à cet effet.
Nous nous abstiendrons d’entrer dans le détail des résultats obtenus tant
par la chimie que par la médecine, soit sur la valeur relative des divers alca¬
loïdes, soit sur la valeur des diverses écorces de l’Amérique et des Indes bri¬
tanniques. Nous constaterons seulement que les expériences ont donné des
résultats tout à fait favorables, non-seulement pour les écorces fournies par les
Cinchona des diverses plantations des Neilgherries, mais aussi pour celles pro¬
venant des Cinchona des diverses autres plantations de la présidence de Madras,
ainsi que des autres parties des Indes britanniques, et notamment de celles de
la présidence du Bengale.
En ce qui concerne la présidence de Madras, les plantations des Neilgher¬
ries sont assurément les seules qui aient été organisées sur une échelle consi¬
dérable ; mais, sur d’autres points de cette présidence, il a été fait quelques
essais qui ont été loin de donner des résultats défavorables.
Nous mentionnerons notamment les essais faits à Vytry, dans les monts
Cutcherry, compris dans le district de Wyiiaail, qui ont porté sur des
C. succirubra; ceux faits à Peermade, dans le district de Travancore, qui ont
donné de très-bons résultats; ceux faits à Paupanassum, à Chinna-Kuluratli,
et h Paria-Kuluratli, dans le district de Tinnevelly, dont le gouvernement
britannique a décidé la continuation sur une plus grande échelle.
D’autres essais ont été faits avec assez de succès dans les monts Shervaroy,
faisant partie du district de Salem, dans les monts Pulnev et dans d’autres
localités de la province de Madras. Tous ces essais ont été faits sous la direc¬
tion du gouvernement.
La culture des Cinchona par les particuliers, qui avait pris un certain
essor dans le district meme ou les environs du district où se trouvent les pépi¬
nières et les plantations, paraissait malheureusement subir un temps d’arrêt,
du moins d’après le rapport de M. Mac Ivor pour 1868-69 : toutefois de
nouvelles graines avaient été distribuées dans le district et dans l’Himalaya,
(1) Pour donner une idée des services que la chimie rend ici à l’entreprise, nous
énumérerons quelques-unes desquestions examinées expérimentalement par M. Broughton,
déjà presque résolues par lui et traitées dans son rapport daté du 9 décembre 1869,1e der¬
nier qui nous soit parvenu : 1° mode de dessiccation des écorces; 2° influence des sai¬
sons ; 2° conditions dont dépend la teneur en quinine des écorces de Cinchona ; 4° forme
sous laquelle les alcaloïdes se trouvent dans la plante vivante.
L’emploi de la plante fraîche paraît, d’après les expériences de M. Broughton, présen¬
ter, au point de vue chimique, des avantages sur celui delà plante sèche : les alcaloïdes
sont extraits avec plus de facilité lorsque la plante est fraîche. ,
106
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
et les rapports fournis sur ces essais étaient favorables. Les plantations de
M. Money, de M. le colonel Morgan, de M. James Morgan, de M. le docteur
Col vin Smith, de M. le capitaine Jennings, de M. R. -F. Phillips et de M. le
colonel Fyers, ont été maintenues jusqu’ici. Nous croyons devoir faire observer
que le temps d’arrêt que nous venons de signaler ne s’applique pas seulement
aux Cinchona : le même fait a pu être constaté sur les autres cultures du district.
Les plantations de Cinchona de la présidence du Bengale continuent à pros¬
pérer également, ainsi que le constatent les rapports annuels de M. le doc¬
teur Anderson et de M. C.-B. Clarke, insérés dans le troisième Blue Book.
Le 31 mars 1870, les pépinières et les plantations du gouvernement à
Darjeeling, à Rungbee, à Rishap, où le C. Calisaya paraît prendre un bon
développement, et dans les localités voisines, ne contenaient pas moins de
2 262 210 plants de Cinchona , dont 1 500 758 avaient déjà été installés à leur
place définitive dans les plantations.
Dans la présidence du Bengale, la culture des Cinchona paraît prendre une
assez grande extension, et M. le docteur Anderson n’évalue pas, au 31 mars
1868, à moins de 600 000 les plants que possèdent les divers particuliers et
diverses associations privées, notamment M. le major Fitzgerald, la Darjeeling
Cinchona Association , la Darjeeling tea Company, la Tukvar tea Company ,
la Selim tea Association , etc., etc.
Au 31 mars 1869, d’après le rapport de M. Clarke, les plantations
privées du Bengale contenaient 795518 plantsde Cinchona. Nous signalerons
d’abord celles de M. Lloyd et de M. le colonel Angus, appartenant à la Dar¬
jeeling Cinchona Association .
La Darjeeling Cinchona Association, celle qui s’occupait de la culture des
Cinchona sur la plus grande échelle, possédait 671518 Cinchona , dont
652 506 étaient des C. succirubra : ses plantations occupent la partie nord
de la vallée Rungbee.
L’exploitation de la Tukvar tea Company contenait 75 000 plants de Cin¬
chona , dont 20 000 étaient installés définitivement dans les plantations.
La Darjeeling tea Company avait à sa disposition 30 000 pieds de Cinchona
sur la Tukvar tea Company , et il existait 19 000 Cinchona dans d’autres plan¬
tations voisines du Darjeeling.
D’après le rapport de M. Clarke du 31 mars 1870, les plantations de
la Darjeeling Cinchona Association contiendraient 500 acres plantés en
C. succirubra : elles ont déjà fourni des écorces au marché de Londres; ces
écorces provenaient d’arbres âgés de trois ans.
Il paraît, du reste, s’organiser de nouveaux essais tant sous les auspices du
gouvernement qu’aux frais des particuliers, tels que ceux de M. le docteur
Jameson, à Sabarunpore, de M. le colonel Strutt, dans la vallée de Kan-
gra, etc., etc., auxquels les pépinières de Darjeeling avaient fourni des plants.
Mentionnons encore les essais qui paraissent s’effectuer à Chittagong.
SÉANCE DE JA JUILLET 187 J .
107
Nous rappellerons que le gouvernement britannique avait fait établir A
Nunklow, dans les monts Khasia, une pépinière pour fournir des plants aux
habitants de l’Assam et du Cachar qui voudraient s’occuper de la culture des
Cinchona. Le 31 mars 1869, il s’y trouvait 18 975 plants de Cinchona.
M. Clarke, dans son rapport pour 1869-70, conseillait du reste de la suppri¬
mer, observant qu’il était possible d’arriver au même but en transmettant des
graines de Darjeeling.
Les essais de culture faits dans le Burmah britannique, dans la plantation
de Plumadoe, au sud du village de ce nom, le long de la rive septentrionale
d’un cours d’eau nommé Zalorlah Choung et dans une autre plantation plus
élevée de 100 pieds au sud de Zalorlah, sous la direction de M. le capitaine
Seaton, paraissent promettre de bons résultats : toutefois ce ne sont que des
essais.
Les plantations des Neilgherries, de Cevlan et celles du gouvernement néer¬
landais à Java, ont pratiqué, avec les plantations du Bengale, de nombreux
échanges de bons procédés qui ont permis à ces dernières d’acquérir certaines
espèces qu’elles n’avaient pas encore. M. Van Gorkom, directeur des planta¬
tions de Java, a notamment fait parvenir au surintendant des plantations du
Bengale des graines de C. Calisaya. Les plantations des Neilgherries ont fourni
aux plantations du Bengale deux nouvelles espèces, dont l’une est le C. Pitayo
et dont l’autre est provisoirement dénommée C. mirabilis.
Lecture est donnée de la communication suivante, adressée à la
Société :
NOTE SUR DEUX HYMÉNOMYCÈTES DESTRUCTEURS DES BOIS OUVRÉS. ESSAIS
DE PRÉSERVATION, par M. Casimir ROOIEGIÉBË.
(Toulouse, 26 juin 1S71.)
Deux grandes administrations, à Toulouse, sont aujourd’hui préoccupées
des ravages à peu près irréparables causés aux bois ouvrés qu’elles emploient
en grand, par deux Hyménomycètes d’apparition récente dans le pays. Ces
Champignons sont le Mérule-destructeur ( Merulius lacrimans Fr., M. des -
truens Pers. , M. vastator Tode, non A g. destruens de Brond.) et le Polvpore-
envahissant (Polyporus obducens Pers. , P. Medulla-panis DC. p. parte),
qui se montrent en abondance sur les poteaux de sapin soutenant les fds élec¬
triques, ainsi que sur les traverses de chêne qui portent les rails de fer sur
la voie.
Le Mérule-destructeur n’est indiqué ni par Gaterau (Flore de ftlontauban,
1789), ni par Tournon [Flore de Toulouse , 1811), ni par Laterrade ( Flore
bordelaise , 1829). Un seul Aoriste méridional, Saint-Amans (Flore agenaise,
108
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
1821), le signale « dans les lieux humides, sur les poutres », du département
de Lot-et-Garonne. De Candolle [Flore française , 1805), qui a fourni sa
phrase descriptive à ce dernier auteur, ne mentionne que l’appareil de la repro¬
duction, le seul apparent, celui qui, au moment où il écrivait, semblait d’ail¬
leurs constituer toute la plante. Les auteurs qui ont écrit après lui n’ont pas fait
davantage ; aucun ne signale l'état souterrain du Mérule et les dégâts qu’il
occasionne à l’état byssoïde. Chevallier ( Flore de Paris , 1836) et Saint-Amans
décrivent l’état hyménoïde, et reproduisent les mots de De Candolle relatifs
à l’habitat. Cependant, dès 1806, Haberle ( Origine du Mérule , texte alle¬
mand) avait entrevu le système végétatif ( mycélium , Trattinick, 1805), d’où
provient notre espèce, et, trois ans plus tard, Palisot de Beauvois (. Journ .
de bot. 1813, p. 13) avait indiqué les deux états particuliers du Cham¬
pignon.
La localité envahie depuis plusieurs années (ma première observation re¬
monte au mois de mai 1864 pour le Mérule, et j’avoue que je ne reconnus pas
la forme byssoïde spécifique de la plante; il est à supposer aussi que sou peu
de vulgarisation, à ce moment, ne causait pas de dommages appréciables) est
située au nord de Toulouse, dans l’espace compris entre la Garonne et le
canal latéral, et aussi la ligne du chemin de fer jusqu’au delà d’Agen (1).
Au commencement du printemps, le Mérule se montre ici à l’état d’une
membrane déliée, blanche, soyeuse, allongée, plus ou moins ramifiée dans
la terre à une profondeur de 80 centimètres et dans un rayonnement de
30 centimètres autour du poteau. C’est la forme rudimentaire du Champignon
qui a dû persistera l’état de repos pendant plusieurs années et qui ne s’est
associé au bois, dans la partie enfouie, que dans ces derniers temps. Utilisant
les remarques de Haberle et l’opinion de Palisot, voici comment fl. Persoon
( Traité des Champignons comestibles , 1829) précise la durée du mycélium
du Mérule à l’état latent. « Il reste souvent longtemps sous les planches ou les
bois dont il accélère la décomposition, dans l’état d’un Himantia , mais se
(1) Dans le trajet de la ligne électrique à travers le département de la Haute-Garonne,
plus de 200 poteaux sont actuellement attaqués par le Mérule, au point qu’ils ne peuvent
conserver un équilibre assez résistant et vont être remplacés. Un môme nombre est relevé,
nous a-t-on assuré, sur le parcours du département de Lot-et-Garonne, et une égale part
de dommages est faite au département de Tarn-et-Garonne. En rappelant que le cordon
électrique traversant ces trois départements parallèlement à la voie de fer est d’un par¬
cours direct de 120 kilomètres et que chaque poteau est à la distance de 00 mètres du
poleau le plus voisin, on doit être justement effrayé du développement rapide du Mérule
dont le mycélium a littéralement envahi le sol. Il est bon d’observer que tous ces poteaux
dont l’usage est compromis après un an et demi d’implantation ont été, en vue d’une
simple conservation et nullement pour éloigner l’atteinte du Mérule dont on ne soupçon¬
nait pas l’existence, injectés de sulfate de cuivre, ou carbonisés au feu et môme enduits
de brai gras. A mon avis, et les faits de dévastation récents le prouvent, ces préparations
des bois enfouis sont insuffisantes. La carbonisation demande non-seulement des soins
particuliers, mais encore un renouvellement périodique pour la prolongation de la durée
du poteau.
SÉANCE DU i!i JUILLET 1871.
109
développant ensuite en dehors, il prend une forme régulière, s’élargit beau¬
coup en occupant un grand espace. »
Ma première observation du développement hors de terre contre le pied du
poteau, sous forme de placenta successivement étalé et montrant une large
couche sporulifère, date de l’automne dernier seulement. J’ajoute que je n’ai
pu découvrir les gouttelettes humides dont parle Fries, et assez rarement la
nuance foncée du réceptacle résultant sans doute du degré complet de matu¬
rité du Champignon. La plus grande partie des réceptacles développés conservait
une couleur blanchâtre passant au roux clair : là encore on trouvait une grande
mollesse au toucher, persistant même avec le temps sec. J’ai pu remarquer
que le Champignon stationne de préférence au pied de poteaux ombragés par
la haie de clôture du chemin de fer. Il est rare et même absent sur les poteaux
dont le pied est découvert, sur ceux exposés au soleil, et notamment sur la
ligne droite de la voie ferrée où les poteaux se trouvent en deçà de la haie.
Les poteaux placés dans les terrains argileux ou constamment humides sont
réfractaires aux atteintes du Champignon ; mais, dans les terrains rapportés,
c’est le contraire. Le poteau enterré à lm,50 subit l’atteinte du Champignon
au-dessus de 70 centimètres environ, cela assez exactement. Au-dessous le
bois est sain ; la terre étant tassée et l’influence de l’air à peu près nulle, la
végétation du Champignon est empêchée. Les talus formés par les terres reti¬
rées du lit du canal ou de l’assiette du chemin de fer subissent alternativement
les conditions fâcheuses d’une humidité prolongée pendant la saison des pluies
et d’une sécheresse dévorante pendant l’été. Là est la station préférée du Mé-
rule et du Polypore.
La voie ferrée de Toulouse à Agen est généralement en contre-bas du talus
où a été planté le poteau télégraphique, et, sur la voie encore, le Mérule,
trouvant des conditions favorables, s’est développé d’une manière luxu¬
riante. En 1869, pour la première fois, descendant sans doute des talus, il
s’est montré au-dessus des graviers, en expansions encore informes marquant
la place invisible des traverses de chêne. (Ces traverses sont renfermées dans
le sol à 25 centimètres environ de profondeur, et le mycélium a presque tou¬
jours débuté par l’occupation de l’incision qui sert à relier le rail à la traverse.)
Là encore, à ce moment, les rails subissent des affaissements partiels selon le
degré de pourriture de leur support. Sans pouvoir l’affirmer, je crois cepen¬
dant que ces travaux n’avaient reçu aucune préparation pour leur conser¬
vation.
Le mycélium du Mérule est formé par l’association d’un grand nombre de
menus filaments et constitue la forme fibreuse. Si j’en juge par un examen
comparatif de plusieurs types, il faudrait rapporter ce mycélium à une pro¬
duction non autonome, désignée sous le nom d 'Hypha et à l’espèce flabel-
lata de Persoon (Byssm speciosa Humb.) qui envahit les bois exposés à une
obscurité complète.
ÜO
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FIUNCE.
Le Polypore-envahissant, inconnu jadis dans notre localité, fut observé par
moi, il y a plus de dix ans, dans la même région où il abonde aujourd’hui.
Il se montra d’abord sur les lourdes barrières de bois de chêne qui bordent
le canal du Midi au boulevard de la Gare à Toulouse (aujourd’hui il est
répandu sur les bois de Pin-des-Landes servant aux clôtures du chemin de
fer et sur les poteaux télégraphiques généralement au voisinage du Mé-
rule). Les bois avaient été primitivement peints, puis goudronnés plusieurs
années après, et cependant le mycélium s’était fait une route dans les libres
intérieures, à ce point que, sur diverses parties des poteaux placés horizonta¬
lement et mesurant 15 centimètres sur chacune des quatre faces, la pression
de la main fut suffisante pour déchirer toute l’épaisseur du bois, qui montra
alors les fibres ligneuses exactement occupées par les couches compactes du
mycélium. Pendant longtemps je fus embarrassé pour déterminer cette pro¬
duction stérile. Certaines couches étaient pulvérulentes, d’autres étaient lisses.
(Deux obligeants correspondants, qui m’honorèrent longtemps de leur amitié,
inclinaient pour voir le Telephora caicea Pers. dans mon mycélium : Tillette
de Clermont et Desmazières, qui étiquetaient cependant mes exemplaires avec
un point de doute.) Ce fut l’année dernière seulement que le mycélium,
s’échappant de ses cavités obscures, gagna les bouts des pièces de bois et vint
s’étaler sur les surfaces éclairées ; il montra enfin sa couche poreuse caracté¬
ristique. J’ai pu graduellement suivre le développement de l’hyménium.
Ainsi la couche de première année, celle de 1870, était fort mince et exacte¬
ment privée du contour bvssoïde, et, quoique colorée légèrement en jaune à la
marge, elle rappelait le mycélium floconneux dont elle provenait. La couche
de deuxième année, celle du printemps 1871, était plus épaisse, quoique
amincie à son bord, de forme suborbiculaire, un peu incrustante, entièrement
poreuse, sauf sur l’extrême bord régulièrement nu; les pores étaient bien
formés, petits, arrondis et disposés en couches distinctes.
Le mycélium du Polyporus obducens Pers. appartient encore à la forme
fibreuse et mieux à la modification membraneuse , qui ne diffère, on le sait,
de la première que par le resserrement des filaments qui simulent un feutre.
C’est une membrane floconneuse plus longue que large, souvent papyracée à
l’état sec, molle à l’état frais, douce au toucher, constamment blanche, ne
changeant jamais de couleur et présentant sous les verres amplifiants un tissu
épais, entremêlé. Les fragments détachés du bois étaient tantôt aplatis comme
est une pellicule (ils atteignent alors 8 centimètres dans le sens le plus long)
et tantôt subtriangulaires ou même polyédriques et d’une épaisseur d’un tiers
de centimètre. J’ai été tenté de rapporter à cette production un Champignon
non autonome, le Dematium giganteum Chev. (Pyssus DC. , Xylostroma
Tode), que M. Tulasne a fait remonter, avec doute, il est vrai, au Polyporus
fumosus (voyez Sèl. Fung. Carp . I, p. 99). Je joins ici, pour l’herbier de
la Société, un type de chaque état des deux Champignons.
SÉANCE DU l/j JUILLET 1871.
111
Les auteurs qui, depuis le commencement de ce siècle jusqu’à ces dernières
années, ont mentionné le Mérule et ses dévastations (De Candolle a été, dans
cette période, un des premiers, 1805), se sont tous passé celte phrase : « Un
bon moyen pour détruire le Mérule consiste dans l’arrosage des bois avec
l’acide sulfurique étendu d’eau. » Aucun de ces auteurs n’ayant indiqué la
pratique de cet arrosage, je vais signaler les expériences qui m’ont paru
réussir.
Pour moi, la carbonisation du bois'desliné à être planté en terre est effecti¬
vement encore le moyen le plus efficace pour isoler ses surfaces des agents
végétaux de décomposition. La carbonisation l’emporte sur les injections mé¬
talliques si utiles cependant à d’autres points de vue. Elle est justement recom¬
mandée aux agriculteurs pour la conservation des pieux, des tuteurs, des clô¬
tures, des espaliers, qui durent, quand l’opération est bien faite, même dans
les sols les moins propices, le double du temps prévu ; mais la carbonisa¬
tion par le feu s’exécute presque toujours mal, parce qu’il est impossible de
maintenir dans le tissu du bois l’action du feu à une profondeur égale. Le
moyen le plus régulier et aussi le plus facile doit consister à carboniser au
moyen de l’acide sulfurique (ne pas confondre avec « l’arrosage étendu d’eau »
que j’ai mentionné). Mon opération est simple : je place pendant dix secondes
la partie du piquet à enfouir (je dis dix secondes, s’il s’agit d’un bois de
10 centimètres environ de diamètre ; j’ai vérifié que le nombre de secondes
pour f immersion correspondait assez bien au nombre de centimètres offerts
par l’épaisseur du bois à carboniser) dans un récipient contenant de l’acide
sulfurique concentré. Après avoir immergé le bois, je le fais égoutter soigneu¬
sement, puis placer dans un endroit sec et couvert pendant deux ou trois jours,
avant qu’il soit planté en terre. La carbonisation des fortes pièces de bois devrait
être renouvelée après six mois.
Je sais qu’on fait en ce moment, à l’administration des télégraphes, sous
la direction d’un intelligent inspecteur, M. Bourseul, l’essai de moyens particu¬
liers pour arrêter les ravages des Champignons dont je viens de parler. J’at¬
tends impatiemment les résultats de ces recherches et aussi l’autorisation de les
publier.
M. Gosson communique à la Société la dernière partie de son
travail intitulé :
INSTRUCTIONS SUR LES OBSERVATIONS ET LES COLLECTIONS BOTANIQUES A FAIRE
DANS LES VOYAGES (fin), par M. E.
VI. — Préparation des échantillons d’heritier.
Il est impossible, dans les limites de ces instructions, d’indiquer toutes les
modifications que les procédés de dessiccation devront subir selon le degré de
112
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
chaleur, de sécheresse ou d’humidité du climat de la contrée où l’on herbori¬
sera, selon les conditions dans lesquelles s’exécutera le voyage, et selon que la
préparation devra avoir lieu en roule, à poste fixe, en plein air ou sous la tente,
dans des habitations étendues ou restreintes. Un peu de pratique vaudra mieux,
du ^este, que tous les préceptes, et l’on ne saurait trop engager tout voyageur
qui devra entreprendre une exploration botanique de se mettre en relation
avant son départ avec des botanistes familiers avec tous les modes de prépara¬
tion ; il en apprendra plus par leurs conseils et par quelques essais, faits sous
leurs yeux, avec le matériel le plus approprié au climat de la contrée à explo¬
rer, que par la lecture des instructions les plus détaillées.
On ne saurait trop insister sur l’avantage qu’il y a à procéder à la préparation
définitive dès que l’on est arrivé soit à un lieu de halte ou de campement, soit à
une habitation ; car cette préparation sera d’autant plus facile et sera faite dans
des conditions d’autant plus avantageuses qu’elle sera plus rapprochée de la ré¬
colte; on sera à même de remédier sans difficulté aux faux plis que les échan¬
tillons auront pu prendre lors de l’arrangement fait sur place ou dans le trans¬
port, et surtout on évitera la fermentation et des altérations de tissus qui
retarderaient la dessiccation ou même la compromettraient et, en tout cas,
altéreraient les couleurs. Cette dernière recommandation est surtout impor¬
tante dans toutes les circonstances qui peuvent déterminer rapidement la fer¬
mentation, telles qu’une chaleur intense, l’humidité atmosphérique, l’influence
des orages, etc.
Les échantillons, au fur et à mesure qu’ils seront extraits du cartable, seront
placés dans l’intérieur de feuilles doubles du papier à préparation ( chemises )
qui seront superposées après avoir été séparées les unes des autres par cinq ou
six feuilles doubles formant un mince cahier et constituant ce que les bota¬
nistes appellent un coussin ou matelas. On peut fixer les feuilles du coussin
par une ou deux anses de gros fil, mais il est généralement plus avantageux de
les laisser libres ; car, dans un voyage, on est souvent forcé de recourir au pa¬
pier des coussins pour la préparation des récoltes ou l’emballage des échantil¬
lons secs. Il va sans dire que si l’on a beaucoup de papier à sa disposition, il
y a avantage à augmenter le nombre des feuilles doubles des coussins ; la pré¬
paration n’en sera que plus rapide et plus satisfaisante.
Lorsque le paquet formé par les chemises renfermant les échantillons et les
coussins interposés a atteint environ le volume de une ou deux rames de papier
au plus, on le comprime entre deux planchettes, au moyen de deux courroies,
ou mieux, lorsqu’on est à poste fixe, en plaçant un poids ou une pierre d’une
vingtaine de kilogrammes sur la planchette supérieure. — On doit éviter de sou¬
mettre les échantillons à une compression insuffisante, car ils auraient ainsi un
volume trop considérable, et les parties délicates seraient exposées à se crisper;
mais il faut encore, avec plus de soin, éviter de leur faire subir une compres¬
sion trop forte qui les déformerait et, par l’écrasement desorganes les plusim-
SÉANCE DU 1/ï JUILLET 1871.
113
portants pour l’élude, en empêcherait l’examen ultérieur. — ■ Après environ
douze heures de compression sous la presse, on doit retirer les coussins et les
remplacer par des coussins secs et, autant que possible, séchés et chauffés soit
au soleil, soit à la chaleur artificielle d’un foyer ou d’un four. Pendant cette
opération, on entr’ouvrira quelques-unes des chemises renfermant les échan¬
tillons, et l’on s’assurera si aucun d’eux n’offre pas de faux plis auxquels la
mollesse des parties de la plante permet généralement encore de remédier;
mais il ne faut pas changer les échantillons de chemise, ils doivent rester jus¬
qu’à complète dessiccation dans celle où ils ont été primitivement placés, car
l’on procédait autrement, on les exposerait à des déformations qu’il faut
soigneusement éviter.
La première disposition des échantillons dans la chemise a dû être faite
avec assez de précaution pour qu’il n’y ait que peu à y retoucher, car, si elle
avait été défectueuse, il serait le plus souvent impossible de la rectifier. C’est
donc la mise en papier qui a la plus grande importance, car c’est de cette pre¬
mière opération que dépendra en grande partie le bon état des échantillons.
Du reste, avec un peu d’habitude, et surtout si les plantes ont été placées au
moment de la récolte sur les feuilles simples d’un cartable convenablement
serré, on arrivera facilement à conserver aux échantillons toute l’élégance de
leur port, élégance bien préférable à celle que l’on obtient à grand’peine et avec
une perte de temps considérable, si l’on veut artificiellement leur donner une
forme conventionnelle. — Lorsqu’on a remédié aux faux plis que les échan¬
tillons peuvent présenter après cette première compression, on met de nou¬
veau en presse chemises et coussins. Après douze ou vingt-quatre heures au
plus, on change de nouveau les coussins, et l’on continue ainsi jusqu à dessic¬
cation complète, en ayant soin, à chaque changement de coussins, de mettre
de côté les chemises renfermant les plantes arrivées à dessiccation complète
ou au moins à un tel degré de dessiccation, qu’elles ne puissent se crisper
à l’air libre.
Si l’on dispose de locaux bien secs et bien aérés, à sol parqueté ou bétonné,
mais non carrelé, et surtout non carrelés avec des carreaux vernissés, on peut
étendre pendant la nuit ou pendant quelques heures de jour les chemises ren¬
fermant les plantes, après avoir remplacé les coussins, et même, en cas d’ur¬
gence, sans changer les coussins, si on les a étendus sur le sol eu même temps
que les chemises. Mais, même dans les pays tempérés, où les plantes sont le
moins exposées à se crisper et à fermenter, ce procédé est moins sûr que celui
du changement de coussins. Dans les pays chauds et dans les campements, il
est d’une application difficile et délicate, et exige une surveillance de tous
les instants. Ce que l’on peut encore faire, mais cela demande un tact que
l’habitude seule peut donner, c’est, lorsque les échantillons ont acquis leur
forme définitive par un séjour assez prolongé dans la presse, de rassembler les
chemises en minces fascicules légèrement serrés au moyen d’un ficelage en
T. XVIII. (séances) 8
1 \h
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
croix double, et d’exposer ces fascicules au grand air en les suspendant sur des
cordes tendues horizontalement, en ayant soin de les retourner fréquemment
et en vérifiant souvent si les feuilles et les parties délicates des échantillons ne
se crispent pas par une dessiccation trop rapide. Après cette aération, dont la
durée est nécessairement subordonnée au degré de la sécheresse atmosphé¬
rique eide a température, les fascicules sont déficelés et les chemises remises
en presse entre des coussins secs.— Dans les Alpes et dans les climats tempérés
secs, on peut quelquefois, surtout pour les petites plantes, supprimer les cous¬
sins si l’on a à sa disposition du papier épais et très-buvard ; mais alors il est
indispensable, au moins une ou deux fois par vingt-quatre heures, d’étaler
pendant quelques heures, sur le sol d’une pièce bien aérée, en prenant les
précautions indiquées plus haut, les chemises renfermant les plantes. Pour les
voyages dans lesquels le bagage doit être réduit en raison de l’étendue des
espaces peu habités ou déserts à traverser, le voyageur botaniste se trou¬
vera très bien de l’usage de châssis de bois formés de barres transversales et
longitudinales et surtout de châssis de fer, légers, garnis de treillage à mailles
assez serrées pour permettre, au moyen de courroies, une compression
suffisante sans gêner la circulation de l’air. Au moyen de ces châssis, on
peut, dès que les échantillons ont été soumis assez longtemps à l’action de
la presse pour leur donner leur forme définitive, les disposer sur des feuilles
simples que l’on groupe par fascicules de quarante à cinquante, en parta¬
geant le fascicule par un coussin assez épais de papier non collé et très-per¬
méable à l’humidité. Pour achever la dessiccation, il suffira d’exposer les
châssis à une ventilation active en les suspendant à l’air libre et en les expo¬
sant alternativement sur leurs deux faces à la chaleur du soleil ou à celle d’un
foyer. Toutes les plantes peuvent être préparées au moyen de ces châssis
en prenant les précautions qui viennent d’être indiquées ; mais ce procédé
de préparation sera surtout très-avantageux pour les espèces à feuilles grasses,
pour les Orchidées, les Liliacées, etc, et toutes celles qui se préparent d’une
manière imparfaite et très- lentement au moyen de la presse ordinaire de
voyage. — Si l’on doit recourir à la chaleur d’un four, soit pour sécher
les coussins, soit exceptionnellement pour achever la dessiccation des échantil¬
lons, il faut éviter de placer les paquets de papier ou les fascicules de plantes
dans le four immédiatement après la cuisson du pain, car l’humidité qui s’est
dégagée pendant cette cuisson imprégnerait le papier et serait une condition
très-défavorable, surtout pour des échantillons déjà presque secs. — Lorsque
les presses doivent être chargées sur des voitures découvertes ou des bêtes de
somme, on ne doit les abriter par des bâches ou des toiles cirées que si le temps
est menaçant; si, au contraire, le ciel est pur, il faut les laisser exposées à
l’air, qui, en es pénétrant de toutes parts, active beaucoup la dessiccation. —
Il est surtout important d’arriver à une dessiccation rapide, quel que soit
d’ailleurs le procédé adopté, pour les plantes à feuilles lisses et luisantes ou
SÉANCE DU 1 !\ JUILLET 1871.
115
composées de nombreuses folioles se détachant facilement, comme c’est le cas
pour un grand nombre d’espèces des régions tropicales; en effet, si celte
dessiccation est lente, on n'obtient guère que des échantillons fragmentaires
et insuffisants pour donner une idée vraie du port de la plante. — Lorsque les
tiges sont trop épaisses pour pouvoir être séchées aussi rapidement que les
feuilles et pour pouvoir facilement être mises en herbier, i! y a souvent avan¬
tage, comme nous l’avons déjà dit, soit à les fendre ou à les couper longitu¬
dinalement, soit à leur faire subir une forte pression sous un cylindre de bois
ou une bouteille, etc.; mais, dans ce cas, il est bon de joindre à l’échantillon
un fragment de tige ou de rameau, ou au moins une rondelle que l’on aura
séchée à l’air libre et qui en donnera les véritables contours. On peut agir de
même pour les souches trop épaisses.
Pour obtenir une préparation irréprochable, lorsqu’on a recueilli en nom¬
breux échantillons un certain nombre d’espèces, il est très-important de rap¬
procher dans la presse tous les échantillons d’une même plante : il sera bien
plus facile ainsi d’en retirer les plantes au fur et à mesure de leur dessiccation ,
et, de plus, on aura l’avantage d’éviter les chances d’altération qui résulte¬
raient du contact de plantes de consistance et de nature très-diverses et, par
cela même, d’une durée de dessiccation bien différente. Il est de même indis¬
pensable, pour que les presses soient plus régulièrement parallélipipédiques,
d’éviter de disposer du même côté les souches volumineuses des plantes ; on
doit, au contraire, faire alterner les souches et les sommités de manière
que la compression s’exerce horizontalement et bien d’aplomb. Lorsque les
fleurs, par leurs dimensions, par leur consistance ou leur structure compliquée,
ne sont pas de nature à se prêter à une préparation satisfaisante en ne les déta¬
chant pas de l’échantillon, il est indispensable d’en préparer à part, ainsi que
leurs diverses parties isolées (calice, corolle, étamines, ovaire, etc.), et, dans
un grand nombre de cas, i! est avantageux de dessécher également à part des
coupes longitudinales et horizontales des fleurs, coupes qui sont des plus utiles
pour l’étude. -—Lorsqu’on ne peut, en raison des conditions de voyage dans les¬
quelles on est placé, recueillir de nombreux échantillons d’une même espèce,
on doit préparer, indépendamment des échantillons représentant le port de la
plante, des sommités florifères et fructifères, ou au moins des fleurs et des
fruits isolés qui serviront à l’étude des caractères sans forcer à recourir, pour
les dissections, à l’échantillon complet; cette recommandation est surtout im¬
portante pour les plantes ne portant qu’une fleur ou un petit nombre de fleurs.
Pour les fleurs préparées isolément, il est utile de comprimer les unes de face,
les autres de côté, car on rendra ainsi les dissections nécessaires pour l’étude
d’une exécution beaucoup plus facile. — Pour les plantes à corolle gamopétale
de grande dimension et pour le labelle de certaines Orchidées, on emploie utile¬
ment du coton cardé que l’on interpose entre les diverses parties de la fleur
afin d’en empêcher l’adhérence, qui, sans cette précaution, en rendrait ulté¬
rieurement l’examen difficile.
116
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Les plantes grasses, la plupart des plantes bulbeuses et toutes celles dont la
vie n’est pas étruite par la compression dans le papier à sécher, doivent être,
soumises à une opération spéciale avant d’être mises en presse. On les fait ma¬
cérer pendant quelque temps dans du vinaigre, de l’alcool, ou de l’eau chargée
de chlorate de potasse, pour mortifier leurs tiges et leurs feuilles et les mettre,
au point de vue de la dessiccation, à peu près dans les mêmes conditions que
les autres végétaux. On peut remplacer la macération en immergeant les
échantillons dans l’eau bouillante, ou en les exposant pendant le temps néces¬
saire à la vapeur d’eau bouillante ; mais, dans l’un et l’autre procédé, il est
bon de ne pas soumettre les parties florifères à ce traitement. Les échantillons
ayant été déposés quelques instants sur un linge ou sur du papier non collé
pour laisser égoutter le liquide qui les mouille, sont ensuite placés, comme
les autres plantes, dans l’intérieur de feuilles doubles séparées par d’épais
coussins, mais il est indispensable de ne pas les soumettre à une compression
trop forte qui pourrait amener leur écrasement. — Après avoir été mainte¬
nues sous la presse un ou deux jours, pendant lesquels elles ont été régu¬
lièrement et fréquemment changées de coussins, les plantes grasses ou suc¬
culentes, dont la tige et les feuilles ont été tuées par la macération ou l’action
de l’eau bouillante, réclament encore des soins particuliers. Les sommités
florifères, qui, comme nous l’avons dit, n’ont pas été soumises au même
traitement que le reste de la plante, doivent être ou séchées au moyen d’un fer
chaud promené sur la chemise renfermant les échantillons, ou au moins être
comprimées au moyen d’un cylindre de bois ou d’une bouteille que l’on roule
sur elles pour les empêcher de continuer à végéter et de développer leurs
ovaires. Si c’est ce dernier procédé que l’on adopte, les échantillons doivent,
après avoir été retirés des chemises, être placés sur des feuilles simples que l’on
serre fortement entre deux châssis de fer solidement reliés entre eux et que l’on
soumet soit a la chaleur solaire, si elle est suffisante, soit à la chaleur artifi¬
cielle d’un foyer ou d’un four. Si l’on n’a mis qu’un petit nombre de feuilles
entre les deux châssis, et si l’on a placé au centre de ce mince fascicule un
coussin assez épais pour rendre la compression égale, il n’y a plus d’autre soin
à prendre jusqu’à la dessiccation complète que d’exposer le plus souvent pos¬
sible le châssis à la chaleur, tantôt sur une face, tantôt sur l’autre.
On peut encore préparer de la manière suivante, et ce procédé est sans
contredit le meilleur toutes les fois que l’on peut le pratiquer, non-seulement
les plantes grasses ou charnues, un grand nombre de Champignons à tissu mou
ou spongieux, mais encore les sommités florifères ou des fleurs isolées, telles que
celles des Nymphéacées, de certaines Sterculiacées, des grandes espèces d’Or-
chidées épiphytes, d’un grand nombre de Liliacées, Iridées, Broméliacées, etc. ,
pour lesquelles les autres moyens de dessiccation ne donnent généralement que
des résultats assez imparfaits. On place les plantes ou parties de plantes dans du
sable fin, bien sec, passé à travers un tamis à mailles très-serrées, et renfermé
une caisse de bois ou de tôle, en ayant soin de disposer le sable de ma-
SÉANCE DU Mi JUILLET 1871.
117
nièreà ne pas déformer îcs échantillons ; puis on expose la caisse au grand soleil,
ou mieux à la chaleur d’une étuve ou d’un four, et, quand les échantillons ont
perdu la plus grande partie de leur eau de végétation, on les soumet à la com¬
pression, entre les feuilles du papier à préparation, dans la presse à plan¬
chettes ou mieux dans celle à châssis de fil de fer. — Dans les pays chauds,
lorsque la sécheresse de l’atmosphère et du sol le permettent, on peut obtenir
quelquefois de très-bons résultats en exposant les échantillons à la chaleur so¬
laire après les avoir placés dans une couche de sable convenablement disposée.
La plupart des Algues à texture délicate, les Characées et un grand nombre
de plantes aquatiques à feuilles molles ou découpées en segments déliés, doi¬
vent être préparées sous l’eau. On les fait flotter dans l’eau dont on remplit
un vase large et peu profond, tel qu’une terrine, un plat creux ou mieux un
plateau de zinc, du format du papier, muni d’un rebord relevé à angle droit,
et percé en dessous d’un trou muni d’un bouchon pouvant s’enlever facilement
pour faire écouler le liquide dans un autre vase. On glisse sous l’échantillon
un feuillet de papier blanc, un peu fort et bien collé, d’un format approprié
à la grandeur de la plante, et au moyen d’une pointe mousse ou d’un pinceau
on étale les rameaux ou les segments de la plante ; et lorsqu’elle a ainsi repris
son port nature!, si l’on s’est servi d’un plateau muni d’un trou, on fait écouler
le liquide qui laisse déposer l’échantillon sur le papier, ou, si l’on a eu recours
à un vase dépourvu de trou, on retire avec précaution le papier portant
l’échantillon, en évitant d ’en déplacer les parties en le sortant de l’eau. On
place ensuite sur ce carré de papier un autre feuillet de papier pénétré de
suif, ou mieux un morceau de calicot dépourvu d’apprêt, environ de même
grandeur, pour empêcher que la plante mise sous presse n’adhère au coussin
qui lui sera superposé. Pour obtenir une bonne préparation, il faut changer les
papiers suifés ou les morceaux de calicot, ainsi que les coussins, deux ou trois
fois par jour jusqu’à dessiccation complète. Si l’on a bien opéré, l’échantillon
restera intimement adhérent à la feuille de papier fort sur lequel on l’a étendu
et donnera l’idée la plus vraie du port que présentait la plante dans l’eau où elle
croissait. — Les Algues marines doivent être dessalées par une immersion
dans l’eau douce avant d’être étendues sur le papier. ïl est rare qu'un vovageur
ait le temps de les préparer définitivement au moment même del eur récolte,
et il peut, dans la plupart des cas, se borner à les laisser sécher à l’air libre
après les avoir dessalées. Ainsi séchées, leur préparation peut être ajournée
presque indéfiniment; seulement il est indispensable, pour les espèces divisées
en ramifications délicates, avant de les sécher à l’air, de ne pas intriquer
ces ramifications : on évitera ce grave inconvénient en les retirant de l’eau
douce par leur extrémité inférieure et en les suspendant ensuite par la même
extrémité sur des ficelles bien tendues. Les échantillons ainsi séchés à l’air
libre seront conservés à l’abri de toute humidité, afin d’éviter de leur faire
perdre leurs couleurs souvent très- vives; pour procéder a leur préparation
418 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
définitive, il suffira de les ramollir par une immersion suffisamment prolongée
dans l’eau douce, soit froide, soit tiède, afin qu’ils reprennent leur flexibilité,
qui permettra de leur donner leur port naturel, et ensuite ils seront traités,
comme nous venons de le dire pour les échantillons vivants.
Les Mousses, les Hépatiques et les Lichens 11e réclament pas non plus une
préparation immédiate, bien qu'elle soit toujours préférable, et s’ils sont trop
secs et trop fragiles, au moment où l’on voudra les mettre en presse, il suffira,
pour leur rendre leur flexibilité, de les enfermer dans un linge mouillé que
l’on placera pendant le temps nécessaire dans un endroit frais, tel qu’une cave,
par exemple.
Les Champignons très-charnus et ceux qui deviennent déliquescents doi¬
vent être conservés dans l’alcool, mais un certaiu nombre cependant peuvent
être desséchés pour l’herbier, et l’on obtient des échantillons utiles de la plupart
des espèces, même de celles de très-grande taille, en pratiquant convenablement
des coupes verticales et horizontales de leur chapeau et de leur pédicule pour
les soumettre à la dessiccation. Il est souvent avantageux, avant de les mettre
en presse, de faire tremper pendant quelque temps dans de l’alcool ou dans
une solution concentrée d’alun les échantillons des espèces à tissu très-mou.
Après avoir mis dans le papier les Champignons entiers ou les segments résultant
de leurs coupes verticales et horizontales, on les presse d’abord assez légère¬
ment pour en éviter l’écrasement, puis, après avoir changé plusieurs fois les
coussins, on augmente graduellement la pression, jusqu'à ce qu’ils soient assez
comprimés pour pouvoir être placés, avec les feuilles de papier qui les renfer¬
ment, entre les châssis de fil de fer, et être ensuite exposés soit à la chaleur
solaire, soit à celle d’un foyer. — On peut encore avoir recours très-avantageu¬
sement au sable chauffé, pour la préparation des échantillons d’herbier de
Champignons, en procédant comme nous l’avons indiqué plus haut.
Pour les Glumacées et autres plantes d’une dessiccation facile, on peut gé¬
néralement se contenter de les disposer avec soin sur des feuilles simples que
l’on comprime entre des coussins épais. Souvent, si les conditions atmosphé¬
riques sont favorables, après vingt-quatre ou quarante-huit heures, 011 pourra
réunir en paquets, médiocrement serrés, les feuilles de papier à préparation
qui portent les échantillons, et la dessiccation s’achèvera sans autres soins.
Quand, en raison de leur volume, on doit détacher des fleurs ou des fruits
d’un échantillon, il est très-avantageux, si l’on sait dessiner, de fixer l'échan¬
tillon sur du papier fort par des bandelettes et de figurer dans leur position
naturelle les fleurs et les fruits que l’on a dû conserver ou préparer à part.
Les fruits doivent être préparés avec non moins de soin que les fleurs (et
l’on 11e doit pas considérer comme des fruits des ovaires imparfaitement déve¬
loppés) . Ils doivent être pris à l’état de maturité parfaite, c’est-à-dire au moment
ou lès graines sont sur le point de s’échapper du péricarpe. Les fruits volumi¬
neux doivent être séchés a part à l'air libre, et l’on devra accompagner les
SÉANCE DU 1/j JUILLET 1871.
J 19
échantillons de leur coupe transversale et de leur coupe longitudinale. Une
bonne préparation du fruit, indispensable dans certaines familles où il fournit
les caractères essentiels, est toujours avantageuse même pour les familles où
son importance est moindre ; la consistance du fruit, son volume, sa déhis¬
cence ou sa non-déhiscence, le mode de déhiscence, etc., constituent souvent
des différences du premier ordre. — Un assez grand nombre de plantes dont
les fruits ouïes parties de fruit se détachent ou se séparent à la maturité ré¬
clament pour leur conservation des soins particuliers : ainsi les cônes de cer¬
taines Conifères, se désagrégeant facilement, doivent être entourés d’une gaze
de tissu lâche cousue en sac et les enveloppant étroitement ; les cupules des
Chênes doivent être, à Tétât frais, transpercées d’une épingle qui traversera la
base du gland et en empêchera la chute qui résulterait nécessairement du retrait
produit parla dessiccation. Dans un certain nombre de cas, en entourant les
fruits de fil ou de ficelle, on évitera que les valves ne se séparent et ne laissent
échapper les graines.
La maturité des graines est aussi des plus importantes pour leur étude,
et, avant de les joindre aux échantillons, il est bon de s’assurer, par l’examen
à la loupe d’un certain nombre d’entre elles coupées longitudinalement et
transversalement avec un rasoir, si leur embryon est complètement formé. Cet
examen est souvent difficile en voyage pour les petites graines : aussi, dans la
plupart des cas, peut-on se borner à les projeter d’une certaine hauteur sur
une feuille de papier collé ; si elles rebondissent, c’est un indice à peu près
certain de leur maturité.
Il est très-avantageux de conserver dans l’alcool elles sommités florifères ou
fructifères, ou au moins des fleurs et des fruits isolés, toutes les fois que ces
parties sont de nature à être trop déformées par la préparation pour pouvoir
ensuite être facilement étudiées. Ces parties doivent être enfermées dans des
cornets de papier résistant, liés aux deux extrémités avec du gros fil, et sur
lesquels on inscrit au crayon de mine de plomb un chiffre très-lisible repro¬
duisant le numéro d’ordre des étiquettes accompagnant les échantillons d’her¬
bier. Ces cornets permettent de réunir dans un même flacon d’alcool des
fragments d’un assez grand nombre d’espèces, sans danger de confusion, et
les préservent en même temps des détériorations q i pourraient résulter de
l’agitation du liquide dans les transports.
VII. — Emballage et expédition des collections.
Lorsque les échantillons d’herbier sont assez secs pour ne plus se crisper, il
suffit de laisser les feuilles qui les renferment exposées à l’air libre, après les
avoir superposées par minces fascicules non serrés. Cette aération enlèvera
toute humidité, et les échantillons pourront ensuite être retirés des chemises
et disposés sur des feuilles simples qui prennent moins de place dans les em-
1*20
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
hallages et permettent de ménager la provision de papier et de diminuer le
poids des paquets. Si l’on a recueilli plusieurs échantillons d’une môme espèce,
à la même localité et à la même date , il est important de grouper les
feuilles simples qui les portent dans une même chemise, munie d’une étiquette
qui s’appliquera à l’ensemble. Il va sans dire que dans l’emballage, de même
que dans la préparation, il faut éviter, en formant les paquets, de superposer
des plantes de consistance et de volume trop différents, car, sans cette pré¬
caution, on s’exposerait soit à briser les petites plantes, soit les parties délicates
des grandes plantes.
Autant que possible, on devra réunir en paquets isolés, portant extérieu¬
rement l’indication de la localité, toutes les plantes recueillies à un même
endroit et à peu près à la même date. On aura ainsi le moyen d’éviter les
erreurs qui pourraient résulter plus tard de transpositions d’étiquettes.
Dans les pays lointains, si l’on doit faire des envois successifs de ses récoltes,
il est prudent de conserver avec soi la série complète de toutes les plantes
recueillies, représentées par un ou deux échantillons seulement; on évitera
ainsi de compromettre l’ensemble des matériaux réunis en en confiant la tota¬
lité aux chances d’une même traversée. Les étiquettes et les notes de cette
série devront être la reproduction exacte de celles qui accompagnent la masse
des récoltes et porteries mêmes numéros d’ordre. D’une manière générale,
on ne saurait trop recommander au voyageur de prendre les plus grandes
précautions pour l’emballage et l’expédition de ses collections, alors même
que, les transportant avec lui, il peut les surveiller de manière à mieux eu
assurer la conservation.
Chaque paquet devra être entouré de papier goudronné après avoir tou¬
tefois mis temporairement à l’abri de l’atteinte des insectes les échantillons
qu’il contient, soit par une aspersion de benzine ou d’acide phénique, soit
par une insufflation de poudre insecticide. Si quelques-unes des plantes qui
composent un paquet sont de nature à être compromises prochainement par
l’éclosion des œufs que les insectes ont pu y déposer pendant la vie de la
plante, ces précautions ne suffisent pas, et l’on ne pourra soustraire tempo-*-
rairement les écha tillons à cette cause de détérioration ou de destruction
qu’en les plongeant dans du vinaigre ou une légère solution alcoolique de
bichlorure de mercure (25 à 35 grammes par litre).
Les caisses dans lesquelles on renfermera les paquets devront être garnies
à l’intérieur de papier goudronné, et pour les longues traversées être entourées
à l'extérieur de toile goudronnée appliquée à chaud. Il est quelquefois pos¬
sible, dans de grands centres commerciaux, de se procurer des caisses dou¬
blées de zinc ou de fer-blanc qui ont servi an transport d’objets qui craignent
l’humidité. Ces caisses, convenablement réparées et soigneusement scellées
par de nouvelles soudures, sont très-propres à assurer la conservation des col¬
lections botaniques et à les préserver de toute humidité.
SÉANCE DU \!\ JUILLET 187 J .
121
Les sachets renfermant les graines doivent, toutes les fois qu’on le pourra,
être placés dans de petites boîtes de fer-blanc dont le couvercle sera soudé ;
on évitera ainsi l’influence de l’air et de l’humidité sur les graines et l’on
empêchera les insectes de les attaquer. — Pour éviter dans le transport le
ballottement qui pourrait à la longue altérer les graines, il est bon de rem¬
plir tous les vides qui existent entre les sachets avec du sable fin, tamisé et
très-sec.
Il faut placer dans des caisses spéciales les flacons consacrés à la conserva¬
tion dans l’alcool ou dans tout autre liquide des parties de plantes les plus
délicates, des fruits, etc. Car, malgré tout le soin que l’on pourra apporter
à leur emballage, il serait à craindre qu’un ou plusieurs de ces flacons, en se
brisant, ne compromissent le contenu d’une caisse. Il est presque superflu de
dire que les bocaux ou flacons doivent être protégés contre les chocs par une
épaisse couche de filasse ou par des Algues ou des Mousses desséchées. — On
doit éviter également de placer dans les caisses consacrées aux plantes sèches
des fruits charnus, des boutures de plantes grasses ou des Algues séchées à
l’air libre, car on y introduirait ainsi de l’humidité ou des éléments hygro¬
métriques qui détermineraient la fermentation et la moisissure.
Nous nous sommes appliqué à réunir dans cet article toutes les indications
qui peuvent guider un voyageur dans une exploration botanique; nous en
avons emprunté aux ouvrages les plus estimés les éléments principaux, en les
complétant parles données que nous a fournies notre expérience personnelle;
mais nous 11e saurions trop engager à lire ces ouvrages, dont nous donnons
ci-dessous la liste, et dans lesquels se trouvent exposées d’une manière plus
complète les instructions dont notre travail n’est guère que le résumé.
IIumeoldt et Bonpland, Essai sur la géographie des plantes, accompagné d’un tableau
physique des régions équinoxiales, fondé sur des mesures exécutées depuis le
10e degré de latitude boréale jusqu’au 10* degré de latitude australe, pendant les
années 1799-1803. Paris, in-4°, 1805.
Instructions sur les recherches qui pourraient être faites dans les colonies, sur les objets
qu’il serait possible d’y recueillir et sur la manière de les conserver et de les transpor¬
ter. — Ces instructions ont paru dans les Mémoires du Muséum , t. IV, in-4°, 1818,
(Il en a été fait un tirage à part.)
Instructions pour les voyageurs et pour les employés dans les colonies, sur la manière
de recueillir, de conserver et d’envoyer les objets d’histoire naturelle, rédigées par
l’administration du Muséum d’histoire naturelle.
A -P. de Candolle, Essai élémentaire de Géographie botanique, publié dans le 18° vo¬
lume du Dictionnaire des sciences naturelles, pp. 359 437, in-8°, 1820. (Il a été
fait un tirage à part de cette publication.)
— Instruction pratique sur les collections botaniques, in-8°, 1821, publiée dans la
Bibliothèque universelle de Genève et tirée à part.
H. Lecoq, De la préparation des herbiers pour l’étude de la botanique, in-8°, 1829.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Adr. de Jussieu, Géographie botanique. — Cet important article a paru dans le Dic-
tionnaire universel d'histoire naturelle. (Il en a été fait un tirage à part.)
— Cours élémentaire d’histoire naturelle, Botanique (voir spécialement les Notions sur
la Géographie botanique), in-12, 1848. (Il en a depuis paru plusieurs éditions.)
Germain de Saint-Pierre, Guide du botaniste, ou Conseils pratiques sur l’élude de la
Botanique, etc., in-12, 1851.
— Nouveau Dictionnaire de Botanique, in-8°, 1870. (Voir particulièrement les articles
Herbier et Herborisations.)
Alph. de Candolle, Géographie botanique raisonnée, ou Exposition des faits principaux
et des luis concernant la géographie botanique des plantes de l’époque actuelle,
2 vol. in-8°, 1855. (Voir particulièrement l’article intitulé : Des caractères qui distin¬
guent la végétation d'une contrée. Cet article a paru antérieurement dans la Biblio¬
thèque universelle de Genève, décembre 1854, et a été tiré à part.)
Ach. Richard, Nouveaux Éléments de Botanique, 10e édition augmentée de notes par
MM. Ch. MartinsetJ. de Seynes, in-12, 1870. (Voir spécialement l’article consacré
à la Géographie botanique.)
B. Verlot, Le Guide du botaniste herborisant, Conseils sur la récolte des plantes, la
préparation des herbiers, l’exploration des stations de plantes phanérogames et crypto¬
games et les herborisations, in-12, 1865.
P. Duchartre, Éléments de botanique, in-8°, 1867. (Voir particulièrement l’article
intitulé : Préparation des plantes et Herbiers, pages 781-791.)
M. le Secrétaire général donne lecture de la communication sui¬
vante, qu’il a reçue de M. le président de la Société :
RÉPONSE AUX OBSERVATIONS DE M. CAUVET — I. SUR LA MARCHE DE LA SEVE ET SUR
L’ORIGINE DES TISSUS, par M. SkEUMASX DE SAIXT-PIEBRE.
(Silvahelle près Hyères, 10 juillet 1871.)
Je remercie, avant tout, notre honorable confrère M. Cauvet d’avoir
bien voulu autoriser mon ami M. de Schœnefeld à me communiquer l’épreuve
d’un article lu par lui à la séance du 27 janvier 1871, séance à laquelle il ne
m’a pas été donné de pouvoir assister. L’article de M. Cauvet a pour titre :
Observations relatives à quelques-uns des travaux présentés à la Société
par M. Germain de Saint-Pierre. La première partie de ce travail que je
reçois aujourd’hui est intitulée : Note sur la marche de la sève et sur l'ori¬
gine des tissus (voyez plus haut, p. 19).
Je regarde comme un devoir de répondre à des observations courtoises ou
h de sérieuses objections toutes dignes d’examen et d’attention, faites par un
esprit observateur. Pour plus de précision et de clarté, je vais, sans adopter
la forme de discussion, répliquer à l’article de M. Cauvet, paragraphe par
paragraphe.
1. — Les excellentes figures données par M. Trécul dans ses mémoires
sur l’évolution du bois me paraissent conciliables avec le mode de produc-
SÉANCE DU 1 1\ JUILLET 1871.
123
tion des tissus végétaux que je regarde comme le véritable, quelle que soit l’in-
terprétatiou que l’auteur ait cru devoir donner aux figures qu’il a publiées.
2. — Des tissus nouveaux peuvent procéder de tissus préformés pendant la
durée d’une meme période d évolution ; en d’autres termes, par exemple,
pendant une même période dévolution, pendant une même saison, des cellules
produisent des cellules ; — - mais des productions de l’année actuelle ne pro¬
cèdent pas, par continuité, des productions de l’année précédente : l’ancien
bois ne produit pas la nouvelle couche de bois ; cette nouvelle couche (dans
les Dicotylées) se dépose, s’organise simplement à la surface, au contact de la
précédente ; seulement, des matériaux nutritifs (résultat direct de la sève
élaborée ou sève descendante) accumulés dans certaines parties de la plante
pendant une période précédente (de la fécule, par exemple) servent, en se mo¬
difiant physiquement (c’est-à-dire en se liquéfiant), et en se modifiant chi¬
miquement, à la nutrition des productions nouvelles.
3. — Tous les tissus, soit cellulaires, soit fibro-vasculaires, se constituent
aux dépens d’une sève élaborée; or la sève s’élabore chez les végétaux,
comme le sang chez les animaux, surtout par l’action delà respiration, et
les fonctions de respiration s’accomplissent chez les végétaux par l’action des
stomates, organes qui appartiennent essentiellement aux organes foliaires,
savoir; la partie libre et aussi la partie déçu rrente des feuilles.
4 et 5. — Chez les végétaux dont les feuilles sont à limbe presque nul,
abortif, ou réduit à une membrane squamiforme ou à une ou plusieurs ner¬
vures spinescentes, notamment chez les plantes de la famille des Cactées,
chez les plantes dites à cladodes , les feuilles existent dans leur partie dite
décurrente, et, par un admirable balancement organique, le cladode remplace
la feuille libre; d’amples décurrences compensent ce qui manque en limbes
libres ; la feuille ne manque donc alors qu’en apparence, et les phénomènes de
respiration et d’assimilation se produisent comme chez les plantes dont les
feuilles sont à limbe libre et membraneux.
6 et suivants. — Un bourgeon, soit terminal, soit axillaire, soit adventif, est
dans l’origine un nucléus cellulaire, et ce nucléus est toujours un produit de
la sève élaborée ; des faisceaux fibro-vasculaires ne se rendent pas de la tige à
ce bourgeon, mais se rendent, au fur et à mesure de son développement, de ce
bourgeon à la tige. Ces processus fibro-vasculaires ne s’irradient pas dans
tous les sens, ils ne remontent pas le long de la tige, ils descendent au con¬
traire le long de la tige en tendant à l’envelopper. Rien n’est plus facile que de
suivre la direction de ces productions, surtout chez les végétaux à tissu
lâche (c’est-à-dire abondamment pourvus de tissu cellulaire), par le procédé
delà macération, qui, en détruisant le tissu cellulaire, laisse voir très-nettement
la forme extérieure et la direction des faisceaux fibro-vasculaires. Les bour¬
relets qui se produisent à la partie supérieure des surfaces décortiquées sont
encore, de ce fait, une éloquente et irréfutable démonstration.
m
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
A cette objection, très-forte en apparence, cpie, au printemps, des tissus
s’organisent le long des tiges avant la production des nouvelles feuilles, je ré¬
pondrai que les nouveaux tissus, et notamment les bourgeons qui se développent
alors, sont le produit de la sève élaborée l’année précédente par les feuilles
tombées en automne, et aussi par les parties décurrentes et persistantes de
ces feuilles (décurrences qui constituent la surface herbacée des jeunes ra¬
meaux), et que les productions nouvelles s’accroissent à la fois par l’absorption
de ces matériaux nutritifs tenus en réserve, et parla sève actuellement élaborée
dans les nouvelles feuilles, au fur et à mesure de leur développement.
La sève élaborée, dit M. Cauvetdans ses conclusions, sert surtout à la pro¬
duction des principes amylacés et autres que l’on trouve dans les tissus per¬
sistants pendant l’arrêt de la végétation. — Je crois que tous les physiologistes
sont complètement, sur ce point, de l’avis de M. Cauvet, et, pour mon compte,
je n’ai jamais attribué une autre destination aux dépôts de substance nutritive
qui s’accumulent soit dans les rhizomes charnus ou les tubercules, soit dans les
bulbes ou les pseudo- bulbes, soit sur certains points des tiges aériennes, etc.,
et qui servent à la nutrition des productions nouvelles, lorsque ces dépôts sont
délayés par l’apport de sucs nouveaux. C’est ainsi que les ophrydo-bulbes de
l’année précédente se vident pour la production de la jeune rosette de feuilles
et de la lige vernale, et qu’à mesure que ces anciens ophrydo-bulbes se
lié trissent, la nouvelle plante fournit de jeunes ophrydo-bulbes volumineux
et turgescents qui se préparent à jouer le rôle nourricier à leur tour.
Ajoutons, au point de vue de l’origine des tissus et de la marche de la
sève, ce fait essentiel (sur lequel j’ai plus d’une fois déjà insisté, à l’encontre
de la théorie encore généralement admise), que les lignes placentaires sont le
produit de la décurrence des funicules, lesquels funicules sont postérieurs eux-
mêmes à l’apparition du bourgeon ovulaire ; que, par conséquent, pour les
Bourgeons ovulaires (qui se manifestent d’abord par une feuille rudimentaire
enroulée : la primine, puis par les feuilles suivantes dont l’évolution a lieu
dans l’ordre suivant : secondine, nucelle et s'ac embryonnaire), que, par con¬
séquent, dis-je, pour les bourgeons ovulaires comme pour les bourgeons
foliaires ou Horaires ordinaires, les tissus fibro-vasculaires qui font partie con¬
stituante du raphé, du funicule et des cordons placentaires, ne montent pas de
la tige aux bourgeons ovulaires, mais se rendent du bourgeon ovulaire dans
la direction de la tige.
Je crois, en terminant ces observations, devoir faire remarquer que les
idées que je viens d’exprimer sur la marche de la sève et sur l’origine des
tissus me semblent ne pas être précisément en opposition, sur l’un des points
les plus essentiels, avec les idées émises par notre honorable confrère M. Cau¬
vet, puisqu’il ne paraît pas nier que les productions nouvelles s’accroissent
aux dépens de substances élaborées d’abord dans les organes foliaires, ni
qu’une partie de ces sucs élaborés ne puisse immédiatement être mise en œuvre,
SÉANCE DU \h JUILLET 1871.
125
et que j’admets comme lui (ce que M. Cauvet semblait me refuser) que ces
sucs peuvent également n’être rnis en œuvre comme substance assimilable et
nutritive qu’après avoir été déposés dans des réservoirs particuliers où ils peu¬
vent avoir « subir d’importautes modifications.
Dans un prochain article, je répondrai aux observations critiques de M. Cau¬
vet (dont j’attends la communication) sur les divers points de ma classifica¬
tion des organes souterrains des végétaux.
Lecture est donnée de la communication suivante, adressée a ia
Société :
NOTE SUR LA COUPE DE L’ACAJOU, par 3t. !®aial IiÉW.
(Grenadc-de-Nicaragua, novembre 1869.)
L’Acajou du Nicaragua (, Swktenio ■ Mahagoni L.) ne se rencontre en abon¬
dance que dans la terre chaude du versant de l’Atlantique, où il forme une
notable partie des forêts qui couvrent les bassins des rivières traversant de
l’est à l’ouest cette contrée encore vierge, humide et malsaine du reste, peuplée
de serpents et autres animaux dangereux, et habitée seulement par quelques
misérables sauvages, non pas hostiles, mais arrivés au dernier degré de la
barbarie. Dans la terre chaude du versant du Pacifique on trouve bien aussi
quelques Acajous, mais ils sont généralement petits et chétifs. *
Cet arbre se rencontre un peu partout dans la région qui paraît propice
à son entier développement ; mais il paraît y préférer le bord des ruisseaux.
C’est le roi des forêts, autant par les dimensions énormes de son tronc que
par la magnificence de son feuillage ; auprès de lui les autres arbres, même
ceux de première taille, paraissent insignifiants. Aussi ce seul fait laisse-t-il
déjà deviner que sa recherche est relativement facile, puisqu’en montant sur
un Acajou on peut apercevoir tous ceux qui, aux environs, dominent, de leur
dôme de verdure noirâtre, le ttapis de nuances diverses que forment les au¬
tres arbres d’alentour.
Il est acquis que l’Acajou croît avec une extrême lenteur : mais rien ne
prouve qu’il soit vrai que, ainsi qu’on ie dit dans le pays, il ne puisse être bon à
couper qu’à l’âge de trois cents ans au moins. Cette limite inférieure peut être
provisoirement considérée comme bonne, mais jusqu’à preuve du contraire
seulement. En attendant, cette donnée suffit pour comprendre que les coupes
anciennes sont regardées comme anéanties, jusqu’à ce que la forêt vierge,
s’étant refermée sur les sentiers pratiqués parles hommes, y recommence dans
le silence et l’oubli son œuvre patiente et mystérieuse, qu’un jour quelque
spéculateur rencontrera et dénoncera comme une découverte.
Mais alors, quel âge peuvent avoir ces Acajous si gros, qu’on les coupe à
126
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
quinze pieds au-dessus du sol sans oser attaquer le bas? et ceux d’où ont été
extraites des pièces que j’ai vues, qui avaient 2 mètres sur 2 mètres d’équar¬
rissage sans le moindre aubier, qui pesaient 20 tonnes et avaient 7 mètres de
long ?
L’Acajou se distingue de la plupart des autres arbres par le peu de hauteur à
laquelle il commence à donner des branches. En forêt vierge, les autres jeunes
arbres, étouffés dans le bas, s’élancent d’abord vers le sommet de leurs voisins
pour rencontrer un peu de soleii. Ils grossissent alors, mais on comprend que
ce mode de croissance leur donne à presque tous un tronc cylindrique élancé
et droit ne commençant à porter des branches qu’à une grande hauteur.
C’est du tronc de l’Acajou que l’on retire par l’équarrissage les bois dits carrés .
Quant aux branches, souvent énormes, très-longues et très-fortes, elles se
vendent en grume, dépouillées ou non de leur écorce, sous le nom de
canons.
Les bois carrés, c’est-à-dire les troncs, n’ont, pour ainsi dire, pas de va¬
leur; sciés et polis, ils ne forment aucun dessin et ressemblent à du sapin
auquel on aurait donné artificiellement la teinte de l’Acajou. Les canons, dans
lesquels les fibres du bois sont plus serrées, se vendent beaucoup plus cher, et
le prix est encore plus élevé pour ceux qui se terminent en fourche, et qui,
sous ce même nom de fourches , valent trois fois plus que le tronc, que l’on
peut considérer aujourd’hui comme invendable puisque l’on ne fait plus de
gros meubles d’acajou massif. Dans la fourche on obtient, par le sciage des
nœuds, des dessins bizarres fort recherchés dans le placage de l’ébénisterie.
Les lames enlevées sur l’axe d’une fourche sont beaucoup plus chères que
celles enlevées près des bords.
Voilà le motif pour lequel on ne coupe les Acajous qu’à une grande hauteur
au-dessus du sol, abandonnant ainsi le tronc, qui justement coûterait le plus à
abattre et à sortir du bois, et rapporterait le moins. Le plus grand nombre des
voyageurs ont jusqu’ici trouvé cela inexplicable et l’ont attribué soit à la pa¬
resse, soit au défaut de moyens de transport.
On pourrait bien ne couper que les branches, mais on remarquera que la
fourche la plus précieuse, c’est la première, celle qui est formée par les maî¬
tresses branches, et qui souvent, à elle seule, vaut plus que tout le reste
du produit de l’arbre. On abat donc l’arbre un peu au-dessous, système dé¬
fectueux, d’abord parce qu’il est périlleux pour le bûcheron, et puis parce
que, en tombant, beaucoup de bons canons ou de petites fourches se cassent.
Il vaudrait mieux couper d’abord toutes les branches et ensuite séparer la
fourche principale du tronc. Les canons les plus gros sont les plus chers, il
en est de même pour les fourches.
L’écorce de l’Acajou est grisâtre, rugueuse, sillonnée de grandes cannelures
parallèles à l'axe. Le feuillage est d’un brun vert presque permanent en toute
saison. Les petites branches sont abondantes, l’arbre est très -ombreux, très-
SÉANCE DU U JUILLET 1871.
127
touffu, et, si les feuilles tombent, elles se renouvellent au furet à mesure, car
il en est toujours aussi bien garni et on ne le voit sec que lorsqu’il est mort.
Je n’ai jamais vu la lleur. Le fruit est une sorte de boule en forme de poire;
il est recouvert d’une écorce dure et ligneuse, et, au mois de décembre ou de
janvier, s’ouvreen quatre écailles qui se recourbent sur elles-mêmes et laissent
apparaître un axe d’où les graines ailées d’un côté se détachent peu à peu
sous l’effort du vent, comme dans les arbres de la famille des Bignoniacées.
L’Acajou paraît repousser la plupart des lianes et des parasites; ni les abeilles
ni les fourmis ne l’attaquent ; il paraît à l’abri de toutes les sources de des¬
truction dont sont victimes la plupart des essences forestières américaines.
La sciure d’Acajou jeune est employée au Nicaragua comme bois de tein¬
ture. L’eau dans laquelle on l’a fait bouillir sert à teindre des tissus indigènes
ou divers autres objets ; mais on l’emploie surtout pour donner de la couleur
aux cuirs tannés dans le pays.
En espagnol, une coupe d’Acajou s’appelle un corte. Mais les rares cortes
qu’il y a sur la côte de l’Atlantique étant fondés et dirigés par des Anglais qui
appellent une coupe benk ou icank, ce dernier mot a prévalu au Nicaragua;
d’autant plus que les indigènes employés dans les coupes ont tous été jadis
sujets du fameux roi mosquito, que l’Angleterre avait inventé d’abord et mis
ensuite sous sa protection afin de poser des jalons pour étendre sur cette
côte sa colonie de Balize. Aujourd’hui tout le bruit qu’a fait jadis la question
mosquite a disparu, et le Nicaragua, alors à moitié conquis, est rentré dans
ses limites naturelles, grâce aux efforts de la diplomatie européenne ; mais les
populations de la côte continuent à appeler wank un corte et à parler anglais
plutôt qu’espagnol.
Les forêts vierges étant naturellement propriété de l’État, celui-ci a le droit
d’imposer une somme à payer pour chaque arbre abattu. Cette somme a
même été fixée par des décrets, et il y a au cap Gracias-a-Dios un délégué
chargé de la percevoir. Mais on concevra que l’éloignement, l’absence de tout
contrôle et de toute autorité locale font de tout cela un pauvre revenu. Il est,
du reste, fort difficile que le délégué, qui naturellement ne peut pas aller dans
les coupes et s’y perdrait, n’ayant d’autre moyen d’apprécier la quantité d’ar¬
bres abattus que le nombre des maîtresses fourches embarquées, ne se trompe
souvent. Le mieux serait d’imposer un droit par stère, ce à quoi on n’a jamais
songé. La conséquence la plus déplorable de cet état de choses est l’absence
complète de documents statistiques sur cette industrie, sur son importance au
Nicaragua, sur les mouvements de fonds, de gens et de bestiaux qu’elle occa¬
sionne, et enfin sur les marchés où est vendu le caoba (acajou) nicaraguien.
La première chose à faire pour établir une coupe d’Àcajou, c’est de choisir,
au bord de la mer et à rembouchure d’une rivière, un lieu où l’on puisse
fonder un établissement permanent, facile à approvisionner, pouvant rece¬
voir les navires, et où l’on soit à même de charger ceux-ci commodément. Il
128 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
faut ensuite lancer sur la rivière et sur ses affluents une flottille d’embarca¬
tions de dimensions variées. On se procurera un approvisionnement de roues
épaisses et solides, ainsi que de chaînes, haches, sabres d’abatis et tout un
outillage considérable, puis des bœufs, et enfui des ouvriers. On devra con¬
stamment être pourvu de vivres de toute nature pour alimenter les diverses
brigades, et avoir, pour le même objet, des marins, des chasseurs et des pê¬
cheurs constamment occupés.
Les premiers auxiliaires à appeler à son aide sont de bons monteadores .
Un monteador est un homme chargé de chercher et de trouver les arbres
bons à couper. Il y en a toujours de disponibles, et leur renommée les dé¬
signe à l’entrepreneur ; mais ils se font toujours payer un prix exorbitant
(200 à 250 francs par mois). Je ne crois pas qu’il y ait au monde une occu¬
pation plus difficile et plus sauvage que celle du montéador, à moins que ce ne
soient celles du chercheur de caoutchouc ou de quinquina, qui ont avec elle
beaucoup de ressemblance. Il marche dans la forêt sans autre guide que le
soleil^ souvent perdu, sans eau et sans vivres. Pourtant, à l’époque où se fait
la campagne du montéador (du 15 juillet au 1er janvier), le feuillage des Aca¬
jous est légèrement jaunâtre, et son œil exercé sait les découvrir à de grandes
distances, de même que son instinct lui permet d’arriver ensuite jusqu’à eux.
On calcule qu’un montéador peut découvrir assez d’arbres pour occuper
cinquante hommes. Ceux-ci forment une compagnie, sous les ordres d’un chef
appelé capitaine, qui distribue les travaux et fixe les tâches et les salaires. Le
capitaine doit découvrir les sentiers qu’a faits le montéador pour arriver à
chaque arbre ou chaque groupe d’arbres, et cela est d’autant plus difficile que
le montéador a intérêt à faire, ce sentier le moins visible possible et à en
dissimuler l’entrée au point qu’elle ne soit reconnaissable que par un signe
convenu entre le capitaine et lui, tel que, par exemple, un piquet à tant de
mètres en avant ou en arrière, etc. Il y a en effet de nombreux exemples de
montéadors qui, ayant découvert les sentiers (piquetés) d’autres collègues, se
sont empressés d’v amener leur compagnie; et, lorsque le premier y a voulu
amener la sienne, il a trouvé la place occupée ou vide, et cela sans réclamation
possible.
Lorsque la saison est avancée, ou la place mauvaise, ou le montéador inha¬
bile, on diminue l’effectif de la compagnie. Quoi qu’il en soit, celle-ci, arrivée
au lieu désigné, commence par se faire, en vingt-quatre heures, des huttes
composées de quatre piquets et d’un toit de palmes. Chacun accroche dans la
sienne son hamac numide sa moustiquaire; et, près de celle du capitaine, qui
reçoit et distribue les provisions de l’entrepreneur, une marmite sur deux
pierres suffit à faire la cuisine, composée de viande ou poisson bouilli et de
bananes bouillies ou grillées. Le capitaine envoie dire à l’entrepreneur le ti¬
rant d’eau des embarcations dont il a besoin suivant l’importance du ruisseau
le plus voisin ou le nombre et la difficulté des rapides. Il reçoit les bœufs de
SÉANCE DU 1 k JUILLET J 87 J .
129
irait et de boucherie, qu’ou lâche attachés deux à deux dans le bois où l’herbe
croît avec profusion. Près de sa cabane s’entassent les roues et les chaînes, et
à la porte se dresse un meuble d’une importance capitale: une meule à aiguiser
les haches et les sabres.
On commence alors à attaquer les arbres ; chaque ouvrier se voit désigner
le sien ainsi que la hauteur à laquelle il doit le couper. Il fait ensuite un écha¬
faudage grossier jusqu’à cette hauteur-là, et, bien que ce procédé soit très-
périlleux en apparence, il n’arrive presque jamais d’accident.
A partir de janvier, il y a trop peu d’eau dans les rivières pour assurer le
service de ia coupe, et la sécheresse, dit-on, a une mauvaise influence sur les
bois fraîchement coupés; cela est très-fâcheux, parce que le transport sous bois
des troncs abattus, pendant les pluies et les boues qui en résultent, est quel¬
quefois fort difficile. L’enlèvement des produits de la coupe est certainement
l’opération la plus délicate. Le capitaine choisit d’abord la direction d’un che¬
min général allant jusqu’à l’endroit propice à l’embarquement; de ce chemin,
partent d’autres embranchements qui vont jusqu’à chaque arbre. Ces che¬
mins sont faits à la tâche ainsi que les nombreux ponts qu’ils nécessitent.
On ne fait aucun travail de terrassement, et l’on se contente de couper jus¬
qu’au ras du sol les arbres qui se trouvent sur le trajet; travail considé¬
rable tant à cause de ia largeur du chemin et de la quantité d’arbres à
couper que par la dureté de quelques-uns qui résistent à ia hache et que l’on
n’abat qu’à l’aide du feu. Ces débris, dont quelques-uns seraient pourtant
utiles ou précieux, servent à combler les petits ruisseaux ou à faire les ponts.
En décembre, les rivières sont à leur maximum et les chemins finis; on
divise alors les bois par charges amarrées avec de.-, chaînes; on les suspend à
l’essieu de deux roues, et l’on y attèle les bœufs qui les amènent à grand ren¬
fort de coups et de cris sauvages; puis les bois sont embarqués et centra¬
lisés à rétablissement principal. Quelques ouvriers restent là pendant l’été,
occupés à l’embarquement sur les navires, à faire des canots, des roues et à
tout préparer pour la campagne suivante. Les autres retournent dans leurs
familles, en emportant leur gain qui est, suivant leur classe, de 75, 00 ou
50 francs par mois, payables moitié eu argent, moitié en effets, outils, ar¬
mes, etc.
P. -S. Tout ce qui précède est applicable au Cédrel, au Gaïac et au bois de
Campêche, qui sont chacun au Nicaragua l’objet de coupes au moins aussi
importantes que l’Acajou, lequel d’ailleurs, comme chacun le sait, a passé
de mode et diminué beaucoup de valeur.
M. Gris, au nom de M. Brongniart et au sien, fait à ia Société la
communication suivante :
T. XV11I.
(séances) 9
130
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
SUPPLÉMENT AUX CONIFÈRES DE LA. NOUVELLE-CALÉDONIE,
par MM. Adolphe ISUOAGMARI et Arthur GRIS(l).
Les Araucaria sont (les plantes polymorphes qui ne peuvent être détermi¬
nées d’une manière certaine (pic si l’on en possède des rameaux adultes munis
de fleurs et de fruits.
Nous avons longtemps attendu des différents collecteurs de la Nouvelle-
Calédonie autre chose qu’un cône isolé ou quelque petit fragment de rameau.
Grâce aux échantillons si intelligemment récoltés par M. Balansa, il nous est
enfin permis de donner une diagnose suffisante des diverses espèces de ce
beau genre propres à notre intéressante colonie, de compléter ou de rectifier
certaines descriptions, enfin de nous éclairer sur une synonymie confuse,
chose difficile, car les voyageurs ou les descripteurs se laissent aller bien aisé¬
ment à donner un nom à des échantillons incomplets.
Ces espèces sont au nombre de cinq, et o»: peut les disposer dans un ordre
tel que l’on passe insensiblement d’un type dans lequel les feuilles sont ré¬
duites à de petites écailles à un autre type dans lequel ces organes ont pris un
développement et une manière d’être analogues à ceux que l’on connaît dans
les feuilles de V Araucaria imbricata.
C’est dans cet ordre que nous allons décrire ces espèces pour obéir au
principe de la méthode naturelle, et non pour indiquer qu’elles sont des formes
indéterminées produites par un certain concours de circonstances extérieures.
Nous croyons à l’existence de l’espèce en général, et, en particulier, des types
que nous allons décrire dont les caractères distinctifs sont pris en même temps
dans les appareils de la végétation, de la reproduction et de la fructification.
L’absence de graines mûres ne nous a pas permis de constater, par le nombre
des cotylédons, si la place de ces espèces est dans le groupe des Entassa
australiens ou dans celui des Araucaria américains.
1. Araucaria Balansæ.
Arbor excelsa, Ô0-50 metr. alta.
Ramuli adulti distichi, adscendentes.
Folia arboris adultæ in ramulis speciminis feminei imbricata, squamifor-
mia, A-5 mill. longa, 2 § mil!, lata, arcuala vel arcuato-uncinata, ovato-
triangularia, medio utrinque carinata, itaque subtelragona, basi obliqua
subrhomboidali inserla, punctulis albis multiseriatis conspersa.
Arnenta mascula cylindrico-conica, paulum arcuata, 3-5 cent, longa,
1 £ cent, lata, basi bracteis imbricatis involucrata, inferioribus minoribus
ovatis, superioribus 5 mill. longis lanceolato-triangularibus; stamina arcte
imbricata, connectivo 2 £ mill. longo, triangulari, acuto, crasso, nitido, pan-
I
i
(1) Voyez le Bulletin, t. XIII, p. à 22 et t. XVI, p. 325.
SÉANCE DU là JUILLET 1871. 131
lum arcuato ; lobi polliniferi decem, bis patentibus breviter mucronulatis,
illis concavis apice paulo cucullatis(l).
Ramus strobiliferus rigidus, ramis sterilibus immixtus, crassior, 4-5 cent,
longus, foliis squamiformibus distantibus, triangularibus, subplanis, applicatis.
Strobilus elliptico-globosus, 10-11 cent, longus, 7-8 cent, la tu s ; squamæ
obovato-cuneatæ, 3 cent, longæ latæque, parte superiore coriacea, semi-
rotunda, externe convexa sicutque transverse carinata, nitida incrassatæ, in
appendicem triangularem aculam vix incurvam vel rectam, 3 rnill. longam
productæ, lateraliter in alam scariosam fulvam, fragilem, 1 cent, latarn
expansæ, medio inflatæ ; squamula triangularis, apice tantum libéra, margine
subtiliter fnnbriata.
Habitat in silvis Novæ*Galedoniæ, altitudine 500 m, (Balansa, il0 2511).
Cet arbre, qui peut atteindre 50 mètres de hauteur, est, d’après M. Ba¬
lansa, répandu dans les bois du littoral, et son tronc est souvent incline.
Notre voyageur l’a rencontré dans les forets situées au sud-est de la table Unio,
vers 500 mètres d’altitude; au cap Bocage, sur les collines éruptives; à la
baie Duperré (rade de Kanala), dans les bois des terrains éruptifs.
Ses feuilles sont de petites écailles longues de 4 à 5 millimètres, et de 2 à
3 millimètres de largeur, ovales-triangulaires, subtétragones, arquées.
Ses chatons mâles sont longs de 3 à 5 centimètres. Le connectif des éta¬
mines porte 10 lobes d’anthère dont les intérieurs sont concaves et un peu
cucullés au sommet ; il est long de 2 mill. f, triangulaire, arqué, luisant et
coriace.
L’ appendice qui surmonte les écailles du cône est triangulaire, presque
droit et long de 3 millimètres.
2. Araucaria Cookii R. Brown.
Arbor excelsa, 40-60 metr. alta, « ramis su b-5 -ver tici 1 1 a t is , brevibus,
horizontalibus » .
Ramuli juvéniles et adulti plerique distichi, adscendentes.
Folia in arboris juventute compresso-tetragona, subulata, arcuata, adscen-
dentia, in ramulis imbricata, 1 cent, longa, in ramis paulo distanlia, 12 mill.
longa; arboris adultæ in ramulis masculis sterilibus vel amentigeris brévia,
squamiformia, imbricata, 5-6 mill. longa, 4-5 mill. lata, ovato-rotundata,
intus concava et punctulis minutis, albis, oo-seriatis conspersa, dorso convexa
medioque subcarinata, lucida, in ramulis femineis plerumque ovata, paulo
longiora angustioraque, cæterum conformia.
Ameuta mascul a ramulos 15-20 cent, longos sterilibus conformes termi-
(1) Dans notre travail sur les Araucaria , qui a paru dernièrement dans les Annales
des sciences naturelles , les lobes d’anthère sont généralement décrits comme triscriés
mais, en s’attachant plus particulièrement à leur mode d’insertion, il eût été plus exact
de les dire communément bisériés. ( Note ajoutée pendant l'impression.)
132
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
nantia, conoidea, 5-8 cent, longa, 1 { cent, lata, basi bracteis imbricatis
involucrata ovatis, ovato-lanceolatis vel superioribus lanceolatis, sensim
angustatis , submembranaceis margine scarioso inæqualiter denticulalis.
Stamina arcte imbricala, connectivo ovato submembranaceo basi incrassato,
margine scarioso fimbriatoque, 6 mil!, longo, basi 5 mill. lato ; lobi polliniferi
decem, plerique patentes, apice subulati, ‘6-h (interiores fdamento contigui)
concavi apice paulum cucullali.
Ameuta feminea 5 cent, longa, 2 £ cent, lata, ramulos 3-4 cent, longos
terminantia, foliis imbricatis applicatis, ovato-triangularibus, utrinque medio
plus minusve carinatis, multiseriatim albo-punctulatis, nitidis, 8-10 mill.
longis, superioribus ovato-lanceolatis vel etiam anguslato-subulatis, margine
subtilissime denticulatis. Squamæ lanceolatæ, infra medium lateraliter alatæ,
alis membranaceis rotundatis, versus apicem angustato-subulalæ reflexæ, 15-
16 mill. longæ; squamula ovata, margine delicatule fimbriata squamæ basi
adhærens.
Ramus strobili férus rigidus , 5 cent, longus, foliis applicatis, distantibus, ovato-
triangularibus, apice incurvalis, intus medio dorsoque carinatis et -seriatim
punctulatis, superioribus lanceolatis, basi dilatato - iucrassatis ; Strobilus
elliptico-globosus, 10-11 cent, longus, 6-7 cent, lattis; squamæ obovalo-
cuneatæ, 2 f-3 cent, longæ latæque, parte superiore coriacea, semirotundata,
externe convexo-gibbosa, incrassatæ, in appendicem triangularem, subula-
tam, acutam, 6 mill. longam, extus recurvam productæ, lateraliter in alam
scariosam, fulvam, fragilem, 10-12 mill. latam expansæ, medio-intlatæ; squa-
mula triangularis, margine subliliter fimbriata, apice tantum libéra.
Habitat præcipue in Nova-Caiedonia australi et in insula Pinorum (Pancher,
loco dicto Port-Boisé . — Vieillard, in oris sinus Io Galedoniæ australis,
n° 1279 (ex Parlatore). — Balansa, circa Kanala prope pagos, n° 2509;circa
pagum Nekou dictum, n° 2509^; ad rupinas insulæ Lifu prope Chepenclie ,
n° 2509^; prope ostium rivi Nera loco Roche-Percée vocato.
Var. p. luxurians. — Foliis plerisque majoribus, 8-9 mill. longis, ovato-
rotundalis; amentis masculis majoribus, 12 cent, longis, plerisque arcuatis ;
staminum connectivo simulque longiore.
Cette variété croît à Kanala, mêlée avec le type; mais, au rocher de Bou-
remère, près de l’embouchure de flo, M. Balansa n’a rencontré que des pieds
appartenant à cette forme remarquable.
Le 23 septembre 1774, Jacques Cook, naviguant dans l’archipel de la
Nouvelle-Calédonie, aperçut de loin des objets qui ressemblaient à des colonnes
éloignées les unes des autres ou formant des groupes serrés. » Nous ne pou-
» vions pas nous acco der, dit-il, sur la natuie de ces objets. Je supposais que
» c’était une espèce singulière d’arbre. » Deux jours après, on rencontra sur
quelques-unes des îles basses plusieurs de ces élévations déjà mentionnées.
SÉANCE DU 14 JUILLET 1871. 133
« Chacun tomba d’accord que c’étaient des arbres, et MM. Forster en convin-
rent eux-mêmes (1). »
Ne pouvant se résoudre à quitter la côte avant d’avoir reconnu ces arbres qui
avaient été le sujet des spéculations de tout l’équipage, Cook débarqua, avec
les botanistes, dans une petite île qu’il nomma île de la Botanique , parce
qu’on y découvrit trente espèces de plantes dont plusieurs étaient nouvelles.
« Nous trouvâmes, dit-il, que les gros arbres étaient une espèce de Pin très-
» propre pour des espars dont nous avions besoin. Leurs branches croissaient
» autour de la tige, formant de petites touffes; mais elles surpassaient rarement
» dix pieds, et elles étaient minces en proportion... J’observai que les plus
» grands de ces arbres avaient les branches plus petites et plus courtes, et
» qu’ils étaient couronnés comme s’il y eût eu à leur sommet un rameau qui
» eût formé un buisson. C’était là ce qui les avait fait prendre d’abord, et avec
» si peu de fondement, pour des colonnes de basalte. »
Le végétal gigantesque dont la forme remarquable avait tant intrigué nos
voyageurs, et que Cook avait avantageusement utilisé pour des constructions
nautiques, fut signalé par Forster sous le nom de Cupressus columnaris (2).
Mais il en donnait une idée bien incomplète dans celle courte phrase diagno¬
stique : « Foliis imbricatis, subulatis, sulcatis; strobilis cylindricis elongatis » ,
qu’il appliquait d’ailleurs en même temps à Y Araucaria excelsa de l’île de
Norfolk, confusion reproduite par Lambert (3).
C’est Robert Brown (4) qui, en examinant l’échantillon unique de la plante
rapporté par les naturalistes de l’expédition de Cook , reconnut qu’elle était
une espèce distincte et lui donna le nom de son illustre et excellent inven¬
teur.
En 1851, Lindley (5) appelait de nouveau l’attention des savants et des
horticulteurs sur cet arbre singulier, à l’occasion d’une récente exploration de
M. Moore dans la Nouvelle-Calédonie. Ce dernier, jardinier en chef du jardin
botanique de Sidney, crut avoir retrouvé en pleine vigueur un des arbres
mentionnés par Cook, qu’il disait élevé comme une tour, et que M. Moore
compare à une très-haute cheminée de manufacture.
M. Hooker donna le premier, en 1852, une description assez complète de
la plante (6). Il constate le dimorphisme des feuilles, signale les inflorescences
mâles, décrit le fruit, et ajoute au texte une planche contenant deux figures,
dont l’une représente une branche adulte, rameuse, portant deux strobiles, et
(1) Voyage dans l’hémisphère austral et autour du monde, écrit par Jacques Cook,
commandant delà Résolution, t. III, p. 318 et suiv.
(2) Florulœ insularum australium Prodromus.
(3) Description of the genus P inus.
(1) Araucaria Cookii Bob. Brown, ex Don in The Linnœan Society’s Transactions ,
vol- XVIII, p. 161.
(5) Journal of the Horticultural Society of London , t. VI, p. 267.
(6) Botanical magazine, 3e sér. t. VIII, tab. 1635.
134 SOCIÉTÉ BOTAISIQUE DE FRANCE.
l’autre une branche également adulte, avec rameaux terminés par des chatons
d’étamines. Nous ferons remarquer que le végétal est décrit sous le nom
d 'Araucaria columnaris , et que les écailles du strobile sont dites dispermes.
M. Vieillard, dans son intéressant mémoire sur les Plantes utiles de la
Nouvelle-Calédonie (1), rapporte que l’arbre en question a le tronc droit,
très-élevé, souvent fort gros, Rarement rameux, presque dénudé, ne présen¬
tant dans toute sa longueur que des rameaux grêles, dressés, apprimés, qu
lui donnent une apparence de pauvreté désagréable à l’œil; on dirait un ma
autour duquel on aurait collé de petites branches. « Cet arbre, ajoute-t-il, est
» beaucoup moins commun qu’on ne le croit généralement ; on ne le rencontre
» qu’à la baie du Sud. Cette dernière localité, que Cook avait trouvée si riche
» en Pins columnaires, n’en possède plus que quelques pieds isolés, et les
» îlots eux-mêmes ont été si exploités que l’administration locale a dû prendre
» des mesures pour empêcher cette précieuse essence de disparaître ; car non-
» seulement on abattait les arbres, mais encore on arrachait les jeunes pieds
» par milliers pour les expédiera Sidney. »
Enfin, en 1868, dans le grand travail sur les Conifères dont M. Parlatore a
enrichi le Prodromus , X Araucaria Cookii est rangé dans la section des Eu-
tacta , entre VE. Cunninghami et VE. excelsa. Mais l’auteur, manquant sans
doute de matériaux, n’a décrit ni les chatons mâles ni les chatons femelles.
Nous avons longtemps attendu nous-mêmes les matériaux nécessaires à
l’étude complète de celte magnifique espèce. C’est grâce à M. Balansa que
nous avons pu décrire avec quelque certitude ses feuilles, ses fleurs et ses
fruits.
E Araucaria Cookii est un arbre de 40 à 60 mètres de haut, dont le tronc
droit porte des couronnes espacées de branches courtes et horizontales, et
dont les ramules sont distiques et ascendants.
Dans sa jeunesse, l’arbre porte des feuilles comprimées, tétragones, subulées,
ressemblant à des aiguilles.
A l’état adulte, les feuilles sont de petites écailles coriaces de 5 à 6 milli¬
mètres de longueur, de 4 à 5 millimètres de largeur, ovales ou ovales-arrondies,
convexes et carénées sur le dos, luisantes et comme vernies.
Les chatons males sont longs de 5 à 8 centimètres, cylindriques, atténués
vers le haut. Le connectif des étamines porte dix lobes d’anthère, dont les
intérieurs sont repliés en façon de gouttière et un peu cucullés au sommet. Il
est long de 6 millimètres, membraneux, ovale, à bords scarieux finement et
irrégulièrement laciniés.
L 'appendice qui surmonte les écailles du cône est triangulaire, subulé,
réfléchi et long de 6 millimètres.
h' Araucaria de Cook habite particulièrement la Nouvelle-Calédonie aus-
(1) Ann. des sc , nal. 4e sér. t. XVI, p. 55.
SÉANCE DU l/l JUILLET 1871. 135
traie et l’ile des Pins; d’après M. Parlatore, on le retrouverait dans les îles
Observatory et Aniteura des Nouvelles-Hébrides, mais il y serait rare.
Après l’examen des caractères extérieurs de la plante, nous croyons devoir
ajouter quelques mots sur l’organographie des parties constitutives du chaton
femelle ou du cône.
Un chaton femelle assez jeune, appartenant à l’un des échantillons récoltés
par M. Balansa, nous a permis de nous éclairer sur la question de savoir si le
chaton ou le cône des Araucaria se compose, comme celui des Abiétinées
indigènes, à la fois d’écailles et de bractées.
L’un de nous, il y a longtemps déjà, y avait admis l’existence de ces deux
organes (1). Endlicher (2) l’a niée; la squamule qui surmonte la graine pro¬
prement dite étant, pour lui, un appendice du tégument ovulaire.
M. Parlatore l’a affirmée de nouveau. « La bractée, dit-il (3), a beaucoup
» de part à la formation de l’écaille des Araucaria ; elle la forme presque
» entièrement dans les cônes extrêmement jeunes; plus tard, l’organe écailleux
» se développe pour se souder presque aussitôt avec la bractée, mais celle-ci
» prédomine toujours. »
M. Dickson, dans une note lue en 1861 à la Société botanique d’Édhn-
bourg, s’exprime ainsi : » Ce que l’on a appelé les écailles de Y Araucaria
» devrait dorénavant être considéré comme les bractées auxquelles les écailles
» seraient adhérentes dans une grande étendue. »
M. Eichler (4), revenant à l’opinion d’Endlicher, a déclaré que les écailles
du cône des Araucaria sont simples.
Enfin, plus récemment, M. Yan Tieghem fut conduit par ses recherches
anatomiques à admettre que ces écailles sont réellement doubles (5). Elles sont
formées, selon lui, par deux organes foliaires unis ensemble dans presque toute
leur longueur, savoir : la bractée-mère et l’unique feuille d’un rameau axil¬
laire. C’est entre ces deux organes que l’ovule né de cette feuille se trouve
compris.
Voici maintenant ce que nous avons vu. Sur l’axe d’un jeune chaton de
3 centimètres de longueur s’insèrent des écailles lancéolées-subulées, réflé¬
chies dans leur partie moyenne et dont l’ensemble constitue la masse générale
de l’inflorescence. C’est à la page supérieure de ces écailles que se trouve une
très-petite squamule qui semble naître de leur base. Dans le lieu même
(1) Ad. Brongniart, Dict. cThisl. nat. de Ch. d’Orbigny, article Araucaria.
(2) Synopsis Coniferarum , p. 1 84.
(3) Comptes rendus de l’Académie des sciences , t. L1I, p. 312. — Confer Prodro-
mus , t. XVI, sect. poster, p. 369.
(4) Excursus morphologicus de formatione / lorum Gymnospermarum (Ann. des sc.
nat. 4e sér. t. XIX).
(5) Mémoire sur Vanalomie comparée de la fleur femelle et du fruit des Cycadées ,
des Conifères et des Gnétacèes (Ann. des sc. nat. 5e sér. t. X),
136
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
d’adhérence de la sqnamule, il y a un épaississement transversal, au centre
duquel on aperçoit une ouverture arrondie qui embrasse un très-petit mame¬
lon. C’est l’origine de l’ovule.
A cet âge, l’ovule, très-jeune, semblerait donc naître au lieu de réunion de
l’écaille et de la squamule.
Il résulte de là que, contrairement à l’opinion d’Endlicher et deM. Eichler,
et conformément à celle de MM. Parlatore, Dickson et Van Tiegbem, l’écaille
des Araucaria est double; qu’elle se compose très-vraisemblablement d’une
bractée correspondant à la bractée des Pins et des Sapins, et d’une squamule
fertile correspondant à l’écaille proprement dite des mêmes arbres. On remar¬
quera, en outre, que le plus souvent, chez les Pins et les Sapins, la bractée
s’oblitère, pendant que l’écaille ovulifère prend un grand développement et
devient lignescente ou ligneuse, tandis que chez les Araucaria , au contraire,
c’est la bractée qui forme à elle seule une grande partie de l’organe complexe
que nous appelons faussement écaille.
3. Araucaria montana.
Arbor 20-30 metr. alta.
Folia arboris adultæ in ramulis speciminis feminei imbricata, squamifor-
mia, 13 mill. longa, 8 mill. lata, arcuata, ovata, obtusiuscula, plus minusve
concava, nervo medio dorsali notata, punctulis albis multiseriatis conspersa,
extus plus minusve pruinosa.
Amenta mascula (in speciminibus haud integris) ut videtur 8-9 cent,
longa, 2 j-3 cent, lata, basi bracteis involucrata, mediis oblongo-lanceolatis,
1 \ cent, longis, 5 mill. latis, superioribus supra basim angustatam lateraliter
rotundato-dilatatis, versus apicem anguslato-subulatis; stamina arcte imbri¬
cata, connectivo 6-7 mill. longo, 4-5 mill. lato, ovato-cordato, crasso, nitido,
apice acuto, margine subtilissime fimbriato; lobi polliniferi 12, patentes,
subulati, interioribus tantum concavis apice paulutn cucullatis»
Rarnus strobiliferus rigidus, arcuatus, ramis sterilibusimmixtus, 6-7 cent,
longus, foliis squamiformibus subconformibus obtectus.
Strobilus ovoideus, 10-1 1 cent, longus, 8 cent, lattis; squamæ obovato-
rotundatæ, 2 J cent, longæ îatæque, parte snperiore incrassata, coriacea, semi-
rotundata, externe convexa sicutque transverse carinata, nitida, in appendi-
cem lanceolatam rigidam, adpressam, rectam, pungentem, 9 mill. longam
productæ, lateraliter in alam scariosam fulvam, fragilem, 7-8 cent, latam
expansæ, medio inflatæ ; squamula margine subtiliter fimbriata, apice tantum
libéra.
Habitat in cacumine montis Mi dicti, altitudine 1000 metr.; in montibus
ferrugineis inter Couaoua et Kanala , altitudine 900 metr.
M. Balansa a récolté cette espèce dans les montagnes éruptives, à une alti¬
tude assez élevée, à partir d’environ 800 mètres.
SÉANCE DU l/l JUILLET 1871.
187
Le tronc atteint 20 ou 30 mètres de hauteur; les feuilles , squamiformes,
arquées, ovales et un peu obtuses, sont longues de 13 millimètres et larges de
8 millimètres.
Les chatons mâles paraissent avoir 8 à 9 centimètres de longueur; le con¬
nectif des étamines est ovale, coriace, luisant, aigu et porte 12 lobes d’an¬
thère, dont les intérieurs sont concaves et un peu cucullés au sommet : il est
long de 6 à 7 millimètres, largo de 4 à 5 millimètres.
L 'appendice qui surmonte les écailles du cône est lancéolé, droit, rigide,
piquant et long de 9 millimètres.
4. Araucaria Rulei Ferd. Mueller.
Arbor 15-20 metr. alla (Balansa), ramis verticillatis distantibus, e basi
usque ad apicem modo Coniferarum nostrarum sensim brevioribus (Pancher).
Folia arboris adullæ in ramulis speciminis feminei sterilibus adscendenti-
bus, 20-25 cent. longis, 3 cent, latis dense imbricata, coriacea, ovato-lan-
ceolata, obtusiuscula, intus concava, arcuala, nervo medio dorsali notata,
nitida, 2 cent, longa, basi 1 cent, lata; in speciminum sterilium juniorum (?)
ramulis arcte imbricata, ovata, coriacea, arcuata, obtusiuscula, dorso carinata,
nitida, punctulis multiseriatis conspersa, 6-8mill. longa, 3-4 mill. lata.
Ameuta mascula 8-10 cent, longa, 3-4 cent, lata, basi bracteis imbricatis
involucrata , inferioribus triangulari-lanceolatis , arcuatis , dorso convexis
medioque carinatis, intus nervo medio notatis et punctulis albis multiseriatis
conspersis, superioribus basi dilatatis versus apicem angustato-subulatis ; sta-
mina arcte imbricata, connectivo ovato-lanceolato, coriaceo, dorso piano, intus
medio carinato, margine subtiliter denticulato, subpungente, nitido, 7-9 mill.
longo, 4 mill lato; lobi polliniferi 15, plerique patentes acuti, interiores
fdamento contigui apice paulum cucullati.
Strobili ovoidei, squamarum appendicibus subulatis adscendentibus adpres-
sis hirsuti coronatique, 8-9 cent, longi, 6-7 cent, lali, ramulos adscendentes
5-6 cent, longos terminantes, foliis imbricatis, coriaceis, incurvatis, pungentibus,
triangulari-lanceolatis, nitidis, nervo medio dorsali notatis, 2 { cent, longis,
basi 8 mill. latis, intus seriatim albo-punctulatis, superioribus sicut involu-
crum efformantibus basi dilatato-incrassatis, inde triangularibus, subulatis,
arcuatis. Squamæ cuneatæ, 3 | cent, longæ, parte superiore coriacea, externe
convexa seu transverse rotundo-carinata, superne in appendicem auguste
lanceolato-subulatam, rigidam, acutam, 2 cent, longam producta, iateraliter
in alarn scariosam, fulvam, fragilem, 4 mill. latam expansæ, medio inflatæ ;
squamula triangularis, margine subtiliter fimbriata, apice tantum libéra.
Araucaria intermedia Pancher mss.
Araucaria intermedia Vieil!. Ann . sc. nat. 4e sér. t. XVI, p. 55.
Eutacta Rulei pohjmorpha Garr. Conif. t. Il, p. 606.
Habitat in montibus ferrugineis Novæ-Caledoniæ, propc Kanala (Pancher,
1858 ; Vieillard, n° 1276 [ex Parlatore] ; Balansa, n° 2513).
135
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE J
Dès l’année 1858, M. Pancher nous a adressé quelques rameaux et des
fragments très-incomplets de cônes mâles et femelles appartenant à cette
espèce. La note suivante les accompagnait : « On peut appliquer à cet Arau-
» caria le nom d 'intermedia, car, par la largeur et l’épaisseur des feuilles, il
» est évidemment intermédiaire entre les deux espèces australiennes et les
» deux espèces américaines. Les verticilles de ses branches sont plus éloignés
» que ceux de X Araucaria Cookii. Ses branches vont en diminuant réguliè-
» rement de longueur de la base au sommet du tronc, ce qui donne à l’arbre
» l’aspect des Conifères européennes. Il acquiert la hauteur et le diamètre
» des plus hautes espèces de Pins et croît sur les montagnes les plus arides de
» Kanala, dans un sol argilo- ferrugineux. Si le bois est de bonne qualité,
» il doit être préféré à celui du Pin de Cook, car il est beaucoup moins
« noueux. »
Nous avons reçu également de M. Ferd. Muelier (1) plusieurs rameaux sans
fleurs ni fruits, représentant, suivant lui , diverses formes de l’espèce qu’il a
dédiée à M. John Rule, pépiniériste à Victoria.
Enfin M. Balansa nous a envoyé de très-beaux spécimens, d’après lesquels
nous avons fait notre description. « Cet arbre, dit-il, est vulgairement appelé
» à Kanala Pin candélabre ; il est très-répandu, à partir de A00 mètres d’al-
» titude, sur les montagnes ferrugineuses des environs de Kanala. » Nous
croyons, avec notre savant collecteur, que cette espèce a été décrite par
M. Vieillard, dans son mémoire sur les Plantes utiles de la Nouvelle-Calé -
donie , sous le nom d’A. intermedia. Il importe seulement de remarquer
que, par suite d’une transposition de noms, la description très-sommaire
de cette espèce a été placée sous le nom d’A. Cookii , tandis que la caractéris¬
tique de ce dernier type est appliquée à 1*A. intermedia .
Tel que nous le tenons de M. Balansa, l’A. Rulei est bien caractérisé par
la forme et la grandeur de ses feuilles, par la structure de ses étamines et par
celle des écailles séminales.
Les feuilles adultes sont des écailles coriaces, imbriquées, ovales-lancéo-
lées, longues de 2 centimètres, larges de 1 cent., luisantes et carénées sur le
dos, un peu obtuses.
Les chatons mâles sont longs de 10 à 12 centimètres. Le connectif des
étamines porte quinze lobes d’anthère, les intérieurs étant concaves et un
peu cucullés au sommet; il est ovale-lancéolé, coriace, luisant, aigu, long de
8 millimètres.
X' appendice qui surmonte les écailles du cône est lancéolé, subulé, rigide,
aigu, long de 2 centimètres.
(1) Le rameau envoyé sous le nom ÏÏA. Rulei est assez différent du type décrit par
nous, d’après les échantillons de M. Balansa, et qui n’esi d’ailleurs pas représenté dans
l’envoi de M. Muelier. La forme qu’il nomme Ar. Rulei var. parvifolia,e t qui est Y Eu-
tacta Rulei compacta de M. Carrière, ressemble beaucoup à un échantillon feuillé et sté¬
rile envoyé par M. Balansa avec la plante que nous avons prise pour type et sous le même
numéro.
SÉANCE DU 4/l JUILLET 1871.
139
5. Araucaria Muelleri.
Arbor magna, ramis patentibus.
Folia ovata, imbricata, coriacea, subplana, clorso plus minusve carinata,
nitida, punctulis albis longitudinaliter multiseriatis undique conspersa, 3 cent,
longa, 2 cent, lata.
Ameuta mascula cylindrica, 20-25 cent, longa, 3-4 cent, lata, basi bracteis
imbricatis involucrata, inferioribus triangulari-lanceolatis, paulo concavis,
arcuatis, dorso carinatis, apice incrassato obtusiusculo incurvis, 3 cent, longis,
superioribus sensim angustioribus, basi dilatatis, versus apicem angustato-
subulatis. Slamina connectivo ovato, coriaceo, crasso, lucido, medio ca-
rinalo, apice obtusiusculo, 7-8 mill. longo, 5 mill.lato, lobis polliniferis cir-
citer 20; lobi inæquilongi, fere omnes patentes, appendiceque subulata,
incurva apiculati; alii fdamenlo contigui concavi, vel apice incurvo cucullati,
vel etiam uncinato-reflexi.
Strobilus ovoideus, 14 cent, longus, 9 cent, latus; squamæ obovato-
cuneatæ, 3 | cent, longæ latæque, parte superiore coriacea externa convexa,
in appendicem rectam planam subulatam acutam flexibilem pungentem 10-
12 mill. longam sensim productæ, lateraliter in alam scariosam fulvam fragi-
lem 1 cent, latam expansæ, medio inflatæ; squamula triangularis, acuta, apice
tantum libéra, margine subtiliter fimbriata.
Habitat in Nova-Caledonia, versus apicem montium (Balansa, n°188); Pan-
cber, in monte Cougui.
Araucaria Rulei var. grandi folia. Mueller mss.
Eutacta Muellerii Carr. Conif. t. Il, p. 607.
Cette espèce est représentée, dans les récoltes de M. Balansa, par des spé¬
cimens feuillés et munis de chatons staminaux. M. Pancher nous a communi¬
qué des cônes détachés.
Les feuilles sont ovales, presque planes, un peu obtuses au sommet, lon¬
gues de 3 centimètres, larges de 2 centimètres.
Les chatons mâles atteignent jusqu’à 20 et 25 centimètres de longueur; le
connectif des étamines est ovale, coriace, luisant, un peu obtus, long de 7 à
8 millimètres. Il porte 20 lobes d’anthère, dont les intérieurs sont concaves,
cucullés ou même recourbés en crochet au sommet.
V appendice qui surmonte les écailles du cône est triangulaire, subulé,
aigu, droit et long de 10 à 12 millimètres.
M. Parlalore a décrit quatre espèces de Libocedrus dans le Prodromus. Les
Libocedrus tetragona , chilensis et decurrens sont américains, et l’on trouve
dans la forme des rameaux, dans celle des feuilles, dans la position du stro-
bile, dans le nombre et la structure de ses écailles, des caractères qui les dis¬
tinguent de l’espèce néo-calédonienne que nous allons décrire. Elle paraît
140 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
avoir plus d’analogie avec le L. Doniana de la Nouvelle-Zélande, mais elle en
diffère par ses feuilles latérales ovales obtuses, et non oblongues acuminées,
par ses feuilles antéro-postérieures triangulaires obtuses et non ovales acumi¬
nées, par les écailles du strobile dont les latérales, et non les antérieures, sont
plus longues que les deux autres, dont les appendices sont linéaires, subulés,
droits, et non ovales-lancéolés arqués.
Libocedrus austro-caledonica.
Frutex ramosissimus, 4-6 metr. altus.
Kami teretes, squamis cruciatim oppositis, ovato-rotundatis, apice breviter
triangulari acutis, fere omnino adnatis, acumine tantum libero ; ramuli sparsi,
paulo compressi, squamis antero-posterioribus oblongis apice triangulari piano
liberis, cælerum omnino adnatis, 5 mill. longis, 3 mill. latis, squamis latera-
libus basi decurrente adnatis, parte superiore libéra, 2 J mill. longa, ovata
horizontaliter expansis, compressis, arcuatis, dorso carinatis, intus concavis,
obtusiusculis.
Surculi oppositi, distichi, compressi, 3-5 cent, longi, squamis dimorphis,
decussatim oppositis, nitidis obtecti; squamæ antero-posteriores minimæ,
2 mill. longæ latæque, triangulares, dorso convexæ; squamæ latérales ovatæ,
paulum arcuatæ, apice obtusæ, basi obliqua decurrente adnatæ, compressæ,
carnosæ, ex uno latere (supra) piano -convexæ, altero longitudinaliter exca-
vatæ, dorso angustato-carinatæ, intus vel pagina superiore arcte canaliculalæ,
4 mill. longæ.
Ameuta mascula...
Ameuta feminea solitarie terminalia, squamis 4 cruciatim oppositis invo-
lucrata, antero-posterioribus ovato-lanceolatis acutis, dorso convexis, intus
concavis, 4 mill. longis, lateralibus paulo minoribus magisque navicularibus.
Amenti squamæ propriæ 4, subverticillatæ, 2 latérales antero-posterioribus
minores. Squamæ latérales oblongo-lanceolatæ, 1 cent, longæ, dorso cari-
nalæ, intus concavæ, basi oblique inserlæ, apice acutæ, lepidio sterili oblongo
interne adnato 3 mill. longo stipatæ. Squamæ antero-posteriores (e lepidio et
bractea simul connatis compositæ) oblongæ, subspathulatæ, carnosæ, appen¬
dice dorsali (bractea) subulala, dorso carinata, intus canaliculata, apice pun-
gente instructæ, 15 mill. longæ, altéra ovula 2 sterilia, altéra fertilia fovente;
ovula oblique ad insertionem squamæ nascentia, minima, lagenæformia,
erecta, orlhotropa, micropyle in collum apice lateraliterque bidentatum pro-
ducta ; semina nondum matura compressa lateraliter alata, ala altéra lata sursum
rotundato-expansa, altéra angusta marginiformi, micropyle brevi bidentata.
Strobilas valvis diductis, sublignosis, antero-posterioribus oblongis apice
attenuatis, obtusiusculis, 8 mill. longis, dorso paulo supra medium mucrona-
lis; valvis lateralibus 12 mill. longis, oblongis, apice rotundatis, paulo supra
medium mucrone dorsali recto, lineari-subulato pungente, adscendente 1 cent,
longo asperatis. Semina ...
SÉANCE DU l/l JUILLET 187 J . 1/fl
Habitat monteni Humboldt , altitudine 1100 metr. in locis saxosis (Balansa,
n° 2503).
A la suite de cette communication, M. Brongniart expose les ob¬
servations suivantes :
NOTE SUR LA CONSTITUTION DU CONE DES CONIFÈRES,
par II. Ad. BmOAT€4ATE .4ET,
La description des chatons femelles des Araucaria et de leur développement,
qui vient d’être donnée dans la note précédente, a reporté mon attention sur
l’organisation générale de ces parties dans les deux principaux groupes de la
classe des Conifères, les Cupressinées et les Abiétinées.
. Les opinions les plus diverses ont été émises sur les parties constituantes des
petits épis qui forment l’inflorescence et plus tard les cônes de ces végétaux. Je
ne veux pas revenir en ce moment sur un des points les plus controversés de
cette question, à savoir la nature ovulaire ou ovarienne des parties qui devien¬
nent ce qu’on appelle généralement les graines de ces Conifères, mais seule¬
ment sur la nature des écailles qui les portent ou les accompagnent.
Dans les Cupressinées on admet des écailles simples, organes appendicu¬
laires naissant de l’axe de i’épi ou cône; dans les Abiétinées tous les auteurs
reconnaissent deux parties distinctes, l’une plus extérieure naissant aussi di¬
rectement de l’axe et qu’on a nommée la bractée, et immédiatement au-dessus
ou à l’intérieur de chacune de ces bractées, une écaille généralement plus dé¬
veloppée, qui porte deux ovules dans les vraies Abiétinées, Pinus de Linné,
un seul dans les Araucaria et Dammara , trois dans les Cunningliamia.
C’est la nature de cette écaille qui a donné lieu à des interprétations très-
diverses, car on l’a considérée tantôt comme une feuille distincte, tantôt comme
un rameau axillaire modifié.
On a objecté à la première de ces manières de voir que jamais, sur un
même rameau, une feuille ne naît immédiatement au-dessus d’une autre, et
que si cette feuille était la première feuille d’un rameau axillaire, elle serait
latérale et non superposée à la feuille à l’aisselle de laquelle ce rameau se serait
développé, et, en admettant sa nature appendiculaire, on a été conduit à sup¬
poser que l’écaille des cônes des Abiétinées était le résultat de la confluence
des deux feuilles latérales d’un rameau axillaire.
A la seconde opinion, quia été émise par IM. Bâillon (1), on peut objecter
non-seulement la forme si insolite de ce rameau foliacé et la position des
ovaires ou ovules sur sa face supérieure, mais l’union qui m’a toujours
paru bien manifeste entre la base de la bractée et la base de l’écaille, quisem-
(1) Ann. sc. nat., 4e série, t. XIV, p. 186.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
m
ble n’en faire que les deux parties d’un même organe, et enfin la dissem¬
blance profonde que cela établirait entre les Abiétinées et les Cuprcssinées.
En objectant à la première de ces manières de considérer les organes des
épis femelles des Conifères que deux feuilles ne pouvaient pas être immédia¬
tement superposées l’une à l’autre, on me paraît avoir complètement oublié
celte théorie des dédoublements d’un même organe, théorie si ingénieuse qui,
depuis son introduction dans la science par Dunal, s’est vue confirmée par tant
d’observations et particulièrement par les études organogéniques.
Nous voyons en effet, dans les dédoublements antéro-postérieurs qui se
présentent surtout dans les Heurs et particulièrement dans les pétales, tantôt
l’organe extérieur conservant presque toujours ses caractères habituels pro¬
duire une seconde lame sous forme d’écaille ou de crête plus ou moins déve¬
loppée, tantôt, ce qui n’a été longtemps qu’une présomption que l’organogé¬
nie est venue confirmer, donner naissance à un organe très-différent, une ou
plusieurs étamines par exemple ; il n’est en effet, je crois, aucun botaniste
qui n’admette actuellement que, dans la plupart des cas, les étamines opposées
aux pétales ou les faisceaux d’étamines des Malvacées, des Myrtacées, etc. , ne
soient le résultat du dédoublement intérieur des pétales devant lesquels ils sont
placés (1).
Voilà donc des organes d’apparence souvent fort différente, mais tous deux
de nature appendiculaire, qui se trouvent placés l’un devant l’autre, soit en
restant unis dans une plus ou moins grande étendue, soit en devenant com¬
plètement distincts par leur base.
Je crois qu’il en est de même dans les Conifères, et que cette explication
des anomalies apparentes de leurs épis femelles est la plus vraisemblable, quoi¬
qu’elle ne soit venue, à ma connaissance, dans la pensée d’aucun des nom¬
breux botanistes qui se sont occupés de ce sujet.
Dans les Cupressinées, la bractée et l’écaille ne forment qu’un seul tout,
ou du moins la tendance au dédoublement n’est pour ainsi dire qu’indiquée
par la forme des écailles de certains genres, dont le sommet, marqué par un
apicule dorsal subulé, est accompagné à l’intérieur d’un rebord entier ou
lobé.
Les écailles des petits cônes du Cryptomeria , avec leurs cinq lobes à leur
bord intérieur, me paraissent montrer surtout d’une manière bien évidente ces
deux portions de l’organe appendiculaire.
Dans les Abiétinées ordinaires, le dédoublement est, au contraire, complet;
cependant, quand on y regarde de près, dans plusieurs P inus ou Abies, on
voit que la bractée et l’écaille sont unies vers leur base dans une étendue de
(i) En supposant meme qu’on n’admette pas dans ces cas un dédoublement réel d’un
organe, c’est-à-dire la partition d’un seul mamelon primitif en deux organes distincts, il y
a du moins évidemment production d’un organe de nature appendiculaire immédiatement
au-dessus ou à l’intérieur d’un autre organe, dont il paraît être une dépendance.
SÉANCE DU l/l JUILLET 1871.
1/43
quelques millimètres, et peut-être, en examinant un plus grand nombre d’es¬
pèces que je ne l’ai fait, trouverait-on des exemples de cette union bien plus
prononcés.
Sans doute ici, la dissemblance des deux parties de l’organe dédoublé est
très-grande; la portion extérieure, ordinairement la plus développée, est ici
presque atrophiée; cependant, dans certains Ab les, elle reprend son caractère
foliacé et dépasse l’écaille interne. Celle-ci, épaisse, ligneuse, n’est pourtant
pas aussi différente de l’organe qui l’aurait produite qu’une étamine ne l’est
d’un pétale.
Mais ce qui me paraît une confirmation puissante de l’opinion que je viens
d’énoncer et ce qui m’a amené à en entretenir la Société dans ce moment,
c’est la structure de l’écaille des Araucaria.
Dans ces plantes, étudiées avec le plus grand soin par M. À. Gris, l’épi fe¬
melle ou le cône jeune est composé d’écailles étroites lancéolées-subnlées qui,
par leur position, correspondent aux bractées des cônes des Abiétinées ordi¬
naires; à leur face interne et très- près de ieur base se trouve une petite
écaille qui leur adhère dans une très-petite étendue; c’est immédiatement
sous la partie basilaire de cette écaille interne qu’apparaît l’origine de l’ovule
représenté par un petit mamelon; mais bientôt la partie inférieure de la
bractée ou écaille externe s’accroît, s’allonge et s’élargit et entraîne la petite
écaille interne qui se trouve ainsi reportée vers la partie supérieure de la
bractée, ainsi que le point d’attache de la graine.
La dépendance de cette petite écaille interne de l’écaille principale est ici
évidente, elle n’en est que le dédoublement interne ; dans sa jeunesse, elle
rappelle la petite écaille qui est à la base des pétales des Renoncules et qui forme
un dédoublement de ces organes dans plusieurs autres familles (Sapindacées,
Résédacées, etc.).
Il me paraît résulter de cet examen et de la comparaison des Cupressinées,
des Abiétinées et des Araucaria , que les cônes de ces plantes ne sont réelle¬
ment formés que d’un seul ordre d’organes appendiculaires : des bractées sim¬
ples dans les Cupressinées; dédoublées jusqu’à leur base ou très-près de leur
base, et montrant ainsi une bractée et une écaille interne distinctes, dans les
Abiétinées; dédoublées en deux parties à une distance plus ou moins grande
de leur base, suivant le degré de leur évolution, dans les Araucaria.
M. Martinet fait à la Société la communication suivante :
SUR LES ORGANES GLANDULEUX DES RUTACÉES, par M. J. -H. II A HT IM ET1.
Au mois d’avril dernier, dans une petite réunion de la Société botanique,
j’ai eu riionneur de présenter une courte note sur les organes glanduleux du
genre Citrus (voyez plus haut, p. 61).
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
lhti
J’ai démontré que les glandes des Orangers ne sont pas des cavités à pavois
sécrétantes, des vésicules remplies de liquide , des glandes vésiculaires en
un mol. mais qu’elles sont formées d'un tissu spécial glandulaire, bien différent
du parenchyme dans lequel il est plongé. J’ai signalé, en outre, dans la même
note, un phénomène particulier qui survient dans le tissu glandulaire à une
certaine époque de son existence, et par suite duquel ce tissu disparaît plus
ou moins complètement. C’est sans doute à ce phénomène de résorption du
tissu sécréteur que doit être attribuée l’interprétation erronée qui a été faite
jusqu’alors de la structure des glandes des Citrus.
J’ai étudié plus récemment les glandes des Rutacées. On sait que les divers
organes des plantes de cette famille sont abondamment pourvus de glandes
analogues à celles des Aurantiacées. On les désigne sous le nom de glandes
vésiculaires , comme celles des Orangers, mais aussi improprement que pour
ces dernières, car elles en ont , à très-peu près, la structure.
C’est surtout des glandes des Fraxinelles que j’ai à dire quelques mots.
Ainsi qu’on le sait, les plantes du genre Dîctamnus , indépendamment des
glandes situées dans le parenchyme de leurs organes, sont munies de glandes
extérieures qui, par leur volume et l’abondance de leur sécrétion, ont de bonne
heure üxé l’attention des savants.
La structure de ces organes n’est pas connue ; on les considère générale¬
ment comme formés d’une couche unique de cellules épidermiques, limitant
une cavité considérable dans laquelle s’accumule la substance sécrétée.
Cette cavité, cette outre , comme on l’a appelée, à parois sécrétantes, 11e
laisse pas d’avoir quelque chose d’extraordinaire. Pour mon compte, je m’ex¬
plique assez difficilement, ou plutôt je ne comprends pas du tout, la formation
d’un tel organe.
C’est néanmoins ainsi que sont décrites et figurées les glandes des Fraxi¬
nelles dans nos meilleurs traités, qui, il faut le dire, pour tout ce qui touche
les sécrétions végétales, ne sont pas toujours très-bien renseignés. J’en dirai
%
la cause autre part.
L’étude des glandes extérieures des Dictamnus les montre constituées par
deux tissus différents : un tissu enveloppant, de même nature que l’épiderme
dont il n’est qu’une modification, et un tissu central glandulaire, qui jus¬
qu’alors a échappé aux observations des anatomistes.
Le tissu adénoïde, comme celui des glandes nombreuses dites vésiculaires
que l’on observe dans les organes d’un grand nombre de végétaux (Aurantia¬
cées, Myrtacées, Rutacées, Hypéricinées, Myoporinées, etc.), subit, chez les
Fraxinelles, un phénomène de résorption ou de désassimilation exagérée, et
finalement disparaît par suite de ce trouble nutritif.
Les faits que je viens de signaler trouveront prochainement le développe¬
ment qu’ils comportent dans un travail spécial Sur les organes de sécrétion
des végétaux.
SÉANCE DU 14 JUILLET 1871. 145
Lecture est donnée de la communication suivante adressée à la
Société :
OBSERVATIONS SUR QUELQUES PLANTES DU FOREZ, par II. Antoine IÆ GRAXD.
(Montbrison, 30 juin 1871.)
Voici quelques espèces qui, je crois, n’ont pas encore été signalées dans des
conditions aussi différentes de celles où elles vivent habituellement.
h'Ericct cinerea L. , cette parure si abondante des landes de l’Ouest et du
Centre, est venu s’égarer jusque dans les bois de sapins du Pilât, sous la som¬
mité du Crêt-de-ia-Perdrix (1350 à 1400 m. d’altit.), où, du reste, je n’en ai
rencontré que quelques maigres touffes commençant à fleurir le 6 août 1865.
Le Car ex lœvigata Srn. a envoyé une colonie abondante et vigoureuse
peupler quelques marécages spongieux ( sagnes ) des pentes de Pierre-sur-
Haute, à la lisière des sapins, où il croît au milieu des Betula pubescens
Ehrh.
Comment cette espèce occidentale et méditerranéenne a-t-elle quitté ces
lointains parages pour venir, comme la précédente, s’ensevelir une partie de
l’année sous les neiges de nos montagnes?
Ne quittons pas les Carex sans annoncer le C. nutans Host, près de Mont¬
brison, et le C . pauciflora Lightf. , en abondance au pied du pic de Gourgon
(Pierre-sur-Haute), en société Oxycoccos palus tris et d ' Andromeda poli-
folia.
L’ Elatine macropoda Guss. , signalé dans le Bulletin (t. XVI, p. 60), est la
forme appelée par M. Grenier, qui a lui-même vérifié mes échantillons, E. Fa-
bri, intéressante variété que l’on ne connaissait jusqu’à ce jour que dans les
mares d’Agde (Bull. Soc. bot. t. XVI, p. 213), et qui est bien éloignée ici
de sa station presque maritime, dont l’influence paraît également nécessaire
à l’existence du type.
11 est plus facile d’expliquer la présence sur nos grèves de la Loire du Leu-
canthemum pahnatum Lam. (L. cebennense DC. ), qui doit s’appeler Z. mons-
peliense L. (sub Chrysanthemo), que les graines nous soient arrivées (par les
eaux du fleuve, comme c’est probable) des montagnes où la Loire prend sa
source, ou de localités plus rapprochées que de nouvelles recherches feront
peut-êire découvrir. C’est à M. Hervier-Basson que nous devons la découverte
de cette belle espèce.
VEpipogon aphyllus Sw. a été déjà indiqué dans notre région forézienne
(Cariot, Étude des fleurs , t. II, p. 563). Mais son existence à Pierre-sur-
Haute est un fait assez considérable pour qu’il soit permis de le rappeler et de
le confirmer. Deux échantillons seulement ont été trouvés et récoltés, et j’ai eu
le plaisir de voir Lun d’eux bien conservé dans l’herbier de M. l’abbé Pey-
t. xviii. (séances) 10
1.46
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
ron, auteur de celle importante découverte. L’autre échantillon fait partie de
l’herbier Gariot.
Genre Pulmonaria. — On a multiplié les espèces de ce genre aux dépens
du P. angusti folia L. L’un des caractères les plus usités est tiré de la position
et de l’abondance des poils qui se trouvent à l’intérieur du tube de la corolle.
Le P. affinis Jord. notamment a ces poils disposés en anneau autour de la
gorge. Mais j’ai observé plusieurs corolles où ces poils garnissent tout l’inté¬
rieur du tube ; et ce qui est plus curieux, c’est que je n’ai, observé ce fait que
dans des corolles où l’androcée est inséré au fond du tube corollaire au lieu
de l’être vers le sommet (ce qui est beaucoup plus fréquent). A ces positions
de l’androcée correspondent, comme on sait, des formes longistyles ou brévi-
stvles, comme dans les Primulacées et quelques autres plantes.
Ce genre est représenté, dans le bassin de Montbrison, par un assez bon
nombre de formes, telles que : P. affinis Jord., ovalis Bast., longifolia
Bast. , tuberosa Schk. , azurea Bess. Mais constituent-elles autant d’espèces?
L’observation que j’ai rapportée ci-dessus permet d’en douter.
Genre Nardurus. — Le Narduims Poa Boiss. est mutique ( Festuca Poa
Kunth, Boreau), ou aristé (F. tenuicula Link, Boreau);el quelques auteurs
se basent sur la présence ou l’absence de l’arête et sur une prétendue diffé¬
rence de station pour faire deux espèces de ces deux formes. Dans nos envi¬
rons, je les ai trouvées croissant ensemble, et je dirai même si intimement
qu’ayant cru récolter une centurie de la forme mutique, je fus fort étonné, au
dépouillement, de trouver un tiers environ d’échantillons aristés tellement
mêlés avec les autres qu’il fallut un vrai travail pour les séparer.
Quant au caractère tiré de l’arête, on sait avec quelle réserve il faut l’ad¬
mettre dans les formes affines appartenant à la famille des Graminées.
Genre AgrüPYrum. — Le savant directeur du Jardin-des-plantes d’Angers,
en publiant une monographie des Agropyrum d’Europe ( Mém . de la Soc.
acad. de Maine-et-Loire , t. XXIV, p. 347), a appelé l’attention des botanistes
sur ce genre intéressant et peu étudié. Déjà j’avais eu le plaisir de découvrir,
sur les bords de la Loire, une forme de VA. acutum ILS., rapportée dans cette
monographie à VA. obtusiusculurn Lge. Depuis, mes recherches se sont éten¬
dues et ont apporté le tribut suivant :
A. glaucum ILS. (A. R.); A. obtusiusculurn Lge (A. G.) ; A. pungens R. S.
(R.); A. cæsium Presl (A. G.); A. repens P. B. (GG.), et var. subulatum
Schk. (G.); A. caninurn R. S. (R.).
Ges plantes habitent surtout les haies, les buissons, les ro cailles, le bord des
fleuves. Ainsi presque toutes celles-là se rencontrent le long de la Loire. Elles
sont probablement plus communes qu’on 11e pense, mais elles attirent peu le
botaniste en excursion et passent inaperçues.
Noms vulgaires «lu athanmnticu tn. — Gette Ombellifère
abonde dans les prairies des montagnes de Pierre-sur-Haute et du Pilât, où elle
SÉANCE DU 14 JUILLET 1871.
147
constitue un assez bon fourrage pour les bestiaux. Le fait assez curieux qui
mêla fait mentionner ici, c’est qu’elle est vulgairement connue des monta¬
gnards de la chaîne du Forez sous le nom de méon , qui se rapproche singu¬
lièrement du nom scientifique.
D’un autre côté, Latourrette (dans son Voyage au Mont- Pilât , p. 134) rap¬
porte, d’après Dalechamps, que cette plante était anciennement connue « dans
les boutiques » sous ie nom de mu ou meu. Il me paraît probable que ces
noms, ainsi que celui de méon , auront été apportés dans nos montagnes par
les herboristes du moyen âge (1).
Dans les montagnes du Pilât, le Meum est appelé vulgairement citre; mais
l’odeur anisée de notre plante ne permet guère de faire un rapprochement
étymologique entre ce nom vulgaire et le nom du citron ( citrus ).
Rappelons, en terminant, que l’étymologie du mot Meum , que M. Boreau
[Fl. centre , éd. 3, p. 324) rapporte à p«ov, plus petit , à cause de la ténuité
des lobes des feuilles, ne paraît pas satisfaire entièrement l’esprit (2).
M. l’abbé Chaboisseau fait à la Société la communication sui¬
vante :
SUR LE NI TE LL A SYNCARPA Thuillier, ET LE GHARA CONNIVENS Salzmann,
par il. l’abhé CHABOISSEAU.
J’ai pu observer cette année, pour la première fois, le véritable Nitella
syncarpa Thuill., celui de la Flore des environs de Paris , de M. Alex. Braun,
et des exsiccata de M. Rabenhorst. Il était abondant dans l’étang de la Grange
près Rosoy-en Brie (Seine-et-Marne) , où il remplaçait totalement le Potamo-
geton acutifolius Link , qui y foisonnait il y a trois ou quatre ans. Il devra se
retrouver dans d’autres localités : les Characées échappent facilement aux re¬
cherches, peut-être à cause du petit nombre des observateurs, mais assurément
à cause de leur habitat au fond des eaux et souvent loin du bord. Me serait-il
(1) Le Gnaphalium dioicum est connu aussi dans toutes nos montagnes sous le nom
de Pied-de-chat , qui n’est pas un nom indigène.
(2) Notre obligeant Secrétaire général, en me communiquant l’épreuve de mon article,
a bien voulu me donner les renseignements suivants : 1° Le nom latin Meum a été em¬
ployé par Pline et provient de (avîûv ou (/.sïov, nom par lequel, disent MM. Le Maout
et Decaisne (Flore des jardins et des champs, p. 367), les naturalistes grecs désignaient
« certaines Ombellifères ». — 2° La forme meu est mentionnée comme nom vulgaire du
Meum dans le Pinax de G. Bauhin (1671). — 3° Dans ses Stirpium adversaria (1570),
Lobel cite les noms de meum , meon et meu, et ajoute que la plante se trouve sur les
sommets les plus élevés des Cévennes, notamment à l’Espérou, où, dit-il, les monta¬
gnards la nomment oestre (qui se rapproche beaucoup de la forme citre , employée encore
aujourd’hui dans le Forez). — Dans l’opinion de M. de Schœnefeld, oestre , cêlre ou
citre serait peut-être la vieille appellation gauloise et indigène (ou bien proviendrait du
latin cestrum ?), tandis que meu et méon ne sont certainement que des altérations du
latin meum. ( Note ajoutée au moment de l’impression.)
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
148
permis de recommander pour leur récolte un moyen d’une simplicité pri¬
mitive, une ficelle enroulée sur un bâtonnet, à la manière d’un cordeau
de jardinier? Arrivé sur place, on la munit de deux pierres attachées à
quelque distance l’une de l’autre, et fixant le bâtonnet en terre, on lance cette
drague improvisée, qui rapporte souvent des merveilles. On ne doit s’en servir,
bien entendu, que dans les endroits inaccessibles; car rien 11e remplace une
main tant soit peu exercée à ce genre de récolte, surtout en ce qui concerne
les parties souterraines de la plante, si importantes et si curieuses dans cette
famille. Si je 11e craignais d’entrer dans des détails puérils, je recommanderais
d’envelopper sans façon les touffes fraîches dans une feuille de papier buvard,
an moment de la récolte, si l’on n’a pas le temps de les préparer sur place, et
de les faire flotter chez soi dans de l’eau pure, sur une feuille de papier blanc,
comme on prépare les Algues, en ayant soin de séparer les deux sexes des
espèces dioïques et de les noter au moment de la préparation; ne pas oublier
de récolter à part des échantillons à fruits adultes, c’est-à-dire à nucules
noires.
Je prends la liberté de rappeler ici les caractères différentiels des trois Ni-
tella dioïques de ce groupe ; quoiqu’ils soient établis soigneusement dans la
dernière édition de la Flore de Paris , beaucoup de botanistes semblent encore
les méconnaître. Ces trois espèces sont très-voisines, et peut-être pourrait-on
les réunir à cause de la similitude de leur faciès. Quoi qu’il en soit, elles sont
nettement et exactement caractérisées par M. Al. Braun [Char. Fur. exs.) :
Nitella syngarpa Thuillier. — Glœocarpa , leiopyrena.
Nitella capitata Nees. — Glœocarpa , oxygyra.
Nitella opaca Agardh. — Gymnocarpa, pachygyra.
Les deux premières en effet ont les glomérules d’anthéridies et de sporanges
enveloppés de mucilage, tandis que la troisième en manque. Et en supposant
que ce caractère soit inconstant, les nucules du Nitella syncarpa se distin¬
guent à première vue par leurs spires larges et peu profondes, offrant en pro¬
fil un aspect arrondi, tandis que les nucules des deux autres ont des stries ai¬
guës et très-prononcées, étroites de base et profondes dans le Nitella capitata ,
plus larges de base, mais toujours très-fortes dans le Nitella opaca. Le Nitella
capitata , que je n’ai pas encore observé autour de Paris et qui m’a semblé
aimer les terrains granitiques ou sablonneux, est généralement très-grêle,
germe en automne et passe l’hiver de manière à fructifier dès la fin de mars,
quelquefois sous la glace. Le Nitella opaca lui succède, germe au premier
printemps et fructifie d’avril en juin; le Nitella syncarpa m’a paru plus
retardataire, il fructifie en juin-juillet. Je ne parle pas ici des caractères que
l’on a tirés de la consistance plus ou moins tenace de ces espèces, de leur cou¬
leur plus ou moins verte et plus ou moins opaque; tout ceci est variable et
n’a pas grande valeur.
Le Chara que j’avais vu en mai dans l’étang de Trappes près Versailles,
SÉANCE DU 14 JUILLET 1871.
149
et qui m’avait paru si curieux, a justifié pleinement la bonne opinion que
j’avais de lui. Je l’ai revu il y a quelques jours : c’est incontestablement le
Chara connioens Salzmann. Il se trouve en abondance aux deux côtés de la
chaussée, mais ne m’a pas paru remonter très-loin, du moins autant que la vase
m’a permis d’en juger. Cette espèce étant imparfaitement connue de plusieurs
botanistes, je demande, la permission d’en donner une description et une
figure, même après MM. Alexandre Braun et Kuetzing. Notre collègue M. Max.
Cornu a bien voulu m’aider à l’étudier et en faire le dessin (pl. I de ce volume).
Je dois à la vérité, et à l’amitié que j’ai pour lui, de déclarer que si je parviens
à dire quelque chose* d’intéressant, tout l’honneur lui en revient pour les
excellentes observations dont il a accompagné son étude.
Chara conniyens Salzmann, in Collect. pl. de Tanger. — Alex. Braun, in
Flora , 1835, I, p. 73, in Schweinf Beitr. z. Flora Æthiop. p. 229, et in
Die Characeen Afrika s (1868), p. 855. — Kuetzing, Spec. Alg. p. 521, et
Tab. phycol. VII, tab. 63, i. (Cette figure médiocre ne représente qu’une
tige incomplète de la plante femelle, avec un ramuscule et un fruit grossi.) —
AVallm. Charac. p. 99. — Brébisson, FL de Normandie, 2e éd. p. 336;
3e éd. p. 381 ; 4e éd. p. 405. — Lloyd, Fl. de /’ Ouest, 2e éd. p. 622.
Dioïque . Racines dépourvues de bulbilles ; articulations inférieures de la
tige offrant quelques renflements paucicellulés traversés par l’axe. — Tiges
de 1 à 2 décimètres, opaques, d’un beau vert, s’incrustant et grisonnant à la
fin, très-fragiles , inermes, à tubes corticaux droits et réguliers. — Rameaux
au nombre de 7-9, rarement 10, ceux de la plante mâle (et quelquefois même
ceux de la plante femelle) arqués en dedans ou contournés. — Papilles invo-
lucrales peu distinctes. — Articles (1) de chaque rameau au nombre de 12 à
20, généralement très-rapprocbés, surtout dans les plantes mâles, cortiqués, à
l’exception du dernier ou des deux derniers (fig. 2); les articles stériles sans brac¬
tées ou n’offrant que trois bractées antérieures à peine distinctes, les articles fer¬
tiles munis antérieurement de 2-4 bractées très-courtes sous l’anthéridie (fig. 4),
et, sous le sporange, de trois ou cinq bractées pouvant atteindre au maximum
le tiers du sporange, mais souvent beaucoup plus réduites, la médiane égale
aux latérales ou plus courte (fig. 7). — Anthéridies globuleuses, assez grosses,
(1) Le sens des mots article et articulation varie chez les auteurs et peut donner lieu
à confusion. Si l’on examine un rameau de Chara connivens ou de quelque espèce voi¬
sine, on y remarque des articulations très-prononcées, susceptibles de produire des
bractées et des organes reproducteurs ; ce sont de vrais entre-nœuds, où les bractées
représentent de véritables rameaux, à l’aisselle desquels naissent les anthéridies et les
sporanges; mais chacun de ces entre-nœuds est séparé par une articulation moins forte
et toujours stérile, manquant quelquefois, comme on peut le voir sur l’excellente figure
du Chara Duriæi ( Explor . scient, de T Algérie, tab. xxxix, fig. 2 d). Ici, nous comptons
absolument les articles tels qu’ils se présentent à la loupe ou au microscope, et en y
comprenant même l’extrémité monosiphonée, sans tenir compte de leur valeur morpho¬
logique.
150
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
— Sporanges adultes allongés, presque cylindriques (fig. 7) ou ovoïdes
(fig. s), offrant de 14 à 17 tours de spire; coronule conique égalant le cin¬
quième de la longueur du sporange.
Je n’ai pas à revenir sur la différence si bien établie par iM. Clavaud(in Bull.
Soc. bot. de Fr. t. X [1863], p. 137 et suiv.), entre les bulbilles insérés latéra¬
lement aux racines, et les renflements traversés par l’axe de la tige, renflements
produits par l’arrêt dans le développement normal d’un verticille. Ces deux
phénomènes se présentent ensemble sur certains Chara , par exemple sur le
Ch. fragifera. Malgré mes recherches, je n’ai pu observer de bulbilles ra¬
dicaux sur le Ch. connivens. En revanche, on trouve assez fréquemment l’en¬
veloppe noire de la spore (fig. 1, sp.) encore adhérente à l’individu auquel cette
spore a donné naissance. Du reste le Ch. coronata Ziz, dont je n’ai jamais
observé la germination, est comme celui-ci, si je ne me trompe, dépourvu
de bulbilles, et au contraire souvent pourvu de renflements aux articulations
inférieures de la tige. Pareille chose s’observe sur plusieurs Nitella.
Le développement du sporange mérite une mention particulière. Dans l’ex¬
trême jeunesse du sporange, les cellules qui doivent se contourner en spirale
sont au nombre de cinq et parallèles entre elles. A mesure que le sporange se
développe, elles prennent une disposition spiralée qui s’accroît avec l’âge. La
coronule subit des modifications encore plus profondes. Dans la jeunesse du
sporange, les cinq cellules de la coronule sont un peu plus larges en haut qu’en
bas (fig. 5), d’une hauteur égale au diamètre moyen ; ce qui produit un aspect
un peu évasé par le sommet (le sporange n’en étant pas moins fermé pour
cela). En continuant de s’accroître, les dents augmentant de longueur, la
coronule prend l’aspect cylindrique (fig. 6). Enfin, à l’état adulte, la partie su¬
périeure des dents est plus étroite que la base; chaque cellule prend un aspect
triangulaire, et l’ensemble produit une apparence conique (fig. 7 et 8). On voit
de là combien il est important de considérer des sporanges adultes, c’est-à-dire
noirs, si l’on ne veut s’exposer à des erreurs graves.
Les espèces dioïques du groupe aspera réclament encore une élude com¬
parative faite sur le vif avec de bons échantillons. La série formée par les
Chara aspera Willd. , galioides DC., Duriæi A. Braun, connivens Salz-
mann et fragifera DR , est si naturelle, que je n’oserais décider si le Chara
connivens est une bonne espèce, malgré les apparences qui militent en sa
faveur. Il se distingue des espèces affines par la singulière crispation des ver-
ticilles mâles et par la forme et la longueur de la coronule. En outre, il offre
des différences notables avec chacune d’elles.
1° Il diffère du Chara fragifera DR., par l’absence de bulbilles, les tiges
fragiles, rigides, les rameaux à articles rapprochés.
2° De la belle espèce algérienne Chara Duriæi Al. Braun, Char. Afrik.
p. 854 (Ch. galioides, var. Duriæi AI. Br. in Explor. sc. Alger, tab. xxxix.
SÉANCE DU 14 JUILLET 1871.
151
fig. 2. — Ch. continua Goss. et DR. in Bull. Soc. bot. Fr. t. VI, p. 183, en
note), par sa taille beaucoup plus grande, son port plus robuste, ses tiges
inermes, ses bractées beaucoup plus courtes, milles ou peu distinctes aux
articulations stériles, réduites à 3 ou 5 aux articulations fertiles, ses rameaux
abondamment fertiles, etc. (cf. AI. Braun II. citatis).
3° Du Chara gcdioides DC. , par ses tiges inermes, ses bractées beaucoup
plus courtes, ses rameaux à articles plus nombreux, etc.
4° Enfin il ne peut aucunement être confondu avec le Chara aspera Willd. ,
dont il diffère par l’absence de bulbilles, es tiges inermes, l’absence de brac¬
tées aux articulations stériles et la brièveté de ces mêmes bractées aux articu¬
lations fertiles.
Les échantillons que j’ai vus dans le riche herbier de M. le docteur Cosson
sont tous africains. Car je ne pourrais citer qu’avec la plus grande réserve la lo¬
calité de l’île sicilienne Favignana ( E . et A. Huet du Pavillon , 5 mai 1855, sub
Chara aspera , var. subinermis ), dont l’espèce ne me paraît pas être le Chara
co?mivens. Je ne sais même pas si tous les échantillons africains que j’ai vus
se rapportent bien à ma plante. Quant aux localités françaises, je les cite d’après
les flores locales ou sur le témoignage de M. Alex. Braun; mais je n’ai vu jus¬
qu’ici d’autres échantillons que les miens.
Ceci posé, voici les localités qui sont arrivées à ma connaissance :
En Afrique. — Maroc : Tanger ( Salzmann , 1819, ex A. Braun, et
Schousboe , in herb. Cosson). — Algérie : Alger ( Bové , 1830, ex A. Braun).
Oasis de Biskra (Balansa, 1er mars 1853, in herb. Cosson). — Tunisie :
In cisternis, Feskia dictis, prope S fax, 5 juin 185 h(Kralik, pl. tunet. n° 344
et bis). In insulæ Djerba slagno prope Harra Piccola, 14 juin 1854
( Kralik , in herb. Cosson). — Égypte : Le Caire (Bové, ex A. Braun). — Je
vois également une autre localité algérienne rapportée par M. A. Braun au
Chara counivens , et dans l’herbier de M. Cosson au Chara Duricti : Marais
de Senhadja entre Bône et Philippeville, 3 juillet 1861 (A. Letourneux et
H. de la Perraudiére , in Kralik, pl. alger. select. n° 154).
En Europe, c’est-à-dire jusqu’ici en France seulement, si je ne me
trompe. — Loire-Jnférieure : Marais de la Loire, lac de Grand-Lieu, où
il est commun, surtout à l’entrée de la Boulogne; Machecoul (ex Llovd,
Fl. de V Ouest). — Finistère : Goulven (de Crée hquérault , ex Lloyd). —
Manche : Trouvé par M. Godey dans le Gavron, à Pirou ( Brébisson , cité par
A. Braun, 1. c. p. 858). Étang de Vrasville, d’après A. Braun, qui rapporte
à cette espèce la plante signalée sous le nom de Chara fragilis [3. ccespitosa ,
par M. Lebel, Bech. etobs. sur qq. pl. de la presquile de la Manche , 1848,
p. 10. — Et enfin Seine-et-Oise : Étang de Trappes près Versailles. Nul
doute que cette espèce ne se retrouve ailleurs, aussi bien que d’autres Chara-
152
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
èes, notamment le Chara fragifera , qui doit être dans le rayon de la flore
parisienne, avec Yfsoëtes tenmssima (1).
Explication «les ligures de la planche I de ce volume.
Chara connivens Salzm.
Fig. 1. Individu mâle, détaillé moyenne (grandeur naturelle). Les tiges b , c, d, sem¬
blables à la tige a, ont été supprimées, ainsi qu’une partie de la tige e. On voit
à la base la nucule sp , qui a donné naissance à l’individu.
Fig. 2. Extrémité d’un rameau, offrant deux cellules extrêmes monosiphonées (42/1).
Fig. 3. Verticille anthéridien (5/1).
Fig. 4. Fragment de rameau anthéridien. — a, cicatrice laissée par l’anthéridie et vue
de face. — b, b\ c, c' , bractées rudimentaires (42/1).
Fig. 5. Coronule de sporange très-jeune (149/1).
Fig. 6. Sporange plus âgé; la coronule est moins évasée, et les tours de spire commen¬
cent à se resserrer (149/1).
Fig. 7. Sporange adulte ; forme ordinaire, cylindracée. Remarquer les variations des
bractées (21 /l).
Fig. S. Sporange adulte ; forme moins commune, plus ovoïde (21/1).
A L’occasion de cette communication, M. Cornu donne les indica¬
tions uivantes sur la récolte et la préparation des Characées :
Je:*-* ois, dit-il, devoir signaler à la Société le bon usage, pour la récolte
des Cnaracées, d’un instrument bien connu des pêcheurs parisiens. C’est un
anneau de cuivre, muni de crochets et d’un poids assez lourd, qui sert à reti-
*
rer de l’eau les objets auxquels s’accrochent les lignes. Quand on lance cet
anneau sur un corps quelconque plongé dans l’eau, il s’y fixe avec une grande
solidité, et l’on peut, au moyen de la ficelle qui y est attachée, ramener à soi
des pièces de bois très-volumineuses, des branches, etc. Si l’on veut récolter
(1) Note ajoutée au moment de l’impression. — Aujourd’hui 15 novembre, je reçois
de l’excellent M. Durieu de Maisonneuve une lettre charmante d’où j’extrais les impor¬
tants renseignements qui suivent : a Que dire du Chara connivens , le seul représentant
incontestable de la plante de Salzmann que j’aie encore vu de France?... Il est vrai que,
dans les premiers temps de mon établissement à Bordeaux, je crus avoir trouvé le Ch.
connivens dans nos étangs du littoral. Mais, à l’aide de fragments d’un échantillon arché¬
type de Salzmann donné au regrettable J. Gay, détachés pour moi par cet excellent
homme, il me fut facile de reconnaître mon erreur. Il y a quelques années, j’ai recueilli
dans le lac de Grand-Lieu ce que M. Lloyd a rapporté au Ch. connivens; je crois que c’est
encore douteux. Je n’ai pas vu le connivens de la Flore de Normandie : je ne puis donc
en rien dire. Les échantillons algériens ou tunisiens récoltés par M. Kralik, bien que vus
par l’illustre Al. Braun, ne me paraissent pas parfaitement identiques avec la plante de
Salzmann. Je le répète, quoique n’ayant pas en ce moment cette plante sous les yeux,
ses caractères me sont tellement présents que je n’ai encore vu rien de plus identique que
vos beaux échantillons de Trappes. Aussi vous me feriez grand plaisir si vous pouviez
m’en envoyer sous un pli un nouveau petit bout pour M. Clavaud, ce botaniste éminent
qui a fait de si beaux travaux sur les Characées et qui en fera de plus importants encore,
s’il peut en prendre le loisir.,. »
Bullet.de la Soc.Bot.de France.
Tome XV] 11 PL i.
Mar Cornu, ad nat. ciel.
CTI ARA C 0 N N 1 V R N S .
Lebrun J'c .
SÉANCE DU \h JUILLET 1871.
153
des touffes de Potamogeton , de Renoncules aquatiques, de Characées, de
Conferves, on l’emploiera encore avec succès. C’est notre excellent confrère
M. G. Rivet qui a eu l’heureuse idée d’appliquer ce petit instrument à un
usage scientifique.
Les Characées, ajoute M. Cornu, fréquemment encroûtées de calcaire, sont
d'une conservation difficile à cause de leur fragilité ; elles s’émiettent dans
les herbiers. J’ai obtenu de bons résultats en les plongeant dans une eau con¬
tenant 1 pour 100 d’acide chlorhydrique; le carbonate de chaux se dissout
avec une légère effervescence, et on retire les plantes quand leur teinte com¬
mence à devenir jaunâtre. On les plonge alors dans l’eau pure et on les pré¬
pare comme des Nitella. Elles se conservent ensuite sans difficulté ; le papier
qui les supporte peut être courbé assez fortement et brusquement sans que
l’on brise pour cela les échantillons. Les diverses parties ne sont pas altérées;
la couleur se rapproche bien plus de celle de la plante vivante que la couleur
de la plante simplement séchée, qui tourne en général au blanc.
M. l’abbé Chaboisseau présente ensuite trois volumes imprimés
au xve siècle et intitulés : Ortus sanitatis; il donne, au sujet de ces
incunables, les détails suivants : •
SUR LES ORTUS SANITATIS, par M. l’abbé CHABOISSEAU.
Je possède de ce livre rare quatre éditions latines, celle de 1517, sur la¬
quelle je n’ai pas à m’appesantir, parce qu’elle est exactement décrite dans
Pritzel {Thés. n° 11880), et trois autres, sans date ni nom de lieu ou d’im¬
primeur, toutes trois antérieures à l’an 1500. Elles diffèrent peu, mais enfin
elles diffèrent des quatre éditions décrites par Hain ( Repertor . bibliogr.
nos 8961 à 8966), et citées d’après lui par Pritzel (nÜS 11876 à 11879). Ce fait
paraîtra moins surprenant, si l’on réfléchit que ce livre a été pendant trente
ou quarante ans à peu près le seul manuel populaire d’histoire naturelle avant
les remarquables travaux d'Otto Brunfels, de Tragus et de Fuchs, et que par
conséquent il a dû en exister des éditions assez nombreuses. Malheureusement
sa popularité a nui à sa conservation, si bien qu’aujourd’hui les exemplaires
en sont rares et souvent défectueux.
Je donne ici la description de mes trois éditions sans date :
1° Ortus sanitatis | De herbis & plantis j De Animalibus & reptilibus | De
Avibus & volatilibus i De Piscibus & natatilibus | De Lapidibus &in terre venis
nascëti(bus | DeLrinis&earumspeciebus | Tabula mcdicinalis Cum directorio
| generali per omnes tractatus.
Cette édition est entièrement conforme à celle décrite par Hain, n° 8962,
Pritzel, n° 11877 ; elle ne diffère que par deux variantes : 1° Dans le titre, le
154 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
mot nascetibus est coupé, la dernière syllabe est imprimée au-dessus de 1
ligne. — 2° Au folio 333, tractatus de urinis est bien écrit, et non pas trat-
tacus, comme Hain le signale expressément. Je ne mentionne des différences
aussi légères que pour attirer l’attention sur ces livres, au cas où ils tombe¬
raient aux mains d’un botaniste véritablement ami du bon vieux temps et de
la tradition.
2° L’édition suivante n’est mentionnée, autant que je puis croire, ni dans
Hain ni dans Pritzel : (Folium \a tit. :) Orlus Sanitatis [ Deherbis et plantis.
| De animalibus et reptilibus. | De Auibus et volatilibus | De piscibus et
natatilibus | De Lapidibus &in terre venis nasce(tibus | De Urinis et earü spe-
ciebus | Tabula medicinalis Gum directorio generali per omnes tractatus. —
(Folium l?;: )icon xylogr. (Folium 2« : ) Omnipotêtis [ eterniqg dei : totius
natu | re creatoris opa mirabi | lia admirandaq § mecu § | vicibg iteralq crebri9
pre | cogitâdo reuolui, etc. (Fol. 202«, col. 2, lin. 18 et 19 :) Hec de herbis
& arboribq & que ex bis | ad vsum medicine côcurrüt sufficiant. | (Fol. 203'*:)
Prologus in tractatum | De animalibus. (Foll. 21 1 « et 227ft habent errorety-
pograpbico titulum Z)e/?er4zs.) (Fol. 244&, col. 2, lin. 17 :) agnosci possunt.
(Fol. 245a : sign. Qiiij) Prologus in d’ Auibus. (Fol. 272\ col. 1, lin. 18 et
19 :) Hec igitur dicta de Auium | natura sufficiant. (Col. 2:) Proemium in
tractatü De Piscibus. (Fol. 297a) Probemium in de Lapidibus. (Fol. 331ft,
lit :) Tractatus | de Urinis. (Sequitur eadern pagina icon xylog. , et altéra
icon in Fol. 331 6). (Fol. 340 b.) Finis. (Sequitur tabula, quæ desinit in
Fol. 358a.) — Volume in-4° à 2 colonnes de 54-55 lignes , provenant de la
bibliothèque de Huzard (de l’Institut), ainsi que le suivant; vendus tous deux
à vil prix à la vente Huzard, en 1842.
3° Mon troisième exemplaire offre une particularité singulière. Il porte à la
première page le titre simple : Ortus sanitatis , et jusqu’au fol. 423s, qui est orné
d’une figure sur bois, il est identique à l 'Ortus sanitatis imprimé à Mayence
en 1491 et très -bien décrit par Hain (n° 8944) et par Pritzel (n° 11879).
Mais ensuite, au lieu d’avoir la table de l’édition de 1491 (où sont indiqués le
lieu, la date et le nom de l’imprimeur Jacques Meydenbach), il présente une
table de 18 feuillets, identique à celle de l’édition que je viens de décrire plus
haut (1°), à l’exception de la signature cciiij qui est en bas du quatrième
feuillet de table, tandis qu’elle manque dans mon autre édition. —Est-ce une
édition à part, ou une erreur de reliure? J’incline pour la première supposi¬
tion, et j’y suis autorisé par une note de Huzard, qui a maladroitement fait
relier l’ouvrage en deux parties séparées, mais affirme l’avoir acheté dans sa
première reliure du temps. S’il y a eu quelque erreur, elle date certainement
de l’apparition même du livre. Ne doit-on pas supposer plutôt que la table a été
volontairement réunie à l’ouvrage par l’éditeur, qui n’a imprimé que plus tard
une table spéciale où il indique enfin son nom, avec le lieu et la date de l’im¬
pression ? Ce livre est dans un état si parfait de conservation, qu’une erreur
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871. 155
de ce genre ne me paraîtrait guère possible. Du reste, comment expliquer
cette signature cciiij, qui semble ajoutée là comme marque distinctive ?
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871.
PRÉSIDENCE DE M. CORDIER , VICE-PRÉSIDENT.
M. Larcher, vice -secrétaire, donne lecture du procès-verbal de
la séance du 1 h juillet, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance, M. le
Président proclame l’admission de :
MM. Gandoger (Michel), propriétaire, à Arnas, par Villefranche-
sur-Saône (Rhône), présenté par MM. Eug. Fournier et
A. Le Grand ;
Gadeceau (Émile), négociant, quai de la Fosse, 97, à Nantes,
présenté par MM. Genevier et Bourgault-Ducoudrav ;
Brown (Théodore), rue Ancienne, 97, à Carouge près Ge¬
nève, présenté par MM. Boissier et Ayasse;
Colvin (le Rév. R. -F ), pasteur, à Moffat (Écosse), présenté
par MM. J. Watters et A. Walker.
M. le Secrétaire général présente de nouveau à la Société les ex¬
cuses de M. le Président, que d’impérieux devoirs de famille conti¬
nuent à tenir éloigné de Paris.
M. le Président annonce que M. le Ministre de l’instruction pu¬
blique a bien voulu accorder à la Société, cette année comme les
précédentes, une allocation de 500 fr. à titre d’encouragement.
M, Cordier fait à la Société la communication suivante :
SUR LE GENRE CORDICEPS , par M. F. -S, CORDIEK
Le genre Cordiceps , séparé dans ces derniers temps du genre Sphœria ,
compte déjà un assez grand nombre d’espèces. Quelques-unes de ces espèces
de larves, soit à l’état de chrysalides; c’est sur ces dernières, enfouies dans
la terre, qu’ont été trouvés les Cordiceps militaris Fr. et entomorrhiza Fr.
J’ai trouvé cette année, au mois de mai, dans la province d’Alger, sur une
156
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
abeille que je crois avoir recueillie vivante, mais qui, si elle était morte, l’était
depuis fort peu de temps, car elle n’était nullement altérée dans ses formes,
j’ai trouvé, dis-je, un Cordiceps qui n’est pas sans analogie avec le C. myr-
mecophilo B., lequel a pour habitat un ichneumon. Je donne ici la descrip¬
tion de l’espèce trouvée en Algérie.
Ce Cordiceps présente deux spécimens, dont l’un est simple et l’autre bifur¬
qué; ces spécimens n’ont pas plus de 2 millimètres de longueur; leur pied ou
stipe prend naissance au milieu de la tête de l’insecte, précisément au-des¬
sous de l’insertion des antennes : ce pied est jaunâtre, très-mince à son ori¬
gine; il va en grossissant légèrement vers son sommet, lequel porte un capitule
distinct, comme tuberculeux, presque subdigité, de couleur violacée très-pâle.
Ce Cordiceps peut-il être regardé comme une espèce nouvelle? J’en
doute.
Persoon, dans une note manuscrite inédite, fait mention d’un Cordiceps
qu’il regarde comme une variété du militaris , venu aussi sur des abeilles; il
décrit ainsi cette variété qu’il appelle y americana :
« Stipite s. caule tenui, elongato, clavula ovata, breviuscula. Ex apibus
amonuis, aliisque insectis (nec phalenarum chrysalidibus) crescens. Color
convenit : an radiculis fibrosis instructa? Poiteau, qui hune fungum ad San-
Domingo invenit. Clavula 2-3 lin. longa, 2 crassa; caulis 3 lin. crassus. »
Cette espèce ou variété ressemble donc beaucoup à celle que j’ai observée
en Algérie.
Dans une seconde note inédite de Persoon, je trouve la description suivante
d’un Cordiceps venu aussi sur une abeille et qu’il avait dénommé Sphœria
apicola :
« Stipite longo subfiliformi, glabro, deorsum fuligineo, sursum cum capitulo
globoso flavescente. Inventa in Vogesis a cl. Mougeot, ape in mortua innas-
cens. Stipes 2 une. fere longus, 3 lin. crassus, æqualis; caput 2-3 lin. latum,
granulosum (ob sporas inclusas). »
L’individu décrit par Persoon diffère du mien surtout par sa taille beau¬
coup plus grande. Il se peut néanmoins que ces deux Fongus appartiennent à
une même espèce, et que l’un se soit développé davantage parce qu’il avait
pour habitat une abeille morte, plus favorable, par conséquent, au développe¬
ment du Cordiceps ; peut-être aussi plusieurs espèces de Cordiceps viennent-
elles sur les abeilles.
Si le Cordiceps trouvé par moi en Algérie est d’une très-petite taille, il n’en
est pas de même d’un Cordiceps recueilli à Guanajuato, au Mexique, par le
docteur Dugès. La taille de ce Cordiceps est d’environ 8 centimètres, sa cou¬
leur est brune, — peut-être est-elle altérée par l’alcool dans lequel il a été
conservé. — Son pied est rugueux dans toute sou étendue, â peu près égal,
grêle, allongé, flexueux ; de son sommet partent deux capitules conlluenls,
allongés, fusiformes, granuleux à leur surface, sur lesquels sont insérés d’au-
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871
157
très capitules sous la forme de petites touffes pédiculées, rameuses, de couleur
un peu plus pâle que le reste de la plante, irrégulières, subdigitées, tubercu¬
leuses, ayant très en petit l’aspect d’un Clavaria Botrytis,e t que je serais tenté
de regarder comme des Cordiceps distincts^ parasites d’un autre Cordiceps.
Ce singulier Champignon, venu sur une très-grosse chrysalide, a pris
naissance aussi sur le sommet de la tête de l’insecte, précisément entre les
deux yeux, où l’on aperçoit encore un reste de mycélium. On pourrait croire
que la tête est toujours le lieu de sélection des Cordiceps qui viennent sur les
insectes; il n’en est pas tout à fait ainsi. Claude Richard en avait observé un
qui venait sur la poitrine d’une grande fourmi noire morte. Le Cordiceps
myrmecophila B. a été trouvé sur un ichneumon ; l’auteur qui l’a décrit ne
dit pas sur quelle partie du corps le Champignon s’est développé.
Si le Cordiceps trouvé à Guanajuato est une espèce nouvelle, ce qui me
paraît douteux, je proposerais de l’appeler C. Dugesii, en l’honneur du mé¬
decin distingué qui l’a signalé le premier.
Les Cordiceps, du reste, paraissent n’être pas rares en Amérique ; les Cor¬
diceps militaris Fr., entomorrhiza Fr. et alutacea Fr. s’y rencontrent aussi
bien qu’en Europe.
Le docteur Levacher a trouvé, à l’île Sainte-Lucie ( Antilles), un Cor¬
diceps qui vient aussi sur les chrysalides; il l’a dessiné, mais sans en donner
la description.
Dans une troisième note manuscrite de Persoon, je trouve décrite, comme
appartenant aussi au Sphœria militaris des auteurs, la variété suivante qu’il
appelle <5 larvanus , se demandant si ce ne serait pas une espèce distincte :
« Magna, stipite elongato, flexuoso, clavulis lineari-cvlindricis, caule sub-
crassioribus. Supra larvas. Poiteau. Stirps ad lx une. longus, lin. 1 | crassus;
clavula | une. longa, 2 lin. crassa. »
Cette espèce ou variété ressemble singulièrement au Cordiceps trouvé par
M. Dugès, mais Poiteau ne dit pas qu’elle présente les touffes ou rameaux
parasites qui feraient de ce dernier une espèce distincte.
M. Augustin Delondre fait à la Société la communication suivante :
NOTES DE BOTANIQUE ET D’ACCLIMATATION VÉGÉTALE, par 11. A. DELONDRE (1).
IL — De l’introduction de nouvelles espèces ou variétés de Otic/toiia
dans les plantations des Indes britanniques. — draines de Cin -
chonu de Bolivie fournies par D. Money. — Késultats de l’expé¬
dition de IB. R. Cross dans le but de se procurer des graines de
dnchonu de la vallée de Pitayo.
Nos rapports antérieurs constataient qu’à l’époque où ils ont été publiés,
(1) Voyez plus haut, p. 102.
158
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
diverses espèces de Cinchona étaient encore, pour les plantations des Indes
britanniques, à l’état de desiderata (1).
M. J.-E. Howard a pu fournir à M. W.-G. Maclvor les moyens de remplir
quelques-unes des lacunes : il a pu, dans ces trois dernières années, pro¬
curer entre autres à M. Mac Ivorune variété importante de C. Calisaya.
M. Van Gorkom, directeur des plantations de Java, a fait, de son côté,
parvenir à M. Mac Ivor des graines d’une variété de Cinchona à écorce jaune
recueillies à l’est de Sorata en Bolivie.
M. Money, l’un des plus zélés planteurs de Cinchona des Neilgherries, a
réalisé l’importation des graines de Cinchona de Bolivie. M. Mac Ivor, à qui
M. Money avait donné une certaine quantité de ces graines, en a obtenu
60 000 petits pieds de Cinchona qui paraissaient appartenir à cinq variétés dif¬
férentes. Deux de ses variétés seraient rustiques : pour les trois autres varié¬
tés, au contraire, un passage rapide de l’humidité à la sécheresse présente¬
rait des inconvénients.
Le troisième Elue Book nous apprenait déjà le succès du moins partiel de
l’expédition que M. R. Cross, après avoir pris les instructions de M. Daniel
Hanburv et de M. Howard, en l’absence de M. Cl. -R. Markham, alors en
Abyssinie, avait tentée pour se procurer des graines de Cinchona de la
Nouvelle-Grenade; en effet, le rapport de M. Mac Ivor pour 1868-69 indi¬
quait que des graines de trois variétés de C. pitayensis , envoyées des Andes
par M. R., Cross, avaient germé au moins en partie et fourni à M. Mac
Ivor quelques plants de chacune de ces variétés; d autre part, un rapport de
M. Mac Ivor, en date d’Ootacamund du 1er septembre, constatait que des
graines transmises en plusieurs envois par M. Cross de la Nouvelle-Grenade
(1) M. W.-G. Mac Ivor, dans une note de son Rapport pour 1867-68 (voy. Chinchona
Blue Book du 9 août 1870, p. 179), signale au gouvernement des Indes britanniques
les espèces ou variétés de Cinchona qu’il faudrait encore introduire dans les plantations
des Indes. Il indique, outre les espèces ou variétés de la vallée de Pitayo, telles que celle
qui donne l’écorce rouge de Pitayo, le C. pitayensis, le C. Trianœ , etc.; diverses autres
espèces ou variétés de la Nouvelle-Grenade, telles que le C. lancifoüa var. discolor de
Karsten et sa variété à petites feuilles produisant l’écorce désignée sous le nom de Cali¬
saya de Santa-Fé.
Parmi les Cinchona donnant les écorces de Loxa, M. Mac Ivor désigne comme utile à
introduire celle qui fournit l’écorce nommée Amarilla (Ici Bey : il appelle, en outre,
l’attention sur les espèces ou variétés du district de Pan comme ayant une grande va¬
leur et poussant à 10 000 pieds au-dessus du niveau de la mer, par conséquent très-
rustiques.
M. Mac Ivor paraît, du reste, avoir pu, depuis cette époque, notamment par l’expédi¬
tion de M. Cross, compléter une partie des lacunes qu’il signalait; car, dans son rapport
pour 1868-69 (voyez Chinchona Bine Buokàn 9 août 1870, p. 218), il s’exprime ainsi :
« Nous avons maintenant réussi à nous procurer toutes les espèces de Cinchona d’une
valeur connue, et si nous ne devions plus recevoir aucune nouvelle graine, la possession
de ces espèces n’en serait pas moins assurée, car nous possédons des plants de chaque
espèce en bon état, et nous pourrions par boutures multiplier les plants de manière à
obtenir de chaque espèce tel nombre de nouveaux plants que l’on jugerait néces¬
saire. a
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871.
159
et provenant notamment des vallées de Popayan et de Pitayo que M. Cross
avait surtout explorées, avaient fourni 86 plants, et qu’on ne pouvait pas encore
connaître les résultats d’un envoi du 26 avril 1868 : les graines de cet envoi
étaient en bon état, mais, mises en terre depuis peu de jours seulement, n’a¬
vaient pas encore germé. M. Mac Ivor observe, du reste, que plusieurs des
envois de graines deM. Cross n’ont pas donné un bon résultat, parce que les
graines étaient en mauvais état.
M. Mac Ivor, dans son rapport semestriel relatif aux opérations se termi¬
nant au 31 janvier 1870, constate qu’il existait à cette date, à Ootacamund,
123 plants provenant de graines envoyées par M. Cross.
M. Cross, de retour de son expédition, vient, d’autre part, de publier, en
date du 13 mars 1871, son rapport dans lequel il nous apprend qu’il
est arrivé, le 18 mars 1870 dans la matinée, à Southampton avec les plants
qu’il apportait et qu’il a transportés immédiatement au Jardin royal de Ivew.
Ces plants sont restés à Kew pendant tout l’été; ils ont été remis ensuite en
caisse lorsque le temps est devenu plus humide et ont commencé «à pousser avec
vigueur; ainsi disposés dans les caisses, ils ont été acheminés, le 26 octobre,
en chemin de fer à Southampton pour être transportés en steamer dans les
Indes britanniques.
Espérons que M. Mac Ivor les aura reçus en bon état et que les efforts de
M. Cross seront entièrement couronnés de succès : cela est d’autant plus
important que les espèces dont il s’agit ont une véritable valeur tant au point
de vue commercial qu’au point de vue médical.
Mais, en dehors des avantages pratiques que présentent à la fois et i’expé-
dition de M. Cross et toutes les expéditions entreprises ainsi sous les auspices
du gouvernement des Indes britanniques dans le but de se procurer des graines
de Cinchonci , elles ont encore celui de compléter, au point de vue théorique,
les notions sur le genre Cinchona acquises par un grand nombre de savants
voyageurs, parmi lesquels la France en réclame plusieurs, tels que La Con-
damine, Joseph de Jussieu et notre collègue M. le docteur Weddell : ces
expéditions nous permettent, en nous apportant des graines qui germent sOus
nos yeux, d’assister au développement du végétal, et de connaître ainsi d’une
manière de plus en plus positive un des végétaux les plus utiles à la thérapeu¬
tique.
III. — De l’ BËytaenoiHetyoM eæcelswin, succédané «les Ciaiehoaut,
employé comme fébrifuge dans les Indes britanniques.
Parmi les espèces végétales des Indes britanniques, un nombre relativement
assez grand sont considérées par les natifs comme fébrifuges. M. Alexander
Smith a publié une liste des principales de ces espèces. Cette liste, qui ne
contient pas moins de 70 espèces, est insérée à la fin du Travels in Peru and
160
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
in India de M. Cl. -R. Markham, Appendix C. p. 5û6. M. Kanny Loll Dey,
dans ses Indigcnous drugs of India , catalogue des végétaux doués de pro¬
priétés médicales qu'il avait envoyés à l’Exposition universelle de 1867,
assigne à plusieurs de ces végétaux des propriétés fébrifuges. Enfin la Pharma¬
copée de l’Inde ( Pkarmacopœia of India), publiée par le gouvernement bri¬
tannique en 1868, signale aussi plusieurs végétaux du pays comme utilisés
dans les Indes britanniques par la pratique médicale comme étant réellement
antipériodiques et fébrifuges; ce sont :
Aconitum heterophyllum.
Alstonia seholaris.
Azadii achta indica.
Berberis asiatica.
Cæsalpinia Bonducella.
Papaver somniferum.
Piper nigrum.
Soymida febrifuga.
Strychnos Nux vomica.
Toddalia aculeata.
D’autres, bien que considérés par les natifs comme fébrifuges, n’ont pas
encore été admis dans la pratique médicale ; tels sont :
Acorus Calamus.
Adansonia digitata.
Aristolochia indica.
— bracteata.
Cæsalpinia Coriaria.
Cedrela Toona.
Clerodendron infortunatum.
Corydallis Goveniana.
Eurycoma longifolia.
Fagræa fragrans.
Ficus oppositifolia.
Geniosporum prostratum.
Holarrhena antidysenterica.
Hymenodictyon excelsum.
Justicia Gendarussa.
Kadagarogonie.
Michelia Champaca.
Nauclea ovalifolia.
Plumbago zeylanica.
Roylea elegans.
Salix tetrasperma.
Strychnos colubrina.
Tlievetia neriifolia.
Parmi ces derniers se trouve une espèce, V Hymenodictyon excelsum ,
appartenant à la famille des Rubiacées, qui se rapproche des Cinchona par ses
caractères au point que le docteur Iloxburgh lui avait assigné le nom de Cin¬
chona excelsa.
Il paraissait naturel de rechercher si Y Hymenodictyon excelsum n’était pas
réellement doué de propriétés fébrifuges et ne contenait pas un ou plusieurs
alcaloïdes fébrifuges analogues aux alcaloïdes des Cinchona , sinon identiques
avec eux.
Les expériences faites par M. Broughton, chimiste attaché aux plantations
des Neilgherries, et insérées dans le Chinchona Elue Book du 9 août 1870,
p. 9£if, lui ont montré que ce végétal ne contient aucun des alcaloïdes des
Cinchona ni aucun autre alcaloïde fébrifuge spécial, mais donne seulement de
l’esculine.
Comme on le voit, le gouvernement britannique, en introduisant les Cin¬
chona dans les Indes, n’entend pas négliger les ressources que la flore du pays
peut fournir à la thérapeutique.
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871.
161
Nous ne doutons pas que les autres végétaux fébrifuges des Indes britanni¬
ques ne soient successivement étudiés ainsi, d’autant plus que quelques-uns,
comme le kadagarogonie, ne sont pas même encore connus d’une manière
précise au point de vue botanique. Nous sommes bien convaincu que les
recherches, tant chimiques que médicales, ne se borneront pas aux fébri-
uges, mais s’étendront à toute la flore thérapeutique des Indes, aussi bien
qu’aux nouvelles acquisitions de cette flore par acclimatation. Le jalap, d’in¬
troduction récente, a du reste été déjà soumis par M. Broughlon à des expé¬
riences qui en ont confirmé la valeur.
La Pharmacopœia of India , vrai traité de matière médicale indienne, si riche
en renseignements précis sur la flore médicale de l’Inde, sera assurément un
guide précieux pour ces expériences. Le phytographe peut y trouver aussi des
indications fort intéressantes sur l’habitat et les caractères botaniques des
végétaux qui y sont passés en revue ; et, en la comparant avec le catalogue des
produits de nos colonies, il est facile de voir qu’elle nous fournira, pour l’étude
de ces produits, une masse de renseignements utiles.
IV. — !>e la plantation expérimentale cl’Arhres-à-tlié
dans les Nîeilgherries.
Le gouvernement britannique avait sanctionné, en décembre 1863, la for¬
mation d’une plantation expérimentale d’Arbres-à-thé (Thea sinensis Sims.)
dans les Neilgherries. Cette plantation, mise à exécution par M. W.-G. Mac
Ivor, s’est rapidement développée, et les Arbres- à-thé s’y sont élevés, d’après
e rapport de M. Mac Ivor pour 1865-66, au nombre de 13 500 par une addi¬
tion de 1700 plants d’Arbres-à-thé de l’Assam provenant de graines fournies
par le gouvernement de l’Inde. Quelques plants avaient même, d’après ce
rapport, fleuri durant l’année.
Les rapports de M. Mac Ivor pour 1866-67, 1867-68, 1868-69 constatent
que les plants continuaient à se bien développer, mais que leur nombre n’avait
pas été augmenté, la plantation devant rester limitée et simplement expéri¬
mentale. Le rapport pour 1868-69 nous apprend que les Arbres-à-thé ont
commencé à fournir un petit nombre de graines parfaitement développées. De
plus, en 1868-69, il a été fait 2000 boutures des plants qui promettaient
de fournir la plus grande quantité de feuilles, sans toutefois que la plantation
eût subi d’extension matérielle, conformément à l’ordre du gouvernement de
la présidence de Madras du 20 juin 1867. M. Mac Ivor a en effet remarqué
que tous les plants ne fournissaient pas une quantité de feuilles même relative¬
ment aussi considérable, et que, toutes circonstances égales d’ailleurs, certains
plants donnaient quatre ou cinq fois autant de feuilles que d’autres. Il en est de
même de la qualité. Il faut donc reproduire par boutures, plutôt que par graines,
T XVIII. (séances) 11
102 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
les plants dont le rendement mérite la préférence et par la quantité et par la
qualité.
V. — Jardin gouvernemental d'Ootacamund.
Les résultats si importants que la culture des Cinchona avait donnés à
Ootacamund devaient inévitablement engager à poursuivre les essais sur d’au¬
tres végétaux, pour se rendre compte si ces derniers donneraient aussi dans la
même localité, sous l’habile direction de M. W.-G. Mac Ivor, des résultats
du même ordre. M. Mac Ivor lui-même, avec l’autorité de sa pratique, ne
devait-il pas nécessairement être poussé à prendre l’initiative de la culture des
plantes, tant appartenant à la localité qu’étrangères à la localité et même au
pays, dans le but de les multiplier et de les propager. Aussi ne devons-nous
pas être étonnés de voir le Jardin du gouvernement à Ootacamund, dans lequel
avaient été installés dès l’origine, et les serres de propagation, et les pépinières
pour la culture des Cinchona , servir à divers essais de culture de plantes, soit
exotiques, soit appartenant aux autres parties des Indes britanniques, telles
que les Conifères d’Australie, les Orchidées du Burmah, les arbres à fruits de
l’Hiinalaya, les plantes utiles comme le Convoi vulus Scammonia, le Garcinia
Mangostana , VAralia papyrifera , de nombreuses Fougères, les essences
forestières, économiques ou ornementales de divers pays, et un grand nombre
d’autres plantes.
Poussé par les résultats déjà obtenus, M. Mac Ivor propose, dans son rapport
pour 1866-67, de coordonner le Jardin gouvernemental d’Ootacamund d’après
un nouveau plan, dans lequel une partie déterminée de cet établissement serait
réservée pour un jardin consacré à la culture des plantes utiles et éco omi-
ques, en même temps que la partie supérieure (du Jardin gouvernemental)
serait transformée en un jardin botanique, où chaque groupe ou ordre naturel
de végétaux serait représenté autant que possible, et rangé suivant le système
naturel de Lindley (1).
Dans le même rapport, M. Mac Ivor mentionne des essais de culture de
l’ Exogônium Purga (qui donne le vrai jalap ), du Convolvulus Chicorrhiza
qui donne le faux jalap), du Tabac de Shiraz, du Dracœna Draco et d’autres
plantes économiques ornementales, notamment de nouvelles variétés de Vé¬
roniques et de quelques Fougères rares, comme ayant été faits pendant l’an¬
née au Jardin d’Ootacamund.
Si nous jetons un coup d’œil sur le rapport de M. Mac Ivor pour 1867-68,
nous voyons les cultures expérimentales du Jardin d’Ootacamund prendre
une extension déplus en plus grande. Ce jardin devient ainsi, comme ceux de
(1) Le gouvernement de Madras a approuvé la création de ce jardin botanique par dé¬
cision du 20 juin 1867, en conformité de la proposition faite par M. Mac Ivor et au plan
qu’il y avait annexé.
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871.
163
Calcutta et de Saharunpore le sont depuis longtemps, un jardin botanique ex¬
périmental, où l’on voit tenter incessamment l’introduction d’un grand nombre
de plantes exotiques économiques ou ornementales, et où nous pourrons aller
puiser d’abondantes ressources pour nos essais d’introduction en Europe.
V Exogonium Purga , la plante qui fournit le jalap, prend, au Jardin
d’Ootacamund, un développement qui prouve que le climat et le sol lui con¬
viennent bien, et il y produit des racines comparables pour leur efficacité au
jalap du Mexique. L’analyse de ces racines donne du moins, d’après les expé¬
riences de M. Broughton, une quantité de principe actif égale à celle du
jalap du commerce.
Le Convolvulus Scommonici , qui fournit la scammonée, se développe auss
très-bien; mais la valeur thérapeutique du suc qu’il produit n’a pas encore pu
être vérifiée comparativement avec la scammonée du commerce.
V Exogonium Purga et le Convolvulus Scammonia ont du reste été pro¬
pagés pour être distribués.
V Aralia papyrifera est planté en plein air depuis environ dix mois : il se
développe bien, et la beauté de son feuillage en fait une véritable plante d’or¬
nement. Le Phormium tenax pousse vigoureusement.
Parmi les autres acquisitions du Jardin d’Ootacamund, nous citerons :
YArundo conspicua de la Nouvelle-Zélande, le Cerisier du Cachemyr, un
grand nombre de végétaux du Japon, des Aucuba , des Aralia et notamment
I ' A rcdia Sieboldii, plusieurs Yucca, les Lapageria rosea et roseo-alba (Smi-
lacées du Chili), Y Ampélopsis virginica, différentes espèces ou variétés de
Rhetinispora , de Thujopsis , de Thuja , de Podocarpus, etc., des plantes
ornementales herbacées, telles que les P/ilox , les Lobelia, les Delphinium,
les Sedum , les Saxifraga, etc., diverses espèces de Fuchsia, etc., divers
arbres fruitiers et, entre autres, YOlea europœa.
Enfin le rapport de M. Mac Ivor pour 1868-69 constate que le Jardin
d’Ootacamund a fait, durant l’année, des progrès considérables. Les nouvelles
acquisitions du jardin sont nombreuses et importantes : on peut y voir main¬
tenant à côté les unes des autres, tant dans les serres que dans les pépinières,
les plantes économiques et ornementales les plus importantes de l’Europe, de
l’Asie, de l’Amérique, de l’Australie, etc., en un mot des différents pays du
globe. Citons, parmi les acquisitions récentes les plus intéressantes : le I Vel-
lingtonia gigantea , les Osmanthus du Japon, les Rhetinispora Thujopsis et
R/i. obtus a , le Fitzroya patagonica , le Sciadopitys verticillata (Conifère du
Japon qui atteint une hauteur de 20 à 25 mètres), sans compter une foule d’au¬
tres dont la liste serait trop longue pour être insérée dans cet aperçu succinct.
Un grand nombre de ces végétaux ont été propagés sur une assez grande
échelle, et les plants obtenus ont été en partie, aussi bien que des paquets de
graines, remis entre les mains de diverses personnes pour faire des essais. Si
le nombre des plants ainsi distribués (arbres fruitiers, essences forestières
164 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
espèces ornementales, etc.) a été considérable et s’est élevé à 2670, le nombre
des paquets de graines remis à diverses personnes a été aussi assez grand et
s’est élevé à 1537.
Nous ne doutons pas que, marchant dans cette voie, le Jardin d’Ootaca-
mund ne continue de plus en plus à faire de rapides progrès, et il nous paraît
évident que la botanique y trouvera une source importante d’études sur les
végétaux des divers pays du globe.
En constatant ce nouveau résultat des efforts si consciencieux et des vues
si pratiques de M. Mac lvor, nous ne pouvons que souhaiter de voir le gou¬
vernement britannique et le gouvernement tant des Indes britanniques que
delà présidence de Madras, soutenir de tout leur pouvoir M. Mac lvor, dont
l’intelligence perspicace et le dévouement infatigable ont pu suffire à remplir
sa tâche, malgré de grandes difficultés^ et à réaliser en peu de temps de si bril¬
lants résultats, en dépit des fâcheuses oppositions qu’il a malheureusement
rencontrées sur sa route.
Lecture est donnée des communications suivantes, adressées à la
Société :
DE L’ACTION PHYSIOLOGIQUE DE LA GELÉE SUR LES VÉGÉTAUX,
par M. Emile HEIt (suite).
(Chaumont-en-Bassigny, 15 juillet 1871.)
I. — I>e la combinaison des diverses influences qui interviennent
dans l’action du froid sur les végétaux.
Dans une première communication, adressée l’an dernier à la Société
botanique (1), j’ai décrit es expériences qui m’avaient permis d’apprécier
séparément le rôle des influences diverses pouvant compliquer l’action d’une
température relativement basse sur les tissus herbacés. Dans une deuxième
communication (2), j’ai cherché à mettre en évidence les effets produits par la
combinaison de ces différentes causes, lors d’une gelée survenue dans les pre¬
miers jours du mois de mai 1870. Mais cette gelée, d’ailleurs très-intense et
ayant attaqué des tissus encore très-jeunes, s’était fait sentir aussi bien sur les
sujets dominés que sur ceux à découvert. La part d’influence, due à chacune
de ces causes et principalement au rayonnement, ne pouvait donc être que
difficilement discernée.
Une température moins basse et qui probablement n’atteignit pas zéro,
puisque la présence de la glace ne put nulle part être constatée, étant survenue
(1) Voyez le Bulletin , t. XVII, p. 240.
(2) Ibid. p. 263.
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871.
165
dans la nuit du 18 mai dernier, alors que les tissus de l’année avaient déjà
acquis un certain degré de consistance, il me fut plus facile d’apprécier l’in¬
fluence exercée par ie rayonnement, par la distance au-dessus du sol et enfin
par l’altitude.
Le terrain qui m’a servi de champ d’étude se compose de deux collines
parallèles, séparées par une vallée étroite, profonde et humide, boisée sur
certains points et siuiée à 120 mètres au-dessous. Les versants, de même que
les plateaux qui les couronnent, sont peuplés de taillis d’âges gradués de un à
vingt-cinq ans. Pour plus de clarté, je décrirai séparément les effets du froid
sur les plateaux, sur les versants et dans le fond de la vallée.
Plateaux. — Taillis âgés de quinze à vingt-cinq ans. Ces taillis et les
réserves qu’ils renferment n’ont aucunement souffert du froid, aussi bien
ceux situés en plein massif que ceux placés le long des routes, qu’ils aient
été exposés aux rayons solaires dès le matin ou qu’ils n’aient pu en être frappés
que quelques heures plus tard. Toute fois les rejets situés dans les clairières
ont été atteints.
Taillis âgés de un à dix ans. Ils ont souffert de la gelée, bien qu’à des de¬
grés divers, sauf sur une zone qui a été préservée sans que j’aie pu en découvrir
la cause. Les ravages se sont exercés jusqu’à une hauteur de 3 mètres au-
dessus du sol, exclusivement sur les Hêtres, Chênes et Frênes. Cependant des
rejets d’autres essences, d’ Épine-noire par exemple, ont été atteints quand ils
se trouvaient presque au niveau du sol dans des places découvertes. En plein
massif, les rameaux supérieurs seuls ont été frappés, et leur sommet plus que
leur partie inférieure; ainsi les entre-nœuds et les feuilles de l’extrémité se
trouvaient détruits, quand à la base les feuilles seules l’étaient, et souvent même
dans une portion seulement du limbe. Les rameaux latéraux s’étendant sur une
place découverte, un chemin par exemple, avaient plus souffert que ceux situés
en plein massif. Les branches basses cependant étaient généralement intactes.
Dans les clairières enfin, les feuilles et la plupart des entre-nœuds de l’année
étaient détruits sur toute leur hauteur.
Les branches inférieures des réserves ont seules été atteintes; la partie
de leur cime située à 5 mètres au moins au-dessus du sol était entièrement
intacte. Les branches basses qui se trouvaient englobées dans le taillis envi¬
ronnant ont été préservées, tandis que celles qui atteignaient le niveau supé¬
rieur du taillis ont été gelées. Sur de grands Hêtres renversés par l’ouragan
pendant l’hiver et qui, tenant encore au sol par quelques racines, avaient
développé leurs bourgeons, les feuilles ont été attaquées; ce qui démontre
que la préservation des pousses très-élevées ne tient pas à un état par¬
ticulier de leur constitution, mais simplement à leur distance du sol. J’ai
même remarqué quelques-uns de ces arbres abattus et atteints par la gelée
dans la zone qui n’avait pas souffert et dont j’ai parlé plus haut. On doit
attribuer cette diversité des résultats à une différence de précocité dans le
166
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
développement des pousses. Celte cause exerce une grande influence dans le
phénomène et sert à expliquer des effets en apparence contradictoires.
.J’ai dit qu’en général les branches basses étaient épargnées : ce qu’on
doit attribuer à la fois à leur développement plus avancé et à la protection
des branches supérieures. Néanmoins on remarque çà et là des sujets sur
lesquels le fait contraire s’est produit. Cela tient alors à un retard dans le dé¬
veloppement des pousses : les branches basses se trouvant plus jeunes que
celles des sujets voisins et les branches supérieures étant encore contenues
dans les bourgeons.
Versants. — La partie des plateaux qui avoisine les versants est peuplée de
taillis âgés de quinze à vingt ans que e froid n’avait pas frappés. Mais, à me¬
sure que l’on descendait le long des versants, les effets en devenaient plus ma¬
nifestes. Plus on approchait de la vallée, plus s’élevait sur les arbres le niveau
au-dessous duquel l’abaissement de température s’était fait sentir. A mi-côte,
près de feuilles détruites, on en remarquait d’autres sur une même branche
intactes ou attaquées partiellement. Les branches basses ont été épargnées
comme sur le plateau. Quant aux réserves, leurs rameaux inférieurs domi¬
nant le taiilis ont seuls souffert. Dans le voisinage de la vallée, les branches
basses du taillis, même en plein massif, ont été frappées; le froid a atteint
le sommet des réserves, mais en ne s’attaquant encore que partiellement aux
euilles des branches supérieures.
L’état des deux versants est à peu près le même.
Vallon. - Dans le vallon enfin, les pousses de l’année, même à 7 et 8 mètres
d’élévation, ont été noircies ; les Cornouillers, les Épines, les Coudriers, les
Trembles, n’ont pas été épargnés. Dans une jeune coupe, pas un seul rejet de
Chêne n’a résisté.
La ligne ponctuée À', B', G', D', E', F', représente, dans la figure ci-dessus, le niveau
idéal où le froid s’est fait sentir au-dessus du terrain dont le profil est représenté par
la ligne pleine A, B, C, D, E, F.
De cet examen comparatif, il résulte que l’abaissement de température doit
être attribué : 1° à l’altitude, 2° à l’élévation au-dessus du sol, 3° au rayon¬
nement.
C’est à cette dernière cause qu’il faut rapporter l’aggravation des effets
du froid dans les places clairiérées; dans ce cas, les végétaux n’étant protégés
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871
167
par aucun abri, se refroidissent très-facilement. Mais ils subissent en outre
l’influence du rayonnement du sol, rayonnement qui est bien plus sensible sur
un terrain gazonné que sur un terrain dénudé. Il est facile de remarquer
qu’une prairie est couverte souvent de gelée blanche, quand un champ récem¬
ment labouré en est dépourvu. On s’explique ainsi pourquoi les branches basses
des plantes isolées dans les clairières sont plus gelées que les branches supé¬
rieures, contrairement à ce qui se passe dans les massifs. Les rameaux infé¬
rieurs rayonnent presque autant que ceux situés plus haut, et de plus subis¬
sent l’influence du rayonnement du sol qui généralement est couvert d’une
abondante végétation herbacée.
Quant à l’action du soleil, si puissante sur un végétal qui y est soumis di¬
rectement après avoir éprouvé les effets d’une basse température, elle est
d’ordinaire beaucoup moins manifeste que dans les expériences dirigées spé¬
cialement dans ce but. Et en effet cette action se confond le plus souvent avec
celle du rayonnement. Ce sont précisément les branches supérieures des jeunes
sujets croissant isolément qui sont le plus exposées tout à lafoisau rayonnement
et à l’action solaire. Dans l’étude du phénomène naturel, il est difficile d’isoler
ainsi le rayonnement, la chaleur et la lumière. Nous n’apercevons que le ré¬
sultat final, sans pouvoir discerner la part d’influence qui revient à chacune
de ces trois causes. Toutefois il est possible, dans certains cas, d’arriver sous
ce rapport à un résultat appréciable. J’ai pu constater que, dans un groupe
d’arbres dont les cimes formaient un massif assez épais pour intercepter les
rayons solaires, les branches situées du côté du soleil levant étaient bien
plus détruites que celles situées du côté opposé. Quelquefois même cet effet
du soleil est frappant. Ainsi j’ai vu, sur de jeunes plants élevés de 2 mètres
au-dessus du sol et abrités en partie des rayons du matin par un massif
d’arbres placés à une certaine distance, l’effet du froid ne se faire sentir que
dans la portion non abritée, et alors toute une zone de feuilles détruites indi¬
quer le passage de la traînée lumineuse. En examinant avec attention des tail¬
lis situés sur les deux bords d’une route, dont l'un seulement était exposé aux
rayons solaires, j’ai pu voir une différence assez appréciable entre les effets
que le froid avait produits de chaque côté. Mais, je le répète, tant d’éléments
entrent en jeu dans le phénomène que cette distinction est difficile à faire. Toutes
choses égales d’ailleurs, il faut que la température ne se soit pas abaissée au-
dessous d’une certaine limite, sans quoi les sujets abrités des rayons du soleil,
aussi bien que ceux qui y sont exposés, ont leurs tissus désorganisés.
Cette action de la lumière jointe à la chaleur ne peut donc réellement être
appréciée que dans des expériences instituées dans ce but. Pour bien la
mettre en évidence, il faut soumettre deux végétaux à une température
un peu supérieure à la limite au-dessous de laquelle leurs tissus sont dé¬
truits, et n’exposer que l’un d’eux aux rayons du soleil, en maintenant
l’autre à une basse température. On peut apprécier par là le résultat des in-
168
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
fluences combinées de la chaleur et de la lumière. Ayant placé dans un bocal
entouré d’un mélange réfrigérant deux jeunes plants de Hêtre encore munis
de leurs cotylédons et les ayant maintenus pendant plusieurs heures à une
température de + 3° à -j- 4°, je retirai l’un d’eux et l’exposai aux rayons so¬
laires, en abandonnant l’autre dans l’appareil. La température du milieu dans
lequel ce dernier était plongé ne s’étant élevée que lentement par suite de la
saturation du liquide réfrigérant, le plant ne subit aucun dommage. Il n’en fut
pas de même de l’autre, dont les feuilles ne tardèrent pas à se décolorer. Sur
tous les deux, au contraire, les cotylédons ne parurent nullement avoir
souffert, car leur coloration persista. Cependant on n’aurait pu l’affirmer que
si on les avait vus continuer à végéter. Et pour cela il eût fallu faire l'expé¬
rience en maintenant les sujets en terre. On peut néanmoins regarder comme
positif ce fait, que les cotylédons de Hêtre supportent mieux le froid que les
feuilles primordiales. L’opinion contraire avait, il me semble, jusqu’à présent
prévalu. En revanche, je les crois bien plus sensibles aux rayons du soleil.
IT. — De la manière dont un arbre qui a souffert du froid parvient
à former de nouveaux rameaux.
Lorsque les jeunes rameaux d’un arbre ont été entièrement détruits, soit
par l’action d’un froid intense ou par le concours des diverses influences que
j’ai décrites, soit parce qu’ils avaient acquis un degré de développement tel
que ce résultat ait pu être atteint même par un froid modéré, la végétation
paraît subir un arrêt momentané ; mais, comme la provision des matières nu¬
tritives accumulées dans les tissus n'a pas encore été complètement utilisée,
on ne tarde pas à voir s’évolutionner des bourgeons dormants sur les entre¬
nœuds des années antérieures. Une question vitale pour l’arbre est donc
de posséder ces bourgeons en nombre suffisant pour pouvoir constituer ra¬
pidement une nouvelle ramification. Les chances de reprise varieront donc
suivant l’essence et l’âge du sujet. Le Chêne, le Charme, dont les entre-nœuds
sont chargés de bourgeons dormants, se reforment vite un feuillage. Il n’en est
pas de même des espèces qui ont besoin de créer des bourgeons adventifs, ce
qui exige un certain temps et prolonge l’état apparent de stagnation. Mais, en
usant de l’un ou de l’autre de ces moyens, les arbres parviennent généralement
à éviter le dépérissement qui les menace; les dégâts se bornent à une diminu¬
tion dans l’accroissement ligneux de l’année et quelquefois à une déformation
dans la rectitude des tiges : ce qui peut avoir des conséquences fâcheuses,
dans les taillis de Châtaigniers par exemple. Malheureusement, il n’en est pas
toujours ainsi quand le froid atteint les jeunes rejets d’une coupe récemment
exploitée. Il peut arriver en effet que toute la matière nutritive accumulée
dans la souche ait été employée, ou bien que tous les bourgeons dormants
s’étant déjà évolutionnés, il n’en reste plus suffisamment. Si alors l’écorce
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871.
169
est à la fois épaisse et lisse, dépourvue de toute crevasse, aucun bourgeon ad-
ventif ne pourra se former, et la mort de la souche sera certaine. C’est ce qui
arrive souvent pour le Hêtre et le Châtaignier. Aussi est-il bon de ne les ex¬
ploiter qu’à la fin du printemps, dans les endroits exposés à la gelée. Si au
contraire l’écorce n’est ni assez épaisse, ni assez lisse pour empêcher la for¬
mation de bourgeons adventifs, la reprise du plant ne sera pas encore assurée,
car ces bourgeons demandant bien plus de temps pour s’évolutionner que
des bourgeons dormants, il arrivera que les jeunes rameaux seront en¬
core très-tendres lorsque surviendront les premiers froids de l’automne et y
succomberont. Ce fait se présente très-souvent sur les souches des vieux Hêtres.
Dans cette essence, les bourgeons dormants ont disparu sur les troncs âgés de
plus de cinquante à soixante ans ; l’écorce de ces arbres est d’ailleurs trop serrée
pour permettre à des bourgeons adventifs de se former. Mais il n’est pas rare
d’en voir se développer entre le bois et l’écorce sur le périmètre de la section.
Ils commencent seulement à apparaître dans le courant de juin et dépérissent
à l’entrée de l’hiver. Les souches de Peupliers ont également une tendance à
former leurs rejets de cette manière, mais comme la croissance de ces derniers
est bien plus rapide et que du reste ils sont moins sensibles au froid, leurs
tissus, déjà lignifiés en partie, peuvent résister aux rigueurs de la saison. Les
souches de Chêne sont d’ordinaire tellement chargées de bourgeons dormants
que si la gelée printanière n’est pas survenue trop tard, ces bourgeons ont le
temps de s’évolutionner et de se lignifier avant l’automne. La reprise de la
végétation est en outre, pour un autre motif, beaucoup moins assurée quand
l’action du froid se fait sentir à la fin du printemps ou au commencement
de l’été. On sait en effet qu’à cette époque l’ancienne provision des matières
amylacées est épuisée et que la nouvelle n’est pas encore formée.
Généralement l’intensité du froid n’a pas été suffisante pour détruire entiè¬
rement un jeune rameau. On remarque que tantôt la partie supérieure a été
complètement désorganisée, tandis que la base n’a été atteinte qu’en partie.
Ce fait se présente quand, la cime du rameau ayant commencé à se développer,
la partie inférieure plus âgée se trouvait plus en mesure de résister. Tantôt
au contraire, quand le bourgeon commençait seulement à s’évolutionner, les
feuilles inférieures ont été atteintes alors que celles de la partie supérieure, en¬
core en préfoliaison, ont été préservées. Dans le premier cas, les bourgeons
qui se trouvent à l’aisselle des feuilles sur les entre-nœuds intacts et qui ne
se seraient développés qu’au mois d’août ou même l’année suivante, se déve¬
loppent immédiatement. Dans le deuxième cas, c’est la partie supérieure du
rameau qui s’évolutionne, et il ne tarde pas à surgir du sein des entre-nœuds
inférieurs quand ceux-ci n’ont été atteints que légèrement. De plus, les bour¬
geons situés sur les rameaux de l’année précédente et qui, faute d’aliments,
ne s’étaient pas encore développés, prennent alors leur essor. Aussi peut-on
parfaitement, au mois de juillet, reconnaître, même de loin, un massif dés-
170
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
organisé par le froid, à sa teinte vert pâle due à la nouvelle évolution des
bourgeons, nuancée de la teinte roussâtre ou noire des feuilles détruites.
[La suite à la prochaine séance.)
COMPTE RENDU DE QUELQUES PROMENADES AUX ENVIRONS DE MONTPELLIER ,
par 11. A. BARRANBOft.
(Montpellier, 20 juillet 1871.)
À mon avis, toute excursion botanique un peu heureuse doit tourner au
profit de tous; c’est pourquoi je veux rendre compte à nos confrères de quel¬
ques courses faites dans le courant du mois dernier et que l’on peut réaliser
avec la plus grande facilité.
Le Zt juin, une voiture nous jeta de très-bonne heure entre Montarnaud et
Argelliers, au delà de la localité classique où l’on allait recueillir le Cistus
crispus L., le Cistus albidus L. et surtout l’hybride Cistus albido-crispus
Delile. Cette riche localité a été ravie aux botanistes par un propriétaire plus
soucieux de belles vignes que de belles plantes ; nous dûmes donc aller plus
loin, dans ce qui reste de bois non encore défrichés, et nous n’eûmes rien
à regretter. Le coteau qui conduit de Fontméjeanne à la Font- Grande, où
Argelliers altéré vient chercher son eau, nous offrit une abondante moisson
de Stipa juncea L. et Stipa pennata L., et le coteau siliceux qui court
du sud au nord, à l’est de la seconde fontaine, nous offrit non -seulement
l’hybride désiré Cistus albido-crispus Delile, mais encore l’autre hybride Cis¬
tus crispo-albidus Req., très-belle plante qui, à notre connaissance, n’avait
été trouvée qu’à Narbonne et non dans notre département. Ces deux hybrides
sont abondants sur ce coteau ; malheureusement, le second ( Cistus crispo-
albidus Req.) a des pétales si caducs, qu’il est impossible de les conserver
quelques instants adhérents à la plante. Là croissaient aussi les Air a caryo-
phyllea L. et A. Cupaniana Guss. , et, à notre grande surprise, nous retrou¬
vâmes en abondance, sous les Cistes ( Cistus monspeliensis L. et C. salvi-
folius L.)et les Bruyères ( Erica multiflora L. et E. cinerea L.), le Carex
œdipostyla J. Duv. -J , que notre compagnon JM. Duval-Jouve avait trouvé
l’an dernier dans le bois de laMoure. Hâtons-nous d’ajouter que nous avons,
pendant toute la journée, retrouvé la même espèce en immense abondance par¬
tout où, dans les bois entre Argelliers et Montarnaud, se trouvaient des Cistes
et des Bruyères, sur un cailloutis quartzeux. A cette occasion, nous apprîmes
de M. Duval-Jouve que son Carex avait été retrouvé en même abondance aux
environs de Toulon et d’Hyères, par MM. Huet et Shuttleworth (1).
(1) Voyez, dans le tome X.V1I du Bulletin [Session d’ Aulun-Givry) , la note 2, placée
au bas de la page lxxviii.
SÉANCE DU 28 JUILLET 1S71 .
171
Ici doit se placer un avertissement pour les botanistes qui iraient clans cette
contrée; ils ne trouveraient pas une goutte d eau dans le triangle que forment
Argeiliers, la Boissière et Montarnaud ; il serait donc prudent de se désalté¬
rer et de faire sa provision à la Font-Grande, ainsi que nous le fîmes.
En montant de là vers Argeiliers, nous trouvâmes dans des champs en fri¬
che une quantité de plantes méridionales vraiment incroyable : les Helian-
themum , les Buta, les Linum , les Phlomis , le Narcissus juncifolius Req. en
fruit, le Sideritis scordioides L. , les Bupleurum rigidum L. et B. arista-
tum BartI. , Althœa hirsuta L. , les Bromus macrostachys Desf., B. squar -
rosus L. , nos trois Ægilops, les Brarhypodium distac hyum , B. ramosum
R. S. et B . phœnicoides DC., les Psilurus nardoides Trin. , Danthonia
decumbens DC. et tant d’autres qui, sans attrait pour nous, auraient fait le
bonheur des botanistes du Nord.
Au delà d’Argelliers, nous battîmes le versant occidental et le sommet de
la chaîne qui s’étend d’Argelliers à Saint-Paul de Yalmalîe; là, peu déplantés
comparativement, mais de très-bonnes espèces : Lathyrus macrorrhizus
Wimm., Helianthemum canum Dun., Spartium junceum L. , en pleine flo¬
raison, Cephalanthera rubra PJch., Trifolium rubens L , Erica arborea L. ,
E. cinerea L. , E. multiflora L. , Inula salicina L. , et enfin Coronilla
glauca L. Cette dernière trouvaille était précieuse pour nous, parce qu’elle
nous donnait, de cette plante rare, une localité certaine pour notre départe¬
ment, dans des bois sauvages, à deux lieues de toute habitation et presque de
toute culture, tandis que les autres localités déjà indiquées sont rendues in¬
certaines par le voisinage des jardins et des habitations (la Valette), aussi bien
que par la confusion qui a fait prendre pour elle certains pieds de Coronilla
Emerus L. (pic Saint-Loup et Capouladoux).
Sur un certain point, nous trouvâmes en même temps le Carex prœcox
Jacq., dont tous les utricules, attaqués par un insecte, présentaient cette forme
en gourde que notre confrère M. le docteur Lebel a désignée sous le nom de
Carex sicyocarpa, et le Carex Halleriana Asso, attaqué par une Urédinée
et rendu méconnaissable par l’avortement de ses utricules et l’excessif déve¬
loppement de ses bractées ormant de gros paquets foliacés.
A mi-distance de la Boissière à Montarnaud, sur le versant ouest, nous
retrouvâmes en notable quantité le Carex olbiensis Jord. , que notre com¬
pagnon M. André et moi avions déjà trouvé, mais en petite quantité, au même
lieu en 1868.
Enfin, pendant la descente qui nous ramenait vers Montarnaud, nous trou¬
vâmes en très-grande abondance les Linum campanulatum L. , L. nar-
bonense L., Carduncellus Monspeliensium Ail., Carex humilis Leyss.,
Avena Ludoviciana DR., Psilurus nardoides Trin., et enfin Pinus Salz-
manni Dunal. On ne trouve de ce Pin, dans cette localité, que deux ou trois
pieds isolés au milieu des bois et très-évidemment spontanés. La présence de
172
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
ces pieds isolés , d’une espèce qui n’existe pas du tout dans notre contrée au-
dessous des Cévennes, ne peut s’expliquer, selon nous, que par le transpor
de quelques graines, opéré par les vents ou par les oiseaux, des hauteurs de
Saint-Guilhem-Ie-Désert, 1 ocalité la plus rapprochée et distante, à vol d’oiseau,
de 10 à 12 kilomètres.
Ainsi, une seule course nous avait fourni deux plantes nouvelles pour la
Flore de V Hérault que nous préparons de concert avec notre savant confrère
M. Loretet qui, nous l’espérons, ne tardera pas à être achevée.
Le 11 juin nous revoyait tous les trois, MM. André, Duval-Jouve et moi,
dans la plaine qui occupe le fond de la vallée depuis Saint-Martin de Londre
jusqu’au pied du versant septentrional du pic Saint-Loup. Les premières
prairies contre Saint-Martin, dites la Prade de Saint-Martin , sont très-belles
et très-riches en Graminées et Cypéracées, et nous fournirent plusieurs variétés
de Phleum pratense L. ; le Gaudinia fragilis P. Beauv. vivace, ou au moins
bisannuel, car ses touffes portaient les restes des liges de l’année précédente;
Y Arrhenatherum elatius M. K., avec ses deux fleurs fertiles et aristées,
variété déjà mentionnée par Bertoloni {FL ital. t. I, p. 685) et nuisant un
peu à la solidité du genre; un Avena qu’au premier abord, à cause de sa
vaste panicule étalée en tous sens et de ses petites fleurs, nous prîmes pour
Y Avena fat va L. ; mais, après examen, nous vîmes que la fleur intérieure
est seule articulée, que le pédicelle des fleurs stériles est glabre, ce qu nous
le fit rapporter à Y Avena sterilis L. var. |3 minor Goss. {Fl. d'Alg. Glum.
p. 109), plante qui mérite singulièrement l’attention des botanistes. A côté
croissaient les Hordeum secalinum Schreb. et Festuca heterophylla Lam.,
chacun d’un mètre de haut, et enfin les Sisymbrivm asperum L. et S. polyce-
ratium L. Un peu plus bas, les prairies dites du Renard aboutissent à de pe¬
tits coteaux argileux où croît le précieux Brassica bumilis DG. , indiqué à
tort au pic Saint-Loup, où plusieurs botanistes vont chaque année inutilement
le chercher. Sa véritable localité est sur les petits coteaux argileux commen¬
çant au sud-est des prairies du Renard, sur une ligne qui irait de ces prai¬
ries au point culminant du pic Saint-Loup, et non point sur ce pic. Dans ces
prairies croissent en abondance le vrai Juncus striatus Schousb., très-belle
espèce trop souvent méconnue ; une grande forme de Poa compressa L. , dont
Reichenbach a fait sa variété |3 Langeana, Y Alopecurus bulbosus et le Statice
echioides L. , qui se tiennent d’ordinaire dans les terrains salés; les Avenu
Lvdoviciana DR., Promus comrnutatus Schrad. , Carex glauca Scop. var.
erythrosfachys Hoppe, Gratiola officinalis L., assez rare dans le département,
Ranunculus ophioglossifolius Vill. , Tulipa gallica Jord., Orchis incar-
nata L. , etc.
Les petits coteaux qui nous conduisirent sur les pentes bouées formées par
les éboulis du pic nous fournirent plusieurs plantes intéressantes : Sesleria
SÉANCE DU *28 JUILLET 1871.
173
cœrulea Ard., Scorzonera hirsuta L., Plantago serpentina Vill., Kœleria
setacea Pers. Thymus Serpyllum Pers. var. citriodorus , Dianthus Godronü
Jord., Saponaria ocimoides Salisb. , les Linum. campanulatumh., suffrutico-
sum L. , narbonense L. et tenuifolium L., Carduncellus Monspeliensium Ail.
Les bois des éboulis contiennent très-peu de plantes, mais de très-bonnes
espèces : Scorzonera hispanica L. var. asphodeloides Wall., Centaurea
ugdunensis Jord., Daphné Laureola L. , Pœonia peregrina Mill. , variant à
carpelles tomenteux et à carpelles glabres, Silene puberula Jord. , Lathyrus
macrorrhizus Wimm., et, tout à fait au pied de l’escarpement, Opopanax Chi-
ronium DG., Erodium petrœum L. , Saxifraga mixta Lap.
En revenant vers Saint-Martin par le Mas-de-Londres, on rencontre le
Knautia collina Req. et, dans les cultures, les Polygonum Bellardi AU., La¬
thyrus hirsutus Wimm. , Turgenia latifolia Hoffm. , Cota altissima J. Gay,
Caucalis leptophylla L., Allium rotundum L. Enfin, sur les murs de clô¬
ture, nous trouvâmes de très beaux pieds des Ægilops hybrides, savoir
e vuigari-ovatum et le vulgari-triunciale ; l’un et l’autre ayant à leur
base les restes de l’épi-mère. Ce qui nous surprit le plus, ce fut de voir dans
es champs d’avoine de irès-grandes quantités de Triticum monococcum L.
Nous crûmes d’abord qu’il était cultivé dans le pays; mais les cultivateurs qui,
profitant du repos du dimanche, nous suivaient par curiosité, nous apprirent
que cette plante était pour eux une mauvaise herbe, se reproduisant chaque
année dans leurs cultures grâce à la fragilité de son épi, malgré le soin qu’ils
mettent à la faire arracher ; d’autre part, nous avons appris que cette plante
se reproduit avec la même obstination anx environs de Pézénas, où l’on met
même soin à la faire arracher ; elle est donc complètement naturalisée
dans nos contrées.
Ces deux riches herborisations nous avaient mis en haleine, et le dimanche
suivant nous trouva sur la plage des Ongloux, plage très- riche, très-vaste, peu
visitée autrefois, et qu’une station du chemin de fer du Midi rend très-facile
à explorer. Le temps, pluvieux jusqu’alors, avait donné à la végétation une
orce et un aspect inaccoutumés. Le Vulpia Michelii Rchb. y atteignait
50 centimètres de haut, et si De Candolle l’y avait vu dans cet état quand il le
décrivit pour la première fois, il ne lui aurait pas infligé l’épithète de maci-
lenta. Des tapis de Slatice virgata Willd., S. duriusculaG ir. , S. echioidesL.
gigantesque, é>. bellidifolia. Gouan, S. Girardiana Juss. et S. seroiina
Rchb. commençaient à se montrer ; et parmi ces espèces si distinctes, un
très-grand Statice , à panicule très-fournie, très-différent du S. bellidifolia
Gouan, qu’il rappelle un peu, et que nous n’avons pu rapporter à aucune espèce
rançaise.
Le Santolina Chamœcyparissus L. y forme, comme aux environs de Bé¬
ziers, des lignes de clôtures naturelles autour des vignes.
M!\ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Les sables disparaissaient littéralement sous les Phleum arenarium L., Kœ-
leria villosa Pers., Scleropoa Hemipoa Parlt. et S. maritima Parlt. , Crépis
bulbosaCzss., Polygonum Roberti Lois, et P. Be Hardi Ail., Hutchimia pro -
cumbens Desv., Rumex tingitanus L. , et sur certains points le Corispermum
hyssopi folium L. , toujours si rare dans nos contrées, couvrait tout de ses
touffes vertes, déjà chargées de fruits. Le Phelipœa arenaria Wall, y était
également abondant, ainsique le Pancratium maritimum L.
Je mentionne seulement pour mémoire le Psammu arenaria R. Scb. ,
Ylmperata cylindricaV. Beàuv. et l' Friant hus Ravennœ P. Beauv. (non
fleuri), qui prenaient l’aspect de plantes ornementales. Au milieu du Spartina
versicolor Fabre, Y Agropyrum acutum DG. était abondant et gigantesque,
avec son voisin Y Agropyrum junceum P. Beauv., qui rivalisait de beauté
et tranchait par sa couleur glauque exagérée.
Sur le bord des flaques d’eau salée, le Glyceria festucœformis Heynli. , était
par sa grandeur, devenu méconnaissable; mais ces flaques elles-mêmes, toutes
remplies de Ruppia maritima L., dont les pédicelles d’un blanc rosé et rou¬
lés en spirale rappelaient le Vallisneria spiralis L., nous réservaient de
grandes surprises. D'abord un Char a étrange et à nous inconnu, toujours
réduit à de petites touffes d’un centimètre de diamètre en tous sens; et ensuite
Y Althenia filiformis Petit, forme dressée et plus rapprochée de la figure de
Mutel {Fl. fr. tab. 63, fig. A73) que du dessin original de Petit {Ann. sc.
obs. t. I, pl. xii, fig. 1), où les groupes de fleurs sont représentés sur des
tiges rampantes. C’est donc une localité de plus pour cette plante rare, mais
nous devons prévenir nos confrères qui voudraient venir l’y chercher qu’il
leur faut entrer dans l’eau, parce que cette plante n’est guère visible quand on
est sur les bords; ils la trouveront dans les mares qui sont à l’est de la petite
ferme du quartier de Pisse-Saume. Ces mêmes eaux contenaient diverses
espèces de Charaa nous inconnues, dont une dioïque, très-remarquable par
sa gracilité et l’excessive abondance de ses fleurs mâles d’un beau rouge, et
très-distincte du Chara aspera à nous connu.
Nous omettons la mention inutile de ces nombreuses centuries de plantes
qu’on rencontre sur toutes nos plages et qui foisonnaient aux Ongloux.
Nous croyons toutefois être agréable et utile aux membres de la Société en
leur signalant trois nouvelles acquisitions dont M. Loret, notre honoré con¬
frère et collaborateur, et M. André ont enrichi notre Flore de l’Hérault.
D’abord 1 e Campanula rapunculoides L. , trouvé par M. Loret sur la route
de Celleneuve; ensuite le Plantago albicans L. , trouvé par le même derrière
la citadelle de Montpellier et plus tard par moi près de Lunel sur les bords
de la route conduisant à Sommières; enfin V Avenu eriantha DR., très-belle
espèce qui, par ses glumes très-inégales, se distingue de toutes nos espèces
françaises, et que M. André a eu l’heureuse chance de rencontrer à Saint-
Guilhem-le-Désert, en face des premières maisons, à gauche. Cette plante
SÉANCE DU 28 JUILLET 4871. 175
n’avait été jusqu’à présent signalée qu’en Afrique (Cosson), en Asie Mineure
(Kotschy) et en Espagne (Steuclel).
DES GENRES P AVI A ET TIME ALI A, par M. O. €&,©$.
(Toulouse, 23 uillet 4871 . )
I. Du genre Pavia et du Pavia pallida Spacli
a. Faut-il admettre, avec Poiret, Yentenat, De Candolle, Ach. Richard (in
Dict. class. cVkist. nat.), Thiébaut de Berncaud (in Dict. pittor. cVhist.
nat.), Spach ( Phanér . l. III, p. 18), Le Maout el Decaisne ( Flore des
jardins et des champs , p. 501), les auteurs du Bon jardinier et du
Nouveau jardinier illustré , etc., le genre Pavia (1) comme distinct du
genre Æsculus ?
Faut-il, avec Endlicher, considérer le premier comme un sous-genre du
second ?
Enfin convient-il, à l’exemple de Dietrich [Synops. pl. t. ÏI, p. 1224), d’Asa
Gray ( Flora of N orth America , p. 251), de Jacques et Hérincq [Manuel gé-
nércil des plantes , t. I, p. 258), de MM. Bentham et D. ïîooker ( Généra
plant . t. I, p. 398), de ne pas séparer le Pavia de V Æsculus, sous prétexte
qu’ils ne diffèrent que par la capsule, lisse dans l’un, hérissée dans l’autre,
caractère ainsi apprécié par les deux botanistes anglais : character hic nullius
est valons et omnino inconstans? Schlechtendahl écrivait aussi en 1840 :
« Genus Pavia delendum videtur, optimam suppeditaret generis sectionem
(in Linnœa, t. X1Y, p. 303). »
Assurément, ce dernier avis devrait prévaloir s’il n’v avait entre les Æsculus
et les Pavia qu’une si légère différence reposant sur les capsules. Mais, dès
1804, Poiret écrivait : « Les fleurs, dans le Marronnier, ont cinq pétales ondu¬
lés, planes [sic), très-ouverts; les filaments des étamines recourbés; une cap¬
sule comme globuleuse, armée d’un grand nombre de pointes dures et pi¬
quantes. Dans les Pavies, la corolle n’a que quatre pétales étroits, rapprochés,
fermés à leur orifice; les filaments des étamines droits, saillants hors de la co¬
rolle ou bien plus courts qu’elle; une capsule glabre ponctuée ou chagrinée,
sans pointes ni piquants (in Encycl. Dict. de Bot. t. V, p. 93). »
Ces caractères sont exacts (à part le dernier) (2); M. Spach n’a pas hésité
(1) La plupart des auteurs font honneur à Boerhaave de la création du genre Pavia.
(lest très-vrai que, dès l’année 1727, ce savant le faisait figurer parmi ses Tetrapetalæ
siliculosœ dans son Hisloria planlarum quœ in horto acad. Lugduni Batavorum cres-
cunl , p. 312 ; mais avec ce semblant de description : « Pavia flores habet ut Branca
Ursina; multi auctores volunt quod sit ricinoides americana, sed flores non conveniunt. »
J’ignore, faute de pouvoir les consulter, si l’une ou l’autre des deux éditions suivantes
du même ouvrage (1731-1738) contient sur le Pavia des renseignements plus précis.
(2) Et avec cette autre restriction apportée par M. Spach : « Toutes les espèces (de P a-
176
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
à les étayer de son autorité ; et si MM. Decaisne et Naudin déclarent que ces
deux genres, ne se distinguant l’un de l’autre par aucun caractère de quel¬
que valeur, n’en forment réellement qu’un seul ( Manuel del’amat. des jard.
t. III, p. 28), ces savants ne les conservent pas moins comme distincts, et
tous les horticulteurs ont aujourd’hui adopté ce sentiment
b. Ayant reçu naguère d’un des principaux établissements d’arboriculture,
sous le nom d 'Æsculus ohiensis (sic), un arbre qu’à sa floraison j’ai pu rap¬
porter avec certitude au Pavia pallida Spach, j’ai été frappé des divergences
des auteurs descriptifs touchant le nom et la place de cette espèce.
De Candolle admet les deux genres Æsculus et Pavia , mais comprend
dans le premier le Pavia pallida , et avec lui les Pavia rubicunda , glabra ,
ohioensis ( Prodr . t. I, p. 97). M. Asa Gray, divisant le genre Æsculus en
deux sections basées sur le caractère extérieur de la capsule, l’une Pavia à
fruit unarmed, l’autre Æsculus à fruit echinate , n’en rapporte pas moins à
celle-ci l 'Æsculus glabra W. avec ses synonymes : Pavia pallida Spach,
P. glabra Spach, P. ohioensis Michx ., Æsculus ohioensis DC. ( loc . cit.).
Cet exemple est suivi, en 1857, par les auteurs du Manuel gén. des pi. (t. I,
p. 258); et plus récemment encore l’un d’eux, dans son Nouveau Jardinier
illustré , p. 709, tout en admettant les genres Æsculus et Pavia, inscrit au
nombre des Æsculus, à la suite des Æ. Hippocastanum et rubicunda,
Y Æ . ohioensis Michx f. avec ce synonyme Æ. glabra \V. et cette variété
Æ .pallida W.; tandis que Dielrich, qui conserve comme espèce YÆ. gla¬
bra AV., lui donne comme synonymes : Æ. pallida W., Æ. ohioensis DC. ,
Pavia ohioensis Michx f., P. pallida et glabra Spach.
Nonobstant ces discordances d’appréciations de la part des phytographes, il
me paraît ressortir des données qui précèdent :
1° Que la distinction des genres Æsculus et Pavia a été basée tantôt
uniquement sur le caractère de la capsule lisse ou épineuse, tantôt sur des
caractères généraux empruntés à la fleur et aux fruits ;
2° Que suivant celle des deux interprétations que les pbytographes ont ad¬
mise, ils ont rapporté les Æsculus pallida et glabra \Y. à l’un ou à l’autre
de ces deux genres;
3° Que De Candolle, et quelques auteurs à son exemple, tout en admettant
la séparation de ces genres par des caractères floraux valables, ont attribué au
genre Æsculus des espèces appartenant au genre Pavia;
U° Que, depuis les études de M. Ed. Spach sur les Hippocastanées (in Ann.
des sc. nat. 2e sér. t. II, p. 52, et Phanér. t. III, p. 16-36), la distinc¬
tion des deux genres est bien établie, à condition de négliger les caractères
extérieurs de la capsule, les Pavia pallida et glabra de Spach ayant le fruit
hérissé.
via) que nous avons observées nous ont offert, parmi un grand nombre de fleurs tétrapé-
tales, quelques fleurs pentapétales » (loc. cit. p. 21).
SEANCE DU *28 JUILLET 1871. 177
5° Que Y Æsculus ohioensis Michx f., rapporté par les auteurs du Manuel
général des plantes aux Æ . glabra et pallida, paraît en être distinct, puis¬
que M. Spach n’a voulu l’annexer à aucune des espèces décrites par lui, et a
bien soin d’ajouter ( loc . cil.) à la synonymie de son Pavia pallida : « Æsculus
ohiotensis Desf. in Hort. paris, (non Michx fil.) . »
IL Du genre Timbalia.
On l’a dit bien souvent, lorsqu’une espèce est reportée tour à tour d’un
genre à l’autre, elle a presque toujours droit au titre de genre.
Le Cratœgus Pyracantha L. me paraît être dans ce cas.
Après que Lindley eut créé le genre Cotoneaster pour les Cratœgus et les
Mespilus aux feuilles entières, la plupart des phytographes reconnurent la
légitimité de ce genre, auquel M. Spach crut devoir réunir le Cratœgus
Pyracantha L. , tout en le séparant de manière qu’il formât à lui seul une
section. « Nous n’hésitons pas, écrivait cet habile observateur, à placer cette
espèce parmi les Cotoneaster : ses ovaires étant parfaitement inadhérents
entre eux, et ses dents calicinales charnues, infléchies après la floraison »
( Végét . phanér. t. II, p. 7A). Mais quelques botanistes-descripteurs ne par¬
tagèrent pas cette opinion, car l’arbuste en question figure au nombre des
Mespilus dans le Flora italien de Bertoloni (t. Y, p. 157), au nombre des
Cratœgus dans le Synopsis plantarum de D. Dietrich (t. III, p. 158), et
encore, en 1852, dans la Flore d'Alsace de Kirschleger (t. I, p. 253).
Or le Cratœgus Pyracantha L., plus rapproché des Cotoneaster (auxquels
l’ont réuni MM. Grenier etGodron, Flore de France , l. I, p. 568), diffère
des Cotoneaster :
1° Par le port; 2° par la présence d’épines; 3° par la préfoliation qui, fran¬
chement condupliquée dans les Cotoneaster , est condupliquée, mais avec
tendance à la convolution, l’un des bords recouvrant souvent un peu l’autre
dans le Buisson-ardent; 4° par les dentelures des feuilles. Tous les Coto¬
neaster ont les feuilles entières : un seul, le C. denticulata H.B.K. , faisait
exception (1); mais lindley a cru devoir élever cette dernière espèce au
rang de genre, en raison de l’endocarpe mince et non osseux (in Botanical Re-
gister de 1845, miscell. âü). 5° Par la couleur rose des anthères, ces organes
étant rouges dans les Cotoneaster ; 6° par le nombre des loges de l’ovaire et
du fruit, nombre qui, dans toutes les espèces de Cotoneaster où ce caractère
a été noté, varie de deux à quatre, ne s’élevant que très-exceptionnellement
à cinq (2), tandis que le Buisson-ardent a toujours de cinq à six carpelles.
(1) J’ai reçu dernièrement d’un des principaux établissements horticoles, sous le nom
de Cotoneaster denticulata, un arbuste que je n’ai vu ni en fleur ni en fruit, mais dont les
feuilles sont à peine denticulées; est-ce le C. denticulata H. B. K.?
(2) On lit dans 1 e Flora altaica de Ledebour, t. II, p. 219 et 220, à propos des Cotoneas¬
ter : « C. vulgaris , pomis plerumque dipyrenis; C. uniflora, porno., semper fere
T. XVII f. (séances) 12
178
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Enfin la plupart des Cotoneaster sont caractérisés par ce fait physiologique,
qu’à la suite de l’anthèse, les sépales deviennent connivents en s’abaissant sur
le fruits dont ils ferment complètement l’œil; une seule espèce, reçue au Jar-
din-des-plantes de Toulouse sous la dénomination de C. nepalensis , m’a paru
faire exception à cette règle par ses sépales dressés. Ceux du Buisson-ardent,
connivents aussi, le sont pourtant à un moindre degré, laissant sortir entre
eux et au-dessus d’eux étamines et styles, organes entièrement abrités et
cachés dans presque tous les Cotoneaster.
Je proposerai donc de désigner désormais le Buisson-ardent sous le nom
de Timbalia Pyracantha, dédiant le genre Timbalia à notre confrère
M. Édouard Timbal-Lagrave, auteur de plusieurs bons mémoires de phyto-
g rapine.
Note ajoutée au moment de V impression (décembre 1871). — Aurai-je été
devancé dans la création d’un genre aux dépens du Cotoneaster Pyracantha?
M. Decaisne a écrit dans ses Observations sur les Pomacées , insérées dans les
Comptes rendus des séances de V Aca demie des sciences du 13 novembre 1871,
à la page 11 Al :
« Le Buisson-ardent ( Pyracantha Spach), tour à tour ballotté entre les
Cotoneaster , les Mespilus et les Cratœgus , se distinguera de ces genres
par la position des cotylédons par rapport au raphé. Dans la grande majorité
des Pomacées les cotylédons sont accombants, tandis que dans le Pyracantha
ils sont incombants. Ce caractère, que je suis loin de donner avec une con¬
fiance absolue à cause des objections auxquelles a donné lieu la classification
des Crucifères établie d’après ce principe par À. -P. de Candolle, mériterait ce¬
pendant d’être examiné dans les autres tribus des Rosacées, mais il m’a paru
constant dans les plantes qui nous occupent ( Pyracantha mdgaris , crenu-
lata , etc.), ainsi que chez Y Eriobotrya japonica. »
Quoi qu’il en soit, cette concordance d’opinion plaide de plus fort en faveur
de l’autonomie du genre, quel que soit le nom que la priorité lui assigne.
DE LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES MOUSSES DANS LES VOSGES ET LE JURA,
par M. i’abSsé BOULAIT.
(Séminaire de Saint-Dié-des- Vosges, 20 juillet 1871.)
Ce sujet est traité d’une manière étendue dans notre Flore bryologique de
V Est (1) ; nous ne voulons donner ici qu’un résumé de nos recherches.
tripyreno; C. multiflora pomis... di-lripyrenis ». Le C. nummularia Fisch. et Mey. est
décrit: nfructibusdipyrenis», etleC. r.omptus Lem. :« ovario biloculari o.M. Spach donne
2 styles à son C. Fontanesii , mais il dit du C . tomenlosci: « lleurs A-5-gynes » , et en
effet j’ai constaté l’existence de 5 carpelles chez cette espèce, de 3-A chez le C. mela-
nocarpn.
(1) Ce', ouvrage formera un fort volume in-8 de 800 pages. Prix de souscription :
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871.
179
La chaîne des Vosges, moins vaste que celle du Jura, est aussi moins éle¬
vée : son point culminant, le ballon de Soultz, n’atteint que 1^26 mètres
au-dessus du niveau de la mer, tandis que le Reculet, dans le Jura, s’élève à
1728 mètres.
Aux points de vue hydrographique et météorologique, les Vosges, constituées
en très-grande partie par des terrains siliceux (granités, syénites, gneiss, grès
vosgien et grès bigarré) arrosés par une multitude innombrable de petites
sources, sont plus humides et plus froides que le Jura.
Cette dernière chaîne de montagnes est formée par les divers étages cal*
caires dénommés de son nom et par de nombreux lambeaux de terrain cré¬
tacé. Dans le Jura, surtout dans la région alpestre, les sources sont très-rares,
mais, en revanche, elles ont un débit très-fort, particulièrement dans la
région montagneuse ; sur les sommités, la fraîcheur ne se maintient que par la
pluie et les brouillards.
À la suite de M. Godron, nous ramenons les influences qui agissent sur la
distribution des végétaux en général, et des Mousses en particulier, à deux
ordres de faits principaux ; les influences atmosphériques et celles du sol dans
lequel les végétaux implantent leurs racines.
Les agents extérieurs qui dépendent de l’atmosphère sont la chaleur, la
lumière, l’air, l’eau, qui, dans chaque lieu, se combinent en un certain rap¬
port pour former ce qu’on appelle le climat (1).
Le sol, ou support, pour les Mousses, agit par sa nature minéralogique et
par ses propriétés physiques.
*
PREMIÈRE PARTIE. — Influences atmosphériques.
Les agents atmosphériques, tels que la lumière, la chaleur, l’air et la vapeur
d’eau, modifient leur action d’après trois circonstances principales : l’expo¬
sition, la latitude et l’altitude.
Un certain nombre de Mousses se plaisent sur les rochers ou les coteaux
secs, dénudés, exposés au midi ; elles subissent donc, sans en être iucommo-
dées, les variations de température les plus brusques et les plus étendues.
Complètement desséchées par le soleil pendant les grands jours d’été, elles ont
à résister, pendant l’hiver, à l’action désorganisatrice des froids les plus in¬
tenses. D’autres, au contraire, fuient l’action directe du soleil ; elles préfèrent
un demi-jour. Quelques-unes semblent rechercher les tempêtes ; elles vont
s’établir sur les pointes les plus élevées des rochers battus des vents.
15 fr. , chez M. Savy, libraire de la Société botanique de France, rue Hautefeuille, 24.
à Paris. — En ce moment (15 février 1872), les 350 premières pages sont im¬
primées.
(1) Godron, Géographie botanique de la Lorraine , p. 11.
180
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Nous ne reproduirons pas ici les tableaux que nous avons dressés ailleurs
de ces préférences qui sont en rapport avec l’exposition.
La latitude exerce une influence non moins incontestable. A ce point de
vue, M. Schimper a divisé l’Europe en trois zones : 1° la zone septentrio¬
nale, comprise entre le pôle et le 64e degré parallèle ; 2° la zone intermé¬
diaire, allant du 64e au 46e degré; 3° la zone méridionale , embrassant
les terres limitées par le h 6e degré et la mer Méditerranée.
Le domaine delà flore de l’Est étant compris entre 45° 36', au point où le
Guier se jette dans le Rhône, au sud de Belley, et 49° 37f de latitude sep¬
tentrionale, à la limite du département de la Meuse, on voit d’abord qu’il n’y
a pas lieu d’attendre des modifications bien sensibles dans la dispersion de nos
Mousses, en raison d’une latitude trop peu différente d’elle-même en ses points
extrêmes, et ensuite que le domaine de notre flore, à part une lisière insigni¬
fiante, se range dans la zone intermédiaire de M. Schimper.
Un petit nombre d’espèces seulement, et en très-grande partie de celles qui
croissent sur les rochers calcaires, plus chauds que les rochers granitiques ou
arénacés, sont plutôt de la zone méridionale ; ce sont :
Hypnum heteropterum Brid.
— dimorphum Brid.
Leskea Philippeana N. Boul.
Iledwigidium imberbe Br. Sch.
Cinclidotus aquaticus Br. Sch.
— riparius Br. Sch.
Trichostomum tofaceum Brid.
— llexicaule Br. Sch.
Seligeria pusilla Br. Sch.
— tristicha Br. Sch.
Gymnostomum calcareum N. et Horn.
Phascum rectum Smith.
C’est l’altitude qui apporte les changements les plus sensibles et les plus
brusques dans le tapis végétal bryologique. L’altitude est, en effet, la cause de
modifications très-complexes dans le mode selon lequel les agents atmosphé¬
riques influent sur la végétation.
La plus importante de ces modifications est un abaissement de la tempéra¬
ture moyenne ; or, dans nos régions de l’Est, cette moyenne diminue d’un
degré pour une élévation de 180 à 200 mètres selon la verticale.
Il nous semble qu’il faut aussi prendre en sérieuse considération deux autres
faits :
1° Dans les hautes régions, surtout au-dessus de 1000 mètres, la neige
tombe de bonne heure, souvent dès le mois d’octobre et parfois dès les pre¬
miers jours; elle tombe en abondance et ne disparaît que très-tard, en avril-
mai. Le 30 juin 1870, après des chaleurs prolongées et très-intenses, il restait
encore de grandes quantités de neige dans l’escarpement du Castelberg, au
Hohneçk. Il résulte de ce fait que les Mousses, envahies de bonne heure et
protégées tard par ce manteau de neige, n’ont pas à subir les effets désastreux
des froids intenses qui font périr une foule de végétaux dans les régions basses,
habituellement sans neige même au cœur de l’hiver. Dans la région alpestre
des Vosges, les sources, dont la température se maintient à 3 ou 4 degrés au-
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871. 181
dessus de zéro, se creusent sous la neige de vastes cavités où les Mousses
continuent à végéter, bien que très-lentement.
2° Les régions élevées sont habituellement brumeuses, couvertes de brouil¬
lards même pendant l’été. Ces brouillards fournissent aux Mousses l’humidité
si nécessaire à leur végétation. Cette circonstance nous paraît d’une impor¬
tance capitale. Combinée avec une température suffisante, la vapeur d’eau
atmosphérique, maintenue dans un état de demi-condensation, permet aux
Mousses, qu’elle baigne constamment dans la région alpestre, de développer
et de mûrir leurs capsules dans un intervalle de temps très-court. Ce fait
explique aussi la multitude et la belle végétation des Mousses qui croissent
dans le haut Jura, malgré la sécheresse naturelle du sol dans ces montagnes :
elles prennent la fraîcheur qui leur est nécessaire, non pas à leur support,
mais à l’atmosphère.
L’action de la lumière varie aussi en raison de l’altitude; la pression atmo¬
sphérique diminue. Ces causes concourent certainement à la production d’un
effet total, mais sans que nous puissions assigner à chacune d’elles sa part spé¬
ciale d’influence. Citons encore l’action des vents, qui deviennent plus violents,
plus continus, autour des masses élevées.
Après avoir indiqué les diverses influences atmosphériques sujettes à varier
d’après l’altitude, il nous reste à faire voir comment, défait, les Mousses, dans
les Vosges et le Jura, se coordonnent à ces variations.
I. Région alpestre.
Mousses qui se maintiennent au-dessus de la limite des forêts ou, dans les
Vosges, ne descendent pas au-dessous de 1200 à 1150 mètres et, dans le
Jura, au-dessous de 1500 à 1A00 mètres :
Vosges .
Hypnum callichroum Brid.
Pogonatum alpinum Rœhl.
Oligotrichum hercynicum DC.
Bryùm Duvalii Voit.
— - Ludwigii Schwgr.
— cucullatum Schwgr.
- — polymorphum Br. Sch.
Splachnum sphæricum Linn. f.
Rhacomitrium fasciculare Brid.
— microcarpum Brid.
— sudeticum Brid.
— patens Schimp.
Grimmia Donniana Sch.
— lorquata Grev.
— contorta Schimp.
Zygodon lapponicus Br. Sch.
Desmatodon latifolius Br. Sch.
Dicranum subulatum Hedw.
— Starkii W. et M.
Weisia crispula Hedw.
Bruchia vogesiaca Sc! wgr.
Jura.
Hypnum Vaucheri Lesq.
— cirrosum Funk.
— fastigiatum Brid.
Myurella julacea Sch.
Timmia austriaca Hedw.
— megapolitana Hedw.
Bryum Zierii Dicks.
— arcticum Br. et Sch.
Mnium orthorrhynchum Br. Sch.
Encalypta apophysata N. et H.
— longicolla Br. Sch.
— rhabdocarpa Schwgr.
— commutata N. et H.
Barbula mucronifolia Br. Sch
— aciphylla Br. Sch.
Trichostomum glaucescens Hed w.
Desmatodon latifolius Br. Sch.
Distichium inclinatum Br. Sch.
Anacalypta latifolia N. et H.
Dicranum subulatum Hedw.
I
182
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Quelques espèces des régions inférieures affectent, en passant dans la zone
alpestre, des formes spéciales ou variétés que l’on [pourrait joindre aux listes
précédentes :
Vosges.
Hypnum fluitans, v. purpurascens.
Pogonatum urnigerum, v. humile.
— — v. crassum.
Bryum albicans, v. latifolium.
— pallens, v. speciosum.
— nutans, v. subdenticulatum.
Jura.
Meesia uliginosa, v. alpina.
Bryum capillare, v. Ferchelii.
— — v. cochlearifolium.
— turbinatum, v. latifolium.
— pallescens, v. boreale.
— — v. contextum.
Les tableaux qui précèdent établissent que la végétation bryologique des
sommités alpestres des Vosges diffère à peu près complètement de celle des
mêmes régions dans le Jura. Les Dicranurn subulatum et Desmatodon lati-
folius , seules espèces communes aux deux chaînes de montagnes, sont
très-rares dans l’une et dans l’autre, et par conséquent peu caractéristiques.
Cette diversité de la végétation, dans des conditions météorologiques analogues,
prouve la prédominance, dans ce cas, de la nature chimique et des propriétés
physiques du support.
II. Région montagneuse.
Nous diviserons la région montagneuse en deux sous-régions. La plus élevée,
allant depuis 700 à 800 mètres jusqu’à la limite supérieure des forêts, comprend
des espèces qui sont encore influencées d’une manière évidente par l’altitude,
tandis que les espèces des montagnes inférieures paraissent rechercher plutôt
des stations favorables en raison des qualités physiques du support, que des
conditions atmosphériques spéciales découlant de l’altitude.
A. Région montagneuse supérieure ou région des forêts ( limite mférieure
700 à 800 m'etres).
Vosges (ait. infér. 700 m.)
Hypnum fertile Sendt.
— reflexum St.
— Starkii Brid.
— alpestre W. et M.
— umbratum Ehrh.
— nitidulum Wahl.
— atrovirens Dicks.
— catenulatum Brid.
— heteropterum R. Spr.
— denliculatum.
— — v. myurum Sch.
— — v. densum Sch.
Leskea striata N. Boul.
— myura N. Boul.
— — v. robusta.
Bryum elongatum Dicks.
— v. longicollum.
Gymnostomum rupestre Schwgr.
Dicranurn majus Turn .
Weisia denticulata Brid.
Jura (ait. infér. 800 m.)
Hypnum nitidulum Wahl.
— reflexum W. et M.
— plicatum Schleich.
— fertile Sendt.
— Halleri Linn. f.
— umbratum Ehrh.
— catenulatum Brid.
— atrovirens Dicks.
Leskea Philippeana N. Boul.
— rufescens Schwgr.
— striata N. Boul.
Mnium medium Br. Sch.
— spinosum Schwgr.
Tayloria splachnoides llook.
— serrata Br. Sch.
Grimmia funalis Schimp.
Dicranurn majus Turn.
— virens Hedw.
Fissidens osmundoides Hedw.
! Weisia Wimmeriana Br. Sch.
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871.
183
Les espèces communes aux régions montagneuses vosgienne et jurassique
sont plus nombreuses que celles de la région alpestre. Ces espèces, étant pour
la plupart corticicoles, trouvent, dans les deux chaînes de montagnes, des sta¬
tions identiques et sont dès lors sous la dépendance immédiate des actions
météorologiques ; presque toutes d’ailleurs se maintiennent à la lisière supé¬
rieure des forêts, et pourraient être envisagées à la ligueur comme apparte¬
nant à la région alpestre.
B. Région montagneuse inférieure ( limite inférieure 250 à 300 mètres).
Afin d’arriver à une exposition satisfaisante, nous devons établir plusieurs
catégories parmi les Mousses qui se rencontrent dans les montagnes moyennes
ou inférieures.
1° Espèces qui, dans les hautes Vosges, ne descendent guère au-dessous
de 700 mètres, et appartiennent dès lors à la région montagneuse supérieure,
mais se retrouvent, à une faible altitude, dans les basses Vosges :
Hypnum Crista-castrensis L.
— uneinatum Hedw.
— silesiacum Selig.
— dimorphum Brid.
Leskea nervosa Myr.
Bartramia QEderi Sw.
— Halleriana Hedw.
— ithyphylla Brid.
Bryum crudum Schreb.
Encalypta ciliata Hedw.
2° Espèces qui, dans les Vosges, ont leurs stations préférées dans la région
supérieure ou même dans la région alpestre, mais descendent c'a et là jusqu’à
600 mètres :
Andreæa petrophila Ehrh.
— rupestris Roth.
Hypnum dilatatum Wils.
Grimmia Hartmanii Schimp.
Blindia acuta Br. Sch.
, Dicranum squarrosum Schrad.
3° Espèces jurassiques répondant aux deux catégories précédentes :
Hypnum commutatum.
— — v. falcatum Schimp.
— uneinatum Hedw.
— silesiacum Selig.
— dimorphum Brid.
Leskea nervosa Myr.
Bartramia Œderi Sw.
— Halleriana Hedw.
— ithyphylla Brid.
Bryum crudum Schreb.
Encalypta ciliata Hedw.
Dicranum squarrosum Schrad .
4° Espèces qui recherchent les montagnes, mais descendent cependant à
des niveaux très-bas, comme elles s’élèvent très-haut, souvent même jusqu’à
la région alpestre, sinon chez nous, au
rope :
Vosges.
Hypnum loreum L.
— brevirostrum Ehrh.
— palustre L.
— incurvatum Schrad.
— undulatum L.
moins dans diverses contrées de l’Eu-
Jura.
Hypnum loreum L.
— silvaticum L.
— myosuroides L.
— confervoides Brid.
— alopecurum L.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
184
Vosges.
Hypnum silvaticum L.
— filicinum L.
— alopecurum L.
— myosuroides L.
— plumosum Sw.
— rivulare Br. Sch.
Pterogonium gracile Sw.
Pterygophyllum lucens Brid.
Fontinalis squamosa L.
Bartramia pomiformis Hedw.
Aulacomnium androgynum Schwgr.
Meesia uliginosa Hedw.
Mnium punctatum L.
— serratum Brid.
■ — hornum L.
Bryum cyclophyllum Schwgr.
— pallens Sw.
— alpinum L.
— elongatum Dicks.
— pallescens Schwgr.
Tetrodontium Brownianum Schwgr.
Zygodon Mougeotii Br. Sch.
Orthotrichum Lyellii H. et Tayl.
— urnigerum Myr.
— rivulare Turn.
— rupestre Brid.
— Hutchinsiæ Sm.
Ptychomitrium polyphyllum Br. Sch.
Hedwigia ciliata Timm.
Rhacomitrium lanuginosum Brid.
— heterostichum Brid.
— aciculare Brid.
— protensum A. Braun.
Grimmia montana Br. Sch.
— commutata Huebn.
— ovata W. et M.
— trichophylla Grev.
— Sehultzii Wils.
Trichostomum homomallum Br. Sch.
— tortile Schrad.
Didymodon cyliudricus Br. Sch.
Brachyodus trichodes N. et H.
Seligeria recurvata Br. Sch.
Campylopus fragilis Br. Sch.
— flexuosus Brid.
Dicranum undulatum Br. Sch.
— fuscescens Turn.
— longifolium Hedw.
— fulvum Hook.
— curvatum Hedw.
— pellucidum Hedw.
— polycarpum Ehrh.
Weisia BruntoniN. Boul.
— fugax Hedw.
— cirrata Hedw.
Campylostelium saxicola Br. Sch.
Jura.
Hypnum incurvatum Schrad.
— Tommasinii Sendt.
— campestre Bruch.
— plumosum Sw.
— rivulare Br. Sch.
— palustre L.
Leskea longifolia R. Spr.
Pterogonium gracile Sw.
Bryum pallescens Schwgr.
— pallens Sw.
— Funkii Schwgr.
— albicans Brid.
Mnium punctatum L.
— stellare Hedw.
— serratum Brid.
Bartramia pomiformis Hedw.
Catoscopium nigritum E.'id.
Meesia uliginosa Hedw.
Splachnum ampullaceum L.
Cinclidotus aquaticus Br. Sch.
Rhacomitrium canescens Brid.
Orthotrichum Lyellii H. et Tyl
Barbula tortuosa W. et M.
— inclinata Schwgr.
Trichostomum tortile Schrad .
— flexicaule Br. Sch.
Didymodon capillaceus W. et M
Dicranum Grevilleanum Br. Sch.
— pellucidum Hedw.
— undulatum Br. Sch.
— fuscescens Turn.
Weisia fugax Hedw.
— cirrata Hedw.
Seligeria tristicha Br. Sch.
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871.
185
Obs. 1. Les espèces suivantes des collines jurassiques lorraines répondent
à la liste précédente des Mousses du Jura inférieur :
Hypnum confervoides Brid.
Leskea longifolia R. Spr.
Mnium serratum Brid.
Bryinn albicans Brid.
Cinclidotus aquaticus Br. Sch.
Trichostomum flexicaule Br. Sch.
Didymodon capillaceus W. et M .
Seligeria pusilla Br. Sch.
Obs. 2. On rencontre dans le haut Jura, mais uniquement sur des blocs
erratiques siliceux, un certain nombre
Pterogonium filiforme Schwgr.
Leskea attenuata Hedw.
Rhacomitrium sudeticum Brid.
— heterostichum Brid.
Hedwigia ciliata Timm.
Grirnmia ovataW. et M.
— commutata Huebn.
Ces espèces se retrouvent toutes dans
elatior.
de Mousses :
Grirnmia trichophylla Grev.
— elatior Br. Sch.
— Schultzii Wils.
— conferta Funk.
Orthotrichum Sturmii.
— rupestre Hoppe.
— Hutchinsiæ Sw.
les Vosges, à l’exception du Grirnmia
III. Région des plaines (contrées basses).
Nous établirons ici deux séries principales :
A. — La première se compose de Mousses qui se rencontrent à la fois dans
les plaines et les montagnes :
Hypnum aduncum L.
— commutatum Hedw.
— chrysophyllum Brid.
— flagellare Dicks.
— strigosum Hoffm.
— salebrosum Hoffm.
— abietinum L.
Cylindrothecium repens N. Boul.
Pterogonium filiforme Schwgr.
Leskea subtilis Hedw.
Homalia trichomanoides Br. Sch.
Buxbaumia indusiata Brid.
— aphylla Hall.
Diphyscium foliosum W. et M.
Pogonatum urnigerum Rœhl.
— nanum P. Beauv.
Atrichum tenellum Br. Sch.
— angustatum Br. Sch.
Philonotis fontana Brid.
— calcareaSch.
— marchica Schimp.
Mnium affine Bland.
Bryum roseum Schreb .
— turbinatum Schwgr.
— pseudotriquelrurn Schwgr.
— bimum Schreb.
— inclinatum Br. Sch.
Bryum intermedium W. et M.
— ~ pendulum Schwgr.
— uliginosum Br. Sch.
— albicans Brid.
— nuta ns Schreb.
— piriforme L.
Encalypta vulgaris Hedw.
— streptocarpa Hedw.
Cinclidotus riparius Br. Sch.
— fontinaloides Pal.-B.
Barbula tortuosa W. et M.
— convoluta Hedw .
Orthotrichum stramineum Brid.
— speciosum Nees.
— Braunii Br. Sch.
— patens Bruch.
— pallens Bruch.
— anomalum Hedw.
— cupulatum Hoffm.
Trichostomum rigidulum Sm.
Ceratodon cylindricus Br. Sch.
Fissidens adiantoides Hedw.
— bryoides Hedw.
Leucobryum glaucum Hamp.
Dicranum flagellare Hedw.
Weisia verticillata Brid,
186
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Obs. 1. La liste précédente ne renferme que les espèces communes aux
Vosges et au Jura; il faut ajouter, pour les Vosges, les espèces suivantes qui
n’ont pas encore été signalées dans le Jura :
Hypnum pratense Koch.
— albicans Neck.
Anacamptodon splachnoides Brid.
Atrichum tenellum Br. Sch.
— angustatum Br. Sch .
Bryum erythrocarpum Schwgr.
Physcomitrium ericetorum Br. Sch.
Orthotrichum Drummondii Br. Sch.
Dicranum montanum Hedw.
Trematodon ambiguus Hornsch.
Obs. 2. La même liste a été dressée à un point de vue général; mais, en
réalité, plusieurs de ces espèces qui, ailleurs, s’élèvent dans les montagnes, res¬
tent confinées, dans nos régions, aux plaines ou aux collines inférieures, soit
parce qu’elles ne se trouvent que dans les basses Vosges, dont l’altitude est
toujours peu considérable, soit parce qu’elles ne trouveraient pas de stations
propices dans les hautes Vosges ou le haut Jura. Dans cette catégorie, on
trouve, pour les Vosges :
Hypnum chrysophyllum Brid.
— flagellare Dicks.
Cylindrothecium repens N. Bout.
Anacamptodon splachnoides Brid.
Atrichum angustatum Br. Sch.
Philonotis marchica Sch.
— calcarea Sch.
Bryum pendulum Schwgr.
— intermedium W. et M.
— piriforme L.
Pour le Jura :
Hypnum flagellare Dicks.
— strigosum Hoffm.
Cylindrothecium repens N. Boul.
Homalia trichomanoides Br. Sch.
Plusieurs, au contraire, dans le Jura, ne se trouvent que dans les mon¬
tagnes élevées :
Physcomitrium ericetorum Br. Sch.
Encalypta vulgaris Hedw.
Cinclidotus fontinaloides P. Beauv.
— riparius Br. Sch.
Barbula convoluta Hedw.
Trichostomum rigidulum Sm.
Ceratodon cylindricus Br. Sch.
Dicranum flagellare Hedw.
Weisia verticillata Brid.
Bryum pendulum Schwgr.
Cinclidotus riparius Br. Sch.
Dicranum flagellare Hedw.
Leskea subtilis Hedw .
Buxbaumia aphylla Hall.
— indusiata Brid.
Philonotis marchica Sch.
Bryum piriforme L.
Leucobryum glaucum Hamp.
B. — Noire deuxième liste comprend les espèces propres aux plaines et aux
collines inférieures et qui ne s’élèvent pas dans les montagnes.
Espèces communes aux Vosges et au Jura :
Hypnum polymorphum Hedw.
— riparium Linn.
— lllecebrum L.
— crassinervium Tayl.
— campestre Bruch.
Hypnum glareosum Bruch.
— tenellupi Dicks.
Leskea polyantha Hedw
— polycarpa Ehrh.
Cylindrothecium concinnum Schimp ,
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871.
187
Cylindrothecium eladorrhizans B. 8.
Anomodon viticulosus IJ. et TâyU
Neckera pennata Hedw.
Mnium stellare Hedw.
— cuspidatum Hedw.
Bryum Funkii Schwgr.
— carneum L.
— annotinum Hedw.
Physcomitrium fasciculare Br. Sch.
— piriforme Brid.
Grimmia conferta Funk.
— orbicularis Br . Sch.
— crinita Brid.
Barbula inclinata Schwgr.
— squarrosa Br. Sch.
— vinealis Brid.
— revoluta Schwgr.
— Hornschuchiana Schultz.
— gracilis Schwgr.
— fallax Hedw.
— aloides Br. Sch.
— ambigua B. S.
Barbula rigida Schultz.
Trichostomum tofaceum Brid.
— pallidum Hedw.
Anacalypta lanceolata Br. Sch.
Pottia minutula B. S.
— - truncata B. S.
— cavifolia B. S.
Fissidens taxifolius Hedw.
— incurvus Schwgr.
Dicranum rufescens Turn.
— varium Hedw.
Gymnostomum tortile Schwgr.
Phascum palustre B. S.
— nitidum Hedw.
— curvicollum Hedw.
— bryoides Dicks.
— cuspidatum Hedw.
— muticum Schreb.
— Flœrkeanuni W. et M,
Physcomitrella patens Sch.
Ephemerum serratum B. S.
A cette liste il faut ajouter, pour les Vosges, les espèces suivantes, qui n’ont
pas encore été constatées dans les régions basses du Jura :
Hypnum imponens Hedw.
— exannulatum Guemb.
— polygamum Br. S.
— helodes Spr.
— curvipes Guemb.
— saxatile Sch.
— radicale P. B.
— Teesdalii Sm.
— rotundifolium Scop.
— demissum Wils.
— depressum Bruch.
— confertum Dicks.
— androgynum Wils.
— velutinoides Bruch.
— minutulumHedw.
Cryphæa heteromalla M.
Bryum obconicum Hornsch.
— marginatum Br. Sch.
— versicolor A. Br.
— atropurpureum B. S.
— torquescens B. S.
— calophyllum R. Br.
— lacustre Brid.
Funaria hibernica H. et E.
— calcarea Wahl.
Schistostega osmundaeea W. et M.
Physcomitrium sphæricum Brid.
Orthotrichum gymnostomum Brid.
Zygodon Forsteri Wils.
— viridissimus Brid.
Hedwigidium imberbe B. S.
Grimmia leucophæaGrev.
Barbula latifolia Br.
— lævipila Brid.
Trichostomum convolutum Brid.
— crispulum Bruch.
Didymodon luridus H.
Anacalypta Starkeana B. S.
— cæspitosaB. S.
Pottia Heimii B. S.
Dicranum spurium Hedw.
— Schreberi Hedw.
Weisia cirrata Hedw
Gymnostomum tenue Schrad.
— squarrosum Wils.
— rostellatum N. Boul.
Archidium alternifolium Sch.
Phascum alternifolium Dicks.
— rectum Sm.
— triquetrum Br. Spr.
Physcomitrella recurvifolia Sch.
Ephemerum stenophyllum Sch.
— cohærens Hampe.
A cette longue liste d’espèces propres surtout à la plaine d’Alsace et aux
collines des Vosges inférieures, nous ne pouvons opposer, pour le Jura, que
188
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Barbala paludosa Scliwgr. et B. membraui folia. Mais il est tout à fait pro¬
bable que l’exploration des plaines de la Bresse amènera la découverte d’une
foule de Mousses intéressantes qui seront à porter au compte du Jura infé¬
rieur.
Dans la rédaction des listes qui précèdent, nous avons négligé 71 espèces
universellement répandues, se trouvant à la fois dans les plaines et les hautes
montagnes.
Nous citerons enfin, comme appendice, les espèces caractéristiques des
tourbières des Vosges et du haut Jura; leur station semble les rendre indé¬
pendantes de l’altitude :
Hypnum stramineum Dicks.
— giganteum Sch.
— revolvens Sch.
— nitens Schreb.
Polytrichum strictum Menz.
— gracile Menz.
Aulacomnium palustre Schwgr.
Meesia longiseta Hedw.
Splachnum ampullaceum L.
Campylopus torfaceus B. S.
Dicranum cerviculatum Hedw.
— palustre La Pyl.
— Schraderi Schwgr.
I es tourbières du haut Jura nourrissent de plus les espèces suivantes, qui
ne se trouvent pas dans celles des Vosges :
Hypnum scorpioides L. j Meesia tristicha B. S.
— lycopodioides Schwgr.
[La suite à la 'prochaine séance.)
M. A. Gris annonce qu’il a trouvé dans les collections de M. Ba-
lansa une nouvelle espèce de Libocedrus dont il présente la des¬
cription ; il est entendu que cette description figurera au compte
rendu de la dernière séance, avec celle des autres Conifères néo-
calédoniennes (voyez plus haut, pp. 139-140).
M. Gris fait ensuite à la Société la communication suivante :
NOTE SUR LE NOUVEAU GENRE GARNIERIA , DE LA FAMILLE DES PROTÉACÉES,
par 1111. Adolphe JSItOft&MART et Arthur &IMS.
Dans notre deuxième notice sur les Protéacées néo-calédoniennes, nous
avions cru pouvoir rapporter au genre < ienarrhenes , sous le nom de C. spathu -
lœ folia (voyez le Bulletin, t. XII [Séances], p. 41), une espèce envoyée par
M. Vieillard sous le n° 1120. Cette espèce était représentée par un échantillon
unique dont les inflorescences n’oiïraieni plus que des réceptacles floraux ré¬
guliers munis de quatre glandes à la façon des Cenarrhenes et qu’accom¬
pagnait un seul fruit qu’il eût fallu sacrifier entièrement pour en faire
l’élude.
SÉANCE DU 58 JUILLET 1871.
189
Les échantillons de la même plante se trouvent dans un récent envoi de
M. Balansa et dans la collection de M. Pancher. Ils portent des fleurs passées
et des fruits mûrs.
L’examen des ovaires déjà accrus et des fruits nous conduit à reconnaître
que cette espèce n’appartient pas au genre Cenarrhenes , mais devient le type
d’un genre nouveau que nous dédions à M. Garnier, ingénieur, qui a publié
un livre intéressant sur la Nouvelle-Calédonie.
Dans ce genre, l’ovaire est uniloculaire et renferme 6 ou 7 ovules ortho¬
tropes disposés sur deux rangs, alternes, horizontaux ou un peu inclinés.
Le fruit est une véritable noix. Il est muni d’un mésocarpe ferme et co¬
riace. Sous cette écorce est un noyau très-dur, épais, dont la surface externe
est creusée de nombreuses et profondes anfractuosités. Par suite d’un dévelop¬
pement excessif du tissu ligneux de l’endocarpe, il offre 6 ou 7 petites
logettes superposées qui renferment chacune une seule graine; cette graine
est attachée à un funicule horizontal et se prolonge à l’extrémité opposée en
une languette ou aile micropylaire ; le funicule et l’aile sont engagés dans des
intervalles très-étroits de la substance ligneuse du noyau. Elle contient un
embryon droit, à radicule courte et conique et à cotylédons obovales, charnus,
plans en dedans et convexes en dehors.
Garnieria spathülæfolia.
Frutex ramosus, 2-3 metr. altus, ramis teretibus, foiiorum delapsorum
cicatricibus notatis, cortice sulcato albescente glabro, ramulis novellis ferru-
gineo-velutinis.
Folia approximata, adscendentia, glaberrima, plus minusve nigrescentia,
coriacea, alterna, 7-14 cent. Ionga, infra apicem 2 | cent, lata, in ramulis
novellis inæquilonga, spalhulata, apice rotundato integra vel subemarginata,
basi sensim attenuata et in petiolum brevem desinentia, nervo medio ner-
visque secundariis adscendentibus dichotome ramosis, parum conspicuis,
utrinque punctulis albis creberrime conspersa.
Racerai brèves, 1 f-2 cent, longi, floribus destituti, ovaria persistentia plus
minusve evoluta vel sterilia bine illinc foventes, adscendentes, erecti vel in-
curvato-contorti, angulati, lomento ferrugineo brevi velutino induti, bracteis
alternis axillantibus 5-6 crassis, subglabris, inferioribus triangularibus, dorso
carinatis, basi amplectente auriculatis, apice obtusiusculis, aliis ovatis reflexis,
sub fructu persistentibus.
Receptaculci subsessilia, basi oblique decurrentia, regularia, rotundata,
extus ferrugineo- velulina.
Sepala...
Starnina . . .
Discus ambitu circulari brevi; squamis 4, triangularibus, subulatis, erectis,
minutis.
190
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FBANCE.
Ouariuvi oblongo-ovoideum, paulo compressuni, basi breviter angustatum,
ex uno latere inedio paulo gibbosum longitudinaliterque sulcatum, in stÿlutn
brevem apice stigmatifero truncatum attenuatum, glabrum. Ovula 6-7, pla-
centæ parietali funiculo compresso, vittato, biseriatim alternatimque inserta,
horizontalia vel paulo declivia, orthotropa.
Fructus plerumque 3 cent, longus, 2 f cent, latus, erectus, ellipsoideus,
lateraliter compressas, antice posticeque carinatus, stylo infra apicein mucro-
natus, lateribus convexis, irregulariter torulosis; epicarpio extus glabro, sul-
cato, plus minusve pruinoso; mesocarpio carnoso, coriaceo; endocarpio nu-
cleum crassissimum lignosum efïbrmante extus anfractibus numerosis irregu-
laribus ruminatum, loculis 6-7 superpositis oblique transversis, \ | cent,
longis, medio tantum ellipsoideo dilatatis, inde in substantia lignosa augustis-
sime prolatis excavatum.
Semina sæpe sterilia, ovoidea, funiculo elongato fdiformi appensa, in alam
micropylarem planam subulatam, basi 3 mill. latam, 5 mill. longam expansa ;
integumento exteriore subcrustaceo fragili, interiore membranaceo; albumine
nullo; embryone recto, radicula cuneata brevissima, cotyledonibus obovatis
intus planis, dorso convexis.
Cenarrhenes spathulœ folia Ad. Br. et A. Gris, in Ann. sc. nat. 5e sér.
t. III; et in Bull. Soc. bot. t. XII.
Habitat in montibus prope Kanala (Vieillard, n° 1120); in collibus ferrugi-
neis sinus Prony dicti (Pancher; Balansa, n° 177) ; ad basim montis Hum -
boldt (Balansa, n° 2291).
Lecture est donnée des communications suivantes, adressées à la
Société :
UNE HERBORISATION DANS LA CAMPINE LIMBOURÇEOISE, par II. WlïSSOI
(Lille, 25 juillet 1871.)
Il y a quelques jours, j’ai pu réaliser un ancien projet et aller voir sur
place une grande partie des raretés que, depuis une dizaine d’années, les bo¬
tanistes belges ont signalées dans les landes et les étangs de la Campine lim-
bourgeoise. Pressé par le temps, je 11e pouvais disposer que d’une seule jour¬
née; si cependant il m’a été permis de récolter la plupart des espèces indiquées
dans la région, je le dois à l’excessive et gracieuse obligeance de M. Armand
Thielens (de Tirlemont), qui a bien voulu me servir de guide dans un pays
qu’il a souvent parcouru et qu’il connaît à fond. Qu’il me soit permis de lui
témoigner ici toute ma reconnaissance de son aimable accueil.
Toutes les plantes que j’ai vues, à très-peu près, se trouvent indiquées soit
dans le Manuel de la flore de Belgique de M. F. Crépin, soit dans le Bulletin
de la Société royale de botanique de Belgique, et surtout dans le quatrième
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871.
191
volume de ce Bulletin (1865), où M. l’abbé Vandenborn a publié une florule
de celte partie de la Campine, et où M. A. Thielens a donné le compte rendu
de l’herborisation générale de la Société dans cette même région, compte
rendu qui nous a fourni de précieux renseignements.
Mon seul but aujourd’hui est de faire connaître à la Société botanique de
France combien cette riche herborisation est facile à faire; puissé-je être
assez heureux pour inspirer à quelques-uns de ses membres le désir de par¬
courir une région si curieuse et si voisine de nos frontières !
Partis de Hasselt, chef-lieu du Limbourg belge, le 8 juillet au matin,
nous traversons rapidement les jardins et les riches cultures qui entourent la
ville et s’étendent chaque jour. Après quelques kilomètres, la lande commence
et la route traverse de vastes bruyères entrecoupées de marais ou plantées de
sapins. Arrivés à la hauteur des étangs de Genk, nous descendons de voiture;
c’est là que commence une série d’une vingtaine d’étangs plus ou moins ma¬
récageux, à fond sablonneux et généralement peu profonds (50 cent, à 1 m.
cl’eau) ; ces étangs s’étendent jusqu’aux environs de Diepenbeek et communi¬
quent entre eux par le ruisseau de Kaesbeek.
La bruyère que nous traversons nous offre, selon que le terrain est sec ou
marécageux :
Erica Tetralix (très-ab.).
Narthecium ossifragum (ab.).
Rhynchospora fusca.
Drosera rotundifolia.
— intermedia.
Lycopodium inundatum.
Carex Goodenovii.
— QEderi.
— panicea.
Juncus supinus.
— squarrosus.
— lamprocarpus.
Plus loin, au bord des étangs et
Viola palustris.
Myrica Gale (ab.).
Deschampsia discolor (ab.).
Galium palustre.
— uliginosum.
Cirsium palustre.
QEnanthe Phellandrium.
Heleocharis palustris.
— multicaulis.
Lemna minor.
Ranunculus Flammula.
Rhynchospora alba.
Bientôt arrivés au grand étang où M
1862, le rare Isoëtes echinospora DR.,
Alopecurus fulvus.
Stellaria uliginosa.
Pedicularis silvatica.
Calluna vulgaris.
Corynephorus canescens.
Nardus stricta.
Scleranthus perennis.
Genista pilosa.
Sagina apetala.
Thymus Serpyllum var. angustifolius.
Potentilla silvestris Neck. (P. Tormentilla
Mœnch).
les marais ;
Hottonia palustris.
Caltha palustris.
Sparganium ramosum.
Helodes palustris.
Spiræa Ulmaria.
Peucedanum palustre.
Salix repens.
— aurita.
Comarum palustre.
Menianthes trifoliata.
Hydrocolyle vulgaris.
L’abbé Vandenborn a découvert, en
nous entrons résolûment dans l’eau.
102
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Hélas ! malgré plusieurs heures de recherches attentives, et dans cet étang, et
dans plusieurs autres où la plante a été vue également dans ces dernières
années, nous avons le regret de 11e pas en trouver un seul pied ; tout ce
que nous ramenons à la surface est du Littorella lacustris stérile, du Su-
bularia aquatica en magnifique état, ou des rosettes de Lobelia Dortmanna. Et
cependant, me dit M. Thielens, Y lsoëtes echinospora y était abondant les
années précédentes; en 1870 encore, il fy avait revu et récolté.
Comme compensation, nous faisons bonne provision de Lobelia Dort¬
manna, extrêmement abondant dans presque tous les étangs que j’ai vus,
et de Subularia aquatica. Partout ces étangs nous offrent en outre :
Nymphæa alba.
Nuphar luteum.
Polygonum amphibium.
Scirpus lacustris.
— fluitans.
Alisma natans.
Deux étangs voisins ont été mis à s
récoltons :
Subularia aquatica (1).
Helosciadium inundatum.
Alisma ranunculoides.
Cicendia filiformis.
Elatine hexandra.
Juncus bufonius.
— Tenageia.
L’heure s’avance, et il nous faut s(
nous sommes assez éloignés; en route
de la lande :
Potamogeton natans.
— polygonifolius.
Callitriche hamulata.
Sagittaria sagittifolia (forme très-remarqua¬
ble par l’étroitesse de ses feuilles).
au printemps ; nous les visitons et y
Peplis Portula.
Epilobium palustre.
Veronica scutellata et var. pubescens.
Littorella lacustris.
Sagittaria sagittifolia.
Scirpus acicularis.
Alopecurus fulvus.
*er à gagner le village de Genk, dont
nous prenons dans les lieux sablonneux
Ilex Aquifolium.
Juniperus communis.
Carex arenaria.
Genista anglica.
— pilosa.
Aux bords d’un étang tourbeux :
Cicuta virosa.
Oxycoccos palustris.
Andromeda polifolia.
Vaccinium Myrtillus.
Helodes palustris.
Spergularia rubra.
Hypochœris glabra.
Danthonia decumbens.
Scleranthus perennis.
Peucedanum palustre.
Equisetum limosum.
— hiemale.
Viola palustris.
(1) Tous les auteurs que je puis consumer disent du Subularia aquatica : « plante crois¬
sant sous l’eau ». Et cependant, de même que beaucoup de plantes aquatiques (les Ba -
trachium, Y Helosciadium inundatum, etc.), le Subularia vit et se développe parfaite¬
ment lorsque l’étang où il se trouve a été mis à sec. Mais alors il prend un aspect tout
particulier; et il me semble intéressant de signaler ce fait et utile de faire pour cette
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871.
193
Et dans les prairies ou fossés, près du village :
Ranunculus aquatilis var. peltatus.
Leersia oryzoides.
Lychnis Flos-cuculi.
Scutellaria galericulata.
Stellaria glauca.
Valeriana oflîcinalis.
Galium palustre.
Myosotis repens.
— eæspitosa.
Il est midi et demi quand nous arrivons à l’auberge de Genk ; nous herbo¬
risons depuis six heures du matin et avons grand besoin de prendre un peu
de repos. Vers deux heures, nous allons visiter une colline sablonneuse plantée
de sapins, située à un kilomètre de Genk. Dans les rues du village, nous
trouvons Cheno podium Vulvaria (rare en Campine), et dans les champs :
Arnoseris minima.
Sagina procumbens.
Teesdalia nudicaulis.
Galeopsis villosa Huds.
Viola tricolor (forme à fleurs très-grandes',.
Plus loin, dans une clairière, se trouve en petite quantité la plante que nous
étions venu chercher, l 'Erica cinerea , une des raretés de la flore belge;
outre cette localité et celle de Lanaeken qui n’en est pas éloignée, Y Erica
cinerea n’est plus connu qu’en deux points de la Flandre occidentale depuis
que les défrichements l’ont fait disparaître d’Aerschot (Brabant). Revenant
ensuite sur nos pas, nous ne trouvons rien de remarquable jusqu’à Camerloo;
entre ce village et Diepenbeek, nous récoltons au bord de la roule et dans les
fossés :
Illecebrum verticillatum. Alisma natans.
Euphrasia nemorosa. — repens Cav.
Plus loin, nous quittons la roule et, prenant sur la droite, nous allons visi¬
ter un nouvel étang qui nous offre en abondance :
Myriophyllum alterniflorum. Isnardia palustris.
Ilelosciadium inundatum. Alisma natans.
Un autre étang voisin nous donnerait C ail a palustris et Char a coronata;
mais l’heure nous presse et nous devons renoncer à le visiter pour gagner au
plus vite la station de Diepenbeek. En route, nous voyons dans une sapi¬
nière le bel Osmunda regalis , et dans les champs sablonneux, les fossés et
les haies :
Oxalis stricta.
Epilobium Lamyi.
Spergula arvensis.
Senecio silvaticus.
forme du Subularia aqualica ce qu’on a fait pour les Batrachium, en signalant une variété
terrestris , ainsi caractérisée : Plante plus petite, d’un vert foncé, se développant souvent
en gazon, à feuilles très-courtes, étalées sur le sol, à pédoncules généralement plus longs
que les feuilles, redressés.
T. XVIII.
Cirsium arvense.
— lanceolatum.
Ægopodium Podagraria.
(séances) \ 3
194 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Enfin nous terminons cette belle herborisation en cueillant dans les haies
du village Leonurus Cardiaca et Sisymbrium Sophia, et à huit heures et
demie du soir nous rentrons à Tirlemont, que nous avions quitté la veille vers
la même heure.
LETTRE DE SI. Ch. ROYER A M. DUCHARTRE.
Saint-Remy près Montbard, 23 juillet 1871.
...Dans la note que vous avez ajoutée au procès-verbal de la séance du
11 août 1870 de la Société d’horticulture, vous signalez un fait d’un grand
intérêt, la variation d’orientation du fruit du Pêcher. Permettez-moi de
vous exposer quelques observations en rapport avec une telle particula¬
rité :
J’ai trouvé, sur 30 calices d 'Helleborus fœtidus , *21 préfloraisons imbrica-
tives et 2 quinconciales ;
Sur 8 calices de Calthapalustris , 6 imbricatives et 2 quinconciales;
Sur 2 calices de Ranunculus bulbosus , une imbricative et une quincon-
ciale;
Sur U corolles de Ranunculus repens , 3 imbricatives et une quincon-
ciale ;
Sur 8 corolles de Cardamine pratensis , 7 imbricatives et une con¬
tournée ;
Sur 8 corolles de Cheiranthus Chem , 6 imbricatives et deux contournées.
La même espèce peut donc présenter plus d’une sorte de préfloraison. En
outre, l’orientation est très-variable pour la même préfloraison : ainsi, dans
l’imbricative, on a, chez Y Helleborus et le Caltha, tantôt la pièce interne
contiguë à l’externe; tantôt, au contraire, elle en est séparée par une pièce
externe-interne ; et, chez le Cheiranthus Cheiri comme chez le Cardamine
pratensis , la pièce interne est tantôt à droite, tantôt à gauche de l’externe, tan¬
tôt enfin elle lui est opposée. N’y aurait-il donc rien de bien fixe dans la pré¬
floraison, laquelle devrait ainsi perdre beaucoup de sa valeur dans la diagnose
des familles et des genres? Enfin, Monsieur, ces faits ne vous semblent-ils pas
fournir un argument assez grave contre la doctrine de la métamorphose,
puisque le cycle foliaire ne se trouve plus observé dans le verticille floral?
A propos de sève, j’ai remarqué, en écussonnant, par ces jours de grande
chaleur, un Abricotier sur un Prunier, que l’écorce du côté sud de la tige du
sujet manquait de sève et ne pouvait se soulever, tandis qu’au côté nord
l’opération a pu se faire dans de bonnes conditions. A ce moment, la couche
génératrice de ce Prunier était donc inerte au côté sud, et le côté nord pre¬
nait seul de l’accroissement ; ce qui, du reste, concorde avec les inégalités
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871. 195
d’épaisseur que chaque zone ligneuse annuelle offre généralement quand on
pratique sur un tronc une coupe transversale (1).
M. Alfred Chabert fait à la Société la communication suivante :
NOTES SUR QUELQUES PLANTES DES ENVIRONS DE FONTAINEBLEAU,
par II. Alfred CHABEÜT.
Fréquemment explorée par les botanistes parisiens, la forêt de Fontaine¬
bleau ne leur a pas encore dévoilé toutes ses richesses. Les recherches que
jours, j’ai pu y recueillir une plante qui n’y avait pas été signalée, le Galan-
thus nivalis L., une Violette décrite par MM. Cosson et Germain de Saint-
Pierre dans la première édition de leur Flore des environs de Paris , mais
tout à fait négligée par eux dans la seconde, et plus tard une Euphorbe oubliée
depuis Thuillier, un Helianthemnm umbellatum à Heurs rouges, une variété
du Potentilla splendens , dont les libres radicales renflées rappellent celles
du Spirœa Filipendida, etc. J’ai soumis à l’examen de M. Cosson les plantes
qui me paraissaient devoir attirer l’attention des botanistes, et c'est aidé des
conseils de notre savant confrère que je publie cette note aujourd’hui. Je
saisis cette occasion de remercier M. Cosson de l’extrême obligeance avec
laquelle il m’a permis de faire des études dans sa bibliothèque et dans son
magnifique herbier.
Parmi les plantes énumérées plus bas, les unes, plus ou moins rares pour la
flore parisienne, sont citées à cause des localités nouvelles où je les ai recueil¬
lies, les autres pour leurs variétés non décrites encore. Des échantillons de
chacune ont été déposés dans l’herbier de M. Cosson ; je fais hommage à la
Société botanique d’un fascicule où elles sont toutes représentées en bons
(1) Note du Secrétaire général. — L3 publication de cette lettre de M. Ch. Royer nous
fournit l’occasion de faire connaître, avec un sentiment de sincère regret, une faute
d’impression que nous avons laissée passer dans une précédente communication de notre
savant confrère, auquel l’investissement de Paris ne nous avait pas permis d’en soumettre
une épreuve. M. Royer a bien voulu nous signaler cette faute sans exprimer son légi¬
time mécontentement, quoiqu’elle ait dû le contrarier aussi vivement qu’elle nous con¬
trarie nous-même. Il ne s’agit point en effet d’une vulgaire coquille, que tout lecteur
intelligent est capable de rectifier lui-même, mais de la malencontreuse interpolation
d’une particule qui altère complètement l’expression de la pensée de l’écrivain.
Tome XVII du Bulletin, page 252, ligne 21 : supprimez la particule NE, et lisez : a Je
» pense aussi que les ovules naissent toujours d’un point axile, et que dans beaucoup de
» placentations pariétales on peut invoquer des partitions et digitations de l’axe floral. »
Nous n’invoquerons en notre faveur qu’une seule circonstance atténuante. Le timbre
mobile, dont notre imprimerie frappe toutes les épreuves qui sortent de ses ateliers, porte
sur la feuille 17 (qui contient laf'aute), cette date de lugubre mémoire : 20 janvier 1871.
Or alors, depuis quinze nuits et quinze jours consécutifs, l’armée allemande bombardait
à cœur joie la rive gauche delà Seine, et les correcteurs, bloqués et bombardés dans le
Prè-aux-Clercs et le Pnys-latin , ne sont pas tout à fait indignes de quelque indulgence.
I
196 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
exemplaires. Il sera donc facile aux botanistes parisiens de contrôler la valeur
de mes observations.
Ranuncuhis éripartitu» DC. — Mares de Bcllecroix ; mares voisines de
la croix du Grand-Veneur; mares voisines de la Butte-à-Gay.
r. hoioiciscos Lloyd. — Mares voisines de la Butte-à-Gay.
MM. Cossonet Germain de Saint-Pierre, FL par: éd. 2, p. 12, indiquent
les mois de mai à juillet comme époque de la floraison de ces deux espèces.
Pourtant le R. tripartitus est bien plus précoce que le R. hololeucos : le 2
avril il était en pleine fleur, tandis que le R. hololeucos n’a fleuri qu’un mois
plus tard.
r. confusus Godr. — Remplit une des mares de Bellecroix.
r . ( aqucitili L. proximus). — Mare-aux-Fées.
Ce Ranunculus, voisin du R. aquatilisL. (dont il n’est qu’une variété pour
M. Cosson), en diffère par le style très-court, presque nul, les carpelles peu
apiculés et plus souvent mutiques; les feuilles moyennes et inférieures pétio -
lées, divisées en lanières courtes, roules, divariquées en tous sens et ne se
réunissant pas en pinceau hors de l’eau. Il s’éloigne du R. trichophyllus
Chaix par ses feuilles supérieures nageantes suborbiculaires, ses étamines
nombreuses, ses grandes fleurs, son style et ses carpelles.
3,ychnis Viscaria L. — Rochers de Samoreau.
Arenaria triflor» L. [A. grandiflora var. triflora Coss. et G. de Sl-P.).
— Mont-Merle.
Sficiiantliemum nniheiiafam Mill. var. rubriflorum Nob. — Floribus
rubris, minoribus, seminibusque minoribus. — Mont-Merle.
Tous les botanistes décrivent les fleurs de VH. umhellatum comme blanches,
sauf De Candolle (Prodr.), qui les dit blanches ou d’un blanc jaunâtre. La
plupart des auteurs, tels que MM. Grenier et Godron [Fl. Fr. t. I, p. 160),
MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre (Fl. par. éd. 2, p. 136), etc., indi¬
quent même la couleur blanche des pétales comme caractère distinctif de l’espèce.
Or, dans la localité citée jadis par Tournefort : « sur les buttes du Mont-
Merle », se trouve, pêle-mêle avec le type et assez rare, une variété à fleurs
rouges d’un tiers ou de moitié plus petites et à graines un peu moins grosses.
Aida arenicoia Nob. — V. arenaria botan. par. non DC. — V. sil-
vestris Lmk, var. arenicola Coss. mss. — V. silvestris Lmk, s.-v, pumila
Coss. et G. de St-P. [FL par. éd. 1, p. 111).
Radice longa , crassa , non stoloni fera, cæspitosa, vestigiis petiolorum emar-
cidorum longe et dense squamosa ; caulibus floriferis 2-6 (rarius 8) centim.
longis, adscendentibus, simplicibus, glabris; foliis parvis, glabris, basi cordatis,
ovatis vel subreniformibus, obtusis, crenatis, radicalibus in rosulam centralem
sterilem persistentem disposilis; stipulis lanceolatis vel lanceolato-linearibus
acutis, inferioribus inciso-dentatis petiolo pluries brevioribus, superioribus in-
tegris petiolum œquantibus vel longioribus ; ï\ oribus parvis, petalis violaceis,
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871.
197
albo-lilacinis vel albis, inferiore emarginalo, calcare albo vol albo-lilacino,
apice incurvato obtuso non canaliculato, appendicibus calycis 3-4-plo lon-
giore; sepalis lanceolato-linearibus acuminatis, margine auguste scariosis,
appendicibus brevibus capsulam ovato-oblongam acutam circumvallantibus. —
Perennis. — Fl. a desinente Martio ad ineuntem Maium. — Hab. in arena
mobili locorum apricorum : Mail de Henri IV, Mont- Merle, Hautes-
Plaines.
Cette espèce diffère donc du Viola silvestris Lmk; Koch Syn. ed. 2, p. 91 ;
Coss. et G. de St-P. Flor. par. éd. 2, p. 139 ( V . silvatica Fries; Gr. et
Godr. Fl. Fr. t. I, p. 178) et, par conséquent, des deux formes distin¬
guées par M. Jordan ( V. Riviniana Rchb. et V. Reichenbachiana Jord.) :
1° par sa racine pivotante produisant une ou plusieurs souches épaisses et
longuement écailleuses sur une longueur de 1 à 5 centimètres par les débris
persistants des pétioles des anciennes feuilles; 2° par la persistance , pendant
et après la floraison, de la rosette formée par les feuilles radicales, tandis que
dans les diverses formes du V. silvestris la rosette se détruit ordinairement
pendant la floraison et est remplacée bien plus tard par de nouvelles feuilles;
3° par la petitesse constante de sa taille, de ses fleurs et de ses feuilles, ses tiges
non rameuses et hautes de 2 à 6 (rarement 8) centimètres; V par ses feuilles
obtuses , glabres, d’un vert sombre en dessus, d’un vert rougeâtre ou lie de
vin et fortement veinées en dessous, par les nervures rougeâtres; 5° par les
stipules inférieures incisées-dentées et non ciliées-fimbriées, et surtout par
les supérieures entières égalant le pétiole ou plus longues; 6° par le pétale
inférieur échancré ; 7° par le port et l’aspect sombre et noirâtre de la plante
vivante.
Le V. nemoralis Jord. , à rhizomes grêles rampants, à capsule obtuse, etc. ,
est très-différent.
Le rhizome, l’absence d’une rosette centrale de feuilles radicales, la forme
des feuilles, des fleurs et de la capsule, distinguent le V. canina L. auquel
Mérat [Revue de la Flore parisienne) paraît avoir rapporté notre plante comme
variété.
Le V. arenicola a plus de rapport avec le V. arenaria DC. pour lequel il a
été pris par plusieurs botanistes parisiens, et avec le V. rupestris Schm. ;
Bor. Fl. centre, è d. 3, p. 78. Semblable à eux par ses feuilles et son faciès, on
l’en distingue facilement par sa souche allongée, écailleuse, par ses sépales
lancéolés-linéaires et non pas oblongs-lancéoîés ou ovales-lancéolés, par la
forme et la longueur relative de ses stipules, etc. Ajoutons que le V. arenaria
a les fleurs bleues.
Dans la première édition de leur Flore des environs de Paris , MM. Cosson
et G. de Saint-Pierre admettent un V. silvestris s.-v. pumila , qu’ils décrivent
ainsi: « Tiges de 2-4 centimètres; feuilles très-petites, souvent à peine acuminées;
fleurs petites. » Les échantillons conservés sous ce nom dans l’herbier de Paris
198
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
de M. Cosson se rapportent à notre F. cirenicolci. Mais, dans la deuxième édi¬
tion, ils passent cette sous-variété complètement sous silence; bien plus, la des¬
cription qu’ils donnent du F. silvestris exclut notre plante, dont les tiges ne sont
ni rameuses ni hautes de 1-3 décimètres, qui n’a ni les feuilles acuminées, ni
toutes les stipules plus courtes que le pétiole, etc. Aujourd’hui M. Cosson, restant
convaincu que les caractères de notre Violette sont des modifications dues à
l’influence du sol et de la station, la rapporte toujours au F. silvestris comme
variété et la nomme F. silvestris var. arenicola ; l’épithète de pumila a été
abandonnée pour éviter la confusion avec la variété pumila du F. canina .
Pour moi, qui n’ai jamais pu trouver d’intermédiaire qui la reliât au F. sil-
vestrisy fort abondant dans les bois et les taillis des mêmes localités, je crois
que ses caractères sont amplement suffisants pour l’élever au rang d’espèce,
d’accord en cela avec les botanistes parisiens qui l’ont distinguée en la nom¬
mant par erreur F. arenaria, et je propose de l’appeler Viola arenicola. Elle
se place entre le F. arenaria DC. et le F. silvestris Lmk, particulièrement
la forme nommée par M. Jordan F. Rcichenbachiana.
Potcntilia spîendens Fvam. var. (il ipendula JNob. — Dans les clairières
voisines de la croix de Saint-Hérem et de la Mare-aux-Bœufs croît, mélangée
avec le type, une variété dont la souche et les rhizomes émettent c'a et là des
libres radicales pins ou moins renflées, fusiformes, descendant verticalement
et offrant quelque analogie avec celles du Spirœa Filipendula L. Ces fibres
renflées sont ligneuses et se terminent brusquement par une ou deux fibrilles
très-fines et plusieurs fois ramifiées.
Sorbus latifolia Pers. — Rochers de Samoreau.
Primula grandiffiora Lmk. — Bois des Bécassières près de la Mare-aux-
Évées.
Ter on* ca spicata L. — Une variété à tige moins élancée, à feuilles plus
larges, à épi plus épais, a été trouvée en pleine fleur par M. Matignon et
moi, le 3 mai auprès de la Mare-aux-Évées, et le 12 mai dans les prairies
humides de Morel. Très-distincte, par son port, sa station et l’époque de sa
floraison, du Veronica spicata qui fleurit en juillet dans les bois sablonneux
et les bruyères de la forêt de Fontainebleau, celte variété ressemble beaucoup
à la forme qui croît en août et septembre sur les coteaux secs des environs de
Chambéry.
EopSaorbia Geranüana Jacq. — Ses feuilles ont pour caractère d’être
linéaires, linéaires-lancéolées ou obiongues et très-entières. Les auteurs des
Flores des environs de Paris, Thuillier (qui le prenait pour VE. Esula ),
Mérat, MM. Cosson et G. de Saint-Pierre, n’en indiquent aucune variété.
J’en ai pourtant recueilli deux fort distinctes et croissant mélangées dans une
localité de peu d’étendue : le Mont-Merle.
Les nombreux intermédiaires qui relient ces variétés l’une à l’autre et avec
le type démontrent le peu de fixité de leurs caractères, et ne permettent pas
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871
199
de songer à leur donner une valeur diagnostique. C’est en vain que j’ai par¬
couru à plusieurs reprises les localités classiques de 1 ' E. Gerardiana à
Champigny et à Saint- Maur, où il abonde : là, l’espèce est fixe et ne m’a
présenté aucune modification. Quelle est la cause de sa variabilité extraordi¬
naire dans un espace aussi restreint que le Mont-Merle ? Je ne saurais le dire,
me bornant à rappeler que j’ai déjà observé un phénomène analogue chez
d’autres plantes, notamment chez certains Iiieracium , dans les montagnes
de Gap, chez un Biscutella , dans les environs de Nîmes, etc.
E. Gerardiana var. dentata Nob. — Foliis superioribus argute dentatis.
— - Feuilles supérieures lancéolées ou oblongues, dentées dans leur moitié
supérieure par des dents acuminées au nombre de 3-6 sur chaque bord et
dirigées en haut.
E. Gerardiana var. multicaulis Nob. — E. multicaulis Thuill. Fl.
par . éd. 2, p. 238. — Foliis superioribus brevibus , ovatis fere trapezoideis ;
foliolis involucri brevibus ovatis.
Dans sa Flore de Paris , Thuillier distingue de YE. Gerardiana , qu’il
nomme E. Esula , un E. multicaulis dont je reproduis la description : « Ex
radice perenni crassaque multicaulis, glaberrima ; caulibus decumbentibus, sim-
plicissimis ; foliis glaucis, lævigatis, obscure sub-5-nerviis ; inferioribus oblon-
gis, superioribus ovalibus : umbella regulari, multiradiata 5 radiislongiusculis,
apice trifloris; involucris suborbiculatis, involucellis reniformibus. — Hab.
in locis glareosis ; flores pallido-lutei . Junio. — Se trouve sur les montagnes,
à Orsay. »
A YE. Gerardiana ( E . Esula Thuill.), il donne pour caractères : « Rarnis
sterilibus, foliis uniformibus, etc. »
La plante d’Orsay m’est inconnue; mais je n’hésite pas à rapporter à
YE. multicaulis Thuill. celte forme qui cadre si bien avec la description de
l’auteur et dont l’aspect est si différent, dès le premier coup d’œil, de celui
de YE. Gerardiana par ses feuilles supérieures très -courtes ovales, et sou¬
vent presque trapézoïdes, par ses folioles de l’involucre ovales presque
arrondies.
Sur le vif, le port et l’aspect des deux plantes sont les mêmes; elles crois¬
sent ensemble; les touffes de YE. multicaulis sont, en général, plus fournies,
les tiges plus nombreuses que celles de YE. Gerardiana ; mais cela n’est pas
constant. Quant aux tiges, très-simples dans le premier, à rameaux stériles
dans le second (ramis sterilibus Thuill.), tous les botanistes parisiens qui
ont si fréquemment l’occasion d’observer YE. Gerardiana savent combien il
est rare de le trouver rameux.
Le caractère tiré des tiges simples n’a donc pas de valeur diagnostique. La
forme des feuilles 11e peut davantage suffire pour conserver l’espèce créée par
Thuillier, d’abord parce qu’011 trouve des intermédiaires établissant le pas¬
sage graduel de l’une à l’autre forme, puis parce que sur la même racine qui
200
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
émet des tiges florifères pourvues de feuilles de deux formes et à feuilles
supérieures courtes et ovales, il n’est pas rare d’observer une ou deux tiges
stériles chargées de feuilles toutes uniformes, linéaires ou linéaires-lancéolées.
Mon herbier renferme deux échantillons de cette nature.
M. Duby, Bot. gall. p. 415, MM. Grenier et Godron, Fl. Fr. t. III, p. 84,
décrivent un E. Gerardiana var. ininor , « plante naine, à tiges ascendantes,
pauciflores, chargées de feuilles plus courtes, oblongues (E. saxatilis Lois.,
DC. non Bieb.) ». Cette variété, particulière au mont Yentoux, diffère donc de
la variété multicaulis par sa taille, ses fleurs peu nombreuses et la forme de
ses feuilles.
Dans l’ E. Gerardiana var. multicaulis , les feuilles perdent en longueur
et gagnent en largeur à mesure qu’elles naissent plus haut sur la tige; dans
l’ E. Gerardiana type, les feuilles supérieures sont ordinairement conformes
aux inférieures ou sont un peu plus longues et plus larges. Cette dernière dis¬
position se montre très-accentuée chez quelques individus croissant au même
lieu et pour lesquels il me paraît inutile d’établir une nouvelle variété.
Bien que j’aie remarqué, dans les organes floraux de ces diverses variétés,
quelques légères différences, je crois superflu de les indiquer, car elles ne sont
guère constituées que par de simples nuances et sont encore bien moins fixes
que celles des feuilles. :
Juniperus communia L. var. squamis amenti non connatis. — Variété
h écailles du fruit non connées, mais seulement cohérentes 'a la base. Le fruit
n’a donc pas l’apparence d’une baie unique, mais celle de plusieurs petites
baies juxtaposées. Cette variété, due au développement incomplet du fruit, se
montre sur trois arbres très-âgés croissant séparément sur les rochers de
Franchart, au milieu d’autres Genévriers dont ils ne se distinguent par aucun
autre caractère.
SciUa bifoiia L. — Bois-Gautier, où l’avait déjà recueilli M. Matignon.
Gaianthus nivalîs L. — Plaine des Pins, le 25 mars ; bois au nord de
la Vallée-de-la-Solle, le 30 mars; assez rare dans ces deux localités.
Anacharis Aisinastrum Babingt. — Elodea canadensis mult. bot. gall.
non Mich. — Mare-aux-Fées, où il a été introduit (1).
Goodyera repens R. Brown. — M. Matignon et moi l’avons rencontré, le
10 juillet dernier, aussi abondant dans les bois de pins du versant nord du
rocher Bouligny et dans ceux de la plaine des Placereaux, qu’auprès du Mail
de Henri IY. Son extrême fréquence dans ces trois localités nous porte à croire
qu’il existe encore dans les stations analogues de la forêt : bois de pins ex¬
posés au nord. Le parasitisme du Goodyeru repens sur les détritus des pins
nous a été démontré d’une manière incontestable par l’examen d’un individu
(1) On peut le recueillir maintenant en fleur dans les fossés du bois de Vincennes, où
11 abonde et où son existence a été constatée pour la première fois en 4866 par mon ami
M. le docteur A. Warion.
201
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871.
dont la racine est fixée par son extrémilé sur un morceau de branche morte
de pin, absolument comme les fibres radicales des Orobanches le sont sur
les racines d’autres végétaux. Ce fait vient à l’appui des observations de M. de
Schœnefeld {Bull. Soc. bot. t. II, p. 594).
M. Cosson ajoute quelques observations sur les formes de YEu-
phorbia Gerardiana étudiées par M. Chabert et sur le Viola qu’il
propose d’élever au rang d’espèce. Pour lui, les variétés de YEit-
phorbia Gerardiana décrites par M. Chabert ne sont que des formes
accidentelles, tout à fait analogues à celles que présente YE. exigua
surtout dans la région méditerranéenne ; et le Viola arenicola ne
lui paraît être qu’une simple variété du V. silvestris , due à la
station.
M. Duchartre, à l’occasion du parasitisme du Goodyera repensy
indiqué par M. de Schœnefeld et confirmé par M. Chabert, pré¬
sente quelques observations, d’après les recherches de M. Aug.
Rivière, sur le parasitisme de certaines Orchidées.
M. Cosson donne quelques détails sur la belle collection des Orchi¬
dées européennes de la tribu des Ophrydées, recueillies pour la plu¬
part par Mgr le comte de Paris dans ses voyages, et cultivées avec
le plus grand succès, sous sa direction, dans le parc et les serres
de son habitation à Twickenham près Londres ; cette collection,
la plus complète qui existe, renferme presque toutes les espèces
et variétés d 'Orchis et d 'Ophrys connues en Europe.
M. l’abbé Chaboisseau fait à la Société la communication sui¬
vante :
NOTES SUR QUELQUES OUVRAGES RARES OU CURIEUX RELATIFS A LA BOTANIQUE,
par 91. l’abbé CHABOISSEAU.
Le projet que j’avais formé de contribuer à l’histoire de la botanique en
donnant des notices bibliographiques un peu étendues, a dû subir par suite
des circonstances une suspension forcée. En attendant mieux, je vais me
borner à une tâche plus modeste, et signaler seulement les ouvrages de ma
bibliothèque qui semblent mériter une mention particulière. Plusieurs sont
indiqués comme rares dans le Thésaurus de M. Pritzel ; quelques-uns n’y
figurent pas, ou du moins je ne les y ai pas aperçus. Je réclame l’indulgence
pour ces notes prises à la hâte ; en un tel sujet, les erreurs sont faciles. En indi¬
quant que tel ouvrage n’est pas dans Pritzel, je ne prétends donc pas dire qu’il
y est omis, mais seulement que je ne l’y ai pas vu. Encore moins pourrais-je
202
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
prétendre que tous les ouvrages indiqués par moi aient assez d’importance
pour figurer dans une bibliographie générale. .l’appelle simplement Inattention
sur eux, sans les juger. Peut-être cette longue liste paraîtra-t-elle fastidieuse?
J’espère trouver une excuse suffisante dans la pensée même qui m’a fait les
réunir. L’histoire de la botanique 11e date pas plus de Linné que l’histoire de
France 11e date de 1789. Aussi, tout en rendant hommage aux modernes, j’ai
voulu m’entourer des anciens, qui sont les témoins fidèles de la tradition et
des progrès successivement accomplis. C’est cette assemblée vénérable que je
tiens surtout à présenter devant ceux qui profitent de leurs lumières et s’in¬
spirent de leurs laborieux efforts, dans la noble pensée de couronner l’édifice
scientifique dont leurs pères ont péniblement établi les bases.
Je suivrai naturellement l’ordre historique, de manière à présenter l’évolu¬
tion successive de la science depuis l’origine de l’imprimerie jusqu’à nous.
On peut établir quatre périodes :
1° Les incunables de la botanique. Quand il s’agit de l’imprimerie consi¬
dérée comme art, la période des incunables n’atteint pas le XVIe siècle, tant
furent rapides les progrès typographiques. Mais la science botanique est restée
dans le berceau jusqu’à Otto Brunfels, vers 1530.
2° La Renaissance. Le développement commencé par Otto Brunfels est
brillamment continué par Tragus, Fuchs, Mattioli, et trouve son couronne¬
ment dans les beaux travaux des frères Bauhin (vers 1623).
3° Le XVIIe siècle. « Postea res herbaria languit », dit Haller. I^e réveil se
fait, au commencement du XVIIIe siècle, par Tournefort et Vaillant, dignes
précurseurs de Linné.
4° 1a période moderne, de Linné à nos jours. Malgré l’importance de la
méthode naturelle de Jussieu, il n’est pas facile d’établir là une division
historique, parce que la classification linnéenne a persisté chez un grand
nombre d’auteurs très-recommandables. Et d’ailleurs la réforme capitale inau¬
gurée par Linné consiste dans l’application régulière de la nomenclature
binaire, entrevue seulement et incomplètement pratiquée par ses devanciers,
Première période. — Les incunables de la botanique.
1° Bartholomæns Anglicus de tilanvilla. — De PROPRIETATIBUS
rerum. — Le moine anglais frère Barthélémy de Glanwill écrivit en latin,
au commencement du XIVe siècle, un recueil dénotions sur l’histoire naturelle
et la médecine, recueil qui fut longtemps en honneur. — Ce livre, traduit en
français vers 1362, par Jehan Corbichon , chapelain du roi Charles V, a eu
plusieurs éditions tant latines que françaises. — Je possède les neuf éditions
latines qui suivent :
Édition sans titre (Hain, n° 2499 ; non mentionnée dans Pritzel), sans
lieu ni date. 1 vol. grand in-fol. de 218 ff. à 2 col. de 60 et 61 lignes ; d’après
Hain, imprimé à Bâle. (Provient de la bibliothèque de M. de Martius. )
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871.
203
Edition sans titre (le 1er feuillet signé A a ferait supposer que le titre
existe; cependant Hain ne l’a pas vu, n° 2500). Cette édition n'est pas dans
Pritzel. Impressus per Nioolauz pistoris de Benssheym et Marcum reinhardi
de Argenlina socios, 1680; petit in-folio de 320 II. à 2 col. de 68 et 69
lignes. (Biblioth. de Martius.)
Edition sans titre. (Hain, n° 2505; Pritzel, n°511). Nurenberge, 1683.
Petit in-folio de 206 ff. à 2 coi. de 53 lignes. (Biblioth. de Martius.)
Liber de proprietati | bus rerum Bartholo 1 mei anglici. — Argen¬
tine, 1685 (Hain, n° 2506; Pritzel, n°511). Petit in-fol. de 300 (f. à 2 col.
de 67 lignes. (Biblioth. de Martius.)
Proprietates rerum do|mini bartiiolomei anglici, 1688, sans lieu
(Hain, n° 2507; Pritzel, n° 511). Petit in-fol. de 326 ff. à 2 col. de 50 lignes.
(Bibl. de Martius.)
Liber de proprietatibq re | rü Bartiiolomei anglici. Argentine,
1691 (Hain, n° 2509; Pritzel, n° 511). Petit in-fol. de 257 ff. à 2 col. de
52 lignes. (Bibl. de Martius.)
Bartholomeus angli ] eus de Proprietatib9 | rerum. Nurenberge,
1692 (Hain, n° 2510; Pritzel, n° 511). Petit in-fol. de 199 ff. à 2 col. de
61 lignes. (Bibl. de Martius.)
Liber de proprietatibus | re^ Bartholomei angli | ci Ordinis Mi-
no^. Argentine, 1505 (Pritzel, n° 511). Petit in-fol. de 252 ff. à 2 col. de
52 lignes. (Bibl. de Martius.)
Bartholomæi Anglici de genuinis rerum cælestium, terrestrium
etinferarum proprietatibus, libri xviïi. Francofurti, 1601. 1 vol. in-8°de
1261 pages chiffrées, sans compter la préf. et Pindex. N'est pas dans Pritzel .
2° SPetrus de Crescentiis, de Bologne, né en 1230, a écrit des ouvrages
d’agriculture, souvent réimprimés au xvc et au XVIe siècle. J’en possède six
éditions :
Edition pr inceps, sans titre (Hain, n° 5828; Pritzel, il0 7951); per
J. Schützler civem augustensem (1671). Petit in-fol. de 209 feuillets, h 35
lignes. (Bibl. de Martius.) Précieux exemplaire, déshonoré d’une mauvaise
reliure bavaroise, comme plusieurs autres livres rares provenant de la même
bibliothèque.
OPUS RURALIUM COM I MODORUM PETRI DE | CRESCENTÎ JS. Argentine,
1686 (Hain, n° 5831; Pritzel, n° 7956). Petit in-fol. de 167 ff. à 2 col. de
66 lignes. (Bibl. de Martius.)
(Opus ruralium commodorum), avec figures nombreuses dans le texte ;
sans lieu ni date. Petit in-fol. de 153 ff. à 2 col. de 53 lignes, caract.
gothiq., sign. A-biiij, plus 3 feuillets et demi de table, signés à part j, ij, iij. —
Le 1er feuillet manque malheureusement dans mon exemplaire ; je crois
cependant ce livre identique au n° 7953 de Pritzel (voyez sa note). (Bibl. de
Martius.)
204
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
De omnibus agriculturæ partibus et de plantarum animaliumque
NATURA et UTILITate, L1BRI xil. Basilcæ, 15/i8 ; în-fol. Pritzel, n° 7956.
Petrus de Crescentiis. Von dem nutz der ding die in aeckeren
gebuwt werdê, etc. Petit in-fol. avec figures. Strassburg, 1518 ; Pritzel,
n° 7956, page 227, 2e col. (Biblioth. de Martius.)
(Opéra di agricoltura). In Vinegia, 1536 ; 1 vol. in-8°. Le titre manque
dans mon exemplaire.
3° fi.e Hiîvre de nature (anonyme, traduit en allemand par Conrad de
Megenberg). J’en possède trois éditions fort curieuses, les deux premières
avec figures coloriées, la dernière avec figures noires. Ce sont probablement
les premières figures de plantes qui aient jamais été publiées.
Edition sans titre ; Augspurg, 1475; petit in-fol. de 292 ff. de 28
lignes, absolument conforme h la description de Hain (n° 4041) que M. Pritzel
a résumée (n° 11764.). Fig. grossièrement coloriées. (Biblioth. de Martius.)
Edition sans titre; Augspurg, 1478 ; petit in-fol. de 292 (T. à 28 lignes, abso¬
lument conforme à la description de Hain, n° 4042. (On a seulement ajouté
en tête de mon exemplaire deux pages appartenant à une autre édition, que je
ne connais pas; il est complet, indépendamment de cette superfétation.) N’est
pas dans Pritzel. Fig. coloriées. (Bibl. de Martius.)
Edition sans titre ; Augspurg, 1499; petit in-fol. de 171 ff. à 39 lignes;
conforme à la description de Hain, n° 4046, à l’exception que la table est
transposée après le 9e feuillet, au lieu d’être en tête. Fig. noires. N'est pas
dans Pritzel. (Bibl. de Martius.)
4° Ortus sanitatis. L’auteur, Johannes Cuba , n’est nommé que dans les
éditions du xvie siècle. Je dois observer que le mot ortus n’est qu’une simple
altération orthographique de hortus , d’après l’usage du temps. On trouve en
effet YOrtulus animœ de 1498 ; Y Ortus animœet YOrtulus rosarum in valle
lacrimarum , de 1500, etc. ; et dans une édition allemande d’Augsbourg, on
lit : « Und nennen dises Buch zu latein, Ortus sanitatis, auff teutsch, Ein
garlen der Gesundtheit. »
Je n’ai pas à revenir ici sur les descriptions que j’ai données de mes quatre
éditions latines, dans la séance du 14 juillet (voyez plus haut, p. 153). J’ajou¬
terai seulement une autre édition latine, que j’ai acquise depuis :
Ortus Sanitatis | De herbis et plantis I De animalibus & rept ilibus | De
Auibus et volatilibus | De Piscibus & natatilibus | De lapidibus & in terre
venis nascë(libus | De Urinis et ea^ speciebus) Tabula medicinalis Cum
directo =|rio générais per omnes tractatus. Sans lieu ni date; in-folio à 2
colonnes de 54-55 lignes, 360 ff. Absolument conforme à la description de
Hain, n° 8941, reproduite par Pritzel, n° 11876.
Voici maintenant les éditions allemandes que je possède :
Edition sans titre , en allemand, caractère gothique, fig. color.; in-fol.
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871. 205
sans lieu, 1685 ; très-bien décrite par Hain, n° 8948, et Pritzel, il0 11884.
(Biblioth. de Martius.)
Herbarius zu teütsch unnd yon allerhandt kreuteren. Caractère
gothique, fig. color. Iu-fol. Augspurg, 1496. — Hain, n° 8955. Pritzel,
n° 11891. (Bibl. de Martius.)
Edition sans titre , du moins dans mon exemplaire ; semblable du reste
à la précédente. Augspurg, 1502. In-fol., fig. mal coloriées. Pritzel, n° 11893.
(Bibl. de Martius.)
In disem Buch ist der Herbary : oder Krüterbuch : gênant der gart
der gesuntheit : mit merern figuren und registern. Strassburg, 1507. Iu-fol.
gothique, fig. noires. Pritzel, n° 11894. (Bibl. de Martius.)
Das Krauterbucii oder Herbarius. Strassburg, 1528. In-fol. gothique,
fig. color. Pritzel, n° 11899. (Bibl. de Martius.)
5° iierfoarîus. — j’ai six éditions, latines, françaises et italiennes.
Herbarius Patayie im : | pressus Anno domi & cete | ra. lxxxv. (Hain,
n° 8465; Pritzel, n° 11868.) Ce précieux volume est de tous points conforme
à la description de Hain. Malheureusement il est affublé d’une reliure moderne
du plus piteux effet. (Provient de la bibl. de Martius.)
(Herbarius Tatayie im pressus.) (Hain, n° 8447. N'est pas dans
Pritzel.) Il est conforme à la description de Hain ; comme lui il manque des
feuillets préliminaires, et de plus, du feuillet i ( Absintheum , Wermut ) et de
toute la fin, à partir du feuillet cl. — Je ne sais s’il existe un exemplaire
complet de celte édition ; celui de la Bibliothèque nationale (réserve, S. 499
+ 1. a) n’a qu’un seul feuillet préliminaire, et manque de tous les feuillets
cxxix à cxliv. (Biblioth. de Martius.)
Edition sans titre. (Hain, n° 8451. Pritzel, n° 11870). Arnoldi de
Nova villa Avicenna. Incipit tractatus de virtutibus herbarum. Yincentiæ,
1491, in-4°, avec des figures coloriées. Le volume est en pitoyable état ; il a
dû passer par le feu, et il semble être tombé dans le vin, tant il est taché de
rouge-lie. (Bibl. de Martius.)
Arbolayre cotenat la qualitey et virtus. proprietey des herbes, arbres,
gômes et semëces. etc. (vers 1485). Voyez la notice déjà donnée à la séance
du 9 décembre 1870. N'est pas dans Pritzel , ni dans Hain.
Le gràt herbier en François (vers 1507). Voyez la notice donnée à la
séance du 9 décembre 1870. Cette édition n’est pas dans Pritzel.
Herbolario volgare, Nel quai c le virtu de le herbe, e molti altri sim-
plici se dechiarano... (et à la fin) : Stampato ne la inclita citta di Venetia. .
per Gioanni Andrea Vavassore detto Guadagnino e fratelli, Nel anno 1534.
Petit in-8° avec 150 fig. Cette édition n’est pas dans Pritzel. (cf. n° 11875.)
6° Anonyme. — C’est le secret de l’histoire naturelle cotenant
les merveilles et choses mémorables du monde, et signantement les choses
monstrueuses qui sont trouvées en nature humaine..., de toutes manières de
206
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
bestes terrestres volatiles et aquatiles, et aussi des arbres, herbes, fruictz...
ainsi que le tout est amplement escript et récité par les très-excellens et expé¬
rimentez philosophes naturelz Pline, Solin, Démocrite, Erodote, Orose, Ysi-
doire et le docteur Gervaise et toq aultres. Ce long titre, imprimé en rouge et
noir, est accompagné d’une ligure coloriée représentant les cercles astrono¬
miques. Ce vol. in-8°, non mentionné dans Pritzel , comprend 128 feuillets
chiffrés en romain : le caractère est gothique. On ne saurait rien imaginer de
plus bizarre que les fables qui y sont racontées. — Le lieu de l’impression
(sans doute Paris) n’est pas indiqué. La date xxvii (1527) est au bas du titre,
au-dessus du frontispice.
7° Mesue. — J’en possède deux éditions, dont aucune ne m’a paru men¬
tionnée dans Pritzel.
Edition sans titre . Sans lieu (probablement Venise), 1471. Décrite par
Hain, n° 11107 . In-fol. à 2 col. de 39 lignes. Mon exemplaire manque mal¬
heureusement des quatre derniers feuillets.
Mesue et omnia quæ cum eo imprimi consueverunt. Venetiis, apud
Juntas, 1549. In-fol. de 313 pages chiffrées.
8° Rhases. — DlVISIONES PiASIS FILII ZACHARIE. | VlATICUM COSTAN-
tini monaciii. Lugduni, 1510. In-8° de 102 feuillets chiffrés en romain,
plus 2 feuillets de table. — N' est pas dans Pritzel.
9° Sérapion. — Liber Serapionis aggregatus in medicinis simpli-
cibus. Édition in-folio, sans titre, décrite par Hain, n° 14692, omise dans
Pritzel ; Venetiis, 1479. Hain indique en tète une table de deux pages, que je
n’ai pas dans mon exemplaire.
r
10° Théophraste. — Edition princeps , sans titre. (Hain, n° 15491;
Pritzel, ii° 10150.) Tarvisii, 1483. In-fol. de 155 lï. à 41 lignes.
11° Dioscoridc. — üe mater IA medica. Trois éditions méritent une
mention spéciale :
De materia medica, libri v. De letalibus venenis, liber unus.
Edition grecque-latine, avec commentaire de Vergilius, Coloniæ, 1529.
(Pritzel, n° 1150.) In-fol. sans figures.
De medicinali materia libri sex, Joanne Ruellio suessionensi
interprète. (Francoforti, 1549.) In-fol., avec figures. (Pritzel, n° 11521.)
Dioscoridis libri octo græce et latine. Castigationes in eos-
deM Libros. Parisiis, apud Petrum Haultinum, via Jacobæa, sub signo caudæ
vulpinæ. 1549. 1 vol. in-8°, sans figures, 392 ff. Cette édition me semble
identique au n° 11501 de Pritzel, quoiqu’il n’y soit pas fait mention de la
veuve d’Arnold Birkmann [cf. Pritzel).
12° Pline. — Voici trois éditions que je ne vois pas dans Pritzel.
C. Plynius secundus De Naturali Hystoria diligentissime Cas-
tigatus. (Hain, n° 13098.) Brixiæ, 1496.
SÉANCE DU 28 JUILLET 1871. 207
PlINÜ SECUNDI NATURÆ HISTORIARUM LIBRI XXVII, E CASTIGATIONIBUS
Hermolaï Barbare., editi. Hagenoæ, 1518. 1 vol. in-fol.
L’histoire du monde de C. Pline second . mise en François
par Antoine du Pinet. Genève, 1625. 1 vol in-4°.
13° Collcnncius. PUNIANA DEFENSIO PANDüLPHI COLLENUCIl PlSAU-
RENS1S IURISCONSULTI ADVERSUS NlCOLAl LEONICERI ACCUSATIONEM. Fer-
rariæ, sans date (vers 1510), imprimé par « Andréas Belfortis gallicus ».
1 vol. in-8° de 49 fï. de 35 lign. sign. N'est pas dans Pritzel. (Bibîioth. de
Martius.)
14° Hermolaüs Rarbarus. — CASTIGATIONES PUNIANÆ. Je possède
les deux éditions de Rome, 1493, in-fol., et Bàle, 1534, petit in-4°, indiquées
dans Pritzel, n° 4401. Malheureusement l’édition de Rome, 1493 (Hain,
n° 2421), manque du 1er feuillet.
15° Macer Fioridus. — J’en possède quatre éditions :
Æmilii Macri PHILOSOPHI de virtutibus herbarum noviter inven¬
tes ac impressus. Yeneliis, 1506 ; in-4° ; 44 lî. non chiffrés, signât, aii
— mii. (Pritzel, n° 6385.)
Macer de viribus herbarum : au-dessous du titre, une gravure repré¬
sentant le crucifiement. Yol. petit in-8° gothiq. Sans lieu ni date (vers 1510);
158 feuillets non chiffrés, sign. a. ii — - v. iii, avec des fig. grossières : il con¬
tient le texte de Macer, et les commentaires de Guillerinus Gueroaldus. {Je
ne vois pas cette édition dans Pritzel : c’est l’exemplaire même de Chou -
lant.)
De Herbarum virtutibus, etc. Basileæ, 1559; petit in-8°, avec des
figures. (Pritzel, n° 6385.)
De Herbarum virtutibus, etc. Basileæ, 1581. (Per Sebastianum Henric-
petri. CID. ID. XXCI), avec figures; petit in-8°. (Pritzel, n°6385.)
16° Pierre d'Abbano OU d’Abnno, OU d’Albano. — J’en ai deux
éditions.
Tractatus de Yenenis : a magistro Petro de Albano EDiTg. Rome,
1490. Petit in-4° de 18 ff. non chiffrés, de 33 lignes, sign. a, h, c. (Hain,
n° 13. N’est pas dans Pritzel.)
Traicté des venims de Pierre d’Abano dict conciliateur (traduit
par Lazare Boet.). Lyon, 1593. 1 vol. in-16, de 162 ff. chiffrés et 9 ff. de
tables non chiffrés. JS’ est pas dans Pritzel.
[A suivre.)
M. le Président déclare close la session ordinaire de 1870-71. La
Société se réunira de nouveau le 10 novembre prochain.
208
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871.
PRÉSIDENCE DE M. E. ROZE, VICE-PRÉSIDENT.
M. le Président déclare ouverte la session ordinaire de 1871-72.
M. Larcher, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal delà
séance du 28 juillet, dont la rédaction est adoptée.
M. le Président présente les excuses : 1° de M. Germain de
Saint-Pierre, président de la Société, qui devait arriver ce jour
même à Paris, et qui (ainsi qu’il l’annonce par télégramme) en a
été empêché par un léger accident de chemin de fer; et 2° de M. de
Schœnefeld, secrétaire général, retenu chez lui, à son profond
regret, par une grave indisposition.
M. le Président annonce ensuite deux nouvelles présentations, et
fait part à la Société des pertes douloureuses qu’elle a éprouvées. De¬
puis sa dernière réunion, cinq de ses membres sont décédés, savoir :
MM. Henri Lecoq, professeur à la Faculté des sciences de Clermont-
Ferrand (h août) ; Pietro Savi, directeur du jardin botanique de
Pise; le docteur Rambur, de Genève ; l’abbé Jacquel, curé à Coin-
ches (2 octobre) ; et Armand Peyre, de Toulouse (10 octobre).
A l’occasion des dons reçus par la Société durant les vacances,
et dontM. l’Archiviste énumère la liste, M. Brongniart appelle l’at¬
tention de la Société sur la brochure de M. Renault, relative aux
végétaux silicifiés trouvés dans la partie supérieure du terrain
houilier d’Autun, qui ont été l’objet d’une communication faite à la
session extraordinaire de 1870 (1).
Lecture est donnée des communications suivantes, adressées à la
Société :
DE L’ACTION PHYSIOLOGIQUE DE LA GELÉE SUR LES VÉGÉTAUX (suite),
par M. Elmilc BSKK (2).
III. — Causes de la décoloration rapide des lenillcs gelées.
Les couleurs végétales s’altèrent, après le dégel, avec une rapidité caracté¬
ristique : souvent le phénomène s’accomplit en moins d’une heure. On con-
(1) Voyez le compte rendu de cette session, dans le tome XVII du Bulletin , p. L.
(2) Voyez plus haut, p. 164.
SÉANCE DU 4 0 NOVEMBRE J 871.
209
çoil que, sc trouvant en présence de l’air et de toutes les causes de fermen¬
tation qui proviennent de la désorganisation des tissus, ces couleurs ne tardent
pas à se décomposer. Celles qui sont en dissolution dans les liquides cellulaires
s’épanchent soit dans d’autres cellules, soit dans les méats et lacunes, soit à la
surface des organes.
Si l’on comprime, immédiatement après le dégel, dans du papier buvard,
*
des pétales roses, rouges, bleus, etc., le liquide coloré qu’ils renferment est
absorbé par le papier. Il n’en est pas ainsi de la chlorophylle : cette matière,
qui n’existe qu’à l’état gélatineux ou en grains, ne peut sortir des cellules où
elle est amassée. Mais, de même que les autres couleurs auxquelles elle est
souvent associée dans les jeunes tissus, elle s’altère avec d’autant plus de
rapidité qu’elle est en présence d’une plus grande quantité d’eau et qu’elle se
trouve à un état de développement moins avancé.
Les expériences suivantes prouvent que ce sont ces deux causes qui influent
principalement sur la rapidité et l’intensité de l’altération de la chlorophylle.
1° Si on laisse séjourner à l’obscurité ou à la lumière dilfuse des jeunes
feuilles de Chêne, Charme, Coudrier, Frêne, dans lesquelles la chlorophylle
encore peu consistante est en partie masquée par d’autres matières colorantes
(jaunes ou rougeâtres), on constate que ces feuilles, au bout de quelques jours,
présentent à peu près les mêmes apparences que si elles avaient été gelées :
elles sont desséchées, déformées et noircies ; une teinte vert foncé est cepen¬
dant encore visible par transmission. Quant aux couleurs étrangères, elles ont
généralement disparu.
Sur un même limbe, ces effets sont plus marqués au sommet qu’à la base,
dont le tissu plus âgé renferme une chlorophylle déjà en grains.
Des feuilles de Hêtre, dans ces conditions, perdent leur coloration vert pâle
et revêtent la nuance jaune rougeâtre si caractéristique des jeunes organes
foliacés de cette essence après la gelée.
Si, après avoir fait macérer dans l’eau ces tissus, on les laisse se dessécher
de nouveau, l’altération se poursuit. En renouvelant plusieurs fois ces opéra¬
tions, ils finissent par acquérir la teinte feuille-morte (1).
2° Lorsqu’on répète ces expériences sur des tissus plus âgés, les résultats
sont différents. Les feuilles complètement formées ne s’altèrent qu’avec une
très -grande lenteur et se dessèchent sans subir ces froncements qu’on observe
sur celles qui sont plus jeunes. Mais, si on les fait macérer dans l’eau pendant
quelques heures et qu’on les abandonne ensuite à l’air, elles se déforment en
se desséchant et acquièrent une teinte noirâtre qui passe à la nuance feuille-
morte quand cette opération a été renouvelée un certain nombre de fois.
(1) Il faut faire une exception pour les feuilles de Hêtre gelées ou scellées dont la
couleur rougeâtre est très-stable ; elle persiste, même après une longue exposition aux
influences atmosphériques. Il y a donc lieu de croire qu’elle appartient en propre au
tissu et non à une matière étrangère dont ce dernier serait imprégné.
T. XVIIT. (séances) 14
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
21 0
Qu’il s’agisse de tissus jeunes ou complètement formés, la marche de la
décomposition est plus prompte au soleil.
L’altération qui se produit après le dégel est un phénomène du même ordre
que ceux dont je viens de parler, et n’en diffère que par la plus grande rapidité
de sa manifestation. Il est facile d’en comprendre la raison. Par suite de la
dissociation de leurs éléments anatomiques, les tissus sont imbibés par l’eau
qui remplissait les cellules ou qui entrait dans la composition des membranes.
En présence de cette quantité d’eau excessive, la chlorophylle s’altère, proba¬
blement en s’oxydant aux dépens de l’air, sans que la lumière ait besoin d’in¬
tervenir, du moins quand il s’agit de tissus en voie de formation : j’ai constaté
que de très-jeunes feuilles de Hêtre, exposées, après le dégel, les unes à un
soleil très-vif, les autres à la lumière diffuse, jaunissent presque aussi vite
dans les deux cas. Étant très-aqueux, ces tissus sont, par suite du dégel, très-
imbibés d’eau, et leur chlorophylle, encore imparfaitement formée, ne possède
qu’une faible fixité.
Il n’en est pas de même des feuilles parvenues à leur complet dévelop¬
pement, aussi ne se décomposent elles que bien plus lentement après le dégel.
La présence de l’eau exerce une telle influence sur la décomposition, que, si
l’on comprime dans du papier buvard une feuille qui vient d’être gelée, pour
absorber une grande partie du liquide dont elle est imprégnée, ou qu’on
l’expose à une température assez élevée pour que sa dessiccation soit rapide,
elle acquiert bientôt une teinte vert foncé qu’elle conserve indéfiniment. Elle
reprend, par une macération peu prolongée, une nuance plus claire qu’elle
perdra bientôt, en s’altérant, si l’on ne se hâte de la dessécher de nouveau (1).
(1) La décoloration des organes foliacés semble pouvoir également se produire pendant
le cours de la végétation, à la suite de pluies continues. J’ai remarqué cet été un grand
nombre de feuilles de Hêtre, les unes présentant des taches noirâtres s’étendant sur une
partie plus ou moins étendue du limbe, généralement sur la face supérieure, mais quel¬
quefois sur les deux faces ; les autres entièrement noircies et fanées. Ces taches ressem¬
blent beaucoup à celles qui se produisent sur une feuille qu’on a laissée macérer dans
l’eau et qu’on abandonne ensuite à l’air. Ces faits tendraient à prouver que le tissu foliacé
peut absorber une certaine quantité d’eau, au moins dans les couches superficielles.
Pendant les étés secs et chauds, les feuilles sont exposées à une altération d’un autre
ordre, qui se traduit par une décoloration s’étendant soit sur la totalilé du limbe, soit
seulement sur certains points disséminés au hasard. Cet état se présente principalement
sur les jeunes sujets peu profondément enracinés, et par conséquent exposés use dessé¬
cher facilement. On attribue vulgairement à des coups de soleil ces décolorations carac¬
téristiques, mais je ne crois pas qu’elles soient la conséquence d’une altération spéciale
de la chlorophylle par les rayons solaires; je me suis assuré que si l’on expose au
soleil des feuilles séchées, mais conservées vertes, aucune décoloration sensible n’appa¬
raît. La chlorophylle desséchée ne semble donc pas être altérable par la lumière. J’at¬
tribue en conséquence ceite teinte jaune pâle à une sorte d’étiolement, causé par le
manque d’eau. La nuance de ces feuilles a, en effet, beaucoup d’analogie avec celle
qui provient de la privation de lumière. Dans les deux cas, la chlorophylle résorbée
dans les tissus ne peut plus se reformer. D'ailleurs, cet état ne se produit pas aussi
brusquement qu’on le croit communément. Les feuilles commencent à pâlir longtemps
auparavant : la chlorophylle se résorbe peu à peu et, alors seulement qu’elle a presque
entièrement disparu, le tissu acquiert cette teinte jaune pâle.
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871.
IV. — Exposé des moyens employés pour garantir les végétaux
de la gelée.
Sans parler des grands froids qui, pendant les hivers rigoureux, heureuse¬
ment très-rares dans nos climats, détruisent les céréales, désorganisent le
tissu ligneux des essences exotiques cultivées dans nos jardins et même de nos
essences indigènes les plus délicates, les gelées printanières occasionnent cha¬
que année de grands dégfits dans les récoltes. Ces dégâts sont surtout considé¬
rables et fréquents dans les contrées vignobles de l’est de la France. Presque
toutes les causes qui viennent aggraver les effets du froid se trouvent alors
réunies : situation en terrain découvert sur des coteaux exposés souvent à
l’est, précocité dans la végétation, enfin délicatesse particulière des tissus.
Aussi depuis longtemps a-t-on cherché à employer des moyens préservatifs.
Dans quelques crus dont les produits sont renommés, on fait brûler, au
milieu des vignes, pendant les nuits où l’on redoute la gelée, des combustibles
un peu humides, tels qu’un mélange de paille et d’herbes propres à fournir
une fumée abondante. Dans d’autres, on butte à l’automne les ceps en ne
laissant sortir de terre que quelques rameaux. Si ces rameaux sont gelés au
printemps suivant, on découvre la partie enterrée et préservée par cette pré¬
caution ; les bourgeons qui se développent alors remplacent ceux qui ont
été détruits. Ailleurs quelques propriétaires font enduire au printemps les
jeunes bourgeons de plâtre gâché. Dans les jardins, on entoure de paille pen¬
du froid.
J’ai déjà mentionné cette autre coutume de répandre avant le lever du
soleil de l’eau aussi fraîche que possible sur les sujets que l’on pense avoir
été atteints par le froid de la nuit.
Généralement on cherche à préserver les espèces délicates par des cloches
ou autres abris. On couvre les pépinières de paillassons, de toile, ou de claies
en feuillages. Enfin, dans les jeunes massifs visités souvent par les gelées du
printemps ou de l’arrière-saison, les forestiers ont l’habitude de protéger les
essences délicates par d’autres plus robustes. On voit donc que, par tous ces
moyens, on cherche à prémunir les jeunes organes contre le rayonnement.
Et en effet cette cause de destruction est à peu près la seule contre laquelle
l’homme puisse pratiquement lutter. Il est impossible de modifier la constitu¬
tion d’un sol, sa situation et son exposition. Aussi, comme ces éléments exer¬
cent une grande influence dans le phénomène, les résultats obtenus par les
préservatifs employés seulement contre le rayonnement ne sont-ils en général
que peu satisfaisants, outre qu’ils exigent souvent des frais de main-d’œuvre
disproportionnés. Les mécomptes que l’on a à subir devraient faire compren¬
dre que la culture doit être changée dans toutes les stations signalées par des
212
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
gelées presque annuelles. Que de vignobles dans le nord et le nord-est, ou
une bonne récolte n’est possible que tous les dix ans ! Que de jeunes peuple¬
ments qui, malgré le couvert d’essences moins délicates, ont leurs pousses
détruites à chaque printemps! Si cette protection suffit le plus souvent dans
les lieux exposés seulement à des froids légers et accidentels, elle est presque
toujours insuffisante dans ceux où sévissent des gelées périodiques et in¬
tenses, telles que les vallées humides. On observe en effet que les jeunes
rameaux, même ceux qui sont le plus à l’abri, sont alors attaqués par la gelée,
et souvent jusqu’à une grande hauteur. Il est donc nécessaire, dans ce cas,
d’assainir autant que possible la vallée et de procéder au remplacement de ces
essences par d’autres plus robustes.
V. — îtésuiué tic travaux exéentés récemment en Allemagne, rela¬
tivement à 1 action <Time basse température sur les tissus orga¬
nises.
Dans le courant de l’été passé, j’ai eu connaissance de diverses expériences
entreprises récemment en Allemagne concernant l’action d’une basse tempéra¬
ture sur les tissus végétaux.
Ainsi que j’ai essayé de le faire, les physiologistes allemands ont cherché à
démontrer qu’il ne se produit pas, dans cette action, de rupture des parois
cellulaires. Ils se sont ensuite attachés à mettre en évidence l’influence exercée
par le passage brusque d’une basse température à une température plus élevée,
enfin la part importante qu’il faut attribuer dans le phénomène au degré d’im-
bibition des tissus.
1° M. Nægeli a prouvé que la gelée ne déchire pas les parois cellulaires, en
plongeant dans un corps colloïde, la glycérine par exemple, des cellules pro¬
venant de tissus gelés. Elles se vidaient alors entièrement par exosmose. Il est
certain qu’en cas de fissures, la dialyse n’eût pu avoir lieu, et qu’une partie de
la glycérine aurait pénétré dans les cellnles. M. Nægeli a du reste observé que
telle plante était tantôt détruite par la gelée dans certaines circonstances, tantôt
ne l’était pas, toutes choses égales d’ailleurs; il s’assura en outre que certaines
espèces, après avoir été couvertes pendant plusieurs années par des glaciers,
végètent de nouveau, quand elles sont mises à découvert. J’ai eu moi-même
occasion de voir cet hiver des feuilles et des entre-nœuds complètement
rigides, cassant comme du verre, et qui cependant ne parurent avoir éprouvé,
après le dégel, aucun dommage de cet état passager.
2° M. J. Sachs constata que des tissus exposés à une température de — lx°
à — 6° se désorganisent quand on les fait dégeler dans un milieu à -J- 2°
ou -{- 3°; tandis que si on les plonge dans de l’eau à ü°, de manière qu’ils
se recouvrent d’une mince couche de glace et que la température ne s’élève
ainsi que progressivement, on peut impunément les exposer ensuite dans une
213
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871.
atmosphère portée à plusieurs degrés au-dessus de zéro. Le contact du doigt sur
une feuille gelée en plein air suffit, paraît-il, à désorganiser la partie touchée,
tandis que le reste du limbe, ne s’échauffant que lentement, n éprouvé
aucune atteinte.
3° Plus un tissu renferme d’eau de constitution, plus facilement il est
détruit par un même abaissement de température. M. Gœppert s’assura que des
graines desséchées à l’air peuvent supporter de très -grands froids, tandis que,
si elles sont au préalable imbibées d’eau, elles sont détruites bien plus facile¬
ment. C’est la seule expérience qui, à ma connaissance, ait été faite en Alle¬
magne pour mettre ce fait en évidence. Mais M. Sachs cite plusieurs obser¬
vations à l’appui, telles que les jeunes feuilles qui sont désorganisées plus
facilement que les feuilles plus âgées, et en général les tissus aqueux et herbacés,
lesquels résistent beaucoup moins que les tissus ligneux.
[La suite à la prochaine séance.)
DE LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES MOUSSES DANS LES VOSGES ET LE JURA,
par M. l’abbé BOULAI (1).
DEUXIÈME PARTIE. — Influences du sol.
Cet article se subdivise à son tour; car, outre les propriétés physiques ordi¬
naires du sol ou du support, nous devons examiner spécialement l’action due
à sa nature chimique ou minéralogique.
I. Action des propriétés physiques du sol.
Ces propriétés déterminent des stations que l’on peut ramener à quatre prin¬
cipales : les rochers, la terre, les eaux, les troncs d’arbres.
Chacune de ces stations générales en comprend plusieurs autres d’un ordre
inférieur; il y a de plus des complications qui résultent de ce qu’une espèce
s’accommode, à divers degrés, de deux ou même de trois stations différentes.
Nous avons cherché à saisir ces préférences aussi complètement que possible.
Cependant les considérations auxquelles on peut se livrer à cet égard étant
du ressort de la bryologie générale, et n’offrant rien de particulier à la région
de l’Est, nous ne reproduirons pas ici les listes de Mousses que nous avons
dressées d’après les stations dont il s’agit.
II. Influence de la nature chimique du sol.
La question est de savoir si le sol agit directement et immédiatement, par
sa constitution chimique, sur la végétation, de telle sorte que celte constitu-
(1) Voyez plus haut, p. 178.
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
21 h
tion chimique ou minéralogique étant une fois donnée, il exclue ou admette
telle ou telle catégorie de plantes.
Celte question est surtout posée entre les terrains siliceux, tels que les
granités, la syénite, les gneiss, les eurites, les grès, etc., et les terrains cal¬
caires ou à base de chaux, formés surtout par le carbonate de chaux. Elle a
soulevé, parmi les botanistes, d innombrables discussions ; les uns niant ou
atténuant cette influence chimique du sol sur la dispersion des plantes, d’autres
la regardant comme très- certaine.
Nous nous rangeons décidément dans ce second parti, et nous donnons notre
adhésion aux conclusions suivantes, formulées par >1. Godron dans son Essai
sur la géographie botanique de la Lorraine , pp. 210-211 :
1° S’il est des végétaux qui se montrent indifférents à la nature du sol et
qui végètent partout, il en est d’autres qui ne peuvent se propager que sur
certaines natures de terrains.
2° L’influence du sol n’est pas liée à sa constitution géologique, mais à sa
nature minéralogique.
3° Cette influence minéralogique du sol s’exerce par ses propriétés phy¬
siques et par ses propriétés chimiques ; son influence physique, pas plus que
son influence chimique, ne peut être niée : bien que l’une des deux soit
souvent prépondérante, elles se révèlent l’une et l’autre par leurs effets
et prennent chacune une part importante dans la distribution des végé¬
taux. . . .
Dans une brochure intitulée : De la végétation du Kaiserstuhl dans ses
rapports avec celle des coteaux jurassiques delà Lorraine (1863), M. Godron
complète et explique ses conclusions dans les termes suivants : « L’élément
calcaire domine par son action l’élément siliceux, puisque le nombre des
espèces calcicoles et silicicoles n’est pas en rapport avec les proportions de
silice que renferme le sol; l’avantage est toujours, et cela d’une manière
très-saillante, en faveur de l’élément calcaire » (à cause, ajouterons-nous, de
la plus grande solubilité de ce dernier).
»> Il résulte en outre, de tous les faits, que les espèces végétales, pour
prospérer, n’ont pas toutes besoin de la même quantité de chaux ou de silice;
qu’elles sont par conséquent plus ou moins calcicoles ou silicicoles ; qu’il y a
dans l’action de l’élément chimique des degrés; que chaque espèce par con¬
séquent a des besoins particuliers au point de vue de la composition minéra-
■ogique du sol ; et n’est-ce pas la preuve évidente qu’on ne peut pas tout rap¬
porter aux influences physiques ? »
Ces paroles de l’éminent professeur résument parfaitement, dans notre sens,
cette doctrine de l’influence chimique du sol, dans ce qu’elle a de plus im¬
portant.
Thurmann (Essai sur la phytostatique du Jura) et Fr. Kirschleger (Géo¬
graphie botanique de T Alsace) ont soutenu, pour nos régions de l’Est, la thèse
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 215
opposée de la prépondérance des propriétés physiques du sol sur la dispersion
des végétaux.
Sans nous engager dans la discussion de leurs théories, nous allons exposer
les faits de dispersion que la nature chimique du sol nous semble déterminer
dans le domaine de notre flore.
Parmi les espèces que M. Schimper considère comme propres aux terrains
siliceux, celles qui se rencontrent dans les limites de notre circonscription ne
s’y trouvent en elîet que sur le granité ou les grès. Ce sont :
Andreæa petropliila Ehrli.
— rupestris Roth.
Weisia denticulata Brid.
Dicranum polycarpum Ehrh.
— fulvum Hook.
— longifolium Hedw.
Didymodon cylindricus B. S.
Tetrodontium Brownianum Schwgr.
Grimmia commutala Huebn.
— leucophæa Grev.
— montana B. S.
— Donniana Sm.
— ovata W. et M.
— trichophylla Grev.
— Schultzii Wils.
— elatior B. S.
Rhacomitrium ( toutes les espèces ).
Hedwigidium imberbe B. S.
Ptychomitrium polyphyllum B. Sch.
Orthotrichum Hutchinsiæ Sm.
— rupestre Brid.
— Sturmii Hoppe.
Zygodon Mougeotii B. S.
— lapponicus B. S.
Campylostelium saxicola B. S.
Blindia acuta B. S.
Schistostega osmundacea W. et M.
Gymnostomum rupestre Schwgr.
Brachyodus trichodes N. et H.
Bryum marginatum B. S.
— alpinum L.
Hypnum irriguum Wils.
— molle Dicks.
— alpestre Sw.
— heteropterum R. Spr.
Toutes ces espèces font complètement défaut dans le Jura, ou celles qui s’y
trouvent ne se voient que sur les blocs siliceux (granités, gneiss, eurites)
amenés des Alpes; ce qui confirme singulièrement, pour ces espèces, leur
choix exclusif du support, en raison de sa nature minéralogique.
M. Schimper cite encore, dans la même liste : Weisia fugax ; Bryum pal -
lescens ; Bartramia pomi fournis , Halleriana; Leskea myura ; Hypnum
myosur ouïes, umbratum, Stokesii , depressum , fastigiatum ; Fontinalis squa-
mosa. Éliminons d’abord comme incertaines les espèces : Bartramia Hal¬
leriana, Hypnum depressum , fastigiatum , au sujet desquelles M. Schimpei
avoue qu’elles se rencontrent aussi sur le calcaire ou sur des rochers en partie
calcaires. De fait, le Bartramia Halleriana est répandu dans tout le haut
Jura, Hypnum depressum croît aussi sur le calcaire jurassique de la Lorraine ;
de plus Bryum pallescens , Leskea myura , Hyperum Stokesii sont des espèces
ubiquistes, sans préférence bien marquée. Weisia fugax , Hypnum myosu-
roides , Bartramia pomi fournis , Fontinalis squamosa , sont des espèces
extrêmement rares, indiquées dans une seuie io^lité dans le Jura, tandis
qu’elles sont abondantes et très-répandues dans „es terrains siliceux des
Vosges. Il est singulièrement à regretter que M. Lesquereux, dans son cata¬
logue, ne donne pas de détails sur la nature minéralogique de la station de
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
216
ces plantes dans le Jura. Elles peuvent très-bien croître sur les grès du néoco¬
mien ou sur le diluvium venu des Alpes, comme cela se vérifie pour les
Hypnum umbratum et Dicranum pellucidum, qui croissent sur le néoco-
mien siliceux au pied de la Dole. Nous pouvons donc considérer jusqu’à
nouvel ordre ces dernières espèces comme silicicoles.
D’autre part, M. Schimper indique comme calcicoles les espèces qui
suivent :
Seligeria pusilla B. S.
— tristicha B. S.
Gymnostomum rupestre Schw.
— calcareum N. et H.
— viridulum Brid.
— tortile Schw.
Weisia verticillata Brid.
Trichostomum flexicaule B. S.
— tofaceum Brid.
Barbula tortuosa W. et M.
— membranifolia Schultz.
Grimmia crinila Brid.
— orbicularis B. S.
Orthotrichum cupulatum Hoffm.
Cinclidotus aquaticus B. S.
— fontinaloides P. B.
Nos observations concordent pleinement avec celles de M. Schimper pour
la plupart de ces espèces.
Ce sont des espèces vraiment calcicoles, du moins dans nos régions. Il
faut excepter, dans la liste précédente, Gymnostomum rupestre, déjà porté
par M. Schimper sur la liste d’espèces silicicoles; les Hypnum filicinvm et
rusciforme, au moins aussi communs sur nos terrains siliceux des Vosges que
sur les terrains calcaires. Le Cylindrothecium cladorrhizans pourrait bien
être aussi dans le même cas.
Le Barbula tortuosa est répandu dans les Vosges granitiques, cependant
il est plus abondant encore et fructifie mieux dans le Jura calcaire. Le Bar¬
bula inclinata affecte des préférences bien plus marquées pour les terrains
calcaires.
Parmi les espèces que M. Schimper signale comme étant indifférentes à la
nature chimique du sol, nous ferons observer que les Didymodon capillaceus
et Bartramia Œderi ne peuvent trouver place dans cette catégorie. Du reste,
M. Schimper le reconnaît pour cette dernière espèce, à peu près nulle dans
les Vosges granitiques et arénacées, et extrêmement abondante dans toutes
les régions montagneuses du Jura.
Si nous nous reportons aux listes comparatives que nous avons dressées plus
haut (pp. 181 etsuiv.), d’après l’altitude, pour les Mousses des Vosges et du
Jura, le même fait deviendra évident. Dans des conditions météorologiques
tout à fait semblables, les Mousses de la région alpestre des Vosges diffèrent
Encalypta streptocarpa Hedw.
Bryum Funkii Schw.
Philonotis calcarea Sch.
Cylindrothecium cladorrhizans B. S.
Leskea Philippeana N. Boul.
Hypnum confervoides Brid.
— plicatum Schleich.
— Teesdalii Sm.
— tenellum Dicks.
— rusciforme Weis.
— Tommasinii Sendt.
— filicinum L.
— commutatum L.
— HalleriL.
— catenulatum Brid.
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 187 J .
217
presque toutes de celles de la même région dans le Jura. Le peu de déve¬
loppement de celte région dans les Vosges ne suffit pas à expliquer un
écart aussi notable, car nos hautes Vosges sont relativement très-riches en
Mousses alpestres. D’autre part, les genres Hypnum, Encalypta et Barbula ,
qui ont le plus d’espèces dans le haut Jura, sont précisément des genres
dont un grand nombre d’espèces préfèrent les terrains calcaires; tandis que,
par une raison inverse, ce sont les Grimmia et les Rhacomitrium qui abon¬
dent dans les hautes Vosges.
Dans la région montagneuse supérieure, les espèces communes aux deux
chaînes de montagnes sont beaucoup plus nombreuses que celles de la région
alpestre, mais ces espèces communes croissent sur des troncs d’arbres, pour
la plupart, ce qui les soustrait plus ou moins complètement à l’influence chi¬
mique du sol. Les espèces non communes de la même région sont d’ailleurs
presque toutes des espèces calcicoles dans le Jura, silicicoles dans les Vosges.
On pourrait argumenter de la même manière, au sujet des Mousses spéciales
qui croissent dans les régions montagneuses moyenne et inférieure des Vosges
et du Jura. Les espèces jurassiques sont surtout des espèces calcicoles et les
espèces vosgiennes des Mousses silicicoles.
Mais ce genre de raisonnement n’est plus applicable aux Mousses des col¬
lines inférieures et des plaines du Jura et des Vosges; car la vallée du Rhin et
les basses Vosges, qui renferment le plus de Mousses spéciales de ces deux caté¬
gories, sont constituées, à la surface, par des sols mixtes, à la fois siliceux et
calcaires, ou au moins compénétrées de carbonate de chaux par les eaux qui
les ont baignées autrefois.
Au point de vue particulier qui nous occupe en ce moment, nous ne pou¬
vons négliger un fait très-significatif dont nous avons déjà parlé dans une Notice
sur la Géographie botanique des environs de Saint- Dié (1866). Près de cette
ville, dans le vallon de Robache, et plus loin vers Senones, par Saint-Jean-
d’Ormont et le Ban-de-Sapt, on rencontre des lambeaux peu étendus de
dolomie (carbonate de chaux et de magnésie), intercalés dans le grès rouge.
Toutes les propriétés physiques de cette roche, au moins dans les portions qui
affleurent et servent de support à la végétation, sont identiques à celles du grès
rouge qui lui est entremêlé. Or, dans ce petit coin de terre, de Robache à
Dijon près Saint-Dié, on trouve les Mousses suivantes :
Hypnum chrysophyllum Brid.
— commutatum L.
— rugosum Ehrh.
— rivulare B. S.
— lutescens Huds.
— glareosum Bruch.
— albicans Neck.
Philonotis calcarea Sch.
Physcomiirium fasciculare B. S.
— piriforme Brid.
Barbula unguiculata Hedw.
Barbula fallax Hedw.
— convoluta Hedw.
— inclinata Schw.
Trichostomum ngidulum Sm.
— tofaceum Brid. (murs).
— flexicaule B. S.
Didvmodon luridus St.
Anacalypta lanccolataü. S.
Dicranum pellucidum Hedw.
Weisia verticillala Brid.
Phascum muticum Schreb,
218
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE,
Les espèces dont les noms sont en italique étant presque toutes décidément cal-
cicoles, comment expliquer leur présence sur ces petits îlots de dolomie, loin de
toute formation calcaire importante, si l’on rejette l'influence chimique du sol?
Nous le répétons, cette dolomie désagrégée, graveleuse à la surface, n’offre pas
de propriétés physiques distinctes de celles du grès rouge voisin, et cependant
les Htjpnum chrysophyllum , commutation , glareosurn , Bartramia calcarea ,
Barbula inclinât a, Weisia verticillata , croissent là, à plus de dix lieues de
leurs stations les plus proches. Ce fait nous semble des plus concluants.
Au sujet du Weisia verticillata, qui est une des espèces les plus fran¬
chement calcicoles , on nous permettra un détail encore. En 1869, nous
fûmes très-surpris de rencontrer cette Mousse sur les parois d’un rocher de
grès vosgien et nullement chargée de tuf calcaire, comme d’habitude. La loca¬
lité dont il s’agit est près de Darney, au-dessous de Saint-Baslemont (Vosges),
Ce fait nous parut des plus étranges. Cependant, au retour de celte excursion,
nous étant avisé de verser quelques gouttes d’acide azotique sur une touffe de
cette Mousse et sur le grès encore adhérent à la base de la plante, une vive
effervescence se produisit aussitôt. Le rocher de grès vosgien sur lequel nous
avions recueilli le Weisia verticillata est dominé en pente douce par une
colline calcaire ( Muschelkalk ), en sorte que les eaux pluviales, après avoir lavé
la colline et dissous une certaine quantité de carbonate de chaux, apportent à
notre Mousse, sur son support inerte de grès vosgien, l’élément chimique dont
elle a besoin. Ce sont des faits de ce genre, mal interprétés, qui ont conduit
certains botanistes de cabinet à nier l’influence minéralogique du sol. Les
indications données par les Aoristes sur les stations des plantes sont trop sou¬
vent superficielles, incomplètes; elles mentionnent un fait apparent, mais
négligent l’essentiel; puis viennent les généralisateurs, qui confondent tout
dans un pêle-mêle indéchiffrable. Citons un exemple, entre mille autres.
Le docteur J. -B. Mougeot [Statist. des Vosges ) a signalé le Calluna vulgaris
sur toutes les formations géologiques du département ; ce qui est vrai, en ce
sens que presque toutes les formations géologiques comprenant, outre les
calcaires, des parties siliceuses, le Calluna peut végéter et existe défait sur ces
dernières, quel que soit leur étage géologique. C’est ainsi qu’on retrouve la
Bruyère commune, au milieu des calcaires, sur la bande étroite et sinueuse
du grès infraliasique qui traverse obliquement la Lorraine; elle se retrouve
encore sur les sables siliceux du diluvium qui recouvrent, sur certains points,
les plateaux du calcaire jurassique. Cependant qu’est-il arrivé de fait ? M. Alph.
de Candolle, en modifiant quelque peu le texte de Mougeot, lui fait dire
que le Calluna vulgaris croît « sur tous les sols », et il en conclut que cette
espèce n’affecte pas de préférence pour les terrains siliceux. Dans le même
article, M. de Candolle parle du Jura comme d’une montagne essentielle¬
ment calcaire , donnant à entendre par là qu’on aurait tort d’appeler silicicoles
des plantes qui croîtraient dans le Jura. La vérité est que le Jura présente,
sur une foule de points, des nappes d’alluvion siliceuse, que presque tous les
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 187 i. 219
étages calcaires dont il se compose renferment des couches entièrement sili¬
ceuses, ou des marnes fortement siliceuses, telles que Y Oxford-clay .
Dans la plaine d’Alsace, le mélange de carbonate de chaux et de silice est
plus intime encore, souvent plus difficile à reconnaître. Ces faits permettent
d’expliquer comment Thurmann et Kirschleger ont pu nier l’influence de la
nature chimique du sol sur la dispersion des végétaux : à force de voir dans
le domaine qu’ils exploraient des plantes appelées calcicoles par les auteurs
coudoyer à chaque instant des plantes silicicoles , ils ont fini par croire cette
distinction mal fondée. Sur le revers occidental des Vosges, où les terrains
siliceux sont très-purs, on ne voit nulle part de ces mélanges de plantes
calcicoles et silicicoles.
Nous citerons enfin, comme établissant l’action chimique des roches sur la
dispersion des Mousses, l’analogie qui existe entre la végétation bryologique
des collines du calcaire jurassique lorrain et alsacien et celle du Jura inférieur.
Les espèces caractéristiques des collines jurassiques lorraines et alsaciennes
sont :
Hypnum chrysophyllum Brid.
— polymorphum Hedw.
— depressum Bruch.
— tenellum Dicks.
— riparium L.
— rusciforme Weis.
— commutation L.
— molluscum Hedw.
— alopecurum L.
— confervoides Brid.
Leskea polycarpa Ehrh.
— longifolia R. Spr.
Anomodon viticulosus H. et T.
Philonotis calcarea Sch.
Meesia longiseta Hedw.
Mnium rostratum Schw.
— serratum Brid.
Bryum piriforme L.
Physcomitrium piriforme Brid.
— sphæricum B. S.
— fasciculare B. S.
Cinclidotus aquaticus B. S.
— fontinaloides P. B.
Encalypta vulgaris Hedw.
— streptocarpa Hedw.
Grimmia crinita Brid.
— orbicularis B. S.
Barbula rigida Schultz.
— ambigua B. S.
— aloides B. S.
— fallax Hedw.
— convoluta H.
— revoluta Hedw.
— Hornschuchiana Schultz.
— tortuosa W. et M.
— latifolia Bruch.
Trichostomum rigidulum Sm.
— fïexicaule B. S.
Orthotrichum cupulatum Hoffm.
Didymodon rubellus B. S.
— capillaceus W. et M.
Anacalypta lanceolata B. S.
— Starkeana B. S.
Pottia minutula B. S.
— cavifolia B. S.
Seligeria pusilla B. S.
Fissidenstaxifolius Hedw.
— incurvus Schw.
Gymnostomum tortile Schw.
Phascum bryoides Dicks.
— alternifolium Dicks.
— patens Hedw.
— curvicollum Hedw.
— rectum Sm.
Or ces mêmes espèces sont aussi caractéristiques de la végétation du Jura
calcaire inférieur, et c’est à peine si sur ces cinquante-quatre espèces, dix à
quinze se retrouvent sur le granité ou le grès vosgien pur, dans les mêmes con¬
ditions physiques.
D’après l’ensemble des renseignements que nous avons pu recueillir et
220
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
surtout d’après nos propres observations, voici le tableau des relations qui nous
semblent exister entre la dispersion des Mousses et la nature chimique du sol,
dans la région de l’Est :
Espèces franchement silicicoles.
Hypnum brevirostrum Ehrh.
— albicans Neck. ?
— myosuroides L.
— confertum Dicks.
— megapolitanum Bl.
— demissum Wils.
— Starkii Brid.
— imponens Hedw.
— callichroum Brid.
— irriguum Wils.
— fluviatile P. B.
— alpestre Sw.
— molle Dicks.
— heteropterum R. Spr.
Pterygophyllum lucens Brid.
Bryum alpinum L.
— Duvalii Voit.
— Ludwigii Spr.
— elongatum Dicks.
— cucullatum Schw.
— polymorphum B. S.
Aulacomnium androgynum Schw.
Zygodon Mougeotii B. S.
— lapponicus B. S.
Ortholrichum urnigerum Myr.
— rivulare Turn.
— Hutchinsiæ Sm.
— rupestre Schl.
Ptychomitrium polyphyllum B. S.
Pogonatum alpinum Rœhl.
Oligotrichum hercynicum DC.
Trichostomum homomallum B. S.
Didymodon cylindricus B. S.
Dicranum spurium Hedw.
— longifolium Hedw.
— fulvum Hook.
— Starkii W. et M.
— heteromallum Hedw.
— curvatum Hedw.
— rufescens Turn. \
— varium Hedw. \ (lieux argileux).
— Schreberi Hedw. )
— squarrosum Schrad.
— polycarpum Ehrh.
Campylopus fragilis B. S.
Weisia Bruntoni N. Boul.
— denticulata Brid.
— fugax Hedw.
Gymnostomum rupestre Schw.
Blindia acuta B. S.
Brachyodus trichodes N. et H.
Schistostega osmundacea W. et M,
Espèces calcicolcs,
Hypnum plicatum Schl.
— tenellum Dicks.
— Tommasinii Sendt.
— trifarium W. et M.
— lycopodioides Schw.
— commutatum L.
— scorpioides L.
— chrysophyllum Brid.
— confervoides Brid.
— Halleri L.
— catenulalum Brid.
Myurella julacea B. S.
Leskea longifolia R. Spr.
— Philippeana N. Boul.
— rufescens Schw.
Cylindrothecium Montagnei B. S.
Bryum Funkii Schw.
Mnium rostralum Schw.
Philonotis calcarea Sch.
Funaria calcarea Wahl.
— hibernica H. et T.
Encalypta streptocarpa Schw.
— longicolla B. S.
— rhabdocarpa Schw.
— commuta ta N. H.
Barbula aciphylla B. S. ?
— mucronifolia B. S.
— inclinata Schw.
— revoluta Hedw.
— convoluta Hedw.
— paludosa Schw. ?
— Hornschuchiana Schultz.
— vinealis Brid.
— membranifolia Schultz.
— aloides B. S.
— ambigua B. S.
— rigida Schultz.
Trichostomum tophaceum Brid.
— rigidulum Sm.
— glaucescens Hedw.
Didymodon inclinatus Sw.
Anacalypta lanc.eolata B. S.
— Starkeana B. S.
— cæspitosa B. S.
— latifolia B. S. ?
Pottia cavifolia B. S.
— minutula B. S.
— Heimii B. S. (sel marin).
Weisia verticillata Brid.
Gymnostomum calcareum N. et H.
Seligeria tristicha B. S.
— pusilla B. S.
221
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871
Espèces franchement siliclcoles.
Grimmia Schultzii Wils,
— elatior B. S„
— contorta Scli.
— commutata Huebn.
— ovata W. et M.
— leucophæa Grev.
— conferta Funk.
— Donniana Sm.
— montana B. S.
— Hartmanii Scli.
— torquata Sch.
Bhacomitrium patens Sch,
— aciculare Bricl.
— protensum A. B.
— fasciculare Brid.
— heterostichum Brid.
— sudelicum Brid.
— microcarpurn Brid.
— lanuginosum Brid.
Hedwigia ciliata Timm.
Hedwigidium imberbe B. S.
Campylostelium saxicola B. S.
Tetrodontium Brownianum Schw.
Andreæa petrophila Ehrh.
— rupestris Roth.
Espèces préférant les terrains siliceux
ou en partie siliceux.
Hypnum loreum L.
— umbratum Ehrh.
— salebrosum Hoffm.
— plumosum Sw.
— crassinervium Tayl.
— Stokesii Turn .
— pratense Koch.
— silvaticum L.
— denticulatum L.
Leskea attenuata Hedw.
Pterogonium gracile Sw.
Fontinalis squamosa L.
Bryum calophyllum N. Br.
— cyclophyllum Schw.
— intermedium W. et M.
— marginatum B. S.
— lacustre Brid. ?
Mnium affine Bl.
Bartramia pomiformis Hedw.
■ — ithyphylla Brid.
Buxbaumia indusiata Brid.
— aphylla Hall.
Diphyscium foliosum W. et M.
Polytrichum commune L.
— formosum Hedw.
— juniperinum Hedw.
Pogonatum urnigerum Sch.
— nanum P. B.
Trichostomum tortile Schrad.
Espèces calcicules.
Cinclidotus fontinaloides P. B.
— aquaticus B. S.
Grimmia orbicularis B. S.
— crinita Brid.
— funalis Schimp.
Phascum alternifolium Dicks.
— rectum Sm.
— curvicollum Hedw.
— bryoides Dicks.
— Flœrkeanum W. et M.
— triquetrum B. Spr.
Physcomitrella patens Sch.
Ephemerum recurvifolium N. Boul.
— stenophyllum B. S.
— cohærens Hampe.
Espèces préférant les terrains calcaÀre
ou en partie calcaires.
Hypnum glareosum Bruch.
— campestre Bruch.
— Teesdalii Sm.
— prælongum L.
— riparium Lin.
— curvipes Guemb.
— incurvatum Hedw.
— polymorphum Hedw.
Anomodon viticulosus H. et T.
Leskea polycarpa Ehrh.
Bryum atropurpureum B. S.
— versicolor A. B.
— ■ carneum L.
— arcticum B. S.
Mnium cuspidalum Hedw.
— serratum Brid.
— orthoirhynchum B. S.?
— stellare Hedw.
Paludella squarrosa Brid. ?
Bartramia gracilis Fl.
Physcomitrium piriforme Brid.
— fasciculare B. S.
— sphæricum B. S.
Encalypta vulgaris Hedw.
Barbula latifolia Bruch.
— muralis Hedw. ( mortier des murs).
— tortuosa W. et M.
— squarrosa B. S.
— gracilis Schw.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
222
Espèces préférant les terrains siliceux
ou en partie siliceux.
Trichostomum pallidum Hedw.
Dicranum undulatum R. S.
— pellucidum Hedw.
Campylopus flexuosus Brid.
Ceratodon cylindrieus B. S. ?
Leucobryum glaucum Hampe.
Weisia cirrata Hedw.
Gymnostomum tenue Schrad.
— squarrosum Wils.
Rhacomitrium canescens Brid.
Phascum nitidum Hedw.
Espèces préférant les terrains calcaires
ou en partie calcaires .
Trichostomum latifolium Schw.T
— crispulum Bruch.
Didymodon luridus H.
— rubellus B. S.
— capillaceus W. M.
Dicranum virens Hedw.
Fissidens osmundoides Hedw.
— incurvus Schw.
— taxifolius Hedw.
Gymnostomum rosteliatum Sch.
Seligeria recurvata B. S.
Cinclidotus riparius B. S.
Archidium alternifolium Sch. ?
Nous ne donnerons pas ici, comme moins intéressante, une troisième liste
formée des espèces indifférentes à la nature du sol.
Les espèces qui croissent sur les troncs d’arbres ont été exclues de nos listes ;
toutefois il est possible que leurs conditions d’existence soient encore jusqu’à
un certain point sous la dépendance de la poussière du sol voisin que le vent
leur amène.
Nos tableaux ne sont pas définitifs; un certain nombre d’espèces nous
laissent dans l’incertitude au sujet de la place qui leur convient. Cependant,
quelle que soit l’imperfection de nos listes actuelles, nous nous permettons de
les recommander à l’attention des brvologues ; nous prions les botanistes de
vouloir bien les contrôler dans les localités qu’ils sont à même d’explorer avec
soin. Comme nous l’avons déjà insinué, ce contrôle exige beaucoup d’exacti¬
tude. Il ne suffit pas d’indiquer, d’une manière générale, l’étage géologique : il
faut faire l’analyse chimique du sol ou des rochers sur lesquels se trouvent les
Mousses que l’on observe ; il faut enfin tenir compte d’une foule de circon¬
stances qui semblent accidentelles au premier abord, mais qui, lorsqu’on s’en
rend un compte exact, se trouvent être la cause principale du phénomène.
SUR DES FEUILLES ANOMALES DE TRIFOLIUM REPENS ET DE TRIFOLIUM PRATESSE
par If. C»*a*tave HA(GI\.
(Paris, octobre 1871.)
La quadrifoliolation du Trifolium repens que j’ai signalée à la Société (1) a
persisté à se produire, et j’ai pu continuer à la constater, depuis 1865 jusqu’au
milieu de l’année 1870, dans l’endroit du parc de Saint-Cloud où je l’avais
rencontrée. Les échantillons que j’y ai récoltés appartenaient tous à la s.-v.
microphyllum du T. repens de la deuxième édition de la Flore des environs
de Paris , de MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre.
Dans le courant de 1869, j’ai observé la quadrifoliolation du T. repens
(1) Voyez le Bulletin, t. XIII, 1866 ( Séances b p. ‘279.
SÉANCE DU JO NOVEMBRE 187 J.
223
type dans une autre localité : sur la pelouse du petit jardin en avant de la
maison n° J 3, rue des Tibilles, à Bellevue-lez-Meudon. Cette pelouse, d’envi¬
ron 6 mètres de long sur l\ mètres de large, légèrement inclinée du sud-ouest
au nord-est, ombragée par deux Marronniers-d’Inde (. Æscidus Hippocosta-
num), un Acacia blanc [Robinia P&eudacacia) et un Acacia rose ( Robinio
viscosa ), est établie sur un sol argilo- calcaire de fort mauvaise qualité. Les
pieds de T. repens y étaient nombreux, et plusieurs ont produit des feuilles
quadrifoliolées depuis les premiers jours d’avril où je les ai aperçues jusqu’au
mois de novembre, époque à laquelle je n’eus plus occasion d’examiner cette
pelouse. J’ai pu suivre les feuilles quadrifoliolées du T. repens dans leur
développement et dans leur sommeil, et j’espère ne pas abuser des instants de
la Société en lui faisant part de ce que j’ai vu.
Les feuilles quadrifoliolées sont pliées dans le bourgeon comme les feuilles
trifoliolées elles-mêmes, c’est-à-dire que toutes les folioles se trouvent situées
dans le prolongement de l’axe du pétiole, que chaque foliole est pliée en deux
sur la nervure médiane qui forme charnière, de sorte qu’elles se louchent par
leurs faces extérieures. Elles sortent du bourgeon en cet état; ce n’est que
lorsqu’elles s’étalent et s’ouvrent qu’elles prennent, dans leur circonscription
et par rapport au pétiole, l’apparence d’une feuille composée-digitée. L’une
des deux folioles du milieu s’ouvre, et son pétiole s’infléchit de façon à ren¬
verser la foliole et à faire un angle droit avec le pétiole : c’est la foliole du
sommet de la feuille. Chacune des deux folioles situées à droite et à gauche
de celle-ci se déverse en s’ouvrant dans la position qu’occupent les folioles
latérales d’une feuille trifoliolée ; et la dernière foliole, qu’elle soit à droite ou
à gauche, vient en s’ouvrant s’opposer par la base à la foliole du sommet. On
voit que la préfoliation des feuilles quadrifoliolées est analogue à la préfoliation
des feuilles trifoliolées.
Pour dormir, les deux folioles inférieures se relèvent et appliquent l’une
contre l’autre leurs faces supérieures. Les deux folioles supérieures, au lieu de
faire le même mouvement, comme on aurait pu le supposer, se redressent de
telle sorte que leurs nervures médianes soient dans le prolongement de l’axe
du pétiole, et viennent, en se posant l’une devant l’autre, la seconde appli¬
quant sa face supérieure sur la face inférieure de la première, simuler une
foliole unique. Il en résulte qu’à ce moment de la journée où elles som¬
meillent les feuilles quadrifoliolées ont l’apparence des feuilles trifoliolées
endormies.
De la position des folioles dans la période de sommeil, on pourrait induire
que la feuille quadrifoliolée se produit chez le T. repens par le dédoublement
de la foliole du sommet. Cependant je ne suis pas disposé à admettre cette
manière devoir. La position des folioles pendant le sommeil me paraît com¬
mandée par la nécessité de maintenir durant ce temps le même rapport entre
la superficie des faces supérieure et inférieure de ces folioles et l’obligation
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
224
de ne pas troubler l’équilibre résultant des fonctions respiratoires différentes
qu’elles accomplissent l’une et l’autre. En effet l’addition d’une foliole dans
l’état de veille ajoute à la plante une égale superficie de face inférieure et supé¬
rieure, tandis que si pour dormir les quatre folioles se rapprochaient deux par
deux en appliquant les unes contre les autres leurs faces supérieures, la
superficie des faces inférieures libres serait augmentée, et en même temps
chaque feuille quadrifoliolée serait pendant le sommeil privée entièrement de
face supérieure libre.
D’autre part, si l’on regarde avec soin le point d’insertion de chaque foliole
sur le pétiole et la position des pétiolules entre eux, on aperçoit généralement
une trifurcation bien distincte au sommet du pétiole et trois petits bourrelets,
«
puis sur l’un des pétiolules latéraux un autre petit péliolule à la base duquel
se trouve également un petit bourrelet. Enfin l’une des folioles est générale¬
ment plus petite que les autres, souvent elle est de forme différente ; et cette
foliole, qui paraît être additionnelle, portée sur le pétiolule latéral, soit de
droite, soit de gauche, dédoublé, est, à l’état de veille, opposée par la base à
la foliole du sommet, du moins chez toutes les feuilles que j’ai observées.
Resterait à rechercher si l’examen anatomique confirme ce qui, je crois,
se produit d’une façon constante ; ce que j’ai toujours vu.
Je crois devoir noter aussi cette particularité, que les feuilles quadrifoliolées
appliquent pour dormir la face supérieure de la foliole normale d’un côté
contre la face supérieure de la foliole additionnelle située de l’autre côté, et
que c’est la foliole normale située du côté de la foliole additionnelle qui vient,
en se relevant et en tournant sur son pétiolule, se placer devant la foliole
normale supérieure, qui se contente de se redresser comme dans une feuille
trifoliolée.
Le 18 juillet 1869, dans le bois de Meudon, sur la berge de l’étang des
Fonceaux, à l’angle sud de la portion libre, contre la muraille de la portion
réservée, j’ai rencontré une autre anomalie de T. repens. Voici en quoi elle
consiste.
Les trois folioles de l’une des feuilles sont cordiformes, assez profondément
échancrées au sommet, et dans celte échancrure deux des folioles présentent un
pédicelle court formé par le prolongement de la nervure centrale et suppor¬
tant une foliolule suborbiculaire très-légèrement émarginée au sommet. C’est
comme une prolifération de ces folioles. J’ai souvent depuis, soit au même
lieu, soit en d’autres endroits, vainement cherché à retrouver cette singularité
dont je n’ai pu recueillir qu’un échantillon. Des autres feuilles du pied sur
lequel je l’ai aperçue, les unes sont de forme normale, c’est-à-dire obovalcs,
les autres sont cordiformes, mais ne présentent pas de foliolule adventice. La
foliole même de celle feuille qui est simplement cordiforme n’a jamais été
dotée de foliolule, et ne l’a point perdue par accident, comme on pourrait
le supposer en voyant ses deux sœurs en porter, car il n’y a pas le moindre
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1 87 J .
525
mucron à la base du cœur, c’est-à-dire dans l'échancrure du sommet de la
feuille, et l’on voit fort bien par transparence, aujourd’hui que ces feuilles sont
desséchées, que la nervure centrale ne s’est, à aucun instant de son existence,
prolongée au delà du limbe, et qu’elle se termine normalement à sa circon¬
scription. Jl me semble utile d’appliquer à ce Trèfle une dénomination spéciale,
et sa caractéristique étant l’adjonction d’une foliolule à une foliole, je pro¬
pose de l’appeler Trèfle foliolulé. Je n’ai pu observer la préfoliation de cette
feuille, n’en ayant jusqu’à présent trouvé qu’un exemplaire entièrement déve¬
loppé, et par ma faute je ne connais pas son sommeil. J’ai eu le tort, en effet,
de la cueillir sans attendre que le soleil fût couché, et de la serrer tout de suite
dans un cartable, tandis que j’aurais pu me rendre compte de sa manière
de dormir en ne la comprimant pas immédiatement et en mettant, lorsque je
rentrai chez moi, le pied de cet exemplaire dans un verre d’eau.
Je disais en 1866 que je croyais la quadrifoliolation spéciale au T. repeins,
et notre honorable Président, en signalant la culture, que je n’ai pu retrouver
par suite de la mutilation du jardin du Luxembourg, d’un Trèfle dont toutes
les feuilles étaient quadrifoliolées, ne disait pas qu’il appartînt à une autre
espèce. En examinant la petite pelouse sur laquelle j’étudiais le développe¬
ment et les phases de ce phénomène, j’ai rencontré quelques cas de quadrifo¬
liolation sur des individus appartenant au T. pratense ; chez le T. pratense ,
j’ai observé la même préfoliation, la même disposition pendant le sommeil,
le même dédoublement apparent d’une des folioles latérales que chez le
T. repens . Mais la foliole adventice, si elle est parfois plus petite que les
folioles normales comme chez le T. repens , est généralement de même forme
que les autres. Peut-être doit-on à cette circonstance de n’avoir pas encore
aperçu la quadrifoliolation dans cette espèce, car l’enchevêtrement des folioles
des différentes feuilles d’une même plante ne permet plus alors de remarquer
cette disposition que si l’on regarde chaque feuille séparément.
Le Trifolium pratense ne se contente pas de la quadrifoliolation, et à di¬
verses reprises, dans le courant de l’été de 1869, j’ai pu constater et recueillir
des pieds de ce Trèfle porteurs de feuilles quinquéfoliolées sur la même
pelouse du n° 13 delà rue des Tibilles. lise produit alors une paire de folioles
de plus que d’habitude, et la feuille a l’aspect d’une feuille imparipennée à
deux rangs de folioles.
Dans la préfoliation, la feuille quinquéfoliolée porte, à l’extrémité du pétiole
et dans son prolongement, la foliole terminale pliée en deux longitudinalement,
de sorte que chaque moitié d’un côté de la nervure médiane applique sa face
supérieure sur la face supérieure de l’autre moitié. Chaque foliole de la paire
supérieure, pliée de même, a l’une la moitié de sa face inférieure gauche
appliquée sur la moitié de la face inférieure droite de la foliole terminale, et
l’autre la moitié de sa face inférieure droite appliquée sur la moitié de la face
inférieure gauche de la foliole terminale. Les folioles delà paire inférieure, éga-
T. XVIIt. (séances) 15
226
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Iement pliées en deux dans le sens de la longueur, comme le sont toutes les
folioles de tous les Trifolium, ont : la foliole de droite, la moitié gauche de la
face inférieure appliquée contre la moitié droite de la face inférieure de la
foliole de droite de la paire supérieure, et la foliole de gauche, la moitié droite
de la face inférieure appliquée contre la moitié gauche de la face inférieure
de la foliole de gauche de la paire supérieure. Ces folioles, ainsi pliées, s’écar¬
tent l’une de l’autre en sortant du bourgeon, et bientôt chacun des limbes en
s’étalant donne à la feuille le port d’une feuille bipennée avec impaire et lui
permet d’accomplir ses fonctions respiratoires.
A l’heure du sommeil, ies folioles de la paire inférieure se redressent et
appliquent réciproquement l’une contre l’autre leurs faces supérieures. Au
lieu de se comporter de même, les folioles de la paire supérieure viennent se
poser devant la foliole terminale, l’une appliquant sa face inférieure sur la
face supérieure de la foliole terminale et l’autre appliquant sa face inférieure
sur la face supérieure de la foliole opposée, de telle sorte qu’à elles trois elles
ne présentent plus qu’une face supérieure et une face inférieure libres. De
cette façon se trouve maintenue la proportion entre les surfaces des faces supé¬
rieures et inférieures, qui eût été détruite si la paire supérieure s’était com¬
portée pour dormir comme la paire inférieure.
Chez les exemplaires du T. pratense quadrifoliolé que j’ai rencontrés, les
quatre folioles conservent assez complètement la même dimension et surtout
la même forme que les folioles des feuilles trifoliolées. Lorsque la feuille est
quinquéfoliolée au contraire, si la paire inférieure ne diffère généralement pas
d’une paire de folioles normales, la paire supérieure et la foliole terminale,
généralement plus petites que des folioles ordinaires de T. pratense, affectent
des formes variées et singulières et sont le plus souvent profondément échan-
crées au sommet.
Il semble, surtout si l’on rapproche la position qu’ont entre elles la paire
supérieure et la foliole terminale pendant le sommeil de ce développement
moindre de leur limbe, qu’elles ne sont à elles trois qu’une trifurcation de la
foliole terminale. Chacune, au reste, est portée sur un pétiolule distinct abso¬
lument semblable au pétiolule normal et inséré comme lui sur le pétiole com¬
mun, de telle manière que si l’on supprimait la paire inférieure, on pourrait
se croire en présence d’une feuille trifoliolée d’une forme particulière et d’une
moindre dimension. Il serait intéressant de s’assurer anatomiquement de la
constitution du pétiolule et de son bourrelet, car il semble qu’elle doit être
autre dans la paire supérieure que dans la paire inférieure et dans les paires
normales, pour permettre aux folioles de prendre durant le sommeil leur posi¬
tion particulière.
J’ai vu des pieds de T. pratense qui présentaient soit toutes les feuilles tri¬
foliolées, soit des feuilles trifoliolées et des feuilles quadrifoliolées, soit des
feuilles trifoliolées et des feuilles quinquéfoliolées, voire même tout à la fois
SÉANCE DU JO NOVEMBRE 1871.
227
des feuilles trifoiiolées, quadrifoliolées et quinquéfoliolées. Je n’eu ai pas ren¬
contré chez lesquels toutes les feuilles auraient été quadrifoliolées ou quin¬
quéfoliolées.
Je ne sais, et il me sera peut-être bien difficile, meme si je retourne 'a l’en¬
droit où était cette pelouse, de savoir si le phénomène a persisté et de l’étu¬
dier tant sur place que dans des semis de graines provenant de pieds anor¬
maux, bien que cela m’eût paru intéressant à suivre au point de vue de la
continuité ou du développement par la sélection de ces sortes de déformations.
Quant à la localité du parc de Saint-Cloud où j’avais vu persister la quadri-
foliolation du T. repens , elle a été détruite par l’invasion prussienne qui,
si elle nous fournit quelques sujets d’étude botanique, nous a été bien dou¬
loureuse à tant d’égards.
La multiplication des folioles du Trèfle n’est peut-être pas assez curieuse
pour qu’il intéresse la Société de connaître tous les endroits où je pourrais
rencontrer celle anomalie; je crois toutefois pouvoir me permettre de lui
signaler qiTellc se produit dans une région différente de celle où je l’ai pour
la première fois aperçue, d’autant plus que j’ai vu là un fait que je n’avais pas
encore noté. J’ai trouvé, en mai 1871, sur la pelouse du jardin du n° 31, rue
Morel, à Douai, des pieds de T. repens à feuilles, les unes trifoiiolées, les
autres quadrifoliolées et même quinquéfoliolées, ce que je n’avais pas encore
vu dans cette espèce. J’ignore sous quelle influence cette anomalie s’est pro¬
duite, mais je suis certain qu’elle est récente dans ce jardin. Elle y avait, en
effet, été cherchée en vain depuis une trentaine d’années par quatre personnes
avant le jour où je l’ai aperçue.
J’avais énoncé que l’on attribuait autrefois au Trèfle quadrifoliolé des
vertus particulières; à l’appui de mon assertion, je puis aujourd’hui produire
un document que j’extrais textuellement du tome sixième (pp. 408-410) de
l’ouvrage où je l’ai rencontré (1) ;
« Trifolium, le Trèfle.
» Voici ses caractères :
» Sa fleur est en papillon ou à peu près. ... . Ses feuilles sont trois à trois,
» rarement quatre à quatre ou cinq à cinq.
» Boerhaave en compte les trente-six espèces suivantes (2) :
» 10. Trifolium quad ri folium , Bortense album , G. B. P. 327. Boerh. Ind.
» ait. 2, 31. Trifolium pur pureum, Offic. Trifolium Phæum fuscum luxu-
» rians quaternis, quinis et senis fol iis, Tourn. Inst. 406. Tri folio affine
(1) Dictionnaire universel de médecine, de chirurgie , dechymie , de botanique, d'a na¬
tomie, de pharmacie , d’histoire naturelle , etc. : traduit de l’anglais de M. James, par
MM. Diderot, Eidous et Toussaint, revu, corrigé et augmenté par M. Julien Busson, doc¬
teur-régent de la Faculté de médecine de Paris, 1746-18, six volumes iu-folio.
(2) Sur ces trente-six espèces de Boerhaave, M. Maugin n’a reproduit ici que ce qui
concerne celle marquée du numéro 10.
928 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
» quadrifoliurn , Phœum Lobelii , J. B. 2, 380. Raii ïlist. 1, 9ù2. Quadrifo-
» Parie .Theal. 1112. Lotus quadri folia, Ger. 1028. Emac.1198.
» Ou trouve ce trèfle dans les prés, d’où on le transporte dans les jardins,
» où on le cultive avec soin ; il fleurit en été. On fait usage de son herbe.
» Son suc chasse des intestins les humeurs phlegmatiques, guérit les ul-
» cères'a la bouche et à la langue, garantit de la petite vérole, et passe vulgai-
» renient pour un remède excellent, dans la fièvre pourpreuse des enfants. »
M. Brongniart fait remarquer que l’on cultive depuis longtemps, à
titre de curiosité, le Trèfle quadrifoliolé dans les jardins botaniques.
Lecture est donnée des communications suivantes, adressées à la
Société :
NOTE SUR QUELQUES PLANTES DES ENVIRONS DE MONTPELLIER,
par M. A. RARRA.KSHML
(Montpellier, 4 novembre 1871 .)
je ne sais si Linné est vraiment l’auteur de cet adage à lui attribué, qu’il
ne faut herboriser que de la Violette au Colchique ; mais j’ai lu dans sa Phi¬
losophie botanique (édit, de 1751, p. 293) que les herborisations doivent
durer depuis V apparition des feuilles des arbres jusqu'à leur chute ; et, sous
cette forme, le précepte vaut mieux pour nos contrées méridionales, car il s’y
trouve encore en automne de très-bonnes plantes ît recueillir et à étudier.
Le 0 du mois dernier, nous herborisions avec M. le professeur Martins
sur les garrigues de Montmaur près Montpellier, et nous y trouvions en
abondance les Seseli tortuosum L. , montanum L. , et e latum Gouan, lors¬
qu’un de nous remarqua que toutes les ombelles de l 'elatum étaient chargées
de fruits, tandis que la plupart de celles des S. tortuosum et montanum
étaient stériles. Un examen plus attentif nous permit de reconnaître que ces
deux plantes sont très-régulièrement monoïques, quoique par simple avorte¬
ment, en ce sens que les ombelles terminales de chaque grand rameau sont
seules fécondes. Sur les fleurs de ces ombelles il n’y a point d’étamines, ou il
n’y en a, très-rarement encore, que quelques-unes à demi développées, avec
un pollen mal conformé ; le disque épigyne est très-développé et d’un beau
violet, ainsi que les deux styles fort gros et fort longs. La couleur permet de
les reconnaître de loin. Aux fleurs des autres ombelles, les étamines ont de
grosses anthères avec du pollen bien conformé ; mais le disque épigyne est
blanc, peu développé. On ne voit aucune trace de styles; mais au-dessous de
la fleur existe un ovaire, et si l’on sépare les deux parties du disque, on trouve
des styles très-courts et qui, ne parvenant point à l’air libre, sont ainsi soustraits
*' l’action du pollen. L’ovaire est petit, ainsi que l’ovule non fécondé qu’il con-
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871.
*220
absolument que les ombelles terminales qui portent des fruits, bien que les
fleurs des autres soient réellement hermaphrodites.
J'ai contrôlé cette observation les jours suivants, sur plusieurs autres points
du département, et je n’ai pas trouvé une seule exception. Seulement j’ai
rencontré quelques pieds assez rares de Seseli tortuosum dont toutes les
ombelles étaient de couleur violette, mais la conformation en était la même
que sur les autres pieds et les ombelles terminales étaient seules fécondes.
Ch. de l’Écluse et J. Bauhin avaient déjà averti que, parmi les pieds de Seseli
tortuosum , il s’en trouvait quelques-uns, en très-petit nombre, avec des fleurs
violettes (J. Bauhin, Hist. plant, t. III, part, n, p. 16).
D’autre part, j’ai voulu rechercher si quelques auteurs font mention de cet
avortement régulier des ombelles secondaires. Je n’ai rien trouvé sur ce point ;
ce qui s’explique assez naturellement, si l’on considère d’abord que les Seseli
tortuosum et montanum sont, par leur floraison très-tardive, soustraits à l’étude
du plus grand nombre des botanistes voyageurs, et ensuite que ces plantes,
réputées bien connues, n’ont été d’après Ylconum index de M. Prilzel, figurées
par aucun botaniste moderne. Les seules figures citées par les auteurs sont
en effet celles de Lobel, le. 785, et de J. Bauhin, Hist. pi. III, part, il,
p. 16, fig. 1 ; l’étude qu’eût nécessitée l’exécution d’une figure analytique
aurait inévitablement amené la constatation des deux sortes de fleurs.
Nous croyons qu’il sera utile de faire à l’avenir mention de cette circon¬
stance dans les ouvrages descriptifs.
Le 16 du même mois d’octobre, nous parcourions, avec M. Duval- Jouve,
les environs de Béziers et de Roquehaute ; et nous avons vu dans le canal du
Midi le Vallisneria spiralis L. , et le Villarsia Nymphoides Vent., croissant
en une abondance telle, que la drague est nécessaire pour que le service de la
navigation n’en soit pas embarrassé. Les bords du même canal étaient tout
couverts de Leersia oryzoides Sw. ; mais la plupart des pieds étaient à pani-
cule terminale incluse, avec d’autres panicules également incluses dans
chacune des gaines de la lige, comme cela a été signalé par M. Duval-Jouve
dans Billot, Annotations à la fl. de Fr. et d* Ail. p. 113 ; 1857.
Entre Villeneuve et Portiragnes, croissait à côté de cette curieuse Grami¬
née, mais en moindre abondance, le très-élégant Cyperus serotinus Rottb.
(C. Monti auct. plur.). Nous reprenons le nom de Rotlboell, parce que la
priorité appartient à cet auteur qui, dès 1772, dans son Descr. proyr. p. 12,
décrivit ce Cyperus sur des spécimens que lui avait donnés à Bologne
F. Bassi et sur l’excellente figure qu’en avait donnée Monti ( Cat . stirp. Bon.
prodr. ta b. 1, fig. 2). Le nom de serotinus qu’il lui imposa était justifié
aussi bien par l’époque de la floraison que par l'emploi qu’en avaient anté¬
rieurement fait Ray (Hist. pi. HT, p. 626), Lel. Triumfetti dans l’ouvrage
230
SOCIÉTÉ BOTANIQUE UE FRANCE.
de son frère [Obs. de or lu et vcg. pl. p. 04), Monti (op. c. p. 12), Micheli
(iY ov. pl. gen. p. 45, n° 9), et enfin Scheuchzer (Agrost. p. 380). Ce nom
fut reproduit par Iîoltboell, en 1773, dans ses Descr. et ic. p. 31 ; il est
donc ainsi antérieur de neuf ans à celui de Linné fils, datant de 1781, et il
doit jouir du droit de priorité que lui ont déjà reconnu Yahî, Enum. II, p. 350,
n° 112, et Kunlli, Enum . pl. II, p. 19, tandis que beaucoup d’auteurs
contemporains conservent encore le nom de Linné fils. On pourrait meme,
sans encourir le reproche d’un scepticisme outré, se demander si le Cyperus
décrit par Linné fils dans son Supplément, p. 102, est bien la plante que
Monti avait figurée; car Linné attribue à sa plante: 1° un chaume rond,
teres, et celle de Monti a le chaume triquêlre avec angles aigus et faces un
peu rentrantes; 2° «folia iongissima, umbella supra decomposita, involucrum
hexaphyllum », ce qui ne convient point à la plante de Monti. Linné ajoute
que sa plante croît dans l’Inde et peut-être aussi en Italie, et personne depuis
n’a signalé le Cyperus de Monti comme croissant dans l'Inde. Le doute est
donc permis, et pour dire toute la vérité, je ne fais, en l’exprimant ici, que
reproduire celui qu’ont émisRœmcr et Schultes (Syst. vcg. Il, p. 207).
Un mot encore sur la même plante. De Candolle lui avait attribué une
« racine fibreuse » (Fl. fr. I, p. 197), ce que Gaudin qualifie un peu vive¬
ment d’erreur complète, attendu que ce Cyperus a une souche rampante et
stolonifère (Agrost. helv. II, p. 55). Mais cet auteur n’avait pas suffisamment
remarqué que De Candolle, au passage cité, ne prend pas, comme lui, le
mot racine dans le sens de souche, mais oppose l’expression « racine fibreuse »
à celle de « fibres de la racine renflées en tubercules ». Quoiqu’il en soit,
l’observation de Gaudin est juste, et il décrit assez bien la souche du C. sero-
tinus en la disant « stolonifère, grêle et revêtue d’une enveloppe tubuleuse
» dont la partie fibreuse n’occupe pas le tiers . ; organisation si singulière
» qu’on ne voit pas la pareille dans toute la série des Gramens(l). » fiertoloni
en dit à peu près autant (Fl. ital. I, p. 273). Pour me rendre compte de
cette organisation, j’eus recours à l’obligeance de M. DuvaL Jouve, et bientôt
des coupes microscopiques nous permirent de reconnaître que la composition
de ces stolons ne diffère en rien de celle que notre confrère a signalée dans
son mémoire sur les Agropyrum de V Hérault, p. 331, et présente deux
zones : l’une, centrale, formée de faisceaux fibro-vasculaires épars dans du
parenchyme ; et l’autre, externe ou corticale, consistant en plusieurs couches
d’un tissu cellulaire très-lâche et se détruisant vite, recouvertes par des cellules
épidermiques dures, résistantes et très-persistantes. Ce sont elles qui consti-
(1) « Radix viticulosa.. ., viticuli (sic) graciles, articulati, fibrosi, tunica tubulosa, cujus
» capacitatis fibra ne quidem tertiam partem complet, tecti — Fabrica viticulorum omnino
» singularis est ut in Iota Graminearum gente nulla occurrat planta quæ taies habeat
» radices. » (Agrost. helv. II, P- 33 et 5û.) — Est-ce que les dictionnaires ne donnent
pas viticula , au lieu de viliculus ?
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 231
tuent, après la destruction du tissu lâche qu’elles recouvrent, ce « tunica
tubulosa a de Gaudin, dans lequel flotte la zone centrale « fibra ».
Revenons g notre course.
Le plateau de Roquehaute, si riche au printemps, était sec, absolument sec;
quelques pieds de Pulicaria sicula Moris s’y montraient pourtant, avec des
touffes ô? Aster acer d’un mètre de haut et d’un bel aspect ornemental.
Mais les mares n’offraient qu’un fond desséché et fendillé, où Ylsoëtes setacea
Del. essayait de reparaître à côté de quelques pieds mourants de Marsilia
pubescens Ten.
Enfin, en descendant du plateau vers Vias, après les carrières de Medeillan
et sur les talus d’un chemin creusé dans le tuf volcanique, nous rencontrâmes
en quantité et en très-bon état un Buffonia que je ne rapporte qu’avec
grande hésitation au B. tenuifolia Gay. En effet, les sépales n’ont que trois
nervures, comme le B. tenuifolia Gay, mais ces nervures demeurent isolées
jusque sous le sommet, comme celles du B. macrosperma Gay; les graines,
planes d’un côté, convexes de l’autre et assez grosses, sont mêlées à de plus
petites ; elles sont régulièrement tuberculeuses sur le dos, mais les faces, au
lieu de porter aussi des tubercules, sont marquées de sillons irradiants et.
relevés seulement à leur extrémité en tubercules formant des lignes concen¬
triques.
SUR QUELQUES TISSUS DE JONCÉES, DE CYPÉRACÉES ET DE GRAMINÉES,
par SI. «F. DUV AL- JOUVE.
(Montpellier, 15 octobre 1871.)
En décembre 1869, j’ai communiqué à la Société quelques observations
sur les formes successives que présentent les cellules de certains Juncus , sur
les interruptions de la moelle dans les tiges du Juncus inflexus L. (J. glaucus
auct. et J. paniculatus Hoppe), ainsi que sur le mode de formation des cloi¬
sons qui se montrent dans les feuilles des 7. lampocarpos , obtusiflorus et autres
constituant le groupe des espèces vivaces a feuilles cloisonnées (voir Bull. Soc.
bot.de France , tom. XVI, pp. ZtOù-ùlO, pi. 3). Or, en commençant la présente
étude, je dois revenir sur ce que j’ai dit des cloisons des feuilles ; car de
nouvelles observations m’ont permis de constater que, si ce que j’ai avancé
concernant les interruptions du tissu médullaire dans les tiges du J. inflexus
est demeuré complètement exact, ce que j’ai affirmé sur les cloisons des
feuilles des autres espèces, toujours exact pour les premiers moments de
leur développement, les seuls que j’eusse observés, est insuffisant pour le
développement ultérieur.
Quant aux interruptions de la moelle du J. inflexus , j’ai seulement à faire
remarquer que, n’offrant aucune constance, elles ne peuvent servir comme
caractère spécifique. Sur un même pied, on trouve des tiges où la moelle est
232
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
restée continue, d’autres où elle ne s’est interrompue que par régions, d’autres
où elle est si rare qu’elle a presque entièrement disparu, d’autres enfin où le
retrait des cellules s’est fait, non plus dans le sens vertical, mais de la péri¬
phérie vers le centre et plus particulièrement entre les faisceaux fibro-vascti-
laires les plus internes. Il résulte de ce dernier mode de retrait un second
cercle de lacunes longitudinales, qui a fait prendre pour une espèce distincte
les individus qui le présentent : J. equisetosus Dum. in Bull. Soc. bot. Belg.
tome VII, pp. 36à et 365. Or, si la disposition relative des tissus constitutifs
offre, par son invariabilité, d’excellents caractères distinctifs, il n’en est pas
de meme des modifications ultérieures et tout à fait accidentelles que peuvent
subir les éléments de ces tissus. Ainsi que je l’ai exposé dans mon mémoire
sur les Comparaisons histolaxiques (, Mèm . Académ. sciences et lettres de
Montpellier , t. VII, p. 481), comparer non plus l’agencement essentiel, mais
les états successifs des tissus, c’est s’exposer à faire plusieurs espèces d’une
même plante à des moments différents et selon que ses tissus sont à l’état de
fraîcheur et de vie ou à celui de retrait et de mort.
Sur les tiges du J. inflexus, les apparences de cloisons, dues au retrait dans
le sens vertical des cellules médullaires, sont analogues aux cloisons partielles
qu’on observe dans les tiges de quelques Cypéracées, ainsi que dans les feuilles,
les gaines et les rhizomes de certaines Graminées aquatiques (voir Bull. Soc.
bot. de France, i. XVI, pp. 408-409 et pl. 3, fig. 7, etc.). Elles sont et
demeurent jusqu’à la fin de simples amas exclusivement cellulaires. Mais il
n’en est pas de même sur les cloisons des feuilles des autres Juncus. Si on les
observe sur des sujets adultes, on voit que ces cloisons ne sont pas composées
seulement de couches cellulaires rapprochées, mais qu’entre leurs couches
cellulaires il existe un réseau transversal fibro-vasculaire ; de telle sorte que
ces cloisons, avec ce réseau, rappellent, non plus les cloisons caulinaires du
J. inflexus, mais bien la composition réticulée des nœuds de Graminées. Et,
circonstance assez singulière, les vrais nœuds des tiges de ces mêmes Juncus
n’ont point de réseau transversal vasculaire; sur leur pourtour les vaisseaux
sont seulement un peu inclinés vers l’intérieur.
Ces cloisons sont rarement planes, mais presque toujours en verre de
montre avec la convexité dirigée en haut; à leur contour répond sur les feuilles
sèches une saillie, sur les feuilles très-fraîches une légère dépression. Le ré¬
seau qui les parcourt ne forme qu’une couche et ne se divise qu’en irradiant,
sans régularité, du centre vers la circonférence (pl. Il, fig. 1). Chacune de
ses branches se compose d’une enveloppe de fibres excessivement ténues et
tout unies, puis, au centre, d’un groupe de vaisseaux ponctués et rayés, ayant
un diamètre trois ou quatre fois supérieur à celui des fibres enveloppantes et
s’articulant entre eux par des surfaces peu obliques et irrégulières. La fig. 2
donnera une idée de cette disposition. Ces vaisseaux sont incolores, ou jau¬
nâtres dans les feuilles un peu avancées. Les cellules interposées sont de deux
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871
23a
sortes : celles qui entourent les faisceaux sont petites, très-irrégulièrement étoi¬
lées, et ne laissent entre elles que de faibles méats arrondis et irréguliers
(fig. 3) ; les autres sont rondes ou ovales avec, de grands méats. Sur toutes les
espèces, les rameaux du réseau s’avancent vers la périphérie et s’y mettent
en communication avec les faisceaux longitudinaux de la feuille, en s’y rat¬
tachant, non par celle des faces qui regarde le centre et se présente directement
h eux, mais bien par les faces latérales et un peu en arrière; de telle sorte
qu’ils doivent s’infléchir pour y arriver, comme le représente la figure 6. Le
limbe des feuilles du J . obtusiflorm , indépendamment de la particularité déjà
signalée (Bull. Soc. bot. de France , t. XVI, p. 607), et qui consiste à avoir
plusieurs cavités longitudinales, présente encore quelques autres particula¬
rités. Ainsi, d’une part, les fibres qui entourent les vaisseaux du réseau trans¬
versal sont moins fines et moins nombreuses que sur les autres espèces; et,
d’autre part, la zone externe du limbe étant parcourue par de grandes lacunes
longitudinales, les ramifications du réseau, pour arriver aux faisceaux les plus
externes, ont à passer à travers ces lacunes et les obstruent, attendu que,
même alors, ces ramifications demeurent entourées d’un grand nombre des
petites cellules représentées fig. 3.
Des cloisons transversales séparant des cavités se montrent également sur
toute l'étendue de la gaine; mais sur cette région les cavités ne s’étendent
qu’entre les grandes nervures. Les cloisons, placées à des hauteurs variables,
ont un réseau vasculaire comme celles du limbe, mais les cellules interposées
sont chargées de chlorophylle. Vers les marges de la gaine, les cavités sont
très-étroites; elles sont plus larges sur la partie dorsale, le deviennent plus
encore à mesure qu’elles s’élèvent, et aboutissent à un limbe ayant, chez cer¬
taines espèces, une seule cavité longitudinale cloisonnée (J. lampocarpos ), chez
d’autres, plusieurs cavités longitudinales, interrompues à des hauteurs inégales
par des cloisons transversales partielles (J. obtusiflorus). Cette dernière con¬
formation rappelle celle de certains Scirpus et des feuilles de Graminées aqua¬
tiques, dont le limbe et la gaine sont creusés de cavités longitudinales cloison¬
nées ; seulement il y a de la chlorophylle et des vaisseaux dans les cioisons des
Juncus, tandis qu’il n’y en a point dans celles des Graminées que j’ai pu
observer.
A propos de la gaine des Juncus, je signalerai deux inexactitudes, en sens
contraire, échappées h deux auteurs justement renommés pour leur clair¬
voyance et leur rare exactitude. Laharpe a dit : « Les Juncus ont toujours la
» gaine fendue _ , ce qui concourt encore à les distinguer des Luzula , dont
» la gaine est entière » (Mon. Jonc. pp. 6, 18 et 77); et Kunth dit au con¬
traire du genre Juncus comme du genre Luzula : « Vagina integra » ( Enum .
plant. III, pp. 296 et 315). En ce qui concerne les Luzula , dont toutes les es¬
pèces (au moins celles de France) ont la gaine entière, ces deux assertions sont
vraies ; mais elles sont toutes deux inexactes en ce qui concerne les Juncus.
*234 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
D’abord colle de Knntli, attendu que, à l’exception de deux espèces, nos Juncus
français ont la gaine fendue sur toute la longueur, l’un des bords recouvrant
l’autre, comme dans la plupart des Graminées; avec cette différence toutefois
que sur un même chaume de Graminée le sens de ce recouvrement alterne
d’une gaîne à l’autre, de telle sorte que si, à la première gaine, le bord droit
recouvre le gauche, à la seconde ce sera le bord gauche qui recouvrira le
droit; tandis que, sur une même tige de Juncus , le sens du recouvrement est
le même à toutes les gaines. D’autre part, l’assertion de Laharpe pèche par
trop de généralité, puisque le J. compressas Jacq., et sa variété J. Gerardi
Lois., ainsi que le ./. tennis Willd. , ont la gaîne entière ; ce qui, avec un
.imbe non cylindrique, mais semi-plan et en gouttière, les rapproche des Lu-
zula (1). Laharpe aura sans doute été trompé par ce fait que, sur les deux
Juncus précités, les gaines des feuilles radicales s’emboîtent les unes dans les
autres, et comme la partie antérieure en est d’une extrême ténuité, elle se
déchire par le développement des plus intérieures et de la lige, et ne se trouve
bien entière que sur la plante jeune et fraîche; sur la plante adulte, les gaines
radicales les plus internes et les caulinaires les plus élevées demeurent seules
entières.
Je dois ajouter encore que les cellules bidli formes, dont j’ai signalé la pré¬
sence sur la ligne médiane et dans les sinus de fa face supérieure des feuilles
de Graminées {Agropyrum de V Hérault, p. 320), se retrouvent très-pronon¬
cées sur toute la face supérieure des feuilles en gouttière du J. compressus
Jacq. (pl. II, fjg. 5), du J . tennis Willd. et du </. bufonius L. Cette même
face est entièrement dépourvue de stomates, tandis que les feuilles cylindriques
des autres espèces en ont sur toute leur surface (2). La figure 5 fait voir que,
(1) Ces deux espèces se rapprochent encore entre elles par une particularité commune.
Dans les descriptions leurs feuilles sont dites canaliculées ; mais, bien qu’à peu près
symétriques dans leur constitution et par rapport au faisceau médian, elles se mon¬
trent inéquilatérales, et leur ligne de plicature, au lieu de répondre au faisceau médian,
se rapproche de l’un des hords, comme on peut le voir sur la figure 5, reproduisant une
coupe transversale, et sur la figure G, montrant le singulier mode de vernation en rap¬
port avec cette inégalité de plicature. Les lacunes longitudinales des feuilles sont
d’abord remplies par des cellules à rameaux irradiants, comme celles qui remplissent les
lacunes des feuilles des Graminées aquatiques et que j’ai décrites et figurées dans le
Bull. Soc. bot. cle France , t, XVI, pp. à08et suiv., et pl. 111, fig. 7.
Les feuilles du ./. bufonius se rapprochent beaucoup de celles du J. compressus;
mais elles sont moins inégalement pliées, sans cellules étoilées dans les lacunes, avec la
gaîne fendue sur toute la longueur, bien que les bords ne se recouvrent que près de
la base.
(2) La face supérieure des feuilles du Luzula silvalica a ses cellules presque trois
fois aussi larges que celles de l’autre face, et elle est aussi entièrement dépourvue de
stomates. Il en est de même sur les feuilles des Car ex extensa, distant >, etc., Cyperus
serotinus Rottb. ( Monli auct.), longus, etc., Galilea mucronala, etc. Sur les feuilles de
Dicotylédones dépourvues de stomates à cette même face, je n’ai pas trouvé entre les
cellules des deux faces l'inégalité de grandeur que je signale ici. A cette occasion, je
dirai que, en comparant les deux faces des feuilles du Buxus sempervirens L., j’ai trouvé
la face supérieure dépourvue de stomates seulement sur les cotés du limbe et abondant-
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871.
285
si ces feuilles se fermaient en rapprochant et soudant les bords de leur limbe,
ces cellules bulliformes répondraient aux grandes cellules du centre des feuilles
cylindriques, comme si ces feuilles scmi-plancs n’étaient; que des feuilles cy¬
lindriques dont le limbe se serait étalé, ou les cylindriques des feuilles planes
dont le limbe se serait fermé et soudé par les bords (î),
Laharpe a dit aussi de la gaine des Juncus : « Toujours... elle offre, à sa
» jonction avec le limbe, deux petites oreillettes analogues aux ligules des Gra-
» minées, quoique situées sur les côtés du limbe et non entre lui et la tige. »
{Mon. Jonc. p. 18. ) C’est encore là une assertion trop générale et double¬
ment inexacte. D’abord en ce que, si, sur certaines espèces {J. tennis, par
exemple), la ligule est si réduite qu’elle paraît manquer entre les oreillettes
isolées, sur la plupart des autres, ces oreillettes sont reliées entre elles par une
vraie ligule, aussi haute qu’elles, située entre le limbe et la feuille, prononcée
comme celle des Graminées, souvent très-entière, souvent aussi fendue au
milieu, ce qui a peut-être fait illusion à Laharpe. Ensuite en ce que ces
oreillettes n’existent pas sur toutes les espèces. Les J. capitatus et bufonius ,
par exemple, en sont absolument dépourvus et n’ont trace ni d’oreillettes, ni
de iigule (2).
En m’occupant des recherches qui précèdent, j’ai pu constater une autre
particularité. Les stomates des Juncus ne sont pas simples, c’est-à-dire n'ont
pas une cellule unique de chaque côté de l’osliole ; ils en ont, de chaque côté,
deux entièrement distinctes des cellules épidermiques environnantes par leur
forme, par leur grandeur, par la minceur de leurs parois, et enfin parla chlo¬
rophylle qu’elles renferment. Lue coupe transversale permet de reconnaître
que les deux cellules internes qui bordent l’ostiole (pi. ÏI, fig. 7 i , 8 i) sont
beaucoup plus petites que les deux autres, contre lesquelles elles sont un peu
obliquement appliquées. Leur cavité est à peu près ovale vers le milieu et
ment pourvue de ces organes sur la ligne médiane au-dessus de la nervure. Ce doit
être un fait propre au Buxus , puisqu’on lit dans tous les traités : « Les stomates corres-
» pondent aux parties uniquement cellulaires et ne se trouvent que dans les espaces cir-
» conscrits par les nervures. »
(1) On voit aussi des feuilles cylindriques-fistuleuses et des feuilles planes dans les
genres Asphodelus , Allium, etc., et l’on est tenté de voir là entre les Joncées et les Li-
liacées un rapport de plus à ajouter à ceux que B. Brown et Kunth ont indiqués et tirés
des organes de reproduction ; mais, quand on remarque sur les Cypéracées toutes ces
mêmes formes de feuilles planes ( Cyperus longus L., etc.), — semi-planes avec face
supérieure à cellules bulliformes et sans stomates (Galilea mucronata, etc.), — ■ fistu-
leuses ( Scirpus Savii), — cloisonnées {Scirpus articulatus, e te.), on ne trouve plus là
qu’un de ces cas de parallélisme de formes spécifiques, cas très-nombreux, mais peut-être
trop peu remarqués.
(2) Le J. Tcnageia a une ligule très-prononcée, et, comme le J. spliærocarpus N.
ab Es. en a également une, c’est au Tcnageia qu’il doit être rapporté, et non au
,/. bufonius, comme Steudel l’a prétendu ( Syn . Gluni. II, p. 307, n° 103). Le J. ca-
püatus a ses feuilles presque planes et canaliculées, dépourvues de ligule et d’oreillettes,
ce qui le distingue à première vue du ./. pygmœus, dont les feuilles fistuleuses et cloi¬
sonnées ont ligule et oreillettes très-développées.
230
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
arrondie vers les extrémités. Les deux cellules externes (fig. le, Se) pénè¬
trent plus vers l’intérieur que les ostiolaires, avec une cavité un peu courbée
obliquement, à angle aigu vers l’extérieur, arrondie vers l’intérieur. Sur une
lame d’épiderme (fig. 9 i, e ), les deux paires de cellules se montrent distinc¬
tement en correspondance avec ce qui se voit sur les coupes transversales :
elles sont à peu près de même longueur; souvent cependant les ostiolaires
dépassent un peu les deux autres.
J’ai examiné les stomates des espèces suivantes : J. conglomeratus L. ,
effusus L. , in fl exus L. , acutus L. , maritimus Lam. , supinus Mœnch, lage-
narivs Gay, lampocarpos\L\\\A\, , striatus Scbsb. , acutiflorus Ehrh., anceps
Lah. , alpinus Vill., obtusiflorus Ehrh. et compressus Jacq. ; et sur toutes j’ai
trouvé la même disposition générale, mais avec quelques différences de détail.
Sur le groupe des espèces à feuilles cloisonnées («/. lampocarpos , etc.), les cel¬
lules stomatiques n’ont qu’un revêtement cuticulaire très-mince et les deux
externes atteignent à peine la moitié de l’épaisseur des cellules de l’épiderme
(fig. 8 e) ; sur le J. inflexus , elles les dépassent presque de moitié et le revê¬
tement cuticulaire est presque égal à celui des autres cellules (fig. 7 e ) ; sur
le J. compressus , les cellules stomatiques pénètrent à la même profondeur que
les autres cellules de l’épidenne. L’appareil slomatique est généralement vers
l’extérieur au niveau de l’épiderme, quelquefois un peu plus bas, mais il n’a
jamais de cavité au-dessus de lui.
Sur Jes Luzula, sur le Galilea mucronata L. (sub : Schrenus) et sur les
Cyperus longus L. , serotinus Ilottb. , etc., j’ai trouvé des stomates répondant
par leur ensemble à ceux des Juncus.
Sur les Graminées, l’appareil stomatique est également composé de quatre
cellules (pl. II, fig. 10 à 13). Les deux cellules ostiolaires, longues, et très-
étroites le long de l’osliole, y sont un peu dépassées et recouvertes par les
externes (fig. 10); mais vers leurs extrémités elles se dilatent latéralement sous
la cuticule, et surtout vers l’intérieur, en deux saillies très-chargées de chlo¬
rophylle, ce qui donne aux stomates de celle famille un aspect tout particu¬
lier. Les deux cellules externes sont au contraire plus dilatées vers le milieu
de leur longueur et réduites vers leurs extrémités (1).
(1) La répartition des stomates sur les feuilles de la même famille mérite une mention
particulière. En général, sur les feuilles à épidermes parallèles (voir, sur la division des
feuilles de Graminées, mon Mémoire sur les Agropyrum de l’Hérault, pp. 321 et 323),
et dès lors à petites côtes, ils sont distribués sur les deux faces , en lignes longitudi¬
nales de chaque côté et à peu de distance des nervures (ex. : Piptalherum paradoxum,
Arundo Phrugmitcs, Aveu a sterilis, etc.). Mais sur les feuilles à grosses côtes, il n'y en
a que quelques-uns eu même pas du tout à la face inférieure ; il n’y en a qu’à la face
supérieure sur les côtés des grosses nervures (ex. : Triticum junccum , Psarnma are-
naria , Spartina versicolor , etc.) ; et, ce qui paraîtra peut être digne de remarque,
ces dernières feuilles, tant qu’elles sont fraîches et bien vivantes, au lieu d’étendre leur
limbe avec la face supérieure en haut, subissent à peu de distance du chaume un mouve¬
ment de torsion et tiennent constamment leur lace supérieure tournée vers la terre.
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871.
‘237
A l’effet de comparer la structure des stomates d’autres Monocolvlédones,
j’ai examiné ceux du Pancratium maritimumh ., du Narcissus Tazctta L. ,
et de YAsphodelus albus Willd. , qui par leur grandeur se prêtent facilement
à cette étude. Sur une lame d’épiderme, enlevée par déchirement à une feuille
adulte, on voit, au centre des deux grandes cellules stomatiques, un cercle
noir assez nettement terminé par des lignes et simulant, à s’y méprendre, deux
petites cellules ostiolaires (fig. 15). AI ais une coupe transversale (fig. IA) ré¬
vèle aussitôt que cette apparence est due à ce qu’il existe au-dessus de l’os-
liole une cavité cratériforme (fig. 14 p et 15 p), dont les bords, oblique¬
ment excavés, dévient les rayons lumineux, et qu’il n’y a en réalité que deux
cellules stomatiques (fig. IA s et 15 s). J’ai pu en suivre le développement
avec une facilité extrême et constater avec pleine évidence les faits suivants :
1° Tout à fait à la base d’une feuille très-jeune, dans le bulbe et contre le
plateau, toute cellule qui aboutira à un stomate apparaît absolument en même
temps que les autres à un niveau identique ou à peine plus bas, et s’en dis¬
tingue d’ailleurs par ses dimensions bien moindres et une plus grande quan¬
tité de granulations.
2° A quelques millimètres plus haut, apparaissent dans chaque cellule-mère
deux nucléus qui repoussent les granulations vers les bords devenus d’une
extrême ténuité. A ce moment, la cuticule n’est point fendue et n’a aucune
trace des boutonnières et des cratères qu’elle présentera plus tard.
3° Un peu plus haut, la cellule-mère n’est plus distincte, et les deux nucléus
ont abouti à deux cellules, aussi larges ou plus larges que longues, ayant
chacune sa cloison propre, de façon que la cloison médiane est ainsi double
et formée de deux cloisons en contact, qui se séparent presque aussitôt vers
leur milieu pour constituer l’ostiole.
A0 Ce qui précède se passe vers la base de la feuille et profondément
dans le bulbe ; c’est un peu plus haut, mais encore sous les tuniques du
bulbe, que la cavité épistomatique (fig. IA et 15 p) commence à se former ;
la cuticule, encore mince, s’ouvre d’abord en une très-petite boutonnière,
puis à mesure que les cellules stomatiques et celles de l’épiderme prennent
leur développement, l’ouverture s’élargit vers le haut et se creuse en cratère
ovale; en même temps le revêtement cuticulaire augmente d’épaisseur et se
dépose sur les parois du cratère jusque vis-à-vis des cellules stomatiques. A ce
même moment apparaissent dans les cellules stomatiques les granulations de
chlorophylle, et tout l’appareil est définitivement constitué.
Je puis affirmer, et mes préparations en font foi, que les choses se passent
ainsi sur les Pancratium maritimum , Narcissus Tazetta et Asphodelus
albus (1), et que ce qui a été dit d’abord par M. Hugo de Molli (. Linnœa ,
(1) Sur cette dernière plante, la cavité épistomatique est moins forte, les parois des
cellules de l’épiderme et le revêtement cuticulaire moins épais. Pour bien suivre la
formation des stomates sur ces plantes, il est bon, au moins à Montpellier, de ne pas
attendre le mois de février.
238
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
1838, p. 544 ; traduit dans les Ann. sc. nat. T série, Rot. t. XIII, p. 2*24) et
ensuite reproduit, sur la formation de certains stomates, savoir qu’ « il se
» forme une cloison délicate au milieu et d’un bout à l’autre de la cellule -
» mère, et qu’ensuile cette cloison se dédouble dans son milieu en deux
» feuillets qui se dissocient et s’écartent pour laisser entre eux le vide de l’os-
» tiole », n’est pas exactement applicable aux Monocotylédones précitées, ni
à plus forte raison aux Joncées, aux Cypéracées et aux Graminées.
Le développement des stomates est incomparablement plus difficile à suivre
sur les Juncus , Cyperus, etc., par suite de la petitesse de ces organes, surtout
chez les espèces de Juncus à tige nue (J. inflexus L. ,etc.), attendu la forte
adhérence de l’épiderme et la mollesse extrême des tissus en voie de formation.
Sur le J. striatus Schsb. et sur le Cyperus serotinus Rottb., qui ont les plus
grandes cellules épidermiques et les plus gros stomates, j’ai pu reconnaître
que la cellule-mère d’un stomate sc montre en meme temps que les autres,
parfaitement simple , et sans aucune trace de cellules adjacentes qui plus tard
deviendraient les cellules latérales du stomate ; qu’elle contient ensuite deux
grands nucléus qui aboutiront, comme dans l’exemple précédent, à l’envahis¬
sement de la cellule-mère. Mais à peine sont-ils arrivés à ce point, qu’on voit
déjà et toujours, non plus deux cellules, mais quatre, comme si, dans chacun
des côtés de la cellule-mère, il y eût un nucléus double aboutissant à deux
cellules au lieu d’une. Il m’a été jusqu’ici impossible de voir un nucléus
double, ni de rien distinguer sur l’ordre d’apparition de ces deux cellules.
Mais, bien qu’infructueuses sur ce point, mes observations m’ont permis de
reconnaître avec netteté et d’affirmer que les cellules stomatiques externes ne
se montrent point en même temps que les autres cellules épidermiques, et
qu’au contraire leur apparition se rattache au développement ultérieur et à
la transformation de la cellule-mère du stomate. Leur forme et leur contour
sont d’ailleurs identiques à ce que montrent les cellules ostiolaires, et, comme
celles-ci, elles contiennent de la chlorophylle. C’est pourquoi je les considère,
non comme des cellules de l’épiderme modifiées et comprimées par le dévelop¬
pement des cellules ostiolaires, mais comme des cellules propres, concourant
à constituer l’appareil stomatique de certaines familles et participant à son
mode particulier de développement.
Expiicatioii de» figures de ïu plancltc 1£ de ce volume.
Fig. 1. Juncus aculiflorus Elirh. — Coupe transversale sur une cloison de la feuille
(ÎO'I).
Fig. 2. Juncus acutiflorus Ehrh. — Coupe d’une branche du réseau de la môme cloison
(500/1).
a. Vaisseaux ponctués et rayés.
è. Fibres très-fines constituant une enveloppe.
./ /Junt/-J<wrt'. de/
ï.i‘A &ïAæS' âitf.iHpMtoe&f''
Tissus de Joncées et de Graminées
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 239
Fig. 3. Juncus obtusiflorus Ehrh. — Cellule prise dans les mailles du réseau des cloi¬
sons (500/1).
a. Corps de la cellule.
b. Méats intercellulaires.
Fig. 4. Juncus striatus Schsb. — Mode de communication du réseau des cloisons avec
les faisceaux longitudinaux (100/1) .
a. Rameau du réseau.
b. Faisceau tibro-vasculaire longitudinal.
Fig. 5. Juncus compressus Jacq. — Coupe transversale d’une feuille (50/1).
Fig. 6. Juncus compressus Jacq. — Coupe dégainés et de jeunes feuilles pour montrer
le mode de vernation (10/1).
Fig. 7. Juncus in flexus L. — Coupe transversale d’un stomate de la tige (500/1).
i, Cellule interne du stomate, ou cellule ostiolaire.
e, Cellule externe du même.
m. Cellules de l’épiderme. ’
c. Cuticule et revêtement cuticulaire.
h. Chambre hypostomatique,
Fig. 8. J. striatus Schsb. — Coupe transversale d’un stomate de la feuille (500/1)
i, e, m, c, /i, même signification qu’à la figure 7.
Fig. 9. J. striatus Schsb. — Stomate vu de face sur une lame d’épiderme (500/1 .
i, e , m, même signification qu’à la figure 7.
Fig. 10. Avenu sterilis L. — Stomate de la feuille coupé transversalement vers son
milieu (482/1).
Fig. 11. Le même, coupé vers l’une de ses extrémités (482/1).
Fig. 12. Le même, vu de face (482/1).
Fig. 13. Moitié longitudinale du même, vue du coté de l’ostiole (482/1).
Fig. 14, Pancratium maritimumL. — Coupe transversale d’un stomate d’une feuille
(250/1).
p. Cavité cratériforme au-dessus del’ostiole.
s. Cellules ostiolaires.
m. Cellules de l’épiderme.
h. Chambre hypostomatique.
Fig. 15. Pancratium maritimumh. — Stomate d’une feuille vu de face sur une lame
d’épiderme.
p, s, même signification qu’à la figure 14.
M. Martinet fait à la Société la communication suivante :
SUR LES ORGANES GLANDULEUX DES LABIÉES, par M. J.-B. HARTIKET.
\
Je me suis occupé depuis quelque temps de l’étude des glandes de ta
famille des Labiées. Un certain nombre d’auteurs admettent que les glandes
des Labiées sont placées sous l’épiderme. Il n’en est rien, ainsi que me permet¬
tent de l’affirmer les dissections que j’ai faites sur un assez grand nombre
d’espèces, appartenant à plus de quarante genres différents. Je dois dire, en
outre, que c’est à tort que l’on qualifie les feuilles des Labiées, ainsi qu’on
peut le lire dans des ouvrages fort estimés, de feuilles ponctuées glanduleuses
( Hyssopus , Saturera , etc.). Cette expression est inexacte, car elle implique
l’idée d’une erreur anatomique.
2A0
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Les glandes des Labiées, qui offrent des types assez variés, au point de vue
soit de leurs dimensions, soit de la complication de leur structure, appartiennent
toutes au groupe d’organes sécréteurs que De Candolle a désignés sous le nom
de poils glanduleux (pili glandulosi) et parmi ceux-ci aux poils glanduli-
f'eres (pili glanduliferi) du même auteur. Elles sont par conséquent toutes
essentiellement situées à la surface de l’épiderme, même quand elles sont
logées dans une petite fossette produite par la dépression de cet épiderme et du
tissu sous-jacent.
Meyen, qui a décrit beaucoup de choses qu’il n’a pas vues, dit que les glandes
des Labiées sont identiques à celles des feuilles des Orangers, des Myrtacées,
des ftutacées, etc. (U e ber die Sckretionsorgane der Pflanzen, Berlin, 1837).
Je signalerai un fait que l’on observe assez fréquemment chez les glandes de
cette intéressante famille et chez celles de quelques autres végétaux, les Pélar¬
gonium entre autres. Lorsque la substance sécrétée est accumulée dans la
glande en assez grande abondance, cette substance sort à travers les parois des
cellules glandulaires et s’extravase entre l’organe sécréteur et la cuticule qui le
recouvre. Celle-ci, plus ou moins fortement distendue, prend la forme sphérique,
et la glande apparaît surmontée d’un volumineux globule de la substance
qu’elle a produite. Il arrive quelquefois que le décollement cuticulaire, au lieu
de porter simplement sur la partie supérieure de la glande, intéresse tout cet
organe, et même une portion plus ou moins étendue du poil qui lui sert de
pédicelle.
Quand l’huile essentielle sécrétée est ainsi extravasée, elle exerce une
pression sur la face interne de la cuticule et sur la face supérieure de la glande.
La cuticule résiste facilement à cette pression à cause de son élasticité, mais
la glande, surtout quand elle est unicellulaire, comme cela a lieu chez tous
les Pélargonium , la glande, dis-je, en partie vidée parla sortie de la sécrétion
qu’elle a produite, dépouillée en outre de son revêtement cuticulaire, ne
résiste pas toujours à la pression du globule liquide qui la surmonte, et sa
partie supérieure s’affaisse dans l’inférieure, s’y invaginé comme le doigt d’un
gant retourné et constitue ainsi une cupule que Guettard a décrite, il y a plus
d’un siècle, comme une forme normale d’organe glanduleux, organe que De
Candolle a accepté sous le nom de poils en cupule (pili cupulati) et qu’il a fait
accepter, à cause de son autorité, par presque tous les savants qui ont parlé
des poils glanduleux.
Les poils glanduleux, dits poils en cupule, n’existent pas.
M. Larcher, vice-secrétaire, donne lecture de la lettre suivante,
adressée à M. le Secrétaire général:
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871.
m
LETTRE DE M. Antoine LE GRAND.
Montbrison, 4 novembre 1871.
Monsieur le Secrétaire général,
Mes recherches relatives aux Agropyrum m’ont conduit à de nouvelles
découvertes intéressantes, à ajouter au contingent que j’ai fait connaître à la
Société par une note récente (1).
Il y a peu de temps que notre honorable confrère M. Gaudefroy annonçait,
comme nouveau pour la flore française, M Agropyrum Savignonii DeNot. (2).
Eh bien, la localité citée des Hautes-Alpes ne sera plus la seule; cet Agro-
pyrum est décidément bel et bien français, et appartient aujourd’hui au bassin
de la Loire. Je l’ai récolté à 2 kilomètres en amont de Montbrison, dans les
prairies des bords du Vizezi, où il est fort rare. Mais les beaux échantillons que
j’ai recueillis ont permis à M. Boreau de se prononcer avec certitude.
J’ai eu le plaisir de rencontrer dans la même localité plusieurs autres Agro¬
pyrum remarquables qui croissaient à proximité du précédent :
D’abord Y Agropyrum glaucum type, mais plus développé et à grands épil-
lets, sans doute à cause de l’humidité de la station.
Puis une variété nouvelle de VA. glaucum , à fleurs longuement poilues
(A. glaucum var. pilosum ), qui était assez abondante.
Voilà quelques bonnes acquisitions nouvelles que j’ai cru devoir vous
signaler.
Agréez, etc. A. Le Grand.
M. Brongniart, au nom de M. Gris et au sien, fait à la Société la
communicalion suivante :
SUPPLÉMENT AUX PROTÉACÉES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. SUR LE NOUVEAU GENRE
BEAUPREA , par MM. Adolphe BRONGNIART et Arthur GRIS.
Nous avons trouvé, dans les collections de M. Pancher et dans les derniers
envois de M. Balansa, un groupe de cinq espèces dont nous formons un genre
nouveau qui doit prendre place dans la tribu des Persooniées.
Nous le dédions à Beautemps-Beaupré, qui fut membre de l’Académie des
sciences, ingénieur-hydrographe de la marine, et l’un des compagnons de
La Billardière dans le voyage de d’Enirecasteaux.
Les Beauprea sont des arbrisseaux à feuilles alternes, simples ou impari-
pinnées, dont les fleurs régulières se groupent à l’extrémité des rameaux en
grappes composées axillaires ou terminales.
(1) Voyez plus haut, p. 1 A6 .
(2) Voyez le Bulletin, t. XVII (Séances), p. 182.
T. XVIII.
(séances) 16
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
2/1*2
Le calice se compose de quatre sépales libres et finalement caducs, spatulés,
cunéiformes ou lancéolés, dont la partie supérieure s’étale, se réfléchit ou
s’enroule en dehors lors de l’anlhèse.
L’androcôe est constitué par quatre étamines presque aussi longues que les
sépales, dont le filet plan adhère dans sa partie inférieure au sépale corres¬
pondant, et dont l’anthère est elliptique-oblongue, nautique ou brièvement
mucronée.
L’ovaire est ovoïde, un peu comprimé latéralement, et plus ou moins gib-
beux du côté opposé à la bractée axillante de la fleur. Il renferme un ovule
ascendant sur un placenta pariétal postérieur, semi-analrope, avec le micropyle
en dehors, et se continue en un style filiforme que couronne une petite crête
papilleuse.
Autour de l’ovaire, le réceptacle présente un disque composé de quatre
petites languettes ovales-arrondies ou tronquées, charnues et libres.
Le fruit est une petite drupe luisante ou couverte d’une efflorescence glau¬
que, dont le mésocarpe, pulpeux, est peu abondant, et dont le noyau, lisse,
est assez mince.
C’est en vain qu’on chercherait les traces du style vers le sommet du fruit.
Par suite du développement inégal du péricarpe, cet organe, ou ce qui reste de
cet organe, est reporté très-près de la base de la drupe, du côté de la bractée
axillante.
La graine (1), sessile, est suspendue au-dessous du sommet de la loge, du
côté antérieur, par un disque hilaire elliptique latéral, auquel paraît corres¬
pondre la chalaze, et qui occupe environ la moitié de sa circonférence. Elle
est comprimée sur les côtés et présente, dans sa partie libre opposée au point
d’attache, une dépression qui correspond à une saillie basilaire du noyau. Telle
est du reste la forme générale de l’embryon, car, sous le tégument membra¬
neux de la graine, il n’v a pas d’albumen. Telle est en même temps la forme
générale du corps cotylédonaire, car la tigelie qui constitue l’une des extrémités
de la dépression en arc opposée au point d’attache est extrêmement courte.
Cette masse cotylédonaire ne s’ouvre pas, comme on pourrait le croire
d’après sa forme, à la manière de celle des haricots, par exemple : elle est
divisée en deux parties inégales et dissemblables comme par une sorte de par¬
tition transversale et oblique partant de la pointe radiculaire. Il en résulte
que l’un des cotylédons est; entier et que l’autre est excavé dans sa région
dorsale et basilaire. Ces cotylédons sont du reste courbés en arc ; leur dos,
assez étroit, porte dans sa partie supérieure l’empreinte d’une moitié du disque
hilaire ; ils sont larges, convexes sur les côtés, plans ou légèrement concaves
sur leurs laces supérieures contiguës (2).
(1) Nous ne l’avons observée dans son état de maturité que dans les l). diversifolia et
spathulœ folia i
(2) I/espèce unique du genre Dilobeia de Du Petit-Thouars, originaire de Madagascar.
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871.
243
BEAUPREA (nov. gen.).
Flores regu lares.
Sepala 4, libéra, æqualia, ad anthesim reflexa revoiutave, decidua.
Stamina 4, sepalis subæquilonga, lilamentis planis sepaüs versus basim
adnatis, antheris elliptico-oblongis, muticis vel breviler mucronatis.
Ovarium sessile, postice plus miiiusve gibbosum ; ovulum unicum semi-
anatropum adscendens, micropyle extrorsum inféra.
Stylus elongatus liliformis, stigmate cristato.
Squamœ hypogynœ 4, liberæ, brèves.
Drupa basi styli prope fructus inserlioneni apiculata, mesocarpio pulposo
parco, nucleo parum crasso, lævi, basi excavato.
Semen sessile, infra apicem loculi lateraliter et antice affixum, integumento
membranaceo. Embrvo tigella inféra brevissima acuta, cotyledonibus obli-
quiter erectis, carnosis, dissimili bus, dorso obtuse carinatis et bilo sigillatis,
lateraliter compressis, latis, convexis, pagina superiore augustata subplana
contiguis, uno integro, altero parte dorsali basilarique excavato.
Frutices fol iis alternis, petiolatis, simplicibus vel imparipinnatis; floribus
in racemos compositos axillares vel terminales disposilis.
i. Beauprea gr agios.
Frutex debilis, 2-3 metr. altus, ramis teretibus, rugosis, glabris.
Folia alterna, simplicia, coriacea, glaberrima, nitida, petiolata, petiolo
1-5 centim. longo infra convexo, supra concavo, limbo in petiolum sensim
desinente, 10-15 cent, longo, 3-8 cent, lato, elliptico -lanceolata, elliptico-
obovata, spathulatave, regularia vel inæquilaleralia asymmetrica, apice sæpius
emarginata, superne grosse crenata, vel aliquoties, in foliis asymmetricis uno
latere irregulariter lobato -crenata, nervo medio secundariis pinnatis aliisque
reticulatis utrinque prominuüs.
Inflorescentia tcnninalis, ampla, multiflora, erecta, panicuîata, 30 centim.
longa; racemis compositis, in axilia foliorum superiorum nascentibus, race-
moque terminali; ramis compressis glabris striatis ; rachi commun! bracteas
racemos foventes lincari-lanceolatas, apice obtusiusculas, 2-5 inillim. longas
gerente, bracteolis superioribus pcdunculos foventibus ovato-lanceolatis acutis
brevissimis ; ramis secundariis adsceudentibus vel aliquoties patulis, superio¬
ribus simplicibus, id est racemosis* inferioribus tertiario ordine ramosis ;
florum pedunculis distantibus, distichis vel hincillincgemmatim approximalis,
adsceudentibus, gracilibus sed rigtdis, 8-10 mill. longis.
Fructus ellipsoideus, 1 | cent. Iongus, nilidus.
ressemble, par son inflorescence et sa régularité florale, à nos espèces de Beauprea., mais
ses fleurs sont unisexuées; l’ovaire et le fruit étant d’ailleurs inconnus, nous ne saurions
réunir les deux types.
V\h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Habitat in silvis locorum eruptorum prope Kanala, ad rivos eoruindem
prope Messioncoue (Balansa, n° 2277).
2. Beauprea spathulæfolia.
Frutex 2- metralis, ramosus, rotundatus, densus; ramis teretibus, lævibus,
albesccntibus.
Folia alterna, simplicia, subcoriacea, glaberrima, nitida, infra punctulis
minutissimis creberrime conspersa, angustato- vel obovato-spithulata, 12-15
cent, longa, basi in petiolum elongatum, gracilem, infra convcxum, supra
planum sensim attenuata, apice rotundato-emarginata, cæterum integra vel
superne rotundato-lobata crenatave, lobis integris vel emarginatis, nervo
primario nervis secundariis pinnatis aliisque reticulatis utrinque conspicuis
prominulis.
Inflorescentia terminalis, paniculata, 15-16 cent, longa, erecta ; racemis
compositis bractea brcvi, ovata vel spathulata stipalis racemoque terminali ;
ramis parte nuda compressis sulcatis glabratis vel ferrugineo-velutinis, parte
florifera angulosis sulcatis, eodem modo puberulis ; rachi communi bracteas
racemos foventcs ovato-lanceolatas vel lineari-spathulatas, apice incrassatas
obtusiusculas, 3 millim.-l cent, longasgerente, bracleolis superioribus pedun-
culos foventibus ovatis acutis brevissimis; ramis secundariis adscendentibus,
superioribus simplicibus id est racemosis, inferioribus secundario ordinc
ramosis ; florum pedunculis brevissimis, approximatis.
Fructus obovoideus, 6-7 mill. longus, nitidus.
Habitat in locis aridis ferrugineis montis Cougui dicti (Vieillard,
n° 3097) (1).
3. Beauprea diversifolia.
Frutex 3 -h metr. altus, ramis teretibus, albescentibus.
Folio alterna, imparipinnata, coriacea, glaberrima, nitida, 10-20 cent,
longa, plerumque 2-3-juga, vel aliquolies 1-juga, vel rarius segmento lermi-
nali tantum instrucla et ita simplicia spalhulataque. Rachis gracilis, usque ad
medium nuda, supra plana vel paulo concava nervoque medio notata, infra
convexa. Segmenta lateralia opposita, adscendentia, spatbulato-cuneata, 2-6
cent, longa, apice oblusa, lobata crcnata vel crenulata vel etiam integra, ali—
quoties inæquilateralia paulumque arcuala; segmento terminali 5-10 cent,
longo, spathulato, cunealo vel elliptico-lanceolato, sæpissime 3-lobalo, lobo
medio longiore crenato vel inæqualiter obtuse inciso vel integro.
Inflorcscentia terminalis, paniculata, 15-20 cent, longa, erecta; racemis
compositis vel simplicibus, in axilla foliorum superiorum nascentibus seu
bractea brevi ovata stipalis racemoque terminali; ramis parte nuda compressis,
sulcatis, glabratis, parte florifera angulosis, sulcatis, bine illinc ferrugineo-velu-
(1) Specimina floribus fructibusque prædita dédit cl. Pancher, anno 1870.
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871.
265
tinis ; raclii communi bracleas racemos fovenles lanceolatas, vel lineares,
intégras seu obtuse brevissime(|ue 3-lobulatas, apice incrassatas obtusiusculas,
plus minusve concavas. 5 mill. -2 J cent, longas gcrente, bracteolis superio-
ribus pedunculos foventibus ovatis, acutis, brevissimis; ramis secundariis
adscendentibus, superioribus simplicibus id est racemosis, inferioribus ter-
tiario ordine ramosis ; florum pedunculis brevissimis, approximatis.
Fructus obovoideus, 7-8 mill. longus, nitidus.
Habitat silvas montis Mi dicli (Balansa, n° 1244).
Obs. Species, ut videtur, B. spathulœfoliœ afïinis ; an speciei polymorphæ
varietas ?
4. Beauprea Pancherii.
Frutex 2-metralis, densus, rotundatus.
Folia alterna, imparipinnata, coriaces, glaberrima, nitida, 20-28 cent,
longa, 3-4-juga ; rachis gracilis fere usque ad medium nuda, supra plana
vel paulo concava nervoque medio ultra partem inferioretn nudam notata,
infra convexa, apice in très lobos terminales inæquales (medio 3-4 cent,
longo, lateralibus 1-3 cent, longis) crenatos rarius sul)integros sensim ex-
pansa ; foliola opposita, 7-9 cent, longa, adscendentia, lanceolata, arcuata,
margine exteriore concava crenulisque 1-2 versus apicem excisa, margine
interiore paulo supra basim lobata, lobo oblongo obtuso vel subrotundo 5-10
millim. longo, indeque crenulata, nervo medio secundariisque dichotome ra¬
mosis infra supraque conspicuis.
Inflorescentia terminalis paniculata, 20-25 cent, longa, erecta ; racemis
compositis, in axilla foliorum superiorum nascentibus seu bractea brevi ovata
stipatis racemoque terminali ; ramis parte nuda compressé sulcalis gla-
bratis, parle florifera angulosis sulcatis bine illinc ferrugineo-velutinis ; rachi
communi bracteas racemos foventes ovatas brevissimas, vel foliaceas pinnati-
sectas, 6-8 cent, longas (lobis subalternis linearibus obtusis 5-10 millim. longis,
lobo terminali subsimili 2 cent, longo), vel lineares, intégras apice obtusas,
supra concavas, nervo medio percursas, 3-4 cent, longas, vel ctiam lanceolato-
subulatas, obtusiusculas vel acutas, concavas plus minusve glabralas gerente ;
bracteolis superioribus pedunculos foventibus triangularibus, acutis, concavis,
subglabratis, brevissimis; ramis secundariis adscendentibus, superioribus
simplicibus id est racemosis, inferioribus qualernario ordine ramosis; tlorum
pedunculis brevissimis, approximatis.
Fructus obovoideus, 7-8 mill. longus, nitidus.
Habitat in Nova Caledonia (Vieillard, n° 3094 ; specimen a clar. Faucher,
atmo 1870, divulgation).
5. Beauprea Balansæ.
Fmtex 2-3 metr. altus, ramis leretibus, rugosis, glabris.
!?/j( 3 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Folia alterna imparipinnata, subcoriacea, glaberrima, nitida, 25 cent,
longa, plerumque tri-juga ; rachis gracilis usque ad medium nuda, supra
plana vel paulo concava, nervoque mcdio ultra partem inferiorem notata,
infra convexa; segmenta alterna vel sub-opposita oblongo-elliptica, 8-10 cent,
longa, 2 |-3 cent, lata, margine crenata, basi in petiolulum brevem, planum
sensim attenuaia, apice emarginata, infra punctulis minutissimis creberrime
conspersa, plus minusve inæquilateralia arcuataque, nervo medio nervis
secundariis pinnatis aliisque reticulalis u trinque prominùlis ; segmentuni
terminale integrum, aliisque plerumque subsimile, vel aliquoties inæqualiter
2-3 lobatum.
Jnflorescentia terminalis, paniculata, 25 cent, longa, erecta ; racemis sim-
plicibus vel plerumque compositis, in axilla foliorum superiorum nascentibus
seu bracteis brevibus ovatis, concavis, stipatis, racemoque terminali ; ramis
parte nuda compressé, glabris, sulcatis, parte fructifera angulosis glabratisque ;
rachi communi bracteas racemos foventes lanceolatas vel lanceolato-lineares
apice obtusiusculas vel aculas, circiter 5 mill. Iongas gerente ; bracteolis su-
perioribus pedunculosfoventibus, ovatis, acutis, brevissimis ; ramis secundariis
adscendentibus, superioribus simplicibus id est racemosis, inferioribus tertiario
ordine ramosis ; llorum pedunculis brevissimis, approximatis.
Fructus ellipsoideus, 10-12 mill. longus, paulutn pruinosus.
Habitat in montibus ferrugineis inter Couaoua et Kanala sitis (Balansa,
n° 2280).
Yar. montana , foliolis ellipticis vel elliptico -spathulatis crassis, coriaceis,
nervo primario secundariisque furcatis, supra tantum conspicuis, infra
evanidis.
Habitat monlcm Humboldt , altitudine 1000 metr.
Lecture est donnée des communications suivantes :
NOTE SUR DES PLANTES MÉRIDIONALES OBSERVÉES AUX ENVIRONS DE PARIS
(FLORULA OBSIDIONALIS),
par 1111. Eugène ÜALDEFKOY ET Eiimond II OUILLE FARINE.
([Paris, novembre 1871.)
Nous venons, au nom d’un groupe de botanistes amateurs (1) qui, depuis
plus de dix ans, explore les environs de Paris, rendre compte à la Société de
ses herborisations de 1871 .
Il 11e semblait pas que cette date funèbre put jamais trouver place sur une
étiquette d’herbier. — L’herbe ne repousse plus, disait-on dans des temps
que les nôtres rappellent, là où le cheval d’Attila a passé. — Nous ne pouvions
(i) MM. Maurice Tardieu, G. Maugin, Th. Delacour, B. Verlot, Latteux, Damiens,
Gaudefroy, Mouillefarine, etc.
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1874. 247
espérer revoir avec plaisir nos bois abattus et nos campagnes bouleversées
par la guerre.
Quacumque ingreditur, florentia proteritarva
Exuritque herbas.
Le printemps, qui sonne chaque année le réveil des botanistes, présentait
cette fois des contrastes bien amers. C’était au moment où la nature guérissait
ses plaies que nous élargissions les nôtres. Pendant qu’elle se revêtait de
charme et d’harmonie, il fallait fuir sa maison et laisser l’herbier aux hasards
de la guerre et de l’incendie.
Quand ces sombres jours furent passés, les préoccupations matérielles absor¬
bèrent l’activité de chacun de nous et la botanique avait grande chance d’être
renvoyée à des temps moins rudes. Mais le phénomène végétal dont nous
avons à entretenir la Société était trop général et trop remarquable pour ne
pas s’imposer à l’inattention même, et, quand le hasard eut fait cueillir à l’un
de nous le Medicago Soleirolii dans les ruines du parc de Neuiily, à l’autre
le Lathyrus Ochrus à la lisière du bois de Meudon, les observations se multi¬
plièrent, un intérêt croissant s’v attacha, et nous nous donnâmes pour but
d’établir la Florule des deux sièges de Paris ( Florida obsidionalis J, c’est-à-
dire la liste des plantes introduites à Paris et dans ses environs immédiats par
les armées assiégées et assiégeantes.
L’importation de végétaux à la suite d’armées en campagne n’a rien qui puisse
surprendre la Société. Elle sait [Bull. Soc. bot. VIII, p. 365), que le Corisper-
rnum Marschallii et le Bunias orientalis ont suivi les armées russes, le pre¬
mier jusque dans le grand-duché de Bade, le second jusqu’au bois de Bou¬
logne. M. Aug. Gras a donné la liste des plantes amenées en Lombardie par
nos troupes (t. VIII, p. 684); mais il ne semble pas que ce phénomène ait
jamais été observé avec autant d’ampleur et de magnificence qu'il a pu l’être
cette fois. Sous l’influence d’un printemps et d’un été très-chauds, cette
végétation adventice a pris, notamment à la plaine des Bruvôres-de-Sèvres et
au rond-point des Bergères sous le mont Valérien, une luxuriance surpre¬
nante pour laquelle on ne pouvait avoir assez d’admiration. Les Anacyclus ,
Melilotus , Medicago inthemis, Bellis annua , Trifolium isthmocarpum ,
Orrnenis aurea , s’étendaient et foisonnaient comme dans leur pays d’ori¬
gine.
C’est surtout sur la rive gauche de la Seine que nos recherches ont été
heureuses. Aux deux localités que nous venons de citer, il faut ajouter le
Champ-de-Mars, le chemin de ronde aux environs du grenier à fourrages, la
zone militaire près de la porte d’Orléans, les forts d’Issy et de Montrouge, le
Moulin-Saquet, la redoute des Hautes-Bruyères et celle de Châtillon, Bièvre,
Palaiseau, les bords de l’étang de Trivaux, le parc de Buzenval, le plateau de
la Bergerie, et surtout le Petit-Bicêtre et le Moulin-Fidèle.
'2f\$ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Ces divers points, on le remarque, ont été durant l’un des deux sièges occu¬
pés par nos troupes.
Sur la rive droite, nous avons fait de très-utiles recherches au parc de
Neuillv et noté quelques plantes adventices au bois de Boulogne et au Ranelagh .
Mais l’intérêt cessait dès que l’on sortait du rayon d’investissement pour
explorer les points occupés seulement par l’armée allemande. La station de
Villiers-le-Bel avait été pendant le siège un centre considérable : parc d’artil¬
lerie, magasin d’intendance, etc. Nous y avons trouvé un échantillon unique
de Vicia viilosa Roth, plante du nord et du centre de l’Europe, qui paraît
remplacée dans le sud par le Vicia varia Host. Aucune autre découverte n’a
été signalée. Il faut seulement noter pour mémoire, au bord des chemins et
dans les rues de Sarcelles, Deuil, Montmagny, etc., une abondance inusitée
de Pisum sativum , P. arvense , Ervum Lens, dont on peut attribuer la
présence à l’alimentation de l’armée assiégeante.
Les localités que nous avons citées plus haut présentaient d’ailleurs un
assez vaste champ à nos recherches ; sauf quelques plantes rarissimes, trouvées
ici ou là, elles nous ont présenté une végétation assez identique. Elles avaient
également une certaine identité d’aspect. Nous nous sommes habitués bientôt
'a trouver les campements sur lesquels les corolles brillantes des Melilotus
attiraient les yeux, et, dans les campements, leur superlatif, la piste. C’est
un espace plus ou moins long, également large, dénudé, et qui représente sur
le terrain un rang de chevaux attachés au piquet. Là se sont réunies toutes
les conditions d’acclimatation. Le cheval a labouré la terre avec ses sabots et
écarté toute végétation concurrente; il l’a ensemencée en éparpillant son
fourrage; enfin il l’a abondamment fumée, et créé ainsi pour les plantes nou¬
velles venues un sol factice, chaud, meuble et fécond. C’est là et non ailleurs
que furent trouvés les Bartsia, Eufragia, Lava, ter a, Convolvulus , etc.
Nous avons ainsi établi la liste suivante, qui par le nombre et la variété,
nous paraît digne de quelque intérêt.
Afin de ne pas surcharger notre travail, nous avons groupé aussi géogra¬
phiquement que possible les localités explorées, que nous désignons par des
chiffres, dans l’ordre suivant :
1. Ancien parc de Neuilly.
2. Bois de Boulogne, Ranelagh, Point-du-Jour.
3. Champ-de-Mars.
U. Le chemin de ronde intérieur, compris entre les bastions 70 et 8ô, no¬
tamment aux abords du grenier à fourrage, au lieu nommé Villafranca.
5. Fontenay-aux-Roses, Clamai t, redoute de Châtillon (5 -bis, Montiouge).
6. Redoutes des Hautes-Bruyères et du Moulin-Saquet.
7. Le Peiit-Bicêtre, Bièvre, le Moulin-Fidèle près Aulnay (1).
(1) M. Hamey a bien voulu nous autoriser à joindre ses découvertes aux. nôtres. Il a
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. '2!\[)
8. Le bois deMeudon, notamment la plaine des Bruyères-de-Sèvres et ses
environs.
9. Le plateau de la Bergerie et le parc deBuzenval.
10. AuN.-N.-0. du mont Valérien, le rond point des Bergères, celui de
Courbevoie, les bas côtés de la roule qui les réunit, et lieux adjacents.
1. Ranunculus trilobus Desf. — 7, 8, 10.
2. — muricatus L. — 10.
3. Nigella darqascena L. — 5.
4. Hirschfeldiaadpressa Mœnch. — 7, 10.
5. Eruca vesicaria Cav. — 10.
6. Berteroa incana DC. — 5, 6,8, 10.
7. Lepidiumperfoliatum L. — (M.Ramey).
Bois de Boulogne entre le jardin d’ac¬
climatation et Madrid, et au bord de
la rivière.
8. Camelina fœtida Fries. — 1, 7,8, 10.
9. Rapistrum Linnæanum B. et R. — 8,10.
10. — rugosuni Ail. — 10.
11. Bunias ErucagoL. — 7, 10.
12. Diplotaxis erucoidesDC. — 8, 10.
13. Helianlhemum salicifolium Pers. — 10.
1 4. Réséda alba L. — (M. Ramey).
15. Astrocarpus Clusii J. Gay. — (M. Ra¬
mey). Dans une friche sablonneuse
entre Malabry et le Moulin-Fidèle ;
n’était indiqué que sur les confins
de la flore parisienne.
16. Silene Armeria L. — 2, 7.
17. — rubella L. — 10.
18. — quinquevulnera L. — 7,8,10.
19. — lusitanicaL. — 1, 8, 10.
20. — noctiflora L. — 1.
21. — fuscata Link. — 7,9.
22. Lychnis Cœli-rosa Desr. — 7,10.
23. Spergula maxima Weihe. — 1, 6, 8, 10.
24. Arenaria media L. — 8.
25. Mœnchia mantica Fenzl. — 7.
26. Linum perenne Lois. — 4, 7, 8, 10.
27. Malva mauritiana L. — (M. Ramey).
Le Moulin-Saquet.
28. — nicæensis Ail. — 1, 7, 8, 10.
29. — parviflora L. — 1, 7, 8, 10.
30. Lavatera trimestris L. — 7, 8.
31. Erodium laciniatum Cav. — 10.
32. — ciconiurn W. — 10.
33. — moschaturn W. — 7, 10.
34. — chium W. — 7, 8.
35. — malacoidesW. — 1,4,6, 7,8,10.
36. — Salzmanni Delile. — 6.
37. Lupinus albus L. — (M. Ramey). Le
Moulin-Fidèle.
38. Medicago scutellata AU. — 7 (M. Ra¬
mey).
39. — orbicularis Ail. — 8.
40. — radiata L. — 7 (M. Ramey).
41. — SoleiroUi Dub. — 7, 8.
42. — penlacycla DC. — Partout.
43. — ciliaris W. — 4,7, 8, 10.
44. — Eehinus DC. — 4, 7, 8, 9, 10.
45. — diseiformis DC. — 8.
46. — tribuloides Lamk. — 7, 8, 10.
47. — turbinata W. — 4, 7, 8, 10.
48. — sphærocarpa Bertol. — Partout.
49. Trigonella corniculata L. — 7,8, 10.
50. Melilotus parviflora Desf. — 8,10.
51. — neapolitana Tenore. — 7 (M. Ra¬
mey).
52. — messanensis Desf. — 4, 7, 8,10.
53. — sulcata Desf. — Partout (1).
54. Trifolium stellatum L. — 4, 7, 8.
55. — angustifolium L. — 7, 8, 10.
56. — flavescens Tineo. — 7, 8, 10.
57. — maritimum tluds. — 7, 8.
58. — panormitanum Presl. — Partout.
59. — lappaceum L. — 7, 8, 10.
60. — phleoides Pourr. — 5, 7, 8, 10.
61. — sphærocephalum Desf. — 7.
62. — resupinatum L . — Partout.
63. — tomentosum L. — 1, 5, 7, 8.
64. — spumosum L. — 8 9.
65. — glomeratum L. — 7, 10.
surtout exploré la plaine comprise entre le Plessis-Piquet, Aulnay et Malabry, et notam¬
ment le point désigné sous le nom de Moulin-Fidèle.
(1) L’une des espèces les plus répandues; elle est abondante à toutes les localités
citées. Nous avons observé, plus communément que le type, une forme plus robuste, à
feuilles plus amples, à fleurs plus grandes, et que son port nous avait fait prendre d’abord
pour le Melilotus infesta Guss. Nos doutes ont été levés par la comparaison avec des
échantillons provenant des environs de Palerme (Sicile), envoyés par M. Todaro et
se trouvant dans l’herbier de M. Pérard. Nous pensons également que la plante de
Toulon distribuée sous le n° 3833 dans les exsiccaia de Billot, sous le nom de M . in¬
festa Guss.. n’est qu’une variété ou forme du M. sulcata Desf. La même observation
s’applique à la plante récoltée aux environs d’Antibes par M. Gustave Thuret et dont il
a donné un bel échantillon à l’herbier de France du Muséum.
•250 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
66. Trifolium lævigatum Desf. — • 7.
67. — elegans Savi. — 2, 7, 8.
68. — nigrescens Viv. — 1, 7, 8, 10.
69. — isthmocarpum Brot. — ùt5-bis,7,
8, 10.
70. — hybridum L. — 3, 7, 11.
71. Tetragouolobus purpureus Mœnch. —
5, 7, 8.
72. — biflorus Seringe. — 8.
73. — conjugatus Seringe. — 7,8,40.
74. Lotus ornithopodioides L. - — 8. 10.
75. Astragalus hamosus L. — 8, 10.
76. Vicia lutea L. — 5, 8. Forme à Heurs
rubescentes, n’a jamais été observée
aux environs de Paris, abondante en
Algérie.
77. — narbonensis L. — 7, 8, 10.
78. — bithynica L. — 7, 8, 10.
79. — villosa Roth. — Villiers-le-Bel.
80. — dasvcarna Ten. — 10.
81. — varia llost. — 7, 8, 10.
82. — Pseudocracca Bert. — 10.
83. Latbyrus Clymenum L. — 7, 8.
84. — — • var. tenuifolius Desf. — 8.
85. — Ochrus DC. — 7, 8.
86. Orobus atropurpureus Desf. — 7, 8.
87. Scorpiurus subvillosa L. — 5, 7, 8.
88. — sulcata Desf. — 2, 3, 7, 8, 10.
89. — vermiculata L. — 8.
90. Arthrolobium scorpioides DC. — 8, 10.
91. Ornithopus compressus L. — 7, 10.
92. Hedysarum flexuosum Desf. — 4, 5, 7
(M. Ramey).
93. — coronarium L. — 8, 10.
94. — capitatum Desf. — 8. Ex. unique.
95. Lythrum Græfferi Ten. — 1, 10.
96. Pharnaceum Cerviana L. — 7 (M.Ra-
mey).
97. Daucus setulosus Guss. — 7 (M. Ra¬
mey).
98. Coriandrum sativum L. — 7.
99. Ammi majus L. — 7,8.
100. Galium murale Ail. — 10.
101. Fedia Cornucopiæ Gærtn, — 7, 8.
102. Valerianella discoidea Lois. — 7.
(M. Ramey).
103. Scabiosa maritima L. — 1, 5 -bis.
104. Stenactis annua Nees. — Bièvre.
105. Bellis annua L. — Partout.
106. Anthémis tinctoria L. — 6.
107. — fuscata Brot. — 3, 6, 7, 8, 10.
108. Ormenis aurea Dur. — 3, 7, 8, 10.
109. Anacyclus clavalus Pers. — 7, 8, 10.
110. — valentinus L. — 2, 6, 7.
111. Matriearia discoidea DC. — 7.
112. Pyrethrum Myconis Mœnch. — 7, 8,
10. Dans celte dernière localité, une
variété à fleurons ligulés, jaune-paille,
mélangée au type.
113. Pyrethrum arvense Salzm. — 7, 10.
114. Cbrysantbemum coronarium Less. —
5, 7.
115. Senecio crassifolius W. — 7, 10.
116. — humilis Desf. — 1,3,7,8,10.
117. Calendula stellata Cav. — 7, 8, 10.
118. — gracilis D. — 6, 7.
119. — Crista-galli Viv. — 7.
120. Carlina racemosa L. — 6, 7, 10.
121. Centaurea pullata L. — 7, 8.
122. — napifolia L. — 7, 8, 10.
123. Silybum Marianum Gærtn. — 8.
124. Galactites lomentosa Mœnch. — 7, 8.
125. Scolymus maculatus L. — 5.
126. Hyoseris radiata L. — 7, 10.
127. Hedypnois polymorpha var. erecta G.
et G. — 7, 8, 10.
128. — — var. diffusa G. etG. — 7,8,10.
129. Catanance lutea L — 7, 8.
130. Cichorium glabratum Presl. — 10.
131. Seriola ætnensis L. — 1, 7, 8, 10.
132. Thrincia hispida Roth. — 7,8.
133. Kalbfussia Salzmanni Schultz Bip. —
7, 8, 10.
134. Urospermum picroides Desf. — 8, 10.
(M. Ramey.)
135. Barkhausia taraxacifolia L. (forme
algérienne). — 8, 10.
136. — amplexicaulis Coss. et DR. — 8.
137. Picridium vulgare Desf. — Moulin-
Fidèle. (M. Ramey).
138. Xanthium spinosurn L. — 4, 5-îu'ç.
139. — strumarium L. (an X. fuscescens
Jord.?). — 5, 10.
140. Campanula dichotoma L. — 7,(M. Ra¬
mey).
141. Convolvulus tricolor L. — Partout.
142. Cerinthe gymnandra Gasp. — 3, 7, 8,
10. Bue près Versailles.
143. Echium plantagineum L. — 4, 7, 8.
144. Linaria reflexa Desf. — 10.
145. Veronica anagalloides Guss. — 10
(mélangé au V. Anagallis) L.
146. Trixago apula Stev. — 7, 8.
147. Eufragia viscosa Bth. — 7, 8.
148. Stachys marrubiifolia Viv. — 7.
149. — hirla L. — 8.
150. Plantago Lagopus L. — 7,8,9, 10.
151. — Psyllium L.- — 4,7,8,9,10.
152. Chenopodium ambrosioides L. — 10.
Un seul pied, non fleuri.
153. Suæda maritima Dum. — 10. Idem.
1 54 . Amarantus chlorostachysW. — 8,10.
155. — albus L. 10.
156. Albersia prostrata Kunth. — 10.
157. RumexbucepbalophorusL. — Partout.
158. Euphorbia segetalis L. — 10.
159. Anthoxanthum Puelii Lecoq. — 7, 8,
10.
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871.
251
160. Àlopecurus utriculatus Pers. — 10.
161. Phalaris canariensis L. « — 5.
162. — brachystachys Link. — 3,5.
163. — minor Retz. — 7 (M. Ramey).
164. — paradoxa L. — 7, 8.
165. — cærulescens Desf. — 1,3,5, 7, 8.
166. Panicurn miliaceum L. — 3, 7, 8,
10.
167. Lagurus ovaius L. — 7, 10.
168. Agrosti^ pallida DC. — 1, 3, 8, 10.
169. Polypogon maritimusW. — 7, 8, 10.
170. — subspalhaeeus Req. — 4, 8.
3 71. Gaudinia fragilis L. — Partout.
172. Avena sterilis L. — 6, 7, 8, 10.
173. Trisetum neglectum Rœni. et Sch, —
7, 8, 10.
174. Kœleria phleoides Pers. — 7, 10.
175. Cniosurus polybracteatus Poir. —
9, 10.
176. Cynosurus echinatus L. — (M. Ra-
mey). Moulin-Fidèle.
177. Glyceria distans Wahl. — 6, 7.
178. Briza maxima L. — 6, 7,8.
179. — minor L. — 7, 8.
180. Eragrostis pilosa P. de B.— 10.
181. Bromus maximus Desf. — 7, 8,9,10.
182. — rubens L. — 7, 10.
183. — inacrostachys Desf. — 6,7,8, 9.
184. Vulpia liguslica Bertol. — 1, 3, 7,
8, 9, 10.
185. — geniculata Link. — • 7, 10.
186. Brachypodium distacbyon R. et S. —
7, 8, 10.
187. Hordeum maritimum Witli. — 1, 3,
5, 7, 8, 10.
183. — • leporinum Link. — 8.
189. Ægilops ventricosa Tausch. — 8.
190. — ovataL. — 3, 7, 8.
Il est facile, en lisant la liste qui précède, de se former une opinion générale
sur la cause de cette florule adventice. On ne peut l’attribuer qu’aux fourrages
de l’année française. Us sont tirés de l’Algérie, et, très-exceptionnellement,
de l’Italie et de la Sicile. Il en est de même des plantes de notre liste. Sauf
quelques exceptions, on dirait le catalogue d’une herborisation dans la plaine
de la Mitidjah. Toutes les plantes que l’armée française a introduites en 1871
aux environs de Paris avaient été observées en Lombardie par M. Aug. Gras,
après notre campagne de 1860. Le rôle de l’armée allemande dans cette
importation paraît à peu près nul. On ne peut lui attribuer que trois plantes de
notre liste, le Vicia viUosa de Villiers-le-Bel, le Stmcictis annua trouvé à
Bièvre, mais qui paraît échappé d’un jardin, et le Lepidium perfoliatum re¬
cueilli au bois de Boulogne où les Allemands n’ont campé que quelques jours.
Les plantes observées se rattachent presque toutes aux familles fourragères
ou praticoles. Sur les cent quatre-vingt-dix espèces de la liste :
Les Légumineuses figurent pour . 58
Les Composées pour . 34
Les Graminées pour . 32
Les autres familles réunies pour seulement . 66
Total . 190
Il est encore intéressant de noter des espèces, déjà connues aux environs de
Paris, mais qui foisonnaient avec une abondance exceptionnelle au milieu des
plantes méridionales et paraissaient les avoir accompagnées. Ce sont :
Lepidium sativum. — Puteaux, fort d’Issy,
Conringia perfoliata.
Agrostemma Githago (forme naine).
Linum usitalissimum.
Arenaria rubra.
Trifolium pratense (forme à grandes fleurs).
Medicago falcata.
— apiculata.
— denticulata.
Potentilla supina. — Bois de Boulogne.
Portulaca oleracea.
Centaurea solstitialis.
252
SOCIÉTÉ BOTANIQUE UE FRANCE.
Helminthia echioides.
Anagallis cærulea (forme très-développée).
Ecliinospermum Lappula.
Avena sativa.
Avena orientalis.
Panicum Crus-galli.
Setaria glauca.
— viridis (et autres).
La plupart des plantes observées sont annuelles, on ne peut guère citer
comme exceptions que Y Hedysarum coronarium , qui a peu fleuri, et Y Echium
plantagineum , dont il n’a été trouvé qu’un échantillon florifère. Les plantes
bisannuelles et vivaces apparaîtront-elles l’an prochain? Les plantes annuelles
se resèmeront-elles? Cette importation aura-t-elle sur notre flore parisienne
une influence définitive ? C’est ce qu’il reste à se demander. Le B uni as orien¬
talis, apporté en 1815 au bois de Boulogne, y existait encore avant les grands
travaux. La guerre de 1871 laissera-t-elle une trace aussi persistante? On
pourrait le croire, à l’abondance des végétaux introduits. Mais les premières
gelées ont fait bien des ravages. Les Melilotus , sur lesquels on comptait, vu
leur vigueur et leur nombre, penchent maintenant leurs rameaux flétris et leurs
folioles noircies par le froid. Le Bellis annua tient mieux, malgré sa délicate
apparence. Les \ ledicago ont déjà piqué fortement dans le sol leurs petits
fruits épineux. L’été prochain nous dira quelle aura été la plus forte, de la mort
ou de la vie. Pour nous, si triste que soit la cause de celte florule adventice,
nous la verrions disparaître avec peine. Elle contient des souvenirs salutaires.
Vieux explorateurs des environs de Paris, nous allons tantôt céder nos bâtons
et nos boîtes à la génération qui nous suit. Il n’est pas mal qu’elle trouve par
les chemins la trace de nos malheurs et de nos fautes, et que la botanique meme
lui vienne réveiller la mémoire et raviver la rancune.
NOTICE SUR LA VÉGÉTATION DES ENVIRONS DE CONSTANTINE, par M. le colonel PAttlS.
(Dinard, près Sainl-Malo, septembre 1871.)
La ville de Constantine est située par 35° 22' 21" de lat. N., et U° 16' 36"
de long. E. Elle est bâtie sur un rocher prismatique, escarpé sur presque tout
son contour. Une section perpendiculaire à l’axe de ce prisme donne un losange
très-voisin du carré, dont la grande diagonale est orientée presque exac¬
tement N. -S., et la petite E.-O. — L’altitude du point le plus élevé de Con¬
stantine (la Kasbah, au N.) étant de 661 mètr., et celle de la partie la plus
basse (la pointe de Sidi-Krached, au S.) de 515 ni., il en résulte que la sec¬
tion oblique supérieure du prisme sur laquelle repose la ville forme avec
l’horizon un angle d’environ 15° et est directement exposée au S.
J’emprunte, en l’abrégeant, à la géologie de Y Exploration scientifique de
V Algérie, par M. Renou, la description du terrain sur lequel repose la ville
et de ceux qui l’avoisinent.
« Le rocher sur lequel est bâtie Constantine n’oiïre qu’une série de couches
épaisses de calcaire noir ou gris très-fin, très-homogène, à cassure presque
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871.
vitreuse. La plupart de ces couches sont dépourvues de fossiles; mais, vers la
partie supérieure du système, 011 en remarque quelques-unes, peu épaisses,
qui en contiennent une certaine quantité : les hippurites et le Chama ammo-
niay dominent beaucoup, ce qui détermine complètement lage de ce calcaire,
entièrement semblable, sous tous les rapports, à celui qui se trouve non loin
de Roquevaire, à 20 kil. N.-E. de Marseille.
» Le calcaire jt hippurites de Constantine se retrouve tout autour de la
ville, jusqu’à une assez grande distance; il est remarquablement développé au
Dj. Chettabah (18 kil. environ O. -N. -O. de la ville, 1322 m. ait.). Il est dé¬
couvert depuis le Sidi Mecid (68â m. ait.) jusqu’à la rive droite de l’Oued-
Mecid ; mais sur la rive gauche, et plus au S. -O. dans toute la pente du
Mansourah (704 m. ), on voit une succession de marnes grises ou noires,
feuilletées, et qui le recouvrent à stratification discordante. La partie supé¬
rieure de ces deux montagnes est formée d’une couche de travertins légers,
spongieux, remplis d’empreintes végétales et d’une couleur jaune grisâtre.
» La colline de Koudiat-Ali, qui se trouve à la porte même de Constantine,
du côté de l’O. , est formée d’un poudingue rouge ressemblant beaucoup
à celui du Righi (en Suisse) ; c’est une agglutination de cailloux roulés, dont
la grosseur varie du volume du poing à celui d’une très-grosse courge, et qui
sont formés de calcaire compacte roulé et d’un grès jaune à grains fins. Elle
paraît avoir subi, comme le Dj. Chettabah, les deux derniers soulèvements
des Alpes.
» Dans le versant S. -O. du Dj. Chettabah, on voit de grandes masses de
marnes grises et de calcaires du même terrain, reposant à stratification peu
discordante sur le calcaire à hippurites, mais bouleversées et interrompues par
des masses énormes de gypse saccharoïde semblable à celui de Roquevaire.
Tous les ruisseaux des environs du Dj. Chettabah sont salés. Cet état tient,
selon toute probabilité, à la présence, dans les flancs de la montagne, d’amas
de sel gemme pareils à ceux qui sont exploités à 30 kil. vers l’O. , et où ce
minéral est associé à l’an bydrite et au gypse.
» La montagne des Ouled-Pellam, située à 7 kil. S. -O. de Constantine,
dans la direction de Sétif, et qui s’élève à 81â mètr. d’alt. , est entièrement
composée de calcaires d’eau douce, traversés de veines de spath calcaire très-
pur. Ils contiennent des moules intérieurs A' Hélix bien conservés, et reposent
sur les marnes de la craie-tuffeau, qui se voient à découvert au pied de la mon¬
tagne, et qui contiennent des Catillus. Ils s’approchent jusqu’à 2 kil. S. de
Constantine, et paraissent être un terrain subapennin d’eau douce. »
M. Durieu de Maisonneuve est le premier botaniste qui ait herborisé aux
environs de Constantine (1) : là, comme partout où il a passé, il a laissé bien
(t) Si l’on en excepte Bové, clans les récoltes duquel, d’ailleurs, les plantes de Cons-
lantine n’entrent que pour une faible part.
SOCIETE BOTANIQUE UE FRANCE.
2l)li
peu de choses à glaner à ses successeurs, et c’est à lui qu’est due la décou¬
verte de presque toutes les espèces spéciales de cette flore. Les conditions
dans lesquelles il explora cette région et quelques autres' de l’Algérie sont de
nature à faire ressortir encore plus vivement le mérite de notre savant confrère,
en meme temps qu’elles doivent accroître la reconnaissance du monde bota¬
niste. En effet, à cette époque, les environs de Constantine n’étaient rien
moins que sûrs; et il fallait que l’amour de la science fût chez M. Durieu
fortement doublé d’une autre vertu pour qu’il se risquât à aller explorer cer¬
tains points où d’ailleurs il a peut-être fait ses plus belles découvertes.
Je ne sache pas que M. Durieu ait publié la liste de ses récoltes. Mais, dans
le rapport sur son premier voyage dans la province de Constantine, en 1853,
rapport inséré dans les Anna les des sciences naturelles, 5e série, t. IV, M. le
docteur Cosson, en donnant la liste des plantes que lui et ses compagnons
de voyage, MM. Henri et Joseph de la Perraudière, ont observées aux
environs de la ville les 13, lù et 15 mai, a indiqué celles dont la découverte
était spécialement due à MM . Durieu de Maisonneuve et de Marcillv, autre bota¬
niste qui y a constaté la présence de quelques espèces intéressantes. Viennent
ensuite, par ordre de date, M. Choulette, pharmacien militaire, qui a résidé
de longues années à Constantine, en a exploré les environs avec le plus grand
soin, et a publié dans ses exsiccata la majeure partie des espèces qui croissent
dans un rayon de quelques kilomètres aux environs de la ville ; M. Bancel,
employé des ponts-et-chaussées et collaborateur de M. Choulette; M. Hénon,
interprète militaire ; M. Émy, capitaine au 3e tirailleurs algériens, etc. C’est
ce dernier qui a eu l’obligeance de me guider dans les montagnes qui avoisi¬
nent Constantine, dont les meilleures localités lui sont familières.
Tous ces botanistes ont apporté leur pierre, plus ou moins grosse, à l’édi¬
fice commun. Moi-même, quelque rares qu’aient été les moments dont il m’a
été permis de disposer pour aller courir la campagne, j’ai eu la bonne fortune
de grossir de quelques espèces, surtout en cryptogamie, le nombre de celles
connues aux environs de la ville, et même en Algérie.
Les seules listes à moi connues de quelques-unes de ces plantes étant celles
insérées au rapport précité deM. Cosson, il m’a paru que réunir en un cata¬
logue méthodique les résultats des recherches de mes devanciers et des miennes,
serait un travail de quelque utilité, susceptible de rendre aux futurs explora¬
teurs de cette région les mêmes services que rendent déjà les excellentes mono¬
graphies que nous ont données de Sidi-Bel-Abbès, de laCalle et du Hodna, nos
collègues MM. Edmond Lefranc et Reboud. Le moment me semble d’autant
plus opportun pour faire ce travail que, d’ici à quelques années, la végétation
que je me propose de retracer sera certainement très-profondément modifiée.
En effet, le Sidi Mecid et le Mansourah, qui ne possédaient autrefois d’autres
essences ligneuses que le Prunus prostrata et, dans les anfractuosités des
rochers, quelques pieds de Celtis australis et de Ficus Car ica,' le Djebel-
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871.
255
Ouach, où sur une étendue de plusieurs kilomètres carrés on ne trouvait que
huit ou dix pieds rabougris de Frêne, d’Olivier et d’Azerolier, ont déjà reçu
plus de 150,000 pieds (Y Eucalyptus Globulus et d’arbres résincuxde diverses
espèces, qui y réussissent admirablement. Ce reboisement doit être étendu à
toutes les parties incultes de ces montagnes ; et l’on ne peut douter que, avant
peu d’années, ces forêts exerceront une influence considérable sur la végéta¬
tion, tant par leur action directe sur le sol qu’elles recouvriront que par les
perturbations qu’elles sont appelées à apporter dans les conditions climaté¬
riques actuelles. D’autre part, d’ici à quelques mois, les eaux d’Àïn-Fezia
(situé à 18 kil. de Constantine) arriveront en ville (1) ; et l’on compte sur
un débit assez considérable pour pouvoir en consacrer une notable partie à
l’irrigation des coteaux stériles des environs, dont par suite la végétation sera
complètement bouleversée.
Je n’ai pas indiqué de localités, dans cette énumération, pour les plantes qui
sont tellement répandues qu’il est impossible de ne pas les rencontrer en faisant
simplement le tour de la ville. Pour toutes celles qui ne se rencontrent que
dans des stations déterminées, j’ai cité les lieux précis où elles ont été vues
pannes devanciers ou par moi. Lorsque aucun nom de botaniste ne suit ces
localités, c’est que les plantes auxquelles elles se rapportent figurent dans les
listes de M. Cosson. Je ne prétends pas avoir découvert moi-même toutes les
espèces que j’ai fait suivre du mien. J’ai seulement voulu indiquer qu’elles ne
figurent pas dans les listes de M. Cosson, ni dans la publication de M. Chou-
lette (du moins dans les collections que je possède ou que j’ai pu examiner), et
qu’elles ne m’avaient pas été signalées non plus par les botanistes avec lesquels
j’ai été en relations.
Clematis Flammula L. — Sidi Mecid. Répandu.
— cirrosa L. — Gorges du Roummel ; rivière des Chiens (Ch.). Escarpements N.-E. du
Sidi Mecid !
Anemone eoronaria L. — * Champs près de la route de Sétif (Ch.).
— palmata L. — Pâturages N. du Dj. Ouach (Ch.).
Adonis æstivalis DC. — Sidi Mecid.
Ceratocephalus falcatus Pers. — - Mansourah (Ch.).
Ranunculus hederaceus L. — Sources au-dessous du sommet (vers. S.) du Dj. Ouach!
— aquatilis L. var. heterophyllus. — Mares sur le vers. N. du Dj. Ouach !
— bullatus L. (R. supranudus Jord.) — Sidi Mecid (Ch,). Toutes les pentes herbeuses!
— tlabellatus Desf. — Dj. Ouach (Ch.).
— * millefoliatus Vahl. — Dj. Chettabah (DR ). Sidi Mecid (Ch.).
— macrophyllus Desf. — Constantine (Ch.), aux bords du bas Roummel! etc.
• — gramineus L. var. luzulæfolius Roiss. — Dj. Chettabah (DR.).
— - arvensis L. — - Sidi Mecid.
— ophioglossifolius L. — Dj. Ouach (Ch.).
— blepharicarpos Roiss. — • Sidi Mecid, Mansourah (Ch.).
Ficaria calthæfolia Rchb. — Pâturages N. du Dj . Ouach ! Bords du bas Roummel !
Nigella damaseena L. — Sidi Mecid.
— hispanica L. — Sidi Mecid (Merche).
(i) Écrit en 1869 : c’est aujourd’hui un fait accompli.
250 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Nigella hispanica var. intermedia. — Sidi Mecid.
Delphinium cardiopetalum DC. — Sidi Mecid.
— junceum DC. — Très-répandu !
— Staphisagria L. — Pied du Sidi Mecid, près de la source (Letx).
Papaver hybridum L. — Sidi Mecid.
— Argemone L. — Champs voisins du télégraphe de Sétif (Ch.).
— Rhœas L. — Sidi Mecid.
Rœmeria hybrida DC. — Sidi Mecid. Mansourah !
Glaucium corniculatum Curt. — Sidi Mecid. Mansourah !
Fumaria numidica Coss. et DR. — Gorges du Roummel, rochers du Sidi Mecid. Man¬
sourah (Ch.).
— capreolata L. (F. Emyi, Paris in litt.) — Tourbières du Dj. Ouach ! (1).
— agraria L. — Sidi Mecid.
— parvillora Lam. — Sidi Mecid.
— micrantha Lag. — Sidi Mecid.
Raphanus Daphauistrum L. — Sidi Mecid.
Sinapis geniculata Desf. — Sidi Mecid .
— pubescens Poir. — Sidi Mecid., etc.
— arvensis L. — Sidi Mecid.
— alba L. — Sidi Mecid ! Rochers derrière l’hôpital militaire !
— procumbens Poir. (S. Choulettiana Coss. et DR.) — Dj. Ouach (Ch.).
Eruca saliva L. — • Sidi Mecid.
Rrassica dimorpha Coss. — Mansourah.
— Rapa L. — Rords du Roummel ! Lboulemenls du Sidi Mecid 1 (Sp?).
— Gravinæ Ten. — Sidi Mecid.
Moricandia arvensis DC. — Sidi Mecid. Toutes les pentes schisteuses!
Diplotaxis erucoides DC. — Sidi Mecid, etc.
— muralis DC. — Sidi Mecid. Djebel Ouach !
Matlhiola lunata DC. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.).
Sisymbrium amplexicaule Desf. — Sidi Mecid. Mansourah (Ch ).
— officinale L. — Bords des routes (Ch.).
Nasturtium silvestre R. Br. — Lieux humides (Ch.).
Alyssum campestre L. — Sidi Mecid.
— maritimum Lam. — Commun.
Clypeola Jonthlaspi L. var. microcarpa. — Pied du Sidi Mecid, près de la source ther¬
male : très -rare !
Ionopsidium albiflorum DR. — Le long des murs du cimetière chrétien (Ch.); champs
du Dj. Ouach (Emy).
Thlaspi perfoliatum L. — Sidi Mecid (f. gracilis) !
— Bursa-pastoris L. — Champs, décombres (Ch.).
Hutchinsia petræa R. Br. — Sommet du Sidi Mecid !
Iberis pectinala Boiss. — Sidi Mecid. Mansourah (Ch.).
Biscutella apula L. (B. Choulettii .lord.). — Mansourah (Ch.) ; Sidi Mecid.
— lyrata Poir. — Mansourah !
Senebiera Coronopus Poir. — Décombres, lieux vagues.
Bivoriæa lutea DC. — Sidi Mecid (Ch.).
Rapistrum Linnæanum Boiss. et Reut. — Sidi Mecid. Mansourah (Ch ).
Capparis spinosa L. — Environs de Constantine (Ch.).
Cistus salvifolius L. — Vers. N.-O. du Dj. Ouach!
Helianthemum guttatum Mill. — Dj. Ouach !
— niloticum Pers. — Sidi Mecid.
— salicifolium Pers. — Sidi Mecid (Ch.).
— rubellum Presl. — Sidi Mecid.
(i) Cette localité, située à environ 1000 mètres d’altitude, est la seule où j’aie ren¬
contré cette plante, qui y entourait les tiges de Senecio giganteus , d 'Osmunda rega-
lis , etc. Je m’étais cru en droit d’y voir une espèce nouvelle : M. Cosson n’a point partagé
cet avis, et ne la regarde que comme une forme, de l’espèce linnéenne.
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 257
Helianthemum lavandulæfolium DC. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.) ; Dj . Cliettabah!
— glaucum Pers. — Dj. Ouach (Ch.).
— croceum Pers. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.).
— pilosum Pers. — Sidi Mecid.
Fumana viscida Spacli. — Sidi Mecid. Mansourah !
Keseda suffruticulosa L. — Décombres, lieux vagues.
— papillosa Muell. Arg. — Constantine (berb. Boissier).
— Duriæana J. E. — Sidi Mecid. Mansourah (DB.).
— Luteola L. var. a Gussonii Muell. Arg. — Sidi Mecid. Polygone!
Polygala rosea Desf. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.).
— monspeliaca L. — Sidi Mecid.
Gypsophila compressa Desf. — Mansourah (Ch.).
Dianthus siculus Presl. — Sidi Mecid !
Silene inflata Sm. — Sidi Mecid.
— rubella L. — Sidi Mecid.
— gallica L. — Sidi Mecid.
— nocturna L. — Sidi Mecid.
— — var. brachypetala Bthm. — Sidi Mecid (Ch.).
• — hispida Desf. — Ravins entre le Sidi Mecid et le Mansourah (Ch.).
*— velutina Pourr. — Sidi Mecid.
— ambigua Camb. — Sidi Mecid.
— biparlita Desf. - — Sidi Mecid (Ch.), au ravin d’el Kantara !
— Chouletti Coss. et DR. — Dj. Ouach (Ch.).
— Muscipula L. — Sidi Mecid.
— italica DC. — Dj. Chettabah !
— Pseudatocion Desf. — Mansourah (Ch.).
— fuscata Lk. — Prairies (Ch.).
Lychnis Cœli-rosa Desv. var. aspera Poir. — - Dj. Ouach ! Sidi Mecid (Ch.).
— macrocarpa B. et Reut. — Sidi Mecid. Gorges du Roummel !
Velezia rigida L. — Sidi Mecid (Ch.).
Buffonia tenuifolia L. — Crêtes du Mansourah (Ch.).
Stellaria media Mill. — Décombres!
Alsine tenuifolia Crantz, (3. apetala DR. — Sidi Mecid (Ch.).
Arenaria procumbens Vahl. — Crêtes du Mansourah (Ch.).
— spalhulata Desf. — Dj. Ouach (Ch.).
Cerastium dichotomum L. — Sidi Mecid (Ch.;.
— atlanlicum DR . — Alluvions du Roummel.
Linum corymbiferum Desf. — Pied du Dj. Chettabah.
— strictum L. — Sidi Mecid !
— angustifolium Huds. — Dj, Ouach (Ch.).
— decumbens Desf. — Sidi Mecid.
— suffruticosum L. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.).
- — tenue Desf. — Pâturages entre le Kroubs et la Montagne Noire (Ch.).
Radiola linoides Gml. — Tourbières du Dj. Ouach!
Malope stellipilis Boiss. et Reut. — Constantine (Séjourné, in herb. Fauché).
— stipulacea Cav. — Sidi Mecid.
Malva silvestris L. — - Sidi Mecid, etc.
— parvifiora L. — Sidi Mecid.
Lavatera trimestris L. — Sidi Mecid.
— stenopetala Coss. et BR. var. (3. purpurea DR. — Moissons au S. de Constan¬
tine (Ch.).
Hypericum afrum Desf. — Tourbières du Dj. Ouach (Letx.).
— tomentosum L. — Pentes humides du Mansourah (Ch.).
Vitis vinifera L. — Tourbières du Dj. Ouach !
Géranium atlanticum B. et Reut. — Pentes N. du Sidi Mecid.
— molle L. — Champs, lieux vagues (Ch.).
Erodium cicutarium Lam. — Sidi Mecid.
— moschatum, Willd. — Sidi Mecid, etc.
— Botrys Bert. — Pelouses duDj. Ouach (Ch.).
T. XVI U,
(sÉÀÎSCliS; 1 /
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SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
Erodium ciconium Willd. — Chemin de ronde des gorges du Roummel !
— malacoides Willd. — Sidi Mecid.
— guttatum Willd. — Éboulements des schistes du Mansourah (Ch.).
— hymenodes L’hérit. — Sidi Mecid. Gorges du Roummel. Moulin-Lavy !
Tribulus terrestris L. — Coustantine.
Ruta montana Chaix. — Mansourah, I)j. Ouach (Ch.).
— bracteosa DC. — Constantine (Ch.).
— angustifolia Pers. — Vallée du Roummel supér. (Ch.).
Haplophyllum linifolium A. de Juss. — Côte au S. de Constantine, près la route de
Sétif (Ch.).
Zizyphus Lotus L. — Sidi Mecid. Mansourah.
Rhamnus Alaternus L. — Vallée du Roummel infér. (Ch.).
— lycioides L. — Sidi Mecid.
Pistacia Lentiscus L. — Gorges et vallée infér. du Roummel !
Anagyris fœtida L. — Sidi Mecid.
Calycotome spinosa Link. — Sidi Mecid ! Dj. Ouach! Mansourah ! Dj. Chettabah !
Spartium junceum L. — Constantine.
Genista tricuspidata Desf. — Dj. Ouach (Ch.).
— ulicina Spach. — Dj. Ouach (Ch.).
Lupinus angustifolius L. — Dj. Ouach (Ch.).
Ononis Natrix L. — Sidi Mecid.
— ramosissima Desf. — Constantine (Ch.). Sidi Mecid.
• — Cherleri Desf. — Entre le Koudiat-Ati et le Dj. Chettabah (Ch.).
• — breviflora DC. — Sidi Mecid. Mansourah (Ch.).
— hispida Desf. — Bords du Roummel (Ch.).
— pubescens L. — Ravins des environs (Schmitt).
— ornithopodioides L. — Sidi Mecid.
— monophylla Desf. — Dj. Chettabah! Roummel supér. (Ch.).
— Columnæ AU. — Sidi Mecid.
— serrata Forsk. — Bords de l’O. Melah, entre le polygone et le télégraphe de
Sétif (Ch.).
Ànthyllis Vulneraria L. — Sidi Mecid.
— tetraphylla L. — : Sidi Mecid. Tous les champs !
— numidica Coss. et DR. — Constantine (Ch.), au Dj. Ouach!
Medicago sativa L. — Pâturages élevés.
— orbicularis Ail. — Sidi Mecid. Mansourah !
— scutellata Ail. — Sidi Mecid.
— denticulata Willd. — Sidi Mecid.
— pentacycla DC. — Sidi Mecid.
— elegans Lam. — Escarpements au sommet (vers. N.) du Sidi Mecid, avec le Géra¬
nium atlanticum. !
— tribuloides Lam. — Sidi Mecid.
— minima Lam. — Sidi Mecid.
— sphærocarpos Bert. — Sidi Mecid !
— ciliaris Willd. — Sidi Mecid.
— Echinus DC. — Sidi Mecid ! Mansourah !
Trigonella gladiata Stev. — Sidi Mecid.
— monspeliaca L. — Sidi Mecid (Ch.).
Melilotus sulcata Desf. — Sidi Mecid. Mansourah (Ch.),
— infesta Guss. — Pentes du Mansourah (Ch.).
Trifolium scabrum L. — Sidi Mecid.
— stellatum L. — Sidi Mecid. — Tous les champs arides !
— isthmocarpum Brot. — Source entre le Sidi Mecid et le Mansourah !
— fragiferum L . — Sidi Mecid .
— tomentosum L. — Sidi Mecid.
Lotus rectus L — Base du Sidi Mecid, prés la source thermale !
— edulis L. — Sidi Mecid.
— ornithopodioides L. — Sidi Mecid ! Bords de la voie ferrée, entre les deux tunnels!
— cytisoides L. — Sidi Mecid (Ch.) ; Dj. Chettabah !
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871 .
259
Lotus hispidus Desf. — Dj. Ouach (Ch.).
— corniculatus L. — Sidi Mecid, près la source thermale.
Astragalus pentaglottis L. — Sidi Mecid. Mansourah!
— Glaux L. — Mansourah (Ch.).
— sesameus L. — Sidi Mecid. Mansourah !
— scorpioides Pourr. — Pentes du Mansourah (Ch.).
— hamosus L. — Sidi Mecid. Mansourah! Dj. Ouach!
— geniculatus Desf. — Sidi Mecid. Mansourah (Ch.).
— epiglottis L. — Sidi Mecid.
— caprinus L. — Sidi Mecid. Mansourah (Ch.).
Psoralea bituininosa. L. — Sidi Mecid (Ch.).
Vicia calcarata Desf. — Environs de Constantine.
— onobrychioides L. — Vallée du Roummel supér. (Ch.). Soin, du Sidi Mecid!
— sativa L. — Sidi Mecid.
— lutea L. — Sidi Mecid.
Lalliyrus silvestris L. — Bords du ruisseau des Chiens (Ch.).
— Clymenum L. — Sidi Mecid, etc.
Scorpiurus sulcata L. — Sidi Mecid.
Coronilla minima L. — Dj. Chettabah, près la Zaouïa!
Arthrolobium scorpioides DC. — Sidi Mecid.
Hippocrepis multisiliquosa L. — Sidi Mecid.
— unisiliquosa L. — Sidi Mecid.
— ciliata DC. — Sidi Mecid.
Hedysarum pallidum Desf. — Sidi Mecid. Mansourah (Ch.).
— coronarium L. — Constantine (Ch.). Commun!
— capitatum Desf. — Sidi Mecid, Mansourah.
Onobrychis alba Desv. — Sidi Mecid. Mansourah.
— Caput-galli Lam. - — Sidi Mecid. Mansourah !
‘ — venosa Desv. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.) ; Dj. Chettabah !
Ebenus pinnataDesf. — • Sidi Mecid, Mansourah (Ch.);Dj. Chettabah!
Ceratonia Siliqua L. — Sidi Mecid.
Prunus insititiaL. — Gorges du Roummel (Emy).
— prostrata La Bill. — Sidi Mecid.
Rubus fruticosus L. — Route du pont d’Aumale! Zaouïa duDj. Chettabah!
— * discolor W. et N. — Sidi Mecid.
Poterium Magnolii Sp. — Sidi Mecid. Mansourah !
Rosa sempervirens L. — Roummel infér. (Ch.).
Cratægus monogyna Lam. — Sidi Mecid. Dj. Ouach !
* — Azarolus L. — Dj. Ouach !
Punica Granatum L. — Salah Bey (Ch.).
Epilobium hirsutum L. — Roummel supér. (Ch.). Sidi Mecid, près de la source thermale !
Lythrum Græfferi Ten. — Sidi Mecid, près delà source thermale.
Tamarix gallica L. — Bords du Roummel (Ch.).
Bryonia dioica L. — Route de Sidi Mecid au Dj. Ouach !
Ecbalium ElateriumC. Rich. — Décombres, lieux vagues.
Corrigiola telephiifolia Poir. — Dj. Ouach (Ch.).
Herniaria cinerea DC. — Sidi Mecid.
Paronychia argenteaLam. — Sidi Mecid. Tous les lieux secs !
— nivea DC. — Sidi Mecid, Mansourah, etc. !
Polycarpon tetraphyllum L. — Dj. Ouach !
— Bivonæ J. Gay. — Atterrissements du Roummel.
Scleranthus polycarpus DC. — Dj. Ouach (Ch.).
Minuartia campestris Lœfl. — Sidi Mecid !
Umbilicus hispidus DC. — Sid Mecid.
— horizontalis DC. — Sidi Mecid. Mansourah!
Sedum cæruleum Vahl. — Sidi Mecid. Ravin d’el Kantafa ■
— dasyphyllum L. — Constantine (Ch.).
— altissimum Poir. — Sidi Mecid, Mansourah (Ch.),
— pubescens Vahl. — Sidi Mecid (Ch.).
‘260
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Cactus Opuntia L. — Tous les rochers.
Saxifraga atlantica Iîoiss. et Reut. — Sidi Mecid (Ch.) ; I)j, Ouach ! Route de Sétif, etc.!
Daucus maximus Desf. — Sidi Mecid.
— sessilifolius Desf. — Dj. Ouach (Ch.) ; Sidi Mecid !
— aureus Desf. — Champs entre le Polygone et l’O. Melah !
— crinitus Desf. — Pentes du Mansourah !
— gracilis Steinh. — Sidi Mecid (DR.).
Turgenia latifolia Hoffm. — Sidi Mecid.
Caucalis leptophylla L. — Sidi Mecid.
Torilis Anthriscus Gmel. — Ravin d’el Kantara.
Bifora testiculata DC. — Sidi Mecid.
Elæoselinum meoides K. — Sidi Mecid (Ch.).
-- Fonlanesii Boiss. — Sidi Mecid!
Thapsia garganica L. — Sidi Mecid. Toutes les collines !
— villosa L. — Coteaux du Bou-Merzoug (Ch.).
Ferula sulcata Desf. — Sidi Mecid (Ch.).
— communis DC. — Sidi Mecid. Ravin d’el Kantara!
Athamanta sicula L. — Sidi Mecid.
Reverra scoparia Coss. et DR. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.).
Ridolfia segetum Moris. — Moissons, champs.
Fœniculum vulgare Gærtn. — Sidi Mecid! Mansourah !
Bupleurum fruticescens L. — Butte du télégraphe de Sétif Ch.).
Pimpinella lutea Desf. — Mansourah (Schmitt).
Carum incrassatum Boiss. — Sidi Mecid.
— mauritanicum Boiss. et Reut. — Sidi Mecid.
Ammi majus L. — Sidi Mecid, Mansourah.
— Visnaga Lam. — Sidi Mecid ! Mansourah !
Ptychotis verticillata Duby. — Sidi Mecid (Schmitt) ; Dj. Chettabah !
Helosciadium nodiflorum K. f. minima. — Tourbières du Dj . Ouach !
Scandix Pecten-Yeneris L. — Sidi Mecid.
— australis L. — Sidi Mecid.
Smyrnium Olusatrum L. — Bords du Roummel inférieur.
Couium maculatum L. — Gorges du Roummel !
ftrubera leptophylla Hffm. — Sidi Mecid (Emy).
Cachrys pterochlæna DC. — Dj. Chettabah (Ch.).
Magydaris tomentosa K. — Rivière des Chiens (Ch.). Bords des ruisseaux sur la route
d’el Aria !
Eryngiurr. campestre L. — Sidi Mecid,
— triquetruin Vahl. — Sidi Mecid. Commun dans les champs argileux.
— dichotomum Desf. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.) ; Dj. Ouach!
— tricuspidatuin L. — Mansourah (Ch.) ; Sidi Mecid !
Sambucus nigra L. — Haies de la rive gauche du Roummel infér. ! Spont. T
Putoria calabrica Pers. — Dj. Chettabah,, Dj. Ouach (Bandel).
Sherardia arvensis L. — Sidi Mecid.
Asperula cynanchica L. — Pentes du Mansourah (Ch.).
— hirsuta Desf. — Mansourah.
Crucianella angustifolia L. — Bou-Merzoug (Ch.).
Bubia lævis Poir. — Rivière des Chiens (Ch.); Sidi Mecid, près de la source thermale !
Galium elongatum Presl. — Somm. du Dj. Ouach !
— tunetanum Lam. — Dj. Chettabah (Ch.).
* — saccharatum Ail. ■ — Sidi Mecid.
— Aparine L. — Sidi Mecid !
— lucidum Ail. — Sidi Mecid !
Callipeltis cucullaria Stv. — Sidi Mecid (Ch.).
Yalerianella discoidea Lois. — Sidi Mecid. Mansourah ! (Ch.), Sidi Mecid !
* — chlorodonta Coss. et DR. — Bords du Roummel.
— stephanodon Coss. et DR. — Bords du Roummel (DP..).
— fallax Coss. et DR. — Moissons de la rive droite du Roummel (Ch.) Adven.
I’edia Cornucopiœ Gærtn. — Constantine (Pressoir).
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 201
Fedia graciliflora F. et M. — Sidi Mecid.
Centranttius Calcitrapa Desf. — Constantine (Ch.), auDj. Ouach !
— ruber DC. — Sidi Mecid.
Scabiosa stellataL. — Sidi Mecid, Dj. Chettabah (Ch.).
— crenata Cyr. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.).
— maritimaL. — Sidi Mecid, Mansourah.
Nardosmia fragrans Fichb. — Dj. Ouach! Rivière des Chiens (Ch.).
Bellis annua L. — Sidi Mecid, etc.
— silvestris Cyr. — Dj. Ouach !
Phagnalon sordidum DC. — Sidi Mecid !
— rupestre DC. — Sidi Mecid !
Evax asterisciflora Pers. — Dj. Ouach !
Micropus supinus L. — Sidi Mecid.
— bombycinus Lag. — Sidi Mecid. Mansourah!
Inula montana L. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.).
— - viscosa Ait. — Sidi Mecid, Mansourah, etc.
Pulicaria arabica Cass. — Alluvions du Roummel.
Pallenis spinosa Cass. — Sidi Mecid.
Anthémis fuscata Brot. — Sidi Mecid! Dj. Ouach (Emy).
Anacyclus PyrethrumDC. — Environs de Constantine.
— tomentosus DC. — Décombre, lieux vagues.
— pedunculatus Pers. — Vallée du Roummel supér. (Ch.).
Santolina squarrosa Willd. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch. ).
— canescens Lag. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.).
Leucanthcmum glabrum Boiss. et Reut. — Sidi Mecid. Mansourah, etc. !
Coleostephus Myconis Cass. — Sidi Mecid !
Chrysanthemum segetum L. — Sidi Mecid.
Pinardia coronaria Less. — Sidi Mecid, etc. !
Lonas inodora Gærln. — Dj. Ouach (Ch.).
Helichrysum Fontanesii DC. — Sidi Mecid, Mansourah (Ch.).
Gnaphalium uliginosum !.. — Dj. Ouach, près de la maison du garde (Ch.).
Filago spa'hulata Presl. — Dj. Ouach, près de la maison du garde (Ch.). Sidi Mecid.
— gallica L, — Sidi Mecid !
Senecio vulgaris L. — Cultures.
— leucanthemifolius Poir. — Constantine (Ch.).
— delphinifolius Vahl. — Sidi Mecid.
— giganteus Desf. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.). ; tourbières du Dj. Ouach
(Hénon); Dj. Chettabah, près de la Zaouïa !
— nebrodensis L. — Constantine. Commun dans les cultures et les lieux vagues !
Calendula arvensis L. — Cultures.
— parviflora Raf. — Décombres, lieux vagues.
Othonna cheirifolia L. — Commun dans les schistes.
Echinops spinosus L. — Champs, commun.
Xeranthemum inapertum Willd. — Mansourah (Ch.). Sidi Mecid.
Carlina lanata L. — Bords delà route du Mansourah au Dj. Ouach!
— involucrala Poir. — Sidi Mecid. Mansourah (Ch.).
■ — corymbosa L. — Constantine (Ch.). Commun dans les lieux arides !
— racemosa L. — Constantine (Ch.). Commun dans les champs.
— gummifera Less. — Constantine (Ch.) ; commun.
Atractylis cancellata L. — Sidi Mecid. Assez commun.
— cæspitosa Desf. — Constantine (Desf.), au Dj. Ouach! à la butte du télégraphe de
Sétif!
Microlonchus Clusii Sp. — Sidi Mecid, Mansourah (Ch.).
Crupina Morisii Bor. — Mansourah (Ch.).
Cenlaurea pullata L. — Décombres, lieux vagues.
— parviflora Desf. — Constantine (Ch.), à Sidi Mecid! au Mansourah !
— acaulis L. — Sidi Mecid. — Dj. Ouach !
— pubescens Willd. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch . ).
— eriophora L. — Sidi Mecid !
262
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Centaurea Schouwii DC. — Sidi Mecid (Ch,).
— nicæensis AU. — Sidi Mecid.
— Calcitrapa L. — Décombres, lieux vagues.
— napifolia L. — Sidi Mecid ! Dj. Ouach (Ch.).
Centrophyllum lanatum DC. et Dub. — Sidi Mecid.
Onobroma helenioides Spreng. (1). — Moissons S. de Constantine (Ch.),
Carduncellus pinnatus DC. — Sidi Mecid.
— cæruleus DC. (3. incisus. — Sidi Mecid (Ch.). Dj. Ouach !
— pectinatus DC. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.).
Silybum Marianum Gærtn. — Décombres, lieux vagues : commun.
Galactites tomentosa Mœnch. — Décombres, lieux vagues.
Onopordon macracanthum Schousb. — Sidi Mecid ! Route de Philippeville !
Cinara Cardunculus L. — Tous les champs argileux.
Carduus macrocephalus (2) Desf. — Mansourah. Sidi Mecid !
— pteracanthus DR. — Sidi Mecid.
— pycnocephalus L. — Décombres, lieux vagues.
Picnomon Acarna Cass. — Pentes du Ivoudiat Àti (Ch.) ; route de Batna !
Cirsium echinatum DC. — Constantine (Ch.), entre le Dj. Ouach et le Mansourah !
Notobasis syriaca Cass. — Constantine (Ch.), aux bords de l’O. Melah ! au Dj. Chettabah !
bords du chemin d’el Aria !
Rhaponticum acaule DC. — Sidi Mecid. Dj. Ouach (Ch.).
Leuzea conifera DC. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.).
Serratula pinnatifida Poir. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.).
— mucronata Desf. — Dj. Chettabah.
Scolymus hispanicus L. — Décombres, lieux vagues.
— grandiflorus Desf. — Sidi Mecid.
Rhagadiolus stellatus DC. — Sidi Mecid.
Hyoseris microcephala Cass. — Sidi Mecid.
— radiata DC. — Sidi Mecid.
Hedypnois cretica Willd. — Constantine (Ch.). Commun.
— polymorpha DC, 3. diffusa G. et G. — Sidi Mecid.
Catanance cærulea L. — Sidi Mecid, Mansourah.
Piptoceplialum carpholepis C. H. Sch. — Sidi Mecid. Répandu dans les moissons !
Cichorium Intybus L. var. divaricatum. — Décombres, lieux vagues.
Seriola ætnensis L. — Sidi Mecid.
— lævigata L. — Vallée du Roummel supér. (Ch.).
Thrincia hispidaRoth. — Sidi Mecid!
— tuberosa DC. — Sidi Mecid ! Dj. Ouach, à 1000 mèt. d’alt. !
Kalbfussia Muelleri Sch. Bip. — Sidi Mecid.
Podospermum calcitrapæfolium K. — Constantine (Ch.).
Tragopogon australis Jord. — Sidi Mecid !
Spitzelia cupuligera DR. — Sidi Mecid.
Urospermum Dalechampii Desf. — Sidi Mecid.
Scorzonera undulata Vahl. — Sidi Mecid. Vallée du Bou Merzoug (Ch.).
Helminthia echioides Gærtn. — Constantine (Ch.).
(1) Cette plante est décidément celle dont j’ai parlé dans une précédente communica¬
tion à la Société (XIV, 281), et que les Arabes du sud des provinces d’Alger et d’Oran
appellent zillsète.
(2) M. Choulette a consacré au Carduus numidicus DR. les nos 262 et 262 bis de
son exsiccata. La plante de Philippeville est bien en effet le C. numiclicus , mais celle de
Constantine est le C. macrocephalus Desf., du moins dans la collection de l’hôpital mili¬
taire de Constantine et dans celle que je possède. Il en est probablement de même pour
les autres, car il m’a été impossible de trouver, jusqu’à 7 ou 8 kil. de la ville, autre chose
que cette dernière espèce. Par contre, la première infeste littéralement les prairies d’el
Aria (20 kil. E. de Constantine, sur la route arabe de Guelma). Je l’ai retrouvée depuis
auprès de cette dernière ville (12 kil. E.). près de la maison du caïd des Beni-Marmi, en
compagnie du Delphinium Staphisagria L.
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871
263
Helminthia aculeata DC. — Constantine (Ch.).
Lactuca Scariola L. — Mansourah !
ïaraxacum Dens-leonis I)esf. var. depressum Coss. et DR. — Crêtes du Man¬
sourah (Ch.).
Barkhausia taraxacifolia DC. — Constantine (Ch.).
— fœtida DC. — Sidi Mecid.
Picridium vulgare Desf. — Commun.
Sonchus oleraceus L. — Sidi Mecid !
— maritimus L. — Constantine (Ch.). Abonde le long des rigoles du Mansourah 1
— tenerrimus L. — Décombres, lieux vagues,
Andriala integrifolia L . — Ravin d’el Kantara !
Xanthium antiquorum Wallr. — Mansourah !
— spinosum L. — Sidi Mecid, en montant au collège arabe !
Laurentia Michelii DC. — Fontaine entre Sidi Mecid et le Mansourah (Emy) ; tourbières
du Dj . Ouach !
Campanula Erinus L. — Sidi Mecid.
— Rapunculus L. — Constantine (Ch.).
— numidica DR. — Mansourah. Sidi Mecid (Ch.).
Specularia falcata A. DC. — Constantine (Ch.).
— Spéculum A. DC. — Constantine.
— hybrida A. DC. — Constantine.
Cyclamen africanum B. et Reut. — Sidi Mecid (Emy, Hénon).
Coris monspeliensis L. — Ravins du Dj. Chettabah (Ch.).
Asterolinum steîlatum Lk et Hffm. — Sidi Mecid (Ch.).
Anagallis arvensis L. — Sidi Mecid.
— Monelli Clus. — Vallée du Roummel supér. (Ch.).
— linifolia L. — Sidi Mecid.
Samolus Valerandi L. — Sidi Mecid, près la source thermale !
Olea europæa L. — Constantine.
Jasminum fruticans L. — Sidi Mecid.
Nerium Oleander L. — Bords du Roummel.
Cynanchum acutum L. — Alluvions du bas Roummel (Ch.).
Gomphocarpus fruticosus R. Br. — Sidi Mecid, près la source thermale (Ch.).
Erythræa ramosissima Pers. — Sidi Mecid, près la source thermale î
Chlora perfoliata Willd. — Dj. Ouach!
Convolvulus Cantabrica L. — Sidi Mecid.
— lineatus L. — Le Kroubs (Ch.).
— mauritanicus Boiss. — Sidi Mecid. Ravin d’el Kantara!
— tricolor L. — Sidi Mecid.
— undulatus Cav. — Sidi Mecid.
— arvensis L. — Sidi Mecid. Mansourah !
— althæoides L. — Sidi Mecid. Commun.
— pseudosiculus Cav. — Pentes du Mansourah (Ch.).
Cuscuta planiflora Ten. — Sidi Mecid.
Heliotropium supinum L. — Alluvions du bas Roummel (Ch.).
— europæum L. — Commun.
Cerinthe aspera Roth. — Sidi Mecid, etc. !
Echium calycinum Viv. — Constantine. Sidi Mecid (Ch.), etc.
— plantagineum L. — Décombres, lieux vagues.
— italicum L. — Décombres, lieux vagues.
Nonnea nigricans DC. — Décombres, lieux vagues.
Borrago ofïicinalis L. — Décombres, lieux vagues.
Anchusa italica Retz. — Décombres, lieux vagues.
Lithospermum arvense L. — Décombres, lieux vagues.
— tenuitlorum L. — Crêtes du Mansourah (Ch.).
— apulum Vahl. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.).
Alkanna tinctoria Tausch. — Décombres, lieux vagues.
Myosotis pusilla Lois. — Mansourah (Ch.).
— hispida Schlcht. — Mansourah.
2(54 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Cynoglossum clieirifolium L. — Sidi Mecid.
Solanum nigrum L. — Constantine (Ch.).
— — var. miniatum. — Mansourah !
— villosum Lam. — Décombres, lieux vagues.
Lycium vulgare Dum. — Décombres, lieux vagues.
Datura Stramonium L. — Commun sur la rive gauche du Roumme.
Hyoscyamus niger L. — Constantine.
— albus L. — Décombres, lieux vagues.
Verbascum Boerhaavii L. — Sidi Mecid (Ch.).
— sinuatum L. — Sidi Mecid. Commun.
Celsia cretica L. — Sidi Mecid (Ch.).
— betonicæfolia Desf. — Dj. Ouach (Ch.).
Linaria lanigera Desf. — Constantine (Ch.).
— spuria Mill. — Sidi Mecid (Ch.) ; rive droite du Roummel, au-dessus du pont du
Diable !
— triphylla Chaix. — Constantine. Commun dans les prairies î
— simplex DC. — Sidi Mecid (Ch.).
— reflexa Desf. — Sidi Mecid. Commun.
— virgata Desf. — Constantine (Ch.), au Dj. Ouach! etc.
— flexuosa Desf. — Constantine (Bové), au Mansourah.
Anarrhinum pedatum Desf. — Dj. Ouach (Ch.).
— fruticosum Desf. — Butte du télégraphe de Sétif (Ch.).
Antirrhinum Orontium L. — Sidi Mecid.
— tortuosum Bosc. — Sidi Mecid.
Scrofularia auriculata I,. — - Butte du télégraphe de Sétif; moulin Lavy (Ch ). Bassin de
la source thermale de Sidi Mecid !
— lævigata Vahl. — Parois verticales du Sidi Mecid, au-dessus de la corniche !
— canina L. — Commun.
Veronica Anagallis L. (vel potius V. anagalloides Guss. ?). — Gorges du Roummel!
— agrestis L. — Constantine (Ch.).
— Buxbaumii Ten. — Champs au pied du Sidi Mecid, près la source !
— hederifolia L. — Constantine (Ch.).
Eufragia viscosa Bthm. — Sidi Mecid. Dj. Ouach !
— latifolia Grisb. — Tourbières du Dj. Ouach!
Phelipæa lavandulacea Beut. — Atterrissements du Roummel.
— Muteli F. Sch. — Constantine.
Orobanche crinita ? Viv. — Vers. E. du Dj. Chettabah !
Mentha sil vestris L. — Commun dans les lieux humides.
— Pulegium L. — Commun dans les lieux humides.
Origanum hirtum Lk? Vog. ! — Butte du télégraphe de Sétif (Ch. ) ; pointe de Sidi Mecid
en face l’Arsenal !
Thymus Guyoniide Noé. — Montagnes des environs de Constantine (Coss. in herb. de Noé) .
— algeriensis B. et Reut. — Sidi Mecid (Ch.).
— ciliatus Bthm. — Sidi Mecid. Dj. Ouach!
— numidicus Desf. — Pâturages au-dessus de la ville.
Micromeria græca Bthm. var. latifolia Boiss. — Dj. Chettabah (Ch.).
Calamintha heterotricha B. et Reut. — Constantine (Bové), à la poudrerie !
Salvia viridis L. — Sidi Mecid (Ch.).
— argentea L. — Sidi Mecid.
— ■ bicolor Desf. — Pâturages au-dessus de la ville.
— Verbenaca L. — Sidi Mecid.
Nepeta tuberosa L. — Dj. Ouach (Ch.).
Brunella algeriensis de Noé. — - Sommet du Dj. Ouach !
Sideritis incana L. — Roummel supérieur (Ch.).
Marrubiurn vulgare L. — Décombres, lieux vagues.
Stachys Mialhesii de Noé. — Sidi Mecid.
— hirta L. — Constantine (Ch.) ; Dj. Chettabah!
— Duriæi de Noé. — Dj. Ouach, Dj. M’iah (DR.). Roummel super. (Ch.).
Lamium amplexicaule h. — Sidi Mecid !
SÉANCE DU \ 0 NOVEMBRE ! 871 ,
()5
Phlomis Herba-venti L. — Sidi Mecid !
• — biloba Desf. — Dj. OuacU (Ch.).
Teucrium campanulatum L. — Roummel super. (Ch.).
— Pseudochamæpitys L. — Constantine (Ch.) ; Dj. Chettabah !
— spinosum L. — Entre le Polygone et l’O. M’iah (Ch.).
— scordioides Schrb. — Sidi Mecid (Schmitt).
— Botrys L. — Alluvions du Roummel (Ch.).
— Chamædrys L. var. australe. — Collines calcaires au S. de Constantine (Ci.)
— Polium L. — Sidi Mecid. Commun.
— resupinatum Desf. — Sidi Mecid (Ch.).
Ajuga Iva Schrb. — Sidi Mecid ! Bords de 10. M’iah !
— Chamæpitys Schrb. — Sidi Mecid.
Acanthus mollis L. — Ravin d’el Kantara et gorges du Roummel 1
Verbena officinalis L. — Mansourah.
Lippia nodiflora Rich. — Le Hamma (Ch.).
Globularia Alypum L. — Dj. Ouach (Ch.).
Plantago albicans L. — Sidi Mecid. Commun.
— Lagopus L. — Sidi Mecid. Commun.
- — Serraria Lag. — Sidi Mecid. Commun.
— Psyllium L. — Sidi Mecid. Commun.
Plumbago europæa L. — Décombres, lieux vagues.
Amarantus retroflexus L. — Constantine (Ch.) ; commun dans les décombres et au nou-
lin Lavy.
— prostratus Balb. — Décombres sous le pont d’el Kantara !
Euxolus viridis Moq.-Tand. — Sous le pont d’el Kantara !
Beta vulgaris L. — Sidi Mecid !
Oreobliton thesioides DR. — Gorges du Roummel (de Marsilly).
Chenopodium Vulvaria L. — Décombres, lieux vagues.
— opulifolium Sehrad. — Décombres, lieux vagues.
— murale L. (3. albescens Moq. — Décombres, lieux vagues.
Atriplex Halimus L. — Rives de l’O. Melah !
Rumex conglomeratus Murr. — - Environs de Constantine.
— thyrsoideus Desf. — Prairies à Constantine (Ch.).
— bucephalophorus L. — Sidi Mecid. Partout.
Emex spinosa Campd. — Salah Bey (Ch.).
Polygonum aviculare L. — Décombres, lieux vagues.
— amphibium L, — Roummel, en amont du pont d’Aumale !
— Hydropiper L. — Roummel, en amont du pont d’Aumale!
Passerina annua Wickstr. var. pubescens. — Coteaux sur la rive gauche du Bou Merzoug
(Ch.). Sidi Mecid !
— hirsuta L. — Sidi Mecid.
Daphné Gnidium L. — Sidi Mecid ! Dj. Ouach !
Osyris alba L. — Sidi Mecid.
Thesium humile Vahl. — Ravins au N. du cimetière chrétien (Ch.). Sidi Mecid !
Aristolochia longa L. — Sidi Mecid.
Crozophora tincloria A. de Juss. — Commun.
Ricinus communis L. — Autour des habitations : n’y paraît pas spontané !
Mercurialis annua L. — Constantine (Ch. ). Commun.
Euphorbia Chamæsyce L. — Sidi Mecid (Ch.). Commun le long des routes.
— pubescens Vahl. — Alluvions du Roummel (Ch.).
— Helioscopia L. — Décombres, lieux vagues.
— exigua L. — Sidi Mecid.
— falcata L. — Sud de Constantine (Ch.) .
— sulcata de Lens. — Sidi Mecid (Ch.).
— Peplus L. — Décombres, lieux vagues.
— peploides Gouan. — Sidi Mecid (Ch.).
— hieroglyphica DR, — Mansourah, vallée du Bou Merzoug (DR.); vallée du Roummel
supér. (Ch.).
— segetalis L. — Moissons autour de la ville (Ch.).
266 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Euphorbia Pinea L. (E. calcarea Coss. et DR. olim). — Sidi Mecid (DR.).
— nicæensis Ail. — Coteaux calcaires delà vallée du Roummel supér. (Ch.).
Theligonum Cynocrambe L. — Décombres, lieux vagues.
Urlica membranacea L. — Décombres, lieux vagues.
— pilulifera L. — Décombres, lieux vagues.
Parietaria diffusa M. et K. — Sidi Mecid. Gorges du Roummel!
Celtis australis L. — Sidi Mecid. Koudiat Ati ! etc.
Ficus Carica L. — Sidi Mecid ! etc.
Salix fragilis L. — Bords du Roummel (Ch.). Spont. ?
— pedicellata L. — Bou Merzoug (Ch.) ; bords du Roummel infér. !
Populus alba L. — Bords du Roummel infér. ! Spont.?
Colchicum Bertolonii Stev. — Constantine (Ch.). Commun sur tous les coteaux argileux !
Scilla autumnalis L. — Mansourah! I)j. Ouach !
— obtusifolia Poir. — Sidi Mecid (Ch.). Gorges du Roummel!
— peruviana L. — Sidi Mecid. Dj. Ouach!
— lingulata Desf. — Constantine (Trib.). Sidi Mecid (Ch.). Dj. Ouach ! Assez commun.
Urginea Scilla Steinh. — Sidi Mecid. Commun.
— fugax Steinh. — Pj. Ouach, en face les baraques l
Gagea fibrosa Rœm. et Sch. — Pépinière (Ch.). Sidi Mecid ! Mansourah !
Ornithogalum arabicum L. — Sidi Mecid, Dj. Ouach (Ch.).
— narbonense Dod. — Sidi Mecid.
— umbellatum L. (0. algeriense Jord.). — Sidi Mecid. Ravin d’el Kantara!
Allium pallens L. — Sidi Mecid (Ch.).
— triquetrum L. — Sidi Mecid, à la source thermale !
— Chamæmoly L. — Vers. S. du Sidi Mecid (Emy).
— roseum L. — Sidi Mecid.
— nigrum L. — Sidi Mecid.
Bellevalia romana Rchb. — Sidi Mecid.
Hyacinthus dubius Guss. — Sidi Mecid.
Muscari comosum Mill. — Constantine ; commun dans les champs argileux.
— racemosum DC. — Sidi Mecid.
Phalangium algeriense B. et Reut. — Tourbières du Dj. Ouach !
Asphodelus microcarpus Yiv. — Constantine; très-commun.
Asphodeline lutea Rchb. — Vers. S. du Dj. Chettabah (DR.).
Asparagus albus L. — Sidi Mecid.
Smilax mauritanica Poir. — Sidi Mecid, à la source thermale !
Tamus communis L. — Rives du Roummel infér. ! Tourbières du Dj. Ouach !
Trichonema Bulbocodium Rchb. — Dj. Ouach!
Iris juncea Poir. — Dj. Ouach (Ch.).
— stylosa Desf. — Dj. Ouach (Ch.).
— scorpioides Desf. — Constantine (Ch.). Très-commun partout.
— Sisyrinchium L. — Constantine. Commun.
Gladiolus segetum Gawl. — Constantine (Ch.).
— Ludoviciæ Jan. — Sidi Mecid.
Leucoium autumnale L. — Dj. Ouach (Emy). Roummel infér. (Ch.).
Sternbergia lutea Gawl. — Constantine (de Marsilly) : commun au Koudiat Ati et aux
gorges du Roummel !
Narcissus aureus DC. — Prairies marécageuses du Dj. Ouach! Bas Roummel (Ch.). (1).
— elegans Sp. — Mansourah ! Bas Roummel (Ch., si, comme je le pense, cette plante
et le IV. Cupanianus Guss. ne diffèrent pas spécifiquement).
Serapias Lingua E. — Dj. Ouach ! (2).
(1) M. Choulette a publié celte plante, n° 183 de la 2e série, sous le nom de N. Fa-
zelta var. algeriensis . Je suis encore à voir le N. Tazetta d'Algérie. Tout ce que j’ai
récolté dans la Mitidja et la province de Constantine, aux localités où cette plante est indi¬
quée, et tout ce que j’ai reçu sous ce nom du Tell oranais se rapporte au N. aureus.
(2) Il ne faut jamais remettre au lendemain la récolte d’une plante ! — Cet axiome
devrait être la chehada (profession de foi) de tout botaniste. En juin 18(19, le capitaine
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871.
267
Orchis papilionacea L. — Constantine (Ch.).
— tridentata Scop. — Dj. Ouach (Ch.).
Ophrys tenthredinifera Willd. — Dj. Ouach (Ch.).
— fusca Lk. — Dj. Ouach (Tribout).
— — var. Duriæi. — Dj. Ouach (Tribout).
— lutea Cav. — Dj. Ouach (Ch.).
— ciliata Biv. — Entre Sidi Mecid et le Mansourah (Ch.).
Vallisneria spiralis L. — Lac entre l’étang; du Dj. Ouach et le barrage de la rivière des
Chiens (Ch.).
Triglûchin laxiflorum Guss. — Somm. au Dj. Ouach !
Potamogeton natans L. — Roummel en amont du pont d’Aumale !
Arisarum vulgare Targ. Tozz. — Sidi Mecid.
BiarumBovei Bl. — Pâturages au-dessus delà ville.
Arum italicum Mill. — Sidi Mecid.
Typha latifolia L. — Environs de Constantine.
— angustifolia L. — Sidi Mecid, à la source thermale !
Juncus acutus L. — Commun dans les lieux humides,
— heterophyllus L. Desf. — Constantine (Ch.).
— alpinus Vill. — Tourbières du Dj. Ouach! (1).
— striatus Schousb. — Dj. Ouach (Ch.).
— — var. macrocephalus. — Mansourah (DR.).
— valvatus Lk. var. caricinus. — Mansourah (DR.).
— capitatus Weig. — Dj. Ouach (Ch.).
— Tenageia Ehrh. — - Constantine.
— bufonius L. — Dj. Ouach (Ch.).
— — var. — Commun.
Cyperus fuscus L. — Constantine (Bové) : commun le long du bas Roummel !
— olivaris Targ. Tozz. — Constantine (Bové) : au pied du Dj, Chettabah (DR.).
— longus L. — Sidi Mecid, à la source thermale! Moulin Lavy !
— badius Desf. — Environs de Constantine.
Schœnus nîgricans L. — Vers. N. du Dj. Ouach !
Scirpus Savii S. et M. — Constantine : au Dj. Ouach!
— lacustris L. — Constantine : Roummel en amont du pont d’Aumale !
— Holoschœnus L. — Dj. Ouach !
— maritimus L. — Bas Roummel (Ch.).
Heleocharis palustris R. Br. — Constantine (Ch.).
Carex remota L. — Sidi Mecid, à la source thermale (Ch.).
— - glauca L. — Tourbières du Dj. Ouach !
— — var. serrulata. — Constantine.
— olbiensis Jord. — Vers. N. du Dj. Ouach !
— echinata Desf. — Constantine : source thermale de Sidi Mecid ! Dj. Ouach!
— distans L. — Constantine.
— punctata Gaud. — - Tourbières du Dj. Ouach!
Phalaris canariensis L. — Constantine.
— brachystachys Lk. — Sidi Mecid.
— minor Retz. — Constantine.
— paradoxa L. — Sidi Mecid.
— truncata Guss. — Bords du Roummel.
— cœrulescens Desf. — Constantine.
Phleum pratense L. var. nodosum. — Environs de Constantine (Ch.).
Alopecurus ventricosus Pers. — Alluvions du Roummel.
— bulbosus L. var. macrostachys. — Dj. Ouach (Ch.).
Emy et moi trouvâmes, le long des tourbières du Dj. Ouach, un seul pied de Serapias
authentique à fleurs jaunes. — Les boîtes pleines, la fatigue, la difficulté de partager
un échantillon entre deux, que sais-je ? D’autres échantillons étaient là, près de fleurir :
nous remîmes la récolte à la prochaine excursion; et quinze jours après, lorsque nous
y revînmes, nous trouvâmes tout complètement desséché !
(1) Cette espèce n’avait point encore été rencontrée en Algérie,
*2() 8 SOCIÉTÉ R OTA NIQUE DE FRANCE.
Echinaria capitata Desf. — Constantine : commun dans les prairies sèches.
Tragus racemosus Hall. — Constantine (Bové).
Setaria verticillata P. Beauv. — Constantine (Bové). Le long du bas Roummel, etc.'
— glauca P. Beauv. — Constantine (Bové). Le long du bas Roummel, etc. !
Panicum eolonum L. — Constantine. Le long du bas Roummel, etc. î
Cynodon Dactylon Pers. — Sidi Mecid. Commun !
Andropogon distachyus L. — Constantine : Sidi Mecid ! etc.
Imperata cylindrica P. Beauv. — Pentes schisteuses désagrégées du Mansourah !
Arundo isiaca Kth. — Constantine (Ch.).
Ampelodesmos tenax Lk. — Constantine : toutes les collines et montagnes des environs !
Agrostis alba L.var. coarctata. — Constantine.
— — var. Fontanesii (A. Mustaphæ Steud.). — Constantine. Source thermale de Sidi
Mecid !
— verticillata Vill. — Constantine. Bords du ruisseau delà route de Sétif! etc.
— elegans Thore. — Dj. Ouach (Ch.j.
Gastridium lendigerum Gaud. — Sidi Mecid.
— muticum Guenth. — Constantine.
Polypogon maritimus Willd. — Constantine.
— subspathaceus Req. — Constantine.
Lagurus ovatus L. — Sidi Mecid. Commun dans les champs cultivés !
Stipa barbata Desf. — Constantine.
— • juncea L. var. Duvalii Nob. — Sidi Mecid ! le Kroubs (Ch.).
— gigantea Lag. — Constantine. Commun dans les ravins du Dj. Chettabah !
— parvitlora Desf. — Constantine.
— tortilis Desf. — Le Kroubs (Ch.).
Piptatherum miliaceum Coss. — Constantine (Ch.). Commun.
Molineria minuta Pari. — Constantine.
Aira capillaris Host. — Dj. Ouach.
Avena barbata Brot. — Commun dans les prairies sèches !
— pratensis L. — Constantine.
Triselum flavescens P. B. — - Sidi Mecid.
— neglectum R. et Sch. — Sidi Mecid.
— paniceum Pers. — Sidi Mecid.
— — var. canariense. — Vallée du Roummel.
Holcus lanatus L. — Dj. Ouach (Ch.).
Kœleria pubescens P. B. — Sidi Mecid, etc.
— valesiaca Gaud. — Sidi Mecid (Ch.).
Catabrosa aquatica P. Beauv. — Constantine.
Glyceria plicata Fr. — Constantine.
Sclerochloa dura P. Beauv. — Constantine.
PoaannuaL. — Commun.
Briza minor L. — Constantine (Ch.).
Melica Magnolii G. et G. — Sidi Mecid!
— Cupani Guss. — Vers. S. du Mansourah (DR.).
Scleropoa rigida Grisb. — Sidi Mecid. Commun !
Dactylis hispanica Roth. — Constantine. Commun.
Cynosurus polybracteatus Poir. — Constantine.
— echinatus L. — Constantine.
— Lima L. — Constantine.
Lamarckia aurea Mœncli. — Sidi Mecid. Commun !
Festuca Michelii Brot. — Constantine.
— sicula Presl. — Mansourah (DR.).
— bromoides L. — Dj. Ouach (Ch.).
— ciliata Pers. — Constantine.
— genicnlata Willd. — Constantine.
— incrassata Salzm. — Constantine.
— cynosuroides Desf. — Mansourah ; alluv. du Roummel.
Rromus maximus Desf. var. Gussonii. — Sidi Mecid.
— rubens !.. — Sidi Mecid. Commun.
SÉANCE L)U 10 NOVEMBKE 1871.
260
Bromus alopecuros Poir. — Sidi Mecid.
— macrostachys Desf. — Sidi Mecid. Commun,
lïordeum murinum L. — Constantine (Ch.).
— bulbosum L. — Constantine (Ch.). Très-commun dans les prairies sèches !
Elymus crinitus Schreb. — Constantine.
Ægilops ventricosa Tausch. — Sidi Mecid.
— ovata L. — Sidi Mecid.
- (3. aristata Willd. — Sidi Mecid.
Agropyrum repens P. B. — Constantine.
Brachypodium pinnatum P. B. — Constantine.
— distachyon P. B. — Sidi Mecid.
Lolium perenne L. — Lieux vagues, décombres.
— italicum Al. Br. — Lieux vagues, décombres.
- — multiflorum Lam, — Lieux vagues, décombres.
— strictum Presl. — Lieux vagues, décombres.
— temulentum L. — Sidi Mecid.
Gaudinia fragilis P. Beauv. — Dj. Ouach (Ch.).
Nardurus tenellus Rchb. var. aristatus. — Constantine.
Lepturus cylindricus Trin. — Constantine.
— filiformis Trin. — Constantine.
Adiantum Capillus-Veneris L. — Chutes du Roummel ! Source thermale de Sidi Mecid!
Cheilanthes fragrans Hook. — Source thermale de Sidi Mecid !
Pteris aquilina L. — Source au sommet (vers. N.) du Dj. Ouach (Hénon).
Athyrium Filix-femina Roth. var. dissectum Th. Moore. — Ibidem (Hénon) !
Asplénium Trichomanes L. — Constantine (Ch.).
Scolopendrium Hemionitis Sw. — Constantine.
Ceterach officinarum Willd. — Sidi Mecid.
Osmunda regalis L. var. Plumieri Milde. — Source au sommet (vers. N.) du Dj, Ouach
(Hénon).
Equisetum ramosissimum Desf. — Source thermale de Sidi Mecid !
Selaginella denticulata Lk. — Tous les rochers humides exposés au Nord !
Liste de quelques Lichens saxicoles récoltés aux environs de Constantine.
Les espèces contenues dans cette liste ont été récoltées par moi dans le
courant de l’année 1869. J’y ai joint l’énumération de quelques Lichens qui
m’ont été rapportés de Bou-Saada (Hodna) par M. le capitaine Emy, du
3e tirailleurs algériens.
M. le Dr Nylander a bien voulu, avec cette bienveillante amitié dont il m’a
déjà donné tant de preuves, revoir et compléter la détermination de ces espèces,
qui a acquis ainsi une certitude absolue.
Explication des abréviations de localités : Dj. O. = Djebel Ouach ; iM. =
Mansourah ; S. M. = Sidi Mecid.
Le signe f, placé devant le nom d’une espèce, signilie qu’elle n’avait point
encore été trouvée en Algérie.
Collema melænum Ach. — S. M.
Parmelia prolixaAch. — Dj. 0.
+ — fuliginosa Fr. — Dj. 0.
Physcia parielina Ach. var. auréola. —
Dj. 0.
— obscura Nyl — 8. M.
Squamaria crassa DG. - — Dj. 0.
— — var. periculosa Schær. — S. M.
— lcnligera DC. — Dj. 0.
— saxicola Nyl. var. albo-pulvcrulenta
Schær. - — Dj. 0.
— — var. versicolor Pers. — M.
270 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Squamaria saxicola var. diffracta Schær. —
Dj. 0.
Placodiurn circinatum Nyl. — Dj. 0., S.M.
— — var., vel potius sp.nov. ? — S. M.
— teicholytum DC. var. rubricosum Nyl. —
Dj. 0.
— murorum DC. — S. M.
— — var. citrinum Nyl. — S. M.
— callopismum Mer. — Dj. O.S. M.
— fulgidum Nyl. — M., S. M.
J* — médians Nyl. — M.
— variabile Pers. — M.
Lecanora cerina? Ach. — Dj. 0. (ad
arbores).
— pyracea Ach. var. rupestris Scop. — S. M.
— aurantiaca Nyl. var. erythrella Nyl, —
M., S. M.
— Lallavei Nyl. — Dj. 0.
— castanea Schær. — Dj. 0.
— — f. percanoides Nyl. — S. M.
— Schleicheri Ach. — Dj. 0.
cinerea Nyl. — Dj. 0.
— — • var. calcarea. — Dj., 0. M.
— subfusca Ach. f. campestris Schær. —
S. M.
— — f. erythræa Ach. — Dj, 0.
Lichens de
Squamaria lentigera DC.
Placodiurn fulgidum Nyl.
Lecidea ferruginea Nyl.
— esculenta Nyl.
Lecture est donnée de la lettre
Lecanora glaucoma Ach. — Dj. 0.
— — f var. subflavescens Nyl. — Dj. 0.
— atra Ach. — Dj. 0. (et ad arbores !).
f — badia Ach. — Dj. 0.
— sophodes Ach. var. lævigata. — M.
1* — teichotea Nyl. — Dj. 0.
f — pruinifera Nyl. — Dj. 0.
Urceolaria scruposa Ach. — Dj. 0.
— actinostoma Pers. — Dj. 0.
Pertusaria dealbata ? Pers. — Dj. 0.
Lecidea lurida Ach. — M., S. M.
— decipiens Ach. — Dj. 0.
— mamillaris Desf. — S. M.
— vesicularis Ach. — S. M.
— cinereo-virens Schær. — S, M.
— parasema Ach. — Dj. 0.
t — insularis Nyl. — Dj. 0.
— albo-atra Schær. — Dj. 0., M.
— geographica Schær. — Dj. 0.
Arthonia varians Ach. — Dj. 0.
Endocarpon miniatum Ach. — S. M.
Verrucaria viridula Ach. — M., S. M.
— macrostoma Desf. — S.M.
f — integra Nyl. — M., S. M.
f — muralis Ach. — S. M.
Limboria sphinctrina Desf. — S. M.
Bou*Saada»
Urceolaria scruposa Ach. var. gypsacea.
Lecidea cinereo-virens Schær.
Endocarpon hepaticum Ach.
suivante :
LETTRE DE II. Paul SACiOT A M. LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL.
Cluny (Saône-et-Loire), 3 juillet 1871 .
Cher Monsieur,
J’adresse à la Société botanique un travail qui, par son titre, semble étran¬
ger à la botanique: Elève du bétail à la Guyane (I).
Les premiers chapitres, consacrés à la description, au point de vue agricole,
des savanes et des plantes cultivées comme fourrage dans la colonie, ont ce¬
pendant quelque rapport avec la botanique.
Vous y trouverez quelques indications sur les [liantes de toutes familles re¬
cherchées par le bétail ou repoussées par lui, et sur les plantes cultivées
comme fourragères.
\d Herbe -de -P ara ( Panicum molle Sw.), Graminée qui s’enracine aux
(1) On sait que notre honorable et savant collègue M. le docteur Sagot a longtemps
séjourné à la Guyane, eu qualité de médecin de la marine. (/Y oie du Secrétaire général ,)
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 271
nœuds avec une extrême facilité, nous présente un exemple rare et remar¬
quable de bonne Graminée fourragère propre à croître dans les sols vaseux et
humides.
L ' Herbe -de-Guinée ( Panicum altissimum ) est déjà bien connue.
Parmi les Légumineuses, la tribu des Phaséolées paraît fournir les meil¬
leurs fourrages.
Le Dolickos sphœrospermus est peut-être l’espèce la plus propre à repré¬
senter les cultures fourragères améliorantes : cultures jusqu’ici malheureuse¬
ment inusitées dans l’agriculture intertropicale.
L'A rachis hypogœa donne, malheureusement en très-petite quantité, un
fourrage d’une valeur nutritive supérieure.
Les fanes feuillées vertes de la Patate sont recherchées des bestiaux et même
des porcs.
Je joins à cette brochure une courte notice imprimée par la Société aca¬
démique d’Angers, notice qui rassemble quelques souvenirs d’herborisations
relativement à l’influence géologique et minéralogique du sol en géographie
botanique.
Je regrette de n’avoir pas fait ressortir dans ce petit travail que la préfé¬
rence, dans certaines régions, de quelques plantes pour tel sol géologique
pouvait se rattacher non-seulement à des convenances actuelles, mais encore
à des convenances qui existaient dans les périodes géologiques précédentes.
Si les espèces aujourd’hui très-rares semblent les restes d’une plante plus com¬
mune à une période géologique précédente et détruite en majeure partie à la
constitution delà période actuelle, soit par le froid, soit par l’humidité ou la
sécheresse, soit par la concurrence d’espèces plus vigoureuses, ne peut-on
pas supposer que quelques natures de sol et quelques expositions privilégiées
ont pu, sur quelques points, préserver l’espèce de destruction ?
Dans un autre ordre d’idées, les considérations géologiques pourraient peut-
être nous expliquer le phénomène de la présence, rare il est vrai mais con¬
statée cependant quelquefois dans la même localité, de deux formes affines, l’une
septentrionale, l’autre méridionale de la même espèce ?
Supposons une plante s’étendant sous une zone assez vaste pour subir, ici
le climat des hautes Alpes, là celui de la région méditerranéenne. Presque
toujours elle porte quelques légers caractères de race, quelque faciès propre,
dans l’une ou l’autre région. Une culture de quelques années dans un jardin
botanique ne détruit pas ces caractères.
De tels faits ont pu se produire dans la nature. Si les influences de climats
divers, successifs ou contemporains, ont constitué plusieurs variétés notables,
ces variétés, à la période géologique actuelle, ont pu se rencontrer dans la
même localité et persister plus ou moins parfaitement dans leur type propre.
En voyant, dans le Bugey, le lehm alpin s’étendant dans la vallée entre les
hauts coteaux et les montagnes du calcaire jurassique, il me semblait que les
'27 '1
SOCIÉTÉ BOTANIQUE lJE FRANCE.
races alpines de nos plantes vulgaires ont pu revenir pousser à côté de
races restées sur les coteaux calcaires a l’abri de ces influences.
Jl est certain que dans quelques localités, le Lyonnais, le Dauphiné, par
exemple, on trouve aujourd’hui une plus grande variété de races distinctes
de la même espèce que dans les plaines du nord.
Agréez, etc. P. Sagot.
Professeur à l’Ecole de Clurv.
M. Pérard présente à la Société le travail suivant :
ÉNUMÉRATION DES CRYPTOGAMES DE L’ARRONDISSEMENT DE MONTLUÇON
par M. A. PÉIIARD
{AD UE N U A),
ALGUES.
Batrachospebmum moniliforme Roth. — Adhérent aux pierres dans les
ruisseaux et les fontaines. — Çà et là.
Llmanea fluvjatilis Ag. — Dans les eaux courantes des torrents et des
rivières. — Montluçon, le Cher et la Yernoille.
Var. p. tennis Kuetz. Tab. phyc. vu, n° 82. — Sur les pierres du ruisseau de la
Brosse près Montluçon.
— mamillosa var. p. subtilis Kuetz. Tab. phyc. vu, n° 83. — Sur les pierres
des ruisseaux et des torrents. — Montluçon, la Yernoille.
« — TOttULOSA Ag. , Dub. Bot. gall. p. 978. — L. incurvata Bory. — Sur
les pierres et les rochers dans les ruisseaux et les rivières. — Le Cher et la
Vernoille, etc.
Hydrodictyon utricülatum Roth. — H. pentagonum Vauch. — Montlu¬
çon, le Cher où il est commun.
L’Algue thermale que Ton trouve dans les eaux de Néris les-Bains ( Andbaina mon U -
cvlosa Bory) a été étudiée avec soin par MM. De Laurès et Becquerel dans une brochure
(1855) intitulée Recherches sur les Conferves des eaux thermales de Néris.
CHA11P1GAOA&.
Ag A Bicus ( Tricholoma ) phæocephalus Bull. tab. 555, lig. 1. — Lieux
humides aux environs de Montluçon. — Commencement de mai. — R.
Annulo fugaci! sporis argillaceis rotundato-polygonalibus!, cystidiis in
inedio ventricosis, apice bi- tri- aut quadriechinalis! lie Seynes Essai Fl.
mycol. région de Montpellier et du Gard, p. 1 00, il0 89.
Notre espèce diffère du type par son chapeau squammeux comme celui des Lepiota, mais
nous n’avons pas vu d’anneau bien caractérisé. Elle se rapporte à la description que
M. de Seynes en a faite, et la forme et la couleur des spores (un peu rosées), ainsi que
1rs cystides, sont celles de 1 A. phæocephalus , espèce rare, qui n’aurait encore été vue
qu’une seule fois en France, dans la région de Montpellier et du Gard et dans la région
du Centre. Noire obligeant et savant collègue, M. de Seynes, a bien voulu me commu-
i iquer ses dessins et tous les renseignements pour m’aider à la détermination de cette
espèce.
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 275
Agaricus ( Omphaiia ) pyxidatus Bull., Fr. Epier. — Automne. — Mont-
luçon, bois du château des Modières.
— (Pholiota) cylindraceus 1)C. , Fr. — Sur les vieilles souches de saules.
— Automne. — Montluçon, bords du ruisseau de Néris, près du moulin
de Nerde.
— ( Ph .) præcox Pers. — Var. minor et sans anneau. — Terrestre,
parmi le gazon. — Printemps. — Montluçon, vallée del’Amaron et prairies
de la Vernoille au-dessous de Saulx.
— ( Naucoria ) SEMiORmcuLARis Bull., Fr. — Décombres, détritus de démo¬
litions. — Printemps. — Montluçon. — Çà et là.
— (N.) melinoides Bull. — Terrestre, parmi le gazon. — Août-sept. —
Env. de Montluçon, brandes de la Châtre.
— ( Galera ) tener Schæff. • — Printemps. — Montluçon, fosse du vagon-
porleur de l’usine Boigues-Rambourg.
— ( Psalliota ) campestris L. — Ag. edulis DC. part. — Pâturages, brandes.
— Printemps et automne. — Env. de Montluçon, A.C. — Vulgairement
Mousseron. — Comestible.
On trouve quelquefois, dans les brandes de la Châtre, cet Agaric sans collier ou ne
présentant que des lambeaux attenants au chapeau. Cette forme a été peinte à l’aquarelle,
d’après nature, par Mlle Alex. Pérard, et fait partie des planches de Champignons de
l’herbier de Montluçon (var. a. nudus De Seynes, Essai d'une Flore myc. de Montpellier
et du Gard ) .
On rencontre çà et là, sur les tas de fumier, une forme plantureuse de Y Ag. campes¬
tris L., et enfin une variété qui atteint des dimensions assez considérables, et qui vient
sur les pelouses très-sèches, dans les pacages secs, au-dessus de Marmignolles, près de
la route de Bizeneuille.
— (Hypholoma) fasciculauis Huds. — Terrestre, près des vieilles souches. —
Env. de Montluçon, A.C. — Vénéneux.
Cet Agaric vient généralement en touffe ; il est variable de grandeur, je l’ai rencontré
nain parfois. Dans le creux d’un arbre coupé au bord de la Vernoille, j’ai recueilli des
échantillons robustes, ayant un chapeau assez grand, d’un beau jaune orangé, dont les
lamelles jaunes verdissent assez promptement.
— ( Psilocybe ) Candollianus Fr. Epier. — Printemps. — Montluçon,
près des traverses du chemin de fer, plan incliné de l’usine Boigues-Ram¬
bourg.
— (. Psathyra ) conopilus Fr. — Terrestre parmi le gazon. — Automne. —
Montluçon, dans les brandes au bord de la Vernoille.
— [Panaeolus) sphinctrinus Weinm. — Terrestre. — Automne. — Mont¬
luçon, dans un jardin au pied des arbustes. — A. R.
Champignon élégant, chapeau rabattu, jaune livide supérieurement, à bords un peu
froncés, surmontés d’une ligne parallèle d’un gris plus foncé.
— (P.) phalænari M Bull. — Sur le fumier. — Printemps. — Jardins de
Montluçon.
— ( Psathyrella ) HYDROPHORUS Bull. — Terrestre. — Automne. — Mont-
T. XVIII. (SEANCES) 18
21 h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
luçon, dans la terre imbibée de résidus de graisse (fosse du vagon-porleur
de Fusille Boigues-Rambourg).
Agaricus ( Ps .) digitaliformis Bull. — Bruyères, brandes humides. —
Automne.
Ce petit Champignon nain vient en touffe; je l’ai recueilli et observé assez abondam¬
ment dans les brandes des environs de Saulx, qui sont aujourd’hui recouvertes par les
eaux du réservoir de la Vernoille.
— ( Coprinus ) comatus Batt. , Fl. dan. — Printemps et automne. — Mont-
luçon, usine Boigues-Rambourg, dans les décombres et le fumier. — Peu C.
— (C.) domesticus Boit. — Fin d’été. — Montluçon, dans la fosse du vagon-
porteur de l’usine Boigues-Rambourg.
— ( C .) FiMETARiUS L. , Scop. — Fossés humides au bord des chemins, ter¬
rains gras. — Printemps et automne. — Montluçon, fosse graisseuse du
vagon-porteur de l’usine Boigues-Rambourg; bords du chemin de Terre-
neuve à Saulx, dans les fossés. — A.C.
— ( C .) micaceus Bull. — Terrains gras, matières en décomposition. — Prin¬
temps. — A.C. — Montluçon, sur le plan incliné de l’usine Boigues-Ram¬
bourg; on l’observe assez souvent dans les jardins, et près des poulaillers et
des pigeonniers.
D’après Bulliard et M. Cordier, l’eau de ce Coprin efface l’écriture faite avec de l’encre
ordinaire.
— [C .) deliquescens Bull. — Automne. — Montluçon, fosse du vagon-
porteur de l’usine Boigues-Rambourg.
— ( Hygrophorus ) niveus Scop., Schælf. , Fr. — A. virgineus Pers. —
Automne. — Montluçon, prairies au-dessus de Nerde.
— ( Lactarius ) plumbeus Bull. — Terrestre. — Fin d’été dans les bois et
taillis. — Env. de Montluçon, bois de bouleaux du parc du Mont, près du
Roc-de-Pyraume, où il est assez commun. — Vénéneux.
— ( Russula ) alutaceus Pers. — /hissa la aluiacea Fr. — Fin d’été et
automne. — Terrestre dans les bois. — Varie de couleur. — Montluçon,
bois de pins de Mat ignon près du pian incliné.
— (R.) emeticus Fr. Sgst. — Russula emetica Fr. Epier. — Fin d’été
et automne. — Terrestre dans les bois. — Vénéneux. — Montluçon, bois
de pins de Marignon, près du plan incliné.
Gantharellus bryophilus Fr. — Sur les mousses. — Printemps. — - A. R.
— Rochers humides de la gorge de Thizon, sur le Leucobryum glaucum.
Schizophyilum commune Fr. — Sur les écorces d’Aune. — Printemps. —
Montluçon, bois de la Brosse.
Boletus collin itu s Schæiï., Fr. Epier. — Bois et taillis ombragés — Fin
d’été, automne. — Peu C. — Montluçon, bois de la Liaudon.
— granulatus L. , Fr. — R. circinans Pers. — Terrestre, bois parmi les
débris de feuilles. — Fin d’été, automne. — - Montluçon, bois de pins de
Marignon près du plan incliné.
SÉANCE DU LO NOVEMBRE 1871.
275
Boletus aurantiacus Bull.. Cordier, Champ, de France , t. II, p. 13ù.
— Bois, brandes. — Automne. — Montluçon, bois de Douguistre et de la
Bt 'osse, A. R. — Brandes de la Châtre. C.
Meruliijs lacrlmans Fr. Epier. — Vient sur les vieilles poutres dans les
lieux humides. — Cà et là dans les maisons. — Montluçon.
«> s
Ce Champignon, au fort de sa croissance, laisse souvent échapper des gouttelettes d’eau ,
d’où lui vient son nom de pleureur.
Thelephora puteanea Fr. — Automne. — Vieilles souches. — Montluçon,
bois de la Liaudon.
Stereum hirsutum Fr. Epier. — Auricularia reflexa Bull. — Sur l’é¬
corce des troncs d’arbres et les vieilles souches. — A. C. — Montluçon,
parc du Mont, etc. — Bois d’Audes.
Mitruea paludosa Fr, Syst. — M. phalloides Chevallier, Fl. des env.
de Paris. — A. R. — Env. de Ouinsaines, bois tourbeux près Bodijoux.
Ce Champignon a le chapeau d’un jaune rouge orangé et adopte des formes diverses,
tantôt en massue un peu comprimée, tantôt en soucoupe. — Il vient à terre sur les
feuilles d’Aune en décomposition dans les tourbières.
Lycoperdon gemmatum Batsch. — E perlatum Pers. — L. Proteus DC.
-—Terrestre dans les lieux sablonneux. — C. — Vulgairement Vesse-de-loup.
D’après M. Cordier, la poussière de ce Champignon, lancée dans les yeux, peut occa¬
sionner des ophthalmies assez graves.
Peziza Acetabulum L. — Sur la terre dans les bois humides des envir. de
Montluçon, le Mont. — Printemps.
— aurantia OEd. Fl. dan. — Sur la terre ou sur le bois mort. — Env. de
Montluçon, bords de la Vernoille. — Printemps.
— AQUATICA DC. — Sur les racines et branches submergées dans les ruis¬
seaux. — Montluçon, ruisseau de la Liaudon, la Vernoille.
Localités nouvelles pour quelques espèces comestibles citées
antérieurement (1).
àmanita CÆsarea Pers. — Oronge. — Bois de la Châtre et de la Cha-
vine, C.
Champignon d’un goût délicat et qu’il ne faut pas confondre avec la Fausse-Orouge
(A. muscaria) , qui est très-vénéneuse. VA . cæsarea a les lamelles jaunâtres et le pédicule
jaune extérieurement; de plus le volva reste complet et les bords du chapeau sont visi¬
blement striés. VA. muscaria a Jes lamelles blanchâtres, le pédicule blanc ou blanc-jau¬
nâtre; le volva incomplet n’offre que des débris, et les bords du chapeau, un peu visqueux,
sont légèrement striés. — Le caractère des taches blanchâtres (débris de volva), mou-
chetant le chapeau, fait défaut dans la variété à chapeau lisse.
(i) M. Charles Leseurre s’est occupé depuis longtemps à Montluçon de la recherche
des Champignons comestibles de cette contrée ; il a eu l’obligeance de me signaler un
certain nombre de localités nouvelles. J’ajouterai que l’herbier de Montluçon doit à sort
véritable talent d’artiste quarante aquarelles, peintes d’après nature, d’une exécution
remarquable et qui représentent une partie des espèces citées dans ce Catalogue.
276
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Agaricus procerus Scop. — Cocherelle . — Montluçon, coteaux du Mont,
de la Châtre et de la Chavine, C. ; coteaux de Quinsaines et de Bodi-
joux, C. ; bois de la Piâtre au delà de Coursage.
— oreades Boit. — Faux-Mousseron. — Commun dans tous les terrains
sablonneux sur la montagne et dans la plaine, pelouses des coteaux,
bruyères, bords des baies. — Été et automne.
Il y a quelques variétés de forme et de couleur, mais on le distinguera toujours de plu¬
sieurs especes voisines, et qui lui ressemblent beaucoup, en ce que les lamelles du cha¬
peau sont très-écartées, et que le pédicule, légèrement creux, est formé de fibres tellement
tenaces, qu’il est très- difficile de le rompre môme en le tortillant ( Ag . lortilis DC).
Boletus edulis Bull. — Ceps ou Cèpe comestible. — Fin d’été. — Montluçon,
\ allée de l’Àmaron et bois de Douguistre ou d’Anguitte ; Commenlry, bois
des forges.
Cette espèce a le chapeau couleur bronze florentin et l’hyménium blanc ou blanchâtre;
elle recherche le grand air et croît sur les pelouses avoisinant les grands arbres; elle
vient aussi en plein champ sous les châtaigniers (en montant à la Brosse). On ne la trouve
pas dans les bruyères ni dans les hautes herbes.
Var. œreo-flavescens (Nob.). - — Le chapeau est d’un bronzé très-blond ; l’hyménium,
au lieu d’être blanc, est jaune et verdit en vieillissant.
Cette variété blonde est comestible comme le type ; sa station est différente, elle est
assez commune dans les feuilles sèches sous les cépées (bois de Douguistre); elle vient
plutôt dans les fourrés que sur les pelouses.
Fistulina hepatica Fr. — Boletus hepaticus Pets. — Langue-de-bœuf. —
Commun dans les bois et dans les ravins, partout au pied des chênes. On
en trouve d énormes spécimens dans le bois de Douguistre. — Comestible.
Cantharellus cibarius Fr. — Girolle , Chanterelle ( Girodelle dans le dé¬
partement de la Creuse). — Bois monlueux, taillis, dans la mousse et les
feuilles sèches. — Fin d’été. — A.C. — Montluçon, vallée de l’Amaron,
bois de la Brosse, de Douguistre, de la Châtre, etc.
Le Cantharellus aurantiacus Fr., espèce voisine et qui n’est pas comestible, s’en dis¬
tingue par sa saveur désagréable, par sa couleur ochracée, scs lamelles serrées, droites,
d’une couleur plus foncée que le chapeau, et par son pédicule grêle, parfois noir à la base.
Clavaria coralloides L. — Clavaire. — Montluçon, assez commun dans
les bois delà Brosse, de Douguistre et de la Châtre.
Le CL amethystea Bull, croît dans le bois de la Brosse, où il est rare.
La Morille grise ( Morchella esculenta L.) est rencontrée çà et là dans les vignes et les
terrains gras, mais généralement peu commune. Elle croît dans la fosse, imbibée de
résidus dégraissé, du vagon-porteur de l’usine Boigues-Rambourg.
LICHENS.
C DLL EM a FLACCiDUM Ach. , JNyl. — Sur l’écorce des arbres et sur les tiges et
les feuilles des mousses. — Montluçon, bois de la Garde. — Marcillat.
Bæomyces roseus Pers. , Nyl. — Lieux sablonneux. — Env. de Montluçon,
bois d’Andes dans les brandes.
Cladonia fimbriata Hoffm. — Type, C. — Montluçon, bois d’Audes;
Cussel, à l’Ardoisière ; Vichy, etc.
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. '277
Ynr. 1. lub(i> formi s (Hoffm.). — Env. de Montluçon, Désertines, gorge de Tliizon, etc.
— 2. fibula (Ach.). — Montluçon, bois d’Audes.
— 3. radiata (Schreb.). — Montluçon, bois d’Audes.
— 4. cornuta (Ach.). — Montluçon, Cusset, etc.
Cladonia cornucopioides L. — C . coccifera Hoffm. — Forme podetiis
exasperatis. — Montluçon, Désertines. — Cusset.
— soboufera Délise. — C. cervicornis auct. pro parte. — Montluçon,
rochers secs de la cascade du ruisseau de la Brosse.
Gladina silvatica Nyl. — C. rnngiferina var. silvatica Hoffm. — G. — ■
Montluçon, Cusset, etc.
Forme pumila Nyl. — Plante beaucoup plus petite dans toutes ses parties. — Mont-
luçon, rochers de la gorge de Tliizon.
Var 1. portentosa Schaer. — Podeliis turgidis. — Cusset, rochers des Malavaux.
Stereocaulon nanum Ach., Nyl. — Env. de Montluçon, pelouses des rochers
du Saut-du-Loup, près de Néris.
Usnea barbata Fr., Nyl. — Forme 1. floridci (L., Hoffm., Ach.). — Mont¬
luçon, sur les peupliers de la rive gauche du Cher, entre les Iles et Lavaux
Sainte-Anne.
Evernia Prunastri (L.) Ach., Nyl. — Sur les troncs d’arbres. — A.C. —
Montluçon, Cusset, etc.
Nephromium lævigatum (Ach. ). — Var. parité Nyl. — Montluçon, rochers
du ruisseau de Chauvière.
Peltigera canina Hoffm., Nyl. — Montluçon, rochers du ruisseau de la
Brosse. — Cusset, aux Malavaux.
— rufescens Hoffm. — Montluçon, rochers humides du ravin de Gout¬
tière. — Cusset, aux Malavaux.
— polydactyi.a Hoffm. — Var. hymenino Nyl. — Cusset, rochers des
Malavaux.
«
Pakmelia conspersa Ach., Nyl. — Var. stenophylla (Ach.) Nyl. — Mont¬
luçon, rochers secs du ruisseau de Désertines au Mont.
* *
— physodes (L.) Ach., Nyl. — Env. de Montluçon, rochers secs de la
gorge de Tliizon. — Cusset, rochers du Sichon au-dessous de Busset.
Amphiloma lanuginosum (Fr.) Nyl. — Montluçon, environs de Désertines,
rochers du val du Diable et du ruisseau du Mont.
Squamaria saxicola (Poil.) Nyl. — Env. de Néris, sur la roche basaltique
du château de Cerclier.
Lecanora aurantiaca Nyl. — Var. erythrella (Ach.) Nyl. — Env. de
Montluçon, rochers granitiques de la gorge du Saut-du-Loup, près
de Néris.
— ferruginea (Huds.) Nyl, — Var. festiva Nyl. — Montluçon, rochers
du ruisseau de Désertines au Mont.
— teichote a Nyl, — Env. de Néris, rochers granitiques de la gorge du
Saut-du-Loup.
*>7S SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Lecanora parella (L.) Ach. — >101)1111001), rochers du ruisseau de Désertines
au Mont.
— subfusca Àch. — Var. distans (Pers.) Ach. — Sur l’écorce des arbres. —
Env. de Désertines près de Montluçon.
Dirina repanda Fr. Lichen. — Env. de Montluçon, rochers granitiques
de la gorge du Saut-du-Loup, près de Néris.
Pertusaria dealbata (Ach.) Nyl. — Montluçon, rochers granitiques de la
gorge du Saut-du-Loup, près de Néris.
Lecidea neglecta Nyl. ! — Montluçon, rochers du Roc-du-Saint.
Arthonia astroidea Ach. — Sur l’écorce des arbres, bois de pins et de
châtaigniers entre Désertines et le Mont.
Opegrapha varia Pers. — Forme type notha Ach. — Sur l’écorce d’un
vieux chêne à Marcillat.
HÉPATIQUES.
Madotheca eævigata Nees. — Montluçon, rochers humides de la cascade
du ruisseau de la Brosse. — Stérile.
Le M. platyphylla Dum. (indiqué p. AA) est commun sur l’écorce des arbres.
Lejeunia serpyllifolia Lib. — Rampant sur les mousses. — Montluçon,
rochers des ruisseaux de la Brosse et de Ghauvière.
Frullania dilatât a Nees. — Sur l’écorce des arbres. — Montluçon, entre
Désertines et le Mont.
Le F. Tamarisci Nees (indiqué p. AA) est commun sur les rochers granitiques du dé¬
partement. Le Radula complanala Dum. (indiqué p. AA) est assez commun sur l’écorce
des arbres; Désertines, Goutelle, ravin de Gouttière, etc. — Le Pla g iochila asplenioides
Nees (indiqué p. AA) se rencontre assez souvent dans les ravins, sur les talus et rochers
humides, ruisseau de Ghauvière , ravin de Gouttière, aux environs de Montluçon;
env. de Cusset, talus près de la cascade de l’Ardoisière.
Jungermannja albicans L. — • Rochers humides et ombragés ; Montluçon,
au Roc-du-Saint. — Fruct. août!
— - inflata Huds. — Rochers humides et ombragés; Montluçon, au Roc-du-
Saint. — Fruct. aoiit !
— BARBATA Schreb. — Montluçon, rochers humides de la cascade du ruis¬
seau de la Brosse.
Var. attenuata — Même localité. — Fruct. mars!
Lopiiocolea bidentata Nees. — Rochers humides de l’Ardoisière, près de
Cusset, et probablement dans l’arrondissement de Montluçon.
— heterophylla Nees. — Talus ombragés, au pied des arbres, entre
Désertines et le Préau. — Fruct. avril-mai !
Cheiloscyphus polyantiios Corda. — Rochers ombragés et humides. —
Montluçon, au Roc-du-Saint.
Reboulia hemisphæriga Raddi. — Talus humides du chemin de Déser¬
tines au Préau.
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE 1871. 279
Le Marchantia polymorphes L. (indiqué p. Mi) est assez commun. Je l’ai trouvé fruc¬
tifié en août sur les rochers humides des bords de l’Amaron, au Roc-du-Saint.
Le Riccia fluilans Nees (indiqué p. Mi) est commun sur les flaques d’eau dormante de
la prairie dePiau, près d’Audes.
HOUSSE S.
Sphærangium muticum (Schreb.)—* Terres argileuses et cultivées, talus
des chemins. — Mars-avril. — Montluçon, ravin de Gouttière.
Le Phascum cuspidalum Schreb. est commun autour de Montluçon, Désertines, etc.
Pleup, idium subulatum (L.). — Lieux sablonneux. — Mars-avril. — Mont¬
luçon, bois de Chauvière ; brandes du bois d’Audes.
Archidiüm phascoides Brid. — A. altérai folium Schpr. — Lieux sablon¬
neux, graviers. — Avril. — Montluçon, alluvions du Cher après le moulin
de la Rivière.
Gymnostomum MlCROSTOMUM Hedw. — Weisia microstoma auct plur. —
Lieux sablonneux. — Mars-avril. — Montluçon, alluvions du Cher après le
moulin de la Rivière ; ravin de Gouttière.
Le Cynodontium Rruntoni (Sm.) est commun dans les fissures des rochers des Mai¬
sons-Rouges et de la gorge de Thizon.
Campylopus fragilis (Dicks.). — Lieux sablonneux. — Juin. — R. — Env.
de Montluçon, bruyères du bois d’Audes (Fruct. juin !).
Les Fissiclens bryoides st laxifolius Hedw. sont assez communs autour de Montluçon.
Pottia truncata (Hedw.). — Forma minor. — Talus des chemins, aux
environs de Désertines, près de Montluçon.
Anacalypta Starkeana (Hedw.). — Lieux argileux, bords des chemins. — -
Printemps. — Avril. — Montluçon, talus des chemins de Désertines au Préau.
— lanceolata (Dicks.). — Bords des chemins, champs, murs. — Prin¬
temps. — Avril. — Montluçon, talus des chemins autour de Désertines.
Leptotrichum flexicaule (Schwgr.). — Lieux ombragés, talus. — Juin. —
A. R. * — Montluçon, talus du ruisseau de la Liaudon.
Barbula ambigua Br. Schpr. — Vieux murs. — Printemps et automne. — -
Peu C. — Allier , env. de Cusset, route de Vichy.
— aloides Koch. — Vieux murs. — Printemps et automne. — Peu C. —
Allier , env. de Cusset, route de Vichy.
— UNGUICULATA (Dill.) Hedw. — Murs, rochers. — Printemps et automne. —
A.C. — Montluçon, sur les murs du Préau et de Désertines, etc.
— CUNEIFOLIA (Dicks.). — Murs, bords des fossés. — Avril-mai. — Mont¬
luçon, sur les laitiers humides du chemin de fer de Commentry, dans
la vallée de PAmaron.
Zygodon vjridissimus (Dicks.). — Sur les troncs d’arbres. — Printemps. —
Montluçon, taillis du ruisseau de Chauvière.
Schistidium APOCARPUM (L.). — Grimmia apocarpa auct. — Rochers,
talus, ravins. — Printemps. — A.C.
280 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Var. rivulare (Schwgr.). — Montluçon, rochers inondés de la cascade du ruisseau de
la Brosse.
Grimmia pulvinata (L.). — Pierres, murs, rochers. — Alars-avril. — C.
— Montluçon, Désert ines, ravin de Gouttière, gorge de Thizon, Cusset,
Vichy, etc.
— Montana? Schpr. — Désertines, rochers de la gorge du val du Diable.
— Printemps.
Les Grimmia Schvltzii et leucopliœa sont communs sur les rochers granitiques secs ;
les G. ovata et commutata croissent sur les rochers de la gorge du val du Diable, près
Désertines.
V Hedwigia ciliata Ehrh. est commun sur les rochers granitiques des environs de
Montluçon.
Cinclidotus fontinaloides (Hedw.). — Été. — Montluçon, rochers inondés
de la cascade du ruisseau de la Brosse.
Physcomitrium piriforme (L ). — Lieux humides. — Printemps. — Mont¬
luçon, bords du ruisseau de Désertines au-dessous du Préau.
Entosthodon ericetorüm (Bals, et de Not.). — Bruyères. — Juin. — R.
— Env. de Montluçon, brandes du bois d’Audes.
— fascicularis (Dicks.). — Pierres humides, talus. — Printemps. — Mont¬
luçon, ruisseau du bois de la Liaudon.
Bartramia pomiformis (L.). — Var. crispa (Sw.). — Env. de Marcillat,
rochers de la route de Saint-Pardoux.
Philonotis fontana (L.). — Bords des ruisseaux et cascades dans le
granité. — Été. — Montluçon, Roc-du-Saint, ruisseau de Marignon. —
Env. de Quinsaines, ruisseau de Le Méry. — Env. de Désertines.
Var. falciformis (Nob.). — Montluçon, au Roc-du-Saint, en remontant le ruisseau de
Marignon dont l’embouchure est entre le premier et le deuxième tunnel de l’Amaron.
Forme particulière qui se rapproche de la var. falcata et qui est remarquable par ses
feuilles très-lâches, très-espacées, et ses tiges géniculées, dépourvues de tomenlum et
garnies de rameaux très-longs non verticillés. C’est même avec doute que M. Bescherelle,
à qui je l’ai communiquée, la rapporte au Ph. ! fontana ? (L.)
Webera nutans (Schreb.). — Rochers des ruisseaux granitiques. — Avril-
mai. — Env. de Montluçon, rochers du ruisseau de la gorge de Thizon.
— carnea (L.) Schpr. — Lieux argileux humides. — Printemps. — Mont¬
luçon, ruisseau du bois delà Liaudon.
Bryum turbinatum Hedw. — Lieux humides. — Printemps. — Montluçon,
rochers un peu inondés du ruisseau de la gorge du val du Diable, près
Désertines.
— cæspiticium L* — Lieux humides, sur les laitiers et sur les pierres des
ruisseaux. — Mai-juin. — Montluçon, vallée de l’Amaron, sur les laitiers
du chemin de fer de Commentry; Désertines, ruisseaux du Mont et de la
gorge du val du Diable.
— erythrocarpum Schwgr. — Lieux sablonneux et pierreux. — Printemps.
— Montluçon, Roc-du-Saint, ruisseau de iMarignon; Désertines, bords des
ruisseaux du Préau et du val du Diable; ravin de Gouttière.
SÉANCE DU 10 NOVEMBRE LS71 .
*281
Bryum argenteum L. — Forme tencllum. — Allier , env. de Cusset.
J’ai Irouvé le Br. alpinum en fruit sur les rochers du ruisseau de Le Méry, près de
Quinsaines, et le Br. bimum Sclireb. au bord du ruisseau du val du Diable, près Déser-
tines.
Mnium punctatum Hedw. — Lieux ombragés, bords des ruisseaux. — Prin¬
temps. — Env. de Montluçon, chemin de Désertines au Mont, bords d’un
ruisseau longeant le petit bois de pins.
Le Mnium undulatum (Dill.) est commun dans les lieux frais et ombragés des bois
et des ravins.
Le M. hornum (Dill.) L. croît dans le bois tourbeux de Iîodijoux, près de Quinsaines.
— CUSPIDATUM Hedw. —, Lieux humides et ombragés. — Printemps. —
Env. de Montluçon, bords du Cher, au-dessous du bois de la Garde. —
A.C.
— affine Bland. — Lieux humides et ombragés. — Avril-mai. — Mont-
lucon, taillis du ruisseau de la Brosse.
a 7
Aulacomnium androgynum (L.). — Talus des bois, rochers. — Juin. —
Montluçon, gorge de Thizon ; env. de Cusset, taillis de l’Ardoisière.
On le rencontre toujours muni de propagules, je ne l’ai pas vu fructifié.
Pogonatum aloides (Dill.). — Rochers, bruyères. — Printemps. — Allier ,
env. de Yichy et de Cusset, à l’Ardoisière.
Diphyscium foliosum (L.). — Lieux humides et ombragés, sur la terre aré-
nacée. — Printemps. — R. — Montluçon, bords du ruisseau de la Brosse.
Cryphæa heteromalla (Dill ) Hedw. — Sur les troncs d’arbres. — Mai-
juin. — Env. de Montluçon, bois de la Garde au bord du Cher.
Neckera COMPLanata (L.). — Rochers ombragés, troncs d’arbres. — Prin¬
temps. — Env. de Montluçon, bois de la Garde au bord du Cher.
Forme pusilla. — Env. de Désertines et du Préau.
Le N. crispa (L.) est commun sur les rochers ombragés du ruisseau de Chauvière,
près de Montluçon.
Anomodon attenuatus (Schreb.). — Rochers ombragés. — Automne et
printemps. — Peu C. — Montluçon, lisière du bois de Chauvière; Cusset.
— VITJCULOSUS (L.) Schreb. — Rochers, fontaines, talus au pied des arbres.
— Printemps. — A.C. — Montluçon, ruisseau de la Liaudon et de Chau¬
vière; Désertines, fontaine du Préau; bords du Cher, en bas du bois de la
Garde. — Env. de Yichy et de Cusset.
Le Thuidmm tamariscinum ( Hedw.) est commun dans les bois et les ravins ombragés.
Pterogonium gracile (Dill.) L. — Rochers granitiques. — Hiver. — Mont¬
luçon, rochers de la cascade du ruisseau de la Brosse ; rochers du ruisseau
de Chauvière ; Désertines, gorge du val du Diable.
Climacium dendroides (DilL ). — Lieux humides. — Hiver et printemps.
— (Je ne l’ai vu que stérile.) — Env. de Montluçon, bords du Cher en bas du
bois de la Garde, où il est assez commun.
L ’ Isuthecium myurum Brid. croît sur les rochers ombragés des ruisseaux delà Brosse
et de Chauvière, et au bord du Cher, en bas du bois de la Garde.
*282
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Pylaisia POLïantha (Schreb.). — Sur les troncs d’arbres et les ceps de
vigne. • — Printemps. — Montluçon, taillis du ruisseau de la Brosse ; vignes
de Déserlines; bois de la Garde au bord du Cher.
Brachythecium plumosum (Svv.). — Automne. — Montluçon, rochers du
bois de Chauvière.
Le Br. rutabulum (L.) est commun dans les environs de Montluçon, ainsi que le
Br. velutinum (Dill.).
Eurynchium prælongum (L.) Scbpr. — Lieux humides sur les pierres et
sur la terre. — Automne et printemps. — Montluçon, ruisseau de Déser¬
ti nés au Mont.
— Stokesii (Turn.). — - Talus, bois ombragés. — Printemps. — Montluçon,
env. de Marmiguolles, dans un chemin creux, à gauche de la route de
Saint- Arnaud.
L ’Eur. striatum (Schreb.) est commun dans la vallée de l’Amaron , sur les talus du
ruisseau de Chauvière, et dans la gorge de Thizon près de Montluçon.
Rhynciiostegium confertum (Dicks.). — Sur la terre, les murs et les
pierres. — Printemps. — Montluçon, ravin de Gouttière; dans les haies
autour de Déserlines.
Le Rh. ruscifonne (Weise) croît au bord du ruisseau de la gorge du val du Diable,
près Déserlines.
Le Rk. megapolitanum (Bland.) se trouve dans les bois de la Brosse et de Douguistre
près de Montluçon.
Amblystegium sebpens (L. ). — Sur les pierres et au pied des arbres. —
Été, automne. — Montluçon, taillis du ruisseau de la Liaudon ; Désertines,
bords du ruisseau du Mont.
— irriguum (Wils. ). — Sur les pierres des ruisseaux. — Printemps. —
Montluçon, bords du ruisseau du bois de la Liaudon.
IIypnum stellatum Schreb. — Lieux humides. — Fin du printemps. —
Env. de Montluçon, ravin de Gouttière.
— filicinum L. — Lieux humides. — Mai-juin. — Montluçon, rochers de
la cascade du ruisseau de la Brosse.
— SciibEBERt Wils. — Rochers, terre à bruyère. — Automne. — Mont¬
luçon, gorge de Thizon.
V Ilypnum cupressiforme var. tenue croit sur les rochers de la gorge de Thizon.
VH. molluscum Hedw. est assez commun sur les rochers dans les ravins ombragés ;
Montluçon, ruisseaux de la Brosse et de Chauvière; bords du Cher, en bas du bois de la
Garde, ravin de Gouttière, etc.
II. cuspidalum L. — Bords du ruisseau de la gorge de Thizon; Désertines, gorge
du val du Diable.
Hylocomium brevirostre (Ehrh.) Scbpr. — Bois ombragés. — Montluçon,
taillis du ruisseau de la Brosse, etc.
— loreum (Dill.). — Bois humides. — Automne et hiver. — R. — Mont¬
luçon, talus du ruisseau du bois de la Liaudon.
Cette rare espèce appartient cà la région élevée des montagnes, je ne l’ai vue jusqu’ici
que stérile.
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1871.
283
L7/. triquelrum (L.) est commun aux environs de Montluçon, mais fructifie assez rare¬
ment. Je ne l’ai rencontré en fruit que dans la vallée de t’Amaron, au Roc-du-Saint, en
remontant le ruisseau de Marignon, qui aboutit entre le premier et le deuxième tunnel
du chemin de fer de Moulins. Les //. spicndens et squarrosum sont généralement
stériles.
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1871.
PRÉSIDENCE DE M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE.
M. Larcher, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de
la séance du 10 novembre, dont la rédaction est adoptée.
M. le Président prononce l’allocution suivante :
Messieurs,
Depuis le jour où je vous adressais l’expression de mes profonds regrets, de
n’avoir pu, pendant l’investissement de Paris parles armées étrangères, venir
vous rejoindre ici et partager avec vous les diverses épreuves de ces temps si
douloureux, des journées plus néfastes encore, de plus cruels désastres ont
frappé au cœur notre cher Paris. — Paris, ce grandnavire alors désemparé, Paris,
ce gigantesque radeau de la Méduse, a vu porter des torches incendiaires au
milieu des trésors de la science et de Part que l’ouragan d’obus et de mitraille
avait épargnés.
Aujourd’hui, Messieurs, je suis heureux qu’il me soit donné, au nom de
la Société botanique de France, de remercier cordialement ceux d’entre vous
qui, avec une si louable fermeté, ont occupé ici un poste d’honneur, pendant la
longue durée de ces temps si lamentables, et qui, en continuant à se grouper,
calmes au milieu de la tourmente, sans se laisser aller au découragement, sans
consulter le danger, ont protesté par leur présence contre une seconde inva¬
sion des barbares !
Le compte rendu de ces simples et pourtant solennelles séances vous dira
ceux que la tempête n’a pu disperser qu’au dernier jour.
Pendant ces temps si difficiles, plusieurs d’entre vous, Messieurs, et notam¬
ment MM. Ernest Roze, Maxime Cornu, Cauvet, ont fait preuve d’un zèle scien¬
tifique que ne saurait jamais oublier notre Société, en alimentant d’articles
pleins d’intérêt notre Bulletin , dont les pages sans eux fussent restées désertes.
J’ai lu avec un plaisir tout particulier les savantes observations et les notes
critiques dans lesquelles M. Cauvet a passé en revue quelques-uns des sujets
favoris de mes études, et j’éprouverai une satisfaction infinie à répondre à
mon habile contradicteur.
28Z| SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Au nom do la Société botanique, j’adresse tout spécialement de chaleureux
remercîments à M. Ernest Roze, l’un de nos honorables vice-présidents, qui,
pendant mon involontaire absence, a présidé sans interruption nos séances,
depuis le mois de novembre 1870 jusqu’au mois de juin 1871; — àMM. Larcher
et Delondre, qui ont contribué aux fonctions du secrétariat avec un infatigable
dévouement; — et à M. de Schœnefeld, notre digne secrétaire général, qui,
malgré sa santé altérée par de dures privations, n’a pas cessé un seul instant,
pendant les deux sièges de Paris, de se dévouer à ses laborieuses et difficiles
fonctions ; et qui, pilote habile, a pu, à travers mille obstacles et en dépit de ces
temps néfastes, faire parvenir à bon port les deux dernières années de notre
Bulletin et le compte rendu de notre session d’Autun-Givry, cette session si
joyeuse et si bien remplie qui précédait de si peu les calamités et les désastres
de la guerre. Vous le savez, Messieurs, au moment où Paris se trouvait pres¬
que désert, et où ses rares habitants étaient encore terrifiés parles événements
inouïs dont ils venaient d’être témoins, M. de Schœnefeld se rendait ici à son
poste, le 26 mai, à l’heure fixée pour la séance, et y représentait seul la Société ,
dont la courageuse persévérance et la ferme attitude s’étaient solidement
maintenues jusqu’à l’explosion suprême de l’ouragan le plus antipatriotique
et le plus antisocial dont les générations conserveront le souvenir.
J’ajoute en terminant ce rapide tableau : La Société botanique de France,
MÊME PENDANT LES PLUS MAUVAIS JOURS, A BIEN MÉRITÉ DE LA SCIENCE !
Messieurs, durant les dernières vacances, la Société botanique a fait des
pertes profondément regrettables en la personne de plusieurs de ses membres
éminents. Notre savant confrère AI. Henri Lecoq (de Clermont-Ferrand), na¬
guère encore plein de force et de santé, a succombé en quelques jours à une
maladie aiguë, dans la force de l’âge et laissant d’importants travaux inachevés.
AI. H. Lecoq unissait aux aptitudes du vrai naturaliste, à la sagacité de l’ob¬
servateur, les brillantes facultés de l’écrivain, la finesse et la malicieuse gaieté
du conteur, et les solides qualités du cœur. La perte que les amis des. sciences
naturelles font en la personne de M. H. Lecoq ne sera pas moins sensible
aux géologues qu’aux botanistes. Parmi tant de travaux estimables dus à la
plume facile de Al. H. Lecoq, je rappellerai surtout l’important ouvrage (9 vo-
r
lûmes in-octavo) intitulé: Etudes sur la géographie botanique de V Europe,
et en particulier du plateau central de la France. Vulgarisateur infatigable des
sciences qu’il cultivait, AI. H. Lecoq publiait, il y a deux ans 5 peine, son livre
ingénieux et élégant intitulé : le Monde des fleurs. Al. Lecoq a légué, nous a-
t-on dit, à la ville de Clermont-Ferrand ses importantes collections botaniques,
zoologiques et minéralogiques (véritable musée des productions naturelles de
la France centrale), dont la valeur est considérable. Une notice sur la vie et
les travaux de M. H. Lecoq, insérée dans le Bulletin de la Société botanique ,
sera un juste hommage rendu à la mémoire de l’éminent naturaliste.
SÉANCE DU 2l\ NOVEMBRE 1871.
28-5
Nous apprenons également avec un profond regret la mort de M. Pietro
Savi, le savant professeur et directeur du jardin botanique de Pise ; — la mort
de M. le docteur Rambur (de Genève), connu des naturalistes surtout par
ses importants travaux sur l’entomologie; — la mort de M. l’abbé Jacquel,
curé de Coinches (Vosges), dont les recherches, en la savante compagnie de.
MM. Mougeot, Godron, Kirschleger, etc., ont contribué à compléter les
études sur la flore vogéso-rhénane ; — et enfin, la perte si prématurée et si
regrettable de M. Armand Peyre (de Toulouse), enlevé à l’âge de trente ans,
par une maladie rapide, à ses amis et aux recherches qu’il poursuivait avec
autant de zèle que de succès.
M. A. de Bouis demande la parole et s’exprime en ces termes :
Aux pertes nombreuses que M. le Président vient d’annoncer à la Société,
je crois qu’il serait convenable d’ajouter le nom de Madame veuve Ricard,
qui, en consentant à se faire inscrire parmi les membres de la Société,
a donné un bon exemple aux personnes de son sexe (voyez le Bulletin ,
t. VII, p. l\h 0). Guidée dans ses premières études par l’abbé Le Turquier-
Delongchamp (auteur de la Flore de Rouen), par son frère M. Arsène
Maille (si connu des entomologistes) et par quelques amis, elle trouva un
charme dans une science qui ne lui permettait pas de faire un pas sur
la terre sans y trouver des problèmes à résoudre. C’est ainsi qu’elle acquit,
par une longue et minutieuse application à la détermination des espèces,
une connaissance assez sûre pour pouvoir en ajouter quelques-unes à la flore
française. Il nous suffira de signaler le Dracocephalum Ruyschiana. Je ne
voudrais pas me permettre de faire un éloge dont sa modestie, même apr ès la
mort, serait blessée ; car si elle cultivait la botanique avec amour, si elle trou¬
vait les nobles plaisirs de l’intelligence dans cette contemplation des merveilles
de la nature, elle évitait avec un soin particulier tout ce qui aurait pu faire
croire qu’elle fût savante : contente, jusqu’à la fin de sa vie, de récolter pour
son herbier aujourd’hui assez complet des plantes de France, toutes les plantes
qu’elle pouvait trouver dans ses nombreux et fréquents voyages dans notre patrie.
Bienveillante envers tous et surtout envers les botanistes, qui s’empressaient de
lui envoyer les plantes qu’elle n’avait pu trouver elle-même, elle a pu arriver
à former une riche collection des plantes françaises, pour laquelle elle a
eu comme collaborateurs Requien, J. -B. Mougeot, Maire, Alphonse Maille
(son neveu), Aug. Le Prévost, etc. Son savoir était le moindre de ses mérites,
et aujourd’hui, dans un monde meilleur, elle jouit des nombreux bienfaits
qu’elle a répandus autour d’elle pendant une longue vie, car sa charité était
grande, généreuse, ingénieuse, inépuisable, et elle a vécu près d’un siècle.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance,
M. le Président proclame l’admission de :
286
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
MM. Franco (Louis), médecin à Machecoul (Loire-Inférieure), pré¬
senté par MM. Gobert et Viaud-Grand -Marais ;
Posada-Arango (Andres), docteur en médecine, à Médellin
(Etats-Unis de Colombie), présenté par MM. G. Planchon
et Bureau.
M. le Président annonce en outre deux nouvelles présentations.
M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante :
SUR LES CANAUX OLÉIFÈRES DES COMPOSÉES, par M. BBIi. VAX TIËGUEH.
Les plantes de la famille des Composées forment dans la profondeur des
tissus de leurs divers organes des huiles essentielles incolores ou diversement
colorées, dont quelques-unes ont fait l’objet d’études chimiques intéressantes.
On sait que ces huiles essentielles sont des mélangesd'un hydrocarbure liquide
delà forme CmHn, ordinairement isomère de l’essence de térébenthine C‘2oIIlf\
et d’une essence oxygénée solide et cristallisable de la forme C,nHn02, le plus
souvent isomère du camphre du Japon C20H16O2. Cette essence oxygénée est
tenue en dissolution par l’hydrocarbure dont elle paraît dériver par simple
oxydation. Ainsi, pour en citer quelques exemples, l’huile essentielle de Ma-
tricaire [Matricaria Parthenium L.) est un mélange d’un hydrogène car¬
boné et d’une essence oxygénée solide qui présente la même composition que
le camphre des Laurinées C20H16O2, mais qui dévie à gauche le plan de pola¬
risation de la lumière incidente, tandis que le camphre des Laurinées le dévie
à droite. L’essence d’Absinthe {Artemisia Absinthium ) plusieurs fois rectifiée
offre la même composition que le camphre des Laurinées, mais comme lui elle
dévie à droite. L’essence de Camomille ( Matricaria Chamomilla), qui est
bleu d’azur, se solidifie en partie par le froid, et les lamelles cristallines qui s’y
déposent sont isomères du camphre du Japon. L’essence de Tanaisie(7Ymacetoz
vulgare) traitée par l’acide chromique produit une substance identique au
camphre des Laurinées. L’essence de Camomille romaine ( Antliemis nobilis)
est un mélange d’un hydrogène carboné C2oH16 isomère de l’essence de téré¬
benthine et d’une huile essentielle oxygénée C10H8O2, qui, traitée par la po¬
tasse, se convertit en acide angélique. L’essence à'Osmitops is asteriscoides a
la même composition que le camphre de Bornéo C20I1,80'2. La racine d’Àunée
( fnula Helenium ) contient dans son essence un principe cristallisable odo¬
rant, l’hélénine de Gerhardt C15H10O2, d’où l’on extrait par élimination de
deux équivalents d’eau, l’hélénène Cl5H8. Enfin l’essence cl’ Artemisia contra
offre la composition C24H20O2, et par distillation sur l’acide phosphorique
anhydre elle reproduit le cymène C24H18. Telle est d’une façon générale la
nature ou la qualité de ces huiles essentielles.
Si maintenant, pour se faire une idée de leur quantité, c’est-à-dire de la
SÉANCE DU 2/l NOVEMBRE 1874.
287
proportion où elles se développent dans les divers organes, on compare les
quelques analyses immédiates faites par divers chimistes, 011 trouve, par
exemple, que la quantité d’hélénine de la racine d’Aunée est de k millièmes
du poids de l organe; mais l’hélénine 11e forme qu’une partie de l’huile es¬
sentielle de la racine. La proportion d’huile volatile de la racine d 'Arnica
montana est de 15 millièmes. La quantité d’essence de la racine d’ Anthémis
Ppretlirmn est de 20 millièmes. Dans la tige de l’Absinthe il y a 15 millièmes
d’huile essentielle. O11 peut donc admettre que la quantité d’essence sécrétée
dans la racine et dans la tige est d’environ 15 à 20 millièmes du poids de
l’organe.
Cela posé, quelle est, dans la profondeur des tissus, la structure de l’appa¬
reil où se forment ces huiles essentielles, et comment cet appareil oléifère est-
il distribué dans les divers organes de la plante : telle est la question que je
me suis proposé de résoudre. Je diviserai cet exposé en trois parties. Dans
la première je décrirai sur un exemple particulier et aussi complètement que
possible la structure et la distribution de l’appareil oléifère. Dans la seconde,
je comparerai à ce type bien connu un assez grand nombre de genres choisis
dans les diverses tribus de la famille. La troisième sera consacrée à un court
aperçu historique.
î. — Appareil oléifère de l’OEillet-d’Inde ( Tagetes patula ),
Racine.
Il y a dans la racine deux périodes de développement à distinguer. Dans la
première, tous les tissus constitutifs de l’organe sont complètement différen¬
ciés, mais les arcs générateurs n’y ont pas encore apparu. Dans la seconde,
le jeu des arcs générateurs, bientôt confondus en une couche génératrice
continue, a introduit dans l’organe des productions nouvelles qui s’accroissent
sans cesse jusqu’à la fin de la période végétative.
Période primaire. — Pour être bien compris, il est nécessaire que je re¬
trace d’abord les principaux traits de l’organisation de la racine dans sa période
primaire. Aussi bien la connaissance que nous en aurons acquise, non-seule¬
ment nous servira dans la suite pour toutes les autres Composées, mais
encore elle s’appliquera, dans ses caractères essentiels, à toutes les Dicotylé¬
dones, à toutes les Monocotylédones, à toutes les Cryptogames vasculaires, et
notre horizon s’en trouvera agrandi.
La racine est formée d’un parenchyme cortical et d’un cylindre central. Le
parenchyme cortical, ou l’écorce, limité en dehors par l’épiderme et en dedans
par la membrane protectrice, se compose de deux zones distinctes i dans
l’externe, les cellules à section polygonale sont ajustées irrégulièrement sans
laisser de méats et décroissent vers l’extérieur ; dans l’interne, les cellules à sec¬
tion carrée sont disposées à la fois en séries radiales et en cercles concen-
288
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
triques, décroissent vers le centre, et laissent entre leurs coins arrondis des
méats aérifères. Ce sont les éléments de la dernière assise de cetle zone in¬
terne qui sont marqués sur leurs faces latérales et transverses de plissements
échelonnés très-courts et très-rapprochés de leur face interne, plissements par
le moyen desquels ils s’engrènent fortement les uns aux autres pour former
une membrane résistante entièrement distincte du tissu qui précède et du tissu
qui suit. Considérée par rapport à l’écorce à laquelle elle appartient et qu’elle
termine, elle en est l’endoderme ; considérée par rapport au cylindre central
qu’elle revêt, elle en est la membrane protectrice. Elle constitue un excel¬
lent repère pour déterminer la position des divers groupes d’éléments anato¬
miques, et il en sera souvent question dans cet exposé (1).
Le cylindre central commence par une assise de cellules non plissées, en
contact avec les protectrices et alternant régulièrement avec elles. Celte alter¬
nance, succédant brusquement à la superposition en séries radiales des élé¬
ments de la zone interne de l’écorce, rend la limite entre le parenchyme
cortical et le cylindre central toujours très-facile à saisir. C’est contre cetle
assise, dont les éléments conservent une grande acthité vitale, que s’appuient
en dedans et en des points régulièrement alternes les premiers vaisseaux et les
premières cellules libériennes. Disons tout de suite que cette membrane péri¬
phérique a une importance extrême. C’est en elle, en effet, dans ceux de ses
éléments qui sont situés en face des premiers vaisseaux, que s'opèrent les
segmentations qui amènent la formation des racines nouvelles aux flancs de
la racine primitive. On peut donc l’appeler, comme nous le ferons désormais,
membrane rliizogène. Si c’est le pivot que l’on considère, il se forme, contre
la membrane rhizogène, et en deux points diamétralement opposés, un vais¬
seau étroit annelé suivi bientôt de trois ou quatre vaisseaux de plus en plus
larges d’abord spiralés, puis ponctués, de sorte que ces deux séries vasculaires,
centripètes et cunéiformes viennent se loucher au centre en une bande dia¬
métrale renflée en son milieu, amincie sur ses bords. Les vaisseaux externes
de ces deux lames confluentes, annelés et spiralés, ont leurs cloisons trans¬
verses obliques et permanentes; les plus larges seuls ont leur cavité fusionnée.
Alternes avec ces deux lames vasculaires, se forment contre la membrane
rhizogène deux groupes de cellules libériennes étroites et longues, toutes
semblables, à paroi un peu épaissie, blanche et brillante, mais où je n’ai pas
réussi à voir de ponctuations grillagées, à contenu protoplasmique azoté. Ces
faisceaux libériens, toujours moins étendus radialemenl que les faisceaux
vasculaires avec lesquels ils alternent, mais en revanche beaucoup plus étalés
(1) Par les progrès de l’âge, les cellules plissées gardent leur paroi mince ; mais leurs
plissements, ceux des faces transverses notamment, se fondent de bonne heure en une
sorte de fine bande d’épaississement, qui n’est pas sans rappeler à la mémoire les cadres
d’épaississement que présente l’avant-dernière assise corticale dans la racine des Cyprès,
des Thuïas, des Ifs, etc.
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1871.
289
tangentiellement, ne viennent pas toucher la bande vasculaire. Il y a entre
eux et les vaisseaux au moins deux rangées de cellules plus larges, à paroi
mince et terne, contenant un liquide hyalin, et dont les propriétés et les fonc¬
tions sont fort différentes ; je les appellerai cellules conjonctives. C’est le rang
conjonctif externe qui deviendra plus tard, en divisant ses éléments, l’arc
générateur des productions secondaires.
Les radicelles se forment sur le pivot par la segmentation des cellules de la mem¬
brane rhizogène situées en face des deux lames vasculaires, et de manière que
leurs axes s’appuient sur les deux arêtes formées par les deux vaisseaux les
plus étroits. Elles sont donc insérées sur deux génératrices opposées, aux flancs
du cylindre central dont elles sont tout entières des dépendances périphé¬
riques. La radicelle est d’ailleurs organisée comme le pivot, et le plan de la
bande vasculaire issue du rapprochement au contact de ses deux faisceaux
vasculaires primitifs, passe par l’axe du pivot, tandis que le plan de ses deux
faisceaux libériens lui est perpendiculaire. Il en résulte que le corps tout en¬
tier de la racine principale se ramifie idéalement dans un seul plan vertical,
qui est, comme nous le verrons plus loin, le plan des nervures médianes des
deux cotylédons.
Si c’est une racine adventive qu’on étudie, on y trouvera un cylindre cen¬
tral plus large avec trois, quatre, cinq faisceaux vasculaires, ou même davan¬
tage, et autant de faisceaux libériens alternes. Le nombre des faisceaux des
deux espèces varie un peu le long de la même racine ; il est plus grand à la
base et va diminuant vers la pointe ; il est en rapport avec le diamètre du
cylindre central. En outre, surtout s’il y en a au moins cinq, les faisceaux
vasculaires ne pourront venir se toucher au centre, et le tissu conjonctif, plus
développé, remplira l’espace de plus en plus large qu’ils y laissent entre eux.
D’ailleurs, sauf cet accroissement et cette variabilité numériques, tous les carac¬
tères de structure et de développement demeurent les mêmes.
Quel est maintenant le rôle physiologique que les divers tissus constitutifs de
l’organisation de la racine ont à remplir, principalement dans le transport des
liquides du sol absorbés par les poils épidermiques depuis leur lieu d’introduction
jusqu’à la base de la tige, et dans le mouvement de retour de la sève plastique
élaborée dans les feuilles depuis la base de la tige jusqu’aux extrémités des
radicelles? .J’ai fait à ce sujet une série d’expériences, soit avec divers liquides
colorés, soit au moyen de liquides incolores pouvant donner, par leur réaction
mutuelle à l’intérieur des éléments où ils cheminent, un précipité coloré. Ces
expériences, dans le détail desquelles je ne puis entrer ici (1 ), ont porté sur les
divers organes des plantes vasculaires, tant Cryptogames que Monocotylé-
dones et Dicotylédones, examinés aux diverses périodes de leur développe¬
ment ; elles ont eu notamment pour objet le Tagetes patula. En ce qui con-
(1) Voir à ce sujet : AnnZ des sc. nat. 5e série, XII 1 , pp. 118, 179, 277 (1871).
T. Avili. (séances) 19
290
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
cerne la racine pendant sa période primaire, elles ont montré que c’est, par
les vaisseaux seuls que s’élèvent les liquides colorés, et par conséquent la
sève. C’est par le bois primaire, si l’on veut; mais le bois primaire de la racine
est toujours composé exclusivement de vaisseaux. Le tissu conjonctif, en dé¬
terminant un transport latéral, ne joue qu’un rôle tout à fait secondaire, et
encore ne le remplit- il le plus souvent que s’il se fibrifie. Il forme en quel¬
que sorte le sol où est creusé le lit du fleuve. La sève plastique, élaborée par
les feuilles, redescend ensuite delà base de la tige au sommet de la racine par
les faisceaux libériens. Et si nous avons comparé l’ascension assez rapide des
liquides du sol par les vaisseaux au courant de l’eau dans le lit d’une rivière,
c’est au lent écoulement d’un glacier qu’il faudra comparer la descente du
protoplasma à travers les cellules libériennes.
Il résulte de ce qui précède que, dans l’organisation primaire de la racine
principale, il y a deux courants ascendants confluents et deux courants des¬
cendants séparés alternes avec les premiers, et que toutes les radicelles, qui
se forment toujours en face des courants ascendants, ont indéfiniment leurs
propres paires de courants ascendants dans le même plan et leurs propres
paires de courants descendants dans des plans alternativement rectangu¬
laires.
Revenons maintenant à la membrane protectrice et au sujet spécial qui
nous occupe aujourd’hui.
Devant les faisceaux vasculaires primitifs du cylindre central, les larges
cellules protectrices, au nombre de cinq assez souvent, sont simples et n’of¬
frent rien de remarquable (1). Mais celles qui correspondent aux groupes libé¬
riens, au nombre de quatre a six ordinairement, d’abord simples, se sont
agrandies dans le sens du rayon, puis dédoublées par une cloison tangentielle
extérieure aux plissements en deux éléments superposés ; le plus interne est
plus petit que l’autre et porte le cadre de plissements. Puis les coins des
nouvelles cellules se sont arrondis, et les étroits méats en forme de losange qui
résultent de leur écartement se sont remplis d’une huile essentielle d’un jaune
verdâtre, tandis que les cellules elles -mêmes demeurent hyalines et en appa¬
rence sans aucun caractère spécial. Quelquefois on voit l'huile verte remplir
aussi quelques-uns des méats plus larges qui existent entre les cellules protec¬
trices dédoublées et celles de l’avant-dernière assise corticale; mais cela n’est
qu’accidentel. Il se fait donc ainsi normalement, en dehors des faisceaux
libériens primitifs, un arc de cinq à sept canaux interstitiels oléifères, entourés
chacun par quatre grandes cellules transparentes et incolores, etqui cheminent
(1) Si ce n’est toutefois que, pendant la période germinative, c’est en elles seulement
que l’amidon se forme aux dépens de l’huile grasse contenue dans les cellules du paren¬
chyme cortical. Plus tard, cet amidon disparaît en se transformant en glucose. Voir à ce
sujet : Julius Sachs, Ueber das Aultreten der Stærke beider Keimung œlhaltiger Saamen
( Dotan . Z eitung, 1859, pp. 177 et 185).
SÉANCE DU : lh NOVEMBRE 1871.
291
côte à côte en s’anastomosant çà et là (1). Ces canaux ressemblent, par leur
structure et par leur disposition, à ceux qui existent dans l'organisation pri¬
maire de la racine des Ombellifères et des Araliacées. Mais, tandis que dans
ces familles (2) les canaux oléifères de la jeune racine sont superposés aux fais¬
ceaux vasculaires, et qu’ils appartiennent au cylindre central, puisqu’ils sont
creusés dans la membrane rhizogène, dans le Tagetes patula ces mêmes
canaux sont superposés aux faisceaux libériens, et ils font partie de l’écorce
primaire, puisqu’ils sont entaillés dans la membrane protectrice.
Période secondaire. — Le début de cette période est marqué par le dédou¬
blement, au moyen de cloisons tangentielles, des cellules du rang conjonctif
qui louche immédiatement le faisceau libérien primitif. Les deux nouvelles
cellules ainsi formées se divisent ensuite successivement, l’externe en direc¬
tion centripète, l’interne en direction centrifuge, de manière à former un
double massif de séries radiales où les éléments sont d’autant plus jeunes qu’ils
sont plus rapprochés de la ligne médiane où est leur lieu de formation.
Les cellules de la région interne et centrifuge du massif se transforment
dans l’ordre de leur production, c’est-à-dire de dedans en dehors, en vais¬
seaux dont les premiers se posent par conséquent très-près de la bande vas¬
culaire primitive, n’en étant séparés que par un rang de cellules conjonctives.
Souvent même ils sont en contact direct avec cette bande. Ces vaisseaux,
bientôt mélangés de cellules allongées qui s’épaississent en fibres, forment le
bois secondaire dont les groupes alternent par conséquent avec le bois pri¬
maire. Ainsi, tandis que le bois primaire est exclusivement formé de vaisseaux,
dans le boisj secondaire les vaisseaux se trouvent mêlés de cellules allongées
(1) Pendant la période germinative il ne se dépose pas d’amidon dans les cellules qui
bordent les canaux oléifères, mais en revanche elles contiennent du tannin en abondance
et noircissent par les sels de fer (J. Sachs). La membrane protectrice est donc formée,
pendant cette période, de deux arcs amylifères superposés aux faisceaux vasculaires, et
de deux arcs, à la fois tannifères et oléifères, superposés aux faisceaux libériens.
(2) Voir à ce sujet : Recherches sur la symétrie de structure des plantes vasculaires : —
la Racine — (Ann. clés sc. nat. 5e série, t. XIII, pp. 223 et 231, fig. 52-54). Dans le
pivot des Ombellifères, on trouve, de chaque côté du canal quadrarigulaire principal, trois,
quatre ou même cinq méats triangulaires de plus en plus étroits. La membrane rhizo¬
gène y renferme donc, vis-à-vis de chaque faisceau vasculaire, un arc de sept, neuf ou
onze canaux oléifères. Il ne reste alors, vis-à-vis de chaque faisceau libérien que quelques
cellules non consacrées à la formation de l’huile, et remplies d’un protoplasma sombre
et un peu jaunâtre. Ce sont elles qui se divisent pour former les radicelles. Ainsi réduit,
chacun de ces arcs rhizogènes peut ne former qu’une seule radicelle géminée, superposée
au faisceau libérien et qui implante ses vaisseaux à la fois sur les deux faisceaux vascu¬
laires ( loc . ait. p. 226). Les radicelles sont donc alors, et pour cette cause, insérées en
deux rangées alternes avec les faisceaux vasculaires et avec les lignes d’insertion des
deux cotylédons supérieurs. Les choses se passent, pour une raison anatomique différente,
à peu près comme chez les Graminées. Mais, que l’arc oléifère se restreigne quelque peu,
qu’il se réduise par exemple à sept ou à cinq canaux, et l’arc rhizogène, s’étendant à me¬
sure, pourra produire deux radicelles contiguës, une dans chaque moitié. Chaque radicelle
se dirigera alors à travers le parenchyme cortical à à 5 degrés du plan vasculaire et implan¬
tera ses vaisseaux sur le faisceau vasculaire correspondant. Il y aura donc sur le pivot
quatre rangées de radicelles. Nous reviendrons sur ce point dans un prochain travail.
292
SOCIÉTÉ BOTANIQUE UE FRANCE.
en fibres. C’est là, comme on le sait, le caractère général des Dicotylédones
Angiospermes. Mais les Gymnospermes se comportent autrement. Le bois
secondaire y conserve indéfiniment le caractère de pureté du bois primaire,
et se trouve exclusivement composé de vaisseaux du même ordre, en mettant
à part, bien entendu, les rayons parenchymateux (1). Quant aux Monoco-
lylédones et aux Cryptogames vasculaires, il ne s’y fait jamais de bois secon¬
daire, tandis qu’il s’en fait toujours chez les Dicotylédones (2).
Les cellules de la région externe et centripète du massif se transforment
de dehors en dedans en un mélange de vaisseaux grillagés et de cellules libé¬
riennes ordinaires. Ce mélange constitue le liber secondaire qui est super¬
posé au liber primaire.
Il se forme donc, au début, sur le bord interne de chaque faisceau libé¬
rien primitif et par le jeu double d’un arc générateur d’origme conjonctive,
un faisceau double, libérien en dehors, ligneux en dedans, que j’appellerai
donc libéro-ligneuXt et qui refoule en dehors le faisceau libérien primitif qu’il
déborde beaucoup de chaque côté. Bientôt les cellules rhizogènes superposées
aux vaisseaux primitifs se dédoublent, et quand les arcs générateurs, dans
leur déplacement vers l’extérieur, sont parvenus à faire partie d’une circon¬
férence tangente aux vaisseaux les plus étroits, ils se réunissent l’un à l’autre,
par l’intermédiaire de la moitié interne des cellules rhizogènes ainsi dédou¬
blées, en une couche génératrice qui produit désormais un anneau libéro-
iigneux continu. Plus tard cet anneau se divise, par la formation de rayons
parenchymateux internes qui se continuent à la fois dans le liber et dans le
bois, en un certain nombre de bandes rayonnantes libéro-ligneuses. Enfin,
mais assez tard, les cellules de la membrane rhizogène, par exemple celles
qui séparent les groupes libériens primaires de la membrane protectrice, se
divisent, non-seulement par des parois radiales, comme elles l’ont fait jus¬
qu’alors pour se prêter à l’extension progressive du cylindre central, mais
encore par des cloisons tangentielles de manière à former une zone peu épaisse
de parenchyme cortical secondaire.
Voilà comment les formations secondaires s’introduisent peu à peu dans le
cylindre central de la racine, dont elles accroissent progressivement le dia¬
mètre jusqu’à la fin de la période végétative.
Que deviennent pendant ce temps et notre parenchyme cortical primaire et
nos canaux oléifères? L’écorce primaire se prête, grâce à ladivisionde ses cel¬
lules par des cloisons à la fois tangentielles et radiales, à l’extension progressive
du cylindre central. Elle persiste donc sans s’exfolier. Les cellules de la mem¬
brane protectrice qui bordent et séparent les canaux oléifères s’étendent
d’abord tangentiellement, puis chacune d’elles se divise en deux par une cloi-
(1) Voir sur ce point : Ann. des sc. nat. 5e série, t. XIII, pp. 187 et suiv.
2) Loc. cil ., pp. 258 et suiv., et p. 279.
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1874.
293
son radiale, plissée comme les parois latérales primitives et au même endroit,
mais sans laisser toutefois de méat oléifère entre ses deux moitiés et les deux
moitiés correspondantes de la cellule superposée qui se dédouble en même temps
qu’elle. Puis chaque cellule nouvelle se divise en deux de la même façon, et
ainsi de suite. De sorte qu’au bout d’un certain temps, deux quelconques des
canaux oléifères primitifs, d’abord isolés par une seule largeur de cellule, se
trouvent séparés par une vingtaine de cellules protectrices plissées, nées à l’in¬
térieur d’un seul élément primitif. Les cellules plissées ne se divisant jamais
par des cloisons tangentiellcs, les canaux oléifères un peu élargis demeurent
toujours appliqués immédiatement contre la membrane protectrice.
Ainsi les canaux oléifères persistent dans le parenchyme cortical primaire
jusqu’à la fin de la période végétative. Leur nombre ne s’accroît pas et ils ne
s’écartent pas de la membrane protectrice, mais ils s’éloignent progressivement
les uns des autres pour se distribuer uniformément à la surface du cylindre
central à mesure que ce dernier s’élargit.
Mais, si le cylindre central est absolument privé d’huile essentielle dans sa
période primaire, ne s’v forme-t-il jamais d’essence dans les productions se¬
condaires ? Pendant longtemps on n’en voit pas. Toutefois, si l’on examine la
base du pivot à l’automne, on en rencontre en certains points situés dans
les rayons parenchymateux du liber secondaire; il n’y en a pas dans la partie
de ces rayons qui traverse le bois. Et l’on s’assure que l’huile essentielle y est
sécrétée et demeure contenue directement dans certaines cellules de ces
rayons, isolées ou associées en groupes au milieu d’autres cellules hyalines ;
elle ne se déverse pas dans des canaux interstitiels. L’huile y apparaît d’ailleurs
de dehors en dedans. Elle se forme d’abord dans les cellules les plus âgées du
rayon, où elle est déjà d’un jaune orangé quand les éléments plus intérieurs
commencent seulement a acquérir une légère teinte verdâtre.
En résumé, dans l’organisation primaire de la racine, qu’elle soit princi¬
pale ou secondaire, normale ou adventive, l’huile essentielle est contenue dans
un système d’étroits canaux quadrangulaires (1) creusés dans l’épaisseur de
la membrane protectrice dédoublée, et associés au nombre de six ordinai¬
rement au dos de chaque faisceau libérien primitif. Les cellules dédoublées de
ces arcs oléifères superposés aux faisceaux libériens, dans lesquelles se
forme l’huile qui se déverse dans les canaux, se montrent dès l’origine douées
de propriétés différentes de celles des éléments qui forment les arcs protecteurs
alternes superposés aux faisceaux vasculaires. Car, tandis que ces derniers
sont le lieu exclusif de la formation et du dépôt transitoire de l’amidon pen¬
dant la période germinative, les premiers sont, pendant cette même période,
le siège principal de la production transitoire du tannin.
(1) Les deux canaux extrêmes de l’arc sont toujours triangulaires; tous les autres
quadrangulaires. Dans l’arc de canaux oléifères de la racine des Ombellifères, au contraire,
le canal médian seul est quadrangulaire, tous les autres triangulaires.
29 h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Plus tard, après l’apparition des faisceaux puis de l’anneau libéro-ligneux
secondaires, ces canaux subsistent seuls, mais ils vont sans cesse s’écartant
l’un de l’autre en demeurant toutefois en contact avec la membrane plissée,
et ils se distribuent en définitive uniformément au pourtour du cylindre cen¬
tral élargi.
Enfin, vers le déclin de la période végétative et dans la région la plus âgée de
la racine, on voit apparaître, dans certaines cellules des rayons du liber secon¬
daire, une huile essentielle toute semblable à celle que recèlent les canaux
corticaux. A l’appareil interstitiel primitif si nettement circonscrit se superpose
alors un appareil cellulaire assez vaguement limité.
(A suivre.)
Lecture est donnée de la communication suivante, adressée à la
Société.
QUELQUES PLANTES DU DÉPARTEMENT DU NORD, par M. Adrien WARIOM.
(Lyon, septembre 1871.)
Il n’existe point de catalogue récent des plantes du département du Nord, et
les découvertes faites, il y a quelques années, par M. Cussac aux environs de
Lille et de Dunkerque, par M. de Mélicocq dans la forêt de Raisinés, et par
M. A. Lelièvre aux environs de Valenciennes, sont presque toutes restées iné¬
dites et perdues pour la géographie botanique de France. Dans ces conditions,
il m’a paru de quelque intérêt de publier la liste des plantes les plus remar¬
quables que j’ai récoltées pendant un séjour de plusieurs moisà Lille. Quelques-
unes ( Elodea canodensis , Lemnct arrhiza, etc.) n’avaient pas encore, je crois,
été signalées dans la région ; quant à celles que j’indique dans la forêt de
Raisinés, je dois ajouter que je les ai récoltées sous la conduite de M. Lelièvre,
auquel je suis heureux d’offrir ici l’expression de toute ma reconnaissance.
Ranunculus Drouetii F. Sch. — Fossés à Saint-Omer.*
Diplotaxis tenuifolia. — Ab. remparts de Lille.
Cardamine hirsuta. — Fossés des fortifications à Lille; Saint-Amand, forêt de Raismes.
Sagina eiliata Fr. — Champs sablonneux à Canin, Saint-Amand et au Mont des Bruyères.
Arenaria leptoclados Guss. — Champs sablonneux à Saint-Amand et au Mont des Bruyères.
Stellaria nemorum. — Forêt de Raismes.
Genisla anglica. — Forêt de Raismes.
Trifolium micranthum Viv. — Bords d’un chemin sablonneux près la forêt de Raismes.
Sium latifolium. — Ab. fossés à Saint-Omer, Lille, Saint-Amand, forêt de Raismes.
Selinum Carvifolia. — Forêt de Raismes.
Senecio Fuchsii Gm. — Forêt de Raismes.
Gnaphalium uliginosum. Type à akènes lisses et glabres. — Lille et Saint-Amand.
Carduus acanthoides. — Ab. remparts de Lille, où je n’ai rencontré ni le C. nutans , ni
le C. crispas.
Vaccinium Myrlillus. — Forêt de Raismes.
— Vitis-idæa. — Forêt de Raismes.
Erica Tetralix, - Forêt de Raismes.
SÉANCE DU 24 NOVEMBRE 1871.
295
Hottonia palustris. — Ab. fossés à Saint-Omer, Lille, Saint-Amand, Valenciennes.
Myosotis repens Don, — Lille.
— strigulosa Rchb. — Forêt de Raismes.
• — lingulata Lehm. — Forêt de Raismes.
— intermedia Link, var. dnmetorum Crép. — Forêts de Phalempin et de Raismes.
Linaria Cymbalaria. — Vieux murs à Lille et à Saint-Omer ; rare.
Scutellaria minor. — Forêt de Raismes.
Plantago Coronopus. — Saint-Amand.
Rumex maritimus. • — Lille.
— sang-uineus. — Forêts de Phalempin et de Raismes.
— Hydrolapathum. — - Saint-Omer, Lille, Saint-Amand.
Scilla bifolia, — Forêt de Phalempin.
Endymion nutans. — Forêt de Phalempin.
Maianthemum bifolium. — Ab. forêts de Phalempin, de Vicoigne, de Raismes.
Stratiotes aloides L. — Indiqué depuis longtemps à Lille, où il n’existe plus, les fossés
qu’il remplissait ayant été comblés. — Se trouve en immense quantité dans tous
les fossés des prairies entre Saint-Omer, Saint-Momelin et Watten, et certainement
ailleurs dans cette direction. Localité très-remarquable, qui vient se rattacher aux
stations de la plante en Hollande et en Belgique, et qui marque peut-être la limite
du Stratiotes vers le sud ouest. — Le Stratiotes avait déjà été signalé par M. Cussac
aux environs de Saint-Omer, mais cette indication se trouve comme perdue dans le
supplément de la llore de l’arrondissement de Hazebrouck de M. Vandamme.
Elodea canadensis Mich — Très-abondant dans la Scarpe (à Saint-Amand) et dans un
petit ruisseau qui vient s’y jeter. — Celte plante, qui se répand chaque jour davan¬
tage en Belgique, se rencontrera certainement dans les canaux du Nord. — En 1868
et 1869, je l’ai récoltée en très-grande abondance dans tous les fossés et ruisseaux
du bois de Vincennes, surtout vers Saint-Mandé et derrière 1 hôpital militaire.
Potamogeton rufescens. — Lille.
— aculifolius. — Lille, Saint-Omer.
Lemna arrhiza. — Dans un fossé, derrière la citadelle de Lille, où la plante se trouve en
sociétédes autres .Lemna, mais rare. — A Valenciennes, M. Lelièvre me l’a montrée
très-abondante dans les fossés des fortifications ; il me l’a également indiquée dans
les fossés des fortifications de Douai.
Juncus obtusiflorus. — Lille, rare ; forêt de Raismes.
— supinus. — Forêt de Raismes.
Carex pilulifera. — Forêt de Raismes
— OEderi. — Forêt de Raismes.
— binervis. — Forêt de Raismes.
— Pseudocyperus. — Lille et Saint-Amand.
Calamagrostis lanceolata. — Forêt de Raismes.
Danthonia decumbens. — Forêts de Raismes et de Phalempin.
Ophioglossum vulgatum. — Lille.
Polystichum Oreopteris. — Forêt de Raismes, rare ; mais abondant dans la forêt de Mor-
mal, d’après M. Lelièvre.
Blechnum Spicant. — Forêt de Raismes, abondant.
Cystopteris fragilis. — Forêt de Raismes.
Equisetum hiemale. — Forêt de Raismes.
M. le Président donne lecture de la lettre suivante, qu’il a reçue
de M. Ch. Royer :
LETTRE DE M. Cil. KO 1ER A M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE.
Monsieur le Président,
Saint-Remy, 25 août 1871.
Permeltez-moi de revenir sur la distinction qu’il me semble utile d’établir
29(3
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
entre souche et rhizome, et qui a eu la mauvaise fortune de rencontrer vos
critiques ; critiques du reste empreintes de tant de bienveillance que je dois
vous témoigner toute ma gratitude. Les exemples suivants, empruntés à des
plantes drageonnantes, viendront peut-être à l’appui de mon innovation :
Le Mercurialis perennis, arraché avec soin, offre un vaste rhizome sur
lequel on remarque, espacées de 8 à 12 centimètres, plusieurs nodosités d’où
partent les tiges, les drageons et les pseudorrhizes ; chacune de ces nodosités
joue le rôle de centre vital et constitue une souche. J’appelle article la partie
du rhizome qui les sépare ; les articles du Mercurialis perennis sont formés
d’un ou deux mérilhalles et ne donnent naissance à aucune des productions
qui caractérisent les souches.
Si l’on passe à un Carex acuta Fries, on trouve encore des souches dra¬
geonnantes et radicantes à l’exclusion des articles, mais avec cette différence
qu’elles sont en outre cespiteuses.
Les souches du rhizome de YEpipactis palustris émettent aussi les dra¬
geons, mais une partie seulement des pseudorrhizes, qui pour le surplus
naissent sur toute la longueur des mérithalles supérieurs de chaque article.
Chez Y Æ gopodium Podagraria , une partie des pseudorrhizes est produite
par les souches; les autres le sont par les nœuds des mérithalles de chaque
article, et non plus sur toute la longueur de certains mérithalles, comme il
arrive à l’ E pipactis palustris. VÆ. Podagraria diffère en outre des trois
plantes précédentes en ce qu’il drageonne, non par ses souches, mais par ses
articles.
Voici en quelques mots le résumé de ces détails :
Mercurialis perennis } Rhizome drageonnant et radicant aux souches qui sont simples
et Carex acuta. | (. Mercurialis perennis ), ou cespiteuses [Carex acuta) .
„ . ... ( Rhizome drageonnant par les souches, radicant aux souches et
Eptpacl.s palustris. j gur tQute ,.étendue de la parlie supérieu’re des articles.
Ægopodium Poda- ( Rhizome drageonnant par les articles, radicant aux souches et
g r aria. ) aux nœuds des mérithalles des articles.
Dans les meilleurs ouvrages descriptifs on lit :
I Souche longuement rampante, à racines fasciculées au niveau des
nœuds des anciennes tiges.
Rhizome longuement traçant, à fibres radicales très-longues, ver-
ticillées à la base des tiges.
Racine rampante.
/ Souche cespiteuse, émettant des rhizomes obliques.
n \ Souche rampante, stolonifère.
arex acu a. \ j^acjne épaisse, rampante.
\ Radix stolonifera.
i Rhizome traçant.
Souche oblique, garnie de fibres.
Racine longuement rampante, émettant des stolons.
Ægopodium Poda- [ Souche rampante.
graria. \ Racine traçante.
SÉANCE DE 2/| NOVEMBRE 1871.
297
On voit tout de suite combien est défectueuse lu glossologie en usage pour les
parties souterraines, puisque souche, racine stolonifère, rampante et traçante,
racines et fibres radicales, stolons et rhizomes, peuvent être synonymes ; et
puisque encore une diagnose en termes identiques caractérise parfois des sys¬
tèmes souterrains dissemblables sous beaucoup de rapports.
En continuant donc à n’user que d’un seul des mots souche et rhizome,
et en ne distinguant pas dans un rhizome les souches et les articles, on
restera dans l’impossibilité d’indiquer s’il y a plusieurs souches réparties sur
l’ensemble du rhizome; à quels points si variés du rhizome naissent les dra¬
geons et les pseudorrhizes, etc. Une description complète doit dire en outre si
les souches sont définies ou indéfinies; si le rhizome est ou non sympodique ;
elle doit mentionner la forme, la longueur et les écailles des drageons ; la di¬
rection, la grosseur, la vestiture et la période active des pseudorrhizes ; les
caractères anatomiques des drageons, des pseudorrhizes, ou ceux de la racine;
le remplacement de la racine par des pseudorrhizes, ou simplement le rôle
auxiliaire de celles-ci ; la persistance et les dimensions des articles ; l’alternance
de floraison et de foliation de certaines souches; leur durée, leur extinction
définitive ou leurs divers modes de remplacement; leur mise en liberté par
destruction des articles intermédiaires, et leur élévation au rang d’individus
distincts, etc.; toutes particularités si nombreuses et si importantes que l’on
peut, grâce à elles seules, déterminer quantité d’espèces aussi sûrement et
aussi facilement que par la méthode florale. C’est ce qu’un travail, en prépa¬
ration depuis plusieurs années déjà, me permettra, si je ne m’abuse, de prou¬
ver prochainement.
Si vous pensez, Monsieur le Président, que ces observations puissent offrir
quelque intérêt à la Société, je vous serai bien reconnaissant de me faire l’hon¬
neur d’en donner communication.
Veuillez agréer, etc.
M. Germain de Saint-Pierre s’exprime ensuite en ces termes :
Je ne puis, à l'occasion de la lettre que notre honorable et savant confrère
M. Royer me fait l’honneur de m’adresser, que répéter ce que j’exprimais
dans ma réponse à une première lettre sur le même sujet (1).
Comme ledit M. Royer « Les expressions : souche, racine stolonifère ram¬
pante et traçante, racine et fibres radicales, stolons et rhizome, ont été em¬
ployées dans divers ouvrages comme synonymes, en même temps que des
systèmes souterrains dissemblables ont souvent été décrits en termes iden¬
tiques. » Aussi ai -je, de mon côté, proposé une classification morphologique
pour les organes souterrains des plantes : tiges souterraines et racines.
(1) Voyez le Bulletin , t. XVII, pp. 250 à 256, et la note placée au bas de la page 195
du présent volume.
298
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
J’ai conservé, autant que possible, les termes anciens dont la signification
est précise et presque universellement admise (que cette signification ait été
ou non toujours bien connue de ceux qui les ont employés). Au nombre
de ces expressions dont le sens m’a paru bien déterminé, sont les mots souche a t
rhizome.
Souche est l’ensemble du système souterrain d’une plante (lige souter¬
raine et racine) quelles qu’en soient les formes et la disposition.
Rhizome est la partie souterraine de la tige, surtout quand cette lige sou¬
terraine est allongée, oblique, couchée ou traçante (qu’elle soit grêle ou
épaisse, ligneuse ou charnue, qu’elle émette plus ou moins de stolons, que
les articles soient longs ou courts, qu’elle appartienne au système défini ou au
système indéfini). Les bulbes et les tubercules sont des dépendances ou des
formes particulières du rhizome.
Racine stolonifëke, racine rampante, racine traçante, sont des expres¬
sions souvent employées « tort pour: rhizome stolonifère, rhizome traçant,
ou même souche stolonifère, souche traçante ; cependant l’expression racine,
stolonifère peut s’appliquer exactement à certaines racines (peu communes)
qui émettent normalement de nombreux bourgeons adventifs latéraux, lesquels
s’allongent en stolons se terminant en tiges aériennes (les racines de X Eu-
phorbia Cyparissias par exemple).
Le mot racine n’est du reste jamais employé aujourd’hui, comme syno¬
nyme de souche ou de rhizome , que par des descripteurs inattentifs ou inex¬
périmentés. Le caractère si simple et si absolu sur lequel j’ai insisté : absence
de bourgeon terminal pour la racine , ne permet pas de confusion à cet
égard.
Je suis heureux, du reste, d’avoir à reconnaître que la divergence d’opinions
qui peut se trouver sur ces points entre M. Royer et moi porte presque com¬
plètement sur les mots. Relativement aux faits observés, je suis généralement,
sur les points essentiels, en communauté d’opinions avec notre laborieux
et savant confrère, et je suis heureux de trouver une nouvelle occasion de le
féliciter de son zèle à poursuivre de son côté, comme je le fais du mien,
l'étude comparative des divers modes de végétation des plantes.
MM. Roze et Cornu présentent à la Société une culture floris¬
sante du Pilobolus crystallinus sur du fumier de cheval.
Ce curieux Mucoi\ qui à la maturité projette ses conceptacles à une dis¬
tance considérable, se développa sur du fumier de chat, dans la serre de
M. Roze, au moisd’octobre, et de là se répandit rapidement sur d’autres fumiers
(cheval, lapin) servant à d’autres cultures. 31. Roze a trouvé dans le substra¬
tum des spores étoilées comme celles signalées par M. l’abbé Coemans, revues
par MM. De Bary et Voronine, mais sur lesquelles ou ne sait encore que bien
SÉANCE DU 2Zl NOVEMBRE 187t.
299
peu de chose. M. De Bary, dans sou livre (1), est très-peu explicite sur ce sujet.
Elles sont portées par des filaments spéciaux du mycélium recourbés à leur
extrémité et cloisonnés. La membrane est épaisse et jaunâtre. Elles ne provien -
nent pas d’une conjugation et sont formées librement à l’extrémité des ra¬
meaux. La germination n’a pas encore été observée. La présente culture a été
obtenue en délayant dans de l’eau un substratum qui présentait le Pilobolus en
abondance, et en versant de l’eau sur du fumier frais. L’apparition du Mucor
eut lieu après neuf jours; à cette époque les spores étoilées étaient déjà abon¬
damment formées.
M. Germain de Saint-Pierre dit avoir observé autrefois le Pilobolus
sur des substratum analogues dans son jardin de la rue de Ma¬
dame (à Paris) ; mais il n’était pas muni d’un long pédicelle, et pré¬
sentait un renflement plus considérable au-dessous du conceptacle.
M. Gaston Genevier (de Nantes) dit que le Pilobolus n’est pas
rare à Nantes et aux environs, sur le fumier de cheval; la forme
qu’il a observée se rapporte à celle dont vient de parler M. Germain
de Saint-Pierre.
M. Roze fait remarquer la tendance du Pilobolus à se diriger
vers la lumière, tendance qui se traduit par une forte courbure du
support.
M. Roze met ensuite sous les yeux de la Société de beaux échan
tillons de YOnygena equina) développé sur une queue de cheval et
rencontré à Chaville (Seine-et-Oise), le 20 novembre 1871. Cette es¬
pèce est presque identique avec l’O. cervina, sur lequel MM. Tulasne
ont publié un mémoire (in Ann. sc. nat. 3e série, t. I, pp. 367
et suiv.) et qu’ils ont trouvé sur les plumes d’un passereau.
Lecture est donnée des communications suivantes, adressées à la
Société :
DE L’ACTION PHYSIOLOGIQUE DE LA GELÉE SUR LES VÉGÉTAUX (suite),
par 91. Émile llEllt (2).
VI. — Exposé d’une théorie moléculaire propre à expliquer l’action
d’une basse température sur les tissus.
Les physiologistes allemands ne se sont pas contentés d’étudier les effets du
froid et les causes qui peuvent exercer quelque influence dans ce phénomène;
ils ont également cherché à pénétrer ie motif pour lequel un tissu est désor-
(1) Morphologie und Physiologie der Pilze, p. 179,
(2) Voyez plus haut, pp. 164 et 208.
300
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
ganisé, quand il est exposé à une certaine température. De leurs expériences et
de leurs explications, on peut déduire la théorie suivante :
Tout tissu végétal (membranes, protoplasma, grains d’amidon ou de chloro¬
phylle) est, d’après M. Nægcli, constitué par la réunion de particules solides
(organiques et minérales) et de particules d’eau. Par particules , il faut en¬
tendre un groupement de molécules similaires formées elles-mêmes par la
réunion d’atomes, et, de même qu’il y a des espaces intermoléculaires, on doit
admettre l’existence d’espaces interparticulaires. Ces particules, de nature dif¬
férente, sont disposées dans un ordre déterminé et possèdent des formes régu¬
lières : celles de petites sphères, d’ellipsoïdes ou plus souvent de cristaux
allongés; elles sont douées d attractions réciproques qui varient suivant leur
nature chimique. Sous l’influence des forces extérieures, telles que le choc, la
chaleur, la lumière, l’électricité, elles peuvent s’éloigner ou se rapprocher les
unes des autres. Tant que ces forces n’atteignent pas un certain degré d’inten¬
sité, ce rapprochement ou cet écartement n’a lieu que dans une certaine limite
et la constitution du tissu n’est pas altérée. Mais, dès que cette limite est dé¬
passée, la particule solide A, qui était accolée à la particule d’eau B, peut sortir
de la sphère d’attraction de cette dernière et tomber dans celle de la particule
solide C. De son côté la particule d’eau B, qui n’est plus soumise à l’attraction
de la particule solide A, peut être attirée par une particule voisine.
C’est à l’aide de cette théorie que M. Nægeli explique la croissance des
tissus, le pouvoir d’imbibition des membranes, la formation des grains d’ami¬
don et des cristalloïdes, enfin le mouvement des organes protoplasmiques.
Elle peut servir aussi à expliquer l’action des températures anormales sur
les tissus.
On conçoit, en effet, que, à mesure que la température s’abaisse, les vibra¬
tions des particules devenant de moins en moins rapides, les espaces inter¬
particulaires tendent à diminuer. Tant que la température ne descend pas
au-dessous d’une certaine limite, l’équilibre du système n’est pas changé.
Mais il en est autrement dès que cette limite est dépassée. L’attraction de la
particule solide A pour la particule liquide B devient inférieure à son attrac¬
tion pour la particule solide voisine C, et, de son côté, la particule B est plus
attirée par la particule liquide voisine D qu’elle ne l’était par les particules
solides A et C. Les particules tendent donc à se grouper en petites masses
de même nature. L’arrangement nécessaire au fonctionnement vital se trou¬
vant ainsi détruit, le tissu est désorganisé et soumis dès lors complètement,
comme un corps inerte, aux influences extérieures.
L’eau de constitution n’étant plus retenuepar les particules solides, s’écoule à
travers les parois des cellules, qui perdent ainsi, suivant l’expression de M. Sachs,
« leur pouvoir de résistance à la filtration ». Les liquides cellulaires se mé¬
langent, et les tissus, ayant perdu leur turgescence, deviennent flasques et
mous. Ils éprouvent une contraction dans tous les sens. Enfin cette eau
SÉANCE DU 2/| NOVEMBBE 1871. 30 L
devenue libre ne tarde pas à s’évaporer et le tissu à se dessécher très-rapi¬
dement.
Dans les membranes, il se forme ainsi des pores d’une ténuité extrême, suf¬
fisants cependant pour laisser sortir le liquide cellulaire et pénétrer des liquides
étrangers. C’est ce qu’on peut facilement vérifier si le liquide cellulaire est
coloré. Je rappellerai à ce propos un fait que j’ai déjà cité : ayant comprimé
entre des feuilles de papier absorbant des pétales violacés de Primevère-de-Chine
désorganisés par le froid, j’ai remarqué que ces pétales laissaient sur le papier
des taches colorées. M. Sachs, ayant plongé dans de l’eau des morceaux de bet¬
terave rouge gelés, cette eau ne tarda pas à se colorer en rouge. Ayant placé
dans de l’acide sulfurique pourpre des fragments vivants et des fragments
gelés de rave blanche, la coloration pénétra seulement dans l’intérieur des
derniers. M. Kuehne constata que l’arrangement des parties constituantes du
protoplasma est détruit par le froid, les particules solides se groupant en pe¬
tites masses qui semblent coagulées. Il peut dans cet état absorber les matières
colorantes, ce qu’il ne saurait faire pendant la vie.
A l’aide de cette théorie sur la constitution des membranes, on peut se ren¬
dre compte, dans une certaine mesure : l°de l’action de la chaleur succédant
brusquement à une basse température, 2° de l’influence qu’exerce dans le
phénomène l’état d’imbibition des tissus.
1° Action de la chaleur. — Puisque les particules constitutives d’un tissu ne
se trouvent en équilibre stable qu’entre certaines limites de température, on
comprend que si la température n’a pas été assez basse pour les dissocier,
mais suffisante cependant pour les porter à un état d’équilibre instable, cet
équilibre puisse être rompu par une très-légère influence, telle qu’une cha¬
leur un peu forte ou survenant brusquement, ou même seulement, ainsi qu’on
l’a observé, par le contact du doigt. Il se passe alors dans le tissu quelque
chose d’analogue à ce qui arrive quand deux bulles d’air se trouvent séparées
l’une de l’autre par une couche liquide. Sous la plus faible impulsion elles se
réunissent. Si, au contraire, la température ne s’élève que graduellement, de
manière que les particules puissent reprendre leur position normale, toute
désorganisation pourra ainsi être prévenue.
2° Influence de U imbibition des tissus. — Quand un tissu aqueux est ex¬
posé à une basse température, les particules solides étant séparées les unes des
autres par des particules d’eau volumineuses, leur attraction mutuelle est di¬
minuée; l’équilibre du système n’est plus aussi stable, et sera dérangé par une
influence qui eût été insuffisante si le tissu avait été moins riche en eau. Celte
influence aura d’autant plus d’effet qu’elle se sera exercée plus brusquement ;
d’où il est probable que si le passage rapide d’une basse température à une
température plus élevée est funeste, le passage inverse ne l’est pas moins. Un
organe transporté, par exemple, d’un milieu à-j-40 degrés, dans un milieu
à 5 degrés, pourra être désorganisé quand, dans les conditions normales, il
302
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
ne l’eût été qu’à 0 degré. Il serait à désirer que cette expérience fût faite. On
conçoit, en effet, que l’arrangement moléculaire est plus facilement détruit
par des impulsions brusques que par des impulsions graduelles.
L’action de températures relativement élevées sur les tissus et celle
de l’électricité offrent la plus grande analogie avec celle des basses tempé¬
ratures. On a constaté que des organes peu riches en eau peuvent supporter
des températures voisines de -\- 50 degrés, tandis que ces mêmes organes plus
imbibés se désorganisent même à -f- ôO degrés. Des graines désséchées peu¬
vent, sans perdre leur faculté germinative, être exposées à une température
qu’elles ne pourraient supporter à l’état frais. De même que les tissus désor¬
ganisés par le froid, ceux qui le sont par la chaleur deviennent mous, se
contractent par suite de l’eau épanchée, laissent filtrer les matières colorantes
contenues dans les liquides cellulaires et sont pénétrés par les liquides colorés
venant de l’extérieur. Le protoplasma se rassemble en petites masses séparées.
L’action de l’électricité sur le protoplasma est identique, soit qu’on ait recours
à l’électricité statique, aux courants continus ou à ceux d’induction. Si un
certain temps est nécessaire pour que l’effet d’une température relativement
basse ou élevée puisse se faire sentir, il faut aussi une certaine durée à un
courant faible pour produire quelque résultat.
Enfin des chocs peu violents produisent des effets analogues. En secouant des
rameaux, M. Hofmeister a causé leur fanaison. En courbant une branche par une
impulsion lente et continue ou en la soumettant à deschocs faibles, mais réitérés
comme ceux provenant des oscillations d’un pendule, il la forçait à végéter
dans la direction qui lui était imprimée. Les couches passives, distendues
au delà d’une certaine limite, se constituaient dans un nouvel état d’équilibre
tel que les couches érectiles du côté convexe avaient la prédominance sur les
couches érectiles du côté concave. Je crois cet exemple propre à donner une
idée de ce qui se passe dans la constitution intime des tissus, sous l’empire des
influences extérieures. Il y a encore dans ces effets une question de mesure.
Il peut arriver que l’arrangement particulaire soit légèrement troublé, sans
que pour cela la destruction s’ensuive : ainsi des protoplasmas agglomérés
par petites masses peuvent quelquefois reprendre ensuite leur mouvement.
On voit, par ces exemples, que la chaleur, l’électricité et la lumière pro¬
duisent sur les tissus organisés des effets semblables : serait-ce aller trop loin
que d’y trouver une nouvelle confirmation de celle théorie toute moderne, en
vertu de laquelle ces trois agents ne sont que des modifications du mouve¬
ment ?
En résumé, un tissu organisé est constitué par des particules solides et
liquides agrégées entre elles dans un certain état d'équilibre stable. Cet
équilibre peut être troublé par les forces extérieures. Quand ces forces agis¬
sent avec une intensité suffisante , tout en restant au-dessous d'une certaine
imite , V équilibre devient instable; et, si cette limite elle-même est dépassée ,
SÉANCE DU 2/| NOVEMBRE 1871. 803
il se produit un nouvel arrangement moléculaire duquel peut résulter la
désorganisation définitive du tissu.
Tel est le point ultime auquel la science moderne est arrivée, pour expli¬
quer l’action des températures anormales sur les tissus, et les facultés si variées
de résistance que présentent sous ce rapport les divers organes. Pourquoi la
même plante exposée à diverses reprises à une température donnée finit-elle
par en souffrir, alors que dans le principe cette température n’avait pas paru
lui nuire? Pourquoi telle plante se désorganise-t-elle dans un milieu où con¬
tinue à végéter telle autre plante?
La première question trouve une solution satisfaisante dans la théorie que
j’ai exposée. Quanta la deuxième, on ne peut lui faire que cette réponse : les
constitutions moléculaires du tissu varient à l’infini, non-seulement d’espèce à
espèce, mais d’organe à organe, et pour un même organe suivant son âge. Ainsi,
cet hiver (1870-71), j’ai constaté sur les Pins-maritimes qui peuplent les dunes
et les landes du golfe de Gascogne, que toutes les feuilles âgées de deux ans
avaient été jaunies par les gelées des mois de décembre et de janvier. Celles
de l’année n’avaient pas souffert. Quelle est la cause de cette anomalie, alors
qu’il semble que les plus jeunes eussent dû offrir la plus faible résistance?
J’ai observé ce fait sur de si grandes surfaces, dans les stations les plus diverses,
qu’on ne saurait, je crois, l’attribuer à des conditions locales. Il faut en
rechercher la cause jusque dans la constitution des tissus.
VII. — Extension de la théorie précédente aux corps organiques
et inorganiques soumis à de basses températures.
Cette théorie n’est pas seulement applicable aux corps organisés. Si l’on
fait geler de l’albumine coagulée, on obtient une masse dure, résonnant
quand on la laisse tomber. En dégelant, elle laisse suinter une grande quan¬
tité d’eau que la chaleur ne peut plus coaguler.
En répétant cette expérience, j’ai pu retirer d’un œuf un volume notable
d’eau. J’ai remarqué que le jaune de l’œuf fournissait moins d’eau, par
la compression, que le blanc. Cette expérience est très-remarquable; car par
la chaleur l’albumine n’éprouvant pas de perte sensible en eau, cette eau
de constitution et les particules solides qui y étaient entremêlées se sont
donc groupées d’une autre manière par la coagulation. De visible qu’elle
était, l’eau est devenue ensuite inappréciable pour nous. Mais l’état particu¬
lier que la chaleur a créé, le froid le défait pour en constituer un autre, dans
lequel l’eau n’a pu se grouper. Abandonnée à elle-même, elle s’est répandue
dans les mailles du réseau formé par les parties solides, s’y est coagulée, et,
après le dégel, a suinté de toutes parts.
Voici encore d’autres expériences que j’ai faites ou répétées ; une dissolu-
304
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
tiou de gomme bien limpide, que l’on fait geler, se trouble après le dégel; dans
les mêmes conditions, une pâle faite avec de la farine devient aqueuse.
Le vin qui a été gelé a perdu de son bouquet, de sa chaleur et de sa force,
et j’ai vu se former après le dégel au fond d’un vase qui contenait du vin, un
dépôt blanc qui ne se redissolvait que difficilement.
Dans la congélation de dissolutions salines, l’eau qui prend l’état solide
se sépare des sels qu’elle avait dissous, et ceux-ci, s’accumulant dans la partie
restée aqueuse, en augmentent la densité. C’est ainsi que dans le Nord on se
procure le sel marin.
Quand une éprouvette pleine d’eau se prend en glace, on voit dans la masse
et contre les parois du verre des bulles d’air emprisonnées.
Les fruits qui ont été gelés sont plus doux, parce que les dissolutions de
sucre contenues dans les cellules, et par suite inappréciables pour nous dans
l’état normal, sont perçues par notre goût, quand cette eau intérieure s’est
épanchée dans les tissus. Aussi, dans certaines contrées, fait-on geler les poires
trop acides pour les rendre plus sucrées et comestibles. La pomme-de-terre
gelée est douce, de même que celle qui a déjà commencé à germer.
La terre, après le dégel, est imbibée d’eau comme après une pluie.
L’encre ordinaire, après le dégel, est devenue très-pâle. Le tannate de fer
et le mucilage gommeux qui servait à le maintenir en suspension, se sont, en
grande partie, déposés et agglomérés. On voit, par tous ces exemples, que les
basses températures ont pour résultat de produire, dans les corps, des mou¬
vements moléculaires tels, que les particules de même nature tendent toujours
à se grouper entre elles.
DES IGNAMES, par 11. Paul SA4.JOT.
(Cluny , juin 4871 .)
Les Ignames appartiennent à la classe des Monocotylées et à la famille des
Dioscorinées dont elles représentent le type. Ce sont des plantes à tige volubile
et annuelle, à souche vivace constituant sous terre des tubercules farineux d’un
volume souvent considérable. Ces tubercules cuits forment un aliment bon
et sain.
Elles sont répandues dans tout l’espace intertropical, et chaque continent
en possède des espèces particulières. Un très-petit nombre croît dans les pays
tempérés. Ce sont des plantes assez mal connues des botanistes. Les unes
croissent sauvages dans les forêts et plusieurs au moins d’entre elles ont une
racine qu’on peut manger; d’autres sont cultivées de toute antiquité en Asie,
en Océanie, en Afrique ou en Amérique, et de celles-là tantôton connaît, tantôt
on ignore la souche sauvage. Les diverses Ignames des cultures 11e sont pas de
simples races ou variétés d’une même espèce, mais des espèces botaniques
très-distinctes, présentant un feuillage et un aspect général différents, des ra-
SÉANCE DU '2h NOVEMBRE 1871.
305
cines variables de forme, de volume et de goût, dette confusion de plusieurs
espèces sous un même nom agricole rend assez, embarrassante la description
de la culture de l’Igname. Il y aurait un véritable intérêt à bien connaître
toutes les espèces, à les réunir dans quelque jardin botanique des pays chauds
pour les comparer, définir les avantages des meilleures, et donner les règles
précises de la culture de chacune.
Je dois évidemment ne m’occuper ici que des espèces cultivées à la Guyane.
Nom, s. — La nomenclature se ressent de cette confusion d’espèces diverses
sous une désignation commune, et il faudrait plusieurs pages pour énumérer
les noms et en débrouiller la synonymie. Je n’entrerai pas dans de si longs
développements.
On appelle en général les Ignames : dans les colonies anglaises et hollan¬
daises d’Amérique, yams; au Brésil, caras ; dans quelques anciennes colonie
espagnoles d’Amérique, ajes ; à l’île Bourbon, cambares.
Noms indigènes : caraïbe, namain , et quelques espèces particulières cou-
chou, cayarali , inicoma. — Yam , mot d’origine américaine qu’on trouve
dans de très-anciens auteurs, Vespucci, Cabral(Alph. deCandolle, Géographie
bot.)i mexicain, iz; langue indienne d’Haïti, âge ; langue malaise, ubi ; Taïli,
ubi ; Nouvelle-Calédonie, oubi (un (tes noms du Dioscorea alcita) \ Sandwich,
oï ; Benguela, kara.
Noms botaniques des espèces les plus cultivées : Dioscorea alata ; D. cayen -
nensis(D. altissima ); D. uncinata , voisin du précédent; D. triloba Lam.;
D.sativa ; D. pentaphylla ; D. acuieata ; D. triphylla ; D. bulbifera; D.
Batatas.
Les espèces cultivées à la Guyane sont :
L’Igname indien ( Diosc . triloba) cultivée de toute antiquité par les indi¬
gènes d’Amérique. C’est l’espèce dont les tubercules sont les plus agréables
au goût.
L’Igname pays-nègre ou Igname de Guinée, Igname épineuse, Diosc. cayen -
nensis Kth (D. altissima Lam.). Ses tubercules sont très-volumineux, mais
moins délicats.
L’Igname franche, appelée souvent mal à propos Igname française {Diosc.
alata), moins répandue que les précédentes.
Voici leur courte description :
L’Igname indien, D. triloba Lam. ( D . a/jïnis Kth, D. truncata Miquel,
D. tri/îda Meyer), a la tige sans épines, relevée décrétés membraneuses sail¬
lantes. Les feuilles sont larges; elles ont, les inférieures 7 ou 5 lobes, les su¬
périeures 3, qui ne vont pas jusqu’à la moitié de leur longueur. Le feuillage
est d’un vert jaunâtre clair. Les tubercules sont nombreux, ovoïdes ou
arrondis, couverts d’une écorce noirâtre et crevassée. Cette espèce, qui est
américaine, est cultivée au Brésil et aux Antilles, comme à la Guyane. C’est
une excellente espèce.
T. XVIII.
(séances) 20
306
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
L’Igname pays-nègre, Diosc. cayennensis Kth (D. altissima , D. Berte-
roana Kth), vraisemblablement apportée anciennement d’Afrique, a la tige
épineuse. Les feuilles sont entières, cordiformes, d’un vert foncé, luisantes,
assez petites. Son tubercule est généralement simple, aplati, plus ou moins
ovoïde. Il est très-volumineux, mais plus dur et moins délicat au goût que
celui de l’Igname indien. C’est, d’autre part, une espèce plus productive et
moins exigeante sur la qualité du sol.
L’Igname franche, Diosc. alaia L., originaire de l’archipel malais et de
l’Océanie, a la tige sans épines, relevée de crêtes membraneuses saillantes, les
feuilles cordiformes, entières, d’un vert jaunâtre. Le tubercule est ovoïde, plus
ou moins allongé. Cette espèce est moins répandue dans la colonie que les
deux précédentes. Son tubercule n’est pas aussi délicat que celui de l’Igname
indien.
On cultive encore quelquefois dans la colonie le Diosc. pubescens Poir. ; mais
je n’ai pas eu l’occasion de l’observer. On recueille quelquefois les tubercules
de l’Igname-bois, D. bulbifera , qui vient sauvage dans les forêts. Les Indiens
du haut des rivières cultivent, à ce que m’a rapporté >1. Leprieur, outre
l’Igname indien, une espèce particulière que les colons 11e possèdent pas.
*
Description abrégée de la végétation de V Igname . — ■ Pour comprendre
la culture de l’Igname, il est essentiel de suivre les phases de sa végétation.
Au retour des pluies, il pousse de la tête du tubercule une ou plusieurs tiges,
d’autant plus fortes et plus vigoureuses que le tubercule est plus gros. A me¬
sure que la tige s’élève et se développe, ce tubercule, qui fournit en partie
à sa nutrition, se ride, s’affaisse et perd une partie de son volume et de sa ri¬
chesse en fécule et en albumine végétale. La tige grimpe et se répand au loin,
couverte d’un beau feuillage et nourrie en partie par le tubercule, en partie
par ie réseau de racines qui sortent de la souche. Cette tige végète et reste
verdoyante pendant 5, 6 ou 8 mois, plus ou moins, suivant la force de la sou¬
che, la bonne ou médiocre qualité du sol, ie climat plus ou moins favorable.
Ensuite elle jaunit, se fane et sèche. Le tubercule lui reprend alors les ma¬
tières nutritives qu’il lui avait fournies et celles qu’elle avait tirées du réseau
1 des racines. Il grossit, devient ferme et bon à arracher. Telle est au moins la
végétation des Ignames à tubercule gros et simple. Dans les espèces à tuber¬
cules multiples, diversement suspendus à la souche par des pédicules radi-
cellaires, les choses se passent à peu près de la même manière ; cependant
plusieurs des tubercules se détruisent probablement tout à fait pendant la
végétation, et il s’en forme de toutes pièces plusieurs nouveaux au moment
de la maturation.
On voit par là que la multiplication de l’Igname demande des soins parti¬
culiers, et qu’on ne peut avoir de beaux produits qu’en plantant de belles sou¬
ches ; que les très-grosses racines, mentionnées par des agronomes ou des
voyageurs, ne sont pas l’expression du produit annuel de la plante, mais l’ac-
SÉANCE DU 2/l NOVEMBRE 1871.
307
cumulation en quelque sorte de plusieurs années de végétation. On ne s’éton¬
nera pas d’apprendre que ces tubercules énormes sont souvent, en raison de
cela, assez durs et moins délicats à manger que de plus jeunes racines.
Culture. — Les Ignames, l’Igname indien surtout, réclament un sol meuble
et riche en terreau ; elles demandent à être bien espacées et à avoir un appui
sur lequel elles puissent grimper et se répandre librement. Pour satisfaire à
ces diverses conditions, on les plante généralement dans de nouveaux défri¬
chés, à grande distance les unes des autres, intercalées entre les pieds de Ma¬
nioc. On fouille et l’on remue la terre pour l’ameublir en les plantant, et on
les place au voisinage d’un petit arbre qui servira de tuteur, ou bien on leur
donne pour appui une haute perche enfoncée en terre. On a grand soin, sur¬
tout pour l’Igname indien, de choisir pour plant de fortes têtes de tuber¬
cules, c’est-'a-dire la souche de pieds vigoureux et adultes (un faible bourgeon
ne pouvant donner de bons résultats qu’après plusieurs années de culture). La
multiplication de l’Igname ne peut donc être rapide, car chaque souche arra¬
chée ne donne qu’un assez petit nombre de rejets forts et principaux, et le
cultivateur doit s’attacher à conserver soigneusement et à augmenter peu à
peu sa provision de beaux plants. Celui qui établit une nouvelle habitation,
s’il se trouve au voisinage d’un village indien, fera bien de leur acheter du
plant, car ils en ont toujours de fort beau. Celui qui n’aurait pas l’occasion
d’en acheter fera bien d’établir une pépinière où il multipliera la plante de
divisions de souche et de fragments de tubercules, et où il donnera de la force
au jeune plant en le soignant bien et le laissant plusieurs années sans le récol¬
ter. Quelques espèces d’ignames se prêtent à se multiplier de tubercules
coupés en morceaux ; d’autres donnent sur leurs tiges des tubercules aériens
qui peuvent se planter. Mais je crois qu’il doit falloir plusieurs années et des
soins pour amener de petits pieds grêles et faibles à l’état de bon plant,
L’Igname commence à végéter aux premières pluies, et, si le plant est bon,
la tige s’élève très-vite à une grande hauteur, avant même d’émettre des feuil¬
les bien formées. Si le plant était faible, la tige au contraire sortirait grêle et
développerait immédiatement des feuilles, mais elle ne tarderait pas beaucoup
à s’arrêter et sécherait au bout de peu de mois. Pendant que la feuille pousse,
il faut veiller à ce qu’elle s’enroule bien sur le tuteur ou les tuteurs qu’on lui
a donnés, de manière à se bien répandre et à bien recevoir la lumière, et eu
même temps on sarcle le pied et on le butte. L’Igname pays-nègre fleurit
souvent, mais je ne lui ai vu que des fleurs mâles. Il paraît que les pieds à
fleurs femelles sont beaucoup plus rares : j’en ai vu cependant dans les collec¬
tions botaniques. L’Igname indien fleurit assez rarement, et l’Igname franche
plus rarement encore. Je n’ai pas eu l’occasion de voir cette dernière en
fleur à la Guyane. La floraison n’a du reste rien d’essentiel pour la végéta¬
tion de la plante, et les pieds qui ont donné une forte tige, qu’elle ait ou non
fleuri, donnent de volumineux tubercules. La tige s’arrête, jaunit, puis sèche,
308
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
5, 6 ou 8 mois après être sortie de terre. Elle sèche d’autant plus vile que
le plant est plus jeune et le sol plus médiocre. L’Igname indien sèche plus
vite que l’Igname pays- nègre. L'atrophie de la tige marque la matura¬
tion des tubercules. Il est toutefois prudent d’attendre encore un peu pour
laisser à ceux-ci le temps d’achever de résorber les sucs de la tige et des radi¬
celles, et d’organiser complètement leur tissu. C’est en été, en août ou en
septembre, qu’on arrache les Ignames.
L’Igname indien a ses tubercules réunis en faisceau autour de la souche, et
s’arrache facilement. L’Igname pays-nègre, surtout si l’on est resté plusieurs
années sans la récoller, a son tubercule enfoncé profondément enterre, et il
est quelquefois assez laborieux de l’extraire.
Rendement . — Rien n’est plus difficile à évaluer que le rendement de
l’Igname. Quand on la cultive par touffes très-espacées dans un champ de
Manioc, il est assez embarrassant de faire son compte à part. D’un autre côté,
on n’en fait point de cultures exclusives, et je ne saurais trop dire, si l’on vou¬
lait en faire, de combien il faudrait espacer les pieds. Suivant la nature du
sol, le soin de la culture, la force des plants et l’espèce plantée, les tubercules
sont plus ou moins gros. J’admets que le poids d’un beau tubercule moyen
doit arriver de 2 à 5 kilogr. ; que celui d’un tubercule provenant d’un pied un
peu faible doit être d’un kilogr. Les racines énormes, exceptionnelles, provenant
généralement de pieds d’igname pays-nègre qu’on est resté plusieurs années
sans récolter, peuvent, d’après les auteurs, peser 12, 15 et 18 kilogr. En sup¬
posant, dans un champ planté exclusivement d’ignames, les pieds espacés de
2 mètres, le plus probable est qu’on récolterait environ 20 000 ou l\ 0 000 kilogr.
de tubercule. C’est plus que je n’ai assigné au Manioc, pour un an de végé¬
tation; mais je ferai remarquer que pour obtenir de tels résultats, il faudrait :
une terre meuble et riche, meilleure que celle où le Manioc se plante ordi¬
nairement; une culture plus soignée et plus dispendieuse; une provision de
beau plant, accumulée et conservée avec soin. Je ne conseillerais à personne
de telles plantations, autrement que par amusement et pour expérience sur
un petit espace. Le plus sage est de se contenter de planter des Ignames très-
espacées, intercalées dans des plantations de Manioc sur nouveaux défrichés
de grands bois. On peut alors supposer que les pieds sont éloignés de 5 à 10
mètres les uns des autres, et évaluer le produit probable de chaque touffe
à 3 ou 5 kilogr. L’Igname pays-nègre donnerait plus, au moins si on le
récoltait à deux ans.
Usage domestique. — La racine d’igname se cuit comme les pommes-de-
terre, à l’étouffée dans la vapeur d’eau ; il faut, surtout pour l’Igname pays-
nègre et l’Igname franche, la laisser au feu plus longtemps. On peut encore
peler la racine et la cuire par quartiers avec de la viande ou des légumes, ou
bien en préparer des sortes de bouillies. Les tubercules d’igname indien sont
excellents, tendres, farineux, et plaisent à tout le monde; ceux des deux au-
SÉANCE DU 2 II NOVEMBRE 1871.
309
très espèces sont sujets à être durs, si on les a pris sur de vieux pieds. Mis en
bouillie, ils paraîtront fades, si l’on n’a pas mis beaucoup de jus et d’accom¬
modement.
Les racines se récoltent à l’entrée, ou plutôt au milieu de la saison sèche,
en août ou septembre. Ils commencent à pousser en décembre, au retour des
pluies. Pour en jouir plus longtemps, si l’on en a récolté en abondance, on
sèche au soleil les tubercules, et on les conserve ensuite dans un lieu sec,
comme au-dessus du foyer. La sécheresse et la fumée les conservent.
Je crois que les racines d’ignames sont un aliment médiocrement nutritif.
Les analyses y indiquent peu d’albumine végétale. Elles contiennent beaucoup
d’amidon et de substance mucilagineuse et, surtout dans les racines de vieux
pieds, beaucoup de cellulose.
Des diverses espèces d'ignames. — Il me serait impossible de comparer,
au point de vue de la qualité et des avantages agricoles, les 15 ou 20 espèces
de Dioscorea qui sont cultivées dans les diverses parties de la zone intertro¬
picale. Je ne puis donner sur ce sujet que quelques indications générales, em¬
pruntées particulièrement à l’intéressant travail de M. Vieillard sur les plantes
cultivées à la Nouvelle-Calédonie.
Le Dioscorea aculeata paraît une des espèces dont les tubercules sont le plus
agréables au goût. La tige porte des épines recourbées ; les feuilles sont cordi-
formes entières ; le pétiole porte à sa base deux aiguillons. Les tubercules
sont arrondis, multiples, souvent suspendus à la souche par un fil radicel-
laire, ou plutôt par un stolon souterrain dont le tubercule représente le bour¬
geon terminal développé sous terre en forme de racine. Cette espèce paraît
devoir se recommander par son excellente qualité et sa facile multiplication.
]1 serait à désirer qu’elle fût introduite dans les colonies d’Amérique. Son
rhizome rameux stolonifère, le grand nombre de ses tubercules, 7 ou 8 (Vieil¬
lard), me font penser qu’elle pourrait se propager rapidement. Elle produirait
peut-être moins que les espèces à grosse racine , mais elle produirait plus
vite ei donnerait un aliment plus délicat.
Le Diosc. alata , qui est cultivé à Cayenne et aux Antilles en petite quan¬
tité sous le nom d’igname franche, est cultivé très-abondamment ti la Nou¬
velle-Calédonie et y reçoit de grands soins. On le plante, de tronçons de ra¬
cines, dans un sol bien façonné et ameubli. Les pieds sont très-rapprochés,
mais on a soin d’assurer aux tiges un développement et une aération suffi¬
sants, en leur donnant de très-hautes rames sur lesquelles on les dirige et on les
palisse en quelque sorte. La terre est soigneusement sarclée et buttée au pied.
Par cette culture intelligente et laborieuse, on obtient de grands produits.
M. Vieillard dit qu’on voit de gros tubercules peser 8 kilogr. , et que cette
plante, dont la culture à la Guyane a si peu d’importance, est la principale
ressource alimentaire des Néo-Calédoniens. On en distingue plusieurs variétés,
les unes à tubercules simples, les autres à tubercules lobés ou digités. Il y en
310
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
a à liges vertes et à tubercules à chair blanche; d’autres à lige pourpre vio¬
lacée et à tubercule à chair violacée. Ce même Diosc. alata est cultivé dans
les grandes îles de l’archipel malais et dans l’Inde, concurremment avec plu¬
sieurs autres espèces.
Le Diosc. globosa Rxb. est indiqué comme ayant de gros tubercules arron¬
dis. Le/>. rubella Rxb. a la racine oblongue. Le/), fasciculato Rxb. a plusieurs
racines allongées réunies en faisceau. Plusieurs espèces de l’Inde, de l’archi¬
pel indien et des îles Philippines sont représentées dans les herbiers par
des échantillons dont les tiges vigoureuses et les fleurs abondantes semblent
annoncer une forte végétation. Tels seraient le D. divaricata Blanco, le D. op-
positifolia, L. etc.
Le D. pentaphylla , qui se cultive, mais qui ne paraît pas une espèce très-
productive, est très-remarquable par ses feuilles profondément divisées en
U ou 5 lobes.
Le D. triphylla L. a les feuilles grandes, pubescentes divisées en 3 lobes
jusqu’à la base.
Le D. Batatas, originaire de Chine, présente un intérêt particulier, parce
qu’il supporte très-bien les climats tempérés. On le possède aujourd’hui dans
les jardins en France. Ses tubercules sont longs, grêles et réunis en faisceau,
ce qui en rendrait l’arrachage peu commode dans !a grande culture. Il vient
jusque dans le nord de la France, mais il ne peut pas y produire beaucoup,
car ses feuilles sont surprises encore vertes par les froids d’automne.
Des Ignames sauvages et cultivées. — Les Ignames sont peut-être le
genre botanique où les espèces sauvages et cultivées se ressemblent le plus
et semblent aptes au même usage économique et aux mêmes conditions de
végétation. Plusieurs espèces, qu’on trouve incontestablement sauvages (Z).
pentaphylla , Z), bulbifera , etc.}, fournissent des tubercules bons à manger.
Et d’une autre part les espèces cultivées, abandonnées à elles-mêmes dans
des champs délaissés, continuent à végéter au milieu des broussailles et même
des bois qui envahissent le sol, comme je l’ai observé pour le D. cayennensis
et le /). triloba à la Guyane.
On peut cependant remarquer que lesespèces sauvages présentent souventdes
tubercules empreints d’une certaine âcreté ; et dans quelques pays on les soumet
au lavage après les avoir divisés en tranches, ou les avoir même grossièrement
râpés. Elles semblent encore ne pas être très-productives, et si quelquefois on
leur trouve de gros tubercules, il faut les fouiller en terre très-profondément ;
ce qui semble indiquer une plante déjà âgée. Lesespèces très-cultivées parais¬
sent avoir été légèrement modifiées dans leurs conditions de végétation, quoi¬
que certainement elles l’aient été moins que le plus grand nombre des plantes
de nos cultures. Plusieurs ne fleurissent que rarement, et, quand elles fleuris¬
sent, donnent bien plus souvent des fleurs mâles que des fleurs femelles. Les
tubercules sont plus gros, plus précoces, plus tendres; contiennent plus de
SÉANCE DU 54 NOVEMBRE 1871. 31 1
fécule et moins de cellulose. Les tiges semblent chez quelques-unes avoir un
développement plus rapide et une vie plus courte.
De la distinction des espèces et de la distribution géographique dans le
genre Dioscorea. — Il ne faut pas s’étonner que les botanistes aient beaucoup
de peine à distinguer les espèces de ce genre difficile, et surtout qu’ils se
soient laissés aller à décrire, comme des espèces distinctes, des formes et des
étals différents de la même plante. Suivant la période de végétation, la position
des rameaux cueillis au pied d’une tige radicale ou à l’extrémité terminale de
la liane, les échantillons d’une même espèce présentent dans les herbiers une
lige plus grosse ou très-fine, pourvue d’ailes membraneuses ou n’en présen¬
tant que des traces presque insensibles, très-épineuse ou presque inerme, des
feuilles grandes ou petites, cordiformes ou ovales à base tronquée, profon¬
dément lobées ou à lobes peu marqués, alternes ou opposées. De là des hésita¬
tions et des erreurs inévitables pour ceux qui n’ont pas vu la plante vivante.
Plusieurs espèces fleurissent rarement ; et on ne les rencontre pas dans des
herbiers locaux, parce que le collecteur a dédaigné de prendre une espèce
qu’il ne rencontrait pas en fleur. Sans pouvoir l’assurer positivement, je suis
porté à présumer que les fleurs même n’ont pas une constance parfaite. La
longueur absolue des sépales, et leur longueur relative à l’égard des étamines
et de l’ovaire, le développement de l’ovaire (ou dans les fleurs mâles des éta¬
mines) varient probablement dans certaines limites, et de là de nouvelles subti¬
lités erronées dans la définition des espèces.
ÉTUDE SUR LES HIERACIUM DE LAPEYROUSE ET SUR LEUR SYNONYMIE (suite),
par M. Édouard IlllllÂL LAQBAVE (1).
Section IY. Cérinthoïdes.
25. Hieracium cerinthoides Lap. HlSt. pl. Pyr. p. A75. Gouail, III.
tab. 22, L l\ (II. Neocerinthe Fries, Monogr. p. 67).
Il est facile de savoir quelle est la plante que Lapeyrouse a nommée ainsi,
quoiqu’elle ne se trouve pas dans son herbier ; car la figure de Gouan, citée par
lui, ne peut laisser aucun doute dans l’esprit : elle représente en effet très-
exactement un Hieracium de la région alpine supérieure des Pyrénées, d’où
il ne descend pas. Il est parfaitement caractérisé par ses tiges dressées, à
rameaux nombreux, ses panicules étalées multiflores ; par ses feuilles étroites
spatulées, obtuses arrondies au sommet, subitement mucronées, atténuées en
un large pétiole denté à dents à bases larges et à pointes droites, les supérieures
embrassantes, courtes, dentées, très-atténuées au sommet ; par ses calathides
de taille moyenne, comparées aux autres espèces du groupe; par ses pédon-
(1) Voyez plus haut, p, â8.
812 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
cules glanduleux ; par les écailles du péricline glanduleuses, les inférieures
étalées.
Toute la plante est couverte de poils simples, peu abondants, on glanduleux ;
elle se rapproche un peu, par le port et le faciès, des variétés exiguës de
Y H. amplexicaule L. Sp.
Il nie semble que cette plante doit être considérée comme représentant
Y H. Neocerinthe F ries, puisque ce célèbre botaniste cite la même figure de
Gouan, qui, je le répète, est très-bien caractérisée. Je crois que mon ami
M. I mret s’est trompé, quand il a écrit (in Bull. Soc. bot. Fr. t. YI, p. 330)
que Y H. obovatum Lap. est spécifiquement identique avec Y H. Neocerinthe
Fries, synonyme répété récemment par M. F. Sclmltz, Arch. de Fl. p. 373.
Gouan, en figurant sa plante, avait cru représenter Y H. cerinthoides de
Linné, il a ainsi trompé tous les botanistes qui l’ont copié; mais ce dernier
a été ensuite figuré par Jacquin Austr. p. 87, sous le nom d'B. villosurn L. ,
ce qui est encore une erreur. L’//. villosurn L. est une autre plante des Alpes,
bien connue aujourd’hui.
26. il. flcxuosum Lap. Hist. pi. Pyr. p. 475, non Wald. et Kit. nec
DC. Fl. fr. V, p. 436 {H. cerint ho idi-lati folium Lap. Icon. dans l’album
de Mme Gineste).
Jusqu’à présent Y H. flexuosum Lap. a été réuni à Y H. cerinthoides auct.
non Linné, que j’ai nommé en 1864 H. Grenieri , quoique la figure de
Y H. flexuosum Wald. et Kit. ne puisse en aucune manière convenir à cette
plante. Maison pensait que Lapeyrouse avait décrit, comme type, la forme
commune dans toutes les Pyrénées, et sous le nom de flexuosum [3.
majus une autre espèce très-répandue dans le centre delà chaîne, principale¬
ment dans la région alpine supérieure, comme la Rencluse, la Maladelta, les
Plans des Étangs, etc.
L’embarras des auteurs est d’autant plus grand, que déjà Y H. flexuosum de
Waldstein et Kitaibel est pour plusieurs une plante critique elle-même. Ainsi
Koch, Syn. ed. 2, p. 519, la considère, d’après la figure citée, comme une
variété de Y H. villosurn L. Sp. 1130, et plus récemment MM. Grenier
et Godron, Fl. Fr. et Corse , t. II, p. 357, font le même rapprochement,
mais en exprimant un doute. Cependant Fries (dans les Symbolœ, p. 52, et
YEpierisis, p. 65) en donne une bonne description. Dans son dernier ouvrage
cet auteur serait porté à réunir Y H. flexuosum W. et Kit. à Y fl. speciosum
Horn. H. haf. p. 154; c’est même avec cette synonymie qu’en 1856 M. Kœr-
nicke m’a donné cette plante, cultivée alors sous ces deux noms au jardin
botanique de Berlin.
Quant à moi, je crois Y H. flexuosum W. et Kit. nne très-bonne espèce,
et partage l’opinion de Fries. De plus je la crois le type princeps d’un petit
groupe d’espèces ayant dans les Pyrénées deux ou trois représentants fort
remarquables. Si les auteurs doutent et hésitent encore, c’est que ces plantes
SÉANCE DU 2ll NOVEMBRE 1871. 313
ne sont pas suffisamment connues, parce que la figure servant de base à leur
appréciation est mauvaise.
Si j’en juge d’après les espèces pyrénéennes, que j’ai vues vivantes et même
soumises à des essais de culture, la figure de Waldstein représente un échan¬
tillon dépourvu de feuilles inférieures, qui sont desséchées quelquefois au
moment du complet développement de la plante. Celles qui sont représentées
dans la figure citée ne sont que les feuilles croissant au-dessus des radicales
et constituent une seconde évolution de la rosette des feuilles inférieures, radi¬
cales et suivantes. Celles de la première évolution sont produites à l’automne ;
elles deviennent très-grandes pendant la période hivernale et printanière; elles
sont en outre fermes et coriaces, très-développées, velues sur les nervures et
la partie inférieure ; le développement de la tige est précédé d’une nouvelle
production de feuilles qui constituent une rosette moins condensée, plus
espacée au bas des tiges. Ce sont celles représentées par la figure de Waldstein
et Kitaibel. On remarquera, si l’on est prévenu, que la figure citée indique la
trace et les cicatrices de ces feuilles, qui peuvent être détruites ou exister
encore au moment du complet développement du sujet : cela dépendra des
influences physiques auxquelles elles seront soumises, dans le lieu où la plante
sera obligée de vivre.
VH, flexuosum Lap. , plante curieuse et encore peu connue, se trouve dans
l’herbier Lapeyrouse, elle y porte l’étiquette d ' Hieracium cerinthoides L. ; tandis
quel’//, flexuosum Lap. véritable est représenté par un exemplaire d’//. rhom-
boidale Lap. Il y a évidemment transposition d’échantillons. Dans tous les cas,
cette espèce ne peut conserver le nom d 'H. flexuosum , ni celui plus impropre
encore d H. cerinthoidi-lali folium, qu’elle porte dans la figure conservée
dans l’album de Mme Gineste; je la nomme Hieracium Perusianum Nob.
Je distingue X Hieracium Perusianum Nob. aux caractères suivants :
Souche forte, vivace, très-vigoureuse, donnant naissance à des rosettes de
feuilles, et à des tiges très-nombreuses, de 3 à U décimètres de hauteur,
hérissées de poils simples à la base, glanduleux sous les pédoncules, fistu-
leuses, divisées au sommet en rameaux étalés uni-biflores, disposées en pani-
cules étalées, flexueuses ; calalhides très-grandes, les latérales dépassant les
terminales; périclines à écailles couvertes de longs poils blancs, simples, non
soyeux, égalant les aigrettes après l’anthèse ; fleurs ligulées, profondément den¬
tées, à dents obtuses ciliolées au sommet, de couleur jaune orangé très-pronon¬
cée. Feuilles inférieures de première évolution détruites, ou plus ou moins
desséchées, à l’époquede la floraison. Les suivantes ovales-lancéolées, dentées,
à dents espacées, à base large et prononcée, atténuées en pétioles larges et non
dentés, toutes très-hérissées sur les pétioles aux bords et à la face inférieure.
Les supérieures sessiles, embrassantes, ovales-lancéolées, à pointes longues
et atlénuées, un peu ondulées aux bords.
Je n’ai jamais vu cette espèce dans les Pyrénées françaises, ni dans les
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
U à
hautes Pyrénées, pas plus que dans les environs de Bagnères de Luchon.
Mais je l’ai rencontrée en abondance dans la vallée de la Noguera, sous le
port de Salo (Pyrénées de l’Ariége), sur le parapet du pont de Pinas, entre
Salo et Mout-Garry; toute la bâtisse en était couverte du côté du midi.
27. H. croaticum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 475 [F1. cerinthoicles Gr. et
God. Fl. de Fr. et Corse , II, p. 360, non L. — H. Grenieri Nob. in Bull .
Soc. bot. Fr. 1864, p. lxxxiii).
Pour justifier cette synonymie, j’ai besoin de donner quelques explica¬
tions. U est d’abord bien certain que VH. croaticum Lap. n’est pas la plante
de Waldstein et Kitaibel, puisque cette dernière est sûrement le Crépis suc-
cisœfolia Tausch, dont Lapeyronse a fait son H. altissimum, synonyme bien
connu. Mais Lapeyrouse, qui attachait au port et au faciès des plantes une
grande importance, n’a pas ainsi apprécié la figure de Waldstein et Kitaibel. 11
a préféré rapporter à VH. croaticum la plante commune dans les Pyrénées, et
donner au véritable croaticum un nom nouveau.
On s’explique bien la méprise de Lapeyrouse quand on connaît bien sa
méthode d’observer et de déterminer les plantes, et de plus quand on a vu vi¬
vants un grand nombre d’échantillons d'H. Grenieri. Si l’on n’adopte pas cette
synonymie, il faut admettre que Lapeyrouse n’a pas connu cette espèce qui
abonde dans toute la chaîne des Pyrénées, où elle offre de nombreuses varia¬
tions, dont certaines se rapprochent beaucoup de la ligure de VH. croaticum.
Cela n’est pas possible, et ce qui tend encore à justifier ce synonyme, c’est
que Lapeyrouse fait judicieusement remarquer que cette plante offre deux
variétés, l’une à calice (péricJine) et pédoncules couverts de poils longs et tomen-
teux, l’autre à poils noirs et droits, comme on l’observe dans Y FI. Grenieri ,
selon qu’on la prend dans les Pyrénées orientales ou dans d’autres parties de
la chaîne pyrénéenne, et souvent selon l’altitude.
Cette plante se trouve aussi dans son herbier sous le nom d'H. cerinthoides
L. [FF. Grenieri Nob.). Ce qui vient encore à l’appui de la synonymie que je
cherche à faire prévaloir.
28. si. compositum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 476.
V Hieracium compositum Lap. est assez bien établi pour être à l’abri de
toute critique ; je le considère comme un type autour duquel viennent se grou¬
per plusieurs formes affines, qu’une étude attentive et suivie nous fera plus tard
connaître. Cette plante est un des rares Hieracium bien figurés par Reichen-
bach; elle est très-voisine de VH. nobile Gr. et God. avec lequel Lapeyrouse
l’a confondue. L’herbier de ce botaniste en possède encore un très-bel échan¬
tillon bien caractérisé.
29. H. villosum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 476 (H. cerinthoides L. Sp.
p. 1129; Timb.-Lagr. in Bull. Soc. bot. Fr. 1864, p. lxxxiit ex parte. —
H . mixtum Frœl. ap. DC. Prodr. t. VII, p. 205 ex parte).
Pour établir cette synonymie, nous avons pris pour base la figure 87 de Jac-
SÉANCE DU 'Il l NOVEMBRE 1871. 315
quin Auslr.y citée par Lapeyrouse, qui représente VH. cerinthoides L. Sp.
1219, et qui n’a avec le villosum L. Sp. 1130, que des rapports éloignés.
Cette plante abonde dans les localités citées par Lapeyrouse : elle fleurit
une des premières dans le centre de la chaîne, sur les rochers calcaires,
à Esquierry, Cagire, Crabère, dans la région alpine inférieure.
Selon son habitude, Lapeyrouse a groupé autour de son H. villosum plu¬
sieurs variétés, mais, arrivé à la variété 8, il en fait une mention spéciale, il
cite en synonyme VH. saxatile Vil!. , la figure que cet auteur en donne,
et même l’échantillon qui se trouve dans l’herbier Chaix.
Il est bien évident que cette variété n’est autre qu’un Hieracium très-rap-
proché de la figure du saxatile Vill. Or, ce dernier ne croissant pas dans les
Pyrénées, je ne vois que VH. mixtum qui puisse avoir été pris pour la plante
qui y est commune. VH. mixtum , par sa grande dispersion, n’a pu échapper
au botaniste pyrénéen, qui se préoccupait beaucoup du plus ou moins de pu¬
bescence qui recouvre les divers organes de végétation de cette espèce. Il
offre lui-même une foule de variétés que nous espérons pouvoir faire connaître
dans la suite.
30. H. ciongatimi Lap. Hist. pi. Pyr. p. 476 (H . panduriforme Nob.).
V Hieracium elongatum de Lapeyrouse est certainement la plante la plus
douteuse des Hieracium des Pyrénées. Cette espèce peu connue, que j’ai vue
en abondance à la serre de Bouc, allant à Crabère, est très-voisine de VH.
rhomboidale Lap. , que quelques botanistes ne veulent pas admettre comme
espèce. Lapeyrouse les avait placés près l’un de l’autre, les faisant suivre de VH.
obovatum qui en est aussi très- rapproché; il se distingue cependant des deux,
par ses feuilles inférieures qui, comme le dit Lapeyrouse, ont un très-long
pétiole à peine ailé, fortement denté au bord par de grosses dents, celles de
la tige embrassantes, ovales dentées, les plus inférieures très-sensiblement pan-
duriformes ; les calathides sont plus grandes; toute la plante est plus glabres-
cente, plus pâle, comme un peu étiolée, et sa taille plus élevée.
Cette plante justifie à elle seule tout ce que nous avons dit sur la confusion
qu’on a mise dans l’herbier de Lapeyrouse, car on trouve, sous le nom d 'H.
elongatum , VH. rhomboidale , VH. vernum , Sang, et Maill. , une forme de
VH. murorum des auteurs, enfin un échantillon d’un Hieracium du groupe de
VH. elatum Fries, ou prenanthoides Vill. : ce qui est cause, comme l’ont fait
observer MM. Grenier et Godron, que l’on place VH. elongatum en syno¬
nyme, tantôt à 1’//. Neocerinthe Fries, tantôt à VH. boreale Fries ; mais il est
évident que si l’on veut le réunir à d’autres espèces, on doit le placer avec
les H. rhomboidale et obovatum, dont il est voisin.
Pour ma part, je crois au contraire qu’il doit être distingué et devra prendre
le nom d’IIiERACiUM panduriforme Nob., pour éviter encore la confusion,
ce nom d ’//. elongatum ayant été donné antérieurement par "Willdenow à une
autre espèce très-rapprochée de VH. villosum L.
3 H) SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
31. il. ri»onii»oid;»ic Lap. Hist.pl. Pyr. p. 477, cl in Mèm. Acad. Tout.
t. I, p. 215, tab. xviii.
Celte plante de Lapeyrouse est parfaitement comme ; elle est du reste très-
répandue dans toute la chaîne centrale des Pyrénées. Malheureusement les
auteurs ont toujours voulu la réunir à VH. cerinthoides de Gouan ( H . Neo-
cerinthe Fries), tandis qu’elle en est très- distincte par ses tiges simplement
bifurquées, à rameaux uni-biflores seulement. Calathides très-grandes ; pédon¬
cules couverts de poils noirs glanduleux, ainsi que les écailles du péricline :
Feuilles inférieures elliptiques-lancéolées, aiguës au sommet, insensiblement
atténuées en pétiole non denté, les supérieures trois ou quatre embrassantes,
courtes avec quelques poils au bord, ainsi que les inférieures. La souche est
forte et donne naissance à plusieurs rosettes florifères, produisant à leur tour
des tiges de 2 à 3 décimètres. Les calathides sont grandes, les rameaux por¬
tent deux ou trois fleurs.
Lapeyrouse donne de sa plante une figure parfaitement exacte : elle représente
un individu jeune, de taille moyenne, il est figuré au moment où la première
calathide est épanouie; plus tard la tige s’allonge et multiplie ses rameaux,
sans donner une panicule, comme dans le A 'eocerinthe Fries ; toute la plante
est velue, les poils sont courts sur la surface des feuilles, et au contraire très-
longs et tordus sur les pétioles et les nervures ; les poils des écailles du péri¬
cline sont longs, noirs, tous glanduleux. C’est pour nous une espèce commune
et très-bien caractérisée.
32. II. sericeum Lap. Hist. pl. Pyr. p. 477.
L 77. sericeum Lap. est certainement une espèce complexe, qui comprend
tous les Hieracium des Pyrénées, dont les feuilles sont couvertes d’une pubes¬
cence abondante, courte de manière à cacher plus ou moins le parenchyme
des feuilles, mêlée à des poils plus longs, souvent aussi très-nombreux dans
ce groupe d’espèces affines. La forme des feuilles est différente, les calathides
offrent aussi des caractères importants; mais on n’a pas voulu en tenir compte.
Obéissant à un parti pris d'avance, on a réuni ces espèces en une seule, sous
le nom d 'H. sericeum, comme l’avait fait Lapeyrouse. Mon ami Loret et
M. Clos ont même proposé de les rattacher comme variétés à VH. saxatile de
Villars, qui appartient également à la même section. Cependant Frœlich,
dans le Prodromus , a distingué les II. p/ilomoides et cordifulium Frœl. non
Lap., qui sont compris dans les H. sericeum h ap. M. Fries a tiré de cette
même plante 1’//. Loreti ; enfin plus récemment M. Schelie (in Linnæa , XVI)
a distingué plusieurs espèces aux dépens de ce même H . sericeum.
F. Schultz ( Arch . de Fl. p. 373) assure que V H . sericeum Lap., à pédon¬
cules glabres, est VH. laniferum Cavanilles, tandis que celui à pédoncules
glanduleux serait pour lui VH. phlomoides Frœl. Nous n’avons pu vérifier si
ces rapprochements sont exacts et s’il n’y aurait pas d’autres caractères qui
pussent séparer ces plantes entre elles.
317
SÉANCE DU 2/j NOVEMBRE 1871.
33. bi. aiatum Lap. Hist. pl. Pyr. p. A78.
VH. aiatum Lap. est une très-bonne espèce, qui est peu connue parce
que généralement elle ne vient pas dans les Pyrénées élevées, où tous les
botanistes portent leurs pas. Lapeyrouse l’indique dans la vallée d’Eynes et à
la montagne de Cagire où nous l’avons récoltée ; elle est plus commune encore
à la Penna blanca d’Arbas (Haute-Garonne); le dessus delà grotte de la Bou-
russeen est couvert, les grandes feuilles radicales en couronnent l’entrée.
VH. aiatum appartient au groupe de VH. fiexuosum Wald. et Kit.; il se
distingue parfaitement de tous les autres, comme le disent très-judicieusement
MM. Grenier et Godron {Fl. de Fr. et de Corse , II, p. 363), qui en donnent
une description très-exacte. Un échantillon de cette plante, sans feuilles radi¬
cales, se trouve encore dans l’herbier Lapeyrouse.
3 1\. H. ohovatiini Lap. Hist. pi. Pyr. Suppl, p. 129.
VH. obovatum Lap. est une espèce très-commune dans les basses Pyrénées,
elle est plus rare dans les autres parties de la chaîne; elle est très-voisine des
H. panduri forme et rhornboidale , entre lesquels elle doit être placée.
Ainsi que nous l’avons déjà dit, il se distingue très -bien de ces deux
espèces par l’absence de poils, si ce n’est un peu au collet et à la base des
pétioles des feuilles inférieures, par ses premières feuilles obovales sans pé¬
tioles, les radicales obovales largement arrondies, à pétioles larges et courts
relativement aux autres, les caulinaires sessiles, arrondies, deux ou trois, termi¬
nées brusquement en pointes courtes; par ses calathides grandes, son péri-
clineà écailles couvertes de poils courts, glanduleux etsimples, noirs, ses tiges
uni-biflores ; par ses rameaux arqués courts.
MM. Grenier et Godron (/. c.) réunissent comme variété cette plante à VH.
cerinthoides , tandis qu’ils rapportent les H. rhornboidale et elongatum en
simples synonymes au Neocerinthe Fries. Nous ne pouvons pas partager cette
opinion; VH. Neocerinthe Fries (//. cerinthoides Gouan non L.) est une
espèce entièrement séparée.
Les H. rhornboidale Lap,, elongatum Lap. et obovatum Lap., peuvent, si
l’on abuse de la synthèse, être réunis ; mais ces trois plantes sont, à mon avis,
trois espèces distinctes, par la permanence de leurs caractères et par leur
grande dispersion dans les Pyrénées.
Dans un autre travail nous tâcherons de faire connaître quelques Hieracium
réunis comme variétés aux précédents par Lapeyrouse, et d’autres méconnus
par lui. Ce botaniste a commis des erreurs ; il s’est souvent trompé, mais, quoi
qu’on en dise, pour son époque, avec le peu de travaux qu’on avait sur les
plantes de ces montagnes, il nous semble qu’il a bien mérité de la flore pyré¬
néenne. Il en est ainsi de tous les genres difficiles. Peut-on admettre que les
savants botanistes qui s’occupent aujourd’hui avec distinction des genres Rosa
et R ubus ne feront pas d’erreurs, et que, malgré leur grande sagacité, ils ne
318 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
laisseront pas beaucoup à faire après eux? Ils ne le pensent pas eux-mêmes et
ils ont bien raison.
« Nous sommes des hommes, écrivait Villars à Lapeyrouse : on ne peut pas
» attendre de nous des œuvres divines. »
M. Pérard présente à la Société le travail suivant :
ÉNUMÉRATION DES PHANÉROGAMES DE L’ARRONDISSEMENT DE MONTLUÇON (ADDENDA),
par M. A. Iȃ3SARS>.
RENOM U I i ACÉ ES.
Adonis L.
a. autumnaiis L. — Moissons. — Mai-juill. — @. — Calcaire. — II.
spontané.
Moissons aux environs de l’étang de Passai!!, où il n’est pas commun.
Souvent cultivé dans les jardins sous le nom de Goutte- de-sang, quelquefois subspon¬
tané dans les décombres près des habitations !!
Myosurus L.
M. miniums L. — Lieux humides. — Avril-juin. — ®. — R.
Bords sablonneux de l’étang de Passât !! A.C.
Ranuncumjs Tourn. , L.
R. reclus J. Bauh. , Bor. Fl. centr. éd. 3, n° 52. — Prairies. — Mai-juill.
— — A.C.
Env. de Montluçon, prairies du Montais!! bords du ruisseau de Nerde
à Marignon !!, etc.
R. ncmorhagus Jord. Diagn. — R. Friesanus Jord. Fragm ., Bor. Fl.
centr. éd. 3, n° 5A. — Bois, champs en friche. — Mai-juin. — ’2f. —
Peu C.
Environs de Domérat, près du chemin de fer !! ( Luc and ).
PAPAVÉRACÉES.
Papaver Tourn., L.
P. modestum Jord. — Champs incultes. — Mai-juill. — ®. — A.C.
Env. de Montluçon, Goutelle près du ravin de Gouttière!! et probable¬
ment ailleurs.
CRUCIFÈRES.
Myagrum L.
M. perfoiiaium L. — Moissons. — Mai-juill. — ®. — R. — Terrains
argileux ou calcaires.
Moissons aux environs de l’étang de Passât!!, où il es! commun.
SÉANCE DU 2 A NOVEMBRE 1 S7 J
319
Capsella Vent.
c. i'uhciii& Reuter Cat. pi. Genev. p. 22. — Lieux sablonneux. — 'Mars-
août. — ®. — Peu C.
Montluçon, alluvions du Cher!! env. d’Audes, champs du Cluzeau !!
Cette espèce n’étant pas décrite dans la Flore du centre, éd. 3, je crois utile de repro¬
duire la description donnée par Fauteur :
Sépales très-glabres, oblongs, rougeâtres au sommet, entourés d’un rebord membra¬
neux étroit; pétales obovés-rétus surpassant à peine le calice, égalant les étamines qui
sont delà même longueur que le pistil; anthères petites arrondies; silicules obcordées
triangulaires, très-atténuées à la base, égalant le pédicelle ou un peu plus courtes que
lui, tronquées-émarginées au sommet très-brièvement apiculé par le style, à lobes ar¬
rondis un peu divergents ; graines petites, oblongues, brunes, 5 ou 6 dans chaque
loge ; feuilles un peu luisantes, d’un vert foncé, les radicales et les inférieures lyrées-
pennatifides glabrescentes ou un peu hérissées, les supérieures entières, étroitement sagit-
tées à la base, à limbe étalé et recourbé. — Printemps et été.
Erophila DC.
(Draba verna L.).
Parmi les formes d 'E . vulgaris DC., je pense avoir distingué les suivantes
dans l’arrondissement; néanmoins M. Jordan les a tellement multipliées qu’il
m’a été difficile, môme avec l’aide de M. Bureau, de les déterminer d’une
façon certaine. Ces plantes sont tellement voisines qu’il me paraît impossible
de les considérer autrement que comme des formes d’un même type :
Eropliila vulgaris DC.
Forme a. breviscapa. — E. breviscapa Jord.? Diagn. p. 222. — Lieux sablon¬
neux. — Mars. — Montluçon, aux Iles, le Thet, les Nicauds !!
Hampes dressées ou ascendantes, courtes, flexueuses, hérissées sur¬
tout inférieurement; feuilles courtes, subovales-aiguës, rétrécies en un
court pétiole, souvent grossièrement dentées, d’un vert gai ou le plus
souvent rougeâtres; fleurs petites, pétales bifides jusqu’au milieu; pé¬
doncules étalés, courts, les inférieurs un peu plus longs que la silicule
elliptique-obovale.
M. Jordan, dans ses Diagnoses, dit qu’on la reconnaîtra à ses tiges
naines et un peu trapues, à ses feuilles courtes et assez larges, aiguës,
dentées, tantôt vertes et un peu tachées à la base, tantôt entièrement
d’un brun rougeâtre.
— b. muricola. — E. muricola Jord. Diagn . p. 224. — Lieux secs, rochers.
— Avril. — Gorge de Thizon !!
Hampes ascendantes ou subdiffuses, flexueuses, seulement un peu his-
pides inférieurement, en grappes courtes au sommet ; feuilles ovales ou
lancéolées, brièvement dentées, ou parfois presque entières, atténuées
en un pétiole un peu allongé, d’un vert gai, couvertes de poils simples
et bifurqués un peu mêlés; tleurs médiocres, pétales bifides au delà de
leur milieu ; pédoncules dressés-étalés, les inférieurs deux fois plus longs
que la silicule elliptique-obovale.
M. Jordan, dans ses Diagnoses, dit qu’elle est remarquable par son
port étalé et par ses grappes courtes ; ses silicules sont assez larges et
assez régulièrement obovales-elliptiques ; scs fleurs sont de grandeur
moyenne; ses feuilles sont d’un beau vert, plus ou moins dentées.
— c. rurivaga. — E. rurivaga Jord.? Diagn. p. 225. — • Lieux secs,
rochers. — Avril, — Gorge de Thizon !!
320
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Hampes ascendants ou dressées, flexueuses, souvent un peu his-
pides ; feuilles eliiptiques-lanccolées, brièvement et rarement dentées
un presque entières, d’un vert gai, le plus souvent non tachées vers le
pétiole, couvertes de poils bifurqués très-ouverts; fleurs médiocres,
pétales bifides au delà de leur milieu ; pédoncules dressés-étalés, les infé¬
rieurs à peine deux lois plus longs que la silicule oblongue ou subovale-
elliptique, rétrécie inférieurement et plus qu’au sommet.
M. Jordan dans ses Diagnoses, dit qu’elle ressemble beaucoup, par
l’aspect de ses fleurs et de ses silicules, à VE. muricola , seulement celles-
ci sont plus allongées et visiblement plus rétrécies au sommet. Ses
feuilles sont beaucoup moins dentées. Mais la pubescence offre une dif¬
férence plus saillante, qui ne permet pas de les confondre : les poils sim¬
ples étant, dans VE. rurivaga, presque nuis, et les poils bifurqués très-
nombreux, à branches allongées, très-étalées.
Forme d. brevipila. — E. brevipila Jord. Diagn. p. 237. — Pelouses sèches
des rochers. — Mars. — Montluçon, lavin de la Brosse au-dessous de
de l’étang, rive gauche du ruisseau des Maisons-Rouges!!
Hampes ascendantes ou dressées, flexueuses, munies d’une pubes¬
cence très-courte subétoilée ; feuilles courtes ovales ou elliptiqucs-
lancéolées, un peu aiguës, sensiblement étroites inférieurement, obscu¬
rément dentées ou entières, d’un vert foncé ou un peu grisâtre, marquées
souvent d’une tache brune-violacée vers le pétiole qui est court, couvertes
de poils très-courts bi- ou trifurqués et à branches très-ouvertes ; fleurs
très-petites, pétales bifides à peine jusqu’à leur milieu; pédoncules
dressés-étalés, les inférieurs presque deux fois plus longs que la sili¬
cule petite, presque également oblongue, un peu rétrécie au sommet et
légèrement à la base.
M. Jordan, dans ses Diagnoses , dit qu’elle est remarquable par ses
fleurs très-petites, ses pédoncules fructifères peu étalés, ses poils très-
courts et à branches très- ouvertes. Ses feuilles sont courtes, souvent
un peu larges, d’un vert foncé, un peu grisâtre; la tache du pétiole est
rembrunie, souvent tridentée au sommet. 11 ajoute qu’elle se distingue
de VE. cinerea par ses fleurs encore plus petites, ses silicules plus
comprimées, son style plus court, ses feuilles plus courtes et plus larges,
tachées à la base, d’un vert grisâtre, mais non cendrées-blanchâtres. Sa
fleuraison est très-précoce et non tardive.
— e. propinqua. — E. propinqua Jord. ined. — Pelouses sèches des rochers.
— Mars. — Montluçon, ravin de la Brosse, rive gauche du ruisseau
des Maisons-Bouges, au-dessous de l’étang! !
Hampes ascendantes ou dressées, flexueuses, hispides surtout infé¬
rieurement; feuilles allongées, oblongues ou lancéolées, rétrécies en
pétiole non taché, obscurément dentées ou entières, d’un vert gai,
velues-ciliées, poils simples et bifurqués mêlés; fleurs médiocres, pétales
profondément bifides ; pédoncules dressés-étalés, les inférieurs deux
fois plus longs que la silicule obovale-elliptique un peu rétrécie inférieu¬
rement et au sommet.
— f. slenocarpa. — E. stenocarpa Jord. Pug. p. 11 et Diagn. p. 239. — •
Bor. Fl. centr. éd. 3, p. 64. — Pelouses sèches, rochers. — Avril. —
Granité et calcaire. — A.C.
Montluçon, plateau de l’abbaye !! gorge du val du Diable près Déser-
tines !!
Hampes ascendantes ou dressées, flexueuses ; feuilles linéaires aiguës,
rétrécies en pétiole, chargées de poils nombreux trifurqués: fleurs
petites, pétales bifides à lobes un peu écartés ; pédoncules dressés,
flexueux, un peu étalés, les inférieurs au moins deux lois plus longs que
la silicule linéaire-oblongue rétrécie aux deux bouts.
M. Jordan, dans ses Diagnoses , dit qu’elle se reconnaîtra à ses fleurs
très-petites et à pétales très-étroits, ses feuilles étroites et dentées,
SÉANCE DU 2 A NOVEMBRE 1871. 32 1
très-vertes et constamment dépourvues de tache à leur base, ses tiges
Unes, relevées et ordinairement très-nombreuses.
Forme g. majuscula. — E. majuscula Jord. Puy. p. 11 et Diagn. p. 245. —
Bor. Fl. cenlr. éd. 3, p. 64. — Lieux sablonneux, champs. — Avril.
— C. — Alluvions du Cher !!
Hampes très-élevées, souvent hispides inférieurement. Feuilles larges,
allongées, obovales ou oblongues, lancéolées, entières ou dentées,
atténuées en pétiole à la base et chargées de poils bi- ou trifurqués
fleurs grandes, pétales bifides presque trois lois plus grands que le
calice ; pédoncules dressés -étalés, les inférieurs 3-4 fois plus longs que la
silicule oblongue-elliptique un peu rétrécie à la base et au sommet.
Dans ses Diagnoses , M. Jordan dit qu’elle diffère de VE. brevifolia par
ses fleurs notablement plus grandes, ses feuilles d’un vert pâle, un peu
grisâtres, plus grandes, de forme plus allongée, plus aiguës, plus lon¬
guement rétrécies en pétiole à la base. Elle s’éloigne de VE. occiden¬
tales par les mêmes caractères et, de plus, par ses silicules du double
plus grandes, à style moins écourté.
J’ai essayé de réunir le plus de caractères possible pour aider le
botaniste de ces contrées à reconnaître ces formes qui doivent être les
plus communes dans l’arrondissement, à en juger par le nombre assez
considérable d’échantillons que j’ai recueillis dans des stations dif¬
férentes.
VIOLAMÉES.
Viola Tourn. , L.
V. Reiclieiibachiana Jord. — - Bois. - — Avril— mai. — . — A. C.
Env. de Montluçon, lisière du bois de Chauvière !! Lavaux-Sainte-Anne !!
Quinsaines, bois tourbeux de Bodijoux !!
CA KYOIMIY LLÉ ES.
Cerastium L.
C. brachypetalum Desp. — Lieux sablonneux. — Avr. -juill. — ®.
— A. C.
Montluçon, alluvions du Cher sous Saint-Jean!! Env. de Lignerolles,
montagnes des bords du Cher!! pelouses des rochers du ravin de Gout¬
tière !!, etc.
CrÉRANIACÉES.
ERODJUM L’Hérit.
fe. triviale Jord. — Vignes, bords des chemins. — Mars-oct. — (D et ©.
— A.C.
Alluvions, vignes du Thet !!, etc.
E. commivtum Jord. — Lieux sablonneux. — - Avr. -sept. — ® et ©. —
R. — Stigmates d'un rose clair.
Alluvions du Cher, aux lies !!
Cette espèce a les pétales plus tachés (de noir) que VE. prælermissum Jord. dont
elle diffère à priori par ses stigmates. VE. triviale Jord. a les pétales non tachés.
T. XVIII. (séances) 21
SOCIETE BOTANIQUE UE FRANCE.
322
E. Boreanum Jord. — Lieux sablonneux. — JVlai-sept. — ©. — R1L
Alluvions du Cher aux lies!!, où il est rare.
On distinguera à priori cette espèce à ses fleurs d’un blanc rosé, les autres espèces,
reconnues jusqu’ici dans l’arrondissement, ayant les fleurs d’un rouge clair ou violet
pourpre. — L’ E. pilosum Ber. diffère de toutes les autres par les folioles de ses feuilles
fortement découpées (jusqu’à la côte).
BAESAMIAÉES.
Impatiens L.
I. iMoii-iungere L. — Lieux frais et couverts. — Juiu-juill. — ®. — R.
Euv. d’Audes, lieux marécageux de la prairie de Piau près du canal du
Berry !!, où cette espèce est commune.
LÉGUMINEUSES.
Trifolium Tourn., L. part.
T. sabuietoruin Jord. - — Lieux sablonneux. — Juill. -sept. — (2). —
Peu C.
Alluvions du Cher !!
T. gracile Thuill. — Champs sablonneux. — Juin-sept. — ®. — A.C.
Alluvions du Cher !! rochers du Gourre-du-Puy !!
Orobus Tourn., L.
O. ttiger L. — Bois. — Juin-juill. — RR.
Lavaux-Sainte-Anne (Sevrant sec. Bor. Fl. centr. éd. 1) ; bois d’Audes !!
où il est très-rare.
#
On trouve, au Bateau du Mas, une forme ( ladfolius ) de YO. tuberosus L. qui possède
des feuilles larges, mais qui ne noircissent pas ou très-peu par la dessiccation.
ROSACÉES.
Potentilla L. part.
p. supina L. — Grèves des étangs. — Juin-sept. — ®. — R.
Env. de Montluçon, étang de Passât !!, où il est très-commun.
Rubus Tourn., L.
(Frulicosi veri .)
15. silvaticus Bor. Fl. centr. éd. 3, p. 199 ; Weihe et Nees? — Bois. —
.luill-août. — — Peu C. — Bois d’Audes!!
K. iastîgiatns AVeihe et Nees. — R. suberectm Anders. sec. Bor. Fl. centr.
éd. 3, p. 20ù?— Bois couverts. — Juin-août. — . — Peu C.
Bois d’Audes !!
Turiou glabrescent, d’abord dressé, puis arqué, anguleux à faces planes, munis d’ai¬
guillons réguliers un peu arqués. Feuilles quinées, vertes sur les deux faces, pubescentes.
SEANCE DU 2li NOVEMBRE 1871.
3*23
minces; folioles assez longuement pétiolulées, les latérales ovales cuspidées, la termi¬
nale ovale-cordiforme , longuement cuspidée ; stipules linéaires, ciliées -glanduleuses ;
panicule ou grappe très-simple ; calice glabre à la base, pubescent au sommet, parfois
tomenteux sur les bords, réfléchi après l’anthèse ; pétales ovales, blancs (les pétales
jeunes sont d’un rose-pâle et blanchissenten vieillissant [ Chaboisseau /]), fruits médiocres,
noirs, d’une saveur agréable, acidulé. Floraison précoce par rapport aux autres espèces.
(Descript. d’après Weihe et Nees Rub. germ. p. 16, tab. 2, extr. et trad.)
Cette espèce se distingue surtout par la disposition de ses fleurs en grappes simples,
es pédoncules étant simples ou à peu près.
Depuis la publication de nos Rosacées, M. L. Gaston Genevier a publié, dans son Essai
monogr. des Rubus du bassin de la Loire (1869), les espèces suivantes rencontrées par
lui dans le sud-est du département de l’Ailier, aux environs de Vichy et de Cusset, Dans
son savant ouvrage, on trouvera une méthode dichotomique et les descriptions de ces
Rubus dont la plupart ne figurent pas dans la Flore du centre de la France.
Rubus agrestîs AV. et Kit., Gast. Genev. n° 28. — Haies. -Juin-août. —
l>. — Vichy, montagne Saint-Amand; Cusset.
Le R. diversifolius Lindl., cité par moi dans les environs de Montluçon, p. 81, est
décrit par M. Gast. Genevier sous le n° 26.
— cuspûiatus Muell., Gast. Genev. n° 41. — Bois frais. — Juin. — h.
— Cusset.
— caiiiphyiius Muell., Gast. Genev. n° 47. — Forets, bois. — Juin-juill,
— t>. — Cusset, à l’Ardoisière.
J’ai cité cette espèce aux environs de Montluçon, page 81 .
— ampiiioiias Muell. , Gast. Genev. n° 48. — Bois Irais. — Juin-juill. —
. — Cusset, à l’Ardoisière.
— emersistylus Muell., Gast. Genev. n° 52. — Bois. — Juill. — b . —
Cusset, bois montagneux, près de l’Ardoisière.
— ivienkcî AV. et N., Bor., Fl. centr. éd. 3, p. 197, Gast. Genev. n° 69.
— Bois montueux. — t,. — Juin-juill. — Cusset, à l’Ardoisière.
— hirtus AV. et Kit., Gast. Genev. n° 81, Bor. FL centr. éd. 3, p. 190.
— Bois montagneux. - — Juin-juill. — — Cusset, à l’Ardoisière.
— meianoxyion Muell. et AV ir tg. , Gast. Genev. n° 89. — Bois. — Juill. —
1? . — Cusset, à l’Ardoisière.
— ampiiicitioros Muell., Gast. Genev. n° 111. — Granité. — Juin-juill.
— Cusset, près de l’Ardoisière.
— ncmophiiiis Rip. , Gast. Genev. n° 132. — Haies, bois. — Juill. — b .
— Ilauterive, Vichy, Cusset.
— robustus Muell., Gast. Genev. n° 137. — Haies, bois. — Juin-juill. —
b — Vichy.
J’ai cité cette espèce aux environs de Montluçon, page 81.
— aibomicans Rip., Gast. Genev. n° 178. — Vignes, lieux pierreux. —
Juin-juill. — b . — Cusset, à l’Ardoisière.
— Lioycüanus Gast. Genev. n'1 185. — Coteaux et champs arides. — Juill.
— b. — Cusset.
‘V2/l SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
ituims tomentosns Borkh., Gast. Genev. il0 187, Bor. Fl. centr. éd. 3,
p. 201. — Champs incultes, buissons. — Jui 11. — — Vichy, Cusset.
J’ai cité cette espèce aux environs de Montluçon, page 81, je l’ai rencontrée depuis
près du ravin de Gouttière !!
— collinus DG., Bor., Fi. centr. éd. 3, p. 202, Gast. Genev. n° 189.
Lieux stériles ou incultes. — j?. — Juill. — Gannat (Bor. Fl. centr.).
On rencontrera probablement une partie de ces espèces dans l’arrondissement de Mont¬
luçon, dans la région des montagnes; néanmoins il est à remarquer que beaucoup
d’entre elles ont été récoltées à l’Ardoisière, près de Cusset, c’est-à-dire dans le terrain
de transition, qui n’a pas encore été observé dans l’arrondissement.
Rosa Tourn., L.
(Canines.)
tt. dnmetornm Thuill. — Haies. — Mai-juin. — ^ . — Peu G. — Feuilles
pubescentes.
Env. de Montluçon, avenue du château de Gouttière!!
R, amiegaveiisis Basl. — Haies. — Mai-juin. — . — Peu G. — Feuilles
glabres.
Haies du chemin, au-dessus de Lavaux-Sainte-Anne, et qui va à Traîne-
Balais!!
Varie à fleurs blanches. — Même localité.
SANG1J1SORBÉES.
POTERIUM L.
p. platyiophum Jord. — P. muricatum a Spach. — Champs. — Mai-juill.
— — A. G.
Env. de Montluçon, champs aux environs de Goutelle et du ravin de
Gouttière !!, etc.
p. stcnoiopiium .lord. — lJ. muricatum (3 Spach. — Pelouses sèches. —
Mai-juill. — — A. G.
Montluçon, talus du bois de la Liaudon !!, etc.
Ces deux espèces remplacent le P. muricatum Spach, page 84.
P. gucstpliaücum Bœuningh. — Coteaux arides, talus secs. — Mai-juill. —
— A. R. — Terrains argileux ou calcaires.
Montluçon, coteau de l’Abbaye!! G.; env. d’Andes, monticule calcaire
de Pian, près du canal !! Passât, talus près de l’étang !!
Cette espèce se distingue à priori des trois autres par ses tiges grêles, hérissées
surtout à la base.
HA EOR ÂGÉES.
Callitriche L.
C. hamuiata kuelz. — Rivières. — .luiu-sept. — (ï) ou r. — Peu G.
Dans le Cher au-dessous des Varenues !!
SÉANCE DU klh NOVEMBRE 1871 .
325
CUASSULJLCÉES.
Sedum L.
I
s. cæsium Bor. Monogr . inéd. — Rochers et lieux secs. — Juill. — if.
Env. de Montluçon, talus rocailleux du Bateau du Mas, près de la Tarde î!
sur la limite de l’arrondissement et probablement ailleurs.
Cette espèce ne figurant pas encore dans la Flore du centre de la France, M. Boreau
a eu l’obligeance de m’adresser la description et les observations suivantes :
Sedum cæsium Boreau Fl. centr. Suppl, (inédit). — S. glaucum Smith? non Waldst. et
Kit. — Tiges de 2 à 3 décim. couchées à la base puis redressées ; feuilles glauques
ponctuées; rejets stériles oblongs, à feuilles non sériées, imbriquées, cylindriques
mucronées, les caulinaires petites apprimées un peu aplanies, prolongées à la base
en appendice court, tronqué ; cyme serrée, penchée avant l’anthèse, à rameaux courts,
munis de bractées; fleurs d’un beau jaune, la plupart sessiles sur les axes; calice à
lobes petits lancéolés, un peu pointus ; boutons en pyramide oblongue, à partie sail¬
lante de la corolle dépassant au moins trois fois le calice au moment de l’épanouis¬
sement ; 6-7 pétales étalés, oblongs un peu en canal, poils hyalins très-courts au fond
de la fleur ; bec des carpelles un peu plus court que les étamines ; écaille necta-
rifère presque carrée, à angles émoussés. — Commencement de juillet. — 2:. —
Lieux secs et pierreux, — C.
Obs. — Très-voisin du S. albescens Haw., qui diffère par sa taille et ses proportions
moitié plus petites, par les boutons en pyramide obtuse, à partie saillante dépas¬
sant le calice environ deux fois et non trois fois, par les rameaux de la cyme très-
peu étalés et non à la fin scorpioïdes. — Le S. collinum Willd., qui croît aussi au
bord du Cher, diffère par sa fleuraison un peu plus tardive, les feuilles plus étalées et
atténuées en pointe subulée blanchâtre et qui ne sont pas seulement mucronées comme
dans le S. cæsium.
Un petit Sedum , dont les pétales sont acuminés et qui aurait été recueilli sur les rochers
du Gourre-du-Puy, près de Montluçon, m’a été remis en mauvais état sous le nom de
S. hirsulum Ail. Après de minutieuses recherches dans la localité indiquée, je n’ai
rencontré aucun pied de cette espèce. Jusqu’à plus ample confirmation dans l’arrondis¬
sement, je me contente donc de signaler le fait pour mémoire. Du reste le S. hirsutum
Ail. n’a encore été observé jusqu’ici que dans le sud du département, d’après M. Boreau,
à qui j’ai communiqué l’échantillon douteux cité plus haut.
OilBELLIFÈRE:^
OEnanthe Tourn. , L.
05. peucedanifoiia Poil. — Prairies humides. — Mai-juin. — r. — À.C.
Env. de Montluçon, prairies de Montgacherü Marmignolles et Déser-
tinesü env. de Passât, prairies des domaines de Chaput et des Gosis !! env.
de Vaux-sur-Cher et d’Audes !!, etc.
CAPR1FOMACÉE&.
Sambucus Tourn., L.
s. racemosa L. — Bois montagneux dans le granité. — Fl. avr.-mai, Fr.
juill. -août — t) . — A. R.
Marcillat, bois du Chignoux, au bord de la route de Saint-Pardoux î
( Mm • Vaillant.)
320
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
M. L. de Lambertye [Bull. Soc. d’émul. de l'Ailier, !. X, p. 39) l'indique près de cette
localité, env. de Chambouchard (Creuse).
RIIIIICKES.
Galium L.
g. viriduium Jord. Pug. p. 79. — Pelouses montueuses, talus secs et
pierreux surtout dans le granité. — Fl. juin, Fr. juillet. — — Peu G.
Env. de Montluçon, Bateau du Mas à l’entrée du chemin de Saint-Ma-
rien î! sur la limite de P arrondissement et probablement ailleurs.
Cette espèce ne figurant pas encore dans la Flore du centre de la France , j’ai traduit
la description suivante deM. Jordan :
Panicules allongées, à rameaux le plus souvent étalés ou défléchis, en grappes oblon-
gues terminées par des grappes plus petites ovales-oblongues, mnltiflores à fleurs rap¬
prochées ; pédicelles trois fois plus longs que l’ovaire subarrondi ; corolles petites blanchâ¬
tres à lobes lancéolés-oblongs apiculés; styles très-courts , soudés dans leur moitié infé¬
rieure, dressés ou subétalés, beaucoup plus courts que l’ovaire; fruit petit brunâtre
finement granulé; feuilles d’un vert gai, un peu luisantes , presque papilleuses, non
épaisses, subtransparentes, les caulinaires habituellement verticillées par huit, étalées
défléchies, linéaires, rétrécies à la base, très-aiguës au sommet, mucronées, munies en
dessous d’une nervure légère un peu saillante, à bords légèrement enroulés et munies
d’aiguillons faibles ascendants, nombreux et rapprochés ; tiges diffuses à la base, ascen¬
dantes, dressées sans roideur, renflées aux nœuds, souvent pubescentes ; racine grêle,
rameuse, très-longuement rampante.
Cette espèce appartient à la section du G. silvestre Poil., avec lequel je l’avais confon¬
due et qui doit être moins commun dans l’arrondissement que je ne l’ai indiqué page 99.
Le G. silvestre Poil, paraît en différer à priori par ses feuilles moins aiguës, à nervures
saillantes et plus épaisses.
Le G. viriduium Jord. est voisin du G. rigidum Vill., dont il se distingue par ses
fleurs deux fois plus petites, par les styles plus courts, les fruits plus petits, les feuilles
beaucoup plus minces et plus aiguës, par sa racine grêle très-longuement rampante.
G. supimim Lamk. — Rochers, broussailles. — Juin -juill. — ’2f. — Peu G.
Forme odoratum. — Montluçon, rochers du Gourre-du-Puy ! ! — Cette forme est odo¬
rante à l’état frais et sec et a l’odeur de 1 ’Âsperula odorata L. (sec); elle est telle¬
ment voisine du G. supinum Lamk (lequel n’est pas odorant), qu’il a été impossible de la
séparer de cette dernière espèce. J’ai, du reste, consulté à ce sujet le savant auteur de
la Flore du centre , et, après examen, il a jugé lui-même que notre plante ne pouvait être
qu’une forme voisine du G. supinum Lamk.
J’ai rencontré, sur les rochers un peu humides, dans la gorge du val du Diable près
Désertines, un Galium à tige grêle, rameux au sommet et à la base, à feuilles verticil¬
lées par 6 ou 7, linéaires, terminées par un mucron très-prononcé, lisses au bord, et qui
paraît intermédiaire entre les G. commutalum Jord. et lœve Thuill. , mais plus voisin de
ce dernier.
G. augiicum Huds. — Lieux sablonneux ou pierreux. — Juin-août. — - @
et (Z). — Peu C.
Montluçon, alluvions du Cher, au-dessous de Saint-Jean!! où il est assez
commun.
Le Galium saxalile L. est commun dans les bois montagneux de l’arrondissement, du
côté du Marcillat; clairières sèches du bois des Champeaux !!
Crucianella L.
€. angustifoiia G. — Lieux sablonneux. — Juin— juill. — 0. — Peu G.
SÉANCE DE '2 II NOVEMBRE ! S7 l .
3*27
Montluçon, bords du Cher!!, où il esl rare et apporté probablement
des montagnes avec les débris granitiques. — Désertines, montagnes arides
de la gorge du val du Diable!!, où il est commun.
Dans cette dernière localité, les tiges, au lieu d’être dressées, sont couchées et les
rameaux divariqués très-étalés (forme supino-divaricata) .
COMPOSÉES.
Arnica L.
a. montana L. — Bois, bruyères. — Juin-juill. — 2f. — PvR.
Env. de Marcillat, clairières du bois des Champeaux!! sur la limite de
l’Ailier et du Puy-de-Dôme (Mme E. Duché). Alt. 495 in.
Cette espèce croît sur un espace restreint, et il est à espérer que l’exploitation actuelle
de ces bois pour le charbon ne la fasse pas disparaître. Elle a été indiquée en 1822 k
Néris par Boirot-Desserviers.
Senecio L.
s. aquaticus Huds. — Prairies humides et marécageuses. — - Juin-août.—*
— Peu C.
Env. de Passât, prairies du domaine de Chaput !! Perreguines, boires près
de l’écluse du canal !!
Hypochoeris L.
(Achyrophorus Scop.)
u. macula ta L. — Achyrophorus maculatus Scop. — Pâturages des bois,
bruyères. — Juin-août. — — R. — Brandes et clairières du bois
d’Audesü, où il est assez commun.
Dans les champs humides, on trouve parfois une forme élancée de VH. radicata L.,
à feuilles sinuées, un peu maculées lavées de rouge (H. maculala L., Migout Fl. de
l'Ailier , aux Cluzeaux près Montluçon). — Prairies de Chambiet !!
Scorzonera Tourn., L. part.
s. iiumiiis L. — Bois humides et prairies marécageuses. — Mai-juill. —
®- — G.
Montluçon, prairies de la Brosse!! JNéris, prairies au-dessous de Bloux !!
Ouinsaines, tourbières de Le Méry et du bois de Bodijoux !! env.d’Audes,
dans le bois et près du château de la Crête!! prairies du Cluzeau d’Au-
des !! env. de la Chapelaude, les Couteaux, etc.
Plante variable, tantôt à tige basse et à feuilles courtes, tantôt élevée à feuilles allon¬
gées. — Le S. plantaginea Schleich. du bois de la Liaudon, ne me paraît être qu’une
forme plus élancée à feuilles très-allongées, probablement parce qu’elle croît dans des
endroits tourbeux et ombragés.
Taraxacum Juss.
— Lieux sablonneux. — Avril-mai. — — A.C,
T. lævigatum RC.
3*28
SOCIÉTÉ BOTANIQUE UE FRANCE.
Alluvions du Cher et des torrents, vallée du ruisseau de Nérisü, elc.
Le T. erythrospermum Andrz. est une forme de celte espèce à fruits rougeâtres.
Hteracium Tourn., L. part.
Section umbellatum.
il. Boreanum Jord. — Taillis à découvert. — J uill. -août. — if. — Peu C.
Montluçon, vallée de l’Amaron, talus boisés du chemin de fer près du
quatrième tunnel.
Section silvalicum.
H. auriiientmu Jord. — Bois. — Juiu-juill. — if. — K.
Env. de Marcillat, clairières du bois des Champeaux !!
II. paiicinævuoi Jord. — Taillis, rochers. • — Juiu-juill. — if. — Peu C.
— Granité.
Bateau du Mas, taillis du chemin de Saint-Marien !!
H. nsevniiferum Jord. — Faillis, bois. — Juiu-juill. — if. — A .G.
Env. d’Audes, lisière du bois d’ Andes, du côté du chemin de Vaux-sur-
Cherü taillis au-dessus de l’église de Nassigny !!
H. spurcatuui Jord. — Taillis, bois. — Juiu-juill. — ty. — Peu C.
Env. de Montluçon, taillis du ravin de Gouttière, rochers des bords de
la route de Goutelleü C.
• Section murorum.
H. failens Jord. — Bois. — Mai-juin. — ?f . — R.
Env. de Marcillat, talus de la route de Saint-Pardoux, près du bois du
Chignoux !!
u. scabripes Jord. — Bois couverts. — Mai-juin. — if. — Peu C. —
Granité. — Env. de Montluçon, ravin du bois de Chauvièreü
PRIMULACÉE».
Samolus L.
s. l’aieramli L. — Lieux humides. — Juin-août. — if. — RR.
Env. de Montluçon, dans les bruyères côte nord au Roc-du-Saint
(L. de Lamberlye Bull. Soc. d'émul. de l'Ailier , t. X, p. 39).
SCROFITLARIÉFS.
Euphrasia Tourn. L. part.
E. officinal!» L. — Prairies. — Juin-sept. — ®. — A. B.
Env. de Marcillat, prairie de l’étang de la Romagère !!
SÉANCE nu V | NOVEMBRE 1 S 7 1 .
S 20
Clef dichotomique du genre hiuphrasia.
A. Section 1. Glandulosæ.
Tige velue glanduleuse au moins supérieurement , ou feuilles velues-glanduleuses.
Calice toujours velu , le plus souvent glanduleux.
\ Fleurs petites, tube de la corolle inclus dans le calice . 2
( Fleurs assez grandes . « . 3
! Feuilles largement ovales, pubescence glanduleuse dense . K. hirtella Jord.
Feuilles médiocres à dents obtuses , pubescence courte et roide , tige grosse sub-
fistuleuse . E.polyadena Gren. et Roux.
^ j Capsules dépassant la feuille florale . E. campestris Jord.
( Capsules ne dépassant pas la feuille florale . ï
/Feuilles larges, obtuses, toutes à dents obtuses, grappe interrompue à la base .
^ \ . E. montana Jord.
î Feuilles sup. à dents brièvement acuminées, grappe non interrompue à la base . .
\ . 5.
ÎTige couverte de poils longs et mous , glanduleux abondants . E. officinalis L.
Tige munie de poils courts , moins glanduleux, rameaux plus ouverts . »
. E. uliginosa Ducommuu
B. Section 2. Eglandulosæ.
Tige plus ou moins velue, non glanduleuse ; feuilles glabres ou glabrescentes (rare¬
ment hispides) non glanduleuses , calice glabre ou plus ou moins velu, rarement un peu
glanduleux.
Corolle blanche mêlée de bleu, de lilas ou de jaune . 3.
Corolle très-petite toute jaune ou jaune à lèvre sup. lilas, plante naine . 2.
9( Feuilles à dents sup. aiguës . ' . E. minima Jacq.
( Feuilles très-petites à dents toutes obtuses , tige filiforme . E. minor Jord.
^ { Capsule dépassant la feuille florale . 4.
( Capsule ne dépassant pas la feuille florale, généralement plus courte . 7.
STige grêle, fleurs en grappes lâches, capsules non émarginées au sommet et tron¬
quées . E. gracilis Fr. E. nemorosa Pers.
k Capsules mucronées, émarginées au sommet . 5.
- t Fleurs en grappes courtes, grosses, plante trapue, tige grosse. . . E. nitidula Reut.
) Fleurs en grappes allongées, plante naine . ... 6.
^ \ Feuilles à dents sup. aiguës . E . minima Jacq.
(Feuilles très-petites à dents toutes obtuses, tige filiforme . E. minor Jord.
« i Feuilles pubescentes hispides . E. puberula Jord.
\ Feuilles glabres ou glabrescentes . 8.
g t Feuilles linéaires munies vers leur tiers sup. de deux dents aiguës. E. tricuspidata L.
(Feuilles dentées à plusieurs dents . 9.
/ Épi comme quadrangulaire , feuilles épaisses , dentées, la sup. à dent terminale
toujours ovale . E. telraquetra Arrondeau.
| Fleurs en grappe serrée ou lâche, feuilles sup. à dents toutes aiguës, ou cuspidées,
v ou brièvement acuminées . 10.
f Calice velu ou subglanduleux . 11.
j Calice glabre ou glabrescent . 13.
I Feuilles ovales-oblongues ou oblongues, fleurs médiocres ou petites, calice velu. 12.
H Feuilles lancéolées linéaires ou à peu près, fleurs grandes, calice subglanduleux. . .
f . E. ramosissima Reut.
530 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
{ Feuilles vertes à dents des feuilles sup. étalées , subulées . . E. majalis Jord.
1 2 ) Feuilles d'un vert rembruni ou cuivré, dents des feuilles sup. corrigées, longues ,
( cuspidées. — Plante brune ou noirâtre . E. cuprœa Jord.
^ | Fleurs grandes, tube de la corolle très-saillant hors du calice. ... E. alpina Jord .
i Feuilles ovales ou oblongues à dents subobtuses ou aiguës . 16.
14 i Feuilles lancéolées-oblongues ou lancéolées, à dents très-profondes acuminées-aris-
tées . 15.
; Tige simple ou rameuse vers son milieu, feuilles lancéolées .
15 ' . E. salisburgensis Funk.
j Tige ord. rameuse dès la base, feuilles lancéolées oblongues .
, . E. Soyeri Timb.-Lagr.
/ Feuilles inf. à dents subobtuses , fleurs en grappes lâches , capsules émarginées-
mucronées . E. rigidula Jord.
Feuilles à dents toutes aiguës, fleurs en grappe, rapprochées-serrées, capsules mu-
cronées-arrondies au sommet . E. ericetorum Jord.
SAXICINÉES.
§aiix pcntandra L. — Bords des eaux. — Mai-juin. — — BR.
Env. de Terjat, sur le bord des prairies à Beausson (L. de Lambertye
Bull. Soc. d'émul. de l'Ailier , t. X, p. 39).
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871.
PRÉSIDENCE DE M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE.
M. Larcher, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de
la séance du 2Zi novembre, dont la rédaction est adoptée.
Par suite des présentations faites dans la dernière séance,
M. le Président prononce l’admission de :
MM. Leclerc (François), ancien pharmacien, à Seurre (Côte-
d’Or), présenté par MM. Fr. Lombard et Ch. Royer ;
Vendrvès, attaché au ministère de l’Instruction publique,
place Saint-Sulpice, h , à Paris, présenté par MM. Ad.
Larcher et Aug. Delon dre.
M. le Président annonce en outre une nouvelle présentation, et
rappelle à la Société la mort prématurée et bien regrettable de
M. Henri Fournier, ancien membre, décédé à Paris en août dernier,
à l’àge de trente-quatre ans.
MM. Posada-Arango, Tourlet et le Rév. Colvin, membres de la
SÉANCE DU S DÉCEMBRE 1871. 331
Société, sont proclamés membres à vie, sur la déclaration faite par
Mo le Trésorier, qu’ils ont rempli les conditions auxquelles est
soumise l’obtention de ce titre.
A l’occasion des dons faits à la Société, M. Duchartre appelle
l’attention sur l’annonce de la publication prochaine d’un nouveau
Nomenclator botanicus , par M. Louis Pfeiffer. Il offre ensuite à
la Société une brochure comprenant la série des articles récemment
publiés par lui sur le genre Lilium.
M. Aug. Delondre communique à la Société une lettre reçue
parM. le Secrétaire général, de M. l’abbé Boulay (datée de Saint-
Dié en Vosges, le 21 novembre), qui annonce la découverte faite par
lui à Gérardmer de XHyocomium flagellare B. S., près du Saut -
des-Cuves. Cette espèce, dit M. Boulay, est nouvelle pour nos ré¬
gions de l’Est, si l’on ne tient pas compte delà localité de Geroldsau
près Baden (Grand-duché de Bade).
M. Van Tieghem fait à la Société la communication suivante :
SUR LES CANAUX OLÉIFÈRES DES COMPOSÉES, par M. Ph. VAX TIEfeHEM.
ï. — Appareil oléifère de l’OEillet-d’Inde (Tagetes patula) (suite).
Tige.
Etudions la tige jeune, avant l’apparition des formations secondaires, et por¬
tons d'abord notre attention sur sa région hypocotylée ou ligelle, et notam¬
ment sur la base de cette région, là où s’opère le passage de la racine prin¬
cipale à la tige. Ce passage est indiqué au dehors par une ligne circulaire
très-nette séparant l'épiderme rose et lisse de la tigelle de l’épiderme gris et
velu de la racine.
D’une façon générale, il existe toujours entre ces deux épidermes une
brusque différence qui indique nettement an dehors la limite entre la racine et
la tige, et cette différence superficielle provientde la différence d’origine des deux
organes. La tigelle, en effet, est un axe primitif exogène, tandis que la racine
principale est un axe secondaire endogène. La tigelle de la plantule est issue
du simple allongement de la tigelle de l’embryon, laquelle s’est développée
directement dans le sac embryonnaire par les segmentations successives de la
moitié inférieure de la cellule primordiale. Sa surface externe, son épiderme,
a donc toujours été extérieur. La racine principale au contraire est née à l’in¬
térieur du tissu de la tigelle, au voisinage de sa base, c’est-à-dire de son point
d’attache au suspenseur, par la formation d’une calotte de cellules génératrices
à une certaine profondeur au-dessous de ce point d’attache. Ces cellules géné-
SOCIÉTÉ ROTANIQUE DE FRANCE.
ralrices, se divisant à la fois vers le suspenseur ei vers la tigelle, donnent
d’un côté la coiffe et de l’autre le corps même de la racine. Ce corps est plus
ou moins développé dans l’embryon. A la germination, le cône radical refoule
le sac formé autour de lui par le tissu périphérique de la base de la tigelle et
s’allonge au dehors. Dans un certain nombre de cas ( Tropœolum , Grami¬
nées, etc.), ce tissu périphérique est épais et après sa rupture il subsiste en
forme de manchette autour de la racine principale. Mais dans la plupart des
plantes, le sac est très-mince, il s’émiette en quelque sorte et disparaît de
bonne heure, de sorte que la manchette se réduit à une ligne nette circonscri¬
vant la base du pivot. Ainsi, sous le rapport de son origine endogène, le pivot
se comporte comme toutes les racines adventives primaires, et comme toutes les
racines normales secondaires, tertiaires, etc.; il n’en diffère que par sa position
terminale. Donc, la surface externe de la racine, son épiderme, était d’abord
intérieure à un tissu préexistant; la surface externe de la tige, son épiderme, a
toujours été extérieure. De là, la nature différente de ces deux surfaces, et dans
le premier âge, tant que les épidermes ne sont pas exfoliés, une limite fort nette.
Ceci posé, cherchons dans le cas particulier qui nous occupe aujourd’hui
si cette limite superficielle facile à constater, mais essentiellement éphémère,
ne coïncide pas avec une limite interne fondée sur l’organisation du cylindre
central, un peu moins aisée à apprécier peut-être, mais indéfiniment persis¬
tante et inaltérable.
Quand par une série de sections à travers la partie supérieure du pivot on
s’approche de sa base, on voit les deux lames vasculaires se séparer au centre
à cause du brusque élargissement du cylindre central, tandis que le tissu
conjonctif se développant à mesure remplit tout l’espace laissé entre elles. Puis
chaque lame cunéiforme se scinde en deux suivant son rayon médian et à
partir du centre, et il en est de même des deux faisceaux libériens dont les deux
moitiés s’écartent simplement l’une de l’autre. Chaque moitié de la lame vas¬
culaire primitive tourne alors autour de la pointe commune immobile, c’est-
à-dire autour du premier vaisseau formé qui reste en place, et quand la rota¬
tion est de 90 degrés, les deux moitiés sont dans le prolongement l’une de
l’autre, pointe contre pointe. Elles s’arquent ensuite en dehors de manière à
venir placer leur base élargie contre le bord interne de la moitié correspon¬
dante du faisceau libérien, puis elles achèvent de se séparer en isolant leurs
pointes du premier vaisseau formé qui demeure en place. Enfin, elles se
ramassent sur elles-mêmes en superposition avec les faisceaux libériens, et
finissent par tourner vers le centre leurs vaisseaux les plus étroits. Ainsi, pen¬
dant que le liber primaire subit un dédoublement et une translation latérale,
le bois primaire subit un dédoublement, une translation latérale et une rota¬
tion de 180 degrés. Il était centripète, il est devenu centrifuge. Il était alterne
avec le liber primaire, il lui est désormais superposé. Nous étions tout à
l’heure dans la racine, c’est-à-dire au-dessous de la limite superficielle dont
SÉANCE DtJ 8 DÉCEMBRE J 871.
333
nous venons de parler; nous sommes maintenant dans la tige, c’est-à-dire
au-dessus de cette limite, et il y a exacte coïncidence dans les deux passages.
Là donc où s’opèrent le dédoublement du faisceau vasculaire ou du bois pri¬
maire, la demi-rotation qui le rend centrifuge et la translation latérale qui
l’amène à se superposer au bord interne du liber primaire lui-même dédoublé
et dévié, là est la limite anatomique, la séparation interne entre la racine et la
tige (1).
La tigelle possède donc dès sa base quatre faisceaux doubles libéro-ligneux
disposés en cercle, dont aucun ne continue la direction des quatre faisceaux
simples purement libériens et purement ligneux du pivot, mais qui alternent
exactement avec eux. Les cotylédons qui la terminent s’insèrent vis-à-vis des
deux intervalles qui correspondent aux faisceaux vasculaires du pivot et aux
deux rangs de radicelles ; ces intervalles sont marqués par la présence d’un
unique vaisseau spiralé déroulable, séparé de la membrane protectrice par
une assise de cellules rhizogènes et qui n’est autre chose que la continuation
du vaisseau le plus externe de la lame vasculaire du pivot. C’est devant
les deux autres intervalles entièrement libres que naissent les feuilles de la
seconde paire.
En même temps que le dédoublement et la rotation des faisceaux vascu¬
laires s’opéraient à la base de la tigelle, le cylindre central continuait la dilata¬
tion déjà commencée dans le haut du pivot, et un large tissu conjonctif paren-
(1) Dans la plante que nous étudions, le faisceau libérien et le faisceau vasculaire se
dédoublent tous les deux, et pour se lier ensemble ils font chacun la moitié du chemin.
Ailleurs le faisceau vasculaire seul se divise et vient se placer en dedans du faisceau
libérien demeuré immobile. Dans d’autres cas, c’est le faisceau vasculaire qui reste eu
place en tournant sur lui-même, tandis que le libérien se dédouble et vient se placer en
dehors de lui.
Dans un grand nombre de plantes étudiées à ce point de vue, les quatre temps de la
transformation interne sont, comme dans l’QEillet-d’Inde et les autres Composées, presque
simultanés. La rotation du faisceau vasculaire qui de centripète devient centrifuge en
passant par un développement latéral, sa superposition au faisceau libérien, la brusque
interruption de la membrane rhizogène en dehors de ce dernier, enfin la dilatation du
cylindre central avec interposition du tissu conjonctif, ces quatre changements s’y opèrent
dans un très-court espace et exactement au niveau marqué parla limite superficielle. De
ces quatre changements les trois premiers seuls sont essentiels, le dernier n’est qu’ac-
cessoire, puisque dans nombre de plantes le pivot lui-même possède un large tissu con¬
jonctif qui peut être parenchymateux. Mais ailleurs les quatre phases de la transformation
ne se montrent que successivement et sont séparées par d’assez longs intervalles. C’est
alors la première d’entre elles seulement qui coïncide avec la limite superficielle ; les
autres s’opèrent plus ou moins haut dans la tigelle. Et s’il est vrai que ce premier chan¬
gement suffit à marquer nettement le passage interne de la racine à la tige, il faut con¬
venir cependant que la chose est alors moins saisissante que dans le cas ordinaire. Les
Ombellifères, les Conifères, la Balsamine, offrent à cet égard trois modifications distinctes.
Ces divers aspects du phénomène proviennent simplement de ce que l’accroissement in¬
tercalaire qui produit l’élongation de la tigelle de l’embryon se trouve localisé, suivant les
cas, dans des régions un peu différentes de cet organe.
J’étudierai dans un prochain travail, avec tous les détails que comporte un sujet aussi
délicat, les divers caractères du nœud anatomique qui sépare la racine principale de la
tige, tant chez les Monocotylédones que chez les Dicotylédones.
o3Z| * SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
chymateux, qui se prolonge désormais dans toute l’étendue de la tige
principale et de ses diverses ramifications, venait séparer les faisceaux libéro-
ligneux.
A l’entrée même de la tige la membrane rhizogène s’arrête brusquement eu
dehors des faisceaux libéro-ligneux qui viennent désormais appuyer directe¬
ment leurs cellules libériennes les plus externes contre les cellules protectrices.
Mais elle se continue dans l’intervalle entre les faisceaux pour donner naissance,
par son bord externe, aux racines adventives dont la disposition en quatre
séries est ainsi déterminée, et par son bord interne aux arcs générateurs qui
relieront entre eux les arcs générateurs des faisceaux et en formeront une
zone génératrice continue.
La membrane protectrice se prolonge dans la tigelle, et, disons-le tout de
suite, dans toute l’étendue de la tige et des branches, avec tous les caractères
qu’elle possédait dans la racine. Ses cellules présentent sur chaque face laté¬
rale une série de courts plissements échelonnés rapprochée de la face interne, et
sur chaque face transverse une fine bande d’épaississement, parfois striée en tra¬
vers, qui relie les deux séries de plissements en un cadre continu. Elles ne pos¬
sèdent pas de chlorophylle, mais seulement un liquide hyalin et un nucléus;
l’amidon s’y concentre pendant la période germinative; plus tard elles n’en
renferment plus. Par les progrès de l’âge leur paroi, qui demeure mince, ac¬
quiert souvent des reflets irisés analogues à ceux qui caractérisent les assises
subéreuses. Les éléments de la zone interne du parenchyme cortical con¬
servent dans toute la tigelle leur disposition en séries radiales et en cercles con¬
centriques et leurs méats réguliers en forme de losange ; mais cet arrangement
se perd au-dessus des cotylédons (1).
Que deviennent pendant ce temps nos canaux oléifères? Déjà en remontant
vers la base du pivot, à 3 ou k millimètres au-dessous de la limite, on voit les
cellules protectrices dédoublées se remplir d’un liquide rose violacé dépourvu
de granules, tandis que toutes les cellules simples de la membrane demeurent
incolores. A la limite même, ce principe colorant dissous apparaît dans
(1) Ainsi, et j’insiste sur ce point, la tige est, comme la racine, et dans toute sou
étendue, composée d’un cylindre central et d’un parenchyme cortical limité en dehors
par un épiderme, en dedans par une membrane protectrice ou endoderme. C’est là le
résultat d’une première différenciation opérée dans le parenchyme fondamental. Ensuite
le cylindre central se différencie en cordes de tissu cambial allongé et en tissu conjonctif
plus ou moins développé qui demeure en général parenchymateux dans la tige, et qui,
dans la racine, par exemple dans les grosses racines adventives où il est abondamment
développé, tantôt demeure parenchymateux et tantôt se fibrifie en tout ou en partie.
Enfin les cordes cambiales se différencient à leur tour, et dans la tige elles se divisent en
deux moitiés qui se transforment d’une manière diflérente et en sens inverse pour donner
l’une le bois primaire centrifuge, l’autre le liber primaire centripète ; elles constituent
ainsi en définitive autant de faisceaux libéro-ligneux bipolaires. La moelle de la tige n est
donc pas, comme il paraît généralement admis, de môme nature que le parenchyme
cortical, dont elle serait la simple continuation à travers les rayons médullaires. La moelle
SÉANCE ÜÜ 8 DÉCEMBRE 1871.
335
toutes les cellules de l’épiderme. Cette coloration similaire est une preuve
nouvelle d’une certaine correspondance ou équivalence entre l’épiderme
et l’endoderme; seulement dans ce dernier elle se montre un peu plus tôt et
elle y demeure localisée dans les cellules dédoublées. Pendant que les fais¬
ceaux libériens se dédoublent, les arcs oléifères violacés qui leur correspondent
se dédoublent aussi. Deux ou trois canaux, creusés entre six ou huit cellules
rouges, accompagnent chaque nouveau faisceau libérien, et par conséquent
viennent occuper le dos de chaque faisceau libéro-ligneux, appliquant directe¬
ment leurs cellules rouges internes plissées contre les cellules libériennes les
plus externes. Ces canaux sont tous quadrangulaires désormais, car les méats
externes des arcs de la racine, qui seuls étaient triangulaires, ne se continuent
pas dans la tigelle (1). En même temps commencent à apparaître dans chaque
cellule rose, et seulement contre la face qui borde le méat oléifère, de petits
granules jaune orangé, de même couleur que l’huile qui remplit ce méat. Ces
petits granules bleuissent par l’iode, ils sont donc amylacés. A mesure qu’on
s’élève dans la tigelle, ces grains amylacés jaunes, toujours exclusivement ap¬
pliqués contre le méat, augmentent en grosseur et en quantité, mais le liquide
cellulaire demeure violacé et les cellules conservent leur dimension. Dans le
tiers supérieur de l’organe il s’opère quelques changements. Les deux canaux
oléifères de chaque faisceau se fondent en un seul canal un peu plus large
entouré par six cellules. Puis ces cellules se divisent par une cloison
parallèle à l’axe du méat. Les cellules externes se décolorent, tandis que les nou¬
velles cellules de bordure, plus petites, conservent d’abord leur liquide vio¬
lacé et ont leur paquet de grains jaunes appliqué contre leur face bombée.
Enfin au voisinage des cotylédons le liquide des cellules de bordure se déco¬
lore à son tour et ces éléments n’ont plus que la couleur jaune orangé que
leur donnent leurs nombreux granules. Ce pigment jaune des cellules de bor¬
dure paraît dû à une simple transformation des grains de chlorophylle qui se
trouvent dans les cellules du parenchyme cortical ; mais il en diffère par
l’amidon qu’il renferme.
Ainsi, dès leur entrée dans la tige, les canaux oléifères se transforment pro-
et la partie des rayons médullaires intérieure à la membrane protectrice d’une part,
l’écorce avec la partie des rayons médullaires extérieure à cette membrane d’autre part,
sont des tissus distincts et d’âge différent. La preuve en est dans la membrane protectrice
qui limite si nettement l’écorce à laquelle elle appartient. La preuve en est encore dans
la formation des racines adventives aux dépens des cellules périphériques du tissu central
qui sont directement en contact avec les cellules plissées dans l’intervalle entre les fais¬
ceaux ; en sorte que cette membrane rhizogène limite nettement le tissu conjonctif cen ¬
tral partout où il communique avec le parenchyme cortical. Une double ceinture sépare
ainsi ces deux tissus.
J’appelle donc, comme dans la racine, tissu conjonctif la partie du cylindre central non
différenciée en faisceaux libéro-ligneux, et parenchyme cortical ou écorce primaire tout cc
qui est en dehors de la membrane protectrice ondulée, y compris cette membrane.
(1) La largeur des méats oléifères de la tigelle, estimée suivant les diagonales du
losange, est d’environ 0ram,008.
336
SOCIÉTÉ KO T A N KJ UE UE FRANCE.
gressivemenl par une spécialisation de plus en plus grande des cellules qui les
bordent. Celles-ci, qui dans les racines ne possèdent qu’un nucléus appliqué
contre le méat et un liquide incolore dépourvu de granules, acquièrent d’a¬
bord un principe colorant rose dissous, puis un pigment jaune à grains
amylacés; enfin elles se divisent en donnant au canal une bordure spéciale
de petites cellules qui contiennent tout le pigment. Celte bordure est donc
désormais séparée des cellules libériennes externes par un rang de cellules
plissées incolores, et le canal oléifère est distinct de la membrane protectrice
et seulement appliqué contre elle. C’est le caractère qu’il conservera dans
toute l’étendue de la tige et de ses ramifications.
Au nœud cotylédonaire le nombre et la disposition des faisceaux libéro-
ligneux et des canaux oléifères se compliquent à la fois. Les quatre faisceaux
de la tigelle s’échappent dans les cotylédons. Mais au-dessus de l’insertion de
de ceux-ci la tige possède quatorze nouveaux faisceaux, six foliaires et huit
réparateurs plus puissants, ainsi distribués. La tige est carrée; il y a un fo¬
liaire à chaque angle et un autre au milieu de chacun des côtés qui corres¬
pondent aux feuilles de la seconde paire; il y a deux réparateurs rapprochés
sur chaque face répondant aux cotylédons et deux réparateurs séparés par
un foliaire sur les deux autres faces. Ces quatorze faisceaux touchent par
leurs arcs libériens la membrane protectrice dans laquelle ils déterminent au¬
tant d’angles saillants. En dehors de cette membrane et appuyant ses quatre
à sept petites cellules de bordure jaunes et amyiifères contre les éléments
plissés, on trouve un canal oléifère à droite et un autre à gauche de chaque
faisceau foliaire; il y a donc douze canaux. Vers le milieu de l’entre-nœud, les
deux réparateurs des faces cotylédonaires produisent entre eux un nouveau
faisceau foliaire destiné à la troisième paire et le nombre des faisceaux est
porté à seize 5 mais les canaux oléifères latéraux des nouveaux foliaires n’appa¬
raissent qu’au nœud suivant par le dédoublement des deux voisins. Et comme
en même temps le foliaire médian des deux autres côtés s’échappe avec ses
deux canaux, la tige n’a encore dans l’entre-nœud suivant que quatorze, puis
seize faisceaux et douze canaux oléifères.
Les choses continuent ainsi jusqu’à la cinquième paire de feuilles. Ensuite
les feuilles se dissocient et se disposent en spirale § ou La tige a environ
treize faisceaux libéro-ligneux et les canaux oléifères, qui y accompagnent tou¬
jours les faisceaux foliaires de chaque côté de leur arc libérien, sont à un ni¬
veau donné en nombre double des faisceaux foliaires formés à ce niveau,
c’est-à-dire ordinairement dix et quelquefois jusqu’à quatorze.
Ainsi, en aucun point de l’organisation primaire de la tige et des branches,
les canaux oléifères ne pénètrent à l’intérieur du cylindre central. Il ne saurait
donc s’établir de rapports directs entre eux et les faisceaux libéro-ligneux.
Si, pour nous faire une idée de la phase du développement où apparaissent
’es canaux oléifères, nous nous élevons maintenant jusqu’au sommet de la
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871.
337
tige, nous les trouverons déjà développés avec tous leurs caractères à droite et
à gauche des faisceaux foliaires avant que le premier vaisseau se soit formé
dans la partie interne de ces derniers. Les cellules de bordure y ont déjà
la coloration orangée et les grains amylacés caractéristiques, alors qu’aucun
grain d’amidon n’existe dans les autres points du tissu.
Du sommet d’une tige figée, redescendons maintenant vers sa base, pour en
étudier les formations secondaires. Considérons, par exemple, l’entre-nreud
supérieur aux cotylédons vers la fin de la période végétative. L’écorce primaire
subsiste, avec ses canaux élargis à bordure orangée et amylacée pleins d’huile
verdâtre, en contact immédiat avec la membrane protectrice. Pour se prêter
à la dilatation du cylindre central, cette dernière a divisé ses cellules par de
nombreuses cloisons radiales, plissées comme les parois latérales primitives et
au même endroit. Les faisceaux du cylindre central se sont accrus par la for¬
mation, au moyen d’arcs générateurs intra-libériens bientôt confluents en une
zone génératrice continue, d’un anneau libéro-ligneux secondaire traversé par
des rayons de parenchyme secondaire. Dans la partie libérienne de ces rayons
on voit des cellules éparses pleines d’huile essentielle qui s’y développe de de¬
hors en dedans en suivant les progrès de l’âge. Les formations libéro-ligneuscs
secondaires présentent donc dans la tige le même caractère que dans la racine;
il s’y superpose de même tardivement au premier appareil oléifère interstitiel
si nettement caractérisé et cortical, un second appareil cellulaire, intérieur au
liber des faisceaux et assez diffus.
Feuiile.
Chaque cotylédon entraîne deux des faisceaux principaux de la tigelle qui se
réunissent pour former sa nervure médiane, et en outre il reçoit deux bran¬
ches latérales provenant de la bifurcation de deux faisceaux nouvellement for¬
més dans les intervalles qui correspondent aux feuilles delà seconde paire. Il
a donc trois nervures à sa base. Les canaux oléifères qui, dans la tigelle, oc¬
cupent le dos des deux faisceaux principaux, s’incurvent avec ces faisceaux ;
mais ils s’arrêtent à la base du cotylédon. Cependant le cotylédon renferme
de l’huile essentielle. Elle y est contenue dans deux séries de poches sphériques
qui longent, au nombre de huit à douze pour chaque série, les deux bords
du limbe, et que l’on aperçoit à la face inférieure de la feuille comme autant
de petits cercles d’un rouge violacé. Ces poches sont creusées dans le paren¬
chyme de la face inférieure du limbe ; elles sont pleines d’une huile jaune
orangée ou verdâtre, et bordées de plusieurs séries concentriques de cellules
à pigment jaune amylacé. Sur tout le cercle superposé à la poche, l’épiderme
inférieur, qui en est très-voisin, est dépourvu de stomates et a ses cellules
remplies du principe colorant rose violacé que nous y avons déjà rencontré
dans la tigelle.
T. XVIIt.
(séances) 22
338
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
La feuille ordinaire prend à la tige trois faisceaux. Le médian y passe avec
ses deux canaux ; chacun des deux latéraux, provenant du dédoublement d’un
faisceau foliaire de la tige, n’y entraîne qu’un seul canal situé du côté qui
regarde le faisceau médian. En sorte que près de son insertion la feuille a trois
faisceaux libéro-ligneux et quatre canaux oléifères. Chaque faisceau foliaire, en
émergeant, demeure enveloppé dans la membrane protectrice qui se replie
tout autour de lui pour lui former une gaine individuelle. Le parenchyme
ambiant du pétiole, étant le prolongement pur et simple du parenchyme cortical
de la tige, ne se sépare pas, comme le parenchyme fondamental de la racine et
de la tige en deux régions par une membrane protectrice générale tangente à
tous les faisceaux. — • Si de l’insertion on remonte le long du pétiole, on voit
bientôt les deux canaux appartenant aux deux faisceaux latéraux s’arrêter. Les
deux canaux qui accompagnent le faisceau médian cheminent jusque vers
l’insertion de la première paire de larges segments, qui est la quatrième paire
de segments latéraux en comptant les stipulâmes. Au-dessus de ce point, le
pétiole ne possède plus de canaux continus. Aucun de ces canaux ne se rend
d’ailleurs dans les segments latéraux. Les segments du limbe de la feuille
renferment seulement, de chaque côté de leur nervure médiane, une série
de grandes poches sphériques oléifères bordées de cellules spéciales pourvues
de grains d’amidon orangés. Ces poches sont assez rapprochées du bord et
assez écartées l’une de l’autre de façon qu’elles sont en petit nombre dans
chaque série.
Pédoncule lloral.
Le plus souvent le pédoncule floral fistuleux a huit côtes et produit un
involucre à huit bractées disposées suivant une spire | en une sorte de ca¬
lice gamosépale denté. Plus rarement, il n’a que cinq côtes et se termine par
un involucre calicoïde à cinq dents. Dans ce second cas, on compte vingt
faisceaux libéro-ligneux appuyésdirectemenl contre la membrane protectrice qui
sépare le parenchyme cortical du tissu conjonctif. U y a cinq faisceaux prin¬
cipaux aux angles, cinq plus petits au milieu des côtés, et dix autres alternes
beaucoup plus faibles et réduits souvent à des filets de tissu allongé sans trace
de vaisseaux. Les canaux oléifères appuient, comme dans la tige, leurs cellules
de bordure orangées et amylifères contre les cellules plissées, et ils accompa¬
gnent de chaque côté les cinq faisceaux principaux. Il y en a donc dix dans
un pareil pédoncule.
involucre.
(iliaque bractée de rinvolucrc entraîne trois faisceaux \ le médian y pénètre
avec ses deux canaux latéraux. Mais ces derniers s’interrompent bientôt, puis
reprennent pour s’interrompre de nouveau, et ainsi de suite, formant de cha¬
que côté de la nervure médiane une série de cinq ou six poches oléifères fort
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 339
allongées, bordées de cellules spéciales orangées el amvlifères. Les choses se
passent donc pour la bractée à peu près comme pour le cotylédon.
Pédicelle.
Au-dessus de l’involucre, le pédoncule floral, redevenu plein, émet en spi¬
rale ~ des fascicules très-ténus pour des bractées florales extrêmement peu
développées, et à l’aisselle de chaque fascicule deux faisceaux latéraux desti¬
nés au pédicelle floral. Pendant leur trajet oblique à travers le parenchyme
cortical, il se forme entre ces derniers un large canal oléifère bordé de six
à huit cellules orangées pourvues de grains d’amidon appliqués contre la face
qui touche le canal. Arrivés à la périphérie, ces deux faisceaux s’unissent en
cercle, et le canal est compris au centre de la petite moelle qu’ils circonscri¬
vent. Ainsi, fait curieux et que l’étude des axes végétatifs était loin de nous faire
prévoir, le pédicelle floral possède un seul canal oléifère au centre de sa moelle.
Ce petit cercle ne tarde pas d’ailleurs à émettre un cercle de branches vas¬
culaires dans le parenchyme cortical externe, tandis qu’il reste au centre un
anneau entourant le canal oléifère axile. Les faisceaux externes s’élèvent dans
la paroi de l’ovaire infère et ils sont destinés à former tous les appendices de la
fleur. Le petit anneau central perd bientôt son canal, qui s’arrête brusquement
à la base même de l’ovaire, et il se résout en un faisceau unique qui pénètre dans
l’enveloppe de la graine. Ce faisceau y remonte tout le long d’un côté jusqu’à
la chalaze, puis redescend du côté opposé jusque vers le micropyle. Le plan
principal de l’embryon, c’est-à-dire le plan qui passe par l’axe de la tigelle et
les nervures médianes des deux cotylédons, est perpendiculaire au plan de
symétrie de la graine ainsi déterminé.
Fleur.
On ne trouve de canaux ou de poches oléifères ni dans la paroi complexe de
l'ovaire infère, ni dans l’enveloppe de la graine, ni dans les écailles calicinales,
ni dans le style, ni dans le tube de la corolle. Cependant, à partir du point où
ce tube se fend et s’étale, on y voit apparaître des poches oléifères, disposées
notamment en deux séries qui longent les bords de la corolle étalée, entre
l’avant-dernier faisceau et le dernier. Ces poches sont allongées et analogues
à celles de l’involucre.
Embryon.
•
Enfin, pour compléter cette étude, jetons un coup d’œil sur les diverses
parties de l’embryon. Son cône radiculaire a déjà sa membrane protectrice
dédoublée suivant deux arcs opposés, et entre les cellules dédoublées on
distingue des méats quadrangulaircs très-étroits (0m“,002 et moins en-
3 AO
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
corc); mais je n’y ai pas constaté avec certitude la présence de l’huile. Dans la
tigelle, la membrane protectrice présente quatre arcs de cellules dédoublées,
rapprochés deux par deux, et creusés de méats où la présence de l’huile jaune
ne m’a paru certaine qu’au voisinage des cotylédons. Enfin les cotylédons
montrent le long de leurs bords des sortes de noyaux de cellules disposées
concentriquement, et au centre de ces noyaux se trouve une petite cavité
pleine d’huile jaune. Ainsi l’embryon renferme de l’huile essentielle dans ses
cotylédons, il n’en possède pas encore dans sa tigelle et dans sa radicule où
l’appareil destiné à la contenir est cependant tout formé. Toutefois, ni dans
la tigelle, ni dans les cotylédons, je n’ai trouvé d’amidon dans les cellules qui
bordent la cavité oléifère. L’huile existe donc dans la cavité avant que l’ami¬
don ait apparu dans les cellules de bordure.
Résumé.
Telle est la structure et tel est le mode de répartition de l’appareil oléifère
dans l’ensemble de la plante et aux divers états de son développement.
En résumé, nous avons rencontré dans l’OEillet-d’Inde cinq sortes d’organes
producteurs d’huile essentielle :
1° Dans la racine, ce sont des canaux continus fort étroits quadrangulaires
et triangulaires, non bordés de cellules spéciales différentes des cellules protec¬
trices elles-mêmes, rapprochés cl’abord côte à côte au nombre de citiq à neuf
au dos de chaque faisceau libérien primitif, mais s’écartant plus lard et tendant
à se distribuer uniformément au pourtour du cylindre central élargi. Ils sont
situés dans le parenchyme cortical, mais bien près de sa limite interne puis¬
qu’ils sont creusés dans l’épaisseur même de l’endoderme.
2° Dans la tige, et déjà au-dessous des cotylédons, ce sont des canaux con¬
tinus bordés de cellules spéciales plus petites que les cellules ambiantes, et
pourvues de grains amylacés de couleur orangée appliqués contre la face bom¬
bée qui touche le méat. Ces canaux bordés continuent ceux de la racine; ils
sont distincts de la membrane protectrice contre laquelle ils appuient leur
bordure. Excepté dans la tigelle, où ils occupent le dos de chacun des quatre
faisceaux Iibéro-ligneux, ils sont situés un à droite et un à gauche de chaque
faisceau foliaire du cylindre central. Ni dans la tige, ni dans la racine, ces
canaux ne pénètrent à l’intérieur du cylindre central. Ils n’ont donc et ne
peuvent avoir aucun lien direct avec les faisceaux libériens ou ligneux.
3° Dans les feuilles, les canaux à bordure jaune et amylacée de la tige se
continuent d’abord dans le pétiole, puis ils s’arrêtent sans pénétrer dans le
limbe où ils sont remplacés par des poches arrondies ou allongées qui possè¬
dent la même structure que les canaux eux-mêmes.
U° Dans le pédicelle floral, c’est un canal unique situé au centre de la moelle,
et l’organe est dépourvu de canaux corticaux.
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 3/|l
5° Enfin, dans les productions secondaires que le jeu des arcs générateurs
d’abord, puis de la couche génératrice qui résulte de la confluence de ces
arcs à travers !a membrane rhizogcne, introduit dans le cylindre central,
et cela aussi bien dans la tige que dans la racine, on voit apparaître de
l'huile essentielle dans des cellules spéciales. Ces cellules oléifères appartien¬
nent aux rayons de parenchyme secondaire, et seulement à la partie libérienne
de ces rayons. Elles y sont isolées, ou groupées irrégulièrement au milieu des
cellules ordinaires incolores.
Lecture est donnée des communications suivantes, adressées à la
Société :
nu MANIOC, par II. Paul SACiOT,
(Cluny, juin 187-1, )
Le Manioc (Jatropha Manihot h.) estime plante sous-frutescente de la famille
des Euphorbiacées, qui porte de grosses racines féculentes, d’un très-bon
usage alimentaire, quand on en a chassé par l’expression et détruit par la
cuisson un suc vénéneux. C’était du Manioc que les Indiens indigènes de la
Guyane, comme ceux des parties chaudes et humides de l’Amérique du Sud,
tiraient de toute antiquité leur nourriture végétale, et la plante est restée,
depuis la conquête des Européens, la base de l’alimentation dans le pa\s.
C’est une plante peu délicate sur le choix du terrain, d’une venue facile, et
qui a la précieuse propriété de conserver longtemps en terre sa racine en
bon état.
Noms, — Jatropha Manihot L.; Manihot utilissima Pohl; et Manihot Ai pi
Pohl. Famille des Euphorbiacées.
Noms indiens variés et nombreux : caraïbe, kière et canhim ; galibi, kie
ray ; arrouague, calôli. — Grandes-Antilles : yuca (ce même mot est en usage
dans les colonies espagnoles, Nouvelle-Grenade, Pérou et au Para). — Langues
indiennes du Brésil : mandiocca , maniba (pied du Manioc), aïpi (Manioc
doux). — Mexicain, tziin.
Origine, • — Le Manioc était cultivé de toute antiquité par les Indiens
indigènes de la Guyane, comme par ceux de toute la région intertropicale de
l’Amérique. On en observait dans leurs cultures un grand nombre de variétés,
toutes très-stables, quoique très-voisines l’une de l’autre, et se recommandant
chacune par quelque propriété particulière, comme plus ou moins de préco¬
cité, produit plus ou moins abondant, plus ou moins d’aptitude à résister à
la pourriture dans un terrain trop imbibé d’eau, suc plus ou moins vénéneux...
et les Indiens de la Guyane en cultivaient au moins huit à dix variétés, qui
étaient vraisemblablement les mêmes que celles des Antilles, mais qui diffé¬
raient, au moins en partie, de celles de la vallée des Amazones, des provinces
342 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
intérieures du Brésil, et du Mexique... etc. Les botanistes n’ont pas encore
trouvé à l’état sauvage le Manioc cultivé, mais ils ont rencontré au Brésil, à
la Guyane, en Colombie, diverses espèces incontestablement spontanées du
genre Manioc, dont plusieurs sont véritablement très-voisines du Manioc cul¬
tivé, et lui ressemblent très-sensiblement. C’est particulièrement au Brésil,
entre 12 degrés et 20 degrés lat. austr., et 45 degrés et 53 degrés long, occid.,
dans la province de Goyaz, qu’on en remarque le plus grand nombre. Les
Maniliot pusilla , M. jlabelli folia, M. digitiformis, M. triphylla, sont les
espèces qui offrent les traits de ressemblance les plus sensibles. J’ai consulté
avec un véritable intérêt, dans la riche bibliothèque botanique de M. Deles-
sert, les belles gravures coloriées de l’ouvrage de Polff qui représentent une
riche série d’espèces de Manioc. Poli! suppose que le Manihot pusilla peut
être regardé comme la souche des Maniocs cultivés, mais c’est une hypothèse
qu’on ne saurait confirmer de preuves certaines, et il y a réellement encore loin
delà plante des montagnes de Goyaz à celle des cultures. Pohl décrit comme
espèces le Manioc doux (non vénéneux), ou Camanioc , appelé Aïpi au Bré¬
sil, et d’un autre côté le Manioc vénéneux, Yuca brava ou Mandiocci brava
des colonies espagnoles et portugaises, mais je préfère le sentiment de Goudot,
qui ne croyait pas qu’on pût les distinguer autrement que comme variétés.
Pohl reconnaît du reste beaucoup de variétés distinctes dans le Manioc doux
et dans le Manioc vénéneux.
Le Manioc se multiplie de boutures qui s’enracinent avec une extrême fa¬
cilité. Il pousse d’abord une tige droite garnie de feuilles plus grandes, digi-
tées, à sept lobes environ ; arrivé à une hauteur de 1 à 2 mètres et à l’âge de
six à dix mois, il pousse des branches latérales du haut de la première lige.
Celles-ci portent des feuilles plus petites, et donnent bientôt des fleurs. A ce
moment la racine commence à porter plusieurs tubercules allongés, denses et
riches en fécule, qui continuent à grossir sous terre, pendant que les branches
donnent des feuilles et des fleurs et végètent avec une vigueur qui va décrois¬
sant. Vers un an et demi à deux ans, le Manioc est bon à récolter. Mais, si les
besoins ne pressent pas, on peut le laisser encore quelque temps en terre, en
le surveillant pour n’être pas surpris par la pourriture de ses racines. Si le
besoin presse, on l’arrache plus jeune, mais le rendement est d’autant moin¬
dre. Les pieds de Manioc s’espacent de 1 mètre ou de 80 centimètres. Le pro¬
duit habituel de chaque pied est de deux ou trois tubercules, dont le poids
varie de 1 à 2 et 3 kilogr. Les tubercules sont lourds, denses, riches en fé¬
cule. On les lave, on les gratte, puis on les râpe ; on exprime le suc de leur
pulpe râpée, puis on les cuit sous forme de farine grenue ou de gâteau sec
très-mince. Trois kilogr. de racine donnent à peu près un kilogr. de farine.
Celte farine est d’un usage sain et agréable, mais elle n’a qu’une valeur nutri¬
tive assez faible.
Culture , choix du sol. — Le Manioc n’est pas une plante très-délicate
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871.
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sur le choix du terrain ; quoiqu’il soit d’un plus grand rapport dans une terre
fertile, il vient encore passablement dans une terre médiocre, surtout si elle
est un peu meuble. ïl aime particulièrement les nouveaax défrichés; il y vient
plus fort, et sa racine s’y conserve plus longtemps en bon état. Il ne peut pas
pousser dans une terre marécageuse, et l’on ne peut en récolter dans des terres
liasses qu’autant qu’elles sont bien désséchées : encore est-il sujet à y pourrir
au retour des pluies. Les sols un peu légers lui sont très-favorables. On peut
dire que ce sont, avant tout, les nouveaux défrichés de forêts où il réussit
le mieux, quelle qu’y soit du reste la nature précise du sol ; aussi lui a-t-on
de tout temps dans la colonie consacré les terres hautes, de qualité ordinaire
ou médiocre, exploitées à longs intervalles de jachère. Il réussit aussi bien
sur les pentes que sur les plateaux ; mais il ne voudrait pas d’un sol qui pût
être inondé ou imbibé même momentanément de beaucoup d’eau. Il vient
passablement, même en sol appauvri, sur les niaments ou anciens défrichés
remis en culture par un nouveau défrichement.
Plantation. — La meilleure saison pour le planter est l’ouverture des pluies,
novembre ou décembre. On peut cependant en planter presque en toute saison,
sauf au fort de la sécheresse. On le multiplie, comme je l’ait dit, de bouture.
On coupe la tige ligneuse, ou, comme on dit, le bois de Manioc, en petits
tronçons de 3 à 4 décimètres de long, et l’on en place deux dans les très-petits
trous que l’on fait à la houe en plantant le terrain. On ramène un peu de
terre par-dessus. Les boutures, soit qu’on les couvre de terre, soit qu’on en
laisse un bout affleurer, s’enracinent et poussent promptement.
On espace les pieds d’un mètre environ ; dans une terre riche, et qu’on
aurait par exception façonnée avec soin, on pourrait les placer à 70 ou 80 cen¬
timètres. En abatis nouveau, ou même en défriché de niament , on ne donne
pas de façon au sol avant la plantation. Cependant on voit quelquefois, dans
des morceaux de terres basses désséchées où l’on plante plusieurs années de
suite du Manioc, les nègres façonner à l’avance la terre à la houe et même à
la bêche. On doit encore l’ameublir et lui donner une façon plus ou moins
régulière, quand on plante dans des terres argileuses épuisées par plusieurs
années de culture; mais il faut reconnaître que de tels travaux sont peu pro¬
fitables, et qu’on n’obtient guère que de médiocres récoltes.
Le Manioc s’espaçant beaucoup et n’ayant pas un premier développement
bien rapide, on sème assez fréquemment, surtout en abatis novè, des graines
de Maïs, ou même de Riz, entre les pieds de Manioc. Il en résulte une récolte
intercalaire qui n’est jamais bien abondante, mais qui fournit un petit profit
sans nuire à la culture principale.
Le Manioc lui-même est quelquefois planté comme récolte intercalaire dans
de nouvelles plantations de Caféier, de Cacaotier ou d’autres plantes arbores¬
centes. Mais c’est une mauvaise pratique que peuvent se permettre de petits
cultivateurs peu expérimentés ou peu soucieux de l’avenir, mais que con-
3M SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
damneront tous les colons éclairés. Effectivement le Manioc attire les fourmis
et fait toujours plus ou moins tort aux jeunes plants dont la vigueur dans les
premières années assure le beau développement futur.
Entretien, phases de la végétation. — Le Manioc planté ne tarde pas h sortir
de terre ; après quinze jours ou trois semaines on voit ses jeunes pousses ap -
paraître. Il craint alors beaucoup les déprédations des fourmis et des animaux
sauvages, dont il se ressent à ce moment d’une manière plus fâcheuse qu'à
tout autre âge. Le cultivateur doit visiter son champ, et y couper avec le
sabre d’abatis les repousses de bois ou les plus fortes mauvaises herbes qui y
paraîtraient. Si la plantation a été faite en abatis nove au retour des pluies, on
fait en général le premier sarclage pendant l’été de mars, on en fait un second
à l’entrée de la saison sèche. On chausse de terre la jeune plante en sarclant.
Si la plantation a été faite sur d’anciennes cultures, on sarcle aussitôt que la
mauvaise herbe devient trop apparente. Il faut alors compter trois ou quatre
sarclages pour la première année.
En terre neuve, quand le Manioc a pris delà force, il n’est plus nécessaire
de le sarcler beaucoup; et l’on voit des abatis, où l’on ne s’est guère occupé de
combattre la mauvaise herbe dans la seconde ou dans la troisième année, qui
donnent cependant de bons produits.
Comme je l’ai déjà expliqué, la plante, après avoir poussé une tige droite
jusqu’à 1 ou 2 mètres, jette des branches du sommet et. donne des fleurs en
même temps que les tubercules commencent à se former. Ces tubercules con¬
tinuent à grossir pendant que les branches poussent et fleurissent avec une
vigueur qui va en décroissant. Quoique le Manioc vive deux ou trois ans, ce
n’est pas à proprement dire une plante vivace. Il s’épuise lentement à mesure
que ses tubercules arrivent à leur plus fort volume. A ce moment ils sont plus
gros et plus lourds, mais pourrissent facilement en terre. Les phases de la
végétation ne sont pas très-tranchées, et n’ont pas une durée bien précise. Le
cours des saisons, la nature du sol influent sur elles. Il y a des races de Ma¬
nioc hâtives et d’autres tardives. En nouveau défriché de grand bois, la plante
pousse avec plus de force, forme ses tubercules plus tard et les conserve en
bon état plus longtemps. La sécheresse ralentit la végétation des feuilles et aide
à la maturation des racines; la pluie imprime une nouvelle vigueur à la pousse
des feuilles et fait souvent pourrir les tubercules.
Le Camanioc (ou Manioc doux) s’arrache à six ou huit mois, parce que
plus tard sa racine devient dure et mauvaise : toute race de Manioc en terre
d eniament se récolte à un an, parce que plus tard la pourriture pourrait détruire
les tubercules ; en abatis nove il ne faut pas, à moins de nécessité, arra¬
cher avant deux ans, et la plante se conserve souvent en bon état jusqu’à trois.
Quand le Manioc est un peu grand, il ne réclame plus que peu de soins,
mais il faut surveiller pendant les pluies l’état des racines, et se hâter de l’ar¬
racher si la pourriture s’y met. Lorsqu’il pleut avec force, il faut visiter le
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871.
345
champ et s’assurer si les eaux ne s’accumulent pas, ne stagnent pas dans quel¬
que place, et, si cela a lieu, leur procurer un écoulement en ouvrant une rigole.
Les animaux sauvages exercent des déprédations dans les abatis ; les biches
mangent les feuilles, les agoutis rongent les racines; les cochons sauvages, qui
vivent en troupes, exercent quelquefois de grands ravages.
Récolte , préparation des racines . — La récolte du Manioc est facile : en
tirant la tige ligneuse les tubercules viennent avec ; s’il reste un tubercule en
terre, on s’en aperçoit à ce que le pédicule, qui le lie au collet de la tige,
est cassé, et, en fouillant un peu la terre, on le retrouve et on l’extrait. Ce
n’est que lorsque la terre est grasse et argileuse et qu’elle est momentané¬
ment durcie par la sécheresse, que l’arrachage peut devenir plus laborieux.
Le produit en racines est d’une évaluation assez difficile, car il varie et avec
l’âge de la plante, et avec la fertilité du sol. A un an, en terre médiocre, il
peut cire de 15 000 kilogr. l’hectare et même seulement de 10 000 kilogr. ,
chiffre qui, comparé au rendement des racines farineuses d’Europe, paraîtra
peu élevé. A deux ans ou deux ans et demi, en terre meilleure, on pourra obte¬
nir 20 000 à 30 000 kilogr. On pourra certainement observer, dans quelques
circonstances très-favorables, plus encore ; mais, comme en agriculture
il faut avant tout éviter les mécomptes, le plus sage est d’évaluer le produit
entre 10 et 20 000 kilogr. En général, chaque pied donne deux ou trois tu¬
bercules, dont l’un est toujours plus fort que les autres. Un petit tubercule
peut peser de 100 à 200 grammes, un moyen 500 grammes, un gros tuber¬
cule 1 kilogr. J’ai pesé une fois un tubercule d’une grosseur exceptionnelle
qui atteignait le poids de 3k,5; on pourrait en observer parfois de plus gros
encore.
Le rendement du Manioc, comparé au temps pendant lequel il a occupé
le sol, est donc peu élevé : d’un autre côté^ il faut dire que la racine est très-
lourde et contient moins d’eau qu’aucune autre racine féculente. Arrivée à sa
maturité, elle n’en renferme guère que 00 pour 100. Elle est d’un tissu très-
dense et fort serré. Elle contient beaucoup de fécule ; sa richesse en albumine
et autres matières azotées peut être évaluée à 2 pour 100. La conversion des.
racines en farine comestible est assez simple, mais entraîne une main-d’œu¬
vre longue et minutieuse. On commence par racler et peler ces tubercules;
on les lave alors, puis on les râpe sur une planche de bois hérissée de petites
aspérités de fer, dite grage , travail assez long qu’il serait facile d’expédier
beaucoup plus vile avec une râpé en roue. La pulpe râpée est généralement
abandonnée vingt-quatre heures à elle-même , ce qui y excite un très-léger
commencement de fermentation. On l’introduit alors dans de longs paniers
ou chausses , flexibles, de forme longue et cylindrique, qui portent dans le
pays le nom de couleuvres , et qui sont tressés, suivant l’industrie tradition¬
nelle des Indiens, en jonc d’Arouma. On comprime la farine introduite dans
la couleuvre en la suspendant par une anse qui est à son ouverture, et en tirant
340
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
l’autre bout par un poids dont on la charge. Elle s’étire sous ce poids, elle
suc du Manioc coule à travers la tresse. Aux Antilles, où la destruction
des forets a rendu I’Arouma rare, et où le sentiment du prix du temps a fait
regretter celui qu’on perdait à tresser des chausses qui ne durent pas long¬
temps, on comprime la farine dans une enveloppe grossière. De quelque ma¬
nière que la compression soit exercée, elle fait exsuder un suc aqueux légè¬
rement opalin, qui est très-vénéneux. La farine comprimée est extraite, et
exposée quelque temps au-dessus d’un foyer; puis elle est pilée, grossièrement
tamisée et cuite sur une plaque de fonte chauffée par-dessous, dite platine ,
à une chaleur de 100 et quelques degrés, qui la roussirait si on ne la remuait
et renouvelait incessamment. La plaque de fonte de la platine est circulaire, et
d’un mètre environ de diamètre. Elle est encadrée au-dessus d’une petite ma¬
çonnerie d’un mètre déliant, qui soutient la plaque et ménage sous elle une
cavité en forme de four, où le feu s’allume, la fumée trouvant une issue par
une ouverture latérale.
Si l’on prépare la farine en couac , après avoir allumé un feu suffisant, qu’on
a soin d’entretenir, on projette sur la plaque une certaine quantité de farine
fraîche, et avec un petit râteau de bois on l’étale et on la remue. Lorsqu’elle
est cuite et séchée, on la retire et l’on en met de nouvelle; et ainsi de suite jus¬
qu’à ce qu’on ait épuisé la farine fraîche. Ce couac est en petits grains durs
qui imitent un peu l’aspect de la semoule. Si c’est de la cassave qu’on prépare,
la farine, plus soigneusement pilée et mieux tamisée, est étalée circulairement
sur la plaque, puis comprimée très-légèrement avec une palette pour qu’elle
s’agrège. Elle est retournée deux ou trois fois pendant sa cuisson.
Dans l'une et l’autre préparation, il y a cuisson et dessiccation complète, ce
qui assure une conservation longue et pour ainsi dire indéfinie. La farine de
Manioc est un aliment sain, mais d’une valeur nutritive faible. Le docteur
Sellier estimcqu’elle contient 0,18 pour 100 d’azote. Il suffit de remarquer
qu’elle acquiert en roussissant peu d’odeur, et qu’en brûlant sur les char¬
bons elle n’exhale pas unefumée âcre et désagréable, pour en conclure qu’elle
renferme peu d’azote et de phosphore. Elle ne contient pas non plus de ma¬
tière grasse, on n’en présente qu’en très-minime quantité. Cette farine nou¬
vellement cuite a un petit goût très-léger, puis elle devient insipide. Comme
elle est très-dure, on la ramollit par un peu d’eau ou de bouillon pour la man¬
ger. C’est une substance d’une très-faible valeur alimentaire, et les indigènes
d’Amérique, qui en Elisaient et en font la base de leur nourriture, mangent
en même temps beaucoup de poisson et de viande.
Le prix vénal du couac était, avant l’émancipation, de 25 à 30 centimes le
kilogr . ; depuis la liberté et sous l’induencc du renchérissement des vivres,
que la création du Pénitencier a amené, il se tient à Cayenne à 50 centimes
le kilogramme environ, prix très-exagéré relativement à sa valeur nutritive.
Sur toutes les habitations au surplus on le produit, et Pon se ruinerait à l’a-
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 3^7
cheter. Suivant l’abondance ou la rareté des vivres, les prix baissent ou s’élè¬
vent beaucoup.
•J’ai décrit la préparation telle qu’elle se pratique dans la colonie, mais il
est évident qu’il y aurait une économie énorme à employer des moyens mé¬
caniques. Un lavage à grande eau des tubercules, accompagné d’un frottement
des tubercules les uns contre les autres, obtenu par un appareil tournant à
grande vitesse, enlèverait l’épiderme de la racine. Un moulin à râpe ferait
l’office des grages ; l’exsudation du suc par la compression, le pilage et la
cuisson pourraient également s’opérer plus en grand et avec une grande éco¬
nomie de travail. Tous ces procédés sont, je crois, déjà pratiqués à Démérari,
el il ne manquerait pas de colons intelligents qui les introduiraient à Cayenne,
si l’instabilité des ateliers de travail et l’incertitude qui en résulte ne faisaient
pas hésiter aujourd'hui à introduire l’innovation utile la plus simple. La roue
à grager a été déjà depuis longtemps employée à Cayenne sur quelques grandes
habitations.
Tous les auteurs ont décrit la manière de préparer le tapioca ou fécule
fine de Manioc. La racine gragée est délayée dans l’eau, malaxée et compri¬
mée. On relire les parties plus grossières, qui peuvent être cuites et données
aux animaux ; on recueille, en laissant l’eau déposer, les matières les plus
fines. Le tapioca est lui-même assez peu nutritif, mais il sert à préparer des
potages délicats. Sous cette forme il peut être utile aux convalescents, parce
qu’il se fond en gelée par l’ébullition, el n’est pas disposé à aigrir et à s’altérer
quand le suc gastrique, versé en trop peu d’abondance par un estomac ma¬
lade, l’attaque faiblement.
À Démérari, le suc de Manioc, privé par une ébullition de ses propriétés
malfaisantes, est connu sous le nom de cassareep , et sert de sauce en cui¬
sine. On dit que les viandes qu’on y a cuites se conservent plus longtemps. Il
serait utile de vérifier cette opinion.
Les Indiens emploient beaucoup la racine de Manioc pour préparer des
boissons fermentées, qui ne plairaient pas beaucoup au palais des Européens.
Il est certain que la Canne-à-sucre est beaucoup plus propice à un tel usage.
Races diverses de Manioc. — Le Manioc compte, à la Guyane seule, dix
ou douze races différentes, fort constantes et présentant chacune quelque
particularité utile. U y en a de plus hâtives, de plus tardives. Il y en a de plus
ou moins vénéneuses. On les distingue à la couleur de l’épiderme des liges
ligneuses (blanche ou jaune), à la couleur du pétiole des feuilles, à la forme et
au nombre des folioles dont elles sont composées. Elles se ressemblent géné¬
ralement beaucoup, et il faut de l’habitude pour les distinguer.
Je ne citerai que les plus remarquables :
Le Manioc doux (ou Camanioc) contient si peu de principes âcres, qu’on fait
cuire ses racines au feu et qu’on les mange comme des pommes-de-terre. C’est
une espèce hâtive; il est mûr à cinq ou six mois, et deux ou trois mois plus
3A8
SOCIÉTÉ BOTANIQUE I)E FRANCE.
lard sa racine devient dure et cornée et ne peut plus se manger. L’écorce du
bois est blanche ; le pétiole des feuilles est d’un beau rouge purpurin ; le nom¬
bre des digitations est de sept dans les feuilles vigoureuses du pied de la lige.
Les tubercules sont longs et d’un faible diamètre. Cuits sous la cendre, ils
sont agréables à manger, doux et d’une consistance fine.
Parmi les Maniocs vénéneux je citerai :
Le Bâton-magasin ou Bâton-blanc , grande espèce, très-productive, se
conservant bien en terre et d’une bonne qualité. Le feuillage est d’un vert
glauque très-pur sans mélange de couleur rouge, même dans les jeunes
{musses; les pétioles sont blancs ou très-légèrement rosés.
Le Manioc-Maille (nom qui lui vient des Indiens Maies d’après de Pré-
fontaine) est encore une espèce à haute tige. L’écorce du bois est jaune bru¬
nâtre, le sous-épiderme de la racine est rouge pourpre. La racine est courte
et grosse, et, quand on la prépare* elle rend beaucoup d’eau.
Le Manioc-jaune, apporté du Para, donne un couac d’une couleur jau¬
nâtre; ses jeunes feuilles ont une couleur pourpre violacée.
Le Petit-Louis est plus vénéneux que les autres. Il n’est pas élevé, et
mûrit assez vite.
Le Bâton d'Organa a la propriété de mieux résister à la pourriture dans
une terre humide.
Le Manioc-C achiri , dont la racine est très-aqueuse, est préféré par les
Indiens pour la préparation de leurs boissons, et n’est pas planté parles colons.
Les races de Manioc très-hâtives ont un grand intérêt, parce que, lorsque
les vivres deviennent rares, on peut par elles se procurer de promptes res¬
sources. On en possède à Cayenne une race remarquable venue du Para, mais
je n’ai pas eu l’occasion de l’observer.
Appréciations générales. — Pour résumer en quelques courtes propositions
nos appréciations principales sur la culture du Manioc, nous dirons :
Oue le Manioc est une plante parfaitement adaptée au climat du pays et
d’une culture facile.
Qu’il ne donne un produit réellement considérable qu’aulant qu’on l’a
planté en un sol qui lui convient, et qu’on a attendu pour le récolter sa pleine
maturité, c’est-à-dire deux ans à deux ans et demi.
Qu’en raison de cela, on doit toujours établir une forte partie de ses cul -
turcs en défriché de grand bois, où la plante vient plus forte et conserve mieux
ses tubercules.
Que les terres hautes de la Guyanne de qualité ordinaire ou médiocre, qui
sont les plus nombreuses, sont très-propres à rétablissement de telles plan¬
tations.
Qu’il est très-désirable qu’on abrège la préparation des racines par l’emploi
de moyens mécaniques et expéditifs.
Que le seul moyen de ne jamais manquer de Manioc, est d’en avoir tou-
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE \ 87 1 .
3A9
jours plus qu’on non consomme, lu pourriture des racines en terre exer¬
çant, quoi qu’on fasse , des ravages dont on ne peut prévoir l’importance
dans les plantations.
Que, pour utiliser cet excédant de Manioc, il faut apprendre à en donner
aux animaux, spécialement aux cochons, et s’assurer d’un moyen expéditif et
facile d’en détruire à cet effet le principe vénéneux (1).
Du poison du Manioc. — Rien n’est plus singulier que de voir appliquer à
l’alimentation une plante vénéneuse. Sans entrer dans une étude approfondie
du poison du Manioc, je crois utile de présenter à son sujet quelques courtes
considérations. Il est probable que ce poison est un composé organique peu
stable, nuisible par lui-même, mais redoutable surtout en ce qu’il peut, en
certaines circonstances, engendrer de l’acide prussique, substance, comme on
lésait, la plus délétère que la chimie connaisse, mais elle-même très-instable
et très-volatile. Les feuilles de Manioc froissées exhalent une légère odeur d’a¬
mandes amères ; et il est arrivé, dans des recherches chimiques sur les tuber¬
cules, qu’on a constaté la formation d’acide prussique. Cela expliquerait com¬
ment l’eau de Manioc est un poison, comment l’eau distillée tirée d’elle est un
poison encore bien plus énergique (voyez Descourlilz); comment l’eau de Ma¬
nioc, bouillie pendant, longtemps et écumée, est inolïensive et sert d’aliment
aux Indiens de la Guyane et du Brésil; comment les feuilles et la racine de
Manioc rongées par les animaux, tantôt les empoisonnent, tantôt ne leur font
aucun mal. il est évident, dans ce dernier cas, que si la quantité prise a été
modérée, et que le suc gastrique a exercé immédiatement une action énergi¬
que, il n’a pu se former d’acide prussique. Les animaux sauvages, la biche,
l’agouti, le pécari, recherchent avidement les feuilles et la racine de Manioc;
d’un autre côté, on a vu des bœufs, des chèvres, des cochons, s’empoisonner
avec du Manioc et surtout avec de l’eau de Manioc. Je ferai remarquer que
celte eau représente d’abord plus de principe vénéneux sous un moindre vo¬
lume, mais surtout qu’elle n’est exprimée à la Guyane que vingt-quatre
heures après quela racine a été râpée, délai qui peut permettre à une réaction
chimique de s’accomplir. On dit à Cayenne que l’écorce de la racine est le
contre-poison du suc, et que c’est pour cela que les animaux sauvages qui
rongent les racines ne s’empoisonnent pas, mais je crois l’explication que
je donne plus rationnelle.
Il y a des Maniocs plus vénéneux les uns que les autres, mais je doute
qu’aucun soit absolument exempt de principe nuisible. On dit bien que cer¬
taines peuplades sauvages du Brésil mangent de la racine de Manioc doux
crue, mais cela ne prouve pas que l’eau qu’on exprimerait de ces mêmes ra¬
cines râpées et abandonnées à un commencement de fermentation, avant
(lj M. Bar estime à environ 3000 kilogr. de couac le produit ordinaire d’un hectare
de Manioc. Il estime à environ trois journées la manipulation d’un hectolitre de couac
(travail de peler et grager les racines, de comprimer la pâte et de cuire).
350
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
d’être comprimées, ne serait pas vénéneuse. Les Indiens de la Guyane com¬
priment la racine râpée immédiatement et sans aucun délai, de même qu’ils
cuisent la farine aussitôt après l’expression du suc (1).
Des Maniocs sauvages. — Quoiqu'on ne puisse affirmer que le Manioc cul¬
tivé soit issu des Maniocs sauvages, qui ont avec lui quelque ressemblance,
il serait fort intéressant de cultiver quelques-uns de ceux-ci dans un jardin
botanique colonial, et de se livrer à quelques expériences sur le semis de
graines du Manioc cultivé.
Autant qu’on peut deviner les choses par présomption, je suppose que les
Maniocs sauvages sont très-vénéneux, sont très-vivaces de racine (repoussant
de nouvelles tiges de leur souche quand les tiges précédentes ont séché); qu’ils
donnent beaucoup plus de graines que le Manioc cultivé; qu’ils ont des ra¬
cines tuberculeuses beaucoup plus petites, plus fibreuses, plus dures, moins
riches en fécule.
M. Bar me donna un jour, à la Guyane, un rameau de Manioc sauvage
qu’il avait recueilli aux bords de la Mana. Je le desséchai sans avoir le soin
d’en garder une bouture pour planter. Cet échantillon est indiqué par M. Mul¬
ler dans le Prodromus , parmi les variétés du Manihot palmata , sous le nom
de a. diffusa. La tige était plus rameuse et les rameaux plus divariqués que
dans le Manioc cultivé, mais la principale différence était le fruit, beaucoup
plus gros, sphérique et non ovoïde, lisse et non relevé de petites crêtes mem¬
braneuses. Les fruits étaient très-nombreux, ce qu’on n’observe pas dans le
Manioc cultivé.
Je montrai la plante à des Indiens qui me dirent qu’ils la connaissaient et
l’appelaient Manioc-Biche , c’est-à-dire Manioc sauvage mangé dans les bois par
les cerfs. Le Camanioc, ou Manioc doux de la Guyane, rapporté par M. Mul¬
ler au M. palmata , ne me paraît pas différer spécifiquement du Manioc ordi¬
naire, et diffère au contraire beaucoup du Manioc sauvage dont il est ici
question. Il est vrai que M. Muller mentionne aussi des variétés de M. utilissima
qui n’ont pas ia racine vénéneuse. Je ne me rappelle pas d’avoir observé le
fruit du Camanioc, mais s’il eût été d'une autre forme que celui du Manioc,
le fait m’aurait certainement frappé.
J’ai souvent vu des fruits sur des pieds de Manioc, mais je n’en ai jamais
ouvert pour examiner la graine. Je n’en ai non plus jamais semé.
Du semis de graines de Manioc cultivé, essayé en vue d'obtenir de nou¬
velles races plus productives . — Il y aurait beaucoup d’intérêt à ce qu’un
expérimentateur intelligent et patient essayât de perfectionner le Manioc cul¬
tivé par des semis méthodiques. Quoiqu’il ne donne pas tout à fait autant de
graines qu’une plante sauvage, il en donne cependant un certain nombre,
surtout dans les abatis noves, à l’âge de deux ans ou deux ans et demi.
1) M. Boussingault m’a dit avoir vu, à la Nouvelle-Grenade, des mouches périr après
avoir sucé des tranches de racine de Manioc.
SÉANCE DU S DÉCEMBRE 1871.
351
Pour avoir quelque chance de réussir, il faudrait semer beaucoup de grai¬
nes prises sur des pieds très-vigoureux et très-productifs, élevés dans une terre
très-riche et fortement fumée. On rejetterait dans les semis la plupart des
individus, et l’on ne s’attacherait qu’à ceux qui montreraient une végétation
plus puissante ou des qualités particulières.
Le rendement médiocre du Manioc donne à penser que cette plante utile
pourrait être considérablement améliorée, et qu’elle est encore à un état demi-
sauvage, où elle ne donne que des produits incomplets.
Le Père Labat affirme que le Manioc élevé de graines donne très-peu de
racines. Faut-il supposer que les pieds élevés de semis restent, comme on
l’observe pour la Vigne, plusieurs aimées petits et chétifs, n’acquérant que
plus tard, après plusieurs bouturages successifs, leur vigueur et leur taille
définitives? Faut-il supposer que le semis de graines, recueillies peut-être sur
des pieds trop peu vigoureux, donnait des individus dégénérés et tendant à
revenir à l’état sauvage ?
Il est évident qu’on obtient, en élevant de graines, et des individus pires et
des individus meilleurs que la souche. C’est à l’art du cultivateur de bien di¬
riger ces essais délicats. 11 y a des règles générales connues, et il ne faut pas
se décourager pour quelques premiers résultats mauvais ou insignifiants.
Utilité qu'on pourrait retirer des pelures de racine et de Veau de Ma¬
nioc. — On laisse perdre, à la Guyane, l’eau de Manioc comme les écorces de
la racine. On pourrait cependant les utiliser dans la confection des engrais
ou même pour l’alimentation des animaux.
Ces écorces, qui entraînent toujours avec elles une partie du tissu du tuber¬
cule, s’échauffent et fermentent promptement. Nul doute que, entassées avec
des feuilles mortes, de la vase, un peu de terre et d’autres débris, elles ne
donnent de très-bon terreau.
L’eau de Manioc, étendue d’eau, pourrait également servir à arroser des
(as de feuilles et de débris végétaux entassés destinés à fournir de l’engrais.
il ne faudrait pas donner directement, et avant qu’elles eussent fermenté,
ces substances comme engrais : elles pourraient attirer les fourmis.
Les pelures de racines, laissées quelques jours à macérer dans l’eau cou¬
rante, ou mieux cuites, pourraient probablement être données aux porcs. Il
faudrait toutefois s’assurer par quelques essais qu'ils ne peuvent pas en res¬
sentir de mal (1).
Culture du Manioc hors de la Guyane. — Cultivé originairement dans
l’Amérique intertropicale, le Manioc a été répandu par les Européens dans
tous les pays chauds, et sa culture y a pris plus ou moins d’extension, sui¬
vant que le climat, le sol, l’état social, les lumières et les goûts des populations
(1) L’eau de Manioc non bouillie a une propriété fermentescible assez énergique : c’est
pour cela qu’on lave soigneusement les couleuvres et les toiles qui ont servi à comprimer
la farine ; sans cela elles s’altéreraient promptement.
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
302
ont favorisé ou non la propagation de la culture, Celle utile ({illusion continue
à s’opérer, et elle est appelée dans certaines localités à rendre de grands
services.
Le Manioc est proprement une plante de pays chauds; c’est dans la zone
équatoriale qu’il pousse le plus haut et prend son plus beau développement. Il
réussit bien dans tout l’espace intertropical, préférant toutefois les localités un
peu pluvieuses à celles où il y a de trop longues sécheresses. On le voit s’avan¬
cer hors des tropiques jusqu’au 30e degré, particulièrement dans les provinces
exlratropicales du Brésil, à Sainte- Catherine.
Partout il préfère un sol meuble, et les sables mêlés de terreau lui con¬
viennent singulièrement. Il n’aime pas les terres sujettes à s’imbiber d’eau.
li se prête assez bien à un ralentissement ou une suspension momentanée
de végétation, sous l’influence ou de sécheresse ou d’un rafraîchissement mo¬
mentané de la température; mais il préfère les climats où l’humidité et la
chaleur ne lui font jamais défaut. Là où dans l’espace intertropical s’élèvent de
petites montagnes et des plateaux, à une altitude déterminée, sans cesser
d’être cultivé, il est planté moins abondamment que le Maïs (provinces aus¬
tro-centrales du Brésil, versant oriental des Andes) ; plus haut il cesse de
venir. Sa culture ne s’observe pas généralement au-dessus de 1000 mètres
(Àdr. de Jussieu).
La nature du sol, la densité de la population, la prédominance ou l’aban¬
don des cultures industrielles, la facilité ou la difficulté de cultiver ou d’acheter
le Riz, le Maïs, le Sorgho, l’abondance ou la rareté du poisson et de la viande,
favorisent ou restreignent indirectement l’avantage qu’on trouve à planter du
Manioc.
Culture aux Antilles. — Aux Antilles françaises, où les terres hautes
sont beaucoup meilleures qu’à la Guyane, et où le pays porte une population
nombreuse, le Manioc est planté dans des terres depuis longtemps en culture,
et est généralement récolté jeune, l’emploi du sol ayant trop de prix pour
qu’il y ait avantage à l’y laisser deux ans, quoiqu’il continue à y profiter. On
laboure la terre pour le planter ; on le plante un peu plus serré et on le
sarcle plus soigneusement qu’à la Guyane. On aime à alterner sa culture avec
des plantations de Cannes, cette alternance reposant le sol. La tige est donc un
peu moins haute qu’à Cayenne et les racines sont un peu plus petites. Le
prix vénal de la farine de Manioc y est très-élevé. Tel est le bénéfice de la cul¬
ture de la Canne bien faite, qu’il y a avantage pour les plantations à tirer une
partie de leurs vivres du dehors, particulièrement à acheter du riz des Indes.
Le Manioc est probablement très-cultivé à Saint-Domingue et même à la
Jamaïque, où les conditions sociales sont très-différentes.
Culture au Brésil . — La culture du Manioc est générale au Brésil, le nom¬
bre de ses races ou variétés y est très-considérable. Il y a maintenant de nom¬
breuses sortes d’Aïpi ou Manioc doux. Dans le Para, qui est peu éloigné delà
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871.
353
Guyane, on voit déjà plusieurs races de Manioc inconnues à Cayenne, et le
couac s’y prépare d’une manière un peu différente. La production y est très-
abondante et le prix vénal est très-bas, en sorte que depuis l’émancipation la
ville de Cayenne a été fréquemment y chercher des vivres.
Dans la vaste étendue du Brésil, le Manioc se cultive dans des conditions
assez différentes de climat et de sol. Dans les provinces centrales, beaucoup
moins humides que le littoral et la vallée de l’Amazone, la plante redoute les
sécheresses, et, dans certaines années où il n’a pas plu suffisamment, on voit
des disettes calamiteuses (docteur Sigaud); dans les provinces austro-centrales,
la fraîcheur et la sécheresse du climat restreignent sa culture. A Sainte-
Catherine, le Manioc et le Blé se rencontrent, le premier est cependant la
culture prédominante. Dans le haut de la vallée de l’Amazone, on voit quel¬
quefois de singulières cultures de races précoces sur des plages tour à tour
couvertes et abandonnées par les eaux, suivant les saisons. Les Indiens plan¬
tent à la hâte dans le sable humide et engraissé de limon, dès que les eaux
se sont retirées. On se hâte d’arracher quand la saison des débords arrive
(E. Carrey).
Partout au Brésil, le Manioc préfère les terres neuves ; mais là surtout où
le climat n’est pas trop humide, on le plante très-souvent sur des terres
antérieurement cultivées. Quelquefois on le cultive sur des bandes de terrain
légèrement relevées en lignes saillantes ou ados, lorsque le sol est trop humide;
quelquefois sur des terres cultivées depuis longtemps, après une jachère
plus ou moins prolongée; on nettoie le sol au sabre d’abatis, mais on ne brûle
pas les herbes, on les enfouit dans des sillons que l’on creuse, et l’on plante
dessus le Manioc en lignes, après avoir ramené la terre par-dessus les herbes
enfouies (Yignerou-Jousselandière).
Au Para, on fait quelquefois tremper pendant quelques jours une partie des
tubercules dans l’eau. Ils s’y ramollissent et éprouvent un commencement de
décomposition ; on les écrase et on les mêle à de la pulpe gragée fraîche, puis
on prépare le tout en couac.
Jadis, aux Antilles, les nègres marrons préparaient quelquefois le Manioc en
faisant tremper pendant plusieurs jours dans l’eau d’un ruisseau les tuber¬
cules coupés en tranches (Labat).
On appelle au Brésil le Manioc Mandiocca ou Youca , le Manioc doux Aïpi
ou Youca dolce par opposition au Youca brava (Manioc vénéneux). L’eau de
Manioc s’appelle tucupi ; on sait, les Indiens au moins, la rendre inoffensive
par une ébullition prolongée où l’on enlève les écumes. On nomme la cassa ve
beju (1).
Culture au Benguela. — Le Portugal ayant fondé, dès le commencement
(1) La roue à grager est fort employée sur les grandes habitations ; il y en a quelque¬
fois de très-grandes qui sont mues par des chutes d’eau ou des animaux de travail.
T. XV11I. (SÉANCES) 93
35 li SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
de l’ère moderne, des colonies au Brésil et à la côte d’Afrique, des relations
actives s’établirent entre le Mexique et le Congo, et le Manioc, importé par
les Portugais, fut adopté par les nègres delà côte dans leurs cultures, et pro¬
pagé au loin par eux dans l’intérieur du continent. Ladislas Magyar décrit la
manière dont on le cultive sur le littoral du Benguela, localité où il pleut
très-peu. O11 le plante dans des terres sableuses dans les vallées de grands
cours d’eau : terres sèches à la surface, mais ayant constamment une légère
humidité à une certaine profondeur. On est obligé d’arroser plusieurs fois le
jeune plant ; mais quand il a pris de la force et que les racines sont descen¬
dues assez avant en terre, il n’est plus nécessaire de lui fournir de l’eau. La
plante s'élève très-haut, forme un bois très-fort et donne de très-grosses
racines.
Les nègres de la Guyane d’origine africaine, sortis la plupart de l’intérieur
de la Guinée, qui m’ont parlé du Manioc cultivé dans leur pays natal, me
l’ont toujours dépeint comme poussant très-haut, formant un bois très-gros
et vivant plusieurs années (1).
ADDITIONS A LA FLORE ALGÉRIENNE ET OBSERVATIONS SUR QUELQUES PLANTES
DE CETTE FLORE , par II. le colonel 1MRIS.
(Périgueux, novembre 1871.)
Depuis longtemps j’aspirais au moment où il me serait permis de faire une
excursion dans le sud de la province de Conslantine, afin de pouvoir en com¬
parer les hauts plateaux et la région désertique avec les zones correspondantes des
provinces d’Alger et d’Oran. Au mois de mai 1870, j’ai pu réaliser ce désir, mais
d’une façon trop incomplète. En effet, dès el Outaïa et presque aussi abondam¬
ment qu’à el Aghouat en 1866, je rencontrai les sauterelles; la plaine de Biskra
était rongée jusqu’au sable ; et un dôme de fumée, s’échappant des feux que
l’on entretenait sur tous les points de l’oasis pour tâcher de sauver les Dattiers,
remplaçait le ciel bleu du désert par un autre plus semblable à celui de Lon¬
dres ou de Birmingham. De plus, le lendemain môme de mon arrivée, et au
moment où j’allais nonobstant me mettre en route pour Tougourth, je rece¬
vais un télégramme de service qui me rappelait aussi rapidement que possible
à Constantine ; si bien que, parti de celte dernière ville le 10 mai, j’y étais de
retour dans la nuit du 29 au 30.
Bien que contrarié par ces divers contre-temps, auxquels je pourrais en
ajouter d’autres, mon voyage n’a point été complètement stérile; et j’ai pu
récolter, non-seulement bon nombre de plantes spéciales, mais encore quel-
(1) J’ai vu cultiver aux Canaries, par curiosité, quelques pieds de Manioc doux. La
plante donnait des racines de volume médiocre. Elle arrêtait sa végétation en novembre,
lorsque la chaleur devenait insuffisante. Malgré les relations très-actives des Canaries
avec Cuba, l’usage de cultiver le Manioc ne s’est pas établi dans ces îles.
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871.
355
ques espèces nouvelles, les unes d’une façon absolue, le plus grand nombre
comme localités. Ce sont celles de ces deux dernières catégories qui font
l’objet de ma communication à la Société.
Le seul travail d’ensemble que nous ayons sur la végétation de cette partie
delà province de Constantine est le « Rapport sur un voyage botanique en
Algérie, de Philippeville 'a Biskra et dans les monts Aurès, entrepris en 1853 »
(Ann, des sc. nat. 4esér. t. IV), par M. Cosson, qui était accompagné dans
ce voyage par le regrettable Henri de la Perraudière et par M. Balansa.
M, Cosson a de plus mentionné, dans son rapport, les découvertes antérieu¬
rement faites sur les hauts plateaux et aux environs de Biskra par MM. Ba¬
lansa, Guyon, Hénon et Jamin.
Je me propose donc, dans cette notice, de reprendre une à une les stations
indiquées par M. Cosson dans le rapport précité, et de signaler à chacune
d’elles les plantes que j’y ai rencontrées, qui ne figurent pas sur les listes
affectées à ces stations.
M’iila.
Sisymbrium torulosum Desf. — Limite septentrionale de l’espèce en Al¬
gérie. Les points extrêmes où elle avait été signalée dans celte direction
(P. C. (1) Aïn-Yagout [Coss. etLaPerr.]; P. A. K’sar Boghari, pl. du Clielif
[O. Debeaux] ; P. O. Saint-Denis du Sig [Durando]) sont tous au-dessous du
36e parallèle, tandis que la latitude de M’iila est de 36° W 1NT.
Réséda Duriœana J. Gay.
Carduncellus rhaponticoides Coss. et DR. — Je ne mentionne ici cette
rarissime espèce, qui y a été découverte par M. le docteur Guyon, et ensuite
retrouvée par M>1. Cosson, Kralik et de la Perraudière, que pour signaler le
parfum exquis de vanille, mélangé de violette, qui se dégage de la plante (de
la racine?) à l’état frais. Il y a là, pour notre confrère M. Lefranc, une ana¬
lyse à faire pour servir de pendant à son beau travail sur Y Atractylis g uni¬
rai fer a.
Stipa gigantea Desf.
Chotts.
Prasium majns L. — Il croît dans les fentes de blocs qui gisent çà et là sur
le plateau entre les deux lacs; il n’y dépasse pas 0m,‘20 à 0m,25 de hauteur,
mais y devient sous-frutescent.
Allium pallens L. var. tenuiflorumG uss.
Aïn lagout et Ohiii el Asnam.
Clypeola cyclodontea Del. — Si je ne me trompe, cette localité nou¬
velle constitue en Algérie, et par conséquent d’une façon absolue, la limite
(1) P. C. = province de Constantine', P. A. ~~ prov. d’Alger ; P. 0. = prov. d’Oran.
350 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
septentrionale de l’espèce. Jusqu’à présent les points extrêmes atteints par elle
dans la direction du N., à moi connus, étaient les suivants: P. C. Batna
(Coss. et La Perr.). P. A. Moulin de Djelfa (Reboud). P. O. Entre Mascara et
l’O. el Hammam (Pomel).
Astragalus cruciatus Link.
Pimpinella dichotoma L. — Cette plante est nouvelle pour la province de
Constantine; du moins je ne la connais jusqu’à présent en Algérie que dans
la province d’Oran, où elle est assez répandue, et dans la province d’Alger, où
elle a été signalée seulement à Guelt es Stel (Coss.) et au Dj. Sahari près
Djelfa (Reboud). — Elle croît abondamment sur un petit tertre pierreux qui
se trouve à 150 mètres environ au S. du caravansérail, à droite de la route ;
elle reparaît dans les mêmes conditions d’habitat, toujours à droite de la route,
100 mètres environ avant d’arriver à Oum el Asnam (en compagnie du Poly-
carpon Bivonœ Gay). Enfin, pour terminer ce qui est relatif à cette espèce,
je dirai qu’elle se rencontre encore, mais moins abondamment que dans les
deux premières localités, dans les pierrailles à gauche de la route, entre les
gorges et le village arabe d’el Kantara.
Avena bromoides Link. — M. Duval-Jouve, auquel j’avais envoyé des échan¬
tillons de cette Graminée, m’écrivit à son endroit: « Remarquez que ce n’est
» pas VA. bromoides type, mais bien quelque chose de plus curieux, c’est-à-
» dire une forme parfaitement intermédiaire entre VA. bromoides et VA . ans -
» traits Pari. » — Or, VA. australis n’a point encore été trouvé, que je
sache, en Algérie; et VA. bromoides en constitue une des hautes raretés, à ce
point qu’il ne figure ni dans le volume consacré aux Glumacées dans V Explo¬
ration scientifique de V Algérie, ni même dans son supplément. Je ne l’y connais
que de : P. A. Bou Ismaël près Colea (Clauson). P. O. Frenda (Warion). —
La plante d’Aïn Tagout croît avec le Pimpinella dichotoma.
Notons, en passant à la fontaine du Génie (10 kilom. avant d’arriver à Batna),
ia présence des espèces suivantes :
Erysimum perfoliatum Cr.
Trigonella glcidiata Stev.
Rochelia stellulata Rchb.
Festuca Pectinellci Del.
Elymus crinitus Schreb.
Ægilops ventricosa Tausch.
Rois <le Lanihessa.
Erysimum long i folium J. Gay. — Déjà signalé par le rapport précité an
Dj. Tougourth.
Erysimum strictum var. micranthum J. Gay. — Déjà signalé par le rap¬
port précité au Dj. Tougourth.
Erinacea pungens Boiss.
i
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871.
357
Astragalus lanigerus Desf.
Valerianella discoidea Lois.
Rochelia stellulata Rchb.
Itclie Ali (1).
La partie de cette montagne que j’ai pu explorer, pendant la matinée du
15 mai seulement, est le ravin qui fait suite à la route sortant de cetle porte
de Batna qui se trouve immédiatement à l’E. de celle à laquelle s’amorce la
route de Biskra. Ces deux roules font entre elles un angle très-aigu. Après
A ou 5 kilom. de plaine, on arrive au pied de la montagne et l’on s’élève le
long de la berge occidentale du ravin par un sentier arabe, qui, bordé de buis¬
sons où dominent l’ Erinacea pungens Boiss. et le Rosmarinus officinalis
L. var. Tournefortii de Noé, aboutit, après 3 ou h kilom., à un plateau cul¬
tivé, d’une altitude de 1350 à 1500 mètres, que je n’ai pas dépassé.
Diplotaxis pendula DG. — Cette localité constitue la limite septentrio¬
nale de l’espèce dans la province de Constantine, où ellen’avait pas été signalée
au N. d’el Kantara, de Bou Saada et de ses environs, dans le Hodna : sta¬
tions situées à un demi-degré environ au S. de l’Itche Ali, et au seuil de la
région désertique. La présence de cette plante dans le massif montagneux des
environs de Batna, à une altitude de 1300 mètres où elle doit être recouverte
par la neige presque tous les hivers, est un fait de géographie botanique qui
m’a paru des plus intéressants.
Erodium ciconium AVilId.
Vicia cuneata Guss. — Nouvelle pour l’Algérie, cette espèce se trouve à
la lisière des buissons sur le plateau supérieur dont j’ai parlé. Je regrette bien
de n’y avoir vu, sur le moment, qu’une variété du V. lathyroides L., et de
n’en avoir fait, sous cette impression, qu’une récolte insignifiante.
Astragalus nummularioides Desf. — Déjà signalé dans la plaine de Batna
et au Dj. Tougourtli par le rapport précité; abonde au seuil du premier grand
palier horizontal du sentier arabe, à droite de ce dernier.
Djebel Tougourth.
Végétation très en retard ; les pentes inférieures et moyennes seules m’of¬
frent un certain nombre d’espèces, toutes mentionnées par M. Cosson. Je
ne trouve à citer que :
Barbula lœvipila Brid.
Bryum atro-purpureum W. et M.
Les K’sours.
Je donne la liste complète des espèces que j’ai recueillies aux environs du
(1) L’ethnique Ilche (ou Ichlï), en berbère, est l’équivalent du mot arabe djebel ;
l’un et l’autre signifient montagne. C’est donc un pur pléonasme que de réunir ces deux
mots, comme le font quelques botanistes, devant le nom Ali.
358 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FIUNCE.
caravansérail, où MM. Cossonetde la Perraudière n’ont point séjourné, et où
ils ont simplement noté, en passant, les Peganum Harmala L., Hohenackerici
polyodon Coss. et DR., Valerianella stephanodon Coss. et DR. et Silybum
eburneum Coss. et DR. J’ai retrouvé ces espèces (moins le V. stephanodon) ,
et de plus :
* Ceratocephalus falcatus Pers.
Diplotaxis muralis DC.
Neslia paniculata Desv.
Fumaria micrantha Lag.
Alsine procumbens Valil.
Trigonella monspeliaca L.
— polycerata L.
Med ica g o Lupulina L.
Astragalus sesameus L.
* Polycarpon Bivonce J. Gav.
Herniaria annua J. Gay.
Hohenackeria bupleurifolia F. et M. — Deux individus au milieu de cen¬
taines à' H. polyodon .
* Bupleurum semicompositum L.
* Crucianella patula L.
Valerianella chlorodonta Coss. et DR.
* Kœlpinia linearis Pall.
Androsace maxima (1) L.
Asperugo procumbens L.
(1) Puisque le nom de Y Androsace maxima est amené sous ma plume, le moment
me paraît opportun pour me rectifier moi-même, et signaler une erreur que j’ai com¬
mise. On se rappelle peut-être que, dans une précédente communication à la Société
(Vingt-deux mois de colonne dans le Sahara algérien et en Kabylie, XIV, 283), j’ai
parlé d’une vaste plaine d’yl. maxima que j’aurais vue sur la rive droite de l’O. R’harbi,
depuis Bennout jusqu’au loin dans le Sud, et que je n’avais pu que constater du haut de
mon cheval. Quelques mois après la publication de cet article, je recevais de mon ami
le docteur Warion, qui colonnait du côté de Figuig, tandis que nous arpentions, à sa
hauteur, l’O. Segg'uenr et l’O. R’harbi, une lettre où il me disait : « Le portrait, frap-
» pant de ressemblance, que vous tracez des monticules verdoyants de l’O. R’harbi me
» permet d’autant moins de les méconnaître que, dans un de ses crochets, la colonne à
» laquelle je suis attaché est allée de vos côtés jusqu’à Bennout. Je crois donc pouvoir
» dire que ce n’est pas VA. maxima que vous avez vu, mais bien la plante ci-jointe que
» je vous envoie de Figuig. Me trompé-je? »
M. le docteur Warion ne se trompait pas, et la plante qu’il m’envoyait, mais en fruit,
alors, et non pas seulement en feuilles radicales, comme je l’avais entrevue, n’était rien
moins que YAnabasis aretioides Coss. et Mq.-Td. !
Dimitte nobis. .. sicut et nos.,.
Ainsi donc, voilà une plante qui jusqu’alors avait été une des plus grandes raretés de
notre Sud algérien, et qui devient une non moins grande vulgarité aux approches du
grand désert ! Combien de plantes, dont nous ne trouvons entre la ligne el-Kantara-el-
Aghouat-Géryville, et la ligne Ouargla-Methili-les deux Mor’ars, que de rares individus,
ne sont aussi que les sentinelles perdues de vastes colonies dont le centre d’habitation
se trouve à 2 ou 3 degrés plus au sud?
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1 S 7 J .
359
Nonnea micrantha Boiss. et Reut.
Marrubium Alysson L.
Lolium rigidum Gaud.
La présence des espèces marquées d’un astérisque a été constatée par
Mi\l. Cosson, Kralik et de la Perraudière aux environs du poste des Tama¬
rins, un peu plus d’à moitié chemin des K’sours à el Kantara. Immédiate¬
ment en quittant les Tamarins, on descend une côte, à partir du pied de
laquelle on longe d’abord l’O. Feddala, affluent de l’O. el Kantara, puis ce
dernier jusqu’au col de Sfa. C’est au pied même de cette côte que s’opère
brusquement la transition de la végétation des H. P. à celle de la région saha¬
rienne.
El Kantara.
Fumaria Bastardi? Bor. — Je n’oserais affirmer que cette espèce soit bien
celle de M. Boreau, dont je n’ai pas d’échantillons authentiques sous les yeux :
à coup sur c’est une de celles en lesquelles a été démembré le F. capreolata
de Linné. Elle croît au pied des blocs de rochers que l’on voit sur le ver¬
sant N. -O. du Dj. Gaous, au sommet même du talus à gauche de la route,
un kilom. environ avant de franchir l’O. Feddala pour la seconde fois. Le
F. Bastardi a été trouvé à Mascara par M. le docteur Warion.
Fumaria longipes Coss. et DR. — MM. Cosson et Durieu de Maison¬
neuve, qui ont créé cette espèce dans notre Bulletin (II, 305), ont été amenés
plus tard, sans que je puisse en ce moment me rappeler quand et où, à n’y
voir qu’une forme annuelle du F. numidica. Après avoir vu sur place le
F. longipes , il me sera permis de dire que je ne saurais vraiment me rallier
à cette dernière manière de voir, et qu’à mon avis, ces deux savants avaient été
mieux inspirés dans leur première appréciation. J’ai pu observer le F. numidica
dans deux de ses stations les plus extrêmes : au Kh’eneg et au Guern el Mi-
loch près el Aghouat, d’une part, et de l’autre à Constantine. C’est dans cette
dernière localité que l’on est le mieux à même d’étudier les diverses varia¬
tions que cette plante est susceptible de présenter. En effet, on la rencontre
•
depuis le sommet jusqu’à la base des escarpements verticaux du Sidi-Mecid.
Seulement, dans les parties supérieure et moyenne, elle n’est nullement
abritée, et reste exposée pendant les cinq ou six mois d’été aux rayons du
soleil africain sans être désaltérée par une seule goutte d’eau. Dans ces con¬
ditions, la plante de Constantine est identique à celle d’el Aghouat : ramassée,
trapue, les pédoncules et les pétioles courts, les segments foliaires rapprochés
et enroulés sur eux-mêmes comme ceux d’une fougère desséchée. Tout autre
est l’aspect de la plante à la base de la montagne, surtout près de l’arche na¬
turelle que forme le rocher au-dessus du sentier conduisant du moulin Lavit
aux chutes du Roummel, et aussi de l’autre côté de la rivière, à la surface du
rocher d’où jaillit la source thermale. Là le/'7, numidica, qui émerge de toutes
les fissures du roc, ne voit que peu ou point la lumière directe du soleil, et l’hu-
360 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
midité de la terre et de l’air ambiant est constamment entretenue, même au
cœur de l’été, par les suintements de la montagne et l’évaporation des eaux. Il
change alors complètement de faciès, s’allonge dans toutes ses parties, au point
d’offrir des feuilles qui mesurent de üm,25 à 0m,30, et ressemblent à de vérita¬
bles feuilles d’Ombellifère. Jamais, dans l’une ou l’autre forme, je n’ai aperçu
trace de cette couleur rosée des pétales, que MM. Gosson et Durieu signalent
spécialement comme existant quelquefois, et qui est normale dans le F. lon¬
gipes. Si ce dernier n’était qu’une forme annuelle du F. numidica, évidemment
c’est aux pieds âgés d’un an de la première de ses deux formes qu’il devrait
ressembler, puisqu’il croît dans des conditions climatériques analogues, et
encore plus accentuées. Point! Ce Fumaria, qui fait saillie à dix pieds au-des¬
sus de la route, le long de la paroi verticale des rochers exposés en plein au
soleil (et quel soleil !) d’el Kantara, a, de la façon la plus absolue, le port de
la deuxième forme signalée ci-dessus; et, pour tout dire, il ne s’en distingue
que par les caractères, mais auxquels je maintiens une parfaite valeur spéci¬
fique, par lesquels les auteurs ont, dans le principe, très-distinctement dif¬
férencié les deux espèces, et auxquels il me paraît utile d’ajouter les suivants,
dont on appréciera la valeur :
F. numidica : .... pedicellis 0m,09-0m,10 longis jam a 0m,01 2-0m,015 ante siliculam
sensini concrescentibus ; siliculis subgloboso-ovaiis , apice haud depresso acumine Irian-
gulari marginem suturalem evidenter continuante donatis. Seclio transversa (axi per-
pendicularis) siliculæ ovato-suborbicularis.
F. longipes : .... pedicellis 0m,12-0m,15 et ultra longis, sub fructu abrupte dilatatis;
siliculis ovato-compressis sublenticularibus , apice emarginato-depresso acumine trian-
gulari in imo sinu nascente donatis. Sectio transversa (axi perpendicularis) siliculæ ellip-
soidea , diametro inter suturas 2-3 -plo diamelro inter valvas majore (1).
Au lieu de la souche vivace du F. numidica , le F. longipes émet de
longues racines filiformes, qui vont loin de la surface du rocher lui cher¬
cher un peu de fraîcheur. En extrayant avec précaution, de la fissure où elle
avait pris naissance, la seule touffe que j’en ai vue, mais qui formait une co¬
lonie de quinze à dix-huit individus, j’ai obtenu des racines de 0m,35de
longueur. Une autre considération, empruntée à la physiologie générale, me
paraît encore militer en faveur de ma manière de voir. Je connais, comme
tous les botanistes, de nombreux exemples de plantes dont l’existence devient
déplus en plus longue à mesure qu’elles s’avancent davantage vers le sud. A ne
prendre que le Moricandia arvensis , je l’ai vu, chétif et annuel près de Mar¬
seille, limite N. de son aire, vigoureux et au moins bisannuel dans les schistes
(1) Parmi les caractères que MM. Cosson et Durieu de Maisonneuve ont assignés à leur
section Petrocapnos (l. c.), il en est un, très-exact en général, mais qui comporte des
exceptions, et ne peut rester par conséquent énoncé d’une façon aussi absolue : ce
caractère est celui de l’indéhiscence. Au moment où j’écris ces lignes, j’ai sous les yeux
deux silicules de F. longipes dont les deux valves sont séparées, le long de la suture
marginale, dans leurs deux tiers supérieurs.
SÉANCE DE 8 DÉCEMBRE 1871
3(51
des environs de Constantine, devenir franchement vivace et presque sous-
frutescent dans la région saharienne (dans les ravins du Dj. Melah, près d’el
Outaïa, où il abonde avec le Saluia Jaminiana , il atteint l,n,60 de hauteur et
est garni de feuilles pareilles à celles du Calotropis procera!). Mais cet exem¬
ple serait pour moi le premier d’une plante vivace dans le N., qui deviendrait
annuelle en pénétrant dans la zone désertique. Enfin, et pour terminer,
pourquoi, alors que le F. numidica se trouve assez répandu dans les H. P.
et la bande septentrionale de la région saharienne, sa forme annuelle se cau-
tonnerait-elle dans un coin resserré de la partie E. de cette bande? C’est
qu’en effet l’aire du F. longipes est des plus restreintes! La station d’el Kan-
tara forme désormais le sommet N. du triangle qui constitue cette aire ; le
sommet S. -O. est au col de Sfa (Hénon), le sommet S. -E. à M’chounech (Bal.) ;
la quatrième station connue est l’oasis de Branis (Cosson), 6 kilom. N.-N.-E.
du col de Sfa, donc dans l’intérieur du triangle, dont la superficie est de
230 kilom. carrés (1)! — Je me résume. Si l’on me dit : le F. longipes a été
semé, et deux ans ou plus ensuite on a obtenu le F. numidica , je m’incline
et prie de considérer mes observations comme non avenues ; sinon, non.
Jberis pectinata Boiss.
Psychine stylosa Desf. — N’était encore indiqué dans la province de
Constantine, à ma connaissance, qu’à Tebessa (Letx). Par contre, je n’ai pu
mettre la main sur son socius habituel, le Cordylocarpus muricatus , qu’v
signale le rapport de M. Cosson.
Réséda decursiva Forsk.
— arabica Boiss.
— propinqua R. Br.
— neglecta Muell.
— atriplici folia J. Gay (R. Aucheri bot. alger. , non Boiss.). —
Me sera-t-il permis de demander, timidement, à quelle circonstance ce
Réséda doit de s’appeler aujourd’hui R. Alphonsi , in DC. Prodr. XVI-n,
579, n. M i? — M. Mueller, le monographe des Résédacées, a décrit pour la
première fois le R. Alphonsi en 1856, dans le Bot. Ztg, sur des échantil¬
lons recueillis à Biskra par M. Balansa et distribués par lui sous len° 875.
L’étiquette qui accompagne cette plante porte : R. atriplici folia J. Gay,
sp. nova. Or, non-seulement M. Mueller a remplacé par un nom spécifique
signé de lui le nom antérieurement imposé par notre vénérable et si regretté
maître, mais encore ni dans le Bot. Ztg , ni dans le Prodromus, il n’a fait au
R. atriplici folia les honneurs de la synonymie : si bien que, pour tous ceux
qui ne se sont pas spécialement occupés de la végétation algérienne, M. Mueller
semble avoir, le premier, distingué et nommé ce Réséda ! Je veux laisser à
(1) M. A. Letourneux me l’a indiqué encore au Dj. Thaya, près Guelma : mais cette
localité, bien excentrique à l’aire authentiquement déterminée de l’espèce, aurait vraisem¬
blablement besoin d’être confirmée.
302 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
de plus autorisés que moi le soin de rechercher dans le volume du Prodromus
qui traite des Euphorbiacées (étant donné, bien entendu, que la monographie
magistrale, comme tout ce que fait M. Boissier, de la tribu des Euphorbieœ
qui inaugure ce volume, n’est point en cause) si le fait que je relève est isolé,
s’il dérive d’un système adopté par l’auteur. J’ai seulement tenu à protester
ici contre cette dépossession d’un nom cher à tous les botanistes français,
comme je l’ai fait en distribuant la plante à mes correspondants sous le nom
de B. atriplici folia.
Paulo minora canamus ! C’est vraiment un séjour de prédilection pour
les espèces de ce genre que le ravin d’el Kantara, et il n’y manquait au ren¬
dez-vous des Beseda désertiques, dans un espace de 100 mètres, que le beau
B. villosa de Metlili, que JM. Mueller (je lui demande encore bien pardon
de la liberté grande) a décrit sous le nom de B. tomentosa (1. c. n. 42),
déjà appliqué (1. c. n. 38) à une espèce de Cappadoce, mais en lui laissant
cette fois, je me hâte de le proclamer, sa paternité légitime ; ce qui exclut
pour ce cas toute idée autre que celle d’un lapsus calami.
Silene Muscipula L.
— ?
Sclerocephalus arabicus Boiss.
Pimpinella dichotoma L.
Seseli varium? Trevir. — L’absence des feuilles rongées par les saute¬
relles, jointe à celle d’échantillons authentiques de la plante de Treviranus, ne
me permet pas de donner cette dernière détermination comme certaine.
Asperida hirsuta Desf.
Bellis dentata DC. — Voilà bien certainement un fait de géographie bo¬
tanique des plus curieux! Une plante qui, en Algérie, n’a encore été trouvée
que dans le Dj. Taïg et le Dj. Taguelsa, aux environs de Boghar, à 1250 m.
ait. (O. Debeaux), à la Calle, aux Seba et aux Senhadja (A. Letx), c’est-à-
dire dans la région montagneuse et sur le littoral, qui se retrouve au seuil de
la région désertique ! — J’ai eu beau la retourner sur toutes ses faces, il m’a
été impossible d’y rien découvrir qui la distinguât de la plante du Pro¬
dromus. Aussi, bien qu’elle fût passée et bien sèche, comme elle avait
conservé ses caractères généraux de forme extérieure et d’akènes, n’ai-je
point hésité à la recueillir en nombre, et à la distribuer comme souvenir de
sa station si originale. — Je dois la bien préciser. Avant d’arriver aux gorges
proprement dites, on traverse deux affluents de FO. el Kantara, le premier à
un kilom. environ du caravansérail. Immédiatement après avoir passé celui-ci,
dans lequel même viennent s’enfoncer les escarpements du Dj. Gaous,
tourner à gauche dans les rochers, en remontant l’affluent : à quinze pas de
la route, on trouve le B. dentata dans les anfractuosités, en compagnie du
Seseli varium? et du Cheilanthes odora.
Centaurea parviflora Desf. — Abondant sur les rochers, avant et dans les
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1 871.
363
gorges. La station de Medjez dans le Hodna (Dr Reboud) et celle que je
viens de signaler constituent la limite méridionale de l’espèce dans cette pro¬
vince, où elle n’avait point été indiquée au S. de Constantine. J’ai également,
si je ne me trompe, constaté la même limite pour cette plante dans la pro¬
vince d’Alger, au rocher de Sel(Z?w//. XIV, 288).
Campamila Kremeri Boiss. et Reut. — Rare dans la province d’Oran, où
elle n’a été indiquée qu’à Mers el Kebir et au Dj. Santo (Boiss. et Reut.), et
aux bords de la Tenira près Sidi bel Abbés (Lefranc), inconnue dans la pro¬
vince d’Alger, cette plante a été signalée dans le Hodna, à Kerdada et el Alleg
(D1 Reboud). Mes échantillons d’el Kantara concordent parfaitement avec
la description du Pugillus (p. 75), surtout en ce qui concerne les dimensions
de la corolle. Est-ce assez pour la distinguer spécifiquement du C. dicho-
toma, avec les formes petites et moyennes duquel il me paraît impossible
de ne pas la confondre, lorsqu’elle n’est pas encore en fleur, ou est déjà en
fruit ?
Sideritis montana L. — Limite méridionale de cette espèce encore, qui,
sur la ligne Philippeville-Biskra, n’avait pas été signalée au S. de Batna. Con¬
statée aussi dans le Hodna aux mêmes localités que le Campanula Kremeri
(Dr Reboud).
Rumex roseus Campd. — Très-abondant dans les pierrailles à lia sortie
des gorges. Indiqué seulement à el Outaïa et à Biskra dans le rapport de
M. Cosson.
Aspliodelus tenuifolius Cav. — Je ne sais s’il est bien constaté que cette
plante soit annuelle. Kunth ( Enurn . IV, 558) la donne comme telle, mais
dubitativement; aussi est-il disposé à n’y voir qu’une variété de VA. fistu-
losus , qui est vivace. Si cette dissemblance entre la durée des deux plantes
n’existe point, je me rangerais volontiers à l’avis de Kunth, car la première
n’est à vrai dire qu’une miniature de la seconde.
Pennisetum.. . sp. nova? (P. numidicum journ. de voyage). — Le rapport
de M. Cosson ne signale aucun Pennisetum dans le ravin d’el Kantara. Ce¬
lui-ci est assez abondant sur les rochers à gauche de la route, après le cara¬
vansérail et un peu avant d’arriver au pont. Ses épis violacés me firent
soupçonner sur-le-champ une espèce, sinon nouvelle, du moins inconnue
pour moi ; la comparaison que j’en ai faite depuis avec les Pennisetum nord-
africains de mon herbier m’a encore affermi dans cette opinion. Désireux
cependant de lui acquérir une confirmation autorisée, j’adressai ma plante à
mon savant ami M. Duval-Jouve, qui me répondit : « Votre Pennisetum d’el
» Kantara ne m’est pas moins inconnu qu’à vous, et ce n’est aucune de mes
» espèces algériennes. Ce n’est toutefois pas une raison pour qu’il soit nou-
» veau, il faudrait visiter les herbiers de Paris... » Comme je n’ai pas été, de
toute cette année, en position d’aller faire cette étude comparative, je me
suis décidé à distribuer à mes correspondants ce Pennisetum (n. h 99) sans
3(3/l SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
nom spécifique, plutôt que de charger encore, au cas où il serait connu, la
nomenclature botanique d’un synonyme inutile.
Stipu tortilis Desf.
Cheilanthes odora Sw.
Lepturus incurvatus Trin.
Je ne voudrais point terminer cette note sans essayer défaire ressortir,
mieux qu’on 11e l’a fait à mon sens jusqu’à ce jour, le peu de ressemblance
qui existe entre les H. P. de la province d’Alger et ceux de la province de
Constantine. A dire vrai, il 11’y a de commun, entre ces deux régions, que le
nom et l’altitude (inférieure cependant dans les H. P. de l’E.): mais le relief
orographique, et partant le système des eaux, la constitution géologique et les
caractères de la llore diffèrent absolument.
J’ai parlé assez longuement des premiers dans une précédente communica¬
tion pour pouvoir n’y revenir ici que très-succinctement. Je me contenterai
donc de rappeler que sur le méridien d’Alger et sur une longueur de 2 degrés et
demi, des gorges de Boug-Zoul à el Aghouat, la route qui passe à Guelt el Stel
tout au travers de l’extrême contre-fort oriental du Dj. Oukeït, 11e coupe par
ailleurs que la chaîne du Dj. Senalba (à laquelle fait suite, à l’E., le Dj. Sahari),
depuis le rocher de Sel jusqu’au gué de l’O. Çdcur. En dehors de ce nœud
central, elle se traîne au milieu de steppes que creusent çà et là quelques bar-
rancas, où que dépriment, au fur et à mesure que l’on s’avance vers le sud,
de plus nombreuses dakias (mot arabe qui veut dire : cuvette). A droite et à
gauche, c’est à peine si l’on distingue à l’horizon le plus lointain, malgré la
transparence exceptionnelle de l’atmosphère, les sommets bleuâtres de quel -
ques chaînes pelées. Entre Boug-Zoul et Djelfa, ce sont: à l’O. les pics du Ser-
sou, à l’E. le Dj. Dira; de Djelfa à el Aghouat, à l’O. le massif du Dj. Amour,
à l’E. celui du Dj. Bon Kahil.
La conséquence immédiate de cette 'disposition orographique est l’absence
absolue d’eaux courantes, en dehors de la chaîne du Dj. Senalba : encore 11e
parlé-je que pour mémoire de la rivière du rocher de Sel, dont la nature est
suffisamment indiquée par son nom. Partout ailleurs, sauf pendant la saison
des pluies, il n’y a pas une goutte d’eau à espérer en dehors des puits creusés
dans les caravansérails d’étapes. Donc, point d’agriculture, point de création de
centres habités possible ; tous les steppes, lavés par les pluies diluviennes
de l’hiver, ont depuis longtemps abandonné aux dahias la maigre couche
d’humus qui les recouvrait dans le principe, et 11e présentent plus, au-dessus
delà roche sous-jacente, qu’un mince lit de gravier provenant de la décompo¬
sition surplace, ou amené par le guebli(\e nt du S. -O.). Phénomène étrange,
et encore insuffisamment expliqué, du moins à mes yeux ! Longeant le pied
N. -O. du Dj. Senalba et du Dj. Sahari, intermédiaire à ces deux chaînes et
aux deux lacs des Zahrès, se développe, sur une longueur d’environ 80 kilom.
et une largeur de !\ à 6 ou 7, un banc de sables mobiles que la route traverse
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 187J .
365
à peu près par son milieu, et qui, çà et là, forment des dunes de 12 à 15 mè¬
tres de hauteur, de véritables aregs , comme dans l’extrême sud ! Aussi re¬
trouve-t-on là quelques sentinelles perdues de la région désertique : Astragalus
Gombo Coss. et DR. , Zollikoferia resedifolia Coss. — En dehors de cette bande,
jetée à plus de quarante lieues en avant de la région des sables désertiques, des
myriamètres carrés de Tgoufeute (. Artemisia campestris L.), de Hatob (Sal-
sola vermiculata L. ) et de Halfa (Macrochloa tenacissima Lk.), sontévidem-
ment condamnés à ne jamaisjêtre qu’un pays de pâturages à chameaux et à
moulons. Seuls les environs de Taguine et de Taadmilt, où se trouvent des
sources, peuvent être convertis en prairies susceptibles de nourrir des bêtes à
cornes ; mais par-dessus tout ceux de Djelfa sont destinés à devenir un cen¬
tre agricole du premier ordre, par la facilité que les eaux du Senalba donnent
d’irriguer, aux portes mêmes de la ville, de belles prairies ; tandis que les
épaisses alluvionsqui se sont déposées sur une ligne continue dans la direc¬
tion Djelfa-Bou Saada offrent à la culture des céréales des conditions excep¬
tionnelles de réussite (1),
(l) Le 3 octobre 1864, au plus fort d’une insurrection qui tenait depuis le commen¬
cement du printemps, le général Yusuf conclut avec les Mozabites de Djelfa, pour le
ravitaillement de sa colonne et de la place d’el Aghouat, un marché fabuleux comme
quantité, de blé et d’orge : plusieurs milliers de quintaux ! Il faut toutefois tenir compte,
dans les chances de réussite d’établissements agricoles dans cette région, de la difficulté
des transports, qui ne s’effectuent encore aujourd’hui qu’à dos de mulet ou de chameau.
Me sera-t-il permis de faire, à ce sujet, une courte excursion en dehors de la partie
spéciale de cette communication, et de répéter une fois, tout haut, la question que quel¬
ques-uns de mes amis et moi nous sommes adressée tant de fois? Pourquoi, el Aghouat
ayant été pris en 1852, et immédiatement élevé au rang de centre principal de la colo¬
nisation et des opérations militaires dans le sud de la province d’Alger, le pays entre ce
point et Boghar dès lors parfaitement soumis et tranquille (il n’a jamais cessé de l’être
que par notre faille !), pourquoi n’avoir point depuis longtemps relié ces deux points
extrêmes par un chemin de fer? dût-on laisser aux modes primitifs de transport la
partie montagneuse comprise entre Rocher de Sel et Djelfa ! Dût-on même n’installer
qu’une voie dite américaine ! Le terrain, plan et horizontal, ne demande qu’à recevoir
les rails ; quelques détours de peu d’importance permettraient d’éviter tout travail d’art
proprement dit; la voie passerait à tous les caravansérails, qui seraient des gares, et aux
environs desquels une citerne, comme celles de Nili et de Tilr’emt, établie dans la plus
prochaine dahia, servirait de réservoir à eau si l’on se décidait à employer des locomo¬
tives ; et quant à la sécurité (qu’on aura complète, absolue, quand on voudra l’avoir, je
le répète et ne cesserai de le répéter), deux ou trois wagons-blockhaus, meublés d’une
douzaine de chassepots chacun et placés en tête, en queue et au centre du train, ne
seraient-ils pas plus que suffisants pour parer à toute éventualité ?
La nature du pays, en laissant provisoirement aux moyens de transport ordinaires, si
l’on veut, l’espace compris entre Rocher de Sel et Djelfa, permet d’établir ce chemin de
1er à très-peu de frais. Peut-être m’objectera- t-on le prix de transport du charbon, de
Blida à Boug-Zoul? A cela je répondrai que, dans l’état actuel des choses, les colonnes
du Sud et la population européenne qui habite Djelfa, el Aghouat, etc., reçoivent, en
dehors du blé et de la viande sur pied qui sont produits par la région de Djelfa, tout,
absolument tout, du Tell : habillement, munitions de guerre, vin, café, objets d’échange
et même de construction, etc., etc. ; et que ces transport se font : 1° pour l’armée, par
des convois périodiques et nombreux de mulets et prolonges du train des équipages ;
2° pour l’armée et la population civile, par des voitures de roulage dont la dépense
366
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Tout autre est l’aspect des hauts plateaux de la province de Conslantine.
Ils commencent, à proprement parler, entre les Ouled Rhainoun et M’iila.
Depuis ce point jusqu’aux gorges d’el Kantara, la route est bordée à droite et
à gauche de chaînes de montagnes plus ou moins reliées entre elles, et qui
envoient ça et là, jusqu’à ses accotements, de nombreux contre-forts. Il ré¬
sulte de cette disposition du système orographique que, dans toute sa longueur,
la roule suit deux vallées longitudinales dont le point de partage est la plaine de
Batna, où elle est coupée presque perpendiculairement à sa direction générale
par la vallée transversale que forment les escarpements septentrionaux de
l’Aurès, et qu’elle présente une suite de cirques plus ou moins étendus. Comme
un très-grand nombre de ces montagnes sont encore couvertes au moins d’é¬
paisses broussailles, que la chaîne orientale de l’Aurès et celle occidentale qui
culmine au Dj. Tougourlh sont couronnées de vastes forêts de cèdres, et gar¬
dent leurs neiges jusqu’au mois de mars, il en résulte que des cours d’eau
sillonnent ces plaines pendant la majeure partie de l’année, et que dès lors
elles sont parfaitement propres à l’agriculture. Aussi longe-t-on constam¬
ment d’immenses prairies où paissent les troupeaux des ZTnoul, etc., ou bien
des champs cultivés. Nombre de terres qui pourraient aussi être couvertes de
moissons, et qui le sont en effet tous les deux ou trois ans, suivant le déplo¬
rable système agricole des Arabes, n’attendent que des cultivateurs européens
sérieux (ce qui nous a toujours manqué, en Algérie !) pour devenir un des pays
les plus riches du monde. Si l’on en excepte les environs immédiats des Cliotts,
que les principes gypseux et salés qu’ils renferment en abondance permettront
difficilement d’arracher à la stérilité, et une immense dahia entre les K’sours
et Oum el Asnam, tout le reste est cultivable, sauf quelques petits plateaux
arides où l’on ne découvre guère d’autre végétation que le Chihh, le Santo -
lina squarrosa et V Asphoclelus fistulosus. Chose étrange ! le Halfa, déjà
très-rare avant Batna, disparaît complètement à partir de là, et n’existe plus
que sur les hauteurs. C’est ce que j’ai appris àel Kantara, où, tout étonné d’en
voir quelques bottes dans l’écurie du caravansérail, j’interrogeai sur leur pro¬
moyenne, pour le destinataire, est de cent francs par jour ! et elles en mettent neuf, par
beau temps, à aller de Boghar à el Aghouat 1
11 est, sinon flatteur, hélas ! du moins intéressant de rapprocher de la façon satisfaite
et compassée dont nous comprenons le progrès, et surtout le développement des voies
rapides de communication, qu’on peut considérer comme en étant l’origine, celle autre*
ment pratique et intelligente dont procèdent les Anglais et les Américains. Le dévelop¬
pement des voies ferrées en Australie, qui ne compte pas un demi-siècle d’existence
proprement dite, est déjà supérieur à celui des voies françaises ; et quant aux États-Unis,
il leur a fallu un peu moins de trois ans (de I8tï0 au printemps de 1869) pour relier,
parle Central Pacific, Omagua, sur le Missouri, à Sacramento, sur le rio de ce nom. Or
cette ligne a un développement de 2600 lui., ce qui fait en moyenne 2 kilomètres et demi
de travail exécuté par jour ! Les deux compagnies qui, partant d’Omagua et de Sacra¬
mento, devaient se réunir à Promontory-Point, ont devancé de sept ans la date assignée
par les actes de concession !
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 48 71 . 367
venance le maître de cet établissement, qui me dit l’envoyer chercher, par
des indigènes, jusque sur les sommités du Dj. Gaous et du Dj. Metlili.
M. Cosson fait remarquer que ni M. Durieu de Maisonneuve, ni
lui-même, n’ont rien publié, au sujet du Fumaria longipes , qui
puisse autoriser à leur prêter l’opinion que M. le colonel Paris
discute.
ESSAI DE RÉVISION DES ARMOISES ALPINES DES PYRÉNÉES FRANÇAISES,
par M. l’abbé I11ÉU:V1LU] (1).
(Notre-Dame de Garaison, novembre 1871.)
Un des plus intéressants de la famille des Synanthérées, le genre Artemisia
a de nombreux représentants dans la flore française. Plusieurs de ses espèces
fixent leur domicile sur certains points de notre sol intérieur, d’autres sont
circonscrites à nos plages maritimes ; quelques-unes croissent à la fois dans
les terres basses et les plus hautes vallées. Il en est qui ne descendent jamais de
la région des neiges éternelles. Les Artemisia rupestris, glacialis et Mutellina
ornent de leurs touffes les rochers les plus élevés des Alpes. Deux espèces me
semblent propres aux Pyrénées. L’établissement de ce fait de géographie bo¬
tanique est l’objet principal de mon modeste travail. La Société voudra bien
me permettre de placer d’abord sous ses yeux la diagnose de ces plantes.
1. Artemisia racemosa (2).
Calalhides 2-25, mox omnes sessiles et fingenles racemum ovalem aut glo-
bosum , æqualem, largum, compactum, caulis apicem decorantem; moxsupe-
riores contiguæ et sessiles, et inferiores remotæ et pedunculatæ, componentes
racemum erectum, subunilateralem, basi laxum, occupantem mediam caulis
partem. Bracteæ lineares, superiores integræ, obtusæ, inferiores sæpe denti-
culatæ aut pinnatifidæ. Periclinium hemisphæricum, lanuginosum, 12-25
flores ferens ; foliolis vix inæqualibus, concavis. externis ovatis, internis obova-
lis, omnibus margine nigris et large scariosis. Gorolla flava, villosa; tuboobeo-
nico. Antheræ apice appendiculam acuminatam exhibentes* Receptaculum cou-
vexum, glabrum vel glabriusculum(3). Achania minima, pilis albis sat longis
(1) Le nouveau travail que j’ai l’honneur de soumettre au contrôle de la Société bota¬
nique avait reçu un commencement d’exécution à l’époque de la publication de mon
Artemisia racemosa. Craignant qu’il ne renfermât quelque erreur au sujet de Cette
plante, j’hésitais à le terminer pour le livrer à l’impression. Des renseignements positifs,
fournis par M. Bordère (deGèdre), m’ont mis en mesure de le conduire à bonne fin. Je
m’empresse de consigner ce fait dans le Bulletin comme témoignage de la vive gratitude
qu’un tel service mérite de ma part à l’honorable confrère.
(2) Bulletin , t. XII, pp. 3/il-3â2.
(3) Le réceptacle à l’état frais est souvent pourvu de quelques poils tellement caducs
qu’on les y retrouve difficilement après la dessiccation.
36S
SOCIÉTÉ BOTANÎQUE DE FRANCE.
apice coronala, Folia radical ia petiolo lineari innixa et formantia rosulas sté¬
riles, limbo tripartito, segmentis simplicibus aut multifidis; caulina infernc
2-3-fida aut pinnatifida, superne lineato-integra. Gaules simplices, violacei,
basi arcuati, adscendeutes. Radix lignosa, cæspitosa, fusca, ramosa, ramulis
radicantibus et edenlibus foliorum rosulas. Planta 8-18 centimetr. longa, lanu-
ginoso-alba, aromatica.
Crescit julio, augusto et septembri.
2. Artcmisia oligantlia,
Calatliides 2-9, parvæ, vix mediam calathidum Artemisiœ glacialis Vill.
partent œquiparantes , superiores sessiles et inferiores subsessiles durante
anthesi, et formantes simul racemum terminalem, compactum, ovaleni, 1-2
centimetr. longum ; et maturitale perfecta subsessiles aut pedicellatæ, coadu-
natæin racemum 3-5 centimetr. longum. Aliquoties infra racemum apparent
1-3 calatliides axillares remotæ et subsessiles, raro U-5 longe pedunculatœ ,
quœ fere usque ad basin caulis descendant. Bracteæ multifidæ, raro supe¬
riores integræ, calathidibus longiores initio anthesis, et in fin ebreviores. Peri-
clinium ooato-angulosum, continens 5-10 flores', foliolis fere æqualibus, elli-
ptico-concavis, externis nigrescenti membrana circumamictis, et internis
albidulis. Corolla flava, saliens , apice ciliata ; tubo obconico. Antheræ
apice acumen habentes. Achania obovato-elongata , nigro-fusca, glabra.
Receptaculum convexum, pilis tectum. Folia petiolo lineari-angusto munita ;
radicalia 3-5-partita, segmentis simplicibus aut 2-4-fidis; caulina multifida,
laciniis elliptico-acutiusculis, integris, aliquoties 2-fidis. Gaules simplices, vio¬
lacei, adscendentes, primum basi et apice arcuati, denique rigido-erecti. Ra¬
dix lignosa, cæspitosa, nigro-fusca, foliorum rosulas pariens. Planta 5-10
centimetr. longa, villoso-sericea, argenteo-alba, aromatica.
Crescit julio, augusto et septembri.
Après avoir décrit nos deux Armoises et précisé l’époque de leur évolution,
je dois ajouter quelques mots sur le iieu de leur naissance, la date de leur
découverte par moi, et les motifs qui m’ont déterminé à leur imposer les noms
désignés.
VA. racemosa concourt ordinairement à former le butin des Aoristes qui
explorent en temps utile les pics de la haute chaîne des Pyrénées. J’ai maintes
fois constaté sa présence au cirque de Gavarnie, aux ports d’Estaubé et de la
Canaou, à la Meunia de Trémouse et aux Tours du Camp-long, dans la vallée
de Héas, au sommet du pic du Midi, dans la vallée de Campan, et du pic de
la Carnaou qui domine le lac de Migouélou, dans la vallée d’Azun. Plus rare
que l’espèce précédente, VA. oligantha occupe les memes stations, sans trop
mêler ses touffes à celles de sa congénère. Je l’ai observé dans plusieurs des
pics du vallon de Iléas; je l’ai récolté les 2, 3, è, 5, 6 septembre 1856, au
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871.
3(59
milieu du port de la Canaou, au-dessous du rocher où M. Bordère fait sa
provision d A. racemosa (1); le 4 août 1860, entre les crêtes les plus élevées
du Cainp-long et les pâturages du Camp-vieil; le 17 juillet 1860, près du
pic des Aguilous, sur les premiers rochers de la montagne de Vignec-Aure;
et le 16 août de la même année, au Port-vieil d’Estaubé, versant espagnol, à un
kilomètre d’un vallon appelé Tourmacal par les Aragonais. Ces deux plantes
vivent souvent en compagnie des Ranunculus glacialis , Saxifraga grœn-
landica , Androsace ciliata, Papaver pyrenaicum, Borderea pyrenaica, Poa
distichophylla , Festuca stolonifera , etc.
Il m’a paru qu’on ne pouvait, sans contrevenir aux lois fondamentales de la
nomenclature, sacrifier à un autre quelconque le nom d’A. racemosa , sous
lequel celte espèce avait obtenu droit de cité. Sa congénère dormait depuis
longtemps dans mon herbier sous l’étiquette: A. pyrenaica. Mais séduit par
une sorte de culte pour les caractères spécifiques tirés de l’organisme des in¬
dividus, je me suis décidé à l’appeler A. oligantha en raison du petit nom¬
bre de fleurons que renferment ses calathides.
Nos devanciers et nos contemporains n’ayant pas nettement défini nos deux
Armoises, la science nous fait un devoir de les étudier de nouveau, de les
disséquer, de les catégoriser, et de les mettre en rang utile dans le catalogue
de Flore. Commençons par VA. racemosa.
Le moment est venu de recourir au principe proclamé encore dans la lettre
qui précède la notice où figure ma première description de cette espèce. Voici
mes propres termes : « Rien de plus rationnel que de publier sous toutes
» réserves , au fur et à mesure qu’on les rencontre, les plantes qu’il est im-
» possible de rapporter à des types bien déterminés (2) . »
En vertu du droit consacré par ce principe, je viens désavouer comme
incomplète ma diagnose de VA. racemosa , insérée dans mon Phytographia
aliquarum plantarum vallis Heas (3). Des herborisations postérieures m’ont
fourni le moyen d’établir que cette description (A) ne convient qu’à la forme
la plus atrophiée de l’espèce. En juillet 1866, notre plante me tomba sous la
main, au milieu de la Canaou, sous sa forme rabougrie et sa forme la plus
robuste avec un nombre incalculable de formes intermédiaires ; je m’aperçus
à l’instant qu’elle était le jouet d’un polymorphisme illimité. La plupart de ses
organes errent, en effet, dans une mobilité perpétuelle. Toutes sessiies ou
(1) Pour trouver là VA . oligantha, il faut ôter ses cothurnes, et, s’aidant des pieds et
des mains, escalader jusqu’à la hauteur de 5 à 10 mètres, selon la méthode des isards,
le mur de granité qu’on aperçoit à sa droite en montant vers le sommet du port.
(2) Bulletin, t. XII, p. 340.
(3) Ibid.
(4) Cette diagnose n’expose que la forme à grappe courte, globuleuse ou ovale, et
serrée, de notre plante ; forme unique sur les rochers de la cime du Camp-long. Quel est
le botaniste qui ne se fût cru autorise à soupçonner sous une telle forme l’existence
d’une véritable espèce?
T. XVIII.
(SÉANCFS) 24
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SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
toutes pédonculées, parfois mixtes, les calathides forment une grappe longue ou
courte, lâche ou compacte, une grappe indéfinissable. Un peu différents de
ceux d’Estaubé et du Pimené, mes échantillons du Camp-long, de Tré-
mouse et de Migouélou sont d’un blanc argenté plus prononcé. De tels élé¬
ments n’offrent au botaniste descripteur qu’une faible valeur taxonomique.
Mais la structure des bractées et des feuilles, l’exiguïté et la villosité des
achanes, la sphéricité des calathides, la pubescence des fleurons, le tomentum
de toute la plante, constituent des caractères d’une fixité imperturbable. Le
but de ma nouvelle diagnose est de faire ressortir aussi fidèlement que possible
les circonstances morphologiques dissimulées dans la première.
Essayons de démontrer que l’A. racemosa est distinct de V Artemisia des
Alpes publié sous les synonymes: A. spicata Wulf. , A. mpestris VilL,
A. Villarsiï G. G. On ne peut les comparer dans leurs parties élémentaires
sans être bientôt convaincu que ces plantes forment deux espèces. Les ca¬
lathides médiocres de l’espèce pyrénéenne contrastent avec les calathides gros¬
ses de l’espèce alpine. La plante de Wulfen atteint parfois 18 pouces d’après
Mutel, 3 décimètres d’après les auteurs de la Flore de France; la nôtre
ne dépasse guère 15 centimètres. L’A. spicata prend assez souvent une
physionomie brunâtre, et les habitants des Alpes l’appellent à bon droit Génépi
noir. L A. racemosa conserve invariablement la blancheur de son faciès, plus
ou moins accentuée, et les habitants des Pyrénées ne pourraient lui donner
d’autre nom que celui de Génépi blanc. L’A. spicata est doué d’une organi¬
sation plus mâle et plus développée que l’A. racemosa. Il me semble que la
distinction spécifique de nos plantes se trouve suffisamment établie par ce
parallélisme. G’est le sentiment de plusieurs botanistes qui ne se prononcent
pas à la légère sur ces sortes de questions. M. Bordère (de Gèdre) vient de
m’écrire en date du 21 octobre dernier : « V Artemisia spicata est inconnu
de moi dans les Pyrénées; je le possède des Alpes. »
L’A. oligantha , de son côté, n’a rien de commun avec les Armoises dé¬
crites dans nos flores classiques. Il se sépare nettement de l’A. Mutellina Vill. ,
Absinthium laxum Lam. MM. Grenier et Godron disent au sujet de l’A.
Mutellina que ses calathides inférieures géminées ou ternées au sommet d’un
long pédoncule dressé , et ses calathides supérieures de plus en plus rappro¬
chées et de plus en plus pédonculées, forment par leur réunion une grappe
plus longue que le reste de la tige, tr'es-lâche , feuillée. Ces caractères ne
vont à aucune espèce des Pyrénées connue jusqu’à ce jour. Cela n’empêche
pas M. Philippe de les appliquer comme distinctifs à l’A. Mutellina Vill. , dont il
signale l’existence dans plusieurs de nos montagnes de la haute chaîne. Lapey-
rouse fait de ia plante de Villars une description qui contredit formellement
celle de la Flore des Pyrénées et de la Flore de France. Qu’il me soit permis
de la reproduire à titre de preuve : « A. Mutellina Vill.: caule herbaceo simpli-
cissimo ; foliis omnibus palmato-multifidis, alb i doser iceis ; floribus termina -
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871.
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li bus glomeratis sessilibus globosis. » Ces botanistes ont-ils retrouvé dans les
Pyrénées l’espèce découverte par Villars dans les Alpes? Ou bien, redevenus
les dupes d’une hallucination qui leur a été funeste en d’autres circonstances,
n’ont-ils pas pris pour l’A. Mutellina quelque forme de VA. oligantha? On
ne peut élucider ce doute par une réponse précise. Mais tout porte à croire
que Lapeyrouse et Philippe ont voulu désigner la même plante, attendu qu’ils
lui assignent les mêmes localités pour patrie. L’un et l'autre, par exemple,
indiquent au mont Perdu l’A. Mutellina Vill. Or les rochers du Tourmacal,
où foisonne notre A. oligantha, servent en partie de hase à ce géant des
Pyrénées. Aux phytographes le soin de saisir la portée d’un tel rapprochement.
Habitat de VA. Mutellina Vill. dans les Pyrénées.
D’après Lapeyrouse, sur les sommets dans
le centre de la chaîne principalement. —
Cambredases, au Roc-Blanc du Llaurenti,
pic du Midi, pen du Brada, Tuquerouy,
mont Perdu, Monney. (Hist. plant. Pyrén.
p. 503.)
D’après Philippe, Pyrénées orientales et
centrales. — Cambredases, au Roc-Blanc du
Llaurenti; pic du Midi, au sommet; vallon
d’Arise ; Tuquerouy, mont Perdu, dans les
rochers du lac ; Vignemale, Mounné, pic
Long. (Fl. Pyrén. t. I, pp. A6 8- A 69. )
Habitat de VA. oligantha. — Les localités où je l’ai observé sont à peine
éloignées de quelques kilomètres de plusieurs stations susdites, assignées par
nos deux auteurs au prétendu A. Mutellina Vill.
Il ne faut pas non plus confondre VA. oligantha avec VA. glacialis Vill.,
propriété exclusive des Alpes jusqu’à présent. Possesseur de quelques échantil¬
lons de ce dernier, recueillis au Lautaret par M. Grenier en juillet 1856, je
me trouve muni de tous les éléments nécessaires pour soutenir cette thèse.
Nombreux dans VA. glacialis , les fleurons n’excèdent guère le chiffre de 10 dans
VA. oligantha. Sessiles et agglomérées en grappe ovoïde au commencement
de l’anthèse, à la fin pédicellées et formant une grappe spiciforme et presque
unilatérale, les calathides de VA. oligantha tranchent avec celles de VA. gla¬
cialis, au moins une fois plus grosses et réunies au sommet de la tige en un
corvmbe persistant pendant toute la durée de la période végétale. Linéaires
et lancéolées, les bractées de VA. glacialis sont plus courtes que la calathide;
presque toutes multifides, les calathides de VA. oligantha dépassent d’abord
la calathide, et ne sont dépassées par elle qu'au déclin de l’évolution. Hémi¬
sphérique dans VA. glacialis , le péricline est anguleux dans VA. oligantha.
Les fleurons de VA. glacialis ont leurs tubes recouverts de glandes, tandis
que les fleurons de VA. oligantha montrent des cils à leur sommet. Les pé¬
tioles de VA. oligantha sont dépourvus des lobes linéaires qu’on remarque
souvent à chaque côté du pétiole de l’A. glacialis . L’A. glacialis a toujours
ses tiges droites et roides ; peu fermes et recourbées, les tiges de l’A. oligantha
ne se redressent décidément qu’à l’époque de la maturité. S’élevant à une
hauteur de 1-2 décimètres, sous une physionomie identique avec celle de notre
372 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
A. racemosa , la plante de Villars se rapproche peu de l’A. oligantha, dont la
taille varie entre 5 et 10 centimètres, et dont le faciès est d’un blanc argenté
plus fortement accentué. La différence organique et morphologique de ces
Armoises est sans contredit une preuve péremptoire de leur distinction spé¬
cifique.
Selon toutes les probabilités, nos phytographes ont pris pour VA. glacialis
Vill. la forme première de V A. oligantha. Lapeyrouse et M. Philippe assurent,
avoir vu la plante des Alpes au sommet du Cambredases dans les Pyrénées
orientales. L’Armoise de cette montagne ne me paraît guère différer de notre A .
oligantha contemplé au début de sa floraison. Rien de plus propre à légiti¬
mer un pareil doute que la diagnose de Lapeyrouse, que voici : « A. glacialis :
caule herbaceo simplicissimo ; foliis omnibus palmato-multifidis, albido-
sericeis ; floribus axillaribus , oblongis , inferioribus pedunculatis , summis
sessilibus. » Dans cette description, à peu près formulée dans les mêmes termes
que sa description de VA. Mutellina Vill., notre auteur rapporte Y Artemisia
du Cambredases à VA. glacialis L. Sp A. glacialis AIL, synonymes de
VA. glacialis Vill. d’après nos ouvrages classiques les plus autorisés. Le
botaniste qui voudra se donner la peine de confronter ma diagnose de l’A. oli¬
gantha avec la diagnose de Lapeyrouse que je viens de citer, pourra-t-il se
défendre d’un certain penchant à soupçonner l’identité de la plante du mont
Perdu avec la plante du Cambredases ? Je m’abstiens de reproduire la des¬
cription de Lapeyrouse qui se bat les flancs pour retrouver dans l’espèce des
Pyrénées orientales les caractères spécifiques que MM. Grenier et Godron
attribuent à VA. glacialis des hautes Alpes. M. Pack (1), botaniste anglais,
a eu l’obligeance de me donner, en juillet 1864, quelques exemplaires d’un
Artemisia qu’il avait reçu, sous le nom d’A. glacialis Vill., des herbori-
sateurs des environs de Bagnères-de-Luchon. Provenant de la Maladetta, ces
échantillons représentent au parfait notre intéressante Synanthérée des pics
qui encadrent le vallon de Héas. L’ensemble de ces faits m’autorise à penser
que l’Armoise pyrénéenne depuis longtemps répandue dans tout l’univers
sous le pseudonyme A. glacialis Vill. est probablement la forme juvénile
de notre A. oligantha.
Je termine mon humble notice en ajoutant qu’à défaut d’autre résultat,
elle aura celui d’établir l’incertitude de la croissance spontanée des A. rupes -
tris , Mutellina et glacialis Vill. dans les Pyrénées françaises.
NOTE SUR QUELQUES PLANTES FÉCULENTES, par »I. A. POSA DA- ARA ACJO.
Nous n’avons pas à nous occuper ici de la fécule en général, de ses carac¬
tères physiques, de sa structure intime, de ses propriétés chimiques, des
organes végétaux qui la contiennent, des procédés pour l’extraire, ni de ses
(1) Est-ce bien l’orthographe de ce nom anglais, que je n’ai jamais vu écrit
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 373
usages ou applications. Elle a déjà été suffisamment étudiée à tous ces points
de vue.
Ce n’est pas notre intention non plus de traiter en particulier d’aucune des
fécules du commerce, car après les recherches ou les observations publiées
à cet égard par Raspail, Fritzsche, Payen, Piivot et Denny, il serait difficile
d’y rien ajouter.
Notre tâche, beaucoup plus simple, beaucoup plus modeste, se réduit à
compléter ces données par la description abrégée de quelques fécules exoti¬
ques, peu ou point connues, et qui n’ont encore fixé l’attention de personne.
Nous commençons aujourd’hui à en passer quelques-unes en revue, nous pro¬
mettant de continuer plus tard ce travail.
Arracacha escuienta. — Cette précieuse racine, compagne inséparable
de la Pomme-de-terre dans les Cordillères des Andes, mais qui n’a pas pu
la suivre dans son émigration vers l’Ancien continent, est le représentant de
la Carotte dans le Nouveau monde. Elle appartient en effet à la même fa¬
mille (Ombellifères), et est chez nous d’un usage aussi général et aussi journa¬
lier que la racine du Daucus l’est en Europe; mais elle lui est aussi bien
supérieure, non-seulement par sa grosseur, puisqu’une seule racine Arra¬
cacha pèse jusqu’à 3 kilogrammes, mais' par son goût et ses qualités. Ainsi,
tandis que la Carotte est un aliment lourd, auquel il faut être habitué (1),
V Arracacha au contraire est la plus légère de toutes les racines féculentes,
le légume le plus approprié aux estomacs faibles et aux convalescents.
L 'Arracacha contient de la fécule, du sucre incrislallisable et un principe
aromatique. La fécule est assez blanche : ses grains, examinés au microscope,
sont irréguliers, polyédriques ou cuboïdes, compactes et sans apparence de
hile; ils atteignent jusqu’à 25 millièmes de millimètre.
Ceroxyion andicoia. — Ce Palmier, célèbre à cause de l’exsudation cireuse
qui le recouvre, n’est pas seulement utile à ce point de vue. Ses feuilles ten¬
dres servent à tisser des chapeaux ; la bourre des pétioles, trempée dans une
lessive de cendres, est l’amadou des montagnards (2); le tronc, qui s’élève
à 60 mètres et que l’on abat pour obtenir la cire, est aussi employé aux
constructions ; il fournit en outre une moelle farineuse bonne à engraisser les
porcs. Nous en avons obtenu une fécule de grains arrondis ou piriformes, à
hile peu apparent, situé vers la petite extrémité ; ils atteignent 50 millièmes
de millimètre.
Coiocasia escuienta. — Cette Aroïdée, dont la racine contribue notable¬
ment à l’alimentation en Colombie, sous le nom de Mafafa, contient une
fécule très-blanche, de grains globuleux ou cassés en hémisphères, et ayant
20 millièmes de millimètre.
(1) Les premières fois que je mangeai des Carottes, lors de mon arrivée en France,
elles me causèrent des indigestions, et m’ont servi de purgatif.
(2) il y a en Colombie d’autres Palmiers et quelques Melastoma utilisés de même.
374 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Amiripetaium YoiomVio Posada. — C’est un arbre de ia famille des Pro-
téacées, de U à 6 mètres de hauteur, qui croît spontanément dans les mon¬
tagnes qui entourent la vallée de Medellin, en Colombie. Son fruit, de la
grosseur d’une pomme, est une noix dont l’amande, cueillie avant la parfaite
maturité, fournit une grande quantité de fécule très-blanche, usitée pour
amidonner le linge. Bien lavée, elle pourrait être utilisée dans l’alimentation.
Ses grains sont globuleux, semblables à ceux du Colocasia , et varient de 10 à
20 millièmes de millimètre.
Canna indica. — On le cultive beaucoup en Colombie pour extraire la
fécule de ses racines, qu’on donne aux malades comme l’arrow-root ou amidon
de Maranta. Ses grains sont oblongs, atteignant jusqu’à 115 millièmes de
millimètre, et avec quelques traces de bile et de couches superposées.
Mirabilis Jaiapa. — Les graines de cette plante, si connue par ses fleurs
qui s’épanouissent le soir, contiennent beaucoup de fécule très-blanche, à
grains très-fins, arrondis, de 3 millièmes de millimètre.
LETTRE DE M. l’abbé & A 2g ISO 1 J TE A M. DE SCHŒNEFELD.
Agen, 18 septembre 1871,
Notre cher Secrétaire général,
Je viens de relire (in Bull. t. XI, p. xc) votre rapport sur l’herborisation
du 16 juillet 1864, à la vallée du Lis près Luchon. Cette lecture m’a fait faire
quelques réflexions que je vous communique.
Vous nous disiez dans ce rapport : « Nous engageons tous les botanistes qui
» herborisent à Luchon, à rechercher activement Y Epipogon, et, s’ils ont la
» bonne fortune de le retrouver, à ne pas craindre de le détruire, si peu
» abondant qu’il s’y montre. » Ah ! gardez-vous désormais de semblables
conseils, surtout au sujet de Y Epipogon. Et voici pourquoi :
Cette année, notre excellent ami et collègue M. Trouillard, et moi,
nous nous sommes mis, le 7 août, à la recherche de cette rare Orchidée. Je
croyais peu la trouver; car bien souvent j’avais fait, dans ce seul but, des her¬
borisations autour de la cascade du Lis, et toujours je revenais bredouille.
Mais mon ami espérait, et me faisait presque partager ses heureux pressenti¬
ments. En effet, tandis que j'étais naïvement en admiration devant un colossal
Cirsium palustre d’une taille de près de 3 mètres, il aperçut un, puis deux,
puis trois échantillons d 'Epipogon; à mon tour j’en découvris d’autres. Avec
quelle fièvre je piochais, me rappelant à peu près ce que vous aviez écrit à
ce sujet? Mais aussi que d’échantillons non encore sortis de terre, que de
rhizomes je détruisis par quelques coups de pioche ! Je devins dès lors plus
prudent. Nous trouvâmes plusieurs restes de tiges défleuries et en décom¬
position, d’autres attaquées par les limaces, d’autres encore renversées par
les pluies, aucune en état de fructification.
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1S7 J .
375
Le 17 août, nous revenions à la même localité, dans le but de pousser plus
loin nos recherches et d’étudier quelles conditions semblent le plus favoriser
le développement de YEpipogon. Encore quelques échantillons nous récompen¬
sèrent de notre course; mais ceux que nous avions laissés à peine sortis de
terre, avaient été détruits dans cet espace de temps. Puis, examinant le terrain
et l’état dans lequel notre Orchidée s’offrait à nous à la cascade du Lis, voici
ce que nous avons cru pouvoir conclure :
1° V Epipogon aphyllus Sw. ne vient que dans les clairières, fuyant le
voisinage de toute autre plante. Il choisit les endroits à pente peu roide, où la
terre très-meuble est retenue par des rochers ou les racines à fleur de terre
des sapins ; la plupart du temps c’est contre ces rochers ou ces racines qu’il
se développe le mieux.
2° Ainsi que je le disais tout à l’heure, nous n’avons trouvé aucun individu
en fructification. Est-ce un cas exceptionnel cette année? Ou bien dans cette
localité les conditions atmosphériques sont-elles défavorables à la fécon¬
dation? Cette opinion me semble probable, et notre Orchidée nous a paru ne se
propager ici que par ses rhizomes. En effet, les individus ne se rencontrent
point isolés, mais par groupes placés à droite et à gauche d’un point central
qui a dû servir de point de départ. En un endroit particulièrement, sur un
espace de moins d’un mètre carré, le périmètre était marqué par des traces
d 'Epipogon, tandis qu’il n’y avait absolument rien au milieu. Les rhizomes
partant du centre avaient sans doute rayonné, tandis que les souches-mères
étaient détruites.
Ne peut-on pas expliquer le phénomène d’une fructification dans tous les
cas bien rare, par la présence très-fréquente, je dirais presque quotidienne,
d’épais brouillards dans la région où fleurit notre Orchidée, et par les pluies
qui, se transformant facilement en torrent le long de ces pentes rapides, en¬
traînent ou renversent dans la boue cette plante dont la tige est si frêle ?
Quoi qu’il en soit de ces raisons, je crois néanmoins très-prudent de ne pas
trop engager les botanistes à piocher et à arracher sans ménagement. La
pointe seule d’un couteau suffit pour déraciner YEpipogon et l’obtenir avec
une partie de son rhizome. Certes il existe beaucoup trop de ces botanistes ra¬
vageurs qui s’inquiètent bien peu des autres : c’est ainsi que Y Aster pyre-
nœus DC., je le crains bien, a disparu des Clochers d'Esquierry , où je l’ai
récolté en 1864 et depuis vainement cherché, même cette année. Ainsi encore,
il y a à peine un an qu’on a découvert à Saint-Mamet près Luchon une
station nouvelle du Schistostega osmundacea, et elle est déjà bien maltraitée.
Bonne chance donc à ceux de nos collègues qui, comme nous, seront dis¬
posés à pousser leurs recherches jusqu’aux pâturages qui avoisinent la Une
d'enfer. Mais, de grâce ! qu’ils ménagent notre trésor pyrénéen.
M. Bertrand fait à la Société la communication suivante :
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
37(>
NOTE SUR LE GENRE ABIES, par M. Charles-Eugène lECHTKAXD.
Notre but a été de rechercher si l’on rencontre la même disposition des
éléments anatomiques dans toutes les espèces d’un groupe naturel, ou si les
formes spécifiques présentent des différences d’organisation en rapport avec
la distribution géographique; enfin s’il serait possible de déterminer l’influence
des conditions physiques sur la variabilité ou la fixité de certaines formes con¬
sidérées tour à tour comme espèces ou comme variétés par les botanistes. Les
Sapins proprement dits nous ont paru se prêter à ce genre de recherches.
Les arbres de ce groupe des Abiétinées sont répandus dans les deux continents
entre le 30e et le 50e degré de latitude boréale. Quelques espèces, d’un as¬
pect particulier, sont confinées sur les bords de la Méditerranée (A. lieginœ
Amaliœ, A. numidica ) ; d’autres sont cantonnées dans l’Himalaya (A. Pin-
drow, A. Webbiana) ; d’autres encore habitent seulement le nord des États-
Unis (A. Fraseri, A. balsamed).
Disposition de la, feuille. — Dans toutes les espèces du genre Abies , les
feuilles sont très-régulièrement implantées sur le rameau ; chacune d’elles
repose sur un coussinet peu saillant; mais, suivant que la feuille a ou ira pas
de pétiole, elle présente certaines particularités que nous allons indiquer. Les
espèces dont les feuilles sont pétiolées n’ont pas de stomates sur la face
supérieure ; de plus, toutes celles qui sont implantées sur le même rameau se
placent les unes à droite, les autres à gauche, inclinant leur pétiole dans un
sens ou dans l’autre. Mais comme, par suite de l’implantation de la feuille,
quelques-unes d'entre elles tourneraient vers le ciel leur face inférieure, qui
seule porte les stomates, le pétiole s’allonge un peu, se renfle et se tord sur
lui-même; rejetant vers le sol la face qui porte les organes de la respiration.
Notons en passant une différence, conséquence immédiate de cette tendance
de la nature à rejeter vers le sol la face de la feuille qui porte le plus de sto¬
mates, différence qui permet de distinguer les Picea à feuilles aplaties, des
Abies à feuilles pétiolées. Chez les Abies , d’après ce que nous venons de dire,
ce sont les feuilles qui sont à la face supérieure du rameau qui doivent se
tordre sur leur pétiole; chez les Picea, au contraire, comme les stomates sont
placés seulement à la face supérieure de la feuille, ce sont les feuilles qui sont
à la face inférieure du rameau qui subiront la torsion : comparez en effet deux
échantillons, Lun à’ Abies Nordmanniana Lindl. , l’autre de Picea micro -
sperma , qui n’est peut-être qu’une variété du Picea ajanensis S. et Z.
Revenons aux Abies. Les espèces dépourvues de pétiole portent toujours
des stomates sur la face supérieure; et l’on peut dire que plus il y a desto¬
mates sur cette face, moins la feuille a de pétiole. Dans ce cas chaque feuille
est perpendiculaire sur le rameau qui la porte.
Caractères extérieurs de la feuille. — Les feuilles des Abies sont apla-
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871 .
377
ties, elles portent deux bandelettes blanches à la face inférieure, ce sont
les bandelettes de stomates. Quelques espèces, toutes américaines ou mé¬
diterranéennes, présentent des stomates sur la face supérieure; chez ces
espèces, ainsi que nous l’avons indiqué déjà, le pétiole manque, le coussinet
est alors un peu plus saillant. Les stomates sont réunis en files, et ces files
rapprochées les unes des autres forment les bandelettes.
Caractères intérieurs de la feuille. — Passons maintenant à l’étude des
éléments anatomiques de la feuille. La nervure est toujours bifide ; toujours
aussi nous rencontrons deux canaux résinifères gorgés de résine. Ces canaux
sont circonscrits par des fibres lisses très-longues, à parois minces, et
gorgées, elles aussi, de résine; par les progrès de la végétation, il semble
que le contenu de ces longues fibres lisses se déverse dans le grand réser¬
voir qu’elles enveloppent. Quelquefois ces canaux sont accolés à l’épiderme
de la face inférieure; parfois ils sont enveloppés de toutes parts par le
parenchyme rameux. Signalons un dernier élément que nous aurons souvent
à considérer dans la distinction des espèces du genre Abies : ce sont les fibres
à parois épaisses qui se développent généralement sous l’épiderme supérieur,
sur les bords de la feuille, au-dessus et au-dessous de la nervure. Ces fibres,
qui ressemblent beaucoup aux fibres libériennes, se développent aussi quel-
quefois dans le parenchyme rameux, et l’on peut alors suivre l’un de ces élé¬
ments à travers les méats intercellulaires du parenchyme à des distances con¬
sidérables ; toujours alors ces éléments sont parallèles à la nervure. Les
fibres à parois épaisses sont tantôt isolées, 'tantôt réunies en faisceaux plus ou
moins volumineux.
Il entre trois paires de cellules dans la constitution de chaque stomate.
Nous venons de voir les caractères des Abies proprement dits ; mais, ce
point acquis, grand fut notre embarras en présence d’opinions très-différentes
émises par les botanistes au sujet des limites des genres du groupe des Abié-
tinées : les uns séparant les Abies , les Picea, les Tsuga, les Cedrus , les La-
rix ; tandis que d’autres ne font qu’un seul genre de la tribu entière qu’ils
désignent sous le nom de Pinus. C’est alors que nous avons entrepris une
série de recherches pour savoir si, en dehors des caractères empruntés
aux organes de la fructification, on pourrait en trouver d’autres justifiant les
anciennes divisions.
Frappé tout d’abord du port particulier des Abies , des Tsuga , des Picea ,
c’est par ces trois genres que nous avons commencé notre étude. Une
feuille d Abies étant donnée, était-il possible de la distinguer de celles
qui appartiennent aux Tsuga et aux Picea ? Pour plus de simplicité, indiquons
seulement les caractères généraux des feuilles de ces trois genres.
Les feuilles des Abies sont aplaties, à nervure bifide, avec deux canaux
résinifères marginaux. Les stomates sont localisés dans deux bandelettes pla¬
cées à la face inférieure de la feuille. Chaque stomate est formé par trois
paires de cellules.
378
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Les feuilles des Tsuga sont aplaties, à nervure simple, avec un seul canal
résinifère situé sous la nervure. Les stomates sont localisés dans deux bande¬
lettes placées à la face inférieure de la feuille. Chaque stomate est formé par
deux paires de cellules.
Les feuilles des Picea ne sont que rarement aplaties et dépourvues de
pétiole (le coussinet se tord quand il y a lieu). La nervure est simple. Les
canaux résinifères sont marginaux et épidermiques, quand ils existent. Il y a
toujours des stomates sur la face supérieure, quelquefois la face inférieure
en est absolument dépourvue. La structure du stomate est la même que chez
les Abies proprement dits.
Ainsi que nous venons de le voir, il est possible, par l’examen des élé¬
ments anatomiques d’une feuille d’une espèce quelconque appartenant à
l’un de ces trois groupes, de déterminer à quel genre elle appartient. L’étude
des éléments anatomiques de la feuille nous permet non-seulement de distin¬
guer les genres, mais encore les espèces. C’est ainsi que nous avons pu distin¬
guer l’une de l’autre toutes les espèces du genre Abies. En poursuivant le
cours de ces recherches, nous avons été conduit parfois à rapprocher ou
même à réunir certaines espèces que les botanistes éloignaient et séparaient
avec soin. Quelquefois, au contraire, nous avons éloigné des types que les
pépiniéristes surtout avaient confondus. Mais un fait sur lequel j’appellerai
l’attention, c’est que le voyageur qui partirait des montagnes Rocheuses, entre
le 30e et le 50e degré de latitude boréale, traversant les États-Unis, l’Europe
méridionale, le nord de l’Afrique, l’Asie, le Japon, la Californie, aurait vu,
en revenant à son point de départ, toutes les espèces du genre Abies dans
l’ordre même où les place la classification basée sur l’étude des éléments ana¬
tomiques de la feuille. Les Tsuga , les Picea , les Cedrus , présentent des faits
du même ordre. Encore quelques données et cette étude sera complète. Le
tableau ci-après montre les différences qui permettent de distinguer entre elles
les espèces du genre Abies.
Les feuilles du genre Abies sont aplaties, à nervure bifide : elles portent
à la face inférieure deux bandelettes de stomates ; il entre trois paires de
cellules dans la constitution de chaque stomate. Il y a toujours deux canaux
résinifères.
Les Abies se divisent en deux groupes, dont le premier a deux canaux rési¬
nifères épidermiques , et le second deux canaux résinifères non épidermiques.
I. — Canaux résinifères épidermiques.
1. Avec stomates à la face supérieure de la feuille.
A. grandis Lindl. 14 files de stomates à la face supérieure, 10 files de
stomates par bandelette. (Californie.)
Reginæ Amaiiæ Heldr. Douze files de stomates à la face supérieure,
7 files de stomates par bandelette. (Grèce.)
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 379
VAbies baborcnsis Bail estime variété de VA. Reginœ Amaliæ ; il se rencontre en
Algérie.
A. mimidica f. Quelques stomates (9-15) dans une petite dépression trian¬
gulaire à l’extrémité supérieure de la feuille. (Algérie.)
2. Sans stomates à la face supérieure de la feuille.
a. a. îVebbiana Lindl. 2-3 sortes de feuilles. (Himalaya.)
b. Une sorte de feuille.
br. 7 files de stomates par bandelette.
b\. Épiderme peu épais.
a. Pindrow Spach. (Himalaya.)
Quelques variétés de VA. Webbiana sont des variétés de VA. Pindrow.
b'*. Épiderme épais.
A. ccpimionica Loud. La couche formée par les fibres à parois épaisses
sous-épidermiques est continue. (Céphalonie.)
VAbies Apollinis Link est une variété de VA. cephalonica ; il croît en Attique.
A. Nordmanniana Lindl. Les fibres à parois épaisses forment des fais¬
ceaux distincts sous-épidermiques. (Asie Mineure.)
VAbies pectinata DC. est une variété de VA. Nordmanniana ; il croît dans les Pyré¬
nées, sur les Alpes, au Caucase.
A. ciiicîca -j-, Il n’y a pas de fibres à parois épaisses sous-épidermiques.
(Taurus.)
b ". Plus de 10 files de stomates par bandelette.
A. bifida S. et Z. La couche formée par les fibres à parois épaisses sous-
épidermiques est continue ; quelques-unes de ces fibres parallèles à la ner¬
vure sont dispersées dans le parenchyme rameux. (Japon.)
A. bracteata Hook. et Arnott. Les fibres à parois épaisses forment une cou¬
che continue sous l’épiderme. (Californie.)
A. Gordoniana f. Les fibres à parois épaisses forment une couche dis¬
continue sous l’épiderme. (Vancouver.)
IL — Canaux résinifères non épidermiques.
1 . Avec des stomates à la face supérieure.
a. Pinsapo Boiss. 12 files de stomates à la face supérieure, faisceaux de
fibres et parois épaisses sous l’épiderme supérieur. (Espagne mérid. )
A. Frasera Pursh. 6 files de stomates à la face supérieure, faisceaux de
fibres et parois épaisses sous l’épiderme supérieur. (Amérique.)
VAbies amabilis Forbes est une variété de VA. Fraseri (Amérique).
A. baisaniea Michx. 2-3 files de stomates à la face supérieure dans le sillon
médian. Il n’y a pas de fibres à parties épaisses sous-épidermiques. (Amé¬
rique.)
2. Sans stomates à la face supérieure.
a. 7 files de stomates par bandelette.
380
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
A. nephroiepis Max. Faisceaux volumineux distincts de fibres à parois
épaisses sous-épidermiques.
A. sibîrica Ledebours. Pas de fibres à parois épaisses sous l’épiderme.
(Altaï.)
b. Plus de 7 files de stomates par bandelette.
a. (irma S. et Z. Les fibres à parois épaisses forment sous l’épiderme une
couche continue. (Japon.)
h’Abies brachyphylla est une variété de VA. firma.
A. Veitch!! f. Les fibres à parois épaisses forment des faisceaux distincts
sous l’épiderme (Japon.)
Espèces non étudiées : A. religiosa , microphylla , lasiocarpa , hirtella ,
homolepis, holophylla , falcata.
L’espèce étudiée sous le nom de A.nobilis n’était peut-être pas authentique.
Nota. — Les espèces marquées d’une croix sont celles dont le nom d’auteur est in¬
connu ou très-douteux.
Tableau montrant la concordance de la classification précédente avec la
distribution géographique des espèces du genre Abies.
PREMIER
TYPE.
SECOND
TYPE.
A. grandis .
. Montagnes Rocheuses.
A. amabilis .
Montagnes Bocheuses.
—
{A . Fraseri ) . . .
États-Unis t Pennsilvanio.
A. Reginæ Amaliæ. . . .
Grèce.
A. balsamea .
États-Unis ( New- York.
(A. baborensis). .
. Algérie.
A. numidica .
Algérie.
A. Pinsapo .
Midi de l’Espagne.
A. cephalonica .
Céphalonie.
(A. Apollinis?)..
Attique.
A. Nordmanniana . . . .
Asie Mineure.
(A. peclinala). . .
. Caucase.
A. cilicica .
Taurus.
A. Pindrow .
Himalaya.
A. nephroiepis .
Asie centrale.
A. Webbiana .
Himalaya.
A. sibirica .
Altaï.
A. firma .
Japon.
A. bifida .
. Japon.
(A. brachyphylla )
Japon.
A. Veitchii .
Japon.
A. Gordoniana
A. bracteata .
Vancouver.
Californie.
Tableau synoptique pour déterminer rapidement les espèces du genre Abies.
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871.
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_ , . ni Y a des faisceaux de fibres épaissies sous-épidermiques. . A. nephrolepis Max.
Canaux resiniferes „ & de faisceaux de flbres é issies sous.éplder-
non epidermiques. f „,iqu(.s. . A . sibirka Ledeb.
382
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
M. Cosson présente quelques observations au sujet delà commu¬
nication de M. Bertrand. En voyant placer dans des séries différentes
des plantes qui sont rapprochées par l’ensemble de leurs caractères
extérieurs, il doute un peu de la valeur taxonomique des différences
anatomiques constatées par M. Bertrand.
M. Bertrand répond de la manière suivante :
Les caractères extérieurs des feuilles n’ont aucune valeur dans le groupe
des Conifères, puisque les rejetons d’un même arbre offrent toutes les varia¬
tions possibles. Il n’en est pas de même des caractères anatomiques : ainsi,
dans le genre Cedrus , qui offre parfois, sur un même échantillon dont la végé¬
tation est languissante, des feuilles qui semblent appartenir par leurs carac¬
tères extérieurs à deux, trois et même quatre espèces distinctes et séparées, la
structure anatomique donne toujours les mêmes résultats.
En outre YAbies Reginœ Amaliœ et VA. Pinsapo , que M. Cosson (d’après
les observations de M. Boissier) regarde comme très-voisins, diffèrent beaucoup
l’un de l’autre, même eu se bornant à l’examen des caractères extérieurs, l’un
ayant ses feuilles couchées sur le rameau, tandis que l’autre les a dirigées
perpendiculairement au rameau.
M. Pérard présente à la Société le travail suivant :
SUPPLÉMENT DE LOCALITÉS POUR LES ESPÈCES DE L’ARRONDISSEMENT DE MONTLUÇON
INDIQUÉES ANTÉRIEUREMENT, par M. A. I»ÉRAlll>.
Ceterach offlcinarum Willd. — Désertines, sur un vieux mur au Préau !!
Ncphrodium Filix-mas Stremp.
Forme lanceolalum. — Pennes convergentes, pennules très-allongées, dentées, toutes
fortement décurrentes. — Env. de Désertines, ravin du chemin du Mont, bords du ruis¬
seau ! !
Cette forme a un aspect particulier qui la distingue à priori du type.
— spinuiosuHi Stremp. — Montluçon, bois de la Liaudonü env. d’Audes,
marais de la prairie de Pian !! Marcillat, bois du Chignoux !!
- — diiatatuBn. — Env. d’Audes, marais de la prairie de Pian !!, où il est com¬
mun.
Forme dissection. — Pennules de la moitié sup. de la fronde déchiquetées, comme
rongées en certains endroits. Sores moins nombreux, espacés, généralement plus gros
et plus éloignés delà nervure médiane. — Env. d’Audes, lieux marécageux de la prai¬
rie de Piau !! où cette forme est assez commune.
Cystopteris fragîiis Beruh. — Rochers et broussailles dans les taillis om¬
bragés. — Granité. — Juin-juill. — A B. dans l’arrondissement. — Env.
de Montluçon, bords du Cher, au-dessous de Gouttière !! A.C* — Haies du
chemin qui va de Traîne-Balais au-dessus de Lavaux-Sainte-Anne, après avoir
dépassé le domaine !!
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE 1871. 383
Je crois l’avoir observé dans les l'entes des rochers ombragés du ravin du val du
Diable près Désertines, mais non fructifié et dans un état indéterminable.
Asplénium Breynü Retz. — Rochers du moulin de la Bique près du châ¬
teau de l’Ours !! R.
Lomaria Spicant Link. — Montluçon, vallée de l’Amaron entre Marignon et
le Roc-du-Saint, dans un ravin situé au-dessous du premier bois de pins de
la route des Ferrières !!, où il est rare et caché dans les broussailles. — Fnv.
de Quinsaines, dans une tourbière de la prairie de Bodijoux, près de la
baie!! R. — Marcillat, bois du Chignouxü C.
Ramincuius radians Revel. — Batrachium radians. — Bords du Cher,
au-dessous des Varennes ! ! C. — Bords du canal entre Nassigny et Piau !!
A.C.
— silvaticus Thuill. — Bois d’Audes ! ! taillis au-dessus de l’église de Nas¬
signy !!
Le R. nemorosus DG., d’après M. Jordan, comprenant maintenant deux
espèces, la plante de nos contrées (B. nemorosus DC.) est le :
— Amansii Jord. — B. villosus Saint-Amans. — B. nemorosus DC. partim.
— B. nemorosus Bor. Fl. centr ., non Schultz. — A.C.
Montluçon, bois de Chauvière !! bois de la Garde !! Commentry, au Ma¬
rais !! en v. d’Audes, taillis de la Crête!! Cérilly, forêt de Tronçais entre
Maulne et Braise!! Marcillat, bois des Champeaux!!, etc.
M. Boreau, que j’ai consulté, le 21 mars 1870, au sujet des B. silvaticus
Thuill. et B. nemorosus D C., m’a répondu, dans une de ses lettres, par la
note suivante qu’il m’a autorisé à livrer à la publicité :
Note de M. Boreau
sur les R. silvaticus Thuill ., R. nemorosus DC ., R. tuberosus Lapeyr.
Lorsque De Candolle, dans son Systema , a rapporté le Ranunculus silvati¬
cus de Thuillier au groupe acer , il avait sous les yeux un exemplaire de l’auteur,
comme il l’indique par le !. J’en avais également un lorsque j’ai rédigé la des¬
cription insérée dans les addenda de la Flore du centre. Il n’y a donc pour moi
aucun doute sur l’identité de la plante de Thuillier ; les paroles de l’auteur :
« Feuilles divisées en trois grands lobes irrégulièrement découpés en 5 à 7 divi¬
sions aiguës et moins profondes » ne peuvent s’appliquer au B. nemorosus , et
conviennent au contraire à la plante que j’ai décrite et dont les stigmates sont
crochus plus que dans toutes les formes connues sous le nom d 'acer. C’est
donc certainement une erreur de rapporter la plante de Thuillier au B. ne¬
morosus, qui, du reste, n’était pas connu à Paris de son temps, n’ayant été
découvert par Maire, à Sainte-Geneviève près Corbeil, que depuis 1830.
Le R. nemorosus de la Flore du centre est certainement l’espèce de
De Candolle, mais il l’a composée de deux formes : l’une, répandue dans le Midi
et l’Ouest (c’est la plante de Sainte-Geneviève), est nommée par M. Jordan
384 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
R. Amansii (R. villosus Saint-Amans) ; l’autre, plus spéciale à la région de
l’Est, est le R. nemorosus de Schultz et de quelques autres auteurs ; son aspect
est en effet différent, mais ses différences sont difficiles à exprimer. Le
R. Amansii existe dans l’herbier de Lapeyrouse sous le nom de R. tuberosus ,
mais on sait qu’il n’y a aucune certitude à espérer de cet herbier. Je regarde
comme R. tuberosus Lapeyr. une plante répandue dans les jardins botaniques,
dont la souche est très-épaisse et qui répond bien à la description que
De Candolle a donnée dans le Systema d’après un exemplaire de fauteur. C’est
aussi l’avis de M. Jordan, qui, à la page 75 de ses Diagnoses, a très-bien
exposé la question. Je pense donc qu’on a très-mal à propos embrouillé l’his¬
toire de ces plantes, sous le prétexte de la recherche des noms princeps , recher¬
che dont on a, dans ces derniers temps, abusé d’une manière puérile, car je
pourrais démontrer que la plupart des changements de noms proposés récem¬
ment ne soutiennent pas un examen sérieux. Mon R. nemorosus è tait, du reste,
le R. lanuginosus de Lapeyrouse, de Dubois, de Bastard, de Desvaux, de
Guépin (édit. 1) et de la plupart des botanistes français qui ne connaissaient
pas la plante des Alpes.
Caltha palustris L.
Forme aurata. — Plante intermédiaire entre les C. palustris et Guerangerii Bor. —
Elle a les fleurs d’un jaune d’or de ce dernier, mais les pétales ne sont pas distants à la
base et les fleurs sont de moitié plus petites, ce qui fait que je l’avais prise pour le
C. flabellifolia Pursh, Bor. Fl. cenir. — Prairies des environs de Quinsaines ! ! où elle n’est
pas rare.
On trouve aussi, dans cette dernière localité, la forme pseudo-pellata , mentionnée
déjà plus haut.
isopyrum thaiictroides L. — Montluçon, bois de la Brosse ou de l’Allée,
dans les taillis, au bord du ruisseau!! C. ; taillis au-dessous de la ferme
de Saint-Genest, rive droite du Cher!! bois de la Garde, entre le château
de l’Ours et Lignerolles !!
CorydiiiHs soiîda Sm. — Env. de Thizon, haies du chemin de Nafourü
Marcillat ( D' E . Duché).
Fumarîa parviflora Lamk. — Commun dans les vignes de Désertines, de
Marmignolles et de Chézelles jusqu’aux Varennes !!
Nasturtium officinale R. Br. — Forme parvi folium. — N. microphyl -
lum Bœnningh. ? — Marais des bords du Cher, au-dessous des Varennes !!,
— pyrenalcum R. Br. — Roripa pyrenaica Spach. — Très-commun sur
les bords du canal. — Saint- Victor, Eslivareilles, Reugny, Piau, etc.
Barbarea rivnlaris Martr. Don. — Bords du canal; env. de Piau, Nas-
signyü champs près de l’étang de Passât!! — Moulins-sur- Allier (Avisant).
Cardaminc hirsuta L. — Montluçon, bords du Cher après le moulin de la
Rivière!! G. — Ruisseaux des montagnes, entre le Mont et Désertines !! C.
— silvatica Link. — Ravin de Gouttière !! C. — Env. d’Audes, lieux maré¬
cageux de la prairie de Piau ! !
SÉANCE DU 8 DÉCEMBKE 1871.
385
Cardatninc Impatiens L. — Bords du Cher en bas du bois de Chau-
vièreü C.; bords du Cher, rive droite, entre Gouttière et Saint-Genest !!
env. d’Audes, taillis de la Crête!!
Lcpidium Smithii Ilook. — Montluçon, avenue du parc du château de
Bisseretü alluvions du Cher sous Saint-Jean!! ruisseau de la Brosse!!
Quinsaines, près de Le Méryet de Bodijouxü env. d’Audes!! route de la
Chapelaude, près de Montluçon !!, etc.
Heilantiiemum guttatum Mill. — Commun dans le bois d’Audes!! env. de
Montluçon, champs sablonneux entre Terre-Neuve et l’Abbaye !! observé
deux pieds, rive gauche du Cher, sur les coteaux arides, en haut du bois de
Charnière!!
Polygaia caicarea Schultz. — Commun sur le plateau calcaire de l’Abbaye !ï
où il varie à fleurs blanches ou rosées.
— sterpyliacea Weihe. — Env. de Quinsaines, tourbières du bois de Bodi-
joux et ruisseau tourbeux au-dessus de Le Méry !! A.C.
Ccrastium pumilum Curtis. — Lieux sablonneux. — Pelouses des chemins
aux Yarennes, à Saint-Victor et à Nafourü montagnes arides, vallée de
l’Amaron, au Roc-du-Saint !!, etc.
— obscnrum Chaub. — C. glutinosum Fries. — Forme C. pallens Schultz.
— Plante naine, bractées plus scarieuses. — Montluçon, talus sablonneux
aux Nicaudsü, etc.
Sur les montagnes arides, on rencontre assez souvent une forme naine du C. glome -
ralum Thuill.
Spcrguia Morisonii Bor. — Vallée de l’Amaron!! Désertines, au val du
Diable!! le Tbizon !! ruisseau de la Brosse!! Quinsaines!! Lignerolles,
bords du Cher !! Néris !! Marcillat, rochers des bords du Buron.
Cette espèce, que l’on rencontre assez souvent sur les rochers secs ou sur les monta¬
gnes arides et granitiques, paraît plus commune dans nos contrées que le S. pentan-
dra L., que j’ai observé généralement dans les terrains sablonneux des alluvions du
Cher et plus rarement sur les montagnes. — On distinguera le S. Morisonii à ses graines
bordées d’une membrane rousse et munies d’un petit pédicelle, très-apparent dans la
plupart, à la maturité.
Mœnchîa erecta Fl. Wett. — Commun sur les pelouses des montagnes gra¬
nitiques arides. — Vallées de l’Amaron et de Néris!! Quinsaines!! le
Thizon !! Désertines, au val du Diable !! env. de Lignerolles, bords du Cher,
Saint-Genest!!, etc.
Oxatis Acetoseiia L.— Gorge de Thizon !! bois de Bloux près de Néris!!
ravin de Gouttière !! Marcillat, bois des Champeaux !!
Trifolium ochroieucum L. — Env. de Montluçon, prairies du Montais et
de Passât !!
— subterraneum L. — Commun sur les montagnes arides. — Désertines,
au val du Diable !! Audes, près de la Crête!! montagnes du ravin de Gout¬
tière!! gorge de Thizon!! coteaux entre Passât et la fontaine d’Argen-
tière !!, etc.
T. XVIII.
(SEANCES) 25
386 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Astragains gijcypiiyiios L. — Bords du canal, Magnette, Piau !!, etc.
Coronîiia varia L. — Champs argilo-calcaires aux environs de l’étang de
Passât !! C.
vicia lutca L. — Pelouses arides des rochers entre Lavaux-Sainte-Anne et
le moulin Chapelot !î le Chatelard !!
Lathyrus anguiatns L. — Ravin de Gouttière, bords de la route!! talus
de la route du Chatelard!!
Comarum palustre L. — Montluçon, lieux tourbeux de l’étang de la
Brosse!! AC. , mais abordable seulement dans les années de sécheresse. —
Env. de Marcillat, étang de la Romagère !!, où il est commun.
itosa Lcninnü Bor. — Haies des environs du Montais, près de Montluçon !!
— tomentclia Léman. — Env. d’Audes, baies du Peux !! Goutelle, baies de
l’avenue du château de Gouttière !!
Cratægus ov^acantiioides Tbuill. — Montluçon, chemin de Montgacher à
Désertines !! ; env. de la Chapelaude, bords de la route des Couteaux !!, etc.
On rencontre, cultivés aux environs d’Audes, les Sorbus torminalis et Cormus clomes-
lica Spach.
Epiiohium tctragomim L. — Env. d’Audes !! Cérillv, Saint-Bonnet-lc-
Désert, etc.
Sedum recurvatum Willd. — Alluvions granitiques du Cher!! env. de
Désertines et de Marmignolles !! rochers du Gourre-du-Puy !!, etc.
— granit leu m (sp. uov.). — Alluvions et rochers granitiques des bords
du Cher dans les environs de Montluçon !!
Ilelosciadiuin imindatum Kocll.
Forme terrestre. — Plante croissant sur les grèves asséchées du petit étang de
Chamblet ! !
Com» podium dciiudatum Koch. — Env. de Quinsaities, bois près de Bodi-
joux!! A.C. ; bords du Cher dans le bas du bois de Chauvièrc !! C.; Bateau
du Mas, à Saint- Marien !!
Torilis helvetlca Gmel. — Deux formes dans notre contrée :
Forme a. divaricata Bor. Fl. centr. éd. 3. — Tige peu élevée, diffuse, à rameaux
divariqués. — A.C. — Domérat, Couraud, Désertines !!, etc.
— b. anthriscoides Bor. Fl. centr. éd. 3. — Tige assez haute, à rameaux re¬
dressés. — C. dans les haies et les broussailles.
idoxa ftioschateiiina L. — A.C. — Bords du ruisseau du bois de la Liau -
don!! C.; Désertines* env. delà fontaine du Préau!! ravin de Gouttière !!
ravin et bois de Bloux près Nérisü, etc.
Valeriana officinalis L.
Forme silvestris ; feuilles et rameaux florifères ternes. — Marcillat, clairières du
bois des Champeaux.
— paluslris paraît beaucoup plus Commune dans notre contrée.
lürigeron accr L. — Montluçon,, coteau calcaire de l’Abbaye!! colline cal¬
caire entre la Châtre et Vcrneixü env. d’Audes, monticule calcaire de
Piau, au bord du canal !!
SÉANCE DU 8 DÉCEMBRE .1871.
‘>01-7
00/
Anthémis Cot nia L. —Forme grandifiora. — Fleurs à peu près aussi grandes
que celles du Leucanthemum vulgare (type). — Montluçon, sommet du
Chatelard !! dans les endroits humides, où elle est très-rare.
Le Leucanthemum vulgare var. nanum (Nob.) croît en abondance sur le plateau
calcaire de l’Abbaye, où je l’ai recueilli encore cette année dans le môme état. Cette
forme curieuse, à tige grêle, basse, dressée, fleurs très-petites, se montre toujours iden¬
tique depuis quelques années : an species nova? ( L.parvulum ).
Le Gnaphalium pilulare Whlbg croît sur les alluvions humides du Cher, le G. luteo-
album y est plus rare ; il est commun à l’étang de Passât !!
Centaurca serotina Bor, — Talus, bords des chemins et des routes. —
Commun.
— pratensis Thuill. — Bords du Cher; Bateau du Mas !! C.
Scabîosa L. — Env. d’Audes, monticule calcaire de Piau !! A.C.
Cirsium angiiciiin DC. — Prairies de VerneixÜ bois d’Àudesü Marcillat.,
prairie de la Romagère !!, etc.
— acauic Ail. — Lisière du bois de la Brosse, du côté de l’étang !! coteau
calcaire entre la Châtre et Verneix !! C. ; env. de l’étang de Passai !!
Scrratula tinctoria L. — Montluçon, à l’Abbaye!! ruisseau du bois de la
Brosse!! bois de Douguistre ou d’Anguitteü la Châtre!! bois d’Audes!! C.,
env. de Bizeneuille !!, etc.
Ariioscris publia Gærtn. — Parc du château du Mont!! Désertines, monta¬
gnes arides du val du Diable!! montagnes de Chatelard et de la vallée de
l’Amaronü env. de Marcillat, moissons près de Fougères!!, etc.
Tragopogon pratensis L. — Forma. — T. oricntalis L. ? — Prairies des
Trillers, au bord du canal!!
Cette forme a les feuilles élargies à la base et les folioles de l’involucre égalant les
fleurs, caractères que j’ai observés également dans le T. pratensis type. Elle ne diffère
que par ses feuilles à pointe tortillée-enroulée.
J’ai cherché vainement cette année, sur les talus de la fontaine d’Argentière, le
Podospermum laciniatum DC., que j’avais récolté en 1860 avec M. Jamet. Je crains que
cette espèce, rare dans nos contrées, n’ait disparu par suite des travaux exécutés autour
de cette fontaine minérale depuis plusieurs années.
Crépis taraxacifolia Thuill. — Assez commun dans les prairies humides
avec le C. biennis L. — Montluçon, Désertines, Audes, les Trillers, etc.
— fœtàda L. — Commun sur les sables et graviers des alluvions du
Cher ! !
Ilicraciiim S*iiosclla L.
Forme majus. — Rejets très^allongés ; tiges dressées, élevées ; feuilles d’un vert foncé
en dessus, blanchâtres en dessous. Montluçon, bords de la route en haut du Chatelard !!
— acumiiiatiim Joi’d. — Çà et là dans le bois d’Audes!!
— nemophiium Jord. — Taillis entre Audes et le château de la Crête !!
— siiuiiatum Jord. — Talus du chemin au-dessus de Lavaux-Sainte-Anne
et qui va à Traîne-Balais!! Marcillat, rochers de la route de Saint-Par-
doux ! !
— ovaii folium Jord. — Bateau du Mas, rochers cl taillis en allant à Saint*
Marien ! !
388 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Hieraciam hounopiiiiuni Jord. — Désertines , rochers de la gorge du
val du Diable !!
— prnsinifolium Jord, — Talus du chemin au-dessus de Lavaux-Sainte-
Anne et qui va à Traîne-Balais!!
— rarlnævum Jord. — C. — Montluçon, lisière du bois de la Liaudonü
bois de Chauvière !! ravin de Gouttière !! Marcillat, talus et rochers de la
route de Saint-Pardoux ! ! C.
— siivivagum Jord. — Taillis au-dessus de l’église de Nassigny, près
d’Audes !!
Jasionc montana L.
Forme nana. — Très-petite plante, haute de 1 à 2 centim. ; pas de capitule; tige
uniflore. — Coteaux arides aux erivirons de Montluçon !! R.
Phyteuma spicatum L. — A.C. — Bois de Chauvière!! bois d’Audes!!
bois et ravin entre la Châtre et Verneixü Marcillat, bois du Chignoux !!
Forme cœruleum. — Bois de Bodijoux près de Quinsaines !! A.C.
Campanuia persicifoiia L. — Ravin de Gouttière ! ! bords du Cher, Bateau
du Mas!!, etc.
— patuia L. — Montluçon, bois de la Liaudonü vallée de l’Amaron !!
bords du Cher, Bateau du Mas !!, etc.
Cicendia pusiila Griseb. — Fleurs d’un jaune pâle (type).
Sous-variété C. Candollei Bast. — Fleurs roses. — Cosne, étang des Landes.
La plante de l’étang des Landes, près de Cosne, a les fleurs roses, tandis que le type
a les fleurs d’un jaune pâle. C’est la seule différence que j’aie pu constater entre ces deux
plantes, considérées comme espèces distinctes par quelques auteurs dans des Catalogues
raisonnés. Je les ai rencontrées aussi robustes et toutes deux avec des rameaux divari-
qués; de plus, elles sont rameuses également dès le collet et tout le long de la tige. Ces
caractères n’ont donc pas de valeur, et je pense, avec M. Bureau Fl. centr. éd. 3, que
l’on ne peut en faire deux espèces, le C. Candollei n’étant tout au plus qu’une sous-
variété.
Puimonaria nfflnis Jord. — Bois de Chauvière ü coteaux boisés avant
Lavaux-Sainte-Ànne !! ravin de Gouttière !!
— saccharata Mill. — Néris, bois de Boux !! bois de Lavaux-Sainte-Anne!!
Allier , Cusset, bords du Sichonü
Verbascum Biattaria L. — Lieux argileux. — Champs autour de l’étang
de Passât !! A.C.
Thymus Serpyllum L.
Forme vilosulus. — Feuilles bordées de cils longs et nombreux. — A. R. _ Déser-
tines, rochers humides de la gorge du val du Diable!!
Polycncmum pumltum Hoppe Bot. Taschenb. 1791, t. I. — Port du
P. majus A. Br., dont il diffère par ses feuilles plus courtes et par ses
bractées et ses fruits un peu plus courts que le calice. La longueur des liges
dressées ou couchées, simples ou rameuses , varie dans la forme plus
robuste des montagnes de Désertines.
Le P. majus A. Br., dont j’ai vu un échantillon type de l’auteur dans l’IierLiier de
M. Cosson, a les tiges allongées, rameuses, les feuilles roides, longues, et le fruit
SÉANCE DU *2*2 DÉCEMBRE 1871.
389
dépassant sensiblement le calice. Quant au P. verrucosum Lange, DC. Prodr., herb.
Moq.-Tand.!, il me semble différer totalement des Polycnemum que j’ai pu observer dans
le Centre, et très-distinct par ses feuilles courtes apprimées , par ses fleurs et ses fruits
plus petits.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871.
PRÉSIDENCE DE M. GERMAIN DE SAINT-PIERRE.
M. Larcher, vice-secrétaire, donne lecture du procès-verbal de
la séance du 8 décembre, dont la rédaction est adoptée.
M. de Schœnefeld, secrétaire général, encore gravement indis¬
posé et qui n’a pu se rendre ni aux séances de novembre, ni à celle
du 8 décembre, fait de nouveau présenter ses excuses.
Par suite de la présentation faite dans la dernière séance,
M. le Président proclame l’admission de :
M. Borel (J.), professeur au collège de Gap, présenté par
MM. Verlot et Burle.
M. le comte Jaubert, ancien président de la Société, demande la
parole et s’exprime en ces termes :
Messieurs,
Un honneur insigne est sur le point d’être accordé à la Société botanique
de France, et je me félicite d’être le premier à lui en donner la bonne nou¬
velle.
Aujourd’hui même j’ai été admis à présenter mes hommages à S. M. l’Em¬
pereur du Brésil, protecteur éclairé des sciences, des lettres et des arts, véri¬
tablement savant lui-même, et possédant une connaissance parfaite de la
langue française, qu’il a approfondie jusques et y compris l’étude de nos
idiomes provinciaux.
C’est à cette particularité remarquable, et à la publication de mon Glossaire
du centre de la France , que j’ai dû, il y a quelques années, la faveur inat¬
tendue d’un grade supérieur dans l’ordre impérial de la Rose, fondé en 1829
par l’empereur Dom Pedro Ier, et dont l’emblème, emprunté à l’un des plus
beaux types du règne végétal, rend cette distinction doublement précieuse
pour un botaniste.
Notre science, Messieurs, est familière à l’Empereur; il ne la cultive pas
seulement en amateur, mais en véritable adepte. Sa récente visite au Muséum
a donné la mesure de ses connaissances en histoire naturelle, dont la variété
390
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
et l’étendue ont frappé ceux de nos maîtres qui lui servaient de guides dans
notre grand établissement scientifique.
Vous apprendrez tous, Messieurs, avec un vif sentiment de satisfaction et
de reconnaissance, que Sa Majesté a bien voulu témoigner l'intention d’assis¬
ter, dans un très-bref délai, à une séance de notre Société.
En conséquence, et par anticipation sur notre date réglementaire du
12 janvier, j’ai L'honneur de proposer à la Société:
1° De tenir très-prochainement une séance extraordinaire , afin de
répondre aux intentions de l’Empereur, si flatteuses pour noire institution,
si encourageantes pour nos travaux ;
2° De nommer immédiatement une Commission qui sera chargée d’orga¬
niser ladite séance, et de prendre les ordres de Sa Majesté pour la fixation
du jour et de l’heure.
La Société accueille avec enthousiasme l’heureuse nouvelle ap¬
portée par M. le comte Jaubert, et s’empresse d’adopter les propo¬
sitions qu’il vient de lui soumettre. Une Commission est nommée sur-
le-champ et composée ainsi qu’il suit : MM. Édouard Bureau,
Germain de Saint-Pierre, le comte Jaubert, Lasègue, Gustave Plan-
chon, et W. de Schœnefeld (1).
M. le Président annonce à la Société la mort regrettable de
M. Césaire Gouville, l’un de ses membres, décédé à Garentan,
en avril dernier (2), et la perte profondément douloureuse que la
science vient de faire dans la personne d’un des premiers phyco-
logues de France, M. René Lenormand, décédé à Vire, le 11 dé¬
cembre courant.
M. Roze, vice-président, donne lecture d’une lettre adressée à
cette occasion à la Société par M. le docteur Roussel, et du discours
prononcé par M. Moriôre, professeur à la Faculté des sciences de
Caen, aux funérailles de M. Lenormand :
DISCOURS DE M. 3BORIÈRE.
Messieurs,
Une mort qui, tout en étant redoutée depuis quelque temps, nous a néan¬
moins surpris comme un coup de foudre, vient d’enlever à la science, — à un
grand nombre d’Académies nationales et étrangères, — à une famille éplorée,
— à ses nombreux amis, un des botanistes contemporains les plus distingués
(1) La Commission s’est depuis adjoint M. Al. Pérard, comme membre auxiliaire.
(2) La nouvelle de la mort de M. Gouville n’est parvenue que tout récemment au
secrétariat.
391
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 187.1.
et les plus connus, un de ces hommes qui ont le privilège de ne jamais vieillir
sous le rapport du cœur et de l’esprit. M. René Lenormand s’est éteint le
11 décembre, malgré les efforts de la science et de l’amitié pour retenir une
vie si précieuse.
Qu’il soit permis au secrétaire de la Société Linnéenne de Normandie, qui
avait l’honneur de le compter au nombre de ses membres depuis longues
années, de rendre au collègue un dernier hommage! Qu’il soit permis, sur¬
tout, à l’ami de prononcer un suprême adieu !
Multis ille bonis flebilis occidit
Nulli flebilior quam mihi !
Né à Condé-sur-Noireau, en 1796, René Lenormand, après avoir fait de
solides études au collège de Vire, vint suivre les cours de Droit de la Faculté
de Caen. Ce fut dans cette ville qu’auditeur assidu du cours de Lamouroux,
il s’éprit d’une véritable passion pour l’étude des plantes. Quelques années
plus tard, il forma dans la ville de Vire, avec les Despréaux, les Delise, les
Dubourg-d’Isigny, les Chauvin, les Pelvet, cette pléiade de botanistes, qui
ne se rencontrait dans aucune autre ville de la Normandie.
René Lenormand fit d’abord de nombreuses excursions dans notre province,,
qui lui procurèrent les premiers éléments de son immense herbier. Bientôt il
entra en correspondance avec les principaux botanistes de la France et de
9
l’étranger, et de nombreux échanges de plantes ajoutèrent de nouveaux maté¬
riaux à ceux qu’il avait déjà réunis.
Pendant plus de cinquante années, notre collègue a développé une activité
extraordinaire. — Appréciant parfaitement tous les avantages que l’on peut
retirer d’un emploi régulier du temps, il avait pris l’habitude de consacrer
les premières heures de la journée, qui commençait pour lui souvent avant
cinq heures du matin, à s’occuper de sa nombreuse correspondance, et tout
le reste du jour était employé à examiner des plantes qu’il recevait de tous les
points du globe, ou bien à préparer les envois qu’il faisait aux botanistes du
monde entier. L’ermitage de Lénaudières a été, pendant ces cinquante années,
le rendez-vous des savants qui venaient consulter l’herbier de notre collègue,
— puiser dans son érudition, dans sa profonde connaissance des plantes, de
précieux renseignements, — et qui repartaient émerveillés des richesses
végétales qu’ils avaient vues et de l’aménité parfaite avec laquelle ils avaient
été reçus.
M. René Lenormand réservait un accueil aussi bienveillant aux élèves
qu’aux maîtres. Plus d’un botaniste, qui occupe aujourd’hui une position
élevée dans la science, doit ce résultat à l’hospitalité si affectueuse qu’il avait
reçue à Lénaudières, —aux encouragements dont ses premières recherches
avaient été l’objet. Que de fois les botanistes de tous les pays ont eu recours
à la bibliothèque et à l’herbier de notre ami ! Que d’auteurs lui ont dû de pré-
392 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
deux matériaux qu’il s’empressait de mettre à leur disposition! D’une géné¬
rosité en quelque sorte instinctive, on le trouvait toujours disposé à donner
de nombreux échantillons de ses chères plantes, quand il croyait que cette
libéralité pouvait être utile à la science ou aux jeunes gens qui voulaient de¬
venir des botanistes.
Lorsque la Société Linnéenne de Normandie, qui avait déjà tenu une
séance publique à Vireen 1836, y revint trente années après, en 1866, elle
voulait surtout, en offrant à M. Lenormand la première médaille d’argent
qu’elle eût décernée depuis sa fondation, saisir l’occasion de rendre hommage
à une vie consacrée tout entière au culte désintéressé de la science. A celle
séance publique, M. Lenormand nous retraça, en termes qui partaient du
cœur, les travaux des naturalistes nés à Vire ou qui étaient venus se fixer
dans cette ville, et il ajouta ces paroles que nous aurons toujours présentes
à l’esprit :
c Voici la dernière fois, Messieurs et chers confrères, que j’aurai le bon¬
heur de vous voir réunis dans notre Bocage. Lorsque vous y reviendrez, j’au¬
rai rejoint mes vieux camarades dans les autres mondes qu’ils habitent et où
peut-être ils se livrent à leurs goûts favoris d’ici-bas. Mais je ne mourrai pas
tout entier. J’ai assuré le sort des collections qui ont fait le charme de toute
ma vie. Elles recevront une honorable hospitalité dans la galerie du Jardin-
des-plantes de Caen. Je continuerai aies rendre déplus en plus dignes de
figurer près de celles de Dumont d’Urville, de Lamouroux, de Chauvin,
de Roberge, de d’Isigny. »
Vos collections, excellent ami, seront certes le joyau le plus précieux de
notre galerie botanique. Sur celte tombe encore ouverte, nous renouvelons
l’engagement que nous avons contracté vis-à-vis de vous, M. Vieillard et moi,
de veiller pieusement sur ce précieux dépôt tant que nous existerons, — de
le mettre, comme vous le faisiez dans cette charmante et paisible retraite de
Lénaudières, à la disposition des nombreux botanistes qui viendront le con¬
sulter. Nous nous efforcerons ainsi de rendre au savant qui a passé sa vie à
réunir tant de richesses végétales, l’hommage qui devra être le plus agréable
à sa mémoire.
Il a fallu des difficultés insurmontables pour empêcher l’administration mu¬
nicipale de la ville de Caen de se rendre à la cérémonie qui nous réunit en
ce jour. Elle m’a chargé d’être l’interprète des sentiments de vive gratitude
qui l’animent, de dire combien elle apprécie les splendides donations faites
à son musée botanique. Elle tiendra à honneur d’installer, comme il mérite
de l’être, un herbier qui n’a d’égal en France que celui du Muséum d’histoire
naturelle de Paris.
Si René Lenormand a droit à la reconnaissance sans borne des amis de
celle charmante science des végétaux, le souvenir de ses vertus privées rendra
pour toujours sa mémoire chère à ceux qui l’ont connu. C’était une de
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871.
393
ces natures excellentes, d’une probité antique, comme on est si heureux d’en
rencontrer quelquefois dans le monde. Il possédait cette égalité de caractère,
cette douceur, cette bonté, cette sérénité dame qui répandent tant de
charme sur l’existence de ceux qui nous entourent. Aussi quel vide pour tous
les siens ! quel vide surtout pour cette compagne dévouée de sa vie, qui avait
voulu partager ses goûts et ses travaux, et qui, jusqu’au dernier moment, lui
a donné les preuves de l’affection la plus touchante ! Ces deux âmes, si bien
faites pour se comprendre, n’en faisaient en quelque sorte qu’une seule, tant
elles s’étaient assimilées l’une à l’autre.
Entouré de parents affectueux, d’amis dévoués, sans avoir jamais connu
d’ennemis, trop modeste pour avoir suscité des jaloux , honoré de tous, béni
d’une foule de malheureux dont sa main discrète soulageait les misères, ses
jours se sont écoulés dans la paix et la douceur. Ses seuls moments de tris¬
tesse étaient ceux où il perdait un ami, qu’il se faisait alors un devoir d’ac¬
compagner jusqu’à sa dernière demeure. Dieu a permis qu’il s’éteignît sans
souffrance, et que son âme, en quittant ce monde, ne fût pas attristée par les
angoisses que la séparation de sa bien-aimée compagne lui eût fait éprouver.
In memoria æterna erit justus !
(Ps. cxi, 6.)
Tout le monde, ici, sent profondément l’étendue de la perte que la Nor¬
mandie et surtout la ville de Vire viennent de faire. Ce concours de citoyens
de tout âge, de toute condition, d’opinions diverses, qui accompagnent René
Lenormand, atteste, mieux que des paroles, l’affection et le respect que cha¬
cun portait à notre ami. A quoi bon dès lors revendiquer pour sa mémoire
quelque chose de plus? Les mêmes regrets sont dans tous les cœurs, les lar¬
mes coulent de tous les yeux. Quel plus beau tribut peuvent payer ceux qui
restent à celui qui nous quitte î
René Lenormand, du fond de votre tombe, hélas ! trop tôt ouverte, vous
devez être satisfait, car vous obtenez en ce jour la récompense de vos labo¬
rieux travaux et des bienfaits que vous avez répandus autour de vous: une
réputation incontestée parmi les botanistes, et la pieuse reconnaissance de vos
concitoyens.
La terre vous sera donc légère !
Au revoir, cher et excellent ami. Dieu, dans son indulgente bonté, vous a
déjà placé parmi les siens, car vous avez passé votre vie à étudier les mer¬
veilles sorties de ses mains, et vous avez beaucoup prié parce que vous avez
beaucoup travaillé.
M. le comte Jaubert exprime les vifs regrets que lui cause la mort
de M. Lenormand, et prie la Société de vouloir bien le charger de
rédiger une notice sur ses travaux. C’est un hommage qu’il lui
39/| SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
serait doux derendreà la mémoire de celui qui fut pour lui, durant
de longues années, un excellent ami et un correspondant assidu.
La Société ne peut que déférer avec empressement au désir de
M. le comte Jaubert.
M. V an Tieghem fait à la Société la communication suivante :
SUR LES CANAUX OLÉIFÈRES DES COMPOSÉES, par II. IMi. VAX TIEGllE.lI.
II. — MODIFICATIONS DE L’APPAREIL OLÉIFÈRE DANS LES DIVERS GENRES
DE LA FAMILLE.
Dans la première partie de ce travail j'ai décrit la structure et le mode de
distribution des canaux oléifères dans les divers organes de l’QEillet-d’Inde. Il
me reste à étudier les modifications secondaires que cette structure et cette
distribution subissent dans les principaux genres des différentes tribus de la
famille des Composées.
Racine.
Dans l’organisation primaire de cet organe, sur laquelle j’ai surtout porté
mon attention, les canaux oléifères affectent, partout où ils existent, la même
structure et la même position. Ce sont toujours, comme dans l’OEillet-d’Inde,
de très-étroits méats creusés dans la membrane protectrice dédoublée locale¬
ment à cet effet, non bordés de cellules spéciales différentes des cellules pro¬
tectrices elles-mêmes, disposés au dos de chaque faisceau libérien primitif,
dont leur cavité n’est séparée cpie par les cellules plissées et par les éléments
de la membrane rhizogène, alternes par conséquent avec les faisceaux vascu¬
laires primordiaux. Ces canaux sont le plus souvent quadrangulaires et asso¬
ciés côte à côte en formant autant d’arcs oléifères qu’il y a de faisceaux libé¬
riens ; les méats extrêmes de chaque arc sont seuls triangulaires. Dans le jeune
âge, deux canaux consécutifs ne sont séparés que par une seule épaisseur de
cellule, ou plus exactement par deux cellules superposées qui les bordent a la
fois tous les deux ; mais plus tard ils s’écartent de plus en plus par la division
répétée de ces deux cellules au moyen de cloisons radiales qui sont toutes plis¬
sées dans la cellule interne. Entre les nouvelles cellules ainsi formées il ne se
forme pas de méats oléifères, de sorte que le nombre des canaux primitifs de¬
meure constant. De plus, comme il ne se fait dans les cellules plissées aucune
cloison tangentielle, les canaux demeurent toujours en contact avec la mem¬
brane protectrice, et ils ne font que la suivre dans son extension pour se dis¬
tribuer peu à peu uniformément à la périphérie du cylindre central élargi.
Dans aucun cas la racine ne possède, pendant sa période primaire, de
canaux oléifères dans son cylindre central, soit dans les faisceaux libériens, soit
dans le tissu conjonctif, même quand ce dernier est très-développé et pareil-
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 4 871
395
chymateux, comme dans les racines adventivcs à 9 ou 10 faisceaux du Conyza
Gouani, ou fibreux, comme dans les racines adventives à Sou 10 faisceaux de
V E upatorium aromaticum.
Voilà ce qui demeure conslanl. Ce qui varie d’un genre à l’autre, c’est le
nombre des canaux associés qui correspondent à chaque faisceau libérien.
Pour obtenir sous ce rapport des résultats comparables, il est nécessaire
d’observer d’abord que ce nombre n’est pas absolument le même pour les
divers faisceaux libériens d’une même racine, et surtout qu’il change si l’on
compare dans la même plante deux racines ayant dans leur cylindre central
un nombre différent de faisceaux constitutifs. Il est, jusqu’à un certain point,
en relation avec la largeur du faisceau libérien, et il croît et diminue avec elle.
Cependant si l’on supprime cette source de variations individuelles en ne
comparant d’un genre à l’autre que des racines du même type numérique et
en ne considérant que des nombres moyens, on réussit à mettre en évidence
une simplification numérique liée à l’organisation des diverses tribus, et dont
je voudrais indiquer le sens et fixer les principaux degrés.
Le nombre moyen des canaux adossés à chaque faisceau libérien est tantôt
plus grand et tantôt plus petit que dans le Tagetes patula où nous comptions
d’ordinaire dans le pivot binaire 5-7 méats oléifères, et où la membrane pro¬
tectrice se divisait en arcs sensiblement égaux, alternativement simples et dé¬
doublés.
II paraît constamment plus grand dans les plantes de la tribu des Cinarées.
Ainsi le Serratula centauroides a dans une racine advenlive quaternaire 12 à
15 méats oléifères rapprochés en arc au dos de chaque faisceau libérien, tan¬
dis qu’en face de chaque lame vasculaire il ne subsiste que deux cellules pro¬
tectrices non dédoublées, ou même une seule. La racine principale binaire
du Cirsium arvense a deux arcs oléifères extra-libériens comprenant chacun
1 5 à 20 méats. Les pivots binaires des Carduus pycnocephalus, Silybum Ma-
rianum, Xeranthemum cylindraceum , ainsi que les radicelles binaires ou
ternaires des Centaurea atropurpurea, Echinops exaltatus , ont également
leurs méats oléifères associés, au nombre d’une dizaine au moins, en dehors
de chaque faisceau libérien.
Le nombre des canaux diminue dans les Calendulacées; car si l’on compte
encore 8 à 10 méats oléifères vis-à-vis de chaque faisceau libérien et cinq
cellules protectrices non dédoublées vis-à-vis de chaque faisceau vasculaire
dans la radicelle binaire du Calendula officinalis , il n’y a plus que 3-5 canaux
dans le Venidium calendulaeeum , et le nombre des cellules protectrices
non dédoublées s’en accroît d’autant.
Mais la décroissance progressive est surtout marquée chez les Sénécionidées,
comme on en jugera par les exemples suivants: Helianthus annuus , pivot
quaternaire, 5-8 canaux; Gnaphalium citrinum , racine binaire, 5-8; Ta¬
getes patula, pivot binaire, 5-7; Tanacetum vulgare , Arnica Chamissonis ,
396
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
racine quaternaire, 4-6; Santolina Chamœcy par issus, racine quaternaire,
3-5; Anthémis Pyrethrum , racine ternaire, 3 ; Cotula matricarioides ,
racine ternaire, 2; Achillea Mille folium , racine ternaire, 1-3 ; Senecio vul-
yaris , racine quaternaire, 2 se fusionnant quelquefois en un seul; Chrys -
anthemum Parthenium , racine ternaire, 1, très-rarement 3.
Dans la tribu des Astéracées la réduction numérique des canaux se fixe à
son minimum. Car si une racine ternaire A I nul a montana a encore en de¬
hors de chaque faisceau libérien un arc de 6 h 8 méats, on ne trouve dans une
racine également ternaire de Bellis perennis qu’une seule cavité oléifère fort
étroite, formée par le dédoublement de deux cellules protectrices contiguës.
Il n’y a non plus qu’un seul canal, encore quadrangulaire, mais un peu plus
large, dans une racine quaternaire d ' Eriger on glahellus , se dilatant davan¬
tage dans les Aster et les Conyza par l’écartement total des deux cellules ex¬
ternes qui lui permettent de s’appuyer sur les cellules du troisième rang et de
prendre une forme hexagonale, devenant énorme enfin et cylindrique dans une
racine quaternaire de Solidago limoni folia par suite de la dissociation com¬
plète et du grand écartement latéral des cellules du troisième, du quatrième et
même du cinquième rang.
De leur côté les Eupatoriacées présentent des différences numériques du
même ordre. Ainsi une racine ternaire de Tussilago Farfara a, dans chaque
arc supra-libérien, 5-7 méats oléifères ; il y en a encore 2-3 dans une racine
également ternaire à' Agératum conyzoides ; il n’y en a plus qu’un seul, plus
large et rendu hexagonal par la dissociation des deux cellules du second rang,
dans le Petasites niveus et Y Eupatorium aromaticum .
Enfin, comment se comporte la racine des Chicoracées sous le rapport des
canaux oléifères? On sait que les divers organes des plantes de cette tribu sont
abondamment pourvus de vaisseaux laticifôres anastomosés qui ont fixé l’at¬
tention de nombreux anatomistes. Aussi me bornerai-je à dire ici que dans
l’organisation primaire de la racine, où ils ne paraissent pas avoir été étudiés,
les laticifères appartiennent aux groupes libériens primitifs dont ils ne sont que
certaines files de cellules transformées. Ils sont assez irrégulièrement mélangés
aux autres cellules libériennes. Dans le très-jeune âge il semble même que
tous les éléments libériens soient également remplis de latex, et que ce ne
soit que plus tard que le suc laiteux se localise dans certaines cellules. Il n’y
a pas de laticifères dans le tissu conjonctif, même quand il est très-développé,
comme dans les racines adventives à 6 ou 8 faisceaux de Y Hierac ium cymo-
sum, par exemple. Plus tard, il se forme de nouveaux laticifères dans le liber
secondaire issu du jeu externe de l’arc générateur; ils sont associés aux vais¬
seaux grillagés dans les rayons d’éléments allongés ; les rayons de parenchyme
secondaire qui séparent ces derniers en sont dépourvus. Souvent on observe
dans les rayons libériens une alternance assez régulière entre les éléments gril¬
lagés et les laticifères. Ainsi dans Y Hieracium cymosum , par exemple, chaque
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871.
397
cellule génératrice produit alternativement deux cellules grillagées à section
carrée côte à côte, et un vaisseau laticifère ayant une largeur double et la
même épaisseur; plus tard les choses se dérangent un peu.
En résumé, les vaisseaux laticifères de la racine appartiennent exclusive¬
ment au cylindre central; aucun d’eux ne franchit la membrane rhizogène. Les
canaux oléifères appartenant, au contraire, au parenchyme cortical, on peut
concevoir à priori la coexistence possible de ces deux appareils qui paraissent
indépendants. Toutefois il n’en est pas ainsi, au moins dans la plupart des
cas. Ainsi je n’ai rencontré aucun canal oléifère dans la majorité des Chicora-
côes à la place où la racine des autres Composées en possède toujours, et la
membrane protectrice y demeure simple, aussi bien en dehors des faisceaux
libériens que des faisceaux vasculaires (Hieracium cymosum, Lactuca scitivci,
Hypochœris radicata , Tragopogon crocifolius , Ciiondrilla brevirostris,
Taraxacum Dens-leonis, etc.). Mais déjà dans le pivot binaire du Cichorium
Intybus et du Lcipsana communis , je vois s’opérer en face des faisceaux libé¬
riens le dédoublementde quatre ou cinq cellules plissées, sans toutefois que les
angles de ces cellules dédoublées s’arrondissent pour former des méats oléifères.
Enfin le phénomène annoncé par ce dédoublement s’achève dans le Scolymus
grandiflorus, où la membrane protectrice, dédoublée encore en face de chaque
faisceau libérien, s’y creuse en outre de cinq canaux oléifères rapprochés en
arc, absolument comme dans le Togetes pcilula : ce qui n’empêche pas un latex
abondant de se former dans certains éléments du faisceau libérien. Ici donc
les deux appareils coexistent dans le même organe, et sous ce rapport, comme
sous plusieurs autres, les Scolymus se montrent intermédiaires aux Chicora-
cées vraies et aux Cinarées. Nous verrons tout à l’heure que ce passage, déjà
annoncé par les Cichorium et Lapsana, ne s’opère pas seulement vers les Cina¬
rées par l’intermédiaire de certaines Chicoracées, mais encore en sens
inverse.
Jetons maintenant un coup d’œil sur l’organisation secondaire de la racine.
Au point de vue qui nous occupe, les modifications présentées par les pro¬
ductions secondaires issues d’arcs générateurs d’abord distincts, bientôt con¬
fondus en une couche génératrice continue, sont beaucoup plus étendues que
celles que nous ont offertes les formations primaires, et ces variations s’obser¬
vent dans les plantes de la même tribu. N’avant pas à ce sujet de documents
suffisants pour me livrer utilement à une comparaison un peu étendue, je
me bornerai à citer deux exemples. Parmi les Cinarées, si l’on étudie la racine
âgée du Centaurea atropurpurea , on voit se former, dans le liber secondaire
issu du jeu externe de l’arc libérien, des canaux oléifères bordés de quatre
cellules spéciales et disposés au milieu des cellules grillagées en autant de
séries radiales simples ou doubles qu’il y a de bandes rayonnantes de tissu
grillagé. Il ne se forme pas d’huile essentielle dans les cellules des rayons de
parenchyme qui séparent ces bandes. Dans VEchinops exaltatus , au cou-
398
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
traire, les arcs générateurs ne forment pas de canaux oléifères dans le tissu
grillagé du liber secondaire. Mais en revanche il se fait de l’huile essentielle
dans les cellules mêmes des rayons de parenchyme, et cela aussi bien dans la
moitié ligneuse que dans la moitié libérienne de ces rayons. Dans les Séné-
cionidées, on observe la même différence entre la racine des Helianthus où
la couche génératrice produit des canaux oléifères bordés de quatre cellules
et entremêlés aux éléments grillagés, et les Tagetes où il ne se forme d’huile
essentielle que dans des cellules disséminées dans la moitié libérienne des
rayons de parenchyme.
Tige.
Les canaux oléifères de la tige des Composées sont toujours isolés, bordés
de quatre ou quelquefois d’un plus grand nombre de cellules spéciales, mais
ces cellules de bordure n’y présentent plus, en général, ces grains d’amidon
colorés en jaune orangé et appliqués contre la face interne qui donnent aux
canaux du Tagetes patulci un caractère si remarquable. Elles sont seulement
beaucoup plus petites que les cellules ambiantes, et remplies d’un liquide in¬
colore finement granuleux, souvent presque hyalin. La présence du pigment
amylacé dans les cellules de bordure, toute constante qu’elle est dans l’OEilIet-
d’Inde, n’est donc pas indispensable à la fonction oléigène de ces cellules,
comme on le voyait déjà par son absence dans la racine de cette plante :
mais ce sujet mérite de nouvelles recherches. Ce système de canaux bordés
et isolés continue celui de la racine et se conserve appuyé contre la mem¬
brane protectrice dont les plissements demeurent partout très -nets (1).
Ce qui varie dans les différents genres, c’est le nombre des canaux et leur
disposition par rapport aux faisceaux libéro-ligneux, et l’on observe à cet égard,
dans l’organisation primaire de la tige, des modifications beaucoup plus éten¬
dues que dans la racine où la distribution de ces petits organes était bien uni¬
forme. C’est qu’en effet il intervient ici un élément nouveau. Dans la racine
primaire nous 11e trouvions jamais de canaux oléifères à l’intérieur du cylin¬
dre central, notamment dans le tissu conjonctif, et cette exclusion absolue pa¬
raît régner aussi dans toute la longueur de la tigelle hypocotylée, à en juger
du moins par V Helianthus annuus. Mais il y a de nombreuses Composées qui,
outre l’appareil oléifère cortical, présentent, dans la zone périphérique de la
moelle de la tige épicotylée, au voisinage des pointes internes des faisceaux
libéro-ligneux, des canaux oléifères bordés de cellules spéciales. De telle sorte
(1) Remarquons encore que dans les parties souterraines de la tige les cellules de bor¬
dure sont hyalines et presque aussi larges que les cellules ambiantes, à peine spécialisées
en apparence. Même il y a des plantes, comme le Tussilago Farfara par exemple, et le
Cirsium arvense , où les canaux de la tige souterraine sont rapprochés côte à côte et
creusés directement, comme dans la racine, ou comme dans la moitié inférieure de la
tigelle, dans l’épaisseur delà membrane protectrice.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. 399
qu’on peut distinguer, dans l’organisation primaire de la tige, trois modifica¬
tions principales présentant chacune des variations secondaires.
1° La tige ne possède pas de canaux oléifères, ni dans son parenchyme cor¬
tical, ni dans son cylindre central, tandis que la racine en possède. Cela se voit
dans YEchinops exaltatus , le Gnaphalium citrinum et quelques autres;
mais ce sont là en quelque sorte des exceptions. Cela se voit encore dans le
Scolymus grandi fl oms, seule Chicoracée dont la racine m’ait montré des
canaux oléifères, et il est à peine utile d’ajouter que dans les autres Chico-
racées la tige est également dépourvue de ces organes.
2° La lige, comme la racine, ne possède de canaux oléifères que dans le
parenchyme cortical, où ils s’appuient directement contre l’endoderme. C’est
le casque nous avons développé dans le Tagetes patula. Le mode de distri¬
bution des canaux à cette profondeur, par rapport aux faisceaux libéro-Iigneux
qui viennent appuyer directement leurs éléments libériens externes contre la
membrane protectrice, y introduit plusieurs modifications secondaires :
a. Il y a un canal au dos de chaque faisceau foliaire; les réparateurs n’en
ont pas. Ex. : Senecio vulgaris , Bellis perennis (deux faisceaux foliaires op¬
posés, deux canaux), Petasites niveus, etc.
b. Un canal au dos de chaque faisceau foliaire; les réparateurs ont autant
de canaux dorsaux rapprochés qu’ils vont donner de foliaires en se divisant.
Ex. : Aster , etc.
c. Chaque faisceau foliaire a deux canaux, un à droite et un à gauche, au
voisinage des cornes de l’arc libérien; les réparateurs n’en ont pas. Ex.: Ta¬
getes patula , Arnica Chamissonis, Tanacetum vulgare , Cotula matricarioi-
des , Anthémis Pyrethrum , Chrysanthemum Parthenium, Santolina ChamcÈ-
cyparissus , Achillea Mille folium , etc.; en un mot, la plupart des Sénécioni-
dées, auxquelles il faut joindre Ylnula montana , le Cirsium arvense , etc.
d> II y a un nombre impair de canaux, 3 à 5 par exemple, disposés en arc
en dehors de chaque faisceau foliaire; les réparateurs n’en ont pas. Ex.: Cen-
taurea atropurpurea , etc.
c. Il y a un nombre pair de canaux, disposés en deux groupes de deux ou
trois chacun aux cornes du faisceau libérien. Ex. : Silybum Marianum , etc.
3° La tige possède toujours des canaux corticaux contre la membrane pro¬
tectrice, mais en outre il se forme, au-dessus des cotylédons, d’autres canaux
dans la zone externe de la moelle, au voisinage de la pointe interne des faisceaux
libéro-Iigneux. Gela se présente, entre autres, dans beaucoup de Cinarées;
mais encore ici interviennent de nombreuses variations secondaires dont voici
les principales :
a. Un petit nombre seulement des faisceaux, deux par exemple, ont un
canal ventral. Ex.: Agératum conyzoides.
b. Chaque faisceau foliaire a un canal dorsal et un ventral. Ex.: Solidago
limonifolia , où ces canaux sont fort larges et pleins d’une huile incolore
à odeur de savon.
/|00 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
c. Un canal ventral et plusieurs dorsaux à chaque faisceau foliaire. Ex.:
Serratula centauroides, etc.
d. Plusieurs canaux ventraux disposés en deux groupes aux cornes de l’arc
fibreux interne, et plusieurs canaux dorsaux disposés de la même manière.
Ex.: Carduus pycnocephalus , etc.
e. Un arc de canaux ventraux et un arc de canaux dorsaux. Ex. : Helian¬
thus tuberosus, etc.
A ces trois modifications principales de la jeune tige, l’introduction des
formations libéro-ligneuses secondaires, issues des arcs générateurs bientôt
confondus en une couche continue, vient en superposer plusieurs autres. Ces
formations secondaires présentent les mêmes caractères dans toute l’étendue
de la plante, racine, tige ou feuille. La donc où, comme nous l’avons vu, il
se forme des canaux oléifères dans le liber secondaire de la racine au milieu
du tissu grillagé, il s’en fera également dans la tige (Centaurea atropurpurea ,
Helianthus tuberosus, etc.). Là, au contraire, où il ne se développe dans la
racine que des cellules oléigènes disséminées dans les rayons de parenchyme
secondaire, les choses se passeront de même dans la tige ( Echinops exalta-
tus , Tacjetes patula, etc.).
Feuille.
Les canaux oléifères du pétiole ou de la nervure médiane des feuilles des
Composées sont comme ceux de la tige,, dont ils sont le prolongement, bordés de
cellules spéciales au nombre de quatre originairement. Us sont placés contre
la membrane protectrice qui enveloppe individuellement les faisceaux libéro-
ligneux de la feuille, et de manière que leurs cellules de bordure, tantôt tou¬
chent immédiatement les cellules plissées, tantôt en soient séparées par une
ou deux cellules ordinaires. Quelquefois, comme dans le. Tussilago Farfara ,
on voit le canal entaillé dans l’épaisseur même de la membrane protectrice,
comme s’il provenait de la di vision en quatre d’une de ses cellules. Ces canaux,
ou bien accompagnent les nervures dans toute rétendue du limbe où ils de¬
meurent continus, ou bien se rompent à leur entrée dans le limbe en poches
oléifères arrondies ou allongées, et ces deux manières d’être se rencontrent
déjà dans les cotylédons, comme on peut le voir dans les Helianthus d’une
part et les Tagetesde l’autre.
Outre ce premier système de canaux oléifères lié aux faisceaux, j’ai trouvé
dans le Solidago limoni folia , où ces canaux sont très-larges et pleins d’une
huile parfaitement incolore et limpide, un système de canaux sous-épider¬
miques bordés aussi de cellules spéciales, mais beaucoup plus étroits et con¬
tenant un liquide sombre qui tient en suspension de nombreux granules
opaques. Il y a, à la face inférieure de la feuille, trois à cinq de ces canaux
externes de chaque côté de la nervure médiane ; leurs cellules de bordure
sont séparées de l’épiderme par un ou deux rangs de cellules collenchyma-
teuses.
SÉANCE DU *2*2 DÉCEMBRE 1871. 401
Dans le nombre el la disposition des canaux ordinaires par rapport aux fais¬
ceaux du pétiole, on remarque les principales modifications suivantes :
1° La feuille n’a pas de canaux oléifères, quand la racine en possède. Gela
a lieu toutes les fois que la tige elle-même en est dépourvue au niveau de l’in¬
sertion. Ex.: Echinops exaltatus , Gnaphalium citrinum , Lappa grandi -
flora. Mais cela peut se présenter aussi quand la tige possède à ce niveau des
canaux oléifères bien développés. Ex.: Xeranthemum cylindraceum , Cirsium
arvense. Il va sans dire que les feuilles des Chicoracées sont toujours dé¬
pourvues de canaux oléifères.
2° Les faisceaux n’ont de canaux que sur leur face inférieure, dorsale ou
libérienne. Il en est ainsi toutes les fois que la tige elle-même ne possède pas
de canaux médullaires. Voici les principales modifications secondaires :
a. Un seul canal au dos de chaque faisceau, occupant le milieu de l’arc
libérien. Ex. : Senecio vidgaris, Beltis perennis (faisceau médian seulement),
Aster , Tussilago Far faim, Petasites niveus, etc.
b. Un nombre impair de canaux, 3-5 par exemple, formant un arc dorsal.
Ex.: Erigeron glabellus , Conyza Gouani. Il y a des transitions entre ce
cas et le précédent.
c. Deux canaux, un à chaque corne de l’arc libérien. Ex.: Arnica Cha -
missonis, Tagetes patula , Tanacetum vulgare , Cotula matricarioides , San-
tolina Chamœcy par issus, Achillea Millefolium, Inula montana, etc.
d . Un nombre pair de canaux disposés en deux groupes aux cornes de l’arc
libérien. Ex.: Sitybum Marianum. Il y a des transitions entre ce cas et le
précédent.
3° Les faisceaux ont, outre les canaux de leur face inférieure disposés
comme nous venons de le dire, des canaux sur leur face supérieure, ventrale
ou ligneuse. Gela se présente quand la tige a des canaux médullaires qui
s’échappent avec les faisceaux foliaires. Le nombre et la disposition de ces
canaux supérieurs varient ; en se combinant avec les diverses dispositions
des canaux inférieurs, ils produisent de nombreux et caractéristiques arrange¬
ments dont je me bornerai à citer ici quelques exemples.
a. Un canal ventral et un canal dorsal. Ex. : Solidago limonifolia.
b. Un canal ventral et deux canaux inférieurs situés aux cornes de l’arc
libérien. Ex.: Agératum conyzoides.
c . Un canal ventral et un nombre impair de canaux dorsaux, 5, 3 ou 1, sui¬
vant la dimension des divers faisceaux. Ex.: Serratula centauroides .
d. Deux canaux ventraux disposés à droite et à gauche de la face interne du
faisceau et deux canaux dorsaux situés de même.
e. Deux canaux ventraux et un nombre impair de canaux dorsaux disposés
en arc tout autour de l’arc libérien inférieur. Ex. : Cinara Scolymus.
f Deux groupes de canaux ventraux et un groupe de canaux dorsaux. Ex.:
Carduus pycnocephalus.
T. XVIII.
(séances) 20
402
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
(j. Enfin un arc de canaux ventraux et un autre arc de canaux dorsaux se
rejoignant pour entourer tout le faisceau. Ex.: Helianthus tuberosus.
Outre cette première sorte de canaux oléifères appartenant au paren¬
chyme fondamental, cortical ou conjonctif, de la lige, et qui accompagnent
les faisceaux dans les feuilles, on voit dans certaines Composées se former, à
l’intérieur même de ces faisceaux foliaires, des canaux oléifères bordés de
quatre cellules spéciales. Ils font partie du liber secondaire issu de l’arc géné¬
rateur et y sont mêlés aux cellules grillagées. Le liber primaire en est tou¬
jours dépourvu. Le pétiole de l 'Helianthus tuberosus en est un exemple. Les
canaux y proviennent de la division en quatre de certaines des larges cellules
à paroi mince, qui alternent régulièrement avec les paires de cellules quadran-
gulaires grillagées. Ces canaux oléifères libériens d’origine secondaire ne se
constituent dans les faisceaux de la feuille que chez les plantes qui en for¬
ment de semblables dans les productions secondaires de leur lige et de leur
racine, et dans la proportion toujours faillie où les formations secondaires
elles-mêmes se développent dans ces faisceaux foliaires.
Nous avons vu que certaines Chieoracées, les Scolijmus par exemple, tout
en demeurant abondamment pourvues de latex, acquièrent, tout au moins
dans leur racine, les canaux oléifères corticaux qui caractérisent les autres
Composées. Il nous reste à montrer maintenant que certaines Ginarées, tout
en conservant leurs canaux oléifères, acquièrent au moins dans quelques or¬
ganes, notamment dans la partie supérieure de leur tige et dans leurs feuilles,
les vaisseaux laticifères qui caractérisent les Chieoracées. Tel est, par exem¬
ple, le Cirsium arvense. Les racines de cette plante et la région inférieure
de sa tige sont pourvues des canaux oléifères habituels à ses congénères, mais
sans qu’il y ait de vaisseaux laticifères dans le liber des faisceaux. Dans la
région supérieure de la tige, les canaux oléifères continuent à s’élever le long
des cornes de l’arc libérien de chaque faisceau, et en même temps un latex
abondant s’écoule de vaisseaux laticifères situés au bord externe de cet arc
libérien. Les deux appareils coexistent ici dans la tige, comme ils coexistaient
dans la racine des Scolymus. Mais dans la feuille les canaux oléifères cessent,
et l’on voit en revanche les laticifères se multiplier au bord externe de l’arc
libérien. Ainsi les deux appareils, isolés dans la racine et dans la feuille, coexis¬
tent dans la tige, au moins dans sa région supérieure. Il en est de même
dans le Lappa grandi flora. Si donc les Scolymus , et quelques autres, en ac¬
quérant des canaux oléifères dans leur racine, relient les Chieoracées vraies
aux Ginarées, de leur côté les Lappa , Cirsium et quelques autres, en gagnant
des laticifères dans leur tige et leurs feuilles, unissent les Ginarées aux Chico-
racées.
Résumé.
Au total, nous voyons que les plantes de la famille des Composées renfer¬
ment dans leurs diversorganes un système d’étroits canaux oléifères semblables
SÉANCE DU 2*2 DÉCEMBRE 1871.
/iCS
à celui que nous avons décrit avec détail chez l'OEillet-d’Inde dans la pre¬
mière partie de ce travail. Il n’y a d’exception que pour la plupart des Chi-
coracées où cet appareil paraît remplacé physiologiquement par les vaisseaux
laticifères, quoique dans quelques formes de transition les deux systèmes
puissent coexister, au moins dans certains organes.
Les cellules, originairement au nombre de quatre, qui entourent l’étroit
méat et sécrètent l’huile qui s’y déverse, sont toujours douées de pro¬
priétés particulières, non partagées par les cellules ambiantes. Mais par eur
forme, leur dimension et leur contenu, elles se montrent spécialisées à deux
degrés différents, suivant qu’on est dans la racine ou qu’on s’élève dans la tige
et dans la feuille. Dans la racine, le canal est creusé dans la membrane pro¬
tectrice dédoublée, dont les larges cellules hyalines le limitent immédiatement
et même sont dans le jeune âge communes à deux canaux voisins. Dans la tige
et surtout dans la tige épicotvlée et aérienne, ainsi que dans la feuille, le canal
est entouré de cellules plus petites, détachées des cellules protectrices par des
cloisons parallèles à l’axe du méat. On peut dire, en un mot, que les canaux
primaires ne sont pas bordés dans la racine et qu’ils sont bordés dans la tige et
dans la feuille, dans le limbe de laquelle ils se réduisent souvent à des poches.
Les canaux secondaires libériens, quand il s’en forme, sont toujours bordés
et de la même manière dans les trois organes.
En outre, chez nombre de Composées où la zone génératrice ne forme pas
de canaux secondaires libériens, il se fait, dans la période secondaire de la tige
et de la racine, de l’huile essentielle dans des cellules éparses faisant partie des
rayons de parenchyme qui traversent les productions libéro-ligneuses issues
de cette zone génératrice.
Considéré dans son ensemble, cet appareil oléifère présente d’une plante à
l’autre des modifications secondaires qui peuvent jusqu’à un certain point
servir à caractériser les genres. Et bien qu’on puisse dire d’une façon géné¬
rale que telle ou telle de ces modifications prédomine dans telle ou telle tribu,
il est pourtant impossible, sous ce rapport, à cause des nombreuses transi¬
tions qu’on y remarque, d’établir dans la famille une série de coupes nettes
coïncidant avec les tribus.
III. — HISTORIQUE.
le ne puis terminer cet exposé sans dire quelques mots des travaux anté¬
rieurs où il est fait mention des canaux oléifères des Composées. Jusqu’à pré¬
sent, il en est venu trois à ma connaissance : l’un est de M. Julius Sachs (1859),
un autre de M. Trécul (1862), le troisième de M. N.-J.-C. Mueller (1867).
M. J. Sachs, dans son mémoire sur la formation de l’amidon dans la
germination des graines oléagineuses (l), a signalé en quelques mots et ligure
(1) J. Sachs, Botanische Z eilung, 1859, pp. 177 et 185, pl. viii, tige 7.
m
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
à la hase (le la ligellc de Y Mettant hus annv.us des méats prismatiques rappro¬
chés en arcs en dehors des six faisceaux et situés dans ce qu’il appelle la
(' gaine du cambium » [C ambiumscheide) dédoublée. « Ces méats sont remplis
d’une huile épaisse qui rougit par la potasse et noircit par les sels de fer»
(p. 183). Plus loin, il identifie celte assise alternativement simple et double,
où sont creusés les canaux, avec la membrane protectrice ( Schutzscheide de
Caspary),en montrant qu’elle en possède les marques noires caractéristiques
(p. 188).
Sans étudier à fond la structure et le mode de distribution des canaux oléi¬
fères des Composées, qu’il regarde avec raison comme dépourvus de paroi
propre, M. Trécul (i) s’est surtout préoccupé de leurs rapports avec les
vaisseaux laticifères. Il signale l’existence de laticifères à suc laiteux et à paroi
propre dans un certain nombre de genres étrangers à la tribu des Chicoracées.
Aux sept genres où Meyendit avoir vu des laticifères et queM. Trécul réduit
à quatre ( Arctium , Carduus , Cirsium , Vernonia ), il en ajoute neuf autres
( Onopordon , Carlina , Jurinea , Notobasis , Tyrimnus , Ga ladites, Silybum,
Echenais , Lappa). Il montre ensuite que la même plante peut avoir en même
temps des canaux oléifères, « de manière qu’il y a une transition réelle entre
les laticifères et les canaux dits oléo-résineux. » Dans la racine de ces plantes
le suc propre est seulement oléo-résineux; il est seulement laiteux dans la tige.
« Dans la tige, les vaisseaux ont une membrane propre; dans la racine, ils
n’en ont pas et ressemblent à des méats plus ou moins élargis. Les canaux
oléo-résineux sont donc substitués aux vaisseaux laiteux dans le caudex descen¬
dant. Toutefois leur position relative y est un peu différente de celle des vais¬
seaux laiteux dans la tige (p. 269). »
Nous avons vu que les appareils laticifère et oléifère des Composées ne
sont pas, comme i\I. Trécul semble l’admettre, les deux parties d’un seul et
même système qui se prolongerait en se modifiant dans des organes différents,
mais bien deux systèmes indépendants qui peuvent coexister à un niveau
donné dans le même organe. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’il paraît exis¬
ter entre eux un certain balancement physiologique.
Dans un travail plus récent et dont l’objet est précisément l’étude des or¬
ganes sécréteurs des plantes (2), M. N. -J. -C. Mucllcr a consacré un paragraphe
spécial à la famille des Composées (p. 418). Il signale les canaux dans Y/nula
Helenium et dans l’ Artemisia vulgaris ; il en suit surtout le développement
dans la racine de cette dernière plante. Il s’attache à montrer qu’ici comme
chez les Cycadées, les Conifères, les Térébinthacées, les Oinbellifères et
les Araliacées, qu’il a d'abord étudiées, le canal est un simple espace intercel-
(1) Trécul, Journal V Institut, G août 1862.
(2) N.-J.-C. Mueller, Untersuchungen ueber die Vcrtheilung der Harze, œtherischen
GE/e, Gummiund Gwnmiharze , und die Stellung der Secretionsbehœlter im Pflansen-
kœrper ( Pringsheim’s Jahrbuecher , V, 384; 18G6-G7).
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871.
405
lulaire bordé originairement par quatre cellules qui tantôt se divisent plus
tard, tantôt demeurent simples. Mais, ce point établi, et il n’y avait aucun
doute possible à cet égard chez les Composées, l’auteur se méprend sur la
position de ces canaux dans l’organisation de la jeune racine, en même temps
qu’il méconnaît plusieurs traits essentiels de cette organisation elle-même. Il
est de mon devoir de relever ici quelques-unes des erreurs accumulées dans
ce paragraphe.
1° La position de la membrane ou gaîne protectrice n’est pas correctement
indiquée et figurée par les lettres MM dans la lîg. 29 et mm dans la fig. 31 de
la pl. li. Cette assise MM ou mm est la membrane rhizogène qui touche im¬
médiatement les premiers vaisseaux formés. C’est l’assise aa de la fig. 29 qui
est la membrane protectrice. Mais les plissements si caractéristiques de cette
membrane ne sont indiqués nulle part.
2° De cette première méprise en découle une autre. Les canaux oléifères
sont décrits comme étant en dehors de la membrane protectrice, tandis
qu’ils sont réellement creusés dans son intérieur, comme l’avait fort bien vu
M. J. Sachs en 1859, sur V Helianthus annuus.
3° Les faisceaux libériens primitifs du cylindre central sont méconnus et
confondus avec le cambium. Bien plus, dans la fig. 31, ces groupes d’élé¬
ments libériens externes, appuyés contre la membrane rhizogène mm, sont
figurés comme des vaisseaux par un contour très-noir; ils sont d’ailleurs
appelés dans la légende explicative « second système centripète de rayons
ligneux. » C’est là une erreur grave. L’auteur admet donc qu’il y a six faisceaux
vasculaires primaires dans celte racine, et de deux qualités différentes, formant
deux étoiles ternaires alternes, quand il n’v en a que trois en réalité, alternes
avec trois faisceaux libériens.
U° Suivant M. Mueller, les canaux oléifères naissent associés par deux ou trois
en six places qui correspondent exactement aux six branches des deux étoiles
ligneuses ternaires ainsi constituées. Cela est peu exact ; car c’est seulement
en trois places et vis-à-vis des faisceaux libériens primitifs, c’est-à-dire vis-à-vis
de la deuxième étoile ligneuse ternaire de l’auteur, que se forment les canaux.
En face des lames vasculaires primitives, on ne trouve pas de méat oléifères;
ou si par hasard on en rencontre quelqu’un à celte place, c’est par un pur
accident, comme il arrive d’en trouver parfois dans quelques-uns des méats
du parenchyme cortical extérieur à la membrane protectrice. Il en est ainsi,
nous l’avons vu, dans toutes les Composées.
5° Enfin, l’auteur affirme que, à la suite de l’élargissement du cylindre
central produit par la formation des productions secondaires, les cellules de
la membrane protectrice acquièrent un grand développement latéral, mais
que « le nombre n’en est pas sensiblement augmenté » (p. Ô21). Nous savons
au contraire que les éléments de la membrane protectrice, ainsi que ceux de la
membrane rhizogène sous-jacente, se divisent par de nombreuses cloisons
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
406
radiales, qui sonl toutes plisséesau même endroit dans la première de ces mem¬
branes. En sorte que là où il n’y avait d’abord qu’une seule cellule plissée, il y
en a maintenant vingt-cinq à trente et même davantage. Cette multiplication
écarte progressivement les canaux oléifères.
Il était difficile, on le voit, de se faire une idée moins exacte de l’organisation
de la jeune racine et de la position réelle des canaux oléifères au sein de celte
organisation.
Lecture est donnée d’un extrait du travail suivant :
OBSERVATIONS SUR L’ORIGINE GLACIAIRE DES TOURBIÈRES DU JURA NEUCIIATELOIS
ET DE LA VÉGÉTATION SPÉCIALE QUI LES CARACTÉRISE,
par M. Ch. 1IARTIMS.
(Montpellier, août 1871.)
L’origine des flores actuelles est un problème nouveau en géographie
botanique. Ou croyait jadis qu’elles avaient toutes apparu simultanément à la
surface du globe. Cette opinion n’est plus soutenable. Comme les terrains,
les flores et les faunes qui nous entourent remontent à des époques géolo¬
giques plus ou moins anciennes. Il en est qui datent de la période glaciaire,
belle est l’origine de la végétation des tourbières jurassiques, et peut-être de
celles de l’Europe tout entière. Ce travail est destiné à éveiller sur ce sujet
l’attention des géologues et des botanistes. Les circonstances qui l’ont fait
naître se rattachent à des souvenirs qui me seront toujours bien précieux.
Lorsque je vis pour la première fois, en 1859, la végétation de la grande
tourbière qui occupe le fond de la vallée des Ponts, à 1000 mètres au-dessus
de la mer, dans le Jura neuchâtelois, je crus avoir de nouveau sous les yeux
l’aspect des paysages de la Laponie, que j’avais visitée vingt ans auparavant.
Non-seulement les arbres, mais les herbes même étaient identiques à celles du
Nord. Plusieurs séjours successifs dans le chalet hospitalier démon ami Desor,
à Combe-Varin, près de l’extrémité méridionale delà tourbière, me permi¬
rent de confirmer ce premier aperçu, que je complétai en étudiant les tour¬
bières de Noiraigues dans le Val -Travers, et de la Brévine dans la vallée de
même nom. La première est élevée de 720, la seconde de 1030 mètres au-
dessus de la Méditerranée. Comme terme de comparaison, je visitai ensuite
les tourbières des environs de Gaiss, dans le canton d’Appenzell, élevées éga¬
lement de 900 à 1000 mètres au-dessus delà mer, et dernièrement les fonds
tourbeux des Cévennes granitiques, dont les altitudes varient de 950 à 075
mètres, qui est celle du village delà Salvetat, sur les limites des départements
du Tarn et de l’Hérault. Ces études me permirent de constater la parfaite
exactitude de tous les faits et de tous les résultats contenus dans l’ouvrage
publié en 1854, sur les Marais tourbeux , par M. Léo Lesquereux. Je n’au-
SÉANCE DU ‘22 DÉCEMBRE 1871
407
rais même pas pris la plume si l’auteur s’était mis au point de vue de l’ori¬
gine géologique et phytologique de ces tourbières. Mais à l’époque où il
écrivait, ces questions n’étaient pas encore à l’ordre du jour, et il eût été fort
eu avant de. son temps s’il les avait même pressenties. Je m’attacherai donc
à ce point de vue, renvoyant pour tout le reste à l’ouvrage que je viens
de citer.
Origine glaciaire des tourbières.
*
Un sol imperméable que les eaux pluviales ne puissent traverser, telle est la
condition première de la formation d’une tourbière. La configuration du sol ne
joue qu’un rôle secondaire. Ainsi, on observe des tourbières sur des terrains
plats, ceux des bords de la Somme, de l’Ems et du AVeser (1), du Slesvig-
Holstein et de la Hollande, comme dans les vallées des Vosges, des Alpes, du
Jura et des montagnes de l’Écosse. Quelquefois même, elles s’établissent dans
les légères dépressions de pentes très-inclinées. Si le sol est imperméable, si
l’écoulement des eaux n’est pas facile, la tourbière se forme. Une autre con¬
dition, c’est que les pluies ne soient pas trop rares, l’air habituellement humide,
la chaleur des étés modérée. Aussi en Europe les tourbières s’étendent-elles
du Spitzberg jusqu’aux Pyrénées et dans la haute Italie, mais ne dépassent pas
ces limites vers le Sud ; cependant même le climat du pied septentrional des
Pyrénées est encore assez humide, assez pluvieux et assez tempéré pour favo¬
riser l’établissement de tourbières exploitables : mon ami M. Émilien Frossard
m’apprend qu’il en existe une sur le plateau d’Ossun, près de Lourdes, une
autre sur le plateau de Lannemezan, non loin de la Barthe-de-Neste, arron¬
dissement de Bagnères-de*Bigorre ; toutes deux fournissent du combustible
aux environs.
Les vallées longitudinales, en forme de berceau, delà chaîne du Jura se prê¬
tent singulièrement à l’établissement des tourbières : en effet, presque toutes
se terminent, comme celle des PoiDs, par deux cols qui, étant plus élevés que
le fond de la vallée, s’opposent à l’écoulement des eaux. Sur les bords longitudi¬
naux où les assises relevées en forme de crête se sont rompues, ces eaux s’é¬
chappent entre les couches calcaires disloquées, et forment ces cavités coniques
régulières connues dans le pays sous le nom d’ emposieux (2). Ces cavités sont
analogues aux chasmata des Grecs anciens, catavothra des modernes, bêtoires
de la Normandie, Schlotten en Thuringe, shallow holes en Angleterre, do -
Unes ou Jamen sur le plateau de Karst, entre Trieste et Adelsberg, en Car-
mole. Les eaux d’infiltrations forment les sources abondantes des vallées infé¬
rieures du Jura, celle de Noiraigues dans le Val-Travers, la source de l’Areuse,
celle de l’Orbe dans le Jura vaudois, du Muehlbach près de Bienne, de la
(1) Voyez Grisebach, Ueber die Dildung des Torfsin den Emsmooren (Gœttinger Stu-
dien, 18A5).
(2) Voyez, sur les emposieux de la vallée des Ponts, Magasin pittoresque , 1865, p. 236.
l\ 08 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Birse, etc. Néanmoins le fond de la vallée reste toujours humide ; une partie
des eaux pluviales ne s’écoule pas, mais s’étend en nappe souterraine au-des¬
sous du banc de tourbe, et alimente la végétation des Sphagnum et des autres
végétaux qui entrent dans la composition de ce terrain.
Où est l’obstacle qui s’oppose à l’infiltration de ces eaux à travers les fissures
des couches calcaires formant le thalweg de la vallée des Ponts ? Cet obstacle,
c’est une couche d’argile siliceuse qui, semblable à un enduit imperméable,
recouvre toute la partie horizontale occupée par la tourbière. D’où provient
cette couche d’argile siliceuse? Elle ne saurait être due à la décomposition des
roches, qui sont toutes calcaires; cette argile est un produit de la trituration des
roches feldspalhiques, alumineuses etsiliceuses, de roches dites primitives : c’est
de la boue glaciaire. A l’époque de la grande extension des glaciers alpins, tout
le Jura fut envahi par eux. Il était compris dans le domaine du glacier du
Rhône. Malgré une exploitation trop active, les blocs erratiques qu’il y a dé¬
posés sont encore innombrables. La plupart appartiennent aux roches primi¬
tives : protogines, gneiss , schistes métamorphiques, poudingues à cailloux
quartzeux, etc.; ces blocs sont épars sur le crêt de Travers qui borne au sud
h vallée des Ponts. Dans celle de Travers même ils formaient la puissante
moraine de Noiraigues, dont les blocs ont été utilisés en majeure partie pour
la construction des têtes de tunnels du chemin de fer, de clochers d’églises,
d’escaliers et de montants de portes et de cheminées. Cette moraine est précisé¬
ment en aval de la tourbière de Noiraigues, et les blocs se retrouvent dans
tout le Val-Travers jusqu’au Ghasseron. Les tourbières jurassiques ont donc
une origine glaciaire, même lorsqu’elles ne sont pas barrées par une moraine
qui, en s’opposant à l’écoulement des eaux, détermine la formation de lacs, de
marais ou de tourbières, connue on en connaît tant d’exemples dans les Alpes,
le Jura, les Vosges, les Pyrénées et même dans les montagnes de la Lozère (1).
Les tourbières des environs de Gaiss, dans le canton d’Appenzell, sont une
confirmation de ce qui se voit dans le Jura. La roche dominante est la nagel-
flue polygénique, poudingue molassique, composée d’éléments variés, mais où
dominent les cailloux calcaires impressionnés. Si l’on parcourt la tourbière
qui longe la route de Gaiss à Appenzell, on remarque qu’elle est coupée par
plusieurs ruisseaux qui se jettent dans le Rothbach. Ces ruisseaux sont creusés
dans une argile grise très-plastique et très-pure. Cette argile, qui fait à peine
effervescence avec les acides, recouvre sur plusieurs points le véritable terrain
glaciaire formé de cailloux anguleux. La plupart ne sont pas calcaires, non
plus que les blocs erratiques gisant à la surface du sol : ce sont des cailloux et
des blocs apportés par l’ancien glacier du Rhin qui lésa déversés dans les envi¬
rons de Gaiss, par-dessus le col d 'Am Stoss, où ils deviennent fort nombreux
(1) Voyez une Note sur l’ancien glacier de la vallée de Palhères ( Comptes rendus de
l'Académie des sciences de Paris , 9 novembre 1868).
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE \ 87d .
409
et reposent sur une moraine dont la tranchée de la route qui conduit à Als-
tætlen permet d’apprécier la puissance. La partie horizontale du col est elle-
même occupée par une petite tourbière exploitée, à fond également argileux.
Mais ce qui est encore plus démonstratif, ce sont de petits îlots marécageux
qu’on observe sur les pentes de toutes les montagnes voisines : ils correspon¬
dent à de légères dépressions du sol, e on les reconnaît de loin à leur végéta¬
tion, qui est tout à fait différente de celles des prairies au milieu desquelles ils
sont enclavés. Tandis que les pâturages, d’un vert admirable, se composent
uniquement de plantes fourragères, ces îlots se distinguent de loin par une
teinte jaune due à la présence du Cirsium palustre qui domine les Cypéracées
et les Joncs, témoins comme lui de l’existence d’un sol humide et spongieux.
Aussi, tandis que les pâturages servent à la dépaissance des vaches laitières,
ces îlots sont fauchés, et les herbes employées uniquement comme litière dans
les étables. Le mode de formation de ces îlots est le même que celui des tour¬
bières. La boue argileuse de l’ancien glacier s’étant déposée dans les moindres
dépressions du terrain et arrêtant l’écoulement des eaux, le sol reste humide,
devient spongieux, et la végétation du pâturage est remplacée par celle des
marais et des tourbières. Un drainage intelligent suffît pour faire disparaître
la végétation aquatique, remplacée bientôt par celle des plantes sociales du
pâturage alpin.
La formation des tourbières alpines, vosgiennes ou jurassiques, se rattache
donc à l’époque glaciaire. Supprimez les moraines comme barrage dans un grand
nombre d’entre elles, supprimez la boue glaciaire qui rend le terrain imper¬
méable, et la tourbière ne se formera pas. Les moraines et la boue glaciaire
jouent même un grand rôle dans la formation des tourbières qui se trouvent
en dehors des chaînes de montagnes, mais dans le domaine des anciens gla¬
ciers, qui jadis sortaient des vallées pour s’épanouir dans les plaines. Telles
sont toutes celles du versant septentrional et du versant méridional des Alpes:
en Piémont, les grandes tourbières de San-Martino et San-Giovanni près
d’Ivrée, d’Avigliana sur la route de Suse à Turin (1), de Mercurago et d’An-
gera, près d’Arona, sur le lac Majeur. Dans les environs de Novare, beaucoup
de marais tourbeux ont été transformés en rizières. En Lombardie, des tour¬
bières existent aux environs de Corne, de Varese, de Colico et de Comabbio.
Toutes ces tourbières sont dans le domaine de l’ancienne extension des gla¬
ciers alpins, et la boue glaciaire, en rendant le sol imperméable, a autant
contribué à leur formation que l’obstacle mécanique apporté par la digue
morainique à la circulation des eaux courantes. Mon ami et ancien collabora¬
teur le professeur R. Gastaldi, de Turin, distingue même (2) des tourbières
(1) Voyez Ch. Martins et B. Gastaldi, Essai sur les terrains superficiels de la vallée
du Pô , in-4°, pp. 5 et 19.
(2) B. Gastaldi, Nuovi cenni sugli oggetti di alta antichita trovali nelle lorbiere e
nelle marniere dell’Ilalia , p. 77.
410 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
du premier ordre situées dans la plaine, au pied de la moraine, et des tour¬
bières du second ordre placées dans les dépressions de la moraine elle-même.
Les mêmes faits se représentent dans le nord de la Suisse, dont les marais tour¬
beux sont compris dans le domaine de l’ancien glacier du Rhin.
Je n’oserais encore affirmer qu’à l’époque glaciaire lesCévennes granitiques
du département de l’Hérault, dont les hauteurs ne dépassent pas 1100 mètres
au-dessus de la mer, aient eu des glaciers permanents; et cependant je me
suis assuré que les nombreux fonds tourbeux de la montagne de Sautmail,
compris entre 600 à 950 mètres, sont formés par une couche d’argile aussi
imperméable aux eaux que la boue glaciaire. La puissance de la tourbe n’atteint
pas un mètre, elle n’est pas exploitée comme combustible, mais seulement
comme plaques gazon nées pour recouvrir les étables. La roche sous-jacente
est un gneiss feuilleté se réduisant facilement en sable tin. Cette argile de tour¬
bières est-elle due à la décomposition de ce sable que les cours d’eau entraî¬
nent constamment vers les parties les plus déclives, ou bien est-elle aussi
d’origine glaciaire ? C’est ce que je ne saurais affirmer en ce moment. Je passe
à l’élude de la végétation des tourbières jurassiques.
Végétation (les tourbières jurassiques.
I. ARBRES.
Betula pubescens Ehrh. — Pinus uliginosa Neum. (P. uncinala Ram.) —
Abies excelsa. — Sorbus aucuparia (1).
J’ai déjà dit que leur végétation était celle des marais tourbeux de la Nor¬
vège et de la Laponie, et son examen nous mènera aux mêmes conclusions
que celui de l’origine géologique des tourbières : cette végétation date, comme
la tourbe elle-même, de l’époque glaciaire. Les arbres sont : d’abord la va¬
riété pubescente du Bouleau-blanc. Identique avec celui du Nord, il ne s’élève
pas à plus de 6 mètres, et ses rameaux, dont les extrémités gèlent dans les
hivers rigoureux, ne sont pas pendants comme dans les pays plus tempérés.
Ces Bouleaux forment des bouquets, quelquefois des taillis. Cet arbre, en le
réunissant au Betula alla , se trouve dans les régions septentrionales de l’Eu¬
rope et de toute l’Asie, et sur les montagnes des parties méridionales de ces
deux continents, telles que les Alpes, les Pyrénées, l’Altaï, l’Asie Mineure, la
Perse et l’Himalaya. En Amérique, le Bouleau manque au Groenland et aux
États-Unis, il n’existe qu’à l’est des montagnes Rocheuses.
L’arbre qui domine et donne à la tourbière l’aspect d’une forêt, c’est le Pin-
des-tourbières [Pinus uliginosa Neum.). Adulte et bien portant, il a la forme
d’une pyramide dont la base repose sur le sol, ses jeunes cônes dressés portent
(1) La grande majorité des plantes citées dans ce mémoire ayant été nommées par Linné,
je n’ajouterai le nom d’auteur qu’à celles qui ne l’ont pas été par lui.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871.
AU
des écailles d’une belle couleur brune recourbées en forme de crochet; ce Pin
est une simple variété du Pinus montana Du Roy (1). Dans les parties plus
étanches de la tourbière, il peut s’élever à 5 ou 6 mètres; alors scs branches
inférieures se dessèchent et le sommet seul est verdoyant. Dans les parties hu¬
mides, spongieuses et découvertes, on n’aperçoit que des individus très-jeunes
et dont la tête s’élève à peine au-dessus de la couche des Sphagnum. Quand
on cherche à dégager ces arbres nains, on reconnaît que la végétation des
Mousses, plus rapide que celle du Pin, l’a gagnée de vitesse et que le tronc
et les branches inférieures ont déjà été enfouis par elles. Ainsi j’arrachai le
IA août 1862 un Pin ayant 0m,80 de hauteur totale; le tronc était enfoui de
0m,A5 dans la mousse, dont il ne dépassait la surface que de 0m,35. Si l’on
veut déchausser des arbres de 2 ou 3 mètres de haut, qui paraissent souffrants
et dont les branches inférieures sont déjà mortes, on reconnaît que le tronc
plonge profondément dans la couche de Sphagnum et que les racines s’enfon¬
cent dans la tourbe humide. Les Sphaignes envahissent l’arbre, finissent par
le tuer et par ensevelir son tronc. Telle est l’origine de ces souches appelées
herbes, qu’on observe à tous les niveaux sur une section de tourbière ex¬
ploitée : ce sont des troncs de Pins qui ont été ainsi successivement enfouis.
Il y a donc une lutte permanente entre les arbres qui cherchent à se main¬
tenir vivants sur ce sol anormal, et la Mousse hygroscopique, qui les tue et
travaille à ensevelir leur tronc dans sa masse humide et spongieuse. Ces troncs
sont très-nombreux. Quand la tourbière est mise en culture, la charrue les
arrache du sol. Près de Combe- Varin je comptai 70 énormes souches ainsi
extraites, sur une surface de 1200 mètres carrés. Ainsi la forêt tourbeuse
se renouvelle incessamment, des générations successives d’arbres sont tués
par les Sphagnum vivants, et enfouis dans la couche combustible, où ils se
conservent indéfiniment.
Le Pinus montana mérite son nom; car il n’existe pas dans les plaines de
l’Europe et de l’Asie septentrionale, mais seulement dans les chaînes de mon¬
tagnes des parties tempérées de ces deux continents, telles que les Carpates,
les Sudètes, les Alpes, les Vosges, les Pyrénées, les Apennins, le Taurus, la
Roumélie et la Grèce. M. Boissier ne l’a pas observé sur la Sierra- Nevada :
aucune espèce d’Amérique ne présente avec lui la moindre analogie.
Les portions les plus humides de la forêt tourbeuse forment des clairières ;
les arbres y manquent totalement ou sont rares et rabougris, car ils périssent
avant que leur tête ait pu s’élever au-dessus de la Mousse. Des touffes denses,
mais stériles, de Scirpus cœspitosus offrent seules un point d’appui résistant
aux pieds du botaniste qui veut explorer ces terrains où végètent de vérita¬
bles plantes aquatiques, telles que le Trèfle-d’eau (. Menianthes trifoliata ), le
(1) Voyez Heer, Ueber die Fœhrenarten der Schweiz (Réunion des naturalistes
suisses de 1862).
h\ 2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Cornarum palustre et quelques Carex , qui ailleurs ne vivent que dans les fossés
pleins d’eau et au bord des ruisseaux.
La Sapinelte ( Abies excelsa) est rare dans les tourbières; cependant on en
observe, sur les bords et dans les portions étanches, quelques-unes dont les
troncs atteignent de grandes dimensions, près de Combe-Varin et à la tourbière
de Noiraigues.
On remarque aussi quelques pieds de Sorbier-des-oiseleurs ( Sorbus aucu -
paria ) ; mais je n’en ai pas vu qui fussent de véritables arbres.
Ces deux dernières espèces se trouvent, comme le Pin et le Bouleau, dans
la presqu’île Scandinave tout entière. Cependant le Sorbier-des-oiseleurs s’a¬
vance encore plus vers le Nord que le Sapin. En Laponie, il atteint le 71e degré
de latitude ; en Sibérie, sur les bords du Jennissei, le 64e (1): il habite non-
seulement le nord, mais les hautes montagnes des deux continents. I! existe
en Islande, au Groenland, au sud du cercle polaire ; mais dans l’Amérique sep¬
tentrionale il est remplacé, suivant Asa Gray, par une forme spéciale : le Pirus
sambuei folia Cham. et Schlecht. (2).
II. ARBRISSEAUX.
Betulanana. — Salixambigua Ehrh., S. aurita^S. repens , S. rubra Huds.,
S. cinerea. — Lonicera cœrulea.
Quelques arbrisseaux accompagnent le Bouleau-pubescent et le Pin. Je
citerai d’abord le plus caractéristique de tous, le Bouleau-nain ( Betula nana ),
reconnaissable à ses petites feuilles arrondies et crénelées; puis trois Saules :
Salix ambigua Ehrh., -S. aurita et S. repens. Les Saiix rubra Huds. et
S. cinerea sont plus rares, et enfin un Chèvrefeuille ( Lonicera cœrulea) qui
est également peu commun.
Tous les arbres, tous les arbrisseaux que nous venons d’énumérer, sauf le
Saule-rouge, se retrouvent également dans le nord de l’Europe, jusqu’en La¬
ponie : ce sont donc des plantes boréales. Mais dans la presqu’île Scandinave
le sol et l’air sont si humides, les pluies si fréquentes, les chaleurs estivales si
courtes et si peu intenses, que ces arbres et ces arbrisseaux ne sont plus limi¬
tés aux tourbières; ils croissent partout, même dans des localités qui seraient
complètement étanches dans l’Europe moyenne. Au nord de l’Allemagne, le
Pin-silvestre ombrage indifféremment les marais tourbeux et les dunes sèches
des environs de la ville de Celle, en Hanovre (3). En Suisse, le P inus silves-
tris ne vient que dans les localités sèches, et ne monte pas très-haut dans les
montagnes; c’est le Pinus uliyinosa qui forme les pinèdes des tourbières
alpines. En Scandinavie, le Pin-silvestre, le Bouleau-pubescent et le Bouleau-
nain se rencontrent partout. Ce dernier ne s’arrête qu’au cap Nord, là où,
(1) MiddendorfT, Plantœ jenniseenses, p. 175.
(2) Asa Gray, Botany of the Northern United, States , p. 161.
(3) Grisebach, loc. cit. p. 22.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871.
413
pour ainsi dire, la terre vient à lui manquer, il ne reparaît pas au Spitzberg.
Au Labrador, il s’avance jusqu’à la baie de Balfin, et au G rœnland jusqu’au
73e degré de latitude. Dans le nord des États-Unis, il n’existe que dans les mon¬
tagnes Blanches du New-Hampshire. On trouve le Bouleau-nain en Écosse,
non en Irlande, et c’est dans le Jura et sur les sommets de la Styrie et de la
Garinthie qu’il atteint sa limite méridionale en Europe. En Sibérie, ce Bouleau
remonte le fleuve Taymir jusqu’au 74e degré et reparaît au Sud dans l’Altaï
et l’Himalaya.
Les Saules sont nombreux en Scandinavie, et parmi eux se trouvent ceux
des tourbières du Jura, que nous avons énumérés. Les Salix cinerea et S. au-
rita seuls se rencontrent en Écosse, mais ce dernier ne dépasse pas vers le sud
les comtés septentrionaux de l’Angleterre (1); il manque aux Shetland et
dans les Færœer. Le Salix Lapponum , si commun autour des lacs marécageux
du plateau lapon, n’existe pas dans le Jura neuchâtelois, maison le rencontre
dans la haute Engadine, près du lac de Saint-Maurice.
Le Lonicera cœrulea se trouve mêlé par accident à la végétation des tour¬
bières jurassiques. C’est un arbuste des montagnes qui s’étend dans toute
la chaîne des Alpes, jusqu’en Styrie et en Carniole. Il croît çà et là en Suède
et en Laponie, mais il y est rare (2).
III. SOUS-ARBRISSEAUX.
Andromeda polifolia — Calluna Erica DC. — • Vaccinium uliginosum, V. Myrtillus ,
V. Vilis-idœa , V. Oxycoccos. — Empetrum nigrum.
La liste précédente renferme les sous-arbrisseaux habituels de la tourbière
jurassique. Tous, un seul excepté, appartiennent au groupe des Éricacées, et
tous font partie de la flore boréale. Quelques-uns meme sont caractéristiques
pour les tourbières de tout l’hémisphère septentrional, du 71e au 42e degré.
Je citerai en première ligne Y Andromeda polifolia : il croît dans les tour¬
bières, depuis le cap Nord jusqu’aux Alpes et aux Pyrénées (3), et se trouve
également dans le sud de l’Écosse, en Angleterre et en Irlande (4), mais il
manque aux Shetland, aux Færœer et en Islande.
En Asie, Middendorff l’a rencontré sur les bords du fleuve Boganida,
par 71° 15' : il est signalé dans toute l’Amérique septentrionale jusqu’en
Pennsilvanie (5).
La Bruyère -commune ( Calluna Erica DG.) occupe une large place parmi
1 es plantes sociales des tourbières jurassiques. Dans celles du Nord, elle est
associée à Y Erica Tetralix ou remplacée par lui. Néanmoins les Bruyères ne
(1) Watson, Cybele britannica , t. II, p. 395.
(2) Fries, Summa vegetabilium Scandinaviœ , p. 10.
(3) Bentham, Catalogue des plantes indigènes des Pyrénées , p. 59.
(4) David Moore, Cybele hibernica, p. 181.
(5) Asa Gray, Botany of the Northern United States , p. 295.
Zj 14 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
sont nullement caractéristiques de la tourbe, car elles vivent également dans
les sables et forment des pelouses sèches qui s’élèvent très-haut sur les pentes
des montagnes. La Bruyère-commune offre l’exemple remarquable d’une
plante sociale, indifférente à la fois au climat et à la nature physique et chi¬
mique du sol. Ainsi on la trouve depuis le cap Nord jusqu’à l’extrémité de la
péninsule hispanique, et en longitude depuis Constantinople, où je l’ai observée
près de Buiukdéré, jusque dans l’Amérique du Nord et au Groenland. On ne
saurait donc, quoiqu’elle contribue à la formation de la tourbe, la considérer
comme une plante propre aux tourbières, mais seulement comme une de ces
plantes sociales ubiquistes qui se plaisent également dans les stations les plus
diverses.
Parmi les Vaccinium , signalons d’abord le Vaccinium uliginosum. C’est
une plante des forets humides autant que des tourbières; elle joue ce rôle en
Laponie, au Groenland, dans les Alpes, le Jura, les Pyrénées, L Himalaya (1), la
Sibérie, le Kamtchatka et dans le nouveau monde, où elle se maintient en
plaine jusqu’au lac Supérieur. M. Boissier (2) l’a trouvée dans les prés humides
du pic de Vellela, près de Grenade, à la hauteur de 3000 mètres au-dessus de
la mer. Son aire est donc aussi étendue que celle de la Bruyère-commune, car
en longitude elle s’étend du Banat à l’Amérique du Nord, et reparaît dans
les stations intermédiaires, telles que l’Ecosse, les Shetland, l’Islande et
les Færœer.
Les Vaccinium Myrtillus et V. Vitis-idœa sont communs dans les tour¬
bières, mais ils végètent principalement dans les parties relativement sèches,
ou au pied des arbres, au milieu des Polytrichum. Leur station de prédilec¬
tion est dans les forêts et les bruyères. Tous deux atteignent le cap Nord et
sont répandus dans la Scandinavie, depuis la Suède méridionale jusqu’en
Laponie. En Amérique, le Vaccinium Myrtillus est remplacé par le V. myr-
tilloides Ilooker. Le V. Vitis-idœa ne dépasse pas le Massachusetts vers le
Sud (3). Les liges des Vaccinium, s’allongeant indéfiniment, entrent dans la
composition de la tourbe, quoiqu’elles ne soient nullement inféodées à un sol
spongieux. Je n’en dirai pas autant du Vaccinium Oxycoccos. Partout l’exis¬
tence de celte plante délicate est liée à celle d’un sol tourbeux, en Laponie, en
Angleterre, en Allemagne et en France, où elle s’étend jusqu’aux bords de la
Loire. Mais je ne la rencontre pas dans les Catalogues des plantes pyrénéennes
de Bentham et de Zelterstedt. En Laponie, elle s’arrête à l’Altenfjord (h) par
70 degrés et ne s’élève pas dans les montagnes. Son aire est donc moins éten-
(1) Hooker, On the distribution of Arctic plants , p. 296 ( Linnean Transactions
XXIII, 1861).
(2) Voyage dans le midi de l'Espagne , t. II, p. A04.
(8) Asa Gray, Botany of the Northern United States , p. 290.
{h) Ch. Martins, Voyage botanique le long des côtes septentrionales de la Norvège,
135.
SÉANCE DU 2*2 DÉCEMBRE 1871.
A î 5
due que celle de ses trois congénères, qui toutes les trois atteignent ou dé¬
passent les Pyrénées et se maintiennent encore à Magerœ, la dernière des îles
qui avoisinent le continent européen vers le Nord (1). De meme, dans les
lies Britanniques, le Vaccinium. Oxycoccos , répandu dans toute l’Angleterre, ne
franchit pas le canal calédonien (2) vers le Nord (lat. 57 degrés), et aux États-
Unis les frontières de la Pennsilvanie vers le Midi. En Asie, elle n’atteint pas
la presqu’île de Taymirau nord de la Sibérie.
VEmpetrum nigrum ne se trouve pas dans les tourbières du Jura ncu-
châtelois (3); il existe dans celles du Jura français, des Alpes et du nord de
l’Allemagne. En Laponie, c’est dans des stations relativement sèches qu’il est
le plus commun ; même observation pour les Alpes, les Vosges et les Pyrénées.
Bien qu’on le rencontre dans les tourbières de ces chaînes de montagnes,
V Empetrum nigrum est une plante arctique. îl n’avait pas été signalé au Spitz-
berg; je le trouvai le premier, en août 1838, dans une petite île, celle des
Eiders, delà baie de Bellsound, par 77° 35' de latitude (4); depuis, Th. Fries
l’a revu, en 1868, dans le Green harbour et les fjords du nord de l’île (5),
par 80 degrés de latitude. Comme toutes les plantes réellement arctiques,
il fait le tour du pôle : ainsi Middendortï le compte parmi le petit nombre des
végétaux ligneux des tundra de la Sibérie septentrionale (6). Traversant les îles
Àléoutiennes, il aborde dans l’Amérique septentrionale (7), longe les bords de
Océan et redescend jusqu'à New- York (8). Sur l’ancien continent, sa limite
méridionale paraît être à l’ouest dans les Asturies, à l’est dans le Caucase, entre
2400 et 3000 mètres d’altitude, et dans l’Altaï (9). C’est, sans contredit, une
des plantes arctiques dont Faire est la plus étendue, et l’étude de sa distribu¬
tion est d’autant plus importante qu’il ne saurait y avoir de doutes sur l’identité
de l’espèce.
îl est deux sous-arbrisseaux, caractéristiques des tourbières dans d’autres
pays, qu’on s’étonne de ne pas trouver dans celles du Jura : l’un est le Myrica
Gale , L. , l’autre le Ledum palustre L. Tous deux coexistent dans le nord de
la Scandinavie et descendent dans le sud de la péninsule. En Danemark, le
Ledum manque, selon Fries (10); mais dans le Holstein ils vivent ensemble
dans les mêmes marais. A partir de ce point, les deux plantes suivent des
(1) Ch. Martins, Voyage botanique le long des côtes de Norvège, p. 132.
(2) Watson, Cybele britannica , t. II, p. 158.
(3) Godet, Flore du Jura , p. 135. — Grenier, Flore de la chaîne jurassique, p.150.
(h) Observations sur les glaciers du Spitzberg ( Bibliothèque universelle de Genève ,
juillet 1840).
(5) Tillœgg lil Spetzbergens Fanerogam Flora ( Comptes rendus de V Académie de
Stockholm, 1869, n° 2).
(6) Middendorff, Sibirische Reise, t. IV, p. 731.
(7) Ernest Meyer, De plantis labradoricis, p. 56.
(8) Asa Gray, Botany of the Northern United States, p. 44 0.
(9) Ledebour, Flora altaica, t. IV, p. 292.
(10) Summa vegetabilium Scandinavie^ , p. 49.
h 16
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
méridiens différents. Le Mgr ica s’arrête à l’Est en Poméranie, j)uis descend,
par le Hanovre, la Weslfalie, la Hollande, dans la France occidentale, passe
en Angleterre, en Irlande et en Écosce, sans atteindre les Orcades ni les Shet¬
land (1), traverse les Pyrénées et ne finit que dans le nord du Portugal (*2).
Le Ledurn palustre s’étend moins en latitude, et de la Prusse-orientale (3)
il descend par la Saxe à Itadsbonne, sans dépasser la Forêt-Noire. Il man¬
que eu Suisse, en France et dans les Iles Britanniques, mais s’avance en
Sibérie, le long du fleuve Taymir jusqu’à 7l)°30'. Les deux plantes font
partie de la flore des Etats-Unis.
IV. VÉGÉTAUX HERBACÉS.
Pour mettre de l’ordre dans l’examen de ces plantes, je les diviserai en
quatre groupes : 1° les plantes caractéristiques des tourbières jurassiques ; 2° les
plantes aquatiques des marais, fossés et prairies marécageuses voisines; 3° les
espèces qui croissent abondamment et habituellement dans les prairies créées
aux dépens de la tourbière; 4° les plantes qui vivent sur la tourbe sèche, et
enfin les espèces advenlives qui ne se trouvent qu’acciden tellement dans les
tourbières sèches ou humides.
1° Espèces caractéristiques des tourbières.
Scirpus cœspitosus. — Saxifraga Hirculus. — Eriophorum vaginalum, E. angus-
tifolium Roth, E. latifolium Hoppe, E. alpinum. — Carex pauciflora Lightf.,
C. chordorrhiza Ehrh., C. heleonastes, C. teretiuscula Good., C. limosa, C. filiformis.
— Drosera rotundifolia, D. longifolia. — Parnassia palustris. — Pinguicula vul-
garis. — Galium uliginosum, G. palustre, G. boreale. — Slellaria uliginosa Murr.
— Pedicularis palustris. — Viola palustris. — Scheuclizeria palustris. — Sagina
nodosa. — Sivertia perennis. — Aspidium spinulosum Sw.
Parmi les plantes herbacées caractéristiques, je citerai en premier lieu celle
qui me paraît l’être au plus haut degré : c’est le Scirpus cœspitosus ; il
couvre de ses touffes arrondies les parties les plus humides des tourbières, végé¬
tant sur les Sphagnum comme sur son terrain naturel. La plupart de ces
touffes sont stériles, et les pointes des feuilles, noircies par les gelées de
l’hiver, se détachent sur le fond jaunâtre des clairières, dont l’aspect étrange
au milieu de la tourbière boisée reporte l’imagination aux premières époques
de la végétation du globe.
L'aire géographique du Scirpus cœspitosus est considérable, car il s’étend
depuis Magerœ, l’île la plus septentrionale de la Norvège, jusqu’aux Py¬
rénées et aux montagnes de la Corse, où il ne se trouve plus qu’à des hau¬
teurs supérieures à 2000 mètres. Dans les Iles Britanniques, on le rencontre
à partir des Hébrides jusqu’en Cornouailles. Il paraît manquer au Labrador et
(1) Watson, Cybele britannica, t. II, p. 408.
^2) Willkomm, Prodromus Florœ hispanicœ, t. I, p. 234.
(3) Klinggræff, Die Végétations Verhœltnisse der Provins Preussen, pp. 24 et 113.
SÉANCE DU ‘2*2 DÉCEMBRE 1 S7J . 417
dans le nord de la Sibérie; mais il existe an Groenland el aux États-Unis, où
il se trouve en plaine et sur les montagnes, dans les terrains spongieux, depuis
le Maine jusque dans la Caroline du Nord. Le fait que les extrémités de ses
feuilles gèlent dans le Jura et dans les Vosges explique son absence au Labra¬
dor, au Spilzberg et dans le nord de la Sibérie.
Quoique beaucoup moins commune que le Scirpus cœspitosus , la plante
qui après lui me paraît la plus caractéristique des marais tourbeux, c’est le
Saxi fraya Eirculus. Son aire est moins étendue que celle du Scirpus. En
effet, cette Saxifrage s’avance jusqu’au nord du Spilzberg el de la Sibérie (1),
où elle atteint la latitude de 75° 36r ; du Spilzberg elle descend tout le long
de la Suède et de la Norvège, traverse le Danemark, la Prusse orientale,
et s’arrête à l’ouest dans les tourbières jurassiques de la Brévine, dePonlarlier
et de Nanlua, à l’est dans celles de la Haute-Bavière; mais elle n’existe ni
dans les Vosges, ni dans les Pyrénées. En Angleterre, son aire est limitée aux
comtés septentrionaux; elle est rare en Irlande (2), ne s’élève pas dans les
montagnes de l'Ecosse, et manque dans les Shetland et les Færœer, dont le
sol et le climat seraient cependant si favorables à sa végétation ; mais elle
reparaît en Islande (3) et atteint sa limite occidentale dans le Canada, l’Amé¬
rique arctique et la Colombie. En Asie, C. -A. Meyer l’a trouvée dans le Cau¬
case, Ledebour dans l’Altaï et M. J.~D. Hooker (4) dans la région alpine de
l’Himalaya.
On voit flotter sur les tourbières jurassiques les aigrettes de quatre espèces
Eriophorum, savoir ; E. vaginatum , E. angusti folium Roth, E. lai i fo¬
lium Hoppe, et E, alpinum. Toutes ces espèces, mais surtout les trois pre¬
mières, sont caractéristiques des tourbières, quoiqu’elles se rencontrent éga¬
lement dans les marais, les fossés ou les prés très-humides. Une seule de ces
espèces, VE. angusti folium Roth, habite le Spitzberg ; les trois autres s’arrê¬
tent au cap Nord ; vers le Sud, 1 ' E . alpinum est le seul qui dépasse les Pyrénées
espagnoles et reparaisse sur les hautes sommités de la Sierra-Nevada (5). II
paraît manquer en Angleterre, d’après M. AVatson (6); mais les trois autres
espèces se rencontrent partout, des Shetland au comté de Devon. On retrouve
également ces Eriophorumm Sibérie. En Amérique, ils s’étendent du Groen¬
land, de l’Islande et du Labrador aux montagnes de la Pennsilvanie; et même
VE. polystachyon L., qui comprend VE . angusti folium Pioth et \'E. lati -
folium Hoppe, descend, au sud, jusqu’aux montagnes de la Géorgie (7).
(1) Trautvetter, dans Grisebach, Bericht ueber die Leislungen in der Pftanzengeo -
graphie . 1 8 A 7 , p. 38.
(2) David Moore, Cybele hibernica, p. 117.
(3) Lauder Lindsay, Flora of Iceland, p. 30.
(4) Proceedings of lhe Linnean Socieiy ( Botany ), 1857.
(5) Willkomm et Lange, Prodromus Floræ hispanicœ, t. I, p. 135,
(0) Cybele britannica, t. lit, p. 81.
(7) Chapman, Flora of lhe Southern United States , p. 521.
T. XVII t. (SÉANCES) 27
SOCIETE liOTANlqUE l)E FKANCE.
m
Parmi les douze Car ex que M. Grenier signale clans les tourbières du Jura,
il en est trois qui sont caractéristiques et ne se trouvent guère ailleurs ; ce sont :
C. pauciflora Lightf. , C. chordorrhizci Ehrh. et C . heleonastes Ehrh. Quatre
autres sont plus souvent dans les tourbières que dans d’autres lieux humides;
savoir : C. teretiuscula Good. , C. limosa , C. Davalliana Sm. et C . filiformis.
Les cinq derniers enfin croissent plutôt dans les fossés, les canaux et les eaux
stagnantes des tourbières; ce sont des espèces qu’on retrouve dans les marais,
les ruisseaux, les prés humides, etc., savoir: C. stellulata , C. panicea ,
(7. CEderi Ehrh., C. ampullacea et 6’. Hornschuchiana Hoppe. Telles sontles
indications que je dois à MM. Godet et JDuval-Jouve, botanistes des plus com¬
pétents en pareille matière, le premier par ses études dans le Jura, le second
par sa connaissance des Cypéracées et des tourbières de la chaîne des Vosges
et des Alpes françaises. Je n’entrerai pas dans les détails de la distribution
géographique de ces Carex. Par leur aspect uniforme, leur mélange entre
elles et avec des formes analogues de Graminées et de Cypéracées, ces plantes
échappent à l’œil de l’observateur ; parla minutie de leurs caractères, elles sont
d’un diagnostic difficile, et leur synonymie est une des plus embrouillées de
la botanique. Je me contenterai de dire que les sept espèces de Carex qui
sont plus ou moins caractéristiques des tourbières se retrouvent dans le nord
de la péninsule Scandinave (1). Les cinq dernières, qui ne sont nullement
inféodées aux terrains bourbeux, n’atteignent pas toutes la Laponien ; éanmoins
les Carex confirment la loi, émise dans le commencement de ce mémoire,
que la végétation des tourbières jurassiques est éminemment boréale.
Certaines plantes exotiques, telles que les Sarracénie q ne peuvent, dans
nos serres et nos jardins, être cultivées que sur la tourbe. De même ce ter¬
rain paraît indispensable aux différentes espèces européennes du genre Dro-
sera, qui dans nos tourbières jurassiques sont au nombre de deux: Drosera
rotundifolia et D. longifolia. Aussi, partout où le climat et le sol sont assez
humides pour qu’une légère couche de tourbe puisse se former, ces deux es¬
pèces apparaissent. On les trouve dans leur station spéciale, du cap Nord aux
Pyrénées et aux Asturies dans l’Ouest, et dans l’Est jusque dans les montagnes
de la Syrie. Les deux espèces se rencontrent aussi dans toutes les îles de l’ar¬
chipel britannique, depuis les Shetland jusqu’à l’île de Wight. Même phéno¬
mène aux États-Unis, où elles peuplent les marais tourbeux depuis l’Islande
et le Canada jusqu’à la Floride.
Je ne saurais séparer des Drosera une plante du même groupe, le Par -
yiassia palustris , qui, sans être essentiellement liée à la présence de la tourbe,
exige seulement certaines conditions de fraîcheur et d’humidité qui lui per¬
mettent d’occuper une aire géographique encore plus étendue que celle des
(1) Fries, Summa DegetabÜium ScandinavicUi p. 70; et Ati Jersson Cyperographia,
p. 16.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871.
Zi 19
D> •osera. Ainsi, en Europe, du cap Nord à la Sierra-Nevada, au-dessus de
2500 mètres, et en Afrique, dans les marais de la Galle (en Algérie), au ni¬
veau de la mer; en Asie, du nord de la Sibérie aux sommets du Caucase et sur
l’Himalaya, à 2300 mètres, on trouve cette jolie et singulière espèce. En
Amérique, son extension vers le midi est beaucoup moindre, car on la signale
seulement du détroit de Behring au lac Supérieur ; plus au sud, elle est rem¬
placée par ses congénères, les Parnassia asari folia Vent, et P. caroliniana
Mich.
Il m’est impossible de ne pas nommer après ces plantes le Pinguicula vuU
garis L., qui leur est si souvent associé dans la nature, et se plaît comme elles
dans les tourbières ; il existe dans toute la péninsule Scandinave et ne finit que
dans les montagnes de la Catalogne et des Asturies à l’Ouest, et vers l’Est dans
l’Olympe de Bithynie.
Comme l’indique son nom, le Galium uliginosum est plus caractéristique
que les deux plantes précédentes. Il se trouve dans toutes les tourbières, depuis
celles de Magerœ jusqu’au milieu de l’Espagne, où MM. Cutanda et Del Amo
l’ont cueilli sur les bords du Manzanarès (1) avec le G. palustre , qui lui est
le plus souvent associé ; il se hasarde jusque dans les montagnes des environs
de Grenade. Le Galium boreale a la même distribution géographique, mais
s’arrête dans les montagnes de Guadarama, dans le nord de l’Espagne. De ces
trois Galium, les deux premiers sont répandus dans toute l’étendue des Iles
Britanniques, mais le dernier est limité à l’Écosse et à la partie septentrionale
du pays de Galles. Les trois espèces se retrouvent en Islande. Le G. boreale
seul se rencontre dans le nord des États-Unis.
Le Stellaria uliginosa Murr. , sans être limité aux tourbières, s’y trouve
néanmoins habituellement, non-seulement dans le Jura, mais encore en
France et en Allemagne ; il ne dépasse pas les Pyrénées, et ne remonte pas
en Laponie. Il existe aux États-Unis : c’est une herbe dont l’aire géogra¬
phique est relativement restreinte.
Quoique je n’aie jamais trouvé le Sagina nodosa , je dois, sur le témoignage
de MM. Godet et Grenier, enregistrer cette plante Scandinave comme carac¬
téristique des tourbières du Jura : elle se trouve aussi dans des localités sim¬
plement marécageuses.
Le Pedicularis palustris occupe une aire très-étendue, car de l’extrême
Nord, en Europe comme en Asie, il reparaît dans toutes les prairies tour¬
beuses ou même simplement humides, jusqu’aux Pyrénées d’un côté, et au
lac Baïkal de l’autre.
Le Viola palustris s’étend sur toute la péninsule Scandinave, habite les
tundra de la Sibérie (2) et les marais de la plaine et des montagnes de l’Europe
(1) Willkomm et Lange, Prodrotnus florœhispanicœ,t. ÎI^ p. 321.
(2) Middendorff, Sibirische Reise , t. IV, pl. u, p. 735.
Zr20 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
entière, car Tenore l'a cueilli sur les montagnes de la Calabre et M. Boissier
sur la Sierra-Nevada, à la hauteur de 3000 mètres.
Rare dans les tourbières du Jura neuchâtelois, le Scheuchzeria paiustris
n’en est pas moins caractéristique de ce genre de marais, depuis le nord de
la Scandinavie jusqu’aux Pyrénées, qui forment sa limite méridionale, car il
n’existe pas dans le reste de a péninsule hispanique. ÏCpars dans le nord de
l’Angleterre et le sud de l’Ecosse, il manque en Irlande, aux Shetland, aux
Færœer et en Islande, mais s’étend dans l’est jusqu’au fleuve Jennissei (1).
Pour terminer l’énumération des plantes phanérogames plus ou moins
caractéristiques des marais tourbeux du Jura, j’en dois signaler une qui man¬
que dans beaucoup de localités analogues en Europe et en Amérique : c’est
le Swertia perennis , dont la distribution géographique est assez anormale.
Inconnu dans la péninsule Scandinave, il se trouve çà et là dans les tourbières
des plaines et des montagnes, depuis le Holstein jusqu’aux Pyrénées, et de la
Russie moyenne au Caucase. Il manque dans le nouveau continent (2). C’est
la seule plante des tourbières jurassiques qui soit étrangère à la Suède et à
la Norvège, et dont la limite septentrionale ne dépasse pas le 54e degré de la¬
titude. Son apparition n’est probablement pas contemporaine de celle du reste
de la flore.
Citons enfin une Fougère qui, sans être spéciale aux tourbières, s’y ren¬
contre communément dans les portions ombragées : c’est VAspidtum spinu -
losum Sm. , qui se trouve également dans toute la Scandinavie.
2° Vcgctaut herbacés aquatiques des fossés, canaux et prairies
marécageuses voisins «les tourbières.
kanunculus Éldrnmula. — Caltha paiuslrîs . — Naslurtium amphibiutn. — Bidens
cernuus. — Cirsmm palustre. — Epilobium palustre , E. anguslifolium. • — Comarum
palustre. — Galium palustre. — J Myosotis cæspitosa , M. paiustris With. — Uiricu-
laria vulgaris , U. minor. — Mentha aqualica. — Veronica scutellata. — Me-
nianthes tn'fuliata, — Polygonum Persicaria.
Glyceria fluitans R. Br. — Catabrosa aqualica P. B. — Sparganium nalans. — Jun -
eus alpinusj J. conglomeralus. — Po'amogeton rufescens Sclir., P. pusillus , P. na-
tans. — iïhunchospora alba Vahl. — Carex stellulala, C. panicea , C. OEdcri Ehrh.,
C. ampullacea Good.
Equüetum palustre.
Aucun de ces végétaux n’est propre aux tourbières, toits se retrouvent
également dans les marais et les eaux courantes du nord de l’Europe ; toute¬
fois le sol tourbeux n’est pas contraire à leur végétation, et ces plantes aqua¬
tiques sont le pendant des plantes aériennes qui vivent sur la tourbe sèche,
le n’entrerai pas dans le détail circonstancié de la distribution géographique
(1) Lecoq, Éludes sur la géographie botanique de l'Europe, t. VI II, p. 439.
(2) Voyez pour plus de détails: Christ, Ueber die Verbreilung der Pflanzender alpinen
Begion der europœxschen Àlpenkettc, p. 71.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871.
m
de ces espèces, me bornant à constater qu’elles se trouvent dans toute l’éten¬
due de la péninsule Scandinave, participant, par conséquent, au caractère
boréal de la végétation tourbeuse proprement dite.
3° Végétaux herbacés des portions périphériques de la tourbière
converties en prairies.
Ranunculus repens. — Trollius europœus. — Carclamine pratensis. — Lychnis Flos -
cuculi. — Slellaria graminea. — Ægopodium Podagraria. — Scabiosa Succisa. — •
Solidago Virgaurea. — Cineraria spalhulæ folia Gm. — Bidens cernvus. — San -
guisorba officinalis. — Spiræa Ulmaria , S. Fdipendula. — Scrofularia nodosa ,
— Polygonum Bistorta.
Phleum pratense. — A lopecurus pratensis. — Calamagroslis lanceolata Roth. — Æra
cœspitosa. — Agrostis canina. — Festuca ovina. — Scirpus compressus Pers. —
Carex Davalliana Sm., C. pulicaris, C. canescens.
Toutes les espèces des prairies tourbeuses que je viens d’énumérer se
retrouvent en Scandinavie, la plupart s’avancent même jusqu’au nord de la
péninsule. Quatre seulement : Cineraria spathulœ folia, Sanguisorba offici-
nalis, Polygonum Bistorta et Carex pulicaris, ne dépassent pas le milieu de
la Suède et de la Norvège. La végétation des prairies tourbeuses est donc,
comme celle des tourbières et des fossés qui les entourent ou des canaux qui
les traversent, éminemment boréale.
h° Plantes herbacées végétant sur la tourbe sèche.
Viola iricolor. — Leucanthemum vulgare Lam. — Hieracium Auricula. — Alchimilla
vulgaris. — Potentilla Tormentilla , P. Anserina. — Euphrasia officinalis. — Thymus
Serpyllum. — Melampyrum arvense. — Linaria vulgaris. — Gentiana campeslris.
— Rumex Acelosella. — Agrostis rubra DC. — Moltnia cœrulea Mœnch.
Dans les tourbières, les parties exploitées présentent des surfaces entière¬
ment étanches, sur lesquelles on dispose les petits amas de morceaux de tourbe
taillés ordinairement en parallélipipède, et qui doivent sécher avant d’être
employés comme combustible, sous le nom de briquettes. Ces surfaces, et
quelquefois les amas eux-mêmes, sont envahis au bout de quelque temps par
une végétation spéciale, différente de celle que nous avons examinée jusqu’ici.
Les espèces qui la composent, énumérées ci-dessus, se retrouvent aux envi¬
rons sur le sol géologique de la contrée. Néanmoins toutes les plantes ne peu¬
vent pas végéter ainsi sur la tourbe sèche, et j’ai pensé qu’il serait intéressant
de donner la liste de celles que j’ai observées autour des tourbières des Ponts
et de la Brévine.
Aucune de ces espèces n’est étrangère à la Scandinavie : toutes, à l’exception
de l’ Euphrasia officinalis, s’avancent même jusqu’au nord de la péninsule.
On trouve quelquefois dans les tourbières, et surtout autour d’elles, des
plantes qu’on peut considérer comme purement adventices. Je crois inutile de
les mentionner ici, d’autant plus que leur existence est probablement transi¬
toire ; je citerai seulement comme exemples : Aconitum Napellus, Gentiana
k'2'2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
asclepiadea, Centauria Scabiosa , qui caractérisent, comme on sait, des sta¬
tions complètement différentes de celles des tourbières, et ne peuvent cepen¬
dant pas être considérées comme faisant partie de ces plantes banales qui
s’accommodent des terrains les plus divers et des expositions les plus variées.
Dans son livre sur les tourbières, Léo Lesquereux, qui s’était particuliè¬
rement livré à l’étude des Mousses, a donné la liste de toutes celles qui habi -
tent les tourbières jurassiques (1). J’ai prié mon ami M. W. Schimper, le
premier incontestablement des bryologistes modernes, de vouloir bien revoir
cette liste, et de me désigner celles qui se trouvent également en Scandinavie
et dans les régions arctiques. Le résultat de ce travail, c’est que, sur cinquante
espèces, vingt existent en Scandinavie seulement, et trente à la fois en Scan¬
dinavie etdans les régions arctiques. Il en est de même des neufLichens qu’on
trouve habituellement sur la tourbe : six sont communs à la péninsule et aux
régions arctiques, trois ne vivent qu’en Scandinavie. La végétation cryptoga-
mique témoigne donc, comme celle des Phanérogames, de l’unité d’origine
de la population végétale du nord de l’Europe et des marais tourbeux du Jura.
Pour compléter ce travail, je crois devoir donner ici la liste de toutes les
plantes trouvées dans les tourbières du Jura neuchâtelois par Léo Lesquereux,
M. Godet et moi; elles sont rangées par ordre de familles. On a vu que toutes
ces plantes, Swertia perennis excepté, se retrouvent en Scandinavie, et l’im¬
mense majorité s’avance jusqu’à l’extrémité septentrionale de cette péninsule.
Quelques-unes dépassent même cette limite et persistent encore dans les ré¬
gions arctiques. Sous ce nom, je comprends le Spitzberg, le Grœnland, les
parties de l’Amérique boréale situées au nord du 60e parallèle qui passe par la
pointe du Grœnland, la presqu’île de Taymir qui forme la pointe septentrio¬
nale de la Sibérie au delà du 70e degré, et enfin la Nouvelle-Zemble. Le travail
du docteur E. de Martens (2), mes propres observations (3) et celles de Malm-
grén et Th. Fries pour le Spitzberg, jointes à celles de Middendorff pour la
Sibérie et des voyageurs anglais et américains pour l’Amérique arctique,
m’ont servi de termes de comparaison. Elles confirment ce grand fait de géo¬
graphie botanique : que la flore arctique u’a point de caractère spécial et n’est
qu’une extension appauvrie des flores Scandinave, sibérienne et américaine.
Son uniformité sous tous les méridiens provient de ce qu’un petit nombre
d’espèces communes aux trois continents ont pu vivre et se propager dans les
conditions de climat les plus hostiles à toute végétation, conséquence né¬
cessaire de la persistance, autour du pôle, de la période glaciaire qui s’étendait
jadis sur une portion beaucoup plus vaste de l’hémisphère septentrional.
Dans la liste suivante, les plantes Scandinaves qui pénètrent dans les régions
(1) Voyez cette liste, p. 26.
(2) Ueberblick der Flora arctica, 1857.
(3) Du Spitzberg au Sahara , p. 83.
SÉANCE DU 2*2 DÉCEMBRE 1871. k 28
arctiques sont distinguées des autres par un astérisque, et les plantes sans nom
d’auteur sont des espèces linnéennes.
Dicotyledoneœ .
■taiiitnculnccæ.
Ranunculus repens.
* — Flammula.
‘Caltha palustris.
Trollius europæus.
Aconitum Napellus.
C ruciferæ.
Nasturtium amphibium.
'Cardamine pratensis,
Yinlaricæ.
*Viola palustris.
— tricolor.
Droseraccæ.
brosera longifolia.
— obovata Kuch.
— rotundifolia.
Parnassia palustris.
Caryophyllcæ.
Lychnis Flos-cuculi.
*Sagina nodosa E. Meyer.
*Alsine stricta Wahlnbg.
Stellaria graminea.
— uliginosa Murr.
Rosaeeæ.
*Comarum palustre.
*Potentilla Anserina.
— Tormentilla.
Spiræa Ulmaria.
— Filipendula.
*Alchimilla vulgaris.
Sanguisorba offîcinalis.
Onagrarïeæ.
*Epilobium palustre.
* — angustifolium.
•iaxifrageæ,
*Saxifraga Hirculus.
IJmJtelliferœ.
Ægopodium Podagraria.
Caprifoliaccæ.
Lonicera cærulea.
Kluliiaecæ.
Galium uliginosum.
— boreale.
* — palustre.
■Hpaaceæ.
Scabiosa Succisa.
Compoftitæ.
Solidago Yirgaurea.
Bidens cernuus.
Cineraria spathulæfolia Gm.
Leucanthemum vulgare Lam.
*Gnaphalium uliginosum.
Cirsium palustre Scop.
Hieracium Auricula.
Vacciniete.
Yaccinium Myrtillus.
4 — uliginosum.
— Vitis-idæa.
— • Oxycoccos.
firicincæ.
Andromeda polifolia.
Calluna Erica DC.
Gentlancæ.
Gentiana campestris.
— Pneumonanthe.
— asclepiadea.
Swertia perennis.
*Menianthes trifoliata.
Borragineæ.
Myosotis palustris With.
— cæspitosa Schultz.
Laliiatæ.
Menlha aquatica.
*Thyrnus Serpyllum.
Galeopsis Tetrahit.
Antirrhineæ.
Linaria vulgaris.
Ncrofulariaceæ.
Scrofularia nodosa.
Yeronica scutellata.
llbinantlmceæ.
*Euphrasia offîcinalis.
Melampyrum arvense.
Pedicularis palustris.
— silvatica.
Lcntibularieæ.
Ulricularia vulgaris.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE
m
Utricularia minor.
*Pinguicula vulgaris.
Polygone*».
*Rumex Acetosella.
‘'‘Polygonum viviparum.
— Persicaria.
— Bistorta.
Amentaceæ.
Betula pubescens Ehrh.
* — nana.
Salix cinerea.
— aurila.
— ambigua Ehrh.
— repens.
Pinus uliginosa Neum.
Monocotyledoneœ.
Ailsniaceu*.
Scheuchzeria palustris.
Potasneæ.
Potamogelon natans.
* — rufescens Schr.
— pusillus.
Typhncete.
Sparganium natans.
•Vuncaceæ.
Juncus conglomeratus.
* — alpinus.
*Luzula multidora Lej.
Cyperaceæ.
Rhynchospora alba Vahl.
Scirpus compressus Pers.
* — cæspitosus.
*Eriophorum angustifolium Roth.
* — latifoliiim lloppe.
* — vaginatum.
— alpinum.
*Carex ampullacea Good,
— filiformis.
Carex limosa.
— panicea.
— Davalliana Smith.
— pulicaris.
— pauciflora Lightf.
— chordorrhiza Ehrh.
* — Œderi Ehrh.
— tereliuscula Good.
* — canescens.
— stellulata Good.
— heleonastes Ehrh.
— Hornschuchiana Hoppe.
Cirninitieæ.
*Festuca ovina .
Glyceria fluitans R. Br.
Molinia cærulea Mœnch.
*Catabrosa aquatica P. B.
*Æra cæspitosa.
Calamagrostis lanceolata Roth.
*Agrostis rubra DG.
* — catiina.
Alopecurus pratensis.
Phleum pratense.
Nardus stricta.
Acotyledoneœ .
Filiees.
“Aspidium spinulosum Sw.
Equïsetacea*.
*Equisetum silvaticum.
— palustre.
lIllNOi.
Sphagnum cuspidatum Ehrh.
* — acutifolium.
* — cymbifolium Ehrh.
— tenellum Pers.
— compactum Brid.
* — subsecundum Nees.
*Hypnum fluitans.
* — trifarium W. et M.
* — revolvens Sw.
* — scorpioides.
*Hypnum exannulatum Guemb
* — stramineum Dicks.
— cordifolium Hedw.
— stellatum Schr.
* — nitens Schr.
* — splendens.
* — Schreberi Willd.
— Crista-castrensis.
— cuspidatum.
*Aulacomnium palustre Schw.
Meesia longiseta lledw.
— trislicha Br.
* — uliginosa Hedw.
*Polytriehum commune.
— formosum Hedw.
* — gracile Mentz.
* — piliferum Schr.
— urnigerum.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871
*Dicraaum Scliraderi W. et M.
— glaucum Sw.
* — cerviculatom W. et M.
* — undulalum Turn.
— scoparium Hedw.
* — palustre B. et Sch.
Campylopus torfaceus B. et Sch.
Splachnum ampuilaceum.
* — sphæricum.
*Paludella squarrosa.
*Bartramia fontana Sw.
— marchica Brid.
*Bryum nutaris Hedw.
* — pseudotriquetrum Hedw.
— argenteum.
* — bimum Schreb.
Climacium dendroides W. et M.
h 25
Mnium punctatum.
— affine.
*Catharinea undulata W. et M.
*Ceratodon purpureus Brid.
Funaria hygrometrica Hedw.
I.ichencs.
*Cladonia rangiferina DC.
— subulata DC.
* — pyxidata.
Lecidea icmadophylla Ach.
— uliginosa Ach.
*Cenomyce coccifera Ach.
* — bacillaris Ach.
* — deformis Ach.
— gracilis Ach.
Tourbières des Vosges et des Cévcnnes.
Les géologues n’avaient pas reconnu l’origine glaciaire des bassins dans
lesquels se sont formées les tourbières du Jura. On le conçoit aisément.
Lorsque l’ancien glacier du Rhône remplissait le bassin du Léman, il n’avait
pas la forme régulière d’un glacier semblable à ceux que nous voyons aujour¬
d’hui ; c’était une immense nappe de glace, comparable à celles du Groenland,
qui s’étendait depuis le Rhin jusqu’à la Saône. Devant elle s’ouvraient les
vallées du Jura : elle y pénétra, refoulant les glaciers propres à la chaîne juras¬
sique et déposant partout des blocs isolés, de la boue glaciaire et des mo¬
raines souvent fort différentes parleur configuration de celles des glaciers ac¬
tuels. Dans les Vosges, il n’en était pas de même : à l’époque quaternaire, des
glaciers, semblables en tout à ceux des Alpes, descendaient des points culmi¬
nants, remplissaient les vallées et déposaient devant eux à leurs diverses stations
des moraines terminales régulières, identiques à celles qui se forment sous nos
yeux dans les Alpes. Après la disparition des glaciers vosgiens, ces moraines,
barrant les vallées, arrêtaient les cours d’eau : de là des tourbières, des marais,
des lacs, qui la plupart n'ont pas d’autre origine. Ainsi les quatre moraines
concentriques de Rein-Brice (1), barrant la vallée de Gérardmer, ont donné
naissance à une vaste tourbière qui se continue en amont avec le lac, et celui-
ci, barré en aval, se déverse en amont dans la Gauche de Vologne.
Les lacs de Longemer, de la vailée d’Urbès, des Corbeaux, de Fondromé
ont la même origine, et chaque fois que la configuration du terrain ne s’y
oppose pas, le lac est suivi ou précédé d’une tourbière. L’origine de ces lacs
est évidente, au premier coup d’œil, pour quiconque reconnaît que le bar¬
rage est formé par une moraine; et tous les observateurs qui le voyaient, Le¬
blanc, Renoir, Hogard, Collomb, ont toujours rattaché la formation de la tour-
(1) Voyez Hogard, Coup d'œil sur le terrain erratique des Vosges , pl. 20.
h 26
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
bière au dépôt de la moraine et, par conséquent, à l’époque glaciaire. Ainsi,
géologiquement, l’origine des tourbières est plus évidente dans les Vosges que
dans le Jura. En parcourant le Tableau des plantes qui croissent spontanément
dans le département des Vosges , de Mougeot, et la Flore d'Alsace de Kirschle-
ger, je crois que la botanique confirmera ce que la géologie nous montre si
clairement. Mais, d’un côté, je n’ai pas herborisé moi-même dans les tourbières
des Vosges ; de l’autre, la proximité de cette chaîne de celle du Jura n’apporte¬
rait pas un argument nouveau à ma thèse sur l’origine glaciaire des tourbières
en général : je préfère donc m’adresser à une chaîne de montagnes plus éloi¬
gnée du Jura et située sous une latitude plus méridionale.
Nous avons déjà vu dans le cours de ce travail que la plupart des plantes
tourbeuses du Jura et de la Scandinavie se retrouvent dans les tourbières
des Alpes et des Pyrénées. Mais la grande élévation de ces montagnes cou¬
vertes de glaciers éternels d’où s’écoulent sans cesse des eaux froides qui entre¬
tiennent l’hmidité des tourbières, favorisée d’ailleurs par des chutes fréquentes
de neige et de pluie, établissait une si grande similitude entre le climat de ces
montagnes et celui de la Scandinavie, que les naturalistes n’étaient pas surpris
de l’analogie des végétations tourbeuses. Cependant cette analogie est la même
dans le Jura, dans les Vosges et les montagnes de l’Auvergne, où les neiges dis¬
paraissent complètement pendant le cours de l’été, et même à l’extrémité méri¬
dionale des Cévennes, où elles ne persistent qu’en hiver. Une reconnaissance
botanique, faite au mois de juin dans les fonds tourbeux du Sautmail, près de
la Salvetat, avec M. Duval-Jouve, m’avait déjà permis d’v constater la pré¬
sence de douze espèces tourbeuses à la fois jurassiques et Scandinaves. Pour¬
tant les conditions physiques et météorologiques des Cévennes de l’Hérault
sont bien différentes de celles du Jura et de la Scandinavie. Les plus hauts
sommets de ce groupe granitique n’atteignent que 1100 mètres, et dans cer¬
taines années les pluies et les chutes de neige sont si peu abondantes, que ces
tourbières se dessèchent au point de pouvoir être traversées à pied sec dans
tous les sens.
Les herborisations de M. Aubouy (de Lodève) et de M. Vidal, instituteur
communal à Fraisse, sur le plateau même de l’Espinouse, m’ont permis de
compléter la liste des plantes phanérogames tourbeuses des Cévennes grani¬
tiques de l’Hérault. Ces plantes se divisent naturellement en trois catégories.
D’abord les espèces qui sont à la fois arctiques, Scandinaves et jurassiques,
savoir :
Ranunculus Flammula , Caltha palustris, Viola palustris, Epilobium pa¬
lustre, Galium palustre , Gnaphalium uliginosum , Menianthes t.rifoliata,
Thymus Serpyllum , Euphrasia officinalis 3 Eriophorum loti folium, Carex
ampullacea , C. QEderi, Æra cœspitosa, A grostis canina. Ces espèces émi¬
nemment boréales témoignent en faveur de l’origine glaciaire des tourbières
cévenoles. Il en est de même de celles de la seconde catégorie, qui ne s’avan-
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 187 J . 427
cent pas dans les régions arctiques, mais existent à la fois en Scandinavie et
dans le Jura neuchâtelois; tels sont :
Lychnis Flos-cuculi , Stellaria graminea , S. uliginosa, Potentilla Tor -
mentilla , /\ Anserina, Spirœa Ulmaria,Scabiosa Succisa , Cirsium palustre ,
Vaccinium Myrtillus , Calluna Erica , Myosotis palustris , Scrofularia no~
dosa , Pedicularis silvatica , Veronica scutellata , Polygonum Bistorta, Salix
cinerea , Rhynchospora alba , Carex stellulata, C /pan icea , Mol inia cærulea ,
Nardus strie ta.
On trouve encore dans les tourbières cévenoles quelques espèces qui n’exis¬
tent pas dans le Jura, mais se trouvent en Scandinavie ; ce sont des végétaux
datant, comme les autres, de l’époque glaciaire, qui ont persisté dans les Cé-
vennes et ont disparu du Jura : tel est le Genista angiica, qui remonte jusqu’en
Danemark (1) et s’élève dans les montagnes de l’Écosse jusqu’à 700 mè¬
tres (2). Le Narthecium ossifragum Huds. se trouve dans les tourbières de
toute l’Europe, depuis les Pyrénées jusqu’au Finmark de la Laponie norvé¬
gienne et jusqu’aux Shetland et aux Færœer (3). Il n’a point persisté dans le
Jura, mais n’en est pas moins caractéristique de la végétation tourbeuse. J’en
dirai autant du Spiranthes œstivalis, que je n’ai pas trouvé dans les tourbières
du Jura neuchâtelois, mais qui existe dans les prés humides de cette chaîne
et de toute l’Europe occidentale, depuis les Pyrénées jusqu à l’île Bornholm
en Danemark. Le Juneus acutiflorus Ehrh. n’existe pas dans le canton
de Neuchâtel , mais se trouve dans toute l’Europe, depuis les Pyrénées
jusqu’au Finmark, où il ne pénètre pas. Restent trois Carex , C . echinata ,
C. lœvigata , C. ovalis, communs dans les tourbières de la France, mais sur la
distribution géographique desquels je n’insisterai pas, à cause des difficultés
que présente la recherche et la synonymie de ces plantes.
En résumé, sur les quarante et une espèces récoltées dans les tourbières
des Cévennes de l’Hérault, par MM. Duval- Jouve, Aubouy, "Vidal et moi, il y
en a quatorze qui existent également dans les régions arctiques, en Scandinavie
et dans le Jura. D’autres, au nombre de vingt et une, ne pénètrent pas dans
les régions arctiques, mais se retrouvent dans la Scandinavie et dans le Jura.
Enfin, il y en a seulement six qui manquent dans le Jura, mais se trouvent en
Scandinavie ou sont étrangères à cette péninsule. Je me crois donc en droit
de considérer la végétation des tourbières cévenoles comme très-semblable à
la végétation des tourbières du Jura. Celte ressemblance s’explique par l’iden¬
tité d’origine, puisque toutes deux sont un reste de la végétation Scandinave
qui, à l’époque glaciaire, avait envahi l’Europe tout entière,
(1) Fries, Summa vegetabilium, p. 49.
(2) Watson, A Compendium to the Cybele britannica , p. 138.
(3) Ch. Martins, Végétation des Féroe , p. 374.
428
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Conclusions.
Nous l’avons déjà dit : les flores actuelles ne sont pas toutes également an¬
ciennes; elles remontent à des époques géologiques plus ou moins éloignées et
différentes pour chacune d’elles. Ainsi, la flore méditerranéenne date surtout
de l’époque miocène ; elle possède, en effet, des plantes vivantes qui ont été
trouvées à l’état fossile, dans les terrains tertiaires, par M. de Saporta et d’au¬
tres observateurs. Certaines espèces remarquables n’ont point encore été si¬
gnalées dans les couches éocènes ou miocènes ; mais leurs formes exotiques,
leurs affinités taxonomiques qui les incorporent à des groupes dont toutes les
autres espèces habitent les zones tropicales, nous révèlent une origine géolo¬
gique remontant à une époque où le bassin méditerranéen avait certainement
un climat plus tropical que celui dont il jouit actuellement. Tels sont : le
Palmier-nain, le Laurier-d’Apollon, le Figuier, l’Olivier, le Caroubier, le Gre¬
nadier, le Myrte, Anagyris fœtida , Cneorum tricoccum^Nerium Oleander ,
Smilax aspera , Mercurialis tomentosa , etc.
»
La flore des tourbières jurassiques est d’une date plus récente ; son caractère
boréal et la nature du sol qui la porte nous montrent clairement qu’elle est
pliocène et contemporaine de l’époque glaciaire.
L’opinion des géologues et des botanistes, qui supposent qu’à celte époque
la végétation des régions du globe envahies par la glace devait être complète¬
ment nulle, ne me paraît pas fondée; en effet, l’époque glaciaire existe encore
anx deux pôles. Autour du pôle arctique, le Groenland, le Spitzberg, la Nou¬
velle-Zemble sont couverts de calottes de glace dont les émissaires descendent
jusque dans la mer. Des plantes végètent dans les intervalles que la glace ne
couvre pas. Au Spitzberg on compte 93 Phanérogames; au Groenland 328,
suivant M. E. de Martens (1). M. Brown, qui l’a visité à deux reprises (2),
en 1861 et 1867, a recueilli 129 espèces dans la baie de Disco, parle 70edegré
de latitude N. , pendant le cours d’un seul été. La flore de la Nouvelle-Zemble
ressemble beaucoup à celle du Spitzberg. Ces plantes ne sont pas toutes spé¬
ciales à la région arctique, c'est-à-dire à la zone dont le centre est au pôle ;
presque toutes s’avancent vers le sud en Scandinavie, dans l’Amérique arc¬
tique et en Sibérie; c’est un fonds commun de végétation auquel viennent
s’ajouter quelques espèces américaines au Groenland, Scandinaves au Spitz¬
berg, asiatiques à la Nouvelle-Zemble.
Si nous jetons maintenant un coup d’œil sur le catalogue, par familles, des
plantes des tourbières jurassiques, nous trouvons que, sur un nombre total de
180 espèces, il y en a 73 qui sont arctiques, et appartiennent par conséquent
(1) Ueberblick der Flora arctica , p. 23.
(2) Robert Brown of Campsler, On the physiks of Arclic ice (Proceedings of lhe geolo-
gical Sociely of London , n° 105, februarv 1871).
SÉANCE DU '2'2 DÉCEMBRE 1871.
A 29
encore actuellement à la période glaciaire. Quel motif pourrait-on alléguer
pour soutenir qu’elles n’existaient pas dans le Jura, lorsque le glacier du
Rhônel’avait partiellement envahi? Ces 75 plantes mises de côté comme incon¬
testablement glaciaires, il en reste 107 qui ne se trouvent pas dans les régions
arctiques; mais nous avons vu que toutes, Swertia pcrennis excepté, vivent
en Scandinavie, et que la plupart remontent jusqu’au nord de la péninsule,
dans une région où les glaciers ne descendent pas jusqu’à la mer, mais s’ar¬
rêtent à quelques centaines de mètres au-dessus. Or, quand on songe que
le Jura neuchâtelois est situé à 23 degrés latitudinaux au sud de la Laponie
norvégienne, est-il absurde de supposer qu’à 1 époque glaciaire son climat
n’était pas plus rigoureux que celui de la Laponie ne l’est actuellement, et que
ces espèces Scandinaves, dont le centre de création reste à déterminer, y exis¬
taient également à l’époque où les glaciers des Alpes dépassaient les crêtes du
Jura? J’ai fait ailleurs (1) le calcul que, si la moyenne de Genève s’abaissait
seulement de k degrés centigrades, les glaciers des Alpes, progressant sans
cesse, envahiraient de nouveau le bassin du Léman. Or, dans cette hypothèse,
la température moyenne de Genève n’étant plus que de -j~ 5°,16, celle de la
vallée des Ponts serait approximativement de -f- 2 degrés, température supé¬
rieure encore à celle de l’Altenfjord (-f- 0°,5), sous le 70e parallèle^ où végètent
parfaitement la plupart des plantes qui composent les tourbières des Ponts et
de la Brévine. Ces plantes ont persisté dans le Jura, malgré un réchauffement
du climat de h degrés environ en moyenne, parce qu’elles trouvaient dans la
constitution et l’humidité du sol des conditions d’existence analogues à celles
dont elles sont encore actuellement entourées en Laponie.
Une autre preuve que le climat de l’époque glaciaire, pendant laquelle ont
été déposés les gros blocs erratiques du Jura, n’était pas assez rigoureux pour
exclure toute végétation, c’est que l’homme habitait le bassin du Léman et
celui des lacs de Zurich et de Constance immédiatement après l’époque gla¬
ciaire (2), à Veirier, à Meilen et à Schussenried, où l’on a trouvé des silex
taillés et des ossements de renne dans l’alluvion des terrasses, immédiate¬
ment au-dessus du terrain glaciaire. Mais si, comme je l’ai toujours cru, l’al¬
luvion ancienne de la Suisse est contemporaine du meme dépôt dans les
plaines de la France (3) où l’on a signalé les preuves incontestables de l’exis¬
tence de l’homme, je ne désespère pas d’apprendre que les géologues suisses
découvrent des ossements humains et des silex taillés, soit au milieu du
terrain glaciaire, soit dans l’alluvion ancienne sur laquelle il repose. L’homme
pouvait donc habiter la Suisse même à l’époque glaciaire, comme les Esqui-
(1) Du Spilzberg au Sahara , p. 257.
(2) Voyez A. Favre, Station de l'homme de l’âge de pierre , à Veirier , près Genève
(Archives de la Bibliothèque universelle de Genève , mars 1868).
(3) Ch. Martins et B. Gaslaldi, Essai sur les terrains superficiels de la vallée du Pô)
p.
430
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
maux habitent le Groenland, qui en est la réalisation la plus complète, comme
les hivernages au Spitzberg, à la Nouvelle-Zemble et dans l’Amérique arctique
en démontrent la possibilité, même pour les habitants des zones tempérées.
Revenons à nos végétaux: par Faire de leur distribution géographique ils
nous fournissent un autre argument qui n’est pas sans valeur. Répandues
dans l’Europe septentrionale, un grand nombre d’espèces tourbeuses s’arrê¬
tent aux Pyrénées ou ne dépassent pas les Alpes vers le Sud ; dans l’Amérique
septentrionale, elles ne dépassent pas en général le 40e degré de latitude : or ce
sont là les limites extrêmes de la grande extension des glaciers dont le pôle arc¬
tique et les chaînes de montagnes situées en Europe au nord du A2e degré
étaient les centres principaux. Ces plantes ont donc persisté précisément dans
les régions qui ont été jadis envahies par les anciens glaciers, dont les traces
sont partout si évidentes.
Ces plantes ont-elles apparu sur place, ou se sont-elles avancées du nord
vers le sud à mesure que les glaciers se développaient autour des chaînes de
montagnes des régions tempérées? La dernière opinion est celle delà plupart
des botanistes qui ont médité sur ce sujet. Un grand nombre de faits cités
par eux semblent favorables à cette explication ; mais les savants ne sont pas
d’accord sur le point de départ de cette grande migration végétale. La plupart,
avec M. J.-D. Hooker (1), la placent en Scandinavie. La flore de cette pé¬
ninsule contient en effet la plupart des plantes arctiques. Sa position, par rap¬
port à l’Europe continentale, dont elle forme l’extrémité septentrionale, par
rapport à l’Islande, aux lies Britanniques et au Groenland vers l’ouest, sa
liaison vers l’est avec le nord du grand continent asiatique, expliquent la dif¬
fusion des espèces Scandinaves suivant les méridiens et les parallèles. Notre
travail en particulier est très-favorable à cette opinion. En effet, il est certain
que la péninsule Scandinave, comme le Jura, était couverte, à la fin de
l’époque pliocène, de glaciers semblables à ceux dont nous voyons les restes
en Scandinavie comme dans les Alpes; et le climat qui règne actuellement
dans les hautes vallées du Jura a plus d’analogie avec celui de la Laponie
qu’avec un climat asiatique.
Cependant, un botaniste très-distingué, le docteur Christ, de Baie (2),
place le centre de diffusion des espèces à la fois arctiques et alpines dans les
montagnes deFAsie tempérée, l’Oural et l’Altaï. De là elles se seraient répan¬
dues en Scandinavie, dans les Carpates, les Alpes, le Jura, les Pyrénées, etc.
Ce n’est pas ici le lieu de discuter ces deux opinions et de décider entre
MM. Christ et Hooker : ces divergences sont indifférentes à la thèse particulière
que nous soutenons; carsi la Scandinavie n’a pas été le point de départ de la
migration, elle en a été l’étape principale, et c’est par elle et le nord de
(1) Oullines of the distribution of Arctic plants ( Transactions of the Linnean Society
of London , june 1860).
(2) (Jeber die Verbreitung der Pflanzen der alpinen Région der europœischen Alpenkette.
SÉANCE DU *22 DÉCEMBKE 1871
431
l’Allemagne, non par le Caucase et les Carpates, que les plantes tourbeuses
se sont propagées jusqu’aux montagnes de l’Europe méridionale. D’ailleurs,
en relevant dans le Flora altaica de Ledebour les espèces phanérogames qui
sont communes à cette chaîne et aux tourbières jurassiques, j’en trouve qua¬
rante-cinq que Ledebour n’a point recueillies dans l’Altaï. Il en est parmi
elles qui ne lui auraient certainement pas échappé. Je me contente de citer:
Trollius europœus, les trois espèces de Dr oser a, Scabiosa Succisa , Vac -
cinium uliginosum , Andromeda poli folia, Calluna Erica , Gentiana
asclepiadea , Pinguicula vulgaris , Salix cinerea, Pinus montana , Erio -
phorum alpinum, Scheuehzeria palustris , deux Carex, Molinia cœrulea ,
Nardus stricto. , etc. En songeant que nos cent quatre-vingts espèces tour¬
beuses du Jura, une seule exceptée, sont toutes Scandinaves, tandis que qua¬
rante-cinq, c’est-à-dire le quart, n’ont pas été recueillies dans l’Altaï, il est
difficile de ne pas placer le berceau primitif de notre flore tourbeuse dans le
Nord plutôt que dans l’Est.
Mais, dira-t-on peut-être, la végétation des tourbières jurassiques n’est point
une végétation exceptionnelle dans cette chaîne de montagnes, et si elle est
exclusivement Scandinave, c’est que la flore du Jura, prise dans son ensem¬
ble, l’est également. Pour répondre à cette objection, que je me suis faite
avant le lecteur, j’ai emprunté à l’excellente Phytostatique du Jura, de Thur-
mann, page 138, la liste des plantes montagneuses de la chaîne, vivant par
conséquent dans la zone altitudinale des tourbières, mais dans des stations non
tourbeuses. J’en compte 142 ; sur ce nombre, 66 existent aussi en Scandi¬
navie, mais 76 sont étrangères à cette péninsule. Cette flore n’a donc pas le
caractère exclusivement Scandinave de la végétation des tourbières; elle n’a
pas non plus son caractère arctique ou glaciaire, car il n’y a que 8 especes qui
soient à la fois arctiques et Scandinaves.
Poussons le parallèle plus loin. Je prends également dans Thunnann, à la
page 139, les plantes alpestres du Jura, comprenant celles qui s’élèvent sur
les plus hauts sommets, tels que la Dole (1681 mètres) et le Reculet (1670 mè¬
tres); elles sont au nombre de 97. Sur ce nombre, il n’v en a que 29 appar¬
tenant à la flore Scandinave. La proportion est donc bien moindre que pour
les plantes montagneuses, car pour celles-ci elle était de la moitié environ,
pour les plantes alpestres elle n’est pas d’un tiers. Parmi ces 29 plantes alpes¬
tres Scandinaves, il y en a 18 qui pénètrent dans les régions arctiques; ce
sont donc des espèces glaciaires qui ne se sont maintenues qu’à une hauteur
où elles retrouvaient les étés sans chaleur et le sol relativement sec qui con¬
viennent à leur existence. Il suffit de les nommer (1) kpour que tout botaniste
(1) Arenaria ciliata , Dry as octopetala , Sibbaldia procumbens , Alchimilla alpina,
Epilobium alpinum , Saxifraga oppositifolia , S. aizoides , Erigeron alpinus , Vero-
nica saxatilis, V. alpina, Dartsia alpina , Polygonum viviparum , Salix reticulata ,
Juniperus nana , Gymnadenia albida, Luzula spicala, Phleim alpinum , Poa alpina.
Æ32 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
familier avec la végétation des hautes montagnes comprenne quelles ne pou¬
vaient vivre ni dans les tourbières, ni même autour d’elles; la plupart sont
éminemment saxicoles ou propres aux pelouses sèches des pentes monta¬
gneuses des Alpes et du Jura.
La présence de ces espèces arctiques dans la région supérieure aux tour¬
bières est encore une confirmation de l’opinion qu’elles existaient dans le
Jura à l’époque glaciaire. Toutes, en effet, peuvent supporter un clim t plus
rigoureux que celui qui règne actuellement sur les sommets culminants du
Jura, car toutes s’élèvent dans les Alpes à de plus grandes hauteurs et y fleu¬
rissent comme pendant l’été si court et si froid des régions arctiques : elles
s’accommodent cependant d’un climat plus tempéré, tel que celui de la Nor¬
vège septentrionale, où je les ai observées presque toutes au niveau de la
mer (l). De l’ensemble de tous les faits consignés dans ce mémoire, je crois
pouvoir conclure, sans hésitation, à l’origine glaciaire des tourbières juras¬
siques et de leur végétation.
Une autre conséquence de ces faits, c’est que la végétation de toutes les
tourbières des plaines du nord de l’Europe, de celles des Vosges, de l’Auver¬
gne, des Alpes, depuis la France jusqu’en Autriche, et même de celles des
Pyrénées, a la même origine (2). Depuis longtemps les botanistes avaient été
frappés de l’uniformité de végétation de ces stations et l’avaient attribuée à
l’uniformité des conditions physiques et météorologiques des terrains tour¬
beux. Celte uniformité explique, en effet, pourquoi ces plantes y persistent,
mais elle n’explique pas pourquoi ce sont toujours les mêmes qui se rencon¬
trent sur une étendue représentée par une calotte égale à un quart de la sur¬
face terrestre. L’identité d’origine peut seule expliquer cette iden-
TITÉ DE FORMES VÉGÉTALES.
En consultant la liste très-complète, dressée par M. Sendiner (3), des plantes
qui végètent dans les tourbières de la Haute- Bavière, je constate des anomalies
du même genre. Le plus grand nombre leur est commun avec les localités
analogues du Jura, mais il en est certaines qui, bien que répandues en Alle¬
magne et en Scandinavie, n’existent pas dans les tourbières du Jura ni des
Cévennes; telles sont : Pedicularis Sceptrum-carolinum ; Trientalis euro -
ptea, Iris sibïrica, Calla palustris et Malaxis paludosci. Ces deux dernières
plantes habitent les tourbières des Vosges. Quand on étudie la distribution de
ces espèces à la fois germaniques et Scandinaves, on voit qu’au sud de l’Allemagne
septentrionale elles ont disparu complètement ou persisté çà et là en vertu de
(1) Voyez, sur ce sujet, H. Christ, Ueber die Pflanzcndecke des Juragebirgs, 18(38.
(2) Un auteur qui a étudié récemment la végétation des grandes tom bières du nord-
ouest de l’Allemagne, M. Focke, fait remonter l’origine de cette végétation à l’époque
pliocène, et désigne ces plantes sous le nom de plantes polaires phoccnes , sans rattacher
leur présence à celle des glaciers. ( Unltrsuchungen ueber die Végétation des N. }V.
deutschen Ticflandes, p. 455.)
(3) Die Végétations Verhadtnisse Sued-Baierns , p. (327.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871.
m
circonstances particulières qu’il est impossible d’apprécier actuellement. Ce sont
des épaves de la flore Scandinave échouées sur quelques points disséminés à la
surface de l’Europe. Le professeur Heer en a signalé de semblables dans la Suisse
septentrionale et dans les Grisons (1). En cherchant à démontrer l’origine
glaciaire des tourbières jurassiques et cévenoles, je n’ai fait que mettre en
évidence un cas particulier de la thèse générale soutenue par Ch. Darwin (2).
Pour lui, la flore alpine tout entière n’est, pour ainsi dire, qu’un prolongement
de la flore Scandinave, jadis continu avec elle, actuellement séparé, quoique
rattaché encore par de nombreux anneaux qui permettent de relier ces deux
flores entre elles.
M. Pérard fait à la Société les communications suivantes :
ÉTUDE ANATOMIQUE DE L 'AGROPYRUM CÆSIUM Presl, sec. Boreau,
par 11. A. PÊIUlti»
Cette espèce a été signalée, pour la première fois,, dans le centre de la France,
par M. Boreau dans sa Bévue des Agropyrum d’ Europe. J’ai déjà (t. XVII,
p. 388) reproduit la description qui nous en a été donnée par l’auteur de la
Flore du centre . Aujourd’hui les caractères anatomiques semblent venir s’ajou¬
ter aux autres, non-seulement pour la détermination des genres, mais aussi
pour celle des espèces, comme l’a fort bien démontré notre savant collègue
M. Duval- Jouve, dans son Étude anatomique des Agropyrum de V Hérault.
Pensant que, pour les espèces en litige, l’anatomie est appelée à nous rendre
quelques services, et que tousjes moyens doivent être tentés pour arriver à la
vérité, j’ai soumis Y Agropyrum cæsium (Presl, sec. Bor.) à l’épreuve de
l’étude anatomique. Cette espèce, dont on n’a mentionné jusqu’ici aucune
figure, n’a pas été étudiée non plus par M. Duval-Jouve dans son récent tra¬
vail, probablement parce qu’il ne l’avait pas rencontrée dans le département de
l’Hérault. VA. cæsium Presl paraît assez commun dans notre département,
sur les bords de l’Ailier, comme j’ai pu le voir, en 1870, durant la session
du Congrès scientifique de Moulins. Les caractères tirés de l’anatomie, que
j’ai pu vérifier, viennent confirmer la validité de l’espèce, et c’est à ce point
de vue que cette communication peut avoir quelque intérêt. Cependant je
crois utile de donner également une description détaillée de cette plante.
Agropyrum cæsium Presl Délie. Prag. p. 213; Bor. Rev. des Agrop. d’Europe ,
p. 5. — Rhizome long, rampant plus ou moins profondément, produisant des chaumes
fasciculés en touffes. — Chaumes grêles, flstuleux généralement dans toute leur étendue,
droits, hauts de 0m,70 à 1 mètre, à entre-nœud supérieur assez long. — Feuilles roides,
glauques, dressées-étalées, à gaines appliquées, recouvrant les deux tiers des entre-
(1) Die Urwelt der Schweiz , p. 539.
(2) Darwin, Origin of species, p. 365,
T. XVIII. (SÉANCES) 28
/iSâ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
nœuds, planes, enroulées à la pointe, à face inférieure lisse, à face supérieure à nervures
un peu saillantes, inégales et contiguës, couvertes d'aspérités, et rudes ainsi que les
bords; oreillettes prononcées dans les feuilles inférieures, qui sont velues ainsi que leurs
gaines.- — Épi distique, lâche, à axe pubescent, rude au bord, grêle et fragile. — Épillels
appliqués contre l’axe ou un peu arqués, plus longs que les entre-nœuds. — Glumes à peu
près de même grandeur, aiguës, égalant les deux tiers de l’épillet, largement scarieuses
au bord, à dos arrondi un peu rude au toucher, à cinq nervures dont la médiane est plus
prononcée et forme un petit mucron au sommet. — Giumelles lancéolées, l’inférieure
assez longuement aristée, la supérieure égale ou à peine plus courte, un peu obtuse au
sommet, à bords finement ciliés dans la partie supérieure. Toute la plante est ordinaire¬
ment d’un glauque bleuâtre.
CARACTÈRES ANATOMIQUES.
Chaume. — Arrivé à son développement définitif, le chaume présente une cavité cen¬
trale qui le rend flstuleux. Examiné dans cet état, il offre d’abord l’épiderme, ensuite une
couche de cellules à chlorophylle avec interposition de masses de tissu fibreux, une
couche fibreuse sous-jacente, et enfin le parenchyme médullaire dans lequel sont distri¬
bués des faisceaux fibro-vasculaires. L’épiderme est formé de cellules disposées en séries
parallèles : ces cellules sont rectangulaires, canaliculées, à parois épaisses et souvent on¬
dulées. Chaque série parallèle se compose de cellules alternativement allongées et
courtes. Ces dernières, plus petites, sont quadrangulaires et généralement seules, cepen¬
dant nous en avons vu deux ou trois accolées l’une à l’autre, intercalées entre deux cellules
allongées. Les cellules stomatiques sont disséminées dans les cellules allongées suivant
leurs séries parallèles ; parfois on en trouve une située immédiatement au-dessous
d’une des courtes cellules quadrangulaires à laquelle elle est adhérente. J’avais pensé
que ces cellules courtes étaient peut-être des cellules stomatiques arrivant plus ou moins
à l’état de stomates, mais, d’après ce que je viens d’énoncer plus haut, il y a lieu d’en
douter. Les cellules allongées qui renferment des cellules stomatiques correspondent
toujours aux masses de cellules à chlorophylle de la couche herbacée située au-dessous ;
d’autres séries, également parallèles, de cellules longues, beaucoup plus étroites, sem¬
blables aux précédentes et dépourvues de stdmates, correspondent aux masses sous-
jacentes du tissu fibreux qui constitue les nervures. Les stomates sont particuliers : vus
de face et longitudinalement, ils présentent quatre cellules, séparées par leurs mem¬
branes. Les deux latérales, qui longent l’ouverture stomatique, figurent deux petites masses
épaissies, fusiformes aux deux extrémités et convexes seulement dans leur partie médiane
qui borde l’ostiole. Sur une coupe transversale, on voit au-dessus de la cavité aérifère du
stomate quatre cellules, aux extrémités deux grandes cellules élargies à la base, au milieu
deux plus petites qui sont anguleuses et épaissies à leur sommet et rétrécies à leur base.
J’ai constaté ces stomates sur les tiges et sur les feuilles de plusieurs espèces d ’Agro-
pyrum , de Triticum et d ’Ægilops, et leur forme ne varie pas. Les couches herbacées et
fibreuses de la tige se lient entre elies; au-dessous de la couche herbacée, on remarque une
ceinture ondulée (2 ou 3 rangs) de tissu fibreux qui s’introduit, à l’endroit où sont les ner¬
vures, dans la couche herbacée de façon à l’interrompre ; il en résulte ainsi de grands espaces
à peu près quadrangulaires de parenchyme vert occupés par les cellules à chlorophylle, et
d’autres masses plus petites formées par le tissu fibreux. A la base de chaque partie
fibreuse correspondant aux nervures, se trouve généralement un petit faisceau fibro¬
vasculaire, semblable à ceux dont j’indique plus bas la composition. Au-dessous s’étend le
parenchyme médullaire avec ses cellules polyédriques embrassant deux rangs de gros fais¬
ceaux fibro -vasculaires qui alternent entre eux. Ces faisceaux sont formés vers l’extérieur
par la partie libérienne (tissu libériforme de M. Duval-Jouve) avec ses fibres épaisses et
canaliculées; au milieu par de grandes cellules très-allongées, à parois un peu épaisses et
unies à base horizontale, et enfin par des cellules assez longues, ponctuées, polyédri¬
ques, petites, à parois minces qui sont peut-être des cellules grillagées ou tubes cri-
breux. Ces dernières entourent deux gros vaisseaux ponctués disposés transversalement
et plusieurs vaisseaux annulaires situés un peu en avant des vaisseaux ponctués.
Feuilles. — La structure des feuilles est nécessairement la même que celle de la tige;
seul l’épiderme de la face supérieure n’en diffère que par des cellules spéciales placées
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871.
435
au milieu de chaque dépression ou sinus qui sépare deux nervures. Ces cellules épider¬
miques, que M. Duval-Jouve a nommées cellules bulli formes , sont au nombre de 3 à 5,
grandes, incolores, à parois minces, lisses, unies, un peu étroites ou cunéiformes au
sommet, élargies à la base, et ressemblent à de petites vessies tendues. D’après une coupe
transversale de la feuille, on voit que les nervures figurent des mamelons arrondis au
sommet, de trois grosseurs, et surmontés d’un poil très-court, unicellulé, à base élargie
et à parois épaisses. Ces poils sont les aspérités, en forme d’aiguillon, qui couvrent la face
supérieure des feuilles. La région médiane de ces mamelons ou nervures est occupée au
sommet et à la base par du tissu fibreux, au milieu par un faisceau fibro-vasculaire, ana¬
logue à ceux de la tige, entouré vers l’extérieur de tissu libérien ou libériforme. Des
bandes latérales du parenchyme vert de la couche herbacée passent d’une nervure à
l’autre. Les sinus sont peu profonds et sont munis de 3 à 5 de ces cellules épidermiques
dites bulliformes, dont j’ai parlé plus haut. Les lignes transparentes des nervures, sur
lesquelles sont alignées les aspérités, correspondent aux espaces éclaircis occupés par le
tissu fibreux et qui sont dépourvus de chlorophylle.
Rhizome. — • Il présente une organisation différente de celle de la tige. On peut y
voir deux zones distinctes, Tune externe (zone cellulaire), l’autre interne (zone vascu¬
laire). L’épiderme est composé de cellules rectangulaires disposées en séries parallèles,
alternativement allongées et courtes, à parois ondulées, épaisses et canaliculées. Je n’ai
pas vu de stomates dans ces cellules de l’épiderme des rhizomes. La zone externe égale
au moins la moitié du rayon ; elle est dépourvue de lacunes et formée de cellules allon¬
gées, à parois minces, larges, incolores, dont la coupe transversale est arrondie, tendant
à la forme hexagonale. Elle se fait remarquer par la présence de très-petits faisceaux
colorés, espacés, et rangés assez régulièrement suivant un cercle qui passerait dans la
partie rapprochée de l’épiderme. Ces faisceaux sont composés de fibres canaliculées et de
cellules allongées, à parois un peu épaisses, canaliculées et à base horizontale, analogues
à celles du tissu libérien de la zone vasculaire. La zone interne est reliée à la précé¬
dente par une ceinture large, colorée, parfois ondulée, de tissu libérien ou libériforme.
On y remarque d’abord deux rangs de longues cellules à parois minces d’un côté et
épaisses de l’autre, à base horizontale ou oblique parfois épaissie et dont la section trans¬
versale offre un croissant plus ou moins formé ; puis 5 ou 6 rangs de fibres épaisses et
canaliculées qui descendent dans le parenchyme médullaire, pour envelopper en partie
les faisceaux fibro-vasculaires alternant entre eux sur deux rangs, rarement un faisceau
se dirigeant vers le centre dans le parenchyme médullaire qui offre une cavité centrale.
Chaque faisceau fibro-vasculaire renferme généralement une partie libérienne ou libéri¬
forme, formant l’enveloppe extérieure et composée de fibres épaisses et canaliculées. Elle
entoure des cellules ponctuées, à parois minces, qui sont peut-être des cellules grillagées
ou tubes cribreux et qui bordent deux gros vaisseaux ponctués, disposés transversale¬
ment. Enfin des cellules allongées à parois épaisses, ponctuées et canaliculées, à base
horizontale ou oblique, sont rencontrées entre les vaisseaux et entourent un ou deux
vaisseaux annulaires placés en avant. Elles nous ont paru terminer le faisceau du côté
du parenchyme médullaire central auquel elles se relient.
Les stomates des Graminées ont été, dans ces dernières années, mentionnés par quel¬
ques auteurs. M. Kareltschikoff, dans le Bulletin de la Société des naturalistes de Moscou
(1806), les considère comme formés de trois cellules dont la médiane fournit l’ouverture
stomatique. M. Strasburger ( Pringsheim’s Jahrbuecher , 1807), dans son étude plus ré¬
cente et plus complète sur l’organogénie des stomates, se contente de comparer simple¬
ment les stomates des Graminées à ceux de plusieurs plantes ( Claytonia perfoliata , Ma-
ranla bicolor) dont les stomates sont composés de quatre cellules, mais il ne les a pas
étudiés spécialement. Ceux que j’ai décrits et figurés me paraissent offrir des différences
non observées par les deux botanistes que je viens de citer.
A priori, la coupe transversale d’une feuille (qui, par les nervures, renferme des carac¬
tères importants) nous fait voir que Y Agr. cæsium est intermédiaire entre les A. repens L.
et A. Pouzolzii Godr., et en cela nous sommes parfaitement d’accord avec M. Boreau,
qui, se basant sur d’autres caractères, lui a assigné cette place dans sa Revue . La coupe
transversale du rhizome l’éloigne des deux espèces précédentes et le rapproche de Y A.
campestre Godr. La conformation des masses de cellules à chlorophylle de la couche her¬
bacée, dans la section transversale d’un chaume, est à peu près celle de l’A. acutum I)G.
/i36 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
L’espèce qui nous occupe fait partie de la section des Agropyrum tà rhizomes ram¬
pants et à nervures saillantes.
Explication des figures de la planche 111 de ce volume.
Fig. \ . — Agropyrum cæsium Presl, port de la plante.
— 2. — a. Glume grossie. — b. Épillet.
— 3. — Coupe transversale de la feuille, représentant les mamelons des nervures , les
bandes de cellules à chlorophylle et les faisceaux fibro-vasculaires.
— h. — Coupe transversale du rhizome.
— 5, — Coupe transversale de la tige.
— 6. — Stomate: a, vu de face; b, coupe transversale.
ÉNUMÉRATION DES PLANTES DE L’ARRONDISSEMENT DE MONTLUÇON
(NOTES COMPLÉMENTAIRES), par M. A. l’Élttll».
Liste des especes exclues.
Parmi les espèces qui suivent, il est évident pour moi aujourd’hui que si
quelques-unes d’entre elles ont sans doute disparu, il y en a d’autres qui ont
été indiquées certainement par suite d’erreur de détermination.
Ranunculus Lingua L. — Pont de la Chambrière près Montluçon ( Servant sec. Bor.
Fl. centr. éd. 1 et non 3).
Thlaspi alpestre L. — Montluçon (Migout Fl. de l'Ailier).
Stellaria nemorumL. — Le Cluzeauprès Mnntluçon (Thévenon sec. Migout Fl. de l’Ailier).
— glauca With. — Le Cluzeau près Montluçon ( Thévenon sec. Migout).
Hypericum quadrangulum L. — Nerde près Montluçon ( Thévenon sec. Migout).
Géranium sanguineum L. — Néris ( Boirot-Desserviers ).
O x ali s corniculata L. — Montluçon (Bor. FL centr. éd. 1 et non 3).
Coronilla scorpioides Koch. — Montluçon, pont de la Chambrière ( Servant sec. Bor.
Fl. cenlr.).
Spiræa obovata Willd. — Le Diéna près Montluçon (L. de Lamberlye sec. Bor. Fl. centr.).
Cette espèce était probablement échappée des jardins du Diéna.
Sedum anglicum lluds. — Bords du Cher ( Thévenon sec. Migout Fl. de l'Ailier). Indi¬
qué au Gourre-du-Puy près Montluçon, où il n’a été rencontré qu’un pied d’un
Sedum en mauvais état et douteux.
OEnantiie pimpinelloides L. — Montluçon (Saul sec. Bor. Fl. cenlr. éd. 1 et non 3).
Orlaya grandiflora Hoffm. — Montluçon ( Servant sec. Bor. Fl. centr.).
Globulaiua vulgaris L. — Néris ( Boirot-Desserviers ).
Düronicum austriacum Jacq. — Bois de la Liaudon ( Servant sec. Bor. FL centr. éd.
1 et non 3).
Cirsium bulbosum DC. — Sceauve près Chavenon (Causse sec. Bor. Fl. centr. éd. 1 et
non 3).
«ampanula linifolia Lamk. — Les Iles près Montluçon (Thévenon sec. Migout Fl. de
l’Ailier).
Asarum europæum L. — Néris (Boirot-Desserviers) .
Gladiolus communis L. — Néris (Boirot-Desserviers).
Opiirys aranifera L. — Montluçon (Servant sec. Bor. Fl, centr. é d. 1).
Veratrum album L. — Néris ( Boirot-Desserviers ).
Butlct. de la Soc. Bol. de France
Tome XVUl PI 3.
A.. PÉTARD, del.adnat. K T 1;1\
AGROPYRUM CÆSIUM Presl
lmp. Remercier dcG1® rue de Seme 5/ Paris
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871.
437
Melica ciliata DC. — Néris (Boirot-Desserviers) .
Poa sudetica Willd. — Montluçon, bois de la Brosse (Migout Fl. de l'Ailier non Thé-
venon).
Pol'ystichum tanacetifolium DC. — Sceauve près Chavenon ( Causse sec. Bor. Fl. centr.
éd. 1 et non 3).
Asplénium lanceolatum L. — Rochers au-dessous de l’étang de Malva près Rodes
(' Causse sec. Bor. Fl. centr.).
Lycopodium inundatum L. — Montluçon (Migout Fl. de V Allier ).
En résumé, le chiffre des espèces connues aujourd’hui dans l’arrondisse*
ment de Montluçon peut être réparti ainsi:
Plantes phanérogames et cryptogames vasculaires. . . 1170
— cryptogames cellulaires . 360
1530.
Il y aura encore un certain nombre de raretés à ajouter à ce Catalogue, car
je n’ai pas la prétention d’avoir tout vu. L’exploration du canton de Montma-
rault laisse beaucoup à désirer, et la forêt de Tronçais renferme bien certaine¬
ment encore des espèces qui ne sont pas signalées même dans le départe¬
ment. Pour l’énumération des plantes phanérogames de l’Ailier, on pourra, à
titre de complément, consulter la quinzième question du Congrès scientifique
tenu à Moulins en juillet-août 1870, dans laquelle j’ai fait la comparaison des
végétaux de cette contrée avec ceux des départements limitrophes. La cryp¬
togamie n’est représentée que d’une façon très-imparfaite (les Algues et les
Champignons parasites n’ont pas encore été étudiés jusqu’ici), néanmoins les
premiers jalons que j’ai placés sur celte route difficile engageront, je l’espère,
les rares botanistes du Bourbonnais à m’aider, par leurs envois ou par leurs
renseignements, à compléter cette branche si intéressante de la botanique et
qui est si peu connue dans notre département.
Pour répondre aux questions posées par la Société botanique de France
dans sa séance du 22 avril 1870 (t. XVII, p. 209), relativement aux botanistes
et aux collections de chaque département, je commence par donner la liste
suivante des personnes qui, à ma connaissance, ont herborisé dans l’arron¬
dissement de Montluçon. J’ai ajouté les quelques renseignements que j’ai pu
me procurer sur les collections ou herbiers qui sont en leur possession. Je
suis heureux de profiter de cette occasion pour témoigner toute ma recon¬
naissance aux botanistes cités dans ce Catalogue et qui ont bien voulu me
favoriser de leur précieux concours :
MM. Boirot-Desserviers, de Néris (1822).
Causse, de Chavenon (1840).
Lambertye (le comte Léonce de), à Chaltrait par Montmort (Marne) (1840).
Servant, à Moulins (1840).
Saul, correspondant et ami de M. Boreau (1840).
La Guérenne (de), au château du Mont près Montluçon.
Lettré (Eugène), conducteur principal des ponts et chaussées, à Montluçon.
Pailloux, du département de la Creuse (1848).
4 O 8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
MM. Jamet (l’abbé), curé de Chamblet (1860 et depuis).
Pérard (Alexandre), à Paris (1860 et depuis).
Rivière (le père), de l’institution Saint-Joseph à Montluçon, Senlis (Oise) (1860).
M,lc Fouliiouze (Joséphine), à Montluçon (1860 et depuis).
MM. Lucand, capitaine au 59e de ligne (1865-67).
Dr Thévenon, médecin-major au 59e de ligne (1865-67).
Déséglise, du département du Cher, temporairement à Néris.
Besson (Isidore), étudiant en médecine (1868-69).
Duché (E.), docteur en médecine, à Montluçon (1868-70).
Mmc Duché.
Mme Vaillant, à Marcillat (1870).
MM. Vannaire, docteur en médecine, à Gannat (1870).
Tholin (le père), de l’institution des Maristes, à Senlis (Oise) (1870).
Chabrol, professeur de physique au collège de Montluçon (1870).
Miciiard (Adrien), élève en pharmacie, à Paris (1869-1870).
Les collections qui méritent d’être signalées sont en petit nombre. Celle que
j’ai formée, depuis 1860, des plantes de l’arrondissement de Montluçon et
qui renferme les types de ce Catalogue, est la plus importante. L’herbier de
M. Lucand, capitaine au 59e de ligne, comprend huit cents espèces environ
recueillies en 1865-67. Celui de M. le docteur E. Duché, de Montluçon, dont
j’ai revu et nommé toutes les espèces récoltées pour la plupart dans mes excur¬
sions, présente déjà un chiffre de cinq à six cents espèces bien échantillonnées.
J’ignore le nombre des espèces de l’herbier de M. L. de Lambertye, qui doit
être assez élevé. Une collection d’aquarelles, peintes d’après nature parM. de la
Guérenne, propriétaire du château du Mont près Montluçon, et qui atteint un
chiffre assez considérable d’espèces, mérite d’être mentionnée; mais je regrette
de n’avoir pu jusqu’ici en prendre connaissance. Enfin je possède les aquarelles
d’après nature, figurant les Champignons de Montluçon que j’ai cités, et la
même collection se trouve en partie dans les mains de M. le capitaine Lucand.
Je ne puis terminer ce travail sans rendre hommage à la mémoire d’un ami sincère
qui m’a aidé de ses conseils, en 1860, lorsque j’ai commencé à m’occuper de botanique
dans les environs de Montluçon. M. Eugène Lettré, conducteur principal des ponts et
chaussées dans cette ville et chargé de la direction et de la surveillance du canal du
Berry, habitait Montluçon depuis de longues années, lorsqu’il fut enlevé (le 27 mars
1866) malheureusement trop tôt, à sa famille et à ses amis. Connaissant parfaitement
les localités de l’arrondissement, il m’a servi de guide dans mes premières excursions et
sa bienveillance amicale ne m’a jamais fait défaut. Dévoué à la science, il s’était occupé
de botanique dans le département du Gard, lorsqu’il dirigeait les travaux du chemin de fer
d’Alais. Son herbier, qu’il a bien voulu m’offrir, renferme un certain nombre de bonnes
espèces, parmi lesquelles je pourrai citer les Leuzea conifera, Convolvulus Cantabrica,
Inula squarrosa, Paliurus aculeatus , Cistus salvifolius , etc. Néanmoins sa position
d’ingénieur le plaçant dans des conditions trcs-favorables pour étudier la géologie, il
avait une prédilection marquée pour cette dernière science. Dans la collection de roches
et de minéraux formée par lui et qui est actuellement dans les mains de sa famille, j’ai
pu observer de très-beaux échantillons et un assez grand nombre de fossiles. Pour moi,
qui ai reçu de sa part tant de preuves d’affection, je ne puis que joindre mes regrets à
ceux de sa famille pour déplorer la perte d’un ami dévoué, homme d’esprit, naturaliste
modeste et instruit.
Je ne saurais trop remercier non plus notre obligeant collègue M. W. de Schœne-
feld, secrétaire général de la Société botanique de France, qui a bien voulu me secon-
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871.
439
der durant la publication de ce Catalogue raisonné dans le Bulletin de la Société bota¬
nique et dans le tirage à part de 225 exemplaires. Notre savant ami m’a prêté le plus
utile concours en m’aidant, pendant l’impression, dans la tâche si difficile de la correc¬
tion des épreuves, et c’est à sa connaissance profonde de la linguistique que je dois les
quelques corrections qui ont été faites dans l’orthographe de plusieurs noms de genres et
d'espèces. — Je ferai remarquer à ce sujet que, pour les noms de genres dont l’ortho¬
graphe a été changée, j’ai entouré d’une parenthèse le nom du créateur du genre, vou¬
lant indiquer par là que l’orthographe du nom primitif a été modifiée. Je donnerai pour
exemple les genres Helodes (Spach) et Heleocharis (R. Brown) où la lettre h ajoutée au
commencement du mot remplace l’esprit rude qui se trouve dans le mot grec zXbç
(marais) dont ces genres dérivent. — Enfin j’ai restitué, autant que possible, la priorité
des genres à leur illustre créateur Pitton de Tournefort ( Instituliones rei herbariœ), et
j:ai placé, sous les noms JLinnéens ou d’autres auteurs, ceux de ses genres qui ont été
abandonnés par suite des progrès de la science. — Qu’il me soit permis, en finissant, de
témoigner ma gratitude à nos honorables collègues M. Kralik et M. l’abbé Chaboisseau
pour les précieux cunseils qu’ils ont bien voulu me donner pendant le cours de ce travail
qui a été présenté en avril 1869 à la Société botanique, mais dont l’impression a été
retardée par suite des tristes événements de 1870-71.
M. Roze présente à la Société, de la part de M. Tocquaine (de
Kemiremont), un fragment et le dessin d’un Polyporus Lctricis
gigantesque, trouvé dans les Vosges, et donne lecture de la lettre
suivante :
LETTRE DE M. Ad. TOCQUAINE A M. DE SCHŒNEFELD.
Remiremont (Vosges), 8 décembre 1871.
Monsieur le Secrétaire général,
J’ai l’honiieur de vous adresser un dessin représentant, en grandeur natu¬
relle, une production cryptogamique qui m’a été envoyée de la montagne
comme ayant été trouvée sur un pied de Houx. Il m’a été impossible d’avoir
plus de renseignements sur son origine.
Sa hauteur était de 0m,90 ; une portion ayant été enlevée, elle est réduite
à 0m,80. Sa largeur est de 0m,20, sur une hauteur de 0m,30, c’est-à-dire
jusqu’à sa division en trois prolongements dont le plus grand atteint üm,5ü;
l’épaisseur moyenne est de Qm,04.
Sa couleur générale est nankin pâle, l’intérieur est plus pâle, sa consis¬
tance subéreuse élastique. Je joins une tranche de la portion inférieure qui
donnera peut-être le moyen de classer ce Champignon, dont le poids (malgré
son développement) est de dût) grammes seulement.
Il eût été fort intéressant d’avoir ou de connaître exactement sa souche,
afin de savoir s’il était fixé sur du bois dépérissant ou dans quelque vieux
tronc décomposé.
Un trou à bords arrondis et cicatrisés, à un coin de la partie inférieure,
provient sans doute d’un morceau de bois ou de pierre qui s’est trouvé en¬
gagé lors du développement.
hhO SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Les botanistes mycologues connaissent peut-être cette production ; je pense
néanmoins que ma communication pourra offrir quelque intérêt.
Lecture est donnée de la communication suivante, adressée à la
Société :
NOTE SUR LE DEJUCO DE AGUA, par M. A. POSIDl-Alt VXCiO
Une des particularités qui frappent le plus l’observateur parcourant, pour
la première fois, les forêts de l'Amérique intertropicale, ce sont ces lianes
gigantesques, semblables «à des câbles, qu’on voit s’élever partout, jusqu’au
sommet des plus grands arbres, les enlacer les uns aux autres, et qui, pleines
d’une sève potable, semblent avoir été préparées exprès, par une nature pré¬
voyante, pour calmer la soif du voyageur dans ces régions brûlantes.
Ne sachant pas qu’elles aient été déjà décrites, nous allons les faire con¬
naître très-sommairement.
Ce sont de gros sarments, de 3 à 5 centimètres de diamètre, cylindriques
ou un peu télragones, dépourvus de branches dans toute leur hauteur, pré¬
sentant de distance en distance de légers renflements, comme des nœuds peu
apparents, dans lesquels on remarque les traces laissées par les anciennes
feuilles opposées ; l’écorce est rugueuse et un peu rougeâtre. La structure des
tiges montre bien que ce sont des Bignoniacées ; mais l’impossibilité de se pro¬
curer leurs feuilles, qui manquent ordinairement, ou qui, cachées entre le
feuillage d’arbres extrêmement élevés, deviennent inaccessibles, ne permet pas
de leur assigner une place précise dans la classification. On peut cependant,
par la seule disposition des faisceaux ligneux, distinguer deux espèces de
plantes. Dans l’une, celle qui a la tige sublétragone, la section transversale
représente une croix de Malte : en effet, des couches corticales, émergent
quatre prolongements qui vont converger tout près du centre médullaire.
Dans l’autre, les prolongements sont plus nombreux (nous en avons compté
dix-sept), mais moins profonds, en sorte que la partie ligneuse a l’apparence
d’une étoile ou plutôt d’une roue d’engrenage. Mais ce qu’il y a de plus re¬
marquable dans ces plantes, c’est le diamètre des vaisseaux parcourant la
partie ligneuse, qui sont tellement apparents, qu’on peut même introduire un
crin dans quelques-uns. Chaque vaisseau se continue sans interruption dans
la tige, ne communiquant pas, par conséquent, avec les vaisseaux collatéraux.
Ces arbrisseaux portent, en Colombie, le nom vulgaire de bejuco de agita,
c’est-à-dire liane aqueuse , parce que leur sève sert aux forestiers, à défaut
de sources, pour se désaltérer; c’est un usage emprunté aux Indiens.
Ce sont les vaisseaux du bois, et non pas le tissu cortical, qui donnent le
suc qu’on boit. C’est donc la sève montante, ou de l’eau presque pure, que
la plante, à l’instar de ces pompes instantanées récemment inventées par les
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. 441
Américains, va sucer jusque dans les profondeurs du sol, pour satisfaire un
caprice humain au prix de sa vie ; car la plante, une fois coupée, périt.
Mais il faut de l’habitude pour savoir en tirer profit. En effet, si l’on fait
des incisions à la liane ou si on la tranche d’un seul coup, on n’obtient pas de
liquide ; on entend seulement un sifflement produit par l’entrée de l’air qui
y pénètre, refoulant la sève, d’un côté vers les racines, de l’autre vers les
sommités de la plante. Il est indispensable de couper la tige en deux endroits
différents, en haut et en bas, par deux coups secs donnés avec un couteau de
chasse bien tranchant, de manière à avoir un tronçon plus ou moins long,
auquel on donne rapidement une position horizontale pour que le liquide ne
s’écoule pas ; autrement il jaillit, et l’on ne peut le recevoir dans la bouche.
Un fragment de liane de grosseur ordinaire et de 40 centimètres de longueur
peut fournir un verre à peu près de sève. Nous en avons bu plusieurs fois.
Le goût, qui varie peut-être selon le terrain, n’est nullement désagréable,
mais il accuse des sels et est légèrement astringent.
Sa température, que nous regrettons de ne pas avoir mesurée, nous sem¬
ble être celle de l’atmosphère, c’est-à-dire plus élevée que celle des ruisseaux
et des rivières de ces contrées ; elle n’est donc guère fraîche.
On voit, par ce que nous venons d’exposer, que le bejucode aguae st une
plante plutôt curieuse que vraiment utile. C’est surtout au point de vue de
l’étude des phénomènes physiologiques qu’elle peut être digne d’attention. Il
est fâcheux qu’elle ne se trouve que dans des forêts très-éloignées: il ne se¬
rait vraiment pas sans intérêt de répéter à son égard les expériences de Haies
pour déterminer la force ascensionnelle de la sève, mesurer sa quantité et
voir ses variations suivant les époques. Ces observations pourraient contribuer
à éclaircir la question des influences lunaires.
i En effet, dans l’Amérique équinoxiale, où, grâce à l’absence de saisons, la
végétation n’est jamais interrompue, on fait jouer à notre satellite un grand rôle
sur ses phénomènes. On prétend que la sève des plantes ne monte en abon¬
dance que pendant le croissant, et qu’elle redescend au déclin de la lune. C’est
ainsi qu’on explique la nécessité, selon les forestiers, d’abattre les bois à cette
dernière époque, pour éviter qu’ils ne soient dévorés par les insectes (la ver¬
moulure).
Mais à propos de cette question, que je ne fais que mentionner, je dois
dire, en passant, que, si l’on en juge par quelques-unes de mes observations,
ce ne serait pas sur la quantité de sève, mais plutôt sur sa composition, que la
lune exercerait quelque influence, en contribuant par la lumière réfléchie à
l’élaboration de ce liquide. C’est d’ailleurs un sujet encore à l’étude, et j’au¬
rai peut-être plus tard l’honneur d’en entretenir la Société.
A la suite de cette communication, M. Bureau présente les obser¬
vations suivantes :
Z|/j2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
En l’absence d’échantillons, il ne m’est pas possible de déterminer exacte¬
ment les Bignoniacées dont vient de parler M. Posada-Arango. Cependant je
soupçonne que l’espèce a tige carrée et à section transversale représentant une
croix de Alalte, pourrait bien appartenir au genre Tynanthus , qui offre exac¬
tement ces caractères. Le Tynanthus fasciculata Miers est une des princi¬
pales lianes à eau du Brésil. M. J. Corrèa de Méllo m’a envoyé sur cette
plante une note intéressante qui confirme les faits exposés par M. Posada-
Arango. Je ne puis mieux faire que d’en donner ici la traduction :
Les grosses tiges du Tynanthus fasciculata Miers renferment une grande quantité
d’une eau fraîche, limpide, insipide et inodore.
Les sauvages et les chasseurs connaissent cette propriété et l’utilisent fréquemment
pour apaiser leur soif dans les lieux où il n’y a pas d’eau, ou meme simplement par
plaisir : à cette fin, ils coupent une portion de grosse tige, d’une longueur de cinq à six
palmes. Cette portion de tige séparée, étant placée verticalement, laisse couler une eau
suffisante pour étancher la soif.
Ce qu’il y a de remarquable, c’est que ni la base de la tige (la partie qui est fixée en
terre), ni l’extrémité qui reste suspendue, ne laissent échapper de liquide, et qu’au con¬
traire la portion de tige séparée étant placée verticalement (soit, que le bout correspon¬
dant à la base regarde en bas, soit qu'il regarde en haut), l’eau en découle toujours par
gouttes rapides, et en produisant un petit bruit dù à l’air contenu dans les tubes du
corps ligneux, qui s’échappe poussé par le poids du liquide et en formant de petites bulles
à l’ouverture des tubes. On doit noter de plus que, pour obtenir la plus grande quantité
d’eau possible, il faut couper la liane d’abord du côté de sa base, puis promptement du
côté du sommet. Si l’on attend pour opérer la section supérieure, on n’obtient que peu
ou point d’eau. Ce phénomène est parfaitement connu des sauvages et des chasseurs, qui
l’expliquent en disant que Veau monte. La propriété de fournir ainsi un liquide n’appar¬
tient pas exclusivement à cette plante : elle a déjà été observée par M. Gaudichaud
(Voyage de la Bonite , Botanique, vol. I, p. 224) dans une Ampélidée qu’il a nommée
Cissus hydrophora. Les Bignoniacées suivantes : Bignonia triplinervia Martius, Lundia
obliqua Sonder, Pithecoctenium Vitalba DC. et Bignonia corymbifera Vahl, produisent
aussi de l’eau en abondance ; mais cette eau est, suivant les espèces, plus ou moins
désagréable. Je crois bien que cette propriété est commune à toutes les espèces dont le
corps ligneux est parcouru longitudinalement par des tubes d’un grand diamètre.
Le travail suivant est présenté à la Société de la pari de l’auteur :
RÉVISION DU GENRE CRATÆGUS, POUR LES SECTIONS DES C. OXYACANTHA L.
ET OA' Y AC AN TII 01 DE S Thuill., par II. Michel CL&rtDOClEIt.
(Arnas près Villefranche-sur-Saône, janvier 1871.)
Le genre Cratœgus, généralement méconnu par les auteurs, renferme cepen¬
dant un bon nombre d’espèces parfaitement distinctes ; je n’ai pu l’étudier
encore que d’une manière fort superficielle, mais cependant je signale ici les
espèces que j’ai observées, me réservant pour plus tard de faire connaître et de
publier les matériaux que j’aurai amassés pour la plus grande connaissance de
ce genre qui ne manque pas d’intérêt.
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871
M 3
TABLES ANALYTIQUES
1. Clef «les fleurs.
^ ( Calice velu, ou velu-tomenteux . . . 2
i \ Calice glabre, ou parsemé de rares poils . 7
2 j Calice fortement velu-tomenteux . 3
\ Calice parsemé de poils plus ou moins abondants, non tomenteux . 6
^ j Fleurs blanches, toujours simples. . . . . . A
j Fleurs d’un beau rose, doubles . C. hortorum .
( Calice à tube oblong ; fleurs grandes, en corymbes composés . 5
A J Calice à tube ovale-arrondi, ou obovale ; fleurs relativement peu nombreuses. . . .
( . . . C. Bastardi.
[ Rameaux jaunâtres ; lobes des feuilles entiers . » . C. floribunda.
5 | Rameaux grisâtres ou blanchâtres; lobes des feuilles régulièrement dentés en scie.
I . C. rhipidophylla.
Calice globuleux, peu velu; fleurs en corymbes très-fournis . C. subsphœrica.
\ Calice obovale-elliptique, velu ; fleurs en corymbes peu fournis . C. silvicola.
/ Feuilles simplement crénelées-incisées, à lobes peu marqués . 8
7 % Feuilles toutes profondément pennatifldes, à lobes atteignant presque la nervure
( médiane . . . . . 11
!' Feuilles d’un vert clair non luisant en dessus, assez minces, à lobes bien marqués. 9
Feuilles d’un vert foncé et luisant en dessus, très-fermes et coriaces, à lobes à peine
visibles . . . C. coriacea.
/'Pétioles et feuilles velus ; feuilles longuement pétiolées; stipules linéaires et cadu-
) ques . 10
j Pétioles et feuilles à peu près glabres; feuilles courtement pétiolées ; stipules ovales,
\ larges et persistantes . C. flexilis.
/Rameaux allongés, flexueux; feuilles irrégulièrement crénelées; fleurs moyennes..
\ . . . C. subinermis.
I Rameaux courts, non flexueux ; feuilles très-régulièrement crénelées ; fleurs grandes
. . . C. oxyacanlhoides.
^ I ( Fleurs d’un rose plus ou moins foncé . 12
| Fleurs blanches, ou très-légèrement lavées de rose . IA
j 9 j Fleurs d’un joli rose clair . 13
“ ) Fleurs d’un rose foncé, comme vineux . C. œnochroa.
Feuilles généralement à 3 lobes ; lobes entiers, présentant rarement 1-2 dents. . . .
13 < . C. sublucens .
(. Feuilles généralement à 5 lobes ; lobes tous plus ou moins crénelés. C. oligacanlha.
Feuilles discolores, blanchâtres en dessous . 15
\ Feuilles d’un vert pâle en dessous, mais non blanchâtres . 18
( Feuilles moyennes ou petites, peu longuement pétiolées ; aiguillons assez courts. 16
( Feuilles grandes, très-longuement pétiolées ; aiguillons très-courts. C. peliolulata.
/Feuilles petites, à lobes atteignant presque la nervure médiane, recourbés en des-
^ ) sous sur les bords . C. pulchella.
j Feuilles moyennes, à lobes atteignant à peine la moitié du limbe, non recourbés en
\ dessous sur les bords . . IV
. _ ( Calice à tube ovale-oblong, allongé . C. clilorocarpa.
( Calice à tube arrondi-globuleux . C. bracteolaris.
z Feuilles d’un vert jaunâtre, à lobes très-finement et régulièrement dentés en scie. .
I . . . . . C. micropliylla.
j Feuilles d’un beau vert foncé, à lobes entiers, ou présentant quelquefois 1-2 dents.
* . . . C. thyrsoidea .
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
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2. Clef «le» fruits.
9
10
11
12
13
14
15
16
17
Fruits rouges à la maturité . 2
Fruits d’un vert jaunâtre à la maturité . C. chlorocarpa.
{Feuilles simplement crénelées-incisées, à lobes peu marqués . 3
Feuilles toutes profondément pennatifides, à lobes atteignant au moins le tiers du
limbe . 6
Feuilles d’un vert clair non luisant en dessus, assez minces, à lobes bien marqués. 4
Feuilles d’un vert foncé et luisant en dessus, très-fermes, très-coriaces; à lobes peu
ou point marqués . C. coriacea.
Pétioles et feuilles légèrement velus ; feuilles longuement pétiolées ; stipules linéaires
et caduques . 5
Pétioles et feuilles glabres; feuilles courtement pétiolées; stipules ovales, larges,
persistantes . . C. flexilis.
Rameaux allongés, flexueux; feuilles irrégulièrement crénelées. . . C. subinermis.
Rameaux courts, non flexueux; feuilles très-régulièrement crénelées .
. C. oxyacanthoides.
Lobes des feuilles régulièrement et finement dentés en scie . 7
Lobes des feuilles entiers, ou présentant 1-3 dents . 10
Fruit petit, globuleux; feuilles glabres, ou parsemées de quelques poils dans leur
jeunesse . 8
Fruit gros, oblong; feuilles pubescentes-hérissées dans leur jeunesse. C. rhipidophylla.
Arbrisseau nain; feuilles petites, d’un vert jaunâtre, finement pubescentes; lobes à
dents de scie très-fines et bien marquées . C. microphylla.
Arbrisseau élevé; feuilles grandes, d’un vert foncé, à peu près glabres; lobes à dents
peu marquées . 9
Feuilles à 3 lobes, luisantes en dessus; jeunes fruits pubescents. ... C. horlorum.
Feuilles à 5 lobes, non luisantes en dessus; jeunes fruits glabres . . C. œnochroa.
Feuilles discolores, blanchâtres en dessous . 11
Feuilles d’un vert pâle en dessous, mais non blanchâtres . 15
Fruits moyens ou petits, globuleux-arrondis, en corymbes peu nombreux ; écorce
verte, blanchâtre ou grisâtre . 12
Fruits très-gros, oblongs, très-nombreux; écorce d’un joli jaune. . . C. floribunda.
Feuilles à lobes atteignant à peine la moitié du limbe, à bords non recourbés en
dessous . 13
Feuilles à lobes atteignant presque la nervure médiane, recourbés sur les bords en
dessous . C. pulchella.
Feuilles généralement à 5-7 lobes; fruit globuleux . 14
Feuilles généralement à 3 lobes ; fruit un peu ovale-oblong . C. sublucens.
Feuilles grandes, très-longuement pétiolées ; aiguillons atteignant 10-12 millimètres.
. C. petiolulata.
Feuilles moyennes, assez courtement pétiolées ; aiguillons atteignant à peine 4-7 mil¬
limètres . . . . C. bracteolaris.
Jeunes fruits et pédoncules pubescents-hérissés ; feuilles ordinairement vertes, non
luisantes, pubescentes-hérissées . 16
Jeunes fruits et pédoncules glabres; feuilles ordinairement luisantes, glabrescentes.
. 18
i Fruit obovale-elliptique, en corymbes peu fournis . 17
(Fruit arrondi-globuleux, en corymbes très-fournis . C. subsphœrica
/Jeunes rameaux et fruits peu hérissés; nervures très-fortement divergentes. . . .
\ . C. silvicola
j Jeunes rameaux et fruits velus-tomenteux; nervures un peu divergentes .
\ . C, Baslardi
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871.
hh 5
Feuilles d’un beau vert foncé; fruits en thyrse composé et rameux. C. thyrsoidea.
j Feuilles d’un vert jaunâtre ; fruits en corymbe simple, peu nombreux. C. oligacantha.
DIAGNOSES.
A. OxyacaitlIiOHlcæ Gdgr.
Feuilles simplement crènelées-incisées, à lobes obtus arrondis peu pro¬
fonds ; nervures convergentes ; fleurs grandes ; floraison plus précoce (1) d’au
moins 10-15 jours que les espèces de la section B; 2-3 styles.
1. C. coriacea N. — Aubépine à feuilles coriaces. — Arbrisseau robuste,
rameux, à rameaux floraux flexueux et de couleur blanchâtre ou grisâtre
aiguillonnés; feuilles ovales-rhomboïdales, assez petites, d'un vert foncé et lui¬
sant en dessus, très-fermes, très-coriaces , plus pâles en dessous, à nervures
saillantes jaunâtres et convergentes ; lobes des feuilles peu marqués , à peine
visibles, régulièrement crénelés-dentés; jeunes rameaux glabres ; pédoncule et
calice glabres ; 2-3 styles ; fruit osseux, coriace, ovale, renfermant 2-3 graines;
fleurs blanches, en petits corymbes simples longuement pédonculés.
Entre Marsangue et Salles (Rhône).
2. G. flexilis N. — A. à rameaux flexueux. — Arbrisseau robuste, à ra¬
meaux inermes ; les floraux allongés , flexueux et pendants , de couleur rou¬
geâtre ; feuilles triangulaires-ovales dans leur pourtour, divisées en 3-5 lobes
assez bien marqués et régulièrement dentés en scie, ci peu près glabres , courte-
rnent pétiolées ; pétioles presque glabres, parsemés de poils rares et caducs ;
stipules ovales, larges et persistantes ; pédoncule et calice glabres; sépales
verdâtres, triangulaires, terminés en pointe mucronée ; 1-3 styles ; fruit rouge,
arrondi; fleurs petites, blanches, en corymbes assez fournis et longuement
pédonculés.
Arnas (Rhône), à la Grange-Perret.
3. G. subinermis N. — A. subinerme. — Arbrisseau de moyenne gran¬
deur, à rameaux inermes ou parsemés d’aiguillons très-rares grêles et
flexueux ; feuilles moyennes, ovales dans leur pourtour, pubescentes dans
leur jeunesse, devenant plus glabres à l’âge adulte, ordinairement divisées au
sommet en trois lobes assez marqués, irrégulièrement crénelés ; pétioles pu-
bescents, courts; stipules étroites, linéaires , caduques ; pédoncule et ca¬
lice glabres; sépales jaunâtres largement triangulaires, brusquement terminés
en une petite pointe mucronée ; 1-3 styles ; fruit rouge, petit, arrondi ;
fleurs de moyenne grandeur, blanches, en corymbes un peu ramifiés mais
assez peu fournis ; pétales blancs, concaves, brusquement contractés en onglet
linéaire.
Chervinges (Rhône), près de la fabrique.
(1) Dans les espèces de ce groupe, la floraison commence souvent dès les derniers
jours d’avril, pour se terminer vers le 15 mai; dans les Oxyacantheœ au contraire, les
fleurs s’épanouissent vers le 12 ou le 15 mai, pour finir à la fin du même mois.
4/aO SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
U. G. oxyacanthoides Tliuill., Gandoger. — A. Fausse-aubépine. — Ar¬
brisseau à rameaux courts, tortueux , non flexueux, à écorce d’un gris foncé
et sombre ; feuilles larges, ovales-arrondies dans leur pourtour, pubescentes
en dessus et en dessous sur les nervures principales, d’un beau vert en des¬
sus, plus pâles en dessous, divisées ordinairement vers leur sommet en (rois
lobes peu marqués et très-régulièrement crénelés comme dentés en scie;
pétioles courts, pubescents, ainsi que les bords inférieurs de la feuille ; stipules
de deux sortes : les unes un peu ovales -oblongues, les autres (et ce sont les
plus nombreuses) linéaires-étroites, toutes caduques; pédoncule et calice
glabres; sépales jaunâtres, marqués au milieu et jusqu’au sommet d 'une tache
verte, largement ovales-triangulaires, obtus ; 1-3 styles; fruit rouge, petit,
arrondi ; fleurs grandes, peu nombreuses ; pétales blancs, à peu près plans.
Arnas (Rbône), à la Grange-Perret.
— Quoique la description que donne Thuillier ( Flore par. éd. 2, p. 2A5)
de cette espèce soit fort obscure et puisse s’appliquera quelques autres es¬
pèces, je crois néanmoins qu’il faut garder le nom spécifique ; seulement j’y
ai joint une description spéciale qui permet de faire connaître nettement ce
que j’entends par C. oxyacanthoides , et de l’isoler par là de toutes les autres
formes principales. Le C. Oxyacantha var. obtusata DG. Prodr. t. If, p. 628,
me paraît devoir se rapporter à celte forme.
B. Oxyacaiidieæ Gdgr.
Feuilles 3-5-1-fîdes ou parûtes, toujours profondément découpées en
lobes atteignant au moins la moitié du limbe et souvent presque la nervure
médiane; lobes entiers, crénelés ou dentés en scie; un seul style; calice
et pédoncule glabres ou velus ; fruit rouge, quelquefois jaune, globuleux,
ovale ou oblong ; fleurs blanches ou roses ; nervures des feuilles très-diver¬
gentes; floraison ne commençant jamais avant le milieu de mai.
a. Eriocalycidœ Gdgr.
Calice velu ou velu-tomenteux, pédoncules glabres ou pubescents.
5. G.hortorum N.— Aubépine des jardins. — Arbrisseau élevé, rarneux,
très-feuilié, florifère, à rameaux rapprochés les uns des autres et à peu près
complètement inermes; écorce d’un vert un peu rougeâtre; feuilles ovales-trian¬
gulaires dans leur pourtour, d'un vert luisant et parsemées en dessus dans leur
jeunesse de petits poils apprimés, plus pâles et légèrement poilues en dessous
sur la nervure médiane, divisées en trois lobes (rarement 5) irrégulièrement
crénelés; pétioles courts, poilus; stipules ovales, très-caduques; pédoncules
glabres ; calice fortement velu, globuleux; sépales largement ovales- obtus,
marqués d’une tache verdâtre vers leur sommet; \ style; fruit rouge, globu¬
leux, pubescent dans sa jeunesse, glabre à la maturité ; fleurs d'un beau rose,
doubles, assez grandes*
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871. /| /| 7
Bois (lu Grand-Talencé, à Denicé (Rhône), sans doute échappé dos jardins,
mais depuis longtemps naturalisé.
6. C. floribunda N. — A. florifère. — Arbrisseau extrêmement élevé et
robuste, rameux, à rameaux courts serrés nombreux très-feuillés et très -
florifères; écorce des vieux rameaux d'an joli jaune , devenant orangé par la
dessiccation; feuilles triangulaires dans leur contour, pubescentes-bérissées
dans leur jeunesse, glabres ensuite, très-fermes et très-coriaces, d’un vert
pâle en dessus, blanchâtres-discolores en dessous, à nervures jaunâtres, di¬
visées en 3-5 lobes entiers ou à peine dentés au sommet ; pétioles assez courts,
poilus dans le commencement, glabres à la fin ; stipules oblongues-lancéolées,
caduques; pédoncules hérissés; calice oblong-allongé, un peu velu-tomen-
teux (1); sépales courtement triangulaires, un peu aigus, appliqués et renversés
sur le fruit à la maturité ; 1 style ; fruit très-gros , oblong, un peu allongé ; fleurs
assez grandes, en très-grands corymbes composés et ramifiés; pétales légère¬
ment crispés, arrondis, blancs au milieu et d’un joli rose tendre sur les bords.
Liergues (Rhône), sur les bords de la grand’route, en face du bourg deCher-
vinges, du côté des montagnes du Ghalier.
7. C. rhipidophylla N. — A. à feuilles en éventail. — Arbrisseau élancé,
touffu-buissonant, robuste, très-rameux, florifère; rameaux à peu près com¬
plètement inermes, à écorce grisâtre ; feuilles triangulaires-aigués dans leur
pourtour, fortement nervées, pubescentes-bérissées sur les deux faces, à poils
caducs, d’un vert égal sur les deux côtés, divisées en 3-5 lobes disposés de
telle manière qu’ils forment une sorte d'éventail ouvert , régulièrement den¬
tés en scie au sommet , à dentelures aiguës profondes et mucronécs au sommet ;
jeunes pousses vertes et glauques; pétioles moyens, hérissés dans leur jeu¬
nesse, glabres ensuite ; stipules étroitement lancéolées-acuminées au sommet ;
pédoncules hérissés ; calice velu4omenteux -hérissé, à duvet abondant, oblong-
allongé ; sépales longuement et assez étroitement triangulaires, marqués d’une
tache vert-foncé et terminés au sommet en pointe linéaire et glabrescente,
étalés et môme semi-dressés à la maturité du fruit; 1 style ; fruit très-gros,
oblong-allongé; fleurs grandes, disposées en corymbes latéraux et fournis.
Liergues (Rhône), à la Combe.
— Cette belle espèce est voisine du C. floribunda; elle en diffère surtout :
1° par son aspect moins robuste, plus touffu, mais moins feuillé; 2° par l’é¬
corce d’un vert -grisâtre; 3° par ses feuilles moins fermes et coriaces, à lobes
régulièrement dentés en scie au sommet et s’écartant de manière à présenter
la forme d’un éventail ouvert ; 4° par ses fruits un peu plus petits, moins nom¬
breux; 5° par les dents du calice plus aiguës, étalées et mêmesemi-dressées à la
maturité du fruit, jamais renversées; 6° enfin par ses fleurs moins nom¬
breuses, en corymbes moins fournis et plus lâches.
(1) Certaines années, il est presque entièrement glabre.
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
m
8. C. Bastardi N. ( C . villosa Cariot Et. des fl. t. II, p. 196, éd. 4;
C. oxyacanthoides calyce villosissimo Bast. ). — A. de Baslard. — Arbris¬
seau rameux, touffu, peu élevé; feuilles obovaies-cunéifurmes, 3-5-lides ou
parûtes, à lobes irrégulièrement crénelés ; nervures un peu divergentes ; jeunes
rameaux , pédoncules, calice et jeunes fruits velus-tomenteux ; stipules ovales,
caduques; 1-2 styles; calice à tube obovale ; fruit arrondi; fleurs blanches,
relativement peu nombreuses, blanches, en corvmbes latéraux.
Ain : forêt de Valors à Ruiïieu, dans le Valromev (abbé Bichet, in Cariot,
loc. cit.).
9. C. subsphærica N. — A. à fruits sous-globuleux. — Arbrisseau tortueux,
rameux, à rameaux assez courts, un peu épineux, à écorce rougeâtre; feuilles
moyennes, triangulaires dans leur pourtour, légèrement pubescentes et d’un
vert gai et luisant en dessus, plus pâles et glabres en dessous, divisées en 3-5
lobes entiers ou présentant au plus 1-3 dents irrégulières /pétioles semi-longs,
ciliés ainsi que les bords extrêmes de la feuille, devenant ensuite glabres ou
à peu près; stipules très-variables, souvent linéaires, caduques; pédoncules
poilus; calice velu, sous-globuleux , petit; sépales assez longuement et
largement triangulaires, verdâtres au sommet; 1 style; fleurs petites, blanches,
en corvmbes lâches mais très-multiflores composés et ramifiés.
Alix (Rhône), près du bourg.
10. C. silvicola N. — A. des bois. — Arbrisseau touffu, robuste, très-
rameux, à rameaux fastigiés, à écorce d’un gris brunâtre ; jeunes pousses
rougeâtres et d'un glauque bleuâtre ; feuilles ovales-obtuses dans leur pour¬
tour, larges , pubescentes-hérissées et d’un vert gai un peu luisant en dessus,
plus pâles etglabresen dessous, ciliées sur les bords, à poils caducs, en sorte
que les feuilles deviennent glabres dans l’âge adulte, divisées en 3-5 lobes
crénelés grossièrement et irrégulièrement (quelquefois cependant entiers);
pétioles longs, d’abord ciliés, puis glabres ; stipules larges, assez persistantes ,
oblongues-ovales, laciniées; pédoncules glabres inférieurement, et de plus en
plus velus à mesure qu’on approche de la base du calice; tube du calice
fortement velu , blanchâtre, obovale ; sépales verdâtres au sommet, large¬
ment et courtement triangulaires; 1 style; fleurs assez grandes, blanches, en
corvmbes peu fournis.
Bois entre Alix et Pouilly-le-Monial, et à Ville-sur-Jarnioux (Rhône).
b. Leiocalycidœ Gdgr.
Calice parfaitement glabre, présentant très-rarement, ainsi que les pédoncules, quel¬
ques poils caducs; jeunes pousses plus glabres que dans la section «; fleurs roses ou
blanches.
\. llubescentes Gdgr.
fleurs d’un rose plus ou moins vif.
11. C. oenochroa N. — A. à fleurs vineuses. — Arbrisseau ou petit arbre
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871.
élevé, élancé, à rameaux nombreux et fastigiés ; écorce d’un brun cannelle;
feuilles triangulaires dans leur contour, un peu pubescentes sur les nervures
et d’un vert gai mais non luisant en dessus, plus pâles et glabres en dessous,
glabres dans l’âge adulte, divisées vers leur sommet en cinq lobes irréguliè¬
rement et obscurément crénelés , à pétioles courts d’abord poilus, glabres
ensuite; stipules linéaires-étroites, presque entières; pédoncules glabres,
ramifiés; calice à tube ovale, glabre ; sépales jaunâtres au sommet , verdâtres
à la base, largement ovales-obtus , courts; 1 style; fleurs simples, grandes,
d'un beau rose vineux , à pétales jaunâtres sur l’onglet de plus en plus roses
à mesure qu’on approche du sommet; bouton d’un vert jaunâtre et livide.
Jardin botanique de Lyon, où on le cultive en grand dans les bosquets et le
long des promenades ; on peut le regarder comme spontané.
12. C. sublucens N. — A. à feuilles luisantes. — Arbrisseau élevé et pre¬
nant la forme d’un petit arbre, à rameaux durs, raboteux, allongés-fastigiés,
peu rameux, munis, au lieu de ramuscules, de toulfes de feuilles serrées ;
écorce d’un gris rougeâtre; feuilles petites, finement pubescentes sur les ner¬
vures principales et d’un joli vert gai et luisant en dessus, fermes, coriaces,
pâles-blanchâtres et également velues en dessous sur les nervures, puis deve¬
nant glabres dans l’âge adulte, fortement nervées, ànervures jaunâtres -oran¬
gées^ divisées en trois lobes entiers courts présentant rarement 1-2 dents;
pétioles courts, toujours glabres ; stipules en forme de croissant, oblongues,
très-entières y terminées en pointe acuminée; pédoncules courts, épais, ra¬
mifiés, devenant grêles et plus allongés après la floraison, glabres ou présen¬
tant parfois quelques poils ; calice à tube arrondi, glabre ou peu pubérulent ;
1 style; sépales oblongs , verdâtres au sommet, un peu obtus; fleurs en petits
corymbes courts paucillores; pétales à peu près plans, d’un rose assez pâle;
bouton verdâtre.
Arnas (Rhône), taillis et haies à Talencé et à Limas près Yillefranche,
13. C. oligacantha N. — A. à épines rares. — Arbrisseau peu élevé, à
rameaux grêles, peu feuillés, à peu près inermes ; écorce d’un gris cannelle ;
fleurs largement triangulaires dans leur pourtour, pubescentes sur les deux faces
sur les nervures seulement, d'un vert clair et un peu jaunâtre en dessus, un
peu plus pâles en dessous, divisées généralement^ 5 lobes tous plus ou moins
crénelés ; pétioles courts, d’abord finement pubescents ainsi que les bords de
la feuille, devenant ensuite glabres ; stipules linéaires-lancéolées, à peu près
entières, caduques ; pédoncules assez courts, épais, ramifiés, à ramifications
pourvues de bractéoles , s’allongeant ensuite, glabres ; calice à tube ovale-
arrondi, glabre, rarement un peu pubescent; 1 style; sépales verdâtres au
sommet, largement triangulaires, un peu aigus , assez longs; fleurs roses, en
petits corymbes latéraux peu fournis ; pétales moyens, plans ou peu concaves ;
bouton jaunâtre.
Arnas (Rhône), à Talencé,
x. xvm.
^séances) 29
.'SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
/l50
2. Albescentes Gdgr.
Fleurs blanches, rarement un peu rosées.
1U. C. petioliilata N. — A. à feuilles ioiiguemout pétiofées. — Arbris¬
seau élevé, prenant la forme d’un petit arbre, rameux, à rameaux allongés
ilexueux et grêles peu feuilles ; écorce d’un vert grisâtre; feuilles grandes ,
largement oblongues-triangulaires dans leur pourtour, très-glabres, fortement
nervées en dessous, à nervures jaunâtres et couleur de feu , d’un vert gai et
luisant en dessus, plus pâles et blanchâtres sur la page inférieure, très-longue¬
ment pétiolées , divisées en 3-7 lobes plus ou moins profonds convergents irré¬
gulièrement crénelés vers leur sommet quelquefois entiers ; pétioles allongés ,
verdâtres en dessus, jaunâtres en dessous ; stipules très-larges, ovales-oblon-
gues, irrégulièrement découpées; aiguillons très-allongés , atteignant 10-12 et
quelquefois 15 millimètres; fleurs très-rares, blanches; fruits ordinairement
stériles.
Denicé (Rhône).
15. C. pulchella JN. — A. élégante. — Arbrisseau nain, d'un aspect très-
élégant; écorce d'un joli blanc ; aiguillons gros et courts; rameaux courts,
effilés, simples ou peu rameux, produisant au lieu de rameaux des touffes de
feuilles; feuilles petites, d’un très-joli vert en dessous, finement pubescentes,
d’un blanc verdâtre et finement nervées en dessous, très-profondément dé¬
coupées en 3-5 lobes courts arrondis-obtus entiers ou présentant 1-2 dents,
à bords recourbés en dessous; pétioles très-courts, un peu ciliés sur les bords ;
stipules très-caduques et très-difficiles à observer, oblongues, presque entières.
Bois des montagnes de Chalier en face de Chervinges (Rhône). RR.
Cette espèce est fort curieuse et frappe singulièrement par son aspect élé¬
gant ; je n’ai pu encore en observer ni les fleurs ni les fruits.
16. C. bracteolaris N. — A. à bractéoles. — Arbrisseau toulTu-buisson-
nant, rameux, à rameaux roides et écorce d’un gris blanchâtre ; aiguillons
courts , atteignant au plus h- 7 millimètres ; feuilles moyennes, munies de
quelques poils qui finissent par tomber, d’un vert foncé en dessus, pales-
blanc hâtr es et comme incanes-cendrées en dessous, divisées en 3-5 lobes
entiers ou irrégulièrement dentés en scie; pétioles assez courts , munis de
poils caducs ; stipules petites, ovales-étroites, un peu découpées, caduques ;
pédoncules grêles, ramifiés, portant de nombreuses petites bractéoles linéaires
et caduques ; sépales d’un jaune-verdâtre au sommet, largement triangulaires,
brusquement terminés par une pointe courte et mucronée ; calice à tube
arrondi , glabre ; 1 style ; fleurs blanches, assez petites, en corymbes latéraux
assez fournis mais lâches ramifiés; fruit rouge-brun, arrondi ; pétales orbicu-
laires, très-concaves, à onglet d’un blanc jaunâtre tirant sur l’orangé.
Arnas (Rhône), sur la roule des Rues aux JMaisons-Neuves.
Celte espèce est celle qui semble le plus se rapprocher du type conven*
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871.
451
lionnel et complexe appelé jusqu’ici C. Oxyaeantha y mais elle eu est évi¬
demment fort distincte ; elle diffère au premier coup d’œil surtout par ses
feuilles blanchâtres-incanes en dessous et ses pédoncules pluri-bractéolés. Du
reste, je rejette complètement le prétendu C. Oxyaeantha ; il y a là, tout autour
de ce groupe, un nombre considérable d’espèces méconnues qu’il est bon de
publier et caractériser parfaitement ; mais c’est un travail long et difficile et qui
demande des observations constantes et minutieuses.
17. C. chlorocarpa N. — A. à fruits jaunes. — Semble aussi se rappro¬
cher assez du C. Oxyaeantha L. et surtout de l’espèce précédente; en dif¬
fère : 1° par le tube du calice ovale-oblong, allongé; T par ses fleurs plus
grandes, non marquées d’une tache safranée sur l’onglet; 3° surtout par ses
fruits plus gros, oblongs, d'un vert jaunâtre à la maturité .
Rhône : Sainte-Cousorce (herbier P. Ghabert, de Lyon).
18. G. microphylla N. — A. à petites feuilles. — Arbrisseau nain, rabou¬
gri, tortueux, atteignant tout au plus 4-8 décimètres de hauteur, à peu
près complètement incrme, à rameaux courts, raboteux et formés uniquement
et peu à peu par les touffes de feuilles qui y laissent en tombant la cicatrice de
leur pétiole ; écorce d’un gris mêlé de blanc et de noirâtre ; feuilles petites }
orbiculari-triangulaires dans leur pourtour, finement pubescentes, d’un vert
jaunâtre en dessus, un peu plus pâles en dessous, divisées en 3-7 lobes aigus
très -finement et très-régulièrement dentés en scie , à dents aiguës conver¬
gentes et mucronées; pétioles grêles, assez longs, canaliculés en dessus, et de
plus en plus poilus à mesure qu’on approche de l’extrémité inférieure de la
feuille ; stipules nulles (je n’ai jamais pu les observer).
Bois de Talencé, à Arnas (Rhône), où il est commun.
Je n’en ai jamais observé ni les fleurs ni les fruits.
19. C. thyrsoidea N. ( Cratœgus longistyla Nobis olim). — à fleurs
en thyrse. — Arbrisseau peu élevé, mais touffu-buissonnant, très-rameux, à
rameaux bas et décombants grêles et flexueux, à écorce d’un gris mélangé
de blanc et de jaunâtre ; feuilles des rameaux stériles pubescentes-hérissées
sur les deux faces, à lobes irrégulièrement incisés et si profondément découpés
qu’ils atteignent la nervure médiane ; feuilles des rameaux floraux petites, d’un
très-beau vert foncé et un peu luisant en dessus, d’un vert un peu pâle et à peine
nervées en dessous, divisées généralement en trois lobes assez peu profonds
fortement divariqués tous entiers très-rarement pourvus de quelques dents ;
pétioles assez longs, finement pubescents, puis devenant à peu près glabres, ca¬
naliculés en dessus; stipules très-entières, en forme de croissant, longuement
atténuées en pointe aux deux extrémités ; pédoncules allongés, grêles, très-rami-
fiés, inégaux, glabres, portant quelques bractées allongées et linéaires ; sépales
entièrement verts, largement et courtement triangulaires, un peu en pointe
au sommet; calice à tube glabre, portant [quelquefois de rares poils, ovale ;
un seul style très-allongé , dépassant de beaucoup en longueur les étamines;
/|5‘2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
étamines allongées, à anthères constamment brunâtres ; fruit moyen, ovale,
rouge, à sépales appliqués à la maturité ; fleurs petites, blanches, délicates,
nombreuses, en faux thyrse, formant une sorte de panicule inégalement
ramifiée et décomposée ; pétales à peu près plans, fort caducs, atténués en
onglet très-court.
Haies à Alix (Rhône). — Cette espèce est très-remarquable.
Lecture est donnée des lettres suivantes :
LETTRE DE UI. Casimir ROUMECICÉRE.
A Monsieur le Secrétaire général delà Société botanique de France.
Toulouse, 42 décembre 4874.
Ayant eu l’occasion de visiter la semaine dernière le gîte des Mérules , je
peux ajouter quelques détails à la note que j’ai eu l’honneur d’adresser à la
Société au mois de juin (1), sinon quant au développement de l’appareil re¬
producteur (cet appareil ne se montre hors de terre qu’à la fin de l’été et
durant l’automne), du moins en ce qui concerne l’appareil végétatif, c’est-à-
dire le mycélium, qui n’a pas de repos normal et qui est pourvu de la faculté
de croître et de s’étendre en toute saison.
C’est bien réellement ce dernier appareil qui désorganise les bois morts
(dès qu’il les a atteints, il rompt les fibres du bois, les écarte, et, portant ses
ramules sur toutes les parties de la masse ligneuse, il semble se substituer
complètement à elle-même), et non point la couche hyméniale (avec ses gout¬
telettes de liquide), que l’on a longtemps soupçonnée d’être la cause unique
du mal. J’ai vu, depuis ma première communication, des bouts nombreux de
poteaux de sapin retirés du sol à un enfoncement de 1 mètre 30 centimètres
environ, littéralement convertis en un bloc de mycélium, friables et com-
pressibles sous les doigts, à l’état sec, incapables de brûler autrement que
l’amadou.
Sur le territoire de Grisolles, limitrophe du département de la Haute-Ga¬
ronne, on vient d’ouvrir, dans le sol voisin de la ligne ferrée, une tranchée
destinée, je le suppose, à l’écoulement des eaux ; et c’est dans cette tranchée
du terrain de transport très-caillouteux que j’ai suivi les traces du mycélium
du Mérule, à une profondeur que j’étais éloigné de soupçonner. J’ai détaché
une sorte de fibre radiculaire principale, de la longueur de 2 mètres 90 cen¬
timètres, et je crois que, si la fouille eut été continuée, cette fibre se fût
montrée encore plus étendue, car son extrémité présentait une rupture. Ce
fragment continu du mycélium était à peu près cylindrique, d’une épaisseur
(1) Note sur deux Hyménomycètes dévastateurs des bois ouvrés , etr. (Voyez plus
haut, p. 107.)
SÉANCE DU 22 DÉCEMBRE 1871.
/i53
variant entre 8 et U millimètres, à ramuscules fourchus, nombreux, se mou¬
lant sur les gros graviers du terrain, assez semblables à ceux que j’avais retirés
cet été dernier d’une profondeur bien moins considérable. La partie voisine
de la surface du sol était c'a et là renflée par des bosselures irrégulières, prui-
neuses, légèrement colorées en jaune clair, et que je considère comme Yinitium
du réceptacle plutôt que comme un organe supplémentaire. (L’examen de ces
bosselures — coupe horizontale, — à l’aide d’un fort grossissement, ne m’a
pas montré une organisation différente de celle du mycélium proprement dit;
toutefois le lacis des filaments paraissait rayonner d’un point central répon¬
dant au milieu de la bosselure. )
J’ai entendu parler de l’emploi projeté de buses en ciment, jusqu’à une
profondeur de 85 centimètres, pour isoler le pied du poteau du terrain en¬
vahi parle Mérule. Ma récente remarque, si elle ne porte pas sur un fait anor¬
mal, doit rendre cette expérience tout à fait insuffisante.
Ce cas de géantisme du mycélium du Mérule, à l’état souterrain, et sans
support apparent du moins, complète ce que l’on sait d’une autre monstruosité
et d'un habitat singulier du même Champignon, lorsqu’il se montre aux parois
des caves, à la surface des planchers, ou dans les galeries des mines à 130 mè¬
tres et plus de profondeur sous terre, comme l’a rapporté, en 1811, G. -F. Hoff¬
mann. Dans le premier cas, celui des parois ou des planchers que j’ai vus
envahis, dans la même localité, sur une surface uniforme de plusieurs mètres
carrés, il y a, j’en ai acquis la certitude, agglomération ou soudure de plusieurs
Champignons se développant en commun et formant avec le temps un tissu
inséparable. Dans celui qu’a signalé l’auteur du Vegetabilia in Hercyniæ sub-
terraneis collecta , il y a encore un support et toujours des conditions d’aéra¬
tion relative et de température qui ont dû manquer au mycélium sujet de ma
communication, même si on lui accorde un point d’attache que je n’ai pu
découvrir au voisinage de la surface du terrain.
LETTRE DE M. le pasteur SAOULER.
A Monsieur le Président de la Société botanique de France.
Montbéliard, 16 décembre 1871.
Monsieur le Président,
Un inconnu vient à vous, mais sous les auspices d’un nom célèbre ; c’est à
ce titre, comme à celui de nombreuses années de travail persévérant, couronné
par de belles découvertes, qu’il ose solliciter une place dans vos publications
pour une flore complète des Champignons de France, soit catalogue des Hy-
ménomycèles. U comprendra plus de cent espèces qui jusqu’à présent n’ont
été ni signalées en France, ni représentées par aucune figure; et en outre plus
de trente espèces absolument nouvelles pour la science, toutes reconnues
Æ5 h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
pour telles par le professeur Fries. Les descriptions et les figures de ces es¬
pèces nouvelles pourraient accompagner la publication.
Je prends la liberté de vous transcrire ici une partie d’une lettre du pro¬
fesseur Élias Fries, datée du 28 octobre 1871, au docteur Quélet, son ami et
le mien, en faveur duquel j’ai l’honneur de vous écrire :
« Tôt novitias floræ gallicæ ex Hymenomycetum classe legisti, ut harum
» enumerationem cum Societate botanica gallica communicares, et inseratur
» in illius aclis. »
Si je prends la plume pour le savant et pérsévérant mycologue Quélet, mon
maître, c’est parce que j’ai le vif désir de signaler ses découvertes à votre
excellente Société, et aussi parce que sa modestie l’empêche de faire des
démarches qui pourraient le faire apprécier.
Dans l’espérance que vous voudrez bien accueillir la demande que j’ai
l’honneur de vous adresser, ou de la modifier selon vos vues, je vous prie,
Monsieur le Président, de bien vouloir me donner quelques mots de réponse.
Veuillez agréer, etc.
A. Sahler,
Pasteur à Montbéliard.
M. le Président fait remarquer que la Société a déjà exception¬
nellement publié des articles dont les auteurs ne figuraient point sur
la liste de ses membres, mais que ces articles étaient tous d’une
étendue restreinte. Dans le cas donc où M. le docteur Quélet jugerait
à propos de nous envoyer son manuscrit, la Commission du Bulletin
aurait à examiner si l’étendue de ce Iravail (sur laquelle M. le pas¬
teur Sahler ne donne aucune indication) en permettrait la publi¬
cation.
Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin,
W. DE SCIÎŒNEFELD.
PARIS.
IMPRIMERIE DE E. MARTINET, RUE MIGNON, 2.
,
.
HE VUE BIBLIOGRAPHIQUE.
(JANVIER-FÉVRIER 1871) (lj.
N. B.-~ On peut se procurer les ouvrages analysés clans celte Revue cliez M. F. Savy, libraire Je la
Société botanique de France, rue Hautefeuille, 24, à Paris.
BcHrüge *381* Kcnntniss lier Gat(igu$ Hïefoeiti'pu# {Recher¬
ches sur le genre Ectocarpus) ; par M. E. Askenazy {Bot Zeit ., 1869,
n° 47).
M. Askenazy a observé, à Ostende, quatre espèces d’ Ectocarpus, parmi les¬
quelles une espèce nouvelle, E. ostendensis. Il s’est occupé de plusieurs points
relatifs à l’étude de ce genre et des Algues en général. Il a séparé en deux
principes la matière colorante des Fucus. Elle abandonne à l’alcool faible une
substance d’un jaune brunâtre, et ensuite à l’alcool absolu la chlorophylle elle-
même. On peut opérer la séparation de ces deux substances en traitant d’a¬
bord les Ectocarpus par l’alcool absolu, évaporant la solution, puis reprenant
par l’alcool faible, qui n’enlève que la substance jaune. Celle-ci, par une addi¬
tion très-faible d’acide, prend une couleur d’un vert bleuâtre. L’auteur pense
qu’elle n’est douée d’aucune fluorescence. Ses couleurs 11e sont pas modifiées
par les alcalis. A tous ces points de vue, la matière colorante des Fucus cor¬
respond tout à fait à celle que l'on a observée sur les Diatomées, ce qui prouve
que celles-ci renferment aussi de la chlorophylle (cf. Millardet et Kraus,
t. xvi [Revue], p. î 04). La matière colorante des Fucus , des Ectocarpus et des
Diatomées offre encore un caractère commun, c’est de passer au bleu verdâtre
par l’action de la chaleur, avant d’atteindre le point d’ébullition. L’auteur
soupçonne que la substance colorante jaune est rassemblée surtout à la surface
des granules pigmentaires chez les Algues qu’il a étudiées. Après leur mort,
tous ces êtres prennent également une coloration d’un beau vert.
M. Askenazy s’est particulièrement attaché à décrire Y Ectocarpus osten¬
densis.
Les organes sexués se forment comme il suit : Il se développe de petites
dilatations perpendiculairement à l’axe des filaments ; elles s’allongent, se
séparent par une cloison de la cellule d’où elles émanent, puis s’accroissent
davantage et se cloisonnent en quatre ou cinq loges ; l’organe devient renflé
(1) Nos lecteurs nous excuseront si, à cause de l’interruption des relations scienti¬
fiques causée par la guerre, nous nous trouvons quelquefois obligés d’emprunter à d’autres
recueils, tels que la Bibliothèque universelle de Genève , le Bolanische Zeitung , etc.,
l’analyse d’ouvrages qui ne nous sont pas parvenus.
T. XVIII.
(revue) j
2
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
et composé enfin de six à vingt cellules ; il figure un sporange. Il se forme par
l’agglomération du plasma une spore dans chacune de ces cellules, et pour la
sortie de ces spores (en nombre variable comme on pense), le sporange se
crève à son sommet. Les spores ainsi produites sont immobiles et germent
bientôt en émettant un rostre qui s’allonge en un long filament, se cloisonne,
et constitue enfin une jeune plante complètement semblable à la plante-mère.
Quelquefois ces spores germent dans l’intérieur du sporange.
On trouve aussi des zoosporanges et des zoospores sur les Ectocarpus .
L’existence d’organes aussi divers peut avoir causé une multiplication trop
grande clans le nombre des espèces de ce genre.
L’auteur pense que le Tilopteris Mertensii , regardé comme un Ectocarpus
(cf. Thuret, Ann. sc.nat., 1855), s’éloigne tout à fait des Phéosporées, et
devrait constituer le type d’un nouvel ordre, celui des Tilop té ridées.
U elles0 «lie F miction en des* Stoaaiata (Sur les fonctions des sto¬
mates)’, par Al. Karl Czecli (Bot. Zeit ., 1859, pp. ô8-/i9).
L’auteur commence par étudier l’ouverture et l’occlusion des stomates. Ou
connaît l’opinion exprimée par Aï. de Alold, sur les causes de ces deux actes
physiologiques. L’auteur, examinant l’action de la lumière sur le Zea May s,
sur les Lilium Martagon et bulbiferum , et particulièrement sur Y Amaryllis
formosissima, a trouvé que cette action était complètement indépendante des
conditions d’humidité dans lesquelles était maintenue la feuille soumise à
l’expérience. La lumière détermine l’ouverture de la fente stomatique, d’au¬
tant plus fortement que son action dure depuis plus longtemps ; c’est le con¬
traire qu’on observe dans l’obscurité. AI. Czech admet en conséquence une
sorte de périodicité dans les mouvements des stomates.
Un fragment d’épiderme placé avec les stomates ouverts sous le porte-objet
du microscope, peut persister dans ce même état pendant quinze et même
pendant quarante-cinq minutes. Aïais si un fragment analogue d’épiderme est
placé dans l’eau, les stomates se ferment promptement au bout de cinq mi¬
nutes chez Y Hyacintkus orientalis. La pression exercée sur la préparation par
la plaque de verre qui la recouvre ne modifie en aucune façon l’état des
stomates. On a beau étirer en divers sens le lambeau d’épiderme dont les sto¬
mates sont fermés, ceux-ci ne s’ouvrent point. D’ailleurs ces organes ne sont
pas toujours ouverts au même degré sur tous les points d’un même fragment ;
la différence peut être du simple ou double.
U y a des stomates qui recouvrent des parties privées de chlorophylle. L’au¬
teur a constaté que ceux-là sont toujours fermés, par exemple sur le périanlhe
de certaines Liliacées, sur les parties blanches des feuilles à' Aspidistra , dont
même les parties vertes sont munies de stomates peu sensibles à la lumière.
Si la lumière produit l’ouverture des stomates, il faudrait savoir par quel
HEVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
3
moyen. L’auteur pense que le développement de la chlorophylle et de l’ami¬
don, déterminé par l’action de la lumière, cause dans les fluides qui remplis¬
sent les cellules marginales du stomate une augmentation de densité qui y
appelle les liquides des cellules voisines, et détermine ainsi une turgescence
locale qui, conformément aux observations de M. de Mohl, produit en dernière
analyse l’ouverture du stomate. Ce phénomène a lieu d’autant plus facilement
que les cellules voisines des cellules marginales ne contiennent ni amidon, ni
chlorophylle. L’occlusion des stomates placés dans l’obscurité s’explique par
un phénomène inverse.
L’auteur recherche ensuite quelle est l’importance de l’ouverture des stomates
pour la vie de la plante. La lumière évidemment pénètre plus profondément
par la fente ouverte et agit plus efficacement sur le parenchyme. Si les stomates
se rencontrent, et meme assez fréquemment, sur certains organes souterrains,
c’est parce que ces fentes 11e sont pas destinées seulement au passage de la
lumière, mais aussi au passage des gaz.
L’auteur rappelle aussi quelles relations ils ont avec le phénomène de la
transpiration végétale. Il s’occupe ensuite des anomalies qu’ils présentent
quelquefois. E. F.
Remarques sur la position «les traeliées dans les Fou¬
gères; par M. A. Trécul ( Comptes rendus , t. LXXI, pp. 550-559).
Ce mémoire continue la série des travaux déjà publiés par M. Trécul en
1866 et en 1870 (1). Il a spécialement pour sujet le Didymochlœna sinuosa
Desv. , dont M. de Mohl s’est occupé avec d’autres plantes du même groupe
dans son travail : De structura caudicis Filicum arborearum, publié à la suite
des Icônes de M. de Martius. M. de Mohl était arrivé à admettre que les Fou¬
gères n’ont pas de vaisseaux spiraux ; cette opinion a été soutenue par M. Ad.
Brongniart, et M. de Mirbel n’v reconnaît que des fausses trachées.
Il y en a cependant (2), dans le Didymochlœna sinuosa Tesv. , décrit par M. de
Mohl comme une Fougère arborescente. Mais la description qu’il en donne s’ap¬
plique-t-elle bien à la plante existant sous ce nom dans les collections vivantes?
O11 peut en douter, et il y a lieu d’étudier d’abord si la plante est arborescente
ou seulement rhizomateuse, ensuite si les figures de tiges signalées comme
dues au Didymochlœna sinuosa ont été tracées d’après ce végétal. M. Trécul
énumère les auteurs qui en font une Fougère arborescente, ce sont : le
comte de Sternberg dans son Flora der Vorwelt ; M. Ad. Brongniart dans
son Histoire des végétaux fossiles ; M. de Martius dans ses Icônes selectœ
plantarum cryptogamicarum braziliensiurn ; M. de Mohl dans le même
(1) Bull. soc. bot., t. xvi (Revue), pp. 133, 201, et t. xviî (Revue), p. 107.
(2) Sur la bibliographie de cette question controversée, la présence des vaisseaux spi¬
raux dans les Fougères, consulter un travail de M. Duval-Jouve, inséré dans notre Bul¬
letin (t. xv, p. 40).
li SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
ouvrage, p. Ui ; A.-C.-S. Corda dans ses Skizzen zur vergleichenden Phytoto
mie vor- und jetzweltlicher Pflanzen-Stàmme ; J. Raddi dans ses Fil ices brasi-
lienses ; Endlicher dans son Généra plantarum ; W. Hooker dans son Species
Filicum. Malgré l’accord de tous ces auteurs à faire du Didymochlœna si-
niLosa une Fougère arborescente, et bien que l’on reconnaisse dans les coupes
transversales et dans les tronçons de tiges représentés par eux tous les carac¬
tères d’une tige de Cyathéacée, il est à craindre que plusieurs d’entre eux,
dont les planches n’ont fait que se reproduire, n’aient décrit en réalité YAl-
sophila ( Chnoophora ) excelsa.
On peut donc douter, par suite de cette confusion, que le Didymochlœna
soit arborescent. M. Trécul trouve des arguments contraires à cette opinion,
d’abord dans l’observation de la plante cultivée dans les serres, où elle est
toujours à basses tiges, et où les caractères anatomiques qu’elle présente diffè¬
rent essentiellement de ceux qu’a donnés M. de Mohl; puis dans les témoi¬
gnages de Plumier, Desvaux et Près!. Le premier de ces auteurs a figuré cette
plante dans son Traité des Fougères dé Amérique sous la désignation de Lon-
chitis ramosa, cauliculis seu costis squamosis , et en décrit très-clairement la
tige rhizomateuse.
M. Trécul donne une longue description de la tige du Didymochlœna.
Cette tige, assez grêle, présente sous l’épiderme cette couche fibroïde de cel¬
lules à parois jaunes, épaisses et poreuses que l’on rencontre dans le plus
grand nombre de Fougères. Le parenchyme entouré par cette couche présente
des groupes de cellules noires plus visibles dans les coupes longitudinales.
Les faisceaux vasculaires, généralement au nombre de cinq, forment cha¬
cun un réseau de mailles oblongues dont la dimension varie suivant le diamètre
de la tige. De chaque maille partent sept ou huit faisceaux. Les trois, quel¬
quefois les quatre faisceaux placés à la partie inférieure de la maille sont oppo¬
sés chacun au faisceau d’une des racines ad ventives.
Ces racines (type II de M. Clos) sont distiques et composées de deux fais¬
ceaux vasculaires opposés et fusionnés par leur partie formée des plus gros
vaisseaux. Ce système vasculaire est entouré par le tissu cribreux, puis par
des cellules plus grandes. Autour de ce système central se trouve une zone de
cellules fibreuses, finement poreuses, régulièrement épaissies, puis un paren¬
chyme jaune ou noirâtre dont les cellules externes portent des poils radicaux
longs, en apparence unicellulés et crépus.
Les faisceaux pétiolaires forment un arc de cercle ou même un cercle com¬
plet un peu au-dessus de la base apparente du pétiole, où les deux faisceaux
supérieurs contractent ordinairement une anastomose.
Ces deux faisceaux, dont la face antérieure est recouverte en grande partie
par le crochet, présentent deux groupes de petits vaisseaux primordiaux spiro-
annulés.
Ges vaisseaux disparaissent avec l’àge ; mais, à tous les âges du pétiole,
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE»
5
d’autres vaisseaux trachéens s’observent, et sur ces deux faisceaux principaux
et à la face interne des autres faisceaux pétiolaires. Tous les faisceaux pétio-
laires sont revêtus d’une gaine noire formée par l’épaississement des cellules
parenchymateuses contiguës aux faisceaux.
En un mot, la constitution du Didymochlæna sinuosa se rapproche beaucoup,
sauf par l’insertion des racines et la répartition des cellules noires, de celle de
plusieurs Aspidium antérieurement décrits par l’auteur (1).
La ramification du pétiole offre, dans l’insertion des rameaux, quelques
particularités très-caractéristiques. Chaque rameau du pétiole ne reçoit de
vaisseaux que du faisceau supérieur du même côté. Là, le crochet vasculaire
de ce vaisseau s’élargit d’une manière remarquable. Ce crochet se comporte
suivant le quatrième des modes décrits par l’auteur en 1869 (2); c’est-à-dire
que le fond seul du crochet se dilate. Cette disposition est spéciale pour les
faisceaux des pétioles secondaires inférieurs, car ceux des pétioles supérieurs
sont produits suivant le deuxième mode. La formation des pétioles tertiaires a
lieu aussi suivant ce dernier mode, et les nervures de la foliole lamellaire
qu’ils portent contiennent toutes des vaisseaux trachéens déroulés et non dé¬
roulés.
Sis *• la zone génératrice «les agtpcndices cite* les végé-
ianx im ©ïso cotylédons ; par M. Ch. Ca \Te (Comptes rendus, 1870,
t. lxxi, pp. 376-376).
Une première communication relative aux plantes dicotylédones avait été
faite précédemment par l’auteur à l’Académie des sciences. Il y avait résumé
une étude qu’il avait fait paraître quelques semaines auparavant dans notre
Bulletin (3).
Dans le mémoire qui nous occupe, l’auteur cherche à établir que la zone
génératrice, chez les plantes monocotylédones, correspond à la face supérieure
ou interne de l’organe. U cite d’abord les observations de M. Trécul sur la
structure de la feuille des Orchidées et celles de M. Duchartre sur la feuille
du Colocasia antiquorum ; puis il expose les résultats que lui a donnés l’exa¬
men attentif d’un certain nombre de familles appartenant à des plantes du
deuxième embranchement, entre autres Chamœrops humihs , Phoenix dacty-
lifera , Agave americana , Yucca aloe folia, Hedychium Gœrtnerianum ,
Hœmanthus coccineus, Arundo Donax. Il constate que le développement du
parenchyme rappelle à s’v méprendre celui du mésocarpe et s’elfectue dans le
même ordre ; on doit donc en conclure que le tissu inférieur est le plus âgé
et que le plus jeune esta la région voisine de l’épiderme supérieur. C’est ce
(1) Voy. le Bull., t. xvn (Revue), p. 108.
(2) Bull. Soc. bot., t. xvi (Revue), p. 202.
(3) Compt. rend., t. lxxi, p. 83-85. — Bull. soc. bot., t. xvu (Séances), p. 271.
6
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
que confirme l’examen microscopique des faisceaux fibro-vasculaires. Ainsi,
dans une feuille très-jeune d ' Arundo Donax , on remarque une seule rangée
de nervures qui, plus tard, correspondront à la face extérieure; mais la page
supérieure 11e s’étant pas encore développée, ces nervures sont encore assez
rapprochées de l’épiderme supérieur; elles en sont éloignées peu à peu par le
développement des parties nouvelles. En même temps, de nouveaux faisceaux
fibro-vasculaires apparaissent dans ces portions récemment formées. Aussi
l’organe a-t-il deux couches de nervures, les plus âgées à la face inférieure,
les plus jeunes à la face supérieure. Les mêmes conclusions s’appliquent aux
appendices modifiés. M. Cave cite l’étude faite par M. Trécul sur la struc¬
ture du grain de blé et ses propres observations sur les fruits des Monocotylé-
dones. Dans leurs ovaires, il a constamment trouvé la zone formatrice occu¬
pant la même place que dans les fruits des végétaux dicotylédons.
Étude sur Sa production du Chêne et sou emploi eu
France; par MM. Bagneris et Broillard, inspecteurs des forêts, profes¬
seurs à l’École forestière (Extrait de la Revue des eaux et forêts) ; tirage à
part en brochure in-8° de 48 pages. 1870.
Bien que ce travail n’ait pas été fait au point de vue botanique, nous ne
croyons pas pouvoir nous dispenser de mentionner quelques-uns des faits les
plus importants de silviculture qui s’y trouvent rapportés, mais en évitant,
quelque intéressants qu’ils soient, les détails purement techniques qu’il con¬
tient.
Ces observations sont le résultat d’une excursion faite par les deux profes¬
seurs dans les régions forestières où le Chêne ( Quercus pedunculata et sessi-
li fiord) est l’essence principale. Ils ont visité les forêts de Maladier, Bois-Plau,
Bagrulels, Dreuille et Tronçais, dans le département de l’Ailier; la forêt
d’Orléans; les forêts de Blois, Russy, Boulogne et le domaine de la Motte-
Beuvron (Loir-et-Cher); celles de Bourse, de Bellème et de Perseigne, dans
les départements de l’Orne et de la Sarthe; enfin celles de Fumav, de Revin
et de Manise dans les Ardennes.
Un procédé économique et bien entendu de reboisement est adopté
pour le repeuplement des Brandes de Vicurs (Allier). L’État en concède
des parcelles aux particuliers pour deux ou trois ans ; ceux-ci défrichent,
mettent en culture de Seigle pendant deux ans, puis sèment des glands,
et lorsque la Bruyère vient de nouveau envahir le sol, les semis se trouvent
assez forts pour lui résister. Dans la forêt d’Orléans , les semis de Pin
silvestre donnent le meilleur résultat, non pas tant pour le reboisement
direct des espaces envahis par la Bruyère, que pour la protection qu’ils
donnent aux semis de Chênes abrités sous leur ombre. Ces semis se sont
trouvés notablement augmentés par des semis naturels provenant de glands
apportés par les oiseaux. La forêt de Boulogne, située au cœur de la Sologne,
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
7
dans un sol infertile, est d’une végétation très-lente; le Charme, qui fait dé¬
faut dans ces taillis, cultivé en mélange avec les Chênes, aurait sans doute
pour résultat de conserver la fraîcheur du sol et de le couvrir de ses feuilles.
Le Bouleau, abondant en Sologne, s’introduit avec avantage dans les planta¬
tions qu’il protège; mais, pour cet usage, il ne vaut pas le Pin silveslre. Ce
dernier est préférable, en Sologne, au Pin maritime; il est moins sujet à être
attaqué, soit par les insectes, soit par les maladies.
Après avoir visité les forêts des environs d’Alençon, les excursionnistes
interrompent leurs investigations forestières pour étudier, à Cherbourg et au
Havre, la mise en œuvre du bois de Chêne. Ils examinent l’emploi du bois dans
la construction des navires, sa durée pour cet usage, les différents procédés
préconisés pour en activer la parfaite dessiccation. Car le dessèchement du bois
influe plus sur sa conservation que sa qualité même. Cependant les essences qui
se conservent le mieux sont celles dont les libres sont imprégnées d’une gomme,
ou d’une résine, ou de quelque autre matière jouant le rôle d’antiseptique.
Ce qui nuit à la conservation du Chêne mis en contact avec le fer, c’est
l’abondance de tannin qu’il renferme, et que le fer carbonise en lui enlevant son
oxygène. Aussi, dans les constructions maritimes, a-t-on soin de ne mettre ie
fer en contact qu’avec le bois de Teck. C’est en les enfouissant dans du sable
vaseux inondé d’eau saumâtre que l’on conserve le mieux les pièces de bois ;
mais il faut ensuite un temps très-long pour les dessécher. Mais on sait que les
bois lavés ou flottés se conservent le mieux.
Les plateaux des Ardennes, en partie déboisés, conservent encore des forêts
importantes, soumises en général à un mode de traitement appelé sartage. Il
consiste à exploiter en taillis de dix-huit à vingt-quatre ans et à brûler sur le
sol les déchets de l’exploitation, puis à cultiver entre les souches pour obtenir
une récolte de seigle. Il y aurait de grandes améliorations à apporter à l’ex¬
ploitation et à l’aménagement des forêts des Ardennes ; MM. Bagneris et
Broillard les indiquent en quelques mots. Pour conclure, les auteurs de ce
travail insistent sur la nécessité d’élever le Chêne avec d'autres essences et
tracent la manière de procéder aux différentes opérations culturales à prati¬
quer pour maintenir le mélange et pour le ramener là où il n’existe plus. Ils
recommandent les précautions à prendre pour l’élevage et l’encordage et
proscrivent sévèrement l’emploi des crampons de fer pour monter sur les
arbres. Ils terminent par quelques considérations sur l’aménagement des forêts
de Chêne en vue des besoins de l’avenir, considérations dont l’un d’eux a fait
l’objet d’une étude spéciale.
&ecoiict Supplément ai a tic Itt fitocc tic rÆyt>$-
cane; par M. T. Caruel (1). In-8° de 48 pages. Florence, mai 1870.
Le Prodrome de la flore de Toscane , publié de 1 8 6 0 à 1864, avait été bientôt
(1) Notre Revue a signalé dans le cahier précédent la Statistique botanique de la Tos-
8
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
suivi d’un Supplément en 1865. Ce nouveau Supplément fait connaître quel¬
ques espèces ajoutées à la flore et des localités nouvellement découvertes. De
plus, l’auteur, dont le travail primitif ne comprenait pas les Cryptogames
vasculaires, passe en revue celles de ces plantes que renferme la flore toscane;
il substitue à cette appellation de Cryptogames vasculaires celle de Prothallo-
games, c’est-à-dire plantes chez lesquelles la fécondation se fait sur un orga¬
nisme particulier qui est le prothalle.
Il propose de même d’appeler Notérogames (de von';, humidité) une division
qui comprendrait les Mousses, les Hépatiques et peut-être les Characécs, qui
végètent et se fécondent dans un milieu humide, et les Misogames (de pé-
(joç, haine), les Algues, Lichens et Champignons, chez lesquels la fécondation,
dans l’état actuel de la science, ne peut être encore admise d’une manière
générale, bien que chaque année augmente nos connaissances à cet égard , et
tende toujours, comme le devra reconnaître notre confrère M. Caruel, à ré¬
trécir le champ des Misogames .
Nous remarquons une espèce nouvelle, le Juncus variegatus Car., voisin
du J. acutus et peut-être hybride.
SLa disette «lia Smîs el’ociivre. — 3>e la réserve des Clicucs
d’aveïiie; par M. Broillard ( Revue des Deux Mondes, t. XGV, pp. 339-
367).
Bernard Palissy s’inquiétait déjà de son temps de l’épuisement possible de
nos forêts. Le danger qu’il ne faisait que supposer est devenu une réalité, et
la consommation imprévoyante a escompté les ressources de la production.
Le déboisement et l’exploitation disproportionnée ont singulièrement appauvri
la France, l’Angleterre, la Belgique, la Hollande. Les forêts de l’Autriche,
rendues exploitables par l’ouverture des chemins de fer, sont soumises depuis
ce temps à des coupes sans ménagement. L’Espagne, l’Italie, la Grèce, sont à
peu près déboisées, et M. Broillard rappelle à ce sujet que l’Etna avait autre¬
fois mérité le nom de nemorosa. Ses belles forêts ont disparu non pas sous la
lave du volcan, mais sous la hache des bûcherons et la dent des bestiaux.
L’établissement des chemins de fer en Russie aura bientôt pour résultat la
disparition des vastes forêts de cette contrée. En Suède et en Norvège, pays
qui exportent leurs bois résineux sur tous les points du globe, les exploitations
ont atteint la limite du possible et l’ont même probablement dépassée. Il ne faut
guère songer à demander des bois au Nouveau-Monde ; car, dans sa partie
septentrionale, ses nombreux centres de population suffiront avant peu à leur
consommation, et, dans sa partie méridionale, l’incendie employé sans réserve
comme mode de défrichement diminue rapidement l’étendue de ses riches
cane , du même auteur, au sujet de laquelle ou trouvera dans les Archives des sciences
physiques et naturelles de Genève, numéro d’avril 1871, un arlicle très-intéressant de
M. Alph. de Candolle.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
9
forêts. Voilà le triste et trop réel tableau de l’état amené par une sorte d’im¬
prévoyance universelle. Le bois de Chêne est un de ceux dont la privation
sera le plus pénible. La France étant plus qu’aucun autre pays apte à sa pro¬
duction, il faut, par un prudent ménagement des ressources qui nous restent,
retarder ou éviter le danger qui nous menace. L’auteur nous apprend qu’il ne
restait à la France (avant la dernière guerre) que huit millions d'hectares
boisés. Il donne la statistique’ des quantités de bois de Chêne que la France
est obligée actuellement de demander à l’étranger, et fait remarquer que cette
masse de bois pourrait nous être fournie par les terrains pauvres de notre
pays, qui, peu propres à d’autres cultures, sont aujourd’hui presque impro¬
ductifs. Mais, en attendant le reboisement, il y a une mesure urgente à prendre,
c’est d’augmenter la réserve de nos forêts et de ne pas en épuiser prématuré¬
ment les produits. Il est bon d’y songer tandis que l’étranger peut encore
nous fournir une partie des bois qui nous sont nécessaires. Et dans la consti¬
tution de cette réserve, il faut conserver d’abord les Chênes anciens (pourvu
qu’ils puissent prospérer une trentaine d’années), puis ceux d’âge moyen, puis
enfin les jeunes baliveaux.
La plus-value acquise par les arbres suffisamment âgés est bien supérieure
à l’intérêt de la somme qu’on en retire en exploitant des sujets trop jeunes.
Mais il faut pour cette prudente exploitation une patience que n’ont pas tou¬
jours les particuliers. Elle réussit fort bien aux communes qui l’ont appliquée
. à l’entretien des forêts qu’elles possèdent. Notre intérêt bien entendu est donc
parfaitement d’accord avec le devoir qui nous est rappelé par M. Broillard, de
ne pas léguer la misère aux générations qui nous suivent.
Hcmarques s-sr* cjeielijuaes particularités «Iis sol des lancics
«Se Grascogoe; par M. Faye {Comptes rendus, t. lxxi, 1870, pp. 2A5-
251).
Les landes de Gascogne ont été visitées par la Société à diverses reprises
pendant sa session extraordinaire tenue en 1859 à Bordeaux. M. Faye, ren¬
dant compte à l’Académie d’une excursion qu’il y a faite, constate les trans¬
formations qu’elles ont subies dans un intervalle de trente ans. Une chose
cependant n’a pas changé, c’est la couche imperméable d ’alios que l’on ren¬
contre partout à une profondeur moyenne d’environ un mètre.
An sujet de la formation de cette couche, l’auteur rappelle à l’Académie
des observations qu’il a faites en 1837. L’alios n’existe que dans les landes
proprement dites ; il ne se trouve ni dans les marais, ni au bord des étangs,
ni dans les dunes. Or, il est évident qu’il ne s’est pas formé sur une couche
de sable plus ancienne pour être ensuite recouvert par une nouvelle alluvion
de sable. Il a dû se former sur place, et la végétation superficielle de la lande
a dû contribuer à sa formation. Voici ce qui a lieu :
En hiver, le sol des landes est constamment baigné d’eau pluviale; mais,
10
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
dans la saison chaude, le niveau des eaux, par suite de l'évaporation, s’abaisse
progressivement à une profondeur de 1 à 5 mètres; et cet étiage des eaux
souterraines correspond au niveau des étangs et des marais de la contrée.
Les racines des végétaux de la lande soumis à une longue immersion se
décomposent peu à peu et, lors de l’abaissement des eaux, les produits de celte
décomposition, entraînés verticalement jusqu’à la profondeur constante d’un
mètre, s’y déposent et finissent par cimenter les grains de sable de cette
couche ; c’est pourquoi il n’y a d’alios ni dans les marais où l’eau ne tarit pas
en été et ne descend pas dans le sous-sol, ni dans les dunes qui ne sont
jamais inondées en hiver. AI . Faye résume donc ainsi les trois conditions
nécessaires à la formation de J’alios : 1° immersion du sol pendant l’hiver;
2° dessèchement progressif du sol à partir du printemps; 3e étiage permanent
de la couche d’eau provenant des pluies annuelles et forcées, faute de pente, à
baisser verticalement sur place. Quant aux traces de matières ferrugineuses
que présente l’alios, elles s’expliquent par l’action que la pourriture végétale
exerce sur les oxydes de fer et sur la formation du fer limoneux des marais,
action démontrée, il y a une trentaine d’année, par Spindler. Il se produit
dans les landes un phénomène analogue à la formation des fers limoneux des
lacs de Suède, telle que l’a décrite 1VI. Daubrée. Seulement, dans les landes,
l’absence de pente ne permet pas aux eaux d’entraîner et de réunir abondam¬
ment en un même lieu les sels produits à la surface du sol, et ils suivent
seulement le mouvement descendant des eaux jusqu’au niveau de l’alios. Il y a
cependant quelques régions où une pente suffisante a amené une concentration
des eaux ferrugineuses et par suite, des couches de fer limoneux exploitables.
L’influence dangereuse de ce sous-sol imperméable sur la salubrité du pays
a été diminuée. Les rigoles d’écoulement pratiquées à la surface du sol, la
plantation des Pins, dont les racines se pourrissent moins facilement que celles
des Bruyères et des herbes, ont eu pour résultat de faire disparaître les fièvres
intermittentes qui désolaient cette région.
De cette observation l’auteur tire cette règle dont il a pu contrôler l’exacti¬
tude : partout où il existe à 0m,75 ou 1 mètre de profondeur un sous-sol
imperméable, on rencontre la fièvre intermittente si le sol est contaminé par
la pourriture végétale (1), et des fièvres de nature typhique, si le sol est conta¬
miné de pourriture animale.
Ajoutons que des observations ultérieures faites par un professeur bavarois,
Pellenholfer, sur les épidémies de typhus qui, à intervalle à peu près régulier,
(1) Notre précédent numéro renfermait déjà (t. xvii, p. 183) quelques données sur la
cause de l’infection paludéenne. Ceux de nos lecteurs que cette question intéresse feront
bien de consulter L. Gigot, Recherches expérimentales sur la question des émanations
marécageuses, Paris, 1859, et les observations de M. le professeur Salisbury, quia nommé
Gemiasma une Algue de la tribu des Palmellées regardée par lui comme la cause de l’in¬
salubrité des marais.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
11
désolent la ville de Munich, ne reconnaissent à l’invasion et à la disparition
de la maladie d’autres causes que l’abaissement et l’élévation des eaux du
sous-sol.
M. Faye termine en disant quelques mots des incendies des forêts des
Landes et du moyen d’y remédier. Il propose d’y ménager de place en place
des bandes de terrain non planté et d’où l’on arracherait les Bruyères et les
Ajoncs qui, en cas d’incendie, propagent le feu au ras du sol,
Sise1 le développement des feuilles «les ; par
M. Bâillon ( Comptes rendus , t. LXXI, 1870, pp. 630-632).
Dans ce mémoire, M. Bâillon examine et critique les opinions émises no¬
tamment par A. de Saint-Hilaire et par M. Duchartre sur la signification physio¬
logique des différentes parties de la feuille des Sarracenia. Le long cornet qui
forme la portion principale de la feuille serait, selon ces auteurs, produit par le
pétiole, et l’opercule qui surmontent cette ascidie représenterait le limbe de la
feuille. M. Bâillon, d’après ses observations organogéniques, attribue au limbe
seul la formation de tout cet appareil, et le développement de la feuille serait,
dès l’abord, assez semblable à celui d’une feuille peltée. En s’accroissant, elle
forme un cornet obeonique profond et étroit. Quant à l’opercule, de même
qu’une feuille peltée dont le limbe n’est pas entier peut avoir des lobes inégaux
et présenter un lobe terminal médian plus développé que les autres, de même
dans la feuille des Sarracenia , un des bords grandit plus vite et s’étrangle
ensuite un peu à sa base pour former le couvercle de l’urne. La crête ou carène
verticale qui longe le bord interne de l’urne rappelle la nervure saillante qui se
remarque souvent à la face inférieure des feuilles peltées, s’étendant de l’inser¬
tion du pétiole au fond du sinus que présente la base du limbe,
M. T.
ÎWotfa s ii dî un a nuova &§>eele «Sel generc ;
par M. O. Beccari (. Nuovo Giornale botanico italiano , 1870, n° 1).
Le genre Stenomeris rappelle beaucoup le genre Roxburghia par la forme
et la nervation des feuilles. Le port le rapproche de celui de quelques Smilax.
Il s’accorde avec les Aristolochiées par la forme et la structure de la fleur,
la complication des stigmates, la conformation des anthères, le port grimpant,
la multiplicité et la placentation des ovules, et en diffère seulement par l’inser¬
tion des étamines,, l’ovaire triloculaire, et un peu par la structure de la tige,
qui semble comme intermédiaire entre celle des Aristoloches et celle des
Dioscoréacées. Il se rapproche de cette dernière famille par le port, surtout par
la forme et la nervation des feuilles et par l’ovaire triloculaire; mais il s’en
éloigne par la forme du périgone, l’insertion des étamines, le nombre et la
direction des ovules. La forme bizarre du périgone rappelle aussi beaucoup la
fleur de quelques Burmanniacées, et spécialement des genres Thysma et
12 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Ophiomcris. Enfin la fleur a la plus étroite analogie avec celle des Taccacées,
soit par l’insertion et la réflexion des étamines, soit par la dilatation du con¬
nectif, le grand développement cln stigmate, les ovules horizontaux ou sub¬
ascendants et l’ovaire triloculaire ; mais le fruit du Stenomeris diffère par la
placentation, qui est centrale et non pariétale.
ïl résulte de tout cela que le Stenomeris touche aux Burrnanniacées, qu’il
est intermédiaire entre les Dioscorées et les Aristolochiées, et devrait être
placé dans les Taccacées.
Nota sial T 'ficFtopntlêu-at zeyftënicuan ; par M. O. Beccari
(. Nuovo (Homale botanico italiano, 1870, n° 1, pp. 13-19, avec une
planche).
Le Trichopus , auquel Gartner reconnaissait de l’affinité avec les Comrné-
lynées, devenu le Trichopodium de Bindley et placé après les Aristoloches par
ce naturaliste, mais exclu de cette famille et même des Dicotylédones par
M. Duchartre, inspire à l’auteur les réflexions suivantes :
Il croit pouvoir conclure de ses études que le Trichopodium , par sa fleur
et spécialement par les anthères, le style et les stigmates, ressemble beaucoup
à une Asarée. L’ovaire est triloculaire comme dans les Dioscoréacées; les
ovules, par leur structure et leur position, peuvent être aussi bien ceux d'un
Thottea ou d’un Brogantia que ceux d’un Dioscorea. La graine diffère un
peu tant de celle des Aristoloches que de celle des Dioscoréacées ; mais son
raphé épaissi et subéreux la rapproche plus des premiers. L’albumen n’offre
aucune différence. L’embryon ressemble beaucoup à celui du Tanins commu¬
ais . La structure de la lige est plus analogue que celle du Dioscorea qu’à
celle d’un Aristoloche, à cause des faisceaux de cambium qui sont entourés
de vaisseaux ponctués. Quoique le Trichopodium présente deux cotylédons
très-bien développés, il se trouve dans l’embranchement des Dicotylédones sans
relations bien précises.
9$ S a Vainc cosc osscrvale nella Vmpu tsttfatt* ; par
M. T. Caruel [Ibid., pp. 19 et suiv.).
Quoique beaucoup d observations aient été faites sur le Trapa , l’auteur a
cru pouvoir rectifier quelques erreurs. Il s’étend surtout sur la germination
des racines adventives, sur l’organogénie des stipules, dont la nature a été
contestée, et qu’il compare aux stipules du Nerium.
Sota suit’ cmlarioiac eïclle I>ioscorcacec ; par M. O. Beccari
{Nuovo Giornale botanico italiano, 1870, n° 2, pp. 1 49-1 54).
M. Beccari a pu suivre la germination du Dioscorea bonariensis et de
quelques autres espèces du même genre, du Bajania cordi folia de Saint-
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 13
Domingue, du Tamus communis; il a étudié la petite plante herbacée si cu¬
rieuse que constitue le Trichopus zeylanicus.
Adrien de Jussieu, dans son mémoire sur les embryons monocotylédonés,
avait considéré l’embryon des Dioscoréacées comme constitué d’un corps
cylindro-conique s’étalant supérieurement en un grand cotylédon foliacé et
muni à la base, du côté opposé, d’une fossette transversale recouverte d’une
languette qu’il a cru formée de la soudure des deux oreillettes du cotylédon.
Mars, sur l’embryon du T). bonariensis , les oreillettes sont distinctes de la
languette et séparées d’elle par une fissure longitudinale. Dans le Rajania
cordi folia, la languette est fendue ; mais comme on observe aussi les deux
véritables oreillettes du cotylédon principal, on ne saurait regarder la languette
que comme un cotylédon fendu.
L’auteur conclut que l’embryon des Dioscoréacées est le plus souvent (et
peut-être toujours) formé de deux cotylédons, un développé et un rudimen¬
taire, entier dans les genres Dioscorea et Trichopus, bifide dans les genres
Rajania et Tamus.
La plumule du Dioscorea bonariensis porte dans sa concavité, tournée vers
le grand cotylédon, deux fossettes : la supérieure sera plus tard la face supé¬
rieure ventrale de la feuille; l’inférieure est la place d’un bourgeon par où sor¬
tira plus tard la feuille suivante; le tissu renflé qui sépare les deux fosses s’al¬
longera en pétiole. On voit par Là que, pendant la germination, les nouvelles
feuilles prennent chacune leur origine sur le pétiole de la feuille antérieure.
Cette particularité demeure constante pendant toute l’existence du Trichopus
zeylanicus, où les pédoncules floraux naissent du pétiole de la feuille. Cette
petite plante porte donc les traces d’un arrêt de développement dans son
organisation. Par ce fait d’ailleurs, elle se montre bien une Dioscoréacée, et
nous pouvons ajouter, en nous référant au mémoire du même auteur analysé à
la page précédente, que le Trichopus ou Trichopodium constitue à propre¬
ment parler un des chaînons qui relient les deux embranchements supérieurs
du règne végétal.
Nota suit’ MS-nüiMeurtpmi Guepitèi Delis.; par M. F. Baglietto
(Nuovo Giornale botanico italiano , 1870, n° 2, pp. 171-176).
AL Baglietto pense que si cette plante a été placée par quelques lichéno-
graphes dans le genre Endocarpon , c’est parce qu’ils n’avaient pas pu en
examiner des exemplaires parfaitement fructifiés. Ce Lichen, en effet, n’appar¬
tient point aux Pyrénocarpés, mais paraît le type d’un nouveau genre de
Gymnocarpés à sérier dans le voisinage du genre Heppict. Il le nomme Gue-
pinella et le caractérise ainsi :
Apothecia thallo primum inclusa sensim aperta urceolata-saccata, demum
perfecte discoidea a thallo elevato marginata. Lamina proligera tennis ceraceo-
gelatinosae strato gonimico enata, excipulo proprio destituta. Sporidia exigua
1 h SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
simplicia hyalina in ascis elongatis polysporis. — Thallus cartilagineo-coria-
ceus umbilicatus monoplivllus.
L ' Endocarpon Guepini Delis. devient le Guepinella myriocarpa Bagl.
lüaiie allgcntciiic moi*|)laologisclie S'udic. {Une étude de mor¬
phologie générale ); par M. N. -J. -G. Müîler {Bot. Zeit., 1.869, nos 35 et
38-42, avec trois planches).
Ce mémoire est consacré à la phyllotaxie et surtout à la partie mathémati¬
que et organbgénique de cette étude. C’est le développement d’idées déjà
exposées par l’auteur dans un travail étendu publié, il y a quelques années,
dans les J ahr bûcher de M. Pringsheim. M. Müller y fait surtout le procès à
certaines définitions jadis données par MM. Schimper et Braun dans des écrits
qui ont fait autorité, notamment celles de la spire génératrice et de la diver¬
gence latérale. Avec l’aide de M. J. Lurüth, professeur de mathématiques à
Heidelberg, il se flatte d’avoir donné une démonstration courte et vainement
attendue jusqu’à ce jour, des quantités exprimant les nombres despires secon¬
daires, dextrorses ou sinistrorses, qui accompagnent ou même dissimulent la
spire génératrice. Il fait remarquer, dans cette démonstration, une propriété
curieuse delà sérié f, f, | |, etc., c’est que le numérateur p d’une de ces
P
fractions - multiplié par lui-même ou par la différence q-p est égal à un mul-
tiple de q moins ou plus Trinité, et que Ton a — = aq-\ ; p {q-p) — bq- f- 1.
La partie organogénique du mémoire est de beaucoup la plus développée.
On regrette, en la lisant, que Fauteur, qui critique des passages deM. Hof-
meister ou d’autres savants qu’il suppose connus du lecteur ou placés sous ses
yeux, en citant même les figures qui s’y rapportent, ne les reproduise pas, de
telle façon qu’il est parfois difficile de suivre son raisonnement.
La disposition phyllotaxique que prennent en dernière analyse les feuilles
complètement développées sur la tige dépend d’abord de la forme de la cellule
qui termine l’axe, et dont la segmentation donne origine à autant de feuilles
qu’elle produit de segments successifs. Quand celte cellule est un ovale allongé
à deux tranchants, les feuilles sont distiques ; quand elle a la forme d’un poly¬
gone, les feuilles sont verticillées. Dans les autres cas, elle a toujours la forme
d’un triangle à bords plus ou moins courbes. Quand ce triangle est équilatéral,
les feuilles sont disposées suivant le cycle 5, et la segmentation a lieu par des
lignes parallèles aux trois côtés du triangle. Dans tous ces cas, les segments
ont toujours une forme symétrique. Mais quand la fraction de divergence
est située entre ~ et c’est-à-dire s’élève dans la série, -le triangle constitué
par la cellule terminale prend des côtés irréguliers, et les segments ne sont
plus symétriques.
Après leur individualisation, c’est-à-dire après la formation de la cloison qui
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
15
les constitue en les séparant delà cellule terminale de l’axe, les segments se
divisent en partie axile et partie appendiculaire. C’est la partie axile qui seule
donne naissance à des poils, et c’est sur elle que naissent pins tard les anthé-
riclies et les archégones. La partie appendiculaire est divisible en deux par une
ligne médiane qui part du sommet du segment pour aboutir au centre de
formation du bourgeon. La position du sommet est invariable ; mais, quand
la fraction de divergence a un dénominateur élevé, il n’en est pas de même du
second point; de sorte que, pendant le développement du segment, la ligne mé¬
diane décrit un certain mouvement. Pendant cela le segment glisse pour ainsi
dire parallèlement à lui-même, en s’étendant davantage du côté opposé à celui
du centre de formation, c’est-à-dire du côté inférieur ou extérieur. Il résulte
de cela que tant que les segments ne sont pas passés à l’état de feuilles
développées, la divergence angulaire de deux segments voisins est variable.
C’est un des points sur lesquels l’auteur insiste le plus. La divergence ne
devient constante, c’est-à-dire égale à -, que quand le développement est
achevé.
Aittecl&niiig'At* oui SkandSnaviens ©csmicHaeeen ( Recher¬
ches sur les Desmidiacées de la Scandinavie ) ; par M. Veit Brecker
Wittrock, professeur à l’Université d’Upsal. In-A°, avec une planche ,
1869.
L’auteur trace, dans cette publication, l’énumération des espèces de Des¬
midiacées connues dans la péninsule Scandinave. Pour celles qui ont déjà été
décrites, il se borne à en citer le nom, en y ajoutant la synonymie et des
remarques critiques. Il s’est borné à donner (en latin) la diagnose des variétés
et des espèces moins connues ou nouvelles. Le nouveau genre Asteroselene
est proposé par lui pour le Cl osier ium calosporum , qui se distingue de
toutes les autres espèces du genre par les caractères de ses zygospores.
©ci* Rost die a* I&uokclrîilieolilatter. {La rouille des feuilles de
la Betterave ); par M. Julius Kühn [Zeitschrift der landwirthschaftlichen
central- Vereins der Provinz Sachsen , 1869, il0 2).
L’auteur s’était déjà occupé de ce parasite dans son livre sur les maladies
des végétau x[Die Krankheit der Kulturgewachse , p. 230), en 1858; et
plus tard M. Schacht [Zeitschrift des Vereins fur Rübenzucker- Industrie,
t. ix, p. 390). Ce parasite est YUredo Betœ Pers. , Uromyces Betœ Tul. Ses
filaments de mycélium pénètrent non-seulement dans les cellules de la plante
nourricière, mais encore courent dans les espaces intercellulaires; ils
envoient aussi souvent des suçoirs dans l’intérieur des cellules ; ces suçoirs
n’ont été connus pendant longtemps, chez les parasites inférieurs, que dans la
famille des Pérônosporées.
16
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
Les filaments de ce mycélium se réunissent au-dessous de l’épiderme des
feuilles de la Betterave pour former une couche sporifère, dont les éléments
percent le tissu épidermique et apparaissent sous forme de bâtonnets bru¬
nâtres.
Dans l’intérieur de ceux-ci se forment des spores de deux sortes : les unes
arrondies avec un contenu granuleux , qui germent très-facilement dans l’eau
par l’un des espaces clairs que l’on remarque sur leur paroi externe. Ce sont
celles-là qui émettent un utricule capable de percer l’épiderme des feuilles
saines de la Betterave, et qui ont été décrites comme les spores de Y Uredo
Betœ. D’autres ont une forme ovale-arrondie; lorsqu’elles se séparent du
mycélium, elles gardent attaché à elles un tronçon du filament qui les a pro¬
duites. La germination de cette spore a lieu par un point déterminé où se
remarque une petite élévation, et seulement après un repos de plusieurs mois.
Leur germination donne lieu à des sporidies ou spores de deuxième degré,
capables de germer à leur tour dans des circonstances favorables. L’auteur a
obtenu par cette germination une troisième forme de spores encore inconnue,
c’est-à-dire XOEcidium Betœ Ivühn, dont les spores reproduisent V Uromyces
et closent ainsi le cercle des phases de l’espèce. Les filaments issus de leur
germination pénètrent par les stomates dans le tissu de la Betterave, ainsi que
l’on pouvait s’y attendre.
I cBu'i* ©pliselae lErscSicinsiasgesa aai Diatoniecn [Sur les phé¬
nomènes optiques présentés par les Diatomées ); par M. J.-H.-L. Fliigel
[Bot. Zeit. , 1869, n0* 43 et 44).
L’auteur a construit un appareil formé essentiellement d’un cercle divisé
d’au moins 150 millimètres de rayon, dans le milieu duquel on peut introduire
un porte-objet ordinaire. Dans ce porte-objet sont placés des échantillons
d’une Diatomée, principalement du Pleurosiyma angulatuin. La lumière
arrive sur le porte-objet latéralement, tombant sur une de ses faces, soit
perpendiculairement, soit obliquement. Dans ce but, le pourtour de l’appareil
est mobile, et muni d’une fente qui laisse pénétrer la lumière, fente assez
large pour éviter tout phénomène de diffraction. Quand le faisceau de lumière
incidente a traversé la carapace du Pleurosiyma , elle a subi des effets du même
genre qu’après avoir traversé un prisme. Le spectre obtenu varie selon l’obli¬
quité elle-même. Il a environ 30° de largeur. Son extrémité violette est
tournée vers la source lumineuse. La grandeur relative des couleurs de ce
spectre rappelle celui qui forme l’arc-en-ciel ; le rouge y est à lui seul aussi
étendu que le bleu et le violet; le vert est bien plus beau que le vert obtenu
par le prisme; le spectre n’est pas d’ailleurs parallèle à la fente par où pénètre
la lumière, mais forme comme le segment d’un cercle ayant la source lumi¬
neuse pour centre.
L’auteur a dressé des tableaux où l’on voit quelle est ia couleur qui corres-
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
17
pond à tel ou tel degré du cercle diviseur pour une incidence donnée des
rayons lumineux. Un autre tableau indique la valeur des distances de chacune
des couleurs du spectre à la source lumineuse, pour des valeurs successive¬
ment croissantes des rayons incidents. Ces couleurs décrivant des arcs de cercle,
ces distances sont en réalité des angles à évaluer en degrés sur la circonfé¬
rence du cercle divisé ; l’observation de ces faits conduit à pouvoir déterminer
expérimentalement l’écartement des stries du Pleurosigma, qui sont la cause
de ces phénomènes optiques. En effet, les lois de la physique nous permettent
de tracer l’équation b sin. x = r, dans laquelle r représente la longueur
d’onde lumineuse pour chacune des couleurs du spectre, longueur bien con¬
nue par les recherches de Frauenhofer, b la distance des deux lignes médianes
de deux stries immédiatement voisines du Pleurosigma , et x la distance angu¬
laire de chacune des couleurs du spectre à la source lumineuse constituée par
la fente marginale de l’appareil; tout cela, bien entendu, en admettant que
les rayons tombent perpendiculairement sur le porte-objet. Le spectre ainsi
produit se trouve dans les conditions optiques des spectres produits par un
morceau de quartz rayé de stries parallèles ( Gitlerspectrum ).
L’auteur 11e peut dissimuler que cette méthode 11e laisse à désirer. Il es
obligé d’avouer que si, dans ces expériences, l’œil placé dans la direction des
rayons émergents ne perçoit à un degré donné du cercle qu’une seule cou¬
leur, cette sensation est le résultat du mélange de plusieurs teintes différentes
du spectre. En effet, quand il substitue à l’œil nu un microscope donnant
seulement un grossissement de 60 fois, les Pleurosigma qui occupent le porte-
objet se montrent diversement colorés selon qu’ils sont plus ou moins inclinés
par rapport à la verticale. En substituant au microscope une lorgnette à lon¬
gue portée qui ne donne pas un grossissement beaucoup plus fort, mais qui
embrasse un champ visuel plus restreint, 011 arrive à n’avoir que deux cou¬
leurs, données, l’une par les frustules situées obliquement, l’autre par les
frustules situées transversalement à la verticale. Mais l’intensité de la lumière
émise par ces frustules varie selon leur direction ; elle est toujours moindre
quand elle a été affectée par les frustules transversaux. Il faut noter à ce
propos que les stries transversales des Diatomées sont plus éloignées les unes
des autres que les stries obliques.
L’auteur s’occupe longuement de rechercher quelle est la cause réelle qui
fait paraître certaines Diatomées si élégamment et si diversement striées à
l’examen microscopique. On sait que des théories assez différentes ont été
proposées à cet égard. M. Schultze attribue les dessins que l’on connaît à des
prismes siliceux ; M. Dippel explique les hexagones du Pleurosigma angula-
tum par l’existence de petites cupules creuses dans leur fond. M. Flôgel
admet, quant à lui, comme M. Dippel l’avait cru d’abord, que les dessins sont
dus à des canaux régulièrement disposés et très-courts, traversant la plus grande
partie de la paroi de cellulose qui enveloppe la frustule. Il pense que cette
T. XVIII. (revue) 2
18
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
enveloppe est parfaitement unie à sa surface extérieure, mais pourvue à sa
surface interne de saillies qui séparent les canaux et qui sont dues à un
prolongement partant de la paroi. L’auteur compare l’aspect obtenu en faisant
macérer les Diatomées qu’il a étudiées à ce point de vue avec celui que pré¬
sente la coupe transversale des cellules de Y Equisetum hyemale.
Après le Pleurosigma, l’auteur a étudié encore tout particulièrement le
Frustulia saxonica , Y Achncmthes ventricosa et les espèces plus grossièrement
striées de Grammatophorci. Il résulte de ses observations que, pour servir de
test-épreuve, les stries longitudinales valent encore mieux que les stries trans¬
versales.
JEur lIos*i>iiolog'îe «lcr Gattinig Waias ( Sur la morphologie du
genre Naias); par M. P. Magnus (Bot, Zeit ., 1869, n° 46).
M. Kauffmann, dans un mémoire sur le Casuarina , déjà analysé dans cette
Revue (1), a regardé les étamines de ce genre comme produites par la
transformation du sommet de l’axe végétant, et soupçonné qu’il en est de
même chez les Naïas. M. Magnus se flatte d’avoir mis cette opinion hors de
doute. La paroi anthérale à une seule couche du Naïas , dit-il, se soude avec
la tunique interne de la fleur comme les ovules et les placentas des Balano-
phorées avec la paroi ovarienne. Avant la déhiscence de l’anthère, cet appareil
est soulevé par une dilatation plus ou moins considérable de l’axe, qui a lieu
entre l’insertion de la tunique interne et de l’externe. Au sommet de l’an¬
thère, la tunique interne se déchire, avec la paroi anthérale qui y reste adhé¬
rente, en quatre valves qui s’enroulent sur elles-mêmes du sommet jusqu’au
milieu environ de l’anthère.
Dans le développement de la fleur femelle, il apparaît sur une zone trans¬
versale située près de l’extrémité supérieure de l’axe, et simultanément sur tous
les points de son pourtour, une paroi annulaire qui se développe comme le
périgone de la fleur femelle, ce que les auteurs nomment le pistil. Le sommet
de la papille florale s’organise en ovule. Quand celui-ci a eu commencé son
développement, il apparaît au-dessous de son sommet un tégument interne
sous forme d’un revêtement annulaire. Gomme l’axe s’accroît unilatéralement
au-dessous du tégument interne, le nucelle se plie avec celui-ci ; le plan d’in¬
sertion du tégument externe, qui apparaît alors, est aussi très-incliné. Le
funicule se développe aussi sur le côté, et l’ovule est finalement anatrope.
Ainsi le nucelle s’est réellement produit aux dépens du sommet de l’axe floral.
L’auteur rappelle les exemples offerts par le Welwistchia , le Torreya , les
ïlélosidées, etc. , pour les joindre à celui qu’il vient de donner et pour montrer
combien est fausse dans sa généralité la théorie de M. Cramer, d’après lequel
ies organes de reproduction sexuelle des Phanérogames doivent tous, dans
leur développement initial, être assimilés à des feuilles.
(1) Voy. le Bulletin , t. xvii {Revue), p. 69.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 19
CoiiiimuiicatBoiis i'aiics aïs congrès «les naturalistes
russes à iloscou , du 3 au 12 septembre 1869.
Nous trouvons, dans le Bolanische Zeitung, un résumé de ces communi¬
cations que nous croyons devoir intéresser nos lecteurs.
1. M. le professeur Cienkowski (d’Odessa) a continué les observations
qu’il avait faites sur les Algues (1). Il s’est occupé cette fois des Palmellées et
des Flagellatées. Il trouve ie caractère principal des Palmellées dans la vie
longue et indépendante de leurs zoospores, qui se revêtent d’une enveloppe
gélatineuse et se multiplient sous cet abri ; elles conservent ou perdent leurs
cils, mais demeurent toujours munies de vacuoles contractiles. Il a observé de
telles vacuoles chez les genres Glœocystis, Pleurococcus, Tetraspora , Pal-
mella et Hydrurus. Il a, en outre, remarqué que, dans leur état de repos ou
d’hibernation, ces genres sont entourés d’une enveloppe de cellulose extrême¬
ment forte et contiennent des granules colorés et assez gros. Dans le genre
Glœocystis, cet état est identique avec le Chroococcus aureus. Les formes pé-
donculées des Palmellées se distinguent peu dans leur mode de développement
des genres cités plus haut. Par exemple, chez le Colacium stentorinum , les
cellules vertes qui reposent sur des pédoncules simples ou ramifiés sont munies
de vacuoles contractiles et développent, dans certaines circonstances, deux
cils, puis se séparent de leurs pédoncules et flottent isolément. Ces cellules
sont, par conséquent, analogues aux zoospores d’autres Palmellées. — Les
zoospores des Flagellatées se prêtent aux mêmes remarques que celles des
Palmellées, comme on l’apprend par l’examen du Cryptomonas Ehrb. et du
nouveau Vacuotaria virescens Cienk. ; leur état d’hibernation correspond tout
à fait à celui des Chroococcacées. L’auteur reconnaît quelques-uns de ces
phénomènes même chez les Monades qui vivent réunies en grandes colonies de
cellules et sont entourées d’une enveloppe gélatineuse, dans laquelle les
zoospores sont comme ensevelies, perpendiculairement à la surface, de laquelle
sortent çà et là leurs cils. Ces zoospores sont incolores et admettent des cor¬
puscules carminés dans leur intérieur; elles se multiplient par partition, puis
repassent à l’état d’hibernation. Chaque zoospore peut devenir le noyau
d’une nouvelle colonie, en s’entourant d’une coque gélatineuse et en se cloi¬
sonnant. M. Cienkowski a créé pour ces Monades le genre Phalansterium ,
qui comprend deux espèces, le Mon as consociata Ehrb. et le Phalansterium
intestinum Cienk. Il désigne par le nom d’entocystes un groupe de Monades
qui n’hiverne que partiellement; il se forme alors des kystes dans leur inté¬
rieur, et cela aussi bien chez des Monades colorées que chez des Monades
incolores. Là se placent le Spumelia vulgaris Cienk. et le Chromulina gela -
tinosa Cienk.; le Mallomonas et YUvella se comportent de même.
2. M. Rosanoff (de Saint-Pétersbourg) communique les résultats d’une
(1) Voy. le Bulletin, t. Xli (Revue), p. 195.
20
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
étude qu’il a faite du Calypso borealis. il avait trouvé cette rare Orchidée à
Lissino, dans le voisinage de Saint-Pétersbourg. Il a constaté sur le système
souterrain du Calypso des productions coralliformes analogues aux rhizomes
de YEpipogon et du Corallorrhiza , mais qui s’en distinguent par une ramifi¬
cation dichotomique régulière. On ne remarque sur ces organes de racine
d’aucune sorte. Sur un point déterminé de leur étendue, ils donnent nais¬
sance à un bourgeon déjà muni de racines adventives, qui paraissent plus
tard, longues et non ramifiées, à chaque entre-nœud de la tige souterraine.
L’auteur regarde comme connue la constitution de la fleur du Calypso.
3. M. le professeur Békétoff (de Moscou) décrit une monstruosité d’un
bulbe de Tulipe qui, sur la partie tubuleuse d’une feuille bien développée,
porte trois caïeux, et au-dessous un faisceau de racines.
L'auteur pense avoir affaire à un déplacement produit par l’allongement de
l’axe principal. MM. Rosanoff et Kaufmann ont vu dans ce phénomène l’ana¬
logue de ce qui existe normalement chez les Orchidées et notamment chez
Y H er minium Monorchis.
h. M. le docteur Tichonuroff, de Smolensk, a exposé les principaux résul¬
tats d’expériences faites par lui sur les Claviceps microcephala et purpurea.
Pendant que les Claviceps sortent de leur sclerotium, il se dépose dans
leur substance de l’oxalate de chaux et un pigment couleur de pourpre. Les
spores contenues dans les thèques conservent pendant trois semaines leur fa¬
culté germinative ; leur développement est le même dans les deux espèces.
L’auteur les a vues germer dans la thèque.
5. M. llegel, de Saint-Pélersbourg, présente des considérations sur les
plantes dont les organes de végétation varient selon qu'elles sont ou non au
moment de fleurir. Les phanérogames, à ce point de vue, se prêtent à cer¬
taines comparaisons avec les phases des végétaux inférieurs. Il cite le Sagittaria
sagittifolia, des plantes bulbeuses, des Palmiers, des Nelumbium , le Betula
glandulosa , le B. pubescens , le Populus tremula , le P. Icinci folia, princi¬
palement le Rhynchospermum jasminoides.
6. M. Woronin, de Saint-Pétersbourg, a étudié une maladie parasitaire
des fleurs du grand Soleil, fréquente dans la Russie méridionale, et causée
par un Champignon de la famille des Urédinées : c’est le Puccinia Helianthi ,
qui paraît avoir deux habitats différents coïncidant avec des phases différentes
(Hétérœcie), et qui est peut-être identique avec le P. Compositarum.
7. M. Sperk, de Karkow, s’est occupé des phénomènes qui précèdent et
préparent l’imprégnation des fleurs. Il a trouvé que, chez le Lavatera thu-
ringiaca , YAlthœa officinalis, le Malva rotundifolia, le Géranium silvati-
cum et le G. Robertiannm , il y a une diminution graduelle de la protéran-
drie (1), et que cela concorde avec des changements dans la dimension de la
fi) Voyez plus haut, pour l’explication de ce terme, t. xvii (Revue), p. 171.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
21
corolle. Le Silene gonocalyx, le S. integripetcila et le S. otites montrent de
même une dégradation suivie dans la précocité des étamines, en rapport avec
la variation de l’ouverture de la corolle. La relation est la même entre le Ga-
lium verume tle G. uliginosum. Les genres Anchusa , Mentha et Origanum
présentent aussi des phénomènes dichogamiques dépendants de la forme de
l’ouverture de la corolle, comme cela se voit chez les Symphytum, Cucuba-
lus , Malachium , Delphinium , Aconitum, Epilobium , etc. Dans le genre
Gypsophila , la forme et la grosseur de la corolle exercent une influence im¬
médiate sur le développement des étamines et médiate sur celui du stigmate.
Chez les Dipsacées, les Composées et les Ombellifères, la protérandrie résulte,
suivant Fauteur, de ce que les fleurs sont plus ou moins pressées contre l’axe
et de leur compression réciproque. Chez les Plantago media , lanceolata et
arenaria , la dichogamie est reliée à la forme et aux dimensions de l’épillet et
à la compression plus ou moins grande subie par chaque fleur. Chez V Eu-
phorbia Esula , VE. virgataet d’autres Euphorbia, ainsi que chez le Cheno-
podium urbicum et le Ch. polyspermum , on remarque une conséquence de
la protérogynie, l’avortement des étamines. Dans les genres Scrofularia et
Réséda , la protérogynie est moins apparente que chez les plantes récemment
citées. D’après une esquisse générale des phénomènes de la dichogamie, l’au¬
teur a soupçonné des phénomènes analogues chez les Convolvulus arvensis ,
les Verbascum , le Dianthus deltoïdes et le Sagittaria sagitti folia. L’auto¬
fécondation doit avoir lieu dans le plus grand nombre des plantes qui appar¬
tiennent aux familles des Crucifères, des Papilionacées et des Labiées, ainsi
que dans les genres Potentilla, Myosotis , Nicotiana Hyoscyamus , Vero-
nica , Borrago, Ranunculus , etc.
8. M. Batalin, de Saint-Pétersbourg, traite de l’influence qu’exerce la lumière
d’intensité moyenne sur le cloisonnement des cellules de l’épiderme et du pa¬
renchyme cortical du Lepidium sativum. Sur le nombre des partitions des
cellules épidermiques, les variations de l’intensité lumineuse n’exercent aucune
influence, tandis qu’il eu est tout autrement du parenchyme cortical; ici c’est
la lumière d’intensité moyenne qui exerce l’influence la plus grande sur l’éner¬
gie du cloisonnement cellulaire.
9. M. Tschistiakolï s’occupe du développement des fleurs des Papavéracées.
Dans le bourgeon foliacé d’une seule et même de ces plantes, la fraction de
divergence passe successivement de | à à — 3-, et enfin à La première
feuille de chaque verticille paraît toujours située à côté de la première feuille
du verticille précédent. Les mêmes faits se répètent dans le périanthe. Les
pièces du calice et de la corolle apparaissent successivement, et leur situation
correspond à celle des feuilles. On sait que, dans les Papavéracées, il se ren¬
contre des fleurs dimères et des fleurs trimères, tout comme il existe des
fractions de divergence * et | sur la tige. Le développement des étamines est
le meme dans toutes les Papavéracées; les carpelles se montrent sur un bour¬
relet annulaire commun et formant un verticille.
22 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Le bourrelet staminal ne se manifeste pas après l’apparition des carpelles,
comme l’indique M. Hofmeister, mais avant lui ; cela est vrai même des élé¬
ments isolés de l’androcée. L’organogénie relie intimement entre elles toutes
les Papavéracées, malgré la variété de formes qu’elles présentent.
10. M. Sorokin, de Kharkow, a donné quelques détails sur les chlamydo-
spores du Radulum quercinum Fr., qui naissent sur le mycélium de cette
espèce, et dont les analogues n’ont encore été trouvées jusqu’ici que sur le
Nyctalis et sur YAscobolus pulcherrimus.
11 . M. Rosanolï a exposé ses recherches sur l’influence que la lumière exerce
sur le mouvement du protoplasma et sur la répartition de la chlorophylle. Ses
recherches, sur le premier point, ont porté sur les plantes suivantes : Tra-
descantia virginica, T. cressifolia, Nitella , plusieurs Cucurbitacées, Urt.ica
dioica , U. urens , et principalement sur les poils radicaux de YHydrocharis
Morsus Ranœ. Fondé sur de nombreuses expériences établies, partie avec des
liquides colorés que traversent soit la lumière solaire, soit la lumière artifi¬
cielle, partie avec les diverses parties d’un spectre solaire que fixait un héliostat,
M. Rosanolï n’a pu obtenir de résultats généraux. Mais il se voit forcé à
conclure des travaux de MM. Borscowet Liirssen que les rayons jaunes nui¬
sent autant que les rayons bleus au mouvement du protoplasma sur le Tra-
descnntia virginica et sur les Urtica. Les différences qu’on observe tiennent
seulement à l’intensité de la lumière.
12. M. Borodin a rattaché à la communication précédente ses recherches sur
l’action que la lumière exerce sur les feuilles de YElodea canadensis, dans les
cellules de laquelle, sous une grande insolation, les granules de chlorophylle
s’attachent aux parois latérales ; alors s’élève, le long de ces parois, le courant
de protoplasma déjà observé par M. Caspary, courant qui lait défaut à la lu¬
mière diffuse. Le passage de ces granules des parois extérieures sur les parois
latérales n’est déterminé que par les rayons les plus réfrangibles du spectre.
Chez le Callitriche autumnalis , les grains de chlorophylle (à la lumière so¬
laire) ne s’approchent que de celles des parois latérales qui sont situées trans¬
versalement à l’axe longitudinal de la feuille ; ce qui tient, d’après l’auteur,
aux canaux intercellulaires qui courent parallèlement à cet axe.
13. M. Maslow, de Moscou, a montré des échantillons vivants de Mûrier cueil¬
lis aux environs de Moscou, où l’on a pu acclimater cet arbre, qui n’y gèle pas
complètement et qui peut y porter des fleurs et des fruits.
lù. M. Geleznoff a parlé des propriétés du bois de Y Haloxylon Ammoden-
dron. Chez cet arbuste, comme chez les Tamarix et le Calligonum (et partiel¬
lement aussi chez les Juniperus), les couches annuelles, à un âge avancé, ne se
déposent que d’un seul côté du tronc. L’auteur a pu constater sur différents
rayons de la même coupe transversale de l’arbre 55, 66, 99, 153, 18 0 et
220 couches annuelles.
Telle est la cause de l’aspect irrégulier que présente la tige à sa sur¬
face, et de sa division en lobes sur la coupe transversale. Les couches annuelle
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 23
finissent insensiblement en angle aigu vers les bords de ces lobes. Lorsque ces
lobes sont très-rapprochés, il se forme entre eux une très-faible couche
d’écorce ; quand ils le sont moins, il se détermine entre eux des crevasses dans
la masse compacte du bois.
L’épaisseur moyenne de chaque couche annuelle est de 5 millimètres;
l’écorce est mince. Chaque coupe annuelle se compose, dans sa partie la plus
ancienne, d’une série de vaisseaux poreux assez larges ; vient ensuite une cou¬
che de vaisseaux de même sorte, mais plus étroits ; le reste est formé de cel¬
lules ligneuses très-étroites, dont les parois sont très-épaissies et munies de
ponctuations. On trouve des rayons médullaires de deux sortes, larges les uns
d’une seule rangée, les autres de plusieurs rangées de cellules ; dans les plus
larges se trouve un canal horizontal qui rappelle les canaux remplis de résine
des Conifères. Un centimètre cube de ce bois pèse 1 gr. 103 ; il tombe, par
conséquent, au fond de l’eau. Il contient, d’après les déterminations de l’au¬
teur, 90 pour 100 de substances solides et 38 pour 100 de cendres, dont la
quantité augmente de la moelle à la périphérie.
15. M. le professeur Wagner a exposé les résultats d’un travail de M. Bojus-
lawsky sur la répartition de la salicine dans l’écorce des Saules et a comparé
ces résultats avec les recherches de M. Ratschinsky.
En hiver, les cellules qui bornent les faisceaux libériens prennent une teinte
de rouge carmin sous l’influence de l’acide sulfurique concentré, tandis que
les^faisceaux eux-mêmes deviennent alors d’un vert jaunâtre, ce qui porte à
conclure que la salicine est accumulée dans le voisinage des faisceaux libé¬
riens. M. Rosanofî a fait remarquer l’analogie de ces observations avec celles
que M. Miiller a faites sur les écorces de Quinquina.
M. Wagner parle ensuite de ses propres recherches sur l’influence
qu’exerce l’électricité sur le dépôt des matières colorantes végétales et sur
l’existence chez les plantes d’un équilibre intérieur, en vertu duquel les forces
de développement isolées de chaque organe se font un contrepoids réciproque;
théorie analogue à celle que Geoffroy Saint-Hilaire a nommée, en zoologie,
théorie du balancement des organes.
16. M. Woronin a découvert une nouvelle Ustilaginée sur le Trientalis europœa
et l’a nommée Sorisporium Trientalis . Le développement de ce Champignon
est semblable à celui du S. Saponariœ dans ses points essentiels. Les filaments
de mycélium qui s’étendent toujours entre les cellules de la plante nourri¬
cière produisent, en s’entrelaçant par places, des pelotons d’abord hyalins, où
apparaissent successivement des corps faiblement circonscrits, qui se transfor¬
ment en gros groupes de spores, d’abord d’un brun foncé, ensuite noirs. Ces
groupes se divisent en spores isolées et se font jour à travers l’épiderme, sous
forme d’une fine poussière noire. Les feuilles habitées par le Champignon pré¬
sentent encore, sur la page inférieure, une couche blanchâtre formée de coni-
dies, nées par étranglement à l’extrémité de filaments ( Hyphen ) provenant
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
U
d’un mycélium qui se multiplie rapidement dans le parenchyme de la feuille.
Il est vraisemblable, selon l’auteur, que les deux sortes de corps reproduc¬
teurs appartiennent au même Champignon.
17. M. Sperk s’est occupé de l’anatomie des feuilles et de la sécrétion aqueuse
des Aroïdées. Il conclut de ses recherches que l’eau ne se meut pas chez ces
plantes dans les canaux que l’on connaît , mais dans les éléments du paren¬
chyme. Il a produit les énoncés suivants : 1° Ces canaux n’apparaissent que
dans les feuilles adultes, tandis que l’excrétion des goutelettes a été observée
sur des feuilles très-jeunes. — 3° L’eau est excrétée autour de l’appendice
cylindrique et non dans la cavité située à sa base. — 3° Cette cavité et la
dimension du canal ne sont pas en rapport avec la masse de l’eau qui s’é¬
coule. — A0 L’excrétion se fait lentement. — 5° Chez beaucoup de plantes
qui sécrètent également de l’eau, on ne trouve point de canaux, et vice versa.
— Enfin, d’après les recherches de M. Unger, les canaux des Aroïdées sont
remplis d’air (1).
18. M. Borodin a fait une communication sur les stomates du Callitriche
autumnalis , chez lequel on trouve toujours, bien que cette plante vive sub¬
mergée, un groupe de ces organes au sommet de la jeune feuille, vers sa partie
inférieure, à l’endroit où cesse la nervure médiane.
Chez le C. verna, ce groupe est remplacé par un stomate largement ou¬
vert, beaucoup plus gros que chacun des autres stomates de la feuille. Dans les
deux cas, cet appareil se détruit plus tard, et chez le C. autumnalis , il se forme
à sa place une ouverture dans l’épiderme. Cet hétéromorphisme des stomates
est assez répandu dans le règne végétal; l’auteur en cite des exemples dans le
genre Fuchsia et chez le Veronica Anagallis , \e Lysimachia thyrsiflora , etc.
Comme l’a fait remarquer M. Rosanolî, à la suite de cette communication, en
citant les Tropœoluni , les Coleus , etc., l’hétéromorphisme des stomates est
lié à la sécrétion de gouttelettes aqueuses.
19. M. Petunnikow, de Moscou, a étudié la structure des canaux résinifères.
Les Conifères et les Pittosporées lui en ont présenté le type. Le Myrte ren¬
ferme des canaux qui rappellent davantage la structure des glandes; ici la
membrane primaire des cellules offre les caractères de la cuticule, taudis que
les couches d’accroissement ont ceux de la cellulose. Le Juniperus japonica
n’a que des cellules isolées qui revêtent le canal, tandis que celui-ci, chez le
Thuja occidentalis et chez le T. gigantea, est entouré de trois rangs de cel¬
lules à parois ondulées et indurées. Ainsi sont conformés les canaux résinifères
qui se rencontrent dans le coussinet des feuilles de Juniperus commuais et
qui tombent avec elles. Dans les feuilles aciculaires des Sapins, les cellules qui
bordent le canal sont munies, du côté qui le regarde, d’une couche de poils
desséchés et modifiés.
(1) L’auteur ne nous paraît pas avoir tenu compte des observations faites sur l’excré¬
tion des Aroïdées par M. Ducliartre et par d'autres auteurs.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 25
Il en est de même des bandelettes du fruit des Ombellifères, notamment chez
P H èracleum persicum et le Ferulci capsica.
20. M. Timirjaseff a produit les résultats intéressants d’une analyse spectrale
faite par lui de la chlorophylle ; il les exprime comme il suit :
a. Les principes qui constituent la chlorophylle sont la phylloxanthine et la
chlorophylline. Cette dernière est une combinaison ammoniacale d’un beau vert.
b. Les raies d’absorption qui caractérisent la chlorophylle sont dues princi¬
palement à cette combinaison ammoniacale. Celle-ci possède aussi une raie
caractéristique dans la partie bleue du spectre, mais celte raie est voilée par la
présence de la phylloxanthine dans le spectre dû à la chlorophylle, dans lequel
les rayons bleus et les rayons violets sont absorbés.
c. L’acide phyllocyanhydrique de M. Frémy est de la chlorophylline modifiée
par les acides énergiques. Tous deux produisent, en présence des bases, une
série parallèle de combinaisons qui diffèrent entre elles quant à leur influence
sur le spectre, et qui, parla, diffèrent aussi de la chlorophylle.
d. L’acide phyllocyanhydrique, sous l’influence de la solution alcaline
d’oxyde de zinc, se change, ainsi que ses dérivés, en chlorophylline. Ce chan¬
gement, qui rappelle la métamorphose de la matière colorante du sang en pré¬
sence des corps oxydants et des corps désoxydants, a lieu aussi spontané¬
ment dans un espace clos en plusieurs semaines ou en plusieurs mois. Ce
changement tient vraisemblablement à une oxydation (ou à une absorption
d’acide carbonique?). Les plantes étiolées sont bleuies par les acides; elles
contiennent probablement de l’acide phyllocyanhydrique, qui les rend suscep¬
tibles de verdir à la lumière.
e. La décoloration de la chlorophylle causée par la lumière solaire a lieu
en dehors de la présence de l’oxygène ; il n’v a donc là aucun phénomène
d’oxydation. En opposition à une opinion généralement admise depuis Sé-
nebier ( Mém . phys. et chim. sur l'influence de la lumière solaire , t. III,
p. 211), l’auteur pense qu’il y a là une réduction, et cela à cause de l’analogie
complète qui existe entre l’action de la lumière solaire et celle de l’hydrogène
à l’état naissant.
f. Les deux phénomènes, verdissement et décoloration, soit oxydation
d’une part et réduction de l’autre, doivent conduire à la détermination du
rôle que joue la chlorophylle dans l’assimilation du carbone.
21. M. Kaufmann a communiqué ses recherches sur le développement de la
cyme scorpioïde des Borraginées. Il s’est convaincu que ce mode d’inflores¬
cence est dû à la dichotomie répétée du sommet d’un bourgeon axillaire. L’une
des deux branches de la bifurcation se termine par une fleur, l’autre se par¬
tage à nouveau. Les plans dans lesquels ces dichotomies se suivent ne restent
pas parallèles l’un à l’autre, mais sont alternativement inclinés à gauche et à
droite; il en résulte la disposition sur deux séries que l’on connaît. En outre,
ces plans s’écartent toujours de plus en plus de l’axe du bourgeon axillaire
26
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
primitif, ce qui produit l’enroulement de l’axe commun de toutes les Heurs.
Comme les deux plans de partition sont toujours disposés perpendiculairement
à la surface de la feuille (axillaire par rapport au bourgeon d’où ils émanent),
on s’explique aisément pourquoi les bractées sont situées latéralement par
rapport aux fleurs.
22. M. Borodin a traité des relations de l’amidon avec la chlorophylle.
M. Caspary avait contesté que YElodea canadensis renfermât des grains de
chlorophylle portant de l’amidon avec eux, ce qui, suivant l’auteur, n’est
pas exact.
Ordinairement, dit-il, les grains amylacés sont situés à l’extérieur des cor¬
puscules verts; mais souvent ceux-ci se composent de deux parties, dont l’une
est la chlorophylle et l’autre l’amidon. Ces deux moitiés sont parfois séparées
par une ligne brillante. A la base des feuilles de YElodea se trouvent des grains
d’amidon libres. M. Borodin a observé quelque chose d’analogue chez le
Vaucheria sessilis , où les gouttelettes huileuses se conduisent à la lumière de
même que l’amidon chez d’autres plantes. Ces gouttelettes sont habituelle¬
ment situées entre les grains de chlorophylle; et, lorsque ceux-ci sont en
petit nombre, à chacun d’entre eux est attachée une petite gouttelette huileuse.
Il semble que la substance grasse se forme d’abord dans l’intérieur du grain
de chlorophylle et glisse plus tard en dehors de lui,
23. M. Kaufmann, qui a fait la dernière communication au congrès, a an¬
noncé que, d’après M. Fedtchensko, qui a fait partie d’une expédition scienti¬
fique dans le Turkestan, le Sumbul , qu’il a rencontré dans le voisinage de
Samarkand, est une Fougère. Le parfum caractéristique de cette plante appar¬
tient au rhizome tout aussi bien qu’aux feuilles (1).
IJeber deu IBliàthcnban von T»'opœolt9»n ( Structure de la
fleur des ) ; par M. P. Rohrbach [Bot. Zeit., 1869, n° 50, avec
uue planche).
Il résulte des recherches de l’auteur que l’appareil floral de la Capucine
comprend une bractée-mère, puis deux préfeuilles non développées chez la
plupart des espèces; un calice et une corolle, dont les cinq éléments sont dis¬
posés suivant la spire § ; un androcée diplostémone, réduit par avortement,
parce que les deux derniers éléments du verlicille d’étamines superposé aux
pétales ne se développent pas dans les fleurs normales. Le gynécée présenterait
deux verticilles de cinq carpelles, car on a trouvé des fleurs anomales à cinq
carpelles superposés tantôt au calice, tantôt à la corolle ; mais ordinairement
il ne se développerait qu’un élément du verticille extérieur et deux du verti-
cille intérieur.
(1) Ces observations doivent être rapprochées de celles qui ont été produites devant la
Société (t. xvm, Séances, pp. 8 et 17).
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
27
Vcrzcicliiiiss cinîger ncuen Fuiidortc tou Stcinkolilcii-
Pflauzcn iu aSoIïBiieiû ( Catalogue de quelques localités nouvelles
observées en Bohême pour des plantes du calcaire carbonifère) ; par
M. Cari Feistmantel {Lotos, 1869, pp. 50-55).
M. cl’Ettingshausen a déjà publié, en 1852, un mémoire sur la flore du cal¬
caire carbonifère de Stradonic en Bohême, dans les Abhandlungen der K. -B.
geologischen Reichsanstalt pour 1852. Il a indiqué dix-huit espèces fossiles
dans ce travail. Plus tard M. le Dr R. Andrea, dans un travail sur le terrain
de Stradonic, publié en 186A dans le Leonhard's Jc\hrbuch , en a fait con¬
naître trente, comprenant celles qu’avait observées M. d’Ettingshausen.
M. Feistmantel, venu le troisième, porte le nombre connu des fossiles végé¬
taux de cette partie du bassin houiller de la Bohême jusqu’à quarante-neuf.
Aucune espèce n’est décrite par lui comme nouvelle.
Motiz tiber Corf/rlcvlis fititniln Rchb. nml Gagea pusilla
V
Schuit. «8er Prager-tlcgeml, par M. L. Celakovsky [ibid., pp. 82-
86).
M. Neilreich a regardé le Corydallis (1) pumila Rchb. {Fumaria pumila
Host) comme une espèce à peine distincte du C . fabacea Pers. M. Cela¬
kovsky regarde ces deux types comme parfaitement distincts ; il en indique les
différences. Il résulte de ses observations que les bractées doivent perdre un
peu de la valeur qu’on y a attachée dans la classification des Corydallis ; et
que la section Bulbocapnos en particulier de ce genre doit être divisée en
deux groupes, que l’on pourrait nommer latérales et centrales. Au premier
appartient le C. ccœa et probablement aussi le C. Marschalliana Pers.
Dans cette première division, la tige est insérée latéralement sur le tubercule,
et dépourvue inférieurement de toute feuille squammiforme ; le tubercule se
creuse avec le temps, grossit considérablement et se recouvre de fibres radi¬
culaires sur divers points de sa surface. Dans les espèces de la seconde division,
la tige est centrale, terminale et pourvue à quelque hauteur au-dessus du
tubercule de une ou de deux feuilles, et le tubercule, qui reste petit et se
régénère toujours intérieurement, ne porte des racines, disposées en croix,
qu’à son extrémité inférieure. Le C. fabacea et le C. pumila sont plus voisins
entre eux qu’ils ne le sont du C. digitata.
Quant au Gagea pusilla Schuit. {Ornithogalum Clusii Tausch), il paraît
que la plante indiquée sous ce nom par d’anciens botanistes en Bohême n’est
qu’une forme uniflore du G. arvensis.
(1) Nous croyons devoir continuer à suivre cette orthographe, déjà employée dans le
Bulletin.
28
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Mène Ifittlieilungen tilier einige Pflauzen «1er hoiimis-
clieu Flora (Nouvelles communications sur quelques plantes de la flore
de Bohême ); par M. Lad. Celakovsky (Lotos, 1869, pp. 186-173).
Ces observations concernent les espèces suivantes: Carex pilosa Scop. ;
Allium vineale L. var. capsuliferum Lange; Ruine x maritimo-conglome-
ratus , nouvel hybride trouvé par l’auteur dans les environs de Chrudin ;
Galium polymorphum Knaf; Bidens radiata Thuill. ; Adenophora suaveolens
E. Mey.; Melampyrum subalpinum Kern. ; Prunella laciniata L.; Draco-
cephalum austriacum L.; Myosotis cœspitosa C.-F. Schultz; Limnanthemum
nymphœoides Link ; Ruhus suberectus Anderson ; Spergularia marginata
Kittel, etc.
An elemeutary Course of Botany, structural, physiological and
syslematic ; 2e édition, 1870.
La première édition de cet ouvrage, dû à M. le professeur Henfrey, dont
la science regrette la perte prématurée, a paru en 1857. M. le docteur
Masters, qui a publié la seconde, montrait une aptitude spéciale pour le côté
morphologique du travail. Il n’a pas indiqué spécialement les corrections ni
les additions qu’il a faites au texte primitif, mais celles que nous remarquons
ont eu pour effet de maintenir le livre au courant de la science. M. Asa Gray,
en signalant cette deuxième édition dans The american Journal , regrette
qu’on n’ait pas profité de critiques de détail qu’il avait faites sur quelques
passages de la première.
Report of botanical Survey of Southern and central Louisiana ;
par M. A. Featherman (Annual Report of the Board of supervisors of
Louisiana State University for the year, pp. 130). New-Orléans, 1871.
M. le professeur Featherman est chargé simultanément, dans l’Université
de la Nouvelle-Orléans, de renseignement de la botanique et de celui des
langues modernes. Nous devons signaler son livre à ceux qui s’occupent de la
flore de l’Amérique du Nord, en les avertissant que sur les douze espèces énu¬
mérées et décrites par l’auteur comme nouvelles, aucune n’est admise comme
telle, par M. Asa Gray, dans The american Journal , novembre 1871, p. 375.
L’ Euphorbia Ludoviciana Feath. est le Phyllanthus carolinensis Walt., le
Lilium I.ockettii Feath. est le Crinum americanum L., etc.
Sur un cas tératologique offert par Vllyssopus vffl-
cinatis L.; par M. Melchior Barthès (Annales de la Société d’horticul¬
ture et d’histoire naturelle de l'Hérault , 2e série, t. iii, n° 3, mai-juin
1871, pp. 119-120).
Dans ses deux premiers mérithalles inférieurs, la tige de ce pied d ’Hys-
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
29
sopus est parfaitement ronde, unie ; l’anomalie consiste, dans le premier nœud,
en trois feuilles exactement verticillées, munies chacune de son rameau axil¬
laire ; au second nœud se trouvent seulement deux feuilles, mais non opposées.
Au troisième mérithalle se manifeste la tendance spirale, ainsi qu’une dévia¬
tion de la spirale ; la tige se contourne, reste difforme, bosselée, munie, vers
chacun des points qui devrait être un nœud, de trois feuilles rapprochées,
équidistantes, à insertion unilatérale du cinquième au septième nœud, à inser¬
tion spirale aux nœuds les plus supérieurs. L’auteur pense que l’anomalie
tient à la soudure des rameaux avec la tige-mère, qui devient alors ronde, et
creusée de lignes spirales à sa surface.
Tlie f'ovsil plants oi‘ thc Devonîan aai«2 isppcr §ilus'tan
of Canada ( Les plantes fossiles du dévonien et du silurien supérieur
du Canada); par M. J.-W. Davvson. Un volume de 100 pages, avec 20
planches. Montréal, 1871, chez Dawson frères.
r
Ce volume fait partie des publications faites dans l 'Etude géologique du
Canada , dont le directeur est.M. Alfred R. -C. Selwyn. M. le docteur Dawson
y a consigné les résultats de longues observations faites par lui sur les plantes
fossiles des terrains anciens du Canada. A la fin de son important mémoire, il
recherche comment la considération des plantes fossiles du Canada peut modi¬
fier les idées produites jusqu’ici sur l’origine et l’extinction de l’espèce. Si
celle-ci est regardée par les botanistes comme ne variant pas actuellement
dans les limites de l’observation humaine, M. Dawson soutient qu’aucune
variation ne peut être non plus admise, en pratique , dans le cours d’une pé¬
riode géologique ancienne; il admet que dans les listes qui ont été dressées,
bien des noms ne représentent que de pures variétés oudes déterminations er¬
ronées, dans la flore actuelle et à plus forte raison dans celle des époques anté¬
rieures. On peut choisir, dit-il, dans la flore de chaque période géologique, cer¬
taines formes que l’on peut nommer des types spécifiques, et qu’on peut
regarder comme constants pour chacune de ces périodes. Quand on compare
entre eux les types spécifiques de périodes immédiatement voisines, on remarque
que les uns se continuent à travers de longs intervalles de temps, et que les
autres sont représentés par des formes alliées regardées ou comme des variétés,
ou comme des espèces, ou comme des dérivés, selon la vue que l’auteur a sur
la permanence de l’espèce. D’un autre côté, on rencontre de nouveaux types
qui ne peuvent dériver à l’aide d’aucune théorie de ceux qu’on connaît dans
la période précédente. Si celle-ci était pauvre, on pourrait supposer qu’on
n’en connaît pas tous les éléments ; mais si elle est riche, il est difficile de
rendre compte par la théorie de la dérivation de l’existence de nouveaux types
dans la période plus pauvre qui la suit immédiatement, comme, par exemple,
dans l’érien inférieur et le carbonifère inférieur.
Quand des types spécifiques disparaissent, sans anciens successeurs connus,
30
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
dans des circonstances où il semble impossible qu’on ait manqué d’observer leur
continuation, on peut affirmer qu’ils se sont éteints, au moins localement ; et si le
champ est d’observation très-étendu, que cette extinction a été générale, au
moins pour un grand pays tel que l’bémisphère septentrional américain. Si plu¬
sieurs types spécifiques se sont éteints en même temps ou à peu de distance
relative, on peut supposer que l’extinction résulte de changements physiques ;
mais là où les types disparus sont isolés dans l’ensemble de la série qui persiste,
il n’est pas déraisonnable de conjecturer, comme l’a fait M. Pictet pour les ani¬
maux, que ces types ont été limités dans leur durée, et qu’ils ont cessé d’être
en dehors de toute influence extérieure.
L’auteur fait remarquer d’ailleurs que si l’on admet que des formes spéci¬
fiques ordinaires, aussi bien que de simples variations, peuvent être dans cer¬
tains cas formées par dérivation, ceci n’exclut aucunement l’idée que des types
spécifiques primitifs peuvent prendre naissance d’une autre manière. Il com¬
pare les types spécifiques irréductibles auxquels pourront parvenir les natu¬
ralistes aux corps élémentaires obteuus par les chimistes, et la position de
certains théoriciens modernes à l’endroit de cette question à celle où étaient
les anciens chimistes par rapport aux éléments chimiques.
Il reconnaît qu’il faut tenir un grand compte des considérations géogra¬
phiques. Il insiste sur les caractères similaires que présentent, en Amérique
et en Europe, la flore de l’étage érien et celle de l’étage carbonifère, qui prou¬
vent une contemporanéité et un point de contact entre les deux hémi¬
sphères vers le nord de l’Atlantique.
M. Dawson s’est principalement occupé des relations qu’on peut recon¬
naître entre les deux flores paléozoïques les plus importantes de l’Amérique du
Nord, la flore érienne et la flore carbonifère. La flore érienne est relativement
pauvre, et ses types sont pour la plupart similaires à ceux du carbonifère. Les
uns, en petit nombre, apparaissent de nouveau, sous des formes identiques,
dans la formation houillère moyenne ; un grand nombre sous des formes voi¬
sines ; quelques-unes disparaissent simultanément. La flore érienne du New-
Brunswick et du Maine se trouve côte à côte avec la flore carbonifère de la
même région ; mêmes relations entre les deux flores du New-York et de la
Pennsylvanie. Dans le Canada on trouve, se suivant exactement, les flores du
silurien supérieur, de l’érien inférieur, moyen et supérieur, et des trois étages
du terrain carbonifère. Toutes ces flores sont composées en grande partie de
types similaires, bien qu’elles soient séparées par des affaissements ou des
preuves d’actions souterraines très-intenses, mais 11e se retrouvant pas dans
d’autres régions.
L’auteur, qui ne paraît pas admettre d’une manière étendue la dérivation
des types, indique cependant comment elle peut se produire dans certains cas,
soit par la tendance naturelle des types synthétiques à se spécialiser dans la
direction de l’un ou de l’autre de leurs éléments constituants ; soit par un
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 31
retard ou une accélération dans le développement de l’embryon ; soit par des
faits géologiques qui ont dû modifier sur certains points la constitution oro-
graphique du sol dans ces périodes reculées, savoir dans l’érien moyen, un
affaissement qui a obligé la flore à se concentrer sur des îlots où la lutte vitale
a dû être plus vive, et, à la fin de cette période, au contraire, une élévation
qui a dû fournir des sols fertiles et des aires étendues à l’expansion des
espèces (1 ) .
Une lecture a été faite sur le même sujet, par M. Dawson : On the precar -
boniferous florcis of north-eastern America , with especial référencé to that
of the Erian period, — à la Société royale de Londres le 5 mai 1870 ; elle
est publiée dans les Proceedings de cette Société, vol. xvili, n° 119, p. 333.
On tlic arrangement and morphotogy of tlic leaves of
Baptisia perfoliata ; par M. Ravenel [The amer ic an Journal ,
décembre 1871, pp. 462-A63).
M. Ravenel a lu sur ce sujet, à V American Association for the advance-
ment of science , un mémoire dont nous empruntons l’analyse à M. Asa Gray.
M. Ravenel a expliqué la cause de la torsion de la tige du Baptisia , par
laquelle ses feuilles, sur les ramuscules supérieurs, deviennent unilatérales.
Ces feuilles sont disposées sur deux rangs et paraissent l’être sur un seul, parce
que les mérithalles se tordent alternativement en sens opposé, de manière que
toutes les feuilles deviennent superposées. Les feuilles de cette plante sont
disposées verticalement comme les phyllodes des Eucalyptus et des Acacia.
M. Ravenel a reconnu que les stomates sont disposés en nombre égal sur
chacune de leurs faces. Us n’apparaissent que quand la feuille a déjà atteint
un certain degré de développement. Au contraire les feuilles du Baptisia leu -
cantha et celles du B. australis, qui demeurent horizontales, ne portent de
stomates que sur une de leurs faces. Les feuilles de ces espèces, ainsi que
celles du B. cilba et du B . perfoliata, sont à la base de la tige principale dis¬
posées en ordre tristique, mais deviennent bientôt distiques après le premier
ou le deuxième tour de spire.
On sait que la forme des feuilles du B. perfoliata est toute particulière.
Une anomalie trouvée par M. Ravenel lui a permis d’expliquer cette forme. La
feuille en apparence simple, entière et perfoliée du B. perfoliata , résulterait
d’une foliole soudée à une paire de stipules, ce qui la rapproche des feuilles
des autres espèces du même genre.
(1) Nos lecteurs auront sans doute remarqué que le terme d’étage érien , employé par
les géologues américains parce que cet étage est très-développé aux environs du lac
Érié, équivaut à celle d 'étage dévonien.
32
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Algœ japonicæ IKnsci liotaiiici lu^dimo-hatavi; auctore
AV. -F.-R. Suringar. Un volume in-Aô de 39 pages, avec 25 planches
chromo-lithographiées. Harlem, 1870.
Les espèces décrites dans ce mémoire ont été recueillies par MM. de Siebold,
Bürger, Textor, Bisschop et par l’auteur lui -même. Ces espèces sont au
nombre de soixante-dix-sept, dont vingt-deux établies par M. Suringar.
Celles-ci font l’objet de descriptions détaillées. Les ligures, qui sont fort belles,
ont été dessinées par MM. Suringar et Kouwels.
Description «le «|iiel«fncs espèces naewvclles «le I*oten-
filles «le la section Ve»*nulcs , observées aux environs de AVis-
sembourg ; par M. Ph.-J. Müller.
Dans cette note autographiée, publiée en 1870, M. Ph.-J. Müller a décrit
huit espèces nouvelles : Potentilla tomentulosa , P. stenoloba , P. obscur ata,
P. gracilescens , P. hirtella , P. incrassata , P. tenuifacta , P. mïnutiflora.
I* rôtiront ta s Monograpltiæ €2eoi*t #m / auctore N. -Joli. Schentz,
Un volume in-4° de 69 pages. Upsala, 1870. Extrait des Nova Acta Regiœ
Societatis scientiarum Upsaliensis , sér. III.
Cette monographie débute par une histoire très-détaillée du genre Geum ,
que l’auteur subdivise en deux sections de la manière suivante :
I. Calyx quinque-bracteolatus.
A. Styli articulati.
a. Carpellorum arista recta :
I. Orthostylus : — G. heterocarpum Boiss.
b. Carpellorum arista uncinata.
* Calvcis laciniæ in flore reflexæ.
II. Calligeum (styli articuli æquilongi) : — G. chilense Balb. ,
G. coccineum Sibth. et Sm.
III. C aryophyllastrum (styli articulus superior brevior) : — G. vir-
ginianum\j., G. album Gmel., G. urbanum L., G. iberecium Bess. ,
G. molle y is. , G. hispidum Fries, G. strictum Ait., G. aurantia-
cum Fries, G. japonicum Thunb., G. agrimonoides C.-A. Mey.,
G. ircanum C.-A. Mey., G. magellanicum Commers. , G. invo-
lucratum Juss. , G. parviflôrum Commers.
*** Calycis laciniæ in flore ereclo-patulæ :
a. Carpophorum longe stipitatum.
IV. Caryophyllata. — G. nutans Lam., G. rivale L. , G. pallidum
C.-A. Mey., G. geniculatum Mx.
b. Carpophorum sessile vel breviter stipitatum.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
33
V. Pseudocaryophyllata (styli articulus inferior longior) : — G. bra -
chypetalum Se r., G. intermedium Ehrh. , G. rubellum C.-A. Mey.
VI. Pseudosieversia (styli articuli æquilongi) : — G. silvaticum
Pourr. , G. pyrenaicum Vii lld., G. inclinotum Schleich., G. ca-
pense Thunb.
B. Styli continué non articulati.
YII. Sieversia : — G. reptans L., G. montanumL.} G. glaciale
Adams, G. triflorum Pursh, G. micropetalum Gasparr. , G. ane-
monoides Willd., G. radiatum Alx, G . Pechii Pursh, G. rotun-
difolium Langsd., G. calthifolium Menz. , G. albiflorum Hook.
fil., G. adnatum Wall. , G. Rossi R. Br., G. elatum'W ail.
II. Calyx ebracteolatus.
VIII. — Stylipus : — G. vernum Toit, et Gray.
L’auteur a vu vivantes, à l’exception de deux espèces, toutes les plantes
qu’il décrit.
Natiirliclie SchOpfnngs-Gcscliichte ( Histoire naturelle de la
création) ; par M. Haeckel. Un volume in-8°, 1870.
C’est la théorie Darwinienne que M. le professeur Haeckel, d’Iéna, a exposée
dans ce livre, en tenant compte des travaux récents de MM. Wallace, Huxley,
C arpenter et J. Hooker.
Pour M. Haeckel, à la base des deux règnes organisés se trouve l’embran¬
chement des protistes , créations ambiguës, intermédiaires entre la plante
et l’animal ; c’est le règne psychodiaire de Bory de Saint- Vincent. Cet embran¬
chement commence par le Monère, sorte d’amibe gélatineux qui vit dans les
profondeurs de la mer, comprend les Diatomées, les Rhizopodes, beaucoup
d’infusoires, et se termine aux Éponges.
L’auteur insiste davantage sur la partie zoologique de son sujet, repro¬
duisant des arguments qui sont connus de nos lecteurs, et sur lesquels
nous n’avons pas à insister. Dans le règne végétal, la progression, dit-il, n’est
pas aussi frappante que dans le règne animal, et cela parce que les plantes
sont des organismes peu compliqués. Cependant les Algues marines ont paru
les premières ; les Mousses et les Champignons à l’époque dévonienne, avec les
Fougères et les Lycopodes. Pendant la période houillère, les Conifères et les
Cycadées se sont réunies aux deux classes précédentes. L’apparition des Mono-
cotylédones ne remonte qu’à la période jurassique ; celle des Dicotylédones
est contemporaine de la craie ; et dans cette division, les plantes dont la
fleur n’est entourée que d’une seule enveloppe ont précédé celles qui offrent
deux enveloppes florales. Les formes végétales ont donc suivi la même évolu¬
tion que les formes animales.
M. Haeckel termine son remarquable ouvrage sur l’histoire de la création
(revue) 3
T. XVIII.
3 k SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
par la réfutation des principales objections qui ont été faites à l’ensemble des
doctrines dont Lamarck, Goethe et Darwin ont été les promoteurs (1).
On lira avec intérêt une étude de M. Ch. Martins inspirée par le livre de
M. Haeckel et publiée dans la Revue des Deux Mondes , livraison du 15 dé¬
cembre 1871. M. Martins est, on le sait, le partisan convaincu des doctrines
de l’école des métamorphoses ; pour lui, le Darwinisme, comme la méthode
naturelle, sera un jour la loi souveraine et universellement acceptée de la
science des êtres organisés. Nous relevons dans son article une comparaison
intéressante. L’apparition d’un même type morphologique, soit animal, soit
végétal, à divers degrés de l’échelle, est encore un argument en faveur de la
communauté d’origine, combinée avec des modifications subséquentes. Ainsi,
dans le règne végétal, le type Renoncule reparaît sous forme de Potentille
dans les Rosacées, et d ’Alisma dans les Monocotylédones aquatiques.
M. Martins insiste de nouveau (2) dans cette publication, et nous sommes
bien disposés à partager ses regrets, sur ce que les naturalistes français ne
tiennent plus la tête de la glorieuse phalange des explorateurs de la nature ;
si les Anglais et les Allemands nous ont devancés, c’est surtout par suite du
manque de ressources matérielles sans lesquelles tout travail en physique, en
chimie, en géologie, en botanique, en zoologie, est radicalement impossible.
Que l’État et les municipalités se concertent donc pour améliorer nos établis¬
sements scientifiques, que le savant laborieux soit encouragé, et les choses
changeront bien vile de face, à condition cependant que nous acquérions plus
généralement la connaissance des langues étrangères. ...
Ueîier einc neiee, von H. l*seof. Kiilin in Halle aufgestcllte
Urcdinceii-Gaftung; imd Art C(tl»jpti*ospo»*a €ioep-
■pertiuM* ( Sur le Calyptrospora Goeppertiana, constituant un genre
nouveau d’Urédinées, établi par M. le professeur Kuhn de Halle); par
M. Schneider (A7e J ahresbericht der Schlesichen Gesellschaft fur vater-
làndische Cultur , 1870, p. 98).
Ce Cryptogame nouveau a été découvert sur le Vaccinium Vitis idœa dans
les montagnes des Géants. Il apparaît comme une tache muqueuse sur la
tige, plus rarement sur les pédoncules ou sur les feuilles. Les spores se trou-
(1) Ceux de nos lecteurs qui désirent se tenir au courant des travaux de l’école Dar¬
winienne, liront avec intérêt un mémoire publié par M. Moritz Wagner, l’explorateur de
l’Amérique centrale, dans les Sitzungsberichte de l’Académie royale de Munich, 1870,
t. II, 2e livraison. Ce mémoire est intitulé : De l'influence qu'exercent l’isolement géo¬
graphique et la formation des colonies sur les modifications de forme des organismes. Ce
procédé de modification est placé par l’auteur en regard de la théorie de la sélection
naturelle. Pour M. Wagner, sans l’isolement géographique, c’est-à-dire si l’individu
n’est pas séparé de la souche qui l’a produit, il est impossible, chez les animaux supé¬
rieurs à sexes séparés, qu’il se crée aucune variété constante ou espèce nouvelle. Les
exemples deM. Wagner sont empruntés à la zoologie et aux régions qu’il a explorées.
(2) Voy. le Bulletin, t. xv (Revue), p. 221.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 35
vent pressées dans les cellules épidermiques et sont étroitement entourées par
la membrane de la cellule; elles sont irrégulièrement elliptico-prismatiques,
obtuses supérieurement, d’un brun sombre, inférieurement arrondies et d’un
brun brillant, généralement divisées en quatre parties par une partition cru¬
ciale, longues de 9-10 et larges de 8-9 mikromillim. D’après M. Kühn les
spores germent au printemps, et il sort un germe de chaque division de la
spore. Les stérigmates sont courts, portent quatre sporidies; celles-ci sont
sphériques et colorées en blanc. M. Fuckel a publié ce Champignon, sous le
nom de Fusidium tumescens , dans ses Fungi rhenani , sous le n° 1653.
Uelier die Famille «1er Compogiten iu ftteiiliollaxicl uud
Tasinaiileii; par M. Langner (ibid., pp. 127-133).
Ce travail est simplement un extrait fait sur le Flora ausBaliensis de
MM. Bentham et F. Muller, mais qui présente tout fait un travail fastidieux
auquel on pourrait être tenté de se livrer dans des recherches de géographie
botanique, et important, puisque l’Australie ne renferme pas moins de quatre
cent quatre-vingt-seize espèces de cette famille. L’auteur a longuement re¬
cherché combien de ces espèces étaient répandues dans une ou plusieurs des
régions de la Nouvelle-Hollande ; peut-être ne possède- t-on pas encore de
documents assez étendus pour que ce travail puisse être exécuté avec fruit. Il
n’en est pas de même de la comparaison de la végétation australienne avec
celle des autres pays. Les Composées non exclusivement australo-tasmanieiines
sont au nombre de cinquante-cinq. Parmi elles se rencontrent en premier
lieu Bidens tripartita L., Cotula coronopifolia L. , Gnaphalium luteo-
album L., Hypochœris glabra L. , Picris hieracioides L. , Sonchus ole-
raceus L. et S. asper Ail.
La grande masse de ces cinquante-cinq espèces appartient à l’Asie méri¬
dionale, d’où elle s’étend, d’un côté jusqu’en Afrique, de l’autre à la Chine,
atteignant la Nouvelle-Hollande, la Nouvelle-Zélande et même le continent
américain. Il n’y a que dix Composées communes entre l’Australie et la Nou¬
velle-Zélande, et trois entre T Australie, la Nouvelle-Guinée et la Nouvelle-
Calédonie ; enfin une seule avec l’Amérique tropicale, et même extra-tropi¬
cale, avec l'Afrique méridionale et même Formose, Timor et Bornéo.
L’auteur n’a pas compris dans ces recherches trente-trois espèces de Com¬
posées qu’il regarde comme introduites à la Nouvelle-Hollande ; la plupart de
celles-ci sont communes en Europe. Une vient du Cap, le Cryptostemma
calendulacea R. Br.
Feber das Harz der Tampico- J a lape ( Sur la résine du Jalap de
Tampico ) ; par M* H. Spirgatis (Sitzungsberichte der k. b. Akademie der
Wissenschaften zu München , 1870, t. il, 2e partie, pp. 125-133).
Dans l’étal actuel de la science, les Jalaps du Mexique sont considérés
36
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
comme produits par trois espèces mexicaines, Ylpomœa PurgaA, Vend., 17.
orizabensis Pelletan et 17. simulans Hanburv. C’est ce dernier, décrit par
M. D. Hanburv dans le onzième volume des Proceedings de la Société Lin-
néenne de Londres, qui vient de Tampico et qui fournit le Jalap dit de
Tampico. Ce Jalap se présente en tubercules d’un brun sombre très-analogues
à ceux du vrai Jalap, piriformes ou sphériques, lourds, ou en fragments
coupés provenant de tubercules plus légers et plus clairs de couleur. Ordinai¬
rement ces tubercules sont moins ondulés que ceux du vrai Jalap et plus forte¬
ment colorés à l’intérieur. Ces tubercules sont toujours entremêlés à des
stolons longs d’un demi-pied environ, épais de quatre pouces, amincis aux
deux extrémités, légers, quelquefois fendus dans leur longueur, extérieure¬
ment ridés et d’un brun noir, intérieurement d’un blanc de lait.
L’auteur a nommé tampicine la résine qu’il a extraite de ces tubercules.
Les propriétés de cette substance la rapprochent beaucoup de la convolvuline ;
elle s’en distingue cependant parce qu’elle est soluble dans l’éther, du moins
quand le Jalap de Tampico n’est point mêlé d’un autre Jalap. En absorbant
de l’eau en présence des bases énergiques, la tampicine, comme la convolvu¬
line, se transforme en acide tampicique, soluble dans l’eau. Tandis que Mayer
a donné pour la formule de la convolvuline C31H50O16, M. Spirgatis a obtenu
pour celle de la tampicine C34H54014. La tampicine appartient comme la
convolvuline à la classe des glucosides, car elle peut se dédoubler en sucre et
en un acide gras.
Ucïier die Veràndeiusi^' cinigcr BLsmem bsxicI SSIüêBicu-
fiàrbcfii «lurcli ABiassiamiakgas (De la modification que produit
le gaz ammoniac sur la couleur de quelques fleurs) ; par M. Vogel
(Sitzungsberichte der k. bayer. Akadernie der Wissenschaften zu
München , 1870, t. n, lre partie, pp. 14-26).
Gomme résultat général, l’auteur insiste sur la différence d’action que
possède l’ammoniaque sur les matières colorantes des fleurs, selon que ces
matières sont dissoutes dans le suc cellulaire ou retenues dans des corpuscules.
Dans ce dernier cas l’action exercée est beaucoup plus faible. Ainsi les cor ¬
puscules jaunes persistent presque sans altération aucune après le contact de
l’ammoniaque, ou bien prennent une coloration plus intense, qui peut même
passer au rouge, ou au brun-rouge (Zinnia). Ce genre est fort singulier,
parce que dans la couche supérieure des cellules de ses fleurs on trouve une
sève d’un rouge bleuâtre et des corpuscules orangés ; tandis que la couche
inférieure ne renferme qu’une sève incolore avec quelques corpuscules d’un
jaune clair. Quand les corpuscules qui renferment la matière colorante des
fleurs ont une teinte bleue, ils restent non modifiés après l’action de l’ammo¬
niaque, ou bien ils deviennent d’un vert sale, ou ils blanchissent. Les solutions
colorées, si elles sont bleues, passent toujours au vert. L’action de l’ammo-
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
37
iliaque ressemble souvent à celle de la sécheresse ; cependant le Lotus corni-
culatus, qui verdit spontanément et assez vite, résiste pendant douze heures
à l’action de l’ammoniaque.
L’auteur a fait sur les couleurs de quatre-vingt-six plantes différentes des
expériences dont il rapporte les résultats sous forme de tableau .
Mole sur quelques produits de la Mouvelte-Calédoulc ;
4e série, par M. J. -Léon Soubeiran ( Journal de pharmacie et de chimie ,
t. x, pp. 147-265).
Les produits de la Nouvelle-Calédonie sur lesquels M. Soubeiran a appelé
l’attention de la Société de pharmacie, ont été envoyés par M. Bavay, phar
macien de la marine, qui a fait un séjour prolongé cà la Nouvelle-Calédonie.
Les indigènes de cette île désignent sous le nom d 'Oudiépé une résine qu’ils
obtiennent par la mastication des bourgeons de divers Gardénia. Tout fai
penser à M. Soubeiran que VOudiépé pourrait être appliqué aux mêmes
usages que le Dikkamali des Indiens , fourni par les Gardénia gummifera
L. et G. lucida Roxb. , usité comme antiseptique dans la thérapeutique chi¬
rurgicale aux Indes anglaises.
Le Kaori des Néo-Calédoniens est une résine d’un blanc jaunâtre, à cassure
nette, brillante, aussi dure que la colophane, qui découle du tronc de plusieurs
Dammara (Dieou dans le dialecte du pays).
Le Morinda tinctoria Roxb. fournit l’écorce de ses racines, de laquelle
M. Bavay a retiré de l’alizarine, et qui, réduite en fragments et bouillie avec
les feuilles d’une Myrtacée voisine du Barringtonia , donne une couleur
rouge, employée par les indigènes pour la teinture en rouge.
Le Peziza Auricula Judœ , assez commun à certaines époques sur les
arbres en décomposition à la Nouvelle-Calédonie, est desséché par quelques
industriels, qui l’exportent en Chine, pour y servir d’aliment, disent les
uns, pour entrer dans la préparation de la laque, disent les autres.
L’écorce aromatique de YOcotea aromatica fournit une essence d’une odeur
agréable, mais qui diffère sensiblement de celle de l’écorce même.
Le Santalum austro-caledonicum Vieill. ( Tibeau des Néo-Calédoniens),
autrefois très-abondant dans l’île, y est aujourd’hui devenu très-rare, en
raison de l’exploitation exagérée qui a été faite de son bois citrin, très-
odorant et de très-bonne qualité. Il fournit une essence jaune très-agréable
Le Santal est souvent, à cause de sa rareté, remplacé par le bois du Myopo-
rum tenuifolium Forst. , qui, très-agréablement odorant sur sa cassure fraîche,
perd rapidement son odeur suave.
L ' Andropogon Schœnanthus L. est employé par les indigènes dans les
dérangements d’entrailles auxquels ils sont sujets. Il donne par distillation une
eau aromatique employée avec avantage dans le traitement des ulcères et des
rhumatismes. Cette espèce se rapproche beaucoup, par conséquent, del’/ln-
38
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
dropocjon pachnodes Trin., dont l’essence est usitée aux Indes dans les affec¬
tions intestinales et les embarras gastriques, en embrocations dans les rhuma¬
tismes et névralgies.
Mais le plus intéressant de ces produits est certainement le Melaleuca viri-
diflora Gârtn. (Niaouli). L’écorce de cette Myrtacée offre une partie subé¬
reuse divisée en nombreux feuillets très-minces, employés par les indigènes
pour garnir l’intérieur de leurs cases, calfater les coutures de leurs pirogues,
faire des torches, etc. Les feuilles de Niaouli fournissent par distillation une
essence incolore ou jaune, d’une odeur acre, aromatique, d’une saveur chaude
et piquante; elle est peu volatile, soluble dans l’eau, mais plus encore dans
l’alcool. Cette essence doit être rapprochée de celle de Cajeput, fournie éga¬
lement par un Melaleuca , et peut-être aussi de celle d’ Eucalyptus.
Sur deux produits de l’Agaric blauc , par M. G. Fleury
{Journal de pharmacie et de chimie , 1870, t. x, pp. 202-20Ù).
L’un de ces produits est la résine d’agaric. .C’est une matière d’un rouge
brun quand elle est en masse, blonde à l’état pulvérulent, insoluble dans
l’eau, mais très-soluble dans l’éther et dans l’alcool. Elle donne des précipités
avec la plupart des sels métalliques. Elle est un peu amère; elle purge à la dose
de 0gr,15, mais faiblement.
Le deuxième corps est l’acide agaricique, blanc, cristallisable en aiguilles
microscopiques, qui se groupent en faisceaux, fusible à 145°, 7. Les solutions
alcalines le dissolvent en devenant visqueuses.
Note sur les Hussin de l’Inde; par IV1 . J. -Léon Soubeiran ( Jour¬
nal de pharmacie et de chimie , t. x, 1870, pp. M0-M3).
Ces arbres de la famille des Sapotacées croissent dans l’Inde depuis les
bords de la mer, qui leur sont les plus propices, jusque sur les montagnes,
où ils peuvent supporter un froid vif en hiver. Les Heurs fournissent par
fermentation une assez forte proportion d’un alcool aromatique. Cette dernière
liqueur est douée d’une odeur âcre et fétide qui disparaît avec le temps ; elle
est très-employée par les indigènes, mais elle provoque sur les Européens
fraîchement débarqués des troubles de l’estomac, considérés comme une des
causes les plus énergiques de la mortalité des troupes envoyées en garnison
dans l’Inde.
L’huile qu’on retire des fruits avec l’ébullition et la pression est employée
pour enduire le corps. Jaune, solide à la température ordinaire comme de
l’huile de coco, elle offre une très-grande ressemblance avec du beurre, mais
en diffère par une odeur forte, qui disparaît en partie au feu. Cette huile,
outre ses usages culinaires pour le bas peuple, est aussi employée comme
combustible, bien qu’elle brûle avec une odeur et une fumée détestables et
39
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE .
suffocantes, au point que tout animal, insecte, rat ou serpent, qui ne peut
sortir des huttes, ordinairement closes avec le plus grand soin pendant la mau¬
vaise saison, périt infailliblement, tandis que ies Indous peuvent résister à
cette infection. — Trois espèces de Bassia , B. longifolia Roxb., B. lati-
folia Roxb. et B. butyracea, sont employées aux Indes.
Arrangement for cross-fertîHzatton ®f tlie fflowers ®f
ScrofiMiurito nodosa (. De la disposition qu'offrent les fleurs du
Scrofularia nodosa à la fécondation croisée ) ; par M. le docteur Farlow
( The american Journal , Aug. 1871, pp. 150-151).
M. Farlow, qui est attaché à l’enseignement de M. le professeur Asa Gray,
a remarqué que dans le bouton fraîchement ouvert du Scrofularia nodosa , la
partie supérieure du style est pliée en avant de manière à présenter le stigmate
à l’action du pollen, juste au-dessus de la lèvre inférieure étalée de la corolle;
les anthères, non encore ouvertes, sont hors de vue à la base de la corolle,
leurs filaments étant fortement recourbés. Sur un bouton d’un ou de deux
jours plus vieux, le style s’est flétri, et les filaments se sont étendus de manière
à porter les quatre anthères jusqu’à la gorge de la corolle à la base de la
corolle, juste derrière le stigmate, en s’ouvrant par une déhiscence transver¬
sale, mais trop tard pour que la fécondation leur soit due. Elle est d’ailleurs
exécutée par le transport du pollent dont se chargent les abeilles, qui visitent
fréquemment ces fleurs.
IJelier zwei newe Su Sclilesien gefiiiitlcne Arten aiss
FainiSie «1er Frcdlneen (Sur deux espèces nouvelles de la fa¬
mille des Urédinées trouvées en Silésie ) ; par M. AV. -G. Schneider (48 e
J ahresbericht der Sc/desischen Gesellschaft fur vaterlandische Cultur ,
pp. 170-171).
L 'Uromyces Prunelles a été suivi dans ses trois phases sur le Prunella
vulgaris. Les téleutospores sont brunes, largement ovales ou presque rondes,
avec un sommet large et plus clair ; la tige est très-courte. L 'QEcidium de
cette espèce est muni de faux périthéciu ms blancs et dentés, l’ Uredo despores
brunes arrondies.
Le Puccinia caulicola a des téleutospores allongées, comprimées à la base,
étranglées dans leur milieu, brunâtres, dépourvues de pédoncules ; les compar¬
timents {fâcher) sont presque arrondis, plus larges que hauts.
BIBLIOGRAPHIE.
Notiz über die einheimischen Cinclidotus- Arten {Notice sur les espèces
indigènes de — ); par M, P.*G. Lorentz {Botanische Zeitung, 1869, n° 34).
40 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Uebersicht der in südliclien Bôhmen, insbesondere in den weiteren Umge-
bungen von Krumau vorkommenden Farrenkràuter ( Revue des Fougères qui
se rencontrent dans le sud de la Bohême , et particulièrement dans les envi -
rous de Krumau) [Lotos, 1869, pp. 21-24).
Illustrations de la flore de l’Archipel indien; parM. F.-A.-W. Miquel, in-4°
avec 25 planches, en deux parties séparées; valant ensemble 21 fr. 25.
On the Physiks of arctic ice ( Sur les phénomènes des contrées glaciaires
arctiques) ; par M. Robert Brown de Campster ( Proceedings of the geologi -
cal Society of London , n° 105, février 1871).
Untersuchungen über die Végétation des N.-W. deutschen Tieflandes
( Recherches sur la végétation des pays bas du nord-ouest de V Allemagne) ;
parM. Fock eiGiebels Zeitschrift fur die qesammten Naturwissenschaften ,
février 1871).
Ueber Pilz-Epidemien bei den Insekten [D'une épidémie de Champignons
sur les insectes) ; par M. le prof. F. Colin ( Siebenundvierzigster Jahres -
bericht der Schlesischen Gesellschaft fur vaterlandische Cultur , Breslau,
1870, pp. 85-87).
Verzeichniss der im Jahre 1869 bekannt gewordenen Fundorte neuer und
weniger hâufiger Phanerogamen und Gefâsskryptogamen Schlesiens [Cata¬
logue de localités nouvelles , découvertes en 1869, pour des phanérogames
et des cryptogames vasculaires de Silésie, nouvelles ou rares); parM.Engler
(; ibid . , pp. 103-120). — On trouvera dans cette liste une étude spéciale de
Y Hieracium dovrense Fries et du Galium aristatum Fries.
Verzeichniss neuer Standorte [Énumération de localités nouvelles) ; par
M. J. Milde [ibid., pp. 120-114). Nous devons signaler dans ce travail la
description de trois Mousses nouvelles, Brachythecium Geheebii Milde, Po-
lytrichum anomalurn Milde, et Barbula insidiosa Jur. et Milde.
NOUVELLES.
(Mars 1872.)
— Aux pertes que la science a faites depuis deux ans, et que nous avons
mentionnées dans le dernier cahier de Revue , nous devons ajouter celle dcM. le
baron Karl von Hügel, décédé à Bruxelles le 2 juin 1870 à 1 âge de soixante-
quinze ans, bien connu par ses voyages botaniques en Australie et en Asie. Il
a été le fondateur de la Société d’horticulture de Vienne. C’est sous sa direction
que fut créé à San Donato (Florence) le jardin Demidoff, autrefois le plus
riche de l’Italie. Il est l’auteur de plusieurs publications : Orchideensammlung
in Fruhjalir (Vienne, 1845), où sont énumérées 1080 espèces; Botanisches
Archiv des Gartenbaugesellschaft des OEsterreichischen Kaiserstaat (Vienne,
1847). Les espèces nouvelles qu’il avait découvertes en Australie en 1833 ont
été décrites dans l’ouvrage intitulé Enumeratio Pluntarum quas in Nova-
Hollandia collegit C.-L. de Hügel, 1837.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. h\
— M. Pietro Savi, professeur de botanique à l’Université de Pise, et
directeur du jardin botanique de cette ville, est décédé le 9 août der¬
nier. M. Savi était depuis quelque temps éloigné de l’enseignement par
l’altération de sa santé. Les premiers travaux botaniques que nous con¬
naissions de ce professeur distingué (sur Y Iris chamœiris , sur le Sarotea
blentinensis) remontent à l’année 1839. On trouvera dans un opuscule
consacré à sa mémoire, dû à la plume de M. le baron Philippe Narducci
Boccaccio, et publié par les soins de sa veuve, tous les détails bibliographi¬
ques nécessaires pour retrouver ses écrits dans les bibliothèques. Cet opus¬
cule a paru à Macerata en 1871, typ. Mandai ; il est intitulé: Arendere
piu onorato il nome del cav. Pietro Saviy prcf. di botanica nella R. Uni-
versità di Pisa, mancato il 9 agosto 1871, Fausta Molinari , di lui con-
sorte amantissima dolentissima con ogni cura e sollicitudine queste pa¬
role di elogio divolgavane , che il barone prof. Filippo Narducci Boccaccio
da lei instantamente incaricato alla memoria offerendevole delV amico vo -
lonterosamente scriveva.
— Le Times du 12 décembre dernier a annoncé la mort de M. B. See-
mann, directeur des mines de Javali au Nicaragua. M. Seemann est mort, peu
après son arrivée à la mine, d’une fièvre qu’il avait contractée à Colon, le
10 octobre. Le Gardeners ’ Chronicle du 30 décembre contient un portrait
et une étude biographique du savant décédé, ainsi que le premier numéro de
la 2e série du Journal of Rotang , maintenant édité par MM. Henry Trimen
et J. -G. Baker.
M. B. Seemann était né en 1825 à Hanovre. Son premier mémoire fut
écrit par lui dans sa dix-septième année. D’abord attaché au jardin botanique
de Kew, alors dirigé par M. J. Smith, curator, il fut, grâce à la recomman¬
dation de Sir W. Hooker, adjoint comme naturaliste au voyage de Y Herald en
18Û6. En traversant l’isthme de Panama pour rejoindre ce vaisseau, il y fit
d’amples matériaux, et plus tard, pendant trois ans, partagea ses courses aven¬
tureuses (voyez le Narrative of the voyage of H. M . S. Herald). Durant
ces voyages, il visita les déserts du Pérou et les Cordillères en compagnie de
M. Bedford Pim, avec lequel il parcourut tout récemment le Nicaragua (princi¬
palement le district de Chontalès et la côte des Mosquitos) ; dans une autre
exploration il traversa la Nouvelle-Ségovie, les provinces occidentales du
Mexique, la Sierra Madré, de Mazatlan à Durango, dans des pays trou¬
blés par les incursions des Apaches, où il faillit laisser la vie. Trois fois Y He¬
rald alla croiser par le détroit de Behring dans les latitudes polaires ; à son
retour, il toucha à Hong-Kong, à Singapore, au cap de Bonne-Espérance,
à Sainte-Hélène et à l’Ascension, et atteignit l’Angleterre le 6 juin 1851. En
1853 parut le Narrative , et de 1852 à 1857, le Rotang of H. M. S.
Herald , renfermant les flores des Esquimaux, de l’isthme de Panama, du
/j2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Mexique occidental et de l’île de Hong-Kong, ouvrage pour lequel M. J.
Hooker a fourni les analyses des planches dessinées par M. Fitch. M. Seemann
reçut alors de ^université de Gœttingue le titre de docteur en philosophie,
et fut honoré de celui de membre de l’Académie des curieux de la nature,
sous le cognomen de Bonpland.
C’est en 1853 que M. Seemann commença la publication du Bonplandia ,
recueil allemand in- 4° édité à Londres et publié à Hanovre, dont le dixième
et dernier volume est de 1862.
En 1859, M. Seemann, toujours infatigable, demanda et obtint d’être
adjoint à l’expédition dirigée aux îles Viti ou Fiji par le colonel Smythe ;
d’où la publication du Flora vitiensis, ouvrage dont les neuf premières
parties ont été successivement analysées dans ce Bulletin , et dont la der¬
nière, renfermant la cryptogamie et due à la collaboration de divers bota¬
nistes, doit paraître prochainement.
Le Bonplandia , ne paraissant plus, fut remplacé par le Journal of Botany ,
British and foreign, pour lequel les fréquentes absences de M. Seemann le
forcèrent souvent de recourir à l’obligeante collaboration de MM. Trimen et
Baker. En 186ù et 1866, il fit pour le compte de capitalistes français et hol¬
landais de nouveaux voyages dans l’Amérique centrale. Le résultat de ces
explorations fut l’acquisition, par des capitalistes anglais, des mines d’or de
Javali, situées dans les Chontalès, et où il est décédé dernièrement.
La liste des publications de M. Seemann, tracée dans le Catalogue de la
Société royale, comprend 58 numéros. C’est à lui que M. Regel a dédié une
Gesnériacée qui est aujourd’hui le Seemannia silvatica Haust.
— Nous avons le regret d’annoncer à nos lecteurs la mort de M. le docteur
Spring, décédé à Liège le 17 janvier dernier dans sa cinquante-neuvième
année. Allemand de naissance, M. Spring, nommé professeur de physiologie
à l’université de Liège, avait fait de la Belgique sa patrie d’adoption. Il a pu¬
blié des travaux de médecine, de physiologie et de géologie, mais il était
surtout connu des botanistes par sa monographie des Lycopodium et des
Selaginella.
— M. le professeur Th. Caruel nous prie de modifier en partie la nou¬
velle qui le concerne, donnée dans le dernier cahier de Revue (t. xvii,
Revue , p. 190), d’après des informations erronées. C’est M. Delpontequi est
maintenant professeur de botanique à l’Université de Turin. M. Th. Caruel
est attaché au même titre à l’Université de Pise, et directeur du jardin bota¬
nique de cette ville.
— D’après une communication faite à la Société des sciences de Gœttingue,
parM.Wicke, la valeur nutritive de certains Champignons, calculée sur la sub¬
stance sèche, par leur richesse en protéine, est dans la Trulîe de 36,62 pour
RE’VUE BIBLIOGRAPHIQUE.
43
100, dans la Morelie de 33,90, dans le Clavaria pava de 24,43, dans YAga-
ricm cantharellus de 23,43, et enfin dans le Boletus editlis de 22,82. Les
autres plantes nutritives les plus estimées n’ont de protéine, à l’état sec, le
Seigle que 12,82, puis, en montant, le Froment 15,18, les Pois 16,13, les
Lentilles 27,83 pour 100. Par la quantité de sels, c’est-à-dire de cendres
qu’ils renferment, les Champignons se font considérer encore comme un suc¬
cédané de la viande.
— M. Wicke a encore fait connaître à la même Société des expériences
fort intéressantes de M. P. Wagner, expériences qui;, bien qu’exécutées sur
une petite échelle, sont de nature à intéresser les agriculteurs. M. Wagner a
fait germer et croître du Maïs dans de l’eau distillée, additionnée d’une solu¬
tion nourricière composée de créatine, de phosphates de potasse et de fer, de
chlorure de calcium et de sulfate de magnésie. Cette solution fut renouvelée
tous les quinze jours et saturée d’acide carbonique tous les deux ou trois jours
pour empêcher les moisissures de s’v développer. La créatine fut retrouvée
dans les plantes. — D’autres expériences du même auteur ont prouvé, d’ac¬
cord avec MM. Birner et Lucanus, que l’on ne peut remplacer le fer par le
manganèse dans la constitution des plantes. — M. Wagner s’est occupé en¬
core de l’influence qu’exerce le chlore sur la végétation. lia remarqué que
des plantes élevées dans des solutions complètement privées de chlore déve¬
loppent incomplètement leurs organes reproducteurs.
— M. Bouchardat a observé la présence du sucre de lait dans le suc de
YAchras Sapota. Sur 100 parties de matière sucrée extraite de ce suc, il a
trouvé 55 de sucre fermentescible (sucre de canne) et 45 de sucre de lait.
— L’herbier de Fougères de M. Fée a été acheté pour le Musée de Rio-
Janeiro, par S. M. l’Empereur du Brésil.
— - M. Rivière a dernièrement entretenu la Société centrale d’horticulture
d’observations faites au jardin du Hamma, près d’Alger, sur la croissance du
Bambusa mitis et sur celle de Y Agave mexicana. Le Bambusa mitis , qui
entre en végétation au printemps, allonge sa tige avec une telle rapidité, qu’on
l’a vue gagner 0m,57 en vingt-quatre heures; des mesures prises avec soin de
six en six heures ont montré que la croissance de cette tige est plus rapide
pendant la nuit que pendant le jour : l’allongement nocturne est supérieur
d’environ un tiers à l’allongement diurne. Au contraire, pour Y Agave mexi¬
cana, M. Rivière fils a constaté que la hampe de cette Liliacée s’allonge plus
fortement pendant le jour que pendant la nuit, comme celle de Y A. americana
le fait d’après plusieurs observateurs (1). Les observations thermométriques
(1) Voy. le Bulletin, t. xm (Revue), p. 246.
l\Ix SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
faites au Hamma n’ont pas montré la moindre relation entre l’élévation de la
température et l’allongement de la tige. Une fois seulement, au mois de sep¬
tembre 1869, un violent sirocco ayant amené un exhaussement de tempéra¬
ture tel que le thermomètre s’éleva jusqu’à 53 degrés centigr., on remarqua
que la tige de cette grande espèce croissait en longueur plus rapidement en¬
core que de coutume.
— Il résulte de renseignements envoyés par M. Baraquin et communiqués
par M. Delondre à la Société d’Acclimatation, que les fruits du Bertholletia
excelsciy que l’on vend dans nos rues sous le nom de Châtaignes du Brésil, et
ceux de son congénère le Lecythis ollaria ou Sapucaria des indigènes brési¬
liens, ne sont pas seulement d’une grande utilité comme comestibles. On peut
encore en extraire un suc laiteux qui est employé comme condiment, et une
huile, utilisée en médecine, servant à ia cuisine et à l’éclairage. Ajoutons que
les indigènes font macérer l’écorce du Bertholletia pour en retirer une étoupe
employée au calfeutrage des embarcations ; le bois lui-même rend des services
pour les constructions navales.
— M. Ingram a mentionné dernièrement, dans une conférence faite au Musée
de Leicester, un fait intéressant. L’observatoire de Washington, aux États-Unis,
est situé dans un marais tellement meurtrier, que les aides-astronomes mou¬
raient régulièrement aussitôt arrivés. Des Soleils furent semés tout autour; ces
plantes parvinrent à l’apogée de leur développement au moment ou la fièvre
sévissait avec le plus de fureur. Le résultat de la mesure fut que le principe
fébrile, dit l’auteur, étant juste ce qu’il fallait à Y Helianthus, la fièvre cessa,
tandis que les plantes offraient l’aspect le plus luxuriant.
— On trouve, dans la belle publication de M. Cotta intitulée Y Altaï, des dé¬
tails intéressants sur la végétation d’un bassin houiller. La plupart des espèces
que signale M. le docteur IL -B. Geinitz ont été déjà décrites par M. Eicli-
wald et d’autres auteurs. Il fait remarquer la présence, dans les lits car¬
bonifères des Bains de Schwarzwald , d’une Cycadée, le Pterophyllum
blechnoides , qui se trouve également dans les couches de Sibérie.
— M. Bonnieu a récemment présenté à la Société d’histoire naturelle de
l’Hérault plusieurs espèces de Pins du Mexique qui ont bien supporté à Cette
le terrible hiver 1870-71, et dont la santé s’est maintenue parfaite dans l’été
suivant. Ce sont les P inus agacahuite hlanco , P. coarctata , P. Endliche-
riana, P. gracilis, P. Monte Allegri, P. Northumbertiana et P. Thibau-
tiana. Le Pinus elegans a péri.
— M. Loret a trouvé aux portes de Montpellier le Campamila rapuncu-
loides, qui n’avait jamais été signalé dans l’Hérault, et une localité très-abon¬
dante d’une espèce rare, le Plantago albicans.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
45
— Notre Bulletin a déjà commencé d’enregistrer des faits anormaux de
géographie botanique en relation avec les événements de la dernière guerre.
L’inondation des environs de Cherbourg, faite pour défendre cette place, a
eu pour résultat de faire produire au sol, après le retrait des eaux, une végé¬
tation tout à fait distincte de la végétation ordinaire. Le Cytisus Laburnum
est apparu dans certains endroits, formant un tapis ; on en comptait plu¬
sieurs centaines de pieds sur un mètre carré de terrain. Des remarques très-
intéressantes ont été faites sur ce sujet par M. Lafosse, dans une propriété
qu’il possède aux environs de Carentan et où sont cultivés, comme dans un
jardin botanique, de nombreux végétaux exotiques et indigènes. Plusieurs de
ces plantes exotiques, situées dans le jardin de M. Lafosse sur des pierres
meulières, ont apparu bien loin de ce jardin en très-grand nombre et ont
recouvert spontanément un espace considérable.
— L 'Elodea canadertsis , qui continue de se répandre, a été observé par
M. Milde dans le voisinage de Rothkretscham près Breslau. M. Milde signale
aussi l 'Adiantum Capillus Veneris comme naturalisé dans le parc de Buch-
wald en Silésie.
— D’après M. Flückiger de Berne, les graines du Sterculia acuminata
Beauv. ( Cola acuminata Schott et Endl.), Gurn ou Kola des indigènes afri¬
cains, contient 2,13 pour 100 de caféine. Ces graines forment depuis plu¬
sieurs siècles un objet important de trafic pour l’agrément ou la santé des
nègres.
— Le professeur Passerini a découvert dans les alluvions sablonneuses du
Pô, près de Torricello, le Cycloloma platyphyllum Moq. , Salsolacée de
l’Amérique du Nord.
— La Société vogéso-rhénane, fondée en 1863 par M. A. Mæderetie pro¬
fesseur Kirschleger (l’auteur de la Flore d'Alsace ) a dû interrompre ses tra¬
vaux dans les malheureuses années 1870 et 1871; elle vient de les reprendre.
Nous avons déjà mentionné à diverses reprises l’existence de cette Société qui
a pour but l’échange des plantes sèches (exclusivement européennes) et qui
fournit aux botanistes un moyen facile et peu dispendieux de développer leurs
collections. L’association se compose de cinquante membres; chacun d’eux
fournit six espèces, en cinquante parts chacune, choisies entre les plantes
ubiquistes et possibles spéciales à la contrée qu’il habite ; vers la fin de l’année
chaque membre adresse son envoi franco à Mulhouse, et le comité directeur
retourne à chaque adhérent 50x6 soit 300 espèces. Une cotisation annuelle
de 5 francs par membre est destinée à subvenir aux divers frais tels que :
impression des catalogues, circulaires, ports de lettres, etc. Nous ajouterons
que les membres de la Société sont répartis dans des stations qui représentent
presque tous les pays de l’Europe: la France dans ses diverses régions, la
A6
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Suisse, l’Autriche, l’Italie, la Belgique et même la Suède. Les espèces dis¬
tribuées de 1863 à 1870 sont au nombre de 2483. La Société a fait depuis
l’année 1870 plusieurs pertes parmi ses membres, et elle recevrait volontiers
encore quelques adhésions nouvelles dans le but d’atteindre à peu près le
chiffre normal de ses membres, lequel ne doit, du reste, en aucun cas dépasser
50. Pour les détails des statuts de l’association, renseignements, envois de
catalogues, etc., s’adresser au Président du comité de Mulhouse, M. Ph.
Becker, professeur, rue des Fabriques, à Mulhouse, ou à M. Émile Burnat,
villa Signora, à Cannes (Alpes-Maritimes).
. — M. Péronin vient de partir comme naturaliste- voyageur pour explorer la
partie de l’Asie Mineure comprise entre le cap Anémour et le golfe d’Alexan-
drette, ainsi que les hautes chaînes du Taurus, qui sont dans le voisinage.
Toutes les plantes, déterminées par M. Boissier, seront accompagnées d’éti¬
quettes imprimées portant un numéro d’ordre et le nom du botaniste à qui
l’on doit la détermination. M. Péronin espère rapporter environ quatre cents
espèces. Le prix de chaque centurie, vu les frais assez élevés du voyage, est
fixé à 30 francs.
M. Péronin a entrepris ce voyage sous le patronage de M. Bourgeau, à qui
l’on pourra s’adresser pour les demandes de renseignements.
— M. M.-C. Cooke est dans l’intention de publier à Londres un journal
mensuel consacré exclusivement à la botanique cryptogamique (les Fougères
exceptées). Ce journal aura un petit format, dans le genre de celui de Y Hed-
tvigia. Il paraîtra dès que l’auteur sera assuré d’un nombre suffisant de
souscripteurs. Le prix sera de 6 fr. 25 par an, payables d’avance, frais de
poste compris. La collaboration de MM. W.-A. Leighton, Lauder-Lindsay,
Braithwaite, F. Kitton et autres savants est déjà promise à M. Cooke. —
Adresser toute communication relative au Journal of the cryptogamie Botariy
5 M. Cooke, 2, Grosvenor Villas, Junction Road, London, N.
— L’important recueil allemand nommé Palœontographica , et consacré
à des travaux de paléontologie en rapport, soit avec la zoologie, soit avec la
botanique, soit avec la géologie, vient d’être modifié. La première série de
ce recueil sera très-prochainement terminée. Une table alphabétique par
matières, par pays et par noms d’auteurs, est préparée par les soins de MM. VV.
Waagen et E. Becker, de Munich. Les travaux botaniques de cette première sé¬
rie ont été séparés des autres, reliés ensemble et sont mis en vente isolément
à la librairie Th. Fischer, de Cassel. Les savants qui continuent la publication
du Palœontographica sont MM. W. Dunker, de Marburg , et K. -A. Zittel,
de Munich. C’est à M. Dunker qu’on devra s’adresser pour demander l’inser¬
tion des travaux de botanique fossile dans le Palœontographica.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. kl
— Il a paru, en 1870, à Berlin, une deuxième édition du Synopsis Floræ
classicœ de M. Fraas.
— M. AV. Carruthers, du British Muséum, se prépare à publier un Supplé¬
ment à l’ouvrage classiqne mais un peu ancien, de Lindley et Hutlon sur la
flore fossile de la Grande-Bretagne.
— Certains ouvrages de grande valeur se trouvent actuellement offerts
dans le commerce de la librairie à des prix réduits. On peut trouvera Londres,
chez Bernard Quaritch, 15, Piccadilly, le Rumphia deBlume pour225 francs;
le Flora Javæ de Blume pour 156 fr. 25 c.; le Flora japonica de Siebolcl
pour 105 francs ; Collection des Orchidées , etc., deBlume, pour 20 francs.
— M. Leitgeb a réuni en un volume les quatre mémoires d’histologie vé¬
gétale qu’il a publiés successivement dans les Comptes rendus de l’Académie
des sciences de Vienne, et qui ont été analysés dans cette Revue , sous le litre
de Beitrdge zur Entivickelungsgeschichte der P flanzenorgane. Le prix en est
de 6 fr. 25 cent.
— L’exposition polytechnique de Moscou, dont la durée doit être de trois
mois, s’ouvrira le 30 mai 1872, dans des constructions élevées dans le jardin
du Kremlin. Cette exposition consistera essentiellement en une sorte de
Musée temporaire, analogue à celui qui existe déjà depuis plusieurs années
au jardin de Kew.Elle comprendra quatorze sections, dont l’une a rapport
aux forêts ; celle-ci se subdivise delà manière suivante : géographie, topo¬
graphie, cultures régulières ou artificielles, importance de l’arboriculture
dans ses relations avec l’économie politique, étude des animaux utiles ou nui¬
sibles aux forêts, herbiers, publications, etc. Une autre section est affectée
à la botanique et à l’horticulture, une troisième à l’économie domestique et
rurale, etc. Il n’y aura pas de concours proprement dit, mais il sera cepen¬
dant accordé des récompenses aux meilleures et aux plus utiles applications
de la science à l’industrie et aux plus remarquables perfectionnements des
méthodes d’instruction.
— La fédération des Sociétés d’horticulture de Belgique a mis au coip
cours, pour 1872, vingt et une questions dont un certain nombre doivent
être mises sous les yeux de nos lecteurs.
6° Écrire la monographie botanique et horticole d’un groupe naturel
(genre ou famille) de plantes assez généralement cultivé en Belgique. Le
choix du groupe est laissé aux concurrents, à l’exception de ceux qui ont déjà
été traités dans les Bulletins de la Fédération .
7° De l’influence réciproque du sujet sur la greffe.
11° Écrire la monographie botanique et horticole des Fougères cultivée
en Belgique.
Û8 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
12° Écrire la monographie botanique et horticole des Conifères susceptibles
de constituer en Belgique des essences forestières.
1 3° On demande un travail sur la circulation végétale ; la cause, la nature,
la force, la vitesse de la circulation du liquide désigné sous le nom de sève.
18° Exposer l’influence de la lumière sur la végétation, spécialement dans
ses rapports avec l’horticulture. — Influence de la latitude, de l’altitude, du
verre et des couleurs.
19° Exposer la structure, la végétation et les fonctions des racines.
20° Traité de la transpiration des plantes. Rapports de la quantité d’eau
évaporée avec les diverses circonstances de la végétation.
21° Recherches sur la reproduction des Lycopodiacées.
Nous rappellerons à nos lecteurs les dispositions réglementaires suivantes :
Art. 1er. Des prix d’une valeur de 100 à 500 francs, consistant en mé¬
dailles ou en une somme d’argent, sont affectés à chacune des questions du
concours.
Art. 3. Ne sont admis pour le concours que les ouvrages et les planches
manuscrits.
Les Mémoires en réponse aux questions proposées devront être adressés
francs de port avant le 15 octobre 1872 à M. le professeur Éd. Morren, se¬
crétaire de la Fédération, à Liège. Les questions resteront au concours jusqu’à
ce qu’il y ait été répondu , et les mémoires peuvent être adressés chaque
année avant le 15 octobre, au secrétaire de la Fédération.
* — M. Cretaine, libraire, rue des Bons-Enfants, 28, nous prie d’annoncer
qu’il procédera très-prochainement, le 23 mars, à la vente de la bibliothè¬
que laissée par feu Ch. Lemaire, l’ancien rédacteur en chef de V Illustration
horticole. Le Catalogue de cette bibliothèque est actuellement distribué.
Nous y avons remarqué des livres de prix ; les livres relatifs à la végétation
exotique y sont particulièrement nombreux.
Df Eugène Fournier.
Paris. — Imprimerie de E. Marii.net, rue Mignon, 2.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
(MARS-AOUT 1871.)
N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue cher M. F. Savy, libraire do la
Société botanique de France, rue Hautefeuille, 24, à Paris.
Rhamncæ orieiitali-asiaficæ; scripsit G. -J. Maximowicz, sociuS
Academiæ, cum tabula. — Lu le 12 avril 1866. — Extrait des Mémoires de
i Académie Impériale des sciences de Saint-Pétersbourg , Ie série, t. x,
n° 11 (1).
Depuis la publication du tome il du Prodromus , la famille des Rhamnées
n’a été l’objet d’aucun travail général. Walpers l’a omise dans son Repertorium,
et c’est dans le but de combler cette lacune, en ce qui touche du moins les
espèces de l’Asie orientale, que M. Maximowicz a rédigé son mémoire. Les
genres et espèces qui suivent y sont étudiés avec beaucoup de soin, et très-
longuement pour la plupart. Plusieurs sont seulement mentionnés : Venti-
lago leiocarpa Boni h. Fl. Hongk . ; Paliurus Aubletia B. et Sch. ; Ziziphus
vulgarïs Lam. (auquel il réunit le Ziziphus chinensis Lam., à titre de va¬
riété inermis ); Ziziphus Jujuba Lam.; Microrhamnus franguloides, sp. nov.
(Japon), qui, abstraction faite des caractères génériques, ressemble beaucoup
au Rhamnus crenata Sieb. et Zucc. ; Berchemia racemosa Sieb. et Zucc.;
B. lineata DG.; B. ? sessiliflora Benth. FL Hongk,.; Rhamnus arguta , sp.
nov. ( Eurhamnus Brong.), de la Ghine (voisin du Rh. cathartica , mais très-
remarquable entre toutes les espèces connues par ses feuilles dont les serra-
tures sont sélacées); Rh. erythroxylon Pâli.; Rh. cathartica L. , offrant plu¬
sieurs variétés : a t y pic a , (3 intermedia , y daurica (Rh. daurica Pall. ) .
En réduisant au rang de variétés certaines espèces de Rhamnus considérées
avant lui comme distinctes, l’auteur fait remarquer qu’il a fréquemment
observé dans l’Asie orientale des déviations notables chez certains types
offrant ailleurs des caractères constants. Ainsi le Lonicera chrysantha passe
au L. Xylosteum sur les côtes de la Mandchourie ; Y Evonymus Maaka, très-
différent de Y E. europœus dans la partie occidentale de sa distribution géo¬
graphique, lui redevient très-semblable vers l’embouchure du fleuve Amur, etc.
(1) Le dernier travail de M. Maximowicz qui soit parvenu à la connaissance de la
Société a été analysé dans la Revue bibliographique , t. vi, p. 309. Nous sommes re¬
connaissants à notre confrère, M. Franchet, de nous faire connaître les publications ulté¬
rieures du botaniste qui explore avec tant de succès l’Asie orientale et le Japon.
(revue) 4
T. XV Ht.
50
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Poursuivant son énumération, M. Maximowicz cite : Rhamnus japonica
Maxim. (/?. globosa Sieb. et Zucc. non Bunge) avec deux variétés, « genuina,
P decipiens; Rh. virgata Roxb. avec deux variétés, a sylvestris , p aprica ;
Rh. parviflora Bunge; Rh. costata, sp. nov. (Japon), qui joint au port du
Rh. alpina les graines du Rh. cathartica; Rh. crenata Sieb. et Zucc.; Ilove-
nia dulcis Thunb. ; Sageretia theezans Ad. Br.
Le mémoire est écrit tout entier en latin. La planche donne les figures d’un
rameau en fleur (femelle) du Rhamnus arguta , ainsi que l’anatomie des
fleurs et des fruits des Microrhamnus franguloides , Rhamnus cathartica
var. daurica , Rh. japonica , Rh. virgata , Rh. parut' folia, Rh. costata et
Rh. crenata.
Rcvisio ïlydrangcaruni Asiæ oricufalis; scripsit G. -J. Maxi¬
mowicz, socius Academiæ, cum 3 labulis. — Lu le 15 novembre 1866.
— - Extrait des Mémoires de R Acad. lmp. des sciences de Saint-Péters¬
bourg , 7e série, t. x, n° 16 et dernier.
L'auteur entend la tribu des Hydrangées dans son sens le plus large et telle
qu’on la comprend aujourd’hui, c’est-à-dire en y réunissant les Philadelphées.
Bien que la plupart des plantes appartenant à cette tribu aient été longuement
décrites et habilement figurées par Siebold et Zuccarini dans le Flora japo¬
nica, chacun sait quelles difficultés on éprouve lorsqu'on veut saisir le carac¬
tère distinctif de la plupart d’entre elles, les Hydrangea , par exemple, les
Deutzia , etc. Durant son séjour au Japon, M. Maximowicz a pu étudier ces
plantes sur le vif, et c’est le résumé de ses observations qu’il vient aujourd’hui
offrir aux botanistes.
Son mémoire concerne les plantes suivantes : Dichroa febrifuga Lour. ;
Deinanthe , genre nouveau différant du Cardiandra par la structure des
anthères, les styles soudés en colonne, l’ovaire pentamère, etc.; du Platg -
crater par son fruit à cinq loges, sa préfloraison quinconciale, etc. [D. bifida ,
espèce rare et qu’on n’a observée jusqu’ici que dans les lieux les plus ombragés
de Kiousiou et de Nippon); — Cardiandra alterni folia Sieb. et Zucc. — Pla -
tycrater arguta Sieb. et Zucc., dont la variété hortensis est plus grêle et plus
petite que le type sauvage, contrairement à ce qui arrive ordinairement.
Le genre Hydrangea a été profondément remanié par M. Maximowicz, en
ce qui concerne les espèces chinoises et japonaises. Il divise ce genre en deux
sections ; Euhydrangea , dont les pétales sont libres, et Calyptranthe , pré¬
sentant des pétales réunis au sommet en forme de coiffe. Les Euhydrangea
constituent eux-mêmes deux séries, selon que les pétales persistent et sont
réfléchis après la déhiscence des anthères ( Pctalantheœ ), ou que les pétales
tombent avant la déhiscence [Piptopetaleœ); dans cette 2e série, les graines
sont toujours ailées aux deux bouts.
La lre série n’est composée en Chine et au Japon que des H. hirta Sieb.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
51
et Zucc., H. virens Sieb., et //. chinemis , nov. sp. , qui se distingue du
précédent à ses sépales rayonnants plus petits, épais et persistants, à ses
feuilles vertes des deux côlés, aux styles plus courts, dressés pendant l’anthèse.
La 2e série comprend six espèces : H. paniculata Sieb. , avec les variétés
(3 hortensis et y minar; — H, vestita Wall., et une variété pubesceyis {— H .
pubescens Decaisne); — H. involucrata Sieb. et Zucc.; — H. hortensis DG.,
auquel M. Maximowicz réunit, à titre de variétés, les espèces suivantes:
H. Azizai Sieb.; H. Otahsa Sieb. et Zucc.; H. japonica Sieb.; H. Belzonii
Sieb. et Zucc.; H. acuminata Sieb. et Zucc., et sa variété Buergeri Sieb. et
Zucc. ; H. Sitsisan Sieb. Pour opérer ces réductions, l’auteur s’appuie sur
l’impossibilité où l’on est souvent d’appliquer les noms et les belles figures du
Flora japonica. Siebold n’avait eu à sa disposition qu'un très-petit nombre
d’individus de la plupart de ses types. De là une grande tendance à multiplier
les espèces. M. Maximowicz, au contraire, ayant été à même de voir beau¬
coup de spécimens de ces prétendues espèces, a constaté leur extrême varia¬
bilité et le passage fréquent d’un type à un autre. Cette lre section renferme
encore les H. Thunbergii Sieb. ; H. Lobbii, nov. sp. , de Java, très-voisin
de VH. hortensis , mais suffisamment distinct par ses feuilles étroites et ses
sépales onguiculés. La 2e* section n’est constituée que par VH. scandens,
auquel sont rapportés en variétés les //. c or di folia, petiolaris et bracteata.
L’auteur poursuit l’énumération des genres : Schizophragma hydran-
gcoides Sieb. et Zucc. — Pileostegia viburnoides Hook. var. parviflora. Il
s’étend ensuite très-longuement sur l’histoire et la description des Deutzia
qu’il divise en espèces à préfloraison indupliquée valvaire et en espèces à
préfloraison quinconciale.
La première série comprend : Deutzia scabra Thunb., espèce demeurée
longtemps inconnue et retrouvée seulement dans ces derniers temps ; une note
insérée en Addenda apprend qu’il faut réunir à cette espèce le D . crenata
Sieb. et Zucc. ; — D. Siebold iana Maxim. (= D. scabra Sieb. et Zucc. non
Thunb.) — D. gracilis Sieb. et Zucc.; — D. staminea R. Br., auquel
l’auteur réunit en variété (3 Brunoniona , le D. Brunoniana II. Br. — D. ma-
cranthaU ook. et Thomps. — D. grandiftora Bunge.
La deuxième série ne renferme que les D. corymbosa R. Br. et D . parvi¬
flora Bunge.
Genre Philadelphus. M. Maximowicz est porté à réduire singulièrement
les espèces de ce genre, puisqu’il n’en admet plus que deux croissant dans
l’extrême Asie. Ce sont : Pb, coronarius L. (avec les P h. tenuifolius Rup. et
Maxim., Saizumi Sieb. et Paxton, tomentosus Wall., Pekinensis Rup., lati-
folius Schr., floribundus Schrad. , rapportés en simples variétés) et Ph.gran-
diflorus Wilkl., bien distinct des précédents par ses fleurs inodores, ses grappes
paucitlores, ses stigmates au moins deux fois plus épais et plus longs que les
anthères.
52
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Ritododcsidrcæ Asiæ oriental is, scripsit tabulisque U lapidi inci-
sis illustravit C.-J. Maximowicz, socins Academiæ. — Lu le 30 juin 1870.
— Extrait des Mémoires de i Acad. Imp. des sciences clc Saint-Péters¬
bourg, 7U série, f. xvï, n° 9.
Dans ce mémoire, écrit en latin, l’auteur admet les tribus de la famille des
Éricacées telles qu’elles sont entendues dans le Prodromus ; mais il croit
devoir changer le nom de la quatrième, emprunté au genre Rhodora , parce
que ce genre ne contient qu’une espèce constituant seulement une anomalie
dans le vaste genre Rhododendron. Conséquemment il nomme celte quatrième
tribu Rhododendreœ , et propose une nouvelle disposition des genres qui la
composent. îl la divise en Phyllodoceœ et en Eurhododendreœ , la première
sous-tribu renfermant neuf genres, dont trois appartiennent à la flore de
l’Asie orientale : 1° Rryanthus, qu’il considère comme réellement distinct
du Phyllodoce , malgré l’opinion contraire de M. Asa Gray: R. Gmelini
Don; 2° Phyllodoce : Ph. taxi folia Saiisb. et Ph. Pallasiana Don; 3° Loi-
seleuria : L. procumbens Desv.
La deuxième sons-tribu, Eurhododendreœ , renferme cinq genres dont qua¬
tre sont représentés dans l’Asie orientale, savoir : G. 1. Menziezia avec six
espèces : M. ferruginea Sm. ; M. pentandra Maxim.; M. ciliicalyx Maxim.
(= Andromeda ciliicalyx Miq ); M. multiflora , n. sp. , ressemblant beau¬
coup au précédent, mais offrant des feuilles plus pâles, plus velues en
dessous; M. pur pur ea Maxim. — G. 2. Tsusiophyllum nov. gen., très-
voisin des Rhododendron , mais en différant nettement par sa corolle régu¬
lière, ses anthères s’ouvrant longitudinalement et son ovaire triloculaire. Ces
deux derniers caractères le séparent également du Menziezia. Il s’éloigne de
tous deux par ses écailles libres jusqu’à la base. Ce genre n’est connu jusqu’ici
que par une seule espèce, T. Tanakœ , des montagnes de Hakone dans f ile
de Nippon. L’échantillon unique de celte plante a été communiqué à M. Maxi-
mowicz par M. Cosson, qui l’avait reçu des botanistes japonais Tanaka et
Ykutschima (1). — G. 3. Rhododendron. L’auteur établit dans ce genre deux
grandes divisions selon que l’inflorescence est terminale ( Rhododendra apici-
flora) ou bien latérale ( Rhododendra lateriflora). La première comprend
quatre sections. Dans les trois premières, Osmothamnus , Eurhododendron
et Azalea, les jeunes pousses naissent de bourgeons propres; dans la qua¬
trième, Tsusia , les jeunes pousses procèdent du même bourgeon que les
fleurs.
La deuxième division, Rhododendra lateriflora , se compose des sections
(l) Notre confrère, M. le docteur Savatier, qui depuis cinq ans explore le Japon avec
beaucoup de succès, a retrouvé, en août 1871, un nouveau spécimen de cette rare es¬
pèce, dans la môme chaîne de Hakone.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
53
5. Keysia , 6. Rhododastrum , 7. Azaleastrum , et enfin d’une 8e, Therorrho-
dion , réservée pour quelques espèces anomales correspondant au Chamœ-
cistus Don. Les Rhododendron sont fort répandus dans l’extrême Asie, où
l’on en connaît trente-une espèces, que l’auteur décrit avec soin. Ce sont :
7?//. fragrans Maxim. ( Azalea fragrans Adams); Rh . parvi folium Adams;
Rh. macranthum Turcz. ; Rh. chrysanthum Pall. ; Rh. Fortunei Lindl. ;
Rh. Metternichii Sieb. etZucc.; Rh. brachy car pian Don; Rh. Keiskei Miq. ;
Rh. Farrerœ Taie; Rh. Weyrichii , nov. sp. , du Japon, caractérisé par des
rameaux épais, des feuilles subopposées au sommet des rameaux et longue¬
ment pétiolées, des bourgeons très -gros, velus -tomenteux sur le dos;
Rh. rhornbicum Miq.; Rh. dilatatum Miq.; Rh. sinense Sweet; Rh. Schlip-
penbachii Maxim.; Rh. Albrechtii Maxim.; Rh. macrosepalurn Maxim.;
Rh. Championœ lïook. ; Rh. Seniavini , nov. sp., de la Chine australe,
distinct du précédent par sa pubescence épaisse, non glanduleuse, son calice
très-court, ses fleurs trois fois plus petites , ses cinq étamines exsertes;
Rh. Oldhami , nov. sp., de Formose, espèce comparable seulement au
Rh. ledi folium Don, mais suffisamment distincte par sa pubescence formée
de longues soies molles mélangées de poils courts, glanduleux, très-épais,
par ses rameaux grêles, allongés, feuilles, et enfin par ses feuilles largement
ovales- elliptiques; Rh. lineari folium Sieb. et Zucc. , Rh. sublanceolalum
Miq.; Rh. ledi folium Don; RL indicum Sweet (M. Maximowicz réunit sous
ce nom onze espèces proposées comme distinctes par divers auteurs, ses
études sur de nombreux spécimens spontanés l’ayant amené à opérer cette
réunion, la plupart des espèces proposées ne constituant à ses yeux que des
formes horticoles ou des hybrides); Rh. macrostemmon , nov. sp., du Japon,
plante assez voisine de l’espèce suivante, mais très-feuillée et olifant des corolles
du double plus grandes, Heurs pédonculées, étamines très-longuement exsertes;
Rh. serpylli folium A. Gray; Rh. Tschonoskii Maxim. ; Rh. dauricum L. ;
Rh. Redowskianum Maxim.
L’auteur termine par la citation de deux espèces douteuses : Rh. scabrum
Don et Rh. vittatum Planch., ainsi que d’une troisième qu’il faudra proba¬
blement exclure du genre, Rh. Loureiroanum Don.
Le quatrième genre est le Ledum représenté par une seule espèce : L. pa¬
lustre , offrant trois variétés: a decumbens , 6 vulgare Led. , y dilatatum
Vahl.
Les espèces figurées sont les suivantes : Menziezia ciliicalyx , M. mul-
tiflora, M. purpurea; Tsusiophyllum Tanakœ ; Rhododendron Weyrichii ,
Schlippenbachii, Albrechti , Redowskianum , Tschonoskii , Macrostemmon ,
Seniavini , micranthum , Keiskei, serpyllifolium.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
54
Diagnoses brèves plantarum novariim Japon iæ et Maiicl-
slmriæ; scripsit G. -J. Maximowicz. — Decas I-X. — Extrait du Bul¬
letin de V Académie Impériale des sciences de Saint-Pétersbourg , mé¬
langes biologiques, 1866-1871.
L’herbier du Jardin des plantes de Saint-Pétersbourg renferme à peu près
la totalité des plantes signalées dans l’Asie orientale et au Japon; les collec¬
tions du Musée de Leyde, si riches en plantes de ce dernier pays, ne sauraient
même lui être comparées à cet égard. M. Maximowicz, qui a exploré durant
plusieurs années la région du fleuve Amur et le Japon, et qui prépare une
flore de cette contrée, en publie depuis cinq ans les espèces nouvelles. C'est de
cet important travail que nous essaierons de tracer ici l’esquisse.
Decas I. — Idesia nov. gen. (Flacourlianées), rapproché du g. Bennetia
Miq. dans le Généra de MM. Bentham et Hooker, auquel nous reuvovons
pour la description. Une seule espèce, 1. polycorpa Maxim., du Japon. —
Disanthus, gen. nov. (Hamamélidées), ainsi nommé à cause de ses fleurs dis¬
posées en capitules biflores : D. cercidifolia Maxim. , du Japon. — Liqui-
dambar aceri folia, sp. nov., du Japon, curieuse espèce, assez voisine des
Altingia par ses graines, mais s’en éloignant par ses styles persistants. — Abies
holophylla , nov. sp., de la Mandchourie. — A. brachyphylla, nov. sp. , du
Japon; ces deux plantes sont décrites dans le Prodromus. — A. Nephrolepis ,
nov. sp. , de la Mandchourie, assez rapproché de VA. sibirica. — A. bicolor ,
du Japon, qui doit se placer dans le voisinage des A.polita et obovata. — Cha-
mœcyparis breviramea , sp. nov., du Japon, qui se distingue du Ch. obtusa ,
par ses feuilles vertes, ses strobiles deux fois plus petits et la brièveté de ses
rameaux. — C hamœcyparis pendula, sp. nov., du Japon, assez semblable au
précédent, mais remarquable par ses rameaux grêles, pendants. — Thuja
japonica, nov. sp. ; diffère du Th. Menziezii Dougl. par les écailles du stro-
bile obovales, des feuilles toutes obtuses. Le Th. gigantea Nutt. a les strobiles
dressés, deux fois plus gros. (Mélanges biologiques tirés du Bulletin de
V Académie Impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, i. x, p. 485-490,
24 mai / 5 juin 1866.)
Decas II. — Lychnis laciniata , nov. sp., assez voisin du L. Bungeana ,
mais glabre sur les pédoncules, et avec le tube du calice très-étroit. Cette
plante offre deux variétés : a mandshurica et [3 japonica. — Stuartia Pseudo-
camellia nov. sp., Japon, diffère du S. malacodendron par ses sépales très-
velus. — Stuartia serrata , nov. sp. , du Japon, sépales glabres comme dans
5. malacodendron, mais très-inégaux entre eux. — Sabia japonica, nov. sp. ,
très rapproché du S. leptandra Hook. et Thomps. — Parnassia ISummularia
nov. sp. , du Japon ; ses tiges à quatre ailes, ses feuilles coriaces, ses stigmates
subsessiles ne permettent pas de le confondre avec le P. foliosa Ilook. — Mi-
tella Japonica, nov. sp. ; ses stigmates presque entiers ainsi que ses feuilles
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 55
distinctement trilobées le séparent du M. pentandra Hook., auquel il res¬
semble beaucoup. — Sanicula tuberculata, nov. sp. , delà Corée, dont le tube
cal ici nal est couvert de tubercules mu tiques vers le bas et mucronés dans le
voisinage du limbe. — Epigœa asiatica , nov. sp. . du Japon, plus robuste
que VE. repens, mais à corolle à peine plus longue que le calice. — Men-
ziezici purpurea , nov. sp., du Japon, belle espèce à grandes fleurs pourpres,
longues d’un demi-pouce. — M. pentandra, nov. sp., du Japon, remar¬
quable par la répétition constante du nombre cinq dans toutes les parties con¬
stituant ses organes floraux ; port du M. ferruginea Sm. {Loc. cit. , t. xi,
p. 429-ZCi2; — 17/29 janvier 1867.)
Decas III. — Tripetaleca bracteata , sp. nov. (Japon), que ses grappes
simples, ses sépales lancéolés, ne permettent pas de confondre avec le T. panicu -
lata Sieb. el Zucc. — Chimaphila astyla (Mandchourie et Japon), remarquable
par son stigmate sessile et ses sépales érodés sur les bords. — Tricyrtis flava
sp. nov. (Japon), à fleurs jaunes non ponctuées. — T. lati folia, sp. nov.,
style blanc non ponctué, divisions du périgone dressées; ces deux caractères
le séparent nettement du T. macropoda. — Chionographis , nov. gen. (Mé-
lanthacées); l’absence de bractées et l’irrégularité du périgone en font un
genre très-anomal dans la famille: une seule espèce, Ch. japonica Maxim.,
auquel il faut probablement rapporter en synonyme le Melanthium luieum
Thunb. — Helionopsis breviscapa, sp. nov. (Japon), qui se distingue facile¬
ment de VH. pauciftora A. Gray par ses graines oblongues, longuement ap-
pendiculées à chaque extrémité. — Tofieldia japonica, sp. nov., dont les
divisions externes du périgone sont trinerviées et non point uninerviées
comme chez les T. cernua Sm. et nutans Willd. — Met anarthecium, nov.
gen. (Melanthaceæ) ; remarquable par sa capsule entourée par le périgone
persistant; une seule espèce : il/, luteo-viride, répandue dans tout le Japon.—
Narthecium asiaticum, sp. nov., différant du N. ossifragum par ses feuilles
9-U-nerviées, et du N. americanurn Gavvl. par sa grappe fructifère lâche.
(Loc. cit., t. xt, pp. h 33-439; — 31 janvier / 12 février 1867.)
Decas IV et V. — Coptis quinque folia, nov. sp. (Japon); le nombre des
folioles ne permet pas de le confondre avec le C. trifolia. — Coptis orientalis,
sp. nov. (Japon), facilement distinct du C. anemone folia par ses fleurs ion
gueuient pédonculées. — Achlys japonica, nov. sp. , à foliole terminale seule¬
ment légèrement trilobée. — Oxalis obtriangulata (Mandchourie), voisin des
O. acetosella et O. oregana, mais folioles longues de deux pouces. — Ilype-
ricum electrocarpum , nov. sp. (Japon) ; par ses feuilles perfoliées glabres,
celte espèce n’a de rapports qu’avec les H. Naudinianum Coss. DR., et
perfoliatum Ledeb. — Meliosma tenais Miquel (Japon), rhoifolia Miq.
(Formose) et Oldhami Miq. (Corée). Ces trois espèces sont décrites dans le
Prolusio. — Panax repens . Cette espèce remplace au Japon le fameux P.
Ginseng de la Chine. A son sujet, M. Maximowicz donne d’intéressants détaiis
56
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
comparatifs sur les différentes racines attribuées au Ginseng. Il maintient
qu’il est fort possible de rapporter, à la seule inspection de la racine, chaque
échantillon à son vrai type. Ainsi le P. quinquefoUum L. a la racine simple¬
ment fourchue; le P. repens offre un rhizome horizontal, flexueux, articulé,
fibrilleux ; la racine du vrai P. Ginseng est allongée, fusiforme, palmée au
sommet. Enfin le P. Pseudoginseng présente une grosse racine fasciculée, à
nombreuses fibres napiformes. — Pcitrinia palmata (Japon) ; corolle épe-
ronnée, feuilles palmées quinquéfides. — Patrinia gibbosa, nov. sp. (Japon),
voisin du précédent, mais sa corolle est seulement un peu gibbeuse et ses
feuilles suborbiculaires et non ovales dans leur pourtour. Ces deux espèces
appartiennent à la section Centrotinia. — Carnpanumæa japonica , sp. nov.,
du double plus grand dans toutes ses parties que le C. jamnica et à pédon¬
cules beaucoup plus courts. — Primula macrocarpa , sp. nov. (Japon), dont
la forme rappelle certaines espèces des Alpes de l’Europe centrale,, telles que
P. Floerkeana ou mini ma. — Lgsimachia Fortunei, sp. nov. (Japon), à feuilles
très-entières et non finement denticulées comme celles du Z. clethroides. —
/,, cicroadenio , sp. nov. (Japon), dont les étamines égalent la corolle, ce qui
ne permet pas de le confondre avec L. multiflora. — Schizocodon ilicifolius,
sp. nov. (Japon), ressemblant assez au S. soldanelloides , mais dont le scape
est plus court que les feuilles. — S. uniflorus , sp. nov. (Japon), différant du
précédent par son scape unifloreet ses bractées ovales-acuminées. — Linderu
hypoglauca, sp. nov. (Japon), comparable seulement au L. Benzoinei glauca
Bl. , mais distinct du premier par sa floraison plus précoce, ses ombelles sub-
sessiles; le L. glauca a les feuilles deux fois plus grandes, plus brièvement
pétiolées, etc. — Lindera membranacea , sp. nov., du Japon, qui n’offre de
l’analogie qu’avec le L. umbellata , dont les feuilles sont plus étroites, les
ombelles plus longuement pédonculées, etc. — Najas serristipula , sp. nov.,
du Japon, assez semblable au N. alaganensis Poli., dont il est du reste nette¬
ment séparé par ses grandes stipules serrulées. ( Loc . cit. t. xii, pp. 60-73; —
2/1 A mai 1867.)
Decas YI. — Acer capillipes, sp. nov. (du Japon), appartient à la série des
A. pennsylvanicum et rufinerve , tout en restant distinct par ses fleurs
très - longuement pédonculées. — A. circurnlobatum , sp. nov. (du Japon),
comparable au seul A. glabrurri Torr. , mais velu et feuilles à 9-11 lobes.
— A. argutum , sp. nov. (du Japon), également voisin de VA. glabrum et
offrant comme lui des feuilles souvent à cinq lobes, mais velu dans toutes
ses parties, les ailes des fruits au moins doubles de la loge. — A. harbi-
neroum , sp. nov. (Mandchourie); c’est encore de VA. glabrum qu’il faut rap¬
procher cette espèce, bien distincte du reste par les grosses dentelures sou¬
vent surdentées des feuilles. — A. nikoense, sp. nov. (Japon), singulière
espèce dioïque, à feuilles ternées; les ombelles sont terminales et naissent en
même temps que les feuilles. Le Negundo nikoense Miq. a été établi sur un
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE,
0/
spécimen stérile de cette espèce. — A. mandshuricum , sp. nov., remarquable
surtout par ses samares à loges biloculaires. Les feuilles sont ternées. — Vale -
riana flaccidissima , sp. nov. (Japon), tolonifère, fleurs très-petites à éta¬
mines incluses, caractères ne permettant pas de le confondre avec les V. Hard-
wiekii et tripteris , dont il est voisin. — Abies ( Tsuga ) diversi folia, sp. nov.
(Japon), intermédiaire entre les A. Tsuga et A. canadensis. — Juniperus
mpponica, sp. nov. (Japon), assez semblable au J. nana , mais les feuilles
sont marquées d’un sillon profond en dessous et les galbules non tuberculeux
au sommet. — Juniperus littoralis , sp. nov. , très-répandu au Japon; se
distingue du J. rigida par son port, ses galbules plus gros très-glauques, la
forme des graines, etc. (Loc. cit . , t. xii, p. 225-231; — 12/24 sept. 1867.)
Decas VII. — Melandryum Olgœ (Mandchourie). Inflorescence pluriflore,
ce qui le différencie du M. cuneifolium Royle; calice non renflé comme dans
les M. nutans et fimbriatus , dont il est voisin. — Aster rugulosus , sp. nov.
(Japon), se place à côté de VA. ptarmicoides Torr. et Gray, dont il se
sépare par ses feuilles uninerviées, munies de quelques dents. — Rhododen¬
dron Schlippenbachii, sp. nov. (Aza/ea) (Corée et Mandchourie), belle espèce
voisine du Rh. sinense, mais offrant dix étamines et une corolle blanche
teintée de lilas à tube très-court. — Rh. Albrechti , sp. nov. ( Azalea ), Ja¬
pon; arbrisseau plus grêle et plus élevé que le précédent, dont il est voisin;
corolle plus petite rouge. — Rh. macrosepalum , sp. nov. (Japon), curieuse
espèce, joignant au port des Azalea les caractères des Tsusia; sa corolle est
bilabiée comme celle du Rhodora canadensis. — Rh. semibarbatum, sp. nov.
(Japon), ressemblant au Rh. ovatum, mais s’en écartant par la pubescence
qui recouvre toutes ses parties. — Rh. Tschonoskii , sp. nov. (Japon), compa¬
rable au Rh. serpylli folium Miq., mais avec des feuilles elliptiques -aiguës et
non oblongues ou obovales. — Veratrum stamineum, sp. nov. (Japon), port
du V. album , caractères du V. nigrum , s’éloigne de tous les deux par ses éta¬
mines exsertes. — Ly copodium cryptomer inum sp. nov. (Japon); le faciès
et les caractères rapprochent cette espèce du L. setaceum Hamiit.; sa taille et
ses anthéridies sont celles du L. subuli folium. — Aspidium craspedosorum ,
sp. nov. (Japon). Voisin de VA, mucronatum Sw. par la nature de son indu-
sium, de VA, Lachenensis par ses dimensions, de VA. auriculatum par la
forme de sa fronde, remarquable entre tous par son grand indusium persis¬
tant. {Loc. cit., t. xv, pp. 225-231; — 5/17 mai 1870.)
Decas VIII. — Triosteum sinuatum , sp. nov. (Japon et Mandchourie),
très-ressemblant au T. perfoliatum; il s’en éloigne par ses feuilles inférieures
sinuées et le tube du calice prolongé au-dessus de la drupe en cylindre étroit
un peu plus court que le limbe. — Ligularia calt hœ folia, sp. nov. (Mand¬
chourie), voisin du suivant, mais à feuilles obtusément dentées; les tiges
ne sont point feuillées, comme celles du L. robusta. — L. clivorum , sp.
nov. (Japon), robuste, à feuilles plus minces et bordées de dents plus aiguës
58
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
que le L. sibirica. — Macroclinidium, nov. gen. , intermédiaire entre l’Afns-
liœa et le Pertya , différant du premier par ses capitules pluriflores, son ai¬
grette à poils scabres et non plumeux ; du second par son involucre cylindrique
à écailles multisériées; de tous les deux par son réceptacle glabre. Ce genre
ne renferme que le M. robustum, sp. nov. (du Japon). — JSabalus ochro -
leucus , sp. nov. (Mandchourie), s’éloigne du N. Fraseri par sa tige angu¬
leuse, ses capitules presque dressés et son inflorescence en grappe paniculée. —
Nabalus acerifolius, sp. nov., petite espèce glanduleuse, pubescente dans toutes
ses parties. — Eleagnus Oldhami , sp. nov. (Formose); fleurs solitaires, feuilles
obovales-arrondies, fruit globuleux. L’auteur fait suivre la description de cette
espèce du tableau synoptique des douze espèces d 'Eleagnus qui lui sont
connues et signale un hybride probable de ce genre : E. glabro -j- pungens
Maxim., delNagasaki. — Podocarpus cæsia , sp. nov. (Japon), remarquable par
la couleur glauque bleuâtre de ses feuilles. — P. appressa, sp. nov. (Japon),
à feuilles dressées, coriaces, linéaires presque concolores. — Iris tectorum
Maxim. = L cristata Miq. [Loc. cit., t. xv, pp. 373-381; — 29 septembre/
11 octobre 1870.)
Decas IX. — Phellodendron japonicum, sp. nov., facilement distinct du
P. amurense Rup. par ses folioles ovales, opaques, tomenteuses en dessous. —
Z anthoxylon Bungemum , sp. nov., cultivé dans tout le nord de la Chine à
cause de scs feuilles et de ses fruits qui servent de condiment. Bunge l’a con¬
fondu avec le Z. nitidum , dont il n’a point les folioles luisantes. — Orixa
japonica Thunb. M. Maximowicz pense qu’il faut maintenir ce genre, que
M. A. Gray rapporte aux Evodia , et Miquel aux Celastrus. — Saxifraga tel-
limoides, sp. nov., section Dactyloides? (du Japon), robuste, feuilles peltées
à 7-9 lobes; la capsule est à moitié incluse et les graines réticulées. — Aster
spathulifolius, sp. nov., sect. Alpigeni (du Japon). Plante basse, toute velue,
à grands capitules d’un beau bleu. — Pertya ovata, sp. nov. (du Japon),
espèce à feuilles ovales alternes et dont les capitules terminent les rameaux.
A propos de cette espèce, l’auteur insiste sur le peu de différence qui sépare les
Pertya Sclmltz des Goc/matia, et signale un cas assez singulier de dimor¬
phisme qui se manifeste chez les Pertya scandens et ovata. Dans la première
espèce les feuilles sont fasciculées, chez la seconde elles sont alternes, mais
ces caractères sont parfois intervertis, sans qu’on puisse encore donner une
explication satisfaisante de ce fait. — Senecio stenocephalus, sp. nov., sect.
Ligularia (du Japon). Belle espèce à fleurs nombreuses (jusqu’à cent) dis¬
posées en longue grappe étroite; les feuilles sont dentées, réniformes, souvent
subhaslées. — Senecio Oldhamianus , sp. nov., sect. Obœjacoidei (Chine); les
feuilles ressemblent à celles du S. alpinus. — Senecio otophorus , sp. nov.,
sect. Saracenici (Japon), diffère du S. saracenicus par ses pétioles au riculés à
la base et son aigrette rousse. L’auteur fait suivre la description de ces deux
espèces du tableau synoptique des vingt-six espèces de Senecio de l’Asie
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 59
orientale. — Senecillis Schmidtn , sp. nov. (Mandchourie) ; semblable au
S. glauca, mais les écailles de l’involucre sont soudées et l’aigrette allongée.
— Ellisiophyllum , gen. nov., intermédiaire entre les Hydrophyllacées et les
Polémoniacées ; distinct des premières par sa préfloraison quinconciale, son
ovaire biloculaire, son style unique; séparé des secondes par sa placentation
centrale, son stigmate entier. L 'Ellisiophyllum reptans Maxim, estime petite
plante couchée, à feuilles pinnatipartites, alternes, à petites fleurs blanches,
solitaires, axillaires. Elle croît au Japon. ( Loc . cit. , t. xvi, pp. 212-226; —
9/21 février 1871.)
Decas X. — Cercidiphyllum. L’auteur décrit longuement ce genre et fait
remarquer que ses graines sont ascendantes et non pendantes, comme Siebold
et Zuccarini l’ont écrit par erreur. Jl signale deux espèces : C. japonicum
Sieb. et Zucc. et C. ovale , sp. nov. (Japon), qui diffère du précédent par ses
feuilles obtusément dentées et non pourvues de dents aiguës. — Schizandra
niyra, sp. nov. (Japon), que scs baies d’un noir bleuâtre et ses graines toutes
couvertes de petites verrues empêchent de confondre avec toute autre espèce.
— Zanthoxylon Arnottianum, sp. nov. (Bonin-Sima), qui joint au port du
Z. Pterotœh plupart des caractères des Z. piperitum et Z . Bungei .
M. Maximowicz fait ensuite l’énumération des Rubus de l’Asie orientale ;
il en compte trente espèces dont cinq sont proposées comme nouvelles. Ce
sont : R. pectinellus (Japon), herbacé, velu et aiguillonné, remarquable par
son calice pectiné, fimbrié, voisin du reste du R. calycinus Wall. — R.
Grayanus, nov. sp. (Japon) : ses pédoncules uniflores et son fruit orangé, mul -
ticarpellé ne permettent de le confondre ni avec le R. cratœgifolius Bunge,
ni avec le R. incisus Thunb. — R. peltatus , nov. sp. (Japon), curieuse espèce
à feuilles peltées, arrondies, à 3-5 lobes. — R. sorbifolius, nov. sp., espèce à
feuilles pinnées et dont la panicule terminale est composée de pédoncules axil¬
laires uni-triflores, caractères qui l’éloignent des R. fraxinifolius et rosifolius.
— R. pliœnieolasiusy nov. sp. (du Japon), tout couvert de longs poils glan¬
duleux rougeâtres, qui n’existent pas chez le R. idœus, dont il est voisin.
L’auteur décrit ensuite les Asarum, Smilax et Heterosmilax de l’Asie orien¬
tale, en offrant ce travail comme un spécimen de la Flore du Japon qu’il se
propose d’entreprendre. Après avoir exposé avec détail les caractères géné¬
riques, il donne l’analyse dichotomique des espèces, dont il fait suivre la des¬
cription rédigée avec beaucoup de netteté. Il cite, quand il y a lieu, le célèbre
recueil d 'icônes Japonais ayant pour titre : Ykuma-yu-ssai. Soo bokf dz ’ sets
dsen hen , c’est-à-dire : Essai d'illustration des arbres et des herbes (1). Il
(1) M. Maximowicz a réuni quinze volumes de ce curieux ouvrage, dans lequel les
plantes sont représentées, souvent avec une grande fidélité, non-seulement dans leur
ensemble, mais encore avec leurs caractères analytiques. Elles y sont classées d’après le
système de Linné, et souvent accompagnées de leur nom linnéen, plus ou moins juste¬
ment appliqué du reste. Notre collègue, M. le docteur Ludovic Savatier, a réussi à sepro-
60
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
y propose une seule espèce comme nouvelle : Asarum caulesccns, nov. sp.
(Japon), voisin de VA. hymalaicum, qui en est distinct par sa tige toute radi-
cante, sa feuille unique, ses anthères à appendices subulés. L’auteur termine
son mémoire par la description du Tofieldia nuda, sp. nov. (Japon), espèce
anomale, à bractées nulles ou tout au moins très-petites ; calycule monophylle,
unilatéral.
L’index concerne les espèces signalées dans les dix précédentes décades. On
y trouve un certain nombre de rectifications synonymiques. (Loc. cit., t. xvii,
pp. 1 2-180; — 16/28 novembre 1871.)
O|>liio|iog<tnis sgiecies in herbai’iis scr-
vatas c\po»uit C.-J. Maximowicz (loc. cit., t. xv, pp. 83-90; —
27 janvier / 8 février 1870).
Ce genre est représenté dans les collections de Saint-Pétersbourg par les
espèces suivantes que l’auteur décrit et qu’il partage en deux sections. Section
première: Liriope, comprenant O. spicatus Gawl., qui offre trois variétés :
a Kuntheanus (== O. spicatus Kunlh), 3 communis Maxim., y gracilis
(== O. gracilis Kunth). La deuxième section Fluggea se compose des O. ja-
buran Lodd., et O. japonicus Gawl., dans lequel on peut distinguer plusieurs
variétés : a genuinus , (3 umbrosus Miq. , y intermedius ( — O. inter médius
Don), et S Wallichianus (= O. indicus Rottle).
M. Maximowicz a cru devoir séparer des Ophiopogon, V O. pallidus Wall.,
dont il fait un genre nouveau sous le nom de Theropogon , caractérisé surtout
par des feuilles annuelles et une capsule en baie. Ce genre ne renferme
qu’une seule espèce, T. pallidus Maxim., croissant dans l’Inde.
Kiii H'aclitfrng zu niciüer « lUMuSmlcndrea;
Asiœ Oric-iitaEis » (Supplément à mon mémoire « Rhododendreœ
Asice Orientales, par M. C.-J. Maximowicz) (loc. cit., t. xvi, pp. 401-
413; — 4/16 mai 1871).
Dans celte note, l’auteur étudie d’abord le genre Tripetaleia dont il expose
l’histoire et les vicissitudes. Il le décrit avec beaucoup de soin et conclut en
le considérant comme un genre normal qu’il faut placer près des Rhododen¬
dron, bien que, d’autre part, il soit intimement lié avec le genre Flliottia de
l’Amérique boréale. Les Tripetaleia ne sont connus qu’au Japon, où l’on en
signale deux espèces : T. paniculata Sieb. et Zucc. et T. bracteata Maxim.
M. Maximowicz indique ensuite quelques modifications à introduire dans
les divisions proposées par lui dans son mémoire sur les Rhododendreœ ; il en
curer les cinq derniers volumes de cette publication, qui se trouve ainsi complète en ce
qui concerne les herbes. Le Muséum a reçu quelques volumes dépareillées de cet ou¬
vrage.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. (51
résulte que le H. macrosepalum doit définitivement être rangé dans le sous-
genre Tsusia.
A. Franchet.
IcIrt don Bctrag; «1er Vcrriiiaisrfung einer Eichc
walareiiil «1er ganzen ¥egctaUon$<Periodc {Sur le total
de l'évaporation d'un Chêne pendant le cours entier de la végétation) ; par
M. Fr. Pfaff (Sitzungsberichte der K. bayer. Akademie der Wissenschaften
zu München , 1870, t. i, première livraison, pp. 27-Ô5).
L’auteur se flatte d’être le premier auteur qui ait poursuivi pendant tout le
cours de la végétation d’un arbre des expériences sur les phénomènes qu’il
offre. Il a opéré sur un fort et jeune Chêne de son jardin. Un rameau muni de
ses feuilles a été coupé, placé au pied de l’arbre dans un vase de verre fermé
par un bouchon ; cet appareil pesé, les feuilles ont été coupées et appendues à
un fil de fer sur le côté nord de la maison, pour subir l’évaporation, puis après
trois minutes replacées dans le vase de verre et l’appareil pesé de nouveau. La
différence des deux pesées donne évidemment le poids de l’eau évaporée.
Pour mesurer la surface de ces feuilles, fauteur a eu recours à un procédé
fort ingénieux. Il a posé chaque feuille sur une demi-feuille de papier à lettres
d’une surface connue, dessiné les contours de la feuille en les suivant avec un
crayon; et, cette opération accomplie, déterminé le poids de toutes les demi-
feuilles de papier, puis enlevé avec des ciseaux tous les endroits du papier
correspondant à un dessin, et pesé le reste. La différence de ces deux nou¬
velles pesées a fourni le poids, et par suite la surface du papier dessiné corres¬
pondant aux feuilles, ces deux quantités étant proportionnelles.
L’auteur a observé, à moins que quelque circonstance ne l’en empêchât, à six
heures et à huit heures du matin, à quatre heures et à neuf heures du soir, et
il conclut que la moyenne déduite de ses expériences représente l’évaporation
du rameau pendant quinze heures. Tout est ramené par lui à l’évaporation
d’un millimètre carré de feuille. Il a cependant fait de temps à autre pendant
la nuit quelques expériences qui lui ont montré que l’évaporation des feuilles,
du jour h la nuit, varie moins que celle d’un vase plein d’eau exposé à l’air
dans les mêmes circonstances. Si \L Pfaff n’a observé que pendant trois mi¬
nutes chaque fois, c’est parce qu’il a reconnu que l’évaporation des feuilles
récemment coupées, même fraîches, va toujours en diminuant.
Il fallait déterminer ensuite le nombre total des feuilles de l’arbre. Pour
cela M. Pfaff a reproduit sur le sol le contour de la massa foliacée, déterminé
sa hauteur, compté sur divers points de l’arbre, d’un feuillage plus ou moins
dense, le nombre des feuilles contenues dans un petit espace, obtenu une
moyenne, et enfin déduit de ces calculs très-approximatifs l’existence de
620, feuilles sur le Chêne objet de ses études.
Les observations de AL Pfaff ont été commencées le 18 mai et continuées
62
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FINANCE.
jour par jour, de la manière que nous avons indiquée, jusqu’au 24 octobre.
Les nombres qu’ils donnent, réduisant la transpiration observée à un milli¬
mètre carré de surface foliacée, varient d’un jour à l’autre dans des limites
assez étendues ; il en est de même des nombres qui expriment les relations
différentes entre l’évaporation végétale et l’évaporation d’un vase plein d’eau
placé à l'air libre. Aussi l’auteur porte-t-il son attention surtout sur les to¬
taux mensuels : Évaporation totale de l’arbre calculée pour quatorze jours de
mai, 883 kil. 812; pour juin, 26023,7 ; et pour octobre, 17023,1. L’auteur
discute ces résultats et les compare à ceux que M. Unger a tirés de ses propres
recherches.
llinigc Versuche uelier lias Mchncn lier Saincii (Quelques
recherches sur la germination desgraines ); par M. Y ogel (S itzun g sberic ht e
der K. bayer. Akademie der Wissenschaften, Munich, 1870, t. n, 3e li¬
vraison, pp. 289-299).
Il y a un certain nombre de substances qui empêchent ou gênent la germi¬
nation des graines, et qui cependant sont insolubles dans l’eau: telles sont les
préparations sulfurées d’antimoine, le kermès et le soufre doré, l’oxyde de
cuivre, le carbonate de cuivre et le chromate de mercure. Il n’y a pour l’au¬
teur aucun doute que ces substances ne deviennent en partie solubles par
suite du travail chimique qui accompagne la germination. Ce qui aide à le
croire, c’est que ce travail produit une quantité notable d’acide. La germina¬
tion de 100 parties en poids de graines de Trèfle a formé 0,35 parties d’acide;
celle de 100 parties de graines de Cresson a produit une quantité d’acide
équivalente à 0,44 d’acide sulfurique hydraté.
Le phosphore amorphe, dont l’absorption est sans danger pour les animaux,
et l’aniline sont fort nuisibles à la germination.
L’auteur a répété les expériences sur la germination faites par M. Lea
(Chemisette Centralblatt , 1867, p. 688). lia reconnu que les graines lavées
avec une solution faible d’hypermanganate de potasse décolorent cette solution
violette et germent plus promptement que les graines arrosées de même avec
de l’eau purement distillée.
La solution de sulfate de cuivre a été reconnue comme nuisible à la germi¬
nation et surtout à la végétation. L’auteur dit que cela dépend du degré de
la solution de sulfate. Lu gramme par litre de cette matière retarde beaucoup
la germination du Cresson et du Trèfle. L’acide acétique étendu empêche
complètement cet acte physiologique à la dose de U, 5 pour 100. Le même
résultat a été obtenu avec une solution semblablement étendue d’acide oxa¬
lique. 0er,5 de chromate double de potasse ou 0,1 d’acide arsénieux par litre
empêche aussi la germination. L’acide cyanhydrique la retarde, mais ne dé¬
truit pas la faculté germinative.
A ces recherches s’en rattachent d’autres relatives à l’action que le gaz
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 63
d’éclairage exerce sur la végétation. Ce sujet a été déjà traité par l\1M. Frey-
tag de Bonn et Poselger de Berlin (voy. le Deutsche Industrie Zeitung , 1 870,
p. 85). D’après eux, ce gaz ne serait nuisible aux végétaux qu’avant sa puri¬
fication, à cause des molécules de goudron dont il est alors imprégné.
M. Plaira confirmé ces résultats. Ce gaz empêche la germination. La naph-
thaline ne paraît pas s’y opposer dans le commencement de cet acte, mais plus
tard la chlorophylle se développe mal. Quant à l’acide phénique, même en
proportion très-faible, il empêche complètement la germination.
tti ograpliic d’Aimé ISoupland, compagnon de voyage et collabo¬
rateur d’Al. de Humboldt; par M. Adolphe Brunei. 3e édition, un volume
in-8° de 188 p. Orléans, imp. Jacob; Paris, L. Guérin et G®, 1871.
Le docteur Brunei, ancien chirurgien de la marine française, ancien prési¬
dent de la junte de médecine de Montevideo, a connu Bonpland depuis 1852
jusqu’en 1858, année de sa mort. Il y avait alors vingt ans environ que
Bonpland avait quitté le Paraguay, où le docteur Francia l’avait retenu pri¬
sonnier ; il venait tous les ans à Montevideo toucher la pension que lui avait
assurée Napoléon ; il s’en retournait ensuite dans la province de Corrientes, où
il demeurait.
Bonpland n’est que le surnom de Aimé-Jacques-Alexandre Goujaud.
Son père, frappé du soin avec lequel il cultivait les plantes de son jardin, lui
avait donné le surnom de Bon-plant , qui remplaça définitivement plus tard
son nom de famille. La vie de Bonpland et les résultats des voyages qu’il
exécute en compagnie de l’illustre Humboldt sont trop connus pour que nous
suivions le biographe qui les raconte. Nous passerons également sur le séjour
que lit Bonpland comme directeur des jardins de la Malmaison, heureux
d’abord, et de plus en plus triste après le divorce de Napoléon. Avec José¬
phine la Malmaison perdit l’éclat et la vie; quelques démêlés avec les exécuteurs
testamentaires de l’impératrice engagèrent Bonpland à presser le moment
d’un nouveau départ pour l’Amérique méridionale, à l’instigation de M.Riva-
davia, qui voulait y jouer un rôle politique. Arrivé à Buenos-Ayres, Bonpland
demanda au travail les moyens de vivre ; il exerça la médecine, essaya de
l’agriculture, mais sans capitaux et partant sans succès; il se lit même distil¬
lateur et horticulteur jusqu’au moment où il se rendit dans la province de
Corrientes et dans celle des Missions , où l’établissement qu’il fonda fut
détruit par ordre du terrible Francia, le Louis XI américain. C’est dans l’iso¬
lement où le confinaient les soupçons du dictateur que Bonpland connut
Alcide d’Orbigny. Grâce à l’intervention du libérateur de la Colombie, Boli¬
var, qui l’avait connu à Paris, Bonpland put enfin traverser le Parana. Louis-
Philippe employa tous les moyens pour faciliter à Bonpland sa rentrée en
France, mais la passion dominante du naturaliste était de vivre au milieu de
la nature. M. Alfred Demersay ( Histoire du Paraguay, 1. 1, p. xlv) a raconté
Ôll SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
la vie de fionpland dans sa résidence de San Borja, el notre Bulletin a contenu
quelques détails sur sa fin dernière.
Le livre de M. Brunei se termine par quelques notes : 1° sur l’histoire du
bassin du rio de la Plata ; 2° sur les établissements des jésuites; 3° sur le
Maté ; 4° sur la manière de le cultiver; 5° sur Francia ; 6° Catalogue de
ouv rages de Bonpland $ 7° catalogue des manuscrits laissés par lui (1).
L’auteur de ce livre, le docteur Brunei, est décédé au mois d’août dernier,
alors qu’il mettait la dernière main à celte publication.
A Catalogue of tlic plaut§ «fthe l'anjauii and &3n«lBi, etc.;
par JM. James E. Tierney Aitchison. Un volume in-8° de 204 pages, Lon¬
dres, 1869, chez Taylor et Francis.
La sécheresse et la chaleur forment le trait dominant du climat dans le pays
étudié par l’auteur. Cependant le sol est extrêmement fertile le long des
vallées el partout où l’irrigation peut être pratiquée. Du côté de F Himalaya,
le climat se fait plus humide et la végétation plus luxuriante.
Le catalogue de M. Aitchison renferme 1458 espèces de plantes, y com¬
pris une douzaine de Fougères. La flore de la région sèche y montre une
grande affinité avec celle des parties analogues de l’Afrique septentrionale, de
l’isllune de Suez au cap Vert. Plusieurs espèces de Capparis , le Cocculus
Leœba , le C. villosus , le Tamarix articulata , s’étendent en effet depuis
l’Afrique occidentale jusqu’au Sind.
L’une des espèces du Catalogue , V Hibiscus Gibsoni , est la même que
r/7, pentophyllus F. Midi, non Roxb. , et se trouve non-seulement dans le
Sind et l’Afrique, mais encore en Australie.
M. Aitchison n’a pas oublié les plantes cultivées. Nous trouvons dans son
livre cent cinquante-huit Graminées, dont un grand nombre usitées comme
plantes fourragères, notamment des Cenchrus el des Pennisetum. Les plantes
cultivées sont comprises dans le catalogue sous un signe typographique qui les
distingue.
N’oublions pas, dans l’intérêt de nos lecteurs, de leur indiquer que M. le
docteur J.-L. Stewart a également publié en 1869 un travail du même genre,
intitulé Punjaub Plants , et imprimé à Lahore.
l'eBjcr «lie Bcvvcgiiiagsci^cbcinuugcu «Scs iRcllkcrus lit
ilsrcn Bczicluingcn xukbb B'rotoiikisitia ( Des phénomènes de
mouvement du nucléus dans leur rapport avec le protoplasma ); par
M. Hanstein ( Verhandlungen des naturhistonschen Vereins der preussis-
chen llheinlande und Westphalens, 1870, Sitzungsbenchte , pp. 217-233).
Ce mémoire offre un intérêt incontestable parce qu’il joint l’historique
d’une question à l’ordre du jour, à partir des observations de B. Corti sur la
(1) On trouvera dans l’ouvrage de M. Demersay, à la fin du second volume, une
A oticc sur la vie et les ouvrages de M. Bonpland.
REVUE m B L 1 0 G n A P ! 1 1 0 Ü E .
6ô
circulation (1774), aux résultats des recherches personnelles de l’auteur.
M. Hanstein a observé les poils des Cucurbitacées, du Martyria , des Crocus,
des Tradescantia , et le parenchyme de diverses plantes phanérogames ( Dahlia ,
Aster, Cucurbita , Pistia)\ il s’est convaincu qu’aprèsla formation de la cel¬
lule, quand celle-ci a atteint sa période de développement, le nucléus entre
dans des alternatives de mouvement et de repos, sans que cela conduise
à une partition ou à une autre modification remarquable de la cellule.
Les grosses cellules des poils des Cucurbitacées et de beaucoup de Composées
se prêtent particulièrement à l’observation de ces faits. On voit le nucléus sus¬
pendu entre des bandelettes de protoplasma comme l’araignée dans sa toile. U
est entouré d’une enveloppe de protoplasma dans laquelle celte substance
forme des bandelettes comme sur la paroi de la cellule; ces bandelettes de ma¬
tière vivante glissent et se modifient à tout instant, et les courants que l’on
connaît s’entrecroisent de l’enveloppe du nucléus à la couche qui revêt in¬
térieurement la paroi. Dans tous ces mouvements, il est cependant facile de
discerner ceux du nucléus. Celui-ci s’avance sous l’œil de l’observateur dans
la cellule, tantôt vite, tantôt lentement, croisant sa route, enchevêtrant ses
détours, atteignant la paroi, se collant à elle et décrivant ainsi quelques lacets,
pour se porter de nouveau dans l’espace de la cellule pour y recommencer
d’autres évolutions. Tantôt il parcourt en quelques minutes tout le diamètre
en longueur de la cellule, tantôt il s’écoule des heures pour qu’il se porte
d’un côté sur l’autre.
Il n’v a aucune relation immédiate entre ce mouvement et celui des cou-
ranls de protoplasma. Ceux-ci ne peuvent pas déplacer le nucléus.
Ce dernier change de forme pendant son mouvement; il s’allonge dans le
sens où il se dirige ; l’enveloppe protoplasmique qui l’entoure se modifie éga¬
lement, tirée en divers sens par ces bandelettes de protoplasma émanant des
parois qui la tendent comme autant de cordages. La masse même du nucléus
est modifiée intérieurement, parce que ses granules changent de position re¬
lative. Ces faits augmentent encore la ressemblance déjà signalée du proto¬
plasma de la cellule avec le plasmodium des Myxomycètes.
Le mouvement du nucléus commence quand le liquide cellulaire qui rem¬
plit les vacuoles a absorbé assez d’eau pour que sa densité diminuée ne fasse
plus obstacle à ce mouvement.
L’auteur a recherché les causes des courants de protoplasma. Jl ne les
trouve ni dans les cordons où ils se meuvent, ni dans le nucléus, ni dans une
contraction de l’utricule primordial. C’est que le protoplasma n’est pas une
substance , mais un organisme vivant, formant à lui seul l’amibe, et chez les
végétaux élevés faisant partie d’un être plus considérable. Aussi M. Hanstein,
exclut-il du protoplasma la matière nutritive assimilable, qu’il a caractérisée
dans un travail antérieur (1) sous le nom de metaplasrna.
(1) Bot. Z eit. \ 868 ; voy. le Bull., t. xv (Revue), pp. 208, 210.
T. XVIII. (REVUE) 5
66
SOCIETE BOTANIQUE !)E FRANCE.
Die Kntn ickelmei^ dciü lîeime1* (1er lli>nocuiy!eii und Di-
liolylen [Le développement de V embryon des Monocotylés et Dicotj/fcs );
par JM. J. Hanstein [Butanische Abhandlungen aus dem Gebiete der
Morphologie und Physiologie, publiés par JW. Hanstein, pars 1, iu-8° de
112 p. avec 18 planches). Bonn, 1871. —Prix : 18 fr. 60 cent.
Dans Je mémoire de M. Hanstein cpie nous venons de rappeler, et qui n’a
été analysé qu’incomplétement dans cette Revue , cet auteur n’admettait point
l’existence d’une cellule terminale unique au sommet du cône végétatif des
Phanérogames. Il y était arrivé h cette conclusion que, chez les plantes de
cette classe, le point végétatif se compose d’un groupe de cellules de même
importance concourant toutes au même degré à l’accroissement de l’axe
qu’elles terminent. M. Hanstein insistait aussi sur le fait que les tissus pri¬
mordiaux (auxquels il donne des noms particuliers que nous avons rapportés)
se distinguent déjà les uns des autres immédiatement au-dessous du point de
végétation, souvent même avant la première apparition des protubérances la¬
térales destinées à former les feuilles. Le fait que l’épiderme est déjà distinct
dans le plus jeune âge avait surtout fixé son attention. Il restait à savoir com¬
ment les choses se passent dans l’embryon, dont l’évolution n’avait guère en¬
core été étudiée sous ce rapport. C’est là le sujet du mémoire renfermé dans
les Botanische Abhandlungen pour 1870 (1).
Or, l’ensemble d’un grand nombre d’observations décrites avec un soin
minutieux vient corroborer la manière de voir de M. Hanstein en établis¬
sant clairement que le point végétatif de l’embryon des Phanérogames est
multicellulaire comme celui de leurs rameaux.
L’embryon résulte de l’accroissement de deux ou trois cellules superposées
du proembrvon ; mais, à partir du moment où la cellule terminale de cette
rangée primitive s’est développée, elle se trouve remplacée par deux, puis par
un plus grand nombre de cellules qui continuent à s’accroître simultané¬
ment.
Ici encore les tissus et surtout l’épiderme se distinguent les uns des autres
de très-bonne heure, même antérieurement à l’apparition des cotylédons.
L’épiderme est donc une véritable enveloppe générale de tout le végétal.
Reconnaissable dès le plus jeune âge, il ne cesse de s’accroître par segmen¬
tation de ses cellules, au fur et à mesure de l’expansion des tissus qu’il
recouvre.
Le mémoire de JM. Hanstein est accompagné de plusieurs planches très-dé¬
taillées se rapportant aux espèces suivantes : Capsella Bursu pastoris , Œno-
(1) Ce mémoire a été publié par sou auteur dans les Monaisberichten der Mederrhei-
niseken GeselLscbaft fur Nalur- und Heilkunde , et analysé dans le Botanische Zeitung ,
1870, pp. 23 et suivantes.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 67
(liera nocturna , Nicotiana Tabacum , VYo/« cdtaica , Veronica lati folia ,
Cerastium , Rœmeria réfracta, Geum urbanum, Alisma Plantago , Funkia
Sieboldii, Allium rubrum, Allium Porrum, Asphodelinc lutea, Althervrus
ternatus , Ruscus racemosus, Tradescantia virginica , Brachypodium dista-
chyum.
On trouvera dans ce mémoire un examen détaillé du mode de développe¬
ment des cotylédons, des radicules, des coléorrhizes, des gaines des Mono-
cotylédones, des appendices des Graminées, etc. M. Hanstein y a joint une
série de considérations générales sur les questions les plus importantes de la
morphologie.
Ainsi, il se prononce ouvertement contre toute théorie ayant pour but
d’expliquer la symétrie des ramifications par la forme ou le mode de cloison¬
nement des cellules terminales, même lorsque celles-ci sont réduites à une seule,
comme chez les Cryptogames supérieures. Il n’est pas moins explicite à
l’égard de l’hypothèse d’un rôle direct de la pesanteur dans la production des
formes végétales, hypothèse dont M. Hofmeister est, comme on sait, partisan
assez déclaré.
Les résultats principaux obtenus par M. Hanstein se trouvent déjà résumés
dans la 2e édition du Traité de botanique de M. J. Sachs, publiée à Leipzig
ïlcelicrclies analytiifiics sur les roches sous le point de
viac de leurs principes al»sorS#aI»lcs pat* les végétaux ;
par M. Constant Kosmann ( Archives des sciences physiques et naturelles ,
t. XL, pp. 153-180). Genève, 1871.
L’auteur, partant de cette idée que tontes les substances organiques néces¬
saires aux plantes sont disséminées dans les roches formant la charpente du
globe, y a recherché par l’analyse les principes minéraux que le règne inor¬
ganique peut fournir au règne végétal. Il donne l’analyse, très-minutieusemen
opérée par lui, de différentes roches porphyriques, de grauwakes métamor¬
phiques, de schistes argileux, de roches syénitiques et granitiques, de cal¬
caires jurassiques et triasiques, provenant du Palatinat, du pays de Bade, des
Vosges et du Jura.
Dans ces roches, il constate la présence de phosphate de chaux, de potasse,
de soude, d’oxvde de fer, etc.
Dans toutes, il rencontre l’acide phosphorique, et il remarque que des
quantités immenses de cet acide si utile à l’agriculture se trouvent emmagasi¬
nées dans les calcaires qui constituent les montagnes du Jura et dans les ter¬
rains de transition d’une partie des Vosges, et que nul n’a encore songé à les
employer comme amendement.
De là une série d’expériences dans lesquelles il a appliqué le résultat de ses
68 SOCIÉTÉ BOTANIQUE UE FRANCE.
analyses. Dans des terrains dépourvus de fumure, M. Kosmann sème du blé,
puis, après cette première récolte, destinée à lui servir de terme de compa¬
raison, il fait un nouveau semis sur les mêmes parcelles amendées au moyen
des roches qu’il a analysées, tantôt simplement pulvérisées, tantôt en solu-
t ions. Nous regrettons de ne pouvoir pas rendre un compte détaillé de ces
expériences, pas plus que nous n’avons pu reproduire les analyses des diffé¬
rentes roches; disons seulement que les résultats de ces expériences semblent
démontrer l’action favorable des calcaires et des roches phosphorifères sur la
végétation du blé. L’un des meilleurs résultats est donné par le calcaire pul¬
vérisé et mêlé au salpêtre, et 1’elîet de cet engrais minéral se fait encore sen¬
tir la deuxième année.
L’auteur reconnaît lui-même qu’il faudrait d’abord répéter sur une grande
échelle, et d’une manière pratique, les expériences scientifiques qu’il a faites
dans les proportions minimes que comportent des études de laboratoire, puis
résoudre le problème industriel delà pulvérisation des roches. Il se contente
en ce moment de signaler aux agriculteurs de profession les immenses res¬
sources que doivent renfermer ces roches, formées des restes d’une ancienne
vie organique.
QiBclfgaieK olises'vatSoiïs «tir tin CBi amg5Bg'm>n qui attaque
les parties souterraines de la Vigne; par VL le professeur Sclmetzler ( Ar¬
chives des sciences physiques et naturelles , t. XL, pp. 18-25). Genève,
1871.
Le vignoble vaudois est attaqué depuis longtemps par un Champignon qui
se développe sur les racines et les parties souterraines de la Vigne. M. Schnetz-
1er, qui l’a observé à La vaux près Cully (canton de Vaud), le décrit comme
une moisissure blanche qui s’insinue sous l’écorce et pénètre jusqu’à la
moelle.
Ce Champignon est souvent réduit à un mycélium formé de filaments très-
minces non cloisonnés ou à cloisons fort distantes; c’est ce qui semble avoir
lieu surtout lorsque la moisissure recouvre des matières en putréfaction et en
fermentation, mais privées de vie végétative. Sur la Vigne malade, le mycé¬
lium prend un aspect tout différent : il s’y développe des filaments cloisonnés
beaucoup plus larges ; les uns se composent de cellules cylindriques renflées en
forme de massue au point de contact avec la cellule suivante, et se terminent
par des cellules cylindriques effilées; d’autres filaments sont cylindriques sans
renflements.
Les uns et les autres se ramifient, et, entre deux filaments rappro¬
chés, on remarque parfois une soudure qui pourrait êlre une conjugaison.
Cette moisissure attaque aussi les racines d’autres végétaux. Des fragments
de racines de Poirier qui en étaient couverts ayant été exposés à la lumière
dans un flacon légèrement bouché, les parois du flacon et le bouchon se cou-
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
69
vrirent de houppes soyeuses passant du blanc au gris verdâtre. Les cellules
cylindriques et clavifonnes étaient alors accompagnées de petites cellules glo¬
buleuses, probablement des gonidies.
Ces faits, joints à cette observation que le Champignon développe d’abord
son mycélium sur des matières en fermentation, font penser à l’auteur qu’il
pourrait y avoir un lien entre la moisissure qu’il étudie et le Pénicillium
glaucum.
Quel que soit le Champignon auquel se rattache le mycélium pourvu de
gonidies observé par M. le professeur Schnelzler, on ne peut douter, après les
importants travaux de MM. Bail, Schrôter, Lœw et d’autres savants, que cette
moisissure ne soit une forme d’un Champignon plus parfait, limité peut-être
dans son développement par l’absence ou l’insuffisance d’air et de lumière.
Comme M. Schrôter, dans son Etude sur la production des gonidies dans
les Champignons filamenteux (1), l’auteur trouve une analogie entre celte
production de mycélium et la formation du sclérotium de certains Champi¬
gnons. Il rappelle à ce sujet, d'après M. De Bary, le développement du scié -
roliumdu Peziza Fuckeliana, qui forme sur les feuilles de la Vigne des taches
de couleur brune avant d’y présenter les corps reproducteurs du Peziza , et
qui, sur la terre humide, donne naissance à un mycélium de gonidies que
l’on décrivait autrefois sous le nom de Botrytis cinerea.
M. T.
Délier «Ici» Vaincu von Stt'fgvhnas fio^i/oi't»)» ( Sur les
graines du — ); par M. Fliickiger (Mitt heilungen des naturforschend.en Ge-
sellschaft in Bern, pour l’année 1869, nr. 684-711, pp. 11-11). Berne,
1870.
On sait que les graines du Strychnos potalorum ne renferment pas de
strychnine. Elles sont fades au goût. C’est un fait curieux à citer contre les
partisans trop absolus de l’analogie des propriétés médicales et des caractères
botaniques. Ces graines sont employées dans les Indes orientales pour clari¬
fier l’eau généralement trouble que l’on y boit. 31. Pereira a cru que cette
propriété tenait à l’albumine de ces graines; mais le principe azoté qu’elles
contiennent est peu abondant, et, dans tous les cas, insoluble. Mais elles ren¬
ferment une grande quantité de matière gommeuse. D’autre part, les matières
végétales contenues dans les eaux qu’elles purifient doivent renfermer du tan¬
nin. 31. Fliickiger pense que le précipité qu’elles déterminent doit être dû à
une combinaison du tannin avec cette matière gommeuse, précipité qu’il a pu
produire expérimentalement.
(1) Ucler GonidierXildung bel Fndnipilzen. Voyez le compte rendu dans la Revue
bxbliogr. in Bull. Fcc. bol. t. XVII (Revue), p. 13.
70
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
La création d’après la géologie et la philosophie natu¬
relle; par M. J.-B. Rames. Un volume in-8° de 360 pages. Paris, chez
F. Savy, 1869-1871. — Prix : 6 fr.
Ce sont seulement les deux premiers fascicules de l’ouvrage de Al. Rames
qui viennent de paraître, réunis en un volume. Il s’arrête après le terrain
crétacé. Écrit dans un style élevé, poétique même, il ne dédaigne pas de
descendre dans tous les détails de chaque phase géologique, nous allions dire
de chaque création, mais nous ne rendrions pas la pensée de l’auteur. M. Puâ¬
mes en effet est essentiellement Darwiniste, et même il nous paraîtjavoir défini
plus nettement que beaucoup d’auteurs les liens de descendance qui unissent
entre eux des types différents, selon la théorie actuellement en vigueur. Les
Équisétacées, dit-il, régnaient déjà au commencement des temps siluriens;
les variétés qui s’en détachèrent alors devinrent la souche de laquelle émanè¬
rent deux rameaux: celui des Fougères et celui des Sigillariées, dont le déve¬
loppement fut parallèle. Les Lycopodiacées sont issues de quelques variétés qui
se détachèrent des Fougères lorsque celles-ci étaientà peine ébauchées. Vers la
fin delà période silurienne, les Lycopodiacées, par leurs feuilles petites, sim¬
ples, par leur suc résineux, laissaient déjà pressentir une tendance vers le
type des Conifères. Elles s’engagèrent plus avant dans cette voie lorsque leurs
spores devinrent moin s nombreuses, que leurs bractées se groupèrent en vé¬
ritables cônes, et enfin par l’apparition de microsporanges. Chez quelques
formes de passage, les microsporanges se transformèrent graduellement en
étamines, et parallèlement les sporanges s’acheminèrent vers la structure des
ovules, et désormais dans ces variétés, après la fécondation des spores-ovules
par les microsporanges-étamines, l’embryon se forma sur la plante-mère, aulieu
de se former sur un prothallium. Ces nouvelles espèces furent le commence¬
ment des vraies Conifères, dont les ovules nous rappellent les sporanges par leur
simplicité, tandis que leurs nombreuses vésicules embryonnaires rappellent
les spores.
Quant aux Sigillariées, à peine séparées du tronc progéniteur, elles mani¬
festèrent un penchant bien décidé à s’échapper des Cryptogames; pendant l’é¬
poque dévonienne, les Cycadées se formèrent à leurs dépens. M. Rames rat¬
tache aux Cycadées le genre Nœggerathia. Elus tard les Pandanées donnèrent
naissance aux Palmiers.
Les conclusions manquent encore au livre de Al. Rames, qui n’est pas ter¬
miné, mais nous devions dès à présent le signaler à nos lecteurs. Nous leur
recommandons la comparaison de la série des fractions de la phyllotaxie
avec la formule qui exprime les révolutions des planètes autour du soleil.
Das Inulin ( l’Inuline ); par M. Prantl. In-8° de 62 pages. Munich, 1870.
Les résultats obtenus par l’auteur de ce mémoire, couronné par la Faculté
de philosophie de l’université de Munich, se trouvent, dans tous les traits
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 71
essentiels, d’accord avec ce que MM. Nâgeli et Sachs avaient dit de
l’inuline. M. Prantl regarde celte substance comme un hydrate de carbone
qui se distingue de l’amidon, de la cellulose et de la lichénine, en ce qu’il
ne revêt jamais une forme organique. Sa fixité la différencie suffisamment de
la dextrine. C’est du sucre de canne qu’elle paraît se rapprocher le plus.
L’inuline se rencontre dans les plantes constamment en solution : 1 d’inu-
line pour 7 d’eau. Comme, dans les solutions artificielles, la capacité dissol¬
vante de l’eau pour l’inuline est bien plus faible, il est à croire que celle-ci,
en se dissolvant dans le suc végétal, subit une transformation. Elle n’apparaît
jamais que dans les organes souterrains. Au moment de la croissance, elle se
transforme en sucre de canne vers le collet de la racine, puis monte dans la
tige sous forme d’amidon et se porte ainsi vers les bourgeons. Plus tard l’ami¬
don créé dans les feuilles descend le long de la tige sous forme d’amidon
même ou de sucre, et ce n’est qu’arrivé dans la racine qu’il revêt la forme
d’inuline.
IcbcrsiclU «1er j ctxt IteliainUcn Artco von 'M'hea-
ôrowuî ( Revue des espèces ûfeTheobroma connues jusqu’ à ce joui •); par
M. Gustave Bernouilli ( Nouveaux Mémoires de la Société helvétique des
sciences naturelles, t. xxiv, 1871, pp. 15, avec 7 planches).
La rareté et l’état incomplet des échantillons du Theobroma dans les her¬
biers ont rendu pendant longtemps difficile l’étude de ce genre. Aussi saura-
t on gré à M. Bernouilli d’avoir mis h profit ses voyages dans l’Amérique
centrale et d’avoir compulsé les principaux herbiers d’Europe pour nous don¬
ner une monographie du genre qui produit le Cacao. M. Bernouilli admet
quinze espèces (plus le Th. guyanensis Voigt, qu’il n’a pas vu), réparties en
quatre sections et toutes américaines. Cinq de ces espèces sont cultivées: ce
sont les quatre de la première section Cacao qui fournissent probablement
leurs produits au commerce européen; mais l’auteur n’a pas insisté sur le
côté industriel de cette importante question. Il fait remarquer cependant
que ces quatre espèces sont impossibles à distinguer seulement par les ca¬
ractères de leurs rameaux feuillés. Le Th. pentagona Bern. a des graines plus
grosses que le Th. Cacao L. Neuf espèces sur les quinze sont nouvelles pour
la science et dues aux recherches de M. Bernouilli Sa monographie, sauf
quelques notes, est écrite en latin.
Ueticr «lie I ntH'ickinugsgcscIiichtc des* IMiitlicai cini-
ger Pipcracccn ( Organogénie des fleurs de quelques Pipéracées );
par MAI. J. Hanstein et Schmilz (. Monatsberichte der Niederrheinischen
Gesellschaft für Natur- und Heilkunde , séance du 2 août 1869, et Bota-
nische Zeitung , 1870, pp. 37-40).
Les auteurs admettent que le nucelle peut être de nature morphologique
7 2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
fort diverse, ainsi qu’on peut le conclure déjà des observations faites par
M. Hofmeister et d’autres savants, notamment sur les Loranthacées, les Ba-
lanophorées, etc. Ils présentent cette opinion comme la conséquence de leurs
travaux, et de ce principe général que dans l’organisme végétal la fonction
n’est point du tout liée à la valeur morphologique de l’organe.
Les résultats spéciaux obtenus par MM. Hanstein et Schmitz sont fondés
principalement sur l’étude du Peperomia repens HBK. La structure du
cône végétal qui termine le chaton de cette espèce a été trouvée par
M. Schmitz tout à fait conforme à la loi établie auparavant par M. Hanstein,
mais non à l’opinion de M. Sanio. Les faisceaux vasculaires ne naissent pas
dans une couche spéciale d’accroissement, mais chacun d’eux dérive d’un
groupe isolé de cellules-mères allongées. I .es deux couches sous-jacentes
à l’épiderme ou couches allongées de periblema (voy. t. xv, Revue , p. 208),
doivent former : l’extérieure des organes latéraux, l’intérieure le tissu cortical ;
et pour cela celle-ci se partage par des partitions tangentielles repétées, tan¬
dis que l’extérieure reste toujours composée d’une seule couche de cellules.
L’origine de chaque feuille florale peut être ramenée à quelques cellules
faisant partie du periblema extérieur, qui subissent des partitions tangentielles
répétées, et voient les cellules-filles ainsi produites s’étendre perpendiculaire¬
ment à l’épiderme qu’elles soulèvent; alors la feuille a commencé organogéni-
quement. C’est encore dans les cellules de ce periblema externe qu’il faut
chercher l’origine première des bourgeons floraux situés dans l’aisselle des
mêmes feuilles florales. Comme dans les précédentes recherchesdc M. Hanstein,
il n’est point question d’une cellule-mère isolée des productions latérales, soit
raméales, soit foliacées. Lorsque le bourgeon axillaire est formé, il naît oblique¬
ment sur chacun de ses deux côtés une étamine, et ensuite une feuille carpellaire
unique et annulaire, dont le dos est tourné vers la feuille-mère, alternant, par
conséquent, avec les deux étamines. Cette feuille carpellaire est rattachée par
son origine à des cellules de periblema disposées en anneau, dans le milieu
desquelles le sommet de l’axe floral s’élève et forme le nucelie. Dans ce der¬
nier, c’est une des cellules les pliis supérieures du pleroma qui se transforme
en sac embryonnaire, tandis que le tégument épais et formé de deux couches
de cellules prend son origine de quelques cellules du dermatogène. Aucune
trace de feuilles périgonales n’a été constatée par M. Schmitz sur les Pipéra-
cées qu’il a étudiées.
D'après M. Cramer, le nucelie naîtrait toujours à la surface d’une feuille :
MM. Hofmeister et Eichler ont prouvé au contraire que celui des Hélosidées
et des Loranthacées, voire même de la plupart des Polygonées et de beaucoup
d’autres familles, se comporte comme celui dos Pipéracées. 11 faut en conclure
que l’organe essentiel de l’ovule n’est pas constant dans sa nature morpholo¬
gique.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
73
UebersicSit der Flccbtcn des CwS'osslaerHo^tlBiiîiis Eiiulcn
(Revue des Lichens du Grand-Duché de Rade); par M. \V. Bausch.
In-8° de xr.n et 246 p. Carlsruhe, 1869.
L’orographie, l’étude géologique, l’indication des altitudes, précèdent l’éiiu-
niération des Lichens de la flore badoise, au nombre de 592, parmi lesquels il
s’en trouve deux nouveaux : Secoliga carnea Arn. et Rhizocarpon lotum Stzb.
La plus grande partie des matériaux mis en œuvre par l’auteur a été recueillie
dans ses propres excursions.
SSi<e AB.^cutypcu îSer FBeclBteaigfnïfdiesB (Les types algologiques
des gonidies des Lichens ); par M. S. Schwendener. In-4° de 42 pages,
avec 3 planches. Bàle, 1869.
Nos lecteurs se rappellent la théorie dont M. Schwendener est le représen¬
tant le plus militant, d’après laquelle les Lichens seraient des êtres dérivés des
Algues et constitués par des milliers d’individus analogues de cette famille
réunis en colonie et reliés par la substance qui forme le thalle du Lichen.
Dans cette substance entreraient les filaments de Champignons parasites entés
sur des Algues. On consultera sur ce sujet avec utilité l’analyse de travaux
antérieurs, t. xv (Revue), pp. 178, 282. MM. Famintzin et Baranetzky regar¬
dent au contraire les gonidies comme faisant partie intégrante du tissu des
Lichens, mais pouvant prendre une existence indépendante et ressembler alors
à ces Algues, mais devant être rayés de la liste des genres.
M. Schwendener, pour soutenir son opinion, insiste sur les types divers que
présentent les gonidies des Lichens. Il en reconnaît huit, distribués sur deux
séries caractérisées, la première par la couleur vert bleuâtre, la seconde par la
couleur vert franc de ces organes.
A la première série appartiennent les cinq premiers typas. LesSirosiphonées
ont des gonidies douées d’une liberté plus grande que les gonidies des Lichens;
on le voit dans le thalle des genres Ephebe , Spilonenm , Polychidium ;
dans cette classe aussi se rangent les cephalodia des Stereocaulon , dans les¬
quels M. Nylander a découvert des gonidies de trois sortes correspondant
aux genres d’Algues Syrosiphon , Scytonema , et à une Nostochacée. Les
Rivulariées ne peuvent guère régler la conformation du thalle ; dans les cas
les plus favorables, elics conservent seulement leur forme propre. Dans cette
catégorie se placent le Lichina (auquel M. Schwendener identifie après une
longue discussion le Thamnidium Wilkesii Tuck.) et le Racoblennu. — Les
Scytonémées sont difficiles à distinguer des Rivulariées dans le tissu des Li¬
chens, mais elles ont fort probablement part à la production des gonidies
dans les genres Heppia et Dorocyphus. — Les Nostochacées, à l’état de go-
nidics, conservent tous leurs caractères de forme et de croissance ; bien en¬
tendu les Nosiorhacées terrestres seules passent à l’état anormal. Les Collemu
74 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
sont tenus par JM. Schwendener pour des gonidies de J\ostoc entremêlées
des filaments d’un Champignon parasite. Les gonidies du Lempholemma ap¬
partiennent vraisemblablement au genre d’Algues Rormosiphon ; le Poly-
coccus punctiformis (faussement attribué aux Chroococcacées et qui est une
vraie Nostochacée) donne les gonidies des Lcptogium subtile, Pannaria brun -
nca, Peltigeracanina. Certains cephalodia des Stcrencaulon sont aussi pro¬
duits par des JXoslochacées. — Enfin, parmi les Chroococcacées, ce sont des
Glœocapsa qui produisent les gonidies des Omphalaria et des Enchylium ;
celles du Phylliscum endocarpoides viennent des colonies non modifiées du
Chroeoccus turgidus Nag.
«
La deuxième série fournit encore trois catégories. — Les Confervacées, qui
sont en grande partie aquatiques, ne peuvent qu 'exceptionnellement engen¬
drer des gonidies, par exemple chez le Cœnogonium et le Cystocolcus. — Les
Chroolépidées 11e se rencontrent que chez un petit nombre de Lichens, chez
des Graphidécs, des Yerrucariées, des Roccella .■ — Enfin les Palmellacées sont
rarement aptes à une transformation de ce genre : 011 peut citer cepen¬
dant le Cystococcus , le Pleurococcus vulgarisât les types voisins, ainsique
les Protococcus (Rabenh. Fl. eur. Al g.).
l)ic tccuiscli verivcnrictcn Giiisimiartcn, Ilurzc uiid
Bnlsamc (Les gommes , les résines et les baumes employés dans l'in¬
dustrie); par M. Julius AYiesner. Un volume in-8° de vi et 205 p. , avec
22 gravures sur bois et un tableau. Erlangen, 1869.
Ce livre nous donne un compte rendu détaillé des faits acquis à la science
sur l’origine, l’emploi, les propriétés physiques et chimiques, et même sur
le mode de développement des matières qui en font le sujet. Ce n’est pas seu¬
lement la forme et l’aspect des drogues qui ont fixé l’attention de l’auteur, mais
aussi leur structure intime. O11 trouve dans la partie générale du livre une
revue des plantes qui fournissent des gommes, des résines et des baumes.
Tout en composant son livre avec le soin d’un compilateur, M. AYiesner a
fait preuve de talent personnel en ajoutant quelques détails à la somme de
nos connaissances, notamment sur la structure de la gomme du Chagual, de
celle du Moringa pterygosperma, etc. M. Hlasiwetz, qui a aidé l’auteur dans
l’étude de la partie chimique de son sujet, a écrit spécialement le chapitre sur
la chimie de la résine.
Prodroimis of a sturiy of (lie nor(h American frcsli
water Algæ; par JM. HoratioC. AVood. — Extrait des Transactions of the
American Philadelphia Society , vol. xi) ; tirage à part en une brochure
in- -8° de 16 pages.
L’auteur commence par donner des renseignements sur la récolte et la con-
servation des Algues, pour laquelle l’auteur recommande l’acétate d’alumine
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
75
ou un mélange de glycérine, de créosote et d’eau. Dans l’énumération des es¬
pèces, en partie critiques ou nouvelles, qu’il présente, RI. Wood s’est attaché
à suivre le système du Flora europœa Algarum de M. Rabenhorst. Dans les
Conjugées, à l’exception du Palmoylœa clepsydra Wood et de deux espèces
de Rhijnchonema, on ne rencontre guère, ce qui est surprenant, que des
espèces européennes. Il n’en est pas de même chez lesZvgnémées et les OEdo-
goniées. L’auteur n’a tenu compte que des plantes munies de fructifications ;
les types stériles ont été laissés de côté par lui.
Étude sur Se DrosophySt uèu lusitanicutn ; par M. Aimé de
Soland (Annales de la Société linnéenne de Maine-et-Loire ); tirage à part
en brochure in-8°. Angers, 1870.
Les graines de cette plante on été fournies à M. de Soland par M. Gœze,
inspecteur du jardin botanique deCoïmbre. Le botaniste d’Angers en a étudié
la germination, les glandes, lïnflorescence et les organes floraux; pour lui,
les glandes seraient dues dans leur origine à des segments de la feuille. Les
étamines, normalement au nombre de 10, formant deux verticilles superposés
l’un au calice et l’autre à la corolle, sont sujettes à un phénomène de dédou¬
blement, selon l’auteur, bien qu’il n’en ait pas observé le développement, parce
que les étamines surnuméraires sont situées dans les intervalles des étamines
normales.
M. de Soland s’étend encore sur l’histoire et la distribution géographique
de la plante, dont la mention première se trouve dans le Viridarium lusita-
nicum de Frisley, lequel l’a désignée sous le nom de Chamœleontoides. Dro-
sera lusi.tanica pour Linné, bien qu’avec un placenta central, Drosophyllum
lusitanicum Link, cette plante fut pour Brotero le Spergula droseroides .
Bayer a établi pour cette espèce et pour le genre Dionœa la famille des Dro-
sophy liées, que M. de Soland n’accepte pas. Le Drosophyllum habite le Por¬
tugal, l’Espagne méridionale et les côtes du Maroc, dans les endroits sablon¬
neux.
lîie Formcucntws^SieliâMgsgcsetæt in 2?ttrtîi*enreich«,
oderdas nalürliche Pflanzensystem nach idcalen Principe ausgeführt(Za loi
du développement des formes dans le règne végétal , ou le système naturel
des plantes expliqué d'après un principe théorique ); par M. F. Michelis.
In-8° de xxiii et 435 pages. Bonn, 1869.
M. Michelis est professeur de philosophie à Braunsberg. Ce fait explique
la direction théorique qu’il a donnée à ses travaux. Après avoir étudié le
développement des Mousses, il se flatte d’y voir en petit et comme en germe
le principe du développement de l’ensemble du règne végétal : les deux em¬
branchements des Phanérogames et des Cryptogames se développeraient d'a¬
près la même opposition fondamentale que les Mousses et les Hépatiques.
76
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
L’analogie des Phanérogames avec les Mousses est fort claire par la végétation
dressée de celles-ci, leurs feuilles serrées presque en verticilles, leurs organes
sexuels (dont les anlhéridies sont extérieures aux archégones) insérés entre
les feuilles. Nous croyons pouvoir nous contenter de donner à nos lecteurs
cette idée très-succincte de la méthode de rauteur, qui ne paraît point avoir
fait d’observations originales.
Œdegoniacenrnin &u ce ic* a muni ; auclore Veit
Brecker AVittrock {Comptes rendus de l'Académie des sciences de Stock¬
holm , 1870, n° 3) ; tirage à part en brochure in-8° de 26 pages.
Le travail de M. Pringsheim forme la base sur laquelle l’auteur a construit
un travail intéressant pour tous ceux qui s’occupent d’algologie. Il a classé les
Œdogonium d’après la disposition de leurs appareils sexuels, qui les rend
monoïques, gynandres ou dioïques. Les Œdogonium gynandres sont divisés
en deux sections, selon que la membrane des oospores est ou n’est pas soudée
avec celle des oogonies. Les sous-divisions sont tirées : 1° de la forme des
oogonies; 2° de leur mode d’ouverture, terminale ou latérale, de l’état de leur
surface, inerme ou hérissée, etc. Les Bulbochœte sont aussi partagés en espèces
monoïques et espèces gynandres.
Die lia < ti ri i cite vvagcreehtc lUciiüing von B*f‘lanzen-
tliciEen iiinS aigre AliliangigUeit vont I.iclile nncl tou
«1er 4. ravie ration {La direction horizontale naturelle aux parties des
plantes et indépendante de la lumière et de la pesanteur) ; par M. A. -B.
Frank. ]n-8°de95 pages, avec une planche lithographiée. Leipzig, 1870.
L'auteur examine successivement diverses formes de tige horizontale (cour¬
bées et rampantes, rameaux des Conifères, rameaux horizontaux des autres
arbres), puis les feuilles et les organes foliacés (feuilles terrestres, feuilles
situées sur des tiges dressées, pendantes ou horizontales). Enfin il étudie les
organes de végétation des Marchandées et des Jungermanniées.
C’est l’action du soleil qui détermine la direction horizontale des tiges cou¬
chées ou rampantes. C’est une sorte d’héliotropisme négatif. C’est ce qu’on
voit chez le Polggonum aviculare, le Panicum Crus Galli , le Lgsimachia
JAummulana. Ici Y héliotropisme négatif l’emporte, d’après l’auteur alle¬
mand, sur le géotropisme négatif. Pour le Convallariamultijloi a et le C. luti-
folia , celte prédominance est plus faible ; l’héliolropisme négatif détermine
l’inclinaison de la partie supérieure de leur tige, tandis que c’est le géotro¬
pisme négatif qui en maintient dressée la partie inférieure.
Il ui est autrement pour les stolons des Fragaria , sur lesquels la lumière
ne paraît exercer aucune influence. Sur eux, à la place du géotropisme négatif
ordinaire, c’est une autre sorte de géotropisme qui agit, maintenant l’organeà
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
/ /
angle droit relativement à la force qui l'influence. Les rameaux lïoriz mtaux des
végétaux ligneux reconnaissent la même cause à leur direction.
Les rameaux horizontaux typiques des Conifères (avec feuilles tournées de
deux côtés), une fois écartés de l’horizontale, y reviennent d’eux-mêmes. La
présence de la lumière n’a pas plus d'influence que son absence sur le phéno¬
mène. La différence établie morphologiquement entre le côté supérieur et le
côté inférieur d’un rameau de Conifère se maintient dans toutes les courbures
qui ramènent à l’horizontale le rameau qu’on en a écarté. Si l’on retourne ce
rameau, le côté supérieur en bas, ce rameau se contourne de lui-même de
manière, à reprendre sa position naturelle, à moins qu’on n’opère sur des
rameaux très-jeunes, dans lesquels la différence morphologique en question
ne s’est pas encore prononcée, et encore enfermés dans le bourgeon. Ces phé¬
nomènes de torsion spontanée sont sous la dépendance de la pesanteur, mais
il est possible que la lumière agisse dans le même sens, et l’expérience ne
permet pas de distinguer entre les deux. Cependant il y a cette différence entre
les Conifères et les arbres dicotvlédonés, que chez ces derniers les rameaux ont
un côté supérieur et un côté inférieur distincts même dans le bourgeon.
Les feuilles détournées de leur position normale tâchent de la retrouver (1) ;
c’est-à-dire de tourner toujours à angle droit avec la direction de la lumière le
côté de leur feuille qui est le mieux organisé pour la recevoir, soit en tordant
leur pédicelle, soit en recourbant leur lame. La lumière est généralement la
cause de ces phénomènes ; dans quelques cas (feuilles situées sur les rameaux
horizontaux des Conifères et des autres arbres), la pesanteur paraît agir dans le
même sens, car l’absence de la lumière n’empêche pas les feuilles de prendre
des positions plus ou moins complètement analogues.
Relativement aux phénomènes géotropiques et héliotropiques des Marchan¬
dées et des Jungermanniées, l’auteur a répété avec les mêmes résultats l’expé¬
rience de M. Hofmeister [P flanzenzelle , p. 29â).
Nous nous arrêterons un instant au dernier chapitre, dans lequel l’auteur
récapitule et éclaire les faits qu’il a acquis à la science. Il distingue le géotro¬
pisme et l’héliotropisme longitudinal du géotropisme et de l’ héliotropisme
horizontal ; ce sont ces derniers qui sont la cause de la plupart des phéno¬
mènes observés par lui clans la direction horizontale des parties des plantes.
Ces forces déterminent dans l’organe qu’elles influencent une polarité des mem¬
branes cellulaires. — (Voy. t. x\i, Revue, pp. 73 et 138.)
Biiycolog'âcue. Beitrage zur Keuntniss der rheinischen Pilze
[Recherches sur les Champignons de la région rhénane ); par M. L. Fuckel
[Jahrbücher des Nassauischen Vereins fur Naturkunde , Jahrsb. xxm et
xxi v) ; tirage à part en un volume in-S” de 4)9 piges. Wiesbaclen, 1869.
Ce livre doit être considéré o n ne un commentaire détaillé annexé aux
(1) Ceci a déjà été observé par Bonnet.
78 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Fungirhenani publiés par l’auteur. Il renferme cinq cent vingt-sept espèces ap¬
partenant à cent quarante et un genres, disposés en revue méthodique. M. Fuc-
kel admet deux divisions : Fungi perfecti et Fungi imperfecti. Les premiers
se partagent en Myceliophori et en Plasmodiophori (Myxomycètes). Dans les
Fungi imperfecti se trouvent des groupes dont la place est incertaine dans le
système, le mycélium stérile, etc., et notamment les Tremellinés et un certain
nombre d’IJrédinés. Suit l’énumération des Champignons observés, des noms,
synonymes, localités, la description des espèces remarquables ou nouvelles. La
plus grande partie de ces dernières se rencontre parmi les Ascomycètes et
surtout parmi les Gymnomycètes. Le genre Peziza est divisé en trente genres
de création récente.
IScifragc xtir Morphologie tmcl Physiologie dcr Pilic
{Recherches sur la morphologie et la physiologie des Champignons ); par
M. De Bai y, 3e série : Sphœria Lemaneœ , Sordaria fimiseda et S. co-
prophila , Arthrobolrys oligospora , Eurotium , Erysiphe et Cicinno-
holus ; nebst Bemetkungen über die Geschlechtsorgane der Ascomyceten
(avec des remarques sur les organes sexués des Ascomycètes ); par MM. de
Barv et Woronin (Extrait des Abhandlungen der Senkenbergischen Gesell-
scha/t, t. vu); tirage à part en in-A° de 36 et 95 pages, avec 12 planches.
Francfort-sur-le-Mein, 1870.
Les quatre premiers chapitres de cette publication sont l’œuvre de M. Wo¬
ronin, les autres de M. De Bary.
Le premier a pour sujet l’étude de la structure et du développement du
Sphœria Lemaneœ , parasite incomplètement décrit par M. Colin en 1857
comme parasite sur le thalle submergé du Lemanea fluviatilis. L’auteur n’a
observé encore que des périthèces comme organes reproducteurs de cette es¬
pèce; leur origine a lieu parle rapprochement de deux groupes de cellules
formés séparément sur le même mycélium, comme dans les Fézizes. L’au¬
teur décrit la formation du périthécium et des spores; celles-ci sont expulsées
comme celles du Sphœria Scirpi. La partie intérieure de la tlièque se dé¬
tache de la partie extérieure et s’échappe.
Relativement au Sordaria fimiseda DNtrs, chez lequel M. De Bary a fait
connaître le développement des spores, M. Woronin trace une exposition ana¬
tomique et organogénique très-détaillée. Pour l’expulsion des spores, la partie
supérieure de la tlièque se détache, et elle est entraînée comme une coiffe quand
les spores sortent de la thèque. Ces spores germent, quel que soit leur degré de
maturité. Quandellesnesont pas encore mûres, elles se partagent avant de ger¬
mer. Les spores mûres conservent pendant deux ans leur faculté germinative.
Les premières émettent des filaments de mycélium sur divers points; les secondes
laissent sortir par une ouverture ou ponctuation terminale de leur exospore
une vésicule sphérique qui pousse bientôt deux à quatre cellules cloisonnées.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
79
L'auteur a pu suivre sur le porte-objet le développement entier du Sordaria
fimiseda depuis la germination de l’ascospore jusqu’à la maturité du péri-
thécium, qui apparaît entre le sixième et le septième jour après le semis des
spores. Le mycélium primaire né de la germination périt alors, tandis qu’il en
sort un nouveau, secondaire, des filaments qui supportent le peloton enchevêtré
dans lequel se préparera le jeune périlhécium.
Le Sordaria coprophila présente dans son développement les memes phé¬
nomènes essentiels que le précédent. On sait que son mycélium, outre lespéri-
théciums, porte aussi des pyenides et des conidies. Les pvenides apparaissent
d’abord à l’état de corps sphériques d’un brun obscur ; leur paroi est à une ou
deux couches, traversée à son sommet par une ouverture bordée de dix à douze
soies piquantes. Les stérigmates qui revêtent l’intérieur de la pyenide produi¬
sent par étranglement de petiles slylospores capables de germination. Le jeune
mycélium né ainsi, comme celui qui résulte de la germination de spores non
mûres, porte sur des ramuscules coniques des conidies arrondies. Celles-ci sont
d’abord de simples gouttelettes de proloplasma qui, au bout d’une heure et de¬
mie à deux heures, s’entourent d’une membrane et prennent un nucléus.
Le travail de M. De Bary sur Y Eurotium comprend les recherches exté¬
rieures de l’auteur sur la segmentation des organes végétatifs et sur la forma¬
tion des conidies de ce genre, puis une revue systématique des formes con¬
nues d 'Eurotium, et traite principalement sous un nouveau point de vue du
développement du périlhécium. L’auteur nomme carpogonium et pollino-
dium les organes qui donnent naissance à cet appareil par une copulation
sexuelle.
Les annotations relatives aux Erysiphe ont trait à plusieurs points de dé¬
tail. Les suçoirs de ces espèces appartiennent à trois types différents. Les plus
simples sont les haustoria exapoendiculata , qui naissent directement d’un
point du mycélium en contact avec l’épiderme, transpercent aussitôt celui-ci,
et se développent dans l’intérieur d’une cellule épidermique en une vessie gé¬
néralement claviforme. Dans d’autres cas ( haustoria appendiculatd), il appa¬
raît d’abord sur le mycélium une petite dilatation latérale, de la largeur du
filament qui repose sur la cellule épidermique ; de celte dilatation ou auprès
d’elle sort le suçoir. Dans la troisième forme ( haustoria lobata ), les dilata¬
tions d’où ou près desquelles sort le suçoir sont lobées ou échancrées.
Les Erysiphe se divisent en deux types principaux, l’un renfermant une
seule thèque dans chaque périthécium, l’autre en renfermant quatre ou plus;
au premier appartiennent le Sphœrotheca Castagnei Lév. et le Podosphœra
trid.actyla Wallr. , particulièrement étudiés par l’auteur.
M. De Bary s’étend sur le développement des périthéciums, résultant des
rapports que contractent deux cellules nées à l’entrecroisement de deux
filaments du mycélium, chacune sur un filament distinct. L’une est le polli-
nodiurn , l’autre Y ascogonium (jadis cellule ovulaire ou Eizelle). La première,
SOCIETE BOTANIQUE Î)E FRANCE.
$0
après s’être séparée par une cloison du filament qui lui a donné naissance, se
recourbe au-dessus de l’ascogonium et se partage par une cloison transversale
en deux cellules. Elle s’applique sur l’ascogonium, mais fauteur soutient
qu’il n’y a point de fusion entre la cellule terminale du pollinodium et celle
de l’ascogonium, par rupture des membranes situées de chaque coté du
point de contact. Dans un état de développement plus avancé, le tronçon qui
se trouve au-dessous de la base de l’ascogonium, et qui appartient à la dila¬
tation du filament, origine première de cet organe, grossit pour en consti¬
tuer le pédicule et porte quelques ulricules réunis en involucre autour de cet
ascogonium. On en trouve aussi dans beaucoup de cas à la base du pollino¬
dium. Ce sont ces ulricules qui, en s’accolant et se ramifiant, constituent le
tissu lacuneux qui se réunit au sommet de l’ascogonium et rejette le pollino¬
dium en dehors. Plus tard elles se cloisonnent et forment l’enveloppe
multicellulaire qui entoure l’ascogonium et plus tard la paroi externe du pé-
rilhécium. La forme générale du jeune périthécium s’approche ainsi de la
forme sphérique. Puis du côté interne des cellules d’enveloppe naissent de
courts filaments qui s’entrelacent et se cloisonnent pour former enfin la paroi
interne à plusieurs couches du périthécium. Pendant ce temps la croissance
de fascogonium amène son partage en deux cellules, dont la supérieure sera la
thèque unique du périthécium, l’inférieure le pédicule de la llièque.
Dans sa révision méthodique des Erysiphe , M. De Bary réunit tous les gen¬
res de M. Léveillé, à plusieurs thèques et à ascogonium campylotrope, dans
le seul genre Erysiphe ; tandis que les types pourvus d’une thèque unique
(, Sphœrotheca et Podosphœra ) sont réunis en un genre unique qui con¬
serve le nom de ce dernier genre.
Les Erysiphe portent des pyenides connues depuis longtemps et que l'on
a rapportées à divers genres, notamment au genre Cicinnobolus Ehrenb.
Plus tard on a constaté que ces pyenides étaient portées sur le même mycé¬
lium que les périthéciums des Erysiphe , et même ressemblaient souvent
beaucoup à ces derniers par leur aspect extérieur, bien qu’elles émissent des
stylospores au lieu de spores ; aussi on les a regardées comme constituant une
forme particulière de fructification propre aux Erysiphe. M. De Bary établit
qu’on s’est trompé, que le mycélium sur lequel croissent les pyenides est plus
lin que celui de V Erysiphe, qu’il en diffère, bien qu’il s’y entremêle et même
le perfore en maint endi oit , et appartient à un parasite, pour lequel l’auteur
adopte le nom de Cicinnobolus. Ces pyenides, on le sait, sont de deux sortes,
les unes effilées, les autres arrondies; les deux, sur quelques espèces d 'Erysiphe
qu’elles croissent, appartiennent à une seule et. même espèce de Cicinnobolus,
à une exception près.
Le dernier chapitre, consacré à des considérations générales, a pour but
d’établir la sexualité des deux organes dont le concours donne naissance aux
périthéciums, de comparer le développement de ces derniers organes, d’après
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 81
les cas observés sur les Eurotium et sur les Erysiphe , avec les exemples
analogues déjà enregistrés par la science, et de le comparer même au déve¬
loppement des fruits capsulaires des Floridées.
Domestic ISolany; an Exposition of the structure and classification of
Plants, and of their uses for food, clothing, medicine, and manufacturing
purposes; par M. John Smith, ex-curator du jardin de Kew, 547 p. Lon¬
dres, chez Lovell Reeve et CIe.
La « Botanique domestique » de M. Smith n’est pas restreinte à la botanique
économique. La première partie est consacrée à l’explication des organes, à la
structure, à la vie, à la classification des plantes. La deuxième partie présente
les familles des plantes distribuées dans un ordre régulier, avec la description
de leurs caractères, de leurs propriétés, de leurs usages, en commençant par
les Cryptogames, suivant le système de Lindley. Une énumération y est don¬
née des plantes utiles ou cultivées fréquemment dans les jardins ou dans
les serres.
L’ouvrage est accompagné de seize planches coloriées dues au pinceau
de M. Fitch.
Saæif*'ayu Muwennti Baker ( Gardeners * Chrome le, 1871, n° 42,
j). 1355).
Cette espèce a été découverte au Maroc, dans les montagnes des Béni Hos-
mar, près de Tétuan, par M. Georges Maw, auquel l’a dédiée M. Baker, qui la
caractérise dans les termes suivants :
S. ( Dactyloides ) Maweana. — Caulibus dense cæspitosis copiose ramosis
purpureis tenuiter glanduloso-pubescentibus, surculis floriferis e basi decum-
bente erectis ; foliis 6-8 Iaxe dispositis cordato-reniformibus ultra medium
ternatim palmatipartitis, divisionibus 3-5 dentibus oblongis suboblusis in-
structis ; petiolis complanatis dimidio superiore auguste alatis, limbo sæpe
2-3-plo longioribus; gemmis axillaribus robustis copiosis ; (loribus 4-9 in co-
rymbum laxum dispositis, pedunculis dense puberulis, calycis dentibus ligu-
lato-lanceolatis subobtusis tubo dense puberulo duplo longioribus ; petalis
albis obovato-cuneatis pro generemagnis (8-9 lin. longis).
Cette espèce est voisine du S. oranensis décrit par M. Munby dans notre
Bulletin (t. il, p. 284).
An aGci»|)tcd impsovemeut in ihc arrangeaient of
Fer and in (hc namenclalnrc of tüaeïr saaB»t9ivision*
{Essai d'un progrès dans V arrangement des Fougères et dans la nomen¬
clature de leurs subdivisions); par M. Hincks. Brochure in-8°, 1870.
Le révérend Hincks est professeur à l’universilé de Toronto, et président
de l’Institut canadien. Il a tracé un exposé clair de la structure, de la fructi-
( revue) g
T. XVIII.
8*2
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
fication et de la fécondation de ce groupe de plantes, qu’il regarde comme une
classe ( Filicales ), contenant trois ordres, Osmundacées, Gyathéacées et Poly-
podiacées ; les Ophioglossées sont exclues par leur vernation dressée, et rap¬
portées aux Lycopodiacées. Les tribus des ordres sont fondées sur les carac¬
tères des sores. Pour les genres l’auteur a accordé beaucoup à la nervation, et
moins à l’articulation desstipes sur les rhizomes. Il regarde comme genres le
Lastrea et le Polystichum .
Éléments de botanique et de physiologie végétale; sui¬
vis d’une petite flore simple et facile pour aider à découvrir les noms des
plantes les plus communes du Canada ; par M. l’abbé Ovide Brunet, pro¬
fesseur de botanique à l’université. Un volume, Québec, 1870.
Nous empruntons à The American Journal la citation de ce petit livre, qui
paraît répondre parfaitement à son litre, et qui prouve que notre langue con¬
serve toujours sa prépondérance dans une partie importante du Canada On y
trouve les noms vulgaires que portent certaines plantes dans l’idiome local. Le
Sarracenia y est appelé Petit-Cochon ; YOxalis Acetosella , Alléluia ; Y Impa¬
tiens fuira , Chou sauvage; YHamamelis, Café-du- Diable ; le Vaccinium
Oxycoccos, Atoca ; etc.
Internationale Worlerbucli der Pflanzen-Namcn, etc.
(. Dictionnaire international des noms de plantes , latin , allemand, anglais
et français , destiné aux botanistes , et spécialement aux horticulteurs ,
aux agriculteurs , aux étudiants forestiers et pharmaciens ) ; par M. AV.
Ulrich. Leipzig, in-8°, part. 1.
Ce livre vient après le Dictionnaire polyglotte de Nemnich, dont le plan était
plus étendu. Ne l’ayant pas sous les yeux, nous ne pouvons que le Signaler à nos
lecteurs; mais nous ajouterons que le critique qui en rend compte dans le
Gardeners ’ Chronicle , 1871, p 1588, regarde l’auteur comme très-peu fa¬
milier avec la langue anglaise, et (d’après l’apparition du premier fascicule)
juge d’une manière fort sévère cet ouvrage. Il engage même M. Ulrich à re¬
manier cette première livraison avant de continuer, après avoir soumis son
travail à des juges compétents pour la partie anglaise et pour la partie fran¬
çaise.
»
Catalogo poliglotto délie pSante, compilate dalla contessa de San
Georgio. Petit in-8° de 7A7 p. Florence, chez G. Pellas, 1870.
Dans ce catalogue, les plantes sont placées suivant l’ordre alphabétique de
leurs noms latins, et numérotées à la suite. Puis des index séparés pour
chaque langue, et rangés également en ordre alphabétique, renvoient pour
chaque nom au numéro correspondant du premier catalogue latin. Il est à
regretter que cet ouvrage soit défiguré par de nombreuses fautes d’impression.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
83
Dcutischc B»flftitzciiBftaincn (Noms des plantes en allemand ); par
M. Hermann Grassmann, professeur au gymnase Marienstifs à Siettin.
Stetlin, 1870.
Ce petit volume renferme les noms populaires des plantes, usités non-seule¬
ment en Allemagne, mais en Suède et en Danemark, avec des notes sur les
modes de dérivations et de nombreux renvois aux auteurs qui ont écrit sur le
même sujet.
Sier Y' Eucntyptu* globnlus et son emploi thérapeutique ; par M. le
professeur A. Gubler (Extrait du Bulletin de thérapeutique médicale et chi¬
rurgicale , numéro du 30 août 1871) ; tirage à part en brochure in-8° de
31 pages. Paris, 1871.
M. Gubler s’occupe depuis cinq années, dans le service hospitalier qu’il
dirige, d’expérimenter les propriétés médicales de l’ Eucalyptus ; ses expé¬
riences avaient été entreprises à l’occasion d’une note adressée par M. Ramel
à l’Académie de médecine, qui a reçu sur le même sujet, ultérieurement, des
communications de M. Drouyn de Lhuys, de M. le Dr Gimbert (de Cannes) et
de M. de Gérando.
M. Gubler rappelle d’abord les travaux de AI. Cloëz, qui ont été communi¬
qués à l’Académie des sciences en 1868 et en 1870 ( Comptes rendus , t. lx,
page 107).
Les dernières recherches de ce savant chimiste permettent de reconnaître à
l’essence d 'Eucalyptus ou eucalyptol la formule C24H-°0- pour A volumes
de vapeur ; ce serait une sorte de camphre liquide. Sa densité à 8 degrés cen-
tigr. est de 0,905; son point d’ébullition est entre 170 et 175 degrés centigr.
Il est dextrogyre. Miscible simplement à l’eau, à laquelle il connnuniijue son
arôme, il est plus ou moins soluble dans l’alcool, l’éther, etc.
Les phénomènes physiologiques produits par l’ingestion de l’eucalyptol
sont locaux et généraux, chaleur et même brûlure (si la dose est forte) au
pharynx et à l’estomac ; puis fièvre et excitation générale. Ces phénomènes,
comme ceux que déterminent les substances excitantes, sont de peu de durée.
Mais l’essence ne saurait expliquer tous les effets thérapeutiques de Y Euca¬
lyptus. La présence du tannin, des substances amères et peut-être d’un prin¬
cipe immédiat particulier, doit ajouter des particularités spéciales à l’action des
feuilles, et expliquer les faits observés dans le traitement des affections pa¬
lustres. On a constaté d’une manière irréfragable des succès obtenus contre des
fièvres intermittentes avec la poudre des feuilles de Y Eucalyptus. M. Gubler
croit qu’il peut rendre contre cette affection de réels services.
Les indications que peut remplir Y Eucalyptus, employé extérieurement ou
intérieurement, sont en général celles de toutes les substances excitantes ou
astringentes. Mais c’est dans les affections catarrhales purulentes que M. Gubler
Sk SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
a eu le plus à s’en louer, et surtout dans les catarrhes pulmonaires. Le nouveau
médicament devient synergique du goudron, du copahu, du cubèbe, du
matico, trouvant naturellement son emploi le plus rationnel dans les cas
subaigus ou chroniques, et même chez les tuberculeux, chez lesquels la
poudre de feuilles a l’avantage d’être tonique et de modérer les sueurs qui
souvent les épuisent. Cette poudre l’emporte sur toutes les autres formes phar¬
maceutiques, parce qu’elle renferme la totalité des principes actifs : tannin,
résine, principe amer et essence. M. Gubler la prescrit à la dose de h à 16
grammes par jour, en quatre à huit prises. L’eau distillée de feuilles est très-
agréable et peut servir de véhicule pour les potions stimulantes. L’essence
s’administre à la dose de quelques gouttes, ou de quelques grammes, enfermée
alors dans des capsules.
ïSEucfsfypft*'?, rapport sur son introduction, sa culture, ses propriétés,
usages, etc.; par M. Raveret-\Vatlel(/?w//e4Vi de la Société d' acclimatation,
1871, n°‘ 9-11, p. 472-^87, 555-570, 623-641, etc.).
Ceux de nos confrères qui s’intéressent aux applications de la science trou¬
veront réunis dans ce rapport beaucoup de documents relatifs à l’introduction,
aux caractères et aux usages des Eucalyptus.
L’ Eucalyptus globulus , le plus important de tous, répand par son écorce,
ses fleurs, ses feuilles et ses fruits, très -aromatiques, une odeur assez analogue
à celle de la Sauge officinale. Ces émanations, dues à une huile essentielle, sont
regardées comme douées de propriétés bienfaisantes ; elles favoriseraient la
respiration et neutraliseraient les miasmes paludéens : car on a remarqué en
Australie que les fièvres périodiques n’existent pas, partout où ces arbres, qui
croissent dans les vallées, constituent une partie importante de leur végétation.
Des plantations importantes d 'Eucalyptus, faites par les soins de M. Sau-
lière en Algérie, ont si heureusement modifié les conditions hygiéniques de
certaines exploitations industrielles, que le personnel des ouvriers, naguère
constamment éprouvé par les fièvres, n’en présente plus maintenant aucun
cas. Cette propriété tient sans doute aux puissantes facultés d’absorption et de
transpiration dont sont doués les Eucalyptus.
L’eucalyplol découvert par M. Cloëz, qui possède au plus haut degré l’odeur
agréable de la plante, paraît exercer sur l’économie une action analogue à
celle de la plupart des huiles essentielles; mélangé à l’eau, il lui commu¬
nique une saveur fraîche, amère et camphrée et assez agréable. Ces pro¬
priétés rapprochent évidemment l’huile essentielle de Y Eucalyptus de celle
du Cajeput, autre Myrtacée, et l’analogie s’étend probablement aux propriétés
médicales. L’infusion théiforme des feuilles d’ Eucalyptus, légèrement colo¬
rée, amère et astringente, paraît jouir de propriétés fébrifuges prononcées.
Mais c’est surtout comme bois de construction, à cause de la rapidité de sa
croissance, jointe à la solidité de son bois, et de la hauteur qu’il atteint, que
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 85
Y Eucalyptus nous rendra des services. Nous avons déjà analysé sur ce sujet
une brochure de M. Rame], qui s’est dévoué à l’acclimatation de cet arbre,
et qui a vu le succès couronner ses efforts. En effet, l 'Eucalyptus ne perd
aucune de ses qualités lorsqu’on le transporte loin de sa patrie ; il continue
même d’obéir aux lois du calendrier australien. En Algérie et en Provence, cet
arbre parvient en quatre ou cinq ans à la hauteur de 13 mètres au moins,
sur une circonférence de 0,80 à 1 mètre à la base du tronc. M. Trottier, qui
cultive déjà 1 Eucalyptus globulus en forêt dans les environs d’Alger, y fait
des coupes sur des arbres âgés seulement de quelques années.
E ' Eucalyptus y que les Sauterelles respectent, est fort recherché des abeilles
et peut favoriser la production du miel ; en Australie, où l’abeille commune,
introduite exprès, s’est multipliée d’une façon incroyable, les ouvriers des
mines vont fréquemment à la recherche du miel et de la cire des essaims
sauvages. Les fleurs d 'Eucalyptus seraient chez nous pour la nourriture des
abeilles une ressource d’autant plus précieuse, qu’elles paraissent à une époque
où les autres font défaut.
L’auteur s’occupe encore d’autres espèces d 'Eucalyptus : E. Mahogany ,
Larra ou Djaryl des indigènes, qui rend de grands services à l’ébénisterie en
Australie; E. rostrala Schlecht. , recherché pour la jolie couleur rouge et
l’aspect perlé de son bois dur, fournissant quand on le brûle une forte chaleur
qui se conserve longtemps, et quand on broie son écorce fibreuse, une matière
abondante pour la fabrication des papiers d’emballage; E. amygdalina
Labill., qui atteint plus de 50 mètres de hauteur, l’espèce dont le feuillage
produit le plus d’huile odorante ; E. obliqua L’Hér., inférieur à 1 ' E. globulus ,
mais dont l’écorce s’enlevant par de larges plaques susceptibles de former une
couverture très-légère et très-solide, fournit une excellente pâte à papier
et pourrait probablement être exploitée sans dommage pour l’arbre ; E. leu -
coxylon F. Miill., dont le bois s’emploie dans la carrosserie et convient surtout
à la fabrication des roues d’engrenage pour les moulins ; E. citriodora
Ilook., qui doit son nom à l’odeur de son essence ; E . coriacea et E . Gun-
nii J. Hook. , qui se rencontrent jusqu’à des hauteurs de 5000 pieds dans les
montagnes de Victoria, où les neiges sont persistantes à 6000 pieds environ,
et qui peuvent, comme l’acclimatation l’a prouvé, supporter le froid d’un
hiver parisien ; VE. oleosa, qui serait une précieuse conquête pour le Sahara
Algérien, car démet presque à la surface du sol des racines horizontales qui
renferment une eau très-pure et très-saine; et plusieurs autres espèces.
M. Raveret-AVattel examine ensuite les résultats déjà obtenus dans le Midi
et en Algérie par la culture de l 'Eucalyptus.
Il traite minutieusement des précautions que réclame l’acclimatation de
Y Eucalyptus en général. Les graines de cette essence se conservent longtemps.
M. Malingre en a eu qui, restées oubliées six ans au fond d’un tiroir, ont néan¬
moins germé à raison de 60 pour 100 et donné un plant très-vigoureux.
8(5
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
M. Raveret-Wattel retrace l’historiqne de la culture de Y Eucalyptus, dans
chacune des localités où elle a été tentée. Nous y remarquons que cet arbre
a supporté sans grand dommage une température de — 15 degrés centigr. sur
les bords de la Tamise. Il termine par l’étude des applications à la thérapeu¬
tique et à la parfumerie. Il a été aidé dans ce travail par une correspon¬
dance établie depuis un grand nombre d’années avec toutes les personnes
qui ont acclimaté Y Eucalyptus, ce qui donne une grande autorité à son
travail.
Observations cliniques sur V Eticatypius globuMwft (Tas-
maniœ bine gum); par M. Adolphe Brunei. Broch. in-8° de 55 pages. Paris,
chez J. -B. Baillière et fils, 1872.
C’est un Français, Labillardière, qui a le premier reconnu et décrit Y Eu¬
calyptus m 1792. C’est un Français, M. Ramel, qui en a le premier doté
l’Europe en 1856. Nous croyons être dans le vrai en ajoutant que c’est un
Français qui l’a le premier expérimenté en Amérique. M. Brunei a soumis
l’emploi médical de Y Eucalyptus à des observations suivies, pendant trois ans,
dans l’hôpital qu’il dirigeait à Montevideo.
Il fait connaître les résultats d’une analyse chimique fies feuilles de Y Euca¬
lyptus faite à Montevideo, par M. Camille Weber, en septembre 1868 (1).
M. Weber a obtenu des dérivés extrêmement intéressants de l’essence; il
mentionne un acide eucalvptique et un principe amer, neutre. M. Brunei a
administré Y Eucalyptus en infusion édulcorée avec du sirop de sucre. Chaque
dose est de 8 grammes de feuilles dans une infusion de 120 grammes d’eau
bouillante, matin et soir. Il donne seize observations dans lesquelles les pro¬
duits de Y Eucalyptus ont amené la guérison de la fièvre intermittente.
Avant de quitter ce sujet, citons pour ceux de nos confrères qui se livre¬
raient à des travaux sur Y Eucalyptus, les documents publiés : — par M. Ra¬
mel : V Eucalyptus globulus ( Revue maritime et coloniale, déc. 1861) ;
— par M. Delisse ( Bulletin de la Société d' acclimatation, 1862, p. 64);
— par M. André ( Revue horticole, février 1863); — par M. Tristany, dans
el Compilador medico, 1865 ; — Lettres de M. Malingre à la Société d’ac¬
climatation, Séville, novembre 1867 , et Bulletin de la Société d' acclimatation,
1868, p. 138, et juillet-août 1871, p. 38/i ; — par M. Monchalait (De l' Eu¬
calyptus ( Revue des eaux et forêts, 1867) ; — par M. le docteur Adrien Sicard,
( Bulletin de la Société d’acclimatation , janvier 1868) ; — par M. le doc¬
teur Régulus Carlotti, d’Ajaccio : Mémoire sur l'action thérapeutique et
la composition élémentaire de l'écorce et de la feuille de V Eucalyptus
globulus, présenté à la Société d’agriculture d’Alger en 1869; — par M. G.
(1) C’analyse de Y Eucalyptus a été aussi faite eu Corse par MM. les professeurs Vau-
queiin et I.uciani (voyez Carlotti, Mém. cité), el à Melbourne par M. C, Hoffmann.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 87
Sacchero : Utilitàdell' Eucalyptus , in-8°, 1 1 pages, Catania, typ. Carronda,
1 869 ; — par M. le docteur Miergues, de RoulTarik, dans le journal la Science
pour tous , 15 janvier 1870 ; — par M. le comte Maillard de Marafy ( Égypte
apicole, juin 1870); — parM. Gastinel-hey : Les Eucalyptus [Egypte agri¬
cole, juillet 1870); — par M. Trottier : Notes sur V Eucalyptus, Alger;
Boisement dans le désert et colonisation , Alger, 1869; — De V accroissement
et de la valeur progressive de /’ Eucalyptus, Alger, 1871 ; — Arbres de
r Australie, avec reproduction du mémoire de M. Millier, de Melbourne, Sur le
boisement par U Eucalyptus, Alger, 1872; — par M. le docteur Gimbert de
Cannes : V Eucalyptus globulus ; son importance en agriculture, en hygiène
et en médecine [ Mémoires de la Société des sciences naturelles , des lettres et
des beaux-arts de Cannes et de V arrondissement de Grasse , 1870, vol. 1,
p. 90) ; et Paris, Delahave, 1870 (voyez le Bulletin, t. xvii, Bevue , p.72) ; —
par M. Ramel : V Eucalyptus globulus de Tasmanie, Paris, 1861-1870 ; — par
M. Cloëz [Bulletin delà Soc. d'acclim . , sept. 1868; et Union pharmaceu¬
tique, juin 1870, p. 169) ; — par M. le capitaine de vaisseau de Salvy : Note
sur V Eucalyptus [Bulletin du Comice agricole de Toulon , 1871). Ces obser¬
vations compléteront et rectifieront une note publiée précédemment (t xvii,
p. 191) sur des documents insuffisants.
ri'lie Aiiiiiirulty llaiiical of sdcntêfic ln(|iiiry. Londres, 1870
2e édition.
Le Manuel publié par l’amirauté anglaise, et renfermant sous une forme
pratique et très-scientifique à la fois tous les renseignements que peuvent
désirer les explorateurs des contrées lointaines, est un ouvrage d’une grande
importance, dont l’analogue manque jusqu’à présent en France sous une
forme aussi complète. La partie botanique avait été traitée dans la première
édition de ce livre par SirWilliam Hooker. M. J. Hooker l’a révisée pour cette
deuxième édition. Elle contient des instructions excellentes sur la manière de
recueillir les plantes, soit pour les jardins botaniques, soit pour les herbiers.
M. Hooker signale tout particulièrement au zèle des collecteurs les contrées du
globe qui sont encore insuffisamment connues ; personne ne s’étonnera qu’il
insiste davantage sur les flores insulaires. Il fait valoir la nécessité d’apporter
non pas des collections de chaque groupe insulaire, mais de chacune des îles
qui le constituent, car il arrive ordinairement que les flores de deux îles océani¬
ques contiguës sont étonnamment différentes. Un appendice à la partie bota¬
nique, fort utile, a été écrit par MM. Hanbury et Oliver; il indique une
série de recherches à faire sur les sources et l’origine de substances employées
dans l’industrie ou la pharmacie. Ainsi la gutta percha même est mal connue.
On dit qu’elle provient de diverses plantes : Isonandra , Chrysophyllum ,
Sideroxylon et d’autres. Les auteurs insistent sur Futilité de joindre des
échantillons secs aux produits correspondants fournis par la même espèce.
88
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE»
D’où vient, demandent-ils, le sagapenum, souvent apporté de Bombay, et
que l’on suppose être produit en Perse? Il se présente dans le commerce sous
deux formes qui conduisent à lui attribuer avec probabilité une double ori¬
gine. Ainsi encore le galbanum passe pour être importé d’Astrakhan en Rus¬
sie, et cependant celui qu’on reçoit en Angleterre vient principalement de
Bombay.
Tlic Mclien-flora of Grcat Stritain, Irclaml and tlfec
Cliannel islamls ( Flore des Lichens de la Grande-Bretagne , de
/’ Irlande et des îles de la Manche ); par M. W.-A. Leighton. In-8° de
A70 pages. Londres, 1871.
Un Manuel de la lichénographie anglaise a été publié en 1861 par
M. Mudd ; ce livre avait suffi pour augmenter de beaucoup le nombre des
personnes adonnées à la lichénographie en Angleterre. Depuis sa publication,
qui portait à cinq cents, en nombre rond, le nombre des Lichens connus dans ce
pays, ce nombre s’est augmenté j usqu’à près de huit cents. Dans la composi¬
tion des genres, M. Leighton, loin de procéder comme M. Mudd, suivant la
méthode de Kœrber et de Massalongo, se rattache à M. Nylander; il n’en
admet qu’un petit nombre, et par exemple conserve intact le genre Lecidea
avec deux cent trente-trois espèces. Il a mis largement la chimie à contri¬
bution, en se servant des caractères que fournissent les nuances du tholle in¬
fluencé par l’hydrate de potasse et l’hypochlo rite de chaux. Mais il est rare
que M. Leighton accepte des espèces fondées sur ces seuls caractères ; il s’en
sert notamment pour déterminer les sous-divisions du genre Parmelia.
La distribution géographique de l’espèce est étudiée avec soin par M. Leigh¬
ton. Il a recours, pour l’indiquer, aux dix-huit régions botaniques délimitées
par M. AValson dans son Cybele britannica , et aux divisions indiquées pour
l’Irlande par MM. Moore et More dans leur Cybele hibernica. Une ligne est
consacrée à la géographie générale de chaque espèce. Il y a encore dans
chacune des trois parties du Royaume-Uni des comtés dans lesquels on n’a
point recherché les Lichens.
Ueber ille etsropàssclien A rien lier Gattung (Sur
les espèces européennes du genre Typha) ; par M. P. Rohrbach ( Verhand -
lungen des botanischen Vereins fur die Provinz Brandenburg , onzième
année, 1869, pp. 67-106) ; tirage à part en brochure in-8° de 38 pages,
avec une planche lithographiée.
En s’abstenant dans cette publication de détails organogéniques, qui sont
réservés pour une publication plus étendue, l’auteur se borne aux faits mor¬
phologiques essentiels à connaître; il donne ensuite la diagnose du genre, et
passe en revue les treize espèces du genre qui lui sont connues; puis il traite
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
89
spécialement des sept espèces européennes, et fait des remarques sur les
espèces extra -européennes. Il termine par une table des synonymes, au
nombre de cent quinze pour treize espèces. La planche donne à de forts gros¬
sissements la coupe des graines de plusieurs espèces.
Les fruits des Typha sont généralement munis d’un sillon longitudinal à
leur maturité, sillon le long duquel ils s’écartent quand ils ont séjourné dans
l’eau, excepté chez le T. stenophylla , le T. Laxmanni , dont le fruit ne s’ouvre
pas dans l’eau, parce que la graine y est complètement soudée avec le péricarpe,
ce qui n’a pas lien chez les autres espèces.
L’auteur a d’abord recours à ce caractère pour sectionner le genre. Il a
recours ensuite à celui qu’offrent les stigmates, la présence ou l’absence des
bractées à la base des fleurs femelles, bractées dont la forme est très- variable;
les rapports de longueur des stigmates, des poils périgoniaux et des bractées
à l’époque de la maturité des fruits ; la présence ou l’absence des poils sur
l’axe des fleurs mâles, en partie aussi la forme de ces poils, le mode d’agglo¬
mération des grains polliniques, la texture anatomique des graines, la coupe
transversale de la feuille au point où elle se détache des gaines ; la forme et la
coloration des poils périgoniaux de la fleur femelle.
On trouvera dans le Botanische Zeitung de 1870, p. 479, une note addi¬
tionnelle de 1\L Rohrbach sur les graines des Typha.
Bryogcographiselic Studicn aiss dem rhatische» Alpcxi
(. Études sur la distribution géographique des Mousses dans les Alpes
rhétiques ); par ÎM. W. Pfeffer (Nouveaux Mémoires de la Société helvé¬
tique des sciences naturelles , 1871, t. xxiv, pp. 142).
L’auteur de ce mémoire, daté de Marburg, mars 1869, est le neveu d’un bo¬
taniste distingué de la Suisse, feu le professeur Théobald, de Coire, qui connais¬
sait bien les Alpes rhétiques, déjà explorées comme les régions voisines par un
assez grand nombre de naturalistes. Après avoir donné un catalogue soigneusement
annoté des Mousses observées par lui, où sont décrites un assez grand nombre
d’espèces récemment acquises à la science, M. Pfeffer entre dans les considé¬
rations annoncées par le titre de son travail. Les régions botaniques qu’il déli¬
mite sont au nombre de quatre, région de la Vigne et des bois de Châtaigniers,
région des Céréales ou région montagneuse, région subalpine ou région
des Conifères, et région alpine ; pour chacune d’elles et de leurs subdivisions,
il indique successivement les espèces qui y trouvent leur limite soit supérieure,
soit inférieure. Un chapitre spécial est consacré aux Mousses, dont les limites
ne sont pas les mêmes suivant l’exposition des pentes où elles croissent; cer¬
taines d’entre elles ne se trouvent que dans les vallées qui s’ouvrent au nord,
et d’autres seulement dans celles qui s’ouvrent au sud ; un grand nombre des¬
cendent plus bas dans ces dernières; seul le Barbula aciphylla parvient plus
bas dans les vallées ouvertes au nord. D’ailleurs il faut tenir compte de ce fait
90
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
important que le calcaire ne se trouve guère que dans les vallées septentrio¬
nales, et que la constitution géologique du sol régit en partie la distribution
des espèces. L’auteur a d’ailleurs indiqué la liste des espèces croissant sur
chaque terrain.
C’est la région subalpine qui renferme le plus de Mousses, 70 pour 100 du
total des espèces observées dans la région ; beaucoup d’espèces y montent des
régions inférieures et y descendent de la région alpine.
Éléments de botanique ; par M. Paul Espardeilla. Ouvrage destiné
aux élèves des collèges, des écoles normales primaires et aux personnes qui
commencent l’étude de l’histoire naturelle, accompagné de 20 planches,
représentant les parties des végétaux, leurs organes et les caractères des
principales familles. Un volume in-12, de 223 pages, Paris, chez J. -R.
Baillière et fils, 1872 ; Nîmes, imp. Roucole.
Travaillant pour des élèves, l’auteur s’est appliqué, dit-il, à leur rendre
l’étude de cette science aisée et facile, et à la réduire à ce qui leur est néces¬
saire en la débarrassant de ses vues trop abstraites et surtout d'une partie de
ses nombreux détails. U en a divisé l’étude en quatre parties principales : la
première comprend la description des organes des plantes ; la deuxième passe
en revue les fonctions de ces mêmes organes; la troisième présente un exposé
des systèmes et méthodes employés pour la classification des plantes ; enfin la
quatrième est un autre exposé rapide des principales familles et des espèces
les plus communes. Il cite comme ayant été ses principaux guides : de Jus¬
sieu, De Candolle, Tournefort, Cousin Despréaux, Richard, Rodet, Milne
Edwards, Achille Comte et Saucerotte. Le succès de Y Anatomie végétale de
M. Saucerotte a été trop grand, dit-il, pour qu’il ait tenté de s’écarter en
rien de la marche qu’a suivie cet auteur. Nous croyons devoir, pour faire
apprécier ce petit livre, citer in extenso le passage suivant (p. 68) : a Circu¬
lation des végétaux pendant la nuit. — La nuit le mouvement change : la
surface inférieure des feuilles commence à s’acquitter de ses principales fonc¬
tions; les petites bouches dont elles sont garnies s’ouvrent et reçoivent avec
avidité les vapeurs et les exhalaisons qui sont dans l’atmosphère : mouvement
qui constitue la respiration. L’air des trachées se resserre ; elles diminuent de
diamètre ; les fibres ligneuses pressées s’élargissent et admettent les sucs que
les feuilles leur envoient. Ces derniers se joignent au résidu de ceux qui étaient
montés pendant le jour, et toute la masse tend vers les racines. »
Sur la fructification «lu genre J^etnttnea ; par M. Sirodot
{Comptes rendus , séance du 28 mars 1870, t. lxx, pp. 691-694).
M. Rabenhorst, résumant les opinions de ses devanciers et de ses contem¬
porains, a refusé la fécondation aux Algues d’eau douce du genre Lemanea ,
dont M. Sirodot décrit les organes sexuels. Les organes femelles prennent
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
91
naissance dans l’intérieur de la cavité que constituent les filaments du Lema~
nea , sur le côté extérieur des tubes articulés en rapport avec les grandes cel¬
lules qui forment la couche interne de la paroi des filaments. Ces organes
femelles ne sont d’abord qu’un simple renflement qui deviendra bientôt la
première cellule transparente d’un filament articulé à cellules ovoïdes, se
dirigeant vers la paroi, dans laquelle il ne tarde pas à pénétrer en écartant les
cellules de la couche la plus intérieure. Alors la cellule terminale transpa¬
rente s’allonge considérablement, traverse les deux autres couches de cellules
et vient faire saillie à l’extérieur, en même temps qu’elle émet deux ou trois
prolongements, dont la parfaite transparence rappelle immédiatement le tri-
chogyne d’un Batrachospermum. Tel est l’organe femelle.
Quant aux anthéridies, ce sont des cellules oblongues, cylindriques, pâles
et finement granulées, sessiles sur des cellules arrondies, groupées extérieu¬
rement sur la région moyenne des renflements dans le Lemanea catenata ,
sur les nœuds des verticilles dans le L. ftuviatilis. Ces anthéridies détachées
se fixent sur les trichogynes et leur contenu pénètre dans l’organe femelle, qui
prend alors une apparence granulée. La fécondation opérée, le trichogyne ne
tarde pas à disparaître, et de sa base, située dans l’épaisseur même de la paroi,
naissent par bourgeonnement des filaments articulés, se dirigeant vers l’inté¬
rieur du tube pour y former plus tard des faisceaux de filaments sporifères.
Sur iiuc nouvelle espèce «le Peronoffioi'a, parasite des
Cactus ; par MM. H. Lebert et Colin ( Comptes rendus, 1870, t. lxx,
pp. 1300-1314).
Tantôt les Peronospora déterminent l’hypertrophie du tissu végétal qu’ils
habitent, comme le P.parasitica ; tantôt ils le désorganisent, comme le P. de -
vastatrix. A ce dernier groupe appartient le P. Cacti observé par les auteurs
sur les Cactées de la collection de M. le général de Jacobi, et qui vient proba¬
blement d’Amérique. Ce nouveau parasite se reproduit par des conidies, qui
percent le tissu du Cactus , et par une véritable fécondation qui a lieu à l’in¬
térieur de ce tissu.
Four celle fécondation, il se forme sur les fils du mycélium, sous la forme
de faisceaux en grappe, partant de quelques rameaux principaux, des ramus-
cules courts et étroits qui portent les oogonies. A côté et au-dessus d’elles
naissent des ramuscules fins du mycélium, qui serpentent d’une manière
ondulée, et avant de se diviser en ramuscules courts, entourent étroitement
l’oogonie. Ces organes sont les anthéridies, et l’on en trouve de tels accolés
autour de toutes les oogonies pour les féconder. Il est peu commode de se
rendre compte de l’acte de la copulation, car les nombreux tours des anthé¬
ridies filamenteuses rendent très-difficile la distinction de l’endroit exact de
leur adhérence à l’oogonie. Le contenu de l’anthéridie se condense autour
d’un corps séminal qui remplit son renflement terminal cunéiforme, tandis
92
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
4
que le reste du fil paraît vide de contenu. On voit partir du rendement ter¬
minal del’anthéridie des tuyaux fécondants en forme d'entonnoir qui appro¬
chent directement tout près de l’oogonie, mais que nous n’avons pas pu recon¬
naître dans son intérieur.
ïLcs Plantes de Virgile: par M. D. Clos (Extrait du Journal d'agri¬
culture pratique et d'économie rurale pour le midi de la France, no¬
vembre 1871) ; tirage à part en brochure in-8° de 2A pages, Toulouse,
imp. Douladour, 1871.
M. Clos se borne à passer rapidement en revue, sur la trace des guides les
plus autorisés en cette matière et en particulier du dernier d’entre eux,
M. Bubani (1), la plupart des plantes inscrites par Virgile, soit dans ses trois
principaux chefs-d’œuvre, soit dans le Culex , le Ciris, le Moretum , et ces
plantes sont divisées par lui en : 1° fourragères, légumineuses, maraîchères
et céréales; 2° aromatiques; 3° âcres ou vénéneuses; k° plantes enchante¬
resses; 5° plantes à fleurs ou d’ornement ; 6° mauvaises herbes; 7° petits
arbres ou arbustes ; 8° arbres fruitiers ; 9° arbres forestiers non résineux ;
10° Conifères et autres arbres résineux ; 11° plantes encore indéterminées.
M. Clos a principalement cité les opinions des auteurs, sans les discuter.
Son travail se termine par un index.
31. Clos nous prie d’ajouter à cette mention de son opuscule qu’il regrette
de ne pas s'être souvenu qu’aux yeux de 31. Eug. Fournier le Ligustrum de
Virgile est le Lawsonia alba ou Henné des Arabes (voyez le Bulletin ,
t. xii, p. 116); • — et qu’au doute exprimé par lui relativement au vilem
Faselum des Géorgiques (1. il, v. 212), M. Naudin répond (in litt.) que
ce ne peut être un Haricot. Ce dernier savant voit la Gourde ( Lagenaria
vulgaris) dans le Cucurbita du Moretum (v. 77) et la Pastèque ( Citrullus vul-
garis ) dans le Cucumis des Géorgiques (l. iv, v. 122).
Oia the cunipasltc sts’iicturc offs£m|>le leaves; par M. John
Gorham [The Monthly rnicroscopical Journal , mars 1869, n° m, pp. 155-
169, avec une planche).
31. Gorham a inventé une théorie morphologique spéciale de la composi¬
tion de la feuille. La division ultime qui se présente dans les feuilles com¬
posées est suivant lui le type de la foliole, et c’est la soudure de semblables
éléments qui doit être considérée comme constituant la feuille. Il distingue en
conséquence la feuille composée, la feuille métamorphosée et la feuille lobée.
(1) M. Bubani a publié récemment des Illustrazioni ulleriori alla Flora Virgiliana ;
c’est une demi-feuille à ajouter à son travail antérieur en le faisant relier. Il y est
question des plantes suivantes, mentionnées par Virgile : Acanthus , Arbor œthiopica
lanigera , Cucumis , Cucurbita , Ebulus , Fagus, Far , Hibiscus , Lolium, Phaseolus,
rubea Virga , Viburnum .
REVUE MBLIOGRAPHIQUE.
93
La feuille métamorphosée est celle dans laquelle la soudure des folioles est
incomplète, comme dans certaines feuilles de Ronces. L’auteur donne des
figures et cite un grand nombre d’exemples.
On <hc siiiipB© «ta* ta et taire1! of compoiind leaves ; par M. Mac
Nab ( ibid . , avril 1869, n° iv, pp. 217-219).
M. M ac Nab n’a pas de peine à démontrer que les données du mémoire
précédent sont complètement en désaccord avec les résultats des recherches
organogéniques. Il rappelle que la division dans les feuilles marche essentielle¬
ment du simple au composé ; que les feuilles dites métamorphosées par
M. Gorliam sont des feuilles qui offrent l’exemple d’un arrêt de développe¬
ment. Il profite de l’occasion pour donner une classification des différents
modes suivant lesquels se développent les feuilles des Dicotylédones. Les
modes sont au nombre de six : basifuge, basipète, divergent, terne, cyclique
et parallèle. Dans les quatre premiers types, les parties de la feuille se déve¬
loppent seulement sur les bords de l’épiphylle ; le type divergent et îe*type
lerné sont des cas particuliers des deux premiers considérés dans les feuilles
composées. Dans les deux derniers types les parties de la feuille naissent aussi
bien du côté intérieur de l’épiphylle que sur ses bords; au type cyclique
appartiennent les feuilles peltées, dont les éléments sont le plus souvent basi-
pètes; au type parallèle appartiennent beaucoup d’Ombellifères, dont les
éléments se développent de chaque côté de la ligne médiane, parallèlement
aux voies marginaux. On trouvera des détails sur ce sujet dans un autre mé¬
moire du même auteur ( Transo.ct . bot . Soc. Edinb., vol. vnr, pp. 381
et m).
Bryologie «lti département de l’Amie. Mémoire envoyé au
concours de la médaille d’or de 200 francs, ouvert par la Société des arts
et sciences de Carcassonne; par M. C. Roumeguère. In-8°de 100 pages.
Carcassonne, typ. L. Pomiés, 1870.
Nous devons nous borner à la mention de la publication de ce livre, qui a
déjà été signalé avant son apparition, t. xvi (Revue), p. 143; d’autant plus que
le Catalogue qui forme la partie essentielle du mémoire de M. Roumeguère
a été inséré dans le Bulletin (avant son impression séparée), t. xvi (Séances),
p. 435 et suiv. Nous ferons cependant observer que ce Catalogue renferme
dans le mémoire de M. Roumeguère plus d’indications synonymiques et bi¬
bliographiques que dans le Bulletin.
AnalAinle des fiïemrs et dm friait dm Geai ; par M. Ph. Van
Tieghem (Ann. se. nat., 5e série, t. xii, pp. 101-124).
Ces recherches anatomiques ont été poursuivies pendant plus d’une année,
et elles ont porté sur les principaux états du développement de la fleur mâle,
94
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FBANCE .
de la fleur femelle et du fruit du Gui ; elles viennent combler une des lacunes
que l’auteur avait dû laisser subsister dans ses premières recherches d’ana¬
tomie florale.
La fleur mâle du Gui est, dit-il, constituée par quatre feuilles, c’est-à-dire
par deux paires successives de bractées décussées pollinifères sur leur face
supérieure, et non, comme il est généralement admis, par huit feuilles, quatre
sépales et quatre étamines distinctes superposées à ces sépales et connées avec
eux. Ces bractées jouent à la fois par leur face externe étalée en feuille le rôle
protecteur dévolu d’ordinaire aux sépales dans le bouton, et par leur face
interne le rôle organisateur du pollen dévolu d’ordinaire à l’anthère. Les deux
fonctions, séparées ailleurs sur deux feuilles distinctes, sont ici confondues
sur le même appendice, et cette confusion peut être regardée comme une
marque d’infériorité. Le mode deformation du pollen dans le Gui n’est donc
pas sans analogie avec celui qu’on rencontre chez les Conifères, ou mieux
encore, à cause de la multiplicité et de l’indétermination numérique des
logettes, chez les Cycadées, avec celte différence que chez ces deux dernières
familles, c’est dans l’épaisseur de la face inférieure de la bractée pollinifère que
sont creusées les logettes.
Les deux carpelles du Gui sont, dès la base de la fleur, libres de toute
adhérence vasculaire qui puisse les relier aux quatre appendices extérieurs de
cette fleur. Entre le système vasculaire de chacun de ces deux carpelles, super¬
posés aux divisions externes du périanthe, est un parenchyme central d’abord
homogène. C’est dans la moitié inférieure de ce parenchyme central que les
corps reproducteurs se développent; pour cela une cellule de ce parenchyme
homogène, restée incolore pendant que les autres s’emplissent de chlorophylle
et de granules sombres, grandit beaucoup plus que les autres, et s’allongeant
dans l’axe de la fleur, s’étend bientôt dans toute la moitié inférieure du car¬
pelle auquel elle appartient. Sa partie supérieure s’incline fortement au dehors
et vient presque toucher la nervure médiane. Il y a souvent une de ces cel¬
lules pour chaque feuille carpellaire, quelquefois deux pour une feuille et une
seule pour l’autre, plus rarement deux pour chacune, et alors elles sont toutes les
quatre dans le plan des deux nervures médianes, ou dans le plan de symétrie.
Ce sont là les sacs embryonnaires. Pour que la fécondation s’effectue, il faut
que le tube pollinique, en l’absence de tout canal et de toute cavité intercar-
pellaire, pénètre dans l’épaisseur même du parenchyme du stigmate et du
carpelle, y descende en s’insinuant entre les cellules, et vienne enfin, après avoir
traversé la moitié environ de la longueur de l’organe, se mettre en contact
avec le sommet du sac embryonnaire. Après cet acte physiologique, le sac est
devenu, par suite de la résorption des cellules qui l’environnaient, libre dans
une lacune pleine d’un liquide gommeux ; les lacunes produites autour de
chacun des sacs se rejoignent au centre en une lacune unique étranglée en
son milieu et en forme de 8. Les sacs se soudent, l’embryon s’organise dans
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 95
chacun d’eux ; les deux albumens des deux sacs soudés forment une masse
générale où sont plongés les deux embryons. Plus tard encore, la pulpe vis¬
queuse s’organise ; c’est alors un tissu vert où certaines cellules formant deux
bandes alternes avec les nervures médianes des carpelles deviennent incolores,
se développent énormément dans le sens horizontal, et sécrètent la matière
visqueuse. Cette pulpe appartient donc aux carpelles.
Il y a un parallélisme évident entre l’organe femelle né dans une cellule
de la bractée carpellaire et le pollen né dans un certain nombre de cellules
du parenchyme delà face supérieure de la bractée florale mâle. Dans le cas du
Gui, il n’y a pas d’ovule pour M. Van Tieghem ; le sac embryonnaire dépend,
sans intermédiaire aucun, du carpelle.
L’auteur examine en terminant et apprécie les opinions émises sur la struc¬
ture de la fleur femelle du Gui.
Microspcctroscogty. — ïlesults of Spectrum Analysis ( Résultats de
l'analyse spectrale) ; par M. Jabez Hogg (The Monthfy microscopical
Journal , n° ix, pp. 121-131).
Ce mémoire important a été lu à la Société microscopique de Londres, le
9 juin 1869. Malgré cette date ancienne, et bien qu’il soit plutôt du domaine
de la physique (1), nous croyons devoir le signaler ici pour servir d’introduc¬
tion à la série de recherches dont l’exposition va suivre, et dont il contient
comme le point de départ en théorie, bien qu’il soit resté assez peu connu des
botanistes.
C’est, dit l’auteur, une opinion généralement reçue que la chromule des
fleurs est due à l’action chimique de la lumière sur les liquides ou sur le pro¬
toplasma de la plante durant sa croissance. On sait cependant que l’action
puissante de la lumière tend à décolorer les fleurs. Par conséquent, il est évi¬
dent que l'action chimique du soleil n’explique pas tout, et qu’il doit y avoir
d’autres forces pour expliquer la formation des matières colorantes chez les
végétaux.
La modification de teintes est regardée dans une certaine mesure comme
due à la nature de la cuticule à travers laquelle on aperçoit la matière colo¬
rante. Les couleurs des fleurs ont esté partagées en deux séries, la série xan-
thique ou jaune, et la série cyanique ou bleue, le rouge étant commun aux
deux, et le vert intermédiaire. On pense que la couleur rouge de certaines
(1) C’est pour ne pas empiéter sur le domaine de la physique que nous n’avons pas
rapporté ici les modifications importantes réalisées depuis trois ans dans la construction
du spectroscope, pour diminuer le volume de l’instrument, le rendre applicable à tous
les microscopes, etc. Nous devons citer cependant les perfectionnements obtenus par
M. Browning et par M. Sorby, et sur lesquels M. Nachet pourra fournir des renseigne¬
ments; ainsi que le livre publié à Tubingue chez Laupp, par M. K. Vierordt : De l’appli¬
cation de l’analyse spectrale à la mensuration de l’intensité de la lumière colorée et à
la comparaison des résultats obtenus.
96
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
feuilles est due à un excès d’acide dans leur sève. Les feuilles rougies en automne
recouvrent en partie leur couleur verte, quand on les soumet à des fumées
d’ammoniaque. Les rayons calorifiques du spectre ont probablement plus à
faire avec la formation de cet acide que les rayons chimiques ou actiniques.
Les feuilles de la rhubarbe des jardins deviennent presque rouges quand elles
sont mieux exposées à la chaleur et à la lumière ; alors la réaction acide des
feuilles paraît augmentée; la solution obtenue de ces feuilles est d’un rouge
plus foncé, mais détermine la meme absorption du spectre que les solutions
d’un rouge plus franc obtenues des fleurs. Beaucoup de bleus végétaux tour¬
nent au rouge par l’addition d’un acide.
Le passage du vert au rouge, par le bleu et le violet, tient, d’après l’auteur,
à un phénomène d’oxydation ; la transition du rouge au jaune peut au con¬
traire être regardée comme un phénomène de désoxydation. L’oxydation des
sucs végétaux est grande sous l’influence de la lumière solaire, qui peut être
emmagasinée dans certaines formations nouvelles et y passer à l’état latent.
L’auteur croit pouvoir conclure de ses observations qu’aucune couleur des
fleurs n’est homogène, car toutes permettent plus ou moins le passage des
diverses couleurs du spectre. Quand les solutions colorées sont trop étendues
au delà d’une certaine limite, il n’y a plus d’effet produit sur le spectre.
Cette limite peut être établie expérimentalement, en soumettant à l’examen
spectroscopique des tubes divers renfermant des solutions colorées d’épaisseur
différente. L’auteur insiste sur des difficultés assez nombreuses dans l’applica¬
tion du spectroscope aux recherches spéciales qu’il a faites. Ainsi les bandes qui
doivent être constatées dans l’extrémité rouge sont mieux mises en relief par
la lumière artificielle, et celles qui doivent l’être dans l’extrémité bleue ou
violette le sont mieux par la lumière solaire. Le spectroscope préféré par l’auteur
est celui de M. Sorby, avec les modifications introduites par M. Browning (1) ;
ainsi établi, l’instrument est très-portatif, peu coûteux, et peut s’adapter à vo¬
lonté à tout microscope.
Si l’on ne s’en tient pas, pour diviser le spectre dans l’intérêt de faciliter
l’étude, à la division naturelle offerte par les raies de Frauenhofer, M. Hogg
propose de se servir des cristaux de zircon qui , convenablement taillés et placés
sur le passage des rayons, produisent dans le spectre un système de bandes
invariables et également espacées.
Pour préparer les matières colorantes des végétaux, M. Hogg pense qu’il
est préférable de recourir à l’alcool comme agent dissolvant ; l’eau ou l’alcool
ne produisent pas indistinctement le même spectre. Il faut éviter de froisser
les pétales ou les feuilles avant leur immersion dans ce liquide. Il est bon
(1) Voyez The Monthly microscopical Journal, août 1869, p. 65. Dans l’application
du spectroscope à ces sortes de recherches, il faut tenir compte encore de la méthode
spéciale proposée par M. J. Browning pour mesurer la position des bandes d’absorption
avec le microspectroscope (■ ibid ., février 1870, p. 68.)
REVUE ElBLIOGRAPIllQUE.
97
encore d’ajouter à cette solution un peu de sirop simple avant que les tubes
qui doivent la renfermer soient remplis et scellés hermétiquement. On peut
aussi employer comme menstrues les huiles pures végétales ou animales, qui
par elles-mêmes 11e modifient pas le spectre, notamment l’huile de castor (1)
ou l’huile de foie de morue purifiée. Celles-ci dissolvent parfaitement la matière
colorante de VAnchusa tinctoria. Cependant le spectre varie selon qu’on
emploie comme menstrues l’une de ces deux huiles ou bien l’huile d’olive.
L’huile de Macassar, que l’on dit préparée avec des roses, doit évidemment
sa couleur à celle de VAnchusa, dissoute dans l’huile d’olive, vu le système
de raies qu’elle détermine. L’auteur entre dans de grands détails sur les modi¬
fications que certains agents chimiques apportent au spectre fourni par la
matière colorante de VAnchusa, ou plus brièvement au spectre de VAn¬
chusa.
Son mémoire renferme des détails analogues sur le spectre de la Rose, du
Fuchsia, du Nasturtium, du Cactus speciosa , de l 'Opuntia cochenillifera,
delà Cochenille, de la Pivoine, des lianunculus , des Géranium , des Iris, etc.
Un fait curieux est, que les fleurs d’une couleur fort différente, appartenant à
des séries différentes (xanthique ou cyanique) et à des familles végétales fort
éloignées l’une de l’autre, arrivent parfois, par suite d’un traitement chimique
assez simple, à donner des spectres identiques.
L’Orseille, le Tradescantia virginica , le bois de Brésil, l’Épine-vinette,
qui donne un spectre à six bandes d’absorption, la Coca du Pérou (2), sont
encore au nombre des substances étudiées par l’auteur. Il est à remarquer
que les couleurs bleues des fleurs résistent aux dissolvants avec une grande
ténacité, à moins qu’il n’entre un peu de rouge dans leur composition.
Ülcmorautltim of spcctroscopic rcscarcSics on êls© clilo-
ropliyll off varions plants $ par M. W. Bird Herapath (ibid. ,
pp. 131-133).
Malheureusement pour la science, la mort de M. Herapath est venue in¬
terrompre les recherches qu’il avait entreprises sur les propriétés optiques de
la chlorophylle, et dont un extrait seulement a été publié après sa mort, dans
une lettre écrite par lui à un de ses amis. Nous y trouvons les renseignements
suivants : L’auteur se servait de l’alcool comme dissolvant. Lu employant de
l’éther ou en ajoutant de l’acide à la solution alcoolique, les résultats spectro¬
scopiques varient. Il a observé cinq classes différentes ou cinq systèmes de
spectres ayant un caractère commun, c’est-à-dire une bande d’absorption
large et nettement limitée dans le rouge.
(1) C’est ainsi que les Anglais nomment l’huile de Ricin.
(2) L'auteur rapporte à une grande proportion de matière saccharine les effets bien
connus de la Coca. Cetle opinion nous paraît nouvelle.
T. XV111.
(revue) 7
98
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
La première classe, dont le type est fourni par les feuilles du Lilas, n’offre
que cette bande.
Il y a deux classes qui présentent deux bandes d’absorption. Dans l’une, ces
bandes sont sur le rouge et sur l’orangé, par exemple chez le Fuchsia, le
Tanacetum , le Viburnum Opulus; dans l’autre, dont le type est le Lierre, elles
sont sur le vert.
La quatrième consiste dans la superposition des deux spectres précédents.
Elle présente trois lignes, une rouge, une orangée et une verte ; c’est la classe
de beaucoup la plus nombreuse. L’auteur en cite comme types l 'Œnothera
biennis et la solution éthérée des feuilles de Quinquina rouge. Il énumère cin¬
quante-quatre exemples.
Dans la cinquième classe, on observe de plus une quatrième bande dans le
bleu. Cette classe est peu nombreuse ; l’auteur n’en cite que huit exemples.
Le type est ici la solution alcoolique des feuilles de Quinquina rouge. A celte
classe appartiennent aussi le Tbé, la Jusquiame, le Séné, la Digitale, etc.
On tlie coloiariiifi matters «lerivctl front the deconi*
♦ ^
position €>f sonne minutée! orgauismes ( Des matières colo¬
rantes provenant de la décomposition de quelques petits organismes) ;
par AJ. II. -G. Sorby (ibid., n° xvii, mai 1870, pp. 229-231).
Le titre de celte note suppose, comme on va le voir, précisément ce qui
est en question, par une véritable pétition de principe. Il s’agit d’une matière
colorante présentée, à une soirée de la Société microscopique de Londres, par
le révérend J. -B. Reade, en 1867, et dont le spectre a été décrit par M. Brow¬
ning dans le Quarterly Journal of microscopical science , en juillet 1867.
Ce spectre renfermait deux bandes d’absorption bien marquées, l’une dans
l’orangé, l’autre dans l’extrémité jaune de la partie verte du spectre. Le li¬
quide qui le produisait était appelé liquide dichroïque à cause de la double
coloration qu’il donnait, l’une par réfraction, l’autre par réflexion, à cause de sa
propriété de fluorescence. 11 était fourni par des Conferves en décomposition.
Ce qu’il y a d’intéressant dans la note de M. Sorby, c’est qu’il a bien établi
que ce spectre à deux bandes est composé de deux spectres différents, à une
bande chacun, appartenant chacun à une substance différente, qui se trouve
mélangée avec l’autre dans le liquide dichroïque. Le liquide bleu obtenu direc¬
tement des Conferves n’a qu’une raie d’absorption dans l’orangé ; si au même
liquide on ajoute un principe protéique, de l'albumine ou de la caséine, et
qu’on laisse la réaction s’opérer pendant plusieurs mois, le spectre change,
et la raie d’absorption se produit dans le vert jusqu’à son extrémité jaune. Le
liquide dichroïque résulte donc d’un mélange, et d’ailleurs, en le traitant par
l’action de l’alcool absolu, l’auteur en a séparé l’une des parties constituantes.
C’est le même fait que nous allons voir, quelques pages plus loin, se repro¬
duire dans l’analyse de la chlorophylle.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
99
Sur le côté théorique de la question, M. Sorbv paraît disposé à croire, comme
M. Sheppard, que la matière dichroïque doit en partie son origine à la réac¬
tion déterminée par des animalcules protéiques sur la matière colorante des
Algues : c’est celte opinion, sujette à caution, qui est attaquée dans le mé¬
moire suivant.
TIùc origine of thc colonring; mat ter fit Mr. Slicppard?s
clicliroic fiuicB ; par M. E. Ray Lankesler (ibid., n° xix, juillet 1870,
pp. 14-17).
Le mémoire de M. Sheppard a été publié dans le Quarterly Journal of
microscopical science , 1867 , p. 64. L’origine de la couleur du liquide en
question était rapportée à un changement de l’albumine causé par l’action
des monades ou d’autres organismes microscopiques sur des substances orga¬
nisées. VI. Lankester pense que cette couleur est due simplement à la plivco-
cyanede M. Colin (1). Cette couleur a en effet deux bandes d’absorption spec¬
trale exactement comme la phycocyane.
M. Àskenasy (2) a fait connaître le spectre de la matière colorante des Oscil-
lariées, peut-être identique à la phycocyane de M. Colin et au liquide dichroï¬
que de M. Sheppard (3). Il est possible que les légères différences constatées
entre les spectres de chacune de ces substances tiennent seulement aux mé¬
thodes d’observation.
Uiitcrsuchniigen ufiei* «lie optisclien Verhâltnissc des1 2 3 4 * * * 8
grüucn Sub§(aiiz dcr BliiHcr [Recherches sur les propriétés op¬
tiques de la matière verte des feuilles ; par M. Ed. Hagenbach ( Annalen
der Physik und C hernie , t. CXLI, p. 246).
C’est aux propriétés optiques de la chlorophylle considérée uniquement
comme matière colorante extraite des feuilles que s’est adressé M. Hagen¬
bach. Ces propriétés se manifestent sous deux formes caractéristiques : 1° la
fluorescence par laquelle les rayons incidents sont transformés en rayons d’une
réfrangibilité moindre (4); 2° l’absorption par laquelle une partie des rayons
transmis à travers la solution de chorophylle est absorbée et disparaît.
(1) Voyez le Bulletin , t. xîv ( Berne ), p. 220.
(2) Voyez le Bulletin , t. xv (Revue), pp. 107-109, et plus haut, p. 1.
(3) La matière colorante des Phycochromacées et des Diatomées, étudiée par MM. G.
Kraus et Millardet (voyez t. xvi, Revue , pp. 94 et 104), présente également une fluores¬
cence très-caractéristique.
(4) On nous permettra de faire remarquer, sans critiquer les opinions de M. Hagenbach,
que ce savant, comme tous les autres physiologistes allemands dont nous reproduisons les
opinions, pense, d’après Stokes (Philosophie al Transactions, 1852, p. 4G3; Ann. chim. et'
phys . 3e série, t. xxxvm, p. 390), que la fluorescence est due à un changement dans
la longueur d’onde des rayons qu’elle affecte. Mais M. Ed. Becquerel, qui a consacré une
partie de sa vie à l’étude des phénomènes optiques, et notamment de la phosphorescence ,
pense que les phénomènes qualifiés de fluorescence parles savants allemands sont simple-
100
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
M. Hagenbach a étudié les phénomènes de fluorescence en projetant à la
surface d’un vase rempli d’une solution alcoolique ou éthérée de chlorophylle
un spectre solaire. Toutes les différentes parties de celui-ci étaient déviées de
leur direction première, de manière à paraître rouges. La teinte n’était pas
cependant uniforme sur toute la longueur du spectre; on y reconnaissait
aisément des bandes d’une nuance plus vive. Ces bandes, au nombre de sept,
de largeur et d’intensité différentes, représentent autant de maxima de l’ac¬
tion fluorescente. Leur position est parfaitement fixe et déterminée par leurs
relations avec les lignes de Frauenhofer.
D’un autre côté, le spectre d’absorption obtenu en observant directement
une lame de solution verte avec le spectroscope, offre une série de bandes
sombres qui en coupent les parties visibles. Celles-ci se réduisent: à la partie
située à gauche de la ligne de Frauenhofer B, à deux bandes brillantes entre
les lignes C et D, à une bande plus large entre les lignes D et E, et enfin à une
bande également assez large entre les lignes E et F. Le spectre ainsi divisé
offre sept lignes d’absorption bien visibles et correspondant aux sept maxima
de fluorescence. La relation entre ces deux phénomènes est, d’après M. Ila-
genbach, très-évidente. Les bandes d’absorption sont dues à la fluorescence
qui détourne les rayons de leur route normale et les revêt d’une nuance diffé¬
rente.
La provenance de la chlorophylle ne paraît pas avoir d’influence sur ses
propriétés optiques : quelle que soit la plante qui l’ait fournie, les phénomènes
sont les mêmes. Par contre, ses propriétés se modifient un peu dans une solu¬
tion préparée depuis un certain temps, même lorsqu’elle a été soigneusement
maintenue dans l’obscurité.
lias Grisai «lcr Bliittfcr [Le vert des feuilles ); par M. J. -J. Müller
(. Annalen der Physik und C hernie, t. cxui, p. 615).
Ayant comparé le spectre fourni par la lumière verte transmise à travers
une feuille fraîche de diverses plantes avec le spectre d’absorption bien connu
des dissolutions de chlorophylle, M. Müller reconnut que ces deux spectres
différent entièrement l’un de l’autre. Le spectre des feuilles est continu, seule¬
ment fort rétréci et ne s’étendant qu’entre les lignes B et F de Frauenhofer.
11 ne présente pas la moindre trace des bandes d’absorption de la chloro¬
phylle. Celte substance doit donc se trouver dans les feuilles fraîches dans un
ment des exemples de la propriété très-générale de la phosphorescence, puisqu’ils peuvent
être produits après cessation de l’impression lumineuse qui les détermine ; en un mot,
qu’ils sont causés par le mouvement propre des molécules du corps, qui, impressionné
au préalable par la lumière, devient ensuite lumineux par lui-même pendant un temps
plus ou moins long, et quelquefois fort court. Cette émission spéciale au corps lumineux
est elle-même constante quand il est impressionné d’une manière constante aussi par la
source de lumière. — IM . de Molli définit la fluorescence comme la propriété de dimi¬
nuer la réfrangibilité des rayons et de les émettre dans tous les sens.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
101
état d’agrégation ou de combinaison tout différent de celui où elle est dans les
dissolutions sur lesquelleson opère ordinairement. M. Millier a obtenu le même
résultat de feuilles de plantes différentes.
Uclicr «lie ilisoriiüoiisstreifcn der Chlorophylls ( Sur
les bandes d' absorption de la chlorophylle) ; par M. L. Schonn ( Annalen
der Physik und C hernie, t. gxlv, p. 106).
M. Hagenbach a dit dans son mémoire sur les propriétés optiques de la
chlorophylle qu’il y aurait un grand intérêt à rechercher comment ces pro¬
priétés varient avec les diverses conditions dans lesquelles se trouve cette
substance. A ce propos, M. Schonn rappelle qu’il avait déjà établi dans une
notice sur la chlorophylle et sur le bleu des fleurs, publiée dans le Zeitschrift
fur analytische C hernie, de Fresenius, dès le mois de mai 1870 (p. 327), les
faits suivants concernant ces raies :
1° La bande dans le rouge consiste en deux bords obscurs et une portion
médiane qui transmet une partie de la lumière. 2° La chlorophylle subit sous
l’influence des acides une modification de ses propriétés optiques ; entre les
bandes placées l’une dans l’orangé et l’autre dans le vert, par conséquent,
, d’après M. Hagenbach, entre II et IV, et dans le milieu de cet intervalle, il se
produit, sous l’action des acides, une bande appelée III par M. Hagenbach.
3° Avec des feuilles fraîches, je ne vis que la bande située dans le rouge; mais
lorsque celles-ci eurent été desséchées par la chaleur de la flamme qui les
éclairait, et furent devenues d’un vert jaune, les autres raies apparurent
aussi.
De plus, dans le travail que M. Schonn a publié sur les bandes d’absorption
de la chlorophylle dans le Pharmaceutische Centralblatt , 1871, n° kl, il a
décrit en détail les modifications que ces bandes subissent sous l’action des
acides minéraux, et il est arrivé aux résultats suivants :
1° Les bandes III, IV et V naissent sous l’action de ces acides; la chlo¬
rophylle livrée à elle-même subit avec le temps des modifications analo¬
gues.
2° Sous l’action des acides, les bandes obscures s’éclaircissent, soit sur leur
bord le plus réfrangible spécialement, soit sur toute leur étendue.
3° Les bords les plus réfrangibles des bandes produites par les acides sont
séparés deux à deux par un intervalle constant qui est égal à 10 quand on a
D = 68, E= 87 et b = 96.
D’après M. Schonn, la phylloxanthine ne serait pas autre chose que la chlo¬
rophylle proprement dite, et la phyllocyanine serait la même matière un peu
modifiée seulement par un acide. Cette modification aurait pour effet d’en¬
richir le spectre de la bande III, que M. Schonn n’a jamais observée dans la
solution alcoolique simple de chlorophylle.
102
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Inflticsticc «ïc la lumière Mciae saai» la proilnetioii de
FamÊdon dans la chlorophylle; par M. Éd. Prillieux ( Comptes
rendus , 1870, t, lxx, pp. 521-523).
Après avoir rappelé des travaux analysés t. xvi (Revue), pp. 203 et 207,
M. Prillieux insiste sur un des résultats que détermine l’influence de la lu¬
mière pendant la végétation, la formation de l’amidon. C’est M. Sachs qui a eu
le mérite de reconnaître et de démontrer que la présence de l’amidon dans la
chlorophylle est due à l'action de la lumière. M. Famintzin a mis depuis ce
phénomène en évidence, et, ayant étudié la formation de l’amidon sous l’in¬
fluence des lumières colorées pari es milieux liquides qu’il leur faisait traverser,
il a cru reconnaître qu’elle est déterminée seulement par la lumière jaune ; que
dans la lumière bleue, au contraire, il ne se forme pas d’amidon (voy. Ann.
sc. nat., 5e série, t. vu, p. 177).
M. Prillieux a repris ces expériences, en employant comme M. Famintzin
une Algue du genre Spirogyra pour sujet d’observation ; il la plaçait dans un
flacon fermé et posé dans l’axe d’un bocal rempli d’une solution de sulfate
de cuivre ammoniacal, laquelle, examinée au spectroscope, ne laissait pas¬
ser que les rayons violets, les rayons bleus et quelques rayons verts. Il a
pu constater clairement la formation, dans la chlorophylle du Spirogyra , de
petits grains d’amidon que l’iodé colorait en violet foncé. Mais la lumière
ainsi employée était la plus éclatante possible. M. Prillieux a donc confirmé ce
qu’il avait écrit antérieurement sur l’action des lumières colorées d’intensité
différente.
I2eoÎ8«®!6tM!igeas £tfoei# den ÜEfiitfUsft* «les SJeBstcs «sud «1er
Warinc auff die &tUia,kees*zeMgaB]5ï$ç issa C^iioropÜByBl
(Recherches sur V influence de la lumière et de la chaleur sur la produc¬
tion c?’ amidon dans la chlorophylle ); par M. Gregor Kraus (Rringsheim's
Jahrbücher , t. vu, pp. 511 et suivantes).
Comme M. Prillieux (1), M.. Kraus a repris les études de 51. Famintzin
sur la production d’amidon dans la lumière colorée ; il s’élève aussi contre
l’affirmation de ce dernier auteur qu’aucune trace d’amidon n’est produite
sous l’influence des rayons bleus.
M. Kraus a suivi les méthodes expérimentales indiquées par M. Sachs
pour rechercher les moindres vestiges d’amidon dans les tissus, et a employé
comme milieu coloré de grandes cloches doubles imaginées également par cet
observateur. L’intervalle entre les deux cloches est rempli d’une solution de
bichromate de potasse pour observer l’action de la partie la moins réfrangible
(1) On trouvera, dans le Compte rendu des séances, en mars 1872, une note où
M. Prillieux a établi ses droits de priorité sur M. Kraus dans cette question.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 103
du spectre, et d’une solution d’oxyde de cuivre ammoniacal pour observer celle
des rayons les plus réfrangibles.
Différentes plantes aquatiques ou terrestres végétèrent successivement dans
ces appareils (Spirogyra, Funaria hygrometrica, Elodea canadensis, Lepi -
dium , etc.). Le résultat fut constamment le même : dans les trois cloches
employées (lumière blanche, lumière jaune ou lumière bleue), il y eut de l’ami¬
don créé. De l’une à l’autre, il n’y avait qu’une différence de proportion et de
promptitude. C’est ainsi que dans la lumière blanche et au soleil, les pre¬
mières traces d’amidon étaient visibles au bout de cinq minutes ; dans la
lumière bleue, une insolation de quelques heures pouvait seule produire un
effet appréciable.
La température exerçait aussi une certaine influence, mais seulement dans
la proportion selon laquelle elle agit sur la végétation en général. Lorsque la
chaleur est plus forte, la végétation est plus active; il est donc bien naturel
qu’une plus grande quantité d’amidon soit produite. Mais cet effet n’est point
dû à une intervention directe de l’élément calorique dans le phénomène, car
la production d’amidon, bien que très-faible, est encore appréciable à une
température où la plupart des autres fonctions sont suspendues.
Une contre-épreuve faite au moyen de la balance sur des cotylédons de
Lepidium et de Linum a montré, par une augmentation de poids notable,
que l’amidon était bien créé là de toutes pièces et qu’il ne s’agissait pas d’un
produit de transformation.
BeUra^c zur Keimtuiss «1er Clifiorophylls, etc. ( Faits nou¬
veaux sur la chlorophylle et quelques-uns de ses dérivés); par MM. Gerland
et Rauwenhoff ( Archives néerlandaises des sciences exactes et naturelles ,
t. vt, 1871, pp. 97-115, et Annalen der Physik und C hernie , 1871,
t. cxliii, pp. 231-238).
MM. Gerland et Rauwenhoff, dont le mémoire est daté de Levde, février
1871, ont tenu à rendre compte de leurs observations et de leurs expé¬
riences sans en tirer des conclusions absolues. Après avoir décrit (d’après
M. J. Müller, de Fribourg) un mode spécial de représentation graphique,
dans lequel l’image du spectre lui- même est figurée par un système de coor¬
données rectangulaires, et avoir perfectionné cette méthode, ils comparent
un certain nombre de spectres. Ceux qu’offre une solution de chlorophylle soit
fraîche, soit conservée dans l’obscurité, ou bien la matière colorante pré¬
cipitée par évaporation de l’alcool et recueillie sur une plaque de verre, celui
enfin de la chlorophylle même enfermée dans la feuille, présentent, d’après
MM. Gerland et Rauwenhoff, les mêmes caractères généraux. Il n’v a de l’un
à l’autre que de petites différences, concernant la bande n° III principalement,
et tous présentent les bandes d’absorption caractéristiques décrites par
M. Hagenbach. On remarquera combien ces affirmations contredisent celles
10/4
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
qu’a exprimées M. J. -J. Müller, dans le mémoire précédemment analysé.
I.es auteurs n’ont pas manqué d’examiner comment ils devaient concevoir
la constitution de la chlorophylle, sujet déjà traité, comme nos lecteurs le
savent, par un certain nombre de savants.
M. Fremy, qui nous paraît avoir débuté dans ce genre de recherches, a
divisé la matière colorante de la chlorophylle en deux principes constituants,
un bleu, phyllocyanine, et un jaune, phylloxanthine (1). Plus tard il a pensé
que cette substance était un savon végétal formé par l’union de la phylloxan¬
thine, matière neutre et sorte de glycérine, avec l’acide phyllocyanique, dont
la baryte pouvait le séparer (2).
M. Filhol, en traitant la chlorophylle par l’acide chlorhydrique et en la fil¬
trant sur du noir animal, la décompose et en tire une substance analogue à la
matière jaune des fleurs; un excès d’acide la fait de nouveau passer au vert (3).
M. Micheli (4) a nié le dédoublement de la chlorophylle. M. N.-J.-C. Müller
a trouvé que l’évaporation simple de la solution alcoolique de chlorophylle
suffit pour prouver qu’elle est un mélange de divers pigments (5).
Ces auteurs n’avaient pas employé encore l’analyse spectrale, mise à contri¬
bution par M. Askenasy(G). M. TimirjasefT l’a employée concurremment avec
les méthodes chimiques, et est parvenu à des résultats importants que nous
avons signalés plus haut, page 25. Il n’accepte pas la préexistence de l’acide
phylloxanthique dans la chlorophylle.
MM. Gerland et Rauwenhoff arrivent à conclure que la chlorophylle est
composée de deux matières colorantes, une jaune et une verte, qui peuvent
être séparées par la filtration sur du noir animal. Ils ont constaté que le spectre
de la matière jaune se rapproche considérablement de celui de la chlorophylle
elle-même (tout au moins de celle qui a été conservée dans l’obscurité). Mais
il n’est point certain pour eux que ces deux matières soient celles que M. Fremy,
d’une part, etM. Kromeyer, de l’autre, ont obtenues aux dépens de la chlo¬
rophylle. La phyllocyanine de M. Fremy paraît aux auteurs être un produit
artificiel. Les recherches de M. Simmler ( Annalen der C hernie und Physik ,
t. cxv, p. 593) seraient entachées d’inexactitude. Quant à l’expérience de
M. Filhol, qu’ils ont reproduite avec succès, ils font remarquer que la super¬
position des corps des deux substances obtenues par le procédé de ce savant
reproduit exactement le spectre de la chlorophylle. L’étude des caractères
optiques les conduit donc à regarder, avec M. Filhol, les matières ainsi pré-
(1) Voyez le Bulletin, t. vu, p. 940 .
(2) Voyez le Bulletin, t. xii [Revue), p. 145, les Ann. sc. nat ., J 800, p. âô, et les
Comptes rendus, t. lxi.
(3) Voyez le Bulletin , t. xii (Revue), p. 259, et les Ann, de chimie et de phtjsique ,
1808, p. 332.
(4) Voyez le Bulletin, t. xv (Revue), p. 120.
(5) Voyez le Bullet n, t. xvii (Revue), p. 102.
(U) Voyez le Bulletin , t. xv (Revue), pp. 107-109.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 1 05
parées comme les véritables principes constituants de la chlorophylle cherchés
parM. Fremy.
UcmcrkiiBig;cit iiher die Wlrknng des Uclitcs aiifTcgc*
iations-Proccssc imd Clilorophylllzci'sctziing ( Recher¬
ches relatives à l'action de la lumière sur la végétation et sur la destruc¬
tion delà chlorophylle ); par M. Baranetzky ( Bolanische Zeitung , 31 mars
1871. il» 13, pp. 193-198).
M. Baranetzky a repris le sujet déjà étudié par M. Prillieux (vov. le Bul¬
letin, t. xvi, Revue , p. 203). Trouvant que ce dernier observateur avait
opéré sur des couches liquides fort minces qui laissaient passer trop de rayons,
et que cela infirmait les résultats, M. Baranetzky employait en couches de
25 millimètres d'épaisseur de l’oxyde de cuivre ammoniacal et du chlorure
de fer qui divisaient assez exactement le spectre en deux moitiés plus ou moins
réfrangibles, mais douées toutes deux d’un pouvoir éclairant à peu près égal.
Les résultats ont été tout à fait les mêmes : à égalité d’intensité lumineuse, le
nombre des bulles d’oxygène dégagées pendant l’acte de l’assimilation était
pareil. De même pour tout ce qui lient au verdissement de la chlorophylle
étiolée et à la destruction du principe colorant dans une solution alcoolique
de chlorophylle sous l’influence des rayons lumineux. Seules, les courbures
qui expriment l’affinité héliotropique se règlent autrement que par l’inten¬
sité ; elles ont leur maximum dans la partie la plus réfrangible du spectre.
Voici comment M. Baranetzky propose, dans l’état actuel de nos connais¬
sances, de décrire l’action de la lumière :
a. La décomposition de l’acide carbonique ou assimilation, la formation de
la chlorophylle, la destruction du principe colorant, sont autant de phéno¬
mènes uniquement liés au degré de l’intensité lumineuse.
b. Les courbures dues à l’héliotropisme, les mouvements périodiques d’or¬
ganes, les courants de protoplasma, la locomotion des grains de chlorophylle,
ne s’exécutent que sous l’influence des rayons les plus réfrangibles.
Xtir Fragc iiber clic Wirkmig farhigen fiJclitcs aut* «lie
Koli!eiftsa«Bre-I£eK*set:KiBKig [De V action de la lumière colorée sur
la destruction de V acide carbonique)', par M. AV. Pfeffer [Dot. Zeit . , mai
187J , n° 20, col. 319-323).
En reconnaissant que M. Prillieux a la priorité sur lui dans ce genre de
recherches, M. Pfeffer la revendique pour Draper, qui en 18/rfr est arrivé à
ce résultat que la force de décomposition des couleurs spectrales est en rap¬
port avec leur pouvoir éclairant (1). Il reconnaît que M. Prillieux a cependant
(1) Sur l’action relative des lumières d’intensité différente, nos lecteurs fero-ntbien de
se reporler encore à un mémoire de M. Timirjaseff (voyez, t. xvi. Revue , p. 185), et à
un autre plus ancien de M, de Wolkoff (voyez t. xnt, Revue , p. 229).
1ÜG SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
trouvé une nouvelle méthode d’observation, mais il lui reproche d’avoir commis
une erreur fondamentale dans la position de la question. Il soutient qu’il n’est
pas possible de déterminer le moment où des rayons de coloration différente
ont la même intensité pour nos yeux. C’est là une opinion qui, dit-il, sera
discutée plus au long par M. Sachs dans un prochain cahier des Arbeiten des
bot. Instituts in Würzburg.
Icïjcr die BcstaudUlocilc tics Cliloropliyfllfarbsfoffs nud
ISfirc Ycrwandtcu ( Sur les parties composantes de la matière colo¬
rante de la chlorophylle et les corps analogues)', par M. G. Kraus ( Sit -
zungsberichte der physikalisch-medicinischen Societàt zu Erlangen ,
séance du 7 juin 1871).
M. Kraus a employé dans ses recherches le microspectroscope de M. Brow¬
ning, dont nous avons parlé plus haut. Il a voulu d’abord, pour se constituer
une base solide, tracer un tableau exact du spectre d’absorption propre à la
solution de chlorophylle, alcoolique ou éthérée; il a pris de grands soins pour
préparer des solutions et a opéré sur un grand nombre de plantes appartenant
à des familles très-différentes. Il résulte de ses observations que la chlorophylle
donne toujours le même spectre, à quelque famille qu’elle appartienne ; ce
spectre a été jusqu’ici plus ou moins exactement indiqué dans la partie la plus
réfrangible. Dans les solutions assez concentrées on obtient, du rouge au vert,
quatre bandes obscures, étroites et constantes, dont l’épaisseur va en diminuant;
si l’on étend la solution jusqu’à ce qu’elle semble d’un jaune verdâtre, alors
on voit, du bleu au violet, trois larges bandes obscures très-caractérisées. Ces
résultats sont conformes à ceux qu’avait publiés auparavant M. Ilagenbach
(voyez plus haut, p. 100).
M. Kraus a aussi examiné le spectre fourni par des feuilles fraîches, et il a
constaté que les bandes obscures de ce spectre sont exactement, en nombre et
en largeur, semblables à celles du spectre de la chlorophylle, mais que leur
situation est changée ; elles se rapprochent de l’extrémité rouge du spectre.
Les deux dernières n’apparaissent guère à cause du défaut de transparence
des feuilles. Ce résultat est nouveau, et porte l’auteur à croire que la molécule
de chlorophylle n’a subi aucun changement chimique en se dissolvant dans
l'alcool, mais seulement une modification d’état physique. Il pourrait tenir à
ce que la molécule de chlorophylle est entourée de protoplasma dans la feuille.
Quant à la constitution de la chlorophylle, M. Kraus pense que c’est un
mélange de matières colorantes. En traitant la solution alcoolique par le ben¬
zol, on en sépare la matière verte pour laisser une solution d'un jaune d’or pur;
c’est un procédé de dialyse. M. INic. Millier par la simple évaporation était
arrivé à quelque chose d’analogue. Or le spectre de la chlorophylle se présente
mathématiquement comme formé par la réunion des spectres de ces deux ma¬
tières colorantes. Celle qui est d’un jaune d’or ne donne aucune fluorescence
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
107
et n’offre que trois bandes d’absorption dans la partie la plus réfrangible du
spectre; les quatre premières bandes du spectre total sont propres à la sub¬
stance d’un bleu verdâtre.
La substance jaune d’or a les inemes propriétés optiques que la matière jaune
des feuilles étiolées (Ieucophylle) et que celle des fleurs des Ranunculus, Ber-
ber is, Ficaria et de certains fruits (anthoxanlhine). On peut aussi joindre
à ce groupe de substances identiques la phylloxanthine de M. Fremy, dont les
premières inductions, origine de nos progrès considérables sur ce sujet, se
trouvent en fin de compte confirmées par d’autres procédés d’analyse.
Dans des recherches communiquées un mois plus tard, le 10 juillet 1871,
à la Société d’Et langen, M. Kraus a fait remarquer que la densité du milieu
où sont dissoutes les substances colorantes végétales qu’il a étudiées, influe
beaucoup sur la situation des raies d’absorption du spectre qui les a traversées.
Plus cette densité est forte, plus ces raies reculent vers l’extrémité rouge du
spectre, et vice versa. Il y a dans celte découverte un moyen de déterminer
la densité du protoplasma où sont renfermés les grains de chlorophylle.
Beaucoup de fleurs jaunes ont donné à M. Kraus le spectre de l’anthoxan-
thine. Il en a été autrement de Y E schscholtzia californica. Il a aussi examiné
les propriétés optiques de la matière colorante bleue ou violette d’un grand
nombre de corolles ( Delphinium , Campanula , Iris (1), Tradescantia , An-
ehusa, G ilia, Clematis, Echium). Ces fleurs ont toutes donné le même spectre,
caractérisé par une large bande d’absorption dans son milieu.
Uclicr «Bas Yerhaltcn des üliloropiiylls asiam LSclit (Ma¬
nière dont se comporte la chlorophylle par rapport à la lumière) ; par
M. Lommel (Annalen der Physik und C hernie , 1871, t. cxLlii,p. 518).
M. Lommel, en comparant le spectre d’absorption de la chlorophylle avec
son spectre de fluorescence, s’est convaincu de leur parfaite similarité. Pour
lui, les bandes brillantes du second correspondent exactement aux bandes
d’absorption du premier. Il fonde sur cette analogie une théorie optique des
deux phénomènes de l’absorption et de la fluorescence, théorie qui est du
domaine de la physique (2).
(1) Les organes pétaloïdes réfléchis de la fleur des Iris , qui sont d’un si beau bleu
indigo à la lumière réfléchie, paraissent (l’un rouge 'violacé quand la lumière les traverse.
(2) M. Lommel a établi, d’après des expériences faites sur une couleur d’aniline, le
rose de Magdala, que le corps fluorescent peut émettre par fluorescence des radiations
plus réfrangibles que celles qu’il a reçues, ce qui est contraire à la loi de Slokes. 11 com¬
pare les vibrations lumineuses à des vibrations sonores, et distingue trois classes de corps
fluorescents. Dans la première classe, fluorescence par résonnance , les molécules du
corps fluorescent vibrent de la même manière que les radiations lumineuses qui les frap¬
pent, et résonnent avec elles. Telles sont les molécules delà chlorophylle. C’est le lieu
de rappeler que M. Frank (t. xv, Revue, p. 115) a regardé les phénomènes de fluores¬
cence comme cause de la coloration des parties végétales. Dans la deuxième classe,
fluorescence par différence, les rayons absorbés excitent, outre leurs propres vibrations, un
108
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Passant ensuite à l’assimilation, M. Lommel pose d’abord, comme principe
absolu, que pour pouvoir exercer une action chimique dans une substance
quelconque, un rayon lumineux doit être absorbé par elle. L’énergie de celte
action ne dépendra pas seulement du degré de l’absorption, mais aussi de
l 'intensité mécanique du rayon. Un rayon complètement absorbé restera sans
eiïet, si son intensité mécanique est minime, et vice versa , quelque grande
que soit celle-ci, elle n’agira que si le rayon est absorbé.
Cette intensité mécanique ne doit être confondue ni avec l’intensité lumi¬
neuse, ni avec l’intensité chimique. C’est ce que d’autres physiciens appellent
plus communément l’intensité calorifique.
Nous rappelons à nos lecteurs que pour bien apprécier le rôle des rayons
calorifiques, il faut employer un corps qui absorbe tous les rayons également
et transforme en chaleur leur force vive. Ce corps, c’est le noir de fumée ;
en recouvrant de ce noir le fil d’une pile thermo-électrique, on obtient un
instrument d’une grande sensibilité qui donne au physiologiste les indications
les plus exactes. Le maximum d’intensité calorifique se rencontre dans les
rayons rouges. M. Lommel conclut donc :
Les rayons les plus actifs dans le phénomène île l’assimilation sont ceux
qui, tout en étant absorbés par la chlorophylle, possèdent une intensité mé¬
canique considérable (1). Ce sont les rayons rouges compris entre les lignes
B et C de Frauenhofer.
Il serait nécessaire de rapprocher cette conclusion des résultats obtenus par
l’étude des plantes vivantes et de l’action qu’exercent sur elles les rayons qui
ont traversé préalablement des solutions ou des verres colorés.
Wirkung: farhigen Liehts atif «lie Zcrsciztni& «1er koli*
leusniire in l^fla&szesi ( Action de la lumière colorée sur la décom¬
position de l'acide carbonique dans les plantes ); par M. Pfeiïer ( Arbeiten
des botanischen Instituts in Würzburg , 1871, cahier n° 1).
Ce travail de M. Pfcffer doit être recommandé à nos confrères par la per¬
fection des méthodes employées et le soin avec lequel les expériences ont été
conduites. Pour arriver à une exactitude aussi complète que possible ,
M. Pfeffer a laissé de côté les différentes méthodes qui consistent, soit à com-
groupe de vibrations ultra-rouges, et la fluorescence obtenue offre une teinte résultant de
la combinaison de ces rayons plus réfrangibles avec ces vibrations obscures peu réfrangi-
bles : Exemple: esculine, quinine, curcuma. La troisième classe, fluorescence composée ,
est multiple, comme l’ont prouvé les observations de M. Pierre. Elle détermine plusieurs
teintes dans le spectre fluorescent. Ce phénomène s’explique par le fait que les substances
avec lesquelles on l’observe sont un mélange de plusieurs substances de première et de
seconde classe, donnant une fluorescence simple.
(1) Rappelons à nos lecteurs que M. J. Müiler (Annalen der Physikund Chemin, 1858,
t. cv, p. 337) a disposé les rayons dans leur action sur l’assimilation végétale en se fon¬
dant sur leur pouvoir calorifique.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
1 09
pter les bulles gazeuses, soit à mesurer les quantités de gaz qui se sont échap¬
pées d’une plante végétant dans l’eau. Il a repris la méthode de M. Boussin-
gault, qui faisait végéter ses plantes dans un vase clos, dont l’atmosphère
renfermait des quantités connues d’acide carbonique. Comme liquides colorés,
il a employé du chromate de potasse, de l’oxyde de cuivre ammoniacal, du
rouge d’aniline, de l’orselline, du violet d’aniline, de la chlorophylle, et aussi,
pour observer l’effet des rayons de chaleur obscure, une solution très-con¬
centrée d’iode dans du sulfure de carbone.
Dès le début de son travail, M. Pfeffer entrevit que les effets des deux moitiés
du spectre qu’on en sépare, l’une par le chromate de potasse et l’autre par l’oxvde
de cuivre ammoniacal, représentaient, prises ensemble, un total à peu près égal à
tion prédominante de l’intensité lumineuse. C’est à la suite de cette observation
que RI. Pfeffer, en employant tantôt des liquides monochromatiques, tantôt des
liquides qui n’excluent qu’une ou deux des couleurs spectrales, est arrivé à
déterminer à peu près le pouvoir assimilant de chaque rayon. Si à la lumière
blanche la chlorophylle décompose 100 parties d’acide carbonique, les rayons
isolés donnent les chiffres suivants :
Rouge et orangé . . 32,1
Jaune . 46,1
Vert . 15,0
Bleu, indigo, violet . 7,6
Total . 100,8
Il est donc bien vrai de dire que l’action de la lumière combinée repré¬
sente la somme des actions partielles qu’exerceraient les rayons isolés. La
connaissance de ces faits permet à l’auteur de construire la courbe de l’assimi¬
lation. Cette courbe, à peu près parallèle à la courbe d’intensité lumineuse,
atteint son point culminant entre les raies D et E de Frauenhofer. Elle n’a,
par contre, rien de commun avec la courbe d’intensité calorifique, qui suit
une loi toute différente.
L’auteur a été mis en mesure de confirmer ses résultats par des données
sur l’augmentation en poids, acquise par les plantes sous l’influence des di¬
verses régions du spectre. Ces données sont tirées d’expériences inédites du
professeur Sachs ; leur auteur a constaté, même dans la lumière bleue, une
augmentation de poids extrêmement faible, il est vrai, mais plus grande qu’elle
ne paraît au premier abord, puisqu’il faut tenir compte de la déperdition de
matière solide due à la respiration. Dans la lumière jaune, l’augmentation en
poids représentait 35 pour 100 de ce qu’elle aurait été dans la lumière
blanche.
Voici les conclusions de l’auteur.
Les rayons du spectre perceptibles à notre œil sont les seuls qui puissent
devenir la cause de la décomposition de l’acide carbonique. Les rayons doués
1 1 0
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE .
du pouvoir éclairant le plus considérable, les rayons jaunes, exercent h eux
seuls une influence égale à celle de tous les autres pris ensemble. Les rayons
les plus réfrangibles n’ont qu’une action beaucoup moins marquée. A chaque
couleur spectrale revient un certain degré d’activité dans le phénomène de
l’assimilation, degré qui reste le meme, soit que les rayons agissent isolément
sur les plantes, soit que leur action soit combinée (1).
Délier die Einwlrkuug; des Dlelale*» atif den Cliloi'opliyll
[De l’action de la lumière sur la chlorophylle ); par M. Gerland ( Anna -
len der Physik und C hernie , 1871, t. cxliii, p. 585).
Dans ce second mémoire, M. Gerland, engagé dans de nouvelles recherches
par suite de la publication des travaux de M. Pfefler, s’attache d’abord à la dé¬
coloration de la chlorophylle que détermine l’action des rayons lumineux. La
solution verte pâlit, dit-il, plus ou moins promptement, suivant que la chloro¬
phylle dont elle est formée est fraîche, conservée dans l’obscurité, précipitée de
l’alcool et dissoute dans l’éther (chlorophylle modifiée de Stokes, etc. ). Mais dans
touslescas, les phénomènes qui se succèdent sont les mêmes : les bandes d’ab¬
sorption pâlissent peu à peu, puis disparaissent. Il reste finalement une liqueur
jaune, dont le spectre reproduit celui du principe jaune de M. Filhol. La
durée seule de la décoloration variait ; tandis qu’elle était complète dans la
chlorophylle fraîche au bout de huit jours, la solution de chlorophylle modifiée
résistait plus de deux mois.
M. Gerland s’est occupé aussi de l’action que l’oxygène peut exercer sur la
chlorophylle. Voici ses conclusions à cet égard : La chlorophylle trouve, dans
l’oxygène de l’air et dans les vibrations lumineuses de l’éther, deux agents qui
travaillent constamment à la transformer. Mais l’intervention simultanée de
tous deux est nécessaire pour lui faire subir une modification chimique. Sous
l'influence de la lumière, l’oxygène entre en combinaison avec la chlorophylle
et commence à la modifier (2). Mais si l’éclairage est assez intense, cette oxy¬
dation s’interrompt bientôt, et alors la décoloration se manifeste rapidement.
S’il est trop faible, l’oxygène continue son œuvre, et la chlorophylle, au lieu
de se décolorer, se modifie. Elle arrive alors à un état intermédiaire dans
lequel tout en ayant perdu une certaine vivacité de nuances, elle résiste plus
longtemps aux rayons lumineux. Son spectre se distingue de celui de la chlo¬
rophylle normale par la présence d’un espace bleu, qui sépare la cinquième
bande d’absorption de la partie la plus réfrangible du spectre. Ce sont les
(1) En comparant ces résultats avec ceux de M. Prillieux, M. De Bary (Bot. Zeit.,
1871, p. 198), reconnaît au botaniste français la priorité sur les points où il y a concor¬
dance entre les deux observateurs, et le mérite d’une simplicité plus grande sur les points
où il y a discordance.
(2) On remarquera combien cette opinion est opposée à celle de M. Timii jaseff (voyez
plus haut, p. 25).
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 111
rayons efficaces dans la décoloration qui sont absorbés par la chloro¬
phylle (1).
M. Gerland, dans son second mémoire, insiste de nouveau sur ce fait, qu’il
a reconnu dans le spectre de la feuille toutes les bandes d’absorption caracté¬
ristiques de la solution de chlorophylle; il a vu en outre, dans le rouge et
dans le jaune, deux régions légèrement obscurcies.
OliserviUioias on the coloe* of fluorescent solutions; par
M. Henry Morton {The American Journal, septembre 1871, pp. 198,
199).
M, Morton, directeur d’un établissement d’instruction professionnelle, le
Stevens Institute of Technology , est arrivé après de nombreuses expériences
à cette conclusion inattendue, que toutes les solutions fluorescentes ordinaires,
telles que la teinture de turmeric (2), d’Agaric, de chlorophylle, la solution de
nitrate d’urane, émettent (3) par fluorescence des rayons de même couleur,
c’est-à-dire d’un bleu identique avec celui que donnent les sels acides de
quinine, et qui n’est pas une teinte monochromatique, mais un spectre
complet dans lequel les rayons bleus ont une intensité prédominante. L’auteur
conclut de ses expériences que les molécules des corps fluorescents en solu¬
tion ne sont pas capables de restreindre leurs vibrations à des directions
limitées, mais déterminent seulement par leurs mouvements un excès des
rayons les plus réfrangibles, quoique la même substance puisse agir tout dif¬
féremment à l’état solide.
M. Morton a constaté que la fluorescence du turmeric est due à une sub¬
stance non encore observée, soluble dans l’eau, et dépourvue de toute colo¬
ration.
(1) Les rayons absorbés étant précisément les rayons orangés, complémentaires de la
couleur de la chlorophylle, ceci peut être regardé comme un cas particulier d’une loi
posée dès 1847 par M. Helmholtz ( Philosophical Transactions , 1847, 2e partie), en vertu
de laquelle les rayons les plus efficaces pour la destruction d’une couleur végétale sont
généralement les rayons dont la couleur est complémentaire de la couleur qu’ils dé¬
truisent.
(2) Les Anglais donnent le nom de turmeric à la poudre jaune fournie par plusieurs
espèces du genre Curcuma , et employée soit comme matière colorante, soit à la manière
de notre tournesol, comme réactif, soit encore comme condiment. Les tubercules jeunes
de ce genre, qui ne sont pas encore colorés, donnent de la fécule. L 'arrow-root des Indes
orientales est entièrement produit par des espèces de ce genre : Curcuma anguslifolia
Roxb., C. rubescens Roxb. A Bornéo, c’est le C. purpurascens RI. qu’on emploie pour
cet usage. On a aussi l’habitude d’y mêler à des parfums la poudre de cette espèce pour
en oindre la figure, le col et les bras du marié et de la mariée avant la noce. ( Gardeners ’
Chronicle, 8 avril 1871.)
(3'/ Il n’est pas hors de propos de faire remarquer que M. Morton, tout en maintenant
le terme de fluorescence , aujourd’hui généralement adopté, rapporte la cause des phéno¬
mènes observés, comme M. Becquerel, à une vibration propre des molécules du corps
fluorescent.
1 J 2
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
On flic influence of tlie bine color of tlic sky In de-
vcloping animal and vege4able life, as illustrated in the
experiments of Gen. A. -J. Pleasonton between tlie years 1861 and 1871
at Philadelphia (De l'influence de la couleur bleue du firmament sur
le développement de la vie animale et végétale , etc.) ; par M. le général
Pleasonton. In-8° de 1k pages. Philadelphie, 1871.
Cet ouvrage a déjà eu trois éditions en Amérique ; il se trouve dans les
Comptes rendus de l’Académie des sciences , séance du 20 novembre 1871,
p. 1236, un résumé succinct des expériences du général Pleasonton, extrait
d’une lettre de M. H. Poëy, directeur de l’observatoire météorologique de la
Havane, à M. Élie de Beaumont.
M. Pleasonton a fait construire sur sa* propriété (située dans la partie occi¬
dentale de l’État de Philadelphie) une serre froide pour Yignes. Il fit placer
sur les parois de la serre une ligne de carreaux violets après sept lignes de
carreaux blancs, et ainsi de suite. Ces lignes de carreaux colorés alternaient
entre elles sur les deux versants de la serre, de telle sorte que le soleil, dans
sa marche diurne, jetât de la lumière violette successivement sur toutes les
feuilles des plantes qu’elle devait contenir. Les Vignes dont les branches tapis¬
saient à l’intérieur le vitrage de cette serre crurent avec une grande rapidité,
et le jardinier n’était occupé qu’à attacher chaque jour du bois nouveau qui
n’existait pas la veille.
Quelques-uns des pieds de ces Vignes avaient atteint jusqu’à quarante-cinq
pieds anglais de longueur et un pouce de diamètre à la hauteur d’un pied au-
dessus du sol, et cela dans l’espace de cinq mois seulement. La croissance des
mêmes Vignes, semblablement traitées, dans la deuxième année, fut encore
plus remarquable. Les boutures enracinées portaient, dix-sept mois après, une
récolte de raisins magnifiques. Ces raisins furent exempts des maladies
auxquelles la Vigne est sujette.
M. Poëy, pour expliquer ces résultats presque incroyables, s’appuie sur
des données scientifiques anciennes et manifestement erronées, fournies par
Senebier et par Robert Hunt. Il croit que c’est la lumière la plus réfrangible
du spectre qui agit avec le plus d’intensité pour la formation de la chlorophylle.
Nous regrettons de ne pouvoir faire connaître à nos lecteurs autrement que
par son titre un Rapport de M. Poëy sur l’influence des agents climatériques,
atmosphériques et terrestres en agriculture, présenté au département de l’a¬
griculture de Washington et publié en 1869 ; M. Poëy y a analysé tous les tra¬
vaux qui ont été faits à l’égard de l’action de la lumière sur les végétaux (1).
(l) On trouvera dans le journal anglais The Florist (numéro de décembre 1865) le résul¬
tat d'expériences curieuses faites par M. Tinkler, secrétaire de la Société d horticulture
de Soulhampton. M. Tinkler semait ses graines dans des pots à fleurs dont les uns res-
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
1 I 3
Inilucnce «les «SS verses couleurs sur lo végétation ; par
M. Paul Bert ( Comptes rendus , séance du 18 décembre 1871, t. lxxiii,
n° 25, pp. 14^i^i-1 ^i47).
M. Bert a placé, sous de grands châssis garnis de verres de différentes
couleurs, vingt-cinq espèces de plantes appartenant à presque autant de fa¬
milles végétales : il y avait des plantes vivant au grand soleil (Verbascum, Hy-
pericum ), d’autres vivant à l’ombre ( Viola); des Crassulacées, des Cactées, des
Cryptogames vertes (Mousse, Selaginella, Adiantum ) ; des plantes fortement
colorées en rouge ( Perilla ); des Sapins. Les végétaux d’une même espèce
étaient de même taille, provenant d’un même semis. L’un des châssis était
garni de verres ordinaires, un autre de vitres blanches dépolies, un troisième
de verres bien noircis; un quatrième était vitré de rouge, un cinquième de
jaune, un sixième de vert, un septième de bleu. Examiné au spectroscope,
avec un faible bec de gaz, le verre rouge était sensiblement monochroma¬
tique; le verre jaune laissait passer le spectre entier avec éclat relatif plus
grand de la région jaune ; avec le verre vert, les régions non vertes étaient
très -affaiblies, surtout la région bleue-violette ; le verre bleu arrêtait tout,
sauf le bleu et le violet, laissant à peine voir le rouge.
Les expériences furent commencées le 20 juin. Le 20 août, il ne restait
plus vivants, sous les verres noirs et verts, que les Cryptogames ; ceux-ci
même étaient malades sous le verre rouge, mais ils se comportaient assez bien
sous le jaune et sous le bleu ; quant aux autres plantes, le rouge leur avait été
évidemment plus funeste que les autres couleurs.
L’auteur conclut ainsi :
1° Que la couleur verte est presque aussi funeste pour les végétaux que
l’obscurité : c’est ce que j’avais déjà vu dans mes expériences sur la Sensi¬
tive ; ce fait avait été comme prévu et expliqué d’avance par M. Cailietet.
Il ne serait cependant pas exact de dire que la lumière verte n’a aucune
influence sur les végétaux ; j’ai constaté, en effet, que des plantes fortement
héliotropes se tournent et s’inclinent du côté du vert plutôt que du côté du
rouge, et vont à celui-ci pour fuir l’obscurité.
2° Que la couleur rouge leur est encore fort nuisible, bien qu’à un moindre
degré. Elle les fait s’allonger d’une manière singulière.
taient exposés à la lumière du soleil, et les autres étaient recouverts par du papier bleu
ou du papier jaune. Les graines recouvertes par du papier bleu se sont développées plus
promptement que celles qui étaient exposées à la lumière, et celles qui étaient recou¬
vertes de papier jaune n ont pas germé du tout. L’auteur attribue ce fait à l’inlluence
chimique prépondérante des rayons bleus. L’éditeur du Gardeners' Chronide (1872,
9 mars, p. 289) nous apprend que l’expérience a été fréquemment répétée avec les
mêmes résultats. Celte expérience, relativement à la germination, n'est pas, en effet,
trop en désaccord avec les données générales de la science; mais, bien qu’elle soit citée
à propos des observations du général Pleasonton, nous devons faire observer qu’elle ne se
présente pas dans le même cas.
T. XV 111.
(revue) 8
11 A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
3° Que la couleur jaune, moins dangereuse que les précédentes, l’est plus
encore que la couleur bleue.
a0 Qu’en définitive, toutes les couleurs, prises isolément, sont mauvaises
pour les plantes; que leur réunion suivant les proportions qui constituent la
lumière blanche est nécessaire pour la santé des végétaux; et qu’enfin les
jardiniers devront renoncer à l’emploi des verres ou abris colorés pour serres
ou châssis.
Or, si l’on examine au spectroscope la lumière qui a traversé une feuille, on
voit qu’elle est surtout riche en rayons verts et rouges; ce qui signifie que
ces rayons n’ont point été utilisés par la plante. Il n’est donc pas étonnant que
les végétaux ne puissent vivre si on ne leur donne comme lumière que celles
précisément desquelles ils ne tirent ordinairement aucun parti.
Mais les chlorophylles contenues dans les feuilles des diverses espèces de
végétaux ne laissent point passer exactement les mêmes rayons colorés. De là
vient sans doute que si à l’ombre d’un grand Chêne, par exemple, les taillis
de Chêne ne poussent qu’à grand’peine, les Mousses et les Fougères y pros¬
pèrent à merveille, et que dans les buissons les plus obscurs, les Violettes,
certains Neottia, etc., poussent parfaitement (1).
L’auteur croit que les associations de plantes vertes qui vivent à l’ombre
les unes des autres ont pour raison principale la différence des rayons colorés
que leurs feuilles utilisent.
M. P. Bert a fait sur e même sujet une communication à la Société philo¬
mathique, dans sa séance du 27 janvier 1872. Cette communication est pu¬
bliée dans le journal V Institut , n° 1944. On y trouve quelques détails supplé¬
mentaires.
Il a faitpousser des Haricots partie à l’air libre, partie dans le châssis obscur,
partie sous les châssis colorés. Il a reconnu que le Haricot, après avoir atteint
50 à 60 centimètres, avait toujours perdu de son poids, même planté dans
de bonne terre, même exposé à la lumière. M. Boussingault avait autrefois
constaté un fait analogue. Cela est d’ailleurs en harmonie avec l’état de la
science sur la germination des végétaux, avec les résultats obtenus par
MM. Edwards et Colin, la plante se conduisant comme un animal, et brûlant
son propre tissu pour vivre tant qu’elle n’a pas développé une quantité de
chlorophylle suffisante pour contre-balancer cette déperdition. Mais il est dans
les expériences un fait nouveau acquis à la science : c’est que les Haricots,
dans ces conditions, perdent de leur poids dans le châssis à verre ordinaire
(1) Il est bon de rappeler à ce propos que M. Edm. Becquerel, qui a fait des expé¬
riences avec des écrans colorés par une solution de chlorophylle, a vu, sous cette
influence, après deux jours d’action de huit heures chacun , verdir des folioles de
jeunes tiges de Navet hâtif et d’Orge, germées au préalable dans l’obscurité. M. Bec¬
querel n’admet qu’avec de grandes réserves les résultats de M. Cailletet. Les rayons qu’il
regarde comme les plus actifs dans l’assimilation végétale sont les rayons de la partie
orangée, jaune et verte du spectre. (La Lumière, t. II, p. 279.)
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
115
plus qu’à l’air libre, et dans le châssis obscur plus encore. M. Bert n’a pas
encore parlé des résultats qu’il a obtenus sur ce sujet par l’emploi des verres
colorés.
Réflc^iou ^ s «a a* les expériences du général Plcasontoia ;
par M. Duchartre (Extrait du Journal de la Société centrale d'horticul¬
ture, décembre 1871, pp. 515-527); tirage à part en brochure in-8° de
13 pages.
RI. Duchartre fait observer que Ses Vignes renfermées dans la serre du
général Pleasonton recevaient 7/8 de lumière blanche, et que, soumises deux
fois par jour, avant et après midi, à la lumière violette, elles étaient insolées
le reste du temps de la manière ordinaire. Il n’est pas impossible, dit notre
savant confrère, que cette alternance et cette succession d’actions lumineuses
différentes impriment à la végétation une série de secousses ayant pour résul¬
tat général d’en augmenter l’activité.
RI. Duchartre a encore recours à d’autres considérations que nous croyons
devoir transcrire textuellement :
La décomposition de l’acide carbonique par les organes verts sous l’influence
de la lumière solaire est sans doute indispensable pour l’accroissement des
végétaux, puisqu’elle doit donner lieu à la formation des substances végétales
hydrocarbonées, particulièrement delà cellulose, matière essentiellement con¬
stitutive des tissus, de l’amidon, etc.; mais, tout important qu’il est, ce phéno¬
mène n’est pas le seul qui détermine l’accroissement des végétaux, comme on
semble souvent le croire. Un autre fait le précède nécessairement ; en effet,
il y a pour les organes des végétaux deux périodes successives : 1° la nais¬
sance et la formation première ; 2° le développement qui constitue la crois¬
sance nettement visible et qui s’accompagne de la consolidation générale, de
raffermissement des tissus. L’influence de la lumière n’est nullement indis¬
pensable pendant la première de ces deux périodes ; ce n’est même pas aller
trop loin que de dire, en règle générale, qu’elle serait nuisible pendant ce
temps : aussi voyons-nous que la nature a généralement entouré les points où
elle s’accomplit de parties protectrices qui ont en même temps pour effet
d’abriter plus ou moins complètement ces points contre l’influence lumineuse;
c’est ce que nous montrent les bourgeons ainsi que la sommité extrême des
tiges et de leurs ramifications où le point végétatif toujours abrité donne nais¬
sance à tous les tissus. Loin de nuire à cette production de tissus nouveaux,
l’obscurité extérieure paraît la favoriser ; aussi voit-on qu’une plante allonge
démesurément les entre-nœuds de sa tige (et finalement s'étiole) dans l’obscu¬
rité, qui, ne permettant pas la décomposition de l’acide carbonique, rend par
cela même impossible la formation des substances solides, ou, en d’autres
termes, la consolidation. Comme, dans la serre du général américain, à l’ac¬
tion de la lumière violette fort peu éclairante succède celle sept fois plus pro-
11(5 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
longée de la lumière blanche très-intense qui traverse les vitres incolores, le
commencement d’étiolement qui a dù se produire, et qui a eu pour effet une
forte croissance en longueur, finit en meme temps que l’action de la lumière
\iolette, et la décomposition de l’acide carbonique, avec les phénomènes qui
l’accompagnent et qui la suivent, met fin à cet étiolement passager en con¬
solidant les tissus produits antérieurement dans des conditions spéciales.
On trouvera dans le Gardeners ’ Chronicle du 10 février 1872 une autre
explication des résultats obtenus par 1\I. Pleasonton. L’auteur les attribue aux
effets des différences de tension dans les parties végétales. La moelle possède
une tension active, c’est-à-dire qu’elle tend perpétuellement à allonger le sar¬
ment qui la renferme; l'écorce, au contraire, est passive dans ce phénomène.
Or, dans l’obscurité, et probablement sous la lumière violette en proportion
relative, les cellules de la moelle s’allongeraient comme d’habitude sans être
retenues dans leur expansion par les cellules du bois et de l’écorce. Celles-ci
ne pourraient l’empêcher à cause du défaut d’insolation suffisante.
^Ififtscrvaüotis relatives aux expériences eoBiîiBiüiisirniëcs!
récemment par M. A. ï*oëy; par M. Baudrimont ( Comptes
rendus, 1872, n° 7, pp. 47i-/i72).
M. Baudrimont a fait, depuis l’année 1858, des expériences du même ordre
sur des végétaux appartenant à diverses familles, et il a obtenu des résultats
tout à fait inverses de ceux qui sont annoncés par M. Poëy. Les végétaux qu’il
observait étaient placés dans de petites serres, où la lumière ne pouvait
pénétrer qu’après avoir traversé des verres présentant une couleur spéciale
pour chacune d’elles : ces couleurs étaient le rouge monochromatique,
l’orangé, le jaune, le vert, le bleu, le violet. Une serre, servant de terme de
comparaison, était éclairée par la lumière qui avait traversé du verre incolore
ou légèrement coloré en vert.
M. Baudrimont affirme que toutes les couleurs, sans exception, ont été défa¬
vorables à la végétation. Nulle ne l’a été plus que la violette : toutes les
plantes éclairées par cette couleur sont mortes les premières; après le violet,
la couleur la plus funeste a été le vert. Le bleu, situé entre les deux, n’a pas
donné d'aussi mauvais résultats.
Il semble en outre à M. Baudrimont que a seule conséquence logique qui
découle des expériences du général Pleasonton, c’est que la lumière complé¬
mentaire du violet est nuisible à la végétation.
Nous nous permettrons de faire remarquer que le général américain n’avait
pas enfermé ses plantes sous l’influence exclusive de la lumière violette, que
celle-ci ne formait qu’une fraction de la lumière totale reçue par les Vignes
qu’il avait mises en expérience.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
117
Uclier liclitwarts sicïi liewc^cndc Chlorophyïlkorncr
(Du mouvement des grains de chlorophylle vers la lumière ); par M. B.
Frank ( Botanische Zeitung , 1871, nos 14 et 15, col. 210-215, 225-232).
Selon M. Frank, les grains de chlorophylle (dont les mouvements ont été
étudiés par MM. Famintzin, Borodin, Prillieux et Roze) joindraient à ces
mouvements déjà connus une propriété caractéristique, une tendance mar¬
quée à se diriger dans l’intérieur de la cellule du côté le plus éclairé, absolu¬
ment comme le font les zoospores placées dans une assiette auprès d’une
fenêtre (1). Pour pouvoir constater ce phénomène, il faut naturellement avoir
affaire à des plantes dont les cellules soient un peu grandes, telles que les pré¬
sentent souvent les plantes aquatiques. Les premières observations ont été
faites sur des feuilles de Sagittaria sagittifolia , dont un pied croissait près
d’une fenêtre. La répartition générale des grains de chlorophylle pendant le
jour et pendant la nuit suivit d’abord rigoureusement les lois posées par
MM. Famintzin et Borodin; mais à mesure que l’éclairage unilatéral se pro¬
longeait, les choses changeaient d’aspect, et les grains de chlorophylle mon¬
traient une tendance toujours plus marquée à s’accumuler du côté de la
cellule le plus fortement éclairé.
Les mêmes faits se sont reproduits dans les cellules du prothallium de dif¬
férentes Fougères et dans les feuilles d’une Mousse, le Mnium rosir atum
Schwægr. La position, la direction, l’orientation des cellules n’ont aucune in¬
fluence sur le phénomène qui se manifeste également bien dans tous les cas,
à la lumière diffuse comme aux rayons solaires; quant aux différentes régions
du spectre, l’auteur n’a pas pu faire de distinction marquée. D’une manière
générale, la diminution dans l’intensité lumineuse rend le phénomène moins
saillant, parfois irrégulier; il se manifeste cependant toujours, quelle que soit
la couleur des rayons lumineux.
M. Frank croit pouvoir associer ce déplacement des grains de chlorophylle
à des courants protoplasmiques particuliers. Peut-être ce travail deviendra- t-il
l’origine d’observations intéressantes sur les relations de la lumière avec les
courants intracellulaires, phénomènes encore bien imparfaitement connus.
l'elier elei* Eisnfïsas.s farbigen Licites anf Scbcîitle B*ilan-
zenzellc» (De l'influence de la lumière colorée sur les cellules vi¬
vantes ); par M. J. Reinke (Bot. Zeit 1871, nosô6 et 47, col. 790-793,
797-802).
MM. Borscow et Lürssenont étudié chacun déjà l’action des lumières
(1) On sait que l’influence de la lumière sur la direction des zoospores a été l’objet
d’observations particulières de la part de M. Colin (voyez le Bulletin, t. xiv, Revue, p. 40;
t. xv, Revue, p. 122 ; et t. xvi, Revue, p. 139). Les résultats de M. Frank ne cadrent
qu’en partie avec ceux de M. Cohn, lequel refusait toute influence à la lumière rouge.
118
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
colorées sur le mouvement du protoplasma dans les poils des Orties. Ces deux
observateurs ont été d’accord sur ce point que le protoplasma meurt promp¬
tement dans la lumière rouge ; que la lumière rouge seule est nuisible à la
vie cellulaire. Les observations dcM. Reinke n’ont pas confirmé ces résultats.
Il a exposé simultanément des poils d’Ortie à la lumière bleue, à la lumière de
l’extrémité spectrale opposée, à la lumière solaire et dans l’obscurité. Aucune
action constante du milieu n’a pu être constatée par lui dans aucun de ces
quatre cas. Il conclut que la lumière rouge n’exerce en aucune manière l’ac¬
tion meurtrière qui lui a été attribuée.
M. Borscow a publié encore dans les Mélanges biologiques des observa¬
tions sur l’influence pernicieuse quela lumière rouge exercesur le Spirogyra.
M. Reinke a repris ces expériences, et a reconnu que sous le verre du porte-
objet les filaments du Spirogyra meurent non-seulement dans la lumière
bleue, mais encore dans la lumière mélangée de teintes différentes. Il installa
l’expérience dans de meilleures conditions, en quadruple partie, comme il
l’avait fait pour les poils d’Ortie, et reconnut que le troisième jour les Spiro¬
gyra placés dans l’obscurité mouraient après disparition complète de l’ami¬
don; que le septième jour, ceux delà lumière bleue, sans que leur protoplasma
eût visiblement diminué, offraient des traces de désorganisation. Au contraire
ceux de la lumière blanche conservèrent une belle végétation et au huitième
jour entrèrent en copulation. Il en fut de même des Spirogyra conservés dans
la lumière rouge.
Ucliea* die esjtflseïieM Ea*seSîcsia2BiigeB3? etc. (Sur les phénomènes
optiques qui distinguent les Selaginella lævigata Willd. et uncinata Desy.
des espèces voisines) ; par M. L. Kny (Sitzungsbericht der Gesellschaft
naturforschender Freunde zu Berlin am 20 December 1870, pp. 78-82).
Les deux Selaginella cités ont des feuilles qui paraissent d’un bleu métal¬
lique à la lumière réfléchie, et d’un vert d’herbe à la lumière transmise. Ce
sont les seules espèces, sur une trentaine qu’on cultive dans les serres, qui
présentent ce phénomène. L’auteur a étudié la structure de leurs feuilles. Il
croit que la cause du phénomène doit être recherchée dans la cuticule.
Des faits analogues ont été observés par M. Frank sur le Viburnum Tinus
et sur plusieurs espèces de Pœonia (Botanische Zeifung, 1867, p. 005).
M. Frank les a rapportés à la fluorescence; M. Kny ne peut partager la même
opinion pour les Selaginella , d’après l’examen spectroscopique. La couleur
bleue métallique n’a été nettement apparente que dans le bleu du spectre;
tandis que dans la lumière violette les feuilles paraissaient violettes et que dans
les rayons ultra violets, qui déterminent tout particulièrement les phénomènes
de fluorescence, il ne se produisait plus du tout de lumière. Comme la couleur
bleue des Selaginella n’est pas d’un bleu pur, mais tire par endroits sur le
v r o su ! violet, M. Kny pense qu’il s’agit là de phénomènes d’interfé-
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE,
119
rence, analogues à ceux des anneaux colorés de Newton, produits par la
réflexion des rayons sur les deux faces parallèles opposées de la cuticule ; ils
tiendraient à des variations d’épaisseur de cette membrane. Ce qui semble le
prouver, c’est que des tranches minces de la surface des feuilles, après dessic¬
cation, n’affectent plus la lumière de même, et passent successivement du
bleu au vert et du vert au rouge.
IJeliep «Sic Siïaïse Fiirbiiiig «1er Friiditc von
Tinus ( Sur la coloration bleue des fruits du V. Tinus) ; par M. Hugo
de Mohl ( Botanische Zeitung , 1870, pp. A25-Ù30).
M. Hugo de Mohl revient sur les observations de M. Frank que nous venons
de citer (voyez le Bulletm , t. xv, Revue , p. 115). Il considère comme exacts
en gros les faits observés par M. Frank, mais non pas les conclusions qu’on
en a tirées. En effet, si l’on expose les fruits de Viburnum 7 inus à la
lumière qui a traversé plusieurs plaques de verre violet, les fruits réfléchis¬
sent purement la lumière violette sans donner aucune trace de coloration
bleue. La lumière du spectre donne les mêmes résultats. D’ailleurs la lu¬
mière bleue réfléchie par les baies du Viburnum est en partie polarisée,
tandis que la lumière émise par fluorescence ne l’est point. Il n’est pas exact
d’ailleurs que les fruits en question aient perdu leur coloration bleue après
avoir séjourné dans l’alcool. M. de Mohl croit que dans les faits observés par
M. Frank, la cuticule prend part à la coloration ainsi que les membranes
sous-jacentes. Il nie que ces faits puissent être attribués à la fluorescence, et
les rapporte à une propriété des membranes du fruit, rendues opaques quand
elles sont pénétrées par l’eau, de se laisser pénétrer par les rayons les moins
réfrangibles et de réfléchir ceux de l’extrémité opposée du spectre.
Pour tenir nos lecteurs à peu près au courant des recherches faites sur 1?
fluorescence et des applications diverses de l’optique à l’étude de la respiratioi
végétale, il nous faudrait encore analyser un mémoire publié en 1870 par
M. Schmidt, Ueber einige Wirkungen des Lichts auf Rflanzen, un autre
de M. Kny sur les propriétés optiques du Chondriopsis , et les derniers nu¬
méros de the Monthly microscopical Journal , que la Société microscopique de
Londres ne nous a pas encore adressés ; nous espérons pouvoir réparer ces
omissions dans un prochain numéro.
Ajoutons que l’étude de la fluorescence des couleurs végétales a maintenant
une importance médico-légale. M. Sorby a lu l’année dernière (1871) à la
Société philosophique de Sheffield, un mémoire où il montre que dans le cas
d’empoisonnement par la Belladonne, les bandes d’absorption caractéristiques
de la Belladonne peuvent être reconnues par le spectroscope.
1 20
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Ueber <!eu ESnfluss «ter Warnic un <3 Ijichtcs, etc. (De l'in¬
fluence que la chaleur et la lumière exercent sur les modifications que
les plantes aquatiques font subir à l'oxygène) ; par M. R. Heinrich (Ver-
suchs-Stationen Organ, t. xm, pp. 136-154).
L’auteur a soumis à l’expérience les feuilles de YHottonia , placées dans de
l’eau ordinaire et exposées à la lumière du soleil par un ciel sans nuage dans
le mois de mai. La température de l’eau a été variée selon la nature de l’expé¬
rience. La plus faible température à laquelle on ait constaté la formation de
bulles gazeuses a été de 2°, 07 ; le dégagement des bulles n’est devenu régulier
qu’à partir de 5 degrés environ. C’est à la température de 31 degrés que ce
dégagement a été le plus actif; quand la température a dépassé 56 degrés, il a
cessé complètement, et il a repris après que la plante eut été mise dans de
l’eau froide. Cependant si les feuilles restaient pendant dix minutes dans de
l’eau à 69 degrés, leur faculté de décomposer l’acide carbonique de l’air était
détruite (1).
Sur le deuxième point de ses recherches, l’auteur prétend que les auteurs
qui ont étudié l’influence de la lumière sur la respiration des plantes se sont
tous trompés, et que l’influence reçue par la plante ou sa sensibilité durant
l’expérience dépend des conditions dans lesquelles elle se trouvait avant l’expé¬
rience. Une plante qui donne des bulles de gaz à une lumière d’une faible
intensité parce qu’elle était auparavant soumise à une lumière réfléchie modé¬
rée, ne donnera point de gaz, dans les mêmes conditions expérimentales, si
elle était soumise auparavant à une lumière solaire brillante ou plongée dans
l’obscurité.
M. Heinrich a employé dans ses expériences, comme source de lumière de
plus en plus intense, trois fils de magnésium. Le deuxième ne fut allumé que
3 minutes et demie après le premier, et le troisième 3 minutes et demie après
le deuxième. Les feuilles soumises à l’expérience avaient été gardées auparavant
dans des conditions d’éclairage fort diverses. Cependant toutes demeurèrent
dans l’obscurité pendant deux heures avant le commencement de l’expé¬
rience, afin de faire cesser tout dégagement de gaz. Pendant la combustion du
deuxième fil seulement, le dégagement commença : il se manifesta d’abord sur
les feuilles accoutumées auparavant à la lumière diffuse d’une chambre; les
feuilles exposées auparavant à la lumière solaire ne donnèrent que quelques
bulles, et cela vers la fin de l’expérience; celles qui avaient séjourné pendant
deux jours dans l’obscurité n’en fournirent point.
L auteur apprécie les expériences faites par M. Prillieuxsurl’jEVorfea ca.na-
densis} expériences dont les résultats ne concordent pas avec les siens ; il croit
que cette différence tient à l’omission des précautions nécessaires pour assurer
la sensibilité de la plante mise en expérience.
{ 1 ) Il faut rapprocher ces faits de ceux qui ont été observés par MM . Cloëz et Graliolet.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
121
a certain excrétion of carbonic acid by living
plants ( D'une certaine excrétion d'acide carbonique par les plantes
vivantes) ; par RI. J. Broughfcon ( Philosophical Transactions , vol. clix,
part il, 1870, pp. 615-626).
Les expériences de RJ. Broughton ont été faites par lui dans l’Inde anglaise,
où il est attaché comme chimiste aux plantations de Quinquina de la province
de Madras.
Les feuilles de Cinchona placées dans une capsule au-dessus d’une cuve à
eau et recouvertes d’une cloche produisent un gaz qui fait baisser le niveau du
liquide ; ce gaz est de l’acide carbonique presque pur : 5 grammes d’écorce
ont produit plus du double de leur volume de ce gaz. Cette excrétion est
d’autant plus abondante que la feuille est plus fraîche ; elle a lieu dans le vide
eudiométrique, en déprimant beaucoup le mercure de l’eudiomètre. L’auteur
a fait sur ce sujet des expériences en grand ; il les a ensuite étendues à des
plantes variées et à des organes fort différents. Il n’y a aucune plante qui, dans
les conditions où s’est placé M. Broughton, ne lui ait fourni une excrétion
d’acide carbonique. La lumière du soleil stimule ce phénomène, que n’in¬
fluence pas la température. Il dépend de la vie des organes, et cesse sous
l’action des causes qui arrêtent la vie. Il a été observé même sur des feuilles
qui avaient séjourné vivantes pendant plusieurs jours dans une .atmosphère
d’hydrogène.
L’auteur a aussi observé l’exhalation d’azote, due probablement à ce que les
plantes mises en expérience renfermaient de l’air dans l’intérieur de leur
tissu.
En cherchant l’explication de ces faits, M. Broughton rencontre la théorie
généralement professée qui assimile l’excrétion de l’acide carbonique des végé¬
taux à la respiration des animaux. Il veut bien reconnaître que la combustion
organique puisse être la cause d’une partie de l’acide carbonique excrété; mais
comme ce gaz continue à l’être quand l'accès de l’oxygène depuis longtemps
n’est plus possible, il pense que celte combustion ne rend pas compte de
l’ensemble du phénomène, et que celui-ci peut être dû à des changements
chimiques d’une autre nature, en rapport avec la nutrition. Par exemple, la
transformation d’amidon en graisse, dans le tissu végétal, doit être acceptée
comme un phénomène général et constant ; or cela ne se peut faire sans qu’il
y ait soustraction et par conséquent exhalation d’acide carbonique. Il en est
de même quand l’alcool, la glycérine, les acides gras, dérivent du sucre pen¬
dant la fermentation vineuse et quand le sucre se convertit en cire par l’action
de l’abeille. Le tannin se forme de toutes pièces, d’après M. Sachs, chez des
plantules d’où l’amidon disparaît simultanément. L'a encore il doit y avoir
soustraction et exhalation d’acide carbonique.
122
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE,
De Ciwc/ioiafp specielm*; «juiliHsciam, adjectis iis quæ in Java
coluntur ; auctore F. -A.-W. Miquel ( Annales Musei botanici Lugduno-
batavi, 1869, t. iv, fasc. ix, pp. 263-275).
M. Miquel décrit avec de grands détails le genre Cinchona. il en signale
dans les possessions hollandaises de la Polynésie seize espèces, et insiste par¬
ticulièrement sur les suivantes : Cinchona Calisaya Wedd.(l) C. scrobiculata
H. B., C. euneura Miq. nov. sp. ( C . boliviana Hassk. herb. , C. Calisaya
var. fixa teste Howard in herb. Hassk.), C. Hasskarliana Miq. nov. sp. (2),
C. carabayensis Wedd. [C. Pahudiana How.), C. officinalis L. (C. Conda-
minea Humb.), C. lanci folio Mut., C. ovata R. et P., C. subsessilis Miq.
nov. sp. . C. caloptera Miq. (C. succirubra Jungh. non Pav. , C. pallescens
R. et P.). — En terminant, M. Miquel indique quelles sont les meilleures
écorces cultivées à Java.
Notes sur Quinquinas ; par M. H. -A. Weddell (Ann. sc. nat .,
5e série, t. xi, pp. 346-363 ; t. xil, pp. 24-79) ; tirage à part en bro¬
chure in-8° de 75 pages, avec une planche. Paris, V. Masson et fils, 1870.
Ce mémoire se subdivise en remarques générales et en remarques spé¬
ciales. M. Weddell commence par rappeler les travaux publiés sur la quino-
logie depuis l’époque où a paru son Histoire naturelle des Quinquinas (1849).
11 insiste ensuite sur les caractères particuliers du genre Quinquina. Il ne peut
accepter les conclusions de M. Karsten ( Florœ Columbiœ specimina selecta) ;
d’après M. Weddell le genre Cinchona ne peut être représenté que par la pre¬
mière (Quinaquina) des trois sections de M. Karsten. Encore le C. muzo-
nensis , qui fait partie de cette première section, devrait-il être élevé au rang de
genre sous le nom de Muzonia. Les deux sections acceptées par M. Karsten,
Heterasia et Ladenberyia , appartiennent au genre Buena Pohl ( Casca -
ri lia Wedd.).
M. Weddell a pensé que le temps était venu de mettre à profit les nom¬
breuses données réunies depuis quelques années sur les caractères botaniques
et chimiques des Cinchona, afin d’établir un tableau de leurs affinités. Il
reconnaît que, sauf dans un très-petit nombre de cas, il est impossible de dis¬
tinguer nettement une espèce de Cinchona des espèces voisines au moyen
(1) Sur le C. Calisaya d’Amérique, voy. J.-E. Howard (Journal of Dotany, 1869?
pp. 1-3).
(2) Le Cinchona Hasskarliana Miq. a été l’objet d’une note spéciale publiée par
M. de Vrij, en février 1870, dans le Nieuic Tijdschrift voor de Pharmacie in Nederland,
et incluse sous le n° ix des Kinologische Studien de cet auteur. Cette espèce est regar¬
dée par M. de Vrij comme un hybride du C. Calisaya (mère) et du C. Pahudiana (père)
entre lesquels l’a placée M. Miquel. Les botanistes qui s’intéressent aux controverses par¬
fois passionnées qu’a fait naître dans ces derniers temps l’étude des Quinquinas, de¬
vront lire aussi la note ( Open brtef aan DT Miquel ) publiée par M. de Vrij dans le
Spectateur néerlandais, au commencement de 1871.
REVU E BIBLIO G R A PHIQUE ,
123
d'un seul caractère. 11 lui serait difficile de trouver un meilleur exemple que
celui des Cinchona , pour montrer jusqu’à quel point ce que les botanistes
appellent Espèce est chose peu définissable, et; combien l’idée qu’on est porté
à s’en faire peut varier, selon le point de vue auquel on se place, ou, bien
souvent encore, selon ce qu’on pourrait appeler les exigences de la situation.
Bien que le nom de M. Darwin ne soit pas prononcé par lui, il est facile de
juger quelles sont pour la théorie Darwinienne les préférences de M. AVeddell,
d’après le tableau des espèces, sous -espèces, variétés et sous-variétés observées
dans le genre Cinchona , groupées dans l'ordre de leur filiation présumée ,
par stirps et rarnus, en espèces, sous-espèces, variétés et sous-variétés.
Les remarques particulières de la seconde partie de ce mémoire sont desti¬
nées à éclairer des détails qui concernent les espèces décrites dans la mono¬
graphie qui précède. La planche représente le Cinchona Calisaya micro -
carpa Wedd.
11 faut tenir compte aussi des documents publiés au nom de M. Weddcll
dans le Journal of the Linnean Society , t. xi, p. 185, que nous regrettons
de n’avoir pu consulter en écrivant cette notice.
Clteinical s&aitf physioïogical Hxpcra mentis «sia living
C'inc/ioMfe [Recherches chimiques et expérimentales sur les Cinchona
vivants ) ; par M. J. Broughton ( Philosophical Transactions of the Royal
Society , 1871, vol. 161, part i, pp. 1-15).
M. Broughton a pu étudier dans les plantations de la province de Madras la
formation des alcaloïdes sur les Cinchona vivants. 1! insiste sur l’analogie bien
connue de la quinine et de la cinchonidine, qui ne diffèrent l’une de l’autre
que par un atome d’oxygène, et dont la proportion demeure constante dans les
analyses, quand on les prend toutes deux en bloc, bien que leurs proportions
spéciales soient respectivement variables. li classe les alcaloïdes des Quinqui¬
nas en deux groupes : dans l’un, quinine, cinchonidine, cjuinidine ; dans l’autre,
cinchonine, Le rouge cinchonique, signalé par tous ceux qui ont examiné
les écorces sèches, n’existe pas dans la plante vivante ; il résulte de l’action de
l’oxvgène libre sur une sorte particulière de tannin, et se forme promptement
sur les fragments d’écorce fraîche détachés.
L’auteur a fait des analyses des différentes parties de la plante, pour déter¬
miner leur richesse relative en alcaloïdes selon leur espèce et selon leur âge.
La plus grande quantité d’alcaloïdes, 11, éO pour 100, a été trouvée dans une
espèce indéterminée (voy. ci-contre, p. 127). Le Cinchona peruviana et le
C. micrantha sont presque dépourvus de quinine. C’est l’écorce mince des
grosses racines qui est toujours la plus riche en alcaloïdes (12 pour 100 chez
le C. succirubra ), probablement parce qu'elle esta l’abri des rayons du soleil.
Les feuilles des Quinquinas doivent leur amertume à la présence de la quino-
vine, et leur acidité à celle de l’acide quinique libre. Les alcaloïdes y sont en
12/i SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
proportion relativement plus forte quand les feuilles sont sèches, mais tou¬
jours faible, et très-insuffisante pour l’industrie. Le fruit n’en contient pas ;
les graines, des traces seulement.
La plus grande quantité d’alcaloïdes contenue dans l’écorce y est à l’état
solide, et non à l’état libre; les six septièmes environ sous forme de tannates
insolubles, dans les cellules de l’écorce ; le dernier à l’état de quinate soluble.
La quinovine est libre et à l’état insoluble.
En étudiant la reproduction de plaques d’écorce enlevées, M. Broughlon a
vu que le premier alcaloïde apparu dans les jeunes tissus est la quinine, même
chez les arbres qui contiennent beaucoup plus de cinchonidine. Cette quinine
première formée est incristallisable.
Au bout de deux mois, le tiers de la quinine est susceptible de cristalliser, et
il s’est formé une petite portion de cinchonidine et de cinchonine ; cette der¬
nière va toujours croissant, tandis que diminue la portion cristallisable de
quinine, aux dépens de laquelle elle semble se former. L’auteur pense que
les alcaloïdes se forment sur place, dans la cellule même où on les trouve,
puisqu'ils ne cristallisent pas d’abord, tandis qu’ils le font dans les feuilles
tout de suite. Dix-sept mois après sa formation, l’écorce nouvelle contient
beaucoup de quinine et peu de cinchonidine, l’inverse de ce que présente
l’écorce de formation ancienne.
Quant à la situation des alcaloïdes dans l’écorce, M. Broughton partage
l’opinion de M. Howard, qui les regarde comme plus abondants dans la
couche herbacée.
L’exposition au soleil change la quinine en quinicine, et la cinchonine en
cinchonicine, tout comme la chaleur, d’après les observations de M. Pasteur.
Cela prouve combien est mauvaise la pratique suivie dans l’Amérique du Sud,
où l’on dessèche ces écorces au soleil. L’auteur a confirmé les résultats obtenus
par M. Pasteur.
Oijscrvaâôoms sur fia itrucHarc euicrosropiquc des écor¬
ces de ^aBisMfieiisa .5 par M. C.-A.-J. -A. Oudemans ( Archives néer¬
landaises de botanique , t. vi, 1871) ; tirage «à part en brochure iu-8° de
18 pages, 23 février 1871.
Les écorces de Quinquina qui en 1870 ont été tirées de Java et mises en
vente par la Société néerlandaise de commerce provenaient de trois espèces de
Cinchona, savoir, C. Calisaya AVedd. , C. Hasskarliana Miq. et C. Pohu -
diana IIow. Elles ont été examinées sous le rapport chimique par i\J. le
professeur J.-W. Gunning, d’Amsterdam, et par M. Julius Jobst, de Stutt¬
gart (voy . Buchner' s neues Repertorium fur Pharmacie, t. xix, p. 3ùl).
M. Oudemans résume de la manière suivante les résultats de ses recherches :
1° L’écorce du C. Calisaya n’éprouve à Java aucune modification dans sa
structure microscopique. — 2° L’écorce du C. Pahudiana a bien réellement
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE,
425
la composition anatomique qui a été décrite par MM. Howard, Phœbus et
Flückiger. — 3° L’écorce du C Hasskarliana tient dans sa structure le mi¬
lieu entre celles du C . Calisaya et du C. scrobiçulata.
En dernier lieu, M. Oudemans s’est occupé de ce qu’il nomme les tuyaux
succifères des Cinchona. Ce sont les mêmes organes qui ont été étudiés sous
le nom de vaisseaux laticifères, notamment par M. Schleiden ( Botanische
Pharmacognosie , p. 237), par M. Berg (Pharmaceutiche Waarenkunde ,
p. 162 ; Die Chinarinden , p. 6) , par M. Howard ( Nueva Quinologia),
par M. Phœbus ( Kleine cinchologische Notizen in Vierteljahrsschrift fur
praktische Pharmacie, 1867, livr. I), et par M. Yogi (1). M. Oudemans a
reconnu que les tuyaux succifères se forment dans le voisinage immédiat du
tissu cambial, aussi bien à sa face interne qu’à sa face externe, par consé¬
quent dans la moelle et dans l’écorce primaire. Il n’a pas observé d’allonge¬
ment des cellules succifères, ou plutôt de transformation de ces cellules en
tubes, par résorption directe de cloisons séparant deux ou plusieurs de ces
cellules contiguës ; mais il n’est pas douteux pour lui que les cellules de paren¬
chyme situées dans le prolongement du plus grand axe des cellules succifères
ne perdent peu à peu, après que leur contenu est devenu d’abord plus foncé,
la paroi par laquelle elles touchent aux cellules succifères (ou aux tuyaux déjà
plus ou moins développés en longueur), etqu’ainsi elles ne se confondent in¬
sensiblement avec ces dernières ; en se répétant, soit dans la même direction
verticale, comme dans la moelle, soit dans d’autres directions plus ou moins
obliques, comme dans l’écorce, ce phénomène contribue très-notablement à
l’accroissement en longueur des tuyaux.
M. Oudemans discute les divers noms donnés à ces organes. A son avis,
c’est le terme de conduits ou vaisseaux laticifères qui convient le mieux ; il
pense avec M. Sacbs ( Lehrbuch , 1870, p. 107) qu’il serait bon d’employer
dorénavant le terme de tuyaux succifères ( Saftschlciuche ) comme titre géné¬
ral comprenant les vaisseaux utriculariformes de M. Ilanstein et les vaisseaux
laticifères, avec les nombreuses formes intermédiaires.
Il termine en faisant remarquer que ces cellules succifères ne se forment
qu’une seule fois ; que parfois, après s’être changées en tuyaux, elles devien¬
nent de bonne heure méconnaissables par la compression, tandis que dans
d’autres cas elles sont rejetées avec le parenchyme cortical, sans qu’il en appa¬
raisse de nouvelles. Elles n’ont aucune communication entre elles.
O» an a&Eiaîokl from Cinchona -l>ark liithcrto «nde-
scriSicd (Sur un alcaloïde non encore décrit de T écorce de Quinquina ) ;
par M. Ü. Howard (The Journal of the Chemical Society, mars 1871.
pp. 61-64).
M. David Howard est le neveu de notre confrère M. John Eliot Howard,
(I) Yojez le Bulletin, t. xvn (Revue), p. 13 ti.
1 '2(5
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
si bien connu pour ses travaux sur la quinologie. En expérimentant sur des
résidus salins provenant des liqueurs-mères qui avaient servi à la fabrication
du sulfate de quinine, M. David Howard a découvert un nouvel alcaloïde dont
les sels sont extrêmement solubles, ce qui le distingue des alcaloïdes du Quin¬
quina déjà connus, et ce qui rend très-difficile de le séparer de la quinoïdine,
qui est incrislallisable. Obtenu en le précipitant de ses sels par la potasse ou
la soude, cet alcaloïde se présente sous la forme d’une huile jaunâtre, très-
soluble dans l’alcool et aussi dans l’éther; il est décornposable par Sa chaleur.
Ce serait une base assez forte, même plus forte que la quinine. Son goût est
particulièrement amer, mais beaucoup moins que celui des autres alcaloïdes
du quinquina. H paraîtrait que M. J.-E. Howard avait déjà extrait cet alcaloïde
des feuilles du Cinchona succirubra.
Étude msi» les Quinquinas ; par M. Pierre-Paulin Caries. Brochure
in-8° de 81 pages. Paris, typ. Maréchal, 1871.
M. Caries a trouvé un nouveau nioven de titrer facilement à l’état de sulfate
cristallisé et pur le principal alcaloïde de l’écorce fébrifuge. Une fois con¬
vaincu de l’exactitude de ce procédé, il l’a employé pour étudier en détail
certains sujets qui intéressent également la science, la pratique médico-phar ¬
maceutique et l’industrie. Il s’attache à déterminer la proportion de chacun
des alcalis organiques que chaque médicament recélait. Il a trouvé ces alcalis
accumulés dans les couches extérieures. On ne saurait donc trop appuyer les
observations faites par MM. Soubeiran et Delondre contre le raclage que l’on
fait généralement subir aux écorces.
Le bois a paru à M. Caries, sinon dénué, du moins très-pauvre en alca¬
loïdes. Ses expériences démontrent que la valeur thérapeutique des feuilles est
peu constante et a besoin d’être confirmée, tant au point de vue chimique qu’au
point de vue thérapeutique, par de nouvelles expériences. Les fruits des Cin-
chono micrantha et angusti folia ont été trouvés par lui tout à fait exempts
d’alcaloïdes. Quant à la répartition des alcaloïdes, il a reconnu que la quinine
est en proportion beaucoup plus élevée dans les couches extérieures de l’écorce
que dans les couches libériennes; l’analyse des couches intermédiaires indique
que cette proportion diminue presque régulièrement de l’extérieur à l’in¬
térieur.
M. Caries s’est en outre attaché à étudier rinlîuenCe que les agents physi¬
ques et mécaniques exercent sur la constitution chimique des écorces de
Quinquina. Nous regrettons de ne pouvoir le suivre sur le côté spécialement
pharmaceutique de sa thèse.
La thèse de M. Caries se termine par un index bibliographique, qui n’est
pas complet, sans doute à cause de la difficulté qui s’opposait aux relations
internationales en 1871.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
127
ioic on liyiiridism among: Cinchonw (De l'hybridité chez
les Quinquinas ); par M. J. Broughton (The fourmi of the Linnean So¬
ciety , vol. xi, n° 56, pp. Ô75-477).
Les Quinquinas doivent être mis au rang des plantes à Heurs dimorphes,
dont les styles et les étamines varient de grandeur relative. L’hybridation pou¬
vait donc facilement se produire entre des arbres de ce genre et d’espèce dif¬
férente, cultivés côte à côte comme le font les agents du gouvernement anglais
dans les Indes. M. Broughton a observé un arbre qui tenait à la fois du Cin -
chona officinalis et du C . succirubra. Il est disposé à croire que l’existence
des nombreuses variétés du C. officinalis tient à une succession de croise¬
ments. Il appelle l’attention des botanistes sur ces faits, espérant qu’ils pour¬
ront conduire à simplifier la classification si confuse de ce genre. Cette espé¬
rance, malheureusement, n’est pas partagée par M. J. Hooker. Il fait observer,
dans une note qui précède le mémoire de M. Broughton, que les Cinchona ,
en Amérique, ne vivent pas dans des conditions qui rendent leur hybridation
aussi facile que dans les cultures qui réunissent à proximité l’une de l’autre des
arbres d’espèce différente.
Cîncfioiia-tpeeg grown &u India (Arbres à Quinquina, crus
dans l’Inde) ; par M. John Eliot Howard (Pharmaceutical Journal and
Transactions , 3e série, 4 novembre 1871, pp. 361-363).
M. Howard a reçu de l’Inde deux arbres à Quinquina tout entiers, apparte¬
nant, l’un au C. succirubra , l’autre au C . officinalis L. (C. Uritusinga Pavon).
M. Broughton avait écrit qu’on ne trouvait ni quinine, ni cinchonine chez les
arbres morts depuis un certain temps. Mais M. Howard, ayant examiné bien
des fois des écorces très-anciennes dans les drogueries anglaises, avait été cou
duit à regarder cette opinion comme erronée. Il a en effet trouvé 3,54 pour
100 d’alcaloïdes dans l’écorce du C. succirubra qui lui avait été envoyée.
M. Howard a en même temps mis sous les yeux de la Société pharmaceu
tique de Londres des échantillons de la variété lanceolata du C. officinalis ,
envoyés par M. Broughton, et qui renfermaient l’énorme quantité de 11,40
pour 100 d’alcaloïdes, dont 9,75 de quinine.
Nouvelles Études sut* les Quinquinas, d’après les matériaux
présentés en 1867 à l’Exposition universelle de Paris, et accompagnées du
fac-simiîe des dessins de la Quinologie de Mutis, suivies de Remarques sur la
culture des Quinquinas ; par M. J. Triana. Un volume in-folio de 80 pages,
avec 31 planches. Paris, chez F. Savy, 1870 ; prix : 70 fr.
En rendant compte, il y a quelques années, d’une publication faite par
M. Markham, nous avons raconté 1 histoire des manuscrits de Mutis, dont les
J 28
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
dessins ont été découverts par M. Triana dans une grange faisant partie des
dépendances du Jardin botanique de Madrid.
Telle a été l’origine de la publication actuelle, facilitée par une souscription
importante du gouvernement anglais. M. Triana a profilé de sa connaissance
spéciale du sujet pour ajouter un texte original aux planches de Mutis. Son
ouvrage comprend les chapitres suivants : Histoire de la découverte des Quin¬
quinas delà Nouvelle- Grenade ; — Du Cinchona officinalis et du Quinquina
rouge , ce dernier identifié après de longs tâtonnements sous le nom de C. suc-
cirubra par M. Howard; — Des espèces et variétés de Cinchona de la Qui-
nologie de Bogota ; — Cinchona et Cascarilla : dans ce chapitre, M. Triana
a tenté une nouvelle révision de la généralité des plantes qui ont reçu le
nom de Cinchona. Il n’adopte pas la dénomination de Buena comme l’a fait
M. Weddell pour les Cascarilla, parce que le genre Cosmi buena II. et P.
[Buena Pohl) est dislinct à la fois du Cinchona et du Cascarilla. Aussi, pour
éviter des complications, conserve-t-il la nomenclature primitive de M. Wed¬
dell, Cascarilla et Ladenbergia.
M. Triana traite ensuite de l’introduction des Quinquinas dans l’ancien
monde. Enfin il termine par l’exposé de la culture des Quinquinas. Les con¬
naissances spéciales de notre confrère M. Aug. Delondre ont été utilement mises
à profit par M. Triana dans la rédaction de ce chapitre. Le neuvième est inti-
tulé Enumération des espèces de Cinchona : ces espèces sont au nombre de
trente-six. Viennent ensuite vingt et un Cascarilla, trois Macrocnemum, etc.
L’ouvrage de M. Triana était terminé et presque entièrement imprimé en
septembre 1870. Les événements de la guerre ont particulièrement affecté
hauteur, dont la bibliothèque a été pillée par les Allemands à Bourg-la-P^eine.
Au moment de paraître en décembre 1871, son livre n’était plus au courant,
à cause de la publication de M. Weddell. M. Triana mentionne dans un
appendice les plantes qu’a signalées pour la première fois M. Weddell dans son
dernier mémoire.
Il faut ajouter ici, pour avoir un état plus complet de nos connaissances
actuelles sur les Quinquinas, les comptes rendus trimestriels qui parviennent
de l’administration hollandaise sur ses cultures de Java et qui sont régulière¬
ment traduits et publiés dans le Flora par M. Hasskarl, ainsi que ceux qui sont
envoyés au gouvernement anglais par AI. Anderson sur les cultures du Bengale.
Il faut aussi lire l’intéressant mémoire publié sur la quinologie enjuillet
1871, dans notre Bulletin, par notre confrère M. Aug. Delondre, qui avait
déjà étudié les Quinquinas dans son travail publié en commun avec M. Sou-
beiran, sur La matière médicale à /’ Exposition de 1867, art. ‘2 (1).
Ajoutons, avant de quitter la quinologie, qu’il résulte de documents com¬
muniqués à l’Académie des sciences par M. le général Morin que, grâce aux
(1; Voyez le Bulletin, t. xvi [Revue), p. 56 et 161.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
129
efforts de M. E(L Morin, son fils, et de M. Yinson, l’acclimatation du Quin¬
quina à la Réunion doit être considérée comme une question résolue. Il s’y
trouvait, aux dernières nouvelles, 234 pieds, tant de Cinchona ofpcinalis que
de C. Calisaya. Les premiers essais avaient été faits avec des graine^ remises
par M. Decaisne à M. le général Morin.
Ucïjci* U a n «aEBîï Zcfilthcilung der Dîafoniacccn (Sut' lastruc -
ture et la partition cellulaire des Diatomacées) ; par M. Pfitzer ( Verhand-
lungen des naturhistorischen Vereines der preussischen Rheinlande und
Westphalens, 3e série, 1869, 6e année, lre partie, Sitzungsberichte,
pp. 86-89).
M. Pfitzer a reconnu que la paroi siliceuse des Pinnulariées et des Surirel-
lées n’est pas une formation simple, comme, dit-il, on le croyait généralement
avant lui. Il se flatte d’avoir démontré le premier (1) que cette paroi est double
parce que la zone circulaire qui réunit les deux valves est formée de deux
parties similaires qui s’emboîtent l’une dans l’autre, et qui s’écartent peu à
peu l’une de l’autre quand la frustule doit se reproduire ; que la partition de
la frustule se produit par une scission circulaire qui se produit de dehors en
dedans, divisant le protoplasma, et par la partition longitudinale des deux pla¬
ques d’endochrome ; que chacune des deux moitiés de ia frustule nouvelle se
compose d’une valve ancienne et d’une valve nouvelle ; que dans cette parti¬
tion il n’est pas besoin que la zone circulaire siliceuse disparaisse pour laisser
libres les deux frustules nouvelles, car cette libération se fait par l’écartement
graduel, et enfin complet des deux parties, glissant l’une dans l’autre, de
cette zone, etc. À cause de l’endurcissement des jeunes frustules nouvelles qui
a lieu par le dépôt de silice dans leurs parois même avant leur isolement, on a
pu croire que les Diatomées diminueraient toujours graduellement de gros¬
seur en se reproduisant ainsi. Au contraire le mode de reproduction appelé
improprement (2) conjugaison obvie à cette diminution de volume. C’est dans
ce cas le contenu d’une seule cellule qui en sort, et bientôt produit une ou
deux cellules immédiatement susceptibles de division, et d’un volume double.
Il y a là un phénomène de rajeunissement, une sorte de mue ; la sot tie du
protoplasma est un moyen de rejeter l’enveloppe inextensible qui étreint le
développement de l’espèce.
ber fsarAsitischcn l*I8xe; par M. Pfitzer ( ibid ., 1870, Sitzungs¬
berichte, p. 62).
M. Pfitzer avait déjà entretenu la Société d’histoire naturelle de la Prusse
(1) Il paraît évident, vu les dates, que M. Pfitzer n’avait pu avoir connaissance des
observations publiées presque simultanément par M. Mac Donald (voy. t. xvi, Revue,
p. 37).
(2) On voit combien l’idée de la copulation sexuelle est encore peu acceptée, dans sa
généralité, par certains naturalistes allemands. M. Pfitzer nomme auxospores les pro¬
duits de la copulation des Diatomées.
T. XVIII.
(revue) 9
130
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
rhénane et de la Westphalie, dans sa séance du 20 décembre 1869 (1), de re¬
cherches sur des Champignons parasites des Diatomées et appartenant à la famille
des Chytridiées. Il a eu depuis l’occasion d’observer l’issue de nombreuses zoo¬
spores eh deiiors de la cellule supérieure du porte-fruits, et d’établir que cette
cellule s’ouvre non par un couvercle, mais par la dilatation et la liquéfaction
de son sommet. Le Champignon observé par M. Pfilzer forme un nouveau
genre : Podochytrium , qui se distingue de toutes les Chytridiées connues, à
l’exception du Rhizidium, par ses podocarpes bicellulés. D’ailleurs il se sé¬
pare de ce dernier parce que la cellule qui remplit le rôle de zoosporange
chez le Rhizidium naît comme une excroissance latérale au-dessous du sommet
de la cellule pédonculaire, tandis que chez le Podochytrium la cellule primi¬
tivement unique qui forme le podocarpe se partage par une cloison transver¬
sale perpendiculaire à son axe longitudinal en cellule pédonculaire et en cel¬
lule-mère des zoospores. La forme unique de Podochytrium observée jusqu’ici
par l’auteur, et caractérisée par ses podocarpes en massue, est nommée par
lui P. clavatum ; elle a été trouvée sur des Pinnulariées déjà mortes; il a
compté jusqu’à vingt podocarpes sur une seule frustule de ces Diatomées.
UelM'i8 «lie Qrtippe «Scr ï%iwücBsleeii ( Sur le groupe des Navi-
culées ); par M. Pfitzer (ibid., 1870, Sitzungsberichte, pp. 21A-215).
L’auteur caractérise ainsi les divers genres de la grande tribu des Navi-
culées, par la manière dont s’y comportent les plaques d’endochrome et les
valves :
Dans le Navicula Brongn., les écailles sont étroitement symétriques ; les
plaques, avant la division de la frustule, se transportent du côté opposé pour
s’y diviser par une scissure oblique (Cuspidatœ, Radiatœ. Didymœ de
M. Grunow).
Dans le genre nouveau Neidium , les valves sont étroitement symétriques ;
les plaques d’endochrome ne changent pas de place, mais se divisent par une
scissure qui commence dans leur milieu et à leurs extrémités ( Limosœ de
M. Grunow).
Dans les Pinnularia d’Ehrenberg, les valves sont asymétriques, la cellule
étant ordonnée sur une ligne diagonale. Les plaques d’endochrome s’y par¬
tagent comme dans le Neidium ( Mobiles , Virides, Nodosœ de M Grunow).
Dans les Trustalia Ag., les valves sont étroitement symétriques ; les en-
dochromes ne se transportent pas, se partagent par scissure à partir de leurs
extrémités, et laissent entre eux et la paroi cellulaire une masse épaisse de
plasma (Crcissinerves de M. Grunow).
M. Pfitzer fait remarquer que le Brebissonia Bechii (Ehrb.) Grun. n’appar-
(1) V erhandlungen , 1869, Sitzungsberichte, p. 221. L’un de ces Champignons est le
Cymbanchc Fockei. Ses spores avaient été prises par M. Focke pour des cellules de vé¬
gétation propres aux Diatomées.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 131
lient pas aux Naviculées, mais aux Cvmbellées, car il ne renferme qu’une
seule plaque d’endochrome.
La formation des spores présente dans les Naviculées des différences selon
les genres. Deux cellules produisent toujours deux spores, munies chacune
d’une membrane particulière, et donnant successivement naissance aux valves
de la première frustule, comme chez toutes les Baciliariées.
A new process ©f preparii&s specimeiis off filasnen(ou§
Algæ for fis© microscope; par M. A.-M. Edwards ( The Monthly
microscopical Journal 3 juin 1869, n° VI, pp. 361-364; The American
Naturaliste mai 1870).
Le botaniste américain qui s’occupe depuis plusieurs années de l’étude des
Algues inférieures, et surtout des Diatomées, propose une méthode de prépa¬
ration qu’on aura intérêt à connaître. Il place une petite quantité des Algues
récoltées dans un tube d’épreuve, et verse par-dessus, de manière à remplir
le tube environ au quart, la solution de chlorure de sodium de Labarraque,
ou mieux une solution un peu plus forte ; fait bouillir ces Algues dans la
solution pendant quelques minutes, sans briser les filaments, puis les lave avec
de l’eau distillée. Il les conserve ensuite dans l’alcool affaibli, ou dans de l’eau
additionnée de quelques gouttes de créosote. C’est dans ce dernier liquide,
l’eau créosotée, que M. Edwards les place dans la cellule où elles doivent être
observées. L’eau camphrée est aussi d’un emploi très-favorable.
Ceami Ktocici © gênerait su le Dialomce; par M. le comte Fr.
Castracane degli Antelminelli (Atti dell' Accademia pontificia de ’ nuovi
Lincei , anno xxi, 12 juin 1868, pp. 65-69).
Su la moUlpïlcazioiie e ccjiroduziouc «telle Matomec;
par le même [ibid,, 10 octobre 1868, pp. 147-154).
Osservazloni sopra una Diatomea «tel geiierc
•fffteaatoEhrb.; par le même (ibid., anno xxn, 4 juillet 1869, pp. 138-
142).
Le premier de ces deux travaux est seulement consacré à quelques notes
sur l’origine de nos connaissances relatives aux Diatomées; le deuxième au ré¬
sumé classique des faits admis sur leur reproduction par conjugaison. L’auteur
y rapporte en outre quelques faits déjà observés par lesquels on peut recon¬
naître que les Diatomées se reproduisent aussi de germes échappés des frus-
tules isolés et transformés en sporanges. Il a fait sur ce sujet des observations
personnelles. Il a suivi au microscope le développement progressif de spores
sphériques et vertes, qui, par la pression, ont enfin laissé échapper des Navi-
cules.
Un fait du même genre a été observé par M. O’Meara sur le Pleurosigma
132
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Spencer U W. Sm. (1). Les frustules de cetle espèce ont été saisis par le savant
de Dublin au moment d’émettre leurs germes ou embryons. M. le comte
Castracane a vérifié cette observation sur un Podosphenia. Mais tandis que les
corpuscules sortis du Pleurosigma étaient mobiles comme des anthérozoïdes,
la vésicule ovale sortie du Podosphenia était dans un état de repos absolu.
L’auteur italien rapporte cette différence à celle des types spécifiques ; mais ne
pourrait-on pas l’attribuer à une sexualité différente?
pîc BïiÊocenc FSora von Spitzhcrgen ; parM. O. Iieer( Verhand-
lungen der Schweizerischen naturforschenden Gesellschaft in Solotkum ,
Jahresbericht 1869, pp. 156-168, Soleure, 1869; traduit dans Ann. sc.
nat., 5e série, 1869, t. xtl, pp. 302-311).
L’auteur a tracé l’étude de la végétation polaire d’après les matériaux qui
lui avaient été envoyés par les naturalistes attachés à l’expédition suédoise
dirigée vers le pôle, MM. Malmgren, Nauckhoff et Nordenskiôld. Ces maté¬
riaux jettent un nouveau jour sur deux périodes de la végétation ancienne, la
période houillère et la période miocène. M. Hcer n’a traité que de cette
dernière.
Il y avait déjà, pour le savant paléontologiste de Zurich, quand il écrivit ce
mémoire, vingt-trois espèces végétales communes au miocène du Spitzberg et
au miocène du continent européen. La flornle miocène tout entière compre¬
nait pour lui au Spitzberg cent trente et une espèces, toutes décrites et figurées
dans la Flore miocène du Spitzberg , qui a paru dans les Mémoires de V Aca¬
démie des sciences de Stockholm. Dans ce nombre se trouvent cent vingt-trois
Phanérogames et huit Cryptogames, répartis entre les Champignons, les Al¬
gues, les Mousses, les Fougères et les Équisétacées. Sur les cent vingt-trois
Phanérogames, on compte seize Conifères et trente et une Monocotvlédones. La
prédominance des Conifères est très-remarquable, puisqu’il ne s’en trouve
que quinze dans le miocène de la Suisse. Les Cupressinées présentent deux
espèces remarquables par leur abondance dans les couches : le Taxodium
distichum et le Libocedrus Sabiniana Heer. Les Abiétinées sont encore bien
plus nombreuses que les Cupressinées. On trouve au Spitzberg le genre Pinus
et le genre Séquoia. Le S. Langsdorffü , qui est commun dans le miocène
du Groenland septentrional, manque au Spitzberg; il s’y trouve à sa place une
espèce nouvelle, L. Nordenskiœldi. Le genre Pinus était aussi très-abondant;
on en rencontre, à l’exception des Cèdres et du Mélèze, tous les Types princi¬
paux au Spitzberg, parmi eux le Pinus rnontana Miller, le Pinus Abies. Il se
trouve avec ces formes connues un type tout à fait spécial, voisin d’une part du
Gingko du Japon, et d’autre part du Podocarpus , le Torellia, qui comprend
deux espèces.
(1) Voyez le Bulletin , t. xvi [Revue), p, 7.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
133
Parmi les Monocotylédones, M. Heer signale un Cyperus, un Iris, le Pota-
mogeton Nordenskiœldi , un Naïas, un Sparganium , les fruits de six espèces
de Car ex.
Parmi les arbres à feuilles caduques, il mentionne deux Populus comme
extrêmement répandus, deux ffetula , un Alnus, un Fagus, trois Quercus, et
les genres Platanus, Tibia , Sorbus , Juglans (espèce très-voisine du J. regia
de l’Amérique du Nord); parmi les arbrisseaux, les genres Corylus , Vibur -
num , Cornus, Nyssa , Rhamnus , Paliurus , Prunus , Cratœgus , Andro-
meda et Y Hedera Mac Clurii. Il y a quelques Dicotylédones herbacées, telles
que le Polygonum Ottersianum Heer, un Salsola , une couple de Synanthé-
rées, etc. D’autres types sont complètement différents des types actuellement
vivants, comme le genre Nordenskiœldia , qui renferme dix carpelles sur un
même rang.
De tous ces végétaux, les uns ont dû croître dans un marais, les autres sur
la terre sèche. Il y avait à celte époque au Spitzberg des lacs d’eau douce et
des collines ou des montagnes qui portaient de grands arbres. La flore miocène
d’Eisfiord a le même caractère général que la flore actuelle des terres basses
de la Suisse du nord.
Il n’y a pas besoin d’insister sur les preuves nouvelles que cette conscien¬
cieuse étude apporte à une idée qui s’exprime aujourd’hui comme un fait
entièrement acquis à la science moderne : c’est que, dans l’ensemble de
la création, chaque espèce a son histoire particulière, et que chacune est
apparue à son époque spéciale, comme chacun de nous dans ce monde,
après des types qu’elle a connus seulement dans sa jeunesse et qu’elle a vus
s’éteindre pendant sa vie, suivis par d’autres plus récents qui ont persisté
après sa mort.
Contrilnitious to Use ff©ssîS flora off CtrccBaland,
being a Description of the plants collected by M. Edward Whymper during
lhe summer of 1867 ; par M. O. Ileer (. Philosophical Iransactions , vol.
eux, part 2, 1870, pp. 445-488, avec 18 planches).
Les matériaux rassemblés par MM. Mac Clintock, Inglefield, Colomb et
Olrik avaient offert à M. Heer cent cinq espèces de végétaux fossiles du Groen¬
land septentrional, il avait pu observer les fleurs, les fruits et les graines de
quelques-uns d’entre eux ; d'autres n’avaient présenté que des feuilles, même
que des fragments. Aussi doit-on savoir gré à MM. Whymper et R. Brown
d’avoir entrepris au Groenland un nouveau voyage d’exploration, grâce à la sub¬
vention votée par le meeting de Nottinghain et augmentée par la Société Royale
de Londres. Les végétaux rapportés par M. Whymper proviennent de deux
localités, Disco et Atanekerdluk, savoir : de Disco quatorze espèces, dont
huit sont connues aussi du miocène inférieur de l’Europe ; et d’ Atanekerdluk
soixante-treize, dont quarante-huit ont été décrites dans le Flora fossilis
13 !x SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
arcticci de M. Hcer, et dont vingt-cinq ne l’avaient pas été. Cinq des espèces
de celle seconde localité ont aussi été trouvées dans le miocène de l’Europe,
Poacites Mengeonus , Smilax grandi folia, Quercus Laharpii , Corylus in-
signis et Sassafras Ferretianum. Le Smilax grandi folia, qui à l’époque
miocène inférieure était répandu dans toute l’Europe, est représenté aujour-
d’hui par le Smilax mauritanica de la flore méditerranéenne. Le genre Sas¬
safras , alors largement étendu en Europe (mais à une période un peu plus
ancienne), n’a plus de représentants qu’en Amérique.
Parmi les espèces nouvelles se trouvent un Viburnum Whymperi, qui res¬
semble au V. Lantana d’Europe et au V. dentatum d’Amérique; un Aralia
à feuilles épaisses, un Cornus , un Ilex à feuilles très-larges, deux Rhus, un
Sorbus, un Nyssa et deux Pterospermites.
D’après les matériaux d’Atanekerdluk, il est probable que le genre Mac
Clintockia, encore mal connu, appartient aux Ménispermées. Le Séquoia
Langsdorffii s’y présente en beaux exemplaires. Les feuilles du Salisburia
de celte époque le rapprochent beaucoup du S. adianti folia de l’époque
actuelle.
Les plantes rapportées par M. Whymper sont au nombre de quatre-vingts
dont vingt complètement nouvelles pour la science. Elles portent le nombre
des espèces miocènes du Groenland septentrional à cent trente-sept, et celui
des espèces de la flore arctique miocène à cent quatre-vingt-quatorze. Sur
ces cent trente-sept végétaux du Groenland, quarante-six concordent avec des
types analogues de la flore miocène de l’Europe.
Ecitrage znr Kreide-Flora [Recherches sur la flore crétacée); par
M. O. Heer ( Nouveaux Mémoires de la Société helvétique des sciences
naturelles, t. xxvi, 15 pages, 3 planches). Zurich, 1871.
Ce mémoire est consacré à l’étude de la flore crétacée du Quedlinburg qui
appartient au même étage que la flore depuis longtemps connue de Blanken-
burg. Sur les 20 espèces fossiles de Quedlinburg, 5 seulement sont connues
d’autres localités. Ensevelies dans une marne terreuse qui se laisse couper au
couteau, les feuilles de ces espèces se sont en parties conservées. Ces marnes
appartiennent vraisemblablement à l’étage sénonien, au voisinage immédiat
du Quadersandstein à Belemnitella qnadrata. D’autres échantillons, formés
d’un grès rougeâtre à gros grains, viennent de Langenberg près de Qued¬
linburg, localité décrite par M. Stiehler dans ses recherches sur la flore
crétacée du Harz. Les fossiles les plus importants et les plus largement repré¬
sentés que décrive M. Heer nous paraissent être le Cunninghamites speciosus
(dont l’affinité générique reste douteuse à cause du manque de fruits), et le
Geinitzia formosa , qui ne s’est rencontré jusqu’ici que dans les couches de
Quedlinburg, et qui est voisin du G. cretacea Unger non Endl.
Plusieurs de ces publications de M. Heer ont été réunies dans le second
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
135
volume du Flora fossilis arctica du même auteur (in-4°, 59 planches, Zurich,
chez Winterthur, Würrter et Cie, 1871), qui comprend les mémoires suivants:
1° Contributions to the fossil flora of north Groenland.
2° Flora fossilis Alaskana , avec 10 planches. Ce mémoire a été publié
dans les Mémoires de V Académie royale des sciences de Stockholm, en 1869. Il
est en latin, avec une préface en allemand.
3° Die miocene Flora und Fauna Spitzbergens , avec 16 planches. Ce mé¬
moire appartient aussi à ceux de l’Académie de Stockholm. C’est le résumé
qui en a été inséré dans les V erhandlungen de la Société des naturalistes
suisses, réunie à Soleure en 1869.
U° Fossile Flora der Bàren Inseln, avec 15 planches, aussi des Mémoires
de l'Academie de Stockholm, 1870. Les plantes décrites appartiennent à la
formation houillère.
Ueber 'l'ytotMerndron speciosuvn ; par M. Weiss {Y erhandlun¬
gen des naturhistorischen Vereines der preussischen Rheinlande und
Westphalens, 1870, Sitzungsberichte, pp. A7-A8).
Le Tylodendron est un nouveau genre de Conifères fossiles appartenant au
grès rouge inférieur et au calcaire carbonifère supérieur des montagnes du
Rhin et de la Sarre. Les rameaux de cette espèce sont arrondis, et présentent
des nodosités espacées par des intervalles de 12 à 16 pouces; il s’en trouve
une aussi au sommet de l’axe terminal.
La surface entière de ce rameau est garnie de coussinets pressés et disposés
en lignes spirales qui se rapprochent beaucoup de ceux des Lepidoclendron ,
mais s’en distinguent parce qu’ils sont fendus à leur partie supérieure et ne
portent aucune cicatrice de feuille. Ces coussinets paraissent toujours rac¬
courcis à la partie inférieure des nodosités, allongés à la partie supérieure,
souvent d’une manière importante, jusqu’à ce qu’ils atteignent un maximum
au delà duquel ils diminuent successivement. Sur un exemplaire, la longueur
minimum de ces coussinets est de 10 à 11 millimètres, la longueur maximum
de 82. On trouve chez le Séquoia sempervirens les mêmes alternatives de
grandeur dans le coussinet et même dans les feuilles, correspondant à la
croissance annuelle. La fente supérieure qui s’observe sur les coussinets pour¬
rait s’expliquer par la présence d’un canal résineux à l’état frais. Les recher¬
ches microscopiques faites par M. Dippel sur des coupes du tissu silicifié
du Tylodendron y ont démontré l’existence de vaisseaux poreux avec des
ponctuations disposées sur un, deux ou trois rangs. M. Dippel regarde ce
genre comme très-allié aux Cycadées, et cependant correspondant par ses
caractères aux Araucaria.
M. Brongniart a décrit sous le nom de Lepidodendron elongatum, dans
l’ouvrage de MM. Murchison, de Verneuil et Keyserling sur la géologie de
la Russie d’Europe, p. 10, tab. C, fig. 6, un tronçon d’une espèce très-voi-
\u
SOCIÉTÉ DOTA NIQUE DE FRANCE,
sine provenant du Zechstein, c’est-à-dire d’une couche de même âge. L’espèce
de M. Brongniart se distingue parce qu’elle a les coussinets tous de même
longueur. Dans des couches plus anciennes, le Lcpidodendron Velthemia-
num décrit par M. Gœppert présente les mêmes nodosités, ainsi qu’un fos¬
sile du calcaire carbonifère de Kunzendorf en Silésie, décrit par le même
savant sous le nom de Lycopodites acicularis. Dans des couches plus récentes,
dans le trias, des fragments appartenant encore au même genre Tylodendron
ont été trouvés d’abord parSchleiden ; puis de nouveau par M. Schenk(dans le
muschelkalk moyen d’Iéna), et décrits sous le nom d 'Endolepis vulgarisa t
elegans , nom générique que ce dernier savant a remplacé par celui de Voltzia.
Ces deux espèces, qui se rencontrent aussi b Saarbriick, ont le même dessin
formé par les coussinets, mais ne présentent aucune dilatation ou nodosité sur
les rameaux.
Sur la fia mille des Nœggérallviées ; par MM. Weiss et Golden-
berg ( Verhandlungen des naturhistorischen Vereins der preussischen
Rheinlande und Westphalens , 1870, Sitzungsberichte , pp. 63-66; et Cor «
respondenzblatt , pp. 79-80).
Les fossiles dont il est question dans ce travail ont été recueillis dans le
calcaire carbonifère de Saarbriick. Les auteurs rappellent d’abord l’histoire du
genre Nœggerathia , ballotté entre les Palmiers, les Fougères, les Lycopodia-
cées et les Cycadées. Le dernier travail publié sur ces végétaux fossiles paraît
être celui de M. Goppert, qui dans son Permische Flora (1864) a donné des
dessinsde leur inflorescence, de leurs feuilles à nervation parallèle, ainsi que de
leurs bourgeons, attribués auparavant à Y Aroides crassispatha Kutorga ( Pa -
lœospatha aroidea Unger),qui n’est que le Nœggerathia Gœpperti Eichwadl.
M. Goppert ne regarde pas les Nœggerathia, comme des Palmiers, mais il les
place parmi les Monocotylédones, ainsi que les Cordait es, qui en avaient jadis
été distingués.
Voici les conclusions que MM. Weiss et Goldenberg ont tirées de leurs pro¬
pres recherches :
L’insertion spirale des feuilles chez le Cordaites et leur disposition sur
deux rangs chez le Nœggerathia autorisent peut-être à les séparer en deux
genres, mais non en deux familles.
Les rameaux minces, les feuilles simples, au moins chez le Cordaites , leurs
cicatrices et surtout leur inflorescence, séparent les Nœggérathiées des Cyca¬
dées vivantes, et les rapprochent bien plutôt de plusieurs familles monocoty-
lédones comme de quelques espèces de Conifères.
La structure de leur lige, d’après Corda, ne permet pas de réunir les Nœg¬
gérathiées aux Conifères, puisqu’elles manquent de rayons médullaires et de
vaisseaux ponctués. Leur inflorescence, formée de petits rameaux pédonculés
rassemblés dans les aisselles des feuilles, est également étrangère aux Conifères.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
137
Considérées comme Monocotylédones, les Nœggérathiées ne peuvent être
rangées parmi les Palmiers, mais doivent former une famille distincte, éteinte
depuis les temps les plus reculés. Ceci est une confirmation des opinions de
M. Goppert.
Felicr eis&ig’C Pfiimæen clcr Stcinkohlc:i$ebirg;c (Sur
quelques plantes du calcaire carbonifère )par M. Andra ( ibid . , 1870, Cor -
respondenzblatt, pp. 60-61).
M. Andra est loin de regarder comme acquise à la science l’assimilation
faite de certaines espèces tYAsterophyllites à la famille des Calamariées ; il n’a
pas observé de localités où les Aster ophyllites coexistent avec les Calamites.
Il regarde V Annularia radiata Ad. Br. comme identique au Bêchera dubia
Sternb., à Y Asterophylliles foliosus Geinilz, à 1\A. galioides Lindl. et Huit. ,
et probablement à VA. foliosus des mêmes auteurs. Il a présenté des dessins
qui justifient ces réunions.
Felierelie Farngattong* é%re if vopteris und einige Arten derselben
aus der Steinkoblenformation [Sur le genre de Fougères Neuropteris et sur
quelques-unes de ses espèces appartenant à la formation du calcaire car-
bonifère); par M. Andra, (ibid. , 1870, Sitzungsberichte, pp. 141-142).
i\I. Andra a découvert une nouvelle espèce de Neuropteris , le N. dispar ;
il donne aussi quelques détails sur le N. hirsuta Lesq. C’est à celte dernière
espèce qu’appartient le N. flexuosa de la collection de Poppelsdorf et le
N. acutifolia v. Rolil. Il en est de même du N. cordata du cap Breton, et
très-probablement du Dictyopteris cordata F. -A. Rômer.
Fossile Flora «1er Steinkolileo format ion Wcstpkalens,
einschliessiich Piesberg bei Osnabrück ( Flore fossile du terrain carboni¬
fère de la Westphalie, y compris la localité de Piesberg près Osna¬
brück); par M. le major von Roehl. Un volume avec 32 planches renfer¬
mant 203 figures.
Cet ouvrage renferme la description de 250 espèces de plantes fossiles.
Nous y trouvons, comme ordre séparés, les Calamitées avec le genre Cala¬
mites (11 espèces) ; les Équisétacées avec le genre Equisetites (2 esp.) ; les
Astérophyllitées avec les genres Volhmannia (5 esp.), Huttonia (1 esp.), As-
ter ophyllites (9 esp.), Pennularia (1 esp.), Annularia (3 esp.) et Spheno-
phyllurn (6 esp.) ; les Neuropléridées avec les genres Neuropteris (15 esp.),
Odontopteris (6 esp.), Cyclopteris (10 esp.), Schizopteris (2 esp.), Dictyo¬
pteris (5 esp.) ; les Sphénopiéridées avec les genres Sphenopteris (25 esp.),
Hymenophyltites ( 3 esp.), Trichomanites (1 esp.); les Pécoptéridées avec
les genres Lonchopter is (3 esp.), A lethopteris (18 esp.), Cyatheites (7 esp.),
Pecopteris (5 esp.); les Protoptéridées avec le genre Caulopteris (1 esp.) ; les
138
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
0
Sigillariées avec le genre Sigillaria (46 esp.); les Stigmariées avec le genre
Stigmaria (2 espèces), les Lépidodenclrées avec les genres Lepidodendron
(20 esp.), Ulodendron (4 esp.), Halonia (2 esp.), Lepidophyllum (3 esp.),
Lepidosirobus (1 esp.) ; les Lycopodiacées avec les genres Selaginites( 1 esp.),
Lycopodites (4 esp. ), Lomatophloios (2 esp.), Cordaites (1 esp.) et Lepi-
dophloios (1 espèce).
L’auteur rapporte à la classe des Zamiées les ordres des Nreggérathiées avec
neuf Nœggerathia et quatre Rhabdocarpos, les Cycadées avec un Pterophyl-
lum, et mentionne comme Cycadées douteuses deux Trigonocarpon et cinq
Carpolithes. Viennent ensuite quelques Palmiers et quelques Conifères.
L’auteur a décrit une quinzaine d’espèces nouvelles, et a profilé de maté¬
riaux plus complets pour faire mieux connaître des espèces déjà signalées.
5Kiar SteinkohleMÜieorie ( Su t la théorie de la houille) ; par M. le
docteur Mohr (ibid., pp. 138-147).
M. Mohr ne croit pas, selon l’opinion générale, que ce soient les grands
végétaux, appartenant aux classes supérieures de la cryptogamie antédilu¬
vienne, qui aient par accumulation produit en se décomposant les cou¬
ches de houille si répandues sur le globe. Ce sont, d’après lui, exclusive¬
ment des Algues. Les Algues sont les seuls végétaux de notre globe qui aient
pu s’accumuler en assez grande quantité pour expliquer les lits de houille;
les seuls qui aient pu les constituer sans laisser trace de leur structure.
Comme ils flottaient en se décomposant, ils ont naturellement formé des lits
parallèles en se déposant. Le sol sous-jacent à la houille est le plus souvent du
calcaire, ce qui prouve qu’elle s’est déposée dans la mer. La faible quantité
de cendres que fournit la houille prouve aussi qu’elle s’est formée dans la
mer. D’ailleurs la houille n’est pas soluble dans les solutions alcalines, comme
le lignite et la tourbe, qui proviennent évidemment de la décomposition de
végétaux plus élevés en organisation. Sa pesanteur spécifique est trois ou
quatre fois celle des lignites et de la tourbe. L’importance des dépôts de houille
s’expliquerait, dans cette hypothèse, par celait que dans la mer la proportion
d’acide carbonique augmente avec la profondeur. Enfin la houille renferme
de l’iode et du brome, substances abondantes dans les eaux de la mer.
©ai structure and affinities ©€ moisir© exogenous
stems froin tHie coal-nieasures (De la structure et des affinités
de quelques tiges exogènes appartenant au terrain houiller) ; par M. V.-C.
Williamson (The Monthly microscopical Journal, aug. 1869, pp. 66-72)
avec une planche.
M. Williamson émet une théorie particulière de la ponctuation aréolée des
Conifères. Il regarde l’aréole proprement dite comme externe 'a la fibre, et
résultant d’une dépression de ses parois, et la ponctuation centrale comme
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
139
résultant du défaut d’incrustation ligneuse intérieure, comme toutes les ponc¬
tuations en général. Il a observé sur le Cycas revoluta des fibres ponctuées,
dont les ponctuations tantôt sont entourées d’une aréole et tantôt ne le sont
pas. Il a vu sur la même espèce des vaisseaux scalariformes à une extrémité
et pourvues d’aréoles ou discigères à l’autre extrémité. Les Dadoxylon de
l’époque houillère présentent les aréoles des Conifères sans les ponctuations.
Dans des végétaux confondus jusqu’ici avec les Dadoxylon , et que M. Wil¬
liamson propose de distinguer sous le nom de Dictyoxylon , la lignine forme
intérieurement non des ponctuations mais des dépôts réticulés ; il n’y a pas
d’aréoles. En réunissant ces deux caractères, on obtient ceux de la fibre des
Conifères modernes.
M. Williamson regarde, dans ce mémoire, comme un Lomatophloios la
plante décrite par M. Binney sous le nom de Sigillaria vascularis dans son
mémoire Sur quelques plantes fossiles montrant une structure déterminée ,
du terrain houiller inférieur du Lancashire , qui a paru dans le Quarterly
Journal of the geological Society , vol. xvm.
On tlic structure of fia© stem® of tlae arborescent fiLy-
copodiaceæ of tîic eoal-ïMcasisres ; par M. W. Carrulhers
[ibid. , octobre et novembre 1869, pp. 177-181, 224-227; mars 1870,
pp. 144-154).
Ce dernier fossile est regardé par M. Carruthers comme appartenant au
Lepidodendron selaginoides Sternb. Il en figure des coupes qui en montrent
passablement la structure assez simple ; on n’y voit dans l’intérieur du tronc
pas d’autres éléments que des vaisseaux scalariformes. Même le centre de l’axe
en est rempli; il n’y a pas de moelle proprement dite. M. Carruthers ne peut
pas admettre non plus dans ce type l’existence de rayons médullaires compa¬
rables à ceux des Dicotylédones.
Dans la seconde partie de son mémoire, M. Carruthers a figuré la structure
de V Ulodendron minus Lindl. et Hutton. 11 n’en sépare pas le genre Mega-
phyton fondé seulement sur l’observation de moules internes de la tige ; et
en distingue à peine le Bothrodendron , qui n’en diffère que par la forme des
cicatrices indiquant la place des feuilles. L’ Ulodendron minus , de même que
le Lepidodendron selaginoides, offre des vaisseaux, de grandeur différente,
dans le tissu axile qu’on serait disposé à regarder comme médullaire, et
l’on ne trouve pas dans leur tige d’autre élément que des vaisseaux scalari¬
formes. Ces deux végétaux du terrain houiller sont regardés par M. Carruthers
comme très- voisins l’un de l’autre.
Dans son troisième mémoire, M. Carruthers étudie la nature des cicatrices
présentées par les tiges de divers Ulodendron , et trace le synopsis des espèces
de ce genre de Lycopodiacées fossiles que l’on a trouvées dans la Grande-Bre¬
tagne. Ce synopsis nécessite une excursion historique intéressante, qui montre
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
140
par quels tâtonnements prolongés passe fréquemment l’étude des plantes fos¬
siles. Les Utodendron acceptés par l’auteur sont au nombre de neuf.
OsscrvazionS sial ÿciu ie <1 i Cicndacec fossili Wfïttwier/rt,
e descrizione di una specie nuova ; par M. F. Garuel ( Bulletino dcl JL Co-
mitato geologico d' Italia, juillet-août 1870, pp. 181-186); tirage à part.
Le genre Raumeria a été établi par M. GÔppert en 1844, dans le 2e volume
du Flora von Schlesien de Wiminer. M. Garuel ajoute aux deux espèces
connues de ce genre le R. Cocchiana, trouvé dans le pliocène de la Toscane,
et dédié au professeur Igino Gocchi, conservateur du musée de Florence.
Une gravure représente cette espèce.
Obi fossîl Cycadcan stiefn froiia thc sccontïary rocks ©f
Itrilaiii; par M. W. Garruthers ( Transactions of tke Linnean Society ,
t. xxvi, 1870, pp. 675-708, tab. 54-63).
Après avoir examiné la nature des fossiles rapportés aux Cycadées, Fauteur
en décrit vingt-cinq espèces appartenant à huit genres. Quatre de ces genres
sont placés dans les tribus déjà existantes de la famille des Cycadées, et deux
tribus nouvelles sont établies pour le reste des genres (1).
©n Élie gictrUicd forcsi ncar Cairo;par M. AV. Garruthers
( The geological Magazine , vol vu, 1870, pp. 306-310, tab. 14).
Après avoir décrit ce qu’on nomme la forêt pétrifiée des environs du Gaire,
Fauteur rapporte au genre Nicoliai leux espèces différentes de bois silicifiés qui
en proviennent.
On ilic structure of a Fcrn striai fromthelower eocenc ofHerne
Bay, and on its allies, recent and fossil ; par M. W. Garruthers ( Quarterly
Journal of the geological Society , vol. xxvi, 1870, pp. 3Ô9-353).
L’auteur décrit minutieusement la tige de Y Osmundites Dowkeri, et la
compare à celle de YOsmunda regalis. Il propose un arrangement nouveau
de quelques-unes des tiges de Fougères connues et provenant du terrain pri¬
maire ainsi que du terrain secondaire.
Observât ions osa souac vcgHiililc fossils froui Victoria;
par MtVI. F. de Müller et 1t. Brougli Smyth {The geological Magazine ,
vol. vu, 1870, p. 390).
Les échantillons observés par les auteurs étaient des fruits provenant de
dépôts superficiels. L'un est un fruit de Conifères voisin du Solenoitrobus , de
Bowerbook, auquel est donné le nom de Spondylostrobus Smythii. Les autres
(1) Nous rappelons que M. Carruthers a publié il y a quelques années un mémoire
important sur les Uycadées des terrains secondaires dans le Journal of Bolany , 1867,
p. I et suiv.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
m
fossiles ne sont pas déterminés, mais les auteurs en ont recherché les affinités,
et celles-ci indiquent, d’après M. de Mülier, une flore analogue à celle du
détroit forestier (forest-belt) de l’Australie orientale.
Coaitfl'ilMit s«&!6s towardv tïie fiaistory of Xtintin fjifjas
Lindl. et Huit. ; par M. W.-C. Williamson ( Transactions of the Linn.
Soc.7 t. xxvi, 1870, pp. 663-674, tab. 52 et 53).
L’auteur donne le compte rendu de la structure de différents organes qu’il
croit avoir appartenu à cette plante ; il en décrit en détail la tige, les feuilles,
les fleursmâles et les fleurs femelles.
BIBLIOGRAPHIE.
Neue Standorte Schlesischer Moose und Farne ( Nouvelles localités de
Mousses et de Fougères silésiennes) ; par M. J. Milde (68e Jahresbericht
der Schlesischen Gesellschaft fur vaterlcindische Cultur , pp. 121-130).
Verzeichniss der im Jahre 1870 bekannt gew.ordenen Fundorte neuer und
weniger haufiger Phanerogamen Schlesiens ( Catalogue des localités décou¬
vertes pour des Phanérogames nouvelles ou rares de la Silésie ) ; par
M. Engler ( ibid . , pp. 131-141). Dans ce catalogue se rencontre la descrip¬
tion d’une Violette nouvelle, Viola porphyrea von Uechtritz.
Gatalogo délie piante vascolari spontanée délia zona olearia nelle due valli
diDiano Marina e di Gervo ; par M. Luigi Ricca (Atti délia Societci italiana
di scienze naturali, vol. xm, fasc. 2, pp. 60-143). — Ge Catalogue, réduit à la
mention des espèces et des localités, renferme quelques détails spéciaux sur les
espèces suivantes : Dianthus prolifer L. var., Erodium Ciconium Willd.?,
Trifolium angusti folium L., Leucanthemum atratum DG., Lappa inter¬
media Rchb., Poh/gonum Roberti Lois., Xiphion vulgare Pari., Orchis
coriophoro-laxiflora, nouvel hybride observé par l’auteur, etc.
Sulla Cladophora viadrina del Kützing ; par Mme la comtesse Elisabetla
Fiorini Mazzanti ( Atti delV Accademia pontificia de' nuovi Lincei , anno xxn,
cahier publié le 23 avril 1869, pp. 1-2).
Genno sulla vegetazione délia cadula delle Marmore in una rapida excur-
sionedi Luglio ; par la même ( ibid ., annoxxn, 4 juillet 1869, pp. 143-144).
Nota critica sull’ anormalità di un organismo critlogamico; par la même
(ibid., anno xxiv, 1871, pp. 190-192).— H s’agit dans cette note d’une pro¬
duction crvptogamique dépourvue de fructifications, qui a été successivement
le Sporotrichum latebrarum Link, le Conferva pulveria Ag. , le Lepraria
lanuginosa Fries (3. sterilis , et que l’auteur nomme Lichen atypicum late¬
brarum. Peut-être est-ce un état monstrueux favorisé par l’obscurité et com¬
mun à plusieurs espèces. Voici la phrase de Mme Fiorini Mazzanti : « Thallo
plus minus expanso, leproso-flosculoso ; granulis coacervatis sphæricis viri-
\!\'l SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
dibus, brévia filamenta apice bifurcata emittentibus. » Nous pensons que
M. Schwendener tirerait de l’observation de cette production, intermédiaire
entre les Algues, les Champignons et les Lichens, de nouveaux arguments en
faveur de sa théorie.
NOUVELLES.
(Mai 1872.)
A la suite du dernier congrès des délégués des Sociétés savantes des dépar¬
tements, tenu à la Sorbonne pendant la semaine de Pâques, des distinctions
ont été conférées à un certain nombre de naturalistes français, parmi lesquelles
nous devons signaler les suivantes :
Ie Médailles d'or.
MM. Grenier (Charles), professeur à la Faculté des sciences de Besançon :
Travaux de botanique.
Grandidier (Alfred). Voyages scientifiques à Madagascar.
2° ? Médailles d'argent.
MM. Faivre, doyen de la Faculté des sciences de Lyon : Travaux de phy¬
siologie végétale.
Cailletet, à Châtillon-sur-Seine (Côte-d’Or) : Travaux de chimie agri¬
cole et industrielle.
En outre un arrêté de S. Exc. M. le ministre de l’instruction publique
3 accordé les titres suivants :
1° Officier de l' instruction publique.
M. Lejolis (Auguste), président de la Société des sciences naturelles de
Cherbourg.
2° Officiers d' Académie.
MM. Drouet (Henri), sous-préfet de Vouziers (Ardennes) : Travaux de
malacologie, Flore des Açores.
Dupuy (l’abbé), professeur d’histoire naturelle au séminaire d’Auch :
Travaux d’histoire naturelle.
Pomel, membre de la Société de climatologie d’Alger : Travaux
d’histoire naturelle.
— Nos confrères apprendront avec un vif regret la perte considérable que
vient de faire la science dans la personne de M. Hugo de Molli, professeur à
l’université de Tubingue et membre correspondant de l’Académie des sciences
de Paris, et celle de M. de Brébisson, Fauteur de la Flore de Normandie , si
connu par ses recherches sur les Diatomées.
— L’administration française vient défaire publiera Pondichéry un Cata¬
logue des plantes du parc colonial et du Jardin botanique et d'acclimatation
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 143
du gouvernement à Pondichéry . Ce Catalogue , qui porte le millésime de
1872 (in-8° de 80 pages, Pondichéry), est signé de M. Contest-Lacour, qui
a remplacé notre confrère M. Perrottet. De nombreux desiderata sont indi¬
qués dans ce Catalogue. L’administration du jardin serait heureuse de se
procurer ces plantes par voie d’échange. Nous trouvons en outre dans le
Catalogue un arrêté de M. le Gouverneur des établissements français dans
l’Inde, établissant des primes d’encouragement pour les introducteurs, tant
français qu’étrangers, des végétaux destinés à enrichir les collections du parc
colonial et du jardin d’acclimatation, savoir :
1° Une médaille d’or de la valeur de 500 fr. pour 350 espèces, dont 200
vivantes et les autres en graines.
2° Une médaille d’or de 400 fr. pour 250 espèces, dont 150 vivantes et les
autres en graines.
3° Une médaille d’or de 300 fr. pour 150 espèces, dont 100 vivantes et les
autres en graines.
Les bulbes, tubercules et rhizomes seront admis comme plantes vivantes.
Les envois devront être adressés à M. le Gouverneur des établissements
français dans l’Inde.
O
Ajoutons que les noms tamouls ont été placés dans le Catalogue en regard
des noms scientifiques de la plupart des végétaux, et signalons avec M. Contest-
Lacour un fait qui caractérise bien le climat éminemment aride du territoire
de Pondichéry : c’est qu’on n’y rencontre, à l’état spontané, bien entendu,
aucune espèce de Fougère, ni d’Orchidée ; on n’y rencontre pas non plus de
Conifère. Un Podocarpus australien, venant du jardin botanique de Ceylan,
n’a pu résister pendant trois jours au vent du sud, dans le jardin d’acclima¬
tation de Pondichéry.
— La question du Sumbul nous paraît embrouillée par des renseignements
fort contradictoires. On lit dans le Pharmaceutical Central blatt, 1870,
nos 39, 66, pp. 367, 368, d’après le témoignage de l’inspecteur Lungershausen,
que la plante a fleuri à Moscou. C’est une Ombellifère que M. C. Koch a
reconnue pour être le type d’un genre nouveau et a nommée Sumbulus mos-
chatus. Il paraîtrait d’ailleurs qu’il existe deux sortes de racines musquées,
originaires de l’Asie centrale et exportées, l’une par la Russie, l’autre des Indes
orientales.
Parmi les questions mises au concours en 1872 par la Société des
sciences, de l’agriculture et des arts de Lille, nous remarquons la suivante :
Faire connaître la distribution des végétaux fossiles dans le bassin houiller
du nord de la France, et indiquer les conclusions que l’on peut tirer de celte
distribution par rapporta la constitution géologique du bassin et à son mode
de formation.
Le travail doit être adressé franc de port et dans les formes académiques
\hh SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
au
15
secrétariat général de la Société, à l’Hôte! de ville, à Lille, avant le
octobre 1872.
— M. le docteur Henri Van Henrck, 8, rue de la Santé, à Anvers, désire
acquérir, soit par achat, soit par échange, des produits exotiques rares ou nou¬
veaux et intéressants au point de vue médical, commercial ou industriel.
— M. le professeur Adamowicz, conseiller d’Élat et président de la Société
impériale des médecins de Vilna, qui a pris part à la session extraordinaire
tenue par la Société à Nantes en 1861, a eu l’honneur de voir le jubilé de
son professorat célébré par la Société des médecins de Vilna, le 1/18 avril
dernier.
— Nous lisons un peu tardivement dans YAdansonia, t. ix, p. 378, que
M. E. Ramey a consiaté aux buttes Chaumont, dans le courant de l’été de
1869, la présence de YAnthoxanthum Puelii , espèce annuelle, et celle de
Y Air a brigantioca, espèce vivace, laquelle courait en abondance les pierres
qui supportent le temple de la Sibylle.
— L’herbier des Mousses de France publié par notre confrère M. F. Husnot
(à Caban, par A tliis, Orne), avec le concours de MM. l’abbé Boulay, de Bré-
bisson, Gravet, Hardy, Husnot, Lamy, Marchai, le colonel Paris et l'abbé
Puget, est parvenu maintenant à son sixième fascicule. Chaque fascicule ren¬
fermant cinquante espèces, 300 espèces ont été déjà publiées. Chaque espèce
est collée sur une feuille de papier et munie d’une étiquette imprimée ; parfois
plusieurs échantillons, formant un seul numéro, proviennent de plusieurs
localités différentes. Cet exsiccata formera certainement une base importante
à un travail sur la bryologie française ; on ne peut que faire des vœux pour sa
continuation.
— M. Buchinger, à Strasbourg, s’occupe en ce moment de la répartition
des Hépatiques de la Guadeloupe de feu IM. le docteur Lherminier. Ces plantes
ont été nommées par M. Gottsche, et sont en vente à 25 francs la centurie,
ainsi que les Mousses de même origine nommées par M. Schimper.
— On nous annonce au moment de tirer cette feuille la mort bien regret¬
table de M. Reuter, directeur du jardin botanique de Genève, décédé dans ies
derniers jours du mois de mai.
Dr Eugène Fournier,
i’aris. — Imprimerie de E. Martinet, rue Aliuuon, 2.
)
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
, (SEPTEMBRE-OCTOBRE 1871.)
N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. F. Savy, libraire de
Société botanique de France, rue Hautefeuille, 24, à Paris.
On (ïic organisa g ion of* the Calamites of the coal-
incasurc^ 5 par M. Williamson ( Proceedings of the Royal Society ,
vol. xix, n° 125).
Ce mémoire a été lu à la Société royale de Londres le 26 janvier 1871, un
second sur d’autres végétaux du terrain houiller à la même Société, le 15 juin
suivant ; nous rendons compte de ces deux travaux.
Depuis que M. Brongniart a établi son genre C alamodendron , on a été
conduit à penser que sous l’ancien type des Calamites on confondait deux
types fort différents : le Calamites proprement dit, à paroi extérieure mince
et du groupe des Equisetum , et le C alamodendron, sorte de Gymnosperme
à bois épais. L’auteur révoque en doute cette opinion et cette distinction; il
pense prouver que ces deux types sont tous deux composés d’une moelle
centrale, entourée par une zone ligneuse, renfermant elle-même un cercle de
coins ligneux et enfermée dans une écorce à parenchyme cellulaire.
Ces coins sont formés à leur partie interne de canaux longitudinaux rayés
ou réticulés s’étendant d’un nœud à l’autre, et en dehors de ceux-là, de vais¬
seaux rayés ou réticulés disposés en séries rayonnantes. Les coins ou faisceaux
sont donc séparés par des rayons médullaires primaires et leurs éléments par
des rayons secondaires. A ce point de vue, les Calamites offrent d’une ma¬
nière permanente la structure qui se présente transitoirement chez un végétal
exogène à la fin de sa première année.
L’écorce, non encore décrite, ne présente ni sillons ni crêtes longitudinales.
Elle paraît s’épaissir au niveau de chaque nœud, mais la saillie qu’elle fait à
ces points est due à une expansion de la couche ligneuse. Cette expansion est
causée par l’intercalation de nombreux petits vaisseaux arqués à concavité inté¬
rieure qui traversent chaque nœud, et qui constituent une portion de la zone
ligneusement étant sur la moelle à ce niveau.
Une modification très-curieuse de ce type est présentée par la plante que
M. Williamson a antérieurement décrite sous le nom de Calamopitus , dans
laquelle des canaux arrondis ou oblongs partent de la cavité médullaire et se
T. xviii. (revue) 10
1 Zi6
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
dirigent horizontalement à travers chaque rayon médullaire primaire, de la
zone ligneuse vers l’écorce. Ces canaux, arrangés en verticilles réguliers au-
dessous de chaque nœud, sont nommés infra-nodaux. Les cicatrices verticil-
lées, arrondies ou oblongues, que l’on voit à une extrémité des entre-nœuds
de quelques Calamites , sont les résultats de cette organisation particulière.
Dans une espèce de Calamopitus , au lieu de canaux longitudinaux terminés
aux nœuds, ces canaux se bifurquent comme les faisceaux avec lesquels ils
sont associés, et se prolongent en continuité d’un entre-nœud à l’autre.
Dans ce cas, chaque bande de tissu vasculaire appartenant à un, entre-nœud
se divise, chacune de ses moitiés va retrouver sa congénère, et, en se réunis¬
sant à elle, forme la bande vasculaire du nœud voisin.
Les Calamites produisent deux sortes de rameaux, les uns souterrains, les
autres aériens, verticillés autour des nœuds, naissant de l’intérieur d’un des
faisceaux. L’auteur croit qu’il n’y a pas de motif pour douter que quelques-
unes des Annulariées ou des Asterophyllites ne représentent ces rameaux
aériens. Les racines partent de la partie inférieure de l’entre-nœud, et étaient
probablement de nature épidermique.
La fructification des Calamites est douteuse. Quelques Volkmanniées ap¬
partiennent à ce groupe. Un seul exemple cependant a présenté la structure
des axes comparable à celle des Calamites. Les fruits figurés par M. Binney
sous le nom de Calamodendron commune ( Volkmannia Binncyi Carruthers)
n’ont pas cette structure, et il est plus que douteux qu’ils se rapportent aux
Calamites.
L’auteur propose de former pour ces végétaux fossiles un groupe voisin des
Équisétacées, et caractérisé par un feuillage verticillé, une fructification crypto-
gamique et une lige exogène. Il divise ce groupe en deux genres, Calamites
et Calamopitus.
Dans son second mémoire, M. Williamson s’est occupé des Lepidodendron
et des Sigillariées. Il décrit le Lepidodendron selaginoides , déjà étudié par
MM. Binney et Carruthers, et le regarde comme étant d’une structure exogène
imparfaite. La manière dont il en comprend la structure diffère notablement de
celle de M. Carruthers. il y signale un axe médullaire central, entouré d’un sys¬
tème de vaisseaux disposés en lames rayonnantes, que séparent des piles verticales
de cellules regardées par l’auteur comme des rayons médullaires. On remarque
encore dans le cylindre de la lige des faisceaux vasculaires qui se rendent aux
feuilles. Il passe de celte plante, par le L. IJarcourtii, aux formes plus élevées
que M. Binney a décrites sous le nom de Sigillaria vascularisée t qui présen¬
tent un cylindre ligneux très-développé. Dans un exemple qu’il cite, la face
externe du cylindre médullaire et vasculaire, détachée des tissus environ¬
nants, prend l’apparence d'un Calamites , bien qu’elle manque des constric-
tions transversales indiquant les nœuds. C’est à quelques-uns de ces cas que
Corda a appliqué le nom de Diplojcylon et Witham celui ÜAnalathmm , qui
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 147
correspondent parfaitement an Sigillaria elegans de M. Brongniart. Les
Ulodendron et les Halonia , très-voisins, s’ils ne son pas identiques comme
genres, ont une structure très-analogue à celle du Lepidodendron Barcourtii.
Aucun auteur n’a malheureusement vu encore d’exemplaire de Sigillaria
bien authentique dont l’axe interne eût été conservé.
Les Stigmaria ont été parfaitement décrits par M. Brongniart, quoique
sur des échantillons imparfaits. L’auteur les caractérise comme ayant une
moelle cellulaire sans aucune trace d’une zone extérieure de vaisseaux,
comme cela est général dans le groupe des Lépidodendrées. La moelle y est
environnée immédiatement par un cylindre ligneux épais et bien développé,
qui contient deux groupes distincts de rayons médullaires, les uns primaires,
les autres secondaires.
Il est évident que tous ces végétaux sont étroitement alliés, qu’ils const
tuent une même famille, et qu’on ne peut en séparer les Sigillaria pour les
placer parmi les Gymnospermes, comme cela a été proposé.
C’est pourquoi M. Williamson conclut à renfermer les Lepidodendron et les
Sigillaria dans une même famille. Il résulte de ses travaux qu’on pourrait
constituer avec cette famille et les Calamites une division exogène des Crypto¬
games vasculaires, tandis que les Fougères appartiennent à la division endo¬
gène. Les premiers relient les Cryptogames aux végétaux exogènes, par les
Cycadées et les autres Gymnospermes ; les secondes au contraire les ratta¬
chent aux végétaux endogènes par l’intermédiaire des Palmiers.
Ou new tree Férus ta si il olhcr fossîîs fi’osn (lie l$c voulait
{Sur de nouvelles Fougères arborescentes et autres fossiles du terrain
Dévonien); par M. J.-W. Dawson [Quar ter Ig Journal of tlie Geological
Society , août 1871).
Ce sont principalement des fossiles de l’État de New-York que M. Dawson
a étudiés dans ce mémoire. Ils appartiennent au genre Psaronius , au genre
Rhachiopteris et au genre Caulopteris. Il est bon d’ajouter que la seule
Fougère connue dans le terrain dévonien d’Europe appartient précisément
à ce même genre Caulopteris .
Oie fossile Flora «1er norclweslcleialsclien lYcaldeii-
for motion {La flore fossile de la formation wealdienne dans le
nord-ouest de V Allemagne; par M. Schenk. In-ûu de 66 pages, avec
22 planches. Cassel, chez Th. Fischer, 1871.
Nous annonçons ici une œuvre importante qu’il importe de distinguer des
mémoires consacrés uniquement à l’étude de quelques fossiles et de leurs
affinités. Cet ouvrage forme la quatrième partie des Beitrage zur Flora der
Vorwelt du même auteur. M. Schenk a voulu soumettre les fossiles du weald
allemand à un nouvel examen après les recherches de Dunker, et a fouillé tous
148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
les musées qui pouvaient lui fournir quelques documents. Voici ce que nous
remarquons à première vue de plus frappant dans son œuvre.
C’est d’abord l’identification de corps désignés d’abord par Dunker sous la
dénomination vague de Car poli thés , caractérisés plus nettement par M. Schim-
pcr, bien qu’avec un peu de doute, sous le nom de Cycadinocarpus , et qui
sont des tubercules (ou entre-nœuds épaissis du rhizome) d’un Equisetum. Des
tiges et des gaines A1 Equisetum ont été aussi rencontrées dans le même terrain.
Le Sphenopteris Mantelli Ad. Br., Fougère très-répandue à l’époque du
weald, puisqu’on la possède d’Angleterre et de France aussi bien que du
Hanovre, est comparée par l’auteur à Y Asplénium nodulosum Kaulf. Cette
Fougère, appelée Hymenopteris par Mantell, rappelle aussi beaucoupcertaines
Hyménophyllées de la Polynésie, notamment le Trichomanes Milnei.
Le Baiera pluripartita , bien que la forme de ses cellules épidermiques se
rapproche plus des Cycadées que des Fougères, est comparé par l’auteur au
Schizœa dichotoma et au Seli. elegans. Le Pecopteris Dunker i Schimp.
lui rappelle YAspidium uliginosum Kze, le P. Geinitzii lui paraît ressem¬
bler à YAlsophila Loddigesii Kze, et le P. Browniana Dunk. au Phegopteris
rudis Mett. V Hausmannia dichotoma Dunk. a été déjà rapproché par le
créateur de l’espèce du Platycerium aleicorne (1). On peut différer sur la
justesse de ces assimilations, mais on doit reconnaître qu’elles suffisent pour
caractériser une voie dans laquelle marche aujourd’hui d’une manière évidente
l’étude des Fougères fossiles, que l’on tend peu à peu à ramener dans le cadre
taxonomique des Fougères vivantes.
JH. Schenk a classé parmi les Rhizocarpées un genre nouveau jusqu’ici
propre au weald, dont malheureusement les folioles sont stériles.
Les Cycadées, assez nombreuses, et les Conifères complètent cette florule.
L’auteur a réuni sous le nom de Sphenolepis des formes élancées, grêles, à
petit galbule terminal et multiple, que d’autres auteurs avaient nommées Arau -
cardes , Juniperites , ou même Lycopodites et Muscites.
Le nombre des espèces connues dans le weald 11e dépasse pas cinquante-
sept ; il s’en trouve cinquante-deux en Allemagne. Les Dicotylédones y font
complètement défaut ; on n’y trouve qu’une Monocotylédone d’affinité dou¬
teuse, le Spirangium Jugleri Schimp.
l»aléontologie française, ou Description des fossiles de la France,
continuée par une réunion de paléontologistes sous la direction d’un comité
spécial. 2e série, Végétaux. Terrain jurassique. Livraison 1-5 : Algues; par
M. le comte de Saporta. In-12; Paris, V. Masson, 1872.
M . de Saporta commence son travail par l’examen des Algues. Il note la
(1) 11 nous paraît difficile de ne pas songer à rapprocher aussi du genre de la flore ac¬
tuelle A ntrophyum le Sagenopteris Manlelli Schenk et peut-être le Marsilidium , genres
dontM. Schenk reconnaît l’affinité.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
149
persistance opiniâtre (ce sont ses propres expressions) de plusieurs types d’ /li¬
gues, Chondrites , Siphomtes, Cancellophycus ; certaines formes du milieu du
terrain secondaire ont eu une grande ressemblance avec des espèces du silurien
etavecdes espèces tertiaires. Cette persistance des végétaux inférieurs ne saurait
étonner un savant comme M. de Saporta, qui a des connaissances étendues
dans diverses branches de la paléontologie, car il n’ignore pas que l’étude des
fossiles a souvent fourni l’occasion d’observer que les animaux peu élevés en
organisation ont une longévité bien supérieure à celle des Quadrupèdes les
plus perfectionnés. On dirait que les êtres les plus simples ont été moins déli¬
cats, moins susceptibles d’être impressionnés par les changements géologiques.
Après l’examen des Algues, M. de Saporta aborde celui des plantes ter¬
restres : Équisétacées, Fougères, Conifères, Cycadées, rares Monocotylédones.
Il ne cite pas de Dicotylédones angiospermes. Les plantes qu’il a observées lui
indiquent que la France avait à l’époque jurassique une moyenne annuelle de
25° C. , c’est-à-dire à peu près la même température qui existe aujourd’hui
dans les contrées tropicales. A en juger par les données actuelles, on devrait
croire que la végétation a été pauvre, monotone, composée presque partout
d’essences coriaces au feuillage dur et maigre; les Cycadées jurassiques étaient
encore plus petites que les Cycadées actuelles. La végétation semblerait à cet
égard avoir formé un étrange contraste avec le monde animal. En effet, à l’é¬
poque de la bouille, quand elle était luxuriante, les êtres terrestres étaient
chétifs ; des Insectes, des Scorpions, des Mille-pattes, des Reptiles, en général
de petite taille, troublaient seuls le silence des vastes forêts houillères. Au con¬
traire, à l’époque jurassique, le monde animal avait conquis sur la terre ferme
une grande importance ; à la vérité, on ne voyait pas encore des Mammifères
aussi nombreux et aussi perfectionnés que ceux de l’époque tertiaire, mais les
Reptiles s’étaient beaucoup développés : tandis que des Ichthyosaures, des
Plésiosaures, des Téléosaures peuplaient les mers, les Hélicosaures, les Mégalo-
saures régnaient sur les continents. Faut-il penser que ces puissants quadru¬
pèdes avaient pour domaines les campagnes, dont la végétation était rare et
débile ?
Ces observations, dont la reproduction nous paraît devoir intéresser les
lecteurs du Bulletin , ont été communiquées par M. Albert Gaudry à la Société
philomathique, dans une Note sur l’ouvrage de M. de Saporta.
M. de Saporta a lui-même présenté à l’Académie des sciences ( Comptes
rendus , 1872, t. lxxiv, n° 4) une note où il résume les principaux résultats
de ses recherches si étendues. 11 fait remarquer que pendant la période juras¬
sique la végétation est demeurée à peu près stationnaire, au lieu de progresser
d’une manière sensible d’un bout de la période à i’autre. Un second phéno¬
mène consiste dans la récurrence de formes similaires, mais non pas absolu¬
ment identiques, qui viennent se montrer à plusieurs reprises, après des
intervalles plus ou moins longs. On ne peut guère, dit-il, assigner à ces répé-
J 50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
titions une autre cause que la reproduction des mêmes conditions physiques,
entraînant la réalisation des mêmes combinaisons organiques.
Les Algues ont été très-abondantes en France pendant la période jurassique.
Il ne pouvait en être autrement à l’époque où l’Europe centrale formait un
archipel. Les Equisetum de cette époque se font remarquer par leur (aille élevée.
Les Fougères y présentent une association singulière de types éteints et de
types dont l’affinité avec ceux de nos jours ne saurait être méconnue. Les
Clathropteris , Thaumatopteris et quelques autres genres à nervures réticu¬
lées, dont les fructifications ont été observées, diffèrent à peine des Drynaria
actuels. Plusieurs Ténioptéridées se rangent sans trop d’efforts parmi les
Marattiées ; mais beaucoup de types se trouvent dénués de point de contact
sérieux avec les genres vivants.
Pour les Cycadées, il est à croire que celles de l’époque secondaire ne
se rattachent directement à aucune de celles que l’on observe aujourd’hui
dans l’Amérique centrale, dans l’Afrique australe, dans les îles de l’Inde et du
Japon, dans la Nouvelle-Hollande. D’ailleurs chacune de ces régions possède
des genres spéciaux de Cycadées ; il n’y a donc rien de surprenant à ce que
notre continent ait eu jadis les siennes, qui lui étaient aussi exclusivement
propres.
M. Brongniart a fait observer que les résultats exposés par M. de Saporta
sont complètement d’accord avec ceux auxquels il était arrivé lui-même rela¬
tivement à la succession des diverses formes de la végétation pendant les temps
géologiques.
Ucïjer die EinwirLmig f^aurer lîiimpfc und !S*e(allvcr-
auf «Hc Végétation {De V action des vapeurs acides et
des combinaisons métalliques sur la végétation ); par M. Freytag {Verhand-
lungen des naturhistorischen Vereines der preussischen Rheinlande und
Westphalens , 1870, Sitzungsberichte, pp. 50-59).
L’auteur conclut de ses expériences que les végétaux absorbent sans pré¬
judice les oxydes métalliques contenus dans des solutions salines très-étendues;
que cependant déjà pour 100 de sulfate de cuivre, pour 100 de sulfate
de cobalt et ■— pour 100 de sulfate de nickel en solution aqueuse font périr
les végétaux habituellement cultivés en grand. Dans un sol qui contient des
combinaisons de cuivre, de nickel et de cobalt, toutes les plantes absorbent ces
métaux en faible quantité et les déposent de préférence dans les feuilles et
dans certaines parties de la tige. Les plantes qui croissent dans la vallée de la
Wipper, entre Mansfeld et Hettstedt, vallée où le cuivre et le zinc sont répan¬
dus dans le sol, contiennent ces deux métaux dans toutes leurs parties, et
leurs cendres contiennent jusqu’à 1 pour 100 de leurs oxydes. L’auteur est
convaincu que les plantes sont forcées d’absorber tout ce qui se trouve à leur
portée, et ne possèdent pas la faculté de choisir les matériaux qu’elles absor-
BEVUE BIBLIOGRAPHIQUE .
151
bent. Il rappelle que certaines d’entre elles ont même une prédilection pour
les sols imprégnés de certains métaux: Viola lutea calaminaris, Thlaspi
alpestre , Armeria vulgaris, Festuca duriuscula , Silène inflata , qui con¬
tiennent souvent dans leurs cendres plusieurs unités d’oxyde de zinc pour 100.
VAlsine verna se trouve tantôt sur les sols à calamine, tantôt sur les sols à
minerais de cuivre, et l’un de ces métaux remplace l’autre dans sa constitution
et dans ses cendres. On comprend l’importance que ces données ont pour
l’hygiène, pour l’agriculture, pour l’alimentation des vaches laitières, etc,
Osa Hic source ot* radix miuoris off jôliariîia-
cologisds ; par M. Henry F. Hance ( The Pharmaceutical Journal ancl
Transactions , 3e série, n° 65, septembre 1871, pp. 246-248, et The Jour¬
nal ofthe Linnean Society , vol. xm, n° 65, pp. 1-7).
Ce mémoire doit être consulté après celui que M. Hanbury a publié dans
le même recueil (2e série, t. xiv, p. 418) sur quelques sortes rares de Carda¬
mome. L’auteur désirait déterminer sur les lieux, en Chine, (on sait qu’il est
vice-consul d’Angleterre à Whampoa), quelle est l’espèce qui fournit le véri¬
table Galanga, drogue exportée en grande quantité de la Chine méridionale.
Il a eu sous les yeux des échantillons apportés du pays de production par
M. Taintor, avec des notes prises sur le vif. Il a reconnu cette plante, qu’il
décrit sous le nom à'Alpinia officinarum, comme distincte de 1 VI. calcarata
Roscoe, bien qu’il n’en ait pas vu les fruits. VA. officinarum forme le n° 16866
de ses exsiccata.
lI&«torical Notes on tlic radix Galangæ ©f pliarmacy ;
par M. D. Hanbury ( The Pharmaceutical Journal and Transactions ,
3e série, n° 65, septembre 1871, pp. 248-249, et The Journal of the
Linnean Society , vol. xm, n° 65, pp. 20-25).
A l’occasion des observations de M. Hance, M. Hanbury a écrit un article
fort intéressant sur l’histoire pharmaceutique du Galanga; il se résume de la
manière suivante.
1° Le Galanga a été indiqué par le géographe arabe Ibn Khurdàdbah, dans
le ixe siècle, comme produit par une région d’où l’on exportait du musc, du
camphre et du bois d’aloès. 2° Il était employé par les Arabes et les médecins
de la Grèce au moyen âge, et fut connu dans l’Europe septentrionale au
xite siècle. 3° Il fut importé pendant le xme siècle avec d’autres épices de
l’Orient par la voie d’Aden en Syrie, d’où il était porté dans d’autres ports de
la Méditerranée 4° Deux espèces de Galanga ont été signalées par Garcia
d’Orta en 1563; on les trouve encore dans le commerce : elles sont fournies
respectivement par l’ Alpinia Galanga Willd. et par VA. officinarum Hance.
5° Le Galanga est encore employé en Europe, mais plus considérablement en
152
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE,
Russie qu’ailleurs. Il est employé aussi dans l’Inde ; ou l’embarque pour des
ports du golfe Persique et de la mer Rouge.
JBcitrcige xur Kciintniss lier Gattung IVnias L. (Recherches
sur le genre — ); par M. P. Magnus, In-4° de vin et 64 pages, avec huit
planches lithographiées. Berlin, 1870.
Ce mémoire est divisé en huit chapitres : le premier est relatif à l’his¬
toire du genre; le deuxième traite de la germination et de la structure
morphologique; le troisième delà constitution delà fleur; le quatrième
du développement de celle-ci, ainsi que du bourgeon initial de la tige ;
le cinquième de la signification morphologique des parties florales ; le
sixième de la structure et du développement des enveloppes de la graine ;
le septième de la forme des feuilles; le huitième de l’anatomie de la tige et
des feuilles. Enfin, un neuvième article renferme quelques remarques de
taxonomie.
Sur la partie morphologique de ce travail, nous renverrons à mie note de
M. Magnus que nous avons signalée dans un numéro précédent (voy. plus
haut, page 18). D’après ce botaniste, la structure florale du N nias s’éloigne
assez de celle des Potamogeton , Zannichellia , Ruppia et Z os ter a, pour que
ce genre doive constituer à lui seul la famille des Naïadées, les autres étant
réservés pour celle des Potamées. On voit qu’il est d’accord avec MM. Gre¬
nier et Godron.
M. Magnus adopte les deux sections Eunaias Asch. et Caulinia Willd.
HiiiiiflaecarfBBn itaHcaruiii conspcctus ; auctore P. Magnus
(Nuovo Giornale botanico italiano, vol. il, n° 3, juillet 1870, pp. 1 86-189).
Trois espèces seulement composent cette note que nous rapprochons à des¬
sein du mémoire précédent. C’est la marque heureuse de notre époque de voir
la science se faire internationale et le meme savant tracer simultanément l’élude
de la même famille dans des flores diverses. Cette division du travail général
l’abrège et le rend meilleur.
L’auteur rapporte au Naias graminea Del. non-seulement le Caulinia
alaganensis Poil., mais encore Je N. tenui. folia Ascherson non R. Br. et
le N. serratistipula de M. Maximowicz.
Note star le Sparte et sur quelques autres végétaux algériens, suscep¬
tibles d’être utilisés dans la fabrication du papier; par M. Turrel-Wattel
{Rulletin de la Société d'acclimatation, seplembie-octobre 1871 , pp. 688-
495).
L’Alfa (1) des Arabes ( Stipa tenacissima) est depuis longtemps connu dans
le commerce de l’Espagne, par le nom qu’on donne à sa feuille, Esparto , d’où
(1) Il paraîtrait que les Arabes confondent sous le nom d’Alfa plusieurs Graminées
d’apparence et de propriétés analogues.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
153
les termes français sparte et sparterie. La grande qualité de ce textile est sa
grande ténacité, qui le rend propre au tissage de cordes grossières, et sa résis¬
tance h la fermentation. Aux environs de Marseille, on en tresse des paniers et
des nattes. En Espagne, on en tapisse les murailles des chaumières, parce que
la punaise ne se loge jamais dans les nattes faites avec ce végétal. C’est surtout
pour l’industrie de la papeterie que les fibres de ce Stipa sont utiles. Le Times
est imprimé sur du papier de Sparte. En 1870, l’importation du Sparte
d’Oran en Angleterre a été de 370 000 quintaux métriques, soit de 6 à 7
millions de francs. M. Anicet Digard a pensé que l’activité et le bien-être
procurés aux Arabes de la province d’Oran par cette nouvelle branche de
travail agricole sont probablement pour beaucoup dans le calme qui a régné,
lors de la dernière insurrection, dans cette partie de l’Algérie.
L’auteur insiste sur la possibilité d’acclimater le Sparte dans le midi de la
France. Ii l’a cultivé sans interruption de 18ââ à 1871.
Mole sur le Sparte et sur plusieurs autres végétaux algériens susceptibles
d’être utilisés dans la fabrication du papier ; par M. Raveret-Wattel ( ibid .,
novembre 1871, pp. 571-576).
Ce petit mémoire contient quelques renseignements à ajouter aux précé¬
dents. L’Alfa peut revenir en France à 15 ou 30 francs le quintal, prix bien
inférieur à celui du chiffon de choix, qui dépasse souvent 50 francs. Les indi¬
gènes de la province d’Oran tirent de l’exploitation de l’Alfa un bénéfice assez
sérieux pour qu’en 1870, plutôt que d’abandonner cette récolte, ils aient
renoncé à couper leurs grains.
A côté de l’Alfa il faut citer le Diss ou Drin des Arabes (Arundo festu -
coides ), qui laisse 80 pour 100 de matières utiles, particulièrement de fila¬
ments textiles ; le Chamœrops humilis, qui fournit du papier à lettres glacé,
très- élégant. Les fils qu’on retire des racines du Chamœrops sont susceptibles
de la plus grande division, tout en étant d’une solidité remarquable. Le Cha¬
mœrops se vend sur place de h à 5 fr. le quintal, et la pâte se vend, à l’usine
de M. Foucault, à Alger, au prix de 20 à 22 fr. les 100 kilos.
llycological Illustrations, being figures and descriptions of new and
rare Hymenomycetous Fungi ; édité par MM. W. Wilson Saunders, Wor-
thington G. Smith et A.-W. Bennett. Part I, in-8°, Londres, chez John
van Voorst, 1871. — Prix: 13 fr. 15.
Les auteurs se proposent de décrire sous ce titre une série d’Hyménomv-
cètes dessinés d’après des échantillons frais et bien développés et appartenant
à des espèces nouvelles ou rares non encore figurées en Angleterre. Les
planches sont lithographiées par M. W. G. Smith lui-même. Celles de la pre¬
mière livraison représentent les espèces suivantes : Cantharellus radicosus
Berk. et Br., Agaricus (Heheloma) sinapizans Fr., Cortinarius (Mgxacium)
15/4 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
stillatitius Fr., Cortinarius ( Trioloma ) callisteus Fr., Agaricus (. Pleurotus )
corticatus Fr., Agaricus [ Armillaria ) mucidus Fr., Agaricus [Pleurotus)
atro-cœruleus Fr., Agaricus ( Pleurotus ) lignatilis Pers. , Agaricus [Pleu¬
rotus) craspedius Fr. , Gomphidius glutinosus Fr., Agaricus [Pholiota) auri -
ve/lusBatsch, Cortinarius [Phlegmacium)dibaphusFi\, Agaricus (Hebeloma)
sinuosus Fr. , Cortinarius [ Phlegmacium ) fui gens Fr., Agaricus [Clitocybe)
fumosus P., Boletus calopus Fr., Cortinarius (Dermocybe) caninus Fr.,
Lactarius pallidus Pers. , Boletus pachypus Fr. , Agaricus [Pholiota) squar -
rosws Miill. , Agaricus (Pholiota) J unoni us Fr., Coprinus lagopus Fr., Agw-
ricus [Amanita) adnaius, sp. nov., Agaricus [Hebeloma) obscurus P.,
Cortinarius [Phlegmacium) cœrulescens Fr. , Agaricus ( Lepiota ) holosericeus
Fr., Agaricus [Lepiota) polystictus Berk., Agaricus [Hypholoma) dispersas
Fr,, Agaricus [Hypholoma) hydrophilus Bull.
Hinigc SSeiiicrkiisugcsi zu «les* FoSgcrsiBigen ans seinen Beo-
bachtungen liber Schwârmsporen-Paarung [Quelques remarques explica¬
tives sur les conclusions tirées de ses observations sur la copulation des
zoospores) ; par M. N. Pringsheim (. Botanisclie Zeitung , 1870, n° 17,
col. 265-272 ; traduit clans Ann. sc. nat. 5e série, t. xii, pp. 211-218].
Nous avons fait connaître (t. xvii, Revue , p. 36) l’important mémoire de
IM. Pringsheim sur la copulation des zoospores, mémoire qui a ouvert un
point de vue nouveau dans la science. M. DeBary a accompagné l’analyse qu’il
en a donnée dans le Botanisclie Zeitung (1870, n° 6, col. 90-93) de ré-
flexions critiques. iM. De Bary ne peut accepter dans toute son étendue la
comparaison que M. Pringsheim a admise entre les cellules sexuées femelles,
considérées en général dans le règne végétal, et la zoospore [Schwàrmspore) du
Pandorina et d’autres Algues analogues. Il demande en quoi consiste la res¬
semblance de ces formations différentes ; si elle est due à la présence de la
tache germinative qui correspond à l’extrémité incolore de la zoospore. Mais
cette tache manque aux Fucacées, aux Saprolegniées, aux Péronosporées et
peut-être à certaines Phanérogames. Abstraction faite de ces derniers Cham¬
pignons, ce qu’il y a de commun à tou tes les cellules sexuées femelles signalées
jusqu’ici, aussi bien qu’aux produits fertiles de la copulation de la plupart
des Conjuguées, c’est que ce sont, au moment de la fécondation, des cellules
primordiales dépourvues de membrane propre et libres d’adhérence à la paroi
de la cellule-mère, ou autrement des masses plastiques isolées du système
végétatif. En cela, toutes les cellules femelles, sans exception, imitent les
zoospores ; mais pour la forme et la structure, elles leur ressemblent souvent
très-peu [Ann. sc.nat . , 1. c., p. 210).
M. Pringsheim, dans son second mémoire, insiste sur les caractères que
présente le Pandorina , et qui sont intermédiaires entre le groupe des Con¬
juguées et celui des Zoosporées. L’acte fécondateur du Pandorina montre,
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
155
dit-il, un acte copulatif dans la classe des Zoosporées. Répondant à M. De
Barv, il fait observer que des recherches ultérieures rendront sans doute
raison de l’absence apparente de la tache germinative dans les Saprolegnia ,
les Fucus et les Peronospora ; il suffit de songer que personne jusqu’ici ne
s’est appliqué à la découvrir, et qu’elle n’a été observée dans les Ptéridées et
les Muscinées que lorsqu’on s’est pris à l’y chercher.
Quand on compare la fécondation du Pandorina avec celle de YOEdogo-
nium , puis les gonosphères immobiles de ce dernier genre avec ses zoospores,
androspores et spermatospores, il est impossible, dès qu’on sait que les gono¬
sphères peuvent revêtir la forme de zoospores, de ne pas être très-frappé de ce
qu’ici, sans nul doute, la cellule sexuée femelle est une zoospore qui a perdu
ses cils, et que les diverses fonctions physiologiques de la génération sexuelle
et de la multiplication asexuelle sont remplies par des formes diverses de
zoospores.
Ce fait acquiert plus de valeur quand on réfléchit aux modifications graduel¬
lement croissantes que subit la forme de la zoospore dans les genres voisins,
comme celui des Vauchériées, par exemple; ces modifications sont surtout
frappantes, si l’on compare aux zoospores ordinaires. des Vaucheria celles de
l’ancien Vaucheria marina ( Derbesia des auteurs modernes).
M. Pringsheim, allant plus loin, compare la tache germinative de la cel¬
lule femelle au rostre de la zoospore, et considère cette tache comme l’extré¬
mité radiculaire du rudiment embryonnaire, que celui-ci soit vésicule em¬
bryonnaire ou gonosphère.
En terminant, il déclare que le débat né entre lui et M. De Bary ne lui
paraît plus maintenant devoir porter que sur la question desavoir dans quelles
limites il faut reconnaître que les cellules sexuées femelles des végétaux sont
des zoospores modifiées.
Flofl'a I»i'HSâlicn$îs.
L’œuvre gigantesque commencée sous les auspices du gouvernement brési¬
lien par M. de Marti us se continue sous l’intelligente direction de M. le pro¬
fesseur Eichler. Sa Majesté l’Empereur du Brésil, à son passage en Allemagne,
a été heureuse de constater ces progrès.
Le fascicule A9, consacré aux Cyathéacées et Polvpodiacées, était paru en
mai 1870 (1). Il fait suite aux Ilyménophyllées et aux Fougères anomales qui
avaient été décrites, il y a longues années, dans le même ouvrage par Sturm.
Il est dû à M. Baker. Au milieu de la confusion qui règne encore dans la pté-
ridographie, on accueillera avec un vif intérêt une publication qui aura une
importance incontestable pour l’étude des Fougères d’Amérique en général,
(1) Par suite des événements, ce n’est qu’au mois de mai 1872 que le rédacteur de
cette Revue a pu prendre connaissance de cet ouvrage et des suivants, que leur prix
élevé éloigne de la plupart des bibliothèques.
156
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
quelque idée qu’on se forme sur l’étendue de l’espèce. Si cette dernière notion
est assez contestée en général, elle l’est surtout peut-être par les ptérido-
graphes, parmi lesquels M. Fée a étendu jusqu’à des limites extrêmes la dis¬
tinction des formes, tandis que les naturalistes anglais, et ce qu’on peut
nommer à bon droit l’école de Kew, inclinent à réunir des types séparés par
d’autres botanistes et même par des voyageurs qui les avaient vus vivants,
souvent sans les distinguer même à titre de variétés. Il est à regretter assu¬
rément que M. Baker n’ait pas eu sous les yeux les matériaux très-nom¬
breux renfermés dans l’herbier de M. Fée, dont il n’a pu citer l 'Histoire
des Fougères du Brésil , parue quelques semaines seulement avant son livre.
Mais il est un mérite qu’on devra reconnaître à M. Baker, c’est la recherche
soigneuse du nom princeps, qu’on doit surtout demander aux monographes,
et qu’on est cependant heureux de trouver chez les Aoristes. On lui devra
aussi la connaissance de quelques types nouveaux, provenant principalement
des récoltes de M. Glaziou; il est à espérer pour la science qu’ils ne font pas
double emploi avec ceux qu’a décrits M. Fée sous d’autres noms.
Trois sortes de planches, atteignant au total le nombre de 50, accompa¬
gnent ce livre. Les unes ont été obtenues par la méthode d’impression sur
nature, et représentent des fragments de frondes d’un grand nombre d’espèces.
Les autres représentent fort grossis les organes de la fructification des types de
genres ou des sections de genres ; les dernières représentent certaines espèces
non pour leur nouveauté, mais pour l’intérêt qu’elles présentent, ou parce
qu’elles n’avaient pas encore été figurées. — Voy. t. XVIII (Revue), p. 20.
Le 50e fascicule, 25A pages et 66 planches, est consacré aux Swartziées et
Césalpiniées ; il est l’œuvre de M. Bentham» Il débute par quelques additions
aux Sophorées traitées antérieurement dans le Flora brasilicnsis par le même
savant. Les genres Tounatea et Possira d’Aublet sont réunis par M. Bentham
dans le Swartzia Schreb., qui comprend quarante-huit espèces. Le genre
Cassia (1), après de nombreuses suppressions, en retient encore cent quatre-
vingt-neuf; le Bauhinia soixante-quatre.
Depuis le commencement de l’année 1871, il n’a pas paru moins de six
fascicules du Flora brasiliensis, portant les n° 51, 52, 53, 5A, 55 et 56.
Le fascicule 51, œuvre de M. Doell de Baden, commence la famille des Gra¬
minées, mais ne renferme que les petites tribus des Oryzéesetdes Phalaridées.
L’auteur regarde les glumellules comme étant tantôt de nature périgoniale,
tantôt de nature stipulaire. Le genre Oryza rentre comme section dans le
genre Leersia. L’auteur a figuré 1 ’O. sativa et l’O. monandra , le Coix La-
crgma , le Z eu Mays et un petit nombre d’autres Graminées plus rares.
Le fascicule 52, outre un supplément de M. Meissner à ses Convolvulacées,
(1) Ce genre difficile et nombreux a été l’objet d’une étude spéciale et faite à un
point de vue général par M. Bentham, qui en a publié une monographie dans les Trans¬
actions de la Société Linnéenne de Londres pour 1869.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
157
relatif à la géographie et aux usages, contient les Cuscutacées, par M. Progel,
ainsi que les Hydroléacées et les Pédalinées,par M. A. -AV. Bennett de Londres.
M. Progel réclame le rang de famille pour les Cuscutacées, en se fçndant sur
la structure de leur embryon, la quantité de leur albumen et l’estivation sim¬
plement imbriquée de la corolle. Il rapporte toutes les plantes de la famille
au seul genre Cuscuta , et donne un tableau de toutes les espèces de Cuscuta¬
cées tropicales et subtropicales. Il fait connaître dix-huit Cuscutacées du
Brésil, en suivant les travaux de M. Engelmann dans l’arrangement des espèces,
comme dans la description des organes.
Les Hydroléacées sont également maintenues par M. Bennett comme un
ordre à part. Cinq Hydroica et un Wigandia constituent en tout cet ordre
dans la flore brésilienne. Les Pédalinées comptent deux genres d’une espèce
chacun et un de trois espèces.
Le 53e fascicule renferme les Iridées ; il est l’œuvre du docteur Klatt, de
Hambourg, et renferme huit planches. Il établit que les espèces connues du
groupe montent à quatre cent soixante-dix, dont deux cent cinquante et une
en Afrique, une centaine en Amérique, cinquante en Asie, quarante-deux
en Europe et douze en Australie. Il yen a cinquante-sept au Brésil, dont
vingt et une espèces de Sisyrinchium , genre également très-commun au
Mexique. Le Tigridia Pavonia se rencontre dans les deux pays.
Le fascicule 5A comprend les Escalloniées et les Cunoniacées, parM. Engler
de Breslau, ainsi que les Connaracées et les Ampélidées, par M. Baker de Kew.
On compte quarante-trois espèces d ' Escallonia au Brésil, et presque autant
de Weinrnannia. Les trente-cinq espèces de Connaracées brésiliennes sont
réparties en quatre genres ; les détails iconographiques qui leur sont consacrés
remplissent sept planches. Les Ampélidées présentent trente-cinq espèces de
Vitis (en prenant ce genre dans le sens le plus large).
Le 55e fascicule est tout entier dû à M. le professeur Eichler. Il contient
les Violariées, Sauvagésiées, Bixacées, Cistacées, Canellacées. Les Bixacées
renferment les Samydées et les Homalinées. Le genre Leonia est rangé parmi
les Gênera Violaceis affinia . Les Canellacées sont réduites au seul genre Cin-
namodendron. Ce fascicule est accompagné de 36 planches.
M. Rohrbach a traité dans le 56e fascicule des Tropéolées, Molluginées,
Alsinées, Silénées, Portulacées, Ficoïdées et Élatinées. Nous y trouvons des
détails très-importants sur la manière dont le monographe autorisé des Silene
comprend la classe des Caryophyllinées. Il y réunit sans aucun doute les
Nvctaginées, Amarantacées, Basellacées, Chénopodiacées, Phylolaccées ; il en
exclut les Polygonées dont l’embryon reste droit ; il doute que les Cactées
doivent y être légitimement comprises. Il étudie les discussions qui se sont
élevées sur l’admission de diverses familles dans ce groupe. Les Mesembrian-
themum , dont la placentation varie dans certaines espèces, l’ont toujours cen¬
trale dans l’origine, ainsi que l’avait vu Payer. La famille des Portulacées est
158
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
restreinte aux genres à calice disépale. Dans les Ficoïdéès, l’auteur place le
Mesembrianthemum , les tribus des Tétragoniées et des Aizoïdéesde M. Fenzl,
ainsi (pie celle des Sésuviées, dont il exclut le Cypselea (Alsinées) et le genre
Portulaca. Les Molluginées ne renferment que les genres Orygia , Macar-
thuria , Glinus , Mo/lugo , Pkarnaceum, Hyperteles et Cœlanthus. Ce fasci¬
cule contient 20 planches.
Note sur V JEiipiiOfbitw revint fera Mieieg-, suivie de quelques
considérations sur lagéographie botanique du Maroc; par M. E. Cosson (Bul-
letin de la Société royale de botanique de Belgique, séance du 7 mai
1871, t. x, pp. 5-12) ; tirage à part en brochure in-8° de 10 pages.
M. Cosson trace dans cette note une description complète d’une espèce ma¬
rocaine encore peu connue, Y Euphorbia resinifera , décrite par Berg et
Schmidt dans les Offizinalischen Gewachse, tab. 3ù d, f, m — x, et signalée
sous le nom d 'E. officinarum'l par Jackson dans An account of the empire
of Marocco. Il a pu en examiner un échantillon vivant dans les serres de Kew
et en trouver des fragments à Bruxelles dans la riche collection de produits
végétaux qui forme le complément pratique de l'herbier de Martius, et à
Anvers dans l’herbier de M. Van Heurck.
VE. resinifera , par ses rameaux charnus à quatre angles, par les coussi¬
nets conlluents avec les angles des rameaux, par l’absence des feuilles cauli-
naires, par ses épines stipulaires-géminées, par les graines dépourvues de
caroncule, etc., appartient à la section Diacanlhium Boiss. in DC. Prodr. XV,
sect. Il, 78, groupe des biaculatæ , où il doit être placé à côté de VE. cana -
riensis L. Cette plante indique une affinité évidente entre la llore du Maroc
méridional et celle des Canaries, affinité en outre démontrée par la coexistence
dans les deux pays d’un groupe notable d’espèces, et de plantes voisines qui
paraissent se représenter mutuellement dans chacun d’eux. Quelques-unes
des plantes du premier groupe n’ont encore été observées qu’au Maroc et aux
Canaries. On pourrait tirer de ces faits la conclusion que la végétation des
Canaries ne constitue pas un type aussi à part que l’on pouvait le croire avant
ces dernières explorations.
Il est probable que le dernier voyage exécuté au Maroc par MM. J. Hooker
et J. Bail, fournirait de nouveaux arguments à l’opinion exposée par
M. Cosson.
I>*e lÈewegttng «les liiiàl liens! ieles von Alisma (/,e mouve¬
ment de la tige florale de /’Alisma) ; par M. Fr. Millier {Jenaische Zeit¬
schrift, t. V, 2e partie, pp. 133-137); tirage à part en brochure de cinq
pages.
L’auteur a fait quelques recherches sur la nutation de la hampe de Y Alisma
macrophyllum, cas particulier non décrit encore des phénomènes de nuta-
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 159
tion présentés assez communément par les axes qui s’allongent par leurs
extrémités.
Le genre Alisma a encore offert à M. Clos le sujet d’observations résumées
dans les Comptes rendus , 1870, 1er semestre, p. 1416. Cette note n’est guère
que le sommaire de celle qui a paru dans le Bulletin de la Société, t. xvn,
p. 279.
l'clicr clic « Chemisa ssJioBi » fut RButliciuttaiiclc «1er Ails-
niaceeu (Sur la « gémination » dans V inflorescence des Alismacées);
par M. F. Buchenau (. Botanische Zeitung , 1871, n° 2, col. 17-22).
Dans cette note, M. Buchenau critique vivement le terme de gémination
employé par M. Clos dans le travail que nous venons de citer, et dont M. Clos
ne s’est peut-être servi que pour désigner l’aspect extérieur du phénomène,
qu’il rapporte lui-même à un excès de contraction des entre-nœuds de sépa¬
ration de ces verticilles.
M. Buchenau regarde connue établi par la morphologie comparée et par
l’organogénie, que les rameaux rapprochés et inégalement développés que
l’on observe dans l’inflorescence des Alismacées appartiennent à des axes de
degrés différents.
Nactiti’ag-c zu den im ersten und zweiten Bande dieser Abhandlungen
verôffenllichten kritischen Zusammenslellungen der bisjetzt beschriebenen
Butomaceen, Alismaceen und Juncagineen ( Additions aux comparaisons
critiques publiées dans le premier et le deuxième volume de ces Abhand¬
lungen pour les Butomèes, Alismacées et Juncaginées connues jusqu' ci
ce jour ) ; par M. Fr. Buchenau ( Abhandlungen hersgg. vom naturwis-
senschaf (lichen Vereine zu Bremen , t. il, 3e partie, pp. 481-503).
Brême, 1871.
Nous renvoyons à un article publié dans la Revue , t. xvi, p. 148, pour les
travaux antérieurs de JV1. Buchenau. Dans le mémoire que nous analysons main¬
tenant, ce savant passe en revue successivement les trois familles dont il a fait
l’objet spécial de ses études, et renvoie, page par page, a son mémoire anté¬
rieur qu’il annote au sujet de chaque espèce. Les récoltes nouvellement faites
par M. Schweinfurth en Abyssinie sont pour beaucoup dans les additions faites
par M. Buchenau. Il trace un conspectus nouveau des espèces du genre Tri-
glochin. Enfin il donne le catalogue complet de toutes les Butomèes, Alis¬
macées et Juncaginées admises par lui.
Après ce travail vient une deuxième addition, datée du 1er avril 1871 ^
nécessitée par la publication de la deuxième partie (1870) des Illustrations de
la flore de l’Archipel indien de M. Miquel.
J 60
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Chfoi'otiiciyon , elt uylt slagte of Caulcrpccrnes srupp
(Le Chlorodictyon, nouveau genre du groupe des Caulerpées ) ; par M. J.
Agardh (ibid. , n° 5, pp. A27-A34, avec une planche).
Cette Algue a été observée dans l’herbier de M. J. -E. Gray, sans aucune
indication d’origine. En voici les caractères principaux : « Frons caule teretius-
culo proslrato hic illic verrucis prominentibus radicante, foliisque ambitu
defmitis stipitatis, lamina tola fenestratis, a caule provenientibus, aut prolifi-
cationum ad instar a folii parte læta excrescentibus constans, tota unicellu-
laris, intra membranam crassain, fibris dense intertextis constitutam, massam
granulosam fibris adhærentem fovens. Substantia Caulerpæ cujusdam tenax;
color totius ex viridi lutescens. — Ch. foliomm J. Ag. »
Uclicr Eiiesclikollicu «1er Vorwclt ( Sur les Typha du temps
vassé) ; par M. Unger (Sitzungsberichte der hais. Akademie der Wissen-
schaften , Math.-natur. Classe, janvier 1870, pp. 94-116, avec trois
• planches).
Dans son historique, le professeur que l’on a perdu dans de si tristes cir¬
constances (et dont la carrière a été depuis racontée avec éloges parM. Leitgeb
dans le Botanische Zeitung, 1870, n° 16), a commencé par réunir au genre
un certain nombre d’échantillons fossiles qui avaient été attribués à
des Graminées. Pour prouver qu’il est dans le vrai, et pour justifier ses com¬
paraisons, il trace la structure anatomique d’espèces vivantes de Typha ; c’est
seulement après cette exposition, faite sur le T. angustifolia et le T. latifolia ,
qu’il trace le synopsis des Typhacées fossiles, qui sont au nombre de quatre
Typha et de sept Sparganium. Ces fossiles proviennent pour la plupart du
terrain miocène.
Itidrag; fil Kuudskab om Ynldnml plan f craie ( Recherches sur
les Juglandées) ; par M. A.-S. OErsted ( Videnskabelige Meddlelser fraden
naturhistoriske Forening i Kjobenhavn , 1870, pp. 159-1 74, avec deux
planches).
Tandis que le Juglans et le Carya ont les cotylédons épais, charnus,
sinués, restant pendant la germination inclus dans le péricarpe, et étant par
conséquent hypogés, le Pterocarya, au contraire, en a de foliacés et irrégu¬
lièrement plissés dans la graine, qui, pendant la germination, deviennent
épigés, verts et divisés en quatre lobes. Les épis femelles apparaissent chez le
Pterocarya dans l’été qui précède leur épanouissement, de même que les
épis mâles.
La seconde partie du mémoire de M. OErsted contient des renseignements
sur une Juglandée qu’il a découverte dans l’Amérique centrale, et qui offre
de l’intérêt en ce que les espèces avec lesquelles elle a la plus grande affinité
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
161
appartiennent à Y Engelhard ti a, genre indien. Telle est en effet l’affinité
reconnue par M. Casimir DeCandolle. MaisM. OErsted soutient, en se fondant
sur les détails d’une analyse délicate, que l’arbre américain doit constituer un
genre ‘particulier, qu’il nomme Oreamunoa. Il divise les Juglandées en En-
gelhardtiées (Pterocarya, Engelhardtia , Oreamunoa ); Juglandées propre¬
ment dites ( Jugions , Carya ), et Platycaryées ( Platycarya ).
L’apparition de Y Oreamunoa, type asiatique, dans l’Amérique centrale,
paraît à l’auteur devoir être expliquée par ce fait que les Juglandées étaient
très-répandues à l’époque miocène, principalement en Europe, d’où elles ont
maintenant complètement disparu ; l’Amérique et l’Asie ont reçu de la même
source commune, c’est-à-dire de l’Europe, qui a formé un seul continent avec
l’Amérique, les espèces mères des formes de Juglandées qu’elles renferment
encore aujourd’hui.
Hea* centralamerikaiiskc Amltatrne ( Copalme de V Amérique
centrale) ; par M. A. -S. OErsted ( Videnskabelige Meddelelser fra den na-
turistoriske Forening i Kjobenhavn , 1870, pp. 150-158).
Le Liquidambar macrophylla OErst. a été déjà signalé par M. OErsted,
dans sa belle publication intitulée Y Amérique centrale. L’auteur donne ici la
diagnose de cette espèce, que nous reproduisons : « L. foliis 10 pollices longis,
lobis e basi ovata longe acuminatis, nervis mediis loborum infimorum liberis,
slipulis oblongis, ala seminis dimidiam totius seminis partem æquante, cotvle-
donibus lineari-ovalibus. »
Le Liquidambar styraciflua L. présente les caractères suivants : « foliis 5-6
pollices longis, lobis breviler acuminatis, nervis mediis loborum infimorum
cum nervis mediis loborum vicinorum inferne connatis, slipulis ovatis, ala
seminis tertiam v. quartam totius seminis partem æquante, cotyledonibus
ovalibus. »
M. OErsted donne en outre quelques détails sur l’orographie et la végétation
de la province de Ségovie (Nicaragua), d’où provient cette espèce.
Crmiifllagc eûtes Systèmes dci* I*yi*eiiomycetcim ( Principes
fondamentaux d'un Systema des Pyrénomycètes) ; par M. Th. Nitschke
{Verhandlungen des naturhistorischen Vereines der preussischen Rhein -
lande und Westphalens , 1869, 26e année, 2e partie, Correspondenzblatt ,
n° 2, pp. 70-77).
Dans la communication que nous signalons, et qui a été faite à la vingt-
sixième réunion générale de la Société d’histoire naturelle pour la Prusse
rhénane et la Westphalie, M. Nitschke établit un Systema complet quant
aux divisions supérieures de la classe. Il s’en réfère d’abord au Selecta Fun-
gorum Carpologia ; il n’y a maintenant pour les mycologues qu’à mettre en
œuvre, pour l’élaboration ultérieure d’une classification, les résultats obtenus
T. xviil (revue) \\
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
16*2
sur le développement et sur la structure du fruit des Pyrénomycètes, par
MM. Tulasne et par les naturalistes travaillant dans la même voie. Cependant
M. Nitschke s’éloigne, par quelques différences dans le détail, du plan suivi par
les savants mycologues français. La connaissance d’un nombre de types beau¬
coup plus considérable l’a engagé à multiplier les genres. Les données organo-
géniques étant encore incomplètes, et même le polymorphisme des fruits étant
encore à constater pour un grand nombre de types, on ne peut établir, dans
l’état actuel de la science, qu’un système qui, bien fondé sur la morphologie,
ne répugne pas aux faits connus d’organogénie.
Les familles reconnues par M. Nitschke dans les Pyrénomycètes sont au
nombre de douze, qu’il caractérise par une courte diagnose. Nous croyons
suffisant de les mentionner avec leur numéro d’ordre, certains que les myco¬
logues les reconnaîtront toujours ; ce sont les suivantes : 1. Hypocreaceæ.
2. Nectriaceæ. 3. Xylarieæ. U. Dothideaceæ. 5. Diatrypeæ. 6. Valsaceæ.
7. Cœlosporeæ. 8. Massarieæ. 9. Sphæriaceæ. 10. Pleosporeæ. 11. Sphærel-
laceæ. 12. Perisporiaceæ.
Les Sphæriaceæ sont divisées par M. Nitschke en Sphœrieœ , Hemisphœriece ,
Ceratostomeœ , Gnomonieœ et Lophiostomeœ.
Dans un essai de classification parallèle, il dispose ces types en trois séries
de la manière suivante :
Hypocreaceæ, .......
Dothideaceæ .
Diatrypeæ . . .
Cœlosporeæ .
Valsaceæ . . .
t
Nectriaceæ,
Sphærieæ . \
Ceratostomeæ . . i
Perisporiaceæ. . . .
\ Massariaceæ.
( Pleosporeæ.
Hemîsphærieæ.
Gnomonieæ.
Lophiostomeæ.
Sphærellaceæ.
jPyreiumiycelcs getfitfstuici; par M. Th. Nitschke, t. I. Breslau,
1869-70.
#
Les deux premières livraisons publiées de cet ouvrage ne renferment que le
commencement de la sous-famille des Yalsées, subdivisée comme il suit par
l’auteur :
1. Anthostoma Nitschke : Sporæ octonæ, monostichæ, ttnicellularcs, ni¬
gricantes. Paraphyses filiformes. — 2. Valsa Fries emend. — 3. Diaporthe
Nitschke : Sporæ octonæ, distiche v. monostichæ, 2-4-6-cellulares, fusi¬
formes v. ovatæ, hyalinæ v. nigricantes. Paraphyses nullæ. ~—l\. Tyridium
Nitschke : Sporæ octonæ, monostichæ, muriformi-multicellulares nigricantes,
paraphyses filiformes. — Le genre Valsa comprend 102 espèces partagées en
cinq sous-genres. Le genre Diaporthe n’est pas terminé.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
163
Les llélastoiiiacécs ; par ML J. Triana [Transactions of the Linnean
Society of London , vol.xxvm). 1 vol. in-A° de 188 pages, avec 7 planches
lithographiées. Londres, 1871»
Nos confrères ont déjà trouvé dans les publications de la Société [Actes du
congrès international de botanique , 1867), un tableau indiquant les prin¬
cipes adoptés par M. Triana dans ses travaux sur les Mélastomacées, et suivis
depuis par MM. Bentham et Hooker dans leur Généra ylantarum. M. Triana
les a appliqués à une monographie complète de la famille qui a reçu de la
Société de physique et d’histoire naturelle de Genève le prix quinquennal
fondé par i\.-P. De Candolle pour la meilleure monographie d’un genre ou
d’une famille de plantes. Son ouvrage a été présenté à la Société Linnéenne de
Londres le 21 mars 1867.
M. Triana a fait une élude aussi complète que possible des Mélastomacées,
d’après les matériaux renfermés dans presque tous les herbiers européens,
publics ou particuliers.
Cette famille, considérée dans sa plus large acception, doit, suivant lui,
comprendre les Mémécylées et les Mouririées ; ces deux derniers groupes,
par leurs graines définies à cotylédons charnus, leurs feuilles uninerviées,
inclinent, il est vrai, vers les Myrtacées. Cependant parleurs étamines définies,
leurs anthères s’ouvrant primitivement par des pores, leur connectif épais
et légèrement prolongé en arrière, leur ovaire libre et leurs feuilles non ponc¬
tuées, ces mêmes plantes se relient étroitement à l’ensemble des Mélasto¬
macées. Les Mouririées, particulièrement, avec leur ovaire le plus souvent -
pluriloculaire, leur calice et leurs pétales, touchent de plus près aux Mélasto¬
macées par l’intermédiaire des Pyxidanthées, tandis que les Mémécylées se
rapprochent davantage des Myrtacées.
Les Mélastomacées ont été divisées par M. Triana en trois groupes, d’après
leur placentation :
1° Les Mélastomacées proprement dites, dont le placenta, après avoir gagné
l’axe des ovaires, se replie dans chacune des loges en s’y élargissant, et porte
de nombreux ovules. Elles peuvent se ranger, d’après l’organisation du fruit,
indéhiscent ou capsulaire, en deux grandes catégories.
2° Les Astroniées, munies d’un placenta limité aux parois des loges, vers
la base de l’ovaire, plus ou moins éloigné de l’axe, et chargé aussi de nom¬
breux ovules.
3° Les Mouririées et Mémécylées, dont le placenta, situé au centre d’une
loge unique (Mémécylées) ou partagé souvent par des cloisons (Mouririées),
porte des ovules définis, qui deviennent des graines à cotylédons charnus,
comme chez les Myrtacées.
Les considérations générales dans lesquelles M. Triana expose ces détails
et d’autres sont suivies de remarques sur la nomenclature des genres. Vient
16A
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
ensuite la monographie proprement dite, dans laquelle l’auteur ne décrit que
les espèces nouvelles, provenant pour la plupart de la Nouvelle-Grenade, des
exsiccata de M. Spruce, de Madagascar, du Mexique, etc. L’explication des
planches est accompagnée de notes intéressantes sur les genres de chaque
tribu, qui permettent de suivre l’enchaînement de leurs caractères.
Asplénium scliizodon Moore, n. sp. ( Gardeners ’ Chronicle , 1871,
p. mit).
Cette Fougère provient des récoltes faites par M. J. -G. Veitch dans la Nou¬
velle-Calédonie. Elle est figurée dans le Gardeners ’ Chronicle. Nous en repro¬
duisons la description :
« Frondes pinnatæ, coriaceæ, glabræ, lateoblongæ; pinnæ (circiter 3-jugæ,
imparijugæ), aiternæ, 3" longæ, f" latæ, obtusæ, inæqualiter cuneatæ, sæpe
basi auriculatæ, in pedicellum distinctum angustatæ, secus marginem duplo-
denticulatæ, præsertim juxta late rotundum et sæpe truncatum ac dilatation
apicem, qui profunde et inæqualiter incisus, dentibus vulgo bifidis ; sori
numerosi angusli, lineares, a costa marginem fere altingentes, leviter curvati
secus nervos uni-furcatos, pressi, ideoque passim diplazioidei vel scolopen-
drioidci ; caudex decumbens, squainis atris acuminatis instructus, stipite
semitereti, antice sulcatus. »
l’anclorca austro-caledonica Seem. ( Gardeners Chronicle, 1870,
n° 33, p. 1085).
Celte Bignoniacée grimpante a été recueillie par M. Vieillard (n° 1002) à
la Nouvelle-Calédonie, et par MM. Milne et Mac Gillivray dans File Howe;
elle a été introduite en Angleterre par M. W. Bull. Celte plante est le Te-
coma austro-caledonicabur. Bull. Soc. bot., 1862.
Observations sur le genre Us ( Lilium Tourn.), à propos du
Catalogue de la collection de ces plantes qui a été formée par M. Max
Leichtlin, de Carlsruhe ; par M. P. Duchartre (extrait du Journal de la
Société centrale d' horticulture de France, T série, t. iv et v, 1870-1871,
passim) ; tirage à part en brochure in-8° de 142 pages. Paris, impr.
E. Donnaud.
M. Duchartre produit d’abord le catalogue que lui a communiqué M. Leich¬
tlin. Il l’accompagne de détails surtout historiques ayant pour but de montrer
l’accroissement graduel des connaissances botaniques sur le genre Lilium. Il
en déduit comme conséquence un aperçu de la distribution géographique des
espèces de ce genre à la surface du globe ; dans cet aperçu chaque espèce est
décrite ou signalée dans l’ordre des régions où elle se trouve, et d’après
l’époque à laquelle elle a été trouvée. Parmi elles se trouvent le Lilium punc-
tatum Jacquem. spec. ined. in Herb. Mus. paris, et le L. Humboldtu Rœzl
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 165
et Leichtl. in litt , de la Sierra Nevada de Californie. Quelques-unes de ces
espèces possèdent une organisation fort remarquable, entre autres les Lilium
Humboldtii et Washingtonianum , dont les bulbes s’enfoncent de plus en plus
dans le sol en s’accroissant. Le L. Washingtonianum possède un rhizome-
bulbe, dans lequel le développement s’opère par une extrémité, et qui est
recouvert d’écailles de bulbe (1).
Chacun des articles consacrés à chaque espèce de Lis par M. Duchartre
offre sur l’origine, les caractères et la synonymie de cette espèce les rensei¬
gnements, les détails les plus importants pour les botanistes autant que pour
l’horticulteur, et que l’on ne trouverait réunis nulle part.
M. Duchartre consigne ensuite dans son mémoire quelques renseignements
précieux sur la culture des Lis. M. Leichtün a remarqué que les Lis ne peu¬
vent pas souffrir que le sol où ils se trouvent soit réchauffé par les rayon
directs du soleil ; les Lis en effet croissent généralement dans des endroits
couverts d’herbe où le soleil ne peut atteindre la terre même.
M. Duchartre a eu l’occasion d’apprécier, dans les considérations qui ter¬
minent ce travail, la manière dont l'espèce est diversement conçue par les
botanistes descripteurs. La tradition Linnéenne, suivie comme règle, à quel¬
ques modifications près, par la généralité des botanistes, a vu toujours une
espèce végétale dans l’ensemble des individus entre lesquels la similitude des
caractères est assez nette et assez prononcée pour pouvoir être exprimée, sans
confusion facile avec d’autres, par une phrase courte appelée diagnose. L’école
nouvelle qui, dans le cours des cinquante dernières années, a pris naissance
en Allemagne, et qui est arrivée en France au développement complet de ses
doctrines, a proclamé comme autant d’espèces une multitude de formes dont
rien jusqu’ici n’a démontré la fixité, qui d’ailleurs ne diffèrent entre elles que
par des nuances à peine saisissables. L’école de la subdivision presque illimitée
des espèces a fait naître celle de la jonction des types, qui en est le contraire,
école qui fleurit surtout en Angleterre, et dont M. J. -G. Baker est un des
représentants les plus distingués. Cette école ne tient aucun compte des diffé¬
rences de distribution géographique dans l’appréciation de la valeur spécifique
des types. Quelque arbitraire que soit aujourd’hui la délimitation de l’espèce,
M. Duchartre regrette que M. Baker n’ait pas toujours conservé une sorte de
commune mesure pour la valeur des espèces qu’il admet.
M. Duchartre a communiqué à l’Académie des sciences de Paris, dans sa
séance du 8 mai 1871, une Note sur l'état actuel de nos connaissances rela¬
tivement au genre Lis, et sur la distribution géographique des espèces qui
le composent. Cette note peut être considérée comme un résumé de la publi¬
cation précédente. Nous en tirons celte remarque importante, c’est que Spae,
dont le travail date de 1847, admettait seulement quarante- quatre espèces
(1) La même disposition s’observe, comme on sait, chez certaines Tulipes.
166 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
(qui devraient être réduites à trente-neuf ou au plus à quarante), tandis que
M. Duchartre a pu en relever soixante-huit, malgré la suppression d’un certain
nombre d’entre elles qui avaient été proposées comme des types spécifiques
distincts et qui lui ont semblé devoir être abaissées au rang de simples va¬
riétés. M. Baker ne reconnaît que trente-deux espèces de Lilium,
Il résulte de cette étude que le genre Lis a une disposition géographique
très-remarquable. Il appartient exclusivement à l’hémisphère boréal, ou même
n’atteint pas le tropique du cancer, si ce n’est sur de grandes chaînes de
montagnes ; les Lis ne sont donc jamais des plantes de serre chaude ; ceux
d’entre eux qui sont le plus sensibles au froid n’ont besoin, pendant nos
hivers, que d’être abrités contre la gelée.
lias» GeselïBecIit «Ici* JLilicn(Ze genre des Lis); par M. Karl Koch
(Wochenschrift fur Gcirtnerei und Pflanzenkunde , 30 juillet-27 août
1870).
M. K. Koch isole d’abord, à l’exemple d’Endlicher, sous le nom de Car -
diocrinon , le petit sous-genre constitué par le Lilium cordifolium Thunb.
et le L. giganteum 'Wall. Pour le reste, sa classification diffère de celle d’End¬
licher principalement en ce qu’il supprime le sous-genre Amblirion ou No -
tholirion , et n’admet que trois groupes dont deux mêmes ne sont pas désignés
par un nom particulier. Le nombre d’espèces dont s’occupe M. Koch dans ce
travail est de quarante-quatre ; en note, il signale un certain nombre d’autres
espèces incomplètement connues, dont la plupart lui ont été indiquées par le
catalogue de la collection de M. Leichtlin, qui a servi de point de départ aux
Observations de M. Duchartre. Il discute un grand nombre de points de syno¬
nymie sur lesquels il est loin d’être d’accord avec M. Baker.
A new Synopsis of ail lise known LiBies (Synopsis nouveau de
tous les Lis connus ); par M. J. -G. Baker ( Gardeners ’ Chrome le, 1871).
Ce travail a paru divisé en dix parties dans autant de numéros du Garde¬
ners' Chronicle en 1871. La première est du 28 janvier 1871. Comme il
l’avait fait auparavant pour le genre Narcissus , M. Baker a tracé la descrip¬
tion de trente-deux espèces de Lilium , en faisant connaître les synonymes
qu’il reconnaît et tous les détails que l’on donne ordinairement dans les
travaux monographiques. Ces trente-deux espèces sont réparties par lui dans
deux sous-genres, Notholirion et Lilium proprement dit. Au sous-genre
Notholirion appartiennent les espèces suivantes:
Lilium roseum Wall, (tige forte, 20-30 feuilles, serrées à la base de la
lige); L. Uookeri Baker (tige mince, 6-8 feuilles, éparses sur la lige).
Le sous-genre Lilium est partagé en quatre groupes :
Eulirion : Filaments subparallèles; segments de la fleur élargis au-dessus
du milieu, réfléchis seulement vers le sommet; fleur en entonnoir : — L. cor-
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 167
di folium Thunb., Z. longi folium Thunb. , L japonicum Thunb,, Z, nepa ->
lense Don, Z. candidumh Z. Washingtonianum Kellogg.
Archelirion : Filaments très-divergents; segments non dressés, ovales-
lancéolés, réfléchis à une très-faible hauteur; fleur ouverte : — L, tigrinum
Gawl. , L. speciosum Thunb., Z . auratum Lindl.
Isolirion : Filaments modérément divergents ; segments dressés, élargis
au milieu, étalés seulement dans la moitié supérieure; fleur dressée : —
Z . philadelphicum L., Z. medeoloides Asa Gray, Z. Catesbœi Walt., Z. bul-
biferum L., Z. pulchellum Fisch. et Mey. , Z. concolor Salisb. , Z. lanci-
folium Thunb.
Martagon : Filaments très-divergents ; segments lancéolés, réfléchis
une très-faible hauteur : ■— Z. Martagon L. (1), Z. maculatum Thunb. ,
Z. canadense L., Z. monadelphum Bieb., Z. carniolicum Bernh. , L. ponti-
cum G. Koch, Z. polyphyllum Don, Z, chalcedonicum L., Z. pyrenaicum
Gouan, L. callosum S. et Z., Z. testaceum Lindl., Z. Leichtlinii Hook. f.,
Z. pomponium L. et Z. tenuifolium Fisch.
Le mémoire est terminé par un index. M. Baker désirerait avoir des dessins
ou mieux des échantillons des espèces suivantes, qu’il 11e connaît pas, savoir :
Lilium abchasicum, alternons , californieum , Jeffersoni , lilacinum , pini-
folium , puniceum, pygmœum et Sieholdii.
Su di nu ramo inosfruo^o délia Opuntia fittrispuiei ;
par HJ. G.- A. Pasquale (extrait des Atti delta R. Accademia delle
scienze fisiche e matematiche , vol. v) ; tirage à part en brochure in-4Q de
7 pages, avec une planche. Naples, 1871.
Ce mémoire a été lu le 12 août 1871. La monstruosité qui y est décrite
consiste en ce que les fascicules d’épines dorées qui naissent sur les rameaux
dilatés en phyllodes de l’ Opuntia fulvispina étaient remplacés par des ra¬
meaux semblables par leur nature, mais beaucoup plus petits, formant une
infinité d’articles obovales appendus de tous côtés à la surface du rameau nor¬
mal de Y Opuntia. Quelques-uns de ces rameaux secondaires anomaux don¬
naient eux-mêmes naissance à des rameaux tertiaires (acini), portant ceux-ci
des fascicules d’épines. L’auteur a fait un examen histologique de la constitu¬
tion anatomique de cet échantillon monstrueux.
Hotlce «iBi* le pMt'pureo-L,€ëburni€wn «« G#/*
tisus Poit. , suivie de quelques considérations sur l’hybridité et
la disjonction végétale ; par M. Éd. Morren. Brochure in-8° de 16 pages,
avec deux planches, impr. C. Annoot Braeckman, 1871.
Le Cytisus Adarni est apparu en 1825 chez M. Jean-Louis Adam, pépi-
(1) Une monstruosité remarquable du Lilium Martagon a été décrite par M. Àdelbert
Geheeb, dans le Botanische Zeitung , 1871, col. 686. La tige était fasciée, et portait
environ 65 fleurs, les 10 à 12 supérieures unisexuées et mâles.
168
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
niériste à Vitrv, près Paris, de greffes du Cytisus pur pur eus sur le Cytisus
Laburnum (voyez Ann. Soc. hort. Paris , vu, p. 93 ; x, p. 11 ; XUI, p. 196;
xxn, p. 5 ; XXVii, p. 15 et 139 ; xxxvm, p. 382 ; Bulletin de la Société
d'kort. de Rouen, 1837, n° 5; Bot. Rey. xxni, pl. 1965). M. Morren le
considère cependant comme un véritable hybride avec beaucoup d’auteurs; il
combat la théorie des hybrides obtenus par la greffe soutenue par M. Caspary,
à propos du Cytisus Adami, et généralisée par M. Hildebrand. licite d’ail¬
leurs des exemples de disjonction assez nombreux ( Citrus , Pommes, Poires,
Lilas Yarin donnant des fleurs de Lilas de Perse et de Lilas d’Orient, Mona~
chanthus et autres Orchidées).
M. Morren demande en terminant s’il y a dans le phénomène de disjonction
quelque argument à invoquer pour ou contre la théorie Darwinienne.
Contributions to ISotany, vol. ni; par M. John Miers. In-4° de
402 pages, avec 66 planches lithographiées. Londres, chez William et Nor-
gâte, 1871.
Ce volume est consacré à une monographie complète de la famille des
Ménispermacées, sur laquelle M. Miers avait publié antérieurement, dans les
Annals and Magazine of natural History, des travaux qui ont été analysés
dans celte Revue il y a plusieurs années.
Nous ne reviendrons pas en conséquence sur la méthode de l’auteur.
M. Miers limite le genre autrement qu’on ne l’a fait dans d’autres travaux ;
nous ne pouvons qu’inviter le lecteur désireux de s’instruire à comparer sa
méthode avec celle qu’ont suivie MM. Bentham et Hooker dans leur Généra
plantarum. M. Miers a eu pour but principal de rapprocher les types qui se
ressemblent, abstraction faite de tout système préconçu ; il n’est que trop
vrai que, dans bien des cas, le système doit céder le pas au fait.
L’auteur présente dans son livre des remarques importantes sur la struc¬
ture spéciale du bois, sur la simplicité de la structure florale, l’arrangement
,♦ des diverses parties de la fleur, les curieuses combinaisons de Fandrocée, la
nature complexe de la graine, qui chez les Ménispermacées offrent un grand
intérêt. Comme exemples de la simplicité de structure florale de cette famille,
nous pouvons en effet citer la fleur de Y Antizoma, avec les deux pétales placés
immédiatement au-dessus des deux sépales, et celle encore plus simple du
Cyclea, dans laquelle il n’y a qu’un sépale, un pétale au devant du sépale, et
dans le centre un seul carpelle. L’unisexualité des fleurs est, comme on le pense
bien, une difficulté déplus, et une grande, dans l’élude de cette famille.
Flora of tropical Africa ; par M. D. Oliver. Vol. il, in-8° de
613 pages. Londres, chez Lovell Reeve et CIe.
On sait que le plan de cet ouvrage est le même que celui qui a été adopté
en Angleterre pour la Flore d’Australie et pour celle de Hong-Kong. Le
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
169
deuxième volume renferme la description (en anglais) des Légumineuses,
Rosacées, Myrtacées, Cucurbitacées et autres familles moins importantes.
M. Oliver a monographié lui-même les Césalpiniées, les Mimosées, les Rosa¬
cées, les Saxifragées et quelques autres petits groupes; M. Baker, les Papi-
lionacées; M. Brettin, les Crassulacées ; M. Lawson, les Myrtacées et les
Combrétacées; M. J. Hooker, les Mélastomacées, les Cucurbitacées et les
Bégoniacées ; M. Masters, les Samydées, les Passiflorées et les familles voi¬
sines; M. Hiera, les Lythrariées, etc.
Le nombre total des espèces décrites dans ce volume peut être estimé à
plus de 1300, dont une grande quantité sont particulières à l’Afrique, notam¬
ment la plus grande partie des Combretum , des Melastoma , des Bégonia et des
Cucurbitacées, et presque toutes les espèces des Samydées, Turnéracées et
Passiflorées. Au contraire les Onagrariées et le genre Desmodium offrent des
exemples d’une dispersion très-générale. Les espèces à zone étendue se retrou¬
vent dans l’Inde, dans la péninsule de Malacca et dans l’Australie septen¬
trionale. Il est encore un petit groupe d’espèces commun à l’Afrique tropicale
et au cap de Bonne-Espérance ; rares sont celles qu’on retrouve dans les An¬
tilles ou dans le continent de l’Amérique tropicale. On retrouve encore dans
la Flore quelques types de la région méditerranéenne, et les montagnes de
l’Abyssinie fournissent quelques-uns de ceux de l’Europe tempérée. Il est à
remarquer que dans les Passiflorées, par exemple, les types spéciaux à la flore
africaine présentent une structure d’un grand intérêt, fort différente de la
structure propre aux Passiflorées des autres régions du globe.
Les collections rassemblées par M. Welwitsch ont formé la base de cette
flore comme pour le précédent volume ; d’autant qu’elles étaient accompagnées
de notes de la plus grande importance. Il convient de citer aussi les collections
de MM. Barter, Mann, Kirk, Speke et Grant, etc.
Il paraît que les récoltes de ces deux derniers collecteurs doivent former
prochainement le sujet d’une publication illustrée.
Fcrns of fiord llowc’s Islantl ( Fougères de l'île de Lord Hoive ) ;
par M. J. -G. Baker ( Gardeners ’ Chronicle , 1872, pp. 252-253).
Ces plantes ont été recueillies par M. AV. Carron. M. Buker a reconnu
parmi les Fougères deux espèces nouvelles, qui sont les suivantes :
Hemitelia (. Amphicosmia ) Moorei Bak. — Frondibus amplis oblongo-
lanceolatis decompositis (quadripinnatifidis), supra viridibus glabris, subtus
ad costas segmentorum paleis parvis bullatis albidis membranaceis instructis ;
rhachibus dorso augulatis dense adpresse ferrugineo- pubescentibus, facie
complanatis minute furfuraceo-paleaceis ; pinnis oblongo-lanceolatis distincte
petiolatis ; pinnulis lanceolatis sessilibus ; segmentis tertiariis ligulato-lanceo-
latis profuude pinnatifidis Iobis lanceolatis revolutis, venis liberis in segmentis
tertiariis pinnatis, venulis inferioribus furcalis superioribus solitariis ; soris ad
170
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
segmenta tertiaria 5-juga prope costas uniseriatis; involucro parvo unilatera-
liter cupuliformi, receptaculo doleolato crinito. — Cette espèce est dédiée à
JM. Ch. Moore, directeur du Jardin botanique de Sydney.
Déparia nephrodioides Bak. — Frondibus deltoideis décomposais viridi-
bus membranaceis utrinque glabris nullo modo paleaceis; rbacbibus pubes-
centibus baud paleaceis ; pinnis deltoideis inferioribus longe petiolatis ; pin-
nulis deltoideis conferlis, margine superiore cum rbacbi parallelo inferiore
cuneato-truncato ; segmentis ultimis obtusis pinnatifidis ; venis liberis, soris
sessilibns.
Les quatre autres espèces de ce genre sont de l’Amérique tropicale, excepté
le Déparia ( Cionidium ) Moorei , de la Nouvelle-Calédonie. Mais quoiqu’il
ait adopté ce genre dans le Synopsis Filicum , M. Baker pense qu’il serait
mieux de le considérer comme une simple section du genre Dicksonia .
Boeiiincnti hiogvafici «1 i Giovanni Gussone, botanico na¬
politain), tratti dalle sue opéré e specialmente dal suo erbario ; par M. G. -A.
Pasquale (extrait des Atli delV Accademia Pontaniana , vol. x) ; tirage à
part en brochure in -A0 de 56 pages.
G. Gussone naquit le 8 février 1787, à Villamaina, dans la Principauté ulté¬
rieure, et prit à Naples ses grades dans l’étude de la médecine. Il est mort le
14 janvier 1866, à l’âge de 79 ans. Son herbier, acquis au prix de trois mille
ducats (12 750 fr.), pour le jardin botanique de Naples (1), renferme un
herbier général et un herbier spécial de la Sicile. M. Pasquale s’est surtout
proposé dans celte notice de raconter les voyages botaniques du successeur
de Tenore, et de publier le catalogue raisonné de ses travaux. Nous y rele¬
vons un détail bibliographique curieux : c’est que le Flora sicula de l’auteur
(vol. i, in-folio, 1829), publié par ordre de François Ier de Bourbon, et inter¬
rompu pour raison d’économie par ordre de Ferdinand II, fait presque défaut
à Naples même, où l’on n’en connaît que deux exemplaires, un dans la
bibliothèque de Gussone et un dans celle de Tenore.
Éludes chimiques sur la végétation ; par M. J. Raulin (Ann.
sc. nat ., 5e série, 1869, t. xi, pp. 90-299).
Ce mémoire, que l’auteur a présenté à la Faculté des sciences pour obtenir le
diplôme de docteur ès sciences physiques, se divise en deux parties : dans la
première, l’auteur examine les progrès de la chimie des végétaux considérée
sous le rapport des méthodes ; dans la deuxième, il suit le développement
d’une Mucédinée dans un milieu artificiel.
Au point de vue chimique, M. Raulin divise les végétaux en deux grandes
catégories : les grands végétaux et les végétaux microscopiques. Les méthodes
(1) La bibliothèque du même savant a été achetée également pour la bibliothèque du
Jardin de Naples, au prix de 700 ducats (2975 fr.)
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE» 171
chimiques mises en œuvre pour les étudier sont réduites par lui à trois : la
méthode analytique, la méthode mixte et la méthode synthétique.
La méthode analytique étudie les végétaux dans les conditions meme
où la nature les a placés ; elle demande à la composition chimique du sol,
de l’atmosphère et des plantes le secret des phénomènes de la végétation ; en
un mot, elle a pour point de départ l’analyse chimique.
Dans la méthode synthétique , on remplace le terrain naturel par un sol
artificiel formé de composés chimiques définis, appropriés aux besoins du
végétal qui doit s’y développer.
La méthode mixte , intermédiaire entre les deux méthodes précédentes, fait
végéter la plante qu’on veut soumettre à l’étude dans un sol chimiquement
identique avec les terrains naturels, mais on dispose arbitrairement des cir¬
constances secondaires de la végétation, telles que l’atmosphère, l’étendue du
terrain, les substances chimiques qu’on peut y ajouter, les circonstances
physiques, etc. Ici l’observation et l’expérimentation se prêtent un mutuel
appui.
L’auteur passe successivement en revue les travaux de chimie physiologique
qui ont pour objet les grands végétaux et les végétaux microscopiques , et
il les classe d’après les méthodes scientifiques auxquelles ils appartiennent.
Il se livre ainsi à un long exposé à la fois historique et critique, et traite de la
composition élémentaire des végétaux, de leurs principes immédiats, des corps
simples essentiels à leur formation, de l’origine de ces corps simples ; de la
possibilité du développement des végétaux dans un milieu artificiel formé des
éléments de l’air et de l’eau; des éléments essentiels à la végétation, de la
respiration ou transformation des éléments de l’air par les végétaux; de la sta¬
tique chimique des êtres vivants ; de l’influence des composés azotés et des
composés minéraux sur la végétation, des sels qui lui sont nuisibles, etc.
Les deux premières méthodes ont tracé, dit M. Raulin, quelques traits de la
théorie chimique de la végétation, et pourtant on sent combien cette esquisse
est encore vague et incomplète, précisément dans les parties les plus essen¬
tielles. La méthode synthétique, au contraire, a conduit à de nombreuses
découvertes que l’auteur résume dans un certain nombre de propositions.
La deuxième partie de la thèse a été résumée dans une note, insérée dans
les Comptes rendus , 1870, t. lxx, p. 63ù, et reproduite avec corrections
dans les Annales de chimie et de physique , 1871, 2e semestre, t. xxiv ; nous
en extrayons ce qui suit :
Le point le plus saillant de ces études sur le développement de YAspergil-
lus consiste dans la découverte d’un milieu artificiel de nature acide, exclusi¬
vement formé de sucre et de huit corps minéraux des plus simples, merveil¬
leusement appropriés à la vie de cette petite plante, à tel point que la végé¬
tation de Y Aspergillus s’y montre bien plus régulière, plus abondante à égalité
de poids de matières nutritives, plus vigoureuse enfin que dans les liquides
172
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
organiques les plus convenables. O11 voit ainsi des poids considérables de ma¬
tière s’organiser; c’est-à-dire de la cellulose, des matières grasses, des matières
albuminoïdes s’élaborer aux dépens du sucre et d’oxydes minéraux d’une
pureté parfaite, à l’abri de la lumière : chacun de ces corps intervient pour
son compte dans le phénomène de la vie, comme un organe nécessaire dans une
grande machine, à tel point que la suppression de l’un d’eux, en proportion
minime, entraîne la suppression presque absolue delà végétation.
Les corps chimiques mis en présence dans le procédé de M. Raulin sont
l’oxygène de l’air, l’eau, le sucre, l’acide tartrique, l’ammoniaque, l’acide
phosphorique, l’acide sulfurique, la silice, la potasse, la magnésie, l’oxyde de
zinc et l’oxyde de fer, tous dans des proportions très-faibles. Il faut joindre à
ces conditions une température de 35 degrés, un air humide et convenable¬
ment renouvelé ; des vases peu profonds.
Le mode de développement de V Aspergillus , principalement le poids de la
récolte fourni dans un temps donné par un meme milieu, varie suivant des
lois dont M. Raulin a précisé le sens, lorsqu’on fait varier une à une ces cir¬
constances purement physiques.
M. Raulin a prouvé que les effets des oxydes sont indépendants des sels
dont ils font partie. Les oxydes minéraux du milieu artificiel ne peuvent se
remplacer physiologiquement les uns les autres : à chacun d’eux est dévolu un
rôle spécial. L’acide nitrique peut remplacer l’ammoniaque comme élément
azoté; l’acide nitreux et l’acide cyanhydrique paraissent impropres à l’assimi¬
lation. Le fer paraît avoir pour rôle spécial d’empêcher, pendant la vie de
Y Aspergillus, la formation de certaines substances nuisibles pour le végétal.
Dans ses conclusions dernières, M. Raulin se montre très-nettement disposé
à assimiler le développement d’un végétal à la formation d’un composé chi¬
mique. 11 va jusqu’à proposer le développement artificiel des Mucédinées
comme un moyen d’analyse chimique d’une sensibilité extrêmement délicate
et supérieur aux méthodes de laboratoire généralement usitées pour déceler la
présence de quantités très-petites de certains corps.
M. Raulin ne présente ses résultats que comme l’extension en un sens des
résultats obtenus par M. Pasteur sur la végétation des organismes inférieurs
dans des milieux artificiels; ils confirment donc pleinement, quoique indirecte¬
ment, la découverte par laquelle ce savant porta des coups décisifs aux théories
de Berzelius sur les fermentations.
L’auteur conclut encore de ses recherches qu’on pourra un jour en toute
sûreté substituer des engrais chimiques, convenablement choisis, aux engrais
naturels, puisque les milieux artificiels ne sont pas moins aptes que les milieux
naturels à donner à la végétation toute sa vigueur; — que le milieu le plus
propre au développement d’un végétal est moins approprié aux besoins d’un
autre végétal, et que si l’on sème les germes de ces deux espèces dans ce
milieu, la première s’y développera seule, ou du moins linira par envahir le
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 173
milieu tout entier aux dépens de la seconde, ainsi que l’expérience l’a prouvé
à l’égard des moisissures, etc.
Sur une matière suerée apparue sur les feuilles (l’un
Tilleul ; par M. Boussingault ( Annales de chimie et de physique ,
4e série, t. xxv, janvier 1872, pp. 1-21).
Le Tilleul qui a fourni la matière sucrée, la manne étudiée par M. Boussin¬
gault, était situé au Liebfrauenberg, dans les Vosges. Cette matière, exsudée
par les feuilles, renfermait de la dextrine, qui n’existait pas dans les feuilles
saines.
Dans les conditions normales de la végétation, les sucres élaborés par les
feuilles, sous l'influence de la lumière et de la chaleur, pénètrent dans l’or¬
ganisme de la plante avec la sève descendante. Dans l’état anomal qui déter¬
mine la formation de la miellée, les matières sucrées sont accumulées à la
surface supérieure des feuilles, soit parce qu’elles sont produites en fortes
quantités, soit parce que le mouvement de la sève est interrompu ou ralenti
par la viscosité résultant de la présence de la dextrine. La miellée ne saurait
être attribuée uniquement aux influences météorologiques. Lors de son appari¬
tion sur le Tilleul, on ne remarqua pas d’insectes ; ce n’est que plus tard qae
l’on vit quelques pucerons englués sur un certain nombre de feuilles.
Die anorganisclicn Sal/e als aiisgezciclinctcs Iliilfs-
mittcl ziBin Stucliiiin tlei* fintnickclung; uicderer
chloropliylllialtigcr Organisai eu ( Les sels inorganiques con¬
sidérés comme un moyen perfectionné d’étudier le développement des
organismes inférieurs munis de chlorophylle) ; par M. A. Famintzin (Mé¬
langes biologiques tirés du Bulletin de l'Académie impériale des sciences
de Saint-Pétersbourg , t. viii, pp. 226-281; et Bulletin , t. xvn, pp. 31-
70, avec 3 planches).
L’auteur a étudié l’influence des solutions salines sur le développement de
végétaux aquatiques placés dans ces solutions, principalement des Algues telles
que le Chlorococcus infusionum, le Limnodictyon Bœmerianum , le Proto-
coccus viridis , le Stygeoclonium stellare , le Pleurococcus vulgaris , et des
Conferves indéterminées. Il a commencé ses expériences au 15 avril. Au com¬
mencement de mai, l’action des solutions salines était déjà aperçue par l’expé¬
rimentateur. Il plaçait ses Algues sous un filet d’eau. Les Chlorococcus et les
Protococcus placés sous un filet d’eau pure au 15 avril cessèrent de se déve¬
lopper dans les premiers jours de mai et perdirent leur coloration. Alors ils
furent séparés en deux parties, dont l’une fut laissée dans les mêmes conditions
et les subit pendant quinze jours sans modification nouvelle. L’autre moitié
fut placée, le 10 mai; sous l’influence d’une solution minérale à 1/2 pour 100:
le 12 mai, les Algues étaient devenues du plus beau vert, et elles reprirent
17 h
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
leur développement interrompu. Quand l’influence de la solution saline s’est
exercée d’une manière continue du 15 avril au 10 juillet, terme des expé¬
riences, l’auteur a observé d’une manière également continue la production
des zoospores.
La solution était préparée suivant l’indication donnée par Knop ( Kreislauf
des Stoffes, p. 836) et contenait 1/2 pour 100 d’un mélange salin, formé
de quatre parties de nitrate de chaux, une partie de nitrate de potasse, une
de phosphate de chaux, une de sulfate de magnésie cristallisé.
En terminant son mémoire, M. Famintzin passe en revue toutes les modi¬
fications qu’il a eu l’occasion d’observer sur des Algues. Il a cherché à les
produire expérimentalement dans le but d’apporter quelques matériaux à
l’édifice dont le plan a été tracé par M. Darwin. Il a employé pour cela des
solutions minérales de concentration diverse. Il a obtenu des résultats impor¬
tants. Il a reconnu que les Algues peuvent vivre dans des solutions plus con¬
centrées que les Phanérogames ; que la faculté d’adaptation à tel ou tel degré
de concentration varie suivant le mode de développement, et que chez certains
Cryptogames, elle s’étend à des solutions plus concentrées dans la période de
développement, quand ils renferment de la chlorophylle dans leur tissu.
Parmi les modifications observées par M. Famintzin, nous devons noter la
transformation des cellules de Chlorococcus et de Protococcus en zoospores
et en zoosporanges, modifications dont M. Al. Braun ( Verjungung der Natur)
avait déjà reconnu la probabilité. Le botaniste a constaté le passage des zoo¬
spores à l’état immobile, leur transformation en zoosporanges, enfin le cycle
complet de la reproduction de l’espèce. Il a apprécié avec de grands détails
l’influence que les solutions minérales diversement concentrées exercent sur
chacune de ces phases. Dans les solutions très-diluées, dont la concentration
ne dépasse pas 1 pour 100 de sel, la multiplication de ces deux Algues n’a
lieu que par zoospores ; si la concentration atteint ou dépasse 2 pour 100, les
zoosporanges se résolvent en sphérules immobiles; si l’on étend davantage la
solution, la formation des zoospores recommence; on peut ainsi l’arrêter ou la
reproduire à volonté. Des variations analogues peuvent faire varier du vert au
rouge, et vice versa, la couleur du pigment. L’auteur s’est encore assuré ainsi
que le Limnodictyon Rœmerianum Ktz n’est qu’un état anomal du Chloro¬
coccus infusionum , produit par la culture.
Ces faits peuvent entrer dans une première catégorie de modifications
placées sous l’influence des causes extérieures. Ils cadrent bien avec la théorie
Darwinienne, d’après l’auteur, quant à l’accommodation des êtres aux milieux,
dans les circonstances compliquées de la lutte vitale (1).
D’autres faits révèlent plutôt l’influence de causes internes et indéterminées.
(1) Voyez un mémoire important de M. Nageli : Ueber die Einflusse dusserer Verhdll -
nisse auf die Varieltttenbildung im Pflanzenreiche , dans les Comptes rendus de l' Acad,
des sciences de Munich , 1864.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 175
Ce sont des faits de cette nature qu’avait en vue M. Kützing dans son
mémoire Sur la transformation des formes inférieures en formes plus
élevées. Les exemples de M. Kützing étaient extraordinaires. M. Faminfzin
cite des germinations anomales de Chlorococcus infusionum, des Protococcus
à forme de Botrydium , des cloisonnements singuliers de cette espèce, et enfin
un développement du même Protococcus en filaments allongés. Ces dernières
modifications n’affectent que quelques individus, tandis que celles de la pre¬
mière catégorie affectent l’espèce tout entière.
Mewe Uiifei'sucifctmgeii über «lie Gattnngeift Mta&siHa
miel tPitugavin (. Nouvelles recherches sur les genres Marsilia et Pilu-
laria) ; par M. Al. Braun ( Monatsberichte der K. Akad. der Wissenschaf -
ten zu Berlin , août 1870, pp. 653-753) ; tirage à part en brochure, in- 8°
de 100 pages.
Ce mémoire rectifie et complète celui que M. Al. Braun avait publié sept
années auparavant en 1863, dans le même recueil académique, sur les mêmes
genres. Aujourd’hui M. Braun peut énumérer 54 espèces de Marsilia et
5 de Pilularia, et l’on sait qu’il est fort prudent dans l’admission des types
nouveaux. Les Marsilia hirsuta et angusti folia R. Br., le M. mutica Mett.,
espèces douteuses pour lui dans son premier mémoire, ont pu être étudiées
sur de meilleurs matériaux; d’autres espèces nouvelles ont pu être découvertes :
Pilularia Mandoni (Mand. n° 1534), parM. Mandon ; Marsilia rotundata,
M. cornuta , par M. Welwilsch, dans le royaume d’Angola ; M. gibba , dans
la haute Abyssinie, par M. Schweinfurth ; M. quadrata , à Bornéo, par
M. Lowe ; M. subangulata et M. Ernesti , dans la province de Caracas, par
M. A. Ernst (naturaliste américain qui a publié dans le Vargasia , organe de
la Société d’histoire naturelle de Caracas, des notes sur les Marsilia) ; M. ma -
cra, M. elata , M. hirsutissima , M. sericea et autres nouvelles formes du
groupe du M. Drummondii , par M. F. de Muller et plusieurs explorateurs
australiens; enfin quelques nouvelles espèces ont été rencontrées par M. Al.
Braun dans les anciens herbiers, le M. Berteroi , de Saint-Domingue; le
M. mexicanaei le M. exarata , d’Australie, dans l’herbier Hooker.
M. Al. Braun a étudié avec soin la germination des espèces dont il traite,
ainsi que leurs caractères anatomiques et les rapports de ces caractères avec
la classification. Un grand nombre de remarques morphologiques, dans le
détail desquelles nous ne pouvons entrer, ont été faites par lui sur chaque
espèce ; nous noterons cependant, tout particulièrement, ce qui concerne la
nervation des feuilles, le nombre et la forme des sporocarpes.
Les espèces de chaque genre peuvent être déterminées à l’aide de tableaux
synoptiques classés par l’auteur. Chacune d’elles est ensuite le sujet de longues
remarques relatives à sa synonymie, à ses caractères et à sa distribution géo¬
graphique.
176
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Sur ce dernier point, nous ferons remarquer que la répartition de chaque
espèce de Mar&ilia est très-accusée, et toujours en rapport avec les lois géné¬
rales de la dispersion des plantes ou la constitution bien connue des princi¬
pales régions botaniques (1).
Bcit rage *ur rltcinîsclicai Flora ( Recherches sur la flore
rhénane ); par M. Ph. Wirtgen ( Ver h and l un g en des naturhistorischen
Vereins der preussischen Rheinlande und Westphalens) ; 1869, 26e année,
ou 3e série, 6e année,, lr* partie, pp. 1-67).
Ces recherches comprennent une série de notes, relatives : 1° au groupe
du Rosa canina , avec description d’une espèce nouvelle, Rosa exilis Crépin
et Wirtgen ; 2° à Y Asplénium Heufleri Reich., nouveau pour la flore du
pays; 3° à un nouveau Plantago, le P. Winteri Wirtg. , que l’auteur distingue
du P. major et même du P. intermedia Gilib. comme ayant les bractées
aussi longues et non beaucoup plus courtes que le calice, et les lobes de la
corolle non lancéolés-aigus ; 4° à des remarques de géographie botanique,
concernant la végétation de sols différents dans la région rhénane ; 5° au
Rubus tomentosus Borkh. et à ses formes ; 6° aux anomalies du genre Rubus.
Ce mémoire est suivi d’une addition faite parM. Wirtgen au Manuel [Tas-
chenbuch ) de la flore de la Prusse rhénane, publié par lui en 1857.
Le Rosa canina L. comprend dans le mémoire de M. Wirtgen dix-huit
variétés ; cinq autres espèces lui sont réunies pour former la section des
Caninæ dans le genre Rosa.
Les anomalies dans le règne végétal; par M. A. Bellynck
(extrait des Bulletins de l'Académie royale de Belgique , 2e série, t. xxxil,
n° 12, décembre 1871) ; tirage à part en brochure in-8° de 22 pages.
Ce mémoire a été lu sous forme de discours dans une réunion solennelle de
la classe des sciences de l’Académie royale de Belgique. M. Bellynck y passe
successivement en revue les principales têtes de chapitres de la morphologie
végétale, les caractères de certaines variétés anomales : couleur, consistance,
taille, etc. ; les cas d’atrophie, de balancement organique, de pélorie, de
fasciation, de panachure, de disposition insolite des organes, etc. A propos de
la soudure, il rapporte que cette adhérence anomale peut être observée entre
végétaux d’espèce différente ; que des chaumes de Graminées ont porté en
même temps du Froment et du Seigle ; on a rencontré des plantes moitié
Carotte et moitié Betterave. M. Bellynck hésite entre la soudure congénitale
et l’hybridité pour expliquer le dimorphisme des Aurantiacées et d’autres
végétaux.
(1) On trouvera encore quelques détails sur le genre Marsilia , et comme un résumé
de ce mémoire, dans une communication faite par M. Al. Braun à la Société des natu¬
ralistes de Berlin ( Sitzungslerichl der Gesellschaft nalurf. Frunde , 1870, p. àti).
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
177
M. Bellynck fait observer en terminant que l’étude des déviations jette un
jour particulier sur l’organisation normale, et qu’on a eu tort, en conséquence,
d’exclure jusqu’ici la tératologie de nos traités élémentaires.
Rc Visio spccicrnni HrMCfeimruiN,
keiia»'u»n , JLuricutn et Azatenvuvn ; auctore E. Regel
(extrait du Laboratoire du jardin botanique impérial de Saint-Péters¬
bourg) ; tirage à part en brochure in-8° de 6^ pages.
Ce sont des monographies, précédées d’une clef dichotomique pour chacune
d’elles, que vient de publier M. Regel. La synonymie a été de sa part l’objet
d’indications très-étendues. Les Cratœgus , augmentés de plusieurs types
que les botanistes avaient d’abord adjoints au genre Mespilus, sont au
nombre de dix-huit; aucun d’eux n’est nouveau pour la science. Les Dra -
cœna sont au nombre de vingt-huit ; nous remarquons parmi eux quelques
nouveautés : D . latifolia Rgl, de l’Afrique australe, D. Thwaitesii Rgl
(D. elliptica Thw. var.), D. Griffithii Rgl (Griffith, n° 5869). M. Regel dé¬
crit neuf Horkelia, parmi lesquels VH. Tilingi Rgl, delà Californie (Tiling) ;
il donne les deux diagnoses des genres voisins Horkelia Cham. et Schl.,
et Ivesia Tonv — L’auteur énumère enfin quelques Larix et huit Azalea.
L’esprit de réunion des formes en nombreuses variétés de types primordiaux
paraît avoir présidé à l’élaboration de ces monographies. La flore japonaise a
fourni plusieurs des espèces qui y sont étudiées.
Dm protoplasme. Thèse pour le doctorat en médecine; par M. D.
Cauvet. In-4° de 1U pages, Toulouse, impr. A. Chauvin et fils, 1871.
M. Cauvet s’est proposé, dans cette thèse, de résumer les documents que
possède la science sur le protoplasma considéré dans les deux règnes de la
nature vivante. Il montre la ressemblance absolue qui existe entre celui des
animaux et celui des végétaux. Dans l’un et dans l’autre règne, les mouve¬
ments sont dus à la contraction de cette substance azotée, contraction indé¬
pendante de l’influence des nerfs. M. Cauvet insiste sur le défaut de limites
qui puissent séparer l’un de l’autre les deux règnes organisés. Il ne croit pas
utile d’établir pour les êtres placés sur leurs confins réciproques, et remar¬
quables par un tissu presque réduit au protoplasma, une troisième division
primaire à l’exemple de 31. Hæckel, qui les a réunis sous le nom de Protistes.
Il étaye son opinion sur l’unité du règne organique, opinion d’ailleurs généra¬
lement conçue aujourd’hui, en comparant les effets que l’asphyxie détermine
d’une part sur les animaux, d’autre part sur les végétaux. La respiration, que
l’on a trop longtemps considérée chez les végétaux comme un phénomène de
réduction, est la même dans les deux règnes ; c’est une combustion qui se
montre avec une grande énergie chez les Aroïdées.
Le protoplasma est désorganisé par l’action vive et continue des rayons
T. xvm. (revue) 12
17S
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
solaires. Les feuilles pâlissent au soleil parce que le proloplasma se transporte
sur les parois latérales de leurs cellules, entraînant avec lui la chlorophylle.
La production de vacuoles contractiles chez certains organites mobiles des
Algues et des Champignons inférieurs, a été rapportée par M. Hofmeister au
pouvoir d'imbibition du proloplasma; ces vacuoles se retrouvent avec les mêmes
caractères chez les Infusoires; leur présence chez les représentants infimes de
chacun des deux règnes tend à les faire regarder comme dues à une propriété
spéciale des matières protoplasmiques libres et vivantes.
Enfin la diffusion des organites protoplasmiques dans l’atmosphère les pré¬
pare au rôle immense qu’ils exercent dans les fermentations et dans les épi¬
démies.
Hôtes ou Diatomaceœ ; par M. Arthur Mead Edwards ( Proceedings
of the Boston Society of nalural History , 1870, pp. 219-220 ; the
Monthly microscopical Journal , mai 1870, pp. 249-250, juillet 1870,
pp. 33-40).
Ce mémoire a été lu devant la Société d’histoire naturelle de Boston, le
9 février 1870. L’auteur y a publié des faits de détail observés sur diverses
Diatomées : Bacillaria paradoxa , Schizonema Grevillei, Homœocladia Agar-
dhii , Gomphonema constrictum, G. capitatum , Colletonema vulgare , etc. Il
s’agit principalement, dans ces observations, de la motilité des Diatomées.
M. Edwards a rencontré dans le même tube d’enveloppe tantôt des Diatomées
qu’on regarde comme appartenant à des genres différents, tantôt des espèces
différentes du même genre.
Cliaracteirs of somc ncw IIci>atit»te (mostly north-American),
together with notes on a few imperfectly described species; par M. F.
Austin ( Proceedings of the Academy of natural sciences of Philadelphia ,
décembre 1869, pp. 218-234).
Les espèces décrites ou étudiées à nouveau par M. Austin sont les suivantes ;
Scapania Peckii Aust. (États-Unis) ; Scapania Bolanderi Aust. (Californie);
Jungermannia rigida Aust. (îles Sandwich) ; J robusta Aust. (Sandwich);
J. coriacea Aust. (Sandwich); J. biformis Aust. (États-Unis); J. fossom-
bronioides Aust. (États-Unis) ; J. porphyroleuca Nees ; J. polita Nees ;
J. Wallrothiana Nees ; J. Sullivantii Aust. (monts Alleghanys) ; J. Ma-
counii Aust. (Canada) ; J. pleniceps Aust. (États-Unis) ; Lophocolea Hallii
Aust. (Illinois), L. Macounii Aust. (Canada), Gymnanthe? Bolanderi Aust.
(Sandwich); Calypogeia bifurca Aust. (Sandwich) ; P hysiotium subin fatum
Aust. (Sandwich); Polyotus Pcckianus Aust. (île Maurice) ; Sendtnera tri -
sticha Aust. (Sandwich) ; Phragmicoma elongata Aust. (Sandwich) ; Phr.
subsquarrosa Aust. (Sandwich); Lejeunia? biseriata Aust. (Géorgie) ; Frul-
lania saxicola Aust. (États-Unis, Texas); Fr. Sullivantii Aust. (États-Unis);
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 179
Fr . Oafcesiana Aust. (États-Unis) ; Fr. Bolanderi Aust. (Californie) ; Fr.
Leana Aust. (États-Unis); Fr. Mauritiana Aust. (île Maurice) ; Fr. orbicu-
laris Aust. (Népaul) ; Fossombronia cristata Aust. (États-Unis) ; Androcry-
phœa longiscta Aust. (Californie, Texas); Plagiochasma erythrosperrna Sulliv.
(Montagnes Rocheuses); Fimbriaria Bolanderi Aust. (Californie) ; F. vesi-
culosa Aust. (Japon); Anthoceros scariosus Aust. (États-Unis); Biccia albida
Sulliv. (Texas) ; B. arvensis Aust. (États-Unis) ; R. Lescuriana Aust. (États-
Unis) ; R. Sullivantii Aust. (Etats-Unis) ; R. tenuis Aust. (États-Unis) ; et
autres espèces dont les attributions génériques sont souvent douteuses.
Nous distinguerons tout particulièrement, dans cette suite d’espèces, le
Cryptocarpus Curtisii Aust. (pour lequel M. Auslin a établi un nouveau genre),
parce que cette plante des États-Unis existe aussi, d’après l’auteur, à Montaud
près Marseille. Le genre Cryptocarpus , qui tient le milieu entre les genres
Riccia et Sphœrocarpus, présente les caractères suivants :
« Frons laxe spongioso-reticulata, irrégularité!' subpalmatim lobata, tenuis,
epidermide haud distincta. Costa nulla. Radices intus non papillosi (ut in
Sphœrocarpo ), longissimi, intertexti. Fructus in frondis substantia immersus
(ut in Riccia). Sporangia depresso-globosa, singulatim nata, non libéra. Ca-
lyptra stylo nigro persislente coron ata. Sporæ ù-jugæ (ut in Sphœrocarpo ),
vix solulæ, in aspectu singulæ et profunde quadrilobæ. »
Découvertes botaniques dans l’Yonne eu 1800; par MM. Ra¬
vin et Moreau ( Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles
de V Yonne, 1870, t. xxiv, 2e partie, pp. 3640).
Cet article est une énumération de localités nouvelles. Quelques plantes
aussi ont été constatées pour la première fois dans l’Yonne : Dianthus del¬
toïdes, Trifolium subterraneum, par M. Prot; Cuscuta Trifolii , par M. Las-
nier ; Lolium arvense Schrad. Le Vallisneria spiralis , apparu dans l’Yonne
depuis quelques années seulement, tapisse déjà le canal de Bourgogne et a
gagné l’Yonne jusqu’à Joigny, où il abonde.
Blcitra^c asnr ISiologic der PfïansBen ( Recherches de biologie
végétale) ; par M. le docteur F. Cohn. lre partie : in-8° de ivet 132 pages,
avec 6 planches en partie coloriées. Breslau, 1870, chez Kern.
Ce livre renferme l’exposé de recherches accomplies au laboratoire de phy¬
sique végétale de l’université de Breslau.
Il contient cinq mémoires intéressants. Le premier, signé de Aï. Schroter,
est relatif au genre Synchytrium ; l’auteur a insisté sur la formation des spores
qui restent dans la plante mère, sur celle des zoospores munies d’un appendice
filiforme unique, et sur l’étroite analogie qui relie le Synchytrium , en consé¬
quence, au genre Peronospora. Le Synchytrium du Gagea pratensis , que
l’auteur avait auparavant réuni* dans les Comptes rendus de la Société silésienne
180
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
pour la culture nationale , au S. lœtum , du Gagea lutea , est mainte¬
nant reconnu par lui pour une espèce spéciale, S. punctatum , n. sp. Le
second mémoire, de MM. Lebert et Cohn, est relatif au Peronospora , parasite
des Cactées, au sujet duquel nous renvoyons à ce que nous avons dit plus
haut (p. 91). Le troisième mémoire, dû à M. Cohn, traite d’un parasite qui
se rencontre sur la larve de YAgrotis segetum. Cette maladie est regardée par
l’auteur comme une sorte de Muscardine noire. Le parasite qui la cause est
le Tarachium megaspermum. Dans une communication insérée aux Comptes
rendus de la Société silésienne pour la culture nationale , 20 nov. 1869,
l’auteur l’avait antérieurement décrit comme T. sphœrospermum ( Ento -
mophthora sphœrosperma Fres.). Le quatrième mémoire est de M. Schrôter.
Il traite d’une maladie parasitaire qui affecte les Pandanus cultivés, et qui est
causée par le Melanconium Pandani Lév. et le Nectria Pandani Tul.
L’auteur attribue aux parasites l’origine de la maladie, que d’autres observateurs
ont attribuée au froid. Enfin le cinquième mémoire, de M. Cohn, a pour
sujet une production aquatique que l’auteur nomme Crenothrix polyspora ,
et qui formerait un nouveau trait d’union entre les Oscillarinées et les Flori-
dées par l’intermédiaire du genre Bangia.
Tlic Biattiral History of t lie Azores or Western Islauds ;
par M. Frédéric Du Cane Godman. Londres, chez Van Voorst, 1870.
Ce livre présente un catalogue complet de la faune et de la llore des Açores ;
plusieurs auteurs y ont travaillé. La botanique y est l’œuvre presque complète
de M. Watson, l’auteur du Cybele Britannica, qui, en 18Û2, a consacré plu¬
sieurs mois à l’exploration botanique des Açores, et dont les recherches ont
paru en partie dans le London Journal of Botany en 1850, 1851 et 1856.
M. 'Watson, dans son introduction, se plaint queM. Henri Drouet, dans son
Catalogue de la flore des Açores, ait répété quelques espèces sous des noms
spécifiques et même génériques différents à des places différentes du livre. Le
nombre des espèces énumérées dans la flore est de quatre cent soixante-dix-
huit, dont quarante, dans l’état actuel de nos connaissances, sont absolument
spéciales à ces îles. Sur les quatre cent soixante-dix-huit, il s’en trouve plu¬
sieurs qui ont été importées dans les Açores d’Europe ou d’autres pays. Une
plante intéressante de ce nouveau livre est le Campanula Vidalii AVats., que
le capitaine Vidal a trouvée uniquement sur un îlot rocheux escarpé sur la côte
de Florès, au nord de la ville de Santa-Cruz. M. Hunt l’a ensuite observée
sur les côtes de Santa Maria et de San Miguel ; c’est une acquisition intéres¬
sante pour l’horticulture que cette Campanule. Elle a un aspect si singulier,
que Sir "William Hooker, avant de la voir fleurir, l’avait rapportée aux Protéa-
cées. Il est à remarquer que chaque groupe d’îles de l’Atlantique (Açores,
Madère, Canaries, îles du cap Verd) a ses Campanulacées spéciales.
REVUE RIRLIOGRAPIIIQUE.
181
Tlie natural Ilistory of commerce; par M. John Yeats, vec
l’assistance de plusieurs savants. Gassell, chez Peter et Galpin, 1870.
Une partie de ce livre intéressera le public qui tient à se renseigner sur la
nature et l’origine des produits végétaux qui passent dans le commerce. L’au¬
teur s’v occupe successivement des plantes alimentaires, et des plantes em¬
ployées par l’industrie et par la médecine. Il décrit succinctement les arac-
tères des végétaux, leur nom botanique et leur place dans la classification,
puis les usages qu’on en tire et les caractères de leurs produits.
Flora Caucasi ; auctore F. J. Ruprecht ; pars I [Mémoires de V Aca¬
démie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg , 7e série, t. xv, n° 2);
tirage à part en un volume de 302 pages, avec 6 planches gravées. Saint-
Pétersbourg, 1869.
Ce livre a été présenté à l’Académie le 12 décembre 1867, date réelle par
conséquent de sa publication. Dans une introduction, l’auteur rappelle que
c’est par ordre de l’Académie de Saint-Pétersbourg qu’il a exploré les régions
du Caucase, et notamment des provinces où aucun botaniste n’avait pénétré
avant lui. Il énumère ensuite les travaux faits avant lui sur celles qui avaient
été explorées.
La première partie du Flora Caucasi s’étend jusqu’aux Ampélidées. S’é¬
cartant un peu du plan généralement adopté par les Aoristes, M. Ruprecht s’est
borné à publier une série d’articles sur chacune des espèces de sa flore, dis¬
posés bien entendu dans l’ordre taxonomique. Les descriptions ne sont données
que dans le cas où elles sont nécessaires, et un astérisque indique les espèces
nouvelles.
Dans le fond, M. Ruprecht s’est encore écarté davantage des habitudes de
nos monographes. Pour l’admission du nom des espèces, il recherche les noms
antélinnéens (1) autant qu’il peut être sûr de leur authenticité, et pour la
constitution des genres il divise généralement les grands genres linnéens, éle¬
vant au rang de genre les anciennes sections toutes les fois qu’elles présentent
des caractères tranchés. Ainsi Y Anemone alpina P. sulphurea devient le Pul-
satillalutea Camer. , le Ficaria calthœ folia Rchb. non Jord. devient le Fica-
ria vulgaris Ruppius, le Sisymbrium Sophia L. devient le Sophia Lobelii
Rupr. , l’ Helianthemum vulgare Pers. devient 1 IP. Cordi Lobel, etc.
M. Ruprecht s’est préoccupé avec raison des travaux morphologiques faits
sur le système souterrain de certaines plantes par M. Irmisch et par d’autres
observateurs ; il en tient grand compte dans la constitution des genres, notam¬
ment dans les Fumariacées. Il admet comme un caractère générique, dans
(1) On se rappellera qu’une discussion intéressante s’est jadis élevée au sein de la
Société au sujet de VHesperis si/vestns Clus. (Voyez le Bullet., t. XI 11 , p. 220, séances).
J 82 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE,
les Crucifères, la nervation de la cloison et la forme des poils; même pour
lui le genre Sisymbrium devrait être restreint aux espèces à poils simples et
à feuilles généralement roncinées (excl. Descurainia , Sophia , Hugueninia ,
Arabidopsis et Malcolmiastrum),et d’un autre côté perdre son nom pour être
confondu avec les Erysimum , que la forme du fruit 11e permet pas d’en dis¬
tinguer, etc. Quelque sentiment qu’on adopte sur les idées de M. Ruprecht à
cet égard, on n’en devra pas moins reconnaître que son livre a une place néces¬
saire dans la bibliothèque de tout phytographe qui s’occupera des plantes de
l’ancien monde, puisque la'végétation du Caucase se relie à celles de l’Europe,
de l’Algérie et de l’Asie.
Des additions à cette première partie précèdent les planches, qui représen¬
tent les espèces suivantes : Tkalictrum triternatum , Ranunculus subtilis ,
B. suaveticus , li. Baidareœ , R. acutidentatus , Capnites pailidiflora ,
C. Bayerniana , Helianthemurn dagestanicum , Alsine imbricata , Dentaria
bipinnata , Stellaria Meyeriana , Thlaspi pumilum , Fio/a minuta et Zfre-
mogone Holostea.
A Unnograpli of tïie RriOsli Roses ( Monographie des Bases
d’ Angleterre)', par M. J. -G. Baker (the Journal of the Linnean Society,
vol. xi); tirage à part en brochure in-8° de 2A3 pages.
Il y a environ un demi-siècle que Woods a publié, dans les Transactions
de la Société Linnéenne de Londres , la monographie des Roses d’Angleterre
que vient aujourd’hui remplacer celle de M. Baker. Les travaux poursuivis
concurremment dans les pays voisins par MM. Deséglise, Rapin, Du Mortier,
Crépin, Ripart et d’autres botanistes, permettent d’espérer qu’on arrivera
enfin à une entente sur la valeur relative des caractères dans ce genre si diffi¬
cile. Cependant il 11’est pas probable que les idées théoriques de M. Baker
soient acceptées de la plupart des botanistes européens qui, travaillant en géné¬
ral sur des matériaux restreints et locaux, sont portés à accorder une grande
importance aux variations de forme. E11 effet, les cinq groupes classiques
reconnus par M. Baker: Spinosissimœ, Villosœ, Bubiginosæ, Caninœ et
Systylœ, 11e comprennent, d’après lui, que treize espèces; le groupe des
Caninœ est réduit au seul Bosa canina. Cela n’offre pas dans la pratique une
très-grande différence, parce que M. Baker n’a pas dédaigné de descendre
dans l’étude des variétés et dessous-variétés, ni de donner la synonymie très-
détaillée de chaque forme, signalant même celles qui 11’existent pas en Angle¬
terre. Sa monographie offre donc un caractère général qui devra la faire
prendre en sérieuse considération partons les botanistes qui s’occuperont de la
flore de l’Europe. Il a décrit en latin chacun des treize types spécifiques qu’il
admet et dont il donne la géographie générale. Les caractères des variétés et
les observations sont présentés en anglais.
Ajoutons, puisqu’il est question du genre Bosa. que M. le Dr Julius Lerch
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE,
183
vient de décrire, sous le nom de Rosa dichroa , une espèce nouvelle recueillie
dans le Jura neuchâtelois. Cette plante est probablement un hybride dont
l’un des parents serait le Rosa pimpinelli folia (1).
Bcitr&gc ztir Eittwickeluiisgcschiclitc dcr Farn-
krauter ( Recherches sur le développement des Fougères ) ; par M. L.
Kny ( Pringsheim's Jahrbücher , t, vin, lre partie, pp. 1-15, avec trois
planches).
M. Kny a étudié le développement du proembryon de YOsmunda regalis.
Il a vu que ce développement s’écarte en quelques points essentiels de celui
du proembryon des Polypodiacées. Chez YOsmunda, comme chez les Equi-
setum , la racine primaire est séparée par la première cloison qui apparaisse
pendant la germination de la spore, et la direction de sa croissance est oppo¬
sée à celle du développement du jeune prothallium, tandis que chez les Poly¬
podiacées la racine primaire, comme toutes celles qui la suivront, naît latéra¬
lement.
Chez les Polypodiacées et les Schizéacées, le développement du proembryon
commence par la formation d’une série de cellules simple qui tôt ou tard,
selon les espèces, se transforme graduellement, vers l’extrémité antérieure,
en une lame de cellules simple. Chez YOsmunda , au contraire, les cloisons
conduisent tout d’abord à la formation d’une lame. — L’une des deux cel¬
lules supérieures du jeune proembryon de YOsmunda devient de bonne
heure la cellule apicale de l’organe, se renouvelant par des cloisons qui alter¬
nent successivement dans deux directions. Chez les Polypodiacées, cette dispo¬
sition ne se régularise qu’à line période plus tardive du développement. — VOs-
munda est caractérisé par la côte médiane à plusieurs couches qui traverse le
proembryon de sa base à son sommet, et qui est munie des deux côtés de
nombreux archégones. Le développement de l’anthéridie y est tout particulier.
Les cellules annulaires qui caractérisent celle des Polypodiacées et des Schi¬
zéacées, et que M. Kny a décrites dans un travail antérieur (2), manquent ici
complètement. — Le mode de formation des archégones se rapproche dans ses
points essentiels de celui que RI. Pringsheim a constaté pour le Salvinia. Le
canal du col est au commencement occupé par deux (rarement trois)
cellules, qui ont la même origine que la cellule centrale, et dont les cloisons
transversales se liquéfient à la maturité de l’ârchégone. Il n’y a point de vési¬
cule embryonnaire spéciale à l’intérieur de la cellule centrale.
A ces derniers points de vue, YOsmunda correspond aux Polypodiacées ;
cependant ce genre a en propre des formations amylacées abondantes dans la
cellule centrale et dans celles qui l’avoisinent au-dessus et au-dessous.
(1) Œsterreichische botanische Zeitschrift, mai 1872.
(2) Voy. le Bulletin, t. xvi. Revue, p. 198.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
1 84
Die Anatomie uinl die llcclianik «1er Spaltoffiiung (Dis¬
positions anatomiques et mécaniques de Couverture stomatique ) ; par
M. N.-J.-C. Mliller (Pringsheim's Jahrbücher, t. vin, pp. 75-116, avec
deux planches, 1871).
Ce mémoire fait suite à deux autres que le même auteur a publiés anté¬
rieurement dans le même recueil, et au sujet desquels on peut consulter une
analyse publiée dans cette Revue (t. xvji, p. 6). Dans celui-ci, M. Müller
s’est occupé principalement de l’action de la chaleur sur les fonctions des
stomates, notamment de celle des variations artificielles et subites de tempéra¬
ture, ainsi que de l’action des décharges électriques, et d’expériences manomé-
triques. Il a fait un très-grand nombre d’observations. Il ne nous semble pas
cependant que M. Millier ait ajouté beaucoup, dans cette nouvelle expression
de ses idées, aux résultats que nous avons exposés dans l’analyse à laquelle
nous renvoyons, d’après un résumé publié par lui dans les Comptes rendus de
la Société d'histoire naturelle et de médecine de Heidelberg . Cependant il
importe à nos lecteurs de savoir qu’ils trouveront dans les Annalesde, M. Prings-
heim une exposition plus complète des idées professées par M. Mliller sur ce
sujet important.
Itcitragc zur kenntniss «les nautgewebes «lcr Pflanzen
(Recherches sur le tissu épidermique des végétaux ) ; par M. Pfitzer ( Prings -
heim' s Jahrbücher, t. viietvm).
Ce mémoire, qui commence dans le tome vil des Annales de M. Pringsheim
et finit dans le tome vin, se divise en trois parties. La première est intitulée
Recherches sur les stomates des Graminées , avec quelques remarques sur les
stomates en général ; — la deuxième, Sur l'épiderme de quelques Restiacées ;
— la troisième, Sur V épiderme à plusieurs couches et sur l’hypoderme.
Les cellules marginales des stomates des Graminées, pendant leur dévelop¬
pement, s’amincissent dans leur milieu, comme si elles étaient à leur première
apparition. Ce fait, comme le développement de cellules accessoires, trouve
son explication dans la dilatation du parenchyme de la feuille, agissant sur la
conformation de sa surface. On remarque en outre sur beaucoup de Grami¬
nées, particulièrement sur celles qui habitent des localités sèches, que les
stomates sont cachés dans des sillons étroits de la surface supérieure de la
feuille, sillons qui se ferment d’une manière plus étroite encore quand la séche¬
resse commence. Il se trouve une organisation analogue chez les Restiacées
qui habitent principalement les pays privés d’eau. Chez toutes les espèces de
Restiacées du Cap examinées par l’auteur, les chambres respiratoires sont
revêtues intérieurement de cellules libériformes qui ne permettent que par
d’étroites lacunes l’échange des gaz entre la chambre elle-même et le système
des espaces intercellulaires. Dans les formes de la Nouvelle-Hollande, les sto-
REVUE BTBLïOCiRAPTIïQUE.
185
mates sont situés au fond de sillons profonds de la tige, qui le deviennent
d’autant plus, que la sécheresse est plus grande. L’auteur pense que ces
défenses contre la sécheresse ont été progressivement acquises par les Restiacées
dans la concurrence vitale qu’elles ont eu à soutenir dans le courant des
siècles. On voit que la théorie Darwinienne est applicable et appliquée aujour¬
d’hui dans une grande quantité de cas. Jadis on aurait rapporté cette struc¬
ture à des précautions prises par la nature pour assurer l’existence de la plante
dans le climat où elle était appelée à vivre.
M. Pfitzer, fondé sur des études qu’il a faites sur trois familles, les Figuiers,
les Pipéracées et les Bégoniacées, admet que l’épiderme, chez certains genres,
se multiplie par des cloisons parallèles à la surface de l’organe qu’il revêt. Le
tissu nouveau qui en résulte se trouve tantôt intérieur ( Peperomia , Bégo¬
nia ), tantôt dans les couches les plus extérieures [Ficus). Certains anatomistes
ont appliqué au tissu compliqué qui résulte de ces modifications le nom d’épi¬
derme à plusieurs couches; d’autres le nom d’hypoderme. M. Pfitzer a reconnu
que le tissu ainsi considéré et privé de chlorophylle dérive, tantôt de l’épi¬
derme, tantôt du tissu fondamental de l’écorce. Il est par conséquent fort
raisonnable de conserver dans le premier cas le nom d’épiderme à plusieurs
couches, dans le second celui d’hypoderme. En tous cas il existe toujours une
couche superficielle de nature épidermique ; et par conséquent les lames
d’apparence épidermique peuvent être homogènes ou hétérogènes, selon leur
origine.
Les observations de M. Pfitzer, dont nous ne pouvons donner ici qu’un
faible aperçu, ont été étendues à un grand nombre de familles différentes ; il
énumère, en terminant son mémoire, les diverses sortes d’épiderme qu’il a
rencontrées chez les plantes examinées par lui.
Soprn alciinc relazioni dcgii stomi cou le glamlnlc
ealcifere di alcunc plante ; par M. G. Licopoli ( Bulletino delV
Associazione dei naturalisti e medici per la mutua istruzione, février
1870, pp. 2A-26).
Ce mémoire constate chez les Crassulacées la présence de glandes calcifères
déjà observées chez plusieurs plantes de diverses familles. Quelques-unes de
ces plantes ont ces glandes disposées sur deux séries marginales le long des
feuilles, comme le Crassula pellucida, le C. lactea ; d’autres les ont répan¬
dues sur toute la surface des feuilles ( C . arborescens , C . punctata). Autour de
ces glandes, les stomates sont beaucoup plus petits que sur le reste de la
plante. L’auteur insiste sur leur structure ; ils auraient dans leur intérieur un
petit canal équivalent au cistoma découvert par Gasparrini sur le Cereus
peruvianus, qui, plongé dans le corps de la glandule sous-jacente, sert proba¬
blement à l’expulsion de la matière qu’elle a sécrétée. M. Licopoli croit que
180 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
ces faits conduiront à modifier l’idée qu’on se fait de la structure et des fonc¬
tions des stomates.
Sulla structura «lcgli stomi © <Ei alcuuc gland ulc dcr-
nioidalt ( Sur la structure des stomates et de quelques glandes épider¬
miques) ; par M. Licopoli (ibid. , juillet 1870, pp. 93-94).
Ce mémoire, continuant le thème indiqué dans le précédent, est destiné à
mettre en pleine lumière le cistoma de Gasparrini, qui pourrait s’observer
chez plusieurs Phanérogames et Cryptogames; à démontrer l’épaississement
des cellules semi-lunaires qui forment l’ouverture du stomate, à exposer com¬
ment les stomates des Marchantiacées sont plutôt des glandules excrétoires, et
finalement à traiter des rapports immédiats qui existent entre les stomates et
les cistomi, entre les glandules calcifères et les glandules nectarifères.
Sugli stfotnn di alcnnc Passiflore (Sur les stomates de quelques
Passiflores)', par M. Licopoli ( ibid., août 1870, pp. 122-124).
Cette note est consacrée à la description des organes verruqueux qui se ren¬
contrent à la surface du fruit non encore mûr de quelques Passiflores; ce
seraient des glandes épidermiques dans le milieu desquelles s’ouvrirait un
stomate plus grand du double que les autres stomates de la même plante,
ayant une ouverture arrondie et des cellules marginales demi-circulaires.
L’auteur nomme ces organes glandules stomatifères.
Sopia alcunc glnndule «iclla l'ccowirt m die nas Juss. ed
altre specie ; par M. G. Licopoli (extrait des Atti délia Accademia Pon-
taniana , vol. x) ; tirage à part en brochure in-4° de 12 pages, avec une
planche lithographiée. Naples, 1870.
Dans ce travail, l’auteur a constaté sur le limbe du calice du Tecoma radi-
cans et d’autres espèces du même genre la présence, à l’état normal, de glan¬
dules qui laissent transsuder un liquide neutre sirupeux, dans certains cas où
il est très-abondant. Il se trouve dans le fond de la glandule une substance
solide qui fait effervescence au contact des acides ordinaires; dans les glandes
des Saxifragées et des Plumbaginées, il n’y a de sécrété que des matériaux
inorganiques. Les glandes du Tecoma sont disposées sans aucun ordre, et sont
en relation réciproque par l’intermédiaire d’un système spécial de cellules
vasculaires, que l’on peut isoler en faisant macérer le parenchyme du calice
et en le faisant bouillir dans de l’acide nitrique dilué. A l’intérieur du calice
du Tecoma , et spécialement à sa base, existent d’autres glandules invisibles à
l’œil nu, globuleuses, pédicellées et sécrétant un nectar. On trouve quelque¬
fois un mycélium dans la cavité des glandules extérieures.
L’auteur s’est occupé de prouver que ce mycélium n’a rien de commun avec
les vaisseaux anastomosés et très-fins qui réunissent les glandules entre elles.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE,
187
IJ11 ricordo botanico dcl profcssorc Filippo de Ffüppi;
ossia cenno intorno aile piante nate dai semi da esso raccolti in Persia e
nella China; par M. J. -B. Delponte (extrait des Memorie délia Reale
Accademia delle scienze di Torïno, 2e série, t. xxvi) ; tirage à part en
brochure in-4° de 43 pages, avec 6 planches lithographiées.
Feu le professeur de Filippi avait récolté dans ses voyages en Perse et en
Chine des graines qui ont été semées au jardin botanique du Valentin. C’est
la détermination des espèces nées de ces semences qui forme le sujet de ce
mémoire. L’auteur les sépare en trois groupes : plantes nouvelles, plantes
rares, et plantes économiques. Les plantes nouvelles sont les suivantes : Cy-
nanchum De Filippii Delp. , de Hong-Kong, et Cuscuta Grasii Delp., para¬
site à Hong-Kong sur une espèce d 'Atriplex. Le deuxième groupe est formé
des espèces suivantes : Isatis glauca Auch., des régions montagneuses de la
Perse ; Silene peduncularis Boiss. , des lieux incultes et rocailleux du même
pays; Althœa sulfurea Boiss. var. (3. sublanata Delp., des environs de
Téhéran ; Cucurbita perennis Asa Gray, du Texas et de la Californie ;
Luffa echinata Roxb. f3 . obtusanyula Help. , des environs de Hong-Kong ;
Phœopappus Aucheri Boiss., de Perse; Pharbitis Al il Choisv, de Hong-
Kong; Caccinia strigosa Boiss., de Perse; Amarantus Blitum L. , de
Hong-Kong; Rumex olympicus Boiss., de Perse ; Pardanthus sinensis Ker. ,
de Hong-Kong, et un certain nombre de Graminées de la Chine.
Dans une note, l’auteur propose d’élever au rang de genre Y Amarillea
insignis sous le nom de Defilippia. Quant aux plantes économiques étudiées
par lui, ce sont des Brassica , le Phaseolus citrinus Savi, le Solanum Me-
longena et des Cucurbitacées.
Spigolafurc ncl cainpo dclla flora italiana ; par M. G.
Passerini ( Nuovo Giornale butanico italiano , avril 18/1, p. 167).
Tordylium intermedium Pass. — Foliorum lobis abbreviatis, omnium
supremo ovato-cuneato subtrilobo; petalis radiantibus inæqualiter bilobis ;
fructibus suborbicularibus margine incrassalo-subtuberculoso.
Puccinia Torquati Pass. — P. sporis ellipticis medio constrictis, brevis-
sime pedicellatis, castaneo-fuscis, episporio crasso verrucoso-tuberculato ;
acervulis sparsis atris punctiformibus, epidermide lacerata circumdatis. In
eodem acervulo adsunt Uredo- sporæ forma variæ, subrotundæ, ovatæ vel
irregulariter obovato-spathulalæ, parum numerosæ, pallidæ, plasmate Hâves-
cente granuloso repletæ. — Ce Puccinia a été rencontré sur les feuilles du
Smyrnium Olusatrum en même temps qu’un OEcidium qui est caractérisé
par l’auteur.
M. Passerini s’occupe encore dans ce travail du Capitularia, Linkii et
18S SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
du Tulipa Didier i Jord. , auquel il réunit comme variété le T. Fransoniana
Pari.
Illustrazionc tli alcunc plante raccolte dal sig. Prof. Strobel,
parmense, nel suo viaggio del passo del Panchonsul versante orientale delle
Andes Chilene ed attraverso la Pampa del Sud, fino a Mendoza nel territorio
Argentino ; parM. Y. Cesati (extrait du Rendiconto délia R. Accademia
delle scienze fîsiche e matematiche di Napoli , février 1871) ; tirage à part
en brochure in-A° de 22 pages, avec 3 planches.
M. le baron de Cesati a étudié environ cent vingt espèces rapportées de
l’Amérique du Sud par M- Strobel ; dans ce nombre il faut citer le Clematis
Strobeliana Ces., voisin du C. ispahanica Boiss. , le Stipa vulpiœformis,
un Escallonia, le Hyalis aryentea, le Proustia ilicifolia (figuré), le Chu-
quiraga unguis Cati, YOxalis minutula , le Malachochœte assimilis , voisin
du Scirpus Pseudotriqueter Steudel, etc.
Icouograpliia pliycologica vneriiterranco-aclriatica, etc.;
par M. G. Zanardini. Yol. 3, fasc. i; in-A° de 36 pages.
Les espèces d’AIgues décrites dans ce fascicule sont les suivantes : Cysto-
seira corniculata (Wulf.) Zanard., Callithamnion hirtellum Zanard., C .
tripinnatum (Gratel.) C. Ag., Halyrnenia Corinaldii Menegh., Delesseria
crispa Zanard., Grateloupia Proteus (Kunth) Kiitz., Cruoria cruciata (Du¬
four) Zanard., R/dzophyllis dentata (Mont.) Kiitz., Chœtornorpha torulosa
(Zanard.) Külz., et Ch. urbica (Zanard.) Kütz.
La I\romtf9»idin€ë Junffe»'»nanniti> , Lichene délia tribu degli
Endocarpi, nuovamenle descritta e figurata ; par MM. Garovaglioet Gibelli
( Nuovo Giornale botanico italiano , octobre 1870, pp. 305-308, avec une
planche) ; tirage à part en brochure in-8°.
La synonymie de cette espèce est établie par les auteurs de la manière sui¬
vante : Normandina Junqermanniœ Nyl. — Lenormandia Jungermanniœ
Delise. — L. pulchella Massai. — Endocarpon pulchellum Bon*. — Ver-
rucaria pulchella Borr. — Sphœria Borreri Tulasne.
Une note résumant ce mémoire a été publiée par M. Garovaglio dans les
Comptes rendus de l’Institut lombard , seance du 19 mai 1870.
Geucris Attti'aynli spcclcs sei'oiitogeæ : pars prior : claves
diagnosticæ, présenté le 3 octobre 1867 ; pars altéra : Specierum enume-
ratio ; auctore Al. Bunge [Mémoires de l'Académie impériale des sciences
de Saint-Pétersbourg, vne série, t. xi, n° 16, 1868, et t. xv, n° 1, 1869).
La première partie renferme la description du genre Astragalus , de ses
sous-genres et de ses sections. Une série de tableaux dichotomiques conduit
ensuite à la détermination des espèces qui sont au nombre de neuf cent
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
189
soixante et onze. Or d'après l’auteur, il se trouve encore environ deux cents
espèces du genre en Amérique. Une table alphabétique des espèces renvoie
à la page et au numéro où est énumérée ou décrite chacune d’entre elles.
On regrettera peut-être que l’auteur ne les ait pas toutes décrites pour faciliter
les déterminations. En tout cas nos confrères seront heureux de trouver chez
M. Cosson, qui a acquis l’herbier Bunge, les types de l’auteur russe, qui
a signé bon nombre des espèces de sa monographie.
BIBLIOGRAPHIE.
Des limites naturelles des llores et en particulier de la florule locale de
Montpellier; par M. J.-E. Planchon (extrait des Actes du congrès scienti¬
fique , xxxve session); tirage à part en brochure in-8° de 7 pages. Montpellier,
typ. Jean Martel aîné, 1871.
Die Fructification von Rhi zomorpha Pers. ; par M. L. Fuckel (ibid., 1870,
n° 7).
Ueber Metzleria alpina Schimp. ; par M. J. Milde ( ibid . , 1870, n° 8).
Die erratischen Moose ( Les Mousses erratiques ) ; par M. J. Milde ( ibid.,
1870, nos 9 et 10).
Analecta pteridographica ; par M. Kuhn [ibid., 1870, n° 9). Cette note
concerne le Lomaria pedunculata Goldm.
Entwickelungsgeschichte der Empusa Muscœ und Empusa radicans ; par
M. Oscar Brefeld (ibid., 1870, nos 11 et 12).
Ueber Anomodon apiculatus Bruch et Sch. im Rhôngebirge ; par M. Adel-
bert Geheeb {ibid., 1870, n° 11).
Specie e varietà da aggiungere alla flora sarda ; par M. Gennari. Ca-
gliari, 1870.
Verzeichniss der botanischen autoren für Botaniker, Freunde der Pflanzen-
t
kunde und für Gartner {Enumération des auteurs de publications botaniques
pour les botanistes , les amateurs et les jardiniers) ; par M. Car. Salomon
(extrait du Gartenflora de 1870) ; tirage à part en brochure in-8° de 72 pages.
Plantæ phanerogamæ marinæ, quas Cl. Odoardus Beccaii in archipelago
Indico annis 1866 et 1867, et in mari Rubro anno 1870 collegit, enumeratæ ;
auctore P. Ascherson {Nuovo Giornale botanico italiano , novembre 1871,
p. 299). — Une seule espèce est nouvelle dans ce travail, VHalophila Bec -
carii Asch. , de Bornéo.
Studi sulle Alghe italiche, ordine delle Gigartinee, auctore F. Ardissone
{ibid., p. 303).
Dioscorea retusa Mast., n. sp. ( Gardeners ’ Chronicle , 1871, p. 1149).
Cette espèce est de l’Afrique australe, Burke n° 266.
Sexual law in lhe Coniferæ ; par M. Thomas Meehan (Proceedings of the
\cademy of natural sciences of Phüadelpjhia , 1869, pp. 121-122).
J 90
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Des effets de l’hiver 1870-71 au Jardin des plantes de Toulouse, et de l'ac¬
climatation ; par M. D. Clos ( Annales de la Société d'horticulture de la
Haute-Garonne , juillet-août 1871).
Vegetaiions-Skizzen vom Bahr-el-Ghazal (Esquisse de la végétation de
Bahr-el-Ghazal ); par M. G. Schweinfurth (Botanische Zcitung, 1871, n° 6).
Ce travail est suivi de la description de deux espèces nouvelles, Lagarosiphon
SchweinfurthiiC^. et Adiantum Schweinfurthii Kuhn.
Neucre Nachrichten ueber Bidens radicitus Thuill. ( Nouvelles recherches
sur le — ) ; par M. P. Ascherson ( Botanische Zeitung , 1870, nos 7 et 8).
Ueber eine merkwurdige Form von Godetia Cavanillesii Spach ( Sur une
forme remarquable du — ); par M. II. -A. Philippi ( ibid 1870, n° 7).
Hieracium albinum Fries, auctore Jos. Knaf ( Verhandlungen des botani-
schen Vereins fur die Provinz Brandenburg, 1870, pp. 87-88.)
Nachschrift ( Addition au mémoire précédent) ; par M. Lad. Celakovskv
(ibid. , pp. 88-92).
Ueber Elodea canadensis Rich. im unteren Oderlauf und ihr Zusaminen-
Ireffen mit Hydrilla dentala Casp. (L’Elodea dans le cours inférieur de l'Oder
et sa rencontre avec /’Hydrilla); par M. C. Sechaus (ibid. , pp. 92-10 J).
Beitràge zur màrkischen Laubmoos Flora ( Recherches sur les Mousses de la
Marche de Silésie) ; par M. C. AYarnstorf (ibid. , pp. 117-125).
Botanische AVahrnehmungen in Paris im april und mai 1870 ; par M. P.
Ascherson (ibid. , pp. 116-150) (1).
Ueber die Saamentràger bei Passiflora quadrangularis (Des placentas
du P. quadrangularis) ; par M. Schullz-Schultzenstein (ibid., 11A-117, avec
une planche.
Fi lices javanicœ; auctore M. Kuhn (Annales Muse i lugduno-batavi , t. iv,
fasc. ix et x). Ce travail très-soigné comprend le genre Lindsaya , classé
d’après les caractères des spores, et les suivants, dans l’ordre aussi qu’adop¬
tait Mettenius : Adiantum , Cheilanthes , Gymnogramme , Woodwardia ,
Doodya , Blechnum , Didymochlœna , Peranema , Nephrolepis , Dav allia,
Dennstœdtia , Microlepia , Saccoloma , Cystodium , Plagiogyria , Cibotium ,
Dicksonia , Acrostichum , Chrysodium, Lomariopsis , Pohybotrya , Leptochi -
lus , Dryostachyum , Teratophy l lum Mett. nov. gen. (Lomaria aculeata Bl.),
Lygodium, Schizœa , Osmunda, Marattia, Kaulfussia , Angiopteris.
Observationesde Urticeis quibusdam et de Fatoua, auctore F. -A. -G. Miquel
(îô/tf., fasc* x, pp. 301-308).
Die Farbenwandlung der Blüthen (La modification de couleur des fleurs) ;
par M. S. Reissek (Œsterreichische botanische Zeitschrift, septembre 1870,
pp. 257-266).
(1) Ceux qui pourront lire ces notes de voyage écrites au courant de la plume par
M. Ascherson y trouveront avec intérêt l’appréciation, faite par un Allemand, de la ma¬
nière dont la botanique est représentée et enseignée à Paris.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 191
Ueber einige Arten der Gattung Melampyrum ( Sur quelques espèces du
genre Melampyrum) ; par M. A. Kerner ( ibid :, pp. 266-273).
Albuca abyssinien Welw. ( Gardeners ’ Chronicle , 1872, n° 12).
On the production of bractea in Larix ; par M. Th. Meehan ( Proceedings
of the Academy of natural sciences of Philadelphia, 1869, pp. 176-178).
The law of development in the flowers of Ambrosia artemisiœ folia
[Loi du développement des fleurs de l’A. artemisiæfolia) ; par M. Thomas
Meehan (ibid., pp. 189-190).
Bidrag till kânnedom af Finska vikens ovegetation ( Recherches sur la végé¬
tation de la Finlande)', par M. M. Brenner ( Notiser ur Sallskapets pro
fauna et flora fennica Fôrhandlingar , 1871, pp. 1-38). — Florule énumé¬
rant cinq cent quatre-vingt-treize Phanérogames et dix-neuf Cryptogames,
plus un appendice ; une addition à ce travail se trouve pp. UU5-UU9 du
volume.
Bidrag till Sydostra Tavastlands flora ( Recherches sur la flore sud-orien¬
tale du district de Tavast) ; par M. J. -P. Norrlin (ibid., pp. 73-196).
Monographia Ascobolorum Fenniæ ; auctoreP.-A. Karsten (ibid., pp. 197-
210). — Vingt-deux espèces sont décrites dans cette monographie, dont l’au¬
teur ne nous paraît pas avoir eu connaissance de celle de M. Boudier.
Symbolæ ad mycologiam fennicam; auctore P. -A Karsten (ibid., pages
211-268).
Lichenes rariores circa Musliala lecti ; par lM. H. A. Kullhem (ibid.,
pp. 269-276). — Plusieurs espèces nouvelles : Lecanora Tilasii, Bacidia
tenella, B. sparsa, Bilimbiapallens, Biatora humida, B. betulicola.
NOUVELLES.
(Juin 1872.)
M. G. -A. Barbaglia s’est occupé depuis quelque temps de l’extraction
des alcaloïdes renfermés dans les feuilles du Buis. La buxine se retire, par
diverses manipulations chimiques appropriées, du précipité complexe qu’on
obtient en traitant le décocté sulfurique des feuilles et des ramuscules verts de
Buis par le carbonate de soude.
— Parmi les questions mises au concours par la classe des sciences de
l’Académie royale de Belgique pour 1873, se trouve la question suivante :
Faire un exposé des connaissances acquises sur les relations de la chaleur
avec le développement des végétaux phanérogames, particulièrement au point
de vue des phénomènes périodiques de la végétation, et, à ce propos, discu¬
ter la valeur de l’influence dynamique de la chaleur solaire sur l’évolution des
plantes.
192
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
— M. Schweinfurth est de retour de ses voyages dans le pays des Niam-
Niam et dans les contrées voisines en Éthiopie. Il paraît qu’un incendie a bien
malheureusement consumé une grande partie de ses dernières récoltes d’his¬
toire naturelle.
— On a annoncé il y a quelques mois la mort du colonel Chesney, décédé
dans un âge très-avancé. C’est ce voyageur qui avait fait sur les bords de l’Eu¬
phrate un voyage botanique dont les récoltes ont été déterminées par Bertoloni
dans ses Miscellanea botanica.
— L’Académie des sciences et belles-lettres de Caen a mis au concours
l’étude Du rôle des feuilles dans la végétation. Elle demande non pas un
simple exposé de l’état actuel de la science, mais des expériences précises et
des faits nouveaux propres à éclairer, infirmer, confirmer, modifier les points
douteux dans les théories actuellement admises. Le prix est de quatre mille
francs . Les mémoires devront parvenir à M. Travers, secrétaire de l’Aca¬
démie avant le 1er janvier 1876.
— M. P. Lévy a adressé il y a quelques mois à M. Eug. Fournier un
nouvel envoi de plantes du Nicaragua. 11 s’y trouve un grand nombre de Fou¬
gères, dont plusieurs nouvelles. Ces plantes sont actuellement en distribution
au même prix que les précédentes.
— Il vient de se former à Barcelone une Société de botanique destinée
principalement à l’échange des plantes, et dont le secrétaire estl). Juan Mont¬
serrat v A relis.
— M. le docteur Herrich Schâfer a quitté, pour raison de santé, la direction
du journal de Ratisbonne Flora ; il a été remplacé par M. le docteur Singer.
— Le livre de M. Prior sur les noms populaires des plantes d’Angleterre a eu .
avant la guerre les honneurs d’une seconde édition : On the popular names
of British plants , Williams et Norgate, 1870. Nous recommandons ce livre,
dont la première édition a été signalée il y a plusieurs années dans cette Revue ,
â ceux de nos confrères qui aiment à étudier les questions de linguistique que
soulève la nomenclature botanique.
— M. E. Bommer a été nommé récemment professeur de botanique à
l’université de Bruxelles.
— L’enseignement de la botanique à l’université allemande de Strasbourg
est confié à M. le comte de Solms-Laubach ; M. le Dr Schmitz, de Saarbrück,
est attaché au laboratoire de botanique. On assure que M. De Bary doit être
appelé à la direction du Jardin botanique de Strasbourg.
L)r Eugène Fournier.
taris. — Imprimerie de E. Martinet, rue Miynou, 2.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
(NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1871.)
N. B. — On peut se procurer les ouvrages analysés dans cette Revue chez M. F. Savy, libraire de la
Société botanique de France, rue Hautefeuille, 24, à Paris.
Le Jardin fruitier du Muséum, ou Iconographie de toutes tes
espèces et variétés d’arbres fruitiers cultivées dans cet établissement, avec
leur description, leur histoire, leur synonymie, etc.; par M. J. Decaisne.
Paris, chez Firmin Didot frères, fils et Cie.
M. Decaisne a terminé la monographie des espèces et des variétés de Poirier
qu’il avait commencée il y a vingt ans, et en retournant l’épigraphe empruntée
à Phèdre qu’il a mise en tête de son livre, il est juste de dire « Labori faber
non defuit », vérité que l’importance du travail accompli met au dessus de
tout éloge.
Les dernières livraisons du Jardin fruitier parues depuis que nous n’avons
parlé de cet ouvrage doivent être mises au commencement du livre. Elles ren¬
ferment : une introduction; l’étude organographique, analyse sur laquelle doit
s’appuyer la connaissance précise du genre Pirus , auquel certains botanistes
continuent d’assimiler d’autres types ; l’étude des maladies du Poirier; l’énu¬
mération des Poiriers à cidre cultivés dans les différentes provinces de France,
classés par ordre alphabétique; la table des poires publiées; la description des
espèces admises par les botanistes, et la description horticole des variétés du
groupe Sauger.
Dans son introduction, M. Decaisne a étudié la question de l’espèce à
propos des Poiriers. C’est un sujet qu’il a déjà traité il y a plusieurs années
devant l’Académie des sciences (1), et ses opinions à cet égard sont déjà con¬
nues de la plupart de nos lecteurs : l’espèce se présente à lui sous des aspects
très-divers, tantôt resserrée entre d’étroites limites, tantôt polymorphe et pour
ainsi dire divisible à l’infini. La nature a divisé une espèce principale en
espèces secondaires qui, soumises elles-mêmes à l’action modificatrice de la
culture, et conservant encore un reste de la plasticité primordiale, seraient
devenues les souches de nos races ou variétés actuelles, toujours plus multi¬
pliées dans la succession des siècles, mais toujours aussi incapables de se
changer les unes dans les autres qu’une espèce proprement dite (Pirus Malus,
(1) Comptes rendus , 1863, t. lvu, p. 6, et Bulletin , t. x, p. MiO.
T. XVIII. (REVUE) 13
19A
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
Persica Amygdalus Decne, Cerasus Prunus Decne), un genre ( Cydonia
Pirus Decne), une famille même sont incapables de se transformer en d’autres
espèces, d’autres genres, d’autres familles. Plusieurs siècles d’observation ont
déjà démontré que les Pomacées de nos vergers se divisent en groupes natu¬
rels que le vulgaire désigne par les noms de Poiriers, Pommiers, Cognassiers,
Néfliers, Sorbiers, etc. Il devient chaque jour plus évident pour l’auteur que
ces genres sont radicalement distincts, et que leur diversité de structure se
confirmera de plus en plus par de nouveaux caractères, indiquant leur sépa¬
ration naturelle en groupes de mieux en mieux définis, en même temps qu’on
verra se multiplier leurs types spécifiques. Réunir aujourd’hui en un seul type
générique le Pommier, le Poirier, le Cognassier et le Sorbier, ainsi que le
faisait Linné, ce serait méconnaître les lois sur lesquelles s’appuie la méthode
naturelle. On 11e conçoit pas, en effet, comment après avoir réuni générique¬
ment des plantes qui diffèrent par la nature de leur tissu ligneux, par la ver¬
nation des feuilles, par l’inflorescence, par l’estivation de la corolle, et enfin
par la structure du fruit, 011 n’a pas été logiquement conduit à faire un seul
genre de toutes les Pomacées.
Voici comment M. Decaisne divise l’unique espèce qui embrasse à ses yeux
tous les Poiriers connus :
1° Race celtique : foliis floralibus glabris, circinatis v. ovatis v. ovato-cor-
datis, integris v. crenulatis : fructibus sæpius fasciculatis, parvis, globosis
v. subturbinatis, longe pedunculatis, calyce deciduo umbilicatis, fuscis : Pirus
cordata Desv. {P. commuais \ ar. azarolifera DR. , P. Boissieriana Boiss. et
Buhse), P. longipes Coss. DR.
2° Race germanique : foliis floralibus subtus plus minusve arachnoideo-
villosis, ovatis v. cordatis v. circinatis, crenatis, fructibus sæpius solitariis
geminis ternisve, globosis v. turbinatis, viridibus, fuscis, maculatis, calyce
sæpius coronatis : Pirus commuais L. ( Achras et Piraster).
3° Race hellénique : foliis floralibus glabris v. subtus tomentosis, ovatis
v. oblongis v. linearibus, integris v. dentalis ; fructibus globosis v. turbinatis,
solitariis geminisve, pedunculo crassiusculo, viridibus fusco-maculatis : Pirus
parviflora Desf. (P. amygdaliformis Vill.), oblongifolia Spach, Bourgœana
Decne, syriaca Boiss., glabra Boiss., Bovecina Decne (P. angusti folia
Decne non Aiton), sinaica Thouin {persica Pers. ).
lx° Race politique : foliis floralibus adultisque tomentosis v. sericeis, ovato-
oblongis v. linearibus; fructibus solitariis geminisve, pedunculo crassiusculo,
rotundis v. turbinatis, viridibus fusco-maculatis, calyce coronatis: Pirus elæa-
gai folia Pall., Kotschyana Boiss., Michauxii Bosc, nivalis Jacq. ( salvifolia
DC.), canescens Spach, salicifolia Pall.
5° Race indique : foliis floralibus glabris v. pubescentibus, adultis ovatis
v. ovato-lanceolalis, acuminatis* crenatis ; fructibus solitariis geminisve, rotun¬
dis v. turbinatis, viridibus, lævibus v. verrucoso-punctulatis, calyce deciduo
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 195
umbilicatis, 3-5-locularibus : P. Paschœ Don, Kumaoni Decne, Balansœ
Decne, Jacquemontiana Decne, Calleycina Decne, betulœ folia Bunge.
6° Race mongolique : foliis floralibus glabrisv. puberulis, circinatis v. ova-
lis, margine acutissime serratis, longe petiolatis ; fructibus sæpius solitariis,
globosis v. turbinalis, calyce deciduo umbilicatis, junioribus sæpius longe
pedunculatis : Piras sinensis Lindl. (P. ussuriensis Maxim.), et varietates
Japonicæ hortenses.
Ajoutons que le P iru s indica Wall, doit, d’après M. Decaisne, devenir le
type d’un genre nouveau.
M. Decaisne a présenté à l’Académie des sciences (Comptes rendus , 1871,
t. lxxiii, pp. 1139-1 1AA) le résumé de ses Observations sur les Pomacées.
Il insiste fortement sur la nécessité de séparer en genres distincts les Pommiers,
les Cognassiers, les Sorbiers, les Poiriers, les Aubépines, etc. I lue suffit pas,
dit-il à propos de cette classification, d’imaginer des affinités en combinant
théoriquement certains caractères auxquels on attribue à priori plus ou moins
de valeur ; l’observateur superficiel n’aperçoit pas les différences et les excep¬
tions; mais cette uniformité apparente se convertit presque toujours, au con¬
traire, en une prodigieuse variété, aux yeux de celui qui observe les objets
avec une attention scrupuleuse.
Sa première observation porte sur le caractère tiré de l’estivation qui per¬
met de séparer nettement les Cydonia des Chœnomeles ( Cognassier du
Japon). Cette estivation est tordue dans le premier avec des fleurs icosandres,
tandis qu’elle est imbriquée dans le second, dont les fleurs sont polyandres ; si
l’on ajoute à ces caractères d’estivation, considérés jusqu’ici comme de pre¬
mière valeur, ceux tirés de la forme du calyce, de la nature du fruit, du port
très-différent des deux arbustes, on reconnaîtra la nécessité de maintenir
séparés génériquement ces deux types.
Le Mespilus et les Cratœgus ont présenté à i\l. Decaisne un caractère par¬
ticulier qu’il n’a point encore vu signalé. Ce caractère consiste dans la défor¬
mation constante de l’un des ovules, qui prend la forme d’un véritable pédicelle
coiffant l’ovule normal et s’appliquant exactement sur la chalaze.-— Le Buisson-
ardent, tour à tour ballotté entre les Cotoneaster, les Mespilus et les Cratœgus ,
se distinguera de ces genres par la position des cotylédons relativement au raplié
(voy. le Bull. t. xvm, p. 177). — Le caractère tiré de la vernation des
feuilles permet de distinguer avec la plus grande facilité les Sorbiers des Poi¬
riers. — Les anthères des Pommiers sont toujours de couleur purpurine, et
celles des Poiriers toujours blanches ou jaunâtres* — La pulpe des fruits de
chacun des genres de Pomacées présente des différences tellement constantes,
que l’examen des éléments anatomiques de cette partie charnue suffit seul poul¬
ies caractériser. — La forme des pétales pourra être prise en considération pour
séparer les Photinia des Eriobotrya.
Dans un autre mémoire qu'il prépare sur l’ensemble des Rosacées, M. De
19(5 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
caisne se propose de démontrer que plusieurs genres qu’on a récemment
associés à cette famille doivent en être absolument éloignés, et que les Stylo -
basium et Lecostemon sont voisins des Phytolaccées et des Nvctaginées et non
des Rosacées -Ghrysobalanées.
Il» nu cl «le l’amateur tics jardins , traité général d’horticul¬
ture; par MM. J. Decaisne et Ch. Naudin. Ouvrage accompagné défigurés
dessinées par A. Riocreux, gravées par F. Leblanc. Tome iv, in-8° de
657 pages. Paris, chez Firinin Didol, 1872.
Ce volume termine l’ouvrage de MM. Decaisne et Naudin. Il renferme la
culture des légumes et des arbres fruitiers de pleine terre, ainsi que celle des
plantes alimentaires de serre chaude. La première partie est divisée en quatre
chapitres, qui traitent : 1° de l’établissement et des principes de culture du
jardin potager ; 2° des légumes-racines ; 3° des légumes herbacés ; des légu¬
mes-fruits (cucurbitacés, solanés, siliqueux et Champignons). La deuxième
partie est consacrée aux fruits, classés ainsi : petits fruits bacciformes, fruits
drupacés, et fruits à pépins.
Parmi les articles les plus intéressants, dont le choix, on le comprendra sans
peine, est difficile à faire, nous devons citer : celui des Ignames, dont l’emploi
agricole paraît devoir être restreint à la production de fourrage dans les terres
sablonneuses infertiles, même pour le Dioscorea Decaisneo.nci , bien que ses
tubercules soient arrondis et demeurent à fleur de terre; — celui des légumes
cucurbitacés, qui doit une valeur spéciale aux observations de M. Naudin, et
qu’il importe d’autant plus de citer que, malgré la date un peu ancienne déjà
de ces observations, la plupart des traités de jardinage continuent à confondre
les espèces et les variétés de Courges ; — l’étude du Poirier et de ses différentes
espèces, qui retire une valeur considérable des longs travaux de M. De¬
caisne ; — celle des Figuiers ; — celle des Hespêridées, etc., etc.
M. Decaisne fait observer, à propos du Poirier, que l’expression de variétés
appliquée aux arbres fruitiers cultivés est tout à fait impropre. Il n’y a en effet
parmi eux que des formes individuelles, des variations sans consistance, que
la greffe seule peut conserver, et non pas des races fixées. C’est par abus de
langage qu’on en fait des variétés, et c’est sur cet abus de langage que roule,
en partie du moins, la discussion qui s’est élevée entre nos pomologistes mo¬
dernes sur la question de savoir si les variétés de Poirier dégénèrent ou ne
dégénèrent pas en vieillissant.
M. Decaisne donne la description de quatre-vingt-six poires choisies parmi
les plus recommandables. La taille et la culture du Poirier sont l’objet des
détails nécessaires, ainsi que la récolte et la conservation des fruits; vient
ensuite l’étude des maladies du Poirier et des insectes qui en causent quel¬
ques-unes, du Rœstelia cancellata et du Podisoma, etc.
Nous devons signaler aux amateurs l’Oranger du Japon, Citrus japonica >
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
197
qui supporte 12 à 15 degrés au-dessous de zéro à Shang-haï, et qui doit réus¬
sir parfaitement dans nos régions méridionales, probablement même en dehors
de la région restreinte de l’Oranger. Le fruit est une très-petite orange mûris¬
sant en décembre et janvier, et dont la pulpe est alors douce et sucrée, et la
peau si fine, qu’on ne se donne pas la peine de l’enlever. On trouvera avec
intérêt, dans le chapitre consacré aux Hespéridées, des détails sur la culture
artificielle des Orangers, entreprise sur une échelle remarquable par MM. Bec¬
querel à Châtillon-sur-Loing.
Nous engageons vivement les personnes qui liront ces lignes à parcourir le
livre que nous venons d’analyser. Les matières dont il traite sont choses qu’on
croit connaître et que l’on connaît parfois fort imparfaitement ; et il arrive trop
souvent à un botaniste honoré de ce nom, dans ses relations journalières, de
rester court quand on le questionne sur un sujet d’horticulture ou sur le
nom d’un fruit de table.
mémoire sur la moelle des plantes ligneuses ; par M. A.
Gris [Nouvelles Archives du Muséum , t. vi, pp. 201-302, avec 9 planches
gravées renfermant quatre-vingt-seize figures dessinées à la chambre claire
par l’auteur).
Ce mémoire est divisé en cinq chapitres. Le premier concerne les Réser¬
voirs de substances nutritives dans les axes végétaux. Le deuxième contient le
Résumé historique des connaissances successivement acquises sur le sujet. Le
troisième est consacré à l’exposé de la Structure générale de la moelle dans
les diverses régions de l’axe végétal. Le quatrième traite de Y Anatomie com¬
parée de ce tissu dans diverses familles végétales et de ses applications à la
botanique phytographique. Enfin le cinquième a rapport à la vitalité du sys¬
tème médullaire et aux mouvements des matières nutritives qu’il contient.
Le premier chapitre contient le résumé de communications faites à l’Aca¬
démie des sciences dans les séances des 26 février, 12 mai et 6 octobre 1866
(voyez le Bulletin, t. xm, p. 431, et Revue , p. 98). M. Gris poursuit l’étude
des réservoirs de matière nutritive dans le parenchyme ligneux, dans le paren¬
chyme intravasculaire, pourvu de cellules amvlifères dans les deux zones exté¬
rieures du bois, dépourvu de ce principe dans les couches plus intérieures; tous
ces éléments, les libres ligneuses elles-mêmes, sont appelés à jouer un rôle
important dans les phénomènes de la nutrition. La moelle, loin d’être inerte
dans cet acte, y prend part dans une large proportion.
M. Gris étudie successivement la moelle dans les entre-nœuds, dans les
nœuds, à la base des bourgeons, aux points où une pousse d’une année
succède à une pousse d’une autre année ; il appelle plus brièvement ces
diverses régions moelle internodale, moelle nodale, moelle subgemmaire et
moelle in terra méale.
La moelle internodale ne comprend que trois sortes d’éléments : 1° ceux
198
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
qui, généralement munis de parois ' épaisses et canaliculées, produisent des
matières de réserve granuleuses, ce sont les cellules actives ; 2° ceux qui,
munis de parois minces et ponctuées, ne produisent pas de semblables matières,
mais enserrent fréquemment des gaz : ce sont les cellules inertes; 3° ceux
qui, dans une enveloppe ténue, spéciale, produisent des formations cristallines:
cellules cristalligènes. Ces modes divers d’organisation peuvent se répartir
en trois groupes principaux. Ou bien la moelle est essentiellement formée de
cellules actives, présentant aussi des cellules actives et des cellules cristalli¬
gènes : c’est la moelle homogène ; ou bien elle renferme des cellules actives
et des cellules inertes : c’est la moelle hétérogène ; ou bien elle ne présente
que des cellules inertes : c’est la moelle inerte. Ce dernier cas est tout à fait
exceptionnel. M. Gris expose un grand nombre de cas dérivés de ces
types.
Dans le chapitre consacré à l’anatomie comparée de la moelle, à ses applica¬
tions à la botanique photographique, et dont plusieurs études détachées ont
paru dans les Comptes rendus de nos séances, M. Gris a examiné la moelle
dans les familles suivantes : Caprifoliacées, Éricinées, Oléinées, Ilicinées, Célas-
trinées, Berbéridées, Magnoliacées, Celtidées, Hamamélidées, Platanées, 3Ié-
lastomacées, Rhanmées, Rosées, Pomacées, Juglandées, Quercinées, Bétulinées
et Myricées. Il faudrait lire le mémoire de M. Gris pour savoir dans quelle
mesure les faits anatomiques, nouvellement observés par lui, confirment ou
contrarient certains traits de la classification.
Dans le sixième chapitre, qui forme comme la conclusion des études de
l’auteur, il s’est occupé surtout du tannin et de l’amidon renfermés dans la
moelle et du mouvement auquel sont soumises ces matières dans le tissu
médullaire. Les cellules actives renferment des matières nutritives, dit-il, à
diverses époques de l’année, pendant un temps dont la durée varie avec les
essences et qui peut être considérable. Ces matières se résorbent et se repro¬
duisent périodiquement. Enfin la moelle, loin d’être inerte et passive, comme
on l’avait cru avec De Candolle, concourt pour une large part à la nutrition
du végétal.
Ce mémoire servira, dans une large part, pour ceux qui feront un jour l’his¬
toire de la science, à établir combien en France l’anatomie végétale a fait de
progrès en vingt ans, depuis l’époque qui nous sépare des éléments longtemps
classiques de Richard et de Jussieu. On sentira davantage l’exactitude de cette
appréciation en lisant le rapport élogieux que M. Ad. Brongniart a lu à l’Aca¬
démie sur le travail de M. Gris, dans sa séance du 13 juillet 1871, et dans
lequel l’insertion de ce mémoire avait été demandée parmi les Mémoires des
savants etrangers.
Un extrait de ce mémoire, qui traite particulièrement de la structure
générale de la moelle, des applications de l’anatomie comparée de ce tissu à la
botanique phylographique, de son rôle physiologique, a été publié dans les
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 199
Annales des sciences naturelles (5e série, t. xiv, pp. 9-55), à la suite du
Rapport de M. Brongniart. e. F.
#
Les plantes naturalisées on introduites en Belgique;
par M. André Devos ( Bulletin de la Société royale de botanique de Bel¬
gique, t. ix, 9e année, pp. 5-122.
Ce travail assez étendu se compose : 1° d’une introduction qui renferme
des considérations générales sur la naturalisation et l’indigénat des plantes ;
2° d’une énumération systématique des plantes naturalisées ou introduites en
Belgique. Dans la première partie, l’auteur s’occupe successivement des plantes
cultivées, des plantes adventices, des plantes récemment naturalisées, des
plantes anciennement naturalisées et des indigènes. Les observations que rap¬
porte M. Devos et les faits déjà connus qu’il rappelle ont d’autant plus d’in¬
térêt, que l’année qui vient de s’écouler a vu se développer en France un
nombre considérable d’espèces introduites et qu’il sera bon d’examiner, en
contrôlant les faits antérieurement admis, la manière dont se comporteront
chez nous ces espèces nouvelles. Recherchant l’origine de plusieurs naturali¬
sations anciennes, l’auteur classe en trois groupes principaux les plantes intro¬
duites en Belgique avant l’époque moderne : époque romaine, époque du
moyen âge, époque de la renaissance. Il se rencontre en cela avec M. Chatin,
qui, dans notre Bulletin , a publié plusieurs articles sur la flore des vieux
châteaux.
M. Devos divise les plantes indigènes ou introduites en quatre classes, et,
pour les désigner, il emprunte à M. AVatson les expressions suivantes :
Nat ive plants, espèces qui paraissent indigènes en Belgique.
Denizen plants, espèces qu’on peut supposer introduites, mais qui sont
complètement établies dans le pays et qui s’y perpétuent sans le secours de
l’homme.
Les alien plants, moins bien établies, sont manifestement introduites et sont
connues comme étant de provenance exotique.
Les colonist plants sont les mauvaises herbes des lieux cultivés et du voi¬
sinage des habitations.
Le nombre des plantes introduites en Belgique est de 512 : sur ce nombre,
91 proviennent du midi de l’Europe ; 137, de l’est de l’Europe ou de l’Orient ;
1 A, de l’Europe centrale ; 5, de l’Europe boréale; 16, des régions alpines ;
34, de l’Amérique; 5, d’Afrique; 210 ont, suivant l’auteur, une patrie in¬
connue.
Parmi les plantes dont M. Devos conteste l’indigénat en Belgique, nous
mentionnerons le Trollius européens L., X Epimedium alpinum , indiqués par
les flores ; et un certain nombre de plantes alpestres ou boréales dont la pré¬
sence ne paraît pas inexplicable sur les collines delà Belgique. Au nombre des
espèces récemment naturalisées les plus intéressantes et de celles qui parais-
200
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
sent le plus disposées à se répandre et à se maintenir, sont le Claytonia per fo¬
liota Don, l 'Elodea canadensis Ricin, et le Rudbeckia diyitata DC., plantes
originaires de l’Amérique du Nofd.
Catalogne de plantes plus ou moins rares observées
en Belgique ; par M. Apollon Hardy ( Bulletin de la Société bota¬
nique de Belgique, t. IX, 9e année, p. 122-133).
Dans cette énumération d’espèces observées en Belgique depuis dix ans,
nous signalerons le Viscum album couvrant entièrement un Chêne rabougri
dans un bois sur les bords de la Lomme, aux confins des provinces de Namur
et de Luxembourg; une variété du Viola lutea Huds. , présentant les deux
pétales supérieurs bleus ; Y Omphalodes verna , recueilli dans une localité tel¬
lement abondante que l’auteur croît à l’indigénat de cette espèce ; le Knautia
silvatica Duby, abondant aux environs de Malmédy ; enfin un assez grand
nombre de Mousses et d’Hépatiques.
Nouvelle» notes sur la flore de Codèvc ; par M. A. Aubouy
{Annales de la Société d' horticulture et d'histoire naturelle de l'Hérault ,
2* série, t. ni).
Une première note de M. Aubouy a été analysée dans cette Revue (t. xvii,
p. 129).
Parmi les espèces citées par l’auteur comme résultats de ses herborisations
aux environs de Lodève, et principalement aux bords de la Vis, nous men¬
tionnerons : YArabis auriculata Lann, VAlsine hybrida Jord.; le Potentilla
recta, dont M. Loret avait déjà signalé une autre localité dans le départe¬
ment (1); le Sanguisorba officinalis L. , dont MM. Grenier et Godron contes¬
taient la présence dans la région méditerranéenne ; le Paronychia cymosa
Link, Y Iris olbiensis Hénon, ou Lee. etLam.? (car, pour l’auteur, il y aurait
sous ce nom deux espèces distinctes); YOrchis ambigua De Martrin-Donos; le
Cyperus badius Uesf. , commun autour de Lodève, où il n’avait pas été signalé ;
le Cladium Mariscus, queM. Aubouy croit importé par les oiseaux voyageurs;
le Carex Mairii Coss. et Germ., qui avait été trouvé pour la première fois
dans le département par M. Duval-Jouve ; YAgrostis olivetorum G. G., le
Piptatherum multiflorum Beauv., le Festuca consobrina Timb. , les Asplé¬
nium lanceolatum Huds. et Breynii Retz.
M. Aubouy annonce qu’il a recueilli en outre autour de Lodève un grand
nombre d’autres plantes d’origine étrangère, aujourd’hui naturalisées ou en
voie de naturalisation, apportées avec les laines d’Afrique ou d’Amérique; il se
propose d’en faire l’objet d’un travail spécial.
(1) Bullet, Soc. bot., t. xv ^Séances), p. 10H.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
201
Catalogue des» plantes vasculaires qui croissent natu¬
rellement «laus les environs cl’ Ai*; par MM. Amédée de
Fonvert et J. Achintre. In-8°, 170 pages, Aix, 1871. Impr. Marius IUy.
Ce catalogue ne comprend que les plantes croissant dans un rayon peu
étendu autour de la ville d’Aix (Bouches-du-Rhône). Les auteurs ont cependant
reculé quelque peu la limite de leurs excursions dans la direction de quelques
localités inéressantes. Le terrain exploré est exclusivement calcaire; la configu¬
ration du sol et ses différentes conditions physiques influent bien plus que sa
composition sur la végétation. Le point culminant de la régiofc est le sommet
de Sainte-Victoire élevé de 1000 mètres. La première partie du catalogue,
jusqu’aux Cinarocéphales inclusivement, a été rédigée par M. de Fonvert; la
seconde partie, depuis les Chicoracées, par M. Achintre.
L ' Anemone Coronaria , commune dans les champs cultivés, ne paraît pas
à l’auteur d’une spontanéité complète.
M. Achintre signale une nouvelle variété de Capparis spinosa qu’il appelle
sterilis, et qui répond au Capparis folio acuto de Garidel ; elle a les feuilles
plus allongées, non mucronées, les tiges et les rameaux verts, jamais ascen¬
dants, et ne donne pas de fruits.
L 'Anagyris fœtida L. a été observé par M. le comte de Saporta sur le
versant ouest de la colline des Pauvres, vaste plateau de molasse coquillière.
VArceuthobium Oxycedri B\eberst. , Loranthacée parasite sur le Genévrier,
est indiqué à la localité de Nimet avec la mention : très-rare.
M. T.
Osservazloul suit’ erliario «fi i Uniico ; par M. R. de Visiani
(Nuovo Giornale botanico italiano , juillet 1870, pp. 208-229).
Les observations de M. de Visiani concernent les plantes suivantes : Atropa
Mandragora , Ferula communis , F . nodiflora , Seseli globiferum, Statice
reticulata, St. cor data, St. minuta. Thymus Zygis , Alyssum creticum ,
Anthémis peregrina, A « Cota , A. altissima, Senecio ncbrodcnsis.
Descrlzionc «Il due spccie d ’##?/<! ttotvi d’Abyssiuea ; par
M. O. Beccari (Nuovo Giornale botanico italiano, janvier 1871, p. 5).
Ces deux espèces ont été recueillies avec beaucoup d’autres dans un voyage
que M. Beccari a fait pendant l’été de 1870, dans le pays de Bogos, en com¬
pagnie de M. le marquis Antinori, déjà bien connu par ses voyages dans les
hautes régions de l’Abyssinie. Partis le 15 février de Gênes, les voyageurs arri¬
vèrent le 9 mars à la baie d’Assab, sur la côte africaine de la mer Rouge, dans
le pays de Danakil, près du détroit de Bab-el-Mandeb. Après avoir exploré su¬
perficiellement la baie d’Assab, ils partirent le 20 mars pour Aden. d’où ils
202
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
revinrent le 30 à Assab, et de lh à Massouah, où ils passèrent tout le mois
d’avril. Les mois suivants furent consacrés aux environs de Bogos, jusqu’au
25 août.
Les deux Hydnora nouveaux décrits par M. Beccari portent les noms à’ H.
Johannis et //. bogosensis. Peut-être un de ces noms fait-il double emploi
avec Y Hydnora abyssinien Al. Br. in Schweinf. Beitr. z. Flora Aethiop.
1,217, lequel est aussi parasite sur les racines d’un Acacia.
Peit'osavift, nuovo genere di piante parasite délia famiglia delle Melan-
tliaceæ ; par M. O. Beccari (ibid., p. 7).
Ce nouveau genre, dédié au professeur de Pise que la science a récemment
perdu, est de Bornéo (Beccari n° 2399, 3000 ped.). Il présente les caractères
suivants :
Perigonium trigonum 6-partitum, persistens, coloratum, inferum, phyllis
inæqualibus, 3 exter. minoribus angustioribus, basi omnibus connatis. Stamina
6, pbyllis opposita et eorum basi inserta; filamenta subulata; antheræ bilocu-
lai 'es apice acutiusculæ, basi bilobæ, basifixæ, introrsæ. Ovaria tria, peri-
gonii phyllis angustioribus opposita, ex ima basi libéra, sessilia , follicularia,
erecta; stigmata sessilia vix incrassata, papillosa; ovula horizontalia, anatropa,
placenlis 2,' latis, marginalibus et ventralibus bi-triseriatim affixa. Fructus
tri-follicularis, folliculis siccis, horizontalibus, sutura ventrali hiantibus.
Semina numerosa, ovali-elliptica, 7-9-costata, integumenlo membranaceo
byalino, rapbe chalazaque incrassatis cincta. Testa chartacea, brunnea, embryo
cartilagineo-oleosus. — Praelloratio valvaris.
Note *o|>râ alcunc Palme liorncnsS ; par M. O. Beccari ( ibid
p.Ill).
Les Palmiers dont il est question dans cette note sont les suivants : Caryota
Nô , sp. n. (Beccari n° 3643) ; Caryota Grifpthii Becc. (C. sobolifera
Griffith non Wall, nec Mart. , Becc. nos 955, 1281) ; C. propinqua Bl. (Becc.
n° 2219) ; Eugeissona minor , sp. n. (Becc. n° 2bbU) ; E. insignis , n. sp.
(Becc. n° 2010); E. utilis, sp. n. (Becc. n° 3812); E. tristis Griff. (Becc.
n° 3443) ; Teysmannia altifrons Rchb. et Zoil. (Becc. nos 1942, 3645) ;
Metroxylon Sagas Roltb. et M. Rumphii Mart. (Becc. n° 3122).
Illustrazionc <li innove o rare spccic «H piante lior-
nensi ; par M. O. Beccari (ibid., avril 1871, p. 121).
Ce mémoire est consacré à la famille des Anonacées, très-richement repré¬
sentées dans les collections que AI. Beccari a rapportées de Bornéo. Elle y
renferme en effet cent cinq espèces. En réunissant toutes les Anonacées qui
étaient connues à Bornéo avant son exploration, on obtenait le chiffre de
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
203
soixante-dix-sept. Dans ce nombre plusieurs constituent même des genres nou¬
veaux : Eburopetalum , Marcuccia , Enicosanthum , Mezzettia. 6 planches sont
employées à l’illustration de cette importante étude.
Nova s|>cctcs Italie» ex généré Ophrfjtiuw, par M. P. -A.
Saccardo avril 1871, p. 165).
Ophrys integra Sacc. (O. apifera Huds. var. (3. Trollii Sacc. antea, non
Rchb. — Labello ovato v. subrotundoin apicem breviter acuminato, indiviso,
exappendiculato, discoet margine piano, linea verticali media glabro, lateribus
velutino ; laciniis perianthii internis a basi rotundata anguste lanceolatis, pu-
bescentibus.
( ompciulio délia flora itallana, fasc. 6-9 ; publié par les soins
de MM. les professeurs deCesati, G. Passerini et G. Gibelli ; avec un atlas
d’environ 80 planches, exécutées sur des dessins faits d’après nature par
M. Gibelli. Milan, 1870-71.
La suite des livraisons de celte importante publication continue. Les auteurs
ont abordé maintenant les Monocotylédones. Nous devons citer parmi les espèces
les plus intéressantes signalées depuis les montagnes du Tirol jusqu’en Sicile,
dans les livraisons que nous avons sous les yeux, les plantes suivantes : Juncus
bottnicus AVahlbg., Tulipa Beccariana Bicchi, plusieurs espèces de Tulipa
établies par M. Rebûul ; Ornithogalum comosum Pari. an. L ?(0. garganicum
Ten. , O. saxatile Vis.), espèce qui se retrouve dans les lieux herbeux des
montagnes d’un bout à l’autre de la Péninsule; Alliurn pulchellum Don (A.
valdensium Boiss. Reut.), A. violaceum Willd. (A. carinatum Ail. non L.)f
A. margaritaceum Sibth. et Srn. (Calabre et île de Lampédouze), Myrsi-
phyllum asparagoides Willd., originaire du Cap, et naturalisé dans les envi¬
rons de Palerme ; Asparagus stipularis Forsk. (Sicile, île de Lampédouze).
Les fascicules 8-9 de cette publication contiennent le complément de
la famille des Iridées, Cannacées, celles des Orchidées, des Hvdrocharidées,
des Butomées, des Alismacées, des Juncaginées, des Potamées, des Naïadées,
des Zostéracées et des Lemnacées. Ils terminent la description des Mono¬
cotylédones.
Nous remarquons que les auteurs ont admis le genre Xyphium Parlatore,
séparé par ce botaniste du genre fris L. Le Canna indica L. , naturalisé en
Sicile, aux bords des eaux tranquilles, entre Syracuse et Agosta, représente seul
la famille des Cannacées. L 'Aceras longibracteata Rchb. figure sous le nom
générique de Barlia Pari., dédié au botaniste de Nice, M. Baria.
Nous signalerons YOrchis Gennarii Rchb., hybride des O. papihonacea
et Morio ; Y O. Bornemanni Ascii., hybride des O . papihonacea et longi-
cornisiYO. Nicodemi Ten., hybride des O papilionacea e t laxiflora. L’Or-
204 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
chis mascula L. n’est indiqué qu’avec un point de doute; une note nou
apprend que la plante italienne, soigneusement comparée par M. de Cesatiavec
des échantillons d’Angleterre, de Belgique et d’une partie de l’Allemagne, se
rapporte, de même que ces derniers, à Y O. stabiana Ten., qui lui-même est
identique à Y O. speciosa Host. M. de Cesati n’a pu examiner la plante publiée
par Fries dans YHerbarium normale suecicum et qui est peut-être, de l’avis
de M. Parlatore, un type particulier. Le Gymnadenia albida L.-G. Rich.
forme le genre Bicchia Pari. , dédié au prof. Ces. Bicclii de Lucques.
VOpkrys Inzengœ des auteurs du Compendio est YO. arachnites Todaro
signalé en Sicile. Le Vallisneria spiralis et sa variété pusilla Barbiéri sont
indiqués dans les eaux dormantes de l’Italie supérieure et centrale, et même
dans les eaux thermales du Padouan et des environs de Pise. Le Stratiotes
aloides habite les lacs et les marais du nord de l’Italie. Une forme vivipare
de l’ Hydrochar is Morsus-ranœ , remplaçant les bourgeons (loraux par les
bulbilles, se trouve dans les fossés et les marécages du Piémont et du Par¬
mesan (var. (3. vivipara G. P. et G.). VAlthenia filiformis F. Petit est
indiqué au lac de Salpi et dans les eaux jaunâtres près de Messine et de Boni-
facio. Ges deux fascicules sont accompagnés de six planches reproduisant des
détails des organes des plantes décrites et parfois donnant le port des végétaux
entiers.
Floræ Vulturis synopsis, exhibens plantas vasculares in Vulture monte
ac finitions locis sponte végétantes, auctore Nicolao Terracciano. In-8° de
206 pages. Naples, 1869.
Les espèces énumérées dans ce Synopsis sont au nombre de 977. Une
d’entre elles est nouvelle ; c’est la suivante :
Helminthia mucronata Terracc. — IL caule erecto piloso-scabro ; foliis
strigoso-bispidis integris, radicalibus peliolatis oblongis, caulinis amplexicau-
libus oblongo-lanceolatis, lloribus corymbosis ; anthodii foliolis omnibus mar-
gine et ad nervos strigoso-aculeatis, exterioribus cordato-ovatis acuminalo-
mucronatis interiora superantibus ; seminibus glabris tenuissime scabris ;
pappo brevissime pedunculato. — H. echioidi AVilld. alïinis, sed anthodii
foliolis exterioribus et pappi characlere ab ilia satis distincta.
Les caractères géographiques du pays qui fait l’objet de ce mémoire ont été
appréciés par Tenore et Gussone (voy. Pringsheim, Thés. , éd. 1, n° 3994).
ProspeUo liclimologico clclla Toscan» ; par M. F. Baglietto
[ibid., cahiers d’avril, août et novembre 1871).
Ce mémoire présente une énumération importante des Lichens de l’Italie
centrale; la flore des Apennins s’y trouvant jointe ainsi que celle des îles voi¬
sines de la Toscane, le nombre des espèces et surtout des formes y est con¬
sidérable. Quelques nouveautés y sont indiquées : Lecanora zonatn , Rino-
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 205
dîna Beccariana , Callopisma congl orner atum, Urceolaria bispora , Bue Ilia
hyperbolica , Placidiopsts ptsana, Thelidium mami l latum , Leptogium
cormculanoides , etc. La plupart de ces découvertes sont dues aux herborisa¬
tions de M. Beccari, aussi zélé à enrichir la flore italienne qu’à explorer les
contrées lointaines. Le Prospetto peut former un guide fort utile, en attendant
des descriptions plus complètes, pour les botanistes qui s’adonnent à la liché-
nographie dans le midi de l’Europe.
Storia naturelle délie plante crittogame che nascono sulle
lave vesuviane ; par M. Gaetano Licopoli (extrait des Atti délia Reale
Accademia delle scienze ftsiche e matematicke di Napoli); tirage à part
en une brochure grand in-8° de 58 pages, avec 3 planches. Naples, typ.
del Fibreno, 1871.
Ce mémoire a été composé pour répondre 5 une question mise au concours
par l’Académie de Naples, et couronné par elle. Il est divisé en quatre parties.
Dans la première, qui présente au moment où nous écrivons ces lignes une
triste opportunité, l’auteur étudie les laves du Vésuve, leur date relative, et
les conditions qui sont nécessaires pour qu’elles donnent naissance à une végé¬
tation cryptogamique. La seconde partie est une liste de Cryptogames recueillis
sur le Vésuve. Elle est limitée aux espèces qui s’implantent directement sur
la lave. Dans la troisième partie sont enregistrées des études anatomo-phy¬
siologiques faites sur les espèces les plus caractéristiques : Stereocaulon vesu-
vianum, Acarosporci vesuviana, n. sp., Lecanora coarctata-elacista , Lecidea
platycarpa , Nostoc lichenoides. Enfin, dans la quatrième partie sont réunies
quelques considérations générales, relatives à l’adhérence de ces Cryptogames
à la lave sur laquelle ils naissent. La partie principale de ce mémoire est
l’étude organogénique du Stereocaulon. Les espèces énumérées y sont au
nombre de cent trente-trois. Ce sont les Lichens et spécialement le Stereo¬
caulon qui s’implantent d’abord sur la lave.
Il faut environ six ans d’ancienneté à la lave avant qu’il se développe aucune
végétation à sa surface. L’abondance de la végétation est sur les flancs de la
montagne en raison directe de l’ancienneté de la lave et en raison inverse de
la hauteur du point observé. Nous devrions dire était, car après l’éruption
dont le volcan vient d’être le théâtre, le mémoire de M. Licopoli n’est plus
guère qu’un travail archéologique (1).
Note algoIogicSac $ par M. N. Pedicino ( Bulletino delV Associazione
dei naturalisti e medicî per la mutua istruzione, juillet 1870, pp. 109-
112 ; août 1870, n° 8, pp. 120-122).
Ces notes ont rapport à la prolifération des Valonia , à l’expansion basilaire
, T * *" * 1 *
(1) On trouvera un résumé de ce travail fait par M. Licopoli lui-même dans le Bulletino
delV Associazione dei naluralisli e medici per la mutua istruzione , février 1870, n° 2,
pp. 20-24. — Voyez, sur le Stereocaulon , le Bulletin, t. xm, p. 289.
206
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
des Gorallin es, aux ramifications et aux bifurcations des Callithamnion et à
la soudure des laciniures des Algues en général, et en particulier de 1 ' Haly-
menia Moncirdiana et du Ginannia furcellata .
La prolifération des Valoniées n’est pas la même que celle qu’on observe chez
les fJryopsis et d’autres Algues et qui s’effectue par gemmation. Les parois des
grosses vésicules des Valoniées sont constituées par une seule cellule ou mem¬
brane formée de plusieurs couches. Une couche verte est adossée à une couche
verte ; le contenu de la vésicule semble être de l’eau de mer. Les nouvelles
vésicules qui se forment dans l’intérieur de la vésicule-mère sont longtemps
adhérentes aux parois de celle-ci ; tantôt elles restent enfermées dans son
épaisseur par le dépôt des couches d’accroissement successives ; tantôt elles
s’en dégagent pour se développer librement dans la cavité de la vésicule-
mère.
La croûte au moyen de laquelle les Corallines adhèrent aux roches situées
au-dessous du niveau des eaux a pu, par sa ressemblance avec les Mélobésiées,
suggérer que les Mélobésiées ne sont que des Corallines en voie de développe¬
ment ; la difficulté de faire de bonnes observations sur les expansions basi¬
laires des Corallines, qui naissent rarement isolées, a contribué à maintenir
beaucoup d’incertitude dans le sujet. M. Pedicino a rencontré dans cet état,
sur les coquilles de petits Mytilus , dans le golfe de Naples, un Amphiroa qui
ne ressemblait aux Mélobésiées que par son port.
Dans la soudure fréquente entre les ramifications des Algues, qu’elles
soient cylindriques ou laminaires, les parties intéressées par cette fusion orga¬
nique sont uniquement les couches corticales des ramuscules soudés; le tissu
médullaire demeure sans altération, du moins dans Y Halymenia ; les élé¬
ments qui lui ressemblent dans les parties soudées du Ginannia sont des cel¬
lules corticales transformées, n’ayant aucun contact avec le tissu médullaire
véritable.
tic la signification morphologique tic la trille de la
Vigne-vierge ; par M. Dutaillv ( Adansonia , l. x, pp. 10-17).
M. Dutailly attaque la théorie exposée dans notre Bulletin , il y a déjà plu¬
sieurs années, par M. Prillieux (1) qui regarde la vrille comme résultant d’une
partition de l’axe. Pour M. Dutailly, les vrilles rentrent dans la classe des
bourgeons axillaires. Ce sont des bourgeons qui, au lieu d’émerger comme
d’habitude à Faisselle d’une feuille, sont restés accolés à la tige, se sont allongés
avec elle, et ne s’en sont séparés que plus haut, à des hauteurs inégales,
comme les inilorescences de certaines Solanées (2).
(1) Voyez le Bulletin, t. ni, p. 645 et suiv.
(2) Voyez la thèse de doctorat de M. Naudin.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
207
Et par Ord oui Cucnrbitncccrncs Slyngtraad ( Quelques
mots sur la vrille des Cucurbitacées ) ; par M. Eug. Warming (extrait des
Videnskabelige Meddelelser fra den naturhistoriske Forening i Kjo-
benhavn, décembre 1870); tirage à part en brochure in-8° de 9 pages,
avec une planche.
Chez les Cucurbitacées, il n’y a dans l’aisselle des feuilles qu’une seule
gemme axillaire, d’où devraient toujours sortir : 1° une fleur terminale, mâle
ou femelle; 2° un bourgeon feuillé A, et 3° une inflorescence B, homodrome
avec l’axe principal, et antidrome au bourgeon A. Quant à la vrille, c’est
vraisemblablement un rameau extra-axillaire; elle naît sous forme d’un mame¬
lon cellulaire plat en dehors de l’aisselle.
Sur nu genre nouveau «1© Composées de la flore indigène de
l île de la Réunion; par M. E. Jacob de Cordemoy ( Adansonia , t. x,
pp. 21-28).
Ce genre est le genre Frappieria , dédié à M. Ch. Frappier, qui en a le
premier étudié sur place les caractères. Ce genre est voisin du genre Psiadia.
Il comprend trois espèces à la Réunion.
Om de vigtigste af de i det 4ïtle llæfte af F/oiv® tlnnicft
optageoe planter ( Des plantes les plus importantes contenues dans
la U7à livraison du Flora danica) ; par M. J. Lange ( Overgsigt over det
Kongelige danske Videnskabernes Selskabs F orhandlinger , 1869, pp.
108-121).
Le Festuca elongata Ehrh. ( Brachypodium Fries, Glyceria GG., Lolium
festucaceum Link, Festuca loliacea Curt., F. Phœnix Thuill.) est consi¬
déré généralement comme un hybride du F. pratensis et du L. perenne :
il a en effet des caractères communs avec ces deux espèces ; d’ailleurs il
n’apparaît que rarement et en petit nombre d’exemplaires, et on ne l’a jamais
rencontré avec des graines bien mûres et susceptibles de germer. — Le Ga-
lium palustre L. et le G. elongatum Presl doivent être regardés comme deux
formes de la même espèce, de même que le Galium debile Desv. et le G. con -
strictum Chaub. — Le Primula Tommasinii G. G. est probablement un
hybride issu du croisement du P. elatior et du P. officinalis. — L ' Armer i a
labradorica Wallr. ne diffère probablement pas de VA. sibirica, et n’est peut-
être qu’une forme arctique de l’ A. maritima. — Le Juncus atricapillus Drej.,
commun en Jutland, croît aussi dans les sables de la Hollande, et sa forme
sparsiflora se rapporte au Juncus anceps Laharpe de l’ouest de la France.
C’est cette espèce qui est représentée dans les Icônes de Reichenbach, sous le
nom erroné de J. nigricans Drej. — Le Filago germanica L. comprend deux
espèces : F. apiculata G.-E. Smith (F» lutescens Jord.), et F. germanica
208
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
(L.) Smith (F. canescens Jord.). — Le Sparganium hyperboreum Læstad.
est une espèce si voisine du S. minimum Fr. de l’Europe centrale, qu’il pour¬
rait bien être une forme arctique de ce dernier, qui, d’après Blytt, ne dépasse
pas en Norvège la limite des Conifères. — Le Carex paniculata var. pallida
Lge peut résulter du croisement du C. paniculata et du C. remota , en com¬
pagnie desquels on l’a trouvé, et avec lesquels il présente un assez grand
nombre de caractères communs.
Conspectus Algarum llrasiliæ iiactciius detectarum ;
par Ni. G. de Martens ( Videnskabelige Meddelelser fra den naturhisto-
riske Forening i Kjobenhavn, 1870, pp. 297-31Ù).
On ne connaissait pas encore d’Alguesd’eau douce du Brésil, M. de Martens
en signale neuf. Les Algues marines sont bien plus nombreuses dans les col¬
lections. M. Martens en énumère environ cent soixante-dix. A la suite de cette
énumération vient une série d’espèces exclues et attribuées par erreur à
l’Océan américain.
M. de Martens a décrit dans le même recueil, en 1871, les Algues recueil¬
lies en 1869 et 1870 autour de Rio de Janeiro, par M. Glaziou, directeur du
jardin public de Rio. Celte collection enrichit le Conspectus précédent de
vingt-cinq espèces, dont deux tout à fait nouvelles : Cladophora elongata et
Laurcncia Brasiliana , très- voisine du L. Mexicana Liebm.
Le Darwinisme $ par M. Émile Ferrière. In-12 de h'x 8 pages. Paris,
Germer-Baillière, 1872.
Ce livre est divisé en quatre parties. La première comprend l’exposé métho¬
dique de la théorie de Darwin, avec faits à l’appui. Chacune des sections se
termine par un résumé où les notions acquises sont disposées en tableau synop¬
tique. La deuxième partie est consacrée au rôle de la sélection dans les langues,
sorte d’opération inconsciente bien propre, dit l’auteur, à faire comprendre le
rôle de la sélection dans la nature. La troisième partie comprend un résumé
des faits et des théories qui concernent la période glaciaire. Dans la quatrième
partie, enfin, sont discutés les fondements mêmes de la classification naturelle,
fondements ébranlés par les partisans du darwinisme, c’est-à-dire l’espèce et
même le genre. Ce livre peut être regardé comme un abrégé des faits qui,
dans la doctrine aujourd’hui généralement controversée du transformisme, se
rattachent à l’origine des êtres.
Synonymia tootanica locupletlssiitia generum, sectionum vel
subgenerutn ad finem anni 1858 promulgatorum ; par M. Ludwig Pfeiffer,
de Cassel. I11-80 de 672 pages. Cassel, chez Th. Fischer, 1872.
L’introduction latine de ce livre est datée de septembre 1870. Vient ensuite
une préface en allemand, indiquant le plan du livre. Le livre lui-même com-
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 209
prend deux parties. La première est une énumération des genres disposés sui¬
vant ia méthode d’Endlicher, par classes, ordres, familles et tribus, à partir
des Algues jusqu’aux Légumineuses. Dans cette énumération, disposée sur
deux colonnes, chaque genre adopté par l’auteur est pourvu d’un numéro
d’ordre ; le numéro le plus élevé est 12608, Les genres fossiles sont compris
dans celte énumération. Un appendice comprend des Généra non satis nota
et va jusqu’au n° 12908. Des Addenda et emendanda vont jusqu’au
n° 12442.
La deuxième partie est un Index nominum dressé par ordre alphabétique,
qui renvoie aux numéros établis dans la première partie.
Malgré la date un peu ancienne (1858) à laquelle se terminent les recher¬
ches bibliographiques dont ce livre présente la mise en ordre, il pourra
rendre de grands services pour la classification des herbiers.
Novfeienclator botanicus. Nominum ad finem anni 1858 publici
juris factorum, classes, ordines, tribus, familias, divisiones, généra, sub-
genera vel sectiones designanlium enumeratio alphabetica, adjectis aucto-
ribus, temporibus, locis systematicis apud varios, notis literariis atque ely-
mologicis et synonymis ; conscripsit L. Pfeiffer. Vol. i, fasc. 1-2 ; in-4°.
Cassel, 1871.
Ce Nomenclator est un Index également disposé sur deux colonnes, comme
le précédent, mais il est plus étendu que celui qui forme la deuxième partie
du livre précédent. L’auteur y indique pour chaque nom générique où il a été
décrit, à quelle famille il appartient, à quel genre il convient dans certains
cas de le rapporter comme synonyme, quelle en est l’étymologie grecque. Les
familles y sont placées aussi avec l’indication des genres qu’elles renferment.
Recherches sur l’organisation et les affinités des Sal-
vadorées $ par M. H. Bâillon ( Adansonia , t. ix, pp. 277-290).
M. Bâillon retrace d’abord les travaux publiés sur ces plantes, qui sont
loin de concorder entre eux. Il pense que M. Planchon, en écrivant son
mémoire de 1858 sur la famille des Salvadorées (Ann. sc. nat.> 3e série, t. x),
n’a eu sous les yeux qu’une Térébinthacée à fleurs tétramères et hermaphro¬
dites dans toutes leurs parties. M. Dickson vient de comparer de nouveau les
Salvadorées aux Lentibulariées dont Payer les faisait voisines (1), et se demande
si elles 11e sont pas à ces dernières dans les mêmes rapports que sont les
Plombaginées avec les Primulacées. M. Bâillon fait remarquer que le caractère
tiré de la monopétalie de la corolle passant, dans la classification de Jussieu,
avant ceux qui révèlent l’organisation fondamentale de l’androcée, du gynécée
et du fruit, on a comparé successivement 1 eSalvadora avec le plus grand nombre
(1) Transactions de la Société royale d’ Edimbourg , vol. XXV, p. 547.
T. XV III. (revue) 14
210
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
possible de familles à corolles monopétales. Pour lui la véritable affinité des
Salvadora les rattache, avec Y Actegiton et le Monetia , types franchement
poly pétales, aux Célastrinées. Il soupçonne même que la prétendue corolle
gamopétale campanulée des Salvadora est une véritable corolle polypétale,
dont les divisions seraient maintenues collées (seulement à un certain âge de
développement) par les filets staminaux aplatis et loriformes (1). Il n’admet
d’ailleurs que deux genres dans les Salvadorées, Monetia Lliér. ( Azima Lam.
et Actegiton Bl.), et Salvadora L. ( Tomex Forsk. non auct., Dobera Juss.,
Schizocalyx Hochst.). L’ Actegiton sarmentosus Bl. devient le Monetia sar -
mentosa H. Bn [M. laxa Planchon, Salvadora madurensis Decne).
Ultérieurement ( Adansonia , t. x, pp. 31-35), M. Bâillon rétablit le genre
Dobera . C’est un Salvadora à étamines monadelphes, ce qui explique que
Hochstetter en ait fait une Méliacée [Schizocalyx).
Rcclici'clies anatomo-physiologiques sur le Chnuvi'c ;
par M. Dutailly ( Adansonia , t. ix, pp. 263-276).
L’auteur s’attache d’abord à l’étude anatomique de l’embryon, notamment
des trachées qui y existent avant la germination. lia vu ces trachées passer
dans leur marche ascendante de la partie externe à la partie interne de la
couche génératrice. Les nervures de la feuille cotylédonaire sont reliées entre
elles, à travers l’épaisseur du cotylédon, par une chaîne cellulaire à éléments
polygonaux de taille médiocre, uni- ou plus généralement bisériés. Cette chaîne
établit entre les parenchymes qu’elle sépare une ligue de démarcation des mieux
tranchées. Les cellules qui se détachent de cette chaîne et se portent, les unes
vers la face supérieure, les autres vers la face inférieure du cotylédon, s’allon¬
gent et se modifient par degrés, pour prendre d’un côté les caractères du pa¬
renchyme en palissade, de l’autre ceux du parenchyme inférieur.
M. Dutailly oppose à la théorie fondée par M. Cave (2) sur le développe¬
ment d’une feuille unique, celle du Rosier, les faits qu’il a observés sur le
cotylédon du Chanvre. L’explication de M. Cave une fois reconnue fautive,
toute son argumentation sur la structure du fruit s’écroule en même temps.
L’auteur insiste sur l’absence de liber, coexistant dans l'embryon du
Chanvre avec la présence de trachées souvent bien développées, fait qui est en
désaccord avec les données classiques sur les premiers développements observés
ordinairement dans la germination.
(1) S’il en est ainsi, la valeur de la méthode des Jussieu et l’importance de la subor¬
dination des groupes de plantes recevraient une confirmation nouvelle.
(2) Voyez t. xvn (Revue), p. 67. Les botanistes qui s’occupent de la zone génératrice
considérée dans les feuilles feront bien aussi de consulter un mémoire de M. Areschoug,
qui paraît être resté inconnu non-seulement à M, Cave, mais encore à M. Dutailly.
(Voyez tome xvi, llevuet p. 232.)
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
211
Histoire botanique et thérapeutique des Salsepareilles ;
par M. Ed. Vandercolme. Thèse pour le doctorat en médecine. Iii'8° de
138 pages, avec quatre planches gravées. Paris, chez J. -B. Baillière et fils,
1871.
Celte thèse se divise en plusieurs parties : la première traite du genre
Smilax Tourn. et des cinq principales espèces employées en médecine ; la
seconde est intitulée : Histoire médicale des Smilax. Dans la première
partie, on trouvera des documents nouveaux dus aux recherches de l’auteur
sur l’anatomie et l’organographie des Smilax ; nous signalerons particulière¬
ment le chapitre relatif à la germination. La tige des Smilax, d’après l’auteur,
constitue un axe complexe formé par une série d’axes définis nés successive¬
ment l’un de l’autre, et dont la génération se fait alternativement en divers
sens, ensemble d’axes que les Allemands, dit-il, désignent par le mot svmpode.
Il a étudié avec soin la tige et la racine du Smilax aspera , et deux autres
espèces, le S. mauritanica Poir. et le S. excelsa. Il a suivi le développement
des vrilles, qu’il assimile, comme 31. Trécul, à des stipules pétiolaires, et celui
de l’inflorescence, qui est pour lui une ombelle de cymes unipares scorpioïdes
contractées, ou un épi, une grappe de cymes unipares scorpioïdes contractées,
disposées en ombelle.
Relativement à l’étude botanique des espèces de Smilax , qui est très-diffi¬
cile, M. Vandercolme s’est borné à reproduire la division de Kunlh. La dif¬
ficulté de la question tient au défaut de concordance des produits pharmaceu¬
tiques et des échantillons, trop rares d’ailleurs, des herbiers. L’auteur, n’ayant
pas sur ce sujet de matériaux nouveaux, n’a pu que reproduire la description
des espèces que l’on croit officinales, et faire des coupes des rhizomes que le
commerce envoie en Europe. U est à espérer que les matériaux récemment
adressés à l’École de pharmacie par M. Lévy et les exsiccatadu même voyageur
feront avancer un peu la détermination des Salsepareilles officinales.
31. Vandercolme a publié dans V Ad ans onia (t. x, pp. 74*98) un extrait de
ce travail, qui en renferme la partie spécialement botanique.
Stirpcs cxotfcæ oovæ; par M. H. Bâillon [Adansonia, t. x, pp. 103,
117).
Cœsalpinia Courboniana (Cotirbon n° 362 * bords de la mer Rouge) ; Sin-
dora cochinchinensis (Lefèvre nos 259, 287) ; Erythrophlœum Couminga
(Ambongo, Pervillê n° 654) ; Ropalocarpus triplinervius ( Zambou à 3Iada-
gascar, Bernier n° 2* Boiv. n° 2596 sub Buettneria triplinervia ); Oxymitra
Gabriaciana (Cochinchine, Lefèvre n° 240) ; Melodorum punctulatum (Nou¬
velle-Calédonie) ; M. Lefcvrii (Cochinchine, Lefèvre n03 118, 38^ 532);
Trochetia Richardi (Nossi-bé, Richard n° 343) ; T. Boivini (Pervillê
n° 642); T. Thouarsii (31adagascar, Dupetit-Th.); Guarea apiodora (Pérou)*
21 2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
2* article : — Sarcolœna Bojeriana (Madagascar, Bojer); Buettneria viti -
folia (Nossi-bé, Pervillé, Boivin n° 2137) ; B. biloba (Madagascar, Bernier
u° 361) ; Sterculia Tavia (ibid. , Chapelier) ; Quararibea Martini (Guyane
française, Martin); Carpodiptera Boivini (Mayotte, Boivin n° 3391); C. ?
Schomburgkii (Guyane anglaise, Schomb. n° 800) ; Belot ia insignis (Mexi¬
que, G hiesbreght n° 356); Honckenya minor (Guinée, Dr Joly); Marlea
Bussyana (Nouvelle-Calédonie, Pancher) ; Salacia Pancheri (Nouvelle-Ca¬
lédonie, Vieill. n°‘ 189, 2298, et Pancher n° 237); Pisonia major (Rawak,
Gaudichaud). e. f.
Hedtcigia . Ein Notizblattfür kryptogamische Studien, nebst Repertorium
für kryptogamische Literatur. Neuvième et dixième volumes. Dresde, 1870
et 1871.
La neuvième et la dixième année de ce recueil publié par M. Rabenhorst
sont formées, comme les précédentes, de douze feuilles paraissant mensuel¬
lement. Dans le Repertorium , qui en constitue la majeure partie, le rédacteur
reproduit les diagnoses des diverses espèces décrites dans les nombreux mé¬
moires dont il fait l’analyse. Pour le volume de 1870, les travaux analysés
sont au nombre de quarante-huit, et de quarante-quatre pour 1871. Enfin il
y a des notices nécrologiques sur deux anciens collaborateurs, Bernard Auers-
wald, mort le 30 juin 1870, et Ch.-Aug. -Jules Milde, décédé le 3 juillet 1871
à Méran (Tirol méridional), où il était retourné pour y rétablir sa santé.
Les travaux originaux, peu nombreux cette fois, sont, pour 1870, les sui¬
vants : M. Juratzka, de Vienne, s’occupe du Brachythecium Gekeebii Milde,
publié dans le numéro de 1869. Par la structure de ses feuilles, cette Mousse
rappelle quelque peu les Camptothecium , en particulier le C. aureum , dont
cependant il est très-facile de la distinguer. A l’état stérile, elle peut aisément
se confondre avec VHomalothecium sericeum. L’auteur fait remarquer que
sur la Mousse en question les fleurs mâles viennent sur des pieds distincts,
tandis qu’on les trouve comme simplement parasitaires sur les Camptothecium.
Enfin M. Juralzka signale des localités de la Bohême et du Salzbourg où
l’espèce de feu Milde a été retrouvée.
Dans un autre numéro du même journal, M. Juratzka décrit le Weber a
Kreidleri découvert dans quatre localités des Alpes de la Styrie. Cette espèce
est affine au Bryum Ludivigii, mais par son port et ses dimensions elle rappelle
plutôt le W. albicans , tout en se distinguant de prime abord par le bord de
ses feuilles révolulé, parle tissu foliaire plus dense et par l’époque plus tardive
de la maturation de ses fruits.
Sous le nom )de Jungermannia Reichardti Gottsche in litt., M. Juratzka
publie une Hépatique nouvelle du Salzbourg, de la Styrie et des Grisons. Le
premier inventeur de cette plante, M. Sauter de Salzbourg, l’avait considérée
comme une variété du J. alpesbis.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
213
Un autre mémoire du même auteur concerne le Voitia mutica, publié par
M. Venturidans le Bryotheca europœa de M. Rabenhorst, sous le n° 1052.
M. De Notaris a admis cette Mousse comme espèce distincte dans sa myo-
logie italienne ; il la dit voisine du V. minutula et dépourvue de l’anneau,
caractère que M. Venturi avait déjà signalé ; cependant M. De Notaris constate
la présence d’un péristome rudimentaire.
L’examen de nouveaux échantillons a permis à M. Juratzka de reconnaître
que la prétendue espèce nouvelle n’est autre chose que Y Anacalypta Star -
keana. Le « calyptra scabra », spécial d’après M. Venturi à sa Mousse
nouvelle, se retrouve aussi accidentellement sur Y Anacalypta,
M. de Brébisson publie, en français, une note sur le Nostoc fragi forme
(Roth), qu’autrefois il considérait comme une espèce distincte par la consistance
coriace de son périderme. Cette structure péridermique et l’absence de tri-
chomates déterminèrent M. Meneghini à placer cette Algue dans le genre
Oncobyrsa sous le nom d’O. Bî'ebissoni ; plus tard, M. Kützing la fit entrer
dans son genre Hydrococcus et la figura dans ses 7 'abulœ phycologicœ , vol. i,
pl. 32, avec deux autres espèces qui semblent différer fort peu de celle-ci.
Dans son Species Algarum , M. Kützing rappelle que cette Algue a été décrite
par Roth ( Catalecta botanica ), sous le nom de Linkia fragi formis. La syno¬
nymie complète en est donnée par M. Rabenhorst, dans son Flora Algarum
Europæ , sous le nom d’Oncobyrsa. M. de Brébisson, ayant eu en mai 1870
la bonne chance de retrouver des échantillons parfaitement entiers de cette
plante, a été à même d’apprécier la justesse de l’appréciation faite par Roth, et
reconnaît qu’elle devra conserver le nom de Nostoc fragiforme .
Le dernier mémoire dont il nous reste à donner une courte analyse est de
M. R. Rutile et concerne quelques espèces de Fissidens. Le F, intralim-
batus Rutile, voisin du F. Bloxami Wils. , a été cueilli près de Tavira en Por¬
tugal par M. le comte Hermann de Solms-Laubach. C’est le seul représentant
en Europe d’un groupe de ce genre qui a tous ses autres représentants en Amé¬
rique et qui est distingué par l’organisation de ses cellules prosencliymateuses.
Quelques brins de cette espèce se sont trouvés entremêlés au F. incurvus ,
rapporté par le comte de Solms de son voyage aux Algarves. Une seconde
nouveauté du même genre est le F. Arnoldi Rutile, découvert par lelichéno-
graplie M. Fred. Arnold, près de Kelheim sur le Danube, entremêlé au
F, crassipes. Cette espèce se distingue par ses feuilles parfaitement immargi-
nées, et se rapproche quelque peu par ce caractère du F. obtusifolius Wils.,
qui cependant offre encore des traces d’une marge. L’examen du F. gym -
nandrus Ruthe a fait reconnaître à l’auteur que ce n’est en effet qu’une
variété du F. bryoides. A cette occasion, M. Ruthe entre dans de nombreux
détails sur la sexualité de cette espèce où il a fréquemment trouvé avec les
fleurs mâles des fleurs gynandi es, dues à l’absence d’une petite feuille qui
constitue habituellement la ligne de séparation entre les deux sexes de celte
21 à SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Mousse. L'auteur énumère les nombreuses localités où il a pu constater la
présence de cette forme anomale.
Parmi les nombreuses petites notices publiées dans le neuvième volume du
journal de M. Rabenhorst , nous signalerons les suivantes. Le Bryum Ma -
rat ii a été cueilli à Pile de Borkum de la Frise orientale. M. Milde constate
que le Campylopas alpinus Schimp. n’est qu’une forme du Dicranodontium
aristatum. Il en est de même du Campylopas pachyneurus Molendo. Le même
auteur est d’avis que le Barbula ruraliformis Bescherelle n’est qu’une forme
du B. ruralis. En Allemagne aussi les feuilles de cette Mousse sont ou émar-
ginées à la pointe ou entières, et c’est sur cette circonstance que le poil terminal
de la feuille naît au sommet non émarginé de cette dernière que M. Besche¬
relle avait principalement fondé son espèce. C’est à tort, selon M. Milde, que
le genre Leptopteris Presl a été généralement réuni aux Todea. Il se dis¬
tingue de ces derniers, non-seulement par un port rappelant les Trichomanes ,
mais encore par l’absence des stomates. La forme des cellules est également
fort différente dans les deux genres en question (1). Le même auteur réunit
comme de simples synonymes les quatre Mousses suivantes de M. de Notaris :
le Weisia truncicola est un Dicranum montanum stérile; le Bryum Geheebii
ne diffère pas du B. Funckii, le Scouleria aquatica est identique au Cincli -
dotus fontinaloides ; enfin YHypnum duriusculum est la même espèce que
VH. molle. Depuis vingt-cinq à vingt-huit ans, Y Hymenophyllum tunbrid-
gense , signalé dans la Suisse saxonne, n’a pu y être retrouvé. En 1868 l’un
des fils de M. Rabenhorst l’y a revu et un autre collecteur l’a retrouvé en
1869. C'est là un curieux pendant de la découverte récente de cette Fougère
dans la forêt de Fontainebleau.
Nous passons au volume de 1871. Dans ses notices brvologiques, M. Juratzka
rappelle qu’un examen réitéré du péristome lui a fait voir que le Gnmmia
Ungeri n’a pas le « capsula exannulata », comme il l’avait dit antérieurement,
mais bien un « annulus angustus persistens ». A cette occasion, il rappelle que
la Mousse en question a été trouvée en 1870 par M. J. Fergusson en Écosse.
Une découverte également curieuse est celle du Brachythecium olympicum
Jur., rapporté de l’île de Chypre par Unger et retrouvé dans les Alpes de la
Haute-Styrie. De la sorte le Funaria anomala Jur. est la seule des Mousses
nouvelles, découvertes à l’île de Chypre par Unger et Kotschy, qui ne se soit
pas retrouvée jusqu’à présent en Europe. Nous passons sous silence les nou¬
velles localités signalées par l’auteur pour quelques variétés bryologiques,
nous bornant à relever que Y Hypnum rigidulum Fergusson ined. est 5 rap¬
porter comme synonyme au Thuidium decipiens DNtrs. Dans une notice ulté¬
rieure, M. Juratzka constate la découverte de cette Mousse dans les Alpes de
la Basse-Autriche ; elle est décidément dioïqueet non monoïque, comme le dit
(I) Voyez tome xvn, Revue, p. 167.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
215
l’inventeur, M. De Notaris. Une seule question reste à résoudre, c’est de
savoir l’affinité que cette Mousse offre avec l 'Hypnum commutatum , dans le
voisinage duquel elle devra peut-être trouver sa place définitive.
M. Rabenhorst publie l’énumération des Cryptogames rapportées par
M. Haussknecht de son voyage en Orient. Parmi les quatre-vingt-seize Cham¬
pignons, l’auteur décrit diverses espèces nouvelles. Les Lichens sont au nombre
de trente-trois ; parmi eux, nous remarquons le Chlorangium Jussu/fii Link
du désert de Tebbes en Perse.
M. Yenturi, de son côté, nous donne des notices bryologiques. Il rappelle
que Y Orthotrichum Venturii DNtrs demande encore un examen ultérieur, en
particulier une comparaison avec l’O. Schubartzianum Lorentz. Deux nou¬
velles formes, de YO. Siurmii probablement, sont examinées avec soin par
l’auteur, qui donne un aperçu des caractères qu’il a trouvés sur les échantil¬
lons de cette espèce provenant des localités les plus diverses. Dans un second
article, l’auteur s’appesantit sur les deux Orthotrichum figurés dans les supplé¬
ments du Bryologia europœa sous le nom de O. saxatile Wood et Rogeri
Brid. Le premier pourrait fort bien n’être qu’une des formes assez nombreuses
de Y O. Sturmii. Ceux qui ne partagent pas cette manière de voir devront
séparer comme espèce distincte la plante du Nord d’avec celle des Alpes. Nous
ne pouvons que mentionner la longue dissertation de l’auteur sur l’0. Rogeri
et les espèces affines, où l’absence d’un échantillon authentique de Bridel
joue un grand rôle, divers auteurs ayant confondu sous ce nom des plantes
fort différentes.
Un dernier mémoire qui reste à mentionner, ce sont les diagnoses de Cham¬
pignons nouveaux par M. George YVinter, accompagné de six figures et offrant
trois espèces de Sordaria , deux Otthia , un Ohleria, un Sphœrella , un Pesta -
lozzia) enfin un Leptosphœria. Buchinger.
■•réels des herborisations faites par la Société d’histoire natu
relie de Toulouse pendant l’année 1870 ; par M. Éd. Timbal-Lagrave
(extrait du Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Toulouse , vol. iv,
pp. 156-185); tirage à part en brochure in-8° de 30 pages. Toulouse, typ.
Bonnal et Gibrac, 1871.
M. Timbal-Lagrave a étudié dans ce travail les formes suivantes :
1° Groupe de Y Aquilegia vulgaris L. et auct. : A. nemoralis Jord., A.
col lina Jord. [A. alpicolaTvmh . in litt.), qui abonde dans la région alpine
inférieure des Pyrénées, et de là descend dans le bas des vallées ; A. prœcox
Jord. (bassin du Tarn, Montagne-Noire); A. speciosa Timb. (prairies d’Ar-
bas, vallée d’Aran).
2° Groupe du Papaver Rhœas L. — M. Timbal-Lagrave pense que l’étude
géographique du Papaver Rhœas tracée par M. Alpli. de Candolle (qui regarde
cette plante comme originaire de Sicile), manque de base, parce que plusieurs
216
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
espèces distinctes ont été confondues sous ce nom, malgré les indications de
Fuchsetde Dodoëns. 31. Timbal-Lagrave regarde comme un bon caractère,
dans le genre Papaver, la forme des anthères, la coloration du pollen et la
forme du bouton avant l’épanouissement delà fleur. La présence ou l’absence
de taches à la base des pétales n’est pas au contraire un caractère constant.
M. Timbal-Lagrave n’a pas adopté toutes les espèces de 31. Jordan. Il dis¬
tingue les Papaver Dodonei [P. erraticum Dod. , P. cereale Jord, et P. ar -
vaticum Jord.); P. erraticum [P. erraticum primum Fuchs Hist. stirp.
p. 515) ; P. Fuchsii {P. erraticum alterum Fuchs ibid. , p. 256); P. eau -
dati folium ; P. syriacum Boiss. et Blanche, qui croît avec les précédentes
espèces dans le bassin sous-pyrénéen.
3° Anacampseros J. Bauh. — M. Timbal-Lagrave ajoute à la monographie
de 3IM. Jordan et Fourreau cinq espèces nouvelles.
U° Groupe du Potentilla verna auct. — 31. /Timbal-Lagrave décrit deux
espèces nouvelles: Dynamidium montivagum , très-répandu dans la région
alpine inférieure des Pyrénées, et D. stipulaceum ( Potentilla filiformis Lap. ?
non Vill., P. salisburgensis auct. pyr. ?).
5° Genre Posa. — 31. Timbal-Lagrave espère donner un jour un Catalogue
raisonné de ce genre; en attendant, il croit devoir appeler l’attention sur les
espèces nouvelles suivantes : Posa Clotildea (P. suavis Arrondeau non
Willd.), P. tolosana {P. Junlzilliana auct. toi. non Besser nec Deséglise),
P. ladanifera. 31. Timbal-Lagrave a constaté encore dans les environs
de Toulouse, le R. Boreythiana Bess. et des espèces décrites par 3131. Puget,
Deséglise et Ripart.
6° Genre Heracleum . — L’auteur n’adopte pas toutes les espèces de
M. Jordan.
L’auteur donne encore quelques détails sur les Galium voisins du G. papil -
losum , sur VInula dubia Pourr., sur les formes du Bellis perennis, sur les
Salvia , sur VOrchis fallaci-laxiflora Timb. ; il trace ensuite une étude impor¬
tante des Festuca de la Haute-Garonne, dont il s’était déjà occupé auparavant.
Une espèce nouvelle importante est le Festuca Bartherei , n. sp., remarqué au
sommet de Cagire par 31. Barthère, horticulteur toulousain.
31. Timbal termine par une énumération des plantes rares ou nouvelles pour
la flore de la Haute-Garonne.
IjCs Populations végétales; leur origine, leur composition et
leurs migrations; par 31. Ch. Martins [Revue des Deux Mondes, livraison
du 15 février 1872) ; tirage à part en brochure in-8° de 25 pages, Paris,
1872.
Les populations végétales peuvent être assimilées aux populations humaines;
l’origine de chacune d’elles remonte bien au delà des époques historiques. Ce
que l’on sait de la composition et de la formation successive des populations
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 217
du midi de la France pourrait s’appliquer également au règne végétal,
M. Alph. de Candolle a le premier établi, à la fin de sa Géographie botanique ,
que les végétaux actuels se rattachent intimement à ceux qui les ont précédés
dans les différentes phases géologiques que la terre a traversées depuis son
origine. Tous les végétaux fossiles existant encore actuellement appartiennent
aux terrains tertiaires ou quaternaires.
Après avoir rappelé ces faits qui dominent le sujet, M. Martins s’appuie sur
les faits paléontologiques qui résultent des recherches de M. Heeret de M. de
Saporta, pour expliquer les phénomènes qui se sont produits dans la végé¬
ta don du sud- est de la France, depuis la fin de la période tertiaire : la per¬
sistance de quelques-uns des types miocènes, comme Y Anagyris, le Laurus
nobilis , le Pislacia , le Nerium , le Cercis, le Ramondia, le Dioscorea pyre -
naica (1) ; l’invasion des plantes du Nord (2), venues avec la première époque
glaciaire, depuis émigrées progressivement du pays lorsqu’il se réchauffait, et
restées sur les montagnes de la Suisse, des Pyrénées, dans les tourbières du
Jura, etc. Après l’époque glaciaire, la flore méditerranéenne, continuation
de la flore miocène, a régné seule dans l’Europe méridionale sur une vaste
surface dont la Méditerranée nous cache aujourd’hui la plus grande partie.
Mais comment s’est repeuplée l’Europe moyenne, assiégée pendant des siècles
par d’immenses glaciers ? De plantes venues de l’Asie, dont le berceau fut le
nôtre; la géographie botanique, en s’aidant des lumières de la philologie (3), dit
M. Martins, retrouvera peu à peu la trace de cette grande migration, analogue
à celle des peuples aryens. Il admet encore que certaines espèces de la végé-*
(1) Nos lecteurs ont trouvé des détails intéressants sur ce sujet dans une communication
faite à la Société par M. Martins en 1869 (t. xvi, p. 100), et ils en trouveront dans une
autre où le savant professeur de Montpellier a étudié la flore des garrigues, en mars
1872. M. Martins a fait remarquer qu’il serait bon de chercher dans la flore du centre
de la France des exemples de la persistance de types géologiques anciens, analogue à
ceux qu’offre la flore du Sud-Est. Quelques-uns des faits qu’il cite comme une extension
des types méditerranéens par migration pourraient être rapportés à cette catégorie. On
pourrait alléguer encore, à l’appui de ses idées, que le Lierre, qui appartient seul en Europe
à une famille exotique, a beaucoup souffert du froid, sous le climat de Paris, dans le der¬
nier hiver si rigoureux que nous avons traversé, et que le Houx même a gelé dans quel¬
ques localités du nord de la France.
(2) Il est un fait considérable dont la théorie Darwinienne n’a fourni jusqu’à ce jour
aucune explication qui nous soit connue. À l’époque miocène, les régions boréales de
notre hémisphère étaient couvertes de vastes forêts composées de Cyprès chauve, de
Taxodium , de Pinus Laricio, de Salisburia , de Planera, de Diospyros. Or la flore bo¬
réale qui a occupé le midi de l’Europe avec la première époque glaciaire offrait des carac¬
tères tout différents, qu’elle offre encore dans les lieux où elle s’est conservée. On n’a
pas observé de transition. Cette seconde végétation boréale ne pouvait vivre dans le même
climat que la précédente, puisqu’elle s’est réfugiée sur les montagnes lors du réchauffe¬
ment de l’Europe moyenne qu’elle avait envahie. Offrirait-elle donc les caractères d’une
création ?
(3) Le rédacteur de cette Revue , qui s’est occupé d’études philologiques de ce genre,
a été amené à reconnaître que si les noms vulgaires de certains arbres de notre
pays proviennent des idiomes de l’Orient ou peuvent leur être rattachés , cela prouve
principalement que les ancêtres delà race indo-européenne ont d’abord connu ces arbres
218
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
tation méridionale, regagnant une partie du terrain perdu depuis l’époque
miocène, ont remonté le cours des lleuveset se sont aventurées jusque sur les
bassins du Rhin et de la Seine, sur les coteaux de l’Alsace et dans la forêt de
Fontainebleau. Certaines vallées, certaines chaînes de montagnes, les côtes
des grands continents, ont encore offert un chemin facile aux migrations
végétales.
Après avoir développé ces considérations, M. Martins expose, après M. J.
Hooker, les caractères des flores insulaires, et discute les causes qui ont pré¬
sidé à leur formation. Il prouve la réalité de l’hypothèse d’Edw. Forbes, sur
les anciennes connexions continentales, regarde comme très-limité le transport
des graines par les courants marins ou par les oiseaux voyageurs, et invoque
les idées transformistes pour expliquer la présence d’espèces semblables, sans
être identiques, sur des terres fort éloignées l’une de l’autre.
Note sur mie monstruosité de la fleur du Violier;par
M. P. Duchartre [Comptes rendus, 12 juin 1871, t. lxxii, n° 23, pp. 714-
722, et Ann. sc. nat., 5e série, t. xm, pp. 315-339, avec une planche).
La monstruosité étudiée par M. Duchartre est celle que De Candolle avait
désignée sous le nom de Cheiranthus Cheiri var. gynantherns. M. Duchartre
a analysé plus de cinq cents fleurs affectées à divers degrés de cette mons¬
truosité.
Notre savant confrère n’accorde aux déductions tirées de l’examen des
monstruosités qu’une valeur restreinte purement analogique. Il croit que, sauf
dans des cas rares, il est peu sûr de conclure de l’examen d’une monstruosité
à autre chose qu’à une probabilité, et d’en vouloir tirer les éléments d’une
démonstration rigoureuse. Cependant il a montré lui-même dans ce travail
que l’observation d’une anomalie, quand elle est fondée sur un grand nombre
de faits et sur des phases successives de l’état monstrueux, peut être in¬
voquée avec beaucoup de poids pour éclairer certaines structures difficiles à
expliquer et devenues l’objet de longues controverses, comme celle du gyné¬
cée des Crucifères.
M. Duchartre rappelle d’abord l’opinion de R. Brown sur la nature du stig¬
mate. D’après ce botaniste, les bords du carpelle, qui sont généralement ovu-
lifères dans leur partie inférieure, remplissent dans leur portion supérieure
la fonction de stigmate. En conséquence , chaque carpelle a nécessaire¬
ment deux stigmates qui doivent être regardés non comme terminaux, mais
comme latéraux. Lorsque les étamines du Cheiranthus se transforment en
carpelles, les étamines courtes et latérales sont parfois transformées isolément,
en Orient, et non pas toujours que ces arbres aient eu l’Orient pour patrie primitive.
Il croit pouvoir d’ailleurs rappeler à ce propos ce qu’il a écrit dans le Bulletin sur l’ori¬
gine du Sisymbrium Sophia, qui paraît être venu d’Orient, cultivé autour des habitations
comme plante médicinale. (Voy. le Bull. , t. xi, p. 358.)
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
219
chacune en une sorte de follicule ouvert échancré à son sommet, portant un
stigmate sur chacun de ses bords dans sa partie supérieure. La carpellisation
de l’androcée faisant de nouveaux progrès, on arrive graduellement à des fleurs
dont l’androcée est remplacé par six carpelles entièrement semblables au précé¬
dent, libres et distincts les uns des autres. Par une action plus marquée encore
de la tendance spéciale au développement des Crucifères, ces six carpelles se
soudent les uns aux autres, et alors la côte qui indique la jonction de deux
carpelles voisins, et qui porte en dedans un placenta chargé de deux rangées
d’ovules, est surmontée d’un organe papilleux dû à la coalescence de deux
demi-stigmates appartenant chacun à l’un des deux carpelles voisins, et la
dépression assez prononcée qui sépare cette côte de la côte voisine correspond
au sommet organique du carpelle. On a alors sous les yeux un verticille car-
pellaire anomal à six éléments et régulier entourant le gynécée normal.
Quand la tendance spéciale aux Crucifères s’accentue davantage encore, les
carpelles, qui remplacent les deux paires d’étamines longues, se soudent d’abord
entre eux, puis disparaissent plus ou moins complètement, tandis que le gy¬
nécée normal s’atrophie, de sorte qu’on n’a plus guère sous les yeux qu’un
gynécée bi-carpellaire formé par les deux carpelles latéraux qui ont remplacé
les étamines courtes. Ce gynécée anomal est semblable par sa structure et sa
position au gynécée normal. Il est logique de conclure qu’un enchaînement
analogue d’altérations successives d’un type primordial tétramère a pu donner
naissance également dans la nature à un organe définitif purement dimère,
mais conservant, dans les rapports de position des stigmates et des placentas,
dans la duplicité de la cloison, etc. , des traces reconnaissables de sa structure
typique. Aussi M. Duchartre pense-t-il, au total, que les plus fortes présomp¬
tions militent en faveur de la théorie d’après laquelle le pistil des Crucifères est
composé de quatre carpelles dont l’antérieur et le postérieur (qui existent quel¬
quefois) ont d’habitude disparu par l’effet d’un rétrécissement progressif, ou
se sont fondus dans la masse des placentas et de la cloison, théorie qui a été
exposée d’abord par Kunth.
Un autre point a été touché par M. Duchartre. U a constaté que les étamines
courtes se spécialisent dans ces monstruosités. Elles se convertissent plutôt
que les autres en carpelles, et leurs carpelles restent situés sur un plan infé¬
rieur. Ce fait conduit M. Duchartre à se ranger parmi les botanistes qui regar¬
dent l’androcée des Crucifères comme comprenant deux verticilles staminaux.
Il révoque en doute l’authenticité des observations de Payer, et oppose à celles
de M. Eichler (1) celles de M. AVrestchko (2), en se fondant sur celles de
M. Krause dont il avait confirmé l’exactitude par ses propres recherches (3).
Quant au dédoublement invoqué parMoquin-Tandon et Webb, M. Duchartre
(1) Voyez le Bull., t. xm, Revue, p. 149.
(2) Voyez le Bull., t. xvi, Revue , p. 194.
(3) Voyez Revue botanique , t. il, 1846-1847, p. 27.
220
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
regarde la bifurcation des étamines des Vella et de quelques autres genres
comme un fait de soudure et non de dédoublement.
Uebcr Bildiiiigsabweicliuugcu fiel Cruciferen ( Anomalies
des Crucifères ); par M. J. Peyritsch {Pringsheinf s Jahrbücher, t. vin,
pp. 117-130, avec 3 planches).
Un certain nombre de faits curieux sont figurés par M. Peyritsch dans ce tra¬
vail, et éclairés par la citation et la discussion des faits analogues qui se trouvent
dans les auteurs. C’est YArabis alpina qui lui a fourni le plus grand nombre
d’exemples. Nous signalerons les principales de ces monstruosités:
Une fleur à quatre sépales et à trois carpelles, produisant une fleura l’aisselle
de chaque carpelle. — Un ovaire à quatre valves renfermant un autre fruit à
deux valves. — De nombreux cas de prolification, de chloranthie, de disjonc¬
tion du fruit. L’auteur est disposé à conclure de ses observations que les pla¬
centas des Crucifères sont les nervures marginales des feuilles carpellaires qui
se réunissent au sommet du carpelle ou de la valve.
M. Peyritsch a fait une étude plus générale de la virescence des ovules ; il
a étendu cette étude aux genres Trifolium , Rumex, Salix , etc. Il étudie la
nature du nucelle d’après les anomalies qu’il a observées. Il ne peut admettre
d’aucune façon que cet organe soit de nature foliacée. Mais de quelle nature
est-il ? Est-ce une production nouvelle naissant sur la feuille ou sur l’enveloppe
ovulaire, ou un rameau axillaire contracté, naissant sur le placenta et portant
cette feuille ? Ce qui tendrait à faire adopter la première opinion, c’est que
les feuilles anomales qui se trouvent sur le placenta portent en assez grand
nombre des mamelons comparables au nucelle. Il est vrai que le nucelle,
comme le montrent certaines anomalies, peut naître aussi directement, dans
l’aisselle de l’une de ces feuilles, du placenta ou de ses ramifications. Ordinai¬
rement ce nucelle est nu ; plus rarement il est muni d’un tégument qui est
analogue au tégument intérieur de l’ovule. Quant à ces folioles naissant sur le
placenta, M. Peyritsch ne croit pas qu’on puisse les assimiler à des feuilles, et
notamment à la feuille carpellaire, d’où elles émanent, pas plus qu’on 11e regarde
comme des feuilles les excroissances diversement conformées qui s’élèvent
sur les feuilles de certaines variétés de Chou.
Ii© Diss ( Festuca altissima ) ; par M. L. Turrel ( Bulletin de la Société
zoologique d' acclimatation, décembre 1871, pp. 616-622).
M. Turrel vante l’emploi du Festuca altissima dans le gazonnement des
montagnes. Les touffes compactes et plantureuses de cette Graminée servi¬
raient, dit- il, de barrière suffisante contre le ravinement, favoriseraient l’in¬
filtration des eaux dans le sol, et prépareraient, par l’accumulation des débris
des vieilles feuilles de la plante, de nouveaux éléments de fécondité. A cause
de leurs dentelures aigües, les feuilles du Festuca altissima braveraient les
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
221
ravages des animaux, auxquels elles assureraient d’ailleurs une litière hygié¬
nique, dans le Midi, où la litière atteint jusqu’à 3 francs les 100 kilogrammes.
Les longues tiges pleines et rigides de cette plante peuvent servir à faire
d’excellents paillassons pour les serres, les bâches et les cultures de primeurs.
De plus elle se passe absolument d’eau et se reproduit aisément de graines.
Reste à savoir comment le Diss se trouvera du climat du midi de la France.
Oui de lindcr Korvetten Joséphine# expédition, sistll-
den sommai*, insumlade Algerue ( Sur les Algues récoltées
pendant V expédition de la corvette Joséphine, etc.); par M. J.-G. Agardh
(Ôfversigt af Kongl. Vetenskaps-Akademiens Fôrhandlingar , 1870, n° A,
pp. 359-360, avec une planche).
Les Algues recueillies pendant cette expédition l’ont été : 1° sur les côtes
de Portugal, dans le voisinage de Lisbonne ; 2° sur la mer des Sargasses ; 3° à
Sainte-Marie des Açores ; U° à Boston. Celles de la côte de Portugal ne don¬
nent lieu qu’à quelques observations. Celles de la mer des Sargasses doivent
être rapprochées de celles que M. de Martens a décrites, rapportées du voyage
de la Novara. Celles des Açores sont au nombre de trente-six : M. Agardh les
énumère ; il s’y trouve une espèce nouvelle, Callithamnion baccatum
J. Ag., figuré par l’auteur. — Quelques-unes d’entre elles ont une distribu¬
tion géographique très-étendue, ou bien se relient à la flore méditerranéenne.
Enfin les Algues de Boston ont fourni à l’auteur l’occasion d’étudier la syno¬
nymie du Laminaria longicruris de la Pyl.
li© Sahara. Observations de géologie et de géographie physique et bio¬
logique, avec des aperçus sur l’Atlas et le Soudan, et discussion de l’hypo¬
thèse de la mer Saharienne à l’époque préhistorique ; par M. A. Pomel.
Broch. in-8° de 139 pages; Alger, 1872, lyp. Aillaud etC'e.
Quelques pages de ce mémoire sont consacrées à la botanique. L’auteur y
donne les caractères principaux de la flore saharienne. Cette flore, dit-il, n’est
point comparable à celle du Soudan. Cette dernière se sépare de la flore saha¬
rienne par son caractère essentiellement tropical, et sur ses frontières elle ne
lui prête qu’un petit nombre de types et probablement de ceux qui sont spé¬
ciaux aux enclaves de sa limite : Marœa rigida , Balanites œgyptiaca , Calo-
tropis procera, Salvadora persica) et probablement quelques autres végétaux
des régions sahariennes centrales que les voyageurs n’ont point signalés. La
flore atlantique vient également associer un certain nombre de ses espèces à
celles de la flore saharienne, mais sur une zone très-étroite de son domaine
propre au delà duquel elle n’envoie qu’exceptionnellement quelques-uns de
ses végétaux spéciaux, comme le Pistacia atlantica. Elle reçoit plus fréquem¬
ment des colonies sahariennes dans ses stations subdésertiques et salines du
plateau de l’Atlas et même du Tell, telles que Lactuca spinosa , Erodiurn
222
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
glaucophyllum et de nombreuses Salsolacées. Malgré cela ces stations encla¬
vées sont nettement définies, et il est bien rare que deux régions botaniques
voisines soient aussi brusquement et aussi nettement délimitées.
M. Pomel présente aussi des considérations intéressantes sur la flore algé¬
rienne en général, et fait ressortir le trait oriental de la végétation des steppes
des hauts plateaux, qui se poursuit en Espagne dans les stations analogues du
plateau des Castilles. Il insiste sur les colonies que les familles halophiles
du Sahara (Chénopodées, Plombaginées, etc.) viennent former dans le Tell de
la province d’Oran jusqu’au voisinage de la mer, sans1 se mêler à la végétation
maritime des bords de la Méditerranée.
L’abondance de genres monotypes et d’espèces spéciales qui est propre à la
flore d’Algérie a empêché M. Pomel de conclure à une ancienne connexion de
territoire plutôt par l’ouest que par l’est ou par tout autre point intermé¬
diaire : citons encore la rareté des Bruyères dans l’Atlas et leur abondance en
types spécifiques en Espagne. Il ne paraît pas davantage qu’il ait existé de
connexion entre la Tunésie et la Sicile. Le Sahara ne peut avoir été occupé
au commencement de l’époque actuelle par une mer spacieuse, car dans ce
cas sa flore et sa faune devraient avoir été constituées par l’émigration d’espèces
venues des deux régions continentales qui bordaient la surface émergée. Or,
il n’en est point ainsi. Le Sahara a sa faune et sa flore spéciales et n’a emprunté
que peu de chose à ses voisins. Il doit sa constitution désertique non à l’émer¬
sion d’une immense mer, mais à un état climatérique singulier, propre à la
zone qui sépare les régions équinoxiales des régions tempérées depuis l’Océan
atlantique jusqu’au centre de l’Asie. Cette constitution date de la fin des temps
quaternaires, depuis lesquels tous les renseignements concordent à indiquer
qu’il ne s’est produit que des modifications insignifiantes dans la répartition
de la chaleur et des eaux à la surface du globe.
Notice sur les Lycopotiimn du llc^iquc, introduits par
M. Orner de Malzinne et cultivés chez MM. Jacob-Makov et Cie, à Liège ;
par M. Éd. Morren (/’ Illustration horticole, 1871, pp. 65-71, avec deux
planches).
M. Orner de Malzinne a recueilli plusieurs espèces de Ly copodium (ainsi
qu’un grand nombre de plantes rares et curieuses) à Cordova au Mexique, en
1869 et 1870. Ces Lycopoclium croissent en épiphy tes sur de vieux et grands
arbres, le plus souvent des Sapotées, et pendent gracieusement à l’époque de
la fructification. Ces plantes, cultivées dans les serres de MM. Jacob-Makoy,
sous l’habile direction de M. Fr. AViot, ont été fort distinguées aux expositions
horticoles. M. Morren y a distingué quatre espèces : le Lycopodium lini-
folium L., qui malheureusement n’a pas trouvé dans les serres les conditions
nécessaires à sa végétation; le L. Mandioccanum Raddi; le L. taxifoliurn
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 223
Sw. , et une autre espèce qu’il rapporte avec doute au L. dichotomum Jacq.
Ces trois espèces sont décrites et figurées.
Note sur le Tiltandsiu staiiceftovu ; par M. Éd. Morren
( ibid . , pp. 177-180).
Cette espèce nouvelle est établie pour une plante mexicaine qui se trouvait
déjà dans les herbiers et qui a été rapportée de Cordova par M. Orner de Mal-
zinne.
Le Tillandsia staticeflora Éd. Morr. a été trouvé au Mexique : prov.
Vera-Cruz (Linden n° 3); in valle Cordobensi (Bourg. n° 2102, O. de Mal-
zinne).
Cette plante diffère complètement du T. paniculata Cham. et Schl. in
Linn. 1831, t. vi, p. 5 h, n° 1008, et 18ùù, t. xvili, p. A2A.
JSo»nfti*ea chontalensis Seem. , n. sp. ( Gardeners ’ Chronicle ,
1871, p. A79).
Caule volubili tereti ; foliis sparsis sümmis verticillatis lanceolatis v. ovato-
oblongis acuminatis, subtus glaucescentibus, utrinque glabris ; umbellis Iaxis ;
pedunculis racemosis, ù-8-floris ; floribus nutantibns ; ovariis puberulis ; peri-
gonii subæqualis foliolis 3 exterioribus obovato-oblongis obtusis extus pulchre
roseis brunneo-maculatis, intus albidis; perigonii foliolis 3 interioribus spatu-
latis breviter apiculalis integerrimis pallide flavidis intus brunneo-maculatis :
ovariis triangularibus pubescentibus ; capsulis suglobosis. — In silvis, inter
Chontales montes, Nicaragua, 2000-2500 ped. (Seemann).
Recherches physiologiques sur la végétation libre du
pollen et de l’ovule et sur la fécondation directe des plantes ; par
M. Ph. Van Tieghem (Ann. sc. nat. 5esér. , t. xil, pp. 312-328).
L’auteur a recueilli les grains de pollen encore gonflés au moment même de
la déhiscence de l’anthère. Placés alors dans une atmosphère limitée à une
température d’environ 10 degrés, ils absorbent rapidement l’oxygène de l’air,
et le remplacent par un volume sensiblement égal d’acide carbonique. Sous
l’eau privée d’air, et malgré une température favorable, le pollen de ces
plantes se gonfle d’abord, puis il se conserve indéfiniment inaltéré. Même
résultat négatif si l’on soumet le pollen dans l’eau aérée à une température
voisine de zéro. Mais si l’on place le pollen dans de l’eau aérée, à une tempé¬
rature de 15 à 25 degrés, on voit le grain former sous l’eau, au bout de quel¬
ques heures, un magnifique tube non cloisonné, où la circulation du proto¬
plasma s’opère avec une admirable netteté, et qui atteint dans certains cas
jusqu’à deux et trois cents fois le diamètre de la cellule avant de cesser de
s’ailonger ; puis l’extrémité du tube se renfle, et il n’est pas rare de voir la
membrane se percer au sommet de ce renflement terminal, tantôt en un seul
‘22A SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
point, par où s’échappe la plus grande partie du plasma, tantôt en plusieurs
points par chacun desquels est exsudée une petite gouttelette. Pendant ce
temps, l’oxygène disparaît rapidement dans le tube, et il y est remplacé par un
volume sensiblement égal d’acide carbonique. Cette combustion porte princi¬
palement sur l’huile et sur l’amidon que la cellule tenait en réserve.
Ainsi la production du tube pollinique peut être comparée physiologique¬
ment à la germination d’une graine ou d’une spore. Le tube pollinique est une
plantule qui respire, se nourrit et se développe, et que l’on peut comparer
à un prothalle mâle dépourvu de chlorophylle comme l’est le prothalle des
Isoëtes et des Ophioglossum.
De même que les grains de pollen, les ovules se conservent vivants et res¬
pirent dans de l’eau aérée et à une température convenable ; il est certain que
la plus grande part de ce phénomène respiratoire revient au suc embryon¬
naire, en qui se concentre en ce moment toute l’activité de l’ovule.
Seuls et respectivement isolés, l’élément mâle et l’élément femelle périssent
plus ou moins promptement. Mais si on les met en contact dans un milieu
artificiel qui permette leur existence, et qu’on suive au microscope les déve¬
loppements ultérieurs, on voit la fécondation s’opérer en quelque sorte sous
l’œil de l’observateur. M. Van Tieghem croit qu’il n’est pas téméraire d’ad¬
mettre, en attendant une vérification directe, que dans cet acte physiologique
l’extrémité du tube pollinique se comporte, pendant qu’elle adhère au sac,
comme elle le fait quand elle est libre ; c’est-à-dire qu’après s’être gonflée,
et avoir accumulé son protoplasma dans ce renflement terminal, elle perce sa
membrane en un point pour expulser par cette ouverture une goutte de ce
protoplasma. S’il en est ainsi, la paroi du sac embryonnaire doit se résorber au
point correspondant.
Le rôle du pistil est à la fois de nourrir l’ovule et le pollen, de diriger celui-ci
sur l’ovule, et de protéger la fécondation contre les infusoires, les spores des
moisissures et la plupart des pollens étrangers. Si la fécondation s’opère natu¬
rellement chez les Gymnospermes dépourvus de pistil, c’est probablement
parce que ces végétaux sécrètent, notamment au sommet du nucelle où le pol¬
len est semé, des matières résineuses et gommeuses absolument impropres à
l’alimentation des infusoires, des Mucédinées, et même des pollens des autres
végétaux.
Observations sur les caractères et la formation du
liège dans les Dicotylédones; par M. N.-W.-P. Rauwenholî
( Archives néerlandaises des sciences exactes et naturelles , 1871; Ann, sc.
nat. 5e sér. t. xii, pp. 3A7-36Ô ; Adansonia , U x, pp. 52-59).
M. Uauvvenhoff rappelle d’abord, avec une clarté dont on doit lui savoir
gré dans l’étude d’un sujet souvent obscurci par la manière dont il a été traité,
les travaux faits sur le développement du liège. Il cite M. de Mohl (1836),
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 225
M. Hanstein (1853), M. Sanio (Pringsheim' s Jahrbücher , t. n). Lui-même a
déjà donné une idée du développement successif de l’écorce chez le Robinia
Pseudacocia en 1859. Aujourd’hui il présente quelques remarques sur les
formes des cellules du liège, sur leur mode de multiplication, sur la place où
le liège prend naissance normalement, et sur les changements qui interviennent,
sous ce rapport, à un âge plus avancé de la plante.
Sur la formation du liège, l’auteur a confirmé les observations de M. Sanio,
selon lequel les cellules du liège prennent toujours naissance par division de
cellules- mères. Il diffère donc complètement d’avis avec M. Casimir de Can-
dolle, qui a soutenu que le premier liège de bonne qualité naît par forma¬
tion cellulaire libre. Cependant il regarde comme trop subtile la division en
divers modes de formation admise par M. Sanio. Le Viburnum Opulus seul
présente trois modes différents, suivant l’époque de l’été à laquelle on
l’examine.
M. Wigand, dans un mémoire d’ailleurs fort intéressant (Pringsheim' s
Jahrbücher , t. m, p. 115), a décrit sous le nom de prosenchyme corné un
tissu soi-disant nouveau. M. Oudemans (Bot. Zeit. 1862, p. A3) a réclamé
la priorité de cette découverte. Mais d’après M. Rauwenhoff, ce n’est point là
un tissu nouveau, mais une modification des cellules grillagées de l’écorce
secondaire. L’auteur l’avait déjà fait connaître en 1859.
Die Tratacr- odcr Tliraneiiwel des* (Les Saule s-pleureur s) ; par
M. C. Koch (Wochenschrift fur Gàrtnerei und P flanzenkunde , 2 dé¬
cembre 1871).
On croit généralement que le Saule auquel le psalmiste disait aux jeunes
Hébreux en captivité de suspendre leurs harpes, et que Linné a pour cette
raison nommé S. babylomca , est originaire de la Mésopotamie. M. Koch croit
pouvoir établir que notre Saule pleureur est venu de la Chine et du Japon en
Europe, et qu’il n’a rien de commun avec l’arbre cité dans le 137e psaume,
en hébreu Garab. Ce dernier nom, connu d’Avicenne au xic siècle, s’est
conservé en Syrie. D’après M. Welzstein, consul d’Allemagne à Lamas, l’arbre
appelé Garab ne peut croître dans le nord de la Syrie, où il fait trop froid pour
lui. Cet arbre n’est donc pas notre Saule pleureur, Rauvvolf nous a laissé des
documents d’où il résulte que le Garab n’est même pas un Saule. Richard
Kiepert, qui a accompagné en Syrie son père le géographe H. Kiepert, a
rapporté à l’herbier de Berlin un échantillon de Garab qui est un échantillon
de Peuplier. Linné et ceux qui l’ont suivi ont donc été mis dans l’erreur par
l’ancien traducteur des Psaumes.
Ce point établi, M. Koch s’occupe de l’introduction du Saule pleureur en
Europe. En jardinier hollandais, INieuhoff, accompagna en 1665 l’ambassade
envoyée en Chine, y vit le Saule pleureur d’après le rapport de Loudon, qui
T. XVIII. (revue) 15
"2*26
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
cite Sylv. Flor. 2, p. 267, ouvrage que M. Koch n’a pu consulter. Divers
documents établissent d’ailleurs l’existence de cet arbre en Chine (1).
Il existe au Japon deux Saules, le Salix japonica Thunb., qui n’a pas les
rameaux pendants, et le S1, japonica Bl., qui les a tels. Les deux ont été intro¬
duits dans les cultures sous le nom de Salix Sieboldii. C’est au second que
M. Koch donne le nom de S. elegantissima. Il en trace la diagnose et le dis¬
tingue du Salix baby lonica L. , qu’il propose d’appeler dorénavant S. pen-
dula Mcench.
Sur quelques fruils de Bignonlaeécs ; par M. Éd. Bureau
(Adansonia, t. ix, p. 375).
M. Bureau a décrit dans cette note des Bignoniacées envoyées du Nicaragua
par M. P. Lévy. Il a reçu de M. Lévy le fruit et le bois du Callichlamys
riparia. Ce bois, qui n’était pas connu, présente des particularités fort cu¬
rieuses. On y voit, sur de jeunes rameaux, quatre saillies intérieures de l’écorce,
qui n’augmentent ni de nombre, ni de volume en vieillissant ; sur une tige de
14 centimètres de diamètre, elles sont même tout à fait oblitérées, et l’on
remarque que l’excès d’accroissement de l’écorce, qui les produit, a fait place
à un excès d’accroissement du bois ; car autour de la masse centrale sont dis¬
posés irrégulièrement des faisceaux ligneux périphériques très-analogues à
ceux qu’on rencontre dans la famille des Sapindacées. — Un autre fruit de
M. Lévy appartient à un genre nouveau, particulier à l’Amérique centrale. Il
est en forme de fuseau et à valves épaisses et convexes, comme celles des
Adenocalymma , mais les graines en sont aplaties et minces comme celles des
Bignonia.
Fi*üjalBft»£|>cr§orîfô des Aliorus [De la période printanière chez
*
V Erable) ; par M. Schrôder (Pringsheim’s Jahrbïicher , t. vu).
L’auteur s’est attaché à toutes les phases successives qu’offre le développe¬
ment de la végétation, depuis l’ascension de la sève jusqu’au moment où les
feuilles épanouies commencent à décomposer l’acide carbonique. La première
partie de son mémoire est entièrement consacrée à l’étude de la sève, de son
ascension, de sa composition. L’Érable, sous la latitude de Breslau, pleure
pendant un mois environ ; la sève s’élève graduellement jusqu’à un certain
niveau, d’où elle redescend peu à peu à mesure que le développement avance.
Des trous percés dans le tronc à différentes hauteurs permettaient de recueillir
cette sève journellement, et des analyses très-nombreuses en ont été faites.
Cette sève renferme toujours du sucre, produit passager delà transformation de
l’amidon accumulé dans les tissus l’été précédent, et destiné à se retransformer
(1) Le Saule pleureur possède un nom chinois d’après M. l’abbé Perny. Un passage
Curieux de Chateaubriand, dans son Itinéraire cle Paris à Jérusalem, prouve qu’il regar¬
dait aussi le Saule pleureur comme originaire de l’extrême Orient.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
2*27
dès qu’il aura atteint les bourgeons. La proportion de ce principe, fidèlement
représentée par un grand nombre de courbes, est assez faible dans les bour¬
geons au premier réveil de la végétation ; elle augmente graduellement jusqu’à
un certain maximum à mesure que les phénomènes vitaux acquièrent plus
d’intensité; elle diminue enfin lorsque les jeunes organes, approchant du terme
de leur développement, sont à la veille de se suffire à eux-mêmes.
L'albumine et les sels minéraux ont été successivement étudiés au même
point de vue, et leur répartition dans la sève, soit à différentes hauteurs au
même moment, soit à différentes périodes, se trouve exactement réglée par les
différentes phases du développement.
La seconde partie est consacrée à l’examen microscopique du bourgeon ; les
différentes substances appelées à concourir au développement de la jeune
feuille sont poursuivies par l’auteur, au moyen des réactifs, de cellule en cel¬
lule. Deux surtout ont donné lieu à des observations prolongées ; ce sont
l’amidon et le tannin. L’auteur a suivi la répartition du premier dans les diffé¬
rents tissus, son transport à travers certaines couches des faisceaux fibro-vascu-
laires, sa disparition vers le point de végétation, à la surface duquel il ne tarde
pas à reparaître sous forme de cellulose. Quant au tannin, il se développe dans
toutes les cellules du bourgeon, et une fois qu’il y est apparu, il s’y maintient
sans changement appréciable. M. Schroder n’a pu y reconnaître de caractère
excrémentitiel proprement dit. Le fait qu’il se rencontre constamment dans
les tissus les plus jeunes où la vie est le plus intense semble le désigner
comme une sorte de produit final, chargé d’un rôle encore inconnu dans
la vie de la cellule.
Uelîcr almornie Hildimg; von Adventîvkiiospeti am
jk£*atatai*iigen. T&m 4DfëiS讣P$«$ ëincioi'ia ( Sur
le développement anomal de bourgeons adventifs sur la tige herbacée du
Calliopsis tinctoria) ; par M. Al. Braun (Verhandlungen des botanischen
Vereins fur die Provinz Brandenburg , 12e année, pp. 151-159).
Ces bourgeons adventifs ont été observés non-seulement sur la tige du
Calliopsis tinctoria , mais encore sur ses feuilles, du côté dorsal de leur partie
médiane, sur les côtés de leur nervure médiane. M. Braun en décrit soigneu¬
sement le développement, que M. P. Magnusa poursuivi dans ses détails his¬
tologiques. Dans le plus grand nombre des cas, ces bourgeons se sont bornés à
produire des capitules pédonculés précédés de quelques bractées écailleuses.
M. Braun rapproche ces faits de la production de bourgeons anomaux qu’on
a observés sur le Chelidonium majus var. laciniatum , sur les Bégonia. Il
en a vu aussi un exemple curieux sur un Loniccra. M. Magnus cite encore
les Cardamine (voy. Münter, Bot. Zeit . , 18ô5, p. 561), le Calanchoë , le
Malaxis. On a observé aussi des bourgeons nés sur le côté externe des
écailles du bulbe de Y Ornithogalum scilloides, maisM. Braun, dans son me-
228
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
moire sur le Cœlebogyne , a prouvé que ces bourgeons appartiennent à l’ais¬
selle située au-dessous et à l’écaille immédiatement inférieure. Les bourgeons
adventifs des Fougères ont été le sujet d’un mémoire spécial de Mettenius
(Ueber Seitenknospen bei Farnen, Leipzig, 1861).
Obscrvatioiies in plantas à Bre G. SSaddc anno 1870 in
Turcomania et Transcaucasia lectas, nec non in alias quasdam, auctore
E.-R. a Trautvetter {Travaux du Jardin botanique impér. de Saint-Péters¬
bourg)', tirage à part en brochure in-8° de 22 pages.
Ces observations concernent les espèces suivantes : Alyssum campestre L.,
A. montanum L., Ammodendron Eichivaldi Ledeb., Anthémis candidis-
sima \V., Aristida pungens Desf., Arum elongatum Stev. , Astragalus Ste-
venianus DC., Atriplex bracteosum Trautv., Promus confertus Bieb. ,
Callitriche pèdunculata DC., Carduus cinereus Bieb., Caucalis tenella
Delile, Ceratocephalus orthoceras DC. , Cleome Raddeana Trautv., Coro-
nopus procumbens Gilib., Cotoneaster integerrima Medik. , Delphinium
hybridum W. , Elyna humilis C.-A. Mey. , Erodium cicutarium L’Hér. ,
E. strigosum Karel., Erophila vulgaris DC., Eryngium caucasicum
Trautv. (E. cœruleum Boiss. non Bieb., Aucher*Élov, n° 45A7), Helichry -
sum arenarium DC. , Iris acutiloba C.-A. Mey. , Lactuca undulata Led.,
Lolium perenne L. , Medicago dicarpa Trautv. [Trigonella C.-A. Mey.),
Nitraria Schoberi L. , Orchis satyrioides Stev., Ornithogalum umbellatum
L., Orobanche glaucantha Trautv., il. sp., Papaver hybridum L., Pappo-
phorum turcomanicum Trautv., n. sp., Pterotheca bifida Fisch. et Mey.,
Salsola ulicina Trautv., Rapistrum rugosum Ail., Salvia straminea Monlbr.
et Aucb., Sameraria cardiocarpa Trautv. , n. sp., Scleropoa rigida Griseb.,
Seseli coloratum Led., Stellaria media Vill. , Torilis helvetica Gmel.,
Tulipa biflora Pall., Vincetoxicum medium Decaisne et Z y gophyllum tur¬
comanicum Fisch.
licïiei* «12c ScùwiininlillUlei‘ von Mm'silin imd ciniger
amlci'cn aisaplulblsclfieii PHaiaxeii (Sur les feuilles nageantes
des Marsilia et de quelques autres plantes amphibies) ; par M. F. Iïilde-
brand ( Rotanisclie Zeitung , 1870, n° 1 et 2, avec une planche).
L’auteur a surtout étudié la structure de l’épiderme et des stomates des
feuilles aériennes et des feuilles nageantes de deux Marsilia , qu’il a compa¬
rées. Il a reconnu deux faits intéressants : l’un qu’on pouvait prévoir, c’est
que la face inférieure des feuilles nageantes ne porte aucun stomate chez les
Marsilia quadri folia et pubescens ; le second moins attendu, c’est que la face
supérieure diffère beaucoup, chez chacune de ces deux espèces, qu’on la con¬
sidère dans la forme de ses cellules épidermiques ou dans celle de ses stomates,
selon qu’on observe les feuilles aériennes ou les feuilles nageantes. Les cellules
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
2*29
marginales du stomate sont enfoncées au-dessous du niveau de l’épiderme chez
le M. quadri folia, dans les feuilles aériennes, et restent au contraire au
même niveau, chez la même espèce, à la page supérieure des feuilles sub¬
mergées.
Mnsci frotidosi in Africa australi, prov. Natal, prope Umpumulo
missionis norvegicæa Rev. Borgen lecti ; species novas descripsit E. Hampe
(. Botanische Zeitung, 1870, n° 3).
Angstrœmia ( Dicranella ) Borgeniana Hpe, Bartramia ( Philonotis ) andro-
gyna Hpe, Polytrichum ( Catharinella ) Borgenii Hpe, Chryso-hypnum
païens Hpe, Fissidens Borgenii Hpe, F. lanceolatus Hpe an Bruch.
On remarquerait avec intérêt en lisant ces notes, si on ne le savait déjà,
combien peu diffèrent les genres de Mousses lorsqu’on change de latitude et
même d’hémisphère. E. F.
Maniputus Muscorum ptinttf.s . quem scripsit S. -O. Lindberg
(extrait du Noliser ur Sàllskapets pro fauna et flora fennica fôrhand -
linger , 1870, t. xi).
Dans cette notice l’auteur remanie les genres de Mousses Anomobryum ,
Physcomitrium et Funaria. Les espèces du genre Anomobryum sont repor¬
tées au genre Bryum. Les échantillons de VA. julaceum provenant des bords
de la Méditerranée et des îles Canaries constituent le Bryum campestre Lindb.,
les autres échantillons provenant de la région alpine et de la région monta¬
gneuse de l’Europe constituent le Bryum filiforme Dicks. (non Mitten). L’A.
concinnatum Lindb. redevient comme précédemment 1 q Bryum concinnatum
Spruce.
L 'OEdipodium GrifjfUhii Schwgr. doit former une sous-famille ou une tribu
dans la famille des Splachnacées, quoiqu’il diffère des vraies Splachnées par
la structure de la tige, du pédicelle et des feuilles ainsi que par la papiilosité des
spores, caractères qui le rapprochent beaucoup des Funariacées et des
Pottiacées.
L’auteur passe ensuite en revue les espèces septentrionales du genre Phys¬
comitrium et donne, avec une nouvelle diagnose, la synonymie des P. piri-
forme Bricl. , P. acuminatumV»v. et Sch., P. hians Lindb. (n. sp.), P. eu-
rystomum Sendn. (P. sphœricum Br. Eur.), P. sphœricumWidi. (non Sch.),
P. immersum Su 11.
Il examine les caractères sur lesquels doivent reposer les genres Enthostodon,
Funaria , P yramidula, Goniomitrium, et délimite les espèces suivantes du
genre Funaria : F. hygrometriea Sibth. , F. flavicans Miclix, F. serrât a
Brid. , F. Drummondi Lindb., F. atténua ta Lindb. [Fntosthodon Temple -
toni Schgr.), F. curviseta Mild. ( Entosth . curvisetus Sch.), F. obtusa Lindb.
(. Entosth . ericetorum Sch.).
230
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
L’auteur termine sa notice en supprimant le genre Thedenia Sclu, dont il
reporte l’espèce unique au genre Pylaisia , et en élevant au rang d’espèce la
variété p. saxicola du Lescurœa striata qu’il nomme, d’après MM. Lorentz
et Molendo, L. saxicola.
Il convient de remarquer que l’auteur, se conformant au code botanique
adopté par le Congrès botanique tenu à Paris eu 1867, écrit Lesquereuxia
(de Lesquereux) au lieu de Lescurœa , Pylaiea (de la Pvlaie) au lieu de Py¬
laisia et qu’il emploie le génitif Griffithii , etc., au lieu de l’adjectif Griffi-
thianum admis jusqu’ici par les auteurs. Est-il bon cependant de donner un
effet rétroactif à une disposition qui n’avait été admise que pour l’avenir ?
Ém. Bescherelle.
TIee üladagascar Cardamont, ©a* Si©aig«saie:c 5 par M. Daniel
ïlanbury [P harmac eut 1 cal Journal, 10 février 1872).
Longouze est le nom indigène à Maurice d’un Amomum décrit pour la
première fois par Sonnerat ( Voyage aux îles Orientales et à la Chine , t. 11,
p. 242, pl. 137), et dont la synonymie, d’après M. Hanbury, est la suivante :
Amomum angusti folium Sonn. — A. nemorosum Bojer Hort. Maur.
p. 327. — A. Danielli II 00k. f. — A. Afzelii Hook. Journ. of Bot . îv,
tab. 5. Bot. May. tab. 4704, 5250.
Botanique agricole et médicale, ou Étude des plantes qui in¬
téressent principalement les médecins, les vétérinaires et les agriculteurs,
accompagnée de 160 planches représentant plus de 900 figures intercalées
dans le texte ; par M. H. -J. -A. Rodet, directeur de l’école vétérinaire de
Lyon. Deuxième édition, revue et considérablement augmentée avec la col¬
laboration de M. C. Baillet, professeur d’hygiène, de zoologie et de bota¬
nique à l’École vétérinaire d’Âlfort. U11 volume in-8° de 1078 pages. Paris,
chez P. Asselin, 1872.
Sans rien changer au plan général de l’ouvrage, qui se présente comme une
flore générale des plantes vulgaires de l’Europe occidentale, avec des détails
spéciaux pour l’agriculteur et pour le médecin, et aussi pour le vétérinaire,
on a adopté dans les principales familles, au lieu des simples coupes qu’avait
établies antérieurement M. Rodet, les tribus généralement admises par les
auteurs. On a en outre décrit dans cette édition un assez grand nombre de
plantes qui 11e figuraient pas dans la première ; aux figures introduites dans le
texte pour faciliter l’intelligence des descriptions, les auteurs en ont ajouté
un grand nombre d’autres prises pour la plupart dans les Eléments d'histoire
naturelle d’A. Richard.
Les tableaux dichotomiques de la première édition ont été supprimés comme
impropres à remplacer complètement soit une flore de France, soit la llore de
la localité où l’on herborise.
231
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
Nous recommandons à nos lecteurs la partie, cryptogamique de cet ouvrage.
Elle a été entièrement refondue. Sans pouvoir servir aucunement à la déter¬
mination des espèces ni même des genres, cette étude, qui est au courant de
la science, renseignera bien l’étudiant sur les caractères des familles et des
principaux groupes des végétaux inférieurs, ainsi que sur les phases de cer¬
tains types polymorphes.
Ifusci mcxicani uovi ex Bierbai*io W. §on(ler $ auctore
E. Hampe ( Botanische Zeitung , 1870, n. 4).
Ces espèces sont les suivantes : Trichostomum obtusifolium Ope (Vera-
Cruz, Strebel) ; Seligeria globifera Ilpe (Vera-Cruz, Strebel) ; Macromi-
trium ( Macrocoma ) Leiboldtii Hpe (Vera-Cruz, Strebel, Leiboldt n° 5);
Brachymenium minutulum Hpe (Vera-Cruz, Strebel) ; Polytrichum ( Catha -
rinella ) albo-vaginatum Hpe (Vera-Cruz, Strebel) ; P . [C atharinella) sub¬
gracile Hpe (Vera-Cruz, Strebel) ; C hryso-hypnum pendulinum Hpe (Vera-
Cruz, Strebel).
rFetraptGà*t€ ,• novism MaEvaccarum gcnus ; par M. R. -A.
Philippi (Botanische Zeitung, 1870, n° 11, col. 169-170).
Calvx simplex, quinquefidus ; corolla.... ; stamina....; styli. .. . ; fructus e
carpidiis circa decem verticillatis, indehiscentibus, monospermis, quadrialatis
compositus ; alæ interiores infra et supra productæ, supra dorsum carpidii
reflexæ, integerrimæ ; alæ dorsales minores, pectinalo-dentatæ. — Tetraptera
parviflora , de la province de Mendoza, au Chili.
Die Eutstelmng dcr FarSistoffkürpei* m «lest Bees’eEi
S&iftnutn P>8eud<*c€*psicMwn ( Origine des matières colo¬
rantes des baies du Solanum Pseudocapsicum); par M. Gregor Kraus
(Pringsheim's Jahrbücker , t0 vm, pp. 131-147, avec une planche).
Il s’agit de la matière rouge-orangée qui remplit plus ou moins complète¬
ment certains corpuscules munis ou non de vacuoles et situés dans les cellules
qui forment, sur une épaisseur de vingt à trente rangées, la paroi de la baie du
Solanum Pseudocapsicum. Ces corpuscules renferment des granules amy¬
lacés, et leur matière colorante rappelle par sa disposition la chlorophylle des
feuilles. Quand le fruit de ce Solanum n’est pas mûr encore, on 11e trouve
dans ses cellules que de la chlorophylle verte, différant, il est vrai, dans ses
couches externes et dans ses couches internes. Dans celles-ci, qui paraissent
blanchâtres, les corpuscules de matière colorante sont bien plus rares et plus
petits ; 011 y trouve aussi des granules presque incolores, qui doivent subir des
modifications et qu’il faut attribuer au même groupe. L’auteur décrit les
changements graduels de forme et de coloration que subissent les corpuscules
de matière colorante pour passer de leur état dans le fruit jeune à leur état
232 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
dans le fruit mûr. Ils passent de la couleur verte à la couleur orangée et de la
forme lenticulaire à la forme d’aiguilles plus on moins renflées dans leur milieu.
On trouve tous les états intermédiaires. Quand la substance colorante s’est
modifiée, elle s’accumule d’un seul côté du corpuscule, dans lequel il se forme
une grosse vacuole ; puis le corpuscule se rompt d’un côté, là où son épaisseur
est le plus faible; le cercle qu’il formait autour de la vacuole se détend, et il
en résulte un corpuscule allongé fusiforme.
Il faut rapprocher ce travail d’un mémoire publié par M. Trécul dans les
Annales des sciences naturelles , A, x, p. 150 (1858); et d’un autre de
M. Weiss, Recherches sur le développement de la substance colorante dans
les cellules végétales. Voyez aussi Hofmeister, Die Zelle, p. 377. Ces faits
ont un intérêt général, parce qu’ils sont les mêmes dans la maturation du tissu
d’un grand nombre de fruits.
O n <he assidu rsilizcd plants of Mcw-Æcalainl ( Sur les plantes
naturalisées de la Nouvelle-Zélande) ; par M. T. Kirk (Transactions of
the Neiv-Zealand lnstitute , vol. xi).
I/auteur donne une longue liste des plantes naturalisées dans la Nouvelle-
Zélande, en spécifiant le mode probable de leur introduction et le degré de
naturalisation qu’elles ont obtenu dans le pays. Le nombre de plantes natu¬
ralisées sans la volonté de l’homme, ou même en dépit de celte volonté,
s’élève à 30 pour 100 dans la seule province d’Auckland, proportion égale à
celle qui existe dans les îles Britanniques, c’est-à-dire dans un pays ouvert au
commerce depuis une longue suite de siècles. Quelques-unes des plantes in¬
troduites ont grandement modifié l’aspect delà végétation dans certaines loca¬
lités. Cependant M. Kirk fait remarquer qu’il y aurait quelque danger d’erreur
à conclure de la rapide extension d’une plante à son origine étrangère. Le Mi-
crolœna stipoides et le Danthonia semiannularis , qui sont indigènes à la Nou¬
velle-Zélande, se sont en effet développés, depuis quatre ou cinq ans, d’une
manière très-remarquable dans le nord de cette île. Le nombre des espèces
dont M. Kirk discute les conditions de naturalisation est de deux cent quatre-
vingt-douze.
Clnvis Agaricinorum 5 or analvtical kev to the British Agaricini,
with characters of the généra and subgenera ; par M. Worthington G.
Smith. Londres, chez lteeve et Cie, 1870. I11-80 de A0 pages, avec six
planches.
M. Smith a adopté la couleur des spores pour distinguer les sous-genres
d’Agarics. Il a joint à sa clef analytique une liste des espèces d’Agarics obser¬
vés en Angleterre, liste qui comprend sept cents espèces, et qui s’augmentera
probablement.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE .
233
Th© known forais of JT* icca [Les formes connues de Yucca); par
M. J. -G. Baker ( Gardeners ’ Chronicle , 1870).
M. Baker, qui termine ce mémoire clans le n° 37 du Gardeners ’ Chronicle
de 1870, a énuméré quarante espèces ou formes de Yucca, et les a décrites.
Cetle publication encore imparfaite à cause des observations horticoles long¬
temps prolongées qu’elle exige, n’a été faite par M. Baker que pour prendre
date, en attendant la publication qu’il se propose de faire dans le Refugium
botanicum »
Reelaei’clics sur 5e Claarïjoii du Maïs $ par M. D. Clos (extrait
du Journal d' agriculture et d' économie rurale pour le midi de la France ,
janvier 1871) ; tirage à part en brochure in-8° de 16 pages.
M. Clos examine d’abord les causes extérieures assignées à la maladie que
développe YUstilago Maydis dans le parenchyme qu’il a envahi. Il regarde
comme très-probable que l’absorption du germe du Charbon du Maïs a lieu
par les parties souterraines de cette Graminée. En 1870, il a tenté à cet égard,
au jardin des Plantes de Toulouse, quelques expériences dont le résultat est
pleinement démonstratif. Depuis dix-huit ans qu’il y faisait semer chaque
année des grains de Maïs, il n’y avait jamais observé de pied charbonné. En
1870, il a pour la première fois aspergé de la poussière noire de YUstilago ,
c’est-à-dire de ses spores, les graines de la céréale au moment où l’on venait
de les déposer dans le sillon, avant de les recouvrir de terre ; et plusieurs des
pieds provenant de ces grains ont porté des tumeurs charbonneuses, nonob¬
stant la sécheresse extraordinaire de la saison. D’un autre côté, l’inoculation
directe, tentée par plusieurs expérimentateurs, n’a jamais donné de résultat.
Il est probable que le Cryptogame introduit par les racines faufile son mycé¬
lium à travers le tissu de la tige jusqu’aux endroits où il se développe à
l’extérieur, comme l’a écrit il y a longtemps M. Fée.
McBiiarqiHcs sur les causes «3e l'apparition «les plantes
parasites sur les céréales 5 par M. A. Fischer de Waldheim.
In-8° de 5 pages, sans date.
Cette note a été lue au congrès des naturalistes à Moscou. Ce sont de préfé¬
rence, dit l’auteur, les plantes nourricières douées d’une végétation luxuriante
qui sont attaquées par les parasites. Durant ses excursions aux environs de
Fribourg en Brisgau avec M. De Bary, il a remarqué que c’étaient les pieds
les plus développés d’Avoine et d’Orge qui fournissaient les échantillons les
plus nombreux ( YUstilago Carbo. C’est l’exubérance du carbone dans la
plante nourricière qui, de préférence, favorise le développement et l’expansion
épidémique des Champignons parasites. Il est donc malheureusement vrai que
par la culture même, en forçant les céréales à une végétation exubérante, à
23/j SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
une absorption d’acide carbonique, à une assimilation de carbone plus abon¬
dantes, souvent on prépare dans la plante nourricière un sol propice à un
luxurieux parasitisme.
gciiesi cl cgi î apofeci dclSc Vcmicariaccæ (Sur la
genèse des apothécies des Verrucariacées); par M. G. Gibelli ( Nuovo
Giornale botanico italiano, juillet 1870, pp. 194-206, avec deux planches};
tirage à part en brochure in-8°.
Ce travail est daté d’août 1869, et une note additionnelle de mai 1870.
L’auteur, qui a étudié pendant plusieurs années les Lichens au point de vue
simplement descriptif, en commun avec M. le professeur Garovaglio, est entré
dans la voie ouverte par plusieurs naturalistes russes et allemands et notam¬
ment par M. Schwendener. Si les Lichens ne sont que des Champignons para¬
sites entés sur des Algues inférieures, il doit y avoir dans le développement de
leurs organes reproducteurs principaux des faits qui concordent à le prouver.
C’est ce qu’a vérifié M. Gibelli. Il a constaté la présence d’ Algues des genres
Chroolepus , Glœocapsa , Scytonema, dans le thalle de beaucoup d’espèces de
Verrucariées ; ce thalle, dit-il, en paraît entièrement formé ; et le premier
rudiment de l’apothécie consiste toujours en un glomérule d’éléments goni-
miques , revêtu en grande partie par un pseudo-parenchyme d’éléments fila¬
menteux (hyphoidei). Il n’en est pas moins vrai que ce développement con¬
duit à une formation spéciale aux Lichens, de quelque manière que l’on
conçoive leur entité naturelle.
Closi trilmg bous à fia flore «lia «Hapon; par RI. Miquel (Archives
néerlandaises des sciences exactes et naturelles, t. v, 1870, pp. 89-96).
Ces notes concernent la famille des Mélanthacées ; l’auteur publie le con-
spectus des espèces de cette famille qui appartiennent à la flore du Japon ; il
n’adopte pas toujours les opinions de M. Maximowicz. Ces deux savants ayant
travaillé séparément et simultanément sur des matériaux quelque peu diffé¬
rents, quoique provenant du même pays, il arrive souvent que leurs observa¬
tions se complètent et en tout cas se contrôlent réciproquement. L’étude des
Mélanthacées donne des preuves nouvelles, dans le détail, d’un grand fait qui
a été étudié par MM. Asa Gray et Oliver : nous voulons parler des relations
qui existent entre la flore du Japon et celle de l’Amérique du Nord; le Chio-
nographis japonica Maxim, a pour synonymes Chamœlirium luteum Thunb.,
Ch. Carolinianum Willd.
31. Miquel s’occupe ensuite des Valérianées; plusieurs espèces qu’il avait,
dans son Prolusio florœ j aponie œ, rangées dans le genre Valeriana , appar¬
tiennent décidément, d’après de nouveaux matériaux envoyés par 31. 31axi-
mowicz, au genre Patrinia. Le Valeriana samlucifolia 31ik. n’est qu’une
forme du V. officinalis , très-répandu au Japon ainsi que le V. dioica.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 235
nouvelle espece «ICI a'gfostieimua ; contribution à la dore de
l’Inde néerlandaise; par M. W.-F.-R. Suringar (ibid. , 1870, t. v, pp. 116-
119, avec une planche).
Cette espèce d ' Argostemma présente pour inflorescence une ombelle défi¬
nie composée; elle est voisine de IM. montanum Bl. , ainsi que de IM.
pauciflorum Bl., et provient de Java.
Sur lia pcrinéabilitc «Isa protoplasnia «les Betteraves
rosBg-es ; par M. Hugo de Vries ( Archives néerlandaises des sciences
exactes et naturelles, t. vi, 1871, pp. 117-146).
La conclusion à tirer de ces expériences, c’est que le protoplasma des Bet¬
teraves rouges, mis eu contact avec des dissolutions ammoniacales faibles, mais
contenant toutefois assez d’ammoniaque pour décolorer le liquide de la
vacuole, peut se laisser traverser osmotiquement par ces dissolutions, sans
en éprouver d’effets nuisibles pour ses propriétés vitales.
Il est fort probable que la perméabilité du protoplasma des plantes est
généralement très-limitée; c’est ainsi que partout où l’on trouve dans le
règne végétal des cellules immédiatement voisines, dont le contenu liquide,
de nature chimique différente, ne se môle pas de l’une à l’autre, la raison doit
en être cherchée uniquement dans ce fait que le protoplasma est imperméable
aux matières contenues dans ces cellules.
Si, d’après cela, le protoplasma forme une couche mucilagineuse entourant
la vacuole de l’intérieur de la cellule et peu ou point perméable aux matières
qui s’y trouvent à l’état dissous, il s’ensuit que ce contenu liquide de la va¬
cuole, à cause de son degré plus élevé déconcentration, doit chercher inces¬
samment à absorber de l’eau du milieu ambiant, et doit tendre par consé¬
quent à augmenter de volume. il résulte de là, lorsque le tissu renferme de
l’eau en quantité suffisante, une pression sur le protoplasma et sur la paroi de
la cellule, pression à laquelle la tension de cette paroi fait équilibre dans les cas
ordinaires.
En plaçant des fragments du parenchyme d’une Betterave rouge dans des
dissolutions de sucre de Canne à divers degrés de concentration, l’auteur a
trouvé qu’une solution de 27 pour 100 n’occasionnait aucun changement,
tandis que dans une dissolution de 28 pour 100, le protoplasma de la plupart
des cellules rouges s’était un peu éloigné de la paroi. Le degré de concentra¬
tion de la dissolution de sucre, dans ces cellules, se trouvait donc entre 27 et
28 pour 100. Ce degré diffère très-peu dans la plupart des cellules rouges
d’une môme Betterave, mais il y en a toujours quelques-unes dont la concen¬
tration est notablement plus faible que celle des autres.
236 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Uelici* Syuantbposc 5 par M. O. Popp (Annalen der Chemie wnd
Pharmacie , t. 156, p. 181 etsuiv.).
La synanthrose est une variété de sucre qui accompagne toujours l’inuline
dans les Composées tu bérifères ; elle se rencontre à toutes les périodes du déve¬
loppement, mais plus abondamment dans l’état de maturité des organes. C’est
le Dahlia qui donne la plus abondante et la plus pure, mais 011 peut l’extraire
avantageusement des tubercules du Topinambour. La synanthrose est déli¬
quescente, isomère avec le sucre de canne.
Observations snr ta croissance «le l’Orge; par M. Fittbogen
( Chemische Centralhlatt , 1871, p. 193).
L’auteur a semé de l’Orge dans du sable parfaitement pur, dix-huit graines
dans chaque pot, en ajoutant des quantités connues d’un engrais soigneusement
analysé à l’avance. Trente pots furent employés pour les expériences. Les
résultats furent examinés 'a cinq périodes différentes de la végétation. Parmi
les conclusions de l’auteur, nous trouvons que la potasse est transportée de la
racine dans la partie supérieure du végétal pendant la troisième période ; que,
pour l’azote, ce transport se fait dans la cinquième. Plusieurs tableaux d’ana¬
lyse chimique ont été dressés par l’auteur.
Oui Claatliasn-oai'iics Alger (Sur les Algues des îles Chatham) ;
par M. J. -G. Agardh ( Ôfversigt af Kongl . Vetenskaps -Akademiens
Furhandlingar , 1870, n° 5, pp. l\ 35-456).
Cette collection a été recueillie par M. Travers et envoyée par M. F. de
Müller. Elle comprend vingt-deux espèces dont cinq nouvelles, les suivantes :
Hymenocladia lanceolata , Cgstophora scalaris, C. diste?ita, Landsburgia
myricœfolia, Polysiphonia Mülleriana. L’auteur a profité de celte occasion
pour décrire monographiquement le genre Cystophora J. Ag. Ce genre a
maintenant des limites nouvelles et plus naturelles, l’auteur en ayant séparé
des espèces réunies par lui clans le genre Caulocystis . 11 comprend cependant
encore dix-neuf espèces réparties en huit groupes. M. Agardh a entrepris un
travail analogue pour le genre Hymenocladia , auquel il attribue sept espèces.
NOUVELLES.
(Août 1872.)
— L’Académie des sciences, dans sa séance du 5 août 1872, a nommé
membres correspondants, en remplacement de M. H. Lecoq, M. J. -E. Plan-
chon, professeur à Montpellier; et, en remplacement de M. H. de Molli,
M. H. A.-Weddell.
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
237
— Par arrêtés de M. le Ministre de l’instruction publique, en date de
juillet 1872, M. Édouard Bureau, docteur en médecine et ès sciences, et
M. P. -P. Dehérain, docteur ès sciences, ont été nommés aides-naturalistes
au Muséum d’histoire naturelle, en remplacement de MM. L.-R. Tulasne et
Ch. Naudin, admis, sur leur demande, à faire valoir leurs droits à la retraite.
M. Bureau est spécialement attaché à la chaire de botanique, et M. De¬
hérain à la chaire de culture.
* — Nos lecteurs ont certainement eu déjà connaissance de la formation de
f Association française pour /’ avancement des sciences (fondée sur le modèle
de l’Association britannique qui a produit de si heureux résultats en Angle¬
terre), et dont le président actuel est M. Claude Bernard. L’Association con¬
sidère comme un des besoins intellectuels les plus grands du pays un vigoureux
effort vers la décentralisation scientifique ; elle a donc à cœur de favoriser, par
tous les moyens qui sont en son pouvoir, la création et le développement dans
les villes de province de centres scientifiques, d’institutions de haut enseigne¬
ment et de laboratoires de recherches. Elle pense qu’à cet effet, l’un des moyens
les plus puissants est d’intéresser les grandes villes d’abord, puis celles d’im¬
portance secondaire au progrès scientifique, en réunissant chaque année dans
l’une d’elles un congrès de science générale, auquel seront conviés tous ceux
qui veulent s’associer à son œuvre. L’Association compte à ce jour, outre un
grand nombre de membres annuels, cent cinquante-huit fondateurs, ayant
souscrit ensemble deux cent trente parts de 500 francs, soit un capital de
cent quinze mille francs.
La première session de l’Association aura lieu à Bordeaux. Elle s’ouvrira à
Bordeaux le 5 septembre 1872. L’Association a obtenu des grandes Compa¬
gnies de chemins de fer de France des facilités analogues à celles que la
Société botanique de France obtient depuis longtemps pour ses sessions
extraordinaires. On peut dès à présent recevoir des renseignements sur la
prochaine session de l’Association, soit chez le Secrétaire du conseil, M. Ca¬
ri el, 17, place de l’École-de-Médecine, soit chez le Secrétaire du comité local
de Bordeaux, M. le docteur Azam, 14, rue Vital Carie.
La session prochaine de l’Association française coïncidera avec une exposi¬
tion horticole qui se tiendra à Bordeaux du 5 au 8 septembre, "sous les auspices
de la Société d’horticulture de la Gironde.
«— M. le docteur J. -F. -Ch. Ratzeburg, professeur à l’Académie forestière
de Neustadt-Eberswalde, est décédé à Berlin, le 24 octobre dernier, à l’âge
de soixante et onze ans.
Nous apprenons avec regret la perte que vient de faire la botanique
dans la personne de M. le docteur Robert Wight, l’auteur des Icônes planta -
rum Indien orientalis , et de nombreux travaux sur la botanique de l’Inde
238
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
anglaise. M. Wigbt était né à Millon le G juillet 1795, et mourut à Grazeley
Lodge, près Reading, le 26 mai dernier, âgé de soixante-seize ans. Il avait
débuté dans la carrière botanique, en collaboration avec Walker Arnott, par
un livre qui malheureusement en est toujours resté avec son premier volume,
le Prodromus florœ Peninsulœ orientales, mais qui avait recueilli des suf¬
frages unanimes. Les Illustrations of Indian Botany , le Spicilegium neilgher-
riense , et d’autres mémoires du même auteur, sont entre les mains de tous les
botanistes qui étudient la flore de l’Asie tropicale. M. Wigbt s’est occupé
aussi avec beaucoup d’intérêt de l’introduction des végétaux utiles dans l’Inde.
Il avait été placé longtemps à la tête des plantations de Coton de Coimbator,
et il a publié plusieurs mémoires sur celte culture.
— On annonce encore la mort du Rév. W. Ellis, décédé le 9 juin 1872, à
Rose Hill, Hoddeston, Ilerts. Ellis était né à Londres en 1795 ; ses voyages
dans la Polynésie, et en dernier lieu à Madagascar, lui avaient permis d’aug¬
menter beaucoup la richesse des herbiers et des serres d’Angleterre. On lui
doit l’introduction de YOuvirandra fenestralis, du Grammangis ( Grammalo -
phyllum ) Ellisii , de Y Acranthus sesquipedalis , de Y Angrecum Ellisii et
de Y A ■ articulatum.
— Nous apprenons encore avec regret la mort de M. Cari Sartorius, décédé
au Mexique, le 16 janvier dernier, dans son hacienda de Mirador, près de
Huatusco. M. Sartorius a rendu de grands services à la botanique par les col¬
lections de plantes qu’il avait à diverses reprises envoyées du Mexique en
Europe. Il hébergeait les voyageurs naturalistes : Liebmann est resté pendant
un an chez lui ; Hartweg y avait trouvé de précieux secours. C’est lui qui
avait été l’orateur de la députation allemande qui accueillit l’infortuné Maxi¬
milien à son arrivée au Mexique. Son herbier a été envoyé, d’après ses désirs,
à l’institution Smithsonienne. Plusieurs espèces de Composées mexicaines ont
été dédiées à M. Sartorius par le monographe de Deux-Ponts, M. Schultz.
— C’est M. le professeur \V. Hofmeister qui va occuper à l’université de
Tubingue la chaire laissée vacante par la mort de M. H. de Molli.
— M. le docteur G. Kraus vient d’échanger la chaire de botanique de
l’université d’Erlangen contre celle de Halle, en remplacement de M. De Bary,
dont nous avons fait prévoir la nomination à Strasbourg. M. le docteur
M. Reess a été nommé professeur ordinaire de botanique et de pharmaco¬
gnosie et directeur du Jardin botanique à l’université d’Erlangen.
— M* le docteur E. van Risseghem a été nommé professeur de botanique
à l’imiversité de Bruxelles.
— Le Journal officiel de la République française, dans son numéro du
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 239
lundi 8 juillet 1872, renferme des extraits d’un rapport récemment publié
sur l’École pratique des hautes études, où nous lisons ce qui suit :
Les laboratoires affectés à l’enseignement pratique de la botanique sont
ceux :
1° De M. Duchartre, membre de l’Institut, professeur à la Faculté des
sciences, situé à la Sorbonne (quinze élèves), et ayant produit les publications
suivantes : de MM. Cornu ( Monographie des Saprolégniées ), Bertrand
( Etudes sur le genre Abies et Pseudotsuga) ; etc.
2° Laboratoire de MM. Brongniart et Decaisne, membres de l’Institut, situé
au Muséum, et qui a donné lieu aux publications suivantes, savoir : MM. Mar¬
tinet ( Organes des sécrétions des végétaux ), Pérard [Flore des environs de
Montluçon )$ etc. Outre ces savants occupés à des recherches scientifiques,
quarante-huit élèves suivent les conférences et exécutent des travaux de natu¬
ralistes.
3° Laboratoire de M. Bâillon, professeur à la Faculté de médecine, situé
au jardin botanique. On doit citer les travaux qui y ont été exécutés par
MM. Vandercolme [Recherches sur V organisation des Smilax), Tison [Recher¬
ches sur les plantes dicotylédones) , Soubeiran [Recherches sur les Monocoty-
lédones ), Mounat [Recherches sur l'organisation des corolles et l 'histologie
des pétales ), Dutailly [Etudes sur le développement et la structure des
couches libériennes , etc.), Bocquillon ( Recherches sur V organisation des
Thés et le siège des principes actifs dans les feuilles)’, etc. Plus de cent cin¬
quante élèves ont pris part aux travaux pratiques.
— L’Académie des sciences de Suède a discuté, dans sa séance du 14 fé¬
vrier dernier, comment elle célébrerait l’anniversaire séculaire de la mort de
Linné (-f- 10 janvier 1778). Il a été décidé qu’une statue lui serait élevée
sur l’une des places de Stockholm. Il a été publié une série de quinze photo¬
graphies dont les objets sont tous relatifs à Linné : son portrait, son cabinet
de travail, etc.; la dernière représente 1 eLinnœa borealis.
— Un nouvel organe vient de paraître dans le midi de la France, consacré
h l’histoire naturelle. Nous avons reçu le premier numéro, daté du 1er juin
1872, de la Revue des sciences naturelles, publiée à Montpellier sous la direc¬
tion de MM. Dubrueil et E. Heckel. Celle nouvelle Revue paraîtra tous les
trois mois, à dater du 1er juin 1872, par livraisons de 80 à 100 pages ; sa
publication deviendra plus fréquente si l'abondance des matériaux le réclame.
Les trois branches de l’histoire naturelle seront traitées dans chacun des
numéros de cette Revue, qui sera composé de Mémoires originaux et d’une
Revue scientifique. La botanique est représentée dans le numéro qui vient de
paraître par la première leçon du cours de botanique professé à la Faculté des
sciences de Nancy par M. Millardet, notre ancien confrère.
*2ZlÜ SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
— MM. Fr. Schultz et F. Winter, à AVissembourg, ont commencé récem¬
ment la publication d’une nouvelle série de l’ H er barium normale , en six
fascicules de cent espèces.
— Le professeur Ad. Sclinitzlein a laissé des collections cryptogamiques
qui sont mises en vente. Nous manquons de renseignements sur le contenu
de ces collections, mais on pourra en obtenir en les demandant à sa veuve,
Mme Johanna Sclinitzlein, à Erlangen.
— Nous devons annoncer la mise en vente d’une collection spéciale de
Champignons, renfermant 227 Hyménomycètes, 1 8 Ustilaginés, 130 Urédinés,
31 Phycomycèles, 268 Pyrénomycètes, 135 Discomvcètes et Tubéracés, 21
Myxomycètes, et 170 Champignons imparfaits, au total 1000 espèces. Cette
collection est donnée comme déterminée avec beaucoup d’exactitude. Le
nombre d’espèces indiquées paraît faible parce que les formes différentes d’un
même Champignon n’ont pas été énumérées séparément, toutes les fois qu’on
a été certain qu’elles appartiennent à la même espèce. S’adresser pour cette
acquisition au Secrétaire de la Société d’histoire naturelle de Brunn, M. le
professeur G. von Niessl.
— L’herbier de M. le docteur Ph. Wirtgen, décédé dernièrement, est à
Vendre par les soins de la Société d’histoire naturelle de Bonn.
— On peut se procurer des plantes de l’Islrie, au prix de 6 florins d'Au¬
triche la centurie, au comptoir de minéralogie et d’histoire naturelle de 31. le
docteur L. Eger, Lothringerstrasse, 3, à Vienne (Autriche).
— M. le docteur A. Rehmann, AVesola, 21, à Cracovie, met en vente, au
prix de 10 florins d’Autriche la centurie, des collections de cent à tfeux cents
espèces rares ou caractéristiques des steppes de la Russie méridionale.
■ Au moment de mettre sous presse, nous apprenons avec un profond regret
la mort prématurée de notre honorable et savant confrère M. Arthur Gris,
docteur ès sciences, aide-naturaliste au 3Iuséum, chevalier de la Légion
d’honneur et ancien vice-président de notre Société, décédé à Paris le
18 août 1872, à 1 âge de quarante-deux ans.
Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin,
W. DE SCHŒNEFELD.
Le rédacteur de la Revue,
Dr Eugène Fournier,
Paris. — Imprimerie de E. Mauti.nlt, rue Mignon, -.
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES
MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME DIX-HUITIÈME.
1871.
N. B. — Tous les noms do genre ou d’espèce rangés par ordre alphabétique sont les noms latins
des plantes. Ainsi, pour trouver Carotte, cherchez Daucus , etc.
Les chiffres sans crochets se rapportent aux Comptes rendus des séances de la Société. — Les chiffres
entre crochets [ ] désignent la pagination de la Revue bibliographique.
A
Abies( Sur le genre), 376. — bicolor , bra-
chyphylla [34]. — diversifolia [57]. —
exeelsa, 410. — holophylla [54]. —
Nephrolepis [54] .
Acclimatation des Cinchona dans les Indes
britanniques, 102, 157.
Acer [226]. — argulum , barbinervum,
capillipes , circumlobatum , nikoense,
Max. nov. sp. [56]. — mandshuricum
Max. nov. sp. [57].
Aclilys japonica Maximow. n. sp. [55].
Achras Sapola [43].
Acinète, 38.
Actinophrys , 38.
Ægilops , voy. Triticum.
Æsculus , 175.
Agaricinées, 38 [232].
Agaricus phœocephalus B. etc., 272.
Agave mexicana [43].
Agropyrum, 146, 241. — cæsium, 433.
— Savignonü DN., 241.
A ira brigantiaca trouvé aux buttes Chau¬
mont [144]. — cary opliy lieu , 170. —
Cupaniana, 170.
Algérie (Clore de U) : Plantes récoltées en
1870 auprès de Bougie, 77. — Végé¬
tation des environs de Constantine, 252.
— Additions à la flore algérienne et
observations, 354.
Algues, 58, 101, 272 [l] [19] [32] [74]
[131] [1/Ï8] [154] [160] [173] [179]
[188] [205] [208] [221] [234] [236].
Alpiuia Galanga et officinarum [151].
Althenia filiformis , 174 [204].
Amanita Cœsarea P., 275.
Amomum [230].
T. XVIII,
Ampélopsis [206].
Amphicosmia [ 1 69].
Anabasis aretioides , 358.
Anacampseros [216].
Anacharis Alsinastrum, 64, 200.
Andripetalum Yolombo, 374.
Andromeda poli folia, 145, 413.
Andropogon Sçhœnanthus [37].
Androsace maxima, 358 eu note.
Angelica moschata (Soumboul), 7, 17.
Anomalie, 99. — Voy. Monstruosité et
(dans la table delà Revue bibl.) : Bel-
lynck, Braun.
Anlhoxanthum Puelii trouvé aux buttes
Chaumont [144].
Apargia dubia Hoppe, 51.
Aquilegia [215].
Araucaria Balansæ Brongn. et Gris nov.
sp., 130. — Cookii , 131. — monlana
Br. et Gris nov. sp., 136, — - Muelleri
nov. sp., 139. — Rulei, 137.
Arbolayre, 205.
Arenaria tri (lova, 196.
Argostemma [235].
Arracacha esculenta, 373.
Arlemisia racemosa Miég. nov. sp. 367.
— oliganüia Miég. n. sp. 368.
Ascophora elegans et Mucedo, 37.
Asie orientale, voy. (dans la table de la
Revue bibl.) Maximowicz.
Aspergillus [172] .
Asperula gaiioides, 64.
Asphodelus tenuifolius , 363.
Aspid/um craspedosorum Maximow. uov.
sp. [57].
Asplénium schizodon Moore uov. sp.
[164].
Aster rugulosus Maximow. nov. sp. [57].
16
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
'2 h '2
Aster spathulifolius [58].
Asteroselene Wittr. gen. nov. [15].
Astragalus [188]. — nummularioides,
357.
Avenu australis , 35G. — bromoides , 356.
— slerilis minor , 192. — eriantha ,
tr. à Saint-Guilhem-le-Désert, 174.
[177],
B
Bactéries, 38.
Bambusa mitis [4 3].
Baptisia perfoliata [31].
Barbarea rivularis , 384.
Bnrbula insidiosa Jur. et Milde n. sp.
[40].
Baromètre. Son usage clans les voyages,
71.
Barrandon (A.). Compte rendu de quelques
promenades aux environs de Montpel¬
lier, 170. — Note sur quelques plantes
des environs de Montpellier, 228.
Bartholomæus anglicus de Glan villa, 202.
Bassin [38].
Baudoin (A.). Lettre relative à la fixation
du lieu d'une session extraordinaire,
48.
Beaupreci Brongn. et Gris nov. gen., 241.
— Balansœ, diverstfolia , gracilis , Pan-
cherii , spathulœfolia , 243 à 246.
Bcllis dentata , 362.
Bertholletia excelsa [44].
Bertrand (Ch. -E.). Sur le genre Abies, 376.
— Obs., 382.
Bêla [15] [235].
Betula pubescens , 410. — nana, 4 12.
Bibliographie, 2, 18, 60, 121, 153, 201,
331, [39] [t 41] [189]. — de F Euca¬
lyptus [86].
Bignoniacées, 442 [ 1 64] [226],
Billancourt ( Nitella mucronata , tr. à), 46.
Uolelus edulis , 276.
Bumarea chontalensis Seem. n. sp. [223].
Boreau. Sur les Rnnunculus silvalicus ,
nemurosus et tuberosus , 383.
Borraginées [25].
Botrylis, 38.
Bougie (Plantes récoltées aux environs
de), 77.
Bonis (A. de). Notice nécrologique sur
M,ne Ricard, 285.
Boula y (l’abbé). Distribution géographi¬
que dos Mousses dans les Vosges et le
Jura, 178, 213. — Découverte de
VUyocomium flagellare dans les Vosges,
331. — Lettre, 92,
Brac/iythecium Geliecbii Milde n. sp. [40]
[212].
Brassica humilis , sa localité exacte aux
environs de Saint-Martin de Londres,
172.
Brongniart (Ad.). Obs., 228. — et Gris.
Supplément aux Conifères de la Nou¬
velle-Calédonie, 130, 188. — Sur la
constitution du cône des Conifères, 141.
— Sur le nouveau genre de Protéacées
Garnieria B. et G., 188. — Sur le
nouveau genre de Protéacées Beauprea
B. et G., 241.
Bryum cyclophyllum , 92.
Buffonia, 231.
Bureau de la Société : ajournement de
son élection, 1, 35, 59, 63, 80.
Bureau (Ed.). Obs., 442.
Butomées [ 1 59] .
G
Calamites [145].
Calamodendron , 92.
Calamopitus [146].
Calédonie (Nouvelle-), 130, 188, 241. — •
Voy. (dans la table de la Revue bibl.)
Soubeiran.
Calla palustris , 193.
Calliopsis tincloria [227].
Callitriche aulumnalis [24],
Calluna Erica, 413.
Callha palustris forma aurata, 384.
Calypso borealis [20].
Calyptrospora Gœppertiana Külin n. gen.
[34].
Campanula Kremeri , 363. — rapuncu-
loides , 174 [44]. — Vidalii [180].
Campa, lutnœa japonica Maximow. n. sp.
[56].
Campine (Herborisations dans la), 190.
Canaux oléifères des Composées, 286,
394.
Canna indica , 374.
Cannabis saliva [210].
Capsclla rubella R., 319.
Carduncellus rhaponlicoides , 355.
Carex glauca (3. erythrostachys, 172. — •
Halleriana déformé, 171. — lœvigata ,
145. — nutans, 145. — œdipostyla ,
170. — olbiensis , 171. — pauci/lora ,
145. — sicyocarpa , 171. — des tour¬
bières du Jura, 418.
Caryophyllinées [157].
Caulopteris [14 7].
Cauvet. Sur le Sumbul, 17. — Sur quel¬
ques travaux de M. Germain de Saint-
Pierre, 18, 23. — De la structure du
Cylinet et de Faction que produit ce
parasite sur les racines des Cistes, 29.
— Rem. à propos de certaines questions
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
243
de physiologie soulevées par la thèse de
M. J.-E. Duval (Des ferments organi¬
sés, etc.), 36. -- Structure du Ricin
d’Afrique, 7 3.— Liste des plantes récol¬
tées aux environs de Bougie en 1870,7 7.
Cave (Charles), tué au champ d’houneur,
à Diji n,60.
Cellules [21].
Cenarrhenes spathulœfolia , 188.
Cenlaurea parviflora, 362.
Cerastium pumilum, 383. — obscur -um
forma pallens , 385.
Cercidiphyilum ovale Maximow. sp. nov.
[ü9].
Ceroxylon andicola, 37 3.
Césalpiniées, 60.
Cévennes (Tourbières des), 425.
Chabert (Alf.) . Sur quelques plantes des
environs de Fontainebleau, 193.
Chaboisseau (l'abbé). Sur quelques ouvra¬
ges rares ou curieux relatifs à la bota¬
nique, 2, 201. — Sur les Ortus sani-
talis , 153, 204. — Sur les noms arabes
de quelques végétaux, 18. — Sur quel¬
ques Characées des bassins de Versailles
et des étangs cireonvoisins, 65. — Sur
le Nitella syncarpa et le Chara conni-
vens , 147. — Découverte du Nitella
mucronala à Billancourt, 46.
Chænomeles [ 1 95].
Chamœcyparis kreviramea et Ch. pendula
Maximow. sp. nov. [54],
Champignons, 26, 37, 107, 156, 272,
452, 453 [20] [22] [23] [38] [39] [42]
[68] [77] [78J [91] [129] [153] [161]
[162] [179] [232].
Chara , 174. — aspera, 65, 150. — con-
mvens, 149. — coronala , 193. —
Duriœi, 150. — fragifera , 150. —
galioides , 150. — mucronala , 46.
Characées, 46, 63, 66, 147, 148, 149,
1 50, 174, 193.
Chatin (Ad.) a trouvé à Mcudon YEu-
phorbia dulcis et le Poa sudelica , et
près des Essarts-le-Roi , YOrchis viridis
et YAsperula galioides, 64.
Cheiranthus Cheiri [218].
Chenopodium Vul varia , 193.
Chesney. Sa mort [192].
Chevreul. Déclarations concernant le bom¬
bardement du Muséum et la conserva¬
tion de ses collections, iO, 63.
Chimaphila astyla Maximow. n. sp. [55].
Chionograplus Maximow. u. gen. [55].
Chlorodiclyon [160].
Cinchona [ I 2 2 à 129]. — mirabilis, 107.
— PilayOj 107. — Culture dans les
Indes britanniques, 102, 157. — (Suc¬
cédanées des), 159.
C issus quinque folia [206],
Cistus , 29, 170. — albido-crispus elcrispo-
albidus , 170.
Classification morphologique des organes
souterrains de la végétation, 23.
Claviceps [20].
Clément -Müllet. Sur les noms arabes de
quelques végétaux, 8, 18.
Clos (D.). Discussion de quelques points
de glossologie botanique (suite), 96. —
Des genres Pavia et Timbalia , 175.
Clypeola cyclodontea, 355.
Collections botaniques (Expédition des),
119. #
Colocasia esculenta , 373.
CoL.viN (le Rév.), membre à vie, 330.
Commissions (Ajournement de l’élection
des), 1. — Commission pour constater
les dégâts causés au Muséum par le
bombardement, 2. — Commission pour
organiser la séance extraordinaire en
l’honneur de S. M. l’Empereur du Bré¬
sil, 390.
Composées, 327, 331 [35] [207]. — Ca¬
naux oléifères (des), 286, 394.
Cône des Conifères, 141.
Conifères, 130, 141,171, 188, 410 [44].
Constantine (Végétation des environs de),
252.
Coplis orientalis et quinquefolia Maximow.
n. sp. [53].
Cordiceps myrmecophila , 156. — ■ Dugesii,
157.
Cordier (F. -S.). Sur le genre Cordiceps, 155.
Corispermum hyssopi folium, 174.
Cornu (Max.). Sur les Synchytrium Stel -
lariœ mediœ et Alismatis, 26. — pré¬
sente des échantillons de Nitella batra-
chospcrrna , 46. • — Sur deux genres
nouveaux de Saprolégniées, 58. — an¬
nonce la mort de M. Cave, 60. — an¬
nonce la découverte, auprès de Bomo-
rantin, des Rhynchonema rostratum,
Sphæroplea annulina et Hydrodictyon
ulriculatum , 101. — Sur le PUobolus
cr y staP inus, 298. — Obs. , 152.
CoroniLa glauca , 171.
Corydallis pumila [27].
Cusson (E.) . Signale le Trifolium resupi-
natum à Neuilly-sur-Seine, et YAna-
charis Alsinastrum auprès d’Ostende,
64. — entretient la Société du voyage
au Maroc de MM. J.-D. Ilooker et
J. Bail, 101. — Instructions sur les
observations et les collections botaniques
à faire dans les vojages, 66, 81, 111.
— Obs., 201, 367, 382.
Costœus. De universali stirpium nalura,
exemplaire de dédicace, 3,
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Uli
Cotoneaster denticulata , 177.
Crassulacées, 325 [185].
Cratægus [177] [195]. — (Révision du
genre), 442. — Pyracantha , 177.
Crépis allissima, 55. — aurea , 50. —
blatlarioides , 55. — bulbosa , 52. —
lampsanoides, 55. — succisœfolia , 55.
Crucifères, 318 [182] [220].
Cryptocarpus Austin gen. nov. [179].
Cryptogames de l’arrondissement de Mont-
luçon, 272.
Cucurbitacées [207].
Culture du Cacaotier, 3. — du Manioc,
341. — du Quinquina, 102, 157.
Cuscuia [157].
Cycloloma platyphyllum [45].
Cydonia [195],
Cypéracées (Tissus des), 231.
Cyperus serotinus , 229.
Cystopliora [236],
Cytinus Hypocistis , 29.
Cylisus Laburnum à Cherbourg [45]. —
p urpureo- Laburnum ou Adarni [167].
D
Daucus , 373.
Delondre (Aug.). Lettre sur le bombarde¬
ment du Muséum par l’armée alle¬
mande, 1 . — Rapport sur les dégâts du
Muséum, 9. — Notes de botanique et
d’acclimatation végétale, 102, 157.
Déparia nephrodiuides Bak. n. sp. [170].
Desmidiacées [15].
Deulzia scabra [51].
Diatomées [16] [129] [131] [178].
Didymochlœna sinuosa [3].
Dioscorea, 305 [12].
Dioscoride, De medicinali materia , exem¬
plaire de Colbert, 3.
Diplotaxis pendula, 357.
Disanthus Maximow. n. gen. [54].
Discours de M. Germain de Saint-Pierre,
283.
Dons faits à la Société, 92, 439.
Draba verna, 419.
Dracœna [177].
DrosophyUum lusitanicum [75].
Ducuartre (P.), aunonce la publication du
Nomenclator botanicus de Pfeiffer, 331.
— Obs., 201.
Duval (Jules), voy. Cauvet.
Duval-Jouve (J.). Sur quelques tissus de
Joncées, de Cypéracées et de Graminées,
231.
E
Échantillons d’herbier (Préparation des),
111.
Ectocarpus ostendensis Ask. nov. gen. [1].
Elœagnus Oldhami clglabro-pungens Maxi-
movv. n. sp. [58].
Elatine macropoda , 145. — F abri, 145.
Élections (Ajournement des), 1, 35, 59,
63, 80.
Ellis. Sa mort [238],
Ellisiophyllum Maximow. n. gen. [59]
Elodea canadensis [45] .
Embryon, 339.
Empetrum nigrum, 415.
Endocarpon Guepini [l 3] .
Epigœa asiaüca Maximow. n. sp. [55].
Epipogon aphyllus, 145, 374.
Erica cinerea: 145, 193.
Eriophorum , 417.
Erodium , 321.
Erophila , 319.
Erysiphe , 38 [79].
Essarts-le-Roi ( Orchis viridis et Asperula
galioides trouvés près des), 64.
Eucalyptus Globulus, 255 [83] [84] [86].
Euphorbia dulcis , 64. — Gerardiana ,
198. — resinifera [158].
Euphrasia , 329.
Eurotium [79],
Expédition des collections, 119.
F
Fécule, 372.
Fermentation, 36, 41.
Festuca allissima [220]. — elongata
[207]. — loliacea [207].
Feuille du Tagetes palula, 337, des Abies,
376, de div. Composées, 400.
Fissidens Arnoldi et intralimbatus Ruthe
nov. sp. [213].
Flagellatées [19].
Fleur, 339.
Flore des Açores, voy. Godman. — de Bel¬
gique, voy . De vos, Hardy. — de Bohême,
voy. (dans la table de la Revue bibl.) Ce-
lakowski, Feistmantel. — de Bornéo, voy.
(dans la même table) Beccari. — du
Brésil, voy. (dans la même table) Flora
brasiliensis, de Martens. — du Cau¬
case, voy. (dans la même table) Ru-
precht. — du Chili, voy. (dans la même
table) Cesati. — de France, voy. France.
— de la Grande-Bretagne, voy. (dans
la table de la Revue bibl.) Baker,
Leighton. — de l’Inde, voy. Inde. —
d’Italie, voy. (dans la même table) Ba-
glietto, Caruel, Cesati, G i bel li, Licopoli,
Passerini, Terracciano, Zanardini. —
du Japon, voy. (dans la même table)
Maximowicz, Miquel. — de Scandi¬
navie, voy. (dans la même table) Wit- »
I trock.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 2/ï 5
Fontainebleau (Plantes de), 195.
Forez (Obs. sur les plantes du), 145.
Fossiles (Plantes), 92. — Voy. (dans la
table de la Revue bibl.) Andra, Carru-
thers, Caruel, Dawson, Feistmantel,
Heer, Mohr, F. de Mül 1er et Srayth,
Roehl, Saporta, Schenk, Unger, Weiss,
Weiss et Goldenberg, Williamson.
Fougères [3] [57] [81] [140] [147] [164]
[183] [214].
Fournier (Henri). Sa mort, 330.
Fragaria roseiflora Boula y n. sp., 92.
France (Flore de) : Distribution géogra¬
phique des Mousses dans les Vosges et
le Jura, 178, 213. — Florula obsidio-
nalis, 246. — Plantes du département
du Nord, 294. — Plantes de l’arron-
dissementdeMontluçon : Phanérogames,
318, 382, 436 ; Cryptogames, 272.
— Obs. sur quelques plantes du Forez,
145. — Plantes des environs de Mont¬
pellier et du département de l'Hérault,
170, 228 [44]. — Obs. sur la syno¬
nymie des Hieracium de Lapeyrouse,
48, 311. — Révision des Armoises
alpines des Pyrénées, 367. — Végéta¬
tion des tourbières du Jura, 406. —
Tourbières des Vosges et des Cévennes.
425. — Révision des Cratœgus du
groupe Oxyacantha et Oxyacanthoides,
442. — Etude sur Y Agropyrum cæsium,
433.
Espèces décrites ou signalées :
Agropyrum, 146. — A. cæsium, 433. —
A. Savignonii , 241. — Air a Cupaniana,
170. — Althenia filiformis, 174. —
Arrhenatherum elalius, forme, 172. —
Artemisia oliganlha M. n. sp., 368. —
A. racemosa M. nov. sp. 367. — Aspe-
rula galioides, 64. — ■ Avena eriantha ,
174. — A. sterilisft. minor, 172.
Brassica humilis , 172. — Bryum cyclo-
phyllum , 92.
Campanula rcipunculoides, 174 [44]. —
Capsella rubella R., 319. — Carex lævi-
gata, 145. — C. nutans, 145. — C.
œdiposlyla, 170. — C. olbiensis , 171. —
C, pauciflora , 145. — C . sicyocarpa ,
171 . — Chara aspera , 65. — Ch. con-
nivens , 149. — Ch. syncarpa , 147. —
Ch. innommés, 174. — Cistus albido-
crispus et (rispo-albidus, 170. — Cori-
spermum hyssopi folium, 174. — Co~
ronilla glauca, 171. — Cratœgus, 445
[177], — Cyperus serotinus, 229.
Elatine macropoda (L Fabri , 145.— Epi-
pogon aphyllus , 145, 374. — Erica
cinerca , 145. — Erophila , 319. —
Euphorbia dulcis, 64. — E. Gerar-
diana , 198. — Euphrasia, 329.
Fr ag aria roseiflora n. sp., 92.
Galium viridulum et supinum , 326. —
Goodyera repens , 200.
Fledioigidium imberbe , 93. — Helianthe-
mum umbellatum (3. rubriflorum, 196.
— Hieracium , espèces diverses, 48,311.
— Bydrodictyon utriculatum , 101. —
Hyocomium flagellare , 331.
Juncus striatus , 172.
Lemna arrhiza, 295. — Leucanthemum
palrnatum, 145. — Lychnis Viscaria,\96.
Meum athamanticum , 146.
Nardurus Poa B., 146. — Nitella mucro-
nata , 46. — N. syncarpa, 147.
Orchis viridis, 64.
Pinus Salzmanni , 171. — Plantago albi-
cans, 174 [44]. — Poa sudetica, 64.
— Potentilla splenclens var. filipendula
Ch., 198. — Pulmonaria , formes diver¬
ses, 146.
Hanunculus confusus, 196. — R.hololeu-
cos, 196. — R. silvaticus et nemorosus,
383. — R. tripartitus , 196. — Rubus ,
espèces diverses, 323. — Rhynchonema
rostratum, 101.
Sedum cæsium , 325. — Sphœroplea ,an-
nulina , 101. — Stratiotes aloides , 295.
— Synchytrium Stellariœ mediœ et
Alismatis , 26.
Trifolium resupinatum , 64. — Triticum
monococcum et autres, 173.
Viola arenicola Ch. nov. sp., 195. — Vul-
pia Michelii. 173.
Voy. (dans la table de la Revue bibliog.) :
Aubouy, Bagneris et Broillard, Faye,
de Fonvert et Achintre, Ravin et Mo¬
reau, Roumeguère, de Saporta, Timbal-
Lagrave.
Fumariacées [181].
Fumaria Baslardi ? 359. — longipes, 359,
367. — numidica , 359.
Funaria, 229.
G
Gagea pusilla [27].
Galanthus nivalis , 195.
Galium arislatum [40]. — supinum, 326.
viridulum , 326.
Gandoger (Mich.). Révision du genre Cra-
tægus pour les sections Oxyacantha
et Oxyacanthoides , 442.
Gardénia [37].
Garnieria spalhulœfolia Brongn. et Gris
n. gen. , 189.
Garroute (l’abbé). Lettre sur VEpipogon
aphyllus , 374.
SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE.
246
Gaudefroy (E.) et Edm. Modillefarine.
Sur des plantes méridionales observées
aux environs de Paris [Florula obsidio-
nalis ), 246.
Gaudinia fragilis bisannuel ou vivace, 172.
Gelée (Action physiologique de la), 164,
208, 299.
Genevieu (Gaston). Obs., 299.
Géographie botanique, voy. Flore.
Gérardmer ( Hyocomium flagellare trouvé
à), 331 .
Germain de Saint-Pierre. Lettre, 46. —
Discours, 283. — Réponse aux obser¬
vations de M. Cauvet, sur quelques-uns
de ses travaux, 122. — Obs., 62 (note),
297, 454. — Voy. Cauvet.
Geum [32].
Glandes, 143, 239. — Voy. (dans la table
de la Revue bibl.) Licopoli.
Glossologie botanique (suite), 96.
Gouidies [73].
Gouville. Sa mort, 390.
Graminées (Tissus des), 231.
Graliola officinalis , 172.
Gris (A.). Obs., 188. — Sa mort [240]. —
Voy. Brongniart et Gris.
Guepinella Bagl. n. gen. [13].
Guillard (Léon), tué au champ d’honneur,
à Buzenval, 9.
H
Haloxylon Ammodendron [22].
Hcdwigidium imberbe, 92.
Helianthemum umbellatum var. rubriflo -
rum , 196.
Helianthus [44].
Helionopsis breviscapa Maxim, nov. gen.
[55].
Helminthia mucronala Terrac. nov. sp.
[204].
Hemileha Moorei Bak. n. sp. [169].
Hépatiques, 278 [178].
Hérault (Plantes rares ou nouvelles de P),
170, 228 [44]. — Voy. (dans la table
de la Revue bibl.) Loret.
Herbarius, 205*
Herbier, 111.
Herborisations, 66, 81, 111, 190. — Voy.
(dans la table de la Revue bibl.) Timbal-
Lagrave.
Hierocium , 328. — Études sur les H. de
Lapeyrouse, 48, 311. — alatum , 317.
- — alpinum , 51. — altissimum, 55. —
auranliacum , 52. — aureum, 50. —
Auricula et var., 52. — auriculæ-
forme , 52. — boreale , 55. — brcvi-
scapum , 51. — bulbosum , 52. — cerin-
thoides, 311. — composilum , 314. —
controversum, 57. — cordifolium, 56.
croalicum , 314. — denudatum , 55.
— dovrense [40]. — dubium, 52. —
elongalum, 315. — eriophorum , 57.
— flexuosum, 312. — fragile, 55. —
glaucum , 54. — humile, 55. — hybri-
dum , 52. — intermedium, 55. —
Jacquinii , 55. — juranum , 54. —
lampsanoicles, 55. — lanceolatum, 57.
— Lawsoni , 53. — Lezatianum Timb.
n. sp., 52. — montanum , 54. — mw-
rorum, 55. — obovatum, 317. — pa-
ludosum, 55. — panduri forme Timb.
n. sp. 315. — Perusianum Timb. n. sp.,
313. — piüferum , 51. — Piiosella , 52.
— prenanthoides , 57. — pseuderiopho -
rum Timb. et Loret n. sp., 57. —
pumilum, 51, 55. — pyrenaicum, 56.
— rhomboidale , 316. — sabaudum,
57. — scopulorum , 54. — scorzone-
rœ folium, 54. — sericeum , 316. —
silvalicum , 55. — umbellatum , 57. —
villosum , 314. — vogesiacum, 54.
liordeum [236].
Horkelia [ 1 7 7 ] .
Horticulture [194] [196].
Houille (Théorie de la) [138].
Htlgel (K. von). Sa mort [40].
Hybrides : Cistus albido-crispus Del. et
crispo-albidus Req., 170. — Elœagnus
glabro-pungens Max. [58]. — Orchis
coriophoro-laxiflora Ricca [141]. — O.
Nicodemi Ten. [203]. — Pnmula Tom-
masiniiG. G. [207] — Rumex maritimo-
conglomeratus Cel. [28] . — Trilicum
vulgari-ovatum et vulgari -tmunciale,
173. — Voy. dans la table de la Revue
bibl.) Broughtou, Morren.
Hydnora [201].
Ihjdrangea [50]. — chinensis Max. n. sp.
[51]. — Lobbii Max. [51].
Ilydrodiclyon ulriculalum, 101.
Flygrocrccis, 38.
Hymenocladia [236].
Ilymenodictyon excelsum , succédané des
Cinchona, \ 59.
Hymenophyllum tunbridgcnse [214].
Hyocomium flagellare , 331.
Hypericum electrocarpum Max. n. sp.
[55]. «
llyphoniycètes, 107.
I
I dénia Maximow. nov. gen. [54].
Inde (Flore de F). Voy. Cinchona , 7/y*
menodictyon et (dans la table de la
Revue bibl.) Aitehison, Soubeiran.
Involucre, 338.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 2ZÏ7
Ipomœa Purga W., orizabensis P. et si-
mulans Hanb. [86J.
Isoêtes echinospora , 191.
J,
Jacquel (l’abbé). Sa mort, 208.
Jatropha Manihot , 34 I .
Jaubert (le comte). Lettre à M. le Prési¬
dent, 36. — Sa démission de membre
des académies allemandes, 36. — Dis¬
cours, 389. — Obs. , 393.
Jaubert (Hippolyte), mort victime de son
dévouement, à Coulonges, 29.
Joncaginées [159].
Joncées (Tissus des), 231.
Juglandées [160].
Juncus atricapillus [207]. — equiselosus ,
232. — slriatus , 17 2. — vctriegalus
Car. n. sp. [8],
Juniperus littoralis Maximow. sp. iioy.
[57]. — nipponica [57].
Jura (Distribution géographique des Mous¬
ses dans le), 178, 213. — (Tourbières
du), 407.
L
Labiées (Organes glanduleux des), 239.
Landerer. Mauuel de botanique, en grec
moderne, 60.
Lapeyrouse (les Hieracium de), 48, 311.
Larix [177].
Lecoq (Henri). Sa mort, 208, 284.
Lecoslemon [196].
Ledum palustre , 4 1 5.
Le Grand (Ant.). Sur quelques plantes du
Forez, 145. — Lettre relative à diverses
espèces d ' Agropyrum, 241 .
emanea [90].
Lenormand (René). Sa mort : discours de
RI. Morière, 390.
Lennlodon aureum, 50.
Lepicaune Lap., 50.
Lepidium sativum [21],
Lepidodendron [146].
Leplomiius, 58.
Leplotkrix, 38.
Lettres de MM. Baudoin, l’abbé Boulay,
Delondre, l’abbé Garroute, Germain de
Saint-Pierre, comte Jaubert, Le Grand,
Roumeguère, Ch. Royer, Sagot , le
pasteur Sahler, Tocquaine. Yoy. ces
noms.
Leucanthemum palmatum , 145,
Levûre de bière, 37.
Lévy (P.). Note sur la culture du Cacao¬
tier, 3. — Sur la coupe de l’Acajou,
125. — Envoi de plantes du Nicara¬
gua [192],
Libocedrus auslro-caledonica Brongn. et
Gris n. sp. , 140.
Lichens, 269, 276 [13] [73] [88] [204]
[205] [234].
Ligularia calihœ folia Maximow. n. sp.
[57]. — clivorum id. [57].
Lilium [164] [166], — punctaiurn [164].
— Humboldtii [164].
Lindera hypoglauca Max. u. sp. [56].
— mernbranacea Max. [56].
Liquida mbar macrophy lia [161]. — sly-
raciflua [161]. — acerifolia Maximow.
n. sp. [54].
Livre de Nature (le), 204.
Lobelia Dortrnanna, 192.
Lonicera cœrulea , 412.
Loxode, 39.
LychnisViscaria , 196. — laciniala Maxi¬
mow. n. sp. [54].
Lycopodiacées fossiles [139]. — du Mexi¬
que [222].
Lycopodium cryptomerinum Max. u, sp.
[57].
Lysimachia acroadenia Max. u. sp. [56].
— Forlunei Max. [56],
M
Macroclinidium Max. nov. geu. [58].
Manioc, 341.
Marsilia [ 1 7 5] [228],
Martinet (J. -LL). Sur les organes glandu¬
leux des Rutacées, 143. — des Labiées,
239.
Martins (Ch.). Sur l’origine glaciaire des
tourbières du Jura neuehàtelois et de
la végétation qui les caractérise, 406.
Maugin (G.). Sur des feuilles anomales de
Trifolium repens et pralense , 222.
Melaleuca viridiflora [38].
Melandrium Olgœ Max. n. sp. [57].
Mélanges. Voy, Nouvelles.
Mélanthacées [234].
Mélastomacées [163],
Mdilutus sulcala, 249 (note).
Menlzel. Index nominum planlarum uni-
versalis , annoté de la main de J. Ges-
ner, 2.
Menziezia multiflora Max. n. sp. [52]. —
purpurea et penlandra Max. [55].
Mer (Em.). De l’action physiologique de
la gelée sur les végétaux, 164, 208,
299
Merisinopœdia, 38.
Merulius lacrimans Fr., 107, 452.
Mespjlus [l 95].
Metanarlhecium Max. nov. gen. [55].
Meudon ( E-uphorbia dulcis et Poa sudelica
trouvés à), 64.
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
248
Meum athamanticum (Noms vulgaires du),
146, 147.
Miégeville (l’abbé). Essai de révision des
Armoises alpines des Pyrénées françai¬
ses, 367.
Mirabilis Jalapa , 374.
Mitella japonica Maximow. n. sp. [54] .
Mohl (Hugo de). Sa mort [142].
Monade, 38.
Monoblepharis Max. Cornu nov. gen., 39.
— polymorpha u. sp., 59. — proliféra
n. sp., 59. — sphœrica n. sp., 59.
Monstruosités et Anomalies : Déformation
des utric. des Carex præcox et Halle-
riana , 171. — Feuilles anomales de
Trifolium, 222. — Avortement des om¬
belles secondaires des Seseli tortuosum
et montanum, 228. — Yoy. (dans la
table de la Revue bibl.) : Barthès, Bel-
lynck, Duchartre, Pasquale, Peyritsch.
Montluçon (Cryptogames des environs de),
272, 382. — Phanérogames, 318,
382. — Notes supplémentaires, 436.
Montpellier (Promenades aux euvir. de),
170. — (Plantes des environs de), 228.
Yoy. Hérault.
Morière. Discours prononcé aux funérailles
de M. Lenormand, 391.
Morinda tinctoria [37].
Morus acclimaté à Moscou [22].
Mouillefarine (E.) a trouvé le Trifolium
resupinatum à Neuilly-sur-Seine, 64. —
Voy. Gaudefroy et Mouillefarine.
Mousses, 92, 178, 213, 279, 331, 422
[89] [93] [144] [212] [229] [231].
Mucor . 38.
Muséum (Bombardement du), 1, 9. —
Déclaration de M. Chevreul à l’Acadé¬
mie des sciences, le 9 janvier 1871, 10.
— Déclaration de M. Chevreul, le 29 mai
1871, 63.
Mycologie. Voy. Champignons.
Myoporum tenui folium [37].
Myrica Gale , 415.
Myxomycètes, 38, 42, 43.
N
Nabalus acerifolius et ochroleucus Maxi¬
mow. n. sp. [58].
Naias [18] [152]. — serrislipula Ma¬
ximow. n. sp. [56].
N ar dur us, 146.
Narthecium asiaticum Max. n. sp. [55].
Nasturlium officinale , forma parviflorum,
384.
Naviculées [130].
Nécrologie, 9, 29, 60, 208, 284, 285, 330,
390. Voy. Nouvelles.
Neuilly-sur-Seine (Trifolium resupinatum ,
trouvé à), 64.
Neuroplcris [137].
Nicaragua (Culture du Cacaotier au), 3, —
(Coupe de l’Acajou au), 125.
Nitella batrachosperma , 46. — capitata,
148. — mucronata, 46. — opaca, 66,
148. — syncarpa, 147.
Nœggérathiées [136].
Noms arabes de quelques végétaux, 18. —
Voy. (dans la table de la Revue bibl.)
Prior.
Normandina Jungermanniœ [188].
Nostoc fragiforme [213].
Nouvelle-Calédonie. Voy. Calédonie.
Nouvelles [40] [142] [191] [236].
Nucelle [71-72].
O
Ocotea aromatica [37].
Œcidium Betæ [16].
Gfïdipodium Griffithii [229].
Œdogonium [76].
Onygena equina , 299.
Ootacamuud (Jardin gouvernemental d’),
162.
Opaline, 39.
Ophiopogon [60].
Ophrys, 201. — integra [203].
Opuntia fulvispina [167].
Orchidées, 64, 201 [203].
Orchis, 201. — viridis, 64.
Oreomunoa OErsted nov. gen. [161].
Orthotrichum [215].
Ortus sanitatis, 153, 204.
Oryza [156].
Oscillaria , 38.
Osmunda regalis [183].
Ostende ( Anacharis Alsinastrum aux env.
d’), 64.
Oxalis obtriangulata Max. n. sp., 55.
Oxytrique, 39.
P
Pæonia peregrina, 173.
Palmella, 38, 39.
Palmellées [19], 38.
Palmiers de Bornéo [202].
Pancratium marilimum, 174.
Pandorea auslro-caledonica [164].
Papavéracées (Développement de la fleur
dans les) [21].
Papaver Rhœas 1215].
Paris (Bombardement de), 1,9 — ( Anlho -
xanthum Puelii et Aira brigantiaca,
trouvés à) [144]. — Florula obsidiona-
lis, 246. — (Flore des environs de),
*249
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES
Voy. Billancourt, Meudon, les Essarts-
le-Roi, Neuilly-sur-Seine, Versailles,
Fontainebleau, et (dans la table de la
Revue bibl.) Ramey.
Paris (E.-G.). Proposition d’exclure de la
Société les nationaux de l’Allemagne du
Nord, 80. — Sur la végétation des en¬
virons de Constantine, 252. — Addi¬
tions à la flore algérienne, et obser¬
vations sur quelques plantes de cette
flore, 354.
Parnassia Nummularia Max. n. sp. [54].
Patrinia gibbosa Maximow. n. sp. [56].
Pavia , 475, 176.
Pédicelle, 339.
Pédoncule, 338.
Pénicillium, 38, 43. — glaucum et bré¬
vités, 37.
Pennisetum sp. nova? 363.
Pérard (AL). Énumération des Crypto¬
games de l’arrondissement de Montlu-
çon (Addenda), 272. — Énumération
des Phanérogames de l’arrondissement
de Montluçon (Addenda), 318. — Sup¬
plément de localités, 382. — Notes
complémentaires, 436. — Étude anato¬
mique de VAgropyrum cæsium, 433.
Peronospora Cacli Leb. et Colin n. sp.
[91] [180].
Perlya ovala Maximow. n. sp. [58].
Pelrocapnos, 360 (note).
Petrosavia Becc. gen. nov. [202],
Petrusde Crescentiis, 203.
Peyre (Arm.). Sa mort, 208.
Peziza Auricula Judœ [37] .
Phelipæa arenaria, 174.
Phellodendron japonicumMax. n. sp. [58].
Philadelphus grandiflorus [51].
Physcomitrium [229].
Physiologie végétale, 36, 164, 208, 299
[223].
Pilobolus crysiallinus, 298.
Pilularia [1 75].
Pimpinella dichotoma, 356.
Pinus uliginosa, 410. — monlana, 411 . —
Salzmanni , 171.
Pipéracées [71].
Pirus [193].
Placentation, 96.
Plant ago albicans [44]. — Winleri Wirtg.,
n. sp. [176].
Plateau, 98.
Pleurosigma angulalum [16].
Poa sudelica, 64. — compressa (3. Lan-
geana, 172.
Podisoma Sabince, 38.
Podocarpus cæsia Maximow. n. sp. [58].
— oppressa id. [58].
Podochytrium Pfltzer n. gen. [130],
Podocystis puslulala, 26.
Polycnemum pumilum, 388.
Polyporus Laricis, 439. — obducens Pers.,
107.
Polytrichum anomalum Milde n. sp. [40].
Pomacées [195].
Portulaca, 96.
Posada-Arango. Membre à vie, 330. —
Sur quelques plantes féculentes, 372.
— Sur le Bcjuco de Agua, 440.
Potentilla [32]. — splendens var. filipen -
dula, 198. — verna [216].
Prasium majus, 355.
Préfloraison, 194.
Préparation des échantillons d’herbier,
111.
Primula macrocarpa Max. n. sp. [56],
Protéacées, 188, 241.
Pseudembryon, 98.
Pseudovules, 98.
Psilophyton, 94.
Psychine stylosa, 361.
Puccinia , 38. — caulicola [39]. — ■ He-
lianlhi [20]. — Torquati Pass. n. sp.
[187],
Pulmonaria, 146.
Pyrénées, 48, 367.
Pyrénomycètes [161] [162].
Pythium, 58.
Q
Quadrifoliolation des Trifolium, 222.
Quélet. Voy. Sabler.
Quercus [6] [8] [61].
R
Racines, 296-298, 394. — Leur classifi¬
cation morphologique, 23.
Radulum quercinum [22] .
Rambur. Sa mort, 208.
Ramey a trouvé aux buttes Chaumont
V Anthoxanthum Puelii et YAira brigan-
tiaca [144],
Ranunculus Arnansii, 383. — confusus ,
196. — hololeucos, 196. — nemorosus,
383. — radians , 383. — silvaticus ,
383. — Iripartitus , 196. — tuberosus ,
383.
Ratzeburg. Sa mort [237].
Raumeria [140].
Renault (B.). Note extraite d’un mémoire
sur les fructifications du Calamoden -
dron, 92.
Renonculacées, 318.
Réséda atriplicifolia et Alphonsi, 361.
Reuter. Sa mort [144].
Rhamnées de l’Asie orientale [49].
250
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Rhamnus arguta Max., n. sp. [49]. — co-
stala Max. n. sp. [50].
Rhipidiurn Max. Cornu, gen. tiov. 58. —
continuum n. sp. , 58. — elongalum n.
sp., 59. — interruptum n. sp., 58. —
spinosum n. sp., 59.
Rhizome, 296.
Rhododendron [52]. — Weyrichii , Senia-
vini, Oldhami, macroUemmon Max.
sp. nov. [53]. — Albrechlii , Schlippen-
bachii , macrosepalum , semibarbalum,
Tschonoskii Max. sp. nov. [57].
Rhynchoncma rostraturn, I 0 1 .
Ricard (M,Ile). Sa mort, 285.
Ricinus, 73.
Rivière (A.). Expériences sur la germina¬
tion des Cinchona , 104. — Obs. sur la
croissance du Dambusa mitis et de
Y Agave mexicana [43] .
Rochelle (Société des sciences naturelles
de la), 48.
Rœstelta cancellala, 38.
Romorantiu (Algues trouvées à), 401.
Rosa [182] [2 16]. — eiitis [176].* —
Lemanii , 386. — tomentclla, 386.
Rosoy-en-Bi ie ( Nitella syncarpa trouvé
près de), 147.
Roumeguère (G.). Sur deux Hyphomycètes
destructeurs des bois ouvrés, 107, 452,
Royer (Ch.). Lettres, 194, 295.
Roze (E.). Sur les Myxomycètes, 42. —
Sur le polymorphisme des Pénicillium ,
42. — Sur le Pilobolus crystatlinus et
YOnygena equina , 298-299. — Obs.,
208.
Rubiacées, 326.
Rubus , 322 [176]. — G ray anus, pecti-
nellus, peliatus, phœnicolasius , surbi-
folius Max. n. sp. [59].
Rumcx roseus, 363.
Rutacées (Sur les orgaues glanduleux des),
143,
„ S
Sabia japonica Maximow. n. sp. [54].
Sagot (P.). Sur les Ignames, 304. — Sur
l’élève du bétail à la Guyane, 270. —
Sur le Manioc, 341.
Saiiler (le pasteur). Lettre sur un ouvrage
de M. Quélet, 453.
Salix, espèces diverses, 412 [225]. — ba¬
bylonien [225].
Salvadorées [209] .
Sanicula tuberculc.la Max. n. sp. [55].
Santalum austro-calcdonicum [37].
Sapotacées [38].
Saprolégniées, 58.
■Sarracenia [il].
Sartorius. Sa mort [238],
Savi (P.). Sa mort, 208 [41].
Saxifraga Uirculus , 417. — Maiveana
Bak., n. sp. [81]. — tellimoides Max.
u. sp. [58] . ^
Scheuchzeria palustris , 420.
Schizandra nigra Maximow. n.sp. [59].
Schizocodon ilicifolius Maximow. n. sp.
[56]. — uniflorus , id. [56].
Scuoenefeld (W. de) présente un bois
exotique, 60. — présente un traité de
botanique non mentionné dans Pritzel,
60, — Note sur l’étymologie des mots
Meum et Ceslre ou Ci ire, 147. — Note
rectificative, 195. — Obs., 8, 61.
Scirpus cœspitosus, 416.
Scrofularia nodosa [39].
Sedum cæsium, 325. — collinum , 325. —
graniticum , 386. — recurvatum, 386.
Seemann (B.). Sa mort [41].
Selaginella [118].
Senecillis Schmidtü Max. nov. sp. [59].
Senecio otophorus et stenocephalus Max.
n. sp. [58].
Seseli tortuosum , 228. — elalum , 228. —
montanum , 22S.
Session extraordinaire (Ajournement de
la), 48.
Sève, 19, 122.
Siderilis montana, 363.
Sigillaria [146].
Sisymbrium torulosum , 355.
Smilax [21 1].
Société botanique de France. Ajourne¬
ment des élections, 1, 35, 59, 63, 30. —
Interruption forcée des séances régu¬
lières eu avril et mai J 87 1 , et réunions
intimes qui*en ont tenu lieu, 59,60, 61,
62. — Commission de la séance extra¬
ordinaire en l’honneur de S. M. l'Em¬
pereur du Brésil, 390.
Société des sciences naturelles de la Ro¬
chelle, 48.
Sorbus aucuparia, 4 10.
Sordaria fimisedo [7 3]. — coprophila [79].
Sorisponum Trientalis Woron. nov. sp.
[23].
Souche, 296.
Soumboul, 7, 17 [26] [143].
Soyeria montana, 54.
Sphæria Lemaneæ [78].
Sphœroplea annulina , 101.
Spirillum , 38.
Spring. Sa mort [42].
Statice, 173.
Stenomeris [II].
Slerculia acuminata [15].
Stipa tenacissima [152] [153].
Strychnos polatorum [69].
251
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES.
Stuarlia Pseudocamellia et serrât a Max.
n. sp. [54].
Stylobasium [196].
Subularia aqualica var. terrestres , 192
(note).
Sumbul, 7, 17 [26] [143].
Sumbulus moschalus C. Koch gen. nov.
[143].
Swertia perennis , 420.
bwie'enia Mahagoni , 125.
Synchylrium , 26 [179]. — Stellariœ me-
diœ, 26. — Taraxaci , Anémones, Mer-
curia Us perennis , 27. — Alismatis Max.
Cornu nov. sp., 28.
T
Tagetes palula (Appareil oléifère du),
287, 331.
T écorna radicans [186].
Tératologie [28]. Voy. Monstruosités.
TetrapUra Phil n. gen. [231].
Thea sinensis Sims, 161.
Theobroma Cacao : sa culture au Nicara¬
gua, 3 [71].
Theropogon Maximow. n. gen. [60].
Thuia japonica Maximow. n. sp. [54].
Thymus Serpyllum var. citriodorus , 173.
Tige. Classifie, morphologique des tiges
souterraines, 23. — Tiges des Compo¬
sées, 398.
Tilia [173].
Tillandsia staticeflora E. Morren n. sp,
[223].
Tilopteris Merlensii [2].
Timbal-Lagrave. Étude sur les Hieracium
de Lapeyrouse et sur leur synonymie,
48, 311.
Timbalia Pyracantha Clos n. gen., 17 7-
178.
Tissus, 19, 122, 231, 302.
Tocquaine. Lettre, et envoi du Polype-
rus Laricis , 439.
Tofieldia japonica Max. n. sp. [55]. —
nuda Max. n. sp. [60].
Tordylium intermedium Pass. nov. sp.
[187].
Torula, 38. *
Tourbières : leur origine glaciaire, 406.
— Végétation des tourbières jurassi¬
ques, 410. — Tourbières des Vosges et
des Cévennes, 425.
Tourlet. Membre à vie, 330.
Trapa natans [12].
Trichopodium zeylanicnm [12].
Tricyriis flava et lalifolia Max. nov. sp.
[SS].
Trifolium resupinalum , 64. — repens ,
222. — pratense, 222.
Triosteum sinualum Max. nov. sp. [57],
Tripelaleia [60]. — bracleala Max. n. sp.
[55].
Triticum monococcum , 17 3. — vulgari-
ovalum , 173. — vulgari-triunciale, 173.
Tropœolum [26].
Tsusiophyllum Maximow., nov. gen. [52],
Tulipa (Monstruosité d’un bulbe de; [20].
Tylodendron speciosum [l 35],
Tynanthus fasciculata, 4 42.
Typha [88] [160].
U
Urédinées [39] [233].
Credo pustulata , 26. — Detæ [15].
Uromyces Prunellœ [39].
Ustilago [233].
V
Vaccinium, espèces diverses, 414.
Valeriana flaccidissima Max. nov. sp.
[57]-
Vallisneria spiralis [204].
Valoniées [206].
Van Tieghkm (Ph ). Sur les canaux oléi¬
fères des Composées, 286, 331, 394.
Variétés, 99.
Végétation, 23.
Végétaux (Action de la gelée sur les),
164.
Veralrum slamineum Max. n. sp. [57].
Verrucariées [234].
Versailles : Chara aspera trouvé dans les
bassins du château, 65. — Ch. con-
nivens trouvé dans l’étang de Trappes,
66, 149.
Vibrions, 41.
Vicia cuneata , 357.
Viola arenicola A. Chabeit n. sp. 196.
— porphyrea Uechtr. n. sp. [ 1 4 1 ] .
Viscum album [93].
Vilis vinifera. Übs. sur un Champignon
qui attaque les parties souterraines de
la Vigne [68].
Voelkel (P.). Quelques mots sur le Soum-
boul, 7.
Voitia mutica [213].
Vorticelle, 39.
Vosges (Plantes rares ou nouvelles des),
92. — (Distrib. géogr. des Mousses dans
les), 178, 213. — (Tourbières des),
425.
Voyage de MM. Hooker et Bail au Maroc,
101.
Voyages (Instructions pour les), 66, 81,
111.
Vrilles, 206.
25‘2 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Vulpia Michelii Rchb. , 173.
Y
W
Warion (A.). Une herborisation dans la
Campine limbourgeoise, 190. — Quel¬
ques plantes du département du Nord,
294.
Webera Kreidleri [212] .
Wight. Sa mort [237].
Yucca [253].
Z
Zamia gigas [141],
Z anthoxylon Bungeanum Max. nov. sp.
[58]. — Arnottianum Max. n. sp. [59].
Zoospores [19] [154].
TABLE
PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D’AUTEURS
DES PUBLICATIONS
ANALYSÉES DANS LA REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.
(TOME DIX-HUITIÈME.)
N. B. — Cette table ne contient que les litres des ouvrages analysés et les noms de leurs | auteurs.
Tous les noms de plantes dont les descriptions ou les diagnoses se trouvent reproduites dans la Revue
bibliographique, ainsi que les articles nécrologiques, etc., doivent êtro cherchés dans la table générale
qui précède celle-ci.
Achintre (J.). Voy. Fontvert et Achintrc.
Agardh (J. G.). Chlorodictyon, nouveau
genre du groupe des Caulerpées [160].
— Sur les Algues récoltées pendant l’ex¬
pédition de la corvette Joséphine [2*21].
— Sur les Algues des îles Chatham
[236].
Aitchison (J.-E. Tierney). Catalogue des
plantes du Punjaub et du Sindh [64].
Andræ. Sur quelques plantes du calcaire
carbonifère [137]. — Sur le genre de
Fougères Neuropteris et quelques-unes
de ses espèces appartenant à la forma¬
tion du calcaire carbonifère [1 37].
Askenazy (E.). Recherches sur le genre
Eclocarpus [l].
Aubouy (A). Nouvelles notes sur la flore
de Lodève [200].
Austin (F.). Caractères de quelques nou¬
velles Hépatiques, principalement de
l’Amérique du Nord [178]
Baglietto (F.). Note sur YEnclocarpon
Guepini [13]. — Aperçu lichénologique
de la Toscane [204].
Bagneris et Broillard. Étude sur la pro¬
duction du Chêne et son emploi en
France [6].
Baillet (C.). Voy. Rodet.
Bâillon (H.). Sur le développement des
feuilles des Sarracenia [11]. — Re¬
cherches sur l’organisation et les affi¬
nités des Salvadorées [209]. — Slirpes
exoticæ novœ [211]. '
Baker (J. -G.). Saxifraga Maweana [81].
— Synopsis nouveau de tous les Lis
connus [166]. — Fougères de l’île de
Lord Howe [169]. — Monographie des
Roses de l’Angleterre [182] — Les for¬
mes connues de Yucca [233]. — Voy.
Flora brasiliensis.
Baranetzki. Recherches relatives à l’action
de la lumière sur la végétation et sur
la destruction de la chlorophylle [103].
Barthès (Melcliior). Sur un cas tératologi¬
que offert par V Hyssopus officinalis[28].
Bary (A. de) et Woronin. Recherches sur la
morphologie et la physiologie des Cham¬
pignons, 3e série, avec des remarques sur
les organes sexués des Ascomycètes [78]
Batalin. Influence de la lumière sur les
cellules du Lepidium salivurn [21].
Baudrimont. Observations relatives aux
expériences communiquées récemment
par M. A. Poëy [116].
Bausch (W.). Revue des Lichens du grand-
duché de Bade [73].
Beccari (O.). Note sur une nouvelle espèce
du genre Stenomeris [il]. — Note sur
le Trichopodium zeylanicum [12]. —
Note sur l’embryon des Dioscorées [12].
— Description de deux espèces d 'Hyd-
nora d’Abyssinie [201]. — Petrosavia ,
nouveau genre de plantes parasites de
la famille des Mélanthacées [202]. —
Notes sur quelques Palmiers de Bornéo
[202]. — Illustration de quelques es¬
pèces nouvelles ou rares de plantes de
Bornéo [202].
Békétoff. Sur une monstruosité d’un bulbe
de Tulipe [20].
Bellynck(A.). Les anomalies dans le règne
végétal [176].
Bennett (A -W.) Voy. Flora brasiliensis,
Sauuders, G. Smith et Bennett. 1
25/i
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Bentham. Voy. Flora brasiliensis.
Bernouilli (Oust.). Revue des espèces de
Theobroma connues jusqu’à ce jour
[Tl]-
Bert (P.). Influence des diverses couleurs
sur la végétation [ I 13].
Bibliographie [39] [14 l] [189].
Bojuslawski. Sur la salicine [23].
Borodin. Action de la lumière sur VEloden
canadensis [22]. — Sur les stomates du
Callt triche aulumnalis [24]. — Rela¬
tions de l’amidon avec la chlorophylle
[26].
Boi’ssingault. Sur une matière sucrée ap¬
parue sur les feuilles d'un Tilleul [173].
Braun (Al.). Nouvelles recherches sur les
genres Marsilia et Pilularia [ I 75]. —
Sur le développement anomal des bour¬
geons adventifs sur la tige herbacée du
Calliopsis tincloria [227].
Brkbisson (A. de). Surle Nostoc fraaiforme
Roth [213].
Broillard. La disette du bois d’œuvre. —
De la réserve des Chênes d'avenir [8].
— Voy. Bagueris et Broillard.
Broughton (J.). D’une certaine excrétion
d’acide carbonique par les plantes a i-
vantes [121]. — Recherches chimiques
et expérimentales sur les Cinchona
vivants [123]. — De l’hybridité chez
les Quinquinas [127].
Brünel (Ad.). Biographie d’Aimé Bon-
pland [63]. — Observations cliniques
sur P Eucalyptus Globulus [86].
Brunet (l’abbé O.). Eléments de botani¬
que et de physiologie végétale [82].
Buchenau. Sur la gémination dans l’inflo¬
rescence des Alismacées [159]. — Addi¬
tions aux comparaisons critiques publiées
dans le premier et le deuxième volume
des Abhandl. nat. Ver. zu Bremen,
pour les B u to ruées, Alismacées et Jon-
caginées connues jusqu’à ce jour [159].
Bunge (AL). Generis Astragali species g e-
rontogeœ [188].
Bureau (Éd.)* Sur quelques fruits de Bi-
gnoniacées [226].
Carles (P. -P.). Elude sur les Quinquinas
P 26].
Carrutuers (W.). De la structure des
Lycopodiacées arborescentes du terrain
hou i 1 1er [139]. — Sur les Cycadées
fossiles des roches secondaires de la Bre¬
tagne [140]. — Sur la forêt pétrifiée
des environs du Caire [ 1 4 (>] . — Sur la
structure d’une Fougère pétrifiée de
l'éocène inférieur de Heine Bay [140]
Caruel (T.). Observations sur le genre de
Cycadées fossiles Rautneria , et descrip¬
tion d’une espèce nouvelle [140]. —
Second supplément au Prodrome de la
llore de Toscane [7]. — Observations
sur le Trapa natans [12].
Castracane (F.). Coup d’œil historique et
général sur les Diatomées [13 1], —
Sur la multiplication et la reproduction
des Diatomées [131]. — Observations
sur une Diatomôe du genre Podosphenia
[131].
Cauvet (D.). Du protoplasma [177],
Cave (Ch.). Sur la zone génératrice des
appendices chez les végétaux monoco-
tylédones [5].
Celakowsky (Lad.). Notice sur le Cory-
dallis pumila et le Gagea pusilla des
environs de Prague [27]. — Nouvelles
communications sur quelques plantes
de Bohême [28].
Cesati (V.). Illustrations de quelques
plantes de l’Amérique du Sud [188].
Cesati, Passerini et Gibelli. Compendium
de la llore italienne [203].
Cienküwski. Observations sur les Algues
[«»]■
Clos(D.). Les plantes de Virgile [92]. —
Recherches sur le Charbon du Maïs
[233].
Cohn. Recherches de biologie végétale
[179]. — Voy. Lcbert et Cohn.
Congrès des Naturalistes russes à Moscou
(Communications faites au) [l9].
Corüemoy (J. de). Sur un genre nouveau
des Composées de la flore indigène
de File de la Réunion ( Frappieria )
[207],
Cosson (L.). Note sur VEuphorbia resini -
fera Berg, suivie de quelques considé¬
rations sur la géographie botanique du
Maroc [158].
Czecii(K.). Sur les fonctions des stomates
[*]•
Dawson (J.-W.). Les plantes fossiles du
Devonien et du Silurien du Canada [29].
— Sur de nouvelles Fougères arbores¬
centes et autres fossiles du terrain de¬
vonien [147].
Decaisne (J.). Le Jardin fruitier du Mu¬
séum [ 1 9 3] .
Decaisne et Naudin. Manuel de l’amateur
des jardins, tome IV [ 1 96] .
Delponte (J.- IL). Souvenir botanique du
professeur Filippo de Filippi [187].
Devos (A.), l_.es plantes naturalisées ou
introduites .en Belgique [199].
Doell. Voy. Flora brasiliensis.
Duciiartre (P.). Réflexions sur les expé¬
riences du général Pleasonton [l 15]. —
Observations sur le genre Lis [164]. —
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS.
Note sur une monstruosité de la fleur du
Viol ier [218].
Dutailly. De la signification morpholo¬
gique de la vrille de la Vigne-vierge
[206], — Recherches anatomo-physio¬
logiques sur le Chanvre [210].
Edwards (A.-M.). Nouveau procédé de
préparation des Algues filamenteuses
pour le microscope [ 1 3 1 ] . — Notes sur
les Diatomées [178].
Eichler. Voy. Flora brasiliensis.
Engler. Voy. Flora brasiliensis.
Espardeilla (P.). Eléments de botanique
[90].
t amintzin (A.). Les sels inorganiques con¬
sidérés comme un moyen perfectionné
d’étudier le développement des orga¬
nismes inférieurs munis de chlorophylle
[173].
Farlow. De la disposition qu’offrent les
fleurs du Scrofularia nodosa à la fé¬
condation croisée [39].
Faye. Remarques sur quelques particula¬
rités du sol des landes de Gascogne [9].
Featherman (A.). Compte rendu d’une ex¬
ploration botanique de la Louisiane méri¬
dionale et centrale [28].
Feistmantel (C.).' Catalogue de quelques
localités nouvelles observées en Bohème
pour des plantes du calcaire carbonifère
, [27].
Perrière (Em.). Le Darwinisme [208].
Fischer de Waldheim (A.). Remarques sur
les causes de l’apparition des plantes
parasites sur les céréales [233].
Imttbogen. Observations sur la croissance
de l’Orge [236].
Fleury (G.). Sur deux produits de l’Agaric
blanc [38].
Flora brasiliensis, enumeratio plantarurn
in Brasilia haclenus detectarum , con¬
tinuée sous la direction de M. Eichler,
fasc. xlix-lvi, Cyathéacées, Polypodia-
cées, Swartziées, Césalpiniées, Grami¬
nées, Convolvulacées, Cuscutacées, Hy-
droleacées, Pédalinées, Iridées, Escal-
loniées, Cunoniacées, Viola riées, Sau-
vagésiées, Bixacées, Cistacées, Canella-
cées, Tropéolées, Moliuginées, Alsinées,
Silénées, Portulacées, Ficoïdées, Élati-
nées, par MM. Baker, Bentham, Doell,
Meissner, Progel, Bennett, Klatt, En¬
gler, Eichler, Rohrhach [155].
Flueckiger. Sur les graines du Strychnos
potatorum [69].
Fluegel (J.-H.-L.). Sur les phénomènes op¬
tiques présentés par les Diatomées [16].
Fonvert (a. de) et J. Achintre. Catalogue
des plantes vasculaires qui croissent
255
naturellement dans les environs d’Aix
[201],
Frank (A.- B.). La direction horizontale
naturelle aux parties des plantes, et
indépendante de la lumière et de la pe¬
santeur [76]. — Du mouvement des
grains de chlorophylle vers la lumière
[117].
Preytag. De Faction des vapeurs acides et
des combinaisons métalliques sur la vé¬
gétation [150].
Fuckel (L.). Symbolœ mycologicœ. Re¬
cherches sur les Champignons de la
région rhénane [77].
Garovaglio et Gibelli. La Normandina
Jungcrmanniœ [ 1 88] .
Geleznoff. Sur le bois de VHaloxylon
Ammodendron [22].
Gerland. De l’action de la lumière sur la
chlorophylle [110].
Gerland et Baijwenhoff Faits nouveaux
sur la chlorophylle et quelques-uns de
ses dérivés [103].
Gibelli (G.). Sur la genèse des apothécies
des Verrucariées [234]. — Voy. Cesati,
Passerini et Gibelli. — Garovaglio et
Gibelli.
Godman (Fréd. Du Cane). Histoire naturelle
des Açores ou îles occidentales [180].
Goldenberg. Voy. Weiss et Goldepberg.
Gorham (J.). Sur la structure composée
des feuilles simples [92].
Grassman (Herm.). Noms des plantes en
allemand [83].
Gris (A.). Mémoire sur la moelle des
plantes ligneuses [ 1 97].
Gubli r (A.). Sur V Éucalyplus Globulus et
son emploi thérapeutique [83].
Hæckel. Histoire naturelle de la Création
[33].
Hagenbach (Ed.). Recherches sur les pro¬
priétés optiques de la matière verte des
feuilles [99].
Hampe (E.). Mus ci frondosi in ifrica au -
strali prov. Natal , etc. lecli [229]. —
Musci mexicani novi ex kerbario W.
Sonder [231].
Hanbury (D.). Notes historiques sur les
racines de Galanga de la pharmacie
[151]. — Le Cardamome de Madagascar
ou Longouze [230].
Dance (Henry F.). Sur la provenance de
la racine de Galanga ininor des phar-
macologistes [ 1 5 1 ] .
[Ianstein (J.). Des phénomènes de mouve¬
ment du nucléus dans leur rapport avec
le protoplasma [64]. — Le développe¬
ment de l’embryon des Monocotylées et
des Dicotylées [66],
25(3
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
Hanstein (J.) et Schmitz. Organogénie des
fleurs de quelques Pipéracées [71].
Hardy (A.). Catalogue des plantes plus
ou moins rares observées en Belgique
[200].
Hedwigia, recueil d’études cryptogamiques,
publié par M. Rabenhorst, vol. ix et x
[212].
Heer (O.]. La flore miocène du Spitzberg
[132] . — Matériaux pour servir à la
flore fossile du Groenlaud septentrional
[133] . — Recherches sur la flore cré¬
tacée [134].
Heinrich (R.). Influence de la chaleur et
de la lumière sur les modifications que
les plantes aquatiques fout subir à
l’oxygène [120].
Henfrey. Cours élémentaire de botanique
de Henfrey : 2e édition par Masters
[28].
Herapatii (W. Bird). Recherches spectro¬
scopiques sur la chlorophylle de diverses
plantes [97].
Hildebrand (K.). Sur les feuilles nagean¬
tes des Marsilia et de quelques autres
plantes amphibies [228].
Hincks. Essai d’un progrès dans l’arran
gement des Fougères et dans la nomen¬
clature de leurs subdivisions [81].
Hogg (Jabez). Microspcctroscopie : résul¬
tats de l’analyse spectrale [95].
Howard (D.). Sur un alcaloïde non encore
décrit de l’écorce de Quinquina [125].
Howard (J. -Eliot). Arbres à quinquina
ayant crû dans l’Inde [127].
Juratzka. Brachylhecium Geheebii Milde,
I Vebera Kreidleri et Jungermannia
Reichardti G. [212]. — Voilia mutica
[213]. — Notices bryologiques [214].
Kaufmann. Sur le développement de la
cyme scorpioïde des Borragiuées [25].
— Sur le Sumbul [26].
Kirk (T.). Sur les plantes naturalisées de
la Nouvelle-Zélande [232].
Klatt. Yoy. Flora brasiliensis.
Kny (L.). Sur les phénomènes optiques
qui distinguent les Selaginella lœvigata
VVilld. et uncinaia Desv., des espèces
voisines [118]. — Recherches sur le dé¬
veloppement des Fougères [183].
Kocn (K.). Le genre des Lis [166]. — Les
Saules- pleureurs [225].
Kosmann (Const.). Recherches analytiques
sur les roches au point de vue de leurs
principes absorbables par les végétaux
[67].
Kraus (Gr.). Recherches sur l'influence de
la lumière et de la chaleur sur la pro¬
duction d’amidon dans la chlorophylle
[102]. — Sur les parties composantes
de la matière colorante de la chloro¬
phylle et les corps analogues [106]. —
Origine des matières colorantes des bois
du Solarium Pseudocapsicum [231].
Kuhn (Jul.). La rouille des feuilles de la
Betterave [15].
Lange (J.). Des plantes les plus impor¬
tantes contenues dans la 47e livraison
du Flora danica [207].
Langner Sur la famille des Composées en
Nouvelle-Hollande et en Tasmanie [35].
Lànkester (Ray). L’origine de la matière
colorante dans le fluide dichroïque de
M. Sheppard [99].
Lkbert (H.) et Cohn. Sur une nouvelle
espèce de Peronospora , parasite des
Caclus [91] [180].
Leighton (W.-A.). Flore des Lichens de
la Grande-Bretagne, de l’Irlande et des
îles de la Manche [88].
Licopoli (G.). Sur certaines relations des
stomates avec les glandes calcifères de
quelques plantes [185]. — Sur la struc¬
ture des stomates et de quelques glan¬
des épidermiques [186]. — Sur les sto¬
mates de quelques Passiflores [186]. —
Sur quelques glandes du Tecoma radi-
cans Juss. et d'autres espèces [186].
— Histoire naturelle des plantes crypto¬
games qui naissent sur les laves du Vé¬
suve [205].
Lindberg (S. -O.). Manipulas Muscornm
primas [229].
Lommel. Manière dont se comporte la
chlorophylle par rapport à la lumière
[10-].
Mac Nab. Sur la structure simple des
feuilles composées [93].
Magnus (P.). Recherches sur le genre
Naias [152]. — Naiadacearum italica-
rum Conspeclus [152]. — Sur la mor¬
phologie du genre Naias [18].
Manuel de recherches scientifiques, publié
par l’Amirauté anglaise [87].
Martens(G. de). Conspeclus Algarum Bra-
siliæ haclenus delectarum [208].
Martins (Ch,). Les populations végétales :
leur origine, leur composition et leurs
migrations [216].
Maslow. Sur l’acdimation du Mûrier à
Moscou [22] .
Masters Voy. Henfrey.
Maximowicz (C.-J.). JRhamr.eœ orientali -
asiaticœ [49]. — Revisio Hydrangearum
Asiœ orienlalis [50]. — Rhododcndreœ
Asiœ orienlalis [52] . — Diagnoses brèves
plantar. novar. Japoniœ et Mandshuriœ.
Décades i-x [54]. — Supplément à mon
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS.
257
mémoire Rhododcndreœ Asiæ orientales
[60]. — Ophiopogonis specics in herbu -
riis Pelropolitanis servatœ [60].
Meissner. Voy. Flora brasiliensis.
Michelis (F.). La loi du développement des
formes dans le règue végétal [75].
Miers (J.). Goutributions à la Botanique
[168].
Miquel (F.-A.-W.). De Cinchonæ specie-
bus quibusdam [122]. — Contributions
à la flore du Japon [234].
Moul (Hugo de). Sur la coloration bleue
des fruits du Viburnum Tinus [119].
Mobr. Sur la théorie de la houille [138].
Moore. Asplénium schizodon, n. sp. [161].
Moreau. Voy. Ravin et Moreau.
Morren (E.). Notice sur le Cytisus par-
pureo - Laburnum ou Cytisus Adami
[167] . — Notice sur les Lycopodium
du Mexique, etc. cultivés à Liège [222].
— Note sur le Tillandsia slaliceflora
[223].
Morton (H.). Observations sur la couleur
des solutions fluorescentes [1 11].
Mueller (Fr.). Le mouvement de la tige
florale de VAlisnia [158].
Mueller (F. de) et Brough Smyth (R.).
Observations sur quelques végétaux fos¬
siles de Victoria [140].
Mueller (J. -J.). Le vert des feuilles [100].
Mueller (N.-J.-C.). Une étude de morpho¬
logie générale [14]. — Dispositions ana¬
tomiques et mécaniques de l’ouverture
stomatique [184].
Mueller (Ph.-J.). Description de quelques
espèces nouvelles de Potenti 1 les de la
section Vernales [32].
Naudin (Ch.). Voy. Decaisne et Naudin.
Nitschke (Th.). Principes fondamentaux
d’un Systema des Pyrénomycètes [161].
— Pyrenomycetes germanici [162].
OErsted (A. -S.). Recherches sur les Ju-
glandées [160]. — Copalme de l’Amé¬
rique centrale [161].
Oliver (D.). Flore de l’Afrique tropicale
[168] .
Oudemans (C.-A.-J.-A.). Observations sur
la structure microscopique des écorces
de Quinquina [124].
Pasquale (G. -A.). Sur un rameau mons¬
trueux de V Opuntia fulvispina [167],
— Documents biographiques sur G.
Gussone, ses ouvrages et spécialement
son herbier [170].
Pàsserini (G.). Glanes dans le champ de
la flore italienne [187]. — Voy.Cesati,
Pàsserini et Gibelli.
Pedicino (N.). Notes algologiques [205]
T. XVIII.
Pteunnikow. Sur la structure des canaux
résinifères [24].
Peyritsch (J.). Anomalies des Crucifères
[220].
Pfaff (Fr.). Sur le total de l’évaporation
d’un Chêne pendant le cours entier de
la végétation [61].
Pfeffer (W.). Études sur la distribution
géographique desMousses dans les Alpes
rhétiques [89]. — De l’action de la
lumière colorée sur la destruction de
l’acide carbonique [105]. — Action de
la lumière colorée sur la décomposition
de l’acide carbonique par les plantes
[108].
Pfeiffer (L.). Synonymia bolanica locu-
pletissima generum, seclionum et sub-
generum ad finem anni 1858 promut -
gatorum [208]. — Nomenclator bota-
nicus , vol. 1 [209].
Pfitzer. Sur la structure et la partition
cellulaire des Diatomacées [129]. — Sur
les Champignons parasites [129]. —
Sur le groupe des Naviculées [130]. —
Recherches sur le tissu épidermique
des végétaux [184],
Philippi (R. -A.). Tetraptera , novum Mal-
vacearum genus [231].
Pleasonton (le général). De l’influence de
la couleur bleue du firmament sur le
développement de la vie animale et vé¬
gétale [112].
Pomel (A.). Le Sahara [221].
Popp (O.) . Sur la synanthrose [236].
Prantl. L’inuline [70],
Prillieux (Ed.). Influence de la lumière
bleue sur la production de l’amidon
dans la chlorophylle [102].
Pringsheim (N.). Quelques remarques expli¬
catives sur les conclusions tirées de scs
observations sur la copulation des
zoospores [154],
Prior. Sur les noms populaires des plantes
de la Grande-Bretagne, 2e éd., 192.
Progel. Voy. Flora brasiliensis.
Radenhorst (L.). Voy. Hcdwigia.
Rames (J. -B.). La Création d’après la géo¬
logie et la philosophie naturelle [70].
Raulin (J.). Études chimiques sur la vé¬
gétation [170].
Rauwenhoff (N. -W.-P. ). Observations sur
les caractères et la formation du liège
dans les Dicotylédones [224]. — Voy.
Gerland et Rauwenhoff.
Ravenel. Sur la disposition et la morpho¬
logie des feuilles du Baplisia perfoliata
[31].
Raveret-Wattel Note sur le Sparte et
autres végétaux algériens susceptibles
17
258
SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE.
d'être utilisés dans la fabrication du
papier [153]. — V Eucalyptus [84].
Ravin et Moreau. Découvertes botaniques
dans l’Yonne en 1869 [179].
Regel (E.). Influence de la floraison sur
les organes de végétation [20]. — Re-
visio spccicrum Cratœgorum , Dracœ-
narum, Horkeliaruw, Laricuin et Aza-
learum [177].
Reinke (J.). De l’influence de la lumière
colorée sur les cellules vivantes [117].
Rodet (H. -J. -A.). Botanique agricole et
médicale, 2e édition, revue par Baillct
[230].
Rqehl (le major von). Flore fossile du
terrain carbonifère de la Westphalie
[1 37].
Rohrbach (P.). Structure de la fleur des
Tropœolum [26]. — Sur les espèces
européennes du genre Typha [88].
Rosanoff. Sur le Calypso borcalis [19].
— Influence de la lumière sur le proto-
plasma et la chlorophylle [22].
Roumeguère (C.). Bryologie du départe¬
ment de l’Aude [93].
Ruprecut (F. -J.). Flora Caucasi [181].
Ruthe (R.). Sur quelques espèces de
Fissidens [213].
Saccardo (P. -A.). Nouvelle espèce ita¬
lienne du genre Ophrys [203].
San Georgio (la comtesse de). Catalogue
polyglotte des plantes [82].
Saporta (le comte de). Paléontologie fran¬
çaise ou Description des fossiles de la
France, 2° série, Végétaux, terrain ju¬
rassique, fasc. 1-5. Algues [148].
Saunders (Wilson), W. G. Smith et Bennett.
Illustrations mycologiques [153].
Schenk. La Flore fossile de la formation
wealdienne dans le nord-ouest de l’Al¬
lemagne [147].
Schentz (N.-J.). Prodromus monographiœ
Georum [32].
Schmitz. Voy. Hanstein et Schmitz.
Schneider (W.-G.). Sur le Calyplrospora
Gœppcrliana , genre nouveau d’Urédi-
nées, etc. [34]. — Sur deux espèces nou¬
velles de la famille des Urédinées trou¬
vées en Silésie [39].
Schnetzler. Quelques observations sur un
Champignon qui attaque les parties
souterraines delà Vigne [68],
Schonn (L,.). Sur les bandes d’absorption
de la chlorophylle [101].
Schroder. De la période printanière chez
l’Érable [226].
Schroter . Sur le genre Synchylrium [179].
— Sur une maladie des Pandanus
[180].
Schwendenër (S.). Les types algologiques
des gonidiesdes Lichens [73].
SEEuxm.Pondoreaaustro-caledonica [164].
— Bomarea chontalensis n. sp. [223].
Sirodot. Sur la fructification du genre
Lemanea [90].
Smith (J.). Botanique domestique [81].
Smith (Worthingtou G.). Claris Agarici-
norum [231]. — Voy. Saunders, etc.
Smytu (R. Brough). Voy. F. de Müller et
Brough Smyth.
Soland (A. de). Élude sur le Drosophyllum
lusitanicum [75].
Sorby (II.-C.). Des matières colorantes
provenant de la décomposition de quel¬
ques petits organismes [98].
Sorokin. Sur les chlamydospores du Ra-
dulum qucrcinum Fr. [22].
Soubeiran (J.-L.). Note sur quelques pro¬
duits de la Nouvelle-Calédonie [37]. —
Note sur les Bassia de l’Inde [38].
Sperk. Sur les phénomènes qui précèdent
l’imprégnation des fleurs [20]. — Ana¬
tomie des feuilles et sécrétion aqueuse
des Aroïdécs [24].
Spirgatis (H.). Sur la résine du Jalap de
Tampico [35].
Suringar (W.-F.-R.). Algæ japonicœ Mu-
sei botanici Lugduno-batavi [32]. —
Une espèce nouvelle d'Argostemma de
l’Inde néerlandaise [235].
Tf.rracciano (N.). Florœ Vulluris montis
Synopsis [204 ] .
Tichonuroff (Dr). Expériences sur les
Claviceps [20].
Timbal-Lagrave (Éd.). Précis des herbori¬
sations faites par la Société d’histoire
naturelle de Toulouse pendant l’année
1870 [215].
Timirjaseff. Analyse spectrale de la chlo¬
rophylle [25].
Trautvetter (E.-R. de). Observaliones in
plantas a Dre G. Radde anno 1870 in
Turcomania et Transcaucasia leclas , etc.
[228].
Trécul(A ). Remarques sur la position des
trachées dans les Fougères [3].
Triana (J.). Nouvelles études sur les Quin¬
quinas [127]. — LesMélastomacées[l 63]
Tschistiakoff. Sur le développement des
fleurs des Papavéracées [21].
Turrel-Wattel (L.). Note sur le Sparte
et autres végétaux algériens suscepti¬
bles d’être utilisés pour la fabrication
du papier [152]. — Le Diss ( Fesluca
altissima) [220].
Ulrich (W.). Dictionnaire international
des noms de plantes, latin, allemand,
anglais et français [82].
TABLE ALPHABETIQUE DES AUTEURS. 259
Unger. Sur les Typha du temps passé
[1601.
Vandercolme (Ed.). Histoire botanique et
thérapeutique des Salsepareilles [211].
Van Tieghem (Ph.). Anatomie des fleurs
et du fruit du Gui [93]. — Recherches
physiologiques sur la végétation libre
du pollen et de l’ovule, et sur la fécon¬
dation directe des plantes [223].
Venturi. Notices biologiques [215].
Visiani (R. de). Observations sur l’herbier
de Linné [201].
Vogel. De la modification que produit le
gaz ammoniac sur la couleur de quel¬
ques fleurs [36]. — Quelques recher¬
ches sur la germination des graines [62].
Vries (Hugo de). Sur la perméabilité du
protoplasma des Betteraves rouges [235] .
Wagner. Sur la salicine [23]. — Influence
de l’électricité sur le dépôt des ma¬
tières colorantes [23].
Warming (E.). Quelques mots sur la vrille
des Cucurbitacées [207].
Weddell (H. -A.). Notes sur les Quin¬
quinas [122].
Weiss Sur le Tylodendronspeciosum[i3$].
Weiss et Goldenberg. Sur la famille des
Nœggérathiées [136],
W iesner *( J.). Les gommes, les résines et
les baumes employés dans l’industrie
[74].
Williamson (V.-C.). De la structure et
des affinités de quelques tiges exogènes
appartenant au terrain houiller [138].
— Organisation des Calamites du ter¬
rain houiller [145].
Wirtgen (Ph.). Recherches sur la flore
rhénane [176].
Wittrock (Veit Brecker). Recherches sur
les Desmidiacées de la Scandinavie [15].
— Dispzsilio Œdogoniacearum suecica -
rum [76].
Wood (H. -G.). Prodrome d’une étude sur
les Algues d’eau douce de l’Amérique
du Nord [74].
Woronin. Sur le Puccinia Ilelianthi [20].
— Sur le Sorisporium Trientalis para¬
site du Trientalis europœa [23].
Yeats (J.). Histoire naturelle du Commerce
[181].
Zanardini (G.). Iconographia phycologica
mediterraneo-adriatica [ 1 88] .
FIN DU TOME DIX-HUITIÈME.
AVIS AU RELIEUR.
Planches : La planche I de ce volume doit prendre place en regard de la page 452
des séances; la planche II, en regard de la page 238; la planche III, en regard de la
page 436.
Classement du texte : Comptes rendus des séances, 454 pages. — Revue bibliogra¬
phique et tables, 259 pages. — En raison des circonstances politiques, h Société n’a
pas pu tenir de session extraordinaire en 4871.
PARIS. — IMPRIMBR1E » K E. MARTINET, RUE MIONON, 2
• ' .i!
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SOCIÉTÉ BOTANIQ
UNI VERSITY OF ILUNOIS-URBANA
580 6S0C C001
BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE FRAN
18 1871
Les séances se tiennent à Paris, rue
demie du soir, habituellement les deu*.
chaque mois.
0112
009238608
Jours des séances ordinaires pendant l’année 1875.
8 et 22 janvier.
12 et 26 février.
1 2 mars.
2 ci 23 avril.
14 et 28 mai.
I l et 25 juin.
9 et 23 juillet.
12 et 26 novembre.
10 et 17 décembre.
La séance du 17 décembre sera consacrée au renouvellement du Bureau
et du Conseil pour l’année 1876.
La Société publie un Bulletin de ses travaux, qui paraît par livraisons
mensuelles. Ce Bulletin estdéiivré gratuitement à chaque membre, et se vend
aux personnesétrangères à la Société au prix de 30 francs par volume annuel.
— Il peut être échangé contre des publications scientifiques périodiques.
Par décision du Conseil (art. 57 du Règlement), les tomes I à XXI du
Bulletin seront cédés, au prix de 1 0 francs chacun, à MM. les nouveaux
membres qui les feront retirer à Paris, après 3\ oir acquitté leur cotisa¬
tion de l'année courante.
AVIS.
Les notes ou communications manuscrites que les membres de la
Société adresseront au Secrétariat seront, pourvu qu'elles aient trait à la
botanique ou aux sciences qui s'v rattachent, lues en séance, et publiées, en
entier u par extrait, dans le Bulletin.
Tous les ouvrages ou mémoires imprimes adressés au Secrétariat de la
Société botanique de France, rue de Grenelle, 84, prennent place dans
la bibliothèque de la Société. Ceux qui serontenvoyésdanslannée même de
leur publication pourront être analysés dans la Revue bibliographique,
à moins que leur sujet ne soit absolument étranger à la botanique ou
aux sciences qui s'y rattachent.
MM . les membres delà Sociétéqui changeraient de domicile sont instam¬
ment priés d’en informer le Secrétariat le plus tôt possible. Les numéros
du Bulletin qui se perdraient par suite du retard que mettraient MM. les
membres à faire connaître leur nouvelle adresse, ne pourraient pas être
remplacés.
Adresser les lettres, communications, notes, manuscrits, livres, demandes
de renseignements, réclamations, etc., à M. le Secrétaire général de la
S. *4. rue de Grenelle, 84, à Paris.
Les envois d’argent doivent tous être adressés à M. le Trésorier de
la Société , rue de Grenelle, 84, à Paris
rAHIS. — IMPRIMERIE l) E E. MARTINET, RUE MIGNON. ï!