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Full text of "Bulletin de la Société botanique de France"

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BULLETIN 


DE  LA 

SOCIÉTÉ  BOTANIQUE 

DE  FRANCE 

FONDÉE  LE  23  AVRIL  1854 


TOM  I<>  .DIX- HUITIÈME 

1871 


••rentière  partie  j  Compte  rendu  des  séances. 

’  ième  partie  :  Revue  bibliographique  et  tables  b£  volume. 

.e  ces  deux  parties  a  une  pagination  spéciale.  Les  circonstances  politiques 
ont  empêché  la  Société  de  tenir,  eu  1871,  une  ses'ion  extraordinaire.) 


PARIS 

AU  BUREAU  DE  LA  SOCIÉTÉ 


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DEPARTMENT  OF 

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■  SMA . :  £  O  Ü/o  L  J  E  | 

§  LIBRARY  OF  TUE  f 

|  Agricultoral  Experinient  Station,  f 

|  UNIVERSITY  OF  ILLINOIS. 

^  Books  are  not  to  be  taken  from  the  Library  Room. 


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Paris.  —  Imprimerie  de  E.  Martinet,  rue  Mignon,  2. 


DE  FRANCE  Aces  library 


FONDÉE  LE  23  AVRIL  185& 


TOME  DIX-HUITIÈME 


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AU  BUREAU  DE  LA  SOCIÉTÉ 

RUE  DE  GRENELLE  ,  84 


1871 


I 


Digitized  by  the  Internet  Archive 
in  2019  with  funding  from 
University  of  Illinois  Urbana-Champaign 


https://archive.org/details/bulletindelasoci18unse 

I 


LISTE  DES  MEMBRES 


DE  LA 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE 


AU  1er  NOVEMBRE  1871. 


Siège  de  la  Société,  rue  de  Grenelle,  84,  à  Paris. 


abzac  de  ladouze  (le  comte  d’),  au  château  de  Bori-Petit,  commune  de 
Champcevinel  près  Périgaeux. 

ALANORE,  pharmacien,  à  Clermont-Ferrand.  Membre  à  vie . 
almansi  (Emmanuel),  BorgoSan  Croce,  54,  à  Florence. 

AiMBLARD  (Louis),  docteur  en  médecine,  rue  Paulin,  14,  à  Agen. 
AMBROSI  (Fr.),  directeur  du  Musée,  à  Trente  (Tirol,  empire  d’Autriche). 
AIMDOUARD  (Ambroise),  pharmacien,  rue  du  Calvaire,  1,  à  Nantes. 

ANDRÉ  (ÉDOUARD),  rédacteur  de  P  Illustration  horticole ,  rue  de  la  Bruyère,  10, 
à  Paris;  et  à  la  Croix-de-Bléré,  par  Bléré  (Indre-et-Loire). 

ANDREÆ,  pharmacien,  à  Fleurier,  canton  de  Neuchâtel  (Suisse). 
ardoino  (Honoré),  à  Menton  (Alpes-Maritimes).  Membre  à  vie. 

Arnaud  (Charles),  à  Layrac  (Lot-et-Garonne). 

AUBOUY,  professeur  au  collège  de  Lodève  (Hérault). 

avice,  médecin-major  au  55e  régiment  de  ligne,  armée  de  Versailles. 

ayasse  (Étienne),  Grand  quai,  18,  à  Genève. 

babington  (Charles -Cardale),  professeur  à  l’Université  de  Cambridge 
(Angleterre).  Membre  à  vie . 

baillet,  professeur  à  l’École  vétérinaire  d’Alfort  (Seine). 

Baillière  (Émile),  libraire-éditeur,  rue  Hautefeuille,  19,  à  Paris. 
bal  AN  SA,  naturaliste-voyageur  du  Muséum,  à  Nouméa  (Nouvelle-Calédonie). 
Membre  â  vie.  (Correspondant  à  Paris  :  M.  Cosson,  rue  du  Grand-Chan¬ 
tier,  12.) 

ball  (John),  24,  Saint  Georges  road,  Eccleston  square,  à  Londres. 
barat,  professeur  au  lycée  de  Tarbes.  Membre  à  vie. 

barcelo  y  coimbis  (Francisco),  professeur  de  physique  à  Ylnslituto  Balear , 
à  Palma,  île  de  Majorque  (Espagne). 

BARLA  (J.-B.),  directeur  du  Musée,  à  Nice. 

barnsby  (David),  directeur  du  jardin  botanique,  â  Tours. 

BARRANDOrv,  huissier,  rue  de  l’Argenterie,  29,  à  Montpellier. 


à  Paris. 

BARTHEZ  (Melciiior),  pharmacien,  à  Saint-Pons  (Hérault), 

Baudoin  (Antonin),  élève  en  pharmacie,  rue  du  Brave-Rondeau,  17,  à  la 
Rochelle. 

beauteaips  beaupré  (Chaules),  juge  au  tribunal  de  la  Seine,  rue  de  Vau- 
girard,  22,  à  Paris, 

békétoff.  (André),  professeur  à  l’Université  de  Saint-Pétersbourg. 
belloc,  greffier  de  la  justice  de  paix,  à  Langon  (Gironde). 
bentham  (George),  au  jardin  botanique  de  Kew  près  Londres. 
bescherelle  (Émile),  chef  de  bureau  au  ministère  des  travaux  publics,  rue 
du  Cherche-Midi,  102,  à  Paris, 

besnou  (Léon),  ancien  pharmacien  de  la  marine,  rue  Saint-Yves,  13,  à  Brest. 
bianca  (Joseph),  à  A  vola  (Sicile). 

blanche  (Emmanuel),  docteur  en  médecine,  président  de  la  Société  des  amis 
des  sciences  de  Rouen. 
blanche  (Henri),  à  Dole  (Jura). 

blanche  (Isidore),  consul  de  France,  à  Tripoli  (Syrie).  Membre  à  vie. 
bocquillon,  docteur  en  médecine  et  ès  sciences  naturelles,  boulevard  Saint- 
Germain,  7,  à  Paris.  Membre  à  vie. 

boisduval  ,  docteur  en  médecine,  rue  des  Fossés-Saint-Jacques,  22,  à  Paris. 
boissier  (Edmond),  rue  de  ITIôtel-de-Ville,  A,  à  Genève.  Membre  à  vie. 
bolle  (Garl),  docteur  ès  sciences,  place  de  Leipzig,  13,  à  Berlin.  Membre  à  vie. 
bordère,  instituteur  primaire,  à  Gèdre  par  Luz  (Hautes-Pyrénées). 
bories  (Paul),  pharmacien  de  la  marine,  à  Saint-Denis  (île  de  la  Réunion). 
bornet  (Édouard),  docteur  en  médecine,  Villa-Thuret,  à  Antibes  (Alpes-Mari¬ 
times)  ;  et  rue  de  Bourgogne,  19,  à  Paris.  Membre  à  vie. 
bouchardat,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  rue  du  Cloître-Notre- 
Dame,  8,  à  Paris. 

boucheman  (Eugène  de),  rue  de  l’Orangerie,  27,  à  Versailles. 
boijdïer,  pharmacien,  à  Montmorency  (Seine-et-Oise). 

BOUILLE  (le  comte  Roger  de),  au  château  de  Goué,  par  Mansle  (Charente);  et 
rue  Bayard,  33,  à  Pau. 

bouis  (de),  rue  du  Faubourg-Saint-Honoré,  168,  à  Paris.  Membre  à  vie . 
boulay  (l’abbé),  professeur  au  séminaire  de  Saint-Dié  (V  osges). 
bourgault-ducoudray,  rue  Duboeage,  36,  à  Nantes. 

BOURGEAU  (Eugène),  naturaliste-voyageur,  rue  Saint-Claude,  IA,  à  Paris. 

Membre  à  vie. 

bouteille,  à  Magny-en-Vexin  (Seine-et-Oise). 
bouteiller,  professeur,  à  Provins  (Seine-et-Marne). 
boutigny,  sous-inspecteur  des  forêts,  à  Auch. 
bouvier,  docteur  en  médecine,  à  Lancy  près  Genève. 

BRAS  (A.),  docteur  en  médecine,  à  Villefranche-de-Rouergue  (Aveyron). 
braun  (Alexandre),  membre  correspondant  de  lTnstitut,  professeur  à  l’Univer¬ 
sité  de  Berlin,  Kochstrasse,  22. 

bresson,  licencié  ès  sciences  naturelles,  rue  des  Feuillantines,  69,  à  Paris. 
Bretagne  (Paul  de),  rue  de  Chateaubriand,  7,  à  Paris.  Membre  à  vie. 


LISTE  DES  MEMBRES. 

bringuier  (Anténor),  docteur  en  médecine,  rue  Saint-Guilhem,  27  ou  43, 
à  Montpellier. 

brongniart  (Ad.),  membre  de  l’Institut,  professeur  de  botanique  au  Muséum, 
rue  Cuvier,  57,  à  Paris. 

brown  ^Théodore),  rue  Ancienne,  97,  à  Carouge  près  Genève. 
brullé  (Émile),  docteur  en  médecine,  à  Hesdin  (Pas-de-Calais). 
brutelette  (R.  de),  rue  Saint-Gilles,  à  Abbeville  (Somme). 
bubani  (Pierre),  docteur  en  médecine,  à  Bagnacavallo  près  Ravenne  (Italie). 
buffet  (Jules),  pharmacien,  rue  d’Aboukir,  99,  à  Paris. 
bullemont  (de),  chef  de  division  à  la  préfecture  de  police,  rue  d’Assas,  16, 
à  Paris. 

bureau  (Édouard),  docteur  en  médecine  et  ès  sciences  naturelles,  quai  de 
Béthune,  24,  à  Paris  ;  et  à  Cop- Choux  ,  commune  de  Mouzeil,  par  le 
Boulav- des -Mines  (Loire-Inférieure). 
burle  (Aug.),  rue  Neuve,  41,  à  Gap. 
burnat  (Émile),  à  Nant-sur-Vevey  (Suisse,  canton  deVaud). 

GARASSE  (Paul),  pharmacien,  à  Raon-l’Étape  (Vosges).  Membre  à  vie. 
callay,  pharmacien,  au  Chesne  (Ardennes). 
calmeil,  médecin  en  chef  de  la  maison  de  Charenton  (Seine). 
cannart  d’hamale  (de),  sénateur,  à  Malines  (Belgique). 
caron  (Édouard),  à  Rubempré  près  Villers-Bocage  (Somme). 

Caron  (Henri),  à  Bulles  (Oise).  Membre  à  vie. 

caruel  (Th.),  professeur  extraordinaire  à  l’École  de  pharmacie,  à  Florence. 

Membre  à  vie. 

casaretto  (Jean),  docteur  en  médecine  à  Chiavari  (Italie).  Membre  à  vie. 
CASPARY,  professeur  à  l’Université  de  Kœnigsberg  (Prusse). 
castello  de  paiva  (le  baron  de),  à  l’Académie  polytechnique,  à  Oporto 
(Portugal).  Membre  à  vie. 

cauvet,  docteur  en  médecine  et  ès  sciences,  pharmacien-major  aux  hôpitaux 
militaires  de  la  division  de  Constantine  (Algérie). 

CESATI  (le  baron  Vincent),  directeur  du  jardin  botanique  de  Naples. 
ghabert  (Alfred),  médecin-major,  à  l’hôpital  militaire  de  Médéah  (Algérie). 
CHABERT,  juge  de  paix,  à  Saint-Vallier  (Drôme). 
chaboisseau  (l’abbé),  rue  Saint-Martin,  300,  à  Paris. 

CHAPUIS,  employé  des  Douanes,  aux  Rousses  (Jura). 
chastaingt,  conducteur  des  ponts  et  chaussées,  à  la  Châtre  (Indre). 

CHATIN  (Ad.),  professeur  à  l’École  supérieure  de  pharmacie,  rue  de  Rennes, 
129,  à  Paris.  Membre  à  vie. 

chevalier  (l’abbé  E.),  professeur  au  séminaire  d’Annecy  (Haute-Savoie). 
cintract  (Désiré- Auguste),  sous-chef  de  bureau  au  ministère  de  la  guerre, 
rue  Saint-Dominique,  22,  à  Paris. 
clarinval  (le  colonel),  rue  Saint-Marcel,  18,  à  Metz. 

CLOS  (D.),  professeur  de  botanique  à  la  Faculté  des  sciences  et  directeur  du  Jardin- 
des-plantes,  à  Toulouse.  Membre  à  vie. 
clouët,  rue  Saint-Jacques,  189,  à  Paris. 
coemans  (l’abbé  Eug.),  place  Saint-Pierre,  6,  à  Gand  (Belgique). 


viij  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

colvin  (le  Rév.  Robept-F.),  pasteur  à  Mo  (Fat  (Écosse).  Membre  à  vie. 
constant  (Alexandre),  banquier,  à  Autun  (Saône-et-Loire).  Membre  à  vie. 
CORDIER,  docteur  en  médecine,  quai  Saint-Michel,  19,  à  Paris. 

CORNU  (Maxime),  répétiteur  de  botanique  à  la  Faculté  des  sciences,  rue  d’Ulm, 
Zi5,  à  Paris. 

cosson  (Ernest),  docteur  en  médecine,  membre  du  Conseil  général  du  Loiret, 
rue  du  Grand-Chantier,  12,  à  Paris.  Membre  à  vie. 

COSSON  (Paul),  rue  du  Grand-Chantier,  12,  à  Paris. 
courci ère,  professeur  au  lycée,  rue  Pradier,  6,  à  Nîmes. 

CRÉvélier,  greffier  du  tribunal,  à  Confolens  (Charente). 

CROUAN,  rue  de  la  Vierge,  31,  à  Lambézellec  près  Brest  (Finistère). 

darracq,  pharmacien,  à  Saint-Esprit  près  Bayonne  (Basses-Pyrénées). 
de  rary,  professeur  à  l’Université  de  Halle  (Prusse). 
debeaux,  pharmacien- major,  à  l’hôpital  militaire  des  Invalides,  à  Paris. 
decaisne,  membre  de  l’Institut,  professeur  de  culture  au  Muséum,  rue  Cuvier, 
57,  à  Paris. 

de  candolle  (Alph.),  membre  correspondant  de  l’Institut,  cour  Saint- Pierre ,  3, 
à  Genève. 

delacour  (Théodore),  quai  de  la  Mégisserie,  U,  à  Paris. 
delaunay,  manufacturier,  boulevard  Heurteloup,  72,  à  Tours. 
delondre  (Augustin),  rue  Saint-Pierre,  3,  à  Sèvres  (Seine-et-Oise). 
berbès,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  rue  des  Minimes,  10,  à  Marseille. 
derouet,  rue  Chabannais,  1,  à  Paris;  et  rue  des  Fossés-Saint-Georges,  4,  à  Tours. 
deruelle,  avocat,  rue  des  Bons-Enfants,  28,  à  Paris. 
des  étangs  (Léon),  juge  au  tribunal  d’Aulun  (Saône-et-Loire). 
des  étangs  (S.),  juge  de  paix,  à  Bar-sur-Aube  (Aube). 
des  moulins  (Charles),  r ne  et  hôte!  de  Gourgues,  à  Bordeaux. 
dezanneau  (Alfred),  docteur  en  médecine,  à  Saint-Pierre-Montlimart,  par 
Montrevault  (Maine-et-Loire).  Membre  à  vie. 
dorvault,  directeur  de  la  Pharmacie  centrale,  rue  de  Jouy,  7,  à  Paris. 
doumet-ad\nson,  président  de  la  Société  d’horticulture  et  d’histoire  naturelle 
de  l’Hérault,  à  Cette  (Hérault). 

DROUSSANT,  boulevard  du  Temple,  3A,  à  Paris. 
duby  (le  pasteur),  rue  de  l’Évêché,  5,  à  Genève. 

duchartre  (P.),  membre  de  l’Institut,  professeur  de  botanique  à  la  Faculté 
des  sciences,  rue  de  Grenelle,  8 A,  à  Paris.  Membre  à  vie . 
du  colombier  (Maurice),  inspecteur  des  lignes  télégraphiques,  place  des 
Vignaux,  à  Bagnères-de-Bigorre  (Hautes-Pyrénées). 
ducot  (Frédéric),  rue  Saint-François,  7,  à  Bordeaux. 

dufour  (Édouard),  licencié  ès  sciences  naturelles,  président  de  la  Société 
académique  de  la  Loire-Inférieure,  rue  de  l’Héronnière,  6,  à  Nantes. 
Membre  à  vie. 

duhamel,  rue  Saint-Honoré,  191,  à  Paris. 
dulac  (l’abbé),  paroisse  Saint-Jean,  à  Tarbes. 
dupuy  (l’abbé),  professeur  au  petit  séminaire  d’Auch. 
durand,  pépiniériste,  à  Bourg-la-Reine  (Seine). 


LISTE  DES  MEMBRES. 


IX 


durieu  de  Maisonneuve  ,  directeur  du  Jardin-des-plantes,  à  Bordeaux. 
dussau,  pharmacien,  place  de  Rome,  9,  à  Marseille.  Membre  à  vie . 
duval  jouve  (J.),  inspecteur  de  l’Académie,  rue  Auguste  Broussonnet,  1,  à 
Montpellier. 

duvergier  de  HAURANNE  (Emmanuel),  membre  du  Conseil  général  du  Cher, 
rue  de  Tivoli,  5,  à  Paris;  et  à  Herry  (Cher).  Membre  à  vie. 
duvillers,  architecte-paysagiste,  avenue  de  Saxe,  15,  à  Paris.  Membre  à  vie . 

eighler,  professeur  et  directeur  du  jardin  botanique  de  Gratz  (Styrie). 

ELOY  de  vicq,  place  de  Cerisy,  à  Abbeville  (Somme). 

faivre  (Ernest),  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  avenue  de  Noailles,  5Zt, 
à  Lyon. 

faré,  directeur  général  de  l’administration  des  forêts,  rue  de  Rivoli,  156,  à  Paris. 
FAURE  (l’abbé),  professeur  au  petit  séminaire  de  Grenoble. 
fée  (A.),  professeur  à  la  Faculté  de  médecine  de  Strasbourg. 
fermond  (Charles),  pharmacien  en  chef  à  la  Salpêtrière,  à  Paris.  Membre  à  vie, 
fleutiaux,  boulevard  des  Filles-du-Calvaire,  22,  à  Paris. 
fournier  (Eugène),  docteur  en  médecine  et  ès  sciences  naturelles,  rue  de 
Seine,  72,  à  Paris.  Membre  à  vie. 

FRANCHET  (Adrien),  au  château  de  Cheverny,  par  Cour-Cheverny  (Loir-et-Cher). 
franque  vil  le  (le  comte  Albert  de),  rue  Palatine,  5,  à  Paris;  et  au 
château  de  Bisanos,  par  Pau.  Membre  à  vie. 

FRÉmineau,  docteur  en  médecine  et  ès  sciences  naturelles,  rue  Turbigo,  68 
à  Paris. 

gadeceau  (Émile),  négociant,  quai  de  la  Fosse,  90,  à  Nantes. 
gaillardot,  médecin  sanitaire  de  France,  à  Alexandrie  (Égypte). 
gandoger  (Michel),  propriétaire  â  Arnas  près  Villefranche-sur-Saône  (Rhône). 
gariod,  juge  suppléant  au  tribunal  de  Gap. 

garovaglio  (Santo),  directeur  du  jardin  botanique  de  Pavie  (Italie). 
garroute  (l’abbé),  chez  M.  le  marquis  de  Saint-Exupéry,  à  Agen. 
GAUDEFROY,  rue  de  la  Montagne-Sainte-Geneviève,  8,  à  Paris. 
gay  (Claude),  membre  de  l’Institut,  rue  de  la  Ville-l’Évêque,  26,  à  Paris. 

Membre  à  vie. 

genevier  (Gaston),  pharmacien,  quai  de  la  Fosse,  83,  à  Nantes. 
germain  de  saint-pierre,  au  château  du  Bessay,  par  Chantenay- Saint- Imbert 
(Nièvre);  et  rue  de  Vaugirard,  22,  à  Paris.  Membre  à  vie. 
geslin  (Jules),  avoué,  rue  de  Toulouse,  2,  à  Rennes. 
gillot  (Xavier),  docteur  en  médecine,  à  Autun  (Saône-et-Loire). 
gobert,  propriétaire,  à  Bouaye  (Loire-Inférieure). 
godefroy  (Y.),  professeur  au  lycée,  rue  du  Cygne,  6,  à  Châteauroux. 

GODron  ,  doyen  de  la  Faculté  des  sciences,  rue  de  la  Monnaie,  Zi,  à  Nancy. 
goeppert,  professeur  à  l’Université  de  Breslau  (Prusse). 

GONOD  d’artemare,  pharmacien,  à  Clermont-Ferrand.  Membre  à  vie. 
GONTIER,  docteur  en  médecine,  rue  Saint-Honoré,  36Zi,  à  Paris. 
goumain-cornille,  secrétaire  de  la  mairie,  place  du  Panthéon,  à  Paris, 


X 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


gras  (Auguste),  bibliothécaire  de  l’Académie  royale  des  sciences  de  Turin. 
gras  (François),  horticulteur,  rue  de  l’Abbé-de-l’Épée,  159,  à  Marseille. 
grenier  (Ch.),  doyen  de  la  Faculté  des  sciences,  Grand’-rue,  10b,  à  Besançon. 
gris  (Arthur),  docteur  ès  sciences  naturelles,  aide-naturaliste  au  Muséum,  rue 
Guy-de-la-Brosse,  5,  à  Paris. 

gubler  (Ad.),  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  rue  du  Quatre-Septembre, 
18,  à  Paris. 

guiard  (l’abbé),  rue  Saint-Dominique,  23,  à  Paris. 
guighard,  rue  de  l’Algérie,  22,  à  Lyon. 

guillard  (Achille),  docteur  ès  sciences,  rue  de  Bruxelles,  15,  à  Paris;  et  à 
Labruyère,  par  Vaugneray  (Rhône). 

guillaud  (Alexandre),  aide  de  botanique  à  la  Faculté  de  médecine,  rue  Sau- 
nerie,  8,  à  Montpellier. 

GUILLON,  directeur  des  contributions  indirectes,  à  Niort. 
guilloteaux-vatel,  rue  Mademoiselle,  2,  à  Versailles.  Membre  à  vie. 
guiraud,  docteur  en  médecine,  grand’rue  Ville-Bourbon,  à  Montauban. 

hacouin  (Jules),  rue  Bourtibourg,  9,  à  Paris. 
halley,  professeur  au  collège  d’Avranches  (Manche). 

hasskarl  (J.-K.),  docteur  en  philosophie,  à  Clèves  (Prusse  rhénane).  Membre 
à  vie. 

Hébert,  pharmacien  en  chef  à  l’hôpital  des  Cliniques,  place  de  l’École-de- 
Médecine,  à  Paris. 

hennecart  (Jules),  ancien  député,  rue  Neuve-des-Mathurins,  41,  à  Paris. 
hénon,  docteur  en  médecine,  cours  Morand,  56,  à  Lyon. 
hervier-basson  (Joseph),  rue  de  la  Bourse,  31,  à  Saint-Étienne. 
homolle,  docteur  en  médecine,  rue  Bonaparte,  7,  à  Paris. 
howard  (John-Eliot),  à  Tottenham  près  Londres.  Membre  à  vie. 
huberson  (Gabriel),  attaché  à  la  préfecture  de  la  Seine,  rue  Garancière,  4, 
à  Paris. 

hullé,  professeur  d’hydrographie,  à  Blaye  (Gironde). 
iiusnot  (Th.),  maire  de  Cahan,  par  Athis  (Orne).  Membre  à  vie. 


J  Aubert  (le  comte),  membre  de  l’Institut,  député  du  Cher  à  l’Assemblée  natio¬ 
nale,  au  domaine  de  Givry,  par  Jouet-sur-l’Aubois  (Cher). 

JEAnbernat  (Ernest),  docteur  en  médecine,  rue  du  Musée,  4,  à  Toulouse. 
JOLY  (Joseph),  place  Saint-Bernard,  8,  à  Dijon. 
jordan  (Alexis),  rue  de  l’Arbre-Sec,  40,  à  Lyon. 

Jourdan  (Pascal),  ingénieur  civil,  garde-mines,  villa  du  Bon-air,  à  Vichy  (Allier). 
Membre  à  vie. 

JUHel  de  laiwote-baracé,  au  château  du  Coudray,  près  Chinon  (Indre-et- 
Loire);  et  rue  Casimir  Périer,  19,  à  Paris. 
jullien-crosnier,  conservateur  du  Musée,  rue  d’Illiers,  56,  à  Orléans. 


kanitz  (Aug.),  professeur  d’histoire  naturelle  à  l’Institut  supérieur  agricole 
d’Altenbourg  (Hongrie). 


LISTE  DES  MEMBRES.  Xj 

kralik  (Louis),  rue  du  Grand-Chantier,  12,  à  Paris.  Membre  à  vie. 

Kresz,  docteur  en  médecine,  rue  des  Bourdonnais,  14,  à  Paris. 

LAGRANGE,  docteur  en  médecine,  au  Bois-de-Rosoy,  par  Hortes  (Haute-Marne). 
laisné,  ancien  principal  du  collège,  boulevard  du  Sud,  à  Avranches  (Manche). 
lamotte  (Martial),  professeur  d’histoire  naturelle,  barrière  d’Issoire,  à  Cler¬ 
mont-Ferrand. 

LAMY  (Édouard),  ancien  banquier,  rue  Saint-Esprit,  à  Limoges. 
lange  (Johann),  directeur  du  jardin  botanique  de  Copenhague. 

LANNES,  capitaine  des  douanes,  aux  Salins-d’Hyères  (Var). 

LARAMBERGUE  (Henri  de),  place  de  l’Albingue,  à  Castres;  et  à  Anglès-du- 
Tarn  (Tarn). 

larcïier  (Ad  ),  chef  du  bureau  de  l’instruction  publique  à  la  préfecture  de  la 
Seine,  avenue  de  Clichy,  127,  à  Paris. 

l arévellière-lépeaux,  au  Gué  du  Berger,  par  Thouarcé  (Maine-et-Loire). 
LA  SAVINIERRE  (E.  dk),  rue  de  la  Monnaie,  7,  à  Tours. 
lasègue  (Antoine),  rue  de  l’Ancienne-Comédie,  3,  à  Paris. 

LAUTOUR,  pharmacien,  à  Vassy-près-Vire  (Calvados). 

LAVALLÉE  (Alphonse),  rue  de  Penthièvre,  6,  à  Paris. 
lavau  (Gaston  de),  au  château  de  Moncé,  par  Pézou  (Loir-et-Cher).  Membre 
à  vie. 

lerel,  docteur  en  médecine,  à  Valognes  (Manche). 

le  bien  (Émile),  ancien  avocat  à  la  cour  de  cassation,  boulevard  Malesherbes, 
172,  à  Paris. 

lefèvre  (Éd.),  rue  de  Constantine,  27  (Plaisance),  à  Paris. 
lefranc  (Edmond),  pharmacien  en  chef  de  la  garde  républicaine,  à  Paris. 
LEFRANC  DE  VILLELONGUE  (Léon),  rue  des  Martyrs,  37,  à  Paris. 
le  grand  (Antoine)  ,  agent  voyer  d’arrondissement,  cloître  Notre-Dame,  à 
Montbrison  (Loire). 

leguay  (le  baron  Léon),  au  château  de  Serceaux,  commune  de  Valframbert 
par  Alençon. 

leîourdan  (Alfred) ,  directeur  du  Jardin-des-plantes,  place  Saint-Michel,  7, 
à  Marseille. 

le  maout  (Emmanuel),  docteur  en  médecine,  rue  de  Poissy,  2,  à  Paris. 
LEPELTIER  (Armand),  docteur  en  médecine,  rue  de  Feltre,  10,  à  Nantes. 
lépine  (Jules),  ancien  chirurgien  de  la  marine,  commissaire  de  surveillance 
administrative  des  chemins  de  fer,  à  Châtellerault  (Vienne). 
le  sourd  (Ernest),  docteur  en  médecine,  rue  de  l’Université,  8,  à  Paris. 
lespinasse  (Gustave),  rue  de  la  Croix-Blanche,  25,  à  Bordeaux. 
lestiboudois  (Thémistocle),  membre  correspondant  de  l’Institut,  rue  de 
la  Victoire,  92,  à  Paris. 

letourneux  (Aristide),  conseiller  à  la  cour  d’appel  d’Alger. 
letourneux  (Tacite),  président  du  tribunal  civil  de  Fontenay-le -Comte 
(Vendée). 

LOCK,  pharmacien,  à  Vernon  (Eure). 

LOAIBARD  (Armand),  au  Vigan  (Gard). 
lombard  (F.),  rue  Chabot-Charny,  48,  à  Dijon. 


Xij  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

loret  (Henri),  rue  Barthez,  à,  à  Montpellier. 

lortet,  docteur  en  médecine,  avenue  de  Saxe,  69,  à  Lyon. 

maillard  (Adguste),  docteur  en  médecine,  rue  du  Petit-Potet,  3 A,  à  Dijon. 
malinvaiid  (Ernest),  rue  Clément,  6,  à  Paris.  Membre  à  vie. 
malinverni  (Alessio),  à  Quinto  près  Verceil  (Italie). 

manceau,  conservateur  de  la  bibliothèque  de  la  ville,  rue  de  Rivoli,  2,  au  Mans. 

Membre  à  vie. 

manescau,  ancien  représentant,  à  Pau. 

marcet  (Adolphe),  docteur  en  médecine,  licencié  ès  sciences  naturelles,  rue 
Bonneau,  7,  à  Suresnes  (Seine). 

marchand  (Léon),  docteur  en  médecine  et  ès  sciences  naturelles,  rue 
Lhomond,  37,  à  Paris. 

marcilly,  inspecteur  des  forêts,  à  Châlons-sur-Marne. 
marès  (Paul),  docteur  en  médecine,  à  Alger. 

marjolin,  chirurgien  des  hôpitaux,  rue  Chaptal,  16,  à  Paris.  Membre  à  vie. 
marlier,  officier  comptable  des  subsistances  militaires.  Commission  de  liqui¬ 
dation  de  l’armée  de  la  Loire,  au  Mans. 

marmottan,  docteur  en  médecine,  rue  Desbordes -Vahnore,  31  (Passy),  à 
Paris. 

Martin  (Bernardin),  docteur  en  médecine,  à  Aumessas  près  le  Vigan  (Gard). 
Martin  (Émile),  juge,  à  Romorantin  (Loir-et-Cher). 

Martin  (Joseph  de),  docteur  en  médecine,  à  Narbonne  (Aude). 

Martin  (Louis  de),  docteur  en  médecine,  boulevard  du  Jeu-de-Paume,  22, 
à  Montpellier. 

aiartinet  (J.-B.),  licencié  ès  sciences  naturelles,  rue  Monge,  27,  à  Paris. 
MARTINS  (Ch.  ),  membre  correspondant  de  l’Institut,  directeur  du  Jardin-des¬ 
plantes,  à  Montpellier.  Membre  à  vie. 
marvillet,  pharmacien  à  Autun  (Saône-et-Loire). 
masson  (Victor),  libraire-éditeur,  place  de  l’ÉcoIe-de-Médecine,  à  Paris. 
Mathieu  (Aug.),  inspecteur  des  forêts,  rue  Stanislas,  A6,  à  Nancy. 

Matignon  (E.),  à  Fontainebleau  (Seine-et-Marne). 

maugeret,  inspecteur  du  télégraphe,  avenue  de  Villars,  8,  à  Paris. 

maugin  (Gustave),  avoué,  rue  Guénégaud,  12,  à  Paris.  Membre  à  vie. 

méhu  (Adolphe),  pharmacien,  à  Villefranche-sur-Saône  (Rhône). 

» 

mer  (Emile),  garde  général  des  forêts,  à  Chaumont  en  Bassigny. 
mercey  (Albert  de),  à  Cannes  (Var). 

Michel  (Aug.),  rue  Lemercier,  A8  (Batignolles),  à  Paris. 
miégeville  (l’abbé),  à  Notre-Dame-de-Garaison,  par  Castelnau-Magnoac 
(Hautes-Pyrénées). 

mignot,  docteur  en  médecine,  à  Beaumont-sur-Oise  (Seine-et-Oise). 
millardet,  docteur  en  médecine,  à  Montmirey  par  Moissey  (Jura). 
moggridge  (J.  Traherne),  maison  Gaslaldi,  à  Menton  (Alpes-Maritimes); 
et  care  of  Rev.  M.W.  Moggridge,  LongDitton,  Kingston  on  Thames  (An¬ 
gleterre).  Membre  à  vie. 

monard  (P.),  ancien  médecin  en  chef  des  armées,  rue  de  l’Évêché,  25,  à 
Metz. 


LISTE  DES  MEMBRES. 


x  SS  1 


MOQUIN-TANDON  (Olivier),  rue  de  Sèvres,  44,  à  Paris. 
morière  (J.),  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Caen.  Membre  à  vie. 
morren  (Édouard),  professeur  à  l’Université  de  Liège  (Belgique). 
motel ay  (Léonce),  rue  Guillaume-Brochon,  7,  à  Bordeaux.  Membre  à  vie. 
mougeot  (Antoine),  docteur  en  médecine,  membre  du  Conseil  général  des 
Vosges,  à  Bruyères  (Vosges). 

mouillefariive  (Edmond),  avoué,  rue  V'entadour,  7,  à  Paris.  Membre  à  vie . 
MOURA-BOUROtJiLLOU  (B.),  docteur  en  médecine,  rue  Molière,  25,  à  Paris. 

NÆGELI  (Carl),  professeur  à  l’Université  de  Munich  (Bavière). 
netto  (Ladislau  de  Souza  Mello  y),  directeur  de  la  section  d’agriculture  et 
de  botanique  au  Musée  impérial  de  Rio  de  Janeiro  (Brésil). 
i\OÉ  (le  marquis  de),  rue  du  Bac,  126,  à  Paris. 
nouel,  directeur  du  Musée  d’histoire  naturelle,  à  Orléans. 
noulet,  professeur  à  l’École  de  médecine,  rue  du  Lycée,  14,  à  Toulouse. 

OPOix  (Joseph),  horticulteur,  chef  des  cultures  de  M.  le  duc  de  Vallombrosa, 
à  Cannes  (Var). 

OUDEMANS  (C.-A.-J.-A.),  professeur  de  botanique,  à  Amsterdam. 

OZANON  (Charles),  à  Rougeon,  par  Buxy  (Saône-et-Loire). 

PAILLOT  (Justin),  pharmacien  aux  Chaprais,  commune  de  Besançon, 
paira  (Michel),  cultivateur,  à  Geudertheim  près  Brumath  (Alsace). 
paris  (E.-G.),  lieutenant-colonel  du  100e  régiment  d’infanterie,  à  Pérîgueux. 
Membre  à  vie. 

parlatore  (Ph.),  professeur  de  botanique  au  Musée  royal  d’histoire  naturelle 
de  Florence. 

PARSEVAL- GRANDMAISON  (Jules  de),  avocat,  aux  Perrières  près  Mâcon. 
passy  (Antoine),  membre  de  l'Institut,  rue  Pigalle,  69,  à  Paris;  et  à  Gisors 
(Eure).  Membre  à  vie. 

payot  (Vénance),  naturaliste,  à  Chamonix  (Haute-Savoie). 

PEDicmo,  professeur  à  l’Institut  technique,  via  del  Fico  a  Foria,  24,  palazzo 
Février,  à  Naples. 

PELLAT,  conseiller  de  préfecture,  rue  des  Vieux-Jésuites,  8,  à  Grenoble. 
peltereau  (Ernest),  notaire,  à  Vendôme  (Loir-et-Cher). 
penchinat  (Ch.),  docteur  en  médecine,  à  Port-Vendres  (Pyrénées-Orientales  v' 
pérard  (Alexandre),  rue  Guy-de-la-Brosse,  4,  à  Paris. 
perrier  de  la  bathie  (Eugène),  à  Conflans  près  Albertville  (Savoie). 
perrio  (François),  rue  des  Pyramides,  à  Pontivy  (Morbihan). 
personnat  (Victor),  à  Sancerre  (Cher). 
petermann  (C.-E.),  rue  Foy,  9,  à  Saint-Quentin  (Aisne). 
petit  (Guillaume),  ancien  député,  à  Louviers  (Eure).  Membre  à  vie . 
petit  (Paul),  pharmacien,  rue  des  Quatre-Vents,  16,  à  Paris. 
piré  (Louis),  secrétaire  de  la  Société  royale  de  botanique  de  Belgique,  rue 
d’Orléans,  15,  à  Ixelles-lez-Bruxeües. 

PL  ANC  MON  (Émile),  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  et  directeur  de  FÉcoie 
supérieure  de  pharmacie  de  Montpellier. 


XIV 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

planchon  (Gustave),  professeur  à  l’École  supérieure  de  pharmacie, boulevard 
Saint-Michel,  139,  à  Paris. 

poisson  (Jules),  préparateur  au  Muséum  d’histoire  naturelle,  rue  du  Tem¬ 
ple,  191,  à  Paris. 

pomel,  ingénieur  garde- mines,  à  Oran  (Algérie). 
pommaret  (E.  de),  à  Agen. 

pourtier  (Jules),  employé  des  contributions  indirectes,  rue  Saint-Vincent,  21,  à 
Besançon. 

pradel,  pharmacien,  rue  Réaumur,  15,  à  Paris. 

prillieux  (Édouard),  docteur  ès  sciences,  rue  Cambacérès,  l/i,  à  Paris. 
pijget  (l’abbé),  chez  Madame  de  Livet,  à  Pringy  près  Annecy. 

Oüestier  (l’abbé),  curé  à  Thury-en-Valois,  par  Betz  (Oise). 

rames  fils,  pharmacien,  à  Aurillac. 

ram  O  ND  (A.),  administrateur  des  douanes,  rue  des  Écoles,  38,  à  Paris. 
ravain  (l’abbé) ,  professeur  au  collège  de  Gombrée  (Maine-et-Loire). 
reboud,  médecin-major  au  3e  régiment  de  tirailleurs  indigènes,  province  de 
Constantine  (Algérie). 

remy  (Jules),  ancien  voyageur  du  Muséum,  à  Louvercy,  par  Châlons-sur- 
Marne.  Membre  à  vie. 

Renault  (Bernard),  docteur  ès  sciences,  professeur  à  l’École  normale  spéciale 
de  Gluny  (Saône-et-Loire). 

ripart,  docteur  en  médecine,  rue  de  l’Arsenal,  1,  à  Bourges. 
rivet,  rue  Lemercier,  89  (Batignolles),  à  Paris. 

rochebrune  (Alph.  de),  rue  de  Beaulieu,  65,  à  Angoulême.  Membre  à  vie. 
rodin,  chef  d’institution,  à  Beauvais, 

rodriguez  (JuAN),calle  de  la  Libertad,  48,  àMahon,  île  deMinorque  (Espagne). 
Membre  a  vie. 

roget  de  belloguet,  rue  de  l’Université,  15,  à  Paris. 

ROSS  (David),  7,  Regent  place,  à  Edimbourg.  Membre  à  vie . 
roumeguère  (Casimir),  rue  Riquet,  31,  à  Toulouse. 

ROUSSEL,  docteur  en  médecine,  rue  des  Fossés-Saint-Jacques,  26,  à  Paris. 
rouy  (Georges),  à  Saint-Léger-du-Bois,  par  Épinac  (Saône-et-Loire)  ;  et  rue 
Saint-Lazare,  11,  à  Paris. 

royer  (Charles)  ,  avocat,  à  Saint-Rémy  près  Mon tbard  (Côte-d’ Or). Membre  a  vie. 
royet  (Eugène),  docteur  en  médecine,  à  Saint-Benoît-du-Sault  (Indre). 
roze  (Ernest),  attaché  au  ministère  des  finances,  rue  des  Feuillantines,  101, 
à  Paris. 

sagot  (Paul),  docteur  en  médecine,  professeur  à  l’École  normale  spéciale  de 
Cluny  (Saône-et-Loire). 
saint-exupéry  (le  comte  Guy  de),  à  Agen. 

saldanha  da  gama  (Joao  de),  à  Rio  de  Janeiro  ;  par  M.  Thorin,  libraire,  bou¬ 
levard  Saint-Michel,  58,  à  Paris. 

salve  (le  vicomte  Sébastien  de),  place  des  Prêcheurs,  à  Aix-en-Provence 
(Bouches-du-Rhône);  et  au  château  de  Reillanne  (Basses-Alpes). 


LISTE  DES  MEMBRES. 


XV 


SAPORTA  (le  comte  Gaston  de),  à  Aix-en-Provence  (Bouches-du-Rhône). 
sauze  (l’abbé),  curé  de  Marcieu,  par  la  Motte- Saint-Martin  (Isère). 
sauzet  (de),  licencié  ès  sciences  naturelles,  rue  d’Astorg,  3,  à  Toulouse. 
Savatier  (Ludovic),  chirurgien  de  la  marine,  arsenal  de  Lokoska,  par  Yoko¬ 
hama,  au  Japon.  Membre  à  vie. 
savy  (F.),  libraire-éditeur,  rue  Hautefeuille,  2Zi,  à  Paris. 
schlumberger  (Henri),  maire  de  Guebwiller  (Alsace).  Membre  à  vie. 
schmitt,  pharmacien-major,  à  l’hôpital  militaire  des  Coiinettes,  à  Lyon. 
Membre  à  vie. 

schoenéfeld  (W.  de),  rue  de  Bellechasse,  35,  à  Paris.  Membre  a  vie. 
seinot  de  la  loxde  (Ch,),  à  Rosseau  par  Corné  (Maine-et-Loire). 
serres  (Hector),  pharmacien,  à  Dax  (Landes). 

seynes  (Jules  de),  professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine,  rue  Saint- 
Guillaume,  29,  à  Paris;  etàLassalle  (Gard). 

SONGEON  (André),  rue  de  Roche,  à  Chambéry. 

SOUBEIRAN  (J.-L.),  secrétaire  de  la  Société  zoologique  d’acclimatation,  rue  de 
Lille,  19,  à  Paris. 

spagh  (Édouard),  conservateur  de  la  galerie  de  botanique  au  Muséum,  rue 
Cuvier,  57,  à  Paris. 

spéneux  (Louis-Eugène),  pharmacien,  à  Saint-Leu-Taverny  (Seine-et-Oise). 

TAILLEFERT,  Maison  de  Charenton,  à  Saint-Maurice  (Seine). 

TANTENSTEIN,  rue  Paillet,  29,  à  Paris. 
tardieu  (Maurice),  rue  de  Tournon,  6,  à  Paris. 
targioni-tozzetti,  professeur  d’histoire  naturelle, à  Florence. 
tassi  (  Attilio),  professeur  d’histoire  naturelle,  à  Sienne  (Italie). 
TCHIHATCHEF  (Pierre  de),  membre  correspondant  de  l’Institut,  aux  soins  de 
MM.  Fenzi  et  Cie,  banquiers,  à  Florence. 

THÉRY,  docteur  en  médecine,  à  Langon  (Gironde).  Membre  à  vie . 
théveneau,  docteur  en  médecine,  à  Béziers  (Hérault). 
thibesard,  rue  Saint-Martin,  (\ 9,  à  Laon. 
thiébaut,  lieutenant  de  vaisseau,  à  Vitry-le-François  (Marne). 
thorel  (Clovis),  docteur  en  médecine,  rue  de  Longchamps,  3  (Passy),  à  Paris. 
thuret  (Gustave),  membre  correspondant  de  l’Institut,  à  Antibes  (Alpes- 
Maritimes). 

timbal-lagrave  (Édouard),  rue  Romiguière,  15,  à  Toulouse.  Membre  à  vie f 
tisseur  (l’abbé),  aux  Chartreux,  à  Lyon. 

titon,  docteur  en  médecine,  à  Châlons-sur-Marne,  Membre  à  vie. 
tocquaine,  pharmacien,  à  Remiremont  (Vosges). 
todaro,  directeur  du  jardin  botanique,  à  Païenne  (Sicile). 
tourlet,  à  Chinon  (Indre-et-Loire).  Membre  à  vie. 
trabut  (Louis),  étudiant  en  médecine,  cours  Lafayette,  67,  à  Lyon. 

TRiADOix  cadet,  chez  M.  Laniel,  rue  Conti,  à  Pézénas  (Hérault). 

TRIBOUT  (A.),  docteur  en  médecine  au  Grand-Quevilly,  par  Rouen. 
TROUILLARD,  banquier,  à  Saumur  (Maine-et-Loire). 
tuezkiewicz  (Diomède),  docteur  en  médecine,  au  Vigan  (Gard)* 

TULASNE  (L.-R.),  membre  de  l’Institut,  rue  Cuvier,  57,  à  Paris, 


xvj  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

valon  (Ernest  de),  conserv.  des  hypothèques,  à  Coulommiers  (Seine-et-Marne). 
van  tieghem  (Ph.),  docteur  ès  sciences,  maître  de  conférences  à  l’École  nor¬ 
male,  rue  de  Sorbonne,  A,  à  Paris. 

VENDRELY,  pharmacien,  à  Champagney  (Haute-Saône). 

VERLOT  (J. -B.),  directeur  du  Jardin-des-plantes,  à  Grenoble. 
VIAüd-grand-marais  (Ambroise),  professeur  à  l’École  de  médecine,  rue  Beau¬ 
soleil,  2,  à  Nantes. 

vibraye  (le  marquis  de),  membre  correspondant  de  l’Institut,  au  château  de 
Cheverny,  par  Cour-Cheverny  (Loir-et-Cher)  ;  et  rue  de  Varenne,  56,  à 
Paris. 

vigineix  (Guillaume),  rue  de  la  Harpe,  A 9,  à  Paris. 
vilmorin  (Henri),  rue  du  Bac,  39,  à  Paris. 

walker  (Arthur),  docteur  en  médecine,  32,  Melville-street,  à  Édimbourg. 
Membre  à  vie. 

WARION  (Adrien),  médecin-major  au  1er  bataillon  léger  d’Afrique,  à  Mascara 
(Algérie). 

watelet,  officier  de  l’instruction  publique,  à  Soissons  (Aisne). 
watters  (James),  Dalkeith  road,  Belleville,  près  Édimbourg.  Membre  à  vie. 
weddell  (H.-A),  docteur  en  médecine,  rue  de  la  Tranchée,  IA,  à  Poitiers. 

zaniewski  (Jean),  étudiant  en  pharmacie,  rue  des  Feuillantines,  8A,  â  Paris. 
zetterstedt,  professeur  à  l’Université  d’Upsal  (Suède). 

Membres  admis  en  novembre  et  décembre  1871. 

franco  (Luis),  médecin  à  Machecoul  (Loire-Inférieure). 
posada-arango  (Andres),  docteur  en  médecine,  à  Medellin  (États-Unis  de 
Colombie).  Membre  à  vie. 

leclerc  (François),  ancien  pharmacien  à  Seurre  (Côte-d’Or), 

VENDRYÊs,  attaché  au  ministère  de  l’instruction  publique,  place  Saint-Sulpice,  A, 
à  Paris. 

rorel  (J.),  professeur  au  collège  de  Gap. 


SOCIETE  BOTANIQUE 


DE  FRANCE 


SÉANCE  DU  13  JANVIER  1871. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  E.  ROZE,  VICE-PRÉSIDENT. 

Malgré  le  bombardement  qui  sévit  particulièrement  sur  la  rive 
gauche  de  la  Seine  (où  se  trouvent  la  plupart  des  établissements 
scientifiques  et  d’instruction  publique  de  Paris),  en  dépit  des  obus 
qui  atteignent  les  maisons  de  la  rue  de  Grenelle  et  même  de  la  rue 
Saint-Dominique  (plus  rapprochée  encore  de  la  Seine),  la  Société  se 
réunit  au  local  habituel  de  ses  séances,  rue  de  Grenelle,  84. 

Sont  présents  :  MM.  Buffet,  Cauvet,  l’abbé  Gbaboisseau,  Cintract, 
Damiens,  Debeaux,  Aug.  Delondre,  Gaudefroy,  Mouillefarine, 
E.  Roze,  W.  de  Schœnefeld,  le  DrTribout  et  Henri  Vilmorin. 

Conformément  à  la  décision  prise  dans  la  séance  du  9  décembre 
dernier,  les  élections  pour  le  renouvellement  du  Bureau  et  du 
Conseil  (qui  ont  lieu  habituellement  dans  la  première  séance  de 
janvier)  sont  ajournées.  Le  Bureau  nommé  pour  1870  reste  en 
fonctions  jusqu’à  nouvel  ordre. 

M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  du  23  décembre  1870,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

M.  Aug.  Delondre  donne  lecture  lui-même  de  la  lettre  suivante 
qu’il  adresse  à  M.  le  Président  delà  Société  : 

LETTRE  DE  SI.  A  «g.  IMELOXDKE. 


Monsieur  le  Président, 


Les  armées  allemandes,  sans  aucun  avis  préalable,  ont  cru  pouvoir,  au  mé¬ 
pris  de  toutes  les  règles  du  droit  des  gens,  obliger  à  nos  hôpitaux  aussi  bien 


T.  xviu. 


(séances)  1 


2 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  EBANCE. 


qu’à  110s  établissements  scientifiques  des  dévastations  inutiles,  qui  heureuse¬ 
ment  n’altéreront  en  rien  la  courageuse  attitude  de  Paris  assiégé.  Notre  noble 
cité  se  défend  avec  héroïsme,  et,  si  elle  succombe,  la  famine  seule  pourra  la 
réduire  à  capituler.  Mais,  parmi  les  établissements  atteints,  se  trouve  le  Mu¬ 
séum  d’histoire  naturelle,  si  cher  à  tous  les  membres  de  notre  Société.  M.  Che- 
vreul,  directeur  du  Muséum,  a  protesté  au  nom  de  cet  établissement.  Nous 
vous  proposons  de  demander  à  la  Société  de  s’associer  par  son  vote  à  la  pro¬ 
testation  de  M.  Chevreul,  sans  préjudice  de  tout  autre  mode  de  protestation 
plus  efficace  contre  les  procédés  sauvages  des  Prussiens,  et  en  général  des 
sujets  de  la  Confédération  de  l’Allemagne  du  Nord  en  guerre  contre  nous. 

Agréez,  etc. 

Augustin  Delqndre. 

M.  Mouillefarine  propose  de  nommer  une  Commission  chargée 
de  constater  les  dégâts  commis  au  Muséum  par  le  bombardement. 
La  Société  adopte  cette  proposition,  et  désigne,  pour  faire  partie  de 
ladite  Commission,  sous  la  présidence  de  M.  Decaisne,  MM.  Delondre, 
Gaudefroy  et  de  Schœnefeld. 

M.  l’abbé  Chaboisseau  met  sous  les  yeux  de  la  Société  trois  volumes 
de  sa  bibliothèque,  avec  les  annotations  suivantes  : 


NOTES  SUR  QUELQUES  OUVRAGES  RARES  OU  CURIEUX  RELATIFS  A  LA  BOTANIQUE, 

par  II.  l’abbé  CHABOISSEAU  (suite). 

I 

Mentzel.  —  lî  iva£  (3otocvcovu|uo;  7coXuyXoTxoç  xaQoXtxoç. 

Index  nominum  plcmtarum  universalisa  etc.  — 

Editio  altéra. —  Berolini ,  1696. —  ( Pritzel ,  Thésaurus 

Hier.  bot.  n°  6789.) 


Voici  l’exemplaire  même  de  la  bibliothèque  de  J.  Gesner,  de  Zurich  :  il 
porte  au-dessous  du  titre  la  note  manuscrite  suivante  :  «  Provenant  de  la  bi¬ 
bliothèque  de  Jean  Gessner  (sic).  Acheté  4  livres  16  sous  chez  le  citoyen  Fussly 
le  fils,  à  Zurich,  le  7  brumaire  an  VIII.  (Signé)  De  Cayrol.» —  L’ouvrage  est 
interfolié  et  rempli  de  notes  manuscrites  de  J.  Gesner  sur  la  synonymie  des 
plantes;  avec  une  sorte  d z  préface  manuscrite  où  cet  auteur  expose  la  mé¬ 
thode  à  suivre  pour  continuer  le  travail  de  Mentzel.  Cet  exemplaire  est  donc 
par  le  fait  un  véritable  manuscrit  de  J.  Gesner,  dont  la  date  peut  être  à  peu 
près  fixée  par  cette  phrase  significative  de  sa  préface  :  Cum  vero  a  Linnœo 
pauciores  plantœ  ex  his  auctoribus  (J.  Bauhin,  Morison,  Ray,  Tournefort) 
suis  in  scriptis  potissimum  in  Horto  Cliffortiano  commemorentur. . .  h' Flor¬ 
ins  Cliffortiams  a  été  publié  en  1737  ;  le  manuscrit  présent  ne  doit  cire  pos- 


SÉANCE  DU  13  JANVIER  1871. 


3 


térieur  que  d’un  petit  nombre  d’années.  Il  prouve  du  reste  que  J.  Gesner,  en 
annotant  et  contiatant  Mentzel,  s’était  souvenu  du  Catalogus  plantarum , 
latine ,  grœce ,  germanice  et  gallice ,  publié  en  1 562  par  Conrad  Gesner,  et 
avait  pensé  à  continuer  l’œuvre. 

II 

Pedanii  Dioscoridis  Anazarbei  de  medicinali  matériel  libri  seæ, 
Jeanne  Ruellio  Suessione  interprète ,  etc. —  Francofurti,  1543. 

—  ( Pritzel ,  Thés.  n°  11518.) 

Cette  édition  de  Dioscoride  n’a  rien  de  rare  ni  de  remarquable.  Seulement 
l’exemplaire  présent  est  celui  de  la  bibliothèque  de  Colbert,  relié  en  maroquin 
rouge,  à  ses  armes,  et  portant  à  l’intérieur  la  mention  manuscrite  d’une  écri¬ 
ture  caractéristique  :  Bibliothecœ  Colbertinœ. 

III 

De  universali  stirpium  natura ,  libri  duo ,  Joannis  Costcei  Lau- 
densis,  ad  sereniss.  Emmanuelem  Philiberturn  et  Carolum 
Emmanuelern  Sabaudiœ  ac  Pedemont.  D.  et  P.  —  Augustes 
Taurinorum,  1578. 

Pritzel  (Thés.  n°  2010)  dit  avoir  vu  ce  livre  dans  la  bibliothèque  De  Can- 
dolle  ;  ce  qui  le  suppose  peu  commun.  L’exemplaire  que  je  présente  offre  un 
intérêt  spécial  :  il  est  orné  d’une  belle  reliure  de  Boyet,  en  maroquin  citron, 
aux  armes  du  prince  Eugène  de  Savoie,  dont  les  ancêtres  en  avaient  reçu 
la  dédicace.  —  Au  verso  du  dernier  feuillet,  on  a  mis  l’estampille  :  Dupl. 
biblioth.  palat.  Vindobon.  Ce  qui  suppose  un  autre  exemplaire  au  moins 
aussi  beau  et  aussi  curieux.  (Je  n’ai  pu,  pendant  le  siège  de  Paris,  avoir  aucun 
renseignement  sur  ce  point  ;  d’ailleurs  mes  pensées  étaient  portées  ailleurs  : 
ce  n’est  qu'hier  [8  février  1871]  que  j’ai  reçu  enfin  des  nouvelles  de  ma 
famille.) 

Les  trois  volumes  dont  je  parle  ici  ont  été  achetés  par  moi  à  Paris,  en  vente 
publique. 

Lecture  est  donnée  de  la  communication  suivante,  adressée  à  la 
Société  : 


NOTE  SUR  LA  CULTURE  DU  CACAOTIER,  par  II.  l®aeal  SiÉ%rV. 

(  Grenade-de-Nicaragua,  25  novembre  1869.) 

La  culture  du  Cacaotier  varie  suivant  les  pays.  —  Le  cacao  que  produit  le 
Nicaragua  est  estimé  ;  mais,  comme  il  entre  pour  une  forte  proportion  dans 
l’alimentation  publique,  la  production  est  à  peu  près  absorbée  par  la  consom- 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


fi 

motion  locale;  le  peu  qui  est  exporté  va  dans  les  républiques  voisines  où  l’on  a 
renoncé  à  sa  culture,  mais  où  on  ne  l’estime  pas  moins.  Le  San-Salvador  s’est 
voué  à  l’indigo,  Guatemala  à  la  cochenille,  Costarica  au  café,  Nicaragua  au  cacao, 
Honduras  exploite  ses  forêts  ;  on  11e  connaît  donc  pas  ou  presque  pas  le  cacao  du 
Nicaragua  en  Europe. 

Cette  culture  présente  certains  avantages  nouveaux  aux  cultivateurs,  en  ce 
sens  qu’elle  est  éminemment  perfectible ,  et  que  certainement  un  planteur  qui 
essaierait  tous  les  perfectionnements  rationnels  arriverait  à  faire  obtenir  aux 
cacaos  portant  sa  marque,  sur  les  marchés  européens,  une  plus-value  excep¬ 
tionnelle. 

Le  Cacaotier  ne  se  rencontre  que  rarement  à  l’état  sauvage.  Il  donne  alors  des 
fruits  en  quantité,  mais  d’une  qualité  inférieure  et  d’un  arôme  presque  nul  ; 
en  revanche,  il  contient  beaucoup  de  beurre  de  cacao.  On  ne  cultive  que  la 
variété  à  fruit  rouge  ;  d’autres  variétés  se  rencontrent,  semées  accidentellement. 
Sous  l’influence  de  la  culture,  les  fruits  deviennent  moins  nombreux,  mais 
plus  savoureux  et  plus  gros. 

Une  fois  le  terrain  défriché,  on  sème  d’abord  des  arbres-abris.  Tous  les 
arbres  à  feuillage  menu  et  tremblotant  sont  bons  pour  cet  usage.  O11  choisit 
celui  que  l’on  veut.  On  emploie  ici  la  madera  negra ,  espèce  d’immortelle  à 
fleurs  rouges.  Les  conditions  que  doit  remplir  un  arbre-abri  sont  :  d’arriver 
le  plus  rapidement  possible  à  sa  hauteur  normale,  de  tamiser  la  lumière  sans 
l’intercepter,  de  11’être  pas  apte  à  se  couvrir  de  parasites,  de  n’être  pas 
détruit  par  les  insectes,  et  enfin  d’avoir  des  racines  qui  lui  permettent  de  ne 
pas  être  abattu  parle  vent.  D’autres  ajoutent  encore  :  et  d’être  bon  à  quelque 
chose. 

La  madera  negra ,  employée  au  Nicaragua,  ne  réalise  aucune  de  ces  condi¬ 
tions-là.  Elle  met  sept  ans  pour  arriver  à  la  hauteur  suffisante  ;  elle  replie  ses 
feuilles  pendant  la  plus  forte  chaleur  du  jour,  et  laisse  alors  passer  le  soleil 
juste  au  moment  où  il  est  le  plus  préjudiciable  au  Cacaotier;  elle  est  dévorée 
par  le  comédien,  les  fourmis,  et  se  couvre  de  caturiguin  (n°  U 7  de  l’herbier)  ; 
ses  racines  s’étalent  à  la  surface  du  sol,  et  un  vent  fort  l’abat  en  détruisant 
quelquefois  douze  ou  quinze  Cacaotiers  dans  sa  chute.  Enfin  elle  11’est  utile 
qu’à  la  condition  d’être  arrachée,  c’est-à-dire  comme  bois  de  chauffage  ou  de 
construction. 

L’amélioration  à  apporter  sur  ce  point  serait  de  la  remplacer  par  exemple 
par  le  Copahu,  le  Cassia  Fistula ,  le  marungo  qui  permet  de  faire  beaucoup 
de  miel  et  de  cire,  etc.,  etc.  Le  marungo  me  paraît  le  meilleur,  parce  qu’il  rem¬ 
plit  toutes  les  conditions  et  arrive  en  deux  ans  à  donner  l’ombre  suffisante. 

On  plante  la  madera  en  quinconce  très-régulièrement  de  ù  en  h  mètres,  ce 
qui,  par  parenthèse,  est  beaucoup  trop  près,  étouffe  les  Cacaotiers  et  les  em¬ 
pêche  d’arriver  à  leur  grosseur  normale.  Il  faudrait  (3  mètres,  sauf  à  employer 
des  arbres-abris  plus  larges  de  dôme. 


SÉANCE  DU  13  JANVIER  1871.  5 

Ou  divise  la  plantation,  à  l’aide  de  chemins  d’exploitation,  en  grands  carrés 
de  500  mètres  environ  de  côté,  appelés  madriados.  Chaque  madriado  est 
entouré  de  mangos  qui  l’abritent  du  vent  et  y  concentrent  l’humidité  et  la 
chaleur.  Quelquefois  on  y  ajoute  une  haie  supplémentaire  de  pinnelas  ou  de 
Caféiers. 

Lorsque  l’arbre-abri  est  à  point,  on  dépose  la  graine  du  Cacaotier  juste  au 
milieu  des  intervalles  de  4  mètres  qui  séparent  les  abris.  Si  l’on  ne  veut  pas 
attendre  aussi  longtemps  (sept  ans  pour  la  madera  negra  et  huit  ans  pour  le 
Cacaotier,  en  tout  quinze  ans),  on  sème  à  la  fois  le  Cacaotier  et  l’abri  à  leur 
distance,  et  tant  qu’ils  sont  petits  on  maintient  des  Bananiers  çà  et  là  entre 
eux.  Le  Bananier  se  plante  de  rejetons,  donne  de  l’ombre  au  bout  de  deux 
mois  et  des  fruits  au  bout  de  huit  ;  il  s’entretient  ensuite  de  lui-même.  Il  y  a 
des  plantations  où  il  n’y  a  jamais  eu  d’abri  que  les  Bananiers;  les  Cacaotiers 
une  fois  âgés  de  dix  ans  n’y  ont  plus  eu  d’abri  que  leur  propre  feuillage  et  ne 
s’en  sont  pas  trouvés  plus  mal. 

Le  Cacaotier  se  sème  aux  premières  pluies,  en  enfonçant  l’index  dans  le  sol  et 
en  introduisant  dans  le  trou  une  graine.  Au  bout  d’un  mois  on  passe  une  revue, 
et  l’on  resème  partout  où  la  graine  n’a  pas  levé. 

On  obtient  un  résultat  plus  certain  et  meilleur  en  semant  en  paniers,  c’est- 
à-dire  en  faisant  des  vases  avec  une  matière  végétale  quelconque,  y  mettant 
de  la  terre  bien  préparée  et  y  semant  la  graine  ;  une  fois  qu’elle  a  bien  levé, 
on  porte  et  Bon  enterre  le  tout  au  lieu  voulu  ;  le  vase  pourrit,  fume  le  pied,  et 
le  développement  de  la  plante  est  assuré. 

On  desgerbe  toutes  les  fois  que  les  herbes  ont  atteint  un  pied.  Au  bout  de 
six  ans,  le  Cacaotier  donne  des  fleurs  ;  à  sept  ans,  quelques  fruits  ;  à  huit  ans,  il 
est  en  pleine  récolte;  il  dure  ensuite  trente  ans.  Une  plantation  doit  donc  avoir 
des  madriados  échelonnés ,  afin  d’en  avoir  toujours  un  nouveau  prêt  à  donner 
au  moment  où  un  vieux  n’est  plus  bon  qu’à  arracher.  Les  vieux  madriados 
replantés  sont  bien  meilleurs  que  les  autres.  Quand  un  madriado  a  atteint 
la  moyenne  de  son  âge,  le  desyerbage  n’y  est  plus  aussi  fréquent  :  l’ombre 
empêche  les  herbes  de  pousser. 

Les  principaux  perfectionnements  dont  la  culture  du  Cacaotier  est  alors 
susceptible  sont  l’irrigation,  la  taille,  les  mesures  nécessaires  à  prendre  pour 
le  forcer  à  ne  donner,  autant  que  possible,  que  des  fruits  du  tronc  et  non  des 
branches  ;  car  ceux  du  tronc  sont  de  beaucoup  les  plus  savoureux. 

Ces  trois  procédés  sont  inconnus  au  Nicaragua  ;  le  dernier  n’est  même  usité 
en  grand  nulle  part.  Quant  à  la  taille,  elle  est  pourtant  indispensable  :  les 
arbres  ici  donnent  des  feuilles  immenses,  des  branches  nouvelles  chaque  année, 
et  les  fruits  en  sont  appauvris  d’autant.  Quant  à  l’irrigation,  lorsqu’il  y  en  a, 
elle  est  fortuite,  partielle  et  naturelle;  les  essais  d’irrigation  artificielle  et  géné¬ 
rale  qu’on  a  faits  n’ont  produit  que  des  résultats  maigres  et  insuffisants,  ou 
des  inondations  qui  ont  dépouillé  les  racines  de  la  madera  negra  et  l’ont  rendue 


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SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

plus  apte  à  être  couchée  par  le  vent.  L’irrigation  ne  doit  pas  être  permanente  ; 
ce  qu’il  faut,  c’est  un  passage  d’eau  suffisant  au  pied  de  chaque  ligne  d’arbres, 
puis  une  interruption  pour  laisser  agir  le  soleil.  On  y  arrive  au  moyen  de  vannes 
convenablement  distribuées,  qui  donnent  alternativement  de  l’eau  aux  files 
impaires  et  aux  files  paires,  vingt-quatre  heures  à  chacune.  L’irrigation  permet  : 
1°  d’obtenir  une  récolte  à  peu  près  permanente,  au  lieu  que  sur  les  terres  non 
rriguées  elle  n’a  lieu  que  pendant  six  mois  (de  décembre  à  mai)  ;  2°  d’avoir  des 
fruits  plus  gros,  des  grains  plus  pesants  et  meilleurs  ;  3°  de  planter  le  Cacaotier 
dans  des  terres  où  le  sous-sol  est  maigre  et  le  sol  peu  épais.  Dans  les  terres 
dites  à  cacao,  le  sous-sol  doit  être  argileux  et  le  sol  épais.  —  On  interrompt 
l’irrigation  pendant  la  saison  des  pluies. 

La  récolte  du  cacao  est  le  point  capital  de  cette  culture.  Si  le  fruit  est  cueilli 
avant  ou  après  le  point  de  maturité  ( mazorca ),  l’arome  peut  être  nul  ou 
détestable.  Cela  demande  un  coup  d’œil  spécial,  un  grand  souci  des  intérêts  du 
maître  de  la  maison,  et  conséquemment  oblige  celui-ci  à  faire  le  possible  pour 
maintenir  sur  sa  plantation,  par  sa  bienveillance,  sa  générosité,  ou  par  con¬ 
trats  spéciaux,  les  mêmes  gens,  afin  qu’ils  connaissent  tous  les  arbres  des  allées 
dont  ils  sont  chargés,  et  guettent  pour  ainsi  dire  le  moment  où  chaque  fruit 
est  à  point.  Cet  idéal  est  loin  d’être  réalisé  au  Nicaragua,  et  les  produits 
actuels  étant  néanmoins  de  très-bonne  qualité,  on  est  fondé  h  croire  qu’ils 
auraient  une  saveur  exceptionnelle  s’ils  étaient  l’objet  de  soins  rationnels  et 
assidus. 

Les  fruits  récoltés  sont  ouverts  et  les  amandes  retirées  ;  il  y  en  a  de  quarante 
à  soixante  par  fruit.  On  fait  sécher  au  soleil  sur  des  claies,  on  dépouille,  on 
fait  un  triage  sommaire,  et  l’on  emballe  dans  des  sacs  pour  la  vente  et  l’ex¬ 
pédition. 

Mais,  en  bonne  règle,  les  choses  ne  doivent  pas  se  passer  ainsi.  Les  graines, 
enveloppées  de  la  pulpe  aigrelette  et,  du  reste,  agréable  et  comestible  qui  y 
adhère,  doivent  subir  une  fermentation  qui  développe  l’arome  avant  la  torré¬ 
faction,  au  grand  avantage  du  produit. 

Dans  certains  lieux,  on  jette  les  graines  dans  des  fosses  et  on  les  y  laisse 
soixante  heures.  Ces  cacaos  sont  dits  terré s;  on  en  fait  grand  cas.  Mais  le  pro¬ 
cédé  est  défectueux,  parce  que,  le  cacao  n’étant  pas  remué,  il  se  développe  de 
la  moisissure;  de  plus,  le  temps  de  la  fermentation  est  insuffisant.  Le  meilleur 
mode  d’opérer  paraît  être  de  faire  séjourner  les  graines  pendant  cent  vingt 
heures  dans  des  troncs  d’arbres  creusés  ou  des  caisses  de  bois,  et  de  remuer 
la  masse  toutes  les  douze  heures  avec  des  pelles  de  bois. 

Un  procédé  mexicain,  ignoré  ici,  consiste  à  laver  ensuite  les  graines  dans 
des  cuves.  Le  produit  est  plus  propre,  la  graine  durcie  et  la  fermentation 
arrêtée  juste  au  point  voulu.  En  séchant  tout  de  suite  et  sans  laver,  il  pour¬ 
rait  y  avoir  continuation  d’une  fermentation  intime  dans  chaque  graine,  qui 
serait  préjudiciable. 


SÉANCE  DU  13  JANVIER  1871.  7 

Voilà  tous  les  procédés  de  culture  du  Cacaotier  et  de  récolte  du  cacao. 
J’ajouterai  qu’indépendamment  du  capital  relativement  considérable  qu’elle 
nécessite  immédiatement,  et  du  laps  de  temps  énorme  qu’elle  exige  avant  de 
donner  lieu  à  une  première  récolte,  c’est  de  toutes  les  récoltes  iuterlropicales 
celle  qui  a  le  plus  d’ennemis.  Les  primes  à  payer  par  paire  d’ailes  de  perro¬ 
quet,  queue  d’écureuil  ou  tête  de  singe,  etc.,  etc.,  viennent  s’ajouter  aux 
frais  d’entretien,  sans  compter  la  surveillance  incessante  qu’il  faut  exercer 
contre  l’homme  et  les  animaux  domestiques,  la  nuit  surtout. 

Et  pourtant  le  cacao  ne  vaut  guère  plus  de  150  à  200  fr.  les  100  kilogr. 
sur  la  place  du  Havre,  ce  qui  fait  1  fr.  50  à  2  fr.  le  kilogr.  en  France,  ou  1  fr. 
et  1  fr.  50  ici.  Chaque  arbre,  l’un  dans  l’autre,  ne  donnant  guère  plus  de 
1  kilogr.  par  an,  il  s’ensuit  que  la  plantation  du  Cacaotier  est  une  assez  mé¬ 
diocre  spéculation,  si  l’on  tient  compte  de  tous  les  frais  et  inconvénients  signalés 
plus  haut  et  de  ceux  signalés  en  général  dans  la  note  n°  3. 

Un  hectare  planté  en  Cacaotier  ne  donne  guère  plus  de  1000  fr.  de  recette 
brute;  nous  verrons  que  ce  résultat  est  bien  loin  de  certaines  autres  cultures 
spéciales  à  la  contrée.  Deux  hommes  par  hectare  suffisent  à  son  entretien 
annuel  et  à  sa  récolte,  une  fois  que  la  plantation  est  en  plein  rapport. 

Mais  il  n’en  reste  pas  moins  vrai  que  c’est  là  la  plus  artistique,  la  plus  aris¬ 
tocratique  de  toutes  les  cultures  intertropicales,  et  que,  entreprise  sur  une 
grande  échelle  et  en  observant  tous  les  perfectionnements  ci-dessus  indiqués, 
on  l’amènerait,  au  Nicaragua  surtout,  à  prendre  le  premier  rang,  même 
sous  le  rapport  financier,  grâce  à  l’augmentation  en  nombre  du  produit  par 
hectare  et  au  prix  plus  élevé  que  prendrait  le  produit  ainsi  obtenu,  dû  à  ses 
qualités. 

M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  de  la  note  suivante  : 

QUELQUES  MOTS  SUR  LE  SOUMBOUL,  par  M.  Filial  VŒIiKFX. 

(Extrait  de  la  Chronique  misse  publiée  dans  le  BiUletin  de  la  Société  de  géographie  de  Paris, 
cinquième  série,  t.  XX,  pp.  67-68,  juillet-août  1870.) 

Il  y  a  quinze  ans  environ,  l’Académie  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg 
offrit  une  prime  de  20  demi- impériales  (environ  400  fr.)  pour  le  premier 
échantillon  complet  de  la  plante  nommée  Soumboul,  qu’il  n’avait  pas  encore 
été  possible  de  déterminer,  faute  d’en  connaître  autre  chose  que  la  racine. 
Cette  dernière,  très-eslimée  en  Orient  comme  médicament  contre  le  choléra, 
se  vend  dans  toutes  les  villes  du  Tui  kestan,  et  le  prix  très-modéré  de  ce  remède 
donne  lieu  de  croire  que  le  Soumboul  n’est  pas  une  plante  très-rare.  Il  n’en  a 
pas  moins  été  impossible  à  divers  savants  de  la  découvrir  dans  le  pays  même, 
et  les  efforts  qu’a  faits  M.  Favitski  pour  se  procurer  soit  des  graines,  soit  un 
exemplaire  complet  de  la  plante,  ont  été  vains. 


8  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Borchtchof,  dans  ses  Matériaux  pour  servir  à  une  géographie  botanique 
du  pays  aralo-caspien ,  dit  que,  d’après  les  indigènes  qui  ont  été  dans  le  Kho- 
kand,  patrie  du  Soumboul,  celte  plante  serait  une  Ombellifère,  et  croit  qu’il 
faudrait  la  ranger  dans  la  tribu  des  Peucédanées,  peut-être  dans  le  genre 

Heracleum. 

Le  baron  d’Osten-Saken,  qui  en  1867  avait  recueilli  à  Tachkend  des  ren¬ 
seignements  sur  le  Soumboul,  et  à  la  note  duquel  nous  empruntons  ces  détails, 
n’avait  pu  réussir  non  plus  à  s’en  procurer  une  branche  ou  seulement  une 
feuille. 

La  question  en  était  là  à  la  lin  de  1869.  Or,  dans  une  lettre  publiée  par 
l’avant-dernier  numéro  des  Izvestiya  (15/27  mars  1870),  M.  Fedtchenko 
écrit  de  Moscou,  sous  la  date  du  7  mars,  qu’à  ce  moment  là  le  jardin  bota¬ 
nique  de  l’Université  de  cette  ville  possédait  sept  pieds  vivants  de  Soumboul, 
provenant  de  racines  que  M.  Fedtchenko  avait  lui-même  rapportées  vivantes 
de  l’expédition  du  Turkestan.  Le  plant  le  plus  avancé  faisait  sa  troisième  feuille. 
Les  observations  de  M.  Tchistiakof  sur  la  racine  du  Soumboul  devaient  paraître 
dans  les  Mémoires  de  la  Société  des  naturalistes  de  Moscou.  Toute  la  lettre 
de  M.  Fedtchenko  est  très-intéressante,  autant  pour  le  naturaliste  que  pour  le 
géographe.  Cet  été-ci,  le  voyageur  devait  retourner  dans  le  bassin  du  Zériaf- 
chane,  et  il  se  proposait  d’explorer  lui-même  les  parties  du  territoire  de 
Maguiane,  d’où  proviennent  les  exemplaires  du  Soumboul  cultivés  au  jardin 
botanique  de  Moscou. 

M.  de  Schœnefeld  appelle  sur  cette  note  le  bienveillant  intérêt  de 
ses  honorables  confrères,  et  surtout  de  ceux  d’entre  eux  qui  s’oc¬ 
cupent  spécialement  d’études  pharmaceutiques  et  de  matière  médi¬ 
cale.  —  Il  ajoute  que,  d’après  le  Dictionnaire  de  Mérat  et  De  Lens 
(t.  VI,  publié  en  1834),  Somboo  ou  Sombu  serait  le  nom,  en 
langue  tamule,  du  Pimpinella  Anisum. 

M.  Cauvet  veut  bien  se  charger  de  faire  des  recherches  et  de 
donner,  à  la  séance  prochaine,  quelques  renseignements  sur  le 
Soumboul. 

M.  de  Schœnefeld  communique  ensuite  à  la  Société  un  article 
(publié  par  le  Journal  de  la  Société  asiatique )  sur  les  noms  arabes 
de  quelques  végétaux. 

M.  l’abbé  Chaboisseau  veut  bien  se  charger  de  parcourir  ce  travail 
et  d’en  entretenir  la  Société  à  la  prochaine  séance. 


SÉANCE  DU  27  J  AN  V  [ER  1871. 


y 


SÉANCE  DU  27  JANVIER  1871. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  E.  ROZE,  VICE-PRESIDENT. 


M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  du  13  janvier,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Le  Secrétaire  général  annonce  ensuite  à  la  Société  la  perte 
cruelle  que  vient  d’éprouver  M.  Ach.  Guillard,  l’un  de  ses  hono¬ 
rables  vice-présidents.  Son  fils,  M.  Léon  Guillard,  âgé  de  trente- 
quatre  ans,  avocat  distingué  et  membre  zélé  de  la  Société  d’anthro¬ 
pologie  (à  laquelle  il  consacrait  tous  ses  loisirs),  a  été  tué  au  champ 
d’honneur,  d’une  halle  au  front,  dans  le  parc  de  Bu  zen  val,  le  19 
de  ce  mois.  Ses  funérailles  ont  eu  lieu  le  23,  au  milieu  d’un  grand 
concours  de  parents,  d’amis  et  de  compagnons  d  armes,  et  M.  de 
Schœnefeld  a  eu  l’honneur  d’y  représenter  la  Société  botanique 
de  France. 

La  Société  exprime  unanimement  la  plus  vive  sympathie  pour 
le  deuil  profond  qui  frappe  le  cœur  paternel  de  M.  Ach.  Guillard, 
et  décide  qu’une  lettre  de  condoléance  lui  sera  adressée. 

M.  Aug.  Delondre,  rapporteur  de  la  Commission  chargée  de 
constater  les  dégâts  commis  au  Muséum  d’histoire  naturelle  par  le 
bombardement,  donne  lecture  de  son  rapport,  ainsi  conçu  : 


RAPPORT  DE  M.  Aug.  Oi^LOADRE  SUR  LES  DEGATS  CAUSÉS  AU  MUSÉUM  D’HIS¬ 
TOIRE  NATURELLE  DE  PARIS  PAR  LES  OBUS  DE  L’ARMÉE  ALLEMANDE  PENDANT  LB 
BOMBARDEMENT  DE  PARIS  EN  JANVIER  1871. 


Fait  à  la  Société  botanique  de  Franco  au  nom  d’une  Commission  prise  dans  son  sein,  et  composée 
de  MM.  Decaisne,  président,  W.  de  Schœnefeld,  Gaudefroyet  Aug.  Delondre,  rapporteur. 


L’Inslitut  de  France,  réuni  le  18  septembre  1870  en  assemblée  générale 
comprenant  les  cinq  classes  dont  il  se  compose,  a  constaté  qu’une  année  alle¬ 
mande,  en  faisant  le  siège  de  Strasbourg,  en  soumettant  la  ville  à  un  bombar¬ 
dement  cruel,  venait  d’endommager  gravement  son  admirable  cathédrale,  de 
brûler  sa  précieuse  bibliothèque,  et,  partant  de  ce  fait,  s’est  préoccupé,  au 
milieu  de  toutes  les  douleurs  de  la  patrie,  des  intérêts  qu’il  a  la  mission  spé¬ 
ciale  de  défendre.  Il  a  rédigé  en  conséquence  et  publié  une  déclaration  par 
laquelle  il  protestait  contre  la  possibilité  du  bombardement  de  Paris;  cette 
déclaration  est  reproduite  dans  les  publications  officielles  de  l’Institut  (1). 

(1)  Un  exemplaire  a  été  déposé  dans  les  archives  de  la  Société  botanique  de  France. 


10  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

La  Société  botanique  de  France,  fondée  à  Paris  le  23  avril  1854,  avait  déjà 
cm  devoir,  en  reprenant  à  la  date  habituelle  le  cours  de  ses  réunions,  donner 
unanimement,  dans  sa  séance  du  11  novembre  1870,  son  adhésion  pleine  et 
entière  à  cette  solennelle  déclaration,  en  insistant  sur  la  préservation  des  her¬ 
biers  publics  et  privés,  qui  craignaient  surtout  Faction  du  feu,  et  de  la  conser¬ 
vation  desquels  elle  se  préoccupait  spécialement,  comme  base  de  ses  études. 

La  protestation  de  la  Société  botanique  avait  été  reproduite  dans  les  Comptes 
rendus  de  l’Académie  des  sciences  (séance  du  28  novembre  1870).  Plus 
récemment,  Paris  étant  déjà  investi  et  assiégé  depuis  le  17  septembre  1870, 
M.  Faye,  président  de  l’Académie  des  sciences,  a  donné,  dans  la  séance 
du  9  janvier  1871,  la  parole  au  vénérable  M.  Chevreul,  directeur  du  Muséum, 
qui  a  fait  la  lecture  de  la  déclaration  suivante  : 

«  Le  Jardin  des  plantes  médicinales,  fondé  à  Paris  par  édit  du  roi  Louis  XIII, 
à  la  date  du  mois  de  janvier  1626, 

»  Devenu  le  Muséum  d’histoire  naturelle,  par  décret  de  la  Convention,  du 
10  juin  1793, 

»  Fut  bombardé,  sous  le  règne  de  Guillaume  Ier  roi  de  Prusse,  comte 
de  Bismark  chancelier,  par  l’armée  prussienne,  dans  la  nuit  du  8  au  9  jan¬ 
vier  1871. 

»  Jusque-là  il  avait  été  respecté  de  tous  les  partis  et  de  tous  les  pouvoirs 
nationaux  et  étrangers. 

»  E.  Chevreul,  Directeur.  » 

Comme  on  le  voit,  il  ne  s’agissait  plus  de  protester  contre  la  possibilité, 
mais  il  fallait  s’élever  contre  le  fait  meme  du  bombardement. 

Cette  protestation  du  Muséum  devait  plus  que  jamais  attirer  l’attention  de  la 
Société  botanique,  préoccupée  vivement  du  sort,  non- seulement  des  herbiers 
du  Muséum,  mais  de  ses  propres  collections,  puisque  son  siège  se  trouve  dans 
la  partie  bombardée  de  la  ville  de  Paris.  Aussi  cette  Société  a-t-elle,  dans 
sa  séance  du  13  de  ce  mois,  nommé  une  Commission  chargée  de  se  rendre 
au  Muséum  pour  exprimer  à  M.  le  Directeur  et  à  MM.  les  Professeurs-admi¬ 
nistrateurs,  en  se  mettant  au  nom  de  la  Société  à  leur  disposition,  son 
adhésion  pleine  et  entière  à  leur  protestation  ;  la  Commission  était  de  plus 
chargée  de  se  rendre  compte  des  dégâts  et  d’en  faire  un  rapport  qui  serait  lu 
dans  sa  prochaine  séance. 

La  Commission,  composée  de  MM.  AV.  de  Schœnefeld,  secrétaire  général, 
Gaudefroy  et  Augustin  Delondre,  s’est  transportée  le  lundi  16,  au  Muséum,  chez 
M.  le  professeur  Decaisne,  afin  de  le  prier,  conformément  au  vœu  de  la  Société, 
d’en  accepter  la  présidence,  et  a  visité  avec  lui  les  parties  de  l’établissement 
qui  ont  été  atteintes.  C’est  avec  le  plus  profond  regret  que  nous  avons  pu 
constater  les  dévastations  sérieuses  qui  sont  consignées  dans  ce  rapport. 

Nous  remarquerons  tout  d’abord  que  le  bombardement,  contre  lequel  pro- 


SÉANCE  DU  Ti  JANVIER  1871. 


il 


testait  M.  Chevreul  dans  la  séance  de  l’Académie  des  sciences  dn  9  janvier, 
n’avait  pas  cessé  le  lundi  16,  jour  de  la  visite  que  la  Commission  a  faite  au 
Muséum;  jusqu’à  cette  date,  le  Muséum  avait  reçu  dix-huit  obus,  et  il  en  est 
tombé  encore  d’autres  ultérieurement.  Il  nous  paraît  vraiment  douteux  qu’un 
bombardement  ainsi  prolongé  pendant  plus  de  huit  jours  puisse  provenir  d’une 
erreur  de  tir,  ainsi  que  le  prétendent,  dit-on,  les  autorités  prussiennes. 

Un  des  obus  est  arrivé  au  bas  de  la  butte  où  se  trouve  le  Cèdre-du-Liban, 
près  de  l’allée  qui  va  passer  entre  les  deux  grands  pavillons  des  serres  pour 
rejoindre  l’allée  des  tilleuls;  un  autre  avait  pénétré  en  terre,  tout  contre  la 
serre  tempérée,  du  côté  opposé  de  la  même  allée;  trois  obus  sont  tombés  au 
bas  du  pavillon  des  serres  tempérées,  et  ont  projeté  du  gravier  contre  le  vitrage 
de  ce  pavillon,  qui  a  été  atteint  et  brisé  à  une  hauteur  de  10  mètres.  La  serre 
des  Fougères  a  été  atteinte  obliquement.  Dans  le  pavillon  des  Palmiers,  tous 
les  carreaux  du  côté  sud  sont  brisés,  probablement  par  la  détonation  des  obus. 

La  serre  à  multiplication,  au  bas  de  la  terrasse,  est  complètement  effondrée; 
aucun  carreau  n’y  est  resté  intact.  Il  en  est  de  même  de  la  serre  aux  Orchidées. 
Il  nous  est  assurément  bien  permis  de  dire  ici  que  la  dévastation  de  cette  der¬ 
nière  serre  est  d’autant  plus  déplorable  que  la  collection  d’Orchidées  qui  s’y 
trouvait  était  la  plus  complète  de  France.  Combien  ont  dû  souffrir,  entre 
autres,  de  pareilles  plantes  originaires  d’un  climat  chaud,  lorsque,  pendant  la 
nuit  du  8  au  9  janvier,  elles  ont  été  subitement  exposées  à  un  froid  intense 
d’environ  —  10  degrés,  et  ont  subi,  par  conséquent,  une  différence  de  tempé¬ 
rature  d’au  moins  26  degrés;  quelques-unes  ont  en  outre  été  littéralement 
hachées  par  les  éclats  d’obus. 

Les  Orchidées  des  tropiques  n’ont  pas  été,  du  reste,  les  seules  pertes  que 
nous  ayons  à  mentionner;  quelques  plantes,  et  notamment  des  Pandanées, 
ont  été  réduites  à  l’état  de  filasse.  Les  Cyclanthées  ont  aussi  beaucoup  souffert. 
Parmi  les  raretés  végétales  vivantes  qui  ont  été  atteintes,  nous  citerons  les 
Clusiacées  et  plusieurs  espèces  nouvelles  originaires  des  îles  Philippines.  Un 
magnifique  Camphrier  ( Camphora  officinarum)  a  été  endommagé  par  un  obus 
qui  en  a  brisé  une  forte  branche. 

M.  le  professeur  Decaisne  a  fait,  du  reste,  établir  une  liste  des  plantes  ainsi 
saccagées  :  nous  la  joignons  à  ce  rapport,  et  nous  espérons  que  tous  les  direc 
leurs  de  jardins  botaniques  français  ou  étrangers,  sous  les  yeux  desquels  elle 
passera,  s’efforceront  de  combler  libéralement  les  regrettables  lacunes  qu’elle 
signale  dans  notre  grand  établissement  scientifique. 

La  serre  où  se  trouve  l’aquarium  a  eu  tous  ses  carreaux  brisés  sur  une  des 
faces;  quant  à  l’aquarium,  où  l’on  pouvait  admirer  naguère  une  collection 
précieuse  de  Marantacées,  il  a  été  vidé  en  grande  partie  par  crainte  d’acci¬ 
dent,  et  nous  ne  pouvons  qu’applaudir  à  cette  sage  précaution  :  en  effet,  cet 
aquarium  se  trouve  au-dessus  des  appareils  de  chauffage  des  serres,  et  si  une 
bombe,  en  tombant  dans  l’aquarium,  l’avait  défoncé,  l’eau  aurait  pu  inonder 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


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les  appareils  de  chauffage  et  les  magasins  de  combustible,  el  produire  encore 
d’irréparables  désastres. 

Si,  quittant  les  serres,  nous  entrons  dans  les  galeries,  et  nous  nous  rendons 
à  celle  où  se  trouvent  les  reptiles,  objet  particulier  des  études  d’un  professeur 
dont  le  Muséum  déplore  encore  la  perte  toute  récente,  du  bien  regretté  M.  I)u- 
méril,  de  M.  Bibron,  etc.,  nous  rencontrons  les  traces  de  deux  obus  qui, 
entrant  par  la  face  sud  au  travers  d’un  mur  de  60  centimètres  au  moins 
d’épaisseur,  ont  traversé  la  galerie  et  sont  sortis  par  la  face  opposée;  deux 
grandes  armoires  ont  été  ainsi  mises  dans  l’état  le  plus  complet  de  dévastation. 

À  ces  galeries  ne  se  borne  du  reste  pas  le  dégât  que  la  zoologie  devra 
enregistrer  au  Muséum;  d’autres  bâtiments  du  Muséum,  consacrés  à  cetle 
science,  ont  été  atteints.  Les  laboratoires  d’entomologie,  de  malacologie,  d’er¬ 
pétologie  ont  été  en  partie  détruits,  ainsi  que  les  collections  qu’ils  renfer¬ 
maient.  Les  galeries  de  botanique,  de  géologie  et  de  minéralogie  n’ont  pas 
été  épargnées. 

C’est  avec  une  véritable  et  profonde  tristesse  que  votre  rapporteur  consta¬ 
tait  avec  la  Commission  cette  dévastation  d’autant  plus  pénible  pour  lui  que 
de  nombreux  liens  le  rattachaient  personnellement  au  Muséum,  où  il  a  des 
maîtres,  peut-être  devrait-il  dire  plutôt  des  amis,  tant  ces  maîtres  lui  témoi¬ 
gnent  de  bienveillance,  et  où  il  a  été  admis  pendant  un  temps  trop  court,  à  son 
grand  regret,  à  collaborer  avec  les  sommités  scientifiques  qui  y  président  à 
l’enseignement  des  sciences. 

Mais  rentrons  dans  le  jardin  même,  dans  lequel  plus  de  cinquante  obus  sont 
aujourd’hui  tombés,  au  milieu  de  cette  collection  si  complète  de  plantes 
vivantes  de  plein  air,  dans  cette  école  de  botanique  modèle,  si  bien  disposée 
pour  l’étude. 

En  général,  les  collections  de  plantes  vivantes  du  Jardin  royal  de  Kew,  près 
de  Londres,  contiennent  peut-être  des  échantillons  plus  beaux,  plus  plaisants 
à  la  vue,  de  certaines  espèces  ;  mais  l’ensemble  est  loin  d’y  être  aussi  complet 
qu’au  Muséum  d’histoire  naturelle  de  Paris.  Que  de  dévastations  y  ont  fatale¬ 
ment  produites  les  obus  ! 

Les  projectiles  ont  également  atteint  les  logements  des  professeurs,  et  nous 
avons  eu  à  craindre  pour  la  vie  même  de  maîtres  bien-aimés,  tels  que  MM.  Che- 
vreul,  Brongniart,  Milne  Edwards,  de  Quatrelages,  Delafosse,  Spach,  etc. 

Professeurs,  chefs  de  service  du  Muséum,  employés,  tout  le  monde  enfin, 
dans  l’établissement,  est  resté  à  son  poste  el  a  rempli  avec  le  plus  grand 
zèle  son  œuvre  de  sauvetage.  M.  le  professeur  Decaisne  a  passé  toute  une 
semaine  sans  se  reposer  ni  se  coucher  (1).  Toutes  les  précautions  du  reste  ont 

(1)  Dès  le  9  janvier  notre  secrétaire  général,  et  quelques  autres  de  nos  confrères 
aussitôt  qu’ils  ont  appris  que  le  Muséum  était  devenu  l’objectif  des  obus  prussiens,  se 
sont  bâtés  de  s’y  rendre  et  d’offrir  leurs  services  pour  aider  à  réparer  le  désastre. 


SÉANCE  DU  27  JANVIER  J  871. 


1  g 

J  t/ 


été  prises.  Espérons  que  nous  n’aurons  pas  maintenant  à  enregistrer  de  plus 
grands  malheurs. 

Mais  nous  ne  pouvions  nous  défendre  d’une  impression  encore  plus  pénible 
lorsque  nous  nous  rappelions  que  ce  Muséum  d’histoire  naturelle,  ce  séjour  où 
les  Buffon,  les  Cuvier,  les  Geoffroy  Saint- Hilaire,  les  Jussieu,  lesBrongniart,  les 
Blainville,  les  Gay-Lussac,  les  Duméril,  etc. ,  etc. ,  ont  mis  au  jour  leurs  im¬ 
mortels  travaux,  voyait,  comme  le  disait  avec  tant  de  raison  le  rédacteur  d’un 
de  nos  journaux  politiques,  accourir  chaque  année  de  tous  les  points  de 
l'Allemagne  des  savants  qui  fouillaient  les  trésors  de  ses  riches  collections,  qui 
chaque  année  trouvaient  au  Muséum  l’accueil  le  plus  cordial,  la  plus  bienveil¬ 
lante  hospitalité.  Les  registres  de  notre  grand  établissement  scientifique  sont 
couverts  de  leurs  expressions  de  gratitude,  et  cependant,  il  ne  s’est  pas  trouvé 
dans  toute  celte  Allemagne,  qui  se  croit  le  flambeau  de  l’humanité,  une  seule 
voix  pour  demander  que  le  Muséum  fut  respecté.  Rappelons  que,  en  1 81  à , 
c’est  à  l’influence  d’un  savant  allemand  et  même  berlinois,  l’illustre  Alexandre 
de  Humboklt,  que  le  Muséum  et  ses  collections  ont  dû  d’être  sauvegardés. 

Nous  observerons  encore  que  c’est  sur  un  espace  très-restreint,  dans  le  voi¬ 
sinage  de  nos  collections,  que  tombent  surtout  les  projectiles,  c’est-à-dire  dans 
la  partie  de  l’établissement  la  plus  intéressante  au  point  de  vue  scientifique. 

Y  a-t-il  eu  erreur  de  tir?  Cela  ne  nous  paraît  pas  possible.  Les  obus  arri¬ 
vent  avec  une  précision  trop  mathématique,  et  d’ailleurs  le  chemin  du  Muséum 
est  familier  aux  nombreux  naturalistes  de  l’Allemagne,  et  par  conséquent 
sa  position  topographique  bien  connue  de  l’armée  prussienne.  Ce  n’est  du 
reste  pas  notre  seul  établissement  scientifique  endommagé  par  les  bombes 

«  r 

germaniques.  Notre  École  des  mines  a  vu  aussi  ses  collections  scientifiques 
soumises  aux  effets  du  bombardement,  et  là  encore  la  précision  du  tir  était 
remarquable.  La  Sorbonne,  le  Collège  de  France,  l’École  normale,  l’Ecole  de 
pharmacie,  le  Val-de-Grâce,  la  bibliothèque  Sainte- Geneviève  et  une  foule 
d’autres  établissements  scientifiques  ont  été  aussi  atteints. 

C’est  donc  en  toute  connaissance  de  cause  que  la  Société  botanique  de 
France  peut  voter  son  adhésion  à  la  protestation  faite  au  nom  du  Muséum  par 
M.  Chevreul,  son  directeur;  mais  le  siège  même  de  ses  séances,  le  lieu  où  se 
trouvent  sa  bibliothèque,  ses  herbiers,  etc.,  et  où  tant  de  botanistes  allemands 
(notamment  en  1867)  ont  été  fraternellement  accueillis,  est  aussi  dans  la 
partie  bombardée  de  Paris,  sur  la  rive  gauche,  comme  la  plupart  de  nos 
établissements  scientifiques  ;  elle  doit  donc  avoir  à  exprimer  des  craintes 
sérieuses  pour  ses  collections  particulières,  et  à  émettre  à  ce  point  de  vue  une 
adhésion  nouvelle  à  la  protestation  actuelle.  Heureusement,  jusqu’à  ce  jour, 
ces  dernières  craintes  ne  sont  pas  encore  devenues  des  réalités. 

D’autre  part,  la  science  n’exclut  pas  l’humanité  :  en  face  de  l’acharnement 
des  armées  allemandes,  du  meurtre  des  enfants  et  des  femmes  sans  défense, 
ne  nous  sera-t-il  pas  permis  aussi  de  protester  au  nom  de  l’humanité  contre 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


U 

celte  barbarie  scientifiquement  organisée,  et  de  nous  reposer,  d’autre  part,  un 
instant  sur  les  nobles  et  sympathiques  actes  desWashburne,  des  Wallace,  etc.? 
L’homme  de  science  et  le  citoven  les  en  remercient  du  fond  du  cœur. 

V 

Paris,  25  janvier  1871. 

Augustin  Delondre. 

M.  le  Président,  au  nom  de  la  Société,  remercie  M.  Delondre  du 
soin  consciencieux  qu’il  a  apporté  à  la  rédaction  de  ce  travail,  dont 
la  lecture  a  été  écoutée  avec  un  vif  intérêt. 


Liste  des  végétaux  des  serres  du  Muséum  qui  ont  été  détruits  en  janvier  1871, 
lors  du  bombardement  de  Paris}  soit  par  l'action  directe  des  projectiles 3 
soit  par  l'effet  du  froid  intense  auquel  il  n'a  pas  été  possible  de  soustraire 
tes  plantes  instantanément. 


Acanthophœnix  crinitus. 
Acridocarpus. 

Acrocomia  cubensis. 

—  Prieurii. 

Adansonia  digitata. 

Adelaster  albinervis. 

Afzelia  africana. 

Agalmyla. 

Agathophyllum  aromaticum. 
Aleurites. 

Alstonia. 

Amomeæ. 

Amorphophallus. 

Anda  Gomezii. 

Anthurium  maximum. 

—  rubronervium. 

Anliaris  toxicaria. 

Apeiba  glabra. 

Aræococcus. 

Areca  alba. 

—  coccoides. 

—  horrida. 

—  Nibungii. 

—  nobilis. 

—  speciosa. 

—  triandra. 

Aristolochia  corditlora. 

—  Duchartrei. 

—  labiosa. 

—  saccata. 

Aroidaceæ  (species  generum). 
Arrhostoxylon. 

Arrudea  clusioides. 

Artabotrys. 

Artocarpus  incisa. 

—  integrifolia. 

Aspidopteris. 


Asystasia. 

Azolla  amazonica. 

Bactris  acanthocnemis. 

—  amazonica. 

—  cariotæfolia. 

—  Liboniana. 

—  socialis. 

Balanites. 

Barringtonia. 

Bassia. 

Bertholletia  excelsa. 
Blackwellia. 

Borassus  flabelliformis. 
Botryodendron  speciosum. 
Bucida. 

Burasaia  madagascariensis. 
Byrsonima. 

Calamus  Jenkinsonianus. 

—  latispinus. 

—  Lewisianus. 

—  microcarpus. 

—  robustus. 

—  Royleanus. 

Calathea  (species  generis). 
Calycophyllum. 

Canarium. 

Carolinea  insignis. 

—  princeps. 

Carpotroche. 

Caryocar. 

Caryophyllus  aromaticus. 
Ceroxylon  ferrugineum. 

—  niveum. 

Choripetalum  Porleanum. 
Clusiaceæ. 

(’ocbliostema  Jacobianum, 
i  Cochlospermum. 


SEANCE  DU 

Commersonia. 

Connaraceæ. 

Conocarpus. 

Conoeephalus  Fonlanesii. 

Cosmibuena  obtusil'olia. 

Cossignia. 

Coutarea. 

Cryptophragmium. 

Cupania. 

Cyanophyllum  assamicum. 

—  magniücum. 

Cyanospermum. 

Cyclantheæ  (Carludovica,  etc.). 
Cynometra. 

Dæmonorops  fissus. 

—  perianthus. 

—  trichrous. 

Dialium. 

Dichorizandra  mosaica. 

Didymocarpus. 

Dipleryx. 

Dipterocarpus. 

Dischidia. 

Durio  zibethinus. 

Dypsis  pinnatifrons. 

Elytraria. 

Entada. 

Eriolæria. 

Erythalis. 

Fernelia. 

Ficus  Sycomorus. 

/  Ceraptoteris. 

Filices,  præcipue  j  Lindsæa. 
spec.generum  :  j  Saccoloma, 

\  Schizæa. 
Freycinetia  insignis. 

—  javanica. 

- —  nitida. 

Gagnebina. 

Galactodendron. 

Garcinia  Mangostana. 

Garuga. 

Gaudichaudia. 

Glochidion  Porteanum. 

Gnetum. 

Gynocephalum. 

Gyrocarpus. 

Hecastophyllum. 

Hellenia. 

Herrania. 

Hevea. 

Hippomane  Mancinella. 

Hoya. 

Hygrophila. 

Hyophorbe  Commersoni. 

—  YerschafTeltii. 

Imbricaria. 

Iriartea. 

Isclmosiphon  guianense. 


*27  JANVIER  1871. 

Ischnosiphon  obliquum. 

—  surinamense. 
Kielmeyera. 

Kleinhovia. 

Knoxia. 

Lagetta  funifera. 

—  lintearia. 

Laplacea. 

Latania  aurea. 

—  Loddigesii. 

—  Verschaffeltii. 
Lavoisiera. 

Lecythis. 

Lepidocaryum  gracile. 
Licuala  peltata. 

—  spinosa. 

Liebigia. 

Livistona  rotundifolia. 
Lucuma  deliciosa. 
Ludia. 

Luxemburgia. 

Lysionotus. 

Manicaria  saccifera. 
Mapania  silvatica. 
Mappa  Chantiniana. 
Marantaceæ. 

Marcetia. 

Matisia. 

Mauritia. 

Memecylon. 

Meriana. 

Melroxylon  læve. 
Microlicia. 

Mitchelia  Champaca. 

Mitracarpum. 

Monodora. 

Monorobea. 

Moquilea  guianensis. 
Musa  Abaca. 

—  coccinea. 

—  glauca. 

—  textilis. 

Myonima. 

Myristica  aromatica. 

—  laurifolia. 

— ■  moschata. 

—  sebifera. 

Nastus. 

Nepentheæ. 

Nipa. 

Nymphæaceæ. 

Ochna  mozambicensis. 
Ochroma  Lagopus. 
Ochrosia. 

Olmeyda  ferox. 

Olyra. 

Omphalocarpum. 

Pachypodium. 

Palicourea. 


1(5 


SOCIETE  BOTANIQUE  ÜE  FRANCE 


Pandanophylluni  Porleanuni. 
Pandanus  amaryllidifolius. 

—  Amherstii. 

—  Blancoi. 

—  brorneliæfolius. 

—  Candelabrum. 

—  caricosus. 

—  inermis. 

—  polycephalus. 

—  Porteanus. 

—  pygmæus. 

—  spiralis. 

Pariana. 

Parkia. 

Parsonsia. 

Taullinia . 

Pcixotoa. 

Pergularia. 

Pharus. 

Philodendron  calophyllum. 

—  Melinoni. 

—  Simsii. 

Phœnicophorium  Sechellarum. 
Pinanga  Kuhlii. 

—  lalisecta. 

—  maculata. 

Piptadenia. 

Piscidia  carthagenensis. 
Pistiaceæ. 

Plectocomia  liimalaica. 
Pongamia. 

Pothos  (non  Anthuria). 
Pyrenaria. 

Pyrostria. 


Quiinia  Decaisriiana. 
Quivisia. 

Tiapatea. 

Rhynchanthera. 

lihynchotecAim. 

Saceopetalum. 

Saldinia. 

Sauropus  Cardneri. 
Schizolobium  glutinosum. 
Schmidelia. 

Scliwabea. 

Securidaca  volubilis. 
Seniecarpus. 

Serjania. 

Simaba  Cedrou. 

Siphonia. 

Smeathmannia. 

Spachea. 

Tetrazygia. 

Toddalia. 

Toulicia. 

Touroulia 

Turræa. 

Unisema. 

Urania  aniazonica. 

—  Mettensis. 

Urvillea. 

Yinsonia. 

Vouapa. 

Wolkensteinia  Theophrasii 
Xylopia  ælhiopica. 

—  Irutescens. 

Zanopia  sarcophylla. 
Zingiberaceæ. 


Acriopsis. 

Bonatea. 

Brouglitonia. 

Colax. 

Cyathoglollis. 

Evelina. 

Galeandra. 

Govenia. 

Grobia. 


Orchideæ,  prœcipue  généra  : 


Galeottia. 

Guebina. 

Huntleya. 

Ionopsis. 

Ponlhiæva. 

Physurus. 

Oruithocephalus. 

Sarcadenia. 

Scaphiglottis. 

Spathium. 


Warrea. 

Stelis 

Physosiphon. 

Masdevallia. 

Octomeria. 

Pedilonum. 

Diothonea. 

Ponera. 

Barkeria. 


La  Société,  adoptant  ies  conclusions  du  rapport  de  M.  Delondre, 
donne  son  adhésion  à  l’énergique  protestation  de  M.  le  directeur 
du  Muséum» 


17 


SÉANCE  DU  27  JANVIER  1871. 

M.  Gauvet,  pour  répondre  à  l’invitation  qui  avait  été  adressée 
dans  la  dernière  séance  par  M.  de  Schœnefeld,  donne  lecture  de  lu 
note  suivante  : 

NOTE  RELATIVE  AU  SUMBUL,  par  M.  CAC  VET. 

Dans  la  séance  du  13  de  ce  mois,  M.  de  Schœnefeld  nous  a  communiqué 
un  article  relatif  à  l’origine  du  Sumbul  (voy.  plus  haut,  p.  7).  D’après 
l’auteur  de  cet  article,  il  existerait  encore  une  grande  obscurité  au  sujet  de  a 
plante  qui  fournit  le  Sumbul. 

La  2e  édition  de  Y  Histoire  des  drogues  de  Guibourt  ne  nous  enseigne  rien 
à  cet  égard,  M.  le  professeur  G.  Planchon,  autant  que  je  puis  juger,  n’ayant 
rien  ajouté  à  ce  que  son  illustre  prédécesseur  avait  écrit  sur  cette  racine. 

Dans  la  7e  édition  de  YOfficine,  M.  Dorvault  dit  simplement  que  le  Sum¬ 
bul  «  paraît  provenir  d’une  Ombellifère  voisine  des  Angelica  ». 

Je  n’ai  pas  eu  le  moyen  de  consulter  les  Traités  de  matière  médicale  et  de 
thérapeutique  de  M.  Bouchardat. 

Voici  l’article  que  j’ai  consacré  au  Sumbul  dans  mes  Nouveaux  Eléments 
d'histoire  naturelle  médicale ,  t.  II,  p.  310-311.  Je  crois  en  avoir  emprunté 
la  majeure  partie  à  Y  Histoire  des  médicaments  nouveaux  de  Guibert,  ouvrage 
de  grande  valeur,  à  mon  avis,  et  que  les  Français  n’ont  peut-être  pas  assez 
consulté. 

«  Le  Sumbul ,  Soumbul,  Jatamansi,  racine  musquée  ( Sambala  Guibourt), 
en  allemand  Moschuswurzel ,  est  la  racine  d’une  Ombellifère  orthospermée  de 
la  tribu  des  Angélicées. 

»  La  plante  ( Angelica  moschata  Wiggers)  qui  fournit  cette  racine  croît 
dans  les  régions  montagneuses  du  nord  de  l’Inde  anglaise.  Elle  vient  en  Europe 
par  la  Sibérie,  et  ses  propriétés  médicales  ont  été  surtout  étudiées  par  les  mé¬ 
decins  russes.  Le  Sumbul  est  en  tronçons  épais  de  2  à  4  centimètres,  larges 
de  5  'a  10  centimètres,  dont  la  tranche  est  fibreuse  et  blanc-jaunâtre,  et  qui 
présentent  de  nombreuses  stries  circulaires.  Cette  racine  est  composée  de  fibres 
grossières,  irrégulières,  facilement  séparables,  et  recouvertes  par  une  sorte 
d’écorce  mince,  ridée,  un  peu  sombre  ou  légèrement  brune.  Sa  saveur  est 
d’abord  douce,  puis  amère,  balsamique,  laissant  dans  la  bouche  un  arôme  très- 
vif  qui  se  communique  h  l’haleine.  Elle  a  une  odeur  forte  et  franche  de  musc. 

»  Reinsch  y  a  signalé,  entre  autres  principes,  une  huile  volatile,  deux  ré¬ 
sines  balsamiques,  et  un  acide  particulier,  Y  acide  sumbulique ,  qui  paraît  être 
identique  à  l’acide  angélicique. 

»  La  racine  de  Sumbul  est  un  stimulant  nerveux  ;  on  l’a  employée  contre  les 
fièvres  adynamiques,  la  dyssenterie  et  la  diarrhée  à  forme  asthénique,  contre  le 
choléra,  le  delirium  tremens,  la  chlorose,  l’aménorrhée,  la  dysménorrhée,  etc, 

(SFANCF.S)  2 


T.  XNTIt. 


18 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

»  Selon  M.  'Murawief,  la  résine  est  le  principe  actif  de  cette  plante.  Cette 
résine  s’obtient  à  la  manière  de  celle  du  Jalap;  elle  est  blanche,  transparente, 
de  saveur  acide,  aromatique,  brûle  sans  résidu  et  se  ramollit  entre  les  doigts. 
Stromeyer  prescrit  le  Sumbul  sous  forme  de  teinture  alcoolique.  » 


M.  l’abbé  Chaboisseau  remet  sur  le  bureau  le  numéro  du  Journal 
de  la  Société  asiatique  de  Paris,  contenant  un  article  Sur  les  noms 
arabes  de  quelques  végétaux ,  qui  avait  été  présenté  à  la  dernière 
séance  (voyez  plus  haut,  p.  8)  et  qu’il  s’était  chargé  d’examiner. 


Ccl  article,  dit  M.  Chaboisseau,  se  trouve  dans  1  e  Journal  asiatique,  6e  série, 
t.  XV,  n°  56,  janvier-février  1870,  et  n’occupe  pas  moins  de  150  pages  d’im¬ 
pression.  L’auteur,  M.  J. -J.  Clément- 31  ullet,  est  malheureusement  mort  avant 
d’avoir  pu  en  revoir  les  épreuves,  de  sorte  que  la  correction  typographique 
laisse  beaucoup  à  désirer.  Jl  traite  des  noms  arabes  donnés  aux  variétés  cultivées 
de  certaines  espèces  du  genre  Citrus ,  à  quelques  Hibiscus  et  Alcea,  aux  Eu- 
phorbiacées  et  autres  plantes  désignées  sous  le  nom  de  «  Tithvmale  »,  à  diverses 
Cucurbitacées,  enfin  au  Platane,  au  Noyer,  au  Noisetier,  à  l’Amandier,  au 
Châtaignier,  etc.  —  M.  Chaboisseau  est  d’avis  que  cet  article  n’offre  qu’un 
bien  faible  intérêt  phytographique,  mais  qu’il  contient  de  curieux  renseigne¬ 
ments  bibliographiques,  et  méritait  à  ce  titre  d’être  signalé  aux  botanistes  qui 
s’occupent  de  l’histoire  de  la  science.  On  y  trouve  les  noms  d’auteurs  arabes 
qui  sont  très-peu  connus. 

M.  Cauvet  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 


OBSERVATIONS  DE  M.  CAUVET,  RELATIVES  A  QUELQUES-UNS  DES  TRAVAUX 
PRÉSENTÉS  A  LA  SOCIÉTÉ  PAR  M.  GERMAIN  DE  SAINT-PIERRE. 

La  Société  remarquera,  sans  doute,  que  je  me  suis  permis,  à  plusieurs 
reprises,  de  lui  communiquer  mes  impressions  au  sujet  des  travaux  déjà 
anciens  de  plusieurs  savants  et  très-honorés  confrères. 

Il  ne  faudrait  pas  attribuer  à  une  tendance  à  la  critique  ces  observations 
tardives. 

Les  membres  de  la  Société  qui  habitent  loin  de  Paris  ne  peuvent  prendre 
une  part  active  à  la  discussion.  Ils  aiment  mieux  se  taire,  dans  les  cas  où  leur 
personnalité  n’est  pas  en  jeu,  réservant  leur  opinion  sur  le  sujet  traité,  adop¬ 
tant  ceci,  repoussant  cela.  Il  est  à  croire  toutefois  que,  dans  bien  des  cas,  ils 
en  agiraient  autrement  si  cela  était  en  leur  pouvoir. 

Je  me  suis  souvent  trouvé  dans  la  nécessité  de  garder  le  silence,  à  cause 
de  mon  éloignement.  J’avoue  d’ailleurs  que,  si  je  pouvais  en  ce  moment  tra¬ 
vailler  avec  quelque  suite,  je  préférerais  exposer  mes  recherches  plutôt  que  de 


19 


SÉANCE  DU  T)  JANVIER  1871. 

discuter  les  opinions  des  autres.  Mais,  dans  les  circonstances  douloureuses  où 
nous  nous  trouvons,  étudier  sérieusement  est  à  peu  près  impossible;  c’est  à 
peine  si  l’on  peut  lire  et  réfléchir. 

La  Société  me  pardonnera  donc  de  l’entretenir  aujourd’hui  des  remarques 
qui  m’ont  été  suggérées  par  la  lecture  de  quelques-unes  des  communications 
de  son  honorable  président,  M.  Germain  de  Saint-Pierre. 

T.  —  Note  sur  la  marche  de  la  sérc  e#  sur  l’origine  des  tissus. 

En  parcourant  le  n°  5  du  compte  rendu  des  séances  de  la  Société  botanique 
pour  1869,  j’ai  été  surpris  de  voir  M.  Germain  de  Saint-Pierre  admettre, 
comme  l’expression  de  la  vérité,  que  les  tissus  produisant  l’accroissement  des 
tiges  descendent  de  la  base  des  feuilles  (pp.  371-372). 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  dit  :  «  La  substance  des  tissus  fibro-vascu - 
»  laires  s’élabore  dans  les  feuilles  (aux  dépens  de  la  sève  ascendante)  et  en 
»  descend  sous  la  forme  de  tissu  naissant  pour  s'organiser  de  proche  en 
»  proche ,  de  haut  en  bas  et  de  ‘ dehors  en  dedans  (et  aussi  sur  place  pendant 
»  l’élongation  du  jeune  rameau  qui  résulte  de  l’élongation  d'un  bourgeon)  en 
»  fibres  et  en  vaisseaux  (dont  l’union  constitue  les  faisceaux  fibro-vasculaires 
»  de  l’écorce  et  du  bois);  à  l'encontre  de  l'opinion  des  botanistes  qui  admet- 
»  tent  que  les  tissus  tout  formés  se  prolongent  de  bas  en  haut  et  de  dedans 
»  en  dehors  vers  les  bourgeons  et  vers  les  feuilles.  » 

L’opinion  de  M.  Germain  de  Saint-Pierre  me  paraît  difficile  à  concilier  avec 
l’observation  immédiate  des  points  ou  se  produisent  de  nouveaux  tissus. 

Des  figures  en  contradiction  absolue  avec  cette  manière  de  voir  ont  été 
données,  si  je  ne  me  trompe,  par  M.  T récul,  dans  les  divers  mémoires  rela¬ 
tifs  à  l’origine  des  racines  et  dans  ceux  où  ce  savant  expose  ses  recherches  sur 
l’évolution  du  nouveau  bois. 

En  ce  qui  concerne  l’origine  des  tissus  ligneux,  j’ai  toujours  vu  les  tissus 
nouveaux  procéder  de  tissus  préformés,  dont  les  éléments  se  développent  de 
dedans  en  dehors,  puis  se  divisent,  cette  production  s’effectuant  sans  discon¬ 
tinuité  pendant  une  période  de  temps  plus  ou  moins  considérable. 

Quant  au  mode  d’apparition  des  faisceaux  dans  les  bourgeons,  je  n’ai  jamais 
observé  que  ces  vaisseaux  naquissent  des  feuilles.  Le  faisceau  fibro-vascu- 
laire,  à  son  origine,  m’a  toujours  paru  se  montrer  au  sein  d’un  tissu  plus  clair 
que  les  tissus  ambiants,  à  éléments  plus  fins,  plus  délicats,  indépendant  de  la 
jeune  feuille,  et  situé  à  quelque  distance  de  sa  base.  Ce  faisceau,  d’abord 
composé  de  cellules  spiralées,  mais  non  encore  de  trachées,  s'allonge  de  proche 
en  proche  par  ses  deux  extrémités,  tant  par  la  production  d’éléments  nou¬ 
veaux  que  par  l’élongation  des  éléments  déjà  formés.  Il  pénètre  ainsi  dans  la 
feuille,  d’une  part,  et  vient,  d’autre  part,  s’appuyer  sur  la  face  externe  du 
faisceau  voisin  préexistant. 


‘20  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE; 

Dans  une  note  sur  la  structure  anatomique  des  Cactées  {Recueil  de  mémoires 
de  médecine,  etc.,  militaires ,  1861,  1er  semestre),  note  dont  il  a  été  donné 
un  résumé  dans  la  Revue  bibliographique  de  notre  Bulletin ,  j’ai  montré  que 
la  formation  de  nouveaux  faisceaux  à  l’intérieur  des  cladodes  de  Y  Opuntia 
vulgaris  s’effectue  sur  place,  dans  l’intervalle  compris  entre  deux  faisceaux  et 
au  sein  de  ce  tissu  plus  clair  dont  je  viens  de  parler.  Rien  dans  cette  pro¬ 
duction  nouvelle  ne  me  laissa  soupçonner  qu’elle  fût  due  à  la  présence  d’un 
tissu  naissant  descendu  des  feuilles. 

On  sait,  d’ailleurs,  combien  sont  fugaces  les  feuilles  des  Opuntia ,  et  je  ne 
vois  pas  trop  quel  rôle  actif  elles  peuvent  jouer  dans  la  nutrition  générale  et 
l’apparition  ultérieure  des  faisceaux,  chez  des  cladodes  depuis  longtemps 
a  ph  y  lies. 

Revenons  à  l’origine  du  bourgeon.  Un  bourgeon  naissant  est,  sans  contre¬ 
dit,  formé  d’abord  par  une  ou  plusieurs  cellules  préexistantes,  qui,  sous  une 
influence  mystérieuse,  se  mettent  à  proliférer.  Il  est  incontestable  que,  dès 
lors,  la  prolifération  ne  peut  s’effectuer  dans  un  seul  sens.  Si  elle  se  produi¬ 
sait  seulement  de  bas  en  haut  ou  de  dedans  en  dehors,  le  jeune  rameau,  privé 
d’un  point  d’appui  solide,  serait  facilement  arraché.  Mais  il  n’en  est  pas  ainsi, 
comme  on  peut  s’en  convaincre  par  observation  directe  :  la  partie  inférieure 
des  faisceaux  issus  du  noyau  primitif  s’étend  à  la  fois  de  bas  en  haut,  de  haut 
en  bas  et  latéralement,  c’est-à-dire  sur  tout  le  pourtour  de  son  point  d’émer¬ 
gence,  de  telle  sorte  qu’il  se  produit  une  sorte  de  greffe  entre  le  rameau  et 
l’arbre  qui  le  porte.  M.  Bureau  a  rapporté  un  fait  qui  semble,  au  premier 
abord,  venir  à  l’appui  de  l’opinion  de  M.  Germain  de  Saint-Pierre. 

M.  Bureau  a  vu  les  faisceaux  libro-vasculaires  d’un  T  écorna  radie  ans, 
greffé  sur  un  Catalpa ,  s’insinuer  entre  le  bois  et  l’écorce  du  Catalpa ,  sur 
une  longueur  assez  considérable. 

Ce  fait,  très-intéressant  en  lui-même,  démontre  comment  se  fait  la  soudure 
du  rameau  à  l’arbre,  mais  il  ne  prouve  pas  que  «  la  substance  des  tissus... 
descend  sous  la  forme  de  tissu  naissant ,  pour  s'organiser  de  proche  en  pro¬ 
che...  en  fibres  et  en  vaisseaux  ».  Il  est  incontestable  que  si,  une  fois  effectuée 
la  greffe  du  jeune  rameau,  les  nouveaux  tissus  ne  se  formaient  pas  sur  place, 
de  dedans  en  dehors  et  non  de  haut  en  bas ,  si  la  sève  issue  du  rameau  descen¬ 
dait  sous  forme  de  tissu  naissant ,  les  faisceaux  libro-vasculaires  du  Tecoma 
auraient  dû  se  montrer  sur  toute  ou  presque  toute  l’étendue  du  Catalpa ,  au- 
dessous  du  point  d’émergence  du  rameau  greffé.  Ceci  nous  ramènerait  donc, 
d’une  manière  détournée,  aux  théories  de  Du  Petit-Thouars  et  de  Gaudi- 
chaud. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  repousse  ces  théories  ;  mais  il  considère  comme 
absolument  vraie  l’existence  d’une  sève  descendante;  il  attribue  à  cette  sève 
la  production  de  tous  les  nouveaux  tissus. 

J’avoue  ne  pas  bien  comprendre  ce  qu’est  cette  substance  des  tissus  fibro- 


SÉANCE  I)U  27  JANVIER  1871. 


21 


vasculaires ,  qui  s'élabore  dans  les  feuilles  et  en  descend  sous  forme  de  tissu 
naissant,  pour  s'organiser  de  proche  en  proche,  de  haut  en  bas,  etc. 

Ce  n’est  pas  le  tissu  qui  descend ,  comme  dans  la  théorie  de  Du  Petit-Thouars, 
c’est  la  substance  des  tissus  qui  descend  sous  forme  de  tissu  naissant.  Entre 
les  deux  théories,  la  différence  ne  me  paraît  pas  grande;  mais  il  ne  me  semble 
pas  nécessaire  de  m’arrêter  plus  longtemps  à  ce  sujet.  Tout  ce  que  je  voulais 
en  tirer,  c’est  que  M.  Germain  de  Saint-Pierre  admet  que  les  nouveaux  tissus 
sont  dus  exclusivement  à  la  sève  descendante,  et  je  saisis  cette  occasion  pour 
combattre  cette  manière  de  voir. 

Cette  théorie  d’une  sève  descendante  créatrice  des  tissus  est  regardée 
depuis  longtemps  en  France  comme  l’expression  de  la  vérité,  et  cependant  je 
ne  vois  pas  sur  quel  fait  absolument  probant  on  a  pu  l’étayer.  Toutes  les  expé¬ 
riences  rapportées  à  ce  sujet,  dans  les  ouvrages  spéciaux,  peuvent  tout  aussi 
bien  être  invoquées  en  faveur  de  la  théorie  de  la  diffusion.  L’observation  dé¬ 
montre,  en  effet,  que  les  liquides  contenus  dans  les  végétaux  ne  tendent  pas 
uniquement  à  monter  des  racines  aux  feuilles  et  à  descendre  des  feuilles  aux 
racines.  Ces  liquides  se  portent  partout  où  il  y  a  un  principe  a  dissoudre,  à 
transformer,  partout  où  doit  s’effectuer  une  production  nouvelle. 

Dans  les  végétaux  qui  tallent ,  les  matériaux  de  la  nutrition  ultérieure  s’accu¬ 
mulent  dans  les  feuilles  principalement,  puis  s’en  échappent  en  majeure  partie, 
lorsque  s’effectue  la  montée  de  la  plante.  C’est  pourquoi  M.  Rocbleder  a  pu 
considérer  les  feuilles  comme  des  magasins  temporaires  des  principes  nutritifs. 

Les  recherches  de  M.  Corenwinder  et  de  M.  Isid.  Pierre  ont  fait  connaître 
la  nature  et  les  migrations  d’un  certain  nombre  de  ces  principes.  Dans  les 
végétaux  vivaces,  surtout  chez  les  arbres,  il  se  produit  des  phénomènes  de 
même  espèce,  quoique  dans  un  ordre  peut-être  différent.  M.  J.  Sachs  a  mon¬ 
tré  que  les  feuilles  perdent,  avant  de  tomber,  la  chlorophylle  et  l’amidon  dont 
elles  étaient  remplies. 

Cette  disposition  de  principes  immédiats,  azotés  et  hydrocarbonés,  ne  peut 
être  attribuée  exclusivement  à  la  respiration  des  feuilles,  qui,  devenues  jaunes 
ou  rouges,  exhalent  alors  exclusivement  de  l’acide  carbonique.  La  théorie 
que  Morot  et  d’autres  ont  étayée  sur  la  transformation  de  la  chlorophylle  ne 
paraît  pas  avoir  fait  beaucoup  d’adeptes. 

M.  Sachs  a  vu  d’ailleurs  que,  pendant  l 'évacuation  automnale  des  feuilles, 
les  cellules  de  transport  du  pétiole  sont  gorgées  de  matériaux  albumineux.  La 
disposition  de  l’amidon  et  de  la  chlorophylle  du  parenchyme  des  feuilles,  au  mo¬ 
ment  de  leur  chute,  et  la  présence  de  matières  albumineuses  dans  leur  pétiole, 
un  peu  avant  cette  chute,  sont  des  faits  identiques  aux  migrations  observées 
par  MM.  Corenwinder  et  Isid.  Pierre,  dans  les  plantes  qui  tallent. 

Où  se  rendent  ces  matériaux  nourriciers  que  les  feuilles  avaient  fabriqués 
et  emmagasinés?  Il  me  paraît  difficile  d’admettre  que  la  totalité  de  ces  prin¬ 
cipes  s’arrête  dans  les  bourgeons  axillaires. 


22 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE.  . 

D’autre  part,  M.  A.  Gris  a  découvert  que,  pendant  l’été,  il  se  forme  un 
dépôt  de  matière  amylacée  au  sein  de  la  moelle,  des  rayons  médullaires  et  du 
parenchyme  ligneux  :  ce  dépôt  va  en  augmentant,  jusqu’à  l’arrêt  de  la  végé¬ 
tation,  et  se  résorbe  au  printemps  suivant,  lorsque  monte  la  sève. 

Évidemment,  cet  amidon  a  son  origine  dans  les  feuilles,  et  les  recherches 
de  M.  Sachs  nous  montrent  la  période  ultime  de  ce  transport. 

Les  auteurs  qui  admettent  une  sève  descendante  ne  devraient  pas  chercher 
ailleurs  les  preuves  de  leurs  croyances.  Mais  est-ce  une  sève  de  ce  genre, 
c’est-à-dire  fournissant  les  matériaux  nécessaires  au  développement  ultérieur, 
que  ces  auteurs  appellent  une  sève  descendante?  Non.  M.  Germain  de  Saint- 
Pierre,  rappelant  la  théorie  de  Mirbel  sous  une  forme  peu  différente,  nous  dit 
que  «  la  subdance  des  tissus. . .  descend  sous  la  forme  d’un  tissu  naissant ,  pour 
»  s'organiser  cle  proche  en  proche...  en  fibres  et  en  vaisseaux  ».  Ainsi  les 
nouveaux  tissus  du  bois  ne  seraient  produits  que  lorsque  la  sève  retournerait 
des  feuilles  dans  la  tige. 

Or  combien  d’arbres  voient  commencer  le  développement  de  leurs  couches 
ligneuses  printanières  concurremment  avec  la  formation  des  feuilles,  sinon 
avant  que  ces  organes  apparaissent  ? 

Les  réflexions  qui  précèdent  me  portent  à  formuler  les  propositions  suivantes, 
que  je  crois  fondées  : 

1°  La  sève  élaborée  sert  surtout  à  la  production  des  principes  amylacés  et 
autres,  que  l’on  trouve  dans  les  tissus  persistants,  pendant  l’arrêt  de  la  végé¬ 
tation. 

2°  Cette  sève  arrive  dans  les  tissus  ligneux  par  imbibition  ou  par  l’intermé¬ 
diaire  des  tubes  cribreux  et  des  laticifères,  dont  on  connaît  les  relations  avec 
les  faisceaux  ligneux  et  les  rayons  médullaires. 

3°  Les  matériaux  ainsi  emmagasinés  sont  modifiés  et  dissous  par  la  sève 
ascendante,  et  arrivent,  par  diffusion  latérale,  dans  la  zone  génératrice,  où  ils 
fournissent  les  matériaux  des  nouvelles  cellules. 

U°  Ainsi  s’explique  l’épaississement  considérable  que  présente  la  sève  cam¬ 
biale  dès  le  commencement  de  la  végétation. 


SÉANCE  DU  10  FÉVRIER  1871. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  E.  ROZE,  VICE-PRÉSIDENT. 

M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  du  27  janvier,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Lecture  est  donnée  de  la  communication  suivante  : 


SÉANCE  DU  10  FÉVRIER  1871. 


23 


OBSERVATIONS  DE  II.  CAUVET,  RELATIVES  A  QUELQUES-UNS  DES  TRAVAUX 
PRÉSENTÉS  A  LA  SOCIÉTÉ  PAR  M.  GERMAIN  DE  SAINT-PIERRE  (1). 

II.  —  Remarques  à  propos  du  Tableau,  analytique  tVune  classifi¬ 
cation  morphologique  fies  organes  souterrains  fie  la  végétation 

(Bulletin,  1870,  t.  XYII  [Séances],  p.  127). 

Je  me  permettrai  peu  d’observations  au  sujet  de  ce  tableau.  On  pourrait 
lui  reprocher  peut-être  la  longueur  et  le  grand  nombre  de  ses  divisions;  peut- 
être  encore  trouverait-on  à  y  reprendre  relativement  à  certains  mots  nouveaux 
(gemmosarques,  turiosarques ,  caulosarques) ,  dont  la  nécessité  n’est  pas  bien 
démontrée,  et  qui  viennent  s’ajouter  à  la  liste  déjà  considérable  des  termes 
employés  en  botanique.  Toutefois  ma  critique,  si  critique  il  y  a,  portera 
exclusivement  sur  les  parties  suivantes  : 

1°  L’auteur  dit  ;  racine  non  coléorrhizée  (la  plupart  des  racines) .  Or 
M.  Trécul  a  démontré  que  toutes  les  racines  adventives  sont  coléorrhizées. 

2°  Racine  piléorrhizée  [un  petit  nombre  de  racines;  exemple  :  Lernna ). 
Évidemment,  M.  Germain  de  Saint-Pierre  ne  considère  comme  piléorrhize 
que  l’enveloppe  celluleuse,  ou  coiffe ,  qui  entoure  l’extrémité  des  racines  de 
plusieurs  plantes  aquatiques.  Cette  restriction  ne  me  semble  pas  fondée. 

3°  Racine  non  piléorrhizée  (la  plupart  des  racines).  Cette  manière  de  voir 
est  basée  uniquement  sur  le  besoin  de  séparer  les  racines  pourvues  d’une 
coiffe  de  celles  qui  n’en  ont  pas. 

Toutes  les  racines  sont  piléorrhizées ;  seulement,  au  lieu  d’être  presque 
complètement  libre  comme  dans  les  Lemna ,  la  piléorrhize  est,  dans  la  grande 
majorité  des  plantes,  adhérente  par  toute  son  étendue  à  l’extrémité  de  la 
racine.  Ce  fait,  d’observation  facile,  ne  peut  être  révoqué  en  doute.  M.  Trécul, 
le  premier,  donna  le  nom  de  piléorhize  (sic)  à  l’enveloppe  celluleuse  de  i’ex- 
trémité  des  racines,  fit  connaître  son  origine  et  montra  sa  présence  chez  les 
Phanérogames.  MM.  Garreau  et  Brauwers  ont  étudié  son  mode  d’exfoliation 
et  rapporté  à  tort  à  cette  exfoliation  l’excrétion  d’un  certain  nombre  de  prin¬ 
cipes  par  les  racines  des  plantes. 

Enfin,  M.  Germain  de  Saint-Pierre  range  la  racine  diffluente  du  Gui  parmi 
les  racines  pivotantes  (2).  Je  ne  sais  trop  sur  quoi  il  se  fonde  pour  en  agir  ainsi. 

On  dit  qu’une  matière  est  diffluente,  quand  sa  masse  peut  se  répandre  de 
manière  à  occuper  tous  les  interstices  du  corps  poreux  dans  lequel  elle 
s’introduit. 

La  racine  du  Gui  (si  c’est  une  racine)  s’interpose  entre  le  bois  et  l’écorce 

(1)  Voyez  ci-dessus,  p.  18. 

(2)  Voy.  Bulletin  de  la  Soc  bot.  t.  XVI,  p.  376,  et  t.  XVII,  p.  129. 


2/i 


SOCIETE  EüTAlNlQUE  1>E  FitAiNCE. 


de  son  hôte,  à  peu  près  connue  s’épancherait  un  liquide  épais.  Mais  peut-on 
en  induire  qu’elle  est  difïluente  ? 

.le  n'ai  jamais  eu  l’occasion  d’étudier  la  végétation  du  Gui  et  d’examiner 
la  structure  de  ses  plus  jeunes  tissus,  dans  leurs  points  d’application  au  bois. 

Cependant  il  m’est  difficile  de  croire  que  ces  tissus  soient  tellement  mous, 
qu’on  puisse  les  comparer  au  cambium  de  Mirbel  et  les  appeler  diffluents. 

Il  est  probable  que  la  végétation  de  la  racine  du  Gui  s’effeclue  à  peu  près 
comme  celle  du  Cytinet,  et,  pour  les  jeunes  tissus  de  ce  dernier  parasite,  je 
puis  affirmer  que  jamais  ils  ne  sont  diffluents.  Jusqu’à  preuve  contraire, 
je  me  refuse  donc  à  admettre  que  la  racine  du  Gui  est  diffluente ,  et  je  crois 
celte  appellation  basée  sur  un  aperçu  spéculatif  plutôt  que  sur  un  fait  anato¬ 
mique. 

Ensuite  la  racine  du  Gui  est-elle  bien  une  racine?  Sans  doute,  elle  en 
remplit  les  fonctions;  mais  range-t-on  les  suçoirs  de  la  Cuscute  au  nombre  des 
racines?  D’ailleurs,  l’apparition  régulière  de  bourgeons  sur  cette  prétendue 
racine  aurait  dû  rendre  Al.  Germain  de  Saint-Pierre  plus  circonspect  et  ne 
lui  permettre  de  rien  préjuger,  jusqu’à  ce  qu’on  soit  bien  fixé  sur  une 
structure  dont  on  11e  possède  peut-être  pas  encore  tout  le  secret. 

Enfin,  peut-on  appeler  pivotante  une  racine  qui  ne  l’est  pas  du  tout,  ou 
qui,  du  moins,  11’est  'pivotante  que  par  les  courts  prolongements  adventifs 
qu’elle  envoie  dans  les  rayons  médullaires? 

Celte  manière  d’être  me  semble  plutôt  devoir  être  rapportée  à  ce  groupe  de 
racines  qu’on  dit  fasciculèes.  O11  nomme  fasciculées  les  racines  dont  le  corps 
principal  émet  plusieurs  pivots  secondaires  aussi  développés  que  lui. 

A  ce  compte,  si  tant  est  que  la  racine  du  Gui  soit  pivotante ,  il  faudrait  aussi 
la  dire  fasciculée. 

Je  n’admets  pas,  d’ailleurs,  que  la  racine  du  Gui  soit  pivotante,  car  l’épate- 
ment  de  la  base  du  Gui  11e  peut,  en  aucune  manière,  être  regardé  comme 
un  corps  en  forme  de  pivot. 

Qu’il  me  soit  permis  maintenant  de  présenter  quelques  observations  au 
sujet  de  la  différence  que  M.  G.  de  Saint-Pierre  admet  entre  la  racine  et  la  tige. 

M.  G.  de  Saint-Pierre  donne,  comme  caractère  distinctif  entre  la  tige  et 
la  racine,  la  présence  d'un  bourgeon  à  l’extrémité  de  la  tige,  l 'absence  de  ce 
bourgeon  à  l’extrémité  de  la  racine  ( Bull .  Soc.  bot.  t.  XVI,  p.  335-372). 

Pour  le  botaniste  qui  cherche  à  différencier  le  caudex  ascendant  du 
taudex  descendant,  le  caractère  invoqué  par  M.  Germain  de  Saint- Pierre  peut 
être  regardé  comme  absolu,  bien  que  d’observation  souvent  difficile.  Il  est 
évident  toutefois  que,  étant  donné  un  tronçon  végétal  dépourvu  de  bourgeons , 
si  long  d’ailleurs  que  soit  ce  tronçon,  le  caractère  essentiel  de  distinction 
manquant,  peu  de  botanistes  pourront  dire  si  ce  tronçon  appartient  à  une  tige 
ou  à  une  racine. 

Sans  revenir  ici  au  mémoire  de  M.  Ach,  Guillard,  mémoire  au  sujet  duquel 


SÉANCE  DU  10  FÉVRIER  4874. 


255 


j'ai  eu  l’honneur  de  présenter  quelques  observations  à  la  Société  (voy.  t.  XVII, 
p.  325),  on  sait  aujourd’hui  qu’il  n’existe  pas  de  caractère  anatomique  certain 
sur  lequel  on  puisse  s’appuyer  pour  différencier  la  racine  de  la  tige. 

La  racine  a  généralement  une  écorce  plus  épaisse  que  celle  de  la  tige;  la 
moelle  s’y  montre  chez  un  certain  nombre  de  plantes;  enfin,  on  y  trouve  sou¬ 
vent  un  liber  bien  déterminé.  En  ce  qui  concerne  les  fibres  libériennes,  j’ai 
reconnu  leur  présence  dans  les  racines  du  Cislus  monspeliensis  ;  la  forme  de 
ces  fibres,  leur  disposition  en  groupes  concentriques  en  dehors  de  la  zone 
génératrice,  et  la  coloration  rose  que  leur  communique  l’acide  chlorhydrique 
ne  permettent  aucun  doute  à  cet  égard. 

Il  est  un  caractère,  peut-être  négligé,  qui  pourrait  servir  de  distinction  entre 
la  racine  et  la  tige  :  c’est  la  forme  des  cellules  épidermiques.  Dans  les  racines, 
d’ordinaire,  les  cellules  épidermiques  sont  légèrement  renflées  en  dehors, 
chaque  cellule  étant  séparée  de  sa  voisine  par  un  faible  sillon.  Les  naturalistes 
allemands  ont  regardé  cette  forme  des  cellules  épidermiques  de  la  racine 
comme  constituant  une  sorte  d’épiderme  particulier,  et  ils  lui  ont  donné  le 
nom  d ’epiblema.  Ces  cellules  présentent  assez  habituellement  aussi,  sur  leur 
paroi  externe,  un  épaississement  considérable,  et  sont  disposées  tantôt  sur 
un  seul  rang  (Veratrum  album  e, t  V.  viride ),  tantôt  sur  plusieurs  rangées 
(Salsepareilles).  On  sait,  au  contraire,  que  les  cellules  épidermiques  de  la  tige 
sont  généralement  aplaties,  et  que  leur  paroi  externe  se  distingue  nettement 
de  la  cuticule  qui  les  recouvre. 

Toutefois,  on  ne  saurait  recommander  la  constitution  de  Yepiblema 
comme  caractéristique  ;  car,  en  étudiant  la  structure  anatomique  de  la  feuille 
des  Aloë  et  la  répartition  des  principes  contenus  dans  ses  tissus,  j’ai  vu  les 
cellules  épidermiques  de  cette  feuille  offrir  la  même  forme  renflée  que  celles 
de  Yepiblema. 

Ainsi,  épaisseur  plus  grande  de  l’écorce,  absence  de  moelle  et  de  liber, 
forme  des  cellules  épidermiques,  aucun  de  ces  caractères  n’est  absolument 
propre  à  la  racine. 

Reste  le  caractère  purement  spéculatif,  quoique  fondé,  établi  par  M.  Ger¬ 
main  de  Saint-Pierre  :  l’absence  de  bourgeon  à  l’extrémité  de  la  racine. 

Je  ne  sais  comment  M.  Germain  de  Saint-Pierre  a  défini  le  bourgeon. 
Voici,  si  je  ne  me  trompe,  la  définition  que  M.  le  professeur  Clos,  mon 
maître,  m’a  enseignée  : 

Un  bourgeon  est  un  petit  corps  ovoïde  ou  conique,  composé  d’un  axe  et  d’ap¬ 
pendices,  et  qui  est  le  rudiment  d’un  rameau  ou  de  la  prolongation  de  la  tige. 

Si  la  présence  d’appendices  sur  les  bourgeons  est  nécessaire  pour  établir  sa 
nature,  la  distinction  admise  par  M.  Germain  de  Saint-Pierre  est  absolue. 

Si  nous  supprimons,  pour  le  bourgeon,  ce  caractère  de  la  présence  d’ap¬ 
pendices,  nous  trouverons  la  plus  grande  ressemblance  entre  lui  et  le  point 
végétatif  de  l’extrémité  de  la  racine.  Chez  l’un  et  chez  l’autre  se  montre  ce 


26 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE, 


que  nous  pouvons  appeler  un  centre  de  développement,  c’est-à-dire  un  point 
dont  l’activité  créatrice  détermine  l’élongation  de  l’axe.  Il  est  vrai  que  l’acti¬ 
vité  de  l’extrémité  de  la  racine  est,  ou  mieux  semble  incessante,  tandis  que 
celle  du  bourgeon  terminal  éprouve  un  temps  d’arrêt  en  rapport  avec  l’arrêt 
de  la  végétation.  On  médira  sans  doute  que,  dès  son  origine,  l’extrémité  de 
la  racine  offre  une  constitution  spéciale,  alors  même  que  le  jeune  organe, 
encore  à  l’étal  latent,  est  caché  sous  l’écorce.  Dès  sa  première  apparition,  en 
effet,  la  racine  est  coiffée  par  la  pilorrbize,  qui  la  recouvre  comme  une  calotte, 
tandis  que  jamais,  à  ma  connaissance,  on  n’observe  rien  qui  ressemble  aune 
pilorrbize,  au-dessus  du  point  végétatif  du  bourgeon. 

Mais,  je  le  répète,  le  bourgeon  qui  termine  la  tige  et  le  tissu  spécial  que  l’on 
trouve  à  l’extrémité  de  la  racine  offrent  une  grande  ressemblance  quant  à 
leur  but  final,  qui  est  le  prolongement  de  l’axe. 

Je  crois  donc  que,  si  l’on  accepte  la  distinction  spéculative  admise  par 
M.  Germain  de  Saint-Pierre,  il  sera  bon  de  la  modifier  de  la  manière  sui- 
vante  :  La  tige  est  toujours  terminée  par  un  bourgeon  ;  l’extrémité  de  la  racine 
est  toujours  enveloppée  par  une  pilorrbize. 

M.  Cornu  fait  la  communications  uivante  : 


NOTE  SUR  LE  SYNCHYTRIUM  STELLARIÆ  MEDIÆ  Fuckel  ET  LE  SYNCHYTRIUM  ALISMATIS 

species  nova,  par  M.  Maxime  CdïlXLi. 


I.  —  Dans  le  milieu  du  mois  de  septembre  de  l’année  1868,  pendant  l’au¬ 
tomne  et  l’hiver,  qui  furent  pluvieux  et  doux,  je  rencontrai,  dans  toutes  les 
vignes  humides  des  environs  de  Romoranlin,  le  Stellaria  media  attaqué  par 
un  parasite  particulier. 

Ce  parasite,  que  je  n’avais  jamais  vu  avant  cette  année  et  que  je  croyais 
nouveau,  est  le  Synchytrium  Stellariœ  mediœ  Fuckel,  Champignon  qui  vit 
dans  les  cellules  épidermiques  dilatées  du  Mouron-des-oiseaux,  sans  aucune 
sorte  de  mycélium.  J’ignorais  que  le  Champignon  eût  été  découvert  (1)  aupa¬ 
ravant,  et  j’essayai  d’en  faire  l’étude.  Je  ne  trouvai  à  peu  près  que  des  spores 
immobiles  ;  j’en  envoyai  des  échantillons  frais  à  M.  Roze,  qui  ne  trouva  aussi 
que  ces  dernières. 

C’est  seulement  le  27  octobre  de  l’année  suivante,  qui  avait  été  très-sèche, 
que  j’en  rencontrai  de  nouveau  quelques  échantillons,  mais  ils  étaient  fort 
rares;  je  pus  du  moins,  cette  fois,  voir  les  sporanges  et  suivre  leur  déve¬ 
loppement. 

On  sait  que  le  genre  Synchytrium  a  été  établi  et  étudié  dans  un  mémoire 

(1)  C’est  YUredo  ( Podocystis )  puslulata  Fuckel,  Fungi  rhenani ,  fasc.  5,  n°  ti09.  — 
L’auteur  a  reconnu  plus  tard,  dans  les  Addenda  (Ve  et  VIe  suppl.),  quec’est  un  véritable 
Synchytrium. 


SÉANCE  DU  10  FÉVRIER  1871. 


27 


publié  par  MM.  DeBary  et  Woronin  (extraits  des  Comptes  rendus  de  la  So¬ 
ciété  des  naturalistes  de  Fribourg  en  Brisgau ,  t.  III,  fasc.  ii,trad.  in  Ann. 
des  sc.  nat.  5e  série,  t.  III,  p.  238,  1865). 

Les  Synchytrium  connus  sont  peu  nombreux  ;  le  S.  Taraxaci  (qui  vit  sur 
le  Taraxacum  officinale ),  le  S.  Succisœ  {Succisa  pratensis) ,  le  S.  Anémones 
(. Anemone  nemorosa ),  sont  les  seuls  cités  clans  le  travail  de  MM.  De  Bary 
et  Woronin. 

La  première  espèce  seule  est  étudiée  complètement;  la  seconde,  rencontrée 
une  seule  fois,  semble,  d’après  les  échantillons  secs,  être  fort  analogue  à  la 
première;  la  troisième  n’est  connue  qu’à  l’état  de  spores  immobiles.  L’étude 
n’en  est  pas  achevée. 

Dans  un  travail  plus  récent,  M.  Woronin  {Bot.  Zeit.  t.  VI,  p.  81,  1868) 
est  revenu  sur  les  Synchytrium ;  il  y  étudie  le  S.  Mercurialis  perennis  et 
cite  le  5.  Stellariœ  Fuckel,  mais  il  ne  l’a  vu  que  sec. 

Je  n’ai  pas  l’intention  de  m’étendre  beaucoup  sur  cette  plante;  je  n’en  dirai 
que  quelques  mois.  Le  Stellaria  attaqué  est  tout  entier  d’un  jaune  d’or  ou 
d’un  jaune  brunâtre,  dont  la  teinte  est  variable,  suivant  que  les  sores  ou  les 
spores  immobiles  sont  en  majorité;  il  est  rabougri,  difforme,  hypertrophié, 
et  se  reconnaît  d’assez  loin.  Il  faut  se  garder  de  confondre  cette  teinte  avec  la 
couleur  jaune  pâle  que  prennent  souvent  les  feuilles  mortes  ou  malades  du 
Mouron. 

La  membrane  générale  du  sore  est  difficile  à  voir  :  les  sporanges  qui  y  sont 
contenus  sont  irréguliers  et  polyédriques,  d’une  belle  couleur  rouge  orangé. 
En  les  tenant  dans  l’eau,  le  contenu  change  d’aspect  et  se  résout  en  zoospores 
après  trois  ou  quatre  heures. 

La  forme,  la  couleur,  les  mouvements  saccadés  et  amiboïdes  des  zoospores, 
toutes  les  particularités  décrites  pour  le  Synchytrium  Taraxaci ,  se  retrouvent 
ici.  M.  Woronin  ne  se  trompait  pas  quand  il  pensait  que  le  S.  Stellariœ 
devait  être  placé  h  côté  du  S.  Taraxaci  avec  le  S.  Succisœ. 

On  pourrait  parler  assez  longuement  de  la  formation  des  spores  immobiles 
et  des  développements  et  hypertrophies  cellulaires,  qu’on  rencontre  chez  le 
Stellaria ,  faciles  à  étudier  ici  surtout,  parce  qu’ils  ont  lieu  parfois  dans  les 
poils  disposés  en  ligne  le  long  de  la  tige. 

Je  n’ai  pas  réussi  à  obtenir  la  germination  des  spores  immobiles,  peut-être 
faute  d’avoir  récolté  des  spores  bien  mûres,  peut-être  à  cause  de  la  difficulté 
inhérente  au  sujet.  Il  serait  cependant  important  de  savoir  si  le  contenu  se 
développe  en  un  seul  et  unique  sporange  {S.  Taraxaci)  on  en  un  sore  [S.  Mer¬ 
curialis). 

Le  S.  Taraxaci  semble  commun  en  Allemagne.  Il  paraît  l’être  bien  moins 
chez  nous;  je  ne  l’ai  jamais  rencontré.  Le  S.  Anémones  se  trouve  en  plusieurs 
endroits  aux  environs  de  Paris.  Le  S.  Succisœ  n’a  été  trouvé  qu’une  fois  par 
M.  De  Bary,  le  «S.  Stellariœ  l’a  été  très-rarement  par  M.  Fuckel.  Il  est  pos- 


*28 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


sible,  pour  celte  dernière  espèce,  que  l’époque  tardive  de  l’apparition  et  les 
conditions  d’humidité  dans  lesquelles  elle  doit  vivre  (qui  varient  d’une  année 
à  l’autre)  en  rendent  la  rencontre  beaucoup  moins  fréquente  que  celle  des 
autres  espèces  du  môme  genre,  quoique  la  plante  hospitalière  soit  des  plus 
communes  (1). 

II.  —  J’ai  rencontré  à  Villeherviers  (Loir-et-Cher),  en  septembre  1869, 
sur  YAlisma  ranunculoides  var.  repens,  un  parasite  que  je  rapporte  de  même 
au  genre  Synchytrium.  Les  cellules  de  l’épiderme  contiennent  une  ou  deux 
grandes  spores,  à  parois  assez  épaisses,  sphériques  ou  elliptiques,  à  épispore 
brun  et  un  peu  irrégulier;  le  plasma  est  opaque  et  finement  granuleux;  ces 
spores  sont  plongées  dans  le  contenu  bruni  de  la  cellule.  J’avais  cru  d’abord 
devoir  les  rapporter  au  Cystopus  Alismcitis  Bonorden  (2),  mais  l’absence  com¬ 
plète  de  mycélium  m’a  montré  que  j’avais  affaire  à  un  Chytridium.  L’ana¬ 
logie  assez  grande  de  ces  spores  avec  certaines  spores  stables  des  Synchytrium. 
Stellariœ  et  Anémones  m’a  déterminé  à  adopter  pour  cette  espèce  le  nom  gé¬ 
nérique  de  Synchytrium.  Je  propose  de  l’appeler  Synchytrium  Alismatis. 
Je  n’en  ai  trouvé  qu’un  nombre  restreint  d’échantillons.  Le  parasite  produit  sur 
les  feuilles  de  très-petites  taches  noires,  tout  à  fait  analogues  à  celles  qui  se 
montrent  aux  endroits  froissés  ou  blessés  de  la  plante  hospitalière.  J’ai  récolté 
beaucoup  de  ces  feuilles  présentant  ces  taches,  et  n’ai  pu,  après  un  long  examen, 
en  trouver  que  fort  peu  d’attaquées  :  quatre  ou  cinq  feuilles  au  plus.  VAlisma 
ranunculoides  est  très-commun  en  Sologne;  le  Synchytrium  Alismatis,  au 
contraire,  paraît  y  être  fort  rare  (3). 


(1)  M.  Fuckel  dit,  en  effet,  dans  son  Catalogue ,  p.  17  :  «  Uredo  pustulata. ..  In  Stel¬ 
lariœ  mediœ  caulibus,  foliis,  pedunculis,  petiolis  calycibusque,  rarissime.  Autumno.  » 

(2)  Bot.  Zeitung,  t.  XIX,  p.  194  (1861).  —  A  ce  propos,  on  peut  faire  remarquer 
que  M.  De  Bary  n’en  a  pas  parlé  dans  son  grand  travail  sur  les  Péronosporées  (Ann.  sc . 
nat.  1863). 

(3)  Note  ajoutée  fendant  l'impression. ( novembre  1871). —  Le  Synchytrium  Stellariœ 
a  été  revu  cette  année  vers  le  milieu  du  mois  d’octobre,  mais  très-rare,  à  cause  de  la 
sécheresse  du  sol,  et  muni  surtout  de  sporanges.  —  Le  S.  Alisynatis  a  été  retrouvé  et 
un  peu  étudié.  Les  spores  jeunes  émettent  des  sortes  de  filaments  analogues  à  ceux  qui 
proviennent  delà  germination  des  zoospores  (ex.:  Chytridium  roseum ,  voy.  De  Bary  et 
Woronin,  loc.  cit.),  qui  perforent  les  parois  des  cellules  voisines  ;  ils  se  renflent  à  leur 
extrémité  de  l’autre  côté  de  la  cloison.  La  petite  masse  ainsi  formée  se  segmente  en  quatre 
cellules,  dont  l’une  communique  avec  le  filament  et  les  trois  autres  donnent  naissance  à 
des  filaments  analogues  dont  l’extrémité  finit  par  se  développer  en  spore.  C’est  ainsi  que 
le  parasite  chemine  de  proche  en  proche.  Une  fois  son  rôle  terminé,  le  tout  disparaît  en  se 
contractant;  il  ne  reste  plus  de  la  petite  masse  qu’une  sorte  de  globule  oléagineux  où  les 
membranes  se  distinguent  très-mal.  On  finit  bientôt  par  n’en  plus  voir  de  trace  :  ce  serait 
une  sorte  de  mycélium  fugace. 


SÉANCE  DU  2 /l  FÉVRIER  18/1. 


29 


SÉANCE  DU  24  FÉVRIER  1871. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  E.  ROZE,  VICE-PRÉSIDENT. 

M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  du  10  février,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Il  annonce  ensuite  à  la  Société  l’affreux  malheur  dont  vient 
d’être  frappé  M.  le  comte  Jaubert,  l’un  de  ses  anciens  présidents  et 
de  ses  fondateurs  les  plus  dévoués  à  son  institution.  Son  fils,  M.  le 
vicomte  Hippolyte  Jaubert,  vient  de  succomber  à  la  fleur  de  l’âge, 
victime  de  son  dévouement  pour  les  habitants  de  la  commune  de 
Coulongé  (Sarthe),  dont  il  était  le  maire,  du  courage  avec  lequel 
il  a  défendu,  contre  les  soldats  du  duc  de  Mecldembourg,  la  vie  du 
curé  de  sa  paroisse,  et  des  mauvais  traitements  qu’il  a  subis  pen¬ 
dant  une  douloureuse  captivité.  C’est  avec  un  vif  sentiment  de  dou¬ 
leur  et  d’indignation  que  la  Société  apprend  cet  horribleévénement, 
qui  remonte  à  la  seconde  moitié  de  décembre,  mais  dont  la  nouvelle 
n’a  pu  arriver  à  Paris  que  tout  récemment;  elle  décide  qu’une 
lettre  sera  adressée,  en  son  nom,  à  M.  le  comte  Jaubert,  pour 
l’assurer  de  sa  profonde  sympathie. 

M.  Cauvet  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

DE  LA  STRUCTURE  DU  CYTINET  ET  DE  L’ACTION  QUE  PRODUIT  CE  PARASITE 
SUR  LES  RACINES  DES  CISTES,  par  UI.  CAUVET. 


III,  —  Action  produite  par  le  Cytinet  sur  les  racines  des  Cistes  (1). 

Les  recherches  consignées  dans  la  première  et  la  deuxième  partie  de  ce 
travail  ont  fait  connaître  la  structure  anatomique  du  Cvtinet  et  celle  de  la 

(1)  Lorsque  j’eus  l’honneur  de  présenter  à  la  Société  ma  note  sur  le  Cytinet  (voy.  Bul¬ 
letin ,  t.  XVII,  p.  305),  je  fis  observer  qu’un  travail  du  même  genre  avait  été  inséré  par 
M.  le  comte  de  Solms-Laubach,  dans  les  Annales  de  M.  Pringsheim.  Bien  que  les  deux 
premières  parties  de  mon  mémoire  eussent  été  reçues  par  l’Académie  des  sciences  le 
18  juillet,  que  la  troisième  eût  été  présentée  au  même  corps  savant  dans  la  séance  du 
16  août,  que,  par  conséquent,  mon  travail  eût  fait  son  apparition  à  peu  près  à  la  même 
date  que  celui  de  M.  de  Solms,  je  craignis,  comme  on  me  l’avait  dit,  d’avoir  labouré 
dans  un  champ  ensemencé.  Je  fis  part  de  ces  craintes  à  la  Société  botanique  et  réservai 
la  communication  de  la  troisième  partie  jusqu’à  ce  que  j’eusse  pu  me  rendre  compte  du 
travail  de  M.  de  Solms.  Mon  savant  ami  M.  Kralik  a  bien  voulu  lire  ce  mémoire.  Il  l’a 
trouvé  peu  différent  du  mien  et  m’en  a  traduit  plusieurs  passages,  surtout  ceux  qui  pou¬ 
vaient  se  rapporter  aux  questions  restées  douteuses  pour  moi. 

Autant  que  j’ai  pu  en  juger,  M.  de  Solms  a  beaucoup  dilué  ses  observations,  principa¬ 
lement  en  ce  qui  concerne  la  description  et  la  forme  des  cellules  fibveuses  de  la  partie 
intraradicale  du  parasite.  M.  de  Solms  n  R  pas,  plus  que  moi,  fait  connaître  la  manière  dont 


30 


SOCIÉTÉ  BOTANIQÜÈ  DE  FRANCE. 

racine  du  Ciste-de-Montpellier  (voy.  Bulletin ,  t.  XVII,  pp.  305  et  322).  Il 
sera  donc  facile  dedislinguer,  au  sein  d’une  racine  attaquée,  ce  qui  appartient 
au  parasite  de  ce  qui  appartient  à  son  Iiôte. 

Le  Cytinet  est  rarement  solitaire  sur  la  racine  du  Ciste;  le  plus  souvent  il 
forme  une  touffe  plus  ou  moins  compacte,  dont  les  éléments  semblent  groupés 
au  hasard  autour  de  la  racine  attaquée. 

Comme  le  Gui,  sur  la  branche  qui  le  porte,  le  Cytinet  pousse  sur  un  point 
quelconque  du  pourtour  de  la  racine.  Mais,  au  lieu  de  se  diriger  verticalement, 
par  rapport  à  son  point  d’émergence,  il  s’élève  jusqu’à  la  surface  du  sol  et  se 
courbe  ainsi  plus  on  moins,  selon  le  lieu  où  il  est  implanté,  pour  arriver  à  la 
lumière,  fleurir  et  fructifier. 

Dès  la  première  évolution  de  cette  plante,  il  existe  donc  une  différence 
entre  elle  et  le  Gui. 

Si  l’on  fait  une  section  longitudinale,  passant  par  le  milieu  du  Cytinet  et  delà 
racine  du  Ciste,  on  observe,  au  sein  de  cette  dernière,  une  ou  plusieurs  lignes 
de  couleur  généralement  plus  foncée  que  celle  des  tissus  voisins  et  qui  bru¬ 
nissent  à  l’air.  Ces  lignes  pénètrent  plus  ou  moins  le  corps  de  la  racine,  tantôt 
distinctes,  tantôt  anastomosées;  les  plus  extérieures  convergent  vers  la  base 
du  Cytinet  et,  d’autre  part,  s’étendent  souvent  en  ligne  droite  jusqu’à  une 
distance  relativement  grande  de  leur  point  d’attache  au  parasite. 

Une  coupe  transversale  de  la  racine  envahie  montre  le  parasite  s’enfonçant 

s’effectue  la  germination  du  Cytinet,  ni  comment  cette  plante,  dès  son  origine,  s’introduit 
dans  les  racines  du  Ciste.  Enfin,  s’il  parle  de  la  végétation  du  Cytinet,  il  m’a  semblé 
n’avoir  guère  étudié  le  bourgeon  du  parasite  dès  sa  première  apparition  sur  la  racine. 
La  figure  qu’il  donne  de  ce  bourgeon  est  peü  différente  de  la  mienne,  avec  cette  re¬ 
serve  que,  dans  mon  travail,  cette  dernière  représente  un  bourgeon  plus  jeune. 

En  général,  dans  les  dessins  de  M.  de  Solms,  les  tissus  du  parasite  me  semblent  pro¬ 
portionnellement  trop  grands,  et  je  suis  persuadé  que,  tout  en  conservant  une  certaine 
exactitude,  ces  figures  sont  surtout  schématiques  .  Ainsi  s’explique  la  netteté  de  ces  des¬ 
sins  et  l’absence  de  ce  fouillis  que  l’on  peut  l’eprocher  aux  miens.  Comme  je  voulais 
représenter  fidèlement  ce  que  je  voyais,  il  falhait  bien  retracer  sur  le  papier  tous  les 
contours  et  toutes  les  cellules  que  la  chambre  cl  aire  y  renvoyait. 

Au  reste,  M.  de  Solms  a  étudié  la  structure  d  es  tissus  parasites  sur  des  échantillons  ve¬ 
nus  d’Espagne  et  conservés  dans  de  l’alcool*,.  Il  se  peut  donc  que  ces  échantillons  aient 
subi  une  altération  quelconque,  bien  que  l’alcool  soit  généralement  regardé  comme  un 
liquide  conservateur. 

En  définitive,  M.  de  Solms  a  effleuré  ssulemenît  la  constitution  anatomique  du  Cyli- 
nns ;  il  n’a  pas  étudié  la  structure  de  la  racine  du  Ciste;  enfin  il  ne  me  paraît  avoir  rien 
dit  de  plus  que  moi  sur  les  tissus  inlraradica  u&  du  parasite  et  sur  la  manière  dont 
s’effectue  leur  végétation. 

J’ai  été  plus  sobre  de  détails  au  sujet  de  lafo.rmc  des  cellules  fibreuses  du  Cytinet  :  je 
ne  crois  pas  que  cela  puisse  m’être  imputé  con  ame  un  défaut.  En  toutes  choses,  surtout 
dans  la  science,  la  sobriété  dans  l’exposition  d(  ;s  faits  observés  m’a  toujours  semblé  né¬ 
cessaire. 

Je  ne  sais  si  le  mémoire  de  M.  de  Solms  sera,  traduiten  français,  niais  je  suis  persuadé 
qu’il  ne  servirait  qu’à  confirmer  la  vérité  de  m.es  descriptions  anatomiques. Je  crois  donc 
bien  faire,  en  communiquant  à  la  Société  1  a  troisième  partie  de  mon  travail.  Ceux 
que  cette  question  peut  intéresser  y  trouveront  des  renseignements  sur  la  structure  et  le 
parasitisme  d’une  plante  peu  ou  point  étudiée  *  çn  France. 


SÉANCE  DU  2/i  FÉVRIER  1871.  31 

dans  la  racine,  sous  forme  d’un  prolongement  conique,  à  l’extrémité  duquel 
s’arrête,  ou  mieux  semble  s’arrêter  le  tissu  cellulo-vasculaire,  qui  en  consti¬ 
tue  les  faisceaux.  Sur  les  côtés  du  cône,  on  voit  la  portion  la  plus  extérieure 
du  bois  rompue  et  déjetée  vers  l’écorce  ;  on  peut  même  suivre,  jusqu’au  voi¬ 
sinage  du  centre  de  la  racine,  les  tissus  envahisseurs  qui  pénètrent  dans  le 
corps  ligneux  et  en  dissocient  les  éléments. 

Ainsi  la  coupe  longitudinale  montre  le  parasite  s’étendant  plus  ou  moins  loin 
de  son  point  d’émergence,  tandis  que  la  coupe  transversale  le  montre  contour¬ 
nant  et  dissociant  les  couches  ligneuses. 

La  portion  intraradicale  du  Cytinet  ne  forme  donc  pas,  comme  on  l’ob¬ 
serve  pour  le  Gui,  une  sorte  d’épatement  constitué  par  une  dilatation  de 
sa  base,  que  les  couches  ultérieurement  développées  recouvrent  et  enchâs¬ 
sent. 

Les  tissus  du  parasite  du  Ciste  contournent  sa  racine,  en  même  temps 
qu’ils  la  pénètrent  en  avant,  en  arrière  et  dans  sa  profondeur. 

Cette  constitution,  dont  je  ne  connaissais  guère  d’exemples  que  dans  la  vé¬ 
gétation  des  Champignons  parasites,  a  failli  m’induire  en  erreur,  lorsque  j’étu¬ 
diais  la  structure  anatomique  de  la  racine  du  Ciste. 

J’avais  choisi  une  racine  en  apparence  très -saine  et,  après  en  avoir  fait  une 
coupe  transversale,  je  l’examinai  au  microscope. 

Le  centre  (ou  à  peu  près)  de  la  coupe  était  occupé  par  un  tissu  cellulaire 
peu  développé,  mais  dont  les  éléments  différaient  beaucoup,  par  leur  forme 
et  leur  grandeur,  des  libres  et  des  vaisseaux  du  bois  ambiant. 

La  portion  centrale  de  cette  sorte  de  moelle  était  formée  de  cellules  polyé¬ 
driques  relativement  très-grandes. 

Le  calibre  de  ces  cellules  s’amoindrissait  à  mesure  que  l’on  s’avançait  vers 
la  périphérie,  où  il  atteignait  son  minimum. 

Toutefois,  même  en  ce  point,  leur  dimension  était  plus  considérable  de 
beaucoup  que  celle  des  fibres  qui  ies  entouraient. 

Supposant  alors  que  la  racine  du  Ciste  était  pourvue  d’une  moelle,  je  me 
réjouissais  à  l’idée  de  signaler  cette  nouvelle  exception  à  l’absence  de  moelle 
dans  les  racines. 

Une  coupe  longitudinale,  passant  par  le  centre  de  cette  prétendue  moelle, 
me  montra  que  son  pourtour  était  formé  d  un  côté  de  libres  ligneuses  et,  de 
l’autre,  de  vaisseaux  paraissant  annelés. 

La  présence  de  vaisseaux  annelés  au  pourtour  du  cylindre  celluleux  sem¬ 
blait  autoriser  la  supposition  que  l’enveloppe  immédiate  de  la  prétendue  moelle 
était  un  étui  médullaire. 

Par  un  examen  longtemps  prolongé,  je  m’assurai  que  les  vaisseaux  obser¬ 
vés  étaient  des  vaisseaux  rayés,  dont  le  faible  calibre  m’avait  induit  en  erreur, 
et  que  la  constitution  du  cylindre  celluleux  différenciait  beaucoup  les  éléments 
de  ce  cylindre  des  cellules  ou  libres  de  la  portion  centrale  de  la  racine  du 


32  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Ciste.  Ces  dernières  sont,  en  effet,  infiniment  plus  petites  et  proportionnelle¬ 
ment  plus  épaisses. 

La  racine  examinée  était  jeune  ;  mais,  pour  admettre  l’existence  d’une 
moelle  dans  les  jeunes  racines  du  Ciste,  il  faudrait  supposer  que  les  cellules 
de  cette  moelle  se  multiplient  ultérieurement  par  division  interne  et  se  ligni¬ 
fient  ensuite,  pourarriverà  l’état  sous  lequel  se  présente  le  noyau  central  dans 
les  racines  plus  âgées. 

Si  une  telle  modification  se  fût  accomplie,  j’aurais  certainement,  dans  le 
grand  nombre  de  racines  examinées,  saisi  le  passage  entre  ces  deux  états  suc¬ 
cessifs.  Malgré  les  recherches  multipliées  auxquelles  je  me  suis  livré,  je  n’ai 
jamais  vu  le  centre  des  racines  du  Ciste  occupé  par  un  autre  tissu  que  celui 
dont  j’ai  parlé  plus  haut  et  qui  est  de  nature  ligneuse. 

A  un  grossissement  de  âOOfois,  la  prétendue  moelle  se  montre  composée  de 
cellules  très-irrégulières,  de  grandeur  variable,  toutes  plus  ou  moins  ponctuées. 
Ce  tissu  est  traversé  par  des  séries  tortueuses  de  cellules  plus  étroites,  à  parois 
plus  largement  ponctuées,  et  que  l’on  ne  peut  suivre  dans  une  grande  éten¬ 
due.  Le  plus  souvent,  en  effet,  elles  disparaissent  tout  à  coup,  pour  se  mon¬ 
trer  avec  le  même  aspect,  sur  un  autre  point  de  la  préparation. 

Grossies  500  fois,  on  les  voit  formées  de  parois  d’épaisseur  variable,  irré¬ 
gulières,  marquées  de  saillies  et  d’étranglements,  qui,  si  ma  mémoire  est 
fidèle,  rappellent  à  l’esprit  la  structure  des  cellules  du  périsperme  de  la  datte. 

Ces  étranglements  de  la  paroi  peuvent  se  montrer  isolés  sur  une  seule  des 
faces,  ou  juxtaposés  sur  les  deux  faces  d’une  même  paroi.  Dans  ce  dernier 
cas,  les  canalicules  contigus  sont  toujours  séparés  par  une  mince  couche  qui 
paraît  due  à  la  persistance  de  la  paroi  primitive  de  la  cellule. 

En  rapprochant  cette  constitution  de  celle  que  M.  A.  Gris  a  faite  de  la 
structure  anatomique  de  la  moelle,  dans  un  certain  nombre  de  familles,  on 
serait  tenté  d’admettre  que  le  cylindre  celluleux  étudié  est  une  moelle.  Les 
raisons  que  j’ai  invoquées  plus  haut  s’opposent  à  cette  manière  de  voir.  La 
suite  des  recherches  dont  je  vais  rendre  compte  montrera  que  la  prétendue 
moelle  appartenait  à  l’une  de  ces  ramifications  que  le  Cytinet  envoie  dans  la 
racine  du  Ciste. 

Parmi  les  très-nombreuses  racines  de  Ciste  que  j’ai  examinées,  aucune  ne 
m’a  fourni  de  renseignements  au  sujet  de  la  manière  dont  s’effectue  l’évolu¬ 
tion  de  la  graine  du  Cytinet.  Aucune  ne  m’a  présenté  de  traces  de  la  graine 
du  parasite,  au-dessous  des  plus  faibles  élevures  de  l’écorce.  Je  ne  puis  donc 
indiquer  comment  se  produit  la  pénétration  primitive  du  Cytinet. 

La  destruction  annuelle  de  la  tige  florale  de  cette  plante  et  la  présence  d’un 
abondant  mucilage  dans  ses  ovaires  permettent  de  supposer  que  sa  graine 
arrive  au  contact  de  la  racine  du  Ciste  et  s’attache  à  elle  par  son  enduit  vis¬ 
queux. 

Pénètre-t-elle  ensuite  de  la  même  manière  que  la  graine  du  Gui? 


SÉANCE  DU  2/|  FÉVRIER  4  871. 


33 


Nous  savons  que  le  parasite  n’a  pas  besoin  de  ses  graines,  pour  se  multiplier 
dans  l’intérieur  d’une  racine,  car  les  prolongements  émanés  de  sa  base  peu¬ 
vent  être  considérés  comme  des  stolons.  Mais  si  la  suite  de  ces  recherches 
montre  la  vérité  de  cette  assertion,  elle  n’indique  pas  comment  se  fait  l’enva¬ 
hissement  d’une  racine  saine. 

Là,  comme  je  l’ai  dit  plus  haut,  gît  le  point  obscur  de  la  question  posée, 
question  que  je  n’ai  pu  résoudre,  et  qui  demande,  pour  être  éclaircie,  une 
nouvelle  et  toute  différente  série  d’observations  et  d’expériences  ;  je  m’y  atta¬ 
cherai  lorsque  le  temps  et  les  circonstances  me  le  permettront. 

Partout  où  j’ai  étudié  le  premier  développement  du  Cytinet,  je  l’ai  vu  s’ef¬ 
fectuer  de  la  manière  suivante  : 

Sur  un  point  quelconque  de  la  racine  du  Ciste  et  immédiatement  au-des¬ 
sous  de  l’écorce,  se  montre  un  mamelon  celluleux,  à  la  base  duquel  apparais¬ 
sent  des  stries  plus  ou  moins  prononcées,  indices  des  tissus  vasculaires.  Ce 
mamelon  soulève  l’écorce  et  finit  par  en  déterminer  la  rupture.  Il  présente 
généralement  alors,  à  son  sommet,  un  certain  nombre  de  feuilles  écailleuses 
qui  se  recouvrent  successivement. 

Quand  la  jeune  plante  fait  saillie  au  dehors,  l’écorce  de  la  racine  est  rejetée 
latéralement  et  forme  autour  du  parasite  une  sorte  de  bourrelet  circulaire  plus 
ou  moins  déchiqueté  sur  ses  bords. 

Si,  un  peu  plus  tard,  on  veut  séparer  le  parasite  de  son  hôte,  le  Cytinet  se 
détache  aisément  :  sa  base  présente  l’aspect  d’un  cône  court,  à  sommet 
arrondi,  et  la  racine  du  Ciste  offre,  au  point  d’implantation,  une  sorte  de  godet 
ou  de  cratère  d’une  faible  profondeur. 

Sur  les  racines  déjà  vieilles,  ces  godets  persistants  ressemblent  assez  aux 
cicatrices  arrondies  du  rhizone  du  Sceau-de-Salomon  (Convallaria  Polygo - 
natum  L.). 

Si  le  jeune  bourgeon  est  en  communication  immédiate  avec  un  autre  Cyti¬ 
net,  si  surtout  il  est  placé  sur  l’un  des  points  du  grand  cercle  qui  passe  par  la 
base  du  second  parasite,  on  observe  alors  que  les  tissus  ligneux  de  la  racine 
sont  profondément  dissociés. 

Parfois,  d’ailleurs,  le  bourgeon  se  montre  fort  éloigné  du  Cytinet  qui  lui  a 
donné  naissance.  On  ne  voit  partir,  de  chaque  côté  de  la  base,  qu’un  mince 
fdet  de  tissu  envahisseur,  et  ce  fdet  va  s’amincissant  jusqu’à  ce  qu’il  dispa¬ 
raisse. 

Comme,  dans  ce  cas,  on  ne  trouve  pas  de  graine  à  son  lieu  de  production 
et  qu’on  ne  peut  saisir  aucune  corrélation  apparente  entre  lui  et  le  Cytinet 
dont  il  émane,  on  se  demande  quelle  est  l’origine  du  nouveau  parasite. 

L’étude  des  tissus  envahis  va  permettre  de  résoudre  ce  problème. 

Si  l’on  fait  une  section  transversale  d’une  racine  de  Ciste  en  un  point  voisin 
d’un  Cytinet,  on  voit  que  le  tissu  envahisseur  s’est  glissé  au  delà  de  l’écorce 
et  de  la  zone  génératrice  jusque  dans  l’aubier,  dont  il  a  attaqué  les  fibres  : 
t.  xV'ir.  (séances)  3 


3/4  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

une  partie  du  jeune  bois  est  séparée  de  la  portion  centrale  et  rejetée  du  côté 
de  l’écorce,  avec  les  faisceaux  libériens.  L’écorce  est  absolument  saine  et  ses 
éléments  ont  été  respectés. 

Les  faisceaux  ligneux,  ainsi  séparés  de  leurs  congénères,  forment  des  îlots 
de  grandeur  variable.  Leurs  intervalles  sont  occupés  par  un  tissu  à  cellules 
étroites  dépendantes  du  parasite.  Leur  bord  externe  est  surmonté  par  les  sé¬ 
ries  correspondantes  des  cellules  delà  zone  génératrice;  leur  bord  interne, 
plus  ou  moins  déchiqueté,  est  en  contact  immédiat  avec  le  tissu  envahisseur. 

Les  faisceaux  ligneux,  encore  adhérents  à  la  portion  centrale  de  la  racine, 
présentent  un  certain  nombre  de  saillies  et  d’angles  rentrants  irréguliers  ; 
autour  ou  dans  l’intérieur  de  ces  saillies  et  de  ces  angles,  se  montre  le  tissu  pa¬ 
rasite  qui  les  emboîte  exactement. 

Tout  l’espace  compris  entre  les  deux  portions  du  tissu  ligneux  est  occupé 
par  le  tissu  envahisseur. 

Celui-ci  présente  d’ordinaire,  vers  son  milieu,  une  sorte  de  zone  dépourvue 
de  cellules  et  dont  les  bords  plus  foncés  se  détachent  nettement.  Ces  bords 
sont  formés  de  cellules  jaunâtres,  à  parois  un  peu  plus  épaisses. 

Quant  aux  éléments  du  tissu  parasite  interposé,  ils  sont  presque  unique¬ 
ment  composés  de  grandes  cellules,  les  unes  incolores  et  polyédriques,  les 
autres  jaunâtres,  souvent  plus  allongées  et  plus  étroites  que  les  cellules  inco¬ 
lores. 

Au  sein  de  ce  tissu,  se  montrent  quelques-unes  des  cellules  ou  de  ces  semi- 
vaisseaux  irréguliers  ponctués  ou  treillissés  dont  la  présence  a  été  signalée  dans 
l’étude  de  la  tige  du  Cytinet. 

Si  l’on  examine,  à  un  grossissement  plus  considérable,  l’une  des  dépressions 
anguleuses  du  bois  attaqué,  on  voit  que  le -parasite  s’enfonce  dans  le  tissu 
ligneux  par  des  sillons  tortueux,  qui  viennent,  comme  des  îlots,  se  montrer  de 
loin  en  loin  à  la  surface  de  la  coupe. 

Ces  sortes  d’îlols  du  tissu  parasite  sont  composés  surtout  de  cellules 
fibreuses  ou  de  vaisseaux  irréguliers,  garnis  de  ponctuations  nombreuses  et 
inégales. 

Dans  les  points  où  il  attaque  les  fibres  ligneuses,  le  tissu  envahisseur  est 
principalement  constitué  par  des  éléments  de  deux  sortes  :  les  uns,  qui  occu¬ 
pent  surtout  le  centre  et  l’extrémité  du  sillon,  sont  formés  de  vaisseaux  rayés, 
ponctués  ou  réticulés,  parfois  même  munis  de  formations  spiralées  ;  les  autres, 
situés  sur  les  côtés  du  sillon,  sont  composés  de  cellules  de  nature  variable, 
généralement  ponctuées.  Ces  dernières  sont  souvent  coupées  par  un  certain 
nombre  de  cloisons,  complètes  ou  non,  dont  la  présence  indique  que  ces  cel¬ 
lules  sont  en  voie  de  prolifération  par  scissiparité. 

Selon  Schacht,  les  racines  du  Gui  pénètrent  dans  le  bois,  en  usurpant  la 
place  des  rayons  médullaires. 

Dans  le  Cytinet,  les  ?Yicines  (si  l’on  peut  parler  ainsi)  m’ont  paru  surtout 


SÉANCE  DU  10  MARS  1871. 


35 


attaquer  les  fibres,  dont  elles  déterminent  la  destruction.  En  examinant  un 
certain  nombre  de  coupes  transversales,  on  s’assure,  en  effet,  que  les  cellules 
des  rayons  médullaires  résistent  plus  que  les  fibres  et  se  montrent  souvent  sur 
les  côtés  du  sillon  que  le  parasite  s’est  creusé. 

Quand  le  tissu  envahisseur  occupe  un  assez  grand  espace  au  sein  du  bois,  il 
se  compose  en  majeure  partie  de  cellules  ponctuées,  à  parois  épaisses  et  cana- 
liculées,  tout  à  fait  semblables  à  celles  des  cellules  observées  dans  la  préten¬ 
due  moelle  dont  j’ai  parlé  plus  haut.  Ces  cellules  sont  de  même  nature  que 
celles  dont  j’ai  signalé  la  présence  dans  les  sillons  envahisseurs,  au  contact  des 
fibi  'es  ligneuses.  Sur  une  coupe  longitudinale,  on  les  voit  plus  allongées,  mais 
leur  organisation  est  la  même. 

Le  parasitisme  du  Gy  tin  et  n’est  pas  comparable  à  celui  du  Gui.  Dans  ce 
dernier,  selon  M.  Jean  Chalon,  les  expansions  de  la  base  s’étendent  à  une 
distance  relativement  grande  de  son  point  d’attache,  en  rampant  surtout  au- 
dessous  de  l’écorce.  Les  racines  qu’il  envoie  à  l’intérieur  du  bois  s’y  enfoncent 
surtout  en  usurpant  la  place  des  rayons  médullaires. 

Le  Cytinet  ne  forme  pas  d’épatement  proprement  dit  au-dessous  de  l’écorce. 
Il  rampe  au  milieu  du  bois,  et  le  dissocie  en  s’y  traçant  des  sillons  tortueux, 
qui,  sur  une  coupe  longitudinale,  apparaissent  comme  des  amas  de  tissus 
étrangers  au  sein  des  tissus  ligneux.  Enfin,  sa  pénétration  dans  le  bois  s’effec¬ 
tue  par  la  destruction  des  fibres  ligneuses,  tandis  que  les  rayons  médullaires 
sont  ou  semblent  être  respectés  pendant  plus  longtemps. 

Les  recherches  que  je  viens  de  faire  connaître  auraient  dû  être  corroborées 
par  l’examen  microchimique  des  racines  attaquées  par  le  Cytinet. 

Malheureusement  les  exigences  du  service  m’ont  empêché  de  continuer  ces 
études  pendant  un  certain  temps.  Quand  je  voulus  les  reprendre  et  sou¬ 
mettre  les  divers  tissus  à  l’action  des  réactifs,  la  végétation  du  Cytinet  était 
terminée. 

Je  ferai  toutefois  observer,  dès  à  présent,  que  la  potasse,  dont  l’action  sur  le 
Cytinet  est  si  manifeste,  ne  m’a  semblé  déterminer  aucune  coloration  spéciale 
au  sein  des  éléments  du  parasite  dans  la  racine. 


SÉANCE  DU  10  MARS  1871. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  E.  ROZE,  VICE-PRÉSIDENT. 

M.  Larcher,  vice-secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  delà 
séance  du  2/1  février,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

M.  le  Secrétaire  général  annonce  que  le  Conseil,  dans  sa  séance 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

du  8  de  ce  mois,  a  fixé  les  élections,  pour  le  renouvellement  annuel 
du  Bureau  et  du  Conseil,  au  vendredi  7  avril  prochain.  Cette  déci¬ 
sion  est  soumise  à  la  ratification  de  la  Société  et  sanctionnée  par 
elle. 

Lecture  est  donnée  d'une  lettre  de  M.  le  comte  Jaubert,  dont  suit 
la  teneur  : 


LETTRE  DE  II.  le  comte  JAUBERT. 

Bordeaux,  24  février  1871. 

Prière  à  M.  le  président  de  la  Société  botanique  de  France  de  vouloir  bien 
lui  communiquer  et  faire  insérer  au  procès-verbal  de  la  prochaine  séance  la 
lettre  ci-dessous. 

Son  dévoué  confrère,  Comte  Jaubert. 


Extrait  du  Moniteur  universel  du  23  février. 


A  M.  le  Président  de  V Académie  impériale  des  Curieux  de  la  nature ,  en  session 

Dresde . 


Monsieur  le  Président, 


Bordeaux,  20  février  1S71. 


Je  me  suis  senti  grandement  honoré  lorsqu’en  1858  j’ai  reçu  le  diplôme  de  membre 
de  votre  célèbre  Académie,  sous  le  cognomen  de  Gundelsheimer,  compagnon  de  Tourne- 
fort  en  Orient,  allusion  obligeante  à  mes  travaux  comme  botaniste  voyageur  dans  ces  con¬ 
trées.  La  guerre  actuelle  entre  nos  deux  nations  a  pris  un  tel  caractère,  qu’un  Français 
ne  peut  plus,  sans  compromettre  sa  propre  dignité,  entretenir  de  relations,  même  scien¬ 
tifiques,  de  l’autre  côlé  du  Rhin.  En  conséquence,  je  vous  prie  de  vouloir  bien  retrancher 
mon  nom  de  la  liste  des  membres  de  votre  Académie. 

Agréez  personnellement,  Monsieur  le  Président,  l’assurance  de  ma  considération  très- 
distinguée. 

Comte  Jaubert, 

Membre  de  l’Institut, 
député  du  Cher  k  l’Assemblée  nationale. 


Note  du  rédacteur  du  Moniteur,  —  Une  lettre  dans  le  même  sens  a  été  adressée  par 
M.  le  comte  Jaubert  à  la  Société  royale  de  botanique  à  Ratisbonne. 

M.  Cauvet  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 


REMARQUES  A  PROPOS  DE  CERTAINES  QUESTIONS  DE  PHYSIOLOGIE  SOULEVÉES 
PAR  LA  THÈSE  DE  M.  JULES  EDMOND  DUVAL  (1),  par  11.  CAUVET 

Dans  la  thèse  qu’il  a  soutenue  devant  l’École  supérieure  de  pharmacie 
de  Paris,  M.  Duval  a  émis  quelques  opinions  qui  me  paraissent  au  moins 
hasardées. 

Je  ne  me  serais  pas  occupé  de  cette  thèse,  si  elle  n’eût  pas  été  couronnée  et 

(1)  Des  ferments  organisés,  de  leur  origine,  et  du  rôle  qu'ils  sont  appelés  à  jouer 
dans  les  phénomènes  naturels.  Paris,  avril  1 869,  in-A°. 


SEANCE  OU  10  MARS  1871. 


si  les  rédacteurs  du  Journal  de  pharmacie  et  de  chimie ,  en  insérant  plu¬ 
sieurs  passages  de  ce  travail  dans  leur  journal,  n’avaient  ainsi  semblé  lui  don¬ 
ner  une  certaine  approbation. 

Lorsque  je  lus  ces  extraits,  je  voulus  tout  d’abord  protester  au  nom  de  la 
physiologie.  Mais  j’étais  alors  en  Algérie,  et  je  me  dis  que  peut-être  certaines 
parties  non  citées  de  cette  thèse  enlevaient  quelque  chose  de  leur  absolutisme 
aux  théories  un  peu  risquées  de  M.  Durai. 

Depuis  mon  arrivée  à  Paris,  le  hasard  m’a  fait  rencontrer  cette  thèse,  et 
j’ai  vu  avec  étonnement  que  les  extraits  cités  représentaient  bien  l’opinion  de 
son  auteur. 

Je  vais  donc  me  permettre  de  discuter  celles  des  parties  de  cette  thèse  qui 
me  paraissent  renfermer  des  erreurs  scientifiques. 

M.  Duval  dit  (p.  25)  :  «  Autant  qu’il  nous  a  été  permis  de  l’apprécier,  la 
»  prédisposition  polymorphique  des  êtres  inférieurs,  le  besoin  fatal  de  leur 
»  mutabilité,  n’ont  été  émis  par  personne  d’une  manière  non  équivoque.  » 

L’auteur  parle  des  travaux  de  Turpin,  de  Berkeley,  Bail,  Haliier,  Schlei- 
den,  Hoffmann  et  Pouchet.  Mais,  s’il  a  lu  ces  travaux,  il  ne  semble  guère 
en  avoir  tiré  profit,  au  point  de  vue  du  polymorphisme  des  êtres  inférieurs. 

M.  H.  Hoffmann  a  reconnu  que  la  levure  de  bière,  que  l’on  jette  après  s’en 
être  servi,  donne  constamment  naissance  à  une  efflorescence  douce  et  grisâtre 
composée  surtout  de  Pénicillium  glaucum ,  puis,  en  moindre  quantité,  de 
Pénicillium  brevipes ,  d 'Ascophora  eleguns ,  etc.  11  pense,  d’après  ces  obser¬ 
vations,  que  la  levure  de  bière  est  produite  par  des  Champignons  ordinaires 
en  particulier  par  des  Pénicillium ,  sur  les  filaments  desquels,  soit  végétatifs, 
soit  fertiles,  se  montrent  les  cellules  du  ferment. 

Le  ferment,  dit-il,  est  dû  aussi  à  une  sorte  de  bourgeonnement  des  spores 
submergées  et  même  à  une  production  de  conidies  (par  étranglement),  de 
quelques  ramifications  du  mycélium  aquatique. 

Ces  conidies  se  forment  également,  dans  des  circonstances  analogues,  sur 
V  Ascophora  Mucedo. 

Je  ne  sais  si  l’on  connaît  bien  la  nature  et  les  fonctions  de  tous  les  appareils 
de  multiplication  (?)  ou  de  reproduction  (?),  que  l’on  observe  chez  certains 
Champignons.  Qui  ne  sait  que,  pour  beaucoup  de  végétaux  inférieurs,  le  mi¬ 
lieu  entraîne  un  changement  dans  la  forme  de  leur  appareil  reproducteur,  ou 
même  dans  l’aspect  général  de  la  plante?  il  est  reconnu  que  tous  les  Crypto¬ 
games  se  reproduisent  normalement  par  des  spores,  et  pourtant  que  de 
noms  divers  n’a-t-on  pas  donnés  aux  formes  différentes  des  organes  repro¬ 
ducteurs  ! 

Que  sont  ces  conidies ,  ces  pyenides ,  ces  spiculés ,  ces  stérigmates,  ces 
basides,  ces  cystides ,  ces  conidies,  ces  sporanges,  ces  spermaties,  ces 
oogonies ,  ces  oocystes,  etc.,  si  ce  n’est,  en  beaucoup  de  circonstances, 
des  exemples  de  polymorphisme  appliqué  à  la  reproduction? 


38 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  UE  FRANCE. 


Ce  polymorphisme  a  été  signalé  chez  les  Erysiphe ,  qui  sont  un  état  parti¬ 
culier  de  la  végétation  d’autres  plantes.  M.  De  Bary  l’a  étudié  chez  les  Pucci- 
nia;  M.  OErsted  et  M.  Decaisne  l’ont  démontré  chez  le  Podisorna  Scibinœ, 
qui  devient  le  Rœstelia  cancellata  du  Poirier.  * 

Enfin,  les  mémoires  de  M.  E.  Rallier  ont  appris  que  les  parasites  de 
l’homme  appartiennent  à  un  petit  nombre  d’espèces,  dont  chacune  peut  se 
modifier  considérablement,  selon  les  milieux. 

Je  11e  puis  évidemment  citer  ici  tous  les  travaux  faits  à  ce  sujet  et  montrer 
que,  le  plus  souvent,  les  auteurs  ont  été  très -affirmatifs  à  propos  du  polymor¬ 
phisme  des  végétaux  inférieurs. 

Quel  exemple  plus  curieux  de  polymorphisme  peut-on  présenter  que  celui 
des  états  successifs  des  Myxomycètes,  tour  à  tour  animaux  et  plantes  ? 

Pour  les  Bactéries  et  autres  Vibrioniens,  que  M.  Duval  range  parmi  les 
animaux,  sait-on  bien  la  nature  de  ces  êtres  problématiques? 

Us  s’agitent  dans  les  liquides,  et  Ehrenberg,  Dujardin,  les  zoologistes  en 
général,  les  rangent  parmi  les  animaux. 

Mais,  depuis  longtemps,  M.  H.  Hoffmann  et  M.  Nægeli  considèrent  le  Bac- 
terium  Termo  comme  un  Champignon  (un  Schizomycète,  pour  M.  Nægeli). 
Pour  M.  Colin,  les  Bactéries  sont  le  jeune  âge  des  Zooglœa ,  les  Spirillum 
sont  des  Oscillaires. 

Selon  M.  Lueders,  les  Bactéries  peuvent  ramper  comme  des  Vibrions,  s’en¬ 
tortiller  comme  un  filament  d 'Hygrocrocis,  se  pelotonner  en  boules  et  former 
le  Zooglœa  de  M.  Colin;  dans  les  liquides  en  fermentation,  elles  se  transfor¬ 
ment  en  Leptothrix  ou  en  espèces  du  genre  Palmella.  Les  spores  des  Mucor , 
Botrytis  et  Pénicillium ,  cultivées  dans  l’eau  pure,  produisent  des  Bactéries, 
qui  grossissent,  puis  se  confondent  et  constituent  des  agglomérations  par  qua¬ 
tre,  huit,  seize,  semblables  à  celles  des  Merismopœdia  et  autres  Palmellées  ;  ou 
bien  ces  corpuscules  arrivent  à  renfermer  un  liquide,  avec  un  noyau  brillant 
à  chacune  de  leurs  extrémités  :  ce  sont  alors  des  Torula. 

Voilà  pour  les  êtres  douteux  compris  entre  le  règne  animal  et  le  règne 
végétal. 

Passons  au  polymorphisme  des  animaux  inférieurs. 

Sans  nous  occuper  du  mode  de  reproduction  des  Spongiaires,  si  bien  étu¬ 
diés  par  MM.  Laurent,  Carter,  Grant,  Kœlliker,  Huxley,  Schmidt,  Lieber- 
kuehn,  ni  même  des  phénomènes  de  généagenèse  offerts  par  les  Distomaires, 
les  Cestoïdeset  les  Polypo-Méduses,  bornons -nous  à  relater  les  transformations 
singulières  que  l’on  a  signalées  chez  les  Infusoires. 

M.  Pineau  a  vu  une  Monade  se  transformer  en  Actinophrys.  L’un  des 
rayons  de  VA ctinophrys  s’allonge,  le  corps  de  l’animal  se  renfle  d’un  côté, 
s’amincit  de  l’autre;  on  dirait  une  poire  supportée  par  une  longue  queue  : 
V Actinophrys  devient  un  Acincte.  Puis  le  sommet  de  la  poire  s’affaisse,  se 
creuse  d’une  cavité  dont  les  bords  se  garnissent  de  cils  vibratiles;  un  orifice 


SÉANCE  DU  10  MARS  1871 


39 


ouccal  apparaît  au  centre  de  cette  cavité,  s’élargit  de  plus  en  plus,  en  même 
temps  que,  dans  le  pédicule,  s’organise  un  cordon  très- contractile  :  VAci* 
n'ete  se  change  en  Vorticelle. 

Les  observations  de  M.  Slein  semblent  faire  suite  à  celles  de  M.  Pineau. 
Après  un  certain  temps,  la  Vorticelle  redevient  Acinète.  Celle-ci,  par  bour¬ 
geonnement  interne,  produit  une  série  continue  de  Vorticelles ,  ou  bien,  tou¬ 
jours  à  l’intérieur,  le  bourgeon  se  fractionne  en  un  nombre  infini  de  nucléoles 
très-petits  qui  s’organisent  peu  à  peu  et  s’échappent  enfin  sous  la  forme  de 
Monades. 

M.  Pineau  a  vu  les  Vorticelles  présenter  un  autre  mode  de  production  : 
certaines  perdent  leurs  pédicules,  s’enkystent,  et  se  transforment  en  Oxy- 
triques.  Les  métamorphoses  de  ces  derniers  Infusoires  ont  été  étudiées  par 
Jules  Haime. 

Après  s’être  multipliée  par  fissiparité,  l 'Oxy trique  perd  ses  mouvements 
petit  à  petit,  ses  cils  disparaissent,  et  elle  s’entoure  d’une  coque  flexible,  sécré¬ 
tée  par  ses  téguments. 

De  ce  kyste  sort  un  Loxode ,  qui  se  remet  en  boule  et,  par  des  transfor¬ 
mations  nouvelles,  se  change  en  un  Trichode-Lyncée.  Là,  sans  doute,  ne 
s’arrête  pas  l’évolution,  car  Jules  Haime  n’a  pu  découvrir  les  œufs  du  Tri- 
chode. 

En  admettant  que  les  recherches  de  Jules  Haime  continuent  celles  de 
M.  Pineau,  le  Trichode ,  avant  d’arriver  à  cette  forme  dernière,  passerait  par 
les  états  successifs  de  Monade,  Actinophrys ,  Acin'ete ,  Vorticelle ,  Oxy  trique, 
Loxode . 

Les  auteurs  plus  modernes  n’ont  pas  généralement  accepté  la  valeur  des 
observations  de  Pineau  et  de  Stein;  aucun  n’a  attaqué  celles  de  Jules  Haime. 

M.  d’Udekem,  qui  combat  les  observations  de  Stein,  admet  néanmoins  que, 
si  les  Vorticelles  ne  se  transforment  pas  directement  en  Acinètes ,  il  existe  une 
nouvelle  phase  dans  cette  métamorphose  :  la  Vorticelle  s’enkyste,  du  kyste 
sort  une  Opaline ,  et  celle-ci,  après  avoir  nagé  quelque  temps,  se  fixe  et  de¬ 
vient  une  Acinète.  Cette  dernière  enfin  produit  des  sortes  de  bourgeons 
internes,  qui,  une  fois  sortis  de  leur  parent,  se  meuvent  à  l’aide  de  longs  cils 
vibratiles,  puis  se  fixent  et  se  transforment  en  Acinètes. 

Nous  venons  de  voir  la  mutabilité  ,  le  polymorphisme  se  montrer  dans  les 
animaux,  dans  les  végétaux  et  chez  les  êtres  douteux  placés  entre  ces  deux 
règnes. 

M.  Duval  a  eu  donc  tort  de  dire  que  cette  mutabilité  n’avait  été  indiquée 
par  personne  d’une  manière  non  équivoque. 

Passons  à  la  partie  saillante  de  la  thèse  de  M.  Duval  et  analysons-la  rapide¬ 
ment. 

L’auteur  a  mis  des  lambeaux  de  Padmella  cruenta  dans  un  liquide  fermen¬ 
tescible,  et  il  a  remarqué  que  la  matière  verte  des  cellules  de  cette  plante  s’est 


ZiO  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

transformée  d’abord  en  sphérules,  puis  en  amas  de  cellules  identiques  à  a 
levûre  de  bière,  quoique  plus  petites,  et  qui  sont  devenues  libres  par  la  des¬ 
truction  de  la  cellule-mère. 

Les  nouvelles  cellules  ont  déterminé  la  fermentation  alcoolique  de  la  liqueur. 

M.  Duval  conclut  que  la  production  de  ces  cellules  est  due  à  la  faculté  créa¬ 
trice  des  granulations  moléculaires,  qui  se  transformeraient  lorsqu’elles  se 
trouvent  dans  des  conditions  favorables  à  leur  évolution.  Au  lieu  de  ne  voir, 
dans  le  fait  observé,  qu’un  cas  de  polymorphisme  des  Palmella ,  dont  la 
matière  verte,  comme  chez  beaucoup  de  végétaux  inférieurs,  peut,  en  s’ag¬ 
glomérant,  donner  naissance  à  une  forme  nouvelle,  ainsi  que  l’a  observé 
M.  Lueders,  M.  Duval  en  tire  une  déduction  bien  autrement  étendue. 

Il  pense  que  la  matière  contenue  dans  les  cellules  vivantes  peut,  en  de  cer¬ 
taines  circonstances,  se  transformer  pour  donner  naissance  à  un  ferment, 
mais,  bien  entendu,  sous  l’influence  vivifiante  de  l’oxygène.  Selon  lui,  dans 
l’expérience  de  Gay-Lussac  avec  le  grain  de  raisin,  c’est  moins  à  la  bulle  d’air 
introduite  qu’à  la  matière  vivante  des  cellules  qu’est  due  la  production  du  fer¬ 
ment.  Aussi  admet-il  comme  fondée  l’opinion  de  Fabroni,  que,  dans  un  grain 
de  raisin,  la  matière  fermentescible  se  trouve  juxtaposée  à  la  matière  ferment. 

De  là  à  dire  qu’il  en  est  de  même  dans  la  fermentation  de  tous  les  sucs  de 
fruits,  il  n’y  avait  qu’un  pas  à  faire,  et  M.  Duval  ne  s’en  prive  pas. 

Je  ne  suivrai  pas  l’auteur  dans  les  raisonnements  de  valeur  problématique 
sur  lesquels  il  essaye  d’appuyer  sa  manière  de  voir,  qu’il  appelle  une  conception 
hardie. 

Bien  hardie  elle  est,  en  effet,  cette  conception  d’un  jeune  homme  qui  veut 
combattre  l’hétérogénie  et  ne  s’aperçoit  pas  qu’il  suit  la  même  voie,  les  mêmes 
errements  que  les  apôtres  de  ce  système.  Il  pense  s’écarter  de  l’opinion  de 
Buffon  sur  le  système  des  molécules  organiques,  en  cela  «  que  le  grand  natu- 
»  raliste  argumentait  sans  preuves  palpables,  et  que  sa  doctrine,  embrassant 
»  un  champ  beaucoup  trop  vaste,  la  faisait  tomber  dans  les  régions  nuageuses 
»  du  mystère  et  de  l’impénétrable 

J’avoue  que  je  suis  resté  tout  ébahi  en  lisant  cette  phrase.  On  peut  répondre 
à  M.  Duval  :  Et  vous  donc  !  où  allez-vous?  Parce  que  vous  vous  trouvez  en 
face  d’un  végétal  polymorphe,  vous  vous  croyez  en  droit  de  tirer,  de  ce  que 
vous  voyez,  une  théorie  que  Buffon  tirait  de  son  seul  génie,  et  qui  n’en  était 
pas  moins  admirable,  malgré  son  défaut  de  vérité. 

L’expérience  de  Gay-Lussac  avec  les  grains  de  raisin  est,  à  peu  de  chose 
près,  comparable  à  celles  qui  ont  servi  de  base  à  la  méthode  d’Appert,  et, 
quant  à  l’opinion  de  Fabroni,  elle  est  depuis  longtemps  reléguée  parmi  ces 
théories  qui  prennent  leur  source  dans  les  régions  nuageuses  du  mystère , 
comme  dit  M.  Duval. 

Je  ne  saurais  trop  m’étonner  d’ailleurs  que  M.  Duval  ne  connut  pas  le  mé¬ 
moire  publié  par  51.  H.  Hoffmann,  dans  le  Botanische  Zeitung ,  et  dont  il  a 


SÉANCE  DU  10  MARS  1871. 


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été  rendu  compte  en  1860  dans  notre  Revue  bibliographique  (voy.  le  Bulle¬ 
tin,  t.  VII,  p.  180).  Son  esprit  judicieux  eût  été  sans  doute  mis  en  éveil  par 
la  lecture  de  ce  mémoire,  et  sa  croyance  en  la  vérité  de  l’opinion  de  Fabroni 
eût  été  profondément  modifiée. 

M.  H.  Hoffmann  s’est  assuré,  de  visu  et  experimento,  que  la  fermentation 
des  fruits  est  déterminée  par  les  spores  de  Cladosporium,  Stemphyliurn ,  etc. , 
qu’on  trouve  à  leur  surface.  Si  l’on  immerge  ces  fruits  dans  de  l’eau  bouil¬ 
lante,  pendant  quatre  à  dix  secondes,  la  fermentation  de  leur  jus  ne  s’établit 
pas  ou  s’établit  incomplètement  et  avec  un  retard  de  plusieurs  heures.  Si  l’on 
maintient  des  baies  de  Groseillier-à-maquercau  dans  l’eau  froide,  pendant  trois 
quarts  d’heure,  en  les  agitant  de  loin  en  loin,  cette  eau  agit  comme  ferment, 
faible  à  la  vérité.  En  raclant  ces  baies  avec  un  scalpel  et  en  mettant  les  raclures 
dans  de  l’eau  distillée,  à  l’abri  de  toute  poussière,  vingt-quatre  heures  après 
on  y  remarque  des  filaments  germinatifs  en  groupes  épais  et  de  nombreuses 
cellules  de  fermenta  tous  les  degrés  de  développement. 

Je  ne  m’étendrai  pas  davantage  sur  les  travaux  de  M.  H.  Hoffmann,  et  je 
passe  sans  autre  transition  à  ce  que  je  disais  plus  haut  relativement  à  la  pa¬ 
renté  des  opinions  de  M.  Duval  avec  celles  des  hétérogénistes. 

M.  Pineau  place  un  morceau  de  chair  musculaire  dans  de  l’eau  de  puits  ; 
en  observant  la  manière  dont  s’effectue  la  destruction  de  cette  chair,  il  reste 
convaincu  que  la  substance  organique  s’est  convertie  en  animalcules. 

MM.  Pouchet  et  Joly  disent  avoir  vu  les  granules  du  vitellus  de  l’œuf 
de  poule  se  réduire  à  un  état  de  ténuité  extrême  et  donner  naissance  à  des 
Monades  et  à  des  Bactéries. 

M.  Montegazza  enferme  un  morceau  de  courge  fraîche,  avec  de  l’eau  dis¬ 
tillée,  dans  un  tube  plat  qu’il  ferme  à  la  lampe  et  qu’il  met  sur  le  champ  du 
microscope. 

Après  une  observation  non  interrompue  de  seize  heures,  il  voit  sous  ses 
yeux  se  former  des  Vibrions  et  des  Bactéries. 

Dans  les  expériences  ci-dessus,  selon  ceux  qui  les  ont  faites,  c’est  la  matière 
organisée  qui  se  transforme  en  animalcules.  D’autre  part,  M.  Duval  a  conclu 
de  son  observation  avec  le  Palmella  que  la  production  des  cellules-ferments 
est  due  à  la  faculté  créatrice  des  granulations  moléculaires  qui  se  transforme¬ 
raient  lorsqu’elles  se  trouvent  dans  des  conditions  favorables  à  leur  évolution. 
On  peut  juger  que  cette  manière  de  voir  est  en  tout  comparable  à  celle  des 
hétérogénistes. 

Si,  mieux  instruit  de  la  manière  dont  se  fait  souvent  la  multiplication  des 
Champignons  inférieurs  et  de  beaucoup  d’Algues,  il  s’était  contenté  de  voir, 
dans  le  fait  observé,  un  phénomène  de  multiplication  analogue  à  ceux  que  l’on 
observe  chez  les  êtres  généagénétiques,  M.  Duval  eût  été  dans  le  vrai.  Mais  il  se 
lance  dans  les  régions  nuageuses  des  hypothèses,  et  ce  qu’il  regarde  comme 
une  conception  hardie  n’est  pas  autre  chose  qu’une  utopie  pure  et  simple. 


k'I  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

La  parenté  que  je  viens  de  signaler  entre  les  opinions  des  hétérogénistes  et 
celles  de  M.  Duval  n’a  pas  été  entrevue  par  lui.  Aussi  termine-t-il  la  troisième 
partie  de  sa  thèse  par  les  conclusions  suivantes,  basées  à  la  fois  sur  la  muta¬ 
bilité  des  germes  et  sur  la  production  d’un  être  nouveau,  issu  de  la  matière 
des  cellules.  Il  admet  donc  : 

«  l°Que,  malgré  que  l’air  soit  la  source  la  plus  commune  des  ferments,  ce 
»  disséminateur  universel  n’est  pas  toujours  indispensable  à  leur  formation 
»  originelle. 

«  2°  Que  la  panspermie  pure  et  simple,  abstraction  faite  delà  mutabilité  des 
y>  germes,  est  impuissante  à  expliquer  leur  origine  dans  tous  les  cas. 

»  3°  Que  du  moment  où  ces  reproducteurs  des  ferments  11e  se  trouveraient 
»  pas  en  nature  dans  les  liquides  normaux  retirés  de  l’organisation  vivante, 
»  les  granulations  renfermées  dans  les  cellules  non  brisées  qu’on  rencontre 
»  forcément  dans  ceux-ci  sont  susceptibles  de  s’accroître  et  de  devenir,  après 
»  modification,  des  ferments  actifs,  aptes  à  se  reproduire  et  possédant  en  tout 
»  point  le  caractère  des  ferments  proprement  dits.  La  panspermie,  la  mutabi- 
»  lité  des  germes  et  leur  formation  possible  dans  les  cellules  vivantes,  voilà 
»  donc  trois  moyens  d’action  qui  se  simplifient  l’un  par  l’autre.  Ajoutons  enfin 
»  qu’ils  annihilent  d’une  manière  évidente  la  croyance  aux  genèses  spon- 
»  tanées.  » 

Je  m’arrête  ici,  11e  voulant  pas  poursuivre  plus  loin  l’examen  de  cette  thèse, 
ni  combattre  les  arguments  sur  lesquels  son  auteur  étaye  ses  opinions. 

On  a  pu  juger  combien  ces  opinions  sont  différentes  de  celles  que  suggèrent 
l’observation  judicieuse  des  faits  et  les  principes  de  la  science. 

M.  Roze  présente  les  observations  suivantes  : 

Mon  intention  11’est  pas  de  suivre  M.  Cauvet  dans  toutes  les  parties  de  son 
intéressante  critique.  Je  lui  demanderai  seulement  a  permission  d’émettre 
une  opinion  moins  affirmative  que  la  sienne  au  sujet  de  la  levure,  que  certains 
auteurs  rattachent,  il  est  vrai,  à  un  Pénicillium ,  mais,  à  ce  qu’il  me  semble, 
tout  au  moins  prématurément,  sinon  à  tort.  J’ai  fait  moi-même  quelques 
recherches  sur  ce  sujet,  et  j’ai  été  conduit  à  reconnaître  que  le  résultat  de 
l’expérience,  quel  qu’il  fût  d’ailleurs,  était  des  plus  susceptibles  d’une  inter¬ 
prétation  erronée.  En  effet,  si  le  Pénicillium  succède  au  Mycoderma ,  rien 
ne  prouve  que  ce  dernier  ne  lui  serve  point  alors  de  substratum  pour  se  déve¬ 
lopper  ;  et  si  un  semis  de  spores  de  Pénicillium  est  suivi  de  l’apparition  du 
Mycoderma ,  il  est  à  peu  près  impossible  d’avoir  la  certitude  que  ce  dernier, 
ou  ne  l’accompagnait  point,  ou  11e  se  trouvait  pas  déjà  lui-même  sur  le  liquide 
fermentescible.  D’où  il  résulte  que  cette  question,  comme  celle  des  générations 
spontanées,  est  extrêmement  difficile  à  prouver  expérimentalement. 

D’un  autre  côté,  M.  Cauvet  111’a  paru  considérer  les  Myxomycètes  comme 


SÉANCE  DU  10  MARS  1871. 


A3 

des  animaux.  M.  De  Bary,  auquel  on  doit  de  fort  beaux  travaux  sur  ces  êtres 
singuliers,  les  avait  en  effet  classés  comme  tels  à  la  suite  de  ses  premières 
recherches.  Mais  il  me  semble  avoir  changé  d’avis  depuis  lors,  surtout  dans 
ses  dernières  publications,  puisqu’il  remplace  même  le  nom  de  Mycétozoaires , 
qu’il  leur  avait  donné  antérieurement,  par  celui  de  Myxomycètes.  Certes,  de 
si  étranges  Champignons  étaient  bien  faits  pour  étonner  tout  d’abord,  car  on 
ne  se  fait  guère  à  cette  idée  qu’un  végétal  puisse  exister  sans  qu’il  soit  revêtu 
de  tissu  cellulaire  durant  sa  vie  propre,  pendant  laquelle  il  est  en  même  temps 
doué  d’un  mouvement  sensible  et  soumis  à  une  nutrition  pour  ainsi  dire  ani¬ 
male  !  Mais  cette  organisation  si  particulière  n’est  plus  aujourd’hui  susceptible 
d’être  jugée  comme  tout  à  fait  anormale,  car  ce  que  nous  savons  déjà  du  rôle 
du  plasma  ne  tend  à  rien  moins  qu’à  nous  prouver  qu’il  constitue  la  base 
essentielle  de  la  vie  des  plantes.  Quoi  qu’il  en  soit,  j’espère,  avec  l’agrément 
de  la  Société,  pouvoir  lui  faire  dans  quelque  temps  une  communitation  sur 
cet  important  sujet. 

M.  Cauvet  répond  : 

Les  observations  présentées  par  M.  Roze  se  rapportent  à  deux  ordres  de  faits 
bien  distincts  : 

1°  Ce  que  j’ai  dit  du  polymorphisme  des  Pénicillium  ; 

2°  L’animalité  (?)  des  Myxomycètes. 

Je  vais  répondre  à  chacune  d’elles  successivement. 

En  entreprenant  la  critique  de  la  thèse  de  M.  Duval,  je  n’ai  pas  eu  la  pré¬ 
tention  d’affirmer  que  tous  les  faits  exposés  dans  ma  note  sont  incontestables 
et  définitivement  acquis. 

Je  me  suis  proposé  de  prouver  combien  M.  Duval  a  eu  tort  de  dire  que  «  la 
»  prédisposition  polymorphique  des  êtres  inférieurs,  le  besoin  fatal  de  leur 
»  mutabilité,  n’ont  été  émis  par  personne  d’une  manière  non  équivoque  ». 

Pour  montrer  l’erreur  de  cette  opinion,  j’ai  cité  quelques  exemples  du 
polymorphisme  observé  chez  les  êtres  inférieurs  et  j’ai  pris  ces  exemples  : 
1°  chez  les  animaux;  2°  chez  les  végétaux;  3°  chez  les  êtres  de  nature  pro¬ 
blématique,  qui  semblent  jetés  comme  un  pont  entre  les  deux  règnes. 

Je  n’ai  pas  à  défendre  la  valeur  réelle  des  travaux  dont  j’ai  parlé  :  je  faisais, 
à  l’encontre  des  idées  de  M.  Duval,  une  sorte  de  revue  bibliographique  des 
faits  observés. 

Je  n’avais  pas  d’ailleurs  à  juger  ces  travaux.  Si  je  me  l’étais  permis,  si 
j’avais  suivi  le  vagabondage  de  ma  pensée  lorsque  j’étais  au  milieu  du  fouillis 
d’opinions  contradictoires  émises  au  sujet  du  polymorphisme  et  de  la  nature 
du  protoplasma,  j’aurais  été  bien  au  delà  du  but  précis  que  je  m’étais  imposé  : 
la  critique  de  quelques  points  litigieux  de  la  thèse  de  M.  Duval. 

M.  Roze  me  reproche  d’avoir  été  trop  affirmatif  au  sujet  de  l’origine  de  la 


h  h 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


levure.  Je  sais  combien  celte  question  est  encore  entourée  d’obscurité  et  com¬ 
bien  il  est  difficile  (sinon  impossible),  dans  des  expériences  de  ce  genre,  de  se 
mettre  à  l’abri  de  toute  cause  d’erreur. 

Je  lui  abandonne  volontiers  les  travaux  de  M.  H  allier,  et  même  ceux  de 
M.  Lueders,  comme  j’ai  abandonné  les  travaux  de  Pineau  sur  les  métamor¬ 
phoses  des  Infusoires. 

Je  ne  puis  toutefois  en  faire  autant  vis-à-vis  de  ceux  de  M.  H.  Hoffmann. 
Ce  savant,  dont  l’autorité  est  incontestable,  regarde  les  Leptothrix  comme 
formés  par  un  assemblage  de  Bactéries,  et,  tout  en  faisant  les  plus  grandes 
réserves  au  sujet  des  difficultés  de  l’expérimentation,  il  admet  que  le  Myco- 
derma  peut  naître  du  Pénicillium. 

J’avoue  que  ces  questions  ne  sont  pas  encore  bien  nettement  définies,  et  je 
crains  fort  que,  comme  celle  des  générations  spontanées,  elles  ne  soient  jamais 
résolues  d’une  façon  péremptoire.  Toutefois,  si  la  saine  induction  des  faits 
met  hors  de  doute  l’inanité  de  la  théorie  des  générations  spontanées,  il  ne  sau¬ 
rait  en  être  de  même  pour  la  question  du  polymorphisme.  Si  je  ne  craignais 
d’être  entraîné  trop  loin,  je  pourrais  montrer  le  polymorphisme  chez  les  ani¬ 
maux,  en  rattachant  ce  polymorphisme  au  phénomène  de  la  généagenèse. 
L’animal  digénèse  a  besoin  d’un  certain  milieu  pour  revêtir  certaine  forme, 
il  peut  se  multiplier  parfois  d’une  manière  surprenante  (Acéphalocystes, 
Hydatides). 

Si  les  expériences  relatives  aux  végétaux  ne  sont  pas  encore  absolument 
démonstratives,  rien  11c  prouve  que  certains  d’entre  eux  ne  possèdent  pas  la 
même  propriété.  Il  faut  être  très-réservé  à  cet  égard,  je  le  concède  volontiers  ; 
mais  cette  réserve  ne  saurait  induire  à  une  négation  dont  les  faits  observés 
tendent  à  montrer  le  peu  de  fondement. 

M.  Roze  m’attribue,  bien  à  tort,  l’opinion  que  les  Myxomycètes  sont  des 
animaux.  Je  ne  vois  pas,  dans  ma  notice,  ce  qui  peut  m’être  imputé  en  faveur 
de  cette  croyance. 

Les  travaux  de  31.  Cienkowski,  de  31.  Wigand  et  de  M.  De  Bary  ont  depuis 
longtemps  fait  connaître  la  nature  de  ces  Champignons  (?)  singuliers,  que,  tout 
d’abord,  M.  De  Bary  avait  nommés  Mycétozoaires  et  rapportés  avec  doute  au 
règne  animal. 

J’en  ai  fait.  l’histoire  abrégée  dans  mes  Nouveaux  Eléments  d’histoire  natu¬ 
relle  médicale ,  et,  si  la  Société  le  désire,  je  pourrai  lui  communiquer  ce 
chapitre  de  mon  livre. 

Je  n’ai  point  dit  que  les  3Iyxomycètes  sont  des  animaux;  mais  j’ai  dit  que, 
pendant  une  partie  de  leur  existence,  ces  êtres  présentent  tous  les  attributs  de 
l’animalité.  Ils  se  meuvent  et  se  nourrissent  comme  les  Amibes  ;  comme  les 
Amibes ,  ils  se  contractent  sous  l’influence  des  excitants.  Un  observateur  qui 
les  examinerait,  pendant  cette  période  de  leur  vie,  ne  pourrait  s’empêcher  de 
les  prendre  pour  des  animaux.  Si  l’on  suit,  au  contraire,  leurs  différentes 


SÉANCE  DU  10  MARS  1871.  Il 5 

phases,  on  les  voit  arriver  à  la  production  de  la  cellulose ,  c’est-à-dire  de  ce 
principe  immédiat  qui  paraît  être  le  seul  caractère  exclusif  des  végétaux. 

La  matière  animée  qui  forme  seule  le  Myxomycète  à  son  origine  n’est  évi¬ 
demment  pas  spéciale  à  ces  êtres,  comme  le  fait  observer  M.  Roze.  En  1860, 
M.  Garreau  étudia  le  plasma  des  cellules,  et,  voyant  que  cette  matière  se  con¬ 
tracte  sous  l’influence  de  l’alcool,  de  l’acide  chlorhydrique  et  de  l’azotate  de 
mercure,  il  l'appelle  matière  animale  intracellulaire. 

Depuis  cette  époque,  MM.  Schultze,  Hæckel,  Schnetzler  ont  fait  connaître 
leurs  recherches  sur  le  protoplasma.  Ils  ont  vu  que  ce  protoplasma  se  com¬ 
porte  comme  les  pseudopodes  des  Polylhalames  et  des  Radiolaires,  lorsqu’on 
le  soumet  à  l’influence  des  réactifs  chimiques  et  des  courants  d’induction.  Les 
granulations  du  protoplasma  se  meuvent  de  la  même  manière  que  dans  les 
pseudopodes  de  ces  animaux  ;  comme  chez  eux,  on  observe  la  confluence  des 
filaments  qui  arrivent  au  contact. 

D’autre  part,  M.  Kuehne  a  démontré  que  la  substance  contractile,  vivante, 
incluse  dans  le  sarcolemme,  est  un  liquide  dont  les  mouvements  peuvent  s’ef¬ 
fectuer  dans  tous  les  sens  et  coagulable  à  AO  degrés.  En  comparant  ce  liquide 
à  la  matière  qui  forme  le  parenchyme  des  Amibes,  M.  Kuehne  a  observé  que 
ce  parenchyme  est  coagulable  par  la  chaleur,  comme  la  substance  contractile 
des  muscles,  et  que  les  courants  d’induction,  qui  font  contracter  les  muscles, 
influencent  aussi  les  Amibes,  qui  se  contractent  vivement  en  boule. 

Dans  ses  études  sur  l’irritabilité,  M.  Claude  Bernard  a  admis  que  les  sub¬ 
stances  contractiles  sont  des  degrés  divers  d’une  même  substance,  celle-ci 
pouvant  être  libre  et  amorphe  (Amibes)  ;  unie  à  une  enveloppe  élastique  et 
constituant  un  système  à  la  fois  contractile  et  élastique  (Polypes  hydraires); 
limitée  dans  des  tubes  constituant  les  fibres  musculaires  lisses  ou  striées  et 
dominée  par  des  nerfs. 

Les  recherches  de  M.  Claude  Bernard  démontrent  que  la  rigidité  cada¬ 
vérique  est  due  exclusivement  à  la  contraction  de  la  matière  vivante  incluse 
dans  le  sarcolemme.  Cette  propriété  est  comparable  à  celle  que  possèdent  les 
Amibes  et  les  Myxomycètes,  dans  leur  période  animale  (?),  de  se  contracter 

en  boule. 

Il  existe  donc,  chez  les  animaux  et  les  végétaux,  une  matière  vivante,  con¬ 
tractile,  qui  se  montre  dépourvue  d’une  membrane  propre  chez  les  êtres  les 
plus  inférieurs  de  ces  deux  groupes,  soit  d’une  manière  permanente  (Amibes), 
soit  d’une  manière  transitoire  (Myxomycètes). 

La  seule  différence  entre  le  plasma  des  végétaux  et  la  matière  incluse  dans 
le  sarcolemme,  c’est  que  la  première  se  meut  entre  des  parois  rigides  (le  plus 
souvent),  tandis  que  la  seconde,  contenue  dans  des  tubes  élastiques,  peut,  en 
se  contractant,  amener  le  raccourcissement  de  ces  tubes. 

M.  Hofmeister  a  donné,  des  mouvements  des  granulations  du  plasma,  une 
explication  peut-être  un  peu  hasardée  et  que  Eautorité  de  ce  physiologiste 


Z|6  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  UE  FRANCE. 

pouvait  seule  étayer.  Je  ne  crois  pas  que  l’on  puisse  rapporter  tous  les  phéno¬ 
mènes  de  la  nature  animée  à  des  actions  purement  physiques  et  chimiques.  Il 
y  a  sans  doute,  au-dessus  de  ces  actions,  quelque  chose  de  plus  élevé  :  c’est 
ce  qu’on  appelle  la  vie. 

M.  Roze  nous  annonce  une  communication  sur  le  rôle  du  plasma.  Je  désire 
bien  vivement  qu’il  puisse  éclairer  quelques-uns  des  points  encore  si  obscurs 
de  l’histoire  de  cette  matière. 

La  rigoureuse  observation  des  faits  et  la  sûreté  du  jugement  dans  les 
déductions  sont  des  qualités  qui  distinguent  M.  Roze,  et  je  ne  doute  pas  que 
sa  communication  ne  présente  un  haut  intérêt. 

M.  Cornu  présente  quelques  échantillons  desséchés  de  Nitella 
batrachosperma ,  intéressante  espèce  de  Characées,  dont  il  a  entre- 
tenu  la  Société  dans  sa  séance  du  25  novembre  dernier  (voy.  le 
Bulletin,  t.  XVII  [Séances],  p.  303). 

M.  l’abbé  Chaboisseau  annonce  qu’il  a  trouvé  récemment,  dans 
la  Seine,  à  Billancourt  près  Paris  (en  face  du  bastion  n°  67),  le 
Char  a  mucronata. 


SÉANCE  DU  24  MARS  1871. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  E.  ROZE,  VICE-PRÉSIDENT. 

M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  du  4  0  mars,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Lecture  est  donnée  de  la  lettre  suivante  de  M.  le  Président  de 
la  Société  : 

LETTRE  DE  il.  EEBMA1A'  DE  S  AIM'T- PIERRE. 

A  Monsieur  le  Secrétaire  général  de  la  Société  botanique  de  France. 

Château  du  Bessay  (Nièvre),  16  mars  4871. 

Cher  Secrétaire  général, 

Je  vous  prie  d’être  mon  interprète  près  de  la  Société  botanique,  et  de 
vouloir  bien  transmettre  à  nos  honorables  confrères  les  bien  vifs  regrets  que 
j’exprime  dans  ces  quelques  lignes  de  ne  pouvoir  leur  adresser  de  vive  voix 
l’expression  de  mes  sentiments. 

Des  devoirs  de  famille,  d’impérieuses  obligations  m’ont  forcé  de  rester  éloi¬ 
gné  de  Paris  pendant  la  durée  de  cette  guerre  si  désastreuse  pour  la  France  et 


SÉANCE  DU  2/l  MARS  1871. 


hl 

si  fatale  pour  la  civilisation,  dont  Paris  était  et  est  encore  à  la  fois  la  tête  et  le 
cœur.  Je  ne  saurai  jamais  me  consoler  de  n’avoir  pu  me  trouver  au  milieu  de 
vous,  Messieurs,  pour  partager  les  privations  et  les  dangers  que  vous  avez  si 
stoïquement  et,  il  est  permis  de  le  dire,  si  héroïquement  supportés  pendant  la 
durée  de  l’investissement  et  du  bombardement  de  la  capitale  du  monde  des 
sciences,  des  lettres  et  des  beaux-arts  (j’ai,  pour  mon  humble  part,  rendu 
d’obscurs  mais  utiles  services  en  qualité  de  médecin  d’ambulance). 

Votre  attitude  si  ferme  et  si  pleine  de  dignité  alors  que,  malgré  le  retentis¬ 
sement  sinistre  du  canon  et  sous  la  grêle  d’engins  meurtriers  qui  criblaient  la 
rive  gauche  de  la  Seine  et  pouvaient  à  chaque  instant  vous  atteindre,  vous 
poursuiviez  avec  calme  les  travaux  de  vos  séances  ;  cette  attitude,  Messieurs, 
que  notre  monde  scientifique  ne  pouvait  qu’attendre  de  vous,  restera  un  des 
titres  les  plus  précieux,  un  des  souvenirs  les  plus  glorieux  de  la  Société  bota¬ 
nique  de  France. 

Qui  nous  eût  dit,  Messieurs,  il  y  a  quelques  mois  à  peine,  lorsque,  pendant 
notre  dernière  session,  nous  parcourions  si  gaiement  les  pittoresques  monta¬ 
gnes  du  Morvan,  les  rives  agrestes  de  la  Loire,  les  riches  campagnes  de  la 
Bourgogne,  du  Nivernais  et  du  Berry,  que  tant  de  beaux  pays  étaient  menacés 
de  si  grands  désastres? 

Quelques  semaines  plus  tard,  l’honorable  président  de  la  session,  notre 
savant  maître  M.  le  comte  Jaubert,  qui  nous  avait  offert  à  tous,  au  château  de 
Givry,  une  si  charmante  et  si  cordiale  hospitalité,  était  atteint  bien  cruellement 
dans  ses  affections  les  plus  chères  :  son  fils,  M.  le  vicomte  Hippolyle  Jaubert, 
dont  beaucoup  d’entre  nous  ont  pu  apprécier  les  éminentes  qualités  d’esprit  et 
de  cœur,  martyr  de  son  dévouement  à  la  cause  de  la  France  et  de  l’humanité, 
était  ravi  à  la  famille  dont  il  était  adoré. 

Qui  de  nous,  Messieurs,  pendant  cette  guerre  funeste,  n’a  été  frappé  en  plein 
cœur  ?  qui  de  nous  n’aspire  en  ce  moment  à  des  jours  de  calme  qui  puissent 
nous  permettre  de  panser  de  si  cruelles  blessures  ?  Et  le  retour  à  nos  chères 
études  n’est-il  pas,  pour  distraire  des  chagrins  du  cœur,  pour  adoucir  les 
peines  de  l’esprit,  l’un  des  remèdes  les  plus  efficaces  ? 

Cette  année,  si  néfaste  et  si  fertile  en  désastres  de  toute  nature,  n’aura  ce¬ 
pendant  pas  été  stérile  au  point  de  vue  de  notre  science  de  prédilection.  Sans 
doute,  les  projets  que  nous  étions  heureux  de  mettre  à  l’élude  au  début  de 
l’année  précédente,  projets  relatifs  soit  à  l’ordre  à  mettre  dans  nos  importantes 
collections,  soit  aux  gravures  à  multiplier  dans  les  articles  et  les  mémoires  de 
notre  Bulletin ,  soit  à  toute  autre  amélioration,  ont  dû,  par  la  force  des  choses 
et  le  malheur  des  temps,  subir  un  temps  d’arrêt  forcé  ;  mais  cet  arrêt  n’aura 
été,  espérons-le,  qu’un  court  ajournement.  Pendant  les  premiers  mois  de  1870, 
d’importantes  et  nombreuses  communications,  d’intéressants  mémoires,  d’in¬ 
structives  discussions  ont  occupé  et  animé  de  nombreuses  séances.  Notre  inté¬ 
ressante  session,  au  mois  de  juin,  dans  les  domaines  de  la  flore  du  centre  de 


AS 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


la  France,  nous  laissera  les  plus  charmants  souvenirs;  enfin,  malgré  les  diffi¬ 
cultés  de  tout  genre  apportées  pendant  la  longue  durée  du  siège  de  Paris  à 
l’impression  de  notre  Bulletin,  un  numéro  composé  de  sept  feuilles  a  été  publié 
en  janvier  dernier,  et  un  autre  numéro  est  en  ce  moment  sous  presse.  C’est 
à  votre  zèle  et  à  votre  dévouement,  mon  cher  Secrétaire  général,  que  notre 
Société  est  particulièrement  redevable  de  ce  résultat  inespéré. 

Il  y  a  deux  mois,  l’investissement  de  Paris  avait  forcé  la  Société  botanique 
d’ajourner  ses  élections  annuelles;  aujourd’hui,  nous  sommes  invités  à  mettre 
un  terme  à  cet  ajournement.  En  transmettant  les  fonctions  de  la  présidence 
à  l’honorable  confrère  appelé  à  me  succéder,  je  fais  des  vœux  bien  ardents 
pour  qu’il  lui  soit  donné  de  voir  s’ouvrir  pour  la  France,  et  aussi  pour  notre 
chère  Société  botanique,  une  nouvelle  ère  de  prospérité. 

Recevez,  mon  cher  Secrétaire  général  et  excellent  ami,  l’expression  de  mes 
sentiments  les  plus  dévoués. 

Germain  de  Saint-Pierre. 

M.  le  Secrétaire  général  donne  aussi  lecture  d’une  lettre  de 
M.  Antonin  Baudoin,  membre  de  la  Société,  qui  propose  pour  cette 
année  une  session  extraordinaire  dans  le  département  de  la  Cha¬ 
rente-Inférieure,  et  transmet  à  cet  effet  l’offre  du  bienveillant  con¬ 
cours  de  la  Société  des  sciences  naturelles  de  la  Rochelle.  Des  re- 
mercîmenls  sont  votés  à  cette  savante  Société  et  à  M.  Baudoin. 
Malheureusement  les  circonstances  politiques  actuelles  ne  permet¬ 
tent  pas  d’espérer  que  la  Société  botanique  puisse  organiser,  cette 
année,  en  temps  utile,  une  session  départementale  quelconque. 

Le  travail  suivant  est  déposé  sur  le  bureau  de  la  Société  : 

ÉTUDE  SUR  LES  HIERACIUM  DE  LAPEYROUSE  ET  SUR  LEUR  SYNONYMIE, 

par  M.  Édouard  TIlIlUL-IiAGRAVE. 

(Toulouse,  juin  4870.) 

ïl  est,  de  l’aveu  de  tous  les  botanistes,  difficile  de  bien  établir  la  détermi¬ 
nation  et  la  synonymie  des  Hieracium  adoptés  par  Lapeyrouse  dans  son  His¬ 
toire  abrégée  des  plantes  des  Pyrénées  et  dans  le  Supplément  qui  l’a  suivie. 
Cette  difficulté  et  cet  embarras  tiennent  à  plusieurs  causes  inévitables  dans  un 
genre  formé  d’espèces  nombreuses,  ambiguës  ou  affines,  dans  lesquelles  les 
caractères  sont  peu  tranchés  et  souvent  très-variables.  Ces  faits  sont  parfaite¬ 
ment  connus  de  tous  ceux  qui  se  sont  occupés  sérieusement  du  genre  Hiera- 
çium.  Je  n’insisterai  pas  là-dessus. 

Je  dirai  cependant  que  presque  tous  les  auteurs  qui  ont  écrit  sur  les  Hiero- 


SÉANCE  DU  2/i  MARS  1871. 


49 

cium  des  Pyrénées  ont  eu  le  tort  de  baser  leur  détermination  et  leur  synonymie 
sur  des  sujets  pris  dans  des  herbiers  toujours  incomplets  et  souvent  de  pro¬ 
venance  douteuse,  au  lieu  de  choisir  les  types  dans  leur  lieu  natal,  en  ayant 
le  soin  de  les  suivre  dans  les  diverses  stations  où  ils  ont  été  indiqués.  Ils 
auraient  aussi  dû  tenir  un  grand  compte  d’une  foule  de  circonstances  climaté¬ 
riques  ou  chimiques,  qui  peuvent  faire  varier  ces  plantes  critiques  et  induire 
en  erreur  les  botanistes  descripteurs  qui  ne  seraient  pas  prévenus. 

Ces  premières  conditions  bien  établies,  il  fallait  alors  poursuivre  ces  mêmes 
recherches  dans  les  herbiers  qui  pouvaient  renfermer  quelques  échantillons 
instructifs,  soit  que  leur  provenance  fût  directement  de  Lapeyrouse,  soit  d’un 
autre  auteur  cité  par  lui.  Enfin  on  devait  puiser  des  renseignements  d’une 
grande  valeur  dans  les  ligures  citées  et  dans  la  synonymie  adoptée  par  l’auteur 
de  l’ Histoire  abrégée  des  plantes  des  Pyrénées. 

Une  circonstance  importante,  de  laquelle  on  n’a  pas  tenu  suffisamment  compte 
dans  l’étude  des  Hieracium  de  Lapeyrouse,  est  le  peu  de  fixité  de  la  méthode 
d’observation  de  cet  auteur,  qui  prenait  en  grande  considération  le  port,  le 
faciès,  la  pubescence,  et  souvent  même  la  taille  ou  le  nombre  des  fleurs,  choses 
certainement  très-variables.  Il  fut  amené  ainsi  à  modifier  plusieurs  fois  ses 
déterminations,  de  manière  que  ce  qui  était  une  variété  dans  la  Flore  est 
devenu  espèce  dans  le  Supplément;  des  types  même  furent  dédoublés.  Il 
résulte  de  ces  faits  que  si  l’on  base  ses  observations  sur  des  plantes  d’herbiers 
répandues  dans  la  première  période,  elles  portent  certains  noms,  tandis  que  si 
elles  ont  été  nommées  plus  tard,  dans  le  Supplément  par  exemple,  elles  en 
porteront  d’autres  ;  et  comme  l’herbier  de  Lapeyrouse  a  été  fait  après  la  pu¬ 
blication  de  la  Flore  et  du  Supplément ,  il  est  probable  qu’il  aura  modifié 
encore,  en  le  faisant,  ses  premières  déterminations,  fl  était,  en  outre,  convaincu, 
comme  il  l’a  écrit  à  Villars,  d’après  la  correspondance  que  j’ai  sous  les  yeux, 
qu’il  y  avait  dans  les  Pyrénées  un  grand  nombre  F* Hieracium  à  décrire  encore 
comme  types,  mais  qu'il  ne  pouvait  les  débrouiller. 

Ces  considérations  ont  servi  de  base  au  travail  que  je  présente  aujourd’hui 
à  la  Société,  et  reposent  tout  entières  sur  des  recherches  personnelles  faites 
dans  la  montagne  sur  les  plantes  vivantes  que  j’ai  poursuivies  dans  une  foule 
de  localités  et  dans  des  stations  variées,  principalement  dans  celles  indiquées 
par  Lapeyrouse.  Je  n'ai  pas  non  plus  négligé  l’étude  de  son  herbier,  malheu¬ 
reusement  très-incomplet,  ainsi  que  celui  de  Chaix  que  Villars  cite  à  chaque 
page.  Enfin,  j’ai  fait,  dans  mon  travail,  une  large  part  aux  figures  citées 
par  lui. 

Je  dois  avouer  que  j’ai  été  souvent  découragé  dans  mon  œuvre,  et  que  je  me 
demandais  parfois  s’il  ne  vaudrait  pas  mieux,  comme  certains  auteurs  l’ont 
proposé,  abandonner  ces  noms  difficiles  à  bien  établir,  et  créer  tout  à  nouveau, 
avec  des  déterminations  mieux  faites,  exactes  et  rigoureuses.  Mais  il  m’a  sem¬ 
blé  qu’en  agissant  ainsi,  ce  serait  manquer  aux  plus  simples  notions  du  devoir 
T.  xvi n.  (séances)  U 


50 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FBÀNCE. 

et  à  la  probité  scientifique,  qui  doit  être  la  règle  à  laquelle  il  n’est  permis 
à  personne  de  se  soustraire. 

J’ai  été  fortifié  dans  cette  voie  par  l’étude  sérieuse  des  livres  de  Villarset  de 
Lapeyrouse,  et  surtout  par  la  lecture  de  leur  correspondance,  dans  laquelle 
ces  deux  botanistes  phytographes  ne  manquaient  jamais,  avec  une  exactitude 
et  une  probité  qui  les  honorent,  de  rendre  pleine  et  entière  justice  aux  au¬ 
teurs  leurs  devanciers  ou  leurs  émules. 

Je  crois  donc  pouvoir  aujourd’hui,  sans  trop  de  témérité,  aborder  cette 
question  difficile  et  controversée,  en  y  apportant  quelques  lumières. 

Lapeyrouse,  prenant  en  considération  le  port  ou  l’aspect  de  ces  plantes,  les 
divise  d’une  manière  tout  à  fait  superficielle  en  quatre  sections.  La  première 

r 

est  appelée  les  Piloselless  la  seconde  les  Pulmonaires,  la  troisième  les  Eper- 
vières,  enfin  il  nomme  la  quatrième  les  Cérinthoïdes.  Outre  ces  quatre  divi¬ 
sions  arbitraires,  il  établit  le  genre  Lepicaune,  dans  lequel  il  fait  rentrer  plu¬ 
sieurs  Crépis  et  les  Hieracium  du  groupe  Amplexicaule  des  auteurs. 

Nous  allons  passer  successivement  en  revue  chaque  groupe  séparément,  en 
étudiant  les  espèces  et  leurs  synonymies  les  plus  importantes. 

Section  I.  Piloselles. 

i.  Hieracium  aureum  Lap.  Hist.pl.  Pyr.  p.  ù68  ;  non  Vill.  (. Leontodon 
hispidum  forma  alpina  Schullz-Bip.  Cichor.  n°  9ù.  —  Apargia  dubia 
Hoppe.) 

La  plante  de  Lapeyrouse  ne  peut  se  rapporter  au  Leontodon  aureum  L.  Sp. 
et,  par  conséquent,  à  la  plante  de  Villars,  ni  de  Scopoli,  car  elle  n’a  pas  été 
retrouvée  dans  les  Pyrénées. 

Mais  si  l’on  consulte  la  diagnose  de  Lapeyrouse,  qu’il  emprunte,  selon  son 
habitude,  à  Willdenow,  il  est  facile  de  se  convaincre  qu’il  y  a  là  une  erreur  de 
détermination  de  sa  part.  En  effet,  Lapeyrouse  dit  de  sa  plante  calycibus  his- 
pidis,  tandis  que  le  Crépis  aurea  Cass.  ( Leontodon  aureum  L.  Sp.)  a  les 
écailles  du  péricline  et  même  les  pédoncules  couverts  de  longs  poils  noirs, 
mêlés  de  poils  plus  courts,  blancs  et  tomenteux  :  caractère  qui  n’aurait  pas 
échappé  à  Lapeyrouse,  car  ceux  tirés  du  vestimentum  étaient  pour  lui  du  pre¬ 
mier  ordre. 

Après  cette  diagnose,  il  ajoute  :  «  Fleurs  jaunes  purpurines  en  dessous  », 
tandis  qu’elles  sont  jaune  orangé  dans  le  Crépis  aurea  Cass.,  circonstance  que 
n’aurait  pas  oublié  de  citer  notre  auteur. 

Enfin  il  indique  cette  plante  dans  les  prairies  alpines,  à  Nielles  et  Barèges. 
Je  l’ai  vainement  cherchée  dans  toutes  les  localités  de  la  région  alpine  pyré¬ 
néenne,  que  j’ai  souvent  parcourue,  notamment  à  Melles,  où  je  n’ai  jamais 
pu  la  trouver;  mais,  dans  cette  localité,  j’ai  vu  en  quantité  un  Leonto¬ 
don  ,  très-voisin  de  Y hispidum  L. ,  que  je  rapporte  à  la  forme  alpina 


SÉANCE  DU  2/|  MARS  1.871.  51 

Sch.-Bip.  Cichor.  n°  94,  qui,  d’après  cet  auteur,  serait  VApargia  dubia 
Hoppe.  Ce  Leontodon  de  Melles  a  la  souche  pérennante  et  même  vivace,  des 
feuilles  courtes,  inégalement  roncinées,  épaisses,  à  nervures  rougeâtres,  cou¬ 
vertes  de  poils  simples  et  bifurqués,  rudes  au  toucher  ;  les  liges  sont  nues, 
purpurines,  uniflores  ;  les  écailles  du  péricline  sont  légèrement  hispides,  vert 
foncé  ;  les  fleurs  de  la  circonférence  de  la  calathide  sont  rouges  en  dehors, 
comme  le  dit  Lapeyrouse,  et  jaunes  en  dedans.  Nous  inclinons  à  penser  que 
c’est  là  la  plante  de  Lapeyrouse. 

2.  H.  ai pîn mu  Lap.  Hist.  pl.  Pyr.  p.  468;  non  L.  Sp.  p.  1224. 
(H.  piliferum  Hoppe,  pl.  exsicc.  n°  1790.) 

Ce  synonyme  est  connu  depuis  longtemps.  VH,  alpinum  L.  n’a  pas  été 
trouvé  dans  les  Pyrénées,  tandis  que  le  piliferum  abonde  à  Cagire,  à  Casta- 
nèse.  M.  Bordère  l’a  trouvé  aussi  aux  environs  de  Gèdre  (Hautes-Py¬ 
rénées). 

3.  il.  pnmiium  Lap.  Hist.  pl,  Pyr.  p.  469,  et  Suppl,  p.  122.  ( H .  bre- 
viscapum  DC.  FL  fr.  t.  Y,  p.  439.) 

V Hieracium  pumilum  de  Lapeyrouse  est  une  espèce  bien  déterminée  qui 
n’a  rien  de  commun  avec  Y  H.  pumilum  de  Linné,  ni  de  Jacquin,  quoique 
Lapeyrouse  assure  que  sa  plante  est  celle  de  Hoppe  et  de  Willdenow,  que 
Koch  rapporte  avec  raison  comme  variété  à  VH.  alpinum  L. 

C’est  dans  le  Supplément  (l.  c.)  que  nous  trouvons  de  précieux  rensei¬ 
gnements  sur  cette  espèce.  Lapeyrouse  en  signale  trois  formes  :  la  forme  type, 
qui  est  uniflore  ;  la  forme  p,  plus  grande,  qui  offre  de  trois  à  six  calathides  ; 
enfin  une  troisième  dont  nous  parlerons  tout  à  l’heure. 

Il  indique  les  deux  premières  dans  les  Pyrénées  orientales,  au  Canigou, 
à  Costabone  et  Cambredases,  où  l’on  trouve  aujourd'hui  encore  cette  espèce. 
Mais  la  troisième  appartient  au  centre  de  la  chaîne,  sur  les  rochers  escar¬ 
pés  de  Penna-blanca  et  du  port  de  la  Picade;  il  la  distingue  des  deux 
autres  variétés  par  la  phrase  diagnostique  suivante  :  y.  majus  «  incanum,  vil  - 
losius,  ligulis  subtus  rubescentibus  »  ;  et  il  ajoute  :  «  Cette  variété,  sans  être 
plus  haute,  est  plus  renforcée,  la  fleur  est  plus  grande,  rougeâtre  en  dessous, 
les  poils  sont  plus  nombreux,  plus  pressés,  plus  soyeux,  horizontaux  et  ar¬ 
gentés.  » 

Cette  variété  ne  peut  être  réunie  aux  deux  premières  qui  constituent 
VH.  pumilum  Lap.  Outre  les  caractères  que  je  viens  de  signaler  d’après 
cet  auteur,  j’ajouterai  que  les  écailles  du  péricline  sont  longues  et  recour¬ 
bées  après  l’anthèse  ;  les  calathides  sont  jaune  d’or,  deux  ou  trois  fois  plus 
grandes,  avec  les  fleurs  ligulées,  pourpres  en  dessous,  passant  au  rouge  som¬ 
bre  en  se  desséchant.  Cette  plante,  très-rare,  se  trouve  encore  dans  les  loca¬ 
lités  signalées  par  Lapeyrouse,  sur  les  rochers  très-escarpés  du  port  de  la 
Picade  et  de  Penna-blanca  ;  elle  descend  même  quelquefois  dans  les  prairies  des 
Campsaur  en  allant  vers  l’Entecade,  où  elle  a  été  retrouvée  deux  fois  par 


52 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

M.  Lézat,  à  qui  je  suis  redevable  de  plusieurs  plantes  rares  du  centre  de  la 
chaîne.  Je  la  distingue  à  cause  de  cela,  en  lui  donnant  le  nom  d’HiERAClUM 
Lezatianum  Nob. 

4.  H.  buibosum  Lap.  Hist.  pl.  Pyr.  p.  469.  (Crépis  bulbosa  Cass,  in 
Ann.  sc.  nat.  t.  XXIX,  p.  U.) 

5.  H.  Piloseiia  Lap.  Hist.  pl.  Pyr.  p.  469. 

Plante  bien  connue,  nullement  douteuse;  elle  varie  à  petites  fleurs,  à  péri— 
cline  couvert  de  poils  blancs  ou  noirs,  quelquefois  mélangés. 

6.  H.  dubium  Lap.  Hist.  pl.  Pyr.  p.  469.  (fl.  auriculœ forme  Fries, 
Symb.  p.  7.) 

7.  si.  Awricuia  Lap.  Hist.pl.  Pyr.  p.  469. 

Dans  les  basses  montagnes,  on  trouve  le  type  des  auteurs,  et  si  l’on  monte 
dans  la  région  alpine  inférieure,  on  rencontre  en  abondance  une  variété  uni- 
flore,  comme  l’a  déjà  observé  M.  Zetterstedt  (PL  vase,  des  Pyr.  princip. 
p.  165). 

8.  II.  Siybridnm  Lap  Hist.  pl.  Pyr.  p.  469. 

Cette  plante  est  non-seulement  critique  pour  notre  flore  pyrénéenne,  mais 
encore  pour  la  flore  française.  Il  est  certain  que  la  plante  type  est  celle  figurée 
dans  Y  Histoire  des  plantes  du  Dauphiné  de  Yillars  et  dans  son  Voyage  bota¬ 
nique.  J’ai  vu  aussi,  dans  l’herbier  de  Chaix,  un  échantillon  bien  conservé  de 
cette  plante,  qui  est  conforme  à  la  figure  citée;  mais  j’ai  vu  de  diverses  prove¬ 
nances  des  Hieracium  étiquetés  hybridvm  Chaix,  qui  me  paraissent  très- 
douteux. 

Chaix,  d’après  le  nom  qu’il  a  donné  à  sa  plante,  croyait  qu’elle  était  hy¬ 
bride;  j’ai,  dans  mon  travail  sur  l’herbier  Chaix,  attribué  l’origine  de  la  plante 
du  Dauphiné  au  croisement  des  H.  Auricula  et  alpinum.  Si  ces  faits  sont 
exacts,  comme  j’ai  lieu  de  le  croire,  Y  H.  hybridum  Chaix  ne  peut  pas  venir 
dans  les  Pyrénées,  puisque  ses  parents  ne  s’v  trouvent  pas.  En  effet,  personne 
depuis  Lapeyrouse  n’a  pu  constater  la  présence  de  cette  plante  critique  dans 
nos  montagnes,  et  nous  ne  pouvons  encore  savoir  quelle  est  l’espèce  que  cet 
auteur  a  eue  en  vue,  car  i!  ne  faut  pas  oublier  que  Lapeyrouse  avait  en  sa  pos¬ 
session  l’herbier  Chaix,  qui,  comme  je  l’ai  dit,  renferme  un  bon  échantillon 
de  cette  plante.  Il  dit  même  dans  sa  Flore  que  la  culture  n’a  pu  la  modifier; 
mais  la  culture,  pour  Lapeyrouse,  consistait  à  transporter  la  plante  vivante 
dans  le  jardin  et  la  conserver  soit  en  pot,  soit  en  pleine  terre. 

Quoi  qu’il  en  soit,  ce  synonyme  reste  encore  pour  moi  dans  les  desiderata 
de  la  flore  pyrénéenne. 

9.  il,  asirantiaetim Lap.  Hist.  pl.  Pyr.  p.  470.  (H.  Auricula  L,  Sp.  var. 

majus.  ) 

Lapeyrouse  signale  cette  plante  au  port  de  Paillères,  d’après  Pourret;  il  ne 
l’avait  pas  trouvée  lui-même,  et,  depuis  cette  époque,  personne,  à  ma  con¬ 
naissance,  n’a  été  plus  heureux, 


SÉANCE  DU  ’2/l  MAltS  1571. 


Mais  Lapeyrouse  dit  que  cette  plante  a  souvent  des  rejets  rampants  comme 
Y  H.  dubium ,  ce  qui  nous  ferait  croire  que  sa  plante  serait  peut-être  une 
espèce  voisine  d’une  des  formes  de  Y  H.  Auricula.  MM.  Clos  et  Loret  ( Révision 
herb.  Lap.)  disent  avec  raison  que  la  plante  qui  porte  ce  nom  dans  son  herbier 
est  en  effet,  Y  H.  Auricula  L. ,  qui  a,  comme  on  le  sait,  les  fleurons  de  la  cir¬ 
conférence  rouges  en  dessous. 

10.  H.  Lïiwsonii  Lap.  Hist.  pi.  Pyr.  p.  470. 

En  voyant  les  nombreuses  variétés  ou  formes  dont  Lapeyrouse  fait  suivre  la 
description  de  son  B.  Lawsonii ,  on  peut  se  faire  une  idée  de  l’embarras  qu’il 
a  éprouvé  pour  pouvoir  bien  caractériser  cette  espèce,  et  sa  description  nous 
donne  en  même  temps  un  exemple  de  la  manière  dont  il  a  vaincu  cette  dif¬ 
ficulté.  Voici  quel  était  son  système  :  Il  empruntait  à  Linné  sa  méthode,  qui 
consistait  à  prendre  un  type  de  convention  et  à  grouper  autour  de  ce  type 
toutes  les  formes  voisines,  à  caractères  ambigus  ou  moins  tranchés;  mais,  au 
lieu  d’englober  toutes  les  variétés  dans  une  diagnose  courte  et  précise,  il  les 
énumérait  toutes  les  unes  après  les  autres,  avec  un  ou  deux  mots  caractéristi¬ 
ques,  et  même  souvent  une  courte  diagnose  les  accompagnait.  Mais,  à  mesure 
que  ses  études  s’avançaient,  il  prenait  certaines  variétés  pour  en  fairedes  espèces, 
comme  on  peut  s’en  convaincre  dans  Je  Supplément  publié  longtemps  après. 

Ainsi  Y  H.  L  awsonii  Lap.  représente  un  petit  groupe  de  plantes  qui 
renferme  plusieurs  espèces  affines,  que  Lapeyrouse  a  entrev  aes  sans  pouvoir 
les  caractériser  convenablement.  Elles  se  rapprochent  beaucoun  de  la  section 
des  Cérinthoïdes ,  qui  est  la  plus  intéressante  des  plantes  des  Pyrénées.  Ce  petit 
groupe  est  caractérisé  par  une  souche  forte  et  ligneuse,  courte,  donnant  nais¬ 
sance  d’abord  à  des  feuilles  ovales,  obtuses,  arrondies,  ensuite  d’autres  ellip¬ 
tiques,  lancéolées-aiguës  et  atténuées  aux  deux  bouts;  plusieurs  tiges  grêles, 
aphylles,  glabres,  bifurquées  dès  le  milieu;  pédoncules  glabres  ou  hispidules; 
calathides  de  moyenne  taille,  à  péricîines  glabrescents  et  verdâtres. 

Ce  groupe  est  aussi  très -rapproché  de  Y  H.  saxatile  Vill. ,  qui  marque 
le  passage  entre  celui  qui  m’occupe  et  les  Cérinthoïdes.  Mais  ce  dernier 
est  formé  par  des  plantes  plus  robustes,  à  souches  fortes,  plus  allongées, 
produisant  de  grandes  feuilles,  toutes  de  même  forme,  très-nombreuses;  des 
tiges  grosses,  vertes ,  hérissées,  ainsi  que  les  pédoncules,  ceux-ci  glanduleux. 
Les  écailles  du  péricline  sont  couvertes  de  poils,  tantôt  blancs,  tantôt  noirs, 
simples,  soyeux  ou  glanduleux,  selon  les  espèces.  Ces  trois  groupes  contien¬ 
nent  une  foule  de  plantes  très-intéressantes,  peu  connues.  Mais,  voulant  me 
renfermer  spécialement  dans  celles  dont  Lapeyrouse  nous  a  donné  l’histoire, 
je  rechercherai  seulement  ici  quelle  est  la  forme  typique  que  je  crois  trouver 
dans  la  figure  de  Villars  citée  par  Lapeyrouse,  et  qu’on  voit  encore  dans  les 
localités  indiquées  par  cet  auteur.  C’est  une  plante  commune  et  très-répandue 
dans  toute  la  chaîne. 

Les  var.  P  et  y  sont  exactement  les  mêmes;  Tune  est  plus  velue  et  à  poils 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


5/l 

plus  lins  que  l’autre;  les  feuilles  sont  plus  courtes,  à  pétioles  ailés,  dentés;  la 
tige  est  simple,  non  ramifiée.  Je  pense  que  ces  deux  variétés,  mieux  étudiées, 
pourront  un  jour  être  distinguées. 

La  variété  multicaule  «  scapis  aphyllis,  foliis  rotundatis  sessilibus  »,  serait 
inextricable  si  Lapeyrouse  ne  citait  pas  la  ligure  de  Barrelier,  Icon.  342,  qui 
représente  une  plante  appartenant  au  groupe  suivant  ( Pulmonaires )  et  que 
nous  rapportons,  dans  les  Pyrénées,  à  Y  H.  divisum  Jord. 

Les  variétés  hirsutissimum  «  incanum,  lanatum  »  et  lanatum  «  foliis  acute 
lanceolatis  »  (Lap.  Hist.  pl.  Pyr.  p.  470),  sont  élevées,  dans  le  Supplément , 
au  rang  d’espèces,  comme  Lapeyrouse  le  fait  entrevoir  dans  son  ouvrage,  sous 
le  nom  6! H.  scopulorum ,  en  l’accompagnant  de  la  diagnose  suivante  :  «  Incano- 
villosum,  scapo  subnudo,  foliis  petiolatis,  lanceolatis  acuminatis,  radice  præ- 
morsa  »;  i!  indique  cette  espèce  au  port  de  la  Picade,  où  on  la  trouve  encore. 

Mais  Lapeyrouse,  qui  donnait  à  la  taille  des  plantes  et  à  la  grandeur  de 
certains  organes,  comme  nous  l’avons  déjà  dit,  une  valeur  exagérée,  fut  obligé, 
pour  rester  fidèle  à  ses  principes,  d’ajouter  à  cette  plante  une  variété  (3  majus 
pour  placer  une  forme  luxuriante,  qui  se  distingue  ainsi,  dit-il  :  «  Angustifo- 
lium,  foliolis  et  peliolis  elongatis  »,  auxquels  il  aurait  pu  ajouter  «  tige  ra¬ 
meuse  en  panicule  »,  telle  que  celte  plante  se  trouve  encore  sur  les  rochers 
autour  de  la  ville  de  Yénasque  et  que  l’on  a  distinguée  depuis  comme  espèce 
[H.  Lychnitis  S.  et  P.). 

Quelques  botanistes  réunissent  Y  Fl.  scopulorum  Lap.  avec  Y  H.  sericeum 
Lap.  Cependant  ces  deux  plantes  n’ont  de  commun  qu’un  certain  vesti- 
mentum  blanc;  elles  se  distinguent,  comme  je  l’ai  dit  autrefois  dans  notre 
Bulletin,  assez  pour  ne  pas  même  appartenir  à  la  même  section. 

11.  H.  Diontanuni  Lap.  Hist.  pl.  Pyr.  p.  470.  [Soyeriamontana Monn. 
Ess.  ) 

Synonyme  bien  exact;  mais  ce  qui  l’est  moins,  c’est  la  localité  de  la  vallée 
d’Eynes,  indiquée  par  Pourret;  car,  à  ma  connaissance,  personne  n’a  trouvé 
cette  plante  dans  cette  riche  vallée. 

Section  II.  Pulmonaires. 

12.  iiieracium  giaucum  Lap.  Hist.  pl.  Pyr.  p.  471.  (H.  vogesiacum 
Mougeot  apud  Fries,  Monogr.  p.  52. — H.  juranum  Rapin,  Cat.  cant.  Vaud , 

p.  212.) 

Malgré  l’opinion  de  Lapeyrouse,  qui  donne  à  sa  plante  le  synonyme 
d 'H.  scorzonerœ folium,  je  pense  que  la  plante  qu’il  a  eue  en  vue  appartient  à 
Y  H.  vogesiacum  Moug.,  qui  abonde  dans  toutes  les  prairies  de  la  région 
alpine.  Il  a  été  trompé  par  un  examen  trop  superficiel.  La  forme  de  M.  Rapin 
est  très-commune  aussi  sur  les  rochers  dans  la  même  région,  où  l’on  ne  peut 
trouver  Y  H.  glaucum  AU. 


55 


SÉANCE  DU  24  MARS  1871. 

13.  il.  îmmiie  Host;  Lap.  Hist.  pl.  Pyr.  p.  471.  {H.  Jacquinii  Yill. — 
H.  pumilum  Jacq.  Austr.  tab.  189.) 

Cette  espèce  est  parfaitement  déterminée  ;  je  ne  l’ai  pas  vue  dans  le  centre 
de  la  chaîne,  mais  elle  est  assez  répandue  dans  les  Hautes- Pyrénées,  d’où 
M,  Bordère  et  le  comte  Roger  de  Bouillé  nous  l’ont  donnée. 

14.  II.  intermedium  Lap.  Hist.  pi.  Pyr.  p.  471. 

Nous  avons  déjà  dit  avec  mon  ami  M.  Loret,  dans  notre  Etude  sur  l’herbier 
Marchant ,  imprimée  dans  le  Bulletin  de  la  Société  en  1860  (t.  VII),  que  la 
plante  de  Lapeyrouse  était  VH.  fragile  Jord.  Dans  l’herbier  de  ce  botaniste, 
il  y  a  plusieurs  espèces  réunies  du  groupe  Silvaticum ,  et  parmi  elles  se  trouve 
un  échantillon  d'H.  fragile ,  semblable  à  celui  de  l’herbier  Marchant. 

15.  il.  miirorum  Lap.  Hist.pl.  Pyr.  p.  471. 

Lapeyrouse,  ayant  confondu  sous  ce  nom  toutes  les  espèces  que  les  bota¬ 
nistes  ont  distinguées  depuis,  ce  synonyme  ne  peut  convenablement  se  placer, 
et  n’a  d’ailleurs  aucune  importance. 

16.  si.  siivaticuni»  Lap.  Hist.  pl.  Pyr.  p.  472. 

Même  observation. 

17.  il.  paisidosum  Lap.  Hist.pl.  Pyr .  p.  472. 

Cette  espèce  est  tellement  tranchée  qu’elle  ne  peut  être  sujette  à  aucune 
contestation. 

17  bis.  M.  aitissimtim  Lap.  Hist.  pl.  Pyr.  Suppl,  p.  125. 

Il  y  a  longtemps  qu’on  a  établi  que  cette  plante  devait  être  rapportée  au 
Crépis  succisœ folia  Tausch;  mais  la  forme  des  Pyrénées  est  à  feuilles  plus 
larges  et  plus  velues,  de  consistance  molle,  embrassantes,  sa  panicule  est  plus 
développée.  M.  Serres  (Bull.  Soc.  bot.  t.  III,  p.  278)  en  a  fait  une  espèce: 
Crépis  altissima  Serres. 

Il  est  certain  que  la  plante  du  Jura  et  des  Alpes  est  bien  plus  glabre  et 
plus  fluette,  mais  ce  même  fait  se  présente  pour  le  Crépis  blattarioides ,  dont 
Lapeyrouse  avait  fait,  en  se  servant  des  mêmes  caractères,  plusieurs  espèces 
de  Lepicaune  (multicaulis,  tomentosa,  turbinatd).  , 

18.  H.  ïampsanoides  Vill.  ;  Lap.  Hist.  pl.  Pyr.  p.  472.  ( Crépis  lam- 
psanoides  Gouan.) 

Le  Crépis  ïampsanoides  Gouan  présente  les  mêmes  variations  que  le  C.  suc¬ 
cisœ  folia  Tausch  (glabre,  velu  ou  tomenteux).  Je  ne  crois  pas  que  ce  soient  des 
espèces,  mais  des  variations  parallèles,  dues  aux  influences  physiques  ou  chi¬ 
miques  des  lieux  où  croissent  les  individus  représentant  ces  espèces. 

t 

Section  III.  Épervières. 

19.  Hieracium  denudatum  Lap.  Hist.  pl.  Pyr.  p.  473. 

EH.  denudatum  Lap.  est  une  des  espèces  les  plus  critiques  de  ce  groupe. 
La  plupart  des  auteurs  le  rapportent  en  synonyme  à  VH.  boreale  Fries 


56 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

(G.  G.  Fl.  Fr.  t.  II,  p.  385),  Steudel  à  Yumbellatum  et  au  silvaticum , 
MM.  Loret  et  Clos  au  boreale ,  tandis  qu’ils  considèrent  VH.  cordi folium 
comme  devant  être  réuni  à  Yumbellatum.  Lapeyrouse  confondit  d’abord  ces 
deux  plantes  sous  la  même  dénomination  ;  mais  cet  auteur,  après  avoir  établi 
son  denudatum,  sépara  la  plante  de  Babar  près  Saint-Béat  pour  en  faire,  dans  le 
Supplément,  son  cordi  folium,  il  commit  la  faute  de  ne  pas  refaire  la  descrip¬ 
tion  comparative  des  deux  espèces,  de  manière  qu’il  est  encore  difficile  de  les 
séparer,  si  l’on  veut  prendre  pour  base  la  description  de  ces  deux  plantes  dans 
son  ouvrage.  Son  herbier  n’est  pas  exact,  car  tout  dans  ce  genre  y  est  mélangé, 
brouillé  ;  et  la  synonymie  des  auteurs  que  nous  venons  de  citer  aurait- 
elle  une  base  certaine,  qu’elle  serait  loin  d  élucider  ces  deux  plantes  ;  car,  dire 
que  telle  espèce  se  rapporte  au  boreale  ou  à  Yumbellatum  des  auteurs,  n’a 
aucune  autorité,  ces  deux  plantes  représentant  un  ordre  d’idées  qui,  aujour¬ 
d’hui,  tend  à  diminuer  de  valeur  par  le  défaut  d’exactitude. 

Pour  éclairer  la  détermination  des  H.  denudatum  et  çordifolium ,  il  ne 
reste  que  peu  de  chose  du  passé,  si  ce  n’est  l’herbier  Marchant,  qui  contient 
un  échantillon  de  Y  H.  çordifolium  de  Lapeyrouse.  Il  était  donc  indispensable 
que  de  nouvelles  découvertes  vinssent  apporter  des  faits  nouveaux  à  l’appui  de 
ceux  déjà  connus.  Nous  avons  pensé  que  des  recherches  dans  les  Pyrénées, 
aux  localités  citées,  étaient  le  seul  moyen  d’élucider  celte  question  litigieuse. 
Aussi,  depuis  bien  des  années,  nous  avions  cherché  ces  plantes  à  Saint- Béat, 
à  Bagnères-de-Luchon,  dans  les  Pyrénées  centrales,  toujours  en  vain,  quand, 
il  y  a  deux  ans,  M.  A.  Peyre,  en  parcourant  un  chaînon  inexploré,  a  trouvé 
en  quantité  Y  H.  çordifolium  de  Babar  et  a  jeté  par  cette  précieuse  découverte 
un  jour  nouveau  sur  cette  question.  Il  résulte  de  mes  récentes  recherches  que 
Y  H.  çordifolium  Lap.  est  une  bonne  espèce,  bien  distincte  de  Y  H.  denudatum 
de  Lapeyrouse,  qui,  à  son  tour,  est  le  même  que  Y  H.  pyrenaicum  Jord. 

Lapeyrouse  [Hist.  pl.  Pyr.  Suppl,  p.  128),  en  donnant  une  diagnose  de 
son  çordifolium ,  réunit  les  deux  plantes,  comme  je  l’ai  déjà  dit;  il  donne  des 
caractères  qui  ne  peuvent  aucunement  convenir  au  pyrenaicum ,  comme,  par 
exemple,  «  calices  glabres  »,  caractère  essentiel  qui  convient  très-bien,  au  con¬ 
traire,  au  çordifolium.  Mais  si  l’on  sépare  ces  deux  plantes  et  que  chacune 
reprenne  ses  caractères,  on  verra  facilement  quel’//,  pyrenaicum  trouvera 
dans  la  description  de  Y  H.  denudatum  Lap.  une  foule  de  caractères  qui  lui 
conviennent.  Cette  plante  se  trouve  encore  dans  les  localités  citées  par  Lapey¬ 
rouse. 

L’/7.  çordifolium  Lap.  est  une  plante  bien  tranchée,  qui  se  distingue  par 
ses  tiges  effdées  au  sommet,  ses  pédoncules  glabres  fins  et  par  son  péricline 
glabre,  ses  ligules  non  ciliées,  rougeâtres  en  dessous,  les  feuilles  inférieures 
lancéolées,  sessiles,  ramassées  au  bas  des  tiges,  tandis  que  celles  d’en  haut 
sont  espacées,  ovales-amoindries,  embrassantes,  à  peine  dentées,  et  justifient 
très-bien  le  nom  que  Lapeyrouse  lui  a  donné. Cette  espèce  a  un  port  particulier. 


SEANCE  DU  24  MARS  1871. 


57 


L 'H.  denudatum  Lap.  (H.  pyrenaicum  Jord.)  a  aussi  les  feuilles  ramassées 
au  bas  des  tiges,  mais  elles  sont  hérissées  et  beaucoup  plus  larges.  Celles  de  la 
lige  sont  appliquées,  ovales-lancéolées,  dentées;  les  pédoncules  ou  rameaux 
sont  gros,  hérissés,  étalés  et  courts;  les  périclines  sont  hérissés  de  poils  blancs; 
les  ligules  ont  les  dents  ciliées;  la  plante  est  basse  et  assez  trapue;  la  souche  est 
multicaule.  Mon  ami  M.  Peyre  a  trouvé  ces  deux  plantes  dans  la  chaîne  qu 
sépare  la  vallée  de  Luchon  de  celle  de  Saint-Béat,  dans  la  région  alpine  infé¬ 
rieure,  sur  les  rochers  les  plus  escarpés  des  cascades,  notamment  à  Juset  près 
Luchon. 

20.  H.  sabanduni  Lap.  HlSt.pl.  Pyr.  p.  473. 

Lapeyrouse  trouve  que  la  fig.  2  delà  planche  xxvn  du  Flora pedemontana 
d’Allioni  représente  assez  bien  cette  plante  ;  cela  est  vrai,  mais  celle  des  Pyrénées 
a  des  feuilles  plus  embrassantes  et  un  peu  panduriformes,  ainsi  que  la  panicule 
plus  étalée  (voy.  mon  travail  sur  l’herbier  Chaix,  in  Mém.  Acad.  Tool,  pour 
1856,  et  tirage  à  part,  p.  43,  où  j’ai  décrit  cette  plante  sous  le  nom  d’JIiE- 
RACIEM  CONTROVERSUM  Nob.). 

21.  U.  prcnantlioidcs  Lap.  Hist.  pi.  Pyr.  p.  473. 

Cette  plante  se  présente  dans  les  Pyrénées  comme  celle  du  Dauphiné;  mais 
comme  cette  dernière,  elle  nous  semble  différer  de  l’espèce  des  Vosges,  qu’on 
»  nomme  aujourd’hui  avec  raison  H.  prœruptorum. 

22.  H.  înnceoiatum  Lap.  Hist.  pl.  Pyr.  p.  473. 

J’avais  pensé  autrefois  (voy.  mon  travail  sur  l’herbier  Chaix,  tirage  à  part, 
p.  44)  que  cette  plante  était  différente  de  VH.  controversum ,  mais  de  nou¬ 
velles  observations  me  portent  à  croire  que  le  lanceolatum  Lap.  est  une  forme 
exiguë  et  grêle  de  son  sabaudum  et,  par  conséquent,  de  mon  controversum. 

23.  il.  eriopiiorum  Lap.  Hist.  pl.  Pyr.  p.  474. 

Nous  avons  établi,  mon  savant  ami  M.  Loretet  moi,  dans  le  Bulletin  de  la 
Société,  t.  VI,  p.  387,  que  la  plante  de  Lapeyrouse  n’avait  que  des  rapports 
éloignés  avec  Y  H.  eriophorum  de  Saint-Amans.  Nous  avons,  en  conséquence, 
proposé  cette  espèce  comme  nouvelle,  et  nous  l’avons  décrite  sous  le  nom 
d’HiERACiUM  pseuderiophorum.  Depuis  celte  époque,  je  cultive  cette  espèce 
de  graine  dans  mon  jardin  ;  elle  n’a  pas  varié,  même  dans  sa  pubescence,  ce 
qui  n’arrive  jamais  au  groupe  du  silvaticum  et  du  murorum. 

24.  H.  umbeiiatum  Lap.  Hist.  pl.  Pyr.  p.  474. 

Cette  plante  linnéenneeslle  type  aujourd’hui  d’un  groupe  d’espèces  affines, 
que  Lapeyrouse  a  peu  connues  ou  qui  l’ont  embarrassé  autant  que  Linné  et 
ses  successeurs.  Comme  eux,  Lapeyrouse  avait  réuni  ces  formes  sous  la  rubri¬ 
que  d 'H.  umbellatum  ;  il  avait  cependant,  pour  se  conformera  sa  méthode, 
établi  deux  variétés,  (3  et  y,  tout  à  fait  insignifiantes  et  mal  caractérisées. 

[La  suite  prochainement.) 


58 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

M.  Cornu  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

NOTE  SUR  DEUX  GENRES  NOUVEAUX  DE  LA  FAMILLE  DES  SAPROLÉGNIÉES, 

par  M.  Maxime  CORjüTU. 


En  étudiant  les  Saprolégniées,  j’ai  rencontré  deux  genres  nouveaux. 

L’un  est  caractérisé  par  un  support  général  formé  de  cellulose  épaisse,  du¬ 
quel  partent  en  rayonnant  des  filaments  munis  çà  et  là  d’étranglements,  comme 
le  Leptomitus  lacteus  Ag.  et  le  Lept.  brachynema  Hildebrdt  (1).  Je  propose 
de  le  nommer  Rhipidium,  du  grec  pt7ri&ov  (éventail).  Si  le  L.  lacteus ,  par  le 
mode  de  sortie  de  ses  zoospores,  rentre  dans  le  genre  Saprolegnia,  comme 
l’a  montré  M.  Pringsheim  (2),  le  genre  nouveau  se  rapporterait  au  genre  Py- 
thium.  Mais  la  constitution  anatomique  des  filaments  s’y  oppose  évidemment. 
Les  sporanges  sont  ovales  et  séparés  du  reste  du  filament  par  un  étranglement 
oblitéré  par  un  dépôt  de  cellulose  formant  une  cloison  épaisse. 

Le  plasma  s’en  épanche  sous  forme  d’une  masse  cylindrique,  large  comme 
la  moitié  du  sporange  et  deux  fois  plus  longue.  On  reconnaît  bientôt  qu’il  est 
entouré  d’une  mince  vésicule  à  parois  transparentes  :  les  zoospores  se  séparent 
sur-le-champ,  crèvent  les  vésicules  et  se  dispersent  dans  l’eau.  Gela  rappelle  le 
mode  de  sortie  qu’on  observe  chez  certaines  formes  du  Pythium  proliferum 
De  Bary.  La  structure  des  zoospores  est  la  même,  sauf  des  points  de  détail,  que 
dans  le  genre  Pythium. 

Le  deuxième  mode  de  reproduction  a  lieu  par  oogones  et  par  anthéridies. 
La  gonophérie  est  unique  :  elle  est  étoilée  ou  un  peu  irrégulière.  Après  la 
fécondation,  elle  s’entoure  d’une  membrane  qui  reproduit  ce  contour.  Elle 
s’accroît  ensuite  par  la  partie  interne  dont  le  contour  devient  circulaire.  Les 
parois  de  l’oospore  sont  fort  épaisses  et  d’une  grande  blancheur.  Leur  mode 
d’accroissement  est  justement  l’inverse  de  ce  qu’on  observe  chez  les  Péronospo- 
rées.  On  voit  que  le  genre  Rhipidium  se  distingue  de  toutes  les  autres  Sapro¬ 
légniées. 

J’en  ai  trouvé  quatre  espèces  : 

Deux  ont  une  oospore  étoilée. 

L’une  présente  des  filaments  munis  de  nombreux  étranglements  :  Rhipidium 
INTLRRUPTUM. 

L’autre  n’en  a  jamais  qu’un  seul  à  la  base  de  chaque  filament  :  Rh.  con¬ 
tinuum. 

Dans  une  troisième  espèce,  l’oospore  est  à  contour  extérieur  ondulé  ;  les  ar¬ 
ticles,  c’est-à-dire  les  intervalles  entre  deux  étranglements  successifs,  ne  sont 


(1)  Jahrbuech.  f.  wlss.  Bot.  t.  VI,  p.”«253  (1867);  et  Ann .  des  sc.  nat.  5e  série, 
t.  VIII,  p.  327. 

(2)  Jahrbuech.  f,wiss.  Bot.  t.  II,  p.  228  (1859). 


RÉUNIONS  D’AVRIL  ET  DE  MAI  1871.  59 

pas  cylindriques,  mais  clavifonnes  et  parfois  très-allongés  (1  millim.)  :  Rh. 
ELONGATUM. 

Une  dernière  espèce,  beaucoup  plus  rare  et  moins  bien  étudiée,  présente 
certains  sporanges  (?)  munis  de  pointes  longues,  dirigées  en  haut  ou  en  bas  : 
Rh.  spinosum. 

L’autre  genre  est  caractérisé  par  des  zoospores  normalement  munies  d’un 
seul  cil.  Il  n’y  en  a  pas  d’autre  exemple  dans  la  famille  des  Saprolégniées. 
Je  propose  de  lui  donner  le  nom  de  Monohlepharis  (  SXe^pt;  cil,  povoç, 
unique). 

Le  corps  de  la  zoospore  sort  d’abord  du  sporange.,  le  cil  y  restant  encore 
engagé;  par  la  traction  qu’elle  exerce  pour  l’en  retirer,  elle  en  fait  sortir 
une  seconde,  puis  une  troisième.  On  voit  ainsi,  à  l’ouverture  des  sporanges  où 
les  zoospores  sont  disposées  en  file,  trois  zoospores  imparfaitement  libres  et 
encore  retenues  par  leur  cil  dont  des  longueurs  diverses  pour  chacune  sont 
déjà  dégagées.  Si  dans  les  sporanges  les  zoospores  sont  plus  abondantes,  un 
plus  grand  nombre  sort  et  se  dégage  à  la  fois. 

La  reproduction  sexuée  a  lieu  par  oogones  et  anthérozoïdes.  Ces  derniers, 
identiques  aux  zoospores,  mais  dont  le  diamètre  est  moitié  moindre,  naissent 
de  petits  sporanges  très-réduits  ayant  identiquement  la  forme  des  grands. 
L’anthérozoïde  pénètre  dans  la  gonosphérie  et  la  féconde.  Celle-ci  s’entoure 
alors  d’une  membrane  qui  ne  tarde  pas  à  se  couvrir  de  verrues  et  à  brunir. 

Il  y  en  a  trois  espèces  : 

L’une  présente  des  sporanges  prolifères,  comme  le  Pythium  proliferum 
De  Bary;  la  reproduction  sexuée  n’y  est  pas  connue  :  Monoblepharis  pro¬ 
liféra. 

Chez  une  autre,  l’oogone  est  solitaire  et  sphérique  ;  l’anthéridie,  solitaire 
aussi,  est  située  au-dessous  dans  le  filament  ;  l’oogone  contient  une  oospore 
unique  interne  :  M.  sphærica. 

Chez  l’autre  espèce,  qui  est  très-polymorphe,  les  oogones  sont  dissymétri¬ 
ques,  oblongs,  solitaires  ou  disposés  en  file  jusqu’au  nombre  de  douze;  les 
anthéridies  variables  naissent  sur  eux  ou  à  l’extrémité  des  rameaux  voisins. 
La  gonosphérie  après  la  fécondation  sort  de  l’oogone  et  devient  une  oospore 
externe,  mais  adhérente  :  M.  polymorpha. 

Des  détails  plus  circonstanciés  sur  ces  deux  genres  seront  donnés  dans  une 
Monographie  de  la  famille  des  Saprolégniées,  qui  paraîtra  dès  que  les  circon¬ 
stances  le  permettront. 


RÉUNIONS  OUVRIT  ET  DE  MAI  1871. 

La  séance  électorale  pour  le  renouvellement  annuel  du  Bureau 
et  du  Conseil,  fixée  au  7  avril,  a  été  forcément  contremandée  par 


60 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


suite  de  la  subite  interruption,  à  dater  du  30  mars,  des  communi¬ 
cations  postales,  qui  rendait  absolument  impossible  la  réception  des 
bulletins  de  vote  expédiés  des  départements  et  de  l’étranger. 


Le  IA  avril,  la  Société  n’a  pu  non  plus  tenir  de  séance  régulière, 
en  raison  des  graves  événements  politiques  dont  la  ville  de  Paris 
est  malheureusement  devenue  le  théâtre  et  du  départ  d’un  grand 
nombre  de  ses  habitants. 

Quatre  membres  seulement  (MM.  Cornu,  Ducbartre,  Duvillers  et 
de  Schœnefeld)  se  sont  trouvés  réunis  vers  neuf  heures  et  se  sont 
entretenus  (autant  que  le  permettaient  les  préoccupations  du  jour 
et  les  soucis  du  lendemain)  de  sujets  scientifiques. 

M.  de  Schœnefeld  a  mis  sous  les  yeux  de  ses  confrères  : 


1°  Une  rondelle  d’une  bûche  de  bois  exotique,  probablement  bois  de  tein¬ 
ture,  provenant  (suivant  MM.  Ducbartre  et  Cornu)  d’un  arbre  de  la  famille  des 
Césalpiniées.  Ce  bois,  d’un  prix  relativement  élevé,  a  servi,  en  janvier  dernier, 
de  combustible  à  l’imprimerie  de  M.  Martinet,  au  moment  de  la  grande  disette; 
il  semblait  dégager  une  quantité  de  calorique  bien  supérieure  à  celle  que  don¬ 
nent  nos  bois  de  chauffage  habituels. 

2°  Un  petit  traité  élémentaire  de  botanique,  en  langue  grecque  moderne, 
ouvrage  qui,  bien  qu’imprimé  et  publié  en  1 845,  ne  ligure  pas  dans  le  77<e- 
saurnsdeM.  Pritzel.  Ce  livre  est  tiré  de  la  riche  bibliothèque  néo-hellénique 
de  M.  AV.  Brunet  de  Presie  (de  l’Institut),  professeur  à  l’École  spéciale  des 
langues  orientales  vivantes.  Phi  voici  le  titre  : 


VE y^eipcchov  t^ç  fioToevtxrjç,  ircf.pà  Saueptou  Aav&pep,  ccp%up<xp/J.axor:otQv  zyjç  A.  M. , 
xaOrjyyj toü  t rj;  xoù  Tvpocrcôpivôjç  xrj;  fiorocjr/.Yj',  èrrcTJjutou  xoù  àvTtniiTeK- 

Xovroç  jusXou;  Ætacpopwv  ératpjwv  x.  r.  X.  Ev  A d/jyaiç,  èx  tvjç  TU7roypa^taç  K.  ’Av- 
t ov iolSov ,  ô$ôî  ‘Eppov.  —  Manuel  de  botanique ,  par  Xavier  Landerer,  phar¬ 
macien  en  chef  de  S.  M.,  professeur  de  chimie  et  temporairement  de  botani¬ 
que,  membre  honoraire  et  correspondant  de  diverses  Sociétés,  etc.  Athènes, 
de  l’imprimerie  d’Antoniades,  rue  de  Mercure,  1845.  In-8°  de  xii  et  220  p. 


M.  Cornu  annonce  la  mort  de  M.  Cave,  et  donne  les  détails 
suivants  sur  ce  douloureux  événement  : 


M.  Cave  fut  blessé  le  30  octobre  en  se  battant,  devant  Dijon,  contre  les 
Prussiens.  Il  se  trouvait  dans  les  vignes  entre  la  ville  et  Saint-Apollinaire, 


61 


RÉUNIONS  D’AVRIL  ET  DE  MAI  1871. 

lorsqu’il  tomba  frappé  d’un  éclat  d’obus  dans  le  côté.  Ou  ne  le  releva  que  le 
lendemain,  et  il  mourut  peu  d’heures  après.  Il  n’avait  que  trente-huit  ans. 

Ancien  élève  de  l’École  normale  supérieure,  agrégé  de  l’Université,  docteur 
ès  sciences,  Charles  Cave  était  professeur  de  physique  au  lycée  de  Dijon. 
Sa  thèse  était  un  mémoire  de  botanique;  il  avait  cru  pouvoir  affirmer  l’exis¬ 
tence  d’une  zone  génératrice  chez  les  feuilles  et  en  avait  déduit  des  consé¬ 
quences  sur  la  structure  et  le  développement  du  péricarpe.  Il  avait,  dans  cet 
ordre  d’idées,  présenté  à  l’Académie  des  sciences  une  note  Sur  la  placenta¬ 
tion  des  Primulacées .  On  lui  doit  aussi  un  petit  Traité  de  botanique  très- 
élémentaire  (1). 

Tout  le  monde  sera  unanime  pour  payer  un  juste  tribut  d’admiration  et  de 
regret  à  cet  homme  de  cœur  qui  n’hésita  pas  à  donner  sa  vie  pour  sa  patrie, 
quand  son  âge,  sa  position  sociale  et  son  titre  de  père  lui  permettaient  d’échap¬ 
per  aux  obligations  militaires.  Nous  devons  donc  dire  :  Honneur  à  sa  mé¬ 
moire  ! 

M.  de  Schœnefeld  rappelle  qu’un  article  de  M.  Gave,  Sur  la 
zone  génératrice  des  organes  appendiculaires ,  a  été  communiqué 
à  la  Société  dans  sa  séance  du  8  juillet  1870  et  publié  dans  notre 
Bulletin,  t.  XVII,  p.  271. 


Le  28  avril,  la  Société  s’est  trouvée  également  dans  Fimpossibi- 
lité  de  tenir  une  séance  régulière. 

Trois  personnes  seulement  sont  présentes  :  MM.  Kralik,  J. -B. 
Martinet  et  de  Schœnefeld,  M.  Duchartre,  indisposé,  s’est  fait  ex¬ 
cuser. 

M.  Martinet  sollicite  son  admission  dans  la  Société,  sous  le  patro¬ 
nage  de  MM.  Decaisne  et  A.  Gris.  Le  Secrétaire  général  prend  acte 
de  cette  présentation,  et  reçoit  des  mains  de  M.  Martinet  le  ma¬ 
nuscrit  d’une  communication  Sur  les  organes  glanduleux  des 
espèces  du  genre  Citrus  (2) . 


Le  12  mai,  la  situation  ne  s’étant  nullement  améliorée,  même 
impossibilité  de  tenir  une  séance  régulière. 

Quatre  membres  (MM.  Debeaux,  Duchartre,  Kralik  et  de  Schœ- 


(1)  Voyez  le  Bulletin,  t.  XVII  (Revue),  pp.  67,  97  et  110. 

(2)  M,  Martinet  a  depuis  retiré  son  manuscrit. 


62  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

nefeld)  sont  présents.  Ils  se  bornent  à  prononcer  l’admission  provi¬ 
soire  de  : 

M.  Martinet  (Jean-Baptiste),  licencié  ès  sciences  naturelles,  élève 
en  médecine,  rue  Monge,  27,  à  Paris,  présenté  par  MM.  De- 
caisne  et  A.  Gris. 

Cette  admission  sera  soumise  à  la  ratification  de  la  Société  aus¬ 
sitôt  qu’elle  pourra  se  réunir  en  nombre  suffisant. 


Enfin,  le  26  mai,  le  vendredi  de  cette  semaine  néfaste  qui  a 
inondé  de  sang  et  jonché  de  ruines  la  capitale  du  monde  dit  civi¬ 
lisé,  au  moment  où,  après  cinq  jours  de  lutte  acharnée,  la  partie 
orientale  de  la  ville  restait  encore,  sur  les  deux  rives  de  la  Seine, 
au  pouvoir  de  l’insurrection,  où  la  flamme  achevait  de  dévorer  les 
plus  splendides  monuments  de  Paris,  où  la  circulation,  le  soir  sur¬ 
tout,  était  partout  difficile  et  même  interdite  dans  certains  quartiers, 
il  était  plus  que  jamais  impossible  de  songer  à  tenir  une  paisible 
séance  scientifique  (1). 


SÉANCE  DU  9  JUIN  1871. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  E.  ROZE,  VICE-PRÉSIDENT. 

M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  du  2Zi  mars  et  du  compte  rendu  des  essais  de  réunion  qui 
ont  été  tentés  en  avril  et  en  mai.  La  rédaction  de  ces  pièces  est 
adoptée  ;  et  la  Société  confirme  l’admission  de  M.  J. -B.  Mar- 

(1)  Néanmoins  notre  Secrétaire  général,  pour  l’acquit  de  sa  conscience,  a  cru  devoir 
se  rendre  à  l’heure  habituelle  au  siège  de  la  Société.  Ainsi  qu’il  le  prévoyait,  il  a  eu  le 
regret  de  s’y  trouver  absolument  seul.  —  Dès  le  mercredi  matin,  d’ailleurs  (aussitôt 
que  les  habitants  du  quartier  Saint-Thomas  d’Aquin,  après  quarante-huit  heures  de  sé¬ 
questration  absolue,  eurent  enfin  la  faculté  de  franchir  le  seuil  de  leurs  demeures),  M.  de 
Schœnefeld  avait  eu  la  satisfaction  de  constater  lui-même  que  les  collections  de  la  Société 
étaient  parfaitement  intactes,  malgré  l’épouvantable  lutte  qui  la  veille  avait  criblé  de  pro¬ 
jectiles  la  plupart  des  édifices  de  la  rue  de  Grenelle  et  plus  ou  moins  complètement  dé¬ 
truit  un  grand  nombre  des  maisons  de  la  rue  du  Bac.  • —  Le  lendemain  jeudi,  il  était  allé 
aussi-  s’assurer  que  les  nombreux  exemplaires  du  Bulletin  déposés  chez  le  brocheur,  ainsi 
que  les  manuscrits  confiés  à  l’imprimerie  de  M.  Martinet,  n’avaient  éprouvé  aucun  dom¬ 
mage.  ( Note  de  M.  Je  Pi'csidevt  de  la  Société .) 


SÉANCE  DU  9  JUIN  1871. 


63 


tinet,  comme  membre  de  la  Société,  admission  prononcée  à  titre 
provisoire  par  les  Membres  réunis  le  12  mai. 

M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  de  la  délibération  suivante, 
prise  le  31  mars  dernier  par  les  deux  seuls  membres  présents  de 
la  Commission  électorale  : 

La  Commission  de  sept  membres,  chargée  de  dresser  une  liste  de  candidats 
pour  les  élections  fixées  par  le  Conseil  au  7  avril  1871,  a  été  dûment  convo¬ 
quée  pour  aujourd’hui  31  mars. 

Les  deux  membres  soussignés  sont  seuls  présents,  les  autres  étant  absents 
de  Paris  et  ne  pouvant  y  rentrer  par  cas  de  force  majeure. 

La  Commission,  considérant  que,  ainsi  réduite,  elle  ne  peut  fonctionner 
utilement; 

Considérant,  en  outre,  que  la  ville  de  Paris  se  trouve  en  ce  moment  dans 
une  situation  tout  exceptionnelle  par  suite  d’événements  que  le  Conseil  ne 
pouvait  prévoir  lorsqu’il  a,  le  8  de  ce  mois,  fixé  les  élections  au  7  avril  ; 

Enfin,  considérant  surtout  que  l’interruption  des  relations  postales,  même 
dans  l’enceinte  de  Paris,  ne  permet  pas  plus  d’expédier  des  convocations  que 
de  recevoir  des  bulletins  de  vote  ; 

Invite  M.  le  Secrétaire  général  à  suspendre  toute  opération  relative  aux 
élections. 

Les  membres  de  la  Commission , 

A.  Lasègue,  P.  Duchartre. 

M.  de  Schœnefeld  ajoute  que  les  élections  pour  le  renouvelle¬ 
ment  du  Bureau  et  du  Conseil,  n’ayant  pu  avoir  lieu  (par  suite  des 
graves  événements  politiques)  ni  en  janvier,  ni  en  avril  dernier,  il 
il  y  aurait  lieu  de  fixer  une  nouvelle  date  pour  ces  élections,  ou  de 
les  ajourner  au  mois  de  janvier  prochain. 

Sur  la  proposition  de  M.E.Cosson,  la  Société  renvoie  la  discussion 
de  cette  question  à  la  prochaine  séance.  Une  convocation  ad  hoc 
sera  adressée  à  tous  ceux  des  Membres  qui  ont  un  domicile  à 
Paris. 

M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  de  la  déclaration  sui¬ 
vante  faite  le  29  mai  à  l’Académie  des  sciences,  par  M.  Chevreul, 
directeur  du  Muséum  d’histoire  naturelle  de  Paris  : 

DÉCLARATION  DE  m.  CUEVBEUL. 

C’est  avec  une  satisfaction  bien  vive  que  j’annonce  à  l’Académie  que  le 
Muséum  d’histoire  naturelle  a  heureusement  échappé  aux  dangers  qu’il  a 


(54  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

courus  et  à  l’incendie  dont  il  fut  menacé  toute  la  journée  du  mercredi  *24  mai. 

Les  dommages  qu’il  a  éprouvés  sont  peu  de  chose  relativement  à  ce  qui 
pouvait  arriver. 

Qu’il  me  soit  permis  de  dire  à  l’Académie  combien  nos  confrères,  M.  De- 
caisne  pour  les  serres  et  les  jardins,  M.  Milne  Edwards  pour  la  ménagerie  et 
les  collections  de  son  service,  M.  Delafosse  pour  les  galeries  de  minéralogie  et 
de  géologie,  et  M.  de  Quatrefages  pour  la  galerie  d’anthropologie,  ont  déployé 
de  zèle  et  d’activité  dans  cette  circonstance  où  toutes  les  collections  du  Muséum 
pouvaient  être  anéanties. 

Combien  j’ai  regretté  que  notre  confrère  M.  Blanchard  et  M.  le  professeur 
Deshayes,  logés  loin  de  nous,  aient,  pour  celte  raison,  été  obligés  d’interrompre 
de  temps  en  temps  les  services  qu’ils  ont  rendus  au  Muséum,  empêchés  par 
la  force  d’y  parvenir  lorsqu'ils  l’auraient  voulu. 

Enfin  M.  Gervais,  logé  hors  de  l’établissement,  mais  dans  son  voisinage, 
n’a  épargné  ni  son  temps  ni  sa  vie  même  pour  veiller  à  la  conservation  des 
collections  de  l’anatomie  comparée. 

Dans  les  circonstances  si  graves  auxquelles  nous  venons  d’échapper,  il  est 
de  mon  devoir  de  dire  aux  amis  de  la  science  ce  qu’ils  doivent  de  remercî- 
ments  aux  professeurs  du  Muséum  dont  je  viens  de  citer  les  noms. 

Lecture  est  donnée  d’une  lettre  de  M.  Leybardie,  qui  se  dis- 
pose  à  explorer  l’île  de  Madagascar,  et  offre  ses  services  à  la 
Société  à  cette  occasion.  M.  le  Secrétaire  général  est  invité  à  répon¬ 
dre  à  M.  Leybardie  que  la  Société  accueillera  avec  intérêt  les  com- 
munications  botaniques  qu’il  voudra  bien  lui  envoyer,  et  s’efforcera 
de  concourir  au  placement  des  récoltes  de  plantes  qu’il  sera  à 
même  de  faire  durant  son  voyage. 

M.  Ghatin  annonce  qu’il  a  récemment  trouvé,  dans  le  parc  de 
Meudon,  X Euphorbia  dulcis  et  le  Poa  sudetica;  près  des  Essarts- 
le-Roi  (Seine-et-Oise),  X Orchis  viridis  et  X Asperula  galioides. 

M.  Cosson  annonce  que  M.  Mouillefarine  a  constaté,  à  Neuilly- 
sur-Seine,  le  Trifolium  resvpinatum ,  dont  les  graines  ont  proba¬ 
blement  été  apportées  avec  des  fourrages  destinés  aux  armées  qui 
ont  assiégé  Paris. 

M.  Gosson  signale  l’abondance  de  Y Anacharis  Alsinastrum  dans 
les  fossés  aquatiques  peu  profonds  des  environs  d’Oslende  (Bel¬ 
gique)  ;  il  y  a  observé  cette  plante  au  mois  d’avril  de  cette  année. 

M.  l’abbé  Cbaboisseau  fait  à  la  Société  la  communication  sui¬ 
vante  : 


SÉANCE  DU  9  JUIN  1871. 


65 


SUR  QUELQUES  CHARACÉES  DES  BASSINS  DE  VERSAILLES  ET  DES  ÉTANGS  CIRCONVOISINS, 

par  II.  S‘aï»î»é  CUiBOPSEilU. 


J’ai  eu  la  bonne  chance  de  rencontrer,  le  12  mai  dernier,  à  Versailles,  une 
superbe  colonie  de  Chara  aspera  Willd.  Cette  espèce  dioïque,  qui  se  repro¬ 
duit  facilement  par  les  nombreux  bulbilles  dont  ses  racines  sont  chargées, 
habite  en  grande  quantité  dans  trois  des  bassins  du  parc,  sans  que  jamais  les 
sexes  soient  réunis.  Ainsi  les  individus  mâles  se  trouvent  seuls  dans  le  petit 
bassin  circulaire  de  la  terrasse  (dite  Parterre  d'eau),  au-dessus  de  l’Orangerie 
et  tout  à  côté  de  l’aile  sud  du  palais,  qui  contient  la  galerie  des  Batailles;  * 
tandis  que  les  individus  femelles  sont  seuls  dans  le  bassin  d’Encelade,  et  aussi 
dans  un  autre  petit  bassin  circulaire  du  parterre,  à  droite  et  immédiatement 
au-dessous  du  bassin  de  Latone  (1). 


Cette  singulière  distribution  fait  supposer  que  Sa  propagation  r»’est  faite,  dans 
chaque  bassin,  par  un  individu  unique  et  par  les  racines,  les  nucules,  quoi¬ 
que  bien  conformées,  n’ayant  jamais  germé,  par  suite  de  l’absence  des  anthé- 
ridies.  Il  serait  difficile  d’expliquer  la  présence  de  cette  espèce  en  pareil  lieu  : 
je  ne  doute  pas  qu’elle  ne  provienne  d’un  étang  des  environs,  où  on  ne  l’a  pas 
encore  observée.  Toujours  est-il  qu’elle  doit  s’être  introduite  depuis  plusieurs 
années. 

La  colonie  est  nombreuse;  elle  ne  se  tient  que  dans  des  bassins  pavés  et 
dans  les  lignes  formées  par  les  interstices  des  pierres,  l'a  où  s’accumulent  le 
sable  et  les  détritus.  Les  bassins  n’ont  pas  été  nettoyés  à  fond  depuis  plusieurs 
années,  et  du  reste  les  bulbilles  échappent  facilement  à  la  destruction.  La 
plante  manque  généralement  là  où  le  pavage  a  subi  des  réparations  depuis 
quatre  ou  cinq  ans.  Je  ne  l’ai  vue  dans  aucun  des  bassins  qui  ne  sont  pas  pa¬ 
vés,  ni  dans  ceux  où  l’eau  un  peu  plus  profonde  met  le  végétal  dans  de  mau¬ 
vaises  conditions  de  respiration  et  surtout  de  lumière.  On  sait  que  les  Chara- 
cées  sont  délicates  sur  les  conditions  de  développement,  et  qu’elles  restent 
souvent  plusieurs  années  avant  de  reparaître.  Il  pourrait  donc  se  faire  que  je 
fusse  arrivé  à  point  pour  surprendre  le  Chara  aspera  dans  une  année  favorable. 
Cependant  l’abondance  des  bulbilles  est  un  gage  de  réapparition  constante,  et 
je  crois  plutôt  qu’il  n’a  pas  été  aperçu  jusqu’ici,  parce  qu’on  ne  songe  guère 
à  faire  une  herborisation  sérieuse  en  se  promenant  sur  la  terrasse  de  Versailles, 
lia  fallu  les  vacances  forcées  que  m’ont  faites  les  événements  pour  attirer 
mon  attention  sur  cette  espèce  en  pareil  lieu. 

J’ai  visité  à  la  môme  époque  l’étang  de  Trou-Salé  et  celui  de  Trappes.  Le 
premier  était  à  sec.  Dans  le  second,  à  moitié  vide  et  très-vaseux,  j’ai  vu  en 


(1)  Ce  bassin  et  celui  qui  lui  sert  de  pendant  du  côté  gauche  sont  désignés,  suq  les 
plans  du  parc,  sous  le  nom  de  bassins  des  lézards. 

T.  XVIII.  (SÉANCfcS)  5 


66 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

abondance  le  Nitelia  opaca  Ag. ,  et  avec  lui  un  Char  a  encore  peu  développé, 
dioïque,  inerme,  qui  me  fait  soupçonner  un  Ch.  fragifera,  connivens ,  ou  quel¬ 
que  chose  de  semblable,  .le  me  propose  d’y  retourner  bientôt  et  de  l’étudier. 

M.  Gosson  présente  à  la  Société  le  travail  suivant  : 

INSTRUCTIONS  SUR  LES  OBSERVATIONS  ET  LES  COLLECTIONS  BOTANIQUES  A  FAIRE 
DANS  LES  VOYAGES,  par  M.  K.  COSSO^Ï. 


Le  développement  actuel  des  relations  commerciales  entre  les  peuples,  la 
facilité  et  la  rapidité  des  communications  rendent  de  jour  en  jour  les  voyages 
plus  fréquents,  et  permettent  en  quelques  semaines  d’atteindre  les  pays  les 
plus  éloignés  et  de  parcourir  des  contrées  qui,  jusqu’à  ces  derniers  temps, 
étaient  fermées  aux  investigations  scientifiques.  Parmi  les  voyageurs,  il  en  est 
un  grand  nombre  qui,  sans  faire  de  la  botanique  le  but  spécial  de  leurs 
recherches,  n’en  ont  pas  moins  le  désir  de  faire  profiter  cette  science  de  leurs 
découvertes  et  formeraient  des  collections  botaniques  s’ils  savaient  pouvoir  en 
réunir  les  éléments  sans  trop  se  détourner  du  but  principal  de  leurs  voyages 
et  le  faire  facilement  et  utilement.  C’est  à  eux  que  s’adressent  surtout  ces 
instructions,  restreintes  aux  notions  les  plus  pratiques  concernant  l’exploration 
botanique  d’une  contrée,  les  instruments  d’observation,  de  récolte  et  de  pré¬ 
paration,  le  choix  et  la  récolte  des  échantillons  d’herbier,  la  récolte  des 
racines,  des  bulbes,  des  fruits,  des  graines  et  des  bois,  les  notes  à  prendre 
sur  les  plantes  récoltées  et  leur  étiquetage,  la  préparation  des  échantillons,  les 
moyens  d’assurer  la  conservation  temporaire  des  collections,  ainsi  que  les 
procédés  les  plus  avantageux  pour  leur  emballage  et  leur  expédition. 

I.  - —  ExpIoratM»»  hotaitî(|ue  <1  une  contrée. 

La  végétation  d’une  vaste  contrée  ou  d’une  circonscription  même  peu  éten¬ 
due  offre  toujours  des  caractères  particuliers  plus  ou  moins  nettement  tran¬ 
chés;  ces  caractères  sont  nombreux  et  d’importance  diverse.  Il  n’y  a  lieu 
d’insister  ici  que  sur  ceux  qui  doivent  surtout  appeler  l’attention  du  voya¬ 
geur,  en  négligeant  ceux  qui  résultent  de  l’étude  approfondie  de  la  flore  et 
qui  demandent  des  travaux  de  détermination  et  de  statistique  impossibles  à 
réaliser  en  voyage.  Pour  ces  dernières  recherches,  le  calme  du  cabinet  et  l’étude 
des  grands  herbiers  et  des  ouvrages  sont  indispensables. 

Dans  l’état  actuel  des  connaissances  sur  la  végétation  de  la  plupart  des  con¬ 
trées  du  globe,  il  y  a  plus  d’intérêt  à  explorer  avec  soin  une  contrée  d’une  mé¬ 
diocre  étendue,  surtout  si  elle  offre  des  milieux  variés,  tels  que  littoral,  prai¬ 
ries,  marais,  montagnes,  forêts,  steppes,  terrains  cultivés,  etc.,  qu’à  parcourir 
de  grands  espaces  et  à  y  glaner  pour  ainsi  dire  les  espèces  les  plus  remarqua¬ 
bles.  Il  n’y  a  guère  d’exception  à  ce  précepte  général  que  pour  les  steppes  et 


SÉANCE  DU  9  JUIN  1871. 


67 


les  déserts  dont  la  végétation  est  trop  uniforme  pour  offrir  à  l’observateur  de 
nouvelles  espèces,  si  ce  n’est  à  de  grandes  distances  (1). 

A  part  l’Europe  et  une  grande  partie  de  l’Amérique  du  Nord,  il  est  peu 
de  pays  dont  la  llore  soit  assez  connue  pour  qu’il  n’y  ait  pas  un  véritable  inté¬ 
rêt  scientifique  à  ce  que  le  voyageur  y  recueille  toutes  ies  plantes,  même  les 
moins  remarquables  et  les  plus  répandues.  Parmi  ies  contrées  lointaines, 
celles  dont  l’exploration  botanique  est  la  plus  imparfaite  sont  celles  qui  occu¬ 
pent  l’intérieur  des  continents  et  surtout  celles  que  bonne  peut  atteindre  qu’en 
traversant  de  vastes  étendues  de  désert. 

Avant  d’explorer  une  contrée,  il  est  indispensable  d’étudier  préalablement 
sa  géographie  et  son  orographie,  et  de  prendre  un  aperçu  de  sa  végétation  par 
l’examen  des  herbiers  publics  ou  particuliers  dans  lesquels  sa  flore  est  le  pius 
largement  représentée  ;  de  se  procurer  les  ouvrages  botaniques  publiés  sur  le 
pays,  ou  au  moins  d’en  extraire  des  notes  sur  les  plantes  ies  pius  caractéristi¬ 
ques,  en  reproduisant  par  des  calques  les  planches  ou  les  parties  de  planches 
suffisantes  pour  faire  reconnaître  sur  le  terrain  les  espèces  les  plus  remar¬ 
quables. 

Le  voyageur,  alors  même  qu’il  est  versé  dans  les  études  botaniques,  ne 
doit  emporter  avec  lui  que  quelques  \olumes  bien  choisis  concernant  la  flore 
du  pays  qu’il  doit  parcourir;  car  s’il  recueille  des  échantillons  complets,  s’il 
prend  sur  la  plante  vivante  des  croquis  et  des  notes  pour  les  caractères  les 
plus  fugaces,  s’il  prépare  avec  soin  des  fleurs  ou  des  parties  de  fleurs,  des 
sommités  florifères  ou  fructifères,  s’il  conserve  dans  l’alcool  les  fleurs  et  les 
autres  parties  que  la  dessiccation  peut  altérer,  etc.,  il  sera  bien  mieux  à  même, 
après  son  retour,  d’arriver  à  des  déterminations  précises  que  par  l’étude,  trop 
souvent  imparfaite,  qu’il  ferait  dans  le  cours  de  ses  explorations.  Si  la  végé¬ 
tation  d’un  pays  a  été  1  objet  d’une  llore  locale,  ou  au  moins  d’un  catalogue, 
il  devra  se  borner  à  ces  livres,  qui  seront  pour  lui  des  guides  précieux  pour 
peu  que  les  notions  génériques  lui  soient  familières;  car  le  nombre  seul  des 
espèces  de  chaque  genre  qu’il  aura  recueillies  lui  montrera  si  ses  récoltes  com¬ 
prennent  la  plus  grande  partie  des  espèces  citées.  Pour  les  contrées  peu  con¬ 
nues  au  point  de  vue  botanique,  ou  qui  n’ont  pas  été  l’objet  de  publications 
spéciales  et  sur  lesquelles  ies  documents  se  trouvent  dispersés  dans  ies  traités 
généraux,  dans  de  nombreuses  publications  ou  consignés  dans  des  ouvrages 
que  leur  volume  ne  permet  pas  de  transporter  facilement,  le  voyageur  doit  se 
borner  à  un  Généra  qui  lui  permette  d’arriver  au  moins  à  la  connaissance 
des  genres  les  pius  largement  représentés  ;  sans  cette  notion  générique,  ses 
recherches  perdraient  pour  lui  beaucoup  de  leur  intérêt  et  seraient  nécessai¬ 
rement  moins  complètes  en  raison  des  confusions  auxquelles  il  serait  exposé. 


(1)  Bans  les  déserts  et  les  dunes  du  Sahara,  chaque  degré  de  latitude  n’ajoutera  sou 
suit  qu’une  espèce  ou  deux  au  nombre  des  espèces  observées. 


t>8 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Il  est  utile,  sinon  indispensable,  d’arriver  dans  le  pays  à  une  saison  pendant 
laquelle  la  flore  n’est  encore  représentée  que  par  un  petit  nombre  d’espèces; 
on  sera  ainsi  à  même  de  suivre  la  végétation  dans  ses  développements  succes¬ 
sifs,  tout  en  faisant  une  reconnaissance  rapide  des  lieux,  et  de  prendre  pour 
centre  de  ses  recherches  les  parties  qui  offrent  les  milieux  les  plus  variés  et 
sont  par  cela  même  les  plus  riches  au  point  de  vue  botanique.  Dans  l’explora¬ 
tion  du  pays,  il  faut  visiter  successivement  ses  diverses  parties  en  se  guidant 
sur  le  degré  de  développement  de  la  végétation  ;  on  doit  commencer  parcelles 
dont  la  végétation  est  la  plus  précoce,  et  y  revenir,  si  c’est  possible,  à  une 
saison  plus  avancée,  pour  y  recueillir  les  espèces  à  floraison  tardive  et  des 
échantillons  en  fruits  des  espèces  déjà  vues  en  fleurs.  Du  reste,  il  vaut  généra¬ 
lement  mieux  herboriser  à  une  saison  un  peu  avancée  qu’à  une  saison  trop 
précoce;  on  aura  ainsi  presque  toujours  des  échantillons  complets,  c’est-à-dire 
portant  à  la  fois  des  fleurs  et  des  fruits,  et  l’on  sera  à  même  de  recueillir  des 
graines,  des  souches  ou  des  bulbes  des  plantes  que  l’on  ne  trouvera  qu’en 
fruits.  Un  assez  grand  nombre  d’espèces  croissent  également  dans  la  plaine  et 
dans  la  montagne,  et  il  sera  souvent  facile  de  trouver  à  des  altitudes  plus  grandes 
des  échantillons  en  fleurs  des  plantes  déjà  défleuries  dans  les  plaines.  Pour  les 
espèces  qui  ne  s’élèvent  pas  dans  la  montagne,  on  en  rencontrera  souvent, 
après  la  saison  des  pluies,  des  repousses  fleuries,  si  toutefois  on  ne  les  a  pas 
encore  trouvées  en  fleurs  dans  des  lieux  plus  frais  ou  plus  ombragés  que  ceux 
où  elles  croissent  ordinairement. 

Le  voyageur  devra  prendre  note  de  l’importance  relative  des  familles  qui 
sont  le  plus  largement  représentées  dans  la  flore,  soit  par  le  nombre  des 
espèces,  soit  par  celui  des  individus,  et  qui  donnent  à  cette  flore  son  type 
spécial.  Cet  ordre  d’importance  pourra  être  modifié  par  des  études  ultérieures, 
mais  cette  première  annotation  aura,  comme  M.  Alph.  de  Candolle  l’a  si  judi¬ 
cieusement  fait  observer  (1),  l’avantage  d’appeler  surtout  l’attention  sur  les 
plantes  qui,  par  leur  abondance,  sont  essentiellement  caractéristiques. — Pour 
compléter  les  données  fournies  par  l’importance  relative  des  familles,  i!  est  très- 
utile  de  noter  celles  qui  sont  à  peine  représentées  dans  le  pays  ou  qui  y 
manquent  complètement,  et  cette  dernière  donnée  a  d’autant  plus  de  valeur 
que  les  conditions  générales  du  climat  auraient  pu,  au  contraire,  faire  croire 
à  priori  que  les  plantes  de  ces  familles  devaient  y  exister. 

Les  plantes  des  diverses  familles  se  combinant  d’une  manière  très-diffé¬ 
rente  selon  les  contrées,  il  esl  important  de  tenir  compte  de  leurs  combinaisons 
aux  diverses  stations,  ces  combinaisons  constituant  un  caractère  souvent  tout 
aussi  essentiel  que  celui  de  la  prééminence  de  telle  ou  telle  famille. 

Pour  les  genres,  il  faut  observer,  comme  pour  les  familles,  ceux  qui  sont  le 
plus  largement  représentés,  soit  par  le  nombre  des  espèces,  soit  par  celui  des 


(1)  Alph.  de  Candolle,  Caractères  qui  distinguent  la  végétation  d’une  contrée. 


SÉANCE  DU  9  JUIN  1871. 


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individus,  et  ceux  qui,  en  raison  des  dimensions  qu’atteigueni  leurs  espèces, 
ou  au  moins  une  partie  de  leurs  espèces,  donnent  au  pays  son  aspect  général. 

Les  mêmes  principes  doivent  être  appliqués  aux  espèces.  Ainsi  l’attention 
devra  se  porter  surtout  sur  les  plantes  spontanées  les  plus  communes,  parti¬ 
culièrement  sur  celles  qui  dominent  dans  e  pays,  ainsi  que  sur  les  plantes  carac¬ 
téristiques,  c’est-à-dire  celles  qui  sont  les  plus  remarquables,  soit  par  leurs 
formes,  soit  par  leurs  dimensions,  quelle  que  soit  d’ailleurs  leur  abondance.  On 
devra  s’appliquer  à  n’omettre  aucun  des  arbres  et  des  arbrisseaux  qui  forment 
l’essence  principale  des  bois  et  des  broussailles.  Trop  souvent  le  botaniste  ne 
rapporte  que  des  échantillons  imparfaits  de  ces  végétaux,  dont  il  remet  de  jour 
en  jour  la  récolte  à  cause  meme  de  leur  fréquence  on  de  la  difficulté  qu’il  a 
quelquefois,  en  raison  de  leur  hauteur,  d’en  obtenir  de  bons  échantillons. 

Après  ces  grands  végétaux,  viennent  comme  importance  les  plantes  les 
plus  répandues  et  qui,  sur  les  divers  points  explorés,  constituent  le  fond  de  la 
végétation,  surtout  celles  qui  croissent  en  dehors  des  cultures  et  loin  des  habi¬ 
tations,  et  forment  la  base  des  prairies  naturelles  et  des  pâturages.  Si,  en  raison 
des  circonstances,  on  doit  négliger  quelques  espèces,  que  ce  soient  surtout 
les  plantes  dites  rudérales ,  propres  au  voisinage  des  lieux  habités,  croissant 
dans  les  jardins,  les  terrains  cultivés,  les  lieux  habituels  de  campement,  auprès 
des  puits,  des  aiguades,  sur  les  décombres,  etc  ;  ces  plantes  qui  accompagnent 
l’homme  sont  souvent  cosmopolites  et  offrent  par  cela  même  une  importance 
moindre  au  point  de  vue  de  la  géographie  botanique.  Il  en  est  de  même  pour 
un  grand  nombre  de  plantes  des  moissons  que  l'homme  multiplie  pur  des 
semis  involontaires  et  parles  labours  qui,  en  ameublissant  le  sol,  en  font  dis¬ 
paraître  les  plantes  réellement  indigènes  qui  l’occupaient  d’abord.  La  plupart 
de  ces  plantes  sont  répandues  dans  une  grande  partie  du  monde  ou  dans  le 
monde  entier,  et  leur  véritable  patrie  est  souvent  inconnue,  en  raison  même 
de  leur  diffusion  actuelle  due  aux  circonstances  particulières  qui  favorisent 
leur  propagation. 

Les  lieux  marécageux  ou  aquatiques  offrent  ordinairement  une  végétation 
très-variée  (1);  mais  les  plantes  de  ces  stations  sont  souvent  celles  qui  sont  le 


(1)  On  ne  saurait  trop  recommander  les  précautions  hygiéniques  à  prendre  pour  l’ex¬ 
ploration  des  marais  et  des  bords  des  eaux  à  niveau  variable,  surtout  dans  les  pays  chauds, 
car  on  est  exposé  à  y  contracter  le  germe  d’affections  paludéennes,  qui,  trop  souvent,  dé¬ 
terminent  des  accidents  graves  ou  mortels,  même  longtemps  après  que  l’on  est  soustrait 
à  la  cause  qui  les  a  produites.  11  ne  faut  jamais,  avant  de  pénétrer  dans  l’eau,  négliger  de 
se  débarrasser  des  vêtements  qui  pourraient  être  atteints  par  elle  et  de  remplacer  les 
vêtements  mouillés,  ou  au  moins  de  ne  les  remettre  qu’après  les  avoir  fait  sécher.  Une 
recommandation  non  moins  importante  est  d  éviter  de  passer  la  nuit  dans  un  campement 
exposé  aux  émanations  marécageuses.  Il  est  prudent  de  prendre  du  vin  de  quinquina  ou 
de  l’extrait  de  quinquina,  ou  au  moins  du  café  ou  quelque  spiiilueux  avant  une  herbori¬ 
sation  dans  les  marais.  On  ne  doit  séjourner  clans  les  lieux  marécageux  ni  au  moment  de 
la  plus  forte  chaleur,  ni  au  coucher  du  soleil,  et  il  faut,  au  préalable,  avoir  pris  un  repas 
suffisamment  réconfortant. 


70 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

plus  largement  répandues  non-seulement  dans  le  pays,  mais  même  dans  le 
monde,  et,  en  raison  de  ce  fait,  elles  ont  une  importance  moindre  au  point 
de  vue  de  la  géographie  botanique  que  celles  des  terrains  secs. 

On  doit  porter  son  attention  d’une  manière  spéciale  sur  les  végétaux  em¬ 
ployés  à  des  usages  alimentaires,  médicaux,  économiques  ou  industriels.  On 
doit  également  ne  négliger  aucun  de  ceux  qui  sont  connus  des  habitants  pour 
leurs  propriétés  vénéneuses. 

Les  plantes  rares  sont  trop  souvent  l’objet  de  la  préférence  presque  exclu¬ 
sive  des  voyageurs;  ce  sont  évidemment  celles  qui  ont  le  moins  de  valeur 
comme  caractéristiques  d’une  flore  et  qui  peuvent  être  le  plus  impunément 
négligées.  Du  reste,  à  part  quelques  exceptions,  et  ce  fait  est  surtout  particulier 
aux  flores  des  îles  et  des  pays  de  montagnes,  ii  n’y  a  que  peu  de  plantes  qui, 
rares  sur  un  point,  ne  se  rencontrent  pas  en  plus  ou  moins  grande  abondance 
à  des  localités  plus  ou  moins  éloignées. 

Les  plantes  cultivées  en  grand,  en  raison  de  la  large  place  qu’elles  occupent 
dans  la  flore  du  pays  et  du  caractère  spécial  qu’elles  lui  impriment,  méritent 
une  attention  particulière.  L’explorateur  doit  noter  si  elles  occupent  ou  non 
de  larges  espaces,  et  constater,  toutes  les  fois  qu’il  le  pourra,  si  leur  culture 
remonte  à  des  temps  déjà  anciens,  ou  si,  au  contraire,  elles  sont  d’introduction 
récente. 

Les  milieux  divers  dans  lesquels  les  plantes  peuvent  croître  constituent 
leurs  stations.  Il  faut  noter  les  stations  principales  que  présentent  les  contrées 
parcourues,  en  les  classant  d’après  l’étendue  qu’elles  occupent;  cette  mention 
fournira  les  notions  les  plus  utiles  sur  les  caractères  généraux  de  la  flore.  En 
effet,  chaque  station,  telles  que  les  prairies,  les  forêts,  les  marais,  les  rivières, 
les  sables,  les  rochers,  les  terrains  salés,  les  champs  cultivés  ou  incultes,  etc., 
offre  un  certain  nombre  de  plantes  particulières.  —  Les  aspects  variés  que 
peut  présenter  la  végétation  à  chaque  station  doivent  être  soigneusement 
constatés  en  tenant  compte  des  végétaux  qui  lui  donnent  ses  principaux 
caractères. 

La  fréquence  ou  la  rareté  des  végétaux  appartenant  à  certaines  grandes  caté¬ 
gories  physiognoinoniques,  telles  que  les  plantes  grasses,  les  plantes  à  feuilles 
persistantes  ou  aciculées,  les  plantes  annuelles,  les  plantes  vivaces,  les  plantes 
épiphytes,  etc.,  ne  doit  pas  être  négligée;  car  ce  caractère,  bien  que  d’une 
importance  moindre  que  les  précédents,  contribue  aussi  à  donner  à  la  flore  un 
type  spécial. 

Toutes  les  observations  qui  viennent  d’être  indiquées  doivent  être  prises 
pour  l’ensemble  du  pays,  pour  ses  diverses  régions  naturelles  et  pour  les  sta¬ 
tions  principales  que  l’on  y  rencontre,  lorsque  ces  régions  et  ces  stations  offrent 
des  caractères  particuliers. 

C’est  surtout  dans  les  pays  montagneux  que  la  flore  offre  des  différences  très- 
tranchées  selon  l’altitude.  Les  diverses  zones  de  la  végétation  seront  carac- 


SÉANCE  DU  9  JUIN  1871. 


71 

lérisées  par  les  végétaux  ligneux  qui  y  dominent,  et  celles  dépourvues  de  bois 
et  de  broussailles  le  seront  par  leurs  plantes  les  plus  abondantes  et  les  plus  re¬ 
marquables.  Les  limites  inférieure  et  supérieure  de  ces  zones,  ainsi  que  leur 
altitude  moyenne,  doivent  être  déterminées  au  moyen  de  baromètres  ou  d’hyp- 
somètres  bien  réglés  (  I). 

Lorsqu’on  a  déterminé,  au  moyen  du  baromètre  ou  de  l’hypsomètre,  l’alti¬ 
tude  des  zones  des  végétaux  caractéristiques,  on  peut  y  rattacher  les  plantes 
qui  croissent  avec  eux,  et  avoir  ainsi  des  données  presque  complètes  sans  mul¬ 
tiplier  outre  mesure  les  observations. 

Les  déterminations  d’altitude  sont  importantes  non-seulement  dans  les  pays 
dont  la  topographie  a  été  peu  étudiée,  mais  même  dans  ceux  pour  lesquels 
existent  les  meilleures  cartes  donnant  ces  indications  ;  car  ce  qui  intéresse 
surtout  le  naturaliste,  c’est  bien  plutôt  l’altitude  des  zones  végétales  que  celle 
des  points  culminants,  qui  n’ont  souvent  pour  la  fiore  qn’une  valeur  secon¬ 
daire.  Dans  le  cas  où  des  observations  barométriques  n’auraient  pas  été  exécu¬ 
tées,  l’ordre  de  superposition  des  zones  végétales  noté  avec  soin  fournira  de 


(1)  L’altitude  devant  être  établie  aussi  exactement  que  possible,  il  est  indispensable, 
pour  une  exploration  sérieuse,  de  se  munir  d  un  ou  de  plusieurs  baromètres  Fortin, 
le  moins  fragile  et  le  plus  simple  des  baromètres  à  mercure,  en  emportant  des  tubes 
de  rechange  et  du  mercure  pour  être  à  même  de  remonter  l’instrument  en  cas  de  fracture 
du  tube.  Il  est  avantageux  de  se  munir  aussi  d’un  ou  de  plusieurs  baromètres  anéroïdes 
(système  Vidi  ou  Bourdon),  bien  réglés  sous  la  cloche  de  la  machine  pneumatique:  Ces 
derniers  baromètres  sont  très-utiles  pour  déterminer  l’altitude  des  zones  végétales,  car  ils 
permettent  de  multiplier  les  observations,  en  raison  même  de  la  facilité  avec  laquelle 
elles  peuvent  être  prises;  mais  il  ne  faut  avoir  dans  ces  instruments  portatifs  qu’une 
confiance  relative  pour  les  observations  prises  dans  le  cours  d’un  voyage  :  en  effet,  les 
secousses  du  cheval  ou  de  la  voiture  troublent  souvent  leur  marche;  de  plus,  les  obser¬ 
vations  dans  les  montagnes  doivent  être  faites  en  gravissant  les  pentes  et  non  en  les 
descendant,  car,  dans  ce  dernier  cas,  la  cuvette  métallique  du  baromètre  anéroïde  étant 
quelquefois  assez  longtemps  à  reprendre  son  élasticité,  on  pourrait  avoir  îles  résultats  très- 
incorrects.  Les  baromètres  anéroïdes,  dont  la  marche,  comme  nous  l’avons  déjà  dit,  est 
souvent  troublée  dans  le  cours  d’un  voyage  rapide,  sont,  au  contraire,  des  instruments 
précieux  pour  les  observations  à  poste  fixe,  et  ils  fourniront  le  moyen  facile  d’établir  des 
points  de  repère  pour  la  détermination  des  altitudes.  En  effet,  lorsqu’ils  ont  été  réglés 
d’après  un  bon  baromètre  à  mercure  et  contrôlés  par  une  série  suffisante  d’observations, 
étant  soustraits  aux  causes  de  perturbation  que  peuvent  causer  dans  leur  marche  les 
secousses  auxquelles  ils  sont  exposés  dans  un  voyage,  leurs  indications  seront  très-suffi¬ 
santes  pour  servir  de  moyen  de  comparaison  à  celles  que  l’on  prendra  sur  les  divers  points 
que  l’on  explorera.  Les  faibles  erreurs  de  lecture  que  pourra  commettre  l’observateur 
chargé  des  observations  à  poste  fixe  seront  presque  insignifiantes,  pour  peu  qu’il  soit 
exercé,  et  d’ailleurs  ces  erreurs  disparaîtront  presque  complètement  dans  l’établissement 
d’une  moyenne  comprenant  un  certain  nombre  d’observations. —  Pour  suppléer  au  besoin 
au  baromètre,  le  voyageur  peut  utilement  aussi  se  munir  d’un  hypsomètre.  Les  indica¬ 
tions  fournies  par  cet  instrument  n’ont  pas,  il  est  vrai,  toute  la  valeur  des  observations 
barométriques,  mais  elles  peuvent  donner  des  approximations  généralement  suffisantes 
pour  la  détermination  des  limites  des  zones  végétales.  —  Un  observateur  exercé  pourrait, 
s’il  était  dépourvu  de  baromètre  et  d’hypsomètre,  avec  un  simple  thermomètre  à  mer¬ 
cure  bien  réglé  et  à  divisions  assez  larges,  en  évaluant  à  l’œil  les  dixièmes  de  degré, 
apprécier  la  température  à  laquelle  a  lieu  l’ébullition  de  l’eau,  et,  au  moyen  des  tables 
hypsométriques,  arriver  à  des  indications  d’altitude  déjà  très-utiles. 


72 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


précieux  repères  pour  juger  approximativement  de  l’altitude  à  laquelle  croît 
telle  ou  telle  espèce,  en  la  rapportant  à  la  zone  dans  laquelle  elle  a  été  obser¬ 
vée;  mais  il  va  sans  dire  qu’il  11e  faut  pas  omettre  de  mentionner  si  la  plante 
existe  dans  toute  l’étendue  d’une  des  zones,  si  elle  se  rencontre  dans  deux  ou 
plusieurs  de  ces  zones,  ou  si,  au  contraire,  elle  ne  se  trouve  que  dans  la  partie 
supérieure  ou  inférieure  de  l’une  d’elles.  Il  est  évident  que  dire  d’une  plante 
qu’elle  se  rencontre  sur  un  point  de  l’Europe  dans  la  zone  du  Chêne,  du 
Hêtre,  du  Mélèze,  etc.,  ne  donne  qu’une  idée  vague  de  l’altitude  à  laquelle 
elle  croît,  mais  celte  notion  devient  plus  précise  si  i’on  mentionne  qu’elle 
n’existe  qu’à  la  limite  supérieure  ou  inférieure  de  la  zone  caractérisée  par 
l’un  de  ces  arbres. 

Des  thermomètres  à  mercure,  bien  réglés  et  gradués  sur  tige,  serviront  à 
observer  les  températures  atmosphériques  aux  diverses  heures  de  la  journée, 
leurs  maxima  et  leurs  minima,  et  celles  non  moins  importantes  du  sol  à  sa 
surface  et  à  des  profondeurs  diverses;  les  observai  ions  de  la  température  du 
sol  permettront  souvent  de  juger  de  son  degré  d’humidité,  car  l’abaissement 
de  la  température  à  une  faible  profondeur  sera  d’autant  plus  rapide  que  l’eau 
contenue  dans  le  sol  sera  en  plus  grande  abondance,  comme  cela  a  lieu  souvent 
dans  les  dunes,  au  bord  de  la  mer  et  dans  les  déserts. 

I!  serait  avantageux  d’avoir  en  outre  à  sa  disposition  des  thermomètres 
maxima  et  minima  ;  surtout  si  l’on  peut  les  laisser  un  certain  temps  en  expé¬ 
rience,  après  les  avoir  placés  dans  des  conditions  convenables,  ils  permettront 
d’apprécier  les  variations  de  température  de  l’atmosphère  et  du  sol,  et  l’in¬ 
tensité  du  rayonnement  pendant  la  nuit. 

Il  est  indispensable  de  noter  la  profondeur  des  puits  et  leur  température, 
ainsi  que  celle  des  sources,  de  même  que  la  durée  des  pluies,  leur  saison 
habituelle,  leur  fréquence  ou  leur  rareté,  leur  abondance,  la  présence  ou 
l’absence  de  neige  ou  de  glace,  l’épaisseur  de  leurs  couches,  la  date  des  pre¬ 
miers  et  des  derniers  froids,  les  températures  maxima  et  minima  de  l’at¬ 
mosphère  et  du  sol  aux  diverses  saisons,  etc.  En  un  mot,  toutes  les  obser¬ 
vations  qui  peuvent  contribuer  à  faire  connaître  le  climat  doivent  être  consi¬ 
gnées  sur  le  carnet  du  voyageur  explorateur. 

Le  botaniste  voyageur  doit  se  munir  de  médicaments  propres  à  combattre 
les  affections  les  plus  communes  dans  les  pays  qu’il  doit  visiter.  S’il  n’est  pas 
médecin,  il  devra  étudier  les  caractères  généraux  de  ces  affections  et  les 
moyens  les  plus  propres  à  les  combattre.  Avec  un  petit  nombre  de  médica¬ 
ments  bien  choisis  et  quelques  instruments  de  petite  chirurgie,  on  peut  non- 
seulement  se  préserver  souvent  d’accidents  graves,  mais  encore,  par  les  soins 
que  l’on  donnera  aux  malades,  se  rendre  facile  l’accès  des  contrées  habitées 
par  des  populations  fanatiques  ou  presque  hostiles. 

Dans  presque  tous  les  pays  peu  civilisés  ou  habités  par  des  peuplades  sau¬ 
vages,  l’Européen  est  considéré  comme  médecin  et  respecté  en  cette  qualité. 


SÉANCE  DU  9  JUIN  1871. 


73 


On  négligerait  un  moyen  important  de  sécurité,  si  Ton  ne  se  mettait  à  même 
d’entretenir  ces  bonnes  dispositions  (1). 

{La  suite  à  la  prochaine  séance.) 

M.  Cauvet  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  et  met  sous 
les  yeux  des  Membres  présents  de  nombreux  dessins  à  l’appui. 


STRUCTURE  DU  RICIN  D’AFRIQUE,  par  II.  CA  t  TV  .8.3  T. 


Pendant  mon  séjour  à  Bougie  (Algérie),  je  voulus  étudier  comparativement 
la  structure  du  Ricin  commun  et  celle  de  l’Euphorbe  arborescente  (Eu- 
phorbia  dendroides). 

On  sait  que  le  Ricin  d’Afrique  devient  un  arbre  de  moyenne  grandeur,  et 
que  le  tissu  ligneux  y  occupe  un  espace  beaucoup  plus  considérable  que  chez 
le  Ricin  cultivé  en  France. 

Sans  atteindre  les  mômes  dimensions,  l’Euphorbe  arborescente  acquiert 
néanmoins  une  taille  et  une  grosseur  suffisantes  pour  qu’on  puisse  la  ranger 
parmi  les  arbustes. 

Je  ne  savais  pas  si  l’étude  comparée  de  ces  deux  Euphorbiacées  avait  été 
faite,  et  je  pensais  qu’il  serait  intéressant  de  rechercher  si  des  végétaux  d’une 
même  famille,  mais  appartenant  à  des  tribus  différentes,  possèdent  ou  non  la 
même  structure. 

Malheureusement,  la  guerre  a  interrompu  ce  travail  avant  que  j’eusse  ter- 

(1)  On  pardonnera  au  médecin  cette  digression  presque  étrangère  au  sujet  de  cet 
article,  en  raison  de  son  importance  capitale,  surtout  dans  les  contrées  habitées  par  les 
peuples  d’origine  orientale,  qui  ont  pour  le  médecin  européen  une  estime  qui  le  leur  fait 
respecter  presque  à  l'égal  de  leurs  marabouts  qu’ils  entourent  d’une  si  grande  vénération. 
C’est  pour  ne  pas  avoir  tenu  compte  de  cette  donnée  si  importante  que  les  explorateurs 
de  l’Afrique  centrale  ont  été  si  souvent  victimes,  dans  le  cours  de  leurs  voyages  à  travers 
des  pays  malsains,  de  leur  zèle  et  de  leur  dévouement  pour  la  science.  On  n’aurait 
peut-être  pas  à  déplorer  la  perte  cruelle  que  la  Société  de  géographie  vient  de  faire  d’un 
de  ses  membres  les  plus  dévoués,  voyageur  intrépide,  s’il  ne  se  lût  pas  laissé  entraîner  par 
son  ardeur  môme  à  braver,  sans  avoir  tous  les  moyens  de  les  combattre,  les  dangers 
d’un  climat  meurtrier. 

La  connaissance  de  la  flore  du  Maroc,  et  spécialement  celle  des  hautes  montagnes  de 
ce  pays,  encore  d’un  accès  si  difficile  et  si  dangereux,  malgré  son  voisinage  de  l’Europe, 
est  un  des  desiderata  de  la  science.  Il  n'est  pas  douteux  cependant  qu’un  médecin  ne 
puisse  se  concilier  le  bon  vouloir  des  populations  fanatiques  de  cette  contrée  et  de  leurs 
chefs,  et  aborder  enfin  les  sommités  neigeuses  encore  inexplorées  de  ces  montagnes  qui 
promettent  à  la  botanique  de  précieux  documents.  Il  lui  suffirait  de  séjourner  quelque 
temps  dans  les  villes  les  plus  voisines,  d’y  faire  reconnaître  sa  qualité  de  lebib,  et  il  pour¬ 
rait  être  certain,  grâce  au  prestige  médical,  après  avoir  conjuré  l’ombrageuse  méfiance 
des  chefs  arabes,  de  trouver  auprès  des  populations  berbères  de  la  montagne  non-seule¬ 
ment  la  sécurité,  mais  même  une  cordiale  hospitalité  (voir  les  renseignements  donnés 
par  M.  Balansa  [Bull.  Soc.  géogr.  avril  1868]  sur  la  bienveillance  que  lui  ont  témoi¬ 
gnée  les  habitants  des  hautes  montagnes  situées  au  sud-ouest  de  la  ville  de  Maroc,  bien 
veillance  qui  fait  un  heureux  contraste  avec  la  perfidie  des  chefs  arabes). 


Ih 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


miné  l’étude  du  Ricin.  Quant  à  l’Euphorbe,  je  n’ai  pu  examiner  qu’une  coupe 
de  la  racine. 

Dans  cette  communication,  je  me  bornerai  donc,  pour  le  moment,  à  l’exposé 
de  mes  recherches  sur  le  Ricin,  et  je  ferai  connaître  aujourd’hui  la  structure 
du  Ricin  d’un  an. 

J’aurai  l’honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  la  Société  des  figures  histolo¬ 
giques  dessinées  à  la  chambre  claire,  avec  un  grossissement  de  400/1. 

Première  partie. 

A.  Radicelles.  —  Sur  une  radicelle  d’environ  1  centimètre  1/2  de  dia¬ 
mètre,  l’épiderme  n’existe  plus.  Je  n’ai  jamais  trouvé,  à  sa  place,  celle  couche 
simple  ou  multiple  de  cellules  singulières,  bombées  et  épaissies  en  dehors, 
minces  en  dedans  et  à  lumen  d’ordinaire  très-excentrique,  couche  que  les 
Allemands  ont  nommée  epiblema. 

Le  suber  est  formé  de  cellules  jaunes,  plus  ou  moins  exfoliées,  recouvrant 
un  tissu  à  parois  très-minces,  à  mailles  irrégulières,  en  général  allongées  tan- 
gentiellement,  parfois  presque  carrées. 

Quelques-unes  renferment  des  groupes  de  cristaux  disposés  en  rosaces. 
Les  cellules  corticales  sont  remplies  de  fécule  (août  1870)  à  grains  arrondis  ou 
elliptiques,  marqués  d’un  hile  central  et  de  grosseur  à  peu  près  uniforme. 

Beaucoup  de  ces  cellules  contiennent,  en  outre,  des  groupes  de  cristaux 
semblables  à  ceux  du  suber. 

Les  cellules  corticales  sont  le  plus  souvent  ovoïdes  ou  ovales.  Au  sein  du 
tissu  qu’elles  constituent,  se  trouvent  de  petits  amas  de  fd)res  (?)  ou  canaux  (?) 
à  parois  peu  épaisses,  tantôt  vides,  tantôt  occupées  par  une  formation  cylin¬ 
drique,  distincte  de  la  paroi  du  canal  et  plus  ou  moins  ratatinée.  Le  cylindre 
cavitaire  est  pourvu  d’un  lumen  de  grandeur  variable  :  ii  se  montre  comme 
une  fibre  enchâssée  dans  une  autre. 

Si  l’on  traite  ce  tissu  par  une  solution  de  potasse  au  huitième  pour  100,  la 
matière  du  cylindre  cavitaire  s’épaissit  beaucoup  et  s’applique  contre  la  paroi 
interne  de  la  fibre  enveloppante,  tandis  que  son  lumen  se  rétrécit  et  que  des 
stries  circulaires  se  dessinent  dans  son  épaisseur. 

Ces  éléments,  qui,  tout  d’abord,  ressemblaient  à  des  laticifères,  offrent 
alors  un  aspect  comparable  à  celui  des  fibres  libériennes. 

Sont-ce  là  de  jeunes  fibres  ou  des  cellules  scléreuses  (pachydermes?)?  Un 
traitement  par  l’acide  chlorhydrique  dilué  m’aurait  sans  doute  permis  de 
résoudre  cette  question,  si  j’avais  eu  le  temps  de  terminer  cette  étude. 

Toutefois  la  grande  longueur  des  éléments  litigieux  ne  permet  guère  de 
les  rapporter  aux  cellules  pachydermes.  Le  cylindre  cavitaire  est-il  issu  de  la 
paroi  de  la  fibre?  Le  lumen  de  celte  formation  est  parfois  double;  elle  est 
normalement  distincte  de  la  fibre  et  ne  peut  être  regardée  comme  une  pro- 


SÉANCE  DU  9  JUIN  1871.  75 

duction  de  cette  paroi,  si,  comme  ou  l'admet  généralement,  l 'épaississement 
des  cellules  s’effectue  par  intussusception. 

Au  voisinage  de  la  zone  génératrice,  ces  fibres  sont  moins  épaisses  et  vides 
ou  garnies  d’un  cylindre  à  lumen  plus  grand. 

La  zone  génératrice  se  distingue  nettement  de  l’écorce.  Elle  est  formée 
d’éléments  très-fins,  allongés  tangentiellement,  disposés  en  séries  régulières, 
et  pourvus  d’une  mince  paroi. 

Le  corps  ligneux  se  compose  de  fibres  dont  l’épaisseur  augmente  rapide¬ 
ment  et  présente  des  vaisseaux  ponctués  assez  grands.  En  de  certains  points, 
les  méats  interfibreux  sont  occupés  par  des  canaux  très-petits. 

Les  cellules  des  rayons  médullaires  sont  disposées  en  séries  simples  ou 
doubles,  finement  ponctuées,  plus  grandes,  en  général,  que  les  libres  voisines 
et  souvent  séparées  d’elles  par  des  parois  très-minces. 

Le  centre  de  la  radicelle  est  occupé  par  des  vaisseaux  d’un  calibre  plus 
faible  que  celui  des  vaisseaux  du  bois,  et  par  des  fibres  à  parois  peu  épaisses. 
Ce  tissu  central  ne  se  distingue  du  bois  que  par  l’étroitesse  plus  grande  de  ses 
éléments. 

B.  Racine.  —  Dans  une  racine  de  6  millimètres  environ,  l’épiderme  n’existe 
pas.  Le  tissu  subéreux  est  formé  de  cellules  minces,  incolores  ou  brunâtres, 
déprimées  et  ratatinées,  selon  qu’elles  sont  vivantes  ou  exfoliées  On  y  trouve 
parfois  un  peu  de  fécuie. 

Les  cellules  corticales  sont  grandes,  ovales,  irrégulières,  gorgées  de  fécule  ; 
quelques-unes  offrent  une  teinte  lie  de  vin. 

La  coupe  transversale  ne  présente  pas  toujours  des  cellules  à  cristaux;  on 
y  observe  seulement,  par  places,  des  taches  brunes,  occupant  tonte  l’étendue 
de  quelques  cellules. 

Sur  la  coupe  longitudinale  (radiale),  au  contraire,  les  cellules  à  cristaux 
sont  relativement  nombreuses,  mais  réunies  par  petits  groupes  au  milieu  des 
cellules  à  fécule. 

Les  fibres  (?)  corticales  ont  une  épaisseur  à  peu  près  égale;  leurs  parois 
extérieures,  propres,  sont  d’ordinaire  bien  visibles  ;  les  diverses  couches  in¬ 
ternes  s’y  montrent  distinctement,  sans  le  secours  d’aucun  réactif. 

Ces  fibres  sont  réunies  en  amas  composés  d’un  petit  nombre  d’éléments. 
Elles  ont  une  grande  longueur  et  se  terminent  généralement  en  une  pointe 
effilée.  Leur  cavité  médiane  est  souvent  presque  obstruée  par  des  expansions 
plus  ou  moins  irrégulières,  issues  de  la  couche  d’épaississement.  Te  n’ai  jamais 
vu  d’ouvertures  dans  leurs  parois,  et  leur  canal  ne  m’a  point  semblé  contenir 
de  liquide. 

Au  voisinage  de  la  zone  génératrice,  se  trouve  un  tissu  brun  clair,  à  cel¬ 
lules  quadrilatères,  parfois  allongées  radialement  et  remplies  d’une  substance 
mal  définie,  au  sein  de  laquelle  se  montrent  de  petits  amas  cristallins  disposés 
en  rosace. 


76  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Les  jeunes  vaisseaux,  situés  dans  !a  zone  génératrice  ou  dans  l’aubier,  sont 
petits  et  composés  de  cellules  allongées  juxtaposées.  Au  premier  abord,  ils  res¬ 
semblent  à  des  trachées,  tant  les  raies  que  présentent  leurs  parois  sont 
longues  par  rapport  au  diamètre  de  chacune  des  cellules  constitutives.  Je  ne 
sais  si  le  calibre  de  ces  vaisseaux  change  rapidement  ou  si  les  cloisons  juxta¬ 
posées  de  plusieurs  cellules  sont  résorbées  de  très-bonne  heure,  mais  la  plupart 
des  vaisseaux  voisins  sont  fort  grands.  On  trouve,  toutefois,  au  sein  du  tissu 
ligneux,  quelques  vaisseaux  rayés,  d’un  diamètre  relativement  petit. 

Les  fibres  ligneuses  ont  des  parois  minces.  Celles  qui  entourent  les  vais¬ 
seaux  ou  qui  bordent  les  rayons  médullaires  sont  littéralement  farcies  de 
fécule. 

Les  vaisseaux  sont,  en  général,  très-grands  et  rayés  ou  ponctués.  Ils  se 
terminent  d’ordinaire  en  une  pointe  courte,  par  un  biseau,  qui  se  juxtapose  au 
biseau  inverse  de  l’autre  vaisseau.  La  paroi  de  séparation  m’a  semblé  perforée. 

Quelques  vaisseaux  disséminés  dans  le  bois  ont  des  parois  assez  épaisses, 
jaune  d’or,  et  leur  canal  est  tantôt  vide,  tantôt  obstrué  de  matières  jaunâtres, 
soit  libres,  soit  adhérentes. 

Leurs  parois  n’offrent  pas  les  perforations  lenticulaires  qui  distinguent  la 
plupart  des  vaisseaux  du  Ricin.  (On  en  verra  de  nombreux  exemples  dans 
l’étude  de  la  tige.) 

Certains  autres,  situés  entre  deux  vaisseaux  régulièrement  constitués,  sont 
amincis  vers  l’une  de  leurs  extrémités  qui  offre,  dans  sa  cavité,  une  produc¬ 
tion  celluleuse  très-fine,  analogue  à  une  dentelle. 

Sont-ce  là  des  vaisseaux  conducteurs  d’une  nature  particulière? 

Enfin,  les  cellules  des  rayons  médullaires  offrent  de  nombreuses  ponctuations 
et  contiennent  beaucoup  de  fécule.  Le  centre  de  la  racine  est  occupé  par  un 
tissu  à  mailles  étroites  et  à  parois  assez  minces.  Ce  tissu  renferme  un  peu  de 
fécule.  Il  est  parcouru  par  quelques  vaisseaux  plus  petits  que  ceux  du  bois, 
parfois  même  d’un  calibre  à  peine  plus  grand  que  celui  des  fibres  ambiantes. 

En  examinant  une  coupe  longitudinale,  passant  par  le  milieu  de  la  racine, 
j’ai  vu  le  centre  de  ma  préparation  occupé  par  un  tissu  singulier,  qui  parais¬ 
sait  isolé  au  sein  du  bois  et  présentait  la  forme  d’un  ovoïde  très-allongé. 

Ce  tissu  a  une  teinte  générale  rose;  il  est  formé  de  cellules  minces,  régu¬ 
lières,  finement  ponctuées,  très-petites  au  centre  de  la  préparation,  d’autant 
plus  grandes,  au  contraire,  qu’elles  sont  plus  extérieures. 

Lorsque  je  pratiquai  la  section  longitudinale  de  la  racine,  j’essayai  de  suivre 
une  ligne  rousse  qui  paraissait  en  occuper  le  centre:  le  tissu  observé  devait 
donc  se  retrouver  sur  un  autre  point  de  ma  préparation.  En  l’examinant  dans 
toute  son  étendue,  je  trouvai,  en  effet,  un  autre  amas  du  même  tissu,  moins 
bien  défini,  mais  composé  d’éléments  rosés  et  tout  aussi  étroits. 

Un  examen  comparatif  de  ce  tissu  et  du  tissu  central  de  la  racine  montre 
que  leurs  éléments  différaient  par  la  grandeur  des  cellules  médianes,  par 


SÉANCE  DU  9  JUIN  1871. 


/  / 


l’épaisseur  de  leurs  parois  et  surtout  par  la  constitution  des  cellules  les  plus 
extérieures  du  premier  comparées  à  celles  des  libres  du  second. 

Les  fibres  du  tissu  central  sont,  d’ailleurs,  allongées  dans  le  sens  de  l’axe 
de  la  racine,  tandis  que  les  cellules  du  tissu  nouveau  sont  à  peu  près  d’égales 
dimensions  dans  tous  les  sens. 


Le  tissu  en  litige  paraît  donc  être  formé  par  des  amas  d’éléments  sécréteurs 
espacés  dans  la  longueur  de  la  racine.  Lien  ne  prouve,  toutefois,  que  cette 
opinion  soit  fondée.  La  racine  du  Ricin  peut,  en  effet,  avoir  son  parasite  comme 
tant  d’autres;  dans  ce  cas,  le  tissu  observé  serait  analogue  à  celui  que  j’avais 
trouvé  dans  une  racine  de  Ciste,  prétendue  saine,  et  que  tout  d’abord  j’avais 
rapporté  à  une  moelle. 


M,  Cauvet  dépose  ensuite  sur  le  bureau  la  liste  suivante  : 


LISTE  DES  PLANTES  RÉCOLTÉES  AUX  ENVIRONS  DE  BOUGIE,  PENDANT  L’ANNÉE  1870, 

par  M.  D.  CîAUVKT. 


Les  environs  de  Bougie  sont  peu  fréquentés  par  les  botanistes  ;  je  ne  saurais 
exprimer  trop  de  regrets  à  cet  égard.  La  flore  de  cette  région  est  très-riche, 
et  pourtant  c’est  à  peine  si  elle  est  mentionnée  dans  les  catalogues  :  aussi  ai-je 
eu  la  facile  satisfaction  de  voir  que,  parmi  les  plantes  récoltées  en  six  mois, 
trois  cent  cinquante,  environ,  étaient  nouvelles  pour  la  station  de  Bougie.  J’ai 
même  eu  le  bonheur  de  trouver  une  espèce  nouvelle  (?)  que  M.  le  D'  Cosson, 
quia  bien  voulu  se  charger  de  la  détermination  des  plantes  mentionnées  dans 
cette  liste,  a  provisoirement  nommée  Genista  stenocarpa,  et  de  recueillir, 
avec  Heurs  et  fruits,  le  Bupleurum  plantagineurn  Desf. ,  que,  depuis  Desfon¬ 
taines,  personne  n’avait  vu  en  fleur.  Comme  je  me  bornais  alors  aa  simple  rôle 
de  récolteur,  on  conçoit  que  je  ne  puisse  tirer  vanité  de  ce  qui  fut  un  hasard. 

Puisse  cette  modeste  nomenclature  de  plantes  offrir  quelque  intérêt  aux 
botanistes  et  déterminer  l’un  d’eux  à  séjourner  assez  longtemps  à  Bougie  pour 
en  étudier  la  flore  ! 


Clematis  cirrosa  L. 

Anernone  palmata  L. 

Adonis  autumnalis  L. 
Ranunculus  arvensisL. 

—  muricatus  L. 

—  palustris  L.  var.  procerus. 

—  trilobus  Desf. 

—  Philonotis  Retz. 

Ficaria  calthæfolia  Rchb. 

Nigella  damascena  L. 

Papaver  hybridum  L. 

—  dubium  L. 

Fumaria  agraria  Lag. 

—  oflicinalis  h. 


Sinapis  amplexicaulis  DU. 

—  pubescens  L.  var.  circinata. 
Sisymbriuin  erysimoides  Desf. 
Biscutella  apula  L. 

Raphanus  Raphanistrum  L. 
Réséda  alba  L. 

Helianthemum  guttatum  Mill. 
Fumana  viscida  Spach. 

—  lævipes  Spach. 

Cistus  monspeliensis  L. 

—  salvifolius  L. 

—  villosus  Lmk. 

Dianthus  siculus  Presl. 

Silene  inflata  Sin. 


78 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Silene  arnbigua  Cambess. 

—  imbricata  Desf. 

—  galiica  L. 

Lychnis  læta  Ait. 

—  Cœli-rosa  Desr.  var.  aspera. 

Cerastium  glomeratum  Thuill. 

Linum  angustifolium  Huds. 

—  strictum  L. 

—  corymbiferum  Desf. 

Hypericum  dentatum  Lois. 

—  perforatum  L. 

—  repens  Poir. 

Malva  silvestris  L. 

—  parviflora  L. 

Lavatera  cretica  L. 

—  trimestris  L. 

—  olbia  L.  var.  hispida. 

Malope  malopoides  L. 

Géranium  dissectum  L. 

—  atlanticum  Boiss.  et  Beut. 

Buta  bracteosa  DC. 

—  angustifolia  Pers. 

Rhamnus  Alaternus  L. 

Genista  ulicina  Spach. 

—  stenocarpa  sp.  nova  (chemin  du  grand 
phare),  février. 

Ononis  alba  Pers. 

—  pendula  Desf. 

Ànthyllis  tetrapbylla  L. 

—  Vulneraria  L. 

Medicago  Gerardi  Waldst.  et  Kit. 

—  orbicularis  Ail. 

—  denticulala  Willd. 

—  sphærocarpa  Ail. 

—  minima  Lmk. 

—  pentacycla  DC. 

Melilotus  sulcata  Desf.  var.  compacta. 

—  infesta  Guss. 

—  parviflora  Desf. 

Trifolium  angustifolium  L. 

—  isthmocarpum  Brot. 

—  stellalum  L. 

—  tomentosum  L. 

—  resupinatum  L. 

—  squarrosum  L. 

—  arvense  L. 

—  procumbens  L. 

Lotus  cytisoides  L. 

—  omithopodioides  L. 

—  edulis  L. 

Tetragonolobus  purpureus  Mœnch. 
Astragalus  epiglottis  L. 

—  chlorocyaneus  Boiss.  et  Reut. 

—  pentaglottis  L. 

—  sesameus  L. 

Phaca  bætica  L. 

Ornithopus  compressus  L. 

Scorpiurus  subvillosà  L. 

—  sulcata  L. 


Coronilla  juncea  L. 

Hippocrepis  unisiliquosa  L. 

—  multisiliquosa  L. 

Onobrychis  Caput-galli  Lmk. 

Vicia  tetrasperma  Mœnch  var.  pubescens. 

—  Lens  Coss.  et  Germ.  (cuit.). 

—  hybrida  L. 

—  Monardi  Boiss. 

—  saliva  L. 

—  lutea  L. 

Lathyrus  Ochrus  DC. 

—  Clymenum  L. 

—  latifolius  L. 

Orobus  airo-purpureus  Desf. 

Anagyris  fœtida  L. 

Cralægus  Azarolus  L. 

Poterium  ancistroides  Desf. 

—  Magnolii  Spach. 

—  verrucosum  Ehrenb. 

Myrtus  communis  L. 

Tamarix  africana  Poir. 

Lythrum  Grœfleri  Ten. 

Paronychia  argentea  Lmk. 

Bupleurum  plantagineum  Desf. 

Œnanthe  globulosa  L. 

—  anomala  Coss.  et  DR. 

Smyrnium  Olusatrum  L. 

Caucalis  leptophylla  L. 

Scandix  Pecten-VenerisL. 

Daucus  parviflorus  Desf. 

—  muricatus  L. 

Lonicera  implexa  Ait. 

Rubia  peregrina  L. 

Sherardia  arvensis  L. 

Vaillantia  muralis  L. 

Galium  saccharatum  Ail. 

—  lucidum  Ail. 

Asperula  lævigata  L. 

—  hirsuta  Desf. 

—  aristala  L.  f. 

Centranthus  ruber  DC. 

Valeriana  tuberosa  L. 

Scabiosa  monspeliensis  Jacq. 

Agératum.  . . .  (cuit.?). 

Asteriscus  maritimus  Mœnch. 

Pallenis  spinosa  Cass. 

Pulicaria  odora  Rchb. 

Inula  viscosa  Ait. 

—  graveolens  Desf. 

Bellis  annua  L. 

—  silvestris  Cyrill. 

Evax  pygmæa  Pers. 

Phagnalon  saxatile  Cass. 

Helichrysum  Fontanesii  Cambess 
Chrysanthemum  coronarium  L. 

—  segetum  L. 

Anacyclus  clavatus  Pers. 

Anthémis  fuscata  Brot. 

—  punctata  Vahl. 


SÉANCE  DU  9  JUIN  1 .87 J . 


79 


Pyrethrum  Myconis  Mœnch. 

Nardosmia  fragrans  Rchb. 

Senecio  delphinifolius  Vahl. 

—  erraticus  Bert. 

—  crassifolius  Willd. 

Calendula  arvensis  L. 

—  sufîruticosa  Vahl. 

Echinops  spinosus  L. 

Centaurea  napifolia  L. 

—  pullata  L. 

Galactites  tomentosa  Mœnch. 

Rhaponticum  acaule  DC. 

Carduncellus  cæruleus  DC. 

Hedypnois  cretica  Willd. 

—  polvmorpha  DC. 

Tolpis  umbelîata  Bert. 

Scorzonera  undulata  Yahl. 

Helminlhia  echioides  Gærtn. 

Urospermum  Dalechampii  Desf. 

—  picroides  Desf. 

Seriola  ætnensis  L. 

Thrincia  tuberosa  DC. 

Hypochœris  neapolitana  Ten. 

Campanula  Rapunculus  L. 

Arbutus  Unedo  L. 

Erica  arborea  L. 

—  multiflora  L. 

Olea  europæa  L. 

Jasminum  fruticans  L. 

Phillyrea  latifolia  L. 

Vincetoxicum  officinale  Mœnch. 

Nerium  Oleander  L. 

Anagallis  arvensis  L. 

—  —  var.  platyphylla. 

Chlora  grandillora  Yiv. 

Erythræa  Centaurium  Pers.  var.  suffruti- 
cosa. 

Convolvulus  sabatius  Yiv. 

—  althæoides  L. 

—  —  var.  sericeus. 

—  Cantabrica  L. 

—  siculus  L. 

Lithospermum  rosmarinifoliurn  Ten. 

Ëchium  plantagineum  L. 

Anchusa  italica  Retz. 

Cynoglossum  cheirifolium  L. 

—  pictum  Ait. 

Hyoscyamus  albus  L. 

Solanum  villosum  Lmk. 

Scrot'ularia  canina  L. 

Verbascum  Blattaria  L. 

Veronica  Anagallis  L. 

Linaria  triphylla  Mill. 

—  rellexa  Desf. 

Anarrhinum  pedatum  Desf. 

Antirrhinum  Orontium  L.  var.  grandiflo- 

rum. 

Trixago  apula  Slev. 

Orobanche  condensata  Moris. 


Orobanche  rninor  Sutt. 

—  amethystea  Thuill. 

Phelipæa  Muteli  Schultz. 

Lavandula  multilida  L. 

—  Stœchas  L. 

Micromeria  græca  Benth. 

Calaraintha  grandillora  Mœnch  var.  parvi- 
flora  Coss. 

Rosmarinus  officinalis  L. 

Salvia  Verbenaca  L. 

Clinopodium  vulgare  L.  var.  plumosum. 
Stachys  hirta  L. 

Brunella  vulgaris  L. 

Marrubium  vulgare  L. 

Ballota  nigra  L. 

Prasium  majus  L. 

Teucrium  flavum  L. 

—  Polium  L. 

—  fruticans  L. 

Ajuga  Iva  Schreb. 

Plantago  Psyllium  L. 

—  Lagopus  L. 

—  macrorrhiza  Poir.? 

—  Serraria  L. 

Globularia  Alypum  L. 

Polygonum  Convolvulus  L. 

Rumex  bucephalophorus  L. 

Daphné  Gnidium  L. 

Thymelæa  hirsuta  Endl. 

Osyrisalba  L. 

Aristolochia  longa  L. 

—  Fontanesii  Boiss.  et  Bout. 

Cytinus  Hvpocistis  L. 

Mercurialis  annua  L. 

Euphorbia  Paralias  L. 

—  exigua  L. 

—  dendroides  L. 

—  Peplus  L. 

Salix  pedicellata  Desf. 

Juniperus  Oxycedrus  L. 

Quercus  Pseudosuber  Desf. 

Pinus  halepensis  L. 

Alisma  Plantago  L. 

Tamus  communis  L. 

Ruscus  Hypophyllum  L. 

Arisarum  vulgare  Targ. 

Arum  italicum  Mill. 

Simethis  bicolor  Kunth. 

Allium  triquetrum  L. 

—  nigrum  L. 

*v 

—  Chamæmoly  L. 

—  roseuin  L. 

Ornithogalum  arabicum  L. 

Bellevalia  comosa  Kunth. 

Scilla  Aristidis  Coss. 

Gladiolus  byzantinus  Mill. 

Trichonema  Columnæ  Rchb. 

—  Bulbocodium  Ker. 

Iris  Sisyrinchium  L. 


SO  -  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Iris  stylosa  Desf. 

—  fœtidissima  L. 

Ophrys  Spéculum  Link. 

—  Scolopax  Cav. 

—  tenlhredinifera  Willd. 

—  bombyliflora  Link. 

—  lutea  Cav. 

—  picta  Link. 

Aceras  anthropophora  R.  Rr. 
Cyperus  esculentus  L. 

Pollinia  distachya  Spreng. 
Penniselum  asperifolium  Kunth. 
Briza  maxima  L. 

Phalaris  paradoxa  L. 


Phalaris  brachystachys  Link. 

Melica  minuta  L.  var.  latifolia. 
Lagurus  ovatus  L. 

Avena  fatua  L. 

Festuca  Myuros  L.  var.  seiuroides. 
Promus  mollis  L. 

Dactylis  glomerala  L. 

Ampelodesmos  tenax  Link. 

Lolium  perenne  L.  var.  mulliflorum. 
Ægilops  ovata  L.  var.  triaristata. 
Adiantum  Capillus-Veneris  L. 

Pol  y  podium  vulgare  L. 

Pteris  aquilina  L 
Selaginella  denticulaia  Koch. 


SÉANCE  DU  23  JUIN  1871. 


PRÉSIDENCE  DE  M.  LASEGUE,  ANCIEN  PRESIDENT,  PUIS  DE  M.  ROZE,  VIC E-PRESIDENT. 


M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
séance  du  9  juin,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Des  lettres  spéciales  de  convocation  ayant  été  adressées  à  MM.  les 
Membres  résidant  à  Paris,  la  Société  est  appelée  à  se  prononcer 
d’une  manière  définitive  au  sujet  des  élections  pour  le  renouvelle¬ 
ment  annuel  du  Bureau  et  du  Conseil.  Après  une  courte  délibération, 
la  Société,  en  raison  du  peu  de  temps  qui  nous  sépare  des  vacances, 
prolonge  jusqu’au  5  janvier  prochain  les  pouvoirs  du  Bureau  et  du 
Conseil  nommés  le  7  janvier  1870.  Les  élections  du  5  janvier  1872 
auront  lieu  exactement  dans  les  mêmes  conditions  où  auraient  eu 
lieu  celles  qui,  par  force  majeure,  n’ont  pu  être  faites  ni  le  6  jan¬ 
vier,  ni  le  7  avril  1871, 

Lecture  est  donnée  d’une  lettre  et  d’une  proposition  de  M.  le  colo¬ 
nel  Paris,  tendant  à  modifier  l’article  3  des  statuts,  à  exclure  de  la 
Société  tous  les  nationaux  de  la  Confédération  allemande  du  Nord 
et  à  rompre  toutes  relations  avec  les  corps  savants  de  ce  pays. 

Cette  grave  question  est  renvoyée  à  l’examen  du  Conseil,  et  lui 
sera  soumise  aussitôt  que  les  circonstances  permettront  de  le  réunir 
en  nombre  suffisant  ;  et  la  Société  se  réserve  de  prendre  ensuite  une 
décision  définitive  à  l’égard  de  la  proposition  de  M.  Paris. 

M.  Cosson  présente  à  la  Société  le  travail  suivant  : 


SÉANCE  DU  *23  JUIN  1871. 


SI 


INSTRUCTIONS  SUR  LES  OBSERVATIONS  ET  LES  COLLECTIONS  BOTANIQUES  A  FAIRE 
DANS  LES  VOYAGES,  par  II.  JB.  COSMO*  (suite). 


II.  —  Instruments  d’observation,  de  récolte  et  de  préparation 

des  plantes. 

Pour  les  études  rapides  qui  doivent  être  faites  en  voyage  on  peut  se  borner 
à  une  loupe  à  deux  ou  à  trois  verres,  à  un  bistouri,  un  rasoir,  une  lancette  et 
deux  aiguilles  solidement  emmanchées,  l’une  droite,  l’autre  courbe  à  son 
extrémité  ;  ces  quelques  instruments  suffiront  dans  la  plupart  des  cas  pour  les 
coupes  et  les  dissections  indispensables  devant  conduire  à  la  connaissance  des 
genres.  Le  microscope  et  ia  loupe  montée  (1)  ne  sont  guère  utiles  que  pou 
les  dissections  délicates  et  les  études  cryptogamiques. 

Pour  la  récolte  et  la  préparation  des  plantes,  la  conservation  et  le  transport 
des  collections,  le  voyageur  doit,  avant  son  départ,  indépendamment  de  plu¬ 
sieurs  rames  de  papier  non  collé,  se  munir  de  tous  les  instruments  et  du 
matériel  nécessaire.  Ces  instruments  sont  peu  nombreux  et  faciles  à  se  pro¬ 
curer,  mais  il  faut  apporter  beaucoup  de  soin  à  leur  choix,  car  de  ce  choix 
dépend  en  grande  partie  le  succès  botanique  du  voyage.  Les  principaux  in¬ 
struments  de  récolte  sont  :  une  pioche  courte  solidement  emmanchée  ou  un 
piochon  en  forme  de  marteau  à  bec  allongé;  une  houlette  ou  une  lame  épaisse 
et  solide  en  forme  de  fer  de  lance  ou  de  couteau-poignard,  à  deux  tranchants, 
munie  d’un  manche  solide;  un  échenilloir,  dont  on  se  servira  avantageuse¬ 
ment  pour  la  récolte  des  échantillons  des  arbres  que  l’on  pourrait  difficilement 
atteindre  sans  lui;  plusieurs  couteaux  et  serpettes;  une  boîte  d’herborisation 
environ  du  formai  du  papier,  mais  d’une  assez  grande  capacité  ;  une  petite 
boîte  d’herborisation  de  poche  ;  des  ilacons  bien  bouchés  (2),  destinés  à  con¬ 
server  dans  l’alcool  les  plantes  entières  ou  les  parties  de  plantes  de  nature  à 

(1)  M.  Nachet  a  construit,  d’après  les  indications  de  l’auteur  de  cet  article,  un  mi¬ 
croscope  très-portatif,  muni  d’une  table  à  dissection  qui,  avec  un  porte-loupe  et  une 
série  de  doublets,  sert  aussi  de  loupe  montée. 

(2)  Les  flacons  dans  lesquels  doivent  être  renfermés  les  échantillons  ou  fragments 
d’échantillons  à  conserver  dans  l’alcool,  doivent  être  munis  de  bouchons  ajustés  avec  le 
plus  grand  soin  pour  éviter  la  déperdition  ou  l’évaporation  du  liquide  qui  se  produisent 
trop  souvent,  surtout  avec  les  bouchons  de  liège.  Avec  ces  bouchons,  il  est  indispensable 
de  les  enduire,  ainsi  que  le  col  du  flacon,  d’une  couche  d’un  lut  très-tenace  qui  est 
souvent  difficile  à  préparer  et  à  employer  en  voyage,  et  qui  a  l’inconvénient  d’empêcher 
d’ouvrir  le  flacon  si  cela  est  nécessaire.  On  ne  saurait  trop  recommander  aux  naturalistes- 
voyageurs  de  se  munir  de  flacons  à  bouchage  métallique  et  hermétique  du  système  Jack¬ 
son  (50,  rue  de  la  Chaussée-d’Antin,  à  Paris),  qui  ont  l’avantage  de  se  fermer  avec  une 
grande  précision  et  de  pouvoir  être  ouverts  autant  de  fois  qu’il  en  est  besoin,  alors  même 
qu’ils  renferment  déjà  des  échantillons  plongés  dans  l’alcool.  Lorsque  le  flacon  est  plein, 
le  bouchon  métallique  peut  facilement  être  scellé  par  du  lut,  du  mastic  ou  du  plâtre, 
que  l’on  introduit  entre  la  plaque  supérieure  du  bouchon  et  la  cavité  du  col  du  flacon. 

T.  XVIII.  (SÉANCES)  6 


82  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

être  altérées  par  la  dessiccation  ;  des  feuilles  d’un  carton  résistant  du  format 
du  papier;  des  planchettes,  de  dimensions  un  peu  plus  grandes,  de  bois  blanc 
(peuplier),  munies  vers  leurs  extrémités  d’une  gouttière  plate  de  bois  dur  (chêne) 
qui  les  empêchera  de  se  déjeter  et  facilitera  e  glissement  des  courroies;  des 
châssis  de  bois  dur  munis  de  barres  transversales  et  longitudinales;  des  châssis 
de  fer,  légers,  garnis  d’un  treillage  à  mailles  assez  serrées  ;  des  courroies,  les 
unes  de  cuir,  les  autres  de  coutil  fort  (dit  tirant)  pour  serrer  les  presses;  du  pa¬ 
pier  goudronné  pour  envelopper  les  paquets  de  plantes  sèches;  de  la  poudre  in¬ 
secticide,  delà  benzine  ou  de  l’acide  phénique  pour  préserver  ces  paquets  de 
l’atteinte  des  insectes;  des  toiles  cirées  pour  protéger  contre  la  pluie  les  caisses, 
les  sacs  ou  les  ballots  renfermant  ces  paquets  ;  des  cordes  et  des  ficelles  de 
diverses  grosseurs.  —  Il  n’v  a  pas  lieu  d’insister  ici  sur  l’emploi  de  ces  divers 
instruments  dont  l’usage  est  généralement  connu  de  tous  ceux  qui  ne  sont  pas 
complètement  étrangers  aux  recherches  botaniques  (1). 

On  ne  saurait  trop  recommander  d’emporter  autant  de  papier  que  le  com¬ 
portent  les  moyens  de  transport  dont  on  disposera  et  la  nature  du  voyage 
que  l’on  doit  exécuter.  Le  choix  du  papier  à  préparation  doit  être  l’objet  d’une 
attention  toute  spéciale;  il  doil  être  non  collé,  aussi  perméable  que  possible  à 
l’humidité,  suffisamment  résistant.  Le  meilleur  est  celui  qui  renferme  des  ma¬ 
tières  laineuses,  car  c’est  celui  avec  lequel  on  obtiendra  la  dessiccation  la  plus  ra¬ 
pide  et  avec  lequel  en  sera  le  moins  exposé  à  voir  se  développer  la  fermentation 
des  plantes  mises  sous  presse.  On  peut  dire,  comme  indication  générale,  que 
plus  on  aura  de  papier  à  interposer  en  coussins  épais  entre  les  feuilles  ren¬ 
fermant  les  échantillons,  moins  on  aura  de  peine  pour  la  dessiccation,  tout  en 
obtenant  rapidement  les  meilleurs  résultats.  Le  papier  à  sécher  doit,  pour  les 
traversées  et  les  voyages  lointains,  être  renfermé  dans  des  caisses  adaptées  à 
son  format  et  d’une  forme  convenable  pour  pouvoir  être,  au  besoin,  facilement 
chargées  sur  des  bêtes  de  somme.  Dans  le  cours  des  explorations,  ces  mêmes 
caisses  serviront  à  contenir  les  paquets  des  plantes  entièrement  sèches  et  à  les 
soustraire  ainsi  aux  chances  d’avarie  auxquelles  elles  peuvent  être  exposées 
par  les  chargements  et  déchargements  successifs.  Cette  recommandation  est 
surtout  importante  pour  les  pays  dans  lesquels  la  sécheresse  de  l’atmosphère 
et  une  température  élevée  rendent  les  échantillons  très-fragiles.  On  ne  saurait 
trop  engager  les  botanistes  voyageurs  à  adopter,  pour  le  papier  destiné  aux 
préparations  de  plantes,  un  format  de  62  ou  63  centimètres  de  longueur  sur 
26  ou  27  centimètres  de  largeur,  c’est-à-dire  d’une  grandeur  un  peu  infé¬ 
rieure  à  celle  de  la  plupart  des  herbiers.  On  évitera  ainsi  de  donner  aux 
échantillons  des  dimensions  qui  les  excluraient  des  collections. 


(1)  Pour  plus  de  détails,  consulter  l’ouvrage  de  M.  B.  Verlot  ( Guide  du  botaniste  her¬ 
borisant ,  pages  27-68)  et  l’article  Herborisations  du  Nouveau  Dictionnaire  debotani- 
que ,  par  M.  Germain  de  Saint-Pierre. 


SÉANCE  DU  93  JUIN  1871, 


83 


III.  —  Choix  el  récolte  des  échantillons  d’herbier. 


Les  échantillons  d'herbier,  recueillis  et  préparés  avec  soin,  sont  la  véritable 
base  de  l’étude  des  plantes,  car  iis  permettent  de  comparer  facilement  entre 
elles,  et  au  même  état  de  développement,  les  espèces  voisines;  ils  sont  aussi, 
comme  l’a  dit  avec  une  si  grande  justesse  d’expression  A. -P.  De  Candollê;  des 
documents  certains  et  permanents  qui  éclairent  la  classification  et  la  nomen¬ 
clature.  Ce  sont,  comme  le  fait  observer  l’éminent  botaniste,  des  types  sau¬ 
vages  plus  précieux  à  observer  que  les  végétaux  cultivés  dans  les  jardins, 
souvent  déformés  par  la  culture.  On  11e  saurait  donc  apporter  trop  de  soin  au 
choix  et  à  la  récolte  de  ces  précieux  moyens  d’étude. 

Dans  les  voyages  à  pied  ou  à  cheval,  et  ce  sont  les  seuls  qui  permettent 
d’étudier  à  fond  la  flore  du  pays,  il  faut  que  l’attention  soit  constamment  en 
éveil  et  que  Pou  visite  chaque  point  différant  notablement  de  l’ensemble  de  la 
contrée  par  l’aspect  de  sa  végétation,  par  la  nature  du  sol,  son  degré  de  sécheresse 
oü  d’humidité,  sa  configuration,  etc.  On  arrive  ainsi  à  recueillir  en  peu  de 
temps  un  grand  nombre  d’espèces.  Si,  au  contraire,  on  n’herborise  qu’aux  en¬ 
virons  des  centres  où  l’on  séjourne,  on  peut  laisser  passer  inaperçues  un  grand 
nombre  de  plantes,  et  ne  pas  retrouver  en  aussi  bon  état  de  développement 
celles  que  l’on  avait  vues  aux  stations  que  l’on  n’avait  fait  que  traverser.  11 
est  Utile  de  s’écarter  souvent  des  chemins  fréquentés,  car  la  végétation  dans 
leur  voisinage  est  généralement  modifiée  en  raison  même  de  leur  fréquentation 
par  l’homme  et  les  animaux  domestiques  qui  a  pu  en  faire  disparaître  ou,  au 
contraire,  y  introduire  un  certain  nombre  d’espèces.  — Il  ne  faut  jamais  re¬ 
mettre  la  récolte  d’une  plante  que  l’on  trouve  en  bon  état  de  développement, 
quelle  que  soit  d’ailleUrs  son  abondance  dans  le  pays.  11  arrive  trop  souvent 
que  dans  les  collections  des  voyageurs,  ce  sont  les  plantes  les  plus  abondantes 
qui  ont  été  négligées,  car  on  est  toujours  disposé  à  attendre  le  jour  où  l’on 
ne  sera  pas  surchargé  d’occupation  pour  procéder  à  leur  récolte;  tout 
voyageur  sérieux  ne  sait  que  trop  combien  sont  rares  ces  journées  de 
loisir  relatif. 

Les  plantes  ne  doivent  être,  autant  que  possible,  récoltées  que  lorsque  les 
caractères  présentés  par  leurs  divers  organes,  racine,  tige,  l’euilies,  ileurs, 
fruits,  graines,  ont  acquis  leur  complet  développement.  Si  l’on  est  à  même  de 
recueillir  des  échantillons  assez  nombreux  de  chaque  espèce,  il  faut  repré¬ 
senter,  par  la  série  des  échantillons,  les  diverses  périodes  de  la  végétation  de 
la  plante,  toutes  les  variétés  ou  modifications  qu’elle  peut  présenter,  ses 
extrêmes  de  taille,  sa  taille  moyenne,  etc.  Il  va  sans  dire  que  l’on  doit  surtout 
s’attacher  à  la  récolte  des  échantillons  en  fleurs  et  en  fruits;  généralement  ces 
deux  états  peuvent  se  rencontrer  sur  le  même  individu,  mais  il  y  a  lieu  de 


S  A  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

procéder  à  deux  récoltes  lorsque  la  plante  en  fleurs  ne  porte  pas  en  même 
temps  des  fruits  complètement  mûrs. 

Lorsque  la  taille  de  la  plante  le  permet,  la  souche  ou  la  racine  doit  être 
recueillie  entière;  mais  si  elle  est  trop  volumineuse,  elle  peut  être  fendue  lon¬ 
gitudinalement  avant  d’être  soumise  à  la  préparation.  Il  en  est  de  même  des 
bulbes,  dont  on  doit,  en  tout  cas,  ménager  les  écailles  et  les  tuniques  exté¬ 
rieures  qui  fournissent  souvent  des  caractères  importants. 

La  tige  doit  être  recueillie  entière,  lorsque  la  taille  de  la  plante  n’excède  pas 
la  longueur  du  papier  ou  lorsqu’elle  peut  y  être  renfermée  après  avoir  été  re¬ 
pliée  à  angles  très-aigus  une  ou  deux  fois  sur  elle-même.  Il  est  souvent  utile, 
pour  les  échantillons  dont  la  tige  doit  être  repliée,  de  lui  faire  subir,  au  niveau 
du  pli,  un  léger  écrasement  qui  lui  enlève  son  élasticité  et  lui  permet  de  garder 
la  direction  qu’on  veut  lui  donner;  pour  les  tiges  très-élastiques  il  est  même 
quelquefois  indispensable  de  fixer  le  pli  par  une  anse  de  papier  fort,  de  fd  ou 
de  ficelle.  Lorsque  les  tiges  ou  les  rameaux  sont  trop  volumineux  pour  pou¬ 
voir  entrer  dans  l’herbier,  on  obtient  souvent  de  bons  échantillons  en  les 
fendant  longitudinalement  ;  il  est  indispensable  d’en  agir  ainsi  lorsque  les  fleurs 
naissent  sur  le  vieux  bois  de  troncs  volumineux.  Pour  les  arbres  et  les  arbris¬ 
seaux,  il  est  utile  de  prendre  des  fragments  d’écorce  et  des  rondelles  munies 
de  leur  écorce  du  tronc,  des  branches  ou  des  rameaux,  ainsi  que  des  coupes 
longitudinales  de  2-3  décimètres  de  longueur  et  également  munies  de  leur 
écorce. 

Les  feuilles  étant  souvent  différentes  de  forme  dans  la  partie  inférieure  de 
la  plante,  dans  sa  partie  moyenne  et  dans  sa  partie  supérieure,  il  est  indispen¬ 
sable  dans  ce  cas,  si  la  plante,  même  repliée,  ne  peut  être  contenue  dans  le 
format  du  papier,  de  recueillir  des  fragments  de  liges  munies  de  feuilles  pré¬ 
sentant  ces  formes  diverses.  Un  certain  nombre  de  plantes,  comme  les  Om- 
bellifères,  par  exemple,  ont  souvent  les  feuilles  radicales  et  inférieures  très- 
différentes  des  feuilles  caulinaires;  on  doit  recueillir  avec  soin  ces  feuilles  qui 
offrent  souvent  des  caractères  importants,  alors  même  qu’elles  sont  flétries  ou 
desséchées  lors  de  la  floraison;  si  elles  n’existent  plus  sur  les  individus  en 
fleurs  ou  en  fruits,  on  doit  les  rechercher  sur  ceux  dont  le  développement  est 
moins  avancé.  Il  est  même  quelquefois  indispensable,  surtout  pour  les  plantes 
bisannuelles,  telles  que  les  Carduacées,  de  recueillir  à  part  les  rosettes  de 
feuilles  radicales,  car  elles  auront  disparu  longtemps  avant  la  floraison.  Chez 
un  certain  nombre  de  plantes  les  feuilles  et  les  fleurs  ne  se  développent  pas 
à  la  même  époque,  et  dans  ce  cas  elles  doivent  nécessairement  être  recueillies 
à  part. 

Les  fleurs,  offrant  les  caractères  de  première  valeur,  doivent  être  l’objet  de 
soins  particuliers.  Autant  que  possible  on  doit  recueillir  des  échantillons  por¬ 
tant  des  fleurs  complètement  épanouies  et  des  boutons  à  divers  degrés  de  déve¬ 
loppement,  car  l’étude  de  la  préfloraison  et  delà  symétrie  des  parties  florales 


SÉANCE  DU  23  JUIN  1S7Î. 


85 


sera  généralement  beaucoup  plus  facile  sur  les  boutons  que  sur  les  ileurs  elles- 
mêmes.  Pour  les  [liantes  où  les  deux  sexes  sont  séparés,  on  doit  recueillir  des 
échantillons  de  l’individu  male  et  de  l’individu  femelle.  Pour  la  plupart  des 
arbres,  il  est  important  d’avoir  des  échantillons  munis  de  (leurs  et  de  fruits  et 
des  échantillons  portant  des  feuilles  adultes  provenant  du  même  individu,,  et  il 
est  souvent  utile,  pour  éviter  de  regrettables  confusions  dans  les  genres  dont 
k*s  espèces  sont  voisines  par  leurs  caractères,  de  marquer,  si  la  durée  du 
séjour  le  permet,  le  sujet  sur  lequel  doivent  être  faites  les  diverses  récoltes.  — 
Pour  obtenir  des  échantillons  florifères  ou  fructifères  des  arbres  élevés,  sur¬ 
tout  dans  les  forêts  vierges  où  les  grands  végétaux  ligneux  croissent  très-rap- 
prochés  et  ne  fleurissent  généralement  que  dans  la  partie  supérieure  de  leur 
cime,  il  faut  varier  les  procédés  de  récolte.  Les  plus  avantageux  sont  certai¬ 
nement  d’abattre  les  arbres  ou  d’v  grimper,  ou  d’y  faire  grimper  pour  en 
couper  les  branches  qui  doivent  fournir  à  l’herbier  les  rameaux  portant  les 
fleurs  ou  les  fruits,  mais  ces  moyens  sont  loin  d’être  toujours  praticables  en 
raison  de  la  perte  de  temps  qu’ils  entraînent,  et,  dans  les  pays  civilisés,  ils 
pourraient  exposer  le  voyageur  à  de  fâcheuses  contestations  ;  mais  dans  la 
plupart  des  cas  on  peut  employer  l’échenilloir  ou  un  crochet  de  fer  ou  de  bois 
pour  détacher  les  rameaux,  a  défaut  de  ces  instruments,  on  peut  lancer  dans 
les  branches  ou  les  rameaux  une  pierre  fixée  à  une  ficelle  dont  l’autre  extré* 
mité  est  retenue  dans  la  main,  et,  en  tirant  à  soi,  on  peut  généralement 
abaisser  les  branches  ou  détacher  les  rameaux,  et  obtenir  ainsi  les  échantillons 
d’herbier.  Enfin  on  peut  avoir  quelquefois  recours  au  fusil  pour  détacher  les 
rameaux  que  l’on  ne  pourrai!  atteindre  par  un  autre  moyen.  —  On  est  aussi 
réduit  à  ce  procédé  brutal  pour  détacher  des  fragments  de  plantes  croissant 
à  de  grandes  hauteurs  sur  des  rochers  abrupts. 

Les  fruits  ne  sont  pas  moins  importants  que  les  fleurs  pour  la  détermination 
des  genres  et  des  espèces,  et,  dans  un  certain  nombre  de  familles,  telles  que 
les  Crucifères,  les  Bignoniacées,  les  Ombellifères,  les  Valérianées,  les  Com¬ 
posées,  les  Graminées,  etc.,  ils  fournissent  les  différences  génériques  et  spé¬ 
cifiques  principales.  Les  fruits  doivent  être  recueillis  avant  leur  complète 
maturité  et  à  leur  maturité  parfaite;  en  effet,  les  jeunes  fruits  sont  souvent 
très-utiles  pour  l’étude  de  la  forme,  lorsque  celle-ci  est  modifiée  à  l’extrême 
maturité  par  la  déhiscence. 

Ce  n’est  qu’exceptionnellement  que  les  graines  doivent  être  recueillies 
à  part  et  renfermées  dans  des  sachets,  et  seulemement  lorsque  les  fruits  les 
laissent  échapper  facilement;  mais  toutes  les  graines  qui  se  détachent  des 
échantillons  doivent  être  soigneusement  conservées  dans  des  sachets  de  papier 
placés  dans  la  même  feuille  que  l’échantillon  lui-même. 

Pour  les  plantes  parasites  il  faut  autant  que  possible  conserver  leur  adhé¬ 
rence  avec  la  plante  nourricière,  ou  au  moins  noter  avec  soin,  lorsque  cette 
adhérence  ne  peut  être  maintenue,  sur  quelle  plante  elle  croissait.  Dans  le 


bô 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

familles  ou  le  parasitisme  a  lieu  par  les  libres  radicales,  ou  doit  apporter  les 
plus  grandes  précautions  dans  l’arrachage  pour  respecter  toutes  les  adhé¬ 
rences,  et  débarrasser  les  racines  de  la  terre  au  moyen  d’un  lavage  dans  une 
eau  courante  ou  sous  le  robinet  d’une  fontaine. 

Une  bonne  précaution  à  prendre  pour  la  récolte  des  Cryptogames  inférieures, 
c’est  de  placer  au  fur  et  à  mesure  tous  les  échantillons  recueillis  d’une  même 
espèce,  soit  dans  un  sac  de  papier,  soit  dans  un  flacon  bouché,  suivant  la  na¬ 
ture  ou  la  consistance  de  l’espèce.  On  évite  ainsi  d’avoir  à  se  livrer,  pour  la 
préparation,  à  un  travail  de  triage  toujours  long  et  minutieux  et  rendu  quel¬ 
quefois  presque  impossible  par  le  mélange  qui  peut  se  produire  d’individus 
appartenant  à  des  espèces  voisines  et  par  la  terre  qui,  dans  le  transport,  les 
salit  et  masque  leur  forme. 

Les  échantillons  des  plantes  aquatiques  croissant  trop  loin  des  bords  ou  dans 
des  eaux  trop  profondes  pour  pouvoir  être  recueillis  directement  (ce  qui  est 
le  mieux  toutes  les  fois  que  cela  est  praticable),  peuvent  souvent  être  obtenus 
au  moyen  d’un  petit  culot  de  bois  lesté  de  plomb,  hérissé  de  crochets  de  fer 
et  attaché  à  l’extrémité  d’une  ficelle,  ou  mieux  au  moyen  d’un  râteau  , 
muni  d’un  manche  suffisamment  long,  avec  lequel  ou  drague  le  fond  de 
sable  ou  de  vase  dans  lequel  la  plante  est  enracinée. 

Les  espèces  d’ Algues  qui  croissent  dans  les  eaux  douces  peu  profondes,  ou 
dans  la  mer,  sur  les  plages  basses  ou  les  rochers  du  littoral  mis  à  découvert 
pendant  le  reflux,  surtout  au  moment  des  plus  basses  marées,  sont  facilement 
recueillies  avec  leur  base  insertionnelle  ou  les  crampons  qui  les  fixent  au  sol 
on  aux  rochers;  mais  pour  celles  qui  croissent  dans  les  mers  sans  flux  et  re¬ 
flux  ou  à  de  grandes  profondeurs,  il  faut  profiter  de  toutes  les  occasions  qui 
peuvent  les  mettre  à  votre  portée,  et  ne  pas  négliger  de  les  recueillir  lors¬ 
qu’elles  sont  rejetées  sur  la  plage  par  les  tempêtes  ou  par  les  filets  des 
pêcheurs. 

Pour  la  récolte  des  Lichens  croissant  sur  les  noues  d’arbres,  il  suffit  d’en- 
lever’une  tranche  de  l’écorce  qui  les  porte.  Pour  recueillir  ceux  qui  croissent 
sur  les  rochers  ou  sur  les  pierres,  il  faut  employer  un  ciseau  à  froid  et  un 
marteau,  en  évitant  de  briser  les  échantillons  et  de  prendre  des  fragments  de 
roche  trop  volumineux  pour  être  placés  convenablement  dans  l’herbier. 

Les  plantes  recueillies  doivent  être  placées  immédiatement  dans  la  boîte 
à  herboriser,  après  avoir  eu  le  soin  de  débarrasser  leurs  racines  de  la  terre 
qu’elles  peuvent  retenir,  et  avoir  replié,  d’après  le  format  du  papier,  les 
échantillons  lorsqu’ils  sont  trop  grands  pour  y  rentrer  sans  cette  précaution. 
Mais  pour  éviter  les  causes  de  détérioration  que  les  échantillons  subissent  sou¬ 
vent  dans  la  boîte  en  s’v  froissant,  en  s’y  crispant  par  la  chaleur,  en  perdant 
les  pétales  de  leurs  fleurs,  etc. ,  on  doit,  à  la  première  halte,  les  en  retirer  pour 
les  placer  sur  les  feuillets  de  papier  h  préparation  renfermés  dans  un  cartable 
que  l’on  doit  toujours  avoir  avec  soi.  On  ne  saurait  trop  insister  sur  l’impor- 


SÉANCE  DU  23  JUIN  1871. 


87 


tance  de  la  bonne  installation  de  ce  cartable  pour  assurer  la  conservation  des 
plantes  à  texture  délicate  dans  les  pays  tempérés,  et  de  presque  toutes  dans  les 
pays  chauds;  en  effet,  la  boîte  de  métal  y  étant  souvent  exposée  à  une  tempé¬ 
rature  élevée,  on  aura  à  craindre  le  développement  d’un  commencement  de 
fermentation  très-nuisible  pour  une  bonne  dessiccation.  Les  plantes  disposées 
dans  le  papier  que  renferme  le  cartable  y  sont,  au  contraire,  soustraites  à  ces 
causes  de  détérioration. 

Un  cartable  se  compose  de  deux  feuilles  de  carton  résistant  (le  meilleur  est 
celui  qui  est  fabriqué  avec  des  débris  de  cordes  goudronnées)  ou  de  forte 
carte,  recouvertes  ou  non  de  parchemin,  de  cuir,  de  toile  ou  de  toile  cirée,  réu¬ 
nies  au  moyen  de  deux  courroies  ou  simplement  d’une  cordelette  solide.  On 
peut  avantageusement  substituer  aux  cartons  deux  feuilles  de  cuir  suffisamment 
épais.  Entre  les  deux  feuilles  de  carton  ou  de  cuir  on  place  une  centaine  de 
feuilles  simples  de  papier  à  préparation  et  une  vingtaine  de  feuilles  doubles. — 
Le  cartable  peut  être  utilement  muni  d’une  ou  deux  courroies  pour  le  porter 
soi-même,  soit  en  gibecière,  soit  en  havre-sac,  soit  derrière  la  boîte;  mais 
dans  les  longues  courses  il  vaut  mieux  en  charger  le  guide  qui  vous  accom¬ 
pagne,  ou,  ce  qui  est  encore  préférable,  si  l’on  est  à  cheval,  le  placer  dans  un 
sac  de  tapisserie  grossière,  de  moquette  ou  de  grosse  toile,  ouvert  en  haut  et 
fixé  par  ses  deux  angles  à  une  courroie  que  l’on  attache  à  l’arçon  de  la  selle. 
Dans  les  longs  voyages  et  les  courses  qui  doivent  fournir  d’abondantes  récoltes, 
il  est  très-avantageux  d’avoir  deux  de  ces  sacs  renfermant  chacun  un  cartable 
et  que  l’on  réunit  par  des  courroies  pour  les  placer  comme  un  bât  sur  la 
bêle  de  somme. 

Dès  que  l’on  a  recueilli  tous  les  échantillons  qui  doivent  représenter  une 
espèce,  échantillons  que  l’on  a  momentanément  déposés  dans  la  boîte  à  her¬ 
boriser,  on  doit  les  retirer  de  la  boite  pour  les  disposer  avec  autant  de  soin 
que  possible  sur  les  feuilles  simples  du  cartable.  On  peut  généralement  placer 
plusieurs  échantillons  sur  une  même  feuille,  mais  il  faut  leur  donner  la  forme 
qu’ils  devront  garder  définitivement.  Toutes  les  feuilles  simples  consacrées  à 
l’espèce  et  couvertes  d’échantillons  seront  renfermées  dans  une  feuille  double 
formant  chemise,  et  si  elles  forment  un  paquet  un  peu  volumineux,  ce  paquet 
sera  entouré  de  deux  feuilles  doubles  emboîtées  et  sera  fermé  eu  outre,  à 
chaque  extrémité,  par  une  feuille  simple  pliée  vers  le  milieu  de  sa  longueur. 
Un  ficelage  en  croix,  simple  ou  double  suivant  le  besoin,  maintiendra  le  pa¬ 
quet  suffisamment  serré.  —  Les  plantes  et  les  fascicules  de  plantes  que  l’on 
placera  dans  le  cartable  devront  être  assez  comprimés  pour  empêcher  leur 
déplacement  et  leur  froissement  par  suite  du  transport.  Pour  les  plantes  à 
texture  très-délicate  et  se  flétrissant  vite,  ainsique  pour  celles  dont  les  corolles 
sont  très-caduques,  les  échantillons  devront  être  immédiatement  disposés  d’une 
manière  définitive  et  placés  à  l’intérieur  de  feuilles  doubles.  Si  l’on  dispose, 
comme  cela  est  utile  dans  les  voyages  à  cheval  ou  à  mulet,  de  deux  cartables 


88 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


renfermés  dans  des  sacs,  il  est  très-avantageux  de  réserver  un  de  ces  cartables 
aux  plantes  qui  doivent  recevoir  leur  arrangement  définitif  au  moment  même 
de  la  récolte,  et  l’autre  à  celles  qui  ne  doivent  être  arrangées  que  provisoi¬ 
rement.  —  Les  branches  et  même  les  feuilles  des  échantillons  trop  touffus 
doivent  en  partie  être  supprimées,  mais  en  en  ménageant  la  base  pour  mon¬ 
trer  la  place  qu’elles  occupaient;  on  doit,  au  contraire,  conserver  les  feuilles 
radicales  ou  inférieures  même  lorsqu’elles  commencent  à  se  détruire,  car  ces 
feuilles  ou  leurs  débris  peuvent  offrir  souvent  des  caractères  utiles  et  laissent 
à  l’échantillon  son  port  naturel. 

Les  plantes  dont  les  fleurs  s’épanouissent  aux  premières  heures  du  jour,  ou, 
au  contraire,  vers  le  coucher  du  soleil,  doivent  être  déposées  dans  la  boîte  jus¬ 
qu’au  moment  où  les  fleurs  s’ouvrent  de  nouveau  ou  auront  été  remplacées 
par  des  boulons  qui  se  seront  épanouis,  et  l’on  ne  doit  mettre  l’échantillon 
en  presse  que  lorsqu’il  présente  un  certain  nombre  de  fleurs  régulièrement 
ouvertes. 


IV.  —  Récolte  des  hsilbcs.  des  fruits,  des  graines  et  des  Vtois. 


Indépendamment  des  échantillons  d’herbier,  le  voyageur  aura  à  recueillir 
des  bulbes,  des  rhizomes  ou  des  graines  des  végétaux  offrant  une  valeur  scien¬ 
tifique  spéciale  ou  ayant  un  intérêt  économique,  médical  ou  industriel.  Il  sera 
ainsi  à  même  d’obtenir  après  son  retour  la  reproduction  et  la  multiplication 
des  plantes  qui  doivent  être  étudiées  dans  toutes  leurs  périodes  de  végétation 
ou  pouvant  offrir  des  applications  utiles.  Les  difficultés  que  présente  le  trans¬ 
port  des  plantes  vivantes  à  de  grandes  distances,  en  raison  des  soins  qu’elles 
réclament  et  de  l’espace  qu’elles  occupent  (1),  doivent  engager  à  recueillir 
surtout  des  graines  dont  la  conservation  et  le  transport  offrent  généralement 
bien  plus  de  facilité. 

Les  bulbes  et  les  rhizomes,  pouvant  se  conserver  assez  longtemps  pour  être 
replantés  utilement,  doivent  être  recueillis  après  que  la  plante  a  disséminé  ses 
graines  ou  est  au  moins  défleurie,  c’est-à-dire  pendant  la  période  de  repos. 
C’est  surtout  pour  les  Monocotylées  bulbeuses  que  la  récolte  des  bulbes  et  des 
graines  est  particulièrement  utile,  car  il  est  souvent  presque  impossible  d’é¬ 
tudier  ces  plantes  d’une  manière  complète,  si  ce  n’est  sur  des  échantillons 
vivants. 

Les  graines  doivent  être  récoltées  complètement  mûres,  c’est-à-dire  au  mo¬ 
ment  de  la  déhiscence  naturelle  du  fruit,  si  ce  fruit  est  déhiscent,  ou  de  sa 
maturité  parfaite  accusée  par  la  consistance  de  son  péricarpe,  s’il  est  indé¬ 
fi)  Consulter,  pour  la  conservation  et  le  transport  des  plantes  vivantes,  les  Instruc¬ 
tions  pour  les  voyageurs,  publiées  par  le  Muséum  d'histoire  naturelle ,  où  se  trouvent 
consignés  des  renseignements  étendus  sur  l’emploi  de  la  caisse  Ward,  serre  portative  la 
mieux  appropriée  aux  longues  traversées. 


SÉANCE  DU  23  JUIN  i 871. 


89 


hiscent.  Elles  doivent  être  séchées  à  l'air  libre  et  maintenues  dans  un  lieu 
bien  sec,  puis  enfermées,  selon  leur  volume  et  leur  quantité,  dans  des  sachets 
de  toile  ou  de  papier.  Il  va  sans  dire  que  les  sachets  doivent  être  accompagnés 
d’étiquettes  identiques  à  celles  des  échantillons  d’herbier  et  portant  le  même 
numéro  d’ordre.  —  Les  graines  des  fruits  pulpeux  doivent  être  séparées  de  la 
pulpe  avant  d’être  soumises  à  la  dessiccation. —  Les  graines  huileuses,  perdant 
promptement  leur  faculté  germinative,  réclament  des  procédés  de  conservation 
particuliers  et  doivent  être  expédiées  dans  des  caisses  accessibles  à  l’air,  et  dans 
lesquelles  on  fera  alterner  des  couches  de  sable  avec  des  lits  de  graines  con¬ 
venablement  espacées  et  disposées  pour  en  assurer  la  germination  pendant  le 
transport  à  destination. 

Les  échantillons  de  bois,  les  fruits  et  les  graines,  trop  volumineux  pour 
pouvoir  être  préparés  avec  les  plantes  ou  parties  de  plantes  recueillies  pour 
l’herbier,  doivent  être  pris  sur  l’individu  même  qui  entrera  dans  l’herbier  ou 
qui  en  a  fourni  les  échantillons. 

Les  échantillons  de  bois  doivent,  comme  nous  l’avons  dit  plus  haut,  être 
munis  de  leur  écorce  et  comprendre  des  coupes  horizontales  et  des  coupes 
verticales,  soit  de  la  tige,  soit  des  branches,  suivant  leur  grosseur.  Dans  le  cas 
où  le  diamètre  de  la  tige  ne  permet  pas  d’en  prendre  une  rondelle,  il  est  bon 
de  recueillir  un  fragment  de  son  écorce,  souvent  assez  différente  d’aspect  de 
celle  des  branches.  —  On  doit,  autant  que  possible,  placer  les  échantillons 
de  bois  dans  des  lieux  bien  aérés,  ni  trop  secs  ni  trop  chauds,  afin  d’éviter 
qu’ils  ne  se  fendillent  par  une  dessiccation  trop  rapide. 

Les  produits  fournis  par  les  plantes,  tels  que  les  gommes,  les  résines,  les 
sucs  condensés,  les  substances  tinctoriales,  médicinales  ou  toxiques,  doivent 
être  munis  du  même  numéro  d’ordre  que  les  échantillons  de  la  plante  qui  les 
fournit. 


V.  —  Étiqnetage  des  échantillons,  notes  et  carnet  de  voyage. 

Le  voyageur  doit,  au  moins  une  fois  par  jour,  consigner  sur  son  carnet  de 
voyage  toutes  les  observations  météorologiques,  géologiques  ou  autres  qui  sont 
de  nature  à  fournir  des  documents  utiles  sur  le  pays  qu'il  explore  et  sur  les 
influences  qui  en  déterminent  la  végétation.  Mais  tous  les  renseignements 
concernant  les  plantes  dont  il  recueillera  des  échantillons  doivent  être  inscrits 
sur  des  feuillets  libres  ;  ces  feuillets  seront  réunis  aux  échantillons  de  la 
plante,  avec  1  étiquette  qui  doit  les  accompagner,  et  porteront  le  même  numéro 
d’ordre  que  l’étiquette  elle-même. 

Autant  que  possible  chaque  échantillon,  ou  au  moins  chaque  série  d’échan¬ 
tillons  appartenant  à  une  même  espèce  et  recueillis  à  une  même  station  et  à 
une  même  date,  sera,  au  moment  même  de  sa  préparation,  munie  d’une  éti¬ 
quette  portant  un  numéro  d’ordre.  —  Le  numérotage  des  étiquettes  devra 


90 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

être  continu  en  suivant  l’ordre  régulier  de  la  série  des  nombres  de  la  première 
à  la  dernière  plante  récoltée  dans  le  voyage.  Ce  numéro  d’ordre,  qui  devra 
être  invariablement  maintenu,  permettra  de  correspondre  pendant  et  après 
le  voyage  avec  les  botanistes  et  d’en  obtenir  des  renseignements  sur  l’es¬ 
pèce  dont  on  leur  aura  communiqué  des  échantillons  numérotés,  et  plus  tard, 
si  la  plante  est  décrite  comme  nouvelle,  il  offrira  un  facile  moyen  de  véri¬ 
fication  et  de  concordance.  —  Indépendamment  du  numéro  d’ordre,  l’éti¬ 
quette  doit  indiquer  les  noms  générique  et  spécifique,  si  on  les  connaît,  lé 
nom  trivial  que  les  habitants  du  pays  donnent  à  la  plante,  s’il  en  existe,  et  la 
signification  de  ces  noms,  souvent  caractéristiques,  toutes  les  fois  que  l’on 
pourra  l’apprendre.  On  inscrira  également  sur  l’étiquette  la  localité  indiquée 
géographiquement  avec  autant  de  précision  qu’on  le  pourra,  ainsi  que  la  sta¬ 
tion,  l’altitude  approximative  si  on  la  connaît,  la  nature  du  terrain,  son  état 
d’agrégation,  son  exposition,  son  degré  de  sécheresse  ou  d’humidité,  la  date 
de  la  récolte.  Il  est  également  important  de  noter  si  la  plante  est  rare  ou  abon¬ 
dante  ;  si  elle  croît  isolée  ou  réunie  en  groupes  d’individus;  si  elle  occupe  un 
grand  espace  du  pays  ou  si,  au  contraire,  elie  est  localisée;  si  elle  se  rencontre 
plus  particulièrement  en  société  avec  une  ou  plusieurs  espèces.  —  C’est  sur¬ 
tout  pour  les  espèces  constituant  les  essences  principales  des  forêts  et  des  pâtu¬ 
rages,  ainsi  que  pour  celles  ayant  des  usages  économiques,  industriels  ou 
médicaux,  que  le  nom  trivial  doit  être  noté  avec  soin.  On  devra,  pour  ces 
plantes  usuelles,  prendre  tous  les  renseignements  sur  les  parties  employées  et 
sur  leur  mode  d’emploi,  il  est  également  important  de  mentionner  les  pro¬ 
priétés  des  espèces  connues  comme  toxiques  par  les  habitants.  —  La  couleur 
et  l’odeur  de  la  fleur  et  des  autres  parties  de  la  plante,  ainsi  que  la  saveur, 
qui  sont  généralement  plus  ou  moins  altérées  ou  disparaissent  par  la  dessicca¬ 
tion,  doivent  être  notées.  Il  est  avantageux,  si  l’on  sait  dessiner,  de  joindre  à 
ces  derniers  renseignements  un  croquis  des  fleurs,  des  fruits  et  autres  parties 
qui  peuvent  être  déformées  par  la  dessiccation  et,  par  une  teinte  à  l’aquarelle, 
d’en  indiquer  aussi  exactement  que  possible  la  couleur  lorsqu’elle  est  de  nature 
à  s’altérer  par  la  préparation  de  l’échantillon.  —  Si  les  échantillons  sont  com¬ 
plets,  il  faut  noter  s’ils  représentent  la  taille  moyenne  de  la  plante,  ou  si,  au 
contraire,  ils  appartiennent  à  ses  extrêmes  de  grandeur.  S’ils  sont  incomplets, 
comme  c’est  le  cas  pour  la  plupart  des  arbustes  et  pour  les  arbres,  on  doit 
prendre  note  de  la  taille  habituelle  de  l’espèce.  Il  est  important  de  mentionner 
si  les  arbres  et  les  arbrisseaux  sont  ramifiés  dès  leur  partie  inférieure,  et,  dans 
le  cas  contraire,  d’indiquer  vers  quelle  hauteur  naissent  leurs  ramifications 
principales  ;  il  ne  faut  pas  non  plus  négliger  d’inscrire  dans  ses  notes  si  les 
branches  et  les  rameaux  sont  espacés  ou  rapprochés,  s’ils  sont  dirigés  hori¬ 
zontalement,  obliquement  ou  verticalement.  La  circonférence  du  tronc  des 
arbres  doit  être  mesurée  à  un  mètre  du  sol.  —  Pour  les  grands  végétaux 
ligneux,  dont  le  port  ne  peut  être  apprécié  d’après  les  échantillons  d’herbier, 


SÉANCE  DU  23  JUIN  187 J. 


91 


il  est  très-utile  que  le  voyageur,  toutes  les  fois  qu’il  le  pourra,  prenne  une  vue 
d’ensemble  d’un  ou  de  plusieurs  sujets  représentant  le  mieux  le  type  habituel 
de  l'espèce  par  un  croquis,  s’il  sait  dessiner,  ou  mieux  par  une  épreuve  photo¬ 
graphique,  s’il  a  un  appareil  héliographique  à  sa  disposition.—  Il  faut,  sur  les 
étiquettes, distinguer  avec  soin  les  plantes  cultivées  ou  échappées  des  cultures, 
des  plantes  réellement  indigènes,  et,  pour  ces  dernières,  indiquer  toujours  si 
elles  se  rencontrent  loin  des  habitations,  ou  si,  au  contraire,  elles  sont  propres 
aux  lieux  habités,  au  voisinage  des  campements,  des  puits,  des  sources  et  autres 
stations  fréquentées  par  l’homme. 

Trop  souvent,  après  une  journée  laborieusement  remplie  par  les  récoltes 
et  une  soirée  consacrée  à  la  préparation  des  plantes  recueillies,  on  n’a  pas  le 
temps  d’écrire  les  étiquettes  définitives  portant  toutes  les  indications  néces¬ 
saires,  et  l’on  doit  se  borner,  avant  de  mettre  en  presse  les  échantillons,  à  les 
accompagner  d’étiquettes  portant  seulement  la  date  et  la  mention  sommaire 
delà  station.  Mais  il  ne  faudra  pas  négliger  de  profiter  du  premier  moment 
de  loisir  pour  substituer  à  ces  étiquettes  provisoires  des  étiquettes  définitives 
pendant  que  fou  aura  encore  présentes  à  ia  mémoire  toutes  les  données  qui 
doiveut  y  être  consignées. 

Pour  les  échantillons  de  bois,  ainsi  que  pour  les  graines  et  les  fruits  conser¬ 
vés  à  part,  comme  nous  l’avons  déjà  dit  plus  haut,  on  doit  reproduire  l’éti¬ 
quette  de  la  plante  d’herbier  avec  son  numéro  d’ordre,  et  coller  cette  étiquette 
sur  l’échantillon,  le  sachet  ou  le  flacon  ;  pour  plus  de  sûreté,  il  est  bon  d’in¬ 
scrire  encore  directement  le  numéro  d’ordre  sur  les  échantillons  de  bois. 

Si  l’on  ignore  le  nom  d’une  espèce,  il  est  souvent  commode  de  lui  substi  - 
tuer  un  nom  de  genre  ou  de  famille  accompagné  d’un  nom  spécifique  arbi- 
bitraire,  nom  que  l’on  reproduira  sur  les  étiquettes.  Dans  le  cas  où  le  nom  du 
genre  et  même  celui  de  la  famille  sont  inconnus,  ce  qui  peut  arriver  souvent 
alors  que  l’on  aborde  l’étude  d’une  végétation  entièrement  nouvelle  pour  soi, 
on  peut  fixer  sur  les  feuillets  d’un  carnet  portatif  des  échantillons  fragmen¬ 
taires;  ce  carnet  sera  une  précieuse  ressource  pour  la  comparaison  des  élé¬ 
ments  de  la  végétation  des  divers  points  que  l’on  sera  à  même  de  visiter  : 
cette  recommandation  est  surtout  importante  pour  les  arbres  ou  les  végétaux 
essentiellement  caractéristiques  des  régions  naturelles  d’une  contrée  ou  des 
zones  de  végétation  d’une  montagne  élevée.  On  aura  ainsi  un  moyen  commode 
de  prendre  des  notes  sur  la  fréquence  ou  la  rareté  de  ces  végétaux,  si  l’on  a  eu 
le  soin  d’établir  par  le  même  numéro  d’ordre  la  concordance  exacte. entre  les 
échantillons  du  carnet  et  ceux  de  l’herbier. 

[La  fin  à  la  prochaine  séance.) 

M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  de  ia  lettre  suivante  qu’il 
vient  de  recevoir  de  M.  l’abbé  Boulav  : 

d 


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SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


LETTRE  DE  BI.  l’abbé  KOULAY. 


Séminaire  de  St-Dié,  20  juin  1871. 

Monsieur  le  Secrétaire  général, 

J’ai  l’honneur  d’adresser  à  la  Société  botanique  de  France  un  petit  paquet 
de  plantes  sèches  renfermant  des  échantillons  des  espèces  suivantes  : 

1.  nedwigiditun  imberbe  Br.  et  Sch.  —  Rochers  granitiques,  près  de 
Vagney,  arrondissement  de  Remiremont  (Vosges),  altitude  environ  500  mètres. 
Espèce  nouvelle  pour  l’Europe  moyenne:  elle  n’a  été  signalée  en  France  jus¬ 
qu’ici  que  dans  les  Pyrénées. 

2.  Bryum  eyciophyiium  Schwgr.  —  Bords  vaseux  de  l’étang  du  Fran- 
kenthal  au  Hohneck  (Vosges);  altitude,  1100  mètres.  Cette  espèce  se  retrouve 
sur  les  bords  de  plusieurs  autres  de  nos  petits  lacs  des  Vosges;  elle  est  nouvelle 
pour  la  France.  Malheureusement  ces  deux  espèces  sont  stériles  dans  les 
localités  de  nos  régions  où  je  les  ai  découvertes. 

3.  Fragnria  roseîiiot  a  N.  Boul. — Espèce  nouvelle,  voisine  du  Fr.  vesca  : 
stolons  munis  d’une  écaille  à  base  engainante  dans  l’intervalle  des  bouquets  de 
feuilles;  tiges  florifères  nues  ou  ne  portant  qu’une  feuille  ordinairement  uni- 
foliolée,  feuilles  radicales  trifoliolées,  blanchâtres,  un  peu  soyeuses  en  dessous, 
à  foliole  médiane  sessile  ou  pétiolulée  ;  pédicelles  garnis  de  poils  appliqués; 
divisions  du  calice  étalées  ou  renversées  à  la  maturité  —  elle  s’en  distingue 
nettement  par  ses  pétales  orbîculaires  constamment  rosés ,  à  teinte  plus  vive 
vers  la  base ,  et  par  son  fruit  globuleux  déprimé  et  non  ovoïde.  —  Fleurit  au 
printemps  et  pendant  tout  S’été.  —  Hab.  coteaux  de  grès  vosgien,  près  de 
Mutzig  (Alsace).  —  Depuis  cinq  ans  que  je  cultive  cette  plante,  elle  n’a  pas 
changé. 

La  rédaction  de  mon  travail  descriptif  sur  les  Muscinées  de  l’Est  est  ache¬ 
vée,  et  l’impression  en  serait  commencée  depuis  longtemps  sans  les  tristes 
épreuves  par  lesquelles  nous  avons  dû  passer. 

Les  conditions  de  souscription  ne  sont  pas  changées,  mais  le  prix  de  l’ou¬ 
vrage  sera  notablement  plus  élevé  en  librairie. 


Lecture  est  donnée  des  communications  suivantes,  adressées  à  la 
Société  : 


NOTE  EXTRAITE  D’UN  MÉMOIRE  SUR  LES  FRUCTIFICATIONS  DU  CALAMODENDRON, 

par  .11.  ISciisard  REVALLT 

(Cluny,  20  juin  1871.) 

Ce  végétal,  si  commun  dans  le  bassin  d’Autun  et  si  important  à  l’époque 
houillère,  a  excité  raltention  elles  études  d’un  grand  nombre  de  paléontolo- 


SÉANCE  DU  23  JUIN  1871. 


93 


gistes,  mais  il  est  encore  loin  d’être  connu  complètement.  En  effet,  ses  fructi¬ 
fications  se  sont  rencontrées,  mais  non  suffisamment  conservées;  on  n’a  aucune 
donnée  sur  son  écorce;  celle-ci,  dans  les  échantillons  fossilisés  par  la  silice  ou 
le  carbonate  de  chaux,  a  complètement  disparu,  vraisemblablement  tombée 
avant  la  fossilisation  ;  on  ne  peut  donc  savoir  si  elle  renfermait  des  lacunes 
extérieures,  comme  il  s’en  rencontre  dans  celle  des  Prêles  de  notre  époque, 
détail  qui  a  son  importance  pour  compléter  l’assimilation  de  ces  derniers 
végétaux  avec  leurs  aînés. 

Ce  n’est  pas  que  l’on  puisse  espérer  trouver  une  ressemblance  complète 
entre  les  végétaux  formant  le  groupe  des  Equisetum  de  la  période  houillère  et 
ceux  qui  composent  actuellement  cette  famille.  Le  temps  qui  s’est  écoulé 
entre  les  deux  époques  est  trop  considérable  pour  que  l’on  ne  doive  pas  ren¬ 
contrer  des  différences  profondes  entre  les  individus  composant  Sa  même 
famille  à  deux  moments  si  éloignés  l’un  de  l’autre  dans  le  cours  des  âges. 

Les  végétaux,  comme  les  animaux,  sont  soumis  à  des  lois  permanentes  de 
transformations  dépendant  principalement  du  climat  et  qui  amènent  fatalement 
des  modifications  profondes  dans  le  type  primitif;  et  ce  dernier,  plus  ou  moins 
modifié,  finit  lui-même  par  disparaître  quand  la  limite  de  plasticité  ou  d’élas¬ 
ticité  vitale  (pour  ainsi  dire)  se  trouve  dépassée. 

Il  est  donc  d’une  haute  utilité  philosophique,  lorsqu’on  rencontre  une 
famille  animale  ou  végétale  qui,  en  survivant  aux  siècles,  a  dû  conserver  les 
traces  de  leur  passage,  de  bien  observer  les  individus  qui  la  composent,  car 
les  changements  que  les  générations  successives  ont  subis  sont  la  conséquence 
des  révolutions  lentes  qu’elles  ont  traversées  et,  par  conséquent,  peuvent  ser¬ 
vir  à  l’histoire  de  ces  dernières. 

C’est  principalement  par  l’étude  de  quelqu’une  des  grandes  familles  vé¬ 
gétales  et  animales,  prise  à  l’origine  et  suivie  avec  détail  jusqu’à  nos  jours,  que 
l’on  peut  espérer  avoir  quelques  données  sur  la  grandeur,  la  durée  des  chan¬ 
gements  climatériques  du  passé. 

Les  familles  des  Equisetum, des  Fougères, des  Lycopodes,des  Conifères, etc. , 
qui  ont  apparu  de  bonne  heure  et  qui  sont  encore  représentées  mainte¬ 
nant  par  de  nombreux  individus,  offriraient  certainement  un  intérêt  consi¬ 
dérable  si  l’on  pouvait  suivre  les  phases  diverses,  les  changements  importants 
qu’elles  ont  subis  à  travers  les  siècles. 

En  effet,  si  les  Calamodendron,  les  Calamites,  les  Sphenophyllum ,  les 
Astérophvllites,  etc.,  représentent  les  individus  qui,  à  l’époque  houillère,  ont 
été  les  ancêtres  de  nos  Prêles  actuelles,  si  bien  connues  depuis  les  travaux  de 
MM.  Duval-Jouve  et  J.  Mîlde,  la  différence  profonde  qui  existe  entre  les 
premiers  et  les  derniers  annonce  une  lacune  immense,  et  l’on  est  en  droit  de 
prévoir  l’existence  d’une  multitude  d’individus  devant  servir  de  transition  et 
qui  porteront  dans  la  modification  de  leurs  organes  l’histoire  sommaire  des 
temps  géologiques. 


9  b  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Dans  le  règne  animal,  à  mesure  que  l’on  remonte  dans  le  passé,  les  espèces 
dont  la  place  est  douteuse  augmentent,  les  individus  présentant  réunis  des 
caractères  propres  à  des  familles,  à  des  classes  différentes  deviennent  plus 
nombreux;  il  en  est  de  même  chez  les  plantes,  et  si  les  exemples  n’en  sont 
pas  plus  fréquents,  c’est  que  les  conditions  de  conservation  complète  des  vé¬ 
gétaux  rarement  se  sont  trouvées  réunies,  et  que  peu  de  sujets  relativement 
sont  parvenus  jusqu’à  nous. 

Cependant  on  peut  citer,  dans  le  terrain  houiller  seul,  plusieurs  végétaux 
offrant  simultanément  cette  diversité  de  caractères  qui  se  sont  séparés  depuis 
pour  devenir  la  propriété  exclusive  d’une  famille.  Ainsi  : 

Le  Psilophyton  rappelle  le  développement  des  Fougères  par  ses  jeunes 
pousses  terminées  en  crosse,  la  fructification  des  Pilulaires  actuelles  par  ses 
sporanges  élégamment  suspendus,  et  la  structure  interne  des  Lycopodes  par  la 
disposition  et  la  nature  des  tissus  qui  forment  sa  tige. 

Le  Calamodendron ,  si  l’on  examine  son  tissu  ligneux,  épais,  uniforme, 
formé  de  longues  cellules  scalariformes,  séparé  par  des  rayons  médullaires, 
pourra  être  rangé  parmi  les  Gymnospermes.  Si,  au  contraire,  on  donne  plus 
de  valeur,  comme  caractère  spécifique,  à  la  présence  d’une  couronne  intérieure 
de  lacunes  aériennes  (lacunes  essentielles),  il  passera  pour  une  Prêle  gigan¬ 
tesque  dont  le  tissu  ligneux  serait  considérablement  développé;  cette  dernière 
opinion  se  confirme,  si  l’on  se  rappelle  la  description  anatomique  de  cônes 
étudiés  et  rapportés  au  Calamodendron  par  M.  Binney. 

Mais  les  spores  de  ce  végétal  n’offrent  pas  d’élatères,  comme  celle  des 
Prêles  ;  elles  sont  assez  bien  conservées  pour  qu’on  puisse  être  certain  que  si 
ces  organes  eussent  existé  primitivement,  il  en  resterait  des  traces  après  la 
silicification. 

Dans  les  Prêles  que  nous  connaissons,  les  sporanges  sont  fixés  à  des  écailles, 
qui  auraient  persisté  dans  les  cônes  de  Calamodendron  si  les  sporanges  avaient 
eu  cette  disposition:  on  n’en  trouve  pas  de  traces. 

On  sait  que  le  cône  de  Calamodendron  est  formé  d’un  axe  central  qui  sup¬ 
porte  une  série  de  verticilles  stériles  et  fertiles  en  alternance;  les  sporanges,  au 
nombre  de  quatre  sur  chaque  rameau  fertile,  ont  la  forme  de  sacs  à  section 
rectangulaire,  et  sont  remplis  de  granulations  nombreuses. 

Ayant  eu  l’occasion  de  trouver  silicifiés  quelques-uns  de  ces  cônes,  je  si¬ 
gnalerai  quelques  différences  qui  existent  entre  eux  et  ceux  rencontrés  en 
Angleterre. 

Je  ne  connais  ceux-ci  que  par  la  description  et  les  figures  que  M.  Binney  a 
données  dans  son  mémoire  :  Observations  on  the  structure  of  fossil  plants 
found  in  the  carboniferous  strata. 

En  comparant  les  grandeurs  respectives  de  chacune  des  parties  des  deux 
séries  de  cônes,  on  arrive  à  faire  le  tableau  suivant  : 


SÉANCE  DU  23  JUIN  187 J. 


95 


Cônes  d’Autun.  Cônes  anglais. 


Diamètre  de  Taxe . . . 

5  mm 

0mm,7  à  0 

Nombre  des  rameaux  composant  un  verticille 
fertile . . 

16 

6 

Rameaux  composant  un  verticille  stérile  et  al¬ 
ternant  . *  .  . 

16 

6 

Hauteur  des  sporanges . . 

2mm 

0mm,42 

Épaisseur . 

0mm,7  à 

1  0mm,42 

Longueur  diamétrale . .  . 

lmm,3 

0mm,92 

On  voit  que  les  cônes  que  j’ai  étudiés  sont  plus  volumineux  que  les  cônes 
du  Savant  paléontologiste  de  Manchester,  que  l’axe  et  les  sporanges  ont  des 
dimensions  plus  considérables;  la  différence  est  surtout  sensible  pour  la  hau¬ 
teur  des  sporanges,  et  par  conséquent  pour  la  distance  des  verticilles  stériles 
et  fertiles  entre  eux;  ce  qui  devait  amener  un  allongement  remarquable  dans 
l’axe  du  cône. 

J’ai  mesuré  le  diamètre  des  spores  contenues  dans  des  sporanges  apparte¬ 
nant  à  différents  cônes;  j’en  ai  trouvé  qui  avaient  0mffi,02  à  0inm,03  de  dia¬ 
mètre  et  d’autres  plus  volumineuses,  0mm,092. 

Celles  figurées  par  M.  Binney  me  paraissent  avoir  0inin;05. 

I,es  dimensions  des  spores  m’ont  semblé  constantes  dans  un  même  cône  ;  si 
cette  différence  dans  la  grandeur  relative  des  spores  que  j’ai  mesurées  n’est 
pas  accidentelle  ,  on  serait  en  droit  d’admettre  l’existence  de  macrospores  et 
de  microspores;  les  microspores  étant  neuf  à  dix  fois  plus  petites  que  les 
macrospores. 

Les  macrospores  et  les  microspores  seraient  portées  par  des  cônes  différents, 
placés  soit  sur  le  même  individu,  soit  sur  des  individus  distincts. 

Comme  on  le  voit,  le  Calamodendron  offre  des  difficultés  sérieuses  pour  un 
classement  définitif  :  son  tissu  ligneux,  composé  uniformément  de  cellules  al¬ 
longées  scalariformes  et  séparées  par  des  rayons  médullaires,  le  rapproche  des 
Gymnospermes.  Les  lacunes  centrales  qui  entourent  la  moelle  (lacunes  essen¬ 
tielles)  le  feraient  ranger  à  côté  des  Prêles  dont  le  tissu  ligneux  aurait  pris  une 
grande  extension.  Enfin,  la  présence  des  spores  de  dimensions  très-distinctes, 
et  par  conséquent  de  fonctions  très-différentes,  ferait  songer  aux  Lycopodes. 

Il  y  a  loin,  comme  on  peut  en  juger,  de  la  structure  du  Calamodendron  à 
celle  des  végétaux  de  nos  jours  ;  on  n’en  trouve  aucun  dont  on  puisse  le  rap¬ 
procher  avec  quelque  certitude  :  cela  tient  évidemment  à  l’immense  vide  laissé 
entre  les  plantes  de  l’époque  houillère  et  leurs  congénères  de  l’époque  actuelle, 
les  intermédiaires  manquent,  et  l’on  s’égare  faute  d’un  nombre  suffisant  de  ja¬ 
lons.  Souhaitons  que  les  travaux  des  paléontologistes  finissent  par  faire  revivre 
quelques-uns  de  ces  types  perdus,  qui  seraient  si  pleins  de  révélations. 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


DISCUSSION  DE  QUELQUES  POINTS  DE  GLOSSOLOGIE  BOTANIQUE  (suite;, 

par  II.  ■>.  CLOS  (I). 

(Toulouse,  21  juin  1871.) 

].  De  la  placentation  centrale  filamenteuse  ou  columnaire  adhé¬ 
rente  ou  dérivée.  —  Aug.  de  Saint- Hilaire  écrivait  du  genre  Portulaca , 
en  1816  :  «  Cinq  filets  s’élèvent  du  fond  de  l’ovaire  qui  est  à  une  seule  loge 
et  le  traversent  dans  toute  sa  longueur  :  aucune  substance  ne  se  trouve  inter¬ 
posée  entre  ces  filets...  A  peu  près  jusqu’aux  deux  tiers  ou  au  delà,  les  filets 
donnent  naissance  à  de  nombreux  ovules,  mais  ils  restent  nus  dans  la  partie 
supérieure.  Après  la  fécondation. ..,  les  filets  se  rompent  à  leur  extrémité  ;  les 
cordons  ombilicaux  s’allongent;  la  partie  des  filets  qui  ne  portait  point  d’ovules 
disparaît  et  les  semences  semblent  portées  par  cinq  placentas  libres.  »  ( Mém . 
sur  les  plantes  auxquelles  on  attribue  un  placenta  central  libre,  pp.  A2- 
U'â.)  (2)  C’est,  en  effet,  à  ce  dernier  état  que  Gærtner  a  décrit  et  figuré  la  cap¬ 
sule  du  Portulaca  pilosa  ( De  fruct.  et  semin .  tab.  cxxvm,  p.  212),  encore  d’a¬ 
près  la  remarque d’A.  de  Saint-Hilaire.  Endlicher,  dans  son  Généra,  n°  517à, 
décrit  ainsi  la  placentation  des  Portulaca  :  «  Ovula  plurima,  columellæ  basilart 
liberœ  simplici  v.  ramosæ  funiculis  distinctis  inserta  »,  assertion  tout  à  fait 
opposée  à  celle  d’A.  de  Saint-Hilaire.  M.  Spach  se  borne  à  dire  :  «  placentaire 
à  3-8  branches  filiformes  »  ( Phanér .  l.  V,  p.  225),  et  WM.  Bentham  et 
L>.  Hooker  ne  signalent  pas  la  placentation  dans  leur  description  du  genre 
Portulaca  ( Généra ,  t.  I,  p.  156).  Enfin,  M.  Godron,  décrivant,  dans  la 
Flore  de  France  (t.  I,  p.  605),  l’ovaire  des  Portulacées,  le  dit  uniloculaire 
par  V oblitération  des  cloisons ,  et  donne  à  tort  aussi  au  fruit  de  cette  famille 
un  placenta  central  libre. 

M.  Duchartre  a  depuis  longtemps  reconnu  que  le  prétendu  placenta  central 
des  Caryophyllées  dérive  d’une  placentation  axile  an  début,  suivie  de  la  des¬ 
truction  des  cloisons  (in  Revue  botanique,  t.  II,  pp.  220-225).  Payer  a 
constaté  le  même  phénomène  chez  les  Portulacées.  Dans  les  Portulaca  en 
particulier,  «  à  un  certain  moment,  la  cavité  de  l’ovaire  est  quinquéloculaire 
dans  sa  partie  inférieure  et  incomplètement  quinquéloculaire  dans  sa  partie 
supérieure. les  ovules  naissent  non-seulement  dans  l’angle  interne  des  loges 
complètes,  mais  encore  sur  les  bords  libres  des  cloisons  qui  les  séparent. 
Aussi  quand,  par  suite  des  développements,  ces  cloisons  se  déchirent  comme 
dans  les  autres  Portulacées,  les  bords  libres  des  cloisons  qui  sont  chargés 
d’ovules  persistent  comme  l’axe  central,  qui  en  est  également  couvert,  et  sem- 

(1)  Voyez  le  bulletin,  t.  IV,  p.  738  ;  t.  VI,  p.  187  et  211  ;  t.  VIII,  p.  615;  t.  IX, 
p.  355  et  652  ;  t.  XII,  p.  348. 

(2)  L’auteur  rappelait,  en  1841,  cette  disposition  dans  ses  Leçons  de  botanique , 
541. 


SÉANCE  DU  23  JUIN  1871. 


97 


blent  n’en  être  que  des  ramifications  [Traité  dé  organogénie ,  pp.  329-330).  « 

r 

Ce  même  botaniste  rappelle  cette  disposition  dans  ses  Eléments  de  botanique, 
pp.  199-200,  après  avoir  défini  les  placentations  centrale,  pariétale,  axile ; 
mais  il  omet  de  distinguer  la  placentation  centrale  libre  ou  à  un  seul  point 
d’attache,  des  Primulacées  par  exemple,  de  la  même  placentation  dérivée 
adhérente  ou  à  double  point  d’attache  :  c’est  à  cette  dernière  division  qu’ap¬ 
partient  le  placenta  filamenteux  des  Portulaca,  le  placenta  columnaire  des 
Calandrinia  et  des  Talinum.  Il  convient,  en  outre,  de  distinguer  ces  placentas 
centraux  adhérents  en  fertiles  ou  ovuli fèves  (comme  ceux  des  deux  derniers 
genres  cités,  des  Portulaca  (1),  des  Caryophyllées),  et  en  stériles  ou  nus,  les 
ovules  naissant  du  bas  de  la  loge  [Dîontia,  Claytonia  perfoliata,  où  trois 
filets  parcourent  celle-ci  de  la  base  au  sommet).  C’est  ce  que  montrera  le  petit 
tableau  suivant  : 


Placentation!  Vrirn^ive  ou  essentielle  à  un  seul  point  d’attache.  .  Primulacées. 


centrale 


dérivée 


columellairc  (à  un  seul  axe) . .  Carxjophy  liées  t 

1  (  Calandrinia. 

;  ,  ,  i  tous  fertiles  ovuliferes  ,, 

\  filamenteuse ,  les)  \  Talinum. 

{  filaments  étant  ,  t  stériles  j  Montia. 

'  tes  centraux  sternes,  j  Claytûnia  verf0ualût 


II.  Stlpniies.  —  J’ai  depuis  longtemps  proposé  îe  mot  de  stipulium  pour 
ces  réunions  de  stipules  qui  simulent,  soit  des  calicules  (plusieurs  Malvacées), 
soit  des  involucres  [Pélargonium,  Paronychia ),  et  qui  étaient  décrites  comme 
tels  (voyez  le  Bulletin ,  t.  I,  p.  298,  t.  II,  p.  5). 

Mais  il  est  un  certain  nombre  de  plantes  chez  lesquelles  les  deux  stipules 
de  la  feuille  ou  de  deux  feuilles  voisines  se  soudent  plus  ou  moins  intimement, 
soit  que  les  feuilles  persistent  (Melianthus,  Rubiacées  ligneuses,  Houblon), 
soit  qu’elles  disparaissent,  comme  au  sommet  des  tiges  de  plusieurs  Rosiers, 
comme  dans  Y Hulthemia,  où  la  feuille  est  remplacée  par  deux  stipules  soudées 
ensemble  et  figurant  une  feuille  simple  réticulée,  comme  enfin,  d’après  De 
Candoîle,  dans  la  plupart  des  Érvlhroxylées  et.  dans  le  Pictetia  squamata  (2). 

On  ne  saurait  nier  l’avantage,  en  morphologie  et  surtout  en  pho  tographie, 
de  pouvoir  désigner  par  un  seul  mot  des  organes  composés,  et  le  mot  stipulie 
me  paraît  très-propre  à  dénommer  tous  ceux  qui  proviennent  de  la  soudure 
plus  ou  moins  complète  de  deux  stipules. 

Chez  la  plupart  des  Erodium ,  en  particulier  chez  les  espèces  dont  les 
rameaux  s’étalent  et  s’appliquent  plus  ou  moins  sur  le  sol,  chaque  paire  de 

(1)  Voyez,  pour  la  structure  interne  de  l’ovaire  du  Pourpier  commun,  la  figure  don¬ 
née  par  MM.  Decaisne  et  Le  Maout  dans  leur  Traité  général  de  botanique. 

(2)  Voyez  De  Candoîle  ( Organographie ,  t.  II,  p.  209);  on  y  lit  :  «  Les  rameaux  de 
la  plupart  des  Érytliroxylées,  du  Pictetia  squamata  et  de  plusieurs  autres  plantes,  sont 
souvent  revêtus  par  de  petites  écailles  imbriquées  et  scarieuses  ;  ce  sont  des  stipules 
persistantes  et  très-rapprocliées  dont  les  feuilles  ont  manqué,  etc.  » 

T.  XVII I.  (séances)  7 


08  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Touilles  est  accompagnée  de  deux  stipules  d’un  côté,  d’une  stipulie  de 
l’autre. 

III.  Flateau.  —  Mot  créé  par  De  Candolle,  qui  le  définit  «  espèce  de  dis¬ 
que  plus  ou  moins  aplati,  qui  représente  la  vraie  tige  dans  les  bulbes  et  qui 
émet  par-dessous  les  racines  et  par-dessus  les  feuilles  et  les  fleurs  »  ( Théor . 
élém.  p.  323),  interprétation  adoptée  par  la  plupart  des  morphologistes 
modernes,  mais  qui  me  paraît  susceptible  d’une  plus  grande  extension. 

J’ai  depuis  longtemps  proposé  d’appliquer  le  mot  collet  à  cette  portion  de 
tout  axe  caulinaire  de  première  génération  interposée  à  la  tige  et  à  la  racine 
et  limitée  en  haut  par  les  cotylédons,  en  bas  par  les  points  d’origine  des  ran¬ 
gées  de  radicelles  [Ann.  des  sciences  nat .  3e  sér.  t.  XIII,  pp.  5-20)  (1). 
Très-court  chez  les  plantes  à  cotylédons  hypogés  (Fèves,  Pois,  Marronnier- 
d’Inde),  le  collet  constitue  la  totalité  du  tubercule  des  Cyclamen ,  la  presque 
totalité  de  celui  des  Radis  ronds,  une  portion  des  tubérosités  des  Navets  arron¬ 
dis  et  des  Betteraves,  tout  l’axe  épigé  sous-cotylédonaire  du  Welwitschia 
mirabilis.  Mais  au-dessus  de  ces  parties  d’axe,  dont  le  caractère  morphologique 
essentiel  est  d’être  tout  à  fait  nues,  estime  autre  partie  souvent  très-courte,  et 
tantôt  restant  telle  pendant  toute  la  vie  de  la  plante  (qu’elle  porte  soit  les  cotylé¬ 
dons  et  l’inflorescence,  ex.  :  Welwitschia ,  soit  les  feuilles  et  les  pédoncules, 
ex.  :  Cyclamen ),  tantôt  ayant  une  durée  qui  varie  de  quelques  mois  à  deux 
ans  ou  à  un  grand  nombre  d’années  (certaines  plantes  annuelles,  les  bisan¬ 
nuelles  et  les  monocarpiennes,  comme  les  Agave).  Je  ne  vois  pas  la  possibilité 
de  distinguer  ces  tiges  très-courtes  des  plateaux >  et  j’y  rapporterai  encore  les 
axes  à  feuilles  empilées  de  la  plupart  des  Palmiers  dans  les  premières  années 
de  leur  vie,  car  je  puis  leur  appliquer  exactement  la  définition  donnée  par  De 
Candolle  du  plateau  des  bulbes. 

IV.  Pseudovuies.  —  MM.  Duval- Jouve  ( Monogr .  des  Equis.)  et  Du- 
chartre  [Traité  génér.  de  bot.)  ont  adopté  le  mot  pseudembryon ,  que  j’ai 
proposé  à  la  date  de  dix  ans  (in  Bull.  Soc.  bot.  de  France ,  t.  VI,  p.  213, 
en  note)  pour  le  rudiment  de  la  jeune  plante  des  Cryptogames  vasculaires.  Le 
premier  de  ces  deux  savants  a  substitué  depuis  le  mot  sporophyme  à  celui  de 
proembryon  ou  de  prothallium.  Mais  je  m’étonne  de  voir  partout  désigner 
sous  le  nom  d 'archégones  les  vrais  arcliégones  des  Mousses  et  des  Hépatiques, 
et  les  petits  corps  qui,  chez  les  Cryptogames  vasculaires  se  montrant  sur  le 
sporophyme,  ont  reçu  de  M.  Leszczyc-Suminskv  le  nom  d 'ovules  et  méritent 

(1)  Adopté  par  quelques  botanistes  avec  cette  signification,  rejeté  par  d’autres  et  en 
particulier  par  les  Allemands,  le  mot  collet  est  préférable  à  celui  d ’acce  hypocolylé  (proposé 
par  M.  Thilo  Irmisch),  qui  a  le  double  désavantage  d’être  composé  et  de  pouvoir  s’appli¬ 
quer  à  tout  l’axe  sous-cotylédonaire,  c’est-à-dire  à  l’ensemble  du  collet  et  du  pivot.  Le 
nom  de  mésophyte  vaudrait  assurément  mieux  qu’axe  hypocotylé,  si  M.  Germain  de 
Saint-Pierre  ne  l’avait  appliqué  récemment  à  cette  tranche  horizontale  de  la  tige  qui 
porte  les  cotylédons,  tranche  qui  fait  essentiellement  partie  de  la  tige,  dont  les  cotylédons 
sont  les  premières  feuilles. 


99 


SÉANCE  DU  *23  JUIN  1871. 


celui  de  pseudovules  :  car  s’il  y  a  parité  entre  eux  et  les  archégones,  il  n’y  pas 
identité,  les  archégones  ayant  une  organisation  plus  compliquée  analogue  à 
celle  des  pistils  et  produisant  de  nombreuses  spores,  tandis  que  les  pscudo- 
vules  restent  à  un  état  extrême  de  simplicité  et  donnent  naissance  à  un  seul 
corps  celluleux  qui  devient  le  pseudembryon.  Les  auteurs  s’accordent  à  sépa¬ 
rer  les  deux  groupes  de  plantes  qui  les  produisent.  M.  J. -G.  Agardh,  en 
particulier,  en  fait  deux  des  quatre  régions  qu’il  admet  dans  le  règne  végétal 
sous  les  noms  d 'Anthogamœ,  pour  les  Muscinées,  et  de  Thallogamœ ,  pour  les 
Acotylédones  semi-vasculaires  ( Theor .  syst.  plant.  393).  N’y  a-t-il  pas  là  un 
nouvel  argument  en  faveur  de  la  distinction  proposée  par  moi  en  1859  des 
archégones  et  des  pseudovules? 


Y.  Variété  et  anomalie.  —  Dans  son  excellent  traité  de  Tératologie 
végétale,  b..  Moquin- Tandon  a  compris  les  variétés  sous  le  titre  d’anomalies 
légères,  les  divisant  en  quatre  groupes  d’après  la  coloration ,  la  villosi té  (dimi¬ 
nution,  disparition,  augmentation),  la  consistance  et  la  taille. 

Ayant  cherché,  dans  un  travail  spécial,  encore  en  voie  de  publication,  5 
envisager  les  monstruosités  des  plantes  dans  leurs  rapports  avec  les  divers 
degrés  de  la  classification,  j’ai  été  conduit  à  cette  conclusion  que  les  variétés, 
en  tant  que  représentant  des  sous-degrés  des  espèces,  ne  doivent  pas  figurer 
dans  le  cadre  tératologique.  Ce  n’est  pas  que  la  limite  entre  elles  et  les  ano¬ 
malies  soit  toujours  parfaitement  tranchée;  mais  le  règne  organique  n’est-il 
pas  le  règne  des  transitions  et  des  nuances?  J’espère  prouver  que,  dans  la 
très-grande  majorité  des  cas,  variétés  et  anomalies  représentent  des  étals 
d’un  ordre  tout  différent.  Je  suivrai  la  quadruple  division  établie  par  Moquin, 
en  y  ajoutant  quelques  considérations  sur  l’apparition  ou  la  perte  des  rayons 
chez  les  Composées. 

1°  Coloration.  —  La  diminution  de  coloration  dénote  souvent  faiblesse  ou 
maladie,  et  alors  elle  disparaît  avec  les  causes  qui  l’ont  déterminée  ;  le  chan¬ 
gement  de  couleur  est  parfois  l’effet  de  la  station,  d’un  abaissement  de  la 
température  et  de  la  nature  du  sol.  Qu’une  Campanule,  une  Digitale,  un 
Erythrœa  Centaurium ,  un  Galactites ,  se  montrent  avec  des  fleurs  blanches, 
je  ne  saurais  y  voir  un  cas  tératologique,  et  j’en  dirai  autant  de  l’Aubépine 
passant  du  blanc  au  rouge,  des  racines  de  Betteraves  empruntant  successive¬ 
ment  leur  coloration  au  blanc,  au  jaune  et  au  rouge. 

Mais  si  la  couleur  entre  dans  le  caractère  de  l’espèce,  comme  c’est  le  cas 
du  Lamium purpureum ,  faudra-t-il  qualifier  d’anomalie  le  fait  (observé  par 
M.  Godron)  du  remplacement  de  la  couleur  pourpre  par  la  couleur  blanche? 
J’inclinerais  à  l’admettre.  Et  il  en  est  peut-être  ainsi  de  VAntirrhinurn  Oron - 
tium,  appelé  en  France  Muflier  rubicond.  Cultivé  pendant  plusieurs  aimées 
dans  l’école  de  botanique  de  Toulouse  sous  l’ombrage  d’un  Pauloivnia ,  il  por¬ 
tait  toujours  des  fleurs  blanchâtres.  Les  graines  de  celles-ci  ont  donné  celte 
année  des  individus  semblables,  bien  qu’exposés  au  soleil. 


100 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


2°  Villosité.  —  On  sait  combien  le  caractère  de  pilosisme  ou  de  glabrisme 
est  dépendant  des  circonstances  extérieures;  on  sait  qu’il  peut  offrir  de  nom¬ 
breux  degrés  entre  l’état  normal  et  l’exagération  du  phénomène  ;  dans  ce 
dernier  cas  même,  il  n’appartient  pas  à  la  tératologie,  mais  bien  à  la  phylo- 
graphie,  qui  y  voit,  selon  le  point  de  vue  auquel  se  place  le  botaniste  descrip¬ 
teur,  ou  une  variété,  ou  une  race,  ou  une  espèce  :  tels  le  Plantago  lanata 
Ilost,  Y  Hieracium  'prostratum  DC. 

La  monstruosité  n’apparaît  que  lorsqu’un  organe  limité  est  exceptionnelle¬ 
ment  atteint  soit  de  villosité,  soit  de  glabrisme,  comme  c’a  été  le  cas  pour  les 
étamines  d’un  Salix  triandra  qui  s’étaient  accidentellement  couvertes  de  poils. 

3°  Consistance.  —  Que  la  lige  et  les  feuilles  deviennent  plus  charnues  au 
voisinage  de  la  mer  ou  sous  l’influence  d’arrosements  abondants,  plus  sèches 
sur  les  montagnes  et  dans  un  sol  aride,  c’est  une  modification  que  l’on  pour¬ 
rait  prévoir  à  priori  et  qui  rentre  dans  le  groupe  des  variations  ou  des  varié¬ 
tés.  Mais  la  tératologie  pourra  réclamer  ses  droits  si,  comme  on  l’a  vu,  une 
corolle  et  les  organes  sexuels  du  Vicia  Craccci  deviennent  charnus,  si  les  fleurs 
d’une  Rave  prennent  la  consistance  cartilagineuse,  si  une  capsule  remplace  la 
baie  de  Raisin. 

4°  Taille.  —  Serait-on  plus  fondé  à  voir  de  vraies  anomalies  dans  les  réduc¬ 
tions  ou  exagérations  dans  la  taille  des  plantes  ?  Quel  botaniste  n’a  observé 
tous  les  degrés  entre  le  Coquelicot  aussi  élevé  que  les  Blés  qu’il  infeste  et  la 
forme,  lilliputienne  de  la  même  espèce,  et  cependant  la  notion  que  tous  ces 
individus  appartiennent  à  un  même  type  spécifique  n’est  pas  mise  en  doute. 
Mais  supposons  qu’un  changement  de  taille  en  plus  ou  en  moins  rende  l’espèce 
méconnaissable,  comme  il  en  a  été  du  Plantago  minima  DC-,  rapporté  au 
P.  major  par  Moquin-Tandon,  au  P.  intermedia  par  MM.  Grenier  et  Go- 
dron  ;  je  suis  disposé,  par  le  fait  même  de  cette  indécision,  à  voir  une  ano¬ 
malie  dans  cet  écart  considérable  d’un  type  spécifique. 

5°  Doit-on  rapporter  au  cadre  tératologique  la  perle  ou  l’apparition  acciden¬ 
telle  des' rayons  chez  les  Composées? 

J’ai  déjà  étudié,  dans  une  précédente  communication,  la  valeur  de  ce 
caractère  au  point  de  vue  taxinomique  (voyez  ce  recueil,  t.  XVIII,  pp.  182- 
189). 


Je  n’hésiterai  pas  à  voir  des  anomalies  :  1°  dans  le  Linosyris  vulgaris  radié, 
car  le  fait,  à  ma  connaissance,  n’a  été  signalé  qu’une  fois;  2°  dans  les  cas 
exceptionnels  où  l’on  pourrait  constater  la  perte  des  rayons  par  des  Radiées, 
où  ce  phénomène  n’a  pas  encore  peut-être  été  consigné  dans  les  annales  de  la 
science  (. Rudbeckia ,  Coreopsis ,  Actinomeris ,  Cosmos ,  etc.).  Mais,  en  vertu 
de  ce  principe  que  la  monstruosité  est  oujours  un  fait  accidentel,  j’admettrai 
comme  variétés  le  Leucanthemum  vulgare  discoideum,  Y  Anthémis  aurea 
(variété  de  l’yl.  nobilis  qui  s’est  fixée),  le Senecio  Jacobœa  ebadiatüs  ou 
DISCOIDEUS. 


SÉANCE  DU  J/l  JUILLET  1871. 


101 


M.  Maxime  Cornu  annonce  à  la  Société  la  découverte  de  quelques 
Algues  d’eau  douce  intéressantes.  Il  a  trouvé  récemment  : 

1°  Le  Rynchonema  rostratum  Hass.  (que  ni  Kuetzing  ni  Rabenhorst  n’ont 
vu  et  qui  n’avait  pas  été  retrouvé  depuis  Hassal),  aux  environs  de  Romoran- 
tin  (Loir-et-Cher),  dans  un  fossé  où  il  était  très-abondant.  Il  est  très-recon¬ 
naissable  par  sa  taille  et  ses  nombreuses  bandes  de  chlorophylle. 

2°  Le  Sphœroplea  annulina,  qui  formait  des  pulvinules  d’un  rouge  vif  dans 
les  mares  situées  entre  les  deux  lignes  de  chemin  de  fer,  à  la  station  de  Juvisy 
(Seine-et-Oise).  Aux  environs  de  Romoranlin,  il  formait  sur  la  terre  sèche 
une  sorte  de  tapis  rouge. 

3°  L’ Hydrodictyon  utriculatum ,  aux  environs  de  Romorantin.  Cette  Algue 
paraît  être  peu  commune  dans  le  centre  de  la  France.  M.  le  docteur  Ripai  t 
(de  Bourges),  malgré  ses  actives  recherches,  ne  l’a  rencontrée  qu’une  seule 
fois. 

M.  Cosson  entretient  la  Société  de  l’important  voyage  exécuté  au 
Maroc  par  MM.  J.-D.  Hooker  et  J.  Bail,  qui  ont  exploré  les  hautes 
sommités  de  l’Atlas,  aux  environs  de  la  ville  de  Maroc. 

Ce  voyage,  dit  M.  Cosson,  ne  peut  manquer  de  fournir  de  précieux  docu¬ 
ments  sur  une  flore  presque  inconnue.  Le  regrettable  Webb  n’avait  abordé 
les  montagnes  du  Maroc  qu’aux  environs  de  Tétuan,  et  M.  Balansa,  qui  s’était 
proposé  d’explorer  les  hautes  régions  de  l’Atlas,  n’avait  pas  pu  dépasser 
J 800  mètres,  à  cause  des  mauvaises  dispositions  des  indigènes,  qui  l’avaient 
forcé  de  renoncer  à  sa  périlleuse  entreprise.  Les  nouvelles  reçues  de  MM.  Hoo¬ 
ker  et  J.  Bail  font  espérer  que  leur  voyage  sera  continué  avec  autant  de  bon¬ 
heur  qu’ils  l’ont  commencé,  grâce  à  la  liante  protection  du  gouvernement 
anglais. 


SÉANCE  DU  1  h  JUILLET  1871. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  AD.  BüONGNI AiiT ,  VICE-PRÉSIDENT. 


M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la 
?éance  du  23  juin,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

M.  le  Président  annonce  quatre  nouvelles  présentations. 

M.  Augustin  Delondre  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 


102 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE, 


NOTES  DE  BOTANIQUE  ET  D’ACCLIMATATION  VÉGÉTALE,  par  M.  A.  DELON DRE. 

I.  Des  progrès  récenls  des  plantations  de  Cinchonu  dans 

les  Indes  britanniques. 

Divers  rapports  antérieurs,  insérés  dans  les  publications  de  la  Société  d’ac¬ 
climatation  à  la  suite  de  l’Exposition  universelle  de  1867,  nous  ont  permis,  en 
collaboration  avec  notre  collègue  M.  J.-L.  Soubeiran,  de  retracer  les  premières 
phases  de  l’introduction  de  la  culture  des  Cinchona  dans  les  Indes  britanni¬ 
ques  jusqu’au  mois  d’avril  1866,  et  même  un  peu  au  delà,  par  suite  de  la 
communication  de  documents  encore  inédits  à  cette  époque.  M.  Cl.  -R.  Mark- 
ham,  secrétaire  de  la  Société  Royale  de  géographie  de  la  Grande-Bretagne, 
qui,  dès  l’origine,  avait  vivement  contribué  aux  bons  résultats  obtenus  et  qui 
n’a  cessé  d’y  apporter  un  concours  vraiment  utile,  a  bien  voulu,  avec  son 
amabilité  ordinaire,  se  mettre  à  notre  disposition  et  nous  procurer  les  docu¬ 
ments  nécessaires  pour  vous  entretenir  des  nouveaux  progrès  obtenus  depuis 
cette  époque. 

Si  sa  profonde  expérience  de  la  langue  (1),  des  mœurs  des  habitants,  des 
produits  naturels  du  sol,  de  la  constitution  du  sol  même  (2)  et  du  climat  des 
pays  d’où  les  Cinchona  sont  originaires,  son  plan  de  récolte  des  graines  des 
divers  Cinchona ,  ainsi  que  l’expédition  qui  s’en  est  suivie,  dans  laquelle  il  a 
recueilli  lui-même  sur  certains  points  une  quantité  de  graines  et  de  plants  de 
Cinchona  pendant  que  ses  collaborateurs  en  recueillaient  sur  d’autres  points, 
ont  déterminé  assurément  le  succès  de  l’entreprise,  M.  Cl. -R.  Markham  n’a 
pas  cru,  ainsi  que  nous  l’avons  déjà  observé  ailleurs,  que  sa  tâche  fût  ainsi 
terminée.  Il  a  contribué  par  ses  conseils  à  la  bonne  installation  des  plantations 
dans  les  Indes,  en  les  visitant  sans  cesse  non-seulement  à  l’origine,  mais  encore 
actuellement  (3),  et  se  rendant  compte  si  les  Cinchona  lui  paraissaient  installés 
dans  les  mêmes  conditions  que  dans  leur  patrie  originaire  :  il  a,  de  plus,  eu  soin 
de  se  tenir  au  courant  des  documents  les  plus  importants  publiés  dans  les  divers 
pays  sur  les  Cinchona ,  et  de  mettre  ces  documents  mêmes  à  la  disposition  des 


(1)  La  langue  quichua ,  qui  a  été  de  la  part  de  M.  Markham  l’objet  de  publications 
bien  connues  des  linguistes. 

(2)  Nous  rappellerons  ici  que  les  mœurs  des  habitants  et  les  produits  du  sol  dont  les 
Cinchona  sont  originaires,  ont  été  pris  par  M.  Markham  pour  sujets  de  deux  ou¬ 
vrages  relatant  les  voyages  qu’il  a  faits  dans  ces  pays.  Ces  ouvrages  sont  le  Cuzco  and 
Lima  et  le  Travels  in  Pcru  and  in  India.  Ce  dernier,  qui  est  un  récit  de  l’expédition  de 
M.  Markham  et  de  ses  collaborateurs  à  la  recherche  des  graines  et  des  plants  de 
Cinchona ,  et  de  leur  introduction  dans  les  Indes  britanniques,  contient  notamment  des 
renseignements  aussi  nombreux  qu’intéressants  sur  la  végétation  du  Pérou  et  des  pays 
voisins,  aussi  bien  que  sur  celles  des  Indes  britanniques. 

(3)  M.  Markham  a  notamment  vjgjté,  en  4866,  le  district  de  Wynaad,  si  riche  en 
‘  plantations  de  café. 


SÉANCE  DU  J  II  JUILLET  187]  . 


103 


surintendants  des  plantations  gouvernementales  de  Cinchona  et  meme  des  di¬ 
recteurs  des  plantations  particulières,  ou  d’en  faire  des  extraits  ou  des  traduc¬ 
tions  pour  les  mettre  à  leur  portée,  afin  de  leur  faciliter  leur  tâche.  En  dehors 
des  ouvrages  classiques  sur  la  matière,  tels  que  ceux  de  MM.  il. -A.  Weddell, 
J.-E.  Howard  (1),  Karsten,  Phœbus,  J.  -E.  de  Vrij,  Otto  Berg,  Yogi,  etc. ,  bien 
connus,  nous  mentionnerons,  parmi  les  opuscules  et  traductions  publiés  pour  les 
directeurs  de  plantations,  les  Notes  on  tlie  Cinchona  trees  of  Huanucco ,  extrait 
du  t.  II,  pp.  217-23  etpp.  257-64,  de  l’ouvrage  deL.  Pœppig,  intitulé  :  Reise 
in  P  cru  ivœhrend  der  Jahre  1827-32  ;  The  Cinchona  species  of  New-Gra- 
nada,  extrait  publié  en  1867  des  travaux  de  Mutis  et  de  Karsten  sur  les  Cin¬ 
chona  de  la  Nouvelle-Grenade,  et  les  Notes  on  the  Quinquinas ,  publiées 
en  1871,  qui  sont  une  traduction  du  travail  de  notre  collègue  M.  Weddell 
inséré  dans  les  Annales  des  sciences  naturelles ,  5e  série,  tt.  XI  et  XII. 

Les  efforts  faits  par  M.  Markham  et  par  les  divers  surintendants  des 
plantations  des  Indes  britanniques,  par  MM.  W.-G.  Ivor,  le  docteur  Ander¬ 
son,  le  docteur  Thwaites,  etc.,  etc.,  aidés  des  conseils  si  utiles  de  divers 
savants,  et  notamment  de  M.  le  docteur  J.-D.  ïïooker,  de  M.  Howard,  ont 
continué  à  porter  des  fruits  sérieux,  et  les  résultats  obtenus  depuis  notre 
rapport  antérieur,  ainsi  que  le  constatent  les  documents  existants  entre  nos 
mains  et  dont  nous  donnons  ci-dessous  un  extrait  succinct,  permettent  de 
considérer  l’acclimatation  des  Cinchona  dans  les  Indes  britanniques  comme 
un  fait  incontestablement  acquis,  et  la  culture  de  ces  végétaux  si  utiles  comme 
prenant  dans  ce  pays  un  développement  de  plus  en  plus  considérable,  sans  que 
le  changement  de  pays  nuise  aucunement  à  la  qualité  de  V écorce.  Ainsi  se 
trouve  réalisé,  au  prolit  de  l’Angleterre,  le  rêve  qu’avaient  fait  La  Condamine 
et  plus  tard  A.  Delondre  père,  et  que  notre  collègue  M.  Weddell  avait  presque 
entièrement  réalisé. 

Un  herbier  qui  provient  des  plantations  des  Neilgherries  et  qui  nous  a  été 
envoyé  par  M.  Mac  Ivor  avec  les  écorces  récoltées,  constitue  une  preuve 
palpable  du  bon  état  des  plantations,  et  nous  permet  de  mettre  sous  les 
yeux  de  la  Société  botanique  les  feuilles,  les  fleurs  et  les  fruits  d’une  partie  des 
espèces  de  Cinchona  de  ces  plantations.  Un  travail  chimique  que  nous  proje¬ 
tons  depuis  longtemps  et  que  diverses  circonstances  indépendantes  de  notre 
volonté  nous  ont  seules  empêché  d’exécuter,  nous  permettra  de  confirmer  les 
résultats  obtenus  par  MM.  Howard,  de  Vrij  et  Broughton. 

Quelques  nombres  puisés  dans  les  rapports  officiels  feront  aisément  com¬ 
prendre  les  progrès  récents  obtenus. 

D’après  le  rapport  officiel,  publié  le  31  décembre  1866  par  M.  Mac 

(1)  Il  est  à  peine  besoin  de  rappeler  ici  que  M.  Howard  a  publié  sur  la  quinologie 
des  plantations  des  Indes  britanniques  un  magnifique  travail  bien  connu  des  quinolo- 
gistes  et  dont  un  exemplaire  se  trouve,  grâce  à  la  libéralité  de  notre  collègue,  dans  la 
bibliothèque  de  notre  Société. 


IDA 


SOCIETE  BOTANIQUE  LE  FRANCE. 


Ivor,  il  existait,  tant  dans  les  pépinières  d'Ootacamund  que  dans  les  plantations 
de  Dodabetta,  de  Neddiwatlum,  de  Pvcara,  de  Malakoondah,  situées  dans  les 
Neilgherries,  un  total  de  1  783  303  plants  de  Cinchona ,  dont  83A  545 -appar¬ 
tenaient  au  C.  succirubra  et  787  903  au  C.  officinalis  var.  (3  Condaminea. 

D’après  le  rapport  annuel  de  M.  AY.-G.  Mac  Ivor  pour  1866-67,  le  nombre 
des  plants  s’était  élevé  à  2  026  0/jô.  Le  rapport  pour  1867-68  donnait  le 
chiffre  de  2  353  370  ;  les  rapports  de  1868  et  1869  mentionnaient  de  nou¬ 
veaux  accroissements  dans  le  nombre  des  plants  de  Cinchona ,  qui  le  31  jan¬ 
vier  1870  était  de  2  595  176,  dont  1  215963  C.  succirubra  et  1 185159 
C.  officinalis  var.  Condaminea.  En  outre,  178  605  plants  de  diverses  espèces 
de  Cinchona  avaient  été  distribués  à  diverses  personnes,  ainsi  que  295  onces 
de  graines  (1). 

Les  Cinchona  installés  dans  les  plantations  prennent  d’année  en  année  un 
développement  de  plus  en  plus  grand,  tant  en  hauteur  qu’en  largeur,  ainsi 
que  le  constatent  les  rapports  officiels.  Quelques-uns  atteignent  25  pieds  anglais 
de  hauteur  (env.  7m,60). 

Tout  en  s’occupant  du  développement  et  de  la  bonne  installation  des  plan¬ 
tations,  M.  Mac  Ivor,  pour  éclairer  sa  marche,  a  continué  des  essais  compara¬ 
tifs  sur  la  culture  à  l’ombre  des  arbres  vivants  et  la  culture  en  pleine  exposition  à 
l’action  de  l’air  et  de  la  lumière  sans  aucun  abri  protecteur,  sur  le  moussage  (2) , 
sur  la  formation  des  alcaloïdes  dans  l’écorce.  D’après  les  observations  de  M.  Mac 
Ivor,  les  feuilles  paraîtraient  jouer  un  rôle  important  dans  la  formation  des  alca¬ 
loïdes  :  elles  ne  devraient  donc  pas  être  enlevées  de  l’arbre  sans  nécessité. 

La  méthode  de  culture  à  laquelle  les  essais  de  M.  Mac  Ivor  l’ont  conduit, 
se  trouve  résumée  dans  un  véritable  manuel  pratique  de  culture  des  Cinchona , 
qu’il  a  publié  sous  le  titre  de  Notes  on  the  propagation  and  cultivation  of 
médicinal  Cinchona. 

La  qualité  des  écorces  fournies  par  les  Cinchona  des  Indes  britanniques 
avait  du  reste  été  constatée  par  comparaison  avec  les  écorces  des  Cinchona 


(t)  La  France  a  eu  sa  part  dans  cette  distribution  de  graines  :  plusieurs  personnes  ont 
fait  en  France  et  dans  nos  colonies  divers  essais  avec  ces  graines.  C’est  notamment  avec 
des  graines  envoyées  par  M.  Mac  Ivor  que  M.  Aug.  Rivière  a  pu  faire,  dans  les  serres 
du  jardin  du  Luxembourg,  à  Paris,  ses  expériences  si  intéressantes  sur  la  germination 
des  Cinchona  et  sur  la  prolongation  de  la  faculté  germinatrice  de  leurs  graines  pendant 
plus  de  trois  ans.  Les  résultats  de  ces  expériences  sont  consignés  dans  différentes  notes 
publiées  par  M.  Rivière  dans  le  Bulletin  de  la  Société  d’acclimatation.  M.  Rivière  a  de 
plus  utilisé  les  plants  obtenus,  pour  effectuer  des  essais  d’acclimatation  des  Cinchona  en 
Algérie,  qu’il  continue  encore  en  ce  moment.  Malgré  les  événements  qui  ont  attristé 
Paris  depuis  plusieurs  mois,  les  serres  du  Luxembourg,  bien  que  le  palais  et  le  jardin 
aient  été  exposés  à  deux  bombardements  successifs  assez  prolongés,  contiennent  encore, 
grâce  aux  soins  de  M.  Rivière,  un  millier  de  pieds  de  Cinchona.  Ce  fait  prouverait  la 
rusticité,  relative  du  moins,  de  certaines  espèces. 

(2)  Procédé  qui  consiste  à  couvrir  de  mousse  bien  verte  et  exemple  de  Lichens  les 
troncs  ou  branches  des  arbres  décortiques  à  la  façon  du  Chênï-Liége,  afin  de  favoriser 
la  reproduction  de  Fécorce. 


SÉANCE  DU  14  JUILLET  J  871. 


105 


d’Amérique,  tant  au  point  de  vue  chimique  (1)  par  les  analyses  de  MM.  IIo  - 
ward  et  de  Vrij,  d’une  compétence  assurément  incontestable,  et  par  celle 
de  M.  Broughton,  élève  de  M.  le  professeur  Frankland,  attaché  aux  plantations 
des  Neilgherries  comme  chimiste  pour  apporter  à  M.  Mac  Ivor  l’aide  de  ses 
connaissances  spéciales,  qu’au  point  de  vue  médical  par  les  résultats  des  inves¬ 
tigations  des  commissions  médicales  nommées  à  cet  effet. 

Nous  nous  abstiendrons  d’entrer  dans  le  détail  des  résultats  obtenus  tant 
par  la  chimie  que  par  la  médecine,  soit  sur  la  valeur  relative  des  divers  alca¬ 
loïdes,  soit  sur  la  valeur  des  diverses  écorces  de  l’Amérique  et  des  Indes  bri¬ 
tanniques.  Nous  constaterons  seulement  que  les  expériences  ont  donné  des 
résultats  tout  à  fait  favorables,  non-seulement  pour  les  écorces  fournies  par  les 
Cinchona  des  diverses  plantations  des  Neilgherries,  mais  aussi  pour  celles  pro¬ 
venant  des  Cinchona  des  diverses  autres  plantations  de  la  présidence  de  Madras, 
ainsi  que  des  autres  parties  des  Indes  britanniques,  et  notamment  de  celles  de 
la  présidence  du  Bengale. 

En  ce  qui  concerne  la  présidence  de  Madras,  les  plantations  des  Neilgher¬ 
ries  sont  assurément  les  seules  qui  aient  été  organisées  sur  une  échelle  consi¬ 
dérable  ;  mais,  sur  d’autres  points  de  cette  présidence,  il  a  été  fait  quelques 
essais  qui  ont  été  loin  de  donner  des  résultats  défavorables. 

Nous  mentionnerons  notamment  les  essais  faits  à  Vytry,  dans  les  monts 
Cutcherry,  compris  dans  le  district  de  Wyiiaail,  qui  ont  porté  sur  des 
C.  succirubra;  ceux  faits  à  Peermade,  dans  le  district  de  Travancore,  qui  ont 
donné  de  très-bons  résultats;  ceux  faits  à  Paupanassum,  à  Chinna-Kuluratli, 
et  h  Paria-Kuluratli,  dans  le  district  de  Tinnevelly,  dont  le  gouvernement 
britannique  a  décidé  la  continuation  sur  une  plus  grande  échelle. 

D’autres  essais  ont  été  faits  avec  assez  de  succès  dans  les  monts  Shervaroy, 
faisant  partie  du  district  de  Salem,  dans  les  monts  Pulnev  et  dans  d’autres 
localités  de  la  province  de  Madras.  Tous  ces  essais  ont  été  faits  sous  la  direc¬ 
tion  du  gouvernement. 

La  culture  des  Cinchona  par  les  particuliers,  qui  avait  pris  un  certain 
essor  dans  le  district  meme  ou  les  environs  du  district  où  se  trouvent  les  pépi¬ 
nières  et  les  plantations,  paraissait  malheureusement  subir  un  temps  d’arrêt, 
du  moins  d’après  le  rapport  de  M.  Mac  Ivor  pour  1868-69  :  toutefois  de 
nouvelles  graines  avaient  été  distribuées  dans  le  district  et  dans  l’Himalaya, 


(1)  Pour  donner  une  idée  des  services  que  la  chimie  rend  ici  à  l’entreprise,  nous 
énumérerons  quelques-unes  desquestions  examinées  expérimentalement  par  M.  Broughton, 
déjà  presque  résolues  par  lui  et  traitées  dans  son  rapport  daté  du  9  décembre  1869,1e  der¬ 
nier  qui  nous  soit  parvenu  :  1°  mode  de  dessiccation  des  écorces;  2°  influence  des  sai¬ 
sons  ;  2°  conditions  dont  dépend  la  teneur  en  quinine  des  écorces  de  Cinchona  ;  4°  forme 
sous  laquelle  les  alcaloïdes  se  trouvent  dans  la  plante  vivante. 

L’emploi  de  la  plante  fraîche  paraît,  d’après  les  expériences  de  M.  Broughton,  présen¬ 
ter,  au  point  de  vue  chimique,  des  avantages  sur  celui  delà  plante  sèche  :  les  alcaloïdes 
sont  extraits  avec  plus  de  facilité  lorsque  la  plante  est  fraîche.  , 


106 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


et  les  rapports  fournis  sur  ces  essais  étaient  favorables.  Les  plantations  de 
M.  Money,  de  M.  le  colonel  Morgan,  de  M.  James  Morgan,  de  M.  le  docteur 
Col  vin  Smith,  de  M.  le  capitaine  Jennings,  de  M.  R. -F.  Phillips  et  de  M.  le 
colonel  Fyers,  ont  été  maintenues  jusqu’ici.  Nous  croyons  devoir  faire  observer 
que  le  temps  d’arrêt  que  nous  venons  de  signaler  ne  s’applique  pas  seulement 
aux  Cinchona  :  le  même  fait  a  pu  être  constaté  sur  les  autres  cultures  du  district. 

Les  plantations  de  Cinchona  de  la  présidence  du  Bengale  continuent  à  pros¬ 
pérer  également,  ainsi  que  le  constatent  les  rapports  annuels  de  M.  le  doc¬ 
teur  Anderson  et  de  M.  C.-B.  Clarke,  insérés  dans  le  troisième  Blue  Book. 

Le  31  mars  1870,  les  pépinières  et  les  plantations  du  gouvernement  à 
Darjeeling,  à  Rungbee,  à  Rishap,  où  le  C.  Calisaya  paraît  prendre  un  bon 
développement,  et  dans  les  localités  voisines,  ne  contenaient  pas  moins  de 
2  262  210  plants  de  Cinchona ,  dont  1  500  758  avaient  déjà  été  installés  à  leur 
place  définitive  dans  les  plantations. 

Dans  la  présidence  du  Bengale,  la  culture  des  Cinchona  paraît  prendre  une 
assez  grande  extension,  et  M.  le  docteur  Anderson  n’évalue  pas,  au  31  mars 
1868,  à  moins  de  600  000  les  plants  que  possèdent  les  divers  particuliers  et 
diverses  associations  privées,  notamment  M.  le  major  Fitzgerald,  la  Darjeeling 
Cinchona  Association ,  la  Darjeeling  tea  Company,  la  Tukvar  tea  Company , 
la  Selim  tea  Association ,  etc.,  etc. 

Au  31  mars  1869,  d’après  le  rapport  de  M.  Clarke,  les  plantations 
privées  du  Bengale  contenaient  795518  plantsde  Cinchona.  Nous  signalerons 
d’abord  celles  de  M.  Lloyd  et  de  M.  le  colonel  Angus,  appartenant  à  la  Dar¬ 
jeeling  Cinchona  Association . 

La  Darjeeling  Cinchona  Association,  celle  qui  s’occupait  de  la  culture  des 
Cinchona  sur  la  plus  grande  échelle,  possédait  671518  Cinchona ,  dont 
652  506  étaient  des  C.  succirubra  :  ses  plantations  occupent  la  partie  nord 
de  la  vallée  Rungbee. 

L’exploitation  de  la  Tukvar  tea  Company  contenait  75  000  plants  de  Cin¬ 
chona ,  dont  20  000  étaient  installés  définitivement  dans  les  plantations. 

La  Darjeeling  tea  Company  avait  à  sa  disposition  30  000  pieds  de  Cinchona 
sur  la  Tukvar  tea  Company ,  et  il  existait  19  000  Cinchona  dans  d’autres  plan¬ 
tations  voisines  du  Darjeeling. 

D’après  le  rapport  de  M.  Clarke  du  31  mars  1870,  les  plantations  de 
la  Darjeeling  Cinchona  Association  contiendraient  500  acres  plantés  en 
C.  succirubra  :  elles  ont  déjà  fourni  des  écorces  au  marché  de  Londres;  ces 
écorces  provenaient  d’arbres  âgés  de  trois  ans. 

Il  paraît,  du  reste,  s’organiser  de  nouveaux  essais  tant  sous  les  auspices  du 
gouvernement  qu’aux  frais  des  particuliers,  tels  que  ceux  de  M.  le  docteur 
Jameson,  à  Sabarunpore,  de  M.  le  colonel  Strutt,  dans  la  vallée  de  Kan- 
gra,  etc.,  etc.,  auxquels  les  pépinières  de  Darjeeling  avaient  fourni  des  plants. 
Mentionnons  encore  les  essais  qui  paraissent  s’effectuer  à  Chittagong. 


SÉANCE  DE  JA  JUILLET  187  J  . 


107 


Nous  rappellerons  que  le  gouvernement  britannique  avait  fait  établir  A 
Nunklow,  dans  les  monts  Khasia,  une  pépinière  pour  fournir  des  plants  aux 
habitants  de  l’Assam  et  du  Cachar  qui  voudraient  s’occuper  de  la  culture  des 
Cinchona.  Le  31  mars  1869,  il  s’y  trouvait  18  975  plants  de  Cinchona. 
M.  Clarke,  dans  son  rapport  pour  1869-70,  conseillait  du  reste  de  la  suppri¬ 
mer,  observant  qu’il  était  possible  d’arriver  au  même  but  en  transmettant  des 
graines  de  Darjeeling. 

Les  essais  de  culture  faits  dans  le  Burmah  britannique,  dans  la  plantation 
de  Plumadoe,  au  sud  du  village  de  ce  nom,  le  long  de  la  rive  septentrionale 
d’un  cours  d’eau  nommé  Zalorlah  Choung  et  dans  une  autre  plantation  plus 
élevée  de  100  pieds  au  sud  de  Zalorlah,  sous  la  direction  de  M.  le  capitaine 
Seaton,  paraissent  promettre  de  bons  résultats  :  toutefois  ce  ne  sont  que  des 
essais. 

Les  plantations  des  Neilgherries,  de  Cevlan  et  celles  du  gouvernement  néer¬ 
landais  à  Java,  ont  pratiqué,  avec  les  plantations  du  Bengale,  de  nombreux 
échanges  de  bons  procédés  qui  ont  permis  à  ces  dernières  d’acquérir  certaines 
espèces  qu’elles  n’avaient  pas  encore.  M.  Van  Gorkom,  directeur  des  planta¬ 
tions  de  Java,  a  notamment  fait  parvenir  au  surintendant  des  plantations  du 
Bengale  des  graines  de  C.  Calisaya.  Les  plantations  des  Neilgherries  ont  fourni 
aux  plantations  du  Bengale  deux  nouvelles  espèces,  dont  l’une  est  le  C.  Pitayo 
et  dont  l’autre  est  provisoirement  dénommée  C.  mirabilis. 

Lecture  est  donnée  de  la  communication  suivante,  adressée  à  la 
Société  : 

NOTE  SUR  DEUX  HYMÉNOMYCÈTES  DESTRUCTEURS  DES  BOIS  OUVRÉS.  ESSAIS 
DE  PRÉSERVATION,  par  M.  Casimir  ROOIEGIÉBË. 

(Toulouse,  26  juin  1S71.) 

Deux  grandes  administrations,  à  Toulouse,  sont  aujourd’hui  préoccupées 
des  ravages  à  peu  près  irréparables  causés  aux  bois  ouvrés  qu’elles  emploient 
en  grand,  par  deux  Hyménomycètes  d’apparition  récente  dans  le  pays.  Ces 
Champignons  sont  le  Mérule-destructeur  ( Merulius  lacrimans  Fr.,  M.  des - 
truens  Pers. ,  M.  vastator  Tode,  non  A  g.  destruens  de  Brond.)  et  le  Polvpore- 
envahissant  (Polyporus  obducens  Pers. ,  P.  Medulla-panis  DC.  p.  parte), 
qui  se  montrent  en  abondance  sur  les  poteaux  de  sapin  soutenant  les  fds  élec¬ 
triques,  ainsi  que  sur  les  traverses  de  chêne  qui  portent  les  rails  de  fer  sur 
la  voie. 

Le  Mérule-destructeur  n’est  indiqué  ni  par  Gaterau  (Flore  de  ftlontauban, 
1789),  ni  par  Tournon  [Flore  de  Toulouse ,  1811),  ni  par  Laterrade  ( Flore 
bordelaise ,  1829).  Un  seul  Aoriste  méridional,  Saint-Amans  (Flore  agenaise, 


108 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

1821),  le  signale  «  dans  les  lieux  humides,  sur  les  poutres  »,  du  département 
de  Lot-et-Garonne.  De  Candolle  [Flore  française ,  1805),  qui  a  fourni  sa 
phrase  descriptive  à  ce  dernier  auteur,  ne  mentionne  que  l’appareil  de  la  repro¬ 
duction,  le  seul  apparent,  celui  qui,  au  moment  où  il  écrivait,  semblait  d’ail¬ 
leurs  constituer  toute  la  plante.  Les  auteurs  qui  ont  écrit  après  lui  n’ont  pas  fait 
davantage  ;  aucun  ne  signale  l'état  souterrain  du  Mérule  et  les  dégâts  qu’il 
occasionne  à  l’état  byssoïde.  Chevallier  ( Flore  de  Paris ,  1836)  et  Saint-Amans 
décrivent  l’état  hyménoïde,  et  reproduisent  les  mots  de  De  Candolle  relatifs 
à  l’habitat.  Cependant,  dès  1806,  Haberle  ( Origine  du  Mérule ,  texte  alle¬ 
mand)  avait  entrevu  le  système  végétatif  ( mycélium ,  Trattinick,  1805),  d’où 
provient  notre  espèce,  et,  trois  ans  plus  tard,  Palisot  de  Beauvois  (. Journ . 
de  bot.  1813,  p.  13)  avait  indiqué  les  deux  états  particuliers  du  Cham¬ 
pignon. 

La  localité  envahie  depuis  plusieurs  années  (ma  première  observation  re¬ 
monte  au  mois  de  mai  1864  pour  le  Mérule,  et  j’avoue  que  je  ne  reconnus  pas 
la  forme  byssoïde  spécifique  de  la  plante;  il  est  à  supposer  aussi  que  sou  peu 
de  vulgarisation,  à  ce  moment,  ne  causait  pas  de  dommages  appréciables)  est 
située  au  nord  de  Toulouse,  dans  l’espace  compris  entre  la  Garonne  et  le 
canal  latéral,  et  aussi  la  ligne  du  chemin  de  fer  jusqu’au  delà  d’Agen  (1). 

Au  commencement  du  printemps,  le  Mérule  se  montre  ici  à  l’état  d’une 
membrane  déliée,  blanche,  soyeuse,  allongée,  plus  ou  moins  ramifiée  dans 
la  terre  à  une  profondeur  de  80  centimètres  et  dans  un  rayonnement  de 
30  centimètres  autour  du  poteau.  C’est  la  forme  rudimentaire  du  Champignon 
qui  a  dû  persistera  l’état  de  repos  pendant  plusieurs  années  et  qui  ne  s’est 
associé  au  bois,  dans  la  partie  enfouie,  que  dans  ces  derniers  temps.  Utilisant 
les  remarques  de  Haberle  et  l’opinion  de  Palisot,  voici  comment  fl.  Persoon 
( Traité  des  Champignons  comestibles ,  1829)  précise  la  durée  du  mycélium 
du  Mérule  à  l’état  latent.  «  Il  reste  souvent  longtemps  sous  les  planches  ou  les 
bois  dont  il  accélère  la  décomposition,  dans  l’état  d’un  Himantia ,  mais  se 


(1)  Dans  le  trajet  de  la  ligne  électrique  à  travers  le  département  de  la  Haute-Garonne, 
plus  de  200  poteaux  sont  actuellement  attaqués  par  le  Mérule,  au  point  qu’ils  ne  peuvent 
conserver  un  équilibre  assez  résistant  et  vont  être  remplacés.  Un  môme  nombre  est  relevé, 
nous  a-t-on  assuré,  sur  le  parcours  du  département  de  Lot-et-Garonne,  et  une  égale  part 
de  dommages  est  faite  au  département  de  Tarn-et-Garonne.  En  rappelant  que  le  cordon 
électrique  traversant  ces  trois  départements  parallèlement  à  la  voie  de  fer  est  d’un  par¬ 
cours  direct  de  120  kilomètres  et  que  chaque  poteau  est  à  la  distance  de  00  mètres  du 
poleau  le  plus  voisin,  on  doit  être  justement  effrayé  du  développement  rapide  du  Mérule 
dont  le  mycélium  a  littéralement  envahi  le  sol.  Il  est  bon  d’observer  que  tous  ces  poteaux 
dont  l’usage  est  compromis  après  un  an  et  demi  d’implantation  ont  été,  en  vue  d’une 
simple  conservation  et  nullement  pour  éloigner  l’atteinte  du  Mérule  dont  on  ne  soupçon¬ 
nait  pas  l’existence,  injectés  de  sulfate  de  cuivre,  ou  carbonisés  au  feu  et  môme  enduits 
de  brai  gras.  A  mon  avis,  et  les  faits  de  dévastation  récents  le  prouvent,  ces  préparations 
des  bois  enfouis  sont  insuffisantes.  La  carbonisation  demande  non-seulement  des  soins 
particuliers,  mais  encore  un  renouvellement  périodique  pour  la  prolongation  de  la  durée 
du  poteau. 


SÉANCE  DU  i!i  JUILLET  1871. 


109 


développant  ensuite  en  dehors,  il  prend  une  forme  régulière,  s’élargit  beau¬ 
coup  en  occupant  un  grand  espace.  » 

Ma  première  observation  du  développement  hors  de  terre  contre  le  pied  du 
poteau,  sous  forme  de  placenta  successivement  étalé  et  montrant  une  large 
couche  sporulifère,  date  de  l’automne  dernier  seulement.  J’ajoute  que  je  n’ai 
pu  découvrir  les  gouttelettes  humides  dont  parle  Fries,  et  assez  rarement  la 
nuance  foncée  du  réceptacle  résultant  sans  doute  du  degré  complet  de  matu¬ 
rité  du  Champignon.  La  plus  grande  partie  des  réceptacles  développés  conservait 
une  couleur  blanchâtre  passant  au  roux  clair  :  là  encore  on  trouvait  une  grande 
mollesse  au  toucher,  persistant  même  avec  le  temps  sec.  J’ai  pu  remarquer 
que  le  Champignon  stationne  de  préférence  au  pied  de  poteaux  ombragés  par 
la  haie  de  clôture  du  chemin  de  fer.  Il  est  rare  et  même  absent  sur  les  poteaux 
dont  le  pied  est  découvert,  sur  ceux  exposés  au  soleil,  et  notamment  sur  la 
ligne  droite  de  la  voie  ferrée  où  les  poteaux  se  trouvent  en  deçà  de  la  haie. 
Les  poteaux  placés  dans  les  terrains  argileux  ou  constamment  humides  sont 
réfractaires  aux  atteintes  du  Champignon  ;  mais,  dans  les  terrains  rapportés, 
c’est  le  contraire.  Le  poteau  enterré  à  lm,50  subit  l’atteinte  du  Champignon 
au-dessus  de  70  centimètres  environ,  cela  assez  exactement.  Au-dessous  le 
bois  est  sain  ;  la  terre  étant  tassée  et  l’influence  de  l’air  à  peu  près  nulle,  la 
végétation  du  Champignon  est  empêchée.  Les  talus  formés  par  les  terres  reti¬ 
rées  du  lit  du  canal  ou  de  l’assiette  du  chemin  de  fer  subissent  alternativement 
les  conditions  fâcheuses  d’une  humidité  prolongée  pendant  la  saison  des  pluies 
et  d’une  sécheresse  dévorante  pendant  l’été.  Là  est  la  station  préférée  du  Mé- 
rule  et  du  Polypore. 

La  voie  ferrée  de  Toulouse  à  Agen  est  généralement  en  contre-bas  du  talus 
où  a  été  planté  le  poteau  télégraphique,  et,  sur  la  voie  encore,  le  Mérule, 
trouvant  des  conditions  favorables,  s’est  développé  d’une  manière  luxu¬ 
riante.  En  1869,  pour  la  première  fois,  descendant  sans  doute  des  talus,  il 
s’est  montré  au-dessus  des  graviers,  en  expansions  encore  informes  marquant 
la  place  invisible  des  traverses  de  chêne.  (Ces  traverses  sont  renfermées  dans 
le  sol  à  25  centimètres  environ  de  profondeur,  et  le  mycélium  a  presque  tou¬ 
jours  débuté  par  l’occupation  de  l’incision  qui  sert  à  relier  le  rail  à  la  traverse.) 
Là  encore,  à  ce  moment,  les  rails  subissent  des  affaissements  partiels  selon  le 
degré  de  pourriture  de  leur  support.  Sans  pouvoir  l’affirmer,  je  crois  cepen¬ 
dant  que  ces  travaux  n’avaient  reçu  aucune  préparation  pour  leur  conser¬ 
vation. 

Le  mycélium  du  Mérule  est  formé  par  l’association  d’un  grand  nombre  de 
menus  filaments  et  constitue  la  forme  fibreuse.  Si  j’en  juge  par  un  examen 
comparatif  de  plusieurs  types,  il  faudrait  rapporter  ce  mycélium  à  une  pro¬ 
duction  non  autonome,  désignée  sous  le  nom  d 'Hypha  et  à  l’espèce  flabel- 
lata  de  Persoon  (Byssm  speciosa  Humb.)  qui  envahit  les  bois  exposés  à  une 
obscurité  complète. 


ÜO 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FIUNCE. 


Le  Polypore-envahissant,  inconnu  jadis  dans  notre  localité,  fut  observé  par 
moi,  il  y  a  plus  de  dix  ans,  dans  la  même  région  où  il  abonde  aujourd’hui. 
Il  se  montra  d’abord  sur  les  lourdes  barrières  de  bois  de  chêne  qui  bordent 
le  canal  du  Midi  au  boulevard  de  la  Gare  à  Toulouse  (aujourd’hui  il  est 
répandu  sur  les  bois  de  Pin-des-Landes  servant  aux  clôtures  du  chemin  de 
fer  et  sur  les  poteaux  télégraphiques  généralement  au  voisinage  du  Mé- 
rule).  Les  bois  avaient  été  primitivement  peints,  puis  goudronnés  plusieurs 
années  après, et  cependant  le  mycélium  s’était  fait  une  route  dans  les  libres 
intérieures,  à  ce  point  que,  sur  diverses  parties  des  poteaux  placés  horizonta¬ 
lement  et  mesurant  15  centimètres  sur  chacune  des  quatre  faces,  la  pression 
de  la  main  fut  suffisante  pour  déchirer  toute  l’épaisseur  du  bois,  qui  montra 
alors  les  fibres  ligneuses  exactement  occupées  par  les  couches  compactes  du 
mycélium.  Pendant  longtemps  je  fus  embarrassé  pour  déterminer  cette  pro¬ 
duction  stérile.  Certaines  couches  étaient  pulvérulentes,  d’autres  étaient  lisses. 
(Deux  obligeants  correspondants,  qui  m’honorèrent  longtemps  de  leur  amitié, 
inclinaient  pour  voir  le  Telephora  caicea  Pers.  dans  mon  mycélium  :  Tillette 
de  Clermont  et  Desmazières,  qui  étiquetaient  cependant  mes  exemplaires  avec 
un  point  de  doute.)  Ce  fut  l’année  dernière  seulement  que  le  mycélium, 
s’échappant  de  ses  cavités  obscures,  gagna  les  bouts  des  pièces  de  bois  et  vint 
s’étaler  sur  les  surfaces  éclairées  ;  il  montra  enfin  sa  couche  poreuse  caracté¬ 
ristique.  J’ai  pu  graduellement  suivre  le  développement  de  l’hyménium. 
Ainsi  la  couche  de  première  année,  celle  de  1870,  était  fort  mince  et  exacte¬ 
ment  privée  du  contour  bvssoïde,  et,  quoique  colorée  légèrement  en  jaune  à  la 
marge,  elle  rappelait  le  mycélium  floconneux  dont  elle  provenait.  La  couche 
de  deuxième  année,  celle  du  printemps  1871,  était  plus  épaisse,  quoique 
amincie  à  son  bord,  de  forme  suborbiculaire,  un  peu  incrustante,  entièrement 
poreuse,  sauf  sur  l’extrême  bord  régulièrement  nu;  les  pores  étaient  bien 
formés,  petits,  arrondis  et  disposés  en  couches  distinctes. 

Le  mycélium  du  Polyporus  obducens  Pers.  appartient  encore  à  la  forme 
fibreuse  et  mieux  à  la  modification  membraneuse ,  qui  ne  diffère,  on  le  sait, 
de  la  première  que  par  le  resserrement  des  filaments  qui  simulent  un  feutre. 
C’est  une  membrane  floconneuse  plus  longue  que  large,  souvent  papyracée  à 
l’état  sec,  molle  à  l’état  frais,  douce  au  toucher,  constamment  blanche,  ne 
changeant  jamais  de  couleur  et  présentant  sous  les  verres  amplifiants  un  tissu 
épais,  entremêlé.  Les  fragments  détachés  du  bois  étaient  tantôt  aplatis  comme 
est  une  pellicule  (ils  atteignent  alors  8  centimètres  dans  le  sens  le  plus  long) 
et  tantôt  subtriangulaires  ou  même  polyédriques  et  d’une  épaisseur  d’un  tiers 
de  centimètre.  J’ai  été  tenté  de  rapporter  à  cette  production  un  Champignon 
non  autonome,  le  Dematium  giganteum  Chev.  (Pyssus  DC. ,  Xylostroma 
Tode),  que  M.  Tulasne  a  fait  remonter,  avec  doute,  il  est  vrai,  au  Polyporus 
fumosus  (voyez  Sèl.  Fung.  Carp .  I,  p.  99).  Je  joins  ici,  pour  l’herbier  de 
la  Société,  un  type  de  chaque  état  des  deux  Champignons. 


SÉANCE  DU  l/j  JUILLET  1871. 


111 


Les  auteurs  qui,  depuis  le  commencement  de  ce  siècle  jusqu’à  ces  dernières 
années,  ont  mentionné  le  Mérule  et  ses  dévastations  (De  Candolle  a  été,  dans 
cette  période,  un  des  premiers,  1805),  se  sont  tous  passé  celte  phrase  :  «  Un 
bon  moyen  pour  détruire  le  Mérule  consiste  dans  l’arrosage  des  bois  avec 
l’acide  sulfurique  étendu  d’eau.  »  Aucun  de  ces  auteurs  n’ayant  indiqué  la 
pratique  de  cet  arrosage,  je  vais  signaler  les  expériences  qui  m’ont  paru 
réussir. 

Pour  moi,  la  carbonisation  du  bois'desliné  à  être  planté  en  terre  est  effecti¬ 
vement  encore  le  moyen  le  plus  efficace  pour  isoler  ses  surfaces  des  agents 
végétaux  de  décomposition.  La  carbonisation  l’emporte  sur  les  injections  mé¬ 
talliques  si  utiles  cependant  à  d’autres  points  de  vue.  Elle  est  justement  recom¬ 
mandée  aux  agriculteurs  pour  la  conservation  des  pieux,  des  tuteurs,  des  clô¬ 
tures,  des  espaliers,  qui  durent,  quand  l’opération  est  bien  faite,  même  dans 
les  sols  les  moins  propices,  le  double  du  temps  prévu  ;  mais  la  carbonisa¬ 
tion  par  le  feu  s’exécute  presque  toujours  mal,  parce  qu’il  est  impossible  de 
maintenir  dans  le  tissu  du  bois  l’action  du  feu  à  une  profondeur  égale.  Le 
moyen  le  plus  régulier  et  aussi  le  plus  facile  doit  consister  à  carboniser  au 
moyen  de  l’acide  sulfurique  (ne  pas  confondre  avec  «  l’arrosage  étendu  d’eau  » 
que  j’ai  mentionné).  Mon  opération  est  simple  :  je  place  pendant  dix  secondes 
la  partie  du  piquet  à  enfouir  (je  dis  dix  secondes,  s’il  s’agit  d’un  bois  de 
10  centimètres  environ  de  diamètre  ;  j’ai  vérifié  que  le  nombre  de  secondes 


pour  f  immersion  correspondait  assez  bien  au  nombre  de  centimètres  offerts 
par  l’épaisseur  du  bois  à  carboniser)  dans  un  récipient  contenant  de  l’acide 
sulfurique  concentré.  Après  avoir  immergé  le  bois,  je  le  fais  égoutter  soigneu¬ 
sement,  puis  placer  dans  un  endroit  sec  et  couvert  pendant  deux  ou  trois  jours, 
avant  qu’il  soit  planté  en  terre.  La  carbonisation  des  fortes  pièces  de  bois  devrait 
être  renouvelée  après  six  mois. 

Je  sais  qu’on  fait  en  ce  moment,  à  l’administration  des  télégraphes,  sous 
la  direction  d’un  intelligent  inspecteur,  M.  Bourseul,  l’essai  de  moyens  particu¬ 
liers  pour  arrêter  les  ravages  des  Champignons  dont  je  viens  de  parler.  J’at¬ 
tends  impatiemment  les  résultats  de  ces  recherches  et  aussi  l’autorisation  de  les 
publier. 


M.  Gosson  communique  à  la  Société  la  dernière  partie  de  son 
travail  intitulé  : 


INSTRUCTIONS  SUR  LES  OBSERVATIONS  ET  LES  COLLECTIONS  BOTANIQUES  A  FAIRE 
DANS  LES  VOYAGES  (fin),  par  M.  E. 

VI.  —  Préparation  des  échantillons  d’heritier. 

Il  est  impossible,  dans  les  limites  de  ces  instructions,  d’indiquer  toutes  les 
modifications  que  les  procédés  de  dessiccation  devront  subir  selon  le  degré  de 


112 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

chaleur,  de  sécheresse  ou  d’humidité  du  climat  de  la  contrée  où  l’on  herbori¬ 
sera,  selon  les  conditions  dans  lesquelles  s’exécutera  le  voyage,  et  selon  que  la 
préparation  devra  avoir  lieu  en  roule,  à  poste  fixe,  en  plein  air  ou  sous  la  tente, 
dans  des  habitations  étendues  ou  restreintes.  Un  peu  de  pratique  vaudra  mieux, 
du  ^este,  que  tous  les  préceptes,  et  l’on  ne  saurait  trop  engager  tout  voyageur 
qui  devra  entreprendre  une  exploration  botanique  de  se  mettre  en  relation 
avant  son  départ  avec  des  botanistes  familiers  avec  tous  les  modes  de  prépara¬ 
tion  ;  il  en  apprendra  plus  par  leurs  conseils  et  par  quelques  essais,  faits  sous 
leurs  yeux,  avec  le  matériel  le  plus  approprié  au  climat  de  la  contrée  à  explo¬ 
rer,  que  par  la  lecture  des  instructions  les  plus  détaillées. 

On  ne  saurait  trop  insister  sur  l’avantage  qu’il  y  a  à  procéder  à  la  préparation 
définitive  dès  que  l’on  est  arrivé  soit  à  un  lieu  de  halte  ou  de  campement,  soit  à 
une  habitation  ;  car  cette  préparation  sera  d’autant  plus  facile  et  sera  faite  dans 
des  conditions  d’autant  plus  avantageuses  qu’elle  sera  plus  rapprochée  de  la  ré¬ 
colte;  on  sera  à  même  de  remédier  sans  difficulté  aux  faux  plis  que  les  échan¬ 
tillons  auront  pu  prendre  lors  de  l’arrangement  fait  sur  place  ou  dans  le  trans¬ 
port,  et  surtout  on  évitera  la  fermentation  et  des  altérations  de  tissus  qui 
retarderaient  la  dessiccation  ou  même  la  compromettraient  et,  en  tout  cas, 
altéreraient  les  couleurs.  Cette  dernière  recommandation  est  surtout  impor¬ 
tante  dans  toutes  les  circonstances  qui  peuvent  déterminer  rapidement  la  fer¬ 
mentation,  telles  qu’une  chaleur  intense,  l’humidité  atmosphérique,  l’influence 
des  orages,  etc. 

Les  échantillons,  au  fur  et  à  mesure  qu’ils  seront  extraits  du  cartable,  seront 
placés  dans  l’intérieur  de  feuilles  doubles  du  papier  à  préparation  ( chemises ) 
qui  seront  superposées  après  avoir  été  séparées  les  unes  des  autres  par  cinq  ou 
six  feuilles  doubles  formant  un  mince  cahier  et  constituant  ce  que  les  bota¬ 
nistes  appellent  un  coussin  ou  matelas.  On  peut  fixer  les  feuilles  du  coussin 
par  une  ou  deux  anses  de  gros  fil,  mais  il  est  généralement  plus  avantageux  de 
les  laisser  libres  ;  car,  dans  un  voyage,  on  est  souvent  forcé  de  recourir  au  pa¬ 
pier  des  coussins  pour  la  préparation  des  récoltes  ou  l’emballage  des  échantil¬ 
lons  secs.  Il  va  sans  dire  que  si  l’on  a  beaucoup  de  papier  à  sa  disposition,  il 
y  a  avantage  à  augmenter  le  nombre  des  feuilles  doubles  des  coussins  ;  la  pré¬ 
paration  n’en  sera  que  plus  rapide  et  plus  satisfaisante. 

Lorsque  le  paquet  formé  par  les  chemises  renfermant  les  échantillons  et  les 
coussins  interposés  a  atteint  environ  le  volume  de  une  ou  deux  rames  de  papier 
au  plus,  on  le  comprime  entre  deux  planchettes,  au  moyen  de  deux  courroies, 
ou  mieux,  lorsqu’on  est  à  poste  fixe,  en  plaçant  un  poids  ou  une  pierre  d’une 
vingtaine  de  kilogrammes  sur  la  planchette  supérieure.  —  On  doit  éviter  de  sou¬ 
mettre  les  échantillons  à  une  compression  insuffisante,  car  ils  auraient  ainsi  un 
volume  trop  considérable,  et  les  parties  délicates  seraient  exposées  à  se  crisper; 
mais  il  faut  encore,  avec  plus  de  soin,  éviter  de  leur  faire  subir  une  compres¬ 
sion  trop  forte  qui  les  déformerait  et,  par  l’écrasement  desorganes  les  plusim- 


SÉANCE  DU  1/ï  JUILLET  1871. 


113 


portants  pour  l’élude,  en  empêcherait  l’examen  ultérieur.  — ■  Après  environ 
douze  heures  de  compression  sous  la  presse,  on  doit  retirer  les  coussins  et  les 
remplacer  par  des  coussins  secs  et,  autant  que  possible,  séchés  et  chauffés  soit 
au  soleil,  soit  à  la  chaleur  artificielle  d’un  foyer  ou  d’un  four.  Pendant  cette 
opération,  on  entr’ouvrira  quelques-unes  des  chemises  renfermant  les  échan¬ 
tillons,  et  l’on  s’assurera  si  aucun  d’eux  n’offre  pas  de  faux  plis  auxquels  la 
mollesse  des  parties  de  la  plante  permet  généralement  encore  de  remédier; 
mais  il  ne  faut  pas  changer  les  échantillons  de  chemise,  ils  doivent  rester  jus¬ 
qu’à  complète  dessiccation  dans  celle  où  ils  ont  été  primitivement  placés,  car 

l’on  procédait  autrement,  on  les  exposerait  à  des  déformations  qu’il  faut 
soigneusement  éviter. 

La  première  disposition  des  échantillons  dans  la  chemise  a  dû  être  faite 
avec  assez  de  précaution  pour  qu’il  n’y  ait  que  peu  à  y  retoucher,  car,  si  elle 
avait  été  défectueuse,  il  serait  le  plus  souvent  impossible  de  la  rectifier.  C’est 
donc  la  mise  en  papier  qui  a  la  plus  grande  importance,  car  c’est  de  cette  pre¬ 
mière  opération  que  dépendra  en  grande  partie  le  bon  état  des  échantillons. 
Du  reste,  avec  un  peu  d’habitude,  et  surtout  si  les  plantes  ont  été  placées  au 
moment  de  la  récolte  sur  les  feuilles  simples  d’un  cartable  convenablement 
serré,  on  arrivera  facilement  à  conserver  aux  échantillons  toute  l’élégance  de 
leur  port,  élégance  bien  préférable  à  celle  que  l’on  obtient  à  grand’peine  et  avec 
une  perte  de  temps  considérable,  si  l’on  veut  artificiellement  leur  donner  une 
forme  conventionnelle.  —  Lorsqu’on  a  remédié  aux  faux  plis  que  les  échan¬ 
tillons  peuvent  présenter  après  cette  première  compression,  on  met  de  nou¬ 
veau  en  presse  chemises  et  coussins.  Après  douze  ou  vingt-quatre  heures  au 
plus,  on  change  de  nouveau  les  coussins,  et  l’on  continue  ainsi  jusqu  à  dessic¬ 
cation  complète,  en  ayant  soin,  à  chaque  changement  de  coussins,  de  mettre 
de  côté  les  chemises  renfermant  les  plantes  arrivées  à  dessiccation  complète 
ou  au  moins  à  un  tel  degré  de  dessiccation,  qu’elles  ne  puissent  se  crisper 
à  l’air  libre. 


Si  l’on  dispose  de  locaux  bien  secs  et  bien  aérés,  à  sol  parqueté  ou  bétonné, 
mais  non  carrelé,  et  surtout  non  carrelés  avec  des  carreaux  vernissés,  on  peut 
étendre  pendant  la  nuit  ou  pendant  quelques  heures  de  jour  les  chemises  ren¬ 
fermant  les  plantes,  après  avoir  remplacé  les  coussins,  et  même,  en  cas  d’ur¬ 
gence,  sans  changer  les  coussins,  si  on  les  a  étendus  sur  le  sol  eu  même  temps 
que  les  chemises.  Mais,  même  dans  les  pays  tempérés,  où  les  plantes  sont  le 
moins  exposées  à  se  crisper  et  à  fermenter,  ce  procédé  est  moins  sûr  que  celui 
du  changement  de  coussins.  Dans  les  pays  chauds  et  dans  les  campements,  il 
est  d’une  application  difficile  et  délicate,  et  exige  une  surveillance  de  tous 
les  instants.  Ce  que  l’on  peut  encore  faire,  mais  cela  demande  un  tact  que 
l’habitude  seule  peut  donner,  c’est,  lorsque  les  échantillons  ont  acquis  leur 
forme  définitive  par  un  séjour  assez  prolongé  dans  la  presse,  de  rassembler  les 
chemises  en  minces  fascicules  légèrement  serrés  au  moyen  d’un  ficelage  en 
T.  XVIII.  (séances)  8 


1  \h 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


croix  double,  et  d’exposer  ces  fascicules  au  grand  air  en  les  suspendant  sur  des 
cordes  tendues  horizontalement,  en  ayant  soin  de  les  retourner  fréquemment 
et  en  vérifiant  souvent  si  les  feuilles  et  les  parties  délicates  des  échantillons  ne 
se  crispent  pas  par  une  dessiccation  trop  rapide.  Après  cette  aération,  dont  la 
durée  est  nécessairement  subordonnée  au  degré  de  la  sécheresse  atmosphé¬ 
rique  eide  a  température,  les  fascicules  sont  déficelés  et  les  chemises  remises 
en  presse  entre  des  coussins  secs.—  Dans  les  Alpes  et  dans  les  climats  tempérés 
secs,  on  peut  quelquefois,  surtout  pour  les  petites  plantes,  supprimer  les  cous¬ 
sins  si  l’on  a  à  sa  disposition  du  papier  épais  et  très-buvard  ;  mais  alors  il  est 
indispensable,  au  moins  une  ou  deux  fois  par  vingt-quatre  heures,  d’étaler 
pendant  quelques  heures,  sur  le  sol  d’une  pièce  bien  aérée,  en  prenant  les 
précautions  indiquées  plus  haut,  les  chemises  renfermant  les  plantes.  Pour  les 
voyages  dans  lesquels  le  bagage  doit  être  réduit  en  raison  de  l’étendue  des 
espaces  peu  habités  ou  déserts  à  traverser,  le  voyageur  botaniste  se  trou¬ 
vera  très  bien  de  l’usage  de  châssis  de  bois  formés  de  barres  transversales  et 
longitudinales  et  surtout  de  châssis  de  fer,  légers,  garnis  de  treillage  à  mailles 
assez  serrées  pour  permettre,  au  moyen  de  courroies,  une  compression 
suffisante  sans  gêner  la  circulation  de  l’air.  Au  moyen  de  ces  châssis,  on 
peut,  dès  que  les  échantillons  ont  été  soumis  assez  longtemps  à  l’action  de 
la  presse  pour  leur  donner  leur  forme  définitive,  les  disposer  sur  des  feuilles 
simples  que  l’on  groupe  par  fascicules  de  quarante  à  cinquante,  en  parta¬ 
geant  le  fascicule  par  un  coussin  assez  épais  de  papier  non  collé  et  très-per¬ 
méable  à  l’humidité.  Pour  achever  la  dessiccation,  il  suffira  d’exposer  les 
châssis  à  une  ventilation  active  en  les  suspendant  à  l’air  libre  et  en  les  expo¬ 
sant  alternativement  sur  leurs  deux  faces  à  la  chaleur  du  soleil  ou  à  celle  d’un 
foyer.  Toutes  les  plantes  peuvent  être  préparées  au  moyen  de  ces  châssis 
en  prenant  les  précautions  qui  viennent  d’être  indiquées  ;  mais  ce  procédé 
de  préparation  sera  surtout  très-avantageux  pour  les  espèces  à  feuilles  grasses, 
pour  les  Orchidées,  les  Liliacées,  etc,  et  toutes  celles  qui  se  préparent  d’une 
manière  imparfaite  et  très- lentement  au  moyen  de  la  presse  ordinaire  de 
voyage.  —  Si  l’on  doit  recourir  à  la  chaleur  d’un  four,  soit  pour  sécher 
les  coussins,  soit  exceptionnellement  pour  achever  la  dessiccation  des  échantil¬ 
lons,  il  faut  éviter  de  placer  les  paquets  de  papier  ou  les  fascicules  de  plantes 
dans  le  four  immédiatement  après  la  cuisson  du  pain,  car  l’humidité  qui  s’est 
dégagée  pendant  cette  cuisson  imprégnerait  le  papier  et  serait  une  condition 
très-défavorable,  surtout  pour  des  échantillons  déjà  presque  secs.  —  Lorsque 
les  presses  doivent  être  chargées  sur  des  voitures  découvertes  ou  des  bêtes  de 
somme,  on  ne  doit  les  abriter  par  des  bâches  ou  des  toiles  cirées  que  si  le  temps 
est  menaçant;  si,  au  contraire,  le  ciel  est  pur,  il  faut  les  laisser  exposées  à 
l’air,  qui,  en  es  pénétrant  de  toutes  parts,  active  beaucoup  la  dessiccation.  — 
Il  est  surtout  important  d’arriver  à  une  dessiccation  rapide,  quel  que  soit 
d’ailleurs  le  procédé  adopté,  pour  les  plantes  à  feuilles  lisses  et  luisantes  ou 


SÉANCE  DU  1  !\  JUILLET  1871. 


115 


composées  de  nombreuses  folioles  se  détachant  facilement,  comme  c’est  le  cas 
pour  un  grand  nombre  d’espèces  des  régions  tropicales;  en  effet,  si  celte 
dessiccation  est  lente,  on  n'obtient  guère  que  des  échantillons  fragmentaires 
et  insuffisants  pour  donner  une  idée  vraie  du  port  de  la  plante.  —  Lorsque  les 
tiges  sont  trop  épaisses  pour  pouvoir  être  séchées  aussi  rapidement  que  les 
feuilles  et  pour  pouvoir  facilement  être  mises  en  herbier,  i!  y  a  souvent  avan¬ 
tage,  comme  nous  l’avons  déjà  dit,  soit  à  les  fendre  ou  à  les  couper  longitu¬ 
dinalement,  soit  à  leur  faire  subir  une  forte  pression  sous  un  cylindre  de  bois 
ou  une  bouteille,  etc.;  mais,  dans  ce  cas,  il  est  bon  de  joindre  à  l’échantillon 
un  fragment  de  tige  ou  de  rameau,  ou  au  moins  une  rondelle  que  l’on  aura 
séchée  à  l’air  libre  et  qui  en  donnera  les  véritables  contours.  On  peut  agir  de 
même  pour  les  souches  trop  épaisses. 

Pour  obtenir  une  préparation  irréprochable,  lorsqu’on  a  recueilli  en  nom¬ 
breux  échantillons  un  certain  nombre  d’espèces,  il  est  très-important  de  rap¬ 
procher  dans  la  presse  tous  les  échantillons  d’une  même  plante  :  il  sera  bien 
plus  facile  ainsi  d’en  retirer  les  plantes  au  fur  et  à  mesure  de  leur  dessiccation , 
et,  de  plus,  on  aura  l’avantage  d’éviter  les  chances  d’altération  qui  résulte¬ 
raient  du  contact  de  plantes  de  consistance  et  de  nature  très-diverses  et,  par 
cela  même,  d’une  durée  de  dessiccation  bien  différente.  Il  est  de  même  indis¬ 
pensable,  pour  que  les  presses  soient  plus  régulièrement  parallélipipédiques, 
d’éviter  de  disposer  du  même  côté  les  souches  volumineuses  des  plantes  ;  on 
doit,  au  contraire,  faire  alterner  les  souches  et  les  sommités  de  manière 
que  la  compression  s’exerce  horizontalement  et  bien  d’aplomb.  Lorsque  les 
fleurs,  par  leurs  dimensions,  par  leur  consistance  ou  leur  structure  compliquée, 
ne  sont  pas  de  nature  à  se  prêter  à  une  préparation  satisfaisante  en  ne  les  déta¬ 
chant  pas  de  l’échantillon,  il  est  indispensable  d’en  préparer  à  part,  ainsi  que 
leurs  diverses  parties  isolées  (calice,  corolle,  étamines,  ovaire,  etc.),  et,  dans 
un  grand  nombre  de  cas,  i!  est  avantageux  de  dessécher  également  à  part  des 
coupes  longitudinales  et  horizontales  des  fleurs,  coupes  qui  sont  des  plus  utiles 
pour  l’étude.  -—Lorsqu’on  ne  peut,  en  raison  des  conditions  de  voyage  dans  les¬ 
quelles  on  est  placé,  recueillir  de  nombreux  échantillons  d’une  même  espèce, 
on  doit  préparer,  indépendamment  des  échantillons  représentant  le  port  de  la 
plante,  des  sommités  florifères  et  fructifères,  ou  au  moins  des  fleurs  et  des 
fruits  isolés  qui  serviront  à  l’étude  des  caractères  sans  forcer  à  recourir,  pour 
les  dissections,  à  l’échantillon  complet;  cette  recommandation  est  surtout  im¬ 
portante  pour  les  plantes  ne  portant  qu’une  fleur  ou  un  petit  nombre  de  fleurs. 
Pour  les  fleurs  préparées  isolément,  il  est  utile  de  comprimer  les  unes  de  face, 
les  autres  de  côté,  car  on  rendra  ainsi  les  dissections  nécessaires  pour  l’étude 
d’une  exécution  beaucoup  plus  facile.  —  Pour  les  plantes  à  corolle  gamopétale 
de  grande  dimension  et  pour  le  labelle  de  certaines  Orchidées,  on  emploie  utile¬ 
ment  du  coton  cardé  que  l’on  interpose  entre  les  diverses  parties  de  la  fleur 
afin  d’en  empêcher  l’adhérence,  qui,  sans  cette  précaution,  en  rendrait  ulté¬ 
rieurement  l’examen  difficile. 


116 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Les  plantes  grasses,  la  plupart  des  plantes  bulbeuses  et  toutes  celles  dont  la 
vie  n’est  pas  étruite  par  la  compression  dans  le  papier  à  sécher,  doivent  être, 
soumises  à  une  opération  spéciale  avant  d’être  mises  en  presse.  On  les  fait  ma¬ 
cérer  pendant  quelque  temps  dans  du  vinaigre,  de  l’alcool,  ou  de  l’eau  chargée 
de  chlorate  de  potasse,  pour  mortifier  leurs  tiges  et  leurs  feuilles  et  les  mettre, 
au  point  de  vue  de  la  dessiccation,  à  peu  près  dans  les  mêmes  conditions  que 
les  autres  végétaux.  On  peut  remplacer  la  macération  en  immergeant  les 
échantillons  dans  l’eau  bouillante,  ou  en  les  exposant  pendant  le  temps  néces¬ 
saire  à  la  vapeur  d’eau  bouillante  ;  mais,  dans  l’un  et  l’autre  procédé,  il  est 
bon  de  ne  pas  soumettre  les  parties  florifères  à  ce  traitement.  Les  échantillons 
ayant  été  déposés  quelques  instants  sur  un  linge  ou  sur  du  papier  non  collé 
pour  laisser  égoutter  le  liquide  qui  les  mouille,  sont  ensuite  placés,  comme 
les  autres  plantes,  dans  l’intérieur  de  feuilles  doubles  séparées  par  d’épais 
coussins,  mais  il  est  indispensable  de  ne  pas  les  soumettre  à  une  compression 
trop  forte  qui  pourrait  amener  leur  écrasement. — Après  avoir  été  mainte¬ 
nues  sous  la  presse  un  ou  deux  jours,  pendant  lesquels  elles  ont  été  régu¬ 
lièrement  et  fréquemment  changées  de  coussins,  les  plantes  grasses  ou  suc¬ 
culentes,  dont  la  tige  et  les  feuilles  ont  été  tuées  par  la  macération  ou  l’action 
de  l’eau  bouillante,  réclament  encore  des  soins  particuliers.  Les  sommités 
florifères,  qui,  comme  nous  l’avons  dit,  n’ont  pas  été  soumises  au  même 
traitement  que  le  reste  de  la  plante,  doivent  être  ou  séchées  au  moyen  d’un  fer 
chaud  promené  sur  la  chemise  renfermant  les  échantillons,  ou  au  moins  être 
comprimées  au  moyen  d’un  cylindre  de  bois  ou  d’une  bouteille  que  l’on  roule 
sur  elles  pour  les  empêcher  de  continuer  à  végéter  et  de  développer  leurs 
ovaires.  Si  c’est  ce  dernier  procédé  que  l’on  adopte,  les  échantillons  doivent, 
après  avoir  été  retirés  des  chemises,  être  placés  sur  des  feuilles  simples  que  l’on 
serre  fortement  entre  deux  châssis  de  fer  solidement  reliés  entre  eux  et  que  l’on 
soumet  soit  a  la  chaleur  solaire,  si  elle  est  suffisante,  soit  à  la  chaleur  artifi¬ 
cielle  d’un  foyer  ou  d’un  four.  Si  l’on  n’a  mis  qu’un  petit  nombre  de  feuilles 
entre  les  deux  châssis,  et  si  l’on  a  placé  au  centre  de  ce  mince  fascicule  un 
coussin  assez  épais  pour  rendre  la  compression  égale,  il  n’y  a  plus  d’autre  soin 
à  prendre  jusqu’à  la  dessiccation  complète  que  d’exposer  le  plus  souvent  pos¬ 
sible  le  châssis  à  la  chaleur,  tantôt  sur  une  face,  tantôt  sur  l’autre. 

On  peut  encore  préparer  de  la  manière  suivante,  et  ce  procédé  est  sans 
contredit  le  meilleur  toutes  les  fois  que  l’on  peut  le  pratiquer,  non-seulement 
les  plantes  grasses  ou  charnues,  un  grand  nombre  de  Champignons  à  tissu  mou 
ou  spongieux,  mais  encore  les  sommités  florifères  ou  des  fleurs  isolées,  telles  que 
celles  des  Nymphéacées,  de  certaines  Sterculiacées,  des  grandes  espèces  d’Or- 
chidées  épiphytes,  d’un  grand  nombre  de  Liliacées,  Iridées,  Broméliacées,  etc. , 
pour  lesquelles  les  autres  moyens  de  dessiccation  ne  donnent  généralement  que 
des  résultats  assez  imparfaits.  On  place  les  plantes  ou  parties  de  plantes  dans  du 
sable  fin,  bien  sec,  passé  à  travers  un  tamis  à  mailles  très-serrées,  et  renfermé 
une  caisse  de  bois  ou  de  tôle,  en  ayant  soin  de  disposer  le  sable  de  ma- 


SÉANCE  DU  Mi  JUILLET  1871. 


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nièreà  ne  pas  déformer  îcs  échantillons  ;  puis  on  expose  la  caisse  au  grand  soleil, 
ou  mieux  à  la  chaleur  d’une  étuve  ou  d’un  four,  et,  quand  les  échantillons  ont 
perdu  la  plus  grande  partie  de  leur  eau  de  végétation,  on  les  soumet  à  la  com¬ 
pression,  entre  les  feuilles  du  papier  à  préparation,  dans  la  presse  à  plan¬ 
chettes  ou  mieux  dans  celle  à  châssis  de  fil  de  fer.  —  Dans  les  pays  chauds, 
lorsque  la  sécheresse  de  l’atmosphère  et  du  sol  le  permettent,  on  peut  obtenir 
quelquefois  de  très-bons  résultats  en  exposant  les  échantillons  à  la  chaleur  so¬ 
laire  après  les  avoir  placés  dans  une  couche  de  sable  convenablement  disposée. 

La  plupart  des  Algues  à  texture  délicate,  les  Characées  et  un  grand  nombre 
de  plantes  aquatiques  à  feuilles  molles  ou  découpées  en  segments  déliés,  doi¬ 
vent  être  préparées  sous  l’eau.  On  les  fait  flotter  dans  l’eau  dont  on  remplit 
un  vase  large  et  peu  profond,  tel  qu’une  terrine,  un  plat  creux  ou  mieux  un 
plateau  de  zinc,  du  format  du  papier,  muni  d’un  rebord  relevé  à  angle  droit, 
et  percé  en  dessous  d’un  trou  muni  d’un  bouchon  pouvant  s’enlever  facilement 
pour  faire  écouler  le  liquide  dans  un  autre  vase.  On  glisse  sous  l’échantillon 
un  feuillet  de  papier  blanc,  un  peu  fort  et  bien  collé,  d’un  format  approprié 
à  la  grandeur  de  la  plante,  et  au  moyen  d’une  pointe  mousse  ou  d’un  pinceau 
on  étale  les  rameaux  ou  les  segments  de  la  plante  ;  et  lorsqu’elle  a  ainsi  repris 
son  port  nature!,  si  l’on  s’est  servi  d’un  plateau  muni  d’un  trou,  on  fait  écouler 
le  liquide  qui  laisse  déposer  l’échantillon  sur  le  papier,  ou,  si  l’on  a  eu  recours 
à  un  vase  dépourvu  de  trou,  on  retire  avec  précaution  le  papier  portant 
l’échantillon,  en  évitant  d  ’en  déplacer  les  parties  en  le  sortant  de  l’eau.  On 
place  ensuite  sur  ce  carré  de  papier  un  autre  feuillet  de  papier  pénétré  de 
suif,  ou  mieux  un  morceau  de  calicot  dépourvu  d’apprêt,  environ  de  même 
grandeur,  pour  empêcher  que  la  plante  mise  sous  presse  n’adhère  au  coussin 
qui  lui  sera  superposé.  Pour  obtenir  une  bonne  préparation,  il  faut  changer  les 
papiers  suifés  ou  les  morceaux  de  calicot,  ainsi  que  les  coussins,  deux  ou  trois 
fois  par  jour  jusqu’à  dessiccation  complète.  Si  l’on  a  bien  opéré,  l’échantillon 
restera  intimement  adhérent  à  la  feuille  de  papier  fort  sur  lequel  on  l’a  étendu 
et  donnera  l’idée  la  plus  vraie  du  port  que  présentait  la  plante  dans  l’eau  où  elle 
croissait. — Les  Algues  marines  doivent  être  dessalées  par  une  immersion 
dans  l’eau  douce  avant  d’être  étendues  sur  le  papier.  ïl  est  rare  qu'un  vovageur 
ait  le  temps  de  les  préparer  définitivement  au  moment  même  del  eur  récolte, 
et  il  peut,  dans  la  plupart  des  cas,  se  borner  à  les  laisser  sécher  à  l’air  libre 
après  les  avoir  dessalées.  Ainsi  séchées,  leur  préparation  peut  être  ajournée 
presque  indéfiniment;  seulement  il  est  indispensable,  pour  les  espèces  divisées 
en  ramifications  délicates,  avant  de  les  sécher  à  l’air,  de  ne  pas  intriquer 
ces  ramifications  :  on  évitera  ce  grave  inconvénient  en  les  retirant  de  l’eau 
douce  par  leur  extrémité  inférieure  et  en  les  suspendant  ensuite  par  la  même 
extrémité  sur  des  ficelles  bien  tendues.  Les  échantillons  ainsi  séchés  à  l’air 
libre  seront  conservés  à  l’abri  de  toute  humidité,  afin  d’éviter  de  leur  faire 
perdre  leurs  couleurs  souvent  très- vives;  pour  procéder  a  leur  préparation 


418  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

définitive,  il  suffira  de  les  ramollir  par  une  immersion  suffisamment  prolongée 
dans  l’eau  douce,  soit  froide,  soit  tiède,  afin  qu’ils  reprennent  leur  flexibilité, 
qui  permettra  de  leur  donner  leur  port  naturel,  et  ensuite  ils  seront  traités, 
comme  nous  venons  de  le  dire  pour  les  échantillons  vivants. 

Les  Mousses,  les  Hépatiques  et  les  Lichens  11e  réclament  pas  non  plus  une 
préparation  immédiate,  bien  qu'elle  soit  toujours  préférable,  et  s’ils  sont  trop 
secs  et  trop  fragiles,  au  moment  où  l’on  voudra  les  mettre  en  presse,  il  suffira, 
pour  leur  rendre  leur  flexibilité,  de  les  enfermer  dans  un  linge  mouillé  que 
l’on  placera  pendant  le  temps  nécessaire  dans  un  endroit  frais,  tel  qu’une  cave, 
par  exemple. 

Les  Champignons  très-charnus  et  ceux  qui  deviennent  déliquescents  doi¬ 
vent  être  conservés  dans  l’alcool,  mais  un  certaiu  nombre  cependant  peuvent 
être  desséchés  pour  l’herbier,  et  l’on  obtient  des  échantillons  utiles  de  la  plupart 
des  espèces,  même  de  celles  de  très-grande  taille,  en  pratiquant  convenablement 
des  coupes  verticales  et  horizontales  de  leur  chapeau  et  de  leur  pédicule  pour 
les  soumettre  à  la  dessiccation.  Il  est  souvent  avantageux,  avant  de  les  mettre 
en  presse,  de  faire  tremper  pendant  quelque  temps  dans  de  l’alcool  ou  dans 
une  solution  concentrée  d’alun  les  échantillons  des  espèces  à  tissu  très-mou. 
Après  avoir  mis  dans  le  papier  les  Champignons  entiers  ou  les  segments  résultant 
de  leurs  coupes  verticales  et  horizontales,  on  les  presse  d’abord  assez  légère¬ 
ment  pour  en  éviter  l’écrasement,  puis,  après  avoir  changé  plusieurs  fois  les 
coussins,  on  augmente  graduellement  la  pression,  jusqu'à  ce  qu’ils  soient  assez 
comprimés  pour  pouvoir  être  placés,  avec  les  feuilles  de  papier  qui  les  renfer¬ 
ment,  entre  les  châssis  de  fil  de  fer,  et  être  ensuite  exposés  soit  à  la  chaleur 
solaire,  soit  à  celle  d’un  foyer. —  On  peut  encore  avoir  recours  très-avantageu¬ 
sement  au  sable  chauffé,  pour  la  préparation  des  échantillons  d’herbier  de 
Champignons,  en  procédant  comme  nous  l’avons  indiqué  plus  haut. 

Pour  les  Glumacées  et  autres  plantes  d’une  dessiccation  facile,  on  peut  gé¬ 
néralement  se  contenter  de  les  disposer  avec  soin  sur  des  feuilles  simples  que 
l’on  comprime  entre  des  coussins  épais.  Souvent,  si  les  conditions  atmosphé¬ 
riques  sont  favorables,  après  vingt-quatre  ou  quarante-huit  heures,  011  pourra 
réunir  en  paquets,  médiocrement  serrés,  les  feuilles  de  papier  à  préparation 
qui  portent  les  échantillons,  et  la  dessiccation  s’achèvera  sans  autres  soins. 

Quand,  en  raison  de  leur  volume,  on  doit  détacher  des  fleurs  ou  des  fruits 
d’un  échantillon,  il  est  très-avantageux,  si  l’on  sait  dessiner,  de  fixer  l'échan¬ 
tillon  sur  du  papier  fort  par  des  bandelettes  et  de  figurer  dans  leur  position 
naturelle  les  fleurs  et  les  fruits  que  l’on  a  dû  conserver  ou  préparer  à  part. 

Les  fruits  doivent  être  préparés  avec  non  moins  de  soin  que  les  fleurs  (et 
l’on  11e  doit  pas  considérer  comme  des  fruits  des  ovaires  imparfaitement  déve¬ 
loppés)  .  Ils  doivent  être  pris  à  l’état  de  maturité  parfaite,  c’est-à-dire  au  moment 
ou  lès  graines  sont  sur  le  point  de  s’échapper  du  péricarpe.  Les  fruits  volumi¬ 
neux  doivent  être  séchés  a  part  à  l'air  libre,  et  l’on  devra  accompagner  les 


SÉANCE  DU  1/j  JUILLET  1871. 


J  19 

échantillons  de  leur  coupe  transversale  et  de  leur  coupe  longitudinale.  Une 
bonne  préparation  du  fruit,  indispensable  dans  certaines  familles  où  il  fournit 
les  caractères  essentiels,  est  toujours  avantageuse  même  pour  les  familles  où 
son  importance  est  moindre  ;  la  consistance  du  fruit,  son  volume,  sa  déhis¬ 
cence  ou  sa  non-déhiscence,  le  mode  de  déhiscence,  etc.,  constituent  souvent 
des  différences  du  premier  ordre.  —  Un  assez  grand  nombre  de  plantes  dont 
les  fruits  ouïes  parties  de  fruit  se  détachent  ou  se  séparent  à  la  maturité  ré¬ 
clament  pour  leur  conservation  des  soins  particuliers  :  ainsi  les  cônes  de  cer¬ 
taines  Conifères,  se  désagrégeant  facilement,  doivent  être  entourés  d’une  gaze 
de  tissu  lâche  cousue  en  sac  et  les  enveloppant  étroitement  ;  les  cupules  des 
Chênes  doivent  être,  à  Tétât  frais,  transpercées  d’une  épingle  qui  traversera  la 
base  du  gland  et  en  empêchera  la  chute  qui  résulterait  nécessairement  du  retrait 
produit  parla  dessiccation.  Dans  un  certain  nombre  de  cas,  en  entourant  les 
fruits  de  fil  ou  de  ficelle,  on  évitera  que  les  valves  ne  se  séparent  et  ne  laissent 
échapper  les  graines. 

La  maturité  des  graines  est  aussi  des  plus  importantes  pour  leur  étude, 
et,  avant  de  les  joindre  aux  échantillons,  il  est  bon  de  s’assurer,  par  l’examen 
à  la  loupe  d’un  certain  nombre  d’entre  elles  coupées  longitudinalement  et 
transversalement  avec  un  rasoir,  si  leur  embryon  est  complètement  formé.  Cet 
examen  est  souvent  difficile  en  voyage  pour  les  petites  graines  :  aussi,  dans  la 
plupart  des  cas,  peut-on  se  borner  à  les  projeter  d’une  certaine  hauteur  sur 
une  feuille  de  papier  collé  ;  si  elles  rebondissent,  c’est  un  indice  à  peu  près 
certain  de  leur  maturité. 

Il  est  très-avantageux  de  conserver  dans  l’alcool  elles  sommités  florifères  ou 
fructifères,  ou  au  moins  des  fleurs  et  des  fruits  isolés,  toutes  les  fois  que  ces 
parties  sont  de  nature  à  être  trop  déformées  par  la  préparation  pour  pouvoir 
ensuite  être  facilement  étudiées.  Ces  parties  doivent  être  enfermées  dans  des 
cornets  de  papier  résistant,  liés  aux  deux  extrémités  avec  du  gros  fil,  et  sur 
lesquels  on  inscrit  au  crayon  de  mine  de  plomb  un  chiffre  très-lisible  repro¬ 
duisant  le  numéro  d’ordre  des  étiquettes  accompagnant  les  échantillons  d’her¬ 
bier.  Ces  cornets  permettent  de  réunir  dans  un  même  flacon  d’alcool  des 
fragments  d’un  assez  grand  nombre  d’espèces,  sans  danger  de  confusion,  et 
les  préservent  en  même  temps  des  détériorations  q  i  pourraient  résulter  de 
l’agitation  du  liquide  dans  les  transports. 

VII.  —  Emballage  et  expédition  des  collections. 

Lorsque  les  échantillons  d’herbier  sont  assez  secs  pour  ne  plus  se  crisper,  il 
suffit  de  laisser  les  feuilles  qui  les  renferment  exposées  à  l’air  libre,  après  les 
avoir  superposées  par  minces  fascicules  non  serrés.  Cette  aération  enlèvera 
toute  humidité,  et  les  échantillons  pourront  ensuite  être  retirés  des  chemises 
et  disposés  sur  des  feuilles  simples  qui  prennent  moins  de  place  dans  les  em- 


1*20 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


hallages  et  permettent  de  ménager  la  provision  de  papier  et  de  diminuer  le 
poids  des  paquets.  Si  l’on  a  recueilli  plusieurs  échantillons  d’une  môme  espèce, 
à  la  même  localité  et  à  la  même  date ,  il  est  important  de  grouper  les 
feuilles  simples  qui  les  portent  dans  une  même  chemise,  munie  d’une  étiquette 
qui  s’appliquera  à  l’ensemble.  Il  va  sans  dire  que  dans  l’emballage,  de  même 
que  dans  la  préparation,  il  faut  éviter,  en  formant  les  paquets,  de  superposer 
des  plantes  de  consistance  et  de  volume  trop  différents,  car,  sans  cette  pré¬ 
caution,  on  s’exposerait  soit  à  briser  les  petites  plantes,  soit  les  parties  délicates 
des  grandes  plantes. 

Autant  que  possible,  on  devra  réunir  en  paquets  isolés,  portant  extérieu¬ 
rement  l’indication  de  la  localité,  toutes  les  plantes  recueillies  à  un  même 
endroit  et  à  peu  près  à  la  même  date.  On  aura  ainsi  le  moyen  d’éviter  les 
erreurs  qui  pourraient  résulter  plus  tard  de  transpositions  d’étiquettes. 

Dans  les  pays  lointains,  si  l’on  doit  faire  des  envois  successifs  de  ses  récoltes, 
il  est  prudent  de  conserver  avec  soi  la  série  complète  de  toutes  les  plantes 
recueillies,  représentées  par  un  ou  deux  échantillons  seulement;  on  évitera 
ainsi  de  compromettre  l’ensemble  des  matériaux  réunis  en  en  confiant  la  tota¬ 
lité  aux  chances  d’une  même  traversée.  Les  étiquettes  et  les  notes  de  cette 
série  devront  être  la  reproduction  exacte  de  celles  qui  accompagnent  la  masse 
des  récoltes  et  porteries  mêmes  numéros  d’ordre.  D’une  manière  générale, 
on  ne  saurait  trop  recommander  au  voyageur  de  prendre  les  plus  grandes 
précautions  pour  l’emballage  et  l’expédition  de  ses  collections,  alors  même 
que,  les  transportant  avec  lui,  il  peut  les  surveiller  de  manière  à  mieux  eu 
assurer  la  conservation. 

Chaque  paquet  devra  être  entouré  de  papier  goudronné  après  avoir  tou¬ 
tefois  mis  temporairement  à  l’abri  de  l’atteinte  des  insectes  les  échantillons 
qu’il  contient,  soit  par  une  aspersion  de  benzine  ou  d’acide  phénique,  soit 
par  une  insufflation  de  poudre  insecticide.  Si  quelques-unes  des  plantes  qui 
composent  un  paquet  sont  de  nature  à  être  compromises  prochainement  par 
l’éclosion  des  œufs  que  les  insectes  ont  pu  y  déposer  pendant  la  vie  de  la 
plante,  ces  précautions  ne  suffisent  pas,  et  l’on  ne  pourra  soustraire  tempo-*- 
rairement  les  écha  tillons  à  cette  cause  de  détérioration  ou  de  destruction 
qu’en  les  plongeant  dans  du  vinaigre  ou  une  légère  solution  alcoolique  de 
bichlorure  de  mercure  (25  à  35  grammes  par  litre). 

Les  caisses  dans  lesquelles  on  renfermera  les  paquets  devront  être  garnies 
à  l’intérieur  de  papier  goudronné,  et  pour  les  longues  traversées  être  entourées 
à  l'extérieur  de  toile  goudronnée  appliquée  à  chaud.  Il  est  quelquefois  pos¬ 
sible,  dans  de  grands  centres  commerciaux,  de  se  procurer  des  caisses  dou¬ 
blées  de  zinc  ou  de  fer-blanc  qui  ont  servi  an  transport  d’objets  qui  craignent 
l’humidité.  Ces  caisses,  convenablement  réparées  et  soigneusement  scellées 
par  de  nouvelles  soudures,  sont  très-propres  à  assurer  la  conservation  des  col¬ 
lections  botaniques  et  à  les  préserver  de  toute  humidité. 


SÉANCE  DU  \!\  JUILLET  187  J  . 


121 


Les  sachets  renfermant  les  graines  doivent,  toutes  les  fois  qu’on  le  pourra, 
être  placés  dans  de  petites  boîtes  de  fer-blanc  dont  le  couvercle  sera  soudé  ; 
on  évitera  ainsi  l’influence  de  l’air  et  de  l’humidité  sur  les  graines  et  l’on 
empêchera  les  insectes  de  les  attaquer.  —  Pour  éviter  dans  le  transport  le 
ballottement  qui  pourrait  à  la  longue  altérer  les  graines,  il  est  bon  de  rem¬ 
plir  tous  les  vides  qui  existent  entre  les  sachets  avec  du  sable  fin,  tamisé  et 
très-sec. 

Il  faut  placer  dans  des  caisses  spéciales  les  flacons  consacrés  à  la  conserva¬ 
tion  dans  l’alcool  ou  dans  tout  autre  liquide  des  parties  de  plantes  les  plus 
délicates,  des  fruits,  etc.  Car,  malgré  tout  le  soin  que  l’on  pourra  apporter 
à  leur  emballage,  il  serait  à  craindre  qu’un  ou  plusieurs  de  ces  flacons,  en  se 
brisant,  ne  compromissent  le  contenu  d’une  caisse.  Il  est  presque  superflu  de 
dire  que  les  bocaux  ou  flacons  doivent  être  protégés  contre  les  chocs  par  une 
épaisse  couche  de  filasse  ou  par  des  Algues  ou  des  Mousses  desséchées.  — On 
doit  éviter  également  de  placer  dans  les  caisses  consacrées  aux  plantes  sèches 
des  fruits  charnus,  des  boutures  de  plantes  grasses  ou  des  Algues  séchées  à 
l’air  libre,  car  on  y  introduirait  ainsi  de  l’humidité  ou  des  éléments  hygro¬ 
métriques  qui  détermineraient  la  fermentation  et  la  moisissure. 


Nous  nous  sommes  appliqué  à  réunir  dans  cet  article  toutes  les  indications 
qui  peuvent  guider  un  voyageur  dans  une  exploration  botanique;  nous  en 
avons  emprunté  aux  ouvrages  les  plus  estimés  les  éléments  principaux,  en  les 
complétant  parles  données  que  nous  a  fournies  notre  expérience  personnelle; 
mais  nous  11e  saurions  trop  engager  à  lire  ces  ouvrages,  dont  nous  donnons 
ci-dessous  la  liste,  et  dans  lesquels  se  trouvent  exposées  d’une  manière  plus 
complète  les  instructions  dont  notre  travail  n’est  guère  que  le  résumé. 


IIumeoldt  et  Bonpland,  Essai  sur  la  géographie  des  plantes,  accompagné  d’un  tableau 
physique  des  régions  équinoxiales,  fondé  sur  des  mesures  exécutées  depuis  le 
10e  degré  de  latitude  boréale  jusqu’au  10*  degré  de  latitude  australe,  pendant  les 
années  1799-1803.  Paris,  in-4°,  1805. 

Instructions  sur  les  recherches  qui  pourraient  être  faites  dans  les  colonies,  sur  les  objets 
qu’il  serait  possible  d’y  recueillir  et  sur  la  manière  de  les  conserver  et  de  les  transpor¬ 
ter.  —  Ces  instructions  ont  paru  dans  les  Mémoires  du  Muséum ,  t.  IV,  in-4°,  1818, 
(Il  en  a  été  fait  un  tirage  à  part.) 

Instructions  pour  les  voyageurs  et  pour  les  employés  dans  les  colonies,  sur  la  manière 
de  recueillir,  de  conserver  et  d’envoyer  les  objets  d’histoire  naturelle,  rédigées  par 
l’administration  du  Muséum  d’histoire  naturelle. 

A  -P.  de  Candolle,  Essai  élémentaire  de  Géographie  botanique,  publié  dans  le  18°  vo¬ 
lume  du  Dictionnaire  des  sciences  naturelles,  pp.  359  437,  in-8°,  1820.  (Il  a  été 
fait  un  tirage  à  part  de  cette  publication.) 

—  Instruction  pratique  sur  les  collections  botaniques,  in-8°,  1821,  publiée  dans  la 
Bibliothèque  universelle  de  Genève  et  tirée  à  part. 

H.  Lecoq,  De  la  préparation  des  herbiers  pour  l’étude  de  la  botanique,  in-8°,  1829. 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Adr.  de  Jussieu,  Géographie  botanique.  —  Cet  important  article  a  paru  dans  le  Dic- 
tionnaire  universel  d'histoire  naturelle.  (Il  en  a  été  fait  un  tirage  à  part.) 

—  Cours  élémentaire  d’histoire  naturelle,  Botanique  (voir  spécialement  les  Notions  sur 

la  Géographie  botanique),  in-12,  1848.  (Il  en  a  depuis  paru  plusieurs  éditions.) 

Germain  de  Saint-Pierre,  Guide  du  botaniste,  ou  Conseils  pratiques  sur  l’élude  de  la 
Botanique,  etc.,  in-12,  1851. 

—  Nouveau  Dictionnaire  de  Botanique,  in-8°,  1870.  (Voir  particulièrement  les  articles 

Herbier  et  Herborisations.) 

Alph.  de  Candolle,  Géographie  botanique  raisonnée,  ou  Exposition  des  faits  principaux 
et  des  luis  concernant  la  géographie  botanique  des  plantes  de  l’époque  actuelle, 
2  vol.  in-8°,  1855.  (Voir  particulièrement  l’article  intitulé  :  Des  caractères  qui  distin¬ 
guent  la  végétation  d'une  contrée.  Cet  article  a  paru  antérieurement  dans  la  Biblio¬ 
thèque  universelle  de  Genève,  décembre  1854,  et  a  été  tiré  à  part.) 

Ach.  Richard,  Nouveaux  Éléments  de  Botanique,  10e  édition  augmentée  de  notes  par 
MM.  Ch.  MartinsetJ.  de  Seynes,  in-12,  1870.  (Voir  spécialement  l’article  consacré 
à  la  Géographie  botanique.) 

B.  Verlot,  Le  Guide  du  botaniste  herborisant,  Conseils  sur  la  récolte  des  plantes,  la 
préparation  des  herbiers,  l’exploration  des  stations  de  plantes  phanérogames  et  crypto¬ 
games  et  les  herborisations,  in-12,  1865. 

P.  Duchartre,  Éléments  de  botanique,  in-8°,  1867.  (Voir  particulièrement  l’article 
intitulé  :  Préparation  des  plantes  et  Herbiers,  pages  781-791.) 

M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  de  la  communication  sui¬ 
vante,  qu’il  a  reçue  de  M.  le  président  de  la  Société  : 

RÉPONSE  AUX  OBSERVATIONS  DE  M.  CAUVET  —  I.  SUR  LA  MARCHE  DE  LA  SEVE  ET  SUR 
L’ORIGINE  DES  TISSUS,  par  M.  SkEUMASX  DE  SAIXT-PIEBRE. 

(Silvahelle  près  Hyères,  10  juillet  1871.) 


Je  remercie,  avant  tout,  notre  honorable  confrère  M.  Cauvet  d’avoir 
bien  voulu  autoriser  mon  ami  M.  de  Schœnefeld  à  me  communiquer  l’épreuve 
d’un  article  lu  par  lui  à  la  séance  du  27  janvier  1871,  séance  à  laquelle  il  ne 
m’a  pas  été  donné  de  pouvoir  assister.  L’article  de  M.  Cauvet  a  pour  titre  : 
Observations  relatives  à  quelques-uns  des  travaux  présentés  à  la  Société 
par  M.  Germain  de  Saint-Pierre.  La  première  partie  de  ce  travail  que  je 
reçois  aujourd’hui  est  intitulée  :  Note  sur  la  marche  de  la  sève  et  sur  l'ori¬ 
gine  des  tissus  (voyez  plus  haut,  p.  19). 

Je  regarde  comme  un  devoir  de  répondre  à  des  observations  courtoises  ou 
h  de  sérieuses  objections  toutes  dignes  d’examen  et  d’attention,  faites  par  un 
esprit  observateur.  Pour  plus  de  précision  et  de  clarté,  je  vais,  sans  adopter 
la  forme  de  discussion,  répliquer  à  l’article  de  M.  Cauvet,  paragraphe  par 
paragraphe. 

1.  —  Les  excellentes  figures  données  par  M.  Trécul  dans  ses  mémoires 
sur  l’évolution  du  bois  me  paraissent  conciliables  avec  le  mode  de  produc- 


SÉANCE  DU  1 1\  JUILLET  1871. 


123 


tion  des  tissus  végétaux  que  je  regarde  comme  le  véritable,  quelle  que  soit  l’in- 
terprétatiou  que  l’auteur  ait  cru  devoir  donner  aux  figures  qu’il  a  publiées. 

2.  — Des  tissus  nouveaux  peuvent  procéder  de  tissus  préformés  pendant  la 
durée  d’une  meme  période  d  évolution  ;  en  d’autres  termes,  par  exemple, 
pendant  une  même  période  dévolution,  pendant  une  même  saison,  des  cellules 
produisent  des  cellules  ;  — -  mais  des  productions  de  l’année  actuelle  ne  pro¬ 
cèdent  pas,  par  continuité,  des  productions  de  l’année  précédente  :  l’ancien 
bois  ne  produit  pas  la  nouvelle  couche  de  bois  ;  cette  nouvelle  couche  (dans 
les  Dicotylées)  se  dépose,  s’organise  simplement  à  la  surface,  au  contact  de  la 
précédente  ;  seulement,  des  matériaux  nutritifs  (résultat  direct  de  la  sève 
élaborée  ou  sève  descendante)  accumulés  dans  certaines  parties  de  la  plante 
pendant  une  période  précédente  (de  la  fécule,  par  exemple)  servent,  en  se  mo¬ 
difiant  physiquement  (c’est-à-dire  en  se  liquéfiant),  et  en  se  modifiant  chi¬ 
miquement,  à  la  nutrition  des  productions  nouvelles. 

3.  —  Tous  les  tissus,  soit  cellulaires,  soit  fibro-vasculaires,  se  constituent 
aux  dépens  d’une  sève  élaborée;  or  la  sève  s’élabore  chez  les  végétaux, 
comme  le  sang  chez  les  animaux,  surtout  par  l’action  delà  respiration,  et 
les  fonctions  de  respiration  s’accomplissent  chez  les  végétaux  par  l’action  des 
stomates,  organes  qui  appartiennent  essentiellement  aux  organes  foliaires, 
savoir;  la  partie  libre  et  aussi  la  partie  déçu rrente des  feuilles. 

4  et  5.  —  Chez  les  végétaux  dont  les  feuilles  sont  à  limbe  presque  nul, 
abortif,  ou  réduit  à  une  membrane  squamiforme  ou  à  une  ou  plusieurs  ner¬ 
vures  spinescentes,  notamment  chez  les  plantes  de  la  famille  des  Cactées, 
chez  les  plantes  dites  à  cladodes ,  les  feuilles  existent  dans  leur  partie  dite 
décurrente,  et,  par  un  admirable  balancement  organique,  le  cladode  remplace 
la  feuille  libre;  d’amples  décurrences  compensent  ce  qui  manque  en  limbes 
libres  ;  la  feuille  ne  manque  donc  alors  qu’en  apparence,  et  les  phénomènes  de 
respiration  et  d’assimilation  se  produisent  comme  chez  les  plantes  dont  les 
feuilles  sont  à  limbe  libre  et  membraneux. 

6  et  suivants. — Un  bourgeon,  soit  terminal,  soit  axillaire,  soit  adventif,  est 
dans  l’origine  un  nucléus  cellulaire,  et  ce  nucléus  est  toujours  un  produit  de 
la  sève  élaborée  ;  des  faisceaux  fibro-vasculaires  ne  se  rendent  pas  de  la  tige  à 
ce  bourgeon,  mais  se  rendent,  au  fur  et  à  mesure  de  son  développement,  de  ce 
bourgeon  à  la  tige.  Ces  processus  fibro-vasculaires  ne  s’irradient  pas  dans 
tous  les  sens,  ils  ne  remontent  pas  le  long  de  la  tige,  ils  descendent  au  con¬ 
traire  le  long  de  la  tige  en  tendant  à  l’envelopper.  Rien  n’est  plus  facile  que  de 
suivre  la  direction  de  ces  productions,  surtout  chez  les  végétaux  à  tissu 
lâche  (c’est-à-dire  abondamment  pourvus  de  tissu  cellulaire),  par  le  procédé 
delà  macération,  qui,  en  détruisant  le  tissu  cellulaire,  laisse  voir  très-nettement 
la  forme  extérieure  et  la  direction  des  faisceaux  fibro-vasculaires.  Les  bour¬ 
relets  qui  se  produisent  à  la  partie  supérieure  des  surfaces  décortiquées  sont 
encore,  de  ce  fait,  une  éloquente  et  irréfutable  démonstration. 


m 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


A  cette  objection,  très-forte  en  apparence,  cpie,  au  printemps,  des  tissus 
s’organisent  le  long  des  tiges  avant  la  production  des  nouvelles  feuilles,  je  ré¬ 
pondrai  que  les  nouveaux  tissus,  et  notamment  les  bourgeons  qui  se  développent 
alors,  sont  le  produit  de  la  sève  élaborée  l’année  précédente  par  les  feuilles 
tombées  en  automne,  et  aussi  par  les  parties  décurrentes  et  persistantes  de 
ces  feuilles  (décurrences  qui  constituent  la  surface  herbacée  des  jeunes  ra¬ 
meaux),  et  que  les  productions  nouvelles  s’accroissent  à  la  fois  par  l’absorption 
de  ces  matériaux  nutritifs  tenus  en  réserve,  et  parla  sève  actuellement  élaborée 
dans  les  nouvelles  feuilles,  au  fur  et  à  mesure  de  leur  développement. 

La  sève  élaborée,  dit  M.  Cauvetdans  ses  conclusions,  sert  surtout  à  la  pro¬ 
duction  des  principes  amylacés  et  autres  que  l’on  trouve  dans  les  tissus  per¬ 
sistants  pendant  l’arrêt  de  la  végétation.  — Je  crois  que  tous  les  physiologistes 
sont  complètement,  sur  ce  point,  de  l’avis  de  M.  Cauvet,  et,  pour  mon  compte, 
je  n’ai  jamais  attribué  une  autre  destination  aux  dépôts  de  substance  nutritive 
qui  s’accumulent  soit  dans  les  rhizomes  charnus  ou  les  tubercules,  soit  dans  les 
bulbes  ou  les  pseudo- bulbes,  soit  sur  certains  points  des  tiges  aériennes, etc., 
et  qui  servent  à  la  nutrition  des  productions  nouvelles,  lorsque  ces  dépôts  sont 
délayés  par  l’apport  de  sucs  nouveaux.  C’est  ainsi  que  les  ophrydo-bulbes  de 
l’année  précédente  se  vident  pour  la  production  de  la  jeune  rosette  de  feuilles 
et  de  la  lige  vernale,  et  qu’à  mesure  que  ces  anciens  ophrydo-bulbes  se 
lié  trissent,  la  nouvelle  plante  fournit  de  jeunes  ophrydo-bulbes  volumineux 
et  turgescents  qui  se  préparent  à  jouer  le  rôle  nourricier  à  leur  tour. 

Ajoutons,  au  point  de  vue  de  l’origine  des  tissus  et  de  la  marche  de  la 
sève,  ce  fait  essentiel  (sur  lequel  j’ai  plus  d’une  fois  déjà  insisté,  à  l’encontre 
de  la  théorie  encore  généralement  admise),  que  les  lignes  placentaires  sont  le 
produit  de  la  décurrence  des  funicules,  lesquels  funicules  sont  postérieurs  eux- 
mêmes  à  l’apparition  du  bourgeon  ovulaire  ;  que,  par  conséquent,  pour  les 
Bourgeons  ovulaires  (qui  se  manifestent  d’abord  par  une  feuille  rudimentaire 
enroulée  :  la  primine,  puis  par  les  feuilles  suivantes  dont  l’évolution  a  lieu 
dans  l’ordre  suivant  :  secondine,  nucelle  et  s'ac  embryonnaire),  que,  par  con¬ 
séquent,  dis-je,  pour  les  bourgeons  ovulaires  comme  pour  les  bourgeons 
foliaires  ou  Horaires  ordinaires,  les  tissus  fibro-vasculaires  qui  font  partie  con¬ 
stituante  du  raphé,  du  funicule  et  des  cordons  placentaires,  ne  montent  pas  de 
la  tige  aux  bourgeons  ovulaires,  mais  se  rendent  du  bourgeon  ovulaire  dans 
la  direction  de  la  tige. 

Je  crois,  en  terminant  ces  observations,  devoir  faire  remarquer  que  les 
idées  que  je  viens  d’exprimer  sur  la  marche  de  la  sève  et  sur  l’origine  des 
tissus  me  semblent  ne  pas  être  précisément  en  opposition,  sur  l’un  des  points 
les  plus  essentiels,  avec  les  idées  émises  par  notre  honorable  confrère  M.  Cau¬ 
vet,  puisqu’il  ne  paraît  pas  nier  que  les  productions  nouvelles  s’accroissent 
aux  dépens  de  substances  élaborées  d’abord  dans  les  organes  foliaires,  ni 
qu’une  partie  de  ces  sucs  élaborés  ne  puisse  immédiatement  être  mise  en  œuvre, 


SÉANCE  DU  \h  JUILLET  1871. 


125 


et  que  j’admets  comme  lui  (ce  que  M.  Cauvet  semblait  me  refuser)  que  ces 
sucs  peuvent  également  n’être  rnis  en  œuvre  comme  substance  assimilable  et 
nutritive  qu’après  avoir  été  déposés  dans  des  réservoirs  particuliers  où  ils  peu¬ 
vent  avoir  «  subir  d’importautes  modifications. 

Dans  un  prochain  article,  je  répondrai  aux  observations  critiques  de  M.  Cau¬ 
vet  (dont  j’attends  la  communication)  sur  les  divers  points  de  ma  classifica¬ 
tion  des  organes  souterrains  des  végétaux. 


Lecture  est  donnée  de  la  communication  suivante,  adressée  a  ia 
Société  : 


NOTE  SUR  LA  COUPE  DE  L’ACAJOU,  par  3t.  !®aial  IiÉW. 


(Grenadc-de-Nicaragua,  novembre  1869.) 


L’Acajou  du  Nicaragua  (, Swktenio ■  Mahagoni  L.)  ne  se  rencontre  en  abon¬ 
dance  que  dans  la  terre  chaude  du  versant  de  l’Atlantique,  où  il  forme  une 
notable  partie  des  forêts  qui  couvrent  les  bassins  des  rivières  traversant  de 
l’est  à  l’ouest  cette  contrée  encore  vierge,  humide  et  malsaine  du  reste,  peuplée 
de  serpents  et  autres  animaux  dangereux,  et  habitée  seulement  par  quelques 
misérables  sauvages,  non  pas  hostiles,  mais  arrivés  au  dernier  degré  de  la 
barbarie.  Dans  la  terre  chaude  du  versant  du  Pacifique  on  trouve  bien  aussi 
quelques  Acajous,  mais  ils  sont  généralement  petits  et  chétifs.  * 

Cet  arbre  se  rencontre  un  peu  partout  dans  la  région  qui  paraît  propice 
à  son  entier  développement  ;  mais  il  paraît  y  préférer  le  bord  des  ruisseaux. 
C’est  le  roi  des  forêts,  autant  par  les  dimensions  énormes  de  son  tronc  que 
par  la  magnificence  de  son  feuillage  ;  auprès  de  lui  les  autres  arbres,  même 
ceux  de  première  taille,  paraissent  insignifiants.  Aussi  ce  seul  fait  laisse-t-il 
déjà  deviner  que  sa  recherche  est  relativement  facile,  puisqu’en  montant  sur 
un  Acajou  on  peut  apercevoir  tous  ceux  qui,  aux  environs,  dominent,  de  leur 
dôme  de  verdure  noirâtre,  le  ttapis  de  nuances  diverses  que  forment  les  au¬ 
tres  arbres  d’alentour. 

Il  est  acquis  que  l’Acajou  croît  avec  une  extrême  lenteur  :  mais  rien  ne 
prouve  qu’il  soit  vrai  que,  ainsi  qu’on  ie  dit  dans  le  pays,  il  ne  puisse  être  bon  à 
couper  qu’à  l’âge  de  trois  cents  ans  au  moins.  Cette  limite  inférieure  peut  être 
provisoirement  considérée  comme  bonne,  mais  jusqu’à  preuve  du  contraire 
seulement.  En  attendant,  cette  donnée  suffit  pour  comprendre  que  les  coupes 
anciennes  sont  regardées  comme  anéanties,  jusqu’à  ce  que  la  forêt  vierge, 
s’étant  refermée  sur  les  sentiers  pratiqués  parles  hommes,  y  recommence  dans 
le  silence  et  l’oubli  son  œuvre  patiente  et  mystérieuse,  qu’un  jour  quelque 
spéculateur  rencontrera  et  dénoncera  comme  une  découverte. 

Mais  alors,  quel  âge  peuvent  avoir  ces  Acajous  si  gros,  qu’on  les  coupe  à 


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SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

quinze  pieds  au-dessus  du  sol  sans  oser  attaquer  le  bas?  et  ceux  d’où  ont  été 
extraites  des  pièces  que  j’ai  vues,  qui  avaient  2  mètres  sur  2  mètres  d’équar¬ 
rissage  sans  le  moindre  aubier,  qui  pesaient  20  tonnes  et  avaient  7  mètres  de 
long  ? 

L’Acajou  se  distingue  de  la  plupart  des  autres  arbres  par  le  peu  de  hauteur  à 
laquelle  il  commence  à  donner  des  branches.  En  forêt  vierge,  les  autres  jeunes 
arbres,  étouffés  dans  le  bas,  s’élancent  d’abord  vers  le  sommet  de  leurs  voisins 
pour  rencontrer  un  peu  de  soleii.  Ils  grossissent  alors,  mais  on  comprend  que 
ce  mode  de  croissance  leur  donne  à  presque  tous  un  tronc  cylindrique  élancé 
et  droit  ne  commençant  à  porter  des  branches  qu’à  une  grande  hauteur. 
C’est  du  tronc  de  l’Acajou  que  l’on  retire  par  l’équarrissage  les  bois  dits  carrés . 
Quant  aux  branches,  souvent  énormes,  très-longues  et  très-fortes,  elles  se 
vendent  en  grume,  dépouillées  ou  non  de  leur  écorce,  sous  le  nom  de 
canons. 

Les  bois  carrés,  c’est-à-dire  les  troncs,  n’ont,  pour  ainsi  dire,  pas  de  va¬ 
leur;  sciés  et  polis,  ils  ne  forment  aucun  dessin  et  ressemblent  à  du  sapin 
auquel  on  aurait  donné  artificiellement  la  teinte  de  l’Acajou.  Les  canons,  dans 
lesquels  les  fibres  du  bois  sont  plus  serrées,  se  vendent  beaucoup  plus  cher,  et 
le  prix  est  encore  plus  élevé  pour  ceux  qui  se  terminent  en  fourche,  et  qui, 
sous  ce  même  nom  de  fourches ,  valent  trois  fois  plus  que  le  tronc,  que  l’on 
peut  considérer  aujourd’hui  comme  invendable  puisque  l’on  ne  fait  plus  de 
gros  meubles  d’acajou  massif.  Dans  la  fourche  on  obtient,  par  le  sciage  des 
nœuds,  des  dessins  bizarres  fort  recherchés  dans  le  placage  de  l’ébénisterie. 
Les  lames  enlevées  sur  l’axe  d’une  fourche  sont  beaucoup  plus  chères  que 
celles  enlevées  près  des  bords. 

Voilà  le  motif  pour  lequel  on  ne  coupe  les  Acajous  qu’à  une  grande  hauteur 
au-dessus  du  sol,  abandonnant  ainsi  le  tronc,  qui  justement  coûterait  le  plus  à 
abattre  et  à  sortir  du  bois,  et  rapporterait  le  moins.  Le  plus  grand  nombre  des 
voyageurs  ont  jusqu’ici  trouvé  cela  inexplicable  et  l’ont  attribué  soit  à  la  pa¬ 
resse,  soit  au  défaut  de  moyens  de  transport. 

On  pourrait  bien  ne  couper  que  les  branches,  mais  on  remarquera  que  la 
fourche  la  plus  précieuse,  c’est  la  première,  celle  qui  est  formée  par  les  maî¬ 
tresses  branches,  et  qui  souvent,  à  elle  seule,  vaut  plus  que  tout  le  reste 
du  produit  de  l’arbre.  On  abat  donc  l’arbre  un  peu  au-dessous,  système  dé¬ 
fectueux,  d’abord  parce  qu’il  est  périlleux  pour  le  bûcheron,  et  puis  parce 
que,  en  tombant,  beaucoup  de  bons  canons  ou  de  petites  fourches  se  cassent. 
Il  vaudrait  mieux  couper  d’abord  toutes  les  branches  et  ensuite  séparer  la 
fourche  principale  du  tronc.  Les  canons  les  plus  gros  sont  les  plus  chers,  il 
en  est  de  même  pour  les  fourches. 

L’écorce  de  l’Acajou  est  grisâtre,  rugueuse,  sillonnée  de  grandes  cannelures 
parallèles  à  l'axe.  Le  feuillage  est  d’un  brun  vert  presque  permanent  en  toute 
saison.  Les  petites  branches  sont  abondantes,  l’arbre  est  très -ombreux,  très- 


SÉANCE  DU  U  JUILLET  1871. 


127 


touffu,  et,  si  les  feuilles  tombent,  elles  se  renouvellent  au  furet  à  mesure,  car 
il  en  est  toujours  aussi  bien  garni  et  on  ne  le  voit  sec  que  lorsqu’il  est  mort. 
Je  n’ai  jamais  vu  la  lleur.  Le  fruit  est  une  sorte  de  boule  en  forme  de  poire; 
il  est  recouvert  d’une  écorce  dure  et  ligneuse,  et,  au  mois  de  décembre  ou  de 
janvier,  s’ouvreen  quatre  écailles  qui  se  recourbent  sur  elles-mêmes  et  laissent 
apparaître  un  axe  d’où  les  graines  ailées  d’un  côté  se  détachent  peu  à  peu 
sous  l’effort  du  vent,  comme  dans  les  arbres  de  la  famille  des  Bignoniacées. 
L’Acajou  paraît  repousser  la  plupart  des  lianes  et  des  parasites;  ni  les  abeilles 
ni  les  fourmis  ne  l’attaquent  ;  il  paraît  à  l’abri  de  toutes  les  sources  de  des¬ 
truction  dont  sont  victimes  la  plupart  des  essences  forestières  américaines. 

La  sciure  d’Acajou  jeune  est  employée  au  Nicaragua  comme  bois  de  tein¬ 
ture.  L’eau  dans  laquelle  on  l’a  fait  bouillir  sert  à  teindre  des  tissus  indigènes 
ou  divers  autres  objets  ;  mais  on  l’emploie  surtout  pour  donner  de  la  couleur 
aux  cuirs  tannés  dans  le  pays. 

En  espagnol,  une  coupe  d’Acajou  s’appelle  un  corte.  Mais  les  rares  cortes 
qu’il  y  a  sur  la  côte  de  l’Atlantique  étant  fondés  et  dirigés  par  des  Anglais  qui 
appellent  une  coupe  benk  ou  icank,  ce  dernier  mot  a  prévalu  au  Nicaragua; 
d’autant  plus  que  les  indigènes  employés  dans  les  coupes  ont  tous  été  jadis 
sujets  du  fameux  roi  mosquito,  que  l’Angleterre  avait  inventé  d’abord  et  mis 
ensuite  sous  sa  protection  afin  de  poser  des  jalons  pour  étendre  sur  cette 
côte  sa  colonie  de  Balize.  Aujourd’hui  tout  le  bruit  qu’a  fait  jadis  la  question 
mosquite  a  disparu,  et  le  Nicaragua,  alors  à  moitié  conquis,  est  rentré  dans 
ses  limites  naturelles,  grâce  aux  efforts  de  la  diplomatie  européenne  ;  mais  les 
populations  de  la  côte  continuent  à  appeler  wank  un  corte  et  à  parler  anglais 
plutôt  qu’espagnol. 

Les  forêts  vierges  étant  naturellement  propriété  de  l’État,  celui-ci  a  le  droit 
d’imposer  une  somme  à  payer  pour  chaque  arbre  abattu.  Cette  somme  a 
même  été  fixée  par  des  décrets,  et  il  y  a  au  cap  Gracias-a-Dios  un  délégué 
chargé  de  la  percevoir.  Mais  on  concevra  que  l’éloignement,  l’absence  de  tout 
contrôle  et  de  toute  autorité  locale  font  de  tout  cela  un  pauvre  revenu.  Il  est, 
du  reste,  fort  difficile  que  le  délégué,  qui  naturellement  ne  peut  pas  aller  dans 
les  coupes  et  s’y  perdrait,  n’ayant  d’autre  moyen  d’apprécier  la  quantité  d’ar¬ 
bres  abattus  que  le  nombre  des  maîtresses  fourches  embarquées,  ne  se  trompe 
souvent.  Le  mieux  serait  d’imposer  un  droit  par  stère,  ce  à  quoi  on  n’a  jamais 
songé.  La  conséquence  la  plus  déplorable  de  cet  état  de  choses  est  l’absence 
complète  de  documents  statistiques  sur  cette  industrie,  sur  son  importance  au 
Nicaragua,  sur  les  mouvements  de  fonds,  de  gens  et  de  bestiaux  qu’elle  occa¬ 
sionne,  et  enfin  sur  les  marchés  où  est  vendu  le  caoba  (acajou)  nicaraguien. 

La  première  chose  à  faire  pour  établir  une  coupe  d’Àcajou,  c’est  de  choisir, 
au  bord  de  la  mer  et  à  rembouchure  d’une  rivière,  un  lieu  où  l’on  puisse 
fonder  un  établissement  permanent,  facile  à  approvisionner,  pouvant  rece¬ 
voir  les  navires,  et  où  l’on  soit  à  même  de  charger  ceux-ci  commodément.  Il 


128  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

faut  ensuite  lancer  sur  la  rivière  et  sur  ses  affluents  une  flottille  d’embarca¬ 
tions  de  dimensions  variées.  On  se  procurera  un  approvisionnement  de  roues 
épaisses  et  solides,  ainsi  que  de  chaînes,  haches,  sabres  d’abatis  et  tout  un 
outillage  considérable,  puis  des  bœufs,  et  enfui  des  ouvriers.  On  devra  con¬ 
stamment  être  pourvu  de  vivres  de  toute  nature  pour  alimenter  les  diverses 
brigades,  et  avoir,  pour  le  même  objet,  des  marins,  des  chasseurs  et  des  pê¬ 
cheurs  constamment  occupés. 

Les  premiers  auxiliaires  à  appeler  à  son  aide  sont  de  bons  monteadores . 
Un  monteador  est  un  homme  chargé  de  chercher  et  de  trouver  les  arbres 
bons  à  couper.  Il  y  en  a  toujours  de  disponibles,  et  leur  renommée  les  dé¬ 
signe  à  l’entrepreneur  ;  mais  ils  se  font  toujours  payer  un  prix  exorbitant 
(200  à  250  francs  par  mois).  Je  ne  crois  pas  qu’il  y  ait  au  monde  une  occu¬ 
pation  plus  difficile  et  plus  sauvage  que  celle  du  montéador,  à  moins  que  ce  ne 
soient  celles  du  chercheur  de  caoutchouc  ou  de  quinquina,  qui  ont  avec  elle 
beaucoup  de  ressemblance.  Il  marche  dans  la  forêt  sans  autre  guide  que  le 
soleil^  souvent  perdu,  sans  eau  et  sans  vivres.  Pourtant,  à  l’époque  où  se  fait 
la  campagne  du  montéador  (du  15  juillet  au  1er  janvier),  le  feuillage  des  Aca¬ 
jous  est  légèrement  jaunâtre,  et  son  œil  exercé  sait  les  découvrir  à  de  grandes 
distances,  de  même  que  son  instinct  lui  permet  d’arriver  ensuite  jusqu’à  eux. 

On  calcule  qu’un  montéador  peut  découvrir  assez  d’arbres  pour  occuper 
cinquante  hommes.  Ceux-ci  forment  une  compagnie,  sous  les  ordres  d’un  chef 
appelé  capitaine,  qui  distribue  les  travaux  et  fixe  les  tâches  et  les  salaires.  Le 
capitaine  doit  découvrir  les  sentiers  qu’a  faits  le  montéador  pour  arriver  à 
chaque  arbre  ou  chaque  groupe  d’arbres,  et  cela  est  d’autant  plus  difficile  que 
le  montéador  a  intérêt  à  faire,  ce  sentier  le  moins  visible  possible  et  à  en 
dissimuler  l’entrée  au  point  qu’elle  ne  soit  reconnaissable  que  par  un  signe 
convenu  entre  le  capitaine  et  lui,  tel  que,  par  exemple,  un  piquet  à  tant  de 
mètres  en  avant  ou  en  arrière,  etc.  Il  y  a  en  effet  de  nombreux  exemples  de 
montéadors  qui,  ayant  découvert  les  sentiers  (piquetés)  d’autres  collègues,  se 
sont  empressés  d’v  amener  leur  compagnie;  et,  lorsque  le  premier  y  a  voulu 
amener  la  sienne,  il  a  trouvé  la  place  occupée  ou  vide,  et  cela  sans  réclamation 
possible. 

Lorsque  la  saison  est  avancée,  ou  la  place  mauvaise,  ou  le  montéador  inha¬ 
bile,  on  diminue  l’effectif  de  la  compagnie.  Quoi  qu’il  en  soit,  celle-ci,  arrivée 
au  lieu  désigné,  commence  par  se  faire,  en  vingt-quatre  heures,  des  huttes 
composées  de  quatre  piquets  et  d’un  toit  de  palmes.  Chacun  accroche  dans  la 
sienne  son  hamac  numide  sa  moustiquaire;  et,  près  de  celle  du  capitaine,  qui 
reçoit  et  distribue  les  provisions  de  l’entrepreneur,  une  marmite  sur  deux 
pierres  suffit  à  faire  la  cuisine,  composée  de  viande  ou  poisson  bouilli  et  de 
bananes  bouillies  ou  grillées.  Le  capitaine  envoie  dire  à  l’entrepreneur  le  ti¬ 
rant  d’eau  des  embarcations  dont  il  a  besoin  suivant  l’importance  du  ruisseau 
le  plus  voisin  ou  le  nombre  et  la  difficulté  des  rapides.  Il  reçoit  les  bœufs  de 


SÉANCE  DU  1  k  JUILLET  J  87  J . 


129 


irait  et  de  boucherie,  qu’ou  lâche  attachés  deux  à  deux  dans  le  bois  où  l’herbe 
croît  avec  profusion.  Près  de  sa  cabane  s’entassent  les  roues  et  les  chaînes,  et 
à  la  porte  se  dresse  un  meuble  d’une  importance  capitale:  une  meule  à  aiguiser 
les  haches  et  les  sabres. 

On  commence  alors  à  attaquer  les  arbres  ;  chaque  ouvrier  se  voit  désigner 
le  sien  ainsi  que  la  hauteur  à  laquelle  il  doit  le  couper.  Il  fait  ensuite  un  écha¬ 
faudage  grossier  jusqu’à  cette  hauteur-là,  et,  bien  que  ce  procédé  soit  très- 
périlleux  en  apparence,  il  n’arrive  presque  jamais  d’accident. 

A  partir  de  janvier,  il  y  a  trop  peu  d’eau  dans  les  rivières  pour  assurer  le 
service  de  ia  coupe,  et  la  sécheresse,  dit-on,  a  une  mauvaise  influence  sur  les 
bois  fraîchement  coupés;  cela  est  très-fâcheux,  parce  que  le  transport  sous  bois 
des  troncs  abattus,  pendant  les  pluies  et  les  boues  qui  en  résultent,  est  quel¬ 
quefois  fort  difficile.  L’enlèvement  des  produits  de  la  coupe  est  certainement 
l’opération  la  plus  délicate.  Le  capitaine  choisit  d’abord  la  direction  d’un  che¬ 
min  général  allant  jusqu’à  l’endroit  propice  à  l’embarquement;  de  ce  chemin, 
partent  d’autres  embranchements  qui  vont  jusqu’à  chaque  arbre.  Ces  che¬ 
mins  sont  faits  à  la  tâche  ainsi  que  les  nombreux  ponts  qu’ils  nécessitent. 
On  ne  fait  aucun  travail  de  terrassement,  et  l’on  se  contente  de  couper  jus¬ 
qu’au  ras  du  sol  les  arbres  qui  se  trouvent  sur  le  trajet;  travail  considé¬ 
rable  tant  à  cause  de  ia  largeur  du  chemin  et  de  la  quantité  d’arbres  à 
couper  que  par  la  dureté  de  quelques-uns  qui  résistent  à  ia  hache  et  que  l’on 
n’abat  qu’à  l’aide  du  feu.  Ces  débris,  dont  quelques-uns  seraient  pourtant 
utiles  ou  précieux,  servent  à  combler  les  petits  ruisseaux  ou  à  faire  les  ponts. 

En  décembre,  les  rivières  sont  à  leur  maximum  et  les  chemins  finis;  on 
divise  alors  les  bois  par  charges  amarrées  avec  de.-,  chaînes;  on  les  suspend  à 
l’essieu  de  deux  roues,  et  l’on  y  attèle  les  bœufs  qui  les  amènent  à  grand  ren¬ 
fort  de  coups  et  de  cris  sauvages;  puis  les  bois  sont  embarqués  et  centra¬ 
lisés  à  rétablissement  principal.  Quelques  ouvriers  restent  là  pendant  l’été, 
occupés  à  l’embarquement  sur  les  navires,  à  faire  des  canots,  des  roues  et  à 
tout  préparer  pour  la  campagne  suivante.  Les  autres  retournent  dans  leurs 
familles,  en  emportant  leur  gain  qui  est,  suivant  leur  classe,  de  75,  00  ou 
50  francs  par  mois,  payables  moitié  eu  argent,  moitié  en  effets,  outils,  ar¬ 
mes,  etc. 

P. -S.  Tout  ce  qui  précède  est  applicable  au  Cédrel,  au  Gaïac  et  au  bois  de 
Campêche,  qui  sont  chacun  au  Nicaragua  l’objet  de  coupes  au  moins  aussi 
importantes  que  l’Acajou,  lequel  d’ailleurs,  comme  chacun  le  sait,  a  passé 
de  mode  et  diminué  beaucoup  de  valeur. 


M.  Gris,  au  nom  de  M.  Brongniart  et  au  sien,  fait  à  ia  Société  la 
communication  suivante  : 


T.  XV11I. 


(séances)  9 


130 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


SUPPLÉMENT  AUX  CONIFÈRES  DE  LA.  NOUVELLE-CALÉDONIE, 

par  MM.  Adolphe  ISUOAGMARI  et  Arthur  GRIS(l). 


Les  Araucaria  sont  (les  plantes  polymorphes  qui  ne  peuvent  être  détermi¬ 
nées  d’une  manière  certaine  (pic  si  l’on  en  possède  des  rameaux  adultes  munis 
de  fleurs  et  de  fruits. 

Nous  avons  longtemps  attendu  des  différents  collecteurs  de  la  Nouvelle- 
Calédonie  autre  chose  qu’un  cône  isolé  ou  quelque  petit  fragment  de  rameau. 
Grâce  aux  échantillons  si  intelligemment  récoltés  par  M.  Balansa,  il  nous  est 
enfin  permis  de  donner  une  diagnose  suffisante  des  diverses  espèces  de  ce 
beau  genre  propres  à  notre  intéressante  colonie,  de  compléter  ou  de  rectifier 
certaines  descriptions,  enfin  de  nous  éclairer  sur  une  synonymie  confuse, 
chose  difficile,  car  les  voyageurs  ou  les  descripteurs  se  laissent  aller  bien  aisé¬ 
ment  à  donner  un  nom  à  des  échantillons  incomplets. 

Ces  espèces  sont  au  nombre  de  cinq,  et  o»:  peut  les  disposer  dans  un  ordre 
tel  que  l’on  passe  insensiblement  d’un  type  dans  lequel  les  feuilles  sont  ré¬ 
duites  à  de  petites  écailles  à  un  autre  type  dans  lequel  ces  organes  ont  pris  un 
développement  et  une  manière  d’être  analogues  à  ceux  que  l’on  connaît  dans 
les  feuilles  de  V Araucaria  imbricata. 

C’est  dans  cet  ordre  que  nous  allons  décrire  ces  espèces  pour  obéir  au 
principe  de  la  méthode  naturelle,  et  non  pour  indiquer  qu’elles  sont  des  formes 
indéterminées  produites  par  un  certain  concours  de  circonstances  extérieures. 
Nous  croyons  à  l’existence  de  l’espèce  en  général,  et,  en  particulier,  des  types 
que  nous  allons  décrire  dont  les  caractères  distinctifs  sont  pris  en  même  temps 
dans  les  appareils  de  la  végétation,  de  la  reproduction  et  de  la  fructification. 
L’absence  de  graines  mûres  ne  nous  a  pas  permis  de  constater,  par  le  nombre 
des  cotylédons,  si  la  place  de  ces  espèces  est  dans  le  groupe  des  Entassa 
australiens  ou  dans  celui  des  Araucaria  américains. 


1.  Araucaria  Balansæ. 

Arbor  excelsa,  Ô0-50  metr.  alta. 

Ramuli  adulti  distichi,  adscendentes. 

Folia  arboris  adultæ  in  ramulis  speciminis  feminei  imbricata,  squamifor- 
mia,  A-5  mill.  longa,  2  §  mil!,  lata,  arcuala  vel  arcuato-uncinata,  ovato- 
triangularia,  medio  utrinque  carinata,  itaque  subtelragona,  basi  obliqua 
subrhomboidali  inserla,  punctulis  albis  multiseriatis  conspersa. 

Arnenta  mascula  cylindrico-conica,  paulum  arcuata,  3-5  cent,  longa, 
1  £  cent,  lata,  basi  bracteis  imbricatis  involucrata,  inferioribus  minoribus 
ovatis,  superioribus  5  mill.  longis  lanceolato-triangularibus;  stamina  arcte 
imbricata,  connectivo  2  £  mill.  longo,  triangulari,  acuto,  crasso,  nitido,  pan- 


I 

i 


(1)  Voyez  le  Bulletin,  t.  XIII,  p.  à 22  et  t.  XVI,  p.  325. 


SÉANCE  DU  là  JUILLET  1871.  131 

lum  arcuato  ;  lobi  polliniferi  decem,  bis  patentibus  breviter  mucronulatis, 
illis  concavis  apice  paulo  cucullatis(l). 

Ramus  strobiliferus  rigidus,  ramis  sterilibus  immixtus,  crassior,  4-5  cent, 
longus,  foliis  squamiformibus  distantibus,  triangularibus,  subplanis,  applicatis. 

Strobilus  elliptico-globosus,  10-11  cent,  longus,  7-8  cent,  la  tu  s  ;  squamæ 
obovato-cuneatæ,  3  cent,  longæ  latæque,  parte  superiore  coriacea,  semi- 
rotunda,  externe  convexa  sicutque  transverse  carinata,  nitida  incrassatæ,  in 
appendicem  triangularem  aculam  vix  incurvam  vel  rectam,  3  rnill.  longam 
productæ,  lateraliter  in  alam  scariosam  fulvam,  fragilem,  1  cent,  latarn 
expansæ,  medio  inflatæ  ;  squamula  triangularis,  apice  tantum  libéra,  margine 
subtiliter  fnnbriata. 

Habitat  in  silvis  Novæ*Galedoniæ,  altitudine  500  m,  (Balansa,  il0  2511). 

Cet  arbre,  qui  peut  atteindre  50  mètres  de  hauteur,  est,  d’après  M.  Ba¬ 
lansa,  répandu  dans  les  bois  du  littoral,  et  son  tronc  est  souvent  incline. 
Notre  voyageur  l’a  rencontré  dans  les  forets  situées  au  sud-est  de  la  table  Unio, 
vers  500  mètres  d’altitude;  au  cap  Bocage,  sur  les  collines  éruptives;  à  la 
baie  Duperré  (rade  de  Kanala),  dans  les  bois  des  terrains  éruptifs. 

Ses  feuilles  sont  de  petites  écailles  longues  de  4  à  5  millimètres,  et  de  2  à 
3  millimètres  de  largeur,  ovales-triangulaires,  subtétragones,  arquées. 

Ses  chatons  mâles  sont  longs  de  3  à  5  centimètres.  Le  connectif  des  éta¬ 
mines  porte  10  lobes  d’anthère  dont  les  intérieurs  sont  concaves  et  un  peu 
cucullés  au  sommet  ;  il  est  long  de  2  mill.  f,  triangulaire,  arqué,  luisant  et 
coriace. 

L’ appendice  qui  surmonte  les  écailles  du  cône  est  triangulaire,  presque 
droit  et  long  de  3  millimètres. 

2.  Araucaria  Cookii  R.  Brown. 

Arbor  excelsa,  40-60  metr.  alta,  «  ramis  su b-5 -ver tici  1 1  a t is ,  brevibus, 
horizontalibus  » . 

Ramuli  juvéniles  et  adulti  plerique  distichi,  adscendentes. 

Folia  in  arboris  juventute  compresso-tetragona,  subulata,  arcuata,  adscen- 
dentia,  in  ramulis  imbricata,  1  cent,  longa,  in  ramis  paulo  distanlia,  12  mill. 
longa;  arboris  adultæ  in  ramulis  masculis  sterilibus  vel  amentigeris  brévia, 
squamiformia,  imbricata,  5-6  mill.  longa,  4-5  mill.  lata,  ovato-rotundata, 
intus  concava  et  punctulis  minutis,  albis,  oo-seriatis  conspersa,  dorso  convexa 
medioque  subcarinata,  lucida,  in  ramulis  femineis  plerumque  ovata,  paulo 
longiora  angustioraque,  cæterum  conformia. 

Ameuta  mascul a  ramulos  15-20  cent,  longos  sterilibus  conformes  termi- 

(1)  Dans  notre  travail  sur  les  Araucaria ,  qui  a  paru  dernièrement  dans  les  Annales 
des  sciences  naturelles ,  les  lobes  d’anthère  sont  généralement  décrits  comme  triscriés 
mais,  en  s’attachant  plus  particulièrement  à  leur  mode  d’insertion,  il  eût  été  plus  exact 
de  les  dire  communément  bisériés.  ( Note  ajoutée  pendant  l'impression.) 


132 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


nantia,  conoidea,  5-8  cent,  longa,  1  {  cent,  lata,  basi  bracteis  imbricatis 
involucrata  ovatis,  ovato-lanceolatis  vel  superioribus  lanceolatis,  sensim 
angustatis ,  submembranaceis  margine  scarioso  inæqualiter  denticulalis. 
Stamina  arcte  imbricala,  connectivo  ovato  submembranaceo  basi  incrassato, 
margine  scarioso  fimbriatoque,  6  mil!,  longo,  basi  5  mill.  lato  ;  lobi  polliniferi 
decem,  plerique  patentes,  apice  subulati,  ‘6-h  (interiores  fdamento  contigui) 
concavi  apice  paulum  cucullali. 

Ameuta  feminea  5  cent,  longa,  2  £  cent,  lata,  ramulos  3-4  cent,  longos 
terminantia,  foliis  imbricatis  applicatis,  ovato-triangularibus,  utrinque  medio 
plus  minusve  carinatis,  multiseriatim  albo-punctulatis,  nitidis,  8-10  mill. 
longis,  superioribus  ovato-lanceolatis  vel  etiam  anguslato-subulatis,  margine 
subtilissime  denticulatis.  Squamæ  lanceolatæ,  infra  medium  lateraliter  alatæ, 
alis  membranaceis  rotundatis,  versus  apicem  angustato-subulalæ  reflexæ,  15- 
16  mill.  longæ;  squamula  ovata,  margine  delicatule  fimbriata  squamæ  basi 
adhærens. 

Ramus  strobili férus  rigidus ,  5  cent,  longus,  foliis  applicatis,  distantibus,  ovato- 
triangularibus,  apice  incurvalis,  intus  medio  dorsoque  carinatis  et  -seriatim 
punctulatis,  superioribus  lanceolatis,  basi  dilatato - iucrassatis ;  Strobilus 
elliptico-globosus,  10-11  cent,  longus,  6-7  cent,  lattis;  squamæ  obovalo- 
cuneatæ,  2  f-3  cent,  longæ  latæque,  parte  superiore  coriacea,  semirotundata, 
externe  convexo-gibbosa,  incrassatæ,  in  appendicem  triangularem,  subula- 
tam,  acutam,  6  mill.  longam,  extus  recurvam  productæ,  lateraliter  in  alam 
scariosam,  fulvam,  fragilem,  10-12  mill.  latam  expansæ,  medio-intlatæ;  squa- 
mula  triangularis,  margine  subliliter  fimbriata,  apice  tantum  libéra. 

Habitat  præcipue  in  Nova-Caiedonia  australi  et  in  insula  Pinorum  (Pancher, 
loco  dicto  Port-Boisé .  —  Vieillard,  in  oris  sinus  Io  Galedoniæ  australis, 
n°  1279  (ex  Parlatore).  —  Balansa,  circa  Kanala  prope  pagos,  n°  2509;circa 
pagum  Nekou  dictum,  n°  2509^;  ad  rupinas  insulæ  Lifu  prope  Chepenclie , 
n°  2509^;  prope  ostium  rivi  Nera  loco  Roche-Percée  vocato. 

Var.  p.  luxurians.  — Foliis  plerisque  majoribus,  8-9  mill.  longis,  ovato- 
rotundalis;  amentis  masculis  majoribus,  12  cent,  longis,  plerisque  arcuatis  ; 
staminum  connectivo  simulque  longiore. 

Cette  variété  croît  à  Kanala,  mêlée  avec  le  type;  mais,  au  rocher  de  Bou- 
remère,  près  de  l’embouchure  de  flo,  M.  Balansa  n’a  rencontré  que  des  pieds 
appartenant  à  cette  forme  remarquable. 


Le  23  septembre  1774,  Jacques  Cook,  naviguant  dans  l’archipel  de  la 
Nouvelle-Calédonie,  aperçut  de  loin  des  objets  qui  ressemblaient  à  des  colonnes 
éloignées  les  unes  des  autres  ou  formant  des  groupes  serrés.  »  Nous  ne  pou- 
»  vions  pas  nous  acco  der,  dit-il,  sur  la  natuie  de  ces  objets.  Je  supposais  que 
»  c’était  une  espèce  singulière  d’arbre.  »  Deux  jours  après,  on  rencontra  sur 
quelques-unes  des  îles  basses  plusieurs  de  ces  élévations  déjà  mentionnées. 


SÉANCE  DU  14  JUILLET  1871.  133 

«  Chacun  tomba  d’accord  que  c’étaient  des  arbres,  et  MM.  Forster  en  convin- 

rent  eux-mêmes  (1).  » 

Ne  pouvant  se  résoudre  à  quitter  la  côte  avant  d’avoir  reconnu  ces  arbres  qui 
avaient  été  le  sujet  des  spéculations  de  tout  l’équipage,  Cook  débarqua,  avec 
les  botanistes,  dans  une  petite  île  qu’il  nomma  île  de  la  Botanique ,  parce 
qu’on  y  découvrit  trente  espèces  de  plantes  dont  plusieurs  étaient  nouvelles. 

«  Nous  trouvâmes,  dit-il,  que  les  gros  arbres  étaient  une  espèce  de  Pin  très- 
»  propre  pour  des  espars  dont  nous  avions  besoin.  Leurs  branches  croissaient 
»  autour  de  la  tige,  formant  de  petites  touffes;  mais  elles  surpassaient  rarement 
»  dix  pieds,  et  elles  étaient  minces  en  proportion...  J’observai  que  les  plus 
»  grands  de  ces  arbres  avaient  les  branches  plus  petites  et  plus  courtes,  et 
»  qu’ils  étaient  couronnés  comme  s’il  y  eût  eu  à  leur  sommet  un  rameau  qui 
»  eût  formé  un  buisson.  C’était  là  ce  qui  les  avait  fait  prendre  d’abord,  et  avec 
»  si  peu  de  fondement,  pour  des  colonnes  de  basalte.  » 

Le  végétal  gigantesque  dont  la  forme  remarquable  avait  tant  intrigué  nos 
voyageurs,  et  que  Cook  avait  avantageusement  utilisé  pour  des  constructions 
nautiques,  fut  signalé  par  Forster  sous  le  nom  de  Cupressus  columnaris  (2). 
Mais  il  en  donnait  une  idée  bien  incomplète  dans  celle  courte  phrase  diagno¬ 
stique  :  «  Foliis  imbricatis,  subulatis,  sulcatis;  strobilis  cylindricis  elongatis  » , 
qu’il  appliquait  d’ailleurs  en  même  temps  à  Y  Araucaria  excelsa  de  l’île  de 
Norfolk,  confusion  reproduite  par  Lambert  (3). 

C’est  Robert  Brown  (4)  qui,  en  examinant  l’échantillon  unique  de  la  plante 
rapporté  par  les  naturalistes  de  l’expédition  de  Cook  ,  reconnut  qu’elle  était 
une  espèce  distincte  et  lui  donna  le  nom  de  son  illustre  et  excellent  inven¬ 
teur. 

En  1851,  Lindley  (5)  appelait  de  nouveau  l’attention  des  savants  et  des 
horticulteurs  sur  cet  arbre  singulier,  à  l’occasion  d’une  récente  exploration  de 
M.  Moore  dans  la  Nouvelle-Calédonie.  Ce  dernier,  jardinier  en  chef  du  jardin 
botanique  de  Sidney,  crut  avoir  retrouvé  en  pleine  vigueur  un  des  arbres 
mentionnés  par  Cook,  qu’il  disait  élevé  comme  une  tour,  et  que  M.  Moore 
compare  à  une  très-haute  cheminée  de  manufacture. 

M.  Hooker  donna  le  premier,  en  1852,  une  description  assez  complète  de 
la  plante  (6).  Il  constate  le  dimorphisme  des  feuilles,  signale  les  inflorescences 
mâles,  décrit  le  fruit,  et  ajoute  au  texte  une  planche  contenant  deux  figures, 
dont  l’une  représente  une  branche  adulte,  rameuse,  portant  deux  strobiles,  et 

(1)  Voyage  dans  l’hémisphère  austral  et  autour  du  monde,  écrit  par  Jacques  Cook, 
commandant  delà  Résolution,  t.  III,  p.  318  et  suiv. 

(2)  Florulœ  insularum  australium  Prodromus. 

(3)  Description  of  the  genus  P  inus. 

(1)  Araucaria  Cookii  Bob.  Brown,  ex  Don  in  The  Linnœan  Society’s  Transactions , 
vol-  XVIII,  p.  161. 

(5)  Journal  of  the  Horticultural  Society  of  London ,  t.  VI,  p.  267. 

(6)  Botanical  magazine,  3e  sér.  t.  VIII,  tab.  1635. 


134  SOCIÉTÉ  BOTAISIQUE  DE  FRANCE. 

l’autre  une  branche  également  adulte,  avec  rameaux  terminés  par  des  chatons 
d’étamines.  Nous  ferons  remarquer  que  le  végétal  est  décrit  sous  le  nom 
d 'Araucaria  columnaris ,  et  que  les  écailles  du  strobile  sont  dites  dispermes. 

M.  Vieillard,  dans  son  intéressant  mémoire  sur  les  Plantes  utiles  de  la 
Nouvelle-Calédonie  (1),  rapporte  que  l’arbre  en  question  a  le  tronc  droit, 
très-élevé,  souvent  fort  gros,  Rarement  rameux,  presque  dénudé,  ne  présen¬ 
tant  dans  toute  sa  longueur  que  des  rameaux  grêles,  dressés,  apprimés,  qu 
lui  donnent  une  apparence  de  pauvreté  désagréable  à  l’œil;  on  dirait  un  ma 
autour  duquel  on  aurait  collé  de  petites  branches.  «  Cet  arbre,  ajoute-t-il,  est 
»  beaucoup  moins  commun  qu’on  ne  le  croit  généralement  ;  on  ne  le  rencontre 
»  qu’à  la  baie  du  Sud.  Cette  dernière  localité,  que  Cook  avait  trouvée  si  riche 
»  en  Pins  columnaires,  n’en  possède  plus  que  quelques  pieds  isolés,  et  les 
»  îlots  eux-mêmes  ont  été  si  exploités  que  l’administration  locale  a  dû  prendre 
»  des  mesures  pour  empêcher  cette  précieuse  essence  de  disparaître  ;  car  non- 
»  seulement  on  abattait  les  arbres,  mais  encore  on  arrachait  les  jeunes  pieds 
»  par  milliers  pour  les  expédiera  Sidney.  » 

Enfin,  en  1868,  dans  le  grand  travail  sur  les  Conifères  dont  M.  Parlatore  a 
enrichi  le  Prodromus ,  X Araucaria  Cookii  est  rangé  dans  la  section  des  Eu- 
tacta ,  entre  VE.  Cunninghami  et  VE.  excelsa.  Mais  l’auteur,  manquant  sans 
doute  de  matériaux,  n’a  décrit  ni  les  chatons  mâles  ni  les  chatons  femelles. 

Nous  avons  longtemps  attendu  nous-mêmes  les  matériaux  nécessaires  à 
l’étude  complète  de  celte  magnifique  espèce.  C’est  grâce  à  M.  Balansa  que 
nous  avons  pu  décrire  avec  quelque  certitude  ses  feuilles,  ses  fleurs  et  ses 
fruits. 

E  Araucaria  Cookii  est  un  arbre  de  40  à  60  mètres  de  haut,  dont  le  tronc 
droit  porte  des  couronnes  espacées  de  branches  courtes  et  horizontales,  et 
dont  les  ramules  sont  distiques  et  ascendants. 

Dans  sa  jeunesse,  l’arbre  porte  des  feuilles  comprimées,  tétragones,  subulées, 
ressemblant  à  des  aiguilles. 

A  l’état  adulte,  les  feuilles  sont  de  petites  écailles  coriaces  de  5  à  6  milli¬ 
mètres  de  longueur,  de  4  à  5  millimètres  de  largeur,  ovales  ou  ovales-arrondies, 
convexes  et  carénées  sur  le  dos,  luisantes  et  comme  vernies. 

Les  chatons  males  sont  longs  de  5  à  8  centimètres,  cylindriques,  atténués 
vers  le  haut.  Le  connectif  des  étamines  porte  dix  lobes  d’anthère,  dont  les 
intérieurs  sont  repliés  en  façon  de  gouttière  et  un  peu  cucullés  au  sommet.  Il 
est  long  de  6  millimètres,  membraneux,  ovale,  à  bords  scarieux  finement  et 
irrégulièrement  laciniés. 

L 'appendice  qui  surmonte  les  écailles  du  cône  est  triangulaire,  subulé, 
réfléchi  et  long  de  6  millimètres. 

h' Araucaria  de  Cook  habite  particulièrement  la  Nouvelle-Calédonie  aus- 


(1)  Ann.  des  sc ,  nal.  4e  sér.  t.  XVI,  p.  55. 


SÉANCE  DU  l/l  JUILLET  1871.  135 

traie  et  l’ile  des  Pins;  d’après  M.  Parlatore,  on  le  retrouverait  dans  les  îles 
Observatory  et  Aniteura  des  Nouvelles-Hébrides,  mais  il  y  serait  rare. 

Après  l’examen  des  caractères  extérieurs  de  la  plante,  nous  croyons  devoir 
ajouter  quelques  mots  sur  l’organographie  des  parties  constitutives  du  chaton 
femelle  ou  du  cône. 

Un  chaton  femelle  assez  jeune,  appartenant  à  l’un  des  échantillons  récoltés 
par  M.  Balansa,  nous  a  permis  de  nous  éclairer  sur  la  question  de  savoir  si  le 
chaton  ou  le  cône  des  Araucaria  se  compose,  comme  celui  des  Abiétinées 
indigènes,  à  la  fois  d’écailles  et  de  bractées. 

L’un  de  nous,  il  y  a  longtemps  déjà,  y  avait  admis  l’existence  de  ces  deux 
organes  (1).  Endlicher  (2)  l’a  niée;  la  squamule  qui  surmonte  la  graine  pro¬ 
prement  dite  étant,  pour  lui,  un  appendice  du  tégument  ovulaire. 

M.  Parlatore  l’a  affirmée  de  nouveau.  «  La  bractée,  dit-il  (3),  a  beaucoup 
»  de  part  à  la  formation  de  l’écaille  des  Araucaria  ;  elle  la  forme  presque 
»  entièrement  dans  les  cônes  extrêmement  jeunes;  plus  tard,  l’organe  écailleux 
»  se  développe  pour  se  souder  presque  aussitôt  avec  la  bractée,  mais  celle-ci 
»  prédomine  toujours.  » 

M.  Dickson,  dans  une  note  lue  en  1861  à  la  Société  botanique  d’Édhn- 
bourg,  s’exprime  ainsi  :  »  Ce  que  l’on  a  appelé  les  écailles  de  Y  Araucaria 
»  devrait  dorénavant  être  considéré  comme  les  bractées  auxquelles  les  écailles 
»  seraient  adhérentes  dans  une  grande  étendue.  » 

M.  Eichler  (4),  revenant  à  l’opinion  d’Endlicher,  a  déclaré  que  les  écailles 
du  cône  des  Araucaria  sont  simples. 

Enfin,  plus  récemment,  M.  Yan  Tieghem  fut  conduit  par  ses  recherches 
anatomiques  à  admettre  que  ces  écailles  sont  réellement  doubles  (5).  Elles  sont 
formées,  selon  lui,  par  deux  organes  foliaires  unis  ensemble  dans  presque  toute 
leur  longueur,  savoir  :  la  bractée-mère  et  l’unique  feuille  d’un  rameau  axil¬ 
laire.  C’est  entre  ces  deux  organes  que  l’ovule  né  de  cette  feuille  se  trouve 
compris. 

Voici  maintenant  ce  que  nous  avons  vu.  Sur  l’axe  d’un  jeune  chaton  de 
3  centimètres  de  longueur  s’insèrent  des  écailles  lancéolées-subulées,  réflé¬ 
chies  dans  leur  partie  moyenne  et  dont  l’ensemble  constitue  la  masse  générale 
de  l’inflorescence.  C’est  à  la  page  supérieure  de  ces  écailles  que  se  trouve  une 
très-petite  squamule  qui  semble  naître  de  leur  base.  Dans  le  lieu  même 

(1)  Ad.  Brongniart,  Dict.  cThisl.  nat.  de  Ch.  d’Orbigny,  article  Araucaria. 

(2)  Synopsis  Coniferarum ,  p.  1 84. 

(3)  Comptes  rendus  de  l’Académie  des  sciences ,  t.  L1I,  p.  312.  —  Confer  Prodro- 
mus ,  t.  XVI,  sect.  poster,  p.  369. 

(4)  Excursus  morphologicus  de  formatione  / lorum  Gymnospermarum  (Ann.  des  sc. 
nat.  4e  sér.  t.  XIX). 

(5)  Mémoire  sur  Vanalomie  comparée  de  la  fleur  femelle  et  du  fruit  des  Cycadées , 
des  Conifères  et  des  Gnétacèes  (Ann.  des  sc.  nat.  5e  sér.  t.  X), 


136 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

d’adhérence  de  la  sqnamule,  il  y  a  un  épaississement  transversal,  au  centre 
duquel  on  aperçoit  une  ouverture  arrondie  qui  embrasse  un  très-petit  mame¬ 
lon.  C’est  l’origine  de  l’ovule. 

A  cet  âge,  l’ovule,  très-jeune,  semblerait  donc  naître  au  lieu  de  réunion  de 
l’écaille  et  de  la  squamule. 

Il  résulte  de  là  que,  contrairement  à  l’opinion  d’Endlicher  et  deM.  Eichler, 
et  conformément  à  celle  de  MM.  Parlatore,  Dickson  et  Van  Tiegbem,  l’écaille 
des  Araucaria  est  double;  qu’elle  se  compose  très-vraisemblablement  d’une 
bractée  correspondant  à  la  bractée  des  Pins  et  des  Sapins,  et  d’une  squamule 
fertile  correspondant  à  l’écaille  proprement  dite  des  mêmes  arbres.  On  remar¬ 
quera,  en  outre,  que  le  plus  souvent,  chez  les  Pins  et  les  Sapins,  la  bractée 
s’oblitère,  pendant  que  l’écaille  ovulifère  prend  un  grand  développement  et 
devient  lignescente  ou  ligneuse,  tandis  que  chez  les  Araucaria ,  au  contraire, 
c’est  la  bractée  qui  forme  à  elle  seule  une  grande  partie  de  l’organe  complexe 
que  nous  appelons  faussement  écaille. 

3.  Araucaria  montana. 

Arbor  20-30  metr.  alta. 

Folia  arboris  adultæ  in  ramulis  speciminis  feminei  imbricata,  squamifor- 
mia,  13  mill.  longa,  8  mill.  lata,  arcuata,  ovata,  obtusiuscula,  plus  minusve 
concava,  nervo  medio  dorsali  notata,  punctulis  albis  multiseriatis  conspersa, 
extus  plus  minusve  pruinosa. 

Amenta  mascula  (in  speciminibus  haud  integris)  ut  videtur  8-9  cent, 
longa,  2  j-3  cent,  lata,  basi  bracteis  involucrata,  mediis  oblongo-lanceolatis, 
1  \  cent,  longis,  5  mill.  latis,  superioribus  supra  basim  angustatam  lateraliter 
rotundato-dilatatis,  versus  apicem  anguslato-subulatis;  stamina  arcte  imbri¬ 
cata,  connectivo  6-7  mill.  longo,  4-5  mill.  lato,  ovato-cordato,  crasso,  nitido, 
apice  acuto,  margine  subtilissime  fimbriato;  lobi  polliniferi  12,  patentes, 
subulati,  interioribus  tantum  concavis  apice  paulutn  cucullatis» 

Rarnus  strobiliferus  rigidus,  arcuatus,  ramis  sterilibusimmixtus,  6-7  cent, 
longus,  foliis  squamiformibus  subconformibus  obtectus. 

Strobilus  ovoideus,  10-1 1  cent,  longus,  8  cent,  lattis;  squamæ  obovato- 
rotundatæ,  2  J  cent,  longæ  îatæque,  parte  snperiore  incrassata,  coriacea,  semi- 
rotundata,  externe  convexa  sicutque  transverse  carinata,  nitida,  in  appendi- 
cem  lanceolatam  rigidam,  adpressam,  rectam,  pungentem,  9  mill.  longam 
productæ,  lateraliter  in  alam  scariosam  fulvam,  fragilem,  7-8  cent,  latam 
expansæ,  medio  inflatæ  ;  squamula  margine  subtiliter  fimbriata,  apice  tantum 
libéra. 

Habitat  in  cacumine  montis  Mi  dicti,  altitudine  1000  metr.;  in  montibus 
ferrugineis  inter  Couaoua  et  Kanala ,  altitudine  900  metr. 

M.  Balansa  a  récolté  cette  espèce  dans  les  montagnes  éruptives,  à  une  alti¬ 
tude  assez  élevée,  à  partir  d’environ  800  mètres. 


SÉANCE  DU  l/l  JUILLET  1871. 


187 


Le  tronc  atteint  20  ou  30  mètres  de  hauteur;  les  feuilles ,  squamiformes, 
arquées,  ovales  et  un  peu  obtuses,  sont  longues  de  13  millimètres  et  larges  de 
8  millimètres. 

Les  chatons  mâles  paraissent  avoir  8  à  9  centimètres  de  longueur;  le  con¬ 
nectif  des  étamines  est  ovale,  coriace,  luisant,  aigu  et  porte  12  lobes  d’an¬ 
thère,  dont  les  intérieurs  sont  concaves  et  un  peu  cucullés  au  sommet  :  il  est 
long  de  6  à  7  millimètres,  largo  de  4  à  5  millimètres. 

L 'appendice  qui  surmonte  les  écailles  du  cône  est  lancéolé,  droit,  rigide, 
piquant  et  long  de  9  millimètres. 

4.  Araucaria  Rulei  Ferd.  Mueller. 

Arbor  15-20  metr.  alla  (Balansa),  ramis  verticillatis  distantibus,  e  basi 
usque  ad  apicem  modo  Coniferarum  nostrarum  sensim  brevioribus  (Pancher). 

Folia  arboris  adullæ  in  ramulis  speciminis  feminei  sterilibus  adscendenti- 
bus,  20-25  cent.  longis,  3  cent,  latis  dense  imbricata,  coriacea,  ovato-lan- 
ceolata,  obtusiuscula,  intus  concava,  arcuala,  nervo  medio  dorsali  notata, 
nitida,  2  cent,  longa,  basi  1  cent,  lata;  in  speciminum  sterilium  juniorum  (?) 
ramulis  arcte  imbricata,  ovata,  coriacea,  arcuata,  obtusiuscula,  dorso  carinata, 
nitida,  punctulis  multiseriatis  conspersa,  6-8mill.  longa,  3-4  mill.  lata. 

Ameuta  mascula  8-10  cent,  longa,  3-4  cent,  lata,  basi  bracteis  imbricatis 
involucrata  ,  inferioribus  triangulari-lanceolatis ,  arcuatis ,  dorso  convexis 
medioque  carinatis,  intus  nervo  medio  notatis  et  punctulis  albis  multiseriatis 
conspersis,  superioribus  basi  dilatatis  versus  apicem  angustato-subulatis  ;  sta- 
mina  arcte  imbricata,  connectivo  ovato-lanceolato,  coriaceo,  dorso  piano,  intus 
medio  carinato,  margine  subtiliter  denticulato,  subpungente,  nitido,  7-9  mill. 
longo,  4  mill  lato;  lobi  polliniferi  15,  plerique  patentes  acuti,  interiores 
fdamento  contigui  apice  paulum  cucullati. 

Strobili  ovoidei,  squamarum  appendicibus  subulatis  adscendentibus  adpres- 
sis  hirsuti  coronatique,  8-9  cent,  longi,  6-7  cent,  lali,  ramulos  adscendentes 
5-6  cent,  longos  terminantes,  foliis  imbricatis,  coriaceis,  incurvatis,  pungentibus, 
triangulari-lanceolatis,  nitidis,  nervo  medio  dorsali  notatis,  2  {  cent,  longis, 
basi  8  mill.  latis,  intus  seriatim  albo-punctulatis,  superioribus  sicut  involu- 
crum  efformantibus  basi  dilatato-incrassatis,  inde  triangularibus,  subulatis, 
arcuatis.  Squamæ  cuneatæ,  3  |  cent,  longæ,  parte  superiore  coriacea,  externe 
convexa  seu  transverse  rotundo-carinata,  superne  in  appendicem  auguste 
lanceolato-subulatam,  rigidam,  acutam,  2  cent,  longam  producta,  iateraliter 
in  alarn  scariosam,  fulvam,  fragilem,  4  mill.  latam  expansæ,  medio  inflatæ  ; 
squamula  triangularis,  margine  subtiliter  fimbriata,  apice  tantum  libéra. 

Araucaria  intermedia  Pancher  mss. 

Araucaria  intermedia  Vieil!.  Ann .  sc.  nat.  4e  sér.  t.  XVI,  p.  55. 

Eutacta  Rulei  pohjmorpha  Garr.  Conif.  t.  Il,  p.  606. 

Habitat  in  montibus  ferrugineis  Novæ-Caledoniæ,  propc  Kanala  (Pancher, 
1858  ;  Vieillard,  n°  1276  [ex  Parlatore]  ;  Balansa,  n°  2513). 


135 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE  J 


Dès  l’année  1858,  M.  Pancher  nous  a  adressé  quelques  rameaux  et  des 
fragments  très-incomplets  de  cônes  mâles  et  femelles  appartenant  à  cette 
espèce.  La  note  suivante  les  accompagnait  :  «  On  peut  appliquer  à  cet  Arau- 
»  caria  le  nom  d 'intermedia,  car,  par  la  largeur  et  l’épaisseur  des  feuilles,  il 
»  est  évidemment  intermédiaire  entre  les  deux  espèces  australiennes  et  les 
»  deux  espèces  américaines.  Les  verticilles  de  ses  branches  sont  plus  éloignés 
»  que  ceux  de  X Araucaria  Cookii.  Ses  branches  vont  en  diminuant  réguliè- 
»  rement  de  longueur  de  la  base  au  sommet  du  tronc,  ce  qui  donne  à  l’arbre 
»  l’aspect  des  Conifères  européennes.  Il  acquiert  la  hauteur  et  le  diamètre 
»  des  plus  hautes  espèces  de  Pins  et  croît  sur  les  montagnes  les  plus  arides  de 
»  Kanala,  dans  un  sol  argilo- ferrugineux.  Si  le  bois  est  de  bonne  qualité, 
»  il  doit  être  préféré  à  celui  du  Pin  de  Cook,  car  il  est  beaucoup  moins 
«  noueux.  » 

Nous  avons  reçu  également  de  M.  Ferd.  Muelier  (1)  plusieurs  rameaux  sans 
fleurs  ni  fruits,  représentant,  suivant  lui ,  diverses  formes  de  l’espèce  qu’il  a 
dédiée  à  M.  John  Rule,  pépiniériste  à  Victoria. 

Enfin  M.  Balansa  nous  a  envoyé  de  très-beaux  spécimens,  d’après  lesquels 
nous  avons  fait  notre  description.  «  Cet  arbre,  dit-il,  est  vulgairement  appelé 
»  à  Kanala  Pin  candélabre  ;  il  est  très-répandu,  à  partir  de  A00  mètres  d’al- 
»  titude,  sur  les  montagnes  ferrugineuses  des  environs  de  Kanala.  »  Nous 
croyons,  avec  notre  savant  collecteur,  que  cette  espèce  a  été  décrite  par 
M.  Vieillard,  dans  son  mémoire  sur  les  Plantes  utiles  de  la  Nouvelle-Calé - 
donie ,  sous  le  nom  d’A.  intermedia.  Il  importe  seulement  de  remarquer 
que,  par  suite  d’une  transposition  de  noms,  la  description  très-sommaire 
de  cette  espèce  a  été  placée  sous  le  nom  d’A.  Cookii ,  tandis  que  la  caractéris¬ 
tique  de  ce  dernier  type  est  appliquée  à  1*A.  intermedia . 

Tel  que  nous  le  tenons  de  M.  Balansa,  l’A.  Rulei  est  bien  caractérisé  par 
la  forme  et  la  grandeur  de  ses  feuilles,  par  la  structure  de  ses  étamines  et  par 
celle  des  écailles  séminales. 

Les  feuilles  adultes  sont  des  écailles  coriaces,  imbriquées,  ovales-lancéo- 
lées,  longues  de  2  centimètres,  larges  de  1  cent.,  luisantes  et  carénées  sur  le 
dos,  un  peu  obtuses. 

Les  chatons  mâles  sont  longs  de  10  à  12  centimètres.  Le  connectif  des 
étamines  porte  quinze  lobes  d’anthère,  les  intérieurs  étant  concaves  et  un 
peu  cucullés  au  sommet;  il  est  ovale-lancéolé,  coriace,  luisant,  aigu,  long  de 
8  millimètres. 

X' appendice  qui  surmonte  les  écailles  du  cône  est  lancéolé,  subulé,  rigide, 
aigu,  long  de  2  centimètres. 

(1)  Le  rameau  envoyé  sous  le  nom  ÏÏA.  Rulei  est  assez  différent  du  type  décrit  par 
nous,  d’après  les  échantillons  de  M.  Balansa,  et  qui  n’esi  d’ailleurs  pas  représenté  dans 
l’envoi  de  M.  Muelier.  La  forme  qu’il  nomme  Ar.  Rulei  var.  parvifolia,e t  qui  est  Y  Eu- 
tacta  Rulei  compacta  de  M.  Carrière,  ressemble  beaucoup  à  un  échantillon  feuillé  et  sté¬ 
rile  envoyé  par  M.  Balansa  avec  la  plante  que  nous  avons  prise  pour  type  et  sous  le  même 
numéro. 


SÉANCE  DU  4/l  JUILLET  1871. 


139 


5.  Araucaria  Muelleri. 

Arbor  magna,  ramis  patentibus. 

Folia  ovata,  imbricata,  coriacea,  subplana,  clorso  plus  minusve  carinata, 
nitida,  punctulis  albis  longitudinaliter  multiseriatis  undique  conspersa,  3  cent, 
longa,  2  cent,  lata. 

Ameuta  mascula  cylindrica,  20-25  cent,  longa,  3-4  cent,  lata,  basi  bracteis 
imbricatis  involucrata,  inferioribus  triangulari-lanceolatis,  paulo  concavis, 
arcuatis,  dorso  carinatis,  apice  incrassato  obtusiusculo  incurvis,  3  cent,  longis, 
superioribus  sensim  angustioribus,  basi  dilatatis,  versus  apicem  angustato- 
subulatis.  Slamina  connectivo  ovato,  coriaceo,  crasso,  lucido,  medio  ca- 
rinalo,  apice  obtusiusculo,  7-8  mill.  longo,  5  mill.lato,  lobis  polliniferis  cir- 
citer  20;  lobi  inæquilongi,  fere  omnes  patentes,  appendiceque  subulata, 
incurva  apiculati;  alii  fdamenlo  contigui  concavi,  vel  apice  incurvo  cucullati, 
vel  etiam  uncinato-reflexi. 

Strobilus  ovoideus,  14  cent,  longus,  9  cent,  latus;  squamæ  obovato- 
cuneatæ,  3  |  cent,  longæ  latæque,  parte  superiore  coriacea  externa  convexa, 
in  appendicem  rectam  planam  subulatam  acutam  flexibilem  pungentem  10- 
12  mill.  longam  sensim  productæ,  lateraliter  in  alam  scariosam  fulvam  fragi- 
lem  1  cent,  latam  expansæ,  medio  inflatæ;  squamula  triangularis,  acuta,  apice 
tantum  libéra,  margine  subtiliter  fimbriata. 

Habitat  in  Nova-Caledonia,  versus  apicem  montium  (Balansa,  n°188);  Pan- 
cber,  in  monte  Cougui. 

Araucaria  Rulei  var.  grandi  folia.  Mueller  mss. 

Eutacta  Muellerii  Carr.  Conif.  t.  Il,  p.  607. 

Cette  espèce  est  représentée,  dans  les  récoltes  de  M.  Balansa,  par  des  spé¬ 
cimens  feuillés  et  munis  de  chatons  staminaux.  M.  Pancher  nous  a  communi¬ 
qué  des  cônes  détachés. 

Les  feuilles  sont  ovales,  presque  planes,  un  peu  obtuses  au  sommet,  lon¬ 
gues  de  3  centimètres,  larges  de  2  centimètres. 

Les  chatons  mâles  atteignent  jusqu’à  20  et  25  centimètres  de  longueur;  le 
connectif  des  étamines  est  ovale,  coriace,  luisant,  un  peu  obtus,  long  de  7  à 
8  millimètres.  Il  porte  20  lobes  d’anthère,  dont  les  intérieurs  sont  concaves, 
cucullés  ou  même  recourbés  en  crochet  au  sommet. 

V appendice  qui  surmonte  les  écailles  du  cône  est  triangulaire,  subulé, 
aigu,  droit  et  long  de  10  à  12  millimètres. 


M.  Parlalore  a  décrit  quatre  espèces  de  Libocedrus  dans  le  Prodromus.  Les 
Libocedrus  tetragona ,  chilensis  et  decurrens  sont  américains,  et  l’on  trouve 
dans  la  forme  des  rameaux,  dans  celle  des  feuilles,  dans  la  position  du  stro- 
bile,  dans  le  nombre  et  la  structure  de  ses  écailles,  des  caractères  qui  les  dis¬ 
tinguent  de  l’espèce  néo-calédonienne  que  nous  allons  décrire.  Elle  paraît 


140  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

avoir  plus  d’analogie  avec  le  L.  Doniana  de  la  Nouvelle-Zélande,  mais  elle  en 
diffère  par  ses  feuilles  latérales  ovales  obtuses,  et  non  oblongues  acuminées, 
par  ses  feuilles  antéro-postérieures  triangulaires  obtuses  et  non  ovales  acumi¬ 
nées,  par  les  écailles  du  strobile  dont  les  latérales,  et  non  les  antérieures,  sont 
plus  longues  que  les  deux  autres,  dont  les  appendices  sont  linéaires,  subulés, 
droits,  et  non  ovales-lancéolés  arqués. 

Libocedrus  austro-caledonica. 

Frutex  ramosissimus,  4-6  metr.  altus. 

Kami  teretes,  squamis  cruciatim  oppositis,  ovato-rotundatis,  apice  breviter 
triangulari  acutis,  fere  omnino  adnatis,  acumine  tantum  libero  ;  ramuli  sparsi, 
paulo  compressi,  squamis  antero-posterioribus  oblongis  apice  triangulari  piano 
liberis,  cælerum  omnino  adnatis,  5  mill.  longis,  3  mill.  latis,  squamis  latera- 
libus  basi  decurrente  adnatis,  parte  superiore  libéra,  2  J  mill.  longa,  ovata 
horizontaliter  expansis,  compressis,  arcuatis,  dorso  carinatis,  intus  concavis, 
obtusiusculis. 

Surculi  oppositi,  distichi,  compressi,  3-5  cent,  longi,  squamis  dimorphis, 
decussatim  oppositis,  nitidis  obtecti;  squamæ  antero-posteriores  minimæ, 
2  mill.  longæ  latæque,  triangulares,  dorso  convexæ;  squamæ  latérales  ovatæ, 
paulum  arcuatæ,  apice  obtusæ,  basi  obliqua  decurrente  adnatæ,  compressæ, 
carnosæ,  ex  uno  latere  (supra)  piano -convexæ,  altero  longitudinaliter  exca- 
vatæ,  dorso  angustato-carinatæ,  intus  vel  pagina  superiore  arcte  canaliculalæ, 
4  mill.  longæ. 

Ameuta  mascula... 

Ameuta  feminea  solitarie  terminalia,  squamis  4  cruciatim  oppositis  invo- 
lucrata,  antero-posterioribus  ovato-lanceolatis  acutis,  dorso  convexis,  intus 
concavis,  4  mill.  longis,  lateralibus  paulo  minoribus  magisque  navicularibus. 
Amenti  squamæ  propriæ  4,  subverticillatæ,  2  latérales  antero-posterioribus 
minores.  Squamæ  latérales  oblongo-lanceolatæ,  1  cent,  longæ,  dorso  cari- 
nalæ,  intus  concavæ,  basi  oblique  inserlæ,  apice  acutæ,  lepidio  sterili  oblongo 
interne  adnato  3  mill.  longo  stipatæ.  Squamæ  antero-posteriores  (e  lepidio  et 
bractea  simul  connatis  compositæ)  oblongæ,  subspathulatæ,  carnosæ,  appen¬ 
dice  dorsali  (bractea)  subulala,  dorso  carinata,  intus  canaliculata,  apice  pun- 
gente  instructæ,  15  mill.  longæ,  altéra  ovula  2  sterilia,  altéra  fertilia  fovente; 
ovula  oblique  ad  insertionem  squamæ  nascentia,  minima,  lagenæformia, 
erecta,  orlhotropa,  micropyle  in  collum  apice  lateraliterque  bidentatum  pro- 
ducta  ; semina  nondum  matura  compressa  lateraliter  alata,  ala  altéra  lata  sursum 
rotundato-expansa,  altéra  angusta  marginiformi,  micropyle  brevi  bidentata. 

Strobilas  valvis  diductis,  sublignosis,  antero-posterioribus  oblongis  apice 
attenuatis,  obtusiusculis,  8  mill.  longis,  dorso  paulo  supra  medium  mucrona- 
lis;  valvis  lateralibus  12  mill.  longis,  oblongis,  apice  rotundatis,  paulo  supra 
medium  mucrone  dorsali  recto,  lineari-subulato  pungente,  adscendente  1  cent, 
longo  asperatis.  Semina ... 


SÉANCE  DU  l/l  JUILLET  187  J  .  1/fl 

Habitat  monteni  Humboldt ,  altitudine  1100  metr.  in  locis  saxosis  (Balansa, 
n°  2503). 

A  la  suite  de  cette  communication,  M.  Brongniart  expose  les  ob¬ 
servations  suivantes  : 


NOTE  SUR  LA  CONSTITUTION  DU  CONE  DES  CONIFÈRES, 

par  II.  Ad.  BmOAT€4ATE .4ET, 


La  description  des  chatons  femelles  des  Araucaria  et  de  leur  développement, 
qui  vient  d’être  donnée  dans  la  note  précédente,  a  reporté  mon  attention  sur 
l’organisation  générale  de  ces  parties  dans  les  deux  principaux  groupes  de  la 
classe  des  Conifères,  les  Cupressinées  et  les  Abiétinées. 

.  Les  opinions  les  plus  diverses  ont  été  émises  sur  les  parties  constituantes  des 
petits  épis  qui  forment  l’inflorescence  et  plus  tard  les  cônes  de  ces  végétaux.  Je 
ne  veux  pas  revenir  en  ce  moment  sur  un  des  points  les  plus  controversés  de 
cette  question,  à  savoir  la  nature  ovulaire  ou  ovarienne  des  parties  qui  devien¬ 
nent  ce  qu’on  appelle  généralement  les  graines  de  ces  Conifères,  mais  seule¬ 
ment  sur  la  nature  des  écailles  qui  les  portent  ou  les  accompagnent. 

Dans  les  Cupressinées  on  admet  des  écailles  simples,  organes  appendicu¬ 
laires  naissant  de  l’axe  de  i’épi  ou  cône;  dans  les  Abiétinées  tous  les  auteurs 
reconnaissent  deux  parties  distinctes,  l’une  plus  extérieure  naissant  aussi  di¬ 
rectement  de  l’axe  et  qu’on  a  nommée  la  bractée,  et  immédiatement  au-dessus 
ou  à  l’intérieur  de  chacune  de  ces  bractées,  une  écaille  généralement  plus  dé¬ 
veloppée,  qui  porte  deux  ovules  dans  les  vraies  Abiétinées,  Pinus  de  Linné, 
un  seul  dans  les  Araucaria  et  Dammara ,  trois  dans  les  Cunningliamia. 

C’est  la  nature  de  cette  écaille  qui  a  donné  lieu  à  des  interprétations  très- 
diverses,  car  on  l’a  considérée  tantôt  comme  une  feuille  distincte,  tantôt  comme 
un  rameau  axillaire  modifié. 

On  a  objecté  à  la  première  de  ces  manières  de  voir  que  jamais,  sur  un 
même  rameau,  une  feuille  ne  naît  immédiatement  au-dessus  d’une  autre,  et 
que  si  cette  feuille  était  la  première  feuille  d’un  rameau  axillaire,  elle  serait 
latérale  et  non  superposée  à  la  feuille  à  l’aisselle  de  laquelle  ce  rameau  se  serait 
développé,  et,  en  admettant  sa  nature  appendiculaire,  on  a  été  conduit  à  sup¬ 
poser  que  l’écaille  des  cônes  des  Abiétinées  était  le  résultat  de  la  confluence 
des  deux  feuilles  latérales  d’un  rameau  axillaire. 

A  la  seconde  opinion,  quia  été  émise  par  IM.  Bâillon  (1),  on  peut  objecter 
non-seulement  la  forme  si  insolite  de  ce  rameau  foliacé  et  la  position  des 
ovaires  ou  ovules  sur  sa  face  supérieure,  mais  l’union  qui  m’a  toujours 
paru  bien  manifeste  entre  la  base  de  la  bractée  et  la  base  de  l’écaille,  quisem- 


(1)  Ann.  sc.  nat.,  4e  série,  t.  XIV,  p.  186. 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


m 

ble  n’en  faire  que  les  deux  parties  d’un  même  organe,  et  enfin  la  dissem¬ 
blance  profonde  que  cela  établirait  entre  les  Abiétinées  et  les  Cuprcssinées. 

En  objectant  à  la  première  de  ces  manières  de  considérer  les  organes  des 
épis  femelles  des  Conifères  que  deux  feuilles  ne  pouvaient  pas  être  immédia¬ 
tement  superposées  l’une  à  l’autre,  on  me  paraît  avoir  complètement  oublié 
celte  théorie  des  dédoublements  d’un  même  organe,  théorie  si  ingénieuse  qui, 
depuis  son  introduction  dans  la  science  par  Dunal,  s’est  vue  confirmée  par  tant 
d’observations  et  particulièrement  par  les  études  organogéniques. 

Nous  voyons  en  effet,  dans  les  dédoublements  antéro-postérieurs  qui  se 
présentent  surtout  dans  les  Heurs  et  particulièrement  dans  les  pétales,  tantôt 
l’organe  extérieur  conservant  presque  toujours  ses  caractères  habituels  pro¬ 
duire  une  seconde  lame  sous  forme  d’écaille  ou  de  crête  plus  ou  moins  déve¬ 
loppée,  tantôt,  ce  qui  n’a  été  longtemps  qu’une  présomption  que  l’organogé¬ 
nie  est  venue  confirmer,  donner  naissance  à  un  organe  très-différent,  une  ou 
plusieurs  étamines  par  exemple  ;  il  n’est  en  effet,  je  crois,  aucun  botaniste 
qui  n’admette  actuellement  que,  dans  la  plupart  des  cas,  les  étamines  opposées 
aux  pétales  ou  les  faisceaux  d’étamines  des  Malvacées,  des  Myrtacées,  etc. ,  ne 
soient  le  résultat  du  dédoublement  intérieur  des  pétales  devant  lesquels  ils  sont 
placés  (1). 

Voilà  donc  des  organes  d’apparence  souvent  fort  différente,  mais  tous  deux 
de  nature  appendiculaire,  qui  se  trouvent  placés  l’un  devant  l’autre,  soit  en 
restant  unis  dans  une  plus  ou  moins  grande  étendue,  soit  en  devenant  com¬ 
plètement  distincts  par  leur  base. 

Je  crois  qu’il  en  est  de  même  dans  les  Conifères,  et  que  cette  explication 
des  anomalies  apparentes  de  leurs  épis  femelles  est  la  plus  vraisemblable,  quoi¬ 
qu’elle  ne  soit  venue,  à  ma  connaissance,  dans  la  pensée  d’aucun  des  nom¬ 
breux  botanistes  qui  se  sont  occupés  de  ce  sujet. 

Dans  les  Cupressinées,  la  bractée  et  l’écaille  ne  forment  qu’un  seul  tout, 
ou  du  moins  la  tendance  au  dédoublement  n’est  pour  ainsi  dire  qu’indiquée 
par  la  forme  des  écailles  de  certains  genres,  dont  le  sommet,  marqué  par  un 
apicule  dorsal  subulé,  est  accompagné  à  l’intérieur  d’un  rebord  entier  ou 
lobé. 

Les  écailles  des  petits  cônes  du  Cryptomeria ,  avec  leurs  cinq  lobes  à  leur 
bord  intérieur,  me  paraissent  montrer  surtout  d’une  manière  bien  évidente  ces 
deux  portions  de  l’organe  appendiculaire. 

Dans  les  Abiétinées  ordinaires,  le  dédoublement  est,  au  contraire,  complet; 
cependant,  quand  on  y  regarde  de  près,  dans  plusieurs  P  inus  ou  Abies,  on 
voit  que  la  bractée  et  l’écaille  sont  unies  vers  leur  base  dans  une  étendue  de 

(i)  En  supposant  meme  qu’on  n’admette  pas  dans  ces  cas  un  dédoublement  réel  d’un 
organe,  c’est-à-dire  la  partition  d’un  seul  mamelon  primitif  en  deux  organes  distincts,  il  y 
a  du  moins  évidemment  production  d’un  organe  de  nature  appendiculaire  immédiatement 
au-dessus  ou  à  l’intérieur  d’un  autre  organe,  dont  il  paraît  être  une  dépendance. 


SÉANCE  DU  l/l  JUILLET  1871. 


1/43 


quelques  millimètres,  et  peut-être,  en  examinant  un  plus  grand  nombre  d’es¬ 
pèces  que  je  ne  l’ai  fait,  trouverait-on  des  exemples  de  cette  union  bien  plus 
prononcés. 

Sans  doute  ici,  la  dissemblance  des  deux  parties  de  l’organe  dédoublé  est 
très-grande;  la  portion  extérieure,  ordinairement  la  plus  développée,  est  ici 
presque  atrophiée;  cependant,  dans  certains  Ab  les,  elle  reprend  son  caractère 
foliacé  et  dépasse  l’écaille  interne.  Celle-ci,  épaisse,  ligneuse,  n’est  pourtant 
pas  aussi  différente  de  l’organe  qui  l’aurait  produite  qu’une  étamine  ne  l’est 
d’un  pétale. 

Mais  ce  qui  me  paraît  une  confirmation  puissante  de  l’opinion  que  je  viens 
d’énoncer  et  ce  qui  m’a  amené  à  en  entretenir  la  Société  dans  ce  moment, 
c’est  la  structure  de  l’écaille  des  Araucaria. 

Dans  ces  plantes,  étudiées  avec  le  plus  grand  soin  par  M.  À.  Gris,  l’épi  fe¬ 
melle  ou  le  cône  jeune  est  composé  d’écailles  étroites  lancéolées-subnlées  qui, 
par  leur  position,  correspondent  aux  bractées  des  cônes  des  Abiétinées  ordi¬ 
naires;  à  leur  face  interne  et  très- près  de  ieur  base  se  trouve  une  petite 
écaille  qui  leur  adhère  dans  une  très-petite  étendue;  c’est  immédiatement 
sous  la  partie  basilaire  de  cette  écaille  interne  qu’apparaît  l’origine  de  l’ovule 
représenté  par  un  petit  mamelon;  mais  bientôt  la  partie  inférieure  de  la 
bractée  ou  écaille  externe  s’accroît,  s’allonge  et  s’élargit  et  entraîne  la  petite 
écaille  interne  qui  se  trouve  ainsi  reportée  vers  la  partie  supérieure  de  la 
bractée,  ainsi  que  le  point  d’attache  de  la  graine. 

La  dépendance  de  cette  petite  écaille  interne  de  l’écaille  principale  est  ici 
évidente,  elle  n’en  est  que  le  dédoublement  interne  ;  dans  sa  jeunesse,  elle 
rappelle  la  petite  écaille  qui  est  à  la  base  des  pétales  des  Renoncules  et  qui  forme 
un  dédoublement  de  ces  organes  dans  plusieurs  autres  familles  (Sapindacées, 
Résédacées,  etc.). 

Il  me  paraît  résulter  de  cet  examen  et  de  la  comparaison  des  Cupressinées, 
des  Abiétinées  et  des  Araucaria ,  que  les  cônes  de  ces  plantes  ne  sont  réelle¬ 
ment  formés  que  d’un  seul  ordre  d’organes  appendiculaires  :  des  bractées  sim¬ 
ples  dans  les  Cupressinées;  dédoublées  jusqu’à  leur  base  ou  très-près  de  leur 
base,  et  montrant  ainsi  une  bractée  et  une  écaille  interne  distinctes,  dans  les 
Abiétinées;  dédoublées  en  deux  parties  à  une  distance  plus  ou  moins  grande 
de  leur  base,  suivant  le  degré  de  leur  évolution,  dans  les  Araucaria. 

M.  Martinet  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

SUR  LES  ORGANES  GLANDULEUX  DES  RUTACÉES,  par  M.  J. -H.  II A  HT  IM  ET1. 

Au  mois  d’avril  dernier,  dans  une  petite  réunion  de  la  Société  botanique, 
j’ai  eu  riionneur  de  présenter  une  courte  note  sur  les  organes  glanduleux  du 
genre  Citrus  (voyez  plus  haut,  p.  61). 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


lhti 

J’ai  démontré  que  les  glandes  des  Orangers  ne  sont  pas  des  cavités  à  pavois 
sécrétantes,  des  vésicules  remplies  de  liquide ,  des  glandes  vésiculaires  en 
un  mol.  mais  qu’elles  sont  formées  d'un  tissu  spécial  glandulaire,  bien  différent 
du  parenchyme  dans  lequel  il  est  plongé.  J’ai  signalé,  en  outre,  dans  la  même 
note,  un  phénomène  particulier  qui  survient  dans  le  tissu  glandulaire  à  une 
certaine  époque  de  son  existence,  et  par  suite  duquel  ce  tissu  disparaît  plus 
ou  moins  complètement.  C’est  sans  doute  à  ce  phénomène  de  résorption  du 
tissu  sécréteur  que  doit  être  attribuée  l’interprétation  erronée  qui  a  été  faite 
jusqu’alors  de  la  structure  des  glandes  des  Citrus. 

J’ai  étudié  plus  récemment  les  glandes  des  Rutacées.  On  sait  que  les  divers 
organes  des  plantes  de  cette  famille  sont  abondamment  pourvus  de  glandes 
analogues  à  celles  des  Aurantiacées.  On  les  désigne  sous  le  nom  de  glandes 
vésiculaires ,  comme  celles  des  Orangers,  mais  aussi  improprement  que  pour 
ces  dernières,  car  elles  en  ont ,  à  très-peu  près,  la  structure. 

C’est  surtout  des  glandes  des  Fraxinelles  que  j’ai  à  dire  quelques  mots. 
Ainsi  qu’on  le  sait,  les  plantes  du  genre  Dîctamnus ,  indépendamment  des 
glandes  situées  dans  le  parenchyme  de  leurs  organes,  sont  munies  de  glandes 
extérieures  qui,  par  leur  volume  et  l’abondance  de  leur  sécrétion,  ont  de  bonne 
heure  üxé  l’attention  des  savants. 

La  structure  de  ces  organes  n’est  pas  connue  ;  on  les  considère  générale¬ 
ment  comme  formés  d’une  couche  unique  de  cellules  épidermiques,  limitant 
une  cavité  considérable  dans  laquelle  s’accumule  la  substance  sécrétée. 

Cette  cavité,  cette  outre ,  comme  on  l’a  appelée,  à  parois  sécrétantes,  11e 
laisse  pas  d’avoir  quelque  chose  d’extraordinaire.  Pour  mon  compte,  je  m’ex¬ 
plique  assez  difficilement,  ou  plutôt  je  ne  comprends  pas  du  tout,  la  formation 
d’un  tel  organe. 

C’est  néanmoins  ainsi  que  sont  décrites  et  figurées  les  glandes  des  Fraxi¬ 
nelles  dans  nos  meilleurs  traités,  qui,  il  faut  le  dire,  pour  tout  ce  qui  touche 

les  sécrétions  végétales,  ne  sont  pas  toujours  très-bien  renseignés.  J’en  dirai 

% 

la  cause  autre  part. 

L’étude  des  glandes  extérieures  des  Dictamnus  les  montre  constituées  par 
deux  tissus  différents  :  un  tissu  enveloppant,  de  même  nature  que  l’épiderme 
dont  il  n’est  qu’une  modification,  et  un  tissu  central  glandulaire,  qui  jus¬ 
qu’alors  a  échappé  aux  observations  des  anatomistes. 

Le  tissu  adénoïde,  comme  celui  des  glandes  nombreuses  dites  vésiculaires 
que  l’on  observe  dans  les  organes  d’un  grand  nombre  de  végétaux  (Aurantia¬ 
cées,  Myrtacées,  Rutacées,  Hypéricinées,  Myoporinées,  etc.),  subit,  chez  les 
Fraxinelles,  un  phénomène  de  résorption  ou  de  désassimilation  exagérée,  et 
finalement  disparaît  par  suite  de  ce  trouble  nutritif. 

Les  faits  que  je  viens  de  signaler  trouveront  prochainement  le  développe¬ 
ment  qu’ils  comportent  dans  un  travail  spécial  Sur  les  organes  de  sécrétion 
des  végétaux. 


SÉANCE  DU  14  JUILLET  1871.  145 

Lecture  est  donnée  de  la  communication  suivante  adressée  à  la 
Société  : 

OBSERVATIONS  SUR  QUELQUES  PLANTES  DU  FOREZ,  par  II.  Antoine  IÆ  GRAXD. 

(Montbrison,  30  juin  1871.) 

Voici  quelques  espèces  qui,  je  crois,  n’ont  pas  encore  été  signalées  dans  des 
conditions  aussi  différentes  de  celles  où  elles  vivent  habituellement. 

h'Ericct  cinerea  L. ,  cette  parure  si  abondante  des  landes  de  l’Ouest  et  du 
Centre,  est  venu  s’égarer  jusque  dans  les  bois  de  sapins  du  Pilât,  sous  la  som¬ 
mité  du  Crêt-de-ia-Perdrix  (1350  à  1400  m.  d’altit.),  où,  du  reste,  je  n’en  ai 
rencontré  que  quelques  maigres  touffes  commençant  à  fleurir  le  6  août  1865. 

Le  Car  ex  lœvigata  Srn.  a  envoyé  une  colonie  abondante  et  vigoureuse 
peupler  quelques  marécages  spongieux  ( sagnes )  des  pentes  de  Pierre-sur- 
Haute,  à  la  lisière  des  sapins,  où  il  croît  au  milieu  des  Betula  pubescens 
Ehrh. 

Comment  cette  espèce  occidentale  et  méditerranéenne  a-t-elle  quitté  ces 
lointains  parages  pour  venir,  comme  la  précédente,  s’ensevelir  une  partie  de 
l’année  sous  les  neiges  de  nos  montagnes? 

Ne  quittons  pas  les  Carex  sans  annoncer  le  C.  nutans  Host,  près  de  Mont¬ 
brison,  et  le  C .  pauciflora  Lightf. ,  en  abondance  au  pied  du  pic  de  Gourgon 
(Pierre-sur-Haute),  en  société  Oxycoccos  palus  tris  et  d  '  Andromeda  poli- 
folia. 

L’ Elatine  macropoda  Guss. ,  signalé  dans  le  Bulletin  (t.  XVI,  p.  60),  est  la 
forme  appelée  par  M.  Grenier,  qui  a  lui-même  vérifié  mes  échantillons,  E.  Fa- 
bri,  intéressante  variété  que  l’on  ne  connaissait  jusqu’à  ce  jour  que  dans  les 
mares  d’Agde  (Bull.  Soc.  bot.  t.  XVI,  p.  213),  et  qui  est  bien  éloignée  ici 
de  sa  station  presque  maritime,  dont  l’influence  paraît  également  nécessaire 
à  l’existence  du  type. 

11  est  plus  facile  d’expliquer  la  présence  sur  nos  grèves  de  la  Loire  du  Leu- 
canthemum  pahnatum  Lam.  (L.  cebennense  DC.  ),  qui  doit  s’appeler  Z.  mons- 
peliense  L.  (sub  Chrysanthemo),  que  les  graines  nous  soient  arrivées  (par  les 
eaux  du  fleuve,  comme  c’est  probable)  des  montagnes  où  la  Loire  prend  sa 
source,  ou  de  localités  plus  rapprochées  que  de  nouvelles  recherches  feront 
peut-êire  découvrir.  C’est  à  M.  Hervier-Basson  que  nous  devons  la  découverte 
de  cette  belle  espèce. 

VEpipogon  aphyllus  Sw.  a  été  déjà  indiqué  dans  notre  région  forézienne 
(Cariot,  Étude  des  fleurs ,  t.  II,  p.  563).  Mais  son  existence  à  Pierre-sur- 
Haute  est  un  fait  assez  considérable  pour  qu’il  soit  permis  de  le  rappeler  et  de 
le  confirmer.  Deux  échantillons  seulement  ont  été  trouvés  et  récoltés,  et  j’ai  eu 
le  plaisir  de  voir  Lun  d’eux  bien  conservé  dans  l’herbier  de  M.  l’abbé  Pey- 
t.  xviii.  (séances)  10 


1.46 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


ron,  auteur  de  celle  importante  découverte.  L’autre  échantillon  fait  partie  de 
l’herbier  Gariot. 

Genre  Pulmonaria.  —  On  a  multiplié  les  espèces  de  ce  genre  aux  dépens 
du  P.  angusti folia  L.  L’un  des  caractères  les  plus  usités  est  tiré  de  la  position 
et  de  l’abondance  des  poils  qui  se  trouvent  à  l’intérieur  du  tube  de  la  corolle. 
Le  P.  affinis  Jord.  notamment  a  ces  poils  disposés  en  anneau  autour  de  la 
gorge.  Mais  j’ai  observé  plusieurs  corolles  où  ces  poils  garnissent  tout  l’inté¬ 
rieur  du  tube  ;  et  ce  qui  est  plus  curieux,  c’est  que  je  n’ai,  observé  ce  fait  que 
dans  des  corolles  où  l’androcée  est  inséré  au  fond  du  tube  corollaire  au  lieu 
de  l’être  vers  le  sommet  (ce  qui  est  beaucoup  plus  fréquent).  A  ces  positions 
de  l’androcée  correspondent,  comme  on  sait,  des  formes  longistyles  ou  brévi- 
stvles,  comme  dans  les  Primulacées  et  quelques  autres  plantes. 

Ce  genre  est  représenté,  dans  le  bassin  de  Montbrison,  par  un  assez  bon 
nombre  de  formes,  telles  que  :  P.  affinis  Jord.,  ovalis  Bast.,  longifolia 
Bast. ,  tuberosa  Schk. ,  azurea  Bess.  Mais  constituent-elles  autant  d’espèces? 
L’observation  que  j’ai  rapportée  ci-dessus  permet  d’en  douter. 

Genre  Nardurus.  —  Le  Narduims  Poa  Boiss.  est  mutique  ( Festuca  Poa 
Kunth,  Boreau),  ou  aristé  (F.  tenuicula  Link,  Boreau);el  quelques  auteurs 
se  basent  sur  la  présence  ou  l’absence  de  l’arête  et  sur  une  prétendue  diffé¬ 
rence  de  station  pour  faire  deux  espèces  de  ces  deux  formes.  Dans  nos  envi¬ 
rons,  je  les  ai  trouvées  croissant  ensemble,  et  je  dirai  même  si  intimement 
qu’ayant  cru  récolter  une  centurie  de  la  forme  mutique,  je  fus  fort  étonné,  au 
dépouillement,  de  trouver  un  tiers  environ  d’échantillons  aristés  tellement 
mêlés  avec  les  autres  qu’il  fallut  un  vrai  travail  pour  les  séparer. 

Quant  au  caractère  tiré  de  l’arête,  on  sait  avec  quelle  réserve  il  faut  l’ad¬ 
mettre  dans  les  formes  affines  appartenant  à  la  famille  des  Graminées. 

Genre  AgrüPYrum.  —  Le  savant  directeur  du  Jardin-des-plantes  d’Angers, 
en  publiant  une  monographie  des  Agropyrum  d’Europe  ( Mém .  de  la  Soc. 
acad.  de  Maine-et-Loire ,  t.  XXIV,  p.  347),  a  appelé  l’attention  des  botanistes 
sur  ce  genre  intéressant  et  peu  étudié.  Déjà  j’avais  eu  le  plaisir  de  découvrir, 
sur  les  bords  de  la  Loire,  une  forme  de  VA.  acutum  ILS.,  rapportée  dans  cette 
monographie  à  VA.  obtusiusculurn  Lge.  Depuis,  mes  recherches  se  sont  éten¬ 
dues  et  ont  apporté  le  tribut  suivant  : 

A.  glaucum  ILS.  (A. R.);  A.  obtusiusculurn  Lge  (A. G.)  ;  A.  pungens  R. S. 
(R.);  A.  cæsium  Presl  (A. G.);  A.  repens  P. B.  (GG.),  et  var.  subulatum 
Schk.  (G.);  A.  caninurn  R. S.  (R.). 

Ges  plantes  habitent  surtout  les  haies,  les  buissons,  les  ro cailles,  le  bord  des 
fleuves.  Ainsi  presque  toutes  celles-là  se  rencontrent  le  long  de  la  Loire.  Elles 
sont  probablement  plus  communes  qu’on  11e  pense,  mais  elles  attirent  peu  le 
botaniste  en  excursion  et  passent  inaperçues. 

Noms  vulgaires  «lu  athanmnticu tn.  —  Gette  Ombellifère 

abonde  dans  les  prairies  des  montagnes  de  Pierre-sur-Haute  et  du  Pilât,  où  elle 


SÉANCE  DU  14  JUILLET  1871. 


147 

constitue  un  assez  bon  fourrage  pour  les  bestiaux.  Le  fait  assez  curieux  qui 
mêla  fait  mentionner  ici,  c’est  qu’elle  est  vulgairement  connue  des  monta¬ 
gnards  de  la  chaîne  du  Forez  sous  le  nom  de  méon ,  qui  se  rapproche  singu¬ 
lièrement  du  nom  scientifique. 

D’un  autre  côté,  Latourrette  (dans  son  Voyage  au  Mont- Pilât ,  p.  134)  rap¬ 
porte,  d’après  Dalechamps,  que  cette  plante  était  anciennement  connue  «  dans 
les  boutiques  »  sous  ie  nom  de  mu  ou  meu.  Il  me  paraît  probable  que  ces 
noms,  ainsi  que  celui  de  méon ,  auront  été  apportés  dans  nos  montagnes  par 
les  herboristes  du  moyen  âge  (1). 

Dans  les  montagnes  du  Pilât,  le  Meum  est  appelé  vulgairement  citre;  mais 
l’odeur  anisée  de  notre  plante  ne  permet  guère  de  faire  un  rapprochement 
étymologique  entre  ce  nom  vulgaire  et  le  nom  du  citron  ( citrus ). 

Rappelons,  en  terminant,  que  l’étymologie  du  mot  Meum ,  que  M.  Boreau 
[Fl.  centre ,  éd.  3,  p.  324)  rapporte  à  p«ov,  plus  petit ,  à  cause  de  la  ténuité 
des  lobes  des  feuilles,  ne  paraît  pas  satisfaire  entièrement  l’esprit  (2). 

M.  l’abbé  Chaboisseau  fait  à  la  Société  la  communication  sui¬ 
vante  : 

SUR  LE  NI  TE  LL  A  SYNCARPA  Thuillier,  ET  LE  GHARA  CONNIVENS  Salzmann, 

par  il.  l’abhé  CHABOISSEAU. 

J’ai  pu  observer  cette  année,  pour  la  première  fois,  le  véritable  Nitella 
syncarpa  Thuill.,  celui  de  la  Flore  des  environs  de  Paris ,  de  M.  Alex.  Braun, 
et  des  exsiccata  de  M.  Rabenhorst.  Il  était  abondant  dans  l’étang  de  la  Grange 
près  Rosoy-en  Brie  (Seine-et-Marne) ,  où  il  remplaçait  totalement  le  Potamo- 
geton  acutifolius  Link  ,  qui  y  foisonnait  il  y  a  trois  ou  quatre  ans.  Il  devra  se 
retrouver  dans  d’autres  localités  :  les  Characées  échappent  facilement  aux  re¬ 
cherches,  peut-être  à  cause  du  petit  nombre  des  observateurs,  mais  assurément 
à  cause  de  leur  habitat  au  fond  des  eaux  et  souvent  loin  du  bord.  Me  serait-il 

(1)  Le  Gnaphalium  dioicum  est  connu  aussi  dans  toutes  nos  montagnes  sous  le  nom 
de  Pied-de-chat ,  qui  n’est  pas  un  nom  indigène. 

(2)  Notre  obligeant  Secrétaire  général,  en  me  communiquant  l’épreuve  de  mon  article, 
a  bien  voulu  me  donner  les  renseignements  suivants  :  1°  Le  nom  latin  Meum  a  été  em¬ 
ployé  par  Pline  et  provient  de  (avîûv  ou  (/.sïov,  nom  par  lequel,  disent  MM.  Le  Maout 
et  Decaisne  (Flore  des  jardins  et  des  champs,  p.  367),  les  naturalistes  grecs  désignaient 
«  certaines  Ombellifères  ».  —  2°  La  forme  meu  est  mentionnée  comme  nom  vulgaire  du 
Meum  dans  le  Pinax  de  G.  Bauhin  (1671).  —  3°  Dans  ses  Stirpium  adversaria  (1570), 
Lobel  cite  les  noms  de  meum ,  meon  et  meu,  et  ajoute  que  la  plante  se  trouve  sur  les 
sommets  les  plus  élevés  des  Cévennes,  notamment  à  l’Espérou,  où,  dit-il,  les  monta¬ 
gnards  la  nomment  oestre  (qui  se  rapproche  beaucoup  de  la  forme  citre ,  employée  encore 
aujourd’hui  dans  le  Forez).  —  Dans  l’opinion  de  M.  de  Schœnefeld,  oestre ,  cêlre  ou 
citre  serait  peut-être  la  vieille  appellation  gauloise  et  indigène  (ou  bien  proviendrait  du 
latin  cestrum ?),  tandis  que  meu  et  méon  ne  sont  certainement  que  des  altérations  du 
latin  meum.  ( Note  ajoutée  au  moment  de  l’impression.) 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


148 

permis  de  recommander  pour  leur  récolte  un  moyen  d’une  simplicité  pri¬ 
mitive,  une  ficelle  enroulée  sur  un  bâtonnet,  à  la  manière  d’un  cordeau 
de  jardinier?  Arrivé  sur  place,  on  la  munit  de  deux  pierres  attachées  à 
quelque  distance  l’une  de  l’autre,  et  fixant  le  bâtonnet  en  terre,  on  lance  cette 
drague  improvisée,  qui  rapporte  souvent  des  merveilles.  On  ne  doit  s’en  servir, 
bien  entendu,  que  dans  les  endroits  inaccessibles;  car  rien  11e  remplace  une 
main  tant  soit  peu  exercée  à  ce  genre  de  récolte,  surtout  en  ce  qui  concerne 
les  parties  souterraines  de  la  plante,  si  importantes  et  si  curieuses  dans  cette 
famille.  Si  je  11e  craignais  d’entrer  dans  des  détails  puérils,  je  recommanderais 
d’envelopper  sans  façon  les  touffes  fraîches  dans  une  feuille  de  papier  buvard, 
an  moment  de  la  récolte,  si  l’on  n’a  pas  le  temps  de  les  préparer  sur  place,  et 
de  les  faire  flotter  chez  soi  dans  de  l’eau  pure,  sur  une  feuille  de  papier  blanc, 
comme  on  prépare  les  Algues,  en  ayant  soin  de  séparer  les  deux  sexes  des 
espèces  dioïques  et  de  les  noter  au  moment  de  la  préparation;  ne  pas  oublier 
de  récolter  à  part  des  échantillons  à  fruits  adultes,  c’est-à-dire  à  nucules 
noires. 

Je  prends  la  liberté  de  rappeler  ici  les  caractères  différentiels  des  trois  Ni- 
tella  dioïques  de  ce  groupe  ;  quoiqu’ils  soient  établis  soigneusement  dans  la 
dernière  édition  de  la  Flore  de  Paris ,  beaucoup  de  botanistes  semblent  encore 
les  méconnaître.  Ces  trois  espèces  sont  très-voisines,  et  peut-être  pourrait-on 
les  réunir  à  cause  de  la  similitude  de  leur  faciès.  Quoi  qu’il  en  soit,  elles  sont 
nettement  et  exactement  caractérisées  par  M.  Al.  Braun  [Char.  Fur.  exs.)  : 

Nitella  syngarpa  Thuillier. — Glœocarpa ,  leiopyrena. 

Nitella  capitata  Nees.  —  Glœocarpa ,  oxygyra. 

Nitella  opaca  Agardh.  —  Gymnocarpa,  pachygyra. 

Les  deux  premières  en  effet  ont  les  glomérules  d’anthéridies  et  de  sporanges 
enveloppés  de  mucilage,  tandis  que  la  troisième  en  manque.  Et  en  supposant 
que  ce  caractère  soit  inconstant,  les  nucules  du  Nitella  syncarpa  se  distin¬ 
guent  à  première  vue  par  leurs  spires  larges  et  peu  profondes,  offrant  en  pro¬ 
fil  un  aspect  arrondi,  tandis  que  les  nucules  des  deux  autres  ont  des  stries  ai¬ 
guës  et  très-prononcées,  étroites  de  base  et  profondes  dans  le  Nitella  capitata , 
plus  larges  de  base,  mais  toujours  très-fortes  dans  le  Nitella  opaca.  Le  Nitella 
capitata ,  que  je  n’ai  pas  encore  observé  autour  de  Paris  et  qui  m’a  semblé 
aimer  les  terrains  granitiques  ou  sablonneux,  est  généralement  très-grêle, 
germe  en  automne  et  passe  l’hiver  de  manière  à  fructifier  dès  la  fin  de  mars, 
quelquefois  sous  la  glace.  Le  Nitella  opaca  lui  succède,  germe  au  premier 
printemps  et  fructifie  d’avril  en  juin;  le  Nitella  syncarpa  m’a  paru  plus 
retardataire,  il  fructifie  en  juin-juillet.  Je  ne  parle  pas  ici  des  caractères  que 
l’on  a  tirés  de  la  consistance  plus  ou  moins  tenace  de  ces  espèces,  de  leur  cou¬ 
leur  plus  ou  moins  verte  et  plus  ou  moins  opaque;  tout  ceci  est  variable  et 
n’a  pas  grande  valeur. 

Le  Chara  que  j’avais  vu  en  mai  dans  l’étang  de  Trappes  près  Versailles, 


SÉANCE  DU  14  JUILLET  1871. 


149 

et  qui  m’avait  paru  si  curieux,  a  justifié  pleinement  la  bonne  opinion  que 
j’avais  de  lui.  Je  l’ai  revu  il  y  a  quelques  jours  :  c’est  incontestablement  le 
Chara  connioens  Salzmann.  Il  se  trouve  en  abondance  aux  deux  côtés  de  la 
chaussée,  mais  ne  m’a  pas  paru  remonter  très-loin,  du  moins  autant  que  la  vase 
m’a  permis  d’en  juger.  Cette  espèce  étant  imparfaitement  connue  de  plusieurs 
botanistes,  je  demande,  la  permission  d’en  donner  une  description  et  une 
figure,  même  après  MM.  Alexandre  Braun  et  Kuetzing.  Notre  collègue  M.  Max. 
Cornu  a  bien  voulu  m’aider  à  l’étudier  et  en  faire  le  dessin  (pl.  I  de  ce  volume). 
Je  dois  à  la  vérité,  et  à  l’amitié  que  j’ai  pour  lui,  de  déclarer  que  si  je  parviens 
à  dire  quelque  chose*  d’intéressant,  tout  l’honneur  lui  en  revient  pour  les 
excellentes  observations  dont  il  a  accompagné  son  étude. 


Chara  conniyens  Salzmann,  in  Collect.  pl.  de  Tanger. —  Alex.  Braun,  in 
Flora ,  1835,  I,  p.  73,  in  Schweinf  Beitr.  z.  Flora  Æthiop.  p.  229,  et  in 
Die  Characeen  Afrika  s  (1868),  p.  855.  — Kuetzing,  Spec.  Alg.  p.  521,  et 
Tab.  phycol.  VII,  tab.  63,  i.  (Cette  figure  médiocre  ne  représente  qu’une 
tige  incomplète  de  la  plante  femelle,  avec  un  ramuscule  et  un  fruit  grossi.)  — 
AVallm.  Charac.  p.  99.  —  Brébisson,  FL  de  Normandie,  2e  éd.  p.  336; 
3e  éd.  p.  381  ;  4e  éd.  p.  405.  —  Lloyd,  Fl.  de  /’ Ouest,  2e  éd.  p.  622. 

Dioïque .  Racines  dépourvues  de  bulbilles  ;  articulations  inférieures  de  la 
tige  offrant  quelques  renflements  paucicellulés  traversés  par  l’axe.  —  Tiges 
de  1  à  2  décimètres,  opaques,  d’un  beau  vert,  s’incrustant  et  grisonnant  à  la 
fin,  très-fragiles ,  inermes,  à  tubes  corticaux  droits  et  réguliers.  —  Rameaux 
au  nombre  de  7-9,  rarement  10,  ceux  de  la  plante  mâle  (et  quelquefois  même 
ceux  de  la  plante  femelle)  arqués  en  dedans  ou  contournés.  —  Papilles  invo- 
lucrales  peu  distinctes.  —  Articles  (1)  de  chaque  rameau  au  nombre  de  12  à 
20,  généralement  très-rapprocbés,  surtout  dans  les  plantes  mâles,  cortiqués,  à 
l’exception  du  dernier  ou  des  deux  derniers  (fig.  2);  les  articles  stériles  sans  brac¬ 
tées  ou  n’offrant  que  trois  bractées  antérieures  à  peine  distinctes,  les  articles  fer¬ 
tiles  munis  antérieurement  de  2-4  bractées  très-courtes  sous  l’anthéridie  (fig.  4), 
et,  sous  le  sporange,  de  trois  ou  cinq  bractées  pouvant  atteindre  au  maximum 
le  tiers  du  sporange,  mais  souvent  beaucoup  plus  réduites,  la  médiane  égale 
aux  latérales  ou  plus  courte  (fig.  7).  —  Anthéridies  globuleuses,  assez  grosses, 

(1)  Le  sens  des  mots  article  et  articulation  varie  chez  les  auteurs  et  peut  donner  lieu 
à  confusion.  Si  l’on  examine  un  rameau  de  Chara  connivens  ou  de  quelque  espèce  voi¬ 
sine,  on  y  remarque  des  articulations  très-prononcées,  susceptibles  de  produire  des 
bractées  et  des  organes  reproducteurs  ;  ce  sont  de  vrais  entre-nœuds,  où  les  bractées 
représentent  de  véritables  rameaux,  à  l’aisselle  desquels  naissent  les  anthéridies  et  les 
sporanges;  mais  chacun  de  ces  entre-nœuds  est  séparé  par  une  articulation  moins  forte 
et  toujours  stérile,  manquant  quelquefois,  comme  on  peut  le  voir  sur  l’excellente  figure 
du  Chara  Duriæi  ( Explor .  scient,  de  T  Algérie,  tab.  xxxix,  fig.  2  d).  Ici,  nous  comptons 
absolument  les  articles  tels  qu’ils  se  présentent  à  la  loupe  ou  au  microscope,  et  en  y 
comprenant  même  l’extrémité  monosiphonée,  sans  tenir  compte  de  leur  valeur  morpho¬ 
logique. 


150 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


—  Sporanges  adultes  allongés,  presque  cylindriques  (fig.  7)  ou  ovoïdes 
(fig.  s),  offrant  de  14  à  17  tours  de  spire;  coronule  conique  égalant  le  cin¬ 
quième  de  la  longueur  du  sporange. 


Je  n’ai  pas  à  revenir  sur  la  différence  si  bien  établie  par  iM.  Clavaud(in  Bull. 
Soc.  bot.  de  Fr.  t.  X  [1863],  p.  137  et  suiv.),  entre  les  bulbilles  insérés  latéra¬ 
lement  aux  racines,  et  les  renflements  traversés  par  l’axe  de  la  tige,  renflements 
produits  par  l’arrêt  dans  le  développement  normal  d’un  verticille.  Ces  deux 
phénomènes  se  présentent  ensemble  sur  certains  Chara ,  par  exemple  sur  le 
Ch.  fragifera.  Malgré  mes  recherches,  je  n’ai  pu  observer  de  bulbilles  ra¬ 
dicaux  sur  le  Ch.  connivens.  En  revanche,  on  trouve  assez  fréquemment  l’en¬ 
veloppe  noire  de  la  spore  (fig.  1,  sp.)  encore  adhérente  à  l’individu  auquel  cette 
spore  a  donné  naissance.  Du  reste  le  Ch.  coronata  Ziz,  dont  je  n’ai  jamais 
observé  la  germination,  est  comme  celui-ci,  si  je  ne  me  trompe,  dépourvu 
de  bulbilles,  et  au  contraire  souvent  pourvu  de  renflements  aux  articulations 
inférieures  de  la  tige.  Pareille  chose  s’observe  sur  plusieurs  Nitella. 

Le  développement  du  sporange  mérite  une  mention  particulière.  Dans  l’ex¬ 
trême  jeunesse  du  sporange,  les  cellules  qui  doivent  se  contourner  en  spirale 
sont  au  nombre  de  cinq  et  parallèles  entre  elles.  A  mesure  que  le  sporange  se 
développe,  elles  prennent  une  disposition  spiralée  qui  s’accroît  avec  l’âge.  La 
coronule  subit  des  modifications  encore  plus  profondes.  Dans  la  jeunesse  du 
sporange,  les  cinq  cellules  de  la  coronule  sont  un  peu  plus  larges  en  haut  qu’en 
bas  (fig.  5),  d’une  hauteur  égale  au  diamètre  moyen  ;  ce  qui  produit  un  aspect 
un  peu  évasé  par  le  sommet  (le  sporange  n’en  étant  pas  moins  fermé  pour 
cela).  En  continuant  de  s’accroître,  les  dents  augmentant  de  longueur,  la 
coronule  prend  l’aspect  cylindrique  (fig.  6).  Enfin,  à  l’état  adulte,  la  partie  su¬ 
périeure  des  dents  est  plus  étroite  que  la  base;  chaque  cellule  prend  un  aspect 
triangulaire,  et  l’ensemble  produit  une  apparence  conique  (fig.  7  et  8).  On  voit 
de  là  combien  il  est  important  de  considérer  des  sporanges  adultes,  c’est-à-dire 
noirs,  si  l’on  ne  veut  s’exposer  à  des  erreurs  graves. 

Les  espèces  dioïques  du  groupe  aspera  réclament  encore  une  élude  com¬ 
parative  faite  sur  le  vif  avec  de  bons  échantillons.  La  série  formée  par  les 
Chara  aspera  Willd. ,  galioides  DC.,  Duriæi  A.  Braun,  connivens  Salz- 
mann  et  fragifera  DR  ,  est  si  naturelle,  que  je  n’oserais  décider  si  le  Chara 
connivens  est  une  bonne  espèce,  malgré  les  apparences  qui  militent  en  sa 
faveur.  Il  se  distingue  des  espèces  affines  par  la  singulière  crispation  des  ver- 
ticilles  mâles  et  par  la  forme  et  la  longueur  de  la  coronule.  En  outre,  il  offre 
des  différences  notables  avec  chacune  d’elles. 

1°  Il  diffère  du  Chara  fragifera  DR.,  par  l’absence  de  bulbilles,  les  tiges 
fragiles,  rigides,  les  rameaux  à  articles  rapprochés. 

2°  De  la  belle  espèce  algérienne  Chara  Duriæi  Al.  Braun,  Char.  Afrik. 
p.  854  (Ch.  galioides,  var.  Duriæi  AI.  Br.  in  Explor.  sc.  Alger,  tab.  xxxix. 


SÉANCE  DU  14  JUILLET  1871. 


151 


fig.  2.  —  Ch.  continua  Goss.  et  DR.  in  Bull.  Soc.  bot.  Fr.  t.  VI,  p.  183,  en 
note),  par  sa  taille  beaucoup  plus  grande,  son  port  plus  robuste,  ses  tiges 
inermes,  ses  bractées  beaucoup  plus  courtes,  milles  ou  peu  distinctes  aux 
articulations  stériles,  réduites  à  3  ou  5  aux  articulations  fertiles,  ses  rameaux 
abondamment  fertiles,  etc.  (cf.  AI.  Braun  II.  citatis). 

3°  Du  Chara  gcdioides  DC. ,  par  ses  tiges  inermes,  ses  bractées  beaucoup 
plus  courtes,  ses  rameaux  à  articles  plus  nombreux,  etc. 

4°  Enfin  il  ne  peut  aucunement  être  confondu  avec  le  Chara  aspera  Willd. , 
dont  il  diffère  par  l’absence  de  bulbilles,  es  tiges  inermes,  l’absence  de  brac¬ 
tées  aux  articulations  stériles  et  la  brièveté  de  ces  mêmes  bractées  aux  articu¬ 
lations  fertiles. 

Les  échantillons  que  j’ai  vus  dans  le  riche  herbier  de  M.  le  docteur  Cosson 
sont  tous  africains.  Car  je  ne  pourrais  citer  qu’avec  la  plus  grande  réserve  la  lo¬ 
calité  de  l’île  sicilienne  Favignana  ( E .  et  A.  Huet  du  Pavillon ,  5  mai  1855,  sub 
Chara  aspera ,  var.  subinermis ),  dont  l’espèce  ne  me  paraît  pas  être  le  Chara 
co?mivens.  Je  ne  sais  même  pas  si  tous  les  échantillons  africains  que  j’ai  vus 
se  rapportent  bien  à  ma  plante.  Quant  aux  localités  françaises,  je  les  cite  d’après 
les  flores  locales  ou  sur  le  témoignage  de  M.  Alex.  Braun;  mais  je  n’ai  vu  jus¬ 
qu’ici  d’autres  échantillons  que  les  miens. 

Ceci  posé,  voici  les  localités  qui  sont  arrivées  à  ma  connaissance  : 

En  Afrique.  —  Maroc  :  Tanger  ( Salzmann ,  1819,  ex  A.  Braun,  et 
Schousboe ,  in  herb.  Cosson).  — Algérie  :  Alger  ( Bové ,  1830,  ex  A.  Braun). 
Oasis  de  Biskra  (Balansa,  1er  mars  1853,  in  herb.  Cosson).  —  Tunisie  : 
In  cisternis,  Feskia  dictis,  prope  S  fax,  5  juin  185  h(Kralik,  pl.  tunet.  n°  344 
et  bis).  In  insulæ  Djerba  slagno  prope  Harra  Piccola,  14  juin  1854 
( Kralik ,  in  herb.  Cosson). —  Égypte  :  Le  Caire  (Bové,  ex  A.  Braun).  —  Je 
vois  également  une  autre  localité  algérienne  rapportée  par  M.  A.  Braun  au 
Chara  counivens ,  et  dans  l’herbier  de  M.  Cosson  au  Chara  Duricti  :  Marais 
de  Senhadja  entre  Bône  et  Philippeville,  3  juillet  1861  (A.  Letourneux  et 
H.  de  la  Perraudiére ,  in  Kralik,  pl.  alger.  select.  n°  154). 

En  Europe,  c’est-à-dire  jusqu’ici  en  France  seulement,  si  je  ne  me 
trompe.  —  Loire-Jnférieure  :  Marais  de  la  Loire,  lac  de  Grand-Lieu,  où 
il  est  commun,  surtout  à  l’entrée  de  la  Boulogne;  Machecoul  (ex  Llovd, 
Fl.  de  V Ouest).  —  Finistère  :  Goulven  (de  Crée  hquérault ,  ex  Lloyd).  — 
Manche  :  Trouvé  par  M.  Godey  dans  le  Gavron,  à  Pirou  ( Brébisson ,  cité  par 
A.  Braun,  1.  c.  p.  858).  Étang  de  Vrasville,  d’après  A.  Braun,  qui  rapporte 
à  cette  espèce  la  plante  signalée  sous  le  nom  de  Chara  fragilis  [3.  ccespitosa , 
par  M.  Lebel,  Bech.  etobs.  sur  qq.  pl.  de  la  presquile  de  la  Manche ,  1848, 
p.  10.  —  Et  enfin  Seine-et-Oise  :  Étang  de  Trappes  près  Versailles.  Nul 
doute  que  cette  espèce  ne  se  retrouve  ailleurs,  aussi  bien  que  d’autres  Chara- 


152 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

èes,  notamment  le  Chara  fragifera ,  qui  doit  être  dans  le  rayon  de  la  flore 
parisienne,  avec  Yfsoëtes  tenmssima  (1). 


Explication  «les  ligures  de  la  planche  I  de  ce  volume. 

Chara  connivens  Salzm. 

Fig.  1.  Individu  mâle,  détaillé  moyenne  (grandeur  naturelle).  Les  tiges  b ,  c,  d,  sem¬ 
blables  à  la  tige  a,  ont  été  supprimées,  ainsi  qu’une  partie  de  la  tige  e.  On  voit 
à  la  base  la  nucule  sp ,  qui  a  donné  naissance  à  l’individu. 

Fig.  2.  Extrémité  d’un  rameau,  offrant  deux  cellules  extrêmes  monosiphonées  (42/1). 

Fig.  3.  Verticille  anthéridien  (5/1). 

Fig.  4.  Fragment  de  rameau  anthéridien.  — a,  cicatrice  laissée  par  l’anthéridie  et  vue 
de  face.  —  b,  b\  c,  c' ,  bractées  rudimentaires  (42/1). 

Fig.  5.  Coronule  de  sporange  très-jeune  (149/1). 

Fig.  6.  Sporange  plus  âgé;  la  coronule  est  moins  évasée,  et  les  tours  de  spire  commen¬ 
cent  à  se  resserrer  (149/1). 

Fig.  7.  Sporange  adulte  ;  forme  ordinaire,  cylindracée.  Remarquer  les  variations  des 
bractées  (21 /l). 

Fig.  S.  Sporange  adulte  ;  forme  moins  commune,  plus  ovoïde  (21/1). 


A  L’occasion  de  cette  communication,  M.  Cornu  donne  les  indica¬ 
tions  uivantes  sur  la  récolte  et  la  préparation  des  Characées  : 

Je:*-*  ois,  dit-il,  devoir  signaler  à  la  Société  le  bon  usage,  pour  la  récolte 
des  Cnaracées,  d’un  instrument  bien  connu  des  pêcheurs  parisiens.  C’est  un 

anneau  de  cuivre,  muni  de  crochets  et  d’un  poids  assez  lourd,  qui  sert  à  reti- 

* 

rer  de  l’eau  les  objets  auxquels  s’accrochent  les  lignes.  Quand  on  lance  cet 
anneau  sur  un  corps  quelconque  plongé  dans  l’eau,  il  s’y  fixe  avec  une  grande 
solidité,  et  l’on  peut,  au  moyen  de  la  ficelle  qui  y  est  attachée,  ramener  à  soi 
des  pièces  de  bois  très-volumineuses,  des  branches,  etc.  Si  l’on  veut  récolter 

(1)  Note  ajoutée  au  moment  de  l’impression.  —  Aujourd’hui  15  novembre,  je  reçois 
de  l’excellent  M.  Durieu  de  Maisonneuve  une  lettre  charmante  d’où  j’extrais  les  impor¬ 
tants  renseignements  qui  suivent  :  a  Que  dire  du  Chara  connivens ,  le  seul  représentant 
incontestable  de  la  plante  de  Salzmann  que  j’aie  encore  vu  de  France?...  Il  est  vrai  que, 
dans  les  premiers  temps  de  mon  établissement  à  Bordeaux,  je  crus  avoir  trouvé  le  Ch. 
connivens  dans  nos  étangs  du  littoral.  Mais,  à  l’aide  de  fragments  d’un  échantillon  arché¬ 
type  de  Salzmann  donné  au  regrettable  J.  Gay,  détachés  pour  moi  par  cet  excellent 
homme,  il  me  fut  facile  de  reconnaître  mon  erreur.  Il  y  a  quelques  années,  j’ai  recueilli 
dans  le  lac  de  Grand-Lieu  ce  que  M.  Lloyd  a  rapporté  au  Ch.  connivens;  je  crois  que  c’est 
encore  douteux.  Je  n’ai  pas  vu  le  connivens  de  la  Flore  de  Normandie  :  je  ne  puis  donc 
en  rien  dire.  Les  échantillons  algériens  ou  tunisiens  récoltés  par  M.  Kralik,  bien  que  vus 
par  l’illustre  Al.  Braun,  ne  me  paraissent  pas  parfaitement  identiques  avec  la  plante  de 
Salzmann.  Je  le  répète,  quoique  n’ayant  pas  en  ce  moment  cette  plante  sous  les  yeux, 
ses  caractères  me  sont  tellement  présents  que  je  n’ai  encore  vu  rien  de  plus  identique  que 
vos  beaux  échantillons  de  Trappes.  Aussi  vous  me  feriez  grand  plaisir  si  vous  pouviez 
m’en  envoyer  sous  un  pli  un  nouveau  petit  bout  pour  M.  Clavaud,  ce  botaniste  éminent 
qui  a  fait  de  si  beaux  travaux  sur  les  Characées  et  qui  en  fera  de  plus  importants  encore, 
s’il  peut  en  prendre  le  loisir.,.  » 


Bullet.de  la  Soc.Bot.de  France. 


Tome  XV]  11  PL i. 


Mar  Cornu,  ad  nat.  ciel. 


CTI  ARA  C  0  N  N 1 V  R  N  S  . 


Lebrun  J'c  . 


SÉANCE  DU  \h  JUILLET  1871. 


153 


des  touffes  de  Potamogeton ,  de  Renoncules  aquatiques,  de  Characées,  de 
Conferves,  on  l’emploiera  encore  avec  succès.  C’est  notre  excellent  confrère 
M.  G.  Rivet  qui  a  eu  l’heureuse  idée  d’appliquer  ce  petit  instrument  à  un 
usage  scientifique. 

Les  Characées,  ajoute  M.  Cornu,  fréquemment  encroûtées  de  calcaire,  sont 
d'une  conservation  difficile  à  cause  de  leur  fragilité  ;  elles  s’émiettent  dans 
les  herbiers.  J’ai  obtenu  de  bons  résultats  en  les  plongeant  dans  une  eau  con¬ 
tenant  1  pour  100  d’acide  chlorhydrique;  le  carbonate  de  chaux  se  dissout 
avec  une  légère  effervescence,  et  on  retire  les  plantes  quand  leur  teinte  com¬ 
mence  à  devenir  jaunâtre.  On  les  plonge  alors  dans  l’eau  pure  et  on  les  pré¬ 
pare  comme  des  Nitella.  Elles  se  conservent  ensuite  sans  difficulté  ;  le  papier 
qui  les  supporte  peut  être  courbé  assez  fortement  et  brusquement  sans  que 
l’on  brise  pour  cela  les  échantillons.  Les  diverses  parties  ne  sont  pas  altérées; 
la  couleur  se  rapproche  bien  plus  de  celle  de  la  plante  vivante  que  la  couleur 
de  la  plante  simplement  séchée,  qui  tourne  en  général  au  blanc. 

M.  l’abbé  Chaboisseau  présente  ensuite  trois  volumes  imprimés 
au  xve  siècle  et  intitulés  :  Ortus  sanitatis;  il  donne,  au  sujet  de  ces 
incunables,  les  détails  suivants  :  • 

SUR  LES  ORTUS  SANITATIS,  par  M.  l’abbé  CHABOISSEAU. 

Je  possède  de  ce  livre  rare  quatre  éditions  latines,  celle  de  1517,  sur  la¬ 
quelle  je  n’ai  pas  à  m’appesantir,  parce  qu’elle  est  exactement  décrite  dans 
Pritzel  {Thés.  n°  11880),  et  trois  autres,  sans  date  ni  nom  de  lieu  ou  d’im¬ 
primeur,  toutes  trois  antérieures  à  l’an  1500.  Elles  diffèrent  peu,  mais  enfin 
elles  diffèrent  des  quatre  éditions  décrites  par  Hain  ( Repertor .  bibliogr. 
nos  8961  à  8966),  et  citées  d’après  lui  par  Pritzel  (nÜS  11876  à  11879).  Ce  fait 
paraîtra  moins  surprenant,  si  l’on  réfléchit  que  ce  livre  a  été  pendant  trente 
ou  quarante  ans  à  peu  près  le  seul  manuel  populaire  d’histoire  naturelle  avant 
les  remarquables  travaux  d'Otto  Brunfels,  de  Tragus  et  de  Fuchs,  et  que  par 
conséquent  il  a  dû  en  exister  des  éditions  assez  nombreuses.  Malheureusement 
sa  popularité  a  nui  à  sa  conservation,  si  bien  qu’aujourd’hui  les  exemplaires 
en  sont  rares  et  souvent  défectueux. 

Je  donne  ici  la  description  de  mes  trois  éditions  sans  date  : 

1°  Ortus  sanitatis  |  De  herbis  &  plantis  j  De  Animalibus  &  reptilibus  |  De 
Avibus  &  volatilibus  i  De  Piscibus  &  natatilibus  |  De  Lapidibus  &in  terre  venis 
nascëti(bus  |  DeLrinis&earumspeciebus  |  Tabula  mcdicinalis  Cum  directorio 
|  generali  per  omnes  tractatus. 

Cette  édition  est  entièrement  conforme  à  celle  décrite  par  Hain,  n°  8962, 
Pritzel,  n°  11877  ;  elle  ne  diffère  que  par  deux  variantes  :  1°  Dans  le  titre,  le 


154  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

mot  nascetibus  est  coupé,  la  dernière  syllabe  est  imprimée  au-dessus  de  1 
ligne.  —  2°  Au  folio  333,  tractatus  de  urinis  est  bien  écrit,  et  non  pas  trat- 
tacus,  comme  Hain  le  signale  expressément.  Je  ne  mentionne  des  différences 
aussi  légères  que  pour  attirer  l’attention  sur  ces  livres,  au  cas  où  ils  tombe¬ 
raient  aux  mains  d’un  botaniste  véritablement  ami  du  bon  vieux  temps  et  de 
la  tradition. 

2°  L’édition  suivante  n’est  mentionnée,  autant  que  je  puis  croire,  ni  dans 
Hain  ni  dans  Pritzel  :  (Folium  \a  tit.  :)  Orlus  Sanitatis  [  Deherbis  et  plantis. 

|  De  animalibus  et  reptilibus.  |  De  Auibus  et  volatilibus  |  De  piscibus  et 
natatilibus  |  De  Lapidibus  &in  terre  venis  nasce(tibus  |  De  Urinis  et  earü  spe- 
ciebus  |  Tabula  medicinalis  Gum  directorio  generali  per  omnes  tractatus.  — 
(Folium  l?;:  )icon  xylogr.  (Folium  2«  :  )  Omnipotêtis  [  eterniqg  dei  :  totius 
natu  |  re  creatoris  opa  mirabi  |  lia  admirandaq  §  mecu  §  |  vicibg  iteralq  crebri9 
pre  |  cogitâdo  reuolui,  etc.  (Fol.  202«,  col.  2,  lin.  18  et  19  :)  Hec  de  herbis 
&  arboribq  &  que  ex  bis  |  ad  vsum  medicine  côcurrüt  sufficiant.  |  (Fol.  203'*:) 
Prologus  in  tractatum  |  De  animalibus.  (Foll.  21 1  «  et  227ft  habent  errorety- 
pograpbico  titulum  Z)e/?er4zs.)  (Fol.  244&,  col.  2,  lin.  17  :)  agnosci  possunt. 
(Fol.  245a  :  sign.  Qiiij)  Prologus  in  d’ Auibus.  (Fol.  272\  col.  1,  lin.  18  et 
19  :)  Hec  igitur  dicta  de  Auium  |  natura  sufficiant.  (Col.  2:)  Proemium  in 
tractatü  De  Piscibus.  (Fol.  297a)  Probemium  in  de  Lapidibus.  (Fol.  331ft, 
lit  :)  Tractatus  |  de  Urinis.  (Sequitur  eadern  pagina  icon  xylog. ,  et  altéra 
icon  in  Fol.  331 6).  (Fol.  340  b.)  Finis.  (Sequitur  tabula,  quæ  desinit  in 
Fol.  358a.)  —  Volume  in-4°  à  2  colonnes  de  54-55  lignes  ,  provenant  de  la 
bibliothèque  de  Huzard  (de  l’Institut),  ainsi  que  le  suivant;  vendus  tous  deux 
à  vil  prix  à  la  vente  Huzard,  en  1842. 

3°  Mon  troisième  exemplaire  offre  une  particularité  singulière.  Il  porte  à  la 
première  page  le  titre  simple  :  Ortus  sanitatis ,  et  jusqu’au  fol.  423s,  qui  est  orné 
d’une  figure  sur  bois,  il  est  identique  à  l 'Ortus  sanitatis  imprimé  à  Mayence 
en  1491  et  très -bien  décrit  par  Hain  (n°  8944)  et  par  Pritzel  (n°  11879). 
Mais  ensuite,  au  lieu  d’avoir  la  table  de  l’édition  de  1491  (où  sont  indiqués  le 
lieu,  la  date  et  le  nom  de  l’imprimeur  Jacques  Meydenbach),  il  présente  une 
table  de  18  feuillets,  identique  à  celle  de  l’édition  que  je  viens  de  décrire  plus 
haut  (1°),  à  l’exception  de  la  signature  cciiij  qui  est  en  bas  du  quatrième 
feuillet  de  table,  tandis  qu’elle  manque  dans  mon  autre  édition.  —Est-ce  une 
édition  à  part,  ou  une  erreur  de  reliure?  J’incline  pour  la  première  supposi¬ 
tion,  et  j’y  suis  autorisé  par  une  note  de  Huzard,  qui  a  maladroitement  fait 
relier  l’ouvrage  en  deux  parties  séparées,  mais  affirme  l’avoir  acheté  dans  sa 
première  reliure  du  temps.  S’il  y  a  eu  quelque  erreur,  elle  date  certainement 
de  l’apparition  même  du  livre.  Ne  doit-on  pas  supposer  plutôt  que  la  table  a  été 
volontairement  réunie  à  l’ouvrage  par  l’éditeur,  qui  n’a  imprimé  que  plus  tard 
une  table  spéciale  où  il  indique  enfin  son  nom,  avec  le  lieu  et  la  date  de  l’im¬ 
pression  ?  Ce  livre  est  dans  un  état  si  parfait  de  conservation,  qu’une  erreur 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871.  155 

de  ce  genre  ne  me  paraîtrait  guère  possible.  Du  reste,  comment  expliquer 
cette  signature  cciiij,  qui  semble  ajoutée  là  comme  marque  distinctive  ? 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  CORDIER  ,  VICE-PRÉSIDENT. 

M.  Larcher,  vice -secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de 
la  séance  du  1  h  juillet,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance,  M.  le 
Président  proclame  l’admission  de  : 

MM.  Gandoger  (Michel),  propriétaire,  à  Arnas,  par  Villefranche- 
sur-Saône  (Rhône),  présenté  par  MM.  Eug.  Fournier  et 
A.  Le  Grand  ; 

Gadeceau  (Émile),  négociant,  quai  de  la  Fosse,  97,  à  Nantes, 
présenté  par  MM.  Genevier  et  Bourgault-Ducoudrav  ; 

Brown  (Théodore),  rue  Ancienne,  97,  à  Carouge  près  Ge¬ 
nève,  présenté  par  MM.  Boissier  et  Ayasse; 

Colvin  (le  Rév.  R. -F  ),  pasteur,  à  Moffat  (Écosse),  présenté 
par  MM.  J.  Watters  et  A.  Walker. 

M.  le  Secrétaire  général  présente  de  nouveau  à  la  Société  les  ex¬ 
cuses  de  M.  le  Président,  que  d’impérieux  devoirs  de  famille  conti¬ 
nuent  à  tenir  éloigné  de  Paris. 

M.  le  Président  annonce  que  M.  le  Ministre  de  l’instruction  pu¬ 
blique  a  bien  voulu  accorder  à  la  Société,  cette  année  comme  les 
précédentes,  une  allocation  de  500  fr.  à  titre  d’encouragement. 

M,  Cordier  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

SUR  LE  GENRE  CORDICEPS ,  par  M.  F. -S,  CORDIEK 

Le  genre  Cordiceps ,  séparé  dans  ces  derniers  temps  du  genre  Sphœria , 
compte  déjà  un  assez  grand  nombre  d’espèces.  Quelques-unes  de  ces  espèces 


de  larves,  soit  à  l’état  de  chrysalides;  c’est  sur  ces  dernières,  enfouies  dans 
la  terre,  qu’ont  été  trouvés  les  Cordiceps  militaris  Fr.  et  entomorrhiza  Fr. 
J’ai  trouvé  cette  année,  au  mois  de  mai,  dans  la  province  d’Alger,  sur  une 


156 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

abeille  que  je  crois  avoir  recueillie  vivante,  mais  qui,  si  elle  était  morte,  l’était 
depuis  fort  peu  de  temps,  car  elle  n’était  nullement  altérée  dans  ses  formes, 
j’ai  trouvé,  dis-je,  un  Cordiceps  qui  n’est  pas  sans  analogie  avec  le  C.  myr- 
mecophilo  B.,  lequel  a  pour  habitat  un  ichneumon.  Je  donne  ici  la  descrip¬ 
tion  de  l’espèce  trouvée  en  Algérie. 

Ce  Cordiceps  présente  deux  spécimens,  dont  l’un  est  simple  et  l’autre  bifur¬ 
qué;  ces  spécimens  n’ont  pas  plus  de  2  millimètres  de  longueur;  leur  pied  ou 
stipe  prend  naissance  au  milieu  de  la  tête  de  l’insecte,  précisément  au-des¬ 
sous  de  l’insertion  des  antennes  :  ce  pied  est  jaunâtre,  très-mince  à  son  ori¬ 
gine;  il  va  en  grossissant  légèrement  vers  son  sommet,  lequel  porte  un  capitule 
distinct,  comme  tuberculeux,  presque  subdigité,  de  couleur  violacée  très-pâle. 

Ce  Cordiceps  peut-il  être  regardé  comme  une  espèce  nouvelle?  J’en 
doute. 

Persoon,  dans  une  note  manuscrite  inédite,  fait  mention  d’un  Cordiceps 
qu’il  regarde  comme  une  variété  du  militaris ,  venu  aussi  sur  des  abeilles;  il 
décrit  ainsi  cette  variété  qu’il  appelle  y  americana  : 

«  Stipite  s.  caule  tenui,  elongato,  clavula  ovata,  breviuscula.  Ex  apibus 
amonuis,  aliisque  insectis  (nec  phalenarum  chrysalidibus)  crescens.  Color 
convenit  :  an  radiculis  fibrosis  instructa?  Poiteau,  qui  hune  fungum  ad  San- 
Domingo  invenit.  Clavula  2-3  lin.  longa,  2  crassa;  caulis  3  lin.  crassus.  » 

Cette  espèce  ou  variété  ressemble  donc  beaucoup  à  celle  que  j’ai  observée 
en  Algérie. 

Dans  une  seconde  note  inédite  de  Persoon,  je  trouve  la  description  suivante 
d’un  Cordiceps  venu  aussi  sur  une  abeille  et  qu’il  avait  dénommé  Sphœria 
apicola  : 

«  Stipite  longo  subfiliformi,  glabro,  deorsum  fuligineo,  sursum  cum  capitulo 
globoso  flavescente.  Inventa  in  Vogesis  a  cl.  Mougeot,  ape  in  mortua  innas- 
cens.  Stipes  2  une.  fere  longus,  3  lin.  crassus,  æqualis;  caput  2-3  lin.  latum, 
granulosum  (ob  sporas  inclusas).  » 

L’individu  décrit  par  Persoon  diffère  du  mien  surtout  par  sa  taille  beau¬ 
coup  plus  grande.  Il  se  peut  néanmoins  que  ces  deux  Fongus  appartiennent  à 
une  même  espèce,  et  que  l’un  se  soit  développé  davantage  parce  qu’il  avait 
pour  habitat  une  abeille  morte,  plus  favorable,  par  conséquent,  au  développe¬ 
ment  du  Cordiceps  ;  peut-être  aussi  plusieurs  espèces  de  Cordiceps  viennent- 
elles  sur  les  abeilles. 

Si  le  Cordiceps  trouvé  par  moi  en  Algérie  est  d’une  très-petite  taille,  il  n’en 
est  pas  de  même  d’un  Cordiceps  recueilli  à  Guanajuato,  au  Mexique,  par  le 
docteur  Dugès.  La  taille  de  ce  Cordiceps  est  d’environ  8  centimètres,  sa  cou¬ 
leur  est  brune,  —  peut-être  est-elle  altérée  par  l’alcool  dans  lequel  il  a  été 
conservé.  —  Son  pied  est  rugueux  dans  toute  sou  étendue,  â  peu  près  égal, 
grêle,  allongé,  flexueux  ;  de  son  sommet  partent  deux  capitules  conlluenls, 
allongés,  fusiformes,  granuleux  à  leur  surface,  sur  lesquels  sont  insérés  d’au- 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871 


157 


très  capitules  sous  la  forme  de  petites  touffes  pédiculées,  rameuses,  de  couleur 
un  peu  plus  pâle  que  le  reste  de  la  plante,  irrégulières,  subdigitées,  tubercu¬ 
leuses,  ayant  très  en  petit  l’aspect  d’un  Clavaria  Botrytis,e t  que  je  serais  tenté 
de  regarder  comme  des  Cordiceps  distincts^  parasites  d’un  autre  Cordiceps. 

Ce  singulier  Champignon,  venu  sur  une  très-grosse  chrysalide,  a  pris 
naissance  aussi  sur  le  sommet  de  la  tête  de  l’insecte,  précisément  entre  les 
deux  yeux,  où  l’on  aperçoit  encore  un  reste  de  mycélium.  On  pourrait  croire 
que  la  tête  est  toujours  le  lieu  de  sélection  des  Cordiceps  qui  viennent  sur  les 
insectes;  il  n’en  est  pas  tout  à  fait  ainsi.  Claude  Richard  en  avait  observé  un 
qui  venait  sur  la  poitrine  d’une  grande  fourmi  noire  morte.  Le  Cordiceps 
myrmecophila  B.  a  été  trouvé  sur  un  ichneumon  ;  l’auteur  qui  l’a  décrit  ne 
dit  pas  sur  quelle  partie  du  corps  le  Champignon  s’est  développé. 

Si  le  Cordiceps  trouvé  à  Guanajuato  est  une  espèce  nouvelle,  ce  qui  me 
paraît  douteux,  je  proposerais  de  l’appeler  C.  Dugesii,  en  l’honneur  du  mé¬ 
decin  distingué  qui  l’a  signalé  le  premier. 

Les  Cordiceps,  du  reste,  paraissent  n’être  pas  rares  en  Amérique  ;  les  Cor¬ 
diceps  militaris  Fr.,  entomorrhiza  Fr.  et  alutacea  Fr.  s’y  rencontrent  aussi 
bien  qu’en  Europe. 

Le  docteur  Levacher  a  trouvé,  à  l’île  Sainte-Lucie  (  Antilles),  un  Cor¬ 
diceps  qui  vient  aussi  sur  les  chrysalides;  il  l’a  dessiné,  mais  sans  en  donner 
la  description. 

Dans  une  troisième  note  manuscrite  de  Persoon,  je  trouve  décrite,  comme 
appartenant  aussi  au  Sphœria  militaris  des  auteurs,  la  variété  suivante  qu’il 
appelle  <5  larvanus ,  se  demandant  si  ce  ne  serait  pas  une  espèce  distincte  : 

«  Magna,  stipite  elongato,  flexuoso,  clavulis  lineari-cvlindricis,  caule  sub- 
crassioribus.  Supra  larvas.  Poiteau.  Stirps  ad  lx  une.  longus,  lin.  1  |  crassus; 
clavula  |  une.  longa,  2  lin.  crassa.  » 

Cette  espèce  ou  variété  ressemble  singulièrement  au  Cordiceps  trouvé  par 
M.  Dugès,  mais  Poiteau  ne  dit  pas  qu’elle  présente  les  touffes  ou  rameaux 
parasites  qui  feraient  de  ce  dernier  une  espèce  distincte. 

M.  Augustin  Delondre  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

NOTES  DE  BOTANIQUE  ET  D’ACCLIMATATION  VÉGÉTALE,  par  11.  A.  DELONDRE  (1). 

IL  — De  l’introduction  de  nouvelles  espèces  ou  variétés  de  Otic/toiia 
dans  les  plantations  des  Indes  britanniques.  —  draines  de  Cin - 
chonu  de  Bolivie  fournies  par  D.  Money.  —  Késultats  de  l’expé¬ 
dition  de  IB.  R.  Cross  dans  le  but  de  se  procurer  des  graines  de 
dnchonu  de  la  vallée  de  Pitayo. 

Nos  rapports  antérieurs  constataient  qu’à  l’époque  où  ils  ont  été  publiés, 
(1)  Voyez  plus  haut,  p.  102. 


158 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE, 


diverses  espèces  de  Cinchona  étaient  encore,  pour  les  plantations  des  Indes 
britanniques,  à  l’état  de  desiderata  (1). 

M.  J.-E.  Howard  a  pu  fournir  à  M.  W.-G.  Maclvor  les  moyens  de  remplir 
quelques-unes  des  lacunes  :  il  a  pu,  dans  ces  trois  dernières  années,  pro¬ 
curer  entre  autres  à  M.  Mac  Ivorune  variété  importante  de  C.  Calisaya. 

M.  Van  Gorkom,  directeur  des  plantations  de  Java,  a  fait,  de  son  côté, 
parvenir  à  M.  Mac  Ivor  des  graines  d’une  variété  de  Cinchona  à  écorce  jaune 
recueillies  à  l’est  de  Sorata  en  Bolivie. 

M.  Money,  l’un  des  plus  zélés  planteurs  de  Cinchona  des  Neilgherries,  a 
réalisé  l’importation  des  graines  de  Cinchona  de  Bolivie.  M.  Mac  Ivor,  à  qui 
M.  Money  avait  donné  une  certaine  quantité  de  ces  graines,  en  a  obtenu 
60  000  petits  pieds  de  Cinchona  qui  paraissaient  appartenir  à  cinq  variétés  dif¬ 
férentes.  Deux  de  ses  variétés  seraient  rustiques  :  pour  les  trois  autres  varié¬ 
tés,  au  contraire,  un  passage  rapide  de  l’humidité  à  la  sécheresse  présente¬ 
rait  des  inconvénients. 

Le  troisième  Elue  Book  nous  apprenait  déjà  le  succès  du  moins  partiel  de 
l’expédition  que  M.  R.  Cross,  après  avoir  pris  les  instructions  de  M.  Daniel 
Hanburv  et  de  M.  Howard,  en  l’absence  de  M.  Cl. -R.  Markham,  alors  en 
Abyssinie,  avait  tentée  pour  se  procurer  des  graines  de  Cinchona  de  la 
Nouvelle-Grenade;  en  effet,  le  rapport  de  M.  Mac  Ivor  pour  1868-69  indi¬ 
quait  que  des  graines  de  trois  variétés  de  C.  pitayensis ,  envoyées  des  Andes 
par  M.  R.,  Cross,  avaient  germé  au  moins  en  partie  et  fourni  à  M.  Mac 
Ivor  quelques  plants  de  chacune  de  ces  variétés;  d  autre  part,  un  rapport  de 
M.  Mac  Ivor,  en  date  d’Ootacamund  du  1er  septembre,  constatait  que  des 
graines  transmises  en  plusieurs  envois  par  M.  Cross  de  la  Nouvelle-Grenade 


(1)  M.  W.-G.  Mac  Ivor,  dans  une  note  de  son  Rapport  pour  1867-68  (voy.  Chinchona 
Blue  Book  du  9  août  1870,  p.  179),  signale  au  gouvernement  des  Indes  britanniques 
les  espèces  ou  variétés  de  Cinchona  qu’il  faudrait  encore  introduire  dans  les  plantations 
des  Indes.  Il  indique,  outre  les  espèces  ou  variétés  de  la  vallée  de  Pitayo,  telles  que  celle 
qui  donne  l’écorce  rouge  de  Pitayo,  le  C.  pitayensis,  le  C.  Trianœ ,  etc.;  diverses  autres 
espèces  ou  variétés  de  la  Nouvelle-Grenade,  telles  que  le  C.  lancifoüa  var.  discolor  de 
Karsten  et  sa  variété  à  petites  feuilles  produisant  l’écorce  désignée  sous  le  nom  de  Cali¬ 
saya  de  Santa-Fé. 

Parmi  les  Cinchona  donnant  les  écorces  de  Loxa,  M.  Mac  Ivor  désigne  comme  utile  à 
introduire  celle  qui  fournit  l’écorce  nommée  Amarilla  (Ici  Bey  :  il  appelle,  en  outre, 
l’attention  sur  les  espèces  ou  variétés  du  district  de  Pan  comme  ayant  une  grande  va¬ 
leur  et  poussant  à  10  000  pieds  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  par  conséquent  très- 
rustiques. 

M.  Mac  Ivor  paraît,  du  reste,  avoir  pu,  depuis  cette  époque,  notamment  par  l’expédi¬ 
tion  de  M.  Cross,  compléter  une  partie  des  lacunes  qu’il  signalait;  car,  dans  son  rapport 
pour  1868-69  (voyez  Chinchona  Bine  Buokàn  9  août  1870,  p.  218),  il  s’exprime  ainsi  : 
«  Nous  avons  maintenant  réussi  à  nous  procurer  toutes  les  espèces  de  Cinchona  d’une 
valeur  connue,  et  si  nous  ne  devions  plus  recevoir  aucune  nouvelle  graine,  la  possession 
de  ces  espèces  n’en  serait  pas  moins  assurée,  car  nous  possédons  des  plants  de  chaque 
espèce  en  bon  état,  et  nous  pourrions  par  boutures  multiplier  les  plants  de  manière  à 
obtenir  de  chaque  espèce  tel  nombre  de  nouveaux  plants  que  l’on  jugerait  néces¬ 
saire.  a 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871. 


159 


et  provenant  notamment  des  vallées  de  Popayan  et  de  Pitayo  que  M.  Cross 
avait  surtout  explorées,  avaient  fourni  86  plants,  et  qu’on  ne  pouvait  pas  encore 
connaître  les  résultats  d’un  envoi  du  26  avril  1868  :  les  graines  de  cet  envoi 
étaient  en  bon  état,  mais,  mises  en  terre  depuis  peu  de  jours  seulement,  n’a¬ 
vaient  pas  encore  germé.  M.  Mac  Ivor  observe,  du  reste,  que  plusieurs  des 
envois  de  graines  deM.  Cross  n’ont  pas  donné  un  bon  résultat,  parce  que  les 
graines  étaient  en  mauvais  état. 

M.  Mac  Ivor,  dans  son  rapport  semestriel  relatif  aux  opérations  se  termi¬ 
nant  au  31  janvier  1870,  constate  qu’il  existait  à  cette  date,  à  Ootacamund, 
123  plants  provenant  de  graines  envoyées  par  M.  Cross. 

M.  Cross,  de  retour  de  son  expédition,  vient,  d’autre  part,  de  publier,  en 
date  du  13  mars  1871,  son  rapport  dans  lequel  il  nous  apprend  qu’il 
est  arrivé,  le  18  mars  1870  dans  la  matinée,  à  Southampton  avec  les  plants 
qu’il  apportait  et  qu’il  a  transportés  immédiatement  au  Jardin  royal  de  Ivew. 
Ces  plants  sont  restés  à  Kew  pendant  tout  l’été;  ils  ont  été  remis  ensuite  en 
caisse  lorsque  le  temps  est  devenu  plus  humide  et  ont  commencé  «à  pousser  avec 
vigueur;  ainsi  disposés  dans  les  caisses,  ils  ont  été  acheminés,  le  26  octobre, 
en  chemin  de  fer  à  Southampton  pour  être  transportés  en  steamer  dans  les 
Indes  britanniques. 

Espérons  que  M.  Mac  Ivor  les  aura  reçus  en  bon  état  et  que  les  efforts  de 
M.  Cross  seront  entièrement  couronnés  de  succès  :  cela  est  d’autant  plus 
important  que  les  espèces  dont  il  s’agit  ont  une  véritable  valeur  tant  au  point 
de  vue  commercial  qu’au  point  de  vue  médical. 

Mais,  en  dehors  des  avantages  pratiques  que  présentent  à  la  fois  et  i’expé- 
dition  de  M.  Cross  et  toutes  les  expéditions  entreprises  ainsi  sous  les  auspices 
du  gouvernement  des  Indes  britanniques  dans  le  but  de  se  procurer  des  graines 
de  Cinchonci ,  elles  ont  encore  celui  de  compléter,  au  point  de  vue  théorique, 
les  notions  sur  le  genre  Cinchona  acquises  par  un  grand  nombre  de  savants 
voyageurs,  parmi  lesquels  la  France  en  réclame  plusieurs,  tels  que  La  Con- 
damine,  Joseph  de  Jussieu  et  notre  collègue  M.  le  docteur  Weddell  :  ces 
expéditions  nous  permettent,  en  nous  apportant  des  graines  qui  germent  sOus 
nos  yeux,  d’assister  au  développement  du  végétal,  et  de  connaître  ainsi  d’une 
manière  de  plus  en  plus  positive  un  des  végétaux  les  plus  utiles  à  la  thérapeu¬ 
tique. 

III.  —  De  l’ BËytaenoiHetyoM  eæcelswin,  succédané  «les  Ciaiehoaut, 
employé  comme  fébrifuge  dans  les  Indes  britanniques. 


Parmi  les  espèces  végétales  des  Indes  britanniques,  un  nombre  relativement 
assez  grand  sont  considérées  par  les  natifs  comme  fébrifuges.  M.  Alexander 
Smith  a  publié  une  liste  des  principales  de  ces  espèces.  Cette  liste,  qui  ne 
contient  pas  moins  de  70  espèces,  est  insérée  à  la  fin  du  Travels  in  Peru  and 


160 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

in  India  de  M.  Cl. -R.  Markham,  Appendix  C.  p.  5û6.  M.  Kanny  Loll  Dey, 
dans  ses  Indigcnous  drugs  of  India ,  catalogue  des  végétaux  doués  de  pro¬ 
priétés  médicales  qu'il  avait  envoyés  à  l’Exposition  universelle  de  1867, 
assigne  à  plusieurs  de  ces  végétaux  des  propriétés  fébrifuges.  Enfin  la  Pharma¬ 
copée  de  l’Inde  ( Pkarmacopœia  of  India),  publiée  par  le  gouvernement  bri¬ 
tannique  en  1868,  signale  aussi  plusieurs  végétaux  du  pays  comme  utilisés 
dans  les  Indes  britanniques  par  la  pratique  médicale  comme  étant  réellement 
antipériodiques  et  fébrifuges;  ce  sont  : 


Aconitum  heterophyllum. 
Alstonia  seholaris. 

Azadii  achta  indica. 
Berberis  asiatica. 
Cæsalpinia  Bonducella. 


Papaver  somniferum. 
Piper  nigrum. 

Soymida  febrifuga. 
Strychnos  Nux  vomica. 
Toddalia  aculeata. 


D’autres,  bien  que  considérés  par  les  natifs  comme  fébrifuges,  n’ont  pas 
encore  été  admis  dans  la  pratique  médicale  ;  tels  sont  : 


Acorus  Calamus. 

Adansonia  digitata. 
Aristolochia  indica. 

—  bracteata. 

Cæsalpinia  Coriaria. 

Cedrela  Toona. 

Clerodendron  infortunatum. 
Corydallis  Goveniana. 
Eurycoma  longifolia. 

Fagræa  fragrans. 

Ficus  oppositifolia. 
Geniosporum  prostratum. 


Holarrhena  antidysenterica. 
Hymenodictyon  excelsum. 
Justicia  Gendarussa. 
Kadagarogonie. 

Michelia  Champaca. 
Nauclea  ovalifolia. 
Plumbago  zeylanica. 
Roylea  elegans. 

Salix  tetrasperma. 
Strychnos  colubrina. 
Tlievetia  neriifolia. 


Parmi  ces  derniers  se  trouve  une  espèce,  V Hymenodictyon  excelsum , 
appartenant  à  la  famille  des  Rubiacées,  qui  se  rapproche  des  Cinchona  par  ses 
caractères  au  point  que  le  docteur  Iloxburgh  lui  avait  assigné  le  nom  de  Cin¬ 
chona  excelsa. 

Il  paraissait  naturel  de  rechercher  si  Y  Hymenodictyon  excelsum  n’était  pas 
réellement  doué  de  propriétés  fébrifuges  et  ne  contenait  pas  un  ou  plusieurs 
alcaloïdes  fébrifuges  analogues  aux  alcaloïdes  des  Cinchona ,  sinon  identiques 
avec  eux. 

Les  expériences  faites  par  M.  Broughton,  chimiste  attaché  aux  plantations 
des  Neilgherries,  et  insérées  dans  le  Chinchona  Elue  Book  du  9  août  1870, 
p.  9£if,  lui  ont  montré  que  ce  végétal  ne  contient  aucun  des  alcaloïdes  des 
Cinchona  ni  aucun  autre  alcaloïde  fébrifuge  spécial,  mais  donne  seulement  de 
l’esculine. 

Comme  on  le  voit,  le  gouvernement  britannique,  en  introduisant  les  Cin¬ 
chona  dans  les  Indes,  n’entend  pas  négliger  les  ressources  que  la  flore  du  pays 
peut  fournir  à  la  thérapeutique. 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871. 


161 


Nous  ne  doutons  pas  que  les  autres  végétaux  fébrifuges  des  Indes  britanni¬ 
ques  ne  soient  successivement  étudiés  ainsi,  d’autant  plus  que  quelques-uns, 
comme  le  kadagarogonie,  ne  sont  pas  même  encore  connus  d’une  manière 
précise  au  point  de  vue  botanique.  Nous  sommes  bien  convaincu  que  les 
recherches,  tant  chimiques  que  médicales,  ne  se  borneront  pas  aux  fébri- 
uges,  mais  s’étendront  à  toute  la  flore  thérapeutique  des  Indes,  aussi  bien 
qu’aux  nouvelles  acquisitions  de  cette  flore  par  acclimatation.  Le  jalap,  d’in¬ 
troduction  récente,  a  du  reste  été  déjà  soumis  par  M.  Broughlon  à  des  expé¬ 
riences  qui  en  ont  confirmé  la  valeur. 

La  Pharmacopœia  of  India ,  vrai  traité  de  matière  médicale  indienne,  si  riche 
en  renseignements  précis  sur  la  flore  médicale  de  l’Inde,  sera  assurément  un 
guide  précieux  pour  ces  expériences.  Le  phytographe  peut  y  trouver  aussi  des 
indications  fort  intéressantes  sur  l’habitat  et  les  caractères  botaniques  des 
végétaux  qui  y  sont  passés  en  revue  ;  et,  en  la  comparant  avec  le  catalogue  des 
produits  de  nos  colonies,  il  est  facile  de  voir  qu’elle  nous  fournira,  pour  l’étude 
de  ces  produits,  une  masse  de  renseignements  utiles. 


IV.  —  !>e  la  plantation  expérimentale  cl’Arhres-à-tlié 

dans  les  Nîeilgherries. 

Le  gouvernement  britannique  avait  sanctionné,  en  décembre  1863,  la  for¬ 
mation  d’une  plantation  expérimentale  d’Arbres-à-thé  (Thea  sinensis  Sims.) 
dans  les  Neilgherries.  Cette  plantation,  mise  à  exécution  par  M.  W.-G.  Mac 
Ivor,  s’est  rapidement  développée,  et  les  Arbres- à-thé  s’y  sont  élevés,  d’après 
e  rapport  de  M.  Mac  Ivor  pour  1865-66,  au  nombre  de  13  500  par  une  addi¬ 
tion  de  1700  plants  d’Arbres-à-thé  de  l’Assam  provenant  de  graines  fournies 
par  le  gouvernement  de  l’Inde.  Quelques  plants  avaient  même,  d’après  ce 
rapport,  fleuri  durant  l’année. 

Les  rapports  de  M.  Mac  Ivor  pour  1866-67,  1867-68,  1868-69  constatent 
que  les  plants  continuaient  à  se  bien  développer,  mais  que  leur  nombre  n’avait 
pas  été  augmenté,  la  plantation  devant  rester  limitée  et  simplement  expéri¬ 
mentale.  Le  rapport  pour  1868-69  nous  apprend  que  les  Arbres-à-thé  ont 
commencé  à  fournir  un  petit  nombre  de  graines  parfaitement  développées.  De 
plus,  en  1868-69,  il  a  été  fait  2000  boutures  des  plants  qui  promettaient 
de  fournir  la  plus  grande  quantité  de  feuilles,  sans  toutefois  que  la  plantation 
eût  subi  d’extension  matérielle,  conformément  à  l’ordre  du  gouvernement  de 
la  présidence  de  Madras  du  20  juin  1867.  M.  Mac  Ivor  a  en  effet  remarqué 
que  tous  les  plants  ne  fournissaient  pas  une  quantité  de  feuilles  même  relative¬ 
ment  aussi  considérable,  et  que,  toutes  circonstances  égales  d’ailleurs,  certains 
plants  donnaient  quatre  ou  cinq  fois  autant  de  feuilles  que  d’autres.  Il  en  est  de 
même  de  la  qualité.  Il  faut  donc  reproduire  par  boutures,  plutôt  que  par  graines, 
T  XVIII.  (séances)  11 


102  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

les  plants  dont  le  rendement  mérite  la  préférence  et  par  la  quantité  et  par  la 
qualité. 


V.  —  Jardin  gouvernemental  d'Ootacamund. 

Les  résultats  si  importants  que  la  culture  des  Cinchona  avait  donnés  à 
Ootacamund  devaient  inévitablement  engager  à  poursuivre  les  essais  sur  d’au¬ 
tres  végétaux,  pour  se  rendre  compte  si  ces  derniers  donneraient  aussi  dans  la 
même  localité,  sous  l’habile  direction  de  M.  W.-G.  Mac  Ivor,  des  résultats 
du  même  ordre.  M.  Mac  Ivor  lui-même,  avec  l’autorité  de  sa  pratique,  ne 
devait-il  pas  nécessairement  être  poussé  à  prendre  l’initiative  de  la  culture  des 
plantes,  tant  appartenant  à  la  localité  qu’étrangères  à  la  localité  et  même  au 
pays,  dans  le  but  de  les  multiplier  et  de  les  propager.  Aussi  ne  devons-nous 
pas  être  étonnés  de  voir  le  Jardin  du  gouvernement  à  Ootacamund,  dans  lequel 
avaient  été  installés  dès  l’origine,  et  les  serres  de  propagation,  et  les  pépinières 
pour  la  culture  des  Cinchona ,  servir  à  divers  essais  de  culture  de  plantes,  soit 
exotiques,  soit  appartenant  aux  autres  parties  des  Indes  britanniques,  telles 
que  les  Conifères  d’Australie,  les  Orchidées  du  Burmah,  les  arbres  à  fruits  de 
l’Hiinalaya,  les  plantes  utiles  comme  le  Convoi vulus  Scammonia,  le  Garcinia 
Mangostana ,  VAralia  papyrifera ,  de  nombreuses  Fougères,  les  essences 
forestières,  économiques  ou  ornementales  de  divers  pays,  et  un  grand  nombre 
d’autres  plantes. 

Poussé  par  les  résultats  déjà  obtenus,  M.  Mac  Ivor  propose,  dans  son  rapport 
pour  1866-67,  de  coordonner  le  Jardin  gouvernemental  d’Ootacamund  d’après 
un  nouveau  plan,  dans  lequel  une  partie  déterminée  de  cet  établissement  serait 
réservée  pour  un  jardin  consacré  à  la  culture  des  plantes  utiles  et  éco  omi- 
ques,  en  même  temps  que  la  partie  supérieure  (du  Jardin  gouvernemental) 
serait  transformée  en  un  jardin  botanique,  où  chaque  groupe  ou  ordre  naturel 
de  végétaux  serait  représenté  autant  que  possible,  et  rangé  suivant  le  système 
naturel  de  Lindley  (1). 

Dans  le  même  rapport,  M.  Mac  Ivor  mentionne  des  essais  de  culture  de 
l’ Exogônium  Purga  (qui  donne  le  vrai  jalap ),  du  Convolvulus  Chicorrhiza 
qui  donne  le  faux  jalap),  du  Tabac  de  Shiraz,  du  Dracœna  Draco  et  d’autres 
plantes  économiques  ornementales,  notamment  de  nouvelles  variétés  de  Vé¬ 
roniques  et  de  quelques  Fougères  rares,  comme  ayant  été  faits  pendant  l’an¬ 
née  au  Jardin  d’Ootacamund. 

Si  nous  jetons  un  coup  d’œil  sur  le  rapport  de  M.  Mac  Ivor  pour  1867-68, 
nous  voyons  les  cultures  expérimentales  du  Jardin  d’Ootacamund  prendre 
une  extension  déplus  en  plus  grande.  Ce  jardin  devient  ainsi,  comme  ceux  de 

(1)  Le  gouvernement  de  Madras  a  approuvé  la  création  de  ce  jardin  botanique  par  dé¬ 
cision  du  20  juin  1867,  en  conformité  de  la  proposition  faite  par  M.  Mac  Ivor  et  au  plan 
qu’il  y  avait  annexé. 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871. 


163 


Calcutta  et  de  Saharunpore  le  sont  depuis  longtemps,  un  jardin  botanique  ex¬ 
périmental,  où  l’on  voit  tenter  incessamment  l’introduction  d’un  grand  nombre 
de  plantes  exotiques  économiques  ou  ornementales,  et  où  nous  pourrons  aller 
puiser  d’abondantes  ressources  pour  nos  essais  d’introduction  en  Europe. 

V Exogonium  Purga ,  la  plante  qui  fournit  le  jalap,  prend,  au  Jardin 
d’Ootacamund,  un  développement  qui  prouve  que  le  climat  et  le  sol  lui  con¬ 
viennent  bien,  et  il  y  produit  des  racines  comparables  pour  leur  efficacité  au 
jalap  du  Mexique.  L’analyse  de  ces  racines  donne  du  moins,  d’après  les  expé¬ 
riences  de  M.  Broughton,  une  quantité  de  principe  actif  égale  à  celle  du 
jalap  du  commerce. 

Le  Convolvulus  Scommonici ,  qui  fournit  la  scammonée,  se  développe  auss 
très-bien;  mais  la  valeur  thérapeutique  du  suc  qu’il  produit  n’a  pas  encore  pu 
être  vérifiée  comparativement  avec  la  scammonée  du  commerce. 

V Exogonium  Purga  et  le  Convolvulus  Scammonia  ont  du  reste  été  pro¬ 
pagés  pour  être  distribués. 

V  Aralia  papyrifera  est  planté  en  plein  air  depuis  environ  dix  mois  :  il  se 
développe  bien,  et  la  beauté  de  son  feuillage  en  fait  une  véritable  plante  d’or¬ 
nement.  Le  Phormium  tenax  pousse  vigoureusement. 

Parmi  les  autres  acquisitions  du  Jardin  d’Ootacamund,  nous  citerons  : 
YArundo  conspicua  de  la  Nouvelle-Zélande,  le  Cerisier  du  Cachemyr,  un 
grand  nombre  de  végétaux  du  Japon,  des  Aucuba ,  des  Aralia  et  notamment 
I ' A  rcdia  Sieboldii,  plusieurs  Yucca,  les  Lapageria  rosea  et  roseo-alba  (Smi- 
lacées  du  Chili),  Y Ampélopsis  virginica,  différentes  espèces  ou  variétés  de 
Rhetinispora ,  de  Thujopsis ,  de  Thuja ,  de  Podocarpus,  etc.,  des  plantes 
ornementales  herbacées,  telles  que  les  P/ilox ,  les  Lobelia,  les  Delphinium, 
les  Sedum ,  les  Saxifraga,  etc.,  diverses  espèces  de  Fuchsia,  etc.,  divers 
arbres  fruitiers  et,  entre  autres,  YOlea  europœa. 

Enfin  le  rapport  de  M.  Mac  Ivor  pour  1868-69  constate  que  le  Jardin 
d’Ootacamund  a  fait,  durant  l’année,  des  progrès  considérables.  Les  nouvelles 
acquisitions  du  jardin  sont  nombreuses  et  importantes  :  on  peut  y  voir  main¬ 
tenant  à  côté  les  unes  des  autres,  tant  dans  les  serres  que  dans  les  pépinières, 
les  plantes  économiques  et  ornementales  les  plus  importantes  de  l’Europe,  de 
l’Asie,  de  l’Amérique,  de  l’Australie,  etc.,  en  un  mot  des  différents  pays  du 
globe.  Citons,  parmi  les  acquisitions  récentes  les  plus  intéressantes  :  le  I Vel- 
lingtonia  gigantea ,  les  Osmanthus  du  Japon,  les  Rhetinispora  Thujopsis  et 
R/i.  obtus  a ,  le  Fitzroya  patagonica ,  le  Sciadopitys  verticillata  (Conifère  du 
Japon  qui  atteint  une  hauteur  de  20  à  25  mètres),  sans  compter  une  foule  d’au¬ 
tres  dont  la  liste  serait  trop  longue  pour  être  insérée  dans  cet  aperçu  succinct. 

Un  grand  nombre  de  ces  végétaux  ont  été  propagés  sur  une  assez  grande 
échelle,  et  les  plants  obtenus  ont  été  en  partie,  aussi  bien  que  des  paquets  de 
graines,  remis  entre  les  mains  de  diverses  personnes  pour  faire  des  essais.  Si 
le  nombre  des  plants  ainsi  distribués  (arbres  fruitiers,  essences  forestières 


164  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

espèces  ornementales,  etc.)  a  été  considérable  et  s’est  élevé  à  2670,  le  nombre 
des  paquets  de  graines  remis  à  diverses  personnes  a  été  aussi  assez  grand  et 
s’est  élevé  à  1537. 

Nous  ne  doutons  pas  que,  marchant  dans  cette  voie,  le  Jardin  d’Ootaca- 
mund  ne  continue  de  plus  en  plus  à  faire  de  rapides  progrès,  et  il  nous  paraît 
évident  que  la  botanique  y  trouvera  une  source  importante  d’études  sur  les 
végétaux  des  divers  pays  du  globe. 

En  constatant  ce  nouveau  résultat  des  efforts  si  consciencieux  et  des  vues 
si  pratiques  de  M.  Mac  lvor,  nous  ne  pouvons  que  souhaiter  de  voir  le  gou¬ 
vernement  britannique  et  le  gouvernement  tant  des  Indes  britanniques  que 
delà  présidence  de  Madras,  soutenir  de  tout  leur  pouvoir  M.  Mac  lvor,  dont 
l’intelligence  perspicace  et  le  dévouement  infatigable  ont  pu  suffire  à  remplir 
sa  tâche,  malgré  de  grandes  difficultés^  et  à  réaliser  en  peu  de  temps  de  si  bril¬ 
lants  résultats,  en  dépit  des  fâcheuses  oppositions  qu’il  a  malheureusement 
rencontrées  sur  sa  route. 

Lecture  est  donnée  des  communications  suivantes,  adressées  à  la 
Société  : 


DE  L’ACTION  PHYSIOLOGIQUE  DE  LA  GELÉE  SUR  LES  VÉGÉTAUX, 
par  M.  Emile  HEIt  (suite). 

(Chaumont-en-Bassigny,  15  juillet  1871.) 


I.  —  I>e  la  combinaison  des  diverses  influences  qui  interviennent 

dans  l’action  du  froid  sur  les  végétaux. 


Dans  une  première  communication,  adressée  l’an  dernier  à  la  Société 
botanique  (1),  j’ai  décrit  es  expériences  qui  m’avaient  permis  d’apprécier 
séparément  le  rôle  des  influences  diverses  pouvant  compliquer  l’action  d’une 
température  relativement  basse  sur  les  tissus  herbacés.  Dans  une  deuxième 
communication  (2),  j’ai  cherché  à  mettre  en  évidence  les  effets  produits  par  la 
combinaison  de  ces  différentes  causes,  lors  d’une  gelée  survenue  dans  les  pre¬ 
miers  jours  du  mois  de  mai  1870.  Mais  cette  gelée,  d’ailleurs  très-intense  et 
ayant  attaqué  des  tissus  encore  très-jeunes,  s’était  fait  sentir  aussi  bien  sur  les 
sujets  dominés  que  sur  ceux  à  découvert.  La  part  d’influence,  due  à  chacune 
de  ces  causes  et  principalement  au  rayonnement,  ne  pouvait  donc  être  que 
difficilement  discernée. 

Une  température  moins  basse  et  qui  probablement  n’atteignit  pas  zéro, 
puisque  la  présence  de  la  glace  ne  put  nulle  part  être  constatée,  étant  survenue 

(1)  Voyez  le  Bulletin ,  t.  XVII,  p.  240. 

(2)  Ibid.  p.  263. 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871. 


165 


dans  la  nuit  du  18  mai  dernier,  alors  que  les  tissus  de  l’année  avaient  déjà 
acquis  un  certain  degré  de  consistance,  il  me  fut  plus  facile  d’apprécier  l’in¬ 
fluence  exercée  par  ie  rayonnement,  par  la  distance  au-dessus  du  sol  et  enfin 
par  l’altitude. 

Le  terrain  qui  m’a  servi  de  champ  d’étude  se  compose  de  deux  collines 
parallèles,  séparées  par  une  vallée  étroite,  profonde  et  humide,  boisée  sur 
certains  points  et  siuiée  à  120  mètres  au-dessous.  Les  versants,  de  même  que 
les  plateaux  qui  les  couronnent,  sont  peuplés  de  taillis  d’âges  gradués  de  un  à 
vingt-cinq  ans.  Pour  plus  de  clarté,  je  décrirai  séparément  les  effets  du  froid 
sur  les  plateaux,  sur  les  versants  et  dans  le  fond  de  la  vallée. 

Plateaux.  —  Taillis  âgés  de  quinze  à  vingt-cinq  ans.  Ces  taillis  et  les 
réserves  qu’ils  renferment  n’ont  aucunement  souffert  du  froid,  aussi  bien 
ceux  situés  en  plein  massif  que  ceux  placés  le  long  des  routes,  qu’ils  aient 
été  exposés  aux  rayons  solaires  dès  le  matin  ou  qu’ils  n’aient  pu  en  être  frappés 
que  quelques  heures  plus  tard.  Toute  fois  les  rejets  situés  dans  les  clairières 
ont  été  atteints. 

Taillis  âgés  de  un  à  dix  ans.  Ils  ont  souffert  de  la  gelée,  bien  qu’à  des  de¬ 
grés  divers,  sauf  sur  une  zone  qui  a  été  préservée  sans  que  j’aie  pu  en  découvrir 
la  cause.  Les  ravages  se  sont  exercés  jusqu’à  une  hauteur  de  3  mètres  au- 
dessus  du  sol,  exclusivement  sur  les  Hêtres,  Chênes  et  Frênes.  Cependant  des 
rejets  d’autres  essences,  d’ Épine-noire  par  exemple,  ont  été  atteints  quand  ils 
se  trouvaient  presque  au  niveau  du  sol  dans  des  places  découvertes.  En  plein 
massif,  les  rameaux  supérieurs  seuls  ont  été  frappés,  et  leur  sommet  plus  que 
leur  partie  inférieure;  ainsi  les  entre-nœuds  et  les  feuilles  de  l’extrémité  se 
trouvaient  détruits,  quand  à  la  base  les  feuilles  seules  l’étaient,  et  souvent  même 
dans  une  portion  seulement  du  limbe.  Les  rameaux  latéraux  s’étendant  sur  une 
place  découverte,  un  chemin  par  exemple,  avaient  plus  souffert  que  ceux  situés 
en  plein  massif.  Les  branches  basses  cependant  étaient  généralement  intactes. 
Dans  les  clairières  enfin,  les  feuilles  et  la  plupart  des  entre-nœuds  de  l’année 
étaient  détruits  sur  toute  leur  hauteur. 

Les  branches  inférieures  des  réserves  ont  seules  été  atteintes;  la  partie 
de  leur  cime  située  à  5  mètres  au  moins  au-dessus  du  sol  était  entièrement 
intacte.  Les  branches  basses  qui  se  trouvaient  englobées  dans  le  taillis  envi¬ 
ronnant  ont  été  préservées,  tandis  que  celles  qui  atteignaient  le  niveau  supé¬ 
rieur  du  taillis  ont  été  gelées.  Sur  de  grands  Hêtres  renversés  par  l’ouragan 
pendant  l’hiver  et  qui,  tenant  encore  au  sol  par  quelques  racines,  avaient 
développé  leurs  bourgeons,  les  feuilles  ont  été  attaquées;  ce  qui  démontre 
que  la  préservation  des  pousses  très-élevées  ne  tient  pas  à  un  état  par¬ 
ticulier  de  leur  constitution,  mais  simplement  à  leur  distance  du  sol.  J’ai 
même  remarqué  quelques-uns  de  ces  arbres  abattus  et  atteints  par  la  gelée 
dans  la  zone  qui  n’avait  pas  souffert  et  dont  j’ai  parlé  plus  haut.  On  doit 
attribuer  cette  diversité  des  résultats  à  une  différence  de  précocité  dans  le 


166 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

développement  des  pousses.  Celte  cause  exerce  une  grande  influence  dans  le 
phénomène  et  sert  à  expliquer  des  effets  en  apparence  contradictoires. 

.J’ai  dit  qu’en  général  les  branches  basses  étaient  épargnées  :  ce  qu’on 
doit  attribuer  à  la  fois  à  leur  développement  plus  avancé  et  à  la  protection 
des  branches  supérieures.  Néanmoins  on  remarque  çà  et  là  des  sujets  sur 
lesquels  le  fait  contraire  s’est  produit.  Cela  tient  alors  à  un  retard  dans  le  dé¬ 
veloppement  des  pousses  :  les  branches  basses  se  trouvant  plus  jeunes  que 
celles  des  sujets  voisins  et  les  branches  supérieures  étant  encore  contenues 
dans  les  bourgeons. 

Versants. —  La  partie  des  plateaux  qui  avoisine  les  versants  est  peuplée  de 
taillis  âgés  de  quinze  à  vingt  ans  que  e  froid  n’avait  pas  frappés.  Mais,  à  me¬ 
sure  que  l’on  descendait  le  long  des  versants,  les  effets  en  devenaient  plus  ma¬ 
nifestes.  Plus  on  approchait  de  la  vallée,  plus  s’élevait  sur  les  arbres  le  niveau 
au-dessous  duquel  l’abaissement  de  température  s’était  fait  sentir.  A  mi-côte, 
près  de  feuilles  détruites,  on  en  remarquait  d’autres  sur  une  même  branche 
intactes  ou  attaquées  partiellement.  Les  branches  basses  ont  été  épargnées 
comme  sur  le  plateau.  Quant  aux  réserves,  leurs  rameaux  inférieurs  domi¬ 
nant  le  taiilis  ont  seuls  souffert.  Dans  le  voisinage  de  la  vallée,  les  branches 
basses  du  taillis,  même  en  plein  massif,  ont  été  frappées;  le  froid  a  atteint 
le  sommet  des  réserves,  mais  en  ne  s’attaquant  encore  que  partiellement  aux 
euilles  des  branches  supérieures. 

L’état  des  deux  versants  est  à  peu  près  le  même. 

Vallon.  -  Dans  le  vallon  enfin,  les  pousses  de  l’année,  même  à  7  et  8  mètres 
d’élévation,  ont  été  noircies  ;  les  Cornouillers,  les  Épines,  les  Coudriers,  les 
Trembles,  n’ont  pas  été  épargnés.  Dans  une  jeune  coupe,  pas  un  seul  rejet  de 
Chêne  n’a  résisté. 


La  ligne  ponctuée  À',  B',  G',  D',  E',  F',  représente,  dans  la  figure  ci-dessus,  le  niveau 
idéal  où  le  froid  s’est  fait  sentir  au-dessus  du  terrain  dont  le  profil  est  représenté  par 
la  ligne  pleine  A,  B,  C,  D,  E,  F. 


De  cet  examen  comparatif,  il  résulte  que  l’abaissement  de  température  doit 
être  attribué  :  1°  à  l’altitude,  2°  à  l’élévation  au-dessus  du  sol,  3°  au  rayon¬ 
nement. 

C’est  à  cette  dernière  cause  qu’il  faut  rapporter  l’aggravation  des  effets 
du  froid  dans  les  places  clairiérées;  dans  ce  cas,  les  végétaux  n’étant  protégés 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871 


167 


par  aucun  abri,  se  refroidissent  très-facilement.  Mais  ils  subissent  en  outre 
l’influence  du  rayonnement  du  sol,  rayonnement  qui  est  bien  plus  sensible  sur 
un  terrain  gazonné  que  sur  un  terrain  dénudé.  Il  est  facile  de  remarquer 
qu’une  prairie  est  couverte  souvent  de  gelée  blanche,  quand  un  champ  récem¬ 
ment  labouré  en  est  dépourvu.  On  s’explique  ainsi  pourquoi  les  branches  basses 
des  plantes  isolées  dans  les  clairières  sont  plus  gelées  que  les  branches  supé¬ 
rieures,  contrairement  à  ce  qui  se  passe  dans  les  massifs.  Les  rameaux  infé¬ 
rieurs  rayonnent  presque  autant  que  ceux  situés  plus  haut,  et  de  plus  subis¬ 
sent  l’influence  du  rayonnement  du  sol  qui  généralement  est  couvert  d’une 
abondante  végétation  herbacée. 

Quant  à  l’action  du  soleil,  si  puissante  sur  un  végétal  qui  y  est  soumis  di¬ 
rectement  après  avoir  éprouvé  les  effets  d’une  basse  température,  elle  est 
d’ordinaire  beaucoup  moins  manifeste  que  dans  les  expériences  dirigées  spé¬ 
cialement  dans  ce  but.  Et  en  effet  cette  action  se  confond  le  plus  souvent  avec 
celle  du  rayonnement.  Ce  sont  précisément  les  branches  supérieures  des  jeunes 
sujets  croissant  isolément  qui  sont  le  plus  exposées  tout  à  lafoisau  rayonnement 
et  à  l’action  solaire.  Dans  l’étude  du  phénomène  naturel,  il  est  difficile  d’isoler 
ainsi  le  rayonnement,  la  chaleur  et  la  lumière.  Nous  n’apercevons  que  le  ré¬ 
sultat  final,  sans  pouvoir  discerner  la  part  d’influence  qui  revient  à  chacune 
de  ces  trois  causes.  Toutefois  il  est  possible,  dans  certains  cas,  d’arriver  sous 
ce  rapport  à  un  résultat  appréciable.  J’ai  pu  constater  que,  dans  un  groupe 
d’arbres  dont  les  cimes  formaient  un  massif  assez  épais  pour  intercepter  les 
rayons  solaires,  les  branches  situées  du  côté  du  soleil  levant  étaient  bien 
plus  détruites  que  celles  situées  du  côté  opposé.  Quelquefois  même  cet  effet 
du  soleil  est  frappant.  Ainsi  j’ai  vu,  sur  de  jeunes  plants  élevés  de  2  mètres 
au-dessus  du  sol  et  abrités  en  partie  des  rayons  du  matin  par  un  massif 
d’arbres  placés  à  une  certaine  distance,  l’effet  du  froid  ne  se  faire  sentir  que 
dans  la  portion  non  abritée,  et  alors  toute  une  zone  de  feuilles  détruites  indi¬ 
quer  le  passage  de  la  traînée  lumineuse.  En  examinant  avec  attention  des  tail¬ 
lis  situés  sur  les  deux  bords  d’une  route,  dont  l'un  seulement  était  exposé  aux 
rayons  solaires,  j’ai  pu  voir  une  différence  assez  appréciable  entre  les  effets 
que  le  froid  avait  produits  de  chaque  côté.  Mais,  je  le  répète,  tant  d’éléments 
entrent  en  jeu  dans  le  phénomène  que  cette  distinction  est  difficile  à  faire.  Toutes 
choses  égales  d’ailleurs,  il  faut  que  la  température  ne  se  soit  pas  abaissée  au- 
dessous  d’une  certaine  limite,  sans  quoi  les  sujets  abrités  des  rayons  du  soleil, 
aussi  bien  que  ceux  qui  y  sont  exposés,  ont  leurs  tissus  désorganisés. 

Cette  action  de  la  lumière  jointe  à  la  chaleur  ne  peut  donc  réellement  être 
appréciée  que  dans  des  expériences  instituées  dans  ce  but.  Pour  bien  la 
mettre  en  évidence,  il  faut  soumettre  deux  végétaux  à  une  température 
un  peu  supérieure  à  la  limite  au-dessous  de  laquelle  leurs  tissus  sont  dé¬ 
truits,  et  n’exposer  que  l’un  d’eux  aux  rayons  du  soleil,  en  maintenant 
l’autre  à  une  basse  température.  On  peut  apprécier  par  là  le  résultat  des  in- 


168 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

fluences  combinées  de  la  chaleur  et  de  la  lumière.  Ayant  placé  dans  un  bocal 
entouré  d’un  mélange  réfrigérant  deux  jeunes  plants  de  Hêtre  encore  munis 
de  leurs  cotylédons  et  les  ayant  maintenus  pendant  plusieurs  heures  à  une 
température  de  +  3°  à  -j-  4°,  je  retirai  l’un  d’eux  et  l’exposai  aux  rayons  so¬ 
laires,  en  abandonnant  l’autre  dans  l’appareil.  La  température  du  milieu  dans 
lequel  ce  dernier  était  plongé  ne  s’étant  élevée  que  lentement  par  suite  de  la 
saturation  du  liquide  réfrigérant,  le  plant  ne  subit  aucun  dommage.  Il  n’en  fut 
pas  de  même  de  l’autre,  dont  les  feuilles  ne  tardèrent  pas  à  se  décolorer.  Sur 
tous  les  deux,  au  contraire,  les  cotylédons  ne  parurent  nullement  avoir 
souffert,  car  leur  coloration  persista.  Cependant  on  n’aurait  pu  l’affirmer  que 
si  on  les  avait  vus  continuer  à  végéter.  Et  pour  cela  il  eût  fallu  faire  l'expé¬ 
rience  en  maintenant  les  sujets  en  terre.  On  peut  néanmoins  regarder  comme 
positif  ce  fait,  que  les  cotylédons  de  Hêtre  supportent  mieux  le  froid  que  les 
feuilles  primordiales.  L’opinion  contraire  avait,  il  me  semble,  jusqu’à  présent 
prévalu.  En  revanche,  je  les  crois  bien  plus  sensibles  aux  rayons  du  soleil. 

IT.  —  De  la  manière  dont  un  arbre  qui  a  souffert  du  froid  parvient 

à  former  de  nouveaux  rameaux. 


Lorsque  les  jeunes  rameaux  d’un  arbre  ont  été  entièrement  détruits,  soit 
par  l’action  d’un  froid  intense  ou  par  le  concours  des  diverses  influences  que 
j’ai  décrites,  soit  parce  qu’ils  avaient  acquis  un  degré  de  développement  tel 
que  ce  résultat  ait  pu  être  atteint  même  par  un  froid  modéré,  la  végétation 
paraît  subir  un  arrêt  momentané  ;  mais,  comme  la  provision  des  matières  nu¬ 
tritives  accumulées  dans  les  tissus  n'a  pas  encore  été  complètement  utilisée, 
on  ne  tarde  pas  à  voir  s’évolutionner  des  bourgeons  dormants  sur  les  entre¬ 
nœuds  des  années  antérieures.  Une  question  vitale  pour  l’arbre  est  donc 
de  posséder  ces  bourgeons  en  nombre  suffisant  pour  pouvoir  constituer  ra¬ 
pidement  une  nouvelle  ramification.  Les  chances  de  reprise  varieront  donc 
suivant  l’essence  et  l’âge  du  sujet.  Le  Chêne,  le  Charme,  dont  les  entre-nœuds 
sont  chargés  de  bourgeons  dormants,  se  reforment  vite  un  feuillage.  Il  n’en  est 
pas  de  même  des  espèces  qui  ont  besoin  de  créer  des  bourgeons  adventifs,  ce 
qui  exige  un  certain  temps  et  prolonge  l’état  apparent  de  stagnation.  Mais,  en 
usant  de  l’un  ou  de  l’autre  de  ces  moyens,  les  arbres  parviennent  généralement 
à  éviter  le  dépérissement  qui  les  menace;  les  dégâts  se  bornent  à  une  diminu¬ 
tion  dans  l’accroissement  ligneux  de  l’année  et  quelquefois  à  une  déformation 
dans  la  rectitude  des  tiges  :  ce  qui  peut  avoir  des  conséquences  fâcheuses, 
dans  les  taillis  de  Châtaigniers  par  exemple.  Malheureusement,  il  n’en  est  pas 
toujours  ainsi  quand  le  froid  atteint  les  jeunes  rejets  d’une  coupe  récemment 
exploitée.  Il  peut  arriver  en  effet  que  toute  la  matière  nutritive  accumulée 
dans  la  souche  ait  été  employée,  ou  bien  que  tous  les  bourgeons  dormants 
s’étant  déjà  évolutionnés,  il  n’en  reste  plus  suffisamment.  Si  alors  l’écorce 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871. 


169 


est  à  la  fois  épaisse  et  lisse,  dépourvue  de  toute  crevasse,  aucun  bourgeon  ad- 
ventif  ne  pourra  se  former,  et  la  mort  de  la  souche  sera  certaine.  C’est  ce  qui 
arrive  souvent  pour  le  Hêtre  et  le  Châtaignier.  Aussi  est-il  bon  de  ne  les  ex¬ 
ploiter  qu’à  la  fin  du  printemps,  dans  les  endroits  exposés  à  la  gelée.  Si  au 
contraire  l’écorce  n’est  ni  assez  épaisse,  ni  assez  lisse  pour  empêcher  la  for¬ 
mation  de  bourgeons  adventifs,  la  reprise  du  plant  ne  sera  pas  encore  assurée, 
car  ces  bourgeons  demandant  bien  plus  de  temps  pour  s’évolutionner  que 
des  bourgeons  dormants,  il  arrivera  que  les  jeunes  rameaux  seront  en¬ 
core  très-tendres  lorsque  surviendront  les  premiers  froids  de  l’automne  et  y 
succomberont.  Ce  fait  se  présente  très-souvent  sur  les  souches  des  vieux  Hêtres. 
Dans  cette  essence,  les  bourgeons  dormants  ont  disparu  sur  les  troncs  âgés  de 
plus  de  cinquante  à  soixante  ans  ;  l’écorce  de  ces  arbres  est  d’ailleurs  trop  serrée 
pour  permettre  à  des  bourgeons  adventifs  de  se  former.  Mais  il  n’est  pas  rare 
d’en  voir  se  développer  entre  le  bois  et  l’écorce  sur  le  périmètre  de  la  section. 
Ils  commencent  seulement  à  apparaître  dans  le  courant  de  juin  et  dépérissent 
à  l’entrée  de  l’hiver.  Les  souches  de  Peupliers  ont  également  une  tendance  à 
former  leurs  rejets  de  cette  manière,  mais  comme  la  croissance  de  ces  derniers 
est  bien  plus  rapide  et  que  du  reste  ils  sont  moins  sensibles  au  froid,  leurs 
tissus,  déjà  lignifiés  en  partie,  peuvent  résister  aux  rigueurs  de  la  saison.  Les 
souches  de  Chêne  sont  d’ordinaire  tellement  chargées  de  bourgeons  dormants 
que  si  la  gelée  printanière  n’est  pas  survenue  trop  tard,  ces  bourgeons  ont  le 
temps  de  s’évolutionner  et  de  se  lignifier  avant  l’automne.  La  reprise  de  la 
végétation  est  en  outre,  pour  un  autre  motif,  beaucoup  moins  assurée  quand 
l’action  du  froid  se  fait  sentir  à  la  fin  du  printemps  ou  au  commencement 
de  l’été.  On  sait  en  effet  qu’à  cette  époque  l’ancienne  provision  des  matières 
amylacées  est  épuisée  et  que  la  nouvelle  n’est  pas  encore  formée. 

Généralement  l’intensité  du  froid  n’a  pas  été  suffisante  pour  détruire  entiè¬ 
rement  un  jeune  rameau.  On  remarque  que  tantôt  la  partie  supérieure  a  été 
complètement  désorganisée,  tandis  que  la  base  n’a  été  atteinte  qu’en  partie. 
Ce  fait  se  présente  quand,  la  cime  du  rameau  ayant  commencé  à  se  développer, 
la  partie  inférieure  plus  âgée  se  trouvait  plus  en  mesure  de  résister.  Tantôt 
au  contraire,  quand  le  bourgeon  commençait  seulement  à  s’évolutionner,  les 
feuilles  inférieures  ont  été  atteintes  alors  que  celles  de  la  partie  supérieure,  en¬ 
core  en  préfoliaison,  ont  été  préservées.  Dans  le  premier  cas,  les  bourgeons 
qui  se  trouvent  à  l’aisselle  des  feuilles  sur  les  entre-nœuds  intacts  et  qui  ne 
se  seraient  développés  qu’au  mois  d’août  ou  même  l’année  suivante,  se  déve¬ 
loppent  immédiatement.  Dans  le  deuxième  cas,  c’est  la  partie  supérieure  du 
rameau  qui  s’évolutionne,  et  il  ne  tarde  pas  à  surgir  du  sein  des  entre-nœuds 
inférieurs  quand  ceux-ci  n’ont  été  atteints  que  légèrement.  De  plus,  les  bour¬ 
geons  situés  sur  les  rameaux  de  l’année  précédente  et  qui,  faute  d’aliments, 
ne  s’étaient  pas  encore  développés,  prennent  alors  leur  essor.  Aussi  peut-on 
parfaitement,  au  mois  de  juillet,  reconnaître,  même  de  loin,  un  massif  dés- 


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SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

organisé  par  le  froid,  à  sa  teinte  vert  pâle  due  à  la  nouvelle  évolution  des 
bourgeons,  nuancée  de  la  teinte  roussâtre  ou  noire  des  feuilles  détruites. 

[La  suite  à  la  prochaine  séance.) 


COMPTE  RENDU  DE  QUELQUES  PROMENADES  AUX  ENVIRONS  DE  MONTPELLIER  , 

par  11.  A.  BARRANBOft. 

(Montpellier,  20  juillet  1871.) 

À  mon  avis,  toute  excursion  botanique  un  peu  heureuse  doit  tourner  au 
profit  de  tous;  c’est  pourquoi  je  veux  rendre  compte  à  nos  confrères  de  quel¬ 
ques  courses  faites  dans  le  courant  du  mois  dernier  et  que  l’on  peut  réaliser 
avec  la  plus  grande  facilité. 

Le  Zt  juin,  une  voiture  nous  jeta  de  très-bonne  heure  entre  Montarnaud  et 
Argelliers,  au  delà  de  la  localité  classique  où  l’on  allait  recueillir  le  Cistus 
crispus  L.,  le  Cistus  albidus  L.  et  surtout  l’hybride  Cistus  albido-crispus 
Delile.  Cette  riche  localité  a  été  ravie  aux  botanistes  par  un  propriétaire  plus 
soucieux  de  belles  vignes  que  de  belles  plantes  ;  nous  dûmes  donc  aller  plus 
loin,  dans  ce  qui  reste  de  bois  non  encore  défrichés,  et  nous  n’eûmes  rien 
à  regretter.  Le  coteau  qui  conduit  de  Fontméjeanne  à  la  Font- Grande,  où 
Argelliers  altéré  vient  chercher  son  eau,  nous  offrit  une  abondante  moisson 
de  Stipa  juncea  L.  et  Stipa  pennata  L.,  et  le  coteau  siliceux  qui  court 
du  sud  au  nord,  à  l’est  de  la  seconde  fontaine,  nous  offrit  non -seulement 
l’hybride  désiré  Cistus  albido-crispus  Delile,  mais  encore  l’autre  hybride  Cis¬ 
tus  crispo-albidus  Req.,  très-belle  plante  qui,  à  notre  connaissance,  n’avait 
été  trouvée  qu’à  Narbonne  et  non  dans  notre  département.  Ces  deux  hybrides 
sont  abondants  sur  ce  coteau  ;  malheureusement,  le  second  ( Cistus  crispo- 
albidus  Req.)  a  des  pétales  si  caducs,  qu’il  est  impossible  de  les  conserver 
quelques  instants  adhérents  à  la  plante.  Là  croissaient  aussi  les  Air  a  caryo- 
phyllea  L.  et  A.  Cupaniana  Guss. ,  et,  à  notre  grande  surprise,  nous  retrou¬ 
vâmes  en  abondance,  sous  les  Cistes  ( Cistus  monspeliensis  L.  et  C.  salvi- 
folius  L.)et  les  Bruyères  ( Erica  multiflora  L.  et  E.  cinerea  L.),  le  Carex 
œdipostyla  J.  Duv. -J  ,  que  notre  compagnon  JM.  Duval-Jouve  avait  trouvé 
l’an  dernier  dans  le  bois  de  laMoure.  Hâtons-nous  d’ajouter  que  nous  avons, 
pendant  toute  la  journée,  retrouvé  la  même  espèce  en  immense  abondance  par¬ 
tout  où,  dans  les  bois  entre  Argelliers  et  Montarnaud,  se  trouvaient  des  Cistes 
et  des  Bruyères,  sur  un  cailloutis  quartzeux.  A  cette  occasion,  nous  apprîmes 
de  M.  Duval-Jouve  que  son  Carex  avait  été  retrouvé  en  même  abondance  aux 
environs  de  Toulon  et  d’Hyères,  par  MM.  Huet  et  Shuttleworth  (1). 

(1)  Voyez,  dans  le  tome  X.V1I  du  Bulletin  [Session d’ Aulun-Givry) ,  la  note  2,  placée 
au  bas  de  la  page  lxxviii. 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1S71  . 


171 


Ici  doit  se  placer  un  avertissement  pour  les  botanistes  qui  iraient  clans  cette 
contrée;  ils  ne  trouveraient  pas  une  goutte  d  eau  dans  le  triangle  que  forment 
Argeiliers,  la  Boissière  et  Montarnaud  ;  il  serait  donc  prudent  de  se  désalté¬ 
rer  et  de  faire  sa  provision  à  la  Font-Grande,  ainsi  que  nous  le  fîmes. 

En  montant  de  là  vers  Argeiliers,  nous  trouvâmes  dans  des  champs  en  fri¬ 
che  une  quantité  de  plantes  méridionales  vraiment  incroyable  :  les  Helian- 
themum ,  les  Buta,  les  Linum ,  les  Phlomis ,  le  Narcissus  juncifolius  Req.  en 
fruit,  le  Sideritis  scordioides  L. ,  les  Bupleurum  rigidum  L.  et  B.  arista- 
tum  BartI. ,  Althœa  hirsuta  L. ,  les  Bromus  macrostachys  Desf.,  B.  squar - 
rosus  L. ,  nos  trois  Ægilops,  les  Brarhypodium  distac  hyum ,  B.  ramosum 
R.  S.  et  B .  phœnicoides  DC.,  les  Psilurus  nardoides  Trin. ,  Danthonia 
decumbens  DC.  et  tant  d’autres  qui,  sans  attrait  pour  nous,  auraient  fait  le 
bonheur  des  botanistes  du  Nord. 

Au  delà  d’Argelliers,  nous  battîmes  le  versant  occidental  et  le  sommet  de 
la  chaîne  qui  s’étend  d’Argelliers  à  Saint-Paul  de  Yalmalîe;  là,  peu  déplantés 
comparativement,  mais  de  très-bonnes  espèces  :  Lathyrus  macrorrhizus 
Wimm.,  Helianthemum  canum  Dun.,  Spartium  junceum  L. ,  en  pleine  flo¬ 
raison,  Cephalanthera  rubra  PJch.,  Trifolium  rubens  L  ,  Erica  arborea  L. , 
E.  cinerea  L. ,  E.  multiflora  L. ,  Inula  salicina  L. ,  et  enfin  Coronilla 
glauca  L.  Cette  dernière  trouvaille  était  précieuse  pour  nous,  parce  qu’elle 
nous  donnait,  de  cette  plante  rare,  une  localité  certaine  pour  notre  départe¬ 
ment,  dans  des  bois  sauvages,  à  deux  lieues  de  toute  habitation  et  presque  de 
toute  culture,  tandis  que  les  autres  localités  déjà  indiquées  sont  rendues  in¬ 
certaines  par  le  voisinage  des  jardins  et  des  habitations  (la  Valette),  aussi  bien 
que  par  la  confusion  qui  a  fait  prendre  pour  elle  certains  pieds  de  Coronilla 
Emerus  L.  (pic  Saint-Loup  et  Capouladoux). 

Sur  un  certain  point,  nous  trouvâmes  en  même  temps  le  Carex  prœcox 
Jacq.,  dont  tous  les  utricules,  attaqués  par  un  insecte,  présentaient  cette  forme 
en  gourde  que  notre  confrère  M.  le  docteur  Lebel  a  désignée  sous  le  nom  de 
Carex  sicyocarpa,  et  le  Carex  Halleriana  Asso,  attaqué  par  une  Urédinée 
et  rendu  méconnaissable  par  l’avortement  de  ses  utricules  et  l’excessif  déve¬ 
loppement  de  ses  bractées  ormant  de  gros  paquets  foliacés. 

A  mi-distance  de  la  Boissière  à  Montarnaud,  sur  le  versant  ouest,  nous 
retrouvâmes  en  notable  quantité  le  Carex  olbiensis  Jord. ,  que  notre  com¬ 
pagnon  M.  André  et  moi  avions  déjà  trouvé,  mais  en  petite  quantité,  au  même 
lieu  en  1868. 

Enfin,  pendant  la  descente  qui  nous  ramenait  vers  Montarnaud,  nous  trou¬ 
vâmes  en  très-grande  abondance  les  Linum  campanulatum  L. ,  L.  nar- 
bonense  L.,  Carduncellus  Monspeliensium  Ail.,  Carex  humilis  Leyss., 
Avena  Ludoviciana  DR.,  Psilurus  nardoides  Trin.,  et  enfin  Pinus  Salz- 
manni  Dunal.  On  ne  trouve  de  ce  Pin,  dans  cette  localité,  que  deux  ou  trois 
pieds  isolés  au  milieu  des  bois  et  très-évidemment  spontanés.  La  présence  de 


172 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

ces  pieds  isolés ,  d’une  espèce  qui  n’existe  pas  du  tout  dans  notre  contrée  au- 
dessous  des  Cévennes,  ne  peut  s’expliquer,  selon  nous,  que  par  le  transpor 
de  quelques  graines,  opéré  par  les  vents  ou  par  les  oiseaux,  des  hauteurs  de 
Saint-Guilhem-Ie-Désert,  1  ocalité  la  plus  rapprochée  et  distante,  à  vol  d’oiseau, 
de  10  à  12  kilomètres. 

Ainsi,  une  seule  course  nous  avait  fourni  deux  plantes  nouvelles  pour  la 
Flore  de  V Hérault  que  nous  préparons  de  concert  avec  notre  savant  confrère 
M.  Loretet  qui,  nous  l’espérons,  ne  tardera  pas  à  être  achevée. 


Le  11  juin  nous  revoyait  tous  les  trois,  MM.  André,  Duval-Jouve  et  moi, 
dans  la  plaine  qui  occupe  le  fond  de  la  vallée  depuis  Saint-Martin  de  Londre 
jusqu’au  pied  du  versant  septentrional  du  pic  Saint-Loup.  Les  premières 
prairies  contre  Saint-Martin,  dites  la  Prade  de  Saint-Martin ,  sont  très-belles 
et  très-riches  en  Graminées  et  Cypéracées,  et  nous  fournirent  plusieurs  variétés 
de  Phleum  pratense  L.  ;  le  Gaudinia  fragilis  P.  Beauv.  vivace,  ou  au  moins 
bisannuel,  car  ses  touffes  portaient  les  restes  des  liges  de  l’année  précédente; 
Y Arrhenatherum  elatius  M.  K.,  avec  ses  deux  fleurs  fertiles  et  aristées, 
variété  déjà  mentionnée  par  Bertoloni  {FL  ital.  t.  I,  p.  685)  et  nuisant  un 
peu  à  la  solidité  du  genre;  un  Avena  qu’au  premier  abord,  à  cause  de  sa 
vaste  panicule  étalée  en  tous  sens  et  de  ses  petites  fleurs,  nous  prîmes  pour 
Y  Avena  fat  va  L.  ;  mais,  après  examen,  nous  vîmes  que  la  fleur  intérieure 
est  seule  articulée,  que  le  pédicelle  des  fleurs  stériles  est  glabre,  ce  qu  nous 
le  fit  rapporter  à  Y  Avena  sterilis  L.  var.  |3  minor  Goss.  {Fl.  d'Alg.  Glum. 
p.  109),  plante  qui  mérite  singulièrement  l’attention  des  botanistes.  A  côté 
croissaient  les  Hordeum  secalinum  Schreb.  et  Festuca  heterophylla  Lam., 
chacun  d’un  mètre  de  haut,  et  enfin  les  Sisymbrivm  asperum  L.  et  S.  polyce- 
ratium  L.  Un  peu  plus  bas,  les  prairies  dites  du  Renard  aboutissent  à  de  pe¬ 
tits  coteaux  argileux  où  croît  le  précieux  Brassica  bumilis  DG. ,  indiqué  à 
tort  au  pic  Saint-Loup,  où  plusieurs  botanistes  vont  chaque  année  inutilement 
le  chercher.  Sa  véritable  localité  est  sur  les  petits  coteaux  argileux  commen¬ 
çant  au  sud-est  des  prairies  du  Renard,  sur  une  ligne  qui  irait  de  ces  prai¬ 
ries  au  point  culminant  du  pic  Saint-Loup,  et  non  point  sur  ce  pic.  Dans  ces 
prairies  croissent  en  abondance  le  vrai  Juncus  striatus  Schousb.,  très-belle 
espèce  trop  souvent  méconnue  ;  une  grande  forme  de  Poa  compressa  L. ,  dont 
Reichenbach  a  fait  sa  variété  |3  Langeana,  Y Alopecurus  bulbosus  et  le  Statice 
echioides  L. ,  qui  se  tiennent  d’ordinaire  dans  les  terrains  salés;  les  Avenu 
Lvdoviciana  DR.,  Promus  comrnutatus  Schrad. ,  Carex  glauca  Scop.  var. 
erythrosfachys  Hoppe,  Gratiola  officinalis  L.,  assez  rare  dans  le  département, 
Ranunculus  ophioglossifolius  Vill. ,  Tulipa  gallica  Jord.,  Orchis  incar- 
nata  L. ,  etc. 

Les  petits  coteaux  qui  nous  conduisirent  sur  les  pentes  bouées  formées  par 
les  éboulis  du  pic  nous  fournirent  plusieurs  plantes  intéressantes  :  Sesleria 


SÉANCE  DU  *28  JUILLET  1871. 


173 


cœrulea  Ard.,  Scorzonera  hirsuta  L.,  Plantago  serpentina  Vill.,  Kœleria 
setacea  Pers.  Thymus  Serpyllum  Pers.  var.  citriodorus ,  Dianthus  Godronü 
Jord.,  Saponaria  ocimoides  Salisb. ,  les  Linum.  campanulatumh.,  suffrutico- 
sum  L. ,  narbonense  L.  et  tenuifolium  L.,  Carduncellus  Monspeliensium  Ail. 

Les  bois  des  éboulis  contiennent  très-peu  de  plantes,  mais  de  très-bonnes 
espèces  :  Scorzonera  hispanica  L.  var.  asphodeloides  Wall.,  Centaurea 
ugdunensis  Jord.,  Daphné  Laureola  L. ,  Pœonia  peregrina  Mill. ,  variant  à 
carpelles  tomenteux  et  à  carpelles  glabres,  Silene  puberula  Jord. ,  Lathyrus 
macrorrhizus  Wimm.,  et,  tout  à  fait  au  pied  de  l’escarpement,  Opopanax  Chi- 
ronium  DG.,  Erodium  petrœum  L. ,  Saxifraga  mixta  Lap. 

En  revenant  vers  Saint-Martin  par  le  Mas-de-Londres,  on  rencontre  le 
Knautia  collina  Req.  et,  dans  les  cultures,  les  Polygonum  Bellardi  AU.,  La¬ 
thyrus  hirsutus  Wimm. ,  Turgenia  latifolia  Hoffm. ,  Cota  altissima  J.  Gay, 
Caucalis  leptophylla  L.,  Allium  rotundum  L.  Enfin,  sur  les  murs  de  clô¬ 
ture,  nous  trouvâmes  de  très  beaux  pieds  des  Ægilops  hybrides,  savoir 
e  vuigari-ovatum  et  le  vulgari-triunciale ;  l’un  et  l’autre  ayant  à  leur 
base  les  restes  de  l’épi-mère.  Ce  qui  nous  surprit  le  plus,  ce  fut  de  voir  dans 
es  champs  d’avoine  de  irès-grandes  quantités  de  Triticum  monococcum  L. 
Nous  crûmes  d’abord  qu’il  était  cultivé  dans  le  pays;  mais  les  cultivateurs  qui, 
profitant  du  repos  du  dimanche,  nous  suivaient  par  curiosité,  nous  apprirent 
que  cette  plante  était  pour  eux  une  mauvaise  herbe,  se  reproduisant  chaque 
année  dans  leurs  cultures  grâce  à  la  fragilité  de  son  épi,  malgré  le  soin  qu’ils 
mettent  à  la  faire  arracher  ;  d’autre  part,  nous  avons  appris  que  cette  plante 
se  reproduit  avec  la  même  obstination  anx  environs  de  Pézénas,  où  l’on  met 

même  soin  à  la  faire  arracher  ;  elle  est  donc  complètement  naturalisée 
dans  nos  contrées. 

Ces  deux  riches  herborisations  nous  avaient  mis  en  haleine,  et  le  dimanche 
suivant  nous  trouva  sur  la  plage  des  Ongloux,  plage  très- riche,  très-vaste,  peu 
visitée  autrefois,  et  qu’une  station  du  chemin  de  fer  du  Midi  rend  très-facile 
à  explorer.  Le  temps,  pluvieux  jusqu’alors,  avait  donné  à  la  végétation  une 
orce  et  un  aspect  inaccoutumés.  Le  Vulpia  Michelii  Rchb.  y  atteignait 
50  centimètres  de  haut,  et  si  De  Candolle  l’y  avait  vu  dans  cet  état  quand  il  le 
décrivit  pour  la  première  fois,  il  ne  lui  aurait  pas  infligé  l’épithète  de  maci- 
lenta.  Des  tapis  de  Slatice  virgata  Willd.,  S.  duriusculaG ir. ,  S.  echioidesL. 
gigantesque,  é>.  bellidifolia.  Gouan,  S.  Girardiana  Juss.  et  S.  seroiina 
Rchb.  commençaient  à  se  montrer  ;  et  parmi  ces  espèces  si  distinctes,  un 
très-grand  Statice ,  à  panicule  très-fournie,  très-différent  du  S.  bellidifolia 
Gouan,  qu’il  rappelle  un  peu,  et  que  nous  n’avons  pu  rapporter  à  aucune  espèce 
rançaise. 

Le  Santolina  Chamœcyparissus  L.  y  forme,  comme  aux  environs  de  Bé¬ 
ziers,  des  lignes  de  clôtures  naturelles  autour  des  vignes. 


M!\  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Les  sables  disparaissaient  littéralement  sous  les  Phleum  arenarium  L.,  Kœ- 
leria  villosa  Pers.,  Scleropoa  Hemipoa  Parlt.  et  S.  maritima  Parlt.  ,  Crépis 
bulbosaCzss.,  Polygonum  Roberti Lois,  et  P.  Be Hardi  Ail.,  Hutchimia  pro - 
cumbens  Desv.,  Rumex  tingitanus  L. ,  et  sur  certains  points  le  Corispermum 
hyssopi folium  L. ,  toujours  si  rare  dans  nos  contrées,  couvrait  tout  de  ses 
touffes  vertes,  déjà  chargées  de  fruits.  Le  Phelipœa  arenaria  Wall,  y  était 
également  abondant,  ainsique  le  Pancratium  maritimum  L. 

Je  mentionne  seulement  pour  mémoire  le  Psammu  arenaria  R.  Scb. , 
Ylmperata  cylindricaV.  Beàuv.  et  l' Friant  hus  Ravennœ  P.  Beauv.  (non 
fleuri),  qui  prenaient  l’aspect  de  plantes  ornementales.  Au  milieu  du  Spartina 
versicolor  Fabre,  Y  Agropyrum  acutum  DG.  était  abondant  et  gigantesque, 
avec  son  voisin  Y  Agropyrum  junceum  P.  Beauv.,  qui  rivalisait  de  beauté 
et  tranchait  par  sa  couleur  glauque  exagérée. 

Sur  le  bord  des  flaques  d’eau  salée,  le  Glyceria  festucœformis  Heynli. ,  était 
par  sa  grandeur,  devenu  méconnaissable;  mais  ces  flaques  elles-mêmes,  toutes 
remplies  de  Ruppia  maritima  L.,  dont  les  pédicelles  d’un  blanc  rosé  et  rou¬ 
lés  en  spirale  rappelaient  le  Vallisneria  spiralis  L.,  nous  réservaient  de 
grandes  surprises.  D'abord  un  Char  a  étrange  et  à  nous  inconnu,  toujours 
réduit  à  de  petites  touffes  d’un  centimètre  de  diamètre  en  tous  sens;  et  ensuite 
Y Althenia  filiformis  Petit,  forme  dressée  et  plus  rapprochée  de  la  figure  de 
Mutel  {Fl.  fr.  tab.  63,  fig.  A73)  que  du  dessin  original  de  Petit  {Ann.  sc. 
obs.  t.  I,  pl.  xii,  fig.  1),  où  les  groupes  de  fleurs  sont  représentés  sur  des 
tiges  rampantes.  C’est  donc  une  localité  de  plus  pour  cette  plante  rare,  mais 
nous  devons  prévenir  nos  confrères  qui  voudraient  venir  l’y  chercher  qu’il 
leur  faut  entrer  dans  l’eau,  parce  que  cette  plante  n’est  guère  visible  quand  on 
est  sur  les  bords;  ils  la  trouveront  dans  les  mares  qui  sont  à  l’est  de  la  petite 
ferme  du  quartier  de  Pisse-Saume.  Ces  mêmes  eaux  contenaient  diverses 
espèces  de  Charaa  nous  inconnues,  dont  une  dioïque,  très-remarquable  par 
sa  gracilité  et  l’excessive  abondance  de  ses  fleurs  mâles  d’un  beau  rouge,  et 
très-distincte  du  Chara  aspera  à  nous  connu. 

Nous  omettons  la  mention  inutile  de  ces  nombreuses  centuries  de  plantes 
qu’on  rencontre  sur  toutes  nos  plages  et  qui  foisonnaient  aux  Ongloux. 

Nous  croyons  toutefois  être  agréable  et  utile  aux  membres  de  la  Société  en 
leur  signalant  trois  nouvelles  acquisitions  dont  M.  Loret,  notre  honoré  con¬ 
frère  et  collaborateur,  et  M.  André  ont  enrichi  notre  Flore  de  l’Hérault. 
D’abord  1  e  Campanula  rapunculoides  L. ,  trouvé  par  M.  Loret  sur  la  route 
de  Celleneuve;  ensuite  le  Plantago  albicans  L. ,  trouvé  par  le  même  derrière 
la  citadelle  de  Montpellier  et  plus  tard  par  moi  près  de  Lunel  sur  les  bords 
de  la  route  conduisant  à  Sommières;  enfin  V Avenu  eriantha  DR.,  très-belle 
espèce  qui,  par  ses  glumes  très-inégales,  se  distingue  de  toutes  nos  espèces 
françaises,  et  que  M.  André  a  eu  l’heureuse  chance  de  rencontrer  à  Saint- 
Guilhem-le-Désert,  en  face  des  premières  maisons,  à  gauche.  Cette  plante 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  4871.  175 

n’avait  été  jusqu’à  présent  signalée  qu’en  Afrique  (Cosson),  en  Asie  Mineure 
(Kotschy)  et  en  Espagne  (Steuclel). 


DES  GENRES  P  AVI  A  ET  TIME  ALI  A,  par  M.  O.  €&,©$. 
(Toulouse,  23  uillet  4871 . ) 


I.  Du  genre  Pavia  et  du  Pavia  pallida  Spacli 

a.  Faut-il  admettre,  avec  Poiret,  Yentenat,  De  Candolle,  Ach.  Richard  (in 
Dict.  class.  cVkist.  nat.),  Thiébaut  de  Berncaud  (in  Dict.  pittor.  cVhist. 
nat.),  Spach  ( Phanér .  l.  III,  p.  18),  Le  Maout  el  Decaisne  ( Flore  des 
jardins  et  des  champs ,  p.  501),  les  auteurs  du  Bon  jardinier  et  du 
Nouveau  jardinier  illustré ,  etc.,  le  genre  Pavia  (1)  comme  distinct  du 
genre  Æsculus  ? 

Faut-il,  avec  Endlicher,  considérer  le  premier  comme  un  sous-genre  du 
second  ? 

Enfin  convient-il,  à  l’exemple  de  Dietrich  [Synops.  pl.  t.  ÏI,  p.  1224),  d’Asa 
Gray  ( Flora  of  N orth  America ,  p.  251),  de  Jacques  et  Hérincq  [Manuel  gé- 
nércil  des  plantes ,  t.  I,  p.  258),  de  MM.  Bentham  et  D.  ïîooker  ( Généra 
plant .  t.  I,  p.  398),  de  ne  pas  séparer  le  Pavia  de  V Æsculus,  sous  prétexte 
qu’ils  ne  diffèrent  que  par  la  capsule,  lisse  dans  l’un,  hérissée  dans  l’autre, 
caractère  ainsi  apprécié  par  les  deux  botanistes  anglais  :  character  hic  nullius 
est  valons  et  omnino  inconstans?  Schlechtendahl  écrivait  aussi  en  1840  : 
«  Genus  Pavia  delendum  videtur,  optimam  suppeditaret  generis  sectionem 
(in  Linnœa,  t.  X1Y,  p.  303).  » 

Assurément,  ce  dernier  avis  devrait  prévaloir  s’il  n’v  avait  entre  les  Æsculus 
et  les  Pavia  qu’une  si  légère  différence  reposant  sur  les  capsules.  Mais,  dès 
1804,  Poiret  écrivait  :  «  Les  fleurs,  dans  le  Marronnier,  ont  cinq  pétales  ondu¬ 
lés,  planes  [sic),  très-ouverts;  les  filaments  des  étamines  recourbés;  une  cap¬ 
sule  comme  globuleuse,  armée  d’un  grand  nombre  de  pointes  dures  et  pi¬ 
quantes.  Dans  les  Pavies,  la  corolle  n’a  que  quatre  pétales  étroits,  rapprochés, 
fermés  à  leur  orifice;  les  filaments  des  étamines  droits,  saillants  hors  de  la  co¬ 
rolle  ou  bien  plus  courts  qu’elle;  une  capsule  glabre  ponctuée  ou  chagrinée, 
sans  pointes  ni  piquants  (in  Encycl.  Dict.  de  Bot.  t.  V,  p.  93).  » 

Ces  caractères  sont  exacts  (à  part  le  dernier)  (2);  M.  Spach  n’a  pas  hésité 

(1)  La  plupart  des  auteurs  font  honneur  à  Boerhaave  de  la  création  du  genre  Pavia. 
(lest  très-vrai  que,  dès  l’année  1727,  ce  savant  le  faisait  figurer  parmi  ses  Tetrapetalæ 
siliculosœ  dans  son  Hisloria  planlarum  quœ  in  horto  acad.  Lugduni  Batavorum  cres- 
cunl ,  p.  312  ;  mais  avec  ce  semblant  de  description  :  «  Pavia  flores  habet  ut  Branca 
Ursina;  multi  auctores  volunt  quod  sit  ricinoides  americana,  sed  flores  non  conveniunt.  » 
J’ignore,  faute  de  pouvoir  les  consulter,  si  l’une  ou  l’autre  des  deux  éditions  suivantes 
du  même  ouvrage  (1731-1738)  contient  sur  le  Pavia  des  renseignements  plus  précis. 

(2)  Et  avec  cette  autre  restriction  apportée  par  M.  Spach  :  «  Toutes  les  espèces  (de  P  a- 


176 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

à  les  étayer  de  son  autorité  ;  et  si  MM.  Decaisne  et  Naudin  déclarent  que  ces 
deux  genres,  ne  se  distinguant  l’un  de  l’autre  par  aucun  caractère  de  quel¬ 
que  valeur,  n’en  forment  réellement  qu’un  seul  ( Manuel  del’amat.  des  jard. 
t.  III,  p.  28),  ces  savants  ne  les  conservent  pas  moins  comme  distincts,  et 
tous  les  horticulteurs  ont  aujourd’hui  adopté  ce  sentiment 

b.  Ayant  reçu  naguère  d’un  des  principaux  établissements  d’arboriculture, 
sous  le  nom  d 'Æsculus  ohiensis  (sic),  un  arbre  qu’à  sa  floraison  j’ai  pu  rap¬ 
porter  avec  certitude  au  Pavia  pallida  Spach,  j’ai  été  frappé  des  divergences 
des  auteurs  descriptifs  touchant  le  nom  et  la  place  de  cette  espèce. 

De  Candolle  admet  les  deux  genres  Æsculus  et  Pavia ,  mais  comprend 
dans  le  premier  le  Pavia  pallida ,  et  avec  lui  les  Pavia  rubicunda ,  glabra , 
ohioensis  ( Prodr .  t.  I,  p.  97).  M.  Asa  Gray,  divisant  le  genre  Æsculus  en 
deux  sections  basées  sur  le  caractère  extérieur  de  la  capsule,  l’une  Pavia  à 
fruit  unarmed,  l’autre  Æsculus  à  fruit  echinate ,  n’en  rapporte  pas  moins  à 
celle-ci  l 'Æsculus  glabra  W.  avec  ses  synonymes  :  Pavia  pallida  Spach, 
P.  glabra  Spach,  P.  ohioensis  Michx  .,  Æsculus  ohioensis  DC.  ( loc .  cit.). 
Cet  exemple  est  suivi,  en  1857,  par  les  auteurs  du  Manuel  gén.  des  pi.  (t.  I, 
p.  258);  et  plus  récemment  encore  l’un  d’eux,  dans  son  Nouveau  Jardinier 
illustré ,  p.  709,  tout  en  admettant  les  genres  Æsculus  et  Pavia,  inscrit  au 
nombre  des  Æsculus,  à  la  suite  des  Æ.  Hippocastanum  et  rubicunda, 
Y  Æ .  ohioensis  Michx  f.  avec  ce  synonyme  Æ.  glabra  \V.  et  cette  variété 
Æ  .pallida  W.;  tandis  que  Dielrich,  qui  conserve  comme  espèce  YÆ.  gla¬ 
bra  AV.,  lui  donne  comme  synonymes  :  Æ.  pallida  W.,  Æ.  ohioensis  DC. , 
Pavia  ohioensis  Michx  f.,  P.  pallida  et  glabra  Spach. 

Nonobstant  ces  discordances  d’appréciations  de  la  part  des  phytographes,  il 
me  paraît  ressortir  des  données  qui  précèdent  : 

1°  Que  la  distinction  des  genres  Æsculus  et  Pavia  a  été  basée  tantôt 
uniquement  sur  le  caractère  de  la  capsule  lisse  ou  épineuse,  tantôt  sur  des 
caractères  généraux  empruntés  à  la  fleur  et  aux  fruits  ; 

2°  Que  suivant  celle  des  deux  interprétations  que  les  pbytographes  ont  ad¬ 
mise,  ils  ont  rapporté  les  Æsculus  pallida  et  glabra  \Y.  à  l’un  ou  à  l’autre 
de  ces  deux  genres; 

3°  Que  De  Candolle,  et  quelques  auteurs  à  son  exemple,  tout  en  admettant 
la  séparation  de  ces  genres  par  des  caractères  floraux  valables,  ont  attribué  au 
genre  Æsculus  des  espèces  appartenant  au  genre  Pavia; 

U°  Que,  depuis  les  études  de  M.  Ed.  Spach  sur  les  Hippocastanées  (in  Ann. 
des  sc.  nat.  2e  sér.  t.  II,  p.  52,  et  Phanér.  t.  III,  p.  16-36),  la  distinc¬ 
tion  des  deux  genres  est  bien  établie,  à  condition  de  négliger  les  caractères 
extérieurs  de  la  capsule,  les  Pavia  pallida  et  glabra  de  Spach  ayant  le  fruit 
hérissé. 

via)  que  nous  avons  observées  nous  ont  offert,  parmi  un  grand  nombre  de  fleurs  tétrapé- 
tales,  quelques  fleurs  pentapétales  »  (loc.  cit.  p.  21). 


SEANCE  DU  *28  JUILLET  1871.  177 

5°  Que  Y Æsculus  ohioensis  Michx  f.,  rapporté  par  les  auteurs  du  Manuel 
général  des  plantes  aux  Æ .  glabra  et  pallida,  paraît  en  être  distinct,  puis¬ 
que  M.  Spach  n’a  voulu  l’annexer  à  aucune  des  espèces  décrites  par  lui,  et  a 
bien  soin  d’ajouter  ( loc .  cil.)  à  la  synonymie  de  son  Pavia  pallida  :  «  Æsculus 
ohiotensis  Desf.  in  Hort.  paris,  (non  Michx  fil.)  .  » 

IL  Du  genre  Timbalia. 

On  l’a  dit  bien  souvent,  lorsqu’une  espèce  est  reportée  tour  à  tour  d’un 
genre  à  l’autre,  elle  a  presque  toujours  droit  au  titre  de  genre. 

Le  Cratœgus  Pyracantha  L.  me  paraît  être  dans  ce  cas. 

Après  que  Lindley  eut  créé  le  genre  Cotoneaster  pour  les  Cratœgus  et  les 
Mespilus  aux  feuilles  entières,  la  plupart  des  phytographes  reconnurent  la 
légitimité  de  ce  genre,  auquel  M.  Spach  crut  devoir  réunir  le  Cratœgus 
Pyracantha  L. ,  tout  en  le  séparant  de  manière  qu’il  formât  à  lui  seul  une 
section.  «  Nous  n’hésitons  pas,  écrivait  cet  habile  observateur,  à  placer  cette 
espèce  parmi  les  Cotoneaster  :  ses  ovaires  étant  parfaitement  inadhérents 
entre  eux,  et  ses  dents  calicinales  charnues,  infléchies  après  la  floraison  » 

(  Végét .  phanér.  t.  II,  p.  7A).  Mais  quelques  botanistes-descripteurs  ne  par¬ 
tagèrent  pas  cette  opinion,  car  l’arbuste  en  question  figure  au  nombre  des 
Mespilus  dans  le  Flora  italien  de  Bertoloni  (t.  Y,  p.  157),  au  nombre  des 
Cratœgus  dans  le  Synopsis  plantarum  de  D.  Dietrich  (t.  III,  p.  158),  et 
encore,  en  1852,  dans  la  Flore  d'Alsace  de  Kirschleger  (t.  I,  p.  253). 

Or  le  Cratœgus  Pyracantha  L.,  plus  rapproché  des  Cotoneaster  (auxquels 
l’ont  réuni  MM.  Grenier  etGodron,  Flore  de  France ,  l.  I,  p.  568),  diffère 
des  Cotoneaster  : 

1°  Par  le  port;  2°  par  la  présence  d’épines;  3°  par  la  préfoliation  qui,  fran¬ 
chement  condupliquée  dans  les  Cotoneaster ,  est  condupliquée,  mais  avec 
tendance  à  la  convolution,  l’un  des  bords  recouvrant  souvent  un  peu  l’autre 
dans  le  Buisson-ardent;  4°  par  les  dentelures  des  feuilles.  Tous  les  Coto¬ 
neaster  ont  les  feuilles  entières  :  un  seul,  le  C.  denticulata  H.B.K. ,  faisait 
exception  (1);  mais  lindley  a  cru  devoir  élever  cette  dernière  espèce  au 
rang  de  genre,  en  raison  de  l’endocarpe  mince  et  non  osseux  (in  Botanical Re- 
gister  de  1845,  miscell.  âü).  5°  Par  la  couleur  rose  des  anthères,  ces  organes 
étant  rouges  dans  les  Cotoneaster  ;  6°  par  le  nombre  des  loges  de  l’ovaire  et 
du  fruit,  nombre  qui,  dans  toutes  les  espèces  de  Cotoneaster  où  ce  caractère 
a  été  noté,  varie  de  deux  à  quatre,  ne  s’élevant  que  très-exceptionnellement 
à  cinq  (2),  tandis  que  le  Buisson-ardent  a  toujours  de  cinq  à  six  carpelles. 

(1)  J’ai  reçu  dernièrement  d’un  des  principaux  établissements  horticoles,  sous  le  nom 
de  Cotoneaster  denticulata,  un  arbuste  que  je  n’ai  vu  ni  en  fleur  ni  en  fruit,  mais  dont  les 
feuilles  sont  à  peine  denticulées;  est-ce  le  C.  denticulata  H. B. K.? 

(2)  On  lit  dans  1  e  Flora  altaica  de  Ledebour,  t.  II,  p.  219  et  220,  à  propos  des  Cotoneas¬ 
ter  :  «  C.  vulgaris ,  pomis  plerumque  dipyrenis;  C.  uniflora,  porno.,  semper  fere 

T.  XVII  f.  (séances)  12 


178 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Enfin  la  plupart  des  Cotoneaster  sont  caractérisés  par  ce  fait  physiologique, 
qu’à  la  suite  de  l’anthèse,  les  sépales  deviennent  connivents  en  s’abaissant  sur 
le  fruits  dont  ils  ferment  complètement  l’œil;  une  seule  espèce,  reçue  au  Jar- 
din-des-plantes  de  Toulouse  sous  la  dénomination  de  C.  nepalensis ,  m’a  paru 
faire  exception  à  cette  règle  par  ses  sépales  dressés.  Ceux  du  Buisson-ardent, 
connivents  aussi,  le  sont  pourtant  à  un  moindre  degré,  laissant  sortir  entre 
eux  et  au-dessus  d’eux  étamines  et  styles,  organes  entièrement  abrités  et 
cachés  dans  presque  tous  les  Cotoneaster. 

Je  proposerai  donc  de  désigner  désormais  le  Buisson-ardent  sous  le  nom 
de  Timbalia  Pyracantha,  dédiant  le  genre  Timbalia  à  notre  confrère 
M.  Édouard  Timbal-Lagrave,  auteur  de  plusieurs  bons  mémoires  de  phyto- 
g  rapine. 

Note  ajoutée  au  moment  de  V impression  (décembre  1871).  —  Aurai-je  été 
devancé  dans  la  création  d’un  genre  aux  dépens  du  Cotoneaster  Pyracantha? 
M.  Decaisne  a  écrit  dans  ses  Observations  sur  les  Pomacées ,  insérées  dans  les 
Comptes  rendus  des  séances  de  V  Aca  demie  des  sciences  du  13  novembre  1871, 
à  la  page  11  Al  : 

«  Le  Buisson-ardent  ( Pyracantha  Spach),  tour  à  tour  ballotté  entre  les 
Cotoneaster ,  les  Mespilus  et  les  Cratœgus ,  se  distinguera  de  ces  genres 
par  la  position  des  cotylédons  par  rapport  au  raphé.  Dans  la  grande  majorité 
des  Pomacées  les  cotylédons  sont  accombants,  tandis  que  dans  le  Pyracantha 
ils  sont  incombants.  Ce  caractère,  que  je  suis  loin  de  donner  avec  une  con¬ 
fiance  absolue  à  cause  des  objections  auxquelles  a  donné  lieu  la  classification 
des  Crucifères  établie  d’après  ce  principe  par  À. -P.  de  Candolle,  mériterait  ce¬ 
pendant  d’être  examiné  dans  les  autres  tribus  des  Rosacées,  mais  il  m’a  paru 
constant  dans  les  plantes  qui  nous  occupent  ( Pyracantha  mdgaris ,  crenu- 
lata ,  etc.),  ainsi  que  chez  Y Eriobotrya  japonica.  » 

Quoi  qu’il  en  soit,  cette  concordance  d’opinion  plaide  de  plus  fort  en  faveur 
de  l’autonomie  du  genre,  quel  que  soit  le  nom  que  la  priorité  lui  assigne. 


DE  LA  DISTRIBUTION  GÉOGRAPHIQUE  DES  MOUSSES  DANS  LES  VOSGES  ET  LE  JURA, 

par  M.  i’abSsé  BOULAIT. 

(Séminaire  de  Saint-Dié-des- Vosges,  20  juillet  1871.) 

Ce  sujet  est  traité  d’une  manière  étendue  dans  notre  Flore  bryologique  de 
V Est  (1)  ;  nous  ne  voulons  donner  ici  qu’un  résumé  de  nos  recherches. 

tripyreno;  C.  multiflora  pomis...  di-lripyrenis  ».  Le  C.  nummularia  Fisch.  et  Mey.  est 
décrit:  nfructibusdipyrenis»,  etleC.  r.omptus  Lem.  :«  ovario  biloculari  o.M.  Spach  donne 
2  styles  à  son  C.  Fontanesii ,  mais  il  dit  du  C .  tomenlosci:  «  lleurs  A-5-gynes  » ,  et  en 
effet  j’ai  constaté  l’existence  de  5  carpelles  chez  cette  espèce,  de  3-A  chez  le  C.  mela- 
nocarpn. 

(1)  Ce',  ouvrage  formera  un  fort  volume  in-8  de  800  pages.  Prix  de  souscription  : 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871. 


179 


La  chaîne  des  Vosges,  moins  vaste  que  celle  du  Jura,  est  aussi  moins  éle¬ 
vée  :  son  point  culminant,  le  ballon  de  Soultz,  n’atteint  que  1^26  mètres 
au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  tandis  que  le  Reculet,  dans  le  Jura,  s’élève  à 
1728  mètres. 

Aux  points  de  vue  hydrographique  et  météorologique,  les  Vosges,  constituées 
en  très-grande  partie  par  des  terrains  siliceux  (granités,  syénites,  gneiss,  grès 
vosgien  et  grès  bigarré)  arrosés  par  une  multitude  innombrable  de  petites 
sources,  sont  plus  humides  et  plus  froides  que  le  Jura. 

Cette  dernière  chaîne  de  montagnes  est  formée  par  les  divers  étages  cal* 
caires  dénommés  de  son  nom  et  par  de  nombreux  lambeaux  de  terrain  cré¬ 
tacé.  Dans  le  Jura,  surtout  dans  la  région  alpestre,  les  sources  sont  très-rares, 
mais,  en  revanche,  elles  ont  un  débit  très-fort,  particulièrement  dans  la 
région  montagneuse  ;  sur  les  sommités,  la  fraîcheur  ne  se  maintient  que  par  la 
pluie  et  les  brouillards. 

À  la  suite  de  M.  Godron,  nous  ramenons  les  influences  qui  agissent  sur  la 
distribution  des  végétaux  en  général,  et  des  Mousses  en  particulier,  à  deux 
ordres  de  faits  principaux  ;  les  influences  atmosphériques  et  celles  du  sol  dans 
lequel  les  végétaux  implantent  leurs  racines. 

Les  agents  extérieurs  qui  dépendent  de  l’atmosphère  sont  la  chaleur,  la 
lumière,  l’air,  l’eau,  qui,  dans  chaque  lieu,  se  combinent  en  un  certain  rap¬ 
port  pour  former  ce  qu’on  appelle  le  climat  (1). 

Le  sol,  ou  support,  pour  les  Mousses,  agit  par  sa  nature  minéralogique  et 
par  ses  propriétés  physiques. 

* 

PREMIÈRE  PARTIE.  —  Influences  atmosphériques. 

Les  agents  atmosphériques,  tels  que  la  lumière,  la  chaleur,  l’air  et  la  vapeur 
d’eau,  modifient  leur  action  d’après  trois  circonstances  principales  :  l’expo¬ 
sition,  la  latitude  et  l’altitude. 

Un  certain  nombre  de  Mousses  se  plaisent  sur  les  rochers  ou  les  coteaux 
secs,  dénudés,  exposés  au  midi  ;  elles  subissent  donc,  sans  en  être  iucommo- 
dées,  les  variations  de  température  les  plus  brusques  et  les  plus  étendues. 
Complètement  desséchées  par  le  soleil  pendant  les  grands  jours  d’été,  elles  ont 
à  résister,  pendant  l’hiver,  à  l’action  désorganisatrice  des  froids  les  plus  in¬ 
tenses.  D’autres,  au  contraire,  fuient  l’action  directe  du  soleil  ;  elles  préfèrent 
un  demi-jour.  Quelques-unes  semblent  rechercher  les  tempêtes  ;  elles  vont 
s’établir  sur  les  pointes  les  plus  élevées  des  rochers  battus  des  vents. 

15  fr. ,  chez  M.  Savy,  libraire  de  la  Société  botanique  de  France,  rue  Hautefeuille,  24. 
à  Paris.  —  En  ce  moment  (15  février  1872),  les  350  premières  pages  sont  im¬ 
primées. 

(1)  Godron,  Géographie  botanique  de  la  Lorraine ,  p.  11. 


180 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Nous  ne  reproduirons  pas  ici  les  tableaux  que  nous  avons  dressés  ailleurs 
de  ces  préférences  qui  sont  en  rapport  avec  l’exposition. 

La  latitude  exerce  une  influence  non  moins  incontestable.  A  ce  point  de 
vue,  M.  Schimper  a  divisé  l’Europe  en  trois  zones  :  1°  la  zone  septentrio¬ 
nale,  comprise  entre  le  pôle  et  le  64e  degré  parallèle  ;  2°  la  zone  intermé¬ 
diaire,  allant  du  64e  au  46e  degré;  3°  la  zone  méridionale ,  embrassant 
les  terres  limitées  par  le  h 6e  degré  et  la  mer  Méditerranée. 

Le  domaine  delà  flore  de  l’Est  étant  compris  entre  45°  36',  au  point  où  le 
Guier  se  jette  dans  le  Rhône,  au  sud  de  Belley,  et  49°  37f  de  latitude  sep¬ 
tentrionale,  à  la  limite  du  département  de  la  Meuse,  on  voit  d’abord  qu’il  n’y 
a  pas  lieu  d’attendre  des  modifications  bien  sensibles  dans  la  dispersion  de  nos 
Mousses,  en  raison  d’une  latitude  trop  peu  différente  d’elle-même  en  ses  points 
extrêmes,  et  ensuite  que  le  domaine  de  notre  flore,  à  part  une  lisière  insigni¬ 
fiante,  se  range  dans  la  zone  intermédiaire  de  M.  Schimper. 

Un  petit  nombre  d’espèces  seulement,  et  en  très-grande  partie  de  celles  qui 
croissent  sur  les  rochers  calcaires,  plus  chauds  que  les  rochers  granitiques  ou 
arénacés,  sont  plutôt  de  la  zone  méridionale  ;  ce  sont  : 


Hypnum  heteropterum  Brid. 

—  dimorphum  Brid. 

Leskea  Philippeana  N.  Boul. 
Iledwigidium  imberbe  Br.  Sch. 
Cinclidotus  aquaticus  Br.  Sch. 

—  riparius  Br.  Sch. 


Trichostomum  tofaceum  Brid. 

—  llexicaule  Br.  Sch. 

Seligeria  pusilla  Br.  Sch. 

—  tristicha  Br.  Sch. 

Gymnostomum  calcareum  N.  et  Horn. 
Phascum  rectum  Smith. 


C’est  l’altitude  qui  apporte  les  changements  les  plus  sensibles  et  les  plus 
brusques  dans  le  tapis  végétal  bryologique.  L’altitude  est,  en  effet,  la  cause  de 
modifications  très-complexes  dans  le  mode  selon  lequel  les  agents  atmosphé¬ 
riques  influent  sur  la  végétation. 

La  plus  importante  de  ces  modifications  est  un  abaissement  de  la  tempéra¬ 
ture  moyenne  ;  or,  dans  nos  régions  de  l’Est,  cette  moyenne  diminue  d’un 
degré  pour  une  élévation  de  180  à  200  mètres  selon  la  verticale. 

Il  nous  semble  qu’il  faut  aussi  prendre  en  sérieuse  considération  deux  autres 
faits  : 

1°  Dans  les  hautes  régions,  surtout  au-dessus  de  1000  mètres,  la  neige 
tombe  de  bonne  heure,  souvent  dès  le  mois  d’octobre  et  parfois  dès  les  pre¬ 
miers  jours;  elle  tombe  en  abondance  et  ne  disparaît  que  très-tard,  en  avril- 
mai.  Le  30  juin  1870,  après  des  chaleurs  prolongées  et  très-intenses,  il  restait 
encore  de  grandes  quantités  de  neige  dans  l’escarpement  du  Castelberg,  au 
Hohneçk.  Il  résulte  de  ce  fait  que  les  Mousses,  envahies  de  bonne  heure  et 
protégées  tard  par  ce  manteau  de  neige,  n’ont  pas  à  subir  les  effets  désastreux 
des  froids  intenses  qui  font  périr  une  foule  de  végétaux  dans  les  régions  basses, 
habituellement  sans  neige  même  au  cœur  de  l’hiver.  Dans  la  région  alpestre 
des  Vosges,  les  sources,  dont  la  température  se  maintient  à  3  ou  4  degrés  au- 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871.  181 

dessus  de  zéro,  se  creusent  sous  la  neige  de  vastes  cavités  où  les  Mousses 
continuent  à  végéter,  bien  que  très-lentement. 

2°  Les  régions  élevées  sont  habituellement  brumeuses,  couvertes  de  brouil¬ 
lards  même  pendant  l’été.  Ces  brouillards  fournissent  aux  Mousses  l’humidité 
si  nécessaire  à  leur  végétation.  Cette  circonstance  nous  paraît  d’une  impor¬ 
tance  capitale.  Combinée  avec  une  température  suffisante,  la  vapeur  d’eau 
atmosphérique,  maintenue  dans  un  état  de  demi-condensation,  permet  aux 
Mousses,  qu’elle  baigne  constamment  dans  la  région  alpestre,  de  développer 
et  de  mûrir  leurs  capsules  dans  un  intervalle  de  temps  très-court.  Ce  fait 
explique  aussi  la  multitude  et  la  belle  végétation  des  Mousses  qui  croissent 
dans  le  haut  Jura,  malgré  la  sécheresse  naturelle  du  sol  dans  ces  montagnes  : 
elles  prennent  la  fraîcheur  qui  leur  est  nécessaire,  non  pas  à  leur  support, 
mais  à  l’atmosphère. 

L’action  de  la  lumière  varie  aussi  en  raison  de  l’altitude;  la  pression  atmo¬ 
sphérique  diminue.  Ces  causes  concourent  certainement  à  la  production  d’un 
effet  total,  mais  sans  que  nous  puissions  assigner  à  chacune  d’elles  sa  part  spé¬ 
ciale  d’influence.  Citons  encore  l’action  des  vents,  qui  deviennent  plus  violents, 
plus  continus,  autour  des  masses  élevées. 

Après  avoir  indiqué  les  diverses  influences  atmosphériques  sujettes  à  varier 
d’après  l’altitude,  il  nous  reste  à  faire  voir  comment,  défait,  les  Mousses,  dans 
les  Vosges  et  le  Jura,  se  coordonnent  à  ces  variations. 


I.  Région  alpestre. 

Mousses  qui  se  maintiennent  au-dessus  de  la  limite  des  forêts  ou,  dans  les 
Vosges,  ne  descendent  pas  au-dessous  de  1200  à  1150  mètres  et,  dans  le 
Jura,  au-dessous  de  1500  à  1A00  mètres  : 


Vosges . 

Hypnum  callichroum  Brid. 
Pogonatum  alpinum  Rœhl. 
Oligotrichum  hercynicum  DC. 
Bryùm  Duvalii  Voit. 

— -  Ludwigii  Schwgr. 

—  cucullatum  Schwgr. 

- —  polymorphum  Br.  Sch. 
Splachnum  sphæricum  Linn.  f. 
Rhacomitrium  fasciculare  Brid. 

—  microcarpum  Brid. 

—  sudeticum  Brid. 

—  patens  Schimp. 

Grimmia  Donniana  Sch. 

—  lorquata  Grev. 

—  contorta  Schimp. 

Zygodon  lapponicus  Br.  Sch. 
Desmatodon  latifolius  Br.  Sch. 
Dicranum  subulatum  Hedw. 

—  Starkii  W.  et  M. 

Weisia  crispula  Hedw. 

Bruchia  vogesiaca  Sc!  wgr. 


Jura. 

Hypnum  Vaucheri  Lesq. 

—  cirrosum  Funk. 

—  fastigiatum  Brid. 

Myurella  julacea  Sch. 

Timmia  austriaca  Hedw. 

—  megapolitana  Hedw. 

Bryum  Zierii  Dicks. 

—  arcticum  Br.  et  Sch. 

Mnium  orthorrhynchum  Br.  Sch. 
Encalypta  apophysata  N.  et  H. 

—  longicolla  Br.  Sch. 

—  rhabdocarpa  Schwgr. 

—  commutata  N.  et  H. 

Barbula  mucronifolia  Br.  Sch 

—  aciphylla  Br.  Sch. 
Trichostomum  glaucescens  Hed  w. 
Desmatodon  latifolius  Br.  Sch. 
Distichium  inclinatum  Br.  Sch. 
Anacalypta  latifolia  N.  et  H. 
Dicranum  subulatum  Hedw. 


I 


182 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Quelques  espèces  des  régions  inférieures  affectent,  en  passant  dans  la  zone 
alpestre,  des  formes  spéciales  ou  variétés  que  l’on  [pourrait  joindre  aux  listes 


précédentes  : 

Vosges. 

Hypnum  fluitans,  v.  purpurascens. 
Pogonatum  urnigerum,  v.  humile. 

—  —  v.  crassum. 
Bryum  albicans,  v.  latifolium. 

—  pallens,  v.  speciosum. 

—  nutans,  v.  subdenticulatum. 


Jura. 

Meesia  uliginosa,  v.  alpina. 

Bryum  capillare,  v.  Ferchelii. 

—  —  v.  cochlearifolium. 

—  turbinatum,  v.  latifolium. 

—  pallescens,  v.  boreale. 

—  —  v.  contextum. 


Les  tableaux  qui  précèdent  établissent  que  la  végétation  bryologique  des 
sommités  alpestres  des  Vosges  diffère  à  peu  près  complètement  de  celle  des 
mêmes  régions  dans  le  Jura.  Les  Dicranurn  subulatum  et  Desmatodon  lati- 
folius ,  seules  espèces  communes  aux  deux  chaînes  de  montagnes,  sont 
très-rares  dans  l’une  et  dans  l’autre,  et  par  conséquent  peu  caractéristiques. 
Cette  diversité  de  la  végétation,  dans  des  conditions  météorologiques  analogues, 
prouve  la  prédominance,  dans  ce  cas,  de  la  nature  chimique  et  des  propriétés 
physiques  du  support. 

II.  Région  montagneuse. 


Nous  diviserons  la  région  montagneuse  en  deux  sous-régions.  La  plus  élevée, 
allant  depuis  700  à  800  mètres  jusqu’à  la  limite  supérieure  des  forêts,  comprend 
des  espèces  qui  sont  encore  influencées  d’une  manière  évidente  par  l’altitude, 
tandis  que  les  espèces  des  montagnes  inférieures  paraissent  rechercher  plutôt 
des  stations  favorables  en  raison  des  qualités  physiques  du  support,  que  des 
conditions  atmosphériques  spéciales  découlant  de  l’altitude. 


A.  Région  montagneuse  supérieure  ou  région  des  forêts  ( limite  mférieure 

700  à  800  m'etres). 

Vosges  (ait.  infér.  700  m.) 


Hypnum  fertile  Sendt. 

—  reflexum  St. 

—  Starkii  Brid. 

—  alpestre  W.  et  M. 

—  umbratum  Ehrh. 

—  nitidulum  Wahl. 

—  atrovirens  Dicks. 

—  catenulatum  Brid. 

—  heteropterum  R.  Spr. 

—  denliculatum. 

—  —  v.  myurum  Sch. 

—  —  v.  densum  Sch. 

Leskea  striata  N.  Boul. 

—  myura  N.  Boul. 

—  —  v.  robusta. 

Bryum  elongatum  Dicks. 

—  v.  longicollum. 
Gymnostomum  rupestre  Schwgr. 
Dicranurn  majus  Turn . 

Weisia  denticulata  Brid. 


Jura  (ait.  infér.  800  m.) 

Hypnum  nitidulum  Wahl. 

—  reflexum  W.  et  M. 

—  plicatum  Schleich. 

—  fertile  Sendt. 

—  Halleri  Linn.  f. 

—  umbratum  Ehrh. 

—  catenulatum  Brid. 

—  atrovirens  Dicks. 

Leskea  Philippeana  N.  Boul. 

—  rufescens  Schwgr. 

—  striata  N.  Boul. 

Mnium  medium  Br.  Sch. 

—  spinosum  Schwgr. 

Tayloria  splachnoides  llook. 

—  serrata  Br.  Sch. 

Grimmia  funalis  Schimp. 

Dicranurn  majus  Turn. 

—  virens  Hedw. 

Fissidens  osmundoides  Hedw. 

!  Weisia  Wimmeriana  Br.  Sch. 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871. 


183 


Les  espèces  communes  aux  régions  montagneuses  vosgienne  et  jurassique 
sont  plus  nombreuses  que  celles  de  la  région  alpestre.  Ces  espèces,  étant  pour 
la  plupart  corticicoles,  trouvent,  dans  les  deux  chaînes  de  montagnes,  des  sta¬ 
tions  identiques  et  sont  dès  lors  sous  la  dépendance  immédiate  des  actions 
météorologiques  ;  presque  toutes  d’ailleurs  se  maintiennent  à  la  lisière  supé¬ 
rieure  des  forêts,  et  pourraient  être  envisagées  à  la  ligueur  comme  apparte¬ 
nant  à  la  région  alpestre. 


B.  Région  montagneuse  inférieure  ( limite  inférieure 250  à  300  mètres). 


Afin  d’arriver  à  une  exposition  satisfaisante,  nous  devons  établir  plusieurs 
catégories  parmi  les  Mousses  qui  se  rencontrent  dans  les  montagnes  moyennes 
ou  inférieures. 

1°  Espèces  qui,  dans  les  hautes  Vosges,  ne  descendent  guère  au-dessous 
de  700  mètres,  et  appartiennent  dès  lors  à  la  région  montagneuse  supérieure, 
mais  se  retrouvent,  à  une  faible  altitude,  dans  les  basses  Vosges  : 


Hypnum  Crista-castrensis  L. 

—  uneinatum  Hedw. 

—  silesiacum  Selig. 

—  dimorphum  Brid. 
Leskea  nervosa  Myr. 


Bartramia  QEderi  Sw. 

—  Halleriana  Hedw. 
—  ithyphylla  Brid. 
Bryum  crudum  Schreb. 
Encalypta  ciliata  Hedw. 


2°  Espèces  qui,  dans  les  Vosges,  ont  leurs  stations  préférées  dans  la  région 
supérieure  ou  même  dans  la  région  alpestre,  mais  descendent  c'a  et  là  jusqu’à 
600  mètres  : 


Andreæa  petrophila  Ehrh. 

—  rupestris  Roth. 
Hypnum  dilatatum  Wils. 


Grimmia  Hartmanii  Schimp. 
Blindia  acuta  Br.  Sch. 

,  Dicranum  squarrosum  Schrad. 


3°  Espèces  jurassiques  répondant  aux  deux  catégories  précédentes  : 


Hypnum  commutatum. 

—  —  v.  falcatum  Schimp. 

—  uneinatum  Hedw. 

—  silesiacum  Selig. 

—  dimorphum  Brid. 

Leskea  nervosa  Myr. 


Bartramia  Œderi  Sw. 

—  Halleriana  Hedw. 

—  ithyphylla  Brid. 

Bryum  crudum  Schreb. 
Encalypta  ciliata  Hedw. 
Dicranum  squarrosum  Schrad . 


4°  Espèces  qui  recherchent  les  montagnes,  mais  descendent  cependant  à 
des  niveaux  très-bas,  comme  elles  s’élèvent  très-haut,  souvent  même  jusqu’à 


la  région  alpestre,  sinon  chez  nous,  au 
rope  : 

Vosges. 

Hypnum  loreum  L. 

—  brevirostrum  Ehrh. 

—  palustre  L. 

—  incurvatum  Schrad. 

—  undulatum  L. 


moins  dans  diverses  contrées  de  l’Eu- 

Jura. 

Hypnum  loreum  L. 

—  silvaticum  L. 

—  myosuroides  L. 

—  confervoides  Brid. 

—  alopecurum  L. 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


184 


Vosges. 

Hypnum  silvaticum  L. 

—  filicinum  L. 

—  alopecurum  L. 

—  myosuroides  L. 

—  plumosum  Sw. 

—  rivulare  Br.  Sch. 

Pterogonium  gracile  Sw. 
Pterygophyllum  lucens  Brid. 
Fontinalis  squamosa  L. 

Bartramia  pomiformis  Hedw. 
Aulacomnium  androgynum  Schwgr. 
Meesia  uliginosa  Hedw. 

Mnium  punctatum  L. 

—  serratum  Brid. 

■ —  hornum  L. 

Bryum  cyclophyllum  Schwgr. 

—  pallens  Sw. 

—  alpinum  L. 

—  elongatum  Dicks. 

—  pallescens  Schwgr. 
Tetrodontium  Brownianum  Schwgr. 
Zygodon  Mougeotii  Br.  Sch. 
Orthotrichum  Lyellii  H.  et  Tayl. 

—  urnigerum  Myr. 

—  rivulare  Turn. 

—  rupestre  Brid. 

—  Hutchinsiæ  Sm. 

Ptychomitrium  polyphyllum  Br.  Sch. 
Hedwigia  ciliata  Timm. 
Rhacomitrium  lanuginosum  Brid. 

—  heterostichum  Brid. 

—  aciculare  Brid. 

—  protensum  A.  Braun. 

Grimmia  montana  Br.  Sch. 

—  commutata  Huebn. 

—  ovata  W.  et  M. 

—  trichophylla  Grev. 

—  Sehultzii  Wils. 

Trichostomum  homomallum  Br.  Sch. 

—  tortile  Schrad. 

Didymodon  cyliudricus  Br.  Sch. 
Brachyodus  trichodes  N.  et  H. 
Seligeria  recurvata  Br.  Sch. 
Campylopus  fragilis  Br.  Sch. 

—  flexuosus  Brid. 

Dicranum  undulatum  Br.  Sch. 

—  fuscescens  Turn. 

—  longifolium  Hedw. 

—  fulvum  Hook. 

—  curvatum  Hedw. 

—  pellucidum  Hedw. 

—  polycarpum  Ehrh. 

Weisia  BruntoniN.  Boul. 

—  fugax  Hedw. 

—  cirrata  Hedw. 

Campylostelium  saxicola  Br.  Sch. 


Jura. 

Hypnum  incurvatum  Schrad. 

—  Tommasinii  Sendt. 

—  campestre  Bruch. 

—  plumosum  Sw. 

—  rivulare  Br.  Sch. 

—  palustre  L. 

Leskea  longifolia  R.  Spr. 
Pterogonium  gracile  Sw. 

Bryum  pallescens  Schwgr. 

—  pallens  Sw. 

—  Funkii  Schwgr. 

—  albicans  Brid. 

Mnium  punctatum  L. 

—  stellare  Hedw. 

—  serratum  Brid. 

Bartramia  pomiformis  Hedw. 
Catoscopium  nigritum  E.'id. 
Meesia  uliginosa  Hedw. 
Splachnum  ampullaceum  L. 
Cinclidotus  aquaticus  Br.  Sch. 
Rhacomitrium  canescens  Brid. 
Orthotrichum  Lyellii  H.  et  Tyl 
Barbula  tortuosa  W.  et  M. 

—  inclinata  Schwgr. 
Trichostomum  tortile  Schrad . 

—  flexicaule  Br.  Sch. 
Didymodon  capillaceus  W.  et  M 
Dicranum  Grevilleanum  Br.  Sch. 

—  pellucidum  Hedw. 

—  undulatum  Br.  Sch. 

—  fuscescens  Turn. 

Weisia  fugax  Hedw. 

—  cirrata  Hedw. 

Seligeria  tristicha  Br.  Sch. 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871. 


185 


Obs.  1.  Les  espèces  suivantes  des  collines  jurassiques  lorraines  répondent 
à  la  liste  précédente  des  Mousses  du  Jura  inférieur  : 


Hypnum  confervoides  Brid. 
Leskea  longifolia  R.  Spr. 
Mnium  serratum  Brid. 
Bryinn  albicans  Brid. 


Cinclidotus  aquaticus  Br.  Sch. 
Trichostomum  flexicaule  Br.  Sch. 
Didymodon  capillaceus  W.  et  M  . 
Seligeria  pusilla  Br.  Sch. 


Obs.  2.  On  rencontre  dans  le  haut  Jura,  mais  uniquement  sur  des  blocs 


erratiques  siliceux,  un  certain  nombre 

Pterogonium  filiforme  Schwgr. 

Leskea  attenuata  Hedw. 

Rhacomitrium  sudeticum  Brid. 

—  heterostichum  Brid. 

Hedwigia  ciliata  Timm. 

Grirnmia  ovataW.  et  M. 

—  commutata  Huebn. 

Ces  espèces  se  retrouvent  toutes  dans 
elatior. 


de  Mousses  : 

Grirnmia  trichophylla  Grev. 

—  elatior  Br.  Sch. 

—  Schultzii  Wils. 

—  conferta  Funk. 

Orthotrichum  Sturmii. 

—  rupestre  Hoppe. 

—  Hutchinsiæ  Sw. 

les  Vosges,  à  l’exception  du  Grirnmia 


III.  Région  des  plaines  (contrées  basses). 


Nous  établirons  ici  deux  séries  principales  : 

A. — La  première  se  compose  de  Mousses  qui  se  rencontrent  à  la  fois  dans 
les  plaines  et  les  montagnes  : 


Hypnum  aduncum  L. 

—  commutatum  Hedw. 

—  chrysophyllum  Brid. 

—  flagellare  Dicks. 

—  strigosum  Hoffm. 

—  salebrosum  Hoffm. 

—  abietinum  L. 
Cylindrothecium  repens  N.  Boul. 
Pterogonium  filiforme  Schwgr. 
Leskea  subtilis  Hedw. 

Homalia  trichomanoides  Br.  Sch. 
Buxbaumia  indusiata  Brid. 

—  aphylla  Hall. 

Diphyscium  foliosum  W.  et  M. 
Pogonatum  urnigerum  Rœhl. 

—  nanum  P.  Beauv. 

Atrichum  tenellum  Br.  Sch. 

—  angustatum  Br.  Sch. 
Philonotis  fontana  Brid. 

—  calcareaSch. 

—  marchica  Schimp. 

Mnium  affine  Bland. 

Bryum  roseum  Schreb . 

—  turbinatum  Schwgr. 

—  pseudotriquelrurn  Schwgr. 

—  bimum  Schreb. 

—  inclinatum  Br.  Sch. 


Bryum  intermedium  W.  et  M. 

— ~  pendulum  Schwgr. 

—  uliginosum  Br.  Sch. 

—  albicans  Brid. 

—  nuta  ns  Schreb. 

—  piriforme  L. 

Encalypta  vulgaris  Hedw. 

—  streptocarpa  Hedw. 
Cinclidotus  riparius  Br.  Sch. 

—  fontinaloides  Pal.-B. 
Barbula  tortuosa  W.  et  M. 

—  convoluta  Hedw . 
Orthotrichum  stramineum  Brid. 

—  speciosum  Nees. 

—  Braunii  Br.  Sch. 

—  patens  Bruch. 

—  pallens  Bruch. 

—  anomalum  Hedw. 

—  cupulatum  Hoffm. 
Trichostomum  rigidulum  Sm. 
Ceratodon  cylindricus  Br.  Sch. 
Fissidens  adiantoides  Hedw. 

—  bryoides  Hedw. 
Leucobryum  glaucum  Hamp. 
Dicranum  flagellare  Hedw. 
Weisia  verticillata  Brid, 


186 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Obs.  1.  La  liste  précédente  ne  renferme  que  les  espèces  communes  aux 
Vosges  et  au  Jura;  il  faut  ajouter,  pour  les  Vosges,  les  espèces  suivantes  qui 
n’ont  pas  encore  été  signalées  dans  le  Jura  : 


Hypnum  pratense  Koch. 

—  albicans  Neck. 

Anacamptodon  splachnoides  Brid. 
Atrichum  tenellum  Br.  Sch. 

—  angustatum  Br.  Sch . 


Bryum  erythrocarpum  Schwgr. 
Physcomitrium  ericetorum  Br.  Sch. 
Orthotrichum  Drummondii  Br.  Sch. 
Dicranum  montanum  Hedw. 
Trematodon  ambiguus  Hornsch. 


Obs.  2.  La  même  liste  a  été  dressée  à  un  point  de  vue  général;  mais,  en 
réalité,  plusieurs  de  ces  espèces  qui,  ailleurs,  s’élèvent  dans  les  montagnes,  res¬ 
tent  confinées,  dans  nos  régions,  aux  plaines  ou  aux  collines  inférieures,  soit 
parce  qu’elles  ne  se  trouvent  que  dans  les  basses  Vosges,  dont  l’altitude  est 
toujours  peu  considérable,  soit  parce  qu’elles  ne  trouveraient  pas  de  stations 
propices  dans  les  hautes  Vosges  ou  le  haut  Jura.  Dans  cette  catégorie,  on 
trouve,  pour  les  Vosges  : 

Hypnum  chrysophyllum  Brid. 

—  flagellare  Dicks. 

Cylindrothecium  repens  N.  Bout. 

Anacamptodon  splachnoides  Brid. 

Atrichum  angustatum  Br.  Sch. 

Philonotis  marchica  Sch. 

—  calcarea  Sch. 

Bryum  pendulum  Schwgr. 

—  intermedium  W.  et  M. 

—  piriforme  L. 

Pour  le  Jura  : 

Hypnum  flagellare  Dicks. 

—  strigosum  Hoffm. 

Cylindrothecium  repens  N.  Boul. 

Homalia  trichomanoides  Br.  Sch. 

Plusieurs,  au  contraire,  dans  le  Jura,  ne  se  trouvent  que  dans  les  mon¬ 
tagnes  élevées  : 


Physcomitrium  ericetorum  Br.  Sch. 
Encalypta  vulgaris  Hedw. 
Cinclidotus  fontinaloides  P.  Beauv. 

—  riparius  Br.  Sch. 

Barbula  convoluta  Hedw. 
Trichostomum  rigidulum  Sm. 
Ceratodon  cylindricus  Br.  Sch. 
Dicranum  flagellare  Hedw. 

Weisia  verticillata  Brid. 


Bryum  pendulum  Schwgr. 
Cinclidotus  riparius  Br.  Sch. 
Dicranum  flagellare  Hedw. 


Leskea  subtilis  Hedw . 
Buxbaumia  aphylla  Hall. 
—  indusiata  Brid. 


Philonotis  marchica  Sch. 
Bryum  piriforme  L. 
Leucobryum  glaucum  Hamp. 


B.  —  Noire  deuxième  liste  comprend  les  espèces  propres  aux  plaines  et  aux 
collines  inférieures  et  qui  ne  s’élèvent  pas  dans  les  montagnes. 

Espèces  communes  aux  Vosges  et  au  Jura  : 


Hypnum  polymorphum  Hedw. 

—  riparium  Linn. 

—  lllecebrum  L. 

—  crassinervium  Tayl. 

—  campestre  Bruch. 


Hypnum  glareosum  Bruch. 

—  tenellupi  Dicks. 

Leskea  polyantha  Hedw 

—  polycarpa  Ehrh. 
Cylindrothecium  concinnum  Schimp , 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871. 


187 


Cylindrothecium  eladorrhizans  B.  8. 
Anomodon  viticulosus  IJ.  et  TâyU 
Neckera  pennata  Hedw. 

Mnium  stellare  Hedw. 

—  cuspidatum  Hedw. 

Bryum  Funkii  Schwgr. 

—  carneum  L. 

—  annotinum  Hedw. 
Physcomitrium  fasciculare  Br.  Sch. 

—  piriforme  Brid. 

Grimmia  conferta  Funk. 

—  orbicularis  Br .  Sch. 

—  crinita  Brid. 

Barbula  inclinata  Schwgr. 

—  squarrosa  Br.  Sch. 

—  vinealis  Brid. 

—  revoluta  Schwgr. 

—  Hornschuchiana  Schultz. 

—  gracilis  Schwgr. 

—  fallax  Hedw. 

—  aloides  Br.  Sch. 

—  ambigua  B.  S. 


Barbula  rigida  Schultz. 
Trichostomum  tofaceum  Brid. 

—  pallidum  Hedw. 
Anacalypta  lanceolata  Br.  Sch. 
Pottia  minutula  B.  S. 

— -  truncata  B.  S. 

—  cavifolia  B.  S. 

Fissidens  taxifolius  Hedw. 

—  incurvus  Schwgr. 
Dicranum  rufescens  Turn. 

—  varium  Hedw. 
Gymnostomum  tortile  Schwgr. 
Phascum  palustre  B.  S. 

—  nitidum  Hedw. 

—  curvicollum  Hedw. 

—  bryoides  Dicks. 

—  cuspidatum  Hedw. 

—  muticum  Schreb. 

—  Flœrkeanuni  W.  et  M, 
Physcomitrella  patens  Sch. 
Ephemerum  serratum  B.  S. 


A  cette  liste  il  faut  ajouter,  pour  les  Vosges,  les  espèces  suivantes,  qui  n’ont 
pas  encore  été  constatées  dans  les  régions  basses  du  Jura  : 


Hypnum  imponens  Hedw. 

—  exannulatum  Guemb. 

—  polygamum  Br.  S. 

—  helodes  Spr. 

—  curvipes  Guemb. 

—  saxatile  Sch. 

—  radicale  P.  B. 

—  Teesdalii  Sm. 

—  rotundifolium  Scop. 

—  demissum  Wils. 

—  depressum  Bruch. 

—  confertum  Dicks. 

—  androgynum  Wils. 

—  velutinoides  Bruch. 

—  minutulumHedw. 

Cryphæa  heteromalla  M. 

Bryum  obconicum  Hornsch. 

—  marginatum  Br.  Sch. 

—  versicolor  A.  Br. 

—  atropurpureum  B.  S. 

—  torquescens  B.  S. 

—  calophyllum  R.  Br. 

—  lacustre  Brid. 

Funaria  hibernica  H.  et  E. 

—  calcarea  Wahl. 

Schistostega  osmundaeea  W.  et  M. 
Physcomitrium  sphæricum  Brid. 


Orthotrichum  gymnostomum  Brid. 
Zygodon  Forsteri  Wils. 

—  viridissimus  Brid. 
Hedwigidium  imberbe  B.  S. 
Grimmia  leucophæaGrev. 

Barbula  latifolia  Br. 

—  lævipila  Brid. 

Trichostomum  convolutum  Brid. 

—  crispulum  Bruch. 

Didymodon  luridus  H. 

Anacalypta  Starkeana  B.  S. 

—  cæspitosaB.  S. 

Pottia  Heimii  B.  S. 

Dicranum  spurium  Hedw. 

—  Schreberi  Hedw. 

Weisia  cirrata  Hedw 
Gymnostomum  tenue  Schrad. 

—  squarrosum  Wils. 

—  rostellatum  N.  Boul. 
Archidium  alternifolium  Sch. 
Phascum  alternifolium  Dicks. 

—  rectum  Sm. 

—  triquetrum  Br.  Spr. 
Physcomitrella  recurvifolia  Sch. 
Ephemerum  stenophyllum  Sch. 

—  cohærens  Hampe. 


A  cette  longue  liste  d’espèces  propres  surtout  à  la  plaine  d’Alsace  et  aux 
collines  des  Vosges  inférieures,  nous  ne  pouvons  opposer,  pour  le  Jura,  que 


188 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Barbala  paludosa  Scliwgr.  et  B.  membraui  folia.  Mais  il  est  tout  à  fait  pro¬ 
bable  que  l’exploration  des  plaines  de  la  Bresse  amènera  la  découverte  d’une 
foule  de  Mousses  intéressantes  qui  seront  à  porter  au  compte  du  Jura  infé¬ 
rieur. 

Dans  la  rédaction  des  listes  qui  précèdent,  nous  avons  négligé  71  espèces 
universellement  répandues,  se  trouvant  à  la  fois  dans  les  plaines  et  les  hautes 
montagnes. 

Nous  citerons  enfin,  comme  appendice,  les  espèces  caractéristiques  des 
tourbières  des  Vosges  et  du  haut  Jura;  leur  station  semble  les  rendre  indé¬ 
pendantes  de  l’altitude  : 


Hypnum  stramineum  Dicks. 

—  giganteum  Sch. 

—  revolvens  Sch. 

—  nitens  Schreb. 

Polytrichum  strictum  Menz. 

—  gracile  Menz. 
Aulacomnium  palustre  Schwgr. 


Meesia  longiseta  Hedw. 
Splachnum  ampullaceum  L. 
Campylopus  torfaceus  B.  S. 
Dicranum  cerviculatum  Hedw. 
—  palustre  La  Pyl. 

—  Schraderi  Schwgr. 


I  es  tourbières  du  haut  Jura  nourrissent  de  plus  les  espèces  suivantes,  qui 
ne  se  trouvent  pas  dans  celles  des  Vosges  : 


Hypnum  scorpioides  L.  j  Meesia  tristicha  B.  S. 

—  lycopodioides  Schwgr. 

[La  suite  à  la  'prochaine  séance.) 


M.  A.  Gris  annonce  qu’il  a  trouvé  dans  les  collections  de  M.  Ba- 
lansa  une  nouvelle  espèce  de  Libocedrus  dont  il  présente  la  des¬ 
cription  ;  il  est  entendu  que  cette  description  figurera  au  compte 
rendu  de  la  dernière  séance,  avec  celle  des  autres  Conifères  néo- 
calédoniennes  (voyez  plus  haut,  pp.  139-140). 

M.  Gris  fait  ensuite  à  la  Société  la  communication  suivante  : 


NOTE  SUR  LE  NOUVEAU  GENRE  GARNIERIA ,  DE  LA  FAMILLE  DES  PROTÉACÉES, 

par  1111.  Adolphe  JSItOft&MART  et  Arthur  &IMS. 

Dans  notre  deuxième  notice  sur  les  Protéacées  néo-calédoniennes,  nous 
avions  cru  pouvoir  rapporter  au  genre  < ienarrhenes ,  sous  le  nom  de  C.  spathu - 
lœ folia  (voyez  le  Bulletin,  t.  XII  [Séances],  p.  41),  une  espèce  envoyée  par 
M.  Vieillard  sous  le  n°  1120.  Cette  espèce  était  représentée  par  un  échantillon 
unique  dont  les  inflorescences  n’oiïraieni  plus  que  des  réceptacles  floraux  ré¬ 
guliers  munis  de  quatre  glandes  à  la  façon  des  Cenarrhenes  et  qu’accom¬ 
pagnait  un  seul  fruit  qu’il  eût  fallu  sacrifier  entièrement  pour  en  faire 
l’élude. 


SÉANCE  DU  58  JUILLET  1871. 


189 


Les  échantillons  de  la  même  plante  se  trouvent  dans  un  récent  envoi  de 
M.  Balansa  et  dans  la  collection  de  M.  Pancher.  Ils  portent  des  fleurs  passées 
et  des  fruits  mûrs. 

L’examen  des  ovaires  déjà  accrus  et  des  fruits  nous  conduit  à  reconnaître 
que  cette  espèce  n’appartient  pas  au  genre  Cenarrhenes ,  mais  devient  le  type 
d’un  genre  nouveau  que  nous  dédions  à  M.  Garnier,  ingénieur,  qui  a  publié 
un  livre  intéressant  sur  la  Nouvelle-Calédonie. 

Dans  ce  genre,  l’ovaire  est  uniloculaire  et  renferme  6  ou  7  ovules  ortho¬ 
tropes  disposés  sur  deux  rangs,  alternes,  horizontaux  ou  un  peu  inclinés. 

Le  fruit  est  une  véritable  noix.  Il  est  muni  d’un  mésocarpe  ferme  et  co¬ 
riace.  Sous  cette  écorce  est  un  noyau  très-dur,  épais,  dont  la  surface  externe 
est  creusée  de  nombreuses  et  profondes  anfractuosités.  Par  suite  d’un  dévelop¬ 
pement  excessif  du  tissu  ligneux  de  l’endocarpe,  il  offre  6  ou  7  petites 
logettes  superposées  qui  renferment  chacune  une  seule  graine;  cette  graine 
est  attachée  à  un  funicule  horizontal  et  se  prolonge  à  l’extrémité  opposée  en 
une  languette  ou  aile  micropylaire  ;  le  funicule  et  l’aile  sont  engagés  dans  des 
intervalles  très-étroits  de  la  substance  ligneuse  du  noyau.  Elle  contient  un 
embryon  droit,  à  radicule  courte  et  conique  et  à  cotylédons  obovales,  charnus, 
plans  en  dedans  et  convexes  en  dehors. 

Garnieria  spathülæfolia. 

Frutex  ramosus,  2-3  metr.  altus,  ramis  teretibus,  foiiorum  delapsorum 
cicatricibus  notatis,  cortice  sulcato  albescente  glabro,  ramulis  novellis  ferru- 
gineo-velutinis. 

Folia  approximata,  adscendentia,  glaberrima,  plus  minusve  nigrescentia, 
coriacea,  alterna,  7-14  cent.  Ionga,  infra  apicem  2  |  cent,  lata,  in  ramulis 
novellis  inæquilonga,  spalhulata,  apice  rotundato  integra  vel  subemarginata, 
basi  sensim  attenuata  et  in  petiolum  brevem  desinentia,  nervo  medio  ner- 
visque  secundariis  adscendentibus  dichotome  ramosis,  parum  conspicuis, 
utrinque  punctulis  albis  creberrime  conspersa. 

Racerai  brèves,  1  f-2  cent,  longi,  floribus  destituti,  ovaria  persistentia  plus 
minusve  evoluta  vel  sterilia  bine  illinc  foventes,  adscendentes,  erecti  vel  in- 
curvato-contorti,  angulati,  lomento  ferrugineo  brevi  velutino  induti,  bracteis 
alternis  axillantibus  5-6  crassis,  subglabris,  inferioribus  triangularibus,  dorso 
carinatis,  basi  amplectente  auriculatis,  apice  obtusiusculis,  aliis  ovatis  reflexis, 
sub  fructu  persistentibus. 

Receptaculci  subsessilia,  basi  oblique  decurrentia,  regularia,  rotundata, 
extus  ferrugineo- velulina. 

Sepala... 

Starnina . . . 

Discus  ambitu  circulari  brevi;  squamis  4,  triangularibus,  subulatis,  erectis, 
minutis. 


190 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FBANCE. 

Ouariuvi  oblongo-ovoideum,  paulo  compressuni,  basi  breviter  angustatum, 
ex  uno  latere  inedio  paulo  gibbosum  longitudinaliterque  sulcatum,  in  stÿlutn 
brevem  apice  stigmatifero  truncatum  attenuatum,  glabrum.  Ovula  6-7,  pla- 
centæ  parietali  funiculo  compresso,  vittato,  biseriatim  alternatimque  inserta, 
horizontalia  vel  paulo  declivia,  orthotropa. 

Fructus  plerumque  3  cent,  longus,  2  f  cent,  latus,  erectus,  ellipsoideus, 
lateraliter  compressas,  antice  posticeque  carinatus,  stylo  infra  apicein  mucro- 
natus,  lateribus  convexis,  irregulariter  torulosis;  epicarpio  extus  glabro,  sul- 
cato,  plus  minusve  pruinoso;  mesocarpio  carnoso,  coriaceo;  endocarpio  nu- 
cleum  crassissimum  lignosum  efïbrmante  extus  anfractibus  numerosis  irregu- 
laribus  ruminatum,  loculis  6-7  superpositis  oblique  transversis,  \  |  cent, 
longis,  medio  tantum  ellipsoideo  dilatatis,  inde  in  substantia  lignosa  augustis- 
sime  prolatis  excavatum. 

Semina  sæpe  sterilia,  ovoidea,  funiculo  elongato  fdiformi  appensa,  in  alam 
micropylarem  planam  subulatam,  basi  3  mill.  latam,  5  mill.  longam  expansa  ; 
integumento  exteriore  subcrustaceo  fragili,  interiore  membranaceo;  albumine 
nullo;  embryone  recto,  radicula  cuneata  brevissima,  cotyledonibus  obovatis 
intus  planis,  dorso  convexis. 

Cenarrhenes  spathulœ folia  Ad.  Br.  et  A.  Gris,  in  Ann.  sc.  nat.  5e  sér. 
t.  III;  et  in  Bull.  Soc.  bot.  t.  XII. 

Habitat  in  montibus  prope  Kanala  (Vieillard,  n°  1120);  in  collibus  ferrugi- 
neis  sinus  Prony  dicti  (Pancher;  Balansa,  n°  177)  ;  ad  basim  montis  Hum - 
boldt  (Balansa,  n°  2291). 

Lecture  est  donnée  des  communications  suivantes,  adressées  à  la 
Société  : 

UNE  HERBORISATION  DANS  LA  CAMPINE  LIMBOURÇEOISE,  par  II.  WlïSSOI 

(Lille,  25  juillet  1871.) 

Il  y  a  quelques  jours,  j’ai  pu  réaliser  un  ancien  projet  et  aller  voir  sur 
place  une  grande  partie  des  raretés  que,  depuis  une  dizaine  d’années,  les  bo¬ 
tanistes  belges  ont  signalées  dans  les  landes  et  les  étangs  de  la  Campine  lim- 
bourgeoise.  Pressé  par  le  temps,  je  11e  pouvais  disposer  que  d’une  seule  jour¬ 
née;  si  cependant  il  m’a  été  permis  de  récolter  la  plupart  des  espèces  indiquées 
dans  la  région,  je  le  dois  à  l’excessive  et  gracieuse  obligeance  de  M.  Armand 
Thielens  (de  Tirlemont),  qui  a  bien  voulu  me  servir  de  guide  dans  un  pays 
qu’il  a  souvent  parcouru  et  qu’il  connaît  à  fond.  Qu’il  me  soit  permis  de  lui 
témoigner  ici  toute  ma  reconnaissance  de  son  aimable  accueil. 

Toutes  les  plantes  que  j’ai  vues,  à  très-peu  près,  se  trouvent  indiquées  soit 
dans  le  Manuel  de  la  flore  de  Belgique  de  M.  F.  Crépin,  soit  dans  le  Bulletin 
de  la  Société  royale  de  botanique  de  Belgique,  et  surtout  dans  le  quatrième 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871. 


191 


volume  de  ce  Bulletin  (1865),  où  M.  l’abbé  Vandenborn  a  publié  une  florule 
de  celte  partie  de  la  Campine,  et  où  M.  A.  Thielens  a  donné  le  compte  rendu 
de  l’herborisation  générale  de  la  Société  dans  cette  même  région,  compte 
rendu  qui  nous  a  fourni  de  précieux  renseignements. 

Mon  seul  but  aujourd’hui  est  de  faire  connaître  à  la  Société  botanique  de 
France  combien  cette  riche  herborisation  est  facile  à  faire;  puissé-je  être 
assez  heureux  pour  inspirer  à  quelques-uns  de  ses  membres  le  désir  de  par¬ 
courir  une  région  si  curieuse  et  si  voisine  de  nos  frontières  ! 

Partis  de  Hasselt,  chef-lieu  du  Limbourg  belge,  le  8  juillet  au  matin, 
nous  traversons  rapidement  les  jardins  et  les  riches  cultures  qui  entourent  la 
ville  et  s’étendent  chaque  jour.  Après  quelques  kilomètres,  la  lande  commence 
et  la  route  traverse  de  vastes  bruyères  entrecoupées  de  marais  ou  plantées  de 
sapins.  Arrivés  à  la  hauteur  des  étangs  de  Genk,  nous  descendons  de  voiture; 
c’est  là  que  commence  une  série  d’une  vingtaine  d’étangs  plus  ou  moins  ma¬ 
récageux,  à  fond  sablonneux  et  généralement  peu  profonds  (50  cent,  à  1  m. 
cl’eau)  ;  ces  étangs  s’étendent  jusqu’aux  environs  de  Diepenbeek  et  communi¬ 
quent  entre  eux  par  le  ruisseau  de  Kaesbeek. 

La  bruyère  que  nous  traversons  nous  offre,  selon  que  le  terrain  est  sec  ou 
marécageux  : 


Erica  Tetralix  (très-ab.). 

Narthecium  ossifragum  (ab.). 

Rhynchospora  fusca. 

Drosera  rotundifolia. 

—  intermedia. 

Lycopodium  inundatum. 

Carex  Goodenovii. 

—  QEderi. 

—  panicea. 

Juncus  supinus. 

—  squarrosus. 

—  lamprocarpus. 

Plus  loin,  au  bord  des  étangs  et 

Viola  palustris. 

Myrica  Gale  (ab.). 

Deschampsia  discolor  (ab.). 

Galium  palustre. 

—  uliginosum. 

Cirsium  palustre. 

QEnanthe  Phellandrium. 

Heleocharis  palustris. 

—  multicaulis. 

Lemna  minor. 

Ranunculus  Flammula. 

Rhynchospora  alba. 

Bientôt  arrivés  au  grand  étang  où  M 
1862,  le  rare  Isoëtes  echinospora  DR., 


Alopecurus  fulvus. 

Stellaria  uliginosa. 

Pedicularis  silvatica. 

Calluna  vulgaris. 

Corynephorus  canescens. 

Nardus  stricta. 

Scleranthus  perennis. 

Genista  pilosa. 

Sagina  apetala. 

Thymus  Serpyllum  var.  angustifolius. 
Potentilla  silvestris  Neck.  (P.  Tormentilla 
Mœnch). 

les  marais  ; 

Hottonia  palustris. 

Caltha  palustris. 

Sparganium  ramosum. 

Helodes  palustris. 

Spiræa  Ulmaria. 

Peucedanum  palustre. 

Salix  repens. 

—  aurita. 

Comarum  palustre. 

Menianthes  trifoliata. 

Hydrocolyle  vulgaris. 

L’abbé  Vandenborn  a  découvert,  en 
nous  entrons  résolûment  dans  l’eau. 


102 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Hélas  !  malgré  plusieurs  heures  de  recherches  attentives,  et  dans  cet  étang,  et 
dans  plusieurs  autres  où  la  plante  a  été  vue  également  dans  ces  dernières 
années,  nous  avons  le  regret  de  11e  pas  en  trouver  un  seul  pied  ;  tout  ce 
que  nous  ramenons  à  la  surface  est  du  Littorella  lacustris  stérile,  du  Su- 
bularia  aquatica  en  magnifique  état,  ou  des  rosettes  de  Lobelia  Dortmanna.  Et 
cependant,  me  dit  M.  Thielens,  Y lsoëtes  echinospora  y  était  abondant  les 
années  précédentes;  en  1870  encore,  il  fy  avait  revu  et  récolté. 

Comme  compensation,  nous  faisons  bonne  provision  de  Lobelia  Dort¬ 
manna,  extrêmement  abondant  dans  presque  tous  les  étangs  que  j’ai  vus, 
et  de  Subularia  aquatica.  Partout  ces  étangs  nous  offrent  en  outre  : 


Nymphæa  alba. 

Nuphar  luteum. 

Polygonum  amphibium. 

Scirpus  lacustris. 

—  fluitans. 

Alisma  natans. 

Deux  étangs  voisins  ont  été  mis  à  s 
récoltons  : 

Subularia  aquatica  (1). 

Helosciadium  inundatum. 

Alisma  ranunculoides. 

Cicendia  filiformis. 

Elatine  hexandra. 

Juncus  bufonius. 

—  Tenageia. 

L’heure  s’avance,  et  il  nous  faut  s( 
nous  sommes  assez  éloignés;  en  route 
de  la  lande  : 


Potamogeton  natans. 

—  polygonifolius. 

Callitriche  hamulata. 

Sagittaria  sagittifolia  (forme  très-remarqua¬ 
ble  par  l’étroitesse  de  ses  feuilles). 

au  printemps  ;  nous  les  visitons  et  y 


Peplis  Portula. 

Epilobium  palustre. 

Veronica  scutellata  et  var.  pubescens. 
Littorella  lacustris. 

Sagittaria  sagittifolia. 

Scirpus  acicularis. 

Alopecurus  fulvus. 

*er  à  gagner  le  village  de  Genk,  dont 
nous  prenons  dans  les  lieux  sablonneux 


Ilex  Aquifolium. 

Juniperus  communis. 

Carex  arenaria. 

Genista  anglica. 

—  pilosa. 

Aux  bords  d’un  étang  tourbeux  : 

Cicuta  virosa. 

Oxycoccos  palustris. 

Andromeda  polifolia. 

Vaccinium  Myrtillus. 

Helodes  palustris. 


Spergularia  rubra. 
Hypochœris  glabra. 
Danthonia  decumbens. 
Scleranthus  perennis. 


Peucedanum  palustre. 
Equisetum  limosum. 
—  hiemale. 

Viola  palustris. 


(1)  Tous  les  auteurs  que  je  puis  consumer  disent  du  Subularia  aquatica  :  «  plante  crois¬ 
sant  sous  l’eau  ».  Et  cependant,  de  même  que  beaucoup  de  plantes  aquatiques  (les  Ba - 
trachium,  Y  Helosciadium  inundatum,  etc.),  le  Subularia  vit  et  se  développe  parfaite¬ 
ment  lorsque  l’étang  où  il  se  trouve  a  été  mis  à  sec.  Mais  alors  il  prend  un  aspect  tout 
particulier;  et  il  me  semble  intéressant  de  signaler  ce  fait  et  utile  de  faire  pour  cette 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871. 


193 


Et  dans  les  prairies  ou  fossés,  près  du  village  : 


Ranunculus  aquatilis  var.  peltatus. 
Leersia  oryzoides. 

Lychnis  Flos-cuculi. 

Scutellaria  galericulata. 

Stellaria  glauca. 


Valeriana  oflîcinalis. 
Galium  palustre. 
Myosotis  repens. 

—  eæspitosa. 


Il  est  midi  et  demi  quand  nous  arrivons  à  l’auberge  de  Genk  ;  nous  herbo¬ 
risons  depuis  six  heures  du  matin  et  avons  grand  besoin  de  prendre  un  peu 
de  repos.  Vers  deux  heures,  nous  allons  visiter  une  colline  sablonneuse  plantée 
de  sapins,  située  à  un  kilomètre  de  Genk.  Dans  les  rues  du  village,  nous 
trouvons  Cheno podium  Vulvaria  (rare  en  Campine),  et  dans  les  champs  : 


Arnoseris  minima. 
Sagina  procumbens. 
Teesdalia  nudicaulis. 


Galeopsis  villosa  Huds. 

Viola  tricolor  (forme  à  fleurs  très-grandes',. 


Plus  loin,  dans  une  clairière,  se  trouve  en  petite  quantité  la  plante  que  nous 
étions  venu  chercher,  l 'Erica  cinerea ,  une  des  raretés  de  la  flore  belge; 
outre  cette  localité  et  celle  de  Lanaeken  qui  n’en  est  pas  éloignée,  Y  Erica 
cinerea  n’est  plus  connu  qu’en  deux  points  de  la  Flandre  occidentale  depuis 
que  les  défrichements  l’ont  fait  disparaître  d’Aerschot  (Brabant).  Revenant 
ensuite  sur  nos  pas,  nous  ne  trouvons  rien  de  remarquable  jusqu’à  Camerloo; 
entre  ce  village  et  Diepenbeek,  nous  récoltons  au  bord  de  la  roule  et  dans  les 
fossés  : 

Illecebrum  verticillatum.  Alisma  natans. 

Euphrasia  nemorosa.  —  repens  Cav. 


Plus  loin,  nous  quittons  la  roule  et,  prenant  sur  la  droite,  nous  allons  visi¬ 
ter  un  nouvel  étang  qui  nous  offre  en  abondance  : 

Myriophyllum  alterniflorum.  Isnardia  palustris. 

Ilelosciadium  inundatum.  Alisma  natans. 


Un  autre  étang  voisin  nous  donnerait  C ail  a  palustris  et  Char  a  coronata; 
mais  l’heure  nous  presse  et  nous  devons  renoncer  à  le  visiter  pour  gagner  au 
plus  vite  la  station  de  Diepenbeek.  En  route,  nous  voyons  dans  une  sapi¬ 
nière  le  bel  Osmunda  regalis ,  et  dans  les  champs  sablonneux,  les  fossés  et 
les  haies  : 

Oxalis  stricta. 

Epilobium  Lamyi. 

Spergula  arvensis. 

Senecio  silvaticus. 

forme  du  Subularia  aqualica  ce  qu’on  a  fait  pour  les  Batrachium,  en  signalant  une  variété 
terrestris ,  ainsi  caractérisée  :  Plante  plus  petite,  d’un  vert  foncé,  se  développant  souvent 
en  gazon,  à  feuilles  très-courtes,  étalées  sur  le  sol,  à  pédoncules  généralement  plus  longs 
que  les  feuilles,  redressés. 

T.  XVIII. 


Cirsium  arvense. 

—  lanceolatum. 
Ægopodium  Podagraria. 


(séances)  \  3 


194  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Enfin  nous  terminons  cette  belle  herborisation  en  cueillant  dans  les  haies 
du  village  Leonurus  Cardiaca  et  Sisymbrium  Sophia,  et  à  huit  heures  et 
demie  du  soir  nous  rentrons  à  Tirlemont,  que  nous  avions  quitté  la  veille  vers 
la  même  heure. 


LETTRE  DE  SI.  Ch.  ROYER  A  M.  DUCHARTRE. 

Saint-Remy  près  Montbard,  23  juillet  1871. 


...Dans  la  note  que  vous  avez  ajoutée  au  procès-verbal  de  la  séance  du 
11  août  1870  de  la  Société  d’horticulture,  vous  signalez  un  fait  d’un  grand 
intérêt,  la  variation  d’orientation  du  fruit  du  Pêcher.  Permettez-moi  de 
vous  exposer  quelques  observations  en  rapport  avec  une  telle  particula¬ 
rité  : 

J’ai  trouvé,  sur  30  calices  d 'Helleborus  fœtidus ,  *21  préfloraisons  imbrica- 
tives  et  2  quinconciales  ; 

Sur  8  calices  de  Calthapalustris ,  6  imbricatives  et  2  quinconciales; 

Sur  2  calices  de  Ranunculus  bulbosus ,  une  imbricative  et  une  quincon- 
ciale; 

Sur  U  corolles  de  Ranunculus  repens ,  3  imbricatives  et  une  quincon- 
ciale  ; 

Sur  8  corolles  de  Cardamine  pratensis ,  7  imbricatives  et  une  con¬ 
tournée  ; 

Sur  8  corolles  de  Cheiranthus  Chem ,  6  imbricatives  et  deux  contournées. 

La  même  espèce  peut  donc  présenter  plus  d’une  sorte  de  préfloraison.  En 
outre,  l’orientation  est  très-variable  pour  la  même  préfloraison  :  ainsi,  dans 
l’imbricative,  on  a,  chez  Y  Helleborus  et  le  Caltha,  tantôt  la  pièce  interne 
contiguë  à  l’externe;  tantôt,  au  contraire,  elle  en  est  séparée  par  une  pièce 
externe-interne  ;  et,  chez  le  Cheiranthus  Cheiri  comme  chez  le  Cardamine 
pratensis ,  la  pièce  interne  est  tantôt  à  droite,  tantôt  à  gauche  de  l’externe,  tan¬ 
tôt  enfin  elle  lui  est  opposée.  N’y  aurait-il  donc  rien  de  bien  fixe  dans  la  pré¬ 
floraison,  laquelle  devrait  ainsi  perdre  beaucoup  de  sa  valeur  dans  la  diagnose 
des  familles  et  des  genres?  Enfin,  Monsieur,  ces  faits  ne  vous  semblent-ils  pas 
fournir  un  argument  assez  grave  contre  la  doctrine  de  la  métamorphose, 
puisque  le  cycle  foliaire  ne  se  trouve  plus  observé  dans  le  verticille  floral? 


A  propos  de  sève,  j’ai  remarqué,  en  écussonnant,  par  ces  jours  de  grande 
chaleur,  un  Abricotier  sur  un  Prunier,  que  l’écorce  du  côté  sud  de  la  tige  du 
sujet  manquait  de  sève  et  ne  pouvait  se  soulever,  tandis  qu’au  côté  nord 
l’opération  a  pu  se  faire  dans  de  bonnes  conditions.  A  ce  moment,  la  couche 
génératrice  de  ce  Prunier  était  donc  inerte  au  côté  sud,  et  le  côté  nord  pre¬ 
nait  seul  de  l’accroissement  ;  ce  qui,  du  reste,  concorde  avec  les  inégalités 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871.  195 

d’épaisseur  que  chaque  zone  ligneuse  annuelle  offre  généralement  quand  on 
pratique  sur  un  tronc  une  coupe  transversale  (1). 

M.  Alfred  Chabert  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

NOTES  SUR  QUELQUES  PLANTES  DES  ENVIRONS  DE  FONTAINEBLEAU, 

par  II.  Alfred  CHABEÜT. 

Fréquemment  explorée  par  les  botanistes  parisiens,  la  forêt  de  Fontaine¬ 
bleau  ne  leur  a  pas  encore  dévoilé  toutes  ses  richesses.  Les  recherches  que 


jours,  j’ai  pu  y  recueillir  une  plante  qui  n’y  avait  pas  été  signalée,  le  Galan- 
thus  nivalis  L.,  une  Violette  décrite  par  MM.  Cosson  et  Germain  de  Saint- 
Pierre  dans  la  première  édition  de  leur  Flore  des  environs  de  Paris ,  mais 
tout  à  fait  négligée  par  eux  dans  la  seconde,  et  plus  tard  une  Euphorbe  oubliée 
depuis  Thuillier,  un  Helianthemnm  umbellatum  à  Heurs  rouges,  une  variété 
du  Potentilla  splendens ,  dont  les  libres  radicales  renflées  rappellent  celles 
du  Spirœa  Filipendida,  etc.  J’ai  soumis  à  l’examen  de  M.  Cosson  les  plantes 
qui  me  paraissaient  devoir  attirer  l’attention  des  botanistes,  et  c'est  aidé  des 
conseils  de  notre  savant  confrère  que  je  publie  cette  note  aujourd’hui.  Je 
saisis  cette  occasion  de  remercier  M.  Cosson  de  l’extrême  obligeance  avec 
laquelle  il  m’a  permis  de  faire  des  études  dans  sa  bibliothèque  et  dans  son 
magnifique  herbier. 

Parmi  les  plantes  énumérées  plus  bas,  les  unes,  plus  ou  moins  rares  pour  la 
flore  parisienne,  sont  citées  à  cause  des  localités  nouvelles  où  je  les  ai  recueil¬ 
lies,  les  autres  pour  leurs  variétés  non  décrites  encore.  Des  échantillons  de 
chacune  ont  été  déposés  dans  l’herbier  de  M.  Cosson  ;  je  fais  hommage  à  la 
Société  botanique  d’un  fascicule  où  elles  sont  toutes  représentées  en  bons 

(1)  Note  du  Secrétaire  général. —  L3  publication  de  cette  lettre  de  M.  Ch.  Royer  nous 
fournit  l’occasion  de  faire  connaître,  avec  un  sentiment  de  sincère  regret,  une  faute 
d’impression  que  nous  avons  laissée  passer  dans  une  précédente  communication  de  notre 
savant  confrère,  auquel  l’investissement  de  Paris  ne  nous  avait  pas  permis  d’en  soumettre 
une  épreuve.  M.  Royer  a  bien  voulu  nous  signaler  cette  faute  sans  exprimer  son  légi¬ 
time  mécontentement,  quoiqu’elle  ait  dû  le  contrarier  aussi  vivement  qu’elle  nous  con¬ 
trarie  nous-même.  Il  ne  s’agit  point  en  effet  d’une  vulgaire  coquille,  que  tout  lecteur 
intelligent  est  capable  de  rectifier  lui-même,  mais  de  la  malencontreuse  interpolation 
d’une  particule  qui  altère  complètement  l’expression  de  la  pensée  de  l’écrivain. 

Tome  XVII  du  Bulletin,  page  252,  ligne  21  :  supprimez  la  particule  NE,  et  lisez  :  a  Je 
»  pense  aussi  que  les  ovules  naissent  toujours  d’un  point  axile,  et  que  dans  beaucoup  de 
»  placentations  pariétales  on  peut  invoquer  des  partitions  et  digitations  de  l’axe  floral.  » 

Nous  n’invoquerons  en  notre  faveur  qu’une  seule  circonstance  atténuante.  Le  timbre 
mobile,  dont  notre  imprimerie  frappe  toutes  les  épreuves  qui  sortent  de  ses  ateliers,  porte 
sur  la  feuille  17  (qui  contient  laf'aute),  cette  date  de  lugubre  mémoire  :  20  janvier  1871. 
Or  alors,  depuis  quinze  nuits  et  quinze  jours  consécutifs,  l’armée  allemande  bombardait 
à  cœur  joie  la  rive  gauche  delà  Seine,  et  les  correcteurs,  bloqués  et  bombardés  dans  le 
Prè-aux-Clercs  et  le  Pnys-latin ,  ne  sont  pas  tout  à  fait  indignes  de  quelque  indulgence. 


I 


196  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

exemplaires.  Il  sera  donc  facile  aux  botanistes  parisiens  de  contrôler  la  valeur 
de  mes  observations. 

Ranuncuhis  éripartitu»  DC.  —  Mares  de  Bcllecroix  ;  mares  voisines  de 
la  croix  du  Grand-Veneur;  mares  voisines  de  la  Butte-à-Gay. 

r.  hoioiciscos  Lloyd.  —  Mares  voisines  de  la  Butte-à-Gay. 

MM.  Cossonet  Germain  de  Saint-Pierre,  FL  par:  éd.  2,  p.  12,  indiquent 
les  mois  de  mai  à  juillet  comme  époque  de  la  floraison  de  ces  deux  espèces. 
Pourtant  le  R.  tripartitus  est  bien  plus  précoce  que  le  R.  hololeucos  :  le  2 
avril  il  était  en  pleine  fleur,  tandis  que  le  R.  hololeucos  n’a  fleuri  qu’un  mois 
plus  tard. 

r.  confusus  Godr.  —  Remplit  une  des  mares  de  Bellecroix. 

r .  ( aqucitili  L.  proximus).  —  Mare-aux-Fées. 

Ce  Ranunculus,  voisin  du  R.  aquatilisL.  (dont  il  n’est  qu’une  variété  pour 
M.  Cosson),  en  diffère  par  le  style  très-court,  presque  nul,  les  carpelles  peu 
apiculés  et  plus  souvent  mutiques;  les  feuilles  moyennes  et  inférieures  pétio - 
lées,  divisées  en  lanières  courtes,  roules,  divariquées  en  tous  sens  et  ne  se 
réunissant  pas  en  pinceau  hors  de  l’eau.  Il  s’éloigne  du  R.  trichophyllus 
Chaix  par  ses  feuilles  supérieures  nageantes  suborbiculaires,  ses  étamines 
nombreuses,  ses  grandes  fleurs,  son  style  et  ses  carpelles. 

3,ychnis  Viscaria  L.  —  Rochers  de  Samoreau. 

Arenaria  triflor»  L.  [A.  grandiflora  var.  triflora  Coss.  et  G.  de  Sl-P.). 
—  Mont-Merle. 

Sficiiantliemum  nniheiiafam  Mill.  var.  rubriflorum  Nob.  —  Floribus 
rubris,  minoribus,  seminibusque  minoribus.  —  Mont-Merle. 

Tous  les  botanistes  décrivent  les  fleurs  de  VH.  umhellatum  comme  blanches, 
sauf  De  Candolle  (Prodr.),  qui  les  dit  blanches  ou  d’un  blanc  jaunâtre.  La 
plupart  des  auteurs,  tels  que  MM.  Grenier  et  Godron  [Fl.  Fr.  t.  I,  p.  160), 
MM.  Cosson  et  Germain  de  Saint-Pierre  (Fl.  par.  éd.  2,  p.  136),  etc.,  indi¬ 
quent  même  la  couleur  blanche  des  pétales  comme  caractère  distinctif  de  l’espèce. 
Or,  dans  la  localité  citée  jadis  par  Tournefort  :  «  sur  les  buttes  du  Mont- 
Merle  »,  se  trouve,  pêle-mêle  avec  le  type  et  assez  rare,  une  variété  à  fleurs 
rouges  d’un  tiers  ou  de  moitié  plus  petites  et  à  graines  un  peu  moins  grosses. 

Aida  arenicoia  Nob.  —  V.  arenaria  botan.  par.  non  DC.  —  V.  sil- 
vestris  Lmk,  var.  arenicola  Coss.  mss.  —  V.  silvestris  Lmk,  s.-v,  pumila 
Coss.  et  G.  de  St-P.  [FL  par.  éd.  1,  p.  111). 

Radice  longa ,  crassa ,  non  stoloni fera,  cæspitosa,  vestigiis  petiolorum  emar- 
cidorum  longe  et  dense  squamosa  ;  caulibus  floriferis  2-6  (rarius  8)  centim. 
longis,  adscendentibus,  simplicibus,  glabris;  foliis  parvis,  glabris,  basi  cordatis, 
ovatis  vel  subreniformibus,  obtusis,  crenatis,  radicalibus  in  rosulam  centralem 
sterilem  persistentem  disposilis;  stipulis  lanceolatis  vel  lanceolato-linearibus 
acutis,  inferioribus  inciso-dentatis  petiolo  pluries  brevioribus,  superioribus  in- 
tegris  petiolum  œquantibus  vel  longioribus ;  ï\ oribus  parvis,  petalis  violaceis, 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871. 


197 


albo-lilacinis  vel  albis,  inferiore  emarginalo,  calcare  albo  vol  albo-lilacino, 
apice  incurvato  obtuso  non  canaliculato,  appendicibus  calycis  3-4-plo  lon- 
giore;  sepalis  lanceolato-linearibus  acuminatis,  margine  auguste  scariosis, 
appendicibus  brevibus  capsulam  ovato-oblongam  acutam  circumvallantibus. — 
Perennis.  —  Fl.  a  desinente  Martio  ad  ineuntem  Maium.  —  Hab.  in  arena 
mobili  locorum  apricorum  :  Mail  de  Henri  IV,  Mont- Merle,  Hautes- 
Plaines. 

Cette  espèce  diffère  donc  du  Viola  silvestris  Lmk;  Koch  Syn.  ed.  2,  p.  91  ; 
Coss.  et  G.  de  St-P.  Flor.  par.  éd.  2,  p.  139  ( V .  silvatica  Fries;  Gr.  et 
Godr.  Fl.  Fr.  t.  I,  p.  178)  et,  par  conséquent,  des  deux  formes  distin¬ 
guées  par  M.  Jordan  (  V.  Riviniana  Rchb.  et  V.  Reichenbachiana  Jord.)  : 
1°  par  sa  racine  pivotante  produisant  une  ou  plusieurs  souches  épaisses  et 
longuement  écailleuses  sur  une  longueur  de  1  à  5  centimètres  par  les  débris 
persistants  des  pétioles  des  anciennes  feuilles;  2°  par  la  persistance ,  pendant 
et  après  la  floraison,  de  la  rosette  formée  par  les  feuilles  radicales,  tandis  que 
dans  les  diverses  formes  du  V.  silvestris  la  rosette  se  détruit  ordinairement 
pendant  la  floraison  et  est  remplacée  bien  plus  tard  par  de  nouvelles  feuilles; 
3°  par  la  petitesse  constante  de  sa  taille,  de  ses  fleurs  et  de  ses  feuilles,  ses  tiges 
non  rameuses  et  hautes  de  2  à  6  (rarement  8)  centimètres;  V  par  ses  feuilles 
obtuses ,  glabres,  d’un  vert  sombre  en  dessus,  d’un  vert  rougeâtre  ou  lie  de 
vin  et  fortement  veinées  en  dessous,  par  les  nervures  rougeâtres;  5°  par  les 
stipules  inférieures  incisées-dentées  et  non  ciliées-fimbriées,  et  surtout  par 
les  supérieures  entières  égalant  le  pétiole  ou  plus  longues;  6°  par  le  pétale 
inférieur  échancré  ;  7°  par  le  port  et  l’aspect  sombre  et  noirâtre  de  la  plante 
vivante. 

Le  V.  nemoralis  Jord. ,  à  rhizomes  grêles  rampants,  à  capsule  obtuse,  etc. , 
est  très-différent. 

Le  rhizome,  l’absence  d’une  rosette  centrale  de  feuilles  radicales,  la  forme 
des  feuilles,  des  fleurs  et  de  la  capsule,  distinguent  le  V.  canina  L.  auquel 
Mérat  [Revue  de  la  Flore  parisienne)  paraît  avoir  rapporté  notre  plante  comme 
variété. 

Le  V.  arenicola  a  plus  de  rapport  avec  le  V.  arenaria  DC.  pour  lequel  il  a 
été  pris  par  plusieurs  botanistes  parisiens,  et  avec  le  V.  rupestris  Schm.  ; 
Bor.  Fl.  centre,  è d.  3,  p.  78.  Semblable  à  eux  par  ses  feuilles  et  son  faciès,  on 
l’en  distingue  facilement  par  sa  souche  allongée,  écailleuse,  par  ses  sépales 
lancéolés-linéaires  et  non  pas  oblongs-lancéoîés  ou  ovales-lancéolés,  par  la 
forme  et  la  longueur  relative  de  ses  stipules,  etc.  Ajoutons  que  le  V.  arenaria 
a  les  fleurs  bleues. 

Dans  la  première  édition  de  leur  Flore  des  environs  de  Paris ,  MM.  Cosson 
et  G.  de  Saint-Pierre  admettent  un  V.  silvestris  s.-v.  pumila ,  qu’ils  décrivent 
ainsi:  «  Tiges  de  2-4  centimètres;  feuilles  très-petites,  souvent  à  peine  acuminées; 
fleurs  petites.  »  Les  échantillons  conservés  sous  ce  nom  dans  l’herbier  de  Paris 


198 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


de  M.  Cosson  se  rapportent  à  notre  F.  cirenicolci.  Mais,  dans  la  deuxième  édi¬ 
tion,  ils  passent  cette  sous-variété  complètement  sous  silence;  bien  plus,  la  des¬ 
cription  qu’ils  donnent  du  F.  silvestris  exclut  notre  plante,  dont  les  tiges  ne  sont 
ni  rameuses  ni  hautes  de  1-3  décimètres,  qui  n’a  ni  les  feuilles  acuminées,  ni 
toutes  les  stipules  plus  courtes  que  le  pétiole,  etc.  Aujourd’hui  M. Cosson,  restant 
convaincu  que  les  caractères  de  notre  Violette  sont  des  modifications  dues  à 
l’influence  du  sol  et  de  la  station,  la  rapporte  toujours  au  F.  silvestris  comme 
variété  et  la  nomme  F.  silvestris  var.  arenicola ;  l’épithète  de  pumila  a  été 
abandonnée  pour  éviter  la  confusion  avec  la  variété  pumila  du  F.  canina . 
Pour  moi,  qui  n’ai  jamais  pu  trouver  d’intermédiaire  qui  la  reliât  au  F.  sil- 
vestrisy  fort  abondant  dans  les  bois  et  les  taillis  des  mêmes  localités,  je  crois 
que  ses  caractères  sont  amplement  suffisants  pour  l’élever  au  rang  d’espèce, 
d’accord  en  cela  avec  les  botanistes  parisiens  qui  l’ont  distinguée  en  la  nom¬ 
mant  par  erreur  F.  arenaria,  et  je  propose  de  l’appeler  Viola  arenicola.  Elle 
se  place  entre  le  F.  arenaria  DC.  et  le  F.  silvestris  Lmk,  particulièrement 
la  forme  nommée  par  M.  Jordan  F.  Rcichenbachiana. 

Potcntilia  spîendens  Fvam.  var.  (il ipendula  JNob.  —  Dans  les  clairières 
voisines  de  la  croix  de  Saint-Hérem  et  de  la  Mare-aux-Bœufs  croît,  mélangée 
avec  le  type,  une  variété  dont  la  souche  et  les  rhizomes  émettent  c'a  et  là  des 
libres  radicales  pins  ou  moins  renflées,  fusiformes,  descendant  verticalement 
et  offrant  quelque  analogie  avec  celles  du  Spirœa  Filipendula  L.  Ces  fibres 
renflées  sont  ligneuses  et  se  terminent  brusquement  par  une  ou  deux  fibrilles 
très-fines  et  plusieurs  fois  ramifiées. 

Sorbus  latifolia  Pers.  —  Rochers  de  Samoreau. 

Primula  grandiffiora  Lmk.  —  Bois  des  Bécassières  près  de  la  Mare-aux- 
Évées. 


Ter  on*  ca  spicata  L.  —  Une  variété  à  tige  moins  élancée,  à  feuilles  plus 
larges,  à  épi  plus  épais,  a  été  trouvée  en  pleine  fleur  par  M.  Matignon  et 
moi,  le  3  mai  auprès  de  la  Mare-aux-Évées,  et  le  12  mai  dans  les  prairies 
humides  de  Morel.  Très-distincte,  par  son  port,  sa  station  et  l’époque  de  sa 
floraison,  du  Veronica  spicata  qui  fleurit  en  juillet  dans  les  bois  sablonneux 
et  les  bruyères  de  la  forêt  de  Fontainebleau,  celte  variété  ressemble  beaucoup 
à  la  forme  qui  croît  en  août  et  septembre  sur  les  coteaux  secs  des  environs  de 
Chambéry. 

EopSaorbia  Geranüana  Jacq.  —  Ses  feuilles  ont  pour  caractère  d’être 
linéaires,  linéaires-lancéolées  ou  obiongues  et  très-entières.  Les  auteurs  des 
Flores  des  environs  de  Paris,  Thuillier  (qui  le  prenait  pour  VE.  Esula ), 
Mérat,  MM.  Cosson  et  G.  de  Saint-Pierre,  n’en  indiquent  aucune  variété. 
J’en  ai  pourtant  recueilli  deux  fort  distinctes  et  croissant  mélangées  dans  une 
localité  de  peu  d’étendue  :  le  Mont-Merle. 

Les  nombreux  intermédiaires  qui  relient  ces  variétés  l’une  à  l’autre  et  avec 
le  type  démontrent  le  peu  de  fixité  de  leurs  caractères,  et  ne  permettent  pas 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871 


199 


de  songer  à  leur  donner  une  valeur  diagnostique.  C’est  en  vain  que  j’ai  par¬ 
couru  à  plusieurs  reprises  les  localités  classiques  de  1  '  E.  Gerardiana  à 
Champigny  et  à  Saint- Maur,  où  il  abonde  :  là,  l’espèce  est  fixe  et  ne  m’a 
présenté  aucune  modification.  Quelle  est  la  cause  de  sa  variabilité  extraordi¬ 
naire  dans  un  espace  aussi  restreint  que  le  Mont-Merle  ?  Je  ne  saurais  le  dire, 
me  bornant  à  rappeler  que  j’ai  déjà  observé  un  phénomène  analogue  chez 
d’autres  plantes,  notamment  chez  certains  Iiieracium ,  dans  les  montagnes 
de  Gap,  chez  un  Biscutella ,  dans  les  environs  de  Nîmes,  etc. 

E.  Gerardiana  var.  dentata  Nob.  —  Foliis  superioribus  argute  dentatis. 
— -  Feuilles  supérieures  lancéolées  ou  oblongues,  dentées  dans  leur  moitié 
supérieure  par  des  dents  acuminées  au  nombre  de  3-6  sur  chaque  bord  et 
dirigées  en  haut. 

E.  Gerardiana  var.  multicaulis  Nob.  —  E.  multicaulis  Thuill.  Fl. 
par .  éd.  2,  p.  238.  — Foliis  superioribus  brevibus ,  ovatis  fere  trapezoideis  ; 
foliolis  involucri  brevibus  ovatis. 

Dans  sa  Flore  de  Paris ,  Thuillier  distingue  de  YE.  Gerardiana ,  qu’il 
nomme  E.  Esula ,  un  E.  multicaulis  dont  je  reproduis  la  description  :  «  Ex 
radice  perenni  crassaque  multicaulis,  glaberrima  ;  caulibus  decumbentibus,  sim- 
plicissimis  ;  foliis  glaucis,  lævigatis,  obscure  sub-5-nerviis  ;  inferioribus  oblon- 
gis,  superioribus  ovalibus  :  umbella  regulari,  multiradiata  5  radiislongiusculis, 
apice  trifloris;  involucris  suborbiculatis,  involucellis  reniformibus.  —  Hab. 
in  locis  glareosis  ;  flores  pallido-lutei .  Junio.  —  Se  trouve  sur  les  montagnes, 
à  Orsay.  » 

A  YE.  Gerardiana  ( E .  Esula  Thuill.),  il  donne  pour  caractères  :  «  Rarnis 
sterilibus,  foliis  uniformibus,  etc.  » 

La  plante  d’Orsay  m’est  inconnue;  mais  je  n’hésite  pas  à  rapporter  à 
YE.  multicaulis  Thuill.  celte  forme  qui  cadre  si  bien  avec  la  description  de 
l’auteur  et  dont  l’aspect  est  si  différent,  dès  le  premier  coup  d’œil,  de  celui 
de  YE.  Gerardiana  par  ses  feuilles  supérieures  très -courtes  ovales,  et  sou¬ 
vent  presque  trapézoïdes,  par  ses  folioles  de  l’involucre  ovales  presque 
arrondies. 

Sur  le  vif,  le  port  et  l’aspect  des  deux  plantes  sont  les  mêmes;  elles  crois¬ 
sent  ensemble;  les  touffes  de  YE.  multicaulis  sont,  en  général,  plus  fournies, 
les  tiges  plus  nombreuses  que  celles  de  YE.  Gerardiana  ;  mais  cela  n’est  pas 
constant.  Quant  aux  tiges,  très-simples  dans  le  premier,  à  rameaux  stériles 
dans  le  second  (ramis  sterilibus  Thuill.),  tous  les  botanistes  parisiens  qui 
ont  si  fréquemment  l’occasion  d’observer  YE.  Gerardiana  savent  combien  il 
est  rare  de  le  trouver  rameux. 

Le  caractère  tiré  des  tiges  simples  n’a  donc  pas  de  valeur  diagnostique.  La 
forme  des  feuilles  11e  peut  davantage  suffire  pour  conserver  l’espèce  créée  par 
Thuillier,  d’abord  parce  qu’011  trouve  des  intermédiaires  établissant  le  pas¬ 
sage  graduel  de  l’une  à  l’autre  forme,  puis  parce  que  sur  la  même  racine  qui 


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SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

émet  des  tiges  florifères  pourvues  de  feuilles  de  deux  formes  et  à  feuilles 
supérieures  courtes  et  ovales,  il  n’est  pas  rare  d’observer  une  ou  deux  tiges 
stériles  chargées  de  feuilles  toutes  uniformes,  linéaires  ou  linéaires-lancéolées. 
Mon  herbier  renferme  deux  échantillons  de  cette  nature. 

M.  Duby,  Bot.  gall.  p.  415,  MM.  Grenier  et  Godron,  Fl.  Fr.  t.  III,  p.  84, 
décrivent  un  E.  Gerardiana  var.  ininor ,  «  plante  naine,  à  tiges  ascendantes, 
pauciflores,  chargées  de  feuilles  plus  courtes,  oblongues  (E.  saxatilis  Lois., 
DC.  non  Bieb.)  ».  Cette  variété,  particulière  au  mont  Yentoux,  diffère  donc  de 
la  variété  multicaulis  par  sa  taille,  ses  fleurs  peu  nombreuses  et  la  forme  de 
ses  feuilles. 

Dans  l’ E.  Gerardiana  var.  multicaulis ,  les  feuilles  perdent  en  longueur 
et  gagnent  en  largeur  à  mesure  qu’elles  naissent  plus  haut  sur  la  tige;  dans 
l’ E.  Gerardiana  type,  les  feuilles  supérieures  sont  ordinairement  conformes 
aux  inférieures  ou  sont  un  peu  plus  longues  et  plus  larges.  Cette  dernière  dis¬ 
position  se  montre  très-accentuée  chez  quelques  individus  croissant  au  même 
lieu  et  pour  lesquels  il  me  paraît  inutile  d’établir  une  nouvelle  variété. 

Bien  que  j’aie  remarqué,  dans  les  organes  floraux  de  ces  diverses  variétés, 
quelques  légères  différences,  je  crois  superflu  de  les  indiquer,  car  elles  ne  sont 
guère  constituées  que  par  de  simples  nuances  et  sont  encore  bien  moins  fixes 
que  celles  des  feuilles.  : 

Juniperus  communia  L.  var.  squamis  amenti  non  connatis.  —  Variété 
h  écailles  du  fruit  non  connées,  mais  seulement  cohérentes  'a  la  base.  Le  fruit 
n’a  donc  pas  l’apparence  d’une  baie  unique,  mais  celle  de  plusieurs  petites 
baies  juxtaposées.  Cette  variété,  due  au  développement  incomplet  du  fruit,  se 
montre  sur  trois  arbres  très-âgés  croissant  séparément  sur  les  rochers  de 
Franchart,  au  milieu  d’autres  Genévriers  dont  ils  ne  se  distinguent  par  aucun 
autre  caractère. 

SciUa  bifoiia  L.  —  Bois-Gautier,  où  l’avait  déjà  recueilli  M.  Matignon. 

Gaianthus  nivalîs  L.  —  Plaine  des  Pins,  le  25  mars  ;  bois  au  nord  de 
la  Vallée-de-la-Solle,  le  30  mars;  assez  rare  dans  ces  deux  localités. 

Anacharis  Aisinastrum  Babingt.  —  Elodea  canadensis  mult.  bot.  gall. 
non  Mich.  —  Mare-aux-Fées,  où  il  a  été  introduit  (1). 

Goodyera  repens R.  Brown.  — M.  Matignon  et  moi  l’avons  rencontré,  le 

10  juillet  dernier,  aussi  abondant  dans  les  bois  de  pins  du  versant  nord  du 
rocher  Bouligny  et  dans  ceux  de  la  plaine  des  Placereaux,  qu’auprès  du  Mail 
de  Henri  IY.  Son  extrême  fréquence  dans  ces  trois  localités  nous  porte  à  croire 
qu’il  existe  encore  dans  les  stations  analogues  de  la  forêt  :  bois  de  pins  ex¬ 
posés  au  nord.  Le  parasitisme  du  Goodyeru  repens  sur  les  détritus  des  pins 
nous  a  été  démontré  d’une  manière  incontestable  par  l’examen  d’un  individu 

(1)  On  peut  le  recueillir  maintenant  en  fleur  dans  les  fossés  du  bois  de  Vincennes,  où 

11  abonde  et  où  son  existence  a  été  constatée  pour  la  première  fois  en  4866  par  mon  ami 
M.  le  docteur  A.  Warion. 


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SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871. 

dont  la  racine  est  fixée  par  son  extrémilé  sur  un  morceau  de  branche  morte 
de  pin,  absolument  comme  les  fibres  radicales  des  Orobanches  le  sont  sur 
les  racines  d’autres  végétaux.  Ce  fait  vient  à  l’appui  des  observations  de  M.  de 
Schœnefeld  {Bull.  Soc.  bot.  t.  II,  p.  594). 

M.  Cosson  ajoute  quelques  observations  sur  les  formes  de  YEu- 
phorbia  Gerardiana  étudiées  par  M.  Chabert  et  sur  le  Viola  qu’il 
propose  d’élever  au  rang  d’espèce.  Pour  lui,  les  variétés  de  YEit- 
phorbia  Gerardiana  décrites  par  M.  Chabert  ne  sont  que  des  formes 
accidentelles,  tout  à  fait  analogues  à  celles  que  présente  YE.  exigua 
surtout  dans  la  région  méditerranéenne  ;  et  le  Viola  arenicola  ne 
lui  paraît  être  qu’une  simple  variété  du  V.  silvestris ,  due  à  la 
station. 

M.  Duchartre,  à  l’occasion  du  parasitisme  du  Goodyera  repensy 
indiqué  par  M.  de  Schœnefeld  et  confirmé  par  M.  Chabert,  pré¬ 
sente  quelques  observations,  d’après  les  recherches  de  M.  Aug. 
Rivière,  sur  le  parasitisme  de  certaines  Orchidées. 

M.  Cosson  donne  quelques  détails  sur  la  belle  collection  des  Orchi¬ 
dées  européennes  de  la  tribu  des  Ophrydées,  recueillies  pour  la  plu¬ 
part  par  Mgr  le  comte  de  Paris  dans  ses  voyages,  et  cultivées  avec 
le  plus  grand  succès,  sous  sa  direction,  dans  le  parc  et  les  serres 
de  son  habitation  à  Twickenham  près  Londres  ;  cette  collection, 
la  plus  complète  qui  existe,  renferme  presque  toutes  les  espèces 
et  variétés  d 'Orchis  et  d 'Ophrys  connues  en  Europe. 

M.  l’abbé  Chaboisseau  fait  à  la  Société  la  communication  sui¬ 
vante  : 

NOTES  SUR  QUELQUES  OUVRAGES  RARES  OU  CURIEUX  RELATIFS  A  LA  BOTANIQUE, 

par  91.  l’abbé  CHABOISSEAU. 

Le  projet  que  j’avais  formé  de  contribuer  à  l’histoire  de  la  botanique  en 
donnant  des  notices  bibliographiques  un  peu  étendues,  a  dû  subir  par  suite 
des  circonstances  une  suspension  forcée.  En  attendant  mieux,  je  vais  me 
borner  à  une  tâche  plus  modeste,  et  signaler  seulement  les  ouvrages  de  ma 
bibliothèque  qui  semblent  mériter  une  mention  particulière.  Plusieurs  sont 
indiqués  comme  rares  dans  le  Thésaurus  de  M.  Pritzel  ;  quelques-uns  n’y 
figurent  pas,  ou  du  moins  je  ne  les  y  ai  pas  aperçus.  Je  réclame  l’indulgence 
pour  ces  notes  prises  à  la  hâte  ;  en  un  tel  sujet,  les  erreurs  sont  faciles.  En  indi¬ 
quant  que  tel  ouvrage  n’est  pas  dans  Pritzel,  je  ne  prétends  donc  pas  dire  qu’il 
y  est  omis,  mais  seulement  que  je  ne  l’y  ai  pas  vu.  Encore  moins  pourrais-je 


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SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

prétendre  que  tous  les  ouvrages  indiqués  par  moi  aient  assez  d’importance 
pour  figurer  dans  une  bibliographie  générale.  .l’appelle  simplement  Inattention 
sur  eux,  sans  les  juger.  Peut-être  cette  longue  liste  paraîtra-t-elle  fastidieuse? 
J’espère  trouver  une  excuse  suffisante  dans  la  pensée  même  qui  m’a  fait  les 
réunir.  L’histoire  de  la  botanique  11e  date  pas  plus  de  Linné  que  l’histoire  de 
France  11e  date  de  1789.  Aussi,  tout  en  rendant  hommage  aux  modernes,  j’ai 
voulu  m’entourer  des  anciens,  qui  sont  les  témoins  fidèles  de  la  tradition  et 
des  progrès  successivement  accomplis.  C’est  cette  assemblée  vénérable  que  je 
tiens  surtout  à  présenter  devant  ceux  qui  profitent  de  leurs  lumières  et  s’in¬ 
spirent  de  leurs  laborieux  efforts,  dans  la  noble  pensée  de  couronner  l’édifice 
scientifique  dont  leurs  pères  ont  péniblement  établi  les  bases. 

Je  suivrai  naturellement  l’ordre  historique,  de  manière  à  présenter  l’évolu¬ 
tion  successive  de  la  science  depuis  l’origine  de  l’imprimerie  jusqu’à  nous. 
On  peut  établir  quatre  périodes  : 

1°  Les  incunables  de  la  botanique.  Quand  il  s’agit  de  l’imprimerie  consi¬ 
dérée  comme  art,  la  période  des  incunables  n’atteint  pas  le  XVIe  siècle,  tant 
furent  rapides  les  progrès  typographiques.  Mais  la  science  botanique  est  restée 
dans  le  berceau  jusqu’à  Otto  Brunfels,  vers  1530. 

2°  La  Renaissance.  Le  développement  commencé  par  Otto  Brunfels  est 
brillamment  continué  par  Tragus,  Fuchs,  Mattioli,  et  trouve  son  couronne¬ 
ment  dans  les  beaux  travaux  des  frères  Bauhin  (vers  1623). 

3°  Le  XVIIe  siècle.  «  Postea  res  herbaria  languit  »,  dit  Haller.  I^e  réveil  se 
fait,  au  commencement  du  XVIIIe  siècle,  par  Tournefort  et  Vaillant,  dignes 
précurseurs  de  Linné. 

4°  1a  période  moderne,  de  Linné  à  nos  jours.  Malgré  l’importance  de  la 
méthode  naturelle  de  Jussieu,  il  n’est  pas  facile  d’établir  là  une  division 
historique,  parce  que  la  classification  linnéenne  a  persisté  chez  un  grand 
nombre  d’auteurs  très-recommandables.  Et  d’ailleurs  la  réforme  capitale  inau¬ 
gurée  par  Linné  consiste  dans  l’application  régulière  de  la  nomenclature 
binaire,  entrevue  seulement  et  incomplètement  pratiquée  par  ses  devanciers, 

Première  période.  —  Les  incunables  de  la  botanique. 

1°  Bartholomæns  Anglicus  de  tilanvilla.  —  De  PROPRIETATIBUS 

rerum.  —  Le  moine  anglais  frère  Barthélémy  de  Glanwill  écrivit  en  latin, 
au  commencement  du  XIVe  siècle,  un  recueil  dénotions  sur  l’histoire  naturelle 
et  la  médecine,  recueil  qui  fut  longtemps  en  honneur.  —  Ce  livre,  traduit  en 
français  vers  1362,  par  Jehan  Corbichon ,  chapelain  du  roi  Charles  V,  a  eu 
plusieurs  éditions  tant  latines  que  françaises.  —  Je  possède  les  neuf  éditions 
latines  qui  suivent  : 

Édition  sans  titre  (Hain,  n°  2499  ;  non  mentionnée  dans  Pritzel),  sans 
lieu  ni  date.  1  vol.  grand  in-fol.  de  218  ff.  à  2  col.  de  60  et  61  lignes  ;  d’après 
Hain,  imprimé  à  Bâle.  (Provient  de  la  bibliothèque  de  M.  de  Martius.  ) 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871. 


203 


Edition  sans  titre  (le  1er  feuillet  signé  A  a  ferait  supposer  que  le  titre 
existe;  cependant  Hain  ne  l’a  pas  vu,  n°  2500).  Cette  édition  n'est  pas  dans 
Pritzel.  Impressus  per  Nioolauz  pistoris  de  Benssheym  et  Marcum  reinhardi 
de  Argenlina  socios,  1680;  petit  in-folio  de  320  II.  à  2  col.  de  68  et  69 
lignes.  (Biblioth.  de  Martius.) 

Edition  sans  titre.  (Hain,  n°  2505;  Pritzel,  n°511).  Nurenberge,  1683. 
Petit  in-folio  de  206  ff.  à  2  coi.  de  53  lignes.  (Biblioth.  de  Martius.) 

Liber  de  proprietati  |  bus  rerum  Bartholo  1  mei  anglici.  —  Argen¬ 
tine,  1685  (Hain,  n°  2506;  Pritzel,  n°511).  Petit  in-fol.  de  300  (f.  à  2  col. 
de  67  lignes.  (Biblioth.  de  Martius.) 

Proprietates  rerum  do|mini  bartiiolomei  anglici,  1688,  sans  lieu 
(Hain,  n°  2507;  Pritzel,  n°  511).  Petit  in-fol.  de  326  ff.  à  2  col.  de  50  lignes. 
(Bibl.  de  Martius.) 

Liber  de  proprietatibq  re  |  rü  Bartiiolomei  anglici.  Argentine, 

1691  (Hain,  n°  2509;  Pritzel,  n°  511).  Petit  in-fol.  de  257  ff.  à  2  col.  de 
52  lignes.  (Bibl.  de  Martius.) 

Bartholomeus  angli  ]  eus  de  Proprietatib9  |  rerum.  Nurenberge, 

1692  (Hain,  n°  2510;  Pritzel,  n°  511).  Petit  in-fol.  de  199  ff.  à  2  col.  de 
61  lignes.  (Bibl.  de  Martius.) 

Liber  de  proprietatibus  |  re^  Bartholomei  angli  |  ci  Ordinis  Mi- 
no^.  Argentine,  1505  (Pritzel,  n°  511).  Petit  in-fol.  de  252  ff.  à  2  col.  de 
52  lignes.  (Bibl.  de  Martius.) 

Bartholomæi  Anglici  de  genuinis  rerum  cælestium,  terrestrium 
etinferarum  proprietatibus,  libri  xviïi.  Francofurti,  1601. 1  vol.  in-8°de 
1261  pages  chiffrées,  sans  compter  la  préf.  et  Pindex.  N'est  pas  dans  Pritzel . 

2°  SPetrus  de  Crescentiis,  de  Bologne,  né  en  1230,  a  écrit  des  ouvrages 
d’agriculture,  souvent  réimprimés  au  xvc  et  au  XVIe  siècle.  J’en  possède  six 
éditions  : 

Edition  pr inceps,  sans  titre  (Hain,  n°  5828;  Pritzel,  il0  7951);  per 
J.  Schützler  civem  augustensem  (1671).  Petit  in-fol.  de  209  feuillets,  h  35 
lignes.  (Bibl.  de  Martius.)  Précieux  exemplaire,  déshonoré  d’une  mauvaise 
reliure  bavaroise,  comme  plusieurs  autres  livres  rares  provenant  de  la  même 
bibliothèque. 

OPUS  RURALIUM  COM  I  MODORUM  PETRI  DE  |  CRESCENTÎ JS.  Argentine, 
1686  (Hain,  n°  5831;  Pritzel,  n°  7956).  Petit  in-fol.  de  167  ff.  à  2  col.  de 
66  lignes.  (Bibl.  de  Martius.) 

(Opus  ruralium  commodorum),  avec  figures  nombreuses  dans  le  texte  ; 
sans  lieu  ni  date.  Petit  in-fol.  de  153  ff.  à  2  col.  de  53  lignes,  caract. 
gothiq.,  sign.  A-biiij,  plus  3  feuillets  et  demi  de  table,  signés  à  part  j,  ij,  iij.  — 
Le  1er  feuillet  manque  malheureusement  dans  mon  exemplaire  ;  je  crois 
cependant  ce  livre  identique  au  n°  7953  de  Pritzel  (voyez  sa  note).  (Bibl.  de 
Martius.) 


204 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

De  omnibus  agriculturæ  partibus  et  de  plantarum  animaliumque 
NATURA  et  UTILITate,  L1BRI  xil.  Basilcæ,  15/i8  ;  în-fol.  Pritzel,  n°  7956. 

Petrus  de  Crescentiis.  Von  dem  nutz  der  ding  die  in  aeckeren 
gebuwt  werdê,  etc.  Petit  in-fol.  avec  figures.  Strassburg,  1518  ;  Pritzel, 
n°  7956,  page  227,  2e  col.  (Biblioth.  de  Martius.) 

(Opéra  di  agricoltura).  In  Vinegia,  1536  ;  1  vol.  in-8°.  Le  titre  manque 
dans  mon  exemplaire. 

3°  fi.e  Hiîvre  de  nature  (anonyme,  traduit  en  allemand  par  Conrad  de 
Megenberg).  J’en  possède  trois  éditions  fort  curieuses,  les  deux  premières 
avec  figures  coloriées,  la  dernière  avec  figures  noires.  Ce  sont  probablement 
les  premières  figures  de  plantes  qui  aient  jamais  été  publiées. 

Edition  sans  titre  ;  Augspurg,  1475;  petit  in-fol.  de  292  ff.  de  28 
lignes,  absolument  conforme  h  la  description  de  Hain  (n°  4041)  que  M.  Pritzel 
a  résumée  (n°  11764.).  Fig.  grossièrement  coloriées.  (Biblioth.  de  Martius.) 

Edition  sans  titre;  Augspurg,  1478  ;  petit  in-fol.  de  292  (T.  à  28  lignes,  abso¬ 
lument  conforme  à  la  description  de  Hain,  n°  4042.  (On  a  seulement  ajouté 
en  tête  de  mon  exemplaire  deux  pages  appartenant  à  une  autre  édition,  que  je 
ne  connais  pas;  il  est  complet,  indépendamment  de  cette  superfétation.)  N’est 
pas  dans  Pritzel.  Fig.  coloriées.  (Bibl.  de  Martius.) 

Edition  sans  titre  ;  Augspurg,  1499;  petit  in-fol.  de  171  ff.  à  39  lignes; 
conforme  à  la  description  de  Hain,  n°  4046,  à  l’exception  que  la  table  est 
transposée  après  le  9e  feuillet,  au  lieu  d’être  en  tête.  Fig.  noires.  N'est  pas 
dans  Pritzel.  (Bibl.  de  Martius.) 

4°  Ortus  sanitatis.  L’auteur,  Johannes  Cuba ,  n’est  nommé  que  dans  les 
éditions  du  xvie  siècle.  Je  dois  observer  que  le  mot  ortus  n’est  qu’une  simple 
altération  orthographique  de  hortus ,  d’après  l’usage  du  temps.  On  trouve  en 
effet  YOrtulus  animœ  de  1498  ;  Y Ortus  animœet  YOrtulus  rosarum  in  valle 
lacrimarum ,  de  1500,  etc.  ;  et  dans  une  édition  allemande  d’Augsbourg,  on 
lit  :  «  Und  nennen  dises  Buch  zu  latein,  Ortus  sanitatis,  auff  teutsch,  Ein 
garlen  der  Gesundtheit.  » 

Je  n’ai  pas  à  revenir  ici  sur  les  descriptions  que  j’ai  données  de  mes  quatre 
éditions  latines,  dans  la  séance  du  14  juillet  (voyez  plus  haut,  p.  153).  J’ajou¬ 
terai  seulement  une  autre  édition  latine,  que  j’ai  acquise  depuis  : 

Ortus  Sanitatis  |  De  herbis  et  plantis  I  De  animalibus  &  rept ilibus  |  De 
Auibus  et  volatilibus  |  De  Piscibus  &  natatilibus  |  De  lapidibus  &  in  terre 
venis  nascë(libus  |  De  Urinis  et  ea^  speciebus)  Tabula  medicinalis  Cum 
directo  =|rio  générais  per  omnes  tractatus.  Sans  lieu  ni  date;  in-folio  à  2 
colonnes  de  54-55  lignes,  360  ff.  Absolument  conforme  à  la  description  de 
Hain,  n°  8941,  reproduite  par  Pritzel,  n°  11876. 

Voici  maintenant  les  éditions  allemandes  que  je  possède  : 

Edition  sans  titre ,  en  allemand,  caractère  gothique,  fig.  color.;  in-fol. 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871.  205 

sans  lieu,  1685  ;  très-bien  décrite  par  Hain,  n°  8948,  et  Pritzel,  il0  11884. 
(Biblioth.  de  Martius.) 

Herbarius  zu  teütsch  unnd  yon  allerhandt  kreuteren.  Caractère 
gothique,  fig.  color.  Iu-fol.  Augspurg,  1496.  —  Hain,  n°  8955.  Pritzel, 
n°  11891.  (Bibl.  de  Martius.) 

Edition  sans  titre ,  du  moins  dans  mon  exemplaire  ;  semblable  du  reste 
à  la  précédente.  Augspurg,  1502.  In-fol.,  fig.  mal  coloriées.  Pritzel,  n°  11893. 
(Bibl.  de  Martius.) 

In  disem  Buch  ist  der  Herbary  :  oder  Krüterbuch  :  gênant  der  gart 
der  gesuntheit  :  mit  merern  figuren  und  registern.  Strassburg,  1507.  Iu-fol. 
gothique,  fig.  noires.  Pritzel,  n°  11894.  (Bibl.  de  Martius.) 

Das  Krauterbucii  oder  Herbarius.  Strassburg,  1528.  In-fol.  gothique, 
fig.  color.  Pritzel,  n°  11899.  (Bibl.  de  Martius.) 

5°  iierfoarîus.  —  j’ai  six  éditions,  latines,  françaises  et  italiennes. 

Herbarius  Patayie  im  :  |  pressus  Anno  domi  &  cete  |  ra.  lxxxv.  (Hain, 
n°  8465;  Pritzel,  n°  11868.)  Ce  précieux  volume  est  de  tous  points  conforme 
à  la  description  de  Hain.  Malheureusement  il  est  affublé  d’une  reliure  moderne 
du  plus  piteux  effet.  (Provient  de  la  bibl.  de  Martius.) 

(Herbarius  Tatayie  im  pressus.)  (Hain,  n°  8447.  N'est  pas  dans 
Pritzel.)  Il  est  conforme  à  la  description  de  Hain  ;  comme  lui  il  manque  des 
feuillets  préliminaires,  et  de  plus,  du  feuillet  i  ( Absintheum ,  Wermut )  et  de 
toute  la  fin,  à  partir  du  feuillet  cl.  —  Je  ne  sais  s’il  existe  un  exemplaire 
complet  de  celte  édition  ;  celui  de  la  Bibliothèque  nationale  (réserve,  S.  499 
+  1.  a)  n’a  qu’un  seul  feuillet  préliminaire,  et  manque  de  tous  les  feuillets 
cxxix  à  cxliv.  (Biblioth.  de  Martius.) 

Edition  sans  titre.  (Hain,  n°  8451.  Pritzel,  n°  11870).  Arnoldi  de 
Nova  villa  Avicenna.  Incipit  tractatus  de  virtutibus  herbarum.  Yincentiæ, 
1491,  in-4°,  avec  des  figures  coloriées.  Le  volume  est  en  pitoyable  état  ;  il  a 
dû  passer  par  le  feu,  et  il  semble  être  tombé  dans  le  vin,  tant  il  est  taché  de 
rouge-lie.  (Bibl.  de  Martius.) 

Arbolayre  cotenat  la  qualitey  et  virtus.  proprietey  des  herbes,  arbres, 
gômes  et  semëces.  etc.  (vers  1485).  Voyez  la  notice  déjà  donnée  à  la  séance 
du  9  décembre  1870.  N'est  pas  dans  Pritzel ,  ni  dans  Hain. 

Le  gràt  herbier  en  François  (vers  1507).  Voyez  la  notice  donnée  à  la 
séance  du  9  décembre  1870.  Cette  édition  n’est  pas  dans  Pritzel. 

Herbolario  volgare,  Nel  quai  c  le  virtu  de  le  herbe,  e  molti  altri  sim- 
plici  se  dechiarano...  (et  à  la  fin)  :  Stampato  ne  la  inclita  citta  di  Venetia.  . 
per  Gioanni  Andrea  Vavassore  detto  Guadagnino  e  fratelli,  Nel  anno  1534. 
Petit  in-8°  avec  150  fig.  Cette  édition  n’est  pas  dans  Pritzel.  (cf.  n°  11875.) 

6°  Anonyme.  —  C’est  le  secret  de  l’histoire  naturelle  cotenant 
les  merveilles  et  choses  mémorables  du  monde,  et  signantement  les  choses 
monstrueuses  qui  sont  trouvées  en  nature  humaine...,  de  toutes  manières  de 


206 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


bestes  terrestres  volatiles  et  aquatiles,  et  aussi  des  arbres,  herbes,  fruictz... 
ainsi  que  le  tout  est  amplement  escript  et  récité  par  les  très-excellens  et  expé¬ 
rimentez  philosophes  naturelz  Pline,  Solin,  Démocrite,  Erodote,  Orose,  Ysi- 
doire  et  le  docteur  Gervaise  et  toq  aultres.  Ce  long  titre,  imprimé  en  rouge  et 
noir,  est  accompagné  d’une  ligure  coloriée  représentant  les  cercles  astrono¬ 
miques.  Ce  vol.  in-8°,  non  mentionné  dans  Pritzel ,  comprend  128  feuillets 
chiffrés  en  romain  :  le  caractère  est  gothique.  On  ne  saurait  rien  imaginer  de 
plus  bizarre  que  les  fables  qui  y  sont  racontées.  —  Le  lieu  de  l’impression 
(sans  doute  Paris)  n’est  pas  indiqué.  La  date  xxvii  (1527)  est  au  bas  du  titre, 
au-dessus  du  frontispice. 

7°  Mesue.  —  J’en  possède  deux  éditions,  dont  aucune  ne  m’a  paru  men¬ 
tionnée  dans  Pritzel. 

Edition  sans  titre .  Sans  lieu  (probablement  Venise),  1471.  Décrite  par 
Hain,  n°  11107 .  In-fol.  à  2  col.  de  39  lignes.  Mon  exemplaire  manque  mal¬ 
heureusement  des  quatre  derniers  feuillets. 

Mesue  et  omnia  quæ  cum  eo  imprimi  consueverunt.  Venetiis,  apud 
Juntas,  1549.  In-fol.  de  313  pages  chiffrées. 

8°  Rhases.  —  DlVISIONES  PiASIS  FILII  ZACHARIE.  |  VlATICUM  COSTAN- 
tini  monaciii.  Lugduni,  1510.  In-8°  de  102  feuillets  chiffrés  en  romain, 
plus  2  feuillets  de  table.  —  N' est  pas  dans  Pritzel. 

9°  Sérapion. —  Liber  Serapionis  aggregatus  in  medicinis  simpli- 
cibus.  Édition  in-folio,  sans  titre,  décrite  par  Hain,  n°  14692,  omise  dans 
Pritzel  ;  Venetiis,  1479.  Hain  indique  en  tète  une  table  de  deux  pages,  que  je 
n’ai  pas  dans  mon  exemplaire. 

r 

10°  Théophraste.  —  Edition  princeps ,  sans  titre.  (Hain,  n°  15491; 
Pritzel,  ii°  10150.)  Tarvisii,  1483.  In-fol.  de  155  lï.  à  41  lignes. 

11°  Dioscoridc.  —  üe  mater  IA  medica.  Trois  éditions  méritent  une 
mention  spéciale  : 

De  materia  medica,  libri  v.  De  letalibus  venenis,  liber  unus. 
Edition  grecque-latine,  avec  commentaire  de  Vergilius,  Coloniæ,  1529. 
(Pritzel,  n°  1150.)  In-fol.  sans  figures. 

De  medicinali  materia  libri  sex,  Joanne  Ruellio  suessionensi 
interprète.  (Francoforti,  1549.)  In-fol.,  avec  figures.  (Pritzel,  n°  11521.) 

Dioscoridis  libri  octo  græce  et  latine.  Castigationes  in  eos- 
deM  Libros.  Parisiis,  apud  Petrum  Haultinum,  via  Jacobæa,  sub  signo  caudæ 
vulpinæ.  1549.  1  vol.  in-8°,  sans  figures,  392  ff.  Cette  édition  me  semble 
identique  au  n°  11501  de  Pritzel,  quoiqu’il  n’y  soit  pas  fait  mention  de  la 
veuve  d’Arnold  Birkmann  [cf.  Pritzel). 

12°  Pline.  —  Voici  trois  éditions  que  je  ne  vois  pas  dans  Pritzel. 

C.  Plynius  secundus  De  Naturali  Hystoria  diligentissime  Cas- 
tigatus.  (Hain,  n°  13098.)  Brixiæ,  1496. 


SÉANCE  DU  28  JUILLET  1871.  207 

PlINÜ  SECUNDI  NATURÆ  HISTORIARUM  LIBRI  XXVII,  E  CASTIGATIONIBUS 
Hermolaï  Barbare.,  editi.  Hagenoæ,  1518.  1  vol.  in-fol. 

L’histoire  du  monde  de  C.  Pline  second .  mise  en  François 

par  Antoine  du  Pinet.  Genève,  1625.  1  vol  in-4°. 

13°  Collcnncius.  PUNIANA  DEFENSIO  PANDüLPHI  COLLENUCIl  PlSAU- 
RENS1S  IURISCONSULTI  ADVERSUS  NlCOLAl  LEONICERI  ACCUSATIONEM.  Fer- 
rariæ,  sans  date  (vers  1510),  imprimé  par  «  Andréas  Belfortis  gallicus  ». 

1  vol.  in-8°  de  49  fï.  de  35  lign.  sign.  N'est  pas  dans  Pritzel.  (Bibîioth.  de 
Martius.) 

14°  Hermolaüs  Rarbarus.  —  CASTIGATIONES  PUNIANÆ.  Je  possède 
les  deux  éditions  de  Rome,  1493,  in-fol.,  et  Bàle,  1534,  petit  in-4°,  indiquées 
dans  Pritzel,  n°  4401.  Malheureusement  l’édition  de  Rome,  1493  (Hain, 
n°  2421),  manque  du  1er  feuillet. 

15°  Macer  Fioridus.  —  J’en  possède  quatre  éditions  : 

Æmilii  Macri  PHILOSOPHI  de  virtutibus  herbarum  noviter  inven¬ 
tes  ac  impressus.  Yeneliis,  1506  ;  in-4°  ;  44  lî.  non  chiffrés,  signât,  aii 
—  mii.  (Pritzel,  n°  6385.) 

Macer  de  viribus  herbarum  :  au-dessous  du  titre,  une  gravure  repré¬ 
sentant  le  crucifiement.  Yol.  petit  in-8°  gothiq.  Sans  lieu  ni  date  (vers  1510); 
158  feuillets  non  chiffrés,  sign.  a.  ii  — -  v.  iii,  avec  des  fig.  grossières  :  il  con¬ 
tient  le  texte  de  Macer,  et  les  commentaires  de  Guillerinus  Gueroaldus.  {Je 
ne  vois  pas  cette  édition  dans  Pritzel  :  c’est  l’exemplaire  même  de  Chou - 
lant.) 

De  Herbarum  virtutibus,  etc.  Basileæ,  1559;  petit  in-8°,  avec  des 
figures.  (Pritzel,  n°  6385.) 

De  Herbarum  virtutibus,  etc.  Basileæ,  1581.  (Per  Sebastianum  Henric- 
petri.  CID.  ID.  XXCI),  avec  figures;  petit  in-8°.  (Pritzel,  n°6385.) 

16°  Pierre  d'Abbano  OU  d’Abnno,  OU  d’Albano.  —  J’en  ai  deux 
éditions. 

Tractatus  de  Yenenis  :  a  magistro  Petro  de  Albano  EDiTg.  Rome, 
1490.  Petit  in-4°  de  18  ff.  non  chiffrés,  de  33  lignes,  sign.  a,  h,  c.  (Hain, 
n°  13.  N’est  pas  dans  Pritzel.) 

Traicté  des  venims  de  Pierre  d’Abano  dict  conciliateur  (traduit 
par  Lazare  Boet.).  Lyon,  1593.  1  vol.  in-16,  de  162  ff.  chiffrés  et  9  ff.  de 
tables  non  chiffrés.  JS’ est  pas  dans  Pritzel. 

[A  suivre.) 

M.  le  Président  déclare  close  la  session  ordinaire  de  1870-71.  La 
Société  se  réunira  de  nouveau  le  10  novembre  prochain. 


208 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  E.  ROZE,  VICE-PRÉSIDENT. 

M.  le  Président  déclare  ouverte  la  session  ordinaire  de  1871-72. 

M.  Larcher,  vice-secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  delà 
séance  du  28  juillet,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

M.  le  Président  présente  les  excuses  :  1°  de  M.  Germain  de 
Saint-Pierre,  président  de  la  Société,  qui  devait  arriver  ce  jour 
même  à  Paris,  et  qui  (ainsi  qu’il  l’annonce  par  télégramme)  en  a 
été  empêché  par  un  léger  accident  de  chemin  de  fer;  et  2°  de  M.  de 
Schœnefeld,  secrétaire  général,  retenu  chez  lui,  à  son  profond 
regret,  par  une  grave  indisposition. 

M.  le  Président  annonce  ensuite  deux  nouvelles  présentations,  et 
fait  part  à  la  Société  des  pertes  douloureuses  qu’elle  a  éprouvées.  De¬ 
puis  sa  dernière  réunion,  cinq  de  ses  membres  sont  décédés,  savoir  : 
MM.  Henri  Lecoq,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Clermont- 
Ferrand  (h  août)  ;  Pietro  Savi,  directeur  du  jardin  botanique  de 
Pise;  le  docteur  Rambur,  de  Genève  ;  l’abbé  Jacquel,  curé  à  Coin- 
ches  (2  octobre)  ;  et  Armand  Peyre,  de  Toulouse  (10  octobre). 

A  l’occasion  des  dons  reçus  par  la  Société  durant  les  vacances, 
et  dontM.  l’Archiviste  énumère  la  liste,  M.  Brongniart  appelle  l’at¬ 
tention  de  la  Société  sur  la  brochure  de  M.  Renault,  relative  aux 
végétaux  silicifiés  trouvés  dans  la  partie  supérieure  du  terrain 
houilier  d’Autun,  qui  ont  été  l’objet  d’une  communication  faite  à  la 
session  extraordinaire  de  1870  (1). 

Lecture  est  donnée  des  communications  suivantes,  adressées  à  la 
Société  : 


DE  L’ACTION  PHYSIOLOGIQUE  DE  LA  GELÉE  SUR  LES  VÉGÉTAUX  (suite), 

par  M.  Elmilc  BSKK  (2). 

III.  —  Causes  de  la  décoloration  rapide  des  lenillcs  gelées. 


Les  couleurs  végétales  s’altèrent,  après  le  dégel,  avec  une  rapidité  caracté¬ 
ristique  :  souvent  le  phénomène  s’accomplit  en  moins  d’une  heure.  On  con- 


(1)  Voyez  le  compte  rendu  de  cette  session,  dans  le  tome  XVII  du  Bulletin ,  p.  L. 

(2)  Voyez  plus  haut,  p.  164. 


SÉANCE  DU  4  0  NOVEMBRE  J  871. 


209 


çoil  que,  sc  trouvant  en  présence  de  l’air  et  de  toutes  les  causes  de  fermen¬ 
tation  qui  proviennent  de  la  désorganisation  des  tissus,  ces  couleurs  ne  tardent 
pas  à  se  décomposer.  Celles  qui  sont  en  dissolution  dans  les  liquides  cellulaires 
s’épanchent  soit  dans  d’autres  cellules,  soit  dans  les  méats  et  lacunes,  soit  à  la 
surface  des  organes. 

Si  l’on  comprime,  immédiatement  après  le  dégel,  dans  du  papier  buvard, 

* 

des  pétales  roses,  rouges,  bleus,  etc.,  le  liquide  coloré  qu’ils  renferment  est 
absorbé  par  le  papier.  Il  n’en  est  pas  ainsi  de  la  chlorophylle  :  cette  matière, 
qui  n’existe  qu’à  l’état  gélatineux  ou  en  grains,  ne  peut  sortir  des  cellules  où 
elle  est  amassée.  Mais,  de  même  que  les  autres  couleurs  auxquelles  elle  est 
souvent  associée  dans  les  jeunes  tissus,  elle  s’altère  avec  d’autant  plus  de 
rapidité  qu’elle  est  en  présence  d’une  plus  grande  quantité  d’eau  et  qu’elle  se 
trouve  à  un  état  de  développement  moins  avancé. 

Les  expériences  suivantes  prouvent  que  ce  sont  ces  deux  causes  qui  influent 
principalement  sur  la  rapidité  et  l’intensité  de  l’altération  de  la  chlorophylle. 

1°  Si  on  laisse  séjourner  à  l’obscurité  ou  à  la  lumière  dilfuse  des  jeunes 
feuilles  de  Chêne,  Charme,  Coudrier,  Frêne,  dans  lesquelles  la  chlorophylle 
encore  peu  consistante  est  en  partie  masquée  par  d’autres  matières  colorantes 
(jaunes  ou  rougeâtres),  on  constate  que  ces  feuilles,  au  bout  de  quelques  jours, 
présentent  à  peu  près  les  mêmes  apparences  que  si  elles  avaient  été  gelées  : 
elles  sont  desséchées,  déformées  et  noircies  ;  une  teinte  vert  foncé  est  cepen¬ 
dant  encore  visible  par  transmission.  Quant  aux  couleurs  étrangères,  elles  ont 
généralement  disparu. 

Sur  un  même  limbe,  ces  effets  sont  plus  marqués  au  sommet  qu’à  la  base, 
dont  le  tissu  plus  âgé  renferme  une  chlorophylle  déjà  en  grains. 

Des  feuilles  de  Hêtre,  dans  ces  conditions,  perdent  leur  coloration  vert  pâle 
et  revêtent  la  nuance  jaune  rougeâtre  si  caractéristique  des  jeunes  organes 
foliacés  de  cette  essence  après  la  gelée. 

Si,  après  avoir  fait  macérer  dans  l’eau  ces  tissus,  on  les  laisse  se  dessécher 
de  nouveau,  l’altération  se  poursuit.  En  renouvelant  plusieurs  fois  ces  opéra¬ 
tions,  ils  finissent  par  acquérir  la  teinte  feuille-morte  (1). 

2°  Lorsqu’on  répète  ces  expériences  sur  des  tissus  plus  âgés,  les  résultats 
sont  différents.  Les  feuilles  complètement  formées  ne  s’altèrent  qu’avec  une 
très -grande  lenteur  et  se  dessèchent  sans  subir  ces  froncements  qu’on  observe 
sur  celles  qui  sont  plus  jeunes.  Mais,  si  on  les  fait  macérer  dans  l’eau  pendant 
quelques  heures  et  qu’on  les  abandonne  ensuite  à  l’air,  elles  se  déforment  en 
se  desséchant  et  acquièrent  une  teinte  noirâtre  qui  passe  à  la  nuance  feuille- 
morte  quand  cette  opération  a  été  renouvelée  un  certain  nombre  de  fois. 


(1)  Il  faut  faire  une  exception  pour  les  feuilles  de  Hêtre  gelées  ou  scellées  dont  la 
couleur  rougeâtre  est  très-stable  ;  elle  persiste,  même  après  une  longue  exposition  aux 
influences  atmosphériques.  Il  y  a  donc  lieu  de  croire  qu’elle  appartient  en  propre  au 
tissu  et  non  à  une  matière  étrangère  dont  ce  dernier  serait  imprégné. 

T.  XVIIT.  (séances)  14 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


21 0 

Qu’il  s’agisse  de  tissus  jeunes  ou  complètement  formés,  la  marche  de  la 
décomposition  est  plus  prompte  au  soleil. 

L’altération  qui  se  produit  après  le  dégel  est  un  phénomène  du  même  ordre 
que  ceux  dont  je  viens  de  parler,  et  n’en  diffère  que  par  la  plus  grande  rapidité 
de  sa  manifestation.  Il  est  facile  d’en  comprendre  la  raison.  Par  suite  de  la 
dissociation  de  leurs  éléments  anatomiques,  les  tissus  sont  imbibés  par  l’eau 
qui  remplissait  les  cellules  ou  qui  entrait  dans  la  composition  des  membranes. 
En  présence  de  cette  quantité  d’eau  excessive,  la  chlorophylle  s’altère,  proba¬ 
blement  en  s’oxydant  aux  dépens  de  l’air,  sans  que  la  lumière  ait  besoin  d’in¬ 
tervenir,  du  moins  quand  il  s’agit  de  tissus  en  voie  de  formation  :  j’ai  constaté 
que  de  très-jeunes  feuilles  de  Hêtre,  exposées,  après  le  dégel,  les  unes  à  un 
soleil  très-vif,  les  autres  à  la  lumière  diffuse,  jaunissent  presque  aussi  vite 
dans  les  deux  cas.  Étant  très-aqueux,  ces  tissus  sont,  par  suite  du  dégel,  très- 
imbibés  d’eau,  et  leur  chlorophylle,  encore  imparfaitement  formée,  ne  possède 
qu’une  faible  fixité. 

Il  n’en  est  pas  de  même  des  feuilles  parvenues  à  leur  complet  dévelop¬ 
pement,  aussi  ne  se  décomposent  elles  que  bien  plus  lentement  après  le  dégel. 
La  présence  de  l’eau  exerce  une  telle  influence  sur  la  décomposition,  que,  si 
l’on  comprime  dans  du  papier  buvard  une  feuille  qui  vient  d’être  gelée,  pour 
absorber  une  grande  partie  du  liquide  dont  elle  est  imprégnée,  ou  qu’on 
l’expose  à  une  température  assez  élevée  pour  que  sa  dessiccation  soit  rapide, 
elle  acquiert  bientôt  une  teinte  vert  foncé  qu’elle  conserve  indéfiniment.  Elle 
reprend,  par  une  macération  peu  prolongée,  une  nuance  plus  claire  qu’elle 
perdra  bientôt,  en  s’altérant,  si  l’on  ne  se  hâte  de  la  dessécher  de  nouveau  (1). 

(1)  La  décoloration  des  organes  foliacés  semble  pouvoir  également  se  produire  pendant 
le  cours  de  la  végétation,  à  la  suite  de  pluies  continues.  J’ai  remarqué  cet  été  un  grand 
nombre  de  feuilles  de  Hêtre,  les  unes  présentant  des  taches  noirâtres  s’étendant  sur  une 
partie  plus  ou  moins  étendue  du  limbe,  généralement  sur  la  face  supérieure,  mais  quel¬ 
quefois  sur  les  deux  faces  ;  les  autres  entièrement  noircies  et  fanées.  Ces  taches  ressem¬ 
blent  beaucoup  à  celles  qui  se  produisent  sur  une  feuille  qu’on  a  laissée  macérer  dans 
l’eau  et  qu’on  abandonne  ensuite  à  l’air.  Ces  faits  tendraient  à  prouver  que  le  tissu  foliacé 
peut  absorber  une  certaine  quantité  d’eau,  au  moins  dans  les  couches  superficielles. 
Pendant  les  étés  secs  et  chauds,  les  feuilles  sont  exposées  à  une  altération  d’un  autre 
ordre,  qui  se  traduit  par  une  décoloration  s’étendant  soit  sur  la  totalilé  du  limbe,  soit 
seulement  sur  certains  points  disséminés  au  hasard.  Cet  état  se  présente  principalement 
sur  les  jeunes  sujets  peu  profondément  enracinés,  et  par  conséquent  exposés  use  dessé¬ 
cher  facilement.  On  attribue  vulgairement  à  des  coups  de  soleil  ces  décolorations  carac¬ 
téristiques,  mais  je  ne  crois  pas  qu’elles  soient  la  conséquence  d’une  altération  spéciale 
de  la  chlorophylle  par  les  rayons  solaires;  je  me  suis  assuré  que  si  l’on  expose  au 
soleil  des  feuilles  séchées,  mais  conservées  vertes,  aucune  décoloration  sensible  n’appa¬ 
raît.  La  chlorophylle  desséchée  ne  semble  donc  pas  être  altérable  par  la  lumière.  J’at¬ 
tribue  en  conséquence  ceite  teinte  jaune  pâle  à  une  sorte  d’étiolement,  causé  par  le 
manque  d’eau.  La  nuance  de  ces  feuilles  a,  en  effet,  beaucoup  d’analogie  avec  celle 
qui  provient  de  la  privation  de  lumière.  Dans  les  deux  cas,  la  chlorophylle  résorbée 
dans  les  tissus  ne  peut  plus  se  reformer.  D'ailleurs,  cet  état  ne  se  produit  pas  aussi 
brusquement  qu’on  le  croit  communément.  Les  feuilles  commencent  à  pâlir  longtemps 
auparavant  :  la  chlorophylle  se  résorbe  peu  à  peu  et,  alors  seulement  qu’elle  a  presque 
entièrement  disparu,  le  tissu  acquiert  cette  teinte  jaune  pâle. 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871. 


IV.  —  Exposé  des  moyens  employés  pour  garantir  les  végétaux 

de  la  gelée. 


Sans  parler  des  grands  froids  qui,  pendant  les  hivers  rigoureux,  heureuse¬ 
ment  très-rares  dans  nos  climats,  détruisent  les  céréales,  désorganisent  le 
tissu  ligneux  des  essences  exotiques  cultivées  dans  nos  jardins  et  même  de  nos 
essences  indigènes  les  plus  délicates,  les  gelées  printanières  occasionnent  cha¬ 
que  année  de  grands  dégfits  dans  les  récoltes.  Ces  dégâts  sont  surtout  considé¬ 
rables  et  fréquents  dans  les  contrées  vignobles  de  l’est  de  la  France.  Presque 
toutes  les  causes  qui  viennent  aggraver  les  effets  du  froid  se  trouvent  alors 
réunies  :  situation  en  terrain  découvert  sur  des  coteaux  exposés  souvent  à 
l’est,  précocité  dans  la  végétation,  enfin  délicatesse  particulière  des  tissus. 
Aussi  depuis  longtemps  a-t-on  cherché  à  employer  des  moyens  préservatifs. 

Dans  quelques  crus  dont  les  produits  sont  renommés,  on  fait  brûler,  au 
milieu  des  vignes,  pendant  les  nuits  où  l’on  redoute  la  gelée,  des  combustibles 
un  peu  humides,  tels  qu’un  mélange  de  paille  et  d’herbes  propres  à  fournir 
une  fumée  abondante.  Dans  d’autres,  on  butte  à  l’automne  les  ceps  en  ne 
laissant  sortir  de  terre  que  quelques  rameaux.  Si  ces  rameaux  sont  gelés  au 
printemps  suivant,  on  découvre  la  partie  enterrée  et  préservée  par  cette  pré¬ 
caution  ;  les  bourgeons  qui  se  développent  alors  remplacent  ceux  qui  ont 
été  détruits.  Ailleurs  quelques  propriétaires  font  enduire  au  printemps  les 
jeunes  bourgeons  de  plâtre  gâché.  Dans  les  jardins,  on  entoure  de  paille  pen¬ 


du  froid. 


J’ai  déjà  mentionné  cette  autre  coutume  de  répandre  avant  le  lever  du 
soleil  de  l’eau  aussi  fraîche  que  possible  sur  les  sujets  que  l’on  pense  avoir 
été  atteints  par  le  froid  de  la  nuit. 

Généralement  on  cherche  à  préserver  les  espèces  délicates  par  des  cloches 
ou  autres  abris.  On  couvre  les  pépinières  de  paillassons,  de  toile,  ou  de  claies 
en  feuillages.  Enfin,  dans  les  jeunes  massifs  visités  souvent  par  les  gelées  du 
printemps  ou  de  l’arrière-saison,  les  forestiers  ont  l’habitude  de  protéger  les 
essences  délicates  par  d’autres  plus  robustes.  On  voit  donc  que,  par  tous  ces 
moyens,  on  cherche  à  prémunir  les  jeunes  organes  contre  le  rayonnement. 
Et  en  effet  cette  cause  de  destruction  est  à  peu  près  la  seule  contre  laquelle 
l’homme  puisse  pratiquement  lutter.  Il  est  impossible  de  modifier  la  constitu¬ 
tion  d’un  sol,  sa  situation  et  son  exposition.  Aussi,  comme  ces  éléments  exer¬ 
cent  une  grande  influence  dans  le  phénomène,  les  résultats  obtenus  par  les 
préservatifs  employés  seulement  contre  le  rayonnement  ne  sont-ils  en  général 
que  peu  satisfaisants,  outre  qu’ils  exigent  souvent  des  frais  de  main-d’œuvre 
disproportionnés.  Les  mécomptes  que  l’on  a  à  subir  devraient  faire  compren¬ 
dre  que  la  culture  doit  être  changée  dans  toutes  les  stations  signalées  par  des 


212 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

gelées  presque  annuelles.  Que  de  vignobles  dans  le  nord  et  le  nord-est,  ou 
une  bonne  récolte  n’est  possible  que  tous  les  dix  ans  !  Que  de  jeunes  peuple¬ 
ments  qui,  malgré  le  couvert  d’essences  moins  délicates,  ont  leurs  pousses 
détruites  à  chaque  printemps!  Si  cette  protection  suffit  le  plus  souvent  dans 
les  lieux  exposés  seulement  à  des  froids  légers  et  accidentels,  elle  est  presque 
toujours  insuffisante  dans  ceux  où  sévissent  des  gelées  périodiques  et  in¬ 
tenses,  telles  que  les  vallées  humides.  On  observe  en  effet  que  les  jeunes 
rameaux,  même  ceux  qui  sont  le  plus  à  l’abri,  sont  alors  attaqués  par  la  gelée, 
et  souvent  jusqu’à  une  grande  hauteur.  Il  est  donc  nécessaire,  dans  ce  cas, 
d’assainir  autant  que  possible  la  vallée  et  de  procéder  au  remplacement  de  ces 
essences  par  d’autres  plus  robustes. 

V.  —  îtésuiué  tic  travaux  exéentés  récemment  en  Allemagne,  rela¬ 
tivement  à  1  action  <Time  basse  température  sur  les  tissus  orga¬ 
nises. 

Dans  le  courant  de  l’été  passé,  j’ai  eu  connaissance  de  diverses  expériences 
entreprises  récemment  en  Allemagne  concernant  l’action  d’une  basse  tempéra¬ 
ture  sur  les  tissus  végétaux. 

Ainsi  que  j’ai  essayé  de  le  faire,  les  physiologistes  allemands  ont  cherché  à 
démontrer  qu’il  ne  se  produit  pas,  dans  cette  action,  de  rupture  des  parois 
cellulaires.  Ils  se  sont  ensuite  attachés  à  mettre  en  évidence  l’influence  exercée 
par  le  passage  brusque  d’une  basse  température  à  une  température  plus  élevée, 
enfin  la  part  importante  qu’il  faut  attribuer  dans  le  phénomène  au  degré  d’im- 
bibition  des  tissus. 

1°  M.  Nægeli  a  prouvé  que  la  gelée  ne  déchire  pas  les  parois  cellulaires,  en 
plongeant  dans  un  corps  colloïde,  la  glycérine  par  exemple,  des  cellules  pro¬ 
venant  de  tissus  gelés.  Elles  se  vidaient  alors  entièrement  par  exosmose.  Il  est 
certain  qu’en  cas  de  fissures,  la  dialyse  n’eût  pu  avoir  lieu,  et  qu’une  partie  de 
la  glycérine  aurait  pénétré  dans  les  cellnles.  M.  Nægeli  a  du  reste  observé  que 
telle  plante  était  tantôt  détruite  par  la  gelée  dans  certaines  circonstances,  tantôt 
ne  l’était  pas,  toutes  choses  égales  d’ailleurs;  il  s’assura  en  outre  que  certaines 
espèces,  après  avoir  été  couvertes  pendant  plusieurs  années  par  des  glaciers, 
végètent  de  nouveau,  quand  elles  sont  mises  à  découvert.  J’ai  eu  moi-même 
occasion  de  voir  cet  hiver  des  feuilles  et  des  entre-nœuds  complètement 
rigides,  cassant  comme  du  verre,  et  qui  cependant  ne  parurent  avoir  éprouvé, 
après  le  dégel,  aucun  dommage  de  cet  état  passager. 

2°  M.  J.  Sachs  constata  que  des  tissus  exposés  à  une  température  de  —  lx° 
à  —  6°  se  désorganisent  quand  on  les  fait  dégeler  dans  un  milieu  à  -J-  2° 
ou  -{-  3°;  tandis  que  si  on  les  plonge  dans  de  l’eau  à  ü°,  de  manière  qu’ils 
se  recouvrent  d’une  mince  couche  de  glace  et  que  la  température  ne  s’élève 
ainsi  que  progressivement,  on  peut  impunément  les  exposer  ensuite  dans  une 


213 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871. 

atmosphère  portée  à  plusieurs  degrés  au-dessus  de  zéro.  Le  contact  du  doigt  sur 
une  feuille  gelée  en  plein  air  suffit,  paraît-il,  à  désorganiser  la  partie  touchée, 
tandis  que  le  reste  du  limbe,  ne  s’échauffant  que  lentement,  n  éprouvé 
aucune  atteinte. 

3°  Plus  un  tissu  renferme  d’eau  de  constitution,  plus  facilement  il  est 
détruit  par  un  même  abaissement  de  température.  M.  Gœppert  s’assura  que  des 
graines  desséchées  à  l’air  peuvent  supporter  de  très -grands  froids,  tandis  que, 
si  elles  sont  au  préalable  imbibées  d’eau,  elles  sont  détruites  bien  plus  facile¬ 
ment.  C’est  la  seule  expérience  qui,  à  ma  connaissance,  ait  été  faite  en  Alle¬ 
magne  pour  mettre  ce  fait  en  évidence.  Mais  M.  Sachs  cite  plusieurs  obser¬ 
vations  à  l’appui,  telles  que  les  jeunes  feuilles  qui  sont  désorganisées  plus 
facilement  que  les  feuilles  plus  âgées,  et  en  général  les  tissus  aqueux  et  herbacés, 
lesquels  résistent  beaucoup  moins  que  les  tissus  ligneux. 

[La  suite  à  la  prochaine  séance.) 

DE  LA  DISTRIBUTION  GÉOGRAPHIQUE  DES  MOUSSES  DANS  LES  VOSGES  ET  LE  JURA, 

par  M.  l’abbé  BOULAI  (1). 

DEUXIÈME  PARTIE.  —  Influences  du  sol. 

Cet  article  se  subdivise  à  son  tour;  car,  outre  les  propriétés  physiques  ordi¬ 
naires  du  sol  ou  du  support,  nous  devons  examiner  spécialement  l’action  due 
à  sa  nature  chimique  ou  minéralogique. 

I.  Action  des  propriétés  physiques  du  sol. 

Ces  propriétés  déterminent  des  stations  que  l’on  peut  ramener  à  quatre  prin¬ 
cipales  :  les  rochers,  la  terre,  les  eaux,  les  troncs  d’arbres. 

Chacune  de  ces  stations  générales  en  comprend  plusieurs  autres  d’un  ordre 
inférieur;  il  y  a  de  plus  des  complications  qui  résultent  de  ce  qu’une  espèce 
s’accommode,  à  divers  degrés,  de  deux  ou  même  de  trois  stations  différentes. 
Nous  avons  cherché  à  saisir  ces  préférences  aussi  complètement  que  possible. 
Cependant  les  considérations  auxquelles  on  peut  se  livrer  à  cet  égard  étant 
du  ressort  de  la  bryologie  générale,  et  n’offrant  rien  de  particulier  à  la  région 
de  l’Est,  nous  ne  reproduirons  pas  ici  les  listes  de  Mousses  que  nous  avons 
dressées  d’après  les  stations  dont  il  s’agit. 

II.  Influence  de  la  nature  chimique  du  sol. 

La  question  est  de  savoir  si  le  sol  agit  directement  et  immédiatement,  par 
sa  constitution  chimique,  sur  la  végétation,  de  telle  sorte  que  celte  constitu- 


(1)  Voyez  plus  haut,  p.  178. 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


21  h 

tion  chimique  ou  minéralogique  étant  une  fois  donnée,  il  exclue  ou  admette 
telle  ou  telle  catégorie  de  plantes. 

Celte  question  est  surtout  posée  entre  les  terrains  siliceux,  tels  que  les 
granités,  la  syénite,  les  gneiss,  les  eurites,  les  grès,  etc.,  et  les  terrains  cal¬ 
caires  ou  à  base  de  chaux,  formés  surtout  par  le  carbonate  de  chaux.  Elle  a 
soulevé,  parmi  les  botanistes,  d  innombrables  discussions  ;  les  uns  niant  ou 
atténuant  cette  influence  chimique  du  sol  sur  la  dispersion  des  plantes,  d’autres 
la  regardant  comme  très- certaine. 

Nous  nous  rangeons  décidément  dans  ce  second  parti,  et  nous  donnons  notre 
adhésion  aux  conclusions  suivantes,  formulées  par  >1.  Godron  dans  son  Essai 
sur  la  géographie  botanique  de  la  Lorraine ,  pp.  210-211  : 

1°  S’il  est  des  végétaux  qui  se  montrent  indifférents  à  la  nature  du  sol  et 
qui  végètent  partout,  il  en  est  d’autres  qui  ne  peuvent  se  propager  que  sur 
certaines  natures  de  terrains. 

2°  L’influence  du  sol  n’est  pas  liée  à  sa  constitution  géologique,  mais  à  sa 
nature  minéralogique. 

3°  Cette  influence  minéralogique  du  sol  s’exerce  par  ses  propriétés  phy¬ 
siques  et  par  ses  propriétés  chimiques  ;  son  influence  physique,  pas  plus  que 
son  influence  chimique,  ne  peut  être  niée  :  bien  que  l’une  des  deux  soit 
souvent  prépondérante,  elles  se  révèlent  l’une  et  l’autre  par  leurs  effets 
et  prennent  chacune  une  part  importante  dans  la  distribution  des  végé¬ 
taux.  . . . 

Dans  une  brochure  intitulée  :  De  la  végétation  du  Kaiserstuhl  dans  ses 
rapports  avec  celle  des  coteaux  jurassiques  delà  Lorraine  (1863),  M. Godron 
complète  et  explique  ses  conclusions  dans  les  termes  suivants  :  «  L’élément 
calcaire  domine  par  son  action  l’élément  siliceux,  puisque  le  nombre  des 
espèces  calcicoles  et  silicicoles  n’est  pas  en  rapport  avec  les  proportions  de 
silice  que  renferme  le  sol;  l’avantage  est  toujours,  et  cela  d’une  manière 
très-saillante,  en  faveur  de  l’élément  calcaire  »  (à  cause,  ajouterons-nous,  de 
la  plus  grande  solubilité  de  ce  dernier). 

»>  Il  résulte  en  outre,  de  tous  les  faits,  que  les  espèces  végétales,  pour 
prospérer,  n’ont  pas  toutes  besoin  de  la  même  quantité  de  chaux  ou  de  silice; 
qu’elles  sont  par  conséquent  plus  ou  moins  calcicoles  ou  silicicoles  ;  qu’il  y  a 
dans  l’action  de  l’élément  chimique  des  degrés;  que  chaque  espèce  par  con¬ 
séquent  a  des  besoins  particuliers  au  point  de  vue  de  la  composition  minéra- 
■ogique  du  sol  ;  et  n’est-ce  pas  la  preuve  évidente  qu’on  ne  peut  pas  tout  rap¬ 
porter  aux  influences  physiques  ?  » 

Ces  paroles  de  l’éminent  professeur  résument  parfaitement,  dans  notre  sens, 
cette  doctrine  de  l’influence  chimique  du  sol,  dans  ce  qu’elle  a  de  plus  im¬ 
portant. 

Thurmann  (Essai  sur  la  phytostatique  du  Jura)  et  Fr.  Kirschleger  (Géo¬ 
graphie  botanique  de  T  Alsace)  ont  soutenu,  pour  nos  régions  de  l’Est,  la  thèse 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871.  215 

opposée  de  la  prépondérance  des  propriétés  physiques  du  sol  sur  la  dispersion 
des  végétaux. 

Sans  nous  engager  dans  la  discussion  de  leurs  théories,  nous  allons  exposer 
les  faits  de  dispersion  que  la  nature  chimique  du  sol  nous  semble  déterminer 
dans  le  domaine  de  notre  flore. 

Parmi  les  espèces  que  M.  Schimper  considère  comme  propres  aux  terrains 
siliceux,  celles  qui  se  rencontrent  dans  les  limites  de  notre  circonscription  ne 
s’y  trouvent  en  elîet  que  sur  le  granité  ou  les  grès.  Ce  sont  : 


Andreæa  petropliila  Ehrli. 

—  rupestris  Roth. 

Weisia  denticulata  Brid. 

Dicranum  polycarpum  Ehrh. 

—  fulvum  Hook. 

—  longifolium  Hedw. 

Didymodon  cylindricus  B.  S. 
Tetrodontium  Brownianum  Schwgr. 
Grimmia  commutala  Huebn. 

—  leucophæa  Grev. 

—  montana  B.  S. 

—  Donniana  Sm. 

—  ovata  W.  et  M. 

—  trichophylla  Grev. 

—  Schultzii  Wils. 

—  elatior  B.  S. 

Rhacomitrium  ( toutes  les  espèces ). 
Hedwigidium  imberbe  B.  S. 


Ptychomitrium  polyphyllum  B.  Sch. 
Orthotrichum  Hutchinsiæ  Sm. 

—  rupestre  Brid. 

—  Sturmii  Hoppe. 

Zygodon  Mougeotii  B.  S. 

—  lapponicus  B.  S. 
Campylostelium  saxicola  B.  S. 
Blindia  acuta  B.  S. 

Schistostega  osmundacea  W.  et  M. 
Gymnostomum  rupestre  Schwgr. 
Brachyodus  trichodes  N.  et  H. 
Bryum  marginatum  B.  S. 

—  alpinum  L. 

Hypnum  irriguum  Wils. 

—  molle  Dicks. 

—  alpestre  Sw. 

—  heteropterum  R.  Spr. 


Toutes  ces  espèces  font  complètement  défaut  dans  le  Jura,  ou  celles  qui  s’y 
trouvent  ne  se  voient  que  sur  les  blocs  siliceux  (granités,  gneiss,  eurites) 
amenés  des  Alpes;  ce  qui  confirme  singulièrement,  pour  ces  espèces,  leur 
choix  exclusif  du  support,  en  raison  de  sa  nature  minéralogique. 

M.  Schimper  cite  encore,  dans  la  même  liste  :  Weisia  fugax  ;  Bryum  pal - 
lescens  ;  Bartramia  pomi  fournis ,  Halleriana;  Leskea  myura  ;  Hypnum 
myosur  ouïes,  umbratum,  Stokesii ,  depressum ,  fastigiatum ;  Fontinalis  squa- 
mosa.  Éliminons  d’abord  comme  incertaines  les  espèces  :  Bartramia  Hal¬ 
leriana,  Hypnum  depressum ,  fastigiatum ,  au  sujet  desquelles  M.  Schimpei 
avoue  qu’elles  se  rencontrent  aussi  sur  le  calcaire  ou  sur  des  rochers  en  partie 
calcaires.  De  fait,  le  Bartramia  Halleriana  est  répandu  dans  tout  le  haut 
Jura,  Hypnum  depressum  croît  aussi  sur  le  calcaire  jurassique  de  la  Lorraine  ; 
de  plus  Bryum  pallescens ,  Leskea  myura ,  Hyperum  Stokesii  sont  des  espèces 
ubiquistes,  sans  préférence  bien  marquée.  Weisia  fugax ,  Hypnum  myosu- 
roides ,  Bartramia  pomi  fournis ,  Fontinalis  squamosa ,  sont  des  espèces 
extrêmement  rares,  indiquées  dans  une  seuie  io^lité  dans  le  Jura,  tandis 
qu’elles  sont  abondantes  et  très-répandues  dans  „es  terrains  siliceux  des 
Vosges.  Il  est  singulièrement  à  regretter  que  M.  Lesquereux,  dans  son  cata¬ 
logue,  ne  donne  pas  de  détails  sur  la  nature  minéralogique  de  la  station  de 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


216 

ces  plantes  dans  le  Jura.  Elles  peuvent  très-bien  croître  sur  les  grès  du  néoco¬ 
mien  ou  sur  le  diluvium  venu  des  Alpes,  comme  cela  se  vérifie  pour  les 
Hypnum  umbratum  et  Dicranum  pellucidum,  qui  croissent  sur  le  néoco- 
mien  siliceux  au  pied  de  la  Dole.  Nous  pouvons  donc  considérer  jusqu’à 
nouvel  ordre  ces  dernières  espèces  comme  silicicoles. 

D’autre  part,  M.  Schimper  indique  comme  calcicoles  les  espèces  qui 
suivent  : 

Seligeria  pusilla  B.  S. 

—  tristicha  B.  S. 

Gymnostomum  rupestre  Schw. 

—  calcareum  N.  et  H. 

—  viridulum  Brid. 

—  tortile  Schw. 

Weisia  verticillata  Brid. 

Trichostomum  flexicaule  B.  S. 

—  tofaceum  Brid. 

Barbula  tortuosa  W.  et  M. 

—  membranifolia  Schultz. 

Grimmia  crinila  Brid. 

—  orbicularis  B.  S. 

Orthotrichum  cupulatum  Hoffm. 

Cinclidotus  aquaticus  B.  S. 

—  fontinaloides  P.  B. 

Nos  observations  concordent  pleinement  avec  celles  de  M.  Schimper  pour 
la  plupart  de  ces  espèces. 

Ce  sont  des  espèces  vraiment  calcicoles,  du  moins  dans  nos  régions.  Il 
faut  excepter,  dans  la  liste  précédente,  Gymnostomum  rupestre,  déjà  porté 
par  M.  Schimper  sur  la  liste  d’espèces  silicicoles;  les  Hypnum  filicinvm  et 
rusciforme,  au  moins  aussi  communs  sur  nos  terrains  siliceux  des  Vosges  que 
sur  les  terrains  calcaires.  Le  Cylindrothecium  cladorrhizans  pourrait  bien 
être  aussi  dans  le  même  cas. 

Le  Barbula  tortuosa  est  répandu  dans  les  Vosges  granitiques,  cependant 
il  est  plus  abondant  encore  et  fructifie  mieux  dans  le  Jura  calcaire.  Le  Bar¬ 
bula  inclinata  affecte  des  préférences  bien  plus  marquées  pour  les  terrains 
calcaires. 

Parmi  les  espèces  que  M.  Schimper  signale  comme  étant  indifférentes  à  la 
nature  chimique  du  sol,  nous  ferons  observer  que  les  Didymodon  capillaceus 
et  Bartramia  Œderi  ne  peuvent  trouver  place  dans  cette  catégorie.  Du  reste, 
M.  Schimper  le  reconnaît  pour  cette  dernière  espèce,  à  peu  près  nulle  dans 
les  Vosges  granitiques  et  arénacées,  et  extrêmement  abondante  dans  toutes 
les  régions  montagneuses  du  Jura. 

Si  nous  nous  reportons  aux  listes  comparatives  que  nous  avons  dressées  plus 
haut  (pp.  181  etsuiv.),  d’après  l’altitude,  pour  les  Mousses  des  Vosges  et  du 
Jura,  le  même  fait  deviendra  évident.  Dans  des  conditions  météorologiques 
tout  à  fait  semblables,  les  Mousses  de  la  région  alpestre  des  Vosges  diffèrent 


Encalypta  streptocarpa  Hedw. 
Bryum  Funkii  Schw. 

Philonotis  calcarea  Sch. 
Cylindrothecium  cladorrhizans  B.  S. 
Leskea  Philippeana  N.  Boul. 
Hypnum  confervoides  Brid. 

—  plicatum  Schleich. 

—  Teesdalii  Sm. 

—  tenellum  Dicks. 

—  rusciforme  Weis. 

—  Tommasinii  Sendt. 

—  filicinum  L. 

—  commutatum  L. 

—  HalleriL. 

—  catenulatum  Brid. 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  187 J . 


217 


presque  toutes  de  celles  de  la  même  région  dans  le  Jura.  Le  peu  de  déve¬ 
loppement  de  celte  région  dans  les  Vosges  ne  suffit  pas  à  expliquer  un 
écart  aussi  notable,  car  nos  hautes  Vosges  sont  relativement  très-riches  en 
Mousses  alpestres.  D’autre  part,  les  genres  Hypnum,  Encalypta  et  Barbula , 
qui  ont  le  plus  d’espèces  dans  le  haut  Jura,  sont  précisément  des  genres 
dont  un  grand  nombre  d’espèces  préfèrent  les  terrains  calcaires;  tandis  que, 
par  une  raison  inverse,  ce  sont  les  Grimmia  et  les  Rhacomitrium  qui  abon¬ 
dent  dans  les  hautes  Vosges. 

Dans  la  région  montagneuse  supérieure,  les  espèces  communes  aux  deux 
chaînes  de  montagnes  sont  beaucoup  plus  nombreuses  que  celles  de  la  région 
alpestre,  mais  ces  espèces  communes  croissent  sur  des  troncs  d’arbres,  pour 
la  plupart,  ce  qui  les  soustrait  plus  ou  moins  complètement  à  l’influence  chi¬ 
mique  du  sol.  Les  espèces  non  communes  de  la  même  région  sont  d’ailleurs 
presque  toutes  des  espèces  calcicoles  dans  le  Jura,  silicicoles  dans  les  Vosges. 
On  pourrait  argumenter  de  la  même  manière,  au  sujet  des  Mousses  spéciales 
qui  croissent  dans  les  régions  montagneuses  moyenne  et  inférieure  des  Vosges 
et  du  Jura.  Les  espèces  jurassiques  sont  surtout  des  espèces  calcicoles  et  les 
espèces  vosgiennes  des  Mousses  silicicoles. 

Mais  ce  genre  de  raisonnement  n’est  plus  applicable  aux  Mousses  des  col¬ 
lines  inférieures  et  des  plaines  du  Jura  et  des  Vosges;  car  la  vallée  du  Rhin  et 
les  basses  Vosges,  qui  renferment  le  plus  de  Mousses  spéciales  de  ces  deux  caté¬ 
gories,  sont  constituées,  à  la  surface,  par  des  sols  mixtes,  à  la  fois  siliceux  et 
calcaires,  ou  au  moins  compénétrées  de  carbonate  de  chaux  par  les  eaux  qui 
les  ont  baignées  autrefois. 

Au  point  de  vue  particulier  qui  nous  occupe  en  ce  moment,  nous  ne  pou¬ 
vons  négliger  un  fait  très-significatif  dont  nous  avons  déjà  parlé  dans  une  Notice 
sur  la  Géographie  botanique  des  environs  de  Saint- Dié  (1866).  Près  de  cette 
ville,  dans  le  vallon  de  Robache,  et  plus  loin  vers  Senones,  par  Saint-Jean- 
d’Ormont  et  le  Ban-de-Sapt,  on  rencontre  des  lambeaux  peu  étendus  de 
dolomie  (carbonate  de  chaux  et  de  magnésie),  intercalés  dans  le  grès  rouge. 
Toutes  les  propriétés  physiques  de  cette  roche,  au  moins  dans  les  portions  qui 
affleurent  et  servent  de  support  à  la  végétation,  sont  identiques  à  celles  du  grès 
rouge  qui  lui  est  entremêlé.  Or,  dans  ce  petit  coin  de  terre,  de  Robache  à 
Dijon  près  Saint-Dié,  on  trouve  les  Mousses  suivantes  : 


Hypnum  chrysophyllum  Brid. 

—  commutatum  L. 

—  rugosum  Ehrh. 

—  rivulare  B.  S. 

—  lutescens  Huds. 

—  glareosum  Bruch. 

—  albicans  Neck. 

Philonotis  calcarea  Sch. 
Physcomiirium  fasciculare  B.  S. 

—  piriforme  Brid. 

Barbula  unguiculata  Hedw. 


Barbula  fallax  Hedw. 

—  convoluta  Hedw. 

—  inclinata  Schw. 
Trichostomum  ngidulum  Sm. 

—  tofaceum  Brid.  (murs). 

—  flexicaule  B.  S. 

Didvmodon  luridus  St. 
Anacalypta  lanccolataü.  S. 
Dicranum  pellucidum  Hedw. 
Weisia  verticillala  Brid. 
Phascum  muticum  Schreb, 


218 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE, 


Les  espèces  dont  les  noms  sont  en  italique  étant  presque  toutes  décidément  cal- 
cicoles,  comment  expliquer  leur  présence  sur  ces  petits  îlots  de  dolomie,  loin  de 
toute  formation  calcaire  importante,  si  l’on  rejette  l'influence  chimique  du  sol? 
Nous  le  répétons,  cette  dolomie  désagrégée,  graveleuse  à  la  surface,  n’offre  pas 
de  propriétés  physiques  distinctes  de  celles  du  grès  rouge  voisin,  et  cependant 
les  Htjpnum  chrysophyllum ,  commutation ,  glareosurn ,  Bartramia  calcarea , 
Barbula  inclinât  a,  Weisia  verticillata ,  croissent  là,  à  plus  de  dix  lieues  de 
leurs  stations  les  plus  proches.  Ce  fait  nous  semble  des  plus  concluants. 

Au  sujet  du  Weisia  verticillata,  qui  est  une  des  espèces  les  plus  fran¬ 
chement  calcicoles ,  on  nous  permettra  un  détail  encore.  En  1869,  nous 
fûmes  très-surpris  de  rencontrer  cette  Mousse  sur  les  parois  d’un  rocher  de 
grès  vosgien  et  nullement  chargée  de  tuf  calcaire,  comme  d’habitude.  La  loca¬ 
lité  dont  il  s’agit  est  près  de  Darney,  au-dessous  de  Saint-Baslemont  (Vosges), 
Ce  fait  nous  parut  des  plus  étranges.  Cependant,  au  retour  de  celte  excursion, 
nous  étant  avisé  de  verser  quelques  gouttes  d’acide  azotique  sur  une  touffe  de 
cette  Mousse  et  sur  le  grès  encore  adhérent  à  la  base  de  la  plante,  une  vive 
effervescence  se  produisit  aussitôt.  Le  rocher  de  grès  vosgien  sur  lequel  nous 
avions  recueilli  le  Weisia  verticillata  est  dominé  en  pente  douce  par  une 
colline  calcaire  ( Muschelkalk ),  en  sorte  que  les  eaux  pluviales,  après  avoir  lavé 
la  colline  et  dissous  une  certaine  quantité  de  carbonate  de  chaux,  apportent  à 
notre  Mousse,  sur  son  support  inerte  de  grès  vosgien,  l’élément  chimique  dont 
elle  a  besoin.  Ce  sont  des  faits  de  ce  genre,  mal  interprétés,  qui  ont  conduit 
certains  botanistes  de  cabinet  à  nier  l’influence  minéralogique  du  sol.  Les 
indications  données  par  les  Aoristes  sur  les  stations  des  plantes  sont  trop  sou¬ 
vent  superficielles,  incomplètes;  elles  mentionnent  un  fait  apparent,  mais 
négligent  l’essentiel;  puis  viennent  les  généralisateurs,  qui  confondent  tout 
dans  un  pêle-mêle  indéchiffrable.  Citons  un  exemple,  entre  mille  autres. 

Le  docteur  J. -B.  Mougeot  [Statist.  des  Vosges )  a  signalé  le  Calluna  vulgaris 
sur  toutes  les  formations  géologiques  du  département  ;  ce  qui  est  vrai,  en  ce 
sens  que  presque  toutes  les  formations  géologiques  comprenant,  outre  les 
calcaires,  des  parties  siliceuses,  le  Calluna  peut  végéter  et  existe  défait  sur  ces 
dernières,  quel  que  soit  leur  étage  géologique.  C’est  ainsi  qu’on  retrouve  la 
Bruyère  commune,  au  milieu  des  calcaires,  sur  la  bande  étroite  et  sinueuse 
du  grès  infraliasique  qui  traverse  obliquement  la  Lorraine;  elle  se  retrouve 
encore  sur  les  sables  siliceux  du  diluvium  qui  recouvrent,  sur  certains  points, 
les  plateaux  du  calcaire  jurassique.  Cependant  qu’est-il  arrivé  de  fait  ?  M.  Alph. 
de  Candolle,  en  modifiant  quelque  peu  le  texte  de  Mougeot,  lui  fait  dire 
que  le  Calluna  vulgaris  croît  «  sur  tous  les  sols  »,  et  il  en  conclut  que  cette 
espèce  n’affecte  pas  de  préférence  pour  les  terrains  siliceux.  Dans  le  même 
article,  M.  de  Candolle  parle  du  Jura  comme  d’une  montagne  essentielle¬ 
ment  calcaire ,  donnant  à  entendre  par  là  qu’on  aurait  tort  d’appeler  silicicoles 
des  plantes  qui  croîtraient  dans  le  Jura.  La  vérité  est  que  le  Jura  présente, 
sur  une  foule  de  points,  des  nappes  d’alluvion  siliceuse,  que  presque  tous  les 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  187 i.  219 

étages  calcaires  dont  il  se  compose  renferment  des  couches  entièrement  sili¬ 
ceuses,  ou  des  marnes  fortement  siliceuses,  telles  que  Y Oxford-clay . 

Dans  la  plaine  d’Alsace,  le  mélange  de  carbonate  de  chaux  et  de  silice  est 
plus  intime  encore,  souvent  plus  difficile  à  reconnaître.  Ces  faits  permettent 
d’expliquer  comment  Thurmann  et  Kirschleger  ont  pu  nier  l’influence  de  la 
nature  chimique  du  sol  sur  la  dispersion  des  végétaux  :  à  force  de  voir  dans 
le  domaine  qu’ils  exploraient  des  plantes  appelées  calcicoles  par  les  auteurs 
coudoyer  à  chaque  instant  des  plantes  silicicoles ,  ils  ont  fini  par  croire  cette 
distinction  mal  fondée.  Sur  le  revers  occidental  des  Vosges,  où  les  terrains 
siliceux  sont  très-purs,  on  ne  voit  nulle  part  de  ces  mélanges  de  plantes 
calcicoles  et  silicicoles. 

Nous  citerons  enfin,  comme  établissant  l’action  chimique  des  roches  sur  la 
dispersion  des  Mousses,  l’analogie  qui  existe  entre  la  végétation  bryologique 
des  collines  du  calcaire  jurassique  lorrain  et  alsacien  et  celle  du  Jura  inférieur. 

Les  espèces  caractéristiques  des  collines  jurassiques  lorraines  et  alsaciennes 
sont  : 


Hypnum  chrysophyllum  Brid. 

—  polymorphum  Hedw. 

—  depressum  Bruch. 

—  tenellum  Dicks. 

—  riparium  L. 

—  rusciforme  Weis. 

—  commutation  L. 

—  molluscum  Hedw. 

—  alopecurum  L. 

—  confervoides  Brid. 

Leskea  polycarpa  Ehrh. 

—  longifolia  R.  Spr. 
Anomodon  viticulosus  H.  et  T. 
Philonotis  calcarea  Sch. 

Meesia  longiseta  Hedw. 

Mnium  rostratum  Schw. 

—  serratum  Brid. 

Bryum  piriforme  L. 
Physcomitrium  piriforme  Brid. 

—  sphæricum  B.  S. 

—  fasciculare  B.  S. 

Cinclidotus  aquaticus  B.  S. 

—  fontinaloides  P.  B. 
Encalypta  vulgaris  Hedw. 

—  streptocarpa  Hedw. 
Grimmia  crinita  Brid. 

—  orbicularis  B.  S. 


Barbula  rigida  Schultz. 

—  ambigua  B.  S. 

—  aloides  B.  S. 

—  fallax  Hedw. 

—  convoluta  H. 

—  revoluta  Hedw. 

—  Hornschuchiana  Schultz. 

—  tortuosa  W.  et  M. 

—  latifolia  Bruch. 
Trichostomum  rigidulum  Sm. 

—  fïexicaule  B.  S. 
Orthotrichum  cupulatum  Hoffm. 
Didymodon  rubellus  B.  S. 

—  capillaceus  W.  et  M. 
Anacalypta  lanceolata  B.  S. 

—  Starkeana  B.  S. 

Pottia  minutula  B.  S. 

—  cavifolia  B.  S. 

Seligeria  pusilla  B.  S. 
Fissidenstaxifolius  Hedw. 

—  incurvus  Schw. 
Gymnostomum  tortile  Schw. 
Phascum  bryoides  Dicks. 

—  alternifolium  Dicks. 

—  patens  Hedw. 

—  curvicollum  Hedw. 

—  rectum  Sm. 


Or  ces  mêmes  espèces  sont  aussi  caractéristiques  de  la  végétation  du  Jura 
calcaire  inférieur,  et  c’est  à  peine  si  sur  ces  cinquante-quatre  espèces,  dix  à 
quinze  se  retrouvent  sur  le  granité  ou  le  grès  vosgien  pur,  dans  les  mêmes  con¬ 
ditions  physiques. 

D’après  l’ensemble  des  renseignements  que  nous  avons  pu  recueillir  et 


220 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

surtout  d’après  nos  propres  observations,  voici  le  tableau  des  relations  qui  nous 
semblent  exister  entre  la  dispersion  des  Mousses  et  la  nature  chimique  du  sol, 
dans  la  région  de  l’Est  : 


Espèces  franchement  silicicoles. 

Hypnum  brevirostrum  Ehrh. 

—  albicans  Neck.  ? 

—  myosuroides  L. 

—  confertum  Dicks. 

—  megapolitanum  Bl. 

—  demissum  Wils. 

—  Starkii  Brid. 

—  imponens  Hedw. 

—  callichroum  Brid. 

—  irriguum  Wils. 

—  fluviatile  P.  B. 

—  alpestre  Sw. 

—  molle  Dicks. 

—  heteropterum  R.  Spr. 

Pterygophyllum  lucens  Brid. 

Bryum  alpinum  L. 

—  Duvalii  Voit. 

—  Ludwigii  Spr. 

—  elongatum  Dicks. 

—  cucullatum  Schw. 

—  polymorphum  B.  S. 

Aulacomnium  androgynum  Schw. 

Zygodon  Mougeotii  B.  S. 

—  lapponicus  B.  S. 

Ortholrichum  urnigerum  Myr. 

—  rivulare  Turn. 

—  Hutchinsiæ  Sm. 

—  rupestre  Schl. 

Ptychomitrium  polyphyllum  B.  S. 
Pogonatum  alpinum  Rœhl. 

Oligotrichum  hercynicum  DC. 
Trichostomum  homomallum  B.  S. 
Didymodon  cylindricus  B.  S. 

Dicranum  spurium  Hedw. 

—  longifolium  Hedw. 

—  fulvum  Hook. 

—  Starkii  W.  et  M. 

—  heteromallum  Hedw. 

—  curvatum  Hedw. 

—  rufescens  Turn.  \ 

—  varium  Hedw.  \  (lieux  argileux). 

—  Schreberi  Hedw.  ) 

—  squarrosum  Schrad. 

—  polycarpum  Ehrh. 

Campylopus  fragilis  B.  S. 

Weisia  Bruntoni  N.  Boul. 

—  denticulata  Brid. 

—  fugax  Hedw. 

Gymnostomum  rupestre  Schw. 

Blindia  acuta  B.  S. 

Brachyodus  trichodes  N.  et  H. 
Schistostega  osmundacea  W.  et  M, 


Espèces  calcicolcs, 

Hypnum  plicatum  Schl. 

—  tenellum  Dicks. 

—  Tommasinii  Sendt. 

—  trifarium  W.  et  M. 

—  lycopodioides  Schw. 

—  commutatum  L. 

—  scorpioides  L. 

—  chrysophyllum  Brid. 

—  confervoides  Brid. 

—  Halleri  L. 

—  catenulalum  Brid. 

Myurella  julacea  B.  S. 

Leskea  longifolia  R.  Spr. 

—  Philippeana  N.  Boul. 

—  rufescens  Schw. 
Cylindrothecium  Montagnei  B.  S. 
Bryum  Funkii  Schw. 

Mnium  rostralum  Schw. 

Philonotis  calcarea  Sch. 

Funaria  calcarea  Wahl. 

—  hibernica  H.  et  T. 

Encalypta  streptocarpa  Schw. 

—  longicolla  B.  S. 

—  rhabdocarpa  Schw. 

—  commuta  ta  N.  H. 

Barbula  aciphylla  B.  S.  ? 

—  mucronifolia  B.  S. 

—  inclinata  Schw. 

—  revoluta  Hedw. 

—  convoluta  Hedw. 

—  paludosa  Schw.  ? 

—  Hornschuchiana  Schultz. 

—  vinealis  Brid. 

—  membranifolia  Schultz. 

—  aloides  B.  S. 

—  ambigua  B.  S. 

—  rigida  Schultz. 

Trichostomum  tophaceum  Brid. 

—  rigidulum  Sm. 

—  glaucescens  Hedw. 

Didymodon  inclinatus  Sw. 
Anacalypta  lanc.eolata  B.  S. 

—  Starkeana  B.  S. 

—  cæspitosa  B.  S. 

—  latifolia  B.  S.  ? 

Pottia  cavifolia  B.  S. 

—  minutula  B.  S. 

—  Heimii  B.  S.  (sel  marin). 
Weisia  verticillata  Brid. 
Gymnostomum  calcareum  N.  et  H. 
Seligeria  tristicha  B.  S. 

—  pusilla  B.  S. 


221 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871 


Espèces  franchement  siliclcoles. 

Grimmia  Schultzii  Wils, 

—  elatior  B.  S„ 

—  contorta  Scli. 

—  commutata  Huebn. 

—  ovata  W.  et  M. 

—  leucophæa  Grev. 

—  conferta  Funk. 

—  Donniana  Sm. 

—  montana  B.  S. 

—  Hartmanii  Scli. 

—  torquata  Sch. 

Bhacomitrium  patens  Sch, 

—  aciculare  Bricl. 

—  protensum  A.  B. 

—  fasciculare  Brid. 

—  heterostichum  Brid. 

—  sudelicum  Brid. 

—  microcarpurn  Brid. 

—  lanuginosum  Brid. 

Hedwigia  ciliata  Timm. 

Hedwigidium  imberbe  B.  S. 
Campylostelium  saxicola  B.  S. 
Tetrodontium  Brownianum  Schw. 
Andreæa  petrophila  Ehrh. 

—  rupestris  Roth. 

Espèces  préférant  les  terrains  siliceux 
ou  en  partie  siliceux. 

Hypnum  loreum  L. 

—  umbratum  Ehrh. 

—  salebrosum  Hoffm. 

—  plumosum  Sw. 

—  crassinervium  Tayl. 

—  Stokesii  Turn . 

—  pratense  Koch. 

—  silvaticum  L. 

—  denticulatum  L. 

Leskea  attenuata  Hedw. 

Pterogonium  gracile  Sw. 

Fontinalis  squamosa  L. 

Bryum  calophyllum  N.  Br. 

—  cyclophyllum  Schw. 

—  intermedium  W.  et  M. 

—  marginatum  B.  S. 

—  lacustre  Brid.  ? 

Mnium  affine  Bl. 

Bartramia  pomiformis  Hedw. 

■ —  ithyphylla  Brid. 

Buxbaumia  indusiata  Brid. 

—  aphylla  Hall. 

Diphyscium  foliosum  W.  et  M. 
Polytrichum  commune  L. 

—  formosum  Hedw. 

—  juniperinum  Hedw. 

Pogonatum  urnigerum  Sch. 

—  nanum  P.  B. 

Trichostomum  tortile  Schrad. 


Espèces  calcicules. 

Cinclidotus  fontinaloides  P.  B. 

—  aquaticus  B.  S. 

Grimmia  orbicularis  B.  S. 

—  crinita  Brid. 

—  funalis  Schimp. 

Phascum  alternifolium  Dicks. 

—  rectum  Sm. 

—  curvicollum  Hedw. 

—  bryoides  Dicks. 

—  Flœrkeanum  W.  et  M. 

—  triquetrum  B.  Spr. 
Physcomitrella  patens  Sch. 
Ephemerum  recurvifolium  N.  Boul. 

—  stenophyllum  B.  S. 

—  cohærens  Hampe. 


Espèces  préférant  les  terrains  calcaÀre 
ou  en  partie  calcaires. 

Hypnum  glareosum  Bruch. 

—  campestre  Bruch. 

—  Teesdalii  Sm. 

—  prælongum  L. 

—  riparium  Lin. 

—  curvipes  Guemb. 

—  incurvatum  Hedw. 

—  polymorphum  Hedw. 

Anomodon  viticulosus  H.  et  T. 

Leskea  polycarpa  Ehrh. 

Bryum  atropurpureum  B.  S. 

—  versicolor  A.  B. 

— ■  carneum  L. 

—  arcticum  B.  S. 

Mnium  cuspidalum  Hedw. 

—  serratum  Brid. 

—  orthoirhynchum  B.  S.? 

—  stellare  Hedw. 

Paludella  squarrosa  Brid.  ? 

Bartramia  gracilis  Fl. 

Physcomitrium  piriforme  Brid. 

—  fasciculare  B.  S. 

—  sphæricum  B.  S. 

Encalypta  vulgaris  Hedw. 

Barbula  latifolia  Bruch. 

—  muralis  Hedw.  ( mortier  des  murs). 

—  tortuosa  W.  et  M. 

—  squarrosa  B.  S. 

—  gracilis  Schw. 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


222 

Espèces  préférant  les  terrains  siliceux 
ou  en  partie  siliceux. 

Trichostomum  pallidum  Hedw. 

Dicranum  undulatum  R.  S. 

—  pellucidum  Hedw. 

Campylopus  flexuosus  Brid. 

Ceratodon  cylindrieus  B.  S.  ? 

Leucobryum  glaucum  Hampe. 

Weisia  cirrata  Hedw. 

Gymnostomum  tenue  Schrad. 

—  squarrosum  Wils. 

Rhacomitrium  canescens  Brid. 

Phascum  nitidum  Hedw. 


Espèces  préférant  les  terrains  calcaires 
ou  en  partie  calcaires . 

Trichostomum  latifolium  Schw.T 

—  crispulum  Bruch. 

Didymodon  luridus  H. 

—  rubellus  B.  S. 

—  capillaceus  W.  M. 

Dicranum  virens  Hedw. 

Fissidens  osmundoides  Hedw. 

—  incurvus  Schw. 

—  taxifolius  Hedw. 

Gymnostomum  rosteliatum  Sch. 

Seligeria  recurvata  B.  S. 

Cinclidotus  riparius  B.  S. 

Archidium  alternifolium  Sch.  ? 


Nous  ne  donnerons  pas  ici,  comme  moins  intéressante,  une  troisième  liste 
formée  des  espèces  indifférentes  à  la  nature  du  sol. 

Les  espèces  qui  croissent  sur  les  troncs  d’arbres  ont  été  exclues  de  nos  listes  ; 
toutefois  il  est  possible  que  leurs  conditions  d’existence  soient  encore  jusqu’à 
un  certain  point  sous  la  dépendance  de  la  poussière  du  sol  voisin  que  le  vent 
leur  amène. 

Nos  tableaux  ne  sont  pas  définitifs;  un  certain  nombre  d’espèces  nous 
laissent  dans  l’incertitude  au  sujet  de  la  place  qui  leur  convient.  Cependant, 
quelle  que  soit  l’imperfection  de  nos  listes  actuelles,  nous  nous  permettons  de 
les  recommander  à  l’attention  des  brvologues  ;  nous  prions  les  botanistes  de 
vouloir  bien  les  contrôler  dans  les  localités  qu’ils  sont  à  même  d’explorer  avec 
soin.  Comme  nous  l’avons  déjà  insinué,  ce  contrôle  exige  beaucoup  d’exacti¬ 
tude.  Il  ne  suffit  pas  d’indiquer,  d’une  manière  générale,  l’étage  géologique  :  il 
faut  faire  l’analyse  chimique  du  sol  ou  des  rochers  sur  lesquels  se  trouvent  les 
Mousses  que  l’on  observe  ;  il  faut  enfin  tenir  compte  d’une  foule  de  circon¬ 
stances  qui  semblent  accidentelles  au  premier  abord,  mais  qui,  lorsqu’on  s’en 
rend  un  compte  exact,  se  trouvent  être  la  cause  principale  du  phénomène. 


SUR  DES  FEUILLES  ANOMALES  DE  TRIFOLIUM  REPENS  ET  DE  TRIFOLIUM  PRATESSE 

par  If.  C»*a*tave  HA(GI\. 

(Paris,  octobre  1871.) 


La  quadrifoliolation  du  Trifolium  repens  que  j’ai  signalée  à  la  Société  (1)  a 
persisté  à  se  produire,  et  j’ai  pu  continuer  à  la  constater,  depuis  1865  jusqu’au 
milieu  de  l’année  1870,  dans  l’endroit  du  parc  de  Saint-Cloud  où  je  l’avais 
rencontrée.  Les  échantillons  que  j’y  ai  récoltés  appartenaient  tous  à  la  s.-v. 
microphyllum  du  T.  repens  de  la  deuxième  édition  de  la  Flore  des  environs 
de  Paris ,  de  MM.  Cosson  et  Germain  de  Saint-Pierre. 

Dans  le  courant  de  1869,  j’ai  observé  la  quadrifoliolation  du  T.  repens 


(1)  Voyez  le  Bulletin,  t.  XIII,  1866  ( Séances b  p.  ‘279. 


SÉANCE  DU  JO  NOVEMBRE  187 J. 


223 


type  dans  une  autre  localité  :  sur  la  pelouse  du  petit  jardin  en  avant  de  la 
maison  n°  J  3,  rue  des  Tibilles,  à  Bellevue-lez-Meudon.  Cette  pelouse,  d’envi¬ 
ron  6  mètres  de  long  sur  l\  mètres  de  large,  légèrement  inclinée  du  sud-ouest 
au  nord-est,  ombragée  par  deux  Marronniers-d’Inde  (. Æscidus  Hippocosta- 
num),  un  Acacia  blanc  [Robinia  P&eudacacia)  et  un  Acacia  rose  ( Robinio 
viscosa ),  est  établie  sur  un  sol  argilo- calcaire  de  fort  mauvaise  qualité.  Les 
pieds  de  T.  repens  y  étaient  nombreux,  et  plusieurs  ont  produit  des  feuilles 
quadrifoliolées  depuis  les  premiers  jours  d’avril  où  je  les  ai  aperçues  jusqu’au 
mois  de  novembre,  époque  à  laquelle  je  n’eus  plus  occasion  d’examiner  cette 
pelouse.  J’ai  pu  suivre  les  feuilles  quadrifoliolées  du  T.  repens  dans  leur 
développement  et  dans  leur  sommeil,  et  j’espère  ne  pas  abuser  des  instants  de 
la  Société  en  lui  faisant  part  de  ce  que  j’ai  vu. 

Les  feuilles  quadrifoliolées  sont  pliées  dans  le  bourgeon  comme  les  feuilles 
trifoliolées  elles-mêmes,  c’est-à-dire  que  toutes  les  folioles  se  trouvent  situées 
dans  le  prolongement  de  l’axe  du  pétiole,  que  chaque  foliole  est  pliée  en  deux 
sur  la  nervure  médiane  qui  forme  charnière,  de  sorte  qu’elles  se  louchent  par 
leurs  faces  extérieures.  Elles  sortent  du  bourgeon  en  cet  état;  ce  n’est  que 
lorsqu’elles  s’étalent  et  s’ouvrent  qu’elles  prennent,  dans  leur  circonscription 
et  par  rapport  au  pétiole,  l’apparence  d’une  feuille  composée-digitée.  L’une 
des  deux  folioles  du  milieu  s’ouvre,  et  son  pétiole  s’infléchit  de  façon  à  ren¬ 
verser  la  foliole  et  à  faire  un  angle  droit  avec  le  pétiole  :  c’est  la  foliole  du 
sommet  de  la  feuille.  Chacune  des  deux  folioles  situées  à  droite  et  à  gauche 
de  celle-ci  se  déverse  en  s’ouvrant  dans  la  position  qu’occupent  les  folioles 
latérales  d’une  feuille  trifoliolée  ;  et  la  dernière  foliole,  qu’elle  soit  à  droite  ou 
à  gauche,  vient  en  s’ouvrant  s’opposer  par  la  base  à  la  foliole  du  sommet.  On 
voit  que  la  préfoliation  des  feuilles  quadrifoliolées  est  analogue  à  la  préfoliation 
des  feuilles  trifoliolées. 

Pour  dormir,  les  deux  folioles  inférieures  se  relèvent  et  appliquent  l’une 
contre  l’autre  leurs  faces  supérieures.  Les  deux  folioles  supérieures,  au  lieu  de 
faire  le  même  mouvement,  comme  on  aurait  pu  le  supposer,  se  redressent  de 
telle  sorte  que  leurs  nervures  médianes  soient  dans  le  prolongement  de  l’axe 
du  pétiole,  et  viennent,  en  se  posant  l’une  devant  l’autre,  la  seconde  appli¬ 
quant  sa  face  supérieure  sur  la  face  inférieure  de  la  première,  simuler  une 
foliole  unique.  Il  en  résulte  qu’à  ce  moment  de  la  journée  où  elles  som¬ 
meillent  les  feuilles  quadrifoliolées  ont  l’apparence  des  feuilles  trifoliolées 
endormies. 

De  la  position  des  folioles  dans  la  période  de  sommeil,  on  pourrait  induire 
que  la  feuille  quadrifoliolée  se  produit  chez  le  T.  repens  par  le  dédoublement 
de  la  foliole  du  sommet.  Cependant  je  ne  suis  pas  disposé  à  admettre  cette 
manière  devoir.  La  position  des  folioles  pendant  le  sommeil  me  paraît  com¬ 
mandée  par  la  nécessité  de  maintenir  durant  ce  temps  le  même  rapport  entre 
la  superficie  des  faces  supérieure  et  inférieure  de  ces  folioles  et  l’obligation 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


224 

de  ne  pas  troubler  l’équilibre  résultant  des  fonctions  respiratoires  différentes 
qu’elles  accomplissent  l’une  et  l’autre.  En  effet  l’addition  d’une  foliole  dans 
l’état  de  veille  ajoute  à  la  plante  une  égale  superficie  de  face  inférieure  et  supé¬ 
rieure,  tandis  que  si  pour  dormir  les  quatre  folioles  se  rapprochaient  deux  par 
deux  en  appliquant  les  unes  contre  les  autres  leurs  faces  supérieures,  la 
superficie  des  faces  inférieures  libres  serait  augmentée,  et  en  même  temps 
chaque  feuille  quadrifoliolée  serait  pendant  le  sommeil  privée  entièrement  de 
face  supérieure  libre. 

D’autre  part,  si  l’on  regarde  avec  soin  le  point  d’insertion  de  chaque  foliole 
sur  le  pétiole  et  la  position  des  pétiolules  entre  eux,  on  aperçoit  généralement 

une  trifurcation  bien  distincte  au  sommet  du  pétiole  et  trois  petits  bourrelets, 

« 

puis  sur  l’un  des  pétiolules  latéraux  un  autre  petit  péliolule  à  la  base  duquel 
se  trouve  également  un  petit  bourrelet.  Enfin  l’une  des  folioles  est  générale¬ 
ment  plus  petite  que  les  autres,  souvent  elle  est  de  forme  différente  ;  et  cette 
foliole,  qui  paraît  être  additionnelle,  portée  sur  le  pétiolule  latéral,  soit  de 
droite,  soit  de  gauche,  dédoublé,  est,  à  l’état  de  veille,  opposée  par  la  base  à 
la  foliole  du  sommet,  du  moins  chez  toutes  les  feuilles  que  j’ai  observées. 

Resterait  à  rechercher  si  l’examen  anatomique  confirme  ce  qui,  je  crois, 
se  produit  d’une  façon  constante  ;  ce  que  j’ai  toujours  vu. 

Je  crois  devoir  noter  aussi  cette  particularité,  que  les  feuilles  quadrifoliolées 
appliquent  pour  dormir  la  face  supérieure  de  la  foliole  normale  d’un  côté 
contre  la  face  supérieure  de  la  foliole  additionnelle  située  de  l’autre  côté,  et 
que  c’est  la  foliole  normale  située  du  côté  de  la  foliole  additionnelle  qui  vient, 
en  se  relevant  et  en  tournant  sur  son  pétiolule,  se  placer  devant  la  foliole 
normale  supérieure,  qui  se  contente  de  se  redresser  comme  dans  une  feuille 
trifoliolée. 

Le  18  juillet  1869,  dans  le  bois  de  Meudon,  sur  la  berge  de  l’étang  des 
Fonceaux,  à  l’angle  sud  de  la  portion  libre,  contre  la  muraille  de  la  portion 
réservée,  j’ai  rencontré  une  autre  anomalie  de  T.  repens.  Voici  en  quoi  elle 
consiste. 

Les  trois  folioles  de  l’une  des  feuilles  sont  cordiformes,  assez  profondément 
échancrées  au  sommet,  et  dans  celte  échancrure  deux  des  folioles  présentent  un 
pédicelle  court  formé  par  le  prolongement  de  la  nervure  centrale  et  suppor¬ 
tant  une  foliolule  suborbiculaire  très-légèrement  émarginée  au  sommet.  C’est 
comme  une  prolifération  de  ces  folioles.  J’ai  souvent  depuis,  soit  au  même 
lieu,  soit  en  d’autres  endroits,  vainement  cherché  à  retrouver  cette  singularité 
dont  je  n’ai  pu  recueillir  qu’un  échantillon.  Des  autres  feuilles  du  pied  sur 
lequel  je  l’ai  aperçue,  les  unes  sont  de  forme  normale,  c’est-à-dire  obovalcs, 
les  autres  sont  cordiformes,  mais  ne  présentent  pas  de  foliolule  adventice.  La 
foliole  même  de  celle  feuille  qui  est  simplement  cordiforme  n’a  jamais  été 
dotée  de  foliolule,  et  ne  l’a  point  perdue  par  accident,  comme  on  pourrait 
le  supposer  en  voyant  ses  deux  sœurs  en  porter,  car  il  n’y  a  pas  le  moindre 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1 87 J  . 


525 


mucron  à  la  base  du  cœur,  c’est-à-dire  dans  l'échancrure  du  sommet  de  la 
feuille,  et  l’on  voit  fort  bien  par  transparence,  aujourd’hui  que  ces  feuilles  sont 
desséchées,  que  la  nervure  centrale  ne  s’est,  à  aucun  instant  de  son  existence, 
prolongée  au  delà  du  limbe,  et  qu’elle  se  termine  normalement  à  sa  circon¬ 
scription.  Jl  me  semble  utile  d’appliquer  à  ce  Trèfle  une  dénomination  spéciale, 
et  sa  caractéristique  étant  l’adjonction  d’une  foliolule  à  une  foliole,  je  pro¬ 
pose  de  l’appeler  Trèfle  foliolulé.  Je  n’ai  pu  observer  la  préfoliation  de  cette 
feuille,  n’en  ayant  jusqu’à  présent  trouvé  qu’un  exemplaire  entièrement  déve¬ 
loppé,  et  par  ma  faute  je  ne  connais  pas  son  sommeil.  J’ai  eu  le  tort,  en  effet, 
de  la  cueillir  sans  attendre  que  le  soleil  fût  couché,  et  de  la  serrer  tout  de  suite 
dans  un  cartable,  tandis  que  j’aurais  pu  me  rendre  compte  de  sa  manière 
de  dormir  en  ne  la  comprimant  pas  immédiatement  et  en  mettant,  lorsque  je 
rentrai  chez  moi,  le  pied  de  cet  exemplaire  dans  un  verre  d’eau. 

Je  disais  en  1866  que  je  croyais  la  quadrifoliolation  spéciale  au  T.  repeins, 
et  notre  honorable  Président,  en  signalant  la  culture,  que  je  n’ai  pu  retrouver 
par  suite  de  la  mutilation  du  jardin  du  Luxembourg,  d’un  Trèfle  dont  toutes 
les  feuilles  étaient  quadrifoliolées,  ne  disait  pas  qu’il  appartînt  à  une  autre 
espèce.  En  examinant  la  petite  pelouse  sur  laquelle  j’étudiais  le  développe¬ 
ment  et  les  phases  de  ce  phénomène,  j’ai  rencontré  quelques  cas  de  quadrifo¬ 
liolation  sur  des  individus  appartenant  au  T.  pratense ;  chez  le  T.  pratense , 
j’ai  observé  la  même  préfoliation,  la  même  disposition  pendant  le  sommeil, 
le  même  dédoublement  apparent  d’une  des  folioles  latérales  que  chez  le 
T.  repens .  Mais  la  foliole  adventice,  si  elle  est  parfois  plus  petite  que  les 
folioles  normales  comme  chez  le  T.  repens ,  est  généralement  de  même  forme 
que  les  autres.  Peut-être  doit-on  à  cette  circonstance  de  n’avoir  pas  encore 
aperçu  la  quadrifoliolation  dans  cette  espèce,  car  l’enchevêtrement  des  folioles 
des  différentes  feuilles  d’une  même  plante  ne  permet  plus  alors  de  remarquer 
cette  disposition  que  si  l’on  regarde  chaque  feuille  séparément. 

Le  Trifolium  pratense  ne  se  contente  pas  de  la  quadrifoliolation,  et  à  di¬ 
verses  reprises,  dans  le  courant  de  l’été  de  1869,  j’ai  pu  constater  et  recueillir 
des  pieds  de  ce  Trèfle  porteurs  de  feuilles  quinquéfoliolées  sur  la  même 
pelouse  du  n°  13  delà  rue  des  Tibilles.  lise  produit  alors  une  paire  de  folioles 
de  plus  que  d’habitude,  et  la  feuille  a  l’aspect  d’une  feuille  imparipennée  à 
deux  rangs  de  folioles. 

Dans  la  préfoliation,  la  feuille  quinquéfoliolée  porte,  à  l’extrémité  du  pétiole 
et  dans  son  prolongement,  la  foliole  terminale  pliée  en  deux  longitudinalement, 
de  sorte  que  chaque  moitié  d’un  côté  de  la  nervure  médiane  applique  sa  face 
supérieure  sur  la  face  supérieure  de  l’autre  moitié.  Chaque  foliole  de  la  paire 
supérieure,  pliée  de  même,  a  l’une  la  moitié  de  sa  face  inférieure  gauche 
appliquée  sur  la  moitié  de  la  face  inférieure  droite  de  la  foliole  terminale,  et 
l’autre  la  moitié  de  sa  face  inférieure  droite  appliquée  sur  la  moitié  de  la  face 
inférieure  gauche  de  la  foliole  terminale.  Les  folioles  delà  paire  inférieure,  éga- 
T.  XVIIt.  (séances)  15 


226 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Iement  pliées  en  deux  dans  le  sens  de  la  longueur,  comme  le  sont  toutes  les 
folioles  de  tous  les  Trifolium,  ont  :  la  foliole  de  droite,  la  moitié  gauche  de  la 
face  inférieure  appliquée  contre  la  moitié  droite  de  la  face  inférieure  de  la 
foliole  de  droite  de  la  paire  supérieure,  et  la  foliole  de  gauche,  la  moitié  droite 
de  la  face  inférieure  appliquée  contre  la  moitié  gauche  de  la  face  inférieure 
de  la  foliole  de  gauche  de  la  paire  supérieure.  Ces  folioles,  ainsi  pliées,  s’écar¬ 
tent  l’une  de  l’autre  en  sortant  du  bourgeon,  et  bientôt  chacun  des  limbes  en 
s’étalant  donne  à  la  feuille  le  port  d’une  feuille  bipennée  avec  impaire  et  lui 
permet  d’accomplir  ses  fonctions  respiratoires. 

A  l’heure  du  sommeil,  ies  folioles  de  la  paire  inférieure  se  redressent  et 
appliquent  réciproquement  l’une  contre  l’autre  leurs  faces  supérieures.  Au 
lieu  de  se  comporter  de  même,  les  folioles  de  la  paire  supérieure  viennent  se 
poser  devant  la  foliole  terminale,  l’une  appliquant  sa  face  inférieure  sur  la 
face  supérieure  de  la  foliole  terminale  et  l’autre  appliquant  sa  face  inférieure 
sur  la  face  supérieure  de  la  foliole  opposée,  de  telle  sorte  qu’à  elles  trois  elles 
ne  présentent  plus  qu’une  face  supérieure  et  une  face  inférieure  libres.  De 
cette  façon  se  trouve  maintenue  la  proportion  entre  les  surfaces  des  faces  supé¬ 
rieures  et  inférieures,  qui  eût  été  détruite  si  la  paire  supérieure  s’était  com¬ 
portée  pour  dormir  comme  la  paire  inférieure. 

Chez  les  exemplaires  du  T.  pratense  quadrifoliolé  que  j’ai  rencontrés,  les 
quatre  folioles  conservent  assez  complètement  la  même  dimension  et  surtout 
la  même  forme  que  les  folioles  des  feuilles  trifoliolées.  Lorsque  la  feuille  est 
quinquéfoliolée  au  contraire,  si  la  paire  inférieure  ne  diffère  généralement  pas 
d’une  paire  de  folioles  normales,  la  paire  supérieure  et  la  foliole  terminale, 
généralement  plus  petites  que  des  folioles  ordinaires  de  T.  pratense,  affectent 
des  formes  variées  et  singulières  et  sont  le  plus  souvent  profondément  échan- 
crées  au  sommet. 

Il  semble,  surtout  si  l’on  rapproche  la  position  qu’ont  entre  elles  la  paire 
supérieure  et  la  foliole  terminale  pendant  le  sommeil  de  ce  développement 
moindre  de  leur  limbe,  qu’elles  ne  sont  à  elles  trois  qu’une  trifurcation  de  la 
foliole  terminale.  Chacune,  au  reste,  est  portée  sur  un  pétiolule  distinct  abso¬ 
lument  semblable  au  pétiolule  normal  et  inséré  comme  lui  sur  le  pétiole  com¬ 
mun,  de  telle  manière  que  si  l’on  supprimait  la  paire  inférieure,  on  pourrait 
se  croire  en  présence  d’une  feuille  trifoliolée  d’une  forme  particulière  et  d’une 
moindre  dimension.  Il  serait  intéressant  de  s’assurer  anatomiquement  de  la 
constitution  du  pétiolule  et  de  son  bourrelet,  car  il  semble  qu’elle  doit  être 
autre  dans  la  paire  supérieure  que  dans  la  paire  inférieure  et  dans  les  paires 
normales,  pour  permettre  aux  folioles  de  prendre  durant  le  sommeil  leur  posi¬ 
tion  particulière. 

J’ai  vu  des  pieds  de  T.  pratense  qui  présentaient  soit  toutes  les  feuilles  tri¬ 
foliolées,  soit  des  feuilles  trifoliolées  et  des  feuilles  quadrifoliolées,  soit  des 
feuilles  trifoliolées  et  des  feuilles  quinquéfoliolées,  voire  même  tout  à  la  fois 


SÉANCE  DU  JO  NOVEMBRE  1871. 


227 


des  feuilles  trifoiiolées,  quadrifoliolées  et  quinquéfoliolées.  Je  n’eu  ai  pas  ren¬ 
contré  chez  lesquels  toutes  les  feuilles  auraient  été  quadrifoliolées  ou  quin¬ 
quéfoliolées. 

Je  ne  sais,  et  il  me  sera  peut-être  bien  difficile,  meme  si  je  retourne 'a  l’en¬ 
droit  où  était  cette  pelouse,  de  savoir  si  le  phénomène  a  persisté  et  de  l’étu¬ 
dier  tant  sur  place  que  dans  des  semis  de  graines  provenant  de  pieds  anor¬ 
maux,  bien  que  cela  m’eût  paru  intéressant  à  suivre  au  point  de  vue  de  la 
continuité  ou  du  développement  par  la  sélection  de  ces  sortes  de  déformations. 
Quant  à  la  localité  du  parc  de  Saint-Cloud  où  j’avais  vu  persister  la  quadri- 
foliolation  du  T.  repens ,  elle  a  été  détruite  par  l’invasion  prussienne  qui, 
si  elle  nous  fournit  quelques  sujets  d’étude  botanique,  nous  a  été  bien  dou¬ 
loureuse  à  tant  d’égards. 

La  multiplication  des  folioles  du  Trèfle  n’est  peut-être  pas  assez  curieuse 
pour  qu’il  intéresse  la  Société  de  connaître  tous  les  endroits  où  je  pourrais 
rencontrer  celle  anomalie;  je  crois  toutefois  pouvoir  me  permettre  de  lui 
signaler  qiTellc  se  produit  dans  une  région  différente  de  celle  où  je  l’ai  pour 
la  première  fois  aperçue,  d’autant  plus  que  j’ai  vu  là  un  fait  que  je  n’avais  pas 
encore  noté.  J’ai  trouvé,  en  mai  1871,  sur  la  pelouse  du  jardin  du  n°  31,  rue 
Morel,  à  Douai,  des  pieds  de  T.  repens  à  feuilles,  les  unes  trifoiiolées,  les 
autres  quadrifoliolées  et  même  quinquéfoliolées,  ce  que  je  n’avais  pas  encore 
vu  dans  cette  espèce.  J’ignore  sous  quelle  influence  cette  anomalie  s’est  pro¬ 
duite,  mais  je  suis  certain  qu’elle  est  récente  dans  ce  jardin.  Elle  y  avait,  en 
effet,  été  cherchée  en  vain  depuis  une  trentaine  d’années  par  quatre  personnes 
avant  le  jour  où  je  l’ai  aperçue. 

J’avais  énoncé  que  l’on  attribuait  autrefois  au  Trèfle  quadrifoliolé  des 
vertus  particulières;  à  l’appui  de  mon  assertion,  je  puis  aujourd’hui  produire 
un  document  que  j’extrais  textuellement  du  tome  sixième  (pp.  408-410)  de 
l’ouvrage  où  je  l’ai  rencontré  (1)  ; 

«  Trifolium,  le  Trèfle. 

»  Voici  ses  caractères  : 

»  Sa  fleur  est  en  papillon  ou  à  peu  près. ... .  Ses  feuilles  sont  trois  à  trois, 
»  rarement  quatre  à  quatre  ou  cinq  à  cinq. 

»  Boerhaave  en  compte  les  trente-six  espèces  suivantes  (2)  : 

»  10.  Trifolium  quad ri  folium ,  Bortense  album ,  G.  B.  P.  327.  Boerh.  Ind. 

»  ait.  2,  31.  Trifolium  pur pureum,  Offic.  Trifolium  Phæum  fuscum  luxu- 
»  rians  quaternis,  quinis  et  senis  fol  iis,  Tourn.  Inst.  406.  Tri  folio  affine 


(1)  Dictionnaire  universel  de  médecine,  de  chirurgie ,  dechymie ,  de  botanique,  d'a  na¬ 
tomie,  de  pharmacie ,  d’histoire  naturelle ,  etc.  :  traduit  de  l’anglais  de  M.  James,  par 
MM.  Diderot,  Eidous  et  Toussaint,  revu,  corrigé  et  augmenté  par  M.  Julien  Busson,  doc¬ 
teur-régent  de  la  Faculté  de  médecine  de  Paris,  1746-18,  six  volumes  iu-folio. 

(2)  Sur  ces  trente-six  espèces  de  Boerhaave,  M.  Maugin  n’a  reproduit  ici  que  ce  qui 
concerne  celle  marquée  du  numéro  10. 


928  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

»  quadrifoliurn ,  Phœum  Lobelii ,  J.  B.  2,  380.  Raii  ïlist.  1,  9ù2.  Quadrifo- 
»  Parie  .Theal.  1112.  Lotus quadri folia,  Ger.  1028.  Emac.1198. 

»  Ou  trouve  ce  trèfle  dans  les  prés,  d’où  on  le  transporte  dans  les  jardins, 

»  où  on  le  cultive  avec  soin  ;  il  fleurit  en  été.  On  fait  usage  de  son  herbe. 

»  Son  suc  chasse  des  intestins  les  humeurs  phlegmatiques,  guérit  les  ul- 
»  cères'a  la  bouche  et  à  la  langue,  garantit  de  la  petite  vérole,  et  passe  vulgai- 
»  renient  pour  un  remède  excellent,  dans  la  fièvre  pourpreuse  des  enfants.  » 

M.  Brongniart  fait  remarquer  que  l’on  cultive  depuis  longtemps,  à 
titre  de  curiosité,  le  Trèfle  quadrifoliolé  dans  les  jardins  botaniques. 

Lecture  est  donnée  des  communications  suivantes,  adressées  à  la 
Société  : 


NOTE  SUR  QUELQUES  PLANTES  DES  ENVIRONS  DE  MONTPELLIER, 

par  M.  A.  RARRA.KSHML 

(Montpellier,  4  novembre  1871 .) 


je  ne  sais  si  Linné  est  vraiment  l’auteur  de  cet  adage  à  lui  attribué,  qu’il 
ne  faut  herboriser  que  de  la  Violette  au  Colchique  ;  mais  j’ai  lu  dans  sa  Phi¬ 
losophie  botanique  (édit,  de  1751,  p.  293)  que  les  herborisations  doivent 
durer  depuis  V apparition  des  feuilles  des  arbres  jusqu'à  leur  chute  ;  et,  sous 
cette  forme,  le  précepte  vaut  mieux  pour  nos  contrées  méridionales,  car  il  s’y 
trouve  encore  en  automne  de  très-bonnes  plantes  ît  recueillir  et  à  étudier. 

Le  0  du  mois  dernier,  nous  herborisions  avec  M.  le  professeur  Martins 
sur  les  garrigues  de  Montmaur  près  Montpellier,  et  nous  y  trouvions  en 
abondance  les  Seseli  tortuosum  L. ,  montanum  L. ,  et  e latum  Gouan,  lors¬ 
qu’un  de  nous  remarqua  que  toutes  les  ombelles  de  l 'elatum  étaient  chargées 
de  fruits,  tandis  que  la  plupart  de  celles  des  S.  tortuosum  et  montanum 
étaient  stériles.  Un  examen  plus  attentif  nous  permit  de  reconnaître  que  ces 
deux  plantes  sont  très-régulièrement  monoïques,  quoique  par  simple  avorte¬ 
ment,  en  ce  sens  que  les  ombelles  terminales  de  chaque  grand  rameau  sont 
seules  fécondes.  Sur  les  fleurs  de  ces  ombelles  il  n’y  a  point  d’étamines,  ou  il 
n’y  en  a,  très-rarement  encore,  que  quelques-unes  à  demi  développées,  avec 
un  pollen  mal  conformé  ;  le  disque  épigyne  est  très-développé  et  d’un  beau 
violet,  ainsi  que  les  deux  styles  fort  gros  et  fort  longs.  La  couleur  permet  de 
les  reconnaître  de  loin.  Aux  fleurs  des  autres  ombelles,  les  étamines  ont  de 
grosses  anthères  avec  du  pollen  bien  conformé  ;  mais  le  disque  épigyne  est 
blanc,  peu  développé.  On  ne  voit  aucune  trace  de  styles;  mais  au-dessous  de 
la  fleur  existe  un  ovaire,  et  si  l’on  sépare  les  deux  parties  du  disque,  on  trouve 
des  styles  très-courts  et  qui,  ne  parvenant  point  à  l’air  libre,  sont  ainsi  soustraits 
*'  l’action  du  pollen.  L’ovaire  est  petit,  ainsi  que  l’ovule  non  fécondé  qu’il  con- 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871. 


*220 


absolument  que  les  ombelles  terminales  qui  portent  des  fruits,  bien  que  les 
fleurs  des  autres  soient  réellement  hermaphrodites. 

J'ai  contrôlé  cette  observation  les  jours  suivants,  sur  plusieurs  autres  points 
du  département,  et  je  n’ai  pas  trouvé  une  seule  exception.  Seulement  j’ai 
rencontré  quelques  pieds  assez  rares  de  Seseli  tortuosum  dont  toutes  les 
ombelles  étaient  de  couleur  violette,  mais  la  conformation  en  était  la  même 
que  sur  les  autres  pieds  et  les  ombelles  terminales  étaient  seules  fécondes. 
Ch.  de  l’Écluse  et  J.  Bauhin  avaient  déjà  averti  que,  parmi  les  pieds  de  Seseli 
tortuosum ,  il  s’en  trouvait  quelques-uns,  en  très-petit  nombre,  avec  des  fleurs 
violettes  (J.  Bauhin,  Hist.  plant,  t.  III,  part,  n,  p.  16). 

D’autre  part,  j’ai  voulu  rechercher  si  quelques  auteurs  font  mention  de  cet 
avortement  régulier  des  ombelles  secondaires.  Je  n’ai  rien  trouvé  sur  ce  point  ; 
ce  qui  s’explique  assez  naturellement,  si  l’on  considère  d’abord  que  les  Seseli 
tortuosum  et  montanum  sont,  par  leur  floraison  très-tardive,  soustraits  à  l’étude 
du  plus  grand  nombre  des  botanistes  voyageurs,  et  ensuite  que  ces  plantes, 
réputées  bien  connues,  n’ont  été  d’après  Ylconum  index  de  M.  Prilzel,  figurées 
par  aucun  botaniste  moderne.  Les  seules  figures  citées  par  les  auteurs  sont 
en  effet  celles  de  Lobel,  le.  785,  et  de  J.  Bauhin,  Hist.  pi.  III,  part,  il, 
p.  16,  fig.  1  ;  l’étude  qu’eût  nécessitée  l’exécution  d’une  figure  analytique 
aurait  inévitablement  amené  la  constatation  des  deux  sortes  de  fleurs. 

Nous  croyons  qu’il  sera  utile  de  faire  à  l’avenir  mention  de  cette  circon¬ 
stance  dans  les  ouvrages  descriptifs. 

Le  16  du  même  mois  d’octobre,  nous  parcourions,  avec  M.  Duval- Jouve, 
les  environs  de  Béziers  et  de  Roquehaute  ;  et  nous  avons  vu  dans  le  canal  du 
Midi  le  Vallisneria  spiralis  L. ,  et  le  Villarsia  Nymphoides  Vent.,  croissant 
en  une  abondance  telle,  que  la  drague  est  nécessaire  pour  que  le  service  de  la 
navigation  n’en  soit  pas  embarrassé.  Les  bords  du  même  canal  étaient  tout 
couverts  de  Leersia  oryzoides  Sw.  ;  mais  la  plupart  des  pieds  étaient  à  pani- 
cule  terminale  incluse,  avec  d’autres  panicules  également  incluses  dans 
chacune  des  gaines  de  la  lige,  comme  cela  a  été  signalé  par  M.  Duval-Jouve 
dans  Billot,  Annotations  à  la  fl.  de  Fr.  et  d* Ail.  p.  113  ;  1857. 

Entre  Villeneuve  et  Portiragnes,  croissait  à  côté  de  cette  curieuse  Grami¬ 
née,  mais  en  moindre  abondance,  le  très-élégant  Cyperus  serotinus  Rottb. 
(C.  Monti  auct.  plur.).  Nous  reprenons  le  nom  de  Rotlboell,  parce  que  la 
priorité  appartient  à  cet  auteur  qui,  dès  1772,  dans  son  Descr.  proyr.  p.  12, 
décrivit  ce  Cyperus  sur  des  spécimens  que  lui  avait  donnés  à  Bologne 
F.  Bassi  et  sur  l’excellente  figure  qu’en  avait  donnée  Monti  ( Cat .  stirp.  Bon. 
prodr.  ta  b.  1,  fig.  2).  Le  nom  de  serotinus  qu’il  lui  imposa  était  justifié 
aussi  bien  par  l’époque  de  la  floraison  que  par  l'emploi  qu’en  avaient  anté¬ 
rieurement  fait  Ray  (Hist.  pi.  HT,  p.  626),  Lel.  Triumfetti  dans  l’ouvrage 


230 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  UE  FRANCE. 

de  son  frère  [Obs.  de  or  lu  et  vcg.  pl.  p.  04),  Monti  (op.  c.  p.  12),  Micheli 
(iY ov.  pl.  gen.  p.  45,  n°  9),  et  enfin  Scheuchzer  (Agrost.  p.  380).  Ce  nom 
fut  reproduit  par  Iîoltboell,  en  1773,  dans  ses  Descr.  et  ic.  p.  31  ;  il  est 
donc  ainsi  antérieur  de  neuf  ans  à  celui  de  Linné  fils,  datant  de  1781,  et  il 
doit  jouir  du  droit  de  priorité  que  lui  ont  déjà  reconnu  Yahî,  Enum.  II,  p.  350, 
n°  112,  et  Kunlli,  Enum .  pl.  II,  p.  19,  tandis  que  beaucoup  d’auteurs 
contemporains  conservent  encore  le  nom  de  Linné  fils.  On  pourrait  meme, 
sans  encourir  le  reproche  d’un  scepticisme  outré,  se  demander  si  le  Cyperus 
décrit  par  Linné  fils  dans  son  Supplément,  p.  102,  est  bien  la  plante  que 
Monti  avait  figurée;  car  Linné  attribue  à  sa  plante:  1°  un  chaume  rond, 
teres,  et  celle  de  Monti  a  le  chaume  triquêlre  avec  angles  aigus  et  faces  un 
peu  rentrantes;  2°  «folia  iongissima,  umbella supra  decomposita,  involucrum 
hexaphyllum  »,  ce  qui  ne  convient  point  à  la  plante  de  Monti.  Linné  ajoute 
que  sa  plante  croît  dans  l’Inde  et  peut-être  aussi  en  Italie,  et  personne  depuis 
n’a  signalé  le  Cyperus  de  Monti  comme  croissant  dans  l'Inde.  Le  doute  est 
donc  permis,  et  pour  dire  toute  la  vérité,  je  ne  fais,  en  l’exprimant  ici,  que 
reproduire  celui  qu’ont  émisRœmcr  et  Schultes  (Syst.  vcg.  Il,  p.  207). 

Un  mot  encore  sur  la  même  plante.  De  Candolle  lui  avait  attribué  une 
«  racine  fibreuse  »  (Fl.  fr.  I,  p.  197),  ce  que  Gaudin  qualifie  un  peu  vive¬ 
ment  d’erreur  complète,  attendu  que  ce  Cyperus  a  une  souche  rampante  et 
stolonifère  (Agrost.  helv.  II,  p.  55).  Mais  cet  auteur  n’avait  pas  suffisamment 
remarqué  que  De  Candolle,  au  passage  cité,  ne  prend  pas,  comme  lui,  le 
mot  racine  dans  le  sens  de  souche,  mais  oppose  l’expression  «  racine  fibreuse  » 
à  celle  de  «  fibres  de  la  racine  renflées  en  tubercules  ».  Quoiqu’il  en  soit, 
l’observation  de  Gaudin  est  juste,  et  il  décrit  assez  bien  la  souche  du  C.  sero- 
tinus  en  la  disant  «  stolonifère,  grêle  et  revêtue  d’une  enveloppe  tubuleuse 

»  dont  la  partie  fibreuse  n’occupe  pas  le  tiers . ;  organisation  si  singulière 

»  qu’on  ne  voit  pas  la  pareille  dans  toute  la  série  des  Gramens(l).  »  fiertoloni 
en  dit  à  peu  près  autant  (Fl.  ital.  I,  p.  273).  Pour  me  rendre  compte  de 
cette  organisation,  j’eus  recours  à  l’obligeance  de  M.  DuvaL Jouve,  et  bientôt 
des  coupes  microscopiques  nous  permirent  de  reconnaître  que  la  composition 
de  ces  stolons  ne  diffère  en  rien  de  celle  que  notre  confrère  a  signalée  dans 
son  mémoire  sur  les  Agropyrum  de  V Hérault,  p.  331,  et  présente  deux 
zones  :  l’une,  centrale,  formée  de  faisceaux  fibro-vasculaires  épars  dans  du 
parenchyme  ;  et  l’autre,  externe  ou  corticale,  consistant  en  plusieurs  couches 
d’un  tissu  cellulaire  très-lâche  et  se  détruisant  vite,  recouvertes  par  des  cellules 
épidermiques  dures,  résistantes  et  très-persistantes.  Ce  sont  elles  qui  consti- 

(1)  «  Radix  viticulosa.. .,  viticuli  (sic)  graciles,  articulati,  fibrosi,  tunica  tubulosa,  cujus 
»  capacitatis  fibra  ne  quidem  tertiam  partem  complet,  tecti —  Fabrica  viticulorum  omnino 
»  singularis  est  ut  in  Iota  Graminearum  gente  nulla  occurrat  planta  quæ  taies  habeat 
»  radices.  »  (Agrost.  helv.  II,  P-  33  et  5û.)  —  Est-ce  que  les  dictionnaires  ne  donnent 
pas  viticula ,  au  lieu  de  viliculus  ? 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871.  231 

tuent,  après  la  destruction  du  tissu  lâche  qu’elles  recouvrent,  ce  «  tunica 
tubulosa  a  de  Gaudin,  dans  lequel  flotte  la  zone  centrale  «  fibra  ». 

Revenons  g  notre  course. 

Le  plateau  de  Roquehaute,  si  riche  au  printemps,  était  sec,  absolument  sec; 
quelques  pieds  de  Pulicaria  sicula  Moris  s’y  montraient  pourtant,  avec  des 
touffes  ô? Aster  acer  d’un  mètre  de  haut  et  d’un  bel  aspect  ornemental. 
Mais  les  mares  n’offraient  qu’un  fond  desséché  et  fendillé,  où  Ylsoëtes  setacea 
Del.  essayait  de  reparaître  à  côté  de  quelques  pieds  mourants  de  Marsilia 
pubescens  Ten. 

Enfin,  en  descendant  du  plateau  vers  Vias,  après  les  carrières  de  Medeillan 
et  sur  les  talus  d’un  chemin  creusé  dans  le  tuf  volcanique,  nous  rencontrâmes 
en  quantité  et  en  très-bon  état  un  Buffonia  que  je  ne  rapporte  qu’avec 
grande  hésitation  au  B.  tenuifolia  Gay.  En  effet,  les  sépales  n’ont  que  trois 
nervures,  comme  le  B.  tenuifolia  Gay,  mais  ces  nervures  demeurent  isolées 
jusque  sous  le  sommet,  comme  celles  du  B.  macrosperma  Gay;  les  graines, 
planes  d’un  côté,  convexes  de  l’autre  et  assez  grosses,  sont  mêlées  à  de  plus 
petites  ;  elles  sont  régulièrement  tuberculeuses  sur  le  dos,  mais  les  faces,  au 
lieu  de  porter  aussi  des  tubercules,  sont  marquées  de  sillons  irradiants  et. 
relevés  seulement  à  leur  extrémité  en  tubercules  formant  des  lignes  concen¬ 
triques. 

SUR  QUELQUES  TISSUS  DE  JONCÉES,  DE  CYPÉRACÉES  ET  DE  GRAMINÉES, 

par  SI.  «F.  DUV  AL- JOUVE. 

(Montpellier,  15  octobre  1871.) 


En  décembre  1869,  j’ai  communiqué  à  la  Société  quelques  observations 
sur  les  formes  successives  que  présentent  les  cellules  de  certains  Juncus ,  sur 
les  interruptions  de  la  moelle  dans  les  tiges  du  Juncus  inflexus  L.  (J.  glaucus 
auct.  et  J.  paniculatus  Hoppe),  ainsi  que  sur  le  mode  de  formation  des  cloi¬ 
sons  qui  se  montrent  dans  les  feuilles  des  7.  lampocarpos ,  obtusiflorus  et  autres 
constituant  le  groupe  des  espèces  vivaces  a  feuilles  cloisonnées  (voir  Bull.  Soc. 
bot.de  France ,  tom.  XVI,  pp.  ZtOù-ùlO,  pi.  3).  Or,  en  commençant  la  présente 
étude,  je  dois  revenir  sur  ce  que  j’ai  dit  des  cloisons  des  feuilles  ;  car  de 
nouvelles  observations  m’ont  permis  de  constater  que,  si  ce  que  j’ai  avancé 
concernant  les  interruptions  du  tissu  médullaire  dans  les  tiges  du  J.  inflexus 
est  demeuré  complètement  exact,  ce  que  j’ai  affirmé  sur  les  cloisons  des 
feuilles  des  autres  espèces,  toujours  exact  pour  les  premiers  moments  de 
leur  développement,  les  seuls  que  j’eusse  observés,  est  insuffisant  pour  le 
développement  ultérieur. 

Quant  aux  interruptions  de  la  moelle  du  J.  inflexus ,  j’ai  seulement  à  faire 
remarquer  que,  n’offrant  aucune  constance,  elles  ne  peuvent  servir  comme 
caractère  spécifique.  Sur  un  même  pied,  on  trouve  des  tiges  où  la  moelle  est 


232 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

restée  continue,  d’autres  où  elle  ne  s’est  interrompue  que  par  régions,  d’autres 
où  elle  est  si  rare  qu’elle  a  presque  entièrement  disparu,  d’autres  enfin  où  le 
retrait  des  cellules  s’est  fait,  non  plus  dans  le  sens  vertical,  mais  de  la  péri¬ 
phérie  vers  le  centre  et  plus  particulièrement  entre  les  faisceaux  fibro-vascti- 
laires  les  plus  internes.  Il  résulte  de  ce  dernier  mode  de  retrait  un  second 
cercle  de  lacunes  longitudinales,  qui  a  fait  prendre  pour  une  espèce  distincte 
les  individus  qui  le  présentent  :  J.  equisetosus  Dum.  in  Bull.  Soc.  bot.  Belg. 
tome  VII,  pp.  36à  et  365.  Or,  si  la  disposition  relative  des  tissus  constitutifs 
offre,  par  son  invariabilité,  d’excellents  caractères  distinctifs,  il  n’en  est  pas 
de  meme  des  modifications  ultérieures  et  tout  à  fait  accidentelles  que  peuvent 
subir  les  éléments  de  ces  tissus.  Ainsi  que  je  l’ai  exposé  dans  mon  mémoire 
sur  les  Comparaisons  histolaxiques  (, Mèm .  Académ.  sciences  et  lettres  de 
Montpellier ,  t.  VII,  p.  481),  comparer  non  plus  l’agencement  essentiel,  mais 
les  états  successifs  des  tissus,  c’est  s’exposer  à  faire  plusieurs  espèces  d’une 
même  plante  à  des  moments  différents  et  selon  que  ses  tissus  sont  à  l’état  de 
fraîcheur  et  de  vie  ou  à  celui  de  retrait  et  de  mort. 

Sur  les  tiges  du  J.  inflexus,  les  apparences  de  cloisons,  dues  au  retrait  dans 
le  sens  vertical  des  cellules  médullaires,  sont  analogues  aux  cloisons  partielles 
qu’on  observe  dans  les  tiges  de  quelques  Cypéracées,  ainsi  que  dans  les  feuilles, 
les  gaines  et  les  rhizomes  de  certaines  Graminées  aquatiques  (voir  Bull.  Soc. 
bot.  de  France,  i.  XVI,  pp.  408-409  et  pl.  3,  fig.  7,  etc.).  Elles  sont  et 
demeurent  jusqu’à  la  fin  de  simples  amas  exclusivement  cellulaires.  Mais  il 
n’en  est  pas  de  même  sur  les  cloisons  des  feuilles  des  autres  Juncus.  Si  on  les 
observe  sur  des  sujets  adultes,  on  voit  que  ces  cloisons  ne  sont  pas  composées 
seulement  de  couches  cellulaires  rapprochées,  mais  qu’entre  leurs  couches 
cellulaires  il  existe  un  réseau  transversal  fibro-vasculaire  ;  de  telle  sorte  que 
ces  cloisons,  avec  ce  réseau,  rappellent,  non  plus  les  cloisons  caulinaires  du 
J.  inflexus,  mais  bien  la  composition  réticulée  des  nœuds  de  Graminées.  Et, 
circonstance  assez  singulière,  les  vrais  nœuds  des  tiges  de  ces  mêmes  Juncus 
n’ont  point  de  réseau  transversal  vasculaire;  sur  leur  pourtour  les  vaisseaux 
sont  seulement  un  peu  inclinés  vers  l’intérieur. 

Ces  cloisons  sont  rarement  planes,  mais  presque  toujours  en  verre  de 
montre  avec  la  convexité  dirigée  en  haut;  à  leur  contour  répond  sur  les  feuilles 
sèches  une  saillie,  sur  les  feuilles  très-fraîches  une  légère  dépression.  Le  ré¬ 
seau  qui  les  parcourt  ne  forme  qu’une  couche  et  ne  se  divise  qu’en  irradiant, 
sans  régularité,  du  centre  vers  la  circonférence  (pl.  Il,  fig.  1).  Chacune  de 
ses  branches  se  compose  d’une  enveloppe  de  fibres  excessivement  ténues  et 
tout  unies,  puis,  au  centre,  d’un  groupe  de  vaisseaux  ponctués  et  rayés,  ayant 
un  diamètre  trois  ou  quatre  fois  supérieur  à  celui  des  fibres  enveloppantes  et 
s’articulant  entre  eux  par  des  surfaces  peu  obliques  et  irrégulières.  La  fig.  2 
donnera  une  idée  de  cette  disposition.  Ces  vaisseaux  sont  incolores,  ou  jau¬ 
nâtres  dans  les  feuilles  un  peu  avancées.  Les  cellules  interposées  sont  de  deux 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871 


23a 


sortes  :  celles  qui  entourent  les  faisceaux  sont  petites,  très-irrégulièrement  étoi¬ 
lées,  et  ne  laissent  entre  elles  que  de  faibles  méats  arrondis  et  irréguliers 
(fig.  3)  ;  les  autres  sont  rondes  ou  ovales  avec,  de  grands  méats.  Sur  toutes  les 
espèces,  les  rameaux  du  réseau  s’avancent  vers  la  périphérie  et  s’y  mettent 
en  communication  avec  les  faisceaux  longitudinaux  de  la  feuille,  en  s’y  rat¬ 
tachant,  non  par  celle  des  faces  qui  regarde  le  centre  et  se  présente  directement 
h  eux,  mais  bien  par  les  faces  latérales  et  un  peu  en  arrière;  de  telle  sorte 
qu’ils  doivent  s’infléchir  pour  y  arriver,  comme  le  représente  la  figure  6.  Le 
limbe  des  feuilles  du  J .  obtusiflorm ,  indépendamment  de  la  particularité  déjà 
signalée  (Bull.  Soc.  bot.  de  France ,  t.  XVI,  p.  607),  et  qui  consiste  à  avoir 
plusieurs  cavités  longitudinales,  présente  encore  quelques  autres  particula¬ 
rités.  Ainsi,  d’une  part,  les  fibres  qui  entourent  les  vaisseaux  du  réseau  trans¬ 
versal  sont  moins  fines  et  moins  nombreuses  que  sur  les  autres  espèces;  et, 
d’autre  part,  la  zone  externe  du  limbe  étant  parcourue  par  de  grandes  lacunes 
longitudinales,  les  ramifications  du  réseau,  pour  arriver  aux  faisceaux  les  plus 
externes,  ont  à  passer  à  travers  ces  lacunes  et  les  obstruent,  attendu  que, 
même  alors,  ces  ramifications  demeurent  entourées  d’un  grand  nombre  des 
petites  cellules  représentées  fig.  3. 

Des  cloisons  transversales  séparant  des  cavités  se  montrent  également  sur 
toute  l'étendue  de  la  gaine;  mais  sur  cette  région  les  cavités  ne  s’étendent 
qu’entre  les  grandes  nervures.  Les  cloisons,  placées  à  des  hauteurs  variables, 
ont  un  réseau  vasculaire  comme  celles  du  limbe,  mais  les  cellules  interposées 
sont  chargées  de  chlorophylle.  Vers  les  marges  de  la  gaine,  les  cavités  sont 
très-étroites;  elles  sont  plus  larges  sur  la  partie  dorsale,  le  deviennent  plus 
encore  à  mesure  qu’elles  s’élèvent,  et  aboutissent  à  un  limbe  ayant,  chez  cer¬ 
taines  espèces,  une  seule  cavité  longitudinale  cloisonnée  (J.  lampocarpos ),  chez 
d’autres,  plusieurs  cavités  longitudinales,  interrompues  à  des  hauteurs  inégales 
par  des  cloisons  transversales  partielles  (J.  obtusiflorus).  Cette  dernière  con¬ 
formation  rappelle  celle  de  certains  Scirpus  et  des  feuilles  de  Graminées  aqua¬ 
tiques,  dont  le  limbe  et  la  gaine  sont  creusés  de  cavités  longitudinales  cloison¬ 
nées  ;  seulement  il  y  a  de  la  chlorophylle  et  des  vaisseaux  dans  les  cioisons  des 
Juncus,  tandis  qu’il  n’y  en  a  point  dans  celles  des  Graminées  que  j’ai  pu 
observer. 

A  propos  de  la  gaine  des  Juncus,  je  signalerai  deux  inexactitudes,  en  sens 
contraire,  échappées  h  deux  auteurs  justement  renommés  pour  leur  clair¬ 
voyance  et  leur  rare  exactitude.  Laharpe  a  dit  :  «  Les  Juncus  ont  toujours  la 

»  gaine  fendue _ ,  ce  qui  concourt  encore  à  les  distinguer  des  Luzula ,  dont 

»  la  gaine  est  entière  »  (Mon.  Jonc.  pp.  6,  18  et  77);  et  Kunth  dit  au  con¬ 
traire  du  genre  Juncus  comme  du  genre  Luzula  :  «  Vagina  integra  »  ( Enum . 
plant.  III,  pp.  296  et  315).  En  ce  qui  concerne  les  Luzula ,  dont  toutes  les  es¬ 
pèces  (au  moins  celles  de  France)  ont  la  gaine  entière,  ces  deux  assertions  sont 
vraies  ;  mais  elles  sont  toutes  deux  inexactes  en  ce  qui  concerne  les  Juncus. 


*234  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

D’abord  colle  de  Knntli,  attendu  que,  à  l’exception  de  deux  espèces,  nos  Juncus 
français  ont  la  gaine  fendue  sur  toute  la  longueur,  l’un  des  bords  recouvrant 
l’autre,  comme  dans  la  plupart  des  Graminées;  avec  cette  différence  toutefois 
que  sur  un  même  chaume  de  Graminée  le  sens  de  ce  recouvrement  alterne 
d’une  gaîne  à  l’autre,  de  telle  sorte  que  si,  à  la  première  gaine,  le  bord  droit 
recouvre  le  gauche,  à  la  seconde  ce  sera  le  bord  gauche  qui  recouvrira  le 
droit;  tandis  que,  sur  une  même  tige  de  Juncus ,  le  sens  du  recouvrement  est 
le  même  à  toutes  les  gaines.  D’autre  part,  l’assertion  de  Laharpe  pèche  par 
trop  de  généralité,  puisque  le  J.  compressas  Jacq.,  et  sa  variété  J.  Gerardi 
Lois.,  ainsi  que  le  ./.  tennis  Willd. ,  ont  la  gaîne  entière  ;  ce  qui,  avec  un 
.imbe  non  cylindrique,  mais  semi-plan  et  en  gouttière,  les  rapproche  des  Lu- 
zula  (1).  Laharpe  aura  sans  doute  été  trompé  par  ce  fait  que,  sur  les  deux 
Juncus  précités,  les  gaines  des  feuilles  radicales  s’emboîtent  les  unes  dans  les 
autres,  et  comme  la  partie  antérieure  en  est  d’une  extrême  ténuité,  elle  se 
déchire  par  le  développement  des  plus  intérieures  et  de  la  lige,  et  ne  se  trouve 
bien  entière  que  sur  la  plante  jeune  et  fraîche;  sur  la  plante  adulte,  les  gaines 
radicales  les  plus  internes  et  les  caulinaires  les  plus  élevées  demeurent  seules 
entières. 

Je  dois  ajouter  encore  que  les  cellules  bidli formes,  dont  j’ai  signalé  la  pré¬ 
sence  sur  la  ligne  médiane  et  dans  les  sinus  de  fa  face  supérieure  des  feuilles 
de  Graminées  {Agropyrum  de  V Hérault,  p.  320),  se  retrouvent  très-pronon¬ 
cées  sur  toute  la  face  supérieure  des  feuilles  en  gouttière  du  J.  compressus 
Jacq.  (pl.  II,  fjg.  5),  du  J .  tennis  Willd.  et  du  </.  bufonius  L.  Cette  même 
face  est  entièrement  dépourvue  de  stomates,  tandis  que  les  feuilles  cylindriques 
des  autres  espèces  en  ont  sur  toute  leur  surface  (2).  La  figure  5  fait  voir  que, 


(1)  Ces  deux  espèces  se  rapprochent  encore  entre  elles  par  une  particularité  commune. 
Dans  les  descriptions  leurs  feuilles  sont  dites  canaliculées  ;  mais,  bien  qu’à  peu  près 
symétriques  dans  leur  constitution  et  par  rapport  au  faisceau  médian,  elles  se  mon¬ 
trent  inéquilatérales,  et  leur  ligne  de  plicature,  au  lieu  de  répondre  au  faisceau  médian, 
se  rapproche  de  l’un  des  hords,  comme  on  peut  le  voir  sur  la  figure  5,  reproduisant  une 
coupe  transversale,  et  sur  la  figure  G,  montrant  le  singulier  mode  de  vernation  en  rap¬ 
port  avec  cette  inégalité  de  plicature.  Les  lacunes  longitudinales  des  feuilles  sont 
d’abord  remplies  par  des  cellules  à  rameaux  irradiants,  comme  celles  qui  remplissent  les 
lacunes  des  feuilles  des  Graminées  aquatiques  et  que  j’ai  décrites  et  figurées  dans  le 
Bull.  Soc.  bot.  cle  France ,  t,  XVI,  pp.  à08et  suiv.,  et  pl.  111,  fig.  7. 

Les  feuilles  du  ./.  bufonius  se  rapprochent  beaucoup  de  celles  du  J.  compressus; 
mais  elles  sont  moins  inégalement  pliées,  sans  cellules  étoilées  dans  les  lacunes,  avec  la 
gaîne  fendue  sur  toute  la  longueur,  bien  que  les  bords  ne  se  recouvrent  que  près  de 
la  base. 

(2)  La  face  supérieure  des  feuilles  du  Luzula  silvalica  a  ses  cellules  presque  trois 
fois  aussi  larges  que  celles  de  l’autre  face,  et  elle  est  aussi  entièrement  dépourvue  de 
stomates.  Il  en  est  de  même  sur  les  feuilles  des  Car  ex  extensa,  distant >,  etc.,  Cyperus 
serotinus  Rottb.  ( Monli  auct.),  longus,  etc.,  Galilea  mucronala,  etc.  Sur  les  feuilles  de 
Dicotylédones  dépourvues  de  stomates  à  cette  même  face,  je  n’ai  pas  trouvé  entre  les 
cellules  des  deux  faces  l'inégalité  de  grandeur  que  je  signale  ici.  A  cette  occasion,  je 
dirai  que,  en  comparant  les  deux  faces  des  feuilles  du  Buxus sempervirens  L.,  j’ai  trouvé 
la  face  supérieure  dépourvue  de  stomates  seulement  sur  les  cotés  du  limbe  et  abondant- 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871. 


285 


si  ces  feuilles  se  fermaient  en  rapprochant  et  soudant  les  bords  de  leur  limbe, 
ces  cellules  bulliformes  répondraient  aux  grandes  cellules  du  centre  des  feuilles 
cylindriques,  comme  si  ces  feuilles  scmi-plancs  n’étaient;  que  des  feuilles  cy¬ 
lindriques  dont  le  limbe  se  serait  étalé,  ou  les  cylindriques  des  feuilles  planes 
dont  le  limbe  se  serait  fermé  et  soudé  par  les  bords  (î), 

Laharpe  a  dit  aussi  de  la  gaine  des  Juncus  :  «  Toujours...  elle  offre,  à  sa 
»  jonction  avec  le  limbe,  deux  petites  oreillettes  analogues  aux  ligules  des  Gra- 
»  minées,  quoique  situées  sur  les  côtés  du  limbe  et  non  entre  lui  et  la  tige.  » 
{Mon.  Jonc.  p.  18.  )  C’est  encore  là  une  assertion  trop  générale  et  double¬ 
ment  inexacte.  D’abord  en  ce  que,  si,  sur  certaines  espèces  {J.  tennis,  par 
exemple),  la  ligule  est  si  réduite  qu’elle  paraît  manquer  entre  les  oreillettes 
isolées,  sur  la  plupart  des  autres,  ces  oreillettes  sont  reliées  entre  elles  par  une 
vraie  ligule,  aussi  haute  qu’elles,  située  entre  le  limbe  et  la  feuille,  prononcée 
comme  celle  des  Graminées,  souvent  très-entière,  souvent  aussi  fendue  au 
milieu,  ce  qui  a  peut-être  fait  illusion  à  Laharpe.  Ensuite  en  ce  que  ces 
oreillettes  n’existent  pas  sur  toutes  les  espèces.  Les  J.  capitatus  et  bufonius , 
par  exemple,  en  sont  absolument  dépourvus  et  n’ont  trace  ni  d’oreillettes,  ni 
de  iigule  (2). 

En  m’occupant  des  recherches  qui  précèdent,  j’ai  pu  constater  une  autre 
particularité.  Les  stomates  des  Juncus  ne  sont  pas  simples,  c’est-à-dire  n'ont 
pas  une  cellule  unique  de  chaque  côté  de  l’osliole ;  ils  en  ont,  de  chaque  côté, 
deux  entièrement  distinctes  des  cellules  épidermiques  environnantes  par  leur 
forme,  par  leur  grandeur,  par  la  minceur  de  leurs  parois,  et  enfin  parla  chlo¬ 
rophylle  qu’elles  renferment.  Lue  coupe  transversale  permet  de  reconnaître 
que  les  deux  cellules  internes  qui  bordent  l’ostiole  (pi.  ÏI,  fig.  7  i ,  8  i)  sont 
beaucoup  plus  petites  que  les  deux  autres,  contre  lesquelles  elles  sont  un  peu 
obliquement  appliquées.  Leur  cavité  est  à  peu  près  ovale  vers  le  milieu  et 


ment  pourvue  de  ces  organes  sur  la  ligne  médiane  au-dessus  de  la  nervure.  Ce  doit 
être  un  fait  propre  au  Buxus ,  puisqu’on  lit  dans  tous  les  traités  :  «  Les  stomates  corres- 
»  pondent  aux  parties  uniquement  cellulaires  et  ne  se  trouvent  que  dans  les  espaces  cir- 
»  conscrits  par  les  nervures.  » 

(1)  On  voit  aussi  des  feuilles  cylindriques-fistuleuses  et  des  feuilles  planes  dans  les 
genres  Asphodelus ,  Allium,  etc.,  et  l’on  est  tenté  de  voir  là  entre  les  Joncées  et  les  Li- 
liacées  un  rapport  de  plus  à  ajouter  à  ceux  que  B.  Brown  et  Kunth  ont  indiqués  et  tirés 
des  organes  de  reproduction  ;  mais,  quand  on  remarque  sur  les  Cypéracées  toutes  ces 
mêmes  formes  de  feuilles  planes  ( Cyperus  longus  L.,  etc.),  —  semi-planes  avec  face 
supérieure  à  cellules  bulliformes  et  sans  stomates  (Galilea  mucronata,  etc.),  — ■  fistu- 
leuses  ( Scirpus  Savii), —  cloisonnées  {Scirpus  articulatus,  e te.),  on  ne  trouve  plus  là 
qu’un  de  ces  cas  de  parallélisme  de  formes  spécifiques,  cas  très-nombreux,  mais  peut-être 
trop  peu  remarqués. 

(2)  Le  J.  Tcnageia  a  une  ligule  très-prononcée,  et,  comme  le  J.  spliærocarpus  N. 
ab  Es.  en  a  également  une,  c’est  au  Tcnageia  qu’il  doit  être  rapporté,  et  non  au 
,/.  bufonius,  comme  Steudel  l’a  prétendu  ( Syn .  Gluni.  II,  p.  307,  n°  103).  Le  J.  ca- 
püatus  a  ses  feuilles  presque  planes  et  canaliculées,  dépourvues  de  ligule  et  d’oreillettes, 
ce  qui  le  distingue  à  première  vue  du  ./.  pygmœus,  dont  les  feuilles  fistuleuses  et  cloi¬ 
sonnées  ont  ligule  et  oreillettes  très-développées. 


230 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


arrondie  vers  les  extrémités.  Les  deux  cellules  externes  (fig.  le,  Se)  pénè¬ 
trent  plus  vers  l’intérieur  que  les  ostiolaires,  avec  une  cavité  un  peu  courbée 
obliquement,  à  angle  aigu  vers  l’extérieur,  arrondie  vers  l’intérieur.  Sur  une 
lame  d’épiderme  (fig.  9  i,  e ),  les  deux  paires  de  cellules  se  montrent  distinc¬ 
tement  en  correspondance  avec  ce  qui  se  voit  sur  les  coupes  transversales  : 
elles  sont  à  peu  près  de  même  longueur;  souvent  cependant  les  ostiolaires 
dépassent  un  peu  les  deux  autres. 

J’ai  examiné  les  stomates  des  espèces  suivantes  :  J.  conglomeratus  L. , 
effusus  L. ,  in  fl  exus  L. ,  acutus  L. ,  maritimus  Lam. ,  supinus  Mœnch,  lage- 
narivs  Gay,  lampocarpos\L\\\A\, ,  striatus  Scbsb. ,  acutiflorus  Ehrh.,  anceps 
Lah. ,  alpinus  Vill.,  obtusiflorus  Ehrh.  et  compressus  Jacq.  ;  et  sur  toutes  j’ai 
trouvé  la  même  disposition  générale,  mais  avec  quelques  différences  de  détail. 
Sur  le  groupe  des  espèces  à  feuilles  cloisonnées  («/.  lampocarpos ,  etc.),  les  cel¬ 
lules  stomatiques  n’ont  qu’un  revêtement  cuticulaire  très-mince  et  les  deux 
externes  atteignent  à  peine  la  moitié  de  l’épaisseur  des  cellules  de  l’épiderme 
(fig.  8  e)  ;  sur  le  J.  inflexus ,  elles  les  dépassent  presque  de  moitié  et  le  revê¬ 
tement  cuticulaire  est  presque  égal  à  celui  des  autres  cellules  (fig.  7  e )  ;  sur 
le  J.  compressus ,  les  cellules  stomatiques  pénètrent  à  la  même  profondeur  que 
les  autres  cellules  de  l’épidenne.  L’appareil  slomatique  est  généralement  vers 
l’extérieur  au  niveau  de  l’épiderme,  quelquefois  un  peu  plus  bas,  mais  il  n’a 
jamais  de  cavité  au-dessus  de  lui. 

Sur  Jes  Luzula,  sur  le  Galilea  mucronata  L.  (sub  :  Schrenus)  et  sur  les 
Cyperus  longus  L. ,  serotinus  Ilottb. ,  etc.,  j’ai  trouvé  des  stomates  répondant 
par  leur  ensemble  à  ceux  des  Juncus. 


Sur  les  Graminées,  l’appareil  stomatique  est  également  composé  de  quatre 
cellules  (pl.  II,  fig.  10  à  13).  Les  deux  cellules  ostiolaires,  longues,  et  très- 
étroites  le  long  de  l’osliole,  y  sont  un  peu  dépassées  et  recouvertes  par  les 
externes  (fig.  10);  mais  vers  leurs  extrémités  elles  se  dilatent  latéralement  sous 
la  cuticule,  et  surtout  vers  l’intérieur,  en  deux  saillies  très-chargées  de  chlo¬ 
rophylle,  ce  qui  donne  aux  stomates  de  celle  famille  un  aspect  tout  particu¬ 
lier.  Les  deux  cellules  externes  sont  au  contraire  plus  dilatées  vers  le  milieu 
de  leur  longueur  et  réduites  vers  leurs  extrémités  (1). 


(1)  La  répartition  des  stomates  sur  les  feuilles  de  la  même  famille  mérite  une  mention 
particulière.  En  général,  sur  les  feuilles  à  épidermes  parallèles  (voir,  sur  la  division  des 
feuilles  de  Graminées,  mon  Mémoire  sur  les  Agropyrum  de  l’Hérault,  pp.  321  et  323), 
et  dès  lors  à  petites  côtes,  ils  sont  distribués  sur  les  deux  faces ,  en  lignes  longitudi¬ 
nales  de  chaque  côté  et  à  peu  de  distance  des  nervures  (ex.  :  Piptalherum  paradoxum, 
Arundo  Phrugmitcs,  Aveu  a  sterilis,  etc.).  Mais  sur  les  feuilles  à  grosses  côtes,  il  n'y  en 
a  que  quelques-uns  eu  même  pas  du  tout  à  la  face  inférieure  ;  il  n’y  en  a  qu’à  la  face 
supérieure  sur  les  côtés  des  grosses  nervures  (ex.  :  Triticum  junccum ,  Psarnma  are- 
naria ,  Spartina  versicolor ,  etc.)  ;  et,  ce  qui  paraîtra  peut  être  digne  de  remarque, 
ces  dernières  feuilles,  tant  qu’elles  sont  fraîches  et  bien  vivantes,  au  lieu  d’étendre  leur 
limbe  avec  la  face  supérieure  en  haut,  subissent  à  peu  de  distance  du  chaume  un  mouve¬ 
ment  de  torsion  et  tiennent  constamment  leur  lace  supérieure  tournée  vers  la  terre. 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871. 


‘237 


A  l’effet  de  comparer  la  structure  des  stomates  d’autres  Monocolvlédones, 
j’ai  examiné  ceux  du  Pancratium  maritimumh .,  du  Narcissus  Tazctta  L. , 
et  de  YAsphodelus  albus  Willd. ,  qui  par  leur  grandeur  se  prêtent  facilement 
à  cette  étude.  Sur  une  lame  d’épiderme,  enlevée  par  déchirement  à  une  feuille 
adulte,  on  voit,  au  centre  des  deux  grandes  cellules  stomatiques,  un  cercle 
noir  assez  nettement  terminé  par  des  lignes  et  simulant,  à  s’y  méprendre,  deux 
petites  cellules  ostiolaires  (fig.  15).  AI ais  une  coupe  transversale  (fig.  IA)  ré¬ 
vèle  aussitôt  que  cette  apparence  est  due  à  ce  qu’il  existe  au-dessus  de  l’os- 
liole  une  cavité  cratériforme  (fig.  14  p  et  15  p),  dont  les  bords,  oblique¬ 
ment  excavés,  dévient  les  rayons  lumineux,  et  qu’il  n’y  a  en  réalité  que  deux 
cellules  stomatiques  (fig.  IA  s  et  15  s).  J’ai  pu  en  suivre  le  développement 
avec  une  facilité  extrême  et  constater  avec  pleine  évidence  les  faits  suivants  : 

1°  Tout  à  fait  à  la  base  d’une  feuille  très-jeune,  dans  le  bulbe  et  contre  le 
plateau,  toute  cellule  qui  aboutira  à  un  stomate  apparaît  absolument  en  même 
temps  que  les  autres  à  un  niveau  identique  ou  à  peine  plus  bas,  et  s’en  dis¬ 
tingue  d’ailleurs  par  ses  dimensions  bien  moindres  et  une  plus  grande  quan¬ 
tité  de  granulations. 

2°  A  quelques  millimètres  plus  haut,  apparaissent  dans  chaque  cellule-mère 
deux  nucléus  qui  repoussent  les  granulations  vers  les  bords  devenus  d’une 
extrême  ténuité.  A  ce  moment,  la  cuticule  n’est  point  fendue  et  n’a  aucune 
trace  des  boutonnières  et  des  cratères  qu’elle  présentera  plus  tard. 

3°  Un  peu  plus  haut,  la  cellule-mère  n’est  plus  distincte,  et  les  deux  nucléus 
ont  abouti  à  deux  cellules,  aussi  larges  ou  plus  larges  que  longues,  ayant 
chacune  sa  cloison  propre,  de  façon  que  la  cloison  médiane  est  ainsi  double 
et  formée  de  deux  cloisons  en  contact,  qui  se  séparent  presque  aussitôt  vers 
leur  milieu  pour  constituer  l’ostiole. 

A0  Ce  qui  précède  se  passe  vers  la  base  de  la  feuille  et  profondément 
dans  le  bulbe  ;  c’est  un  peu  plus  haut,  mais  encore  sous  les  tuniques  du 
bulbe,  que  la  cavité  épistomatique  (fig.  IA  et  15  p)  commence  à  se  former  ; 
la  cuticule,  encore  mince,  s’ouvre  d’abord  en  une  très-petite  boutonnière, 
puis  à  mesure  que  les  cellules  stomatiques  et  celles  de  l’épiderme  prennent 
leur  développement,  l’ouverture  s’élargit  vers  le  haut  et  se  creuse  en  cratère 
ovale;  en  même  temps  le  revêtement  cuticulaire  augmente  d’épaisseur  et  se 
dépose  sur  les  parois  du  cratère  jusque  vis-à-vis  des  cellules  stomatiques.  A  ce 
même  moment  apparaissent  dans  les  cellules  stomatiques  les  granulations  de 
chlorophylle,  et  tout  l’appareil  est  définitivement  constitué. 

Je  puis  affirmer,  et  mes  préparations  en  font  foi,  que  les  choses  se  passent 
ainsi  sur  les  Pancratium  maritimum ,  Narcissus  Tazetta  et  Asphodelus 
albus  (1),  et  que  ce  qui  a  été  dit  d’abord  par  M.  Hugo  de  Molli  (. Linnœa , 

(1)  Sur  cette  dernière  plante,  la  cavité  épistomatique  est  moins  forte,  les  parois  des 
cellules  de  l’épiderme  et  le  revêtement  cuticulaire  moins  épais.  Pour  bien  suivre  la 
formation  des  stomates  sur  ces  plantes,  il  est  bon,  au  moins  à  Montpellier,  de  ne  pas 
attendre  le  mois  de  février. 


238 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


1838,  p.  544  ;  traduit  dans  les  Ann.  sc.  nat.  T  série,  Rot.  t.  XIII,  p.  2*24)  et 
ensuite  reproduit,  sur  la  formation  de  certains  stomates,  savoir  qu’  «  il  se 
»  forme  une  cloison  délicate  au  milieu  et  d’un  bout  à  l’autre  de  la  cellule  - 
»  mère,  et  qu’ensuile  cette  cloison  se  dédouble  dans  son  milieu  en  deux 
»  feuillets  qui  se  dissocient  et  s’écartent  pour  laisser  entre  eux  le  vide  de  l’os- 
»  tiole  »,  n’est  pas  exactement  applicable  aux  Monocotylédones  précitées,  ni 
à  plus  forte  raison  aux  Joncées,  aux  Cypéracées  et  aux  Graminées. 

Le  développement  des  stomates  est  incomparablement  plus  difficile  à  suivre 
sur  les  Juncus ,  Cyperus,  etc.,  par  suite  de  la  petitesse  de  ces  organes,  surtout 
chez  les  espèces  de  Juncus  à  tige  nue  (J.  inflexus  L.  ,etc.),  attendu  la  forte 
adhérence  de  l’épiderme  et  la  mollesse  extrême  des  tissus  en  voie  de  formation. 
Sur  le  J.  striatus  Schsb.  et  sur  le  Cyperus  serotinus  Rottb.,  qui  ont  les  plus 
grandes  cellules  épidermiques  et  les  plus  gros  stomates,  j’ai  pu  reconnaître 
que  la  cellule-mère  d’un  stomate  sc  montre  en  meme  temps  que  les  autres, 
parfaitement  simple ,  et  sans  aucune  trace  de  cellules  adjacentes  qui  plus  tard 
deviendraient  les  cellules  latérales  du  stomate  ;  qu’elle  contient  ensuite  deux 
grands  nucléus  qui  aboutiront,  comme  dans  l’exemple  précédent,  à  l’envahis¬ 
sement  de  la  cellule-mère.  Mais  à  peine  sont-ils  arrivés  à  ce  point,  qu’on  voit 
déjà  et  toujours,  non  plus  deux  cellules,  mais  quatre,  comme  si,  dans  chacun 
des  côtés  de  la  cellule-mère,  il  y  eût  un  nucléus  double  aboutissant  à  deux 
cellules  au  lieu  d’une.  Il  m’a  été  jusqu’ici  impossible  de  voir  un  nucléus 
double,  ni  de  rien  distinguer  sur  l’ordre  d’apparition  de  ces  deux  cellules. 
Mais,  bien  qu’infructueuses  sur  ce  point,  mes  observations  m’ont  permis  de 
reconnaître  avec  netteté  et  d’affirmer  que  les  cellules  stomatiques  externes  ne 
se  montrent  point  en  même  temps  que  les  autres  cellules  épidermiques,  et 
qu’au  contraire  leur  apparition  se  rattache  au  développement  ultérieur  et  à 
la  transformation  de  la  cellule-mère  du  stomate.  Leur  forme  et  leur  contour 
sont  d’ailleurs  identiques  à  ce  que  montrent  les  cellules  ostiolaires,  et,  comme 
celles-ci,  elles  contiennent  de  la  chlorophylle.  C’est  pourquoi  je  les  considère, 
non  comme  des  cellules  de  l’épiderme  modifiées  et  comprimées  par  le  dévelop¬ 
pement  des  cellules  ostiolaires,  mais  comme  des  cellules  propres,  concourant 
à  constituer  l’appareil  stomatique  de  certaines  familles  et  participant  à  son 
mode  particulier  de  développement. 


Expiicatioii  de»  figures  de  ïu  plancltc  1£  de  ce  volume. 

Fig.  1.  Juncus  aculiflorus  Elirh.  —  Coupe  transversale  sur  une  cloison  de  la  feuille 
(ÎO'I). 

Fig.  2.  Juncus  acutiflorus  Ehrh. —  Coupe  d’une  branche  du  réseau  de  la  môme  cloison 
(500/1). 

a.  Vaisseaux  ponctués  et  rayés. 

è.  Fibres  très-fines  constituant  une  enveloppe. 


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ï.i‘A  &ïAæS'  âitf.iHpMtoe&f'' 


Tissus  de  Joncées  et  de  Graminées 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871.  239 

Fig.  3.  Juncus  obtusiflorus  Ehrh.  —  Cellule  prise  dans  les  mailles  du  réseau  des  cloi¬ 
sons  (500/1). 

a.  Corps  de  la  cellule. 

b.  Méats  intercellulaires. 

Fig.  4.  Juncus  striatus  Schsb.  —  Mode  de  communication  du  réseau  des  cloisons  avec 
les  faisceaux  longitudinaux  (100/1) . 

a.  Rameau  du  réseau. 

b.  Faisceau  tibro-vasculaire  longitudinal. 

Fig.  5.  Juncus  compressus  Jacq.  —  Coupe  transversale  d’une  feuille  (50/1). 

Fig.  6.  Juncus  compressus  Jacq.  —  Coupe  dégainés  et  de  jeunes  feuilles  pour  montrer 
le  mode  de  vernation  (10/1). 

Fig.  7.  Juncus  in flexus  L. —  Coupe  transversale  d’un  stomate  de  la  tige  (500/1). 
i,  Cellule  interne  du  stomate,  ou  cellule  ostiolaire. 
e,  Cellule  externe  du  même. 

m.  Cellules  de  l’épiderme.  ’ 

c.  Cuticule  et  revêtement  cuticulaire. 

h.  Chambre  hypostomatique, 

Fig.  8.  J.  striatus  Schsb. —  Coupe  transversale  d’un  stomate  de  la  feuille  (500/1) 

i,  e,  m,  c,  /i,  même  signification  qu’à  la  figure  7. 

Fig.  9.  J.  striatus  Schsb.  —  Stomate  vu  de  face  sur  une  lame  d’épiderme  (500/1  . 
i,  e ,  m,  même  signification  qu’à  la  figure  7. 

Fig.  10.  Avenu  sterilis  L.  —  Stomate  de  la  feuille  coupé  transversalement  vers  son 
milieu  (482/1). 

Fig.  11.  Le  même,  coupé  vers  l’une  de  ses  extrémités  (482/1). 

Fig.  12.  Le  même,  vu  de  face  (482/1). 

Fig.  13.  Moitié  longitudinale  du  même,  vue  du  coté  de  l’ostiole  (482/1). 

Fig.  14,  Pancratium  maritimumL. —  Coupe  transversale  d’un  stomate  d’une  feuille 
(250/1). 

p.  Cavité  cratériforme  au-dessus  del’ostiole. 
s.  Cellules  ostiolaires. 
m.  Cellules  de  l’épiderme. 
h.  Chambre  hypostomatique. 

Fig.  15.  Pancratium  maritimumh.  —  Stomate  d’une  feuille  vu  de  face  sur  une  lame 
d’épiderme. 

p,  s,  même  signification  qu’à  la  figure  14. 


M.  Martinet  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

SUR  LES  ORGANES  GLANDULEUX  DES  LABIÉES,  par  M.  J.-B.  HARTIKET. 

\ 

Je  me  suis  occupé  depuis  quelque  temps  de  l’étude  des  glandes  de  ta 
famille  des  Labiées.  Un  certain  nombre  d’auteurs  admettent  que  les  glandes 
des  Labiées  sont  placées  sous  l’épiderme.  Il  n’en  est  rien,  ainsi  que  me  permet¬ 
tent  de  l’affirmer  les  dissections  que  j’ai  faites  sur  un  assez  grand  nombre 
d’espèces,  appartenant  à  plus  de  quarante  genres  différents.  Je  dois  dire,  en 
outre,  que  c’est  à  tort  que  l’on  qualifie  les  feuilles  des  Labiées,  ainsi  qu’on 
peut  le  lire  dans  des  ouvrages  fort  estimés,  de  feuilles  ponctuées  glanduleuses 
( Hyssopus ,  Saturera ,  etc.).  Cette  expression  est  inexacte,  car  elle  implique 
l’idée  d’une  erreur  anatomique. 


2A0 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Les  glandes  des  Labiées,  qui  offrent  des  types  assez  variés,  au  point  de  vue 
soit  de  leurs  dimensions,  soit  de  la  complication  de  leur  structure,  appartiennent 
toutes  au  groupe  d’organes  sécréteurs  que  De  Candolle  a  désignés  sous  le  nom 
de  poils  glanduleux  (pili  glandulosi)  et  parmi  ceux-ci  aux  poils  glanduli- 
f'eres  (pili  glanduliferi)  du  même  auteur.  Elles  sont  par  conséquent  toutes 
essentiellement  situées  à  la  surface  de  l’épiderme,  même  quand  elles  sont 
logées  dans  une  petite  fossette  produite  par  la  dépression  de  cet  épiderme  et  du 
tissu  sous-jacent. 

Meyen,  qui  a  décrit  beaucoup  de  choses  qu’il  n’a  pas  vues,  dit  que  les  glandes 
des  Labiées  sont  identiques  à  celles  des  feuilles  des  Orangers,  des  Myrtacées, 
des  ftutacées,  etc.  (U e ber  die  Sckretionsorgane  der  Pflanzen,  Berlin,  1837). 

Je  signalerai  un  fait  que  l’on  observe  assez  fréquemment  chez  les  glandes  de 
cette  intéressante  famille  et  chez  celles  de  quelques  autres  végétaux,  les  Pélar¬ 
gonium  entre  autres.  Lorsque  la  substance  sécrétée  est  accumulée  dans  la 
glande  en  assez  grande  abondance,  cette  substance  sort  à  travers  les  parois  des 
cellules  glandulaires  et  s’extravase  entre  l’organe  sécréteur  et  la  cuticule  qui  le 
recouvre.  Celle-ci,  plus  ou  moins  fortement  distendue,  prend  la  forme  sphérique, 
et  la  glande  apparaît  surmontée  d’un  volumineux  globule  de  la  substance 
qu’elle  a  produite.  Il  arrive  quelquefois  que  le  décollement  cuticulaire,  au  lieu 
de  porter  simplement  sur  la  partie  supérieure  de  la  glande,  intéresse  tout  cet 
organe,  et  même  une  portion  plus  ou  moins  étendue  du  poil  qui  lui  sert  de 
pédicelle. 

Quand  l’huile  essentielle  sécrétée  est  ainsi  extravasée,  elle  exerce  une 
pression  sur  la  face  interne  de  la  cuticule  et  sur  la  face  supérieure  de  la  glande. 
La  cuticule  résiste  facilement  à  cette  pression  à  cause  de  son  élasticité,  mais 
la  glande,  surtout  quand  elle  est  unicellulaire,  comme  cela  a  lieu  chez  tous 
les  Pélargonium ,  la  glande,  dis-je,  en  partie  vidée  parla  sortie  de  la  sécrétion 
qu’elle  a  produite,  dépouillée  en  outre  de  son  revêtement  cuticulaire,  ne 
résiste  pas  toujours  à  la  pression  du  globule  liquide  qui  la  surmonte,  et  sa 
partie  supérieure  s’affaisse  dans  l’inférieure,  s’y  invaginé  comme  le  doigt  d’un 
gant  retourné  et  constitue  ainsi  une  cupule  que  Guettard  a  décrite,  il  y  a  plus 
d’un  siècle,  comme  une  forme  normale  d’organe  glanduleux,  organe  que  De 
Candolle  a  accepté  sous  le  nom  de  poils  en  cupule  (pili  cupulati)  et  qu’il  a  fait 
accepter,  à  cause  de  son  autorité,  par  presque  tous  les  savants  qui  ont  parlé 
des  poils  glanduleux. 

Les  poils  glanduleux,  dits  poils  en  cupule,  n’existent  pas. 


M.  Larcher,  vice-secrétaire,  donne  lecture  de  la  lettre  suivante, 
adressée  à  M.  le  Secrétaire  général: 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871. 


m 


LETTRE  DE  M.  Antoine  LE  GRAND. 

Montbrison,  4  novembre  1871. 

Monsieur  le  Secrétaire  général, 

Mes  recherches  relatives  aux  Agropyrum  m’ont  conduit  à  de  nouvelles 
découvertes  intéressantes,  à  ajouter  au  contingent  que  j’ai  fait  connaître  à  la 
Société  par  une  note  récente  (1). 

Il  y  a  peu  de  temps  que  notre  honorable  confrère  M.  Gaudefroy  annonçait, 
comme  nouveau  pour  la  flore  française,  M  Agropyrum  Savignonii  DeNot.  (2). 

Eh  bien,  la  localité  citée  des  Hautes-Alpes  ne  sera  plus  la  seule;  cet  Agro- 
pyrum  est  décidément  bel  et  bien  français,  et  appartient  aujourd’hui  au  bassin 
de  la  Loire.  Je  l’ai  récolté  à  2  kilomètres  en  amont  de  Montbrison,  dans  les 
prairies  des  bords  du  Vizezi,  où  il  est  fort  rare.  Mais  les  beaux  échantillons  que 
j’ai  recueillis  ont  permis  à  M.  Boreau  de  se  prononcer  avec  certitude. 

J’ai  eu  le  plaisir  de  rencontrer  dans  la  même  localité  plusieurs  autres  Agro¬ 
pyrum  remarquables  qui  croissaient  à  proximité  du  précédent  : 

D’abord  Y  Agropyrum  glaucum  type,  mais  plus  développé  et  à  grands  épil- 
lets,  sans  doute  à  cause  de  l’humidité  de  la  station. 

Puis  une  variété  nouvelle  de  VA.  glaucum ,  à  fleurs  longuement  poilues 
(A.  glaucum  var.  pilosum ),  qui  était  assez  abondante. 

Voilà  quelques  bonnes  acquisitions  nouvelles  que  j’ai  cru  devoir  vous 
signaler. 

Agréez,  etc.  A.  Le  Grand. 

M.  Brongniart,  au  nom  de  M.  Gris  et  au  sien,  fait  à  la  Société  la 
communicalion  suivante  : 

SUPPLÉMENT  AUX  PROTÉACÉES  DE  LA  NOUVELLE-CALÉDONIE.  SUR  LE  NOUVEAU  GENRE 
BEAUPREA ,  par  MM.  Adolphe  BRONGNIART  et  Arthur  GRIS. 

Nous  avons  trouvé,  dans  les  collections  de  M.  Pancher  et  dans  les  derniers 
envois  de  M.  Balansa,  un  groupe  de  cinq  espèces  dont  nous  formons  un  genre 
nouveau  qui  doit  prendre  place  dans  la  tribu  des  Persooniées. 

Nous  le  dédions  à  Beautemps-Beaupré,  qui  fut  membre  de  l’Académie  des 
sciences,  ingénieur-hydrographe  de  la  marine,  et  l’un  des  compagnons  de 
La  Billardière  dans  le  voyage  de  d’Enirecasteaux. 

Les  Beauprea  sont  des  arbrisseaux  à  feuilles  alternes,  simples  ou  impari- 
pinnées,  dont  les  fleurs  régulières  se  groupent  à  l’extrémité  des  rameaux  en 
grappes  composées  axillaires  ou  terminales. 

(1)  Voyez  plus  haut,  p.  1 A6 . 

(2)  Voyez  le  Bulletin,  t.  XVII  (Séances),  p.  182. 

T.  XVIII. 


(séances)  16 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


2/1*2 

Le  calice  se  compose  de  quatre  sépales  libres  et  finalement  caducs,  spatulés, 
cunéiformes  ou  lancéolés,  dont  la  partie  supérieure  s’étale,  se  réfléchit  ou 
s’enroule  en  dehors  lors  de  l’anlhèse. 

L’androcôe  est  constitué  par  quatre  étamines  presque  aussi  longues  que  les 
sépales,  dont  le  filet  plan  adhère  dans  sa  partie  inférieure  au  sépale  corres¬ 
pondant,  et  dont  l’anthère  est  elliptique-oblongue,  nautique  ou  brièvement 
mucronée. 

L’ovaire  est  ovoïde,  un  peu  comprimé  latéralement,  et  plus  ou  moins  gib- 
beux  du  côté  opposé  à  la  bractée  axillante  de  la  fleur.  Il  renferme  un  ovule 
ascendant  sur  un  placenta  pariétal  postérieur,  semi-analrope,  avec  le  micropyle 
en  dehors,  et  se  continue  en  un  style  filiforme  que  couronne  une  petite  crête 
papilleuse. 

Autour  de  l’ovaire,  le  réceptacle  présente  un  disque  composé  de  quatre 
petites  languettes  ovales-arrondies  ou  tronquées,  charnues  et  libres. 

Le  fruit  est  une  petite  drupe  luisante  ou  couverte  d’une  efflorescence  glau¬ 
que,  dont  le  mésocarpe,  pulpeux,  est  peu  abondant,  et  dont  le  noyau,  lisse, 
est  assez  mince. 

C’est  en  vain  qu’on  chercherait  les  traces  du  style  vers  le  sommet  du  fruit. 
Par  suite  du  développement  inégal  du  péricarpe,  cet  organe,  ou  ce  qui  reste  de 
cet  organe,  est  reporté  très-près  de  la  base  de  la  drupe,  du  côté  de  la  bractée 
axillante. 

La  graine  (1),  sessile,  est  suspendue  au-dessous  du  sommet  de  la  loge,  du 
côté  antérieur,  par  un  disque  hilaire  elliptique  latéral,  auquel  paraît  corres¬ 
pondre  la  chalaze,  et  qui  occupe  environ  la  moitié  de  sa  circonférence.  Elle 
est  comprimée  sur  les  côtés  et  présente,  dans  sa  partie  libre  opposée  au  point 
d’attache,  une  dépression  qui  correspond  à  une  saillie  basilaire  du  noyau.  Telle 
est  du  reste  la  forme  générale  de  l’embryon,  car,  sous  le  tégument  membra¬ 
neux  de  la  graine,  il  n’v  a  pas  d’albumen.  Telle  est  en  même  temps  la  forme 
générale  du  corps cotylédonaire,  car  la  tigelie  qui  constitue  l’une  des  extrémités 
de  la  dépression  en  arc  opposée  au  point  d’attache  est  extrêmement  courte. 
Cette  masse  cotylédonaire  ne  s’ouvre  pas,  comme  on  pourrait  le  croire 
d’après  sa  forme,  à  la  manière  de  celle  des  haricots,  par  exemple  :  elle  est 
divisée  en  deux  parties  inégales  et  dissemblables  comme  par  une  sorte  de  par¬ 
tition  transversale  et  oblique  partant  de  la  pointe  radiculaire.  Il  en  résulte 
que  l’un  des  cotylédons  est;  entier  et  que  l’autre  est  excavé  dans  sa  région 
dorsale  et  basilaire.  Ces  cotylédons  sont  du  reste  courbés  en  arc  ;  leur  dos, 
assez  étroit,  porte  dans  sa  partie  supérieure  l’empreinte  d’une  moitié  du  disque 
hilaire  ;  ils  sont  larges,  convexes  sur  les  côtés,  plans  ou  légèrement  concaves 
sur  leurs  laces  supérieures  contiguës  (2). 


(1)  Nous  ne  l’avons  observée  dans  son  état  de  maturité  que  dans  les  l).  diversifolia  et 
spathulœ  folia  i 

(2)  I/espèce  unique  du  genre  Dilobeia  de  Du  Petit-Thouars,  originaire  de  Madagascar. 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871. 


243 


BEAUPREA  (nov.  gen.). 

Flores  regu  lares. 

Sepala  4,  libéra,  æqualia,  ad  anthesim  reflexa  revoiutave,  decidua. 

Stamina  4,  sepalis  subæquilonga,  lilamentis  planis  sepaüs  versus  basim 
adnatis,  antheris  elliptico-oblongis,  muticis  vel  breviler  mucronatis. 

Ovarium  sessile,  postice  plus  miiiusve  gibbosum  ;  ovulum  unicum  semi- 
anatropum  adscendens,  micropyle  extrorsum  inféra. 

Stylus  elongatus  liliformis,  stigmate  cristato. 

Squamœ  hypogynœ  4,  liberæ,  brèves. 

Drupa  basi  styli  prope  fructus  inserlioneni  apiculata,  mesocarpio  pulposo 
parco,  nucleo  parum  crasso,  lævi,  basi  excavato. 

Semen  sessile,  infra  apicem  loculi  lateraliter  et  antice  affixum,  integumento 
membranaceo.  Embrvo  tigella  inféra  brevissima  acuta,  cotyledonibus  obli- 
quiter  erectis,  carnosis,  dissimili  bus,  dorso  obtuse  carinatis  et  bilo  sigillatis, 
lateraliter  compressis,  latis,  convexis,  pagina  superiore  augustata  subplana 
contiguis,  uno  integro,  altero  parte  dorsali  basilarique  excavato. 

Frutices  fol  iis  alternis,  petiolatis,  simplicibus  vel  imparipinnatis;  floribus 
in  racemos  compositos  axillares  vel  terminales  disposilis. 

i.  Beauprea  gr agios. 

Frutex  debilis,  2-3  metr.  altus,  ramis  teretibus,  rugosis,  glabris. 

Folia  alterna,  simplicia,  coriacea,  glaberrima,  nitida,  petiolata,  petiolo 
1-5  centim.  longo  infra  convexo,  supra  concavo,  limbo  in  petiolum  sensim 
desinente,  10-15  cent,  longo,  3-8  cent,  lato,  elliptico  -lanceolata,  elliptico- 
obovata,  spathulatave,  regularia  vel  inæquilaleralia  asymmetrica,  apice  sæpius 
emarginata,  superne  grosse  crenata,  vel  aliquoties,  in  foliis  asymmetricis  uno 
latere  irregulariter  lobato -crenata,  nervo  medio  secundariis  pinnatis  aliisque 
reticulatis  utrinque  prominuüs. 

Inflorescentia  tcnninalis,  ampla,  multiflora,  erecta,  panicuîata,  30  centim. 
longa;  racemis  compositis,  in  axilia  foliorum  superiorum  nascentibus,  race- 
moque  terminali;  ramis  compressis  glabris  striatis  ;  rachi  commun!  bracteas 
racemos  foventes  lincari-lanceolatas,  apice  obtusiusculas,  2-5  inillim.  longas 
gerente,  bracteolis  superioribus  pcdunculos  foventibus  ovato-lanceolatis  acutis 
brevissimis  ;  ramis  secundariis  adsceudentibus  vel  aliquoties  patulis,  superio¬ 
ribus  simplicibus,  id  est  racemosis*  inferioribus  tertiario  ordine  ramosis  ; 
florum  pedunculis  distantibus,  distichis  vel  hincillincgemmatim  approximalis, 
adsceudentibus,  gracilibus  sed  rigtdis,  8-10  mill.  longis. 

Fructus  ellipsoideus,  1  |  cent.  Iongus,  nilidus. 


ressemble,  par  son  inflorescence  et  sa  régularité  florale,  à  nos  espèces  de  Beauprea.,  mais 
ses  fleurs  sont  unisexuées;  l’ovaire  et  le  fruit  étant  d’ailleurs  inconnus,  nous  ne  saurions 
réunir  les  deux  types. 


V\h  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Habitat  in  silvis  locorum  eruptorum  prope  Kanala,  ad  rivos  eoruindem 
prope  Messioncoue  (Balansa,  n°  2277). 

2.  Beauprea  spathulæfolia. 

Frutex  2-  metralis,  ramosus,  rotundatus,  densus;  ramis  teretibus,  lævibus, 
albesccntibus. 

Folia  alterna,  simplicia,  subcoriacea,  glaberrima,  nitida,  infra  punctulis 
minutissimis  creberrime  conspersa,  angustato- vel  obovato-spithulata,  12-15 
cent,  longa,  basi  in  petiolum  elongatum,  gracilem,  infra  convcxum,  supra 
planum  sensim  attenuata,  apice  rotundato-emarginata,  cæterum  integra  vel 
superne  rotundato-lobata  crenatave,  lobis  integris  vel  emarginatis,  nervo 
primario  nervis  secundariis  pinnatis  aliisque  reticulatis  utrinque  conspicuis 
prominulis. 

Inflorescentia  terminalis,  paniculata,  15-16  cent,  longa,  erecta  ;  racemis 
compositis  bractea  brcvi,  ovata  vel  spathulata  stipalis  racemoque  terminali  ; 
ramis  parte  nuda  compressis  sulcatis  glabratis  vel  ferrugineo-velutinis,  parte 
florifera  angulosis  sulcatis,  eodem  modo  puberulis  ;  rachi  communi  bracteas 
racemos  foventcs  ovato-lanceolatas  vel  lineari-spathulatas,  apice  incrassatas 
obtusiusculas,  3  millim.-l  cent,  longasgerente,  bracleolis  superioribus  pedun- 
culos  foventibus  ovatis  acutis  brevissimis;  ramis  secundariis  adscendentibus, 
superioribus  simplicibus  id  est  racemosis,  inferioribus  secundario  ordinc 
ramosis  ;  florum  pedunculis  brevissimis,  approximatis. 

Fructus  obovoideus,  6-7  mill.  longus,  nitidus. 

Habitat  in  locis  aridis  ferrugineis  montis  Cougui  dicti  (Vieillard, 
n°  3097)  (1). 

3.  Beauprea  diversifolia. 

Frutex  3 -h  metr.  altus,  ramis  teretibus,  albescentibus. 

Folio  alterna,  imparipinnata,  coriacea,  glaberrima,  nitida,  10-20  cent, 
longa,  plerumque  2-3-juga,  vel  aliquolies  1-juga,  vel  rarius  segmento  lermi- 
nali  tantum  instrucla  et  ita  simplicia  spalhulataque.  Rachis  gracilis,  usque  ad 
medium  nuda,  supra  plana  vel  paulo  concava  nervoque  medio  notata,  infra 
convexa.  Segmenta  lateralia  opposita,  adscendentia,  spatbulato-cuneata,  2-6 
cent,  longa,  apice  oblusa,  lobata  crcnata  vel  crenulata  vel  etiam  integra,  ali— 
quoties  inæquilateralia  paulumque  arcuala;  segmento  terminali  5-10  cent, 
longo,  spathulato,  cunealo  vel  elliptico-lanceolato,  sæpissime  3-lobalo,  lobo 
medio  longiore  crenato  vel  inæqualiter  obtuse  inciso  vel  integro. 

Inflorcscentia  terminalis,  paniculata,  15-20  cent,  longa,  erecta;  racemis 
compositis  vel  simplicibus,  in  axilla  foliorum  superiorum  nascentibus  seu 
bractea  brevi  ovata  stipalis  racemoque  terminali;  ramis  parte  nuda  compressis, 
sulcatis,  glabratis,  parte  florifera  angulosis,  sulcatis,  bine  illinc  ferrugineo-velu- 

(1)  Specimina  floribus  fructibusque  prædita  dédit  cl.  Pancher,  anno  1870. 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871. 


265 

tinis  ;  raclii  communi  bracleas  racemos  fovenles  lanceolatas,  vel  lineares, 
intégras  seu  obtuse  brevissime(|ue  3-lobulatas,  apice  incrassatas  obtusiusculas, 
plus  minusve  concavas.  5  mill.  -2  J  cent,  longas  gcrente,  bracteolis  superio- 
ribus  pedunculos  foventibus  ovatis,  acutis,  brevissimis;  ramis  secundariis 
adscendentibus,  superioribus  simplicibus  id  est  racemosis,  inferioribus  ter- 
tiario  ordine  ramosis  ;  florum  pedunculis  brevissimis,  approximatis. 

Fructus  obovoideus,  7-8  mill.  longus,  nitidus. 

Habitat  silvas  montis  Mi  dicli  (Balansa,  n°  1244). 

Obs.  Species,  ut  videtur,  B.  spathulœfoliœ  afïinis  ;  an  speciei  polymorphæ 
varietas  ? 

4.  Beauprea  Pancherii. 

Frutex  2-metralis,  densus,  rotundatus. 

Folia  alterna,  imparipinnata,  coriaces,  glaberrima,  nitida,  20-28  cent, 
longa,  3-4-juga  ;  rachis  gracilis  fere  usque  ad  medium  nuda,  supra  plana 
vel  paulo  concava  nervoque  medio  ultra  partem  inferioretn  nudam  notata, 
infra  convexa,  apice  in  très  lobos  terminales  inæquales  (medio  3-4  cent, 
longo,  lateralibus  1-3  cent,  longis)  crenatos  rarius  sul)integros  sensim  ex- 
pansa  ;  foliola  opposita,  7-9  cent,  longa,  adscendentia,  lanceolata,  arcuata, 
margine  exteriore  concava  crenulisque  1-2  versus  apicem  excisa,  margine 
interiore  paulo  supra  basim  lobata,  lobo  oblongo  obtuso  vel  subrotundo  5-10 
millim.  longo,  indeque  crenulata,  nervo  medio  secundariisque  dichotome  ra¬ 
mosis  infra  supraque  conspicuis. 

Inflorescentia  terminalis  paniculata,  20-25  cent,  longa,  erecta  ;  racemis 
compositis,  in  axilla  foliorum  superiorum  nascentibus  seu  bractea  brevi  ovata 
stipatis  racemoque  terminali  ;  ramis  parte  nuda  compressé  sulcalis  gla- 
bratis,  parle  florifera  angulosis  sulcatis  bine  illinc  ferrugineo-velutinis  ;  rachi 
communi  bracteas  racemos  foventes  ovatas  brevissimas,  vel  foliaceas  pinnati- 
sectas,  6-8  cent,  longas  (lobis  subalternis  linearibus  obtusis  5-10  millim.  longis, 
lobo  terminali  subsimili  2  cent,  longo),  vel  lineares,  intégras  apice  obtusas, 
supra  concavas,  nervo  medio  percursas,  3-4  cent,  longas,  vel  ctiam  lanceolato- 
subulatas,  obtusiusculas  vel  acutas,  concavas  plus  minusve  glabralas  gerente  ; 
bracteolis  superioribus  pedunculos  foventibus  triangularibus,  acutis,  concavis, 
subglabratis,  brevissimis;  ramis  secundariis  adscendentibus,  superioribus 
simplicibus  id  est  racemosis,  inferioribus  qualernario  ordine  ramosis;  tlorum 
pedunculis  brevissimis,  approximatis. 

Fructus  obovoideus,  7-8  mill.  longus,  nitidus. 

Habitat  in  Nova  Caledonia  (Vieillard,  n°  3094  ;  specimen  a  clar.  Faucher, 
atmo  1870,  divulgation). 

5.  Beauprea  Balansæ. 

Fmtex  2-3  metr.  altus,  ramis  leretibus,  rugosis,  glabris. 


!?/j( 3  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Folia  alterna  imparipinnata,  subcoriacea,  glaberrima,  nitida,  25  cent, 
longa,  plerumque  tri-juga  ;  rachis  gracilis  usque  ad  medium  nuda,  supra 
plana  vel  paulo  concava,  nervoque  mcdio  ultra  partem  inferiorem  notata, 
infra  convexa;  segmenta  alterna  vel  sub-opposita  oblongo-elliptica,  8-10  cent, 
longa,  2  |-3  cent,  lata,  margine  crenata,  basi  in  petiolulum  brevem,  planum 
sensim  attenuaia,  apice  emarginata,  infra  punctulis  minutissimis  creberrime 
conspersa,  plus  minusve  inæquilateralia  arcuataque,  nervo  medio  nervis 
secundariis  pinnatis  aliisque  reticulalis  u trinque  prominùlis  ;  segmentuni 
terminale  integrum,  aliisque  plerumque  subsimile,  vel  aliquoties  inæqualiter 
2-3  lobatum. 

Jnflorescentia  terminalis,  paniculata,  25  cent,  longa,  erecta  ;  racemis  sim- 
plicibus  vel  plerumque  compositis,  in  axilla  foliorum  superiorum  nascentibus 
seu  bracteis  brevibus  ovatis,  concavis,  stipatis,  racemoque  terminali  ;  ramis 
parte  nuda  compressé,  glabris,  sulcatis,  parte  fructifera  angulosis  glabratisque  ; 
rachi  communi  bracteas  racemos  foventes  lanceolatas  vel  lanceolato-lineares 
apice  obtusiusculas  vel  aculas,  circiter  5  mill.  Iongas  gerente  ;  bracteolis  su- 
perioribus  pedunculosfoventibus,  ovatis,  acutis,  brevissimis  ;  ramis  secundariis 
adscendentibus,  superioribus  simplicibus  id  est  racemosis,  inferioribus  tertiario 
ordine  ramosis  ;  llorum  pedunculis  brevissimis,  approximatis. 

Fructus  ellipsoideus,  10-12  mill.  longus,  paulutn  pruinosus. 

Habitat  in  montibus  ferrugineis  inter  Couaoua  et  Kanala  sitis  (Balansa, 
n°  2280). 

Yar.  montana ,  foliolis  ellipticis  vel  elliptico -spathulatis  crassis,  coriaceis, 
nervo  primario  secundariisque  furcatis,  supra  tantum  conspicuis,  infra 
evanidis. 

Habitat  monlcm  Humboldt ,  altitudine  1000  metr. 

Lecture  est  donnée  des  communications  suivantes  : 

NOTE  SUR  DES  PLANTES  MÉRIDIONALES  OBSERVÉES  AUX  ENVIRONS  DE  PARIS 

(FLORULA  OBSIDIONALIS), 

par  1111.  Eugène  ÜALDEFKOY  ET  Eiimond  II  OUILLE  FARINE. 

([Paris,  novembre  1871.) 

Nous  venons,  au  nom  d’un  groupe  de  botanistes  amateurs  (1)  qui,  depuis 
plus  de  dix  ans,  explore  les  environs  de  Paris,  rendre  compte  à  la  Société  de 
ses  herborisations  de  1871 . 

Il  11e  semblait  pas  que  cette  date  funèbre  put  jamais  trouver  place  sur  une 
étiquette  d’herbier.  —  L’herbe  ne  repousse  plus,  disait-on  dans  des  temps 
que  les  nôtres  rappellent,  là  où  le  cheval  d’Attila  a  passé.  — Nous  ne  pouvions 

(i)  MM.  Maurice  Tardieu,  G.  Maugin,  Th.  Delacour,  B.  Verlot,  Latteux,  Damiens, 
Gaudefroy,  Mouillefarine,  etc. 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1874.  247 

espérer  revoir  avec  plaisir  nos  bois  abattus  et  nos  campagnes  bouleversées 
par  la  guerre. 

Quacumque  ingreditur,  florentia  proteritarva 
Exuritque  herbas. 

Le  printemps,  qui  sonne  chaque  année  le  réveil  des  botanistes,  présentait 
cette  fois  des  contrastes  bien  amers.  C’était  au  moment  où  la  nature  guérissait 
ses  plaies  que  nous  élargissions  les  nôtres.  Pendant  qu’elle  se  revêtait  de 
charme  et  d’harmonie,  il  fallait  fuir  sa  maison  et  laisser  l’herbier  aux  hasards 
de  la  guerre  et  de  l’incendie. 

Quand  ces  sombres  jours  furent  passés,  les  préoccupations  matérielles  absor¬ 
bèrent  l’activité  de  chacun  de  nous  et  la  botanique  avait  grande  chance  d’être 
renvoyée  à  des  temps  moins  rudes.  Mais  le  phénomène  végétal  dont  nous 
avons  à  entretenir  la  Société  était  trop  général  et  trop  remarquable  pour  ne 
pas  s’imposer  à  l’inattention  même,  et,  quand  le  hasard  eut  fait  cueillir  à  l’un 
de  nous  le  Medicago  Soleirolii  dans  les  ruines  du  parc  de  Neuiily,  à  l’autre 
le  Lathyrus  Ochrus  à  la  lisière  du  bois  de  Meudon,  les  observations  se  multi¬ 
plièrent,  un  intérêt  croissant  s’v  attacha,  et  nous  nous  donnâmes  pour  but 
d’établir  la  Florule  des  deux  sièges  de  Paris  ( Florida  obsidionalis J,  c’est-à- 
dire  la  liste  des  plantes  introduites  à  Paris  et  dans  ses  environs  immédiats  par 
les  armées  assiégées  et  assiégeantes. 

L’importation  de  végétaux  à  la  suite  d’armées  en  campagne  n’a  rien  qui  puisse 
surprendre  la  Société.  Elle  sait  [Bull.  Soc.  bot.  VIII,  p.  365),  que  le  Corisper- 
rnum  Marschallii  et  le  Bunias  orientalis  ont  suivi  les  armées  russes,  le  pre¬ 
mier  jusque  dans  le  grand-duché  de  Bade,  le  second  jusqu’au  bois  de  Bou¬ 
logne.  M.  Aug.  Gras  a  donné  la  liste  des  plantes  amenées  en  Lombardie  par 
nos  troupes  (t.  VIII,  p.  684);  mais  il  ne  semble  pas  que  ce  phénomène  ait 
jamais  été  observé  avec  autant  d’ampleur  et  de  magnificence  qu'il  a  pu  l’être 
cette  fois.  Sous  l’influence  d’un  printemps  et  d’un  été  très-chauds,  cette 
végétation  adventice  a  pris,  notamment  à  la  plaine  des  Bruvôres-de-Sèvres  et 
au  rond-point  des  Bergères  sous  le  mont  Valérien,  une  luxuriance  surpre¬ 
nante  pour  laquelle  on  ne  pouvait  avoir  assez  d’admiration.  Les  Anacyclus , 
Melilotus ,  Medicago  inthemis,  Bellis  annua ,  Trifolium  isthmocarpum , 
Orrnenis  aurea ,  s’étendaient  et  foisonnaient  comme  dans  leur  pays  d’ori¬ 
gine. 

C’est  surtout  sur  la  rive  gauche  de  la  Seine  que  nos  recherches  ont  été 
heureuses.  Aux  deux  localités  que  nous  venons  de  citer,  il  faut  ajouter  le 
Champ-de-Mars,  le  chemin  de  ronde  aux  environs  du  grenier  à  fourrages,  la 
zone  militaire  près  de  la  porte  d’Orléans,  les  forts  d’Issy  et  de  Montrouge,  le 
Moulin-Saquet,  la  redoute  des  Hautes-Bruyères  et  celle  de  Châtillon,  Bièvre, 
Palaiseau,  les  bords  de  l’étang  de  Trivaux,  le  parc  de  Buzenval,  le  plateau  de 
la  Bergerie,  et  surtout  le  Petit-Bicêtre  et  le  Moulin-Fidèle. 


'2f\$  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Ces  divers  points,  on  le  remarque,  ont  été  durant  l’un  des  deux  sièges  occu¬ 
pés  par  nos  troupes. 

Sur  la  rive  droite,  nous  avons  fait  de  très-utiles  recherches  au  parc  de 
Neuillv  et  noté  quelques  plantes  adventices  au  bois  de  Boulogne  et  au  Ranelagh . 
Mais  l’intérêt  cessait  dès  que  l’on  sortait  du  rayon  d’investissement  pour 
explorer  les  points  occupés  seulement  par  l’armée  allemande.  La  station  de 
Villiers-le-Bel  avait  été  pendant  le  siège  un  centre  considérable  :  parc  d’artil¬ 
lerie,  magasin  d’intendance,  etc.  Nous  y  avons  trouvé  un  échantillon  unique 
de  Vicia  viilosa  Roth,  plante  du  nord  et  du  centre  de  l’Europe,  qui  paraît 
remplacée  dans  le  sud  par  le  Vicia  varia  Host.  Aucune  autre  découverte  n’a 
été  signalée.  Il  faut  seulement  noter  pour  mémoire,  au  bord  des  chemins  et 
dans  les  rues  de  Sarcelles,  Deuil,  Montmagny,  etc.,  une  abondance  inusitée 
de  Pisum  sativum ,  P.  arvense ,  Ervum  Lens,  dont  on  peut  attribuer  la 
présence  à  l’alimentation  de  l’armée  assiégeante. 

Les  localités  que  nous  avons  citées  plus  haut  présentaient  d’ailleurs  un 
assez  vaste  champ  à  nos  recherches  ;  sauf  quelques  plantes  rarissimes,  trouvées 
ici  ou  là,  elles  nous  ont  présenté  une  végétation  assez  identique.  Elles  avaient 
également  une  certaine  identité  d’aspect.  Nous  nous  sommes  habitués  bientôt 
'a  trouver  les  campements  sur  lesquels  les  corolles  brillantes  des  Melilotus 
attiraient  les  yeux,  et,  dans  les  campements,  leur  superlatif,  la  piste.  C’est 
un  espace  plus  ou  moins  long,  également  large,  dénudé,  et  qui  représente  sur 
le  terrain  un  rang  de  chevaux  attachés  au  piquet.  Là  se  sont  réunies  toutes 
les  conditions  d’acclimatation.  Le  cheval  a  labouré  la  terre  avec  ses  sabots  et 
écarté  toute  végétation  concurrente;  il  l’a  ensemencée  en  éparpillant  son 
fourrage;  enfin  il  l’a  abondamment  fumée,  et  créé  ainsi  pour  les  plantes  nou¬ 
velles  venues  un  sol  factice,  chaud,  meuble  et  fécond.  C’est  là  et  non  ailleurs 
que  furent  trouvés  les  Bartsia,  Eufragia,  Lava, ter  a,  Convolvulus ,  etc. 

Nous  avons  ainsi  établi  la  liste  suivante,  qui  par  le  nombre  et  la  variété, 
nous  paraît  digne  de  quelque  intérêt. 

Afin  de  ne  pas  surcharger  notre  travail,  nous  avons  groupé  aussi  géogra¬ 
phiquement  que  possible  les  localités  explorées,  que  nous  désignons  par  des 
chiffres,  dans  l’ordre  suivant  : 

1.  Ancien  parc  de  Neuilly. 

2.  Bois  de  Boulogne,  Ranelagh,  Point-du-Jour. 

3.  Champ-de-Mars. 

U.  Le  chemin  de  ronde  intérieur,  compris  entre  les  bastions  70  et  8ô,  no¬ 
tamment  aux  abords  du  grenier  à  fourrage,  au  lieu  nommé  Villafranca. 

5.  Fontenay-aux-Roses,  Clamai  t,  redoute  de  Châtillon  (5 -bis,  Montiouge). 

6.  Redoutes  des  Hautes-Bruyères  et  du  Moulin-Saquet. 

7.  Le  Peiit-Bicêtre,  Bièvre,  le  Moulin-Fidèle  près  Aulnay  (1). 


(1)  M.  Hamey  a  bien  voulu  nous  autoriser  à  joindre  ses  découvertes  aux.  nôtres.  Il  a 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871.  '2!\[) 

8.  Le  bois  deMeudon,  notamment  la  plaine  des  Bruyères-de-Sèvres  et  ses 
environs. 

9.  Le  plateau  de  la  Bergerie  et  le  parc  deBuzenval. 

10.  AuN.-N.-0.  du  mont  Valérien,  le  rond  point  des  Bergères,  celui  de 
Courbevoie,  les  bas  côtés  de  la  roule  qui  les  réunit,  et  lieux  adjacents. 


1.  Ranunculus  trilobus  Desf. —  7,  8,  10. 

2.  —  muricatus  L.  —  10. 

3.  Nigella  darqascena  L.  —  5. 

4.  Hirschfeldiaadpressa  Mœnch. —  7,  10. 

5.  Eruca  vesicaria  Cav.  —  10. 

6.  Berteroa  incana  DC. —  5,  6,8,  10. 

7.  Lepidiumperfoliatum  L.  —  (M.Ramey). 

Bois  de  Boulogne  entre  le  jardin  d’ac¬ 
climatation  et  Madrid,  et  au  bord  de 
la  rivière. 

8.  Camelina  fœtida  Fries. —  1,  7,8,  10. 

9.  Rapistrum  Linnæanum B. et  R. —  8,10. 

10.  —  rugosuni  Ail. —  10. 

11.  Bunias  ErucagoL. —  7,  10. 

12.  Diplotaxis  erucoidesDC.  —  8,  10. 

13.  Helianlhemum  salicifolium  Pers. —  10. 
1  4.  Réséda  alba  L.  —  (M.  Ramey). 

15.  Astrocarpus  Clusii  J.  Gay.  —  (M.  Ra¬ 

mey).  Dans  une  friche  sablonneuse 
entre  Malabry  et  le  Moulin-Fidèle  ; 
n’était  indiqué  que  sur  les  confins 
de  la  flore  parisienne. 

16.  Silene  Armeria  L. —  2,  7. 

17.  —  rubella  L.  —  10. 

18.  —  quinquevulnera  L. —  7,8,10. 

19.  —  lusitanicaL. —  1,  8,  10. 

20.  —  noctiflora  L.  —  1. 

21.  —  fuscata  Link.  —  7,9. 

22.  Lychnis  Cœli-rosa  Desr.  —  7,10. 

23.  Spergula  maxima  Weihe. —  1, 6,  8,  10. 

24.  Arenaria  media  L.  —  8. 

25.  Mœnchia  mantica  Fenzl.  —  7. 

26.  Linum  perenne  Lois.  —  4,  7,  8,  10. 

27.  Malva  mauritiana  L.  —  (M.  Ramey). 

Le  Moulin-Saquet. 

28.  —  nicæensis  Ail.  —  1,  7,  8,  10. 

29.  —  parviflora  L. —  1,  7,  8,  10. 

30.  Lavatera  trimestris  L.  —  7,  8. 


31.  Erodium  laciniatum  Cav. —  10. 

32.  —  ciconiurn  W.  —  10. 

33.  —  moschaturn  W.  —  7,  10. 

34.  —  chium  W.  —  7,  8. 

35.  —  malacoidesW. —  1,4,6,  7,8,10. 

36.  —  Salzmanni  Delile. —  6. 

37.  Lupinus  albus  L.  — (M.  Ramey).  Le 

Moulin-Fidèle. 

38.  Medicago  scutellata  AU.  —  7  (M.  Ra¬ 

mey). 

39.  —  orbicularis  Ail.  —  8. 

40.  —  radiata  L.  —  7  (M.  Ramey). 

41.  —  SoleiroUi  Dub.  —  7,  8. 

42.  —  penlacycla  DC.  — Partout. 

43.  —  ciliaris  W.  —  4,7,  8,  10. 

44.  —  Eehinus  DC.  —  4,  7,  8,  9,  10. 

45.  —  diseiformis  DC.  —  8. 

46.  —  tribuloides  Lamk.  —  7,  8,  10. 

47.  —  turbinata  W.  —  4,  7,  8,  10. 

48.  —  sphærocarpa  Bertol. —  Partout. 

49.  Trigonella  corniculata  L. —  7,8,  10. 

50.  Melilotus  parviflora  Desf.  —  8,10. 

51.  —  neapolitana  Tenore.  —  7  (M.  Ra¬ 

mey). 

52.  —  messanensis  Desf. —  4,  7,  8,10. 

53.  —  sulcata  Desf.  —  Partout  (1). 

54.  Trifolium  stellatum  L.  —  4,  7,  8. 

55.  —  angustifolium  L.  —  7,  8,  10. 

56.  —  flavescens  Tineo.  —  7,  8,  10. 

57.  —  maritimum  tluds.  —  7,  8. 

58.  —  panormitanum  Presl. —  Partout. 

59.  —  lappaceum  L.  —  7,  8,  10. 

60.  —  phleoides  Pourr.  —  5,  7,  8,  10. 

61.  —  sphærocephalum  Desf.  —  7. 

62.  —  resupinatum  L .  — Partout. 

63.  —  tomentosum  L.  —  1,  5,  7,  8. 

64.  —  spumosum  L. —  8  9. 

65.  —  glomeratum  L.  —  7,  10. 


surtout  exploré  la  plaine  comprise  entre  le  Plessis-Piquet,  Aulnay  et  Malabry,  et  notam¬ 
ment  le  point  désigné  sous  le  nom  de  Moulin-Fidèle. 

(1)  L’une  des  espèces  les  plus  répandues;  elle  est  abondante  à  toutes  les  localités 
citées.  Nous  avons  observé,  plus  communément  que  le  type,  une  forme  plus  robuste,  à 
feuilles  plus  amples,  à  fleurs  plus  grandes,  et  que  son  port  nous  avait  fait  prendre  d’abord 
pour  le  Melilotus  infesta  Guss.  Nos  doutes  ont  été  levés  par  la  comparaison  avec  des 
échantillons  provenant  des  environs  de  Palerme  (Sicile),  envoyés  par  M.  Todaro  et 
se  trouvant  dans  l’herbier  de  M.  Pérard.  Nous  pensons  également  que  la  plante  de 
Toulon  distribuée  sous  le  n°  3833  dans  les  exsiccaia  de  Billot,  sous  le  nom  de  M .  in¬ 
festa  Guss..  n’est  qu’une  variété  ou  forme  du  M.  sulcata  Desf.  La  même  observation 
s’applique  à  la  plante  récoltée  aux  environs  d’Antibes  par  M.  Gustave  Thuret  et  dont  il 
a  donné  un  bel  échantillon  à  l’herbier  de  France  du  Muséum. 


•250  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE, 


66.  Trifolium  lævigatum  Desf.  — •  7. 

67.  —  elegans  Savi. —  2,  7,  8. 

68.  —  nigrescens  Viv.  —  1,  7,  8,  10. 

69.  —  isthmocarpum  Brot. —  ùt5-bis,7, 

8,  10. 

70.  —  hybridum  L.  —  3,  7,  11. 

71.  Tetragouolobus  purpureus  Mœnch. — 

5,  7,  8. 

72.  —  biflorus  Seringe. —  8. 

73.  —  conjugatus  Seringe.  —  7,8,40. 

74.  Lotus  ornithopodioides  L.  - —  8.  10. 

75.  Astragalus  hamosus  L. —  8,  10. 

76.  Vicia  lutea  L.  — 5,  8.  Forme  à  Heurs 

rubescentes,  n’a  jamais  été  observée 
aux  environs  de  Paris,  abondante  en 
Algérie. 

77.  —  narbonensis  L.  —  7,  8,  10. 

78.  —  bithynica  L.  —  7,  8,  10. 

79.  —  villosa  Roth. — Villiers-le-Bel. 

80.  —  dasvcarna  Ten.  —  10. 

81.  —  varia  llost.  —  7,  8,  10. 

82.  —  Pseudocracca  Bert.  —  10. 

83.  Latbyrus  Clymenum  L.  —  7,  8. 

84.  —  — •  var.  tenuifolius  Desf.  —  8. 

85.  —  Ochrus  DC.  —  7,  8. 

86.  Orobus  atropurpureus  Desf. —  7,  8. 

87.  Scorpiurus  subvillosa  L.  —  5,  7,  8. 

88.  —  sulcata  Desf.  —  2,  3,  7,  8,  10. 

89.  —  vermiculata  L.  —  8. 

90.  Arthrolobium  scorpioides DC.  —  8,  10. 

91.  Ornithopus  compressus  L.  —  7,  10. 

92.  Hedysarum  flexuosum  Desf. —  4,  5,  7 

(M.  Ramey). 

93.  —  coronarium  L.  —  8,  10. 

94.  —  capitatum  Desf.  —  8.  Ex.  unique. 

95.  Lythrum  Græfferi  Ten. —  1,  10. 

96.  Pharnaceum  Cerviana  L.  —  7  (M.Ra- 

mey). 

97.  Daucus  setulosus  Guss.  —  7  (M.  Ra¬ 

mey). 

98.  Coriandrum  sativum  L.  —  7. 

99.  Ammi  majus  L. —  7,8. 

100.  Galium  murale  Ail. —  10. 

101.  Fedia  Cornucopiæ  Gærtn,  —  7,  8. 

102.  Valerianella  discoidea  Lois.  —  7. 

(M.  Ramey). 

103.  Scabiosa  maritima  L.  —  1,  5 -bis. 

104.  Stenactis  annua  Nees.  —  Bièvre. 

105.  Bellis  annua  L.  —  Partout. 

106.  Anthémis  tinctoria  L. —  6. 

107.  —  fuscata  Brot.  —  3,  6,  7,  8,  10. 

108.  Ormenis  aurea  Dur.  —  3,  7,  8, 10. 

109.  Anacyclus  clavalus  Pers.  —  7,  8,  10. 

110.  —  valentinus  L.  —  2,  6,  7. 

111.  Matriearia  discoidea  DC.  —  7. 

112.  Pyrethrum  Myconis  Mœnch.  —  7,  8, 
10.  Dans  celte  dernière  localité,  une 
variété  à  fleurons  ligulés,  jaune-paille, 
mélangée  au  type. 


113.  Pyrethrum  arvense  Salzm. —  7,  10. 

114.  Cbrysantbemum  coronarium  Less.  — 

5,  7. 

115.  Senecio  crassifolius  W.  —  7,  10. 

116.  —  humilis  Desf.  —  1,3,7,8,10. 

117.  Calendula  stellata  Cav.  —  7,  8, 10. 

118.  —  gracilis  D. —  6,  7. 

119.  —  Crista-galli  Viv. —  7. 

120.  Carlina  racemosa  L.  —  6,  7,  10. 

121.  Centaurea  pullata  L.  —  7,  8. 

122.  —  napifolia  L.  —  7,  8,  10. 

123.  Silybum  Marianum  Gærtn.  —  8. 

124.  Galactites  lomentosa  Mœnch.  —  7,  8. 

125.  Scolymus  maculatus  L.  —  5. 

126.  Hyoseris  radiata  L.  —  7,  10. 

127.  Hedypnois  polymorpha  var.  erecta  G. 

et  G.  —  7,  8,  10. 

128.  —  —  var.  diffusa  G.  etG. —  7,8,10. 

129.  Catanance  lutea  L  —  7,  8. 

130.  Cichorium  glabratum  Presl.  —  10. 

131.  Seriola  ætnensis  L.  —  1,  7,  8,  10. 

132.  Thrincia  hispida  Roth. —  7,8. 

133.  Kalbfussia  Salzmanni  Schultz  Bip.  — 

7,  8,  10. 

134.  Urospermum  picroides  Desf. —  8,  10. 

(M.  Ramey.) 

135.  Barkhausia  taraxacifolia  L.  (forme 

algérienne).  —  8,  10. 

136.  —  amplexicaulis  Coss.  et  DR.  —  8. 

137.  Picridium  vulgare  Desf.  —  Moulin- 

Fidèle.  (M.  Ramey). 

138.  Xanthium  spinosurn  L.  —  4,  5-îu'ç. 

139.  —  strumarium  L.  (an  X.  fuscescens 

Jord.?).  —  5,  10. 

140.  Campanula dichotoma  L.  —  7,(M.  Ra¬ 

mey). 

141.  Convolvulus  tricolor  L. —  Partout. 

142.  Cerinthe  gymnandra  Gasp. —  3,  7,  8, 

10.  Bue  près  Versailles. 

143.  Echium  plantagineum  L.  —  4,  7,  8. 

144.  Linaria  reflexa  Desf. —  10. 

145.  Veronica  anagalloides  Guss.  —  10 

(mélangé  au  V.  Anagallis)  L. 

146.  Trixago  apula  Stev.  —  7,  8. 

147.  Eufragia  viscosa  Bth.  —  7,  8. 

148.  Stachys  marrubiifolia  Viv.  —  7. 

149.  —  hirla  L.  —  8. 

150.  Plantago  Lagopus  L. — 7,8,9,  10. 

151.  —  Psyllium  L.- — 4,7,8,9,10. 

152.  Chenopodium  ambrosioides  L. —  10. 

Un  seul  pied,  non  fleuri. 

153.  Suæda  maritima  Dum.  —  10.  Idem. 

1 54 .  Amarantus  chlorostachysW.  —  8,10. 

155.  —  albus  L.  10. 

156.  Albersia  prostrata  Kunth.  —  10. 

157.  RumexbucepbalophorusL. —  Partout. 

158.  Euphorbia  segetalis  L.  —  10. 

159.  Anthoxanthum  Puelii  Lecoq.  —  7,  8, 

10. 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871. 


251 


160.  Àlopecurus  utriculatus  Pers.  —  10. 

161.  Phalaris  canariensis  L.  « —  5. 

162.  —  brachystachys  Link. —  3,5. 

163.  —  minor  Retz.  —  7  (M.  Ramey). 

164.  —  paradoxa  L.  —  7,  8. 

165.  —  cærulescens  Desf. —  1,3,5,  7,  8. 

166.  Panicurn  miliaceum  L.  —  3,  7,  8, 

10. 

167.  Lagurus  ovaius  L.  —  7,  10. 

168.  Agrosti^  pallida  DC. —  1,  3,  8,  10. 

169.  Polypogon  maritimusW.  —  7,  8, 10. 

170.  —  subspalhaeeus  Req. —  4,  8. 

3  71.  Gaudinia  fragilis  L. —  Partout. 

172.  Avena  sterilis  L. —  6,  7,  8,  10. 

173.  Trisetum  neglectum  Rœni.  et  Sch, — 

7,  8,  10. 

174.  Kœleria  phleoides  Pers.  —  7,  10. 

175.  Cniosurus  polybracteatus  Poir.  — 

9,  10. 


176.  Cynosurus  echinatus  L.  —  (M.  Ra- 

mey).  Moulin-Fidèle. 

177.  Glyceria  distans  Wahl. —  6,  7. 

178.  Briza  maxima  L.  —  6,  7,8. 

179.  —  minor  L.  —  7,  8. 

180.  Eragrostis  pilosa  P.  de  B.—  10. 

181.  Bromus  maximus  Desf. —  7,  8,9,10. 

182.  —  rubens  L.  —  7,  10. 

183.  —  inacrostachys  Desf.  —  6,7,8,  9. 

184.  Vulpia  liguslica  Bertol. —  1,  3,  7, 

8,  9,  10. 

185.  —  geniculata  Link.  — •  7,  10. 

186.  Brachypodium  distacbyon  R.  et  S.  — 

7,  8,  10. 

187.  Hordeum  maritimum  Witli.  —  1,  3, 

5,  7,  8,  10. 

183.  — •  leporinum  Link. —  8. 

189.  Ægilops  ventricosa  Tausch. —  8. 

190.  —  ovataL.  —  3,  7,  8. 


Il  est  facile,  en  lisant  la  liste  qui  précède,  de  se  former  une  opinion  générale 
sur  la  cause  de  cette  florule  adventice.  On  ne  peut  l’attribuer  qu’aux  fourrages 
de  l’année  française.  Us  sont  tirés  de  l’Algérie,  et,  très-exceptionnellement, 
de  l’Italie  et  de  la  Sicile.  Il  en  est  de  même  des  plantes  de  notre  liste.  Sauf 
quelques  exceptions,  on  dirait  le  catalogue  d’une  herborisation  dans  la  plaine 
de  la  Mitidjah.  Toutes  les  plantes  que  l’armée  française  a  introduites  en  1871 
aux  environs  de  Paris  avaient  été  observées  en  Lombardie  par  M.  Aug.  Gras, 
après  notre  campagne  de  1860.  Le  rôle  de  l’armée  allemande  dans  cette 
importation  paraît  à  peu  près  nul.  On  ne  peut  lui  attribuer  que  trois  plantes  de 
notre  liste,  le  Vicia  viUosa  de  Villiers-le-Bel,  le  Stmcictis  annua  trouvé  à 
Bièvre,  mais  qui  paraît  échappé  d’un  jardin,  et  le  Lepidium  perfoliatum  re¬ 
cueilli  au  bois  de  Boulogne  où  les  Allemands  n’ont  campé  que  quelques  jours. 

Les  plantes  observées  se  rattachent  presque  toutes  aux  familles  fourragères 
ou  praticoles.  Sur  les  cent  quatre-vingt-dix  espèces  de  la  liste  : 


Les  Légumineuses  figurent  pour . 58 

Les  Composées  pour .  34 

Les  Graminées  pour . 32 

Les  autres  familles  réunies  pour  seulement .  66 


Total .  190 


Il  est  encore  intéressant  de  noter  des  espèces,  déjà  connues  aux  environs  de 
Paris,  mais  qui  foisonnaient  avec  une  abondance  exceptionnelle  au  milieu  des 
plantes  méridionales  et  paraissaient  les  avoir  accompagnées.  Ce  sont  : 


Lepidium  sativum.  —  Puteaux,  fort  d’Issy, 
Conringia  perfoliata. 

Agrostemma  Githago  (forme  naine). 

Linum  usitalissimum. 

Arenaria  rubra. 

Trifolium  pratense  (forme  à  grandes  fleurs). 


Medicago  falcata. 

—  apiculata. 

—  denticulata. 

Potentilla  supina.  —  Bois  de  Boulogne. 
Portulaca  oleracea. 

Centaurea  solstitialis. 


252 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  UE  FRANCE. 


Helminthia  echioides. 

Anagallis  cærulea  (forme  très-développée). 
Ecliinospermum  Lappula. 

Avena  sativa. 


Avena  orientalis. 
Panicum  Crus-galli. 
Setaria  glauca. 

—  viridis  (et  autres). 


La  plupart  des  plantes  observées  sont  annuelles,  on  ne  peut  guère  citer 
comme  exceptions  que  Y Hedysarum  coronarium ,  qui  a  peu  fleuri,  et  Y Echium 
plantagineum ,  dont  il  n’a  été  trouvé  qu’un  échantillon  florifère.  Les  plantes 
bisannuelles  et  vivaces  apparaîtront-elles  l’an  prochain?  Les  plantes  annuelles 
se  resèmeront-elles?  Cette  importation  aura-t-elle  sur  notre  flore  parisienne 
une  influence  définitive  ?  C’est  ce  qu’il  reste  à  se  demander.  Le  B  uni  as  orien¬ 
talis,  apporté  en  1815  au  bois  de  Boulogne,  y  existait  encore  avant  les  grands 
travaux.  La  guerre  de  1871  laissera-t-elle  une  trace  aussi  persistante?  On 
pourrait  le  croire,  à  l’abondance  des  végétaux  introduits.  Mais  les  premières 
gelées  ont  fait  bien  des  ravages.  Les  Melilotus ,  sur  lesquels  on  comptait,  vu 
leur  vigueur  et  leur  nombre,  penchent  maintenant  leurs  rameaux  flétris  et  leurs 
folioles  noircies  par  le  froid.  Le  Bellis  annua  tient  mieux,  malgré  sa  délicate 
apparence.  Les  \ ledicago  ont  déjà  piqué  fortement  dans  le  sol  leurs  petits 
fruits  épineux.  L’été  prochain  nous  dira  quelle  aura  été  la  plus  forte,  de  la  mort 
ou  de  la  vie.  Pour  nous,  si  triste  que  soit  la  cause  de  celte  florule  adventice, 
nous  la  verrions  disparaître  avec  peine.  Elle  contient  des  souvenirs  salutaires. 
Vieux  explorateurs  des  environs  de  Paris,  nous  allons  tantôt  céder  nos  bâtons 
et  nos  boîtes  à  la  génération  qui  nous  suit.  Il  n’est  pas  mal  qu’elle  trouve  par 
les  chemins  la  trace  de  nos  malheurs  et  de  nos  fautes,  et  que  la  botanique  meme 
lui  vienne  réveiller  la  mémoire  et  raviver  la  rancune. 


NOTICE  SUR  LA  VÉGÉTATION  DES  ENVIRONS  DE  CONSTANTINE,  par  M.  le  colonel  PAttlS. 

(Dinard,  près  Sainl-Malo,  septembre  1871.) 

La  ville  de  Constantine  est  située  par  35°  22'  21"  de  lat.  N.,  et  U°  16'  36" 
de  long.  E.  Elle  est  bâtie  sur  un  rocher  prismatique,  escarpé  sur  presque  tout 
son  contour.  Une  section  perpendiculaire  à  l’axe  de  ce  prisme  donne  un  losange 
très-voisin  du  carré,  dont  la  grande  diagonale  est  orientée  presque  exac¬ 
tement  N. -S.,  et  la  petite  E.-O.  —  L’altitude  du  point  le  plus  élevé  de  Con¬ 
stantine  (la  Kasbah,  au  N.)  étant  de  661  mètr.,  et  celle  de  la  partie  la  plus 
basse  (la  pointe  de  Sidi-Krached,  au  S.)  de  515  ni.,  il  en  résulte  que  la  sec¬ 
tion  oblique  supérieure  du  prisme  sur  laquelle  repose  la  ville  forme  avec 
l’horizon  un  angle  d’environ  15°  et  est  directement  exposée  au  S. 

J’emprunte,  en  l’abrégeant,  à  la  géologie  de  Y  Exploration  scientifique  de 
V Algérie,  par  M.  Renou,  la  description  du  terrain  sur  lequel  repose  la  ville 
et  de  ceux  qui  l’avoisinent. 

«  Le  rocher  sur  lequel  est  bâtie  Constantine  n’oiïre  qu’une  série  de  couches 
épaisses  de  calcaire  noir  ou  gris  très-fin,  très-homogène,  à  cassure  presque 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871. 


vitreuse.  La  plupart  de  ces  couches  sont  dépourvues  de  fossiles;  mais,  vers  la 
partie  supérieure  du  système,  011  en  remarque  quelques-unes,  peu  épaisses, 
qui  en  contiennent  une  certaine  quantité  :  les  hippurites  et  le  Chama  ammo- 
niay  dominent  beaucoup,  ce  qui  détermine  complètement  lage  de  ce  calcaire, 
entièrement  semblable,  sous  tous  les  rapports,  à  celui  qui  se  trouve  non  loin 
de  Roquevaire,  à  20  kil.  N.-E.  de  Marseille. 

»  Le  calcaire  jt  hippurites  de  Constantine  se  retrouve  tout  autour  de  la 
ville,  jusqu’à  une  assez  grande  distance;  il  est  remarquablement  développé  au 
Dj.  Chettabah  (18  kil.  environ  O. -N. -O.  de  la  ville,  1322  m.  ait.).  Il  est  dé¬ 
couvert  depuis  le  Sidi  Mecid  (68â  m.  ait.)  jusqu’à  la  rive  droite  de  l’Oued- 
Mecid  ;  mais  sur  la  rive  gauche,  et  plus  au  S. -O.  dans  toute  la  pente  du 
Mansourah  (704  m. ),  on  voit  une  succession  de  marnes  grises  ou  noires, 
feuilletées,  et  qui  le  recouvrent  à  stratification  discordante.  La  partie  supé¬ 
rieure  de  ces  deux  montagnes  est  formée  d’une  couche  de  travertins  légers, 
spongieux,  remplis  d’empreintes  végétales  et  d’une  couleur  jaune  grisâtre. 

»  La  colline  de  Koudiat-Ali,  qui  se  trouve  à  la  porte  même  de  Constantine, 
du  côté  de  l’O. ,  est  formée  d’un  poudingue  rouge  ressemblant  beaucoup 
à  celui  du  Righi  (en  Suisse)  ;  c’est  une  agglutination  de  cailloux  roulés,  dont 
la  grosseur  varie  du  volume  du  poing  à  celui  d’une  très-grosse  courge,  et  qui 
sont  formés  de  calcaire  compacte  roulé  et  d’un  grès  jaune  à  grains  fins.  Elle 
paraît  avoir  subi,  comme  le  Dj.  Chettabah,  les  deux  derniers  soulèvements 
des  Alpes. 

»  Dans  le  versant  S. -O.  du  Dj.  Chettabah,  on  voit  de  grandes  masses  de 
marnes  grises  et  de  calcaires  du  même  terrain,  reposant  à  stratification  peu 
discordante  sur  le  calcaire  à  hippurites,  mais  bouleversées  et  interrompues  par 
des  masses  énormes  de  gypse  saccharoïde  semblable  à  celui  de  Roquevaire. 
Tous  les  ruisseaux  des  environs  du  Dj.  Chettabah  sont  salés.  Cet  état  tient, 
selon  toute  probabilité,  à  la  présence,  dans  les  flancs  de  la  montagne,  d’amas 
de  sel  gemme  pareils  à  ceux  qui  sont  exploités  à  30  kil.  vers  l’O. ,  et  où  ce 
minéral  est  associé  à  l’an bydrite  et  au  gypse. 

»  La  montagne  des  Ouled-Pellam,  située  à  7  kil.  S. -O.  de  Constantine, 
dans  la  direction  de  Sétif,  et  qui  s’élève  à  81â  mètr.  d’alt. ,  est  entièrement 
composée  de  calcaires  d’eau  douce,  traversés  de  veines  de  spath  calcaire  très- 
pur.  Ils  contiennent  des  moules  intérieurs  A' Hélix  bien  conservés,  et  reposent 
sur  les  marnes  de  la  craie-tuffeau,  qui  se  voient  à  découvert  au  pied  de  la  mon¬ 
tagne,  et  qui  contiennent  des  Catillus.  Ils  s’approchent  jusqu’à  2  kil.  S.  de 
Constantine,  et  paraissent  être  un  terrain  subapennin  d’eau  douce.  » 

M.  Durieu  de  Maisonneuve  est  le  premier  botaniste  qui  ait  herborisé  aux 
environs  de  Constantine  (1)  :  là,  comme  partout  où  il  a  passé,  il  a  laissé  bien 

(t)  Si  l’on  en  excepte  Bové,  clans  les  récoltes  duquel,  d’ailleurs,  les  plantes  de  Cons- 
lantine  n’entrent  que  pour  une  faible  part. 


SOCIETE  BOTANIQUE  UE  FRANCE. 


2l)li 

peu  de  choses  à  glaner  à  ses  successeurs,  et  c’est  à  lui  qu’est  due  la  décou¬ 
verte  de  presque  toutes  les  espèces  spéciales  de  cette  flore.  Les  conditions 
dans  lesquelles  il  explora  cette  région  et  quelques  autres'  de  l’Algérie  sont  de 
nature  à  faire  ressortir  encore  plus  vivement  le  mérite  de  notre  savant  confrère, 
en  meme  temps  qu’elles  doivent  accroître  la  reconnaissance  du  monde  bota¬ 
niste.  En  effet,  à  cette  époque,  les  environs  de  Constantine  n’étaient  rien 
moins  que  sûrs;  et  il  fallait  que  l’amour  de  la  science  fût  chez  M.  Durieu 
fortement  doublé  d’une  autre  vertu  pour  qu’il  se  risquât  à  aller  explorer  cer¬ 
tains  points  où  d’ailleurs  il  a  peut-être  fait  ses  plus  belles  découvertes. 

Je  ne  sache  pas  que  M.  Durieu  ait  publié  la  liste  de  ses  récoltes.  Mais,  dans 
le  rapport  sur  son  premier  voyage  dans  la  province  de  Constantine,  en  1853, 
rapport  inséré  dans  les  Anna  les  des  sciences  naturelles,  5e  série,  t.  IV,  M.  le 
docteur  Cosson,  en  donnant  la  liste  des  plantes  que  lui  et  ses  compagnons 
de  voyage,  MM.  Henri  et  Joseph  de  la  Perraudière,  ont  observées  aux 
environs  de  la  ville  les  13,  lù  et  15  mai,  a  indiqué  celles  dont  la  découverte 
était  spécialement  due  à  MM .  Durieu  de  Maisonneuve  et  de  Marcillv,  autre  bota¬ 
niste  qui  y  a  constaté  la  présence  de  quelques  espèces  intéressantes.  Viennent 
ensuite,  par  ordre  de  date,  M.  Choulette,  pharmacien  militaire,  qui  a  résidé 
de  longues  années  à  Constantine,  en  a  exploré  les  environs  avec  le  plus  grand 
soin,  et  a  publié  dans  ses  exsiccata  la  majeure  partie  des  espèces  qui  croissent 
dans  un  rayon  de  quelques  kilomètres  aux  environs  de  la  ville  ;  M.  Bancel, 
employé  des  ponts-et-chaussées  et  collaborateur  de  M.  Choulette;  M.  Hénon, 
interprète  militaire  ;  M.  Émy,  capitaine  au  3e  tirailleurs  algériens,  etc.  C’est 
ce  dernier  qui  a  eu  l’obligeance  de  me  guider  dans  les  montagnes  qui  avoisi¬ 
nent  Constantine,  dont  les  meilleures  localités  lui  sont  familières. 

Tous  ces  botanistes  ont  apporté  leur  pierre,  plus  ou  moins  grosse,  à  l’édi¬ 
fice  commun.  Moi-même,  quelque  rares  qu’aient  été  les  moments  dont  il  m’a 
été  permis  de  disposer  pour  aller  courir  la  campagne,  j’ai  eu  la  bonne  fortune 
de  grossir  de  quelques  espèces,  surtout  en  cryptogamie,  le  nombre  de  celles 
connues  aux  environs  de  la  ville,  et  même  en  Algérie. 

Les  seules  listes  à  moi  connues  de  quelques-unes  de  ces  plantes  étant  celles 
insérées  au  rapport  précité  deM.  Cosson,  il  m’a  paru  que  réunir  en  un  cata¬ 
logue  méthodique  les  résultats  des  recherches  de  mes  devanciers  et  des  miennes, 
serait  un  travail  de  quelque  utilité,  susceptible  de  rendre  aux  futurs  explora¬ 
teurs  de  cette  région  les  mêmes  services  que  rendent  déjà  les  excellentes  mono¬ 
graphies  que  nous  ont  données  de  Sidi-Bel-Abbès,  de  laCalle  et  du  Hodna,  nos 
collègues  MM.  Edmond  Lefranc  et  Reboud.  Le  moment  me  semble  d’autant 
plus  opportun  pour  faire  ce  travail  que,  d’ici  à  quelques  années,  la  végétation 
que  je  me  propose  de  retracer  sera  certainement  très-profondément  modifiée. 
En  effet,  le  Sidi  Mecid  et  le  Mansourah,  qui  ne  possédaient  autrefois  d’autres 
essences  ligneuses  que  le  Prunus  prostrata  et,  dans  les  anfractuosités  des 
rochers,  quelques  pieds  de  Celtis  australis  et  de  Ficus  Car  ica,'  le  Djebel- 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871. 


255 


Ouach,  où  sur  une  étendue  de  plusieurs  kilomètres  carrés  on  ne  trouvait  que 
huit  ou  dix  pieds  rabougris  de  Frêne,  d’Olivier  et  d’Azerolier,  ont  déjà  reçu 
plus  de  150,000  pieds  (Y Eucalyptus  Globulus  et  d’arbres  résincuxde  diverses 
espèces,  qui  y  réussissent  admirablement.  Ce  reboisement  doit  être  étendu  à 
toutes  les  parties  incultes  de  ces  montagnes  ;  et  l’on  ne  peut  douter  que,  avant 
peu  d’années,  ces  forêts  exerceront  une  influence  considérable  sur  la  végéta¬ 
tion,  tant  par  leur  action  directe  sur  le  sol  qu’elles  recouvriront  que  par  les 
perturbations  qu’elles  sont  appelées  à  apporter  dans  les  conditions  climaté¬ 
riques  actuelles.  D’autre  part,  d’ici  à  quelques  mois,  les  eaux  d’Àïn-Fezia 
(situé  à  18  kil.  de  Constantine)  arriveront  en  ville  (1)  ;  et  l’on  compte  sur 
un  débit  assez  considérable  pour  pouvoir  en  consacrer  une  notable  partie  à 
l’irrigation  des  coteaux  stériles  des  environs,  dont  par  suite  la  végétation  sera 
complètement  bouleversée. 

Je  n’ai  pas  indiqué  de  localités,  dans  cette  énumération,  pour  les  plantes  qui 
sont  tellement  répandues  qu’il  est  impossible  de  ne  pas  les  rencontrer  en  faisant 
simplement  le  tour  de  la  ville.  Pour  toutes  celles  qui  ne  se  rencontrent  que 
dans  des  stations  déterminées,  j’ai  cité  les  lieux  précis  où  elles  ont  été  vues 
pannes  devanciers  ou  par  moi.  Lorsque  aucun  nom  de  botaniste  ne  suit  ces 
localités,  c’est  que  les  plantes  auxquelles  elles  se  rapportent  figurent  dans  les 
listes  de  M.  Cosson.  Je  ne  prétends  pas  avoir  découvert  moi-même  toutes  les 
espèces  que  j’ai  fait  suivre  du  mien.  J’ai  seulement  voulu  indiquer  qu’elles  ne 
figurent  pas  dans  les  listes  de  M.  Cosson,  ni  dans  la  publication  de  M.  Chou- 
lette  (du  moins  dans  les  collections  que  je  possède  ou  que  j’ai  pu  examiner),  et 
qu’elles  ne  m’avaient  pas  été  signalées  non  plus  par  les  botanistes  avec  lesquels 
j’ai  été  en  relations. 


Clematis  Flammula  L. —  Sidi  Mecid.  Répandu. 

—  cirrosa  L.  —  Gorges  du  Roummel  ;  rivière  des  Chiens  (Ch.).  Escarpements  N.-E.  du 

Sidi  Mecid  ! 

Anemone  eoronaria  L.  — *  Champs  près  de  la  route  de  Sétif  (Ch.). 

—  palmata  L.  —  Pâturages  N.  du  Dj.  Ouach  (Ch.). 

Adonis  æstivalis  DC.  —  Sidi  Mecid. 

Ceratocephalus  falcatus  Pers.  — -  Mansourah  (Ch.). 

Ranunculus  hederaceus  L.  —  Sources  au-dessous  du  sommet  (vers.  S.)  du  Dj.  Ouach! 

—  aquatilis  L.  var.  heterophyllus. —  Mares  sur  le  vers.  N.  du  Dj.  Ouach  ! 

—  bullatus  L.  (R.  supranudus  Jord.)  —  Sidi  Mecid  (Ch,).  Toutes  les  pentes  herbeuses! 

—  tlabellatus  Desf.  — Dj.  Ouach  (Ch.). 

— *  millefoliatus  Vahl.  —  Dj.  Chettabah  (DR  ).  Sidi  Mecid  (Ch.). 

—  macrophyllus  Desf.  —  Constantine  (Ch.),  aux  bords  du  bas  Roummel!  etc. 

• —  gramineus  L.  var.  luzulæfolius  Roiss. —  Dj.  Chettabah  (DR.). 

— -  arvensis  L.  — -  Sidi  Mecid. 

—  ophioglossifolius  L.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

—  blepharicarpos  Roiss.  — •  Sidi  Mecid,  Mansourah  (Ch.). 

Ficaria  calthæfolia  Rchb.  —  Pâturages  N.  du  Dj .  Ouach  !  Bords  du  bas  Roummel  ! 
Nigella  damaseena  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  hispanica  L.  —  Sidi  Mecid  (Merche). 

(i)  Écrit  en  1869  :  c’est  aujourd’hui  un  fait  accompli. 


250  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Nigella  hispanica  var.  intermedia.  —  Sidi  Mecid. 

Delphinium  cardiopetalum  DC.  —  Sidi  Mecid. 

—  junceum  DC.  —  Très-répandu  ! 

—  Staphisagria  L. —  Pied  du  Sidi  Mecid,  près  de  la  source  (Letx). 

Papaver  hybridum  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  Argemone  L.  —  Champs  voisins  du  télégraphe  de  Sétif  (Ch.). 

—  Rhœas  L.  —  Sidi  Mecid. 

Rœmeria  hybrida  DC. —  Sidi  Mecid.  Mansourah  ! 

Glaucium  corniculatum  Curt.  —  Sidi  Mecid.  Mansourah  ! 

Fumaria  numidica  Coss.  et  DR. —  Gorges  du  Roummel,  rochers  du  Sidi  Mecid.  Man¬ 
sourah  (Ch.). 

—  capreolata  L.  (F.  Emyi,  Paris  in  litt.)  —  Tourbières  du  Dj.  Ouach  !  (1). 

—  agraria  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  parvillora  Lam.  —  Sidi  Mecid. 

—  micrantha  Lag.  —  Sidi  Mecid. 

Raphanus  Daphauistrum  L.  —  Sidi  Mecid. 

Sinapis  geniculata  Desf.  —  Sidi  Mecid . 

—  pubescens  Poir. —  Sidi  Mecid.,  etc. 

—  arvensis  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  alba  L.  —  Sidi  Mecid  !  Rochers  derrière  l’hôpital  militaire  ! 

—  procumbens  Poir.  (S.  Choulettiana  Coss.  et  DR.) —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

Eruca  saliva  L.  — •  Sidi  Mecid. 

Rrassica  dimorpha  Coss.  —  Mansourah. 

—  Rapa  L.  —  Rords  du  Roummel  !  Lboulemenls  du  Sidi  Mecid  1  (Sp?). 

—  Gravinæ  Ten.  —  Sidi  Mecid. 

Moricandia  arvensis  DC.  —  Sidi  Mecid.  Toutes  les  pentes  schisteuses! 

Diplotaxis  erucoides  DC.  —  Sidi  Mecid,  etc. 

—  muralis  DC.  —  Sidi  Mecid.  Djebel  Ouach  ! 

Matlhiola  lunata  DC.  —  Butte  du  télégraphe  de  Sétif  (Ch.). 

Sisymbrium  amplexicaule  Desf.  — Sidi  Mecid.  Mansourah  (Ch  ). 

—  officinale  L.  —  Bords  des  routes  (Ch.). 

Nasturtium  silvestre  R.  Br.  —  Lieux  humides  (Ch.). 

Alyssum  campestre  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  maritimum  Lam.  —  Commun. 

Clypeola  Jonthlaspi  L.  var.  microcarpa.  —  Pied  du  Sidi  Mecid,  près  de  la  source  ther¬ 
male  :  très -rare  ! 

Ionopsidium  albiflorum  DR.  —  Le  long  des  murs  du  cimetière  chrétien  (Ch.);  champs 
du  Dj.  Ouach  (Emy). 

Thlaspi  perfoliatum  L.  —  Sidi  Mecid  (f.  gracilis)  ! 

—  Bursa-pastoris  L. —  Champs,  décombres  (Ch.). 

Hutchinsia  petræa  R.  Br.  —  Sommet  du  Sidi  Mecid  ! 

Iberis  pectinala  Boiss.  —  Sidi  Mecid.  Mansourah  (Ch.). 

Biscutella  apula  L.  (B.  Choulettii  .lord.).  —  Mansourah  (Ch.)  ;  Sidi  Mecid. 

—  lyrata  Poir.  —  Mansourah  ! 

Senebiera  Coronopus  Poir.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

Bivoriæa  lutea  DC.  —  Sidi  Mecid  (Ch.). 

Rapistrum  Linnæanum  Boiss.  et  Reut.  —  Sidi  Mecid.  Mansourah  (Ch  ). 

Capparis  spinosa  L.  —  Environs  de  Constantine  (Ch.). 

Cistus  salvifolius  L.  —  Vers.  N.-O.  du  Dj.  Ouach! 

Helianthemum  guttatum  Mill.  —  Dj.  Ouach  ! 

—  niloticum  Pers.  —  Sidi  Mecid. 

—  salicifolium  Pers.  —  Sidi  Mecid  (Ch.). 

—  rubellum  Presl.  —  Sidi  Mecid. 


(i)  Cette  localité,  située  à  environ  1000  mètres  d’altitude,  est  la  seule  où  j’aie  ren¬ 
contré  cette  plante,  qui  y  entourait  les  tiges  de  Senecio  giganteus ,  d 'Osmunda  rega- 
lis ,  etc.  Je  m’étais  cru  en  droit  d’y  voir  une  espèce  nouvelle  :  M.  Cosson  n’a  point  partagé 
cet  avis,  et  ne  la  regarde  que  comme  une  forme,  de  l’espèce  linnéenne. 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871.  257 

Helianthemum  lavandulæfolium  DC. —  Butte  du  télégraphe  de  Sétif  (Ch.)  ;  Dj .  Cliettabah! 

—  glaucum  Pers.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

—  croceum  Pers. —  Butte  du  télégraphe  de  Sétif  (Ch.). 

—  pilosum  Pers.  —  Sidi  Mecid. 

Fumana  viscida  Spacli.  —  Sidi  Mecid.  Mansourah  ! 

Keseda  suffruticulosa  L.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

—  papillosa  Muell.  Arg.  —  Constantine  (berb.  Boissier). 

—  Duriæana  J.  E.  —  Sidi  Mecid.  Mansourah  (DB.). 

—  Luteola  L.  var.  a  Gussonii  Muell.  Arg.  —  Sidi  Mecid.  Polygone! 

Polygala  rosea  Desf.  —  Butte  du  télégraphe  de  Sétif  (Ch.). 

—  monspeliaca  L. —  Sidi  Mecid. 

Gypsophila  compressa  Desf.  —  Mansourah  (Ch.). 

Dianthus  siculus  Presl.  —  Sidi  Mecid  ! 

Silene  inflata  Sm.  —  Sidi  Mecid. 

—  rubella  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  gallica  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  nocturna  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  —  var.  brachypetala  Bthm.  —  Sidi  Mecid  (Ch.). 

• —  hispida  Desf.  —  Ravins  entre  le  Sidi  Mecid  et  le  Mansourah  (Ch.). 

*—  velutina  Pourr.  —  Sidi  Mecid. 

—  ambigua  Camb.  —  Sidi  Mecid. 

—  biparlita  Desf.  - —  Sidi  Mecid  (Ch.),  au  ravin  d’el  Kantara  ! 

—  Chouletti  Coss.  et  DR.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

—  Muscipula  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  italica  DC.  —  Dj.  Chettabah  ! 

—  Pseudatocion  Desf.  —  Mansourah  (Ch.). 

—  fuscata  Lk.  —  Prairies  (Ch.). 

Lychnis  Cœli-rosa  Desv.  var.  aspera  Poir.  — -  Dj.  Ouach  !  Sidi  Mecid  (Ch.). 

—  macrocarpa  B.  et  Reut.  —  Sidi  Mecid.  Gorges  du  Roummel  ! 

Velezia  rigida  L.  —  Sidi  Mecid  (Ch.). 

Buffonia  tenuifolia  L.  —  Crêtes  du  Mansourah  (Ch.). 

Stellaria  media  Mill.  —  Décombres! 

Alsine  tenuifolia  Crantz,  (3.  apetala  DR.  —  Sidi  Mecid  (Ch.). 

Arenaria  procumbens  Vahl.  —  Crêtes  du  Mansourah  (Ch.). 

—  spalhulata  Desf.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

Cerastium  dichotomum  L.  —  Sidi  Mecid  (Ch.;. 

—  atlanlicum  DR . —  Alluvions  du  Roummel. 

Linum  corymbiferum  Desf. —  Pied  du  Dj.  Chettabah. 

—  strictum  L.  —  Sidi  Mecid  ! 

—  angustifolium  Huds.  —  Dj,  Ouach  (Ch.). 

—  decumbens  Desf.  —  Sidi  Mecid. 

—  suffruticosum  L.  —  Butte  du  télégraphe  de  Sétif  (Ch.). 

- —  tenue  Desf.  — Pâturages  entre  le  Kroubs  et  la  Montagne  Noire  (Ch.). 

Radiola  linoides  Gml.  —  Tourbières  du  Dj.  Ouach! 

Malope  stellipilis  Boiss.  et  Reut.  —  Constantine  (Séjourné,  in  herb.  Fauché). 

—  stipulacea  Cav.  —  Sidi  Mecid. 

Malva  silvestris  L.  — -  Sidi  Mecid,  etc. 

—  parvifiora  L.  —  Sidi  Mecid. 

Lavatera  trimestris  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  stenopetala  Coss.  et  BR.  var.  (3.  purpurea  DR.  —  Moissons  au  S.  de  Constan¬ 

tine  (Ch.). 

Hypericum  afrum  Desf.  —  Tourbières  du  Dj.  Ouach  (Letx.). 

—  tomentosum  L. —  Pentes  humides  du  Mansourah  (Ch.). 

Vitis  vinifera  L.  —  Tourbières  du  Dj.  Ouach  ! 

Géranium  atlanticum  B.  et  Reut.  —  Pentes  N.  du  Sidi  Mecid. 

—  molle  L.  —  Champs,  lieux  vagues  (Ch.). 

Erodium  cicutarium  Lam. —  Sidi  Mecid. 

—  moschatum,  Willd.  —  Sidi  Mecid,  etc. 

—  Botrys  Bert.  —  Pelouses  duDj.  Ouach  (Ch.). 


T.  XVI U, 


(sÉÀÎSCliS;  1  / 


258 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE, 

Erodium  ciconium  Willd.  —  Chemin  de  ronde  des  gorges  du  Roummel  ! 

—  malacoides  Willd.  —  Sidi  Mecid. 

—  guttatum  Willd.  —  Éboulements  des  schistes  du  Mansourah  (Ch.). 

—  hymenodes  L’hérit.  —  Sidi  Mecid.  Gorges  du  Roummel.  Moulin-Lavy  ! 

Tribulus  terrestris  L. —  Coustantine. 

Ruta  montana  Chaix.  —  Mansourah,  I)j.  Ouach  (Ch.). 

—  bracteosa  DC. —  Constantine  (Ch.). 

—  angustifolia  Pers.  —  Vallée  du  Roummel  supér.  (Ch.). 

Haplophyllum  linifolium  A.  de  Juss.  —  Côte  au  S.  de  Constantine,  près  la  route  de 
Sétif  (Ch.). 

Zizyphus  Lotus  L.  — Sidi  Mecid.  Mansourah. 

Rhamnus  Alaternus  L.  —  Vallée  du  Roummel  infér.  (Ch.). 

—  lycioides  L.  —  Sidi  Mecid. 

Pistacia  Lentiscus  L.  —  Gorges  et  vallée  infér.  du  Roummel  ! 

Anagyris  fœtida  L.  —  Sidi  Mecid. 

Calycotome  spinosa  Link.  —  Sidi  Mecid  !  Dj.  Ouach!  Mansourah  !  Dj.  Chettabah  ! 
Spartium  junceum  L.  —  Constantine. 

Genista  tricuspidata  Desf.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

—  ulicina  Spach.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

Lupinus  angustifolius  L.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

Ononis  Natrix  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  ramosissima  Desf.  —  Constantine  (Ch.).  Sidi  Mecid. 

• —  Cherleri  Desf.  —  Entre  le  Koudiat-Ati  et  le  Dj.  Chettabah  (Ch.). 

• —  breviflora  DC.  —  Sidi  Mecid.  Mansourah  (Ch.). 

—  hispida  Desf.  —  Bords  du  Roummel  (Ch.). 

—  pubescens  L.  —  Ravins  des  environs  (Schmitt). 

—  ornithopodioides  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  monophylla  Desf.  —  Dj.  Chettabah!  Roummel  supér.  (Ch.). 

—  Columnæ  AU.  —  Sidi  Mecid. 

—  serrata  Forsk.  —  Bords  de  l’O.  Melah,  entre  le  polygone  et  le  télégraphe  de 

Sétif  (Ch.). 

Ànthyllis  Vulneraria  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  tetraphylla  L.  — :  Sidi  Mecid.  Tous  les  champs  ! 

—  numidica  Coss.  et  DR.  —  Constantine  (Ch.),  au  Dj.  Ouach! 

Medicago  sativa  L.  —  Pâturages  élevés. 

—  orbicularis  Ail.  —  Sidi  Mecid.  Mansourah  ! 

—  scutellata  Ail.  — Sidi  Mecid. 

—  denticulata  Willd. —  Sidi  Mecid. 

—  pentacycla  DC.  —  Sidi  Mecid. 

—  elegans  Lam.  —  Escarpements  au  sommet  (vers.  N.)  du  Sidi  Mecid,  avec  le  Géra¬ 

nium  atlanticum.  ! 

—  tribuloides  Lam.  —  Sidi  Mecid. 

—  minima  Lam.  —  Sidi  Mecid. 

—  sphærocarpos  Bert.  —  Sidi  Mecid  ! 

—  ciliaris  Willd.  —  Sidi  Mecid. 

—  Echinus  DC.  —  Sidi  Mecid  !  Mansourah  ! 

Trigonella  gladiata  Stev.  —  Sidi  Mecid. 

—  monspeliaca  L.  —  Sidi  Mecid  (Ch.). 

Melilotus  sulcata  Desf.  —  Sidi  Mecid.  Mansourah  (Ch.), 

—  infesta  Guss.  —  Pentes  du  Mansourah  (Ch.). 

Trifolium  scabrum  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  stellatum  L.  —  Sidi  Mecid. —  Tous  les  champs  arides  ! 

—  isthmocarpum  Brot.  —  Source  entre  le  Sidi  Mecid  et  le  Mansourah  ! 

—  fragiferum  L .  —  Sidi  Mecid . 

—  tomentosum  L.  —  Sidi  Mecid. 

Lotus  rectus  L  —  Base  du  Sidi  Mecid,  prés  la  source  thermale  ! 

—  edulis  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  ornithopodioides  L.  —  Sidi  Mecid  !  Bords  de  la  voie  ferrée,  entre  les  deux  tunnels! 

—  cytisoides  L.  — Sidi  Mecid  (Ch.)  ;  Dj.  Chettabah  ! 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871  . 


259 


Lotus  hispidus  Desf.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

—  corniculatus  L.  —  Sidi  Mecid,  près  la  source  thermale. 

Astragalus  pentaglottis  L.  —  Sidi  Mecid.  Mansourah! 

—  Glaux  L.  —  Mansourah  (Ch.). 

—  sesameus  L.  —  Sidi  Mecid.  Mansourah  ! 

—  scorpioides  Pourr. —  Pentes  du  Mansourah  (Ch.). 

—  hamosus  L.  —  Sidi  Mecid.  Mansourah!  Dj.  Ouach! 

—  geniculatus  Desf.  —  Sidi  Mecid.  Mansourah  (Ch.). 

—  epiglottis  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  caprinus  L.  — Sidi  Mecid.  Mansourah  (Ch.). 

Psoralea  bituininosa.  L.  —  Sidi  Mecid  (Ch.). 

Vicia  calcarata  Desf.  —  Environs  de  Constantine. 

—  onobrychioides  L.  —  Vallée  du  Roummel  supér.  (Ch.).  Soin,  du  Sidi  Mecid! 

—  sativa  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  lutea  L.  —  Sidi  Mecid. 

Lalliyrus  silvestris  L.  —  Bords  du  ruisseau  des  Chiens  (Ch.). 

—  Clymenum  L.  —  Sidi  Mecid,  etc. 

Scorpiurus  sulcata  L.  —  Sidi  Mecid. 

Coronilla  minima  L.  —  Dj.  Chettabah,  près  la  Zaouïa! 

Arthrolobium  scorpioides  DC.  —  Sidi  Mecid. 

Hippocrepis  multisiliquosa  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  unisiliquosa  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  ciliata  DC.  —  Sidi  Mecid. 

Hedysarum  pallidum  Desf.  —  Sidi  Mecid.  Mansourah  (Ch.). 

—  coronarium  L.  —  Constantine  (Ch.).  Commun! 

—  capitatum  Desf.  —  Sidi  Mecid,  Mansourah. 

Onobrychis  alba  Desv.  —  Sidi  Mecid.  Mansourah. 

—  Caput-galli  Lam.  - —  Sidi  Mecid.  Mansourah  ! 

‘ —  venosa  Desv.  —  Butte  du  télégraphe  de  Sétif  (Ch.)  ;  Dj.  Chettabah  ! 

Ebenus  pinnataDesf. — •  Sidi  Mecid,  Mansourah  (Ch.);Dj.  Chettabah! 

Ceratonia  Siliqua  L. —  Sidi  Mecid. 

Prunus  insititiaL.  —  Gorges  du  Roummel  (Emy). 

—  prostrata  La  Bill.  —  Sidi  Mecid. 

Rubus  fruticosus  L.  —  Route  du  pont  d’Aumale!  Zaouïa  duDj.  Chettabah! 

— *  discolor  W.  et  N.  —  Sidi  Mecid. 

Poterium  Magnolii  Sp.  —  Sidi  Mecid.  Mansourah  ! 

Rosa  sempervirens  L.  —  Roummel  infér.  (Ch.). 

Cratægus  monogyna  Lam.  —  Sidi  Mecid.  Dj.  Ouach  ! 

* —  Azarolus  L.  —  Dj.  Ouach  ! 

Punica  Granatum  L.  —  Salah  Bey  (Ch.). 

Epilobium  hirsutum  L.  —  Roummel  supér.  (Ch.).  Sidi  Mecid,  près  de  la  source  thermale  ! 
Lythrum  Græfferi  Ten.  —  Sidi  Mecid,  près  delà  source  thermale. 

Tamarix  gallica  L.  —  Bords  du  Roummel  (Ch.). 

Bryonia  dioica  L.  —  Route  de  Sidi  Mecid  au  Dj.  Ouach  ! 

Ecbalium  ElateriumC.  Rich.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

Corrigiola  telephiifolia  Poir.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

Herniaria  cinerea  DC.  —  Sidi  Mecid. 

Paronychia  argenteaLam.  — Sidi  Mecid.  Tous  les  lieux  secs  ! 

—  nivea  DC.  —  Sidi  Mecid,  Mansourah,  etc.  ! 

Polycarpon  tetraphyllum  L.  —  Dj.  Ouach  ! 

—  Bivonæ  J.  Gay.  —  Atterrissements  du  Roummel. 

Scleranthus  polycarpus  DC.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

Minuartia  campestris  Lœfl.  —  Sidi  Mecid  ! 

Umbilicus  hispidus  DC.  —  Sid  Mecid. 

—  horizontalis  DC.  —  Sidi  Mecid.  Mansourah! 

Sedum  cæruleum  Vahl.  —  Sidi  Mecid.  Ravin  d’el  Kantafa  ■ 

—  dasyphyllum  L. —  Constantine  (Ch.). 

—  altissimum  Poir.  —  Sidi  Mecid,  Mansourah  (Ch.), 

—  pubescens  Vahl.  —  Sidi  Mecid  (Ch.). 


‘260 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Cactus  Opuntia  L.  —  Tous  les  rochers. 

Saxifraga  atlantica  Iîoiss.  et  Reut.  —  Sidi  Mecid  (Ch.)  ;  I)j,  Ouach  !  Route  de  Sétif,  etc.! 
Daucus  maximus  Desf.  —  Sidi  Mecid. 

—  sessilifolius  Desf. —  Dj.  Ouach  (Ch.)  ;  Sidi  Mecid  ! 

—  aureus  Desf.  —  Champs  entre  le  Polygone  et  l’O.  Melah  ! 

—  crinitus  Desf.  —  Pentes  du  Mansourah  ! 

—  gracilis  Steinh.  —  Sidi  Mecid  (DR.). 

Turgenia  latifolia  Hoffm.  —  Sidi  Mecid. 

Caucalis  leptophylla  L.  —  Sidi  Mecid. 

Torilis  Anthriscus  Gmel.  —  Ravin  d’el  Kantara. 

Bifora  testiculata  DC.  —  Sidi  Mecid. 

Elæoselinum  meoides  K.  —  Sidi  Mecid  (Ch.). 

--  Fonlanesii  Boiss.  —  Sidi  Mecid! 

Thapsia  garganica  L.  —  Sidi  Mecid.  Toutes  les  collines  ! 

—  villosa  L.  —  Coteaux  du  Bou-Merzoug  (Ch.). 

Ferula  sulcata  Desf. —  Sidi  Mecid  (Ch.). 

—  communis  DC.  —  Sidi  Mecid.  Ravin  d’el  Kantara! 

Athamanta  sicula  L.  —  Sidi  Mecid. 

Reverra  scoparia  Coss.  et  DR.  —  Butte  du  télégraphe  de  Sétif  (Ch.). 

Ridolfia  segetum  Moris.  —  Moissons,  champs. 

Fœniculum  vulgare  Gærtn.  —  Sidi  Mecid!  Mansourah  ! 

Bupleurum  fruticescens  L.  —  Butte  du  télégraphe  de  Sétif  Ch.). 

Pimpinella  lutea  Desf.  —  Mansourah  (Schmitt). 

Carum  incrassatum  Boiss.  —  Sidi  Mecid. 

—  mauritanicum  Boiss.  et  Reut.  —  Sidi  Mecid. 

Ammi  majus  L.  —  Sidi  Mecid,  Mansourah. 

—  Visnaga  Lam.  —  Sidi  Mecid  !  Mansourah  ! 

Ptychotis  verticillata  Duby.  —  Sidi  Mecid  (Schmitt)  ;  Dj.  Chettabah  ! 

Helosciadium  nodiflorum  K.  f.  minima.  —  Tourbières  du  Dj .  Ouach  ! 

Scandix  Pecten-Yeneris  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  australis  L.  —  Sidi  Mecid. 

Smyrnium  Olusatrum  L.  —  Bords  du  Roummel  inférieur. 

Couium  maculatum  L.  —  Gorges  du  Roummel  ! 
ftrubera  leptophylla  Hffm.  —  Sidi  Mecid  (Emy). 

Cachrys  pterochlæna  DC.  —  Dj.  Chettabah  (Ch.). 

Magydaris  tomentosa  K.  —  Rivière  des  Chiens  (Ch.).  Bords  des  ruisseaux  sur  la  route 
d’el  Aria  ! 

Eryngiurr.  campestre  L.  —  Sidi  Mecid, 

—  triquetruin  Vahl.  —  Sidi  Mecid.  Commun  dans  les  champs  argileux. 

—  dichotomum  Desf. —  Butte  du  télégraphe  de  Sétif  (Ch.)  ;  Dj.  Ouach! 

—  tricuspidatuin  L.  —  Mansourah  (Ch.)  ;  Sidi  Mecid  ! 

Sambucus  nigra  L.  —  Haies  de  la  rive  gauche  du  Roummel  infér.  !  Spont.  T 
Putoria  calabrica  Pers.  —  Dj.  Chettabah,,  Dj.  Ouach  (Bandel). 

Sherardia  arvensis  L.  —  Sidi  Mecid. 

Asperula  cynanchica  L.  —  Pentes  du  Mansourah  (Ch.). 

—  hirsuta  Desf.  —  Mansourah. 

Crucianella  angustifolia  L.  —  Bou-Merzoug  (Ch.). 

Bubia  lævis  Poir.  —  Rivière  des  Chiens  (Ch.);  Sidi  Mecid,  près  de  la  source  thermale  ! 
Galium  elongatum  Presl.  —  Somm.  du  Dj.  Ouach  ! 

—  tunetanum  Lam.  —  Dj.  Chettabah  (Ch.). 

* —  saccharatum  Ail.  ■ —  Sidi  Mecid. 

—  Aparine  L.  —  Sidi  Mecid  ! 

—  lucidum  Ail.  —  Sidi  Mecid  ! 

Callipeltis  cucullaria  Stv.  —  Sidi  Mecid  (Ch.). 

Yalerianella  discoidea  Lois.  —  Sidi  Mecid.  Mansourah  !  (Ch.),  Sidi  Mecid  ! 

* —  chlorodonta  Coss.  et  DR.  —  Bords  du  Roummel. 

—  stephanodon  Coss.  et  DR.  —  Bords  du  Roummel  (DP..). 

—  fallax  Coss.  et  DR. —  Moissons  de  la  rive  droite  du  Roummel  (Ch.)  Adven. 

I’edia  Cornucopiœ  Gærtn.  —  Constantine  (Pressoir). 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871.  201 

Fedia  graciliflora  F.  et  M.  —  Sidi  Mecid. 

Centranttius  Calcitrapa  Desf.  —  Constantine  (Ch.),  auDj.  Ouach  ! 

—  ruber  DC.  —  Sidi  Mecid. 

Scabiosa  stellataL.  —  Sidi  Mecid,  Dj.  Chettabah  (Ch.). 

—  crenata  Cyr.  —  Butte  du  télégraphe  de  Sétif  (Ch.). 

—  maritimaL.  —  Sidi  Mecid,  Mansourah. 

Nardosmia  fragrans  Fichb.  —  Dj.  Ouach!  Rivière  des  Chiens  (Ch.). 

Bellis  annua  L.  —  Sidi  Mecid,  etc. 

—  silvestris  Cyr.  —  Dj.  Ouach  ! 

Phagnalon  sordidum  DC.  —  Sidi  Mecid  ! 

—  rupestre  DC.  —  Sidi  Mecid  ! 

Evax  asterisciflora  Pers.  —  Dj.  Ouach  ! 

Micropus  supinus  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  bombycinus  Lag.  — Sidi  Mecid.  Mansourah! 

Inula  montana  L.  —  Butte  du  télégraphe  de  Sétif  (Ch.). 

— -  viscosa  Ait.  —  Sidi  Mecid,  Mansourah,  etc. 

Pulicaria  arabica  Cass.  —  Alluvions  du  Roummel. 

Pallenis  spinosa  Cass.  —  Sidi  Mecid. 

Anthémis  fuscata  Brot.  —  Sidi  Mecid!  Dj.  Ouach  (Emy). 

Anacyclus  PyrethrumDC. —  Environs  de  Constantine. 

—  tomentosus  DC.  —  Décombre,  lieux  vagues. 

—  pedunculatus  Pers.  —  Vallée  du  Roummel  supér.  (Ch.). 

Santolina  squarrosa  Willd.  —  Butte  du  télégraphe  de  Sétif  (Ch. ). 

—  canescens  Lag.  —  Butte  du  télégraphe  de  Sétif  (Ch.). 

Leucanthcmum  glabrum  Boiss.  et  Reut.  —  Sidi  Mecid.  Mansourah,  etc.  ! 

Coleostephus  Myconis  Cass.  —  Sidi  Mecid  ! 

Chrysanthemum  segetum  L.  —  Sidi  Mecid. 

Pinardia  coronaria  Less.  —  Sidi  Mecid,  etc.  ! 

Lonas  inodora  Gærln.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

Helichrysum  Fontanesii  DC.  —  Sidi  Mecid,  Mansourah  (Ch.). 

Gnaphalium  uliginosum  !..  —  Dj.  Ouach,  près  de  la  maison  du  garde  (Ch.). 

Filago  spa'hulata  Presl.  —  Dj.  Ouach,  près  de  la  maison  du  garde  (Ch.).  Sidi  Mecid. 

—  gallica  L,  —  Sidi  Mecid  ! 

Senecio  vulgaris  L.  —  Cultures. 

—  leucanthemifolius  Poir.  —  Constantine  (Ch.). 

—  delphinifolius  Vahl.  —  Sidi  Mecid. 

—  giganteus  Desf. —  Butte  du  télégraphe  de  Sétif  (Ch.).  ;  tourbières  du  Dj.  Ouach 

(Hénon);  Dj.  Chettabah,  près  de  la  Zaouïa  ! 

—  nebrodensis  L.  —  Constantine.  Commun  dans  les  cultures  et  les  lieux  vagues  ! 
Calendula  arvensis  L.  —  Cultures. 

—  parviflora  Raf.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

Othonna  cheirifolia  L.  —  Commun  dans  les  schistes. 

Echinops  spinosus  L.  —  Champs,  commun. 

Xeranthemum  inapertum  Willd.  —  Mansourah  (Ch.).  Sidi  Mecid. 

Carlina  lanata  L.  —  Bords  delà  route  du  Mansourah  au  Dj.  Ouach! 

—  involucrala  Poir.  —  Sidi  Mecid.  Mansourah  (Ch.). 

■ —  corymbosa  L.  —  Constantine  (Ch.).  Commun  dans  les  lieux  arides  ! 

—  racemosa  L.  —  Constantine  (Ch.).  Commun  dans  les  champs. 

—  gummifera  Less.  —  Constantine  (Ch.)  ;  commun. 

Atractylis  cancellata  L.  —  Sidi  Mecid.  Assez  commun. 

—  cæspitosa  Desf.  —  Constantine  (Desf.),  au  Dj.  Ouach!  à  la  butte  du  télégraphe  de 

Sétif! 

Microlonchus  Clusii  Sp.  —  Sidi  Mecid,  Mansourah  (Ch.). 

Crupina  Morisii  Bor.  —  Mansourah  (Ch.). 

Cenlaurea  pullata  L. —  Décombres,  lieux  vagues. 

—  parviflora  Desf.  —  Constantine  (Ch.),  à  Sidi  Mecid!  au  Mansourah  ! 

—  acaulis  L.  —  Sidi  Mecid.  —  Dj.  Ouach  ! 

—  pubescens  Willd.  —  Butte  du  télégraphe  de  Sétif  (Ch .  ). 

—  eriophora  L.  —  Sidi  Mecid  ! 


262 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Centaurea  Schouwii  DC.  —  Sidi  Mecid  (Ch,). 

—  nicæensis  AU.  —  Sidi  Mecid. 

—  Calcitrapa  L.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

—  napifolia  L.  —  Sidi  Mecid  !  Dj.  Ouach  (Ch.). 

Centrophyllum  lanatum  DC.  et  Dub.  —  Sidi  Mecid. 

Onobroma  helenioides  Spreng.  (1).  —  Moissons  S.  de  Constantine  (Ch.), 

Carduncellus  pinnatus  DC.  —  Sidi  Mecid. 

—  cæruleus  DC.  (3.  incisus.  —  Sidi  Mecid  (Ch.).  Dj.  Ouach  ! 

—  pectinatus  DC.  —  Butte  du  télégraphe  de  Sétif  (Ch.). 

Silybum  Marianum  Gærtn.  —  Décombres,  lieux  vagues  :  commun. 

Galactites  tomentosa  Mœnch.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

Onopordon  macracanthum  Schousb.  —  Sidi  Mecid  !  Route  de  Philippeville ! 

Cinara  Cardunculus  L.  —  Tous  les  champs  argileux. 

Carduus  macrocephalus  (2)  Desf.  —  Mansourah.  Sidi  Mecid  ! 

—  pteracanthus  DR.  —  Sidi  Mecid. 

—  pycnocephalus  L.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

Picnomon  Acarna  Cass.  —  Pentes  du  Ivoudiat  Àti  (Ch.)  ;  route  de  Batna  ! 

Cirsium  echinatum  DC.  —  Constantine  (Ch.),  entre  le  Dj.  Ouach  et  le  Mansourah  ! 
Notobasis  syriaca  Cass.  —  Constantine  (Ch.),  aux  bords  de  l’O.  Melah  !  au  Dj.  Chettabah  ! 
bords  du  chemin  d’el  Aria  ! 

Rhaponticum  acaule  DC.  —  Sidi  Mecid.  Dj.  Ouach  (Ch.). 

Leuzea  conifera  DC.  —  Butte  du  télégraphe  de  Sétif  (Ch.). 

Serratula  pinnatifida  Poir.  —  Butte  du  télégraphe  de  Sétif  (Ch.). 

—  mucronata  Desf.  —  Dj.  Chettabah. 

Scolymus  hispanicus  L.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

—  grandiflorus  Desf.  —  Sidi  Mecid. 

Rhagadiolus  stellatus  DC.  —  Sidi  Mecid. 

Hyoseris  microcephala  Cass.  —  Sidi  Mecid. 

—  radiata  DC.  —  Sidi  Mecid. 

Hedypnois  cretica  Willd.  —  Constantine  (Ch.).  Commun. 

—  polymorpha  DC,  3.  diffusa  G.  et  G.  —  Sidi  Mecid. 

Catanance  cærulea  L.  —  Sidi  Mecid,  Mansourah. 

Piptoceplialum  carpholepis  C.  H.  Sch.  —  Sidi  Mecid.  Répandu  dans  les  moissons  ! 
Cichorium  Intybus  L.  var.  divaricatum.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

Seriola  ætnensis  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  lævigata  L.  —  Vallée  du  Roummel  supér.  (Ch.). 

Thrincia  hispidaRoth. —  Sidi  Mecid! 

—  tuberosa  DC.  —  Sidi  Mecid  !  Dj.  Ouach,  à  1000  mèt.  d’alt.  ! 

Kalbfussia  Muelleri  Sch.  Bip.  —  Sidi  Mecid. 

Podospermum  calcitrapæfolium  K.  —  Constantine  (Ch.). 

Tragopogon  australis  Jord. —  Sidi  Mecid  ! 

Spitzelia  cupuligera  DR.  —  Sidi  Mecid. 

Urospermum  Dalechampii  Desf.  —  Sidi  Mecid. 

Scorzonera  undulata  Vahl.  —  Sidi  Mecid.  Vallée  du  Bou  Merzoug  (Ch.). 

Helminthia  echioides  Gærtn.  —  Constantine  (Ch.). 


(1)  Cette  plante  est  décidément  celle  dont  j’ai  parlé  dans  une  précédente  communica¬ 
tion  à  la  Société  (XIV,  281),  et  que  les  Arabes  du  sud  des  provinces  d’Alger  et  d’Oran 
appellent  zillsète. 

(2)  M.  Choulette  a  consacré  au  Carduus  numidicus  DR.  les  nos  262  et  262  bis  de 
son  exsiccata.  La  plante  de  Philippeville  est  bien  en  effet  le  C.  numiclicus ,  mais  celle  de 
Constantine  est  le  C.  macrocephalus  Desf.,  du  moins  dans  la  collection  de  l’hôpital  mili¬ 
taire  de  Constantine  et  dans  celle  que  je  possède.  Il  en  est  probablement  de  même  pour 
les  autres,  car  il  m’a  été  impossible  de  trouver,  jusqu’à  7  ou  8  kil.  de  la  ville,  autre  chose 
que  cette  dernière  espèce.  Par  contre,  la  première  infeste  littéralement  les  prairies  d’el 
Aria  (20  kil.  E.  de  Constantine,  sur  la  route  arabe  de  Guelma).  Je  l’ai  retrouvée  depuis 
auprès  de  cette  dernière  ville  (12  kil.  E.).  près  de  la  maison  du  caïd  des  Beni-Marmi,  en 
compagnie  du  Delphinium  Staphisagria  L. 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871 


263 


Helminthia  aculeata  DC.  —  Constantine  (Ch.). 

Lactuca  Scariola  L.  —  Mansourah  ! 

ïaraxacum  Dens-leonis  I)esf.  var.  depressum  Coss.  et  DR.  —  Crêtes  du  Man¬ 
sourah  (Ch.). 

Barkhausia  taraxacifolia  DC.  —  Constantine  (Ch.). 

—  fœtida  DC.  —  Sidi  Mecid. 

Picridium  vulgare  Desf.  —  Commun. 

Sonchus  oleraceus  L.  —  Sidi  Mecid  ! 

—  maritimus  L.  —  Constantine  (Ch.).  Abonde  le  long  des  rigoles  du  Mansourah  1 

—  tenerrimus  L.  —  Décombres,  lieux  vagues, 

Andriala  integrifolia  L  .  —  Ravin  d’el  Kantara  ! 

Xanthium  antiquorum  Wallr.  —  Mansourah  ! 

—  spinosum  L.  —  Sidi  Mecid,  en  montant  au  collège  arabe  ! 

Laurentia  Michelii  DC.  —  Fontaine  entre  Sidi  Mecid  et  le  Mansourah  (Emy)  ;  tourbières 
du  Dj .  Ouach  ! 

Campanula  Erinus  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  Rapunculus  L.  —  Constantine  (Ch.). 

—  numidica  DR.  —  Mansourah.  Sidi  Mecid  (Ch.). 

Specularia  falcata  A.  DC.  —  Constantine  (Ch.). 

—  Spéculum  A.  DC.  —  Constantine. 

—  hybrida  A.  DC.  —  Constantine. 

Cyclamen  africanum  B.  et  Reut.  —  Sidi  Mecid  (Emy,  Hénon). 

Coris  monspeliensis  L.  —  Ravins  du  Dj.  Chettabah  (Ch.). 

Asterolinum  steîlatum  Lk  et  Hffm.  —  Sidi  Mecid  (Ch.). 

Anagallis  arvensis  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  Monelli  Clus.  —  Vallée  du  Roummel  supér.  (Ch.). 

—  linifolia  L.  —  Sidi  Mecid. 

Samolus  Valerandi  L.  —  Sidi  Mecid,  près  la  source  thermale  ! 

Olea  europæa  L.  —  Constantine. 

Jasminum  fruticans  L.  —  Sidi  Mecid. 

Nerium  Oleander  L.  —  Bords  du  Roummel. 

Cynanchum  acutum  L.  —  Alluvions  du  bas  Roummel  (Ch.). 

Gomphocarpus  fruticosus  R.  Br.  —  Sidi  Mecid,  près  la  source  thermale  (Ch.). 

Erythræa  ramosissima  Pers.  —  Sidi  Mecid,  près  la  source  thermale  î 
Chlora  perfoliata  Willd.  —  Dj.  Ouach! 

Convolvulus  Cantabrica  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  lineatus  L.  —  Le  Kroubs  (Ch.). 

—  mauritanicus  Boiss. —  Sidi  Mecid.  Ravin  d’el  Kantara! 

—  tricolor  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  undulatus  Cav.  —  Sidi  Mecid. 

—  arvensis  L.  —  Sidi  Mecid.  Mansourah  ! 

—  althæoides  L.  —  Sidi  Mecid.  Commun. 

—  pseudosiculus  Cav.  —  Pentes  du  Mansourah  (Ch.). 

Cuscuta  planiflora  Ten.  —  Sidi  Mecid. 

Heliotropium  supinum  L.  —  Alluvions  du  bas  Roummel  (Ch.). 

—  europæum  L.  —  Commun. 

Cerinthe  aspera  Roth.  —  Sidi  Mecid,  etc.  ! 

Echium  calycinum  Viv.  —  Constantine.  Sidi  Mecid  (Ch.),  etc. 

—  plantagineum  L.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

—  italicum  L.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

Nonnea  nigricans  DC.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

Borrago  ofïicinalis  L.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

Anchusa  italica  Retz.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

Lithospermum  arvense  L.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

—  tenuitlorum  L.  —  Crêtes  du  Mansourah  (Ch.). 

—  apulum  Vahl.  —  Butte  du  télégraphe  de  Sétif  (Ch.). 

Alkanna  tinctoria  Tausch.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

Myosotis  pusilla  Lois.  —  Mansourah  (Ch.). 

—  hispida  Schlcht.  —  Mansourah. 


2(54  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Cynoglossum  clieirifolium  L.  —  Sidi  Mecid. 

Solanum  nigrum  L.  —  Constantine  (Ch.). 

—  —  var.  miniatum.  —  Mansourah  ! 

—  villosum  Lam.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

Lycium  vulgare  Dum.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

Datura  Stramonium  L.  —  Commun  sur  la  rive  gauche  du  Roumme. 

Hyoscyamus  niger  L.  —  Constantine. 

—  albus  L.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

Verbascum  Boerhaavii  L.  —  Sidi  Mecid  (Ch.). 

—  sinuatum  L.  —  Sidi  Mecid.  Commun. 

Celsia  cretica  L.  —  Sidi  Mecid  (Ch.). 

—  betonicæfolia  Desf.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

Linaria  lanigera  Desf.  —  Constantine  (Ch.). 

—  spuria  Mill.  —  Sidi  Mecid  (Ch.)  ;  rive  droite  du  Roummel,  au-dessus  du  pont  du 

Diable  ! 

—  triphylla  Chaix.  —  Constantine.  Commun  dans  les  prairies  î 

—  simplex  DC.  —  Sidi  Mecid  (Ch.). 

—  reflexa  Desf.  —  Sidi  Mecid.  Commun. 

—  virgata  Desf.  —  Constantine  (Ch.),  au  Dj.  Ouach!  etc. 

—  flexuosa  Desf.  — Constantine  (Bové),  au  Mansourah. 

Anarrhinum  pedatum  Desf.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

—  fruticosum  Desf.  —  Butte  du  télégraphe  de  Sétif  (Ch.). 

Antirrhinum  Orontium  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  tortuosum  Bosc.  —  Sidi  Mecid. 

Scrofularia  auriculata  I,.  — -  Butte  du  télégraphe  de  Sétif;  moulin  Lavy  (Ch  ).  Bassin  de 
la  source  thermale  de  Sidi  Mecid  ! 

—  lævigata  Vahl.  —  Parois  verticales  du  Sidi  Mecid,  au-dessus  de  la  corniche  ! 

—  canina  L.  —  Commun. 

Veronica  Anagallis  L.  (vel  potius  V.  anagalloides  Guss.  ?).  —  Gorges  du  Roummel! 

—  agrestis  L.  —  Constantine  (Ch.). 

—  Buxbaumii  Ten.  —  Champs  au  pied  du  Sidi  Mecid,  près  la  source  ! 

—  hederifolia  L.  — Constantine  (Ch.). 

Eufragia  viscosa  Bthm.  —  Sidi  Mecid.  Dj.  Ouach  ! 

—  latifolia  Grisb.  —  Tourbières  du  Dj.  Ouach! 

Phelipæa  lavandulacea  Beut.  —  Atterrissements  du  Roummel. 

—  Muteli  F.  Sch.  —  Constantine. 

Orobanche  crinita ?  Viv.  —  Vers.  E.  du  Dj.  Chettabah  ! 

Mentha  sil vestris  L.  —  Commun  dans  les  lieux  humides. 

—  Pulegium  L.  —  Commun  dans  les  lieux  humides. 

Origanum  hirtum  Lk?  Vog.  !  —  Butte  du  télégraphe  de  Sétif  (Ch.  )  ;  pointe  de  Sidi  Mecid 
en  face  l’Arsenal  ! 

Thymus  Guyoniide  Noé. —  Montagnes  des  environs  de  Constantine  (Coss.  in  herb.  de  Noé) . 

—  algeriensis  B.  et  Reut.  —  Sidi  Mecid  (Ch.). 

—  ciliatus  Bthm.  —  Sidi  Mecid.  Dj.  Ouach! 

—  numidicus  Desf.  —  Pâturages  au-dessus  de  la  ville. 

Micromeria  græca  Bthm.  var.  latifolia  Boiss.  —  Dj.  Chettabah  (Ch.). 

Calamintha  heterotricha  B.  et  Reut.  —  Constantine  (Bové),  à  la  poudrerie  ! 

Salvia  viridis  L.  —  Sidi  Mecid  (Ch.). 

—  argentea  L.  —  Sidi  Mecid. 

— ■  bicolor  Desf.  —  Pâturages  au-dessus  de  la  ville. 

—  Verbenaca  L.  —  Sidi  Mecid. 

Nepeta  tuberosa  L.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

Brunella  algeriensis  de  Noé.  — -  Sommet  du  Dj.  Ouach  ! 

Sideritis  incana  L.  —  Roummel  supérieur  (Ch.). 

Marrubiurn  vulgare  L.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

Stachys  Mialhesii  de  Noé.  —  Sidi  Mecid. 

—  hirta  L.  —  Constantine  (Ch.) ;  Dj.  Chettabah! 

—  Duriæi  de  Noé.  —  Dj.  Ouach,  Dj.  M’iah  (DR.).  Roummel  super.  (Ch.). 

Lamium  amplexicaule  h.  —  Sidi  Mecid  ! 


SÉANCE  DU  \  0  NOVEMBRE  !  871 , 


()5 


Phlomis  Herba-venti  L.  —  Sidi  Mecid  ! 

• —  biloba  Desf.  —  Dj.  OuacU  (Ch.). 

Teucrium  campanulatum  L.  —  Roummel  super.  (Ch.). 

—  Pseudochamæpitys  L.  —  Constantine  (Ch.)  ;  Dj.  Chettabah  ! 

—  spinosum  L. —  Entre  le  Polygone  et  l’O.  M’iah  (Ch.). 

—  scordioides  Schrb.  —  Sidi  Mecid  (Schmitt). 

—  Botrys  L.  —  Alluvions  du  Roummel  (Ch.). 

—  Chamædrys  L.  var.  australe.  —  Collines  calcaires  au  S.  de  Constantine  (Ci.) 

—  Polium  L.  —  Sidi  Mecid.  Commun. 

—  resupinatum  Desf.  —  Sidi  Mecid  (Ch.). 

Ajuga  Iva  Schrb.  —  Sidi  Mecid  !  Bords  de  10.  M’iah  ! 

—  Chamæpitys  Schrb.  —  Sidi  Mecid. 

Acanthus  mollis  L.  —  Ravin  d’el  Kantara  et  gorges  du  Roummel  1 
Verbena  officinalis  L.  — Mansourah. 

Lippia  nodiflora  Rich.  —  Le  Hamma  (Ch.). 

Globularia  Alypum  L.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

Plantago  albicans  L.  —  Sidi  Mecid.  Commun. 

—  Lagopus  L.  —  Sidi  Mecid.  Commun. 

- —  Serraria  Lag.  —  Sidi  Mecid.  Commun. 

—  Psyllium  L.  —  Sidi  Mecid.  Commun. 

Plumbago  europæa  L.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

Amarantus  retroflexus  L.  —  Constantine  (Ch.)  ;  commun  dans  les  décombres  et  au  nou- 
lin  Lavy. 

—  prostratus  Balb.  —  Décombres  sous  le  pont  d’el  Kantara  ! 

Euxolus  viridis  Moq.-Tand.  —  Sous  le  pont  d’el  Kantara  ! 

Beta  vulgaris  L.  —  Sidi  Mecid  ! 

Oreobliton  thesioides  DR.  —  Gorges  du  Roummel  (de  Marsilly). 

Chenopodium  Vulvaria  L.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

—  opulifolium  Sehrad.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

—  murale  L.  (3.  albescens  Moq.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

Atriplex  Halimus  L.  —  Rives  de  l’O.  Melah  ! 

Rumex  conglomeratus  Murr.  — -  Environs  de  Constantine. 

—  thyrsoideus  Desf.  —  Prairies  à  Constantine  (Ch.). 

—  bucephalophorus  L. —  Sidi  Mecid.  Partout. 

Emex  spinosa  Campd.  —  Salah  Bey  (Ch.). 

Polygonum  aviculare  L.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

—  amphibium  L,  —  Roummel,  en  amont  du  pont  d’Aumale  ! 

—  Hydropiper  L.  —  Roummel,  en  amont  du  pont  d’Aumale! 

Passerina  annua  Wickstr.  var.  pubescens.  —  Coteaux  sur  la  rive  gauche  du  Bou  Merzoug 
(Ch.).  Sidi  Mecid  ! 

—  hirsuta  L.  —  Sidi  Mecid. 

Daphné  Gnidium  L.  —  Sidi  Mecid  !  Dj.  Ouach  ! 

Osyris  alba  L.  —  Sidi  Mecid. 

Thesium  humile  Vahl.  —  Ravins  au  N.  du  cimetière  chrétien  (Ch.).  Sidi  Mecid  ! 
Aristolochia  longa  L.  —  Sidi  Mecid. 

Crozophora  tincloria  A.  de  Juss.  —  Commun. 

Ricinus  communis  L.  —  Autour  des  habitations  :  n’y  paraît  pas  spontané  ! 

Mercurialis  annua  L.  —  Constantine  (Ch.  ).  Commun. 

Euphorbia  Chamæsyce  L.  —  Sidi  Mecid  (Ch.).  Commun  le  long  des  routes. 

—  pubescens  Vahl.  —  Alluvions  du  Roummel  (Ch.). 

—  Helioscopia  L.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

—  exigua  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  falcata  L.  — Sud  de  Constantine  (Ch.) . 

—  sulcata  de  Lens. —  Sidi  Mecid  (Ch.). 

—  Peplus  L.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

—  peploides  Gouan.  —  Sidi  Mecid  (Ch.). 

—  hieroglyphica  DR,  —  Mansourah,  vallée  du  Bou  Merzoug  (DR.);  vallée  du  Roummel 

supér.  (Ch.). 

—  segetalis  L.  —  Moissons  autour  de  la  ville  (Ch.). 


266  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Euphorbia  Pinea  L.  (E.  calcarea  Coss.  et  DR.  olim).  —  Sidi  Mecid  (DR.). 

—  nicæensis  Ail.  —  Coteaux  calcaires  delà  vallée  du  Roummel  supér.  (Ch.). 
Theligonum  Cynocrambe  L.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

Urlica  membranacea  L.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

—  pilulifera  L.  —  Décombres,  lieux  vagues. 

Parietaria  diffusa  M.  et  K.  —  Sidi  Mecid.  Gorges  du  Roummel! 

Celtis  australis  L.  —  Sidi  Mecid.  Koudiat  Ati  !  etc. 

Ficus  Carica  L.  —  Sidi  Mecid  !  etc. 

Salix  fragilis  L.  —  Bords  du  Roummel  (Ch.).  Spont.  ? 

—  pedicellata  L.  —  Bou  Merzoug  (Ch.)  ;  bords  du  Roummel  infér.  ! 

Populus  alba  L.  —  Bords  du  Roummel  infér.  !  Spont.? 

Colchicum  Bertolonii  Stev.  —  Constantine  (Ch.).  Commun  sur  tous  les  coteaux  argileux  ! 
Scilla  autumnalis  L.  —  Mansourah!  I)j.  Ouach  ! 

—  obtusifolia  Poir.  —  Sidi  Mecid  (Ch.).  Gorges  du  Roummel! 

—  peruviana  L.  —  Sidi  Mecid.  Dj.  Ouach! 

—  lingulata  Desf.  —  Constantine  (Trib.).  Sidi  Mecid  (Ch.).  Dj.  Ouach  !  Assez  commun. 
Urginea  Scilla  Steinh.  —  Sidi  Mecid.  Commun. 

—  fugax  Steinh.  —  Pj.  Ouach,  en  face  les  baraques  l 

Gagea  fibrosa  Rœm.  et  Sch.  —  Pépinière  (Ch.).  Sidi  Mecid  !  Mansourah  ! 

Ornithogalum  arabicum  L.  —  Sidi  Mecid,  Dj.  Ouach  (Ch.). 

—  narbonense  Dod.  —  Sidi  Mecid. 

—  umbellatum  L.  (0.  algeriense  Jord.).  —  Sidi  Mecid.  Ravin  d’el  Kantara! 

Allium  pallens  L.  —  Sidi  Mecid  (Ch.). 

—  triquetrum  L.  —  Sidi  Mecid,  à  la  source  thermale  ! 

—  Chamæmoly  L.  —  Vers.  S.  du  Sidi  Mecid  (Emy). 

—  roseum  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  nigrum  L.  —  Sidi  Mecid. 

Bellevalia  romana  Rchb.  —  Sidi  Mecid. 

Hyacinthus  dubius  Guss.  —  Sidi  Mecid. 

Muscari  comosum  Mill.  —  Constantine  ;  commun  dans  les  champs  argileux. 

—  racemosum  DC.  —  Sidi  Mecid. 

Phalangium  algeriense  B.  et  Reut.  —  Tourbières  du  Dj.  Ouach  ! 

Asphodelus  microcarpus  Yiv.  — Constantine;  très-commun. 

Asphodeline  lutea  Rchb.  —  Vers.  S.  du  Dj.  Chettabah  (DR.). 

Asparagus  albus  L.  —  Sidi  Mecid. 

Smilax  mauritanica  Poir.  —  Sidi  Mecid,  à  la  source  thermale  ! 

Tamus  communis  L.  —  Rives  du  Roummel  infér.  !  Tourbières  du  Dj.  Ouach  ! 

Trichonema  Bulbocodium  Rchb.  —  Dj.  Ouach! 

Iris  juncea  Poir.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

—  stylosa  Desf.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

—  scorpioides  Desf.  — Constantine  (Ch.).  Très-commun  partout. 

—  Sisyrinchium  L.  —  Constantine.  Commun. 

Gladiolus  segetum  Gawl.  —  Constantine  (Ch.). 

—  Ludoviciæ  Jan.  —  Sidi  Mecid. 

Leucoium  autumnale  L.  —  Dj.  Ouach  (Emy).  Roummel  infér.  (Ch.). 

Sternbergia  lutea  Gawl.  —  Constantine  (de  Marsilly)  :  commun  au  Koudiat  Ati  et  aux 
gorges  du  Roummel  ! 

Narcissus aureus  DC.  —  Prairies  marécageuses  du  Dj.  Ouach!  Bas  Roummel  (Ch.).  (1). 

—  elegans  Sp.  —  Mansourah  !  Bas  Roummel  (Ch.,  si,  comme  je  le  pense,  cette  plante 

et  le  IV.  Cupanianus  Guss.  ne  diffèrent  pas  spécifiquement). 

Serapias  Lingua  E.  —  Dj.  Ouach  !  (2). 


(1)  M.  Choulette  a  publié  celte  plante,  n°  183  de  la  2e  série,  sous  le  nom  de  N.  Fa- 
zelta  var.  algeriensis .  Je  suis  encore  à  voir  le  N.  Tazetta  d'Algérie.  Tout  ce  que  j’ai 
récolté  dans  la  Mitidja  et  la  province  de  Constantine,  aux  localités  où  cette  plante  est  indi¬ 
quée,  et  tout  ce  que  j’ai  reçu  sous  ce  nom  du  Tell  oranais  se  rapporte  au  N.  aureus. 

(2)  Il  ne  faut  jamais  remettre  au  lendemain  la  récolte  d’une  plante  !  —  Cet  axiome 
devrait  être  la  chehada  (profession  de  foi)  de  tout  botaniste.  En  juin  18(19,  le  capitaine 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871. 


267 


Orchis  papilionacea  L.  —  Constantine  (Ch.). 

—  tridentata  Scop.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

Ophrys  tenthredinifera  Willd.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

—  fusca  Lk.  —  Dj.  Ouach  (Tribout). 

—  —  var.  Duriæi.  —  Dj.  Ouach  (Tribout). 

—  lutea  Cav.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

—  ciliata  Biv.  —  Entre  Sidi  Mecid  et  le  Mansourah  (Ch.). 

Vallisneria  spiralis  L.  —  Lac  entre  l’étang;  du  Dj.  Ouach  et  le  barrage  de  la  rivière  des 
Chiens  (Ch.). 

Triglûchin  laxiflorum  Guss.  —  Somm.  au  Dj.  Ouach  ! 

Potamogeton  natans  L.  —  Roummel  en  amont  du  pont  d’Aumale  ! 

Arisarum  vulgare  Targ.  Tozz.  —  Sidi  Mecid. 

BiarumBovei  Bl.  —  Pâturages  au-dessus  delà  ville. 

Arum  italicum  Mill.  —  Sidi  Mecid. 

Typha  latifolia  L.  —  Environs  de  Constantine. 

—  angustifolia  L.  —  Sidi  Mecid,  à  la  source  thermale  ! 

Juncus  acutus  L.  —  Commun  dans  les  lieux  humides, 

—  heterophyllus  L.  Desf. —  Constantine  (Ch.). 

—  alpinus  Vill.  —  Tourbières  du  Dj.  Ouach!  (1). 

—  striatus  Schousb.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

—  —  var.  macrocephalus.  —  Mansourah  (DR.). 

—  valvatus  Lk.  var.  caricinus.  —  Mansourah  (DR.). 

—  capitatus  Weig.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

—  Tenageia  Ehrh.  — -  Constantine. 

—  bufonius  L.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

—  —  var.  —  Commun. 

Cyperus  fuscus  L.  —  Constantine  (Bové)  :  commun  le  long  du  bas  Roummel  ! 

—  olivaris  Targ.  Tozz. —  Constantine  (Bové)  :  au  pied  du  Dj,  Chettabah  (DR.). 

—  longus  L.  —  Sidi  Mecid,  à  la  source  thermale!  Moulin  Lavy  ! 

—  badius  Desf.  —  Environs  de  Constantine. 

Schœnus  nîgricans  L.  —  Vers.  N.  du  Dj.  Ouach  ! 

Scirpus  Savii  S.  et  M.  —  Constantine  :  au  Dj.  Ouach! 

—  lacustris  L.  —  Constantine  :  Roummel  en  amont  du  pont  d’Aumale  ! 

—  Holoschœnus  L.  —  Dj.  Ouach  ! 

—  maritimus  L.  —  Bas  Roummel  (Ch.). 

Heleocharis  palustris  R.  Br.  —  Constantine  (Ch.). 

Carex  remota  L.  —  Sidi  Mecid,  à  la  source  thermale  (Ch.). 

— -  glauca  L.  —  Tourbières  du  Dj.  Ouach  ! 

—  —  var.  serrulata.  —  Constantine. 

—  olbiensis  Jord.  —  Vers.  N.  du  Dj.  Ouach  ! 

—  echinata  Desf.  —  Constantine  :  source  thermale  de  Sidi  Mecid  !  Dj.  Ouach! 

—  distans  L.  —  Constantine. 

—  punctata  Gaud.  — -  Tourbières  du  Dj.  Ouach! 

Phalaris  canariensis  L.  —  Constantine. 

—  brachystachys  Lk.  —  Sidi  Mecid. 

—  minor  Retz.  —  Constantine. 

—  paradoxa  L.  —  Sidi  Mecid. 

—  truncata  Guss.  —  Bords  du  Roummel. 

—  cœrulescens  Desf.  —  Constantine. 

Phleum  pratense  L.  var.  nodosum.  —  Environs  de  Constantine  (Ch.). 

Alopecurus  ventricosus  Pers.  —  Alluvions  du  Roummel. 

—  bulbosus  L.  var.  macrostachys.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

Emy  et  moi  trouvâmes,  le  long  des  tourbières  du  Dj.  Ouach,  un  seul  pied  de  Serapias 
authentique  à  fleurs  jaunes.  —  Les  boîtes  pleines,  la  fatigue,  la  difficulté  de  partager 
un  échantillon  entre  deux,  que  sais-je  ?  D’autres  échantillons  étaient  là,  près  de  fleurir  : 
nous  remîmes  la  récolte  à  la  prochaine  excursion;  et  quinze  jours  après,  lorsque  nous 
y  revînmes,  nous  trouvâmes  tout  complètement  desséché  ! 

(1)  Cette  espèce  n’avait  point  encore  été  rencontrée  en  Algérie, 


*2()  8  SOCIÉTÉ  R  OTA  NIQUE  DE  FRANCE. 

Echinaria  capitata  Desf.  —  Constantine  :  commun  dans  les  prairies  sèches. 

Tragus  racemosus  Hall.  —  Constantine  (Bové). 

Setaria  verticillata  P.  Beauv.  —  Constantine  (Bové).  Le  long  du  bas  Roummel,  etc.' 

—  glauca  P.  Beauv.  —  Constantine  (Bové).  Le  long  du  bas  Roummel,  etc.  ! 

Panicum  eolonum  L.  —  Constantine.  Le  long  du  bas  Roummel,  etc.  î 
Cynodon  Dactylon  Pers.  —  Sidi  Mecid.  Commun  ! 

Andropogon  distachyus  L.  —  Constantine  :  Sidi  Mecid  !  etc. 

Imperata  cylindrica  P.  Beauv.  —  Pentes  schisteuses  désagrégées  du  Mansourah  ! 

Arundo  isiaca  Kth.  —  Constantine  (Ch.). 

Ampelodesmos  tenax  Lk.  —  Constantine  :  toutes  les  collines  et  montagnes  des  environs  ! 
Agrostis  alba  L.var.  coarctata.  —  Constantine. 

—  —  var.  Fontanesii  (A.  Mustaphæ  Steud.).  —  Constantine.  Source  thermale  de  Sidi 

Mecid  ! 

—  verticillata  Vill.  —  Constantine.  Bords  du  ruisseau  delà  route  de  Sétif!  etc. 

—  elegans  Thore.  —  Dj.  Ouach  (Ch.j. 

Gastridium  lendigerum  Gaud.  —  Sidi  Mecid. 

—  muticum  Guenth.  —  Constantine. 

Polypogon  maritimus  Willd.  —  Constantine. 

—  subspathaceus  Req.  —  Constantine. 

Lagurus  ovatus  L.  —  Sidi  Mecid.  Commun  dans  les  champs  cultivés  ! 

Stipa  barbata  Desf.  —  Constantine. 

— •  juncea  L.  var.  Duvalii  Nob.  —  Sidi  Mecid  !  le  Kroubs  (Ch.). 

—  gigantea  Lag.  —  Constantine.  Commun  dans  les  ravins  du  Dj.  Chettabah  ! 

—  parvitlora  Desf.  — Constantine. 

—  tortilis  Desf.  —  Le  Kroubs  (Ch.). 

Piptatherum  miliaceum  Coss.  —  Constantine  (Ch.).  Commun. 

Molineria  minuta  Pari.  —  Constantine. 

Aira  capillaris  Host.  —  Dj.  Ouach. 

Avena  barbata  Brot.  — Commun  dans  les  prairies  sèches  ! 

—  pratensis  L.  —  Constantine. 

Triselum  flavescens  P.  B.  — -  Sidi  Mecid. 

—  neglectum  R.  et  Sch.  —  Sidi  Mecid. 

—  paniceum  Pers.  —  Sidi  Mecid. 

—  —  var.  canariense.  —  Vallée  du  Roummel. 

Holcus  lanatus  L.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

Kœleria  pubescens  P.  B.  —  Sidi  Mecid,  etc. 

—  valesiaca  Gaud.  —  Sidi  Mecid  (Ch.). 

Catabrosa  aquatica  P.  Beauv.  —  Constantine. 

Glyceria  plicata  Fr.  —  Constantine. 

Sclerochloa  dura  P.  Beauv.  —  Constantine. 

PoaannuaL.  —  Commun. 

Briza  minor  L.  —  Constantine  (Ch.). 

Melica  Magnolii  G.  et  G.  —  Sidi  Mecid! 

—  Cupani  Guss.  —  Vers.  S.  du  Mansourah  (DR.). 

Scleropoa  rigida  Grisb.  —  Sidi  Mecid.  Commun  ! 

Dactylis  hispanica  Roth.  —  Constantine.  Commun. 

Cynosurus  polybracteatus  Poir.  —  Constantine. 

—  echinatus  L.  —  Constantine. 

—  Lima  L.  —  Constantine. 

Lamarckia  aurea  Mœncli.  —  Sidi  Mecid.  Commun  ! 

Festuca  Michelii  Brot.  —  Constantine. 

—  sicula  Presl.  —  Mansourah  (DR.). 

—  bromoides  L.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

—  ciliata  Pers.  —  Constantine. 

—  genicnlata  Willd.  —  Constantine. 

—  incrassata  Salzm.  —  Constantine. 

—  cynosuroides  Desf.  — Mansourah  ;  alluv.  du  Roummel. 

Rromus  maximus  Desf.  var.  Gussonii.  —  Sidi  Mecid. 

—  rubens  !..  —  Sidi  Mecid.  Commun. 


SÉANCE  L)U  10  NOVEMBKE  1871. 


260 


Bromus  alopecuros  Poir.  —  Sidi  Mecid. 

—  macrostachys  Desf.  —  Sidi  Mecid.  Commun, 
lïordeum  murinum  L.  —  Constantine  (Ch.). 

—  bulbosum  L.  —  Constantine  (Ch.).  Très-commun  dans  les  prairies  sèches  ! 

Elymus  crinitus  Schreb.  —  Constantine. 

Ægilops  ventricosa  Tausch.  —  Sidi  Mecid. 

—  ovata  L.  —  Sidi  Mecid. 

- (3.  aristata  Willd.  —  Sidi  Mecid. 

Agropyrum  repens  P.  B.  —  Constantine. 

Brachypodium  pinnatum  P.  B.  —  Constantine. 

—  distachyon  P.  B.  —  Sidi  Mecid. 

Lolium  perenne  L.  —  Lieux  vagues,  décombres. 

—  italicum  Al.  Br.  —  Lieux  vagues,  décombres. 

- —  multiflorum  Lam,  —  Lieux  vagues,  décombres. 

—  strictum  Presl.  —  Lieux  vagues,  décombres. 

—  temulentum  L.  —  Sidi  Mecid. 

Gaudinia  fragilis  P.  Beauv.  —  Dj.  Ouach  (Ch.). 

Nardurus  tenellus  Rchb.  var.  aristatus.  —  Constantine. 

Lepturus  cylindricus  Trin.  —  Constantine. 

—  filiformis  Trin.  —  Constantine. 

Adiantum  Capillus-Veneris  L.  —  Chutes  du  Roummel  !  Source  thermale  de  Sidi  Mecid! 
Cheilanthes  fragrans  Hook.  —  Source  thermale  de  Sidi  Mecid  ! 

Pteris  aquilina  L.  —  Source  au  sommet  (vers.  N.)  du  Dj.  Ouach  (Hénon). 

Athyrium  Filix-femina  Roth.  var.  dissectum  Th.  Moore.  —  Ibidem  (Hénon)  ! 

Asplénium  Trichomanes  L.  —  Constantine  (Ch.). 

Scolopendrium  Hemionitis  Sw.  —  Constantine. 

Ceterach  officinarum  Willd.  —  Sidi  Mecid. 

Osmunda  regalis  L.  var.  Plumieri  Milde.  —  Source  au  sommet  (vers.  N.)  du  Dj,  Ouach 
(Hénon). 

Equisetum  ramosissimum  Desf.  —  Source  thermale  de  Sidi  Mecid  ! 

Selaginella  denticulata  Lk.  —  Tous  les  rochers  humides  exposés  au  Nord  ! 


Liste  de  quelques  Lichens  saxicoles  récoltés  aux  environs  de  Constantine. 


Les  espèces  contenues  dans  cette  liste  ont  été  récoltées  par  moi  dans  le 
courant  de  l’année  1869.  J’y  ai  joint  l’énumération  de  quelques  Lichens  qui 
m’ont  été  rapportés  de  Bou-Saada  (Hodna)  par  M.  le  capitaine  Emy,  du 
3e  tirailleurs  algériens. 

M.  le  Dr  Nylander  a  bien  voulu,  avec  cette  bienveillante  amitié  dont  il  m’a 
déjà  donné  tant  de  preuves,  revoir  et  compléter  la  détermination  de  ces  espèces, 
qui  a  acquis  ainsi  une  certitude  absolue. 


Explication  des  abréviations  de  localités  :  Dj.  O.  =  Djebel  Ouach  ;  iM.  = 
Mansourah  ;  S.  M.  =  Sidi  Mecid. 

Le  signe  f,  placé  devant  le  nom  d’une  espèce,  signilie  qu’elle  n’avait  point 


encore  été  trouvée  en  Algérie. 

Collema  melænum  Ach.  —  S.  M. 

Parmelia  prolixaAch.  —  Dj.  0. 

+  —  fuliginosa  Fr.  — Dj.  0. 

Physcia  parielina  Ach.  var.  auréola.  — 
Dj.  0. 

—  obscura  Nyl  —  8.  M. 


Squamaria  crassa  DG.  - —  Dj.  0. 

—  —  var.  periculosa  Schær.  —  S.  M. 

—  lcnligera  DC.  —  Dj.  0. 

—  saxicola  Nyl.  var.  albo-pulvcrulenta 

Schær.  - —  Dj.  0. 

—  —  var.  versicolor  Pers.  —  M. 


270  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Squamaria  saxicola  var.  diffracta  Schær.  — 
Dj.  0. 

Placodiurn  circinatum  Nyl.  —  Dj.  0.,  S.M. 

—  —  var.,  vel  potius  sp.nov.  ?  —  S.  M. 

—  teicholytum  DC.  var.  rubricosum  Nyl.  — 

Dj.  0. 

—  murorum  DC.  — S.  M. 

—  —  var.  citrinum  Nyl.  —  S.  M. 

—  callopismum  Mer.  —  Dj.  O.S.  M. 

—  fulgidum  Nyl.  —  M.,  S.  M. 

J*  —  médians  Nyl. —  M. 

—  variabile  Pers.  —  M. 

Lecanora  cerina?  Ach.  —  Dj.  0.  (ad 
arbores). 

—  pyracea  Ach. var.  rupestris  Scop.  —  S.  M. 

—  aurantiaca  Nyl.  var.  erythrella  Nyl,  — 

M.,  S.  M. 

—  Lallavei  Nyl.  —  Dj.  0. 

—  castanea  Schær.  —  Dj.  0. 

—  —  f.  percanoides Nyl.  —  S.  M. 

—  Schleicheri  Ach.  —  Dj.  0. 
cinerea  Nyl.  —  Dj.  0. 

—  — •  var.  calcarea.  —  Dj.,  0.  M. 

—  subfusca  Ach.  f.  campestris  Schær.  — 

S.  M. 

—  —  f.  erythræa  Ach.  —  Dj,  0. 

Lichens  de 

Squamaria  lentigera  DC. 

Placodiurn  fulgidum  Nyl. 

Lecidea  ferruginea  Nyl. 

—  esculenta  Nyl. 

Lecture  est  donnée  de  la  lettre 


Lecanora  glaucoma  Ach.  —  Dj.  0. 

—  —  f  var.  subflavescens  Nyl. —  Dj.  0. 

—  atra  Ach.  —  Dj.  0.  (et  ad  arbores  !). 
f  —  badia  Ach.  —  Dj.  0. 

—  sophodes  Ach.  var.  lævigata.  —  M. 

1*  —  teichotea  Nyl.  —  Dj.  0. 

f  —  pruinifera  Nyl.  —  Dj.  0. 

Urceolaria  scruposa  Ach.  —  Dj.  0. 

—  actinostoma  Pers.  —  Dj.  0. 

Pertusaria  dealbata  ?  Pers.  —  Dj.  0. 
Lecidea  lurida  Ach.  —  M.,  S.  M. 

—  decipiens  Ach.  —  Dj.  0. 

—  mamillaris  Desf.  —  S.  M. 

—  vesicularis  Ach.  —  S.  M. 

—  cinereo-virens  Schær.  —  S,  M. 

—  parasema  Ach.  —  Dj.  0. 
t  —  insularis  Nyl.  —  Dj.  0. 

—  albo-atra  Schær.  —  Dj.  0.,  M. 

—  geographica  Schær.  —  Dj.  0. 

Arthonia  varians  Ach.  —  Dj.  0. 
Endocarpon  miniatum  Ach.  —  S.  M. 
Verrucaria  viridula  Ach.  —  M.,  S.  M. 

—  macrostoma  Desf.  —  S.M. 
f  —  integra  Nyl.  —  M.,  S.  M. 
f  —  muralis  Ach.  —  S.  M. 

Limboria  sphinctrina  Desf.  —  S.  M. 

Bou*Saada» 

Urceolaria  scruposa  Ach.  var.  gypsacea. 
Lecidea  cinereo-virens  Schær. 

Endocarpon  hepaticum  Ach. 


suivante  : 


LETTRE  DE  II.  Paul  SACiOT  A  M.  LE  SECRÉTAIRE  GÉNÉRAL. 

Cluny  (Saône-et-Loire),  3  juillet  1871 . 

Cher  Monsieur, 

J’adresse  à  la  Société  botanique  un  travail  qui,  par  son  titre,  semble  étran¬ 
ger  à  la  botanique:  Elève  du  bétail  à  la  Guyane  (I). 

Les  premiers  chapitres,  consacrés  à  la  description,  au  point  de  vue  agricole, 
des  savanes  et  des  plantes  cultivées  comme  fourrage  dans  la  colonie,  ont  ce¬ 
pendant  quelque  rapport  avec  la  botanique. 

Vous  y  trouverez  quelques  indications  sur  les  [liantes  de  toutes  familles  re¬ 
cherchées  par  le  bétail  ou  repoussées  par  lui,  et  sur  les  plantes  cultivées 
comme  fourragères. 

\d  Herbe -de -P  ara  ( Panicum  molle  Sw.),  Graminée  qui  s’enracine  aux 

(1)  On  sait  que  notre  honorable  et  savant  collègue  M.  le  docteur  Sagot  a  longtemps 
séjourné  à  la  Guyane,  eu  qualité  de  médecin  de  la  marine.  (/Y oie  du  Secrétaire  général ,) 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871.  271 

nœuds  avec  une  extrême  facilité,  nous  présente  un  exemple  rare  et  remar¬ 
quable  de  bonne  Graminée  fourragère  propre  à  croître  dans  les  sols  vaseux  et 
humides. 

L ' Herbe -de-Guinée  ( Panicum  altissimum )  est  déjà  bien  connue. 

Parmi  les  Légumineuses,  la  tribu  des  Phaséolées  paraît  fournir  les  meil¬ 
leurs  fourrages. 

Le  Dolickos  sphœrospermus  est  peut-être  l’espèce  la  plus  propre  à  repré¬ 
senter  les  cultures  fourragères  améliorantes  :  cultures  jusqu’ici  malheureuse¬ 
ment  inusitées  dans  l’agriculture  intertropicale. 

L'A  rachis  hypogœa  donne,  malheureusement  en  très-petite  quantité,  un 
fourrage  d’une  valeur  nutritive  supérieure. 

Les  fanes  feuillées  vertes  de  la  Patate  sont  recherchées  des  bestiaux  et  même 
des  porcs. 

Je  joins  à  cette  brochure  une  courte  notice  imprimée  par  la  Société  aca¬ 
démique  d’Angers,  notice  qui  rassemble  quelques  souvenirs  d’herborisations 
relativement  à  l’influence  géologique  et  minéralogique  du  sol  en  géographie 
botanique. 

Je  regrette  de  n’avoir  pas  fait  ressortir  dans  ce  petit  travail  que  la  préfé¬ 
rence,  dans  certaines  régions,  de  quelques  plantes  pour  tel  sol  géologique 
pouvait  se  rattacher  non-seulement  à  des  convenances  actuelles,  mais  encore 
à  des  convenances  qui  existaient  dans  les  périodes  géologiques  précédentes. 
Si  les  espèces  aujourd’hui  très-rares  semblent  les  restes  d’une  plante  plus  com¬ 
mune  à  une  période  géologique  précédente  et  détruite  en  majeure  partie  à  la 
constitution  delà  période  actuelle,  soit  par  le  froid,  soit  par  l’humidité  ou  la 
sécheresse,  soit  par  la  concurrence  d’espèces  plus  vigoureuses,  ne  peut-on 
pas  supposer  que  quelques  natures  de  sol  et  quelques  expositions  privilégiées 
ont  pu,  sur  quelques  points,  préserver  l’espèce  de  destruction  ? 

Dans  un  autre  ordre  d’idées,  les  considérations  géologiques  pourraient  peut- 
être  nous  expliquer  le  phénomène  de  la  présence,  rare  il  est  vrai  mais  con¬ 
statée  cependant  quelquefois  dans  la  même  localité,  de  deux  formes  affines,  l’une 
septentrionale,  l’autre  méridionale  de  la  même  espèce  ? 

Supposons  une  plante  s’étendant  sous  une  zone  assez  vaste  pour  subir,  ici 
le  climat  des  hautes  Alpes,  là  celui  de  la  région  méditerranéenne.  Presque 
toujours  elle  porte  quelques  légers  caractères  de  race,  quelque  faciès  propre, 
dans  l’une  ou  l’autre  région.  Une  culture  de  quelques  années  dans  un  jardin 
botanique  ne  détruit  pas  ces  caractères. 

De  tels  faits  ont  pu  se  produire  dans  la  nature.  Si  les  influences  de  climats 
divers,  successifs  ou  contemporains,  ont  constitué  plusieurs  variétés  notables, 
ces  variétés,  à  la  période  géologique  actuelle,  ont  pu  se  rencontrer  dans  la 
même  localité  et  persister  plus  ou  moins  parfaitement  dans  leur  type  propre. 

En  voyant,  dans  le  Bugey,  le  lehm  alpin  s’étendant  dans  la  vallée  entre  les 
hauts  coteaux  et  les  montagnes  du  calcaire  jurassique,  il  me  semblait  que  les 


'27 '1 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  lJE  FRANCE. 


races  alpines  de  nos  plantes  vulgaires  ont  pu  revenir  pousser  à  côté  de 
races  restées  sur  les  coteaux  calcaires  a  l’abri  de  ces  influences. 

Jl  est  certain  que  dans  quelques  localités,  le  Lyonnais,  le  Dauphiné,  par 
exemple,  on  trouve  aujourd’hui  une  plus  grande  variété  de  races  distinctes 
de  la  même  espèce  que  dans  les  plaines  du  nord. 

Agréez,  etc.  P.  Sagot. 

Professeur  à  l’Ecole  de  Clurv. 


M.  Pérard  présente  à  la  Société  le  travail  suivant  : 


ÉNUMÉRATION  DES  CRYPTOGAMES  DE  L’ARRONDISSEMENT  DE  MONTLUÇON 

par  M.  A.  PÉIIARD 


{AD  UE  N  U  A), 


ALGUES. 

Batrachospebmum  moniliforme  Roth.  —  Adhérent  aux  pierres  dans  les 
ruisseaux  et  les  fontaines.  —  Çà  et  là. 

Llmanea  fluvjatilis  Ag.  —  Dans  les  eaux  courantes  des  torrents  et  des 
rivières.  —  Montluçon,  le  Cher  et  la  Yernoille. 

Var.  p.  tennis  Kuetz.  Tab.  phyc.  vu,  n°  82.  —  Sur  les  pierres  du  ruisseau  de  la 
Brosse  près  Montluçon. 

—  mamillosa  var.  p.  subtilis  Kuetz.  Tab.  phyc.  vu,  n°  83. — Sur  les  pierres 
des  ruisseaux  et  des  torrents.  —  Montluçon,  la  Yernoille. 

« —  TOttULOSA  Ag. ,  Dub.  Bot.  gall.  p.  978.  —  L.  incurvata  Bory.  — Sur 
les  pierres  et  les  rochers  dans  les  ruisseaux  et  les  rivières.  —  Le  Cher  et  la 
Vernoille,  etc. 

Hydrodictyon  utricülatum  Roth.  — H.  pentagonum  Vauch.  — Montlu¬ 
çon,  le  Cher  où  il  est  commun. 

L’Algue  thermale  que  Ton  trouve  dans  les  eaux  de  Néris  les-Bains  ( Andbaina  mon  U - 
cvlosa  Bory)  a  été  étudiée  avec  soin  par  MM.  De  Laurès  et  Becquerel  dans  une  brochure 
(1855)  intitulée  Recherches  sur  les  Conferves  des  eaux  thermales  de  Néris. 

CHA11P1GAOA&. 


Ag  A  Bicus  ( Tricholoma )  phæocephalus  Bull.  tab.  555,  lig.  1.  —  Lieux 
humides  aux  environs  de  Montluçon.  —  Commencement  de  mai.  —  R. 

Annulo  fugaci!  sporis  argillaceis  rotundato-polygonalibus!,  cystidiis  in 

inedio  ventricosis,  apice  bi-  tri-  aut  quadriechinalis!  lie  Seynes  Essai  Fl. 

mycol.  région  de  Montpellier  et  du  Gard,  p.  1  00,  il0  89. 

Notre  espèce  diffère  du  type  par  son  chapeau  squammeux  comme  celui  des  Lepiota,  mais 
nous  n’avons  pas  vu  d’anneau  bien  caractérisé.  Elle  se  rapporte  à  la  description  que 
M.  de  Seynes  en  a  faite,  et  la  forme  et  la  couleur  des  spores  (un  peu  rosées),  ainsi  que 
1rs  cystides,  sont  celles  de  1  A.  phæocephalus ,  espèce  rare,  qui  n’aurait  encore  été  vue 
qu’une  seule  fois  en  France,  dans  la  région  de  Montpellier  et  du  Gard  et  dans  la  région 
du  Centre.  Noire  obligeant  et  savant  collègue,  M.  de  Seynes,  a  bien  voulu  me  commu- 
i  iquer  ses  dessins  et  tous  les  renseignements  pour  m’aider  à  la  détermination  de  cette 
espèce. 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871.  275 

Agaricus  ( Omphaiia )  pyxidatus  Bull.,  Fr.  Epier.  —  Automne.  —  Mont- 
luçon,  bois  du  château  des  Modières. 

—  (Pholiota)  cylindraceus  1)C. ,  Fr.  — Sur  les  vieilles  souches  de  saules. 

—  Automne.  —  Montluçon,  bords  du  ruisseau  de  Néris,  près  du  moulin 
de  Nerde. 

—  ( Ph .)  præcox  Pers.  —  Var.  minor  et  sans  anneau.  —  Terrestre, 
parmi  le  gazon.  —  Printemps.  —  Montluçon,  vallée  del’Amaron  et  prairies 
de  la  Vernoille  au-dessous  de  Saulx. 

—  ( Naucoria )  SEMiORmcuLARis  Bull.,  Fr.  —  Décombres,  détritus  de  démo¬ 
litions.  —  Printemps.  —  Montluçon.  —  Çà  et  là. 

—  (N.)  melinoides  Bull.  — Terrestre,  parmi  le  gazon.  —  Août-sept. — 
Env.  de  Montluçon,  brandes  de  la  Châtre. 

—  ( Galera )  tener  Schæff.  • —  Printemps.  —  Montluçon,  fosse  du  vagon- 
porleur  de  l’usine  Boigues-Rambourg. 

—  ( Psalliota )  campestris  L. —  Ag.  edulis  DC.  part. —  Pâturages,  brandes. 

—  Printemps  et  automne.  —  Env.  de  Montluçon,  A.C.  — Vulgairement 
Mousseron.  —  Comestible. 

On  trouve  quelquefois,  dans  les  brandes  de  la  Châtre,  cet  Agaric  sans  collier  ou  ne 
présentant  que  des  lambeaux  attenants  au  chapeau.  Cette  forme  a  été  peinte  à  l’aquarelle, 
d’après  nature,  par  Mlle  Alex.  Pérard,  et  fait  partie  des  planches  de  Champignons  de 
l’herbier  de  Montluçon  (var.  a.  nudus  De  Seynes,  Essai  d'une  Flore  myc.  de  Montpellier 
et  du  Gard ) . 

On  rencontre  çà  et  là,  sur  les  tas  de  fumier,  une  forme  plantureuse  de  Y  Ag.  campes¬ 
tris  L.,  et  enfin  une  variété  qui  atteint  des  dimensions  assez  considérables,  et  qui  vient 
sur  les  pelouses  très-sèches,  dans  les  pacages  secs,  au-dessus  de  Marmignolles,  près  de 
la  route  de  Bizeneuille. 

—  (Hypholoma)  fasciculauis  Huds. —  Terrestre,  près  des  vieilles  souches. — 
Env.  de  Montluçon,  A.C.  —  Vénéneux. 

Cet  Agaric  vient  généralement  en  touffe  ;  il  est  variable  de  grandeur,  je  l’ai  rencontré 
nain  parfois.  Dans  le  creux  d’un  arbre  coupé  au  bord  de  la  Vernoille,  j’ai  recueilli  des 
échantillons  robustes,  ayant  un  chapeau  assez  grand,  d’un  beau  jaune  orangé,  dont  les 
lamelles  jaunes  verdissent  assez  promptement. 

—  ( Psilocybe )  Candollianus  Fr.  Epier.  —  Printemps.  —  Montluçon, 
près  des  traverses  du  chemin  de  fer,  plan  incliné  de  l’usine  Boigues-Ram¬ 
bourg. 

—  (. Psathyra )  conopilus  Fr.  —  Terrestre  parmi  le  gazon.  —  Automne. — 
Montluçon,  dans  les  brandes  au  bord  de  la  Vernoille. 

—  [Panaeolus)  sphinctrinus  Weinm.  — Terrestre.  — Automne. —  Mont¬ 
luçon,  dans  un  jardin  au  pied  des  arbustes.  —  A.  R. 

Champignon  élégant,  chapeau  rabattu,  jaune  livide  supérieurement,  à  bords  un  peu 
froncés,  surmontés  d’une  ligne  parallèle  d’un  gris  plus  foncé. 

—  (P.)  phalænari  M  Bull. —  Sur  le  fumier.  —  Printemps.  —  Jardins  de 
Montluçon. 

—  ( Psathyrella )  HYDROPHORUS  Bull.  —  Terrestre.  — Automne.  —  Mont- 

T.  XVIII.  (SEANCES)  18 


21  h  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


luçon,  dans  la  terre  imbibée  de  résidus  de  graisse  (fosse  du  vagon-porleur 
de  Fusille  Boigues-Rambourg). 

Agaricus  ( Ps .)  digitaliformis  Bull.  —  Bruyères,  brandes  humides.  — 
Automne. 

Ce  petit  Champignon  nain  vient  en  touffe;  je  l’ai  recueilli  et  observé  assez  abondam¬ 
ment  dans  les  brandes  des  environs  de  Saulx,  qui  sont  aujourd’hui  recouvertes  par  les 
eaux  du  réservoir  de  la  Vernoille. 


—  ( Coprinus )  comatus  Batt. ,  Fl.  dan.  —  Printemps  et  automne.  —  Mont- 
luçon,  usine  Boigues-Rambourg,  dans  les  décombres  et  le  fumier.  —  Peu  C. 

—  (C.)  domesticus  Boit.  —  Fin  d’été. — Montluçon,  dans  la  fosse  du  vagon- 
porteur  de  l’usine  Boigues-Rambourg. 

—  ( C .)  FiMETARiUS  L. ,  Scop.  —  Fossés  humides  au  bord  des  chemins,  ter¬ 
rains  gras.  —  Printemps  et  automne.  —  Montluçon,  fosse  graisseuse  du 
vagon-porteur  de  l’usine  Boigues-Rambourg;  bords  du  chemin  de  Terre- 
neuve  à  Saulx,  dans  les  fossés.  —  A.C. 

—  ( C .)  micaceus  Bull.  —  Terrains  gras,  matières  en  décomposition.  —  Prin¬ 
temps.  —  A.C.  —  Montluçon,  sur  le  plan  incliné  de  l’usine  Boigues-Ram¬ 
bourg;  on  l’observe  assez  souvent  dans  les  jardins,  et  près  des  poulaillers  et 
des  pigeonniers. 


D’après  Bulliard  et  M.  Cordier,  l’eau  de  ce  Coprin  efface  l’écriture  faite  avec  de  l’encre 

ordinaire. 

—  [C .)  deliquescens  Bull.  —  Automne.  —  Montluçon,  fosse  du  vagon- 
porteur  de  l’usine  Boigues-Rambourg. 

—  ( Hygrophorus )  niveus  Scop.,  Schælf. ,  Fr.  —  A.  virgineus  Pers.  — 
Automne.  —  Montluçon,  prairies  au-dessus  de  Nerde. 

—  ( Lactarius )  plumbeus  Bull.  —  Terrestre.  —  Fin  d’été  dans  les  bois  et 
taillis.  —  Env.  de  Montluçon,  bois  de  bouleaux  du  parc  du  Mont,  près  du 
Roc-de-Pyraume,  où  il  est  assez  commun.  —  Vénéneux. 

—  ( Russula )  alutaceus  Pers.  —  /hissa la  aluiacea  Fr.  —  Fin  d’été  et 
automne.  —  Terrestre  dans  les  bois.  —  Varie  de  couleur.  —  Montluçon, 
bois  de  pins  de  Mat  ignon  près  du  pian  incliné. 

—  (R.)  emeticus  Fr.  Sgst.  —  Russula  emetica  Fr.  Epier.  —  Fin  d’été 
et  automne.  —  Terrestre  dans  les  bois.  —  Vénéneux.  —  Montluçon,  bois 
de  pins  de  Marignon,  près  du  plan  incliné. 

Gantharellus  bryophilus  Fr.  —  Sur  les  mousses.  —  Printemps. — -  A. R. 
—  Rochers  humides  de  la  gorge  de  Thizon,  sur  le  Leucobryum  glaucum. 

Schizophyilum  commune  Fr.  —  Sur  les  écorces  d’Aune.  —  Printemps.  — 
Montluçon,  bois  de  la  Brosse. 

Boletus  collin itu s  Schæiï.,  Fr.  Epier.  —  Bois  et  taillis  ombragés  —  Fin 
d’été,  automne.  —  Peu  C.  —  Montluçon,  bois  de  la  Liaudon. 

—  granulatus  L. ,  Fr.  —  R.  circinans  Pers.  —  Terrestre,  bois  parmi  les 
débris  de  feuilles.  —  Fin  d’été,  automne.  — -  Montluçon,  bois  de  pins  de 
Marignon  près  du  plan  incliné. 


SÉANCE  DU  LO  NOVEMBRE  1871. 


275 


Boletus  aurantiacus  Bull..  Cordier,  Champ,  de  France ,  t.  II,  p.  13ù. 
—  Bois,  brandes.  —  Automne.  —  Montluçon,  bois  de  Douguistre  et  de  la 
Bt  'osse,  A. R.  —  Brandes  de  la  Châtre.  C. 

Meruliijs  lacrlmans  Fr.  Epier.  —  Vient  sur  les  vieilles  poutres  dans  les 
lieux  humides.  —  Cà  et  là  dans  les  maisons.  —  Montluçon. 

«>  s 

Ce  Champignon,  au  fort  de  sa  croissance,  laisse  souvent  échapper  des  gouttelettes  d’eau , 
d’où  lui  vient  son  nom  de  pleureur. 

Thelephora  puteanea  Fr.  —  Automne.  — Vieilles  souches.  —  Montluçon, 
bois  de  la  Liaudon. 

Stereum  hirsutum  Fr.  Epier.  —  Auricularia  reflexa  Bull.  —  Sur  l’é¬ 
corce  des  troncs  d’arbres  et  les  vieilles  souches.  —  A. C.  —  Montluçon, 
parc  du  Mont,  etc.  — Bois  d’Audes. 

Mitruea  paludosa  Fr,  Syst.  —  M.  phalloides  Chevallier,  Fl.  des  env. 

de  Paris.  —  A. R.  —  Env.  de  Ouinsaines,  bois  tourbeux  près  Bodijoux. 

Ce  Champignon  a  le  chapeau  d’un  jaune  rouge  orangé  et  adopte  des  formes  diverses, 
tantôt  en  massue  un  peu  comprimée,  tantôt  en  soucoupe.  —  Il  vient  à  terre  sur  les 
feuilles  d’Aune  en  décomposition  dans  les  tourbières. 

Lycoperdon  gemmatum  Batsch.  —  E  perlatum  Pers.  —  L.  Proteus  DC. 

-—Terrestre  dans  les  lieux  sablonneux.  —  C. — Vulgairement  Vesse-de-loup. 

D’après  M.  Cordier,  la  poussière  de  ce  Champignon,  lancée  dans  les  yeux,  peut  occa¬ 
sionner  des  ophthalmies  assez  graves. 

Peziza  Acetabulum  L.  —  Sur  la  terre  dans  les  bois  humides  des  envir.  de 
Montluçon,  le  Mont.  —  Printemps. 

—  aurantia  OEd.  Fl.  dan.  —  Sur  la  terre  ou  sur  le  bois  mort.  —  Env.  de 
Montluçon,  bords  de  la  Vernoille.  —  Printemps. 

—  AQUATICA  DC.  —  Sur  les  racines  et  branches  submergées  dans  les  ruis¬ 
seaux.  —  Montluçon,  ruisseau  de  la  Liaudon,  la  Vernoille. 

Localités  nouvelles  pour  quelques  espèces  comestibles  citées 

antérieurement  (1). 

àmanita  CÆsarea  Pers.  —  Oronge.  —  Bois  de  la  Châtre  et  de  la  Cha- 
vine,  C. 

Champignon  d’un  goût  délicat  et  qu’il  ne  faut  pas  confondre  avec  la  Fausse-Orouge 
(A.  muscaria) ,  qui  est  très-vénéneuse.  VA  .  cæsarea  a  les  lamelles  jaunâtres  et  le  pédicule 
jaune  extérieurement;  de  plus  le  volva  reste  complet  et  les  bords  du  chapeau  sont  visi¬ 
blement  striés.  VA.  muscaria  a  Jes  lamelles  blanchâtres,  le  pédicule  blanc  ou  blanc-jau¬ 
nâtre;  le  volva  incomplet  n’offre  que  des  débris,  et  les  bords  du  chapeau,  un  peu  visqueux, 
sont  légèrement  striés.  —  Le  caractère  des  taches  blanchâtres  (débris  de  volva),  mou- 
chetant  le  chapeau,  fait  défaut  dans  la  variété  à  chapeau  lisse. 


(i)  M.  Charles  Leseurre  s’est  occupé  depuis  longtemps  à  Montluçon  de  la  recherche 
des  Champignons  comestibles  de  cette  contrée  ;  il  a  eu  l’obligeance  de  me  signaler  un 
certain  nombre  de  localités  nouvelles.  J’ajouterai  que  l’herbier  de  Montluçon  doit  à  sort 
véritable  talent  d’artiste  quarante  aquarelles,  peintes  d’après  nature,  d’une  exécution 
remarquable  et  qui  représentent  une  partie  des  espèces  citées  dans  ce  Catalogue. 


276 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Agaricus  procerus  Scop.  —  Cocherelle .  —  Montluçon,  coteaux  du  Mont, 
de  la  Châtre  et  de  la  Chavine,  C.  ;  coteaux  de  Quinsaines  et  de  Bodi- 
joux,  C.  ;  bois  de  la  Piâtre  au  delà  de  Coursage. 

—  oreades  Boit.  —  Faux-Mousseron.  —  Commun  dans  tous  les  terrains 
sablonneux  sur  la  montagne  et  dans  la  plaine,  pelouses  des  coteaux, 
bruyères,  bords  des  baies.  —  Été  et  automne. 

Il  y  a  quelques  variétés  de  forme  et  de  couleur,  mais  on  le  distinguera  toujours  de  plu¬ 
sieurs  especes  voisines,  et  qui  lui  ressemblent  beaucoup,  en  ce  que  les  lamelles  du  cha¬ 
peau  sont  très-écartées,  et  que  le  pédicule,  légèrement  creux,  est  formé  de  fibres  tellement 
tenaces,  qu’il  est  très- difficile  de  le  rompre  môme  en  le  tortillant  ( Ag .  lortilis  DC). 

Boletus  edulis  Bull. — Ceps  ou  Cèpe  comestible.  —  Fin  d’été.  —  Montluçon, 
\ allée  de  l’Àmaron  et  bois  de  Douguistre  ou  d’Anguitte  ;  Commenlry,  bois 
des  forges. 

Cette  espèce  a  le  chapeau  couleur  bronze  florentin  et  l’hyménium  blanc  ou  blanchâtre; 
elle  recherche  le  grand  air  et  croît  sur  les  pelouses  avoisinant  les  grands  arbres;  elle 
vient  aussi  en  plein  champ  sous  les  châtaigniers  (en  montant  à  la  Brosse).  On  ne  la  trouve 
pas  dans  les  bruyères  ni  dans  les  hautes  herbes. 

Var.  œreo-flavescens  (Nob.).  - —  Le  chapeau  est  d’un  bronzé  très-blond  ;  l’hyménium, 
au  lieu  d’être  blanc,  est  jaune  et  verdit  en  vieillissant. 

Cette  variété  blonde  est  comestible  comme  le  type  ;  sa  station  est  différente,  elle  est 
assez  commune  dans  les  feuilles  sèches  sous  les  cépées  (bois  de  Douguistre);  elle  vient 
plutôt  dans  les  fourrés  que  sur  les  pelouses. 

Fistulina  hepatica  Fr.  —  Boletus  hepaticus  Pets. —  Langue-de-bœuf.  — 
Commun  dans  les  bois  et  dans  les  ravins,  partout  au  pied  des  chênes.  On 
en  trouve  d  énormes  spécimens  dans  le  bois  de  Douguistre.  —  Comestible. 
Cantharellus  cibarius  Fr.  —  Girolle ,  Chanterelle  ( Girodelle  dans  le  dé¬ 
partement  de  la  Creuse).  —  Bois  monlueux,  taillis,  dans  la  mousse  et  les 
feuilles  sèches.  —  Fin  d’été.  —  A.C.  —  Montluçon,  vallée  de  l’Amaron, 
bois  de  la  Brosse,  de  Douguistre,  de  la  Châtre,  etc. 

Le  Cantharellus  aurantiacus  Fr.,  espèce  voisine  et  qui  n’est  pas  comestible,  s’en  dis¬ 
tingue  par  sa  saveur  désagréable,  par  sa  couleur  ochracée,  scs  lamelles  serrées,  droites, 
d’une  couleur  plus  foncée  que  le  chapeau,  et  par  son  pédicule  grêle,  parfois  noir  à  la  base. 

Clavaria  coralloides  L.  —  Clavaire.  —  Montluçon,  assez  commun  dans 

les  bois  delà  Brosse,  de  Douguistre  et  de  la  Châtre. 

Le  CL  amethystea  Bull,  croît  dans  le  bois  de  la  Brosse,  où  il  est  rare. 

La  Morille  grise  ( Morchella  esculenta  L.)  est  rencontrée  çà  et  là  dans  les  vignes  et  les 
terrains  gras,  mais  généralement  peu  commune.  Elle  croît  dans  la  fosse,  imbibée  de 
résidus  dégraissé,  du  vagon-porteur  de  l’usine  Boigues-Rambourg. 

LICHENS. 

C  DLL  EM  a  FLACCiDUM  Ach. ,  JNyl.  —  Sur  l’écorce  des  arbres  et  sur  les  tiges  et 
les  feuilles  des  mousses.  —  Montluçon,  bois  de  la  Garde.  —  Marcillat. 
Bæomyces  roseus  Pers. ,  Nyl.  —  Lieux  sablonneux.  —  Env.  de  Montluçon, 
bois  d’Andes  dans  les  brandes. 

Cladonia  fimbriata  Hoffm. —  Type,  C.  —  Montluçon,  bois  d’Audes; 
Cussel,  à  l’Ardoisière  ;  Vichy,  etc. 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871.  '277 

Ynr.  1.  lub(i> formi s  (Hoffm.).  —  Env.  de  Montluçon,  Désertines,  gorge  de  Tliizon,  etc. 

—  2.  fibula  (Ach.). —  Montluçon,  bois  d’Audes. 

—  3.  radiata  (Schreb.). —  Montluçon,  bois  d’Audes. 

—  4.  cornuta  (Ach.).  —  Montluçon,  Cusset,  etc. 

Cladonia  cornucopioides  L.  —  C .  coccifera  Hoffm.  —  Forme  podetiis 
exasperatis.  —  Montluçon,  Désertines.  —  Cusset. 

—  soboufera  Délise.  —  C.  cervicornis  auct.  pro  parte.  —  Montluçon, 
rochers  secs  de  la  cascade  du  ruisseau  de  la  Brosse. 

Gladina  silvatica  Nyl.  —  C.  rnngiferina  var.  silvatica  Hoffm.  —  G.  — ■ 
Montluçon,  Cusset,  etc. 

Forme  pumila  Nyl.  —  Plante  beaucoup  plus  petite  dans  toutes  ses  parties.  —  Mont- 
luçon,  rochers  de  la  gorge  de  Tliizon. 

Var  1.  portentosa  Schaer.  —  Podeliis  turgidis.  — Cusset,  rochers  des  Malavaux. 

Stereocaulon  nanum  Ach.,  Nyl.  —  Env.  de  Montluçon,  pelouses  des  rochers 
du  Saut-du-Loup,  près  de  Néris. 

Usnea  barbata  Fr.,  Nyl.  —  Forme  1.  floridci  (L.,  Hoffm.,  Ach.).  —  Mont¬ 
luçon,  sur  les  peupliers  de  la  rive  gauche  du  Cher,  entre  les  Iles  et  Lavaux 
Sainte-Anne. 

Evernia  Prunastri  (L.)  Ach.,  Nyl.  — Sur  les  troncs  d’arbres.  —  A.C.  — 
Montluçon,  Cusset,  etc. 

Nephromium  lævigatum  (Ach.  ). —  Var.  parité  Nyl.  — Montluçon,  rochers 
du  ruisseau  de  Chauvière. 

Peltigera  canina  Hoffm.,  Nyl.  —  Montluçon,  rochers  du  ruisseau  de  la 
Brosse.  —  Cusset,  aux  Malavaux. 

—  rufescens  Hoffm.  —  Montluçon,  rochers  humides  du  ravin  de  Gout¬ 
tière.  —  Cusset,  aux  Malavaux. 

—  polydactyi.a  Hoffm.  —  Var.  hymenino  Nyl.  —  Cusset,  rochers  des 
Malavaux. 

« 

Pakmelia  conspersa  Ach.,  Nyl.  —  Var.  stenophylla  (Ach.)  Nyl.  —  Mont¬ 
luçon,  rochers  secs  du  ruisseau  de  Désertines  au  Mont. 

*  * 

—  physodes  (L.)  Ach.,  Nyl.  —  Env.  de  Montluçon,  rochers  secs  de  la 
gorge  de  Tliizon.  —  Cusset,  rochers  du  Sichon  au-dessous  de  Busset. 

Amphiloma  lanuginosum  (Fr.)  Nyl.  —  Montluçon,  environs  de  Désertines, 
rochers  du  val  du  Diable  et  du  ruisseau  du  Mont. 

Squamaria  saxicola  (Poil.)  Nyl.  — Env.  de  Néris,  sur  la  roche  basaltique 
du  château  de  Cerclier. 

Lecanora  aurantiaca  Nyl.  —  Var.  erythrella  (Ach.)  Nyl.  —  Env.  de 
Montluçon,  rochers  granitiques  de  la  gorge  du  Saut-du-Loup,  près 
de  Néris. 

—  ferruginea  (Huds.)  Nyl,  —  Var.  festiva  Nyl.  —  Montluçon,  rochers 
du  ruisseau  de  Désertines  au  Mont. 

—  teichote a  Nyl,  —  Env.  de  Néris,  rochers  granitiques  de  la  gorge  du 
Saut-du-Loup. 


*>7S  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Lecanora  parella  (L.)  Ach. — >101)1111001),  rochers  du  ruisseau  de  Désertines 
au  Mont. 

—  subfusca  Àch.  —  Var.  distans  (Pers.)  Ach. —  Sur  l’écorce  des  arbres.  — 
Env.  de  Désertines  près  de  Montluçon. 

Dirina  repanda  Fr.  Lichen.  —  Env.  de  Montluçon,  rochers  granitiques 
de  la  gorge  du  Saut-du-Loup,  près  de  Néris. 

Pertusaria  dealbata  (Ach.)  Nyl.  —  Montluçon,  rochers  granitiques  de  la 
gorge  du  Saut-du-Loup,  près  de  Néris. 

Lecidea  neglecta  Nyl.  !  — Montluçon,  rochers  du  Roc-du-Saint. 
Arthonia  astroidea  Ach.  —  Sur  l’écorce  des  arbres,  bois  de  pins  et  de 
châtaigniers  entre  Désertines  et  le  Mont. 

Opegrapha  varia  Pers.  —  Forme  type  notha  Ach.  —  Sur  l’écorce  d’un 
vieux  chêne  à  Marcillat. 

HÉPATIQUES. 

Madotheca  eævigata  Nees.  —  Montluçon,  rochers  humides  de  la  cascade 
du  ruisseau  de  la  Brosse.  —  Stérile. 

Le  M.  platyphylla  Dum.  (indiqué  p.  AA)  est  commun  sur  l’écorce  des  arbres. 

Lejeunia  serpyllifolia  Lib.  —  Rampant  sur  les  mousses.  —  Montluçon, 
rochers  des  ruisseaux  de  la  Brosse  et  de  Ghauvière. 

Frullania  dilatât  a  Nees.  — Sur  l’écorce  des  arbres.  — Montluçon,  entre 
Désertines  et  le  Mont. 

Le  F.  Tamarisci  Nees  (indiqué  p.  AA)  est  commun  sur  les  rochers  granitiques  du  dé¬ 
partement.  Le  Radula  complanala  Dum.  (indiqué  p.  AA)  est  assez  commun  sur  l’écorce 
des  arbres;  Désertines,  Goutelle,  ravin  de  Gouttière,  etc.  —  Le  Pla g iochila  asplenioides 
Nees  (indiqué  p.  AA)  se  rencontre  assez  souvent  dans  les  ravins,  sur  les  talus  et  rochers 
humides,  ruisseau  de  Ghauvière ,  ravin  de  Gouttière,  aux  environs  de  Montluçon; 
env.  de  Cusset,  talus  près  de  la  cascade  de  l’Ardoisière. 

Jungermannja  albicans  L.  — •  Rochers  humides  et  ombragés  ;  Montluçon, 
au  Roc-du-Saint.  —  Fruct.  août! 

— -  inflata  Huds.  —  Rochers  humides  et  ombragés;  Montluçon,  au  Roc-du- 
Saint.  —  Fruct.  aoiit  ! 

—  BARBATA  Schreb.  —  Montluçon,  rochers  humides  de  la  cascade  du  ruis¬ 
seau  de  la  Brosse. 

Var.  attenuata  —  Même  localité.  —  Fruct.  mars! 

Lopiiocolea  bidentata  Nees.  —  Rochers  humides  de  l’Ardoisière,  près  de 
Cusset,  et  probablement  dans  l’arrondissement  de  Montluçon. 

—  heterophylla  Nees.  —  Talus  ombragés,  au  pied  des  arbres,  entre 
Désertines  et  le  Préau.  —  Fruct.  avril-mai  ! 

Cheiloscyphus  polyantiios  Corda.  —  Rochers  ombragés  et  humides.  — 
Montluçon,  au  Roc-du-Saint. 

Reboulia  hemisphæriga  Raddi.  —  Talus  humides  du  chemin  de  Déser¬ 
tines  au  Préau. 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  1871.  279 

Le  Marchantia  polymorphes  L.  (indiqué  p.  Mi)  est  assez  commun.  Je  l’ai  trouvé  fruc¬ 
tifié  en  août  sur  les  rochers  humides  des  bords  de  l’Amaron,  au  Roc-du-Saint. 

Le  Riccia  fluilans  Nees  (indiqué  p.  Mi)  est  commun  sur  les  flaques  d’eau  dormante  de 
la  prairie  dePiau,  près  d’Audes. 

HOUSSE  S. 

Sphærangium  muticum  (Schreb.)—*  Terres  argileuses  et  cultivées,  talus 
des  chemins.  —  Mars-avril.  —  Montluçon,  ravin  de  Gouttière. 

Le  Phascum  cuspidalum  Schreb.  est  commun  autour  de  Montluçon,  Désertines,  etc. 

Pleup, idium  subulatum  (L.).  —  Lieux  sablonneux.  —  Mars-avril.  — Mont¬ 
luçon,  bois  de  Chauvière  ;  brandes  du  bois  d’Audes. 

Archidiüm  phascoides  Brid.  —  A.  altérai folium  Schpr.  —  Lieux  sablon¬ 
neux,  graviers.  —  Avril.  —  Montluçon,  alluvions  du  Cher  après  le  moulin 
de  la  Rivière. 

Gymnostomum  MlCROSTOMUM  Hedw.  —  Weisia  microstoma  auct  plur.  — 
Lieux  sablonneux.  —  Mars-avril.  —  Montluçon,  alluvions  du  Cher  après  le 
moulin  de  la  Rivière  ;  ravin  de  Gouttière. 

Le  Cynodontium  Rruntoni  (Sm.)  est  commun  dans  les  fissures  des  rochers  des  Mai¬ 
sons-Rouges  et  de  la  gorge  de  Thizon. 

Campylopus  fragilis  (Dicks.). —  Lieux  sablonneux.  —  Juin.  —  R.  —  Env. 
de  Montluçon,  bruyères  du  bois  d’Audes  (Fruct.  juin  !). 

Les  Fissiclens  bryoides  st  laxifolius  Hedw.  sont  assez  communs  autour  de  Montluçon. 
Pottia  truncata  (Hedw.).  —  Forma  minor.  —  Talus  des  chemins,  aux 
environs  de  Désertines,  près  de  Montluçon. 

Anacalypta  Starkeana  (Hedw.).  —  Lieux  argileux,  bords  des  chemins.  — - 
Printemps. — Avril.  —  Montluçon,  talus  des  chemins  de  Désertines  au  Préau. 

—  lanceolata  (Dicks.).  —  Bords  des  chemins,  champs,  murs.  —  Prin¬ 
temps.  —  Avril.  —  Montluçon,  talus  des  chemins  autour  de  Désertines. 

Leptotrichum  flexicaule  (Schwgr.).  —  Lieux  ombragés,  talus.  —  Juin. — 
A. R.  * —  Montluçon,  talus  du  ruisseau  de  la  Liaudon. 

Barbula  ambigua  Br.  Schpr.  —  Vieux  murs.  —  Printemps  et  automne.  — - 
Peu  C.  —  Allier ,  env.  de  Cusset,  route  de  Vichy. 

—  aloides  Koch.  —  Vieux  murs.  —  Printemps  et  automne.  —  Peu  C.  — 
Allier ,  env.  de  Cusset,  route  de  Vichy. 

—  UNGUICULATA  (Dill.)  Hedw.  — Murs,  rochers.  —  Printemps  et  automne. — 
A.C.  —  Montluçon,  sur  les  murs  du  Préau  et  de  Désertines,  etc. 

—  CUNEIFOLIA  (Dicks.).  —  Murs,  bords  des  fossés.  —  Avril-mai.  —  Mont¬ 
luçon,  sur  les  laitiers  humides  du  chemin  de  fer  de  Commentry,  dans 
la  vallée  de  PAmaron. 

Zygodon  vjridissimus  (Dicks.).  —  Sur  les  troncs  d’arbres. — Printemps. — 
Montluçon,  taillis  du  ruisseau  de  Chauvière. 

Schistidium  APOCARPUM  (L.).  —  Grimmia  apocarpa  auct.  —  Rochers, 
talus,  ravins. —  Printemps.  —  A.C. 


280  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Var.  rivulare  (Schwgr.).  —  Montluçon,  rochers  inondés  de  la  cascade  du  ruisseau  de 
la  Brosse. 

Grimmia  pulvinata  (L.).  —  Pierres,  murs,  rochers.  —  Alars-avril.  —  C. 

—  Montluçon,  Désert ines,  ravin  de  Gouttière,  gorge  de  Thizon,  Cusset, 
Vichy,  etc. 

—  Montana?  Schpr.  —  Désertines,  rochers  de  la  gorge  du  val  du  Diable. 

—  Printemps. 

Les  Grimmia  Schvltzii  et  leucopliœa  sont  communs  sur  les  rochers  granitiques  secs  ; 
les  G.  ovata  et  commutata  croissent  sur  les  rochers  de  la  gorge  du  val  du  Diable,  près 
Désertines. 

V Hedwigia  ciliata  Ehrh.  est  commun  sur  les  rochers  granitiques  des  environs  de 
Montluçon. 

Cinclidotus  fontinaloides  (Hedw.).  —  Été.  —  Montluçon,  rochers  inondés 
de  la  cascade  du  ruisseau  de  la  Brosse. 

Physcomitrium  piriforme  (L  ).  — Lieux  humides.  —  Printemps.  —  Mont¬ 
luçon,  bords  du  ruisseau  de  Désertines  au-dessous  du  Préau. 

Entosthodon  ericetorüm  (Bals,  et  de  Not.).  —  Bruyères.  —  Juin.  —  R. 

—  Env.  de  Montluçon,  brandes  du  bois  d’Audes. 

—  fascicularis  (Dicks.).  —  Pierres  humides,  talus.  —  Printemps.  —  Mont¬ 
luçon,  ruisseau  du  bois  de  la  Liaudon. 

Bartramia  pomiformis  (L.).  —  Var.  crispa  (Sw.).  —  Env.  de  Marcillat, 
rochers  de  la  route  de  Saint-Pardoux. 

Philonotis  fontana  (L.).  —  Bords  des  ruisseaux  et  cascades  dans  le 

granité.  —  Été.  —  Montluçon,  Roc-du-Saint,  ruisseau  de  Marignon.  — 

Env.  de  Quinsaines,  ruisseau  de  Le  Méry.  —  Env.  de  Désertines. 

Var.  falciformis  (Nob.).  —  Montluçon,  au  Roc-du-Saint,  en  remontant  le  ruisseau  de 
Marignon  dont  l’embouchure  est  entre  le  premier  et  le  deuxième  tunnel  de  l’Amaron. 

Forme  particulière  qui  se  rapproche  de  la  var.  falcata  et  qui  est  remarquable  par  ses 
feuilles  très-lâches,  très-espacées,  et  ses  tiges  géniculées,  dépourvues  de  tomenlum  et 
garnies  de  rameaux  très-longs  non  verticillés.  C’est  même  avec  doute  que  M.  Bescherelle, 
à  qui  je  l’ai  communiquée,  la  rapporte  au  Ph.  !  fontana  ?  (L.) 

Webera  nutans  (Schreb.).  —  Rochers  des  ruisseaux  granitiques.  —  Avril- 

mai.  —  Env.  de  Montluçon,  rochers  du  ruisseau  de  la  gorge  de  Thizon. 

—  carnea  (L.)  Schpr.  —  Lieux  argileux  humides.  —  Printemps.  —  Mont¬ 
luçon,  ruisseau  du  bois  delà  Liaudon. 

Bryum  turbinatum  Hedw.  —  Lieux  humides. —  Printemps.  — Montluçon, 
rochers  un  peu  inondés  du  ruisseau  de  la  gorge  du  val  du  Diable,  près 
Désertines. 

—  cæspiticium  L*  —  Lieux  humides,  sur  les  laitiers  et  sur  les  pierres  des 
ruisseaux.  —  Mai-juin.  —  Montluçon,  vallée  de  l’Amaron,  sur  les  laitiers 
du  chemin  de  fer  de  Commentry;  Désertines,  ruisseaux  du  Mont  et  de  la 
gorge  du  val  du  Diable. 

—  erythrocarpum  Schwgr.  —  Lieux  sablonneux  et  pierreux.  —  Printemps. 
—  Montluçon,  Roc-du-Saint,  ruisseau  de  iMarignon;  Désertines,  bords  des 
ruisseaux  du  Préau  et  du  val  du  Diable;  ravin  de  Gouttière. 


SÉANCE  DU  10  NOVEMBRE  LS71  . 


*281 


Bryum  argenteum  L.  —  Forme  tencllum.  —  Allier ,  env.  de  Cusset. 

J’ai  Irouvé  le  Br.  alpinum  en  fruit  sur  les  rochers  du  ruisseau  de  Le  Méry,  près  de 
Quinsaines,  et  le  Br.  bimum  Sclireb.  au  bord  du  ruisseau  du  val  du  Diable,  près  Déser- 
tines. 

Mnium  punctatum  Hedw.  —  Lieux  ombragés,  bords  des  ruisseaux.  —  Prin¬ 
temps.  —  Env.  de  Montluçon,  chemin  de  Désertines  au  Mont,  bords  d’un 
ruisseau  longeant  le  petit  bois  de  pins. 

Le  Mnium  undulatum  (Dill.)  est  commun  dans  les  lieux  frais  et  ombragés  des  bois 
et  des  ravins. 

Le  M.  hornum  (Dill.)  L.  croît  dans  le  bois  tourbeux  de  Iîodijoux,  près  de  Quinsaines. 
—  CUSPIDATUM  Hedw.  —,  Lieux  humides  et  ombragés.  —  Printemps.  — 
Env.  de  Montluçon,  bords  du  Cher,  au-dessous  du  bois  de  la  Garde.  — 
A.C. 


—  affine  Bland.  —  Lieux  humides  et  ombragés.  —  Avril-mai.  —  Mont- 
lucon,  taillis  du  ruisseau  de  la  Brosse. 

a  7 

Aulacomnium  androgynum  (L.).  —  Talus  des  bois,  rochers.  —  Juin.  — 
Montluçon,  gorge  de  Thizon  ;  env.  de  Cusset,  taillis  de  l’Ardoisière. 

On  le  rencontre  toujours  muni  de  propagules,  je  ne  l’ai  pas  vu  fructifié. 

Pogonatum  aloides  (Dill.).  —  Rochers,  bruyères. — Printemps.  —  Allier , 
env.  de  Yichy  et  de  Cusset,  à  l’Ardoisière. 

Diphyscium  foliosum  (L.).  —  Lieux  humides  et  ombragés,  sur  la  terre  aré- 
nacée.  —  Printemps.  —  R.  —  Montluçon,  bords  du  ruisseau  de  la  Brosse. 
Cryphæa  heteromalla  (Dill  )  Hedw.  —  Sur  les  troncs  d’arbres.  —  Mai- 
juin.  —  Env.  de  Montluçon,  bois  de  la  Garde  au  bord  du  Cher. 

Neckera  COMPLanata  (L.).  —  Rochers  ombragés,  troncs  d’arbres.  —  Prin¬ 
temps.  —  Env.  de  Montluçon,  bois  de  la  Garde  au  bord  du  Cher. 

Forme  pusilla.  —  Env.  de  Désertines  et  du  Préau. 

Le  N.  crispa  (L.)  est  commun  sur  les  rochers  ombragés  du  ruisseau  de  Chauvière, 
près  de  Montluçon. 


Anomodon  attenuatus  (Schreb.).  —  Rochers  ombragés.  —  Automne  et 
printemps.  —  Peu  C. —  Montluçon,  lisière  du  bois  de  Chauvière;  Cusset. 
—  VITJCULOSUS  (L.)  Schreb.  —  Rochers,  fontaines,  talus  au  pied  des  arbres. 
—  Printemps.  —  A.C.  —  Montluçon,  ruisseau  de  la  Liaudon  et  de  Chau¬ 
vière;  Désertines,  fontaine  du  Préau;  bords  du  Cher,  en  bas  du  bois  de  la 
Garde.  —  Env.  de  Yichy  et  de  Cusset. 

Le  Thuidmm  tamariscinum  ( Hedw.)  est  commun  dans  les  bois  et  les  ravins  ombragés. 


Pterogonium  gracile  (Dill.)  L.  — Rochers  granitiques.  —  Hiver.  —  Mont¬ 
luçon,  rochers  de  la  cascade  du  ruisseau  de  la  Brosse  ;  rochers  du  ruisseau 
de  Chauvière  ;  Désertines,  gorge  du  val  du  Diable. 

Climacium  dendroides  (DilL  ).  —  Lieux  humides.  —  Hiver  et  printemps. 
—  (Je  ne  l’ai  vu  que  stérile.) —  Env.  de  Montluçon,  bords  du  Cher  en  bas  du 
bois  de  la  Garde,  où  il  est  assez  commun. 


L ’  Isuthecium  myurum  Brid.  croît  sur  les  rochers  ombragés  des  ruisseaux  delà  Brosse 
et  de  Chauvière,  et  au  bord  du  Cher,  en  bas  du  bois  de  la  Garde. 


*282 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Pylaisia  POLïantha  (Schreb.).  —  Sur  les  troncs  d’arbres  et  les  ceps  de 
vigne.  • —  Printemps.  —  Montluçon,  taillis  du  ruisseau  de  la  Brosse  ;  vignes 
de  Déserlines;  bois  de  la  Garde  au  bord  du  Cher. 

Brachythecium  plumosum  (Svv.).  —  Automne.  —  Montluçon,  rochers  du 
bois  de  Chauvière. 

Le  Br.  rutabulum  (L.)  est  commun  dans  les  environs  de  Montluçon,  ainsi  que  le 
Br.  velutinum  (Dill.). 

Eurynchium  prælongum  (L.)  Scbpr.  —  Lieux  humides  sur  les  pierres  et 
sur  la  terre.  —  Automne  et  printemps.  —  Montluçon,  ruisseau  de  Déser¬ 
ti  nés  au  Mont. 

—  Stokesii  (Turn.).  — -  Talus,  bois  ombragés.  —  Printemps. — Montluçon, 
env.  de  Marmiguolles,  dans  un  chemin  creux,  à  gauche  de  la  route  de 
Saint- Arnaud. 

L ’Eur.  striatum  (Schreb.)  est  commun  dans  la  vallée  de  l’Amaron ,  sur  les  talus  du 
ruisseau  de  Chauvière,  et  dans  la  gorge  de  Thizon  près  de  Montluçon. 

Rhynciiostegium  confertum  (Dicks.).  —  Sur  la  terre,  les  murs  et  les 
pierres.  —  Printemps.  —  Montluçon,  ravin  de  Gouttière;  dans  les  haies 
autour  de  Déserlines. 

Le  Rh.  ruscifonne  (Weise)  croît  au  bord  du  ruisseau  de  la  gorge  du  val  du  Diable, 
près  Déserlines. 

Le  Rk.  megapolitanum  (Bland.)  se  trouve  dans  les  bois  de  la  Brosse  et  de  Douguistre 
près  de  Montluçon. 

Amblystegium  sebpens  (L.  ).  —  Sur  les  pierres  et  au  pied  des  arbres.  — 
Été,  automne.  —  Montluçon,  taillis  du  ruisseau  de  la  Liaudon  ;  Désertines, 
bords  du  ruisseau  du  Mont. 

—  irriguum  (Wils.  ).  —  Sur  les  pierres  des  ruisseaux.  —  Printemps.  — 
Montluçon,  bords  du  ruisseau  du  bois  de  la  Liaudon. 

IIypnum  stellatum  Schreb.  —  Lieux  humides.  —  Fin  du  printemps.  — 
Env.  de  Montluçon,  ravin  de  Gouttière. 

—  filicinum  L.  —  Lieux  humides.  — Mai-juin.  —  Montluçon,  rochers  de 
la  cascade  du  ruisseau  de  la  Brosse. 

—  SciibEBERt  Wils.  —  Rochers,  terre  à  bruyère.  —  Automne.  —  Mont¬ 
luçon,  gorge  de  Thizon. 

V  Ilypnum  cupressiforme  var.  tenue  croit  sur  les  rochers  de  la  gorge  de  Thizon. 

VH.  molluscum  Hedw.  est  assez  commun  sur  les  rochers  dans  les  ravins  ombragés  ; 
Montluçon,  ruisseaux  de  la  Brosse  et  de  Chauvière;  bords  du  Cher,  en  bas  du  bois  de  la 
Garde,  ravin  de  Gouttière,  etc. 

II.  cuspidalum  L.  —  Bords  du  ruisseau  de  la  gorge  de  Thizon;  Désertines,  gorge 
du  val  du  Diable. 

Hylocomium  brevirostre  (Ehrh.)  Scbpr.  — Bois  ombragés.  — Montluçon, 
taillis  du  ruisseau  de  la  Brosse,  etc. 

—  loreum  (Dill.).  —  Bois  humides.  —  Automne  et  hiver.  —  R.  —  Mont¬ 
luçon,  talus  du  ruisseau  du  bois  de  la  Liaudon. 

Cette  rare  espèce  appartient  cà  la  région  élevée  des  montagnes,  je  ne  l’ai  vue  jusqu’ici 
que  stérile. 


SÉANCE  DU  24  NOVEMBRE  1871. 


283 


L7/.  triquelrum  (L.)  est  commun  aux  environs  de  Montluçon,  mais  fructifie  assez  rare¬ 
ment.  Je  ne  l’ai  rencontré  en  fruit  que  dans  la  vallée  de  t’Amaron,  au  Roc-du-Saint,  en 
remontant  le  ruisseau  de  Marignon,  qui  aboutit  entre  le  premier  et  le  deuxième  tunnel 
du  chemin  de  fer  de  Moulins.  Les  //.  spicndens  et  squarrosum  sont  généralement 
stériles. 


SÉANCE  DU  24  NOVEMBRE  1871. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  GERMAIN  DE  SAINT-PIERRE. 

M.  Larcher,  vice-secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de 
la  séance  du  10  novembre,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

M.  le  Président  prononce  l’allocution  suivante  : 

Messieurs, 

Depuis  le  jour  où  je  vous  adressais  l’expression  de  mes  profonds  regrets,  de 
n’avoir  pu,  pendant  l’investissement  de  Paris  parles  armées  étrangères,  venir 
vous  rejoindre  ici  et  partager  avec  vous  les  diverses  épreuves  de  ces  temps  si 
douloureux,  des  journées  plus  néfastes  encore,  de  plus  cruels  désastres  ont 
frappé  au  cœur  notre  cher  Paris.  — Paris,  ce  grandnavire  alors  désemparé,  Paris, 
ce  gigantesque  radeau  de  la  Méduse,  a  vu  porter  des  torches  incendiaires  au 
milieu  des  trésors  de  la  science  et  de  Part  que  l’ouragan  d’obus  et  de  mitraille 
avait  épargnés. 

Aujourd’hui,  Messieurs,  je  suis  heureux  qu’il  me  soit  donné,  au  nom  de 
la  Société  botanique  de  France,  de  remercier  cordialement  ceux  d’entre  vous 
qui,  avec  une  si  louable  fermeté,  ont  occupé  ici  un  poste  d’honneur,  pendant  la 
longue  durée  de  ces  temps  si  lamentables,  et  qui,  en  continuant  à  se  grouper, 
calmes  au  milieu  de  la  tourmente,  sans  se  laisser  aller  au  découragement,  sans 
consulter  le  danger,  ont  protesté  par  leur  présence  contre  une  seconde  inva¬ 
sion  des  barbares  ! 

Le  compte  rendu  de  ces  simples  et  pourtant  solennelles  séances  vous  dira 
ceux  que  la  tempête  n’a  pu  disperser  qu’au  dernier  jour. 

Pendant  ces  temps  si  difficiles,  plusieurs  d’entre  vous,  Messieurs,  et  notam¬ 
ment  MM.  Ernest  Roze,  Maxime  Cornu,  Cauvet,  ont  fait  preuve  d’un  zèle  scien¬ 
tifique  que  ne  saurait  jamais  oublier  notre  Société,  en  alimentant  d’articles 
pleins  d’intérêt  notre  Bulletin ,  dont  les  pages  sans  eux  fussent  restées  désertes. 
J’ai  lu  avec  un  plaisir  tout  particulier  les  savantes  observations  et  les  notes 
critiques  dans  lesquelles  M.  Cauvet  a  passé  en  revue  quelques-uns  des  sujets 
favoris  de  mes  études,  et  j’éprouverai  une  satisfaction  infinie  à  répondre  à 
mon  habile  contradicteur. 


28Z|  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Au  nom  do  la  Société  botanique,  j’adresse  tout  spécialement  de  chaleureux 
remercîments  à  M.  Ernest  Roze,  l’un  de  nos  honorables  vice-présidents,  qui, 
pendant  mon  involontaire  absence,  a  présidé  sans  interruption  nos  séances, 
depuis  le  mois  de  novembre  1870  jusqu’au  mois  de  juin  1871; — àMM.  Larcher 
et  Delondre,  qui  ont  contribué  aux  fonctions  du  secrétariat  avec  un  infatigable 
dévouement; — et  à  M.  de  Schœnefeld,  notre  digne  secrétaire  général,  qui, 
malgré  sa  santé  altérée  par  de  dures  privations,  n’a  pas  cessé  un  seul  instant, 
pendant  les  deux  sièges  de  Paris,  de  se  dévouer  à  ses  laborieuses  et  difficiles 
fonctions  ;  et  qui,  pilote  habile,  a  pu,  à  travers  mille  obstacles  et  en  dépit  de  ces 
temps  néfastes,  faire  parvenir  à  bon  port  les  deux  dernières  années  de  notre 
Bulletin  et  le  compte  rendu  de  notre  session  d’Autun-Givry,  cette  session  si 
joyeuse  et  si  bien  remplie  qui  précédait  de  si  peu  les  calamités  et  les  désastres 
de  la  guerre.  Vous  le  savez,  Messieurs,  au  moment  où  Paris  se  trouvait  pres¬ 
que  désert,  et  où  ses  rares  habitants  étaient  encore  terrifiés  parles  événements 
inouïs  dont  ils  venaient  d’être  témoins,  M.  de  Schœnefeld  se  rendait  ici  à  son 
poste,  le  26  mai,  à  l’heure  fixée  pour  la  séance,  et  y  représentait  seul  la  Société  , 
dont  la  courageuse  persévérance  et  la  ferme  attitude  s’étaient  solidement 
maintenues  jusqu’à  l’explosion  suprême  de  l’ouragan  le  plus  antipatriotique 
et  le  plus  antisocial  dont  les  générations  conserveront  le  souvenir. 

J’ajoute  en  terminant  ce  rapide  tableau  :  La  Société  botanique  de  France, 

MÊME  PENDANT  LES  PLUS  MAUVAIS  JOURS,  A  BIEN  MÉRITÉ  DE  LA  SCIENCE  ! 

Messieurs,  durant  les  dernières  vacances,  la  Société  botanique  a  fait  des 
pertes  profondément  regrettables  en  la  personne  de  plusieurs  de  ses  membres 
éminents.  Notre  savant  confrère  AI.  Henri  Lecoq  (de  Clermont-Ferrand),  na¬ 
guère  encore  plein  de  force  et  de  santé,  a  succombé  en  quelques  jours  à  une 
maladie  aiguë,  dans  la  force  de  l’âge  et  laissant  d’importants  travaux  inachevés. 
AI.  H.  Lecoq  unissait  aux  aptitudes  du  vrai  naturaliste,  à  la  sagacité  de  l’ob¬ 
servateur,  les  brillantes  facultés  de  l’écrivain,  la  finesse  et  la  malicieuse  gaieté 
du  conteur,  et  les  solides  qualités  du  cœur.  La  perte  que  les  amis  des. sciences 
naturelles  font  en  la  personne  de  M.  H.  Lecoq  ne  sera  pas  moins  sensible 
aux  géologues  qu’aux  botanistes.  Parmi  tant  de  travaux  estimables  dus  à  la 
plume  facile  de  Al.  H.  Lecoq,  je  rappellerai  surtout  l’important  ouvrage  (9  vo- 

r 

lûmes  in-octavo)  intitulé:  Etudes  sur  la  géographie  botanique  de  V Europe, 
et  en  particulier  du  plateau  central  de  la  France.  Vulgarisateur  infatigable  des 
sciences  qu’il  cultivait,  AI.  H.  Lecoq  publiait,  il  y  a  deux  ans  5  peine,  son  livre 
ingénieux  et  élégant  intitulé  :  le  Monde  des  fleurs.  Al.  Lecoq  a  légué,  nous  a- 
t-on  dit,  à  la  ville  de  Clermont-Ferrand  ses  importantes  collections  botaniques, 
zoologiques  et  minéralogiques  (véritable  musée  des  productions  naturelles  de 
la  France  centrale),  dont  la  valeur  est  considérable.  Une  notice  sur  la  vie  et 
les  travaux  de  M.  H.  Lecoq,  insérée  dans  le  Bulletin  de  la  Société  botanique , 
sera  un  juste  hommage  rendu  à  la  mémoire  de  l’éminent  naturaliste. 


SÉANCE  DU  2l\  NOVEMBRE  1871. 


28-5 

Nous  apprenons  également  avec  un  profond  regret  la  mort  de  M.  Pietro 
Savi,  le  savant  professeur  et  directeur  du  jardin  botanique  de  Pise  ; — la  mort 
de  M.  le  docteur  Rambur  (de  Genève),  connu  des  naturalistes  surtout  par 
ses  importants  travaux  sur  l’entomologie;  — la  mort  de  M.  l’abbé  Jacquel, 
curé  de  Coinches  (Vosges),  dont  les  recherches,  en  la  savante  compagnie  de. 
MM.  Mougeot,  Godron,  Kirschleger,  etc.,  ont  contribué  à  compléter  les 
études  sur  la  flore  vogéso-rhénane  ;  —  et  enfin,  la  perte  si  prématurée  et  si 
regrettable  de  M.  Armand  Peyre  (de  Toulouse),  enlevé  à  l’âge  de  trente  ans, 
par  une  maladie  rapide,  à  ses  amis  et  aux  recherches  qu’il  poursuivait  avec 
autant  de  zèle  que  de  succès. 

M.  A.  de  Bouis  demande  la  parole  et  s’exprime  en  ces  termes  : 


Aux  pertes  nombreuses  que  M.  le  Président  vient  d’annoncer  à  la  Société, 
je  crois  qu’il  serait  convenable  d’ajouter  le  nom  de  Madame  veuve  Ricard, 
qui,  en  consentant  à  se  faire  inscrire  parmi  les  membres  de  la  Société, 
a  donné  un  bon  exemple  aux  personnes  de  son  sexe  (voyez  le  Bulletin , 
t.  VII,  p.  l\h 0).  Guidée  dans  ses  premières  études  par  l’abbé  Le  Turquier- 
Delongchamp  (auteur  de  la  Flore  de  Rouen),  par  son  frère  M.  Arsène 
Maille  (si  connu  des  entomologistes)  et  par  quelques  amis,  elle  trouva  un 
charme  dans  une  science  qui  ne  lui  permettait  pas  de  faire  un  pas  sur 
la  terre  sans  y  trouver  des  problèmes  à  résoudre.  C’est  ainsi  qu’elle  acquit, 
par  une  longue  et  minutieuse  application  à  la  détermination  des  espèces, 
une  connaissance  assez  sûre  pour  pouvoir  en  ajouter  quelques-unes  à  la  flore 
française.  Il  nous  suffira  de  signaler  le  Dracocephalum  Ruyschiana.  Je  ne 
voudrais  pas  me  permettre  de  faire  un  éloge  dont  sa  modestie,  même  apr  ès  la 
mort,  serait  blessée  ;  car  si  elle  cultivait  la  botanique  avec  amour,  si  elle  trou¬ 
vait  les  nobles  plaisirs  de  l’intelligence  dans  cette  contemplation  des  merveilles 
de  la  nature,  elle  évitait  avec  un  soin  particulier  tout  ce  qui  aurait  pu  faire 
croire  qu’elle  fût  savante  :  contente,  jusqu’à  la  fin  de  sa  vie,  de  récolter  pour 
son  herbier  aujourd’hui  assez  complet  des  plantes  de  France,  toutes  les  plantes 
qu’elle  pouvait  trouver  dans  ses  nombreux  et  fréquents  voyages  dans  notre  patrie. 
Bienveillante  envers  tous  et  surtout  envers  les  botanistes,  qui  s’empressaient  de 
lui  envoyer  les  plantes  qu’elle  n’avait  pu  trouver  elle-même,  elle  a  pu  arriver 
à  former  une  riche  collection  des  plantes  françaises,  pour  laquelle  elle  a 
eu  comme  collaborateurs  Requien,  J. -B.  Mougeot,  Maire,  Alphonse  Maille 
(son  neveu),  Aug.  Le  Prévost,  etc.  Son  savoir  était  le  moindre  de  ses  mérites, 
et  aujourd’hui,  dans  un  monde  meilleur,  elle  jouit  des  nombreux  bienfaits 
qu’elle  a  répandus  autour  d’elle  pendant  une  longue  vie,  car  sa  charité  était 
grande,  généreuse,  ingénieuse,  inépuisable,  et  elle  a  vécu  près  d’un  siècle. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance, 
M.  le  Président  proclame  l’admission  de  : 


286 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

MM.  Franco  (Louis),  médecin  à  Machecoul  (Loire-Inférieure),  pré¬ 
senté  par  MM.  Gobert  et  Viaud-Grand -Marais  ; 
Posada-Arango  (Andres),  docteur  en  médecine,  à  Médellin 
(Etats-Unis  de  Colombie),  présenté  par  MM.  G.  Planchon 
et  Bureau. 

M.  le  Président  annonce  en  outre  deux  nouvelles  présentations. 
M.  Van  Tieghem  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 


SUR  LES  CANAUX  OLÉIFÈRES  DES  COMPOSÉES,  par  M.  BBIi.  VAX  TIËGUEH. 


Les  plantes  de  la  famille  des  Composées  forment  dans  la  profondeur  des 
tissus  de  leurs  divers  organes  des  huiles  essentielles  incolores  ou  diversement 
colorées,  dont  quelques-unes  ont  fait  l’objet  d’études  chimiques  intéressantes. 

On  sait  que  ces  huiles  essentielles  sont  des  mélangesd'un  hydrocarbure  liquide 
delà  forme  CmHn,  ordinairement  isomère  de  l’essence  de  térébenthine  C‘2oIIlf\ 
et  d’une  essence  oxygénée  solide  et  cristallisable  de  la  forme  C,nHn02,  le  plus 
souvent  isomère  du  camphre  du  Japon  C20H16O2.  Cette  essence  oxygénée  est 
tenue  en  dissolution  par  l’hydrocarbure  dont  elle  paraît  dériver  par  simple 
oxydation.  Ainsi,  pour  en  citer  quelques  exemples,  l’huile  essentielle  de  Ma- 
tricaire  [Matricaria  Parthenium  L.)  est  un  mélange  d’un  hydrogène  car¬ 
boné  et  d’une  essence  oxygénée  solide  qui  présente  la  même  composition  que 
le  camphre  des  Laurinées  C20H16O2,  mais  qui  dévie  à  gauche  le  plan  de  pola¬ 
risation  de  la  lumière  incidente,  tandis  que  le  camphre  des  Laurinées  le  dévie 
à  droite.  L’essence  d’Absinthe  {Artemisia  Absinthium )  plusieurs  fois  rectifiée 
offre  la  même  composition  que  le  camphre  des  Laurinées,  mais  comme  lui  elle 
dévie  à  droite.  L’essence  de  Camomille  ( Matricaria  Chamomilla),  qui  est 
bleu  d’azur,  se  solidifie  en  partie  par  le  froid,  et  les  lamelles  cristallines  qui  s’y 
déposent  sont  isomères  du  camphre  du  Japon.  L’essence  de  Tanaisie(7Ymacetoz 
vulgare)  traitée  par  l’acide  chromique  produit  une  substance  identique  au 
camphre  des  Laurinées.  L’essence  de  Camomille  romaine  ( Antliemis  nobilis) 
est  un  mélange  d’un  hydrogène  carboné  C2oH16  isomère  de  l’essence  de  téré¬ 
benthine  et  d’une  huile  essentielle  oxygénée  C10H8O2,  qui,  traitée  par  la  po¬ 
tasse,  se  convertit  en  acide  angélique.  L’essence  à'Osmitops is  asteriscoides  a 
la  même  composition  que  le  camphre  de  Bornéo  C20I1,80'2.  La  racine  d’Àunée 
(  fnula  Helenium )  contient  dans  son  essence  un  principe  cristallisable  odo¬ 
rant,  l’hélénine  de  Gerhardt  C15H10O2,  d’où  l’on  extrait  par  élimination  de 
deux  équivalents  d’eau,  l’hélénène  Cl5H8.  Enfin  l’essence  cl’ Artemisia  contra 
offre  la  composition  C24H20O2,  et  par  distillation  sur  l’acide  phosphorique 
anhydre  elle  reproduit  le  cymène  C24H18.  Telle  est  d’une  façon  générale  la 
nature  ou  la  qualité  de  ces  huiles  essentielles. 

Si  maintenant,  pour  se  faire  une  idée  de  leur  quantité,  c’est-à-dire  de  la 


SÉANCE  DU  2/l  NOVEMBRE  1874. 


287 


proportion  où  elles  se  développent  dans  les  divers  organes,  on  compare  les 
quelques  analyses  immédiates  faites  par  divers  chimistes,  011  trouve,  par 
exemple,  que  la  quantité  d’hélénine  de  la  racine  d’Aunée  est  de  k  millièmes 
du  poids  de  l  organe;  mais  l’hélénine  11e  forme  qu’une  partie  de  l’huile  es¬ 
sentielle  de  la  racine.  La  proportion  d’huile  volatile  de  la  racine  d 'Arnica 
montana  est  de  15  millièmes.  La  quantité  d’essence  de  la  racine  d’ Anthémis 
Ppretlirmn  est  de  20  millièmes.  Dans  la  tige  de  l’Absinthe  il  y  a  15  millièmes 
d’huile  essentielle.  O11  peut  donc  admettre  que  la  quantité  d’essence  sécrétée 
dans  la  racine  et  dans  la  tige  est  d’environ  15  à  20  millièmes  du  poids  de 
l’organe. 

Cela  posé,  quelle  est,  dans  la  profondeur  des  tissus,  la  structure  de  l’appa¬ 
reil  où  se  forment  ces  huiles  essentielles,  et  comment  cet  appareil  oléifère  est- 
il  distribué  dans  les  divers  organes  de  la  plante  :  telle  est  la  question  que  je 
me  suis  proposé  de  résoudre.  Je  diviserai  cet  exposé  en  trois  parties.  Dans 
la  première  je  décrirai  sur  un  exemple  particulier  et  aussi  complètement  que 
possible  la  structure  et  la  distribution  de  l’appareil  oléifère.  Dans  la  seconde, 
je  comparerai  à  ce  type  bien  connu  un  assez  grand  nombre  de  genres  choisis 
dans  les  diverses  tribus  de  la  famille.  La  troisième  sera  consacrée  à  un  court 
aperçu  historique. 

î.  —  Appareil  oléifère  de  l’OEillet-d’Inde  ( Tagetes  patula ), 

Racine. 


Il  y  a  dans  la  racine  deux  périodes  de  développement  à  distinguer.  Dans  la 
première,  tous  les  tissus  constitutifs  de  l’organe  sont  complètement  différen¬ 
ciés,  mais  les  arcs  générateurs  n’y  ont  pas  encore  apparu.  Dans  la  seconde, 
le  jeu  des  arcs  générateurs,  bientôt  confondus  en  une  couche  génératrice 
continue,  a  introduit  dans  l’organe  des  productions  nouvelles  qui  s’accroissent 
sans  cesse  jusqu’à  la  fin  de  la  période  végétative. 

Période  primaire.  — Pour  être  bien  compris,  il  est  nécessaire  que  je  re¬ 
trace  d’abord  les  principaux  traits  de  l’organisation  de  la  racine  dans  sa  période 
primaire.  Aussi  bien  la  connaissance  que  nous  en  aurons  acquise,  non-seule¬ 
ment  nous  servira  dans  la  suite  pour  toutes  les  autres  Composées,  mais 
encore  elle  s’appliquera,  dans  ses  caractères  essentiels,  à  toutes  les  Dicotylé¬ 
dones,  à  toutes  les  Monocotylédones,  à  toutes  les  Cryptogames  vasculaires,  et 
notre  horizon  s’en  trouvera  agrandi. 

La  racine  est  formée  d’un  parenchyme  cortical  et  d’un  cylindre  central.  Le 
parenchyme  cortical,  ou  l’écorce,  limité  en  dehors  par  l’épiderme  et  en  dedans 
par  la  membrane  protectrice,  se  compose  de  deux  zones  distinctes  i  dans 
l’externe,  les  cellules  à  section  polygonale  sont  ajustées  irrégulièrement  sans 
laisser  de  méats  et  décroissent  vers  l’extérieur  ;  dans  l’interne,  les  cellules  à  sec¬ 
tion  carrée  sont  disposées  à  la  fois  en  séries  radiales  et  en  cercles  concen- 


288 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


triques,  décroissent  vers  le  centre,  et  laissent  entre  leurs  coins  arrondis  des 
méats  aérifères.  Ce  sont  les  éléments  de  la  dernière  assise  de  cetle  zone  in¬ 
terne  qui  sont  marqués  sur  leurs  faces  latérales  et  transverses  de  plissements 
échelonnés  très-courts  et  très-rapprochés  de  leur  face  interne,  plissements  par 
le  moyen  desquels  ils  s’engrènent  fortement  les  uns  aux  autres  pour  former 
une  membrane  résistante  entièrement  distincte  du  tissu  qui  précède  et  du  tissu 
qui  suit.  Considérée  par  rapport  à  l’écorce  à  laquelle  elle  appartient  et  qu’elle 
termine,  elle  en  est  l’endoderme  ;  considérée  par  rapport  au  cylindre  central 
qu’elle  revêt,  elle  en  est  la  membrane  protectrice.  Elle  constitue  un  excel¬ 
lent  repère  pour  déterminer  la  position  des  divers  groupes  d’éléments  anato¬ 
miques,  et  il  en  sera  souvent  question  dans  cet  exposé  (1). 

Le  cylindre  central  commence  par  une  assise  de  cellules  non  plissées,  en 
contact  avec  les  protectrices  et  alternant  régulièrement  avec  elles.  Celte  alter¬ 
nance,  succédant  brusquement  à  la  superposition  en  séries  radiales  des  élé¬ 
ments  de  la  zone  interne  de  l’écorce,  rend  la  limite  entre  le  parenchyme 
cortical  et  le  cylindre  central  toujours  très-facile  à  saisir.  C’est  contre  cetle 
assise,  dont  les  éléments  conservent  une  grande  acthité  vitale,  que  s’appuient 
en  dedans  et  en  des  points  régulièrement  alternes  les  premiers  vaisseaux  et  les 
premières  cellules  libériennes.  Disons  tout  de  suite  que  cette  membrane  péri¬ 
phérique  a  une  importance  extrême.  C’est  en  elle,  en  effet,  dans  ceux  de  ses 
éléments  qui  sont  situés  en  face  des  premiers  vaisseaux,  que  s'opèrent  les 
segmentations  qui  amènent  la  formation  des  racines  nouvelles  aux  flancs  de 
la  racine  primitive.  On  peut  donc  l’appeler,  comme  nous  le  ferons  désormais, 
membrane  rliizogène.  Si  c’est  le  pivot  que  l’on  considère,  il  se  forme,  contre 
la  membrane  rhizogène,  et  en  deux  points  diamétralement  opposés,  un  vais¬ 
seau  étroit  annelé  suivi  bientôt  de  trois  ou  quatre  vaisseaux  de  plus  en  plus 
larges  d’abord  spiralés,  puis  ponctués,  de  sorte  que  ces  deux  séries  vasculaires, 
centripètes  et  cunéiformes  viennent  se  loucher  au  centre  en  une  bande  dia¬ 
métrale  renflée  en  son  milieu,  amincie  sur  ses  bords.  Les  vaisseaux  externes 
de  ces  deux  lames  confluentes,  annelés  et  spiralés,  ont  leurs  cloisons  trans¬ 
verses  obliques  et  permanentes;  les  plus  larges  seuls  ont  leur  cavité  fusionnée. 
Alternes  avec  ces  deux  lames  vasculaires,  se  forment  contre  la  membrane 
rhizogène  deux  groupes  de  cellules  libériennes  étroites  et  longues,  toutes 
semblables,  à  paroi  un  peu  épaissie,  blanche  et  brillante,  mais  où  je  n’ai  pas 
réussi  à  voir  de  ponctuations  grillagées,  à  contenu  protoplasmique  azoté.  Ces 
faisceaux  libériens,  toujours  moins  étendus  radialemenl  que  les  faisceaux 
vasculaires  avec  lesquels  ils  alternent,  mais  en  revanche  beaucoup  plus  étalés 

(1)  Par  les  progrès  de  l’âge,  les  cellules  plissées  gardent  leur  paroi  mince  ;  mais  leurs 
plissements,  ceux  des  faces  transverses  notamment,  se  fondent  de  bonne  heure  en  une 
sorte  de  fine  bande  d’épaississement,  qui  n’est  pas  sans  rappeler  à  la  mémoire  les  cadres 
d’épaississement  que  présente  l’avant-dernière  assise  corticale  dans  la  racine  des  Cyprès, 
des  Thuïas,  des  Ifs,  etc. 


SÉANCE  DU  24  NOVEMBRE  1871. 


289 


tangentiellement,  ne  viennent  pas  toucher  la  bande  vasculaire.  Il  y  a  entre 
eux  et  les  vaisseaux  au  moins  deux  rangées  de  cellules  plus  larges,  à  paroi 
mince  et  terne,  contenant  un  liquide  hyalin,  et  dont  les  propriétés  et  les  fonc¬ 
tions  sont  fort  différentes  ;  je  les  appellerai  cellules  conjonctives.  C’est  le  rang 
conjonctif  externe  qui  deviendra  plus  tard,  en  divisant  ses  éléments,  l’arc 
générateur  des  productions  secondaires. 

Les  radicelles  se  forment  sur  le  pivot  par  la  segmentation  des  cellules  de  la  mem¬ 
brane  rhizogène  situées  en  face  des  deux  lames  vasculaires,  et  de  manière  que 
leurs  axes  s’appuient  sur  les  deux  arêtes  formées  par  les  deux  vaisseaux  les 
plus  étroits.  Elles  sont  donc  insérées  sur  deux  génératrices  opposées,  aux  flancs 
du  cylindre  central  dont  elles  sont  tout  entières  des  dépendances  périphé¬ 
riques.  La  radicelle  est  d’ailleurs  organisée  comme  le  pivot,  et  le  plan  de  la 
bande  vasculaire  issue  du  rapprochement  au  contact  de  ses  deux  faisceaux 
vasculaires  primitifs,  passe  par  l’axe  du  pivot,  tandis  que  le  plan  de  ses  deux 
faisceaux  libériens  lui  est  perpendiculaire.  Il  en  résulte  que  le  corps  tout  en¬ 
tier  de  la  racine  principale  se  ramifie  idéalement  dans  un  seul  plan  vertical, 
qui  est,  comme  nous  le  verrons  plus  loin,  le  plan  des  nervures  médianes  des 
deux  cotylédons. 

Si  c’est  une  racine  adventive  qu’on  étudie,  on  y  trouvera  un  cylindre  cen¬ 
tral  plus  large  avec  trois,  quatre,  cinq  faisceaux  vasculaires,  ou  même  davan¬ 
tage,  et  autant  de  faisceaux  libériens  alternes.  Le  nombre  des  faisceaux  des 
deux  espèces  varie  un  peu  le  long  de  la  même  racine  ;  il  est  plus  grand  à  la 
base  et  va  diminuant  vers  la  pointe  ;  il  est  en  rapport  avec  le  diamètre  du 
cylindre  central.  En  outre,  surtout  s’il  y  en  a  au  moins  cinq,  les  faisceaux 
vasculaires  ne  pourront  venir  se  toucher  au  centre,  et  le  tissu  conjonctif,  plus 
développé,  remplira  l’espace  de  plus  en  plus  large  qu’ils  y  laissent  entre  eux. 
D’ailleurs,  sauf  cet  accroissement  et  cette  variabilité  numériques,  tous  les  carac¬ 
tères  de  structure  et  de  développement  demeurent  les  mêmes. 

Quel  est  maintenant  le  rôle  physiologique  que  les  divers  tissus  constitutifs  de 
l’organisation  de  la  racine  ont  à  remplir,  principalement  dans  le  transport  des 
liquides  du  sol  absorbés  par  les  poils  épidermiques  depuis  leur  lieu  d’introduction 
jusqu’à  la  base  de  la  tige,  et  dans  le  mouvement  de  retour  de  la  sève  plastique 
élaborée  dans  les  feuilles  depuis  la  base  de  la  tige  jusqu’aux  extrémités  des 
radicelles?  .J’ai  fait  à  ce  sujet  une  série  d’expériences,  soit  avec  divers  liquides 
colorés,  soit  au  moyen  de  liquides  incolores  pouvant  donner,  par  leur  réaction 
mutuelle  à  l’intérieur  des  éléments  où  ils  cheminent,  un  précipité  coloré.  Ces 
expériences,  dans  le  détail  desquelles  je  ne  puis  entrer  ici  (1  ),  ont  porté  sur  les 
divers  organes  des  plantes  vasculaires,  tant  Cryptogames  que  Monocotylé- 
dones  et  Dicotylédones,  examinés  aux  diverses  périodes  de  leur  développe¬ 
ment  ;  elles  ont  eu  notamment  pour  objet  le  Tagetes  patula.  En  ce  qui  con- 


(1)  Voir  à  ce  sujet  :  AnnZ  des  sc.  nat.  5e  série,  XII 1 ,  pp.  118,  179,  277  (1871). 
T.  Avili.  (séances)  19 


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SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


cerne  la  racine  pendant  sa  période  primaire,  elles  ont  montré  que  c’est,  par 
les  vaisseaux  seuls  que  s’élèvent  les  liquides  colorés,  et  par  conséquent  la 
sève.  C’est  par  le  bois  primaire,  si  l’on  veut;  mais  le  bois  primaire  de  la  racine 
est  toujours  composé  exclusivement  de  vaisseaux.  Le  tissu  conjonctif,  en  dé¬ 
terminant  un  transport  latéral,  ne  joue  qu’un  rôle  tout  à  fait  secondaire,  et 
encore  ne  le  remplit- il  le  plus  souvent  que  s’il  se  fibrifie.  Il  forme  en  quel¬ 
que  sorte  le  sol  où  est  creusé  le  lit  du  fleuve.  La  sève  plastique,  élaborée  par 
les  feuilles,  redescend  ensuite  delà  base  de  la  tige  au  sommet  de  la  racine  par 
les  faisceaux  libériens.  Et  si  nous  avons  comparé  l’ascension  assez  rapide  des 
liquides  du  sol  par  les  vaisseaux  au  courant  de  l’eau  dans  le  lit  d’une  rivière, 
c’est  au  lent  écoulement  d’un  glacier  qu’il  faudra  comparer  la  descente  du 
protoplasma  à  travers  les  cellules  libériennes. 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  que,  dans  l’organisation  primaire  de  la  racine 
principale,  il  y  a  deux  courants  ascendants  confluents  et  deux  courants  des¬ 
cendants  séparés  alternes  avec  les  premiers,  et  que  toutes  les  radicelles,  qui 
se  forment  toujours  en  face  des  courants  ascendants,  ont  indéfiniment  leurs 
propres  paires  de  courants  ascendants  dans  le  même  plan  et  leurs  propres 
paires  de  courants  descendants  dans  des  plans  alternativement  rectangu¬ 
laires. 

Revenons  maintenant  à  la  membrane  protectrice  et  au  sujet  spécial  qui 
nous  occupe  aujourd’hui. 

Devant  les  faisceaux  vasculaires  primitifs  du  cylindre  central,  les  larges 
cellules  protectrices,  au  nombre  de  cinq  assez  souvent,  sont  simples  et  n’of¬ 
frent  rien  de  remarquable  (1).  Mais  celles  qui  correspondent  aux  groupes  libé¬ 
riens,  au  nombre  de  quatre  a  six  ordinairement,  d’abord  simples,  se  sont 
agrandies  dans  le  sens  du  rayon,  puis  dédoublées  par  une  cloison  tangentielle 
extérieure  aux  plissements  en  deux  éléments  superposés  ;  le  plus  interne  est 
plus  petit  que  l’autre  et  porte  le  cadre  de  plissements.  Puis  les  coins  des 
nouvelles  cellules  se  sont  arrondis,  et  les  étroits  méats  en  forme  de  losange  qui 
résultent  de  leur  écartement  se  sont  remplis  d’une  huile  essentielle  d’un  jaune 
verdâtre,  tandis  que  les  cellules  elles -mêmes  demeurent  hyalines  et  en  appa¬ 
rence  sans  aucun  caractère  spécial.  Quelquefois  on  voit  l'huile  verte  remplir 
aussi  quelques-uns  des  méats  plus  larges  qui  existent  entre  les  cellules  protec¬ 
trices  dédoublées  et  celles  de  l’avant-dernière  assise  corticale;  mais  cela  n’est 
qu’accidentel.  Il  se  fait  donc  ainsi  normalement,  en  dehors  des  faisceaux 
libériens  primitifs,  un  arc  de  cinq  à  sept  canaux  interstitiels  oléifères,  entourés 
chacun  par  quatre  grandes  cellules  transparentes  et  incolores,  etqui  cheminent 


(1)  Si  ce  n’est  toutefois  que,  pendant  la  période  germinative,  c’est  en  elles  seulement 
que  l’amidon  se  forme  aux  dépens  de  l’huile  grasse  contenue  dans  les  cellules  du  paren¬ 
chyme  cortical.  Plus  tard,  cet  amidon  disparaît  en  se  transformant  en  glucose.  Voir  à  ce 
sujet  :  Julius  Sachs,  Ueber  das  Aultreten  der  Stærke  beider  Keimung  œlhaltiger  Saamen 
( Dotan .  Z eitung,  1859,  pp.  177  et  185). 


SÉANCE  DU  : lh  NOVEMBRE  1871. 


291 

côte  à  côte  en  s’anastomosant  çà  et  là  (1).  Ces  canaux  ressemblent,  par  leur 
structure  et  par  leur  disposition,  à  ceux  qui  existent  dans  l'organisation  pri¬ 
maire  de  la  racine  des  Ombellifères  et  des  Araliacées.  Mais,  tandis  que  dans 
ces  familles  (2)  les  canaux  oléifères  de  la  jeune  racine  sont  superposés  aux  fais¬ 
ceaux  vasculaires,  et  qu’ils  appartiennent  au  cylindre  central,  puisqu’ils  sont 
creusés  dans  la  membrane  rhizogène,  dans  le  Tagetes  patula  ces  mêmes 
canaux  sont  superposés  aux  faisceaux  libériens,  et  ils  font  partie  de  l’écorce 
primaire,  puisqu’ils  sont  entaillés  dans  la  membrane  protectrice. 

Période  secondaire.  —  Le  début  de  cette  période  est  marqué  par  le  dédou¬ 
blement,  au  moyen  de  cloisons  tangentielles,  des  cellules  du  rang  conjonctif 
qui  louche  immédiatement  le  faisceau  libérien  primitif.  Les  deux  nouvelles 
cellules  ainsi  formées  se  divisent  ensuite  successivement,  l’externe  en  direc¬ 
tion  centripète,  l’interne  en  direction  centrifuge,  de  manière  à  former  un 
double  massif  de  séries  radiales  où  les  éléments  sont  d’autant  plus  jeunes  qu’ils 
sont  plus  rapprochés  de  la  ligne  médiane  où  est  leur  lieu  de  formation. 

Les  cellules  de  la  région  interne  et  centrifuge  du  massif  se  transforment 
dans  l’ordre  de  leur  production,  c’est-à-dire  de  dedans  en  dehors,  en  vais¬ 
seaux  dont  les  premiers  se  posent  par  conséquent  très-près  de  la  bande  vas¬ 
culaire  primitive,  n’en  étant  séparés  que  par  un  rang  de  cellules  conjonctives. 
Souvent  même  ils  sont  en  contact  direct  avec  cette  bande.  Ces  vaisseaux, 
bientôt  mélangés  de  cellules  allongées  qui  s’épaississent  en  fibres,  forment  le 
bois  secondaire  dont  les  groupes  alternent  par  conséquent  avec  le  bois  pri¬ 
maire.  Ainsi,  tandis  que  le  bois  primaire  est  exclusivement  formé  de  vaisseaux, 
dans  le  boisj  secondaire  les  vaisseaux  se  trouvent  mêlés  de  cellules  allongées 

(1)  Pendant  la  période  germinative  il  ne  se  dépose  pas  d’amidon  dans  les  cellules  qui 
bordent  les  canaux  oléifères,  mais  en  revanche  elles  contiennent  du  tannin  en  abondance 
et  noircissent  par  les  sels  de  fer  (J.  Sachs).  La  membrane  protectrice  est  donc  formée, 
pendant  cette  période,  de  deux  arcs  amylifères  superposés  aux  faisceaux  vasculaires,  et 
de  deux  arcs,  à  la  fois  tannifères  et  oléifères,  superposés  aux  faisceaux  libériens. 

(2)  Voir  à  ce  sujet  :  Recherches  sur  la  symétrie  de  structure  des  plantes  vasculaires  :  — 
la  Racine  —  (Ann.  clés  sc.  nat.  5e  série,  t.  XIII,  pp.  223  et  231,  fig.  52-54).  Dans  le 
pivot  des  Ombellifères,  on  trouve,  de  chaque  côté  du  canal  quadrarigulaire  principal,  trois, 
quatre  ou  même  cinq  méats  triangulaires  de  plus  en  plus  étroits.  La  membrane  rhizo¬ 
gène  y  renferme  donc,  vis-à-vis  de  chaque  faisceau  vasculaire,  un  arc  de  sept,  neuf  ou 
onze  canaux  oléifères.  Il  ne  reste  alors,  vis-à-vis  de  chaque  faisceau  libérien  que  quelques 
cellules  non  consacrées  à  la  formation  de  l’huile,  et  remplies  d’un  protoplasma  sombre 
et  un  peu  jaunâtre.  Ce  sont  elles  qui  se  divisent  pour  former  les  radicelles.  Ainsi  réduit, 
chacun  de  ces  arcs  rhizogènes  peut  ne  former  qu’une  seule  radicelle  géminée,  superposée 
au  faisceau  libérien  et  qui  implante  ses  vaisseaux  à  la  fois  sur  les  deux  faisceaux  vascu¬ 
laires  ( loc .  ait.  p.  226).  Les  radicelles  sont  donc  alors,  et  pour  cette  cause,  insérées  en 
deux  rangées  alternes  avec  les  faisceaux  vasculaires  et  avec  les  lignes  d’insertion  des 
deux  cotylédons  supérieurs.  Les  choses  se  passent,  pour  une  raison  anatomique  différente, 
à  peu  près  comme  chez  les  Graminées.  Mais,  que  l’arc  oléifère  se  restreigne  quelque  peu, 
qu’il  se  réduise  par  exemple  à  sept  ou  à  cinq  canaux,  et  l’arc  rhizogène,  s’étendant  à  me¬ 
sure,  pourra  produire  deux  radicelles  contiguës,  une  dans  chaque  moitié.  Chaque  radicelle 
se  dirigera  alors  à  travers  le  parenchyme  cortical  à  à  5  degrés  du  plan  vasculaire  et  implan¬ 
tera  ses  vaisseaux  sur  le  faisceau  vasculaire  correspondant.  Il  y  aura  donc  sur  le  pivot 
quatre  rangées  de  radicelles.  Nous  reviendrons  sur  ce  point  dans  un  prochain  travail. 


292 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  UE  FRANCE. 


en  fibres.  C’est  là,  comme  on  le  sait,  le  caractère  général  des  Dicotylédones 
Angiospermes.  Mais  les  Gymnospermes  se  comportent  autrement.  Le  bois 
secondaire  y  conserve  indéfiniment  le  caractère  de  pureté  du  bois  primaire, 
et  se  trouve  exclusivement  composé  de  vaisseaux  du  même  ordre,  en  mettant 
à  part,  bien  entendu,  les  rayons  parenchymateux  (1).  Quant  aux  Monoco- 
lylédones  et  aux  Cryptogames  vasculaires,  il  ne  s’y  fait  jamais  de  bois  secon¬ 
daire,  tandis  qu’il  s’en  fait  toujours  chez  les  Dicotylédones  (2). 

Les  cellules  de  la  région  externe  et  centripète  du  massif  se  transforment 
de  dehors  en  dedans  en  un  mélange  de  vaisseaux  grillagés  et  de  cellules  libé¬ 
riennes  ordinaires.  Ce  mélange  constitue  le  liber  secondaire  qui  est  super¬ 
posé  au  liber  primaire. 

Il  se  forme  donc,  au  début,  sur  le  bord  interne  de  chaque  faisceau  libé¬ 
rien  primitif  et  par  le  jeu  double  d’un  arc  générateur  d’origme  conjonctive, 
un  faisceau  double,  libérien  en  dehors,  ligneux  en  dedans,  que  j’appellerai 
donc  libéro-ligneuXt  et  qui  refoule  en  dehors  le  faisceau  libérien  primitif  qu’il 
déborde  beaucoup  de  chaque  côté.  Bientôt  les  cellules  rhizogènes  superposées 
aux  vaisseaux  primitifs  se  dédoublent,  et  quand  les  arcs  générateurs,  dans 
leur  déplacement  vers  l’extérieur,  sont  parvenus  à  faire  partie  d’une  circon¬ 
férence  tangente  aux  vaisseaux  les  plus  étroits,  ils  se  réunissent  l’un  à  l’autre, 
par  l’intermédiaire  de  la  moitié  interne  des  cellules  rhizogènes  ainsi  dédou¬ 
blées,  en  une  couche  génératrice  qui  produit  désormais  un  anneau  libéro- 
iigneux  continu.  Plus  tard  cet  anneau  se  divise,  par  la  formation  de  rayons 
parenchymateux  internes  qui  se  continuent  à  la  fois  dans  le  liber  et  dans  le 
bois,  en  un  certain  nombre  de  bandes  rayonnantes  libéro-ligneuses.  Enfin, 
mais  assez  tard,  les  cellules  de  la  membrane  rhizogène,  par  exemple  celles 
qui  séparent  les  groupes  libériens  primaires  de  la  membrane  protectrice,  se 
divisent,  non-seulement  par  des  parois  radiales,  comme  elles  l’ont  fait  jus¬ 
qu’alors  pour  se  prêter  à  l’extension  progressive  du  cylindre  central,  mais 
encore  par  des  cloisons  tangentielles  de  manière  à  former  une  zone  peu  épaisse 
de  parenchyme  cortical  secondaire. 

Voilà  comment  les  formations  secondaires  s’introduisent  peu  à  peu  dans  le 
cylindre  central  de  la  racine,  dont  elles  accroissent  progressivement  le  dia¬ 
mètre  jusqu’à  la  fin  de  la  période  végétative. 

Que  deviennent  pendant  ce  temps  et  notre  parenchyme  cortical  primaire  et 
nos  canaux  oléifères?  L’écorce  primaire  se  prête,  grâce  à  ladivisionde  ses  cel¬ 
lules  par  des  cloisons  à  la  fois  tangentielles  et  radiales,  à  l’extension  progressive 
du  cylindre  central.  Elle  persiste  donc  sans  s’exfolier.  Les  cellules  de  la  mem¬ 
brane  protectrice  qui  bordent  et  séparent  les  canaux  oléifères  s’étendent 
d’abord  tangentiellement,  puis  chacune  d’elles  se  divise  en  deux  par  une  cloi- 


(1)  Voir  sur  ce  point  :  Ann.  des  sc.  nat.  5e  série,  t.  XIII,  pp.  187  et  suiv. 
2)  Loc.  cil .,  pp.  258  et  suiv.,  et  p.  279. 


SÉANCE  DU  24  NOVEMBRE  1874. 


293 


son  radiale,  plissée  comme  les  parois  latérales  primitives  et  au  même  endroit, 
mais  sans  laisser  toutefois  de  méat  oléifère  entre  ses  deux  moitiés  et  les  deux 
moitiés  correspondantes  de  la  cellule  superposée  qui  se  dédouble  en  même  temps 
qu’elle.  Puis  chaque  cellule  nouvelle  se  divise  en  deux  de  la  même  façon,  et 
ainsi  de  suite.  De  sorte  qu’au  bout  d’un  certain  temps,  deux  quelconques  des 
canaux  oléifères  primitifs,  d’abord  isolés  par  une  seule  largeur  de  cellule,  se 
trouvent  séparés  par  une  vingtaine  de  cellules  protectrices  plissées,  nées  à  l’in¬ 
térieur  d’un  seul  élément  primitif.  Les  cellules  plissées  ne  se  divisant  jamais 
par  des  cloisons  tangentiellcs,  les  canaux  oléifères  un  peu  élargis  demeurent 
toujours  appliqués  immédiatement  contre  la  membrane  protectrice. 

Ainsi  les  canaux  oléifères  persistent  dans  le  parenchyme  cortical  primaire 
jusqu’à  la  fin  de  la  période  végétative.  Leur  nombre  ne  s’accroît  pas  et  ils  ne 
s’écartent  pas  de  la  membrane  protectrice,  mais  ils  s’éloignent  progressivement 
les  uns  des  autres  pour  se  distribuer  uniformément  à  la  surface  du  cylindre 
central  à  mesure  que  ce  dernier  s’élargit. 

Mais,  si  le  cylindre  central  est  absolument  privé  d’huile  essentielle  dans  sa 
période  primaire,  ne  s’v  forme-t-il  jamais  d’essence  dans  les  productions  se¬ 
condaires  ?  Pendant  longtemps  on  n’en  voit  pas.  Toutefois,  si  l’on  examine  la 
base  du  pivot  à  l’automne,  on  en  rencontre  en  certains  points  situés  dans 
les  rayons  parenchymateux  du  liber  secondaire;  il  n’y  en  a  pas  dans  la  partie 
de  ces  rayons  qui  traverse  le  bois.  Et  l’on  s’assure  que  l’huile  essentielle  y  est 
sécrétée  et  demeure  contenue  directement  dans  certaines  cellules  de  ces 
rayons,  isolées  ou  associées  en  groupes  au  milieu  d’autres  cellules  hyalines  ; 
elle  ne  se  déverse  pas  dans  des  canaux  interstitiels.  L’huile  y  apparaît  d’ailleurs 
de  dehors  en  dedans.  Elle  se  forme  d’abord  dans  les  cellules  les  plus  âgées  du 
rayon,  où  elle  est  déjà  d’un  jaune  orangé  quand  les  éléments  plus  intérieurs 
commencent  seulement  a  acquérir  une  légère  teinte  verdâtre. 

En  résumé,  dans  l’organisation  primaire  de  la  racine,  qu’elle  soit  princi¬ 
pale  ou  secondaire,  normale  ou  adventive,  l’huile  essentielle  est  contenue  dans 
un  système  d’étroits  canaux  quadrangulaires  (1)  creusés  dans  l’épaisseur  de 
la  membrane  protectrice  dédoublée,  et  associés  au  nombre  de  six  ordinai¬ 
rement  au  dos  de  chaque  faisceau  libérien  primitif.  Les  cellules  dédoublées  de 
ces  arcs  oléifères  superposés  aux  faisceaux  libériens,  dans  lesquelles  se 
forme  l’huile  qui  se  déverse  dans  les  canaux,  se  montrent  dès  l’origine  douées 
de  propriétés  différentes  de  celles  des  éléments  qui  forment  les  arcs  protecteurs 
alternes  superposés  aux  faisceaux  vasculaires.  Car,  tandis  que  ces  derniers 
sont  le  lieu  exclusif  de  la  formation  et  du  dépôt  transitoire  de  l’amidon  pen¬ 
dant  la  période  germinative,  les  premiers  sont,  pendant  cette  même  période, 
le  siège  principal  de  la  production  transitoire  du  tannin. 

(1)  Les  deux  canaux  extrêmes  de  l’arc  sont  toujours  triangulaires;  tous  les  autres 
quadrangulaires.  Dans  l’arc  de  canaux  oléifères  de  la  racine  des  Ombellifères,  au  contraire, 
le  canal  médian  seul  est  quadrangulaire,  tous  les  autres  triangulaires. 


29 h  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Plus  tard,  après  l’apparition  des  faisceaux  puis  de  l’anneau  libéro-ligneux 
secondaires,  ces  canaux  subsistent  seuls,  mais  ils  vont  sans  cesse  s’écartant 
l’un  de  l’autre  en  demeurant  toutefois  en  contact  avec  la  membrane  plissée, 
et  ils  se  distribuent  en  définitive  uniformément  au  pourtour  du  cylindre  cen¬ 
tral  élargi. 

Enfin,  vers  le  déclin  de  la  période  végétative  et  dans  la  région  la  plus  âgée  de 
la  racine,  on  voit  apparaître,  dans  certaines  cellules  des  rayons  du  liber  secon¬ 
daire,  une  huile  essentielle  toute  semblable  à  celle  que  recèlent  les  canaux 
corticaux.  A  l’appareil  interstitiel  primitif  si  nettement  circonscrit  se  superpose 
alors  un  appareil  cellulaire  assez  vaguement  limité. 

(A  suivre.) 

Lecture  est  donnée  de  la  communication  suivante,  adressée  à  la 
Société. 

QUELQUES  PLANTES  DU  DÉPARTEMENT  DU  NORD,  par  M.  Adrien  WARIOM. 

(Lyon,  septembre  1871.) 

Il  n’existe  point  de  catalogue  récent  des  plantes  du  département  du  Nord,  et 
les  découvertes  faites,  il  y  a  quelques  années,  par  M.  Cussac  aux  environs  de 
Lille  et  de  Dunkerque,  par  M.  de  Mélicocq  dans  la  forêt  de  Raisinés,  et  par 
M.  A.  Lelièvre  aux  environs  de  Valenciennes,  sont  presque  toutes  restées  iné¬ 
dites  et  perdues  pour  la  géographie  botanique  de  France.  Dans  ces  conditions, 
il  m’a  paru  de  quelque  intérêt  de  publier  la  liste  des  plantes  les  plus  remar¬ 
quables  que  j’ai  récoltées  pendant  un  séjour  de  plusieurs  moisà  Lille.  Quelques- 
unes  ( Elodea  canodensis ,  Lemnct  arrhiza, etc.) n’avaient  pas  encore,  je  crois, 
été  signalées  dans  la  région  ;  quant  à  celles  que  j’indique  dans  la  forêt  de 
Raisinés,  je  dois  ajouter  que  je  les  ai  récoltées  sous  la  conduite  de  M.  Lelièvre, 
auquel  je  suis  heureux  d’offrir  ici  l’expression  de  toute  ma  reconnaissance. 

Ranunculus  Drouetii  F.  Sch. —  Fossés  à  Saint-Omer.* 

Diplotaxis  tenuifolia.  —  Ab.  remparts  de  Lille. 

Cardamine  hirsuta.  —  Fossés  des  fortifications  à  Lille;  Saint-Amand,  forêt  de  Raismes. 
Sagina  eiliata  Fr. —  Champs  sablonneux  à  Canin,  Saint-Amand  et  au  Mont  des  Bruyères. 
Arenaria  leptoclados  Guss. —  Champs  sablonneux  à  Saint-Amand  et  au  Mont  des  Bruyères. 
Stellaria  nemorum.  —  Forêt  de  Raismes. 

Genisla  anglica.  —  Forêt  de  Raismes. 

Trifolium  micranthum  Viv.  —  Bords  d’un  chemin  sablonneux  près  la  forêt  de  Raismes. 
Sium  latifolium.  —  Ab.  fossés  à  Saint-Omer,  Lille,  Saint-Amand,  forêt  de  Raismes. 
Selinum  Carvifolia.  — Forêt  de  Raismes. 

Senecio  Fuchsii  Gm.  —  Forêt  de  Raismes. 

Gnaphalium  uliginosum.  Type  à  akènes  lisses  et  glabres.  —  Lille  et  Saint-Amand. 
Carduus  acanthoides.  —  Ab.  remparts  de  Lille,  où  je  n’ai  rencontré  ni  le  C.  nutans ,  ni 
le  C.  crispas. 

Vaccinium  Myrlillus.  —  Forêt  de  Raismes. 

—  Vitis-idæa.  —  Forêt  de  Raismes. 

Erica  Tetralix,  -  Forêt  de  Raismes. 


SÉANCE  DU  24  NOVEMBRE  1871. 


295 


Hottonia  palustris.  —  Ab.  fossés  à  Saint-Omer,  Lille,  Saint-Amand,  Valenciennes. 

Myosotis  repens  Don,  —  Lille. 

—  strigulosa  Rchb.  —  Forêt  de  Raismes. 

• —  lingulata  Lehm.  —  Forêt  de  Raismes. 

—  intermedia  Link,  var.  dnmetorum  Crép. —  Forêts  de  Phalempin  et  de  Raismes. 

Linaria  Cymbalaria.  —  Vieux  murs  à  Lille  et  à  Saint-Omer  ;  rare. 

Scutellaria  minor.  —  Forêt  de  Raismes. 

Plantago  Coronopus.  —  Saint-Amand. 

Rumex  maritimus.  • —  Lille. 

—  sang-uineus.  —  Forêts  de  Phalempin  et  de  Raismes. 

—  Hydrolapathum.  — -  Saint-Omer,  Lille,  Saint-Amand. 

Scilla  bifolia,  —  Forêt  de  Phalempin. 

Endymion  nutans.  —  Forêt  de  Phalempin. 

Maianthemum  bifolium.  —  Ab.  forêts  de  Phalempin,  de  Vicoigne,  de  Raismes. 

Stratiotes  aloides  L.  —  Indiqué  depuis  longtemps  à  Lille,  où  il  n’existe  plus,  les  fossés 
qu’il  remplissait  ayant  été  comblés.  —  Se  trouve  en  immense  quantité  dans  tous 
les  fossés  des  prairies  entre  Saint-Omer,  Saint-Momelin  et  Watten,  et  certainement 
ailleurs  dans  cette  direction.  Localité  très-remarquable,  qui  vient  se  rattacher  aux 
stations  de  la  plante  en  Hollande  et  en  Belgique,  et  qui  marque  peut-être  la  limite 
du  Stratiotes  vers  le  sud  ouest.  —  Le  Stratiotes  avait  déjà  été  signalé  par  M.  Cussac 
aux  environs  de  Saint-Omer,  mais  cette  indication  se  trouve  comme  perdue  dans  le 
supplément  de  la  llore  de  l’arrondissement  de  Hazebrouck  de  M.  Vandamme. 

Elodea  canadensis  Mich  —  Très-abondant  dans  la  Scarpe  (à  Saint-Amand)  et  dans  un 
petit  ruisseau  qui  vient  s’y  jeter.  —  Celte  plante,  qui  se  répand  chaque  jour  davan¬ 
tage  en  Belgique,  se  rencontrera  certainement  dans  les  canaux  du  Nord.  —  En  1868 
et  1869,  je  l’ai  récoltée  en  très-grande  abondance  dans  tous  les  fossés  et  ruisseaux 
du  bois  de  Vincennes,  surtout  vers  Saint-Mandé  et  derrière  1  hôpital  militaire. 

Potamogeton  rufescens.  —  Lille. 

—  aculifolius.  —  Lille,  Saint-Omer. 

Lemna  arrhiza.  —  Dans  un  fossé,  derrière  la  citadelle  de  Lille,  où  la  plante  se  trouve  en 
sociétédes  autres  .Lemna,  mais  rare.  —  A  Valenciennes,  M.  Lelièvre  me  l’a  montrée 
très-abondante  dans  les  fossés  des  fortifications  ;  il  me  l’a  également  indiquée  dans 
les  fossés  des  fortifications  de  Douai. 

Juncus  obtusiflorus.  —  Lille,  rare  ;  forêt  de  Raismes. 

—  supinus.  —  Forêt  de  Raismes. 

Carex  pilulifera.  —  Forêt  de  Raismes 

—  OEderi.  —  Forêt  de  Raismes. 

—  binervis.  —  Forêt  de  Raismes. 

—  Pseudocyperus.  —  Lille  et  Saint-Amand. 

Calamagrostis  lanceolata.  —  Forêt  de  Raismes. 

Danthonia  decumbens.  —  Forêts  de  Raismes  et  de  Phalempin. 

Ophioglossum  vulgatum.  —  Lille. 

Polystichum  Oreopteris.  —  Forêt  de  Raismes,  rare  ;  mais  abondant  dans  la  forêt  de  Mor- 
mal,  d’après  M.  Lelièvre. 

Blechnum  Spicant.  —  Forêt  de  Raismes,  abondant. 

Cystopteris  fragilis.  —  Forêt  de  Raismes. 

Equisetum  hiemale.  —  Forêt  de  Raismes. 

M.  le  Président  donne  lecture  de  la  lettre  suivante,  qu’il  a  reçue 
de  M.  Ch.  Royer  : 


LETTRE  DE  M.  Cil.  KO  1ER  A  M.  GERMAIN  DE  SAINT-PIERRE. 


Monsieur  le  Président, 


Saint-Remy,  25  août  1871. 


Permeltez-moi  de  revenir  sur  la  distinction  qu’il  me  semble  utile  d’établir 


29(3 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


entre  souche  et  rhizome,  et  qui  a  eu  la  mauvaise  fortune  de  rencontrer  vos 
critiques  ;  critiques  du  reste  empreintes  de  tant  de  bienveillance  que  je  dois 
vous  témoigner  toute  ma  gratitude.  Les  exemples  suivants,  empruntés  à  des 
plantes  drageonnantes,  viendront  peut-être  à  l’appui  de  mon  innovation  : 

Le  Mercurialis  perennis,  arraché  avec  soin,  offre  un  vaste  rhizome  sur 
lequel  on  remarque,  espacées  de  8  à  12  centimètres,  plusieurs  nodosités  d’où 
partent  les  tiges,  les  drageons  et  les  pseudorrhizes  ;  chacune  de  ces  nodosités 
joue  le  rôle  de  centre  vital  et  constitue  une  souche.  J’appelle  article  la  partie 
du  rhizome  qui  les  sépare  ;  les  articles  du  Mercurialis  perennis  sont  formés 
d’un  ou  deux  mérilhalles  et  ne  donnent  naissance  à  aucune  des  productions 
qui  caractérisent  les  souches. 

Si  l’on  passe  à  un  Carex  acuta  Fries,  on  trouve  encore  des  souches  dra¬ 
geonnantes  et  radicantes  à  l’exclusion  des  articles,  mais  avec  cette  différence 
qu’elles  sont  en  outre  cespiteuses. 

Les  souches  du  rhizome  de  YEpipactis  palustris  émettent  aussi  les  dra¬ 
geons,  mais  une  partie  seulement  des  pseudorrhizes,  qui  pour  le  surplus 
naissent  sur  toute  la  longueur  des  mérithalles  supérieurs  de  chaque  article. 

Chez  Y Æ gopodium  Podagraria ,  une  partie  des  pseudorrhizes  est  produite 
par  les  souches;  les  autres  le  sont  par  les  nœuds  des  mérithalles  de  chaque 
article,  et  non  plus  sur  toute  la  longueur  de  certains  mérithalles,  comme  il 
arrive  à  l’ E pipactis  palustris.  VÆ.  Podagraria  diffère  en  outre  des  trois 
plantes  précédentes  en  ce  qu’il  drageonne,  non  par  ses  souches,  mais  par  ses 
articles. 

Voici  en  quelques  mots  le  résumé  de  ces  détails  : 

Mercurialis  perennis  }  Rhizome  drageonnant  et  radicant  aux  souches  qui  sont  simples 

et  Carex  acuta.  |  (. Mercurialis  perennis ),  ou  cespiteuses  [Carex  acuta) . 

„  .  ...  (  Rhizome  drageonnant  par  les  souches,  radicant  aux  souches  et 

Eptpacl.s  palustris.  j  gur  tQute  ,.étendue  de  la  parlie  supérieu’re  des  articles. 

Ægopodium  Poda-  (  Rhizome  drageonnant  par  les  articles,  radicant  aux  souches  et 
g r aria.  )  aux  nœuds  des  mérithalles  des  articles. 

Dans  les  meilleurs  ouvrages  descriptifs  on  lit  : 

I  Souche  longuement  rampante,  à  racines  fasciculées  au  niveau  des 
nœuds  des  anciennes  tiges. 

Rhizome  longuement  traçant,  à  fibres  radicales  très-longues,  ver- 
ticillées  à  la  base  des  tiges. 

Racine  rampante. 

/  Souche  cespiteuse,  émettant  des  rhizomes  obliques. 
n  \  Souche  rampante,  stolonifère. 

arex  acu  a.  \  j^acjne  épaisse,  rampante. 

\  Radix  stolonifera. 

i Rhizome  traçant. 

Souche  oblique,  garnie  de  fibres. 

Racine  longuement  rampante,  émettant  des  stolons. 

Ægopodium  Poda-  [  Souche  rampante. 

graria.  \  Racine  traçante. 


SÉANCE  DE  2/|  NOVEMBRE  1871. 


297 


On  voit  tout  de  suite  combien  est  défectueuse  lu  glossologie  en  usage  pour  les 
parties  souterraines,  puisque  souche,  racine  stolonifère,  rampante  et  traçante, 
racines  et  fibres  radicales,  stolons  et  rhizomes,  peuvent  être  synonymes  ;  et 
puisque  encore  une  diagnose  en  termes  identiques  caractérise  parfois  des  sys¬ 
tèmes  souterrains  dissemblables  sous  beaucoup  de  rapports. 

En  continuant  donc  à  n’user  que  d’un  seul  des  mots  souche  et  rhizome, 
et  en  ne  distinguant  pas  dans  un  rhizome  les  souches  et  les  articles,  on 
restera  dans  l’impossibilité  d’indiquer  s’il  y  a  plusieurs  souches  réparties  sur 
l’ensemble  du  rhizome;  à  quels  points  si  variés  du  rhizome  naissent  les  dra¬ 
geons  et  les  pseudorrhizes,  etc.  Une  description  complète  doit  dire  en  outre  si 
les  souches  sont  définies  ou  indéfinies;  si  le  rhizome  est  ou  non  sympodique  ; 
elle  doit  mentionner  la  forme,  la  longueur  et  les  écailles  des  drageons  ;  la  di¬ 
rection,  la  grosseur,  la  vestiture  et  la  période  active  des  pseudorrhizes  ;  les 
caractères  anatomiques  des  drageons,  des  pseudorrhizes,  ou  ceux  de  la  racine; 
le  remplacement  de  la  racine  par  des  pseudorrhizes,  ou  simplement  le  rôle 
auxiliaire  de  celles-ci  ;  la  persistance  et  les  dimensions  des  articles  ;  l’alternance 
de  floraison  et  de  foliation  de  certaines  souches;  leur  durée,  leur  extinction 
définitive  ou  leurs  divers  modes  de  remplacement;  leur  mise  en  liberté  par 
destruction  des  articles  intermédiaires,  et  leur  élévation  au  rang  d’individus 
distincts,  etc.;  toutes  particularités  si  nombreuses  et  si  importantes  que  l’on 
peut,  grâce  à  elles  seules,  déterminer  quantité  d’espèces  aussi  sûrement  et 
aussi  facilement  que  par  la  méthode  florale.  C’est  ce  qu’un  travail,  en  prépa¬ 
ration  depuis  plusieurs  années  déjà,  me  permettra,  si  je  ne  m’abuse,  de  prou¬ 
ver  prochainement. 

Si  vous  pensez,  Monsieur  le  Président,  que  ces  observations  puissent  offrir 
quelque  intérêt  à  la  Société,  je  vous  serai  bien  reconnaissant  de  me  faire  l’hon¬ 
neur  d’en  donner  communication. 

Veuillez  agréer,  etc. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  s’exprime  ensuite  en  ces  termes  : 

Je  ne  puis,  à  l'occasion  de  la  lettre  que  notre  honorable  et  savant  confrère 
M.  Royer  me  fait  l’honneur  de  m’adresser,  que  répéter  ce  que  j’exprimais 
dans  ma  réponse  à  une  première  lettre  sur  le  même  sujet  (1). 

Comme  ledit  M.  Royer  «  Les  expressions  :  souche,  racine  stolonifère  ram¬ 
pante  et  traçante,  racine  et  fibres  radicales,  stolons  et  rhizome,  ont  été  em¬ 
ployées  dans  divers  ouvrages  comme  synonymes,  en  même  temps  que  des 
systèmes  souterrains  dissemblables  ont  souvent  été  décrits  en  termes  iden¬ 
tiques.  »  Aussi  ai -je,  de  mon  côté,  proposé  une  classification  morphologique 
pour  les  organes  souterrains  des  plantes  :  tiges  souterraines  et  racines. 

(1)  Voyez  le  Bulletin ,  t.  XVII,  pp.  250  à  256,  et  la  note  placée  au  bas  de  la  page  195 
du  présent  volume. 


298 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

J’ai  conservé,  autant  que  possible,  les  termes  anciens  dont  la  signification 
est  précise  et  presque  universellement  admise  (que  cette  signification  ait  été 
ou  non  toujours  bien  connue  de  ceux  qui  les  ont  employés).  Au  nombre 
de  ces  expressions  dont  le  sens  m’a  paru  bien  déterminé,  sont  les  mots  souche  a t 
rhizome. 

Souche  est  l’ensemble  du  système  souterrain  d’une  plante  (lige  souter¬ 
raine  et  racine)  quelles  qu’en  soient  les  formes  et  la  disposition. 

Rhizome  est  la  partie  souterraine  de  la  tige,  surtout  quand  cette  lige  sou¬ 
terraine  est  allongée,  oblique,  couchée  ou  traçante  (qu’elle  soit  grêle  ou 
épaisse,  ligneuse  ou  charnue,  qu’elle  émette  plus  ou  moins  de  stolons,  que 
les  articles  soient  longs  ou  courts,  qu’elle  appartienne  au  système  défini  ou  au 
système  indéfini).  Les  bulbes  et  les  tubercules  sont  des  dépendances  ou  des 
formes  particulières  du  rhizome. 

Racine  stolonifëke,  racine  rampante,  racine  traçante,  sont  des  expres¬ 
sions  souvent  employées  «  tort  pour:  rhizome  stolonifère,  rhizome  traçant, 
ou  même  souche  stolonifère,  souche  traçante  ;  cependant  l’expression  racine, 
stolonifère  peut  s’appliquer  exactement  à  certaines  racines  (peu  communes) 
qui  émettent  normalement  de  nombreux  bourgeons  adventifs  latéraux,  lesquels 
s’allongent  en  stolons  se  terminant  en  tiges  aériennes  (les  racines  de  X  Eu- 
phorbia  Cyparissias  par  exemple). 

Le  mot  racine  n’est  du  reste  jamais  employé  aujourd’hui,  comme  syno¬ 
nyme  de  souche  ou  de  rhizome ,  que  par  des  descripteurs  inattentifs  ou  inex¬ 
périmentés.  Le  caractère  si  simple  et  si  absolu  sur  lequel  j’ai  insisté  :  absence 
de  bourgeon  terminal  pour  la  racine ,  ne  permet  pas  de  confusion  à  cet 
égard. 

Je  suis  heureux,  du  reste,  d’avoir  à  reconnaître  que  la  divergence  d’opinions 
qui  peut  se  trouver  sur  ces  points  entre  M.  Royer  et  moi  porte  presque  com¬ 
plètement  sur  les  mots.  Relativement  aux  faits  observés,  je  suis  généralement, 
sur  les  points  essentiels,  en  communauté  d’opinions  avec  notre  laborieux 
et  savant  confrère,  et  je  suis  heureux  de  trouver  une  nouvelle  occasion  de  le 
féliciter  de  son  zèle  à  poursuivre  de  son  côté,  comme  je  le  fais  du  mien, 
l'étude  comparative  des  divers  modes  de  végétation  des  plantes. 

MM.  Roze  et  Cornu  présentent  à  la  Société  une  culture  floris¬ 
sante  du  Pilobolus  crystallinus  sur  du  fumier  de  cheval. 

Ce  curieux  Mucoi\  qui  à  la  maturité  projette  ses  conceptacles  à  une  dis¬ 
tance  considérable,  se  développa  sur  du  fumier  de  chat,  dans  la  serre  de 
M.  Roze,  au  moisd’octobre,  et  de  là  se  répandit  rapidement  sur  d’autres  fumiers 
(cheval,  lapin)  servant  à  d’autres  cultures.  31.  Roze  a  trouvé  dans  le  substra¬ 
tum  des  spores  étoilées  comme  celles  signalées  par  M.  l’abbé  Coemans,  revues 
par  MM.  De  Bary  et  Voronine,  mais  sur  lesquelles  ou  ne  sait  encore  que  bien 


SÉANCE  DU  2Zl  NOVEMBRE  187t. 


299 


peu  de  chose.  M.  De  Bary,  dans  sou  livre  (1),  est  très-peu  explicite  sur  ce  sujet. 
Elles  sont  portées  par  des  filaments  spéciaux  du  mycélium  recourbés  à  leur 
extrémité  et  cloisonnés.  La  membrane  est  épaisse  et  jaunâtre.  Elles  ne  provien  - 
nent  pas  d’une  conjugation  et  sont  formées  librement  à  l’extrémité  des  ra¬ 
meaux.  La  germination  n’a  pas  encore  été  observée.  La  présente  culture  a  été 
obtenue  en  délayant  dans  de  l’eau  un  substratum  qui  présentait  le  Pilobolus  en 
abondance,  et  en  versant  de  l’eau  sur  du  fumier  frais.  L’apparition  du  Mucor 
eut  lieu  après  neuf  jours;  à  cette  époque  les  spores  étoilées  étaient  déjà  abon¬ 
damment  formées. 

M.  Germain  de  Saint-Pierre  dit  avoir  observé  autrefois  le  Pilobolus 
sur  des  substratum  analogues  dans  son  jardin  de  la  rue  de  Ma¬ 
dame  (à  Paris)  ;  mais  il  n’était  pas  muni  d’un  long  pédicelle,  et  pré¬ 
sentait  un  renflement  plus  considérable  au-dessous  du  conceptacle. 

M.  Gaston  Genevier  (de  Nantes)  dit  que  le  Pilobolus  n’est  pas 
rare  à  Nantes  et  aux  environs,  sur  le  fumier  de  cheval;  la  forme 
qu’il  a  observée  se  rapporte  à  celle  dont  vient  de  parler  M.  Germain 
de  Saint-Pierre. 

M.  Roze  fait  remarquer  la  tendance  du  Pilobolus  à  se  diriger 
vers  la  lumière,  tendance  qui  se  traduit  par  une  forte  courbure  du 
support. 

M.  Roze  met  ensuite  sous  les  yeux  de  la  Société  de  beaux  échan 
tillons  de  YOnygena  equina)  développé  sur  une  queue  de  cheval  et 
rencontré  à  Chaville  (Seine-et-Oise),  le  20  novembre  1871.  Cette  es¬ 
pèce  est  presque  identique  avec  l’O.  cervina,  sur  lequel  MM.  Tulasne 
ont  publié  un  mémoire  (in  Ann.  sc.  nat.  3e  série,  t.  I,  pp.  367 
et  suiv.)  et  qu’ils  ont  trouvé  sur  les  plumes  d’un  passereau. 

Lecture  est  donnée  des  communications  suivantes,  adressées  à  la 
Société  : 

DE  L’ACTION  PHYSIOLOGIQUE  DE  LA  GELÉE  SUR  LES  VÉGÉTAUX  (suite), 

par  91.  Émile  llEllt  (2). 

VI.  — Exposé  d’une  théorie  moléculaire  propre  à  expliquer  l’action 
d’une  basse  température  sur  les  tissus. 

Les  physiologistes  allemands  ne  se  sont  pas  contentés  d’étudier  les  effets  du 
froid  et  les  causes  qui  peuvent  exercer  quelque  influence  dans  ce  phénomène; 
ils  ont  également  cherché  à  pénétrer  ie  motif  pour  lequel  un  tissu  est  désor- 

(1)  Morphologie  und  Physiologie  der  Pilze,  p.  179, 

(2)  Voyez  plus  haut,  pp.  164  et  208. 


300 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


ganisé,  quand  il  est  exposé  à  une  certaine  température.  De  leurs  expériences  et 
de  leurs  explications,  on  peut  déduire  la  théorie  suivante  : 

Tout  tissu  végétal  (membranes,  protoplasma,  grains  d’amidon  ou  de  chloro¬ 
phylle)  est,  d’après  M.  Nægcli,  constitué  par  la  réunion  de  particules  solides 
(organiques  et  minérales)  et  de  particules  d’eau.  Par  particules ,  il  faut  en¬ 
tendre  un  groupement  de  molécules  similaires  formées  elles-mêmes  par  la 
réunion  d’atomes,  et,  de  même  qu’il  y  a  des  espaces  intermoléculaires,  on  doit 
admettre  l’existence  d’espaces  interparticulaires.  Ces  particules,  de  nature  dif¬ 
férente,  sont  disposées  dans  un  ordre  déterminé  et  possèdent  des  formes  régu¬ 
lières  :  celles  de  petites  sphères,  d’ellipsoïdes  ou  plus  souvent  de  cristaux 
allongés;  elles  sont  douées  d  attractions  réciproques  qui  varient  suivant  leur 
nature  chimique.  Sous  l’influence  des  forces  extérieures,  telles  que  le  choc,  la 
chaleur,  la  lumière,  l’électricité,  elles  peuvent  s’éloigner  ou  se  rapprocher  les 
unes  des  autres.  Tant  que  ces  forces  n’atteignent  pas  un  certain  degré  d’inten¬ 
sité,  ce  rapprochement  ou  cet  écartement  n’a  lieu  que  dans  une  certaine  limite 
et  la  constitution  du  tissu  n’est  pas  altérée.  Mais,  dès  que  cette  limite  est  dé¬ 
passée,  la  particule  solide  A,  qui  était  accolée  à  la  particule  d’eau  B,  peut  sortir 
de  la  sphère  d’attraction  de  cette  dernière  et  tomber  dans  celle  de  la  particule 
solide  C.  De  son  côté  la  particule  d’eau  B,  qui  n’est  plus  soumise  à  l’attraction 
de  la  particule  solide  A,  peut  être  attirée  par  une  particule  voisine. 

C’est  à  l’aide  de  cette  théorie  que  M.  Nægeli  explique  la  croissance  des 
tissus,  le  pouvoir  d’imbibition  des  membranes,  la  formation  des  grains  d’ami¬ 
don  et  des  cristalloïdes,  enfin  le  mouvement  des  organes  protoplasmiques. 

Elle  peut  servir  aussi  à  expliquer  l’action  des  températures  anormales  sur 
les  tissus. 

On  conçoit,  en  effet,  que,  à  mesure  que  la  température  s’abaisse,  les  vibra¬ 
tions  des  particules  devenant  de  moins  en  moins  rapides,  les  espaces  inter¬ 
particulaires  tendent  à  diminuer.  Tant  que  la  température  ne  descend  pas 
au-dessous  d’une  certaine  limite,  l’équilibre  du  système  n’est  pas  changé. 
Mais  il  en  est  autrement  dès  que  cette  limite  est  dépassée.  L’attraction  de  la 
particule  solide  A  pour  la  particule  liquide  B  devient  inférieure  à  son  attrac¬ 
tion  pour  la  particule  solide  voisine  C,  et,  de  son  côté,  la  particule  B  est  plus 
attirée  par  la  particule  liquide  voisine  D  qu’elle  ne  l’était  par  les  particules 
solides  A  et  C.  Les  particules  tendent  donc  à  se  grouper  en  petites  masses 
de  même  nature.  L’arrangement  nécessaire  au  fonctionnement  vital  se  trou¬ 
vant  ainsi  détruit,  le  tissu  est  désorganisé  et  soumis  dès  lors  complètement, 
comme  un  corps  inerte,  aux  influences  extérieures. 

L’eau  de  constitution  n’étant  plus  retenuepar  les  particules  solides,  s’écoule  à 
travers  les  parois  des  cellules,  qui  perdent  ainsi,  suivant  l’expression  de  M.  Sachs, 
«  leur  pouvoir  de  résistance  à  la  filtration  ».  Les  liquides  cellulaires  se  mé¬ 
langent,  et  les  tissus,  ayant  perdu  leur  turgescence,  deviennent  flasques  et 
mous.  Ils  éprouvent  une  contraction  dans  tous  les  sens.  Enfin  cette  eau 


SÉANCE  DU  2/|  NOVEMBBE  1871.  30 L 

devenue  libre  ne  tarde  pas  à  s’évaporer  et  le  tissu  à  se  dessécher  très-rapi¬ 
dement. 

Dans  les  membranes,  il  se  forme  ainsi  des  pores  d’une  ténuité  extrême,  suf¬ 
fisants  cependant  pour  laisser  sortir  le  liquide  cellulaire  et  pénétrer  des  liquides 
étrangers.  C’est  ce  qu’on  peut  facilement  vérifier  si  le  liquide  cellulaire  est 
coloré.  Je  rappellerai  à  ce  propos  un  fait  que  j’ai  déjà  cité  :  ayant  comprimé 
entre  des  feuilles  de  papier  absorbant  des  pétales  violacés  de  Primevère-de-Chine 
désorganisés  par  le  froid,  j’ai  remarqué  que  ces  pétales  laissaient  sur  le  papier 
des  taches  colorées.  M.  Sachs,  ayant  plongé  dans  de  l’eau  des  morceaux  de  bet¬ 
terave  rouge  gelés,  cette  eau  ne  tarda  pas  à  se  colorer  en  rouge.  Ayant  placé 
dans  de  l’acide  sulfurique  pourpre  des  fragments  vivants  et  des  fragments 
gelés  de  rave  blanche,  la  coloration  pénétra  seulement  dans  l’intérieur  des 
derniers.  M.  Kuehne  constata  que  l’arrangement  des  parties  constituantes  du 
protoplasma  est  détruit  par  le  froid,  les  particules  solides  se  groupant  en  pe¬ 
tites  masses  qui  semblent  coagulées.  Il  peut  dans  cet  état  absorber  les  matières 
colorantes,  ce  qu’il  ne  saurait  faire  pendant  la  vie. 

A  l’aide  de  cette  théorie  sur  la  constitution  des  membranes,  on  peut  se  ren¬ 
dre  compte,  dans  une  certaine  mesure  :  l°de  l’action  de  la  chaleur  succédant 
brusquement  à  une  basse  température,  2°  de  l’influence  qu’exerce  dans  le 
phénomène  l’état  d’imbibition  des  tissus. 

1°  Action  de  la  chaleur. — Puisque  les  particules  constitutives  d’un  tissu  ne 
se  trouvent  en  équilibre  stable  qu’entre  certaines  limites  de  température,  on 
comprend  que  si  la  température  n’a  pas  été  assez  basse  pour  les  dissocier, 
mais  suffisante  cependant  pour  les  porter  à  un  état  d’équilibre  instable,  cet 
équilibre  puisse  être  rompu  par  une  très-légère  influence,  telle  qu’une  cha¬ 
leur  un  peu  forte  ou  survenant  brusquement,  ou  même  seulement,  ainsi  qu’on 
l’a  observé,  par  le  contact  du  doigt.  Il  se  passe  alors  dans  le  tissu  quelque 
chose  d’analogue  à  ce  qui  arrive  quand  deux  bulles  d’air  se  trouvent  séparées 
l’une  de  l’autre  par  une  couche  liquide.  Sous  la  plus  faible  impulsion  elles  se 
réunissent.  Si,  au  contraire,  la  température  ne  s’élève  que  graduellement,  de 
manière  que  les  particules  puissent  reprendre  leur  position  normale,  toute 
désorganisation  pourra  ainsi  être  prévenue. 

2°  Influence  de  U imbibition  des  tissus.  —  Quand  un  tissu  aqueux  est  ex¬ 
posé  à  une  basse  température,  les  particules  solides  étant  séparées  les  unes  des 
autres  par  des  particules  d’eau  volumineuses,  leur  attraction  mutuelle  est  di¬ 
minuée;  l’équilibre  du  système  n’est  plus  aussi  stable,  et  sera  dérangé  par  une 
influence  qui  eût  été  insuffisante  si  le  tissu  avait  été  moins  riche  en  eau.  Celte 
influence  aura  d’autant  plus  d’effet  qu’elle  se  sera  exercée  plus  brusquement  ; 
d’où  il  est  probable  que  si  le  passage  rapide  d’une  basse  température  à  une 
température  plus  élevée  est  funeste,  le  passage  inverse  ne  l’est  pas  moins.  Un 
organe  transporté,  par  exemple,  d’un  milieu  à-j-40  degrés,  dans  un  milieu 
à  5  degrés,  pourra  être  désorganisé  quand,  dans  les  conditions  normales,  il 


302 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


ne  l’eût  été  qu’à  0  degré.  Il  serait  à  désirer  que  cette  expérience  fût  faite.  On 
conçoit,  en  effet,  que  l’arrangement  moléculaire  est  plus  facilement  détruit 
par  des  impulsions  brusques  que  par  des  impulsions  graduelles. 

L’action  de  températures  relativement  élevées  sur  les  tissus  et  celle 
de  l’électricité  offrent  la  plus  grande  analogie  avec  celle  des  basses  tempé¬ 
ratures.  On  a  constaté  que  des  organes  peu  riches  en  eau  peuvent  supporter 
des  températures  voisines  de  -\-  50  degrés,  tandis  que  ces  mêmes  organes  plus 
imbibés  se  désorganisent  même  à  -f-  ôO  degrés.  Des  graines  désséchées  peu¬ 
vent,  sans  perdre  leur  faculté  germinative,  être  exposées  à  une  température 
qu’elles  ne  pourraient  supporter  à  l’état  frais.  De  même  que  les  tissus  désor¬ 
ganisés  par  le  froid,  ceux  qui  le  sont  par  la  chaleur  deviennent  mous,  se 
contractent  par  suite  de  l’eau  épanchée,  laissent  filtrer  les  matières  colorantes 
contenues  dans  les  liquides  cellulaires  et  sont  pénétrés  par  les  liquides  colorés 
venant  de  l’extérieur.  Le  protoplasma  se  rassemble  en  petites  masses  séparées. 
L’action  de  l’électricité  sur  le  protoplasma  est  identique,  soit  qu’on  ait  recours 
à  l’électricité  statique,  aux  courants  continus  ou  à  ceux  d’induction.  Si  un 
certain  temps  est  nécessaire  pour  que  l’effet  d’une  température  relativement 
basse  ou  élevée  puisse  se  faire  sentir,  il  faut  aussi  une  certaine  durée  à  un 
courant  faible  pour  produire  quelque  résultat. 

Enfin  des  chocs  peu  violents  produisent  des  effets  analogues.  En  secouant  des 
rameaux,  M.  Hofmeister  a  causé  leur  fanaison.  En  courbant  une  branche  par  une 
impulsion  lente  et  continue  ou  en  la  soumettant  à  deschocs  faibles,  mais  réitérés 
comme  ceux  provenant  des  oscillations  d’un  pendule,  il  la  forçait  à  végéter 
dans  la  direction  qui  lui  était  imprimée.  Les  couches  passives,  distendues 
au  delà  d’une  certaine  limite,  se  constituaient  dans  un  nouvel  état  d’équilibre 
tel  que  les  couches  érectiles  du  côté  convexe  avaient  la  prédominance  sur  les 
couches  érectiles  du  côté  concave.  Je  crois  cet  exemple  propre  à  donner  une 
idée  de  ce  qui  se  passe  dans  la  constitution  intime  des  tissus,  sous  l’empire  des 
influences  extérieures.  Il  y  a  encore  dans  ces  effets  une  question  de  mesure. 
Il  peut  arriver  que  l’arrangement  particulaire  soit  légèrement  troublé,  sans 
que  pour  cela  la  destruction  s’ensuive  :  ainsi  des  protoplasmas  agglomérés 
par  petites  masses  peuvent  quelquefois  reprendre  ensuite  leur  mouvement. 

On  voit,  par  ces  exemples,  que  la  chaleur,  l’électricité  et  la  lumière  pro¬ 
duisent  sur  les  tissus  organisés  des  effets  semblables  :  serait-ce  aller  trop  loin 
que  d’y  trouver  une  nouvelle  confirmation  de  celle  théorie  toute  moderne,  en 
vertu  de  laquelle  ces  trois  agents  ne  sont  que  des  modifications  du  mouve¬ 
ment  ? 

En  résumé,  un  tissu  organisé  est  constitué  par  des  particules  solides  et 
liquides  agrégées  entre  elles  dans  un  certain  état  d'équilibre  stable.  Cet 
équilibre  peut  être  troublé  par  les  forces  extérieures.  Quand  ces  forces  agis¬ 
sent  avec  une  intensité  suffisante ,  tout  en  restant  au-dessous  d'une  certaine 
imite ,  V équilibre  devient  instable;  et,  si  cette  limite  elle-même  est  dépassée , 


SÉANCE  DU  2/|  NOVEMBRE  1871.  803 

il  se  produit  un  nouvel  arrangement  moléculaire  duquel  peut  résulter  la 
désorganisation  définitive  du  tissu. 

Tel  est  le  point  ultime  auquel  la  science  moderne  est  arrivée,  pour  expli¬ 
quer  l’action  des  températures  anormales  sur  les  tissus,  et  les  facultés  si  variées 
de  résistance  que  présentent  sous  ce  rapport  les  divers  organes.  Pourquoi  la 
même  plante  exposée  à  diverses  reprises  à  une  température  donnée  finit-elle 
par  en  souffrir,  alors  que  dans  le  principe  cette  température  n’avait  pas  paru 
lui  nuire?  Pourquoi  telle  plante  se  désorganise-t-elle  dans  un  milieu  où  con¬ 
tinue  à  végéter  telle  autre  plante? 

La  première  question  trouve  une  solution  satisfaisante  dans  la  théorie  que 
j’ai  exposée.  Quanta  la  deuxième,  on  ne  peut  lui  faire  que  cette  réponse  :  les 
constitutions  moléculaires  du  tissu  varient  à  l’infini,  non-seulement  d’espèce  à 
espèce,  mais  d’organe  à  organe,  et  pour  un  même  organe  suivant  son  âge.  Ainsi, 
cet  hiver  (1870-71),  j’ai  constaté  sur  les  Pins-maritimes  qui  peuplent  les  dunes 
et  les  landes  du  golfe  de  Gascogne,  que  toutes  les  feuilles  âgées  de  deux  ans 
avaient  été  jaunies  par  les  gelées  des  mois  de  décembre  et  de  janvier.  Celles 
de  l’année  n’avaient  pas  souffert.  Quelle  est  la  cause  de  cette  anomalie,  alors 
qu’il  semble  que  les  plus  jeunes  eussent  dû  offrir  la  plus  faible  résistance? 
J’ai  observé  ce  fait  sur  de  si  grandes  surfaces,  dans  les  stations  les  plus  diverses, 
qu’on  ne  saurait,  je  crois,  l’attribuer  à  des  conditions  locales.  Il  faut  en 
rechercher  la  cause  jusque  dans  la  constitution  des  tissus. 


VII.  —  Extension  de  la  théorie  précédente  aux  corps  organiques 
et  inorganiques  soumis  à  de  basses  températures. 


Cette  théorie  n’est  pas  seulement  applicable  aux  corps  organisés.  Si  l’on 
fait  geler  de  l’albumine  coagulée,  on  obtient  une  masse  dure,  résonnant 
quand  on  la  laisse  tomber.  En  dégelant,  elle  laisse  suinter  une  grande  quan¬ 
tité  d’eau  que  la  chaleur  ne  peut  plus  coaguler. 

En  répétant  cette  expérience,  j’ai  pu  retirer  d’un  œuf  un  volume  notable 
d’eau.  J’ai  remarqué  que  le  jaune  de  l’œuf  fournissait  moins  d’eau,  par 
la  compression,  que  le  blanc.  Cette  expérience  est  très-remarquable;  car  par 
la  chaleur  l’albumine  n’éprouvant  pas  de  perte  sensible  en  eau,  cette  eau 
de  constitution  et  les  particules  solides  qui  y  étaient  entremêlées  se  sont 
donc  groupées  d’une  autre  manière  par  la  coagulation.  De  visible  qu’elle 
était,  l’eau  est  devenue  ensuite  inappréciable  pour  nous.  Mais  l’état  particu¬ 
lier  que  la  chaleur  a  créé,  le  froid  le  défait  pour  en  constituer  un  autre,  dans 
lequel  l’eau  n’a  pu  se  grouper.  Abandonnée  à  elle-même,  elle  s’est  répandue 
dans  les  mailles  du  réseau  formé  par  les  parties  solides,  s’y  est  coagulée,  et, 
après  le  dégel,  a  suinté  de  toutes  parts. 

Voici  encore  d’autres  expériences  que  j’ai  faites  ou  répétées  ;  une  dissolu- 


304 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


tiou  de  gomme  bien  limpide,  que  l’on  fait  geler,  se  trouble  après  le  dégel;  dans 
les  mêmes  conditions,  une  pâle  faite  avec  de  la  farine  devient  aqueuse. 

Le  vin  qui  a  été  gelé  a  perdu  de  son  bouquet,  de  sa  chaleur  et  de  sa  force, 
et  j’ai  vu  se  former  après  le  dégel  au  fond  d’un  vase  qui  contenait  du  vin,  un 
dépôt  blanc  qui  ne  se  redissolvait  que  difficilement. 

Dans  la  congélation  de  dissolutions  salines,  l’eau  qui  prend  l’état  solide 
se  sépare  des  sels  qu’elle  avait  dissous,  et  ceux-ci,  s’accumulant  dans  la  partie 
restée  aqueuse,  en  augmentent  la  densité.  C’est  ainsi  que  dans  le  Nord  on  se 
procure  le  sel  marin. 

Quand  une  éprouvette  pleine  d’eau  se  prend  en  glace,  on  voit  dans  la  masse 
et  contre  les  parois  du  verre  des  bulles  d’air  emprisonnées. 

Les  fruits  qui  ont  été  gelés  sont  plus  doux,  parce  que  les  dissolutions  de 
sucre  contenues  dans  les  cellules,  et  par  suite  inappréciables  pour  nous  dans 
l’état  normal,  sont  perçues  par  notre  goût,  quand  cette  eau  intérieure  s’est 
épanchée  dans  les  tissus.  Aussi,  dans  certaines  contrées,  fait-on  geler  les  poires 
trop  acides  pour  les  rendre  plus  sucrées  et  comestibles.  La  pomme-de-terre 
gelée  est  douce,  de  même  que  celle  qui  a  déjà  commencé  à  germer. 

La  terre,  après  le  dégel,  est  imbibée  d’eau  comme  après  une  pluie. 

L’encre  ordinaire,  après  le  dégel,  est  devenue  très-pâle.  Le  tannate  de  fer 
et  le  mucilage  gommeux  qui  servait  à  le  maintenir  en  suspension,  se  sont,  en 
grande  partie,  déposés  et  agglomérés.  On  voit,  par  tous  ces  exemples,  que  les 
basses  températures  ont  pour  résultat  de  produire,  dans  les  corps,  des  mou¬ 
vements  moléculaires  tels,  que  les  particules  de  même  nature  tendent  toujours 
à  se  grouper  entre  elles. 

DES  IGNAMES,  par  11.  Paul  SA4.JOT. 

(Cluny ,  juin  4871 .) 

Les  Ignames  appartiennent  à  la  classe  des  Monocotylées  et  à  la  famille  des 
Dioscorinées  dont  elles  représentent  le  type.  Ce  sont  des  plantes  à  tige  volubile 
et  annuelle,  à  souche  vivace  constituant  sous  terre  des  tubercules  farineux  d’un 
volume  souvent  considérable.  Ces  tubercules  cuits  forment  un  aliment  bon 
et  sain. 

Elles  sont  répandues  dans  tout  l’espace  intertropical,  et  chaque  continent 
en  possède  des  espèces  particulières.  Un  très-petit  nombre  croît  dans  les  pays 
tempérés.  Ce  sont  des  plantes  assez  mal  connues  des  botanistes.  Les  unes 
croissent  sauvages  dans  les  forêts  et  plusieurs  au  moins  d’entre  elles  ont  une 
racine  qu’on  peut  manger;  d’autres  sont  cultivées  de  toute  antiquité  en  Asie, 
en  Océanie,  en  Afrique  ou  en  Amérique,  et  de  celles-là  tantôton  connaît,  tantôt 
on  ignore  la  souche  sauvage.  Les  diverses  Ignames  des  cultures  11e  sont  pas  de 
simples  races  ou  variétés  d’une  même  espèce,  mais  des  espèces  botaniques 
très-distinctes,  présentant  un  feuillage  et  un  aspect  général  différents,  des  ra- 


SÉANCE  DU  '2h  NOVEMBRE  1871. 


305 


cines  variables  de  forme,  de  volume  et  de  goût,  dette  confusion  de  plusieurs 
espèces  sous  un  même  nom  agricole  rend  assez,  embarrassante  la  description 
de  la  culture  de  l’Igname.  Il  y  aurait  un  véritable  intérêt  à  bien  connaître 
toutes  les  espèces,  à  les  réunir  dans  quelque  jardin  botanique  des  pays  chauds 
pour  les  comparer,  définir  les  avantages  des  meilleures,  et  donner  les  règles 
précises  de  la  culture  de  chacune. 

Je  dois  évidemment  ne  m’occuper  ici  que  des  espèces  cultivées  à  la  Guyane. 

Nom, s.  — La  nomenclature  se  ressent  de  cette  confusion  d’espèces  diverses 
sous  une  désignation  commune,  et  il  faudrait  plusieurs  pages  pour  énumérer 
les  noms  et  en  débrouiller  la  synonymie.  Je  n’entrerai  pas  dans  de  si  longs 
développements. 

On  appelle  en  général  les  Ignames  :  dans  les  colonies  anglaises  et  hollan¬ 
daises  d’Amérique,  yams;  au  Brésil,  caras  ;  dans  quelques  anciennes  colonie 
espagnoles  d’Amérique,  ajes  ;  à  l’île  Bourbon,  cambares. 

Noms  indigènes  :  caraïbe,  namain ,  et  quelques  espèces  particulières  cou- 
chou,  cayarali ,  inicoma.  —  Yam ,  mot  d’origine  américaine  qu’on  trouve 
dans  de  très-anciens  auteurs,  Vespucci,  Cabral(Alph.  deCandolle,  Géographie 
bot.)i  mexicain,  iz;  langue  indienne  d’Haïti,  âge  ;  langue  malaise,  ubi ;  Taïli, 
ubi ;  Nouvelle-Calédonie,  oubi  (un  (tes  noms  du  Dioscorea  alcita)  \  Sandwich, 
oï  ;  Benguela,  kara. 

Noms  botaniques  des  espèces  les  plus  cultivées  :  Dioscorea  alata  ;  D.  cayen - 
nensis(D.  altissima );  D.  uncinata ,  voisin  du  précédent;  D.  triloba  Lam.; 
D.sativa ;  D.  pentaphylla  ;  D.  acuieata ;  D.  triphylla  ;  D.  bulbifera;  D. 
Batatas. 

Les  espèces  cultivées  à  la  Guyane  sont  : 

L’Igname  indien  ( Diosc .  triloba)  cultivée  de  toute  antiquité  par  les  indi¬ 
gènes  d’Amérique.  C’est  l’espèce  dont  les  tubercules  sont  les  plus  agréables 
au  goût. 

L’Igname  pays-nègre  ou  Igname  de  Guinée,  Igname  épineuse,  Diosc.  cayen - 
nensis  Kth  (D.  altissima  Lam.).  Ses  tubercules  sont  très-volumineux,  mais 
moins  délicats. 

L’Igname  franche,  appelée  souvent  mal  à  propos  Igname  française  {Diosc. 
alata),  moins  répandue  que  les  précédentes. 

Voici  leur  courte  description  : 

L’Igname  indien,  D.  triloba  Lam.  ( D .  a/jïnis  Kth,  D.  truncata  Miquel, 
D.  tri/îda  Meyer),  a  la  tige  sans  épines,  relevée  décrétés  membraneuses  sail¬ 
lantes.  Les  feuilles  sont  larges;  elles  ont,  les  inférieures  7  ou  5  lobes,  les  su¬ 
périeures  3,  qui  ne  vont  pas  jusqu’à  la  moitié  de  leur  longueur.  Le  feuillage 
est  d’un  vert  jaunâtre  clair.  Les  tubercules  sont  nombreux,  ovoïdes  ou 
arrondis,  couverts  d’une  écorce  noirâtre  et  crevassée.  Cette  espèce,  qui  est 
américaine,  est  cultivée  au  Brésil  et  aux  Antilles,  comme  à  la  Guyane.  C’est 
une  excellente  espèce. 

T.  XVIII. 


(séances)  20 


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SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

L’Igname  pays-nègre,  Diosc.  cayennensis  Kth  (D.  altissima ,  D.  Berte- 
roana  Kth),  vraisemblablement  apportée  anciennement  d’Afrique,  a  la  tige 
épineuse.  Les  feuilles  sont  entières,  cordiformes,  d’un  vert  foncé,  luisantes, 
assez  petites.  Son  tubercule  est  généralement  simple,  aplati,  plus  ou  moins 
ovoïde.  Il  est  très-volumineux,  mais  plus  dur  et  moins  délicat  au  goût  que 
celui  de  l’Igname  indien.  C’est,  d’autre  part,  une  espèce  plus  productive  et 
moins  exigeante  sur  la  qualité  du  sol. 

L’Igname  franche,  Diosc.  alaia  L.,  originaire  de  l’archipel  malais  et  de 
l’Océanie,  a  la  tige  sans  épines,  relevée  de  crêtes  membraneuses  saillantes,  les 
feuilles  cordiformes,  entières,  d’un  vert  jaunâtre.  Le  tubercule  est  ovoïde,  plus 
ou  moins  allongé.  Cette  espèce  est  moins  répandue  dans  la  colonie  que  les 
deux  précédentes.  Son  tubercule  n’est  pas  aussi  délicat  que  celui  de  l’Igname 
indien. 

On  cultive  encore  quelquefois  dans  la  colonie  le  Diosc.  pubescens  Poir.  ;  mais 

je  n’ai  pas  eu  l’occasion  de  l’observer.  On  recueille  quelquefois  les  tubercules 

de  l’Igname-bois,  D.  bulbifera ,  qui  vient  sauvage  dans  les  forêts.  Les  Indiens 

du  haut  des  rivières  cultivent,  à  ce  que  m’a  rapporté  >1.  Leprieur,  outre 

l’Igname  indien,  une  espèce  particulière  que  les  colons  11e  possèdent  pas. 

* 

Description  abrégée  de  la  végétation  de  V Igname .  — ■  Pour  comprendre 
la  culture  de  l’Igname,  il  est  essentiel  de  suivre  les  phases  de  sa  végétation. 
Au  retour  des  pluies,  il  pousse  de  la  tête  du  tubercule  une  ou  plusieurs  tiges, 
d’autant  plus  fortes  et  plus  vigoureuses  que  le  tubercule  est  plus  gros.  A  me¬ 
sure  que  la  tige  s’élève  et  se  développe,  ce  tubercule,  qui  fournit  en  partie 
à  sa  nutrition,  se  ride,  s’affaisse  et  perd  une  partie  de  son  volume  et  de  sa  ri¬ 
chesse  en  fécule  et  en  albumine  végétale.  La  tige  grimpe  et  se  répand  au  loin, 
couverte  d’un  beau  feuillage  et  nourrie  en  partie  par  le  tubercule,  en  partie 
par  ie  réseau  de  racines  qui  sortent  de  la  souche.  Cette  tige  végète  et  reste 
verdoyante  pendant  5,  6  ou  8  mois,  plus  ou  moins,  suivant  la  force  de  la  sou¬ 
che,  la  bonne  ou  médiocre  qualité  du  sol,  ie  climat  plus  ou  moins  favorable. 
Ensuite  elle  jaunit,  se  fane  et  sèche.  Le  tubercule  lui  reprend  alors  les  ma¬ 
tières  nutritives  qu’il  lui  avait  fournies  et  celles  qu’elle  avait  tirées  du  réseau 
1  des  racines.  Il  grossit,  devient  ferme  et  bon  à  arracher.  Telle  est  au  moins  la 
végétation  des  Ignames  à  tubercule  gros  et  simple.  Dans  les  espèces  à  tuber¬ 
cules  multiples,  diversement  suspendus  à  la  souche  par  des  pédicules  radi- 
cellaires,  les  choses  se  passent  à  peu  près  de  la  même  manière  ;  cependant 
plusieurs  des  tubercules  se  détruisent  probablement  tout  à  fait  pendant  la 
végétation,  et  il  s’en  forme  de  toutes  pièces  plusieurs  nouveaux  au  moment 
de  la  maturation. 

On  voit  par  là  que  la  multiplication  de  l’Igname  demande  des  soins  parti¬ 
culiers,  et  qu’on  ne  peut  avoir  de  beaux  produits  qu’en  plantant  de  belles  sou¬ 
ches  ;  que  les  très-grosses  racines,  mentionnées  par  des  agronomes  ou  des 
voyageurs,  ne  sont  pas  l’expression  du  produit  annuel  de  la  plante,  mais  l’ac- 


SÉANCE  DU  2/l  NOVEMBRE  1871. 


307 


cumulation  en  quelque  sorte  de  plusieurs  années  de  végétation.  On  ne  s’éton¬ 
nera  pas  d’apprendre  que  ces  tubercules  énormes  sont  souvent,  en  raison  de 
cela,  assez  durs  et  moins  délicats  à  manger  que  de  plus  jeunes  racines. 

Culture.  —  Les  Ignames,  l’Igname  indien  surtout,  réclament  un  sol  meuble 
et  riche  en  terreau  ;  elles  demandent  à  être  bien  espacées  et  à  avoir  un  appui 
sur  lequel  elles  puissent  grimper  et  se  répandre  librement.  Pour  satisfaire  à 
ces  diverses  conditions,  on  les  plante  généralement  dans  de  nouveaux  défri¬ 
chés,  à  grande  distance  les  unes  des  autres,  intercalées  entre  les  pieds  de  Ma¬ 
nioc.  On  fouille  et  l’on  remue  la  terre  pour  l’ameublir  en  les  plantant,  et  on 
les  place  au  voisinage  d’un  petit  arbre  qui  servira  de  tuteur,  ou  bien  on  leur 
donne  pour  appui  une  haute  perche  enfoncée  en  terre.  On  a  grand  soin,  sur¬ 
tout  pour  l’Igname  indien,  de  choisir  pour  plant  de  fortes  têtes  de  tuber¬ 
cules,  c’est-'a-dire  la  souche  de  pieds  vigoureux  et  adultes  (un  faible  bourgeon 
ne  pouvant  donner  de  bons  résultats  qu’après  plusieurs  années  de  culture).  La 
multiplication  de  l’Igname  ne  peut  donc  être  rapide,  car  chaque  souche  arra¬ 
chée  ne  donne  qu’un  assez  petit  nombre  de  rejets  forts  et  principaux,  et  le 
cultivateur  doit  s’attacher  à  conserver  soigneusement  et  à  augmenter  peu  à 
peu  sa  provision  de  beaux  plants.  Celui  qui  établit  une  nouvelle  habitation, 
s’il  se  trouve  au  voisinage  d’un  village  indien,  fera  bien  de  leur  acheter  du 
plant,  car  ils  en  ont  toujours  de  fort  beau.  Celui  qui  n’aurait  pas  l’occasion 
d’en  acheter  fera  bien  d’établir  une  pépinière  où  il  multipliera  la  plante  de 
divisions  de  souche  et  de  fragments  de  tubercules,  et  où  il  donnera  de  la  force 
au  jeune  plant  en  le  soignant  bien  et  le  laissant  plusieurs  années  sans  le  récol¬ 
ter.  Quelques  espèces  d’ignames  se  prêtent  à  se  multiplier  de  tubercules 
coupés  en  morceaux  ;  d’autres  donnent  sur  leurs  tiges  des  tubercules  aériens 
qui  peuvent  se  planter.  Mais  je  crois  qu’il  doit  falloir  plusieurs  années  et  des 
soins  pour  amener  de  petits  pieds  grêles  et  faibles  à  l’état  de  bon  plant, 

L’Igname  commence  à  végéter  aux  premières  pluies,  et,  si  le  plant  est  bon, 
la  tige  s’élève  très-vite  à  une  grande  hauteur,  avant  même  d’émettre  des  feuil¬ 
les  bien  formées.  Si  le  plant  était  faible,  la  tige  au  contraire  sortirait  grêle  et 
développerait  immédiatement  des  feuilles,  mais  elle  ne  tarderait  pas  beaucoup 
à  s’arrêter  et  sécherait  au  bout  de  peu  de  mois.  Pendant  que  la  feuille  pousse, 
il  faut  veiller  à  ce  qu’elle  s’enroule  bien  sur  le  tuteur  ou  les  tuteurs  qu’on  lui 
a  donnés,  de  manière  à  se  bien  répandre  et  à  bien  recevoir  la  lumière,  et  eu 
même  temps  on  sarcle  le  pied  et  on  le  butte.  L’Igname  pays-nègre  fleurit 
souvent,  mais  je  ne  lui  ai  vu  que  des  fleurs  mâles.  Il  paraît  que  les  pieds  à 
fleurs  femelles  sont  beaucoup  plus  rares  :  j’en  ai  vu  cependant  dans  les  collec¬ 
tions  botaniques.  L’Igname  indien  fleurit  assez  rarement,  et  l’Igname  franche 
plus  rarement  encore.  Je  n’ai  pas  eu  l’occasion  de  voir  cette  dernière  en 
fleur  à  la  Guyane.  La  floraison  n’a  du  reste  rien  d’essentiel  pour  la  végéta¬ 
tion  de  la  plante,  et  les  pieds  qui  ont  donné  une  forte  tige,  qu’elle  ait  ou  non 
fleuri,  donnent  de  volumineux  tubercules.  La  tige  s’arrête,  jaunit,  puis  sèche, 


308 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


5,  6  ou  8  mois  après  être  sortie  de  terre.  Elle  sèche  d’autant  plus  vile  que 
le  plant  est  plus  jeune  et  le  sol  plus  médiocre.  L’Igname  indien  sèche  plus 
vite  que  l’Igname  pays- nègre.  L'atrophie  de  la  tige  marque  la  matura¬ 
tion  des  tubercules.  Il  est  toutefois  prudent  d’attendre  encore  un  peu  pour 
laisser  à  ceux-ci  le  temps  d’achever  de  résorber  les  sucs  de  la  tige  et  des  radi¬ 
celles,  et  d’organiser  complètement  leur  tissu.  C’est  en  été,  en  août  ou  en 
septembre,  qu’on  arrache  les  Ignames. 

L’Igname  indien  a  ses  tubercules  réunis  en  faisceau  autour  de  la  souche,  et 
s’arrache  facilement.  L’Igname  pays-nègre,  surtout  si  l’on  est  resté  plusieurs 
années  sans  la  récoller,  a  son  tubercule  enfoncé  profondément  enterre,  et  il 
est  quelquefois  assez  laborieux  de  l’extraire. 

Rendement . — Rien  n’est  plus  difficile  à  évaluer  que  le  rendement  de 
l’Igname.  Quand  on  la  cultive  par  touffes  très-espacées  dans  un  champ  de 
Manioc,  il  est  assez  embarrassant  de  faire  son  compte  à  part.  D’un  autre  côté, 
on  n’en  fait  point  de  cultures  exclusives,  et  je  ne  saurais  trop  dire,  si  l’on  vou¬ 
lait  en  faire,  de  combien  il  faudrait  espacer  les  pieds.  Suivant  la  nature  du 
sol,  le  soin  de  la  culture,  la  force  des  plants  et  l’espèce  plantée,  les  tubercules 
sont  plus  ou  moins  gros.  J’admets  que  le  poids  d’un  beau  tubercule  moyen 
doit  arriver  de  2  à  5  kilogr.  ;  que  celui  d’un  tubercule  provenant  d’un  pied  un 
peu  faible  doit  être  d’un  kilogr.  Les  racines  énormes,  exceptionnelles,  provenant 
généralement  de  pieds  d’igname  pays-nègre  qu’on  est  resté  plusieurs  années 
sans  récolter,  peuvent,  d’après  les  auteurs,  peser  12,  15 et  18  kilogr.  En  sup¬ 
posant,  dans  un  champ  planté  exclusivement  d’ignames,  les  pieds  espacés  de 
2  mètres,  le  plus  probable  est  qu’on  récolterait  environ  20  000  ou  l\  0  000  kilogr. 
de  tubercule.  C’est  plus  que  je  n’ai  assigné  au  Manioc,  pour  un  an  de  végé¬ 
tation;  mais  je  ferai  remarquer  que  pour  obtenir  de  tels  résultats,  il  faudrait  : 
une  terre  meuble  et  riche,  meilleure  que  celle  où  le  Manioc  se  plante  ordi¬ 
nairement;  une  culture  plus  soignée  et  plus  dispendieuse;  une  provision  de 
beau  plant,  accumulée  et  conservée  avec  soin.  Je  ne  conseillerais  à  personne 
de  telles  plantations,  autrement  que  par  amusement  et  pour  expérience  sur 
un  petit  espace.  Le  plus  sage  est  de  se  contenter  de  planter  des  Ignames  très- 
espacées,  intercalées  dans  des  plantations  de  Manioc  sur  nouveaux  défrichés 
de  grands  bois.  On  peut  alors  supposer  que  les  pieds  sont  éloignés  de  5  à  10 
mètres  les  uns  des  autres,  et  évaluer  le  produit  probable  de  chaque  touffe 
à  3  ou  5  kilogr.  L’Igname  pays-nègre  donnerait  plus,  au  moins  si  on  le 
récoltait  à  deux  ans. 

Usage  domestique.  —  La  racine  d’igname  se  cuit  comme  les  pommes-de- 
terre,  à  l’étouffée  dans  la  vapeur  d’eau  ;  il  faut,  surtout  pour  l’Igname  pays- 
nègre  et  l’Igname  franche,  la  laisser  au  feu  plus  longtemps.  On  peut  encore 
peler  la  racine  et  la  cuire  par  quartiers  avec  de  la  viande  ou  des  légumes,  ou 
bien  en  préparer  des  sortes  de  bouillies.  Les  tubercules  d’igname  indien  sont 
excellents,  tendres,  farineux,  et  plaisent  à  tout  le  monde;  ceux  des  deux  au- 


SÉANCE  DU  2 II  NOVEMBRE  1871. 


309 


très  espèces  sont  sujets  à  être  durs,  si  on  les  a  pris  sur  de  vieux  pieds.  Mis  en 
bouillie,  ils  paraîtront  fades,  si  l’on  n’a  pas  mis  beaucoup  de  jus  et  d’accom¬ 
modement. 

Les  racines  se  récoltent  à  l’entrée,  ou  plutôt  au  milieu  de  la  saison  sèche, 
en  août  ou  septembre.  Ils  commencent  à  pousser  en  décembre,  au  retour  des 
pluies.  Pour  en  jouir  plus  longtemps,  si  l’on  en  a  récolté  en  abondance,  on 
sèche  au  soleil  les  tubercules,  et  on  les  conserve  ensuite  dans  un  lieu  sec, 
comme  au-dessus  du  foyer.  La  sécheresse  et  la  fumée  les  conservent. 

Je  crois  que  les  racines  d’ignames  sont  un  aliment  médiocrement  nutritif. 
Les  analyses  y  indiquent  peu  d’albumine  végétale.  Elles  contiennent  beaucoup 
d’amidon  et  de  substance  mucilagineuse  et,  surtout  dans  les  racines  de  vieux 
pieds,  beaucoup  de  cellulose. 

Des  diverses  espèces  d'ignames.  —  Il  me  serait  impossible  de  comparer, 
au  point  de  vue  de  la  qualité  et  des  avantages  agricoles,  les  15  ou  20  espèces 
de  Dioscorea  qui  sont  cultivées  dans  les  diverses  parties  de  la  zone  intertro¬ 
picale.  Je  ne  puis  donner  sur  ce  sujet  que  quelques  indications  générales,  em¬ 
pruntées  particulièrement  à  l’intéressant  travail  de  M.  Vieillard  sur  les  plantes 
cultivées  à  la  Nouvelle-Calédonie. 

Le  Dioscorea  aculeata  paraît  une  des  espèces  dont  les  tubercules  sont  le  plus 
agréables  au  goût.  La  tige  porte  des  épines  recourbées  ;  les  feuilles  sont  cordi- 
formes  entières  ;  le  pétiole  porte  à  sa  base  deux  aiguillons.  Les  tubercules 
sont  arrondis,  multiples,  souvent  suspendus  à  la  souche  par  un  fil  radicel- 
laire,  ou  plutôt  par  un  stolon  souterrain  dont  le  tubercule  représente  le  bour¬ 
geon  terminal  développé  sous  terre  en  forme  de  racine.  Cette  espèce  paraît 
devoir  se  recommander  par  son  excellente  qualité  et  sa  facile  multiplication. 
]1  serait  à  désirer  qu’elle  fût  introduite  dans  les  colonies  d’Amérique.  Son 
rhizome  rameux  stolonifère,  le  grand  nombre  de  ses  tubercules,  7  ou  8  (Vieil¬ 
lard),  me  font  penser  qu’elle  pourrait  se  propager  rapidement.  Elle  produirait 
peut-être  moins  que  les  espèces  à  grosse  racine ,  mais  elle  produirait  plus 
vite  ei  donnerait  un  aliment  plus  délicat. 

Le  Diosc.  alata ,  qui  est  cultivé  à  Cayenne  et  aux  Antilles  en  petite  quan¬ 
tité  sous  le  nom  d’igname  franche,  est  cultivé  très-abondamment  ti  la  Nou¬ 
velle-Calédonie  et  y  reçoit  de  grands  soins.  On  le  plante,  de  tronçons  de  ra¬ 
cines,  dans  un  sol  bien  façonné  et  ameubli.  Les  pieds  sont  très-rapprochés, 
mais  on  a  soin  d’assurer  aux  tiges  un  développement  et  une  aération  suffi¬ 
sants,  en  leur  donnant  de  très-hautes  rames  sur  lesquelles  on  les  dirige  et  on  les 
palisse  en  quelque  sorte.  La  terre  est  soigneusement  sarclée  et  buttée  au  pied. 
Par  cette  culture  intelligente  et  laborieuse,  on  obtient  de  grands  produits. 
M.  Vieillard  dit  qu’on  voit  de  gros  tubercules  peser  8  kilogr. ,  et  que  cette 
plante,  dont  la  culture  à  la  Guyane  a  si  peu  d’importance,  est  la  principale 
ressource  alimentaire  des  Néo-Calédoniens.  On  en  distingue  plusieurs  variétés, 
les  unes  à  tubercules  simples,  les  autres  à  tubercules  lobés  ou  digités.  Il  y  en 


310 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


a  à  liges  vertes  et  à  tubercules  à  chair  blanche;  d’autres  à  lige  pourpre  vio¬ 
lacée  et  à  tubercule  à  chair  violacée.  Ce  même  Diosc.  alata  est  cultivé  dans 
les  grandes  îles  de  l’archipel  malais  et  dans  l’Inde,  concurremment  avec  plu¬ 
sieurs  autres  espèces. 

Le  Diosc.  globosa  Rxb.  est  indiqué  comme  ayant  de  gros  tubercules  arron¬ 
dis.  Le/>.  rubella Rxb.  a  la  racine  oblongue.  Le/),  fasciculato Rxb.  a  plusieurs 
racines  allongées  réunies  en  faisceau.  Plusieurs  espèces  de  l’Inde,  de  l’archi¬ 
pel  indien  et  des  îles  Philippines  sont  représentées  dans  les  herbiers  par 
des  échantillons  dont  les  tiges  vigoureuses  et  les  fleurs  abondantes  semblent 
annoncer  une  forte  végétation.  Tels  seraient  le  D.  divaricata  Blanco,  le  D.  op- 
positifolia,  L.  etc. 

Le  D.  pentaphylla ,  qui  se  cultive,  mais  qui  ne  paraît  pas  une  espèce  très- 
productive,  est  très-remarquable  par  ses  feuilles  profondément  divisées  en 
U  ou  5  lobes. 

Le  D.  triphylla  L.  a  les  feuilles  grandes,  pubescentes  divisées  en  3  lobes 
jusqu’à  la  base. 

Le  D.  Batatas,  originaire  de  Chine,  présente  un  intérêt  particulier,  parce 
qu’il  supporte  très-bien  les  climats  tempérés.  On  le  possède  aujourd’hui  dans 
les  jardins  en  France.  Ses  tubercules  sont  longs,  grêles  et  réunis  en  faisceau, 
ce  qui  en  rendrait  l’arrachage  peu  commode  dans  !a  grande  culture.  Il  vient 
jusque  dans  le  nord  de  la  France,  mais  il  ne  peut  pas  y  produire  beaucoup, 
car  ses  feuilles  sont  surprises  encore  vertes  par  les  froids  d’automne. 

Des  Ignames  sauvages  et  cultivées.  —  Les  Ignames  sont  peut-être  le 
genre  botanique  où  les  espèces  sauvages  et  cultivées  se  ressemblent  le  plus 
et  semblent  aptes  au  même  usage  économique  et  aux  mêmes  conditions  de 
végétation.  Plusieurs  espèces,  qu’on  trouve  incontestablement  sauvages  (Z). 
pentaphylla ,  Z),  bulbifera ,  etc.},  fournissent  des  tubercules  bons  à  manger. 
Et  d’une  autre  part  les  espèces  cultivées,  abandonnées  à  elles-mêmes  dans 
des  champs  délaissés,  continuent  à  végéter  au  milieu  des  broussailles  et  même 
des  bois  qui  envahissent  le  sol,  comme  je  l’ai  observé  pour  le  D.  cayennensis 
et  le  /).  triloba  à  la  Guyane. 

On  peut  cependant  remarquer  que  lesespèces  sauvages  présentent  souventdes 
tubercules  empreints  d’une  certaine  âcreté  ;  et  dans  quelques  pays  on  les  soumet 
au  lavage  après  les  avoir  divisés  en  tranches,  ou  les  avoir  même  grossièrement 
râpés.  Elles  semblent  encore  ne  pas  être  très-productives,  et  si  quelquefois  on 
leur  trouve  de  gros  tubercules,  il  faut  les  fouiller  en  terre  très-profondément  ; 
ce  qui  semble  indiquer  une  plante  déjà  âgée.  Lesespèces  très-cultivées  parais¬ 
sent  avoir  été  légèrement  modifiées  dans  leurs  conditions  de  végétation,  quoi¬ 
que  certainement  elles  l’aient  été  moins  que  le  plus  grand  nombre  des  plantes 
de  nos  cultures.  Plusieurs  ne  fleurissent  que  rarement,  et,  quand  elles  fleuris¬ 
sent,  donnent  bien  plus  souvent  des  fleurs  mâles  que  des  fleurs  femelles.  Les 
tubercules  sont  plus  gros,  plus  précoces,  plus  tendres;  contiennent  plus  de 


SÉANCE  DU  54  NOVEMBRE  1871.  31 1 

fécule  et  moins  de  cellulose.  Les  tiges  semblent  chez  quelques-unes  avoir  un 
développement  plus  rapide  et  une  vie  plus  courte. 

De  la  distinction  des  espèces  et  de  la  distribution  géographique  dans  le 
genre  Dioscorea.  — Il  ne  faut  pas  s’étonner  que  les  botanistes  aient  beaucoup 
de  peine  à  distinguer  les  espèces  de  ce  genre  difficile,  et  surtout  qu’ils  se 
soient  laissés  aller  à  décrire,  comme  des  espèces  distinctes,  des  formes  et  des 
étals  différents  de  la  même  plante.  Suivant  la  période  de  végétation,  la  position 
des  rameaux  cueillis  au  pied  d’une  tige  radicale  ou  à  l’extrémité  terminale  de 
la  liane,  les  échantillons  d’une  même  espèce  présentent  dans  les  herbiers  une 
lige  plus  grosse  ou  très-fine,  pourvue  d’ailes  membraneuses  ou  n’en  présen¬ 
tant  que  des  traces  presque  insensibles,  très-épineuse  ou  presque  inerme,  des 
feuilles  grandes  ou  petites,  cordiformes  ou  ovales  à  base  tronquée,  profon¬ 
dément  lobées  ou  à  lobes  peu  marqués,  alternes  ou  opposées.  De  là  des  hésita¬ 
tions  et  des  erreurs  inévitables  pour  ceux  qui  n’ont  pas  vu  la  plante  vivante. 
Plusieurs  espèces  fleurissent  rarement  ;  et  on  ne  les  rencontre  pas  dans  des 
herbiers  locaux,  parce  que  le  collecteur  a  dédaigné  de  prendre  une  espèce 
qu’il  ne  rencontrait  pas  en  fleur.  Sans  pouvoir  l’assurer  positivement,  je  suis 
porté  à  présumer  que  les  fleurs  même  n’ont  pas  une  constance  parfaite.  La 
longueur  absolue  des  sépales,  et  leur  longueur  relative  à  l’égard  des  étamines 
et  de  l’ovaire,  le  développement  de  l’ovaire  (ou  dans  les  fleurs  mâles  des  éta¬ 
mines)  varient  probablement  dans  certaines  limites,  et  de  là  de  nouvelles  subti¬ 
lités  erronées  dans  la  définition  des  espèces. 

ÉTUDE  SUR  LES  HIERACIUM  DE  LAPEYROUSE  ET  SUR  LEUR  SYNONYMIE  (suite), 

par  M.  Édouard  IlllllÂL  LAQBAVE  (1). 


Section  IY.  Cérinthoïdes. 

25.  Hieracium  cerinthoides  Lap.  HlSt.  pl.  Pyr.  p.  A75.  Gouail,  III. 
tab.  22,  L  l\  (II.  Neocerinthe  Fries,  Monogr.  p.  67). 

Il  est  facile  de  savoir  quelle  est  la  plante  que  Lapeyrouse  a  nommée  ainsi, 
quoiqu’elle  ne  se  trouve  pas  dans  son  herbier  ;  car  la  figure  de  Gouan,  citée  par 
lui,  ne  peut  laisser  aucun  doute  dans  l’esprit  :  elle  représente  en  effet  très- 
exactement  un  Hieracium  de  la  région  alpine  supérieure  des  Pyrénées,  d’où 
il  ne  descend  pas.  Il  est  parfaitement  caractérisé  par  ses  tiges  dressées,  à 
rameaux  nombreux,  ses  panicules  étalées  multiflores  ;  par  ses  feuilles  étroites 
spatulées,  obtuses  arrondies  au  sommet,  subitement  mucronées,  atténuées  en 
un  large  pétiole  denté  à  dents  à  bases  larges  et  à  pointes  droites,  les  supérieures 
embrassantes,  courtes,  dentées,  très-atténuées  au  sommet  ;  par  ses  calathides 
de  taille  moyenne,  comparées  aux  autres  espèces  du  groupe;  par  ses  pédon- 


(1)  Voyez  plus  haut,  p,  â8. 


812  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

cules  glanduleux  ;  par  les  écailles  du  péricline  glanduleuses,  les  inférieures 
étalées. 

Toute  la  plante  est  couverte  de  poils  simples,  peu  abondants,  on  glanduleux  ; 
elle  se  rapproche  un  peu,  par  le  port  et  le  faciès,  des  variétés  exiguës  de 

Y  H.  amplexicaule  L.  Sp. 

Il  nie  semble  que  cette  plante  doit  être  considérée  comme  représentant 

Y  H.  Neocerinthe  F  ries,  puisque  ce  célèbre  botaniste  cite  la  même  figure  de 
Gouan,  qui,  je  le  répète,  est  très-bien  caractérisée.  Je  crois  que  mon  ami 
M.  I  mret  s’est  trompé,  quand  il  a  écrit  (in  Bull.  Soc.  bot.  Fr.  t.  YI,  p.  330) 
que  Y  H.  obovatum  Lap.  est  spécifiquement  identique  avec  Y  H.  Neocerinthe 
Fries,  synonyme  répété  récemment  par  M.  F.  Sclmltz,  Arch.  de  Fl.  p.  373. 

Gouan,  en  figurant  sa  plante,  avait  cru  représenter  Y  H.  cerinthoides  de 
Linné,  il  a  ainsi  trompé  tous  les  botanistes  qui  l’ont  copié;  mais  ce  dernier 
a  été  ensuite  figuré  par  Jacquin  Austr.  p.  87,  sous  le  nom  d'B.  villosurn  L. , 
ce  qui  est  encore  une  erreur.  L’//.  villosurn  L.  est  une  autre  plante  des  Alpes, 
bien  connue  aujourd’hui. 

26.  il.  flcxuosum  Lap.  Hist.  pi.  Pyr.  p.  475,  non  Wald.  et  Kit.  nec 

DC.  Fl.  fr.  V,  p.  436  {H.  cerint ho idi-lati folium  Lap.  Icon.  dans  l’album 
de  Mme  Gineste). 

Jusqu’à  présent  Y  H.  flexuosum  Lap.  a  été  réuni  à  Y  H.  cerinthoides  auct. 
non  Linné,  que  j’ai  nommé  en  1864  H.  Grenieri ,  quoique  la  figure  de 

Y  H.  flexuosum  Wald.  et  Kit.  ne  puisse  en  aucune  manière  convenir  à  cette 
plante.  Maison  pensait  que  Lapeyrouse  avait  décrit,  comme  type,  la  forme 
commune  dans  toutes  les  Pyrénées,  et  sous  le  nom  de  flexuosum  [3. 
majus  une  autre  espèce  très-répandue  dans  le  centre  delà  chaîne,  principale¬ 
ment  dans  la  région  alpine  supérieure,  comme  la  Rencluse,  la  Maladelta,  les 
Plans  des  Étangs,  etc. 

L’embarras  des  auteurs  est  d’autant  plus  grand,  que  déjà  Y  H.  flexuosum  de 
Waldstein  et  Kitaibel  est  pour  plusieurs  une  plante  critique  elle-même.  Ainsi 
Koch,  Syn.  ed.  2,  p.  519,  la  considère,  d’après  la  figure  citée,  comme  une 
variété  de  Y  H.  villosurn  L.  Sp.  1130,  et  plus  récemment  MM.  Grenier 
et  Godron,  Fl.  Fr.  et  Corse ,  t.  II,  p.  357,  font  le  même  rapprochement, 
mais  en  exprimant  un  doute.  Cependant  Fries  (dans  les  Symbolœ,  p.  52,  et 
YEpierisis,  p.  65)  en  donne  une  bonne  description.  Dans  son  dernier  ouvrage 
cet  auteur  serait  porté  à  réunir  Y  H.  flexuosum  W.  et  Kit.  à  Y  fl.  speciosum 
Horn.  H.  haf.  p.  154;  c’est  même  avec  cette  synonymie  qu’en  1856  M.  Kœr- 
nicke  m’a  donné  cette  plante,  cultivée  alors  sous  ces  deux  noms  au  jardin 
botanique  de  Berlin. 

Quant  à  moi,  je  crois  Y  H.  flexuosum  W.  et  Kit.  nne  très-bonne  espèce, 
et  partage  l’opinion  de  Fries.  De  plus  je  la  crois  le  type  princeps  d’un  petit 
groupe  d’espèces  ayant  dans  les  Pyrénées  deux  ou  trois  représentants  fort 
remarquables.  Si  les  auteurs  doutent  et  hésitent  encore,  c’est  que  ces  plantes 


SÉANCE  DU  2ll  NOVEMBRE  1871.  313 

ne  sont  pas  suffisamment  connues,  parce  que  la  figure  servant  de  base  à  leur 
appréciation  est  mauvaise. 

Si  j’en  juge  d’après  les  espèces  pyrénéennes,  que  j’ai  vues  vivantes  et  même 
soumises  à  des  essais  de  culture,  la  figure  de  Waldstein  représente  un  échan¬ 
tillon  dépourvu  de  feuilles  inférieures,  qui  sont  desséchées  quelquefois  au 
moment  du  complet  développement  de  la  plante.  Celles  qui  sont  représentées 
dans  la  figure  citée  ne  sont  que  les  feuilles  croissant  au-dessus  des  radicales 
et  constituent  une  seconde  évolution  de  la  rosette  des  feuilles  inférieures,  radi¬ 
cales  et  suivantes.  Celles  de  la  première  évolution  sont  produites  à  l’automne  ; 
elles  deviennent  très-grandes  pendant  la  période  hivernale  et  printanière;  elles 
sont  en  outre  fermes  et  coriaces,  très-développées,  velues  sur  les  nervures  et 
la  partie  inférieure  ;  le  développement  de  la  tige  est  précédé  d’une  nouvelle 
production  de  feuilles  qui  constituent  une  rosette  moins  condensée,  plus 
espacée  au  bas  des  tiges.  Ce  sont  celles  représentées  par  la  figure  de  Waldstein 
et  Kitaibel.  On  remarquera,  si  l’on  est  prévenu,  que  la  figure  citée  indique  la 
trace  et  les  cicatrices  de  ces  feuilles,  qui  peuvent  être  détruites  ou  exister 
encore  au  moment  du  complet  développement  du  sujet  :  cela  dépendra  des 
influences  physiques  auxquelles  elles  seront  soumises,  dans  le  lieu  où  la  plante 
sera  obligée  de  vivre. 

VH,  flexuosum  Lap. ,  plante  curieuse  et  encore  peu  connue,  se  trouve  dans 
l’herbier  Lapeyrouse,  elle  y  porte  l’étiquette  d  '  Hieracium  cerinthoides  L.  ;  tandis 
quel’//,  flexuosum  Lap.  véritable  est  représenté  par  un  exemplaire  d’//.  rhom- 
boidale  Lap.  Il  y  a  évidemment  transposition  d’échantillons.  Dans  tous  les  cas, 
cette  espèce  ne  peut  conserver  le  nom  d 'H.  flexuosum ,  ni  celui  plus  impropre 
encore  d  H.  cerinthoidi-lali folium,  qu’elle  porte  dans  la  figure  conservée 
dans  l’album  de  Mme  Gineste;  je  la  nomme  Hieracium  Perusianum  Nob. 

Je  distingue  X Hieracium  Perusianum  Nob.  aux  caractères  suivants  : 
Souche  forte,  vivace,  très-vigoureuse,  donnant  naissance  à  des  rosettes  de 
feuilles,  et  à  des  tiges  très-nombreuses,  de  3  à  U  décimètres  de  hauteur, 
hérissées  de  poils  simples  à  la  base,  glanduleux  sous  les  pédoncules,  fistu- 
leuses,  divisées  au  sommet  en  rameaux  étalés  uni-biflores,  disposées  en  pani- 
cules  étalées,  flexueuses  ;  calalhides  très-grandes,  les  latérales  dépassant  les 
terminales;  périclines  à  écailles  couvertes  de  longs  poils  blancs,  simples,  non 
soyeux,  égalant  les  aigrettes  après  l’anthèse  ;  fleurs  ligulées,  profondément  den¬ 
tées,  à  dents  obtuses  ciliolées  au  sommet,  de  couleur  jaune  orangé  très-pronon¬ 
cée.  Feuilles  inférieures  de  première  évolution  détruites,  ou  plus  ou  moins 
desséchées,  à  l’époquede  la  floraison.  Les  suivantes  ovales-lancéolées,  dentées, 
à  dents  espacées,  à  base  large  et  prononcée,  atténuées  en  pétioles  larges  et  non 
dentés,  toutes  très-hérissées  sur  les  pétioles  aux  bords  et  à  la  face  inférieure. 
Les  supérieures  sessiles,  embrassantes,  ovales-lancéolées,  à  pointes  longues 
et  atlénuées,  un  peu  ondulées  aux  bords. 

Je  n’ai  jamais  vu  cette  espèce  dans  les  Pyrénées  françaises,  ni  dans  les 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


U  à 

hautes  Pyrénées,  pas  plus  que  dans  les  environs  de  Bagnères  de  Luchon. 
Mais  je  l’ai  rencontrée  en  abondance  dans  la  vallée  de  la  Noguera,  sous  le 
port  de  Salo  (Pyrénées  de  l’Ariége),  sur  le  parapet  du  pont  de  Pinas,  entre 
Salo  et  Mout-Garry;  toute  la  bâtisse  en  était  couverte  du  côté  du  midi. 

27.  H.  croaticum  Lap.  Hist.  pl.  Pyr.  p.  475  [F1.  cerinthoicles  Gr.  et 
God.  Fl.  de  Fr.  et  Corse ,  II,  p.  360,  non  L.  —  H.  Grenieri Nob.  in  Bull . 
Soc.  bot.  Fr.  1864,  p.  lxxxiii). 

Pour  justifier  cette  synonymie,  j’ai  besoin  de  donner  quelques  explica¬ 
tions.  U  est  d’abord  bien  certain  que  VH.  croaticum  Lap.  n’est  pas  la  plante 
de  Waldstein  et  Kitaibel,  puisque  cette  dernière  est  sûrement  le  Crépis  suc- 
cisœfolia  Tausch,  dont  Lapeyronse  a  fait  son  H.  altissimum,  synonyme  bien 
connu.  Mais  Lapeyrouse,  qui  attachait  au  port  et  au  faciès  des  plantes  une 
grande  importance,  n’a  pas  ainsi  apprécié  la  figure  de  Waldstein  et  Kitaibel.  11 
a  préféré  rapporter  à  VH.  croaticum  la  plante  commune  dans  les  Pyrénées,  et 
donner  au  véritable  croaticum  un  nom  nouveau. 

On  s’explique  bien  la  méprise  de  Lapeyrouse  quand  on  connaît  bien  sa 
méthode  d’observer  et  de  déterminer  les  plantes,  et  de  plus  quand  on  a  vu  vi¬ 
vants  un  grand  nombre  d’échantillons  d'H.  Grenieri.  Si  l’on  n’adopte  pas  cette 
synonymie,  il  faut  admettre  que  Lapeyrouse  n’a  pas  connu  cette  espèce  qui 
abonde  dans  toute  la  chaîne  des  Pyrénées,  où  elle  offre  de  nombreuses  varia¬ 
tions,  dont  certaines  se  rapprochent  beaucoup  de  la  ligure  de  VH.  croaticum. 

Cela  n’est  pas  possible,  et  ce  qui  tend  encore  à  justifier  ce  synonyme,  c’est 
que  Lapeyrouse  fait  judicieusement  remarquer  que  cette  plante  offre  deux 
variétés,  l’une  à  calice  (péricJine)  et  pédoncules  couverts  de  poils  longs  et  tomen- 
teux,  l’autre  à  poils  noirs  et  droits,  comme  on  l’observe  dans  Y  FI.  Grenieri , 
selon  qu’on  la  prend  dans  les  Pyrénées  orientales  ou  dans  d’autres  parties  de 
la  chaîne  pyrénéenne,  et  souvent  selon  l’altitude. 

Cette  plante  se  trouve  aussi  dans  son  herbier  sous  le  nom  d'H.  cerinthoides 
L.  [FF.  Grenieri  Nob.).  Ce  qui  vient  encore  à  l’appui  de  la  synonymie  que  je 
cherche  à  faire  prévaloir. 

28.  si.  compositum  Lap.  Hist.  pl.  Pyr.  p.  476. 

V Hieracium  compositum  Lap.  est  assez  bien  établi  pour  être  à  l’abri  de 
toute  critique  ;  je  le  considère  comme  un  type  autour  duquel  viennent  se  grou¬ 
per  plusieurs  formes  affines,  qu’une  étude  attentive  et  suivie  nous  fera  plus  tard 
connaître.  Cette  plante  est  un  des  rares  Hieracium  bien  figurés  par  Reichen- 
bach;  elle  est  très-voisine  de  VH.  nobile  Gr.  et  God.  avec  lequel  Lapeyrouse 
l’a  confondue.  L’herbier  de  ce  botaniste  en  possède  encore  un  très-bel  échan¬ 
tillon  bien  caractérisé. 

29.  H.  villosum  Lap.  Hist.  pl.  Pyr.  p.  476  (H.  cerinthoides  L.  Sp. 
p.  1129;  Timb.-Lagr.  in  Bull.  Soc.  bot.  Fr.  1864,  p.  lxxxiit  ex  parte.  — 
H .  mixtum  Frœl.  ap.  DC.  Prodr.  t.  VII,  p.  205  ex  parte). 

Pour  établir  cette  synonymie,  nous  avons  pris  pour  base  la  figure  87  de  Jac- 


SÉANCE  DU  'Il l  NOVEMBRE  1871.  315 


quin  Auslr.y  citée  par  Lapeyrouse,  qui  représente  VH.  cerinthoides  L.  Sp. 
1219,  et  qui  n’a  avec  le  villosum  L.  Sp.  1130,  que  des  rapports  éloignés. 

Cette  plante  abonde  dans  les  localités  citées  par  Lapeyrouse  :  elle  fleurit 
une  des  premières  dans  le  centre  de  la  chaîne,  sur  les  rochers  calcaires, 
à  Esquierry,  Cagire,  Crabère,  dans  la  région  alpine  inférieure. 

Selon  son  habitude,  Lapeyrouse  a  groupé  autour  de  son  H.  villosum  plu¬ 
sieurs  variétés,  mais,  arrivé  à  la  variété  8,  il  en  fait  une  mention  spéciale,  il 
cite  en  synonyme  VH.  saxatile  Vil!. ,  la  figure  que  cet  auteur  en  donne, 
et  même  l’échantillon  qui  se  trouve  dans  l’herbier  Chaix. 

Il  est  bien  évident  que  cette  variété  n’est  autre  qu’un  Hieracium  très-rap- 
proché  de  la  figure  du  saxatile  Vill.  Or,  ce  dernier  ne  croissant  pas  dans  les 
Pyrénées,  je  ne  vois  que  VH.  mixtum  qui  puisse  avoir  été  pris  pour  la  plante 
qui  y  est  commune.  VH.  mixtum ,  par  sa  grande  dispersion,  n’a  pu  échapper 
au  botaniste  pyrénéen,  qui  se  préoccupait  beaucoup  du  plus  ou  moins  de  pu¬ 
bescence  qui  recouvre  les  divers  organes  de  végétation  de  cette  espèce.  Il 
offre  lui-même  une  foule  de  variétés  que  nous  espérons  pouvoir  faire  connaître 
dans  la  suite. 


30.  H.  ciongatimi  Lap.  Hist.  pi.  Pyr.  p.  476  (H . panduriforme Nob.). 

V Hieracium  elongatum  de  Lapeyrouse  est  certainement  la  plante  la  plus 
douteuse  des  Hieracium  des  Pyrénées.  Cette  espèce  peu  connue,  que  j’ai  vue 
en  abondance  à  la  serre  de  Bouc,  allant  à  Crabère,  est  très-voisine  de  VH. 
rhomboidale  Lap. ,  que  quelques  botanistes  ne  veulent  pas  admettre  comme 
espèce.  Lapeyrouse  les  avait  placés  près  l’un  de  l’autre,  les  faisant  suivre  de  VH. 
obovatum  qui  en  est  aussi  très- rapproché;  il  se  distingue  cependant  des  deux, 
par  ses  feuilles  inférieures  qui,  comme  le  dit  Lapeyrouse,  ont  un  très-long 
pétiole  à  peine  ailé,  fortement  denté  au  bord  par  de  grosses  dents,  celles  de 
la  tige  embrassantes,  ovales  dentées,  les  plus  inférieures  très-sensiblement  pan- 
duriformes  ;  les  calathides  sont  plus  grandes;  toute  la  plante  est  plus  glabres- 
cente,  plus  pâle,  comme  un  peu  étiolée,  et  sa  taille  plus  élevée. 

Cette  plante  justifie  à  elle  seule  tout  ce  que  nous  avons  dit  sur  la  confusion 
qu’on  a  mise  dans  l’herbier  de  Lapeyrouse,  car  on  trouve,  sous  le  nom  d 'H. 
elongatum ,  VH.  rhomboidale ,  VH.  vernum ,  Sang,  et  Maill. ,  une  forme  de 
VH.  murorum  des  auteurs,  enfin  un  échantillon  d’un  Hieracium  du  groupe  de 
VH.  elatum  Fries,  ou  prenanthoides  Vill.  :  ce  qui  est  cause,  comme  l’ont  fait 
observer  MM.  Grenier  et  Godron,  que  l’on  place  VH.  elongatum  en  syno¬ 
nyme,  tantôt  à  1’//.  Neocerinthe  Fries,  tantôt  à  VH.  boreale  Fries  ;  mais  il  est 
évident  que  si  l’on  veut  le  réunir  à  d’autres  espèces,  on  doit  le  placer  avec 
les  H.  rhomboidale  et  obovatum,  dont  il  est  voisin. 

Pour  ma  part,  je  crois  au  contraire  qu’il  doit  être  distingué  et  devra  prendre 
le  nom  d’IIiERACiUM  panduriforme  Nob.,  pour  éviter  encore  la  confusion, 
ce  nom  d ’//.  elongatum  ayant  été  donné  antérieurement  par  "Willdenow  à  une 
autre  espèce  très-rapprochée  de  VH.  villosum  L. 


3  H)  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

31.  il.  ri»onii»oid;»ic  Lap.  Hist.pl.  Pyr.  p.  477,  cl  in  Mèm.  Acad.  Tout. 
t.  I,  p.  215,  tab.  xviii. 

Celte  plante  de  Lapeyrouse  est  parfaitement  comme  ;  elle  est  du  reste  très- 
répandue  dans  toute  la  chaîne  centrale  des  Pyrénées.  Malheureusement  les 
auteurs  ont  toujours  voulu  la  réunir  à  VH.  cerinthoides  de  Gouan  ( H .  Neo- 
cerinthe  Fries),  tandis  qu’elle  en  est  très- distincte  par  ses  tiges  simplement 
bifurquées,  à  rameaux  uni-biflores  seulement.  Calathides  très-grandes  ;  pédon¬ 
cules  couverts  de  poils  noirs  glanduleux,  ainsi  que  les  écailles  du  péricline  : 
Feuilles  inférieures  elliptiques-lancéolées,  aiguës  au  sommet,  insensiblement 
atténuées  en  pétiole  non  denté,  les  supérieures  trois  ou  quatre  embrassantes, 
courtes  avec  quelques  poils  au  bord,  ainsi  que  les  inférieures.  La  souche  est 
forte  et  donne  naissance  à  plusieurs  rosettes  florifères,  produisant  à  leur  tour 
des  tiges  de  2  à  3  décimètres.  Les  calathides  sont  grandes,  les  rameaux  por¬ 
tent  deux  ou  trois  fleurs. 

Lapeyrouse  donne  de  sa  plante  une  figure  parfaitement  exacte  :  elle  représente 
un  individu  jeune,  de  taille  moyenne,  il  est  figuré  au  moment  où  la  première 
calathide  est  épanouie;  plus  tard  la  tige  s’allonge  et  multiplie  ses  rameaux, 
sans  donner  une  panicule,  comme  dans  le  A 'eocerinthe  Fries  ;  toute  la  plante 
est  velue,  les  poils  sont  courts  sur  la  surface  des  feuilles,  et  au  contraire  très- 
longs  et  tordus  sur  les  pétioles  et  les  nervures  ;  les  poils  des  écailles  du  péri¬ 
cline  sont  longs,  noirs,  tous  glanduleux.  C’est  pour  nous  une  espèce  commune 
et  très-bien  caractérisée. 

32.  II.  sericeum  Lap.  Hist.  pl.  Pyr.  p.  477. 

L 77.  sericeum  Lap.  est  certainement  une  espèce  complexe,  qui  comprend 
tous  les  Hieracium  des  Pyrénées,  dont  les  feuilles  sont  couvertes  d’une  pubes¬ 
cence  abondante,  courte  de  manière  à  cacher  plus  ou  moins  le  parenchyme 
des  feuilles,  mêlée  à  des  poils  plus  longs,  souvent  aussi  très-nombreux  dans 
ce  groupe  d’espèces  affines.  La  forme  des  feuilles  est  différente,  les  calathides 
offrent  aussi  des  caractères  importants;  mais  on  n’a  pas  voulu  en  tenir  compte. 
Obéissant  à  un  parti  pris  d'avance,  on  a  réuni  ces  espèces  en  une  seule,  sous 
le  nom  d 'H.  sericeum,  comme  l’avait  fait  Lapeyrouse.  Mon  ami  Loret  et 
M.  Clos  ont  même  proposé  de  les  rattacher  comme  variétés  à  VH.  saxatile  de 
Villars,  qui  appartient  également  à  la  même  section.  Cependant  Frœlich, 
dans  le  Prodromus ,  a  distingué  les  II.  p/ilomoides  et  cordifulium  Frœl.  non 
Lap.,  qui  sont  compris  dans  les  H.  sericeum  h ap.  M.  Fries  a  tiré  de  cette 
même  plante  1’//.  Loreti  ;  enfin  plus  récemment  M.  Schelie  (in  Linnæa ,  XVI) 
a  distingué  plusieurs  espèces  aux  dépens  de  ce  même  H .  sericeum. 

F.  Schultz  ( Arch .  de  Fl.  p.  373)  assure  que  V H .  sericeum  Lap.,  à  pédon¬ 
cules  glabres,  est  VH.  laniferum  Cavanilles,  tandis  que  celui  à  pédoncules 
glanduleux  serait  pour  lui  VH.  phlomoides  Frœl.  Nous  n’avons  pu  vérifier  si 
ces  rapprochements  sont  exacts  et  s’il  n’y  aurait  pas  d’autres  caractères  qui 
pussent  séparer  ces  plantes  entre  elles. 


317 


SÉANCE  DU  2/j  NOVEMBRE  1871. 

33.  bi.  aiatum  Lap.  Hist.  pl.  Pyr.  p.  A78. 

VH.  aiatum  Lap.  est  une  très-bonne  espèce,  qui  est  peu  connue  parce 
que  généralement  elle  ne  vient  pas  dans  les  Pyrénées  élevées,  où  tous  les 
botanistes  portent  leurs  pas.  Lapeyrouse  l’indique  dans  la  vallée  d’Eynes  et  à 
la  montagne  de  Cagire  où  nous  l’avons  récoltée  ;  elle  est  plus  commune  encore 
à  la  Penna  blanca  d’Arbas  (Haute-Garonne);  le  dessus  delà  grotte  de  la  Bou- 
russeen  est  couvert,  les  grandes  feuilles  radicales  en  couronnent  l’entrée. 

VH.  aiatum  appartient  au  groupe  de  VH.  fiexuosum  Wald.  et  Kit.;  il  se 
distingue  parfaitement  de  tous  les  autres,  comme  le  disent  très-judicieusement 
MM.  Grenier  et  Godron  {Fl.  de  Fr.  et  de  Corse ,  II,  p.  363),  qui  en  donnent 
une  description  très-exacte.  Un  échantillon  de  cette  plante,  sans  feuilles  radi¬ 
cales,  se  trouve  encore  dans  l’herbier  Lapeyrouse. 

3 1\.  H.  ohovatiini  Lap.  Hist.  pi.  Pyr.  Suppl,  p.  129. 

VH.  obovatum  Lap.  est  une  espèce  très-commune  dans  les  basses  Pyrénées, 
elle  est  plus  rare  dans  les  autres  parties  de  la  chaîne;  elle  est  très-voisine  des 
H.  panduri forme  et  rhornboidale ,  entre  lesquels  elle  doit  être  placée. 
Ainsi  que  nous  l’avons  déjà  dit,  il  se  distingue  très -bien  de  ces  deux 
espèces  par  l’absence  de  poils,  si  ce  n’est  un  peu  au  collet  et  à  la  base  des 
pétioles  des  feuilles  inférieures,  par  ses  premières  feuilles  obovales  sans  pé¬ 
tioles,  les  radicales  obovales  largement  arrondies,  à  pétioles  larges  et  courts 
relativement  aux  autres,  les  caulinaires  sessiles,  arrondies,  deux  ou  trois,  termi¬ 
nées  brusquement  en  pointes  courtes;  par  ses  calathides  grandes,  son  péri- 
clineà  écailles  couvertes  de  poils  courts,  glanduleux  etsimples,  noirs,  ses  tiges 
uni-biflores  ;  par  ses  rameaux  arqués  courts. 

MM.  Grenier  et  Godron  (/.  c.) réunissent  comme  variété  cette  plante  à  VH. 
cerinthoides ,  tandis  qu’ils  rapportent  les  H.  rhornboidale  et  elongatum  en 
simples  synonymes  au  Neocerinthe  Fries.  Nous  ne  pouvons  pas  partager  cette 
opinion;  VH.  Neocerinthe  Fries  (//.  cerinthoides  Gouan  non  L.)  est  une 
espèce  entièrement  séparée. 

Les  H.  rhornboidale  Lap,,  elongatum  Lap.  et  obovatum  Lap.,  peuvent,  si 
l’on  abuse  de  la  synthèse,  être  réunis  ;  mais  ces  trois  plantes  sont,  à  mon  avis, 
trois  espèces  distinctes,  par  la  permanence  de  leurs  caractères  et  par  leur 
grande  dispersion  dans  les  Pyrénées. 

Dans  un  autre  travail  nous  tâcherons  de  faire  connaître  quelques  Hieracium 
réunis  comme  variétés  aux  précédents  par  Lapeyrouse,  et  d’autres  méconnus 
par  lui.  Ce  botaniste  a  commis  des  erreurs  ;  il  s’est  souvent  trompé,  mais,  quoi 
qu’on  en  dise,  pour  son  époque,  avec  le  peu  de  travaux  qu’on  avait  sur  les 
plantes  de  ces  montagnes,  il  nous  semble  qu’il  a  bien  mérité  de  la  flore  pyré¬ 
néenne.  Il  en  est  ainsi  de  tous  les  genres  difficiles.  Peut-on  admettre  que  les 
savants  botanistes  qui  s’occupent  aujourd’hui  avec  distinction  des  genres  Rosa 
et  R ubus  ne  feront  pas  d’erreurs,  et  que,  malgré  leur  grande  sagacité,  ils  ne 


318  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

laisseront  pas  beaucoup  à  faire  après  eux?  Ils  ne  le  pensent  pas  eux-mêmes  et 
ils  ont  bien  raison. 

«  Nous  sommes  des  hommes,  écrivait  Villars  à  Lapeyrouse  :  on  ne  peut  pas 
»  attendre  de  nous  des  œuvres  divines.  » 

M.  Pérard  présente  à  la  Société  le  travail  suivant  : 

ÉNUMÉRATION  DES  PHANÉROGAMES  DE  L’ARRONDISSEMENT  DE  MONTLUÇON  (ADDENDA), 

par  M.  A.  Iȃ3SARS>. 

RENOM  U I  i  ACÉ  ES. 

Adonis  L. 

a.  autumnaiis  L.  —  Moissons.  —  Mai-juill.  — @.  —  Calcaire.  —  II. 
spontané. 

Moissons  aux  environs  de  l’étang  de  Passai!!,  où  il  n’est  pas  commun. 

Souvent  cultivé  dans  les  jardins  sous  le  nom  de  Goutte- de-sang,  quelquefois  subspon¬ 
tané  dans  les  décombres  près  des  habitations  !! 

Myosurus  L. 

M.  miniums  L.  —  Lieux  humides.  —  Avril-juin.  —  ®.  —  R. 

Bords  sablonneux  de  l’étang  de  Passât  !!  A.C. 

Ranuncumjs  Tourn. ,  L. 

R.  reclus  J.  Bauh. ,  Bor.  Fl.  centr.  éd.  3,  n°  52.  —  Prairies.  —  Mai-juill. 
—  —  A.C. 

Env.  de  Montluçon,  prairies  du  Montais!!  bords  du  ruisseau  de  Nerde 
à  Marignon  !!,  etc. 

R.  ncmorhagus  Jord.  Diagn.  —  R.  Friesanus  Jord.  Fragm .,  Bor.  Fl. 
centr.  éd.  3,  n°  5A.  —  Bois,  champs  en  friche.  —  Mai-juin.  —  ’2f.  — 
Peu  C. 

Environs  de  Domérat,  près  du  chemin  de  fer  !!  ( Luc  and ). 

PAPAVÉRACÉES. 

Papaver  Tourn.,  L. 

P.  modestum  Jord.  — Champs  incultes.  — Mai-juill.  — ®.  —  A.C. 

Env.  de  Montluçon,  Goutelle  près  du  ravin  de  Gouttière!!  et  probable¬ 
ment  ailleurs. 

CRUCIFÈRES. 

Myagrum  L. 

M.  perfoiiaium  L.  —  Moissons.  —  Mai-juill.  —  ®.  —  R.  —  Terrains 
argileux  ou  calcaires. 

Moissons  aux  environs  de  l’étang  de  Passât!!,  où  il  es!  commun. 


SÉANCE  DU  2 A  NOVEMBRE  1 S7 J 


319 


Capsella  Vent. 

c.  i'uhciii&  Reuter  Cat.  pi.  Genev.  p.  22.  —  Lieux  sablonneux.  —  'Mars- 
août.  —  ®.  —  Peu  C. 

Montluçon,  alluvions  du  Cher!!  env.  d’Audes,  champs  du  Cluzeau  !! 

Cette  espèce  n’étant  pas  décrite  dans  la  Flore  du  centre,  éd.  3,  je  crois  utile  de  repro¬ 
duire  la  description  donnée  par  Fauteur  : 

Sépales  très-glabres,  oblongs,  rougeâtres  au  sommet,  entourés  d’un  rebord  membra¬ 
neux  étroit;  pétales  obovés-rétus  surpassant  à  peine  le  calice,  égalant  les  étamines  qui 
sont  delà  même  longueur  que  le  pistil;  anthères  petites  arrondies;  silicules  obcordées 
triangulaires,  très-atténuées  à  la  base,  égalant  le  pédicelle  ou  un  peu  plus  courtes  que 
lui,  tronquées-émarginées  au  sommet  très-brièvement  apiculé  par  le  style,  à  lobes  ar¬ 
rondis  un  peu  divergents  ;  graines  petites,  oblongues,  brunes,  5  ou  6  dans  chaque 
loge  ;  feuilles  un  peu  luisantes,  d’un  vert  foncé,  les  radicales  et  les  inférieures  lyrées- 
pennatifides  glabrescentes  ou  un  peu  hérissées,  les  supérieures  entières,  étroitement  sagit- 
tées  à  la  base,  à  limbe  étalé  et  recourbé.  —  Printemps  et  été. 

Erophila  DC. 

(Draba  verna  L.). 

Parmi  les  formes  d 'E .  vulgaris  DC.,  je  pense  avoir  distingué  les  suivantes 
dans  l’arrondissement;  néanmoins  M.  Jordan  les  a  tellement  multipliées  qu’il 
m’a  été  difficile,  môme  avec  l’aide  de  M.  Bureau,  de  les  déterminer  d’une 
façon  certaine.  Ces  plantes  sont  tellement  voisines  qu’il  me  paraît  impossible 
de  les  considérer  autrement  que  comme  des  formes  d’un  même  type  : 
Eropliila  vulgaris  DC. 

Forme  a.  breviscapa.  —  E.  breviscapa  Jord.?  Diagn.  p.  222.  —  Lieux  sablon¬ 
neux.  —  Mars.  —  Montluçon,  aux  Iles,  le  Thet,  les  Nicauds  !! 

Hampes  dressées  ou  ascendantes,  courtes,  flexueuses,  hérissées  sur¬ 
tout  inférieurement;  feuilles  courtes,  subovales-aiguës,  rétrécies  en  un 
court  pétiole,  souvent  grossièrement  dentées,  d’un  vert  gai  ou  le  plus 
souvent  rougeâtres;  fleurs  petites,  pétales  bifides  jusqu’au  milieu;  pé¬ 
doncules  étalés,  courts,  les  inférieurs  un  peu  plus  longs  que  la  silicule 
elliptique-obovale. 

M.  Jordan,  dans  ses  Diagnoses,  dit  qu’on  la  reconnaîtra  à  ses  tiges 
naines  et  un  peu  trapues,  à  ses  feuilles  courtes  et  assez  larges,  aiguës, 
dentées,  tantôt  vertes  et  un  peu  tachées  à  la  base,  tantôt  entièrement 
d’un  brun  rougeâtre. 

—  b.  muricola.  —  E.  muricola  Jord.  Diagn .  p.  224.  —  Lieux  secs,  rochers. 

—  Avril.  —  Gorge  de  Thizon  !! 

Hampes  ascendantes  ou  subdiffuses,  flexueuses,  seulement  un  peu  his- 
pides  inférieurement,  en  grappes  courtes  au  sommet  ;  feuilles  ovales  ou 
lancéolées,  brièvement  dentées,  ou  parfois  presque  entières,  atténuées 
en  un  pétiole  un  peu  allongé,  d’un  vert  gai,  couvertes  de  poils  simples 
et  bifurqués  un  peu  mêlés;  tleurs  médiocres,  pétales  bifides  au  delà  de 
leur  milieu  ;  pédoncules  dressés-étalés,  les  inférieurs  deux  fois  plus  longs 
que  la  silicule  elliptique-obovale. 

M.  Jordan,  dans  ses  Diagnoses,  dit  qu’elle  est  remarquable  par  son 
port  étalé  et  par  ses  grappes  courtes  ;  ses  silicules  sont  assez  larges  et 
assez  régulièrement  obovales-elliptiques  ;  scs  fleurs  sont  de  grandeur 
moyenne;  ses  feuilles  sont  d’un  beau  vert,  plus  ou  moins  dentées. 

—  c.  rurivaga.  —  E.  rurivaga  Jord.?  Diagn.  p.  225.  — •  Lieux  secs, 

rochers.  —  Avril,  —  Gorge  de  Thizon  !! 


320 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Hampes  ascendants  ou  dressées,  flexueuses,  souvent  un  peu  his- 
pides  ;  feuilles  eliiptiques-lanccolées,  brièvement  et  rarement  dentées 
un  presque  entières,  d’un  vert  gai,  le  plus  souvent  non  tachées  vers  le 
pétiole,  couvertes  de  poils  bifurqués  très-ouverts;  fleurs  médiocres, 
pétales  bifides  au  delà  de  leur  milieu  ;  pédoncules  dressés-étalés,  les  infé¬ 
rieurs  à  peine  deux  lois  plus  longs  que  la  silicule  oblongue  ou  subovale- 
elliptique,  rétrécie  inférieurement  et  plus  qu’au  sommet. 

M.  Jordan  dans  ses  Diagnoses,  dit  qu’elle  ressemble  beaucoup,  par 
l’aspect  de  ses  fleurs  et  de  ses  silicules,  à  VE.  muricola ,  seulement  celles- 
ci  sont  plus  allongées  et  visiblement  plus  rétrécies  au  sommet.  Ses 
feuilles  sont  beaucoup  moins  dentées.  Mais  la  pubescence  offre  une  dif¬ 
férence  plus  saillante,  qui  ne  permet  pas  de  les  confondre  :  les  poils  sim¬ 
ples  étant,  dans  VE.  rurivaga,  presque  nuis,  et  les  poils  bifurqués  très- 
nombreux,  à  branches  allongées,  très-étalées. 

Forme  d.  brevipila.  —  E.  brevipila  Jord.  Diagn.  p.  237.  —  Pelouses  sèches 
des  rochers.  —  Mars.  —  Montluçon,  lavin  de  la  Brosse  au-dessous  de 
de  l’étang,  rive  gauche  du  ruisseau  des  Maisons-Rouges!! 

Hampes  ascendantes  ou  dressées,  flexueuses,  munies  d’une  pubes¬ 
cence  très-courte  subétoilée  ;  feuilles  courtes  ovales  ou  elliptiqucs- 
lancéolées,  un  peu  aiguës,  sensiblement  étroites  inférieurement,  obscu¬ 
rément  dentées  ou  entières,  d’un  vert  foncé  ou  un  peu  grisâtre,  marquées 
souvent  d’une  tache  brune-violacée  vers  le  pétiole  qui  est  court,  couvertes 
de  poils  très-courts  bi-  ou  trifurqués  et  à  branches  très-ouvertes  ;  fleurs 
très-petites,  pétales  bifides  à  peine  jusqu’à  leur  milieu;  pédoncules 
dressés-étalés,  les  inférieurs  presque  deux  fois  plus  longs  que  la  sili¬ 
cule  petite,  presque  également  oblongue,  un  peu  rétrécie  au  sommet  et 
légèrement  à  la  base. 

M.  Jordan,  dans  ses  Diagnoses ,  dit  qu’elle  est  remarquable  par  ses 
fleurs  très-petites,  ses  pédoncules  fructifères  peu  étalés,  ses  poils  très- 
courts  et  à  branches  très- ouvertes.  Ses  feuilles  sont  courtes,  souvent 
un  peu  larges,  d’un  vert  foncé,  un  peu  grisâtre;  la  tache  du  pétiole  est 
rembrunie,  souvent  tridentée  au  sommet.  11  ajoute  qu’elle  se  distingue 
de  VE.  cinerea  par  ses  fleurs  encore  plus  petites,  ses  silicules  plus 
comprimées,  son  style  plus  court,  ses  feuilles  plus  courtes  et  plus  larges, 
tachées  à  la  base,  d’un  vert  grisâtre,  mais  non  cendrées-blanchâtres.  Sa 
fleuraison  est  très-précoce  et  non  tardive. 

—  e.  propinqua.  —  E.  propinqua  Jord.  ined. — Pelouses  sèches  des  rochers. 

—  Mars.  —  Montluçon,  ravin  de  la  Brosse,  rive  gauche  du  ruisseau 
des  Maisons-Bouges,  au-dessous  de  l’étang!  ! 

Hampes  ascendantes  ou  dressées,  flexueuses,  hispides  surtout  infé¬ 
rieurement;  feuilles  allongées,  oblongues  ou  lancéolées,  rétrécies  en 
pétiole  non  taché,  obscurément  dentées  ou  entières,  d’un  vert  gai, 
velues-ciliées,  poils  simples  et  bifurqués  mêlés;  fleurs  médiocres,  pétales 
profondément  bifides  ;  pédoncules  dressés-étalés,  les  inférieurs  deux 
fois  plus  longs  que  la  silicule  obovale-elliptique  un  peu  rétrécie  inférieu¬ 
rement  et  au  sommet. 

—  f.  slenocarpa.  —  E.  stenocarpa  Jord.  Pug.  p.  11  et  Diagn.  p.  239.  — • 

Bor.  Fl.  centr.  éd.  3,  p.  64.  —  Pelouses  sèches,  rochers.  — Avril. — 
Granité  et  calcaire.  —  A.C. 

Montluçon,  plateau  de  l’abbaye  !!  gorge  du  val  du  Diable  près  Déser- 
tines  !! 

Hampes  ascendantes  ou  dressées,  flexueuses  ;  feuilles  linéaires  aiguës, 
rétrécies  en  pétiole,  chargées  de  poils  nombreux  trifurqués:  fleurs 
petites,  pétales  bifides  à  lobes  un  peu  écartés  ;  pédoncules  dressés, 
flexueux,  un  peu  étalés,  les  inférieurs  au  moins  deux  lois  plus  longs  que 
la  silicule  linéaire-oblongue  rétrécie  aux  deux  bouts. 

M.  Jordan,  dans  ses  Diagnoses ,  dit  qu’elle  se  reconnaîtra  à  ses  fleurs 
très-petites  et  à  pétales  très-étroits,  ses  feuilles  étroites  et  dentées, 


SÉANCE  DU  2  A  NOVEMBRE  1871.  32 1 

très-vertes  et  constamment  dépourvues  de  tache  à  leur  base,  ses  tiges 
Unes,  relevées  et  ordinairement  très-nombreuses. 

Forme  g.  majuscula.  —  E.  majuscula  Jord.  Puy.  p.  11  et  Diagn.  p.  245.  — 
Bor.  Fl.  cenlr.  éd.  3,  p.  64.  —  Lieux  sablonneux,  champs.  —  Avril. 
—  C.  —  Alluvions  du  Cher  !! 

Hampes  très-élevées,  souvent  hispides  inférieurement.  Feuilles  larges, 
allongées,  obovales  ou  oblongues,  lancéolées,  entières  ou  dentées, 
atténuées  en  pétiole  à  la  base  et  chargées  de  poils  bi-  ou  trifurqués 
fleurs  grandes,  pétales  bifides  presque  trois  lois  plus  grands  que  le 
calice  ;  pédoncules  dressés -étalés,  les  inférieurs  3-4  fois  plus  longs  que  la 
silicule  oblongue-elliptique  un  peu  rétrécie  à  la  base  et  au  sommet. 

Dans  ses  Diagnoses ,  M.  Jordan  dit  qu’elle  diffère  de  VE.  brevifolia  par 
ses  fleurs  notablement  plus  grandes,  ses  feuilles  d’un  vert  pâle,  un  peu 
grisâtres,  plus  grandes,  de  forme  plus  allongée,  plus  aiguës,  plus  lon¬ 
guement  rétrécies  en  pétiole  à  la  base.  Elle  s’éloigne  de  VE.  occiden¬ 
tales  par  les  mêmes  caractères  et,  de  plus,  par  ses  silicules  du  double 
plus  grandes,  à  style  moins  écourté. 

J’ai  essayé  de  réunir  le  plus  de  caractères  possible  pour  aider  le 
botaniste  de  ces  contrées  à  reconnaître  ces  formes  qui  doivent  être  les 
plus  communes  dans  l’arrondissement,  à  en  juger  par  le  nombre  assez 
considérable  d’échantillons  que  j’ai  recueillis  dans  des  stations  dif¬ 
férentes. 

VIOLAMÉES. 

Viola  Tourn. ,  L. 

V.  Reiclieiibachiana  Jord.  — -  Bois.  - —  Avril— mai.  —  .  —  A.  C. 

Env.  de  Montluçon,  lisière  du  bois  de  Chauvière  !!  Lavaux-Sainte-Anne  !! 

Quinsaines,  bois  tourbeux  de  Bodijoux  !! 

CA  KYOIMIY  LLÉ  ES. 

Cerastium  L. 

C.  brachypetalum  Desp.  —  Lieux  sablonneux.  —  Avr.  -juill.  —  ®. 

—  A.  C. 

Montluçon,  alluvions  du  Cher  sous  Saint-Jean!!  Env.  de  Lignerolles, 

montagnes  des  bords  du  Cher!!  pelouses  des  rochers  du  ravin  de  Gout¬ 
tière  !!,  etc. 

CrÉRANIACÉES. 

ERODJUM  L’Hérit. 

fe.  triviale  Jord.  —  Vignes,  bords  des  chemins.  —  Mars-oct.  —  (D  et  ©. 

—  A.C. 

Alluvions,  vignes  du  Thet  !!,  etc. 

E.  commivtum  Jord.  —  Lieux  sablonneux.  — -  Avr. -sept.  —  ®  et  ©.  — 

R.  —  Stigmates  d'un  rose  clair. 

Alluvions  du  Cher,  aux  lies  !! 

Cette  espèce  a  les  pétales  plus  tachés  (de  noir)  que  VE.  prælermissum  Jord.  dont 

elle  diffère  à  priori  par  ses  stigmates.  VE.  triviale  Jord.  a  les  pétales  non  tachés. 

T.  XVIII.  (séances)  21 


SOCIETE  BOTANIQUE  UE  FRANCE. 


322 

E.  Boreanum  Jord.  —  Lieux  sablonneux.  —  JVlai-sept.  —  ©.  —  R1L 

Alluvions  du  Cher  aux  lies!!,  où  il  est  rare. 

On  distinguera  à  priori  cette  espèce  à  ses  fleurs  d’un  blanc  rosé,  les  autres  espèces, 
reconnues  jusqu’ici  dans  l’arrondissement,  ayant  les  fleurs  d’un  rouge  clair  ou  violet 
pourpre.  —  L’ E.  pilosum  Ber.  diffère  de  toutes  les  autres  par  les  folioles  de  ses  feuilles 
fortement  découpées  (jusqu’à  la  côte). 

BAESAMIAÉES. 

Impatiens  L. 

I.  iMoii-iungere  L.  —  Lieux  frais  et  couverts.  —  Juiu-juill.  —  ®.  —  R. 
Euv.  d’Audes,  lieux  marécageux  de  la  prairie  de  Piau  près  du  canal  du 
Berry  !!,  où  cette  espèce  est  commune. 

LÉGUMINEUSES. 

Trifolium  Tourn.,  L.  part. 

T.  sabuietoruin  Jord.  - —  Lieux  sablonneux.  —  Juill. -sept.  —  (2).  — 
Peu  C. 

Alluvions  du  Cher  !! 

T.  gracile  Thuill.  —  Champs  sablonneux.  —  Juin-sept.  —  ®.  —  A.C. 
Alluvions  du  Cher  !!  rochers  du  Gourre-du-Puy  !! 

Orobus  Tourn.,  L. 

O.  ttiger  L.  —  Bois.  —  Juin-juill.  —  RR. 

Lavaux-Sainte-Anne  (Sevrant  sec.  Bor.  Fl.  centr.  éd.  1)  ;  bois  d’Audes  !! 
où  il  est  très-rare. 

# 

On  trouve,  au  Bateau  du  Mas,  une  forme  ( ladfolius )  de  YO.  tuberosus  L.  qui  possède 
des  feuilles  larges,  mais  qui  ne  noircissent  pas  ou  très-peu  par  la  dessiccation. 

ROSACÉES. 

Potentilla  L.  part. 

p.  supina  L.  —  Grèves  des  étangs.  —  Juin-sept.  —  ®.  —  R. 

Env.  de  Montluçon,  étang  de  Passât  !!,  où  il  est  très-commun. 

Rubus  Tourn.,  L. 

(Frulicosi  veri .) 

15.  silvaticus  Bor.  Fl.  centr.  éd.  3,  p.  199  ;  Weihe  et  Nees?  —  Bois.  — 
.luill-août.  —  —  Peu  C.  —  Bois  d’Audes!! 

K.  iastîgiatns  AVeihe  et  Nees.  —  R.  suberectm  Anders.  sec.  Bor.  Fl.  centr. 
éd.  3,  p.  20ù?—  Bois  couverts.  — Juin-août.  —  .  —  Peu  C. 

Bois  d’Audes  !! 

Turiou  glabrescent,  d’abord  dressé,  puis  arqué,  anguleux  à  faces  planes,  munis  d’ai¬ 
guillons  réguliers  un  peu  arqués.  Feuilles  quinées,  vertes  sur  les  deux  faces,  pubescentes. 


SEANCE  DU  2li  NOVEMBRE  1871. 


3*23 

minces;  folioles  assez  longuement  pétiolulées,  les  latérales  ovales  cuspidées,  la  termi¬ 
nale  ovale-cordiforme ,  longuement  cuspidée  ;  stipules  linéaires,  ciliées -glanduleuses  ; 
panicule  ou  grappe  très-simple  ;  calice  glabre  à  la  base,  pubescent  au  sommet,  parfois 
tomenteux  sur  les  bords,  réfléchi  après  l’anthèse  ;  pétales  ovales,  blancs  (les  pétales 
jeunes  sont  d’un  rose-pâle  et  blanchissenten  vieillissant  [ Chaboisseau  /]),  fruits  médiocres, 
noirs,  d’une  saveur  agréable,  acidulé.  Floraison  précoce  par  rapport  aux  autres  espèces. 
(Descript.  d’après  Weihe  et  Nees  Rub.  germ.  p.  16,  tab.  2,  extr.  et  trad.) 

Cette  espèce  se  distingue  surtout  par  la  disposition  de  ses  fleurs  en  grappes  simples, 
es  pédoncules  étant  simples  ou  à  peu  près. 


Depuis  la  publication  de  nos  Rosacées,  M.  L.  Gaston  Genevier  a  publié,  dans  son  Essai 
monogr.  des  Rubus  du  bassin  de  la  Loire  (1869),  les  espèces  suivantes  rencontrées  par 
lui  dans  le  sud-est  du  département  de  l’Ailier,  aux  environs  de  Vichy  et  de  Cusset,  Dans 
son  savant  ouvrage,  on  trouvera  une  méthode  dichotomique  et  les  descriptions  de  ces 
Rubus  dont  la  plupart  ne  figurent  pas  dans  la  Flore  du  centre  de  la  France. 

Rubus  agrestîs  AV.  et  Kit.,  Gast.  Genev.  n°  28.  —  Haies. -Juin-août. — 

l>.  —  Vichy,  montagne  Saint-Amand;  Cusset. 

Le  R.  diversifolius  Lindl.,  cité  par  moi  dans  les  environs  de  Montluçon,  p.  81,  est 
décrit  par  M.  Gast.  Genevier  sous  le  n°  26. 

—  cuspûiatus  Muell.,  Gast.  Genev.  n°  41.  — Bois  frais.  —  Juin.  —  h. 

—  Cusset. 

—  caiiiphyiius  Muell.,  Gast.  Genev.  n°  47.  —  Forets,  bois.  —  Juin-juill, 

—  t>.  — Cusset,  à  l’Ardoisière. 

J’ai  cité  cette  espèce  aux  environs  de  Montluçon,  page  81 . 

—  ampiiioiias  Muell. ,  Gast.  Genev.  n°  48.  —  Bois  Irais.  — Juin-juill.  — 

.  —  Cusset,  à  l’Ardoisière. 

—  emersistylus  Muell.,  Gast.  Genev.  n°  52.  —  Bois.  —  Juill.  —  b .  — 
Cusset,  bois  montagneux,  près  de  l’Ardoisière. 

—  ivienkcî  AV.  et  N.,  Bor.,  Fl.  centr.  éd.  3,  p.  197,  Gast.  Genev.  n°  69. 

—  Bois  montueux.  —  t,.  —  Juin-juill.  —  Cusset,  à  l’Ardoisière. 

—  hirtus  AV.  et  Kit.,  Gast.  Genev.  n°  81,  Bor.  FL  centr.  éd.  3,  p.  190. 

—  Bois  montagneux.  - — Juin-juill.  —  —  Cusset,  à  l’Ardoisière. 

—  meianoxyion  Muell.  et  AV ir tg. ,  Gast.  Genev.  n°  89.  —  Bois.  —  Juill.  — 
1? .  —  Cusset,  à  l’Ardoisière. 

—  ampiiicitioros  Muell.,  Gast.  Genev.  n°  111.  —  Granité.  —  Juin-juill. 

—  Cusset,  près  de  l’Ardoisière. 

—  ncmophiiiis  Rip. ,  Gast.  Genev.  n°  132.  —  Haies,  bois.  —  Juill.  —  b . 

—  Ilauterive,  Vichy,  Cusset. 

—  robustus  Muell.,  Gast.  Genev.  n°  137.  —  Haies,  bois.  —  Juin-juill.  — 
b  —  Vichy. 

J’ai  cité  cette  espèce  aux  environs  de  Montluçon,  page  81. 

—  aibomicans  Rip.,  Gast.  Genev.  n°  178.  —  Vignes,  lieux  pierreux.  — 
Juin-juill.  —  b .  —  Cusset,  à  l’Ardoisière. 

—  Lioycüanus  Gast.  Genev.  n'1  185.  —  Coteaux  et  champs  arides.  —  Juill. 

—  b.  —  Cusset. 


‘V2/l  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

ituims  tomentosns  Borkh.,  Gast.  Genev.  il0  187,  Bor.  Fl.  centr.  éd.  3, 

p.  201.  —  Champs  incultes,  buissons.  — Jui 11.  —  — Vichy,  Cusset. 

J’ai  cité  cette  espèce  aux  environs  de  Montluçon,  page  81,  je  l’ai  rencontrée  depuis 
près  du  ravin  de  Gouttière  !! 

—  collinus  DG.,  Bor.,  Fi.  centr.  éd.  3,  p.  202,  Gast.  Genev.  n°  189. 

Lieux  stériles  ou  incultes.  —  j?.  —  Juill.  — Gannat  (Bor.  Fl.  centr.). 

On  rencontrera  probablement  une  partie  de  ces  espèces  dans  l’arrondissement  de  Mont¬ 
luçon,  dans  la  région  des  montagnes;  néanmoins  il  est  à  remarquer  que  beaucoup 
d’entre  elles  ont  été  récoltées  à  l’Ardoisière,  près  de  Cusset,  c’est-à-dire  dans  le  terrain 
de  transition,  qui  n’a  pas  encore  été  observé  dans  l’arrondissement. 

Rosa  Tourn.,  L. 

(Canines.) 

tt.  dnmetornm  Thuill.  —  Haies.  —  Mai-juin.  —  ^  .  —  Peu  G.  —  Feuilles 

pubescentes. 

Env.  de  Montluçon,  avenue  du  château  de  Gouttière!! 

R,  amiegaveiisis  Basl.  —  Haies.  —  Mai-juin.  —  .  —  Peu  G.  —  Feuilles 

glabres. 

Haies  du  chemin,  au-dessus  de  Lavaux-Sainte-Anne,  et  qui  va  à  Traîne- 
Balais!! 

Varie  à  fleurs  blanches.  —  Même  localité. 

SANG1J1SORBÉES. 

POTERIUM  L. 

p.  platyiophum  Jord.  —  P.  muricatum  a  Spach.  — Champs.  —  Mai-juill. 
—  —  A. G. 

Env.  de  Montluçon,  champs  aux  environs  de  Goutelle  et  du  ravin  de 
Gouttière  !!,  etc. 

p.  stcnoiopiium  .lord.  —  lJ.  muricatum  (3  Spach.  —  Pelouses  sèches.  — 
Mai-juill.  —  —  A.  G. 

Montluçon,  talus  du  bois  de  la  Liaudon  !!,  etc. 

Ces  deux  espèces  remplacent  le  P.  muricatum  Spach,  page  84. 

P.  gucstpliaücum  Bœuningh. —  Coteaux  arides,  talus  secs. —  Mai-juill.  — 
—  A.  R.  —  Terrains  argileux  ou  calcaires. 

Montluçon,  coteau  de  l’Abbaye!!  G.;  env.  d’Andes,  monticule  calcaire 
de  Pian,  près  du  canal  !!  Passât,  talus  près  de  l’étang  !! 

Cette  espèce  se  distingue  à  priori  des  trois  autres  par  ses  tiges  grêles,  hérissées 
surtout  à  la  base. 

HA  EOR  ÂGÉES. 

Callitriche  L. 

C.  hamuiata  kuelz.  — Rivières.  — .luiu-sept.  — (ï)  ou  r.  —  Peu  G. 

Dans  le  Cher  au-dessous  des  Varenues  !! 


SÉANCE  DU  klh  NOVEMBRE  1871  . 


325 


CUASSULJLCÉES. 

Sedum  L. 

I 

s.  cæsium  Bor.  Monogr .  inéd.  —  Rochers  et  lieux  secs.  —  Juill.  —  if. 

Env.  de  Montluçon,  talus  rocailleux  du  Bateau  du  Mas,  près  de  la  Tarde  î! 
sur  la  limite  de  l’arrondissement  et  probablement  ailleurs. 

Cette  espèce  ne  figurant  pas  encore  dans  la  Flore  du  centre  de  la  France,  M.  Boreau 

a  eu  l’obligeance  de  m’adresser  la  description  et  les  observations  suivantes  : 

Sedum  cæsium  Boreau  Fl.  centr.  Suppl,  (inédit).  —  S.  glaucum  Smith?  non  Waldst.  et 
Kit.  —  Tiges  de  2  à  3  décim.  couchées  à  la  base  puis  redressées  ;  feuilles  glauques 
ponctuées;  rejets  stériles  oblongs,  à  feuilles  non  sériées,  imbriquées,  cylindriques 
mucronées,  les  caulinaires  petites  apprimées  un  peu  aplanies,  prolongées  à  la  base 
en  appendice  court,  tronqué  ;  cyme  serrée,  penchée  avant  l’anthèse,  à  rameaux  courts, 
munis  de  bractées;  fleurs  d’un  beau  jaune,  la  plupart  sessiles  sur  les  axes;  calice  à 
lobes  petits  lancéolés,  un  peu  pointus  ;  boutons  en  pyramide  oblongue,  à  partie  sail¬ 
lante  de  la  corolle  dépassant  au  moins  trois  fois  le  calice  au  moment  de  l’épanouis¬ 
sement  ;  6-7  pétales  étalés,  oblongs  un  peu  en  canal,  poils  hyalins  très-courts  au  fond 
de  la  fleur  ;  bec  des  carpelles  un  peu  plus  court  que  les  étamines  ;  écaille  necta- 
rifère  presque  carrée,  à  angles  émoussés.  —  Commencement  de  juillet. —  2:.  — 
Lieux  secs  et  pierreux,  —  C. 

Obs.  — Très-voisin  du  S.  albescens  Haw.,  qui  diffère  par  sa  taille  et  ses  proportions 
moitié  plus  petites,  par  les  boutons  en  pyramide  obtuse,  à  partie  saillante  dépas¬ 
sant  le  calice  environ  deux  fois  et  non  trois  fois,  par  les  rameaux  de  la  cyme  très- 
peu  étalés  et  non  à  la  fin  scorpioïdes.  —  Le  S.  collinum  Willd.,  qui  croît  aussi  au 
bord  du  Cher,  diffère  par  sa  fleuraison  un  peu  plus  tardive,  les  feuilles  plus  étalées  et 
atténuées  en  pointe  subulée  blanchâtre  et  qui  ne  sont  pas  seulement  mucronées  comme 
dans  le  S.  cæsium. 

Un  petit  Sedum ,  dont  les  pétales  sont  acuminés  et  qui  aurait  été  recueilli  sur  les  rochers 
du  Gourre-du-Puy,  près  de  Montluçon,  m’a  été  remis  en  mauvais  état  sous  le  nom  de 
S.  hirsulum  Ail.  Après  de  minutieuses  recherches  dans  la  localité  indiquée,  je  n’ai 
rencontré  aucun  pied  de  cette  espèce.  Jusqu’à  plus  ample  confirmation  dans  l’arrondis¬ 
sement,  je  me  contente  donc  de  signaler  le  fait  pour  mémoire.  Du  reste  le  S.  hirsutum 
Ail.  n’a  encore  été  observé  jusqu’ici  que  dans  le  sud  du  département,  d’après  M.  Boreau, 
à  qui  j’ai  communiqué  l’échantillon  douteux  cité  plus  haut. 

OilBELLIFÈRE:^ 

OEnanthe  Tourn. ,  L. 

05.  peucedanifoiia  Poil.  —  Prairies  humides.  —  Mai-juin.  —  r.  —  À.C. 

Env.  de  Montluçon,  prairies  de  Montgacherü  Marmignolles  et  Déser- 
tinesü  env.  de  Passât,  prairies  des  domaines  de  Chaput  et  des  Gosis  !!  env. 
de  Vaux-sur-Cher  et  d’Audes  !!,  etc. 

CAPR1FOMACÉE&. 

Sambucus  Tourn.,  L. 

s.  racemosa  L.  — Bois  montagneux  dans  le  granité.  —  Fl.  avr.-mai,  Fr. 
juill. -août  —  t) .  —  A. R. 

Marcillat,  bois  du  Chignoux,  au  bord  de  la  route  de  Saint-Pardoux  î 
( Mm •  Vaillant.) 


320 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

M.  L.  de  Lambertye  [Bull.  Soc.  d’émul.  de  l'Ailier,  !.  X,  p.  39)  l'indique  près  de  cette 
localité,  env.  de  Chambouchard  (Creuse). 

RIIIIICKES. 

Galium  L. 

g.  viriduium  Jord.  Pug.  p.  79.  —  Pelouses  montueuses,  talus  secs  et 
pierreux  surtout  dans  le  granité.  — Fl.  juin,  Fr.  juillet.  —  —  Peu  G. 

Env.  de  Montluçon,  Bateau  du  Mas  à  l’entrée  du  chemin  de  Saint-Ma- 

rien  î!  sur  la  limite  de  P  arrondissement  et  probablement  ailleurs. 

Cette  espèce  ne  figurant  pas  encore  dans  la  Flore  du  centre  de  la  France ,  j’ai  traduit 
la  description  suivante  deM.  Jordan  : 

Panicules  allongées,  à  rameaux  le  plus  souvent  étalés  ou  défléchis,  en  grappes  oblon- 
gues  terminées  par  des  grappes  plus  petites  ovales-oblongues,  mnltiflores  à  fleurs  rap¬ 
prochées ;  pédicelles  trois  fois  plus  longs  que  l’ovaire  subarrondi  ;  corolles  petites  blanch⬠
tres  à  lobes  lancéolés-oblongs  apiculés;  styles  très-courts ,  soudés  dans  leur  moitié  infé¬ 
rieure,  dressés  ou  subétalés,  beaucoup  plus  courts  que  l’ovaire;  fruit  petit  brunâtre 
finement  granulé;  feuilles  d’un  vert  gai,  un  peu  luisantes ,  presque  papilleuses,  non 
épaisses,  subtransparentes,  les  caulinaires  habituellement  verticillées  par  huit,  étalées 
défléchies,  linéaires,  rétrécies  à  la  base,  très-aiguës  au  sommet,  mucronées,  munies  en 
dessous  d’une  nervure  légère  un  peu  saillante,  à  bords  légèrement  enroulés  et  munies 
d’aiguillons  faibles  ascendants,  nombreux  et  rapprochés  ;  tiges  diffuses  à  la  base,  ascen¬ 
dantes,  dressées  sans  roideur,  renflées  aux  nœuds,  souvent  pubescentes  ;  racine  grêle, 
rameuse,  très-longuement  rampante. 

Cette  espèce  appartient  à  la  section  du  G.  silvestre  Poil.,  avec  lequel  je  l’avais  confon¬ 
due  et  qui  doit  être  moins  commun  dans  l’arrondissement  que  je  ne  l’ai  indiqué  page  99. 
Le  G.  silvestre  Poil,  paraît  en  différer  à  priori  par  ses  feuilles  moins  aiguës,  à  nervures 
saillantes  et  plus  épaisses. 

Le  G.  viriduium  Jord.  est  voisin  du  G.  rigidum  Vill.,  dont  il  se  distingue  par  ses 
fleurs  deux  fois  plus  petites,  par  les  styles  plus  courts,  les  fruits  plus  petits,  les  feuilles 
beaucoup  plus  minces  et  plus  aiguës,  par  sa  racine  grêle  très-longuement  rampante. 

G.  supimim  Lamk. —  Rochers,  broussailles. — Juin -juill. —  ’2f. — Peu  G. 

Forme  odoratum.  —  Montluçon,  rochers  du  Gourre-du-Puy  !  !  —  Cette  forme  est  odo¬ 
rante  à  l’état  frais  et  sec  et  a  l’odeur  de  1  ’Âsperula  odorata  L.  (sec);  elle  est  telle¬ 
ment  voisine  du  G.  supinum  Lamk  (lequel  n’est  pas  odorant),  qu’il  a  été  impossible  de  la 
séparer  de  cette  dernière  espèce.  J’ai,  du  reste,  consulté  à  ce  sujet  le  savant  auteur  de 
la  Flore  du  centre ,  et,  après  examen,  il  a  jugé  lui-même  que  notre  plante  ne  pouvait  être 
qu’une  forme  voisine  du  G.  supinum  Lamk. 

J’ai  rencontré,  sur  les  rochers  un  peu  humides,  dans  la  gorge  du  val  du  Diable  près 
Désertines,  un  Galium  à  tige  grêle,  rameux  au  sommet  et  à  la  base,  à  feuilles  verticil¬ 
lées  par  6  ou  7,  linéaires,  terminées  par  un  mucron  très-prononcé,  lisses  au  bord,  et  qui 
paraît  intermédiaire  entre  les  G.  commutalum  Jord.  et  lœve  Thuill. ,  mais  plus  voisin  de 
ce  dernier. 

G.  augiicum  Huds.  —  Lieux  sablonneux  ou  pierreux.  —  Juin-août.  — -  @ 
et  (Z).  —  Peu  C. 

Montluçon,  alluvions  du  Cher,  au-dessous  de  Saint-Jean!!  où  il  est  assez 
commun. 

Le  Galium  saxalile  L.  est  commun  dans  les  bois  montagneux  de  l’arrondissement,  du 
côté  du  Marcillat;  clairières  sèches  du  bois  des  Champeaux  !! 

Crucianella  L. 

€.  angustifoiia  G.  —  Lieux  sablonneux.  —  Juin— juill.  —  0. —  Peu  G. 


SÉANCE  DE  '2 II  NOVEMBRE  !  S7  l  . 


3*27 


Montluçon,  bords  du  Cher!!,  où  il  esl  rare  et  apporté  probablement 
des  montagnes  avec  les  débris  granitiques.  —  Désertines,  montagnes  arides 
de  la  gorge  du  val  du  Diable!!,  où  il  est  commun. 

Dans  cette  dernière  localité,  les  tiges,  au  lieu  d’être  dressées,  sont  couchées  et  les 
rameaux  divariqués  très-étalés  (forme  supino-divaricata) . 

COMPOSÉES. 

Arnica  L. 

a.  montana  L.  —  Bois,  bruyères.  —  Juin-juill.  —  2f.  —  PvR. 

Env.  de  Marcillat,  clairières  du  bois  des  Champeaux!!  sur  la  limite  de 
l’Ailier  et  du  Puy-de-Dôme  (Mme  E.  Duché).  Alt.  495  in. 

Cette  espèce  croît  sur  un  espace  restreint,  et  il  est  à  espérer  que  l’exploitation  actuelle 
de  ces  bois  pour  le  charbon  ne  la  fasse  pas  disparaître.  Elle  a  été  indiquée  en  1822  k 
Néris  par  Boirot-Desserviers. 

Senecio  L. 

s.  aquaticus  Huds. —  Prairies  humides  et  marécageuses.  — -  Juin-août.—* 
—  Peu  C. 

Env.  de  Passât,  prairies  du  domaine  de  Chaput  !!  Perreguines,  boires  près 
de  l’écluse  du  canal  !! 

Hypochoeris  L. 

(Achyrophorus  Scop.) 

u.  macula  ta  L.  —  Achyrophorus  maculatus  Scop.  —  Pâturages  des  bois, 
bruyères.  —  Juin-août.  —  —  R.  —  Brandes  et  clairières  du  bois 

d’Audesü,  où  il  est  assez  commun. 

Dans  les  champs  humides,  on  trouve  parfois  une  forme  élancée  de  VH.  radicata  L., 
à  feuilles  sinuées,  un  peu  maculées  lavées  de  rouge  (H.  maculala  L.,  Migout  Fl.  de 
l'Ailier ,  aux  Cluzeaux  près  Montluçon).  —  Prairies  de  Chambiet  !! 

Scorzonera  Tourn.,  L.  part. 

s.  iiumiiis  L.  —  Bois  humides  et  prairies  marécageuses.  —  Mai-juill.  — 

®-  —  G. 

Montluçon,  prairies  de  la  Brosse!!  JNéris,  prairies  au-dessous  de  Bloux  !! 
Ouinsaines,  tourbières  de  Le  Méry  et  du  bois  de  Bodijoux  !!  env.d’Audes, 
dans  le  bois  et  près  du  château  de  la  Crête!!  prairies  du  Cluzeau  d’Au- 
des  !!  env.  de  la  Chapelaude,  les  Couteaux,  etc. 

Plante  variable,  tantôt  à  tige  basse  et  à  feuilles  courtes,  tantôt  élevée  à  feuilles  allon¬ 
gées.  —  Le  S.  plantaginea  Schleich.  du  bois  de  la  Liaudon,  ne  me  paraît  être  qu’une 
forme  plus  élancée  à  feuilles  très-allongées,  probablement  parce  qu’elle  croît  dans  des 
endroits  tourbeux  et  ombragés. 

Taraxacum  Juss. 

—  Lieux  sablonneux.  — Avril-mai.  —  —  A.C, 


T.  lævigatum  RC. 


3*28 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  UE  FRANCE. 


Alluvions  du  Cher  et  des  torrents,  vallée  du  ruisseau  de  Nérisü,  elc. 


Le  T.  erythrospermum  Andrz.  est  une  forme  de  celte  espèce  à  fruits  rougeâtres. 


Hteracium  Tourn.,  L.  part. 

Section  umbellatum. 

il.  Boreanum  Jord.  —  Taillis  à  découvert.  —  J uill. -août. —  if.  —  Peu  C. 

Montluçon,  vallée  de  l’Amaron,  talus  boisés  du  chemin  de  fer  près  du 
quatrième  tunnel. 

Section  silvalicum. 

H.  auriiientmu  Jord.  — Bois.  —  Juiu-juill.  —  if.  — K. 

Env.  de  Marcillat,  clairières  du  bois  des  Champeaux  !! 

II.  paiicinævuoi  Jord.  — Taillis,  rochers.  • — Juiu-juill.  —  if.  —  Peu  C. 
—  Granité. 

Bateau  du  Mas,  taillis  du  chemin  de  Saint-Marien  !! 

H.  nsevniiferum  Jord.  —  Faillis,  bois.  — Juiu-juill.  — if.  — A  .G. 

Env.  d’Audes,  lisière  du  bois  d’ Andes,  du  côté  du  chemin  de  Vaux-sur- 
Cherü  taillis  au-dessus  de  l’église  de  Nassigny  !! 

H.  spurcatuui  Jord.  —  Taillis,  bois.  — Juiu-juill.  —  ty.  —  Peu  C. 

Env.  de  Montluçon,  taillis  du  ravin  de  Gouttière,  rochers  des  bords  de 
la  route  de  Goutelleü  C. 

•  Section  murorum. 

H.  failens  Jord.  — Bois.  —  Mai-juin.  —  ?f .  —  R. 

Env.  de  Marcillat,  talus  de  la  route  de  Saint-Pardoux,  près  du  bois  du 
Chignoux  !! 

u.  scabripes  Jord.  —  Bois  couverts.  —  Mai-juin.  —  if.  —  Peu  C.  — 
Granité.  —  Env.  de  Montluçon,  ravin  du  bois  de  Chauvièreü 


PRIMULACÉE». 

Samolus  L. 

s.  l’aieramli  L.  —  Lieux  humides.  —  Juin-août.  —  if.  —  RR. 

Env.  de  Montluçon,  dans  les  bruyères  côte  nord  au  Roc-du-Saint 
(L.  de  Lamberlye  Bull.  Soc.  d'émul.  de  l'Ailier ,  t.  X,  p.  39). 

SCROFITLARIÉFS. 

Euphrasia  Tourn.  L.  part. 

E.  officinal!»  L.  —  Prairies.  —  Juin-sept.  —  ®.  —  A. B. 

Env.  de  Marcillat,  prairie  de  l’étang  de  la  Romagère  !! 


SÉANCE  nu  V |  NOVEMBRE  1  S 7 1 . 


S  20 


Clef  dichotomique  du  genre  hiuphrasia. 

A.  Section  1.  Glandulosæ. 

Tige  velue  glanduleuse  au  moins  supérieurement ,  ou  feuilles  velues-glanduleuses. 


Calice  toujours  velu ,  le  plus  souvent  glanduleux. 

\  Fleurs  petites,  tube  de  la  corolle  inclus  dans  le  calice .  2 

(  Fleurs  assez  grandes . « .  3 


!  Feuilles  largement  ovales,  pubescence  glanduleuse  dense .  K.  hirtella  Jord. 

Feuilles  médiocres  à  dents  obtuses ,  pubescence  courte  et  roide ,  tige  grosse  sub- 
fistuleuse .  E.polyadena  Gren.  et  Roux. 


^  j  Capsules  dépassant  la  feuille  florale .  E.  campestris  Jord. 

(  Capsules  ne  dépassant  pas  la  feuille  florale .  ï 


/Feuilles  larges,  obtuses,  toutes  à  dents  obtuses,  grappe  interrompue  à  la  base . 

^  \ .  E.  montana  Jord. 

î  Feuilles  sup.  à  dents  brièvement  acuminées,  grappe  non  interrompue  à  la  base  .  . 

\ .  5. 

ÎTige  couverte  de  poils  longs  et  mous ,  glanduleux  abondants .  E.  officinalis  L. 

Tige  munie  de  poils  courts ,  moins  glanduleux,  rameaux  plus  ouverts . » 

.  E.  uliginosa  Ducommuu 


B.  Section  2.  Eglandulosæ. 


Tige  plus  ou  moins  velue,  non  glanduleuse  ;  feuilles  glabres  ou  glabrescentes  (rare¬ 
ment  hispides)  non  glanduleuses ,  calice  glabre  ou  plus  ou  moins  velu,  rarement  un  peu 
glanduleux. 

Corolle  blanche  mêlée  de  bleu,  de  lilas  ou  de  jaune .  3. 

Corolle  très-petite  toute  jaune  ou  jaune  à  lèvre  sup.  lilas,  plante  naine . 2. 

9(  Feuilles  à  dents  sup.  aiguës . ' . E.  minima  Jacq. 

(  Feuilles  très-petites  à  dents  toutes  obtuses ,  tige  filiforme .  E.  minor  Jord. 

^  {  Capsule  dépassant  la  feuille  florale .  4. 

(  Capsule  ne  dépassant  pas  la  feuille  florale,  généralement  plus  courte .  7. 

STige  grêle,  fleurs  en  grappes  lâches,  capsules  non  émarginées  au  sommet  et  tron¬ 
quées .  E.  gracilis  Fr.  E.  nemorosa  Pers. 

k  Capsules  mucronées,  émarginées  au  sommet .  5. 

-  t  Fleurs  en  grappes  courtes,  grosses,  plante  trapue,  tige  grosse.  .  .  E.  nitidula  Reut. 

)  Fleurs  en  grappes  allongées,  plante  naine .  ...  6. 

^  \  Feuilles  à  dents  sup.  aiguës .  E .  minima  Jacq. 

(Feuilles  très-petites  à  dents  toutes  obtuses,  tige  filiforme .  E.  minor  Jord. 

«  i  Feuilles  pubescentes  hispides .  E.  puberula  Jord. 

\  Feuilles  glabres  ou  glabrescentes .  8. 

g  t  Feuilles  linéaires  munies  vers  leur  tiers  sup.  de  deux  dents  aiguës.  E.  tricuspidata  L. 
(Feuilles  dentées  à  plusieurs  dents .  9. 

/  Épi  comme  quadrangulaire ,  feuilles  épaisses ,  dentées,  la  sup.  à  dent  terminale 

toujours  ovale .  E.  telraquetra  Arrondeau. 

|  Fleurs  en  grappe  serrée  ou  lâche,  feuilles  sup.  à  dents  toutes  aiguës,  ou  cuspidées, 
v  ou  brièvement  acuminées .  10. 

f  Calice  velu  ou  subglanduleux .  11. 

j  Calice  glabre  ou  glabrescent .  13. 

I  Feuilles  ovales-oblongues  ou  oblongues,  fleurs  médiocres  ou  petites,  calice  velu.  12. 
H  Feuilles  lancéolées  linéaires  ou  à  peu  près,  fleurs  grandes,  calice  subglanduleux.  .  . 
f .  E.  ramosissima  Reut. 


530  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

{  Feuilles  vertes  à  dents  des  feuilles  sup.  étalées ,  subulées . .  E.  majalis  Jord. 

1 2  )  Feuilles  d'un  vert  rembruni  ou  cuivré,  dents  des  feuilles  sup.  corrigées,  longues , 
(  cuspidées.  —  Plante  brune  ou  noirâtre .  E.  cuprœa  Jord. 

^  |  Fleurs  grandes,  tube  de  la  corolle  très-saillant  hors  du  calice.  ...  E.  alpina  Jord . 

i  Feuilles  ovales  ou  oblongues  à  dents  subobtuses  ou  aiguës .  16. 

14  i  Feuilles  lancéolées-oblongues  ou  lancéolées,  à  dents  très-profondes  acuminées-aris- 

tées .  15. 

;  Tige  simple  ou  rameuse  vers  son  milieu,  feuilles  lancéolées . 

15  ' .  E.  salisburgensis  Funk. 

j  Tige  ord.  rameuse  dès  la  base,  feuilles  lancéolées  oblongues . 

, .  E.  Soyeri  Timb.-Lagr. 

/  Feuilles  inf.  à  dents  subobtuses ,  fleurs  en  grappes  lâches ,  capsules  émarginées- 

mucronées .  E.  rigidula  Jord. 

Feuilles  à  dents  toutes  aiguës,  fleurs  en  grappe,  rapprochées-serrées,  capsules  mu- 
cronées-arrondies  au  sommet .  E.  ericetorum  Jord. 


SAXICINÉES. 

§aiix  pcntandra  L.  —  Bords  des  eaux.  —  Mai-juin.  —  —  BR. 

Env.  de  Terjat,  sur  le  bord  des  prairies  à  Beausson  (L.  de  Lambertye 
Bull.  Soc.  d'émul.  de  l'Ailier ,  t.  X,  p.  39). 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1871. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  GERMAIN  DE  SAINT-PIERRE. 

M.  Larcher,  vice-secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de 
la  séance  du  2Zi  novembre,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

Par  suite  des  présentations  faites  dans  la  dernière  séance, 
M.  le  Président  prononce  l’admission  de  : 

MM.  Leclerc  (François),  ancien  pharmacien,  à  Seurre  (Côte- 
d’Or),  présenté  par  MM.  Fr.  Lombard  et  Ch.  Royer  ; 

Vendrvès,  attaché  au  ministère  de  l’Instruction  publique, 
place  Saint-Sulpice,  h ,  à  Paris,  présenté  par  MM.  Ad. 
Larcher  et  Aug.  Delon  dre. 

M.  le  Président  annonce  en  outre  une  nouvelle  présentation,  et 
rappelle  à  la  Société  la  mort  prématurée  et  bien  regrettable  de 
M.  Henri  Fournier,  ancien  membre,  décédé  à  Paris  en  août  dernier, 
à  l’àge  de  trente-quatre  ans. 

MM.  Posada-Arango,  Tourlet  et  le  Rév.  Colvin,  membres  de  la 


SÉANCE  DU  S  DÉCEMBRE  1871.  331 

Société,  sont  proclamés  membres  à  vie,  sur  la  déclaration  faite  par 
Mo  le  Trésorier,  qu’ils  ont  rempli  les  conditions  auxquelles  est 
soumise  l’obtention  de  ce  titre. 

A  l’occasion  des  dons  faits  à  la  Société,  M.  Duchartre  appelle 
l’attention  sur  l’annonce  de  la  publication  prochaine  d’un  nouveau 
Nomenclator  botanicus ,  par  M.  Louis  Pfeiffer.  Il  offre  ensuite  à 
la  Société  une  brochure  comprenant  la  série  des  articles  récemment 
publiés  par  lui  sur  le  genre  Lilium. 

M.  Aug.  Delondre  communique  à  la  Société  une  lettre  reçue 
parM.  le  Secrétaire  général,  de  M.  l’abbé  Boulay  (datée  de  Saint- 
Dié  en  Vosges,  le  21  novembre),  qui  annonce  la  découverte  faite  par 
lui  à  Gérardmer  de  XHyocomium  flagellare  B.  S.,  près  du  Saut - 
des-Cuves.  Cette  espèce,  dit  M.  Boulay,  est  nouvelle  pour  nos  ré¬ 
gions  de  l’Est,  si  l’on  ne  tient  pas  compte  delà  localité  de  Geroldsau 
près  Baden  (Grand-duché  de  Bade). 

M.  Van  Tieghem  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 


SUR  LES  CANAUX  OLÉIFÈRES  DES  COMPOSÉES,  par  M.  Ph.  VAX  TIEfeHEM. 


ï.  —  Appareil  oléifère  de  l’OEillet-d’Inde  (Tagetes  patula)  (suite). 

Tige. 

Etudions  la  tige  jeune,  avant  l’apparition  des  formations  secondaires,  et  por¬ 
tons  d'abord  notre  attention  sur  sa  région  hypocotylée  ou  ligelle,  et  notam¬ 
ment  sur  la  base  de  cette  région,  là  où  s’opère  le  passage  de  la  racine  prin¬ 
cipale  à  la  tige.  Ce  passage  est  indiqué  au  dehors  par  une  ligne  circulaire 
très-nette  séparant  l'épiderme  rose  et  lisse  de  la  tigelle  de  l’épiderme  gris  et 
velu  de  la  racine. 

D’une  façon  générale,  il  existe  toujours  entre  ces  deux  épidermes  une 
brusque  différence  qui  indique  nettement  an  dehors  la  limite  entre  la  racine  et 
la  tige,  et  cette  différence  superficielle  provientde  la  différence  d’origine  des  deux 
organes.  La  tigelle,  en  effet,  est  un  axe  primitif  exogène,  tandis  que  la  racine 
principale  est  un  axe  secondaire  endogène.  La  tigelle  de  la  plantule  est  issue 
du  simple  allongement  de  la  tigelle  de  l’embryon,  laquelle  s’est  développée 
directement  dans  le  sac  embryonnaire  par  les  segmentations  successives  de  la 
moitié  inférieure  de  la  cellule  primordiale.  Sa  surface  externe,  son  épiderme, 
a  donc  toujours  été  extérieur.  La  racine  principale  au  contraire  est  née  à  l’in¬ 
térieur  du  tissu  de  la  tigelle,  au  voisinage  de  sa  base,  c’est-à-dire  de  son  point 
d’attache  au  suspenseur,  par  la  formation  d’une  calotte  de  cellules  génératrices 
à  une  certaine  profondeur  au-dessous  de  ce  point  d’attache.  Ces  cellules  géné- 


SOCIÉTÉ  ROTANIQUE  DE  FRANCE. 

ralrices,  se  divisant  à  la  fois  vers  le  suspenseur  ei  vers  la  tigelle,  donnent 
d’un  côté  la  coiffe  et  de  l’autre  le  corps  même  de  la  racine.  Ce  corps  est  plus 
ou  moins  développé  dans  l’embryon.  A  la  germination,  le  cône  radical  refoule 
le  sac  formé  autour  de  lui  par  le  tissu  périphérique  de  la  base  de  la  tigelle  et 
s’allonge  au  dehors.  Dans  un  certain  nombre  de  cas  ( Tropœolum ,  Grami¬ 
nées,  etc.),  ce  tissu  périphérique  est  épais  et  après  sa  rupture  il  subsiste  en 
forme  de  manchette  autour  de  la  racine  principale.  Mais  dans  la  plupart  des 
plantes,  le  sac  est  très-mince,  il  s’émiette  en  quelque  sorte  et  disparaît  de 
bonne  heure,  de  sorte  que  la  manchette  se  réduit  à  une  ligne  nette  circonscri¬ 
vant  la  base  du  pivot.  Ainsi,  sous  le  rapport  de  son  origine  endogène,  le  pivot 
se  comporte  comme  toutes  les  racines  adventives  primaires,  et  comme  toutes  les 
racines  normales  secondaires,  tertiaires,  etc.;  il  n’en  diffère  que  par  sa  position 
terminale.  Donc,  la  surface  externe  de  la  racine,  son  épiderme,  était  d’abord 
intérieure  à  un  tissu  préexistant;  la  surface  externe  de  la  tige,  son  épiderme,  a 
toujours  été  extérieure.  De  là,  la  nature  différente  de  ces  deux  surfaces,  et  dans 
le  premier  âge,  tant  que  les  épidermes  ne  sont  pas  exfoliés,  une  limite  fort  nette. 

Ceci  posé,  cherchons  dans  le  cas  particulier  qui  nous  occupe  aujourd’hui 
si  cette  limite  superficielle  facile  à  constater,  mais  essentiellement  éphémère, 
ne  coïncide  pas  avec  une  limite  interne  fondée  sur  l’organisation  du  cylindre 
central,  un  peu  moins  aisée  à  apprécier  peut-être,  mais  indéfiniment  persis¬ 
tante  et  inaltérable. 

Quand  par  une  série  de  sections  à  travers  la  partie  supérieure  du  pivot  on 
s’approche  de  sa  base,  on  voit  les  deux  lames  vasculaires  se  séparer  au  centre 
à  cause  du  brusque  élargissement  du  cylindre  central,  tandis  que  le  tissu 
conjonctif  se  développant  à  mesure  remplit  tout  l’espace  laissé  entre  elles.  Puis 
chaque  lame  cunéiforme  se  scinde  en  deux  suivant  son  rayon  médian  et  à 
partir  du  centre,  et  il  en  est  de  même  des  deux  faisceaux  libériens  dont  les  deux 
moitiés  s’écartent  simplement  l’une  de  l’autre.  Chaque  moitié  de  la  lame  vas¬ 
culaire  primitive  tourne  alors  autour  de  la  pointe  commune  immobile,  c’est- 
à-dire  autour  du  premier  vaisseau  formé  qui  reste  en  place,  et  quand  la  rota¬ 
tion  est  de  90  degrés,  les  deux  moitiés  sont  dans  le  prolongement  l’une  de 
l’autre,  pointe  contre  pointe.  Elles  s’arquent  ensuite  en  dehors  de  manière  à 
venir  placer  leur  base  élargie  contre  le  bord  interne  de  la  moitié  correspon¬ 
dante  du  faisceau  libérien,  puis  elles  achèvent  de  se  séparer  en  isolant  leurs 
pointes  du  premier  vaisseau  formé  qui  demeure  en  place.  Enfin,  elles  se 
ramassent  sur  elles-mêmes  en  superposition  avec  les  faisceaux  libériens,  et 
finissent  par  tourner  vers  le  centre  leurs  vaisseaux  les  plus  étroits.  Ainsi,  pen¬ 
dant  que  le  liber  primaire  subit  un  dédoublement  et  une  translation  latérale, 
le  bois  primaire  subit  un  dédoublement,  une  translation  latérale  et  une  rota¬ 
tion  de  180  degrés.  Il  était  centripète,  il  est  devenu  centrifuge.  Il  était  alterne 
avec  le  liber  primaire,  il  lui  est  désormais  superposé.  Nous  étions  tout  à 
l’heure  dans  la  racine,  c’est-à-dire  au-dessous  de  la  limite  superficielle  dont 


SÉANCE  DtJ  8  DÉCEMBRE  J  871. 


333 


nous  venons  de  parler;  nous  sommes  maintenant  dans  la  tige,  c’est-à-dire 
au-dessus  de  cette  limite,  et  il  y  a  exacte  coïncidence  dans  les  deux  passages. 
Là  donc  où  s’opèrent  le  dédoublement  du  faisceau  vasculaire  ou  du  bois  pri¬ 
maire,  la  demi-rotation  qui  le  rend  centrifuge  et  la  translation  latérale  qui 
l’amène  à  se  superposer  au  bord  interne  du  liber  primaire  lui-même  dédoublé 
et  dévié,  là  est  la  limite  anatomique,  la  séparation  interne  entre  la  racine  et  la 
tige  (1). 

La  tigelle  possède  donc  dès  sa  base  quatre  faisceaux  doubles  libéro-ligneux 
disposés  en  cercle,  dont  aucun  ne  continue  la  direction  des  quatre  faisceaux 
simples  purement  libériens  et  purement  ligneux  du  pivot,  mais  qui  alternent 
exactement  avec  eux.  Les  cotylédons  qui  la  terminent  s’insèrent  vis-à-vis  des 
deux  intervalles  qui  correspondent  aux  faisceaux  vasculaires  du  pivot  et  aux 
deux  rangs  de  radicelles  ;  ces  intervalles  sont  marqués  par  la  présence  d’un 
unique  vaisseau  spiralé  déroulable,  séparé  de  la  membrane  protectrice  par 
une  assise  de  cellules  rhizogènes  et  qui  n’est  autre  chose  que  la  continuation 
du  vaisseau  le  plus  externe  de  la  lame  vasculaire  du  pivot.  C’est  devant 
les  deux  autres  intervalles  entièrement  libres  que  naissent  les  feuilles  de  la 
seconde  paire. 

En  même  temps  que  le  dédoublement  et  la  rotation  des  faisceaux  vascu¬ 
laires  s’opéraient  à  la  base  de  la  tigelle,  le  cylindre  central  continuait  la  dilata¬ 
tion  déjà  commencée  dans  le  haut  du  pivot,  et  un  large  tissu  conjonctif  paren- 

(1)  Dans  la  plante  que  nous  étudions,  le  faisceau  libérien  et  le  faisceau  vasculaire  se 
dédoublent  tous  les  deux,  et  pour  se  lier  ensemble  ils  font  chacun  la  moitié  du  chemin. 
Ailleurs  le  faisceau  vasculaire  seul  se  divise  et  vient  se  placer  en  dedans  du  faisceau 
libérien  demeuré  immobile.  Dans  d’autres  cas,  c’est  le  faisceau  vasculaire  qui  reste  eu 
place  en  tournant  sur  lui-même,  tandis  que  le  libérien  se  dédouble  et  vient  se  placer  en 
dehors  de  lui. 

Dans  un  grand  nombre  de  plantes  étudiées  à  ce  point  de  vue,  les  quatre  temps  de  la 
transformation  interne  sont,  comme  dans  l’QEillet-d’Inde  et  les  autres  Composées,  presque 
simultanés.  La  rotation  du  faisceau  vasculaire  qui  de  centripète  devient  centrifuge  en 
passant  par  un  développement  latéral,  sa  superposition  au  faisceau  libérien,  la  brusque 
interruption  de  la  membrane  rhizogène  en  dehors  de  ce  dernier,  enfin  la  dilatation  du 
cylindre  central  avec  interposition  du  tissu  conjonctif,  ces  quatre  changements  s’y  opèrent 
dans  un  très-court  espace  et  exactement  au  niveau  marqué  parla  limite  superficielle.  De 
ces  quatre  changements  les  trois  premiers  seuls  sont  essentiels,  le  dernier  n’est  qu’ac- 
cessoire,  puisque  dans  nombre  de  plantes  le  pivot  lui-même  possède  un  large  tissu  con¬ 
jonctif  qui  peut  être  parenchymateux.  Mais  ailleurs  les  quatre  phases  de  la  transformation 
ne  se  montrent  que  successivement  et  sont  séparées  par  d’assez  longs  intervalles.  C’est 
alors  la  première  d’entre  elles  seulement  qui  coïncide  avec  la  limite  superficielle  ;  les 
autres  s’opèrent  plus  ou  moins  haut  dans  la  tigelle.  Et  s’il  est  vrai  que  ce  premier  chan¬ 
gement  suffit  à  marquer  nettement  le  passage  interne  de  la  racine  à  la  tige,  il  faut  con¬ 
venir  cependant  que  la  chose  est  alors  moins  saisissante  que  dans  le  cas  ordinaire.  Les 
Ombellifères,  les  Conifères,  la  Balsamine,  offrent  à  cet  égard  trois  modifications  distinctes. 
Ces  divers  aspects  du  phénomène  proviennent  simplement  de  ce  que  l’accroissement  in¬ 
tercalaire  qui  produit  l’élongation  de  la  tigelle  de  l’embryon  se  trouve  localisé,  suivant  les 
cas,  dans  des  régions  un  peu  différentes  de  cet  organe. 

J’étudierai  dans  un  prochain  travail,  avec  tous  les  détails  que  comporte  un  sujet  aussi 
délicat,  les  divers  caractères  du  nœud  anatomique  qui  sépare  la  racine  principale  de  la 
tige,  tant  chez  les  Monocotylédones  que  chez  les  Dicotylédones. 


o3Z|  *  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

chymateux,  qui  se  prolonge  désormais  dans  toute  l’étendue  de  la  tige 
principale  et  de  ses  diverses  ramifications,  venait  séparer  les  faisceaux  libéro- 
ligneux. 

A  l’entrée  même  de  la  tige  la  membrane  rhizogène  s’arrête  brusquement  eu 
dehors  des  faisceaux  libéro-ligneux  qui  viennent  désormais  appuyer  directe¬ 
ment  leurs  cellules  libériennes  les  plus  externes  contre  les  cellules  protectrices. 
Mais  elle  se  continue  dans  l’intervalle  entre  les  faisceaux  pour  donner  naissance, 
par  son  bord  externe,  aux  racines  adventives  dont  la  disposition  en  quatre 
séries  est  ainsi  déterminée,  et  par  son  bord  interne  aux  arcs  générateurs  qui 
relieront  entre  eux  les  arcs  générateurs  des  faisceaux  et  en  formeront  une 
zone  génératrice  continue. 

La  membrane  protectrice  se  prolonge  dans  la  tigelle,  et,  disons-le  tout  de 
suite,  dans  toute  l’étendue  de  la  tige  et  des  branches,  avec  tous  les  caractères 
qu’elle  possédait  dans  la  racine.  Ses  cellules  présentent  sur  chaque  face  laté¬ 
rale  une  série  de  courts  plissements  échelonnés  rapprochée  de  la  face  interne,  et 
sur  chaque  face  transverse  une  fine  bande  d’épaississement,  parfois  striée  en  tra¬ 
vers,  qui  relie  les  deux  séries  de  plissements  en  un  cadre  continu.  Elles  ne  pos¬ 
sèdent  pas  de  chlorophylle,  mais  seulement  un  liquide  hyalin  et  un  nucléus; 
l’amidon  s’y  concentre  pendant  la  période  germinative;  plus  tard  elles  n’en 
renferment  plus.  Par  les  progrès  de  l’âge  leur  paroi,  qui  demeure  mince,  ac¬ 
quiert  souvent  des  reflets  irisés  analogues  à  ceux  qui  caractérisent  les  assises 
subéreuses.  Les  éléments  de  la  zone  interne  du  parenchyme  cortical  con¬ 
servent  dans  toute  la  tigelle  leur  disposition  en  séries  radiales  et  en  cercles  con¬ 
centriques  et  leurs  méats  réguliers  en  forme  de  losange  ;  mais  cet  arrangement 
se  perd  au-dessus  des  cotylédons  (1). 

Que  deviennent  pendant  ce  temps  nos  canaux  oléifères?  Déjà  en  remontant 
vers  la  base  du  pivot,  à  3  ou  k  millimètres  au-dessous  de  la  limite,  on  voit  les 
cellules  protectrices  dédoublées  se  remplir  d’un  liquide  rose  violacé  dépourvu 
de  granules,  tandis  que  toutes  les  cellules  simples  de  la  membrane  demeurent 
incolores.  A  la  limite  même,  ce  principe  colorant  dissous  apparaît  dans 


(1)  Ainsi,  et  j’insiste  sur  ce  point,  la  tige  est,  comme  la  racine,  et  dans  toute  sou 
étendue,  composée  d’un  cylindre  central  et  d’un  parenchyme  cortical  limité  en  dehors 
par  un  épiderme,  en  dedans  par  une  membrane  protectrice  ou  endoderme.  C’est  là  le 
résultat  d’une  première  différenciation  opérée  dans  le  parenchyme  fondamental.  Ensuite 
le  cylindre  central  se  différencie  en  cordes  de  tissu  cambial  allongé  et  en  tissu  conjonctif 
plus  ou  moins  développé  qui  demeure  en  général  parenchymateux  dans  la  tige,  et  qui, 
dans  la  racine,  par  exemple  dans  les  grosses  racines  adventives  où  il  est  abondamment 
développé,  tantôt  demeure  parenchymateux  et  tantôt  se  fibrifie  en  tout  ou  en  partie. 
Enfin  les  cordes  cambiales  se  différencient  à  leur  tour,  et  dans  la  tige  elles  se  divisent  en 
deux  moitiés  qui  se  transforment  d’une  manière  diflérente  et  en  sens  inverse  pour  donner 
l’une  le  bois  primaire  centrifuge,  l’autre  le  liber  primaire  centripète  ;  elles  constituent 
ainsi  en  définitive  autant  de  faisceaux  libéro-ligneux  bipolaires.  La  moelle  de  la  tige  n  est 
donc  pas,  comme  il  paraît  généralement  admis,  de  môme  nature  que  le  parenchyme 
cortical,  dont  elle  serait  la  simple  continuation  à  travers  les  rayons  médullaires.  La  moelle 


SÉANCE  ÜÜ  8  DÉCEMBRE  1871. 


335 


toutes  les  cellules  de  l’épiderme.  Cette  coloration  similaire  est  une  preuve 
nouvelle  d’une  certaine  correspondance  ou  équivalence  entre  l’épiderme 
et  l’endoderme;  seulement  dans  ce  dernier  elle  se  montre  un  peu  plus  tôt  et 
elle  y  demeure  localisée  dans  les  cellules  dédoublées.  Pendant  que  les  fais¬ 
ceaux  libériens  se  dédoublent,  les  arcs  oléifères  violacés  qui  leur  correspondent 
se  dédoublent  aussi.  Deux  ou  trois  canaux,  creusés  entre  six  ou  huit  cellules 
rouges,  accompagnent  chaque  nouveau  faisceau  libérien,  et  par  conséquent 
viennent  occuper  le  dos  de  chaque  faisceau  libéro-ligneux,  appliquant  directe¬ 
ment  leurs  cellules  rouges  internes  plissées  contre  les  cellules  libériennes  les 
plus  externes.  Ces  canaux  sont  tous  quadrangulaires  désormais,  car  les  méats 
externes  des  arcs  de  la  racine,  qui  seuls  étaient  triangulaires,  ne  se  continuent 
pas  dans  la  tigelle  (1).  En  même  temps  commencent  à  apparaître  dans  chaque 
cellule  rose,  et  seulement  contre  la  face  qui  borde  le  méat  oléifère,  de  petits 
granules  jaune  orangé,  de  même  couleur  que  l’huile  qui  remplit  ce  méat.  Ces 
petits  granules  bleuissent  par  l’iode,  ils  sont  donc  amylacés.  A  mesure  qu’on 
s’élève  dans  la  tigelle,  ces  grains  amylacés  jaunes,  toujours  exclusivement  ap¬ 
pliqués  contre  le  méat,  augmentent  en  grosseur  et  en  quantité,  mais  le  liquide 
cellulaire  demeure  violacé  et  les  cellules  conservent  leur  dimension.  Dans  le 
tiers  supérieur  de  l’organe  il  s’opère  quelques  changements.  Les  deux  canaux 
oléifères  de  chaque  faisceau  se  fondent  en  un  seul  canal  un  peu  plus  large 
entouré  par  six  cellules.  Puis  ces  cellules  se  divisent  par  une  cloison 
parallèle  à  l’axe  du  méat.  Les  cellules  externes  se  décolorent,  tandis  que  les  nou¬ 
velles  cellules  de  bordure,  plus  petites,  conservent  d’abord  leur  liquide  vio¬ 
lacé  et  ont  leur  paquet  de  grains  jaunes  appliqué  contre  leur  face  bombée. 
Enfin  au  voisinage  des  cotylédons  le  liquide  des  cellules  de  bordure  se  déco¬ 
lore  à  son  tour  et  ces  éléments  n’ont  plus  que  la  couleur  jaune  orangé  que 
leur  donnent  leurs  nombreux  granules.  Ce  pigment  jaune  des  cellules  de  bor¬ 
dure  paraît  dû  à  une  simple  transformation  des  grains  de  chlorophylle  qui  se 
trouvent  dans  les  cellules  du  parenchyme  cortical  ;  mais  il  en  diffère  par 
l’amidon  qu’il  renferme. 

Ainsi,  dès  leur  entrée  dans  la  tige,  les  canaux  oléifères  se  transforment  pro- 

et  la  partie  des  rayons  médullaires  intérieure  à  la  membrane  protectrice  d’une  part, 
l’écorce  avec  la  partie  des  rayons  médullaires  extérieure  à  cette  membrane  d’autre  part, 
sont  des  tissus  distincts  et  d’âge  différent.  La  preuve  en  est  dans  la  membrane  protectrice 
qui  limite  si  nettement  l’écorce  à  laquelle  elle  appartient.  La  preuve  en  est  encore  dans 
la  formation  des  racines  adventives  aux  dépens  des  cellules  périphériques  du  tissu  central 
qui  sont  directement  en  contact  avec  les  cellules  plissées  dans  l’intervalle  entre  les  fais¬ 
ceaux  ;  en  sorte  que  cette  membrane  rhizogène  limite  nettement  le  tissu  conjonctif  cen  ¬ 
tral  partout  où  il  communique  avec  le  parenchyme  cortical.  Une  double  ceinture  sépare 
ainsi  ces  deux  tissus. 

J’appelle  donc,  comme  dans  la  racine,  tissu  conjonctif  la  partie  du  cylindre  central  non 
différenciée  en  faisceaux  libéro-ligneux,  et  parenchyme  cortical  ou  écorce  primaire  tout  cc 
qui  est  en  dehors  de  la  membrane  protectrice  ondulée,  y  compris  cette  membrane. 

(1)  La  largeur  des  méats  oléifères  de  la  tigelle,  estimée  suivant  les  diagonales  du 
losange,  est  d’environ  0ram,008. 


336 


SOCIÉTÉ  KO  T  A  N  KJ  UE  UE  FRANCE. 


gressivemenl  par  une  spécialisation  de  plus  en  plus  grande  des  cellules  qui  les 
bordent.  Celles-ci,  qui  dans  les  racines  ne  possèdent  qu’un  nucléus  appliqué 
contre  le  méat  et  un  liquide  incolore  dépourvu  de  granules,  acquièrent  d’a¬ 
bord  un  principe  colorant  rose  dissous,  puis  un  pigment  jaune  à  grains 
amylacés;  enfin  elles  se  divisent  en  donnant  au  canal  une  bordure  spéciale 
de  petites  cellules  qui  contiennent  tout  le  pigment.  Celte  bordure  est  donc 
désormais  séparée  des  cellules  libériennes  externes  par  un  rang  de  cellules 
plissées  incolores,  et  le  canal  oléifère  est  distinct  de  la  membrane  protectrice 
et  seulement  appliqué  contre  elle.  C’est  le  caractère  qu’il  conservera  dans 
toute  l’étendue  de  la  tige  et  de  ses  ramifications. 

Au  nœud  cotylédonaire  le  nombre  et  la  disposition  des  faisceaux  libéro- 
ligneux  et  des  canaux  oléifères  se  compliquent  à  la  fois.  Les  quatre  faisceaux 
de  la  tigelle  s’échappent  dans  les  cotylédons.  Mais  au-dessus  de  l’insertion  de 
de  ceux-ci  la  tige  possède  quatorze  nouveaux  faisceaux,  six  foliaires  et  huit 
réparateurs  plus  puissants,  ainsi  distribués.  La  tige  est  carrée;  il  y  a  un  fo¬ 
liaire  à  chaque  angle  et  un  autre  au  milieu  de  chacun  des  côtés  qui  corres¬ 
pondent  aux  feuilles  de  la  seconde  paire;  il  y  a  deux  réparateurs  rapprochés 
sur  chaque  face  répondant  aux  cotylédons  et  deux  réparateurs  séparés  par 
un  foliaire  sur  les  deux  autres  faces.  Ces  quatorze  faisceaux  touchent  par 
leurs  arcs  libériens  la  membrane  protectrice  dans  laquelle  ils  déterminent  au¬ 
tant  d’angles  saillants.  En  dehors  de  cette  membrane  et  appuyant  ses  quatre 
à  sept  petites  cellules  de  bordure  jaunes  et  amyiifères  contre  les  éléments 
plissés,  on  trouve  un  canal  oléifère  à  droite  et  un  autre  à  gauche  de  chaque 
faisceau  foliaire;  il  y  a  donc  douze  canaux.  Vers  le  milieu  de  l’entre-nœud,  les 
deux  réparateurs  des  faces  cotylédonaires  produisent  entre  eux  un  nouveau 
faisceau  foliaire  destiné  à  la  troisième  paire  et  le  nombre  des  faisceaux  est 
porté  à  seize  5  mais  les  canaux  oléifères  latéraux  des  nouveaux  foliaires  n’appa¬ 
raissent  qu’au  nœud  suivant  par  le  dédoublement  des  deux  voisins.  Et  comme 
en  même  temps  le  foliaire  médian  des  deux  autres  côtés  s’échappe  avec  ses 
deux  canaux,  la  tige  n’a  encore  dans  l’entre-nœud  suivant  que  quatorze,  puis 
seize  faisceaux  et  douze  canaux  oléifères. 

Les  choses  continuent  ainsi  jusqu’à  la  cinquième  paire  de  feuilles.  Ensuite 
les  feuilles  se  dissocient  et  se  disposent  en  spirale  §  ou  La  tige  a  environ 
treize  faisceaux  libéro-ligneux  et  les  canaux  oléifères,  qui  y  accompagnent  tou¬ 
jours  les  faisceaux  foliaires  de  chaque  côté  de  leur  arc  libérien,  sont  à  un  ni¬ 
veau  donné  en  nombre  double  des  faisceaux  foliaires  formés  à  ce  niveau, 
c’est-à-dire  ordinairement  dix  et  quelquefois  jusqu’à  quatorze. 

Ainsi,  en  aucun  point  de  l’organisation  primaire  de  la  tige  et  des  branches, 
les  canaux  oléifères  ne  pénètrent  à  l’intérieur  du  cylindre  central.  Il  ne  saurait 
donc  s’établir  de  rapports  directs  entre  eux  et  les  faisceaux  libéro-ligneux. 

Si,  pour  nous  faire  une  idée  de  la  phase  du  développement  où  apparaissent 
’es  canaux  oléifères,  nous  nous  élevons  maintenant  jusqu’au  sommet  de  la 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1871. 


337 


tige,  nous  les  trouverons  déjà  développés  avec  tous  leurs  caractères  à  droite  et 
à  gauche  des  faisceaux  foliaires  avant  que  le  premier  vaisseau  se  soit  formé 
dans  la  partie  interne  de  ces  derniers.  Les  cellules  de  bordure  y  ont  déjà 
la  coloration  orangée  et  les  grains  amylacés  caractéristiques,  alors  qu’aucun 
grain  d’amidon  n’existe  dans  les  autres  points  du  tissu. 

Du  sommet  d’une  tige  figée,  redescendons  maintenant  vers  sa  base,  pour  en 
étudier  les  formations  secondaires.  Considérons,  par  exemple,  l’entre-nreud 
supérieur  aux  cotylédons  vers  la  fin  de  la  période  végétative.  L’écorce  primaire 
subsiste,  avec  ses  canaux  élargis  à  bordure  orangée  et  amylacée  pleins  d’huile 
verdâtre,  en  contact  immédiat  avec  la  membrane  protectrice.  Pour  se  prêter 
à  la  dilatation  du  cylindre  central,  cette  dernière  a  divisé  ses  cellules  par  de 
nombreuses  cloisons  radiales,  plissées  comme  les  parois  latérales  primitives  et 
au  même  endroit.  Les  faisceaux  du  cylindre  central  se  sont  accrus  par  la  for¬ 
mation,  au  moyen  d’arcs  générateurs  intra-libériens  bientôt  confluents  en  une 
zone  génératrice  continue,  d’un  anneau  libéro-ligneux  secondaire  traversé  par 
des  rayons  de  parenchyme  secondaire.  Dans  la  partie  libérienne  de  ces  rayons 
on  voit  des  cellules  éparses  pleines  d’huile  essentielle  qui  s’y  développe  de  de¬ 
hors  en  dedans  en  suivant  les  progrès  de  l’âge.  Les  formations  libéro-ligneuscs 
secondaires  présentent  donc  dans  la  tige  le  même  caractère  que  dans  la  racine; 
il  s’y  superpose  de  même  tardivement  au  premier  appareil  oléifère  interstitiel 
si  nettement  caractérisé  et  cortical,  un  second  appareil  cellulaire,  intérieur  au 
liber  des  faisceaux  et  assez  diffus. 


Feuiile. 

Chaque  cotylédon  entraîne  deux  des  faisceaux  principaux  de  la  tigelle  qui  se 
réunissent  pour  former  sa  nervure  médiane,  et  en  outre  il  reçoit  deux  bran¬ 
ches  latérales  provenant  de  la  bifurcation  de  deux  faisceaux  nouvellement  for¬ 
més  dans  les  intervalles  qui  correspondent  aux  feuilles  delà  seconde  paire.  Il 
a  donc  trois  nervures  à  sa  base.  Les  canaux  oléifères  qui,  dans  la  tigelle,  oc¬ 
cupent  le  dos  des  deux  faisceaux  principaux,  s’incurvent  avec  ces  faisceaux  ; 
mais  ils  s’arrêtent  à  la  base  du  cotylédon.  Cependant  le  cotylédon  renferme 
de  l’huile  essentielle.  Elle  y  est  contenue  dans  deux  séries  de  poches  sphériques 
qui  longent,  au  nombre  de  huit  à  douze  pour  chaque  série,  les  deux  bords 
du  limbe,  et  que  l’on  aperçoit  à  la  face  inférieure  de  la  feuille  comme  autant 
de  petits  cercles  d’un  rouge  violacé.  Ces  poches  sont  creusées  dans  le  paren¬ 
chyme  de  la  face  inférieure  du  limbe  ;  elles  sont  pleines  d’une  huile  jaune 
orangée  ou  verdâtre,  et  bordées  de  plusieurs  séries  concentriques  de  cellules 
à  pigment  jaune  amylacé.  Sur  tout  le  cercle  superposé  à  la  poche,  l’épiderme 
inférieur,  qui  en  est  très-voisin,  est  dépourvu  de  stomates  et  a  ses  cellules 
remplies  du  principe  colorant  rose  violacé  que  nous  y  avons  déjà  rencontré 
dans  la  tigelle. 

T.  XVIIt. 


(séances)  22 


338 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

La  feuille  ordinaire  prend  à  la  tige  trois  faisceaux.  Le  médian  y  passe  avec 
ses  deux  canaux  ;  chacun  des  deux  latéraux,  provenant  du  dédoublement  d’un 
faisceau  foliaire  de  la  tige,  n’y  entraîne  qu’un  seul  canal  situé  du  côté  qui 
regarde  le  faisceau  médian.  En  sorte  que  près  de  son  insertion  la  feuille  a  trois 
faisceaux  libéro-ligneux  et  quatre  canaux  oléifères.  Chaque  faisceau  foliaire,  en 
émergeant,  demeure  enveloppé  dans  la  membrane  protectrice  qui  se  replie 
tout  autour  de  lui  pour  lui  former  une  gaine  individuelle.  Le  parenchyme 
ambiant  du  pétiole,  étant  le  prolongement  pur  et  simple  du  parenchyme  cortical 
de  la  tige,  ne  se  sépare  pas,  comme  le  parenchyme  fondamental  de  la  racine  et 
de  la  tige  en  deux  régions  par  une  membrane  protectrice  générale  tangente  à 
tous  les  faisceaux.  — •  Si  de  l’insertion  on  remonte  le  long  du  pétiole,  on  voit 
bientôt  les  deux  canaux  appartenant  aux  deux  faisceaux  latéraux  s’arrêter.  Les 
deux  canaux  qui  accompagnent  le  faisceau  médian  cheminent  jusque  vers 
l’insertion  de  la  première  paire  de  larges  segments,  qui  est  la  quatrième  paire 
de  segments  latéraux  en  comptant  les  stipulâmes.  Au-dessus  de  ce  point,  le 
pétiole  ne  possède  plus  de  canaux  continus.  Aucun  de  ces  canaux  ne  se  rend 
d’ailleurs  dans  les  segments  latéraux.  Les  segments  du  limbe  de  la  feuille 
renferment  seulement,  de  chaque  côté  de  leur  nervure  médiane,  une  série 
de  grandes  poches  sphériques  oléifères  bordées  de  cellules  spéciales  pourvues 
de  grains  d’amidon  orangés.  Ces  poches  sont  assez  rapprochées  du  bord  et 
assez  écartées  l’une  de  l’autre  de  façon  qu’elles  sont  en  petit  nombre  dans 
chaque  série. 

Pédoncule  lloral. 


Le  plus  souvent  le  pédoncule  floral  fistuleux  a  huit  côtes  et  produit  un 
involucre  à  huit  bractées  disposées  suivant  une  spire  |  en  une  sorte  de  ca¬ 
lice  gamosépale  denté.  Plus  rarement,  il  n’a  que  cinq  côtes  et  se  termine  par 
un  involucre  calicoïde  à  cinq  dents.  Dans  ce  second  cas,  on  compte  vingt 
faisceaux  libéro-ligneux  appuyésdirectemenl  contre  la  membrane  protectrice  qui 
sépare  le  parenchyme  cortical  du  tissu  conjonctif.  U  y  a  cinq  faisceaux  prin¬ 
cipaux  aux  angles,  cinq  plus  petits  au  milieu  des  côtés,  et  dix  autres  alternes 
beaucoup  plus  faibles  et  réduits  souvent  à  des  filets  de  tissu  allongé  sans  trace 
de  vaisseaux.  Les  canaux  oléifères  appuient,  comme  dans  la  tige,  leurs  cellules 
de  bordure  orangées  et  amylifères  contre  les  cellules  plissées,  et  ils  accompa¬ 
gnent  de  chaque  côté  les  cinq  faisceaux  principaux.  Il  y  en  a  donc  dix  dans 
un  pareil  pédoncule. 

involucre. 


(iliaque  bractée  de  rinvolucrc  entraîne  trois  faisceaux  \  le  médian  y  pénètre 
avec  ses  deux  canaux  latéraux.  Mais  ces  derniers  s’interrompent  bientôt,  puis 
reprennent  pour  s’interrompre  de  nouveau,  et  ainsi  de  suite,  formant  de  cha¬ 
que  côté  de  la  nervure  médiane  une  série  de  cinq  ou  six  poches  oléifères  fort 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1871.  339 

allongées,  bordées  de  cellules  spéciales  orangées  el  amvlifères.  Les  choses  se 
passent  donc  pour  la  bractée  à  peu  près  comme  pour  le  cotylédon. 


Pédicelle. 


Au-dessus  de  l’involucre,  le  pédoncule  floral,  redevenu  plein,  émet  en  spi¬ 
rale  ~  des  fascicules  très-ténus  pour  des  bractées  florales  extrêmement  peu 
développées,  et  à  l’aisselle  de  chaque  fascicule  deux  faisceaux  latéraux  desti¬ 
nés  au  pédicelle  floral.  Pendant  leur  trajet  oblique  à  travers  le  parenchyme 
cortical,  il  se  forme  entre  ces  derniers  un  large  canal  oléifère  bordé  de  six 
à  huit  cellules  orangées  pourvues  de  grains  d’amidon  appliqués  contre  la  face 
qui  touche  le  canal.  Arrivés  à  la  périphérie,  ces  deux  faisceaux  s’unissent  en 
cercle,  et  le  canal  est  compris  au  centre  de  la  petite  moelle  qu’ils  circonscri¬ 
vent.  Ainsi, fait  curieux  et  que  l’étude  des  axes  végétatifs  était  loin  de  nous  faire 
prévoir,  le  pédicelle  floral  possède  un  seul  canal  oléifère  au  centre  de  sa  moelle. 

Ce  petit  cercle  ne  tarde  pas  d’ailleurs  à  émettre  un  cercle  de  branches  vas¬ 
culaires  dans  le  parenchyme  cortical  externe,  tandis  qu’il  reste  au  centre  un 
anneau  entourant  le  canal  oléifère  axile.  Les  faisceaux  externes  s’élèvent  dans 
la  paroi  de  l’ovaire  infère  et  ils  sont  destinés  à  former  tous  les  appendices  de  la 
fleur.  Le  petit  anneau  central  perd  bientôt  son  canal,  qui  s’arrête  brusquement 
à  la  base  même  de  l’ovaire,  et  il  se  résout  en  un  faisceau  unique  qui  pénètre  dans 
l’enveloppe  de  la  graine.  Ce  faisceau  y  remonte  tout  le  long  d’un  côté  jusqu’à 
la  chalaze,  puis  redescend  du  côté  opposé  jusque  vers  le  micropyle.  Le  plan 
principal  de  l’embryon,  c’est-à-dire  le  plan  qui  passe  par  l’axe  de  la  tigelle  et 
les  nervures  médianes  des  deux  cotylédons,  est  perpendiculaire  au  plan  de 
symétrie  de  la  graine  ainsi  déterminé. 


Fleur. 

On  ne  trouve  de  canaux  ou  de  poches  oléifères  ni  dans  la  paroi  complexe  de 
l'ovaire  infère,  ni  dans  l’enveloppe  de  la  graine,  ni  dans  les  écailles  calicinales, 
ni  dans  le  style,  ni  dans  le  tube  de  la  corolle.  Cependant,  à  partir  du  point  où 
ce  tube  se  fend  et  s’étale,  on  y  voit  apparaître  des  poches  oléifères,  disposées 
notamment  en  deux  séries  qui  longent  les  bords  de  la  corolle  étalée,  entre 
l’avant-dernier  faisceau  et  le  dernier.  Ces  poches  sont  allongées  et  analogues 
à  celles  de  l’involucre. 


Embryon. 

• 

Enfin,  pour  compléter  cette  étude,  jetons  un  coup  d’œil  sur  les  diverses 
parties  de  l’embryon.  Son  cône  radiculaire  a  déjà  sa  membrane  protectrice 
dédoublée  suivant  deux  arcs  opposés,  et  entre  les  cellules  dédoublées  on 
distingue  des  méats  quadrangulaircs  très-étroits  (0m“,002  et  moins  en- 


3  AO 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


corc);  mais  je  n’y  ai  pas  constaté  avec  certitude  la  présence  de  l’huile.  Dans  la 
tigelle,  la  membrane  protectrice  présente  quatre  arcs  de  cellules  dédoublées, 
rapprochés  deux  par  deux,  et  creusés  de  méats  où  la  présence  de  l’huile  jaune 
ne  m’a  paru  certaine  qu’au  voisinage  des  cotylédons.  Enfin  les  cotylédons 
montrent  le  long  de  leurs  bords  des  sortes  de  noyaux  de  cellules  disposées 
concentriquement,  et  au  centre  de  ces  noyaux  se  trouve  une  petite  cavité 
pleine  d’huile  jaune.  Ainsi  l’embryon  renferme  de  l’huile  essentielle  dans  ses 
cotylédons,  il  n’en  possède  pas  encore  dans  sa  tigelle  et  dans  sa  radicule  où 
l’appareil  destiné  à  la  contenir  est  cependant  tout  formé.  Toutefois,  ni  dans 
la  tigelle,  ni  dans  les  cotylédons,  je  n’ai  trouvé  d’amidon  dans  les  cellules  qui 
bordent  la  cavité  oléifère.  L’huile  existe  donc  dans  la  cavité  avant  que  l’ami¬ 
don  ait  apparu  dans  les  cellules  de  bordure. 


Résumé. 

Telle  est  la  structure  et  tel  est  le  mode  de  répartition  de  l’appareil  oléifère 
dans  l’ensemble  de  la  plante  et  aux  divers  états  de  son  développement. 

En  résumé,  nous  avons  rencontré  dans  l’OEillet-d’Inde  cinq  sortes  d’organes 
producteurs  d’huile  essentielle  : 

1°  Dans  la  racine,  ce  sont  des  canaux  continus  fort  étroits  quadrangulaires 
et  triangulaires,  non  bordés  de  cellules  spéciales  différentes  des  cellules  protec¬ 
trices  elles-mêmes,  rapprochés  cl’abord  côte  à  côte  au  nombre  de  citiq  à  neuf 
au  dos  de  chaque  faisceau  libérien  primitif,  mais  s’écartant  plus  lard  et  tendant 
à  se  distribuer  uniformément  au  pourtour  du  cylindre  central  élargi.  Ils  sont 
situés  dans  le  parenchyme  cortical,  mais  bien  près  de  sa  limite  interne  puis¬ 
qu’ils  sont  creusés  dans  l’épaisseur  même  de  l’endoderme. 

2°  Dans  la  tige,  et  déjà  au-dessous  des  cotylédons,  ce  sont  des  canaux  con¬ 
tinus  bordés  de  cellules  spéciales  plus  petites  que  les  cellules  ambiantes,  et 
pourvues  de  grains  amylacés  de  couleur  orangée  appliqués  contre  la  face  bom¬ 
bée  qui  touche  le  méat.  Ces  canaux  bordés  continuent  ceux  de  la  racine;  ils 
sont  distincts  de  la  membrane  protectrice  contre  laquelle  ils  appuient  leur 
bordure.  Excepté  dans  la  tigelle,  où  ils  occupent  le  dos  de  chacun  des  quatre 
faisceaux  Iibéro-ligneux,  ils  sont  situés  un  à  droite  et  un  à  gauche  de  chaque 
faisceau  foliaire  du  cylindre  central.  Ni  dans  la  tige,  ni  dans  la  racine,  ces 
canaux  ne  pénètrent  à  l’intérieur  du  cylindre  central.  Ils  n’ont  donc  et  ne 
peuvent  avoir  aucun  lien  direct  avec  les  faisceaux  libériens  ou  ligneux. 

3°  Dans  les  feuilles,  les  canaux  à  bordure  jaune  et  amylacée  de  la  tige  se 
continuent  d’abord  dans  le  pétiole,  puis  ils  s’arrêtent  sans  pénétrer  dans  le 
limbe  où  ils  sont  remplacés  par  des  poches  arrondies  ou  allongées  qui  possè¬ 
dent  la  même  structure  que  les  canaux  eux-mêmes. 

U°  Dans  le  pédicelle  floral,  c’est  un  canal  unique  situé  au  centre  de  la  moelle, 
et  l’organe  est  dépourvu  de  canaux  corticaux. 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1871.  3/|l 

5°  Enfin,  dans  les  productions  secondaires  que  le  jeu  des  arcs  générateurs 
d’abord,  puis  de  la  couche  génératrice  qui  résulte  de  la  confluence  de  ces 
arcs  à  travers  !a  membrane  rhizogcne,  introduit  dans  le  cylindre  central, 
et  cela  aussi  bien  dans  la  tige  que  dans  la  racine,  on  voit  apparaître  de 
l'huile  essentielle  dans  des  cellules  spéciales.  Ces  cellules  oléifères  appartien¬ 
nent  aux  rayons  de  parenchyme  secondaire,  et  seulement  à  la  partie  libérienne 
de  ces  rayons.  Elles  y  sont  isolées,  ou  groupées  irrégulièrement  au  milieu  des 
cellules  ordinaires  incolores. 

Lecture  est  donnée  des  communications  suivantes,  adressées  à  la 
Société  : 


nu  MANIOC,  par  II.  Paul  SACiOT, 
(Cluny,  juin  187-1, ) 


Le  Manioc  (Jatropha  Manihot  h.)  estime  plante  sous-frutescente  de  la  famille 
des  Euphorbiacées,  qui  porte  de  grosses  racines  féculentes,  d’un  très-bon 
usage  alimentaire,  quand  on  en  a  chassé  par  l’expression  et  détruit  par  la 
cuisson  un  suc  vénéneux.  C’était  du  Manioc  que  les  Indiens  indigènes  de  la 
Guyane,  comme  ceux  des  parties  chaudes  et  humides  de  l’Amérique  du  Sud, 
tiraient  de  toute  antiquité  leur  nourriture  végétale,  et  la  plante  est  restée, 
depuis  la  conquête  des  Européens,  la  base  de  l’alimentation  dans  le  pa\s. 
C’est  une  plante  peu  délicate  sur  le  choix  du  terrain,  d’une  venue  facile,  et 
qui  a  la  précieuse  propriété  de  conserver  longtemps  en  terre  sa  racine  en 
bon  état. 

Noms,  —  Jatropha  Manihot  L.;  Manihot  utilissima  Pohl;  et  Manihot  Ai  pi 
Pohl.  Famille  des  Euphorbiacées. 

Noms  indiens  variés  et  nombreux  :  caraïbe,  kière  et  canhim ;  galibi,  kie 
ray  ;  arrouague,  calôli.  —  Grandes-Antilles  :  yuca  (ce  même  mot  est  en  usage 
dans  les  colonies  espagnoles,  Nouvelle-Grenade,  Pérou  et  au  Para).  —  Langues 
indiennes  du  Brésil  :  mandiocca ,  maniba  (pied  du  Manioc),  aïpi  (Manioc 
doux).  —  Mexicain,  tziin. 

Origine,  • —  Le  Manioc  était  cultivé  de  toute  antiquité  par  les  Indiens 
indigènes  de  la  Guyane,  comme  par  ceux  de  toute  la  région  intertropicale  de 
l’Amérique.  On  en  observait  dans  leurs  cultures  un  grand  nombre  de  variétés, 
toutes  très-stables,  quoique  très-voisines  l’une  de  l’autre,  et  se  recommandant 
chacune  par  quelque  propriété  particulière,  comme  plus  ou  moins  de  préco¬ 
cité,  produit  plus  ou  moins  abondant,  plus  ou  moins  d’aptitude  à  résister  à 
la  pourriture  dans  un  terrain  trop  imbibé  d’eau,  suc  plus  ou  moins  vénéneux... 
et  les  Indiens  de  la  Guyane  en  cultivaient  au  moins  huit  à  dix  variétés,  qui 
étaient  vraisemblablement  les  mêmes  que  celles  des  Antilles,  mais  qui  diffé¬ 
raient,  au  moins  en  partie,  de  celles  de  la  vallée  des  Amazones,  des  provinces 


342  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

intérieures  du  Brésil,  et  du  Mexique...  etc.  Les  botanistes  n’ont  pas  encore 
trouvé  à  l’état  sauvage  le  Manioc  cultivé,  mais  ils  ont  rencontré  au  Brésil,  à 
la  Guyane,  en  Colombie,  diverses  espèces  incontestablement  spontanées  du 
genre  Manioc,  dont  plusieurs  sont  véritablement  très-voisines  du  Manioc  cul¬ 
tivé,  et  lui  ressemblent  très-sensiblement.  C’est  particulièrement  au  Brésil, 
entre  12  degrés  et  20  degrés  lat.  austr.,  et  45  degrés  et  53  degrés  long,  occid., 
dans  la  province  de  Goyaz,  qu’on  en  remarque  le  plus  grand  nombre.  Les 
Maniliot  pusilla ,  M.  jlabelli folia,  M.  digitiformis,  M.  triphylla,  sont  les 
espèces  qui  offrent  les  traits  de  ressemblance  les  plus  sensibles.  J’ai  consulté 
avec  un  véritable  intérêt,  dans  la  riche  bibliothèque  botanique  de  M.  Deles- 
sert,  les  belles  gravures  coloriées  de  l’ouvrage  de  Polff  qui  représentent  une 
riche  série  d’espèces  de  Manioc.  Poli!  suppose  que  le  Manihot  pusilla  peut 
être  regardé  comme  la  souche  des  Maniocs  cultivés,  mais  c’est  une  hypothèse 
qu’on  ne  saurait  confirmer  de  preuves  certaines,  et  il  y  a  réellement  encore  loin 
delà  plante  des  montagnes  de  Goyaz  à  celle  des  cultures.  Pohl  décrit  comme 
espèces  le  Manioc  doux  (non  vénéneux),  ou  Camanioc ,  appelé  Aïpi  au  Bré¬ 
sil,  et  d’un  autre  côté  le  Manioc  vénéneux,  Yuca  brava  ou  Mandiocci  brava 
des  colonies  espagnoles  et  portugaises,  mais  je  préfère  le  sentiment  de  Goudot, 
qui  ne  croyait  pas  qu’on  pût  les  distinguer  autrement  que  comme  variétés. 
Pohl  reconnaît  du  reste  beaucoup  de  variétés  distinctes  dans  le  Manioc  doux 
et  dans  le  Manioc  vénéneux. 

Le  Manioc  se  multiplie  de  boutures  qui  s’enracinent  avec  une  extrême  fa¬ 
cilité.  Il  pousse  d’abord  une  tige  droite  garnie  de  feuilles  plus  grandes,  digi- 
tées,  à  sept  lobes  environ  ;  arrivé  à  une  hauteur  de  1  à  2  mètres  et  à  l’âge  de 
six  à  dix  mois,  il  pousse  des  branches  latérales  du  haut  de  la  première  lige. 
Celles-ci  portent  des  feuilles  plus  petites,  et  donnent  bientôt  des  fleurs.  A  ce 
moment  la  racine  commence  à  porter  plusieurs  tubercules  allongés,  denses  et 
riches  en  fécule,  qui  continuent  à  grossir  sous  terre,  pendant  que  les  branches 
donnent  des  feuilles  et  des  fleurs  et  végètent  avec  une  vigueur  qui  va  décrois¬ 
sant.  Vers  un  an  et  demi  à  deux  ans,  le  Manioc  est  bon  à  récolter.  Mais,  si  les 
besoins  ne  pressent  pas,  on  peut  le  laisser  encore  quelque  temps  en  terre,  en 
le  surveillant  pour  n’être  pas  surpris  par  la  pourriture  de  ses  racines.  Si  le 
besoin  presse,  on  l’arrache  plus  jeune,  mais  le  rendement  est  d’autant  moin¬ 
dre.  Les  pieds  de  Manioc  s’espacent  de  1  mètre  ou  de  80  centimètres.  Le  pro¬ 
duit  habituel  de  chaque  pied  est  de  deux  ou  trois  tubercules,  dont  le  poids 
varie  de  1  à  2  et  3  kilogr.  Les  tubercules  sont  lourds,  denses,  riches  en  fé¬ 
cule.  On  les  lave,  on  les  gratte,  puis  on  les  râpe  ;  on  exprime  le  suc  de  leur 
pulpe  râpée,  puis  on  les  cuit  sous  forme  de  farine  grenue  ou  de  gâteau  sec 
très-mince.  Trois  kilogr.  de  racine  donnent  à  peu  près  un  kilogr.  de  farine. 
Celte  farine  est  d’un  usage  sain  et  agréable,  mais  elle  n’a  qu’une  valeur  nutri¬ 
tive  assez  faible. 

Culture ,  choix  du  sol.  —  Le  Manioc  n’est  pas  une  plante  très-délicate 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1871. 


&A3 

sur  le  choix  du  terrain  ;  quoiqu’il  soit  d’un  plus  grand  rapport  dans  une  terre 
fertile,  il  vient  encore  passablement  dans  une  terre  médiocre,  surtout  si  elle 
est  un  peu  meuble.  ïl  aime  particulièrement  les  nouveaax  défrichés;  il  y  vient 
plus  fort,  et  sa  racine  s’y  conserve  plus  longtemps  en  bon  état.  Il  ne  peut  pas 
pousser  dans  une  terre  marécageuse,  et  l’on  ne  peut  en  récolter  dans  des  terres 
liasses  qu’autant  qu’elles  sont  bien  désséchées  :  encore  est-il  sujet  à  y  pourrir 
au  retour  des  pluies.  Les  sols  un  peu  légers  lui  sont  très-favorables.  On  peut 
dire  que  ce  sont,  avant  tout,  les  nouveaux  défrichés  de  forêts  où  il  réussit 
le  mieux,  quelle  qu’y  soit  du  reste  la  nature  précise  du  sol  ;  aussi  lui  a-t-on 
de  tout  temps  dans  la  colonie  consacré  les  terres  hautes,  de  qualité  ordinaire 
ou  médiocre,  exploitées  à  longs  intervalles  de  jachère.  Il  réussit  aussi  bien 
sur  les  pentes  que  sur  les  plateaux  ;  mais  il  ne  voudrait  pas  d’un  sol  qui  pût 
être  inondé  ou  imbibé  même  momentanément  de  beaucoup  d’eau.  Il  vient 
passablement,  même  en  sol  appauvri,  sur  les  niaments  ou  anciens  défrichés 
remis  en  culture  par  un  nouveau  défrichement. 

Plantation.  —  La  meilleure  saison  pour  le  planter  est  l’ouverture  des  pluies, 
novembre  ou  décembre.  On  peut  cependant  en  planter  presque  en  toute  saison, 
sauf  au  fort  de  la  sécheresse.  On  le  multiplie,  comme  je  l’ait  dit,  de  bouture. 
On  coupe  la  tige  ligneuse,  ou,  comme  on  dit,  le  bois  de  Manioc,  en  petits 
tronçons  de  3  à  4  décimètres  de  long,  et  l’on  en  place  deux  dans  les  très-petits 
trous  que  l’on  fait  à  la  houe  en  plantant  le  terrain.  On  ramène  un  peu  de 
terre  par-dessus.  Les  boutures,  soit  qu’on  les  couvre  de  terre,  soit  qu’on  en 
laisse  un  bout  affleurer,  s’enracinent  et  poussent  promptement. 

On  espace  les  pieds  d’un  mètre  environ  ;  dans  une  terre  riche,  et  qu’on 
aurait  par  exception  façonnée  avec  soin,  on  pourrait  les  placer  à  70  ou  80  cen¬ 
timètres.  En  abatis  nouveau,  ou  même  en  défriché  de  niament ,  on  ne  donne 
pas  de  façon  au  sol  avant  la  plantation.  Cependant  on  voit  quelquefois,  dans 
des  morceaux  de  terres  basses  désséchées  où  l’on  plante  plusieurs  années  de 
suite  du  Manioc,  les  nègres  façonner  à  l’avance  la  terre  à  la  houe  et  même  à 
la  bêche.  On  doit  encore  l’ameublir  et  lui  donner  une  façon  plus  ou  moins 
régulière,  quand  on  plante  dans  des  terres  argileuses  épuisées  par  plusieurs 
années  de  culture;  mais  il  faut  reconnaître  que  de  tels  travaux  sont  peu  pro¬ 
fitables,  et  qu’on  n’obtient  guère  que  de  médiocres  récoltes. 

Le  Manioc  s’espaçant  beaucoup  et  n’ayant  pas  un  premier  développement 
bien  rapide,  on  sème  assez  fréquemment,  surtout  en  abatis  novè,  des  graines 
de  Maïs,  ou  même  de  Riz,  entre  les  pieds  de  Manioc.  Il  en  résulte  une  récolte 
intercalaire  qui  n’est  jamais  bien  abondante,  mais  qui  fournit  un  petit  profit 
sans  nuire  à  la  culture  principale. 

Le  Manioc  lui-même  est  quelquefois  planté  comme  récolte  intercalaire  dans 
de  nouvelles  plantations  de  Caféier,  de  Cacaotier  ou  d’autres  plantes  arbores¬ 
centes.  Mais  c’est  une  mauvaise  pratique  que  peuvent  se  permettre  de  petits 
cultivateurs  peu  expérimentés  ou  peu  soucieux  de  l’avenir,  mais  que  con- 


3M  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

damneront  tous  les  colons  éclairés.  Effectivement  le  Manioc  attire  les  fourmis 
et  fait  toujours  plus  ou  moins  tort  aux  jeunes  plants  dont  la  vigueur  dans  les 
premières  années  assure  le  beau  développement  futur. 

Entretien,  phases  de  la  végétation. —  Le  Manioc  planté  ne  tarde  pas  h  sortir 
de  terre  ;  après  quinze  jours  ou  trois  semaines  on  voit  ses  jeunes  pousses  ap  - 
paraître.  Il  craint  alors  beaucoup  les  déprédations  des  fourmis  et  des  animaux 
sauvages,  dont  il  se  ressent  à  ce  moment  d’une  manière  plus  fâcheuse  qu'à 
tout  autre  âge.  Le  cultivateur  doit  visiter  son  champ,  et  y  couper  avec  le 
sabre  d’abatis  les  repousses  de  bois  ou  les  plus  fortes  mauvaises  herbes  qui  y 
paraîtraient.  Si  la  plantation  a  été  faite  en  abatis  nove  au  retour  des  pluies,  on 
fait  en  général  le  premier  sarclage  pendant  l’été  de  mars,  on  en  fait  un  second 
à  l’entrée  de  la  saison  sèche.  On  chausse  de  terre  la  jeune  plante  en  sarclant. 
Si  la  plantation  a  été  faite  sur  d’anciennes  cultures,  on  sarcle  aussitôt  que  la 
mauvaise  herbe  devient  trop  apparente.  Il  faut  alors  compter  trois  ou  quatre 
sarclages  pour  la  première  année. 

En  terre  neuve,  quand  le  Manioc  a  pris  delà  force,  il  n’est  plus  nécessaire 
de  le  sarcler  beaucoup;  et  l’on  voit  des  abatis,  où  l’on  ne  s’est  guère  occupé  de 
combattre  la  mauvaise  herbe  dans  la  seconde  ou  dans  la  troisième  année,  qui 
donnent  cependant  de  bons  produits. 

Comme  je  l’ai  déjà  expliqué,  la  plante,  après  avoir  poussé  une  tige  droite 
jusqu’à  1  ou  2  mètres,  jette  des  branches  du  sommet  et.  donne  des  fleurs  en 
même  temps  que  les  tubercules  commencent  à  se  former.  Ces  tubercules  con¬ 
tinuent  à  grossir  pendant  que  les  branches  poussent  et  fleurissent  avec  une 
vigueur  qui  va  en  décroissant.  Quoique  le  Manioc  vive  deux  ou  trois  ans,  ce 
n’est  pas  à  proprement  dire  une  plante  vivace.  Il  s’épuise  lentement  à  mesure 
que  ses  tubercules  arrivent  à  leur  plus  fort  volume.  A  ce  moment  ils  sont  plus 
gros  et  plus  lourds,  mais  pourrissent  facilement  en  terre.  Les  phases  de  la 
végétation  ne  sont  pas  très-tranchées,  et  n’ont  pas  une  durée  bien  précise.  Le 
cours  des  saisons,  la  nature  du  sol  influent  sur  elles.  Il  y  a  des  races  de  Ma¬ 
nioc  hâtives  et  d’autres  tardives.  En  nouveau  défriché  de  grand  bois,  la  plante 
pousse  avec  plus  de  force,  forme  ses  tubercules  plus  tard  et  les  conserve  en 
bon  état  plus  longtemps.  La  sécheresse  ralentit  la  végétation  des  feuilles  et  aide 
à  la  maturation  des  racines;  la  pluie  imprime  une  nouvelle  vigueur  à  la  pousse 
des  feuilles  et  fait  souvent  pourrir  les  tubercules. 

Le  Camanioc  (ou  Manioc  doux)  s’arrache  à  six  ou  huit  mois,  parce  que 
plus  tard  sa  racine  devient  dure  et  mauvaise  :  toute  race  de  Manioc  en  terre 
d  eniament  se  récolte  à  un  an,  parce  que  plus  tard  la  pourriture  pourrait  détruire 
les  tubercules  ;  en  abatis  nove  il  ne  faut  pas,  à  moins  de  nécessité,  arra¬ 
cher  avant  deux  ans,  et  la  plante  se  conserve  souvent  en  bon  état  jusqu’à  trois. 

Quand  le  Manioc  est  un  peu  grand,  il  ne  réclame  plus  que  peu  de  soins, 
mais  il  faut  surveiller  pendant  les  pluies  l’état  des  racines,  et  se  hâter  de  l’ar¬ 
racher  si  la  pourriture  s’y  met.  Lorsqu’il  pleut  avec  force,  il  faut  visiter  le 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1871. 


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champ  et  s’assurer  si  les  eaux  ne  s’accumulent  pas,  ne  stagnent  pas  dans  quel¬ 
que  place,  et,  si  cela  a  lieu,  leur  procurer  un  écoulement  en  ouvrant  une  rigole. 

Les  animaux  sauvages  exercent  des  déprédations  dans  les  abatis  ;  les  biches 
mangent  les  feuilles,  les  agoutis  rongent  les  racines;  les  cochons  sauvages,  qui 
vivent  en  troupes,  exercent  quelquefois  de  grands  ravages. 

Récolte ,  préparation  des  racines .  — La  récolte  du  Manioc  est  facile  :  en 
tirant  la  tige  ligneuse  les  tubercules  viennent  avec  ;  s’il  reste  un  tubercule  en 
terre,  on  s’en  aperçoit  à  ce  que  le  pédicule,  qui  le  lie  au  collet  de  la  tige, 
est  cassé,  et,  en  fouillant  un  peu  la  terre,  on  le  retrouve  et  on  l’extrait.  Ce 
n’est  que  lorsque  la  terre  est  grasse  et  argileuse  et  qu’elle  est  momentané¬ 
ment  durcie  par  la  sécheresse,  que  l’arrachage  peut  devenir  plus  laborieux. 

Le  produit  en  racines  est  d’une  évaluation  assez  difficile,  car  il  varie  et  avec 
l’âge  de  la  plante,  et  avec  la  fertilité  du  sol.  A  un  an,  en  terre  médiocre,  il 
peut  cire  de  15  000  kilogr.  l’hectare  et  même  seulement  de  10  000  kilogr. , 
chiffre  qui,  comparé  au  rendement  des  racines  farineuses  d’Europe,  paraîtra 
peu  élevé.  A  deux  ans  ou  deux  ans  et  demi,  en  terre  meilleure,  on  pourra  obte¬ 
nir  20  000  à  30  000  kilogr.  On  pourra  certainement  observer,  dans  quelques 
circonstances  très-favorables,  plus  encore  ;  mais,  comme  en  agriculture 
il  faut  avant  tout  éviter  les  mécomptes,  le  plus  sage  est  d’évaluer  le  produit 
entre  10  et  20  000  kilogr.  En  général,  chaque  pied  donne  deux  ou  trois  tu¬ 
bercules,  dont  l’un  est  toujours  plus  fort  que  les  autres.  Un  petit  tubercule 
peut  peser  de  100  à  200  grammes,  un  moyen  500  grammes,  un  gros  tuber¬ 
cule  1  kilogr.  J’ai  pesé  une  fois  un  tubercule  d’une  grosseur  exceptionnelle 
qui  atteignait  le  poids  de  3k,5;  on  pourrait  en  observer  parfois  de  plus  gros 
encore. 

Le  rendement  du  Manioc,  comparé  au  temps  pendant  lequel  il  a  occupé 
le  sol,  est  donc  peu  élevé  :  d’un  autre  côté^  il  faut  dire  que  la  racine  est  très- 
lourde  et  contient  moins  d’eau  qu’aucune  autre  racine  féculente.  Arrivée  à  sa 
maturité,  elle  n’en  renferme  guère  que  00  pour  100.  Elle  est  d’un  tissu  très- 
dense  et  fort  serré.  Elle  contient  beaucoup  de  fécule  ;  sa  richesse  en  albumine 
et  autres  matières  azotées  peut  être  évaluée  à  2  pour  100.  La  conversion  des. 
racines  en  farine  comestible  est  assez  simple,  mais  entraîne  une  main-d’œu¬ 
vre  longue  et  minutieuse.  On  commence  par  racler  et  peler  ces  tubercules; 
on  les  lave  alors,  puis  on  les  râpe  sur  une  planche  de  bois  hérissée  de  petites 
aspérités  de  fer,  dite  grage ,  travail  assez  long  qu’il  serait  facile  d’expédier 
beaucoup  plus  vile  avec  une  râpé  en  roue.  La  pulpe  râpée  est  généralement 
abandonnée  vingt-quatre  heures  à  elle-même ,  ce  qui  y  excite  un  très-léger 
commencement  de  fermentation.  On  l’introduit  alors  dans  de  longs  paniers 
ou  chausses ,  flexibles,  de  forme  longue  et  cylindrique,  qui  portent  dans  le 
pays  le  nom  de  couleuvres ,  et  qui  sont  tressés,  suivant  l’industrie  tradition¬ 
nelle  des  Indiens,  en  jonc  d’Arouma.  On  comprime  la  farine  introduite  dans 
la  couleuvre  en  la  suspendant  par  une  anse  qui  est  à  son  ouverture,  et  en  tirant 


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SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

l’autre  bout  par  un  poids  dont  on  la  charge.  Elle  s’étire  sous  ce  poids,  elle 
suc  du  Manioc  coule  à  travers  la  tresse.  Aux  Antilles,  où  la  destruction 
des  forets  a  rendu  I’Arouma  rare,  et  où  le  sentiment  du  prix  du  temps  a  fait 
regretter  celui  qu’on  perdait  à  tresser  des  chausses  qui  ne  durent  pas  long¬ 
temps,  on  comprime  la  farine  dans  une  enveloppe  grossière.  De  quelque  ma¬ 
nière  que  la  compression  soit  exercée,  elle  fait  exsuder  un  suc  aqueux  légè¬ 
rement  opalin,  qui  est  très-vénéneux.  La  farine  comprimée  est  extraite,  et 
exposée  quelque  temps  au-dessus  d’un  foyer;  puis  elle  est  pilée,  grossièrement 
tamisée  et  cuite  sur  une  plaque  de  fonte  chauffée  par-dessous,  dite  platine , 
à  une  chaleur  de  100  et  quelques  degrés,  qui  la  roussirait  si  on  ne  la  remuait 
et  renouvelait  incessamment.  La  plaque  de  fonte  de  la  platine  est  circulaire,  et 
d’un  mètre  environ  de  diamètre.  Elle  est  encadrée  au-dessus  d’une  petite  ma¬ 
çonnerie  d’un  mètre  déliant,  qui  soutient  la  plaque  et  ménage  sous  elle  une 
cavité  en  forme  de  four,  où  le  feu  s’allume,  la  fumée  trouvant  une  issue  par 
une  ouverture  latérale. 

Si  l’on  prépare  la  farine  en  couac ,  après  avoir  allumé  un  feu  suffisant,  qu’on 
a  soin  d’entretenir,  on  projette  sur  la  plaque  une  certaine  quantité  de  farine 
fraîche,  et  avec  un  petit  râteau  de  bois  on  l’étale  et  on  la  remue.  Lorsqu’elle 
est  cuite  et  séchée,  on  la  retire  et  l’on  en  met  de  nouvelle;  et  ainsi  de  suite  jus¬ 
qu’à  ce  qu’on  ait  épuisé  la  farine  fraîche.  Ce  couac  est  en  petits  grains  durs 
qui  imitent  un  peu  l’aspect  de  la  semoule.  Si  c’est  de  la  cassave  qu’on  prépare, 
la  farine,  plus  soigneusement  pilée  et  mieux  tamisée,  est  étalée  circulairement 
sur  la  plaque,  puis  comprimée  très-légèrement  avec  une  palette  pour  qu’elle 
s’agrège.  Elle  est  retournée  deux  ou  trois  fois  pendant  sa  cuisson. 

Dans  l'une  et  l’autre  préparation,  il  y  a  cuisson  et  dessiccation  complète,  ce 
qui  assure  une  conservation  longue  et  pour  ainsi  dire  indéfinie.  La  farine  de 
Manioc  est  un  aliment  sain,  mais  d’une  valeur  nutritive  faible.  Le  docteur 
Sellier  estimcqu’elle  contient  0,18  pour  100  d’azote.  Il  suffit  de  remarquer 
qu’elle  acquiert  en  roussissant  peu  d’odeur,  et  qu’en  brûlant  sur  les  char¬ 
bons  elle  n’exhale  pas  unefumée  âcre  et  désagréable,  pour  en  conclure  qu’elle 
renferme  peu  d’azote  et  de  phosphore.  Elle  ne  contient  pas  non  plus  de  ma¬ 
tière  grasse,  on  n’en  présente  qu’en  très-minime  quantité.  Cette  farine  nou¬ 
vellement  cuite  a  un  petit  goût  très-léger,  puis  elle  devient  insipide.  Comme 
elle  est  très-dure,  on  la  ramollit  par  un  peu  d’eau  ou  de  bouillon  pour  la  man¬ 
ger.  C’est  une  substance  d’une  très-faible  valeur  alimentaire,  et  les  indigènes 
d’Amérique,  qui  en  Elisaient  et  en  font  la  base  de  leur  nourriture,  mangent 
en  même  temps  beaucoup  de  poisson  et  de  viande. 

Le  prix  vénal  du  couac  était,  avant  l’émancipation,  de  25  à  30  centimes  le 
kilogr . ;  depuis  la  liberté  et  sous  l’induencc  du  renchérissement  des  vivres, 
que  la  création  du  Pénitencier  a  amené,  il  se  tient  à  Cayenne  à  50  centimes 
le  kilogramme  environ,  prix  très-exagéré  relativement  à  sa  valeur  nutritive. 
Sur  toutes  les  habitations  au  surplus  on  le  produit,  et  Pon  se  ruinerait  à  l’a- 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1871.  3^7 

cheter.  Suivant  l’abondance  ou  la  rareté  des  vivres,  les  prix  baissent  ou  s’élè¬ 
vent  beaucoup. 

•J’ai  décrit  la  préparation  telle  qu’elle  se  pratique  dans  la  colonie,  mais  il 
est  évident  qu’il  y  aurait  une  économie  énorme  à  employer  des  moyens  mé¬ 
caniques.  Un  lavage  à  grande  eau  des  tubercules,  accompagné  d’un  frottement 
des  tubercules  les  uns  contre  les  autres,  obtenu  par  un  appareil  tournant  à 
grande  vitesse,  enlèverait  l’épiderme  de  la  racine.  Un  moulin  à  râpe  ferait 
l’office  des  grages ;  l’exsudation  du  suc  par  la  compression,  le  pilage  et  la 
cuisson  pourraient  également  s’opérer  plus  en  grand  et  avec  une  grande  éco¬ 
nomie  de  travail.  Tous  ces  procédés  sont,  je  crois,  déjà  pratiqués  à  Démérari, 
el  il  ne  manquerait  pas  de  colons  intelligents  qui  les  introduiraient  à  Cayenne, 
si  l’instabilité  des  ateliers  de  travail  et  l’incertitude  qui  en  résulte  ne  faisaient 
pas  hésiter  aujourd'hui  à  introduire  l’innovation  utile  la  plus  simple.  La  roue 
à  grager  a  été  déjà  depuis  longtemps  employée  à  Cayenne  sur  quelques  grandes 
habitations. 

Tous  les  auteurs  ont  décrit  la  manière  de  préparer  le  tapioca  ou  fécule 
fine  de  Manioc.  La  racine  gragée  est  délayée  dans  l’eau,  malaxée  et  compri¬ 
mée.  On  relire  les  parties  plus  grossières,  qui  peuvent  être  cuites  et  données 
aux  animaux  ;  on  recueille,  en  laissant  l’eau  déposer,  les  matières  les  plus 
fines.  Le  tapioca  est  lui-même  assez  peu  nutritif,  mais  il  sert  à  préparer  des 
potages  délicats.  Sous  cette  forme  il  peut  être  utile  aux  convalescents,  parce 
qu’il  se  fond  en  gelée  par  l’ébullition,  el  n’est  pas  disposé  à  aigrir  et  à  s’altérer 
quand  le  suc  gastrique,  versé  en  trop  peu  d’abondance  par  un  estomac  ma¬ 
lade,  l’attaque  faiblement. 

À  Démérari,  le  suc  de  Manioc,  privé  par  une  ébullition  de  ses  propriétés 
malfaisantes,  est  connu  sous  le  nom  de  cassareep ,  et  sert  de  sauce  en  cui¬ 
sine.  On  dit  que  les  viandes  qu’on  y  a  cuites  se  conservent  plus  longtemps.  Il 
serait  utile  de  vérifier  cette  opinion. 

Les  Indiens  emploient  beaucoup  la  racine  de  Manioc  pour  préparer  des 
boissons  fermentées,  qui  ne  plairaient  pas  beaucoup  au  palais  des  Européens. 
Il  est  certain  que  la  Canne-à-sucre  est  beaucoup  plus  propice  à  un  tel  usage. 

Races  diverses  de  Manioc. — Le  Manioc  compte,  à  la  Guyane  seule,  dix 
ou  douze  races  différentes,  fort  constantes  et  présentant  chacune  quelque 
particularité  utile.  U  y  en  a  de  plus  hâtives,  de  plus  tardives.  Il  y  en  a  de  plus 
ou  moins  vénéneuses.  On  les  distingue  à  la  couleur  de  l’épiderme  des  liges 
ligneuses  (blanche  ou  jaune),  à  la  couleur  du  pétiole  des  feuilles,  à  la  forme  et 
au  nombre  des  folioles  dont  elles  sont  composées.  Elles  se  ressemblent  géné¬ 
ralement  beaucoup,  et  il  faut  de  l’habitude  pour  les  distinguer. 

Je  ne  citerai  que  les  plus  remarquables  : 

Le  Manioc  doux  (ou  Camanioc) contient  si  peu  de  principes  âcres,  qu’on  fait 
cuire  ses  racines  au  feu  et  qu’on  les  mange  comme  des  pommes-de-terre.  C’est 
une  espèce  hâtive;  il  est  mûr  à  cinq  ou  six  mois,  et  deux  ou  trois  mois  plus 


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SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  I)E  FRANCE. 


lard  sa  racine  devient  dure  et  cornée  et  ne  peut  plus  se  manger.  L’écorce  du 
bois  est  blanche  ;  le  pétiole  des  feuilles  est  d’un  beau  rouge  purpurin  ;  le  nom¬ 
bre  des  digitations  est  de  sept  dans  les  feuilles  vigoureuses  du  pied  de  la  lige. 
Les  tubercules  sont  longs  et  d’un  faible  diamètre.  Cuits  sous  la  cendre,  ils 
sont  agréables  à  manger,  doux  et  d’une  consistance  fine. 

Parmi  les  Maniocs  vénéneux  je  citerai  : 

Le  Bâton-magasin  ou  Bâton-blanc ,  grande  espèce,  très-productive,  se 
conservant  bien  en  terre  et  d’une  bonne  qualité.  Le  feuillage  est  d’un  vert 
glauque  très-pur  sans  mélange  de  couleur  rouge,  même  dans  les  jeunes 
{musses;  les  pétioles  sont  blancs  ou  très-légèrement  rosés. 

Le  Manioc-Maille  (nom  qui  lui  vient  des  Indiens  Maies  d’après  de  Pré- 
fontaine)  est  encore  une  espèce  à  haute  tige.  L’écorce  du  bois  est  jaune  bru¬ 
nâtre,  le  sous-épiderme  de  la  racine  est  rouge  pourpre.  La  racine  est  courte 
et  grosse,  et,  quand  on  la  prépare*  elle  rend  beaucoup  d’eau. 

Le  Manioc-jaune,  apporté  du  Para,  donne  un  couac  d’une  couleur  jau¬ 
nâtre;  ses  jeunes  feuilles  ont  une  couleur  pourpre  violacée. 

Le  Petit-Louis  est  plus  vénéneux  que  les  autres.  Il  n’est  pas  élevé,  et 
mûrit  assez  vite. 

Le  Bâton  d'Organa  a  la  propriété  de  mieux  résister  à  la  pourriture  dans 
une  terre  humide. 

Le  Manioc-C achiri ,  dont  la  racine  est  très-aqueuse,  est  préféré  par  les 
Indiens  pour  la  préparation  de  leurs  boissons,  et  n’est  pas  planté  parles  colons. 

Les  races  de  Manioc  très-hâtives  ont  un  grand  intérêt,  parce  que,  lorsque 
les  vivres  deviennent  rares,  on  peut  par  elles  se  procurer  de  promptes  res¬ 
sources.  On  en  possède  à  Cayenne  une  race  remarquable  venue  du  Para,  mais 
je  n’ai  pas  eu  l’occasion  de  l’observer. 

Appréciations  générales. — Pour  résumer  en  quelques  courtes  propositions 
nos  appréciations  principales  sur  la  culture  du  Manioc,  nous  dirons  : 

Oue  le  Manioc  est  une  plante  parfaitement  adaptée  au  climat  du  pays  et 
d’une  culture  facile. 

Qu’il  ne  donne  un  produit  réellement  considérable  qu’aulant  qu’on  l’a 
planté  en  un  sol  qui  lui  convient,  et  qu’on  a  attendu  pour  le  récolter  sa  pleine 
maturité,  c’est-à-dire  deux  ans  à  deux  ans  et  demi. 

Qu’en  raison  de  cela,  on  doit  toujours  établir  une  forte  partie  de  ses  cul  - 
turcs  en  défriché  de  grand  bois,  où  la  plante  vient  plus  forte  et  conserve  mieux 
ses  tubercules. 

Que  les  terres  hautes  de  la  Guyanne  de  qualité  ordinaire  ou  médiocre,  qui 
sont  les  plus  nombreuses,  sont  très-propres  à  rétablissement  de  telles  plan¬ 
tations. 

Qu’il  est  très-désirable  qu’on  abrège  la  préparation  des  racines  par  l’emploi 
de  moyens  mécaniques  et  expéditifs. 

Que  le  seul  moyen  de  ne  jamais  manquer  de  Manioc,  est  d’en  avoir  tou- 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  \  87 1  . 


3A9 


jours  plus  qu’on  non  consomme,  lu  pourriture  des  racines  en  terre  exer¬ 
çant,  quoi  qu’on  fasse ,  des  ravages  dont  on  ne  peut  prévoir  l’importance 
dans  les  plantations. 

Que,  pour  utiliser  cet  excédant  de  Manioc,  il  faut  apprendre  à  en  donner 
aux  animaux,  spécialement  aux  cochons,  et  s’assurer  d’un  moyen  expéditif  et 
facile  d’en  détruire  à  cet  effet  le  principe  vénéneux  (1). 

Du  poison  du  Manioc.  —  Rien  n’est  plus  singulier  que  de  voir  appliquer  à 
l’alimentation  une  plante  vénéneuse.  Sans  entrer  dans  une  étude  approfondie 
du  poison  du  Manioc,  je  crois  utile  de  présenter  à  son  sujet  quelques  courtes 
considérations.  Il  est  probable  que  ce  poison  est  un  composé  organique  peu 
stable,  nuisible  par  lui-même,  mais  redoutable  surtout  en  ce  qu’il  peut,  en 
certaines  circonstances,  engendrer  de  l’acide  prussique,  substance,  comme  on 
lésait,  la  plus  délétère  que  la  chimie  connaisse,  mais  elle-même  très-instable 
et  très-volatile.  Les  feuilles  de  Manioc  froissées  exhalent  une  légère  odeur  d’a¬ 
mandes  amères  ;  et  il  est  arrivé,  dans  des  recherches  chimiques  sur  les  tuber¬ 
cules,  qu’on  a  constaté  la  formation  d’acide  prussique.  Cela  expliquerait  com¬ 
ment  l’eau  de  Manioc  est  un  poison,  comment  l’eau  distillée  tirée  d’elle  est  un 
poison  encore  bien  plus  énergique  (voyez  Descourlilz);  comment  l’eau  de  Ma¬ 
nioc,  bouillie  pendant,  longtemps  et  écumée,  est  inolïensive  et  sert  d’aliment 
aux  Indiens  de  la  Guyane  et  du  Brésil;  comment  les  feuilles  et  la  racine  de 
Manioc  rongées  par  les  animaux,  tantôt  les  empoisonnent,  tantôt  ne  leur  font 
aucun  mal.  il  est  évident,  dans  ce  dernier  cas,  que  si  la  quantité  prise  a  été 
modérée,  et  que  le  suc  gastrique  a  exercé  immédiatement  une  action  énergi¬ 
que,  il  n’a  pu  se  former  d’acide  prussique.  Les  animaux  sauvages,  la  biche, 
l’agouti,  le  pécari,  recherchent  avidement  les  feuilles  et  la  racine  de  Manioc; 
d’un  autre  côté,  on  a  vu  des  bœufs,  des  chèvres,  des  cochons,  s’empoisonner 
avec  du  Manioc  et  surtout  avec  de  l’eau  de  Manioc.  Je  ferai  remarquer  que 
celte  eau  représente  d’abord  plus  de  principe  vénéneux  sous  un  moindre  vo¬ 
lume,  mais  surtout  qu’elle  n’est  exprimée  à  la  Guyane  que  vingt-quatre 
heures  après  quela  racine  a  été  râpée,  délai  qui  peut  permettre  à  une  réaction 
chimique  de  s’accomplir.  On  dit  à  Cayenne  que  l’écorce  de  la  racine  est  le 
contre-poison  du  suc,  et  que  c’est  pour  cela  que  les  animaux  sauvages  qui 
rongent  les  racines  ne  s’empoisonnent  pas,  mais  je  crois  l’explication  que 
je  donne  plus  rationnelle. 

Il  y  a  des  Maniocs  plus  vénéneux  les  uns  que  les  autres,  mais  je  doute 
qu’aucun  soit  absolument  exempt  de  principe  nuisible.  On  dit  bien  que  cer¬ 
taines  peuplades  sauvages  du  Brésil  mangent  de  la  racine  de  Manioc  doux 
crue,  mais  cela  ne  prouve  pas  que  l’eau  qu’on  exprimerait  de  ces  mêmes  ra¬ 
cines  râpées  et  abandonnées  à  un  commencement  de  fermentation,  avant 

(lj  M.  Bar  estime  à  environ  3000  kilogr.  de  couac  le  produit  ordinaire  d’un  hectare 
de  Manioc.  Il  estime  à  environ  trois  journées  la  manipulation  d’un  hectolitre  de  couac 
(travail  de  peler  et  grager  les  racines,  de  comprimer  la  pâte  et  de  cuire). 


350 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

d’être  comprimées,  ne  serait  pas  vénéneuse.  Les  Indiens  de  la  Guyane  com¬ 
priment  la  racine  râpée  immédiatement  et  sans  aucun  délai,  de  même  qu’ils 
cuisent  la  farine  aussitôt  après  l’expression  du  suc  (1). 

Des  Maniocs  sauvages.  — Quoiqu'on  ne  puisse  affirmer  que  le  Manioc  cul¬ 
tivé  soit  issu  des  Maniocs  sauvages,  qui  ont  avec  lui  quelque  ressemblance, 
il  serait  fort  intéressant  de  cultiver  quelques-uns  de  ceux-ci  dans  un  jardin 
botanique  colonial,  et  de  se  livrer  à  quelques  expériences  sur  le  semis  de 
graines  du  Manioc  cultivé. 

Autant  qu’on  peut  deviner  les  choses  par  présomption,  je  suppose  que  les 
Maniocs  sauvages  sont  très-vénéneux,  sont  très-vivaces  de  racine  (repoussant 
de  nouvelles  tiges  de  leur  souche  quand  les  tiges  précédentes  ont  séché);  qu’ils 
donnent  beaucoup  plus  de  graines  que  le  Manioc  cultivé;  qu’ils  ont  des  ra¬ 
cines  tuberculeuses  beaucoup  plus  petites,  plus  fibreuses,  plus  dures,  moins 
riches  en  fécule. 

M.  Bar  me  donna  un  jour,  à  la  Guyane,  un  rameau  de  Manioc  sauvage 
qu’il  avait  recueilli  aux  bords  de  la  Mana.  Je  le  desséchai  sans  avoir  le  soin 
d’en  garder  une  bouture  pour  planter.  Cet  échantillon  est  indiqué  par  M.  Mul¬ 
ler  dans  le  Prodromus ,  parmi  les  variétés  du  Manihot  palmata ,  sous  le  nom 
de  a.  diffusa.  La  tige  était  plus  rameuse  et  les  rameaux  plus  divariqués  que 
dans  le  Manioc  cultivé,  mais  la  principale  différence  était  le  fruit,  beaucoup 
plus  gros,  sphérique  et  non  ovoïde,  lisse  et  non  relevé  de  petites  crêtes  mem¬ 
braneuses.  Les  fruits  étaient  très-nombreux,  ce  qu’on  n’observe  pas  dans  le 
Manioc  cultivé. 

Je  montrai  la  plante  à  des  Indiens  qui  me  dirent  qu’ils  la  connaissaient  et 
l’appelaient  Manioc-Biche ,  c’est-à-dire  Manioc  sauvage  mangé  dans  les  bois  par 
les  cerfs.  Le  Camanioc,  ou  Manioc  doux  de  la  Guyane,  rapporté  par  M.  Mul¬ 
ler  au  M.  palmata ,  ne  me  paraît  pas  différer  spécifiquement  du  Manioc  ordi¬ 
naire,  et  diffère  au  contraire  beaucoup  du  Manioc  sauvage  dont  il  est  ici 
question.  Il  est  vrai  que  M.  Muller  mentionne  aussi  des  variétés  de  M.  utilissima 
qui  n’ont  pas  ia  racine  vénéneuse.  Je  ne  me  rappelle  pas  d’avoir  observé  le 
fruit  du  Camanioc,  mais  s’il  eût  été  d'une  autre  forme  que  celui  du  Manioc, 
le  fait  m’aurait  certainement  frappé. 

J’ai  souvent  vu  des  fruits  sur  des  pieds  de  Manioc,  mais  je  n’en  ai  jamais 
ouvert  pour  examiner  la  graine.  Je  n’en  ai  non  plus  jamais  semé. 

Du  semis  de  graines  de  Manioc  cultivé,  essayé  en  vue  d'obtenir  de  nou¬ 
velles  races  plus  productives .  —  Il  y  aurait  beaucoup  d’intérêt  à  ce  qu’un 
expérimentateur  intelligent  et  patient  essayât  de  perfectionner  le  Manioc  cul¬ 
tivé  par  des  semis  méthodiques.  Quoiqu’il  ne  donne  pas  tout  à  fait  autant  de 
graines  qu’une  plante  sauvage,  il  en  donne  cependant  un  certain  nombre, 
surtout  dans  les  abatis  noves,  à  l’âge  de  deux  ans  ou  deux  ans  et  demi. 

1)  M.  Boussingault  m’a  dit  avoir  vu,  à  la  Nouvelle-Grenade,  des  mouches  périr  après 
avoir  sucé  des  tranches  de  racine  de  Manioc. 


SÉANCE  DU  S  DÉCEMBRE  1871. 


351 


Pour  avoir  quelque  chance  de  réussir,  il  faudrait  semer  beaucoup  de  grai¬ 
nes  prises  sur  des  pieds  très-vigoureux  et  très-productifs,  élevés  dans  une  terre 
très-riche  et  fortement  fumée.  On  rejetterait  dans  les  semis  la  plupart  des 
individus,  et  l’on  ne  s’attacherait  qu’à  ceux  qui  montreraient  une  végétation 
plus  puissante  ou  des  qualités  particulières. 

Le  rendement  médiocre  du  Manioc  donne  à  penser  que  cette  plante  utile 
pourrait  être  considérablement  améliorée,  et  qu’elle  est  encore  à  un  état  demi- 
sauvage,  où  elle  ne  donne  que  des  produits  incomplets. 

Le  Père  Labat  affirme  que  le  Manioc  élevé  de  graines  donne  très-peu  de 
racines.  Faut-il  supposer  que  les  pieds  élevés  de  semis  restent,  comme  on 
l’observe  pour  la  Vigne,  plusieurs  aimées  petits  et  chétifs,  n’acquérant  que 
plus  tard,  après  plusieurs  bouturages  successifs,  leur  vigueur  et  leur  taille 
définitives?  Faut-il  supposer  que  le  semis  de  graines,  recueillies  peut-être  sur 
des  pieds  trop  peu  vigoureux,  donnait  des  individus  dégénérés  et  tendant  à 
revenir  à  l’état  sauvage  ? 

Il  est  évident  qu’on  obtient,  en  élevant  de  graines,  et  des  individus  pires  et 
des  individus  meilleurs  que  la  souche.  C’est  à  l’art  du  cultivateur  de  bien  di¬ 
riger  ces  essais  délicats.  11  y  a  des  règles  générales  connues,  et  il  ne  faut  pas 
se  décourager  pour  quelques  premiers  résultats  mauvais  ou  insignifiants. 

Utilité  qu'on  pourrait  retirer  des  pelures  de  racine  et  de  Veau  de  Ma¬ 
nioc.  —  On  laisse  perdre,  à  la  Guyane,  l’eau  de  Manioc  comme  les  écorces  de 
la  racine.  On  pourrait  cependant  les  utiliser  dans  la  confection  des  engrais 
ou  même  pour  l’alimentation  des  animaux. 

Ces  écorces,  qui  entraînent  toujours  avec  elles  une  partie  du  tissu  du  tuber¬ 
cule,  s’échauffent  et  fermentent  promptement.  Nul  doute  que,  entassées  avec 
des  feuilles  mortes,  de  la  vase,  un  peu  de  terre  et  d’autres  débris,  elles  ne 
donnent  de  très-bon  terreau. 

L’eau  de  Manioc,  étendue  d’eau,  pourrait  également  servir  à  arroser  des 
(as  de  feuilles  et  de  débris  végétaux  entassés  destinés  à  fournir  de  l’engrais. 

il  ne  faudrait  pas  donner  directement,  et  avant  qu’elles  eussent  fermenté, 
ces  substances  comme  engrais  :  elles  pourraient  attirer  les  fourmis. 

Les  pelures  de  racines,  laissées  quelques  jours  à  macérer  dans  l’eau  cou¬ 
rante,  ou  mieux  cuites,  pourraient  probablement  être  données  aux  porcs.  Il 
faudrait  toutefois  s’assurer  par  quelques  essais  qu'ils  ne  peuvent  pas  en  res¬ 
sentir  de  mal  (1). 

Culture  du  Manioc  hors  de  la  Guyane.  — Cultivé  originairement  dans 
l’Amérique  intertropicale,  le  Manioc  a  été  répandu  par  les  Européens  dans 
tous  les  pays  chauds,  et  sa  culture  y  a  pris  plus  ou  moins  d’extension,  sui¬ 
vant  que  le  climat,  le  sol,  l’état  social,  les  lumières  et  les  goûts  des  populations 


(1)  L’eau  de  Manioc  non  bouillie  a  une  propriété  fermentescible  assez  énergique  :  c’est 
pour  cela  qu’on  lave  soigneusement  les  couleuvres  et  les  toiles  qui  ont  servi  à  comprimer 
la  farine  ;  sans  cela  elles  s’altéreraient  promptement. 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


302 

ont  favorisé  ou  non  la  propagation  de  la  culture,  Celle  utile  ({illusion  continue 
à  s’opérer,  et  elle  est  appelée  dans  certaines  localités  à  rendre  de  grands 
services. 

Le  Manioc  est  proprement  une  plante  de  pays  chauds;  c’est  dans  la  zone 
équatoriale  qu’il  pousse  le  plus  haut  et  prend  son  plus  beau  développement.  Il 
réussit  bien  dans  tout  l’espace  intertropical,  préférant  toutefois  les  localités  un 
peu  pluvieuses  à  celles  où  il  y  a  de  trop  longues  sécheresses.  On  le  voit  s’avan¬ 
cer  hors  des  tropiques  jusqu’au  30e  degré,  particulièrement  dans  les  provinces 
exlratropicales  du  Brésil,  à  Sainte- Catherine. 

Partout  il  préfère  un  sol  meuble,  et  les  sables  mêlés  de  terreau  lui  con¬ 
viennent  singulièrement.  Il  n’aime  pas  les  terres  sujettes  à  s’imbiber  d’eau. 

li  se  prête  assez  bien  à  un  ralentissement  ou  une  suspension  momentanée 
de  végétation,  sous  l’influence  ou  de  sécheresse  ou  d’un  rafraîchissement  mo¬ 
mentané  de  la  température;  mais  il  préfère  les  climats  où  l’humidité  et  la 
chaleur  ne  lui  font  jamais  défaut.  Là  où  dans  l’espace  intertropical  s’élèvent  de 
petites  montagnes  et  des  plateaux,  à  une  altitude  déterminée,  sans  cesser 
d’être  cultivé,  il  est  planté  moins  abondamment  que  le  Maïs  (provinces  aus¬ 
tro-centrales  du  Brésil,  versant  oriental  des  Andes)  ;  plus  haut  il  cesse  de 
venir.  Sa  culture  ne  s’observe  pas  généralement  au-dessus  de  1000  mètres 
(Àdr.  de  Jussieu). 

La  nature  du  sol,  la  densité  de  la  population,  la  prédominance  ou  l’aban¬ 
don  des  cultures  industrielles,  la  facilité  ou  la  difficulté  de  cultiver  ou  d’acheter 
le  Riz,  le  Maïs,  le  Sorgho,  l’abondance  ou  la  rareté  du  poisson  et  de  la  viande, 
favorisent  ou  restreignent  indirectement  l’avantage  qu’on  trouve  à  planter  du 
Manioc. 

Culture  aux  Antilles.  —  Aux  Antilles  françaises,  où  les  terres  hautes 
sont  beaucoup  meilleures  qu’à  la  Guyane,  et  où  le  pays  porte  une  population 
nombreuse,  le  Manioc  est  planté  dans  des  terres  depuis  longtemps  en  culture, 
et  est  généralement  récolté  jeune,  l’emploi  du  sol  ayant  trop  de  prix  pour 
qu’il  y  ait  avantage  à  l’y  laisser  deux  ans,  quoiqu’il  continue  à  y  profiter.  On 
laboure  la  terre  pour  le  planter  ;  on  le  plante  un  peu  plus  serré  et  on  le 
sarcle  plus  soigneusement  qu’à  la  Guyane.  On  aime  à  alterner  sa  culture  avec 
des  plantations  de  Cannes,  cette  alternance  reposant  le  sol.  La  tige  est  donc  un 
peu  moins  haute  qu’à  Cayenne  et  les  racines  sont  un  peu  plus  petites.  Le 
prix  vénal  de  la  farine  de  Manioc  y  est  très-élevé.  Tel  est  le  bénéfice  de  la  cul¬ 
ture  de  la  Canne  bien  faite,  qu’il  y  a  avantage  pour  les  plantations  à  tirer  une 
partie  de  leurs  vivres  du  dehors,  particulièrement  à  acheter  du  riz  des  Indes. 

Le  Manioc  est  probablement  très-cultivé  à  Saint-Domingue  et  même  à  la 
Jamaïque,  où  les  conditions  sociales  sont  très-différentes. 

Culture  au  Brésil . — La  culture  du  Manioc  est  générale  au  Brésil,  le  nom¬ 
bre  de  ses  races  ou  variétés  y  est  très-considérable.  Il  y  a  maintenant  de  nom¬ 
breuses  sortes  d’Aïpi  ou  Manioc  doux.  Dans  le  Para,  qui  est  peu  éloigné  delà 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1871. 


353 

Guyane,  on  voit  déjà  plusieurs  races  de  Manioc  inconnues  à  Cayenne,  et  le 
couac  s’y  prépare  d’une  manière  un  peu  différente.  La  production  y  est  très- 
abondante  et  le  prix  vénal  est  très-bas,  en  sorte  que  depuis  l’émancipation  la 
ville  de  Cayenne  a  été  fréquemment  y  chercher  des  vivres. 

Dans  la  vaste  étendue  du  Brésil,  le  Manioc  se  cultive  dans  des  conditions 
assez  différentes  de  climat  et  de  sol.  Dans  les  provinces  centrales,  beaucoup 
moins  humides  que  le  littoral  et  la  vallée  de  l’Amazone,  la  plante  redoute  les 
sécheresses,  et,  dans  certaines  années  où  il  n’a  pas  plu  suffisamment,  on  voit 
des  disettes  calamiteuses  (docteur  Sigaud);  dans  les  provinces  austro-centrales, 
la  fraîcheur  et  la  sécheresse  du  climat  restreignent  sa  culture.  A  Sainte- 
Catherine,  le  Manioc  et  le  Blé  se  rencontrent,  le  premier  est  cependant  la 
culture  prédominante.  Dans  le  haut  de  la  vallée  de  l’Amazone,  on  voit  quel¬ 
quefois  de  singulières  cultures  de  races  précoces  sur  des  plages  tour  à  tour 
couvertes  et  abandonnées  par  les  eaux,  suivant  les  saisons.  Les  Indiens  plan¬ 
tent  à  la  hâte  dans  le  sable  humide  et  engraissé  de  limon,  dès  que  les  eaux 
se  sont  retirées.  On  se  hâte  d’arracher  quand  la  saison  des  débords  arrive 
(E.  Carrey). 

Partout  au  Brésil,  le  Manioc  préfère  les  terres  neuves  ;  mais  là  surtout  où 
le  climat  n’est  pas  trop  humide,  on  le  plante  très-souvent  sur  des  terres 
antérieurement  cultivées.  Quelquefois  on  le  cultive  sur  des  bandes  de  terrain 
légèrement  relevées  en  lignes  saillantes  ou  ados,  lorsque  le  sol  est  trop  humide; 
quelquefois  sur  des  terres  cultivées  depuis  longtemps,  après  une  jachère 
plus  ou  moins  prolongée;  on  nettoie  le  sol  au  sabre  d’abatis,  mais  on  ne  brûle 
pas  les  herbes,  on  les  enfouit  dans  des  sillons  que  l’on  creuse,  et  l’on  plante 
dessus  le  Manioc  en  lignes,  après  avoir  ramené  la  terre  par-dessus  les  herbes 
enfouies  (Yignerou-Jousselandière). 

Au  Para,  on  fait  quelquefois  tremper  pendant  quelques  jours  une  partie  des 
tubercules  dans  l’eau.  Ils  s’y  ramollissent  et  éprouvent  un  commencement  de 
décomposition  ;  on  les  écrase  et  on  les  mêle  à  de  la  pulpe  gragée  fraîche,  puis 
on  prépare  le  tout  en  couac. 

Jadis,  aux  Antilles,  les  nègres  marrons  préparaient  quelquefois  le  Manioc  en 
faisant  tremper  pendant  plusieurs  jours  dans  l’eau  d’un  ruisseau  les  tuber¬ 
cules  coupés  en  tranches  (Labat). 

On  appelle  au  Brésil  le  Manioc  Mandiocca  ou  Youca ,  le  Manioc  doux  Aïpi 
ou  Youca  dolce  par  opposition  au  Youca  brava  (Manioc  vénéneux).  L’eau  de 
Manioc  s’appelle  tucupi ;  on  sait,  les  Indiens  au  moins,  la  rendre  inoffensive 
par  une  ébullition  prolongée  où  l’on  enlève  les  écumes.  On  nomme  la  cassa ve 
beju  (1). 

Culture  au  Benguela.  —  Le  Portugal  ayant  fondé,  dès  le  commencement 

(1)  La  roue  à  grager  est  fort  employée  sur  les  grandes  habitations  ;  il  y  en  a  quelque¬ 
fois  de  très-grandes  qui  sont  mues  par  des  chutes  d’eau  ou  des  animaux  de  travail. 

T.  XV11I.  (SÉANCES)  93 


35 li  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

de  l’ère  moderne,  des  colonies  au  Brésil  et  à  la  côte  d’Afrique,  des  relations 
actives  s’établirent  entre  le  Mexique  et  le  Congo,  et  le  Manioc,  importé  par 
les  Portugais,  fut  adopté  par  les  nègres  delà  côte  dans  leurs  cultures,  et  pro¬ 
pagé  au  loin  par  eux  dans  l’intérieur  du  continent.  Ladislas  Magyar  décrit  la 
manière  dont  on  le  cultive  sur  le  littoral  du  Benguela,  localité  où  il  pleut 
très-peu.  O11  le  plante  dans  des  terres  sableuses  dans  les  vallées  de  grands 
cours  d’eau  :  terres  sèches  à  la  surface,  mais  ayant  constamment  une  légère 
humidité  à  une  certaine  profondeur.  On  est  obligé  d’arroser  plusieurs  fois  le 
jeune  plant  ;  mais  quand  il  a  pris  de  la  force  et  que  les  racines  sont  descen¬ 
dues  assez  avant  en  terre,  il  n’est  plus  nécessaire  de  lui  fournir  de  l’eau.  La 
plante  s'élève  très-haut,  forme  un  bois  très-fort  et  donne  de  très-grosses 
racines. 

Les  nègres  de  la  Guyane  d’origine  africaine,  sortis  la  plupart  de  l’intérieur 
de  la  Guinée,  qui  m’ont  parlé  du  Manioc  cultivé  dans  leur  pays  natal,  me 
l’ont  toujours  dépeint  comme  poussant  très-haut,  formant  un  bois  très-gros 
et  vivant  plusieurs  années  (1). 


ADDITIONS  A  LA  FLORE  ALGÉRIENNE  ET  OBSERVATIONS  SUR  QUELQUES  PLANTES 
DE  CETTE  FLORE  ,  par  II.  le  colonel  1MRIS. 

(Périgueux,  novembre  1871.) 

Depuis  longtemps  j’aspirais  au  moment  où  il  me  serait  permis  de  faire  une 
excursion  dans  le  sud  de  la  province  de  Conslantine,  afin  de  pouvoir  en  com¬ 
parer  les  hauts  plateaux  et  la  région  désertique  avec  les  zones  correspondantes  des 
provinces  d’Alger  et  d’Oran.  Au  mois  de  mai  1870,  j’ai  pu  réaliser  ce  désir,  mais 
d’une  façon  trop  incomplète.  En  effet,  dès  el  Outaïa  et  presque  aussi  abondam¬ 
ment  qu’à  el  Aghouat  en  1866,  je  rencontrai  les  sauterelles;  la  plaine  de  Biskra 
était  rongée  jusqu’au  sable  ;  et  un  dôme  de  fumée,  s’échappant  des  feux  que 
l’on  entretenait  sur  tous  les  points  de  l’oasis  pour  tâcher  de  sauver  les  Dattiers, 
remplaçait  le  ciel  bleu  du  désert  par  un  autre  plus  semblable  à  celui  de  Lon¬ 
dres  ou  de  Birmingham.  De  plus,  le  lendemain  môme  de  mon  arrivée,  et  au 
moment  où  j’allais  nonobstant  me  mettre  en  route  pour  Tougourth,  je  rece¬ 
vais  un  télégramme  de  service  qui  me  rappelait  aussi  rapidement  que  possible 
à  Constantine  ;  si  bien  que,  parti  de  celte  dernière  ville  le  10  mai,  j’y  étais  de 
retour  dans  la  nuit  du  29  au  30. 

Bien  que  contrarié  par  ces  divers  contre-temps,  auxquels  je  pourrais  en 
ajouter  d’autres,  mon  voyage  n’a  point  été  complètement  stérile;  et  j’ai  pu 
récolter,  non-seulement  bon  nombre  de  plantes  spéciales,  mais  encore  quel- 

(1)  J’ai  vu  cultiver  aux  Canaries,  par  curiosité,  quelques  pieds  de  Manioc  doux.  La 
plante  donnait  des  racines  de  volume  médiocre.  Elle  arrêtait  sa  végétation  en  novembre, 
lorsque  la  chaleur  devenait  insuffisante.  Malgré  les  relations  très-actives  des  Canaries 
avec  Cuba,  l’usage  de  cultiver  le  Manioc  ne  s’est  pas  établi  dans  ces  îles. 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1871. 


355 


ques  espèces  nouvelles,  les  unes  d’une  façon  absolue,  le  plus  grand  nombre 
comme  localités.  Ce  sont  celles  de  ces  deux  dernières  catégories  qui  font 
l’objet  de  ma  communication  à  la  Société. 

Le  seul  travail  d’ensemble  que  nous  ayons  sur  la  végétation  de  cette  partie 
delà  province  de  Constantine  est  le  «  Rapport  sur  un  voyage  botanique  en 
Algérie,  de  Philippeville  'a  Biskra  et  dans  les  monts  Aurès,  entrepris  en  1853  » 
(Ann,  des  sc.  nat.  4esér.  t.  IV),  par  M.  Cosson,  qui  était  accompagné  dans 
ce  voyage  par  le  regrettable  Henri  de  la  Perraudière  et  par  M.  Balansa. 
M,  Cosson  a  de  plus  mentionné,  dans  son  rapport,  les  découvertes  antérieu¬ 
rement  faites  sur  les  hauts  plateaux  et  aux  environs  de  Biskra  par  MM.  Ba¬ 
lansa,  Guyon,  Hénon  et  Jamin. 

Je  me  propose  donc,  dans  cette  notice,  de  reprendre  une  à  une  les  stations 
indiquées  par  M.  Cosson  dans  le  rapport  précité,  et  de  signaler  à  chacune 
d’elles  les  plantes  que  j’y  ai  rencontrées,  qui  ne  figurent  pas  sur  les  listes 
affectées  à  ces  stations. 

M’iila. 

Sisymbrium  torulosum  Desf.  —  Limite  septentrionale  de  l’espèce  en  Al¬ 
gérie.  Les  points  extrêmes  où  elle  avait  été  signalée  dans  celte  direction 
(P.  C.  (1)  Aïn-Yagout  [Coss.  etLaPerr.];  P.  A.  K’sar  Boghari,  pl.  du  Clielif 
[O.  Debeaux]  ;  P.  O.  Saint-Denis  du  Sig  [Durando])  sont  tous  au-dessous  du 
36e  parallèle,  tandis  que  la  latitude  de  M’iila  est  de  36°  W  1NT. 

Réséda  Duriœana  J.  Gay. 

Carduncellus  rhaponticoides  Coss.  et  DR.  —  Je  ne  mentionne  ici  cette 
rarissime  espèce,  qui  y  a  été  découverte  par  M.  le  docteur  Guyon,  et  ensuite 
retrouvée  par  M>1.  Cosson,  Kralik  et  de  la  Perraudière,  que  pour  signaler  le 
parfum  exquis  de  vanille,  mélangé  de  violette,  qui  se  dégage  de  la  plante  (de 
la  racine?)  à  l’état  frais.  Il  y  a  là,  pour  notre  confrère  M.  Lefranc,  une  ana¬ 
lyse  à  faire  pour  servir  de  pendant  à  son  beau  travail  sur  Y  Atractylis  g  uni¬ 
rai  fer  a. 

Stipa  gigantea  Desf. 

Chotts. 

Prasium  majns  L.  —  Il  croît  dans  les  fentes  de  blocs  qui  gisent  çà  et  là  sur 
le  plateau  entre  les  deux  lacs;  il  n’y  dépasse  pas  0m,‘20  à  0m,25  de  hauteur, 
mais  y  devient  sous-frutescent. 

Allium  pallens  L.  var.  tenuiflorumG uss. 

Aïn  lagout  et  Ohiii  el  Asnam. 

Clypeola  cyclodontea  Del.  —  Si  je  ne  me  trompe,  cette  localité  nou¬ 
velle  constitue  en  Algérie,  et  par  conséquent  d’une  façon  absolue,  la  limite 

(1)  P.  C.  =  province  de  Constantine',  P.  A.  ~~  prov.  d’Alger  ;  P.  0.  =  prov.  d’Oran. 


350  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

septentrionale  de  l’espèce.  Jusqu’à  présent  les  points  extrêmes  atteints  par  elle 
dans  la  direction  du  N.,  à  moi  connus,  étaient  les  suivants:  P.  C.  Batna 
(Coss.  et  La  Perr.).  P.  A.  Moulin  de  Djelfa  (Reboud).  P.  O.  Entre  Mascara  et 
l’O.  el  Hammam  (Pomel). 

Astragalus  cruciatus  Link. 

Pimpinella  dichotoma  L.  —  Cette  plante  est  nouvelle  pour  la  province  de 
Constantine;  du  moins  je  ne  la  connais  jusqu’à  présent  en  Algérie  que  dans 
la  province  d’Oran,  où  elle  est  assez  répandue,  et  dans  la  province  d’Alger,  où 
elle  a  été  signalée  seulement  à  Guelt  es  Stel  (Coss.)  et  au  Dj.  Sahari  près 
Djelfa  (Reboud).  —  Elle  croît  abondamment  sur  un  petit  tertre  pierreux  qui 
se  trouve  à  150  mètres  environ  au  S.  du  caravansérail,  à  droite  de  la  route  ; 
elle  reparaît  dans  les  mêmes  conditions  d’habitat,  toujours  à  droite  de  la  route, 
100  mètres  environ  avant  d’arriver  à  Oum  el  Asnam  (en  compagnie  du  Poly- 
carpon  Bivonœ  Gay).  Enfin,  pour  terminer  ce  qui  est  relatif  à  cette  espèce, 
je  dirai  qu’elle  se  rencontre  encore,  mais  moins  abondamment  que  dans  les 
deux  premières  localités,  dans  les  pierrailles  à  gauche  de  la  route,  entre  les 
gorges  et  le  village  arabe  d’el  Kantara. 

Avena  bromoides  Link.  — M.  Duval-Jouve,  auquel  j’avais  envoyé  des  échan¬ 
tillons  de  cette  Graminée,  m’écrivit  à  son  endroit:  «  Remarquez  que  ce  n’est 
»  pas  VA.  bromoides  type,  mais  bien  quelque  chose  de  plus  curieux,  c’est-à- 
»  dire  une  forme  parfaitement  intermédiaire  entre  VA.  bromoides  et  VA .  ans - 
»  traits  Pari.  »  —  Or,  VA.  australis  n’a  point  encore  été  trouvé,  que  je 
sache,  en  Algérie;  et  VA.  bromoides  en  constitue  une  des  hautes  raretés,  à  ce 
point  qu’il  ne  figure  ni  dans  le  volume  consacré  aux  Glumacées  dans  V Explo¬ 
ration  scientifique  de  V  Algérie,  ni  même  dans  son  supplément.  Je  ne  l’y  connais 
que  de  :  P.  A.  Bou  Ismaël  près  Colea  (Clauson).  P.  O.  Frenda  (Warion).  — 
La  plante  d’Aïn  Tagout  croît  avec  le  Pimpinella  dichotoma. 

Notons,  en  passant  à  la  fontaine  du  Génie  (10  kilom.  avant  d’arriver  à  Batna), 
ia  présence  des  espèces  suivantes  : 

Erysimum  perfoliatum  Cr. 

Trigonella  glcidiata  Stev. 

Rochelia  stellulata  Rchb. 

Festuca  Pectinellci  Del. 

Elymus  crinitus  Schreb. 

Ægilops  ventricosa  Tausch. 


Rois  <le  Lanihessa. 

Erysimum  long i folium  J.  Gay.  —  Déjà  signalé  par  le  rapport  précité  an 
Dj.  Tougourth. 

Erysimum  strictum  var.  micranthum  J.  Gay.  —  Déjà  signalé  par  le  rap¬ 
port  précité  au  Dj.  Tougourth. 

Erinacea  pungens  Boiss. 


i 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1871. 


357 


Astragalus  lanigerus  Desf. 

Valerianella  discoidea  Lois. 

Rochelia  stellulata  Rchb. 

Itclie  Ali  (1). 

La  partie  de  cette  montagne  que  j’ai  pu  explorer,  pendant  la  matinée  du 
15  mai  seulement,  est  le  ravin  qui  fait  suite  à  la  route  sortant  de  cetle  porte 
de  Batna  qui  se  trouve  immédiatement  à  l’E.  de  celle  à  laquelle  s’amorce  la 
route  de  Biskra.  Ces  deux  roules  font  entre  elles  un  angle  très-aigu.  Après 
A  ou  5  kilom.  de  plaine,  on  arrive  au  pied  de  la  montagne  et  l’on  s’élève  le 
long  de  la  berge  occidentale  du  ravin  par  un  sentier  arabe,  qui,  bordé  de  buis¬ 
sons  où  dominent  l’ Erinacea  pungens  Boiss.  et  le  Rosmarinus  officinalis 
L.  var.  Tournefortii  de  Noé,  aboutit,  après  3  ou  h  kilom.,  à  un  plateau  cul¬ 
tivé,  d’une  altitude  de  1350  à  1500  mètres,  que  je  n’ai  pas  dépassé. 

Diplotaxis  pendula  DG.  —  Cette  localité  constitue  la  limite  septentrio¬ 
nale  de  l’espèce  dans  la  province  de  Constantine,  où  ellen’avait  pas  été  signalée 
au  N.  d’el  Kantara,  de  Bou  Saada  et  de  ses  environs,  dans  le  Hodna  :  sta¬ 
tions  situées  à  un  demi-degré  environ  au  S.  de  l’Itche  Ali,  et  au  seuil  de  la 
région  désertique.  La  présence  de  cette  plante  dans  le  massif  montagneux  des 
environs  de  Batna,  à  une  altitude  de  1300  mètres  où  elle  doit  être  recouverte 
par  la  neige  presque  tous  les  hivers,  est  un  fait  de  géographie  botanique  qui 
m’a  paru  des  plus  intéressants. 

Erodium  ciconium  AVilId. 

Vicia  cuneata  Guss.  —  Nouvelle  pour  l’Algérie,  cette  espèce  se  trouve  à 
la  lisière  des  buissons  sur  le  plateau  supérieur  dont  j’ai  parlé.  Je  regrette  bien 
de  n’y  avoir  vu,  sur  le  moment,  qu’une  variété  du  V.  lathyroides  L.,  et  de 
n’en  avoir  fait,  sous  cette  impression,  qu’une  récolte  insignifiante. 

Astragalus  nummularioides  Desf.  —  Déjà  signalé  dans  la  plaine  de  Batna 
et  au  Dj.  Tougourtli  par  le  rapport  précité;  abonde  au  seuil  du  premier  grand 
palier  horizontal  du  sentier  arabe,  à  droite  de  ce  dernier. 

Djebel  Tougourth. 

Végétation  très  en  retard  ;  les  pentes  inférieures  et  moyennes  seules  m’of¬ 
frent  un  certain  nombre  d’espèces,  toutes  mentionnées  par  M.  Cosson.  Je 
ne  trouve  à  citer  que  : 

Barbula  lœvipila  Brid. 

Bryum  atro-purpureum  W.  et  M. 

Les  K’sours. 

Je  donne  la  liste  complète  des  espèces  que  j’ai  recueillies  aux  environs  du 

(1)  L’ethnique  Ilche  (ou  Ichlï),  en  berbère,  est  l’équivalent  du  mot  arabe  djebel ; 
l’un  et  l’autre  signifient  montagne.  C’est  donc  un  pur  pléonasme  que  de  réunir  ces  deux 
mots,  comme  le  font  quelques  botanistes,  devant  le  nom  Ali. 


358  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FIUNCE. 

caravansérail,  où  MM.  Cossonetde  la  Perraudière  n’ont  point  séjourné,  et  où 
ils  ont  simplement  noté,  en  passant,  les  Peganum  Harmala  L.,  Hohenackerici 
polyodon  Coss.  et  DR.,  Valerianella  stephanodon  Coss.  et  DR.  et  Silybum 
eburneum  Coss.  et  DR.  J’ai  retrouvé  ces  espèces  (moins  le  V.  stephanodon) , 
et  de  plus  : 

*  Ceratocephalus  falcatus  Pers. 

Diplotaxis  muralis  DC. 

Neslia  paniculata  Desv. 

Fumaria  micrantha  Lag. 

Alsine  procumbens  Valil. 

Trigonella  monspeliaca  L. 

—  polycerata  L. 

Med  ica  g  o  Lupulina  L. 

Astragalus  sesameus  L. 

*  Polycarpon  Bivonce  J.  Gav. 

Herniaria  annua  J.  Gay. 

Hohenackeria  bupleurifolia  F.  et  M.  —  Deux  individus  au  milieu  de  cen¬ 
taines  à' H.  polyodon . 

*  Bupleurum  semicompositum  L. 

*  Crucianella  patula  L. 

Valerianella  chlorodonta  Coss.  et  DR. 

*  Kœlpinia  linearis  Pall. 

Androsace  maxima  (1)  L. 

Asperugo  procumbens  L. 

(1)  Puisque  le  nom  de  Y  Androsace  maxima  est  amené  sous  ma  plume,  le  moment 
me  paraît  opportun  pour  me  rectifier  moi-même,  et  signaler  une  erreur  que  j’ai  com¬ 
mise.  On  se  rappelle  peut-être  que,  dans  une  précédente  communication  à  la  Société 
(Vingt-deux  mois  de  colonne  dans  le  Sahara  algérien  et  en  Kabylie,  XIV,  283),  j’ai 
parlé  d’une  vaste  plaine  d’yl.  maxima  que  j’aurais  vue  sur  la  rive  droite  de  l’O.  R’harbi, 
depuis  Bennout  jusqu’au  loin  dans  le  Sud,  et  que  je  n’avais  pu  que  constater  du  haut  de 
mon  cheval.  Quelques  mois  après  la  publication  de  cet  article,  je  recevais  de  mon  ami 
le  docteur  Warion,  qui  colonnait  du  côté  de  Figuig,  tandis  que  nous  arpentions,  à  sa 
hauteur,  l’O.  Segg'uenr  et  l’O.  R’harbi,  une  lettre  où  il  me  disait  :  «  Le  portrait,  frap- 
»  pant  de  ressemblance,  que  vous  tracez  des  monticules  verdoyants  de  l’O.  R’harbi  me 
»  permet  d’autant  moins  de  les  méconnaître  que,  dans  un  de  ses  crochets,  la  colonne  à 
»  laquelle  je  suis  attaché  est  allée  de  vos  côtés  jusqu’à  Bennout.  Je  crois  donc  pouvoir 
»  dire  que  ce  n’est  pas  VA.  maxima  que  vous  avez  vu,  mais  bien  la  plante  ci-jointe  que 
»  je  vous  envoie  de  Figuig.  Me  trompé-je?  » 

M.  le  docteur  Warion  ne  se  trompait  pas,  et  la  plante  qu’il  m’envoyait,  mais  en  fruit, 
alors, et  non  pas  seulement  en  feuilles  radicales,  comme  je  l’avais  entrevue,  n’était  rien 
moins  que  YAnabasis  aretioides  Coss.  et  Mq.-Td.  ! 

Dimitte  nobis. ..  sicut  et  nos.,. 

Ainsi  donc,  voilà  une  plante  qui  jusqu’alors  avait  été  une  des  plus  grandes  raretés  de 
notre  Sud  algérien,  et  qui  devient  une  non  moins  grande  vulgarité  aux  approches  du 
grand  désert  !  Combien  de  plantes,  dont  nous  ne  trouvons  entre  la  ligne  el-Kantara-el- 
Aghouat-Géryville,  et  la  ligne  Ouargla-Methili-les  deux  Mor’ars,  que  de  rares  individus, 
ne  sont  aussi  que  les  sentinelles  perdues  de  vastes  colonies  dont  le  centre  d’habitation 
se  trouve  à  2  ou  3  degrés  plus  au  sud? 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1  S 7 J . 


359 


Nonnea  micrantha  Boiss.  et  Reut. 

Marrubium  Alysson  L. 

Lolium  rigidum  Gaud. 

La  présence  des  espèces  marquées  d’un  astérisque  a  été  constatée  par 
Mi\l.  Cosson,  Kralik  et  de  la  Perraudière  aux  environs  du  poste  des  Tama¬ 
rins,  un  peu  plus  d’à  moitié  chemin  des  K’sours  à  el  Kantara.  Immédiate¬ 
ment  en  quittant  les  Tamarins,  on  descend  une  côte,  à  partir  du  pied  de 
laquelle  on  longe  d’abord  l’O.  Feddala,  affluent  de  l’O.  el  Kantara,  puis  ce 
dernier  jusqu’au  col  de  Sfa.  C’est  au  pied  même  de  cette  côte  que  s’opère 
brusquement  la  transition  de  la  végétation  des  H.  P.  à  celle  de  la  région  saha¬ 
rienne. 

El  Kantara. 

Fumaria  Bastardi?  Bor.  — Je  n’oserais  affirmer  que  cette  espèce  soit  bien 
celle  de  M.  Boreau,  dont  je  n’ai  pas  d’échantillons  authentiques  sous  les  yeux  : 
à  coup  sur  c’est  une  de  celles  en  lesquelles  a  été  démembré  le  F.  capreolata 
de  Linné.  Elle  croît  au  pied  des  blocs  de  rochers  que  l’on  voit  sur  le  ver¬ 
sant  N. -O.  du  Dj.  Gaous,  au  sommet  même  du  talus  à  gauche  de  la  route, 
un  kilom.  environ  avant  de  franchir  l’O.  Feddala  pour  la  seconde  fois.  Le 
F.  Bastardi  a  été  trouvé  à  Mascara  par  M.  le  docteur  Warion. 

Fumaria  longipes  Coss.  et  DR.  —  MM.  Cosson  et  Durieu  de  Maison¬ 
neuve,  qui  ont  créé  cette  espèce  dans  notre  Bulletin  (II,  305),  ont  été  amenés 
plus  tard,  sans  que  je  puisse  en  ce  moment  me  rappeler  quand  et  où,  à  n’y 
voir  qu’une  forme  annuelle  du  F.  numidica.  Après  avoir  vu  sur  place  le 
F.  longipes ,  il  me  sera  permis  de  dire  que  je  ne  saurais  vraiment  me  rallier 
à  cette  dernière  manière  de  voir,  et  qu’à  mon  avis,  ces  deux  savants  avaient  été 
mieux  inspirés  dans  leur  première  appréciation.  J’ai  pu  observer  le  F.  numidica 
dans  deux  de  ses  stations  les  plus  extrêmes  :  au  Kh’eneg  et  au  Guern  el  Mi- 
loch  près  el  Aghouat,  d’une  part,  et  de  l’autre  à  Constantine.  C’est  dans  cette 
dernière  localité  que  l’on  est  le  mieux  à  même  d’étudier  les  diverses  varia¬ 
tions  que  cette  plante  est  susceptible  de  présenter.  En  effet,  on  la  rencontre 

• 

depuis  le  sommet  jusqu’à  la  base  des  escarpements  verticaux  du  Sidi-Mecid. 
Seulement,  dans  les  parties  supérieure  et  moyenne,  elle  n’est  nullement 
abritée,  et  reste  exposée  pendant  les  cinq  ou  six  mois  d’été  aux  rayons  du 
soleil  africain  sans  être  désaltérée  par  une  seule  goutte  d’eau.  Dans  ces  con¬ 
ditions,  la  plante  de  Constantine  est  identique  à  celle  d’el  Aghouat  :  ramassée, 
trapue,  les  pédoncules  et  les  pétioles  courts,  les  segments  foliaires  rapprochés 
et  enroulés  sur  eux-mêmes  comme  ceux  d’une  fougère  desséchée.  Tout  autre 
est  l’aspect  de  la  plante  à  la  base  de  la  montagne,  surtout  près  de  l’arche  na¬ 
turelle  que  forme  le  rocher  au-dessus  du  sentier  conduisant  du  moulin  Lavit 
aux  chutes  du  Roummel,  et  aussi  de  l’autre  côté  de  la  rivière,  à  la  surface  du 
rocher  d’où  jaillit  la  source  thermale.  Là  le/'7,  numidica,  qui  émerge  de  toutes 
les  fissures  du  roc,  ne  voit  que  peu  ou  point  la  lumière  directe  du  soleil,  et  l’hu- 


360  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

midité  de  la  terre  et  de  l’air  ambiant  est  constamment  entretenue,  même  au 
cœur  de  l’été,  par  les  suintements  de  la  montagne  et  l’évaporation  des  eaux.  Il 
change  alors  complètement  de  faciès,  s’allonge  dans  toutes  ses  parties,  au  point 
d’offrir  des  feuilles  qui  mesurent  de  üm,25  à  0m,30,  et  ressemblent  à  de  vérita¬ 
bles  feuilles  d’Ombellifère.  Jamais,  dans  l’une  ou  l’autre  forme,  je  n’ai  aperçu 
trace  de  cette  couleur  rosée  des  pétales,  que  MM.  Gosson  et  Durieu  signalent 
spécialement  comme  existant  quelquefois,  et  qui  est  normale  dans  le  F.  lon¬ 
gipes.  Si  ce  dernier  n’était  qu’une  forme  annuelle  du  F.  numidica,  évidemment 
c’est  aux  pieds  âgés  d’un  an  de  la  première  de  ses  deux  formes  qu’il  devrait 
ressembler,  puisqu’il  croît  dans  des  conditions  climatériques  analogues,  et 
encore  plus  accentuées.  Point!  Ce  Fumaria,  qui  fait  saillie  à  dix  pieds  au-des¬ 
sus  de  la  route,  le  long  de  la  paroi  verticale  des  rochers  exposés  en  plein  au 
soleil  (et  quel  soleil  !)  d’el  Kantara,  a,  de  la  façon  la  plus  absolue,  le  port  de 
la  deuxième  forme  signalée  ci-dessus;  et,  pour  tout  dire,  il  ne  s’en  distingue 
que  par  les  caractères,  mais  auxquels  je  maintiens  une  parfaite  valeur  spéci¬ 
fique,  par  lesquels  les  auteurs  ont,  dans  le  principe,  très-distinctement  dif¬ 
férencié  les  deux  espèces,  et  auxquels  il  me  paraît  utile  d’ajouter  les  suivants, 
dont  on  appréciera  la  valeur  : 

F.  numidica  :  ....  pedicellis  0m,09-0m,10  longis  jam  a  0m,01  2-0m,015  ante  siliculam 
sensini  concrescentibus  ;  siliculis  subgloboso-ovaiis ,  apice  haud  depresso  acumine  Irian- 
gulari  marginem  suturalem  evidenter  continuante  donatis.  Seclio  transversa  (axi  per- 
pendicularis)  siliculæ  ovato-suborbicularis. 

F.  longipes  :  ....  pedicellis  0m,12-0m,15  et  ultra  longis,  sub  fructu  abrupte  dilatatis; 
siliculis  ovato-compressis  sublenticularibus ,  apice  emarginato-depresso  acumine  trian- 
gulari  in  imo  sinu  nascente  donatis.  Sectio  transversa  (axi  perpendicularis)  siliculæ  ellip- 
soidea ,  diametro  inter  suturas  2-3 -plo  diamelro  inter  valvas  majore  (1). 

Au  lieu  de  la  souche  vivace  du  F.  numidica ,  le  F.  longipes  émet  de 
longues  racines  filiformes,  qui  vont  loin  de  la  surface  du  rocher  lui  cher¬ 
cher  un  peu  de  fraîcheur.  En  extrayant  avec  précaution,  de  la  fissure  où  elle 
avait  pris  naissance,  la  seule  touffe  que  j’en  ai  vue,  mais  qui  formait  une  co¬ 
lonie  de  quinze  à  dix-huit  individus,  j’ai  obtenu  des  racines  de  0m,35de 
longueur.  Une  autre  considération,  empruntée  à  la  physiologie  générale,  me 
paraît  encore  militer  en  faveur  de  ma  manière  de  voir.  Je  connais,  comme 
tous  les  botanistes,  de  nombreux  exemples  de  plantes  dont  l’existence  devient 
déplus  en  plus  longue  à  mesure  qu’elles  s’avancent  davantage  vers  le  sud.  A  ne 
prendre  que  le  Moricandia  arvensis ,  je  l’ai  vu,  chétif  et  annuel  près  de  Mar¬ 
seille,  limite  N.  de  son  aire,  vigoureux  et  au  moins  bisannuel  dans  les  schistes 

(1)  Parmi  les  caractères  que  MM.  Cosson  et  Durieu  de  Maisonneuve  ont  assignés  à  leur 
section  Petrocapnos  (l.  c.),  il  en  est  un,  très-exact  en  général,  mais  qui  comporte  des 
exceptions,  et  ne  peut  rester  par  conséquent  énoncé  d’une  façon  aussi  absolue  :  ce 
caractère  est  celui  de  l’indéhiscence.  Au  moment  où  j’écris  ces  lignes,  j’ai  sous  les  yeux 
deux  silicules  de  F.  longipes  dont  les  deux  valves  sont  séparées,  le  long  de  la  suture 
marginale,  dans  leurs  deux  tiers  supérieurs. 


SÉANCE  DE  8  DÉCEMBRE  1871 


3(51 


des  environs  de  Constantine,  devenir  franchement  vivace  et  presque  sous- 
frutescent  dans  la  région  saharienne  (dans  les  ravins  du  Dj.  Melah,  près  d’el 
Outaïa,  où  il  abonde  avec  le  Saluia  Jaminiana ,  il  atteint  l,n,60  de  hauteur  et 
est  garni  de  feuilles  pareilles  à  celles  du  Calotropis  procera!).  Mais  cet  exem¬ 
ple  serait  pour  moi  le  premier  d’une  plante  vivace  dans  le  N.,  qui  deviendrait 
annuelle  en  pénétrant  dans  la  zone  désertique.  Enfin,  et  pour  terminer, 
pourquoi,  alors  que  le  F.  numidica  se  trouve  assez  répandu  dans  les  H.  P. 
et  la  bande  septentrionale  de  la  région  saharienne,  sa  forme  annuelle  se  cau- 
tonnerait-elle  dans  un  coin  resserré  de  la  partie  E.  de  cette  bande?  C’est 
qu’en  effet  l’aire  du  F.  longipes  est  des  plus  restreintes!  La  station  d’el  Kan- 
tara  forme  désormais  le  sommet  N.  du  triangle  qui  constitue  cette  aire  ;  le 
sommet  S. -O.  est  au  col  de  Sfa  (Hénon),  le  sommet  S. -E.  à  M’chounech  (Bal.)  ; 
la  quatrième  station  connue  est  l’oasis  de  Branis  (Cosson),  6  kilom.  N.-N.-E. 
du  col  de  Sfa,  donc  dans  l’intérieur  du  triangle,  dont  la  superficie  est  de 
230  kilom.  carrés  (1)!  — Je  me  résume.  Si  l’on  me  dit  :  le  F.  longipes  a  été 
semé,  et  deux  ans  ou  plus  ensuite  on  a  obtenu  le  F.  numidica ,  je  m’incline 
et  prie  de  considérer  mes  observations  comme  non  avenues  ;  sinon,  non. 

Jberis  pectinata  Boiss. 

Psychine  stylosa  Desf.  —  N’était  encore  indiqué  dans  la  province  de 
Constantine,  à  ma  connaissance,  qu’à  Tebessa  (Letx).  Par  contre,  je  n’ai  pu 
mettre  la  main  sur  son  socius  habituel,  le  Cordylocarpus  muricatus ,  qu’v 
signale  le  rapport  de  M.  Cosson. 

Réséda  decursiva  Forsk. 

—  arabica  Boiss. 

—  propinqua  R.  Br. 

—  neglecta  Muell. 

—  atriplici folia  J.  Gay  (R.  Aucheri  bot.  alger. ,  non  Boiss.).  — 
Me  sera-t-il  permis  de  demander,  timidement,  à  quelle  circonstance  ce 
Réséda  doit  de  s’appeler  aujourd’hui  R.  Alphonsi ,  in  DC.  Prodr.  XVI-n, 
579,  n.  M i?  —  M.  Mueller,  le  monographe  des  Résédacées,  a  décrit  pour  la 
première  fois  le  R.  Alphonsi  en  1856,  dans  le  Bot.  Ztg,  sur  des  échantil¬ 
lons  recueillis  à  Biskra  par  M.  Balansa  et  distribués  par  lui  sous  len°  875. 
L’étiquette  qui  accompagne  cette  plante  porte  :  R.  atriplici  folia  J.  Gay, 
sp.  nova.  Or,  non-seulement  M.  Mueller  a  remplacé  par  un  nom  spécifique 
signé  de  lui  le  nom  antérieurement  imposé  par  notre  vénérable  et  si  regretté 
maître,  mais  encore  ni  dans  le  Bot.  Ztg ,  ni  dans  le  Prodromus,  il  n’a  fait  au 
R.  atriplici  folia  les  honneurs  de  la  synonymie  :  si  bien  que,  pour  tous  ceux 
qui  ne  se  sont  pas  spécialement  occupés  de  la  végétation  algérienne,  M.  Mueller 
semble  avoir,  le  premier,  distingué  et  nommé  ce  Réséda  !  Je  veux  laisser  à 

(1)  M.  A.  Letourneux  me  l’a  indiqué  encore  au  Dj.  Thaya,  près  Guelma  :  mais  cette 
localité,  bien  excentrique  à  l’aire  authentiquement  déterminée  de  l’espèce,  aurait  vraisem¬ 
blablement  besoin  d’être  confirmée. 


302  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

de  plus  autorisés  que  moi  le  soin  de  rechercher  dans  le  volume  du  Prodromus 
qui  traite  des  Euphorbiacées  (étant  donné,  bien  entendu,  que  la  monographie 
magistrale,  comme  tout  ce  que  fait  M.  Boissier,  de  la  tribu  des  Euphorbieœ 
qui  inaugure  ce  volume,  n’est  point  en  cause)  si  le  fait  que  je  relève  est  isolé, 
s’il  dérive  d’un  système  adopté  par  l’auteur.  J’ai  seulement  tenu  à  protester 
ici  contre  cette  dépossession  d’un  nom  cher  à  tous  les  botanistes  français, 
comme  je  l’ai  fait  en  distribuant  la  plante  à  mes  correspondants  sous  le  nom 
de  B.  atriplici folia. 

Paulo  minora  canamus  !  C’est  vraiment  un  séjour  de  prédilection  pour 
les  espèces  de  ce  genre  que  le  ravin  d’el  Kantara,  et  il  n’y  manquait  au  ren¬ 
dez-vous  des  Beseda  désertiques,  dans  un  espace  de  100  mètres,  que  le  beau 
B.  villosa  de  Metlili,  que  JM.  Mueller  (je  lui  demande  encore  bien  pardon 
de  la  liberté  grande)  a  décrit  sous  le  nom  de  B.  tomentosa  (1.  c.  n.  42), 
déjà  appliqué  (1.  c.  n.  38)  à  une  espèce  de  Cappadoce,  mais  en  lui  laissant 
cette  fois,  je  me  hâte  de  le  proclamer,  sa  paternité  légitime  ;  ce  qui  exclut 
pour  ce  cas  toute  idée  autre  que  celle  d’un  lapsus  calami. 

Silene  Muscipula  L. 

—  ? 

Sclerocephalus  arabicus  Boiss. 

Pimpinella  dichotoma  L. 

Seseli  varium?  Trevir.  —  L’absence  des  feuilles  rongées  par  les  saute¬ 
relles,  jointe  à  celle  d’échantillons  authentiques  de  la  plante  de  Treviranus,  ne 
me  permet  pas  de  donner  cette  dernière  détermination  comme  certaine. 

Asperida  hirsuta  Desf. 

Bellis  dentata  DC.  —  Voilà  bien  certainement  un  fait  de  géographie  bo¬ 
tanique  des  plus  curieux!  Une  plante  qui,  en  Algérie,  n’a  encore  été  trouvée 
que  dans  le  Dj.  Taïg  et  le  Dj.  Taguelsa,  aux  environs  de  Boghar,  à  1250  m. 
ait.  (O.  Debeaux),  à  la  Calle,  aux  Seba  et  aux  Senhadja  (A.  Letx),  c’est-à- 
dire  dans  la  région  montagneuse  et  sur  le  littoral,  qui  se  retrouve  au  seuil  de 
la  région  désertique  !  —  J’ai  eu  beau  la  retourner  sur  toutes  ses  faces,  il  m’a 
été  impossible  d’y  rien  découvrir  qui  la  distinguât  de  la  plante  du  Pro¬ 
dromus.  Aussi,  bien  qu’elle  fût  passée  et  bien  sèche,  comme  elle  avait 
conservé  ses  caractères  généraux  de  forme  extérieure  et  d’akènes,  n’ai-je 
point  hésité  à  la  recueillir  en  nombre,  et  à  la  distribuer  comme  souvenir  de 
sa  station  si  originale.  —  Je  dois  la  bien  préciser.  Avant  d’arriver  aux  gorges 
proprement  dites,  on  traverse  deux  affluents  de  FO.  el  Kantara,  le  premier  à 
un  kilom.  environ  du  caravansérail.  Immédiatement  après  avoir  passé  celui-ci, 
dans  lequel  même  viennent  s’enfoncer  les  escarpements  du  Dj.  Gaous, 
tourner  à  gauche  dans  les  rochers,  en  remontant  l’affluent  :  à  quinze  pas  de 
la  route,  on  trouve  le  B.  dentata  dans  les  anfractuosités,  en  compagnie  du 
Seseli  varium?  et  du  Cheilanthes  odora. 

Centaurea  parviflora  Desf.  —  Abondant  sur  les  rochers,  avant  et  dans  les 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1 871. 


363 


gorges.  La  station  de  Medjez  dans  le  Hodna  (Dr  Reboud)  et  celle  que  je 
viens  de  signaler  constituent  la  limite  méridionale  de  l’espèce  dans  cette  pro¬ 
vince,  où  elle  n’avait  point  été  indiquée  au  S.  de  Constantine.  J’ai  également, 
si  je  ne  me  trompe,  constaté  la  même  limite  pour  cette  plante  dans  la  pro¬ 
vince  d’Alger,  au  rocher  de  Sel(Z?w//.  XIV,  288). 

Campamila  Kremeri  Boiss.  et  Reut.  —  Rare  dans  la  province  d’Oran,  où 
elle  n’a  été  indiquée  qu’à  Mers  el  Kebir  et  au  Dj.  Santo  (Boiss.  et  Reut.),  et 
aux  bords  de  la  Tenira  près  Sidi  bel  Abbés  (Lefranc),  inconnue  dans  la  pro¬ 
vince  d’Alger,  cette  plante  a  été  signalée  dans  le  Hodna,  à  Kerdada  et  el  Alleg 
(D1  Reboud).  Mes  échantillons  d’el  Kantara  concordent  parfaitement  avec 
la  description  du  Pugillus  (p.  75),  surtout  en  ce  qui  concerne  les  dimensions 
de  la  corolle.  Est-ce  assez  pour  la  distinguer  spécifiquement  du  C.  dicho- 
toma,  avec  les  formes  petites  et  moyennes  duquel  il  me  paraît  impossible 
de  ne  pas  la  confondre,  lorsqu’elle  n’est  pas  encore  en  fleur,  ou  est  déjà  en 
fruit  ? 

Sideritis  montana  L.  —  Limite  méridionale  de  cette  espèce  encore,  qui, 
sur  la  ligne  Philippeville-Biskra,  n’avait  pas  été  signalée  au  S.  de  Batna.  Con¬ 
statée  aussi  dans  le  Hodna  aux  mêmes  localités  que  le  Campanula  Kremeri 
(Dr  Reboud). 

Rumex  roseus  Campd.  —  Très-abondant  dans  les  pierrailles  à  lia  sortie 
des  gorges.  Indiqué  seulement  à  el  Outaïa  et  à  Biskra  dans  le  rapport  de 
M.  Cosson. 

Aspliodelus  tenuifolius  Cav.  —  Je  ne  sais  s’il  est  bien  constaté  que  cette 
plante  soit  annuelle.  Kunth  ( Enurn .  IV,  558)  la  donne  comme  telle,  mais 
dubitativement;  aussi  est-il  disposé  à  n’y  voir  qu’une  variété  de  VA.  fistu- 
losus ,  qui  est  vivace.  Si  cette  dissemblance  entre  la  durée  des  deux  plantes 
n’existe  point,  je  me  rangerais  volontiers  à  l’avis  de  Kunth,  car  la  première 
n’est  à  vrai  dire  qu’une  miniature  de  la  seconde. 

Pennisetum.. .  sp.  nova?  (P.  numidicum  journ.  de  voyage). —  Le  rapport 
de  M.  Cosson  ne  signale  aucun  Pennisetum  dans  le  ravin  d’el  Kantara.  Ce¬ 
lui-ci  est  assez  abondant  sur  les  rochers  à  gauche  de  la  route,  après  le  cara¬ 
vansérail  et  un  peu  avant  d’arriver  au  pont.  Ses  épis  violacés  me  firent 
soupçonner  sur-le-champ  une  espèce,  sinon  nouvelle,  du  moins  inconnue 
pour  moi  ;  la  comparaison  que  j’en  ai  faite  depuis  avec  les  Pennisetum  nord- 
africains  de  mon  herbier  m’a  encore  affermi  dans  cette  opinion.  Désireux 
cependant  de  lui  acquérir  une  confirmation  autorisée,  j’adressai  ma  plante  à 
mon  savant  ami  M.  Duval-Jouve,  qui  me  répondit  :  «  Votre  Pennisetum  d’el 
»  Kantara  ne  m’est  pas  moins  inconnu  qu’à  vous,  et  ce  n’est  aucune  de  mes 
»  espèces  algériennes.  Ce  n’est  toutefois  pas  une  raison  pour  qu’il  soit  nou- 
»  veau,  il  faudrait  visiter  les  herbiers  de  Paris...  »  Comme  je  n’ai  pas  été,  de 
toute  cette  année,  en  position  d’aller  faire  cette  étude  comparative,  je  me 
suis  décidé  à  distribuer  à  mes  correspondants  ce  Pennisetum  (n.  h 99)  sans 


3(3/l  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

nom  spécifique,  plutôt  que  de  charger  encore,  au  cas  où  il  serait  connu,  la 
nomenclature  botanique  d’un  synonyme  inutile. 

Stipu  tortilis  Desf. 

Cheilanthes  odora  Sw. 

Lepturus  incurvatus  Trin. 

Je  ne  voudrais  point  terminer  cette  note  sans  essayer  défaire  ressortir, 
mieux  qu’on  11e  l’a  fait  à  mon  sens  jusqu’à  ce  jour,  le  peu  de  ressemblance 
qui  existe  entre  les  H.  P.  de  la  province  d’Alger  et  ceux  de  la  province  de 
Constantine.  A  dire  vrai,  il  11’y  a  de  commun,  entre  ces  deux  régions,  que  le 
nom  et  l’altitude  (inférieure  cependant  dans  les  H.  P.  de  l’E.):  mais  le  relief 
orographique,  et  partant  le  système  des  eaux,  la  constitution  géologique  et  les 
caractères  de  la  llore  diffèrent  absolument. 

J’ai  parlé  assez  longuement  des  premiers  dans  une  précédente  communica¬ 
tion  pour  pouvoir  n’y  revenir  ici  que  très-succinctement.  Je  me  contenterai 
donc  de  rappeler  que  sur  le  méridien  d’Alger  et  sur  une  longueur  de  2  degrés  et 
demi,  des  gorges  de  Boug-Zoul  à  el  Aghouat,  la  route  qui  passe  à  Guelt  el  Stel 
tout  au  travers  de  l’extrême  contre-fort  oriental  du  Dj.  Oukeït,  11e  coupe  par 
ailleurs  que  la  chaîne  du  Dj.  Senalba  (à  laquelle  fait  suite,  à  l’E.,  le  Dj.  Sahari), 
depuis  le  rocher  de  Sel  jusqu’au  gué  de  l’O.  Çdcur.  En  dehors  de  ce  nœud 
central,  elle  se  traîne  au  milieu  de  steppes  que  creusent  çà  et  là  quelques  bar- 
rancas,  où  que  dépriment,  au  fur  et  à  mesure  que  l’on  s’avance  vers  le  sud, 
de  plus  nombreuses  dakias  (mot  arabe  qui  veut  dire  :  cuvette).  A  droite  et  à 
gauche,  c’est  à  peine  si  l’on  distingue  à  l’horizon  le  plus  lointain,  malgré  la 
transparence  exceptionnelle  de  l’atmosphère,  les  sommets  bleuâtres  de  quel  - 
ques  chaînes  pelées.  Entre  Boug-Zoul  et  Djelfa,  ce  sont:  à  l’O.  les  pics  du  Ser- 
sou,  à  l’E.  le  Dj.  Dira;  de  Djelfa  à  el  Aghouat,  à  l’O.  le  massif  du  Dj.  Amour, 
à  l’E.  celui  du  Dj.  Bon  Kahil. 

La  conséquence  immédiate  de  cette  'disposition  orographique  est  l’absence 
absolue  d’eaux  courantes,  en  dehors  de  la  chaîne  du  Dj.  Senalba  :  encore  11e 
parlé-je  que  pour  mémoire  de  la  rivière  du  rocher  de  Sel,  dont  la  nature  est 
suffisamment  indiquée  par  son  nom.  Partout  ailleurs,  sauf  pendant  la  saison 
des  pluies,  il  n’y  a  pas  une  goutte  d’eau  à  espérer  en  dehors  des  puits  creusés 
dans  les  caravansérails  d’étapes.  Donc,  point  d’agriculture,  point  de  création  de 
centres  habités  possible  ;  tous  les  steppes,  lavés  par  les  pluies  diluviennes 
de  l’hiver,  ont  depuis  longtemps  abandonné  aux  dahias  la  maigre  couche 
d’humus  qui  les  recouvrait  dans  le  principe,  et  11e  présentent  plus,  au-dessus 
delà  roche  sous-jacente,  qu’un  mince  lit  de  gravier  provenant  de  la  décompo¬ 
sition  surplace,  ou  amené  par  le  guebli(\e  nt  du  S. -O.).  Phénomène  étrange, 
et  encore  insuffisamment  expliqué,  du  moins  à  mes  yeux  !  Longeant  le  pied 
N. -O.  du  Dj.  Senalba  et  du  Dj.  Sahari,  intermédiaire  à  ces  deux  chaînes  et 
aux  deux  lacs  des  Zahrès,  se  développe,  sur  une  longueur  d’environ  80  kilom. 
et  une  largeur  de  !\  à  6  ou  7,  un  banc  de  sables  mobiles  que  la  route  traverse 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  187J . 


365 


à  peu  près  par  son  milieu,  et  qui,  çà  et  là,  forment  des  dunes  de  12  à  15  mè¬ 
tres  de  hauteur,  de  véritables  aregs ,  comme  dans  l’extrême  sud  !  Aussi  re¬ 
trouve-t-on  là  quelques  sentinelles  perdues  de  la  région  désertique  :  Astragalus 
Gombo  Coss.  et  DR. ,  Zollikoferia  resedifolia  Coss. — En  dehors  de  cette  bande, 
jetée  à  plus  de  quarante  lieues  en  avant  de  la  région  des  sables  désertiques,  des 
myriamètres  carrés  de  Tgoufeute  (. Artemisia  campestris  L.),  de  Hatob  (Sal- 
sola  vermiculata  L.  )  et  de  Halfa  (Macrochloa  tenacissima  Lk.),  sontévidem- 
ment  condamnés  à  ne  jamaisjêtre  qu’un  pays  de  pâturages  à  chameaux  et  à 
moulons.  Seuls  les  environs  de  Taguine  et  de  Taadmilt,  où  se  trouvent  des 
sources,  peuvent  être  convertis  en  prairies  susceptibles  de  nourrir  des  bêtes  à 
cornes  ;  mais  par-dessus  tout  ceux  de  Djelfa  sont  destinés  à  devenir  un  cen¬ 
tre  agricole  du  premier  ordre,  par  la  facilité  que  les  eaux  du  Senalba  donnent 
d’irriguer,  aux  portes  mêmes  de  la  ville,  de  belles  prairies  ;  tandis  que  les 
épaisses  alluvionsqui  se  sont  déposées  sur  une  ligne  continue  dans  la  direc¬ 
tion  Djelfa-Bou  Saada  offrent  à  la  culture  des  céréales  des  conditions  excep¬ 
tionnelles  de  réussite  (1), 


(l)  Le  3  octobre  1864,  au  plus  fort  d’une  insurrection  qui  tenait  depuis  le  commen¬ 
cement  du  printemps,  le  général  Yusuf  conclut  avec  les  Mozabites  de  Djelfa,  pour  le 
ravitaillement  de  sa  colonne  et  de  la  place  d’el  Aghouat,  un  marché  fabuleux  comme 
quantité,  de  blé  et  d’orge  :  plusieurs  milliers  de  quintaux  !  Il  faut  toutefois  tenir  compte, 
dans  les  chances  de  réussite  d’établissements  agricoles  dans  cette  région,  de  la  difficulté 
des  transports,  qui  ne  s’effectuent  encore  aujourd’hui  qu’à  dos  de  mulet  ou  de  chameau. 
Me  sera-t-il  permis  de  faire,  à  ce  sujet,  une  courte  excursion  en  dehors  de  la  partie 
spéciale  de  cette  communication,  et  de  répéter  une  fois,  tout  haut,  la  question  que  quel¬ 
ques-uns  de  mes  amis  et  moi  nous  sommes  adressée  tant  de  fois?  Pourquoi,  el  Aghouat 
ayant  été  pris  en  1852,  et  immédiatement  élevé  au  rang  de  centre  principal  de  la  colo¬ 
nisation  et  des  opérations  militaires  dans  le  sud  de  la  province  d’Alger,  le  pays  entre  ce 
point  et  Boghar  dès  lors  parfaitement  soumis  et  tranquille  (il  n’a  jamais  cessé  de  l’être 
que  par  notre  faille  !),  pourquoi  n’avoir  point  depuis  longtemps  relié  ces  deux  points 
extrêmes  par  un  chemin  de  fer?  dût-on  laisser  aux  modes  primitifs  de  transport  la 
partie  montagneuse  comprise  entre  Rocher  de  Sel  et  Djelfa  !  Dût-on  même  n’installer 
qu’une  voie  dite  américaine  !  Le  terrain,  plan  et  horizontal,  ne  demande  qu’à  recevoir 
les  rails  ;  quelques  détours  de  peu  d’importance  permettraient  d’éviter  tout  travail  d’art 
proprement  dit;  la  voie  passerait  à  tous  les  caravansérails,  qui  seraient  des  gares,  et  aux 
environs  desquels  une  citerne,  comme  celles  de  Nili  et  de  Tilr’emt,  établie  dans  la  plus 
prochaine  dahia,  servirait  de  réservoir  à  eau  si  l’on  se  décidait  à  employer  des  locomo¬ 
tives  ;  et  quant  à  la  sécurité  (qu’on  aura  complète,  absolue,  quand  on  voudra  l’avoir,  je 
le  répète  et  ne  cesserai  de  le  répéter),  deux  ou  trois  wagons-blockhaus,  meublés  d’une 
douzaine  de  chassepots  chacun  et  placés  en  tête,  en  queue  et  au  centre  du  train,  ne 
seraient-ils  pas  plus  que  suffisants  pour  parer  à  toute  éventualité  ? 

La  nature  du  pays,  en  laissant  provisoirement  aux  moyens  de  transport  ordinaires,  si 
l’on  veut,  l’espace  compris  entre  Rocher  de  Sel  et  Djelfa,  permet  d’établir  ce  chemin  de 
1er  à  très-peu  de  frais.  Peut-être  m’objectera-  t-on  le  prix  de  transport  du  charbon,  de 
Blida  à  Boug-Zoul?  A  cela  je  répondrai  que,  dans  l’état  actuel  des  choses,  les  colonnes 
du  Sud  et  la  population  européenne  qui  habite  Djelfa,  el  Aghouat,  etc.,  reçoivent,  en 
dehors  du  blé  et  de  la  viande  sur  pied  qui  sont  produits  par  la  région  de  Djelfa,  tout, 
absolument  tout,  du  Tell  :  habillement,  munitions  de  guerre,  vin,  café,  objets  d’échange 
et  même  de  construction,  etc.,  etc.  ;  et  que  ces  transport  se  font  :  1°  pour  l’armée,  par 
des  convois  périodiques  et  nombreux  de  mulets  et  prolonges  du  train  des  équipages  ; 
2°  pour  l’armée  et  la  population  civile,  par  des  voitures  de  roulage  dont  la  dépense 


366 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Tout  autre  est  l’aspect  des  hauts  plateaux  de  la  province  de  Conslantine. 
Ils  commencent,  à  proprement  parler,  entre  les  Ouled  Rhainoun  et  M’iila. 
Depuis  ce  point  jusqu’aux  gorges  d’el  Kantara,  la  route  est  bordée  à  droite  et 
à  gauche  de  chaînes  de  montagnes  plus  ou  moins  reliées  entre  elles,  et  qui 
envoient  ça  et  là,  jusqu’à  ses  accotements,  de  nombreux  contre-forts.  Il  ré¬ 
sulte  de  cette  disposition  du  système  orographique  que,  dans  toute  sa  longueur, 
la  roule  suit  deux  vallées  longitudinales  dont  le  point  de  partage  est  la  plaine  de 
Batna,  où  elle  est  coupée  presque  perpendiculairement  à  sa  direction  générale 
par  la  vallée  transversale  que  forment  les  escarpements  septentrionaux  de 
l’Aurès,  et  qu’elle  présente  une  suite  de  cirques  plus  ou  moins  étendus.  Comme 
un  très-grand  nombre  de  ces  montagnes  sont  encore  couvertes  au  moins  d’é¬ 
paisses  broussailles,  que  la  chaîne  orientale  de  l’Aurès  et  celle  occidentale  qui 
culmine  au  Dj.  Tougourlh  sont  couronnées  de  vastes  forêts  de  cèdres,  et  gar¬ 
dent  leurs  neiges  jusqu’au  mois  de  mars,  il  en  résulte  que  des  cours  d’eau 
sillonnent  ces  plaines  pendant  la  majeure  partie  de  l’année,  et  que  dès  lors 
elles  sont  parfaitement  propres  à  l’agriculture.  Aussi  longe-t-on  constam¬ 
ment  d’immenses  prairies  où  paissent  les  troupeaux  des  ZTnoul,  etc.,  ou  bien 
des  champs  cultivés.  Nombre  de  terres  qui  pourraient  aussi  être  couvertes  de 
moissons,  et  qui  le  sont  en  effet  tous  les  deux  ou  trois  ans,  suivant  le  déplo¬ 
rable  système  agricole  des  Arabes,  n’attendent  que  des  cultivateurs  européens 
sérieux  (ce  qui  nous  a  toujours  manqué,  en  Algérie  !)  pour  devenir  un  des  pays 
les  plus  riches  du  monde.  Si  l’on  en  excepte  les  environs  immédiats  des  Cliotts, 
que  les  principes  gypseux  et  salés  qu’ils  renferment  en  abondance  permettront 
difficilement  d’arracher  à  la  stérilité,  et  une  immense  dahia  entre  les  K’sours 
et  Oum  el  Asnam,  tout  le  reste  est  cultivable,  sauf  quelques  petits  plateaux 
arides  où  l’on  ne  découvre  guère  d’autre  végétation  que  le  Chihh,  le  Santo - 
lina  squarrosa  et  V Asphoclelus  fistulosus.  Chose  étrange  !  le  Halfa,  déjà 
très-rare  avant  Batna,  disparaît  complètement  à  partir  de  là,  et  n’existe  plus 
que  sur  les  hauteurs.  C’est  ce  que  j’ai  appris  àel  Kantara,  où,  tout  étonné  d’en 
voir  quelques  bottes  dans  l’écurie  du  caravansérail,  j’interrogeai  sur  leur  pro¬ 


moyenne,  pour  le  destinataire,  est  de  cent  francs  par  jour  !  et  elles  en  mettent  neuf,  par 
beau  temps,  à  aller  de  Boghar  à  el  Aghouat  1 

11  est,  sinon  flatteur,  hélas  !  du  moins  intéressant  de  rapprocher  de  la  façon  satisfaite 
et  compassée  dont  nous  comprenons  le  progrès,  et  surtout  le  développement  des  voies 
rapides  de  communication,  qu’on  peut  considérer  comme  en  étant  l’origine,  celle  autre* 
ment  pratique  et  intelligente  dont  procèdent  les  Anglais  et  les  Américains.  Le  dévelop¬ 
pement  des  voies  ferrées  en  Australie,  qui  ne  compte  pas  un  demi-siècle  d’existence 
proprement  dite,  est  déjà  supérieur  à  celui  des  voies  françaises  ;  et  quant  aux  États-Unis, 
il  leur  a  fallu  un  peu  moins  de  trois  ans  (de  I8tï0  au  printemps  de  1869)  pour  relier, 
parle  Central  Pacific,  Omagua,  sur  le  Missouri,  à  Sacramento,  sur  le  rio  de  ce  nom.  Or 
cette  ligne  a  un  développement  de  2600  lui.,  ce  qui  fait  en  moyenne  2  kilomètres  et  demi 
de  travail  exécuté  par  jour  !  Les  deux  compagnies  qui,  partant  d’Omagua  et  de  Sacra¬ 
mento,  devaient  se  réunir  à  Promontory-Point,  ont  devancé  de  sept  ans  la  date  assignée 
par  les  actes  de  concession  ! 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  48 71 .  367 

venance  le  maître  de  cet  établissement,  qui  me  dit  l’envoyer  chercher,  par 
des  indigènes,  jusque  sur  les  sommités  du  Dj.  Gaous  et  du  Dj.  Metlili. 

M.  Cosson  fait  remarquer  que  ni  M.  Durieu  de  Maisonneuve,  ni 
lui-même,  n’ont  rien  publié,  au  sujet  du  Fumaria  longipes ,  qui 
puisse  autoriser  à  leur  prêter  l’opinion  que  M.  le  colonel  Paris 
discute. 

ESSAI  DE  RÉVISION  DES  ARMOISES  ALPINES  DES  PYRÉNÉES  FRANÇAISES, 

par  M.  l’abbé  I11ÉU:V1LU]  (1). 

(Notre-Dame  de  Garaison,  novembre  1871.) 

Un  des  plus  intéressants  de  la  famille  des  Synanthérées,  le  genre  Artemisia 
a  de  nombreux  représentants  dans  la  flore  française.  Plusieurs  de  ses  espèces 
fixent  leur  domicile  sur  certains  points  de  notre  sol  intérieur,  d’autres  sont 
circonscrites  à  nos  plages  maritimes  ;  quelques-unes  croissent  à  la  fois  dans 
les  terres  basses  et  les  plus  hautes  vallées.  Il  en  est  qui  ne  descendent  jamais  de 
la  région  des  neiges  éternelles.  Les  Artemisia  rupestris,  glacialis  et  Mutellina 
ornent  de  leurs  touffes  les  rochers  les  plus  élevés  des  Alpes.  Deux  espèces  me 
semblent  propres  aux  Pyrénées.  L’établissement  de  ce  fait  de  géographie  bo¬ 
tanique  est  l’objet  principal  de  mon  modeste  travail.  La  Société  voudra  bien 
me  permettre  de  placer  d’abord  sous  ses  yeux  la  diagnose  de  ces  plantes. 

1.  Artemisia  racemosa  (2). 

Calalhides  2-25,  mox  omnes  sessiles  et  fingenles  racemum  ovalem  aut  glo- 
bosum ,  æqualem,  largum,  compactum,  caulis  apicem  decorantem;  moxsupe- 
riores  contiguæ  et  sessiles,  et  inferiores  remotæ  et  pedunculatæ,  componentes 
racemum  erectum,  subunilateralem,  basi  laxum,  occupantem  mediam  caulis 
partem.  Bracteæ  lineares,  superiores  integræ,  obtusæ,  inferiores  sæpe  denti- 
culatæ  aut  pinnatifidæ.  Periclinium  hemisphæricum,  lanuginosum,  12-25 
flores  ferens  ;  foliolis  vix  inæqualibus,  concavis.  externis  ovatis,  internis  obova- 
lis,  omnibus  margine  nigris  et  large  scariosis.  Gorolla  flava,  villosa;  tuboobeo- 
nico.  Antheræ  apice  appendiculam  acuminatam  exhibentes*  Receptaculum  cou- 
vexum,  glabrum  vel  glabriusculum(3).  Achania  minima,  pilis  albis  sat  longis 

(1)  Le  nouveau  travail  que  j’ai  l’honneur  de  soumettre  au  contrôle  de  la  Société  bota¬ 
nique  avait  reçu  un  commencement  d’exécution  à  l’époque  de  la  publication  de  mon 
Artemisia  racemosa.  Craignant  qu’il  ne  renfermât  quelque  erreur  au  sujet  de  Cette 
plante,  j’hésitais  à  le  terminer  pour  le  livrer  à  l’impression.  Des  renseignements  positifs, 
fournis  par  M.  Bordère  (deGèdre),  m’ont  mis  en  mesure  de  le  conduire  à  bonne  fin.  Je 
m’empresse  de  consigner  ce  fait  dans  le  Bulletin  comme  témoignage  de  la  vive  gratitude 
qu’un  tel  service  mérite  de  ma  part  à  l’honorable  confrère. 

(2)  Bulletin ,  t.  XII,  pp.  3/il-3â2. 

(3)  Le  réceptacle  à  l’état  frais  est  souvent  pourvu  de  quelques  poils  tellement  caducs 
qu’on  les  y  retrouve  difficilement  après  la  dessiccation. 


36S 


SOCIÉTÉ  BOTANÎQUE  DE  FRANCE. 

apice  coronala,  Folia  radical ia  petiolo  lineari  innixa  et  formantia  rosulas  sté¬ 
riles,  limbo  tripartito,  segmentis  simplicibus  aut  multifidis;  caulina  infernc 
2-3-fida  aut  pinnatifida,  superne  lineato-integra.  Gaules  simplices,  violacei, 
basi  arcuati,  adscendeutes.  Radix  lignosa,  cæspitosa,  fusca,  ramosa,  ramulis 
radicantibus  et  edenlibus  foliorum  rosulas.  Planta  8-18  centimetr.  longa,  lanu- 
ginoso-alba,  aromatica. 

Crescit  julio,  augusto  et  septembri. 

2.  Artcmisia  oligantlia, 

Calatliides  2-9,  parvæ,  vix  mediam  calathidum  Artemisiœ  glacialis  Vill. 
partent  œquiparantes ,  superiores  sessiles  et  inferiores  subsessiles  durante 
anthesi,  et  formantes  simul  racemum  terminalem,  compactum,  ovaleni,  1-2 
centimetr.  longum ;  et  maturitale  perfecta  subsessiles  aut  pedicellatæ,  coadu- 
natæin  racemum  3-5  centimetr.  longum.  Aliquoties  infra  racemum  apparent 
1-3  calatliides  axillares  remotæ  et  subsessiles,  raro  U-5  longe  pedunculatœ , 
quœ  fere  usque  ad  basin  caulis  descendant.  Bracteæ  multifidæ,  raro  supe¬ 
riores  integræ,  calathidibus  longiores  initio  anthesis,  et  in  fin ebreviores.  Peri- 
clinium  ooato-angulosum,  continens  5-10  flores',  foliolis  fere  æqualibus,  elli- 
ptico-concavis,  externis  nigrescenti  membrana  circumamictis,  et  internis 
albidulis.  Corolla  flava,  saliens ,  apice  ciliata ;  tubo  obconico.  Antheræ 
apice  acumen  habentes.  Achania  obovato-elongata ,  nigro-fusca,  glabra. 
Receptaculum  convexum,  pilis  tectum.  Folia  petiolo  lineari-angusto  munita  ; 
radicalia  3-5-partita,  segmentis  simplicibus  aut  2-4-fidis;  caulina  multifida, 
laciniis  elliptico-acutiusculis,  integris,  aliquoties  2-fidis.  Gaules  simplices,  vio¬ 
lacei,  adscendentes,  primum  basi  et  apice  arcuati,  denique  rigido-erecti.  Ra¬ 
dix  lignosa,  cæspitosa,  nigro-fusca,  foliorum  rosulas  pariens.  Planta  5-10 
centimetr.  longa,  villoso-sericea,  argenteo-alba,  aromatica. 

Crescit  julio,  augusto  et  septembri. 


Après  avoir  décrit  nos  deux  Armoises  et  précisé  l’époque  de  leur  évolution, 
je  dois  ajouter  quelques  mots  sur  le  iieu  de  leur  naissance,  la  date  de  leur 
découverte  par  moi,  et  les  motifs  qui  m’ont  déterminé  à  leur  imposer  les  noms 
désignés. 


VA.  racemosa  concourt  ordinairement  à  former  le  butin  des  Aoristes  qui 
explorent  en  temps  utile  les  pics  de  la  haute  chaîne  des  Pyrénées.  J’ai  maintes 
fois  constaté  sa  présence  au  cirque  de  Gavarnie,  aux  ports  d’Estaubé  et  de  la 
Canaou,  à  la  Meunia  de  Trémouse  et  aux  Tours  du  Camp-long,  dans  la  vallée 
de  Héas,  au  sommet  du  pic  du  Midi,  dans  la  vallée  de  Campan,  et  du  pic  de 
la  Carnaou  qui  domine  le  lac  de  Migouélou,  dans  la  vallée  d’Azun.  Plus  rare 
que  l’espèce  précédente,  VA.  oligantha  occupe  les  memes  stations,  sans  trop 
mêler  ses  touffes  à  celles  de  sa  congénère.  Je  l’ai  observé  dans  plusieurs  des 
pics  du  vallon  de  Iléas;  je  l’ai  récolté  les  2,  3,  è,  5,  6  septembre  1856,  au 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1871. 


3(59 


milieu  du  port  de  la  Canaou,  au-dessous  du  rocher  où  M.  Bordère  fait  sa 
provision  d  A.  racemosa  (1);  le  4  août  1860,  entre  les  crêtes  les  plus  élevées 
du  Cainp-long  et  les  pâturages  du  Camp-vieil;  le  17  juillet  1860,  près  du 
pic  des  Aguilous,  sur  les  premiers  rochers  de  la  montagne  de  Vignec-Aure; 
et  le  16  août  de  la  même  année,  au  Port-vieil  d’Estaubé,  versant  espagnol,  à  un 
kilomètre  d’un  vallon  appelé  Tourmacal  par  les  Aragonais.  Ces  deux  plantes 
vivent  souvent  en  compagnie  des  Ranunculus  glacialis ,  Saxifraga  grœn- 
landica ,  Androsace  ciliata,  Papaver  pyrenaicum,  Borderea  pyrenaica,  Poa 
distichophylla ,  Festuca  stolonifera ,  etc. 

Il  m’a  paru  qu’on  ne  pouvait,  sans  contrevenir  aux  lois  fondamentales  de  la 
nomenclature,  sacrifier  à  un  autre  quelconque  le  nom  d’A.  racemosa ,  sous 
lequel  celte  espèce  avait  obtenu  droit  de  cité.  Sa  congénère  dormait  depuis 
longtemps  dans  mon  herbier  sous  l’étiquette:  A.  pyrenaica.  Mais  séduit  par 
une  sorte  de  culte  pour  les  caractères  spécifiques  tirés  de  l’organisme  des  in¬ 
dividus,  je  me  suis  décidé  à  l’appeler  A.  oligantha  en  raison  du  petit  nom¬ 
bre  de  fleurons  que  renferment  ses  calathides. 

Nos  devanciers  et  nos  contemporains  n’ayant  pas  nettement  défini  nos  deux 
Armoises,  la  science  nous  fait  un  devoir  de  les  étudier  de  nouveau,  de  les 
disséquer,  de  les  catégoriser,  et  de  les  mettre  en  rang  utile  dans  le  catalogue 
de  Flore.  Commençons  par  VA.  racemosa. 

Le  moment  est  venu  de  recourir  au  principe  proclamé  encore  dans  la  lettre 
qui  précède  la  notice  où  figure  ma  première  description  de  cette  espèce.  Voici 
mes  propres  termes  :  «  Rien  de  plus  rationnel  que  de  publier  sous  toutes 
»  réserves ,  au  fur  et  à  mesure  qu’on  les  rencontre,  les  plantes  qu’il  est  im- 
»  possible  de  rapporter  à  des  types  bien  déterminés  (2)  .  » 

En  vertu  du  droit  consacré  par  ce  principe,  je  viens  désavouer  comme 
incomplète  ma  diagnose  de  VA.  racemosa ,  insérée  dans  mon  Phytographia 
aliquarum  plantarum  vallis  Heas  (3).  Des  herborisations  postérieures  m’ont 
fourni  le  moyen  d’établir  que  cette  description  (A)  ne  convient  qu’à  la  forme 
la  plus  atrophiée  de  l’espèce.  En  juillet  1866,  notre  plante  me  tomba  sous  la 
main,  au  milieu  de  la  Canaou,  sous  sa  forme  rabougrie  et  sa  forme  la  plus 
robuste  avec  un  nombre  incalculable  de  formes  intermédiaires  ;  je  m’aperçus 
à  l’instant  qu’elle  était  le  jouet  d’un  polymorphisme  illimité.  La  plupart  de  ses 
organes  errent,  en  effet,  dans  une  mobilité  perpétuelle.  Toutes  sessiies  ou 

(1)  Pour  trouver  là  VA .  oligantha,  il  faut  ôter  ses  cothurnes,  et,  s’aidant  des  pieds  et 
des  mains,  escalader  jusqu’à  la  hauteur  de  5  à  10  mètres,  selon  la  méthode  des  isards, 
le  mur  de  granité  qu’on  aperçoit  à  sa  droite  en  montant  vers  le  sommet  du  port. 

(2)  Bulletin,  t.  XII,  p.  340. 

(3)  Ibid. 

(4)  Cette  diagnose  n’expose  que  la  forme  à  grappe  courte,  globuleuse  ou  ovale,  et 
serrée,  de  notre  plante  ;  forme  unique  sur  les  rochers  de  la  cime  du  Camp-long.  Quel  est 
le  botaniste  qui  ne  se  fût  cru  autorise  à  soupçonner  sous  une  telle  forme  l’existence 
d’une  véritable  espèce? 

T.  XVIII. 


(SÉANCFS)  24 


370 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

toutes  pédonculées,  parfois  mixtes,  les  calathides  forment  une  grappe  longue  ou 
courte,  lâche  ou  compacte,  une  grappe  indéfinissable.  Un  peu  différents  de 
ceux  d’Estaubé  et  du  Pimené,  mes  échantillons  du  Camp-long,  de  Tré- 
mouse  et  de  Migouélou  sont  d’un  blanc  argenté  plus  prononcé.  De  tels  élé¬ 
ments  n’offrent  au  botaniste  descripteur  qu’une  faible  valeur  taxonomique. 
Mais  la  structure  des  bractées  et  des  feuilles,  l’exiguïté  et  la  villosité  des 
achanes,  la  sphéricité  des  calathides,  la  pubescence  des  fleurons,  le  tomentum 
de  toute  la  plante,  constituent  des  caractères  d’une  fixité  imperturbable.  Le 
but  de  ma  nouvelle  diagnose  est  de  faire  ressortir  aussi  fidèlement  que  possible 
les  circonstances  morphologiques  dissimulées  dans  la  première. 

Essayons  de  démontrer  que  l’A.  racemosa  est  distinct  de  V Artemisia  des 
Alpes  publié  sous  les  synonymes:  A.  spicata  Wulf. ,  A.  mpestris  VilL, 
A.  Villarsiï  G.  G.  On  ne  peut  les  comparer  dans  leurs  parties  élémentaires 
sans  être  bientôt  convaincu  que  ces  plantes  forment  deux  espèces.  Les  ca¬ 
lathides  médiocres  de  l’espèce  pyrénéenne  contrastent  avec  les  calathides  gros¬ 
ses  de  l’espèce  alpine.  La  plante  de  Wulfen  atteint  parfois  18  pouces  d’après 
Mutel,  3  décimètres  d’après  les  auteurs  de  la  Flore  de  France;  la  nôtre 
ne  dépasse  guère  15  centimètres.  L’A.  spicata  prend  assez  souvent  une 
physionomie  brunâtre,  et  les  habitants  des  Alpes  l’appellent  à  bon  droit  Génépi 
noir.  L  A.  racemosa  conserve  invariablement  la  blancheur  de  son  faciès,  plus 
ou  moins  accentuée,  et  les  habitants  des  Pyrénées  ne  pourraient  lui  donner 
d’autre  nom  que  celui  de  Génépi  blanc.  L’A.  spicata  est  doué  d’une  organi¬ 
sation  plus  mâle  et  plus  développée  que  l’A.  racemosa.  Il  me  semble  que  la 
distinction  spécifique  de  nos  plantes  se  trouve  suffisamment  établie  par  ce 
parallélisme.  G’est  le  sentiment  de  plusieurs  botanistes  qui  ne  se  prononcent 
pas  à  la  légère  sur  ces  sortes  de  questions.  M.  Bordère  (de  Gèdre)  vient  de 
m’écrire  en  date  du  21  octobre  dernier  :  «  V Artemisia  spicata  est  inconnu 
de  moi  dans  les  Pyrénées;  je  le  possède  des  Alpes.  » 

L’A.  oligantha ,  de  son  côté,  n’a  rien  de  commun  avec  les  Armoises  dé¬ 
crites  dans  nos  flores  classiques.  Il  se  sépare  nettement  de  l’A.  Mutellina  Vill. , 
Absinthium  laxum  Lam.  MM.  Grenier  et  Godron  disent  au  sujet  de  l’A. 
Mutellina  que  ses  calathides  inférieures  géminées  ou  ternées  au  sommet  d’un 
long  pédoncule  dressé ,  et  ses  calathides  supérieures  de  plus  en  plus  rappro¬ 
chées  et  de  plus  en  plus  pédonculées,  forment  par  leur  réunion  une  grappe 
plus  longue  que  le  reste  de  la  tige,  tr'es-lâche ,  feuillée.  Ces  caractères  ne 
vont  à  aucune  espèce  des  Pyrénées  connue  jusqu’à  ce  jour.  Cela  n’empêche 
pas  M.  Philippe  de  les  appliquer  comme  distinctifs  à  l’A.  Mutellina  Vill. ,  dont  il 
signale  l’existence  dans  plusieurs  de  nos  montagnes  de  la  haute  chaîne.  Lapey- 
rouse  fait  de  ia  plante  de  Villars  une  description  qui  contredit  formellement 
celle  de  la  Flore  des  Pyrénées  et  de  la  Flore  de  France.  Qu’il  me  soit  permis 
de  la  reproduire  à  titre  de  preuve  :  «  A.  Mutellina  Vill.:  caule  herbaceo  simpli- 
cissimo ;  foliis  omnibus  palmato-multifidis,  alb i doser iceis  ;  floribus  termina - 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1871. 


371 


li bus  glomeratis  sessilibus  globosis.  »  Ces  botanistes  ont-ils  retrouvé  dans  les 
Pyrénées  l’espèce  découverte  par  Villars  dans  les  Alpes?  Ou  bien,  redevenus 
les  dupes  d’une  hallucination  qui  leur  a  été  funeste  en  d’autres  circonstances, 
n’ont-ils  pas  pris  pour  l’A.  Mutellina  quelque  forme  de  VA.  oligantha?  On 
ne  peut  élucider  ce  doute  par  une  réponse  précise.  Mais  tout  porte  à  croire 
que  Lapeyrouse  et  Philippe  ont  voulu  désigner  la  même  plante,  attendu  qu’ils 
lui  assignent  les  mêmes  localités  pour  patrie.  L’un  et  l'autre,  par  exemple, 
indiquent  au  mont  Perdu  l’A.  Mutellina  Vill.  Or  les  rochers  du  Tourmacal, 
où  foisonne  notre  A.  oligantha,  servent  en  partie  de  hase  à  ce  géant  des 
Pyrénées.  Aux  phytographes  le  soin  de  saisir  la  portée  d’un  tel  rapprochement. 

Habitat  de  VA.  Mutellina  Vill.  dans  les  Pyrénées. 


D’après  Lapeyrouse,  sur  les  sommets  dans 
le  centre  de  la  chaîne  principalement.  — 
Cambredases,  au  Roc-Blanc  du  Llaurenti, 
pic  du  Midi,  pen  du  Brada,  Tuquerouy, 
mont  Perdu,  Monney.  (Hist.  plant.  Pyrén. 
p.  503.) 


D’après  Philippe,  Pyrénées  orientales  et 
centrales. —  Cambredases,  au  Roc-Blanc  du 
Llaurenti;  pic  du  Midi,  au  sommet;  vallon 
d’Arise  ;  Tuquerouy,  mont  Perdu,  dans  les 
rochers  du  lac  ;  Vignemale,  Mounné,  pic 
Long.  (Fl.  Pyrén.  t.  I,  pp.  A6 8- A 69. ) 


Habitat  de  VA.  oligantha. — Les  localités  où  je  l’ai  observé  sont  à  peine 
éloignées  de  quelques  kilomètres  de  plusieurs  stations  susdites,  assignées  par 
nos  deux  auteurs  au  prétendu  A.  Mutellina  Vill. 

Il  ne  faut  pas  non  plus  confondre  VA.  oligantha  avec  VA.  glacialis  Vill., 
propriété  exclusive  des  Alpes  jusqu’à  présent.  Possesseur  de  quelques  échantil¬ 
lons  de  ce  dernier,  recueillis  au  Lautaret  par  M.  Grenier  en  juillet  1856,  je 
me  trouve  muni  de  tous  les  éléments  nécessaires  pour  soutenir  cette  thèse. 
Nombreux  dans  VA.  glacialis ,  les  fleurons  n’excèdent  guère  le  chiffre  de  10  dans 
VA.  oligantha.  Sessiles  et  agglomérées  en  grappe  ovoïde  au  commencement 
de  l’anthèse,  à  la  fin  pédicellées  et  formant  une  grappe  spiciforme  et  presque 
unilatérale,  les  calathides  de  VA.  oligantha  tranchent  avec  celles  de  VA.  gla¬ 
cialis,  au  moins  une  fois  plus  grosses  et  réunies  au  sommet  de  la  tige  en  un 
corvmbe  persistant  pendant  toute  la  durée  de  la  période  végétale.  Linéaires 
et  lancéolées,  les  bractées  de  VA.  glacialis  sont  plus  courtes  que  la  calathide; 
presque  toutes  multifides,  les  calathides  de  VA.  oligantha  dépassent  d’abord 
la  calathide,  et  ne  sont  dépassées  par  elle  qu'au  déclin  de  l’évolution.  Hémi¬ 
sphérique  dans  VA.  glacialis  ,  le  péricline  est  anguleux  dans  VA.  oligantha. 
Les  fleurons  de  VA.  glacialis  ont  leurs  tubes  recouverts  de  glandes,  tandis 
que  les  fleurons  de  VA.  oligantha  montrent  des  cils  à  leur  sommet.  Les  pé¬ 
tioles  de  VA.  oligantha  sont  dépourvus  des  lobes  linéaires  qu’on  remarque 
souvent  à  chaque  côté  du  pétiole  de  l’A.  glacialis .  L’A.  glacialis  a  toujours 
ses  tiges  droites  et  roides  ;  peu  fermes  et  recourbées,  les  tiges  de  l’A.  oligantha 
ne  se  redressent  décidément  qu’à  l’époque  de  la  maturité.  S’élevant  à  une 
hauteur  de  1-2  décimètres,  sous  une  physionomie  identique  avec  celle  de  notre 


372  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

A.  racemosa  ,  la  plante  de  Villars  se  rapproche  peu  de  l’A.  oligantha,  dont  la 
taille  varie  entre  5  et  10  centimètres,  et  dont  le  faciès  est  d’un  blanc  argenté 
plus  fortement  accentué.  La  différence  organique  et  morphologique  de  ces 
Armoises  est  sans  contredit  une  preuve  péremptoire  de  leur  distinction  spé¬ 
cifique. 

Selon  toutes  les  probabilités,  nos  phytographes  ont  pris  pour  VA.  glacialis 
Vill.  la  forme  première  de  V  A.  oligantha.  Lapeyrouse  et  M.  Philippe  assurent, 
avoir  vu  la  plante  des  Alpes  au  sommet  du  Cambredases  dans  les  Pyrénées 
orientales.  L’Armoise  de  cette  montagne  ne  me  paraît  guère  différer  de  notre  A . 
oligantha  contemplé  au  début  de  sa  floraison.  Rien  de  plus  propre  à  légiti¬ 
mer  un  pareil  doute  que  la  diagnose  de  Lapeyrouse,  que  voici  :  «  A.  glacialis  : 
caule  herbaceo  simplicissimo  ;  foliis  omnibus  palmato-multifidis,  albido- 
sericeis  ;  floribus  axillaribus ,  oblongis ,  inferioribus  pedunculatis ,  summis 
sessilibus.  »  Dans  cette  description,  à  peu  près  formulée  dans  les  mêmes  termes 
que  sa  description  de  VA.  Mutellina  Vill.,  notre  auteur  rapporte  Y Artemisia 
du  Cambredases  à  VA.  glacialis  L.  Sp A.  glacialis  AIL,  synonymes  de 
VA.  glacialis  Vill.  d’après  nos  ouvrages  classiques  les  plus  autorisés.  Le 
botaniste  qui  voudra  se  donner  la  peine  de  confronter  ma  diagnose  de  l’A.  oli¬ 
gantha  avec  la  diagnose  de  Lapeyrouse  que  je  viens  de  citer,  pourra-t-il  se 
défendre  d’un  certain  penchant  à  soupçonner  l’identité  de  la  plante  du  mont 
Perdu  avec  la  plante  du  Cambredases  ?  Je  m’abstiens  de  reproduire  la  des¬ 
cription  de  Lapeyrouse  qui  se  bat  les  flancs  pour  retrouver  dans  l’espèce  des 
Pyrénées  orientales  les  caractères  spécifiques  que  MM.  Grenier  et  Godron 
attribuent  à  VA.  glacialis  des  hautes  Alpes.  M.  Pack  (1),  botaniste  anglais, 
a  eu  l’obligeance  de  me  donner,  en  juillet  1864,  quelques  exemplaires  d’un 
Artemisia  qu’il  avait  reçu,  sous  le  nom  d’A.  glacialis  Vill.,  des  herbori- 
sateurs  des  environs  de  Bagnères-de-Luchon.  Provenant  de  la  Maladetta,  ces 
échantillons  représentent  au  parfait  notre  intéressante  Synanthérée  des  pics 
qui  encadrent  le  vallon  de  Héas.  L’ensemble  de  ces  faits  m’autorise  à  penser 
que  l’Armoise  pyrénéenne  depuis  longtemps  répandue  dans  tout  l’univers 
sous  le  pseudonyme  A.  glacialis  Vill.  est  probablement  la  forme  juvénile 
de  notre  A.  oligantha. 

Je  termine  mon  humble  notice  en  ajoutant  qu’à  défaut  d’autre  résultat, 
elle  aura  celui  d’établir  l’incertitude  de  la  croissance  spontanée  des  A.  rupes - 
tris ,  Mutellina  et  glacialis  Vill.  dans  les  Pyrénées  françaises. 

NOTE  SUR  QUELQUES  PLANTES  FÉCULENTES,  par  »I.  A.  POSA  DA- ARA  ACJO. 

Nous  n’avons  pas  à  nous  occuper  ici  de  la  fécule  en  général,  de  ses  carac¬ 
tères  physiques,  de  sa  structure  intime,  de  ses  propriétés  chimiques,  des 
organes  végétaux  qui  la  contiennent,  des  procédés  pour  l’extraire,  ni  de  ses 

(1)  Est-ce  bien  l’orthographe  de  ce  nom  anglais,  que  je  n’ai  jamais  vu  écrit 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1871.  373 

usages  ou  applications.  Elle  a  déjà  été  suffisamment  étudiée  à  tous  ces  points 
de  vue. 

Ce  n’est  pas  notre  intention  non  plus  de  traiter  en  particulier  d’aucune  des 
fécules  du  commerce,  car  après  les  recherches  ou  les  observations  publiées 
à  cet  égard  par  Raspail,  Fritzsche,  Payen,  Piivot  et  Denny,  il  serait  difficile 
d’y  rien  ajouter. 

Notre  tâche,  beaucoup  plus  simple,  beaucoup  plus  modeste,  se  réduit  à 
compléter  ces  données  par  la  description  abrégée  de  quelques  fécules  exoti¬ 
ques,  peu  ou  point  connues,  et  qui  n’ont  encore  fixé  l’attention  de  personne. 

Nous  commençons  aujourd’hui  à  en  passer  quelques-unes  en  revue,  nous  pro¬ 
mettant  de  continuer  plus  tard  ce  travail. 

Arracacha  escuienta. — Cette  précieuse  racine,  compagne  inséparable 
de  la  Pomme-de-terre  dans  les  Cordillères  des  Andes,  mais  qui  n’a  pas  pu 
la  suivre  dans  son  émigration  vers  l’Ancien  continent,  est  le  représentant  de 
la  Carotte  dans  le  Nouveau  monde.  Elle  appartient  en  effet  à  la  même  fa¬ 
mille  (Ombellifères),  et  est  chez  nous  d’un  usage  aussi  général  et  aussi  journa¬ 
lier  que  la  racine  du  Daucus  l’est  en  Europe;  mais  elle  lui  est  aussi  bien 
supérieure,  non-seulement  par  sa  grosseur,  puisqu’une  seule  racine  Arra¬ 
cacha  pèse  jusqu’à  3  kilogrammes,  mais'  par  son  goût  et  ses  qualités.  Ainsi, 
tandis  que  la  Carotte  est  un  aliment  lourd,  auquel  il  faut  être  habitué  (1), 
V Arracacha  au  contraire  est  la  plus  légère  de  toutes  les  racines  féculentes, 
le  légume  le  plus  approprié  aux  estomacs  faibles  et  aux  convalescents. 

L 'Arracacha  contient  de  la  fécule,  du  sucre  incrislallisable  et  un  principe 
aromatique.  La  fécule  est  assez  blanche  :  ses  grains,  examinés  au  microscope, 
sont  irréguliers,  polyédriques  ou  cuboïdes,  compactes  et  sans  apparence  de 
hile;  ils  atteignent  jusqu’à  25  millièmes  de  millimètre. 

Ceroxyion  andicoia.  —  Ce  Palmier,  célèbre  à  cause  de  l’exsudation  cireuse 
qui  le  recouvre,  n’est  pas  seulement  utile  à  ce  point  de  vue.  Ses  feuilles  ten¬ 
dres  servent  à  tisser  des  chapeaux  ;  la  bourre  des  pétioles,  trempée  dans  une 
lessive  de  cendres,  est  l’amadou  des  montagnards  (2);  le  tronc,  qui  s’élève 
à  60  mètres  et  que  l’on  abat  pour  obtenir  la  cire,  est  aussi  employé  aux 
constructions  ;  il  fournit  en  outre  une  moelle  farineuse  bonne  à  engraisser  les 
porcs.  Nous  en  avons  obtenu  une  fécule  de  grains  arrondis  ou  piriformes,  à 
hile  peu  apparent,  situé  vers  la  petite  extrémité  ;  ils  atteignent  50  millièmes 
de  millimètre. 

Coiocasia  escuienta.  —  Cette  Aroïdée,  dont  la  racine  contribue  notable¬ 
ment  à  l’alimentation  en  Colombie,  sous  le  nom  de  Mafafa,  contient  une 
fécule  très-blanche,  de  grains  globuleux  ou  cassés  en  hémisphères,  et  ayant 
20  millièmes  de  millimètre. 

(1)  Les  premières  fois  que  je  mangeai  des  Carottes,  lors  de  mon  arrivée  en  France, 
elles  me  causèrent  des  indigestions,  et  m’ont  servi  de  purgatif. 

(2)  il  y  a  en  Colombie  d’autres  Palmiers  et  quelques  Melastoma  utilisés  de  même. 


374  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Amiripetaium  YoiomVio  Posada.  —  C’est  un  arbre  de  ia  famille  des  Pro- 
téacées,  de  U  à  6  mètres  de  hauteur,  qui  croît  spontanément  dans  les  mon¬ 
tagnes  qui  entourent  la  vallée  de  Medellin,  en  Colombie.  Son  fruit,  de  la 
grosseur  d’une  pomme,  est  une  noix  dont  l’amande,  cueillie  avant  la  parfaite 
maturité,  fournit  une  grande  quantité  de  fécule  très-blanche,  usitée  pour 
amidonner  le  linge.  Bien  lavée,  elle  pourrait  être  utilisée  dans  l’alimentation. 
Ses  grains  sont  globuleux,  semblables  à  ceux  du  Colocasia ,  et  varient  de  10  à 
20  millièmes  de  millimètre. 

Canna  indica.  —  On  le  cultive  beaucoup  en  Colombie  pour  extraire  la 
fécule  de  ses  racines,  qu’on  donne  aux  malades  comme  l’arrow-root  ou  amidon 
de  Maranta.  Ses  grains  sont  oblongs,  atteignant  jusqu’à  115  millièmes  de 
millimètre,  et  avec  quelques  traces  de  bile  et  de  couches  superposées. 

Mirabilis  Jaiapa.  —  Les  graines  de  cette  plante,  si  connue  par  ses  fleurs 
qui  s’épanouissent  le  soir,  contiennent  beaucoup  de  fécule  très-blanche,  à 
grains  très-fins,  arrondis,  de  3  millièmes  de  millimètre. 

LETTRE  DE  M.  l’abbé  &  A  2g  ISO  1 J  TE  A  M.  DE  SCHŒNEFELD. 

Agen,  18  septembre  1871, 

Notre  cher  Secrétaire  général, 

Je  viens  de  relire  (in  Bull.  t.  XI,  p.  xc)  votre  rapport  sur  l’herborisation 
du  16  juillet  1864,  à  la  vallée  du  Lis  près  Luchon.  Cette  lecture  m’a  fait  faire 
quelques  réflexions  que  je  vous  communique. 

Vous  nous  disiez  dans  ce  rapport  :  «  Nous  engageons  tous  les  botanistes  qui 
»  herborisent  à  Luchon,  à  rechercher  activement  Y  Epipogon,  et,  s’ils  ont  la 
»  bonne  fortune  de  le  retrouver,  à  ne  pas  craindre  de  le  détruire,  si  peu 
»  abondant  qu’il  s’y  montre.  »  Ah  !  gardez-vous  désormais  de  semblables 
conseils,  surtout  au  sujet  de  Y  Epipogon.  Et  voici  pourquoi  : 

Cette  année,  notre  excellent  ami  et  collègue  M.  Trouillard,  et  moi, 
nous  nous  sommes  mis,  le  7  août,  à  la  recherche  de  cette  rare  Orchidée.  Je 
croyais  peu  la  trouver;  car  bien  souvent  j’avais  fait,  dans  ce  seul  but,  des  her¬ 
borisations  autour  de  la  cascade  du  Lis,  et  toujours  je  revenais  bredouille. 
Mais  mon  ami  espérait,  et  me  faisait  presque  partager  ses  heureux  pressenti¬ 
ments.  En  effet,  tandis  que  j'étais  naïvement  en  admiration  devant  un  colossal 
Cirsium  palustre  d’une  taille  de  près  de  3  mètres,  il  aperçut  un,  puis  deux, 
puis  trois  échantillons  d 'Epipogon;  à  mon  tour  j’en  découvris  d’autres.  Avec 
quelle  fièvre  je  piochais,  me  rappelant  à  peu  près  ce  que  vous  aviez  écrit  à 
ce  sujet?  Mais  aussi  que  d’échantillons  non  encore  sortis  de  terre,  que  de 
rhizomes  je  détruisis  par  quelques  coups  de  pioche  !  Je  devins  dès  lors  plus 
prudent.  Nous  trouvâmes  plusieurs  restes  de  tiges  défleuries  et  en  décom¬ 
position,  d’autres  attaquées  par  les  limaces,  d’autres  encore  renversées  par 
les  pluies,  aucune  en  état  de  fructification. 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1S7  J  . 


375 


Le  17  août,  nous  revenions  à  la  même  localité,  dans  le  but  de  pousser  plus 
loin  nos  recherches  et  d’étudier  quelles  conditions  semblent  le  plus  favoriser 
le  développement  de  YEpipogon.  Encore  quelques  échantillons  nous  récompen¬ 
sèrent  de  notre  course;  mais  ceux  que  nous  avions  laissés  à  peine  sortis  de 
terre,  avaient  été  détruits  dans  cet  espace  de  temps.  Puis,  examinant  le  terrain 
et  l’état  dans  lequel  notre  Orchidée  s’offrait  à  nous  à  la  cascade  du  Lis,  voici 
ce  que  nous  avons  cru  pouvoir  conclure  : 

1°  V  Epipogon  aphyllus  Sw.  ne  vient  que  dans  les  clairières,  fuyant  le 
voisinage  de  toute  autre  plante.  Il  choisit  les  endroits  à  pente  peu  roide,  où  la 
terre  très-meuble  est  retenue  par  des  rochers  ou  les  racines  à  fleur  de  terre 
des  sapins  ;  la  plupart  du  temps  c’est  contre  ces  rochers  ou  ces  racines  qu’il 
se  développe  le  mieux. 

2°  Ainsi  que  je  le  disais  tout  à  l’heure,  nous  n’avons  trouvé  aucun  individu 
en  fructification.  Est-ce  un  cas  exceptionnel  cette  année?  Ou  bien  dans  cette 
localité  les  conditions  atmosphériques  sont-elles  défavorables  à  la  fécon¬ 
dation?  Cette  opinion  me  semble  probable,  et  notre  Orchidée  nous  a  paru  ne  se 
propager  ici  que  par  ses  rhizomes.  En  effet,  les  individus  ne  se  rencontrent 
point  isolés,  mais  par  groupes  placés  à  droite  et  à  gauche  d’un  point  central 
qui  a  dû  servir  de  point  de  départ.  En  un  endroit  particulièrement,  sur  un 
espace  de  moins  d’un  mètre  carré,  le  périmètre  était  marqué  par  des  traces 
d 'Epipogon,  tandis  qu’il  n’y  avait  absolument  rien  au  milieu.  Les  rhizomes 
partant  du  centre  avaient  sans  doute  rayonné,  tandis  que  les  souches-mères 
étaient  détruites. 

Ne  peut-on  pas  expliquer  le  phénomène  d’une  fructification  dans  tous  les 
cas  bien  rare,  par  la  présence  très-fréquente,  je  dirais  presque  quotidienne, 
d’épais  brouillards  dans  la  région  où  fleurit  notre  Orchidée,  et  par  les  pluies 
qui,  se  transformant  facilement  en  torrent  le  long  de  ces  pentes  rapides,  en¬ 
traînent  ou  renversent  dans  la  boue  cette  plante  dont  la  tige  est  si  frêle  ? 

Quoi  qu’il  en  soit  de  ces  raisons,  je  crois  néanmoins  très-prudent  de  ne  pas 
trop  engager  les  botanistes  à  piocher  et  à  arracher  sans  ménagement.  La 
pointe  seule  d’un  couteau  suffit  pour  déraciner  YEpipogon  et  l’obtenir  avec 
une  partie  de  son  rhizome.  Certes  il  existe  beaucoup  trop  de  ces  botanistes  ra¬ 
vageurs  qui  s’inquiètent  bien  peu  des  autres  :  c’est  ainsi  que  Y  Aster  pyre- 
nœus  DC.,  je  le  crains  bien,  a  disparu  des  Clochers  d'Esquierry ,  où  je  l’ai 
récolté  en  1864  et  depuis  vainement  cherché,  même  cette  année.  Ainsi  encore, 
il  y  a  à  peine  un  an  qu’on  a  découvert  à  Saint-Mamet  près  Luchon  une 
station  nouvelle  du  Schistostega  osmundacea,  et  elle  est  déjà  bien  maltraitée. 

Bonne  chance  donc  à  ceux  de  nos  collègues  qui,  comme  nous,  seront  dis¬ 
posés  à  pousser  leurs  recherches  jusqu’aux  pâturages  qui  avoisinent  la  Une 
d'enfer.  Mais,  de  grâce  !  qu’ils  ménagent  notre  trésor  pyrénéen. 

M.  Bertrand  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


37(> 


NOTE  SUR  LE  GENRE  ABIES,  par  M.  Charles-Eugène  lECHTKAXD. 


Notre  but  a  été  de  rechercher  si  l’on  rencontre  la  même  disposition  des 
éléments  anatomiques  dans  toutes  les  espèces  d’un  groupe  naturel,  ou  si  les 
formes  spécifiques  présentent  des  différences  d’organisation  en  rapport  avec 
la  distribution  géographique;  enfin  s’il  serait  possible  de  déterminer  l’influence 
des  conditions  physiques  sur  la  variabilité  ou  la  fixité  de  certaines  formes  con¬ 
sidérées  tour  à  tour  comme  espèces  ou  comme  variétés  par  les  botanistes.  Les 
Sapins  proprement  dits  nous  ont  paru  se  prêter  à  ce  genre  de  recherches. 
Les  arbres  de  ce  groupe  des  Abiétinées  sont  répandus  dans  les  deux  continents 
entre  le  30e  et  le  50e  degré  de  latitude  boréale.  Quelques  espèces,  d’un  as¬ 
pect  particulier,  sont  confinées  sur  les  bords  de  la  Méditerranée  (A.  lieginœ 
Amaliœ,  A.  numidica )  ;  d’autres  sont  cantonnées  dans  l’Himalaya  (A.  Pin- 
drow,  A.  Webbiana)  ;  d’autres  encore  habitent  seulement  le  nord  des  États- 
Unis  (A.  Fraseri,  A.  balsamed). 

Disposition  de  la,  feuille.  —  Dans  toutes  les  espèces  du  genre  Abies ,  les 
feuilles  sont  très-régulièrement  implantées  sur  le  rameau  ;  chacune  d’elles 
repose  sur  un  coussinet  peu  saillant;  mais,  suivant  que  la  feuille  a  ou  ira  pas 
de  pétiole,  elle  présente  certaines  particularités  que  nous  allons  indiquer.  Les 
espèces  dont  les  feuilles  sont  pétiolées  n’ont  pas  de  stomates  sur  la  face 
supérieure  ;  de  plus,  toutes  celles  qui  sont  implantées  sur  le  même  rameau  se 
placent  les  unes  à  droite,  les  autres  à  gauche,  inclinant  leur  pétiole  dans  un 
sens  ou  dans  l’autre.  Mais  comme,  par  suite  de  l’implantation  de  la  feuille, 
quelques-unes  d'entre  elles  tourneraient  vers  le  ciel  leur  face  inférieure,  qui 
seule  porte  les  stomates,  le  pétiole  s’allonge  un  peu,  se  renfle  et  se  tord  sur 
lui-même;  rejetant  vers  le  sol  la  face  qui  porte  les  organes  de  la  respiration. 
Notons  en  passant  une  différence,  conséquence  immédiate  de  cette  tendance 
de  la  nature  à  rejeter  vers  le  sol  la  face  de  la  feuille  qui  porte  le  plus  de  sto¬ 
mates,  différence  qui  permet  de  distinguer  les  Picea  à  feuilles  aplaties,  des 
Abies  à  feuilles  pétiolées.  Chez  les  Abies ,  d’après  ce  que  nous  venons  de  dire, 
ce  sont  les  feuilles  qui  sont  à  la  face  supérieure  du  rameau  qui  doivent  se 
tordre  sur  leur  pétiole;  chez  les  Picea,  au  contraire,  comme  les  stomates  sont 
placés  seulement  à  la  face  supérieure  de  la  feuille,  ce  sont  les  feuilles  qui  sont 
à  la  face  inférieure  du  rameau  qui  subiront  la  torsion  :  comparez  en  effet  deux 
échantillons,  Lun  à’ Abies  Nordmanniana  Lindl. ,  l’autre  de  Picea  micro - 
sperma ,  qui  n’est  peut-être  qu’une  variété  du  Picea  ajanensis  S.  et  Z. 

Revenons  aux  Abies.  Les  espèces  dépourvues  de  pétiole  portent  toujours 
des  stomates  sur  la  face  supérieure;  et  l’on  peut  dire  que  plus  il  y  a  desto¬ 
mates  sur  cette  face,  moins  la  feuille  a  de  pétiole.  Dans  ce  cas  chaque  feuille 
est  perpendiculaire  sur  le  rameau  qui  la  porte. 

Caractères  extérieurs  de  la  feuille. —  Les  feuilles  des  Abies  sont  apla- 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1871 . 


377 


ties,  elles  portent  deux  bandelettes  blanches  à  la  face  inférieure,  ce  sont 
les  bandelettes  de  stomates.  Quelques  espèces,  toutes  américaines  ou  mé¬ 
diterranéennes,  présentent  des  stomates  sur  la  face  supérieure;  chez  ces 
espèces,  ainsi  que  nous  l’avons  indiqué  déjà,  le  pétiole  manque,  le  coussinet 
est  alors  un  peu  plus  saillant.  Les  stomates  sont  réunis  en  files,  et  ces  files 
rapprochées  les  unes  des  autres  forment  les  bandelettes. 

Caractères  intérieurs  de  la  feuille.  —  Passons  maintenant  à  l’étude  des 
éléments  anatomiques  de  la  feuille.  La  nervure  est  toujours  bifide  ;  toujours 
aussi  nous  rencontrons  deux  canaux  résinifères  gorgés  de  résine.  Ces  canaux 
sont  circonscrits  par  des  fibres  lisses  très-longues,  à  parois  minces,  et 
gorgées,  elles  aussi,  de  résine;  par  les  progrès  de  la  végétation,  il  semble 
que  le  contenu  de  ces  longues  fibres  lisses  se  déverse  dans  le  grand  réser¬ 
voir  qu’elles  enveloppent.  Quelquefois  ces  canaux  sont  accolés  à  l’épiderme 
de  la  face  inférieure;  parfois  ils  sont  enveloppés  de  toutes  parts  par  le 
parenchyme  rameux.  Signalons  un  dernier  élément  que  nous  aurons  souvent 
à  considérer  dans  la  distinction  des  espèces  du  genre  Abies  :  ce  sont  les  fibres 
à  parois  épaisses  qui  se  développent  généralement  sous  l’épiderme  supérieur, 
sur  les  bords  de  la  feuille,  au-dessus  et  au-dessous  de  la  nervure.  Ces  fibres, 
qui  ressemblent  beaucoup  aux  fibres  libériennes,  se  développent  aussi  quel- 
quefois  dans  le  parenchyme  rameux,  et  l’on  peut  alors  suivre  l’un  de  ces  élé¬ 
ments  à  travers  les  méats  intercellulaires  du  parenchyme  à  des  distances  con¬ 
sidérables  ;  toujours  alors  ces  éléments  sont  parallèles  à  la  nervure.  Les 
fibres  à  parois  épaisses  sont  tantôt  isolées, 'tantôt  réunies  en  faisceaux  plus  ou 
moins  volumineux. 

Il  entre  trois  paires  de  cellules  dans  la  constitution  de  chaque  stomate. 

Nous  venons  de  voir  les  caractères  des  Abies  proprement  dits  ;  mais,  ce 
point  acquis,  grand  fut  notre  embarras  en  présence  d’opinions  très-différentes 
émises  par  les  botanistes  au  sujet  des  limites  des  genres  du  groupe  des  Abié- 
tinées  :  les  uns  séparant  les  Abies ,  les  Picea,  les  Tsuga,  les  Cedrus ,  les  La- 
rix  ;  tandis  que  d’autres  ne  font  qu’un  seul  genre  de  la  tribu  entière  qu’ils 
désignent  sous  le  nom  de  Pinus.  C’est  alors  que  nous  avons  entrepris  une 
série  de  recherches  pour  savoir  si,  en  dehors  des  caractères  empruntés 
aux  organes  de  la  fructification,  on  pourrait  en  trouver  d’autres  justifiant  les 
anciennes  divisions. 

Frappé  tout  d’abord  du  port  particulier  des  Abies ,  des  Tsuga ,  des  Picea , 
c’est  par  ces  trois  genres  que  nous  avons  commencé  notre  étude.  Une 
feuille  d Abies  étant  donnée,  était-il  possible  de  la  distinguer  de  celles 
qui  appartiennent  aux  Tsuga  et  aux  Picea  ?  Pour  plus  de  simplicité,  indiquons 
seulement  les  caractères  généraux  des  feuilles  de  ces  trois  genres. 

Les  feuilles  des  Abies  sont  aplaties,  à  nervure  bifide,  avec  deux  canaux 
résinifères  marginaux.  Les  stomates  sont  localisés  dans  deux  bandelettes  pla¬ 
cées  à  la  face  inférieure  de  la  feuille.  Chaque  stomate  est  formé  par  trois 
paires  de  cellules. 


378 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Les  feuilles  des  Tsuga  sont  aplaties,  à  nervure  simple,  avec  un  seul  canal 
résinifère  situé  sous  la  nervure.  Les  stomates  sont  localisés  dans  deux  bande¬ 
lettes  placées  à  la  face  inférieure  de  la  feuille.  Chaque  stomate  est  formé  par 
deux  paires  de  cellules. 

Les  feuilles  des  Picea  ne  sont  que  rarement  aplaties  et  dépourvues  de 
pétiole  (le  coussinet  se  tord  quand  il  y  a  lieu).  La  nervure  est  simple.  Les 
canaux  résinifères  sont  marginaux  et  épidermiques,  quand  ils  existent.  Il  y  a 
toujours  des  stomates  sur  la  face  supérieure,  quelquefois  la  face  inférieure 
en  est  absolument  dépourvue.  La  structure  du  stomate  est  la  même  que  chez 
les  Abies  proprement  dits. 

Ainsi  que  nous  venons  de  le  voir,  il  est  possible,  par  l’examen  des  élé¬ 
ments  anatomiques  d’une  feuille  d’une  espèce  quelconque  appartenant  à 
l’un  de  ces  trois  groupes,  de  déterminer  à  quel  genre  elle  appartient.  L’étude 
des  éléments  anatomiques  de  la  feuille  nous  permet  non-seulement  de  distin¬ 
guer  les  genres,  mais  encore  les  espèces.  C’est  ainsi  que  nous  avons  pu  distin¬ 
guer  l’une  de  l’autre  toutes  les  espèces  du  genre  Abies.  En  poursuivant  le 
cours  de  ces  recherches,  nous  avons  été  conduit  parfois  à  rapprocher  ou 
même  à  réunir  certaines  espèces  que  les  botanistes  éloignaient  et  séparaient 
avec  soin.  Quelquefois,  au  contraire,  nous  avons  éloigné  des  types  que  les 
pépiniéristes  surtout  avaient  confondus.  Mais  un  fait  sur  lequel  j’appellerai 
l’attention,  c’est  que  le  voyageur  qui  partirait  des  montagnes  Rocheuses,  entre 
le  30e  et  le  50e  degré  de  latitude  boréale,  traversant  les  États-Unis,  l’Europe 
méridionale,  le  nord  de  l’Afrique,  l’Asie,  le  Japon,  la  Californie,  aurait  vu, 
en  revenant  à  son  point  de  départ,  toutes  les  espèces  du  genre  Abies  dans 
l’ordre  même  où  les  place  la  classification  basée  sur  l’étude  des  éléments  ana¬ 
tomiques  de  la  feuille.  Les  Tsuga ,  les  Picea ,  les  Cedrus ,  présentent  des  faits 
du  même  ordre.  Encore  quelques  données  et  cette  étude  sera  complète.  Le 
tableau  ci-après  montre  les  différences  qui  permettent  de  distinguer  entre  elles 
les  espèces  du  genre  Abies. 

Les  feuilles  du  genre  Abies  sont  aplaties,  à  nervure  bifide  :  elles  portent 
à  la  face  inférieure  deux  bandelettes  de  stomates  ;  il  entre  trois  paires  de 
cellules  dans  la  constitution  de  chaque  stomate.  Il  y  a  toujours  deux  canaux 
résinifères. 

Les  Abies  se  divisent  en  deux  groupes,  dont  le  premier  a  deux  canaux  rési¬ 
nifères  épidermiques ,  et  le  second  deux  canaux  résinifères  non  épidermiques. 

I.  —  Canaux  résinifères  épidermiques. 

1.  Avec  stomates  à  la  face  supérieure  de  la  feuille. 

A.  grandis  Lindl.  14  files  de  stomates  à  la  face  supérieure,  10  files  de 

stomates  par  bandelette.  (Californie.) 

Reginæ  Amaiiæ  Heldr.  Douze  files  de  stomates  à  la  face  supérieure, 

7  files  de  stomates  par  bandelette.  (Grèce.) 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1871.  379 

VAbies  baborcnsis  Bail  estime  variété  de  VA.  Reginœ  Amaliæ ;  il  se  rencontre  en 
Algérie. 

A.  mimidica  f.  Quelques  stomates  (9-15)  dans  une  petite  dépression  trian¬ 
gulaire  à  l’extrémité  supérieure  de  la  feuille.  (Algérie.) 

2.  Sans  stomates  à  la  face  supérieure  de  la  feuille. 

a.  a.  îVebbiana  Lindl.  2-3  sortes  de  feuilles.  (Himalaya.) 

b.  Une  sorte  de  feuille. 

br.  7  files  de  stomates  par  bandelette. 
b\.  Épiderme  peu  épais. 
a.  Pindrow  Spach.  (Himalaya.) 

Quelques  variétés  de  VA.  Webbiana  sont  des  variétés  de  VA.  Pindrow. 

b'*.  Épiderme  épais. 

A.  ccpimionica  Loud.  La  couche  formée  par  les  fibres  à  parois  épaisses 
sous-épidermiques  est  continue.  (Céphalonie.) 

VAbies  Apollinis  Link  est  une  variété  de  VA.  cephalonica  ;  il  croît  en  Attique. 

A.  Nordmanniana  Lindl.  Les  fibres  à  parois  épaisses  forment  des  fais¬ 
ceaux  distincts  sous-épidermiques.  (Asie  Mineure.) 

VAbies  pectinata  DC.  est  une  variété  de  VA.  Nordmanniana  ;  il  croît  dans  les  Pyré¬ 
nées,  sur  les  Alpes,  au  Caucase. 

A.  ciiicîca  -j-,  Il  n’y  a  pas  de  fibres  à  parois  épaisses  sous-épidermiques. 
(Taurus.) 

b ".  Plus  de  10  files  de  stomates  par  bandelette. 

A.  bifida  S.  et  Z.  La  couche  formée  par  les  fibres  à  parois  épaisses  sous- 
épidermiques  est  continue  ;  quelques-unes  de  ces  fibres  parallèles  à  la  ner¬ 
vure  sont  dispersées  dans  le  parenchyme  rameux.  (Japon.) 

A.  bracteata  Hook.  et  Arnott.  Les  fibres  à  parois  épaisses  forment  une  cou¬ 
che  continue  sous  l’épiderme.  (Californie.) 

A.  Gordoniana  f.  Les  fibres  à  parois  épaisses  forment  une  couche  dis¬ 
continue  sous  l’épiderme.  (Vancouver.) 

IL  —  Canaux  résinifères  non  épidermiques. 

1 .  Avec  des  stomates  à  la  face  supérieure. 

a.  Pinsapo  Boiss.  12  files  de  stomates  à  la  face  supérieure,  faisceaux  de 
fibres  et  parois  épaisses  sous  l’épiderme  supérieur.  (Espagne  mérid.  ) 

A.  Frasera  Pursh.  6  files  de  stomates  à  la  face  supérieure,  faisceaux  de 
fibres  et  parois  épaisses  sous  l’épiderme  supérieur.  (Amérique.) 

VAbies  amabilis  Forbes  est  une  variété  de  VA.  Fraseri  (Amérique). 

A.  baisaniea  Michx.  2-3  files  de  stomates  à  la  face  supérieure  dans  le  sillon 
médian.  Il  n’y  a  pas  de  fibres  à  parties  épaisses  sous-épidermiques.  (Amé¬ 
rique.) 

2.  Sans  stomates  à  la  face  supérieure. 
a.  7  files  de  stomates  par  bandelette. 


380 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


A.  nephroiepis  Max.  Faisceaux  volumineux  distincts  de  fibres  à  parois 
épaisses  sous-épidermiques. 

A.  sibîrica  Ledebours.  Pas  de  fibres  à  parois  épaisses  sous  l’épiderme. 
(Altaï.) 

b.  Plus  de  7  files  de  stomates  par  bandelette. 

a.  (irma  S.  et  Z.  Les  fibres  à  parois  épaisses  forment  sous  l’épiderme  une 
couche  continue.  (Japon.) 
h’Abies  brachyphylla  est  une  variété  de  VA.  firma. 

A.  Veitch!!  f.  Les  fibres  à  parois  épaisses  forment  des  faisceaux  distincts 
sous  l’épiderme  (Japon.) 

Espèces  non  étudiées  :  A.  religiosa ,  microphylla ,  lasiocarpa ,  hirtella , 
homolepis,  holophylla ,  falcata. 

L’espèce  étudiée  sous  le  nom  de  A.nobilis  n’était  peut-être  pas  authentique. 

Nota.  —  Les  espèces  marquées  d’une  croix  sont  celles  dont  le  nom  d’auteur  est  in¬ 
connu  ou  très-douteux. 


Tableau  montrant  la  concordance  de  la  classification  précédente  avec  la 
distribution  géographique  des  espèces  du  genre  Abies. 


PREMIER 

TYPE. 

SECOND 

TYPE. 

A.  grandis . 

.  Montagnes  Rocheuses. 

A.  amabilis . 

Montagnes  Bocheuses. 

— 

{A .  Fraseri ) .  . . 

États-Unis  t  Pennsilvanio. 

A.  Reginæ  Amaliæ.  .  .  . 

Grèce. 

A.  balsamea . 

États-Unis  (  New- York. 

(A.  baborensis). . 

.  Algérie. 

A.  numidica . 

Algérie. 

A.  Pinsapo . 

Midi  de  l’Espagne. 

A.  cephalonica . 

Céphalonie. 

(A.  Apollinis?).. 

Attique. 

A.  Nordmanniana .  .  .  . 

Asie  Mineure. 

(A.  peclinala). .  . 

.  Caucase. 

A.  cilicica . 

Taurus. 

A.  Pindrow . 

Himalaya. 

A.  nephroiepis . 

Asie  centrale. 

A.  Webbiana . 

Himalaya. 

A.  sibirica . 

Altaï. 

A.  firma . 

Japon. 

A.  bifida . 

.  Japon. 

(A.  brachyphylla ) 

Japon. 

A.  Veitchii . 

Japon. 

A.  Gordoniana 
A.  bracteata  . 


Vancouver. 

Californie. 


Tableau  synoptique  pour  déterminer  rapidement  les  espèces  du  genre  Abies. 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1871. 


381 


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Canaux  resiniferes  „  &  de  faisceaux  de  flbres  é  issies  sous.éplder- 

non  epidermiques.  f  „,iqu(.s. .  A .  sibirka  Ledeb. 


382 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

M.  Cosson  présente  quelques  observations  au  sujet  delà  commu¬ 
nication  de  M.  Bertrand.  En  voyant  placer  dans  des  séries  différentes 
des  plantes  qui  sont  rapprochées  par  l’ensemble  de  leurs  caractères 
extérieurs,  il  doute  un  peu  de  la  valeur  taxonomique  des  différences 
anatomiques  constatées  par  M.  Bertrand. 

M.  Bertrand  répond  de  la  manière  suivante  : 

Les  caractères  extérieurs  des  feuilles  n’ont  aucune  valeur  dans  le  groupe 
des  Conifères,  puisque  les  rejetons  d’un  même  arbre  offrent  toutes  les  varia¬ 
tions  possibles.  Il  n’en  est  pas  de  même  des  caractères  anatomiques  :  ainsi, 
dans  le  genre  Cedrus ,  qui  offre  parfois,  sur  un  même  échantillon  dont  la  végé¬ 
tation  est  languissante,  des  feuilles  qui  semblent  appartenir  par  leurs  carac¬ 
tères  extérieurs  à  deux,  trois  et  même  quatre  espèces  distinctes  et  séparées,  la 
structure  anatomique  donne  toujours  les  mêmes  résultats. 

En  outre  YAbies  Reginœ  Amaliœ  et  VA.  Pinsapo ,  que  M.  Cosson  (d’après 
les  observations  de  M.  Boissier)  regarde  comme  très-voisins,  diffèrent  beaucoup 
l’un  de  l’autre,  même  eu  se  bornant  à  l’examen  des  caractères  extérieurs,  l’un 
ayant  ses  feuilles  couchées  sur  le  rameau,  tandis  que  l’autre  les  a  dirigées 
perpendiculairement  au  rameau. 

M.  Pérard  présente  à  la  Société  le  travail  suivant  : 

SUPPLÉMENT  DE  LOCALITÉS  POUR  LES  ESPÈCES  DE  L’ARRONDISSEMENT  DE  MONTLUÇON 
INDIQUÉES  ANTÉRIEUREMENT,  par  M.  A.  I»ÉRAlll>. 

Ceterach  offlcinarum  Willd.  —  Désertines,  sur  un  vieux  mur  au  Préau  !! 
Ncphrodium  Filix-mas  Stremp. 

Forme  lanceolalum.  —  Pennes  convergentes,  pennules  très-allongées,  dentées,  toutes 
fortement  décurrentes.  —  Env.  de  Désertines,  ravin  du  chemin  du  Mont,  bords  du  ruis¬ 
seau  !  ! 

Cette  forme  a  un  aspect  particulier  qui  la  distingue  à  priori  du  type. 

—  spinuiosuHi  Stremp.  —  Montluçon,  bois  de  la  Liaudonü  env.  d’Audes, 
marais  de  la  prairie  de  Pian  !!  Marcillat,  bois  du  Chignoux  !! 

- —  diiatatuBn. —  Env.  d’Audes,  marais  de  la  prairie  de  Pian  !!,  où  il  est  com¬ 
mun. 

Forme  dissection.  —  Pennules  de  la  moitié  sup.  de  la  fronde  déchiquetées,  comme 
rongées  en  certains  endroits.  Sores  moins  nombreux,  espacés,  généralement  plus  gros 
et  plus  éloignés  delà  nervure  médiane.  —  Env.  d’Audes,  lieux  marécageux  de  la  prai¬ 
rie  de  Piau  !!  où  cette  forme  est  assez  commune. 

Cystopteris  fragîiis  Beruh.  —  Rochers  et  broussailles  dans  les  taillis  om¬ 
bragés.  —  Granité.  — Juin-juill.  —  A  B.  dans  l’arrondissement.  — Env. 
de  Montluçon,  bords  du  Cher,  au-dessous  de  Gouttière  !!  A.C*  —  Haies  du 
chemin  qui  va  de  Traîne-Balais  au-dessus  de  Lavaux-Sainte-Anne,  après  avoir 
dépassé  le  domaine  !! 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  1871.  383 

Je  crois  l’avoir  observé  dans  les  l'entes  des  rochers  ombragés  du  ravin  du  val  du 
Diable  près  Désertines,  mais  non  fructifié  et  dans  un  état  indéterminable. 

Asplénium  Breynü  Retz.  — Rochers  du  moulin  de  la  Bique  près  du  ch⬠
teau  de  l’Ours  !!  R. 

Lomaria  Spicant  Link. —  Montluçon,  vallée  de  l’Amaron  entre  Marignon  et 
le  Roc-du-Saint,  dans  un  ravin  situé  au-dessous  du  premier  bois  de  pins  de 
la  route  des  Ferrières  !!,  où  il  est  rare  et  caché  dans  les  broussailles. — Fnv. 
de  Quinsaines,  dans  une  tourbière  de  la  prairie  de  Bodijoux,  près  de  la 
baie!!  R.  —  Marcillat,  bois  du  Chignouxü  C. 

Ramincuius  radians  Revel.  —  Batrachium  radians.  —  Bords  du  Cher, 
au-dessous  des  Varennes  !  !  C.  —  Bords  du  canal  entre  Nassigny  et  Piau  !! 
A.C. 

—  silvaticus  Thuill.  — Bois  d’Audes  !  !  taillis  au-dessus  de  l’église  de  Nas¬ 
signy  !! 

Le  R.  nemorosus  DG.,  d’après  M.  Jordan,  comprenant  maintenant  deux 
espèces,  la  plante  de  nos  contrées  (B.  nemorosus  DC.)  est  le  : 

—  Amansii  Jord.  —  B.  villosus  Saint-Amans.  — B.  nemorosus  DC.  partim. 
—  B.  nemorosus  Bor.  Fl.  centr .,  non  Schultz.  —  A.C. 

Montluçon,  bois  de  Chauvière  !!  bois  de  la  Garde  !!  Commentry,  au  Ma¬ 
rais  !!  en  v.  d’Audes,  taillis  de  la  Crête!!  Cérilly,  forêt  de  Tronçais  entre 
Maulne  et  Braise!!  Marcillat,  bois  des  Champeaux!!,  etc. 

M.  Boreau,  que  j’ai  consulté,  le  21  mars  1870,  au  sujet  des  B.  silvaticus 
Thuill.  et  B.  nemorosus  D C.,  m’a  répondu,  dans  une  de  ses  lettres,  par  la 
note  suivante  qu’il  m’a  autorisé  à  livrer  à  la  publicité  : 


Note  de  M.  Boreau 

sur  les  R.  silvaticus  Thuill .,  R.  nemorosus  DC .,  R.  tuberosus  Lapeyr. 

Lorsque  De  Candolle,  dans  son  Systema ,  a  rapporté  le  Ranunculus  silvati¬ 
cus  de  Thuillier  au  groupe  acer ,  il  avait  sous  les  yeux  un  exemplaire  de  l’auteur, 
comme  il  l’indique  par  le  !.  J’en  avais  également  un  lorsque  j’ai  rédigé  la  des¬ 
cription  insérée  dans  les  addenda  de  la  Flore  du  centre.  Il  n’y  a  donc  pour  moi 
aucun  doute  sur  l’identité  de  la  plante  de  Thuillier  ;  les  paroles  de  l’auteur  : 
«  Feuilles  divisées  en  trois  grands  lobes  irrégulièrement  découpés  en  5  à  7  divi¬ 
sions  aiguës  et  moins  profondes  »  ne  peuvent  s’appliquer  au  B.  nemorosus ,  et 
conviennent  au  contraire  à  la  plante  que  j’ai  décrite  et  dont  les  stigmates  sont 
crochus  plus  que  dans  toutes  les  formes  connues  sous  le  nom  d 'acer.  C’est 
donc  certainement  une  erreur  de  rapporter  la  plante  de  Thuillier  au  B.  ne¬ 
morosus,  qui,  du  reste,  n’était  pas  connu  à  Paris  de  son  temps,  n’ayant  été 
découvert  par  Maire,  à  Sainte-Geneviève  près  Corbeil,  que  depuis  1830. 

Le  R.  nemorosus  de  la  Flore  du  centre  est  certainement  l’espèce  de 
De  Candolle,  mais  il  l’a  composée  de  deux  formes  :  l’une,  répandue  dans  le  Midi 
et  l’Ouest  (c’est  la  plante  de  Sainte-Geneviève),  est  nommée  par  M.  Jordan 


384  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

R.  Amansii  (R.  villosus  Saint-Amans)  ;  l’autre,  plus  spéciale  à  la  région  de 
l’Est,  est  le  R.  nemorosus  de  Schultz  et  de  quelques  autres  auteurs  ;  son  aspect 
est  en  effet  différent,  mais  ses  différences  sont  difficiles  à  exprimer.  Le 
R.  Amansii  existe  dans  l’herbier  de  Lapeyrouse  sous  le  nom  de  R.  tuberosus , 
mais  on  sait  qu’il  n’y  a  aucune  certitude  à  espérer  de  cet  herbier.  Je  regarde 
comme  R.  tuberosus  Lapeyr.  une  plante  répandue  dans  les  jardins  botaniques, 
dont  la  souche  est  très-épaisse  et  qui  répond  bien  à  la  description  que 
De  Candolle  a  donnée  dans  le  Systema  d’après  un  exemplaire  de  fauteur.  C’est 
aussi  l’avis  de  M.  Jordan,  qui,  à  la  page  75  de  ses  Diagnoses,  a  très-bien 
exposé  la  question.  Je  pense  donc  qu’on  a  très-mal  à  propos  embrouillé  l’his¬ 
toire  de  ces  plantes,  sous  le  prétexte  de  la  recherche  des  noms  princeps ,  recher¬ 
che  dont  on  a,  dans  ces  derniers  temps,  abusé  d’une  manière  puérile,  car  je 
pourrais  démontrer  que  la  plupart  des  changements  de  noms  proposés  récem¬ 
ment  ne  soutiennent  pas  un  examen  sérieux.  Mon  R.  nemorosus  è tait,  du  reste, 
le  R.  lanuginosus  de  Lapeyrouse,  de  Dubois,  de  Bastard,  de  Desvaux,  de 
Guépin  (édit.  1)  et  de  la  plupart  des  botanistes  français  qui  ne  connaissaient 
pas  la  plante  des  Alpes. 

Caltha  palustris  L. 

Forme  aurata.  —  Plante  intermédiaire  entre  les  C.  palustris  et  Guerangerii  Bor.  — 
Elle  a  les  fleurs  d’un  jaune  d’or  de  ce  dernier,  mais  les  pétales  ne  sont  pas  distants  à  la 
base  et  les  fleurs  sont  de  moitié  plus  petites,  ce  qui  fait  que  je  l’avais  prise  pour  le 
C.  flabellifolia  Pursh,  Bor.  Fl.  cenir.  —  Prairies  des  environs  de  Quinsaines  !  !  où  elle  n’est 
pas  rare. 

On  trouve  aussi,  dans  cette  dernière  localité,  la  forme  pseudo-pellata ,  mentionnée 
déjà  plus  haut. 

isopyrum  thaiictroides  L.  —  Montluçon,  bois  de  la  Brosse  ou  de  l’Allée, 
dans  les  taillis,  au  bord  du  ruisseau!!  C. ;  taillis  au-dessous  de  la  ferme 
de  Saint-Genest,  rive  droite  du  Cher!!  bois  de  la  Garde,  entre  le  château 
de  l’Ours  et  Lignerolles  !! 

CorydiiiHs  soiîda  Sm.  —  Env.  de  Thizon,  haies  du  chemin  de  Nafourü 
Marcillat  ( D'  E .  Duché). 

Fumarîa  parviflora  Lamk.  — Commun  dans  les  vignes  de  Désertines,  de 
Marmignolles  et  de  Chézelles  jusqu’aux  Varennes  !! 

Nasturtium  officinale  R.  Br.  —  Forme  parvi folium.  —  N.  microphyl - 
lum  Bœnningh.  ?  —  Marais  des  bords  du  Cher,  au-dessous  des  Varennes  !!, 

—  pyrenalcum  R.  Br.  — Roripa  pyrenaica  Spach.  —  Très-commun  sur 
les  bords  du  canal.  —  Saint- Victor,  Eslivareilles,  Reugny,  Piau,  etc. 

Barbarea  rivnlaris  Martr.  Don. — Bords  du  canal;  env.  de  Piau,  Nas- 
signyü  champs  près  de  l’étang  de  Passât!! — Moulins-sur- Allier  (Avisant). 
Cardaminc  hirsuta  L.  — Montluçon,  bords  du  Cher  après  le  moulin  de  la 
Rivière!!  G.  —  Ruisseaux  des  montagnes,  entre  le  Mont  et  Désertines  !!  C. 

—  silvatica  Link.  —  Ravin  de  Gouttière  !!  C.  —  Env.  d’Audes,  lieux  maré¬ 
cageux  de  la  prairie  de  Piau  !  ! 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBKE  1871. 


385 


Cardatninc  Impatiens  L.  —  Bords  du  Cher  en  bas  du  bois  de  Chau- 
vièreü  C.;  bords  du  Cher,  rive  droite,  entre  Gouttière  et  Saint-Genest  !! 
env.  d’Audes,  taillis  de  la  Crête!! 

Lcpidium  Smithii  Ilook.  —  Montluçon,  avenue  du  parc  du  château  de 
Bisseretü  alluvions  du  Cher  sous  Saint-Jean!!  ruisseau  de  la  Brosse!! 
Quinsaines,  près  de  Le  Méryet  de  Bodijouxü  env.  d’Audes!!  route  de  la 
Chapelaude,  près  de  Montluçon  !!,  etc. 

Heilantiiemum  guttatum  Mill.  —  Commun  dans  le  bois  d’Audes!!  env.  de 
Montluçon,  champs  sablonneux  entre  Terre-Neuve  et  l’Abbaye  !!  observé 
deux  pieds,  rive  gauche  du  Cher,  sur  les  coteaux  arides,  en  haut  du  bois  de 
Charnière!! 

Polygaia caicarea  Schultz. — Commun  sur  le  plateau  calcaire  de  l’Abbaye  !ï 
où  il  varie  à  fleurs  blanches  ou  rosées. 

—  sterpyliacea  Weihe.  —  Env.  de  Quinsaines,  tourbières  du  bois  de  Bodi- 
joux  et  ruisseau  tourbeux  au-dessus  de  Le  Méry  !!  A.C. 

Ccrastium  pumilum  Curtis.  —  Lieux  sablonneux. —  Pelouses  des  chemins 
aux  Yarennes,  à  Saint-Victor  et  à  Nafourü  montagnes  arides,  vallée  de 
l’Amaron,  au  Roc-du-Saint  !!,  etc. 

—  obscnrum  Chaub.  —  C.  glutinosum  Fries.  —  Forme  C.  pallens  Schultz. 
—  Plante  naine,  bractées  plus  scarieuses.  —  Montluçon,  talus  sablonneux 
aux  Nicaudsü,  etc. 

Sur  les  montagnes  arides,  on  rencontre  assez  souvent  une  forme  naine  du  C.  glome - 
ralum  Thuill. 

Spcrguia  Morisonii  Bor.  —  Vallée  de  l’Amaron!!  Désertines,  au  val  du 

Diable!!  le  Tbizon  !!  ruisseau  de  la  Brosse!!  Quinsaines!!  Lignerolles, 

bords  du  Cher  !!  Néris  !!  Marcillat,  rochers  des  bords  du  Buron. 

Cette  espèce,  que  l’on  rencontre  assez  souvent  sur  les  rochers  secs  ou  sur  les  monta¬ 
gnes  arides  et  granitiques,  paraît  plus  commune  dans  nos  contrées  que  le  S.  pentan- 
dra  L.,  que  j’ai  observé  généralement  dans  les  terrains  sablonneux  des  alluvions  du 
Cher  et  plus  rarement  sur  les  montagnes.  —  On  distinguera  le  S.  Morisonii  à  ses  graines 
bordées  d’une  membrane  rousse  et  munies  d’un  petit  pédicelle,  très-apparent  dans  la 
plupart,  à  la  maturité. 

Mœnchîa  erecta  Fl.  Wett.  —  Commun  sur  les  pelouses  des  montagnes  gra¬ 
nitiques  arides. —  Vallées  de  l’Amaron  et  de  Néris!!  Quinsaines!!  le 
Thizon  !!  Désertines,  au  val  du  Diable  !!  env.  de  Lignerolles,  bords  du  Cher, 
Saint-Genest!!,  etc. 

Oxatis  Acetoseiia L.—  Gorge  de  Thizon  !!  bois  de  Bloux  près  de  Néris!! 

ravin  de  Gouttière  !!  Marcillat,  bois  des  Champeaux  !! 

Trifolium  ochroieucum  L.  —  Env.  de  Montluçon,  prairies  du  Montais  et 
de  Passât  !! 

—  subterraneum  L.  —  Commun  sur  les  montagnes  arides.  —  Désertines, 
au  val  du  Diable  !!  Audes,  près  de  la  Crête!!  montagnes  du  ravin  de  Gout¬ 
tière!!  gorge  de  Thizon!!  coteaux  entre  Passât  et  la  fontaine  d’Argen- 
tière  !!,  etc. 

T.  XVIII. 


(SEANCES)  25 


386  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Astragains  gijcypiiyiios  L.  —  Bords  du  canal,  Magnette,  Piau  !!,  etc. 

Coronîiia  varia  L.  —  Champs  argilo-calcaires  aux  environs  de  l’étang  de 
Passât  !!  C. 

vicia  lutca  L.  —  Pelouses  arides  des  rochers  entre  Lavaux-Sainte-Anne  et 
le  moulin  Chapelot  !î  le  Chatelard  !! 

Lathyrus  anguiatns  L.  —  Ravin  de  Gouttière,  bords  de  la  route!!  talus 
de  la  route  du  Chatelard!! 

Comarum  palustre  L.  —  Montluçon,  lieux  tourbeux  de  l’étang  de  la 
Brosse!!  AC. ,  mais  abordable  seulement  dans  les  années  de  sécheresse.  — 
Env.  de  Marcillat,  étang  de  la  Romagère  !!,  où  il  est  commun. 

itosa  Lcninnü  Bor.  —  Haies  des  environs  du  Montais,  près  de  Montluçon  !! 

—  tomentclia  Léman.  —  Env.  d’Audes,  baies  du  Peux  !!  Goutelle,  baies  de 
l’avenue  du  château  de  Gouttière  !! 

Cratægus  ov^acantiioides  Tbuill.  —  Montluçon,  chemin  de  Montgacher  à 
Désertines  !!  ;  env.  de  la  Chapelaude,  bords  de  la  route  des  Couteaux  !!,  etc. 

On  rencontre,  cultivés  aux  environs  d’Audes,  les  Sorbus  torminalis  et  Cormus  clomes- 

lica  Spach. 

Epiiohium  tctragomim  L.  —  Env.  d’Audes  !!  Cérillv,  Saint-Bonnet-lc- 
Désert,  etc. 

Sedum  recurvatum  Willd.  — Alluvions  granitiques  du  Cher!!  env.  de 
Désertines  et  de  Marmignolles  !!  rochers  du  Gourre-du-Puy  !!,  etc. 

—  granit  leu m  (sp.  uov.).  —  Alluvions  et  rochers  granitiques  des  bords 
du  Cher  dans  les  environs  de  Montluçon  !! 

Ilelosciadiuin  imindatum  Kocll. 

Forme  terrestre.  —  Plante  croissant  sur  les  grèves  asséchées  du  petit  étang  de 

Chamblet  !  ! 

Com» podium  dciiudatum  Koch.  — Env.  de  Quinsaities,  bois  près  de  Bodi- 
joux!!  A.C. ;  bords  du  Cher  dans  le  bas  du  bois  de  Chauvièrc  !!  C.;  Bateau 
du  Mas,  à  Saint- Marien  !! 

Torilis  helvetlca  Gmel.  —  Deux  formes  dans  notre  contrée  : 

Forme  a.  divaricata  Bor.  Fl.  centr.  éd.  3.  —  Tige  peu  élevée,  diffuse,  à  rameaux 
divariqués.  —  A.C.  —  Domérat,  Couraud,  Désertines  !!,  etc. 

—  b.  anthriscoides  Bor.  Fl.  centr.  éd.  3.  —  Tige  assez  haute,  à  rameaux  re¬ 

dressés.  —  C.  dans  les  haies  et  les  broussailles. 

idoxa  ftioschateiiina  L.  —  A.C.  —  Bords  du  ruisseau  du  bois  de  la  Liau  - 
don!!  C.;  Désertines*  env.  delà  fontaine  du  Préau!!  ravin  de  Gouttière  !! 
ravin  et  bois  de  Bloux  près  Nérisü,  etc. 

Valeriana  officinalis  L. 

Forme  silvestris ;  feuilles  et  rameaux  florifères  ternes.  —  Marcillat,  clairières  du 
bois  des  Champeaux. 

—  paluslris  paraît  beaucoup  plus  Commune  dans  notre  contrée. 

lürigeron  accr  L.  —  Montluçon,,  coteau  calcaire  de  l’Abbaye!!  colline  cal¬ 
caire  entre  la  Châtre  et  Vcrneixü  env.  d’Audes,  monticule  calcaire  de 
Piau,  au  bord  du  canal  !! 


SÉANCE  DU  8  DÉCEMBRE  .1871. 


‘>01-7 

00/ 

Anthémis  Cot nia  L. —Forme  grandifiora.  —  Fleurs  à  peu  près  aussi  grandes 

que  celles  du  Leucanthemum  vulgare  (type).  —  Montluçon,  sommet  du 

Chatelard  !!  dans  les  endroits  humides,  où  elle  est  très-rare. 

Le  Leucanthemum  vulgare  var.  nanum  (Nob.)  croît  en  abondance  sur  le  plateau 
calcaire  de  l’Abbaye,  où  je  l’ai  recueilli  encore  cette  année  dans  le  môme  état.  Cette 
forme  curieuse,  à  tige  grêle,  basse,  dressée,  fleurs  très-petites,  se  montre  toujours  iden¬ 
tique  depuis  quelques  années  :  an  species  nova?  ( L.parvulum ). 

Le  Gnaphalium  pilulare  Whlbg  croît  sur  les  alluvions  humides  du  Cher,  le  G.  luteo- 
album  y  est  plus  rare  ;  il  est  commun  à  l’étang  de  Passât  !! 

Centaurca  serotina  Bor,  —  Talus,  bords  des  chemins  et  des  routes.  — 
Commun. 

—  pratensis  Thuill.  —  Bords  du  Cher;  Bateau  du  Mas  !!  C. 

Scabîosa  L.  —  Env.  d’Audes,  monticule  calcaire  de  Piau  !!  A.C. 

Cirsium  angiiciiin  DC.  —  Prairies  de  VerneixÜ  bois  d’Àudesü  Marcillat., 
prairie  de  la  Romagère  !!,  etc. 

—  acauic  Ail.  —  Lisière  du  bois  de  la  Brosse,  du  côté  de  l’étang  !!  coteau 
calcaire  entre  la  Châtre  et  Verneix  !!  C.  ;  env.  de  l’étang  de  Passai  !! 

Scrratula  tinctoria  L.  —  Montluçon,  à  l’Abbaye!!  ruisseau  du  bois  de  la 
Brosse!!  bois  de  Douguistre  ou  d’Anguitteü  la  Châtre!!  bois  d’Audes!!  C., 
env.  de  Bizeneuille  !!,  etc. 

Ariioscris  publia  Gærtn.  —  Parc  du  château  du  Mont!!  Désertines,  monta¬ 
gnes  arides  du  val  du  Diable!!  montagnes  de  Chatelard  et  de  la  vallée  de 
l’Amaronü  env.  de  Marcillat,  moissons  près  de  Fougères!!,  etc. 
Tragopogon  pratensis  L.  —  Forma.  —  T.  oricntalis  L.  ?  —  Prairies  des 
Trillers,  au  bord  du  canal!! 

Cette  forme  a  les  feuilles  élargies  à  la  base  et  les  folioles  de  l’involucre  égalant  les 
fleurs,  caractères  que  j’ai  observés  également  dans  le  T.  pratensis  type.  Elle  ne  diffère 
que  par  ses  feuilles  à  pointe  tortillée-enroulée. 

J’ai  cherché  vainement  cette  année,  sur  les  talus  de  la  fontaine  d’Argentière,  le 
Podospermum  laciniatum  DC.,  que  j’avais  récolté  en  1860  avec  M.  Jamet.  Je  crains  que 
cette  espèce,  rare  dans  nos  contrées,  n’ait  disparu  par  suite  des  travaux  exécutés  autour 
de  cette  fontaine  minérale  depuis  plusieurs  années. 

Crépis  taraxacifolia  Thuill.  —  Assez  commun  dans  les  prairies  humides 
avec  le  C.  biennis  L.  —  Montluçon,  Désertines,  Audes,  les  Trillers,  etc. 

—  fœtàda  L.  —  Commun  sur  les  sables  et  graviers  des  alluvions  du 
Cher  !  ! 

Ilicraciiim  S*iiosclla  L. 

Forme  majus.  —  Rejets  très^allongés  ;  tiges  dressées,  élevées  ;  feuilles  d’un  vert  foncé 
en  dessus,  blanchâtres  en  dessous.  Montluçon,  bords  de  la  route  en  haut  du  Chatelard  !! 

—  acumiiiatiim  Joi’d.  —  Çà  et  là  dans  le  bois  d’Audes!! 

—  nemophiium  Jord.  —  Taillis  entre  Audes  et  le  château  de  la  Crête  !! 

—  siiuiiatum  Jord.  —  Talus  du  chemin  au-dessus  de  Lavaux-Sainte-Anne 
et  qui  va  à  Traîne-Balais!!  Marcillat,  rochers  de  la  route  de  Saint-Par- 
doux ! ! 

—  ovaii folium  Jord.  —  Bateau  du  Mas,  rochers  cl  taillis  en  allant  à  Saint* 
Marien  !  ! 


388  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Hieraciam  hounopiiiiuni  Jord.  —  Désertines ,  rochers  de  la  gorge  du 
val  du  Diable  !! 

—  prnsinifolium  Jord,  —  Talus  du  chemin  au-dessus  de  Lavaux-Sainte- 
Anne  et  qui  va  à  Traîne-Balais!! 

—  rarlnævum  Jord.  — C.  — Montluçon,  lisière  du  bois  de  la  Liaudonü 
bois  de  Chauvière  !!  ravin  de  Gouttière  !!  Marcillat,  talus  et  rochers  de  la 
route  de  Saint-Pardoux  !  !  C. 

—  siivivagum  Jord.  —  Taillis  au-dessus  de  l’église  de  Nassigny,  près 
d’Audes  !! 

Jasionc  montana  L. 

Forme  nana. —  Très-petite  plante,  haute  de  1  à  2  centim. ;  pas  de  capitule;  tige 
uniflore.  — Coteaux  arides  aux  erivirons  de  Montluçon  !!  R. 

Phyteuma  spicatum  L.  — A.C.  — Bois  de  Chauvière!!  bois  d’Audes!! 
bois  et  ravin  entre  la  Châtre  et  Verneixü  Marcillat,  bois  du  Chignoux  !! 
Forme  cœruleum.  —  Bois  de  Bodijoux  près  de  Quinsaines  !!  A.C. 

Campanuia  persicifoiia  L.  —  Ravin  de  Gouttière  !  !  bords  du  Cher,  Bateau 
du  Mas!!,  etc. 

—  patuia  L.  —  Montluçon,  bois  de  la  Liaudonü  vallée  de  l’Amaron  !! 
bords  du  Cher,  Bateau  du  Mas  !!,  etc. 

Cicendia  pusiila  Griseb.  —  Fleurs  d’un  jaune  pâle  (type). 

Sous-variété  C.  Candollei  Bast.  —  Fleurs  roses.  —  Cosne,  étang  des  Landes. 

La  plante  de  l’étang  des  Landes,  près  de  Cosne,  a  les  fleurs  roses,  tandis  que  le  type 
a  les  fleurs  d’un  jaune  pâle.  C’est  la  seule  différence  que  j’aie  pu  constater  entre  ces  deux 
plantes,  considérées  comme  espèces  distinctes  par  quelques  auteurs  dans  des  Catalogues 
raisonnés.  Je  les  ai  rencontrées  aussi  robustes  et  toutes  deux  avec  des  rameaux  divari- 
qués;  de  plus,  elles  sont  rameuses  également  dès  le  collet  et  tout  le  long  de  la  tige.  Ces 
caractères  n’ont  donc  pas  de  valeur,  et  je  pense,  avec  M.  Bureau  Fl.  centr.  éd.  3,  que 
l’on  ne  peut  en  faire  deux  espèces,  le  C.  Candollei  n’étant  tout  au  plus  qu’une  sous- 
variété. 

Puimonaria  nfflnis  Jord.  —  Bois  de  Chauvière  ü  coteaux  boisés  avant 
Lavaux-Sainte-Ànne  !!  ravin  de  Gouttière  !! 

—  saccharata  Mill.  —  Néris,  bois  de  Boux  !!  bois  de  Lavaux-Sainte-Anne!! 
Allier ,  Cusset,  bords  du  Sichonü 

Verbascum  Biattaria  L.  —  Lieux  argileux.  —  Champs  autour  de  l’étang 
de  Passât  !!  A.C. 

Thymus  Serpyllum  L. 

Forme  vilosulus.  —  Feuilles  bordées  de  cils  longs  et  nombreux.  —  A. R. _ Déser- 

tines,  rochers  humides  de  la  gorge  du  val  du  Diable!! 

Polycncmum  pumltum  Hoppe  Bot.  Taschenb.  1791,  t.  I.  —  Port  du 
P.  majus  A.  Br.,  dont  il  diffère  par  ses  feuilles  plus  courtes  et  par  ses 
bractées  et  ses  fruits  un  peu  plus  courts  que  le  calice.  La  longueur  des  liges 
dressées  ou  couchées,  simples  ou  rameuses ,  varie  dans  la  forme  plus 
robuste  des  montagnes  de  Désertines. 

Le  P.  majus  A.  Br.,  dont  j’ai  vu  un  échantillon  type  de  l’auteur  dans  l’IierLiier  de 
M.  Cosson,  a  les  tiges  allongées,  rameuses,  les  feuilles  roides,  longues,  et  le  fruit 


SÉANCE  DU  *2*2  DÉCEMBRE  1871. 


389 


dépassant  sensiblement  le  calice.  Quant  au  P.  verrucosum  Lange,  DC.  Prodr.,  herb. 
Moq.-Tand.!,  il  me  semble  différer  totalement  des  Polycnemum  que  j’ai  pu  observer  dans 
le  Centre,  et  très-distinct  par  ses  feuilles  courtes  apprimées ,  par  ses  fleurs  et  ses  fruits 
plus  petits. 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1871. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  GERMAIN  DE  SAINT-PIERRE. 

M.  Larcher,  vice-secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de 
la  séance  du  8  décembre,  dont  la  rédaction  est  adoptée. 

M.  de  Schœnefeld,  secrétaire  général,  encore  gravement  indis¬ 
posé  et  qui  n’a  pu  se  rendre  ni  aux  séances  de  novembre,  ni  à  celle 
du  8  décembre,  fait  de  nouveau  présenter  ses  excuses. 

Par  suite  de  la  présentation  faite  dans  la  dernière  séance, 
M.  le  Président  proclame  l’admission  de  : 

M.  Borel  (J.),  professeur  au  collège  de  Gap,  présenté  par 
MM.  Verlot  et  Burle. 

M.  le  comte  Jaubert,  ancien  président  de  la  Société,  demande  la 
parole  et  s’exprime  en  ces  termes  : 

Messieurs, 

Un  honneur  insigne  est  sur  le  point  d’être  accordé  à  la  Société  botanique 
de  France,  et  je  me  félicite  d’être  le  premier  à  lui  en  donner  la  bonne  nou¬ 
velle. 

Aujourd’hui  même  j’ai  été  admis  à  présenter  mes  hommages  à  S.  M.  l’Em¬ 
pereur  du  Brésil,  protecteur  éclairé  des  sciences,  des  lettres  et  des  arts,  véri¬ 
tablement  savant  lui-même,  et  possédant  une  connaissance  parfaite  de  la 
langue  française,  qu’il  a  approfondie  jusques  et  y  compris  l’étude  de  nos 
idiomes  provinciaux. 

C’est  à  cette  particularité  remarquable,  et  à  la  publication  de  mon  Glossaire 
du  centre  de  la  France ,  que  j’ai  dû,  il  y  a  quelques  années,  la  faveur  inat¬ 
tendue  d’un  grade  supérieur  dans  l’ordre  impérial  de  la  Rose,  fondé  en  1829 
par  l’empereur  Dom  Pedro  Ier,  et  dont  l’emblème,  emprunté  à  l’un  des  plus 
beaux  types  du  règne  végétal,  rend  cette  distinction  doublement  précieuse 
pour  un  botaniste. 

Notre  science,  Messieurs,  est  familière  à  l’Empereur;  il  ne  la  cultive  pas 
seulement  en  amateur,  mais  en  véritable  adepte.  Sa  récente  visite  au  Muséum 
a  donné  la  mesure  de  ses  connaissances  en  histoire  naturelle,  dont  la  variété 


390 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

et  l’étendue  ont  frappé  ceux  de  nos  maîtres  qui  lui  servaient  de  guides  dans 
notre  grand  établissement  scientifique. 

Vous  apprendrez  tous,  Messieurs,  avec  un  vif  sentiment  de  satisfaction  et 
de  reconnaissance,  que  Sa  Majesté  a  bien  voulu  témoigner  l'intention  d’assis¬ 
ter,  dans  un  très-bref  délai,  à  une  séance  de  notre  Société. 

En  conséquence,  et  par  anticipation  sur  notre  date  réglementaire  du 
12  janvier,  j’ai  L'honneur  de  proposer  à  la  Société: 

1°  De  tenir  très-prochainement  une  séance  extraordinaire  ,  afin  de 
répondre  aux  intentions  de  l’Empereur,  si  flatteuses  pour  noire  institution, 
si  encourageantes  pour  nos  travaux  ; 

2°  De  nommer  immédiatement  une  Commission  qui  sera  chargée  d’orga¬ 
niser  ladite  séance,  et  de  prendre  les  ordres  de  Sa  Majesté  pour  la  fixation 
du  jour  et  de  l’heure. 

La  Société  accueille  avec  enthousiasme  l’heureuse  nouvelle  ap¬ 
portée  par  M.  le  comte  Jaubert,  et  s’empresse  d’adopter  les  propo¬ 
sitions  qu’il  vient  de  lui  soumettre.  Une  Commission  est  nommée  sur- 
le-champ  et  composée  ainsi  qu’il  suit  :  MM.  Édouard  Bureau, 
Germain  de  Saint-Pierre,  le  comte  Jaubert,  Lasègue,  Gustave  Plan- 
chon,  et  W.  de  Schœnefeld  (1). 

M.  le  Président  annonce  à  la  Société  la  mort  regrettable  de 
M.  Césaire  Gouville,  l’un  de  ses  membres,  décédé  à  Garentan, 
en  avril  dernier  (2),  et  la  perte  profondément  douloureuse  que  la 
science  vient  de  faire  dans  la  personne  d’un  des  premiers  phyco- 
logues  de  France,  M.  René  Lenormand,  décédé  à  Vire,  le  11  dé¬ 
cembre  courant. 

M.  Roze,  vice-président,  donne  lecture  d’une  lettre  adressée  à 
cette  occasion  à  la  Société  par  M.  le  docteur  Roussel,  et  du  discours 
prononcé  par  M.  Moriôre,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de 
Caen,  aux  funérailles  de  M.  Lenormand  : 

DISCOURS  DE  M.  3BORIÈRE. 

Messieurs, 

Une  mort  qui,  tout  en  étant  redoutée  depuis  quelque  temps,  nous  a  néan¬ 
moins  surpris  comme  un  coup  de  foudre,  vient  d’enlever  à  la  science,  —  à  un 
grand  nombre  d’Académies  nationales  et  étrangères,  —  à  une  famille  éplorée, 
—  à  ses  nombreux  amis,  un  des  botanistes  contemporains  les  plus  distingués 

(1)  La  Commission  s’est  depuis  adjoint  M.  Al.  Pérard,  comme  membre  auxiliaire. 

(2)  La  nouvelle  de  la  mort  de  M.  Gouville  n’est  parvenue  que  tout  récemment  au 
secrétariat. 


391 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  187.1. 

et  les  plus  connus,  un  de  ces  hommes  qui  ont  le  privilège  de  ne  jamais  vieillir 
sous  le  rapport  du  cœur  et  de  l’esprit.  M.  René  Lenormand  s’est  éteint  le 
11  décembre,  malgré  les  efforts  de  la  science  et  de  l’amitié  pour  retenir  une 
vie  si  précieuse. 

Qu’il  soit  permis  au  secrétaire  de  la  Société  Linnéenne  de  Normandie,  qui 
avait  l’honneur  de  le  compter  au  nombre  de  ses  membres  depuis  longues 
années,  de  rendre  au  collègue  un  dernier  hommage!  Qu’il  soit  permis,  sur¬ 
tout,  à  l’ami  de  prononcer  un  suprême  adieu  ! 

Multis  ille  bonis  flebilis  occidit 
Nulli  flebilior  quam  mihi  ! 

Né  à  Condé-sur-Noireau,  en  1796,  René  Lenormand,  après  avoir  fait  de 
solides  études  au  collège  de  Vire,  vint  suivre  les  cours  de  Droit  de  la  Faculté 
de  Caen.  Ce  fut  dans  cette  ville  qu’auditeur  assidu  du  cours  de  Lamouroux, 
il  s’éprit  d’une  véritable  passion  pour  l’étude  des  plantes.  Quelques  années 
plus  tard,  il  forma  dans  la  ville  de  Vire,  avec  les  Despréaux,  les  Delise,  les 
Dubourg-d’Isigny,  les  Chauvin,  les  Pelvet,  cette  pléiade  de  botanistes,  qui 
ne  se  rencontrait  dans  aucune  autre  ville  de  la  Normandie. 

René  Lenormand  fit  d’abord  de  nombreuses  excursions  dans  notre  province,, 
qui  lui  procurèrent  les  premiers  éléments  de  son  immense  herbier.  Bientôt  il 
entra  en  correspondance  avec  les  principaux  botanistes  de  la  France  et  de 

9 

l’étranger,  et  de  nombreux  échanges  de  plantes  ajoutèrent  de  nouveaux  maté¬ 
riaux  à  ceux  qu’il  avait  déjà  réunis. 

Pendant  plus  de  cinquante  années,  notre  collègue  a  développé  une  activité 
extraordinaire.  —  Appréciant  parfaitement  tous  les  avantages  que  l’on  peut 
retirer  d’un  emploi  régulier  du  temps,  il  avait  pris  l’habitude  de  consacrer 
les  premières  heures  de  la  journée,  qui  commençait  pour  lui  souvent  avant 
cinq  heures  du  matin,  à  s’occuper  de  sa  nombreuse  correspondance,  et  tout 
le  reste  du  jour  était  employé  à  examiner  des  plantes  qu’il  recevait  de  tous  les 
points  du  globe,  ou  bien  à  préparer  les  envois  qu’il  faisait  aux  botanistes  du 
monde  entier.  L’ermitage  de  Lénaudières  a  été,  pendant  ces  cinquante  années, 
le  rendez-vous  des  savants  qui  venaient  consulter  l’herbier  de  notre  collègue, 
—  puiser  dans  son  érudition,  dans  sa  profonde  connaissance  des  plantes,  de 
précieux  renseignements,  —  et  qui  repartaient  émerveillés  des  richesses 
végétales  qu’ils  avaient  vues  et  de  l’aménité  parfaite  avec  laquelle  ils  avaient 
été  reçus. 

M.  René  Lenormand  réservait  un  accueil  aussi  bienveillant  aux  élèves 
qu’aux  maîtres.  Plus  d’un  botaniste,  qui  occupe  aujourd’hui  une  position 
élevée  dans  la  science,  doit  ce  résultat  à  l’hospitalité  si  affectueuse  qu’il  avait 
reçue  à  Lénaudières, —aux  encouragements  dont  ses  premières  recherches 
avaient  été  l’objet.  Que  de  fois  les  botanistes  de  tous  les  pays  ont  eu  recours 
à  la  bibliothèque  et  à  l’herbier  de  notre  ami  !  Que  d’auteurs  lui  ont  dû  de  pré- 


392  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

deux  matériaux  qu’il  s’empressait  de  mettre  à  leur  disposition!  D’une  géné¬ 
rosité  en  quelque  sorte  instinctive,  on  le  trouvait  toujours  disposé  à  donner 
de  nombreux  échantillons  de  ses  chères  plantes,  quand  il  croyait  que  cette 
libéralité  pouvait  être  utile  à  la  science  ou  aux  jeunes  gens  qui  voulaient  de¬ 
venir  des  botanistes. 

Lorsque  la  Société  Linnéenne  de  Normandie,  qui  avait  déjà  tenu  une 
séance  publique  à  Vireen  1836,  y  revint  trente  années  après,  en  1866,  elle 
voulait  surtout,  en  offrant  à  M.  Lenormand  la  première  médaille  d’argent 
qu’elle  eût  décernée  depuis  sa  fondation,  saisir  l’occasion  de  rendre  hommage 
à  une  vie  consacrée  tout  entière  au  culte  désintéressé  de  la  science.  A  celle 
séance  publique,  M.  Lenormand  nous  retraça,  en  termes  qui  partaient  du 
cœur,  les  travaux  des  naturalistes  nés  à  Vire  ou  qui  étaient  venus  se  fixer 
dans  cette  ville,  et  il  ajouta  ces  paroles  que  nous  aurons  toujours  présentes 
à  l’esprit  : 

c  Voici  la  dernière  fois,  Messieurs  et  chers  confrères,  que  j’aurai  le  bon¬ 
heur  de  vous  voir  réunis  dans  notre  Bocage.  Lorsque  vous  y  reviendrez,  j’au¬ 
rai  rejoint  mes  vieux  camarades  dans  les  autres  mondes  qu’ils  habitent  et  où 
peut-être  ils  se  livrent  à  leurs  goûts  favoris  d’ici-bas.  Mais  je  ne  mourrai  pas 
tout  entier.  J’ai  assuré  le  sort  des  collections  qui  ont  fait  le  charme  de  toute 
ma  vie.  Elles  recevront  une  honorable  hospitalité  dans  la  galerie  du  Jardin- 
des-plantes  de  Caen.  Je  continuerai  aies  rendre  déplus  en  plus  dignes  de 
figurer  près  de  celles  de  Dumont  d’Urville,  de  Lamouroux,  de  Chauvin, 
de  Roberge,  de  d’Isigny.  » 

Vos  collections,  excellent  ami,  seront  certes  le  joyau  le  plus  précieux  de 
notre  galerie  botanique.  Sur  celte  tombe  encore  ouverte,  nous  renouvelons 
l’engagement  que  nous  avons  contracté  vis-à-vis  de  vous,  M.  Vieillard  et  moi, 
de  veiller  pieusement  sur  ce  précieux  dépôt  tant  que  nous  existerons,  —  de 
le  mettre,  comme  vous  le  faisiez  dans  cette  charmante  et  paisible  retraite  de 
Lénaudières,  à  la  disposition  des  nombreux  botanistes  qui  viendront  le  con¬ 
sulter.  Nous  nous  efforcerons  ainsi  de  rendre  au  savant  qui  a  passé  sa  vie  à 
réunir  tant  de  richesses  végétales,  l’hommage  qui  devra  être  le  plus  agréable 
à  sa  mémoire. 

Il  a  fallu  des  difficultés  insurmontables  pour  empêcher  l’administration  mu¬ 
nicipale  de  la  ville  de  Caen  de  se  rendre  à  la  cérémonie  qui  nous  réunit  en 
ce  jour.  Elle  m’a  chargé  d’être  l’interprète  des  sentiments  de  vive  gratitude 
qui  l’animent,  de  dire  combien  elle  apprécie  les  splendides  donations  faites 
à  son  musée  botanique.  Elle  tiendra  à  honneur  d’installer,  comme  il  mérite 
de  l’être,  un  herbier  qui  n’a  d’égal  en  France  que  celui  du  Muséum  d’histoire 
naturelle  de  Paris. 

Si  René  Lenormand  a  droit  à  la  reconnaissance  sans  borne  des  amis  de 
celle  charmante  science  des  végétaux,  le  souvenir  de  ses  vertus  privées  rendra 
pour  toujours  sa  mémoire  chère  à  ceux  qui  l’ont  connu.  C’était  une  de 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1871. 


393 


ces  natures  excellentes,  d’une  probité  antique,  comme  on  est  si  heureux  d’en 
rencontrer  quelquefois  dans  le  monde.  Il  possédait  cette  égalité  de  caractère, 
cette  douceur,  cette  bonté,  cette  sérénité  dame  qui  répandent  tant  de 
charme  sur  l’existence  de  ceux  qui  nous  entourent.  Aussi  quel  vide  pour  tous 
les  siens  !  quel  vide  surtout  pour  cette  compagne  dévouée  de  sa  vie,  qui  avait 
voulu  partager  ses  goûts  et  ses  travaux,  et  qui,  jusqu’au  dernier  moment,  lui 
a  donné  les  preuves  de  l’affection  la  plus  touchante  !  Ces  deux  âmes,  si  bien 
faites  pour  se  comprendre,  n’en  faisaient  en  quelque  sorte  qu’une  seule,  tant 
elles  s’étaient  assimilées  l’une  à  l’autre. 

Entouré  de  parents  affectueux,  d’amis  dévoués,  sans  avoir  jamais  connu 
d’ennemis,  trop  modeste  pour  avoir  suscité  des  jaloux ,  honoré  de  tous,  béni 
d’une  foule  de  malheureux  dont  sa  main  discrète  soulageait  les  misères,  ses 
jours  se  sont  écoulés  dans  la  paix  et  la  douceur.  Ses  seuls  moments  de  tris¬ 
tesse  étaient  ceux  où  il  perdait  un  ami,  qu’il  se  faisait  alors  un  devoir  d’ac¬ 
compagner  jusqu’à  sa  dernière  demeure.  Dieu  a  permis  qu’il  s’éteignît  sans 
souffrance,  et  que  son  âme,  en  quittant  ce  monde,  ne  fût  pas  attristée  par  les 
angoisses  que  la  séparation  de  sa  bien-aimée  compagne  lui  eût  fait  éprouver. 

In  memoria  æterna  erit  justus  ! 

(Ps.  cxi,  6.) 

Tout  le  monde,  ici,  sent  profondément  l’étendue  de  la  perte  que  la  Nor¬ 
mandie  et  surtout  la  ville  de  Vire  viennent  de  faire.  Ce  concours  de  citoyens 
de  tout  âge,  de  toute  condition,  d’opinions  diverses,  qui  accompagnent  René 
Lenormand,  atteste,  mieux  que  des  paroles,  l’affection  et  le  respect  que  cha¬ 
cun  portait  à  notre  ami.  A  quoi  bon  dès  lors  revendiquer  pour  sa  mémoire 
quelque  chose  de  plus?  Les  mêmes  regrets  sont  dans  tous  les  cœurs,  les  lar¬ 
mes  coulent  de  tous  les  yeux.  Quel  plus  beau  tribut  peuvent  payer  ceux  qui 
restent  à  celui  qui  nous  quitte  î 

René  Lenormand,  du  fond  de  votre  tombe,  hélas  !  trop  tôt  ouverte,  vous 
devez  être  satisfait,  car  vous  obtenez  en  ce  jour  la  récompense  de  vos  labo¬ 
rieux  travaux  et  des  bienfaits  que  vous  avez  répandus  autour  de  vous:  une 
réputation  incontestée  parmi  les  botanistes,  et  la  pieuse  reconnaissance  de  vos 
concitoyens. 

La  terre  vous  sera  donc  légère  ! 

Au  revoir,  cher  et  excellent  ami.  Dieu,  dans  son  indulgente  bonté,  vous  a 
déjà  placé  parmi  les  siens,  car  vous  avez  passé  votre  vie  à  étudier  les  mer¬ 
veilles  sorties  de  ses  mains,  et  vous  avez  beaucoup  prié  parce  que  vous  avez 
beaucoup  travaillé. 

M.  le  comte  Jaubert  exprime  les  vifs  regrets  que  lui  cause  la  mort 
de  M.  Lenormand,  et  prie  la  Société  de  vouloir  bien  le  charger  de 
rédiger  une  notice  sur  ses  travaux.  C’est  un  hommage  qu’il  lui 


39/|  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

serait  doux  derendreà  la  mémoire  de  celui  qui  fut  pour  lui,  durant 
de  longues  années,  un  excellent  ami  et  un  correspondant  assidu. 

La  Société  ne  peut  que  déférer  avec  empressement  au  désir  de 
M.  le  comte  Jaubert. 

M.  V  an  Tieghem  fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 


SUR  LES  CANAUX  OLÉIFÈRES  DES  COMPOSÉES,  par  II.  IMi.  VAX  TIEGllE.lI. 

II.  —  MODIFICATIONS  DE  L’APPAREIL  OLÉIFÈRE  DANS  LES  DIVERS  GENRES 

DE  LA  FAMILLE. 


Dans  la  première  partie  de  ce  travail  j'ai  décrit  la  structure  et  le  mode  de 
distribution  des  canaux  oléifères  dans  les  divers  organes  de  l’QEillet-d’Inde.  Il 
me  reste  à  étudier  les  modifications  secondaires  que  cette  structure  et  cette 
distribution  subissent  dans  les  principaux  genres  des  différentes  tribus  de  la 
famille  des  Composées. 

Racine. 


Dans  l’organisation  primaire  de  cet  organe,  sur  laquelle  j’ai  surtout  porté 
mon  attention,  les  canaux  oléifères  affectent,  partout  où  ils  existent,  la  même 
structure  et  la  même  position.  Ce  sont  toujours,  comme  dans  l’OEillet-d’Inde, 
de  très-étroits  méats  creusés  dans  la  membrane  protectrice  dédoublée  locale¬ 
ment  à  cet  effet,  non  bordés  de  cellules  spéciales  différentes  des  cellules  pro¬ 
tectrices  elles-mêmes,  disposés  au  dos  de  chaque  faisceau  libérien  primitif, 
dont  leur  cavité  n’est  séparée  cpie  par  les  cellules  plissées  et  par  les  éléments 
de  la  membrane  rhizogène,  alternes  par  conséquent  avec  les  faisceaux  vascu¬ 
laires  primordiaux.  Ces  canaux  sont  le  plus  souvent  quadrangulaires  et  asso¬ 
ciés  côte  à  côte  en  formant  autant  d’arcs  oléifères  qu’il  y  a  de  faisceaux  libé¬ 
riens  ;  les  méats  extrêmes  de  chaque  arc  sont  seuls  triangulaires.  Dans  le  jeune 
âge,  deux  canaux  consécutifs  ne  sont  séparés  que  par  une  seule  épaisseur  de 
cellule,  ou  plus  exactement  par  deux  cellules  superposées  qui  les  bordent  a  la 
fois  tous  les  deux  ;  mais  plus  tard  ils  s’écartent  de  plus  en  plus  par  la  division 
répétée  de  ces  deux  cellules  au  moyen  de  cloisons  radiales  qui  sont  toutes  plis¬ 
sées  dans  la  cellule  interne.  Entre  les  nouvelles  cellules  ainsi  formées  il  ne  se 
forme  pas  de  méats  oléifères,  de  sorte  que  le  nombre  des  canaux  primitifs  de¬ 
meure  constant.  De  plus,  comme  il  ne  se  fait  dans  les  cellules  plissées  aucune 
cloison  tangentielle,  les  canaux  demeurent  toujours  en  contact  avec  la  mem¬ 
brane  protectrice,  et  ils  ne  font  que  la  suivre  dans  son  extension  pour  se  dis¬ 
tribuer  peu  à  peu  uniformément  à  la  périphérie  du  cylindre  central  élargi. 

Dans  aucun  cas  la  racine  ne  possède,  pendant  sa  période  primaire,  de 
canaux  oléifères  dans  son  cylindre  central,  soit  dans  les  faisceaux  libériens,  soit 
dans  le  tissu  conjonctif,  même  quand  ce  dernier  est  très-développé  et  pareil- 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  4  871 


395 


chymateux,  comme  dans  les  racines  adventivcs  à  9  ou  10  faisceaux  du  Conyza 
Gouani,  ou  fibreux,  comme  dans  les  racines  adventives  à  Sou  10  faisceaux  de 
V E upatorium  aromaticum. 

Voilà  ce  qui  demeure  conslanl.  Ce  qui  varie  d’un  genre  à  l’autre,  c’est  le 
nombre  des  canaux  associés  qui  correspondent  à  chaque  faisceau  libérien. 
Pour  obtenir  sous  ce  rapport  des  résultats  comparables,  il  est  nécessaire 
d’observer  d’abord  que  ce  nombre  n’est  pas  absolument  le  même  pour  les 
divers  faisceaux  libériens  d’une  même  racine,  et  surtout  qu’il  change  si  l’on 
compare  dans  la  même  plante  deux  racines  ayant  dans  leur  cylindre  central 
un  nombre  différent  de  faisceaux  constitutifs.  Il  est,  jusqu’à  un  certain  point, 
en  relation  avec  la  largeur  du  faisceau  libérien,  et  il  croît  et  diminue  avec  elle. 
Cependant  si  l’on  supprime  cette  source  de  variations  individuelles  en  ne 
comparant  d’un  genre  à  l’autre  que  des  racines  du  même  type  numérique  et 
en  ne  considérant  que  des  nombres  moyens,  on  réussit  à  mettre  en  évidence 
une  simplification  numérique  liée  à  l’organisation  des  diverses  tribus,  et  dont 
je  voudrais  indiquer  le  sens  et  fixer  les  principaux  degrés. 

Le  nombre  moyen  des  canaux  adossés  à  chaque  faisceau  libérien  est  tantôt 
plus  grand  et  tantôt  plus  petit  que  dans  le  Tagetes  patula  où  nous  comptions 
d’ordinaire  dans  le  pivot  binaire  5-7  méats  oléifères,  et  où  la  membrane  pro¬ 
tectrice  se  divisait  en  arcs  sensiblement  égaux,  alternativement  simples  et  dé¬ 
doublés. 

II  paraît  constamment  plus  grand  dans  les  plantes  de  la  tribu  des  Cinarées. 
Ainsi  le  Serratula  centauroides  a  dans  une  racine  advenlive  quaternaire  12  à 
15  méats  oléifères  rapprochés  en  arc  au  dos  de  chaque  faisceau  libérien,  tan¬ 
dis  qu’en  face  de  chaque  lame  vasculaire  il  ne  subsiste  que  deux  cellules  pro¬ 
tectrices  non  dédoublées,  ou  même  une  seule.  La  racine  principale  binaire 
du  Cirsium  arvense  a  deux  arcs  oléifères  extra-libériens  comprenant  chacun 
1 5  à  20  méats.  Les  pivots  binaires  des  Carduus  pycnocephalus,  Silybum  Ma- 
rianum,  Xeranthemum  cylindraceum ,  ainsi  que  les  radicelles  binaires  ou 
ternaires  des  Centaurea  atropurpurea,  Echinops  exaltatus ,  ont  également 
leurs  méats  oléifères  associés,  au  nombre  d’une  dizaine  au  moins,  en  dehors 
de  chaque  faisceau  libérien. 

Le  nombre  des  canaux  diminue  dans  les  Calendulacées;  car  si  l’on  compte 
encore  8  à  10  méats  oléifères  vis-à-vis  de  chaque  faisceau  libérien  et  cinq 
cellules  protectrices  non  dédoublées  vis-à-vis  de  chaque  faisceau  vasculaire 
dans  la  radicelle  binaire  du  Calendula  officinalis ,  il  n’y  a  plus  que  3-5  canaux 
dans  le  Venidium  calendulaeeum ,  et  le  nombre  des  cellules  protectrices 
non  dédoublées  s’en  accroît  d’autant. 

Mais  la  décroissance  progressive  est  surtout  marquée  chez  les  Sénécionidées, 
comme  on  en  jugera  par  les  exemples  suivants:  Helianthus  annuus ,  pivot 
quaternaire,  5-8  canaux;  Gnaphalium  citrinum ,  racine  binaire,  5-8;  Ta¬ 
getes  patula,  pivot  binaire,  5-7;  Tanacetum  vulgare ,  Arnica  Chamissonis , 


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SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


racine  quaternaire,  4-6;  Santolina  Chamœcy par  issus,  racine  quaternaire, 
3-5;  Anthémis  Pyrethrum ,  racine  ternaire,  3  ;  Cotula  matricarioides , 
racine  ternaire,  2;  Achillea  Mille  folium ,  racine  ternaire,  1-3  ;  Senecio  vul- 
yaris ,  racine  quaternaire,  2  se  fusionnant  quelquefois  en  un  seul;  Chrys - 
anthemum  Parthenium ,  racine  ternaire,  1,  très-rarement  3. 

Dans  la  tribu  des  Astéracées  la  réduction  numérique  des  canaux  se  fixe  à 
son  minimum.  Car  si  une  racine  ternaire  A I  nul  a  montana  a  encore  en  de¬ 
hors  de  chaque  faisceau  libérien  un  arc  de  6  h  8  méats,  on  ne  trouve  dans  une 
racine  également  ternaire  de  Bellis  perennis  qu’une  seule  cavité  oléifère  fort 
étroite,  formée  par  le  dédoublement  de  deux  cellules  protectrices  contiguës. 
Il  n’y  a  non  plus  qu’un  seul  canal,  encore  quadrangulaire,  mais  un  peu  plus 
large,  dans  une  racine  quaternaire  d  '  Eriger  on  glahellus ,  se  dilatant  davan¬ 
tage  dans  les  Aster  et  les  Conyza  par  l’écartement  total  des  deux  cellules  ex¬ 
ternes  qui  lui  permettent  de  s’appuyer  sur  les  cellules  du  troisième  rang  et  de 
prendre  une  forme  hexagonale,  devenant  énorme  enfin  et  cylindrique  dans  une 
racine  quaternaire  de  Solidago  limoni folia  par  suite  de  la  dissociation  com¬ 
plète  et  du  grand  écartement  latéral  des  cellules  du  troisième,  du  quatrième  et 
même  du  cinquième  rang. 

De  leur  côté  les  Eupatoriacées  présentent  des  différences  numériques  du 
même  ordre.  Ainsi  une  racine  ternaire  de  Tussilago  Farfara  a,  dans  chaque 
arc  supra-libérien,  5-7  méats  oléifères  ;  il  y  en  a  encore  2-3  dans  une  racine 
également  ternaire  à' Agératum  conyzoides  ;  il  n’y  en  a  plus  qu’un  seul,  plus 
large  et  rendu  hexagonal  par  la  dissociation  des  deux  cellules  du  second  rang, 
dans  le  Petasites  niveus  et  Y Eupatorium  aromaticum . 

Enfin,  comment  se  comporte  la  racine  des  Chicoracées  sous  le  rapport  des 
canaux  oléifères?  On  sait  que  les  divers  organes  des  plantes  de  cette  tribu  sont 
abondamment  pourvus  de  vaisseaux  laticifôres  anastomosés  qui  ont  fixé  l’at¬ 
tention  de  nombreux  anatomistes.  Aussi  me  bornerai-je  à  dire  ici  que  dans 
l’organisation  primaire  de  la  racine,  où  ils  ne  paraissent  pas  avoir  été  étudiés, 
les  laticifères  appartiennent  aux  groupes  libériens  primitifs  dont  ils  ne  sont  que 
certaines  files  de  cellules  transformées.  Ils  sont  assez  irrégulièrement  mélangés 
aux  autres  cellules  libériennes.  Dans  le  très-jeune  âge  il  semble  même  que 
tous  les  éléments  libériens  soient  également  remplis  de  latex,  et  que  ce  ne 
soit  que  plus  tard  que  le  suc  laiteux  se  localise  dans  certaines  cellules.  Il  n’y 
a  pas  de  laticifères  dans  le  tissu  conjonctif,  même  quand  il  est  très-développé, 
comme  dans  les  racines  adventives  à  6  ou  8  faisceaux  de  Y  Hierac  ium  cymo- 
sum,  par  exemple.  Plus  tard,  il  se  forme  de  nouveaux  laticifères  dans  le  liber 
secondaire  issu  du  jeu  externe  de  l’arc  générateur;  ils  sont  associés  aux  vais¬ 
seaux  grillagés  dans  les  rayons  d’éléments  allongés  ;  les  rayons  de  parenchyme 
secondaire  qui  séparent  ces  derniers  en  sont  dépourvus.  Souvent  on  observe 
dans  les  rayons  libériens  une  alternance  assez  régulière  entre  les  éléments  gril¬ 
lagés  et  les  laticifères.  Ainsi  dans  Y  Hieracium  cymosum ,  par  exemple,  chaque 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1871. 


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cellule  génératrice  produit  alternativement  deux  cellules  grillagées  à  section 
carrée  côte  à  côte,  et  un  vaisseau  laticifère  ayant  une  largeur  double  et  la 
même  épaisseur;  plus  tard  les  choses  se  dérangent  un  peu. 

En  résumé,  les  vaisseaux  laticifères  de  la  racine  appartiennent  exclusive¬ 
ment  au  cylindre  central;  aucun  d’eux  ne  franchit  la  membrane  rhizogène.  Les 
canaux  oléifères  appartenant,  au  contraire,  au  parenchyme  cortical,  on  peut 
concevoir  à  priori  la  coexistence  possible  de  ces  deux  appareils  qui  paraissent 
indépendants.  Toutefois  il  n’en  est  pas  ainsi,  au  moins  dans  la  plupart  des 
cas.  Ainsi  je  n’ai  rencontré  aucun  canal  oléifère  dans  la  majorité  des  Chicora- 
côes  à  la  place  où  la  racine  des  autres  Composées  en  possède  toujours,  et  la 
membrane  protectrice  y  demeure  simple,  aussi  bien  en  dehors  des  faisceaux 
libériens  que  des  faisceaux  vasculaires  (Hieracium  cymosum,  Lactuca  scitivci, 
Hypochœris  radicata ,  Tragopogon  crocifolius ,  Ciiondrilla  brevirostris, 
Taraxacum  Dens-leonis,  etc.).  Mais  déjà  dans  le  pivot  binaire  du  Cichorium 
Intybus  et  du  Lcipsana  communis ,  je  vois  s’opérer  en  face  des  faisceaux  libé¬ 
riens  le  dédoublementde  quatre  ou  cinq  cellules  plissées,  sans  toutefois  que  les 
angles  de  ces  cellules  dédoublées  s’arrondissent  pour  former  des  méats  oléifères. 
Enfin  le  phénomène  annoncé  par  ce  dédoublement  s’achève  dans  le  Scolymus 
grandiflorus,  où  la  membrane  protectrice,  dédoublée  encore  en  face  de  chaque 
faisceau  libérien,  s’y  creuse  en  outre  de  cinq  canaux  oléifères  rapprochés  en 
arc,  absolument  comme  dans  le  Togetes  pcilula  :  ce  qui  n’empêche  pas  un  latex 
abondant  de  se  former  dans  certains  éléments  du  faisceau  libérien.  Ici  donc 
les  deux  appareils  coexistent  dans  le  même  organe,  et  sous  ce  rapport,  comme 
sous  plusieurs  autres,  les  Scolymus  se  montrent  intermédiaires  aux  Chicora- 
cées  vraies  et  aux  Cinarées.  Nous  verrons  tout  à  l’heure  que  ce  passage,  déjà 
annoncé  par  les  Cichorium  et  Lapsana,  ne  s’opère  pas  seulement  vers  les  Cina¬ 
rées  par  l’intermédiaire  de  certaines  Chicoracées,  mais  encore  en  sens 
inverse. 

Jetons  maintenant  un  coup  d’œil  sur  l’organisation  secondaire  de  la  racine. 
Au  point  de  vue  qui  nous  occupe,  les  modifications  présentées  par  les  pro¬ 
ductions  secondaires  issues  d’arcs  générateurs  d’abord  distincts,  bientôt  con¬ 
fondus  en  une  couche  génératrice  continue,  sont  beaucoup  plus  étendues  que 
celles  que  nous  ont  offertes  les  formations  primaires,  et  ces  variations  s’obser¬ 
vent  dans  les  plantes  de  la  même  tribu.  N’avant  pas  à  ce  sujet  de  documents 
suffisants  pour  me  livrer  utilement  à  une  comparaison  un  peu  étendue,  je 
me  bornerai  à  citer  deux  exemples.  Parmi  les  Cinarées,  si  l’on  étudie  la  racine 
âgée  du  Centaurea atropurpurea ,  on  voit  se  former,  dans  le  liber  secondaire 
issu  du  jeu  externe  de  l’arc  libérien,  des  canaux  oléifères  bordés  de  quatre 
cellules  spéciales  et  disposés  au  milieu  des  cellules  grillagées  en  autant  de 
séries  radiales  simples  ou  doubles  qu’il  y  a  de  bandes  rayonnantes  de  tissu 
grillagé.  Il  ne  se  forme  pas  d’huile  essentielle  dans  les  cellules  des  rayons  de 
parenchyme  qui  séparent  ces  bandes.  Dans  VEchinops  exaltatus ,  au  cou- 


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SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

traire,  les  arcs  générateurs  ne  forment  pas  de  canaux  oléifères  dans  le  tissu 
grillagé  du  liber  secondaire.  Mais  en  revanche  il  se  fait  de  l’huile  essentielle 
dans  les  cellules  mêmes  des  rayons  de  parenchyme,  et  cela  aussi  bien  dans  la 
moitié  ligneuse  que  dans  la  moitié  libérienne  de  ces  rayons.  Dans  les  Séné- 
cionidées,  on  observe  la  même  différence  entre  la  racine  des  Helianthus  où 
la  couche  génératrice  produit  des  canaux  oléifères  bordés  de  quatre  cellules 
et  entremêlés  aux  éléments  grillagés,  et  les  Tagetes  où  il  ne  se  forme  d’huile 
essentielle  que  dans  des  cellules  disséminées  dans  la  moitié  libérienne  des 
rayons  de  parenchyme. 

Tige. 

Les  canaux  oléifères  de  la  tige  des  Composées  sont  toujours  isolés,  bordés 
de  quatre  ou  quelquefois  d’un  plus  grand  nombre  de  cellules  spéciales,  mais 
ces  cellules  de  bordure  n’y  présentent  plus,  en  général,  ces  grains  d’amidon 
colorés  en  jaune  orangé  et  appliqués  contre  la  face  interne  qui  donnent  aux 
canaux  du  Tagetes  patulci  un  caractère  si  remarquable.  Elles  sont  seulement 
beaucoup  plus  petites  que  les  cellules  ambiantes,  et  remplies  d’un  liquide  in¬ 
colore  finement  granuleux,  souvent  presque  hyalin.  La  présence  du  pigment 
amylacé  dans  les  cellules  de  bordure,  toute  constante  qu’elle  est  dans  l’OEilIet- 
d’Inde,  n’est  donc  pas  indispensable  à  la  fonction  oléigène  de  ces  cellules, 
comme  on  le  voyait  déjà  par  son  absence  dans  la  racine  de  cette  plante  : 
mais  ce  sujet  mérite  de  nouvelles  recherches.  Ce  système  de  canaux  bordés 
et  isolés  continue  celui  de  la  racine  et  se  conserve  appuyé  contre  la  mem¬ 
brane  protectrice  dont  les  plissements  demeurent  partout  très -nets  (1). 

Ce  qui  varie  dans  les  différents  genres,  c’est  le  nombre  des  canaux  et  leur 
disposition  par  rapport  aux  faisceaux  libéro-ligneux,  et  l’on  observe  à  cet  égard, 
dans  l’organisation  primaire  de  la  tige,  des  modifications  beaucoup  plus  éten¬ 
dues  que  dans  la  racine  où  la  distribution  de  ces  petits  organes  était  bien  uni¬ 
forme.  C’est  qu’en  effet  il  intervient  ici  un  élément  nouveau.  Dans  la  racine 
primaire  nous  11e  trouvions  jamais  de  canaux  oléifères  à  l’intérieur  du  cylin¬ 
dre  central,  notamment  dans  le  tissu  conjonctif,  et  cette  exclusion  absolue  pa¬ 
raît  régner  aussi  dans  toute  la  longueur  de  la  tigelle  hypocotylée,  à  en  juger 
du  moins  par  V Helianthus  annuus.  Mais  il  y  a  de  nombreuses  Composées  qui, 
outre  l’appareil  oléifère  cortical,  présentent,  dans  la  zone  périphérique  de  la 
moelle  de  la  tige  épicotylée,  au  voisinage  des  pointes  internes  des  faisceaux 
libéro-ligneux,  des  canaux  oléifères  bordés  de  cellules  spéciales.  De  telle  sorte 


(1)  Remarquons  encore  que  dans  les  parties  souterraines  de  la  tige  les  cellules  de  bor¬ 
dure  sont  hyalines  et  presque  aussi  larges  que  les  cellules  ambiantes,  à  peine  spécialisées 
en  apparence.  Même  il  y  a  des  plantes,  comme  le  Tussilago  Farfara  par  exemple,  et  le 
Cirsium  arvense ,  où  les  canaux  de  la  tige  souterraine  sont  rapprochés  côte  à  côte  et 
creusés  directement,  comme  dans  la  racine,  ou  comme  dans  la  moitié  inférieure  de  la 
tigelle,  dans  l’épaisseur  delà  membrane  protectrice. 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1871.  399 

qu’on  peut  distinguer,  dans  l’organisation  primaire  de  la  tige,  trois  modifica¬ 
tions  principales  présentant  chacune  des  variations  secondaires. 

1°  La  tige  ne  possède  pas  de  canaux  oléifères,  ni  dans  son  parenchyme  cor¬ 
tical,  ni  dans  son  cylindre  central,  tandis  que  la  racine  en  possède.  Cela  se  voit 
dans  YEchinops  exaltatus ,  le  Gnaphalium  citrinum  et  quelques  autres; 
mais  ce  sont  là  en  quelque  sorte  des  exceptions.  Cela  se  voit  encore  dans  le 
Scolymus  grandi  fl  oms,  seule  Chicoracée  dont  la  racine  m’ait  montré  des 
canaux  oléifères,  et  il  est  à  peine  utile  d’ajouter  que  dans  les  autres  Chico- 
racées  la  tige  est  également  dépourvue  de  ces  organes. 

2°  La  lige,  comme  la  racine,  ne  possède  de  canaux  oléifères  que  dans  le 
parenchyme  cortical,  où  ils  s’appuient  directement  contre  l’endoderme.  C’est 
le  casque  nous  avons  développé  dans  le  Tagetes  patula.  Le  mode  de  distri¬ 
bution  des  canaux  à  cette  profondeur,  par  rapport  aux  faisceaux  libéro-Iigneux 
qui  viennent  appuyer  directement  leurs  éléments  libériens  externes  contre  la 
membrane  protectrice,  y  introduit  plusieurs  modifications  secondaires  : 

a.  Il  y  a  un  canal  au  dos  de  chaque  faisceau  foliaire;  les  réparateurs  n’en 
ont  pas.  Ex.  :  Senecio  vulgaris ,  Bellis  perennis  (deux  faisceaux  foliaires  op¬ 
posés,  deux  canaux),  Petasites  niveus,  etc. 

b.  Un  canal  au  dos  de  chaque  faisceau  foliaire;  les  réparateurs  ont  autant 
de  canaux  dorsaux  rapprochés  qu’ils  vont  donner  de  foliaires  en  se  divisant. 
Ex.  :  Aster ,  etc. 

c.  Chaque  faisceau  foliaire  a  deux  canaux,  un  à  droite  et  un  à  gauche,  au 
voisinage  des  cornes  de  l’arc  libérien;  les  réparateurs  n’en  ont  pas.  Ex.:  Ta¬ 
getes  patula ,  Arnica  Chamissonis,  Tanacetum  vulgare ,  Cotula  matricarioi- 
des ,  Anthémis  Pyrethrum ,  Chrysanthemum  Parthenium,  Santolina  ChamcÈ- 
cyparissus ,  Achillea  Mille  folium ,  etc.;  en  un  mot,  la  plupart  des  Sénécioni- 
dées,  auxquelles  il  faut  joindre  Ylnula  montana ,  le  Cirsium  arvense ,  etc. 

d>  II  y  a  un  nombre  impair  de  canaux,  3  à  5  par  exemple,  disposés  en  arc 
en  dehors  de  chaque  faisceau  foliaire;  les  réparateurs  n’en  ont  pas.  Ex.:  Cen- 
taurea  atropurpurea ,  etc. 

c.  Il  y  a  un  nombre  pair  de  canaux,  disposés  en  deux  groupes  de  deux  ou 
trois  chacun  aux  cornes  du  faisceau  libérien.  Ex.  :  Silybum  Marianum ,  etc. 

3°  La  tige  possède  toujours  des  canaux  corticaux  contre  la  membrane  pro¬ 
tectrice,  mais  en  outre  il  se  forme,  au-dessus  des  cotylédons,  d’autres  canaux 
dans  la  zone  externe  de  la  moelle,  au  voisinage  de  la  pointe  interne  des  faisceaux 
libéro-Iigneux.  Gela  se  présente,  entre  autres,  dans  beaucoup  de  Cinarées; 
mais  encore  ici  interviennent  de  nombreuses  variations  secondaires  dont  voici 
les  principales  : 

a.  Un  petit  nombre  seulement  des  faisceaux,  deux  par  exemple,  ont  un 
canal  ventral.  Ex.:  Agératum  conyzoides. 

b.  Chaque  faisceau  foliaire  a  un  canal  dorsal  et  un  ventral.  Ex.:  Solidago 
limonifolia ,  où  ces  canaux  sont  fort  larges  et  pleins  d’une  huile  incolore 
à  odeur  de  savon. 


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c.  Un  canal  ventral  et  plusieurs  dorsaux  à  chaque  faisceau  foliaire.  Ex.: 

Serratula  centauroides,  etc. 

d.  Plusieurs  canaux  ventraux  disposés  en  deux  groupes  aux  cornes  de  l’arc 
fibreux  interne,  et  plusieurs  canaux  dorsaux  disposés  de  la  même  manière. 
Ex.:  Carduus  pycnocephalus ,  etc. 

e.  Un  arc  de  canaux  ventraux  et  un  arc  de  canaux  dorsaux.  Ex.  :  Helian¬ 
thus  tuberosus,  etc. 

A  ces  trois  modifications  principales  de  la  jeune  tige,  l’introduction  des 
formations  libéro-ligneuses  secondaires,  issues  des  arcs  générateurs  bientôt 
confondus  en  une  couche  continue,  vient  en  superposer  plusieurs  autres.  Ces 
formations  secondaires  présentent  les  mêmes  caractères  dans  toute  l’étendue 
de  la  plante,  racine,  tige  ou  feuille.  La  donc  où,  comme  nous  l’avons  vu,  il 
se  forme  des  canaux  oléifères  dans  le  liber  secondaire  de  la  racine  au  milieu 
du  tissu  grillagé,  il  s’en  fera  également  dans  la  tige  (Centaurea  atropurpurea , 
Helianthus  tuberosus,  etc.).  Là,  au  contraire,  où  il  ne  se  développe  dans  la 
racine  que  des  cellules  oléigènes  disséminées  dans  les  rayons  de  parenchyme 
secondaire,  les  choses  se  passeront  de  même  dans  la  tige  ( Echinops  exalta- 
tus ,  Tacjetes  patula,  etc.). 

Feuille. 

Les  canaux  oléifères  du  pétiole  ou  de  la  nervure  médiane  des  feuilles  des 
Composées  sont  comme  ceux  de  la  tige,,  dont  ils  sont  le  prolongement,  bordés  de 
cellules  spéciales  au  nombre  de  quatre  originairement.  Us  sont  placés  contre 
la  membrane  protectrice  qui  enveloppe  individuellement  les  faisceaux  libéro- 
ligneux  de  la  feuille,  et  de  manière  que  leurs  cellules  de  bordure,  tantôt  tou¬ 
chent  immédiatement  les  cellules  plissées,  tantôt  en  soient  séparées  par  une 
ou  deux  cellules  ordinaires.  Quelquefois,  comme  dans  le.  Tussilago  Farfara , 
on  voit  le  canal  entaillé  dans  l’épaisseur  même  de  la  membrane  protectrice, 
comme  s’il  provenait  de  la  di  vision  en  quatre  d’une  de  ses  cellules.  Ces  canaux, 
ou  bien  accompagnent  les  nervures  dans  toute  rétendue  du  limbe  où  ils  de¬ 
meurent  continus,  ou  bien  se  rompent  à  leur  entrée  dans  le  limbe  en  poches 
oléifères  arrondies  ou  allongées,  et  ces  deux  manières  d’être  se  rencontrent 
déjà  dans  les  cotylédons,  comme  on  peut  le  voir  dans  les  Helianthus  d’une 
part  et  les  Tagetesde  l’autre. 

Outre  ce  premier  système  de  canaux  oléifères  lié  aux  faisceaux,  j’ai  trouvé 
dans  le  Solidago  limoni folia ,  où  ces  canaux  sont  très-larges  et  pleins  d’une 
huile  parfaitement  incolore  et  limpide,  un  système  de  canaux  sous-épider¬ 
miques  bordés  aussi  de  cellules  spéciales,  mais  beaucoup  plus  étroits  et  con¬ 
tenant  un  liquide  sombre  qui  tient  en  suspension  de  nombreux  granules 
opaques.  Il  y  a,  à  la  face  inférieure  de  la  feuille,  trois  à  cinq  de  ces  canaux 
externes  de  chaque  côté  de  la  nervure  médiane  ;  leurs  cellules  de  bordure 
sont  séparées  de  l’épiderme  par  un  ou  deux  rangs  de  cellules  collenchyma- 
teuses. 


SÉANCE  DU  *2*2  DÉCEMBRE  1871.  401 

Dans  le  nombre  el  la  disposition  des  canaux  ordinaires  par  rapport  aux  fais¬ 
ceaux  du  pétiole,  on  remarque  les  principales  modifications  suivantes  : 

1°  La  feuille  n’a  pas  de  canaux  oléifères,  quand  la  racine  en  possède.  Gela 
a  lieu  toutes  les  fois  que  la  tige  elle-même  en  est  dépourvue  au  niveau  de  l’in¬ 
sertion.  Ex.:  Echinops  exaltatus ,  Gnaphalium  citrinum ,  Lappa  grandi - 
flora.  Mais  cela  peut  se  présenter  aussi  quand  la  tige  possède  à  ce  niveau  des 
canaux  oléifères  bien  développés.  Ex.:  Xeranthemum  cylindraceum ,  Cirsium 
arvense.  Il  va  sans  dire  que  les  feuilles  des  Chicoracées  sont  toujours  dé¬ 
pourvues  de  canaux  oléifères. 

2°  Les  faisceaux  n’ont  de  canaux  que  sur  leur  face  inférieure,  dorsale  ou 
libérienne.  Il  en  est  ainsi  toutes  les  fois  que  la  tige  elle-même  ne  possède  pas 
de  canaux  médullaires.  Voici  les  principales  modifications  secondaires  : 

a.  Un  seul  canal  au  dos  de  chaque  faisceau,  occupant  le  milieu  de  l’arc 
libérien.  Ex.  :  Senecio  vidgaris,  Beltis  perennis  (faisceau  médian  seulement), 
Aster ,  Tussilago  Far  faim,  Petasites  niveus,  etc. 

b.  Un  nombre  impair  de  canaux,  3-5  par  exemple,  formant  un  arc  dorsal. 
Ex.:  Erigeron  glabellus ,  Conyza  Gouani.  Il  y  a  des  transitions  entre  ce 
cas  et  le  précédent. 

c.  Deux  canaux,  un  à  chaque  corne  de  l’arc  libérien.  Ex.:  Arnica  Cha - 
missonis,  Tagetes  patula ,  Tanacetum  vulgare ,  Cotula  matricarioides ,  San- 
tolina  Chamœcy par  issus,  Achillea  Millefolium,  Inula  montana,  etc. 

d .  Un  nombre  pair  de  canaux  disposés  en  deux  groupes  aux  cornes  de  l’arc 
libérien.  Ex.:  Sitybum  Marianum.  Il  y  a  des  transitions  entre  ce  cas  et  le 
précédent. 

3°  Les  faisceaux  ont,  outre  les  canaux  de  leur  face  inférieure  disposés 
comme  nous  venons  de  le  dire,  des  canaux  sur  leur  face  supérieure,  ventrale 
ou  ligneuse.  Gela  se  présente  quand  la  tige  a  des  canaux  médullaires  qui 
s’échappent  avec  les  faisceaux  foliaires.  Le  nombre  et  la  disposition  de  ces 
canaux  supérieurs  varient  ;  en  se  combinant  avec  les  diverses  dispositions 
des  canaux  inférieurs,  ils  produisent  de  nombreux  et  caractéristiques  arrange¬ 
ments  dont  je  me  bornerai  à  citer  ici  quelques  exemples. 

a.  Un  canal  ventral  et  un  canal  dorsal.  Ex.  :  Solidago  limonifolia. 

b.  Un  canal  ventral  et  deux  canaux  inférieurs  situés  aux  cornes  de  l’arc 
libérien.  Ex.:  Agératum  conyzoides. 

c .  Un  canal  ventral  et  un  nombre  impair  de  canaux  dorsaux,  5,  3  ou  1,  sui¬ 
vant  la  dimension  des  divers  faisceaux.  Ex.:  Serratula  centauroides . 

d.  Deux  canaux  ventraux  disposés  à  droite  et  à  gauche  de  la  face  interne  du 
faisceau  et  deux  canaux  dorsaux  situés  de  même. 

e.  Deux  canaux  ventraux  et  un  nombre  impair  de  canaux  dorsaux  disposés 
en  arc  tout  autour  de  l’arc  libérien  inférieur.  Ex.  :  Cinara  Scolymus. 

f  Deux  groupes  de  canaux  ventraux  et  un  groupe  de  canaux  dorsaux.  Ex.: 
Carduus  pycnocephalus. 

T.  XVIII. 


(séances)  20 


402 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


(j.  Enfin  un  arc  de  canaux  ventraux  et  un  autre  arc  de  canaux  dorsaux  se 
rejoignant  pour  entourer  tout  le  faisceau.  Ex.:  Helianthus  tuberosus. 

Outre  cette  première  sorte  de  canaux  oléifères  appartenant  au  paren¬ 
chyme  fondamental,  cortical  ou  conjonctif,  de  la  lige,  et  qui  accompagnent 
les  faisceaux  dans  les  feuilles,  on  voit  dans  certaines  Composées  se  former,  à 
l’intérieur  même  de  ces  faisceaux  foliaires,  des  canaux  oléifères  bordés  de 
quatre  cellules  spéciales.  Ils  font  partie  du  liber  secondaire  issu  de  l’arc  géné¬ 
rateur  et  y  sont  mêlés  aux  cellules  grillagées.  Le  liber  primaire  en  est  tou¬ 
jours  dépourvu.  Le  pétiole  de  l 'Helianthus  tuberosus  en  est  un  exemple.  Les 
canaux  y  proviennent  de  la  division  en  quatre  de  certaines  des  larges  cellules 
à  paroi  mince,  qui  alternent  régulièrement  avec  les  paires  de  cellules  quadran- 
gulaires  grillagées.  Ces  canaux  oléifères  libériens  d’origine  secondaire  ne  se 
constituent  dans  les  faisceaux  de  la  feuille  que  chez  les  plantes  qui  en  for¬ 
ment  de  semblables  dans  les  productions  secondaires  de  leur  lige  et  de  leur 
racine,  et  dans  la  proportion  toujours  faillie  où  les  formations  secondaires 
elles-mêmes  se  développent  dans  ces  faisceaux  foliaires. 

Nous  avons  vu  que  certaines  Chieoracées,  les  Scolijmus  par  exemple,  tout 
en  demeurant  abondamment  pourvues  de  latex,  acquièrent,  tout  au  moins 
dans  leur  racine,  les  canaux  oléifères  corticaux  qui  caractérisent  les  autres 
Composées.  Il  nous  reste  à  montrer  maintenant  que  certaines  Ginarées,  tout 
en  conservant  leurs  canaux  oléifères,  acquièrent  au  moins  dans  quelques  or¬ 
ganes,  notamment  dans  la  partie  supérieure  de  leur  tige  et  dans  leurs  feuilles, 
les  vaisseaux  laticifères  qui  caractérisent  les  Chieoracées.  Tel  est,  par  exem¬ 
ple,  le  Cirsium  arvense.  Les  racines  de  cette  plante  et  la  région  inférieure 
de  sa  tige  sont  pourvues  des  canaux  oléifères  habituels  à  ses  congénères,  mais 
sans  qu’il  y  ait  de  vaisseaux  laticifères  dans  le  liber  des  faisceaux.  Dans  la 
région  supérieure  de  la  tige,  les  canaux  oléifères  continuent  à  s’élever  le  long 
des  cornes  de  l’arc  libérien  de  chaque  faisceau,  et  en  même  temps  un  latex 
abondant  s’écoule  de  vaisseaux  laticifères  situés  au  bord  externe  de  cet  arc 
libérien.  Les  deux  appareils  coexistent  ici  dans  la  tige,  comme  ils  coexistaient 
dans  la  racine  des  Scolymus.  Mais  dans  la  feuille  les  canaux  oléifères  cessent, 
et  l’on  voit  en  revanche  les  laticifères  se  multiplier  au  bord  externe  de  l’arc 
libérien.  Ainsi  les  deux  appareils,  isolés  dans  la  racine  et  dans  la  feuille,  coexis¬ 
tent  dans  la  tige,  au  moins  dans  sa  région  supérieure.  Il  en  est  de  même 
dans  le  Lappa  grandi  flora.  Si  donc  les  Scolymus ,  et  quelques  autres,  en  ac¬ 
quérant  des  canaux  oléifères  dans  leur  racine,  relient  les  Chieoracées  vraies 
aux  Ginarées,  de  leur  côté  les  Lappa ,  Cirsium  et  quelques  autres,  en  gagnant 
des  laticifères  dans  leur  tige  et  leurs  feuilles,  unissent  les  Ginarées  aux  Chico- 
racées. 

Résumé. 

Au  total,  nous  voyons  que  les  plantes  de  la  famille  des  Composées  renfer¬ 
ment  dans  leurs  diversorganes  un  système  d’étroits  canaux  oléifères  semblables 


SÉANCE  DU  2*2  DÉCEMBRE  1871. 


/iCS 

à  celui  que  nous  avons  décrit  avec  détail  chez  l'OEillet-d’Inde  dans  la  pre¬ 
mière  partie  de  ce  travail.  Il  n’y  a  d’exception  que  pour  la  plupart  des  Chi- 
coracées  où  cet  appareil  paraît  remplacé  physiologiquement  par  les  vaisseaux 
laticifères,  quoique  dans  quelques  formes  de  transition  les  deux  systèmes 
puissent  coexister,  au  moins  dans  certains  organes. 

Les  cellules,  originairement  au  nombre  de  quatre,  qui  entourent  l’étroit 
méat  et  sécrètent  l’huile  qui  s’y  déverse,  sont  toujours  douées  de  pro¬ 
priétés  particulières,  non  partagées  par  les  cellules  ambiantes.  Mais  par  eur 
forme,  leur  dimension  et  leur  contenu,  elles  se  montrent  spécialisées  à  deux 
degrés  différents,  suivant  qu’on  est  dans  la  racine  ou  qu’on  s’élève  dans  la  tige 
et  dans  la  feuille.  Dans  la  racine,  le  canal  est  creusé  dans  la  membrane  pro¬ 
tectrice  dédoublée,  dont  les  larges  cellules  hyalines  le  limitent  immédiatement 
et  même  sont  dans  le  jeune  âge  communes  à  deux  canaux  voisins.  Dans  la  tige 
et  surtout  dans  la  tige  épicotvlée  et  aérienne,  ainsi  que  dans  la  feuille,  le  canal 
est  entouré  de  cellules  plus  petites,  détachées  des  cellules  protectrices  par  des 
cloisons  parallèles  à  l’axe  du  méat.  On  peut  dire,  en  un  mot,  que  les  canaux 
primaires  ne  sont  pas  bordés  dans  la  racine  et  qu’ils  sont  bordés  dans  la  tige  et 
dans  la  feuille,  dans  le  limbe  de  laquelle  ils  se  réduisent  souvent  à  des  poches. 
Les  canaux  secondaires  libériens,  quand  il  s’en  forme,  sont  toujours  bordés 
et  de  la  même  manière  dans  les  trois  organes. 

En  outre,  chez  nombre  de  Composées  où  la  zone  génératrice  ne  forme  pas 
de  canaux  secondaires  libériens,  il  se  fait,  dans  la  période  secondaire  de  la  tige 
et  de  la  racine,  de  l’huile  essentielle  dans  des  cellules  éparses  faisant  partie  des 
rayons  de  parenchyme  qui  traversent  les  productions  libéro-ligneuses  issues 
de  cette  zone  génératrice. 

Considéré  dans  son  ensemble,  cet  appareil  oléifère  présente  d’une  plante  à 
l’autre  des  modifications  secondaires  qui  peuvent  jusqu’à  un  certain  point 
servir  à  caractériser  les  genres.  Et  bien  qu’on  puisse  dire  d’une  façon  géné¬ 
rale  que  telle  ou  telle  de  ces  modifications  prédomine  dans  telle  ou  telle  tribu, 
il  est  pourtant  impossible,  sous  ce  rapport,  à  cause  des  nombreuses  transi¬ 
tions  qu’on  y  remarque,  d’établir  dans  la  famille  une  série  de  coupes  nettes 
coïncidant  avec  les  tribus. 

III.  —  HISTORIQUE. 


le  ne  puis  terminer  cet  exposé  sans  dire  quelques  mots  des  travaux  anté¬ 
rieurs  où  il  est  fait  mention  des  canaux  oléifères  des  Composées.  Jusqu’à  pré¬ 
sent,  il  en  est  venu  trois  à  ma  connaissance  :  l’un  est  de  M.  Julius  Sachs  (1859), 
un  autre  de  M.  Trécul  (1862),  le  troisième  de  M.  N.-J.-C.  Mueller  (1867). 

M.  J.  Sachs,  dans  son  mémoire  sur  la  formation  de  l’amidon  dans  la 
germination  des  graines  oléagineuses  (l),  a  signalé  en  quelques  mots  et  ligure 

(1)  J.  Sachs,  Botanische  Z eilung,  1859,  pp.  177  et  185,  pl.  viii,  tige  7. 


m 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


à  la  hase  (le  la  ligellc  de  Y  Mettant  hus  annv.us  des  méats  prismatiques  rappro¬ 
chés  en  arcs  en  dehors  des  six  faisceaux  et  situés  dans  ce  qu’il  appelle  la 
('  gaine  du  cambium  »  [C ambiumscheide)  dédoublée.  «  Ces  méats  sont  remplis 
d’une  huile  épaisse  qui  rougit  par  la  potasse  et  noircit  par  les  sels  de  fer» 
(p.  183).  Plus  loin,  il  identifie  celte  assise  alternativement  simple  et  double, 
où  sont  creusés  les  canaux,  avec  la  membrane  protectrice  ( Schutzscheide  de 
Caspary),en  montrant  qu’elle  en  possède  les  marques  noires  caractéristiques 
(p.  188). 

Sans  étudier  à  fond  la  structure  et  le  mode  de  distribution  des  canaux  oléi¬ 
fères  des  Composées,  qu’il  regarde  avec  raison  comme  dépourvus  de  paroi 
propre,  M.  Trécul  (i)  s’est  surtout  préoccupé  de  leurs  rapports  avec  les 
vaisseaux  laticifères.  Il  signale  l’existence  de  laticifères  à  suc  laiteux  et  à  paroi 
propre  dans  un  certain  nombre  de  genres  étrangers  à  la  tribu  des  Chicoracées. 
Aux  sept  genres  où  Meyendit  avoir  vu  des  laticifères  et  queM.  Trécul  réduit 
à  quatre  ( Arctium ,  Carduus ,  Cirsium ,  Vernonia ),  il  en  ajoute  neuf  autres 
( Onopordon ,  Carlina ,  Jurinea ,  Notobasis ,  Tyrimnus ,  Ga ladites,  Silybum, 
Echenais ,  Lappa).  Il  montre  ensuite  que  la  même  plante  peut  avoir  en  même 
temps  des  canaux  oléifères,  «  de  manière  qu’il  y  a  une  transition  réelle  entre 
les  laticifères  et  les  canaux  dits  oléo-résineux.  »  Dans  la  racine  de  ces  plantes 
le  suc  propre  est  seulement  oléo-résineux;  il  est  seulement  laiteux  dans  la  tige. 
«  Dans  la  tige,  les  vaisseaux  ont  une  membrane  propre;  dans  la  racine,  ils 
n’en  ont  pas  et  ressemblent  à  des  méats  plus  ou  moins  élargis.  Les  canaux 
oléo-résineux  sont  donc  substitués  aux  vaisseaux  laiteux  dans  le  caudex  descen¬ 
dant.  Toutefois  leur  position  relative  y  est  un  peu  différente  de  celle  des  vais¬ 
seaux  laiteux  dans  la  tige  (p.  269).  » 

Nous  avons  vu  que  les  appareils  laticifère  et  oléifère  des  Composées  ne 
sont  pas,  comme  i\I.  Trécul  semble  l’admettre,  les  deux  parties  d’un  seul  et 
même  système  qui  se  prolongerait  en  se  modifiant  dans  des  organes  différents, 
mais  bien  deux  systèmes  indépendants  qui  peuvent  coexister  à  un  niveau 
donné  dans  le  même  organe.  Tout  ce  qu’on  peut  dire,  c’est  qu’il  paraît  exis¬ 
ter  entre  eux  un  certain  balancement  physiologique. 

Dans  un  travail  plus  récent  et  dont  l’objet  est  précisément  l’étude  des  or¬ 
ganes  sécréteurs  des  plantes  (2),  M.  N. -J. -C.  Mucllcr  a  consacré  un  paragraphe 
spécial  à  la  famille  des  Composées  (p.  418).  Il  signale  les  canaux  dans  Y/nula 
Helenium  et  dans  l’ Artemisia  vulgaris  ;  il  en  suit  surtout  le  développement 
dans  la  racine  de  cette  dernière  plante.  Il  s’attache  à  montrer  qu’ici  comme 
chez  les  Cycadées,  les  Conifères,  les  Térébinthacées,  les  Oinbellifères  et 
les  Araliacées,  qu’il  a  d'abord  étudiées,  le  canal  est  un  simple  espace  intercel- 


(1)  Trécul,  Journal  V Institut,  G  août  1862. 

(2)  N.-J.-C.  Mueller,  Untersuchungen  ueber  die  Vcrtheilung  der  Harze,  œtherischen 
GE/e,  Gummiund  Gwnmiharze ,  und  die  Stellung  der  Secretionsbehœlter  im  Pflansen- 
kœrper  ( Pringsheim’s  Jahrbuecher ,  V,  384;  18G6-G7). 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1871. 


405 


lulaire  bordé  originairement  par  quatre  cellules  qui  tantôt  se  divisent  plus 
tard,  tantôt  demeurent  simples.  Mais,  ce  point  établi,  et  il  n’y  avait  aucun 
doute  possible  à  cet  égard  chez  les  Composées,  l’auteur  se  méprend  sur  la 
position  de  ces  canaux  dans  l’organisation  de  la  jeune  racine,  en  même  temps 
qu’il  méconnaît  plusieurs  traits  essentiels  de  cette  organisation  elle-même.  Il 
est  de  mon  devoir  de  relever  ici  quelques-unes  des  erreurs  accumulées  dans 
ce  paragraphe. 

1°  La  position  de  la  membrane  ou  gaîne  protectrice  n’est  pas  correctement 
indiquée  et  figurée  par  les  lettres  MM  dans  la  lîg.  29  et  mm  dans  la  fig.  31  de 
la  pl.  li.  Cette  assise  MM  ou  mm  est  la  membrane  rhizogène  qui  touche  im¬ 
médiatement  les  premiers  vaisseaux  formés.  C’est  l’assise  aa  de  la  fig.  29  qui 
est  la  membrane  protectrice.  Mais  les  plissements  si  caractéristiques  de  cette 
membrane  ne  sont  indiqués  nulle  part. 

2°  De  cette  première  méprise  en  découle  une  autre.  Les  canaux  oléifères 
sont  décrits  comme  étant  en  dehors  de  la  membrane  protectrice,  tandis 
qu’ils  sont  réellement  creusés  dans  son  intérieur,  comme  l’avait  fort  bien  vu 
M.  J.  Sachs  en  1859,  sur  V Helianthus  annuus. 

3°  Les  faisceaux  libériens  primitifs  du  cylindre  central  sont  méconnus  et 
confondus  avec  le  cambium.  Bien  plus,  dans  la  fig.  31,  ces  groupes  d’élé¬ 
ments  libériens  externes,  appuyés  contre  la  membrane  rhizogène  mm,  sont 
figurés  comme  des  vaisseaux  par  un  contour  très-noir;  ils  sont  d’ailleurs 
appelés  dans  la  légende  explicative  «  second  système  centripète  de  rayons 
ligneux.  »  C’est  là  une  erreur  grave.  L’auteur  admet  donc  qu’il  y  a  six  faisceaux 
vasculaires  primaires  dans  celte  racine,  et  de  deux  qualités  différentes,  formant 
deux  étoiles  ternaires  alternes,  quand  il  n’v  en  a  que  trois  en  réalité,  alternes 
avec  trois  faisceaux  libériens. 

U°  Suivant  M.  Mueller,  les  canaux  oléifères  naissent  associés  par  deux  ou  trois 
en  six  places  qui  correspondent  exactement  aux  six  branches  des  deux  étoiles 
ligneuses  ternaires  ainsi  constituées.  Cela  est  peu  exact  ;  car  c’est  seulement 
en  trois  places  et  vis-à-vis  des  faisceaux  libériens  primitifs,  c’est-à-dire  vis-à-vis 
de  la  deuxième  étoile  ligneuse  ternaire  de  l’auteur,  que  se  forment  les  canaux. 
En  face  des  lames  vasculaires  primitives,  on  ne  trouve  pas  de  méat  oléifères; 
ou  si  par  hasard  on  en  rencontre  quelqu’un  à  celte  place,  c’est  par  un  pur 
accident,  comme  il  arrive  d’en  trouver  parfois  dans  quelques-uns  des  méats 
du  parenchyme  cortical  extérieur  à  la  membrane  protectrice.  Il  en  est  ainsi, 
nous  l’avons  vu,  dans  toutes  les  Composées. 

5°  Enfin,  l’auteur  affirme  que,  à  la  suite  de  l’élargissement  du  cylindre 
central  produit  par  la  formation  des  productions  secondaires,  les  cellules  de 
la  membrane  protectrice  acquièrent  un  grand  développement  latéral,  mais 
que  «  le  nombre  n’en  est  pas  sensiblement  augmenté  »  (p.  Ô21).  Nous  savons 
au  contraire  que  les  éléments  de  la  membrane  protectrice,  ainsi  que  ceux  de  la 
membrane  rhizogène  sous-jacente,  se  divisent  par  de  nombreuses  cloisons 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


406 

radiales,  qui  sonl  toutes  plisséesau  même  endroit  dans  la  première  de  ces  mem¬ 
branes.  En  sorte  que  là  où  il  n’y  avait  d’abord  qu’une  seule  cellule  plissée,  il  y 
en  a  maintenant  vingt-cinq  à  trente  et  même  davantage.  Cette  multiplication 
écarte  progressivement  les  canaux  oléifères. 

Il  était  difficile,  on  le  voit,  de  se  faire  une  idée  moins  exacte  de  l’organisation 
de  la  jeune  racine  et  de  la  position  réelle  des  canaux  oléifères  au  sein  de  celte 
organisation. 

Lecture  est  donnée  d’un  extrait  du  travail  suivant  : 

OBSERVATIONS  SUR  L’ORIGINE  GLACIAIRE  DES  TOURBIÈRES  DU  JURA  NEUCIIATELOIS 
ET  DE  LA  VÉGÉTATION  SPÉCIALE  QUI  LES  CARACTÉRISE, 

par  M.  Ch.  1IARTIMS. 


(Montpellier,  août  1871.) 


L’origine  des  flores  actuelles  est  un  problème  nouveau  en  géographie 
botanique.  Ou  croyait  jadis  qu’elles  avaient  toutes  apparu  simultanément  à  la 
surface  du  globe.  Cette  opinion  n’est  plus  soutenable.  Comme  les  terrains, 
les  flores  et  les  faunes  qui  nous  entourent  remontent  à  des  époques  géolo¬ 
giques  plus  ou  moins  anciennes.  Il  en  est  qui  datent  de  la  période  glaciaire, 
belle  est  l’origine  de  la  végétation  des  tourbières  jurassiques,  et  peut-être  de 
celles  de  l’Europe  tout  entière.  Ce  travail  est  destiné  à  éveiller  sur  ce  sujet 
l’attention  des  géologues  et  des  botanistes.  Les  circonstances  qui  l’ont  fait 
naître  se  rattachent  à  des  souvenirs  qui  me  seront  toujours  bien  précieux. 

Lorsque  je  vis  pour  la  première  fois,  en  1859,  la  végétation  de  la  grande 
tourbière  qui  occupe  le  fond  de  la  vallée  des  Ponts,  à  1000  mètres  au-dessus 
de  la  mer,  dans  le  Jura  neuchâtelois,  je  crus  avoir  de  nouveau  sous  les  yeux 
l’aspect  des  paysages  de  la  Laponie,  que  j’avais  visitée  vingt  ans  auparavant. 
Non-seulement  les  arbres,  mais  les  herbes  même  étaient  identiques  à  celles  du 
Nord.  Plusieurs  séjours  successifs  dans  le  chalet  hospitalier  démon  ami  Desor, 
à  Combe-Varin,  près  de  l’extrémité  méridionale  delà  tourbière,  me  permi¬ 
rent  de  confirmer  ce  premier  aperçu,  que  je  complétai  en  étudiant  les  tour¬ 
bières  de  Noiraigues  dans  le  Val -Travers,  et  de  la  Brévine  dans  la  vallée  de 
même  nom.  La  première  est  élevée  de  720,  la  seconde  de  1030  mètres  au- 
dessus  de  la  Méditerranée.  Comme  terme  de  comparaison,  je  visitai  ensuite 
les  tourbières  des  environs  de  Gaiss,  dans  le  canton  d’Appenzell,  élevées  éga¬ 
lement  de  900  à  1000  mètres  au-dessus  delà  mer,  et  dernièrement  les  fonds 
tourbeux  des  Cévennes  granitiques,  dont  les  altitudes  varient  de  950  à  075 
mètres,  qui  est  celle  du  village  delà  Salvetat,  sur  les  limites  des  départements 
du  Tarn  et  de  l’Hérault.  Ces  études  me  permirent  de  constater  la  parfaite 
exactitude  de  tous  les  faits  et  de  tous  les  résultats  contenus  dans  l’ouvrage 
publié  en  1854,  sur  les  Marais  tourbeux ,  par  M.  Léo  Lesquereux.  Je  n’au- 


SÉANCE  DU  ‘22  DÉCEMBRE  1871 


407 


rais  même  pas  pris  la  plume  si  l’auteur  s’était  mis  au  point  de  vue  de  l’ori¬ 
gine  géologique  et  phytologique  de  ces  tourbières.  Mais  à  l’époque  où  il 
écrivait,  ces  questions  n’étaient  pas  encore  à  l’ordre  du  jour,  et  il  eût  été  fort 
eu  avant  de. son  temps  s’il  les  avait  même  pressenties.  Je  m’attacherai  donc 
à  ce  point  de  vue,  renvoyant  pour  tout  le  reste  à  l’ouvrage  que  je  viens 
de  citer. 


Origine  glaciaire  des  tourbières. 

* 

Un  sol  imperméable  que  les  eaux  pluviales  ne  puissent  traverser,  telle  est  la 
condition  première  de  la  formation  d’une  tourbière.  La  configuration  du  sol  ne 
joue  qu’un  rôle  secondaire.  Ainsi,  on  observe  des  tourbières  sur  des  terrains 
plats,  ceux  des  bords  de  la  Somme,  de  l’Ems  et  du  AVeser  (1),  du  Slesvig- 
Holstein  et  de  la  Hollande,  comme  dans  les  vallées  des  Vosges,  des  Alpes,  du 
Jura  et  des  montagnes  de  l’Écosse.  Quelquefois  même,  elles  s’établissent  dans 
les  légères  dépressions  de  pentes  très-inclinées.  Si  le  sol  est  imperméable,  si 
l’écoulement  des  eaux  n’est  pas  facile,  la  tourbière  se  forme.  Une  autre  con¬ 
dition,  c’est  que  les  pluies  ne  soient  pas  trop  rares,  l’air  habituellement  humide, 
la  chaleur  des  étés  modérée.  Aussi  en  Europe  les  tourbières  s’étendent-elles 
du  Spitzberg  jusqu’aux  Pyrénées  et  dans  la  haute  Italie,  mais  ne  dépassent  pas 
ces  limites  vers  le  Sud  ;  cependant  même  le  climat  du  pied  septentrional  des 
Pyrénées  est  encore  assez  humide,  assez  pluvieux  et  assez  tempéré  pour  favo¬ 
riser  l’établissement  de  tourbières  exploitables  :  mon  ami  M.  Émilien  Frossard 
m’apprend  qu’il  en  existe  une  sur  le  plateau  d’Ossun,  près  de  Lourdes,  une 
autre  sur  le  plateau  de  Lannemezan,  non  loin  de  la  Barthe-de-Neste,  arron¬ 
dissement  de  Bagnères-de*Bigorre  ;  toutes  deux  fournissent  du  combustible 
aux  environs. 

Les  vallées  longitudinales,  en  forme  de  berceau,  delà  chaîne  du  Jura  se  prê¬ 
tent  singulièrement  à  l’établissement  des  tourbières  :  en  effet,  presque  toutes 
se  terminent,  comme  celle  des  PoiDs,  par  deux  cols  qui,  étant  plus  élevés  que 
le  fond  de  la  vallée,  s’opposent  à  l’écoulement  des  eaux.  Sur  les  bords  longitudi¬ 
naux  où  les  assises  relevées  en  forme  de  crête  se  sont  rompues,  ces  eaux  s’é¬ 
chappent  entre  les  couches  calcaires  disloquées,  et  forment  ces  cavités  coniques 
régulières  connues  dans  le  pays  sous  le  nom  d’ emposieux  (2).  Ces  cavités  sont 
analogues  aux  chasmata  des  Grecs  anciens,  catavothra  des  modernes,  bêtoires 
de  la  Normandie,  Schlotten  en  Thuringe,  shallow  holes  en  Angleterre,  do - 
Unes  ou  Jamen  sur  le  plateau  de  Karst,  entre  Trieste  et  Adelsberg,  en  Car- 
mole.  Les  eaux  d’infiltrations  forment  les  sources  abondantes  des  vallées  infé¬ 
rieures  du  Jura,  celle  de  Noiraigues  dans  le  Val-Travers,  la  source  de  l’Areuse, 
celle  de  l’Orbe  dans  le  Jura  vaudois,  du  Muehlbach  près  de  Bienne,  de  la 


(1)  Voyez  Grisebach,  Ueber  die  Dildung  des  Torfsin  den  Emsmooren  (Gœttinger  Stu- 
dien,  18A5). 

(2)  Voyez,  sur  les  emposieux  de  la  vallée  des  Ponts,  Magasin  pittoresque ,  1865,  p.  236. 


l\ 08  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Birse,  etc.  Néanmoins  le  fond  de  la  vallée  reste  toujours  humide  ;  une  partie 
des  eaux  pluviales  ne  s’écoule  pas,  mais  s’étend  en  nappe  souterraine  au-des¬ 
sous  du  banc  de  tourbe,  et  alimente  la  végétation  des  Sphagnum  et  des  autres 
végétaux  qui  entrent  dans  la  composition  de  ce  terrain. 

Où  est  l’obstacle  qui  s’oppose  à  l’infiltration  de  ces  eaux  à  travers  les  fissures 
des  couches  calcaires  formant  le  thalweg  de  la  vallée  des  Ponts  ?  Cet  obstacle, 
c’est  une  couche  d’argile  siliceuse  qui,  semblable  à  un  enduit  imperméable, 
recouvre  toute  la  partie  horizontale  occupée  par  la  tourbière.  D’où  provient 
cette  couche  d’argile  siliceuse?  Elle  ne  saurait  être  due  à  la  décomposition  des 
roches,  qui  sont  toutes  calcaires;  cette  argile  est  un  produit  de  la  trituration  des 
roches feldspalhiques,  alumineuses  etsiliceuses,  de  roches  dites  primitives  :  c’est 
de  la  boue  glaciaire.  A  l’époque  de  la  grande  extension  des  glaciers  alpins,  tout 
le  Jura  fut  envahi  par  eux.  Il  était  compris  dans  le  domaine  du  glacier  du 
Rhône.  Malgré  une  exploitation  trop  active,  les  blocs  erratiques  qu’il  y  a  dé¬ 
posés  sont  encore  innombrables.  La  plupart  appartiennent  aux  roches  primi¬ 
tives  :  protogines,  gneiss ,  schistes  métamorphiques,  poudingues  à  cailloux 
quartzeux,  etc.;  ces  blocs  sont  épars  sur  le  crêt  de  Travers  qui  borne  au  sud 
h  vallée  des  Ponts.  Dans  celle  de  Travers  même  ils  formaient  la  puissante 
moraine  de  Noiraigues,  dont  les  blocs  ont  été  utilisés  en  majeure  partie  pour 
la  construction  des  têtes  de  tunnels  du  chemin  de  fer,  de  clochers  d’églises, 
d’escaliers  et  de  montants  de  portes  et  de  cheminées.  Cette  moraine  est  précisé¬ 
ment  en  aval  de  la  tourbière  de  Noiraigues,  et  les  blocs  se  retrouvent  dans 
tout  le  Val-Travers  jusqu’au  Ghasseron.  Les  tourbières  jurassiques  ont  donc 
une  origine  glaciaire,  même  lorsqu’elles  ne  sont  pas  barrées  par  une  moraine 
qui,  en  s’opposant  à  l’écoulement  des  eaux,  détermine  la  formation  de  lacs,  de 
marais  ou  de  tourbières,  connue  on  en  connaît  tant  d’exemples  dans  les  Alpes, 
le  Jura,  les  Vosges,  les  Pyrénées  et  même  dans  les  montagnes  de  la  Lozère  (1). 

Les  tourbières  des  environs  de  Gaiss,  dans  le  canton  d’Appenzell,  sont  une 
confirmation  de  ce  qui  se  voit  dans  le  Jura.  La  roche  dominante  est  la  nagel- 
flue polygénique,  poudingue  molassique,  composée  d’éléments  variés,  mais  où 
dominent  les  cailloux  calcaires  impressionnés.  Si  l’on  parcourt  la  tourbière 
qui  longe  la  route  de  Gaiss  à  Appenzell,  on  remarque  qu’elle  est  coupée  par 
plusieurs  ruisseaux  qui  se  jettent  dans  le  Rothbach.  Ces  ruisseaux  sont  creusés 
dans  une  argile  grise  très-plastique  et  très-pure.  Cette  argile,  qui  fait  à  peine 
effervescence  avec  les  acides,  recouvre  sur  plusieurs  points  le  véritable  terrain 
glaciaire  formé  de  cailloux  anguleux.  La  plupart  ne  sont  pas  calcaires,  non 
plus  que  les  blocs  erratiques  gisant  à  la  surface  du  sol  :  ce  sont  des  cailloux  et 
des  blocs  apportés  par  l’ancien  glacier  du  Rhin  qui  lésa  déversés  dans  les  envi¬ 
rons  de  Gaiss,  par-dessus  le  col  d 'Am  Stoss,  où  ils  deviennent  fort  nombreux 


(1)  Voyez  une  Note  sur  l’ancien  glacier  de  la  vallée  de  Palhères  ( Comptes  rendus  de 
l'Académie  des  sciences  de  Paris ,  9  novembre  1868). 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  \ 87d . 


409 


et  reposent  sur  une  moraine  dont  la  tranchée  de  la  route  qui  conduit  à  Als- 
tætlen  permet  d’apprécier  la  puissance.  La  partie  horizontale  du  col  est  elle- 
même  occupée  par  une  petite  tourbière  exploitée,  à  fond  également  argileux. 
Mais  ce  qui  est  encore  plus  démonstratif,  ce  sont  de  petits  îlots  marécageux 
qu’on  observe  sur  les  pentes  de  toutes  les  montagnes  voisines  :  ils  correspon¬ 
dent  à  de  légères  dépressions  du  sol,  e  on  les  reconnaît  de  loin  à  leur  végéta¬ 
tion,  qui  est  tout  à  fait  différente  de  celles  des  prairies  au  milieu  desquelles  ils 
sont  enclavés.  Tandis  que  les  pâturages,  d’un  vert  admirable,  se  composent 
uniquement  de  plantes  fourragères,  ces  îlots  se  distinguent  de  loin  par  une 
teinte  jaune  due  à  la  présence  du  Cirsium  palustre  qui  domine  les  Cypéracées 
et  les  Joncs,  témoins  comme  lui  de  l’existence  d’un  sol  humide  et  spongieux. 
Aussi,  tandis  que  les  pâturages  servent  à  la  dépaissance  des  vaches  laitières, 
ces  îlots  sont  fauchés,  et  les  herbes  employées  uniquement  comme  litière  dans 
les  étables.  Le  mode  de  formation  de  ces  îlots  est  le  même  que  celui  des  tour¬ 
bières.  La  boue  argileuse  de  l’ancien  glacier  s’étant  déposée  dans  les  moindres 
dépressions  du  terrain  et  arrêtant  l’écoulement  des  eaux,  le  sol  reste  humide, 
devient  spongieux,  et  la  végétation  du  pâturage  est  remplacée  par  celle  des 
marais  et  des  tourbières.  Un  drainage  intelligent  suffît  pour  faire  disparaître 
la  végétation  aquatique,  remplacée  bientôt  par  celle  des  plantes  sociales  du 
pâturage  alpin. 

La  formation  des  tourbières  alpines,  vosgiennes  ou  jurassiques,  se  rattache 
donc  à  l’époque  glaciaire.  Supprimez  les  moraines  comme  barrage  dans  un  grand 
nombre  d’entre  elles,  supprimez  la  boue  glaciaire  qui  rend  le  terrain  imper¬ 
méable,  et  la  tourbière  ne  se  formera  pas.  Les  moraines  et  la  boue  glaciaire 
jouent  même  un  grand  rôle  dans  la  formation  des  tourbières  qui  se  trouvent 
en  dehors  des  chaînes  de  montagnes,  mais  dans  le  domaine  des  anciens  gla¬ 
ciers,  qui  jadis  sortaient  des  vallées  pour  s’épanouir  dans  les  plaines.  Telles 
sont  toutes  celles  du  versant  septentrional  et  du  versant  méridional  des  Alpes: 
en  Piémont,  les  grandes  tourbières  de  San-Martino  et  San-Giovanni  près 
d’Ivrée,  d’Avigliana  sur  la  route  de  Suse  à  Turin  (1),  de  Mercurago  et  d’An- 
gera,  près  d’Arona,  sur  le  lac  Majeur.  Dans  les  environs  de  Novare,  beaucoup 
de  marais  tourbeux  ont  été  transformés  en  rizières.  En  Lombardie,  des  tour¬ 
bières  existent  aux  environs  de  Corne,  de  Varese,  de  Colico  et  de  Comabbio. 
Toutes  ces  tourbières  sont  dans  le  domaine  de  l’ancienne  extension  des  gla¬ 
ciers  alpins,  et  la  boue  glaciaire,  en  rendant  le  sol  imperméable,  a  autant 
contribué  à  leur  formation  que  l’obstacle  mécanique  apporté  par  la  digue 
morainique  à  la  circulation  des  eaux  courantes.  Mon  ami  et  ancien  collabora¬ 
teur  le  professeur  R.  Gastaldi,  de  Turin,  distingue  même  (2)  des  tourbières 


(1)  Voyez  Ch.  Martins  et  B.  Gastaldi,  Essai  sur  les  terrains  superficiels  de  la  vallée 
du  Pô ,  in-4°,  pp.  5  et  19. 

(2)  B.  Gastaldi,  Nuovi  cenni  sugli  oggetti  di  alta  antichita  trovali  nelle  lorbiere  e 
nelle  marniere  dell’Ilalia ,  p.  77. 


410  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

du  premier  ordre  situées  dans  la  plaine,  au  pied  de  la  moraine,  et  des  tour¬ 
bières  du  second  ordre  placées  dans  les  dépressions  de  la  moraine  elle-même. 
Les  mêmes  faits  se  représentent  dans  le  nord  de  la  Suisse,  dont  les  marais  tour¬ 
beux  sont  compris  dans  le  domaine  de  l’ancien  glacier  du  Rhin. 

Je  n’oserais  encore  affirmer  qu’à  l’époque  glaciaire  lesCévennes  granitiques 
du  département  de  l’Hérault,  dont  les  hauteurs  ne  dépassent  pas  1100  mètres 
au-dessus  de  la  mer,  aient  eu  des  glaciers  permanents;  et  cependant  je  me 
suis  assuré  que  les  nombreux  fonds  tourbeux  de  la  montagne  de  Sautmail, 
compris  entre  600  à  950  mètres,  sont  formés  par  une  couche  d’argile  aussi 
imperméable  aux  eaux  que  la  boue  glaciaire.  La  puissance  de  la  tourbe  n’atteint 
pas  un  mètre,  elle  n’est  pas  exploitée  comme  combustible,  mais  seulement 
comme  plaques  gazon  nées  pour  recouvrir  les  étables.  La  roche  sous-jacente 
est  un  gneiss  feuilleté  se  réduisant  facilement  en  sable  tin.  Cette  argile  de  tour¬ 
bières  est-elle  due  à  la  décomposition  de  ce  sable  que  les  cours  d’eau  entraî¬ 
nent  constamment  vers  les  parties  les  plus  déclives,  ou  bien  est-elle  aussi 
d’origine  glaciaire  ?  C’est  ce  que  je  ne  saurais  affirmer  en  ce  moment.  Je  passe 
à  l’élude  de  la  végétation  des  tourbières  jurassiques. 


Végétation  (les  tourbières  jurassiques. 

I.  ARBRES. 

Betula  pubescens  Ehrh.  —  Pinus  uliginosa  Neum.  (P.  uncinala  Ram.)  — 

Abies  excelsa.  —  Sorbus  aucuparia  (1). 

J’ai  déjà  dit  que  leur  végétation  était  celle  des  marais  tourbeux  de  la  Nor¬ 
vège  et  de  la  Laponie,  et  son  examen  nous  mènera  aux  mêmes  conclusions 
que  celui  de  l’origine  géologique  des  tourbières  :  cette  végétation  date,  comme 
la  tourbe  elle-même,  de  l’époque  glaciaire.  Les  arbres  sont  :  d’abord  la  va¬ 
riété  pubescente  du  Bouleau-blanc.  Identique  avec  celui  du  Nord,  il  ne  s’élève 
pas  à  plus  de  6  mètres,  et  ses  rameaux,  dont  les  extrémités  gèlent  dans  les 
hivers  rigoureux,  ne  sont  pas  pendants  comme  dans  les  pays  plus  tempérés. 
Ces  Bouleaux  forment  des  bouquets,  quelquefois  des  taillis.  Cet  arbre,  en  le 
réunissant  au  Betula  alla ,  se  trouve  dans  les  régions  septentrionales  de  l’Eu¬ 
rope  et  de  toute  l’Asie,  et  sur  les  montagnes  des  parties  méridionales  de  ces 
deux  continents,  telles  que  les  Alpes,  les  Pyrénées,  l’Altaï,  l’Asie  Mineure,  la 
Perse  et  l’Himalaya.  En  Amérique,  le  Bouleau  manque  au  Groenland  et  aux 
États-Unis,  il  n’existe  qu’à  l’est  des  montagnes  Rocheuses. 

L’arbre  qui  domine  et  donne  à  la  tourbière  l’aspect  d’une  forêt,  c’est  le  Pin- 
des-tourbières  [Pinus  uliginosa  Neum.).  Adulte  et  bien  portant,  il  a  la  forme 
d’une  pyramide  dont  la  base  repose  sur  le  sol,  ses  jeunes  cônes  dressés  portent 


(1)  La  grande  majorité  des  plantes  citées  dans  ce  mémoire  ayant  été  nommées  par  Linné, 
je  n’ajouterai  le  nom  d’auteur  qu’à  celles  qui  ne  l’ont  pas  été  par  lui. 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1871. 


AU 


des  écailles  d’une  belle  couleur  brune  recourbées  en  forme  de  crochet;  ce  Pin 
est  une  simple  variété  du  Pinus  montana  Du  Roy  (1).  Dans  les  parties  plus 
étanches  de  la  tourbière,  il  peut  s’élever  à  5  ou  6  mètres;  alors  scs  branches 
inférieures  se  dessèchent  et  le  sommet  seul  est  verdoyant.  Dans  les  parties  hu¬ 
mides,  spongieuses  et  découvertes,  on  n’aperçoit  que  des  individus  très-jeunes 
et  dont  la  tête  s’élève  à  peine  au-dessus  de  la  couche  des  Sphagnum.  Quand 
on  cherche  à  dégager  ces  arbres  nains,  on  reconnaît  que  la  végétation  des 
Mousses,  plus  rapide  que  celle  du  Pin,  l’a  gagnée  de  vitesse  et  que  le  tronc 
et  les  branches  inférieures  ont  déjà  été  enfouis  par  elles.  Ainsi  j’arrachai  le 
IA  août  1862  un  Pin  ayant  0m,80  de  hauteur  totale;  le  tronc  était  enfoui  de 
0m,A5  dans  la  mousse,  dont  il  ne  dépassait  la  surface  que  de  0m,35.  Si  l’on 
veut  déchausser  des  arbres  de  2  ou  3  mètres  de  haut,  qui  paraissent  souffrants 
et  dont  les  branches  inférieures  sont  déjà  mortes,  on  reconnaît  que  le  tronc 
plonge  profondément  dans  la  couche  de  Sphagnum  et  que  les  racines  s’enfon¬ 
cent  dans  la  tourbe  humide.  Les  Sphaignes  envahissent  l’arbre,  finissent  par 
le  tuer  et  par  ensevelir  son  tronc.  Telle  est  l’origine  de  ces  souches  appelées 
herbes,  qu’on  observe  à  tous  les  niveaux  sur  une  section  de  tourbière  ex¬ 
ploitée  :  ce  sont  des  troncs  de  Pins  qui  ont  été  ainsi  successivement  enfouis. 
Il  y  a  donc  une  lutte  permanente  entre  les  arbres  qui  cherchent  à  se  main¬ 
tenir  vivants  sur  ce  sol  anormal,  et  la  Mousse  hygroscopique,  qui  les  tue  et 
travaille  à  ensevelir  leur  tronc  dans  sa  masse  humide  et  spongieuse.  Ces  troncs 
sont  très-nombreux.  Quand  la  tourbière  est  mise  en  culture,  la  charrue  les 
arrache  du  sol.  Près  de  Combe- Varin  je  comptai  70  énormes  souches  ainsi 
extraites,  sur  une  surface  de  1200  mètres  carrés.  Ainsi  la  forêt  tourbeuse 
se  renouvelle  incessamment,  des  générations  successives  d’arbres  sont  tués 
par  les  Sphagnum  vivants,  et  enfouis  dans  la  couche  combustible,  où  ils  se 
conservent  indéfiniment. 

Le  Pinus  montana  mérite  son  nom;  car  il  n’existe  pas  dans  les  plaines  de 
l’Europe  et  de  l’Asie  septentrionale,  mais  seulement  dans  les  chaînes  de  mon¬ 
tagnes  des  parties  tempérées  de  ces  deux  continents,  telles  que  les  Carpates, 
les  Sudètes,  les  Alpes,  les  Vosges,  les  Pyrénées,  les  Apennins,  le  Taurus,  la 
Roumélie  et  la  Grèce.  M.  Boissier  ne  l’a  pas  observé  sur  la  Sierra- Nevada  : 
aucune  espèce  d’Amérique  ne  présente  avec  lui  la  moindre  analogie. 

Les  portions  les  plus  humides  de  la  forêt  tourbeuse  forment  des  clairières  ; 
les  arbres  y  manquent  totalement  ou  sont  rares  et  rabougris,  car  ils  périssent 
avant  que  leur  tête  ait  pu  s’élever  au-dessus  de  la  Mousse.  Des  touffes  denses, 
mais  stériles,  de  Scirpus  cœspitosus  offrent  seules  un  point  d’appui  résistant 
aux  pieds  du  botaniste  qui  veut  explorer  ces  terrains  où  végètent  de  vérita¬ 
bles  plantes  aquatiques,  telles  que  le  Trèfle-d’eau  (. Menianthes  trifoliata ),  le 


(1)  Voyez  Heer,  Ueber  die  Fœhrenarten  der  Schweiz  (Réunion  des  naturalistes 
suisses  de  1862). 


h\  2  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Cornarum  palustre  et  quelques  Carex ,  qui  ailleurs  ne  vivent  que  dans  les  fossés 
pleins  d’eau  et  au  bord  des  ruisseaux. 

La  Sapinelte  ( Abies  excelsa)  est  rare  dans  les  tourbières;  cependant  on  en 
observe,  sur  les  bords  et  dans  les  portions  étanches,  quelques-unes  dont  les 
troncs  atteignent  de  grandes  dimensions,  près  de  Combe-Varin  et  à  la  tourbière 
de  Noiraigues. 

On  remarque  aussi  quelques  pieds  de  Sorbier-des-oiseleurs  ( Sorbus  aucu - 
paria )  ;  mais  je  n’en  ai  pas  vu  qui  fussent  de  véritables  arbres. 

Ces  deux  dernières  espèces  se  trouvent,  comme  le  Pin  et  le  Bouleau,  dans 
la  presqu’île  Scandinave  tout  entière.  Cependant  le  Sorbier-des-oiseleurs  s’a¬ 
vance  encore  plus  vers  le  Nord  que  le  Sapin.  En  Laponie,  il  atteint  le  71e  degré 
de  latitude  ;  en  Sibérie,  sur  les  bords  du  Jennissei,  le  64e  (1):  il  habite  non- 
seulement  le  nord,  mais  les  hautes  montagnes  des  deux  continents.  I!  existe 
en  Islande,  au  Groenland,  au  sud  du  cercle  polaire  ;  mais  dans  l’Amérique  sep¬ 
tentrionale  il  est  remplacé,  suivant  Asa  Gray,  par  une  forme  spéciale  :  le  Pirus 
sambuei folia  Cham.  et  Schlecht.  (2). 

II.  ARBRISSEAUX. 

Betulanana.  —  Salixambigua  Ehrh.,  S.  aurita^S.  repens ,  S.  rubra  Huds., 

S.  cinerea.  —  Lonicera  cœrulea. 


Quelques  arbrisseaux  accompagnent  le  Bouleau-pubescent  et  le  Pin.  Je 
citerai  d’abord  le  plus  caractéristique  de  tous,  le  Bouleau-nain  ( Betula  nana ), 
reconnaissable  à  ses  petites  feuilles  arrondies  et  crénelées;  puis  trois  Saules  : 
Salix  ambigua  Ehrh.,  -S.  aurita  et  S.  repens.  Les  Saiix  rubra  Huds.  et 
S.  cinerea  sont  plus  rares,  et  enfin  un  Chèvrefeuille  ( Lonicera  cœrulea)  qui 
est  également  peu  commun. 

Tous  les  arbres,  tous  les  arbrisseaux  que  nous  venons  d’énumérer,  sauf  le 
Saule-rouge,  se  retrouvent  également  dans  le  nord  de  l’Europe,  jusqu’en  La¬ 
ponie  :  ce  sont  donc  des  plantes  boréales.  Mais  dans  la  presqu’île  Scandinave 
le  sol  et  l’air  sont  si  humides,  les  pluies  si  fréquentes,  les  chaleurs  estivales  si 
courtes  et  si  peu  intenses,  que  ces  arbres  et  ces  arbrisseaux  ne  sont  plus  limi¬ 
tés  aux  tourbières;  ils  croissent  partout,  même  dans  des  localités  qui  seraient 
complètement  étanches  dans  l’Europe  moyenne.  Au  nord  de  l’Allemagne,  le 
Pin-silvestre  ombrage  indifféremment  les  marais  tourbeux  et  les  dunes  sèches 


des  environs  de  la  ville  de  Celle,  en  Hanovre  (3).  En  Suisse,  le  P  inus  silves- 
tris  ne  vient  que  dans  les  localités  sèches,  et  ne  monte  pas  très-haut  dans  les 
montagnes;  c’est  le  Pinus  uliyinosa  qui  forme  les  pinèdes  des  tourbières 
alpines.  En  Scandinavie,  le  Pin-silvestre,  le  Bouleau-pubescent  et  le  Bouleau- 
nain  se  rencontrent  partout.  Ce  dernier  ne  s’arrête  qu’au  cap  Nord,  là  où, 


(1)  MiddendorfT,  Plantœ  jenniseenses,  p.  175. 

(2)  Asa  Gray,  Botany  of  the  Northern  United,  States ,  p.  161. 

(3)  Grisebach,  loc.  cit.  p.  22. 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1871. 


413 

pour  ainsi  dire,  la  terre  vient  à  lui  manquer,  il  ne  reparaît  pas  au  Spitzberg. 
Au  Labrador,  il  s’avance  jusqu’à  la  baie  de  Balfin,  et  au  G rœnland  jusqu’au 
73e  degré  de  latitude.  Dans  le  nord  des  États-Unis,  il  n’existe  que  dans  les  mon¬ 
tagnes  Blanches  du  New-Hampshire.  On  trouve  le  Bouleau-nain  en  Écosse, 
non  en  Irlande,  et  c’est  dans  le  Jura  et  sur  les  sommets  de  la  Styrie  et  de  la 
Garinthie  qu’il  atteint  sa  limite  méridionale  en  Europe.  En  Sibérie,  ce  Bouleau 
remonte  le  fleuve  Taymir  jusqu’au  74e  degré  et  reparaît  au  Sud  dans  l’Altaï 
et  l’Himalaya. 

Les  Saules  sont  nombreux  en  Scandinavie,  et  parmi  eux  se  trouvent  ceux 
des  tourbières  du  Jura,  que  nous  avons  énumérés. Les Salix  cinerea  et  S.  au- 
rita  seuls  se  rencontrent  en  Écosse,  mais  ce  dernier  ne  dépasse  pas  vers  le  sud 
les  comtés  septentrionaux  de  l’Angleterre  (1);  il  manque  aux  Shetland  et 
dans  les  Færœer.  Le  Salix  Lapponum ,  si  commun  autour  des  lacs  marécageux 
du  plateau  lapon,  n’existe  pas  dans  le  Jura  neuchâtelois,  maison  le  rencontre 
dans  la  haute  Engadine,  près  du  lac  de  Saint-Maurice. 

Le  Lonicera  cœrulea  se  trouve  mêlé  par  accident  à  la  végétation  des  tour¬ 
bières  jurassiques.  C’est  un  arbuste  des  montagnes  qui  s’étend  dans  toute 
la  chaîne  des  Alpes,  jusqu’en  Styrie  et  en  Carniole.  Il  croît  çà  et  là  en  Suède 
et  en  Laponie,  mais  il  y  est  rare  (2). 


III.  SOUS-ARBRISSEAUX. 

Andromeda  polifolia —  Calluna  Erica  DC.  — •  Vaccinium  uliginosum,  V.  Myrtillus , 
V.  Vilis-idœa ,  V.  Oxycoccos. — Empetrum  nigrum. 


La  liste  précédente  renferme  les  sous-arbrisseaux  habituels  de  la  tourbière 
jurassique.  Tous,  un  seul  excepté,  appartiennent  au  groupe  des  Éricacées,  et 
tous  font  partie  de  la  flore  boréale.  Quelques-uns  meme  sont  caractéristiques 
pour  les  tourbières  de  tout  l’hémisphère  septentrional,  du  71e  au  42e  degré. 
Je  citerai  en  première  ligne  Y  Andromeda  polifolia  :  il  croît  dans  les  tour¬ 
bières,  depuis  le  cap  Nord  jusqu’aux  Alpes  et  aux  Pyrénées  (3),  et  se  trouve 
également  dans  le  sud  de  l’Écosse,  en  Angleterre  et  en  Irlande  (4),  mais  il 
manque  aux  Shetland,  aux  Færœer  et  en  Islande. 

En  Asie,  Middendorff  l’a  rencontré  sur  les  bords  du  fleuve  Boganida, 
par  71°  15'  :  il  est  signalé  dans  toute  l’Amérique  septentrionale  jusqu’en 
Pennsilvanie  (5). 

La  Bruyère -commune  ( Calluna  Erica  DG.)  occupe  une  large  place  parmi 
1  es  plantes  sociales  des  tourbières  jurassiques.  Dans  celles  du  Nord,  elle  est 
associée  à  Y  Erica  Tetralix  ou  remplacée  par  lui.  Néanmoins  les  Bruyères  ne 


(1)  Watson,  Cybele  britannica ,  t.  II,  p.  395. 

(2)  Fries,  Summa  vegetabilium  Scandinaviœ ,  p.  10. 

(3)  Bentham,  Catalogue  des  plantes  indigènes  des  Pyrénées ,  p.  59. 

(4)  David  Moore,  Cybele  hibernica,  p.  181. 

(5)  Asa  Gray,  Botany  of  the  Northern  United  States ,  p.  295. 


Zj  14  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

sont  nullement  caractéristiques  de  la  tourbe,  car  elles  vivent  également  dans 
les  sables  et  forment  des  pelouses  sèches  qui  s’élèvent  très-haut  sur  les  pentes 
des  montagnes.  La  Bruyère-commune  offre  l’exemple  remarquable  d’une 
plante  sociale,  indifférente  à  la  fois  au  climat  et  à  la  nature  physique  et  chi¬ 
mique  du  sol.  Ainsi  on  la  trouve  depuis  le  cap  Nord  jusqu’à  l’extrémité  de  la 
péninsule  hispanique,  et  en  longitude  depuis  Constantinople,  où  je  l’ai  observée 
près  de  Buiukdéré,  jusque  dans  l’Amérique  du  Nord  et  au  Groenland.  On  ne 
saurait  donc,  quoiqu’elle  contribue  à  la  formation  de  la  tourbe,  la  considérer 
comme  une  plante  propre  aux  tourbières,  mais  seulement  comme  une  de  ces 
plantes  sociales  ubiquistes  qui  se  plaisent  également  dans  les  stations  les  plus 
diverses. 

Parmi  les  Vaccinium ,  signalons  d’abord  le  Vaccinium  uliginosum.  C’est 
une  plante  des  forets  humides  autant  que  des  tourbières;  elle  joue  ce  rôle  en 
Laponie,  au  Groenland,  dans  les  Alpes,  le  Jura,  les  Pyrénées,  L Himalaya  (1),  la 
Sibérie,  le  Kamtchatka  et  dans  le  nouveau  monde,  où  elle  se  maintient  en 
plaine  jusqu’au  lac  Supérieur.  M.  Boissier  (2)  l’a  trouvée  dans  les  prés  humides 
du  pic  de  Vellela,  près  de  Grenade,  à  la  hauteur  de  3000  mètres  au-dessus  de 
la  mer.  Son  aire  est  donc  aussi  étendue  que  celle  de  la  Bruyère-commune,  car 
en  longitude  elle  s’étend  du  Banat  à  l’Amérique  du  Nord,  et  reparaît  dans 
les  stations  intermédiaires,  telles  que  l’Ecosse,  les  Shetland,  l’Islande  et 
les  Færœer. 

Les  Vaccinium  Myrtillus  et  V.  Vitis-idœa  sont  communs  dans  les  tour¬ 
bières,  mais  ils  végètent  principalement  dans  les  parties  relativement  sèches, 
ou  au  pied  des  arbres,  au  milieu  des  Polytrichum.  Leur  station  de  prédilec¬ 
tion  est  dans  les  forêts  et  les  bruyères.  Tous  deux  atteignent  le  cap  Nord  et 
sont  répandus  dans  la  Scandinavie,  depuis  la  Suède  méridionale  jusqu’en 
Laponie.  En  Amérique,  le  Vaccinium  Myrtillus  est  remplacé  par  le  V.  myr- 
tilloides  Ilooker.  Le  V.  Vitis-idœa  ne  dépasse  pas  le  Massachusetts  vers  le 
Sud  (3).  Les  liges  des  Vaccinium,  s’allongeant  indéfiniment,  entrent  dans  la 
composition  de  la  tourbe,  quoiqu’elles  ne  soient  nullement  inféodées  à  un  sol 
spongieux.  Je  n’en  dirai  pas  autant  du  Vaccinium  Oxycoccos.  Partout  l’exis¬ 
tence  de  celte  plante  délicate  est  liée  à  celle  d’un  sol  tourbeux,  en  Laponie,  en 
Angleterre, en  Allemagne  et  en  France,  où  elle  s’étend  jusqu’aux  bords  de  la 
Loire.  Mais  je  ne  la  rencontre  pas  dans  les  Catalogues  des  plantes  pyrénéennes 
de  Bentham  et  de  Zelterstedt.  En  Laponie,  elle  s’arrête  à  l’Altenfjord  (h)  par 
70  degrés  et  ne  s’élève  pas  dans  les  montagnes.  Son  aire  est  donc  moins  éten- 


(1)  Hooker,  On  the  distribution  of  Arctic  plants ,  p.  296  ( Linnean  Transactions 
XXIII,  1861). 

(2)  Voyage  dans  le  midi  de  l'Espagne ,  t.  II,  p.  A04. 

(8)  Asa  Gray,  Botany  of  the  Northern  United  States ,  p.  290. 

{h)  Ch.  Martins,  Voyage  botanique  le  long  des  côtes  septentrionales  de  la  Norvège, 
135. 


SÉANCE  DU  2*2  DÉCEMBRE  1871. 


A  î  5 

due  que  celle  de  ses  trois  congénères,  qui  toutes  les  trois  atteignent  ou  dé¬ 
passent  les  Pyrénées  et  se  maintiennent  encore  à  Magerœ,  la  dernière  des  îles 
qui  avoisinent  le  continent  européen  vers  le  Nord  (1).  De  meme,  dans  les 
lies  Britanniques,  le  Vaccinium.  Oxycoccos ,  répandu  dans  toute  l’Angleterre,  ne 
franchit  pas  le  canal  calédonien  (2)  vers  le  Nord  (lat.  57  degrés),  et  aux  États- 
Unis  les  frontières  de  la  Pennsilvanie  vers  le  Midi.  En  Asie,  elle  n’atteint  pas 
la  presqu’île  de  Taymirau  nord  de  la  Sibérie. 

VEmpetrum  nigrum  ne  se  trouve  pas  dans  les  tourbières  du  Jura  ncu- 
châtelois  (3);  il  existe  dans  celles  du  Jura  français,  des  Alpes  et  du  nord  de 
l’Allemagne.  En  Laponie,  c’est  dans  des  stations  relativement  sèches  qu’il  est 
le  plus  commun  ;  même  observation  pour  les  Alpes,  les  Vosges  et  les  Pyrénées. 
Bien  qu’on  le  rencontre  dans  les  tourbières  de  ces  chaînes  de  montagnes, 
V Empetrum  nigrum  est  une  plante  arctique.  îl  n’avait  pas  été  signalé  au  Spitz- 
berg;  je  le  trouvai  le  premier,  en  août  1838,  dans  une  petite  île,  celle  des 
Eiders,  delà  baie  de  Bellsound,  par  77°  35'  de  latitude  (4);  depuis,  Th.  Fries 
l’a  revu,  en  1868,  dans  le  Green  harbour  et  les  fjords  du  nord  de  l’île  (5), 
par  80  degrés  de  latitude.  Comme  toutes  les  plantes  réellement  arctiques, 
il  fait  le  tour  du  pôle  :  ainsi  Middendortï  le  compte  parmi  le  petit  nombre  des 
végétaux  ligneux  des  tundra  de  la  Sibérie  septentrionale  (6).  Traversant  les  îles 
Àléoutiennes,  il  aborde  dans  l’Amérique  septentrionale  (7),  longe  les  bords  de 
Océan  et  redescend  jusqu'à  New- York  (8).  Sur  l’ancien  continent,  sa  limite 
méridionale  paraît  être  à  l’ouest  dans  les  Asturies,  à  l’est  dans  le  Caucase,  entre 
2400  et  3000  mètres  d’altitude,  et  dans  l’Altaï  (9).  C’est,  sans  contredit,  une 
des  plantes  arctiques  dont  Faire  est  la  plus  étendue,  et  l’étude  de  sa  distribu¬ 
tion  est  d’autant  plus  importante  qu’il  ne  saurait  y  avoir  de  doutes  sur  l’identité 
de  l’espèce. 

îl  est  deux  sous-arbrisseaux,  caractéristiques  des  tourbières  dans  d’autres 
pays,  qu’on  s’étonne  de  ne  pas  trouver  dans  celles  du  Jura  :  l’un  est  le  Myrica 
Gale ,  L. ,  l’autre  le  Ledum  palustre  L.  Tous  deux  coexistent  dans  le  nord  de 
la  Scandinavie  et  descendent  dans  le  sud  de  la  péninsule.  En  Danemark,  le 
Ledum  manque,  selon  Fries  (10);  mais  dans  le  Holstein  ils  vivent  ensemble 
dans  les  mêmes  marais.  A  partir  de  ce  point,  les  deux  plantes  suivent  des 

(1)  Ch.  Martins,  Voyage  botanique  le  long  des  côtes  de  Norvège,  p.  132. 

(2)  Watson,  Cybele  britannica ,  t.  II,  p.  158. 

(3)  Godet,  Flore  du  Jura ,  p.  135. —  Grenier,  Flore  de  la  chaîne  jurassique,  p.150. 

(h)  Observations  sur  les  glaciers  du  Spitzberg  ( Bibliothèque  universelle  de  Genève , 

juillet  1840). 

(5)  Tillœgg  lil  Spetzbergens  Fanerogam  Flora  ( Comptes  rendus  de  V Académie  de 
Stockholm,  1869,  n°  2). 

(6)  Middendorff,  Sibirische  Reise,  t.  IV,  p.  731. 

(7)  Ernest  Meyer,  De  plantis  labradoricis,  p.  56. 

(8)  Asa  Gray,  Botany  of  the  Northern  United  States,  p.  44  0. 

(9)  Ledebour,  Flora  altaica,  t.  IV,  p.  292. 

(10)  Summa  vegetabilium  Scandinavie^ ,  p.  49. 


h  16 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


méridiens  différents.  Le  Mgr  ica  s’arrête  à  l’Est  en  Poméranie,  j)uis  descend, 
par  le  Hanovre,  la  Weslfalie,  la  Hollande,  dans  la  France  occidentale,  passe 
en  Angleterre,  en  Irlande  et  en  Écosce,  sans  atteindre  les  Orcades  ni  les  Shet¬ 
land  (1),  traverse  les  Pyrénées  et  ne  finit  que  dans  le  nord  du  Portugal  (*2). 

Le  Ledurn  palustre  s’étend  moins  en  latitude,  et  de  la  Prusse-orientale  (3) 
il  descend  par  la  Saxe  à  Itadsbonne,  sans  dépasser  la  Forêt-Noire.  Il  man¬ 
que  eu  Suisse,  en  France  et  dans  les  Iles  Britanniques,  mais  s’avance  en 
Sibérie,  le  long  du  fleuve  Taymir  jusqu’à  7l)°30'.  Les  deux  plantes  font 
partie  de  la  flore  des  Etats-Unis. 


IV.  VÉGÉTAUX  HERBACÉS. 

Pour  mettre  de  l’ordre  dans  l’examen  de  ces  plantes,  je  les  diviserai  en 
quatre  groupes  :  1°  les  plantes  caractéristiques  des  tourbières  jurassiques  ;  2°  les 
plantes  aquatiques  des  marais,  fossés  et  prairies  marécageuses  voisines;  3°  les 
espèces  qui  croissent  abondamment  et  habituellement  dans  les  prairies  créées 
aux  dépens  de  la  tourbière;  4°  les  plantes  qui  vivent  sur  la  tourbe  sèche,  et 
enfin  les  espèces  advenlives  qui  ne  se  trouvent  qu’acciden tellement  dans  les 
tourbières  sèches  ou  humides. 


1°  Espèces  caractéristiques  des  tourbières. 

Scirpus  cœspitosus.  —  Saxifraga  Hirculus.  —  Eriophorum  vaginalum,  E.  angus- 
tifolium  Roth,  E.  latifolium  Hoppe,  E.  alpinum.  —  Carex  pauciflora  Lightf., 
C.  chordorrhiza  Ehrh.,  C.  heleonastes,  C.  teretiuscula  Good.,  C.  limosa,  C.  filiformis. 

—  Drosera  rotundifolia,  D.  longifolia.  —  Parnassia  palustris.  —  Pinguicula  vul- 
garis. —  Galium  uliginosum,  G.  palustre,  G.  boreale. — Slellaria  uliginosa  Murr. 

—  Pedicularis  palustris.  —  Viola  palustris.  —  Scheuclizeria  palustris.  —  Sagina 
nodosa.  —  Sivertia  perennis.  —  Aspidium  spinulosum  Sw. 

Parmi  les  plantes  herbacées  caractéristiques,  je  citerai  en  premier  lieu  celle 
qui  me  paraît  l’être  au  plus  haut  degré  :  c’est  le  Scirpus  cœspitosus ;  il 
couvre  de  ses  touffes  arrondies  les  parties  les  plus  humides  des  tourbières,  végé¬ 
tant  sur  les  Sphagnum  comme  sur  son  terrain  naturel.  La  plupart  de  ces 
touffes  sont  stériles,  et  les  pointes  des  feuilles,  noircies  par  les  gelées  de 
l’hiver,  se  détachent  sur  le  fond  jaunâtre  des  clairières,  dont  l’aspect  étrange 
au  milieu  de  la  tourbière  boisée  reporte  l’imagination  aux  premières  époques 
de  la  végétation  du  globe. 

L'aire  géographique  du  Scirpus  cœspitosus  est  considérable,  car  il  s’étend 
depuis  Magerœ,  l’île  la  plus  septentrionale  de  la  Norvège,  jusqu’aux  Py¬ 
rénées  et  aux  montagnes  de  la  Corse,  où  il  ne  se  trouve  plus  qu’à  des  hau¬ 
teurs  supérieures  à  2000  mètres.  Dans  les  Iles  Britanniques,  on  le  rencontre 
à  partir  des  Hébrides  jusqu’en  Cornouailles.  Il  paraît  manquer  au  Labrador  et 

(1)  Watson,  Cybele  britannica,  t.  II,  p.  408. 

^2)  Willkomm,  Prodromus  Florœ  hispanicœ,  t.  I,  p.  234. 

(3)  Klinggræff,  Die  Végétations  Verhœltnisse  der  Provins  Preussen,  pp.  24  et  113. 


SÉANCE  DU  ‘2*2  DÉCEMBRE  1  S7J  .  417 

dans  le  nord  de  la  Sibérie;  mais  il  existe  an  Groenland  el  aux  États-Unis,  où 
il  se  trouve  en  plaine  et  sur  les  montagnes,  dans  les  terrains  spongieux,  depuis 
le  Maine  jusque  dans  la  Caroline  du  Nord.  Le  fait  que  les  extrémités  de  ses 
feuilles  gèlent  dans  le  Jura  et  dans  les  Vosges  explique  son  absence  au  Labra¬ 
dor,  au  Spilzberg  et  dans  le  nord  de  la  Sibérie. 

Quoique  beaucoup  moins  commune  que  le  Scirpus  cœspitosus ,  la  plante 
qui  après  lui  me  paraît  la  plus  caractéristique  des  marais  tourbeux,  c’est  le 
Saxi fraya  Eirculus.  Son  aire  est  moins  étendue  que  celle  du  Scirpus.  En 
effet,  cette  Saxifrage  s’avance  jusqu’au  nord  du  Spilzberg  el  de  la  Sibérie  (1), 
où  elle  atteint  la  latitude  de  75°  36r  ;  du  Spilzberg  elle  descend  tout  le  long 
de  la  Suède  et  de  la  Norvège,  traverse  le  Danemark,  la  Prusse  orientale, 
et  s’arrête  à  l’ouest  dans  les  tourbières  jurassiques  de  la  Brévine,  dePonlarlier 
et  de  Nanlua,  à  l’est  dans  celles  de  la  Haute-Bavière;  mais  elle  n’existe  ni 
dans  les  Vosges,  ni  dans  les  Pyrénées.  En  Angleterre,  son  aire  est  limitée  aux 
comtés  septentrionaux;  elle  est  rare  en  Irlande  (2),  ne  s’élève  pas  dans  les 
montagnes  de  l'Ecosse,  et  manque  dans  les  Shetland  et  les  Færœer,  dont  le 
sol  et  le  climat  seraient  cependant  si  favorables  à  sa  végétation  ;  mais  elle 
reparaît  en  Islande  (3)  et  atteint  sa  limite  occidentale  dans  le  Canada,  l’Amé¬ 
rique  arctique  et  la  Colombie.  En  Asie,  C. -A.  Meyer  l’a  trouvée  dans  le  Cau¬ 
case,  Ledebour  dans  l’Altaï  et  M.  J.~D.  Hooker  (4)  dans  la  région  alpine  de 
l’Himalaya. 

On  voit  flotter  sur  les  tourbières  jurassiques  les  aigrettes  de  quatre  espèces 

Eriophorum,  savoir  ;  E.  vaginatum ,  E.  angusti  folium  Roth,  E.  lai  i  fo¬ 
lium  Hoppe,  et  E,  alpinum.  Toutes  ces  espèces,  mais  surtout  les  trois  pre¬ 
mières,  sont  caractéristiques  des  tourbières,  quoiqu’elles  se  rencontrent  éga¬ 
lement  dans  les  marais,  les  fossés  ou  les  prés  très-humides.  Une  seule  de  ces 
espèces,  VE.  angusti folium  Roth,  habite  le  Spitzberg ;  les  trois  autres  s’arrê¬ 
tent  au  cap  Nord  ;  vers  le  Sud,  1  ' E .  alpinum  est  le  seul  qui  dépasse  les  Pyrénées 
espagnoles  et  reparaisse  sur  les  hautes  sommités  de  la  Sierra-Nevada  (5).  II 
paraît  manquer  en  Angleterre,  d’après  M.  AVatson  (6);  mais  les  trois  autres 
espèces  se  rencontrent  partout,  des  Shetland  au  comté  de  Devon.  On  retrouve 
également  ces  Eriophorumm  Sibérie.  En  Amérique,  ils  s’étendent  du  Groen¬ 
land,  de  l’Islande  et  du  Labrador  aux  montagnes  de  la  Pennsilvanie;  et  même 
VE.  polystachyon  L.,  qui  comprend  VE .  angusti  folium  Pioth  et  \'E.  lati - 
folium  Hoppe,  descend,  au  sud,  jusqu’aux  montagnes  de  la  Géorgie  (7). 


(1)  Trautvetter,  dans  Grisebach,  Bericht  ueber  die  Leislungen  in  der  Pftanzengeo - 
graphie .  1 8 A 7 ,  p.  38. 

(2)  David  Moore,  Cybele  hibernica,  p.  117. 

(3)  Lauder  Lindsay,  Flora  of  Iceland,  p.  30. 

(4)  Proceedings  of  lhe  Linnean  Socieiy  ( Botany ),  1857. 

(5)  Willkomm  et  Lange,  Prodromus  Floræ  hispanicœ,  t.  I,  p.  135, 

(0)  Cybele  britannica,  t.  lit,  p.  81. 

(7)  Chapman,  Flora  of  lhe  Southern  United  States ,  p.  521. 

T.  XVII t.  (SÉANCES)  27 


SOCIETE  liOTANlqUE  l)E  FKANCE. 


m 

Parmi  les  douze  Car  ex  que  M.  Grenier  signale  clans  les  tourbières  du  Jura, 
il  en  est  trois  qui  sont  caractéristiques  et  ne  se  trouvent  guère  ailleurs  ;  ce  sont  : 
C.  pauciflora  Lightf. ,  C.  chordorrhizci  Ehrh.  et  C .  heleonastes  Ehrh.  Quatre 
autres  sont  plus  souvent  dans  les  tourbières  que  dans  d’autres  lieux  humides; 
savoir  :  C.  teretiuscula  Good. ,  C.  limosa ,  C.  Davalliana  Sm.  et  C .  filiformis. 
Les  cinq  derniers  enfin  croissent  plutôt  dans  les  fossés,  les  canaux  et  les  eaux 
stagnantes  des  tourbières;  ce  sont  des  espèces  qu’on  retrouve  dans  les  marais, 
les  ruisseaux,  les  prés  humides,  etc.,  savoir:  C.  stellulata ,  C.  panicea , 
(7.  CEderi  Ehrh.,  C.  ampullacea  et  6’.  Hornschuchiana  Hoppe.  Telles  sontles 
indications  que  je  dois  à  MM.  Godet  et  JDuval-Jouve,  botanistes  des  plus  com¬ 
pétents  en  pareille  matière,  le  premier  par  ses  études  dans  le  Jura,  le  second 
par  sa  connaissance  des  Cypéracées  et  des  tourbières  de  la  chaîne  des  Vosges 
et  des  Alpes  françaises.  Je  n’entrerai  pas  dans  les  détails  de  la  distribution 
géographique  de  ces  Carex.  Par  leur  aspect  uniforme,  leur  mélange  entre 
elles  et  avec  des  formes  analogues  de  Graminées  et  de  Cypéracées,  ces  plantes 
échappent  à  l’œil  de  l’observateur  ;  parla  minutie  de  leurs  caractères,  elles  sont 
d’un  diagnostic  difficile,  et  leur  synonymie  est  une  des  plus  embrouillées  de 
la  botanique.  Je  me  contenterai  de  dire  que  les  sept  espèces  de  Carex  qui 
sont  plus  ou  moins  caractéristiques  des  tourbières  se  retrouvent  dans  le  nord 
de  la  péninsule  Scandinave  (1).  Les  cinq  dernières,  qui  ne  sont  nullement 
inféodées  aux  terrains  bourbeux,  n’atteignent  pas  toutes  la  Laponien  ;  éanmoins 
les  Carex  confirment  la  loi,  émise  dans  le  commencement  de  ce  mémoire, 
que  la  végétation  des  tourbières  jurassiques  est  éminemment  boréale. 

Certaines  plantes  exotiques,  telles  que  les  Sarracénie q  ne  peuvent,  dans 
nos  serres  et  nos  jardins,  être  cultivées  que  sur  la  tourbe.  De  même  ce  ter¬ 
rain  paraît  indispensable  aux  différentes  espèces  européennes  du  genre  Dro- 
sera,  qui  dans  nos  tourbières  jurassiques  sont  au  nombre  de  deux:  Drosera 
rotundifolia  et  D.  longifolia.  Aussi,  partout  où  le  climat  et  le  sol  sont  assez 
humides  pour  qu’une  légère  couche  de  tourbe  puisse  se  former,  ces  deux  es¬ 
pèces  apparaissent.  On  les  trouve  dans  leur  station  spéciale,  du  cap  Nord  aux 
Pyrénées  et  aux  Asturies  dans  l’Ouest,  et  dans  l’Est  jusque  dans  les  montagnes 
de  la  Syrie.  Les  deux  espèces  se  rencontrent  aussi  dans  toutes  les  îles  de  l’ar¬ 
chipel  britannique,  depuis  les  Shetland  jusqu’à  l’île  de  Wight.  Même  phéno¬ 
mène  aux  États-Unis,  où  elles  peuplent  les  marais  tourbeux  depuis  l’Islande 
et  le  Canada  jusqu’à  la  Floride. 

Je  ne  saurais  séparer  des  Drosera  une  plante  du  même  groupe,  le  Par - 
yiassia  palustris ,  qui,  sans  être  essentiellement  liée  à  la  présence  de  la  tourbe, 
exige  seulement  certaines  conditions  de  fraîcheur  et  d’humidité  qui  lui  per¬ 
mettent  d’occuper  une  aire  géographique  encore  plus  étendue  que  celle  des 

(1)  Fries,  Summa  DegetabÜium  ScandinavicUi  p.  70;  et  Ati  Jersson  Cyperographia, 

p.  16. 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1871. 


Zi  19 

D>  •osera.  Ainsi,  en  Europe,  du  cap  Nord  à  la  Sierra-Nevada,  au-dessus  de 
2500  mètres,  et  en  Afrique,  dans  les  marais  de  la  Galle  (en  Algérie),  au  ni¬ 
veau  de  la  mer;  en  Asie,  du  nord  de  la  Sibérie  aux  sommets  du  Caucase  et  sur 
l’Himalaya,  à  2300  mètres,  on  trouve  cette  jolie  et  singulière  espèce.  En 
Amérique,  son  extension  vers  le  midi  est  beaucoup  moindre,  car  on  la  signale 
seulement  du  détroit  de  Behring  au  lac  Supérieur  ;  plus  au  sud,  elle  est  rem¬ 
placée  par  ses  congénères,  les  Parnassia  asari folia  Vent,  et  P.  caroliniana 
Mich. 

Il  m’est  impossible  de  ne  pas  nommer  après  ces  plantes  le  Pinguicula  vuU 
garis  L.,  qui  leur  est  si  souvent  associé  dans  la  nature,  et  se  plaît  comme  elles 
dans  les  tourbières  ;  il  existe  dans  toute  la  péninsule  Scandinave  et  ne  finit  que 
dans  les  montagnes  de  la  Catalogne  et  des  Asturies  à  l’Ouest,  et  vers  l’Est  dans 
l’Olympe  de  Bithynie. 

Comme  l’indique  son  nom,  le  Galium  uliginosum  est  plus  caractéristique 
que  les  deux  plantes  précédentes.  Il  se  trouve  dans  toutes  les  tourbières,  depuis 
celles  de  Magerœ  jusqu’au  milieu  de  l’Espagne,  où  MM.  Cutanda  et  Del  Amo 
l’ont  cueilli  sur  les  bords  du  Manzanarès  (1)  avec  le  G.  palustre ,  qui  lui  est 
le  plus  souvent  associé  ;  il  se  hasarde  jusque  dans  les  montagnes  des  environs 
de  Grenade.  Le  Galium  boreale  a  la  même  distribution  géographique,  mais 
s’arrête  dans  les  montagnes  de  Guadarama,  dans  le  nord  de  l’Espagne.  De  ces 
trois  Galium,  les  deux  premiers  sont  répandus  dans  toute  l’étendue  des  Iles 
Britanniques,  mais  le  dernier  est  limité  à  l’Écosse  et  à  la  partie  septentrionale 
du  pays  de  Galles.  Les  trois  espèces  se  retrouvent  en  Islande.  Le  G.  boreale 
seul  se  rencontre  dans  le  nord  des  États-Unis. 

Le  Stellaria  uliginosa  Murr. ,  sans  être  limité  aux  tourbières,  s’y  trouve 
néanmoins  habituellement,  non-seulement  dans  le  Jura,  mais  encore  en 
France  et  en  Allemagne  ;  il  ne  dépasse  pas  les  Pyrénées,  et  ne  remonte  pas 
en  Laponie.  Il  existe  aux  États-Unis  :  c’est  une  herbe  dont  l’aire  géogra¬ 
phique  est  relativement  restreinte. 

Quoique  je  n’aie  jamais  trouvé  le  Sagina  nodosa ,  je  dois,  sur  le  témoignage 
de  MM.  Godet  et  Grenier,  enregistrer  cette  plante  Scandinave  comme  carac¬ 
téristique  des  tourbières  du  Jura  :  elle  se  trouve  aussi  dans  des  localités  sim¬ 
plement  marécageuses. 

Le  Pedicularis  palustris  occupe  une  aire  très-étendue,  car  de  l’extrême 
Nord,  en  Europe  comme  en  Asie,  il  reparaît  dans  toutes  les  prairies  tour¬ 
beuses  ou  même  simplement  humides,  jusqu’aux  Pyrénées  d’un  côté,  et  au 
lac  Baïkal  de  l’autre. 

Le  Viola  palustris  s’étend  sur  toute  la  péninsule  Scandinave,  habite  les 
tundra  de  la  Sibérie  (2)  et  les  marais  de  la  plaine  et  des  montagnes  de  l’Europe 

(1)  Willkomm  et  Lange,  Prodrotnus  florœhispanicœ,t.  ÎI^  p.  321. 

(2)  Middendorff,  Sibirische  Reise ,  t.  IV,  pl.  u,  p.  735. 


Zr20  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

entière,  car  Tenore  l'a  cueilli  sur  les  montagnes  de  la  Calabre  et  M.  Boissier 
sur  la  Sierra-Nevada,  à  la  hauteur  de  3000  mètres. 

Rare  dans  les  tourbières  du  Jura  neuchâtelois,  le  Scheuchzeria  paiustris 
n’en  est  pas  moins  caractéristique  de  ce  genre  de  marais,  depuis  le  nord  de 
la  Scandinavie  jusqu’aux  Pyrénées,  qui  forment  sa  limite  méridionale,  car  il 
n’existe  pas  dans  le  reste  de  a  péninsule  hispanique.  ÏCpars  dans  le  nord  de 
l’Angleterre  et  le  sud  de  l’Ecosse,  il  manque  en  Irlande,  aux  Shetland,  aux 
Færœer  et  en  Islande,  mais  s’étend  dans  l’est  jusqu’au  fleuve  Jennissei  (1). 

Pour  terminer  l’énumération  des  plantes  phanérogames  plus  ou  moins 
caractéristiques  des  marais  tourbeux  du  Jura,  j’en  dois  signaler  une  qui  man¬ 
que  dans  beaucoup  de  localités  analogues  en  Europe  et  en  Amérique  :  c’est 
le  Swertia  perennis ,  dont  la  distribution  géographique  est  assez  anormale. 
Inconnu  dans  la  péninsule  Scandinave,  il  se  trouve  çà  et  là  dans  les  tourbières 
des  plaines  et  des  montagnes,  depuis  le  Holstein  jusqu’aux  Pyrénées,  et  de  la 
Russie  moyenne  au  Caucase.  Il  manque  dans  le  nouveau  continent  (2).  C’est 
la  seule  plante  des  tourbières  jurassiques  qui  soit  étrangère  à  la  Suède  et  à 
la  Norvège,  et  dont  la  limite  septentrionale  ne  dépasse  pas  le  54e  degré  de  la¬ 
titude.  Son  apparition  n’est  probablement  pas  contemporaine  de  celle  du  reste 
de  la  flore. 

Citons  enfin  une  Fougère  qui,  sans  être  spéciale  aux  tourbières,  s’y  ren¬ 
contre  communément  dans  les  portions  ombragées  :  c’est  VAspidtum  spinu - 
losum  Sm. ,  qui  se  trouve  également  dans  toute  la  Scandinavie. 


2°  Vcgctaut  herbacés  aquatiques  des  fossés,  canaux  et  prairies 
marécageuses  voisins  «les  tourbières. 

kanunculus  Éldrnmula.  —  Caltha  paiuslrîs .  —  Naslurtium  amphibiutn.  —  Bidens 
cernuus. —  Cirsmm  palustre.  —  Epilobium  palustre ,  E.  anguslifolium.  • —  Comarum 
palustre.  —  Galium  palustre.  — J Myosotis  cæspitosa ,  M.  paiustris  With.  —  Uiricu- 
laria  vulgaris ,  U.  minor.  —  Mentha  aqualica.  —  Veronica  scutellata.  —  Me- 
nianthes  tn'fuliata,  —  Polygonum  Persicaria. 

Glyceria  fluitans  R.  Br.  —  Catabrosa  aqualica  P.  B.  —  Sparganium  nalans.  — Jun - 
eus  alpinusj  J.  conglomeralus.  —  Po'amogeton  rufescens  Sclir.,  P.  pusillus ,  P.  na- 
tans.  —  iïhunchospora  alba  Vahl.  —  Carex  stellulala,  C.  panicea ,  C.  OEdcri  Ehrh., 
C.  ampullacea  Good. 

Equüetum  palustre. 

Aucun  de  ces  végétaux  n’est  propre  aux  tourbières,  toits  se  retrouvent 
également  dans  les  marais  et  les  eaux  courantes  du  nord  de  l’Europe  ;  toute¬ 
fois  le  sol  tourbeux  n’est  pas  contraire  à  leur  végétation,  et  ces  plantes  aqua¬ 
tiques  sont  le  pendant  des  plantes  aériennes  qui  vivent  sur  la  tourbe  sèche, 
le  n’entrerai  pas  dans  le  détail  circonstancié  de  la  distribution  géographique 

(1)  Lecoq,  Éludes  sur  la  géographie  botanique  de  l'Europe,  t.  VI II,  p.  439. 

(2)  Voyez  pour  plus  de  détails:  Christ,  Ueber  die  Verbreilung  der  Pflanzender  alpinen 
Begion  der  europœxschen  Àlpenkettc,  p.  71. 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1871. 


m 

de  ces  espèces,  me  bornant  à  constater  qu’elles  se  trouvent  dans  toute  l’éten¬ 
due  de  la  péninsule  Scandinave,  participant,  par  conséquent,  au  caractère 
boréal  de  la  végétation  tourbeuse  proprement  dite. 


3°  Végétaux  herbacés  des  portions  périphériques  de  la  tourbière 

converties  en  prairies. 

Ranunculus  repens.  —  Trollius  europœus. —  Carclamine  pratensis.  —  Lychnis  Flos - 
cuculi.  —  Slellaria  graminea.  — Ægopodium  Podagraria.  —  Scabiosa  Succisa.  — • 
Solidago  Virgaurea.  —  Cineraria  spalhulæ folia  Gm.  —  Bidens  cernvus.  —  San - 
guisorba  officinalis.  —  Spiræa  Ulmaria ,  S.  Fdipendula.  —  Scrofularia  nodosa , 

—  Polygonum  Bistorta. 

Phleum  pratense.  —  A  lopecurus  pratensis.  —  Calamagroslis  lanceolata  Roth.  —  Æra 
cœspitosa. —  Agrostis  canina.  —  Festuca  ovina.  —  Scirpus  compressus  Pers.  — 
Carex  Davalliana  Sm.,  C.  pulicaris,  C.  canescens. 

Toutes  les  espèces  des  prairies  tourbeuses  que  je  viens  d’énumérer  se 
retrouvent  en  Scandinavie,  la  plupart  s’avancent  même  jusqu’au  nord  de  la 
péninsule.  Quatre  seulement  :  Cineraria  spathulœ folia,  Sanguisorba  offici- 
nalis,  Polygonum  Bistorta  et  Carex  pulicaris,  ne  dépassent  pas  le  milieu  de 
la  Suède  et  de  la  Norvège.  La  végétation  des  prairies  tourbeuses  est  donc, 
comme  celle  des  tourbières  et  des  fossés  qui  les  entourent  ou  des  canaux  qui 
les  traversent,  éminemment  boréale. 

h°  Plantes  herbacées  végétant  sur  la  tourbe  sèche. 

Viola  iricolor.  —  Leucanthemum  vulgare  Lam.  —  Hieracium  Auricula.  —  Alchimilla 
vulgaris. —  Potentilla  Tormentilla ,  P.  Anserina. —  Euphrasia  officinalis. — Thymus 
Serpyllum.  —  Melampyrum  arvense.  —  Linaria  vulgaris.  —  Gentiana  campeslris. 

—  Rumex  Acelosella.  —  Agrostis  rubra  DC.  —  Moltnia  cœrulea  Mœnch. 

Dans  les  tourbières,  les  parties  exploitées  présentent  des  surfaces  entière¬ 
ment  étanches,  sur  lesquelles  on  dispose  les  petits  amas  de  morceaux  de  tourbe 
taillés  ordinairement  en  parallélipipède,  et  qui  doivent  sécher  avant  d’être 
employés  comme  combustible,  sous  le  nom  de  briquettes.  Ces  surfaces,  et 
quelquefois  les  amas  eux-mêmes,  sont  envahis  au  bout  de  quelque  temps  par 
une  végétation  spéciale,  différente  de  celle  que  nous  avons  examinée  jusqu’ici. 
Les  espèces  qui  la  composent,  énumérées  ci-dessus,  se  retrouvent  aux  envi¬ 
rons  sur  le  sol  géologique  de  la  contrée.  Néanmoins  toutes  les  plantes  ne  peu¬ 
vent  pas  végéter  ainsi  sur  la  tourbe  sèche,  et  j’ai  pensé  qu’il  serait  intéressant 
de  donner  la  liste  de  celles  que  j’ai  observées  autour  des  tourbières  des  Ponts 
et  de  la  Brévine. 

Aucune  de  ces  espèces  n’est  étrangère  à  la  Scandinavie  :  toutes,  à  l’exception 
de  l’ Euphrasia  officinalis,  s’avancent  même  jusqu’au  nord  de  la  péninsule. 

On  trouve  quelquefois  dans  les  tourbières,  et  surtout  autour  d’elles,  des 
plantes  qu’on  peut  considérer  comme  purement  adventices.  Je  crois  inutile  de 
les  mentionner  ici,  d’autant  plus  que  leur  existence  est  probablement  transi¬ 
toire  ;  je  citerai  seulement  comme  exemples  :  Aconitum  Napellus,  Gentiana 


k'2'2  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

asclepiadea,  Centauria  Scabiosa ,  qui  caractérisent,  comme  on  sait,  des  sta¬ 
tions  complètement  différentes  de  celles  des  tourbières,  et  ne  peuvent  cepen¬ 
dant  pas  être  considérées  comme  faisant  partie  de  ces  plantes  banales  qui 
s’accommodent  des  terrains  les  plus  divers  et  des  expositions  les  plus  variées. 

Dans  son  livre  sur  les  tourbières,  Léo  Lesquereux,  qui  s’était  particuliè¬ 
rement  livré  à  l’étude  des  Mousses,  a  donné  la  liste  de  toutes  celles  qui  habi  - 
tent  les  tourbières  jurassiques  (1).  J’ai  prié  mon  ami  M.  W.  Schimper,  le 
premier  incontestablement  des  bryologistes  modernes,  de  vouloir  bien  revoir 
cette  liste,  et  de  me  désigner  celles  qui  se  trouvent  également  en  Scandinavie 
et  dans  les  régions  arctiques.  Le  résultat  de  ce  travail,  c’est  que,  sur  cinquante 
espèces,  vingt  existent  en  Scandinavie  seulement,  et  trente  à  la  fois  en  Scan¬ 
dinavie  etdans  les  régions  arctiques.  Il  en  est  de  même  des  neufLichens  qu’on 
trouve  habituellement  sur  la  tourbe  :  six  sont  communs  à  la  péninsule  et  aux 
régions  arctiques,  trois  ne  vivent  qu’en  Scandinavie.  La  végétation  cryptoga- 
mique  témoigne  donc,  comme  celle  des  Phanérogames,  de  l’unité  d’origine 
de  la  population  végétale  du  nord  de  l’Europe  et  des  marais  tourbeux  du  Jura. 

Pour  compléter  ce  travail,  je  crois  devoir  donner  ici  la  liste  de  toutes  les 
plantes  trouvées  dans  les  tourbières  du  Jura  neuchâtelois  par  Léo  Lesquereux, 
M.  Godet  et  moi;  elles  sont  rangées  par  ordre  de  familles.  On  a  vu  que  toutes 
ces  plantes,  Swertia perennis  excepté,  se  retrouvent  en  Scandinavie,  et  l’im¬ 
mense  majorité  s’avance  jusqu’à  l’extrémité  septentrionale  de  cette  péninsule. 
Quelques-unes  dépassent  même  cette  limite  et  persistent  encore  dans  les  ré¬ 
gions  arctiques.  Sous  ce  nom,  je  comprends  le  Spitzberg,  le  Grœnland,  les 
parties  de  l’Amérique  boréale  situées  au  nord  du  60e  parallèle  qui  passe  par  la 
pointe  du  Grœnland,  la  presqu’île  de  Taymir  qui  forme  la  pointe  septentrio¬ 
nale  de  la  Sibérie  au  delà  du  70e  degré,  et  enfin  la  Nouvelle-Zemble.  Le  travail 
du  docteur  E.  de  Martens  (2),  mes  propres  observations  (3)  et  celles  de  Malm- 
grén  et  Th.  Fries  pour  le  Spitzberg,  jointes  à  celles  de  Middendorff  pour  la 
Sibérie  et  des  voyageurs  anglais  et  américains  pour  l’Amérique  arctique, 
m’ont  servi  de  termes  de  comparaison.  Elles  confirment  ce  grand  fait  de  géo¬ 
graphie  botanique  :  que  la  flore  arctique  u’a  point  de  caractère  spécial  et  n’est 
qu’une  extension  appauvrie  des  flores  Scandinave,  sibérienne  et  américaine. 
Son  uniformité  sous  tous  les  méridiens  provient  de  ce  qu’un  petit  nombre 
d’espèces  communes  aux  trois  continents  ont  pu  vivre  et  se  propager  dans  les 
conditions  de  climat  les  plus  hostiles  à  toute  végétation,  conséquence  né¬ 
cessaire  de  la  persistance,  autour  du  pôle,  de  la  période  glaciaire  qui  s’étendait 
jadis  sur  une  portion  beaucoup  plus  vaste  de  l’hémisphère  septentrional. 
Dans  la  liste  suivante,  les  plantes  Scandinaves  qui  pénètrent  dans  les  régions 

(1)  Voyez  cette  liste,  p.  26. 

(2)  Ueberblick  der  Flora  arctica,  1857. 

(3)  Du  Spitzberg  au  Sahara ,  p.  83. 


SÉANCE  DU  2*2  DÉCEMBRE  1871.  k 28 

arctiques  sont  distinguées  des  autres  par  un  astérisque,  et  les  plantes  sans  nom 
d’auteur  sont  des  espèces  linnéennes. 

Dicotyledoneœ . 


■taiiitnculnccæ. 

Ranunculus  repens. 

* —  Flammula. 

‘Caltha  palustris. 

Trollius  europæus. 

Aconitum  Napellus. 

C  ruciferæ. 

Nasturtium  amphibium. 
'Cardamine  pratensis, 

Yinlaricæ. 

*Viola  palustris. 

—  tricolor. 

Droseraccæ. 

brosera  longifolia. 

—  obovata  Kuch. 

—  rotundifolia. 

Parnassia  palustris. 

Caryophyllcæ. 

Lychnis  Flos-cuculi. 

*Sagina  nodosa  E.  Meyer. 
*Alsine  stricta  Wahlnbg. 
Stellaria  graminea. 

—  uliginosa  Murr. 

Rosaeeæ. 

*Comarum  palustre. 

*Potentilla  Anserina. 

—  Tormentilla. 

Spiræa  Ulmaria. 

—  Filipendula. 

*Alchimilla  vulgaris. 
Sanguisorba  offîcinalis. 

Onagrarïeæ. 

*Epilobium  palustre. 

* —  angustifolium. 

•iaxifrageæ, 

*Saxifraga  Hirculus. 

IJmJtelliferœ. 

Ægopodium  Podagraria. 

Caprifoliaccæ. 

Lonicera  cærulea. 

Kluliiaecæ. 

Galium  uliginosum. 

—  boreale. 

* —  palustre. 


■Hpaaceæ. 

Scabiosa  Succisa. 

Compoftitæ. 

Solidago  Yirgaurea. 

Bidens  cernuus. 

Cineraria  spathulæfolia  Gm. 
Leucanthemum  vulgare  Lam. 
*Gnaphalium  uliginosum. 
Cirsium  palustre  Scop. 
Hieracium  Auricula. 

Vacciniete. 

Yaccinium  Myrtillus. 

4 —  uliginosum. 

—  Vitis-idæa. 

— •  Oxycoccos. 

firicincæ. 

Andromeda  polifolia. 

Calluna  Erica  DC. 

Gentlancæ. 

Gentiana  campestris. 

—  Pneumonanthe. 

—  asclepiadea. 

Swertia  perennis. 

*Menianthes  trifoliata. 

Borragineæ. 

Myosotis  palustris  With. 

—  cæspitosa  Schultz. 

Laliiatæ. 

Menlha  aquatica. 

*Thyrnus  Serpyllum. 

Galeopsis  Tetrahit. 

Antirrhineæ. 

Linaria  vulgaris. 

Ncrofulariaceæ. 

Scrofularia  nodosa. 

Yeronica  scutellata. 

llbinantlmceæ. 

*Euphrasia  offîcinalis. 
Melampyrum  arvense. 
Pedicularis  palustris. 

—  silvatica. 

Lcntibularieæ. 

Ulricularia  vulgaris. 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE 


m 

Utricularia  minor. 
*Pinguicula  vulgaris. 

Polygone*». 

*Rumex  Acetosella. 
‘'‘Polygonum  viviparum. 

—  Persicaria. 

—  Bistorta. 


Amentaceæ. 

Betula  pubescens  Ehrh. 

* —  nana. 

Salix  cinerea. 

—  aurila. 

—  ambigua  Ehrh. 

—  repens. 

Pinus  uliginosa  Neum. 


Monocotyledoneœ. 


Ailsniaceu*. 

Scheuchzeria  palustris. 

Potasneæ. 

Potamogelon  natans. 

* —  rufescens  Schr. 

—  pusillus. 

Typhncete. 

Sparganium  natans. 

•Vuncaceæ. 

Juncus  conglomeratus. 

* —  alpinus. 

*Luzula  multidora  Lej. 

Cyperaceæ. 

Rhynchospora  alba  Vahl. 

Scirpus  compressus  Pers. 

* —  cæspitosus. 

*Eriophorum  angustifolium  Roth. 
* —  latifoliiim  lloppe. 

* —  vaginatum. 

—  alpinum. 

*Carex  ampullacea  Good, 

—  filiformis. 


Carex  limosa. 

—  panicea. 

—  Davalliana  Smith. 

—  pulicaris. 

—  pauciflora  Lightf. 

—  chordorrhiza  Ehrh. 

* —  Œderi  Ehrh. 

—  tereliuscula  Good. 

* —  canescens. 

—  stellulata  Good. 

—  heleonastes  Ehrh. 

—  Hornschuchiana  Hoppe. 

Cirninitieæ. 

*Festuca  ovina . 

Glyceria  fluitans  R.  Br. 
Molinia  cærulea  Mœnch. 
*Catabrosa  aquatica  P.  B. 
*Æra  cæspitosa. 

Calamagrostis  lanceolata  Roth. 
*Agrostis  rubra  DG. 

* —  catiina. 

Alopecurus  pratensis. 

Phleum  pratense. 

Nardus  stricta. 


Acotyledoneœ . 


Filiees. 

“Aspidium  spinulosum  Sw. 

Equïsetacea*. 

*Equisetum  silvaticum. 

—  palustre. 

lIllNOi. 

Sphagnum  cuspidatum  Ehrh. 

*  —  acutifolium. 

* —  cymbifolium  Ehrh. 

—  tenellum  Pers. 

—  compactum  Brid. 

* —  subsecundum  Nees. 
*Hypnum  fluitans. 

* —  trifarium  W.  et  M. 

* —  revolvens  Sw. 

* —  scorpioides. 


*Hypnum  exannulatum  Guemb 
* —  stramineum  Dicks. 

—  cordifolium  Hedw. 

—  stellatum  Schr. 

* —  nitens  Schr. 

*  —  splendens. 

* —  Schreberi  Willd. 

—  Crista-castrensis. 

—  cuspidatum. 

*Aulacomnium  palustre  Schw. 
Meesia  longiseta  lledw. 

—  trislicha  Br. 

* —  uliginosa  Hedw. 
*Polytriehum  commune. 

—  formosum  Hedw. 

* —  gracile  Mentz. 

* —  piliferum  Schr. 

—  urnigerum. 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1871 


*Dicraaum  Scliraderi  W.  et  M. 

—  glaucum  Sw. 

* —  cerviculatom  W.  et  M. 

* —  undulalum  Turn. 

—  scoparium  Hedw. 

* —  palustre  B.  et  Sch. 
Campylopus  torfaceus  B.  et  Sch. 
Splachnum  ampuilaceum. 

* —  sphæricum. 

*Paludella  squarrosa. 

*Bartramia  fontana  Sw. 

—  marchica  Brid. 

*Bryum  nutaris  Hedw. 

* —  pseudotriquetrum  Hedw. 

—  argenteum. 

* —  bimum  Schreb. 

Climacium  dendroides  W.  et  M. 


h  25 

Mnium  punctatum. 

—  affine. 

*Catharinea  undulata  W.  et  M. 

*Ceratodon  purpureus  Brid. 

Funaria  hygrometrica  Hedw. 

I.ichencs. 

*Cladonia  rangiferina  DC. 

—  subulata  DC. 

* —  pyxidata. 

Lecidea  icmadophylla  Ach. 

—  uliginosa  Ach. 

*Cenomyce  coccifera  Ach. 

* —  bacillaris  Ach. 

* —  deformis  Ach. 

—  gracilis  Ach. 


Tourbières  des  Vosges  et  des  Cévcnnes. 

Les  géologues  n’avaient  pas  reconnu  l’origine  glaciaire  des  bassins  dans 
lesquels  se  sont  formées  les  tourbières  du  Jura.  On  le  conçoit  aisément. 
Lorsque  l’ancien  glacier  du  Rhône  remplissait  le  bassin  du  Léman,  il  n’avait 
pas  la  forme  régulière  d’un  glacier  semblable  à  ceux  que  nous  voyons  aujour¬ 
d’hui  ;  c’était  une  immense  nappe  de  glace,  comparable  à  celles  du  Groenland, 
qui  s’étendait  depuis  le  Rhin  jusqu’à  la  Saône.  Devant  elle  s’ouvraient  les 
vallées  du  Jura  :  elle  y  pénétra,  refoulant  les  glaciers  propres  à  la  chaîne  juras¬ 
sique  et  déposant  partout  des  blocs  isolés,  de  la  boue  glaciaire  et  des  mo¬ 
raines  souvent  fort  différentes  parleur  configuration  de  celles  des  glaciers  ac¬ 
tuels.  Dans  les  Vosges,  il  n’en  était  pas  de  même  :  à  l’époque  quaternaire,  des 
glaciers,  semblables  en  tout  à  ceux  des  Alpes,  descendaient  des  points  culmi¬ 
nants,  remplissaient  les  vallées  et  déposaient  devant  eux  à  leurs  diverses  stations 
des  moraines  terminales  régulières,  identiques  à  celles  qui  se  forment  sous  nos 
yeux  dans  les  Alpes.  Après  la  disparition  des  glaciers  vosgiens,  ces  moraines, 
barrant  les  vallées,  arrêtaient  les  cours  d’eau  :  de  là  des  tourbières,  des  marais, 
des  lacs,  qui  la  plupart  n'ont  pas  d’autre  origine.  Ainsi  les  quatre  moraines 
concentriques  de  Rein-Brice  (1),  barrant  la  vallée  de  Gérardmer,  ont  donné 
naissance  à  une  vaste  tourbière  qui  se  continue  en  amont  avec  le  lac,  et  celui- 
ci,  barré  en  aval,  se  déverse  en  amont  dans  la  Gauche  de  Vologne. 

Les  lacs  de  Longemer,  de  la  vailée  d’Urbès,  des  Corbeaux,  de  Fondromé 
ont  la  même  origine,  et  chaque  fois  que  la  configuration  du  terrain  ne  s’y 
oppose  pas,  le  lac  est  suivi  ou  précédé  d’une  tourbière.  L’origine  de  ces  lacs 
est  évidente,  au  premier  coup  d’œil,  pour  quiconque  reconnaît  que  le  bar¬ 
rage  est  formé  par  une  moraine;  et  tous  les  observateurs  qui  le  voyaient,  Le¬ 
blanc,  Renoir,  Hogard,  Collomb,  ont  toujours  rattaché  la  formation  de  la  tour- 


(1)  Voyez  Hogard,  Coup  d'œil  sur  le  terrain  erratique  des  Vosges ,  pl.  20. 


h  26 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


bière  au  dépôt  de  la  moraine  et,  par  conséquent,  à  l’époque  glaciaire.  Ainsi, 
géologiquement,  l’origine  des  tourbières  est  plus  évidente  dans  les  Vosges  que 
dans  le  Jura.  En  parcourant  le  Tableau  des  plantes  qui  croissent  spontanément 
dans  le  département  des  Vosges ,  de  Mougeot,  et  la  Flore  d'Alsace  de  Kirschle- 
ger,  je  crois  que  la  botanique  confirmera  ce  que  la  géologie  nous  montre  si 
clairement.  Mais,  d’un  côté,  je  n’ai  pas  herborisé  moi-même  dans  les  tourbières 
des  Vosges  ;  de  l’autre,  la  proximité  de  cette  chaîne  de  celle  du  Jura  n’apporte¬ 
rait  pas  un  argument  nouveau  à  ma  thèse  sur  l’origine  glaciaire  des  tourbières 
en  général  :  je  préfère  donc  m’adresser  à  une  chaîne  de  montagnes  plus  éloi¬ 
gnée  du  Jura  et  située  sous  une  latitude  plus  méridionale. 

Nous  avons  déjà  vu  dans  le  cours  de  ce  travail  que  la  plupart  des  plantes 
tourbeuses  du  Jura  et  de  la  Scandinavie  se  retrouvent  dans  les  tourbières 
des  Alpes  et  des  Pyrénées.  Mais  la  grande  élévation  de  ces  montagnes  cou¬ 
vertes  de  glaciers  éternels  d’où  s’écoulent  sans  cesse  des  eaux  froides  qui  entre¬ 
tiennent  l’hmidité  des  tourbières,  favorisée  d’ailleurs  par  des  chutes  fréquentes 
de  neige  et  de  pluie,  établissait  une  si  grande  similitude  entre  le  climat  de  ces 
montagnes  et  celui  de  la  Scandinavie,  que  les  naturalistes  n’étaient  pas  surpris 
de  l’analogie  des  végétations  tourbeuses.  Cependant  cette  analogie  est  la  même 
dans  le  Jura,  dans  les  Vosges  et  les  montagnes  de  l’Auvergne,  où  les  neiges  dis¬ 
paraissent  complètement  pendant  le  cours  de  l’été,  et  même  à  l’extrémité  méri¬ 
dionale  des  Cévennes,  où  elles  ne  persistent  qu’en  hiver.  Une  reconnaissance 
botanique,  faite  au  mois  de  juin  dans  les  fonds  tourbeux  du  Sautmail,  près  de 
la  Salvetat,  avec  M.  Duval-Jouve,  m’avait  déjà  permis  d’v  constater  la  pré¬ 
sence  de  douze  espèces  tourbeuses  à  la  fois  jurassiques  et  Scandinaves.  Pour¬ 
tant  les  conditions  physiques  et  météorologiques  des  Cévennes  de  l’Hérault 
sont  bien  différentes  de  celles  du  Jura  et  de  la  Scandinavie.  Les  plus  hauts 
sommets  de  ce  groupe  granitique  n’atteignent  que  1100  mètres,  et  dans  cer¬ 
taines  années  les  pluies  et  les  chutes  de  neige  sont  si  peu  abondantes,  que  ces 
tourbières  se  dessèchent  au  point  de  pouvoir  être  traversées  à  pied  sec  dans 
tous  les  sens. 

Les  herborisations  de  M.  Aubouy  (de  Lodève)  et  de  M.  Vidal,  instituteur 
communal  à  Fraisse,  sur  le  plateau  même  de  l’Espinouse,  m’ont  permis  de 
compléter  la  liste  des  plantes  phanérogames  tourbeuses  des  Cévennes  grani¬ 
tiques  de  l’Hérault.  Ces  plantes  se  divisent  naturellement  en  trois  catégories. 
D’abord  les  espèces  qui  sont  à  la  fois  arctiques,  Scandinaves  et  jurassiques, 
savoir  : 

Ranunculus  Flammula ,  Caltha  palustris,  Viola palustris,  Epilobium  pa¬ 
lustre,  Galium  palustre ,  Gnaphalium  uliginosum ,  Menianthes  t.rifoliata, 
Thymus  Serpyllum ,  Euphrasia  officinalis 3  Eriophorum  loti  folium,  Carex 
ampullacea ,  C.  QEderi,  Æra  cœspitosa,  A  grostis  canina.  Ces  espèces  émi¬ 
nemment  boréales  témoignent  en  faveur  de  l’origine  glaciaire  des  tourbières 
cévenoles.  Il  en  est  de  même  de  celles  de  la  seconde  catégorie,  qui  ne  s’avan- 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  187 J .  427 

cent  pas  dans  les  régions  arctiques,  mais  existent  à  la  fois  en  Scandinavie  et 
dans  le  Jura  neuchâtelois;  tels  sont  : 

Lychnis  Flos-cuculi ,  Stellaria  graminea ,  S.  uliginosa,  Potentilla  Tor - 
mentilla ,  /\  Anserina,  Spirœa  Ulmaria,Scabiosa  Succisa ,  Cirsium  palustre , 
Vaccinium  Myrtillus ,  Calluna  Erica ,  Myosotis  palustris ,  Scrofularia  no~ 
dosa ,  Pedicularis  silvatica ,  Veronica  scutellata ,  Polygonum  Bistorta,  Salix 
cinerea ,  Rhynchospora  alba ,  Carex  stellulata,  C /pan icea ,  Mol inia  cærulea , 
Nardus  strie  ta. 

On  trouve  encore  dans  les  tourbières  cévenoles  quelques  espèces  qui  n’exis¬ 
tent  pas  dans  le  Jura,  mais  se  trouvent  en  Scandinavie  ;  ce  sont  des  végétaux 
datant,  comme  les  autres,  de  l’époque  glaciaire,  qui  ont  persisté  dans  les  Cé- 
vennes  et  ont  disparu  du  Jura  :  tel  est  le  Genista  angiica,  qui  remonte  jusqu’en 
Danemark  (1)  et  s’élève  dans  les  montagnes  de  l’Écosse  jusqu’à  700  mè¬ 
tres  (2).  Le  Narthecium  ossifragum  Huds.  se  trouve  dans  les  tourbières  de 
toute  l’Europe,  depuis  les  Pyrénées  jusqu’au  Finmark  de  la  Laponie  norvé¬ 
gienne  et  jusqu’aux  Shetland  et  aux  Færœer  (3).  Il  n’a  point  persisté  dans  le 
Jura,  mais  n’en  est  pas  moins  caractéristique  de  la  végétation  tourbeuse.  J’en 
dirai  autant  du  Spiranthes  œstivalis,  que  je  n’ai  pas  trouvé  dans  les  tourbières 
du  Jura  neuchâtelois,  mais  qui  existe  dans  les  prés  humides  de  cette  chaîne 
et  de  toute  l’Europe  occidentale,  depuis  les  Pyrénées  jusqu  à  l’île  Bornholm 
en  Danemark.  Le  Juneus  acutiflorus  Ehrh.  n’existe  pas  dans  le  canton 
de  Neuchâtel ,  mais  se  trouve  dans  toute  l’Europe,  depuis  les  Pyrénées 
jusqu’au  Finmark,  où  il  ne  pénètre  pas.  Restent  trois  Carex ,  C .  echinata , 
C.  lœvigata ,  C.  ovalis,  communs  dans  les  tourbières  de  la  France,  mais  sur  la 
distribution  géographique  desquels  je  n’insisterai  pas,  à  cause  des  difficultés 
que  présente  la  recherche  et  la  synonymie  de  ces  plantes. 

En  résumé,  sur  les  quarante  et  une  espèces  récoltées  dans  les  tourbières 
des  Cévennes  de  l’Hérault,  par  MM.  Duval- Jouve,  Aubouy,  "Vidal  et  moi,  il  y 
en  a  quatorze  qui  existent  également  dans  les  régions  arctiques,  en  Scandinavie 
et  dans  le  Jura.  D’autres,  au  nombre  de  vingt  et  une,  ne  pénètrent  pas  dans 
les  régions  arctiques,  mais  se  retrouvent  dans  la  Scandinavie  et  dans  le  Jura. 
Enfin,  il  y  en  a  seulement  six  qui  manquent  dans  le  Jura,  mais  se  trouvent  en 
Scandinavie  ou  sont  étrangères  à  cette  péninsule.  Je  me  crois  donc  en  droit 
de  considérer  la  végétation  des  tourbières  cévenoles  comme  très-semblable  à 
la  végétation  des  tourbières  du  Jura.  Celte  ressemblance  s’explique  par  l’iden¬ 
tité  d’origine,  puisque  toutes  deux  sont  un  reste  de  la  végétation  Scandinave 
qui,  à  l’époque  glaciaire,  avait  envahi  l’Europe  tout  entière, 

(1)  Fries,  Summa  vegetabilium,  p.  49. 

(2)  Watson,  A  Compendium  to  the  Cybele  britannica ,  p.  138. 

(3)  Ch.  Martins,  Végétation  des  Féroe ,  p.  374. 


428 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Conclusions. 

Nous  l’avons  déjà  dit  :  les  flores  actuelles  ne  sont  pas  toutes  également  an¬ 
ciennes;  elles  remontent  à  des  époques  géologiques  plus  ou  moins  éloignées  et 
différentes  pour  chacune  d’elles.  Ainsi,  la  flore  méditerranéenne  date  surtout 
de  l’époque  miocène  ;  elle  possède,  en  effet,  des  plantes  vivantes  qui  ont  été 
trouvées  à  l’état  fossile,  dans  les  terrains  tertiaires,  par  M.  de  Saporta  et  d’au¬ 
tres  observateurs.  Certaines  espèces  remarquables  n’ont  point  encore  été  si¬ 
gnalées  dans  les  couches  éocènes  ou  miocènes  ;  mais  leurs  formes  exotiques, 
leurs  affinités  taxonomiques  qui  les  incorporent  à  des  groupes  dont  toutes  les 
autres  espèces  habitent  les  zones  tropicales,  nous  révèlent  une  origine  géolo¬ 
gique  remontant  à  une  époque  où  le  bassin  méditerranéen  avait  certainement 
un  climat  plus  tropical  que  celui  dont  il  jouit  actuellement.  Tels  sont  :  le 
Palmier-nain,  le  Laurier-d’Apollon,  le  Figuier,  l’Olivier,  le  Caroubier,  le  Gre¬ 
nadier,  le  Myrte,  Anagyris  fœtida ,  Cneorum  tricoccum^Nerium  Oleander , 
Smilax  aspera ,  Mercurialis  tomentosa ,  etc. 

» 

La  flore  des  tourbières  jurassiques  est  d’une  date  plus  récente  ;  son  caractère 
boréal  et  la  nature  du  sol  qui  la  porte  nous  montrent  clairement  qu’elle  est 
pliocène  et  contemporaine  de  l’époque  glaciaire. 

L’opinion  des  géologues  et  des  botanistes,  qui  supposent  qu’à  celte  époque 
la  végétation  des  régions  du  globe  envahies  par  la  glace  devait  être  complète¬ 
ment  nulle,  ne  me  paraît  pas  fondée;  en  effet,  l’époque  glaciaire  existe  encore 
anx  deux  pôles.  Autour  du  pôle  arctique,  le  Groenland,  le  Spitzberg,  la  Nou¬ 
velle-Zemble  sont  couverts  de  calottes  de  glace  dont  les  émissaires  descendent 
jusque  dans  la  mer.  Des  plantes  végètent  dans  les  intervalles  que  la  glace  ne 
couvre  pas.  Au  Spitzberg  on  compte  93  Phanérogames;  au  Groenland  328, 
suivant  M.  E.  de  Martens  (1).  M.  Brown,  qui  l’a  visité  à  deux  reprises  (2), 
en  1861  et  1867,  a  recueilli  129  espèces  dans  la  baie  de  Disco,  parle  70edegré 
de  latitude  N. ,  pendant  le  cours  d’un  seul  été.  La  flore  de  la  Nouvelle-Zemble 
ressemble  beaucoup  à  celle  du  Spitzberg.  Ces  plantes  ne  sont  pas  toutes  spé¬ 
ciales  à  la  région  arctique,  c'est-à-dire  à  la  zone  dont  le  centre  est  au  pôle  ; 
presque  toutes  s’avancent  vers  le  sud  en  Scandinavie,  dans  l’Amérique  arc¬ 
tique  et  en  Sibérie;  c’est  un  fonds  commun  de  végétation  auquel  viennent 
s’ajouter  quelques  espèces  américaines  au  Groenland,  Scandinaves  au  Spitz¬ 
berg,  asiatiques  à  la  Nouvelle-Zemble. 

Si  nous  jetons  maintenant  un  coup  d’œil  sur  le  catalogue,  par  familles,  des 
plantes  des  tourbières  jurassiques,  nous  trouvons  que,  sur  un  nombre  total  de 
180  espèces,  il  y  en  a  73  qui  sont  arctiques,  et  appartiennent  par  conséquent 

(1)  Ueberblick  der  Flora  arctica ,  p.  23. 

(2)  Robert  Brown  of  Campsler,  On  the  physiks  of  Arclic  ice  (Proceedings  of  lhe  geolo- 
gical  Sociely  of  London ,  n°  105,  februarv  1871). 


SÉANCE  DU  '2'2  DÉCEMBRE  1871. 


A  29 

encore  actuellement  à  la  période  glaciaire.  Quel  motif  pourrait-on  alléguer 
pour  soutenir  qu’elles  n’existaient  pas  dans  le  Jura,  lorsque  le  glacier  du 
Rhônel’avait  partiellement  envahi?  Ces  75  plantes  mises  de  côté  comme  incon¬ 
testablement  glaciaires,  il  en  reste  107  qui  ne  se  trouvent  pas  dans  les  régions 
arctiques;  mais  nous  avons  vu  que  toutes,  Swertia pcrennis  excepté,  vivent 
en  Scandinavie,  et  que  la  plupart  remontent  jusqu’au  nord  de  la  péninsule, 
dans  une  région  où  les  glaciers  ne  descendent  pas  jusqu’à  la  mer,  mais  s’ar¬ 
rêtent  à  quelques  centaines  de  mètres  au-dessus.  Or,  quand  on  songe  que 
le  Jura  neuchâtelois  est  situé  à  23  degrés  latitudinaux  au  sud  de  la  Laponie 
norvégienne,  est-il  absurde  de  supposer  qu’à  1  époque  glaciaire  son  climat 
n’était  pas  plus  rigoureux  que  celui  de  la  Laponie  ne  l’est  actuellement,  et  que 
ces  espèces  Scandinaves,  dont  le  centre  de  création  reste  à  déterminer,  y  exis¬ 
taient  également  à  l’époque  où  les  glaciers  des  Alpes  dépassaient  les  crêtes  du 
Jura?  J’ai  fait  ailleurs  (1)  le  calcul  que,  si  la  moyenne  de  Genève  s’abaissait 
seulement  de  k  degrés  centigrades,  les  glaciers  des  Alpes,  progressant  sans 
cesse,  envahiraient  de  nouveau  le  bassin  du  Léman.  Or,  dans  cette  hypothèse, 
la  température  moyenne  de  Genève  n’étant  plus  que  de  -j~  5°,16,  celle  de  la 
vallée  des  Ponts  serait  approximativement  de  -f-  2  degrés,  température  supé¬ 
rieure  encore  à  celle  de  l’Altenfjord  (-f-  0°,5),  sous  le  70e  parallèle^  où  végètent 
parfaitement  la  plupart  des  plantes  qui  composent  les  tourbières  des  Ponts  et 
de  la  Brévine.  Ces  plantes  ont  persisté  dans  le  Jura,  malgré  un  réchauffement 
du  climat  de  h  degrés  environ  en  moyenne,  parce  qu’elles  trouvaient  dans  la 
constitution  et  l’humidité  du  sol  des  conditions  d’existence  analogues  à  celles 
dont  elles  sont  encore  actuellement  entourées  en  Laponie. 

Une  autre  preuve  que  le  climat  de  l’époque  glaciaire,  pendant  laquelle  ont 
été  déposés  les  gros  blocs  erratiques  du  Jura,  n’était  pas  assez  rigoureux  pour 
exclure  toute  végétation,  c’est  que  l’homme  habitait  le  bassin  du  Léman  et 
celui  des  lacs  de  Zurich  et  de  Constance  immédiatement  après  l’époque  gla¬ 
ciaire  (2),  à  Veirier,  à  Meilen  et  à  Schussenried,  où  l’on  a  trouvé  des  silex 
taillés  et  des  ossements  de  renne  dans  l’alluvion  des  terrasses,  immédiate¬ 
ment  au-dessus  du  terrain  glaciaire.  Mais  si,  comme  je  l’ai  toujours  cru,  l’al¬ 
luvion  ancienne  de  la  Suisse  est  contemporaine  du  meme  dépôt  dans  les 
plaines  de  la  France  (3)  où  l’on  a  signalé  les  preuves  incontestables  de  l’exis¬ 
tence  de  l’homme,  je  ne  désespère  pas  d’apprendre  que  les  géologues  suisses 
découvrent  des  ossements  humains  et  des  silex  taillés,  soit  au  milieu  du 
terrain  glaciaire,  soit  dans  l’alluvion  ancienne  sur  laquelle  il  repose.  L’homme 
pouvait  donc  habiter  la  Suisse  même  à  l’époque  glaciaire,  comme  les  Esqui- 

(1)  Du  Spilzberg  au  Sahara ,  p.  257. 

(2)  Voyez  A.  Favre,  Station  de  l'homme  de  l’âge  de  pierre ,  à  Veirier ,  près  Genève 
(Archives  de  la  Bibliothèque  universelle  de  Genève ,  mars  1868). 

(3)  Ch.  Martins  et  B.  Gaslaldi,  Essai  sur  les  terrains  superficiels  de  la  vallée  du  Pô) 

p. 


430 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


maux  habitent  le  Groenland,  qui  en  est  la  réalisation  la  plus  complète,  comme 
les  hivernages  au  Spitzberg,  à  la  Nouvelle-Zemble  et  dans  l’Amérique  arctique 
en  démontrent  la  possibilité,  même  pour  les  habitants  des  zones  tempérées. 

Revenons  à  nos  végétaux:  par  Faire  de  leur  distribution  géographique  ils 
nous  fournissent  un  autre  argument  qui  n’est  pas  sans  valeur.  Répandues 
dans  l’Europe  septentrionale,  un  grand  nombre  d’espèces  tourbeuses  s’arrê¬ 
tent  aux  Pyrénées  ou  ne  dépassent  pas  les  Alpes  vers  le  Sud  ;  dans  l’Amérique 
septentrionale,  elles  ne  dépassent  pas  en  général  le  40e  degré  de  latitude  :  or  ce 
sont  là  les  limites  extrêmes  de  la  grande  extension  des  glaciers  dont  le  pôle  arc¬ 
tique  et  les  chaînes  de  montagnes  situées  en  Europe  au  nord  du  A2e  degré 
étaient  les  centres  principaux.  Ces  plantes  ont  donc  persisté  précisément  dans 
les  régions  qui  ont  été  jadis  envahies  par  les  anciens  glaciers,  dont  les  traces 
sont  partout  si  évidentes. 

Ces  plantes  ont-elles  apparu  sur  place,  ou  se  sont-elles  avancées  du  nord 
vers  le  sud  à  mesure  que  les  glaciers  se  développaient  autour  des  chaînes  de 
montagnes  des  régions  tempérées?  La  dernière  opinion  est  celle  delà  plupart 
des  botanistes  qui  ont  médité  sur  ce  sujet.  Un  grand  nombre  de  faits  cités 
par  eux  semblent  favorables  à  cette  explication  ;  mais  les  savants  ne  sont  pas 
d’accord  sur  le  point  de  départ  de  cette  grande  migration  végétale.  La  plupart, 
avec  M.  J.-D.  Hooker  (1),  la  placent  en  Scandinavie.  La  flore  de  cette  pé¬ 
ninsule  contient  en  effet  la  plupart  des  plantes  arctiques.  Sa  position,  par  rap¬ 
port  à  l’Europe  continentale,  dont  elle  forme  l’extrémité  septentrionale,  par 
rapport  à  l’Islande,  aux  lies  Britanniques  et  au  Groenland  vers  l’ouest,  sa 
liaison  vers  l’est  avec  le  nord  du  grand  continent  asiatique,  expliquent  la  dif¬ 
fusion  des  espèces  Scandinaves  suivant  les  méridiens  et  les  parallèles.  Notre 
travail  en  particulier  est  très-favorable  à  cette  opinion.  En  effet,  il  est  certain 
que  la  péninsule  Scandinave,  comme  le  Jura,  était  couverte,  à  la  fin  de 
l’époque  pliocène,  de  glaciers  semblables  à  ceux  dont  nous  voyons  les  restes 
en  Scandinavie  comme  dans  les  Alpes;  et  le  climat  qui  règne  actuellement 
dans  les  hautes  vallées  du  Jura  a  plus  d’analogie  avec  celui  de  la  Laponie 
qu’avec  un  climat  asiatique. 

Cependant,  un  botaniste  très-distingué,  le  docteur  Christ,  de  Baie  (2), 
place  le  centre  de  diffusion  des  espèces  à  la  fois  arctiques  et  alpines  dans  les 
montagnes  deFAsie  tempérée,  l’Oural  et  l’Altaï.  De  là  elles  se  seraient  répan¬ 
dues  en  Scandinavie,  dans  les  Carpates,  les  Alpes,  le  Jura,  les  Pyrénées,  etc. 

Ce  n’est  pas  ici  le  lieu  de  discuter  ces  deux  opinions  et  de  décider  entre 
MM.  Christ  et  Hooker  :  ces  divergences  sont  indifférentes  à  la  thèse  particulière 
que  nous  soutenons;  carsi  la  Scandinavie  n’a  pas  été  le  point  de  départ  de  la 
migration,  elle  en  a  été  l’étape  principale,  et  c’est  par  elle  et  le  nord  de 

(1)  Oullines  of  the  distribution  of  Arctic  plants  ( Transactions  of  the  Linnean  Society 
of  London ,  june  1860). 

(2)  (Jeber  die  Verbreitung  der  Pflanzen  der  alpinen  Région  der  europœischen  Alpenkette. 


SÉANCE  DU  *22  DÉCEMBKE  1871 


431 

l’Allemagne,  non  par  le  Caucase  et  les  Carpates,  que  les  plantes  tourbeuses 
se  sont  propagées  jusqu’aux  montagnes  de  l’Europe  méridionale.  D’ailleurs, 
en  relevant  dans  le  Flora  altaica  de  Ledebour  les  espèces  phanérogames  qui 
sont  communes  à  cette  chaîne  et  aux  tourbières  jurassiques,  j’en  trouve  qua¬ 
rante-cinq  que  Ledebour  n’a  point  recueillies  dans  l’Altaï.  Il  en  est  parmi 
elles  qui  ne  lui  auraient  certainement  pas  échappé.  Je  me  contente  de  citer: 
Trollius  europœus,  les  trois  espèces  de  Dr  oser  a,  Scabiosa  Succisa ,  Vac - 
cinium  uliginosum ,  Andromeda  poli  folia,  Calluna  Erica ,  Gentiana 
asclepiadea ,  Pinguicula  vulgaris ,  Salix  cinerea,  Pinus  montana ,  Erio - 
phorum  alpinum,  Scheuehzeria  palustris ,  deux  Carex,  Molinia  cœrulea , 
Nardus  stricto. ,  etc.  En  songeant  que  nos  cent  quatre-vingts  espèces  tour¬ 
beuses  du  Jura,  une  seule  exceptée,  sont  toutes  Scandinaves,  tandis  que  qua¬ 
rante-cinq,  c’est-à-dire  le  quart,  n’ont  pas  été  recueillies  dans  l’Altaï,  il  est 
difficile  de  ne  pas  placer  le  berceau  primitif  de  notre  flore  tourbeuse  dans  le 
Nord  plutôt  que  dans  l’Est. 

Mais,  dira-t-on  peut-être,  la  végétation  des  tourbières  jurassiques  n’est  point 
une  végétation  exceptionnelle  dans  cette  chaîne  de  montagnes,  et  si  elle  est 
exclusivement  Scandinave,  c’est  que  la  flore  du  Jura,  prise  dans  son  ensem¬ 
ble,  l’est  également.  Pour  répondre  à  cette  objection,  que  je  me  suis  faite 
avant  le  lecteur,  j’ai  emprunté  à  l’excellente  Phytostatique  du  Jura,  de  Thur- 
mann,  page  138,  la  liste  des  plantes  montagneuses  de  la  chaîne,  vivant  par 
conséquent  dans  la  zone  altitudinale  des  tourbières,  mais  dans  des  stations  non 
tourbeuses.  J’en  compte  142  ;  sur  ce  nombre,  66  existent  aussi  en  Scandi¬ 
navie,  mais  76  sont  étrangères  à  cette  péninsule.  Cette  flore  n’a  donc  pas  le 
caractère  exclusivement  Scandinave  de  la  végétation  des  tourbières;  elle  n’a 
pas  non  plus  son  caractère  arctique  ou  glaciaire,  car  il  n’y  a  que  8  especes  qui 
soient  à  la  fois  arctiques  et  Scandinaves. 

Poussons  le  parallèle  plus  loin.  Je  prends  également  dans  Thunnann,  à  la 
page  139,  les  plantes  alpestres  du  Jura,  comprenant  celles  qui  s’élèvent  sur 
les  plus  hauts  sommets,  tels  que  la  Dole  (1681  mètres)  et  le  Reculet  (1670  mè¬ 
tres);  elles  sont  au  nombre  de  97.  Sur  ce  nombre,  il  n’v  en  a  que  29  appar¬ 
tenant  à  la  flore  Scandinave.  La  proportion  est  donc  bien  moindre  que  pour 
les  plantes  montagneuses,  car  pour  celles-ci  elle  était  de  la  moitié  environ, 
pour  les  plantes  alpestres  elle  n’est  pas  d’un  tiers.  Parmi  ces  29  plantes  alpes¬ 
tres  Scandinaves,  il  y  en  a  18  qui  pénètrent  dans  les  régions  arctiques;  ce 
sont  donc  des  espèces  glaciaires  qui  ne  se  sont  maintenues  qu’à  une  hauteur 
où  elles  retrouvaient  les  étés  sans  chaleur  et  le  sol  relativement  sec  qui  con¬ 
viennent  à  leur  existence.  Il  suffit  de  les  nommer  (1)  kpour  que  tout  botaniste 

(1)  Arenaria  ciliata ,  Dry  as  octopetala ,  Sibbaldia  procumbens ,  Alchimilla  alpina, 
Epilobium  alpinum ,  Saxifraga  oppositifolia ,  S.  aizoides ,  Erigeron  alpinus ,  Vero- 
nica  saxatilis,  V.  alpina,  Dartsia  alpina ,  Polygonum  viviparum ,  Salix  reticulata , 
Juniperus  nana ,  Gymnadenia  albida,  Luzula  spicala,  Phleim  alpinum ,  Poa  alpina. 


Æ32  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

familier  avec  la  végétation  des  hautes  montagnes  comprenne  quelles  ne  pou¬ 
vaient  vivre  ni  dans  les  tourbières,  ni  même  autour  d’elles;  la  plupart  sont 
éminemment  saxicoles  ou  propres  aux  pelouses  sèches  des  pentes  monta¬ 
gneuses  des  Alpes  et  du  Jura. 

La  présence  de  ces  espèces  arctiques  dans  la  région  supérieure  aux  tour¬ 
bières  est  encore  une  confirmation  de  l’opinion  qu’elles  existaient  dans  le 
Jura  à  l’époque  glaciaire.  Toutes,  en  effet,  peuvent  supporter  un  clim  t  plus 
rigoureux  que  celui  qui  règne  actuellement  sur  les  sommets  culminants  du 
Jura,  car  toutes  s’élèvent  dans  les  Alpes  à  de  plus  grandes  hauteurs  et  y  fleu¬ 
rissent  comme  pendant  l’été  si  court  et  si  froid  des  régions  arctiques  :  elles 
s’accommodent  cependant  d’un  climat  plus  tempéré,  tel  que  celui  de  la  Nor¬ 
vège  septentrionale,  où  je  les  ai  observées  presque  toutes  au  niveau  de  la 
mer  (l).  De  l’ensemble  de  tous  les  faits  consignés  dans  ce  mémoire,  je  crois 
pouvoir  conclure,  sans  hésitation,  à  l’origine  glaciaire  des  tourbières  juras¬ 
siques  et  de  leur  végétation. 

Une  autre  conséquence  de  ces  faits,  c’est  que  la  végétation  de  toutes  les 
tourbières  des  plaines  du  nord  de  l’Europe,  de  celles  des  Vosges,  de  l’Auver¬ 
gne,  des  Alpes,  depuis  la  France  jusqu’en  Autriche,  et  même  de  celles  des 
Pyrénées,  a  la  même  origine  (2).  Depuis  longtemps  les  botanistes  avaient  été 
frappés  de  l’uniformité  de  végétation  de  ces  stations  et  l’avaient  attribuée  à 
l’uniformité  des  conditions  physiques  et  météorologiques  des  terrains  tour¬ 
beux.  Celte  uniformité  explique,  en  effet,  pourquoi  ces  plantes  y  persistent, 
mais  elle  n’explique  pas  pourquoi  ce  sont  toujours  les  mêmes  qui  se  rencon¬ 
trent  sur  une  étendue  représentée  par  une  calotte  égale  à  un  quart  de  la  sur¬ 
face  terrestre.  L’identité  d’origine  peut  seule  expliquer  cette  iden- 

TITÉ  DE  FORMES  VÉGÉTALES. 

En  consultant  la  liste  très-complète,  dressée  par  M.  Sendiner  (3),  des  plantes 
qui  végètent  dans  les  tourbières  de  la  Haute- Bavière,  je  constate  des  anomalies 
du  même  genre.  Le  plus  grand  nombre  leur  est  commun  avec  les  localités 
analogues  du  Jura,  mais  il  en  est  certaines  qui,  bien  que  répandues  en  Alle¬ 
magne  et  en  Scandinavie,  n’existent  pas  dans  les  tourbières  du  Jura  ni  des 
Cévennes;  telles  sont  :  Pedicularis  Sceptrum-carolinum  ;  Trientalis  euro - 
ptea,  Iris  sibïrica,  Calla  palustris  et  Malaxis  paludosci.  Ces  deux  dernières 
plantes  habitent  les  tourbières  des  Vosges.  Quand  on  étudie  la  distribution  de 
ces  espèces  à  la  fois  germaniques  et  Scandinaves,  on  voit  qu’au  sud  de  l’Allemagne 
septentrionale  elles  ont  disparu  complètement  ou  persisté  çà  et  là  en  vertu  de 


(1)  Voyez,  sur  ce  sujet,  H.  Christ,  Ueber  die  Pflanzcndecke  des  Juragebirgs,  18(38. 

(2)  Un  auteur  qui  a  étudié  récemment  la  végétation  des  grandes  tom  bières  du  nord- 
ouest  de  l’Allemagne,  M.  Focke,  fait  remonter  l’origine  de  cette  végétation  à  l’époque 
pliocène,  et  désigne  ces  plantes  sous  le  nom  de  plantes  polaires  phoccnes ,  sans  rattacher 
leur  présence  à  celle  des  glaciers.  ( Unltrsuchungen  ueber  die  Végétation  des  N.  }V. 
deutschen  Ticflandes,  p.  455.) 

(3)  Die  Végétations  Verhadtnisse  Sued-Baierns ,  p.  (327. 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1871. 


m 


circonstances  particulières  qu’il  est  impossible  d’apprécier  actuellement.  Ce  sont 
des  épaves  de  la  flore  Scandinave  échouées  sur  quelques  points  disséminés  à  la 
surface  de  l’Europe.  Le  professeur  Heer  en  a  signalé  de  semblables  dans  la  Suisse 
septentrionale  et  dans  les  Grisons  (1).  En  cherchant  à  démontrer  l’origine 
glaciaire  des  tourbières  jurassiques  et  cévenoles,  je  n’ai  fait  que  mettre  en 
évidence  un  cas  particulier  de  la  thèse  générale  soutenue  par  Ch.  Darwin  (2). 
Pour  lui,  la  flore  alpine  tout  entière  n’est,  pour  ainsi  dire,  qu’un  prolongement 
de  la  flore  Scandinave,  jadis  continu  avec  elle,  actuellement  séparé,  quoique 
rattaché  encore  par  de  nombreux  anneaux  qui  permettent  de  relier  ces  deux 
flores  entre  elles. 


M.  Pérard  fait  à  la  Société  les  communications  suivantes  : 


ÉTUDE  ANATOMIQUE  DE  L 'AGROPYRUM  CÆSIUM  Presl,  sec.  Boreau, 

par  11.  A.  PÊIUlti» 


Cette  espèce  a  été  signalée,  pour  la  première  fois,,  dans  le  centre  de  la  France, 
par  M.  Boreau  dans  sa  Bévue  des  Agropyrum  d’ Europe.  J’ai  déjà  (t.  XVII, 
p.  388)  reproduit  la  description  qui  nous  en  a  été  donnée  par  l’auteur  de  la 
Flore  du  centre .  Aujourd’hui  les  caractères  anatomiques  semblent  venir  s’ajou¬ 
ter  aux  autres,  non-seulement  pour  la  détermination  des  genres,  mais  aussi 
pour  celle  des  espèces,  comme  l’a  fort  bien  démontré  notre  savant  collègue 
M.  Duval- Jouve,  dans  son  Étude  anatomique  des  Agropyrum  de  V Hérault. 
Pensant  que,  pour  les  espèces  en  litige,  l’anatomie  est  appelée  à  nous  rendre 
quelques  services,  et  que  tousjes  moyens  doivent  être  tentés  pour  arriver  à  la 
vérité,  j’ai  soumis  Y  Agropyrum  cæsium  (Presl,  sec.  Bor.)  à  l’épreuve  de 
l’étude  anatomique.  Cette  espèce,  dont  on  n’a  mentionné  jusqu’ici  aucune 
figure,  n’a  pas  été  étudiée  non  plus  par  M.  Duval-Jouve  dans  son  récent  tra¬ 
vail,  probablement  parce  qu’il  ne  l’avait  pas  rencontrée  dans  le  département  de 
l’Hérault.  VA.  cæsium  Presl  paraît  assez  commun  dans  notre  département, 
sur  les  bords  de  l’Ailier,  comme  j’ai  pu  le  voir,  en  1870,  durant  la  session 
du  Congrès  scientifique  de  Moulins.  Les  caractères  tirés  de  l’anatomie,  que 
j’ai  pu  vérifier,  viennent  confirmer  la  validité  de  l’espèce,  et  c’est  à  ce  point 
de  vue  que  cette  communication  peut  avoir  quelque  intérêt.  Cependant  je 
crois  utile  de  donner  également  une  description  détaillée  de  cette  plante. 

Agropyrum  cæsium  Presl  Délie.  Prag.  p.  213;  Bor.  Rev.  des  Agrop.  d’Europe , 
p.  5.  —  Rhizome  long,  rampant  plus  ou  moins  profondément,  produisant  des  chaumes 
fasciculés  en  touffes.  —  Chaumes  grêles,  flstuleux  généralement  dans  toute  leur  étendue, 
droits,  hauts  de  0m,70  à  1  mètre,  à  entre-nœud  supérieur  assez  long.  —  Feuilles  roides, 
glauques,  dressées-étalées,  à  gaines  appliquées,  recouvrant  les  deux  tiers  des  entre- 

(1)  Die  Urwelt  der  Schweiz ,  p.  539. 

(2)  Darwin,  Origin  of  species,  p.  365, 

T.  XVIII.  (SÉANCES)  28 


/iSâ  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

nœuds,  planes,  enroulées  à  la  pointe,  à  face  inférieure  lisse,  à  face  supérieure  à  nervures 
un  peu  saillantes,  inégales  et  contiguës,  couvertes  d'aspérités,  et  rudes  ainsi  que  les 
bords;  oreillettes  prononcées  dans  les  feuilles  inférieures,  qui  sont  velues  ainsi  que  leurs 
gaines.- — Épi  distique,  lâche,  à  axe  pubescent,  rude  au  bord,  grêle  et  fragile.  — Épillels 
appliqués  contre  l’axe  ou  un  peu  arqués,  plus  longs  que  les  entre-nœuds. —  Glumes  à  peu 
près  de  même  grandeur,  aiguës,  égalant  les  deux  tiers  de  l’épillet,  largement  scarieuses 
au  bord,  à  dos  arrondi  un  peu  rude  au  toucher,  à  cinq  nervures  dont  la  médiane  est  plus 
prononcée  et  forme  un  petit  mucron  au  sommet.  —  Giumelles  lancéolées,  l’inférieure 
assez  longuement  aristée,  la  supérieure  égale  ou  à  peine  plus  courte,  un  peu  obtuse  au 
sommet,  à  bords  finement  ciliés  dans  la  partie  supérieure.  Toute  la  plante  est  ordinaire¬ 
ment  d’un  glauque  bleuâtre. 


CARACTÈRES  ANATOMIQUES. 

Chaume. —  Arrivé  à  son  développement  définitif,  le  chaume  présente  une  cavité  cen¬ 
trale  qui  le  rend  flstuleux.  Examiné  dans  cet  état,  il  offre  d’abord  l’épiderme,  ensuite  une 
couche  de  cellules  à  chlorophylle  avec  interposition  de  masses  de  tissu  fibreux,  une 
couche  fibreuse  sous-jacente,  et  enfin  le  parenchyme  médullaire  dans  lequel  sont  distri¬ 
bués  des  faisceaux  fibro-vasculaires.  L’épiderme  est  formé  de  cellules  disposées  en  séries 
parallèles  :  ces  cellules  sont  rectangulaires,  canaliculées,  à  parois  épaisses  et  souvent  on¬ 
dulées.  Chaque  série  parallèle  se  compose  de  cellules  alternativement  allongées  et 
courtes.  Ces  dernières,  plus  petites,  sont  quadrangulaires  et  généralement  seules,  cepen¬ 
dant  nous  en  avons  vu  deux  ou  trois  accolées  l’une  à  l’autre,  intercalées  entre  deux  cellules 
allongées.  Les  cellules  stomatiques  sont  disséminées  dans  les  cellules  allongées  suivant 
leurs  séries  parallèles  ;  parfois  on  en  trouve  une  située  immédiatement  au-dessous 
d’une  des  courtes  cellules  quadrangulaires  à  laquelle  elle  est  adhérente.  J’avais  pensé 
que  ces  cellules  courtes  étaient  peut-être  des  cellules  stomatiques  arrivant  plus  ou  moins 
à  l’état  de  stomates,  mais,  d’après  ce  que  je  viens  d’énoncer  plus  haut,  il  y  a  lieu  d’en 
douter.  Les  cellules  allongées  qui  renferment  des  cellules  stomatiques  correspondent 
toujours  aux  masses  de  cellules  à  chlorophylle  de  la  couche  herbacée  située  au-dessous  ; 
d’autres  séries,  également  parallèles,  de  cellules  longues,  beaucoup  plus  étroites,  sem¬ 
blables  aux  précédentes  et  dépourvues  de  stdmates,  correspondent  aux  masses  sous- 
jacentes  du  tissu  fibreux  qui  constitue  les  nervures.  Les  stomates  sont  particuliers  :  vus 
de  face  et  longitudinalement,  ils  présentent  quatre  cellules,  séparées  par  leurs  mem¬ 
branes.  Les  deux  latérales,  qui  longent  l’ouverture  stomatique,  figurent  deux  petites  masses 
épaissies,  fusiformes  aux  deux  extrémités  et  convexes  seulement  dans  leur  partie  médiane 
qui  borde  l’ostiole.  Sur  une  coupe  transversale,  on  voit  au-dessus  de  la  cavité  aérifère  du 
stomate  quatre  cellules,  aux  extrémités  deux  grandes  cellules  élargies  à  la  base,  au  milieu 
deux  plus  petites  qui  sont  anguleuses  et  épaissies  à  leur  sommet  et  rétrécies  à  leur  base. 
J’ai  constaté  ces  stomates  sur  les  tiges  et  sur  les  feuilles  de  plusieurs  espèces  d ’Agro- 
pyrum ,  de  Triticum  et  d ’Ægilops,  et  leur  forme  ne  varie  pas.  Les  couches  herbacées  et 
fibreuses  de  la  tige  se  lient  entre  elies;  au-dessous  de  la  couche  herbacée,  on  remarque  une 
ceinture  ondulée  (2  ou  3  rangs)  de  tissu  fibreux  qui  s’introduit,  à  l’endroit  où  sont  les  ner¬ 
vures,  dans  la  couche  herbacée  de  façon  à  l’interrompre  ;  il  en  résulte  ainsi  de  grands  espaces 
à  peu  près  quadrangulaires  de  parenchyme  vert  occupés  par  les  cellules  à  chlorophylle,  et 
d’autres  masses  plus  petites  formées  par  le  tissu  fibreux.  A  la  base  de  chaque  partie 
fibreuse  correspondant  aux  nervures,  se  trouve  généralement  un  petit  faisceau  fibro¬ 
vasculaire,  semblable  à  ceux  dont  j’indique  plus  bas  la  composition.  Au-dessous  s’étend  le 
parenchyme  médullaire  avec  ses  cellules  polyédriques  embrassant  deux  rangs  de  gros  fais¬ 
ceaux  fibro -vasculaires  qui  alternent  entre  eux.  Ces  faisceaux  sont  formés  vers  l’extérieur 
par  la  partie  libérienne  (tissu  libériforme  de  M.  Duval-Jouve)  avec  ses  fibres  épaisses  et 
canaliculées;  au  milieu  par  de  grandes  cellules  très-allongées,  à  parois  un  peu  épaisses  et 
unies  à  base  horizontale,  et  enfin  par  des  cellules  assez  longues,  ponctuées,  polyédri¬ 
ques,  petites,  à  parois  minces  qui  sont  peut-être  des  cellules  grillagées  ou  tubes  cri- 
breux.  Ces  dernières  entourent  deux  gros  vaisseaux  ponctués  disposés  transversalement 
et  plusieurs  vaisseaux  annulaires  situés  un  peu  en  avant  des  vaisseaux  ponctués. 

Feuilles.  —  La  structure  des  feuilles  est  nécessairement  la  même  que  celle  de  la  tige; 
seul  l’épiderme  de  la  face  supérieure  n’en  diffère  que  par  des  cellules  spéciales  placées 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1871. 


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au  milieu  de  chaque  dépression  ou  sinus  qui  sépare  deux  nervures.  Ces  cellules  épider¬ 
miques,  que  M.  Duval-Jouve  a  nommées  cellules  bulli formes ,  sont  au  nombre  de  3  à  5, 
grandes,  incolores,  à  parois  minces,  lisses,  unies,  un  peu  étroites  ou  cunéiformes  au 
sommet,  élargies  à  la  base,  et  ressemblent  à  de  petites  vessies  tendues.  D’après  une  coupe 
transversale  de  la  feuille,  on  voit  que  les  nervures  figurent  des  mamelons  arrondis  au 
sommet,  de  trois  grosseurs,  et  surmontés  d’un  poil  très-court,  unicellulé,  à  base  élargie 
et  à  parois  épaisses.  Ces  poils  sont  les  aspérités,  en  forme  d’aiguillon,  qui  couvrent  la  face 
supérieure  des  feuilles.  La  région  médiane  de  ces  mamelons  ou  nervures  est  occupée  au 
sommet  et  à  la  base  par  du  tissu  fibreux,  au  milieu  par  un  faisceau  fibro-vasculaire,  ana¬ 
logue  à  ceux  de  la  tige,  entouré  vers  l’extérieur  de  tissu  libérien  ou  libériforme.  Des 
bandes  latérales  du  parenchyme  vert  de  la  couche  herbacée  passent  d’une  nervure  à 
l’autre.  Les  sinus  sont  peu  profonds  et  sont  munis  de  3  à  5  de  ces  cellules  épidermiques 
dites  bulliformes,  dont  j’ai  parlé  plus  haut.  Les  lignes  transparentes  des  nervures,  sur 
lesquelles  sont  alignées  les  aspérités,  correspondent  aux  espaces  éclaircis  occupés  par  le 
tissu  fibreux  et  qui  sont  dépourvus  de  chlorophylle. 

Rhizome.  — •  Il  présente  une  organisation  différente  de  celle  de  la  tige.  On  peut  y 
voir  deux  zones  distinctes,  Tune  externe  (zone  cellulaire),  l’autre  interne  (zone  vascu¬ 
laire).  L’épiderme  est  composé  de  cellules  rectangulaires  disposées  en  séries  parallèles, 
alternativement  allongées  et  courtes,  à  parois  ondulées,  épaisses  et  canaliculées.  Je  n’ai 
pas  vu  de  stomates  dans  ces  cellules  de  l’épiderme  des  rhizomes.  La  zone  externe  égale 
au  moins  la  moitié  du  rayon  ;  elle  est  dépourvue  de  lacunes  et  formée  de  cellules  allon¬ 
gées,  à  parois  minces,  larges,  incolores,  dont  la  coupe  transversale  est  arrondie,  tendant 
à  la  forme  hexagonale.  Elle  se  fait  remarquer  par  la  présence  de  très-petits  faisceaux 
colorés,  espacés,  et  rangés  assez  régulièrement  suivant  un  cercle  qui  passerait  dans  la 
partie  rapprochée  de  l’épiderme.  Ces  faisceaux  sont  composés  de  fibres  canaliculées  et  de 
cellules  allongées,  à  parois  un  peu  épaisses,  canaliculées  et  à  base  horizontale,  analogues 
à  celles  du  tissu  libérien  de  la  zone  vasculaire.  La  zone  interne  est  reliée  à  la  précé¬ 
dente  par  une  ceinture  large,  colorée,  parfois  ondulée,  de  tissu  libérien  ou  libériforme. 
On  y  remarque  d’abord  deux  rangs  de  longues  cellules  à  parois  minces  d’un  côté  et 
épaisses  de  l’autre,  à  base  horizontale  ou  oblique  parfois  épaissie  et  dont  la  section  trans¬ 
versale  offre  un  croissant  plus  ou  moins  formé  ;  puis  5  ou  6  rangs  de  fibres  épaisses  et 
canaliculées  qui  descendent  dans  le  parenchyme  médullaire,  pour  envelopper  en  partie 
les  faisceaux  fibro-vasculaires  alternant  entre  eux  sur  deux  rangs,  rarement  un  faisceau 
se  dirigeant  vers  le  centre  dans  le  parenchyme  médullaire  qui  offre  une  cavité  centrale. 
Chaque  faisceau  fibro-vasculaire  renferme  généralement  une  partie  libérienne  ou  libéri¬ 
forme,  formant  l’enveloppe  extérieure  et  composée  de  fibres  épaisses  et  canaliculées.  Elle 
entoure  des  cellules  ponctuées,  à  parois  minces,  qui  sont  peut-être  des  cellules  grillagées 
ou  tubes  cribreux  et  qui  bordent  deux  gros  vaisseaux  ponctués,  disposés  transversale¬ 
ment.  Enfin  des  cellules  allongées  à  parois  épaisses,  ponctuées  et  canaliculées,  à  base 
horizontale  ou  oblique,  sont  rencontrées  entre  les  vaisseaux  et  entourent  un  ou  deux 
vaisseaux  annulaires  placés  en  avant.  Elles  nous  ont  paru  terminer  le  faisceau  du  côté 
du  parenchyme  médullaire  central  auquel  elles  se  relient. 

Les  stomates  des  Graminées  ont  été,  dans  ces  dernières  années,  mentionnés  par  quel¬ 
ques  auteurs.  M.  Kareltschikoff,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  des  naturalistes  de  Moscou 
(1806),  les  considère  comme  formés  de  trois  cellules  dont  la  médiane  fournit  l’ouverture 
stomatique.  M.  Strasburger  ( Pringsheim’s  Jahrbuecher ,  1807),  dans  son  étude  plus  ré¬ 
cente  et  plus  complète  sur  l’organogénie  des  stomates,  se  contente  de  comparer  simple¬ 
ment  les  stomates  des  Graminées  à  ceux  de  plusieurs  plantes  ( Claytonia  perfoliata ,  Ma- 
ranla  bicolor)  dont  les  stomates  sont  composés  de  quatre  cellules,  mais  il  ne  les  a  pas 
étudiés  spécialement.  Ceux  que  j’ai  décrits  et  figurés  me  paraissent  offrir  des  différences 
non  observées  par  les  deux  botanistes  que  je  viens  de  citer. 

A  priori,  la  coupe  transversale  d’une  feuille  (qui,  par  les  nervures,  renferme  des  carac¬ 
tères  importants)  nous  fait  voir  que  Y Agr.  cæsium  est  intermédiaire  entre  les  A.  repens  L. 
et  A.  Pouzolzii  Godr.,  et  en  cela  nous  sommes  parfaitement  d’accord  avec  M.  Boreau, 
qui,  se  basant  sur  d’autres  caractères,  lui  a  assigné  cette  place  dans  sa  Revue .  La  coupe 
transversale  du  rhizome  l’éloigne  des  deux  espèces  précédentes  et  le  rapproche  de  Y  A. 
campestre  Godr.  La  conformation  des  masses  de  cellules  à  chlorophylle  de  la  couche  her¬ 
bacée,  dans  la  section  transversale  d’un  chaume,  est  à  peu  près  celle  de  l’A.  acutum  I)G. 


/i36  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

L’espèce  qui  nous  occupe  fait  partie  de  la  section  des  Agropyrum  tà  rhizomes  ram¬ 
pants  et  à  nervures  saillantes. 

Explication  des  figures  de  la  planche  111  de  ce  volume. 

Fig.  \ .  —  Agropyrum  cæsium  Presl,  port  de  la  plante. 

—  2.  —  a.  Glume  grossie.  —  b.  Épillet. 

—  3.  —  Coupe  transversale  de  la  feuille,  représentant  les  mamelons  des  nervures ,  les 

bandes  de  cellules  à  chlorophylle  et  les  faisceaux  fibro-vasculaires. 

—  h.  —  Coupe  transversale  du  rhizome. 

—  5,  —  Coupe  transversale  de  la  tige. 

—  6.  —  Stomate:  a,  vu  de  face;  b,  coupe  transversale. 

ÉNUMÉRATION  DES  PLANTES  DE  L’ARRONDISSEMENT  DE  MONTLUÇON 
(NOTES  COMPLÉMENTAIRES),  par  M.  A.  l’Élttll». 

Liste  des  especes  exclues. 

Parmi  les  espèces  qui  suivent,  il  est  évident  pour  moi  aujourd’hui  que  si 
quelques-unes  d’entre  elles  ont  sans  doute  disparu,  il  y  en  a  d’autres  qui  ont 
été  indiquées  certainement  par  suite  d’erreur  de  détermination. 

Ranunculus  Lingua  L. —  Pont  de  la  Chambrière  près  Montluçon  ( Servant  sec.  Bor. 
Fl.  centr.  éd.  1  et  non  3). 

Thlaspi  alpestre  L.  —  Montluçon  (Migout  Fl.  de  l'Ailier). 

Stellaria  nemorumL. —  Le  Cluzeauprès  Mnntluçon  (Thévenon  sec.  Migout  Fl.  de  l’Ailier). 

—  glauca  With. —  Le  Cluzeau  près  Montluçon  ( Thévenon  sec.  Migout). 

Hypericum  quadrangulum  L.  —  Nerde  près  Montluçon  ( Thévenon  sec.  Migout). 
Géranium  sanguineum  L.  —  Néris  ( Boirot-Desserviers ). 

O  x  ali  s  corniculata  L.  —  Montluçon  (Bor.  FL  centr.  éd.  1  et  non  3). 

Coronilla  scorpioides  Koch.  —  Montluçon,  pont  de  la  Chambrière  ( Servant  sec.  Bor. 
Fl.  cenlr.). 

Spiræa  obovata  Willd. — Le  Diéna  près  Montluçon  (L.  de  Lamberlye  sec.  Bor.  Fl.  centr.). 
Cette  espèce  était  probablement  échappée  des  jardins  du  Diéna. 

Sedum  anglicum  lluds.  —  Bords  du  Cher  ( Thévenon  sec.  Migout  Fl.  de  l'Ailier).  Indi¬ 
qué  au  Gourre-du-Puy  près  Montluçon,  où  il  n’a  été  rencontré  qu’un  pied  d’un 
Sedum  en  mauvais  état  et  douteux. 

OEnantiie  pimpinelloides  L.  —  Montluçon  (Saul  sec.  Bor.  Fl.  cenlr.  éd.  1  et  non  3). 
Orlaya  grandiflora  Hoffm.  —  Montluçon  ( Servant  sec.  Bor.  Fl.  centr.). 

Globulaiua  vulgaris  L.  —  Néris  ( Boirot-Desserviers ). 

Düronicum  austriacum  Jacq.  —  Bois  de  la  Liaudon  ( Servant  sec.  Bor.  FL  centr.  éd. 
1  et  non  3). 

Cirsium  bulbosum  DC.  —  Sceauve  près  Chavenon  (Causse  sec.  Bor.  Fl.  centr.  éd.  1  et 
non  3). 

«ampanula  linifolia  Lamk.  —  Les  Iles  près  Montluçon  (Thévenon  sec.  Migout  Fl.  de 
l’Ailier). 

Asarum  europæum  L.  —  Néris  (Boirot-Desserviers) . 

Gladiolus  communis  L.  — Néris  (Boirot-Desserviers). 

Opiirys  aranifera  L. — Montluçon  (Servant  sec.  Bor.  Fl,  centr.  é d.  1). 

Veratrum  album  L.  —  Néris  ( Boirot-Desserviers ). 


Butlct.  de  la  Soc.  Bol.  de  France 


Tome  XVUl  PI  3. 


A..  PÉTARD,  del.adnat.  K  T  1;1\ 


AGROPYRUM  CÆSIUM  Presl 


lmp. Remercier  dcG1®  rue  de  Seme  5/ Paris 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1871. 


437 


Melica  ciliata  DC.  —  Néris  (Boirot-Desserviers) . 

Poa  sudetica  Willd.  —  Montluçon,  bois  de  la  Brosse  (Migout  Fl.  de  l'Ailier  non  Thé- 
venon). 

Pol'ystichum  tanacetifolium  DC.  —  Sceauve  près  Chavenon  ( Causse  sec.  Bor.  Fl.  centr. 
éd.  1  et  non  3). 

Asplénium  lanceolatum  L.  —  Rochers  au-dessous  de  l’étang  de  Malva  près  Rodes 
(' Causse  sec.  Bor.  Fl.  centr.). 

Lycopodium  inundatum  L.  —  Montluçon  (Migout  Fl.  de  V Allier ). 


En  résumé,  le  chiffre  des  espèces  connues  aujourd’hui  dans  l’arrondisse* 
ment  de  Montluçon  peut  être  réparti  ainsi: 


Plantes  phanérogames  et  cryptogames  vasculaires.  .  .  1170 
—  cryptogames  cellulaires .  360 


1530. 


Il  y  aura  encore  un  certain  nombre  de  raretés  à  ajouter  à  ce  Catalogue,  car 
je  n’ai  pas  la  prétention  d’avoir  tout  vu.  L’exploration  du  canton  de  Montma- 
rault  laisse  beaucoup  à  désirer,  et  la  forêt  de  Tronçais  renferme  bien  certaine¬ 
ment  encore  des  espèces  qui  ne  sont  pas  signalées  même  dans  le  départe¬ 
ment.  Pour  l’énumération  des  plantes  phanérogames  de  l’Ailier,  on  pourra,  à 
titre  de  complément,  consulter  la  quinzième  question  du  Congrès  scientifique 
tenu  à  Moulins  en  juillet-août  1870,  dans  laquelle  j’ai  fait  la  comparaison  des 
végétaux  de  cette  contrée  avec  ceux  des  départements  limitrophes.  La  cryp¬ 
togamie  n’est  représentée  que  d’une  façon  très-imparfaite  (les  Algues  et  les 
Champignons  parasites  n’ont  pas  encore  été  étudiés  jusqu’ici),  néanmoins  les 
premiers  jalons  que  j’ai  placés  sur  celte  route  difficile  engageront,  je  l’espère, 
les  rares  botanistes  du  Bourbonnais  à  m’aider,  par  leurs  envois  ou  par  leurs 
renseignements,  à  compléter  cette  branche  si  intéressante  de  la  botanique  et 
qui  est  si  peu  connue  dans  notre  département. 

Pour  répondre  aux  questions  posées  par  la  Société  botanique  de  France 
dans  sa  séance  du  22  avril  1870  (t.  XVII,  p.  209),  relativement  aux  botanistes 
et  aux  collections  de  chaque  département,  je  commence  par  donner  la  liste 
suivante  des  personnes  qui,  à  ma  connaissance,  ont  herborisé  dans  l’arron¬ 
dissement  de  Montluçon.  J’ai  ajouté  les  quelques  renseignements  que  j’ai  pu 
me  procurer  sur  les  collections  ou  herbiers  qui  sont  en  leur  possession.  Je 
suis  heureux  de  profiter  de  cette  occasion  pour  témoigner  toute  ma  recon¬ 
naissance  aux  botanistes  cités  dans  ce  Catalogue  et  qui  ont  bien  voulu  me 
favoriser  de  leur  précieux  concours  : 

MM.  Boirot-Desserviers,  de  Néris  (1822). 

Causse,  de  Chavenon  (1840). 

Lambertye  (le  comte  Léonce  de),  à  Chaltrait  par  Montmort  (Marne)  (1840). 

Servant,  à  Moulins  (1840). 

Saul,  correspondant  et  ami  de  M.  Boreau  (1840). 

La  Guérenne  (de),  au  château  du  Mont  près  Montluçon. 

Lettré  (Eugène),  conducteur  principal  des  ponts  et  chaussées,  à  Montluçon. 

Pailloux,  du  département  de  la  Creuse  (1848). 


4 O 8  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

MM.  Jamet  (l’abbé),  curé  de  Chamblet  (1860  et  depuis). 

Pérard  (Alexandre),  à  Paris  (1860  et  depuis). 

Rivière  (le  père),  de  l’institution  Saint-Joseph  à  Montluçon,  Senlis  (Oise)  (1860). 

M,lc  Fouliiouze  (Joséphine),  à  Montluçon  (1860  et  depuis). 

MM.  Lucand,  capitaine  au  59e  de  ligne  (1865-67). 

Dr  Thévenon,  médecin-major  au  59e  de  ligne  (1865-67). 

Déséglise,  du  département  du  Cher,  temporairement  à  Néris. 

Besson  (Isidore),  étudiant  en  médecine  (1868-69). 

Duché  (E.),  docteur  en  médecine,  à  Montluçon  (1868-70). 

Mmc  Duché. 

Mme  Vaillant,  à  Marcillat  (1870). 

MM.  Vannaire,  docteur  en  médecine,  à  Gannat  (1870). 

Tholin  (le  père),  de  l’institution  des  Maristes,  à  Senlis  (Oise)  (1870). 

Chabrol,  professeur  de  physique  au  collège  de  Montluçon  (1870). 

Miciiard  (Adrien),  élève  en  pharmacie,  à  Paris  (1869-1870). 

Les  collections  qui  méritent  d’être  signalées  sont  en  petit  nombre.  Celle  que 
j’ai  formée,  depuis  1860,  des  plantes  de  l’arrondissement  de  Montluçon  et 
qui  renferme  les  types  de  ce  Catalogue,  est  la  plus  importante.  L’herbier  de 
M.  Lucand,  capitaine  au  59e  de  ligne,  comprend  huit  cents  espèces  environ 
recueillies  en  1865-67.  Celui  de  M.  le  docteur  E.  Duché,  de  Montluçon,  dont 
j’ai  revu  et  nommé  toutes  les  espèces  récoltées  pour  la  plupart  dans  mes  excur¬ 
sions,  présente  déjà  un  chiffre  de  cinq  à  six  cents  espèces  bien  échantillonnées. 
J’ignore  le  nombre  des  espèces  de  l’herbier  de  M.  L.  de  Lambertye,  qui  doit 
être  assez  élevé.  Une  collection  d’aquarelles,  peintes  d’après  nature  parM.  de  la 
Guérenne,  propriétaire  du  château  du  Mont  près  Montluçon,  et  qui  atteint  un 
chiffre  assez  considérable  d’espèces,  mérite  d’être  mentionnée;  mais  je  regrette 
de  n’avoir  pu  jusqu’ici  en  prendre  connaissance.  Enfin  je  possède  les  aquarelles 
d’après  nature,  figurant  les  Champignons  de  Montluçon  que  j’ai  cités,  et  la 
même  collection  se  trouve  en  partie  dans  les  mains  de  M.  le  capitaine  Lucand. 

Je  ne  puis  terminer  ce  travail  sans  rendre  hommage  à  la  mémoire  d’un  ami  sincère 
qui  m’a  aidé  de  ses  conseils,  en  1860,  lorsque  j’ai  commencé  à  m’occuper  de  botanique 
dans  les  environs  de  Montluçon.  M.  Eugène  Lettré,  conducteur  principal  des  ponts  et 
chaussées  dans  cette  ville  et  chargé  de  la  direction  et  de  la  surveillance  du  canal  du 
Berry,  habitait  Montluçon  depuis  de  longues  années,  lorsqu’il  fut  enlevé  (le  27  mars 
1866)  malheureusement  trop  tôt,  à  sa  famille  et  à  ses  amis.  Connaissant  parfaitement 
les  localités  de  l’arrondissement,  il  m’a  servi  de  guide  dans  mes  premières  excursions  et 
sa  bienveillance  amicale  ne  m’a  jamais  fait  défaut.  Dévoué  à  la  science,  il  s’était  occupé 
de  botanique  dans  le  département  du  Gard,  lorsqu’il  dirigeait  les  travaux  du  chemin  de  fer 
d’Alais.  Son  herbier,  qu’il  a  bien  voulu  m’offrir,  renferme  un  certain  nombre  de  bonnes 
espèces,  parmi  lesquelles  je  pourrai  citer  les  Leuzea  conifera,  Convolvulus  Cantabrica, 
Inula  squarrosa,  Paliurus  aculeatus ,  Cistus  salvifolius ,  etc.  Néanmoins  sa  position 
d’ingénieur  le  plaçant  dans  des  conditions  trcs-favorables  pour  étudier  la  géologie,  il 
avait  une  prédilection  marquée  pour  cette  dernière  science.  Dans  la  collection  de  roches 
et  de  minéraux  formée  par  lui  et  qui  est  actuellement  dans  les  mains  de  sa  famille,  j’ai 
pu  observer  de  très-beaux  échantillons  et  un  assez  grand  nombre  de  fossiles.  Pour  moi, 
qui  ai  reçu  de  sa  part  tant  de  preuves  d’affection,  je  ne  puis  que  joindre  mes  regrets  à 
ceux  de  sa  famille  pour  déplorer  la  perte  d’un  ami  dévoué,  homme  d’esprit,  naturaliste 
modeste  et  instruit. 

Je  ne  saurais  trop  remercier  non  plus  notre  obligeant  collègue  M.  W.  de  Schœne- 
feld,  secrétaire  général  de  la  Société  botanique  de  France,  qui  a  bien  voulu  me  secon- 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1871. 


439 


der  durant  la  publication  de  ce  Catalogue  raisonné  dans  le  Bulletin  de  la  Société  bota¬ 
nique  et  dans  le  tirage  à  part  de  225  exemplaires.  Notre  savant  ami  m’a  prêté  le  plus 
utile  concours  en  m’aidant,  pendant  l’impression,  dans  la  tâche  si  difficile  de  la  correc¬ 
tion  des  épreuves,  et  c’est  à  sa  connaissance  profonde  de  la  linguistique  que  je  dois  les 
quelques  corrections  qui  ont  été  faites  dans  l’orthographe  de  plusieurs  noms  de  genres  et 
d'espèces.  —  Je  ferai  remarquer  à  ce  sujet  que,  pour  les  noms  de  genres  dont  l’ortho¬ 
graphe  a  été  changée,  j’ai  entouré  d’une  parenthèse  le  nom  du  créateur  du  genre,  vou¬ 
lant  indiquer  par  là  que  l’orthographe  du  nom  primitif  a  été  modifiée.  Je  donnerai  pour 
exemple  les  genres  Helodes  (Spach)  et  Heleocharis  (R.  Brown)  où  la  lettre  h  ajoutée  au 
commencement  du  mot  remplace  l’esprit  rude  qui  se  trouve  dans  le  mot  grec  zXbç 
(marais)  dont  ces  genres  dérivent.  —  Enfin  j’ai  restitué,  autant  que  possible,  la  priorité 
des  genres  à  leur  illustre  créateur  Pitton  de  Tournefort  ( Instituliones  rei  herbariœ),  et 
j:ai  placé,  sous  les  noms  JLinnéens  ou  d’autres  auteurs,  ceux  de  ses  genres  qui  ont  été 
abandonnés  par  suite  des  progrès  de  la  science.  —  Qu’il  me  soit  permis,  en  finissant,  de 
témoigner  ma  gratitude  à  nos  honorables  collègues  M.  Kralik  et  M.  l’abbé  Chaboisseau 
pour  les  précieux  cunseils  qu’ils  ont  bien  voulu  me  donner  pendant  le  cours  de  ce  travail 
qui  a  été  présenté  en  avril  1869  à  la  Société  botanique,  mais  dont  l’impression  a  été 
retardée  par  suite  des  tristes  événements  de  1870-71. 


M.  Roze  présente  à  la  Société,  de  la  part  de  M.  Tocquaine  (de 
Kemiremont),  un  fragment  et  le  dessin  d’un  Polyporus  Lctricis 
gigantesque,  trouvé  dans  les  Vosges,  et  donne  lecture  de  la  lettre 
suivante  : 


LETTRE  DE  M.  Ad.  TOCQUAINE  A  M.  DE  SCHŒNEFELD. 

Remiremont  (Vosges),  8  décembre  1871. 

Monsieur  le  Secrétaire  général, 

J’ai  l’honiieur  de  vous  adresser  un  dessin  représentant,  en  grandeur  natu¬ 
relle,  une  production  cryptogamique  qui  m’a  été  envoyée  de  la  montagne 
comme  ayant  été  trouvée  sur  un  pied  de  Houx.  Il  m’a  été  impossible  d’avoir 
plus  de  renseignements  sur  son  origine. 

Sa  hauteur  était  de  0m,90  ;  une  portion  ayant  été  enlevée,  elle  est  réduite 
à  0m,80.  Sa  largeur  est  de  0m,20,  sur  une  hauteur  de  0m,30,  c’est-à-dire 
jusqu’à  sa  division  en  trois  prolongements  dont  le  plus  grand  atteint  üm,5ü; 
l’épaisseur  moyenne  est  de  Qm,04. 

Sa  couleur  générale  est  nankin  pâle,  l’intérieur  est  plus  pâle,  sa  consis¬ 
tance  subéreuse  élastique.  Je  joins  une  tranche  de  la  portion  inférieure  qui 
donnera  peut-être  le  moyen  de  classer  ce  Champignon,  dont  le  poids  (malgré 
son  développement)  est  de  dût)  grammes  seulement. 

Il  eût  été  fort  intéressant  d’avoir  ou  de  connaître  exactement  sa  souche, 
afin  de  savoir  s’il  était  fixé  sur  du  bois  dépérissant  ou  dans  quelque  vieux 
tronc  décomposé. 

Un  trou  à  bords  arrondis  et  cicatrisés,  à  un  coin  de  la  partie  inférieure, 
provient  sans  doute  d’un  morceau  de  bois  ou  de  pierre  qui  s’est  trouvé  en¬ 
gagé  lors  du  développement. 


hhO  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Les  botanistes  mycologues  connaissent  peut-être  cette  production  ;  je  pense 
néanmoins  que  ma  communication  pourra  offrir  quelque  intérêt. 

Lecture  est  donnée  de  la  communication  suivante,  adressée  à  la 
Société  : 


NOTE  SUR  LE  DEJUCO  DE  AGUA,  par  M.  A.  POSIDl-Alt  VXCiO 

Une  des  particularités  qui  frappent  le  plus  l’observateur  parcourant,  pour 
la  première  fois,  les  forêts  de  l'Amérique  intertropicale,  ce  sont  ces  lianes 
gigantesques,  semblables  «à  des  câbles,  qu’on  voit  s’élever  partout,  jusqu’au 
sommet  des  plus  grands  arbres,  les  enlacer  les  uns  aux  autres,  et  qui,  pleines 
d’une  sève  potable,  semblent  avoir  été  préparées  exprès,  par  une  nature  pré¬ 
voyante,  pour  calmer  la  soif  du  voyageur  dans  ces  régions  brûlantes. 

Ne  sachant  pas  qu’elles  aient  été  déjà  décrites,  nous  allons  les  faire  con¬ 
naître  très-sommairement. 

Ce  sont  de  gros  sarments,  de  3  à  5  centimètres  de  diamètre,  cylindriques 
ou  un  peu  télragones,  dépourvus  de  branches  dans  toute  leur  hauteur,  pré¬ 
sentant  de  distance  en  distance  de  légers  renflements,  comme  des  nœuds  peu 
apparents,  dans  lesquels  on  remarque  les  traces  laissées  par  les  anciennes 
feuilles  opposées  ;  l’écorce  est  rugueuse  et  un  peu  rougeâtre.  La  structure  des 
tiges  montre  bien  que  ce  sont  des  Bignoniacées  ;  mais  l’impossibilité  de  se  pro¬ 
curer  leurs  feuilles,  qui  manquent  ordinairement,  ou  qui,  cachées  entre  le 
feuillage  d’arbres  extrêmement  élevés,  deviennent  inaccessibles,  ne  permet  pas 
de  leur  assigner  une  place  précise  dans  la  classification.  On  peut  cependant, 
par  la  seule  disposition  des  faisceaux  ligneux,  distinguer  deux  espèces  de 
plantes.  Dans  l’une,  celle  qui  a  la  tige  sublétragone,  la  section  transversale 
représente  une  croix  de  Malte  :  en  effet,  des  couches  corticales,  émergent 
quatre  prolongements  qui  vont  converger  tout  près  du  centre  médullaire. 
Dans  l’autre,  les  prolongements  sont  plus  nombreux  (nous  en  avons  compté 
dix-sept),  mais  moins  profonds,  en  sorte  que  la  partie  ligneuse  a  l’apparence 
d’une  étoile  ou  plutôt  d’une  roue  d’engrenage.  Mais  ce  qu’il  y  a  de  plus  re¬ 
marquable  dans  ces  plantes,  c’est  le  diamètre  des  vaisseaux  parcourant  la 
partie  ligneuse,  qui  sont  tellement  apparents,  qu’on  peut  même  introduire  un 
crin  dans  quelques-uns.  Chaque  vaisseau  se  continue  sans  interruption  dans 
la  tige,  ne  communiquant  pas,  par  conséquent,  avec  les  vaisseaux  collatéraux. 

Ces  arbrisseaux  portent,  en  Colombie,  le  nom  vulgaire  de  bejuco  de  agita, 
c’est-à-dire  liane  aqueuse ,  parce  que  leur  sève  sert  aux  forestiers,  à  défaut 
de  sources,  pour  se  désaltérer;  c’est  un  usage  emprunté  aux  Indiens. 

Ce  sont  les  vaisseaux  du  bois,  et  non  pas  le  tissu  cortical,  qui  donnent  le 
suc  qu’on  boit.  C’est  donc  la  sève  montante,  ou  de  l’eau  presque  pure,  que 
la  plante,  à  l’instar  de  ces  pompes  instantanées  récemment  inventées  par  les 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1871.  441 

Américains,  va  sucer  jusque  dans  les  profondeurs  du  sol,  pour  satisfaire  un 
caprice  humain  au  prix  de  sa  vie  ;  car  la  plante,  une  fois  coupée,  périt. 

Mais  il  faut  de  l’habitude  pour  savoir  en  tirer  profit.  En  effet,  si  l’on  fait 
des  incisions  à  la  liane  ou  si  on  la  tranche  d’un  seul  coup,  on  n’obtient  pas  de 
liquide  ;  on  entend  seulement  un  sifflement  produit  par  l’entrée  de  l’air  qui 
y  pénètre,  refoulant  la  sève,  d’un  côté  vers  les  racines,  de  l’autre  vers  les 
sommités  de  la  plante.  Il  est  indispensable  de  couper  la  tige  en  deux  endroits 
différents,  en  haut  et  en  bas,  par  deux  coups  secs  donnés  avec  un  couteau  de 
chasse  bien  tranchant,  de  manière  à  avoir  un  tronçon  plus  ou  moins  long, 
auquel  on  donne  rapidement  une  position  horizontale  pour  que  le  liquide  ne 
s’écoule  pas  ;  autrement  il  jaillit,  et  l’on  ne  peut  le  recevoir  dans  la  bouche. 
Un  fragment  de  liane  de  grosseur  ordinaire  et  de  40  centimètres  de  longueur 
peut  fournir  un  verre  à  peu  près  de  sève.  Nous  en  avons  bu  plusieurs  fois. 
Le  goût,  qui  varie  peut-être  selon  le  terrain,  n’est  nullement  désagréable, 
mais  il  accuse  des  sels  et  est  légèrement  astringent. 

Sa  température,  que  nous  regrettons  de  ne  pas  avoir  mesurée,  nous  sem¬ 
ble  être  celle  de  l’atmosphère,  c’est-à-dire  plus  élevée  que  celle  des  ruisseaux 
et  des  rivières  de  ces  contrées  ;  elle  n’est  donc  guère  fraîche. 

On  voit,  par  ce  que  nous  venons  d’exposer,  que  le  bejucode  aguae st  une 
plante  plutôt  curieuse  que  vraiment  utile.  C’est  surtout  au  point  de  vue  de 
l’étude  des  phénomènes  physiologiques  qu’elle  peut  être  digne  d’attention.  Il 
est  fâcheux  qu’elle  ne  se  trouve  que  dans  des  forêts  très-éloignées:  il  ne  se¬ 
rait  vraiment  pas  sans  intérêt  de  répéter  à  son  égard  les  expériences  de  Haies 
pour  déterminer  la  force  ascensionnelle  de  la  sève,  mesurer  sa  quantité  et 
voir  ses  variations  suivant  les  époques.  Ces  observations  pourraient  contribuer 
à  éclaircir  la  question  des  influences  lunaires. 

i  En  effet,  dans  l’Amérique  équinoxiale,  où,  grâce  à  l’absence  de  saisons,  la 
végétation  n’est  jamais  interrompue,  on  fait  jouer  à  notre  satellite  un  grand  rôle 
sur  ses  phénomènes.  On  prétend  que  la  sève  des  plantes  ne  monte  en  abon¬ 
dance  que  pendant  le  croissant,  et  qu’elle  redescend  au  déclin  de  la  lune.  C’est 
ainsi  qu’on  explique  la  nécessité,  selon  les  forestiers,  d’abattre  les  bois  à  cette 
dernière  époque,  pour  éviter  qu’ils  ne  soient  dévorés  par  les  insectes  (la  ver¬ 
moulure). 

Mais  à  propos  de  cette  question,  que  je  ne  fais  que  mentionner,  je  dois 
dire,  en  passant,  que,  si  l’on  en  juge  par  quelques-unes  de  mes  observations, 
ce  ne  serait  pas  sur  la  quantité  de  sève,  mais  plutôt  sur  sa  composition,  que  la 
lune  exercerait  quelque  influence,  en  contribuant  par  la  lumière  réfléchie  à 
l’élaboration  de  ce  liquide.  C’est  d’ailleurs  un  sujet  encore  à  l’étude,  et  j’au¬ 
rai  peut-être  plus  tard  l’honneur  d’en  entretenir  la  Société. 

A  la  suite  de  cette  communication,  M.  Bureau  présente  les  obser¬ 
vations  suivantes  : 


Z|/j2  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

En  l’absence  d’échantillons,  il  ne  m’est  pas  possible  de  déterminer  exacte¬ 
ment  les  Bignoniacées  dont  vient  de  parler  M.  Posada-Arango.  Cependant  je 
soupçonne  que  l’espèce  a  tige  carrée  et  à  section  transversale  représentant  une 
croix  de  Alalte,  pourrait  bien  appartenir  au  genre  Tynanthus ,  qui  offre  exac¬ 
tement  ces  caractères.  Le  Tynanthus  fasciculata  Miers  est  une  des  princi¬ 
pales  lianes  à  eau  du  Brésil.  M.  J.  Corrèa  de  Méllo  m’a  envoyé  sur  cette 
plante  une  note  intéressante  qui  confirme  les  faits  exposés  par  M.  Posada- 
Arango.  Je  ne  puis  mieux  faire  que  d’en  donner  ici  la  traduction  : 

Les  grosses  tiges  du  Tynanthus  fasciculata  Miers  renferment  une  grande  quantité 
d’une  eau  fraîche,  limpide,  insipide  et  inodore. 

Les  sauvages  et  les  chasseurs  connaissent  cette  propriété  et  l’utilisent  fréquemment 
pour  apaiser  leur  soif  dans  les  lieux  où  il  n’y  a  pas  d’eau,  ou  meme  simplement  par 
plaisir  :  à  cette  fin,  ils  coupent  une  portion  de  grosse  tige,  d’une  longueur  de  cinq  à  six 
palmes.  Cette  portion  de  tige  séparée,  étant  placée  verticalement,  laisse  couler  une  eau 
suffisante  pour  étancher  la  soif. 

Ce  qu’il  y  a  de  remarquable,  c’est  que  ni  la  base  de  la  tige  (la  partie  qui  est  fixée  en 
terre),  ni  l’extrémité  qui  reste  suspendue,  ne  laissent  échapper  de  liquide,  et  qu’au  con¬ 
traire  la  portion  de  tige  séparée  étant  placée  verticalement  (soit,  que  le  bout  correspon¬ 
dant  à  la  base  regarde  en  bas,  soit  qu'il  regarde  en  haut),  l’eau  en  découle  toujours  par 
gouttes  rapides,  et  en  produisant  un  petit  bruit  dù  à  l’air  contenu  dans  les  tubes  du 
corps  ligneux,  qui  s’échappe  poussé  par  le  poids  du  liquide  et  en  formant  de  petites  bulles 
à  l’ouverture  des  tubes.  On  doit  noter  de  plus  que,  pour  obtenir  la  plus  grande  quantité 
d’eau  possible,  il  faut  couper  la  liane  d’abord  du  côté  de  sa  base,  puis  promptement  du 
côté  du  sommet.  Si  l’on  attend  pour  opérer  la  section  supérieure,  on  n’obtient  que  peu 
ou  point  d’eau.  Ce  phénomène  est  parfaitement  connu  des  sauvages  et  des  chasseurs,  qui 
l’expliquent  en  disant  que  Veau  monte.  La  propriété  de  fournir  ainsi  un  liquide  n’appar¬ 
tient  pas  exclusivement  à  cette  plante  :  elle  a  déjà  été  observée  par  M.  Gaudichaud 
(Voyage  de  la  Bonite ,  Botanique,  vol.  I,  p.  224)  dans  une  Ampélidée  qu’il  a  nommée 
Cissus  hydrophora.  Les  Bignoniacées  suivantes  :  Bignonia  triplinervia  Martius,  Lundia 
obliqua  Sonder,  Pithecoctenium  Vitalba  DC.  et  Bignonia  corymbifera  Vahl,  produisent 
aussi  de  l’eau  en  abondance  ;  mais  cette  eau  est,  suivant  les  espèces,  plus  ou  moins 
désagréable.  Je  crois  bien  que  cette  propriété  est  commune  à  toutes  les  espèces  dont  le 
corps  ligneux  est  parcouru  longitudinalement  par  des  tubes  d’un  grand  diamètre. 


Le  travail  suivant  est  présenté  à  la  Société  de  la  pari  de  l’auteur  : 

RÉVISION  DU  GENRE  CRATÆGUS,  POUR  LES  SECTIONS  DES  C.  OXYACANTHA  L. 

ET  OA'  Y  AC  AN  TII 01  DE  S  Thuill.,  par  II.  Michel  CL&rtDOClEIt. 

(Arnas  près  Villefranche-sur-Saône,  janvier  1871.) 

Le  genre  Cratœgus,  généralement  méconnu  par  les  auteurs,  renferme  cepen¬ 
dant  un  bon  nombre  d’espèces  parfaitement  distinctes  ;  je  n’ai  pu  l’étudier 
encore  que  d’une  manière  fort  superficielle,  mais  cependant  je  signale  ici  les 
espèces  que  j’ai  observées,  me  réservant  pour  plus  tard  de  faire  connaître  et  de 
publier  les  matériaux  que  j’aurai  amassés  pour  la  plus  grande  connaissance  de 
ce  genre  qui  ne  manque  pas  d’intérêt. 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1871 


M  3 


TABLES  ANALYTIQUES 


1.  Clef  «les  fleurs. 


^  (  Calice  velu,  ou  velu-tomenteux . . .  2 

i  \  Calice  glabre,  ou  parsemé  de  rares  poils .  7 

2  j  Calice  fortement  velu-tomenteux .  3 

\  Calice  parsemé  de  poils  plus  ou  moins  abondants,  non  tomenteux .  6 

^  j  Fleurs  blanches,  toujours  simples.  .  . .  . .  A 

j  Fleurs  d’un  beau  rose,  doubles .  C.  hortorum . 

(  Calice  à  tube  oblong  ;  fleurs  grandes,  en  corymbes  composés .  5 

A  J  Calice  à  tube  ovale-arrondi,  ou  obovale  ;  fleurs  relativement  peu  nombreuses. . . . 

(  . . .  C.  Bastardi. 

[  Rameaux  jaunâtres  ;  lobes  des  feuilles  entiers . » .  C.  floribunda. 

5  |  Rameaux  grisâtres  ou  blanchâtres;  lobes  des  feuilles  régulièrement  dentés  en  scie. 
I  .  C.  rhipidophylla. 

Calice  globuleux,  peu  velu;  fleurs  en  corymbes  très-fournis .  C.  subsphœrica. 

\  Calice  obovale-elliptique,  velu  ;  fleurs  en  corymbes  peu  fournis .  C.  silvicola. 

/  Feuilles  simplement  crénelées-incisées,  à  lobes  peu  marqués .  8 

7  %  Feuilles  toutes  profondément  pennatifldes,  à  lobes  atteignant  presque  la  nervure 
(  médiane . . . . .  11 


!'  Feuilles  d’un  vert  clair  non  luisant  en  dessus,  assez  minces,  à  lobes  bien  marqués.  9 
Feuilles  d’un  vert  foncé  et  luisant  en  dessus,  très-fermes  et  coriaces,  à  lobes  à  peine 
visibles . . .  C.  coriacea. 


/'Pétioles  et  feuilles  velus  ;  feuilles  longuement  pétiolées;  stipules  linéaires  et  cadu- 

)  ques .  10 

j  Pétioles  et  feuilles  à  peu  près  glabres;  feuilles  courtement  pétiolées  ;  stipules  ovales, 
\  larges  et  persistantes .  C.  flexilis. 


/Rameaux  allongés,  flexueux;  feuilles  irrégulièrement  crénelées;  fleurs  moyennes.. 

\  . . .  C.  subinermis. 

I  Rameaux  courts,  non  flexueux  ;  feuilles  très-régulièrement  crénelées  ;  fleurs  grandes 
. . .  C.  oxyacanlhoides. 


^  I  (  Fleurs  d’un  rose  plus  ou  moins  foncé .  12 

|  Fleurs  blanches,  ou  très-légèrement  lavées  de  rose .  IA 

j  9  j  Fleurs  d’un  joli  rose  clair .  13 

“  )  Fleurs  d’un  rose  foncé,  comme  vineux . C.  œnochroa. 


Feuilles  généralement  à  3  lobes  ;  lobes  entiers,  présentant  rarement  1-2  dents. . . . 


13  <  .  C.  sublucens . 

(.  Feuilles  généralement  à  5  lobes  ;  lobes  tous  plus  ou  moins  crénelés.  C.  oligacanlha. 

Feuilles  discolores,  blanchâtres  en  dessous .  15 

\  Feuilles  d’un  vert  pâle  en  dessous,  mais  non  blanchâtres .  18 


(  Feuilles  moyennes  ou  petites,  peu  longuement  pétiolées  ;  aiguillons  assez  courts.  16 
(  Feuilles  grandes,  très-longuement  pétiolées  ;  aiguillons  très-courts.  C.  peliolulata. 

/Feuilles  petites,  à  lobes  atteignant  presque  la  nervure  médiane,  recourbés  en  des- 

^  )  sous  sur  les  bords .  C.  pulchella. 

j  Feuilles  moyennes,  à  lobes  atteignant  à  peine  la  moitié  du  limbe,  non  recourbés  en 
\  dessous  sur  les  bords .  .  IV 


.  _  (  Calice  à  tube  ovale-oblong,  allongé .  C.  clilorocarpa. 

(  Calice  à  tube  arrondi-globuleux .  C.  bracteolaris. 


z Feuilles  d’un  vert  jaunâtre,  à  lobes  très-finement  et  régulièrement  dentés  en  scie. . 

I  .  . . . .  C.  micropliylla. 

j  Feuilles  d’un  beau  vert  foncé,  à  lobes  entiers,  ou  présentant  quelquefois  1-2  dents. 

*  . . .  C.  thyrsoidea . 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


!\h!\ 


2.  Clef  «le»  fruits. 


9 

10 

11 

12 

13 

14 


15 


16 


17 


Fruits  rouges  à  la  maturité .  2 

Fruits  d’un  vert  jaunâtre  à  la  maturité .  C.  chlorocarpa. 

{Feuilles  simplement  crénelées-incisées,  à  lobes  peu  marqués .  3 

Feuilles  toutes  profondément  pennatifides,  à  lobes  atteignant  au  moins  le  tiers  du 
limbe .  6 

Feuilles  d’un  vert  clair  non  luisant  en  dessus,  assez  minces,  à  lobes  bien  marqués.  4 
Feuilles  d’un  vert  foncé  et  luisant  en  dessus,  très-fermes,  très-coriaces;  à  lobes  peu 
ou  point  marqués .  C.  coriacea. 

Pétioles  et  feuilles  légèrement  velus  ;  feuilles  longuement  pétiolées  ;  stipules  linéaires 

et  caduques .  5 

Pétioles  et  feuilles  glabres;  feuilles  courtement  pétiolées;  stipules  ovales,  larges, 
persistantes . .  C.  flexilis. 

Rameaux  allongés,  flexueux;  feuilles  irrégulièrement  crénelées.  .  .  C.  subinermis. 

Rameaux  courts,  non  flexueux;  feuilles  très-régulièrement  crénelées . 

.  C.  oxyacanthoides. 

Lobes  des  feuilles  régulièrement  et  finement  dentés  en  scie .  7 

Lobes  des  feuilles  entiers,  ou  présentant  1-3  dents .  10 

Fruit  petit,  globuleux;  feuilles  glabres,  ou  parsemées  de  quelques  poils  dans  leur 

jeunesse .  8 

Fruit  gros,  oblong;  feuilles  pubescentes-hérissées  dans  leur  jeunesse.  C.  rhipidophylla. 

Arbrisseau  nain;  feuilles  petites,  d’un  vert  jaunâtre,  finement  pubescentes;  lobes  à 

dents  de  scie  très-fines  et  bien  marquées .  C.  microphylla. 

Arbrisseau  élevé;  feuilles  grandes,  d’un  vert  foncé,  à  peu  près  glabres;  lobes  à  dents 
peu  marquées .  9 

Feuilles  à  3  lobes,  luisantes  en  dessus;  jeunes  fruits  pubescents.  ...  C.  horlorum. 
Feuilles  à  5  lobes,  non  luisantes  en  dessus;  jeunes  fruits  glabres  .  .  C.  œnochroa. 

Feuilles  discolores,  blanchâtres  en  dessous .  11 

Feuilles  d’un  vert  pâle  en  dessous,  mais  non  blanchâtres .  15 

Fruits  moyens  ou  petits,  globuleux-arrondis,  en  corymbes  peu  nombreux  ;  écorce 

verte,  blanchâtre  ou  grisâtre .  12 

Fruits  très-gros,  oblongs,  très-nombreux;  écorce  d’un  joli  jaune. .  .  C.  floribunda. 

Feuilles  à  lobes  atteignant  à  peine  la  moitié  du  limbe,  à  bords  non  recourbés  en 

dessous .  13 

Feuilles  à  lobes  atteignant  presque  la  nervure  médiane,  recourbés  sur  les  bords  en 
dessous .  C.  pulchella. 

Feuilles  généralement  à  5-7  lobes;  fruit  globuleux .  14 

Feuilles  généralement  à  3  lobes  ;  fruit  un  peu  ovale-oblong .  C.  sublucens. 

Feuilles  grandes,  très-longuement  pétiolées  ;  aiguillons  atteignant  10-12  millimètres. 

.  C.  petiolulata. 

Feuilles  moyennes,  assez  courtement  pétiolées  ;  aiguillons  atteignant  à  peine  4-7  mil¬ 
limètres  . . .  .  C.  bracteolaris. 

Jeunes  fruits  et  pédoncules  pubescents-hérissés  ;  feuilles  ordinairement  vertes,  non 

luisantes,  pubescentes-hérissées . 16 

Jeunes  fruits  et  pédoncules  glabres;  feuilles  ordinairement  luisantes,  glabrescentes. 
. 18 

i  Fruit  obovale-elliptique,  en  corymbes  peu  fournis .  17 

(Fruit  arrondi-globuleux,  en  corymbes  très-fournis .  C.  subsphœrica 

/Jeunes  rameaux  et  fruits  peu  hérissés;  nervures  très-fortement  divergentes.  .  .  . 

\  . C.  silvicola 

j  Jeunes  rameaux  et  fruits  velus-tomenteux;  nervures  un  peu  divergentes . 

\  . C,  Baslardi 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1871. 


hh  5 

Feuilles  d’un  beau  vert  foncé;  fruits  en  thyrse  composé  et  rameux.  C.  thyrsoidea. 

j  Feuilles  d’un  vert  jaunâtre  ;  fruits  en  corymbe  simple,  peu  nombreux.  C.  oligacantha. 

DIAGNOSES. 

A.  OxyacaitlIiOHlcæ  Gdgr. 

Feuilles  simplement  crènelées-incisées,  à  lobes  obtus  arrondis  peu  pro¬ 
fonds  ;  nervures  convergentes  ;  fleurs  grandes  ;  floraison  plus  précoce  (1)  d’au 
moins  10-15  jours  que  les  espèces  de  la  section  B;  2-3  styles. 

1.  C.  coriacea  N.  — Aubépine  à  feuilles  coriaces.  —  Arbrisseau  robuste, 
rameux,  à  rameaux  floraux  flexueux  et  de  couleur  blanchâtre  ou  grisâtre 
aiguillonnés;  feuilles  ovales-rhomboïdales,  assez  petites,  d'un  vert  foncé  et  lui¬ 
sant  en  dessus,  très-fermes,  très-coriaces ,  plus  pâles  en  dessous,  à  nervures 
saillantes  jaunâtres  et  convergentes  ;  lobes  des  feuilles  peu  marqués ,  à  peine 
visibles,  régulièrement  crénelés-dentés;  jeunes  rameaux  glabres  ;  pédoncule  et 
calice  glabres  ;  2-3  styles  ;  fruit  osseux,  coriace,  ovale,  renfermant  2-3  graines; 
fleurs  blanches,  en  petits  corymbes  simples  longuement  pédonculés. 

Entre  Marsangue  et  Salles  (Rhône). 

2.  G.  flexilis  N.  —  A.  à  rameaux  flexueux.  —  Arbrisseau  robuste,  à  ra¬ 
meaux  inermes  ;  les  floraux  allongés ,  flexueux  et  pendants ,  de  couleur  rou¬ 
geâtre  ;  feuilles  triangulaires-ovales  dans  leur  pourtour,  divisées  en  3-5  lobes 
assez  bien  marqués  et  régulièrement  dentés  en  scie,  ci  peu  près  glabres ,  courte- 
rnent  pétiolées  ;  pétioles  presque  glabres,  parsemés  de  poils  rares  et  caducs  ; 
stipules  ovales,  larges  et  persistantes  ;  pédoncule  et  calice  glabres;  sépales 
verdâtres,  triangulaires,  terminés  en  pointe  mucronée  ;  1-3  styles  ;  fruit  rouge, 
arrondi;  fleurs  petites,  blanches,  en  corymbes  assez  fournis  et  longuement 
pédonculés. 

Arnas  (Rhône),  à  la  Grange-Perret. 

3.  G.  subinermis  N.  —  A.  subinerme.  —  Arbrisseau  de  moyenne  gran¬ 
deur,  à  rameaux  inermes  ou  parsemés  d’aiguillons  très-rares  grêles  et 
flexueux  ;  feuilles  moyennes,  ovales  dans  leur  pourtour,  pubescentes  dans 
leur  jeunesse,  devenant  plus  glabres  à  l’âge  adulte,  ordinairement  divisées  au 
sommet  en  trois  lobes  assez  marqués,  irrégulièrement  crénelés  ;  pétioles  pu- 
bescents,  courts;  stipules  étroites,  linéaires ,  caduques ;  pédoncule  et  ca¬ 
lice  glabres;  sépales  jaunâtres  largement  triangulaires,  brusquement  terminés 
en  une  petite  pointe  mucronée  ;  1-3  styles  ;  fruit  rouge,  petit,  arrondi  ; 
fleurs  de  moyenne  grandeur,  blanches,  en  corymbes  un  peu  ramifiés  mais 
assez  peu  fournis  ;  pétales  blancs,  concaves,  brusquement  contractés  en  onglet 
linéaire. 

Chervinges  (Rhône),  près  de  la  fabrique. 

(1)  Dans  les  espèces  de  ce  groupe,  la  floraison  commence  souvent  dès  les  derniers 
jours  d’avril,  pour  se  terminer  vers  le  15  mai;  dans  les  Oxyacantheœ  au  contraire,  les 
fleurs  s’épanouissent  vers  le  12  ou  le  15  mai,  pour  finir  à  la  fin  du  même  mois. 


4/aO  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

U.  G.  oxyacanthoides  Tliuill.,  Gandoger.  —  A.  Fausse-aubépine.  —  Ar¬ 
brisseau  à  rameaux  courts,  tortueux ,  non  flexueux,  à  écorce  d’un  gris  foncé 
et  sombre  ;  feuilles  larges,  ovales-arrondies  dans  leur  pourtour,  pubescentes 
en  dessus  et  en  dessous  sur  les  nervures  principales,  d’un  beau  vert  en  des¬ 
sus,  plus  pâles  en  dessous,  divisées  ordinairement  vers  leur  sommet  en  (rois 
lobes  peu  marqués  et  très-régulièrement  crénelés  comme  dentés  en  scie; 
pétioles  courts,  pubescents,  ainsi  que  les  bords  inférieurs  de  la  feuille  ;  stipules 
de  deux  sortes  :  les  unes  un  peu  ovales -oblongues,  les  autres  (et  ce  sont  les 
plus  nombreuses)  linéaires-étroites,  toutes  caduques;  pédoncule  et  calice 
glabres;  sépales  jaunâtres,  marqués  au  milieu  et  jusqu’au  sommet  d 'une  tache 
verte,  largement  ovales-triangulaires,  obtus ;  1-3  styles;  fruit  rouge,  petit, 
arrondi  ;  fleurs  grandes,  peu  nombreuses  ;  pétales  blancs,  à  peu  près  plans. 

Arnas  (Rbône),  à  la  Grange-Perret. 

—  Quoique  la  description  que  donne  Thuillier  ( Flore  par.  éd.  2,  p.  2A5) 
de  cette  espèce  soit  fort  obscure  et  puisse  s’appliquera  quelques  autres  es¬ 
pèces,  je  crois  néanmoins  qu’il  faut  garder  le  nom  spécifique  ;  seulement  j’y 
ai  joint  une  description  spéciale  qui  permet  de  faire  connaître  nettement  ce 
que  j’entends  par  C.  oxyacanthoides ,  et  de  l’isoler  par  là  de  toutes  les  autres 
formes  principales.  Le  C.  Oxyacantha  var.  obtusata  DG.  Prodr.  t.  If,  p.  628, 
me  paraît  devoir  se  rapporter  à  celte  forme. 

B.  Oxyacaiidieæ  Gdgr. 

Feuilles  3-5-1-fîdes  ou  parûtes,  toujours  profondément  découpées  en 
lobes  atteignant  au  moins  la  moitié  du  limbe  et  souvent  presque  la  nervure 
médiane;  lobes  entiers,  crénelés  ou  dentés  en  scie;  un  seul  style;  calice 
et  pédoncule  glabres  ou  velus ;  fruit  rouge,  quelquefois  jaune,  globuleux, 
ovale  ou  oblong  ;  fleurs  blanches  ou  roses  ;  nervures  des  feuilles  très-diver¬ 
gentes;  floraison  ne  commençant  jamais  avant  le  milieu  de  mai. 

a.  Eriocalycidœ  Gdgr. 

Calice  velu  ou  velu-tomenteux,  pédoncules  glabres  ou  pubescents. 

5.  G.hortorum  N.—  Aubépine  des  jardins.  — Arbrisseau  élevé,  rarneux, 
très-feuilié,  florifère,  à  rameaux  rapprochés  les  uns  des  autres  et  à  peu  près 
complètement  inermes;  écorce  d’un  vert  un  peu  rougeâtre;  feuilles  ovales-trian¬ 
gulaires  dans  leur  pourtour,  d'un  vert  luisant  et  parsemées  en  dessus  dans  leur 
jeunesse  de  petits  poils  apprimés,  plus  pâles  et  légèrement  poilues  en  dessous 
sur  la  nervure  médiane,  divisées  en  trois  lobes  (rarement  5)  irrégulièrement 
crénelés;  pétioles  courts,  poilus;  stipules  ovales,  très-caduques;  pédoncules 
glabres  ;  calice  fortement  velu,  globuleux;  sépales  largement  ovales- obtus, 
marqués  d’une  tache  verdâtre  vers  leur  sommet;  \  style;  fruit  rouge,  globu¬ 
leux,  pubescent  dans  sa  jeunesse,  glabre  à  la  maturité  ;  fleurs  d'un  beau  rose, 
doubles,  assez  grandes* 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1871.  /| /| 7 

Bois  (lu  Grand-Talencé,  à  Denicé  (Rhône),  sans  doute  échappé  dos  jardins, 
mais  depuis  longtemps  naturalisé. 

6.  C.  floribunda  N.  — A.  florifère. —  Arbrisseau  extrêmement  élevé  et 
robuste,  rameux,  à  rameaux  courts  serrés  nombreux  très-feuillés  et  très - 
florifères;  écorce  des  vieux  rameaux  d'an  joli  jaune ,  devenant  orangé  par  la 
dessiccation;  feuilles  triangulaires  dans  leur  contour,  pubescentes-bérissées 
dans  leur  jeunesse,  glabres  ensuite,  très-fermes  et  très-coriaces,  d’un  vert 
pâle  en  dessus,  blanchâtres-discolores  en  dessous,  à  nervures  jaunâtres,  di¬ 
visées  en  3-5  lobes  entiers  ou  à  peine  dentés  au  sommet  ;  pétioles  assez  courts, 
poilus  dans  le  commencement,  glabres  à  la  fin  ;  stipules  oblongues-lancéolées, 
caduques;  pédoncules  hérissés;  calice  oblong-allongé,  un  peu  velu-tomen- 
teux  (1);  sépales  courtement  triangulaires,  un  peu  aigus,  appliqués  et  renversés 
sur  le  fruit  à  la  maturité  ;  1  style  ;  fruit  très-gros ,  oblong,  un  peu  allongé  ;  fleurs 
assez  grandes,  en  très-grands  corymbes  composés  et  ramifiés;  pétales  légère¬ 
ment  crispés,  arrondis,  blancs  au  milieu  et  d’un  joli  rose  tendre  sur  les  bords. 

Liergues  (Rhône),  sur  les  bords  de  la  grand’route,  en  face  du  bourg  deCher- 
vinges,  du  côté  des  montagnes  du  Ghalier. 

7.  C.  rhipidophylla  N.  — A.  à  feuilles  en  éventail.  — Arbrisseau  élancé, 
touffu-buissonant,  robuste,  très-rameux,  florifère;  rameaux  à  peu  près  com¬ 
plètement  inermes,  à  écorce  grisâtre ;  feuilles  triangulaires-aigués  dans  leur 
pourtour,  fortement  nervées,  pubescentes-bérissées  sur  les  deux  faces,  à  poils 
caducs,  d’un  vert  égal  sur  les  deux  côtés,  divisées  en  3-5  lobes  disposés  de 
telle  manière  qu’ils  forment  une  sorte  d'éventail  ouvert ,  régulièrement  den¬ 
tés  en  scie  au  sommet ,  à  dentelures  aiguës  profondes  et  mucronécs  au  sommet  ; 
jeunes  pousses  vertes  et  glauques;  pétioles  moyens,  hérissés  dans  leur  jeu¬ 
nesse,  glabres  ensuite  ;  stipules  étroitement  lancéolées-acuminées  au  sommet  ; 
pédoncules  hérissés  ;  calice  velu4omenteux -hérissé,  à  duvet  abondant,  oblong- 
allongé  ;  sépales  longuement  et  assez  étroitement  triangulaires,  marqués  d’une 
tache  vert-foncé  et  terminés  au  sommet  en  pointe  linéaire  et  glabrescente, 
étalés  et  môme  semi-dressés  à  la  maturité  du  fruit;  1  style  ;  fruit  très-gros, 
oblong-allongé;  fleurs  grandes,  disposées  en  corymbes  latéraux  et  fournis. 

Liergues  (Rhône),  à  la  Combe. 

—  Cette  belle  espèce  est  voisine  du  C.  floribunda;  elle  en  diffère  surtout  : 
1°  par  son  aspect  moins  robuste,  plus  touffu,  mais  moins  feuillé;  2°  par  l’é¬ 
corce  d’un  vert -grisâtre;  3°  par  ses  feuilles  moins  fermes  et  coriaces,  à  lobes 
régulièrement  dentés  en  scie  au  sommet  et  s’écartant  de  manière  à  présenter 
la  forme  d’un  éventail  ouvert  ;  4°  par  ses  fruits  un  peu  plus  petits,  moins  nom¬ 
breux;  5°  par  les  dents  du  calice  plus  aiguës,  étalées  et  mêmesemi-dressées  à  la 
maturité  du  fruit,  jamais  renversées;  6°  enfin  par  ses  fleurs  moins  nom¬ 
breuses,  en  corymbes  moins  fournis  et  plus  lâches. 


(1)  Certaines  années,  il  est  presque  entièrement  glabre. 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


m 

8.  C.  Bastardi  N.  ( C .  villosa  Cariot  Et.  des  fl.  t.  II,  p.  196,  éd.  4; 
C.  oxyacanthoides  calyce  villosissimo  Bast. ).  —  A.  de  Baslard.  —  Arbris¬ 
seau  rameux,  touffu,  peu  élevé;  feuilles  obovaies-cunéifurmes,  3-5-lides  ou 
parûtes,  à  lobes  irrégulièrement  crénelés  ;  nervures  un  peu  divergentes  ;  jeunes 
rameaux ,  pédoncules,  calice  et  jeunes  fruits  velus-tomenteux  ;  stipules  ovales, 
caduques;  1-2  styles;  calice  à  tube  obovale  ;  fruit  arrondi;  fleurs  blanches, 
relativement  peu  nombreuses,  blanches,  en  corvmbes  latéraux. 

Ain  :  forêt  de  Valors  à  Ruiïieu,  dans  le  Valromev  (abbé  Bichet,  in  Cariot, 
loc.  cit.). 

9.  C.  subsphærica  N.  — A.  à  fruits  sous-globuleux. — Arbrisseau  tortueux, 
rameux,  à  rameaux  assez  courts,  un  peu  épineux,  à  écorce  rougeâtre;  feuilles 
moyennes,  triangulaires  dans  leur  pourtour,  légèrement  pubescentes  et  d’un 
vert  gai  et  luisant  en  dessus,  plus  pâles  et  glabres  en  dessous,  divisées  en  3-5 
lobes  entiers  ou  présentant  au  plus  1-3  dents  irrégulières  /pétioles  semi-longs, 
ciliés  ainsi  que  les  bords  extrêmes  de  la  feuille,  devenant  ensuite  glabres  ou 
à  peu  près;  stipules  très-variables,  souvent  linéaires,  caduques;  pédoncules 
poilus;  calice  velu,  sous-globuleux ,  petit;  sépales  assez  longuement  et 
largement  triangulaires,  verdâtres  au  sommet;  1  style;  fleurs  petites,  blanches, 
en  corvmbes  lâches  mais  très-multiflores  composés  et  ramifiés. 

Alix  (Rhône),  près  du  bourg. 

10.  C.  silvicola  N.  —  A.  des  bois.  —  Arbrisseau  touffu,  robuste,  très- 
rameux,  à  rameaux  fastigiés,  à  écorce  d’un  gris  brunâtre  ;  jeunes  pousses 
rougeâtres  et  d'un  glauque  bleuâtre  ;  feuilles  ovales-obtuses  dans  leur  pour¬ 
tour,  larges ,  pubescentes-hérissées  et  d’un  vert  gai  un  peu  luisant  en  dessus, 
plus  pâles  etglabresen  dessous,  ciliées  sur  les  bords,  à  poils  caducs,  en  sorte 
que  les  feuilles  deviennent  glabres  dans  l’âge  adulte,  divisées  en  3-5  lobes 
crénelés  grossièrement  et  irrégulièrement  (quelquefois  cependant  entiers); 
pétioles  longs,  d’abord  ciliés,  puis  glabres  ;  stipules  larges,  assez  persistantes , 
oblongues-ovales,  laciniées;  pédoncules  glabres  inférieurement,  et  de  plus  en 
plus  velus  à  mesure  qu’on  approche  de  la  base  du  calice;  tube  du  calice 
fortement  velu ,  blanchâtre,  obovale  ;  sépales  verdâtres  au  sommet,  large¬ 
ment  et  courtement  triangulaires;  1  style;  fleurs  assez  grandes,  blanches,  en 
corvmbes  peu  fournis. 

Bois  entre  Alix  et  Pouilly-le-Monial,  et  à  Ville-sur-Jarnioux  (Rhône). 

b.  Leiocalycidœ  Gdgr. 

Calice  parfaitement  glabre,  présentant  très-rarement,  ainsi  que  les  pédoncules,  quel¬ 
ques  poils  caducs;  jeunes  pousses  plus  glabres  que  dans  la  section  «;  fleurs  roses  ou 
blanches. 

\.  llubescentes  Gdgr. 

fleurs  d’un  rose  plus  ou  moins  vif. 

11.  C.  oenochroa  N.  —  A.  à  fleurs  vineuses.  —  Arbrisseau  ou  petit  arbre 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1871. 


élevé,  élancé,  à  rameaux  nombreux  et  fastigiés  ;  écorce  d’un  brun  cannelle; 
feuilles  triangulaires  dans  leur  contour,  un  peu  pubescentes  sur  les  nervures 
et  d’un  vert  gai  mais  non  luisant  en  dessus,  plus  pâles  et  glabres  en  dessous, 
glabres  dans  l’âge  adulte,  divisées  vers  leur  sommet  en  cinq  lobes  irréguliè¬ 
rement  et  obscurément  crénelés ,  à  pétioles  courts  d’abord  poilus,  glabres 
ensuite;  stipules  linéaires-étroites,  presque  entières;  pédoncules  glabres, 
ramifiés;  calice  à  tube  ovale,  glabre  ;  sépales  jaunâtres  au  sommet ,  verdâtres 
à  la  base,  largement  ovales-obtus ,  courts;  1  style;  fleurs  simples,  grandes, 
d'un  beau  rose  vineux ,  à  pétales  jaunâtres  sur  l’onglet  de  plus  en  plus  roses 
à  mesure  qu’on  approche  du  sommet;  bouton  d’un  vert  jaunâtre  et  livide. 

Jardin  botanique  de  Lyon,  où  on  le  cultive  en  grand  dans  les  bosquets  et  le 
long  des  promenades  ;  on  peut  le  regarder  comme  spontané. 

12.  C.  sublucens  N.  —  A.  à  feuilles  luisantes.  —  Arbrisseau  élevé  et  pre¬ 
nant  la  forme  d’un  petit  arbre,  à  rameaux  durs,  raboteux,  allongés-fastigiés, 
peu  rameux,  munis,  au  lieu  de  ramuscules,  de  toulfes  de  feuilles  serrées  ; 
écorce  d’un  gris  rougeâtre;  feuilles  petites,  finement  pubescentes  sur  les  ner¬ 
vures  principales  et  d’un  joli  vert  gai  et  luisant  en  dessus,  fermes,  coriaces, 
pâles-blanchâtres  et  également  velues  en  dessous  sur  les  nervures,  puis  deve¬ 
nant  glabres  dans  l’âge  adulte,  fortement  nervées,  ànervures  jaunâtres -oran¬ 
gées^  divisées  en  trois  lobes  entiers  courts  présentant  rarement  1-2  dents; 
pétioles  courts,  toujours  glabres  ;  stipules  en  forme  de  croissant,  oblongues, 
très-entières y  terminées  en  pointe  acuminée;  pédoncules  courts,  épais,  ra¬ 
mifiés,  devenant  grêles  et  plus  allongés  après  la  floraison,  glabres  ou  présen¬ 
tant  parfois  quelques  poils  ;  calice  à  tube  arrondi,  glabre  ou  peu  pubérulent  ; 
1  style;  sépales  oblongs ,  verdâtres  au  sommet,  un  peu  obtus;  fleurs  en  petits 
corymbes  courts  paucillores;  pétales  à  peu  près  plans,  d’un  rose  assez  pâle; 
bouton  verdâtre. 

Arnas  (Rhône),  taillis  et  haies  à  Talencé  et  à  Limas  près  Yillefranche, 

13.  C.  oligacantha  N.  —  A.  à  épines  rares.  —  Arbrisseau  peu  élevé,  à 
rameaux  grêles,  peu  feuillés,  à  peu  près  inermes  ;  écorce  d’un  gris  cannelle  ; 
fleurs  largement  triangulaires  dans  leur  pourtour,  pubescentes  sur  les  deux  faces 
sur  les  nervures  seulement,  d'un  vert  clair  et  un  peu  jaunâtre  en  dessus,  un 
peu  plus  pâles  en  dessous,  divisées  généralement^  5  lobes  tous  plus  ou  moins 
crénelés ;  pétioles  courts,  d’abord  finement  pubescents  ainsi  que  les  bords  de 
la  feuille,  devenant  ensuite  glabres  ;  stipules  linéaires-lancéolées,  à  peu  près 
entières,  caduques  ;  pédoncules  assez  courts,  épais,  ramifiés,  à  ramifications 
pourvues  de  bractéoles ,  s’allongeant  ensuite,  glabres  ;  calice  à  tube  ovale- 
arrondi,  glabre,  rarement  un  peu  pubescent;  1  style;  sépales  verdâtres  au 
sommet,  largement  triangulaires,  un  peu  aigus ,  assez  longs;  fleurs  roses,  en 
petits  corymbes  latéraux  peu  fournis  ;  pétales  moyens,  plans  ou  peu  concaves  ; 
bouton  jaunâtre. 

Arnas  (Rhône),  à  Talencé, 
x.  xvm. 


^séances)  29 


.'SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


/l50 


2.  Albescentes  Gdgr. 


Fleurs  blanches,  rarement  un  peu  rosées. 

1U.  C.  petioliilata  N.  —  A.  à  feuilles  ioiiguemout  pétiofées.  —  Arbris¬ 
seau  élevé,  prenant  la  forme  d’un  petit  arbre,  rameux,  à  rameaux  allongés 
ilexueux  et  grêles  peu  feuilles  ;  écorce  d’un  vert  grisâtre;  feuilles  grandes , 
largement  oblongues-triangulaires  dans  leur  pourtour,  très-glabres,  fortement 
nervées  en  dessous,  à  nervures  jaunâtres  et  couleur  de  feu ,  d’un  vert  gai  et 
luisant  en  dessus,  plus  pâles  et  blanchâtres  sur  la  page  inférieure,  très-longue¬ 
ment  pétiolées ,  divisées  en  3-7  lobes  plus  ou  moins  profonds  convergents  irré¬ 
gulièrement  crénelés  vers  leur  sommet  quelquefois  entiers  ;  pétioles  allongés , 
verdâtres  en  dessus,  jaunâtres  en  dessous  ;  stipules  très-larges,  ovales-oblon- 
gues,  irrégulièrement  découpées;  aiguillons  très-allongés ,  atteignant  10-12  et 
quelquefois  15  millimètres;  fleurs  très-rares,  blanches;  fruits  ordinairement 
stériles. 

Denicé  (Rhône). 

15.  C.  pulchella  JN.  —  A.  élégante.  — Arbrisseau  nain,  d'un  aspect  très- 
élégant;  écorce  d'un  joli  blanc ;  aiguillons  gros  et  courts;  rameaux  courts, 
effilés,  simples  ou  peu  rameux,  produisant  au  lieu  de  rameaux  des  touffes  de 
feuilles;  feuilles  petites,  d’un  très-joli  vert  en  dessous,  finement  pubescentes, 
d’un  blanc  verdâtre  et  finement  nervées  en  dessous,  très-profondément  dé¬ 
coupées  en  3-5  lobes  courts  arrondis-obtus  entiers  ou  présentant  1-2  dents, 
à  bords  recourbés  en  dessous;  pétioles  très-courts,  un  peu  ciliés  sur  les  bords  ; 
stipules  très-caduques  et  très-difficiles  à  observer,  oblongues,  presque  entières. 

Bois  des  montagnes  de  Chalier  en  face  de  Chervinges  (Rhône).  RR. 

Cette  espèce  est  fort  curieuse  et  frappe  singulièrement  par  son  aspect  élé¬ 
gant  ;  je  n’ai  pu  encore  en  observer  ni  les  fleurs  ni  les  fruits. 

16.  C.  bracteolaris  N.  —  A.  à  bractéoles.  —  Arbrisseau  toulTu-buisson- 
nant,  rameux,  à  rameaux  roides  et  écorce  d’un  gris  blanchâtre  ;  aiguillons 
courts ,  atteignant  au  plus  h- 7  millimètres ;  feuilles  moyennes,  munies  de 
quelques  poils  qui  finissent  par  tomber,  d’un  vert  foncé  en  dessus,  pales- 
blanc  hâtr  es  et  comme  incanes-cendrées  en  dessous,  divisées  en  3-5  lobes 
entiers  ou  irrégulièrement  dentés  en  scie;  pétioles  assez  courts ,  munis  de 
poils  caducs  ;  stipules  petites,  ovales-étroites,  un  peu  découpées,  caduques  ; 
pédoncules  grêles,  ramifiés,  portant  de  nombreuses  petites  bractéoles  linéaires 
et  caduques  ;  sépales  d’un  jaune-verdâtre  au  sommet,  largement  triangulaires, 
brusquement  terminés  par  une  pointe  courte  et  mucronée  ;  calice  à  tube 
arrondi ,  glabre  ;  1  style  ;  fleurs  blanches,  assez  petites,  en  corymbes  latéraux 
assez  fournis  mais  lâches  ramifiés;  fruit  rouge-brun,  arrondi  ;  pétales  orbicu- 
laires,  très-concaves,  à  onglet  d’un  blanc  jaunâtre  tirant  sur  l’orangé. 

Arnas  (Rhône),  sur  la  roule  des  Rues  aux  JMaisons-Neuves. 

Celte  espèce  est  celle  qui  semble  le  plus  se  rapprocher  du  type  conven* 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1871. 


451 

lionnel  et  complexe  appelé  jusqu’ici  C.  Oxyaeantha y  mais  elle  eu  est  évi¬ 
demment  fort  distincte  ;  elle  diffère  au  premier  coup  d’œil  surtout  par  ses 
feuilles  blanchâtres-incanes  en  dessous  et  ses  pédoncules  pluri-bractéolés.  Du 
reste,  je  rejette  complètement  le  prétendu  C.  Oxyaeantha  ;  il  y  a  là,  tout  autour 
de  ce  groupe,  un  nombre  considérable  d’espèces  méconnues  qu’il  est  bon  de 
publier  et  caractériser  parfaitement  ;  mais  c’est  un  travail  long  et  difficile  et  qui 
demande  des  observations  constantes  et  minutieuses. 

17.  C.  chlorocarpa  N.  —  A.  à  fruits  jaunes. — Semble  aussi  se  rappro¬ 
cher  assez  du  C.  Oxyaeantha  L.  et  surtout  de  l’espèce  précédente;  en  dif¬ 
fère  :  1°  par  le  tube  du  calice  ovale-oblong,  allongé;  T  par  ses  fleurs  plus 
grandes,  non  marquées  d’une  tache  safranée  sur  l’onglet;  3°  surtout  par  ses 
fruits  plus  gros,  oblongs,  d'un  vert  jaunâtre  à  la  maturité . 

Rhône  :  Sainte-Cousorce  (herbier  P.  Ghabert,  de  Lyon). 

18.  G.  microphylla  N.  —  A.  à  petites  feuilles. —  Arbrisseau  nain,  rabou¬ 
gri,  tortueux,  atteignant  tout  au  plus  4-8  décimètres  de  hauteur,  à  peu 
près  complètement  incrme,  à  rameaux  courts,  raboteux  et  formés  uniquement 
et  peu  à  peu  par  les  touffes  de  feuilles  qui  y  laissent  en  tombant  la  cicatrice  de 
leur  pétiole  ;  écorce  d’un  gris  mêlé  de  blanc  et  de  noirâtre  ;  feuilles  petites } 
orbiculari-triangulaires  dans  leur  pourtour,  finement  pubescentes,  d’un  vert 
jaunâtre  en  dessus,  un  peu  plus  pâles  en  dessous,  divisées  en  3-7  lobes  aigus 
très -finement  et  très-régulièrement  dentés  en  scie ,  à  dents  aiguës  conver¬ 
gentes  et  mucronées;  pétioles  grêles,  assez  longs,  canaliculés  en  dessus,  et  de 
plus  en  plus  poilus  à  mesure  qu’on  approche  de  l’extrémité  inférieure  de  la 
feuille  ;  stipules  nulles  (je  n’ai  jamais  pu  les  observer). 

Bois  de  Talencé,  à  Arnas  (Rhône),  où  il  est  commun. 

Je  n’en  ai  jamais  observé  ni  les  fleurs  ni  les  fruits. 

19.  C.  thyrsoidea  N.  ( Cratœgus  longistyla  Nobis  olim).  —  à  fleurs 
en  thyrse.  —  Arbrisseau  peu  élevé,  mais  touffu-buissonnant,  très-rameux,  à 
rameaux  bas  et  décombants  grêles  et  flexueux,  à  écorce  d’un  gris  mélangé 
de  blanc  et  de  jaunâtre  ;  feuilles  des  rameaux  stériles  pubescentes-hérissées 
sur  les  deux  faces,  à  lobes  irrégulièrement  incisés  et  si  profondément  découpés 
qu’ils  atteignent  la  nervure  médiane  ;  feuilles  des  rameaux  floraux  petites,  d’un 
très-beau  vert  foncé  et  un  peu  luisant  en  dessus,  d’un  vert  un  peu  pâle  et  à  peine 
nervées  en  dessous,  divisées  généralement  en  trois  lobes  assez  peu  profonds 
fortement  divariqués  tous  entiers  très-rarement  pourvus  de  quelques  dents  ; 
pétioles  assez  longs,  finement  pubescents,  puis  devenant  à  peu  près  glabres,  ca¬ 
naliculés  en  dessus;  stipules  très-entières,  en  forme  de  croissant,  longuement 
atténuées  en  pointe  aux  deux  extrémités  ;  pédoncules  allongés,  grêles,  très-rami- 
fiés,  inégaux,  glabres,  portant  quelques  bractées  allongées  et  linéaires  ;  sépales 
entièrement  verts,  largement  et  courtement  triangulaires,  un  peu  en  pointe 
au  sommet;  calice  à  tube  glabre,  portant  [quelquefois  de  rares  poils,  ovale  ; 
un  seul  style  très-allongé ,  dépassant  de  beaucoup  en  longueur  les  étamines; 


/|5‘2  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

étamines  allongées,  à  anthères  constamment  brunâtres  ;  fruit  moyen,  ovale, 
rouge,  à  sépales  appliqués  à  la  maturité  ;  fleurs  petites,  blanches,  délicates, 
nombreuses,  en  faux  thyrse,  formant  une  sorte  de  panicule  inégalement 
ramifiée  et  décomposée  ;  pétales  à  peu  près  plans,  fort  caducs,  atténués  en 
onglet  très-court. 

Haies  à  Alix  (Rhône).  —  Cette  espèce  est  très-remarquable. 

Lecture  est  donnée  des  lettres  suivantes  : 


LETTRE  DE  UI.  Casimir  ROUMECICÉRE. 

A  Monsieur  le  Secrétaire  général  delà  Société  botanique  de  France. 

Toulouse,  42  décembre  4874. 

Ayant  eu  l’occasion  de  visiter  la  semaine  dernière  le  gîte  des  Mérules ,  je 
peux  ajouter  quelques  détails  à  la  note  que  j’ai  eu  l’honneur  d’adresser  à  la 
Société  au  mois  de  juin  (1),  sinon  quant  au  développement  de  l’appareil  re¬ 
producteur  (cet  appareil  ne  se  montre  hors  de  terre  qu’à  la  fin  de  l’été  et 
durant  l’automne),  du  moins  en  ce  qui  concerne  l’appareil  végétatif,  c’est-à- 
dire  le  mycélium,  qui  n’a  pas  de  repos  normal  et  qui  est  pourvu  de  la  faculté 
de  croître  et  de  s’étendre  en  toute  saison. 

C’est  bien  réellement  ce  dernier  appareil  qui  désorganise  les  bois  morts 
(dès  qu’il  les  a  atteints,  il  rompt  les  fibres  du  bois,  les  écarte,  et,  portant  ses 
ramules  sur  toutes  les  parties  de  la  masse  ligneuse,  il  semble  se  substituer 
complètement  à  elle-même),  et  non  point  la  couche hyméniale  (avec  ses  gout¬ 
telettes  de  liquide),  que  l’on  a  longtemps  soupçonnée  d’être  la  cause  unique 
du  mal.  J’ai  vu,  depuis  ma  première  communication,  des  bouts  nombreux  de 
poteaux  de  sapin  retirés  du  sol  à  un  enfoncement  de  1  mètre  30  centimètres 
environ,  littéralement  convertis  en  un  bloc  de  mycélium,  friables  et  com- 
pressibles  sous  les  doigts,  à  l’état  sec,  incapables  de  brûler  autrement  que 
l’amadou. 

Sur  le  territoire  de  Grisolles,  limitrophe  du  département  de  la  Haute-Ga¬ 
ronne,  on  vient  d’ouvrir,  dans  le  sol  voisin  de  la  ligne  ferrée,  une  tranchée 
destinée,  je  le  suppose,  à  l’écoulement  des  eaux  ;  et  c’est  dans  cette  tranchée 
du  terrain  de  transport  très-caillouteux  que  j’ai  suivi  les  traces  du  mycélium 
du  Mérule,  à  une  profondeur  que  j’étais  éloigné  de  soupçonner.  J’ai  détaché 
une  sorte  de  fibre  radiculaire  principale,  de  la  longueur  de  2  mètres  90  cen¬ 
timètres,  et  je  crois  que,  si  la  fouille  eut  été  continuée,  cette  fibre  se  fût 
montrée  encore  plus  étendue,  car  son  extrémité  présentait  une  rupture.  Ce 
fragment  continu  du  mycélium  était  à  peu  près  cylindrique,  d’une  épaisseur 

(1)  Note  sur  deux  Hyménomycètes  dévastateurs  des  bois  ouvrés ,  etr.  (Voyez  plus 
haut,  p.  107.) 


SÉANCE  DU  22  DÉCEMBRE  1871. 


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variant  entre  8  et  U  millimètres,  à  ramuscules  fourchus,  nombreux,  se  mou¬ 
lant  sur  les  gros  graviers  du  terrain,  assez  semblables  à  ceux  que  j’avais  retirés 
cet  été  dernier  d’une  profondeur  bien  moins  considérable.  La  partie  voisine 
de  la  surface  du  sol  était  c'a  et  là  renflée  par  des  bosselures  irrégulières,  prui- 
neuses,  légèrement  colorées  en  jaune  clair,  et  que  je  considère  comme  Yinitium 
du  réceptacle  plutôt  que  comme  un  organe  supplémentaire.  (L’examen  de  ces 
bosselures  —  coupe  horizontale,  —  à  l’aide  d’un  fort  grossissement,  ne  m’a 
pas  montré  une  organisation  différente  de  celle  du  mycélium  proprement  dit; 
toutefois  le  lacis  des  filaments  paraissait  rayonner  d’un  point  central  répon¬ 
dant  au  milieu  de  la  bosselure.  ) 

J’ai  entendu  parler  de  l’emploi  projeté  de  buses  en  ciment,  jusqu’à  une 
profondeur  de  85  centimètres,  pour  isoler  le  pied  du  poteau  du  terrain  en¬ 
vahi  parle  Mérule.  Ma  récente  remarque,  si  elle  ne  porte  pas  sur  un  fait  anor¬ 
mal,  doit  rendre  cette  expérience  tout  à  fait  insuffisante. 

Ce  cas  de  géantisme  du  mycélium  du  Mérule,  à  l’état  souterrain,  et  sans 
support  apparent  du  moins,  complète  ce  que  l’on  sait  d’une  autre  monstruosité 
et  d'un  habitat  singulier  du  même  Champignon,  lorsqu’il  se  montre  aux  parois 
des  caves,  à  la  surface  des  planchers,  ou  dans  les  galeries  des  mines  à  130  mè¬ 
tres  et  plus  de  profondeur  sous  terre,  comme  l’a  rapporté,  en  1811,  G. -F.  Hoff¬ 
mann.  Dans  le  premier  cas,  celui  des  parois  ou  des  planchers  que  j’ai  vus 
envahis,  dans  la  même  localité,  sur  une  surface  uniforme  de  plusieurs  mètres 
carrés,  il  y  a,  j’en  ai  acquis  la  certitude,  agglomération  ou  soudure  de  plusieurs 
Champignons  se  développant  en  commun  et  formant  avec  le  temps  un  tissu 
inséparable.  Dans  celui  qu’a  signalé  l’auteur  du  Vegetabilia  in  Hercyniæ  sub- 
terraneis  collecta ,  il  y  a  encore  un  support  et  toujours  des  conditions  d’aéra¬ 
tion  relative  et  de  température  qui  ont  dû  manquer  au  mycélium  sujet  de  ma 
communication,  même  si  on  lui  accorde  un  point  d’attache  que  je  n’ai  pu 
découvrir  au  voisinage  de  la  surface  du  terrain. 

LETTRE  DE  M.  le  pasteur  SAOULER. 

A  Monsieur  le  Président  de  la  Société  botanique  de  France. 

Montbéliard,  16  décembre  1871. 

Monsieur  le  Président, 

Un  inconnu  vient  à  vous,  mais  sous  les  auspices  d’un  nom  célèbre  ;  c’est  à 
ce  titre,  comme  à  celui  de  nombreuses  années  de  travail  persévérant,  couronné 
par  de  belles  découvertes,  qu’il  ose  solliciter  une  place  dans  vos  publications 
pour  une  flore  complète  des  Champignons  de  France,  soit  catalogue  des  Hy- 
ménomycèles.  U  comprendra  plus  de  cent  espèces  qui  jusqu’à  présent  n’ont 
été  ni  signalées  en  France,  ni  représentées  par  aucune  figure;  et  en  outre  plus 
de  trente  espèces  absolument  nouvelles  pour  la  science,  toutes  reconnues 


Æ5 h  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

pour  telles  par  le  professeur  Fries.  Les  descriptions  et  les  figures  de  ces  es¬ 
pèces  nouvelles  pourraient  accompagner  la  publication. 

Je  prends  la  liberté  de  vous  transcrire  ici  une  partie  d’une  lettre  du  pro¬ 
fesseur  Élias  Fries,  datée  du  28  octobre  1871,  au  docteur  Quélet,  son  ami  et 
le  mien,  en  faveur  duquel  j’ai  l’honneur  de  vous  écrire  : 

«  Tôt  novitias  floræ  gallicæ  ex  Hymenomycetum  classe  legisti,  ut  harum 
»  enumerationem  cum  Societate  botanica  gallica  communicares,  et  inseratur 
»  in  illius  aclis.  » 

Si  je  prends  la  plume  pour  le  savant  et  pérsévérant  mycologue  Quélet,  mon 
maître,  c’est  parce  que  j’ai  le  vif  désir  de  signaler  ses  découvertes  à  votre 
excellente  Société,  et  aussi  parce  que  sa  modestie  l’empêche  de  faire  des 
démarches  qui  pourraient  le  faire  apprécier. 

Dans  l’espérance  que  vous  voudrez  bien  accueillir  la  demande  que  j’ai 
l’honneur  de  vous  adresser,  ou  de  la  modifier  selon  vos  vues,  je  vous  prie, 
Monsieur  le  Président,  de  bien  vouloir  me  donner  quelques  mots  de  réponse. 

Veuillez  agréer,  etc. 

A.  Sahler, 

Pasteur  à  Montbéliard. 


M.  le  Président  fait  remarquer  que  la  Société  a  déjà  exception¬ 
nellement  publié  des  articles  dont  les  auteurs  ne  figuraient  point  sur 
la  liste  de  ses  membres,  mais  que  ces  articles  étaient  tous  d’une 
étendue  restreinte.  Dans  le  cas  donc  où  M.  le  docteur  Quélet  jugerait 
à  propos  de  nous  envoyer  son  manuscrit,  la  Commission  du  Bulletin 
aurait  à  examiner  si  l’étendue  de  ce  Iravail  (sur  laquelle  M.  le  pas¬ 
teur  Sahler  ne  donne  aucune  indication)  en  permettrait  la  publi¬ 
cation. 


Le  Secrétaire  général  de  la  Société,  gérant  du  Bulletin, 

W.  DE  SCIÎŒNEFELD. 


PARIS. 


IMPRIMERIE  DE  E.  MARTINET,  RUE  MIGNON,  2. 


, 


. 


HE  VUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 

(JANVIER-FÉVRIER  1871)  (lj. 


N.  B.-~  On  peut  se  procurer  les  ouvrages  analysés  clans  celte  Revue  cliez  M.  F.  Savy,  libraire  Je  la 
Société  botanique  de  France,  rue  Hautefeuille,  24,  à  Paris. 


BcHrüge  *381*  Kcnntniss  lier  Gat(igu$  Hïefoeiti'pu#  {Recher¬ 
ches  sur  le  genre  Ectocarpus)  ;  par  M.  E.  Askenazy  {Bot  Zeit .,  1869, 
n°  47). 

M.  Askenazy  a  observé,  à  Ostende,  quatre  espèces  d’ Ectocarpus,  parmi  les¬ 
quelles  une  espèce  nouvelle,  E.  ostendensis.  Il  s’est  occupé  de  plusieurs  points 
relatifs  à  l’étude  de  ce  genre  et  des  Algues  en  général.  Il  a  séparé  en  deux 
principes  la  matière  colorante  des  Fucus.  Elle  abandonne  à  l’alcool  faible  une 
substance  d’un  jaune  brunâtre,  et  ensuite  à  l’alcool  absolu  la  chlorophylle  elle- 
même.  On  peut  opérer  la  séparation  de  ces  deux  substances  en  traitant  d’a¬ 
bord  les  Ectocarpus  par  l’alcool  absolu,  évaporant  la  solution,  puis  reprenant 
par  l’alcool  faible,  qui  n’enlève  que  la  substance  jaune.  Celle-ci,  par  une  addi¬ 
tion  très-faible  d’acide,  prend  une  couleur  d’un  vert  bleuâtre.  L’auteur  pense 
qu’elle  n’est  douée  d’aucune  fluorescence.  Ses  couleurs  11e  sont  pas  modifiées 
par  les  alcalis.  A  tous  ces  points  de  vue,  la  matière  colorante  des  Fucus  cor¬ 
respond  tout  à  fait  à  celle  que  l'on  a  observée  sur  les  Diatomées,  ce  qui  prouve 
que  celles-ci  renferment  aussi  de  la  chlorophylle  (cf.  Millardet  et  Kraus, 
t.  xvi  [Revue],  p.  î  04).  La  matière  colorante  des  Fucus ,  des  Ectocarpus  et  des 
Diatomées  offre  encore  un  caractère  commun,  c’est  de  passer  au  bleu  verdâtre 
par  l’action  de  la  chaleur,  avant  d’atteindre  le  point  d’ébullition.  L’auteur 
soupçonne  que  la  substance  colorante  jaune  est  rassemblée  surtout  à  la  surface 
des  granules  pigmentaires  chez  les  Algues  qu’il  a  étudiées.  Après  leur  mort, 
tous  ces  êtres  prennent  également  une  coloration  d’un  beau  vert. 

M.  Askenazy  s’est  particulièrement  attaché  à  décrire  Y  Ectocarpus  osten¬ 
densis. 

Les  organes  sexués  se  forment  comme  il  suit  :  Il  se  développe  de  petites 
dilatations  perpendiculairement  à  l’axe  des  filaments  ;  elles  s’allongent,  se 
séparent  par  une  cloison  de  la  cellule  d’où  elles  émanent,  puis  s’accroissent 
davantage  et  se  cloisonnent  en  quatre  ou  cinq  loges  ;  l’organe  devient  renflé 

(1)  Nos  lecteurs  nous  excuseront  si,  à  cause  de  l’interruption  des  relations  scienti¬ 
fiques  causée  par  la  guerre,  nous  nous  trouvons  quelquefois  obligés  d’emprunter  à  d’autres 
recueils,  tels  que  la  Bibliothèque  universelle  de  Genève ,  le  Bolanische  Zeitung ,  etc., 
l’analyse  d’ouvrages  qui  ne  nous  sont  pas  parvenus. 

T.  XVIII. 


(revue)  j 


2 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

et  composé  enfin  de  six  à  vingt  cellules  ;  il  figure  un  sporange.  Il  se  forme  par 
l’agglomération  du  plasma  une  spore  dans  chacune  de  ces  cellules,  et  pour  la 
sortie  de  ces  spores  (en  nombre  variable  comme  on  pense),  le  sporange  se 
crève  à  son  sommet.  Les  spores  ainsi  produites  sont  immobiles  et  germent 
bientôt  en  émettant  un  rostre  qui  s’allonge  en  un  long  filament,  se  cloisonne, 
et  constitue  enfin  une  jeune  plante  complètement  semblable  à  la  plante-mère. 
Quelquefois  ces  spores  germent  dans  l’intérieur  du  sporange. 

On  trouve  aussi  des  zoosporanges  et  des  zoospores  sur  les  Ectocarpus . 
L’existence  d’organes  aussi  divers  peut  avoir  causé  une  multiplication  trop 
grande  clans  le  nombre  des  espèces  de  ce  genre. 

L’auteur  pense  que  le  Tilopteris  Mertensii ,  regardé  comme  un  Ectocarpus 
(cf.  Thuret,  Ann.  sc.nat.,  1855),  s’éloigne  tout  à  fait  des  Phéosporées,  et 
devrait  constituer  le  type  d’un  nouvel  ordre,  celui  des  Tilop  té  ridées. 

U  elles0  «lie  F  miction  en  des*  Stoaaiata  (Sur  les  fonctions  des  sto¬ 
mates)’,  par  Al.  Karl  Czecli  (Bot.  Zeit .,  1859,  pp.  ô8-/i9). 

L’auteur  commence  par  étudier  l’ouverture  et  l’occlusion  des  stomates.  Ou 
connaît  l’opinion  exprimée  par  Aï.  de  Alold,  sur  les  causes  de  ces  deux  actes 
physiologiques.  L’auteur,  examinant  l’action  de  la  lumière  sur  le  Zea  May  s, 
sur  les  Lilium  Martagon  et  bulbiferum ,  et  particulièrement  sur  Y  Amaryllis 
formosissima,  a  trouvé  que  cette  action  était  complètement  indépendante  des 
conditions  d’humidité  dans  lesquelles  était  maintenue  la  feuille  soumise  à 
l’expérience.  La  lumière  détermine  l’ouverture  de  la  fente  stomatique,  d’au¬ 
tant  plus  fortement  que  son  action  dure  depuis  plus  longtemps  ;  c’est  le  con¬ 
traire  qu’on  observe  dans  l’obscurité.  AI.  Czech  admet  en  conséquence  une 
sorte  de  périodicité  dans  les  mouvements  des  stomates. 

Un  fragment  d’épiderme  placé  avec  les  stomates  ouverts  sous  le  porte-objet 
du  microscope,  peut  persister  dans  ce  même  état  pendant  quinze  et  même 
pendant  quarante-cinq  minutes.  Aïais  si  un  fragment  analogue  d’épiderme  est 
placé  dans  l’eau,  les  stomates  se  ferment  promptement  au  bout  de  cinq  mi¬ 
nutes  chez  Y  Hyacintkus  orientalis.  La  pression  exercée  sur  la  préparation  par 
la  plaque  de  verre  qui  la  recouvre  ne  modifie  en  aucune  façon  l’état  des 
stomates.  On  a  beau  étirer  en  divers  sens  le  lambeau  d’épiderme  dont  les  sto¬ 
mates  sont  fermés,  ceux-ci  ne  s’ouvrent  point.  D’ailleurs  ces  organes  ne  sont 
pas  toujours  ouverts  au  même  degré  sur  tous  les  points  d’un  même  fragment  ; 
la  différence  peut  être  du  simple  ou  double. 

U  y  a  des  stomates  qui  recouvrent  des  parties  privées  de  chlorophylle.  L’au¬ 
teur  a  constaté  que  ceux-là  sont  toujours  fermés,  par  exemple  sur  le  périanlhe 
de  certaines  Liliacées,  sur  les  parties  blanches  des  feuilles  à'  Aspidistra ,  dont 
même  les  parties  vertes  sont  munies  de  stomates  peu  sensibles  à  la  lumière. 

Si  la  lumière  produit  l’ouverture  des  stomates,  il  faudrait  savoir  par  quel 


HEVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


3 


moyen.  L’auteur  pense  que  le  développement  de  la  chlorophylle  et  de  l’ami¬ 
don,  déterminé  par  l’action  de  la  lumière,  cause  dans  les  fluides  qui  remplis¬ 
sent  les  cellules  marginales  du  stomate  une  augmentation  de  densité  qui  y 
appelle  les  liquides  des  cellules  voisines,  et  détermine  ainsi  une  turgescence 
locale  qui,  conformément  aux  observations  de  M.  de  Mohl,  produit  en  dernière 
analyse  l’ouverture  du  stomate.  Ce  phénomène  a  lieu  d’autant  plus  facilement 
que  les  cellules  voisines  des  cellules  marginales  ne  contiennent  ni  amidon,  ni 
chlorophylle.  L’occlusion  des  stomates  placés  dans  l’obscurité  s’explique  par 
un  phénomène  inverse. 

L’auteur  recherche  ensuite  quelle  est  l’importance  de  l’ouverture  des  stomates 
pour  la  vie  de  la  plante.  La  lumière  évidemment  pénètre  plus  profondément 
par  la  fente  ouverte  et  agit  plus  efficacement  sur  le  parenchyme.  Si  les  stomates 
se  rencontrent,  et  meme  assez  fréquemment,  sur  certains  organes  souterrains, 
c’est  parce  que  ces  fentes  11e  sont  pas  destinées  seulement  au  passage  de  la 
lumière,  mais  aussi  au  passage  des  gaz. 

L’auteur  rappelle  aussi  quelles  relations  ils  ont  avec  le  phénomène  de  la 
transpiration  végétale.  Il  s’occupe  ensuite  des  anomalies  qu’ils  présentent 
quelquefois.  E.  F. 

Remarques  sur  la  position  «les  traeliées  dans  les  Fou¬ 
gères;  par  M.  A.  Trécul  ( Comptes  rendus ,  t.  LXXI,  pp.  550-559). 

Ce  mémoire  continue  la  série  des  travaux  déjà  publiés  par  M.  Trécul  en 
1866  et  en  1870  (1).  Il  a  spécialement  pour  sujet  le  Didymochlœna  sinuosa 
Desv. ,  dont  M.  de  Mohl  s’est  occupé  avec  d’autres  plantes  du  même  groupe 
dans  son  travail  :  De  structura  caudicis  Filicum  arborearum,  publié  à  la  suite 
des  Icônes  de  M.  de  Martius.  M.  de  Mohl  était  arrivé  à  admettre  que  les  Fou¬ 
gères  n’ont  pas  de  vaisseaux  spiraux  ;  cette  opinion  a  été  soutenue  par  M.  Ad. 
Brongniart,  et  M.  de  Mirbel  n’v  reconnaît  que  des  fausses  trachées. 

Il  y  en  a  cependant  (2), dans  le  Didymochlœna  sinuosa  Tesv. , décrit  par  M.  de 
Mohl  comme  une  Fougère  arborescente.  Mais  la  description  qu’il  en  donne  s’ap¬ 
plique-t-elle  bien  à  la  plante  existant  sous  ce  nom  dans  les  collections  vivantes? 
O11  peut  en  douter,  et  il  y  a  lieu  d’étudier  d’abord  si  la  plante  est  arborescente 
ou  seulement  rhizomateuse,  ensuite  si  les  figures  de  tiges  signalées  comme 
dues  au  Didymochlœna  sinuosa  ont  été  tracées  d’après  ce  végétal.  M.  Trécul 
énumère  les  auteurs  qui  en  font  une  Fougère  arborescente,  ce  sont  :  le 
comte  de  Sternberg  dans  son  Flora  der  Vorwelt ;  M.  Ad.  Brongniart  dans 
son  Histoire  des  végétaux  fossiles ;  M.  de  Martius  dans  ses  Icônes  selectœ 
plantarum  cryptogamicarum  braziliensiurn  ;  M.  de  Mohl  dans  le  même 

(1)  Bull.  soc.  bot.,  t.  xvi  (Revue),  pp.  133,  201,  et  t.  xviî  (Revue),  p.  107. 

(2)  Sur  la  bibliographie  de  cette  question  controversée,  la  présence  des  vaisseaux  spi¬ 
raux  dans  les  Fougères,  consulter  un  travail  de  M.  Duval-Jouve,  inséré  dans  notre  Bul¬ 
letin  (t.  xv,  p.  40). 


li  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

ouvrage,  p.  Ui  ;  A.-C.-S.  Corda  dans  ses  Skizzen  zur  vergleichenden  Phytoto 
mie  vor-  und  jetzweltlicher  Pflanzen-Stàmme ;  J.  Raddi  dans  ses  Fil ices  brasi- 
lienses ;  Endlicher  dans  son  Généra  plantarum  ;  W.  Hooker  dans  son  Species 
Filicum.  Malgré  l’accord  de  tous  ces  auteurs  à  faire  du  Didymochlœna  si- 
niLosa  une  Fougère  arborescente,  et  bien  que  l’on  reconnaisse  dans  les  coupes 
transversales  et  dans  les  tronçons  de  tiges  représentés  par  eux  tous  les  carac¬ 
tères  d’une  tige  de  Cyathéacée,  il  est  à  craindre  que  plusieurs  d’entre  eux, 
dont  les  planches  n’ont  fait  que  se  reproduire,  n’aient  décrit  en  réalité  YAl- 
sophila  ( Chnoophora )  excelsa. 

On  peut  donc  douter,  par  suite  de  cette  confusion,  que  le  Didymochlœna 
soit  arborescent.  M.  Trécul  trouve  des  arguments  contraires  à  cette  opinion, 
d’abord  dans  l’observation  de  la  plante  cultivée  dans  les  serres,  où  elle  est 
toujours  à  basses  tiges,  et  où  les  caractères  anatomiques  qu’elle  présente  diffè¬ 
rent  essentiellement  de  ceux  qu’a  donnés  M.  de  Mohl;  puis  dans  les  témoi¬ 
gnages  de  Plumier,  Desvaux  et  Près!.  Le  premier  de  ces  auteurs  a  figuré  cette 
plante  dans  son  Traité  des  Fougères  dé Amérique  sous  la  désignation  de  Lon- 
chitis  ramosa,  cauliculis  seu  costis  squamosis ,  et  en  décrit  très-clairement  la 
tige  rhizomateuse. 

M.  Trécul  donne  une  longue  description  de  la  tige  du  Didymochlœna. 
Cette  tige,  assez  grêle,  présente  sous  l’épiderme  cette  couche  fibroïde  de  cel¬ 
lules  à  parois  jaunes,  épaisses  et  poreuses  que  l’on  rencontre  dans  le  plus 
grand  nombre  de  Fougères.  Le  parenchyme  entouré  par  cette  couche  présente 
des  groupes  de  cellules  noires  plus  visibles  dans  les  coupes  longitudinales. 

Les  faisceaux  vasculaires,  généralement  au  nombre  de  cinq,  forment  cha¬ 
cun  un  réseau  de  mailles  oblongues  dont  la  dimension  varie  suivant  le  diamètre 
de  la  tige.  De  chaque  maille  partent  sept  ou  huit  faisceaux.  Les  trois,  quel¬ 
quefois  les  quatre  faisceaux  placés  à  la  partie  inférieure  de  la  maille  sont  oppo¬ 
sés  chacun  au  faisceau  d’une  des  racines  ad ventives. 

Ces  racines  (type  II  de  M.  Clos)  sont  distiques  et  composées  de  deux  fais¬ 
ceaux  vasculaires  opposés  et  fusionnés  par  leur  partie  formée  des  plus  gros 
vaisseaux.  Ce  système  vasculaire  est  entouré  par  le  tissu  cribreux,  puis  par 
des  cellules  plus  grandes.  Autour  de  ce  système  central  se  trouve  une  zone  de 
cellules  fibreuses,  finement  poreuses,  régulièrement  épaissies,  puis  un  paren¬ 
chyme  jaune  ou  noirâtre  dont  les  cellules  externes  portent  des  poils  radicaux 
longs,  en  apparence  unicellulés  et  crépus. 

Les  faisceaux  pétiolaires  forment  un  arc  de  cercle  ou  même  un  cercle  com¬ 
plet  un  peu  au-dessus  de  la  base  apparente  du  pétiole,  où  les  deux  faisceaux 
supérieurs  contractent  ordinairement  une  anastomose. 

Ces  deux  faisceaux,  dont  la  face  antérieure  est  recouverte  en  grande  partie 
par  le  crochet,  présentent  deux  groupes  de  petits  vaisseaux  primordiaux  spiro- 
annulés. 

Ges  vaisseaux  disparaissent  avec  l’àge  ;  mais,  à  tous  les  âges  du  pétiole, 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE» 


5 


d’autres  vaisseaux  trachéens  s’observent,  et  sur  ces  deux  faisceaux  principaux 
et  à  la  face  interne  des  autres  faisceaux  pétiolaires.  Tous  les  faisceaux  pétio- 
laires  sont  revêtus  d’une  gaine  noire  formée  par  l’épaississement  des  cellules 
parenchymateuses  contiguës  aux  faisceaux. 

En  un  mot,  la  constitution  du  Didymochlæna  sinuosa  se  rapproche  beaucoup, 
sauf  par  l’insertion  des  racines  et  la  répartition  des  cellules  noires,  de  celle  de 
plusieurs  Aspidium  antérieurement  décrits  par  l’auteur  (1). 

La  ramification  du  pétiole  offre,  dans  l’insertion  des  rameaux,  quelques 
particularités  très-caractéristiques.  Chaque  rameau  du  pétiole  ne  reçoit  de 
vaisseaux  que  du  faisceau  supérieur  du  même  côté.  Là,  le  crochet  vasculaire 
de  ce  vaisseau  s’élargit  d’une  manière  remarquable.  Ce  crochet  se  comporte 
suivant  le  quatrième  des  modes  décrits  par  l’auteur  en  1869  (2);  c’est-à-dire 
que  le  fond  seul  du  crochet  se  dilate.  Cette  disposition  est  spéciale  pour  les 
faisceaux  des  pétioles  secondaires  inférieurs,  car  ceux  des  pétioles  supérieurs 
sont  produits  suivant  le  deuxième  mode.  La  formation  des  pétioles  tertiaires  a 
lieu  aussi  suivant  ce  dernier  mode,  et  les  nervures  de  la  foliole  lamellaire 
qu’ils  portent  contiennent  toutes  des  vaisseaux  trachéens  déroulés  et  non  dé¬ 
roulés. 

Sis *•  la  zone  génératrice  «les  agtpcndices  cite*  les  végé- 

ianx  im ©ïso cotylédons  ;  par  M.  Ch.  Ca \Te  (Comptes  rendus,  1870, 

t.  lxxi,  pp.  376-376). 

Une  première  communication  relative  aux  plantes  dicotylédones  avait  été 
faite  précédemment  par  l’auteur  à  l’Académie  des  sciences.  Il  y  avait  résumé 
une  étude  qu’il  avait  fait  paraître  quelques  semaines  auparavant  dans  notre 
Bulletin  (3). 

Dans  le  mémoire  qui  nous  occupe,  l’auteur  cherche  à  établir  que  la  zone 
génératrice,  chez  les  plantes  monocotylédones,  correspond  à  la  face  supérieure 
ou  interne  de  l’organe.  U  cite  d’abord  les  observations  de  M.  Trécul  sur  la 
structure  de  la  feuille  des  Orchidées  et  celles  de  M.  Duchartre  sur  la  feuille 
du  Colocasia  antiquorum  ;  puis  il  expose  les  résultats  que  lui  a  donnés  l’exa¬ 
men  attentif  d’un  certain  nombre  de  familles  appartenant  à  des  plantes  du 
deuxième  embranchement,  entre  autres  Chamœrops  humihs ,  Phoenix  dacty- 
lifera ,  Agave  americana ,  Yucca  aloe folia,  Hedychium  Gœrtnerianum , 
Hœmanthus  coccineus,  Arundo  Donax.  Il  constate  que  le  développement  du 
parenchyme  rappelle  à  s’v  méprendre  celui  du  mésocarpe  et  s’elfectue  dans  le 
même  ordre  ;  on  doit  donc  en  conclure  que  le  tissu  inférieur  est  le  plus  âgé 
et  que  le  plus  jeune  esta  la  région  voisine  de  l’épiderme  supérieur.  C’est  ce 

(1)  Voy.  le  Bull.,  t.  xvn  (Revue),  p.  108. 

(2)  Bull.  Soc.  bot.,  t.  xvi  (Revue),  p.  202. 

(3)  Compt.  rend.,  t.  lxxi,  p.  83-85.  —  Bull.  soc.  bot.,  t.  xvu  (Séances),  p.  271. 


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SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

que  confirme  l’examen  microscopique  des  faisceaux  fibro-vasculaires.  Ainsi, 
dans  une  feuille  très-jeune  d ' Arundo  Donax ,  on  remarque  une  seule  rangée 
de  nervures  qui,  plus  tard,  correspondront  à  la  face  extérieure;  mais  la  page 
supérieure  11e  s’étant  pas  encore  développée,  ces  nervures  sont  encore  assez 
rapprochées  de  l’épiderme  supérieur;  elles  en  sont  éloignées  peu  à  peu  par  le 
développement  des  parties  nouvelles.  En  même  temps,  de  nouveaux  faisceaux 
fibro-vasculaires  apparaissent  dans  ces  portions  récemment  formées.  Aussi 
l’organe  a-t-il  deux  couches  de  nervures,  les  plus  âgées  à  la  face  inférieure, 
les  plus  jeunes  à  la  face  supérieure.  Les  mêmes  conclusions  s’appliquent  aux 
appendices  modifiés.  M.  Cave  cite  l’étude  faite  par  M.  Trécul  sur  la  struc¬ 
ture  du  grain  de  blé  et  ses  propres  observations  sur  les  fruits  des  Monocotylé- 
dones.  Dans  leurs  ovaires,  il  a  constamment  trouvé  la  zone  formatrice  occu¬ 
pant  la  même  place  que  dans  les  fruits  des  végétaux  dicotylédons. 

Étude  sur  Sa  production  du  Chêne  et  sou  emploi  eu 

France;  par  MM.  Bagneris  et  Broillard,  inspecteurs  des  forêts,  profes¬ 
seurs  à  l’École  forestière  (Extrait  de  la  Revue  des  eaux  et  forêts)  ;  tirage  à 
part  en  brochure  in-8°  de  48  pages.  1870. 

Bien  que  ce  travail  n’ait  pas  été  fait  au  point  de  vue  botanique,  nous  ne 
croyons  pas  pouvoir  nous  dispenser  de  mentionner  quelques-uns  des  faits  les 
plus  importants  de  silviculture  qui  s’y  trouvent  rapportés,  mais  en  évitant, 
quelque  intéressants  qu’ils  soient,  les  détails  purement  techniques  qu’il  con¬ 
tient. 

Ces  observations  sont  le  résultat  d’une  excursion  faite  par  les  deux  profes¬ 
seurs  dans  les  régions  forestières  où  le  Chêne  ( Quercus  pedunculata  et  sessi- 
li fiord)  est  l’essence  principale.  Ils  ont  visité  les  forêts  de  Maladier,  Bois-Plau, 
Bagrulels,  Dreuille  et  Tronçais,  dans  le  département  de  l’Ailier;  la  forêt 
d’Orléans;  les  forêts  de  Blois,  Russy,  Boulogne  et  le  domaine  de  la  Motte- 
Beuvron  (Loir-et-Cher);  celles  de  Bourse,  de  Bellème  et  de  Perseigne,  dans 
les  départements  de  l’Orne  et  de  la  Sarthe;  enfin  celles  de  Fumav,  de  Revin 
et  de  Manise  dans  les  Ardennes. 

Un  procédé  économique  et  bien  entendu  de  reboisement  est  adopté 
pour  le  repeuplement  des  Brandes  de  Vicurs  (Allier).  L’État  en  concède 
des  parcelles  aux  particuliers  pour  deux  ou  trois  ans  ;  ceux-ci  défrichent, 
mettent  en  culture  de  Seigle  pendant  deux  ans,  puis  sèment  des  glands, 
et  lorsque  la  Bruyère  vient  de  nouveau  envahir  le  sol,  les  semis  se  trouvent 
assez  forts  pour  lui  résister.  Dans  la  forêt  d’Orléans ,  les  semis  de  Pin 
silvestre  donnent  le  meilleur  résultat,  non  pas  tant  pour  le  reboisement 
direct  des  espaces  envahis  par  la  Bruyère,  que  pour  la  protection  qu’ils 
donnent  aux  semis  de  Chênes  abrités  sous  leur  ombre.  Ces  semis  se  sont 
trouvés  notablement  augmentés  par  des  semis  naturels  provenant  de  glands 
apportés  par  les  oiseaux.  La  forêt  de  Boulogne,  située  au  cœur  de  la  Sologne, 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


7 


dans  un  sol  infertile,  est  d’une  végétation  très-lente;  le  Charme,  qui  fait  dé¬ 
faut  dans  ces  taillis,  cultivé  en  mélange  avec  les  Chênes,  aurait  sans  doute 
pour  résultat  de  conserver  la  fraîcheur  du  sol  et  de  le  couvrir  de  ses  feuilles. 
Le  Bouleau,  abondant  en  Sologne,  s’introduit  avec  avantage  dans  les  planta¬ 
tions  qu’il  protège;  mais,  pour  cet  usage,  il  ne  vaut  pas  le  Pin  silveslre.  Ce 
dernier  est  préférable,  en  Sologne,  au  Pin  maritime;  il  est  moins  sujet  à  être 
attaqué,  soit  par  les  insectes,  soit  par  les  maladies. 

Après  avoir  visité  les  forêts  des  environs  d’Alençon,  les  excursionnistes 
interrompent  leurs  investigations  forestières  pour  étudier,  à  Cherbourg  et  au 
Havre,  la  mise  en  œuvre  du  bois  de  Chêne.  Ils  examinent  l’emploi  du  bois  dans 
la  construction  des  navires,  sa  durée  pour  cet  usage,  les  différents  procédés 
préconisés  pour  en  activer  la  parfaite  dessiccation.  Car  le  dessèchement  du  bois 
influe  plus  sur  sa  conservation  que  sa  qualité  même.  Cependant  les  essences  qui 
se  conservent  le  mieux  sont  celles  dont  les  libres  sont  imprégnées  d’une  gomme, 
ou  d’une  résine,  ou  de  quelque  autre  matière  jouant  le  rôle  d’antiseptique. 

Ce  qui  nuit  à  la  conservation  du  Chêne  mis  en  contact  avec  le  fer,  c’est 
l’abondance  de  tannin  qu’il  renferme,  et  que  le  fer  carbonise  en  lui  enlevant  son 
oxygène.  Aussi,  dans  les  constructions  maritimes,  a-t-on  soin  de  ne  mettre  ie 
fer  en  contact  qu’avec  le  bois  de  Teck.  C’est  en  les  enfouissant  dans  du  sable 
vaseux  inondé  d’eau  saumâtre  que  l’on  conserve  le  mieux  les  pièces  de  bois  ; 
mais  il  faut  ensuite  un  temps  très-long  pour  les  dessécher.  Mais  on  sait  que  les 
bois  lavés  ou  flottés  se  conservent  le  mieux. 

Les  plateaux  des  Ardennes,  en  partie  déboisés,  conservent  encore  des  forêts 
importantes,  soumises  en  général  à  un  mode  de  traitement  appelé  sartage.  Il 
consiste  à  exploiter  en  taillis  de  dix-huit  à  vingt-quatre  ans  et  à  brûler  sur  le 
sol  les  déchets  de  l’exploitation,  puis  à  cultiver  entre  les  souches  pour  obtenir 
une  récolte  de  seigle.  Il  y  aurait  de  grandes  améliorations  à  apporter  à  l’ex¬ 
ploitation  et  à  l’aménagement  des  forêts  des  Ardennes  ;  MM.  Bagneris  et 
Broillard  les  indiquent  en  quelques  mots.  Pour  conclure,  les  auteurs  de  ce 
travail  insistent  sur  la  nécessité  d’élever  le  Chêne  avec  d'autres  essences  et 
tracent  la  manière  de  procéder  aux  différentes  opérations  culturales  à  prati¬ 
quer  pour  maintenir  le  mélange  et  pour  le  ramener  là  où  il  n’existe  plus.  Ils 
recommandent  les  précautions  à  prendre  pour  l’élevage  et  l’encordage  et 
proscrivent  sévèrement  l’emploi  des  crampons  de  fer  pour  monter  sur  les 
arbres.  Ils  terminent  par  quelques  considérations  sur  l’aménagement  des  forêts 
de  Chêne  en  vue  des  besoins  de  l’avenir,  considérations  dont  l’un  d’eux  a  fait 
l’objet  d’une  étude  spéciale. 

&ecoiict  Supplément  ai a  tic  Itt  fitocc  tic  rÆyt>$- 

cane;  par  M.  T.  Caruel  (1).  In-8°  de  48  pages.  Florence,  mai  1870. 

Le  Prodrome  de  la  flore  de  Toscane ,  publié  de  1 8  6  0  à  1864,  avait  été  bientôt 

(1)  Notre  Revue  a  signalé  dans  le  cahier  précédent  la  Statistique  botanique  de  la  Tos- 


8 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

suivi  d’un  Supplément  en  1865.  Ce  nouveau  Supplément  fait  connaître  quel¬ 
ques  espèces  ajoutées  à  la  flore  et  des  localités  nouvellement  découvertes.  De 
plus,  l’auteur,  dont  le  travail  primitif  ne  comprenait  pas  les  Cryptogames 
vasculaires,  passe  en  revue  celles  de  ces  plantes  que  renferme  la  flore  toscane; 
il  substitue  à  cette  appellation  de  Cryptogames  vasculaires  celle  de  Prothallo- 
games,  c’est-à-dire  plantes  chez  lesquelles  la  fécondation  se  fait  sur  un  orga¬ 
nisme  particulier  qui  est  le  prothalle. 

Il  propose  de  même  d’appeler  Notérogames  (de  von';,  humidité)  une  division 
qui  comprendrait  les  Mousses,  les  Hépatiques  et  peut-être  les  Characécs,  qui 
végètent  et  se  fécondent  dans  un  milieu  humide,  et  les  Misogames  (de  pé- 
(joç,  haine),  les  Algues,  Lichens  et  Champignons,  chez  lesquels  la  fécondation, 
dans  l’état  actuel  de  la  science,  ne  peut  être  encore  admise  d’une  manière 
générale,  bien  que  chaque  année  augmente  nos  connaissances  à  cet  égard ,  et 
tende  toujours,  comme  le  devra  reconnaître  notre  confrère  M.  Caruel,  à  ré¬ 
trécir  le  champ  des  Misogames . 

Nous  remarquons  une  espèce  nouvelle,  le  Juncus  variegatus  Car.,  voisin 
du  J.  acutus  et  peut-être  hybride. 

SLa  disette  «lia  Smîs  el’ociivre.  —  3>e  la  réserve  des  Clicucs 

d’aveïiie;  par  M.  Broillard  ( Revue  des  Deux  Mondes,  t.  XGV,  pp.  339- 

367). 

Bernard  Palissy  s’inquiétait  déjà  de  son  temps  de  l’épuisement  possible  de 
nos  forêts.  Le  danger  qu’il  ne  faisait  que  supposer  est  devenu  une  réalité,  et 
la  consommation  imprévoyante  a  escompté  les  ressources  de  la  production. 
Le  déboisement  et  l’exploitation  disproportionnée  ont  singulièrement  appauvri 
la  France,  l’Angleterre,  la  Belgique,  la  Hollande.  Les  forêts  de  l’Autriche, 
rendues  exploitables  par  l’ouverture  des  chemins  de  fer,  sont  soumises  depuis 
ce  temps  à  des  coupes  sans  ménagement.  L’Espagne,  l’Italie,  la  Grèce,  sont  à 
peu  près  déboisées,  et  M.  Broillard  rappelle  à  ce  sujet  que  l’Etna  avait  autre¬ 
fois  mérité  le  nom  de  nemorosa.  Ses  belles  forêts  ont  disparu  non  pas  sous  la 
lave  du  volcan,  mais  sous  la  hache  des  bûcherons  et  la  dent  des  bestiaux. 
L’établissement  des  chemins  de  fer  en  Russie  aura  bientôt  pour  résultat  la 
disparition  des  vastes  forêts  de  cette  contrée.  En  Suède  et  en  Norvège,  pays 
qui  exportent  leurs  bois  résineux  sur  tous  les  points  du  globe,  les  exploitations 
ont  atteint  la  limite  du  possible  et  l’ont  même  probablement  dépassée.  Il  ne  faut 
guère  songer  à  demander  des  bois  au  Nouveau-Monde  ;  car,  dans  sa  partie 
septentrionale,  ses  nombreux  centres  de  population  suffiront  avant  peu  à  leur 
consommation,  et,  dans  sa  partie  méridionale,  l’incendie  employé  sans  réserve 
comme  mode  de  défrichement  diminue  rapidement  l’étendue  de  ses  riches 

cane ,  du  même  auteur,  au  sujet  de  laquelle  ou  trouvera  dans  les  Archives  des  sciences 
physiques  et  naturelles  de  Genève,  numéro  d’avril  1871,  un  arlicle  très-intéressant  de 
M.  Alph.  de  Candolle. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


9 


forêts.  Voilà  le  triste  et  trop  réel  tableau  de  l’état  amené  par  une  sorte  d’im¬ 
prévoyance  universelle.  Le  bois  de  Chêne  est  un  de  ceux  dont  la  privation 
sera  le  plus  pénible.  La  France  étant  plus  qu’aucun  autre  pays  apte  à  sa  pro¬ 
duction,  il  faut,  par  un  prudent  ménagement  des  ressources  qui  nous  restent, 
retarder  ou  éviter  le  danger  qui  nous  menace.  L’auteur  nous  apprend  qu’il  ne 
restait  à  la  France  (avant  la  dernière  guerre)  que  huit  millions  d'hectares 
boisés.  Il  donne  la  statistique’  des  quantités  de  bois  de  Chêne  que  la  France 
est  obligée  actuellement  de  demander  à  l’étranger,  et  fait  remarquer  que  cette 
masse  de  bois  pourrait  nous  être  fournie  par  les  terrains  pauvres  de  notre 
pays,  qui,  peu  propres  à  d’autres  cultures,  sont  aujourd’hui  presque  impro¬ 
ductifs.  Mais,  en  attendant  le  reboisement,  il  y  a  une  mesure  urgente  à  prendre, 
c’est  d’augmenter  la  réserve  de  nos  forêts  et  de  ne  pas  en  épuiser  prématuré¬ 
ment  les  produits.  Il  est  bon  d’y  songer  tandis  que  l’étranger  peut  encore 
nous  fournir  une  partie  des  bois  qui  nous  sont  nécessaires.  Et  dans  la  consti¬ 
tution  de  cette  réserve,  il  faut  conserver  d’abord  les  Chênes  anciens  (pourvu 
qu’ils  puissent  prospérer  une  trentaine  d’années),  puis  ceux  d’âge  moyen,  puis 
enfin  les  jeunes  baliveaux. 

La  plus-value  acquise  par  les  arbres  suffisamment  âgés  est  bien  supérieure 
à  l’intérêt  de  la  somme  qu’on  en  retire  en  exploitant  des  sujets  trop  jeunes. 
Mais  il  faut  pour  cette  prudente  exploitation  une  patience  que  n’ont  pas  tou¬ 
jours  les  particuliers.  Elle  réussit  fort  bien  aux  communes  qui  l’ont  appliquée 
.  à  l’entretien  des  forêts  qu’elles  possèdent.  Notre  intérêt  bien  entendu  est  donc 
parfaitement  d’accord  avec  le  devoir  qui  nous  est  rappelé  par  M.  Broillard,  de 
ne  pas  léguer  la  misère  aux  générations  qui  nous  suivent. 

Hcmarques  s-sr*  cjeielijuaes  particularités  «Iis  sol  des  lancics 

«Se  Grascogoe;  par  M.  Faye  {Comptes  rendus,  t.  lxxi,  1870,  pp.  2A5- 

251). 


Les  landes  de  Gascogne  ont  été  visitées  par  la  Société  à  diverses  reprises 
pendant  sa  session  extraordinaire  tenue  en  1859  à  Bordeaux.  M.  Faye,  ren¬ 
dant  compte  à  l’Académie  d’une  excursion  qu’il  y  a  faite,  constate  les  trans¬ 
formations  qu’elles  ont  subies  dans  un  intervalle  de  trente  ans.  Une  chose 
cependant  n’a  pas  changé,  c’est  la  couche  imperméable  d ’alios  que  l’on  ren¬ 
contre  partout  à  une  profondeur  moyenne  d’environ  un  mètre. 

An  sujet  de  la  formation  de  cette  couche,  l’auteur  rappelle  à  l’Académie 
des  observations  qu’il  a  faites  en  1837.  L’alios  n’existe  que  dans  les  landes 
proprement  dites  ;  il  ne  se  trouve  ni  dans  les  marais,  ni  au  bord  des  étangs, 
ni  dans  les  dunes.  Or,  il  est  évident  qu’il  ne  s’est  pas  formé  sur  une  couche 
de  sable  plus  ancienne  pour  être  ensuite  recouvert  par  une  nouvelle  alluvion 
de  sable.  Il  a  dû  se  former  sur  place,  et  la  végétation  superficielle  de  la  lande 
a  dû  contribuer  à  sa  formation.  Voici  ce  qui  a  lieu  : 

En  hiver,  le  sol  des  landes  est  constamment  baigné  d’eau  pluviale;  mais, 


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SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

dans  la  saison  chaude,  le  niveau  des  eaux,  par  suite  de  l'évaporation,  s’abaisse 
progressivement  à  une  profondeur  de  1  à  5  mètres;  et  cet  étiage  des  eaux 
souterraines  correspond  au  niveau  des  étangs  et  des  marais  de  la  contrée. 

Les  racines  des  végétaux  de  la  lande  soumis  à  une  longue  immersion  se 
décomposent  peu  à  peu  et,  lors  de  l’abaissement  des  eaux,  les  produits  de  celte 
décomposition,  entraînés  verticalement  jusqu’à  la  profondeur  constante  d’un 
mètre,  s’y  déposent  et  finissent  par  cimenter  les  grains  de  sable  de  cette 
couche  ;  c’est  pourquoi  il  n’y  a  d’alios  ni  dans  les  marais  où  l’eau  ne  tarit  pas 
en  été  et  ne  descend  pas  dans  le  sous-sol,  ni  dans  les  dunes  qui  ne  sont 
jamais  inondées  en  hiver.  AI .  Faye  résume  donc  ainsi  les  trois  conditions 
nécessaires  à  la  formation  de  J’alios  :  1°  immersion  du  sol  pendant  l’hiver; 
2°  dessèchement  progressif  du  sol  à  partir  du  printemps;  3e  étiage  permanent 
de  la  couche  d’eau  provenant  des  pluies  annuelles  et  forcées,  faute  de  pente,  à 
baisser  verticalement  sur  place.  Quant  aux  traces  de  matières  ferrugineuses 
que  présente  l’alios,  elles  s’expliquent  par  l’action  que  la  pourriture  végétale 
exerce  sur  les  oxydes  de  fer  et  sur  la  formation  du  fer  limoneux  des  marais, 
action  démontrée,  il  y  a  une  trentaine  d’année,  par  Spindler.  Il  se  produit 
dans  les  landes  un  phénomène  analogue  à  la  formation  des  fers  limoneux  des 
lacs  de  Suède,  telle  que  l’a  décrite  1VI.  Daubrée.  Seulement,  dans  les  landes, 
l’absence  de  pente  ne  permet  pas  aux  eaux  d’entraîner  et  de  réunir  abondam¬ 
ment  en  un  même  lieu  les  sels  produits  à  la  surface  du  sol,  et  ils  suivent 
seulement  le  mouvement  descendant  des  eaux  jusqu’au  niveau  de  l’alios.  Il  y  a 
cependant  quelques  régions  où  une  pente  suffisante  a  amené  une  concentration 
des  eaux  ferrugineuses  et  par  suite,  des  couches  de  fer  limoneux  exploitables. 

L’influence  dangereuse  de  ce  sous-sol  imperméable  sur  la  salubrité  du  pays 
a  été  diminuée.  Les  rigoles  d’écoulement  pratiquées  à  la  surface  du  sol,  la 
plantation  des  Pins,  dont  les  racines  se  pourrissent  moins  facilement  que  celles 
des  Bruyères  et  des  herbes,  ont  eu  pour  résultat  de  faire  disparaître  les  fièvres 
intermittentes  qui  désolaient  cette  région. 

De  cette  observation  l’auteur  tire  cette  règle  dont  il  a  pu  contrôler  l’exacti¬ 
tude  :  partout  où  il  existe  à  0m,75  ou  1  mètre  de  profondeur  un  sous-sol 
imperméable,  on  rencontre  la  fièvre  intermittente  si  le  sol  est  contaminé  par 
la  pourriture  végétale  (1),  et  des  fièvres  de  nature  typhique,  si  le  sol  est  conta¬ 
miné  de  pourriture  animale. 

Ajoutons  que  des  observations  ultérieures  faites  par  un  professeur  bavarois, 
Pellenholfer,  sur  les  épidémies  de  typhus  qui,  à  intervalle  à  peu  près  régulier, 


(1)  Notre  précédent  numéro  renfermait  déjà  (t.  xvii,  p.  183)  quelques  données  sur  la 
cause  de  l’infection  paludéenne.  Ceux  de  nos  lecteurs  que  cette  question  intéresse  feront 
bien  de  consulter  L.  Gigot,  Recherches  expérimentales  sur  la  question  des  émanations 
marécageuses,  Paris,  1859,  et  les  observations  de  M.  le  professeur  Salisbury,  quia  nommé 
Gemiasma  une  Algue  de  la  tribu  des  Palmellées  regardée  par  lui  comme  la  cause  de  l’in¬ 
salubrité  des  marais. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


11 


désolent  la  ville  de  Munich,  ne  reconnaissent  à  l’invasion  et  à  la  disparition 
de  la  maladie  d’autres  causes  que  l’abaissement  et  l’élévation  des  eaux  du 
sous-sol. 

M.  Faye  termine  en  disant  quelques  mots  des  incendies  des  forêts  des 
Landes  et  du  moyen  d’y  remédier.  Il  propose  d’y  ménager  de  place  en  place 
des  bandes  de  terrain  non  planté  et  d’où  l’on  arracherait  les  Bruyères  et  les 
Ajoncs  qui,  en  cas  d’incendie,  propagent  le  feu  au  ras  du  sol, 

Sise1  le  développement  des  feuilles  «les  ;  par 

M.  Bâillon  ( Comptes  rendus ,  t.  LXXI,  1870,  pp.  630-632). 

Dans  ce  mémoire,  M.  Bâillon  examine  et  critique  les  opinions  émises  no¬ 
tamment  par  A.  de  Saint-Hilaire  et  par  M.  Duchartre  sur  la  signification  physio¬ 
logique  des  différentes  parties  de  la  feuille  des  Sarracenia.  Le  long  cornet  qui 
forme  la  portion  principale  de  la  feuille  serait,  selon  ces  auteurs,  produit  par  le 
pétiole,  et  l’opercule  qui  surmontent  cette  ascidie  représenterait  le  limbe  de  la 
feuille.  M.  Bâillon,  d’après  ses  observations  organogéniques,  attribue  au  limbe 
seul  la  formation  de  tout  cet  appareil,  et  le  développement  de  la  feuille  serait, 
dès  l’abord,  assez  semblable  à  celui  d’une  feuille  peltée.  En  s’accroissant,  elle 
forme  un  cornet  obeonique  profond  et  étroit.  Quant  à  l’opercule,  de  même 
qu’une  feuille  peltée  dont  le  limbe  n’est  pas  entier  peut  avoir  des  lobes  inégaux 
et  présenter  un  lobe  terminal  médian  plus  développé  que  les  autres,  de  même 
dans  la  feuille  des  Sarracenia ,  un  des  bords  grandit  plus  vite  et  s’étrangle 
ensuite  un  peu  à  sa  base  pour  former  le  couvercle  de  l’urne.  La  crête  ou  carène 
verticale  qui  longe  le  bord  interne  de  l’urne  rappelle  la  nervure  saillante  qui  se 
remarque  souvent  à  la  face  inférieure  des  feuilles  peltées,  s’étendant  de  l’inser¬ 
tion  du  pétiole  au  fond  du  sinus  que  présente  la  base  du  limbe, 

M.  T. 

ÎWotfa  s  ii  dî  un  a  nuova  &§>eele  «Sel  generc  ; 

par  M.  O.  Beccari  (. Nuovo  Giornale  botanico  italiano ,  1870,  n°  1). 

Le  genre  Stenomeris  rappelle  beaucoup  le  genre  Roxburghia  par  la  forme 
et  la  nervation  des  feuilles.  Le  port  le  rapproche  de  celui  de  quelques  Smilax. 
Il  s’accorde  avec  les  Aristolochiées  par  la  forme  et  la  structure  de  la  fleur, 
la  complication  des  stigmates,  la  conformation  des  anthères,  le  port  grimpant, 
la  multiplicité  et  la  placentation  des  ovules,  et  en  diffère  seulement  par  l’inser¬ 
tion  des  étamines,,  l’ovaire  triloculaire,  et  un  peu  par  la  structure  de  la  tige, 
qui  semble  comme  intermédiaire  entre  celle  des  Aristoloches  et  celle  des 
Dioscoréacées.  Il  se  rapproche  de  cette  dernière  famille  par  le  port,  surtout  par 
la  forme  et  la  nervation  des  feuilles  et  par  l’ovaire  triloculaire;  mais  il  s’en 
éloigne  par  la  forme  du  périgone,  l’insertion  des  étamines,  le  nombre  et  la 
direction  des  ovules.  La  forme  bizarre  du  périgone  rappelle  aussi  beaucoup  la 
fleur  de  quelques  Burmanniacées,  et  spécialement  des  genres  Thysma  et 


12  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Ophiomcris.  Enfin  la  fleur  a  la  plus  étroite  analogie  avec  celle  des  Taccacées, 
soit  par  l’insertion  et  la  réflexion  des  étamines,  soit  par  la  dilatation  du  con¬ 
nectif,  le  grand  développement  cln  stigmate,  les  ovules  horizontaux  ou  sub¬ 
ascendants  et  l’ovaire  triloculaire  ;  mais  le  fruit  du  Stenomeris  diffère  par  la 
placentation,  qui  est  centrale  et  non  pariétale. 

ïl  résulte  de  tout  cela  que  le  Stenomeris  touche  aux  Burrnanniacées,  qu’il 
est  intermédiaire  entre  les  Dioscorées  et  les  Aristolochiées,  et  devrait  être 
placé  dans  les  Taccacées. 


Nota  sial  T 'ficFtopntlêu-at  zeyftënicuan ;  par  M.  O.  Beccari 

(. Nuovo  (Homale  botanico  italiano,  1870,  n°  1,  pp.  13-19,  avec  une 

planche). 

Le  Trichopus ,  auquel  Gartner  reconnaissait  de  l’affinité  avec  les  Comrné- 
lynées,  devenu  le  Trichopodium  de  Bindley  et  placé  après  les  Aristoloches  par 
ce  naturaliste,  mais  exclu  de  cette  famille  et  même  des  Dicotylédones  par 
M.  Duchartre,  inspire  à  l’auteur  les  réflexions  suivantes  : 

Il  croit  pouvoir  conclure  de  ses  études  que  le  Trichopodium ,  par  sa  fleur 
et  spécialement  par  les  anthères,  le  style  et  les  stigmates,  ressemble  beaucoup 
à  une  Asarée.  L’ovaire  est  triloculaire  comme  dans  les  Dioscoréacées;  les 
ovules,  par  leur  structure  et  leur  position,  peuvent  être  aussi  bien  ceux  d'un 
Thottea  ou  d’un  Brogantia  que  ceux  d’un  Dioscorea.  La  graine  diffère  un 
peu  tant  de  celle  des  Aristoloches  que  de  celle  des  Dioscoréacées  ;  mais  son 
raphé  épaissi  et  subéreux  la  rapproche  plus  des  premiers.  L’albumen  n’offre 
aucune  différence.  L’embryon  ressemble  beaucoup  à  celui  du  Tanins  commu¬ 
ais .  La  structure  de  la  lige  est  plus  analogue  que  celle  du  Dioscorea  qu’à 
celle  d’un  Aristoloche,  à  cause  des  faisceaux  de  cambium  qui  sont  entourés 
de  vaisseaux  ponctués.  Quoique  le  Trichopodium  présente  deux  cotylédons 
très-bien  développés,  il  se  trouve  dans  l’embranchement  des  Dicotylédones  sans 
relations  bien  précises. 


9$  S  a  Vainc  cosc  osscrvale  nella  Vmpu  tsttfatt*  ;  par 

M.  T.  Caruel  [Ibid.,  pp.  19  et  suiv.). 

Quoique  beaucoup  d  observations  aient  été  faites  sur  le  Trapa ,  l’auteur  a 
cru  pouvoir  rectifier  quelques  erreurs.  Il  s’étend  surtout  sur  la  germination 
des  racines  adventives,  sur  l’organogénie  des  stipules,  dont  la  nature  a  été 
contestée,  et  qu’il  compare  aux  stipules  du  Nerium. 


Sota  suit’  cmlarioiac  eïclle  I>ioscorcacec ;  par  M.  O.  Beccari 

{Nuovo  Giornale  botanico  italiano,  1870,  n°  2,  pp.  1 49-1 54). 

M.  Beccari  a  pu  suivre  la  germination  du  Dioscorea  bonariensis  et  de 
quelques  autres  espèces  du  même  genre,  du  Bajania  cordi folia  de  Saint- 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  13 

Domingue,  du  Tamus  communis;  il  a  étudié  la  petite  plante  herbacée  si  cu¬ 
rieuse  que  constitue  le  Trichopus  zeylanicus. 

Adrien  de  Jussieu,  dans  son  mémoire  sur  les  embryons  monocotylédonés, 
avait  considéré  l’embryon  des  Dioscoréacées  comme  constitué  d’un  corps 
cylindro-conique  s’étalant  supérieurement  en  un  grand  cotylédon  foliacé  et 
muni  à  la  base,  du  côté  opposé,  d’une  fossette  transversale  recouverte  d’une 
languette  qu’il  a  cru  formée  de  la  soudure  des  deux  oreillettes  du  cotylédon. 
Mars,  sur  l’embryon  du  T).  bonariensis ,  les  oreillettes  sont  distinctes  de  la 
languette  et  séparées  d’elle  par  une  fissure  longitudinale.  Dans  le  Rajania 
cordi folia,  la  languette  est  fendue  ;  mais  comme  on  observe  aussi  les  deux 
véritables  oreillettes  du  cotylédon  principal,  on  ne  saurait  regarder  la  languette 
que  comme  un  cotylédon  fendu. 

L’auteur  conclut  que  l’embryon  des  Dioscoréacées  est  le  plus  souvent  (et 
peut-être  toujours)  formé  de  deux  cotylédons,  un  développé  et  un  rudimen¬ 
taire,  entier  dans  les  genres  Dioscorea  et  Trichopus,  bifide  dans  les  genres 
Rajania  et  Tamus. 

La  plumule  du  Dioscorea  bonariensis  porte  dans  sa  concavité,  tournée  vers 
le  grand  cotylédon,  deux  fossettes  :  la  supérieure  sera  plus  tard  la  face  supé¬ 
rieure  ventrale  de  la  feuille;  l’inférieure  est  la  place  d’un  bourgeon  par  où  sor¬ 
tira  plus  tard  la  feuille  suivante;  le  tissu  renflé  qui  sépare  les  deux  fosses  s’al¬ 
longera  en  pétiole.  On  voit  par  Là  que,  pendant  la  germination,  les  nouvelles 
feuilles  prennent  chacune  leur  origine  sur  le  pétiole  de  la  feuille  antérieure. 
Cette  particularité  demeure  constante  pendant  toute  l’existence  du  Trichopus 
zeylanicus,  où  les  pédoncules  floraux  naissent  du  pétiole  de  la  feuille.  Cette 
petite  plante  porte  donc  les  traces  d’un  arrêt  de  développement  dans  son 
organisation.  Par  ce  fait  d’ailleurs,  elle  se  montre  bien  une  Dioscoréacée,  et 
nous  pouvons  ajouter,  en  nous  référant  au  mémoire  du  même  auteur  analysé  à 
la  page  précédente,  que  le  Trichopus  ou  Trichopodium  constitue  à  propre¬ 
ment  parler  un  des  chaînons  qui  relient  les  deux  embranchements  supérieurs 
du  règne  végétal. 

Nota  suit’  MS-nüiMeurtpmi  Guepitèi  Delis.;  par  M.  F.  Baglietto 

(Nuovo  Giornale  botanico  italiano ,  1870,  n°  2,  pp.  171-176). 

AL  Baglietto  pense  que  si  cette  plante  a  été  placée  par  quelques  lichéno- 
graphes  dans  le  genre  Endocarpon ,  c’est  parce  qu’ils  n’avaient  pas  pu  en 
examiner  des  exemplaires  parfaitement  fructifiés.  Ce  Lichen,  en  effet,  n’appar¬ 
tient  point  aux  Pyrénocarpés,  mais  paraît  le  type  d’un  nouveau  genre  de 
Gymnocarpés  à  sérier  dans  le  voisinage  du  genre  Heppict.  Il  le  nomme  Gue- 
pinella  et  le  caractérise  ainsi  : 

Apothecia  thallo  primum  inclusa  sensim  aperta  urceolata-saccata,  demum 
perfecte  discoidea  a  thallo  elevato  marginata.  Lamina  proligera  tennis  ceraceo- 
gelatinosae  strato  gonimico  enata,  excipulo  proprio  destituta.  Sporidia  exigua 


1  h  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

simplicia  hyalina  in  ascis  elongatis  polysporis.  —  Thallus  cartilagineo-coria- 
ceus  umbilicatus  monoplivllus. 

L ' Endocarpon  Guepini  Delis.  devient  le  Guepinella  myriocarpa  Bagl. 


lüaiie  allgcntciiic  moi*|)laologisclie  S'udic.  {Une  étude  de  mor¬ 
phologie  générale );  par  M.  N. -J. -G.  Müîler  {Bot.  Zeit.,  1.869,  nos  35  et 
38-42,  avec  trois  planches). 


Ce  mémoire  est  consacré  à  la  phyllotaxie  et  surtout  à  la  partie  mathémati¬ 
que  et  organbgénique  de  cette  étude.  C’est  le  développement  d’idées  déjà 
exposées  par  l’auteur  dans  un  travail  étendu  publié,  il  y  a  quelques  années, 
dans  les  J ahr bûcher  de  M.  Pringsheim.  M.  Müller  y  fait  surtout  le  procès  à 
certaines  définitions  jadis  données  par  MM.  Schimper  et  Braun  dans  des  écrits 
qui  ont  fait  autorité,  notamment  celles  de  la  spire  génératrice  et  de  la  diver¬ 
gence  latérale.  Avec  l’aide  de  M.  J.  Lurüth,  professeur  de  mathématiques  à 
Heidelberg,  il  se  flatte  d’avoir  donné  une  démonstration  courte  et  vainement 
attendue  jusqu’à  ce  jour,  des  quantités  exprimant  les  nombres  despires  secon¬ 
daires,  dextrorses  ou  sinistrorses,  qui  accompagnent  ou  même  dissimulent  la 
spire  génératrice.  Il  fait  remarquer,  dans  cette  démonstration,  une  propriété 
curieuse  delà  sérié  f,  f,  |  |,  etc.,  c’est  que  le  numérateur  p  d’une  de  ces 


P 

fractions  -  multiplié  par  lui-même  ou  par  la  différence  q-p  est  égal  à  un  mul- 

tiple  de  q  moins  ou  plus  Trinité,  et  que  Ton  a  —  =  aq-\  ;  p  {q-p)  —  bq- f- 1. 

La  partie  organogénique  du  mémoire  est  de  beaucoup  la  plus  développée. 
On  regrette,  en  la  lisant,  que  Fauteur,  qui  critique  des  passages  deM.  Hof- 
meister  ou  d’autres  savants  qu’il  suppose  connus  du  lecteur  ou  placés  sous  ses 
yeux,  en  citant  même  les  figures  qui  s’y  rapportent,  ne  les  reproduise  pas,  de 
telle  façon  qu’il  est  parfois  difficile  de  suivre  son  raisonnement. 

La  disposition  phyllotaxique  que  prennent  en  dernière  analyse  les  feuilles 
complètement  développées  sur  la  tige  dépend  d’abord  de  la  forme  de  la  cellule 
qui  termine  l’axe,  et  dont  la  segmentation  donne  origine  à  autant  de  feuilles 
qu’elle  produit  de  segments  successifs.  Quand  celte  cellule  est  un  ovale  allongé 
à  deux  tranchants,  les  feuilles  sont  distiques  ;  quand  elle  a  la  forme  d’un  poly¬ 
gone,  les  feuilles  sont  verticillées.  Dans  les  autres  cas,  elle  a  toujours  la  forme 
d’un  triangle  à  bords  plus  ou  moins  courbes.  Quand  ce  triangle  est  équilatéral, 
les  feuilles  sont  disposées  suivant  le  cycle  5,  et  la  segmentation  a  lieu  par  des 
lignes  parallèles  aux  trois  côtés  du  triangle.  Dans  tous  ces  cas,  les  segments 
ont  toujours  une  forme  symétrique.  Mais  quand  la  fraction  de  divergence 
est  située  entre  ~  et  c’est-à-dire  s’élève  dans  la  série,  -le  triangle  constitué 
par  la  cellule  terminale  prend  des  côtés  irréguliers,  et  les  segments  ne  sont 
plus  symétriques. 

Après  leur  individualisation,  c’est-à-dire  après  la  formation  de  la  cloison  qui 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


15 


les  constitue  en  les  séparant  delà  cellule  terminale  de  l’axe,  les  segments  se 
divisent  en  partie  axile  et  partie  appendiculaire.  C’est  la  partie  axile  qui  seule 
donne  naissance  à  des  poils,  et  c’est  sur  elle  que  naissent  pins  tard  les  anthé- 
riclies  et  les  archégones.  La  partie  appendiculaire  est  divisible  en  deux  par  une 
ligne  médiane  qui  part  du  sommet  du  segment  pour  aboutir  au  centre  de 
formation  du  bourgeon.  La  position  du  sommet  est  invariable  ;  mais,  quand 
la  fraction  de  divergence  a  un  dénominateur  élevé,  il  n’en  est  pas  de  même  du 
second  point;  de  sorte  que,  pendant  le  développement  du  segment,  la  ligne  mé¬ 
diane  décrit  un  certain  mouvement.  Pendant  cela  le  segment  glisse  pour  ainsi 
dire  parallèlement  à  lui-même,  en  s’étendant  davantage  du  côté  opposé  à  celui 
du  centre  de  formation,  c’est-à-dire  du  côté  inférieur  ou  extérieur.  Il  résulte 
de  cela  que  tant  que  les  segments  ne  sont  pas  passés  à  l’état  de  feuilles 
développées,  la  divergence  angulaire  de  deux  segments  voisins  est  variable. 
C’est  un  des  points  sur  lesquels  l’auteur  insiste  le  plus.  La  divergence  ne 

devient  constante,  c’est-à-dire  égale  à  -,  que  quand  le  développement  est 
achevé. 


Aittecl&niiig'At*  oui  SkandSnaviens  ©csmicHaeeen  ( Recher¬ 
ches  sur  les  Desmidiacées  de  la  Scandinavie )  ;  par  M.  Veit  Brecker 
Wittrock,  professeur  à  l’Université  d’Upsal.  In-A°,  avec  une  planche , 
1869. 

L’auteur  trace,  dans  cette  publication,  l’énumération  des  espèces  de  Des¬ 
midiacées  connues  dans  la  péninsule  Scandinave.  Pour  celles  qui  ont  déjà  été 
décrites,  il  se  borne  à  en  citer  le  nom,  en  y  ajoutant  la  synonymie  et  des 
remarques  critiques.  Il  s’est  borné  à  donner  (en  latin)  la  diagnose  des  variétés 
et  des  espèces  moins  connues  ou  nouvelles.  Le  nouveau  genre  Asteroselene 
est  proposé  par  lui  pour  le  Cl  osier  ium  calosporum ,  qui  se  distingue  de 
toutes  les  autres  espèces  du  genre  par  les  caractères  de  ses  zygospores. 

©ci*  Rost  die  a*  I&uokclrîilieolilatter.  {La  rouille  des  feuilles  de 
la  Betterave );  par  M.  Julius  Kühn  [Zeitschrift  der  landwirthschaftlichen 
central-  Vereins  der  Provinz  Sachsen ,  1869,  il0  2). 


L’auteur  s’était  déjà  occupé  de  ce  parasite  dans  son  livre  sur  les  maladies 
des  végétau x[Die  Krankheit  der  Kulturgewachse ,  p.  230),  en  1858;  et 
plus  tard  M.  Schacht  [Zeitschrift  des  Vereins  fur  Rübenzucker- Industrie, 
t.  ix,  p.  390).  Ce  parasite  est  YUredo  Betœ  Pers. ,  Uromyces  Betœ  Tul.  Ses 
filaments  de  mycélium  pénètrent  non-seulement  dans  les  cellules  de  la  plante 
nourricière,  mais  encore  courent  dans  les  espaces  intercellulaires;  ils 
envoient  aussi  souvent  des  suçoirs  dans  l’intérieur  des  cellules  ;  ces  suçoirs 
n’ont  été  connus  pendant  longtemps,  chez  les  parasites  inférieurs,  que  dans  la 
famille  des  Pérônosporées. 


16 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Les  filaments  de  ce  mycélium  se  réunissent  au-dessous  de  l’épiderme  des 
feuilles  de  la  Betterave  pour  former  une  couche  sporifère,  dont  les  éléments 
percent  le  tissu  épidermique  et  apparaissent  sous  forme  de  bâtonnets  bru¬ 
nâtres. 

Dans  l’intérieur  de  ceux-ci  se  forment  des  spores  de  deux  sortes  :  les  unes 
arrondies  avec  un  contenu  granuleux  ,  qui  germent  très-facilement  dans  l’eau 
par  l’un  des  espaces  clairs  que  l’on  remarque  sur  leur  paroi  externe.  Ce  sont 
celles-là  qui  émettent  un  utricule  capable  de  percer  l’épiderme  des  feuilles 
saines  de  la  Betterave,  et  qui  ont  été  décrites  comme  les  spores  de  Y  Uredo 
Betœ.  D’autres  ont  une  forme  ovale-arrondie;  lorsqu’elles  se  séparent  du 
mycélium,  elles  gardent  attaché  à  elles  un  tronçon  du  filament  qui  les  a  pro¬ 
duites.  La  germination  de  cette  spore  a  lieu  par  un  point  déterminé  où  se 
remarque  une  petite  élévation,  et  seulement  après  un  repos  de  plusieurs  mois. 
Leur  germination  donne  lieu  à  des  sporidies  ou  spores  de  deuxième  degré, 
capables  de  germer  à  leur  tour  dans  des  circonstances  favorables.  L’auteur  a 
obtenu  par  cette  germination  une  troisième  forme  de  spores  encore  inconnue, 
c’est-à-dire  XOEcidium  Betœ  Ivühn,  dont  les  spores  reproduisent  V Uromyces 
et  closent  ainsi  le  cercle  des  phases  de  l’espèce.  Les  filaments  issus  de  leur 
germination  pénètrent  par  les  stomates  dans  le  tissu  de  la  Betterave,  ainsi  que 
l’on  pouvait  s’y  attendre. 


I  cBu'i*  ©pliselae  lErscSicinsiasgesa  aai  Diatoniecn  [Sur  les  phé¬ 
nomènes  optiques  présentés  par  les  Diatomées );  par  M.  J.-H.-L.  Fliigel 
[Bot.  Zeit. ,  1869,  n0*  43  et  44). 

L’auteur  a  construit  un  appareil  formé  essentiellement  d’un  cercle  divisé 
d’au  moins  150  millimètres  de  rayon,  dans  le  milieu  duquel  on  peut  introduire 
un  porte-objet  ordinaire.  Dans  ce  porte-objet  sont  placés  des  échantillons 
d’une  Diatomée,  principalement  du  Pleurosiyma  angulatuin.  La  lumière 
arrive  sur  le  porte-objet  latéralement,  tombant  sur  une  de  ses  faces,  soit 
perpendiculairement,  soit  obliquement.  Dans  ce  but,  le  pourtour  de  l’appareil 
est  mobile,  et  muni  d’une  fente  qui  laisse  pénétrer  la  lumière,  fente  assez 
large  pour  éviter  tout  phénomène  de  diffraction.  Quand  le  faisceau  de  lumière 
incidente  a  traversé  la  carapace  du  Pleurosiyma ,  elle  a  subi  des  effets  du  même 
genre  qu’après  avoir  traversé  un  prisme.  Le  spectre  obtenu  varie  selon  l’obli¬ 
quité  elle-même.  Il  a  environ  30°  de  largeur.  Son  extrémité  violette  est 
tournée  vers  la  source  lumineuse.  La  grandeur  relative  des  couleurs  de  ce 
spectre  rappelle  celui  qui  forme  l’arc-en-ciel  ;  le  rouge  y  est  à  lui  seul  aussi 
étendu  que  le  bleu  et  le  violet;  le  vert  est  bien  plus  beau  que  le  vert  obtenu 
par  le  prisme;  le  spectre  n’est  pas  d’ailleurs  parallèle  à  la  fente  par  où  pénètre 
la  lumière,  mais  forme  comme  le  segment  d’un  cercle  ayant  la  source  lumi¬ 
neuse  pour  centre. 

L’auteur  a  dressé  des  tableaux  où  l’on  voit  quelle  est  ia  couleur  qui  corres- 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


17 


pond  à  tel  ou  tel  degré  du  cercle  diviseur  pour  une  incidence  donnée  des 
rayons  lumineux.  Un  autre  tableau  indique  la  valeur  des  distances  de  chacune 
des  couleurs  du  spectre  à  la  source  lumineuse,  pour  des  valeurs  successive¬ 
ment  croissantes  des  rayons  incidents.  Ces  couleurs  décrivant  des  arcs  de  cercle, 
ces  distances  sont  en  réalité  des  angles  à  évaluer  en  degrés  sur  la  circonfé¬ 
rence  du  cercle  divisé  ;  l’observation  de  ces  faits  conduit  à  pouvoir  déterminer 
expérimentalement  l’écartement  des  stries  du  Pleurosigma,  qui  sont  la  cause 
de  ces  phénomènes  optiques.  En  effet,  les  lois  de  la  physique  nous  permettent 
de  tracer  l’équation  b  sin.  x  =  r,  dans  laquelle  r  représente  la  longueur 
d’onde  lumineuse  pour  chacune  des  couleurs  du  spectre,  longueur  bien  con¬ 
nue  par  les  recherches  de  Frauenhofer,  b  la  distance  des  deux  lignes  médianes 
de  deux  stries  immédiatement  voisines  du  Pleurosigma ,  et  x  la  distance  angu¬ 
laire  de  chacune  des  couleurs  du  spectre  à  la  source  lumineuse  constituée  par 
la  fente  marginale  de  l’appareil;  tout  cela,  bien  entendu,  en  admettant  que 
les  rayons  tombent  perpendiculairement  sur  le  porte-objet.  Le  spectre  ainsi 
produit  se  trouve  dans  les  conditions  optiques  des  spectres  produits  par  un 
morceau  de  quartz  rayé  de  stries  parallèles  ( Gitlerspectrum ). 

L’auteur  11e  peut  dissimuler  que  cette  méthode  11e  laisse  à  désirer.  Il  es 
obligé  d’avouer  que  si,  dans  ces  expériences,  l’œil  placé  dans  la  direction  des 
rayons  émergents  ne  perçoit  à  un  degré  donné  du  cercle  qu’une  seule  cou¬ 
leur,  cette  sensation  est  le  résultat  du  mélange  de  plusieurs  teintes  différentes 
du  spectre.  En  effet,  quand  il  substitue  à  l’œil  nu  un  microscope  donnant 
seulement  un  grossissement  de  60  fois,  les  Pleurosigma  qui  occupent  le  porte- 
objet  se  montrent  diversement  colorés  selon  qu’ils  sont  plus  ou  moins  inclinés 
par  rapport  à  la  verticale.  En  substituant  au  microscope  une  lorgnette  à  lon¬ 
gue  portée  qui  ne  donne  pas  un  grossissement  beaucoup  plus  fort,  mais  qui 
embrasse  un  champ  visuel  plus  restreint,  011  arrive  à  n’avoir  que  deux  cou¬ 
leurs,  données,  l’une  par  les  frustules  situées  obliquement,  l’autre  par  les 
frustules  situées  transversalement  à  la  verticale.  Mais  l’intensité  de  la  lumière 
émise  par  ces  frustules  varie  selon  leur  direction  ;  elle  est  toujours  moindre 
quand  elle  a  été  affectée  par  les  frustules  transversaux.  Il  faut  noter  à  ce 
propos  que  les  stries  transversales  des  Diatomées  sont  plus  éloignées  les  unes 
des  autres  que  les  stries  obliques. 

L’auteur  s’occupe  longuement  de  rechercher  quelle  est  la  cause  réelle  qui 
fait  paraître  certaines  Diatomées  si  élégamment  et  si  diversement  striées  à 
l’examen  microscopique.  On  sait  que  des  théories  assez  différentes  ont  été 
proposées  à  cet  égard.  M.  Schultze  attribue  les  dessins  que  l’on  connaît  à  des 
prismes  siliceux  ;  M.  Dippel  explique  les  hexagones  du  Pleurosigma  angula- 
tum  par  l’existence  de  petites  cupules  creuses  dans  leur  fond.  M.  Flôgel 
admet,  quant  à  lui,  comme  M.  Dippel  l’avait  cru  d’abord,  que  les  dessins  sont 
dus  à  des  canaux  régulièrement  disposés  et  très-courts,  traversant  la  plus  grande 
partie  de  la  paroi  de  cellulose  qui  enveloppe  la  frustule.  Il  pense  que  cette 
T.  XVIII.  (revue)  2 


18 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

enveloppe  est  parfaitement  unie  à  sa  surface  extérieure,  mais  pourvue  à  sa 
surface  interne  de  saillies  qui  séparent  les  canaux  et  qui  sont  dues  à  un 
prolongement  partant  de  la  paroi.  L’auteur  compare  l’aspect  obtenu  en  faisant 
macérer  les  Diatomées  qu’il  a  étudiées  à  ce  point  de  vue  avec  celui  que  pré¬ 
sente  la  coupe  transversale  des  cellules  de  Y Equisetum  hyemale. 

Après  le  Pleurosigma,  l’auteur  a  étudié  encore  tout  particulièrement  le 
Frustulia  saxonica ,  Y Achncmthes  ventricosa  et  les  espèces  plus  grossièrement 
striées  de  Grammatophorci.  Il  résulte  de  ses  observations  que,  pour  servir  de 
test-épreuve,  les  stries  longitudinales  valent  encore  mieux  que  les  stries  trans¬ 
versales. 

JEur  lIos*i>iiolog'îe  «lcr  Gattinig  Waias  ( Sur  la  morphologie  du 

genre  Naias);  par  M.  P.  Magnus  (Bot,  Zeit .,  1869,  n°  46). 

M.  Kauffmann,  dans  un  mémoire  sur  le  Casuarina ,  déjà  analysé  dans  cette 
Revue  (1),  a  regardé  les  étamines  de  ce  genre  comme  produites  par  la 
transformation  du  sommet  de  l’axe  végétant,  et  soupçonné  qu’il  en  est  de 
même  chez  les  Naïas.  M.  Magnus  se  flatte  d’avoir  mis  cette  opinion  hors  de 
doute.  La  paroi  anthérale  à  une  seule  couche  du  Naïas ,  dit-il,  se  soude  avec 
la  tunique  interne  de  la  fleur  comme  les  ovules  et  les  placentas  des  Balano- 
phorées  avec  la  paroi  ovarienne.  Avant  la  déhiscence  de  l’anthère,  cet  appareil 
est  soulevé  par  une  dilatation  plus  ou  moins  considérable  de  l’axe,  qui  a  lieu 
entre  l’insertion  de  la  tunique  interne  et  de  l’externe.  Au  sommet  de  l’an¬ 
thère,  la  tunique  interne  se  déchire,  avec  la  paroi  anthérale  qui  y  reste  adhé¬ 
rente,  en  quatre  valves  qui  s’enroulent  sur  elles-mêmes  du  sommet  jusqu’au 
milieu  environ  de  l’anthère. 

Dans  le  développement  de  la  fleur  femelle,  il  apparaît  sur  une  zone  trans¬ 
versale  située  près  de  l’extrémité  supérieure  de  l’axe,  et  simultanément  sur  tous 
les  points  de  son  pourtour,  une  paroi  annulaire  qui  se  développe  comme  le 
périgone  de  la  fleur  femelle,  ce  que  les  auteurs  nomment  le  pistil.  Le  sommet 
de  la  papille  florale  s’organise  en  ovule.  Quand  celui-ci  a  eu  commencé  son 
développement,  il  apparaît  au-dessous  de  son  sommet  un  tégument  interne 
sous  forme  d’un  revêtement  annulaire.  Gomme  l’axe  s’accroît  unilatéralement 
au-dessous  du  tégument  interne,  le  nucelle  se  plie  avec  celui-ci  ;  le  plan  d’in¬ 
sertion  du  tégument  externe,  qui  apparaît  alors,  est  aussi  très-incliné.  Le 
funicule  se  développe  aussi  sur  le  côté,  et  l’ovule  est  finalement  anatrope. 
Ainsi  le  nucelle  s’est  réellement  produit  aux  dépens  du  sommet  de  l’axe  floral. 
L’auteur  rappelle  les  exemples  offerts  par  le  Welwistchia ,  le  Torreya ,  les 
ïlélosidées,  etc. ,  pour  les  joindre  à  celui  qu’il  vient  de  donner  et  pour  montrer 
combien  est  fausse  dans  sa  généralité  la  théorie  de  M.  Cramer,  d’après  lequel 
ies  organes  de  reproduction  sexuelle  des  Phanérogames  doivent  tous,  dans 
leur  développement  initial,  être  assimilés  à  des  feuilles. 

(1)  Voy.  le  Bulletin ,  t.  xvii  {Revue),  p.  69. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  19 

CoiiiimuiicatBoiis  i'aiics  aïs  congrès  «les  naturalistes 

russes  à  iloscou  ,  du  3  au  12  septembre  1869. 

Nous  trouvons,  dans  le  Bolanische  Zeitung,  un  résumé  de  ces  communi¬ 
cations  que  nous  croyons  devoir  intéresser  nos  lecteurs. 

1.  M.  le  professeur  Cienkowski  (d’Odessa)  a  continué  les  observations 
qu’il  avait  faites  sur  les  Algues  (1).  Il  s’est  occupé  cette  fois  des  Palmellées  et 
des  Flagellatées.  Il  trouve  ie  caractère  principal  des  Palmellées  dans  la  vie 
longue  et  indépendante  de  leurs  zoospores,  qui  se  revêtent  d’une  enveloppe 
gélatineuse  et  se  multiplient  sous  cet  abri  ;  elles  conservent  ou  perdent  leurs 
cils,  mais  demeurent  toujours  munies  de  vacuoles  contractiles.  Il  a  observé  de 
telles  vacuoles  chez  les  genres  Glœocystis,  Pleurococcus,  Tetraspora ,  Pal- 
mella  et  Hydrurus.  Il  a,  en  outre,  remarqué  que,  dans  leur  état  de  repos  ou 
d’hibernation,  ces  genres  sont  entourés  d’une  enveloppe  de  cellulose  extrême¬ 
ment  forte  et  contiennent  des  granules  colorés  et  assez  gros.  Dans  le  genre 
Glœocystis,  cet  état  est  identique  avec  le  Chroococcus  aureus.  Les  formes  pé- 
donculées  des  Palmellées  se  distinguent  peu  dans  leur  mode  de  développement 
des  genres  cités  plus  haut.  Par  exemple,  chez  le  Colacium  stentorinum ,  les 
cellules  vertes  qui  reposent  sur  des  pédoncules  simples  ou  ramifiés  sont  munies 
de  vacuoles  contractiles  et  développent,  dans  certaines  circonstances,  deux 
cils,  puis  se  séparent  de  leurs  pédoncules  et  flottent  isolément.  Ces  cellules 
sont,  par  conséquent,  analogues  aux  zoospores  d’autres  Palmellées.  —  Les 
zoospores  des  Flagellatées  se  prêtent  aux  mêmes  remarques  que  celles  des 
Palmellées,  comme  on  l’apprend  par  l’examen  du  Cryptomonas  Ehrb.  et  du 
nouveau  Vacuotaria  virescens  Cienk.  ;  leur  état  d’hibernation  correspond  tout 
à  fait  à  celui  des  Chroococcacées.  L’auteur  reconnaît  quelques-uns  de  ces 
phénomènes  même  chez  les  Monades  qui  vivent  réunies  en  grandes  colonies  de 
cellules  et  sont  entourées  d’une  enveloppe  gélatineuse,  dans  laquelle  les 
zoospores  sont  comme  ensevelies,  perpendiculairement  à  la  surface,  de  laquelle 
sortent  çà  et  là  leurs  cils.  Ces  zoospores  sont  incolores  et  admettent  des  cor¬ 
puscules  carminés  dans  leur  intérieur;  elles  se  multiplient  par  partition,  puis 
repassent  à  l’état  d’hibernation.  Chaque  zoospore  peut  devenir  le  noyau 
d’une  nouvelle  colonie,  en  s’entourant  d’une  coque  gélatineuse  et  en  se  cloi¬ 
sonnant.  M.  Cienkowski  a  créé  pour  ces  Monades  le  genre  Phalansterium , 
qui  comprend  deux  espèces,  le  Mon  as  consociata  Ehrb.  et  le  Phalansterium 
intestinum  Cienk.  Il  désigne  par  le  nom  d’entocystes  un  groupe  de  Monades 
qui  n’hiverne  que  partiellement;  il  se  forme  alors  des  kystes  dans  leur  inté¬ 
rieur,  et  cela  aussi  bien  chez  des  Monades  colorées  que  chez  des  Monades 
incolores.  Là  se  placent  le  Spumelia  vulgaris  Cienk.  et  le  Chromulina  gela - 
tinosa  Cienk.;  le  Mallomonas  et  YUvella  se  comportent  de  même. 

2.  M.  Rosanoff  (de  Saint-Pétersbourg)  communique  les  résultats  d’une 

(1)  Voy.  le  Bulletin,  t.  Xli  (Revue),  p.  195. 


20 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

étude  qu’il  a  faite  du  Calypso  borealis.  il  avait  trouvé  cette  rare  Orchidée  à 
Lissino,  dans  le  voisinage  de  Saint-Pétersbourg.  Il  a  constaté  sur  le  système 
souterrain  du  Calypso  des  productions  coralliformes  analogues  aux  rhizomes 
de  YEpipogon  et  du  Corallorrhiza ,  mais  qui  s’en  distinguent  par  une  ramifi¬ 
cation  dichotomique  régulière.  On  ne  remarque  sur  ces  organes  de  racine 
d’aucune  sorte.  Sur  un  point  déterminé  de  leur  étendue,  ils  donnent  nais¬ 
sance  à  un  bourgeon  déjà  muni  de  racines  adventives,  qui  paraissent  plus 
tard,  longues  et  non  ramifiées,  à  chaque  entre-nœud  de  la  tige  souterraine. 
L’auteur  regarde  comme  connue  la  constitution  de  la  fleur  du  Calypso. 

3.  M.  le  professeur  Békétoff  (de  Moscou)  décrit  une  monstruosité  d’un 
bulbe  de  Tulipe  qui,  sur  la  partie  tubuleuse  d’une  feuille  bien  développée, 
porte  trois  caïeux,  et  au-dessous  un  faisceau  de  racines. 

L'auteur  pense  avoir  affaire  à  un  déplacement  produit  par  l’allongement  de 
l’axe  principal.  MM.  Rosanoff  et  Kaufmann  ont  vu  dans  ce  phénomène  l’ana¬ 
logue  de  ce  qui  existe  normalement  chez  les  Orchidées  et  notamment  chez 
Y  H er  minium  Monorchis. 

h.  M.  le  docteur  Tichonuroff,  de  Smolensk,  a  exposé  les  principaux  résul¬ 
tats  d’expériences  faites  par  lui  sur  les  Claviceps  microcephala  et  purpurea. 

Pendant  que  les  Claviceps  sortent  de  leur  sclerotium,  il  se  dépose  dans 
leur  substance  de  l’oxalate  de  chaux  et  un  pigment  couleur  de  pourpre.  Les 
spores  contenues  dans  les  thèques  conservent  pendant  trois  semaines  leur  fa¬ 
culté  germinative  ;  leur  développement  est  le  même  dans  les  deux  espèces. 
L’auteur  les  a  vues  germer  dans  la  thèque. 

5.  M.  llegel,  de  Saint-Pélersbourg,  présente  des  considérations  sur  les 
plantes  dont  les  organes  de  végétation  varient  selon  qu'elles  sont  ou  non  au 
moment  de  fleurir.  Les  phanérogames,  à  ce  point  de  vue,  se  prêtent  à  cer¬ 
taines  comparaisons  avec  les  phases  des  végétaux  inférieurs.  Il  cite  le  Sagittaria 
sagittifolia,  des  plantes  bulbeuses,  des  Palmiers,  des  Nelumbium ,  le  Betula 
glandulosa ,  le  B.  pubescens ,  le  Populus  tremula ,  le  P.  Icinci folia,  princi¬ 
palement  le  Rhynchospermum  jasminoides. 

6.  M.  Woronin,  de  Saint-Pétersbourg,  a  étudié  une  maladie  parasitaire 
des  fleurs  du  grand  Soleil,  fréquente  dans  la  Russie  méridionale,  et  causée 
par  un  Champignon  de  la  famille  des  Urédinées  :  c’est  le  Puccinia  Helianthi , 
qui  paraît  avoir  deux  habitats  différents  coïncidant  avec  des  phases  différentes 
(Hétérœcie),  et  qui  est  peut-être  identique  avec  le  P.  Compositarum. 

7.  M.  Sperk,  de  Karkow,  s’est  occupé  des  phénomènes  qui  précèdent  et 
préparent  l’imprégnation  des  fleurs.  Il  a  trouvé  que,  chez  le  Lavatera  thu- 
ringiaca ,  YAlthœa  officinalis,  le  Malva  rotundifolia,  le  Géranium  silvati- 
cum  et  le  G.  Robertiannm ,  il  y  a  une  diminution  graduelle  de  la  protéran- 
drie  (1),  et  que  cela  concorde  avec  des  changements  dans  la  dimension  de  la 

fi)  Voyez  plus  haut,  pour  l’explication  de  ce  terme,  t.  xvii  (Revue),  p.  171. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


21 


corolle.  Le  Silene  gonocalyx,  le  S.  integripetcila  et  le  S.  otites  montrent  de 
même  une  dégradation  suivie  dans  la  précocité  des  étamines,  en  rapport  avec 
la  variation  de  l’ouverture  de  la  corolle.  La  relation  est  la  même  entre  le  Ga- 
lium  verume tle  G.  uliginosum.  Les  genres  Anchusa ,  Mentha  et  Origanum 
présentent  aussi  des  phénomènes  dichogamiques  dépendants  de  la  forme  de 
l’ouverture  de  la  corolle,  comme  cela  se  voit  chez  les  Symphytum,  Cucuba- 
lus ,  Malachium ,  Delphinium ,  Aconitum,  Epilobium ,  etc.  Dans  le  genre 
Gypsophila ,  la  forme  et  la  grosseur  de  la  corolle  exercent  une  influence  im¬ 
médiate  sur  le  développement  des  étamines  et  médiate  sur  celui  du  stigmate. 
Chez  les  Dipsacées,  les  Composées  et  les  Ombellifères,  la  protérandrie  résulte, 
suivant  Fauteur,  de  ce  que  les  fleurs  sont  plus  ou  moins  pressées  contre  l’axe 
et  de  leur  compression  réciproque.  Chez  les  Plantago  media ,  lanceolata  et 
arenaria ,  la  dichogamie  est  reliée  à  la  forme  et  aux  dimensions  de  l’épillet  et 
à  la  compression  plus  ou  moins  grande  subie  par  chaque  fleur.  Chez  V  Eu- 
phorbia  Esula ,  VE.  virgataet  d’autres  Euphorbia,  ainsi  que  chez  le  Cheno- 
podium  urbicum  et  le  Ch.  polyspermum ,  on  remarque  une  conséquence  de 
la  protérogynie,  l’avortement  des  étamines.  Dans  les  genres  Scrofularia  et 
Réséda ,  la  protérogynie  est  moins  apparente  que  chez  les  plantes  récemment 
citées.  D’après  une  esquisse  générale  des  phénomènes  de  la  dichogamie,  l’au¬ 
teur  a  soupçonné  des  phénomènes  analogues  chez  les  Convolvulus  arvensis , 
les  Verbascum ,  le  Dianthus  deltoïdes  et  le  Sagittaria  sagitti folia.  L’auto¬ 
fécondation  doit  avoir  lieu  dans  le  plus  grand  nombre  des  plantes  qui  appar¬ 
tiennent  aux  familles  des  Crucifères,  des  Papilionacées  et  des  Labiées,  ainsi 
que  dans  les  genres  Potentilla,  Myosotis ,  Nicotiana Hyoscyamus ,  Vero- 
nica ,  Borrago,  Ranunculus ,  etc. 

8.  M.  Batalin,  de  Saint-Pétersbourg,  traite  de  l’influence  qu’exerce  la  lumière 
d’intensité  moyenne  sur  le  cloisonnement  des  cellules  de  l’épiderme  et  du  pa¬ 
renchyme  cortical  du  Lepidium  sativum.  Sur  le  nombre  des  partitions  des 
cellules  épidermiques,  les  variations  de  l’intensité  lumineuse  n’exercent  aucune 
influence,  tandis  qu’il  eu  est  tout  autrement  du  parenchyme  cortical;  ici  c’est 
la  lumière  d’intensité  moyenne  qui  exerce  l’influence  la  plus  grande  sur  l’éner¬ 
gie  du  cloisonnement  cellulaire. 

9.  M.  Tschistiakolï  s’occupe  du  développement  des  fleurs  des  Papavéracées. 
Dans  le  bourgeon  foliacé  d’une  seule  et  même  de  ces  plantes,  la  fraction  de 
divergence  passe  successivement  de  |  à  à  — 3-,  et  enfin  à  La  première 
feuille  de  chaque  verticille  paraît  toujours  située  à  côté  de  la  première  feuille 
du  verticille  précédent.  Les  mêmes  faits  se  répètent  dans  le  périanthe.  Les 
pièces  du  calice  et  de  la  corolle  apparaissent  successivement,  et  leur  situation 
correspond  à  celle  des  feuilles.  On  sait  que,  dans  les  Papavéracées,  il  se  ren¬ 
contre  des  fleurs  dimères  et  des  fleurs  trimères,  tout  comme  il  existe  des 
fractions  de  divergence  *  et  |  sur  la  tige.  Le  développement  des  étamines  est 
le  meme  dans  toutes  les  Papavéracées;  les  carpelles  se  montrent  sur  un  bour¬ 
relet  annulaire  commun  et  formant  un  verticille. 


22  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Le  bourrelet  staminal  ne  se  manifeste  pas  après  l’apparition  des  carpelles, 
comme  l’indique  M.  Hofmeister,  mais  avant  lui  ;  cela  est  vrai  même  des  élé¬ 
ments  isolés  de  l’androcée.  L’organogénie  relie  intimement  entre  elles  toutes 
les  Papavéracées,  malgré  la  variété  de  formes  qu’elles  présentent. 

10.  M.  Sorokin,  de  Kharkow,  a  donné  quelques  détails  sur  les  chlamydo- 
spores  du  Radulum  quercinum  Fr.,  qui  naissent  sur  le  mycélium  de  cette 
espèce,  et  dont  les  analogues  n’ont  encore  été  trouvées  jusqu’ici  que  sur  le 
Nyctalis  et  sur  YAscobolus  pulcherrimus. 

11 .  M.  Rosanolï  a  exposé  ses  recherches  sur  l’influence  que  la  lumière  exerce 
sur  le  mouvement  du  protoplasma  et  sur  la  répartition  de  la  chlorophylle.  Ses 
recherches,  sur  le  premier  point,  ont  porté  sur  les  plantes  suivantes  :  Tra- 
descantia  virginica,  T.  cressifolia,  Nitella ,  plusieurs  Cucurbitacées,  Urt.ica 
dioica ,  U.  urens ,  et  principalement  sur  les  poils  radicaux  de  YHydrocharis 
Morsus  Ranœ.  Fondé  sur  de  nombreuses  expériences  établies,  partie  avec  des 
liquides  colorés  que  traversent  soit  la  lumière  solaire,  soit  la  lumière  artifi¬ 
cielle,  partie  avec  les  diverses  parties  d’un  spectre  solaire  que  fixait  un  héliostat, 
M.  Rosanolï  n’a  pu  obtenir  de  résultats  généraux.  Mais  il  se  voit  forcé  à 
conclure  des  travaux  de  MM.  Borscowet  Liirssen  que  les  rayons  jaunes  nui¬ 
sent  autant  que  les  rayons  bleus  au  mouvement  du  protoplasma  sur  le  Tra- 
descnntia  virginica  et  sur  les  Urtica.  Les  différences  qu’on  observe  tiennent 
seulement  à  l’intensité  de  la  lumière. 

12.  M.  Borodin  a  rattaché  à  la  communication  précédente  ses  recherches  sur 
l’action  que  la  lumière  exerce  sur  les  feuilles  de  YElodea  canadensis,  dans  les 
cellules  de  laquelle,  sous  une  grande  insolation,  les  granules  de  chlorophylle 
s’attachent  aux  parois  latérales  ;  alors  s’élève,  le  long  de  ces  parois,  le  courant 
de  protoplasma  déjà  observé  par  M.  Caspary,  courant  qui  lait  défaut  à  la  lu¬ 
mière  diffuse.  Le  passage  de  ces  granules  des  parois  extérieures  sur  les  parois 
latérales  n’est  déterminé  que  par  les  rayons  les  plus  réfrangibles  du  spectre. 
Chez  le  Callitriche  autumnalis ,  les  grains  de  chlorophylle  (à  la  lumière  so¬ 
laire)  ne  s’approchent  que  de  celles  des  parois  latérales  qui  sont  situées  trans¬ 
versalement  à  l’axe  longitudinal  de  la  feuille  ;  ce  qui  tient,  d’après  l’auteur, 
aux  canaux  intercellulaires  qui  courent  parallèlement  à  cet  axe. 

13.  M.  Maslow,  de  Moscou,  a  montré  des  échantillons  vivants  de  Mûrier  cueil¬ 
lis  aux  environs  de  Moscou,  où  l’on  a  pu  acclimater  cet  arbre,  qui  n’y  gèle  pas 
complètement  et  qui  peut  y  porter  des  fleurs  et  des  fruits. 

lù.  M.  Geleznoff  a  parlé  des  propriétés  du  bois  de  Y  Haloxylon  Ammoden- 
dron.  Chez  cet  arbuste,  comme  chez  les  Tamarix  et  le  Calligonum  (et  partiel¬ 
lement  aussi  chez  les  Juniperus),  les  couches  annuelles,  à  un  âge  avancé,  ne  se 
déposent  que  d’un  seul  côté  du  tronc.  L’auteur  a  pu  constater  sur  différents 
rayons  de  la  même  coupe  transversale  de  l’arbre  55,  66,  99,  153,  18  0  et 
220  couches  annuelles. 

Telle  est  la  cause  de  l’aspect  irrégulier  que  présente  la  tige  à  sa  sur¬ 
face,  et  de  sa  division  en  lobes  sur  la  coupe  transversale.  Les  couches  annuelle 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  23 

finissent  insensiblement  en  angle  aigu  vers  les  bords  de  ces  lobes.  Lorsque  ces 
lobes  sont  très-rapprochés,  il  se  forme  entre  eux  une  très-faible  couche 
d’écorce  ;  quand  ils  le  sont  moins,  il  se  détermine  entre  eux  des  crevasses  dans 
la  masse  compacte  du  bois. 

L’épaisseur  moyenne  de  chaque  couche  annuelle  est  de  5  millimètres; 
l’écorce  est  mince.  Chaque  coupe  annuelle  se  compose,  dans  sa  partie  la  plus 
ancienne,  d’une  série  de  vaisseaux  poreux  assez  larges  ;  vient  ensuite  une  cou¬ 
che  de  vaisseaux  de  même  sorte,  mais  plus  étroits  ;  le  reste  est  formé  de  cel¬ 
lules  ligneuses  très-étroites,  dont  les  parois  sont  très-épaissies  et  munies  de 
ponctuations.  On  trouve  des  rayons  médullaires  de  deux  sortes,  larges  les  uns 
d’une  seule  rangée,  les  autres  de  plusieurs  rangées  de  cellules  ;  dans  les  plus 
larges  se  trouve  un  canal  horizontal  qui  rappelle  les  canaux  remplis  de  résine 
des  Conifères.  Un  centimètre  cube  de  ce  bois  pèse  1  gr.  103  ;  il  tombe,  par 
conséquent,  au  fond  de  l’eau.  Il  contient,  d’après  les  déterminations  de  l’au¬ 
teur,  90  pour  100  de  substances  solides  et  38  pour  100  de  cendres,  dont  la 
quantité  augmente  de  la  moelle  à  la  périphérie. 

15.  M.  le  professeur  Wagner  a  exposé  les  résultats  d’un  travail  de  M.  Bojus- 
lawsky  sur  la  répartition  de  la  salicine  dans  l’écorce  des  Saules  et  a  comparé 
ces  résultats  avec  les  recherches  de  M.  Ratschinsky. 

En  hiver,  les  cellules  qui  bornent  les  faisceaux  libériens  prennent  une  teinte 
de  rouge  carmin  sous  l’influence  de  l’acide  sulfurique  concentré,  tandis  que 
les^faisceaux  eux-mêmes  deviennent  alors  d’un  vert  jaunâtre,  ce  qui  porte  à 
conclure  que  la  salicine  est  accumulée  dans  le  voisinage  des  faisceaux  libé¬ 
riens.  M.  Rosanofî a  fait  remarquer  l’analogie  de  ces  observations  avec  celles 
que  M.  Miiller  a  faites  sur  les  écorces  de  Quinquina. 

M.  Wagner  parle  ensuite  de  ses  propres  recherches  sur  l’influence 
qu’exerce  l’électricité  sur  le  dépôt  des  matières  colorantes  végétales  et  sur 
l’existence  chez  les  plantes  d’un  équilibre  intérieur,  en  vertu  duquel  les  forces 
de  développement  isolées  de  chaque  organe  se  font  un  contrepoids  réciproque; 
théorie  analogue  à  celle  que  Geoffroy  Saint-Hilaire  a  nommée,  en  zoologie, 
théorie  du  balancement  des  organes. 

16.  M.  Woronin  a  découvert  une  nouvelle  Ustilaginée  sur  le  Trientalis  europœa 
et  l’a  nommée Sorisporium  Trientalis .  Le  développement  de  ce  Champignon 
est  semblable  à  celui  du  S.  Saponariœ  dans  ses  points  essentiels.  Les  filaments 
de  mycélium  qui  s’étendent  toujours  entre  les  cellules  de  la  plante  nourri¬ 
cière  produisent,  en  s’entrelaçant  par  places,  des  pelotons  d’abord  hyalins,  où 
apparaissent  successivement  des  corps  faiblement  circonscrits,  qui  se  transfor¬ 
ment  en  gros  groupes  de  spores,  d’abord  d’un  brun  foncé,  ensuite  noirs.  Ces 
groupes  se  divisent  en  spores  isolées  et  se  font  jour  à  travers  l’épiderme,  sous 
forme  d’une  fine  poussière  noire.  Les  feuilles  habitées  par  le  Champignon  pré¬ 
sentent  encore,  sur  la  page  inférieure,  une  couche  blanchâtre  formée  de  coni- 
dies,  nées  par  étranglement  à  l’extrémité  de  filaments  ( Hyphen )  provenant 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


U 

d’un  mycélium  qui  se  multiplie  rapidement  dans  le  parenchyme  de  la  feuille. 

Il  est  vraisemblable,  selon  l’auteur,  que  les  deux  sortes  de  corps  reproduc¬ 
teurs  appartiennent  au  même  Champignon. 

17.  M.  Sperk  s’est  occupé  de  l’anatomie  des  feuilles  et  de  la  sécrétion  aqueuse 
des  Aroïdées.  Il  conclut  de  ses  recherches  que  l’eau  ne  se  meut  pas  chez  ces 
plantes  dans  les  canaux  que  l’on  connaît ,  mais  dans  les  éléments  du  paren¬ 
chyme.  Il  a  produit  les  énoncés  suivants  :  1°  Ces  canaux  n’apparaissent  que 
dans  les  feuilles  adultes,  tandis  que  l’excrétion  des  goutelettes  a  été  observée 
sur  des  feuilles  très-jeunes.  —  3°  L’eau  est  excrétée  autour  de  l’appendice 
cylindrique  et  non  dans  la  cavité  située  à  sa  base.  —  3°  Cette  cavité  et  la 
dimension  du  canal  ne  sont  pas  en  rapport  avec  la  masse  de  l’eau  qui  s’é¬ 
coule.  —  A0  L’excrétion  se  fait  lentement.  — 5°  Chez  beaucoup  de  plantes 
qui  sécrètent  également  de  l’eau,  on  ne  trouve  point  de  canaux,  et  vice  versa. 
—  Enfin,  d’après  les  recherches  de  M.  Unger,  les  canaux  des  Aroïdées  sont 
remplis  d’air  (1). 

18.  M.  Borodin  a  fait  une  communication  sur  les  stomates  du  Callitriche 
autumnalis ,  chez  lequel  on  trouve  toujours,  bien  que  cette  plante  vive  sub¬ 
mergée,  un  groupe  de  ces  organes  au  sommet  de  la  jeune  feuille,  vers  sa  partie 
inférieure,  à  l’endroit  où  cesse  la  nervure  médiane. 

Chez  le  C.  verna,  ce  groupe  est  remplacé  par  un  stomate  largement  ou¬ 
vert,  beaucoup  plus  gros  que  chacun  des  autres  stomates  de  la  feuille.  Dans  les 
deux  cas,  cet  appareil  se  détruit  plus  tard,  et  chez  le  C.  autumnalis ,  il  se  forme 
à  sa  place  une  ouverture  dans  l’épiderme.  Cet  hétéromorphisme  des  stomates 
est  assez  répandu  dans  le  règne  végétal;  l’auteur  en  cite  des  exemples  dans  le 
genre  Fuchsia  et  chez  le  Veronica  Anagallis ,  \e  Lysimachia  thyrsiflora ,  etc. 
Comme  l’a  fait  remarquer  M.  Rosanolî,  à  la  suite  de  cette  communication,  en 
citant  les  Tropœoluni ,  les  Coleus ,  etc.,  l’hétéromorphisme  des  stomates  est 
lié  à  la  sécrétion  de  gouttelettes  aqueuses. 

19.  M.  Petunnikow,  de  Moscou,  a  étudié  la  structure  des  canaux  résinifères. 
Les  Conifères  et  les  Pittosporées  lui  en  ont  présenté  le  type.  Le  Myrte  ren¬ 
ferme  des  canaux  qui  rappellent  davantage  la  structure  des  glandes;  ici  la 
membrane  primaire  des  cellules  offre  les  caractères  de  la  cuticule,  taudis  que 
les  couches  d’accroissement  ont  ceux  de  la  cellulose.  Le  Juniperus  japonica 
n’a  que  des  cellules  isolées  qui  revêtent  le  canal,  tandis  que  celui-ci,  chez  le 
Thuja  occidentalis  et  chez  le  T.  gigantea,  est  entouré  de  trois  rangs  de  cel¬ 
lules  à  parois  ondulées  et  indurées.  Ainsi  sont  conformés  les  canaux  résinifères 
qui  se  rencontrent  dans  le  coussinet  des  feuilles  de  Juniperus  commuais  et 
qui  tombent  avec  elles.  Dans  les  feuilles  aciculaires  des  Sapins,  les  cellules  qui 
bordent  le  canal  sont  munies,  du  côté  qui  le  regarde,  d’une  couche  de  poils 
desséchés  et  modifiés. 

(1)  L’auteur  ne  nous  paraît  pas  avoir  tenu  compte  des  observations  faites  sur  l’excré¬ 
tion  des  Aroïdées  par  M.  Ducliartre  et  par  d'autres  auteurs. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  25 

Il  en  est  de  même  des  bandelettes  du  fruit  des  Ombellifères,  notamment  chez 
P  H èracleum  persicum  et  le  Ferulci  capsica. 

20.  M.  Timirjaseff  a  produit  les  résultats  intéressants  d’une  analyse  spectrale 
faite  par  lui  de  la  chlorophylle  ;  il  les  exprime  comme  il  suit  : 

a.  Les  principes  qui  constituent  la  chlorophylle  sont  la  phylloxanthine  et  la 
chlorophylline.  Cette  dernière  est  une  combinaison  ammoniacale  d’un  beau  vert. 

b.  Les  raies  d’absorption  qui  caractérisent  la  chlorophylle  sont  dues  princi¬ 
palement  à  cette  combinaison  ammoniacale.  Celle-ci  possède  aussi  une  raie 
caractéristique  dans  la  partie  bleue  du  spectre,  mais  celte  raie  est  voilée  par  la 
présence  de  la  phylloxanthine  dans  le  spectre  dû  à  la  chlorophylle,  dans  lequel 
les  rayons  bleus  et  les  rayons  violets  sont  absorbés. 

c.  L’acide  phyllocyanhydrique  de  M.  Frémy  est  de  la  chlorophylline  modifiée 
par  les  acides  énergiques.  Tous  deux  produisent,  en  présence  des  bases,  une 
série  parallèle  de  combinaisons  qui  diffèrent  entre  elles  quant  à  leur  influence 
sur  le  spectre,  et  qui,  parla,  diffèrent  aussi  de  la  chlorophylle. 

d.  L’acide  phyllocyanhydrique,  sous  l’influence  de  la  solution  alcaline 
d’oxyde  de  zinc,  se  change,  ainsi  que  ses  dérivés,  en  chlorophylline.  Ce  chan¬ 
gement,  qui  rappelle  la  métamorphose  de  la  matière  colorante  du  sang  en  pré¬ 
sence  des  corps  oxydants  et  des  corps  désoxydants,  a  lieu  aussi  spontané¬ 
ment  dans  un  espace  clos  en  plusieurs  semaines  ou  en  plusieurs  mois.  Ce 
changement  tient  vraisemblablement  à  une  oxydation  (ou  à  une  absorption 
d’acide  carbonique?).  Les  plantes  étiolées  sont  bleuies  par  les  acides;  elles 
contiennent  probablement  de  l’acide  phyllocyanhydrique,  qui  les  rend  suscep¬ 
tibles  de  verdir  à  la  lumière. 

e.  La  décoloration  de  la  chlorophylle  causée  par  la  lumière  solaire  a  lieu 
en  dehors  de  la  présence  de  l’oxygène  ;  il  n’v  a  donc  là  aucun  phénomène 
d’oxydation.  En  opposition  à  une  opinion  généralement  admise  depuis  Sé- 
nebier  ( Mém .  phys.  et  chim.  sur  l'influence  de  la  lumière  solaire ,  t.  III, 
p.  211),  l’auteur  pense  qu’il  y  a  là  une  réduction,  et  cela  à  cause  de  l’analogie 
complète  qui  existe  entre  l’action  de  la  lumière  solaire  et  celle  de  l’hydrogène 
à  l’état  naissant. 

f.  Les  deux  phénomènes,  verdissement  et  décoloration,  soit  oxydation 
d’une  part  et  réduction  de  l’autre,  doivent  conduire  à  la  détermination  du 
rôle  que  joue  la  chlorophylle  dans  l’assimilation  du  carbone. 

21.  M.  Kaufmann  a  communiqué  ses  recherches  sur  le  développement  de  la 
cyme  scorpioïde  des  Borraginées.  Il  s’est  convaincu  que  ce  mode  d’inflores¬ 
cence  est  dû  à  la  dichotomie  répétée  du  sommet  d’un  bourgeon  axillaire.  L’une 
des  deux  branches  de  la  bifurcation  se  termine  par  une  fleur,  l’autre  se  par¬ 
tage  à  nouveau.  Les  plans  dans  lesquels  ces  dichotomies  se  suivent  ne  restent 
pas  parallèles  l’un  à  l’autre,  mais  sont  alternativement  inclinés  à  gauche  et  à 
droite;  il  en  résulte  la  disposition  sur  deux  séries  que  l’on  connaît.  En  outre, 
ces  plans  s’écartent  toujours  de  plus  en  plus  de  l’axe  du  bourgeon  axillaire 


26 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

primitif,  ce  qui  produit  l’enroulement  de  l’axe  commun  de  toutes  les  Heurs. 
Comme  les  deux  plans  de  partition  sont  toujours  disposés  perpendiculairement 
à  la  surface  de  la  feuille  (axillaire  par  rapport  au  bourgeon  d’où  ils  émanent), 
on  s’explique  aisément  pourquoi  les  bractées  sont  situées  latéralement  par 
rapport  aux  fleurs. 

22.  M.  Borodin  a  traité  des  relations  de  l’amidon  avec  la  chlorophylle. 
M.  Caspary  avait  contesté  que  YElodea  canadensis  renfermât  des  grains  de 
chlorophylle  portant  de  l’amidon  avec  eux,  ce  qui,  suivant  l’auteur,  n’est 
pas  exact. 

Ordinairement,  dit-il,  les  grains  amylacés  sont  situés  à  l’extérieur  des  cor¬ 
puscules  verts;  mais  souvent  ceux-ci  se  composent  de  deux  parties,  dont  l’une 
est  la  chlorophylle  et  l’autre  l’amidon.  Ces  deux  moitiés  sont  parfois  séparées 
par  une  ligne  brillante.  A  la  base  des  feuilles  de  YElodea  se  trouvent  des  grains 
d’amidon  libres.  M.  Borodin  a  observé  quelque  chose  d’analogue  chez  le 
Vaucheria  sessilis ,  où  les  gouttelettes  huileuses  se  conduisent  à  la  lumière  de 
même  que  l’amidon  chez  d’autres  plantes.  Ces  gouttelettes  sont  habituelle¬ 
ment  situées  entre  les  grains  de  chlorophylle;  et,  lorsque  ceux-ci  sont  en 
petit  nombre,  à  chacun  d’entre  eux  est  attachée  une  petite  gouttelette  huileuse. 
Il  semble  que  la  substance  grasse  se  forme  d’abord  dans  l’intérieur  du  grain 
de  chlorophylle  et  glisse  plus  tard  en  dehors  de  lui, 

23.  M.  Kaufmann,  qui  a  fait  la  dernière  communication  au  congrès,  a  an¬ 
noncé  que,  d’après  M.  Fedtchensko,  qui  a  fait  partie  d’une  expédition  scienti¬ 
fique  dans  le  Turkestan,  le  Sumbul ,  qu’il  a  rencontré  dans  le  voisinage  de 
Samarkand,  est  une  Fougère.  Le  parfum  caractéristique  de  cette  plante  appar¬ 
tient  au  rhizome  tout  aussi  bien  qu’aux  feuilles  (1). 

IJeber  deu  IBliàthcnban  von  T»'opœolt9»n  ( Structure  de  la 

fleur  des  )  ;  par  M.  P.  Rohrbach  [Bot.  Zeit.,  1869,  n°  50,  avec 

uue  planche). 

Il  résulte  des  recherches  de  l’auteur  que  l’appareil  floral  de  la  Capucine 
comprend  une  bractée-mère,  puis  deux  préfeuilles  non  développées  chez  la 
plupart  des  espèces;  un  calice  et  une  corolle,  dont  les  cinq  éléments  sont  dis¬ 
posés  suivant  la  spire  §  ;  un  androcée  diplostémone,  réduit  par  avortement, 
parce  que  les  deux  derniers  éléments  du  verlicille  d’étamines  superposé  aux 
pétales  ne  se  développent  pas  dans  les  fleurs  normales.  Le  gynécée  présenterait 
deux  verticilles  de  cinq  carpelles,  car  on  a  trouvé  des  fleurs  anomales  à  cinq 
carpelles  superposés  tantôt  au  calice,  tantôt  à  la  corolle  ;  mais  ordinairement 
il  ne  se  développerait  qu’un  élément  du  verticille  extérieur  et  deux  du  verti- 
cille  intérieur. 

(1)  Ces  observations  doivent  être  rapprochées  de  celles  qui  ont  été  produites  devant  la 
Société  (t.  xvm,  Séances,  pp.  8  et  17). 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


27 


Vcrzcicliiiiss  cinîger  ncuen  Fuiidortc  tou  Stcinkolilcii- 
Pflauzcn  iu  aSoIïBiieiû  ( Catalogue  de  quelques  localités  nouvelles 
observées  en  Bohême  pour  des  plantes  du  calcaire  carbonifère)  ;  par 
M.  Cari  Feistmantel  {Lotos,  1869,  pp.  50-55). 

M.  cl’Ettingshausen  a  déjà  publié,  en  1852,  un  mémoire  sur  la  flore  du  cal¬ 
caire  carbonifère  de  Stradonic  en  Bohême,  dans  les  Abhandlungen  der  K. -B. 
geologischen  Reichsanstalt  pour  1852.  Il  a  indiqué  dix-huit  espèces  fossiles 
dans  ce  travail.  Plus  tard  M.  le  Dr  R.  Andrea,  dans  un  travail  sur  le  terrain 
de  Stradonic,  publié  en  186A  dans  le  Leonhard's  Jc\hrbuch ,  en  a  fait  con¬ 
naître  trente,  comprenant  celles  qu’avait  observées  M.  d’Ettingshausen. 
M.  Feistmantel,  venu  le  troisième,  porte  le  nombre  connu  des  fossiles  végé¬ 
taux  de  cette  partie  du  bassin  houiller  de  la  Bohême  jusqu’à  quarante-neuf. 
Aucune  espèce  n’est  décrite  par  lui  comme  nouvelle. 

Motiz  tiber  Corf/rlcvlis  fititniln  Rchb.  nml  Gagea  pusilla 

V 

Schuit.  «8er  Prager-tlcgeml,  par  M.  L.  Celakovsky  [ibid.,  pp.  82- 

86). 

M.  Neilreich  a  regardé  le  Corydallis  (1)  pumila  Rchb.  {Fumaria  pumila 
Host)  comme  une  espèce  à  peine  distincte  du  C .  fabacea  Pers.  M.  Cela¬ 
kovsky  regarde  ces  deux  types  comme  parfaitement  distincts  ;  il  en  indique  les 
différences.  Il  résulte  de  ses  observations  que  les  bractées  doivent  perdre  un 
peu  de  la  valeur  qu’on  y  a  attachée  dans  la  classification  des  Corydallis  ;  et 
que  la  section  Bulbocapnos  en  particulier  de  ce  genre  doit  être  divisée  en 
deux  groupes,  que  l’on  pourrait  nommer  latérales  et  centrales.  Au  premier 
appartient  le  C.  ccœa  et  probablement  aussi  le  C.  Marschalliana  Pers. 
Dans  cette  première  division,  la  tige  est  insérée  latéralement  sur  le  tubercule, 
et  dépourvue  inférieurement  de  toute  feuille  squammiforme  ;  le  tubercule  se 
creuse  avec  le  temps,  grossit  considérablement  et  se  recouvre  de  fibres  radi¬ 
culaires  sur  divers  points  de  sa  surface.  Dans  les  espèces  de  la  seconde  division, 
la  tige  est  centrale,  terminale  et  pourvue  à  quelque  hauteur  au-dessus  du 
tubercule  de  une  ou  de  deux  feuilles,  et  le  tubercule,  qui  reste  petit  et  se 
régénère  toujours  intérieurement,  ne  porte  des  racines,  disposées  en  croix, 
qu’à  son  extrémité  inférieure.  Le  C.  fabacea  et  le  C.  pumila  sont  plus  voisins 
entre  eux  qu’ils  ne  le  sont  du  C.  digitata. 

Quant  au  Gagea  pusilla  Schuit.  {Ornithogalum  Clusii  Tausch),  il  paraît 
que  la  plante  indiquée  sous  ce  nom  par  d’anciens  botanistes  en  Bohême  n’est 
qu’une  forme  uniflore  du  G.  arvensis. 

(1)  Nous  croyons  devoir  continuer  à  suivre  cette  orthographe,  déjà  employée  dans  le 
Bulletin. 


28 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Mène  Ifittlieilungen  tilier  einige  Pflauzen  «1er  hoiimis- 
clieu  Flora  (Nouvelles  communications  sur  quelques  plantes  de  la  flore 
de  Bohême );  par  M.  Lad.  Celakovsky  (Lotos,  1869,  pp.  186-173). 

Ces  observations  concernent  les  espèces  suivantes:  Carex  pilosa  Scop.  ; 
Allium  vineale  L.  var.  capsuliferum  Lange;  Ruine x  maritimo-conglome- 
ratus ,  nouvel  hybride  trouvé  par  l’auteur  dans  les  environs  de  Chrudin  ; 
Galium  polymorphum  Knaf;  Bidens  radiata  Thuill. ;  Adenophora  suaveolens 
E.  Mey.;  Melampyrum  subalpinum  Kern.  ;  Prunella  laciniata  L.;  Draco- 
cephalum austriacum  L.;  Myosotis  cœspitosa  C.-F.  Schultz;  Limnanthemum 
nymphœoides  Link  ;  Ruhus  suberectus  Anderson  ;  Spergularia  marginata 
Kittel,  etc. 

An  elemeutary  Course  of  Botany,  structural,  physiological  and 
syslematic  ;  2e  édition,  1870. 

La  première  édition  de  cet  ouvrage,  dû  à  M.  le  professeur  Henfrey,  dont 
la  science  regrette  la  perte  prématurée,  a  paru  en  1857.  M.  le  docteur 
Masters,  qui  a  publié  la  seconde,  montrait  une  aptitude  spéciale  pour  le  côté 
morphologique  du  travail.  Il  n’a  pas  indiqué  spécialement  les  corrections  ni 
les  additions  qu’il  a  faites  au  texte  primitif,  mais  celles  que  nous  remarquons 
ont  eu  pour  effet  de  maintenir  le  livre  au  courant  de  la  science.  M.  Asa  Gray, 
en  signalant  cette  deuxième  édition  dans  The  american  Journal ,  regrette 
qu’on  n’ait  pas  profité  de  critiques  de  détail  qu’il  avait  faites  sur  quelques 
passages  de  la  première. 

Report  of  botanical  Survey  of  Southern  and  central  Louisiana  ; 
par  M.  A.  Featherman  (Annual  Report  of  the  Board  of  supervisors  of 
Louisiana  State  University  for  the  year,  pp.  130).  New-Orléans,  1871. 

M.  le  professeur  Featherman  est  chargé  simultanément,  dans  l’Université 
de  la  Nouvelle-Orléans,  de  renseignement  de  la  botanique  et  de  celui  des 
langues  modernes.  Nous  devons  signaler  son  livre  à  ceux  qui  s’occupent  de  la 
flore  de  l’Amérique  du  Nord,  en  les  avertissant  que  sur  les  douze  espèces  énu¬ 
mérées  et  décrites  par  l’auteur  comme  nouvelles,  aucune  n’est  admise  comme 
telle,  par  M.  Asa  Gray,  dans  The  american  Journal ,  novembre  1871,  p.  375. 
L’ Euphorbia  Ludoviciana  Feath.  est  le  Phyllanthus  carolinensis  Walt.,  le 
Lilium  I.ockettii  Feath.  est  le  Crinum  americanum  L.,  etc. 

Sur  un  cas  tératologique  offert  par  Vllyssopus  vffl- 
cinatis  L.;  par  M.  Melchior  Barthès  (Annales  de  la  Société  d’horticul¬ 
ture  et  d’histoire  naturelle  de  l'Hérault ,  2e  série,  t.  iii,  n°  3,  mai-juin 
1871,  pp.  119-120). 

Dans  ses  deux  premiers  mérithalles  inférieurs,  la  tige  de  ce  pied  d ’Hys- 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


29 


sopus  est  parfaitement  ronde,  unie  ;  l’anomalie  consiste,  dans  le  premier  nœud, 
en  trois  feuilles  exactement  verticillées,  munies  chacune  de  son  rameau  axil¬ 
laire  ;  au  second  nœud  se  trouvent  seulement  deux  feuilles,  mais  non  opposées. 
Au  troisième  mérithalle  se  manifeste  la  tendance  spirale,  ainsi  qu’une  dévia¬ 
tion  de  la  spirale  ;  la  tige  se  contourne,  reste  difforme,  bosselée,  munie,  vers 
chacun  des  points  qui  devrait  être  un  nœud,  de  trois  feuilles  rapprochées, 
équidistantes,  à  insertion  unilatérale  du  cinquième  au  septième  nœud,  à  inser¬ 
tion  spirale  aux  nœuds  les  plus  supérieurs.  L’auteur  pense  que  l’anomalie 
tient  à  la  soudure  des  rameaux  avec  la  tige-mère,  qui  devient  alors  ronde,  et 
creusée  de  lignes  spirales  à  sa  surface. 

Tlie  f'ovsil  plants  oi‘  thc  Devonîan  aai«2  isppcr  §ilus'tan 
of  Canada  ( Les  plantes  fossiles  du  dévonien  et  du  silurien  supérieur 
du  Canada);  par  M.  J.-W.  Davvson.  Un  volume  de  100  pages,  avec  20 
planches.  Montréal,  1871,  chez  Dawson  frères. 

r 

Ce  volume  fait  partie  des  publications  faites  dans  l 'Etude  géologique  du 
Canada ,  dont  le  directeur  est.M.  Alfred  R. -C.  Selwyn.  M.  le  docteur  Dawson 
y  a  consigné  les  résultats  de  longues  observations  faites  par  lui  sur  les  plantes 
fossiles  des  terrains  anciens  du  Canada.  A  la  fin  de  son  important  mémoire,  il 
recherche  comment  la  considération  des  plantes  fossiles  du  Canada  peut  modi¬ 
fier  les  idées  produites  jusqu’ici  sur  l’origine  et  l’extinction  de  l’espèce.  Si 
celle-ci  est  regardée  par  les  botanistes  comme  ne  variant  pas  actuellement 
dans  les  limites  de  l’observation  humaine,  M.  Dawson  soutient  qu’aucune 
variation  ne  peut  être  non  plus  admise,  en  pratique ,  dans  le  cours  d’une  pé¬ 
riode  géologique  ancienne;  il  admet  que  dans  les  listes  qui  ont  été  dressées, 
bien  des  noms  ne  représentent  que  de  pures  variétés  oudes  déterminations  er¬ 
ronées,  dans  la  flore  actuelle  et  à  plus  forte  raison  dans  celle  des  époques  anté¬ 
rieures.  On  peut  choisir,  dit-il,  dans  la  flore  de  chaque  période  géologique,  cer¬ 
taines  formes  que  l’on  peut  nommer  des  types  spécifiques,  et  qu’on  peut 
regarder  comme  constants  pour  chacune  de  ces  périodes.  Quand  on  compare 
entre  eux  les  types  spécifiques  de  périodes  immédiatement  voisines,  on  remarque 
que  les  uns  se  continuent  à  travers  de  longs  intervalles  de  temps,  et  que  les 
autres  sont  représentés  par  des  formes  alliées  regardées  ou  comme  des  variétés, 
ou  comme  des  espèces,  ou  comme  des  dérivés,  selon  la  vue  que  l’auteur  a  sur 
la  permanence  de  l’espèce.  D’un  autre  côté,  on  rencontre  de  nouveaux  types 
qui  ne  peuvent  dériver  à  l’aide  d’aucune  théorie  de  ceux  qu’on  connaît  dans 
la  période  précédente.  Si  celle-ci  était  pauvre,  on  pourrait  supposer  qu’on 
n’en  connaît  pas  tous  les  éléments  ;  mais  si  elle  est  riche,  il  est  difficile  de 
rendre  compte  par  la  théorie  de  la  dérivation  de  l’existence  de  nouveaux  types 
dans  la  période  plus  pauvre  qui  la  suit  immédiatement,  comme,  par  exemple, 
dans  l’érien  inférieur  et  le  carbonifère  inférieur. 

Quand  des  types  spécifiques  disparaissent,  sans  anciens  successeurs  connus, 


30 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


dans  des  circonstances  où  il  semble  impossible  qu’on  ait  manqué  d’observer  leur 
continuation,  on  peut  affirmer  qu’ils  se  sont  éteints,  au  moins  localement  ;  et  si  le 
champ  est  d’observation  très-étendu,  que  cette  extinction  a  été  générale,  au 
moins  pour  un  grand  pays  tel  que  l’bémisphère  septentrional  américain.  Si  plu¬ 
sieurs  types  spécifiques  se  sont  éteints  en  même  temps  ou  à  peu  de  distance 
relative,  on  peut  supposer  que  l’extinction  résulte  de  changements  physiques  ; 
mais  là  où  les  types  disparus  sont  isolés  dans  l’ensemble  de  la  série  qui  persiste, 
il  n’est  pas  déraisonnable  de  conjecturer,  comme  l’a  fait  M.  Pictet  pour  les  ani¬ 
maux,  que  ces  types  ont  été  limités  dans  leur  durée,  et  qu’ils  ont  cessé  d’être 
en  dehors  de  toute  influence  extérieure. 

L’auteur  fait  remarquer  d’ailleurs  que  si  l’on  admet  que  des  formes  spéci¬ 
fiques  ordinaires,  aussi  bien  que  de  simples  variations,  peuvent  être  dans  cer¬ 
tains  cas  formées  par  dérivation,  ceci  n’exclut  aucunement  l’idée  que  des  types 
spécifiques  primitifs  peuvent  prendre  naissance  d’une  autre  manière.  Il  com¬ 
pare  les  types  spécifiques  irréductibles  auxquels  pourront  parvenir  les  natu¬ 
ralistes  aux  corps  élémentaires  obteuus  par  les  chimistes,  et  la  position  de 
certains  théoriciens  modernes  à  l’endroit  de  cette  question  à  celle  où  étaient 
les  anciens  chimistes  par  rapport  aux  éléments  chimiques. 

Il  reconnaît  qu’il  faut  tenir  un  grand  compte  des  considérations  géogra¬ 
phiques.  Il  insiste  sur  les  caractères  similaires  que  présentent,  en  Amérique 
et  en  Europe,  la  flore  de  l’étage  érien  et  celle  de  l’étage  carbonifère,  qui  prou¬ 
vent  une  contemporanéité  et  un  point  de  contact  entre  les  deux  hémi¬ 
sphères  vers  le  nord  de  l’Atlantique. 

M.  Dawson  s’est  principalement  occupé  des  relations  qu’on  peut  recon¬ 
naître  entre  les  deux  flores  paléozoïques  les  plus  importantes  de  l’Amérique  du 
Nord,  la  flore  érienne  et  la  flore  carbonifère.  La  flore  érienne  est  relativement 
pauvre,  et  ses  types  sont  pour  la  plupart  similaires  à  ceux  du  carbonifère.  Les 
uns,  en  petit  nombre,  apparaissent  de  nouveau,  sous  des  formes  identiques, 
dans  la  formation  houillère  moyenne  ;  un  grand  nombre  sous  des  formes  voi¬ 
sines  ;  quelques-unes  disparaissent  simultanément.  La  flore  érienne  du  New- 
Brunswick  et  du  Maine  se  trouve  côte  à  côte  avec  la  flore  carbonifère  de  la 
même  région  ;  mêmes  relations  entre  les  deux  flores  du  New-York  et  de  la 
Pennsylvanie.  Dans  le  Canada  on  trouve,  se  suivant  exactement,  les  flores  du 
silurien  supérieur,  de  l’érien  inférieur,  moyen  et  supérieur,  et  des  trois  étages 
du  terrain  carbonifère.  Toutes  ces  flores  sont  composées  en  grande  partie  de 
types  similaires,  bien  qu’elles  soient  séparées  par  des  affaissements  ou  des 
preuves  d’actions  souterraines  très-intenses,  mais  11e  se  retrouvant  pas  dans 
d’autres  régions. 

L’auteur,  qui  ne  paraît  pas  admettre  d’une  manière  étendue  la  dérivation 
des  types,  indique  cependant  comment  elle  peut  se  produire  dans  certains  cas, 
soit  par  la  tendance  naturelle  des  types  synthétiques  à  se  spécialiser  dans  la 
direction  de  l’un  ou  de  l’autre  de  leurs  éléments  constituants  ;  soit  par  un 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  31 

retard  ou  une  accélération  dans  le  développement  de  l’embryon  ;  soit  par  des 
faits  géologiques  qui  ont  dû  modifier  sur  certains  points  la  constitution  oro- 
graphique  du  sol  dans  ces  périodes  reculées,  savoir  dans  l’érien  moyen,  un 
affaissement  qui  a  obligé  la  flore  à  se  concentrer  sur  des  îlots  où  la  lutte  vitale 
a  dû  être  plus  vive,  et,  à  la  fin  de  cette  période,  au  contraire,  une  élévation 
qui  a  dû  fournir  des  sols  fertiles  et  des  aires  étendues  à  l’expansion  des 
espèces  (1  ) . 

Une  lecture  a  été  faite  sur  le  même  sujet,  par  M.  Dawson  :  On  the  precar - 
boniferous  florcis  of  north-eastern  America ,  with  especial  référencé  to  that 
of  the  Erian  period,  —  à  la  Société  royale  de  Londres  le  5  mai  1870  ;  elle 
est  publiée  dans  les  Proceedings  de  cette  Société,  vol.  xvili,  n°  119,  p.  333. 

On  tlic  arrangement  and  morphotogy  of  tlic  leaves  of 
Baptisia  perfoliata  ;  par  M.  Ravenel  [The  amer ic an  Journal , 
décembre  1871,  pp.  462-A63). 

M.  Ravenel  a  lu  sur  ce  sujet,  à  V American  Association  for  the  advance- 
ment  of  science ,  un  mémoire  dont  nous  empruntons  l’analyse  à  M.  Asa  Gray. 
M.  Ravenel  a  expliqué  la  cause  de  la  torsion  de  la  tige  du  Baptisia ,  par 
laquelle  ses  feuilles,  sur  les  ramuscules  supérieurs,  deviennent  unilatérales. 
Ces  feuilles  sont  disposées  sur  deux  rangs  et  paraissent  l’être  sur  un  seul,  parce 
que  les  mérithalles  se  tordent  alternativement  en  sens  opposé,  de  manière  que 
toutes  les  feuilles  deviennent  superposées.  Les  feuilles  de  cette  plante  sont 
disposées  verticalement  comme  les  phyllodes  des  Eucalyptus  et  des  Acacia. 
M.  Ravenel  a  reconnu  que  les  stomates  sont  disposés  en  nombre  égal  sur 
chacune  de  leurs  faces.  Us  n’apparaissent  que  quand  la  feuille  a  déjà  atteint 
un  certain  degré  de  développement.  Au  contraire  les  feuilles  du  Baptisia  leu - 
cantha  et  celles  du  B.  australis,  qui  demeurent  horizontales,  ne  portent  de 
stomates  que  sur  une  de  leurs  faces.  Les  feuilles  de  ces  espèces,  ainsi  que 
celles  du  B.  cilba  et  du  B .  perfoliata,  sont  à  la  base  de  la  tige  principale  dis¬ 
posées  en  ordre  tristique,  mais  deviennent  bientôt  distiques  après  le  premier 
ou  le  deuxième  tour  de  spire. 

On  sait  que  la  forme  des  feuilles  du  B.  perfoliata  est  toute  particulière. 
Une  anomalie  trouvée  par  M.  Ravenel  lui  a  permis  d’expliquer  cette  forme.  La 
feuille  en  apparence  simple,  entière  et  perfoliée  du  B.  perfoliata ,  résulterait 
d’une  foliole  soudée  à  une  paire  de  stipules,  ce  qui  la  rapproche  des  feuilles 
des  autres  espèces  du  même  genre. 


(1)  Nos  lecteurs  auront  sans  doute  remarqué  que  le  terme  d’étage  érien ,  employé  par 
les  géologues  américains  parce  que  cet  étage  est  très-développé  aux  environs  du  lac 
Érié,  équivaut  à  celle  d 'étage  dévonien. 


32 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Algœ  japonicæ  IKnsci  liotaiiici  lu^dimo-hatavi;  auctore 
AV. -F.-R.  Suringar.  Un  volume  in-Aô  de  39  pages,  avec  25  planches 
chromo-lithographiées.  Harlem,  1870. 

Les  espèces  décrites  dans  ce  mémoire  ont  été  recueillies  par  MM.  de  Siebold, 
Bürger,  Textor,  Bisschop  et  par  l’auteur  lui -même.  Ces  espèces  sont  au 
nombre  de  soixante-dix-sept,  dont  vingt-deux  établies  par  M.  Suringar. 
Celles-ci  font  l’objet  de  descriptions  détaillées.  Les  ligures,  qui  sont  fort  belles, 
ont  été  dessinées  par  MM.  Suringar  et  Kouwels. 

Description  «le  «|iiel«fncs  espèces  naewvclles  «le  I*oten- 
filles  «le  la  section  Ve»*nulcs ,  observées  aux  environs  de  AVis- 
sembourg  ;  par  M.  Ph.-J.  Müller. 

Dans  cette  note  autographiée,  publiée  en  1870,  M.  Ph.-J.  Müller  a  décrit 
huit  espèces  nouvelles  :  Potentilla  tomentulosa ,  P.  stenoloba ,  P.  obscur  ata, 
P.  gracilescens ,  P.  hirtella ,  P.  incrassata ,  P.  tenuifacta ,  P.  mïnutiflora. 

I*  rôtiront  ta  s  Monograpltiæ  €2eoi*t #m  /  auctore  N. -Joli.  Schentz, 
Un  volume  in-4°  de  69  pages.  Upsala,  1870.  Extrait  des  Nova  Acta  Regiœ 
Societatis  scientiarum  Upsaliensis ,  sér.  III. 

Cette  monographie  débute  par  une  histoire  très-détaillée  du  genre  Geum , 
que  l’auteur  subdivise  en  deux  sections  de  la  manière  suivante  : 

I.  Calyx  quinque-bracteolatus. 

A.  Styli  articulati. 

a.  Carpellorum  arista  recta  : 

I.  Orthostylus  :  —  G.  heterocarpum  Boiss. 

b.  Carpellorum  arista  uncinata. 

*  Calvcis  laciniæ  in  flore  reflexæ. 

II.  Calligeum  (styli  articuli  æquilongi)  :  —  G.  chilense  Balb. , 
G.  coccineum  Sibth.  et  Sm. 

III.  C aryophyllastrum  (styli  articulus  superior  brevior)  :  —  G.  vir- 
ginianum\j.,  G.  album  Gmel.,  G.  urbanum  L.,  G.  iberecium  Bess. , 
G.  molle  y is. ,  G.  hispidum  Fries,  G.  strictum  Ait.,  G.  aurantia- 
cum  Fries,  G.  japonicum  Thunb.,  G.  agrimonoides  C.-A.  Mey., 
G.  ircanum  C.-A.  Mey.,  G.  magellanicum  Commers. ,  G.  invo- 
lucratum  Juss. ,  G.  parviflôrum  Commers. 

***  Calycis  laciniæ  in  flore  ereclo-patulæ  : 

a.  Carpophorum  longe  stipitatum. 

IV.  Caryophyllata.  —  G.  nutans  Lam.,  G.  rivale  L. ,  G.  pallidum 
C.-A.  Mey.,  G.  geniculatum  Mx. 

b.  Carpophorum  sessile  vel  breviter  stipitatum. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


33 


V.  Pseudocaryophyllata  (styli  articulus  inferior  longior)  :  —  G.  bra - 
chypetalum  Se r.,  G.  intermedium  Ehrh. ,  G.  rubellum  C.-A.  Mey. 

VI.  Pseudosieversia  (styli  articuli  æquilongi)  :  —  G.  silvaticum 
Pourr. ,  G.  pyrenaicum  Vii lld.,  G.  inclinotum  Schleich.,  G.  ca- 
pense  Thunb. 

B.  Styli  continué  non  articulati. 

YII.  Sieversia  : —  G.  reptans  L.,  G.  montanumL.}  G.  glaciale 
Adams,  G.  triflorum  Pursh,  G.  micropetalum  Gasparr. ,  G.  ane- 
monoides  Willd.,  G.  radiatum  Alx,  G .  Pechii  Pursh,  G.  rotun- 
difolium  Langsd.,  G.  calthifolium  Menz. ,  G.  albiflorum  Hook. 
fil.,  G.  adnatum  Wall. ,  G.  Rossi  R.  Br.,  G.  elatum'W ail. 

II.  Calyx  ebracteolatus. 

VIII.  —  Stylipus  :  —  G.  vernum  Toit,  et  Gray. 

L’auteur  a  vu  vivantes,  à  l’exception  de  deux  espèces,  toutes  les  plantes 
qu’il  décrit. 

Natiirliclie  SchOpfnngs-Gcscliichte  ( Histoire  naturelle  de  la 

création)  ;  par  M.  Haeckel.  Un  volume  in-8°,  1870. 

C’est  la  théorie  Darwinienne  que  M.  le  professeur  Haeckel,  d’Iéna,  a  exposée 
dans  ce  livre,  en  tenant  compte  des  travaux  récents  de  MM.  Wallace,  Huxley, 
C arpenter  et  J.  Hooker. 

Pour  M.  Haeckel,  à  la  base  des  deux  règnes  organisés  se  trouve  l’embran¬ 
chement  des  protistes ,  créations  ambiguës,  intermédiaires  entre  la  plante 
et  l’animal  ;  c’est  le  règne  psychodiaire  de  Bory  de  Saint- Vincent.  Cet  embran¬ 
chement  commence  par  le  Monère,  sorte  d’amibe  gélatineux  qui  vit  dans  les 
profondeurs  de  la  mer,  comprend  les  Diatomées,  les  Rhizopodes,  beaucoup 
d’infusoires,  et  se  termine  aux  Éponges. 

L’auteur  insiste  davantage  sur  la  partie  zoologique  de  son  sujet,  repro¬ 
duisant  des  arguments  qui  sont  connus  de  nos  lecteurs,  et  sur  lesquels 
nous  n’avons  pas  à  insister.  Dans  le  règne  végétal,  la  progression,  dit-il,  n’est 
pas  aussi  frappante  que  dans  le  règne  animal,  et  cela  parce  que  les  plantes 
sont  des  organismes  peu  compliqués.  Cependant  les  Algues  marines  ont  paru 
les  premières  ;  les  Mousses  et  les  Champignons  à  l’époque  dévonienne,  avec  les 
Fougères  et  les  Lycopodes.  Pendant  la  période  houillère,  les  Conifères  et  les 
Cycadées  se  sont  réunies  aux  deux  classes  précédentes.  L’apparition  des  Mono- 
cotylédones  ne  remonte  qu’à  la  période  jurassique  ;  celle  des  Dicotylédones 
est  contemporaine  de  la  craie  ;  et  dans  cette  division,  les  plantes  dont  la 
fleur  n’est  entourée  que  d’une  seule  enveloppe  ont  précédé  celles  qui  offrent 
deux  enveloppes  florales.  Les  formes  végétales  ont  donc  suivi  la  même  évolu¬ 
tion  que  les  formes  animales. 

M.  Haeckel  termine  son  remarquable  ouvrage  sur  l’histoire  de  la  création 

(revue)  3 


T.  XVIII. 


3 k  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

par  la  réfutation  des  principales  objections  qui  ont  été  faites  à  l’ensemble  des 
doctrines  dont  Lamarck,  Goethe  et  Darwin  ont  été  les  promoteurs  (1). 

On  lira  avec  intérêt  une  étude  de  M.  Ch.  Martins  inspirée  par  le  livre  de 
M.  Haeckel  et  publiée  dans  la  Revue  des  Deux  Mondes ,  livraison  du  15  dé¬ 
cembre  1871.  M.  Martins  est,  on  le  sait,  le  partisan  convaincu  des  doctrines 
de  l’école  des  métamorphoses  ;  pour  lui,  le  Darwinisme,  comme  la  méthode 
naturelle,  sera  un  jour  la  loi  souveraine  et  universellement  acceptée  de  la 
science  des  êtres  organisés.  Nous  relevons  dans  son  article  une  comparaison 
intéressante.  L’apparition  d’un  même  type  morphologique,  soit  animal,  soit 
végétal,  à  divers  degrés  de  l’échelle,  est  encore  un  argument  en  faveur  de  la 
communauté  d’origine,  combinée  avec  des  modifications  subséquentes.  Ainsi, 
dans  le  règne  végétal,  le  type  Renoncule  reparaît  sous  forme  de  Potentille 
dans  les  Rosacées,  et  d ’Alisma  dans  les  Monocotylédones  aquatiques. 

M.  Martins  insiste  de  nouveau  (2)  dans  cette  publication,  et  nous  sommes 
bien  disposés  à  partager  ses  regrets,  sur  ce  que  les  naturalistes  français  ne 
tiennent  plus  la  tête  de  la  glorieuse  phalange  des  explorateurs  de  la  nature  ; 
si  les  Anglais  et  les  Allemands  nous  ont  devancés,  c’est  surtout  par  suite  du 
manque  de  ressources  matérielles  sans  lesquelles  tout  travail  en  physique,  en 
chimie,  en  géologie,  en  botanique,  en  zoologie,  est  radicalement  impossible. 
Que  l’État  et  les  municipalités  se  concertent  donc  pour  améliorer  nos  établis¬ 
sements  scientifiques,  que  le  savant  laborieux  soit  encouragé,  et  les  choses 
changeront  bien  vile  de  face,  à  condition  cependant  que  nous  acquérions  plus 
généralement  la  connaissance  des  langues  étrangères.  ... 


Ueîier  einc  neiee,  von  H.  l*seof.  Kiilin  in  Halle  aufgestcllte 
Urcdinceii-Gaftung;  imd  Art  C(tl»jpti*ospo»*a  €ioep- 

■pertiuM*  ( Sur  le  Calyptrospora  Goeppertiana,  constituant  un  genre 
nouveau  d’Urédinées,  établi  par  M.  le  professeur  Kuhn  de  Halle);  par 
M.  Schneider  (A7e  J ahresbericht  der  Schlesichen  Gesellschaft  fur  vater- 
làndische  Cultur ,  1870,  p.  98). 

Ce  Cryptogame  nouveau  a  été  découvert  sur  le  Vaccinium  Vitis  idœa  dans 
les  montagnes  des  Géants.  Il  apparaît  comme  une  tache  muqueuse  sur  la 
tige,  plus  rarement  sur  les  pédoncules  ou  sur  les  feuilles.  Les  spores  se  trou- 

(1)  Ceux  de  nos  lecteurs  qui  désirent  se  tenir  au  courant  des  travaux  de  l’école  Dar¬ 
winienne,  liront  avec  intérêt  un  mémoire  publié  par  M.  Moritz  Wagner,  l’explorateur  de 
l’Amérique  centrale,  dans  les  Sitzungsberichte  de  l’Académie  royale  de  Munich,  1870, 
t.  II,  2e  livraison.  Ce  mémoire  est  intitulé  :  De  l'influence  qu'exercent  l’isolement  géo¬ 
graphique  et  la  formation  des  colonies  sur  les  modifications  de  forme  des  organismes.  Ce 
procédé  de  modification  est  placé  par  l’auteur  en  regard  de  la  théorie  de  la  sélection 
naturelle.  Pour  M.  Wagner,  sans  l’isolement  géographique,  c’est-à-dire  si  l’individu 
n’est  pas  séparé  de  la  souche  qui  l’a  produit,  il  est  impossible,  chez  les  animaux  supé¬ 
rieurs  à  sexes  séparés,  qu’il  se  crée  aucune  variété  constante  ou  espèce  nouvelle.  Les 
exemples  deM.  Wagner  sont  empruntés  à  la  zoologie  et  aux  régions  qu’il  a  explorées. 

(2)  Voy.  le  Bulletin,  t.  xv  (Revue),  p.  221. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  35 

vent  pressées  dans  les  cellules  épidermiques  et  sont  étroitement  entourées  par 
la  membrane  de  la  cellule;  elles  sont  irrégulièrement  elliptico-prismatiques, 
obtuses  supérieurement,  d’un  brun  sombre,  inférieurement  arrondies  et  d’un 
brun  brillant,  généralement  divisées  en  quatre  parties  par  une  partition  cru¬ 
ciale,  longues  de  9-10  et  larges  de  8-9  mikromillim.  D’après  M.  Kühn  les 
spores  germent  au  printemps,  et  il  sort  un  germe  de  chaque  division  de  la 
spore.  Les  stérigmates  sont  courts,  portent  quatre  sporidies;  celles-ci  sont 
sphériques  et  colorées  en  blanc.  M.  Fuckel  a  publié  ce  Champignon,  sous  le 
nom  de  Fusidium  tumescens ,  dans  ses  Fungi  rhenani ,  sous  le  n°  1653. 

Uelier  die  Famille  «1er  Compogiten  iu  ftteiiliollaxicl  uud 

Tasinaiileii;  par  M.  Langner  (ibid.,  pp.  127-133). 

Ce  travail  est  simplement  un  extrait  fait  sur  le  Flora  ausBaliensis  de 
MM.  Bentham  et  F.  Muller,  mais  qui  présente  tout  fait  un  travail  fastidieux 
auquel  on  pourrait  être  tenté  de  se  livrer  dans  des  recherches  de  géographie 
botanique,  et  important,  puisque  l’Australie  ne  renferme  pas  moins  de  quatre 
cent  quatre-vingt-seize  espèces  de  cette  famille.  L’auteur  a  longuement  re¬ 
cherché  combien  de  ces  espèces  étaient  répandues  dans  une  ou  plusieurs  des 
régions  de  la  Nouvelle-Hollande  ;  peut-être  ne  possède- t-on  pas  encore  de 
documents  assez  étendus  pour  que  ce  travail  puisse  être  exécuté  avec  fruit.  Il 
n’en  est  pas  de  même  de  la  comparaison  de  la  végétation  australienne  avec 
celle  des  autres  pays.  Les  Composées  non  exclusivement  australo-tasmanieiines 
sont  au  nombre  de  cinquante-cinq.  Parmi  elles  se  rencontrent  en  premier 
lieu  Bidens  tripartita  L.,  Cotula  coronopifolia  L. ,  Gnaphalium  luteo- 
album  L.,  Hypochœris  glabra  L. ,  Picris  hieracioides  L. ,  Sonchus  ole- 
raceus  L.  et  S.  asper  Ail. 

La  grande  masse  de  ces  cinquante-cinq  espèces  appartient  à  l’Asie  méri¬ 
dionale,  d’où  elle  s’étend,  d’un  côté  jusqu’en  Afrique,  de  l’autre  à  la  Chine, 
atteignant  la  Nouvelle-Hollande,  la  Nouvelle-Zélande  et  même  le  continent 
américain.  Il  n’y  a  que  dix  Composées  communes  entre  l’Australie  et  la  Nou¬ 
velle-Zélande,  et  trois  entre  T  Australie,  la  Nouvelle-Guinée  et  la  Nouvelle- 
Calédonie  ;  enfin  une  seule  avec  l’Amérique  tropicale,  et  même  extra-tropi¬ 
cale,  avec  l'Afrique  méridionale  et  même  Formose,  Timor  et  Bornéo. 

L’auteur  n’a  pas  compris  dans  ces  recherches  trente-trois  espèces  de  Com¬ 
posées  qu’il  regarde  comme  introduites  à  la  Nouvelle-Hollande  ;  la  plupart  de 
celles-ci  sont  communes  en  Europe.  Une  vient  du  Cap,  le  Cryptostemma 
calendulacea  R.  Br. 

Feber  das  Harz  der  Tampico-  J  a  lape  ( Sur  la  résine  du  Jalap  de 

Tampico )  ;  par  M*  H.  Spirgatis  (Sitzungsberichte  der  k.  b.  Akademie  der 

Wissenschaften  zu  München ,  1870,  t.  il,  2e  partie,  pp.  125-133). 

Dans  l’étal  actuel  de  la  science,  les  Jalaps  du  Mexique  sont  considérés 


36 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

comme  produits  par  trois  espèces  mexicaines,  Ylpomœa  PurgaA, Vend.,  17. 
orizabensis  Pelletan  et  17.  simulans  Hanburv.  C’est  ce  dernier,  décrit  par 
M.  D.  Hanburv  dans  le  onzième  volume  des  Proceedings  de  la  Société  Lin- 
néenne  de  Londres,  qui  vient  de  Tampico  et  qui  fournit  le  Jalap  dit  de 
Tampico.  Ce  Jalap  se  présente  en  tubercules  d’un  brun  sombre  très-analogues 
à  ceux  du  vrai  Jalap,  piriformes  ou  sphériques,  lourds,  ou  en  fragments 
coupés  provenant  de  tubercules  plus  légers  et  plus  clairs  de  couleur.  Ordinai¬ 
rement  ces  tubercules  sont  moins  ondulés  que  ceux  du  vrai  Jalap  et  plus  forte¬ 
ment  colorés  à  l’intérieur.  Ces  tubercules  sont  toujours  entremêlés  à  des 
stolons  longs  d’un  demi-pied  environ,  épais  de  quatre  pouces,  amincis  aux 
deux  extrémités,  légers,  quelquefois  fendus  dans  leur  longueur,  extérieure¬ 
ment  ridés  et  d’un  brun  noir,  intérieurement  d’un  blanc  de  lait. 

L’auteur  a  nommé  tampicine  la  résine  qu’il  a  extraite  de  ces  tubercules. 
Les  propriétés  de  cette  substance  la  rapprochent  beaucoup  de  la  convolvuline  ; 
elle  s’en  distingue  cependant  parce  qu’elle  est  soluble  dans  l’éther,  du  moins 
quand  le  Jalap  de  Tampico  n’est  point  mêlé  d’un  autre  Jalap.  En  absorbant 
de  l’eau  en  présence  des  bases  énergiques,  la  tampicine,  comme  la  convolvu¬ 
line,  se  transforme  en  acide  tampicique,  soluble  dans  l’eau.  Tandis  que  Mayer 
a  donné  pour  la  formule  de  la  convolvuline  C31H50O16,  M.  Spirgatis  a  obtenu 
pour  celle  de  la  tampicine  C34H54014.  La  tampicine  appartient  comme  la 
convolvuline  à  la  classe  des  glucosides,  car  elle  peut  se  dédoubler  en  sucre  et 
en  un  acide  gras. 

Ucïier  die  Veràndeiusi^'  cinigcr  BLsmem  bsxicI  SSIüêBicu- 
fiàrbcfii  «lurcli  ABiassiamiakgas  (De  la  modification  que  produit 
le  gaz  ammoniac  sur  la  couleur  de  quelques  fleurs)  ;  par  M.  Vogel 
(Sitzungsberichte  der  k.  bayer.  Akadernie  der  Wissenschaften  zu 
München ,  1870,  t.  n,  lre  partie,  pp.  14-26). 

Gomme  résultat  général,  l’auteur  insiste  sur  la  différence  d’action  que 
possède  l’ammoniaque  sur  les  matières  colorantes  des  fleurs,  selon  que  ces 
matières  sont  dissoutes  dans  le  suc  cellulaire  ou  retenues  dans  des  corpuscules. 
Dans  ce  dernier  cas  l’action  exercée  est  beaucoup  plus  faible.  Ainsi  les  cor  ¬ 
puscules  jaunes  persistent  presque  sans  altération  aucune  après  le  contact  de 
l’ammoniaque,  ou  bien  prennent  une  coloration  plus  intense,  qui  peut  même 
passer  au  rouge,  ou  au  brun-rouge  (Zinnia).  Ce  genre  est  fort  singulier, 
parce  que  dans  la  couche  supérieure  des  cellules  de  ses  fleurs  on  trouve  une 
sève  d’un  rouge  bleuâtre  et  des  corpuscules  orangés  ;  tandis  que  la  couche 
inférieure  ne  renferme  qu’une  sève  incolore  avec  quelques  corpuscules  d’un 
jaune  clair.  Quand  les  corpuscules  qui  renferment  la  matière  colorante  des 
fleurs  ont  une  teinte  bleue,  ils  restent  non  modifiés  après  l’action  de  l’ammo¬ 
niaque,  ou  bien  ils  deviennent  d’un  vert  sale,  ou  ils  blanchissent.  Les  solutions 
colorées,  si  elles  sont  bleues,  passent  toujours  au  vert.  L’action  de  l’ammo- 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


37 


iliaque  ressemble  souvent  à  celle  de  la  sécheresse  ;  cependant  le  Lotus  corni- 
culatus,  qui  verdit  spontanément  et  assez  vite,  résiste  pendant  douze  heures 
à  l’action  de  l’ammoniaque. 

L’auteur  a  fait  sur  les  couleurs  de  quatre-vingt-six  plantes  différentes  des 
expériences  dont  il  rapporte  les  résultats  sous  forme  de  tableau . 

Mole  sur  quelques  produits  de  la  Mouvelte-Calédoulc  ; 

4e  série,  par  M.  J. -Léon  Soubeiran  ( Journal  de  pharmacie  et  de  chimie , 

t.  x,  pp.  147-265). 

Les  produits  de  la  Nouvelle-Calédonie  sur  lesquels  M.  Soubeiran  a  appelé 
l’attention  de  la  Société  de  pharmacie,  ont  été  envoyés  par  M.  Bavay,  phar 
macien  de  la  marine,  qui  a  fait  un  séjour  prolongé  cà  la  Nouvelle-Calédonie. 

Les  indigènes  de  cette  île  désignent  sous  le  nom  d 'Oudiépé  une  résine  qu’ils 
obtiennent  par  la  mastication  des  bourgeons  de  divers  Gardénia.  Tout  fai 
penser  à  M.  Soubeiran  que  VOudiépé  pourrait  être  appliqué  aux  mêmes 
usages  que  le  Dikkamali  des  Indiens ,  fourni  par  les  Gardénia  gummifera 

L.  et  G.  lucida  Roxb. ,  usité  comme  antiseptique  dans  la  thérapeutique  chi¬ 
rurgicale  aux  Indes  anglaises. 

Le  Kaori  des  Néo-Calédoniens  est  une  résine  d’un  blanc  jaunâtre,  à  cassure 
nette,  brillante,  aussi  dure  que  la  colophane,  qui  découle  du  tronc  de  plusieurs 
Dammara  (Dieou  dans  le  dialecte  du  pays). 

Le  Morinda  tinctoria  Roxb.  fournit  l’écorce  de  ses  racines,  de  laquelle 

M.  Bavay  a  retiré  de  l’alizarine,  et  qui,  réduite  en  fragments  et  bouillie  avec 
les  feuilles  d’une  Myrtacée  voisine  du  Barringtonia ,  donne  une  couleur 
rouge,  employée  par  les  indigènes  pour  la  teinture  en  rouge. 

Le  Peziza  Auricula  Judœ ,  assez  commun  à  certaines  époques  sur  les 
arbres  en  décomposition  à  la  Nouvelle-Calédonie,  est  desséché  par  quelques 
industriels,  qui  l’exportent  en  Chine,  pour  y  servir  d’aliment,  disent  les 
uns,  pour  entrer  dans  la  préparation  de  la  laque,  disent  les  autres. 

L’écorce  aromatique  de  YOcotea  aromatica  fournit  une  essence  d’une  odeur 
agréable,  mais  qui  diffère  sensiblement  de  celle  de  l’écorce  même. 

Le  Santalum  austro-caledonicum  Vieill.  ( Tibeau  des  Néo-Calédoniens), 
autrefois  très-abondant  dans  l’île,  y  est  aujourd’hui  devenu  très-rare,  en 
raison  de  l’exploitation  exagérée  qui  a  été  faite  de  son  bois  citrin,  très- 
odorant  et  de  très-bonne  qualité.  Il  fournit  une  essence  jaune  très-agréable 
Le  Santal  est  souvent,  à  cause  de  sa  rareté,  remplacé  par  le  bois  du  Myopo- 
rum  tenuifolium  Forst. ,  qui,  très-agréablement  odorant  sur  sa  cassure  fraîche, 
perd  rapidement  son  odeur  suave. 

L ' Andropogon  Schœnanthus  L.  est  employé  par  les  indigènes  dans  les 
dérangements  d’entrailles  auxquels  ils  sont  sujets.  Il  donne  par  distillation  une 
eau  aromatique  employée  avec  avantage  dans  le  traitement  des  ulcères  et  des 
rhumatismes.  Cette  espèce  se  rapproche  beaucoup,  par  conséquent,  del’/ln- 


38 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

dropocjon  pachnodes  Trin.,  dont  l’essence  est  usitée  aux  Indes  dans  les  affec¬ 
tions  intestinales  et  les  embarras  gastriques,  en  embrocations  dans  les  rhuma¬ 
tismes  et  névralgies. 

Mais  le  plus  intéressant  de  ces  produits  est  certainement  le  Melaleuca  viri- 
diflora  Gârtn.  (Niaouli).  L’écorce  de  cette  Myrtacée  offre  une  partie  subé¬ 
reuse  divisée  en  nombreux  feuillets  très-minces,  employés  par  les  indigènes 
pour  garnir  l’intérieur  de  leurs  cases,  calfater  les  coutures  de  leurs  pirogues, 
faire  des  torches,  etc.  Les  feuilles  de  Niaouli  fournissent  par  distillation  une 
essence  incolore  ou  jaune,  d’une  odeur  acre,  aromatique,  d’une  saveur  chaude 
et  piquante;  elle  est  peu  volatile,  soluble  dans  l’eau,  mais  plus  encore  dans 
l’alcool.  Cette  essence  doit  être  rapprochée  de  celle  de  Cajeput,  fournie  éga¬ 
lement  par  un  Melaleuca ,  et  peut-être  aussi  de  celle  d’ Eucalyptus. 

Sur  deux  produits  de  l’Agaric  blauc ,  par  M.  G.  Fleury 

{Journal  de  pharmacie  et  de  chimie ,  1870,  t.  x,  pp.  202-20Ù). 

L’un  de  ces  produits  est  la  résine  d’agaric.  .C’est  une  matière  d’un  rouge 
brun  quand  elle  est  en  masse,  blonde  à  l’état  pulvérulent,  insoluble  dans 
l’eau,  mais  très-soluble  dans  l’éther  et  dans  l’alcool.  Elle  donne  des  précipités 
avec  la  plupart  des  sels  métalliques.  Elle  est  un  peu  amère;  elle  purge  à  la  dose 
de  0gr,15,  mais  faiblement. 

Le  deuxième  corps  est  l’acide  agaricique,  blanc,  cristallisable  en  aiguilles 
microscopiques,  qui  se  groupent  en  faisceaux,  fusible  à  145°, 7.  Les  solutions 
alcalines  le  dissolvent  en  devenant  visqueuses. 

Note  sur  les  Hussin  de  l’Inde;  par  IV1 .  J. -Léon  Soubeiran  ( Jour¬ 
nal  de  pharmacie  et  de  chimie ,  t.  x,  1870,  pp.  M0-M3). 

Ces  arbres  de  la  famille  des  Sapotacées  croissent  dans  l’Inde  depuis  les 
bords  de  la  mer,  qui  leur  sont  les  plus  propices,  jusque  sur  les  montagnes, 
où  ils  peuvent  supporter  un  froid  vif  en  hiver.  Les  Heurs  fournissent  par 
fermentation  une  assez  forte  proportion  d’un  alcool  aromatique.  Cette  dernière 
liqueur  est  douée  d’une  odeur  âcre  et  fétide  qui  disparaît  avec  le  temps  ;  elle 
est  très-employée  par  les  indigènes,  mais  elle  provoque  sur  les  Européens 
fraîchement  débarqués  des  troubles  de  l’estomac,  considérés  comme  une  des 
causes  les  plus  énergiques  de  la  mortalité  des  troupes  envoyées  en  garnison 
dans  l’Inde. 

L’huile  qu’on  retire  des  fruits  avec  l’ébullition  et  la  pression  est  employée 
pour  enduire  le  corps.  Jaune,  solide  à  la  température  ordinaire  comme  de 
l’huile  de  coco,  elle  offre  une  très-grande  ressemblance  avec  du  beurre,  mais 
en  diffère  par  une  odeur  forte,  qui  disparaît  en  partie  au  feu.  Cette  huile, 
outre  ses  usages  culinaires  pour  le  bas  peuple,  est  aussi  employée  comme 
combustible,  bien  qu’elle  brûle  avec  une  odeur  et  une  fumée  détestables  et 


39 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE . 

suffocantes,  au  point  que  tout  animal,  insecte,  rat  ou  serpent,  qui  ne  peut 
sortir  des  huttes,  ordinairement  closes  avec  le  plus  grand  soin  pendant  la  mau¬ 
vaise  saison,  périt  infailliblement,  tandis  que  ies  Indous  peuvent  résister  à 
cette  infection.  —  Trois  espèces  de  Bassia ,  B.  longifolia  Roxb.,  B.  lati- 
folia  Roxb.  et  B.  butyracea,  sont  employées  aux  Indes. 

Arrangement  for  cross-fertîHzatton  ®f  tlie  fflowers  ®f 
ScrofiMiurito  nodosa  (. De  la  disposition  qu'offrent  les  fleurs  du 
Scrofularia  nodosa  à  la  fécondation  croisée )  ;  par  M.  le  docteur  Farlow 
( The  american  Journal ,  Aug.  1871,  pp.  150-151). 

M.  Farlow,  qui  est  attaché  à  l’enseignement  de  M.  le  professeur  Asa  Gray, 
a  remarqué  que  dans  le  bouton  fraîchement  ouvert  du  Scrofularia  nodosa ,  la 
partie  supérieure  du  style  est  pliée  en  avant  de  manière  à  présenter  le  stigmate 
à  l’action  du  pollen,  juste  au-dessus  de  la  lèvre  inférieure  étalée  de  la  corolle; 
les  anthères,  non  encore  ouvertes,  sont  hors  de  vue  à  la  base  de  la  corolle, 
leurs  filaments  étant  fortement  recourbés.  Sur  un  bouton  d’un  ou  de  deux 
jours  plus  vieux,  le  style  s’est  flétri,  et  les  filaments  se  sont  étendus  de  manière 
à  porter  les  quatre  anthères  jusqu’à  la  gorge  de  la  corolle  à  la  base  de  la 
corolle,  juste  derrière  le  stigmate,  en  s’ouvrant  par  une  déhiscence  transver¬ 
sale,  mais  trop  tard  pour  que  la  fécondation  leur  soit  due.  Elle  est  d’ailleurs 
exécutée  par  le  transport  du  pollent  dont  se  chargent  les  abeilles,  qui  visitent 
fréquemment  ces  fleurs. 

IJelier  zwei  newe  Su  Sclilesien  gefiiiitlcne  Arten  aiss 
FainiSie  «1er  Frcdlneen  (Sur  deux  espèces  nouvelles  de  la  fa¬ 
mille  des  Urédinées  trouvées  en  Silésie )  ;  par  M.  AV. -G.  Schneider  (48  e 
J ahresbericht  der  Sc/desischen  Gesellschaft  fur  vaterlandische  Cultur , 
pp.  170-171). 

L 'Uromyces  Prunelles  a  été  suivi  dans  ses  trois  phases  sur  le  Prunella 
vulgaris.  Les  téleutospores  sont  brunes,  largement  ovales  ou  presque  rondes, 
avec  un  sommet  large  et  plus  clair  ;  la  tige  est  très-courte.  L 'QEcidium  de 
cette  espèce  est  muni  de  faux  périthéciu  ms  blancs  et  dentés,  l’ Uredo  despores 
brunes  arrondies. 

Le  Puccinia  caulicola  a  des  téleutospores  allongées,  comprimées  à  la  base, 
étranglées  dans  leur  milieu,  brunâtres,  dépourvues  de  pédoncules  ;  les  compar¬ 
timents  {fâcher)  sont  presque  arrondis,  plus  larges  que  hauts. 

BIBLIOGRAPHIE. 

Notiz  über  die  einheimischen  Cinclidotus- Arten  {Notice  sur  les  espèces 
indigènes  de  —  );  par  M,  P.*G.  Lorentz  {Botanische  Zeitung,  1869,  n°  34). 


40  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Uebersicht  der  in  südliclien  Bôhmen,  insbesondere  in  den  weiteren  Umge- 
bungen  von  Krumau  vorkommenden  Farrenkràuter  ( Revue  des  Fougères  qui 
se  rencontrent  dans  le  sud  de  la  Bohême ,  et  particulièrement  dans  les  envi - 
rous  de  Krumau)  [Lotos,  1869,  pp.  21-24). 

Illustrations  de  la  flore  de  l’Archipel  indien;  parM.  F.-A.-W.  Miquel,  in-4° 
avec  25  planches,  en  deux  parties  séparées;  valant  ensemble  21  fr.  25. 

On  the  Physiks  of  arctic  ice  ( Sur  les  phénomènes  des  contrées  glaciaires 
arctiques)  ;  par  M.  Robert  Brown  de  Campster  ( Proceedings  of  the  geologi - 
cal  Society  of  London ,  n°  105,  février  1871). 

Untersuchungen  über  die  Végétation  des  N.-W.  deutschen  Tieflandes 
( Recherches  sur  la  végétation  des  pays  bas  du  nord-ouest  de  V Allemagne)  ; 
parM.  Fock eiGiebels  Zeitschrift  fur  die  qesammten  Naturwissenschaften , 
février  1871). 

Ueber  Pilz-Epidemien  bei  den  Insekten  [D'une  épidémie  de  Champignons 
sur  les  insectes)  ;  par  M.  le  prof.  F.  Colin  ( Siebenundvierzigster  Jahres - 
bericht  der  Schlesischen  Gesellschaft  fur  vaterlandische  Cultur ,  Breslau, 
1870,  pp.  85-87). 

Verzeichniss  der  im  Jahre  1869  bekannt  gewordenen  Fundorte  neuer  und 
weniger  hâufiger  Phanerogamen  und  Gefâsskryptogamen  Schlesiens  [Cata¬ 
logue  de  localités  nouvelles ,  découvertes  en  1869,  pour  des  phanérogames 
et  des  cryptogames  vasculaires  de  Silésie,  nouvelles  ou  rares);  parM.Engler 
(; ibid . ,  pp.  103-120).  —  On  trouvera  dans  cette  liste  une  étude  spéciale  de 
Y Hieracium  dovrense  Fries  et  du  Galium  aristatum  Fries. 

Verzeichniss  neuer  Standorte  [Énumération  de  localités  nouvelles)  ;  par 
M.  J.  Milde  [ibid.,  pp.  120-114).  Nous  devons  signaler  dans  ce  travail  la 
description  de  trois  Mousses  nouvelles,  Brachythecium  Geheebii  Milde,  Po- 
lytrichum  anomalurn  Milde,  et  Barbula  insidiosa  Jur.  et  Milde. 

NOUVELLES. 

(Mars  1872.) 

—  Aux  pertes  que  la  science  a  faites  depuis  deux  ans,  et  que  nous  avons 
mentionnées  dans  le  dernier  cahier  de  Revue ,  nous  devons  ajouter  celle  dcM.  le 
baron  Karl  von  Hügel,  décédé  à  Bruxelles  le  2  juin  1870  à  1  âge  de  soixante- 
quinze  ans,  bien  connu  par  ses  voyages  botaniques  en  Australie  et  en  Asie.  Il 
a  été  le  fondateur  de  la  Société  d’horticulture  de  Vienne.  C’est  sous  sa  direction 
que  fut  créé  à  San  Donato  (Florence)  le  jardin  Demidoff,  autrefois  le  plus 
riche  de  l’Italie.  Il  est  l’auteur  de  plusieurs  publications  :  Orchideensammlung 
in  Fruhjalir  (Vienne,  1845),  où  sont  énumérées  1080 espèces;  Botanisches 
Archiv  des  Gartenbaugesellschaft des  OEsterreichischen  Kaiserstaat  (Vienne, 
1847).  Les  espèces  nouvelles  qu’il  avait  découvertes  en  Australie  en  1833  ont 
été  décrites  dans  l’ouvrage  intitulé  Enumeratio  Pluntarum  quas  in  Nova- 
Hollandia  collegit  C.-L.  de  Hügel,  1837. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  h\ 

—  M.  Pietro  Savi,  professeur  de  botanique  à  l’Université  de  Pise,  et 
directeur  du  jardin  botanique  de  cette  ville,  est  décédé  le  9  août  der¬ 
nier.  M.  Savi  était  depuis  quelque  temps  éloigné  de  l’enseignement  par 
l’altération  de  sa  santé.  Les  premiers  travaux  botaniques  que  nous  con¬ 
naissions  de  ce  professeur  distingué  (sur  Y  Iris  chamœiris ,  sur  le  Sarotea 
blentinensis)  remontent  à  l’année  1839.  On  trouvera  dans  un  opuscule 
consacré  à  sa  mémoire,  dû  à  la  plume  de  M.  le  baron  Philippe  Narducci 
Boccaccio,  et  publié  par  les  soins  de  sa  veuve,  tous  les  détails  bibliographi¬ 
ques  nécessaires  pour  retrouver  ses  écrits  dans  les  bibliothèques.  Cet  opus¬ 
cule  a  paru  à  Macerata  en  1871,  typ.  Mandai  ;  il  est  intitulé:  Arendere 
piu  onorato  il  nome  del  cav.  Pietro  Saviy  prcf.  di  botanica  nella  R.  Uni- 
versità  di  Pisa,  mancato  il  9  agosto  1871,  Fausta  Molinari ,  di  lui  con- 
sorte  amantissima  dolentissima  con  ogni  cura  e  sollicitudine  queste  pa¬ 
role  di  elogio  divolgavane ,  che  il  barone  prof.  Filippo  Narducci  Boccaccio 
da  lei  instantamente  incaricato  alla  memoria  offerendevole  delV  amico  vo - 
lonterosamente  scriveva. 

—  Le  Times  du  12  décembre  dernier  a  annoncé  la  mort  de  M.  B.  See- 
mann,  directeur  des  mines  de  Javali  au  Nicaragua.  M.  Seemann  est  mort,  peu 
après  son  arrivée  à  la  mine,  d’une  fièvre  qu’il  avait  contractée  à  Colon,  le 
10  octobre.  Le  Gardeners ’  Chronicle  du  30  décembre  contient  un  portrait 
et  une  étude  biographique  du  savant  décédé,  ainsi  que  le  premier  numéro  de 
la  2e  série  du  Journal  of  Rotang ,  maintenant  édité  par  MM.  Henry  Trimen 
et  J. -G.  Baker. 

M.  B.  Seemann  était  né  en  1825  à  Hanovre.  Son  premier  mémoire  fut 
écrit  par  lui  dans  sa  dix-septième  année.  D’abord  attaché  au  jardin  botanique 
de  Kew,  alors  dirigé  par  M.  J.  Smith,  curator,  il  fut,  grâce  à  la  recomman¬ 
dation  de  Sir  W.  Hooker,  adjoint  comme  naturaliste  au  voyage  de  Y  Herald  en 
18Û6.  En  traversant  l’isthme  de  Panama  pour  rejoindre  ce  vaisseau,  il  y  fit 
d’amples  matériaux,  et  plus  tard,  pendant  trois  ans,  partagea  ses  courses  aven¬ 
tureuses  (voyez  le  Narrative  of  the  voyage  of  H.  M .  S.  Herald).  Durant 
ces  voyages,  il  visita  les  déserts  du  Pérou  et  les  Cordillères  en  compagnie  de 
M.  Bedford  Pim,  avec  lequel  il  parcourut  tout  récemment  le  Nicaragua  (princi¬ 
palement  le  district  de  Chontalès  et  la  côte  des  Mosquitos)  ;  dans  une  autre 
exploration  il  traversa  la  Nouvelle-Ségovie,  les  provinces  occidentales  du 
Mexique,  la  Sierra  Madré,  de  Mazatlan  à  Durango,  dans  des  pays  trou¬ 
blés  par  les  incursions  des  Apaches,  où  il  faillit  laisser  la  vie.  Trois  fois  Y  He¬ 
rald  alla  croiser  par  le  détroit  de  Behring  dans  les  latitudes  polaires  ;  à  son 
retour,  il  toucha  à  Hong-Kong,  à  Singapore,  au  cap  de  Bonne-Espérance, 
à  Sainte-Hélène  et  à  l’Ascension,  et  atteignit  l’Angleterre  le  6  juin  1851.  En 
1853  parut  le  Narrative ,  et  de  1852  à  1857,  le  Rotang  of  H.  M.  S. 
Herald ,  renfermant  les  flores  des  Esquimaux,  de  l’isthme  de  Panama,  du 


/j2  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Mexique  occidental  et  de  l’île  de  Hong-Kong,  ouvrage  pour  lequel  M.  J. 
Hooker  a  fourni  les  analyses  des  planches  dessinées  par  M.  Fitch.  M.  Seemann 
reçut  alors  de  ^université  de  Gœttingue  le  titre  de  docteur  en  philosophie, 
et  fut  honoré  de  celui  de  membre  de  l’Académie  des  curieux  de  la  nature, 
sous  le  cognomen  de  Bonpland. 

C’est  en  1853  que  M.  Seemann  commença  la  publication  du  Bonplandia , 
recueil  allemand  in- 4°  édité  à  Londres  et  publié  à  Hanovre,  dont  le  dixième 
et  dernier  volume  est  de  1862. 

En  1859,  M.  Seemann,  toujours  infatigable,  demanda  et  obtint  d’être 
adjoint  à  l’expédition  dirigée  aux  îles  Viti  ou  Fiji  par  le  colonel  Smythe  ; 
d’où  la  publication  du  Flora  vitiensis,  ouvrage  dont  les  neuf  premières 
parties  ont  été  successivement  analysées  dans  ce  Bulletin ,  et  dont  la  der¬ 
nière,  renfermant  la  cryptogamie  et  due  à  la  collaboration  de  divers  bota¬ 
nistes,  doit  paraître  prochainement. 

Le  Bonplandia ,  ne  paraissant  plus,  fut  remplacé  par  le  Journal  of  Botany , 
British  and  foreign,  pour  lequel  les  fréquentes  absences  de  M.  Seemann  le 
forcèrent  souvent  de  recourir  à  l’obligeante  collaboration  de  MM.  Trimen  et 
Baker.  En  186ù  et  1866,  il  fit  pour  le  compte  de  capitalistes  français  et  hol¬ 
landais  de  nouveaux  voyages  dans  l’Amérique  centrale.  Le  résultat  de  ces 
explorations  fut  l’acquisition,  par  des  capitalistes  anglais,  des  mines  d’or  de 
Javali,  situées  dans  les  Chontalès,  et  où  il  est  décédé  dernièrement. 

La  liste  des  publications  de  M.  Seemann,  tracée  dans  le  Catalogue  de  la 
Société  royale,  comprend  58  numéros.  C’est  à  lui  que  M.  Regel  a  dédié  une 
Gesnériacée  qui  est  aujourd’hui  le  Seemannia  silvatica  Haust. 

—  Nous  avons  le  regret  d’annoncer  à  nos  lecteurs  la  mort  de  M.  le  docteur 
Spring,  décédé  à  Liège  le  17  janvier  dernier  dans  sa  cinquante-neuvième 
année.  Allemand  de  naissance,  M.  Spring,  nommé  professeur  de  physiologie 
à  l’université  de  Liège,  avait  fait  de  la  Belgique  sa  patrie  d’adoption.  Il  a  pu¬ 
blié  des  travaux  de  médecine,  de  physiologie  et  de  géologie,  mais  il  était 
surtout  connu  des  botanistes  par  sa  monographie  des  Lycopodium  et  des 
Selaginella. 

—  M.  le  professeur  Th.  Caruel  nous  prie  de  modifier  en  partie  la  nou¬ 
velle  qui  le  concerne,  donnée  dans  le  dernier  cahier  de  Revue  (t.  xvii, 
Revue ,  p.  190),  d’après  des  informations  erronées.  C’est  M.  Delpontequi  est 
maintenant  professeur  de  botanique  à  l’Université  de  Turin.  M.  Th.  Caruel 
est  attaché  au  même  titre  à  l’Université  de  Pise,  et  directeur  du  jardin  bota¬ 
nique  de  cette  ville. 

—  D’après  une  communication  faite  à  la  Société  des  sciences  de  Gœttingue, 
parM.Wicke,  la  valeur  nutritive  de  certains  Champignons,  calculée  sur  la  sub¬ 
stance  sèche,  par  leur  richesse  en  protéine,  est  dans  la  Trulîe  de  36,62  pour 


RE’VUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


43 


100,  dans  la  Morelie  de  33,90,  dans  le  Clavaria  pava  de  24,43,  dans  YAga- 
ricm  cantharellus  de  23,43,  et  enfin  dans  le  Boletus  editlis  de  22,82.  Les 
autres  plantes  nutritives  les  plus  estimées  n’ont  de  protéine,  à  l’état  sec,  le 
Seigle  que  12,82,  puis,  en  montant,  le  Froment  15,18,  les  Pois  16,13,  les 
Lentilles  27,83  pour  100.  Par  la  quantité  de  sels,  c’est-à-dire  de  cendres 
qu’ils  renferment,  les  Champignons  se  font  considérer  encore  comme  un  suc¬ 
cédané  de  la  viande. 

—  M.  Wicke  a  encore  fait  connaître  à  la  même  Société  des  expériences 
fort  intéressantes  de  M.  P.  Wagner,  expériences  qui;,  bien  qu’exécutées  sur 
une  petite  échelle,  sont  de  nature  à  intéresser  les  agriculteurs.  M.  Wagner  a 
fait  germer  et  croître  du  Maïs  dans  de  l’eau  distillée,  additionnée  d’une  solu¬ 
tion  nourricière  composée  de  créatine,  de  phosphates  de  potasse  et  de  fer,  de 
chlorure  de  calcium  et  de  sulfate  de  magnésie.  Cette  solution  fut  renouvelée 
tous  les  quinze  jours  et  saturée  d’acide  carbonique  tous  les  deux  ou  trois  jours 
pour  empêcher  les  moisissures  de  s’v  développer.  La  créatine  fut  retrouvée 
dans  les  plantes.  —  D’autres  expériences  du  même  auteur  ont  prouvé,  d’ac¬ 
cord  avec  MM.  Birner  et  Lucanus,  que  l’on  ne  peut  remplacer  le  fer  par  le 
manganèse  dans  la  constitution  des  plantes.  —  M.  Wagner  s’est  occupé  en¬ 
core  de  l’influence  qu’exerce  le  chlore  sur  la  végétation.  lia  remarqué  que 
des  plantes  élevées  dans  des  solutions  complètement  privées  de  chlore  déve¬ 
loppent  incomplètement  leurs  organes  reproducteurs. 

—  M.  Bouchardat  a  observé  la  présence  du  sucre  de  lait  dans  le  suc  de 
YAchras  Sapota.  Sur  100  parties  de  matière  sucrée  extraite  de  ce  suc,  il  a 
trouvé  55  de  sucre  fermentescible  (sucre  de  canne)  et  45  de  sucre  de  lait. 

—  L’herbier  de  Fougères  de  M.  Fée  a  été  acheté  pour  le  Musée  de  Rio- 
Janeiro,  par  S.  M.  l’Empereur  du  Brésil. 

— -  M.  Rivière  a  dernièrement  entretenu  la  Société  centrale  d’horticulture 
d’observations  faites  au  jardin  du  Hamma,  près  d’Alger,  sur  la  croissance  du 
Bambusa  mitis  et  sur  celle  de  Y  Agave  mexicana.  Le  Bambusa  mitis ,  qui 
entre  en  végétation  au  printemps,  allonge  sa  tige  avec  une  telle  rapidité,  qu’on 
l’a  vue  gagner  0m,57  en  vingt-quatre  heures;  des  mesures  prises  avec  soin  de 
six  en  six  heures  ont  montré  que  la  croissance  de  cette  tige  est  plus  rapide 
pendant  la  nuit  que  pendant  le  jour  :  l’allongement  nocturne  est  supérieur 
d’environ  un  tiers  à  l’allongement  diurne.  Au  contraire,  pour  Y  Agave  mexi¬ 
cana,  M.  Rivière  fils  a  constaté  que  la  hampe  de  cette  Liliacée  s’allonge  plus 
fortement  pendant  le  jour  que  pendant  la  nuit,  comme  celle  de  Y  A.  americana 
le  fait  d’après  plusieurs  observateurs  (1).  Les  observations  thermométriques 

(1)  Voy.  le  Bulletin,  t.  xm  (Revue),  p.  246. 


l\Ix  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

faites  au  Hamma  n’ont  pas  montré  la  moindre  relation  entre  l’élévation  de  la 
température  et  l’allongement  de  la  tige.  Une  fois  seulement,  au  mois  de  sep¬ 
tembre  1869,  un  violent  sirocco  ayant  amené  un  exhaussement  de  tempéra¬ 
ture  tel  que  le  thermomètre  s’éleva  jusqu’à  53  degrés  centigr.,  on  remarqua 
que  la  tige  de  cette  grande  espèce  croissait  en  longueur  plus  rapidement  en¬ 
core  que  de  coutume. 

—  Il  résulte  de  renseignements  envoyés  par  M.  Baraquin  et  communiqués 
par  M.  Delondre  à  la  Société  d’Acclimatation,  que  les  fruits  du  Bertholletia 
excelsciy  que  l’on  vend  dans  nos  rues  sous  le  nom  de  Châtaignes  du  Brésil,  et 
ceux  de  son  congénère  le  Lecythis  ollaria  ou  Sapucaria  des  indigènes  brési¬ 
liens,  ne  sont  pas  seulement  d’une  grande  utilité  comme  comestibles.  On  peut 
encore  en  extraire  un  suc  laiteux  qui  est  employé  comme  condiment,  et  une 
huile,  utilisée  en  médecine,  servant  à  ia  cuisine  et  à  l’éclairage.  Ajoutons  que 
les  indigènes  font  macérer  l’écorce  du  Bertholletia  pour  en  retirer  une  étoupe 
employée  au  calfeutrage  des  embarcations  ;  le  bois  lui-même  rend  des  services 
pour  les  constructions  navales. 

— M.  Ingram  a  mentionné  dernièrement,  dans  une  conférence  faite  au  Musée 
de  Leicester,  un  fait  intéressant.  L’observatoire  de  Washington,  aux  États-Unis, 
est  situé  dans  un  marais  tellement  meurtrier,  que  les  aides-astronomes  mou¬ 
raient  régulièrement  aussitôt  arrivés.  Des  Soleils  furent  semés  tout  autour;  ces 
plantes  parvinrent  à  l’apogée  de  leur  développement  au  moment  ou  la  fièvre 
sévissait  avec  le  plus  de  fureur.  Le  résultat  de  la  mesure  fut  que  le  principe 
fébrile,  dit  l’auteur,  étant  juste  ce  qu’il  fallait  à  Y  Helianthus,  la  fièvre  cessa, 
tandis  que  les  plantes  offraient  l’aspect  le  plus  luxuriant. 

—  On  trouve,  dans  la  belle  publication  de  M.  Cotta  intitulée  Y  Altaï,  des  dé¬ 
tails  intéressants  sur  la  végétation  d’un  bassin  houiller.  La  plupart  des  espèces 
que  signale  M.  le  docteur  IL -B.  Geinitz  ont  été  déjà  décrites  par  M.  Eicli- 
wald  et  d’autres  auteurs.  Il  fait  remarquer  la  présence,  dans  les  lits  car¬ 
bonifères  des  Bains  de  Schwarzwald ,  d’une  Cycadée,  le  Pterophyllum 
blechnoides ,  qui  se  trouve  également  dans  les  couches  de  Sibérie. 

—  M.  Bonnieu  a  récemment  présenté  à  la  Société  d’histoire  naturelle  de 
l’Hérault  plusieurs  espèces  de  Pins  du  Mexique  qui  ont  bien  supporté  à  Cette 
le  terrible  hiver  1870-71,  et  dont  la  santé  s’est  maintenue  parfaite  dans  l’été 
suivant.  Ce  sont  les  P  inus  agacahuite  hlanco ,  P.  coarctata ,  P.  Endliche- 
riana,  P.  gracilis,  P.  Monte  Allegri,  P.  Northumbertiana  et  P.  Thibau- 
tiana.  Le  Pinus  elegans  a  péri. 

—  M.  Loret  a  trouvé  aux  portes  de  Montpellier  le  Campamila  rapuncu- 
loides,  qui  n’avait  jamais  été  signalé  dans  l’Hérault,  et  une  localité  très-abon¬ 
dante  d’une  espèce  rare,  le  Plantago  albicans. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


45 

—  Notre  Bulletin  a  déjà  commencé  d’enregistrer  des  faits  anormaux  de 
géographie  botanique  en  relation  avec  les  événements  de  la  dernière  guerre. 
L’inondation  des  environs  de  Cherbourg,  faite  pour  défendre  cette  place,  a 
eu  pour  résultat  de  faire  produire  au  sol,  après  le  retrait  des  eaux,  une  végé¬ 
tation  tout  à  fait  distincte  de  la  végétation  ordinaire.  Le  Cytisus  Laburnum 
est  apparu  dans  certains  endroits,  formant  un  tapis  ;  on  en  comptait  plu¬ 
sieurs  centaines  de  pieds  sur  un  mètre  carré  de  terrain.  Des  remarques  très- 
intéressantes  ont  été  faites  sur  ce  sujet  par  M.  Lafosse,  dans  une  propriété 
qu’il  possède  aux  environs  de  Carentan  et  où  sont  cultivés,  comme  dans  un 
jardin  botanique,  de  nombreux  végétaux  exotiques  et  indigènes.  Plusieurs  de 
ces  plantes  exotiques,  situées  dans  le  jardin  de  M.  Lafosse  sur  des  pierres 
meulières,  ont  apparu  bien  loin  de  ce  jardin  en  très-grand  nombre  et  ont 
recouvert  spontanément  un  espace  considérable. 

—  L 'Elodea  canadertsis ,  qui  continue  de  se  répandre,  a  été  observé  par 
M.  Milde  dans  le  voisinage  de  Rothkretscham  près  Breslau.  M.  Milde  signale 
aussi  l 'Adiantum  Capillus  Veneris  comme  naturalisé  dans  le  parc  de  Buch- 
wald  en  Silésie. 

—  D’après  M.  Flückiger  de  Berne,  les  graines  du  Sterculia  acuminata 
Beauv.  ( Cola  acuminata  Schott  et  Endl.),  Gurn  ou  Kola  des  indigènes  afri¬ 
cains,  contient  2,13  pour  100  de  caféine.  Ces  graines  forment  depuis  plu¬ 
sieurs  siècles  un  objet  important  de  trafic  pour  l’agrément  ou  la  santé  des 
nègres. 

—  Le  professeur  Passerini  a  découvert  dans  les  alluvions  sablonneuses  du 
Pô,  près  de  Torricello,  le  Cycloloma  platyphyllum  Moq. ,  Salsolacée  de 
l’Amérique  du  Nord. 

—  La  Société  vogéso-rhénane,  fondée  en  1863  par  M.  A.  Mæderetie  pro¬ 
fesseur  Kirschleger  (l’auteur  de  la  Flore  d'Alsace )  a  dû  interrompre  ses  tra¬ 
vaux  dans  les  malheureuses  années  1870  et  1871;  elle  vient  de  les  reprendre. 
Nous  avons  déjà  mentionné  à  diverses  reprises  l’existence  de  cette  Société  qui 
a  pour  but  l’échange  des  plantes  sèches  (exclusivement  européennes)  et  qui 
fournit  aux  botanistes  un  moyen  facile  et  peu  dispendieux  de  développer  leurs 
collections.  L’association  se  compose  de  cinquante  membres;  chacun  d’eux 
fournit  six  espèces,  en  cinquante  parts  chacune,  choisies  entre  les  plantes 
ubiquistes  et  possibles  spéciales  à  la  contrée  qu’il  habite  ;  vers  la  fin  de  l’année 
chaque  membre  adresse  son  envoi  franco  à  Mulhouse,  et  le  comité  directeur 
retourne  à  chaque  adhérent  50x6  soit  300  espèces.  Une  cotisation  annuelle 
de  5  francs  par  membre  est  destinée  à  subvenir  aux  divers  frais  tels  que  : 
impression  des  catalogues,  circulaires,  ports  de  lettres,  etc.  Nous  ajouterons 
que  les  membres  de  la  Société  sont  répartis  dans  des  stations  qui  représentent 
presque  tous  les  pays  de  l’Europe:  la  France  dans  ses  diverses  régions,  la 


A6 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Suisse,  l’Autriche,  l’Italie,  la  Belgique  et  même  la  Suède.  Les  espèces  dis¬ 
tribuées  de  1863  à  1870  sont  au  nombre  de  2483.  La  Société  a  fait  depuis 
l’année  1870  plusieurs  pertes  parmi  ses  membres,  et  elle  recevrait  volontiers 
encore  quelques  adhésions  nouvelles  dans  le  but  d’atteindre  à  peu  près  le 
chiffre  normal  de  ses  membres,  lequel  ne  doit,  du  reste,  en  aucun  cas  dépasser 
50.  Pour  les  détails  des  statuts  de  l’association,  renseignements,  envois  de 
catalogues,  etc.,  s’adresser  au  Président  du  comité  de  Mulhouse,  M.  Ph. 
Becker,  professeur,  rue  des  Fabriques,  à  Mulhouse,  ou  à  M.  Émile  Burnat, 
villa  Signora,  à  Cannes  (Alpes-Maritimes). 

. —  M.  Péronin  vient  de  partir  comme  naturaliste- voyageur  pour  explorer  la 
partie  de  l’Asie  Mineure  comprise  entre  le  cap  Anémour  et  le  golfe  d’Alexan- 
drette,  ainsi  que  les  hautes  chaînes  du  Taurus,  qui  sont  dans  le  voisinage. 
Toutes  les  plantes,  déterminées  par  M.  Boissier,  seront  accompagnées  d’éti¬ 
quettes  imprimées  portant  un  numéro  d’ordre  et  le  nom  du  botaniste  à  qui 
l’on  doit  la  détermination.  M.  Péronin  espère  rapporter  environ  quatre  cents 
espèces.  Le  prix  de  chaque  centurie,  vu  les  frais  assez  élevés  du  voyage,  est 
fixé  à  30  francs. 

M.  Péronin  a  entrepris  ce  voyage  sous  le  patronage  de  M.  Bourgeau,  à  qui 
l’on  pourra  s’adresser  pour  les  demandes  de  renseignements. 

—  M.  M.-C.  Cooke  est  dans  l’intention  de  publier  à  Londres  un  journal 
mensuel  consacré  exclusivement  à  la  botanique  cryptogamique  (les  Fougères 
exceptées).  Ce  journal  aura  un  petit  format,  dans  le  genre  de  celui  de  Y  Hed- 
tvigia.  Il  paraîtra  dès  que  l’auteur  sera  assuré  d’un  nombre  suffisant  de 
souscripteurs.  Le  prix  sera  de  6  fr.  25  par  an,  payables  d’avance,  frais  de 
poste  compris.  La  collaboration  de  MM.  W.-A.  Leighton,  Lauder-Lindsay, 
Braithwaite,  F.  Kitton  et  autres  savants  est  déjà  promise  à  M.  Cooke.  — 
Adresser  toute  communication  relative  au  Journal  of  the  cryptogamie  Botariy 
5  M.  Cooke,  2,  Grosvenor  Villas,  Junction  Road,  London,  N. 

—  L’important  recueil  allemand  nommé  Palœontographica ,  et  consacré 
à  des  travaux  de  paléontologie  en  rapport,  soit  avec  la  zoologie,  soit  avec  la 
botanique,  soit  avec  la  géologie,  vient  d’être  modifié.  La  première  série  de 
ce  recueil  sera  très-prochainement  terminée.  Une  table  alphabétique  par 
matières,  par  pays  et  par  noms  d’auteurs,  est  préparée  par  les  soins  de  MM.  VV. 
Waagen  et  E.  Becker,  de  Munich.  Les  travaux  botaniques  de  cette  première  sé¬ 
rie  ont  été  séparés  des  autres,  reliés  ensemble  et  sont  mis  en  vente  isolément 
à  la  librairie  Th.  Fischer,  de  Cassel.  Les  savants  qui  continuent  la  publication 
du  Palœontographica  sont  MM.  W.  Dunker,  de  Marburg ,  et  K. -A.  Zittel, 
de  Munich.  C’est  à  M.  Dunker  qu’on  devra  s’adresser  pour  demander  l’inser¬ 
tion  des  travaux  de  botanique  fossile  dans  le  Palœontographica. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  kl 

— Il  a  paru,  en  1870,  à  Berlin,  une  deuxième  édition  du  Synopsis  Floræ 
classicœ  de  M.  Fraas. 

—  M.  AV.  Carruthers,  du  British Muséum,  se  prépare  à  publier  un  Supplé¬ 
ment  à  l’ouvrage  classiqne  mais  un  peu  ancien,  de  Lindley  et  Hutlon  sur  la 
flore  fossile  de  la  Grande-Bretagne. 

—  Certains  ouvrages  de  grande  valeur  se  trouvent  actuellement  offerts 
dans  le  commerce  de  la  librairie  à  des  prix  réduits.  On  peut  trouvera  Londres, 
chez  Bernard  Quaritch,  15,  Piccadilly,  le  Rumphia  deBlume  pour225  francs; 
le  Flora  Javæ  de  Blume  pour  156  fr.  25  c.;  le  Flora  japonica  de  Siebolcl 
pour  105  francs  ;  Collection  des  Orchidées ,  etc.,  deBlume,  pour  20 francs. 

—  M.  Leitgeb  a  réuni  en  un  volume  les  quatre  mémoires  d’histologie  vé¬ 
gétale  qu’il  a  publiés  successivement  dans  les  Comptes  rendus  de  l’Académie 
des  sciences  de  Vienne,  et  qui  ont  été  analysés  dans  cette  Revue ,  sous  le  litre 
de  Beitrdge  zur  Entivickelungsgeschichte  der  P  flanzenorgane.  Le  prix  en  est 
de  6  fr.  25  cent. 

—  L’exposition  polytechnique  de  Moscou,  dont  la  durée  doit  être  de  trois 
mois,  s’ouvrira  le  30  mai  1872,  dans  des  constructions  élevées  dans  le  jardin 
du  Kremlin.  Cette  exposition  consistera  essentiellement  en  une  sorte  de 
Musée  temporaire,  analogue  à  celui  qui  existe  déjà  depuis  plusieurs  années 
au  jardin  de  Kew.Elle  comprendra  quatorze  sections,  dont  l’une  a  rapport 
aux  forêts  ;  celle-ci  se  subdivise  delà  manière  suivante  :  géographie,  topo¬ 
graphie,  cultures  régulières  ou  artificielles,  importance  de  l’arboriculture 
dans  ses  relations  avec  l’économie  politique,  étude  des  animaux  utiles  ou  nui¬ 
sibles  aux  forêts,  herbiers,  publications,  etc.  Une  autre  section  est  affectée 
à  la  botanique  et  à  l’horticulture,  une  troisième  à  l’économie  domestique  et 
rurale,  etc.  Il  n’y  aura  pas  de  concours  proprement  dit,  mais  il  sera  cepen¬ 
dant  accordé  des  récompenses  aux  meilleures  et  aux  plus  utiles  applications 
de  la  science  à  l’industrie  et  aux  plus  remarquables  perfectionnements  des 
méthodes  d’instruction. 

—  La  fédération  des  Sociétés  d’horticulture  de  Belgique  a  mis  au  coip 
cours,  pour  1872,  vingt  et  une  questions  dont  un  certain  nombre  doivent 
être  mises  sous  les  yeux  de  nos  lecteurs. 

6°  Écrire  la  monographie  botanique  et  horticole  d’un  groupe  naturel 
(genre  ou  famille)  de  plantes  assez  généralement  cultivé  en  Belgique.  Le 
choix  du  groupe  est  laissé  aux  concurrents,  à  l’exception  de  ceux  qui  ont  déjà 
été  traités  dans  les  Bulletins  de  la  Fédération . 

7°  De  l’influence  réciproque  du  sujet  sur  la  greffe. 

11°  Écrire  la  monographie  botanique  et  horticole  des  Fougères  cultivée 
en  Belgique. 


Û8  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

12°  Écrire  la  monographie  botanique  et  horticole  des  Conifères  susceptibles 
de  constituer  en  Belgique  des  essences  forestières. 

1 3°  On  demande  un  travail  sur  la  circulation  végétale  ;  la  cause,  la  nature, 
la  force,  la  vitesse  de  la  circulation  du  liquide  désigné  sous  le  nom  de  sève. 

18°  Exposer  l’influence  de  la  lumière  sur  la  végétation,  spécialement  dans 
ses  rapports  avec  l’horticulture.  —  Influence  de  la  latitude,  de  l’altitude,  du 
verre  et  des  couleurs. 

19°  Exposer  la  structure,  la  végétation  et  les  fonctions  des  racines. 

20°  Traité  de  la  transpiration  des  plantes.  Rapports  de  la  quantité  d’eau 
évaporée  avec  les  diverses  circonstances  de  la  végétation. 

21°  Recherches  sur  la  reproduction  des  Lycopodiacées. 

Nous  rappellerons  à  nos  lecteurs  les  dispositions  réglementaires  suivantes  : 

Art.  1er.  Des  prix  d’une  valeur  de  100  à  500  francs,  consistant  en  mé¬ 
dailles  ou  en  une  somme  d’argent,  sont  affectés  à  chacune  des  questions  du 
concours. 

Art.  3.  Ne  sont  admis  pour  le  concours  que  les  ouvrages  et  les  planches 
manuscrits. 

Les  Mémoires  en  réponse  aux  questions  proposées  devront  être  adressés 
francs  de  port  avant  le  15  octobre  1872  à  M.  le  professeur  Éd.  Morren,  se¬ 
crétaire  de  la  Fédération,  à  Liège.  Les  questions  resteront  au  concours  jusqu’à 
ce  qu’il  y  ait  été  répondu ,  et  les  mémoires  peuvent  être  adressés  chaque 
année  avant  le  15  octobre,  au  secrétaire  de  la  Fédération. 

* —  M.  Cretaine,  libraire,  rue  des  Bons-Enfants,  28,  nous  prie  d’annoncer 
qu’il  procédera  très-prochainement,  le  23  mars,  à  la  vente  de  la  bibliothè¬ 
que  laissée  par  feu  Ch.  Lemaire,  l’ancien  rédacteur  en  chef  de  V Illustration 
horticole.  Le  Catalogue  de  cette  bibliothèque  est  actuellement  distribué. 
Nous  y  avons  remarqué  des  livres  de  prix  ;  les  livres  relatifs  à  la  végétation 
exotique  y  sont  particulièrement  nombreux. 

Df  Eugène  Fournier. 


Paris.  —  Imprimerie  de  E.  Marii.net,  rue  Mignon,  2. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 

(MARS-AOUT  1871.) 


N.  B. —  On  peut  se  procurer  les  ouvrages  analysés  dans  cette  Revue  cher  M.  F.  Savy,  libraire  do  la 
Société  botanique  de  France,  rue  Hautefeuille,  24,  à  Paris. 


Rhamncæ  orieiitali-asiaficæ;  scripsit  G. -J.  Maximowicz,  sociuS 
Academiæ,  cum  tabula. — Lu  le  12  avril  1866.  —  Extrait  des  Mémoires  de 
i Académie  Impériale  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg ,  Ie  série,  t.  x, 
n°  11  (1). 

Depuis  la  publication  du  tome  il  du  Prodromus ,  la  famille  des  Rhamnées 
n’a  été  l’objet  d’aucun  travail  général.  Walpers  l’a  omise  dans  son  Repertorium, 
et  c’est  dans  le  but  de  combler  cette  lacune,  en  ce  qui  touche  du  moins  les 
espèces  de  l’Asie  orientale,  que  M.  Maximowicz  a  rédigé  son  mémoire.  Les 
genres  et  espèces  qui  suivent  y  sont  étudiés  avec  beaucoup  de  soin,  et  très- 
longuement  pour  la  plupart.  Plusieurs  sont  seulement  mentionnés  :  Venti- 
lago  leiocarpa  Boni  h.  Fl.  Hongk .  ;  Paliurus  Aubletia  B.  et  Sch.  ;  Ziziphus 
vulgarïs  Lam.  (auquel  il  réunit  le  Ziziphus  chinensis  Lam.,  à  titre  de  va¬ 
riété  inermis );  Ziziphus  Jujuba  Lam.;  Microrhamnus  franguloides,  sp.  nov. 
(Japon),  qui,  abstraction  faite  des  caractères  génériques,  ressemble  beaucoup 
au  Rhamnus  crenata  Sieb.  et  Zucc.  ;  Berchemia  racemosa  Sieb.  et  Zucc.; 
B.  lineata  DG.;  B.  ?  sessiliflora  Benth.  FL  Hongk,.;  Rhamnus  arguta ,  sp. 
nov.  ( Eurhamnus  Brong.),  de  la  Ghine  (voisin  du  Rh.  cathartica ,  mais  très- 
remarquable  entre  toutes  les  espèces  connues  par  ses  feuilles  dont  les  serra- 
tures  sont  sélacées);  Rh.  erythroxylon  Pâli.;  Rh.  cathartica  L. ,  offrant  plu¬ 
sieurs  variétés  :  a  t  y  pic  a ,  (3  intermedia ,  y  daurica  (Rh.  daurica  Pall.  ) . 
En  réduisant  au  rang  de  variétés  certaines  espèces  de  Rhamnus  considérées 
avant  lui  comme  distinctes,  l’auteur  fait  remarquer  qu’il  a  fréquemment 
observé  dans  l’Asie  orientale  des  déviations  notables  chez  certains  types 
offrant  ailleurs  des  caractères  constants.  Ainsi  le  Lonicera  chrysantha  passe 
au  L.  Xylosteum  sur  les  côtes  de  la  Mandchourie  ;  Y Evonymus  Maaka,  très- 
différent  de  Y E.  europœus  dans  la  partie  occidentale  de  sa  distribution  géo¬ 
graphique,  lui  redevient  très-semblable  vers  l’embouchure  du  fleuve  Amur,  etc. 


(1)  Le  dernier  travail  de  M.  Maximowicz  qui  soit  parvenu  à  la  connaissance  de  la 
Société  a  été  analysé  dans  la  Revue  bibliographique ,  t.  vi,  p.  309.  Nous  sommes  re¬ 
connaissants  à  notre  confrère,  M.  Franchet,  de  nous  faire  connaître  les  publications  ulté¬ 
rieures  du  botaniste  qui  explore  avec  tant  de  succès  l’Asie  orientale  et  le  Japon. 

(revue)  4 


T.  XV  Ht. 


50 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Poursuivant  son  énumération,  M.  Maximowicz  cite  :  Rhamnus  japonica 
Maxim.  (/?.  globosa  Sieb.  et  Zucc.  non  Bunge)  avec  deux  variétés,  «  genuina, 
P  decipiens;  Rh.  virgata  Roxb.  avec  deux  variétés,  a  sylvestris ,  p  aprica  ; 
Rh.  parviflora  Bunge;  Rh.  costata,  sp.  nov.  (Japon),  qui  joint  au  port  du 
Rh.  alpina  les  graines  du  Rh.  cathartica;  Rh.  crenata  Sieb.  et  Zucc.;  Ilove- 
nia  dulcis  Thunb.  ;  Sageretia  theezans  Ad.  Br. 

Le  mémoire  est  écrit  tout  entier  en  latin.  La  planche  donne  les  figures  d’un 
rameau  en  fleur  (femelle)  du  Rhamnus  arguta ,  ainsi  que  l’anatomie  des 
fleurs  et  des  fruits  des  Microrhamnus  franguloides ,  Rhamnus  cathartica 
var.  daurica ,  Rh.  japonica ,  Rh.  virgata ,  Rh.  parut' folia,  Rh.  costata  et 
Rh.  crenata. 


Rcvisio  ïlydrangcaruni  Asiæ  oricufalis;  scripsit  G. -J.  Maxi¬ 
mowicz,  socius  Academiæ,  cum  3  labulis.  —  Lu  le  15  novembre  1866. 
— -  Extrait  des  Mémoires  de  R  Acad.  lmp.  des  sciences  de  Saint-Péters¬ 
bourg ,  7e  série,  t.  x,  n°  16  et  dernier. 


L'auteur  entend  la  tribu  des  Hydrangées  dans  son  sens  le  plus  large  et  telle 
qu’on  la  comprend  aujourd’hui,  c’est-à-dire  en  y  réunissant  les  Philadelphées. 
Bien  que  la  plupart  des  plantes  appartenant  à  cette  tribu  aient  été  longuement 
décrites  et  habilement  figurées  par  Siebold  et  Zuccarini  dans  le  Flora  japo¬ 
nica,  chacun  sait  quelles  difficultés  on  éprouve  lorsqu'on  veut  saisir  le  carac¬ 
tère  distinctif  de  la  plupart  d’entre  elles,  les  Hydrangea ,  par  exemple,  les 
Deutzia ,  etc.  Durant  son  séjour  au  Japon,  M.  Maximowicz  a  pu  étudier  ces 
plantes  sur  le  vif,  et  c’est  le  résumé  de  ses  observations  qu’il  vient  aujourd’hui 
offrir  aux  botanistes. 

Son  mémoire  concerne  les  plantes  suivantes  :  Dichroa  febrifuga  Lour.  ; 
Deinanthe ,  genre  nouveau  différant  du  Cardiandra  par  la  structure  des 
anthères,  les  styles  soudés  en  colonne,  l’ovaire  pentamère,  etc.;  du  Platg - 
crater  par  son  fruit  à  cinq  loges,  sa  préfloraison  quinconciale,  etc.  [D.  bifida , 
espèce  rare  et  qu’on  n’a  observée  jusqu’ici  que  dans  les  lieux  les  plus  ombragés 
de  Kiousiou  et  de  Nippon); — Cardiandra  alterni folia  Sieb.  et  Zucc.  —  Pla - 
tycrater  arguta  Sieb.  et  Zucc.,  dont  la  variété  hortensis  est  plus  grêle  et  plus 
petite  que  le  type  sauvage,  contrairement  à  ce  qui  arrive  ordinairement. 

Le  genre  Hydrangea  a  été  profondément  remanié  par  M.  Maximowicz,  en 
ce  qui  concerne  les  espèces  chinoises  et  japonaises.  Il  divise  ce  genre  en  deux 
sections  ;  Euhydrangea ,  dont  les  pétales  sont  libres,  et  Calyptranthe ,  pré¬ 
sentant  des  pétales  réunis  au  sommet  en  forme  de  coiffe.  Les  Euhydrangea 
constituent  eux-mêmes  deux  séries,  selon  que  les  pétales  persistent  et  sont 
réfléchis  après  la  déhiscence  des  anthères  ( Pctalantheœ ),  ou  que  les  pétales 
tombent  avant  la  déhiscence  [Piptopetaleœ);  dans  cette  2e  série,  les  graines 
sont  toujours  ailées  aux  deux  bouts. 

La  lre  série  n’est  composée  en  Chine  et  au  Japon  que  des  H.  hirta  Sieb. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


51 

et  Zucc.,  H.  virens  Sieb.,  et  //.  chinemis ,  nov.  sp. ,  qui  se  distingue  du 
précédent  à  ses  sépales  rayonnants  plus  petits,  épais  et  persistants,  à  ses 
feuilles  vertes  des  deux  côlés,  aux  styles  plus  courts,  dressés  pendant  l’anthèse. 
La  2e  série  comprend  six  espèces  :  H.  paniculata  Sieb. ,  avec  les  variétés 
(3  hortensis  et  y  minar;  —  H,  vestita  Wall.,  et  une  variété  pubesceyis  {— H . 
pubescens  Decaisne); — H.  involucrata  Sieb.  et  Zucc.; — H.  hortensis  DG., 
auquel  M.  Maximowicz  réunit,  à  titre  de  variétés,  les  espèces  suivantes: 
H.  Azizai  Sieb.;  H.  Otahsa  Sieb.  et  Zucc.;  H.  japonica  Sieb.;  H.  Belzonii 
Sieb.  et  Zucc.;  H.  acuminata  Sieb.  et  Zucc.,  et  sa  variété  Buergeri  Sieb.  et 
Zucc.  ;  H.  Sitsisan  Sieb.  Pour  opérer  ces  réductions,  l’auteur  s’appuie  sur 
l’impossibilité  où  l’on  est  souvent  d’appliquer  les  noms  et  les  belles  figures  du 
Flora  japonica.  Siebold  n’avait  eu  à  sa  disposition  qu'un  très-petit  nombre 
d’individus  de  la  plupart  de  ses  types.  De  là  une  grande  tendance  à  multiplier 
les  espèces.  M.  Maximowicz,  au  contraire,  ayant  été  à  même  de  voir  beau¬ 
coup  de  spécimens  de  ces  prétendues  espèces,  a  constaté  leur  extrême  varia¬ 
bilité  et  le  passage  fréquent  d’un  type  à  un  autre.  Cette  lre  section  renferme 
encore  les  H.  Thunbergii  Sieb.  ;  H.  Lobbii,  nov.  sp. ,  de  Java,  très-voisin 
de  VH.  hortensis ,  mais  suffisamment  distinct  par  ses  feuilles  étroites  et  ses 
sépales  onguiculés.  La  2e*  section  n’est  constituée  que  par  VH.  scandens, 
auquel  sont  rapportés  en  variétés  les  //.  c or di folia,  petiolaris  et  bracteata. 

L’auteur  poursuit  l’énumération  des  genres  :  Schizophragma  hydran- 
gcoides  Sieb.  et  Zucc.  —  Pileostegia  viburnoides  Hook.  var.  parviflora.  Il 
s’étend  ensuite  très-longuement  sur  l’histoire  et  la  description  des  Deutzia 
qu’il  divise  en  espèces  à  préfloraison  indupliquée  valvaire  et  en  espèces  à 
préfloraison  quinconciale. 

La  première  série  comprend  :  Deutzia  scabra  Thunb.,  espèce  demeurée 
longtemps  inconnue  et  retrouvée  seulement  dans  ces  derniers  temps  ;  une  note 
insérée  en  Addenda  apprend  qu’il  faut  réunir  à  cette  espèce  le  D .  crenata 
Sieb.  et  Zucc.  ;  —  D.  Siebold iana  Maxim.  (=  D.  scabra  Sieb.  et  Zucc.  non 
Thunb.)  —  D.  gracilis  Sieb.  et  Zucc.;  —  D.  staminea  R.  Br.,  auquel 
l’auteur  réunit  en  variété  (3  Brunoniona ,  le  D.  Brunoniana  II.  Br.  —  D.  ma- 
cranthaU ook.  et  Thomps.  —  D.  grandiftora  Bunge. 

La  deuxième  série  ne  renferme  que  les  D.  corymbosa  R.  Br.  et  D .  parvi¬ 
flora  Bunge. 

Genre  Philadelphus.  M.  Maximowicz  est  porté  à  réduire  singulièrement 
les  espèces  de  ce  genre,  puisqu’il  n’en  admet  plus  que  deux  croissant  dans 
l’extrême  Asie.  Ce  sont  :  Pb,  coronarius  L.  (avec  les  P  h.  tenuifolius  Rup.  et 
Maxim.,  Saizumi  Sieb.  et  Paxton,  tomentosus  Wall.,  Pekinensis  Rup.,  lati- 
folius  Schr.,  floribundus  Schrad. ,  rapportés  en  simples  variétés)  et  Ph.gran- 
diflorus  Wilkl.,  bien  distinct  des  précédents  par  ses  fleurs  inodores,  ses  grappes 
paucitlores,  ses  stigmates  au  moins  deux  fois  plus  épais  et  plus  longs  que  les 
anthères. 


52 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Ritododcsidrcæ  Asiæ  oriental is,  scripsit  tabulisque  U  lapidi  inci- 

sis  illustravit  C.-J.  Maximowicz,  socins  Academiæ.  —  Lu  le  30  juin  1870. 

—  Extrait  des  Mémoires  de  i Acad.  Imp.  des  sciences  clc  Saint-Péters¬ 
bourg,  7U  série,  f.  xvï,  n°  9. 

Dans  ce  mémoire,  écrit  en  latin,  l’auteur  admet  les  tribus  de  la  famille  des 
Éricacées  telles  qu’elles  sont  entendues  dans  le  Prodromus ;  mais  il  croit 
devoir  changer  le  nom  de  la  quatrième,  emprunté  au  genre  Rhodora ,  parce 
que  ce  genre  ne  contient  qu’une  espèce  constituant  seulement  une  anomalie 
dans  le  vaste  genre  Rhododendron.  Conséquemment  il  nomme  celte  quatrième 
tribu  Rhododendreœ ,  et  propose  une  nouvelle  disposition  des  genres  qui  la 
composent.  îl  la  divise  en  Phyllodoceœ  et  en  Eurhododendreœ ,  la  première 
sous-tribu  renfermant  neuf  genres,  dont  trois  appartiennent  à  la  flore  de 
l’Asie  orientale  :  1°  Rryanthus,  qu’il  considère  comme  réellement  distinct 
du  Phyllodoce ,  malgré  l’opinion  contraire  de  M.  Asa  Gray:  R.  Gmelini 
Don;  2°  Phyllodoce  :  Ph.  taxi  folia  Saiisb.  et  Ph.  Pallasiana  Don;  3°  Loi- 
seleuria  :  L.  procumbens  Desv. 

La  deuxième  sons-tribu,  Eurhododendreœ ,  renferme  cinq  genres  dont  qua¬ 
tre  sont  représentés  dans  l’Asie  orientale,  savoir  :  G.  1.  Menziezia  avec  six 
espèces  :  M.  ferruginea  Sm.  ;  M.  pentandra  Maxim.;  M.  ciliicalyx  Maxim. 
(=  Andromeda  ciliicalyx  Miq  );  M.  multiflora ,  n.  sp. ,  ressemblant  beau¬ 
coup  au  précédent,  mais  offrant  des  feuilles  plus  pâles,  plus  velues  en 
dessous;  M.  pur  pur  ea  Maxim.  —  G.  2.  Tsusiophyllum  nov.  gen.,  très- 
voisin  des  Rhododendron ,  mais  en  différant  nettement  par  sa  corolle  régu¬ 
lière,  ses  anthères  s’ouvrant  longitudinalement  et  son  ovaire  triloculaire.  Ces 
deux  derniers  caractères  le  séparent  également  du  Menziezia.  Il  s’éloigne  de 
tous  deux  par  ses  écailles  libres  jusqu’à  la  base.  Ce  genre  n’est  connu  jusqu’ici 
que  par  une  seule  espèce,  T.  Tanakœ ,  des  montagnes  de  Hakone  dans  f  ile 
de  Nippon.  L’échantillon  unique  de  celte  plante  a  été  communiqué  à  M.  Maxi- 
mowicz  par  M.  Cosson,  qui  l’avait  reçu  des  botanistes  japonais  Tanaka  et 
Ykutschima  (1). —  G.  3.  Rhododendron.  L’auteur  établit  dans  ce  genre  deux 
grandes  divisions  selon  que  l’inflorescence  est  terminale  ( Rhododendra  apici- 
flora)  ou  bien  latérale  ( Rhododendra  lateriflora).  La  première  comprend 
quatre  sections.  Dans  les  trois  premières,  Osmothamnus ,  Eurhododendron 
et  Azalea,  les  jeunes  pousses  naissent  de  bourgeons  propres;  dans  la  qua¬ 
trième,  Tsusia ,  les  jeunes  pousses  procèdent  du  même  bourgeon  que  les 
fleurs. 

La  deuxième  division,  Rhododendra  lateriflora ,  se  compose  des  sections 

(l)  Notre  confrère,  M.  le  docteur  Savatier,  qui  depuis  cinq  ans  explore  le  Japon  avec 
beaucoup  de  succès,  a  retrouvé,  en  août  1871,  un  nouveau  spécimen  de  cette  rare  es¬ 
pèce,  dans  la  môme  chaîne  de  Hakone. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


53 


5.  Keysia ,  6.  Rhododastrum ,  7.  Azaleastrum ,  et  enfin  d’une  8e,  Therorrho- 
dion ,  réservée  pour  quelques  espèces  anomales  correspondant  au  Chamœ- 
cistus  Don.  Les  Rhododendron  sont  fort  répandus  dans  l’extrême  Asie,  où 
l’on  en  connaît  trente-une  espèces,  que  l’auteur  décrit  avec  soin.  Ce  sont  : 
7?//.  fragrans  Maxim.  ( Azalea  fragrans  Adams);  Rh .  parvi  folium  Adams; 
Rh.  macranthum  Turcz.  ;  Rh.  chrysanthum  Pall.  ;  Rh.  Fortunei  Lindl.  ; 
Rh.  Metternichii  Sieb.  etZucc.;  Rh.  brachy  car  pian  Don;  Rh.  Keiskei  Miq.  ; 
Rh.  Farrerœ  Taie;  Rh.  Weyrichii ,  nov.  sp. ,  du  Japon,  caractérisé  par  des 
rameaux  épais,  des  feuilles  subopposées  au  sommet  des  rameaux  et  longue¬ 
ment  pétiolées,  des  bourgeons  très -gros,  velus -tomenteux  sur  le  dos; 
Rh.  rhornbicum  Miq.;  Rh.  dilatatum  Miq.;  Rh.  sinense  Sweet;  Rh.  Schlip- 
penbachii  Maxim.;  Rh.  Albrechtii  Maxim.;  Rh.  macrosepalurn  Maxim.; 
Rh.  Championœ  lïook.  ;  Rh.  Seniavini ,  nov.  sp.,  de  la  Chine  australe, 
distinct  du  précédent  par  sa  pubescence  épaisse,  non  glanduleuse,  son  calice 
très-court,  ses  fleurs  trois  fois  plus  petites ,  ses  cinq  étamines  exsertes; 
Rh.  Oldhami ,  nov.  sp.,  de  Formose,  espèce  comparable  seulement  au 
Rh.  ledi folium  Don,  mais  suffisamment  distincte  par  sa  pubescence  formée 
de  longues  soies  molles  mélangées  de  poils  courts,  glanduleux,  très-épais, 
par  ses  rameaux  grêles,  allongés,  feuilles,  et  enfin  par  ses  feuilles  largement 
ovales- elliptiques;  Rh.  lineari folium  Sieb.  et  Zucc.  ,  Rh.  sublanceolalum 
Miq.;  Rh.  ledi  folium  Don;  RL  indicum  Sweet  (M.  Maximowicz  réunit  sous 
ce  nom  onze  espèces  proposées  comme  distinctes  par  divers  auteurs,  ses 
études  sur  de  nombreux  spécimens  spontanés  l’ayant  amené  à  opérer  cette 
réunion,  la  plupart  des  espèces  proposées  ne  constituant  à  ses  yeux  que  des 
formes  horticoles  ou  des  hybrides);  Rh.  macrostemmon ,  nov.  sp.,  du  Japon, 
plante  assez  voisine  de  l’espèce  suivante,  mais  très-feuillée  et  olifant  des  corolles 
du  double  plus  grandes,  Heurs  pédonculées,  étamines  très-longuement  exsertes; 
Rh.  serpylli folium  A.  Gray;  Rh.  Tschonoskii  Maxim.  ;  Rh.  dauricum  L.  ; 
Rh.  Redowskianum  Maxim. 

L’auteur  termine  par  la  citation  de  deux  espèces  douteuses  :  Rh.  scabrum 
Don  et  Rh.  vittatum  Planch.,  ainsi  que  d’une  troisième  qu’il  faudra  proba¬ 
blement  exclure  du  genre,  Rh.  Loureiroanum  Don. 

Le  quatrième  genre  est  le  Ledum  représenté  par  une  seule  espèce  :  L.  pa¬ 
lustre  ,  offrant  trois  variétés:  a  decumbens ,  6  vulgare  Led. ,  y  dilatatum 
Vahl. 

Les  espèces  figurées  sont  les  suivantes  :  Menziezia  ciliicalyx ,  M.  mul- 
tiflora,  M.  purpurea;  Tsusiophyllum  Tanakœ ;  Rhododendron  Weyrichii , 
Schlippenbachii,  Albrechti ,  Redowskianum ,  Tschonoskii ,  Macrostemmon , 
Seniavini ,  micranthum ,  Keiskei,  serpyllifolium. 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


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Diagnoses  brèves  plantarum  novariim  Japon iæ  et  Maiicl- 
slmriæ;  scripsit  G. -J.  Maximowicz.  —  Decas  I-X.  —  Extrait  du  Bul¬ 
letin  de  V Académie  Impériale  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg ,  mé¬ 
langes  biologiques,  1866-1871. 

L’herbier  du  Jardin  des  plantes  de  Saint-Pétersbourg  renferme  à  peu  près 
la  totalité  des  plantes  signalées  dans  l’Asie  orientale  et  au  Japon;  les  collec¬ 
tions  du  Musée  de  Leyde,  si  riches  en  plantes  de  ce  dernier  pays,  ne  sauraient 
même  lui  être  comparées  à  cet  égard.  M.  Maximowicz,  qui  a  exploré  durant 
plusieurs  années  la  région  du  fleuve  Amur  et  le  Japon,  et  qui  prépare  une 
flore  de  cette  contrée,  en  publie  depuis  cinq  ans  les  espèces  nouvelles.  C'est  de 
cet  important  travail  que  nous  essaierons  de  tracer  ici  l’esquisse. 

Decas  I.  —  Idesia  nov.  gen.  (Flacourlianées),  rapproché  du  g.  Bennetia 
Miq.  dans  le  Généra  de  MM.  Bentham  et  Hooker,  auquel  nous  reuvovons 
pour  la  description.  Une  seule  espèce,  1.  polycorpa  Maxim.,  du  Japon.  — 
Disanthus,  gen.  nov.  (Hamamélidées),  ainsi  nommé  à  cause  de  ses  fleurs  dis¬ 
posées  en  capitules  biflores  :  D.  cercidifolia  Maxim. ,  du  Japon.  —  Liqui- 
dambar  aceri folia,  sp.  nov.,  du  Japon,  curieuse  espèce,  assez  voisine  des 
Altingia  par  ses  graines,  mais  s’en  éloignant  par  ses  styles  persistants. —  Abies 
holophylla ,  nov.  sp.,  de  la  Mandchourie.  —  A.  brachyphylla,  nov.  sp. ,  du 
Japon;  ces  deux  plantes  sont  décrites  dans  le  Prodromus.  —  A.  Nephrolepis , 
nov.  sp. ,  de  la  Mandchourie,  assez  rapproché  de  VA.  sibirica.  —  A.  bicolor , 
du  Japon,  qui  doit  se  placer  dans  le  voisinage  des  A.polita  et  obovata. — Cha- 
mœcyparis  breviramea ,  sp.  nov.,  du  Japon,  qui  se  distingue  du  Ch.  obtusa , 
par  ses  feuilles  vertes,  ses  strobiles  deux  fois  plus  petits  et  la  brièveté  de  ses 
rameaux.  —  C hamœcyparis pendula,  sp.  nov.,  du  Japon,  assez  semblable  au 
précédent,  mais  remarquable  par  ses  rameaux  grêles,  pendants.  —  Thuja 
japonica,  nov.  sp.  ;  diffère  du  Th.  Menziezii  Dougl.  par  les  écailles  du  stro- 
bile  obovales,  des  feuilles  toutes  obtuses.  Le  Th.  gigantea  Nutt.  a  les  strobiles 
dressés,  deux  fois  plus  gros.  (Mélanges  biologiques  tirés  du  Bulletin  de 
V Académie  Impériale  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg,  i.  x,  p.  485-490, 
24  mai  /  5  juin  1866.) 

Decas  II.  —  Lychnis  laciniata ,  nov.  sp.,  assez  voisin  du  L.  Bungeana , 
mais  glabre  sur  les  pédoncules,  et  avec  le  tube  du  calice  très-étroit.  Cette 
plante  offre  deux  variétés  :  a  mandshurica  et  [3  japonica.  —  Stuartia  Pseudo- 
camellia  nov.  sp.,  Japon,  diffère  du  S.  malacodendron  par  ses  sépales  très- 
velus. —  Stuartia  serrata ,  nov.  sp. ,  du  Japon,  sépales  glabres  comme  dans 
5.  malacodendron,  mais  très-inégaux  entre  eux.  —  Sabia  japonica,  nov.  sp. , 
très  rapproché  du  S.  leptandra  Hook.  et  Thomps. —  Parnassia  ISummularia 
nov.  sp. ,  du  Japon  ;  ses  tiges  à  quatre  ailes,  ses  feuilles  coriaces,  ses  stigmates 
subsessiles  ne  permettent  pas  de  le  confondre  avec  le  P.  foliosa  Ilook. —  Mi- 
tella  Japonica,  nov.  sp.  ;  ses  stigmates  presque  entiers  ainsi  que  ses  feuilles 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  55 

distinctement  trilobées  le  séparent  du  M.  pentandra  Hook.,  auquel  il  res¬ 
semble  beaucoup.  —  Sanicula  tuberculata,  nov.  sp. ,  delà  Corée,  dont  le  tube 
cal  ici  nal  est  couvert  de  tubercules  mu  tiques  vers  le  bas  et  mucronés  dans  le 
voisinage  du  limbe.  —  Epigœa  asiatica ,  nov.  sp.  .  du  Japon,  plus  robuste 
que  VE.  repens,  mais  à  corolle  à  peine  plus  longue  que  le  calice.  —  Men- 
ziezici  purpurea ,  nov.  sp.,  du  Japon,  belle  espèce  à  grandes  fleurs  pourpres, 
longues  d’un  demi-pouce.  —  M.  pentandra,  nov.  sp.,  du  Japon,  remar¬ 
quable  par  la  répétition  constante  du  nombre  cinq  dans  toutes  les  parties  con¬ 
stituant  ses  organes  floraux  ;  port  du  M.  ferruginea  Sm.  {Loc.  cit. ,  t.  xi, 
p.  429-ZCi2;  — 17/29 janvier  1867.) 

Decas  III.  —  Tripetaleca  bracteata ,  sp.  nov.  (Japon),  que  ses  grappes 
simples,  ses  sépales  lancéolés,  ne  permettent  pas  de  confondre  avec  le  T.  panicu - 
lata  Sieb.  el  Zucc. —  Chimaphila  astyla  (Mandchourie  et  Japon),  remarquable 
par  son  stigmate  sessile  et  ses  sépales  érodés  sur  les  bords.  —  Tricyrtis  flava 
sp.  nov.  (Japon),  à  fleurs  jaunes  non  ponctuées.  —  T.  lati folia,  sp.  nov., 
style  blanc  non  ponctué,  divisions  du  périgone  dressées;  ces  deux  caractères 
le  séparent  nettement  du  T.  macropoda.  —  Chionographis ,  nov.  gen.  (Mé- 
lanthacées);  l’absence  de  bractées  et  l’irrégularité  du  périgone  en  font  un 
genre  très-anomal  dans  la  famille:  une  seule  espèce,  Ch.  japonica  Maxim., 
auquel  il  faut  probablement  rapporter  en  synonyme  le  Melanthium  luieum 
Thunb. —  Helionopsis  breviscapa,  sp.  nov.  (Japon),  qui  se  distingue  facile¬ 
ment  de  VH.  pauciftora  A.  Gray  par  ses  graines  oblongues,  longuement  ap- 
pendiculées  à  chaque  extrémité.  —  Tofieldia  japonica,  sp.  nov.,  dont  les 
divisions  externes  du  périgone  sont  trinerviées  et  non  point  uninerviées 
comme  chez  les  T.  cernua  Sm.  et  nutans  Willd.  —  Met  anarthecium,  nov. 
gen.  (Melanthaceæ)  ;  remarquable  par  sa  capsule  entourée  par  le  périgone 
persistant;  une  seule  espèce  :  il/,  luteo-viride,  répandue  dans  tout  le  Japon.— 
Narthecium  asiaticum,  sp.  nov.,  différant  du  N.  ossifragum  par  ses  feuilles 
9-U-nerviées,  et  du  N.  americanurn  Gavvl.  par  sa  grappe  fructifère  lâche. 
(Loc.  cit.,  t.  xt,  pp.  h 33-439;  —  31  janvier  / 12  février  1867.) 

Decas  IV  et  V.  —  Coptis  quinque  folia,  nov.  sp.  (Japon);  le  nombre  des 
folioles  ne  permet  pas  de  le  confondre  avec  le  C.  trifolia.  — Coptis  orientalis, 
sp.  nov.  (Japon),  facilement  distinct  du  C.  anemone folia  par  ses  fleurs  ion 
gueuient  pédonculées.  —  Achlys  japonica,  nov.  sp. ,  à  foliole  terminale  seule¬ 
ment  légèrement  trilobée.  —  Oxalis  obtriangulata  (Mandchourie),  voisin  des 
O.  acetosella  et  O.  oregana,  mais  folioles  longues  de  deux  pouces.  —  Ilype- 
ricum  electrocarpum ,  nov.  sp.  (Japon)  ;  par  ses  feuilles  perfoliées  glabres, 
celte  espèce  n’a  de  rapports  qu’avec  les  H.  Naudinianum  Coss.  DR.,  et 
perfoliatum  Ledeb.  —  Meliosma  tenais  Miquel  (Japon),  rhoifolia  Miq. 
(Formose)  et  Oldhami  Miq.  (Corée).  Ces  trois  espèces  sont  décrites  dans  le 
Prolusio.  —  Panax  repens .  Cette  espèce  remplace  au  Japon  le  fameux  P. 
Ginseng  de  la  Chine.  A  son  sujet,  M.  Maximowicz  donne  d’intéressants  détaiis 


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SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

comparatifs  sur  les  différentes  racines  attribuées  au  Ginseng.  Il  maintient 
qu’il  est  fort  possible  de  rapporter,  à  la  seule  inspection  de  la  racine,  chaque 
échantillon  à  son  vrai  type.  Ainsi  le  P.  quinquefoUum  L.  a  la  racine  simple¬ 
ment  fourchue;  le  P.  repens  offre  un  rhizome  horizontal,  flexueux,  articulé, 
fibrilleux  ;  la  racine  du  vrai  P.  Ginseng  est  allongée,  fusiforme,  palmée  au 
sommet.  Enfin  le  P.  Pseudoginseng  présente  une  grosse  racine  fasciculée,  à 
nombreuses  fibres  napiformes.  —  Pcitrinia  palmata  (Japon)  ;  corolle  épe- 
ronnée,  feuilles  palmées  quinquéfides. —  Patrinia  gibbosa,  nov.  sp.  (Japon), 
voisin  du  précédent,  mais  sa  corolle  est  seulement  un  peu  gibbeuse  et  ses 
feuilles  suborbiculaires  et  non  ovales  dans  leur  pourtour.  Ces  deux  espèces 
appartiennent  à  la  section  Centrotinia.  —  Carnpanumæa  japonica ,  sp.  nov., 
du  double  plus  grand  dans  toutes  ses  parties  que  le  C.  jamnica  et  à  pédon¬ 
cules  beaucoup  plus  courts.  —  Primula  macrocarpa ,  sp.  nov.  (Japon),  dont 
la  forme  rappelle  certaines  espèces  des  Alpes  de  l’Europe  centrale,,  telles  que 
P.  Floerkeana  ou  mini  ma. — Lgsimachia  Fortunei,  sp.  nov.  (Japon),  à  feuilles 
très-entières  et  non  finement  denticulées  comme  celles  du  Z.  clethroides.  — 
/,,  cicroadenio ,  sp.  nov.  (Japon),  dont  les  étamines  égalent  la  corolle,  ce  qui 
ne  permet  pas  de  le  confondre  avec  L.  multiflora. — Schizocodon  ilicifolius, 
sp.  nov.  (Japon),  ressemblant  assez  au  S.  soldanelloides ,  mais  dont  le  scape 
est  plus  court  que  les  feuilles.  —  S.  uniflorus ,  sp.  nov.  (Japon),  différant  du 
précédent  par  son  scape  unifloreet  ses  bractées  ovales-acuminées.  —  Linderu 
hypoglauca,  sp.  nov.  (Japon),  comparable  seulement  au  L.  Benzoinei  glauca 
Bl. ,  mais  distinct  du  premier  par  sa  floraison  plus  précoce,  ses  ombelles  sub- 
sessiles;  le  L.  glauca  a  les  feuilles  deux  fois  plus  grandes,  plus  brièvement 
pétiolées,  etc.  —  Lindera  membranacea ,  sp.  nov.,  du  Japon,  qui  n’offre  de 
l’analogie  qu’avec  le  L.  umbellata ,  dont  les  feuilles  sont  plus  étroites,  les 
ombelles  plus  longuement  pédonculées,  etc.  — Najas  serristipula ,  sp.  nov., 
du  Japon,  assez  semblable  au  N.  alaganensis  Poli.,  dont  il  est  du  reste  nette¬ 
ment  séparé  par  ses  grandes  stipules  serrulées.  ( Loc .  cit. t.  xii,  pp.  60-73;  — 
2/1 A  mai  1867.) 

Decas  YI. —  Acer  capillipes,  sp.  nov.  (du  Japon),  appartient  à  la  série  des 
A.  pennsylvanicum  et  rufinerve ,  tout  en  restant  distinct  par  ses  fleurs 
très  -  longuement  pédonculées.  —  A.  circurnlobatum ,  sp.  nov.  (du  Japon), 
comparable  au  seul  A.  glabrurri  Torr. ,  mais  velu  et  feuilles  à  9-11  lobes. 
—  A.  argutum ,  sp.  nov.  (du  Japon),  également  voisin  de  VA.  glabrum  et 
offrant  comme  lui  des  feuilles  souvent  à  cinq  lobes,  mais  velu  dans  toutes 
ses  parties,  les  ailes  des  fruits  au  moins  doubles  de  la  loge.  —  A.  harbi- 
neroum ,  sp.  nov.  (Mandchourie);  c’est  encore  de  VA.  glabrum  qu’il  faut  rap¬ 
procher  cette  espèce,  bien  distincte  du  reste  par  les  grosses  dentelures  sou¬ 
vent  surdentées  des  feuilles.  —  A.  nikoense,  sp.  nov.  (Japon),  singulière 
espèce  dioïque,  à  feuilles  ternées;  les  ombelles  sont  terminales  et  naissent  en 
même  temps  que  les  feuilles.  Le  Negundo  nikoense  Miq.  a  été  établi  sur  un 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE, 


0/ 

spécimen  stérile  de  cette  espèce. —  A.  mandshuricum ,  sp.  nov.,  remarquable 
surtout  par  ses  samares  à  loges  biloculaires.  Les  feuilles  sont  ternées. —  Vale - 
riana  flaccidissima ,  sp.  nov.  (Japon),  tolonifère,  fleurs  très-petites  à  éta¬ 
mines  incluses,  caractères  ne  permettant  pas  de  le  confondre  avec  les  V.  Hard- 
wiekii  et  tripteris ,  dont  il  est  voisin.  —  Abies  (  Tsuga )  diversi folia,  sp.  nov. 
(Japon),  intermédiaire  entre  les  A.  Tsuga  et  A.  canadensis.  — Juniperus 
mpponica,  sp.  nov.  (Japon),  assez  semblable  au  J.  nana ,  mais  les  feuilles 
sont  marquées  d’un  sillon  profond  en  dessous  et  les  galbules  non  tuberculeux 
au  sommet.  —  Juniperus  littoralis ,  sp.  nov. ,  très-répandu  au  Japon;  se 
distingue  du  J.  rigida  par  son  port,  ses  galbules  plus  gros  très-glauques,  la 
forme  des  graines,  etc.  (Loc.  cit . ,  t.  xii,  p.  225-231;  —  12/24  sept.  1867.) 

Decas  VII.  — Melandryum  Olgœ  (Mandchourie).  Inflorescence  pluriflore, 
ce  qui  le  différencie  du  M.  cuneifolium  Royle;  calice  non  renflé  comme  dans 
les  M.  nutans  et  fimbriatus ,  dont  il  est  voisin. —  Aster  rugulosus ,  sp.  nov. 
(Japon),  se  place  à  côté  de  VA.  ptarmicoides  Torr.  et  Gray,  dont  il  se 
sépare  par  ses  feuilles  uninerviées,  munies  de  quelques  dents.  —  Rhododen¬ 
dron  Schlippenbachii,  sp.  nov.  (Aza/ea)  (Corée  et  Mandchourie),  belle  espèce 
voisine  du  Rh.  sinense,  mais  offrant  dix  étamines  et  une  corolle  blanche 
teintée  de  lilas  à  tube  très-court. —  Rh.  Albrechti ,  sp.  nov.  ( Azalea ),  Ja¬ 
pon;  arbrisseau  plus  grêle  et  plus  élevé  que  le  précédent,  dont  il  est  voisin; 
corolle  plus  petite  rouge.  —  Rh.  macrosepalum ,  sp.  nov.  (Japon),  curieuse 
espèce,  joignant  au  port  des  Azalea  les  caractères  des  Tsusia;  sa  corolle  est 
bilabiée  comme  celle  du  Rhodora  canadensis.  —  Rh.  semibarbatum,  sp.  nov. 
(Japon),  ressemblant  au  Rh.  ovatum,  mais  s’en  écartant  par  la  pubescence 
qui  recouvre  toutes  ses  parties. —  Rh.  Tschonoskii ,  sp.  nov.  (Japon),  compa¬ 
rable  au  Rh.  serpylli folium  Miq.,  mais  avec  des  feuilles  elliptiques -aiguës  et 
non  oblongues  ou  obovales.  —  Veratrum  stamineum,  sp.  nov.  (Japon),  port 
du  V.  album ,  caractères  du  V.  nigrum ,  s’éloigne  de  tous  les  deux  par  ses  éta¬ 
mines  exsertes.  —  Ly copodium  cryptomer inum  sp.  nov.  (Japon);  le  faciès 
et  les  caractères  rapprochent  cette  espèce  du  L.  setaceum  Hamiit.;  sa  taille  et 
ses  anthéridies  sont  celles  du  L.  subuli  folium. — Aspidium  craspedosorum , 
sp.  nov.  (Japon).  Voisin  de  VA,  mucronatum  Sw.  par  la  nature  de  son  indu- 
sium,  de  VA,  Lachenensis  par  ses  dimensions,  de  VA.  auriculatum  par  la 
forme  de  sa  fronde,  remarquable  entre  tous  par  son  grand  indusium  persis¬ 
tant.  {Loc.  cit.,  t.  xv,  pp.  225-231; — 5/17  mai  1870.) 

Decas  VIII.  —  Triosteum  sinuatum ,  sp.  nov.  (Japon  et  Mandchourie), 
très-ressemblant  au  T.  perfoliatum;  il  s’en  éloigne  par  ses  feuilles  inférieures 
sinuées  et  le  tube  du  calice  prolongé  au-dessus  de  la  drupe  en  cylindre  étroit 
un  peu  plus  court  que  le  limbe.  —  Ligularia  calt hœ folia,  sp.  nov.  (Mand¬ 
chourie),  voisin  du  suivant,  mais  à  feuilles  obtusément  dentées;  les  tiges 
ne  sont  point  feuillées,  comme  celles  du  L.  robusta.  —  L.  clivorum ,  sp. 
nov.  (Japon),  robuste,  à  feuilles  plus  minces  et  bordées  de  dents  plus  aiguës 


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SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

que  le  L.  sibirica. — Macroclinidium,  nov.  gen. ,  intermédiaire  entre  l’Afns- 
liœa  et  le  Pertya ,  différant  du  premier  par  ses  capitules  pluriflores,  son  ai¬ 
grette  à  poils  scabres  et  non  plumeux  ;  du  second  par  son  involucre  cylindrique 
à  écailles  multisériées;  de  tous  les  deux  par  son  réceptacle  glabre.  Ce  genre 
ne  renferme  que  le  M.  robustum,  sp.  nov.  (du  Japon).  —  JSabalus  ochro - 
leucus ,  sp.  nov.  (Mandchourie),  s’éloigne  du  N.  Fraseri  par  sa  tige  angu¬ 
leuse,  ses  capitules  presque  dressés  et  son  inflorescence  en  grappe  paniculée. — 
Nabalus  acerifolius,  sp.  nov.,  petite  espèce  glanduleuse,  pubescente  dans  toutes 
ses  parties. — Eleagnus  Oldhami ,  sp.  nov.  (Formose);  fleurs  solitaires,  feuilles 
obovales-arrondies,  fruit  globuleux.  L’auteur  fait  suivre  la  description  de  cette 
espèce  du  tableau  synoptique  des  douze  espèces  d 'Eleagnus  qui  lui  sont 
connues  et  signale  un  hybride  probable  de  ce  genre  :  E.  glabro  -j-  pungens 
Maxim.,  delNagasaki. —  Podocarpus  cæsia ,  sp.  nov.  (Japon),  remarquable  par 
la  couleur  glauque  bleuâtre  de  ses  feuilles.  —  P.  appressa,  sp.  nov.  (Japon), 
à  feuilles  dressées,  coriaces,  linéaires  presque  concolores.  —  Iris  tectorum 
Maxim.  =  L  cristata  Miq.  [Loc.  cit.,  t.  xv,  pp.  373-381; — 29  septembre/ 
11  octobre  1870.) 

Decas  IX.  —  Phellodendron  japonicum,  sp.  nov.,  facilement  distinct  du 
P.  amurense  Rup.  par  ses  folioles  ovales,  opaques,  tomenteuses  en  dessous. — 
Z anthoxylon  Bungemum ,  sp.  nov.,  cultivé  dans  tout  le  nord  de  la  Chine  à 
cause  de  scs  feuilles  et  de  ses  fruits  qui  servent  de  condiment.  Bunge  l’a  con¬ 
fondu  avec  le  Z.  nitidum ,  dont  il  n’a  point  les  folioles  luisantes.  —  Orixa 
japonica  Thunb.  M.  Maximowicz  pense  qu’il  faut  maintenir  ce  genre,  que 
M.  A.  Gray  rapporte  aux  Evodia ,  et  Miquel  aux  Celastrus. —  Saxifraga  tel- 
limoides,  sp.  nov.,  section  Dactyloides?  (du  Japon),  robuste,  feuilles  peltées 
à  7-9  lobes;  la  capsule  est  à  moitié  incluse  et  les  graines  réticulées.  —  Aster 
spathulifolius,  sp.  nov.,  sect.  Alpigeni  (du  Japon).  Plante  basse,  toute  velue, 
à  grands  capitules  d’un  beau  bleu.  —  Pertya  ovata,  sp.  nov.  (du  Japon), 
espèce  à  feuilles  ovales  alternes  et  dont  les  capitules  terminent  les  rameaux. 
A  propos  de  cette  espèce,  l’auteur  insiste  sur  le  peu  de  différence  qui  sépare  les 
Pertya  Sclmltz  des  Goc/matia,  et  signale  un  cas  assez  singulier  de  dimor¬ 
phisme  qui  se  manifeste  chez  les  Pertya  scandens  et  ovata.  Dans  la  première 
espèce  les  feuilles  sont  fasciculées,  chez  la  seconde  elles  sont  alternes,  mais 
ces  caractères  sont  parfois  intervertis,  sans  qu’on  puisse  encore  donner  une 
explication  satisfaisante  de  ce  fait.  —  Senecio  stenocephalus,  sp.  nov.,  sect. 
Ligularia  (du  Japon).  Belle  espèce  à  fleurs  nombreuses  (jusqu’à  cent)  dis¬ 
posées  en  longue  grappe  étroite;  les  feuilles  sont  dentées,  réniformes,  souvent 
subhaslées. —  Senecio  Oldhamianus ,  sp.  nov.,  sect.  Obœjacoidei  (Chine);  les 
feuilles  ressemblent  à  celles  du  S.  alpinus.  —  Senecio  otophorus ,  sp.  nov., 
sect.  Saracenici  (Japon),  diffère  du  S.  saracenicus  par  ses  pétioles  au riculés  à 
la  base  et  son  aigrette  rousse.  L’auteur  fait  suivre  la  description  de  ces  deux 
espèces  du  tableau  synoptique  des  vingt-six  espèces  de  Senecio  de  l’Asie 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  59 

orientale.  —  Senecillis  Schmidtn ,  sp.  nov.  (Mandchourie)  ;  semblable  au 
S.  glauca,  mais  les  écailles  de  l’involucre  sont  soudées  et  l’aigrette  allongée. 

—  Ellisiophyllum ,  gen.  nov.,  intermédiaire  entre  les  Hydrophyllacées  et  les 
Polémoniacées  ;  distinct  des  premières  par  sa  préfloraison  quinconciale,  son 
ovaire  biloculaire,  son  style  unique;  séparé  des  secondes  par  sa  placentation 
centrale,  son  stigmate  entier.  L 'Ellisiophyllum  reptans  Maxim,  estime  petite 
plante  couchée,  à  feuilles  pinnatipartites,  alternes,  à  petites  fleurs  blanches, 
solitaires,  axillaires.  Elle  croît  au  Japon.  ( Loc .  cit. ,  t.  xvi,  pp.  212-226;  — 
9/21  février  1871.) 

Decas  X.  —  Cercidiphyllum.  L’auteur  décrit  longuement  ce  genre  et  fait 
remarquer  que  ses  graines  sont  ascendantes  et  non  pendantes,  comme  Siebold 
et  Zuccarini  l’ont  écrit  par  erreur.  Jl  signale  deux  espèces  :  C.  japonicum 
Sieb.  et  Zucc.  et  C.  ovale ,  sp.  nov.  (Japon),  qui  diffère  du  précédent  par  ses 
feuilles  obtusément  dentées  et  non  pourvues  de  dents  aiguës.  —  Schizandra 
niyra,  sp.  nov.  (Japon),  que  scs  baies  d’un  noir  bleuâtre  et  ses  graines  toutes 
couvertes  de  petites  verrues  empêchent  de  confondre  avec  toute  autre  espèce. 

—  Zanthoxylon  Arnottianum,  sp.  nov.  (Bonin-Sima),  qui  joint  au  port  du 
Z.  Pterotœh  plupart  des  caractères  des  Z.  piperitum  et  Z .  Bungei . 

M.  Maximowicz  fait  ensuite  l’énumération  des  Rubus  de  l’Asie  orientale  ; 
il  en  compte  trente  espèces  dont  cinq  sont  proposées  comme  nouvelles.  Ce 
sont  :  R.  pectinellus  (Japon),  herbacé,  velu  et  aiguillonné,  remarquable  par 
son  calice  pectiné,  fimbrié,  voisin  du  reste  du  R.  calycinus  Wall.  —  R. 
Grayanus,  nov.  sp.  (Japon)  :  ses  pédoncules  uniflores  et  son  fruit  orangé,  mul  - 
ticarpellé  ne  permettent  de  le  confondre  ni  avec  le  R.  cratœgifolius  Bunge, 
ni  avec  le  R.  incisus  Thunb.  —  R.  peltatus ,  nov.  sp.  (Japon),  curieuse  espèce 
à  feuilles  peltées,  arrondies,  à  3-5  lobes.  —  R.  sorbifolius,  nov.  sp.,  espèce  à 
feuilles  pinnées  et  dont  la  panicule  terminale  est  composée  de  pédoncules  axil¬ 
laires  uni-triflores,  caractères  qui  l’éloignent  des  R.  fraxinifolius  et  rosifolius. 

—  R.  pliœnieolasiusy  nov.  sp.  (du  Japon),  tout  couvert  de  longs  poils  glan¬ 
duleux  rougeâtres,  qui  n’existent  pas  chez  le  R.  idœus,  dont  il  est  voisin. 

L’auteur  décrit  ensuite  les  Asarum,  Smilax  et  Heterosmilax  de  l’Asie  orien¬ 
tale,  en  offrant  ce  travail  comme  un  spécimen  de  la  Flore  du  Japon  qu’il  se 
propose  d’entreprendre.  Après  avoir  exposé  avec  détail  les  caractères  géné¬ 
riques,  il  donne  l’analyse  dichotomique  des  espèces,  dont  il  fait  suivre  la  des¬ 
cription  rédigée  avec  beaucoup  de  netteté.  Il  cite,  quand  il  y  a  lieu,  le  célèbre 
recueil  d 'icônes  Japonais  ayant  pour  titre  :  Ykuma-yu-ssai.  Soo  bokf  dz ’  sets 
dsen  hen ,  c’est-à-dire  :  Essai  d'illustration  des  arbres  et  des  herbes  (1).  Il 


(1)  M.  Maximowicz  a  réuni  quinze  volumes  de  ce  curieux  ouvrage,  dans  lequel  les 
plantes  sont  représentées,  souvent  avec  une  grande  fidélité,  non-seulement  dans  leur 
ensemble,  mais  encore  avec  leurs  caractères  analytiques.  Elles  y  sont  classées  d’après  le 
système  de  Linné,  et  souvent  accompagnées  de  leur  nom  linnéen,  plus  ou  moins  juste¬ 
ment  appliqué  du  reste.  Notre  collègue,  M.  le  docteur  Ludovic  Savatier,  a  réussi  à  sepro- 


60 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

y  propose  une  seule  espèce  comme  nouvelle  :  Asarum  caulesccns,  nov.  sp. 
(Japon),  voisin  de  VA.  hymalaicum,  qui  en  est  distinct  par  sa  tige  toute  radi- 
cante,  sa  feuille  unique,  ses  anthères  à  appendices  subulés.  L’auteur  termine 
son  mémoire  par  la  description  du  Tofieldia  nuda,  sp.  nov.  (Japon),  espèce 
anomale,  à  bractées  nulles  ou  tout  au  moins  très-petites  ;  calycule  monophylle, 
unilatéral. 

L’index  concerne  les  espèces  signalées  dans  les  dix  précédentes  décades.  On 
y  trouve  un  certain  nombre  de  rectifications  synonymiques.  (Loc.  cit.,  t.  xvii, 
pp.  1  2-180;  —  16/28  novembre  1871.) 

O|>liio|iog<tnis  sgiecies  in  herbai’iis  scr- 

vatas  c\po»uit  C.-J.  Maximowicz  (loc.  cit.,  t.  xv,  pp.  83-90;  — 
27  janvier  /  8  février  1870). 

Ce  genre  est  représenté  dans  les  collections  de  Saint-Pétersbourg  par  les 
espèces  suivantes  que  l’auteur  décrit  et  qu’il  partage  en  deux  sections.  Section 
première:  Liriope,  comprenant  O.  spicatus  Gawl.,  qui  offre  trois  variétés  : 
a  Kuntheanus  (==  O.  spicatus  Kunlh),  3  communis  Maxim.,  y  gracilis 
(==  O.  gracilis  Kunth).  La  deuxième  section  Fluggea  se  compose  des  O.  ja- 
buran  Lodd.,  et  O.  japonicus  Gawl.,  dans  lequel  on  peut  distinguer  plusieurs 
variétés  :  a  genuinus ,  (3  umbrosus  Miq. ,  y  intermedius  (  —  O.  inter  médius 
Don),  et  S  Wallichianus  (=  O.  indicus  Rottle). 

M.  Maximowicz  a  cru  devoir  séparer  des  Ophiopogon,  V O.  pallidus  Wall., 
dont  il  fait  un  genre  nouveau  sous  le  nom  de  Theropogon ,  caractérisé  surtout 
par  des  feuilles  annuelles  et  une  capsule  en  baie.  Ce  genre  ne  renferme 
qu’une  seule  espèce,  T.  pallidus  Maxim.,  croissant  dans  l’Inde. 


Kiii  H'aclitfrng  zu  niciüer  «  lUMuSmlcndrea; 

Asiœ  Oric-iitaEis  »  (Supplément  à  mon  mémoire  «  Rhododendreœ 
Asice  Orientales,  par  M.  C.-J.  Maximowicz)  (loc.  cit.,  t.  xvi,  pp.  401- 
413;  —  4/16  mai  1871). 


Dans  celte  note,  l’auteur  étudie  d’abord  le  genre  Tripetaleia  dont  il  expose 
l’histoire  et  les  vicissitudes.  Il  le  décrit  avec  beaucoup  de  soin  et  conclut  en 
le  considérant  comme  un  genre  normal  qu’il  faut  placer  près  des  Rhododen¬ 
dron,  bien  que,  d’autre  part,  il  soit  intimement  lié  avec  le  genre  Flliottia  de 
l’Amérique  boréale.  Les  Tripetaleia  ne  sont  connus  qu’au  Japon,  où  l’on  en 
signale  deux  espèces  :  T.  paniculata  Sieb.  et  Zucc.  et  T.  bracteata  Maxim. 

M.  Maximowicz  indique  ensuite  quelques  modifications  à  introduire  dans 
les  divisions  proposées  par  lui  dans  son  mémoire  sur  les  Rhododendreœ  ;  il  en 


curer  les  cinq  derniers  volumes  de  cette  publication,  qui  se  trouve  ainsi  complète  en  ce 
qui  concerne  les  herbes.  Le  Muséum  a  reçu  quelques  volumes  dépareillées  de  cet  ou¬ 
vrage. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  (51 

résulte  que  le  H.  macrosepalum  doit  définitivement  être  rangé  dans  le  sous- 
genre  Tsusia. 

A.  Franchet. 


IcIrt  don  Bctrag;  «1er  Vcrriiiaisrfung  einer  Eichc 
walareiiil  «1er  ganzen  ¥egctaUon$<Periodc  {Sur  le  total 
de  l'évaporation  d'un  Chêne  pendant  le  cours  entier  de  la  végétation)  ;  par 
M.  Fr.  Pfaff  (Sitzungsberichte  der  K.  bayer.  Akademie  der  Wissenschaften 
zu  München ,  1870,  t.  i,  première  livraison,  pp.  27-Ô5). 


L’auteur  se  flatte  d’être  le  premier  auteur  qui  ait  poursuivi  pendant  tout  le 
cours  de  la  végétation  d’un  arbre  des  expériences  sur  les  phénomènes  qu’il 
offre.  Il  a  opéré  sur  un  fort  et  jeune  Chêne  de  son  jardin.  Un  rameau  muni  de 
ses  feuilles  a  été  coupé,  placé  au  pied  de  l’arbre  dans  un  vase  de  verre  fermé 
par  un  bouchon  ;  cet  appareil  pesé,  les  feuilles  ont  été  coupées  et  appendues  à 
un  fil  de  fer  sur  le  côté  nord  de  la  maison,  pour  subir  l’évaporation,  puis  après 
trois  minutes  replacées  dans  le  vase  de  verre  et  l’appareil  pesé  de  nouveau.  La 
différence  des  deux  pesées  donne  évidemment  le  poids  de  l’eau  évaporée. 
Pour  mesurer  la  surface  de  ces  feuilles,  fauteur  a  eu  recours  à  un  procédé 
fort  ingénieux.  Il  a  posé  chaque  feuille  sur  une  demi-feuille  de  papier  à  lettres 
d’une  surface  connue,  dessiné  les  contours  de  la  feuille  en  les  suivant  avec  un 
crayon;  et,  cette  opération  accomplie,  déterminé  le  poids  de  toutes  les  demi- 
feuilles  de  papier,  puis  enlevé  avec  des  ciseaux  tous  les  endroits  du  papier 
correspondant  à  un  dessin,  et  pesé  le  reste.  La  différence  de  ces  deux  nou¬ 
velles  pesées  a  fourni  le  poids,  et  par  suite  la  surface  du  papier  dessiné  corres¬ 
pondant  aux  feuilles,  ces  deux  quantités  étant  proportionnelles. 

L’auteur  a  observé,  à  moins  que  quelque  circonstance  ne  l’en  empêchât,  à  six 
heures  et  à  huit  heures  du  matin,  à  quatre  heures  et  à  neuf  heures  du  soir,  et 
il  conclut  que  la  moyenne  déduite  de  ses  expériences  représente  l’évaporation 
du  rameau  pendant  quinze  heures.  Tout  est  ramené  par  lui  à  l’évaporation 
d’un  millimètre  carré  de  feuille.  Il  a  cependant  fait  de  temps  à  autre  pendant 
la  nuit  quelques  expériences  qui  lui  ont  montré  que  l’évaporation  des  feuilles, 
du  jour  h  la  nuit,  varie  moins  que  celle  d’un  vase  plein  d’eau  exposé  à  l’air 
dans  les  mêmes  circonstances.  Si  \L  Pfaff  n’a  observé  que  pendant  trois  mi¬ 
nutes  chaque  fois,  c’est  parce  qu’il  a  reconnu  que  l’évaporation  des  feuilles 
récemment  coupées,  même  fraîches,  va  toujours  en  diminuant. 


Il  fallait  déterminer  ensuite  le  nombre  total  des  feuilles  de  l’arbre.  Pour 
cela  M.  Pfaff  a  reproduit  sur  le  sol  le  contour  de  la  massa  foliacée,  déterminé 
sa  hauteur,  compté  sur  divers  points  de  l’arbre,  d’un  feuillage  plus  ou  moins 
dense,  le  nombre  des  feuilles  contenues  dans  un  petit  espace,  obtenu  une 
moyenne,  et  enfin  déduit  de  ces  calculs  très-approximatifs  l’existence  de 
620, feuilles  sur  le  Chêne  objet  de  ses  études. 

Les  observations  de  AL  Pfaff  ont  été  commencées  le  18  mai  et  continuées 


62 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FINANCE. 

jour  par  jour,  de  la  manière  que  nous  avons  indiquée,  jusqu’au  24  octobre. 
Les  nombres  qu’ils  donnent,  réduisant  la  transpiration  observée  à  un  milli¬ 
mètre  carré  de  surface  foliacée,  varient  d’un  jour  à  l’autre  dans  des  limites 
assez  étendues  ;  il  en  est  de  même  des  nombres  qui  expriment  les  relations 
différentes  entre  l’évaporation  végétale  et  l’évaporation  d’un  vase  plein  d’eau 
placé  à  l'air  libre.  Aussi  l’auteur  porte-t-il  son  attention  surtout  sur  les  to¬ 
taux  mensuels  :  Évaporation  totale  de  l’arbre  calculée  pour  quatorze  jours  de 
mai,  883  kil.  812;  pour  juin,  26023,7  ;  et  pour  octobre,  17023,1.  L’auteur 
discute  ces  résultats  et  les  compare  à  ceux  que  M.  Unger  a  tirés  de  ses  propres 
recherches. 

llinigc  Versuche  uelier  lias  Mchncn  lier  Saincii  (Quelques 

recherches  sur  la  germination  desgraines );  par  M.  Y ogel (S itzun g sberic ht e 

der  K.  bayer.  Akademie  der  Wissenschaften,  Munich,  1870,  t.  n,  3e  li¬ 
vraison,  pp.  289-299). 

Il  y  a  un  certain  nombre  de  substances  qui  empêchent  ou  gênent  la  germi¬ 
nation  des  graines,  et  qui  cependant  sont  insolubles  dans  l’eau:  telles  sont  les 
préparations  sulfurées  d’antimoine,  le  kermès  et  le  soufre  doré,  l’oxyde  de 
cuivre,  le  carbonate  de  cuivre  et  le  chromate  de  mercure.  Il  n’y  a  pour  l’au¬ 
teur  aucun  doute  que  ces  substances  ne  deviennent  en  partie  solubles  par 
suite  du  travail  chimique  qui  accompagne  la  germination.  Ce  qui  aide  à  le 
croire,  c’est  que  ce  travail  produit  une  quantité  notable  d’acide.  La  germina¬ 
tion  de  100  parties  en  poids  de  graines  de  Trèfle  a  formé  0,35  parties  d’acide; 
celle  de  100  parties  de  graines  de  Cresson  a  produit  une  quantité  d’acide 
équivalente  à  0,44  d’acide  sulfurique  hydraté. 

Le  phosphore  amorphe,  dont  l’absorption  est  sans  danger  pour  les  animaux, 
et  l’aniline  sont  fort  nuisibles  à  la  germination. 

L’auteur  a  répété  les  expériences  sur  la  germination  faites  par  M.  Lea 
(Chemisette  Centralblatt ,  1867,  p.  688).  lia  reconnu  que  les  graines  lavées 
avec  une  solution  faible  d’hypermanganate  de  potasse  décolorent  cette  solution 
violette  et  germent  plus  promptement  que  les  graines  arrosées  de  même  avec 
de  l’eau  purement  distillée. 

La  solution  de  sulfate  de  cuivre  a  été  reconnue  comme  nuisible  à  la  germi¬ 
nation  et  surtout  à  la  végétation.  L’auteur  dit  que  cela  dépend  du  degré  de 
la  solution  de  sulfate.  Lu  gramme  par  litre  de  cette  matière  retarde  beaucoup 
la  germination  du  Cresson  et  du  Trèfle.  L’acide  acétique  étendu  empêche 
complètement  cet  acte  physiologique  à  la  dose  de  U, 5  pour  100.  Le  même 
résultat  a  été  obtenu  avec  une  solution  semblablement  étendue  d’acide  oxa¬ 
lique.  0er,5  de  chromate  double  de  potasse  ou  0,1  d’acide  arsénieux  par  litre 
empêche  aussi  la  germination.  L’acide  cyanhydrique  la  retarde,  mais  ne  dé¬ 
truit  pas  la  faculté  germinative. 

A  ces  recherches  s’en  rattachent  d’autres  relatives  à  l’action  que  le  gaz 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  63 

d’éclairage  exerce  sur  la  végétation.  Ce  sujet  a  été  déjà  traité  par  l\1M.  Frey- 
tag  de  Bonn  et  Poselger  de  Berlin  (voy.  le  Deutsche  Industrie  Zeitung ,  1 870, 
p.  85).  D’après  eux,  ce  gaz  ne  serait  nuisible  aux  végétaux  qu’avant  sa  puri¬ 
fication,  à  cause  des  molécules  de  goudron  dont  il  est  alors  imprégné. 
M.  Plaira  confirmé  ces  résultats.  Ce  gaz  empêche  la  germination.  La  naph- 
thaline  ne  paraît  pas  s’y  opposer  dans  le  commencement  de  cet  acte,  mais  plus 
tard  la  chlorophylle  se  développe  mal.  Quant  à  l’acide  phénique,  même  en 
proportion  très-faible,  il  empêche  complètement  la  germination. 


tti  ograpliic  d’Aimé  ISoupland,  compagnon  de  voyage  et  collabo¬ 
rateur  d’Al.  de  Humboldt;  par  M.  Adolphe  Brunei.  3e  édition,  un  volume 
in-8°  de  188  p.  Orléans,  imp.  Jacob;  Paris,  L.  Guérin  et  G®,  1871. 


Le  docteur  Brunei,  ancien  chirurgien  de  la  marine  française,  ancien  prési¬ 
dent  de  la  junte  de  médecine  de  Montevideo,  a  connu  Bonpland  depuis  1852 
jusqu’en  1858,  année  de  sa  mort.  Il  y  avait  alors  vingt  ans  environ  que 
Bonpland  avait  quitté  le  Paraguay,  où  le  docteur  Francia  l’avait  retenu  pri¬ 
sonnier  ;  il  venait  tous  les  ans  à  Montevideo  toucher  la  pension  que  lui  avait 
assurée  Napoléon  ;  il  s’en  retournait  ensuite  dans  la  province  de  Corrientes,  où 
il  demeurait. 

Bonpland  n’est  que  le  surnom  de  Aimé-Jacques-Alexandre  Goujaud. 
Son  père,  frappé  du  soin  avec  lequel  il  cultivait  les  plantes  de  son  jardin,  lui 
avait  donné  le  surnom  de  Bon-plant ,  qui  remplaça  définitivement  plus  tard 
son  nom  de  famille.  La  vie  de  Bonpland  et  les  résultats  des  voyages  qu’il 
exécute  en  compagnie  de  l’illustre  Humboldt  sont  trop  connus  pour  que  nous 
suivions  le  biographe  qui  les  raconte.  Nous  passerons  également  sur  le  séjour 
que  lit  Bonpland  comme  directeur  des  jardins  de  la  Malmaison,  heureux 
d’abord,  et  de  plus  en  plus  triste  après  le  divorce  de  Napoléon.  Avec  José¬ 
phine  la  Malmaison  perdit  l’éclat  et  la  vie;  quelques  démêlés  avec  les  exécuteurs 
testamentaires  de  l’impératrice  engagèrent  Bonpland  à  presser  le  moment 
d’un  nouveau  départ  pour  l’Amérique  méridionale,  à  l’instigation  de  M.Riva- 
davia,  qui  voulait  y  jouer  un  rôle  politique.  Arrivé  à  Buenos-Ayres,  Bonpland 
demanda  au  travail  les  moyens  de  vivre  ;  il  exerça  la  médecine,  essaya  de 
l’agriculture,  mais  sans  capitaux  et  partant  sans  succès;  il  se  lit  même  distil¬ 
lateur  et  horticulteur  jusqu’au  moment  où  il  se  rendit  dans  la  province  de 
Corrientes  et  dans  celle  des  Missions ,  où  l’établissement  qu’il  fonda  fut 
détruit  par  ordre  du  terrible  Francia,  le  Louis  XI  américain.  C’est  dans  l’iso¬ 
lement  où  le  confinaient  les  soupçons  du  dictateur  que  Bonpland  connut 
Alcide  d’Orbigny.  Grâce  à  l’intervention  du  libérateur  de  la  Colombie,  Boli¬ 
var,  qui  l’avait  connu  à  Paris,  Bonpland  put  enfin  traverser  le  Parana.  Louis- 
Philippe  employa  tous  les  moyens  pour  faciliter  à  Bonpland  sa  rentrée  en 
France,  mais  la  passion  dominante  du  naturaliste  était  de  vivre  au  milieu  de 
la  nature.  M.  Alfred  Demersay  ( Histoire  du  Paraguay,  1. 1,  p.  xlv)  a  raconté 


Ôll  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


la  vie  de  fionpland  dans  sa  résidence  de  San  Borja,  el  notre  Bulletin  a  contenu 
quelques  détails  sur  sa  fin  dernière. 

Le  livre  de  M.  Brunei  se  termine  par  quelques  notes  :  1°  sur  l’histoire  du 
bassin  du  rio  de  la  Plata  ;  2°  sur  les  établissements  des  jésuites;  3°  sur  le 
Maté  ;  4°  sur  la  manière  de  le  cultiver;  5°  sur  Francia  ;  6°  Catalogue  de 
ouv  rages  de  Bonpland  $  7°  catalogue  des  manuscrits  laissés  par  lui  (1). 

L’auteur  de  ce  livre,  le  docteur  Brunei,  est  décédé  au  mois  d’août  dernier, 
alors  qu’il  mettait  la  dernière  main  à  celte  publication. 


A  Catalogue  of  tlic  plaut§  «fthe  l'anjauii  and  &3n«lBi, etc.; 

par  JM.  James  E.  Tierney  Aitchison.  Un  volume  in-8°  de  204  pages,  Lon¬ 
dres,  1869,  chez  Taylor  et  Francis. 

La  sécheresse  et  la  chaleur  forment  le  trait  dominant  du  climat  dans  le  pays 
étudié  par  l’auteur.  Cependant  le  sol  est  extrêmement  fertile  le  long  des 
vallées  el  partout  où  l’irrigation  peut  être  pratiquée.  Du  côté  de  F  Himalaya, 
le  climat  se  fait  plus  humide  et  la  végétation  plus  luxuriante. 

Le  catalogue  de  M.  Aitchison  renferme  1458  espèces  de  plantes,  y  com¬ 
pris  une  douzaine  de  Fougères.  La  flore  de  la  région  sèche  y  montre  une 
grande  affinité  avec  celle  des  parties  analogues  de  l’Afrique  septentrionale,  de 
l’isllune  de  Suez  au  cap  Vert.  Plusieurs  espèces  de  Capparis ,  le  Cocculus 
Leœba ,  le  C.  villosus ,  le  Tamarix  articulata ,  s’étendent  en  effet  depuis 
l’Afrique  occidentale  jusqu’au  Sind. 

L’une  des  espèces  du  Catalogue ,  V Hibiscus  Gibsoni ,  est  la  même  que 
r/7,  pentophyllus  F.  Midi,  non  Roxb. ,  et  se  trouve  non-seulement  dans  le 
Sind  et  l’Afrique,  mais  encore  en  Australie. 

M.  Aitchison  n’a  pas  oublié  les  plantes  cultivées.  Nous  trouvons  dans  son 
livre  cent  cinquante-huit  Graminées,  dont  un  grand  nombre  usitées  comme 
plantes  fourragères,  notamment  des  Cenchrus  el  des  Pennisetum.  Les  plantes 
cultivées  sont  comprises  dans  le  catalogue  sous  un  signe  typographique  qui  les 
distingue. 

N’oublions  pas,  dans  l’intérêt  de  nos  lecteurs,  de  leur  indiquer  que  M.  le 
docteur  J.-L.  Stewart  a  également  publié  en  1869  un  travail  du  même  genre, 
intitulé  Punjaub  Plants ,  et  imprimé  à  Lahore. 

l'eBjcr  «lie  Bcvvcgiiiagsci^cbcinuugcu  «Scs  iRcllkcrus  lit 
ilsrcn  Bczicluingcn  xukbb  B'rotoiikisitia  ( Des  phénomènes  de 
mouvement  du  nucléus  dans  leur  rapport  avec  le  protoplasma );  par 
M.  Hanstein  (  Verhandlungen  des  naturhistonschen  Vereins  der  preussis- 
chen  llheinlande  und  Westphalens,  1870,  Sitzungsbenchte ,  pp.  217-233). 

Ce  mémoire  offre  un  intérêt  incontestable  parce  qu’il  joint  l’historique 
d’une  question  à  l’ordre  du  jour,  à  partir  des  observations  de  B.  Corti  sur  la 

(1)  On  trouvera  dans  l’ouvrage  de  M.  Demersay,  à  la  fin  du  second  volume,  une 
A oticc  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  M.  Bonpland. 


REVUE  m  B  L 1 0  G  n  A  P  !  1 1 0  Ü  E . 


6ô 


circulation  (1774),  aux  résultats  des  recherches  personnelles  de  l’auteur. 
M.  Hanstein  a  observé  les  poils  des  Cucurbitacées,  du  Martyria ,  des  Crocus, 
des  Tradescantia ,  et  le  parenchyme  de  diverses  plantes  phanérogames  ( Dahlia , 
Aster,  Cucurbita ,  Pistia)\  il  s’est  convaincu  qu’aprèsla  formation  de  la  cel¬ 
lule,  quand  celle-ci  a  atteint  sa  période  de  développement,  le  nucléus  entre 
dans  des  alternatives  de  mouvement  et  de  repos,  sans  que  cela  conduise 
à  une  partition  ou  à  une  autre  modification  remarquable  de  la  cellule. 
Les  grosses  cellules  des  poils  des  Cucurbitacées  et  de  beaucoup  de  Composées 
se  prêtent  particulièrement  à  l’observation  de  ces  faits.  On  voit  le  nucléus  sus¬ 
pendu  entre  des  bandelettes  de  protoplasma  comme  l’araignée  dans  sa  toile.  U 
est  entouré  d’une  enveloppe  de  protoplasma  dans  laquelle  celte  substance 
forme  des  bandelettes  comme  sur  la  paroi  de  la  cellule;  ces  bandelettes  de  ma¬ 
tière  vivante  glissent  et  se  modifient  à  tout  instant,  et  les  courants  que  l’on 
connaît  s’entrecroisent  de  l’enveloppe  du  nucléus  à  la  couche  qui  revêt  in¬ 
térieurement  la  paroi.  Dans  tous  ces  mouvements,  il  est  cependant  facile  de 
discerner  ceux  du  nucléus.  Celui-ci  s’avance  sous  l’œil  de  l’observateur  dans 
la  cellule,  tantôt  vite,  tantôt  lentement,  croisant  sa  route,  enchevêtrant  ses 
détours,  atteignant  la  paroi,  se  collant  à  elle  et  décrivant  ainsi  quelques  lacets, 
pour  se  porter  de  nouveau  dans  l’espace  de  la  cellule  pour  y  recommencer 
d’autres  évolutions.  Tantôt  il  parcourt  en  quelques  minutes  tout  le  diamètre 
en  longueur  de  la  cellule,  tantôt  il  s’écoule  des  heures  pour  qu’il  se  porte 
d’un  côté  sur  l’autre. 

Il  n’v  a  aucune  relation  immédiate  entre  ce  mouvement  et  celui  des  cou- 
ranls  de  protoplasma.  Ceux-ci  ne  peuvent  pas  déplacer  le  nucléus. 

Ce  dernier  change  de  forme  pendant  son  mouvement;  il  s’allonge  dans  le 
sens  où  il  se  dirige  ;  l’enveloppe  protoplasmique  qui  l’entoure  se  modifie  éga¬ 
lement,  tirée  en  divers  sens  par  ces  bandelettes  de  protoplasma  émanant  des 
parois  qui  la  tendent  comme  autant  de  cordages.  La  masse  même  du  nucléus 
est  modifiée  intérieurement,  parce  que  ses  granules  changent  de  position  re¬ 
lative.  Ces  faits  augmentent  encore  la  ressemblance  déjà  signalée  du  proto¬ 
plasma  de  la  cellule  avec  le  plasmodium  des  Myxomycètes. 

Le  mouvement  du  nucléus  commence  quand  le  liquide  cellulaire  qui  rem¬ 
plit  les  vacuoles  a  absorbé  assez  d’eau  pour  que  sa  densité  diminuée  ne  fasse 
plus  obstacle  à  ce  mouvement. 

L’auteur  a  recherché  les  causes  des  courants  de  protoplasma.  Jl  ne  les 
trouve  ni  dans  les  cordons  où  ils  se  meuvent,  ni  dans  le  nucléus,  ni  dans  une 
contraction  de  l’utricule  primordial.  C’est  que  le  protoplasma  n’est  pas  une 
substance ,  mais  un  organisme  vivant,  formant  à  lui  seul  l’amibe,  et  chez  les 
végétaux  élevés  faisant  partie  d’un  être  plus  considérable.  Aussi  M.  Hanstein, 
exclut-il  du  protoplasma  la  matière  nutritive  assimilable,  qu’il  a  caractérisée 
dans  un  travail  antérieur  (1)  sous  le  nom  de  metaplasrna. 

(1)  Bot.  Z eit.  \  868  ;  voy.  le  Bull.,  t.  xv  (Revue),  pp.  208,  210. 

T.  XVIII.  (REVUE)  5 


66 


SOCIETE  BOTANIQUE  !)E  FRANCE. 


Die  Kntn  ickelmei^  dciü  lîeime1*  (1er  lli>nocuiy!eii  und  Di- 
liolylen  [Le  développement  de  V embryon  des  Monocotylés  et  Dicotj/fcs ); 
par  JM.  J.  Hanstein  [Butanische  Abhandlungen  aus  dem  Gebiete  der 
Morphologie  und  Physiologie,  publiés  par  JW.  Hanstein,  pars  1,  iu-8°  de 
112  p.  avec  18  planches).  Bonn,  1871.  —Prix  :  18  fr.  60  cent. 

Dans  Je  mémoire  de  M.  Hanstein  cpie  nous  venons  de  rappeler,  et  qui  n’a 
été  analysé  qu’incomplétement  dans  cette  Revue ,  cet  auteur  n’admettait  point 
l’existence  d’une  cellule  terminale  unique  au  sommet  du  cône  végétatif  des 
Phanérogames.  Il  y  était  arrivé  h  cette  conclusion  que,  chez  les  plantes  de 
cette  classe,  le  point  végétatif  se  compose  d’un  groupe  de  cellules  de  même 
importance  concourant  toutes  au  même  degré  à  l’accroissement  de  l’axe 
qu’elles  terminent.  M.  Hanstein  insistait  aussi  sur  le  fait  que  les  tissus  pri¬ 
mordiaux  (auxquels  il  donne  des  noms  particuliers  que  nous  avons  rapportés) 
se  distinguent  déjà  les  uns  des  autres  immédiatement  au-dessous  du  point  de 
végétation,  souvent  même  avant  la  première  apparition  des  protubérances  la¬ 
térales  destinées  à  former  les  feuilles.  Le  fait  que  l’épiderme  est  déjà  distinct 
dans  le  plus  jeune  âge  avait  surtout  fixé  son  attention.  Il  restait  à  savoir  com¬ 
ment  les  choses  se  passent  dans  l’embryon,  dont  l’évolution  n’avait  guère  en¬ 
core  été  étudiée  sous  ce  rapport.  C’est  là  le  sujet  du  mémoire  renfermé  dans 
les  Botanische  Abhandlungen  pour  1870  (1). 

Or,  l’ensemble  d’un  grand  nombre  d’observations  décrites  avec  un  soin 
minutieux  vient  corroborer  la  manière  de  voir  de  M.  Hanstein  en  établis¬ 
sant  clairement  que  le  point  végétatif  de  l’embryon  des  Phanérogames  est 
multicellulaire  comme  celui  de  leurs  rameaux. 

L’embryon  résulte  de  l’accroissement  de  deux  ou  trois  cellules  superposées 
du  proembrvon  ;  mais,  à  partir  du  moment  où  la  cellule  terminale  de  cette 
rangée  primitive  s’est  développée,  elle  se  trouve  remplacée  par  deux,  puis  par 
un  plus  grand  nombre  de  cellules  qui  continuent  à  s’accroître  simultané¬ 
ment. 

Ici  encore  les  tissus  et  surtout  l’épiderme  se  distinguent  les  uns  des  autres 
de  très-bonne  heure,  même  antérieurement  à  l’apparition  des  cotylédons. 

L’épiderme  est  donc  une  véritable  enveloppe  générale  de  tout  le  végétal. 
Reconnaissable  dès  le  plus  jeune  âge,  il  ne  cesse  de  s’accroître  par  segmen¬ 
tation  de  ses  cellules,  au  fur  et  à  mesure  de  l’expansion  des  tissus  qu’il 
recouvre. 

Le  mémoire  de  JM.  Hanstein  est  accompagné  de  plusieurs  planches  très-dé¬ 
taillées  se  rapportant  aux  espèces  suivantes  :  Capsella  Bursu  pastoris ,  Œno- 


(1)  Ce  mémoire  a  été  publié  par  sou  auteur  dans  les  Monaisberichten  der  Mederrhei- 
niseken  GeselLscbaft  fur  Nalur-  und  Heilkunde ,  et  analysé  dans  le  Botanische  Zeitung , 
1870,  pp.  23  et  suivantes. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  67 

(liera  nocturna ,  Nicotiana  Tabacum ,  VYo/«  cdtaica ,  Veronica  lati folia , 
Cerastium ,  Rœmeria  réfracta,  Geum  urbanum,  Alisma  Plantago ,  Funkia 
Sieboldii,  Allium  rubrum,  Allium  Porrum,  Asphodelinc  lutea,  Althervrus 
ternatus ,  Ruscus  racemosus,  Tradescantia  virginica ,  Brachypodium  dista- 
chyum. 

On  trouvera  dans  ce  mémoire  un  examen  détaillé  du  mode  de  développe¬ 
ment  des  cotylédons,  des  radicules,  des  coléorrhizes,  des  gaines  des  Mono- 
cotylédones,  des  appendices  des  Graminées,  etc.  M.  Hanstein  y  a  joint  une 
série  de  considérations  générales  sur  les  questions  les  plus  importantes  de  la 
morphologie. 

Ainsi,  il  se  prononce  ouvertement  contre  toute  théorie  ayant  pour  but 
d’expliquer  la  symétrie  des  ramifications  par  la  forme  ou  le  mode  de  cloison¬ 
nement  des  cellules  terminales,  même  lorsque  celles-ci  sont  réduites  à  une  seule, 
comme  chez  les  Cryptogames  supérieures.  Il  n’est  pas  moins  explicite  à 
l’égard  de  l’hypothèse  d’un  rôle  direct  de  la  pesanteur  dans  la  production  des 
formes  végétales,  hypothèse  dont  M.  Hofmeister  est,  comme  on  sait,  partisan 
assez  déclaré. 

Les  résultats  principaux  obtenus  par  M.  Hanstein  se  trouvent  déjà  résumés 
dans  la  2e  édition  du  Traité  de  botanique  de  M.  J.  Sachs,  publiée  à  Leipzig 


ïlcelicrclies  analytiifiics  sur  les  roches  sous  le  point  de 

viac  de  leurs  principes  al»sorS#aI»lcs  pat*  les  végétaux  ; 

par  M.  Constant  Kosmann  ( Archives  des  sciences  physiques  et  naturelles , 

t.  XL,  pp.  153-180).  Genève,  1871. 

L’auteur,  partant  de  cette  idée  que  tontes  les  substances  organiques  néces¬ 
saires  aux  plantes  sont  disséminées  dans  les  roches  formant  la  charpente  du 
globe,  y  a  recherché  par  l’analyse  les  principes  minéraux  que  le  règne  inor¬ 
ganique  peut  fournir  au  règne  végétal.  Il  donne  l’analyse,  très-minutieusemen 
opérée  par  lui,  de  différentes  roches  porphyriques,  de  grauwakes  métamor¬ 
phiques,  de  schistes  argileux,  de  roches  syénitiques  et  granitiques,  de  cal¬ 
caires  jurassiques  et  triasiques,  provenant  du  Palatinat,  du  pays  de  Bade,  des 
Vosges  et  du  Jura. 

Dans  ces  roches,  il  constate  la  présence  de  phosphate  de  chaux,  de  potasse, 
de  soude,  d’oxvde  de  fer,  etc. 

Dans  toutes,  il  rencontre  l’acide  phosphorique,  et  il  remarque  que  des 
quantités  immenses  de  cet  acide  si  utile  à  l’agriculture  se  trouvent  emmagasi¬ 
nées  dans  les  calcaires  qui  constituent  les  montagnes  du  Jura  et  dans  les  ter¬ 
rains  de  transition  d’une  partie  des  Vosges,  et  que  nul  n’a  encore  songé  à  les 
employer  comme  amendement. 

De  là  une  série  d’expériences  dans  lesquelles  il  a  appliqué  le  résultat  de  ses 


68  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  UE  FRANCE. 

analyses.  Dans  des  terrains  dépourvus  de  fumure,  M.  Kosmann  sème  du  blé, 
puis,  après  cette  première  récolte,  destinée  à  lui  servir  de  terme  de  compa¬ 
raison,  il  fait  un  nouveau  semis  sur  les  mêmes  parcelles  amendées  au  moyen 
des  roches  qu’il  a  analysées,  tantôt  simplement  pulvérisées,  tantôt  en  solu- 
t ions.  Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  pas  rendre  un  compte  détaillé  de  ces 
expériences,  pas  plus  que  nous  n’avons  pu  reproduire  les  analyses  des  diffé¬ 
rentes  roches;  disons  seulement  que  les  résultats  de  ces  expériences  semblent 
démontrer  l’action  favorable  des  calcaires  et  des  roches  phosphorifères  sur  la 
végétation  du  blé.  L’un  des  meilleurs  résultats  est  donné  par  le  calcaire  pul¬ 
vérisé  et  mêlé  au  salpêtre,  et  1’elîet  de  cet  engrais  minéral  se  fait  encore  sen¬ 
tir  la  deuxième  année. 

L’auteur  reconnaît  lui-même  qu’il  faudrait  d’abord  répéter  sur  une  grande 
échelle,  et  d’une  manière  pratique,  les  expériences  scientifiques  qu’il  a  faites 
dans  les  proportions  minimes  que  comportent  des  études  de  laboratoire,  puis 
résoudre  le  problème  industriel  delà  pulvérisation  des  roches.  Il  se  contente 
en  ce  moment  de  signaler  aux  agriculteurs  de  profession  les  immenses  res¬ 
sources  que  doivent  renfermer  ces  roches,  formées  des  restes  d’une  ancienne 
vie  organique. 

QiBclfgaieK  olises'vatSoiïs  «tir  tin  CBi  amg5Bg'm>n  qui  attaque 
les  parties  souterraines  de  la  Vigne;  par  VL  le  professeur  Sclmetzler  ( Ar¬ 
chives  des  sciences  physiques  et  naturelles ,  t.  XL,  pp.  18-25).  Genève, 
1871. 

Le  vignoble  vaudois  est  attaqué  depuis  longtemps  par  un  Champignon  qui 
se  développe  sur  les  racines  et  les  parties  souterraines  de  la  Vigne.  M.  Schnetz- 
1er,  qui  l’a  observé  à  La  vaux  près  Cully  (canton  de  Vaud),  le  décrit  comme 
une  moisissure  blanche  qui  s’insinue  sous  l’écorce  et  pénètre  jusqu’à  la 
moelle. 

Ce  Champignon  est  souvent  réduit  à  un  mycélium  formé  de  filaments  très- 
minces  non  cloisonnés  ou  à  cloisons  fort  distantes;  c’est  ce  qui  semble  avoir 
lieu  surtout  lorsque  la  moisissure  recouvre  des  matières  en  putréfaction  et  en 
fermentation,  mais  privées  de  vie  végétative.  Sur  la  Vigne  malade,  le  mycé¬ 
lium  prend  un  aspect  tout  différent  :  il  s’y  développe  des  filaments  cloisonnés 
beaucoup  plus  larges  ;  les  uns  se  composent  de  cellules  cylindriques  renflées  en 
forme  de  massue  au  point  de  contact  avec  la  cellule  suivante,  et  se  terminent 
par  des  cellules  cylindriques  effilées;  d’autres  filaments  sont  cylindriques  sans 
renflements. 

Les  uns  et  les  autres  se  ramifient,  et,  entre  deux  filaments  rappro¬ 
chés,  on  remarque  parfois  une  soudure  qui  pourrait  êlre  une  conjugaison. 
Cette  moisissure  attaque  aussi  les  racines  d’autres  végétaux.  Des  fragments 
de  racines  de  Poirier  qui  en  étaient  couverts  ayant  été  exposés  à  la  lumière 
dans  un  flacon  légèrement  bouché,  les  parois  du  flacon  et  le  bouchon  se  cou- 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


69 


vrirent  de  houppes  soyeuses  passant  du  blanc  au  gris  verdâtre.  Les  cellules 
cylindriques  et  clavifonnes  étaient  alors  accompagnées  de  petites  cellules  glo¬ 
buleuses,  probablement  des  gonidies. 

Ces  faits,  joints  à  cette  observation  que  le  Champignon  développe  d’abord 
son  mycélium  sur  des  matières  en  fermentation,  font  penser  à  l’auteur  qu’il 
pourrait  y  avoir  un  lien  entre  la  moisissure  qu’il  étudie  et  le  Pénicillium 
glaucum. 

Quel  que  soit  le  Champignon  auquel  se  rattache  le  mycélium  pourvu  de 
gonidies  observé  par  M.  le  professeur  Schnelzler,  on  ne  peut  douter,  après  les 
importants  travaux  de  MM.  Bail,  Schrôter,  Lœw  et  d’autres  savants,  que  cette 
moisissure  ne  soit  une  forme  d’un  Champignon  plus  parfait,  limité  peut-être 
dans  son  développement  par  l’absence  ou  l’insuffisance  d’air  et  de  lumière. 
Comme  M.  Schrôter,  dans  son  Etude  sur  la  production  des  gonidies  dans 
les  Champignons  filamenteux  (1),  l’auteur  trouve  une  analogie  entre  celte 
production  de  mycélium  et  la  formation  du  sclérotium  de  certains  Champi¬ 
gnons.  Il  rappelle  à  ce  sujet,  d'après  M.  De  Bary,  le  développement  du  scié  - 
roliumdu  Peziza  Fuckeliana,  qui  forme  sur  les  feuilles  de  la  Vigne  des  taches 
de  couleur  brune  avant  d’y  présenter  les  corps  reproducteurs  du  Peziza ,  et 
qui,  sur  la  terre  humide,  donne  naissance  à  un  mycélium  de  gonidies  que 
l’on  décrivait  autrefois  sous  le  nom  de  Botrytis  cinerea. 

M.  T. 

Délier  «Ici»  Vaincu  von  Stt'fgvhnas  fio^i/oi't»)»  ( Sur  les 

graines  du — );  par  M.  Fliickiger  (Mitt heilungen  des  naturforschend.en  Ge- 

sellschaft  in  Bern,  pour  l’année  1869,  nr.  684-711,  pp.  11-11).  Berne, 

1870. 

On  sait  que  les  graines  du  Strychnos  potalorum  ne  renferment  pas  de 
strychnine.  Elles  sont  fades  au  goût.  C’est  un  fait  curieux  à  citer  contre  les 
partisans  trop  absolus  de  l’analogie  des  propriétés  médicales  et  des  caractères 
botaniques.  Ces  graines  sont  employées  dans  les  Indes  orientales  pour  clari¬ 
fier  l’eau  généralement  trouble  que  l’on  y  boit.  31.  Pereira  a  cru  que  cette 
propriété  tenait  à  l’albumine  de  ces  graines;  mais  le  principe  azoté  qu’elles 
contiennent  est  peu  abondant,  et,  dans  tous  les  cas,  insoluble.  Mais  elles  ren¬ 
ferment  une  grande  quantité  de  matière  gommeuse.  D’autre  part,  les  matières 
végétales  contenues  dans  les  eaux  qu’elles  purifient  doivent  renfermer  du  tan¬ 
nin.  31.  Fliickiger  pense  que  le  précipité  qu’elles  déterminent  doit  être  dû  à 
une  combinaison  du  tannin  avec  cette  matière  gommeuse,  précipité  qu’il  a  pu 
produire  expérimentalement. 

(1)  Ucler  GonidierXildung  bel  Fndnipilzen.  Voyez  le  compte  rendu  dans  la  Revue 
bxbliogr.  in  Bull.  Fcc.  bol.  t.  XVII  (Revue),  p.  13. 


70 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


La  création  d’après  la  géologie  et  la  philosophie  natu¬ 
relle;  par  M.  J.-B.  Rames.  Un  volume  in-8°  de  360  pages.  Paris,  chez 

F.  Savy,  1869-1871.  —  Prix  :  6  fr. 

Ce  sont  seulement  les  deux  premiers  fascicules  de  l’ouvrage  de  Al.  Rames 
qui  viennent  de  paraître,  réunis  en  un  volume.  Il  s’arrête  après  le  terrain 
crétacé.  Écrit  dans  un  style  élevé,  poétique  même,  il  ne  dédaigne  pas  de 
descendre  dans  tous  les  détails  de  chaque  phase  géologique,  nous  allions  dire 
de  chaque  création,  mais  nous  ne  rendrions  pas  la  pensée  de  l’auteur.  M.  Pu⬠
mes  en  effet  est  essentiellement  Darwiniste,  et  même  il  nous  paraîtjavoir  défini 
plus  nettement  que  beaucoup  d’auteurs  les  liens  de  descendance  qui  unissent 
entre  eux  des  types  différents,  selon  la  théorie  actuellement  en  vigueur.  Les 
Équisétacées,  dit-il,  régnaient  déjà  au  commencement  des  temps  siluriens; 
les  variétés  qui  s’en  détachèrent  alors  devinrent  la  souche  de  laquelle  émanè¬ 
rent  deux  rameaux:  celui  des  Fougères  et  celui  des  Sigillariées,  dont  le  déve¬ 
loppement  fut  parallèle.  Les  Lycopodiacées  sont  issues  de  quelques  variétés  qui 
se  détachèrent  des  Fougères  lorsque  celles-ci étaientà  peine  ébauchées.  Vers  la 
fin  delà  période  silurienne,  les  Lycopodiacées,  par  leurs  feuilles  petites,  sim¬ 
ples,  par  leur  suc  résineux,  laissaient  déjà  pressentir  une  tendance  vers  le 
type  des  Conifères.  Elles  s’engagèrent  plus  avant  dans  cette  voie  lorsque  leurs 
spores  devinrent  moin s  nombreuses,  que  leurs  bractées  se  groupèrent  en  vé¬ 
ritables  cônes,  et  enfin  par  l’apparition  de  microsporanges.  Chez  quelques 
formes  de  passage,  les  microsporanges  se  transformèrent  graduellement  en 
étamines,  et  parallèlement  les  sporanges  s’acheminèrent  vers  la  structure  des 
ovules,  et  désormais  dans  ces  variétés,  après  la  fécondation  des  spores-ovules 
par  les  microsporanges-étamines,  l’embryon  se  forma  sur  la  plante-mère,  aulieu 
de  se  former  sur  un  prothallium.  Ces  nouvelles  espèces  furent  le  commence¬ 
ment  des  vraies  Conifères,  dont  les  ovules  nous  rappellent  les  sporanges  par  leur 
simplicité,  tandis  que  leurs  nombreuses  vésicules  embryonnaires  rappellent 
les  spores. 

Quant  aux  Sigillariées,  à  peine  séparées  du  tronc  progéniteur,  elles  mani¬ 
festèrent  un  penchant  bien  décidé  à  s’échapper  des  Cryptogames;  pendant  l’é¬ 
poque  dévonienne,  les  Cycadées  se  formèrent  à  leurs  dépens.  M.  Rames  rat¬ 
tache  aux  Cycadées  le  genre  Nœggerathia.  Elus  tard  les  Pandanées  donnèrent 
naissance  aux  Palmiers. 

Les  conclusions  manquent  encore  au  livre  de  Al.  Rames,  qui  n’est  pas  ter¬ 
miné,  mais  nous  devions  dès  à  présent  le  signaler  à  nos  lecteurs.  Nous  leur 
recommandons  la  comparaison  de  la  série  des  fractions  de  la  phyllotaxie 
avec  la  formule  qui  exprime  les  révolutions  des  planètes  autour  du  soleil. 

Das  Inulin  ( l’Inuline );  par  M.  Prantl.  In-8°  de  62  pages.  Munich,  1870. 

Les  résultats  obtenus  par  l’auteur  de  ce  mémoire,  couronné  par  la  Faculté 
de  philosophie  de  l’université  de  Munich,  se  trouvent,  dans  tous  les  traits 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  71 

essentiels,  d’accord  avec  ce  que  MM.  Nâgeli  et  Sachs  avaient  dit  de 
l’inuline.  M.  Prantl  regarde  celte  substance  comme  un  hydrate  de  carbone 
qui  se  distingue  de  l’amidon,  de  la  cellulose  et  de  la  lichénine,  en  ce  qu’il 
ne  revêt  jamais  une  forme  organique.  Sa  fixité  la  différencie  suffisamment  de 
la  dextrine.  C’est  du  sucre  de  canne  qu’elle  paraît  se  rapprocher  le  plus. 

L’inuline  se  rencontre  dans  les  plantes  constamment  en  solution  :  1  d’inu- 
line  pour  7  d’eau.  Comme,  dans  les  solutions  artificielles,  la  capacité  dissol¬ 
vante  de  l’eau  pour  l’inuline  est  bien  plus  faible,  il  est  à  croire  que  celle-ci, 
en  se  dissolvant  dans  le  suc  végétal,  subit  une  transformation.  Elle  n’apparaît 
jamais  que  dans  les  organes  souterrains.  Au  moment  de  la  croissance,  elle  se 
transforme  en  sucre  de  canne  vers  le  collet  de  la  racine,  puis  monte  dans  la 
tige  sous  forme  d’amidon  et  se  porte  ainsi  vers  les  bourgeons.  Plus  tard  l’ami¬ 
don  créé  dans  les  feuilles  descend  le  long  de  la  tige  sous  forme  d’amidon 
même  ou  de  sucre,  et  ce  n’est  qu’arrivé  dans  la  racine  qu’il  revêt  la  forme 
d’inuline. 

IcbcrsiclU  «1er  j ctxt  IteliainUcn  Artco  von  'M'hea- 
ôrowuî  ( Revue  des  espèces  ûfeTheobroma  connues  jusqu’ à  ce  joui •);  par 
M.  Gustave  Bernouilli  ( Nouveaux  Mémoires  de  la  Société  helvétique  des 
sciences  naturelles,  t.  xxiv,  1871,  pp.  15,  avec  7  planches). 

La  rareté  et  l’état  incomplet  des  échantillons  du  Theobroma  dans  les  her¬ 
biers  ont  rendu  pendant  longtemps  difficile  l’étude  de  ce  genre.  Aussi  saura- 
t  on  gré  à  M.  Bernouilli  d’avoir  mis  h  profit  ses  voyages  dans  l’Amérique 
centrale  et  d’avoir  compulsé  les  principaux  herbiers  d’Europe  pour  nous  don¬ 
ner  une  monographie  du  genre  qui  produit  le  Cacao.  M.  Bernouilli  admet 
quinze  espèces  (plus  le  Th.  guyanensis  Voigt,  qu’il  n’a  pas  vu),  réparties  en 
quatre  sections  et  toutes  américaines.  Cinq  de  ces  espèces  sont  cultivées:  ce 
sont  les  quatre  de  la  première  section  Cacao  qui  fournissent  probablement 
leurs  produits  au  commerce  européen;  mais  l’auteur  n’a  pas  insisté  sur  le 
côté  industriel  de  cette  importante  question.  Il  fait  remarquer  cependant 
que  ces  quatre  espèces  sont  impossibles  à  distinguer  seulement  par  les  ca¬ 
ractères  de  leurs  rameaux  feuillés.  Le  Th.  pentagona  Bern.  a  des  graines  plus 
grosses  que  le  Th.  Cacao  L.  Neuf  espèces  sur  les  quinze  sont  nouvelles  pour 
la  science  et  dues  aux  recherches  de  M.  Bernouilli  Sa  monographie,  sauf 
quelques  notes,  est  écrite  en  latin. 

Ueticr  «lie  I  ntH'ickinugsgcscIiichtc  des*  IMiitlicai  cini- 
ger  Pipcracccn  ( Organogénie  des  fleurs  de  quelques  Pipéracées ); 
par  MAI.  J.  Hanstein  et  Schmilz  (. Monatsberichte  der  Niederrheinischen 
Gesellschaft  für  Natur-  und  Heilkunde ,  séance  du  2  août  1869,  et  Bota- 
nische  Zeitung ,  1870,  pp.  37-40). 

Les  auteurs  admettent  que  le  nucelle  peut  être  de  nature  morphologique 


7 2  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

fort  diverse,  ainsi  qu’on  peut  le  conclure  déjà  des  observations  faites  par 
M.  Hofmeister  et  d’autres  savants,  notamment  sur  les  Loranthacées,  les  Ba- 
lanophorées,  etc.  Ils  présentent  cette  opinion  comme  la  conséquence  de  leurs 
travaux,  et  de  ce  principe  général  que  dans  l’organisme  végétal  la  fonction 
n’est  point  du  tout  liée  à  la  valeur  morphologique  de  l’organe. 

Les  résultats  spéciaux  obtenus  par  MM.  Hanstein  et  Schmitz  sont  fondés 
principalement  sur  l’étude  du  Peperomia  repens  HBK.  La  structure  du 
cône  végétal  qui  termine  le  chaton  de  cette  espèce  a  été  trouvée  par 
M.  Schmitz  tout  à  fait  conforme  à  la  loi  établie  auparavant  par  M.  Hanstein, 
mais  non  à  l’opinion  de  M.  Sanio.  Les  faisceaux  vasculaires  ne  naissent  pas 
dans  une  couche  spéciale  d’accroissement,  mais  chacun  d’eux  dérive  d’un 
groupe  isolé  de  cellules-mères  allongées.  I .es  deux  couches  sous-jacentes 
à  l’épiderme  ou  couches  allongées  de  periblema  (voy.  t.  xv,  Revue ,  p.  208), 
doivent  former  :  l’extérieure  des  organes  latéraux,  l’intérieure  le  tissu  cortical  ; 
et  pour  cela  celle-ci  se  partage  par  des  partitions  tangentielles  repétées,  tan¬ 
dis  que  l’extérieure  reste  toujours  composée  d’une  seule  couche  de  cellules. 
L’origine  de  chaque  feuille  florale  peut  être  ramenée  à  quelques  cellules 
faisant  partie  du  periblema  extérieur,  qui  subissent  des  partitions  tangentielles 
répétées,  et  voient  les  cellules-filles  ainsi  produites  s’étendre  perpendiculaire¬ 
ment  à  l’épiderme  qu’elles  soulèvent;  alors  la  feuille  a  commencé  organogéni- 
quement.  C’est  encore  dans  les  cellules  de  ce  periblema  externe  qu’il  faut 
chercher  l’origine  première  des  bourgeons  floraux  situés  dans  l’aisselle  des 
mêmes  feuilles  florales.  Comme  dans  les  précédentes  recherchesdc  M.  Hanstein, 
il  n’est  point  question  d’une  cellule-mère  isolée  des  productions  latérales,  soit 
raméales,  soit  foliacées.  Lorsque  le  bourgeon  axillaire  est  formé,  il  naît  oblique¬ 
ment  sur  chacun  de  ses  deux  côtés  une  étamine,  et  ensuite  une  feuille  carpellaire 
unique  et  annulaire,  dont  le  dos  est  tourné  vers  la  feuille-mère,  alternant,  par 
conséquent,  avec  les  deux  étamines.  Cette  feuille  carpellaire  est  rattachée  par 
son  origine  à  des  cellules  de  periblema  disposées  en  anneau,  dans  le  milieu 
desquelles  le  sommet  de  l’axe  floral  s’élève  et  forme  le  nucelie.  Dans  ce  der¬ 
nier,  c’est  une  des  cellules  les  pliis  supérieures  du  pleroma  qui  se  transforme 
en  sac  embryonnaire,  tandis  que  le  tégument  épais  et  formé  de  deux  couches 
de  cellules  prend  son  origine  de  quelques  cellules  du  dermatogène.  Aucune 
trace  de  feuilles  périgonales  n’a  été  constatée  par  M.  Schmitz  sur  les  Pipéra- 
cées  qu’il  a  étudiées. 

D'après  M.  Cramer,  le  nucelie  naîtrait  toujours  à  la  surface  d’une  feuille  : 
MM.  Hofmeister  et  Eichler  ont  prouvé  au  contraire  que  celui  des  Hélosidées 
et  des  Loranthacées,  voire  même  de  la  plupart  des  Polygonées  et  de  beaucoup 
d’autres  familles,  se  comporte  comme  celui  dos  Pipéracées.  11  faut  en  conclure 
que  l’organe  essentiel  de  l’ovule  n’est  pas  constant  dans  sa  nature  morpholo¬ 
gique. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


73 


UebersicSit  der  Flccbtcn  des  CwS'osslaerHo^tlBiiîiis  Eiiulcn 

(Revue  des  Lichens  du  Grand-Duché  de  Rade);  par  M.  \V.  Bausch. 

In-8°  de  xr.n  et  246  p.  Carlsruhe,  1869. 

L’orographie,  l’étude  géologique,  l’indication  des  altitudes,  précèdent  l’éiiu- 
niération  des  Lichens  de  la  flore  badoise,  au  nombre  de  592,  parmi  lesquels  il 
s’en  trouve  deux  nouveaux  :  Secoliga  carnea  Arn.  et  Rhizocarpon  lotum  Stzb. 
La  plus  grande  partie  des  matériaux  mis  en  œuvre  par  l’auteur  a  été  recueillie 
dans  ses  propres  excursions. 


SSi<e  AB.^cutypcu  îSer  FBeclBteaigfnïfdiesB  (Les  types  algologiques 
des  gonidies  des  Lichens );  par  M.  S.  Schwendener.  In-4°  de  42  pages, 
avec  3  planches.  Bàle,  1869. 


Nos  lecteurs  se  rappellent  la  théorie  dont  M.  Schwendener  est  le  représen¬ 
tant  le  plus  militant,  d’après  laquelle  les  Lichens  seraient  des  êtres  dérivés  des 
Algues  et  constitués  par  des  milliers  d’individus  analogues  de  cette  famille 
réunis  en  colonie  et  reliés  par  la  substance  qui  forme  le  thalle  du  Lichen. 
Dans  cette  substance  entreraient  les  filaments  de  Champignons  parasites  entés 
sur  des  Algues.  On  consultera  sur  ce  sujet  avec  utilité  l’analyse  de  travaux 
antérieurs,  t.  xv  (Revue),  pp.  178,  282.  MM.  Famintzin  et  Baranetzky  regar¬ 
dent  au  contraire  les  gonidies  comme  faisant  partie  intégrante  du  tissu  des 
Lichens,  mais  pouvant  prendre  une  existence  indépendante  et  ressembler  alors 
à  ces  Algues,  mais  devant  être  rayés  de  la  liste  des  genres. 

M.  Schwendener,  pour  soutenir  son  opinion,  insiste  sur  les  types  divers  que 
présentent  les  gonidies  des  Lichens.  Il  en  reconnaît  huit,  distribués  sur  deux 
séries  caractérisées,  la  première  par  la  couleur  vert  bleuâtre,  la  seconde  par  la 
couleur  vert  franc  de  ces  organes. 


A  la  première  série  appartiennent  les  cinq  premiers  typas.  LesSirosiphonées 
ont  des  gonidies  douées  d’une  liberté  plus  grande  que  les  gonidies  des  Lichens; 
on  le  voit  dans  le  thalle  des  genres  Ephebe ,  Spilonenm ,  Polychidium  ; 
dans  cette  classe  aussi  se  rangent  les  cephalodia  des  Stereocaulon ,  dans  les¬ 
quels  M.  Nylander  a  découvert  des  gonidies  de  trois  sortes  correspondant 
aux  genres  d’Algues  Syrosiphon ,  Scytonema ,  et  à  une  Nostochacée.  Les 
Rivulariées  ne  peuvent  guère  régler  la  conformation  du  thalle  ;  dans  les  cas 
les  plus  favorables,  elics  conservent  seulement  leur  forme  propre.  Dans  cette 
catégorie  se  placent  le  Lichina  (auquel  M.  Schwendener  identifie  après  une 
longue  discussion  le  Thamnidium  Wilkesii  Tuck.)  et  le  Racoblennu.  — Les 
Scytonémées  sont  difficiles  à  distinguer  des  Rivulariées  dans  le  tissu  des  Li¬ 
chens,  mais  elles  ont  fort  probablement  part  à  la  production  des  gonidies 
dans  les  genres  Heppia  et  Dorocyphus.  —  Les  Nostochacées,  à  l’état  de  go- 
nidics,  conservent  tous  leurs  caractères  de  forme  et  de  croissance  ;  bien  en¬ 
tendu  les  Nosiorhacées  terrestres  seules  passent  à  l’état  anormal.  Les  Collemu 


74  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

sont  tenus  par  JM.  Schwendener  pour  des  gonidies  de  J\ostoc  entremêlées 
des  filaments  d’un  Champignon  parasite.  Les  gonidies  du  Lempholemma  ap¬ 
partiennent  vraisemblablement  au  genre  d’Algues  Rormosiphon ;  le  Poly- 
coccus  punctiformis  (faussement  attribué  aux  Chroococcacées  et  qui  est  une 
vraie  Nostochacée)  donne  les  gonidies  des  Lcptogium  subtile,  Pannaria  brun - 
nca,  Peltigeracanina.  Certains  cephalodia  des  Stcrencaulon  sont  aussi  pro¬ 
duits  par  des  JXoslochacées.  —  Enfin,  parmi  les  Chroococcacées,  ce  sont  des 
Glœocapsa  qui  produisent  les  gonidies  des  Omphalaria  et  des  Enchylium ; 
celles  du  Phylliscum  endocarpoides  viennent  des  colonies  non  modifiées  du 
Chroeoccus  turgidus  Nag. 

« 

La  deuxième  série  fournit  encore  trois  catégories.  — Les  Confervacées,  qui 
sont  en  grande  partie  aquatiques,  ne  peuvent  qu 'exceptionnellement  engen¬ 
drer  des  gonidies,  par  exemple  chez  le  Cœnogonium  et  le  Cystocolcus. — Les 
Chroolépidées  11e  se  rencontrent  que  chez  un  petit  nombre  de  Lichens,  chez 
des  Graphidécs,  des  Yerrucariées,  des  Roccella .■ — Enfin  les  Palmellacées  sont 
rarement  aptes  à  une  transformation  de  ce  genre  :  011  peut  citer  cepen¬ 
dant  le  Cystococcus ,  le  Pleurococcus  vulgarisât  les  types  voisins,  ainsique 
les  Protococcus  (Rabenh.  Fl.  eur.  Al  g.). 

l)ic  tccuiscli  verivcnrictcn  Giiisimiartcn,  Ilurzc  uiid 
Bnlsamc  (Les  gommes ,  les  résines  et  les  baumes  employés  dans  l'in¬ 
dustrie);  par  M.  Julius  AYiesner.  Un  volume  in-8°  de  vi  et  205  p. ,  avec 
22  gravures  sur  bois  et  un  tableau.  Erlangen,  1869. 

Ce  livre  nous  donne  un  compte  rendu  détaillé  des  faits  acquis  à  la  science 
sur  l’origine,  l’emploi,  les  propriétés  physiques  et  chimiques,  et  même  sur 
le  mode  de  développement  des  matières  qui  en  font  le  sujet.  Ce  n’est  pas  seu¬ 
lement  la  forme  et  l’aspect  des  drogues  qui  ont  fixé  l’attention  de  l’auteur,  mais 
aussi  leur  structure  intime.  O11  trouve  dans  la  partie  générale  du  livre  une 
revue  des  plantes  qui  fournissent  des  gommes,  des  résines  et  des  baumes. 
Tout  en  composant  son  livre  avec  le  soin  d’un  compilateur,  M.  AYiesner  a 
fait  preuve  de  talent  personnel  en  ajoutant  quelques  détails  à  la  somme  de 
nos  connaissances,  notamment  sur  la  structure  de  la  gomme  du  Chagual,  de 
celle  du  Moringa  pterygosperma,  etc.  M.  Hlasiwetz,  qui  a  aidé  l’auteur  dans 
l’étude  de  la  partie  chimique  de  son  sujet,  a  écrit  spécialement  le  chapitre  sur 
la  chimie  de  la  résine. 

Prodroimis  of  a  sturiy  of  (lie  nor(h  American  frcsli 
water  Algæ;  par  JM.  HoratioC.  AVood. — Extrait  des  Transactions  of  the 
American  Philadelphia  Society ,  vol.  xi)  ;  tirage  à  part  en  une  brochure 
in- -8°  de  16  pages. 

L’auteur  commence  par  donner  des  renseignements  sur  la  récolte  et  la  con- 
servation  des  Algues,  pour  laquelle  l’auteur  recommande  l’acétate  d’alumine 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


75 


ou  un  mélange  de  glycérine,  de  créosote  et  d’eau.  Dans  l’énumération  des  es¬ 
pèces,  en  partie  critiques  ou  nouvelles,  qu’il  présente,  RI.  Wood  s’est  attaché 
à  suivre  le  système  du  Flora  europœa  Algarum  de  M.  Rabenhorst.  Dans  les 
Conjugées,  à  l’exception  du  Palmoylœa  clepsydra  Wood  et  de  deux  espèces 
de  Rhijnchonema,  on  ne  rencontre  guère,  ce  qui  est  surprenant,  que  des 
espèces  européennes.  Il  n’en  est  pas  de  même  chez  lesZvgnémées  et  les  OEdo- 
goniées.  L’auteur  n’a  tenu  compte  que  des  plantes  munies  de  fructifications  ; 
les  types  stériles  ont  été  laissés  de  côté  par  lui. 

Étude  sur  Se  DrosophySt uèu  lusitanicutn  ;  par  M.  Aimé  de 

Soland  (Annales  de  la  Société  linnéenne  de  Maine-et-Loire );  tirage  à  part 
en  brochure  in-8°.  Angers,  1870. 

Les  graines  de  cette  plante  on  été  fournies  à  M.  de  Soland  par  M.  Gœze, 
inspecteur  du  jardin  botanique  deCoïmbre.  Le  botaniste  d’Angers  en  a  étudié 
la  germination,  les  glandes,  lïnflorescence  et  les  organes  floraux;  pour  lui, 
les  glandes  seraient  dues  dans  leur  origine  à  des  segments  de  la  feuille.  Les 
étamines,  normalement  au  nombre  de  10,  formant  deux  verticilles  superposés 
l’un  au  calice  et  l’autre  à  la  corolle,  sont  sujettes  à  un  phénomène  de  dédou¬ 
blement,  selon  l’auteur,  bien  qu’il  n’en  ait  pas  observé  le  développement,  parce 
que  les  étamines  surnuméraires  sont  situées  dans  les  intervalles  des  étamines 
normales. 

M.  de  Soland  s’étend  encore  sur  l’histoire  et  la  distribution  géographique 
de  la  plante,  dont  la  mention  première  se  trouve  dans  le  Viridarium  lusita- 
nicum  de  Frisley,  lequel  l’a  désignée  sous  le  nom  de  Chamœleontoides.  Dro- 
sera  lusi.tanica  pour  Linné,  bien  qu’avec  un  placenta  central,  Drosophyllum 
lusitanicum  Link,  cette  plante  fut  pour  Brotero  le  Spergula  droseroides . 
Bayer  a  établi  pour  cette  espèce  et  pour  le  genre  Dionœa  la  famille  des  Dro- 
sophy liées,  que  M.  de  Soland  n’accepte  pas.  Le  Drosophyllum  habite  le  Por¬ 
tugal,  l’Espagne  méridionale  et  les  côtes  du  Maroc,  dans  les  endroits  sablon¬ 
neux. 

lîie  Formcucntws^SieliâMgsgcsetæt  in  2?ttrtîi*enreich«, 

oderdas  nalürliche  Pflanzensystem  nach  idcalen  Principe  ausgeführt(Za  loi 
du  développement  des  formes  dans  le  règne  végétal ,  ou  le  système  naturel 
des  plantes  expliqué  d'après  un  principe  théorique );  par  M.  F.  Michelis. 
In-8°  de  xxiii  et  435  pages.  Bonn,  1869. 

M.  Michelis  est  professeur  de  philosophie  à  Braunsberg.  Ce  fait  explique 
la  direction  théorique  qu’il  a  donnée  à  ses  travaux.  Après  avoir  étudié  le 
développement  des  Mousses,  il  se  flatte  d’y  voir  en  petit  et  comme  en  germe 
le  principe  du  développement  de  l’ensemble  du  règne  végétal  :  les  deux  em¬ 
branchements  des  Phanérogames  et  des  Cryptogames  se  développeraient  d'a¬ 
près  la  même  opposition  fondamentale  que  les  Mousses  et  les  Hépatiques. 


76 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


L’analogie  des  Phanérogames  avec  les  Mousses  est  fort  claire  par  la  végétation 
dressée  de  celles-ci,  leurs  feuilles  serrées  presque  en  verticilles,  leurs  organes 
sexuels  (dont  les  anlhéridies  sont  extérieures  aux  archégones)  insérés  entre 
les  feuilles.  Nous  croyons  pouvoir  nous  contenter  de  donner  à  nos  lecteurs 
cette  idée  très-succincte  de  la  méthode  de  rauteur,  qui  ne  paraît  point  avoir 
fait  d’observations  originales. 


Œdegoniacenrnin  &u  ce  ic*  a  muni  ;  auclore  Veit 

Brecker  AVittrock  {Comptes  rendus  de  l'Académie  des  sciences  de  Stock¬ 
holm ,  1870,  n°  3)  ;  tirage  à  part  en  brochure  in-8°  de  26  pages. 

Le  travail  de  M.  Pringsheim  forme  la  base  sur  laquelle  l’auteur  a  construit 
un  travail  intéressant  pour  tous  ceux  qui  s’occupent  d’algologie.  Il  a  classé  les 
Œdogonium  d’après  la  disposition  de  leurs  appareils  sexuels,  qui  les  rend 
monoïques,  gynandres  ou  dioïques.  Les  Œdogonium  gynandres  sont  divisés 
en  deux  sections,  selon  que  la  membrane  des  oospores  est  ou  n’est  pas  soudée 
avec  celle  des  oogonies.  Les  sous-divisions  sont  tirées  :  1°  de  la  forme  des 
oogonies;  2°  de  leur  mode  d’ouverture,  terminale  ou  latérale,  de  l’état  de  leur 
surface,  inerme  ou  hérissée,  etc.  Les  Bulbochœte  sont  aussi  partagés  en  espèces 
monoïques  et  espèces  gynandres. 

Die  lia < ti ri i cite  vvagcreehtc  lUciiüing  von  B*f‘lanzen- 
tliciEen  iiinS  aigre  AliliangigUeit  vont  I.iclile  nncl  tou 
«1er  4.  ravie  ration  {La  direction  horizontale  naturelle  aux  parties  des 
plantes  et  indépendante  de  la  lumière  et  de  la  pesanteur)  ;  par  M.  A. -B. 

Frank.  ]n-8°de95  pages,  avec  une  planche  lithographiée.  Leipzig,  1870. 

L'auteur  examine  successivement  diverses  formes  de  tige  horizontale  (cour¬ 
bées  et  rampantes,  rameaux  des  Conifères,  rameaux  horizontaux  des  autres 
arbres),  puis  les  feuilles  et  les  organes  foliacés  (feuilles  terrestres,  feuilles 
situées  sur  des  tiges  dressées,  pendantes  ou  horizontales).  Enfin  il  étudie  les 
organes  de  végétation  des  Marchandées  et  des  Jungermanniées. 

C’est  l’action  du  soleil  qui  détermine  la  direction  horizontale  des  tiges  cou¬ 
chées  ou  rampantes.  C’est  une  sorte  d’héliotropisme  négatif.  C’est  ce  qu’on 
voit  chez  le  Polggonum  aviculare,  le  Panicum  Crus  Galli ,  le  Lgsimachia 
JAummulana.  Ici  Y  héliotropisme  négatif  l’emporte,  d’après  l’auteur  alle¬ 
mand,  sur  le  géotropisme  négatif.  Pour  le  Convallariamultijloi  a  et  le  C.  luti- 
folia ,  celte  prédominance  est  plus  faible  ;  l’héliolropisme  négatif  détermine 
l’inclinaison  de  la  partie  supérieure  de  leur  tige,  tandis  que  c’est  le  géotro¬ 
pisme  négatif  qui  en  maintient  dressée  la  partie  inférieure. 

Il  ui  est  autrement  pour  les  stolons  des  Fragaria ,  sur  lesquels  la  lumière 
ne  paraît  exercer  aucune  influence.  Sur  eux,  à  la  place  du  géotropisme  négatif 
ordinaire,  c’est  une  autre  sorte  de  géotropisme  qui  agit,  maintenant  l’organeà 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


/  / 


angle  droit  relativement  à  la  force  qui  l'influence.  Les  rameaux  lïoriz mtaux  des 
végétaux  ligneux  reconnaissent  la  même  cause  à  leur  direction. 

Les  rameaux  horizontaux  typiques  des  Conifères  (avec  feuilles  tournées  de 
deux  côtés),  une  fois  écartés  de  l’horizontale,  y  reviennent  d’eux-mêmes.  La 
présence  de  la  lumière  n’a  pas  plus  d'influence  que  son  absence  sur  le  phéno¬ 
mène.  La  différence  établie  morphologiquement  entre  le  côté  supérieur  et  le 
côté  inférieur  d’un  rameau  de  Conifère  se  maintient  dans  toutes  les  courbures 
qui  ramènent  à  l’horizontale  le  rameau  qu’on  en  a  écarté.  Si  l’on  retourne  ce 
rameau,  le  côté  supérieur  en  bas,  ce  rameau  se  contourne  de  lui-même  de 
manière, à  reprendre  sa  position  naturelle,  à  moins  qu’on  n’opère  sur  des 
rameaux  très-jeunes,  dans  lesquels  la  différence  morphologique  en  question 
ne  s’est  pas  encore  prononcée,  et  encore  enfermés  dans  le  bourgeon.  Ces  phé¬ 
nomènes  de  torsion  spontanée  sont  sous  la  dépendance  de  la  pesanteur,  mais 
il  est  possible  que  la  lumière  agisse  dans  le  même  sens,  et  l’expérience  ne 
permet  pas  de  distinguer  entre  les  deux.  Cependant  il  y  a  cette  différence  entre 
les  Conifères  et  les  arbres  dicotvlédonés,  que  chez  ces  derniers  les  rameaux  ont 
un  côté  supérieur  et  un  côté  inférieur  distincts  même  dans  le  bourgeon. 

Les  feuilles  détournées  de  leur  position  normale  tâchent  de  la  retrouver  (1)  ; 
c’est-à-dire  de  tourner  toujours  à  angle  droit  avec  la  direction  de  la  lumière  le 
côté  de  leur  feuille  qui  est  le  mieux  organisé  pour  la  recevoir,  soit  en  tordant 
leur  pédicelle,  soit  en  recourbant  leur  lame.  La  lumière  est  généralement  la 
cause  de  ces  phénomènes  ;  dans  quelques  cas  (feuilles  situées  sur  les  rameaux 
horizontaux  des  Conifères  et  des  autres  arbres),  la  pesanteur  paraît  agir  dans  le 
même  sens,  car  l’absence  de  la  lumière  n’empêche  pas  les  feuilles  de  prendre 
des  positions  plus  ou  moins  complètement  analogues. 

Relativement  aux  phénomènes  géotropiques  et  héliotropiques  des  Marchan¬ 
dées  et  des  Jungermanniées,  l’auteur  a  répété  avec  les  mêmes  résultats  l’expé¬ 
rience  de  M.  Hofmeister  [P  flanzenzelle ,  p.  29â). 

Nous  nous  arrêterons  un  instant  au  dernier  chapitre,  dans  lequel  l’auteur 
récapitule  et  éclaire  les  faits  qu’il  a  acquis  à  la  science.  Il  distingue  le  géotro¬ 
pisme  et  l’héliotropisme  longitudinal  du  géotropisme  et  de  l’ héliotropisme 
horizontal  ;  ce  sont  ces  derniers  qui  sont  la  cause  de  la  plupart  des  phéno¬ 
mènes  observés  par  lui  clans  la  direction  horizontale  des  parties  des  plantes. 
Ces  forces  déterminent  dans  l’organe  qu’elles  influencent  une  polarité  des  mem¬ 
branes  cellulaires.  —  (Voy.  t.  x\i, Revue,  pp.  73  et  138.) 

Biiycolog'âcue.  Beitrage  zur  Keuntniss  der  rheinischen  Pilze 

[Recherches  sur  les  Champignons  de  la  région  rhénane );  par  M.  L.  Fuckel 
[Jahrbücher  des  Nassauischen  Vereins  fur  Naturkunde ,  Jahrsb.  xxm  et 
xxi  v)  ;  tirage  à  part  en  un  volume  in-S”  de  4)9  piges.  Wiesbaclen,  1869. 

Ce  livre  doit  être  considéré  o  n  ne  un  commentaire  détaillé  annexé  aux 

(1)  Ceci  a  déjà  été  observé  par  Bonnet. 


78  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Fungirhenani  publiés  par  l’auteur.  Il  renferme  cinq  cent  vingt-sept  espèces  ap¬ 
partenant  à  cent  quarante  et  un  genres,  disposés  en  revue  méthodique.  M.  Fuc- 
kel  admet  deux  divisions  :  Fungi  perfecti  et  Fungi  imperfecti.  Les  premiers 
se  partagent  en  Myceliophori  et  en  Plasmodiophori  (Myxomycètes).  Dans  les 
Fungi  imperfecti  se  trouvent  des  groupes  dont  la  place  est  incertaine  dans  le 
système,  le  mycélium  stérile,  etc.,  et  notamment  les  Tremellinés et  un  certain 


nombre  d’IJrédinés.  Suit  l’énumération  des  Champignons  observés,  des  noms, 
synonymes,  localités,  la  description  des  espèces  remarquables  ou  nouvelles.  La 
plus  grande  partie  de  ces  dernières  se  rencontre  parmi  les  Ascomycètes  et 
surtout  parmi  les  Gymnomycètes.  Le  genre  Peziza  est  divisé  en  trente  genres 
de  création  récente. 


IScifragc  xtir  Morphologie  tmcl  Physiologie  dcr  Pilic 

{Recherches  sur  la  morphologie  et  la  physiologie  des  Champignons );  par 
M.  De  Bai  y,  3e  série  :  Sphœria  Lemaneœ ,  Sordaria  fimiseda  et  S.  co- 
prophila ,  Arthrobolrys  oligospora ,  Eurotium ,  Erysiphe  et  Cicinno- 
holus  ;  nebst  Bemetkungen  über  die  Geschlechtsorgane  der  Ascomyceten 
(avec  des  remarques  sur  les  organes  sexués  des  Ascomycètes );  par  MM.  de 
Barv  et  Woronin  (Extrait  des  Abhandlungen  der  Senkenbergischen  Gesell- 
scha/t,  t.  vu);  tirage  à  part  en  in-A°  de  36  et  95  pages,  avec  12  planches. 
Francfort-sur-le-Mein,  1870. 


Les  quatre  premiers  chapitres  de  cette  publication  sont  l’œuvre  de  M.  Wo¬ 
ronin,  les  autres  de  M.  De  Bary. 

Le  premier  a  pour  sujet  l’étude  de  la  structure  et  du  développement  du 
Sphœria  Lemaneœ ,  parasite  incomplètement  décrit  par  M.  Colin  en  1857 
comme  parasite  sur  le  thalle  submergé  du  Lemanea  fluviatilis.  L’auteur  n’a 
observé  encore  que  des  périthèces  comme  organes  reproducteurs  de  cette  es¬ 
pèce;  leur  origine  a  lieu  parle  rapprochement  de  deux  groupes  de  cellules 
formés  séparément  sur  le  même  mycélium,  comme  dans  les  Fézizes.  L’au¬ 
teur  décrit  la  formation  du  périthécium  et  des  spores;  celles-ci  sont  expulsées 
comme  celles  du  Sphœria  Scirpi.  La  partie  intérieure  de  la  tlièque  se  dé¬ 
tache  de  la  partie  extérieure  et  s’échappe. 

Relativement  au  Sordaria  fimiseda  DNtrs,  chez  lequel  M.  De  Bary  a  fait 
connaître  le  développement  des  spores,  M.  Woronin  trace  une  exposition  ana¬ 
tomique  et  organogénique  très-détaillée.  Pour  l’expulsion  des  spores,  la  partie 
supérieure  de  la  tlièque  se  détache,  et  elle  est  entraînée  comme  une  coiffe  quand 
les  spores  sortent  de  la  thèque.  Ces  spores  germent,  quel  que  soit  leur  degré  de 
maturité.  Quandellesnesont  pas  encore  mûres,  elles  se  partagent  avant  de  ger¬ 
mer.  Les  spores  mûres  conservent  pendant  deux  ans  leur  faculté  germinative. 
Les  premières  émettent  des  filaments  de  mycélium  sur  divers  points;  les  secondes 
laissent  sortir  par  une  ouverture  ou  ponctuation  terminale  de  leur  exospore 
une  vésicule  sphérique  qui  pousse  bientôt  deux  à  quatre  cellules  cloisonnées. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


79 


L'auteur  a  pu  suivre  sur  le  porte-objet  le  développement  entier  du  Sordaria 
fimiseda  depuis  la  germination  de  l’ascospore  jusqu’à  la  maturité  du  péri- 
thécium,  qui  apparaît  entre  le  sixième  et  le  septième  jour  après  le  semis  des 
spores.  Le  mycélium  primaire  né  de  la  germination  périt  alors,  tandis  qu’il  en 
sort  un  nouveau,  secondaire,  des  filaments  qui  supportent  le  peloton  enchevêtré 
dans  lequel  se  préparera  le  jeune  périlhécium. 

Le  Sordaria  coprophila  présente  dans  son  développement  les  memes  phé¬ 
nomènes  essentiels  que  le  précédent.  On  sait  que  son  mycélium, outre  lespéri- 
théciums,  porte  aussi  des  pyenides  et  des  conidies.  Les  pvenides  apparaissent 
d’abord  à  l’état  de  corps  sphériques  d’un  brun  obscur  ;  leur  paroi  est  à  une  ou 
deux  couches,  traversée  à  son  sommet  par  une  ouverture  bordée  de  dix  à  douze 
soies  piquantes.  Les  stérigmates  qui  revêtent  l’intérieur  de  la  pyenide  produi¬ 
sent  par  étranglement  de  petiles  slylospores  capables  de  germination.  Le  jeune 
mycélium  né  ainsi,  comme  celui  qui  résulte  de  la  germination  de  spores  non 
mûres,  porte  sur  des  ramuscules  coniques  des  conidies  arrondies.  Celles-ci  sont 
d’abord  de  simples  gouttelettes  de  proloplasma  qui,  au  bout  d’une  heure  et  de¬ 
mie  à  deux  heures,  s’entourent  d’une  membrane  et  prennent  un  nucléus. 

Le  travail  de  M.  De  Bary  sur  Y  Eurotium  comprend  les  recherches  exté¬ 
rieures  de  l’auteur  sur  la  segmentation  des  organes  végétatifs  et  sur  la  forma¬ 
tion  des  conidies  de  ce  genre,  puis  une  revue  systématique  des  formes  con¬ 
nues  d 'Eurotium,  et  traite  principalement  sous  un  nouveau  point  de  vue  du 
développement  du  périlhécium.  L’auteur  nomme  carpogonium  et  pollino- 
dium  les  organes  qui  donnent  naissance  à  cet  appareil  par  une  copulation 
sexuelle. 

Les  annotations  relatives  aux  Erysiphe  ont  trait  à  plusieurs  points  de  dé¬ 
tail.  Les  suçoirs  de  ces  espèces  appartiennent  à  trois  types  différents.  Les  plus 
simples  sont  les  haustoria  exapoendiculata ,  qui  naissent  directement  d’un 
point  du  mycélium  en  contact  avec  l’épiderme,  transpercent  aussitôt  celui-ci, 
et  se  développent  dans  l’intérieur  d’une  cellule  épidermique  en  une  vessie  gé¬ 
néralement  claviforme.  Dans  d’autres  cas  ( haustoria  appendiculatd),  il  appa¬ 
raît  d’abord  sur  le  mycélium  une  petite  dilatation  latérale,  de  la  largeur  du 
filament  qui  repose  sur  la  cellule  épidermique  ;  de  celte  dilatation  ou  auprès 
d’elle  sort  le  suçoir.  Dans  la  troisième  forme  ( haustoria  lobata ),  les  dilata¬ 
tions  d’où  ou  près  desquelles  sort  le  suçoir  sont  lobées  ou  échancrées. 

Les  Erysiphe  se  divisent  en  deux  types  principaux,  l’un  renfermant  une 
seule  thèque  dans  chaque  périthécium,  l’autre  en  renfermant  quatre  ou  plus; 
au  premier  appartiennent  le  Sphœrotheca  Castagnei  Lév.  et  le  Podosphœra 
trid.actyla  Wallr. ,  particulièrement  étudiés  par  l’auteur. 

M.  De  Bary  s’étend  sur  le  développement  des  périthéciums,  résultant  des 
rapports  que  contractent  deux  cellules  nées  à  l’entrecroisement  de  deux 
filaments  du  mycélium,  chacune  sur  un  filament  distinct.  L’une  est  le  polli- 
nodiurn ,  l’autre  Y  ascogonium  (jadis  cellule  ovulaire  ou  Eizelle).  La  première, 


SOCIETE  BOTANIQUE  Î)E  FRANCE. 


$0 

après  s’être  séparée  par  une  cloison  du  filament  qui  lui  a  donné  naissance,  se 
recourbe  au-dessus  de  l’ascogonium  et  se  partage  par  une  cloison  transversale 
en  deux  cellules.  Elle  s’applique  sur  l’ascogonium,  mais  fauteur  soutient 
qu’il  n’y  a  point  de  fusion  entre  la  cellule  terminale  du  pollinodium  et  celle 
de  l’ascogonium,  par  rupture  des  membranes  situées  de  chaque  coté  du 
point  de  contact.  Dans  un  état  de  développement  plus  avancé,  le  tronçon  qui 
se  trouve  au-dessous  de  la  base  de  l’ascogonium,  et  qui  appartient  à  la  dila¬ 
tation  du  filament,  origine  première  de  cet  organe,  grossit  pour  en  consti¬ 
tuer  le  pédicule  et  porte  quelques  ulricules  réunis  en  involucre  autour  de  cet 
ascogonium.  On  en  trouve  aussi  dans  beaucoup  de  cas  à  la  base  du  pollino¬ 
dium.  Ce  sont  ces  ulricules  qui,  en  s’accolant  et  se  ramifiant,  constituent  le 
tissu  lacuneux  qui  se  réunit  au  sommet  de  l’ascogonium  et  rejette  le  pollino¬ 
dium  en  dehors.  Plus  tard  elles  se  cloisonnent  et  forment  l’enveloppe 
multicellulaire  qui  entoure  l’ascogonium  et  plus  tard  la  paroi  externe  du  pé- 
rilhécium.  La  forme  générale  du  jeune  périthécium  s’approche  ainsi  de  la 
forme  sphérique.  Puis  du  côté  interne  des  cellules  d’enveloppe  naissent  de 
courts  filaments  qui  s’entrelacent  et  se  cloisonnent  pour  former  enfin  la  paroi 
interne  à  plusieurs  couches  du  périthécium.  Pendant  ce  temps  la  croissance 
de  fascogonium  amène  son  partage  en  deux  cellules,  dont  la  supérieure  sera  la 
thèque  unique  du  périthécium,  l’inférieure  le  pédicule  de  la  llièque. 

Dans  sa  révision  méthodique  des  Erysiphe ,  M.  De  Bary  réunit  tous  les  gen¬ 
res  de  M.  Léveillé,  à  plusieurs  thèques  et  à  ascogonium  campylotrope,  dans 
le  seul  genre  Erysiphe  ;  tandis  que  les  types  pourvus  d’une  thèque  unique 
(, Sphœrotheca  et  Podosphœra )  sont  réunis  en  un  genre  unique  qui  con¬ 
serve  le  nom  de  ce  dernier  genre. 

Les  Erysiphe  portent  des  pyenides  connues  depuis  longtemps  et  que  l'on 
a  rapportées  à  divers  genres,  notamment  au  genre  Cicinnobolus  Ehrenb. 
Plus  tard  on  a  constaté  que  ces  pyenides  étaient  portées  sur  le  même  mycé¬ 
lium  que  les  périthéciums  des  Erysiphe ,  et  même  ressemblaient  souvent 
beaucoup  à  ces  derniers  par  leur  aspect  extérieur,  bien  qu’elles  émissent  des 
stylospores  au  lieu  de  spores  ;  aussi  on  les  a  regardées  comme  constituant  une 
forme  particulière  de  fructification  propre  aux  Erysiphe.  M.  De  Bary  établit 
qu’on  s’est  trompé,  que  le  mycélium  sur  lequel  croissent  les  pyenides  est  plus 
lin  que  celui  de  V Erysiphe,  qu’il  en  diffère,  bien  qu’il  s’y  entremêle  et  même 
le  perfore  en  maint  endi oit ,  et  appartient  à  un  parasite,  pour  lequel  l’auteur 
adopte  le  nom  de  Cicinnobolus.  Ces  pyenides,  on  le  sait,  sont  de  deux  sortes, 
les  unes  effilées,  les  autres  arrondies;  les  deux,  sur  quelques  espèces  d 'Erysiphe 
qu’elles  croissent,  appartiennent  à  une  seule  et. même  espèce  de  Cicinnobolus, 
à  une  exception  près. 

Le  dernier  chapitre,  consacré  à  des  considérations  générales,  a  pour  but 
d’établir  la  sexualité  des  deux  organes  dont  le  concours  donne  naissance  aux 
périthéciums,  de  comparer  le  développement  de  ces  derniers  organes,  d’après 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  81 

les  cas  observés  sur  les  Eurotium  et  sur  les  Erysiphe ,  avec  les  exemples 
analogues  déjà  enregistrés  par  la  science,  et  de  le  comparer  même  au  déve¬ 
loppement  des  fruits  capsulaires  des  Floridées. 

Domestic  ISolany;  an  Exposition  of  the  structure  and  classification  of 
Plants,  and  of  their  uses  for  food,  clothing,  medicine,  and  manufacturing 
purposes;  par  M.  John  Smith,  ex-curator  du  jardin  de  Kew,  547  p.  Lon¬ 
dres,  chez  Lovell  Reeve  et  CIe. 

La  «  Botanique  domestique  »  de  M.  Smith  n’est  pas  restreinte  à  la  botanique 
économique.  La  première  partie  est  consacrée  à  l’explication  des  organes,  à  la 
structure,  à  la  vie,  à  la  classification  des  plantes.  La  deuxième  partie  présente 
les  familles  des  plantes  distribuées  dans  un  ordre  régulier,  avec  la  description 
de  leurs  caractères,  de  leurs  propriétés,  de  leurs  usages,  en  commençant  par 
les  Cryptogames,  suivant  le  système  de  Lindley.  Une  énumération  y  est  don¬ 
née  des  plantes  utiles  ou  cultivées  fréquemment  dans  les  jardins  ou  dans 
les  serres. 

L’ouvrage  est  accompagné  de  seize  planches  coloriées  dues  au  pinceau 
de  M.  Fitch. 

Saæif*'ayu  Muwennti  Baker  ( Gardeners *  Chrome  le,  1871,  n°  42, 
j).  1355). 

Cette  espèce  a  été  découverte  au  Maroc,  dans  les  montagnes  des  Béni  Hos- 
mar,  près  de  Tétuan,  par  M.  Georges  Maw,  auquel  l’a  dédiée  M.  Baker,  qui  la 
caractérise  dans  les  termes  suivants  : 

S.  ( Dactyloides )  Maweana. — Caulibus  dense  cæspitosis  copiose  ramosis 
purpureis  tenuiter  glanduloso-pubescentibus,  surculis  floriferis  e  basi  decum- 
bente  erectis  ;  foliis  6-8  Iaxe  dispositis  cordato-reniformibus  ultra  medium 
ternatim  palmatipartitis,  divisionibus  3-5  dentibus  oblongis  suboblusis  in- 
structis  ;  petiolis  complanatis  dimidio  superiore  auguste  alatis,  limbo  sæpe 
2-3-plo  longioribus;  gemmis  axillaribus  robustis  copiosis  ;  (loribus  4-9  in  co- 
rymbum  laxum  dispositis,  pedunculis  dense  puberulis,  calycis  dentibus  ligu- 
lato-lanceolatis  subobtusis  tubo  dense  puberulo  duplo  longioribus  ;  petalis 
albis  obovato-cuneatis  pro  generemagnis  (8-9  lin.  longis). 

Cette  espèce  est  voisine  du  S.  oranensis  décrit  par  M.  Munby  dans  notre 
Bulletin  (t.  il,  p.  284). 

An  aGci»|)tcd  impsovemeut  in  ihc  arrangeaient  of 
Fer and  in  (hc  namenclalnrc  of  tüaeïr  saaB»t9ivision* 

{Essai  d'un  progrès  dans  V arrangement  des  Fougères  et  dans  la  nomen¬ 
clature  de  leurs  subdivisions);  par  M.  Hincks.  Brochure  in-8°,  1870. 

Le  révérend  Hincks  est  professeur  à  l’universilé  de  Toronto,  et  président 
de  l’Institut  canadien.  Il  a  tracé  un  exposé  clair  de  la  structure,  de  la  fructi- 

(  revue)  g 


T.  XVIII. 


8*2 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

fication  et  de  la  fécondation  de  ce  groupe  de  plantes,  qu’il  regarde  comme  une 
classe  ( Filicales ),  contenant  trois  ordres,  Osmundacées,  Gyathéacées  et  Poly- 
podiacées  ;  les  Ophioglossées  sont  exclues  par  leur  vernation  dressée,  et  rap¬ 
portées  aux  Lycopodiacées.  Les  tribus  des  ordres  sont  fondées  sur  les  carac¬ 
tères  des  sores.  Pour  les  genres  l’auteur  a  accordé  beaucoup  à  la  nervation,  et 
moins  à  l’articulation  desstipes  sur  les  rhizomes.  Il  regarde  comme  genres  le 
Lastrea  et  le  Polystichum . 

Éléments  de  botanique  et  de  physiologie  végétale;  sui¬ 
vis  d’une  petite  flore  simple  et  facile  pour  aider  à  découvrir  les  noms  des 
plantes  les  plus  communes  du  Canada  ;  par  M.  l’abbé  Ovide  Brunet,  pro¬ 
fesseur  de  botanique  à  l’université.  Un  volume,  Québec,  1870. 

Nous  empruntons  à  The  American  Journal  la  citation  de  ce  petit  livre,  qui 
paraît  répondre  parfaitement  à  son  litre,  et  qui  prouve  que  notre  langue  con¬ 
serve  toujours  sa  prépondérance  dans  une  partie  importante  du  Canada  On  y 
trouve  les  noms  vulgaires  que  portent  certaines  plantes  dans  l’idiome  local.  Le 
Sarracenia  y  est  appelé  Petit-Cochon  ;  YOxalis  Acetosella ,  Alléluia  ;  Y  Impa¬ 
tiens  fuira ,  Chou  sauvage;  YHamamelis,  Café-du- Diable  ;  le  Vaccinium 
Oxycoccos,  Atoca  ;  etc. 

Internationale  Worlerbucli  der  Pflanzen-Namcn,  etc. 

(. Dictionnaire  international  des  noms  de  plantes ,  latin ,  allemand,  anglais 
et  français ,  destiné  aux  botanistes ,  et  spécialement  aux  horticulteurs , 
aux  agriculteurs ,  aux  étudiants  forestiers  et  pharmaciens )  ;  par  M.  AV. 

Ulrich.  Leipzig,  in-8°,  part.  1. 

Ce  livre  vient  après  le  Dictionnaire  polyglotte  de  Nemnich,  dont  le  plan  était 
plus  étendu.  Ne  l’ayant  pas  sous  les  yeux,  nous  ne  pouvons  que  le  Signaler  à  nos 
lecteurs;  mais  nous  ajouterons  que  le  critique  qui  en  rend  compte  dans  le 
Gardeners ’  Chronicle ,  1871,  p  1588,  regarde  l’auteur  comme  très-peu  fa¬ 
milier  avec  la  langue  anglaise,  et  (d’après  l’apparition  du  premier  fascicule) 
juge  d’une  manière  fort  sévère  cet  ouvrage.  Il  engage  même  M.  Ulrich  à  re¬ 
manier  cette  première  livraison  avant  de  continuer,  après  avoir  soumis  son 
travail  à  des  juges  compétents  pour  la  partie  anglaise  et  pour  la  partie  fran¬ 
çaise. 

» 


Catalogo  poliglotto  délie  pSante,  compilate  dalla  contessa  de  San 
Georgio.  Petit  in-8°  de  7A7  p.  Florence,  chez  G.  Pellas,  1870. 

Dans  ce  catalogue,  les  plantes  sont  placées  suivant  l’ordre  alphabétique  de 
leurs  noms  latins,  et  numérotées  à  la  suite.  Puis  des  index  séparés  pour 
chaque  langue,  et  rangés  également  en  ordre  alphabétique,  renvoient  pour 
chaque  nom  au  numéro  correspondant  du  premier  catalogue  latin.  Il  est  à 
regretter  que  cet  ouvrage  soit  défiguré  par  de  nombreuses  fautes  d’impression. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


83 


Dcutischc  B»flftitzciiBftaincn  (Noms  des  plantes  en  allemand );  par 

M.  Hermann  Grassmann,  professeur  au  gymnase  Marienstifs  à  Siettin. 

Stetlin,  1870. 

Ce  petit  volume  renferme  les  noms  populaires  des  plantes,  usités  non-seule¬ 
ment  en  Allemagne,  mais  en  Suède  et  en  Danemark,  avec  des  notes  sur  les 
modes  de  dérivations  et  de  nombreux  renvois  aux  auteurs  qui  ont  écrit  sur  le 
même  sujet. 


Sier  Y'  Eucntyptu*  globnlus  et  son  emploi  thérapeutique  ;  par  M.  le 
professeur  A.  Gubler  (Extrait  du  Bulletin  de  thérapeutique  médicale  et  chi¬ 
rurgicale ,  numéro  du  30  août  1871)  ;  tirage  à  part  en  brochure  in-8°  de 
31  pages.  Paris,  1871. 


M.  Gubler  s’occupe  depuis  cinq  années,  dans  le  service  hospitalier  qu’il 
dirige,  d’expérimenter  les  propriétés  médicales  de  l’ Eucalyptus  ;  ses  expé¬ 
riences  avaient  été  entreprises  à  l’occasion  d’une  note  adressée  par  M.  Ramel 
à  l’Académie  de  médecine,  qui  a  reçu  sur  le  même  sujet,  ultérieurement,  des 
communications  de  M.  Drouyn  de  Lhuys,  de  M.  le  Dr  Gimbert  (de  Cannes)  et 
de  M.  de  Gérando. 

M.  Gubler  rappelle  d’abord  les  travaux  de  AI.  Cloëz,  qui  ont  été  communi¬ 
qués  à  l’Académie  des  sciences  en  1868  et  en  1870  ( Comptes  rendus ,  t.  lx, 
page  107). 

Les  dernières  recherches  de  ce  savant  chimiste  permettent  de  reconnaître  à 
l’essence  d 'Eucalyptus  ou  eucalyptol  la  formule  C24H-°0-  pour  A  volumes 
de  vapeur  ;  ce  serait  une  sorte  de  camphre  liquide.  Sa  densité  à  8  degrés  cen- 
tigr.  est  de  0,905;  son  point  d’ébullition  est  entre  170  et  175  degrés  centigr. 
Il  est  dextrogyre.  Miscible  simplement  à  l’eau,  à  laquelle  il  connnuniijue  son 
arôme,  il  est  plus  ou  moins  soluble  dans  l’alcool,  l’éther,  etc. 

Les  phénomènes  physiologiques  produits  par  l’ingestion  de  l’eucalyptol 
sont  locaux  et  généraux,  chaleur  et  même  brûlure  (si  la  dose  est  forte)  au 
pharynx  et  à  l’estomac  ;  puis  fièvre  et  excitation  générale.  Ces  phénomènes, 
comme  ceux  que  déterminent  les  substances  excitantes,  sont  de  peu  de  durée. 

Mais  l’essence  ne  saurait  expliquer  tous  les  effets  thérapeutiques  de  Y  Euca¬ 
lyptus.  La  présence  du  tannin,  des  substances  amères  et  peut-être  d’un  prin¬ 
cipe  immédiat  particulier,  doit  ajouter  des  particularités  spéciales  à  l’action  des 
feuilles,  et  expliquer  les  faits  observés  dans  le  traitement  des  affections  pa¬ 
lustres.  On  a  constaté  d’une  manière  irréfragable  des  succès  obtenus  contre  des 
fièvres  intermittentes  avec  la  poudre  des  feuilles  de  Y  Eucalyptus.  M.  Gubler 
croit  qu’il  peut  rendre  contre  cette  affection  de  réels  services. 

Les  indications  que  peut  remplir  Y  Eucalyptus,  employé  extérieurement  ou 
intérieurement,  sont  en  général  celles  de  toutes  les  substances  excitantes  ou 
astringentes.  Mais  c’est  dans  les  affections  catarrhales  purulentes  que  M.  Gubler 


Sk  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

a  eu  le  plus  à  s’en  louer,  et  surtout  dans  les  catarrhes  pulmonaires.  Le  nouveau 
médicament  devient  synergique  du  goudron,  du  copahu,  du  cubèbe,  du 
matico,  trouvant  naturellement  son  emploi  le  plus  rationnel  dans  les  cas 
subaigus  ou  chroniques,  et  même  chez  les  tuberculeux,  chez  lesquels  la 
poudre  de  feuilles  a  l’avantage  d’être  tonique  et  de  modérer  les  sueurs  qui 
souvent  les  épuisent.  Cette  poudre  l’emporte  sur  toutes  les  autres  formes  phar¬ 
maceutiques,  parce  qu’elle  renferme  la  totalité  des  principes  actifs  :  tannin, 
résine,  principe  amer  et  essence.  M.  Gubler  la  prescrit  à  la  dose  de  h  à  16 
grammes  par  jour,  en  quatre  à  huit  prises.  L’eau  distillée  de  feuilles  est  très- 
agréable  et  peut  servir  de  véhicule  pour  les  potions  stimulantes.  L’essence 
s’administre  à  la  dose  de  quelques  gouttes,  ou  de  quelques  grammes,  enfermée 
alors  dans  des  capsules. 

ïSEucfsfypft*'?,  rapport  sur  son  introduction,  sa  culture,  ses  propriétés, 
usages, etc.;  par  M.  Raveret-\Vatlel(/?w//e4Vi  de  la  Société  d' acclimatation, 
1871,  n°‘  9-11,  p.  472-^87,  555-570,  623-641,  etc.). 


Ceux  de  nos  confrères  qui  s’intéressent  aux  applications  de  la  science  trou¬ 
veront  réunis  dans  ce  rapport  beaucoup  de  documents  relatifs  à  l’introduction, 
aux  caractères  et  aux  usages  des  Eucalyptus. 

L’ Eucalyptus  globulus ,  le  plus  important  de  tous,  répand  par  son  écorce, 
ses  fleurs,  ses  feuilles  et  ses  fruits,  très -aromatiques,  une  odeur  assez  analogue 
à  celle  de  la  Sauge  officinale.  Ces  émanations,  dues  à  une  huile  essentielle,  sont 
regardées  comme  douées  de  propriétés  bienfaisantes  ;  elles  favoriseraient  la 
respiration  et  neutraliseraient  les  miasmes  paludéens  :  car  on  a  remarqué  en 
Australie  que  les  fièvres  périodiques  n’existent  pas,  partout  où  ces  arbres,  qui 
croissent  dans  les  vallées,  constituent  une  partie  importante  de  leur  végétation. 

Des  plantations  importantes  d 'Eucalyptus,  faites  par  les  soins  de  M.  Sau- 
lière  en  Algérie,  ont  si  heureusement  modifié  les  conditions  hygiéniques  de 
certaines  exploitations  industrielles,  que  le  personnel  des  ouvriers,  naguère 
constamment  éprouvé  par  les  fièvres,  n’en  présente  plus  maintenant  aucun 
cas.  Cette  propriété  tient  sans  doute  aux  puissantes  facultés  d’absorption  et  de 
transpiration  dont  sont  doués  les  Eucalyptus. 

L’eucalyplol  découvert  par  M.  Cloëz,  qui  possède  au  plus  haut  degré  l’odeur 
agréable  de  la  plante,  paraît  exercer  sur  l’économie  une  action  analogue  à 
celle  de  la  plupart  des  huiles  essentielles;  mélangé  à  l’eau,  il  lui  commu¬ 
nique  une  saveur  fraîche,  amère  et  camphrée  et  assez  agréable.  Ces  pro¬ 
priétés  rapprochent  évidemment  l’huile  essentielle  de  Y  Eucalyptus  de  celle 
du  Cajeput,  autre  Myrtacée,  et  l’analogie  s’étend  probablement  aux  propriétés 
médicales.  L’infusion  théiforme  des  feuilles  d’ Eucalyptus,  légèrement  colo¬ 
rée,  amère  et  astringente,  paraît  jouir  de  propriétés  fébrifuges  prononcées. 

Mais  c’est  surtout  comme  bois  de  construction,  à  cause  de  la  rapidité  de  sa 
croissance,  jointe  à  la  solidité  de  son  bois,  et  de  la  hauteur  qu’il  atteint,  que 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  85 

Y  Eucalyptus  nous  rendra  des  services.  Nous  avons  déjà  analysé  sur  ce  sujet 
une  brochure  de  M.  Rame],  qui  s’est  dévoué  à  l’acclimatation  de  cet  arbre, 
et  qui  a  vu  le  succès  couronner  ses  efforts.  En  effet,  l 'Eucalyptus  ne  perd 
aucune  de  ses  qualités  lorsqu’on  le  transporte  loin  de  sa  patrie  ;  il  continue 
même  d’obéir  aux  lois  du  calendrier  australien.  En  Algérie  et  en  Provence,  cet 
arbre  parvient  en  quatre  ou  cinq  ans  à  la  hauteur  de  13  mètres  au  moins, 
sur  une  circonférence  de  0,80  à  1  mètre  à  la  base  du  tronc.  M.  Trottier,  qui 
cultive  déjà  1  Eucalyptus  globulus  en  forêt  dans  les  environs  d’Alger,  y  fait 
des  coupes  sur  des  arbres  âgés  seulement  de  quelques  années. 

E ' Eucalyptus y  que  les  Sauterelles  respectent,  est  fort  recherché  des  abeilles 
et  peut  favoriser  la  production  du  miel  ;  en  Australie,  où  l’abeille  commune, 
introduite  exprès,  s’est  multipliée  d’une  façon  incroyable,  les  ouvriers  des 
mines  vont  fréquemment  à  la  recherche  du  miel  et  de  la  cire  des  essaims 
sauvages.  Les  fleurs  d 'Eucalyptus  seraient  chez  nous  pour  la  nourriture  des 
abeilles  une  ressource  d’autant  plus  précieuse,  qu’elles  paraissent  à  une  époque 
où  les  autres  font  défaut. 

L’auteur  s’occupe  encore  d’autres  espèces  d 'Eucalyptus  :  E.  Mahogany , 
Larra  ou  Djaryl  des  indigènes,  qui  rend  de  grands  services  à  l’ébénisterie  en 
Australie;  E.  rostrala  Schlecht. ,  recherché  pour  la  jolie  couleur  rouge  et 
l’aspect  perlé  de  son  bois  dur,  fournissant  quand  on  le  brûle  une  forte  chaleur 
qui  se  conserve  longtemps,  et  quand  on  broie  son  écorce  fibreuse,  une  matière 
abondante  pour  la  fabrication  des  papiers  d’emballage;  E.  amygdalina 
Labill.,  qui  atteint  plus  de  50  mètres  de  hauteur,  l’espèce  dont  le  feuillage 
produit  le  plus  d’huile  odorante  ;  E.  obliqua  L’Hér.,  inférieur  à  1  '  E.  globulus , 
mais  dont  l’écorce  s’enlevant  par  de  larges  plaques  susceptibles  de  former  une 
couverture  très-légère  et  très-solide,  fournit  une  excellente  pâte  à  papier 
et  pourrait  probablement  être  exploitée  sans  dommage  pour  l’arbre  ;  E.  leu - 
coxylon  F.  Miill.,  dont  le  bois  s’emploie  dans  la  carrosserie  et  convient  surtout 
à  la  fabrication  des  roues  d’engrenage  pour  les  moulins  ;  E.  citriodora 
Ilook.,  qui  doit  son  nom  à  l’odeur  de  son  essence  ;  E .  coriacea  et  E .  Gun- 
nii  J.  Hook. ,  qui  se  rencontrent  jusqu’à  des  hauteurs  de  5000  pieds  dans  les 
montagnes  de  Victoria,  où  les  neiges  sont  persistantes  à  6000  pieds  environ, 
et  qui  peuvent,  comme  l’acclimatation  l’a  prouvé,  supporter  le  froid  d’un 
hiver  parisien  ;  VE.  oleosa,  qui  serait  une  précieuse  conquête  pour  le  Sahara 
Algérien,  car  démet  presque  à  la  surface  du  sol  des  racines  horizontales  qui 
renferment  une  eau  très-pure  et  très-saine;  et  plusieurs  autres  espèces. 

M.  Raveret-AVattel  examine  ensuite  les  résultats  déjà  obtenus  dans  le  Midi 
et  en  Algérie  par  la  culture  de  l 'Eucalyptus. 

Il  traite  minutieusement  des  précautions  que  réclame  l’acclimatation  de 

Y  Eucalyptus  en  général.  Les  graines  de  cette  essence  se  conservent  longtemps. 
M.  Malingre  en  a  eu  qui,  restées  oubliées  six  ans  au  fond  d’un  tiroir,  ont  néan¬ 
moins  germé  à  raison  de  60  pour  100  et  donné  un  plant  très-vigoureux. 


8(5 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


M.  Raveret-Wattel  retrace  l’historiqne  de  la  culture  de  Y  Eucalyptus,  dans 
chacune  des  localités  où  elle  a  été  tentée.  Nous  y  remarquons  que  cet  arbre 
a  supporté  sans  grand  dommage  une  température  de  —  15  degrés  centigr.  sur 
les  bords  de  la  Tamise.  Il  termine  par  l’étude  des  applications  à  la  thérapeu¬ 
tique  et  à  la  parfumerie.  Il  a  été  aidé  dans  ce  travail  par  une  correspon¬ 
dance  établie  depuis  un  grand  nombre  d’années  avec  toutes  les  personnes 
qui  ont  acclimaté  Y  Eucalyptus,  ce  qui  donne  une  grande  autorité  à  son 
travail. 

Observations  cliniques  sur  V  Eticatypius  globuMwft  (Tas- 
maniœ  bine  gum);  par  M.  Adolphe  Brunei.  Broch.  in-8°  de  55  pages.  Paris, 
chez  J. -B.  Baillière  et  fils,  1872. 

C’est  un  Français,  Labillardière,  qui  a  le  premier  reconnu  et  décrit  Y  Eu¬ 
calyptus  m  1792.  C’est  un  Français,  M.  Ramel,  qui  en  a  le  premier  doté 
l’Europe  en  1856.  Nous  croyons  être  dans  le  vrai  en  ajoutant  que  c’est  un 
Français  qui  l’a  le  premier  expérimenté  en  Amérique.  M.  Brunei  a  soumis 
l’emploi  médical  de  Y  Eucalyptus  à  des  observations  suivies,  pendant  trois  ans, 
dans  l’hôpital  qu’il  dirigeait  à  Montevideo. 

Il  fait  connaître  les  résultats  d’une  analyse  chimique  fies  feuilles  de  Y  Euca¬ 
lyptus  faite  à  Montevideo,  par  M.  Camille  Weber,  en  septembre  1868  (1). 
M.  Weber  a  obtenu  des  dérivés  extrêmement  intéressants  de  l’essence;  il 
mentionne  un  acide  eucalvptique  et  un  principe  amer,  neutre.  M.  Brunei  a 
administré  Y  Eucalyptus  en  infusion  édulcorée  avec  du  sirop  de  sucre.  Chaque 
dose  est  de  8  grammes  de  feuilles  dans  une  infusion  de  120  grammes  d’eau 
bouillante,  matin  et  soir.  Il  donne  seize  observations  dans  lesquelles  les  pro¬ 
duits  de  Y  Eucalyptus  ont  amené  la  guérison  de  la  fièvre  intermittente. 

Avant  de  quitter  ce  sujet,  citons  pour  ceux  de  nos  confrères  qui  se  livre¬ 
raient  à  des  travaux  sur  Y  Eucalyptus,  les  documents  publiés  :  —  par  M.  Ra¬ 
mel  :  V Eucalyptus  globulus  ( Revue  maritime  et  coloniale,  déc.  1861)  ; 

—  par  M.  Delisse  ( Bulletin  de  la  Société  d' acclimatation,  1862,  p.  64); 

—  par  M.  André  ( Revue  horticole,  février  1863);  —  par  M.  Tristany,  dans 
el  Compilador  medico,  1865  ;  —  Lettres  de  M.  Malingre  à  la  Société  d’ac¬ 
climatation,  Séville,  novembre  1867 ,  et  Bulletin  de  la  Société  d' acclimatation, 
1868,  p.  138,  et  juillet-août  1871,  p.  38/i  ;  —  par  M.  Monchalait  (De  l' Eu¬ 
calyptus  ( Revue  des  eaux  et  forêts,  1867)  ; —  par  M.  le  docteur  Adrien  Sicard, 
( Bulletin  de  la  Société  d’acclimatation ,  janvier  1868)  ;  —  par  M.  le  doc¬ 
teur  Régulus  Carlotti,  d’Ajaccio  :  Mémoire  sur  l'action  thérapeutique  et 
la  composition  élémentaire  de  l'écorce  et  de  la  feuille  de  V Eucalyptus 
globulus,  présenté  à  la  Société  d’agriculture  d’Alger  en  1869;  —  par  M.  G. 

(1)  C’analyse  de  Y  Eucalyptus  a  été  aussi  faite  eu  Corse  par  MM.  les  professeurs  Vau- 
queiin  et  I.uciani  (voyez  Carlotti,  Mém.  cité),  el  à  Melbourne  par  M.  C,  Hoffmann. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  87 

Sacchero  :  Utilitàdell'  Eucalyptus ,  in-8°,  1 1  pages,  Catania,  typ.  Carronda, 
1 869  ;  —  par  M.  le  docteur  Miergues,  de  RoulTarik,  dans  le  journal  la  Science 
pour  tous ,  15  janvier  1870  ;  — par  M.  le  comte  Maillard  de  Marafy  ( Égypte 
apicole,  juin  1870); —  parM.  Gastinel-hey  :  Les  Eucalyptus  [Egypte  agri¬ 
cole,  juillet  1870);  —  par  M.  Trottier  :  Notes  sur  V Eucalyptus,  Alger; 
Boisement  dans  le  désert  et  colonisation ,  Alger,  1869;  —  De  V accroissement 
et  de  la  valeur  progressive  de  /’ Eucalyptus,  Alger,  1871  ;  —  Arbres  de 
r Australie,  avec  reproduction  du  mémoire  de  M.  Millier,  de  Melbourne,  Sur  le 
boisement  par  U  Eucalyptus,  Alger,  1872;  —  par  M.  le  docteur  Gimbert  de 
Cannes  :  V Eucalyptus  globulus ;  son  importance  en  agriculture,  en  hygiène 
et  en  médecine  [ Mémoires  de  la  Société  des  sciences  naturelles ,  des  lettres  et 
des  beaux-arts  de  Cannes  et  de  V arrondissement  de  Grasse ,  1870,  vol.  1, 
p.  90)  ;  et  Paris,  Delahave,  1870  (voyez  le  Bulletin,  t.  xvii,  Bevue ,  p.72)  ;  — 
par  M.  Ramel  :  V Eucalyptus  globulus  de  Tasmanie,  Paris,  1861-1870  ; —  par 
M.  Cloëz  [Bulletin  delà  Soc.  d'acclim . ,  sept.  1868;  et  Union  pharmaceu¬ 
tique,  juin  1870,  p.  169)  ;  —  par  M.  le  capitaine  de  vaisseau  de  Salvy  :  Note 
sur  V Eucalyptus  [Bulletin  du  Comice  agricole  de  Toulon ,  1871).  Ces  obser¬ 
vations  compléteront  et  rectifieront  une  note  publiée  précédemment  (t  xvii, 
p.  191)  sur  des  documents  insuffisants. 

ri'lie  Aiiiiiirulty  llaiiical  of  sdcntêfic  ln(|iiiry.  Londres,  1870 

2e  édition. 

Le  Manuel  publié  par  l’amirauté  anglaise,  et  renfermant  sous  une  forme 
pratique  et  très-scientifique  à  la  fois  tous  les  renseignements  que  peuvent 
désirer  les  explorateurs  des  contrées  lointaines,  est  un  ouvrage  d’une  grande 
importance,  dont  l’analogue  manque  jusqu’à  présent  en  France  sous  une 
forme  aussi  complète.  La  partie  botanique  avait  été  traitée  dans  la  première 
édition  de  ce  livre  par  SirWilliam  Hooker.  M.  J.  Hooker  l’a  révisée  pour  cette 
deuxième  édition.  Elle  contient  des  instructions  excellentes  sur  la  manière  de 
recueillir  les  plantes,  soit  pour  les  jardins  botaniques,  soit  pour  les  herbiers. 
M.  Hooker  signale  tout  particulièrement  au  zèle  des  collecteurs  les  contrées  du 
globe  qui  sont  encore  insuffisamment  connues  ;  personne  ne  s’étonnera  qu’il 
insiste  davantage  sur  les  flores  insulaires.  Il  fait  valoir  la  nécessité  d’apporter 
non  pas  des  collections  de  chaque  groupe  insulaire,  mais  de  chacune  des  îles 
qui  le  constituent,  car  il  arrive  ordinairement  que  les  flores  de  deux  îles  océani¬ 
ques  contiguës  sont  étonnamment  différentes.  Un  appendice  à  la  partie  bota¬ 
nique,  fort  utile,  a  été  écrit  par  MM.  Hanbury  et  Oliver;  il  indique  une 
série  de  recherches  à  faire  sur  les  sources  et  l’origine  de  substances  employées 
dans  l’industrie  ou  la  pharmacie.  Ainsi  la  gutta  percha  même  est  mal  connue. 
On  dit  qu’elle  provient  de  diverses  plantes  :  Isonandra ,  Chrysophyllum , 
Sideroxylon  et  d’autres.  Les  auteurs  insistent  sur  Futilité  de  joindre  des 
échantillons  secs  aux  produits  correspondants  fournis  par  la  même  espèce. 


88 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE» 


D’où  vient,  demandent-ils,  le  sagapenum,  souvent  apporté  de  Bombay,  et 
que  l’on  suppose  être  produit  en  Perse?  Il  se  présente  dans  le  commerce  sous 
deux  formes  qui  conduisent  à  lui  attribuer  avec  probabilité  une  double  ori¬ 
gine.  Ainsi  encore  le  galbanum  passe  pour  être  importé  d’Astrakhan  en  Rus¬ 
sie,  et  cependant  celui  qu’on  reçoit  en  Angleterre  vient  principalement  de 
Bombay. 

Tlic  Mclien-flora  of  Grcat  Stritain,  Irclaml  and  tlfec 
Cliannel  islamls  ( Flore  des  Lichens  de  la  Grande-Bretagne ,  de 
/’ Irlande  et  des  îles  de  la  Manche );  par  M.  W.-A.  Leighton.  In-8°  de 
A70  pages.  Londres,  1871. 

Un  Manuel  de  la  lichénographie  anglaise  a  été  publié  en  1861  par 
M.  Mudd  ;  ce  livre  avait  suffi  pour  augmenter  de  beaucoup  le  nombre  des 
personnes  adonnées  à  la  lichénographie  en  Angleterre.  Depuis  sa  publication, 
qui  portait  à  cinq  cents,  en  nombre  rond,  le  nombre  des  Lichens  connus  dans  ce 
pays,  ce  nombre  s’est  augmenté  j  usqu’à  près  de  huit  cents.  Dans  la  composi¬ 
tion  des  genres,  M.  Leighton,  loin  de  procéder  comme  M.  Mudd,  suivant  la 
méthode  de  Kœrber  et  de  Massalongo,  se  rattache  à  M.  Nylander;  il  n’en 
admet  qu’un  petit  nombre,  et  par  exemple  conserve  intact  le  genre  Lecidea 
avec  deux  cent  trente-trois  espèces.  Il  a  mis  largement  la  chimie  à  contri¬ 
bution,  en  se  servant  des  caractères  que  fournissent  les  nuances  du  tholle  in¬ 
fluencé  par  l’hydrate  de  potasse  et  l’hypochlo rite  de  chaux.  Mais  il  est  rare 
que  M.  Leighton  accepte  des  espèces  fondées  sur  ces  seuls  caractères  ;  il  s’en 
sert  notamment  pour  déterminer  les  sous-divisions  du  genre  Parmelia. 

La  distribution  géographique  de  l’espèce  est  étudiée  avec  soin  par  M.  Leigh¬ 
ton.  Il  a  recours,  pour  l’indiquer,  aux  dix-huit  régions  botaniques  délimitées 
par  M.  AValson  dans  son  Cybele  britannica ,  et  aux  divisions  indiquées  pour 
l’Irlande  par  MM.  Moore  et  More  dans  leur  Cybele  hibernica.  Une  ligne  est 
consacrée  à  la  géographie  générale  de  chaque  espèce.  Il  y  a  encore  dans 
chacune  des  trois  parties  du  Royaume-Uni  des  comtés  dans  lesquels  on  n’a 
point  recherché  les  Lichens. 

Ueber  ille  etsropàssclien  A rien  lier  Gattung  (Sur 

les  espèces  européennes  du  genre  Typha)  ;  par  M.  P.  Rohrbach  ( Verhand - 
lungen  des  botanischen  Vereins  fur  die  Provinz  Brandenburg ,  onzième 
année,  1869,  pp.  67-106)  ;  tirage  à  part  en  brochure  in-8°  de  38  pages, 
avec  une  planche  lithographiée. 

En  s’abstenant  dans  cette  publication  de  détails  organogéniques,  qui  sont 
réservés  pour  une  publication  plus  étendue,  l’auteur  se  borne  aux  faits  mor¬ 
phologiques  essentiels  à  connaître;  il  donne  ensuite  la  diagnose  du  genre,  et 
passe  en  revue  les  treize  espèces  du  genre  qui  lui  sont  connues;  puis  il  traite 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


89 


spécialement  des  sept  espèces  européennes,  et  fait  des  remarques  sur  les 
espèces  extra -européennes.  Il  termine  par  une  table  des  synonymes,  au 
nombre  de  cent  quinze  pour  treize  espèces.  La  planche  donne  à  de  forts  gros¬ 
sissements  la  coupe  des  graines  de  plusieurs  espèces. 

Les  fruits  des  Typha  sont  généralement  munis  d’un  sillon  longitudinal  à 
leur  maturité,  sillon  le  long  duquel  ils  s’écartent  quand  ils  ont  séjourné  dans 
l’eau,  excepté  chez  le  T.  stenophylla ,  le  T.  Laxmanni ,  dont  le  fruit  ne  s’ouvre 
pas  dans  l’eau,  parce  que  la  graine  y  est  complètement  soudée  avec  le  péricarpe, 
ce  qui  n’a  pas  lien  chez  les  autres  espèces. 

L’auteur  a  d’abord  recours  à  ce  caractère  pour  sectionner  le  genre.  Il  a 
recours  ensuite  à  celui  qu’offrent  les  stigmates,  la  présence  ou  l’absence  des 
bractées  à  la  base  des  fleurs  femelles,  bractées  dont  la  forme  est  très- variable; 
les  rapports  de  longueur  des  stigmates,  des  poils  périgoniaux  et  des  bractées 
à  l’époque  de  la  maturité  des  fruits  ;  la  présence  ou  l’absence  des  poils  sur 
l’axe  des  fleurs  mâles,  en  partie  aussi  la  forme  de  ces  poils,  le  mode  d’agglo¬ 
mération  des  grains  polliniques,  la  texture  anatomique  des  graines,  la  coupe 
transversale  de  la  feuille  au  point  où  elle  se  détache  des  gaines  ;  la  forme  et  la 
coloration  des  poils  périgoniaux  de  la  fleur  femelle. 

On  trouvera  dans  le  Botanische  Zeitung  de  1870,  p.  479,  une  note  addi¬ 
tionnelle  de  1\L  Rohrbach  sur  les  graines  des  Typha. 

Bryogcographiselic  Studicn  aiss  dem  rhatische»  Alpcxi 

(. Études  sur  la  distribution  géographique  des  Mousses  dans  les  Alpes 
rhétiques );  par  ÎM.  W.  Pfeffer  (Nouveaux  Mémoires  de  la  Société  helvé¬ 
tique  des  sciences  naturelles ,  1871,  t.  xxiv,  pp.  142). 

L’auteur  de  ce  mémoire,  daté  de  Marburg,  mars  1869,  est  le  neveu  d’un  bo¬ 
taniste  distingué  de  la  Suisse,  feu  le  professeur  Théobald,  de  Coire,  qui  connais¬ 
sait  bien  les  Alpes  rhétiques,  déjà  explorées  comme  les  régions  voisines  par  un 
assez  grand  nombre  de  naturalistes.  Après  avoir  donné  un  catalogue  soigneusement 
annoté  des  Mousses  observées  par  lui,  où  sont  décrites  un  assez  grand  nombre 
d’espèces  récemment  acquises  à  la  science,  M.  Pfeffer  entre  dans  les  considé¬ 
rations  annoncées  par  le  titre  de  son  travail.  Les  régions  botaniques  qu’il  déli¬ 
mite  sont  au  nombre  de  quatre,  région  de  la  Vigne  et  des  bois  de  Châtaigniers, 
région  des  Céréales  ou  région  montagneuse,  région  subalpine  ou  région 
des  Conifères,  et  région  alpine  ;  pour  chacune  d’elles  et  de  leurs  subdivisions, 
il  indique  successivement  les  espèces  qui  y  trouvent  leur  limite  soit  supérieure, 
soit  inférieure.  Un  chapitre  spécial  est  consacré  aux  Mousses,  dont  les  limites 
ne  sont  pas  les  mêmes  suivant  l’exposition  des  pentes  où  elles  croissent;  cer¬ 
taines  d’entre  elles  ne  se  trouvent  que  dans  les  vallées  qui  s’ouvrent  au  nord, 
et  d’autres  seulement  dans  celles  qui  s’ouvrent  au  sud  ;  un  grand  nombre  des¬ 
cendent  plus  bas  dans  ces  dernières;  seul  le  Barbula  aciphylla  parvient  plus 
bas  dans  les  vallées  ouvertes  au  nord.  D’ailleurs  il  faut  tenir  compte  de  ce  fait 


90 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


important  que  le  calcaire  ne  se  trouve  guère  que  dans  les  vallées  septentrio¬ 
nales,  et  que  la  constitution  géologique  du  sol  régit  en  partie  la  distribution 
des  espèces.  L’auteur  a  d’ailleurs  indiqué  la  liste  des  espèces  croissant  sur 
chaque  terrain. 

C’est  la  région  subalpine  qui  renferme  le  plus  de  Mousses,  70  pour  100  du 
total  des  espèces  observées  dans  la  région  ;  beaucoup  d’espèces  y  montent  des 
régions  inférieures  et  y  descendent  de  la  région  alpine. 

Éléments  de  botanique  ;  par  M.  Paul  Espardeilla.  Ouvrage  destiné 
aux  élèves  des  collèges,  des  écoles  normales  primaires  et  aux  personnes  qui 
commencent  l’étude  de  l’histoire  naturelle,  accompagné  de  20  planches, 
représentant  les  parties  des  végétaux,  leurs  organes  et  les  caractères  des 
principales  familles.  Un  volume  in-12,  de  223  pages,  Paris,  chez  J. -R. 
Baillière  et  fils,  1872  ;  Nîmes,  imp.  Roucole. 

Travaillant  pour  des  élèves,  l’auteur  s’est  appliqué,  dit-il,  à  leur  rendre 
l’étude  de  cette  science  aisée  et  facile,  et  à  la  réduire  à  ce  qui  leur  est  néces¬ 
saire  en  la  débarrassant  de  ses  vues  trop  abstraites  et  surtout  d'une  partie  de 
ses  nombreux  détails.  U  en  a  divisé  l’étude  en  quatre  parties  principales  :  la 
première  comprend  la  description  des  organes  des  plantes  ;  la  deuxième  passe 
en  revue  les  fonctions  de  ces  mêmes  organes;  la  troisième  présente  un  exposé 
des  systèmes  et  méthodes  employés  pour  la  classification  des  plantes  ;  enfin  la 
quatrième  est  un  autre  exposé  rapide  des  principales  familles  et  des  espèces 
les  plus  communes.  Il  cite  comme  ayant  été  ses  principaux  guides  :  de  Jus¬ 
sieu,  De  Candolle,  Tournefort,  Cousin  Despréaux,  Richard,  Rodet,  Milne 
Edwards,  Achille  Comte  et  Saucerotte.  Le  succès  de  Y  Anatomie  végétale  de 
M.  Saucerotte  a  été  trop  grand,  dit-il,  pour  qu’il  ait  tenté  de  s’écarter  en 
rien  de  la  marche  qu’a  suivie  cet  auteur.  Nous  croyons  devoir,  pour  faire 
apprécier  ce  petit  livre,  citer  in  extenso  le  passage  suivant  (p.  68)  :  a  Circu¬ 
lation  des  végétaux  pendant  la  nuit.  —  La  nuit  le  mouvement  change  :  la 
surface  inférieure  des  feuilles  commence  à  s’acquitter  de  ses  principales  fonc¬ 
tions;  les  petites  bouches  dont  elles  sont  garnies  s’ouvrent  et  reçoivent  avec 
avidité  les  vapeurs  et  les  exhalaisons  qui  sont  dans  l’atmosphère  :  mouvement 
qui  constitue  la  respiration.  L’air  des  trachées  se  resserre  ;  elles  diminuent  de 
diamètre  ;  les  fibres  ligneuses  pressées  s’élargissent  et  admettent  les  sucs  que 
les  feuilles  leur  envoient.  Ces  derniers  se  joignent  au  résidu  de  ceux  qui  étaient 
montés  pendant  le  jour,  et  toute  la  masse  tend  vers  les  racines.  » 

Sur  la  fructification  «lu  genre  J^etnttnea  ;  par  M.  Sirodot 

{Comptes  rendus ,  séance  du  28  mars  1870,  t.  lxx,  pp.  691-694). 

M.  Rabenhorst,  résumant  les  opinions  de  ses  devanciers  et  de  ses  contem¬ 
porains,  a  refusé  la  fécondation  aux  Algues  d’eau  douce  du  genre  Lemanea , 
dont  M.  Sirodot  décrit  les  organes  sexuels.  Les  organes  femelles  prennent 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


91 


naissance  dans  l’intérieur  de  la  cavité  que  constituent  les  filaments  du  Lema~ 
nea ,  sur  le  côté  extérieur  des  tubes  articulés  en  rapport  avec  les  grandes  cel¬ 
lules  qui  forment  la  couche  interne  de  la  paroi  des  filaments.  Ces  organes 
femelles  ne  sont  d’abord  qu’un  simple  renflement  qui  deviendra  bientôt  la 
première  cellule  transparente  d’un  filament  articulé  à  cellules  ovoïdes,  se 
dirigeant  vers  la  paroi,  dans  laquelle  il  ne  tarde  pas  à  pénétrer  en  écartant  les 
cellules  de  la  couche  la  plus  intérieure.  Alors  la  cellule  terminale  transpa¬ 
rente  s’allonge  considérablement,  traverse  les  deux  autres  couches  de  cellules 
et  vient  faire  saillie  à  l’extérieur,  en  même  temps  qu’elle  émet  deux  ou  trois 
prolongements,  dont  la  parfaite  transparence  rappelle  immédiatement  le  tri- 
chogyne  d’un  Batrachospermum.  Tel  est  l’organe  femelle. 

Quant  aux  anthéridies,  ce  sont  des  cellules  oblongues,  cylindriques,  pâles 
et  finement  granulées,  sessiles  sur  des  cellules  arrondies,  groupées  extérieu¬ 
rement  sur  la  région  moyenne  des  renflements  dans  le  Lemanea  catenata , 
sur  les  nœuds  des  verticilles  dans  le  L.  ftuviatilis.  Ces  anthéridies  détachées 
se  fixent  sur  les  trichogynes  et  leur  contenu  pénètre  dans  l’organe  femelle,  qui 
prend  alors  une  apparence  granulée.  La  fécondation  opérée,  le  trichogyne  ne 
tarde  pas  à  disparaître,  et  de  sa  base,  située  dans  l’épaisseur  même  de  la  paroi, 
naissent  par  bourgeonnement  des  filaments  articulés,  se  dirigeant  vers  l’inté¬ 
rieur  du  tube  pour  y  former  plus  tard  des  faisceaux  de  filaments  sporifères. 

Sur  iiuc  nouvelle  espèce  «le  Peronoffioi'a,  parasite  des 

Cactus ;  par  MM.  H.  Lebert  et  Colin  ( Comptes  rendus,  1870,  t.  lxx, 
pp.  1300-1314). 

Tantôt  les  Peronospora  déterminent  l’hypertrophie  du  tissu  végétal  qu’ils 
habitent,  comme  le  P.parasitica  ;  tantôt  ils  le  désorganisent,  comme  le  P.  de - 
vastatrix.  A  ce  dernier  groupe  appartient  le  P.  Cacti  observé  par  les  auteurs 
sur  les  Cactées  de  la  collection  de  M.  le  général  de  Jacobi,  et  qui  vient  proba¬ 
blement  d’Amérique.  Ce  nouveau  parasite  se  reproduit  par  des  conidies,  qui 
percent  le  tissu  du  Cactus ,  et  par  une  véritable  fécondation  qui  a  lieu  à  l’in¬ 
térieur  de  ce  tissu. 

Four  celle  fécondation,  il  se  forme  sur  les  fils  du  mycélium,  sous  la  forme 
de  faisceaux  en  grappe,  partant  de  quelques  rameaux  principaux,  des  ramus- 
cules  courts  et  étroits  qui  portent  les  oogonies.  A  côté  et  au-dessus  d’elles 
naissent  des  ramuscules  fins  du  mycélium,  qui  serpentent  d’une  manière 
ondulée,  et  avant  de  se  diviser  en  ramuscules  courts,  entourent  étroitement 
l’oogonie.  Ces  organes  sont  les  anthéridies,  et  l’on  en  trouve  de  tels  accolés 
autour  de  toutes  les  oogonies  pour  les  féconder.  Il  est  peu  commode  de  se 
rendre  compte  de  l’acte  de  la  copulation,  car  les  nombreux  tours  des  anthé¬ 
ridies  filamenteuses  rendent  très-difficile  la  distinction  de  l’endroit  exact  de 
leur  adhérence  à  l’oogonie.  Le  contenu  de  l’anthéridie  se  condense  autour 
d’un  corps  séminal  qui  remplit  son  renflement  terminal  cunéiforme,  tandis 


92 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

4 

que  le  reste  du  fil  paraît  vide  de  contenu.  On  voit  partir  du  rendement  ter¬ 
minal  del’anthéridie  des  tuyaux  fécondants  en  forme  d'entonnoir  qui  appro¬ 
chent  directement  tout  près  de  l’oogonie,  mais  que  nous  n’avons  pas  pu  recon¬ 
naître  dans  son  intérieur. 

ïLcs  Plantes  de  Virgile:  par  M.  D.  Clos  (Extrait  du  Journal  d'agri¬ 
culture  pratique  et  d'économie  rurale  pour  le  midi  de  la  France,  no¬ 
vembre  1871)  ;  tirage  à  part  en  brochure  in-8°  de  2A  pages,  Toulouse, 
imp.  Douladour,  1871. 

M.  Clos  se  borne  à  passer  rapidement  en  revue,  sur  la  trace  des  guides  les 
plus  autorisés  en  cette  matière  et  en  particulier  du  dernier  d’entre  eux, 
M.  Bubani  (1),  la  plupart  des  plantes  inscrites  par  Virgile,  soit  dans  ses  trois 
principaux  chefs-d’œuvre,  soit  dans  le  Culex ,  le  Ciris,  le  Moretum ,  et  ces 
plantes  sont  divisées  par  lui  en  :  1°  fourragères,  légumineuses,  maraîchères 
et  céréales;  2°  aromatiques;  3°  âcres  ou  vénéneuses;  k°  plantes  enchante¬ 
resses;  5°  plantes  à  fleurs  ou  d’ornement  ;  6°  mauvaises  herbes;  7°  petits 
arbres  ou  arbustes  ;  8°  arbres  fruitiers  ;  9°  arbres  forestiers  non  résineux  ; 
10°  Conifères  et  autres  arbres  résineux  ;  11°  plantes  encore  indéterminées. 

M.  Clos  a  principalement  cité  les  opinions  des  auteurs,  sans  les  discuter. 
Son  travail  se  termine  par  un  index. 

31.  Clos  nous  prie  d’ajouter  à  cette  mention  de  son  opuscule  qu’il  regrette 
de  ne  pas  s'être  souvenu  qu’aux  yeux  de  31.  Eug.  Fournier  le  Ligustrum  de 
Virgile  est  le  Lawsonia  alba  ou  Henné  des  Arabes  (voyez  le  Bulletin , 
t.  xii,  p.  116);  • —  et  qu’au  doute  exprimé  par  lui  relativement  au  vilem 
Faselum  des  Géorgiques  (1.  il,  v.  212),  M.  Naudin  répond  (in  litt.)  que 
ce  ne  peut  être  un  Haricot.  Ce  dernier  savant  voit  la  Gourde  ( Lagenaria 
vulgaris)  dans  le  Cucurbita  du  Moretum  (v.  77)  et  la  Pastèque  ( Citrullus  vul- 
garis )  dans  le  Cucumis  des  Géorgiques  (l.  iv,  v.  122). 

Oia  the  cunipasltc  sts’iicturc  offs£m|>le  leaves;  par  M.  John 

Gorham  [The  Monthly  rnicroscopical  Journal ,  mars  1869,  n°  m,  pp.  155- 
169,  avec  une  planche). 

31.  Gorham  a  inventé  une  théorie  morphologique  spéciale  de  la  composi¬ 
tion  de  la  feuille.  La  division  ultime  qui  se  présente  dans  les  feuilles  com¬ 
posées  est  suivant  lui  le  type  de  la  foliole,  et  c’est  la  soudure  de  semblables 
éléments  qui  doit  être  considérée  comme  constituant  la  feuille.  Il  distingue  en 
conséquence  la  feuille  composée,  la  feuille  métamorphosée  et  la  feuille  lobée. 

(1)  M.  Bubani  a  publié  récemment  des  Illustrazioni  ulleriori  alla  Flora  Virgiliana  ; 
c’est  une  demi-feuille  à  ajouter  à  son  travail  antérieur  en  le  faisant  relier.  Il  y  est 
question  des  plantes  suivantes,  mentionnées  par  Virgile  :  Acanthus ,  Arbor  œthiopica 
lanigera ,  Cucumis ,  Cucurbita ,  Ebulus ,  Fagus,  Far ,  Hibiscus ,  Lolium,  Phaseolus, 
rubea  Virga ,  Viburnum . 


REVUE  MBLIOGRAPHIQUE. 


93 


La  feuille  métamorphosée  est  celle  dans  laquelle  la  soudure  des  folioles  est 
incomplète,  comme  dans  certaines  feuilles  de  Ronces.  L’auteur  donne  des 
figures  et  cite  un  grand  nombre  d’exemples. 

On  <hc  siiiipB©  «ta*  ta  et  taire1!  of  compoiind  leaves  ;  par  M.  Mac 

Nab  ( ibid . ,  avril  1869,  n°  iv,  pp.  217-219). 

M.  M  ac  Nab  n’a  pas  de  peine  à  démontrer  que  les  données  du  mémoire 
précédent  sont  complètement  en  désaccord  avec  les  résultats  des  recherches 
organogéniques.  Il  rappelle  que  la  division  dans  les  feuilles  marche  essentielle¬ 
ment  du  simple  au  composé  ;  que  les  feuilles  dites  métamorphosées  par 
M.  Gorliam  sont  des  feuilles  qui  offrent  l’exemple  d’un  arrêt  de  développe¬ 
ment.  Il  profite  de  l’occasion  pour  donner  une  classification  des  différents 
modes  suivant  lesquels  se  développent  les  feuilles  des  Dicotylédones.  Les 
modes  sont  au  nombre  de  six  :  basifuge,  basipète,  divergent,  terne,  cyclique 
et  parallèle.  Dans  les  quatre  premiers  types,  les  parties  de  la  feuille  se  déve¬ 
loppent  seulement  sur  les  bords  de  l’épiphylle ;  le  type  divergent  et  îe*type 
lerné  sont  des  cas  particuliers  des  deux  premiers  considérés  dans  les  feuilles 
composées.  Dans  les  deux  derniers  types  les  parties  de  la  feuille  naissent  aussi 
bien  du  côté  intérieur  de  l’épiphylle  que  sur  ses  bords;  au  type  cyclique 
appartiennent  les  feuilles  peltées,  dont  les  éléments  sont  le  plus  souvent  basi- 
pètes;  au  type  parallèle  appartiennent  beaucoup  d’Ombellifères,  dont  les 
éléments  se  développent  de  chaque  côté  de  la  ligne  médiane,  parallèlement 
aux  voies  marginaux.  On  trouvera  des  détails  sur  ce  sujet  dans  un  autre  mé¬ 
moire  du  même  auteur  ( Transo.ct .  bot .  Soc.  Edinb.,  vol.  vnr,  pp.  381 
et  m). 

Bryologie  «lti  département  de  l’Amie.  Mémoire  envoyé  au 

concours  de  la  médaille  d’or  de  200  francs,  ouvert  par  la  Société  des  arts 

et  sciences  de  Carcassonne;  par  M.  C.  Roumeguère.  In-8°de  100  pages. 

Carcassonne,  typ.  L.  Pomiés,  1870. 

Nous  devons  nous  borner  à  la  mention  de  la  publication  de  ce  livre,  qui  a 
déjà  été  signalé  avant  son  apparition,  t.  xvi  (Revue),  p.  143;  d’autant  plus  que 
le  Catalogue  qui  forme  la  partie  essentielle  du  mémoire  de  M.  Roumeguère 
a  été  inséré  dans  le  Bulletin  (avant  son  impression  séparée),  t.  xvi  (Séances), 
p.  435  et  suiv.  Nous  ferons  cependant  observer  que  ce  Catalogue  renferme 
dans  le  mémoire  de  M.  Roumeguère  plus  d’indications  synonymiques  et  bi¬ 
bliographiques  que  dans  le  Bulletin. 

AnalAinle  des  fiïemrs  et  dm  friait  dm  Geai  ;  par  M.  Ph.  Van 

Tieghem  (Ann.  se.  nat.,  5e  série,  t.  xii,  pp.  101-124). 

Ces  recherches  anatomiques  ont  été  poursuivies  pendant  plus  d’une  année, 
et  elles  ont  porté  sur  les  principaux  états  du  développement  de  la  fleur  mâle, 


94 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FBANCE . 

de  la  fleur  femelle  et  du  fruit  du  Gui  ;  elles  viennent  combler  une  des  lacunes 
que  l’auteur  avait  dû  laisser  subsister  dans  ses  premières  recherches  d’ana¬ 
tomie  florale. 

La  fleur  mâle  du  Gui  est,  dit-il,  constituée  par  quatre  feuilles,  c’est-à-dire 
par  deux  paires  successives  de  bractées  décussées  pollinifères  sur  leur  face 
supérieure,  et  non,  comme  il  est  généralement  admis,  par  huit  feuilles,  quatre 
sépales  et  quatre  étamines  distinctes  superposées  à  ces  sépales  et  connées  avec 
eux.  Ces  bractées  jouent  à  la  fois  par  leur  face  externe  étalée  en  feuille  le  rôle 
protecteur  dévolu  d’ordinaire  aux  sépales  dans  le  bouton,  et  par  leur  face 
interne  le  rôle  organisateur  du  pollen  dévolu  d’ordinaire  à  l’anthère.  Les  deux 
fonctions,  séparées  ailleurs  sur  deux  feuilles  distinctes,  sont  ici  confondues 
sur  le  même  appendice,  et  cette  confusion  peut  être  regardée  comme  une 
marque  d’infériorité.  Le  mode  deformation  du  pollen  dans  le  Gui  n’est  donc 
pas  sans  analogie  avec  celui  qu’on  rencontre  chez  les  Conifères,  ou  mieux 
encore,  à  cause  de  la  multiplicité  et  de  l’indétermination  numérique  des 
logettes,  chez  les  Cycadées,  avec  celte  différence  que  chez  ces  deux  dernières 
familles,  c’est  dans  l’épaisseur  de  la  face  inférieure  de  la  bractée  pollinifère  que 
sont  creusées  les  logettes. 

Les  deux  carpelles  du  Gui  sont,  dès  la  base  de  la  fleur,  libres  de  toute 
adhérence  vasculaire  qui  puisse  les  relier  aux  quatre  appendices  extérieurs  de 
cette  fleur.  Entre  le  système  vasculaire  de  chacun  de  ces  deux  carpelles,  super¬ 
posés  aux  divisions  externes  du  périanthe,  est  un  parenchyme  central  d’abord 
homogène.  C’est  dans  la  moitié  inférieure  de  ce  parenchyme  central  que  les 
corps  reproducteurs  se  développent;  pour  cela  une  cellule  de  ce  parenchyme 
homogène,  restée  incolore  pendant  que  les  autres  s’emplissent  de  chlorophylle 
et  de  granules  sombres,  grandit  beaucoup  plus  que  les  autres,  et  s’allongeant 
dans  l’axe  de  la  fleur,  s’étend  bientôt  dans  toute  la  moitié  inférieure  du  car¬ 
pelle  auquel  elle  appartient.  Sa  partie  supérieure  s’incline  fortement  au  dehors 
et  vient  presque  toucher  la  nervure  médiane.  Il  y  a  souvent  une  de  ces  cel¬ 
lules  pour  chaque  feuille  carpellaire,  quelquefois  deux  pour  une  feuille  et  une 
seule  pour  l’autre,  plus  rarement  deux  pour  chacune,  et  alors  elles  sont  toutes  les 
quatre  dans  le  plan  des  deux  nervures  médianes,  ou  dans  le  plan  de  symétrie. 
Ce  sont  là  les  sacs  embryonnaires.  Pour  que  la  fécondation  s’effectue,  il  faut 
que  le  tube  pollinique,  en  l’absence  de  tout  canal  et  de  toute  cavité  intercar- 
pellaire,  pénètre  dans  l’épaisseur  même  du  parenchyme  du  stigmate  et  du 
carpelle,  y  descende  en  s’insinuant  entre  les  cellules,  et  vienne  enfin,  après  avoir 
traversé  la  moitié  environ  de  la  longueur  de  l’organe,  se  mettre  en  contact 
avec  le  sommet  du  sac  embryonnaire.  Après  cet  acte  physiologique,  le  sac  est 
devenu,  par  suite  de  la  résorption  des  cellules  qui  l’environnaient,  libre  dans 
une  lacune  pleine  d’un  liquide  gommeux  ;  les  lacunes  produites  autour  de 
chacun  des  sacs  se  rejoignent  au  centre  en  une  lacune  unique  étranglée  en 
son  milieu  et  en  forme  de  8.  Les  sacs  se  soudent,  l’embryon  s’organise  dans 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  95 

chacun  d’eux  ;  les  deux  albumens  des  deux  sacs  soudés  forment  une  masse 
générale  où  sont  plongés  les  deux  embryons.  Plus  tard  encore,  la  pulpe  vis¬ 
queuse  s’organise  ;  c’est  alors  un  tissu  vert  où  certaines  cellules  formant  deux 
bandes  alternes  avec  les  nervures  médianes  des  carpelles  deviennent  incolores, 
se  développent  énormément  dans  le  sens  horizontal,  et  sécrètent  la  matière 
visqueuse.  Cette  pulpe  appartient  donc  aux  carpelles. 

Il  y  a  un  parallélisme  évident  entre  l’organe  femelle  né  dans  une  cellule 
de  la  bractée  carpellaire  et  le  pollen  né  dans  un  certain  nombre  de  cellules 
du  parenchyme  delà  face  supérieure  de  la  bractée  florale  mâle.  Dans  le  cas  du 
Gui,  il  n’y  a  pas  d’ovule  pour  M.  Van  Tieghem  ;  le  sac  embryonnaire  dépend, 
sans  intermédiaire  aucun,  du  carpelle. 

L’auteur  examine  en  terminant  et  apprécie  les  opinions  émises  sur  la  struc¬ 
ture  de  la  fleur  femelle  du  Gui. 

Microspcctroscogty.  —  ïlesults  of  Spectrum  Analysis  ( Résultats  de 

l'analyse  spectrale)  ;  par  M.  Jabez  Hogg  (The  Monthfy  microscopical 

Journal ,  n°  ix,  pp.  121-131). 

Ce  mémoire  important  a  été  lu  à  la  Société  microscopique  de  Londres,  le 
9  juin  1869.  Malgré  cette  date  ancienne,  et  bien  qu’il  soit  plutôt  du  domaine 
de  la  physique  (1),  nous  croyons  devoir  le  signaler  ici  pour  servir  d’introduc¬ 
tion  à  la  série  de  recherches  dont  l’exposition  va  suivre,  et  dont  il  contient 
comme  le  point  de  départ  en  théorie,  bien  qu’il  soit  resté  assez  peu  connu  des 
botanistes. 

C’est,  dit  l’auteur,  une  opinion  généralement  reçue  que  la  chromule  des 
fleurs  est  due  à  l’action  chimique  de  la  lumière  sur  les  liquides  ou  sur  le  pro¬ 
toplasma  de  la  plante  durant  sa  croissance.  On  sait  cependant  que  l’action 
puissante  de  la  lumière  tend  à  décolorer  les  fleurs.  Par  conséquent,  il  est  évi¬ 
dent  que  l'action  chimique  du  soleil  n’explique  pas  tout,  et  qu’il  doit  y  avoir 
d’autres  forces  pour  expliquer  la  formation  des  matières  colorantes  chez  les 
végétaux. 

La  modification  de  teintes  est  regardée  dans  une  certaine  mesure  comme 
due  à  la  nature  de  la  cuticule  à  travers  laquelle  on  aperçoit  la  matière  colo¬ 
rante.  Les  couleurs  des  fleurs  ont  esté  partagées  en  deux  séries,  la  série  xan- 
thique  ou  jaune,  et  la  série  cyanique  ou  bleue,  le  rouge  étant  commun  aux 
deux,  et  le  vert  intermédiaire.  On  pense  que  la  couleur  rouge  de  certaines 

(1)  C’est  pour  ne  pas  empiéter  sur  le  domaine  de  la  physique  que  nous  n’avons  pas 
rapporté  ici  les  modifications  importantes  réalisées  depuis  trois  ans  dans  la  construction 
du  spectroscope,  pour  diminuer  le  volume  de  l’instrument,  le  rendre  applicable  à  tous 
les  microscopes,  etc.  Nous  devons  citer  cependant  les  perfectionnements  obtenus  par 
M.  Browning  et  par  M.  Sorby,  et  sur  lesquels  M.  Nachet  pourra  fournir  des  renseigne¬ 
ments;  ainsi  que  le  livre  publié  à  Tubingue  chez  Laupp,  par  M.  K.  Vierordt  :  De  l’appli¬ 
cation  de  l’analyse  spectrale  à  la  mensuration  de  l’intensité  de  la  lumière  colorée  et  à 
la  comparaison  des  résultats  obtenus. 


96 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

feuilles  est  due  à  un  excès  d’acide  dans  leur  sève.  Les  feuilles  rougies  en  automne 
recouvrent  en  partie  leur  couleur  verte,  quand  on  les  soumet  à  des  fumées 
d’ammoniaque.  Les  rayons  calorifiques  du  spectre  ont  probablement  plus  à 
faire  avec  la  formation  de  cet  acide  que  les  rayons  chimiques  ou  actiniques. 
Les  feuilles  de  la  rhubarbe  des  jardins  deviennent  presque  rouges  quand  elles 
sont  mieux  exposées  à  la  chaleur  et  à  la  lumière  ;  alors  la  réaction  acide  des 
feuilles  paraît  augmentée;  la  solution  obtenue  de  ces  feuilles  est  d’un  rouge 
plus  foncé,  mais  détermine  la  meme  absorption  du  spectre  que  les  solutions 
d’un  rouge  plus  franc  obtenues  des  fleurs.  Beaucoup  de  bleus  végétaux  tour¬ 
nent  au  rouge  par  l’addition  d’un  acide. 

Le  passage  du  vert  au  rouge,  par  le  bleu  et  le  violet,  tient,  d’après  l’auteur, 
à  un  phénomène  d’oxydation  ;  la  transition  du  rouge  au  jaune  peut  au  con¬ 
traire  être  regardée  comme  un  phénomène  de  désoxydation.  L’oxydation  des 
sucs  végétaux  est  grande  sous  l’influence  de  la  lumière  solaire,  qui  peut  être 
emmagasinée  dans  certaines  formations  nouvelles  et  y  passer  à  l’état  latent. 

L’auteur  croit  pouvoir  conclure  de  ses  observations  qu’aucune  couleur  des 
fleurs  n’est  homogène,  car  toutes  permettent  plus  ou  moins  le  passage  des 
diverses  couleurs  du  spectre.  Quand  les  solutions  colorées  sont  trop  étendues 
au  delà  d’une  certaine  limite,  il  n’y  a  plus  d’effet  produit  sur  le  spectre. 
Cette  limite  peut  être  établie  expérimentalement,  en  soumettant  à  l’examen 
spectroscopique  des  tubes  divers  renfermant  des  solutions  colorées  d’épaisseur 
différente.  L’auteur  insiste  sur  des  difficultés  assez  nombreuses  dans  l’applica¬ 
tion  du  spectroscope  aux  recherches  spéciales  qu’il  a  faites.  Ainsi  les  bandes  qui 
doivent  être  constatées  dans  l’extrémité  rouge  sont  mieux  mises  en  relief  par 
la  lumière  artificielle,  et  celles  qui  doivent  l’être  dans  l’extrémité  bleue  ou 
violette  le  sont  mieux  par  la  lumière  solaire.  Le  spectroscope  préféré  par  l’auteur 
est  celui  de  M.  Sorby,  avec  les  modifications  introduites  par  M.  Browning  (1)  ; 
ainsi  établi,  l’instrument  est  très-portatif,  peu  coûteux,  et  peut  s’adapter  à  vo¬ 
lonté  à  tout  microscope. 

Si  l’on  ne  s’en  tient  pas,  pour  diviser  le  spectre  dans  l’intérêt  de  faciliter 
l’étude,  à  la  division  naturelle  offerte  par  les  raies  de  Frauenhofer,  M.  Hogg 
propose  de  se  servir  des  cristaux  de  zircon  qui ,  convenablement  taillés  et  placés 
sur  le  passage  des  rayons,  produisent  dans  le  spectre  un  système  de  bandes 
invariables  et  également  espacées. 

Pour  préparer  les  matières  colorantes  des  végétaux,  M.  Hogg  pense  qu’il 
est  préférable  de  recourir  à  l’alcool  comme  agent  dissolvant  ;  l’eau  ou  l’alcool 
ne  produisent  pas  indistinctement  le  même  spectre.  Il  faut  éviter  de  froisser 
les  pétales  ou  les  feuilles  avant  leur  immersion  dans  ce  liquide.  Il  est  bon 

(1)  Voyez  The  Monthly  microscopical  Journal,  août  1869,  p.  65.  Dans  l’application 
du  spectroscope  à  ces  sortes  de  recherches,  il  faut  tenir  compte  encore  de  la  méthode 
spéciale  proposée  par  M.  J.  Browning  pour  mesurer  la  position  des  bandes  d’absorption 
avec  le  microspectroscope  (■ ibid .,  février  1870,  p.  68.) 


REVUE  ElBLIOGRAPIllQUE. 


97 


encore  d’ajouter  à  cette  solution  un  peu  de  sirop  simple  avant  que  les  tubes 
qui  doivent  la  renfermer  soient  remplis  et  scellés  hermétiquement.  On  peut 
aussi  employer  comme  menstrues  les  huiles  pures  végétales  ou  animales,  qui 
par  elles-mêmes  11e  modifient  pas  le  spectre,  notamment  l’huile  de  castor  (1) 
ou  l’huile  de  foie  de  morue  purifiée.  Celles-ci  dissolvent  parfaitement  la  matière 
colorante  de  VAnchusa  tinctoria.  Cependant  le  spectre  varie  selon  qu’on 
emploie  comme  menstrues  l’une  de  ces  deux  huiles  ou  bien  l’huile  d’olive. 
L’huile  de  Macassar,  que  l’on  dit  préparée  avec  des  roses,  doit  évidemment 
sa  couleur  à  celle  de  VAnchusa,  dissoute  dans  l’huile  d’olive,  vu  le  système 
de  raies  qu’elle  détermine.  L’auteur  entre  dans  de  grands  détails  sur  les  modi¬ 
fications  que  certains  agents  chimiques  apportent  au  spectre  fourni  par  la 
matière  colorante  de  VAnchusa,  ou  plus  brièvement  au  spectre  de  VAn¬ 
chusa. 

Son  mémoire  renferme  des  détails  analogues  sur  le  spectre  de  la  Rose,  du 
Fuchsia,  du  Nasturtium,  du  Cactus  speciosa ,  de  l 'Opuntia  cochenillifera, 
delà  Cochenille,  de  la  Pivoine,  des  lianunculus ,  des  Géranium ,  des  Iris,  etc. 
Un  fait  curieux  est,  que  les  fleurs  d’une  couleur  fort  différente,  appartenant  à 
des  séries  différentes  (xanthique  ou  cyanique)  et  à  des  familles  végétales  fort 
éloignées  l’une  de  l’autre,  arrivent  parfois,  par  suite  d’un  traitement  chimique 
assez  simple,  à  donner  des  spectres  identiques. 

L’Orseille,  le  Tradescantia  virginica ,  le  bois  de  Brésil,  l’Épine-vinette, 
qui  donne  un  spectre  à  six  bandes  d’absorption,  la  Coca  du  Pérou  (2),  sont 
encore  au  nombre  des  substances  étudiées  par  l’auteur.  Il  est  à  remarquer 
que  les  couleurs  bleues  des  fleurs  résistent  aux  dissolvants  avec  une  grande 
ténacité,  à  moins  qu’il  n’entre  un  peu  de  rouge  dans  leur  composition. 


Ülcmorautltim  of  spcctroscopic  rcscarcSics  on  êls©  clilo- 

ropliyll  off  varions  plants  $  par  M.  W.  Bird  Herapath  (ibid. , 
pp.  131-133). 

Malheureusement  pour  la  science,  la  mort  de  M.  Herapath  est  venue  in¬ 
terrompre  les  recherches  qu’il  avait  entreprises  sur  les  propriétés  optiques  de 
la  chlorophylle,  et  dont  un  extrait  seulement  a  été  publié  après  sa  mort,  dans 
une  lettre  écrite  par  lui  à  un  de  ses  amis.  Nous  y  trouvons  les  renseignements 
suivants  :  L’auteur  se  servait  de  l’alcool  comme  dissolvant.  Lu  employant  de 
l’éther  ou  en  ajoutant  de  l’acide  à  la  solution  alcoolique,  les  résultats  spectro¬ 
scopiques  varient.  Il  a  observé  cinq  classes  différentes  ou  cinq  systèmes  de 
spectres  ayant  un  caractère  commun,  c’est-à-dire  une  bande  d’absorption 
large  et  nettement  limitée  dans  le  rouge. 


(1)  C’est  ainsi  que  les  Anglais  nomment  l’huile  de  Ricin. 

(2)  L'auteur  rapporte  à  une  grande  proportion  de  matière  saccharine  les  effets  bien 
connus  de  la  Coca.  Cetle  opinion  nous  paraît  nouvelle. 


T.  XV111. 


(revue)  7 


98 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

La  première  classe,  dont  le  type  est  fourni  par  les  feuilles  du  Lilas,  n’offre 
que  cette  bande. 

Il  y  a  deux  classes  qui  présentent  deux  bandes  d’absorption.  Dans  l’une,  ces 
bandes  sont  sur  le  rouge  et  sur  l’orangé,  par  exemple  chez  le  Fuchsia,  le 
Tanacetum ,  le  Viburnum  Opulus;  dans  l’autre,  dont  le  type  est  le  Lierre,  elles 
sont  sur  le  vert. 

La  quatrième  consiste  dans  la  superposition  des  deux  spectres  précédents. 
Elle  présente  trois  lignes,  une  rouge,  une  orangée  et  une  verte  ;  c’est  la  classe 
de  beaucoup  la  plus  nombreuse.  L’auteur  en  cite  comme  types  l 'Œnothera 
biennis  et  la  solution  éthérée  des  feuilles  de  Quinquina  rouge.  Il  énumère  cin¬ 
quante-quatre  exemples. 

Dans  la  cinquième  classe,  on  observe  de  plus  une  quatrième  bande  dans  le 
bleu.  Cette  classe  est  peu  nombreuse  ;  l’auteur  n’en  cite  que  huit  exemples. 
Le  type  est  ici  la  solution  alcoolique  des  feuilles  de  Quinquina  rouge.  A  celte 
classe  appartiennent  aussi  le  Tbé,  la  Jusquiame,  le  Séné,  la  Digitale,  etc. 


On  tlie  coloiariiifi  matters  «lerivctl  front  the  deconi* 

♦  ^ 

position  €>f  sonne  minutée!  orgauismes  ( Des  matières  colo¬ 
rantes  provenant  de  la  décomposition  de  quelques  petits  organismes)  ; 
par  AJ.  II. -G.  Sorby  (ibid.,  n°  xvii,  mai  1870,  pp.  229-231). 


Le  titre  de  celte  note  suppose,  comme  on  va  le  voir,  précisément  ce  qui 
est  en  question,  par  une  véritable  pétition  de  principe.  Il  s’agit  d’une  matière 
colorante  présentée,  à  une  soirée  de  la  Société  microscopique  de  Londres,  par 
le  révérend  J. -B.  Reade,  en  1867,  et  dont  le  spectre  a  été  décrit  par  M.  Brow¬ 
ning  dans  le  Quarterly  Journal  of  microscopical  science ,  en  juillet  1867. 
Ce  spectre  renfermait  deux  bandes  d’absorption  bien  marquées,  l’une  dans 
l’orangé,  l’autre  dans  l’extrémité  jaune  de  la  partie  verte  du  spectre.  Le  li¬ 
quide  qui  le  produisait  était  appelé  liquide  dichroïque  à  cause  de  la  double 
coloration  qu’il  donnait,  l’une  par  réfraction,  l’autre  par  réflexion,  à  cause  de  sa 
propriété  de  fluorescence.  11  était  fourni  par  des  Conferves  en  décomposition. 

Ce  qu’il  y  a  d’intéressant  dans  la  note  de  M.  Sorby,  c’est  qu’il  a  bien  établi 
que  ce  spectre  à  deux  bandes  est  composé  de  deux  spectres  différents,  à  une 
bande  chacun,  appartenant  chacun  à  une  substance  différente,  qui  se  trouve 
mélangée  avec  l’autre  dans  le  liquide  dichroïque.  Le  liquide  bleu  obtenu  direc¬ 
tement  des  Conferves  n’a  qu’une  raie  d’absorption  dans  l’orangé  ;  si  au  même 
liquide  on  ajoute  un  principe  protéique,  de  l'albumine  ou  de  la  caséine,  et 
qu’on  laisse  la  réaction  s’opérer  pendant  plusieurs  mois,  le  spectre  change, 
et  la  raie  d’absorption  se  produit  dans  le  vert  jusqu’à  son  extrémité  jaune.  Le 
liquide  dichroïque  résulte  donc  d’un  mélange,  et  d’ailleurs,  en  le  traitant  par 
l’action  de  l’alcool  absolu,  l’auteur  en  a  séparé  l’une  des  parties  constituantes. 
C’est  le  même  fait  que  nous  allons  voir,  quelques  pages  plus  loin,  se  repro¬ 
duire  dans  l’analyse  de  la  chlorophylle. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


99 


Sur  le  côté  théorique  de  la  question,  M.  Sorbv  paraît  disposé  à  croire,  comme 
M.  Sheppard,  que  la  matière  dichroïque  doit  en  partie  son  origine  à  la  réac¬ 
tion  déterminée  par  des  animalcules  protéiques  sur  la  matière  colorante  des 
Algues  :  c’est  celte  opinion,  sujette  à  caution,  qui  est  attaquée  dans  le  mé¬ 
moire  suivant. 

TIùc  origine  of  thc  colonring;  mat  ter  fit  Mr.  Slicppard?s 

clicliroic  fiuicB  ;  par  M.  E.  Ray  Lankesler  (ibid.,  n°  xix,  juillet  1870, 

pp.  14-17). 

Le  mémoire  de  M.  Sheppard  a  été  publié  dans  le  Quarterly  Journal  of 
microscopical  science ,  1867 ,  p.  64.  L’origine  de  la  couleur  du  liquide  en 
question  était  rapportée  à  un  changement  de  l’albumine  causé  par  l’action 
des  monades  ou  d’autres  organismes  microscopiques  sur  des  substances  orga¬ 
nisées.  VI.  Lankester  pense  que  cette  couleur  est  due  simplement  à  la  plivco- 
cyanede  M.  Colin  (1).  Cette  couleur  a  en  effet  deux  bandes  d’absorption  spec¬ 
trale  exactement  comme  la  phycocyane. 

M.  Àskenasy  (2)  a  fait  connaître  le  spectre  de  la  matière  colorante  des  Oscil- 
lariées,  peut-être  identique  à  la  phycocyane  de  M.  Colin  et  au  liquide  dichroï¬ 
que  de  M.  Sheppard  (3).  Il  est  possible  que  les  légères  différences  constatées 
entre  les  spectres  de  chacune  de  ces  substances  tiennent  seulement  aux  mé¬ 
thodes  d’observation. 


Uiitcrsuchniigen  ufiei*  «lie  optisclien  Verhâltnissc  des1 2 3 4 * * * 8 
grüucn  Sub§(aiiz  dcr  BliiHcr  [Recherches  sur  les  propriétés  op¬ 
tiques  de  la  matière  verte  des  feuilles ;  par  M.  Ed.  Hagenbach  ( Annalen 
der  Physik  und  C hernie ,  t.  CXLI,  p.  246). 

C’est  aux  propriétés  optiques  de  la  chlorophylle  considérée  uniquement 
comme  matière  colorante  extraite  des  feuilles  que  s’est  adressé  M.  Hagen¬ 
bach.  Ces  propriétés  se  manifestent  sous  deux  formes  caractéristiques  :  1°  la 
fluorescence  par  laquelle  les  rayons  incidents  sont  transformés  en  rayons  d’une 
réfrangibilité  moindre  (4);  2°  l’absorption  par  laquelle  une  partie  des  rayons 
transmis  à  travers  la  solution  de  chorophylle  est  absorbée  et  disparaît. 

(1)  Voyez  le  Bulletin ,  t.  xîv  ( Berne ),  p.  220. 

(2)  Voyez  le  Bulletin ,  t.  xv  (Revue),  pp.  107-109,  et  plus  haut,  p.  1. 

(3)  La  matière  colorante  des  Phycochromacées  et  des  Diatomées,  étudiée  par  MM.  G. 
Kraus  et  Millardet  (voyez  t.  xvi,  Revue ,  pp.  94  et  104),  présente  également  une  fluores¬ 
cence  très-caractéristique. 

(4)  On  nous  permettra  de  faire  remarquer,  sans  critiquer  les  opinions  de  M.  Hagenbach, 
que  ce  savant,  comme  tous  les  autres  physiologistes  allemands  dont  nous  reproduisons  les 

opinions,  pense,  d’après  Stokes  (Philosophie al  Transactions,  1852,  p.  4G3;  Ann.  chim.  et' 

phys .  3e  série,  t.  xxxvm,  p.  390),  que  la  fluorescence  est  due  à  un  changement  dans 
la  longueur  d’onde  des  rayons  qu’elle  affecte.  Mais  M.  Ed.  Becquerel,  qui  a  consacré  une 

partie  de  sa  vie  à  l’étude  des  phénomènes  optiques,  et  notamment  de  la  phosphorescence , 

pense  que  les  phénomènes  qualifiés  de  fluorescence  parles  savants  allemands  sont  simple- 


100 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


M.  Hagenbach  a  étudié  les  phénomènes  de  fluorescence  en  projetant  à  la 
surface  d’un  vase  rempli  d’une  solution  alcoolique  ou  éthérée  de  chlorophylle 
un  spectre  solaire.  Toutes  les  différentes  parties  de  celui-ci  étaient  déviées  de 
leur  direction  première,  de  manière  à  paraître  rouges.  La  teinte  n’était  pas 
cependant  uniforme  sur  toute  la  longueur  du  spectre;  on  y  reconnaissait 
aisément  des  bandes  d’une  nuance  plus  vive.  Ces  bandes,  au  nombre  de  sept, 
de  largeur  et  d’intensité  différentes,  représentent  autant  de  maxima  de  l’ac¬ 
tion  fluorescente.  Leur  position  est  parfaitement  fixe  et  déterminée  par  leurs 
relations  avec  les  lignes  de  Frauenhofer. 

D’un  autre  côté,  le  spectre  d’absorption  obtenu  en  observant  directement 
une  lame  de  solution  verte  avec  le  spectroscope,  offre  une  série  de  bandes 
sombres  qui  en  coupent  les  parties  visibles.  Celles-ci  se  réduisent:  à  la  partie 
située  à  gauche  de  la  ligne  de  Frauenhofer  B,  à  deux  bandes  brillantes  entre 
les  lignes  C  et  D,  à  une  bande  plus  large  entre  les  lignes  D  et  E,  et  enfin  à  une 
bande  également  assez  large  entre  les  lignes  E  et  F.  Le  spectre  ainsi  divisé 
offre  sept  lignes  d’absorption  bien  visibles  et  correspondant  aux  sept  maxima 
de  fluorescence.  La  relation  entre  ces  deux  phénomènes  est,  d’après  M.  Ila- 
genbach,  très-évidente.  Les  bandes  d’absorption  sont  dues  à  la  fluorescence 
qui  détourne  les  rayons  de  leur  route  normale  et  les  revêt  d’une  nuance  diffé¬ 
rente. 

La  provenance  de  la  chlorophylle  ne  paraît  pas  avoir  d’influence  sur  ses 
propriétés  optiques  :  quelle  que  soit  la  plante  qui  l’ait  fournie,  les  phénomènes 
sont  les  mêmes.  Par  contre,  ses  propriétés  se  modifient  un  peu  dans  une  solu¬ 
tion  préparée  depuis  un  certain  temps,  même  lorsqu’elle  a  été  soigneusement 
maintenue  dans  l’obscurité. 


lias  Grisai  «lcr  Bliittfcr  [Le  vert  des  feuilles );  par  M.  J. -J.  Müller 

(. Annalen  der  Physik  und  C  hernie,  t.  cxui,  p.  615). 

Ayant  comparé  le  spectre  fourni  par  la  lumière  verte  transmise  à  travers 
une  feuille  fraîche  de  diverses  plantes  avec  le  spectre  d’absorption  bien  connu 
des  dissolutions  de  chlorophylle,  M.  Müller  reconnut  que  ces  deux  spectres 
différent  entièrement  l’un  de  l’autre.  Le  spectre  des  feuilles  est  continu,  seule¬ 
ment  fort  rétréci  et  ne  s’étendant  qu’entre  les  lignes  B  et  F  de  Frauenhofer. 
11  ne  présente  pas  la  moindre  trace  des  bandes  d’absorption  de  la  chloro¬ 
phylle.  Celte  substance  doit  donc  se  trouver  dans  les  feuilles  fraîches  dans  un 


ment  des  exemples  de  la  propriété  très-générale  de  la  phosphorescence,  puisqu’ils  peuvent 
être  produits  après  cessation  de  l’impression  lumineuse  qui  les  détermine  ;  en  un  mot, 
qu’ils  sont  causés  par  le  mouvement  propre  des  molécules  du  corps,  qui,  impressionné 
au  préalable  par  la  lumière,  devient  ensuite  lumineux  par  lui-même  pendant  un  temps 
plus  ou  moins  long,  et  quelquefois  fort  court.  Cette  émission  spéciale  au  corps  lumineux 
est  elle-même  constante  quand  il  est  impressionné  d’une  manière  constante  aussi  par  la 
source  de  lumière.  —  IM .  de  Molli  définit  la  fluorescence  comme  la  propriété  de  dimi¬ 
nuer  la  réfrangibilité  des  rayons  et  de  les  émettre  dans  tous  les  sens. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


101 


état  d’agrégation  ou  de  combinaison  tout  différent  de  celui  où  elle  est  dans  les 
dissolutions  sur  lesquelleson  opère  ordinairement.  M.  Millier  a  obtenu  le  même 
résultat  de  feuilles  de  plantes  différentes. 

Uclicr  «lie  ilisoriiüoiisstreifcn  der  Chlorophylls  ( Sur 

les  bandes  d' absorption  de  la  chlorophylle)  ;  par  M.  L.  Schonn  ( Annalen 

der  Physik  und  C hernie,  t.  gxlv,  p.  106). 

M.  Hagenbach  a  dit  dans  son  mémoire  sur  les  propriétés  optiques  de  la 
chlorophylle  qu’il  y  aurait  un  grand  intérêt  à  rechercher  comment  ces  pro¬ 
priétés  varient  avec  les  diverses  conditions  dans  lesquelles  se  trouve  cette 
substance.  A  ce  propos,  M.  Schonn  rappelle  qu’il  avait  déjà  établi  dans  une 
notice  sur  la  chlorophylle  et  sur  le  bleu  des  fleurs,  publiée  dans  le  Zeitschrift 
fur  analytische  C hernie,  de  Fresenius,  dès  le  mois  de  mai  1870  (p.  327),  les 
faits  suivants  concernant  ces  raies  : 

1°  La  bande  dans  le  rouge  consiste  en  deux  bords  obscurs  et  une  portion 
médiane  qui  transmet  une  partie  de  la  lumière.  2°  La  chlorophylle  subit  sous 
l’influence  des  acides  une  modification  de  ses  propriétés  optiques  ;  entre  les 
bandes  placées  l’une  dans  l’orangé  et  l’autre  dans  le  vert,  par  conséquent, 

,  d’après  M.  Hagenbach,  entre  II  et  IV,  et  dans  le  milieu  de  cet  intervalle,  il  se 
produit,  sous  l’action  des  acides,  une  bande  appelée  III  par  M.  Hagenbach. 
3°  Avec  des  feuilles  fraîches,  je  ne  vis  que  la  bande  située  dans  le  rouge;  mais 
lorsque  celles-ci  eurent  été  desséchées  par  la  chaleur  de  la  flamme  qui  les 
éclairait,  et  furent  devenues  d’un  vert  jaune,  les  autres  raies  apparurent 
aussi. 

De  plus,  dans  le  travail  que  M.  Schonn  a  publié  sur  les  bandes  d’absorption 
de  la  chlorophylle  dans  le  Pharmaceutische  Centralblatt ,  1871,  n°  kl,  il  a 
décrit  en  détail  les  modifications  que  ces  bandes  subissent  sous  l’action  des 
acides  minéraux,  et  il  est  arrivé  aux  résultats  suivants  : 

1°  Les  bandes  III,  IV  et  V  naissent  sous  l’action  de  ces  acides;  la  chlo¬ 
rophylle  livrée  à  elle-même  subit  avec  le  temps  des  modifications  analo¬ 
gues. 

2°  Sous  l’action  des  acides,  les  bandes  obscures  s’éclaircissent,  soit  sur  leur 
bord  le  plus  réfrangible  spécialement,  soit  sur  toute  leur  étendue. 

3°  Les  bords  les  plus  réfrangibles  des  bandes  produites  par  les  acides  sont 
séparés  deux  à  deux  par  un  intervalle  constant  qui  est  égal  à  10  quand  on  a 
D  =  68,  E=  87  et  b  =  96. 

D’après  M.  Schonn,  la  phylloxanthine  ne  serait  pas  autre  chose  que  la  chlo¬ 
rophylle  proprement  dite,  et  la  phyllocyanine  serait  la  même  matière  un  peu 
modifiée  seulement  par  un  acide.  Cette  modification  aurait  pour  effet  d’en¬ 
richir  le  spectre  de  la  bande  III,  que  M.  Schonn  n’a  jamais  observée  dans  la 
solution  alcoolique  simple  de  chlorophylle. 


102 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Inflticsticc  «ïc  la  lumière  Mciae  saai»  la  proilnetioii  de 

FamÊdon  dans  la  chlorophylle;  par  M.  Éd.  Prillieux  ( Comptes 
rendus ,  1870,  t,  lxx,  pp.  521-523). 


Après  avoir  rappelé  des  travaux  analysés  t.  xvi  (Revue),  pp.  203  et  207, 
M.  Prillieux  insiste  sur  un  des  résultats  que  détermine  l’influence  de  la  lu¬ 
mière  pendant  la  végétation,  la  formation  de  l’amidon.  C’est  M.  Sachs  qui  a  eu 
le  mérite  de  reconnaître  et  de  démontrer  que  la  présence  de  l’amidon  dans  la 
chlorophylle  est  due  à  l'action  de  la  lumière.  M.  Famintzin  a  mis  depuis  ce 
phénomène  en  évidence,  et,  ayant  étudié  la  formation  de  l’amidon  sous  l’in¬ 
fluence  des  lumières  colorées  pari  es  milieux  liquides  qu’il  leur  faisait  traverser, 
il  a  cru  reconnaître  qu’elle  est  déterminée  seulement  par  la  lumière  jaune  ;  que 
dans  la  lumière  bleue,  au  contraire,  il  ne  se  forme  pas  d’amidon  (voy.  Ann. 
sc.  nat.,  5e  série,  t.  vu,  p.  177). 

M.  Prillieux  a  repris  ces  expériences,  en  employant  comme  M.  Famintzin 
une  Algue  du  genre  Spirogyra  pour  sujet  d’observation  ;  il  la  plaçait  dans  un 
flacon  fermé  et  posé  dans  l’axe  d’un  bocal  rempli  d’une  solution  de  sulfate 
de  cuivre  ammoniacal,  laquelle,  examinée  au  spectroscope,  ne  laissait  pas¬ 
ser  que  les  rayons  violets,  les  rayons  bleus  et  quelques  rayons  verts.  Il  a 
pu  constater  clairement  la  formation,  dans  la  chlorophylle  du  Spirogyra ,  de 
petits  grains  d’amidon  que  l’iodé  colorait  en  violet  foncé.  Mais  la  lumière 
ainsi  employée  était  la  plus  éclatante  possible.  M.  Prillieux  a  donc  confirmé  ce 
qu’il  avait  écrit  antérieurement  sur  l’action  des  lumières  colorées  d’intensité 
différente. 


I2eoÎ8«®!6tM!igeas  £tfoei#  den  ÜEfiitfUsft*  «les  SJeBstcs  «sud  «1er 
Warinc  auff  die  &tUia,kees*zeMgaB]5ï$ç  issa  C^iioropÜByBl 

(Recherches  sur  V influence  de  la  lumière  et  de  la  chaleur  sur  la  produc¬ 
tion  c?’ amidon  dans  la  chlorophylle );  par  M.  Gregor  Kraus  (Rringsheim's 
Jahrbücher ,  t.  vu,  pp.  511  et  suivantes). 


Comme  M.  Prillieux  (1),  M..  Kraus  a  repris  les  études  de  51.  Famintzin 
sur  la  production  d’amidon  dans  la  lumière  colorée  ;  il  s’élève  aussi  contre 
l’affirmation  de  ce  dernier  auteur  qu’aucune  trace  d’amidon  n’est  produite 
sous  l’influence  des  rayons  bleus. 

M.  Kraus  a  suivi  les  méthodes  expérimentales  indiquées  par  M.  Sachs 
pour  rechercher  les  moindres  vestiges  d’amidon  dans  les  tissus,  et  a  employé 
comme  milieu  coloré  de  grandes  cloches  doubles  imaginées  également  par  cet 
observateur.  L’intervalle  entre  les  deux  cloches  est  rempli  d’une  solution  de 
bichromate  de  potasse  pour  observer  l’action  de  la  partie  la  moins  réfrangible 


(1)  On  trouvera,  dans  le  Compte  rendu  des  séances,  en  mars  1872,  une  note  où 
M.  Prillieux  a  établi  ses  droits  de  priorité  sur  M.  Kraus  dans  cette  question. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  103 

du  spectre,  et  d’une  solution  d’oxyde  de  cuivre  ammoniacal  pour  observer  celle 
des  rayons  les  plus  réfrangibles. 

Différentes  plantes  aquatiques  ou  terrestres  végétèrent  successivement  dans 
ces  appareils  (Spirogyra,  Funaria  hygrometrica,  Elodea  canadensis,  Lepi - 
dium ,  etc.).  Le  résultat  fut  constamment  le  même  :  dans  les  trois  cloches 
employées  (lumière  blanche,  lumière  jaune  ou  lumière  bleue),  il  y  eut  de  l’ami¬ 
don  créé.  De  l’une  à  l’autre,  il  n’y  avait  qu’une  différence  de  proportion  et  de 
promptitude.  C’est  ainsi  que  dans  la  lumière  blanche  et  au  soleil,  les  pre¬ 
mières  traces  d’amidon  étaient  visibles  au  bout  de  cinq  minutes  ;  dans  la 
lumière  bleue,  une  insolation  de  quelques  heures  pouvait  seule  produire  un 
effet  appréciable. 

La  température  exerçait  aussi  une  certaine  influence,  mais  seulement  dans 
la  proportion  selon  laquelle  elle  agit  sur  la  végétation  en  général.  Lorsque  la 
chaleur  est  plus  forte,  la  végétation  est  plus  active;  il  est  donc  bien  naturel 
qu’une  plus  grande  quantité  d’amidon  soit  produite.  Mais  cet  effet  n’est  point 
dû  à  une  intervention  directe  de  l’élément  calorique  dans  le  phénomène,  car 
la  production  d’amidon,  bien  que  très-faible,  est  encore  appréciable  à  une 
température  où  la  plupart  des  autres  fonctions  sont  suspendues. 

Une  contre-épreuve  faite  au  moyen  de  la  balance  sur  des  cotylédons  de 
Lepidium  et  de  Linum  a  montré,  par  une  augmentation  de  poids  notable, 
que  l’amidon  était  bien  créé  là  de  toutes  pièces  et  qu’il  ne  s’agissait  pas  d’un 
produit  de  transformation. 

BeUra^c  zur  Keimtuiss  «1er  Clifiorophylls,  etc.  ( Faits  nou¬ 
veaux  sur  la  chlorophylle  et  quelques-uns  de  ses  dérivés);  par  MM.  Gerland 
et  Rauwenhoff  ( Archives  néerlandaises  des  sciences  exactes  et  naturelles , 
t.  vt,  1871,  pp.  97-115,  et  Annalen  der  Physik  und  C hernie ,  1871, 
t.  cxliii,  pp.  231-238). 

MM.  Gerland  et  Rauwenhoff,  dont  le  mémoire  est  daté  de  Levde,  février 
1871,  ont  tenu  à  rendre  compte  de  leurs  observations  et  de  leurs  expé¬ 
riences  sans  en  tirer  des  conclusions  absolues.  Après  avoir  décrit  (d’après 
M.  J.  Müller,  de  Fribourg)  un  mode  spécial  de  représentation  graphique, 
dans  lequel  l’image  du  spectre  lui- même  est  figurée  par  un  système  de  coor¬ 
données  rectangulaires,  et  avoir  perfectionné  cette  méthode,  ils  comparent 
un  certain  nombre  de  spectres.  Ceux  qu’offre  une  solution  de  chlorophylle  soit 
fraîche,  soit  conservée  dans  l’obscurité,  ou  bien  la  matière  colorante  pré¬ 
cipitée  par  évaporation  de  l’alcool  et  recueillie  sur  une  plaque  de  verre,  celui 
enfin  de  la  chlorophylle  même  enfermée  dans  la  feuille,  présentent,  d’après 
MM.  Gerland  et  Rauwenhoff,  les  mêmes  caractères  généraux.  Il  n’v  a  de  l’un 
à  l’autre  que  de  petites  différences,  concernant  la  bande  n°  III  principalement, 
et  tous  présentent  les  bandes  d’absorption  caractéristiques  décrites  par 
M.  Hagenbach.  On  remarquera  combien  ces  affirmations  contredisent  celles 


10/4 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

qu’a  exprimées  M.  J. -J.  Müller,  dans  le  mémoire  précédemment  analysé. 

I.es  auteurs  n’ont  pas  manqué  d’examiner  comment  ils  devaient  concevoir 
la  constitution  de  la  chlorophylle,  sujet  déjà  traité,  comme  nos  lecteurs  le 
savent,  par  un  certain  nombre  de  savants. 

M.  Fremy,  qui  nous  paraît  avoir  débuté  dans  ce  genre  de  recherches,  a 
divisé  la  matière  colorante  de  la  chlorophylle  en  deux  principes  constituants, 
un  bleu,  phyllocyanine,  et  un  jaune,  phylloxanthine  (1).  Plus  tard  il  a  pensé 
que  cette  substance  était  un  savon  végétal  formé  par  l’union  de  la  phylloxan¬ 
thine,  matière  neutre  et  sorte  de  glycérine,  avec  l’acide  phyllocyanique,  dont 
la  baryte  pouvait  le  séparer  (2). 

M.  Filhol,  en  traitant  la  chlorophylle  par  l’acide  chlorhydrique  et  en  la  fil¬ 
trant  sur  du  noir  animal,  la  décompose  et  en  tire  une  substance  analogue  à  la 
matière  jaune  des  fleurs;  un  excès  d’acide  la  fait  de  nouveau  passer  au  vert  (3). 
M.  Micheli  (4)  a  nié  le  dédoublement  de  la  chlorophylle.  M.  N.-J.-C.  Müller 
a  trouvé  que  l’évaporation  simple  de  la  solution  alcoolique  de  chlorophylle 
suffit  pour  prouver  qu’elle  est  un  mélange  de  divers  pigments  (5). 

Ces  auteurs  n’avaient  pas  employé  encore  l’analyse  spectrale,  mise  à  contri¬ 
bution  par  M.  Askenasy(G).  M.  TimirjasefT  l’a  employée  concurremment  avec 
les  méthodes  chimiques,  et  est  parvenu  à  des  résultats  importants  que  nous 
avons  signalés  plus  haut,  page  25.  Il  n’accepte  pas  la  préexistence  de  l’acide 
phylloxanthique  dans  la  chlorophylle. 

MM.  Gerland  et  Rauwenhoff  arrivent  à  conclure  que  la  chlorophylle  est 
composée  de  deux  matières  colorantes,  une  jaune  et  une  verte,  qui  peuvent 
être  séparées  par  la  filtration  sur  du  noir  animal.  Ils  ont  constaté  que  le  spectre 
de  la  matière  jaune  se  rapproche  considérablement  de  celui  de  la  chlorophylle 
elle-même  (tout  au  moins  de  celle  qui  a  été  conservée  dans  l’obscurité).  Mais 
il  n’est  point  certain  pour  eux  que  ces  deux  matières  soient  celles  que  M.  Fremy, 
d’une  part,  etM.  Kromeyer,  de  l’autre,  ont  obtenues  aux  dépens  de  la  chlo¬ 
rophylle.  La  phyllocyanine  de  M.  Fremy  paraît  aux  auteurs  être  un  produit 
artificiel.  Les  recherches  de  M.  Simmler  ( Annalen  der  C hernie  und  Physik , 
t.  cxv,  p.  593)  seraient  entachées  d’inexactitude.  Quant  à  l’expérience  de 
M.  Filhol,  qu’ils  ont  reproduite  avec  succès,  ils  font  remarquer  que  la  super¬ 
position  des  corps  des  deux  substances  obtenues  par  le  procédé  de  ce  savant 
reproduit  exactement  le  spectre  de  la  chlorophylle.  L’étude  des  caractères 
optiques  les  conduit  donc  à  regarder,  avec  M.  Filhol,  les  matières  ainsi  pré- 

(1)  Voyez  le  Bulletin,  t.  vu,  p.  940 . 

(2)  Voyez  le  Bulletin,  t.  xii  [Revue),  p.  145,  les  Ann.  sc.  nat .,  J  800,  p.  âô,  et  les 
Comptes  rendus,  t.  lxi. 

(3)  Voyez  le  Bulletin ,  t.  xii  (Revue),  p.  259,  et  les  Ann,  de  chimie  et  de  phtjsique , 
1808,  p.  332. 

(4)  Voyez  le  Bulletin,  t.  xv  (Revue),  p.  120. 

(5)  Voyez  le  Bullet  n,  t.  xvii  (Revue),  p.  102. 

(U)  Voyez  le  Bulletin ,  t.  xv  (Revue),  pp.  107-109. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  1  05 

parées  comme  les  véritables  principes  constituants  de  la  chlorophylle  cherchés 
parM.  Fremy. 

UcmcrkiiBig;cit  iiher  die  Wlrknng  des  Uclitcs  aiifTcgc* 
iations-Proccssc  imd  Clilorophylllzci'sctziing  ( Recher¬ 
ches  relatives  à  l'action  de  la  lumière  sur  la  végétation  et  sur  la  destruc¬ 
tion  delà  chlorophylle );  par  M.  Baranetzky  ( Bolanische  Zeitung ,  31  mars 
1871.  il»  13,  pp.  193-198). 

M.  Baranetzky  a  repris  le  sujet  déjà  étudié  par  M.  Prillieux  (vov.  le  Bul¬ 
letin,  t.  xvi,  Revue ,  p.  203).  Trouvant  que  ce  dernier  observateur  avait 
opéré  sur  des  couches  liquides  fort  minces  qui  laissaient  passer  trop  de  rayons, 
et  que  cela  infirmait  les  résultats,  M.  Baranetzky  employait  en  couches  de 
25  millimètres  d'épaisseur  de  l’oxyde  de  cuivre  ammoniacal  et  du  chlorure 
de  fer  qui  divisaient  assez  exactement  le  spectre  en  deux  moitiés  plus  ou  moins 
réfrangibles,  mais  douées  toutes  deux  d’un  pouvoir  éclairant  à  peu  près  égal. 
Les  résultats  ont  été  tout  à  fait  les  mêmes  :  à  égalité  d’intensité  lumineuse,  le 
nombre  des  bulles  d’oxygène  dégagées  pendant  l’acte  de  l’assimilation  était 
pareil.  De  même  pour  tout  ce  qui  lient  au  verdissement  de  la  chlorophylle 
étiolée  et  à  la  destruction  du  principe  colorant  dans  une  solution  alcoolique 
de  chlorophylle  sous  l’influence  des  rayons  lumineux.  Seules,  les  courbures 
qui  expriment  l’affinité  héliotropique  se  règlent  autrement  que  par  l’inten¬ 
sité  ;  elles  ont  leur  maximum  dans  la  partie  la  plus  réfrangible  du  spectre. 

Voici  comment  M.  Baranetzky  propose,  dans  l’état  actuel  de  nos  connais¬ 
sances,  de  décrire  l’action  de  la  lumière  : 

a.  La  décomposition  de  l’acide  carbonique  ou  assimilation,  la  formation  de 
la  chlorophylle,  la  destruction  du  principe  colorant,  sont  autant  de  phéno¬ 
mènes  uniquement  liés  au  degré  de  l’intensité  lumineuse. 

b.  Les  courbures  dues  à  l’héliotropisme,  les  mouvements  périodiques  d’or¬ 
ganes,  les  courants  de  protoplasma,  la  locomotion  des  grains  de  chlorophylle, 
ne  s’exécutent  que  sous  l’influence  des  rayons  les  plus  réfrangibles. 

Xtir  Fragc  iiber  clic  Wirkmig  farhigen  fiJclitcs  aut*  «lie 
Koli!eiftsa«Bre-I£eK*set:KiBKig  [De  V action  de  la  lumière  colorée  sur 
la  destruction  de  V  acide  carbonique)',  par  M.  AV.  Pfeffer  [Dot.  Zeit . ,  mai 
187J ,  n°  20,  col.  319-323). 

En  reconnaissant  que  M.  Prillieux  a  la  priorité  sur  lui  dans  ce  genre  de 
recherches,  M.  Pfeffer  la  revendique  pour  Draper,  qui  en  18/rfr  est  arrivé  à 
ce  résultat  que  la  force  de  décomposition  des  couleurs  spectrales  est  en  rap¬ 
port  avec  leur  pouvoir  éclairant  (1).  Il  reconnaît  que  M.  Prillieux  a  cependant 

(1)  Sur  l’action  relative  des  lumières  d’intensité  différente,  nos  lecteurs  fero-ntbien  de 
se  reporler  encore  à  un  mémoire  de  M.  Timirjaseff  (voyez,  t.  xvi.  Revue ,  p.  185),  et  à 
un  autre  plus  ancien  de  M,  de  Wolkoff  (voyez  t.  xnt,  Revue ,  p.  229). 


1ÜG  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

trouvé  une  nouvelle  méthode  d’observation,  mais  il  lui  reproche  d’avoir  commis 
une  erreur  fondamentale  dans  la  position  de  la  question.  Il  soutient  qu’il  n’est 
pas  possible  de  déterminer  le  moment  où  des  rayons  de  coloration  différente 
ont  la  même  intensité  pour  nos  yeux.  C’est  là  une  opinion  qui,  dit-il,  sera 
discutée  plus  au  long  par  M.  Sachs  dans  un  prochain  cahier  des  Arbeiten  des 
bot.  Instituts  in  Würzburg. 

Icïjcr  die  BcstaudUlocilc  tics  Cliloropliyfllfarbsfoffs  nud 
ISfirc  Ycrwandtcu  ( Sur  les  parties  composantes  de  la  matière  colo¬ 
rante  de  la  chlorophylle  et  les  corps  analogues)',  par  M.  G.  Kraus  ( Sit - 
zungsberichte  der  physikalisch-medicinischen  Societàt  zu  Erlangen , 
séance  du  7  juin  1871). 

M.  Kraus  a  employé  dans  ses  recherches  le  microspectroscope  de  M.  Brow¬ 
ning,  dont  nous  avons  parlé  plus  haut.  Il  a  voulu  d’abord,  pour  se  constituer 
une  base  solide,  tracer  un  tableau  exact  du  spectre  d’absorption  propre  à  la 
solution  de  chlorophylle,  alcoolique  ou  éthérée;  il  a  pris  de  grands  soins  pour 
préparer  des  solutions  et  a  opéré  sur  un  grand  nombre  de  plantes  appartenant 
à  des  familles  très-différentes.  Il  résulte  de  ses  observations  que  la  chlorophylle 
donne  toujours  le  même  spectre,  à  quelque  famille  qu’elle  appartienne  ;  ce 
spectre  a  été  jusqu’ici  plus  ou  moins  exactement  indiqué  dans  la  partie  la  plus 
réfrangible.  Dans  les  solutions  assez  concentrées  on  obtient,  du  rouge  au  vert, 
quatre  bandes  obscures,  étroites  et  constantes,  dont  l’épaisseur  va  en  diminuant; 
si  l’on  étend  la  solution  jusqu’à  ce  qu’elle  semble  d’un  jaune  verdâtre,  alors 
on  voit,  du  bleu  au  violet,  trois  larges  bandes  obscures  très-caractérisées.  Ces 
résultats  sont  conformes  à  ceux  qu’avait  publiés  auparavant  M.  Ilagenbach 
(voyez  plus  haut,  p.  100). 

M.  Kraus  a  aussi  examiné  le  spectre  fourni  par  des  feuilles  fraîches,  et  il  a 
constaté  que  les  bandes  obscures  de  ce  spectre  sont  exactement,  en  nombre  et 
en  largeur,  semblables  à  celles  du  spectre  de  la  chlorophylle,  mais  que  leur 
situation  est  changée  ;  elles  se  rapprochent  de  l’extrémité  rouge  du  spectre. 
Les  deux  dernières  n’apparaissent  guère  à  cause  du  défaut  de  transparence 
des  feuilles.  Ce  résultat  est  nouveau,  et  porte  l’auteur  à  croire  que  la  molécule 
de  chlorophylle  n’a  subi  aucun  changement  chimique  en  se  dissolvant  dans 
l'alcool,  mais  seulement  une  modification  d’état  physique.  Il  pourrait  tenir  à 
ce  que  la  molécule  de  chlorophylle  est  entourée  de  protoplasma  dans  la  feuille. 

Quant  à  la  constitution  de  la  chlorophylle,  M.  Kraus  pense  que  c’est  un 
mélange  de  matières  colorantes.  En  traitant  la  solution  alcoolique  par  le  ben¬ 
zol,  on  en  sépare  la  matière  verte  pour  laisser  une  solution  d'un  jaune  d’or  pur; 
c’est  un  procédé  de  dialyse.  M.  INic.  Millier  par  la  simple  évaporation  était 
arrivé  à  quelque  chose  d’analogue.  Or  le  spectre  de  la  chlorophylle  se  présente 
mathématiquement  comme  formé  par  la  réunion  des  spectres  de  ces  deux  ma¬ 
tières  colorantes.  Celle  qui  est  d’un  jaune  d’or  ne  donne  aucune  fluorescence 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


107 


et  n’offre  que  trois  bandes  d’absorption  dans  la  partie  la  plus  réfrangible  du 
spectre;  les  quatre  premières  bandes  du  spectre  total  sont  propres  à  la  sub¬ 
stance  d’un  bleu  verdâtre. 

La  substance  jaune  d’or  a  les  inemes  propriétés  optiques  que  la  matière  jaune 
des  feuilles  étiolées  (Ieucophylle)  et  que  celle  des  fleurs  des  Ranunculus,  Ber- 
ber  is,  Ficaria  et  de  certains  fruits  (anthoxanlhine).  On  peut  aussi  joindre 
à  ce  groupe  de  substances  identiques  la  phylloxanthine  de  M.  Fremy,  dont  les 
premières  inductions,  origine  de  nos  progrès  considérables  sur  ce  sujet,  se 
trouvent  en  fin  de  compte  confirmées  par  d’autres  procédés  d’analyse. 

Dans  des  recherches  communiquées  un  mois  plus  tard,  le  10  juillet  1871, 
à  la  Société  d’Et  langen,  M.  Kraus  a  fait  remarquer  que  la  densité  du  milieu 
où  sont  dissoutes  les  substances  colorantes  végétales  qu’il  a  étudiées,  influe 
beaucoup  sur  la  situation  des  raies  d’absorption  du  spectre  qui  les  a  traversées. 
Plus  cette  densité  est  forte,  plus  ces  raies  reculent  vers  l’extrémité  rouge  du 
spectre,  et  vice  versa.  Il  y  a  dans  celte  découverte  un  moyen  de  déterminer 
la  densité  du  protoplasma  où  sont  renfermés  les  grains  de  chlorophylle. 

Beaucoup  de  fleurs  jaunes  ont  donné  à  M.  Kraus  le  spectre  de  l’anthoxan- 
thine.  Il  en  a  été  autrement  de  Y  E  schscholtzia  californica.  Il  a  aussi  examiné 
les  propriétés  optiques  de  la  matière  colorante  bleue  ou  violette  d’un  grand 
nombre  de  corolles  ( Delphinium ,  Campanula ,  Iris  (1),  Tradescantia ,  An- 
ehusa,  G  ilia,  Clematis,  Echium).  Ces  fleurs  ont  toutes  donné  le  même  spectre, 
caractérisé  par  une  large  bande  d’absorption  dans  son  milieu. 

Uclicr  «Bas  Yerhaltcn  des  üliloropiiylls  asiam  LSclit  (Ma¬ 
nière  dont  se  comporte  la  chlorophylle  par  rapport  à  la  lumière)  ;  par 
M.  Lommel  (Annalen  der  Physik  und  C hernie ,  1871,  t.  cxLlii,p.  518). 

M.  Lommel,  en  comparant  le  spectre  d’absorption  de  la  chlorophylle  avec 
son  spectre  de  fluorescence,  s’est  convaincu  de  leur  parfaite  similarité.  Pour 
lui,  les  bandes  brillantes  du  second  correspondent  exactement  aux  bandes 
d’absorption  du  premier.  Il  fonde  sur  cette  analogie  une  théorie  optique  des 
deux  phénomènes  de  l’absorption  et  de  la  fluorescence,  théorie  qui  est  du 
domaine  de  la  physique  (2). 


(1)  Les  organes  pétaloïdes  réfléchis  de  la  fleur  des  Iris ,  qui  sont  d’un  si  beau  bleu 
indigo  à  la  lumière  réfléchie,  paraissent  (l’un  rouge  'violacé  quand  la  lumière  les  traverse. 

(2)  M.  Lommel  a  établi,  d’après  des  expériences  faites  sur  une  couleur  d’aniline,  le 
rose  de  Magdala,  que  le  corps  fluorescent  peut  émettre  par  fluorescence  des  radiations 
plus  réfrangibles  que  celles  qu’il  a  reçues,  ce  qui  est  contraire  à  la  loi  de  Slokes.  11  com¬ 
pare  les  vibrations  lumineuses  à  des  vibrations  sonores,  et  distingue  trois  classes  de  corps 
fluorescents.  Dans  la  première  classe,  fluorescence  par  résonnance ,  les  molécules  du 
corps  fluorescent  vibrent  de  la  même  manière  que  les  radiations  lumineuses  qui  les  frap¬ 
pent,  et  résonnent  avec  elles.  Telles  sont  les  molécules  delà  chlorophylle.  C’est  le  lieu 
de  rappeler  que  M.  Frank  (t.  xv,  Revue,  p.  115)  a  regardé  les  phénomènes  de  fluores¬ 
cence  comme  cause  de  la  coloration  des  parties  végétales.  Dans  la  deuxième  classe, 
fluorescence  par  différence,  les  rayons  absorbés  excitent,  outre  leurs  propres  vibrations,  un 


108 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Passant  ensuite  à  l’assimilation,  M.  Lommel  pose  d’abord,  comme  principe 
absolu,  que  pour  pouvoir  exercer  une  action  chimique  dans  une  substance 
quelconque,  un  rayon  lumineux  doit  être  absorbé  par  elle.  L’énergie  de  celte 
action  ne  dépendra  pas  seulement  du  degré  de  l’absorption,  mais  aussi  de 
l 'intensité  mécanique  du  rayon.  Un  rayon  complètement  absorbé  restera  sans 
eiïet,  si  son  intensité  mécanique  est  minime,  et  vice  versa ,  quelque  grande 
que  soit  celle-ci,  elle  n’agira  que  si  le  rayon  est  absorbé. 

Cette  intensité  mécanique  ne  doit  être  confondue  ni  avec  l’intensité  lumi¬ 
neuse,  ni  avec  l’intensité  chimique.  C’est  ce  que  d’autres  physiciens  appellent 
plus  communément  l’intensité  calorifique. 

Nous  rappelons  à  nos  lecteurs  que  pour  bien  apprécier  le  rôle  des  rayons 
calorifiques,  il  faut  employer  un  corps  qui  absorbe  tous  les  rayons  également 
et  transforme  en  chaleur  leur  force  vive.  Ce  corps,  c’est  le  noir  de  fumée  ; 
en  recouvrant  de  ce  noir  le  fil  d’une  pile  thermo-électrique,  on  obtient  un 
instrument  d’une  grande  sensibilité  qui  donne  au  physiologiste  les  indications 
les  plus  exactes.  Le  maximum  d’intensité  calorifique  se  rencontre  dans  les 
rayons  rouges.  M.  Lommel  conclut  donc  : 

Les  rayons  les  plus  actifs  dans  le  phénomène  île  l’assimilation  sont  ceux 
qui,  tout  en  étant  absorbés  par  la  chlorophylle,  possèdent  une  intensité  mé¬ 
canique  considérable  (1).  Ce  sont  les  rayons  rouges  compris  entre  les  lignes 
B  et  C  de  Frauenhofer. 

Il  serait  nécessaire  de  rapprocher  cette  conclusion  des  résultats  obtenus  par 
l’étude  des  plantes  vivantes  et  de  l’action  qu’exercent  sur  elles  les  rayons  qui 
ont  traversé  préalablement  des  solutions  ou  des  verres  colorés. 

Wirkung:  farhigen  Liehts  atif  «lie  Zcrsciztni&  «1er  koli* 
leusniire  in  l^fla&szesi  ( Action  de  la  lumière  colorée  sur  la  décom¬ 
position  de  l'acide  carbonique  dans  les  plantes );  par  M.  Pfeiïer  ( Arbeiten 
des  botanischen  Instituts  in  Würzburg ,  1871,  cahier  n°  1). 

Ce  travail  de  M.  Pfcffer  doit  être  recommandé  à  nos  confrères  par  la  per¬ 
fection  des  méthodes  employées  et  le  soin  avec  lequel  les  expériences  ont  été 
conduites.  Pour  arriver  à  une  exactitude  aussi  complète  que  possible , 
M.  Pfeffer  a  laissé  de  côté  les  différentes  méthodes  qui  consistent,  soit  à  com- 

groupe  de  vibrations  ultra-rouges,  et  la  fluorescence  obtenue  offre  une  teinte  résultant  de 
la  combinaison  de  ces  rayons  plus  réfrangibles  avec  ces  vibrations  obscures  peu  réfrangi- 
bles  :  Exemple:  esculine,  quinine,  curcuma.  La  troisième  classe,  fluorescence  composée , 
est  multiple,  comme  l’ont  prouvé  les  observations  de  M.  Pierre.  Elle  détermine  plusieurs 
teintes  dans  le  spectre  fluorescent.  Ce  phénomène  s’explique  par  le  fait  que  les  substances 
avec  lesquelles  on  l’observe  sont  un  mélange  de  plusieurs  substances  de  première  et  de 
seconde  classe,  donnant  une  fluorescence  simple. 

(1)  Rappelons  à  nos  lecteurs  que  M.  J.  Müiler  (Annalen  der  Physikund  Chemin,  1858, 
t.  cv,  p.  337)  a  disposé  les  rayons  dans  leur  action  sur  l’assimilation  végétale  en  se  fon¬ 
dant  sur  leur  pouvoir  calorifique. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


1 09 


pter  les  bulles  gazeuses,  soit  à  mesurer  les  quantités  de  gaz  qui  se  sont  échap¬ 
pées  d’une  plante  végétant  dans  l’eau.  Il  a  repris  la  méthode  de  M.  Boussin- 
gault,  qui  faisait  végéter  ses  plantes  dans  un  vase  clos,  dont  l’atmosphère 
renfermait  des  quantités  connues  d’acide  carbonique.  Comme  liquides  colorés, 
il  a  employé  du  chromate  de  potasse,  de  l’oxyde  de  cuivre  ammoniacal,  du 
rouge  d’aniline,  de  l’orselline,  du  violet  d’aniline,  de  la  chlorophylle,  et  aussi, 
pour  observer  l’effet  des  rayons  de  chaleur  obscure,  une  solution  très-con¬ 
centrée  d’iode  dans  du  sulfure  de  carbone. 

Dès  le  début  de  son  travail,  M.  Pfeffer  entrevit  que  les  effets  des  deux  moitiés 
du  spectre  qu’on  en  sépare,  l’une  par  le  chromate  de  potasse  et  l’autre  par  l’oxvde 
de  cuivre  ammoniacal,  représentaient,  prises  ensemble,  un  total  à  peu  près  égal  à 


tion  prédominante  de  l’intensité  lumineuse.  C’est  à  la  suite  de  cette  observation 
que  RI.  Pfeffer,  en  employant  tantôt  des  liquides  monochromatiques,  tantôt  des 
liquides  qui  n’excluent  qu’une  ou  deux  des  couleurs  spectrales,  est  arrivé  à 
déterminer  à  peu  près  le  pouvoir  assimilant  de  chaque  rayon.  Si  à  la  lumière 
blanche  la  chlorophylle  décompose  100  parties  d’acide  carbonique,  les  rayons 
isolés  donnent  les  chiffres  suivants  : 


Rouge  et  orangé . .  32,1 

Jaune . 46,1 

Vert .  15,0 

Bleu,  indigo,  violet .  7,6 

Total .  100,8 


Il  est  donc  bien  vrai  de  dire  que  l’action  de  la  lumière  combinée  repré¬ 
sente  la  somme  des  actions  partielles  qu’exerceraient  les  rayons  isolés.  La 
connaissance  de  ces  faits  permet  à  l’auteur  de  construire  la  courbe  de  l’assimi¬ 
lation.  Cette  courbe,  à  peu  près  parallèle  à  la  courbe  d’intensité  lumineuse, 
atteint  son  point  culminant  entre  les  raies  D  et  E  de  Frauenhofer.  Elle  n’a, 
par  contre,  rien  de  commun  avec  la  courbe  d’intensité  calorifique,  qui  suit 
une  loi  toute  différente. 

L’auteur  a  été  mis  en  mesure  de  confirmer  ses  résultats  par  des  données 
sur  l’augmentation  en  poids,  acquise  par  les  plantes  sous  l’influence  des  di¬ 
verses  régions  du  spectre.  Ces  données  sont  tirées  d’expériences  inédites  du 
professeur  Sachs  ;  leur  auteur  a  constaté,  même  dans  la  lumière  bleue,  une 
augmentation  de  poids  extrêmement  faible,  il  est  vrai,  mais  plus  grande  qu’elle 
ne  paraît  au  premier  abord,  puisqu’il  faut  tenir  compte  de  la  déperdition  de 
matière  solide  due  à  la  respiration.  Dans  la  lumière  jaune,  l’augmentation  en 
poids  représentait  35  pour  100  de  ce  qu’elle  aurait  été  dans  la  lumière 
blanche. 

Voici  les  conclusions  de  l’auteur. 

Les  rayons  du  spectre  perceptibles  à  notre  œil  sont  les  seuls  qui  puissent 
devenir  la  cause  de  la  décomposition  de  l’acide  carbonique.  Les  rayons  doués 


1 1 0 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE . 


du  pouvoir  éclairant  le  plus  considérable,  les  rayons  jaunes,  exercent  h  eux 
seuls  une  influence  égale  à  celle  de  tous  les  autres  pris  ensemble.  Les  rayons 
les  plus  réfrangibles  n’ont  qu’une  action  beaucoup  moins  marquée.  A  chaque 
couleur  spectrale  revient  un  certain  degré  d’activité  dans  le  phénomène  de 
l’assimilation,  degré  qui  reste  le  meme,  soit  que  les  rayons  agissent  isolément 
sur  les  plantes,  soit  que  leur  action  soit  combinée  (1). 


Délier  die  Einwlrkuug;  des  Dlelale*»  atif  den  Cliloi'opliyll 

[De  l’action  de  la  lumière  sur  la  chlorophylle );  par  M.  Gerland  ( Anna - 
len  der  Physik  und  C hernie ,  1871,  t.  cxliii,  p.  585). 


Dans  ce  second  mémoire,  M.  Gerland,  engagé  dans  de  nouvelles  recherches 
par  suite  de  la  publication  des  travaux  de  M.  Pfefler,  s’attache  d’abord  à  la  dé¬ 
coloration  de  la  chlorophylle  que  détermine  l’action  des  rayons  lumineux.  La 
solution  verte  pâlit,  dit-il,  plus  ou  moins  promptement,  suivant  que  la  chloro¬ 
phylle  dont  elle  est  formée  est  fraîche,  conservée  dans  l’obscurité,  précipitée  de 
l’alcool  et  dissoute  dans  l’éther  (chlorophylle  modifiée  de  Stokes,  etc.  ).  Mais  dans 
touslescas,  les  phénomènes  qui  se  succèdent  sont  les  mêmes  :  les  bandes  d’ab¬ 
sorption  pâlissent  peu  à  peu,  puis  disparaissent.  Il  reste  finalement  une  liqueur 
jaune,  dont  le  spectre  reproduit  celui  du  principe  jaune  de  M.  Filhol.  La 
durée  seule  de  la  décoloration  variait  ;  tandis  qu’elle  était  complète  dans  la 
chlorophylle  fraîche  au  bout  de  huit  jours,  la  solution  de  chlorophylle  modifiée 
résistait  plus  de  deux  mois. 

M.  Gerland  s’est  occupé  aussi  de  l’action  que  l’oxygène  peut  exercer  sur  la 
chlorophylle.  Voici  ses  conclusions  à  cet  égard  :  La  chlorophylle  trouve,  dans 
l’oxygène  de  l’air  et  dans  les  vibrations  lumineuses  de  l’éther,  deux  agents  qui 
travaillent  constamment  à  la  transformer.  Mais  l’intervention  simultanée  de 
tous  deux  est  nécessaire  pour  lui  faire  subir  une  modification  chimique.  Sous 
l'influence  de  la  lumière,  l’oxygène  entre  en  combinaison  avec  la  chlorophylle 
et  commence  à  la  modifier  (2).  Mais  si  l’éclairage  est  assez  intense,  cette  oxy¬ 
dation  s’interrompt  bientôt,  et  alors  la  décoloration  se  manifeste  rapidement. 
S’il  est  trop  faible,  l’oxygène  continue  son  œuvre,  et  la  chlorophylle,  au  lieu 
de  se  décolorer,  se  modifie.  Elle  arrive  alors  à  un  état  intermédiaire  dans 
lequel  tout  en  ayant  perdu  une  certaine  vivacité  de  nuances,  elle  résiste  plus 
longtemps  aux  rayons  lumineux.  Son  spectre  se  distingue  de  celui  de  la  chlo¬ 
rophylle  normale  par  la  présence  d’un  espace  bleu,  qui  sépare  la  cinquième 
bande  d’absorption  de  la  partie  la  plus  réfrangible  du  spectre.  Ce  sont  les 


(1)  En  comparant  ces  résultats  avec  ceux  de  M.  Prillieux,  M.  De  Bary  (Bot.  Zeit., 
1871,  p.  198),  reconnaît  au  botaniste  français  la  priorité  sur  les  points  où  il  y  a  concor¬ 
dance  entre  les  deux  observateurs,  et  le  mérite  d’une  simplicité  plus  grande  sur  les  points 
où  il  y  a  discordance. 

(2)  On  remarquera  combien  cette  opinion  est  opposée  à  celle  de  M.  Timii  jaseff  (voyez 
plus  haut,  p.  25). 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  111 

rayons  efficaces  dans  la  décoloration  qui  sont  absorbés  par  la  chloro¬ 
phylle  (1). 

M.  Gerland,  dans  son  second  mémoire,  insiste  de  nouveau  sur  ce  fait,  qu’il 
a  reconnu  dans  le  spectre  de  la  feuille  toutes  les  bandes  d’absorption  caracté¬ 
ristiques  de  la  solution  de  chlorophylle;  il  a  vu  en  outre,  dans  le  rouge  et 
dans  le  jaune,  deux  régions  légèrement  obscurcies. 

OliserviUioias  on  the  coloe*  of  fluorescent  solutions;  par 

M.  Henry  Morton  {The  American  Journal,  septembre  1871,  pp.  198, 

199). 

M,  Morton,  directeur  d’un  établissement  d’instruction  professionnelle,  le 
Stevens  Institute  of  Technology ,  est  arrivé  après  de  nombreuses  expériences 
à  cette  conclusion  inattendue,  que  toutes  les  solutions  fluorescentes  ordinaires, 
telles  que  la  teinture  de  turmeric  (2),  d’Agaric,  de  chlorophylle,  la  solution  de 
nitrate  d’urane,  émettent  (3)  par  fluorescence  des  rayons  de  même  couleur, 
c’est-à-dire  d’un  bleu  identique  avec  celui  que  donnent  les  sels  acides  de 
quinine,  et  qui  n’est  pas  une  teinte  monochromatique,  mais  un  spectre 
complet  dans  lequel  les  rayons  bleus  ont  une  intensité  prédominante.  L’auteur 
conclut  de  ses  expériences  que  les  molécules  des  corps  fluorescents  en  solu¬ 
tion  ne  sont  pas  capables  de  restreindre  leurs  vibrations  à  des  directions 
limitées,  mais  déterminent  seulement  par  leurs  mouvements  un  excès  des 
rayons  les  plus  réfrangibles,  quoique  la  même  substance  puisse  agir  tout  dif¬ 
féremment  à  l’état  solide. 

M.  Morton  a  constaté  que  la  fluorescence  du  turmeric  est  due  à  une  sub¬ 
stance  non  encore  observée,  soluble  dans  l’eau,  et  dépourvue  de  toute  colo¬ 
ration. 


(1)  Les  rayons  absorbés  étant  précisément  les  rayons  orangés,  complémentaires  de  la 
couleur  de  la  chlorophylle,  ceci  peut  être  regardé  comme  un  cas  particulier  d’une  loi 
posée  dès  1847  par  M.  Helmholtz  ( Philosophical  Transactions ,  1847,  2e  partie),  en  vertu 
de  laquelle  les  rayons  les  plus  efficaces  pour  la  destruction  d’une  couleur  végétale  sont 
généralement  les  rayons  dont  la  couleur  est  complémentaire  de  la  couleur  qu’ils  dé¬ 
truisent. 

(2)  Les  Anglais  donnent  le  nom  de  turmeric  à  la  poudre  jaune  fournie  par  plusieurs 
espèces  du  genre  Curcuma ,  et  employée  soit  comme  matière  colorante,  soit  à  la  manière 
de  notre  tournesol,  comme  réactif,  soit  encore  comme  condiment.  Les  tubercules  jeunes 
de  ce  genre,  qui  ne  sont  pas  encore  colorés,  donnent  de  la  fécule.  L 'arrow-root  des  Indes 
orientales  est  entièrement  produit  par  des  espèces  de  ce  genre  :  Curcuma  anguslifolia 
Roxb.,  C.  rubescens  Roxb.  A  Bornéo,  c’est  le  C.  purpurascens  RI.  qu’on  emploie  pour 
cet  usage.  On  a  aussi  l’habitude  d’y  mêler  à  des  parfums  la  poudre  de  cette  espèce  pour 
en  oindre  la  figure,  le  col  et  les  bras  du  marié  et  de  la  mariée  avant  la  noce.  ( Gardeners ’ 
Chronicle,  8  avril  1871.) 

(3'/  Il  n’est  pas  hors  de  propos  de  faire  remarquer  que  M.  Morton,  tout  en  maintenant 
le  terme  de  fluorescence ,  aujourd’hui  généralement  adopté,  rapporte  la  cause  des  phéno¬ 
mènes  observés,  comme  M.  Becquerel,  à  une  vibration  propre  des  molécules  du  corps 
fluorescent. 


1 J  2 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


On  flic  influence  of  tlie  bine  color  of  tlic  sky  In  de- 
vcloping  animal  and  vege4able  life,  as  illustrated  in  the 
experiments  of  Gen.  A. -J.  Pleasonton  between  tlie  years  1861  and  1871 
at  Philadelphia  (De  l'influence  de  la  couleur  bleue  du  firmament  sur 
le  développement  de  la  vie  animale  et  végétale ,  etc.)  ;  par  M.  le  général 
Pleasonton.  In-8°  de  1k  pages.  Philadelphie,  1871. 


Cet  ouvrage  a  déjà  eu  trois  éditions  en  Amérique  ;  il  se  trouve  dans  les 
Comptes  rendus  de  l’Académie  des  sciences ,  séance  du  20  novembre  1871, 
p.  1236,  un  résumé  succinct  des  expériences  du  général  Pleasonton,  extrait 
d’une  lettre  de  M.  H.  Poëy,  directeur  de  l’observatoire  météorologique  de  la 
Havane,  à  M.  Élie  de  Beaumont. 

M.  Pleasonton  a  fait  construire  sur  sa*  propriété  (située  dans  la  partie  occi¬ 
dentale  de  l’État  de  Philadelphie)  une  serre  froide  pour  Yignes.  Il  fit  placer 
sur  les  parois  de  la  serre  une  ligne  de  carreaux  violets  après  sept  lignes  de 
carreaux  blancs,  et  ainsi  de  suite.  Ces  lignes  de  carreaux  colorés  alternaient 
entre  elles  sur  les  deux  versants  de  la  serre,  de  telle  sorte  que  le  soleil,  dans 
sa  marche  diurne,  jetât  de  la  lumière  violette  successivement  sur  toutes  les 
feuilles  des  plantes  qu’elle  devait  contenir.  Les  Vignes  dont  les  branches  tapis¬ 
saient  à  l’intérieur  le  vitrage  de  cette  serre  crurent  avec  une  grande  rapidité, 
et  le  jardinier  n’était  occupé  qu’à  attacher  chaque  jour  du  bois  nouveau  qui 
n’existait  pas  la  veille. 

Quelques-uns  des  pieds  de  ces  Vignes  avaient  atteint  jusqu’à  quarante-cinq 
pieds  anglais  de  longueur  et  un  pouce  de  diamètre  à  la  hauteur  d’un  pied  au- 
dessus  du  sol,  et  cela  dans  l’espace  de  cinq  mois  seulement.  La  croissance  des 
mêmes  Vignes,  semblablement  traitées,  dans  la  deuxième  année,  fut  encore 
plus  remarquable.  Les  boutures  enracinées  portaient,  dix-sept  mois  après,  une 
récolte  de  raisins  magnifiques.  Ces  raisins  furent  exempts  des  maladies 
auxquelles  la  Vigne  est  sujette. 

M.  Poëy,  pour  expliquer  ces  résultats  presque  incroyables,  s’appuie  sur 
des  données  scientifiques  anciennes  et  manifestement  erronées,  fournies  par 
Senebier  et  par  Robert  Hunt.  Il  croit  que  c’est  la  lumière  la  plus  réfrangible 
du  spectre  qui  agit  avec  le  plus  d’intensité  pour  la  formation  de  la  chlorophylle. 

Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  faire  connaître  à  nos  lecteurs  autrement  que 
par  son  titre  un  Rapport  de  M.  Poëy  sur  l’influence  des  agents  climatériques, 
atmosphériques  et  terrestres  en  agriculture,  présenté  au  département  de  l’a¬ 
griculture  de  Washington  et  publié  en  1869  ;  M.  Poëy  y  a  analysé  tous  les  tra¬ 
vaux  qui  ont  été  faits  à  l’égard  de  l’action  de  la  lumière  sur  les  végétaux  (1). 


(l)  On  trouvera  dans  le  journal  anglais  The  Florist  (numéro  de  décembre  1865)  le  résul¬ 
tat  d'expériences  curieuses  faites  par  M.  Tinkler,  secrétaire  de  la  Société  d  horticulture 
de  Soulhampton.  M.  Tinkler  semait  ses  graines  dans  des  pots  à  fleurs  dont  les  uns  res- 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


1  I  3 


Inilucnce  «les  «SS verses  couleurs  sur  lo  végétation  ;  par 

M.  Paul  Bert  ( Comptes  rendus ,  séance  du  18  décembre  1871,  t.  lxxiii, 

n°  25,  pp.  14^i^i-1  ^i47). 

M.  Bert  a  placé,  sous  de  grands  châssis  garnis  de  verres  de  différentes 
couleurs,  vingt-cinq  espèces  de  plantes  appartenant  à  presque  autant  de  fa¬ 
milles  végétales  :  il  y  avait  des  plantes  vivant  au  grand  soleil  (Verbascum,  Hy- 
pericum ),  d’autres  vivant  à  l’ombre (  Viola);  des  Crassulacées,  des  Cactées,  des 
Cryptogames  vertes  (Mousse,  Selaginella,  Adiantum )  ;  des  plantes  fortement 
colorées  en  rouge  ( Perilla );  des  Sapins.  Les  végétaux  d’une  même  espèce 
étaient  de  même  taille,  provenant  d’un  même  semis.  L’un  des  châssis  était 
garni  de  verres  ordinaires,  un  autre  de  vitres  blanches  dépolies,  un  troisième 
de  verres  bien  noircis;  un  quatrième  était  vitré  de  rouge,  un  cinquième  de 
jaune,  un  sixième  de  vert,  un  septième  de  bleu.  Examiné  au  spectroscope, 
avec  un  faible  bec  de  gaz,  le  verre  rouge  était  sensiblement  monochroma¬ 
tique;  le  verre  jaune  laissait  passer  le  spectre  entier  avec  éclat  relatif  plus 
grand  de  la  région  jaune  ;  avec  le  verre  vert,  les  régions  non  vertes  étaient 
très -affaiblies,  surtout  la  région  bleue-violette  ;  le  verre  bleu  arrêtait  tout, 
sauf  le  bleu  et  le  violet,  laissant  à  peine  voir  le  rouge. 

Les  expériences  furent  commencées  le  20  juin.  Le  20  août,  il  ne  restait 
plus  vivants,  sous  les  verres  noirs  et  verts,  que  les  Cryptogames  ;  ceux-ci 
même  étaient  malades  sous  le  verre  rouge,  mais  ils  se  comportaient  assez  bien 
sous  le  jaune  et  sous  le  bleu  ;  quant  aux  autres  plantes,  le  rouge  leur  avait  été 
évidemment  plus  funeste  que  les  autres  couleurs. 

L’auteur  conclut  ainsi  : 

1°  Que  la  couleur  verte  est  presque  aussi  funeste  pour  les  végétaux  que 
l’obscurité  :  c’est  ce  que  j’avais  déjà  vu  dans  mes  expériences  sur  la  Sensi¬ 
tive  ;  ce  fait  avait  été  comme  prévu  et  expliqué  d’avance  par  M.  Cailietet. 

Il  ne  serait  cependant  pas  exact  de  dire  que  la  lumière  verte  n’a  aucune 
influence  sur  les  végétaux  ;  j’ai  constaté,  en  effet,  que  des  plantes  fortement 
héliotropes  se  tournent  et  s’inclinent  du  côté  du  vert  plutôt  que  du  côté  du 
rouge,  et  vont  à  celui-ci  pour  fuir  l’obscurité. 

2°  Que  la  couleur  rouge  leur  est  encore  fort  nuisible,  bien  qu’à  un  moindre 
degré.  Elle  les  fait  s’allonger  d’une  manière  singulière. 

taient  exposés  à  la  lumière  du  soleil,  et  les  autres  étaient  recouverts  par  du  papier  bleu 
ou  du  papier  jaune.  Les  graines  recouvertes  par  du  papier  bleu  se  sont  développées  plus 
promptement  que  celles  qui  étaient  exposées  à  la  lumière,  et  celles  qui  étaient  recou¬ 
vertes  de  papier  jaune  n  ont  pas  germé  du  tout.  L’auteur  attribue  ce  fait  à  l’inlluence 
chimique  prépondérante  des  rayons  bleus.  L’éditeur  du  Gardeners'  Chronide  (1872, 
9  mars,  p.  289)  nous  apprend  que  l’expérience  a  été  fréquemment  répétée  avec  les 
mêmes  résultats.  Celte  expérience,  relativement  à  la  germination,  n'est  pas,  en  effet, 
trop  en  désaccord  avec  les  données  générales  de  la  science;  mais,  bien  qu’elle  soit  citée 
à  propos  des  observations  du  général  Pleasonton,  nous  devons  faire  observer  qu’elle  ne  se 
présente  pas  dans  le  même  cas. 


T.  XV 111. 


(revue)  8 


11 A  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

3°  Que  la  couleur  jaune,  moins  dangereuse  que  les  précédentes,  l’est  plus 
encore  que  la  couleur  bleue. 

a0  Qu’en  définitive,  toutes  les  couleurs,  prises  isolément,  sont  mauvaises 
pour  les  plantes;  que  leur  réunion  suivant  les  proportions  qui  constituent  la 
lumière  blanche  est  nécessaire  pour  la  santé  des  végétaux;  et  qu’enfin  les 
jardiniers  devront  renoncer  à  l’emploi  des  verres  ou  abris  colorés  pour  serres 
ou  châssis. 

Or,  si  l’on  examine  au  spectroscope  la  lumière  qui  a  traversé  une  feuille,  on 
voit  qu’elle  est  surtout  riche  en  rayons  verts  et  rouges;  ce  qui  signifie  que 
ces  rayons  n’ont  point  été  utilisés  par  la  plante.  Il  n’est  donc  pas  étonnant  que 
les  végétaux  ne  puissent  vivre  si  on  ne  leur  donne  comme  lumière  que  celles 
précisément  desquelles  ils  ne  tirent  ordinairement  aucun  parti. 

Mais  les  chlorophylles  contenues  dans  les  feuilles  des  diverses  espèces  de 
végétaux  ne  laissent  point  passer  exactement  les  mêmes  rayons  colorés.  De  là 
vient  sans  doute  que  si  à  l’ombre  d’un  grand  Chêne,  par  exemple,  les  taillis 
de  Chêne  ne  poussent  qu’à  grand’peine,  les  Mousses  et  les  Fougères  y  pros¬ 
pèrent  à  merveille,  et  que  dans  les  buissons  les  plus  obscurs,  les  Violettes, 
certains  Neottia,  etc.,  poussent  parfaitement  (1). 

L’auteur  croit  que  les  associations  de  plantes  vertes  qui  vivent  à  l’ombre 
les  unes  des  autres  ont  pour  raison  principale  la  différence  des  rayons  colorés 
que  leurs  feuilles  utilisent. 

M.  P.  Bert  a  fait  sur  e  même  sujet  une  communication  à  la  Société  philo¬ 
mathique,  dans  sa  séance  du  27  janvier  1872.  Cette  communication  est  pu¬ 
bliée  dans  le  journal  V Institut ,  n°  1944.  On  y  trouve  quelques  détails  supplé¬ 
mentaires. 

Il  a  faitpousser  des  Haricots  partie  à  l’air  libre,  partie  dans  le  châssis  obscur, 
partie  sous  les  châssis  colorés.  Il  a  reconnu  que  le  Haricot,  après  avoir  atteint 
50  à  60  centimètres,  avait  toujours  perdu  de  son  poids,  même  planté  dans 
de  bonne  terre,  même  exposé  à  la  lumière.  M.  Boussingault  avait  autrefois 
constaté  un  fait  analogue.  Cela  est  d’ailleurs  en  harmonie  avec  l’état  de  la 
science  sur  la  germination  des  végétaux,  avec  les  résultats  obtenus  par 
MM.  Edwards  et  Colin,  la  plante  se  conduisant  comme  un  animal,  et  brûlant 
son  propre  tissu  pour  vivre  tant  qu’elle  n’a  pas  développé  une  quantité  de 
chlorophylle  suffisante  pour  contre-balancer  cette  déperdition.  Mais  il  est  dans 
les  expériences  un  fait  nouveau  acquis  à  la  science  :  c’est  que  les  Haricots, 
dans  ces  conditions,  perdent  de  leur  poids  dans  le  châssis  à  verre  ordinaire 

(1)  Il  est  bon  de  rappeler  à  ce  propos  que  M.  Edm.  Becquerel,  qui  a  fait  des  expé¬ 
riences  avec  des  écrans  colorés  par  une  solution  de  chlorophylle,  a  vu,  sous  cette 
influence,  après  deux  jours  d’action  de  huit  heures  chacun ,  verdir  des  folioles  de 
jeunes  tiges  de  Navet  hâtif  et  d’Orge,  germées  au  préalable  dans  l’obscurité.  M.  Bec¬ 
querel  n’admet  qu’avec  de  grandes  réserves  les  résultats  de  M.  Cailletet.  Les  rayons  qu’il 
regarde  comme  les  plus  actifs  dans  l’assimilation  végétale  sont  les  rayons  de  la  partie 
orangée,  jaune  et  verte  du  spectre.  (La  Lumière,  t.  II,  p.  279.) 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


115 


plus  qu’à  l’air  libre,  et  dans  le  châssis  obscur  plus  encore.  M.  Bert  n’a  pas 
encore  parlé  des  résultats  qu’il  a  obtenus  sur  ce  sujet  par  l’emploi  des  verres 
colorés. 

Réflc^iou  ^  s  «a  a*  les  expériences  du  général  Plcasontoia  ; 

par  M.  Duchartre  (Extrait  du  Journal  de  la  Société  centrale  d'horticul¬ 
ture,  décembre  1871,  pp.  515-527);  tirage  à  part  en  brochure  in-8°  de 
13  pages. 

RI.  Duchartre  fait  observer  que  Ses  Vignes  renfermées  dans  la  serre  du 
général  Pleasonton  recevaient  7/8  de  lumière  blanche,  et  que,  soumises  deux 
fois  par  jour,  avant  et  après  midi,  à  la  lumière  violette,  elles  étaient  insolées 
le  reste  du  temps  de  la  manière  ordinaire.  Il  n’est  pas  impossible,  dit  notre 
savant  confrère,  que  cette  alternance  et  cette  succession  d’actions  lumineuses 
différentes  impriment  à  la  végétation  une  série  de  secousses  ayant  pour  résul¬ 
tat  général  d’en  augmenter  l’activité. 

RI.  Duchartre  a  encore  recours  à  d’autres  considérations  que  nous  croyons 
devoir  transcrire  textuellement  : 

La  décomposition  de  l’acide  carbonique  par  les  organes  verts  sous  l’influence 
de  la  lumière  solaire  est  sans  doute  indispensable  pour  l’accroissement  des 
végétaux,  puisqu’elle  doit  donner  lieu  à  la  formation  des  substances  végétales 
hydrocarbonées,  particulièrement  delà  cellulose,  matière  essentiellement  con¬ 
stitutive  des  tissus,  de  l’amidon,  etc.;  mais,  tout  important  qu’il  est,  ce  phéno¬ 
mène  n’est  pas  le  seul  qui  détermine  l’accroissement  des  végétaux,  comme  on 
semble  souvent  le  croire.  Un  autre  fait  le  précède  nécessairement  ;  en  effet, 
il  y  a  pour  les  organes  des  végétaux  deux  périodes  successives  :  1°  la  nais¬ 
sance  et  la  formation  première  ;  2°  le  développement  qui  constitue  la  crois¬ 
sance  nettement  visible  et  qui  s’accompagne  de  la  consolidation  générale,  de 
raffermissement  des  tissus.  L’influence  de  la  lumière  n’est  nullement  indis¬ 
pensable  pendant  la  première  de  ces  deux  périodes  ;  ce  n’est  même  pas  aller 
trop  loin  que  de  dire,  en  règle  générale,  qu’elle  serait  nuisible  pendant  ce 
temps  :  aussi  voyons-nous  que  la  nature  a  généralement  entouré  les  points  où 
elle  s’accomplit  de  parties  protectrices  qui  ont  en  même  temps  pour  effet 
d’abriter  plus  ou  moins  complètement  ces  points  contre  l’influence  lumineuse; 
c’est  ce  que  nous  montrent  les  bourgeons  ainsi  que  la  sommité  extrême  des 
tiges  et  de  leurs  ramifications  où  le  point  végétatif  toujours  abrité  donne  nais¬ 
sance  à  tous  les  tissus.  Loin  de  nuire  à  cette  production  de  tissus  nouveaux, 
l’obscurité  extérieure  paraît  la  favoriser  ;  aussi  voit-on  qu’une  plante  allonge 
démesurément  les  entre-nœuds  de  sa  tige  (et  finalement  s'étiole)  dans  l’obscu¬ 
rité,  qui,  ne  permettant  pas  la  décomposition  de  l’acide  carbonique,  rend  par 
cela  même  impossible  la  formation  des  substances  solides,  ou,  en  d’autres 
termes,  la  consolidation.  Comme,  dans  la  serre  du  général  américain,  à  l’ac¬ 
tion  de  la  lumière  violette  fort  peu  éclairante  succède  celle  sept  fois  plus  pro- 


11(5  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

longée  de  la  lumière  blanche  très-intense  qui  traverse  les  vitres  incolores,  le 
commencement  d’étiolement  qui  a  dù  se  produire,  et  qui  a  eu  pour  effet  une 
forte  croissance  en  longueur,  finit  en  meme  temps  que  l’action  de  la  lumière 
\iolette,  et  la  décomposition  de  l’acide  carbonique,  avec  les  phénomènes  qui 
l’accompagnent  et  qui  la  suivent,  met  fin  à  cet  étiolement  passager  en  con¬ 
solidant  les  tissus  produits  antérieurement  dans  des  conditions  spéciales. 

On  trouvera  dans  le  Gardeners ’  Chronicle  du  10  février  1872  une  autre 
explication  des  résultats  obtenus  par  1\I.  Pleasonton.  L’auteur  les  attribue  aux 
effets  des  différences  de  tension  dans  les  parties  végétales.  La  moelle  possède 
une  tension  active,  c’est-à-dire  qu’elle  tend  perpétuellement  à  allonger  le  sar¬ 
ment  qui  la  renferme;  l'écorce,  au  contraire,  est  passive  dans  ce  phénomène. 
Or,  dans  l’obscurité,  et  probablement  sous  la  lumière  violette  en  proportion 
relative,  les  cellules  de  la  moelle  s’allongeraient  comme  d’habitude  sans  être 
retenues  dans  leur  expansion  par  les  cellules  du  bois  et  de  l’écorce.  Celles-ci 
ne  pourraient  l’empêcher  à  cause  du  défaut  d’insolation  suffisante. 


^Ififtscrvaüotis  relatives  aux  expériences  eoBiîiBiüiisirniëcs! 
récemment  par  M.  A.  ï*oëy;  par  M.  Baudrimont  ( Comptes 
rendus,  1872,  n°  7,  pp.  47i-/i72). 


M.  Baudrimont  a  fait,  depuis  l’année  1858,  des  expériences  du  même  ordre 
sur  des  végétaux  appartenant  à  diverses  familles,  et  il  a  obtenu  des  résultats 
tout  à  fait  inverses  de  ceux  qui  sont  annoncés  par  M.  Poëy.  Les  végétaux  qu’il 
observait  étaient  placés  dans  de  petites  serres,  où  la  lumière  ne  pouvait 
pénétrer  qu’après  avoir  traversé  des  verres  présentant  une  couleur  spéciale 
pour  chacune  d’elles  :  ces  couleurs  étaient  le  rouge  monochromatique, 
l’orangé,  le  jaune,  le  vert,  le  bleu,  le  violet.  Une  serre,  servant  de  terme  de 
comparaison,  était  éclairée  par  la  lumière  qui  avait  traversé  du  verre  incolore 
ou  légèrement  coloré  en  vert. 

M.  Baudrimont  affirme  que  toutes  les  couleurs,  sans  exception,  ont  été  défa¬ 
vorables  à  la  végétation.  Nulle  ne  l’a  été  plus  que  la  violette  :  toutes  les 
plantes  éclairées  par  cette  couleur  sont  mortes  les  premières;  après  le  violet, 
la  couleur  la  plus  funeste  a  été  le  vert.  Le  bleu,  situé  entre  les  deux,  n’a  pas 
donné  d'aussi  mauvais  résultats. 

Il  semble  en  outre  à  M.  Baudrimont  que  a  seule  conséquence  logique  qui 
découle  des  expériences  du  général  Pleasonton,  c’est  que  la  lumière  complé¬ 
mentaire  du  violet  est  nuisible  à  la  végétation. 

Nous  nous  permettrons  de  faire  remarquer  que  le  général  américain  n’avait 
pas  enfermé  ses  plantes  sous  l’influence  exclusive  de  la  lumière  violette,  que 
celle-ci  ne  formait  qu’une  fraction  de  la  lumière  totale  reçue  par  les  Vignes 
qu’il  avait  mises  en  expérience. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


117 


Uclier  liclitwarts  sicïi  liewc^cndc  Chlorophyïlkorncr 

(Du  mouvement  des  grains  de  chlorophylle  vers  la  lumière );  par  M.  B. 
Frank  ( Botanische  Zeitung ,  1871,  nos  14  et  15,  col.  210-215,  225-232). 


Selon  M.  Frank,  les  grains  de  chlorophylle  (dont  les  mouvements  ont  été 
étudiés  par  MM.  Famintzin,  Borodin,  Prillieux  et  Roze)  joindraient  à  ces 
mouvements  déjà  connus  une  propriété  caractéristique,  une  tendance  mar¬ 
quée  à  se  diriger  dans  l’intérieur  de  la  cellule  du  côté  le  plus  éclairé,  absolu¬ 
ment  comme  le  font  les  zoospores  placées  dans  une  assiette  auprès  d’une 
fenêtre  (1).  Pour  pouvoir  constater  ce  phénomène,  il  faut  naturellement  avoir 
affaire  à  des  plantes  dont  les  cellules  soient  un  peu  grandes,  telles  que  les  pré¬ 
sentent  souvent  les  plantes  aquatiques.  Les  premières  observations  ont  été 
faites  sur  des  feuilles  de  Sagittaria  sagittifolia ,  dont  un  pied  croissait  près 
d’une  fenêtre.  La  répartition  générale  des  grains  de  chlorophylle  pendant  le 
jour  et  pendant  la  nuit  suivit  d’abord  rigoureusement  les  lois  posées  par 
MM.  Famintzin  et  Borodin;  mais  à  mesure  que  l’éclairage  unilatéral  se  pro¬ 
longeait,  les  choses  changeaient  d’aspect,  et  les  grains  de  chlorophylle  mon¬ 
traient  une  tendance  toujours  plus  marquée  à  s’accumuler  du  côté  de  la 
cellule  le  plus  fortement  éclairé. 

Les  mêmes  faits  se  sont  reproduits  dans  les  cellules  du  prothallium  de  dif¬ 
férentes  Fougères  et  dans  les  feuilles  d’une  Mousse,  le  Mnium  rosir atum 
Schwægr.  La  position,  la  direction,  l’orientation  des  cellules  n’ont  aucune  in¬ 
fluence  sur  le  phénomène  qui  se  manifeste  également  bien  dans  tous  les  cas, 
à  la  lumière  diffuse  comme  aux  rayons  solaires;  quant  aux  différentes  régions 
du  spectre,  l’auteur  n’a  pas  pu  faire  de  distinction  marquée.  D’une  manière 
générale,  la  diminution  dans  l’intensité  lumineuse  rend  le  phénomène  moins 
saillant,  parfois  irrégulier;  il  se  manifeste  cependant  toujours,  quelle  que  soit 
la  couleur  des  rayons  lumineux. 

M.  Frank  croit  pouvoir  associer  ce  déplacement  des  grains  de  chlorophylle 
à  des  courants  protoplasmiques  particuliers.  Peut-être  ce  travail  deviendra- t-il 
l’origine  d’observations  intéressantes  sur  les  relations  de  la  lumière  avec  les 
courants  intracellulaires,  phénomènes  encore  bien  imparfaitement  connus. 


l'elier  elei*  Eisnfïsas.s  farbigen  Licites  anf  Scbcîitle  B*ilan- 

zenzellc»  (De  l'influence  de  la  lumière  colorée  sur  les  cellules  vi¬ 
vantes );  par  M.  J.  Reinke  (Bot.  Zeit 1871,  nosô6  et  47,  col.  790-793, 
797-802). 

MM.  Borscow  et  Lürssenont  étudié  chacun  déjà  l’action  des  lumières 


(1)  On  sait  que  l’influence  de  la  lumière  sur  la  direction  des  zoospores  a  été  l’objet 
d’observations  particulières  de  la  part  de  M.  Colin  (voyez  le  Bulletin,  t.  xiv,  Revue,  p.  40; 
t.  xv,  Revue,  p.  122  ;  et  t.  xvi,  Revue,  p.  139).  Les  résultats  de  M.  Frank  ne  cadrent 
qu’en  partie  avec  ceux  de  M.  Cohn,  lequel  refusait  toute  influence  à  la  lumière  rouge. 


118 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


colorées  sur  le  mouvement  du  protoplasma  dans  les  poils  des  Orties.  Ces  deux 
observateurs  ont  été  d’accord  sur  ce  point  que  le  protoplasma  meurt  promp¬ 
tement  dans  la  lumière  rouge  ;  que  la  lumière  rouge  seule  est  nuisible  à  la 
vie  cellulaire.  Les  observations  dcM.  Reinke  n’ont  pas  confirmé  ces  résultats. 
Il  a  exposé  simultanément  des  poils  d’Ortie  à  la  lumière  bleue,  à  la  lumière  de 
l’extrémité  spectrale  opposée,  à  la  lumière  solaire  et  dans  l’obscurité.  Aucune 
action  constante  du  milieu  n’a  pu  être  constatée  par  lui  dans  aucun  de  ces 
quatre  cas.  Il  conclut  que  la  lumière  rouge  n’exerce  en  aucune  manière  l’ac¬ 
tion  meurtrière  qui  lui  a  été  attribuée. 

M.  Borscow  a  publié  encore  dans  les  Mélanges  biologiques  des  observa¬ 
tions  sur  l’influence  pernicieuse  quela  lumière  rouge  exercesur  le  Spirogyra. 
M.  Reinke  a  repris  ces  expériences,  et  a  reconnu  que  sous  le  verre  du  porte- 
objet  les  filaments  du  Spirogyra  meurent  non-seulement  dans  la  lumière 
bleue,  mais  encore  dans  la  lumière  mélangée  de  teintes  différentes.  Il  installa 
l’expérience  dans  de  meilleures  conditions,  en  quadruple  partie,  comme  il 
l’avait  fait  pour  les  poils  d’Ortie,  et  reconnut  que  le  troisième  jour  les  Spiro¬ 
gyra  placés  dans  l’obscurité  mouraient  après  disparition  complète  de  l’ami¬ 
don;  que  le  septième  jour,  ceux  delà  lumière  bleue,  sans  que  leur  protoplasma 
eût  visiblement  diminué,  offraient  des  traces  de  désorganisation.  Au  contraire 
ceux  de  la  lumière  blanche  conservèrent  une  belle  végétation  et  au  huitième 
jour  entrèrent  en  copulation.  Il  en  fut  de  même  des  Spirogyra  conservés  dans 
la  lumière  rouge. 


Ucliea*  die  esjtflseïieM  Ea*seSîcsia2BiigeB3?  etc.  (Sur  les  phénomènes 
optiques  qui  distinguent  les  Selaginella  lævigata  Willd.  et  uncinata  Desy. 
des  espèces  voisines)  ;  par  M.  L.  Kny  (Sitzungsbericht  der  Gesellschaft 
naturforschender  Freunde  zu  Berlin  am  20  December  1870,  pp.  78-82). 


Les  deux  Selaginella  cités  ont  des  feuilles  qui  paraissent  d’un  bleu  métal¬ 
lique  à  la  lumière  réfléchie,  et  d’un  vert  d’herbe  à  la  lumière  transmise.  Ce 
sont  les  seules  espèces,  sur  une  trentaine  qu’on  cultive  dans  les  serres,  qui 
présentent  ce  phénomène.  L’auteur  a  étudié  la  structure  de  leurs  feuilles.  Il 
croit  que  la  cause  du  phénomène  doit  être  recherchée  dans  la  cuticule. 

Des  faits  analogues  ont  été  observés  par  M.  Frank  sur  le  Viburnum  Tinus 
et  sur  plusieurs  espèces  de  Pœonia  (Botanische  Zeifung,  1867,  p.  005). 
M.  Frank  les  a  rapportés  à  la  fluorescence;  M.  Kny  ne  peut  partager  la  même 
opinion  pour  les  Selaginella ,  d’après  l’examen  spectroscopique.  La  couleur 
bleue  métallique  n’a  été  nettement  apparente  que  dans  le  bleu  du  spectre; 


tandis  que  dans  la  lumière  violette  les  feuilles  paraissaient  violettes  et  que  dans 
les  rayons  ultra  violets,  qui  déterminent  tout  particulièrement  les  phénomènes 
de  fluorescence,  il  ne  se  produisait  plus  du  tout  de  lumière.  Comme  la  couleur 
bleue  des  Selaginella  n’est  pas  d’un  bleu  pur,  mais  tire  par  endroits  sur  le 
v  r  o  su  !  violet,  M.  Kny  pense  qu’il  s’agit  là  de  phénomènes  d’interfé- 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE, 


119 

rence,  analogues  à  ceux  des  anneaux  colorés  de  Newton,  produits  par  la 
réflexion  des  rayons  sur  les  deux  faces  parallèles  opposées  de  la  cuticule  ;  ils 
tiendraient  à  des  variations  d’épaisseur  de  cette  membrane.  Ce  qui  semble  le 
prouver,  c’est  que  des  tranches  minces  de  la  surface  des  feuilles,  après  dessic¬ 
cation,  n’affectent  plus  la  lumière  de  même,  et  passent  successivement  du 
bleu  au  vert  et  du  vert  au  rouge. 

IJeliep  «Sic  Siïaïse  Fiirbiiiig  «1er  Friiditc  von 

Tinus  ( Sur  la  coloration  bleue  des  fruits  du  V.  Tinus)  ;  par  M.  Hugo 
de  Mohl  ( Botanische  Zeitung ,  1870,  pp.  A25-Ù30). 

M.  Hugo  de  Mohl  revient  sur  les  observations  de  M.  Frank  que  nous  venons 
de  citer  (voyez  le  Bulletm ,  t.  xv,  Revue ,  p.  115).  Il  considère  comme  exacts 
en  gros  les  faits  observés  par  M.  Frank,  mais  non  pas  les  conclusions  qu’on 
en  a  tirées.  En  effet,  si  l’on  expose  les  fruits  de  Viburnum  7 inus  à  la 
lumière  qui  a  traversé  plusieurs  plaques  de  verre  violet,  les  fruits  réfléchis¬ 
sent  purement  la  lumière  violette  sans  donner  aucune  trace  de  coloration 
bleue.  La  lumière  du  spectre  donne  les  mêmes  résultats.  D’ailleurs  la  lu¬ 
mière  bleue  réfléchie  par  les  baies  du  Viburnum  est  en  partie  polarisée, 
tandis  que  la  lumière  émise  par  fluorescence  ne  l’est  point.  Il  n’est  pas  exact 
d’ailleurs  que  les  fruits  en  question  aient  perdu  leur  coloration  bleue  après 
avoir  séjourné  dans  l’alcool.  M.  de  Mohl  croit  que  dans  les  faits  observés  par 
M.  Frank,  la  cuticule  prend  part  à  la  coloration  ainsi  que  les  membranes 
sous-jacentes.  Il  nie  que  ces  faits  puissent  être  attribués  à  la  fluorescence,  et 
les  rapporte  à  une  propriété  des  membranes  du  fruit,  rendues  opaques  quand 
elles  sont  pénétrées  par  l’eau,  de  se  laisser  pénétrer  par  les  rayons  les  moins 
réfrangibles  et  de  réfléchir  ceux  de  l’extrémité  opposée  du  spectre. 

Pour  tenir  nos  lecteurs  à  peu  près  au  courant  des  recherches  faites  sur  1? 
fluorescence  et  des  applications  diverses  de  l’optique  à  l’étude  de  la  respiratioi 
végétale,  il  nous  faudrait  encore  analyser  un  mémoire  publié  en  1870  par 
M.  Schmidt,  Ueber  einige  Wirkungen  des  Lichts  auf  Rflanzen,  un  autre 
de  M.  Kny  sur  les  propriétés  optiques  du  Chondriopsis ,  et  les  derniers  nu¬ 
méros  de  the  Monthly  microscopical  Journal ,  que  la  Société  microscopique  de 
Londres  ne  nous  a  pas  encore  adressés  ;  nous  espérons  pouvoir  réparer  ces 
omissions  dans  un  prochain  numéro. 

Ajoutons  que  l’étude  de  la  fluorescence  des  couleurs  végétales  a  maintenant 
une  importance  médico-légale.  M.  Sorby  a  lu  l’année  dernière  (1871)  à  la 
Société  philosophique  de  Sheffield,  un  mémoire  où  il  montre  que  dans  le  cas 
d’empoisonnement  par  la  Belladonne,  les  bandes  d’absorption  caractéristiques 
de  la  Belladonne  peuvent  être  reconnues  par  le  spectroscope. 


1 20 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Ueber  <!eu  ESnfluss  «ter  Warnic  un  <3  Ijichtcs,  etc.  (De  l'in¬ 
fluence  que  la  chaleur  et  la  lumière  exercent  sur  les  modifications  que 
les  plantes  aquatiques  font  subir  à  l'oxygène)  ;  par  M.  R.  Heinrich  (Ver- 
suchs-Stationen  Organ,  t.  xm,  pp.  136-154). 

L’auteur  a  soumis  à  l’expérience  les  feuilles  de  YHottonia ,  placées  dans  de 
l’eau  ordinaire  et  exposées  à  la  lumière  du  soleil  par  un  ciel  sans  nuage  dans 
le  mois  de  mai.  La  température  de  l’eau  a  été  variée  selon  la  nature  de  l’expé¬ 
rience.  La  plus  faible  température  à  laquelle  on  ait  constaté  la  formation  de 
bulles  gazeuses  a  été  de  2°, 07  ;  le  dégagement  des  bulles  n’est  devenu  régulier 
qu’à  partir  de  5  degrés  environ.  C’est  à  la  température  de  31  degrés  que  ce 
dégagement  a  été  le  plus  actif;  quand  la  température  a  dépassé  56  degrés,  il  a 
cessé  complètement,  et  il  a  repris  après  que  la  plante  eut  été  mise  dans  de 
l’eau  froide.  Cependant  si  les  feuilles  restaient  pendant  dix  minutes  dans  de 
l’eau  à  69  degrés,  leur  faculté  de  décomposer  l’acide  carbonique  de  l’air  était 
détruite  (1). 

Sur  le  deuxième  point  de  ses  recherches,  l’auteur  prétend  que  les  auteurs 
qui  ont  étudié  l’influence  de  la  lumière  sur  la  respiration  des  plantes  se  sont 
tous  trompés,  et  que  l’influence  reçue  par  la  plante  ou  sa  sensibilité  durant 
l’expérience  dépend  des  conditions  dans  lesquelles  elle  se  trouvait  avant  l’expé¬ 
rience.  Une  plante  qui  donne  des  bulles  de  gaz  à  une  lumière  d’une  faible 
intensité  parce  qu’elle  était  auparavant  soumise  à  une  lumière  réfléchie  modé¬ 
rée,  ne  donnera  point  de  gaz,  dans  les  mêmes  conditions  expérimentales,  si 
elle  était  soumise  auparavant  à  une  lumière  solaire  brillante  ou  plongée  dans 
l’obscurité. 

M.  Heinrich  a  employé  dans  ses  expériences,  comme  source  de  lumière  de 
plus  en  plus  intense,  trois  fils  de  magnésium.  Le  deuxième  ne  fut  allumé  que 
3  minutes  et  demie  après  le  premier,  et  le  troisième  3  minutes  et  demie  après 
le  deuxième.  Les  feuilles  soumises  à  l’expérience  avaient  été  gardées  auparavant 
dans  des  conditions  d’éclairage  fort  diverses.  Cependant  toutes  demeurèrent 
dans  l’obscurité  pendant  deux  heures  avant  le  commencement  de  l’expé¬ 
rience,  afin  de  faire  cesser  tout  dégagement  de  gaz.  Pendant  la  combustion  du 
deuxième  fil  seulement,  le  dégagement  commença  :  il  se  manifesta  d’abord  sur 
les  feuilles  accoutumées  auparavant  à  la  lumière  diffuse  d’une  chambre;  les 
feuilles  exposées  auparavant  à  la  lumière  solaire  ne  donnèrent  que  quelques 
bulles,  et  cela  vers  la  fin  de  l’expérience;  celles  qui  avaient  séjourné  pendant 
deux  jours  dans  l’obscurité  n’en  fournirent  point. 

L  auteur  apprécie  les  expériences  faites  par  M.  Prillieuxsurl’jEVorfea  ca.na- 
densis}  expériences  dont  les  résultats  ne  concordent  pas  avec  les  siens  ;  il  croit 
que  cette  différence  tient  à  l’omission  des  précautions  nécessaires  pour  assurer 
la  sensibilité  de  la  plante  mise  en  expérience. 

{ 1  )  Il  faut  rapprocher  ces  faits  de  ceux  qui  ont  été  observés  par  MM  .  Cloëz  et  Graliolet. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


121 


a  certain  excrétion  of  carbonic  acid  by  living 
plants  ( D'une  certaine  excrétion  d'acide  carbonique  par  les  plantes 
vivantes)  ;  par  RI.  J.  Broughfcon  ( Philosophical  Transactions ,  vol.  clix, 
part  il,  1870,  pp.  615-626). 


Les  expériences  de  RJ.  Broughton  ont  été  faites  par  lui  dans  l’Inde  anglaise, 
où  il  est  attaché  comme  chimiste  aux  plantations  de  Quinquina  de  la  province 
de  Madras. 

Les  feuilles  de  Cinchona  placées  dans  une  capsule  au-dessus  d’une  cuve  à 
eau  et  recouvertes  d’une  cloche  produisent  un  gaz  qui  fait  baisser  le  niveau  du 
liquide  ;  ce  gaz  est  de  l’acide  carbonique  presque  pur  :  5  grammes  d’écorce 
ont  produit  plus  du  double  de  leur  volume  de  ce  gaz.  Cette  excrétion  est 
d’autant  plus  abondante  que  la  feuille  est  plus  fraîche  ;  elle  a  lieu  dans  le  vide 
eudiométrique,  en  déprimant  beaucoup  le  mercure  de  l’eudiomètre.  L’auteur 
a  fait  sur  ce  sujet  des  expériences  en  grand  ;  il  les  a  ensuite  étendues  à  des 
plantes  variées  et  à  des  organes  fort  différents.  Il  n’y  a  aucune  plante  qui,  dans 
les  conditions  où  s’est  placé  M.  Broughton,  ne  lui  ait  fourni  une  excrétion 
d’acide  carbonique.  La  lumière  du  soleil  stimule  ce  phénomène,  que  n’in¬ 
fluence  pas  la  température.  Il  dépend  de  la  vie  des  organes,  et  cesse  sous 
l’action  des  causes  qui  arrêtent  la  vie.  Il  a  été  observé  même  sur  des  feuilles 
qui  avaient  séjourné  vivantes  pendant  plusieurs  jours  dans  une  .atmosphère 
d’hydrogène. 

L’auteur  a  aussi  observé  l’exhalation  d’azote,  due  probablement  à  ce  que  les 
plantes  mises  en  expérience  renfermaient  de  l’air  dans  l’intérieur  de  leur 
tissu. 

En  cherchant  l’explication  de  ces  faits,  M.  Broughton  rencontre  la  théorie 
généralement  professée  qui  assimile  l’excrétion  de  l’acide  carbonique  des  végé¬ 
taux  à  la  respiration  des  animaux.  Il  veut  bien  reconnaître  que  la  combustion 
organique  puisse  être  la  cause  d’une  partie  de  l’acide  carbonique  excrété;  mais 
comme  ce  gaz  continue  à  l’être  quand  l'accès  de  l’oxygène  depuis  longtemps 
n’est  plus  possible,  il  pense  que  celte  combustion  ne  rend  pas  compte  de 
l’ensemble  du  phénomène,  et  que  celui-ci  peut  être  dû  à  des  changements 
chimiques  d’une  autre  nature,  en  rapport  avec  la  nutrition.  Par  exemple,  la 
transformation  d’amidon  en  graisse,  dans  le  tissu  végétal,  doit  être  acceptée 
comme  un  phénomène  général  et  constant  ;  or  cela  ne  se  peut  faire  sans  qu’il 
y  ait  soustraction  et  par  conséquent  exhalation  d’acide  carbonique.  Il  en  est 
de  même  quand  l’alcool,  la  glycérine,  les  acides  gras,  dérivent  du  sucre  pen¬ 
dant  la  fermentation  vineuse  et  quand  le  sucre  se  convertit  en  cire  par  l’action 
de  l’abeille.  Le  tannin  se  forme  de  toutes  pièces,  d’après  M.  Sachs,  chez  des 
plantules  d’où  l’amidon  disparaît  simultanément.  L'a  encore  il  doit  y  avoir 
soustraction  et  exhalation  d’acide  carbonique. 


122 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE, 


De  Ciwc/ioiafp  specielm*;  «juiliHsciam,  adjectis  iis  quæ  in  Java 

coluntur  ;  auctore  F. -A.-W.  Miquel  ( Annales  Musei  botanici  Lugduno- 

batavi,  1869,  t.  iv,  fasc.  ix,  pp.  263-275). 

M.  Miquel  décrit  avec  de  grands  détails  le  genre  Cinchona.  il  en  signale 
dans  les  possessions  hollandaises  de  la  Polynésie  seize  espèces,  et  insiste  par¬ 
ticulièrement  sur  les  suivantes  :  Cinchona  Calisaya  Wedd.(l)  C.  scrobiculata 
H.  B.,  C.  euneura  Miq.  nov.  sp.  ( C .  boliviana  Hassk.  herb. ,  C.  Calisaya 
var.  fixa  teste  Howard  in  herb.  Hassk.),  C.  Hasskarliana  Miq.  nov.  sp.  (2), 
C.  carabayensis  Wedd.  [C.  Pahudiana  How.),  C.  officinalis  L.  (C.  Conda- 
minea  Humb.),  C.  lanci  folio  Mut.,  C.  ovata  R.  et  P.,  C.  subsessilis  Miq. 
nov.  sp. .  C.  caloptera  Miq.  (C.  succirubra  Jungh.  non  Pav. ,  C.  pallescens 
R.  et  P.).  —  En  terminant,  M.  Miquel  indique  quelles  sont  les  meilleures 
écorces  cultivées  à  Java. 

Notes  sur  Quinquinas  ;  par  M.  H. -A.  Weddell  (Ann.  sc.  nat ., 

5e  série,  t.  xi,  pp.  346-363  ;  t.  xil,  pp.  24-79)  ;  tirage  à  part  en  bro¬ 
chure  in-8°  de  75  pages,  avec  une  planche.  Paris,  V.  Masson  et  fils,  1870. 

Ce  mémoire  se  subdivise  en  remarques  générales  et  en  remarques  spé¬ 
ciales.  M.  Weddell  commence  par  rappeler  les  travaux  publiés  sur  la  quino- 
logie  depuis  l’époque  où  a  paru  son  Histoire  naturelle  des  Quinquinas  (1849). 
11  insiste  ensuite  sur  les  caractères  particuliers  du  genre  Quinquina.  Il  ne  peut 
accepter  les  conclusions  de  M.  Karsten  ( Florœ  Columbiœ  specimina  selecta)  ; 
d’après  M.  Weddell  le  genre  Cinchona  ne  peut  être  représenté  que  par  la  pre¬ 
mière  (Quinaquina)  des  trois  sections  de  M.  Karsten.  Encore  le  C.  muzo- 
nensis ,  qui  fait  partie  de  cette  première  section,  devrait-il  être  élevé  au  rang  de 
genre  sous  le  nom  de  Muzonia.  Les  deux  sections  acceptées  par  M.  Karsten, 
Heterasia  et  Ladenberyia ,  appartiennent  au  genre  Buena  Pohl  ( Casca - 
ri  lia  Wedd.). 

M.  Weddell  a  pensé  que  le  temps  était  venu  de  mettre  à  profit  les  nom¬ 
breuses  données  réunies  depuis  quelques  années  sur  les  caractères  botaniques 
et  chimiques  des  Cinchona,  afin  d’établir  un  tableau  de  leurs  affinités.  Il 
reconnaît  que,  sauf  dans  un  très-petit  nombre  de  cas,  il  est  impossible  de  dis¬ 
tinguer  nettement  une  espèce  de  Cinchona  des  espèces  voisines  au  moyen 

(1)  Sur  le  C.  Calisaya  d’Amérique,  voy.  J.-E.  Howard  (Journal  of  Dotany,  1869? 
pp.  1-3). 

(2)  Le  Cinchona  Hasskarliana  Miq.  a  été  l’objet  d’une  note  spéciale  publiée  par 
M.  de  Vrij,  en  février  1870,  dans  le  Nieuic  Tijdschrift  voor  de  Pharmacie  in  Nederland, 
et  incluse  sous  le  n°  ix  des  Kinologische  Studien  de  cet  auteur.  Cette  espèce  est  regar¬ 
dée  par  M.  de  Vrij  comme  un  hybride  du  C.  Calisaya  (mère)  et  du  C.  Pahudiana  (père) 
entre  lesquels  l’a  placée  M.  Miquel.  Les  botanistes  qui  s’intéressent  aux  controverses  par¬ 
fois  passionnées  qu’a  fait  naître  dans  ces  derniers  temps  l’étude  des  Quinquinas,  de¬ 
vront  lire  aussi  la  note  ( Open  brtef  aan  DT  Miquel )  publiée  par  M.  de  Vrij  dans  le 
Spectateur  néerlandais,  au  commencement  de  1871. 


REVU  E  BIBLIO  G  R  A  PHIQUE , 


123 

d'un  seul  caractère.  11  lui  serait  difficile  de  trouver  un  meilleur  exemple  que 
celui  des  Cinchona ,  pour  montrer  jusqu’à  quel  point  ce  que  les  botanistes 
appellent  Espèce  est  chose  peu  définissable,  et;  combien  l’idée  qu’on  est  porté 
à  s’en  faire  peut  varier,  selon  le  point  de  vue  auquel  on  se  place,  ou,  bien 
souvent  encore,  selon  ce  qu’on  pourrait  appeler  les  exigences  de  la  situation. 
Bien  que  le  nom  de  M.  Darwin  ne  soit  pas  prononcé  par  lui,  il  est  facile  de 
juger  quelles  sont  pour  la  théorie  Darwinienne  les  préférences  de  M.  AVeddell, 
d’après  le  tableau  des  espèces,  sous -espèces,  variétés  et  sous-variétés  observées 
dans  le  genre  Cinchona ,  groupées  dans  l'ordre  de  leur  filiation  présumée , 
par  stirps  et  rarnus,  en  espèces,  sous-espèces,  variétés  et  sous-variétés. 

Les  remarques  particulières  de  la  seconde  partie  de  ce  mémoire  sont  desti¬ 
nées  à  éclairer  des  détails  qui  concernent  les  espèces  décrites  dans  la  mono¬ 
graphie  qui  précède.  La  planche  représente  le  Cinchona  Calisaya  micro - 
carpa  Wedd. 

11  faut  tenir  compte  aussi  des  documents  publiés  au  nom  de  M.  Weddcll 
dans  le  Journal  of  the  Linnean  Society ,  t.  xi,  p.  185,  que  nous  regrettons 
de  n’avoir  pu  consulter  en  écrivant  cette  notice. 

Clteinical  s&aitf  physioïogical  Hxpcra  mentis  «sia  living 
C'inc/ioMfe  [Recherches  chimiques  et  expérimentales  sur  les  Cinchona 
vivants )  ;  par  M.  J.  Broughton  ( Philosophical  Transactions  of  the  Royal 
Society ,  1871,  vol.  161,  part  i,  pp.  1-15). 

M.  Broughton  a  pu  étudier  dans  les  plantations  de  la  province  de  Madras  la 
formation  des  alcaloïdes  sur  les  Cinchona  vivants.  1!  insiste  sur  l’analogie  bien 
connue  de  la  quinine  et  de  la  cinchonidine,  qui  ne  diffèrent  l’une  de  l’autre 
que  par  un  atome  d’oxygène,  et  dont  la  proportion  demeure  constante  dans  les 
analyses,  quand  on  les  prend  toutes  deux  en  bloc,  bien  que  leurs  proportions 
spéciales  soient  respectivement  variables.  li  classe  les  alcaloïdes  des  Quinqui¬ 
nas  en  deux  groupes  :  dans  l’un,  quinine,  cinchonidine,  cjuinidine  ;  dans  l’autre, 
cinchonine,  Le  rouge  cinchonique,  signalé  par  tous  ceux  qui  ont  examiné 
les  écorces  sèches,  n’existe  pas  dans  la  plante  vivante  ;  il  résulte  de  l’action  de 
l’oxvgène  libre  sur  une  sorte  particulière  de  tannin,  et  se  forme  promptement 
sur  les  fragments  d’écorce  fraîche  détachés. 

L’auteur  a  fait  des  analyses  des  différentes  parties  de  la  plante,  pour  déter¬ 
miner  leur  richesse  relative  en  alcaloïdes  selon  leur  espèce  et  selon  leur  âge. 
La  plus  grande  quantité  d’alcaloïdes,  11,  éO  pour  100,  a  été  trouvée  dans  une 
espèce  indéterminée  (voy.  ci-contre,  p.  127).  Le  Cinchona  peruviana  et  le 
C.  micrantha  sont  presque  dépourvus  de  quinine.  C’est  l’écorce  mince  des 
grosses  racines  qui  est  toujours  la  plus  riche  en  alcaloïdes  (12  pour  100  chez 
le  C.  succirubra ),  probablement  parce  qu'elle  esta  l’abri  des  rayons  du  soleil. 
Les  feuilles  des  Quinquinas  doivent  leur  amertume  à  la  présence  de  la  quino- 
vine,  et  leur  acidité  à  celle  de  l’acide  quinique  libre.  Les  alcaloïdes  y  sont  en 


12/i  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

proportion  relativement  plus  forte  quand  les  feuilles  sont  sèches,  mais  tou¬ 
jours  faible,  et  très-insuffisante  pour  l’industrie.  Le  fruit  n’en  contient  pas  ; 
les  graines,  des  traces  seulement. 

La  plus  grande  quantité  d’alcaloïdes  contenue  dans  l’écorce  y  est  à  l’état 
solide,  et  non  à  l’état  libre;  les  six  septièmes  environ  sous  forme  de  tannates 
insolubles,  dans  les  cellules  de  l’écorce  ;  le  dernier  à  l’état  de  quinate  soluble. 
La  quinovine  est  libre  et  à  l’état  insoluble. 

En  étudiant  la  reproduction  de  plaques  d’écorce  enlevées,  M.  Broughlon  a 
vu  que  le  premier  alcaloïde  apparu  dans  les  jeunes  tissus  est  la  quinine,  même 
chez  les  arbres  qui  contiennent  beaucoup  plus  de  cinchonidine.  Cette  quinine 
première  formée  est  incristallisable. 

Au  bout  de  deux  mois,  le  tiers  de  la  quinine  est  susceptible  de  cristalliser,  et 
il  s’est  formé  une  petite  portion  de  cinchonidine  et  de  cinchonine  ;  cette  der¬ 
nière  va  toujours  croissant,  tandis  que  diminue  la  portion  cristallisable  de 
quinine,  aux  dépens  de  laquelle  elle  semble  se  former.  L’auteur  pense  que 
les  alcaloïdes  se  forment  sur  place,  dans  la  cellule  même  où  on  les  trouve, 
puisqu'ils  ne  cristallisent  pas  d’abord,  tandis  qu’ils  le  font  dans  les  feuilles 
tout  de  suite.  Dix-sept  mois  après  sa  formation,  l’écorce  nouvelle  contient 
beaucoup  de  quinine  et  peu  de  cinchonidine,  l’inverse  de  ce  que  présente 
l’écorce  de  formation  ancienne. 

Quant  à  la  situation  des  alcaloïdes  dans  l’écorce,  M.  Broughton  partage 
l’opinion  de  M.  Howard,  qui  les  regarde  comme  plus  abondants  dans  la 
couche  herbacée. 

L’exposition  au  soleil  change  la  quinine  en  quinicine,  et  la  cinchonine  en 
cinchonicine,  tout  comme  la  chaleur,  d’après  les  observations  de  M.  Pasteur. 
Cela  prouve  combien  est  mauvaise  la  pratique  suivie  dans  l’Amérique  du  Sud, 
où  l’on  dessèche  ces  écorces  au  soleil.  L’auteur  a  confirmé  les  résultats  obtenus 
par  M.  Pasteur. 

Oijscrvaâôoms  sur  fia  itrucHarc  euicrosropiquc  des  écor¬ 
ces  de  ^aBisMfieiisa .5  par  M.  C.-A.-J. -A.  Oudemans  ( Archives  néer¬ 
landaises  de  botanique ,  t.  vi,  1871)  ;  tirage  «à  part  en  brochure  iu-8°  de 

18  pages,  23  février  1871. 

Les  écorces  de  Quinquina  qui  en  1870  ont  été  tirées  de  Java  et  mises  en 
vente  par  la  Société  néerlandaise  de  commerce  provenaient  de  trois  espèces  de 
Cinchona,  savoir,  C.  Calisaya  AVedd. ,  C.  Hasskarliana  Miq.  et  C.  Pohu - 
diana  IIow.  Elles  ont  été  examinées  sous  le  rapport  chimique  par  i\J.  le 
professeur  J.-W.  Gunning,  d’Amsterdam,  et  par  M.  Julius  Jobst,  de  Stutt¬ 
gart  (voy .  Buchner' s  neues  Repertorium  fur  Pharmacie,  t.  xix,  p.  3ùl). 
M.  Oudemans  résume  de  la  manière  suivante  les  résultats  de  ses  recherches  : 

1°  L’écorce  du  C.  Calisaya  n’éprouve  à  Java  aucune  modification  dans  sa 
structure  microscopique.  —  2°  L’écorce  du  C.  Pahudiana  a  bien  réellement 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE, 


425 


la  composition  anatomique  qui  a  été  décrite  par  MM.  Howard,  Phœbus  et 
Flückiger.  —  3°  L’écorce  du  C  Hasskarliana  tient  dans  sa  structure  le  mi¬ 
lieu  entre  celles  du  C .  Calisaya  et  du  C.  scrobiçulata. 

En  dernier  lieu,  M.  Oudemans  s’est  occupé  de  ce  qu’il  nomme  les  tuyaux 
succifères  des  Cinchona.  Ce  sont  les  mêmes  organes  qui  ont  été  étudiés  sous 
le  nom  de  vaisseaux  laticifères,  notamment  par  M.  Schleiden  ( Botanische 
Pharmacognosie ,  p.  237),  par  M.  Berg  (Pharmaceutiche  Waarenkunde , 
p.  162  ;  Die  Chinarinden ,  p.  6) ,  par  M.  Howard  ( Nueva  Quinologia), 
par  M.  Phœbus  ( Kleine  cinchologische  Notizen  in  Vierteljahrsschrift  fur 
praktische  Pharmacie,  1867,  livr.  I),  et  par  M.  Yogi  (1).  M.  Oudemans  a 
reconnu  que  les  tuyaux  succifères  se  forment  dans  le  voisinage  immédiat  du 
tissu  cambial,  aussi  bien  à  sa  face  interne  qu’à  sa  face  externe,  par  consé¬ 
quent  dans  la  moelle  et  dans  l’écorce  primaire.  Il  n’a  pas  observé  d’allonge¬ 
ment  des  cellules  succifères,  ou  plutôt  de  transformation  de  ces  cellules  en 
tubes,  par  résorption  directe  de  cloisons  séparant  deux  ou  plusieurs  de  ces 
cellules  contiguës  ;  mais  il  n’est  pas  douteux  pour  lui  que  les  cellules  de  paren¬ 
chyme  situées  dans  le  prolongement  du  plus  grand  axe  des  cellules  succifères 
ne  perdent  peu  à  peu,  après  que  leur  contenu  est  devenu  d’abord  plus  foncé, 
la  paroi  par  laquelle  elles  touchent  aux  cellules  succifères  (ou  aux  tuyaux  déjà 
plus  ou  moins  développés  en  longueur),  etqu’ainsi  elles  ne  se  confondent  in¬ 
sensiblement  avec  ces  dernières  ;  en  se  répétant,  soit  dans  la  même  direction 
verticale,  comme  dans  la  moelle,  soit  dans  d’autres  directions  plus  ou  moins 
obliques,  comme  dans  l’écorce,  ce  phénomène  contribue  très-notablement  à 
l’accroissement  en  longueur  des  tuyaux. 

M.  Oudemans  discute  les  divers  noms  donnés  à  ces  organes.  A  son  avis, 
c’est  le  terme  de  conduits  ou  vaisseaux  laticifères  qui  convient  le  mieux  ;  il 
pense  avec  M.  Sacbs  ( Lehrbuch ,  1870,  p.  107)  qu’il  serait  bon  d’employer 
dorénavant  le  terme  de  tuyaux  succifères  ( Saftschlciuche )  comme  titre  géné¬ 
ral  comprenant  les  vaisseaux  utriculariformes  de  M.  Ilanstein  et  les  vaisseaux 
laticifères,  avec  les  nombreuses  formes  intermédiaires. 

Il  termine  en  faisant  remarquer  que  ces  cellules  succifères  ne  se  forment 
qu’une  seule  fois  ;  que  parfois,  après  s’être  changées  en  tuyaux,  elles  devien¬ 
nent  de  bonne  heure  méconnaissables  par  la  compression,  tandis  que  dans 
d’autres  cas  elles  sont  rejetées  avec  le  parenchyme  cortical,  sans  qu’il  en  appa¬ 
raisse  de  nouvelles.  Elles  n’ont  aucune  communication  entre  elles. 

O»  an  a&Eiaîokl  from  Cinchona -l>ark  liithcrto  «nde- 
scriSicd  (Sur  un  alcaloïde  non  encore  décrit  de  T  écorce  de  Quinquina )  ; 
par  M.  Ü.  Howard  (The  Journal  of  the  Chemical  Society,  mars  1871. 
pp.  61-64). 

M.  David  Howard  est  le  neveu  de  notre  confrère  M.  John  Eliot  Howard, 
(I)  Yojez  le  Bulletin,  t.  xvn  (Revue),  p.  13 ti. 


1  '2(5 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


si  bien  connu  pour  ses  travaux  sur  la  quinologie.  En  expérimentant  sur  des 
résidus  salins  provenant  des  liqueurs-mères  qui  avaient  servi  à  la  fabrication 
du  sulfate  de  quinine,  M.  David  Howard  a  découvert  un  nouvel  alcaloïde  dont 
les  sels  sont  extrêmement  solubles,  ce  qui  le  distingue  des  alcaloïdes  du  Quin¬ 
quina  déjà  connus,  et  ce  qui  rend  très-difficile  de  le  séparer  de  la  quinoïdine, 
qui  est  incrislallisable.  Obtenu  en  le  précipitant  de  ses  sels  par  la  potasse  ou 
la  soude,  cet  alcaloïde  se  présente  sous  la  forme  d’une  huile  jaunâtre,  très- 
soluble  dans  l’alcool  et  aussi  dans  l’éther;  il  est  décornposable  par  Sa  chaleur. 
Ce  serait  une  base  assez  forte,  même  plus  forte  que  la  quinine.  Son  goût  est 
particulièrement  amer,  mais  beaucoup  moins  que  celui  des  autres  alcaloïdes 
du  quinquina.  H  paraîtrait  que  M.  J.-E.  Howard  avait  déjà  extrait  cet  alcaloïde 
des  feuilles  du  Cinchona  succirubra. 


Étude  msi»  les  Quinquinas  ;  par  M.  Pierre-Paulin  Caries.  Brochure 

in-8°  de  81  pages.  Paris,  typ.  Maréchal,  1871. 

M.  Caries  a  trouvé  un  nouveau  nioven  de  titrer  facilement  à  l’état  de  sulfate 
cristallisé  et  pur  le  principal  alcaloïde  de  l’écorce  fébrifuge.  Une  fois  con¬ 
vaincu  de  l’exactitude  de  ce  procédé,  il  l’a  employé  pour  étudier  en  détail 
certains  sujets  qui  intéressent  également  la  science,  la  pratique  médico-phar  ¬ 
maceutique  et  l’industrie.  Il  s’attache  à  déterminer  la  proportion  de  chacun 
des  alcalis  organiques  que  chaque  médicament  recélait.  Il  a  trouvé  ces  alcalis 
accumulés  dans  les  couches  extérieures.  On  ne  saurait  donc  trop  appuyer  les 
observations  faites  par  MM.  Soubeiran  et  Delondre  contre  le  raclage  que  l’on 
fait  généralement  subir  aux  écorces. 

Le  bois  a  paru  à  M.  Caries,  sinon  dénué,  du  moins  très-pauvre  en  alca¬ 
loïdes.  Ses  expériences  démontrent  que  la  valeur  thérapeutique  des  feuilles  est 
peu  constante  et  a  besoin  d’être  confirmée,  tant  au  point  de  vue  chimique  qu’au 
point  de  vue  thérapeutique,  par  de  nouvelles  expériences.  Les  fruits  des  Cin- 
chono  micrantha  et  angusti folia  ont  été  trouvés  par  lui  tout  à  fait  exempts 
d’alcaloïdes.  Quant  à  la  répartition  des  alcaloïdes,  il  a  reconnu  que  la  quinine 
est  en  proportion  beaucoup  plus  élevée  dans  les  couches  extérieures  de  l’écorce 
que  dans  les  couches  libériennes;  l’analyse  des  couches  intermédiaires  indique 
que  cette  proportion  diminue  presque  régulièrement  de  l’extérieur  à  l’in¬ 
térieur. 

M.  Caries  s’est  en  outre  attaché  à  étudier  rinlîuenCe  que  les  agents  physi¬ 
ques  et  mécaniques  exercent  sur  la  constitution  chimique  des  écorces  de 
Quinquina.  Nous  regrettons  de  ne  pouvoir  le  suivre  sur  le  côté  spécialement 
pharmaceutique  de  sa  thèse. 

La  thèse  de  M.  Caries  se  termine  par  un  index  bibliographique,  qui  n’est 
pas  complet,  sans  doute  à  cause  de  la  difficulté  qui  s’opposait  aux  relations 
internationales  en  1871. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


127 


ioic  on  liyiiridism  among:  Cinchonw  (De  l'hybridité  chez 
les  Quinquinas );  par  M.  J.  Broughton  (The  fourmi  of  the  Linnean  So¬ 
ciety ,  vol.  xi,  n°  56,  pp.  Ô75-477). 

Les  Quinquinas  doivent  être  mis  au  rang  des  plantes  à  Heurs  dimorphes, 
dont  les  styles  et  les  étamines  varient  de  grandeur  relative.  L’hybridation  pou¬ 
vait  donc  facilement  se  produire  entre  des  arbres  de  ce  genre  et  d’espèce  dif¬ 
férente,  cultivés  côte  à  côte  comme  le  font  les  agents  du  gouvernement  anglais 
dans  les  Indes.  M.  Broughton  a  observé  un  arbre  qui  tenait  à  la  fois  du  Cin - 
chona  officinalis  et  du  C .  succirubra.  Il  est  disposé  à  croire  que  l’existence 
des  nombreuses  variétés  du  C.  officinalis  tient  à  une  succession  de  croise¬ 
ments.  Il  appelle  l’attention  des  botanistes  sur  ces  faits,  espérant  qu’ils  pour¬ 
ront  conduire  à  simplifier  la  classification  si  confuse  de  ce  genre.  Cette  espé¬ 
rance,  malheureusement,  n’est  pas  partagée  par  M.  J.  Hooker.  Il  fait  observer, 
dans  une  note  qui  précède  le  mémoire  de  M.  Broughton,  que  les  Cinchona , 
en  Amérique,  ne  vivent  pas  dans  des  conditions  qui  rendent  leur  hybridation 
aussi  facile  que  dans  les  cultures  qui  réunissent  à  proximité  l’une  de  l’autre  des 
arbres  d’espèce  différente. 

Cîncfioiia-tpeeg  grown  &u  India  (Arbres  à  Quinquina,  crus 
dans  l’Inde)  ;  par  M.  John  Eliot  Howard  (Pharmaceutical  Journal  and 
Transactions ,  3e  série,  4  novembre  1871,  pp.  361-363). 

M.  Howard  a  reçu  de  l’Inde  deux  arbres  à  Quinquina  tout  entiers,  apparte¬ 
nant,  l’un  au  C.  succirubra ,  l’autre  au  C .  officinalis  L.  (C.  Uritusinga  Pavon). 
M.  Broughton  avait  écrit  qu’on  ne  trouvait  ni  quinine,  ni  cinchonine  chez  les 
arbres  morts  depuis  un  certain  temps.  Mais  M.  Howard,  ayant  examiné  bien 
des  fois  des  écorces  très-anciennes  dans  les  drogueries  anglaises,  avait  été  cou 
duit  à  regarder  cette  opinion  comme  erronée.  Il  a  en  effet  trouvé  3,54  pour 
100  d’alcaloïdes  dans  l’écorce  du  C.  succirubra  qui  lui  avait  été  envoyée. 

M.  Howard  a  en  même  temps  mis  sous  les  yeux  de  la  Société  pharmaceu 
tique  de  Londres  des  échantillons  de  la  variété  lanceolata  du  C.  officinalis , 
envoyés  par  M.  Broughton,  et  qui  renfermaient  l’énorme  quantité  de  11,40 
pour  100  d’alcaloïdes,  dont  9,75  de  quinine. 

Nouvelles  Études  sut*  les  Quinquinas,  d’après  les  matériaux 
présentés  en  1867  à  l’Exposition  universelle  de  Paris,  et  accompagnées  du 
fac-simiîe  des  dessins  de  la  Quinologie  de  Mutis,  suivies  de  Remarques  sur  la 
culture  des  Quinquinas  ;  par  M.  J.  Triana.  Un  volume  in-folio  de  80  pages, 
avec  31  planches.  Paris,  chez  F.  Savy,  1870  ;  prix  :  70  fr. 

En  rendant  compte,  il  y  a  quelques  années,  d’une  publication  faite  par 
M.  Markham,  nous  avons  raconté  1  histoire  des  manuscrits  de  Mutis,  dont  les 


J  28 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


dessins  ont  été  découverts  par  M.  Triana  dans  une  grange  faisant  partie  des 
dépendances  du  Jardin  botanique  de  Madrid. 

Telle  a  été  l’origine  de  la  publication  actuelle,  facilitée  par  une  souscription 
importante  du  gouvernement  anglais.  M.  Triana  a  profilé  de  sa  connaissance 
spéciale  du  sujet  pour  ajouter  un  texte  original  aux  planches  de  Mutis.  Son 
ouvrage  comprend  les  chapitres  suivants  :  Histoire  de  la  découverte  des  Quin¬ 
quinas  delà  Nouvelle- Grenade  ;  —  Du  Cinchona  officinalis  et  du  Quinquina 
rouge ,  ce  dernier  identifié  après  de  longs  tâtonnements  sous  le  nom  de  C.  suc- 
cirubra  par  M.  Howard;  —  Des  espèces  et  variétés  de  Cinchona  de  la  Qui- 
nologie  de  Bogota ;  —  Cinchona  et  Cascarilla  :  dans  ce  chapitre,  M.  Triana 
a  tenté  une  nouvelle  révision  de  la  généralité  des  plantes  qui  ont  reçu  le 
nom  de  Cinchona.  Il  n’adopte  pas  la  dénomination  de  Buena  comme  l’a  fait 
M.  Weddell  pour  les  Cascarilla,  parce  que  le  genre  Cosmi buena  II.  et  P. 
[Buena  Pohl)  est  dislinct  à  la  fois  du  Cinchona  et  du  Cascarilla.  Aussi,  pour 
éviter  des  complications,  conserve-t-il  la  nomenclature  primitive  de  M.  Wed¬ 
dell,  Cascarilla  et  Ladenbergia. 

M.  Triana  traite  ensuite  de  l’introduction  des  Quinquinas  dans  l’ancien 
monde.  Enfin  il  termine  par  l’exposé  de  la  culture  des  Quinquinas.  Les  con¬ 
naissances  spéciales  de  notre  confrère  M.  Aug.  Delondre  ont  été  utilement  mises 
à  profit  par  M.  Triana  dans  la  rédaction  de  ce  chapitre.  Le  neuvième  est  inti- 
tulé  Enumération  des  espèces  de  Cinchona  :  ces  espèces  sont  au  nombre  de 
trente-six.  Viennent  ensuite  vingt  et  un  Cascarilla,  trois  Macrocnemum,  etc. 

L’ouvrage  de  M.  Triana  était  terminé  et  presque  entièrement  imprimé  en 
septembre  1870.  Les  événements  de  la  guerre  ont  particulièrement  affecté 
hauteur,  dont  la  bibliothèque  a  été  pillée  par  les  Allemands  à  Bourg-la-P^eine. 
Au  moment  de  paraître  en  décembre  1871,  son  livre  n’était  plus  au  courant, 
à  cause  de  la  publication  de  M.  Weddell.  M.  Triana  mentionne  dans  un 
appendice  les  plantes  qu’a  signalées  pour  la  première  fois  M.  Weddell  dans  son 
dernier  mémoire. 


Il  faut  ajouter  ici,  pour  avoir  un  état  plus  complet  de  nos  connaissances 
actuelles  sur  les  Quinquinas,  les  comptes  rendus  trimestriels  qui  parviennent 
de  l’administration  hollandaise  sur  ses  cultures  de  Java  et  qui  sont  régulière¬ 
ment  traduits  et  publiés  dans  le  Flora  par  M.  Hasskarl,  ainsi  que  ceux  qui  sont 
envoyés  au  gouvernement  anglais  par  AI.  Anderson  sur  les  cultures  du  Bengale. 

Il  faut  aussi  lire  l’intéressant  mémoire  publié  sur  la  quinologie  enjuillet 
1871,  dans  notre  Bulletin,  par  notre  confrère  M.  Aug.  Delondre,  qui  avait 
déjà  étudié  les  Quinquinas  dans  son  travail  publié  en  commun  avec  M.  Sou- 
beiran,  sur  La  matière  médicale  à  /’ Exposition  de  1867,  art.  ‘2  (1). 

Ajoutons,  avant  de  quitter  la  quinologie,  qu’il  résulte  de  documents  com¬ 
muniqués  à  l’Académie  des  sciences  par  M.  le  général  Morin  que,  grâce  aux 


(1;  Voyez  le  Bulletin,  t.  xvi  [Revue),  p.  56  et  161. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


129 


efforts  de  M.  E(L  Morin,  son  fils,  et  de  M.  Yinson,  l’acclimatation  du  Quin¬ 
quina  à  la  Réunion  doit  être  considérée  comme  une  question  résolue.  Il  s’y 
trouvait,  aux  dernières  nouvelles,  234  pieds,  tant  de  Cinchona  ofpcinalis  que 
de  C.  Calisaya.  Les  premiers  essais  avaient  été  faits  avec  des  graine^  remises 
par  M.  Decaisne  à  M.  le  général  Morin. 

Ucïjci*  U  a  n  «aEBîï  Zcfilthcilung  der  Dîafoniacccn  (Sut'  lastruc - 
ture  et  la  partition  cellulaire  des  Diatomacées)  ;  par  M.  Pfitzer  (  Verhand- 
lungen  des  naturhistorischen  Vereines  der  preussischen  Rheinlande  und 
Westphalens,  3e  série,  1869,  6e  année,  lre  partie,  Sitzungsberichte, 
pp.  86-89). 

M.  Pfitzer  a  reconnu  que  la  paroi  siliceuse  des  Pinnulariées  et  des  Surirel- 
lées  n’est  pas  une  formation  simple,  comme,  dit-il,  on  le  croyait  généralement 
avant  lui.  Il  se  flatte  d’avoir  démontré  le  premier  (1)  que  cette  paroi  est  double 
parce  que  la  zone  circulaire  qui  réunit  les  deux  valves  est  formée  de  deux 
parties  similaires  qui  s’emboîtent  l’une  dans  l’autre,  et  qui  s’écartent  peu  à 
peu  l’une  de  l’autre  quand  la  frustule  doit  se  reproduire  ;  que  la  partition  de 
la  frustule  se  produit  par  une  scission  circulaire  qui  se  produit  de  dehors  en 
dedans,  divisant  le  protoplasma,  et  par  la  partition  longitudinale  des  deux  pla¬ 
ques  d’endochrome  ;  que  chacune  des  deux  moitiés  de  ia  frustule  nouvelle  se 
compose  d’une  valve  ancienne  et  d’une  valve  nouvelle  ;  que  dans  cette  parti¬ 
tion  il  n’est  pas  besoin  que  la  zone  circulaire  siliceuse  disparaisse  pour  laisser 
libres  les  deux  frustules  nouvelles,  car  cette  libération  se  fait  par  l’écartement 
graduel,  et  enfin  complet  des  deux  parties,  glissant  l’une  dans  l’autre,  de 
cette  zone,  etc.  À  cause  de  l’endurcissement  des  jeunes  frustules  nouvelles  qui 
a  lieu  par  le  dépôt  de  silice  dans  leurs  parois  même  avant  leur  isolement,  on  a 
pu  croire  que  les  Diatomées  diminueraient  toujours  graduellement  de  gros¬ 
seur  en  se  reproduisant  ainsi.  Au  contraire  le  mode  de  reproduction  appelé 
improprement  (2)  conjugaison  obvie  à  cette  diminution  de  volume.  C’est  dans 
ce  cas  le  contenu  d’une  seule  cellule  qui  en  sort,  et  bientôt  produit  une  ou 
deux  cellules  immédiatement  susceptibles  de  division,  et  d’un  volume  double. 
Il  y  a  là  un  phénomène  de  rajeunissement,  une  sorte  de  mue  ;  la  sot  tie  du 
protoplasma  est  un  moyen  de  rejeter  l’enveloppe  inextensible  qui  étreint  le 
développement  de  l’espèce. 

ber  fsarAsitischcn  l*I8xe;  par  M.  Pfitzer  ( ibid .,  1870,  Sitzungs¬ 
berichte,  p.  62). 

M.  Pfitzer  avait  déjà  entretenu  la  Société  d’histoire  naturelle  de  la  Prusse 

(1)  Il  paraît  évident,  vu  les  dates,  que  M.  Pfitzer  n’avait  pu  avoir  connaissance  des 
observations  publiées  presque  simultanément  par  M.  Mac  Donald  (voy.  t.  xvi,  Revue, 
p.  37). 

(2)  On  voit  combien  l’idée  de  la  copulation  sexuelle  est  encore  peu  acceptée,  dans  sa 
généralité,  par  certains  naturalistes  allemands.  M.  Pfitzer  nomme  auxospores  les  pro¬ 
duits  de  la  copulation  des  Diatomées. 

T.  XVIII. 


(revue)  9 


130 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

rhénane  et  de  la  Westphalie,  dans  sa  séance  du  20  décembre  1869  (1),  de  re¬ 
cherches  sur  des  Champignons  parasites  des  Diatomées  et  appartenant  à  la  famille 
des  Chytridiées.  Il  a  eu  depuis  l’occasion  d’observer  l’issue  de  nombreuses  zoo¬ 
spores  eh  deiiors  de  la  cellule  supérieure  du  porte-fruits,  et  d’établir  que  cette 
cellule  s’ouvre  non  par  un  couvercle,  mais  par  la  dilatation  et  la  liquéfaction 
de  son  sommet.  Le  Champignon  observé  par  M.  Pfilzer  forme  un  nouveau 
genre  :  Podochytrium ,  qui  se  distingue  de  toutes  les  Chytridiées  connues,  à 
l’exception  du  Rhizidium,  par  ses  podocarpes  bicellulés.  D’ailleurs  il  se  sé¬ 
pare  de  ce  dernier  parce  que  la  cellule  qui  remplit  le  rôle  de  zoosporange 
chez  le  Rhizidium  naît  comme  une  excroissance  latérale  au-dessous  du  sommet 
de  la  cellule  pédonculaire,  tandis  que  chez  le  Podochytrium  la  cellule  primi¬ 
tivement  unique  qui  forme  le  podocarpe  se  partage  par  une  cloison  transver¬ 
sale  perpendiculaire  à  son  axe  longitudinal  en  cellule  pédonculaire  et  en  cel¬ 
lule-mère  des  zoospores.  La  forme  unique  de  Podochytrium  observée  jusqu’ici 
par  l’auteur,  et  caractérisée  par  ses  podocarpes  en  massue,  est  nommée  par 
lui  P.  clavatum  ;  elle  a  été  trouvée  sur  des  Pinnulariées  déjà  mortes;  il  a 
compté  jusqu’à  vingt  podocarpes  sur  une  seule  frustule  de  ces  Diatomées. 

UelM'i8  «lie  Qrtippe  «Scr  ï%iwücBsleeii  ( Sur  le  groupe  des  Navi- 

culées );  par  M.  Pfitzer  (ibid.,  1870,  Sitzungsberichte,  pp.  21A-215). 

L’auteur  caractérise  ainsi  les  divers  genres  de  la  grande  tribu  des  Navi- 
culées,  par  la  manière  dont  s’y  comportent  les  plaques  d’endochrome  et  les 
valves  : 

Dans  le  Navicula  Brongn.,  les  écailles  sont  étroitement  symétriques  ;  les 
plaques,  avant  la  division  de  la  frustule,  se  transportent  du  côté  opposé  pour 
s’y  diviser  par  une  scissure  oblique  (Cuspidatœ,  Radiatœ.  Didymœ  de 

M.  Grunow). 

Dans  le  genre  nouveau  Neidium ,  les  valves  sont  étroitement  symétriques  ; 
les  plaques  d’endochrome  ne  changent  pas  de  place,  mais  se  divisent  par  une 
scissure  qui  commence  dans  leur  milieu  et  à  leurs  extrémités  ( Limosœ  de 
M.  Grunow). 

Dans  les  Pinnularia  d’Ehrenberg,  les  valves  sont  asymétriques,  la  cellule 
étant  ordonnée  sur  une  ligne  diagonale.  Les  plaques  d’endochrome  s’y  par¬ 
tagent  comme  dans  le  Neidium  ( Mobiles ,  Virides,  Nodosœ  de  M  Grunow). 

Dans  les  Trustalia  Ag.,  les  valves  sont  étroitement  symétriques  ;  les  en- 
dochromes  ne  se  transportent  pas,  se  partagent  par  scissure  à  partir  de  leurs 
extrémités,  et  laissent  entre  eux  et  la  paroi  cellulaire  une  masse  épaisse  de 
plasma  (Crcissinerves  de  M.  Grunow). 

M.  Pfitzer  fait  remarquer  que  le  Brebissonia  Bechii  (Ehrb.)  Grun.  n’appar- 

(1)  V erhandlungen ,  1869,  Sitzungsberichte,  p.  221.  L’un  de  ces  Champignons  est  le 
Cymbanchc  Fockei.  Ses  spores  avaient  été  prises  par  M.  Focke  pour  des  cellules  de  vé¬ 
gétation  propres  aux  Diatomées. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  131 

lient  pas  aux  Naviculées,  mais  aux  Cvmbellées,  car  il  ne  renferme  qu’une 
seule  plaque  d’endochrome. 

La  formation  des  spores  présente  dans  les  Naviculées  des  différences  selon 
les  genres.  Deux  cellules  produisent  toujours  deux  spores,  munies  chacune 
d’une  membrane  particulière,  et  donnant  successivement  naissance  aux  valves 
de  la  première  frustule,  comme  chez  toutes  les  Baciliariées. 


A  new  process  ©f  preparii&s  specimeiis  off  filasnen(ou§ 

Algæ  for  fis©  microscope;  par  M.  A.-M.  Edwards  ( The  Monthly 

microscopical  Journal 3  juin  1869,  n°  VI,  pp.  361-364;  The  American 

Naturaliste  mai  1870). 

Le  botaniste  américain  qui  s’occupe  depuis  plusieurs  années  de  l’étude  des 
Algues  inférieures,  et  surtout  des  Diatomées,  propose  une  méthode  de  prépa¬ 
ration  qu’on  aura  intérêt  à  connaître.  Il  place  une  petite  quantité  des  Algues 
récoltées  dans  un  tube  d’épreuve,  et  verse  par-dessus,  de  manière  à  remplir 
le  tube  environ  au  quart,  la  solution  de  chlorure  de  sodium  de  Labarraque, 
ou  mieux  une  solution  un  peu  plus  forte  ;  fait  bouillir  ces  Algues  dans  la 
solution  pendant  quelques  minutes,  sans  briser  les  filaments,  puis  les  lave  avec 
de  l’eau  distillée.  Il  les  conserve  ensuite  dans  l’alcool  affaibli,  ou  dans  de  l’eau 
additionnée  de  quelques  gouttes  de  créosote.  C’est  dans  ce  dernier  liquide, 
l’eau  créosotée,  que  M.  Edwards  les  place  dans  la  cellule  où  elles  doivent  être 
observées.  L’eau  camphrée  est  aussi  d’un  emploi  très-favorable. 

Ceami  Ktocici  ©  gênerait  su  le  Dialomce;  par  M.  le  comte  Fr. 

Castracane  degli  Antelminelli  (Atti  dell' Accademia  pontificia  de ’  nuovi 

Lincei ,  anno  xxi,  12  juin  1868,  pp.  65-69). 


Su  la  moUlpïlcazioiie  e  ccjiroduziouc  «telle  Matomec; 
par  le  même  [ibid,,  10  octobre  1868,  pp.  147-154). 


Osservazloni  sopra  una  Diatomea  «tel  geiierc 
•fffteaatoEhrb.;  par  le  même  (ibid.,  anno  xxn,  4  juillet  1869,  pp.  138- 
142). 


Le  premier  de  ces  deux  travaux  est  seulement  consacré  à  quelques  notes 
sur  l’origine  de  nos  connaissances  relatives  aux  Diatomées;  le  deuxième  au  ré¬ 
sumé  classique  des  faits  admis  sur  leur  reproduction  par  conjugaison.  L’auteur 
y  rapporte  en  outre  quelques  faits  déjà  observés  par  lesquels  on  peut  recon¬ 
naître  que  les  Diatomées  se  reproduisent  aussi  de  germes  échappés  des  frus- 
tules  isolés  et  transformés  en  sporanges.  Il  a  fait  sur  ce  sujet  des  observations 
personnelles.  Il  a  suivi  au  microscope  le  développement  progressif  de  spores 
sphériques  et  vertes,  qui,  par  la  pression,  ont  enfin  laissé  échapper  des  Navi- 
cules. 

Un  fait  du  même  genre  a  été  observé  par  M.  O’Meara  sur  le  Pleurosigma 


132 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Spencer  U  W.  Sm.  (1).  Les  frustules  de  cetle  espèce  ont  été  saisis  par  le  savant 
de  Dublin  au  moment  d’émettre  leurs  germes  ou  embryons.  M.  le  comte 
Castracane  a  vérifié  cette  observation  sur  un  Podosphenia.  Mais  tandis  que  les 
corpuscules  sortis  du  Pleurosigma  étaient  mobiles  comme  des  anthérozoïdes, 
la  vésicule  ovale  sortie  du  Podosphenia  était  dans  un  état  de  repos  absolu. 
L’auteur  italien  rapporte  cette  différence  à  celle  des  types  spécifiques  ;  mais  ne 
pourrait-on  pas  l’attribuer  à  une  sexualité  différente? 


pîc  BïiÊocenc  FSora  von  Spitzhcrgen  ;  parM.  O.  Iieer(  Verhand- 

lungen  der  Schweizerischen  naturforschenden  Gesellschaft  in  Solotkum , 
Jahresbericht  1869,  pp.  156-168,  Soleure,  1869;  traduit  dans  Ann.  sc. 
nat.,  5e  série,  1869,  t.  xtl,  pp.  302-311). 


L’auteur  a  tracé  l’étude  de  la  végétation  polaire  d’après  les  matériaux  qui 
lui  avaient  été  envoyés  par  les  naturalistes  attachés  à  l’expédition  suédoise 
dirigée  vers  le  pôle,  MM.  Malmgren,  Nauckhoff  et  Nordenskiôld.  Ces  maté¬ 
riaux  jettent  un  nouveau  jour  sur  deux  périodes  de  la  végétation  ancienne,  la 
période  houillère  et  la  période  miocène.  M.  Hcer  n’a  traité  que  de  cette 
dernière. 

Il  y  avait  déjà,  pour  le  savant  paléontologiste  de  Zurich,  quand  il  écrivit  ce 
mémoire,  vingt-trois  espèces  végétales  communes  au  miocène  du  Spitzberg  et 
au  miocène  du  continent  européen.  La  flornle  miocène  tout  entière  compre¬ 
nait  pour  lui  au  Spitzberg  cent  trente  et  une  espèces,  toutes  décrites  et  figurées 
dans  la  Flore  miocène  du  Spitzberg ,  qui  a  paru  dans  les  Mémoires  de  V  Aca¬ 
démie  des  sciences  de  Stockholm.  Dans  ce  nombre  se  trouvent  cent  vingt-trois 
Phanérogames  et  huit  Cryptogames,  répartis  entre  les  Champignons,  les  Al¬ 
gues,  les  Mousses,  les  Fougères  et  les  Équisétacées.  Sur  les  cent  vingt-trois 
Phanérogames,  on  compte  seize  Conifères  et  trente  et  une  Monocotvlédones.  La 
prédominance  des  Conifères  est  très-remarquable,  puisqu’il  ne  s’en  trouve 
que  quinze  dans  le  miocène  de  la  Suisse.  Les  Cupressinées  présentent  deux 
espèces  remarquables  par  leur  abondance  dans  les  couches  :  le  Taxodium 
distichum  et  le  Libocedrus  Sabiniana  Heer.  Les  Abiétinées  sont  encore  bien 
plus  nombreuses  que  les  Cupressinées.  On  trouve  au  Spitzberg  le  genre  Pinus 
et  le  genre  Séquoia.  Le  S.  Langsdorffü ,  qui  est  commun  dans  le  miocène 
du  Groenland  septentrional,  manque  au  Spitzberg;  il  s’y  trouve  à  sa  place  une 
espèce  nouvelle,  L.  Nordenskiœldi.  Le  genre  Pinus  était  aussi  très-abondant; 
on  en  rencontre,  à  l’exception  des  Cèdres  et  du  Mélèze,  tous  les  Types  princi¬ 
paux  au  Spitzberg,  parmi  eux  le  Pinus  rnontana  Miller,  le  Pinus  Abies.  Il  se 
trouve  avec  ces  formes  connues  un  type  tout  à  fait  spécial,  voisin  d’une  part  du 
Gingko  du  Japon,  et  d’autre  part  du  Podocarpus ,  le  Torellia,  qui  comprend 
deux  espèces. 


(1)  Voyez  le  Bulletin ,  t.  xvi  [Revue),  p,  7. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


133 


Parmi  les  Monocotylédones,  M.  Heer  signale  un  Cyperus,  un  Iris,  le  Pota- 
mogeton  Nordenskiœldi ,  un  Naïas,  un  Sparganium ,  les  fruits  de  six  espèces 
de  Car  ex. 

Parmi  les  arbres  à  feuilles  caduques,  il  mentionne  deux  Populus  comme 
extrêmement  répandus,  deux  ffetula ,  un  Alnus,  un  Fagus,  trois  Quercus,  et 
les  genres  Platanus,  Tibia ,  Sorbus ,  Juglans  (espèce  très-voisine  du  J.  regia 
de  l’Amérique  du  Nord);  parmi  les  arbrisseaux,  les  genres  Corylus ,  Vibur - 
num ,  Cornus,  Nyssa ,  Rhamnus ,  Paliurus ,  Prunus ,  Cratœgus ,  Andro- 
meda  et  Y Hedera  Mac  Clurii.  Il  y  a  quelques  Dicotylédones  herbacées,  telles 
que  le  Polygonum  Ottersianum  Heer,  un  Salsola ,  une  couple  de  Synanthé- 
rées,  etc.  D’autres  types  sont  complètement  différents  des  types  actuellement 
vivants,  comme  le  genre  Nordenskiœldia ,  qui  renferme  dix  carpelles  sur  un 
même  rang. 

De  tous  ces  végétaux,  les  uns  ont  dû  croître  dans  un  marais,  les  autres  sur 
la  terre  sèche.  Il  y  avait  à  celte  époque  au  Spitzberg  des  lacs  d’eau  douce  et 
des  collines  ou  des  montagnes  qui  portaient  de  grands  arbres.  La  flore  miocène 
d’Eisfiord  a  le  même  caractère  général  que  la  flore  actuelle  des  terres  basses 
de  la  Suisse  du  nord. 

Il  n’y  a  pas  besoin  d’insister  sur  les  preuves  nouvelles  que  cette  conscien¬ 
cieuse  étude  apporte  à  une  idée  qui  s’exprime  aujourd’hui  comme  un  fait 
entièrement  acquis  à  la  science  moderne  :  c’est  que,  dans  l’ensemble  de 
la  création,  chaque  espèce  a  son  histoire  particulière,  et  que  chacune  est 
apparue  à  son  époque  spéciale,  comme  chacun  de  nous  dans  ce  monde, 
après  des  types  qu’elle  a  connus  seulement  dans  sa  jeunesse  et  qu’elle  a  vus 
s’éteindre  pendant  sa  vie,  suivis  par  d’autres  plus  récents  qui  ont  persisté 
après  sa  mort. 

Contrilnitious  to  Use  ff©ssîS  flora  off  CtrccBaland, 

being  a  Description  of  the  plants  collected  by  M.  Edward  Whymper  during 

lhe  summer  of  1867  ;  par  M.  O.  Ileer  (. Philosophical  Iransactions ,  vol. 

eux,  part  2,  1870,  pp.  445-488,  avec  18  planches). 

Les  matériaux  rassemblés  par  MM.  Mac  Clintock,  Inglefield,  Colomb  et 
Olrik  avaient  offert  à  M.  Heer  cent  cinq  espèces  de  végétaux  fossiles  du  Groen¬ 
land  septentrional,  il  avait  pu  observer  les  fleurs,  les  fruits  et  les  graines  de 
quelques-uns  d’entre  eux  ;  d'autres  n’avaient  présenté  que  des  feuilles,  même 
que  des  fragments.  Aussi  doit-on  savoir  gré  à  MM.  Whymper  et  R.  Brown 
d’avoir  entrepris  au  Groenland  un  nouveau  voyage  d’exploration,  grâce  à  la  sub¬ 
vention  votée  par  le  meeting  de  Nottinghain  et  augmentée  par  la  Société  Royale 
de  Londres.  Les  végétaux  rapportés  par  M.  Whymper  proviennent  de  deux 
localités,  Disco  et  Atanekerdluk,  savoir  :  de  Disco  quatorze  espèces,  dont 
huit  sont  connues  aussi  du  miocène  inférieur  de  l’Europe  ;  et  d’ Atanekerdluk 
soixante-treize,  dont  quarante-huit  ont  été  décrites  dans  le  Flora  fossilis 


13 !x  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

arcticci  de  M.  Hcer,  et  dont  vingt-cinq  ne  l’avaient  pas  été.  Cinq  des  espèces 
de  celle  seconde  localité  ont  aussi  été  trouvées  dans  le  miocène  de  l’Europe, 
Poacites  Mengeonus ,  Smilax  grandi  folia,  Quercus  Laharpii ,  Corylus  in- 
signis  et  Sassafras  Ferretianum.  Le  Smilax  grandi  folia,  qui  à  l’époque 
miocène  inférieure  était  répandu  dans  toute  l’Europe,  est  représenté  aujour- 
d’hui  par  le  Smilax  mauritanica  de  la  flore  méditerranéenne.  Le  genre  Sas¬ 
safras ,  alors  largement  étendu  en  Europe  (mais  à  une  période  un  peu  plus 
ancienne),  n’a  plus  de  représentants  qu’en  Amérique. 

Parmi  les  espèces  nouvelles  se  trouvent  un  Viburnum  Whymperi,  qui  res¬ 
semble  au  V.  Lantana  d’Europe  et  au  V.  dentatum  d’Amérique;  un  Aralia 
à  feuilles  épaisses,  un  Cornus ,  un  Ilex  à  feuilles  très-larges,  deux  Rhus,  un 
Sorbus,  un  Nyssa  et  deux  Pterospermites. 

D’après  les  matériaux  d’Atanekerdluk,  il  est  probable  que  le  genre  Mac 
Clintockia,  encore  mal  connu,  appartient  aux  Ménispermées.  Le  Séquoia 
Langsdorffii  s’y  présente  en  beaux  exemplaires.  Les  feuilles  du  Salisburia 
de  celte  époque  le  rapprochent  beaucoup  du  S.  adianti folia  de  l’époque 
actuelle. 

Les  plantes  rapportées  par  M.  Whymper  sont  au  nombre  de  quatre-vingts 
dont  vingt  complètement  nouvelles  pour  la  science.  Elles  portent  le  nombre 
des  espèces  miocènes  du  Groenland  septentrional  à  cent  trente-sept,  et  celui 
des  espèces  de  la  flore  arctique  miocène  à  cent  quatre-vingt-quatorze.  Sur 
ces  cent  trente-sept  végétaux  du  Groenland,  quarante-six  concordent  avec  des 
types  analogues  de  la  flore  miocène  de  l’Europe. 

Ecitrage  znr  Kreide-Flora  [Recherches  sur  la  flore  crétacée);  par 
M.  O.  Heer  ( Nouveaux  Mémoires  de  la  Société  helvétique  des  sciences 
naturelles,  t.  xxvi,  15  pages,  3  planches).  Zurich,  1871. 

Ce  mémoire  est  consacré  à  l’étude  de  la  flore  crétacée  du  Quedlinburg  qui 
appartient  au  même  étage  que  la  flore  depuis  longtemps  connue  de  Blanken- 
burg.  Sur  les  20  espèces  fossiles  de  Quedlinburg,  5  seulement  sont  connues 
d’autres  localités.  Ensevelies  dans  une  marne  terreuse  qui  se  laisse  couper  au 
couteau,  les  feuilles  de  ces  espèces  se  sont  en  parties  conservées.  Ces  marnes 
appartiennent  vraisemblablement  à  l’étage  sénonien,  au  voisinage  immédiat 
du  Quadersandstein  à  Belemnitella  qnadrata.  D’autres  échantillons,  formés 
d’un  grès  rougeâtre  à  gros  grains,  viennent  de  Langenberg  près  de  Qued¬ 
linburg,  localité  décrite  par  M.  Stiehler  dans  ses  recherches  sur  la  flore 
crétacée  du  Harz.  Les  fossiles  les  plus  importants  et  les  plus  largement  repré¬ 
sentés  que  décrive  M.  Heer  nous  paraissent  être  le  Cunninghamites  speciosus 
(dont  l’affinité  générique  reste  douteuse  à  cause  du  manque  de  fruits),  et  le 
Geinitzia  formosa ,  qui  ne  s’est  rencontré  jusqu’ici  que  dans  les  couches  de 
Quedlinburg,  et  qui  est  voisin  du  G.  cretacea  Unger  non  Endl. 

Plusieurs  de  ces  publications  de  M.  Heer  ont  été  réunies  dans  le  second 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


135 


volume  du  Flora  fossilis  arctica  du  même  auteur  (in-4°,  59  planches,  Zurich, 
chez  Winterthur,  Würrter  et  Cie,  1871),  qui  comprend  les  mémoires  suivants: 

1°  Contributions  to  the  fossil  flora  of  north  Groenland. 

2°  Flora  fossilis  Alaskana ,  avec  10  planches.  Ce  mémoire  a  été  publié 
dans  les  Mémoires  de  V Académie  royale  des  sciences  de  Stockholm,  en  1869.  Il 
est  en  latin,  avec  une  préface  en  allemand. 

3°  Die  miocene  Flora  und  Fauna  Spitzbergens ,  avec  16  planches.  Ce  mé¬ 
moire  appartient  aussi  à  ceux  de  l’Académie  de  Stockholm.  C’est  le  résumé 
qui  en  a  été  inséré  dans  les  V erhandlungen  de  la  Société  des  naturalistes 
suisses,  réunie  à  Soleure  en  1869. 

U°  Fossile  Flora  der  Bàren  Inseln,  avec  15  planches,  aussi  des  Mémoires 
de  l'Academie  de  Stockholm,  1870.  Les  plantes  décrites  appartiennent  à  la 
formation  houillère. 

Ueber  'l'ytotMerndron  speciosuvn  ;  par  M.  Weiss  {Y erhandlun¬ 
gen  des  naturhistorischen  Vereines  der  preussischen  Rheinlande  und 

Westphalens,  1870,  Sitzungsberichte,  pp.  A7-A8). 

Le  Tylodendron  est  un  nouveau  genre  de  Conifères  fossiles  appartenant  au 
grès  rouge  inférieur  et  au  calcaire  carbonifère  supérieur  des  montagnes  du 
Rhin  et  de  la  Sarre.  Les  rameaux  de  cette  espèce  sont  arrondis,  et  présentent 
des  nodosités  espacées  par  des  intervalles  de  12  à  16  pouces;  il  s’en  trouve 
une  aussi  au  sommet  de  l’axe  terminal. 

La  surface  entière  de  ce  rameau  est  garnie  de  coussinets  pressés  et  disposés 
en  lignes  spirales  qui  se  rapprochent  beaucoup  de  ceux  des  Lepidoclendron , 
mais  s’en  distinguent  parce  qu’ils  sont  fendus  à  leur  partie  supérieure  et  ne 
portent  aucune  cicatrice  de  feuille.  Ces  coussinets  paraissent  toujours  rac¬ 
courcis  à  la  partie  inférieure  des  nodosités,  allongés  à  la  partie  supérieure, 
souvent  d’une  manière  importante,  jusqu’à  ce  qu’ils  atteignent  un  maximum 
au  delà  duquel  ils  diminuent  successivement.  Sur  un  exemplaire,  la  longueur 
minimum  de  ces  coussinets  est  de  10  à  11  millimètres,  la  longueur  maximum 
de  82.  On  trouve  chez  le  Séquoia  sempervirens  les  mêmes  alternatives  de 
grandeur  dans  le  coussinet  et  même  dans  les  feuilles,  correspondant  à  la 
croissance  annuelle.  La  fente  supérieure  qui  s’observe  sur  les  coussinets  pour¬ 
rait  s’expliquer  par  la  présence  d’un  canal  résineux  à  l’état  frais.  Les  recher¬ 
ches  microscopiques  faites  par  M.  Dippel  sur  des  coupes  du  tissu  silicifié 
du  Tylodendron  y  ont  démontré  l’existence  de  vaisseaux  poreux  avec  des 
ponctuations  disposées  sur  un,  deux  ou  trois  rangs.  M.  Dippel  regarde  ce 
genre  comme  très-allié  aux  Cycadées,  et  cependant  correspondant  par  ses 
caractères  aux  Araucaria. 

M.  Brongniart  a  décrit  sous  le  nom  de  Lepidodendron  elongatum,  dans 
l’ouvrage  de  MM.  Murchison,  de  Verneuil  et  Keyserling  sur  la  géologie  de 
la  Russie  d’Europe,  p.  10,  tab.  C,  fig.  6,  un  tronçon  d’une  espèce  très-voi- 


\u 


SOCIÉTÉ  DOTA NIQUE  DE  FRANCE, 

sine  provenant  du  Zechstein,  c’est-à-dire  d’une  couche  de  même  âge.  L’espèce 
de  M.  Brongniart  se  distingue  parce  qu’elle  a  les  coussinets  tous  de  même 
longueur.  Dans  des  couches  plus  anciennes,  le  Lcpidodendron  Velthemia- 
num  décrit  par  M.  Gœppert  présente  les  mêmes  nodosités,  ainsi  qu’un  fos¬ 
sile  du  calcaire  carbonifère  de  Kunzendorf  en  Silésie,  décrit  par  le  même 
savant  sous  le  nom  de  Lycopodites  acicularis.  Dans  des  couches  plus  récentes, 
dans  le  trias,  des  fragments  appartenant  encore  au  même  genre  Tylodendron 
ont  été  trouvés  d’abord  parSchleiden  ;  puis  de  nouveau  par  M.  Schenk(dans  le 
muschelkalk  moyen  d’Iéna),  et  décrits  sous  le  nom  d 'Endolepis  vulgarisa  t 
elegans ,  nom  générique  que  ce  dernier  savant  a  remplacé  par  celui  de  Voltzia. 
Ces  deux  espèces,  qui  se  rencontrent  aussi  b  Saarbriick,  ont  le  même  dessin 
formé  par  les  coussinets,  mais  ne  présentent  aucune  dilatation  ou  nodosité  sur 
les  rameaux. 


Sur  la  fia  mille  des  Nœggérallviées  ;  par  MM.  Weiss  et  Golden- 

berg  (  Verhandlungen  des  naturhistorischen  Vereins  der  preussischen 
Rheinlande  und  Westphalens ,  1870,  Sitzungsberichte ,  pp.  63-66;  et  Cor « 
respondenzblatt ,  pp.  79-80). 


Les  fossiles  dont  il  est  question  dans  ce  travail  ont  été  recueillis  dans  le 
calcaire  carbonifère  de  Saarbriick.  Les  auteurs  rappellent  d’abord  l’histoire  du 
genre  Nœggerathia ,  ballotté  entre  les  Palmiers,  les  Fougères,  les  Lycopodia- 
cées  et  les  Cycadées.  Le  dernier  travail  publié  sur  ces  végétaux  fossiles  paraît 
être  celui  de  M.  Goppert,  qui  dans  son  Permische  Flora  (1864)  a  donné  des 
dessinsde  leur  inflorescence,  de  leurs  feuilles  à  nervation  parallèle,  ainsi  que  de 
leurs  bourgeons,  attribués  auparavant  à  Y Aroides  crassispatha  Kutorga  ( Pa - 
lœospatha  aroidea  Unger),qui  n’est  que  le  Nœggerathia  Gœpperti  Eichwadl. 
M.  Goppert  ne  regarde  pas  les  Nœggerathia,  comme  des  Palmiers,  mais  il  les 
place  parmi  les  Monocotylédones,  ainsi  que  les  Cordait  es,  qui  en  avaient  jadis 
été  distingués. 

Voici  les  conclusions  que  MM.  Weiss  et  Goldenberg  ont  tirées  de  leurs  pro¬ 
pres  recherches  : 

L’insertion  spirale  des  feuilles  chez  le  Cordaites  et  leur  disposition  sur 
deux  rangs  chez  le  Nœggerathia  autorisent  peut-être  à  les  séparer  en  deux 
genres,  mais  non  en  deux  familles. 

Les  rameaux  minces,  les  feuilles  simples,  au  moins  chez  le  Cordaites ,  leurs 
cicatrices  et  surtout  leur  inflorescence,  séparent  les  Nœggérathiées  des  Cyca¬ 
dées  vivantes,  et  les  rapprochent  bien  plutôt  de  plusieurs  familles  monocoty- 
lédones  comme  de  quelques  espèces  de  Conifères. 

La  structure  de  leur  lige,  d’après  Corda,  ne  permet  pas  de  réunir  les  Nœg¬ 
gérathiées  aux  Conifères,  puisqu’elles  manquent  de  rayons  médullaires  et  de 
vaisseaux  ponctués.  Leur  inflorescence,  formée  de  petits  rameaux  pédonculés 
rassemblés  dans  les  aisselles  des  feuilles,  est  également  étrangère  aux  Conifères. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


137 


Considérées  comme  Monocotylédones,  les  Nœggérathiées  ne  peuvent  être 
rangées  parmi  les  Palmiers,  mais  doivent  former  une  famille  distincte,  éteinte 
depuis  les  temps  les  plus  reculés.  Ceci  est  une  confirmation  des  opinions  de 

M.  Goppert. 

Felicr  eis&ig’C  Pfiimæen  clcr  Stcinkohlc:i$ebirg;c  (Sur 
quelques  plantes  du  calcaire  carbonifère )par  M.  Andra  ( ibid . ,  1870,  Cor - 
respondenzblatt,  pp.  60-61). 

M.  Andra  est  loin  de  regarder  comme  acquise  à  la  science  l’assimilation 
faite  de  certaines  espèces  tYAsterophyllites  à  la  famille  des  Calamariées  ;  il  n’a 
pas  observé  de  localités  où  les  Aster ophyllites  coexistent  avec  les  Calamites. 
Il  regarde  V Annularia  radiata  Ad.  Br.  comme  identique  au  Bêchera  dubia 
Sternb.,  à  Y Asterophylliles  foliosus  Geinilz,  à  1\A.  galioides  Lindl.  et  Huit. , 
et  probablement  à  VA.  foliosus  des  mêmes  auteurs.  Il  a  présenté  des  dessins 
qui  justifient  ces  réunions. 

Felierelie  Farngattong*  é%re if vopteris  und  einige  Arten  derselben 
aus  der  Steinkoblenformation  [Sur  le  genre  de  Fougères  Neuropteris  et  sur 
quelques-unes  de  ses  espèces  appartenant  à  la  formation  du  calcaire  car- 
bonifère);  par  M.  Andra,  (ibid. ,  1870,  Sitzungsberichte,  pp.  141-142). 

i\I.  Andra  a  découvert  une  nouvelle  espèce  de  Neuropteris ,  le  N.  dispar  ; 
il  donne  aussi  quelques  détails  sur  le  N.  hirsuta  Lesq.  C’est  à  celte  dernière 
espèce  qu’appartient  le  N.  flexuosa  de  la  collection  de  Poppelsdorf  et  le 

N.  acutifolia  v.  Rolil.  Il  en  est  de  même  du  N.  cordata  du  cap  Breton,  et 
très-probablement  du  Dictyopteris  cordata  F. -A.  Rômer. 


Fossile  Flora  «1er  Steinkolileo  format  ion  Wcstpkalens, 

einschliessiich  Piesberg  bei  Osnabrück  ( Flore  fossile  du  terrain  carboni¬ 
fère  de  la  Westphalie,  y  compris  la  localité  de  Piesberg  près  Osna¬ 
brück);  par  M.  le  major  von  Roehl.  Un  volume  avec  32  planches  renfer¬ 
mant  203  figures. 


Cet  ouvrage  renferme  la  description  de  250  espèces  de  plantes  fossiles. 

Nous  y  trouvons,  comme  ordre  séparés,  les  Calamitées  avec  le  genre  Cala¬ 
mites  (11  espèces)  ;  les  Équisétacées  avec  le  genre  Equisetites  (2  esp.)  ;  les 
Astérophyllitées  avec  les  genres  Volhmannia  (5  esp.),  Huttonia  (1  esp.),  As- 
ter  ophyllites  (9  esp.),  Pennularia  (1  esp.),  Annularia  (3  esp.)  et  Spheno- 
phyllurn  (6  esp.)  ;  les  Neuropléridées  avec  les  genres  Neuropteris  (15  esp.), 
Odontopteris  (6  esp.),  Cyclopteris  (10  esp.),  Schizopteris  (2  esp.),  Dictyo¬ 
pteris  (5  esp.)  ;  les  Sphénopiéridées  avec  les  genres  Sphenopteris  (25  esp.), 
Hymenophyltites  (  3  esp.),  Trichomanites  (1  esp.);  les  Pécoptéridées  avec 
les  genres  Lonchopter is  (3  esp.),  A lethopteris  (18  esp.),  Cyatheites  (7  esp.), 
Pecopteris  (5  esp.);  les  Protoptéridées  avec  le  genre  Caulopteris  (1  esp.)  ;  les 


138 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

0 

Sigillariées  avec  le  genre  Sigillaria  (46  esp.);  les  Stigmariées  avec  le  genre 
Stigmaria  (2  espèces),  les  Lépidodenclrées  avec  les  genres  Lepidodendron 
(20  esp.),  Ulodendron  (4  esp.),  Halonia  (2  esp.),  Lepidophyllum  (3  esp.), 
Lepidosirobus (1  esp.)  ;  les  Lycopodiacées  avec  les  genres  Selaginites(  1  esp.), 
Lycopodites  (4  esp. ),  Lomatophloios  (2  esp.),  Cordaites  (1  esp.)  et  Lepi- 
dophloios  (1  espèce). 

L’auteur  rapporte  à  la  classe  des  Zamiées  les  ordres  des  Nreggérathiées  avec 
neuf  Nœggerathia  et  quatre  Rhabdocarpos,  les  Cycadées  avec  un  Pterophyl- 
lum,  et  mentionne  comme  Cycadées  douteuses  deux  Trigonocarpon  et  cinq 
Carpolithes.  Viennent  ensuite  quelques  Palmiers  et  quelques  Conifères. 

L’auteur  a  décrit  une  quinzaine  d’espèces  nouvelles,  et  a  profilé  de  maté¬ 
riaux  plus  complets  pour  faire  mieux  connaître  des  espèces  déjà  signalées. 

5Kiar  SteinkohleMÜieorie  ( Su t  la  théorie  de  la  houille)  ;  par  M.  le 
docteur  Mohr  (ibid.,  pp.  138-147). 

M.  Mohr  ne  croit  pas,  selon  l’opinion  générale,  que  ce  soient  les  grands 
végétaux,  appartenant  aux  classes  supérieures  de  la  cryptogamie  antédilu¬ 
vienne,  qui  aient  par  accumulation  produit  en  se  décomposant  les  cou¬ 
ches  de  houille  si  répandues  sur  le  globe.  Ce  sont,  d’après  lui,  exclusive¬ 
ment  des  Algues.  Les  Algues  sont  les  seuls  végétaux  de  notre  globe  qui  aient 
pu  s’accumuler  en  assez  grande  quantité  pour  expliquer  les  lits  de  houille; 
les  seuls  qui  aient  pu  les  constituer  sans  laisser  trace  de  leur  structure. 
Comme  ils  flottaient  en  se  décomposant,  ils  ont  naturellement  formé  des  lits 
parallèles  en  se  déposant.  Le  sol  sous-jacent  à  la  houille  est  le  plus  souvent  du 
calcaire,  ce  qui  prouve  qu’elle  s’est  déposée  dans  la  mer.  La  faible  quantité 
de  cendres  que  fournit  la  houille  prouve  aussi  qu’elle  s’est  formée  dans  la 
mer.  D’ailleurs  la  houille  n’est  pas  soluble  dans  les  solutions  alcalines,  comme 
le  lignite  et  la  tourbe,  qui  proviennent  évidemment  de  la  décomposition  de 
végétaux  plus  élevés  en  organisation.  Sa  pesanteur  spécifique  est  trois  ou 
quatre  fois  celle  des  lignites  et  de  la  tourbe.  L’importance  des  dépôts  de  houille 
s’expliquerait,  dans  cette  hypothèse,  par  celait  que  dans  la  mer  la  proportion 
d’acide  carbonique  augmente  avec  la  profondeur.  Enfin  la  houille  renferme 
de  l’iode  et  du  brome,  substances  abondantes  dans  les  eaux  de  la  mer. 

©ai  structure  and  affinities  ©€  moisir©  exogenous 

stems  froin  tHie  coal-nieasures  (De  la  structure  et  des  affinités 

de  quelques  tiges  exogènes  appartenant  au  terrain  houiller)  ;  par  M.  V.-C. 
Williamson  (The  Monthly  microscopical  Journal,  aug.  1869,  pp.  66-72) 
avec  une  planche. 

M.  Williamson  émet  une  théorie  particulière  de  la  ponctuation  aréolée  des 
Conifères.  Il  regarde  l’aréole  proprement  dite  comme  externe  'a  la  fibre,  et 
résultant  d’une  dépression  de  ses  parois,  et  la  ponctuation  centrale  comme 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


139 


résultant  du  défaut  d’incrustation  ligneuse  intérieure,  comme  toutes  les  ponc¬ 
tuations  en  général.  Il  a  observé  sur  le  Cycas  revoluta  des  fibres  ponctuées, 
dont  les  ponctuations  tantôt  sont  entourées  d’une  aréole  et  tantôt  ne  le  sont 
pas.  Il  a  vu  sur  la  même  espèce  des  vaisseaux  scalariformes  à  une  extrémité 
et  pourvues  d’aréoles  ou  discigères  à  l’autre  extrémité.  Les  Dadoxylon  de 
l’époque  houillère  présentent  les  aréoles  des  Conifères  sans  les  ponctuations. 
Dans  des  végétaux  confondus  jusqu’ici  avec  les  Dadoxylon ,  et  que  M.  Wil¬ 
liamson  propose  de  distinguer  sous  le  nom  de  Dictyoxylon ,  la  lignine  forme 
intérieurement  non  des  ponctuations  mais  des  dépôts  réticulés  ;  il  n’y  a  pas 
d’aréoles.  En  réunissant  ces  deux  caractères,  on  obtient  ceux  de  la  fibre  des 
Conifères  modernes. 

M.  Williamson  regarde,  dans  ce  mémoire,  comme  un  Lomatophloios  la 
plante  décrite  par  M.  Binney  sous  le  nom  de  Sigillaria  vascularis  dans  son 
mémoire  Sur  quelques  plantes  fossiles  montrant  une  structure  déterminée , 
du  terrain  houiller  inférieur  du  Lancashire ,  qui  a  paru  dans  le  Quarterly 
Journal  of  the  geological  Society ,  vol.  xvm. 

On  tlic  structure  of  fia©  stem®  of  tlae  arborescent  fiLy- 
copodiaceæ  of  tîic  eoal-ïMcasisres  ;  par  M.  W.  Carrulhers 
[ibid. ,  octobre  et  novembre  1869,  pp.  177-181,  224-227;  mars  1870, 
pp.  144-154). 

Ce  dernier  fossile  est  regardé  par  M.  Carruthers  comme  appartenant  au 
Lepidodendron  selaginoides  Sternb.  Il  en  figure  des  coupes  qui  en  montrent 
passablement  la  structure  assez  simple  ;  on  n’y  voit  dans  l’intérieur  du  tronc 
pas  d’autres  éléments  que  des  vaisseaux  scalariformes.  Même  le  centre  de  l’axe 
en  est  rempli;  il  n’y  a  pas  de  moelle  proprement  dite.  M.  Carruthers  ne  peut 
pas  admettre  non  plus  dans  ce  type  l’existence  de  rayons  médullaires  compa¬ 
rables  à  ceux  des  Dicotylédones. 

Dans  la  seconde  partie  de  son  mémoire,  M.  Carruthers  a  figuré  la  structure 
de  V Ulodendron  minus  Lindl.  et  Hutton.  11  n’en  sépare  pas  le  genre  Mega- 
phyton  fondé  seulement  sur  l’observation  de  moules  internes  de  la  tige  ;  et 
en  distingue  à  peine  le  Bothrodendron ,  qui  n’en  diffère  que  par  la  forme  des 
cicatrices  indiquant  la  place  des  feuilles.  L’ Ulodendron  minus ,  de  même  que 
le  Lepidodendron  selaginoides,  offre  des  vaisseaux,  de  grandeur  différente, 
dans  le  tissu  axile  qu’on  serait  disposé  à  regarder  comme  médullaire,  et 
l’on  ne  trouve  pas  dans  leur  tige  d’autre  élément  que  des  vaisseaux  scalari¬ 
formes.  Ces  deux  végétaux  du  terrain  houiller  sont  regardés  par  M.  Carruthers 
comme  très- voisins  l’un  de  l’autre. 

Dans  son  troisième  mémoire,  M.  Carruthers  étudie  la  nature  des  cicatrices 
présentées  par  les  tiges  de  divers  Ulodendron ,  et  trace  le  synopsis  des  espèces 
de  ce  genre  de  Lycopodiacées  fossiles  que  l’on  a  trouvées  dans  la  Grande-Bre¬ 
tagne.  Ce  synopsis  nécessite  une  excursion  historique  intéressante,  qui  montre 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


140 

par  quels  tâtonnements  prolongés  passe  fréquemment  l’étude  des  plantes  fos¬ 
siles.  Les  Utodendron  acceptés  par  l’auteur  sont  au  nombre  de  neuf. 


OsscrvazionS  sial  ÿciu  ie  <1  i  Cicndacec  fossili  Wfïttwier/rt, 

e  descrizione  di  una  specie  nuova  ;  par  M.  F.  Garuel  ( Bulletino  dcl  JL  Co- 
mitato  geologico  d' Italia,  juillet-août  1870,  pp.  181-186);  tirage  à  part. 

Le  genre  Raumeria  a  été  établi  par  M.  GÔppert  en  1844,  dans  le  2e  volume 
du  Flora  von  Schlesien  de  Wiminer.  M.  Garuel  ajoute  aux  deux  espèces 
connues  de  ce  genre  le  R.  Cocchiana,  trouvé  dans  le  pliocène  de  la  Toscane, 
et  dédié  au  professeur  Igino  Gocchi,  conservateur  du  musée  de  Florence. 
Une  gravure  représente  cette  espèce. 

Obi  fossîl  Cycadcan  stiefn  froiia  thc  sccontïary  rocks  ©f 

Itrilaiii;  par  M.  W.  Garruthers  (  Transactions  of  tke  Linnean  Society , 
t.  xxvi,  1870,  pp.  675-708,  tab.  54-63). 

Après  avoir  examiné  la  nature  des  fossiles  rapportés  aux  Cycadées,  Fauteur 
en  décrit  vingt-cinq  espèces  appartenant  à  huit  genres.  Quatre  de  ces  genres 
sont  placés  dans  les  tribus  déjà  existantes  de  la  famille  des  Cycadées,  et  deux 
tribus  nouvelles  sont  établies  pour  le  reste  des  genres  (1). 


©n  Élie  gictrUicd  forcsi  ncar  Cairo;par  M.  AV.  Garruthers 
( The  geological  Magazine ,  vol  vu,  1870,  pp.  306-310,  tab.  14). 

Après  avoir  décrit  ce  qu’on  nomme  la  forêt  pétrifiée  des  environs  du  Gaire, 
Fauteur  rapporte  au  genre  Nicoliai leux  espèces  différentes  de  bois  silicifiés  qui 
en  proviennent. 


On  ilic  structure  of  a  Fcrn  striai  fromthelower  eocenc  ofHerne 
Bay,  and  on  its  allies,  recent  and  fossil  ;  par  M.  W.  Garruthers  ( Quarterly 
Journal  of  the  geological  Society ,  vol.  xxvi,  1870,  pp.  3Ô9-353). 

L’auteur  décrit  minutieusement  la  tige  de  Y Osmundites  Dowkeri,  et  la 
compare  à  celle  de  YOsmunda  regalis.  Il  propose  un  arrangement  nouveau 
de  quelques-unes  des  tiges  de  Fougères  connues  et  provenant  du  terrain  pri¬ 
maire  ainsi  que  du  terrain  secondaire. 


Observât ions  osa  souac  vcgHiililc  fossils  froui  Victoria; 

par  MtVI.  F.  de  Müller  et  1t.  Brougli  Smyth  {The  geological  Magazine , 
vol.  vu,  1870,  p.  390). 


Les  échantillons  observés  par  les  auteurs  étaient  des  fruits  provenant  de 
dépôts  superficiels.  L'un  est  un  fruit  de  Conifères  voisin  du  Solenoitrobus ,  de 
Bowerbook,  auquel  est  donné  le  nom  de  Spondylostrobus  Smythii.  Les  autres 


(1)  Nous  rappelons  que  M.  Carruthers  a  publié  il  y  a  quelques  années  un  mémoire 
important  sur  les  Uycadées  des  terrains  secondaires  dans  le  Journal  of  Bolany ,  1867, 
p.  I  et  suiv. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


m 

fossiles  ne  sont  pas  déterminés,  mais  les  auteurs  en  ont  recherché  les  affinités, 
et  celles-ci  indiquent,  d’après  M.  de  Mülier,  une  flore  analogue  à  celle  du 
détroit  forestier  (forest-belt)  de  l’Australie  orientale. 

Coaitfl'ilMit s«&!6s  towardv  tïie  fiaistory  of  Xtintin  fjifjas 

Lindl.  et  Huit.  ;  par  M.  W.-C.  Williamson  ( Transactions  of  the  Linn. 

Soc.7  t.  xxvi,  1870,  pp.  663-674,  tab.  52  et  53). 

L’auteur  donne  le  compte  rendu  de  la  structure  de  différents  organes  qu’il 
croit  avoir  appartenu  à  cette  plante  ;  il  en  décrit  en  détail  la  tige,  les  feuilles, 
les  fleursmâles  et  les  fleurs  femelles. 

BIBLIOGRAPHIE. 

Neue  Standorte  Schlesischer  Moose  und  Farne  ( Nouvelles  localités  de 
Mousses  et  de  Fougères  silésiennes)  ;  par  M.  J.  Milde  (68e  Jahresbericht 
der  Schlesischen  Gesellschaft  fur  vaterlcindische  Cultur ,  pp.  121-130). 

Verzeichniss  der  im  Jahre  1870  bekannt  gew.ordenen  Fundorte  neuer  und 
weniger  haufiger  Phanerogamen  Schlesiens  ( Catalogue  des  localités  décou¬ 
vertes  pour  des  Phanérogames  nouvelles  ou  rares  de  la  Silésie )  ;  par 
M.  Engler  ( ibid . ,  pp.  131-141).  Dans  ce  catalogue  se  rencontre  la  descrip¬ 
tion  d’une  Violette  nouvelle,  Viola  porphyrea  von  Uechtritz. 

Gatalogo  délie  piante  vascolari  spontanée  délia  zona  olearia  nelle  due  valli 
diDiano  Marina  e  di  Gervo  ;  par  M.  Luigi  Ricca  (Atti  délia  Societci  italiana 
di  scienze  naturali,  vol.  xm,  fasc.  2,  pp.  60-143).  —  Ge  Catalogue,  réduit  à  la 
mention  des  espèces  et  des  localités,  renferme  quelques  détails  spéciaux  sur  les 
espèces  suivantes  :  Dianthus  prolifer  L.  var.,  Erodium  Ciconium  Willd.?, 
Trifolium  angusti folium  L.,  Leucanthemum  atratum  DG.,  Lappa  inter¬ 
media  Rchb.,  Poh/gonum  Roberti  Lois.,  Xiphion  vulgare  Pari.,  Orchis 
coriophoro-laxiflora,  nouvel  hybride  observé  par  l’auteur,  etc. 

Sulla  Cladophora  viadrina  del  Kützing  ;  par  Mme  la  comtesse  Elisabetla 
Fiorini  Mazzanti  ( Atti  delV Accademia  pontificia  de'  nuovi  Lincei ,  anno  xxn, 
cahier  publié  le  23  avril  1869,  pp.  1-2). 

Genno  sulla  vegetazione  délia  cadula  delle  Marmore  in  una  rapida  excur- 
sionedi  Luglio ;  par  la  même  ( ibid .,  annoxxn,  4  juillet  1869,  pp.  143-144). 

Nota  critica  sull’  anormalità  di  un  organismo  critlogamico;  par  la  même 
(ibid.,  anno  xxiv,  1871,  pp.  190-192).— H  s’agit  dans  cette  note  d’une  pro¬ 
duction  crvptogamique  dépourvue  de  fructifications,  qui  a  été  successivement 
le  Sporotrichum  latebrarum  Link,  le  Conferva  pulveria  Ag. ,  le  Lepraria 
lanuginosa  Fries  (3.  sterilis ,  et  que  l’auteur  nomme  Lichen  atypicum  late¬ 
brarum.  Peut-être  est-ce  un  état  monstrueux  favorisé  par  l’obscurité  et  com¬ 
mun  à  plusieurs  espèces.  Voici  la  phrase  de  Mme  Fiorini  Mazzanti  :  «  Thallo 
plus  minus  expanso,  leproso-flosculoso  ;  granulis  coacervatis  sphæricis  viri- 


\!\'l  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

dibus,  brévia  filamenta  apice  bifurcata  emittentibus.  »  Nous  pensons  que 
M.  Schwendener  tirerait  de  l’observation  de  cette  production,  intermédiaire 
entre  les  Algues,  les  Champignons  et  les  Lichens,  de  nouveaux  arguments  en 
faveur  de  sa  théorie. 

NOUVELLES. 

(Mai  1872.) 


A  la  suite  du  dernier  congrès  des  délégués  des  Sociétés  savantes  des  dépar¬ 
tements,  tenu  à  la  Sorbonne  pendant  la  semaine  de  Pâques,  des  distinctions 
ont  été  conférées  à  un  certain  nombre  de  naturalistes  français,  parmi  lesquelles 
nous  devons  signaler  les  suivantes  : 

Ie  Médailles  d'or. 


MM.  Grenier  (Charles),  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Besançon  : 
Travaux  de  botanique. 

Grandidier  (Alfred).  Voyages  scientifiques  à  Madagascar. 

2°  ? Médailles  d'argent. 

MM.  Faivre,  doyen  de  la  Faculté  des  sciences  de  Lyon  :  Travaux  de  phy¬ 
siologie  végétale. 

Cailletet,  à  Châtillon-sur-Seine  (Côte-d’Or)  :  Travaux  de  chimie  agri¬ 
cole  et  industrielle. 

En  outre  un  arrêté  de  S.  Exc.  M.  le  ministre  de  l’instruction  publique 
3  accordé  les  titres  suivants  : 

1°  Officier  de  l' instruction  publique. 

M.  Lejolis  (Auguste),  président  de  la  Société  des  sciences  naturelles  de 
Cherbourg. 

2°  Officiers  d' Académie. 

MM.  Drouet  (Henri),  sous-préfet  de  Vouziers  (Ardennes)  :  Travaux  de 
malacologie,  Flore  des  Açores. 

Dupuy  (l’abbé),  professeur  d’histoire  naturelle  au  séminaire  d’Auch  : 
Travaux  d’histoire  naturelle. 

Pomel,  membre  de  la  Société  de  climatologie  d’Alger  :  Travaux 
d’histoire  naturelle. 


—  Nos  confrères  apprendront  avec  un  vif  regret  la  perte  considérable  que 
vient  de  faire  la  science  dans  la  personne  de  M.  Hugo  de  Molli,  professeur  à 
l’université  de  Tubingue  et  membre  correspondant  de  l’Académie  des  sciences 
de  Paris,  et  celle  de  M.  de  Brébisson,  Fauteur  de  la  Flore  de  Normandie ,  si 
connu  par  ses  recherches  sur  les  Diatomées. 

—  L’administration  française  vient  défaire  publiera  Pondichéry  un  Cata¬ 
logue  des  plantes  du  parc  colonial  et  du  Jardin  botanique  et  d'acclimatation 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  143 

du  gouvernement  à  Pondichéry .  Ce  Catalogue ,  qui  porte  le  millésime  de 
1872  (in-8°  de  80  pages,  Pondichéry),  est  signé  de  M.  Contest-Lacour,  qui 
a  remplacé  notre  confrère  M.  Perrottet.  De  nombreux  desiderata  sont  indi¬ 
qués  dans  ce  Catalogue.  L’administration  du  jardin  serait  heureuse  de  se 
procurer  ces  plantes  par  voie  d’échange.  Nous  trouvons  en  outre  dans  le 
Catalogue  un  arrêté  de  M.  le  Gouverneur  des  établissements  français  dans 
l’Inde,  établissant  des  primes  d’encouragement  pour  les  introducteurs,  tant 
français  qu’étrangers,  des  végétaux  destinés  à  enrichir  les  collections  du  parc 
colonial  et  du  jardin  d’acclimatation,  savoir  : 

1°  Une  médaille  d’or  de  la  valeur  de  500  fr.  pour  350  espèces,  dont  200 
vivantes  et  les  autres  en  graines. 

2°  Une  médaille  d’or  de  400  fr.  pour  250  espèces,  dont  150  vivantes  et  les 
autres  en  graines. 

3°  Une  médaille  d’or  de  300  fr.  pour  150  espèces,  dont  100  vivantes  et  les 
autres  en  graines. 

Les  bulbes,  tubercules  et  rhizomes  seront  admis  comme  plantes  vivantes. 

Les  envois  devront  être  adressés  à  M.  le  Gouverneur  des  établissements 
français  dans  l’Inde. 

O 

Ajoutons  que  les  noms  tamouls  ont  été  placés  dans  le  Catalogue  en  regard 
des  noms  scientifiques  de  la  plupart  des  végétaux,  et  signalons  avec  M.  Contest- 
Lacour  un  fait  qui  caractérise  bien  le  climat  éminemment  aride  du  territoire 
de  Pondichéry  :  c’est  qu’on  n’y  rencontre,  à  l’état  spontané,  bien  entendu, 
aucune  espèce  de  Fougère,  ni  d’Orchidée  ;  on  n’y  rencontre  pas  non  plus  de 
Conifère.  Un  Podocarpus  australien,  venant  du  jardin  botanique  de  Ceylan, 
n’a  pu  résister  pendant  trois  jours  au  vent  du  sud,  dans  le  jardin  d’acclima¬ 
tation  de  Pondichéry. 


—  La  question  du  Sumbul  nous  paraît  embrouillée  par  des  renseignements 
fort  contradictoires.  On  lit  dans  le  Pharmaceutical  Central blatt,  1870, 
nos  39,  66,  pp.  367, 368,  d’après  le  témoignage  de  l’inspecteur Lungershausen, 
que  la  plante  a  fleuri  à  Moscou.  C’est  une  Ombellifère  que  M.  C.  Koch  a 
reconnue  pour  être  le  type  d’un  genre  nouveau  et  a  nommée  Sumbulus  mos- 
chatus.  Il  paraîtrait  d’ailleurs  qu’il  existe  deux  sortes  de  racines  musquées, 
originaires  de  l’Asie  centrale  et  exportées,  l’une  par  la  Russie,  l’autre  des  Indes 
orientales. 


Parmi  les  questions  mises  au  concours  en  1872  par  la  Société  des 
sciences,  de  l’agriculture  et  des  arts  de  Lille,  nous  remarquons  la  suivante  : 

Faire  connaître  la  distribution  des  végétaux  fossiles  dans  le  bassin  houiller 
du  nord  de  la  France,  et  indiquer  les  conclusions  que  l’on  peut  tirer  de  celte 
distribution  par  rapporta  la  constitution  géologique  du  bassin  et  à  son  mode 
de  formation. 

Le  travail  doit  être  adressé  franc  de  port  et  dans  les  formes  académiques 


\hh  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


au 

15 


secrétariat  général  de  la  Société,  à  l’Hôte!  de  ville,  à  Lille,  avant  le 
octobre  1872. 


—  M.  le  docteur  Henri  Van  Henrck,  8,  rue  de  la  Santé,  à  Anvers,  désire 
acquérir,  soit  par  achat,  soit  par  échange,  des  produits  exotiques  rares  ou  nou¬ 
veaux  et  intéressants  au  point  de  vue  médical,  commercial  ou  industriel. 


—  M.  le  professeur  Adamowicz,  conseiller  d’Élat  et  président  de  la  Société 
impériale  des  médecins  de  Vilna,  qui  a  pris  part  à  la  session  extraordinaire 
tenue  par  la  Société  à  Nantes  en  1861,  a  eu  l’honneur  de  voir  le  jubilé  de 
son  professorat  célébré  par  la  Société  des  médecins  de  Vilna,  le  1/18  avril 
dernier. 


—  Nous  lisons  un  peu  tardivement  dans  YAdansonia,  t.  ix,  p.  378,  que 
M.  E.  Ramey  a  consiaté  aux  buttes  Chaumont,  dans  le  courant  de  l’été  de 
1869,  la  présence  de  YAnthoxanthum  Puelii ,  espèce  annuelle,  et  celle  de 
Y  Air  a  brigantioca,  espèce  vivace,  laquelle  courait  en  abondance  les  pierres 
qui  supportent  le  temple  de  la  Sibylle. 


—  L’herbier  des  Mousses  de  France  publié  par  notre  confrère  M.  F.  Husnot 
(à  Caban,  par  A tliis,  Orne),  avec  le  concours  de  MM.  l’abbé  Boulay,  de  Bré- 
bisson,  Gravet,  Hardy,  Husnot,  Lamy,  Marchai,  le  colonel  Paris  et  l'abbé 
Puget,  est  parvenu  maintenant  à  son  sixième  fascicule.  Chaque  fascicule  ren¬ 
fermant  cinquante  espèces,  300  espèces  ont  été  déjà  publiées.  Chaque  espèce 
est  collée  sur  une  feuille  de  papier  et  munie  d’une  étiquette  imprimée  ;  parfois 
plusieurs  échantillons,  formant  un  seul  numéro,  proviennent  de  plusieurs 
localités  différentes.  Cet  exsiccata  formera  certainement  une  base  importante 
à  un  travail  sur  la  bryologie  française  ;  on  ne  peut  que  faire  des  vœux  pour  sa 
continuation. 


—  M.  Buchinger,  à  Strasbourg,  s’occupe  en  ce  moment  de  la  répartition 
des  Hépatiques  de  la  Guadeloupe  de  feu  IM.  le  docteur  Lherminier.  Ces  plantes 
ont  été  nommées  par  M.  Gottsche,  et  sont  en  vente  à  25  francs  la  centurie, 
ainsi  que  les  Mousses  de  même  origine  nommées  par  M.  Schimper. 

—  On  nous  annonce  au  moment  de  tirer  cette  feuille  la  mort  bien  regret¬ 
table  de  M.  Reuter,  directeur  du  jardin  botanique  de  Genève,  décédé  dans  ies 
derniers  jours  du  mois  de  mai. 

Dr  Eugène  Fournier, 


i’aris.  —  Imprimerie  de  E.  Martinet,  rue  Aliuuon,  2. 


) 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 

,  (SEPTEMBRE-OCTOBRE  1871.) 


N.  B.  —  On  peut  se  procurer  les  ouvrages  analysés  dans  cette  Revue  chez  M.  F.  Savy,  libraire  de 
Société  botanique  de  France,  rue  Hautefeuille,  24,  à  Paris. 


On  (ïic  organisa  g  ion  of*  the  Calamites  of  the  coal- 
incasurc^  5  par  M.  Williamson  ( Proceedings  of  the  Royal  Society , 
vol.  xix,  n°  125). 

Ce  mémoire  a  été  lu  à  la  Société  royale  de  Londres  le  26  janvier  1871,  un 
second  sur  d’autres  végétaux  du  terrain  houiller  à  la  même  Société,  le  15  juin 
suivant  ;  nous  rendons  compte  de  ces  deux  travaux. 

Depuis  que  M.  Brongniart  a  établi  son  genre  C alamodendron ,  on  a  été 
conduit  à  penser  que  sous  l’ancien  type  des  Calamites  on  confondait  deux 
types  fort  différents  :  le  Calamites  proprement  dit,  à  paroi  extérieure  mince 
et  du  groupe  des  Equisetum ,  et  le  C  alamodendron,  sorte  de  Gymnosperme 
à  bois  épais.  L’auteur  révoque  en  doute  cette  opinion  et  cette  distinction;  il 
pense  prouver  que  ces  deux  types  sont  tous  deux  composés  d’une  moelle 
centrale,  entourée  par  une  zone  ligneuse,  renfermant  elle-même  un  cercle  de 
coins  ligneux  et  enfermée  dans  une  écorce  à  parenchyme  cellulaire. 

Ces  coins  sont  formés  à  leur  partie  interne  de  canaux  longitudinaux  rayés 
ou  réticulés  s’étendant  d’un  nœud  à  l’autre,  et  en  dehors  de  ceux-là,  de  vais¬ 
seaux  rayés  ou  réticulés  disposés  en  séries  rayonnantes.  Les  coins  ou  faisceaux 
sont  donc  séparés  par  des  rayons  médullaires  primaires  et  leurs  éléments  par 
des  rayons  secondaires.  A  ce  point  de  vue,  les  Calamites  offrent  d’une  ma¬ 
nière  permanente  la  structure  qui  se  présente  transitoirement  chez  un  végétal 
exogène  à  la  fin  de  sa  première  année. 

L’écorce,  non  encore  décrite,  ne  présente  ni  sillons  ni  crêtes  longitudinales. 
Elle  paraît  s’épaissir  au  niveau  de  chaque  nœud,  mais  la  saillie  qu’elle  fait  à 
ces  points  est  due  à  une  expansion  de  la  couche  ligneuse.  Cette  expansion  est 
causée  par  l’intercalation  de  nombreux  petits  vaisseaux  arqués  à  concavité  inté¬ 
rieure  qui  traversent  chaque  nœud,  et  qui  constituent  une  portion  de  la  zone 
ligneusement  étant  sur  la  moelle  à  ce  niveau. 

Une  modification  très-curieuse  de  ce  type  est  présentée  par  la  plante  que 
M.  Williamson  a  antérieurement  décrite  sous  le  nom  de  Calamopitus ,  dans 
laquelle  des  canaux  arrondis  ou  oblongs  partent  de  la  cavité  médullaire  et  se 
T.  xviii.  (revue)  10 


1  Zi6 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


dirigent  horizontalement  à  travers  chaque  rayon  médullaire  primaire,  de  la 
zone  ligneuse  vers  l’écorce.  Ces  canaux,  arrangés  en  verticilles  réguliers  au- 
dessous  de  chaque  nœud,  sont  nommés  infra-nodaux.  Les  cicatrices  verticil- 
lées,  arrondies  ou  oblongues,  que  l’on  voit  à  une  extrémité  des  entre-nœuds 
de  quelques  Calamites ,  sont  les  résultats  de  cette  organisation  particulière. 
Dans  une  espèce  de  Calamopitus ,  au  lieu  de  canaux  longitudinaux  terminés 
aux  nœuds,  ces  canaux  se  bifurquent  comme  les  faisceaux  avec  lesquels  ils 
sont  associés,  et  se  prolongent  en  continuité  d’un  entre-nœud  à  l’autre. 

Dans  ce  cas,  chaque  bande  de  tissu  vasculaire  appartenant  à  un,  entre-nœud 
se  divise,  chacune  de  ses  moitiés  va  retrouver  sa  congénère,  et,  en  se  réunis¬ 
sant  à  elle,  forme  la  bande  vasculaire  du  nœud  voisin. 

Les  Calamites  produisent  deux  sortes  de  rameaux,  les  uns  souterrains,  les 
autres  aériens,  verticillés  autour  des  nœuds,  naissant  de  l’intérieur  d’un  des 
faisceaux.  L’auteur  croit  qu’il  n’y  a  pas  de  motif  pour  douter  que  quelques- 
unes  des  Annulariées  ou  des  Asterophyllites  ne  représentent  ces  rameaux 
aériens.  Les  racines  partent  de  la  partie  inférieure  de  l’entre-nœud,  et  étaient 
probablement  de  nature  épidermique. 

La  fructification  des  Calamites  est  douteuse.  Quelques  Volkmanniées  ap¬ 
partiennent  à  ce  groupe.  Un  seul  exemple  cependant  a  présenté  la  structure 
des  axes  comparable  à  celle  des  Calamites.  Les  fruits  figurés  par  M.  Binney 
sous  le  nom  de  Calamodendron  commune  (  Volkmannia  Binncyi  Carruthers) 
n’ont  pas  cette  structure,  et  il  est  plus  que  douteux  qu’ils  se  rapportent  aux 
Calamites. 

L’auteur  propose  de  former  pour  ces  végétaux  fossiles  un  groupe  voisin  des 
Équisétacées,  et  caractérisé  par  un  feuillage  verticillé,  une  fructification  crypto- 
gamique  et  une  lige  exogène.  Il  divise  ce  groupe  en  deux  genres,  Calamites 
et  Calamopitus. 

Dans  son  second  mémoire,  M.  Williamson  s’est  occupé  des  Lepidodendron 
et  des  Sigillariées.  Il  décrit  le  Lepidodendron  selaginoides ,  déjà  étudié  par 
MM.  Binney  et  Carruthers,  et  le  regarde  comme  étant  d’une  structure  exogène 
imparfaite.  La  manière  dont  il  en  comprend  la  structure  diffère  notablement  de 
celle  de  M.  Carruthers.  il  y  signale  un  axe  médullaire  central,  entouré  d’un  sys¬ 
tème  de  vaisseaux  disposés  en  lames  rayonnantes,  que  séparent  des  piles  verticales 
de  cellules  regardées  par  l’auteur  comme  des  rayons  médullaires.  On  remarque 
encore  dans  le  cylindre  de  la  lige  des  faisceaux  vasculaires  qui  se  rendent  aux 
feuilles.  Il  passe  de  celte  plante,  par  le  L.  IJarcourtii,  aux  formes  plus  élevées 
que  M.  Binney  a  décrites  sous  le  nom  de  Sigillaria  vascularisée t  qui  présen¬ 
tent  un  cylindre  ligneux  très-développé.  Dans  un  exemple  qu’il  cite,  la  face 
externe  du  cylindre  médullaire  et  vasculaire,  détachée  des  tissus  environ¬ 
nants,  prend  l’apparence  d'un  Calamites ,  bien  qu’elle  manque  des  constric- 
tions  transversales  indiquant  les  nœuds.  C’est  à  quelques-uns  de  ces  cas  que 
Corda  a  appliqué  le  nom  de  Diplojcylon  et  Witham  celui  ÜAnalathmm ,  qui 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  147 

correspondent  parfaitement  an  Sigillaria  elegans  de  M.  Brongniart.  Les 
Ulodendron  et  les  Halonia ,  très-voisins,  s’ils  ne  son  pas  identiques  comme 
genres,  ont  une  structure  très-analogue  à  celle  du  Lepidodendron  Barcourtii. 
Aucun  auteur  n’a  malheureusement  vu  encore  d’exemplaire  de  Sigillaria 
bien  authentique  dont  l’axe  interne  eût  été  conservé. 

Les  Stigmaria  ont  été  parfaitement  décrits  par  M.  Brongniart,  quoique 
sur  des  échantillons  imparfaits.  L’auteur  les  caractérise  comme  ayant  une 
moelle  cellulaire  sans  aucune  trace  d’une  zone  extérieure  de  vaisseaux, 
comme  cela  est  général  dans  le  groupe  des  Lépidodendrées.  La  moelle  y  est 
environnée  immédiatement  par  un  cylindre  ligneux  épais  et  bien  développé, 
qui  contient  deux  groupes  distincts  de  rayons  médullaires,  les  uns  primaires, 
les  autres  secondaires. 

Il  est  évident  que  tous  ces  végétaux  sont  étroitement  alliés,  qu’ils  const 
tuent  une  même  famille,  et  qu’on  ne  peut  en  séparer  les  Sigillaria  pour  les 
placer  parmi  les  Gymnospermes,  comme  cela  a  été  proposé. 

C’est  pourquoi  M.  Williamson  conclut  à  renfermer  les  Lepidodendron  et  les 
Sigillaria  dans  une  même  famille.  Il  résulte  de  ses  travaux  qu’on  pourrait 
constituer  avec  cette  famille  et  les  Calamites  une  division  exogène  des  Crypto¬ 
games  vasculaires,  tandis  que  les  Fougères  appartiennent  à  la  division  endo¬ 
gène.  Les  premiers  relient  les  Cryptogames  aux  végétaux  exogènes,  par  les 
Cycadées  et  les  autres  Gymnospermes  ;  les  secondes  au  contraire  les  ratta¬ 
chent  aux  végétaux  endogènes  par  l’intermédiaire  des  Palmiers. 

Ou  new  tree  Férus  ta  si  il  olhcr  fossîîs  fi’osn  (lie  l$c  voulait 

{Sur  de  nouvelles  Fougères  arborescentes  et  autres  fossiles  du  terrain 

Dévonien);  par  M.  J.-W.  Dawson  [Quar  ter  Ig  Journal  of  tlie  Geological 

Society ,  août  1871). 

Ce  sont  principalement  des  fossiles  de  l’État  de  New-York  que  M.  Dawson 
a  étudiés  dans  ce  mémoire.  Ils  appartiennent  au  genre  Psaronius ,  au  genre 
Rhachiopteris  et  au  genre  Caulopteris.  Il  est  bon  d’ajouter  que  la  seule 
Fougère  connue  dans  le  terrain  dévonien  d’Europe  appartient  précisément 
à  ce  même  genre  Caulopteris . 

Oie  fossile  Flora  «1er  norclweslcleialsclien  lYcaldeii- 

for  motion  {La  flore  fossile  de  la  formation  wealdienne  dans  le 

nord-ouest  de  V Allemagne;  par  M.  Schenk.  In-ûu  de  66  pages,  avec 

22  planches.  Cassel,  chez  Th.  Fischer,  1871. 

Nous  annonçons  ici  une  œuvre  importante  qu’il  importe  de  distinguer  des 
mémoires  consacrés  uniquement  à  l’étude  de  quelques  fossiles  et  de  leurs 
affinités.  Cet  ouvrage  forme  la  quatrième  partie  des  Beitrage  zur  Flora  der 
Vorwelt  du  même  auteur.  M.  Schenk  a  voulu  soumettre  les  fossiles  du  weald 
allemand  à  un  nouvel  examen  après  les  recherches  de  Dunker,  et  a  fouillé  tous 


148  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

les  musées  qui  pouvaient  lui  fournir  quelques  documents.  Voici  ce  que  nous 
remarquons  à  première  vue  de  plus  frappant  dans  son  œuvre. 

C’est  d’abord  l’identification  de  corps  désignés  d’abord  par  Dunker  sous  la 
dénomination  vague  de  Car  poli  thés ,  caractérisés  plus  nettement  par  M.  Schim- 
pcr,  bien  qu’avec  un  peu  de  doute,  sous  le  nom  de  Cycadinocarpus ,  et  qui 
sont  des  tubercules  (ou  entre-nœuds  épaissis  du  rhizome)  d’un  Equisetum.  Des 
tiges  et  des  gaines  A1  Equisetum  ont  été  aussi  rencontrées  dans  le  même  terrain. 

Le  Sphenopteris  Mantelli  Ad.  Br.,  Fougère  très-répandue  à  l’époque  du 
weald,  puisqu’on  la  possède  d’Angleterre  et  de  France  aussi  bien  que  du 
Hanovre,  est  comparée  par  l’auteur  à  Y  Asplénium  nodulosum  Kaulf.  Cette 
Fougère,  appelée  Hymenopteris  par  Mantell,  rappelle  aussi  beaucoupcertaines 
Hyménophyllées  de  la  Polynésie,  notamment  le  Trichomanes  Milnei. 

Le  Baiera  pluripartita ,  bien  que  la  forme  de  ses  cellules  épidermiques  se 
rapproche  plus  des  Cycadées  que  des  Fougères,  est  comparé  par  l’auteur  au 
Schizœa  dichotoma  et  au  Seli.  elegans.  Le  Pecopteris  Dunker i  Schimp. 
lui  rappelle  YAspidium  uliginosum  Kze,  le  P.  Geinitzii  lui  paraît  ressem¬ 
bler  à  YAlsophila  Loddigesii  Kze,  et  le  P.  Browniana  Dunk.  au  Phegopteris 
rudis  Mett.  V Hausmannia  dichotoma  Dunk.  a  été  déjà  rapproché  par  le 
créateur  de  l’espèce  du  Platycerium  aleicorne  (1).  On  peut  différer  sur  la 
justesse  de  ces  assimilations,  mais  on  doit  reconnaître  qu’elles  suffisent  pour 
caractériser  une  voie  dans  laquelle  marche  aujourd’hui  d’une  manière  évidente 
l’étude  des  Fougères  fossiles,  que  l’on  tend  peu  à  peu  à  ramener  dans  le  cadre 
taxonomique  des  Fougères  vivantes. 

JH.  Schenk  a  classé  parmi  les  Rhizocarpées  un  genre  nouveau  jusqu’ici 
propre  au  weald,  dont  malheureusement  les  folioles  sont  stériles. 

Les  Cycadées,  assez  nombreuses,  et  les  Conifères  complètent  cette  florule. 
L’auteur  a  réuni  sous  le  nom  de  Sphenolepis  des  formes  élancées,  grêles,  à 
petit  galbule  terminal  et  multiple,  que  d’autres  auteurs  avaient  nommées  Arau - 
cardes ,  Juniperites ,  ou  même  Lycopodites  et  Muscites. 

Le  nombre  des  espèces  connues  dans  le  weald  11e  dépasse  pas  cinquante- 
sept  ;  il  s’en  trouve  cinquante-deux  en  Allemagne.  Les  Dicotylédones  y  font 
complètement  défaut  ;  on  n’y  trouve  qu’une  Monocotylédone  d’affinité  dou¬ 
teuse,  le  Spirangium  Jugleri  Schimp. 

l»aléontologie  française,  ou  Description  des  fossiles  de  la  France, 
continuée  par  une  réunion  de  paléontologistes  sous  la  direction  d’un  comité 
spécial.  2e  série, Végétaux.  Terrain  jurassique.  Livraison  1-5  :  Algues;  par 
M.  le  comte  de  Saporta.  In-12;  Paris,  V.  Masson,  1872. 

M .  de  Saporta  commence  son  travail  par  l’examen  des  Algues.  Il  note  la 

(1)  11  nous  paraît  difficile  de  ne  pas  songer  à  rapprocher  aussi  du  genre  de  la  flore  ac¬ 
tuelle  A ntrophyum  le  Sagenopteris  Manlelli  Schenk  et  peut-être  le  Marsilidium ,  genres 
dontM.  Schenk  reconnaît  l’affinité. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


149 

persistance  opiniâtre  (ce  sont  ses  propres  expressions)  de  plusieurs  types  d’ /li¬ 
gues,  Chondrites ,  Siphomtes,  Cancellophycus  ;  certaines  formes  du  milieu  du 
terrain  secondaire  ont  eu  une  grande  ressemblance  avec  des  espèces  du  silurien 
etavecdes  espèces  tertiaires.  Cette  persistance  des  végétaux  inférieurs  ne  saurait 
étonner  un  savant  comme  M.  de  Saporta,  qui  a  des  connaissances  étendues 
dans  diverses  branches  de  la  paléontologie,  car  il  n’ignore  pas  que  l’étude  des 
fossiles  a  souvent  fourni  l’occasion  d’observer  que  les  animaux  peu  élevés  en 
organisation  ont  une  longévité  bien  supérieure  à  celle  des  Quadrupèdes  les 
plus  perfectionnés.  On  dirait  que  les  êtres  les  plus  simples  ont  été  moins  déli¬ 
cats,  moins  susceptibles  d’être  impressionnés  par  les  changements  géologiques. 

Après  l’examen  des  Algues,  M.  de  Saporta  aborde  celui  des  plantes  ter¬ 
restres  :  Équisétacées,  Fougères,  Conifères,  Cycadées,  rares  Monocotylédones. 
Il  ne  cite  pas  de  Dicotylédones  angiospermes.  Les  plantes  qu’il  a  observées  lui 
indiquent  que  la  France  avait  à  l’époque  jurassique  une  moyenne  annuelle  de 
25°  C. ,  c’est-à-dire  à  peu  près  la  même  température  qui  existe  aujourd’hui 
dans  les  contrées  tropicales.  A  en  juger  par  les  données  actuelles,  on  devrait 
croire  que  la  végétation  a  été  pauvre,  monotone,  composée  presque  partout 
d’essences  coriaces  au  feuillage  dur  et  maigre;  les  Cycadées  jurassiques  étaient 
encore  plus  petites  que  les  Cycadées  actuelles.  La  végétation  semblerait  à  cet 
égard  avoir  formé  un  étrange  contraste  avec  le  monde  animal.  En  effet,  à  l’é¬ 
poque  de  la  bouille,  quand  elle  était  luxuriante,  les  êtres  terrestres  étaient 
chétifs  ;  des  Insectes,  des  Scorpions,  des  Mille-pattes,  des  Reptiles,  en  général 
de  petite  taille,  troublaient  seuls  le  silence  des  vastes  forêts  houillères.  Au  con¬ 
traire,  à  l’époque  jurassique,  le  monde  animal  avait  conquis  sur  la  terre  ferme 
une  grande  importance  ;  à  la  vérité,  on  ne  voyait  pas  encore  des  Mammifères 
aussi  nombreux  et  aussi  perfectionnés  que  ceux  de  l’époque  tertiaire,  mais  les 
Reptiles  s’étaient  beaucoup  développés  :  tandis  que  des  Ichthyosaures,  des 
Plésiosaures,  des  Téléosaures  peuplaient  les  mers,  les  Hélicosaures,  les  Mégalo- 
saures  régnaient  sur  les  continents.  Faut-il  penser  que  ces  puissants  quadru¬ 
pèdes  avaient  pour  domaines  les  campagnes,  dont  la  végétation  était  rare  et 
débile  ? 

Ces  observations,  dont  la  reproduction  nous  paraît  devoir  intéresser  les 
lecteurs  du  Bulletin ,  ont  été  communiquées  par  M.  Albert  Gaudry  à  la  Société 
philomathique,  dans  une  Note  sur  l’ouvrage  de  M.  de  Saporta. 

M.  de  Saporta  a  lui-même  présenté  à  l’Académie  des  sciences  ( Comptes 
rendus ,  1872,  t.  lxxiv,  n°  4)  une  note  où  il  résume  les  principaux  résultats 
de  ses  recherches  si  étendues.  11  fait  remarquer  que  pendant  la  période  juras¬ 
sique  la  végétation  est  demeurée  à  peu  près  stationnaire,  au  lieu  de  progresser 
d’une  manière  sensible  d’un  bout  de  la  période  à  i’autre.  Un  second  phéno¬ 
mène  consiste  dans  la  récurrence  de  formes  similaires,  mais  non  pas  absolu¬ 
ment  identiques,  qui  viennent  se  montrer  à  plusieurs  reprises,  après  des 
intervalles  plus  ou  moins  longs.  On  ne  peut  guère,  dit-il,  assigner  à  ces  répé- 


J  50  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

titions  une  autre  cause  que  la  reproduction  des  mêmes  conditions  physiques, 
entraînant  la  réalisation  des  mêmes  combinaisons  organiques. 

Les  Algues  ont  été  très-abondantes  en  France  pendant  la  période  jurassique. 
Il  ne  pouvait  en  être  autrement  à  l’époque  où  l’Europe  centrale  formait  un 
archipel. Les  Equisetum  de  cette  époque  se  font  remarquer  par  leur  (aille  élevée. 

Les  Fougères  y  présentent  une  association  singulière  de  types  éteints  et  de 
types  dont  l’affinité  avec  ceux  de  nos  jours  ne  saurait  être  méconnue.  Les 
Clathropteris ,  Thaumatopteris  et  quelques  autres  genres  à  nervures  réticu¬ 
lées,  dont  les  fructifications  ont  été  observées,  diffèrent  à  peine  des  Drynaria 
actuels.  Plusieurs  Ténioptéridées  se  rangent  sans  trop  d’efforts  parmi  les 
Marattiées  ;  mais  beaucoup  de  types  se  trouvent  dénués  de  point  de  contact 
sérieux  avec  les  genres  vivants. 

Pour  les  Cycadées,  il  est  à  croire  que  celles  de  l’époque  secondaire  ne 
se  rattachent  directement  à  aucune  de  celles  que  l’on  observe  aujourd’hui 
dans  l’Amérique  centrale,  dans  l’Afrique  australe,  dans  les  îles  de  l’Inde  et  du 
Japon,  dans  la  Nouvelle-Hollande.  D’ailleurs  chacune  de  ces  régions  possède 
des  genres  spéciaux  de  Cycadées  ;  il  n’y  a  donc  rien  de  surprenant  à  ce  que 
notre  continent  ait  eu  jadis  les  siennes,  qui  lui  étaient  aussi  exclusivement 
propres. 

M.  Brongniart  a  fait  observer  que  les  résultats  exposés  par  M.  de  Saporta 
sont  complètement  d’accord  avec  ceux  auxquels  il  était  arrivé  lui-même  rela¬ 
tivement  à  la  succession  des  diverses  formes  de  la  végétation  pendant  les  temps 
géologiques. 


Ucïjer  die  EinwirLmig  f^aurer  lîiimpfc  und  !S*e(allvcr- 

auf  «Hc  Végétation  {De  V  action  des  vapeurs  acides  et 
des  combinaisons  métalliques  sur  la  végétation );  par  M.  Freytag  {Verhand- 
lungen  des  naturhistorischen  Vereines  der  preussischen  Rheinlande  und 
Westphalens ,  1870,  Sitzungsberichte,  pp.  50-59). 


L’auteur  conclut  de  ses  expériences  que  les  végétaux  absorbent  sans  pré¬ 
judice  les  oxydes  métalliques  contenus  dans  des  solutions  salines  très-étendues; 
que  cependant  déjà  pour  100  de  sulfate  de  cuivre,  pour  100  de  sulfate 
de  cobalt  et  ■—  pour  100  de  sulfate  de  nickel  en  solution  aqueuse  font  périr 
les  végétaux  habituellement  cultivés  en  grand.  Dans  un  sol  qui  contient  des 
combinaisons  de  cuivre,  de  nickel  et  de  cobalt,  toutes  les  plantes  absorbent  ces 
métaux  en  faible  quantité  et  les  déposent  de  préférence  dans  les  feuilles  et 
dans  certaines  parties  de  la  tige.  Les  plantes  qui  croissent  dans  la  vallée  de  la 
Wipper,  entre  Mansfeld  et  Hettstedt,  vallée  où  le  cuivre  et  le  zinc  sont  répan¬ 
dus  dans  le  sol,  contiennent  ces  deux  métaux  dans  toutes  leurs  parties,  et 
leurs  cendres  contiennent  jusqu’à  1  pour  100  de  leurs  oxydes.  L’auteur  est 
convaincu  que  les  plantes  sont  forcées  d’absorber  tout  ce  qui  se  trouve  à  leur 
portée,  et  ne  possèdent  pas  la  faculté  de  choisir  les  matériaux  qu’elles  absor- 


BEVUE  BIBLIOGRAPHIQUE . 


151 


bent.  Il  rappelle  que  certaines  d’entre  elles  ont  même  une  prédilection  pour 
les  sols  imprégnés  de  certains  métaux:  Viola  lutea  calaminaris,  Thlaspi 
alpestre ,  Armeria  vulgaris,  Festuca  duriuscula ,  Silène  inflata ,  qui  con¬ 
tiennent  souvent  dans  leurs  cendres  plusieurs  unités  d’oxyde  de  zinc  pour  100. 
VAlsine  verna  se  trouve  tantôt  sur  les  sols  à  calamine,  tantôt  sur  les  sols  à 
minerais  de  cuivre,  et  l’un  de  ces  métaux  remplace  l’autre  dans  sa  constitution 
et  dans  ses  cendres.  On  comprend  l’importance  que  ces  données  ont  pour 
l’hygiène,  pour  l’agriculture,  pour  l’alimentation  des  vaches  laitières,  etc, 

Osa  Hic  source  ot*  radix  miuoris  off  jôliariîia- 

cologisds  ;  par  M.  Henry  F.  Hance  (  The  Pharmaceutical  Journal  ancl 
Transactions ,  3e  série,  n°  65,  septembre  1871,  pp.  246-248,  et  The  Jour¬ 
nal  ofthe  Linnean  Society ,  vol.  xm,  n°  65,  pp.  1-7). 

Ce  mémoire  doit  être  consulté  après  celui  que  M.  Hanbury  a  publié  dans 
le  même  recueil  (2e  série,  t.  xiv,  p.  418)  sur  quelques  sortes  rares  de  Carda¬ 
mome.  L’auteur  désirait  déterminer  sur  les  lieux,  en  Chine,  (on  sait  qu’il  est 
vice-consul  d’Angleterre  à  Whampoa),  quelle  est  l’espèce  qui  fournit  le  véri¬ 
table  Galanga,  drogue  exportée  en  grande  quantité  de  la  Chine  méridionale. 
Il  a  eu  sous  les  yeux  des  échantillons  apportés  du  pays  de  production  par 
M.  Taintor,  avec  des  notes  prises  sur  le  vif.  Il  a  reconnu  cette  plante,  qu’il 
décrit  sous  le  nom  à'Alpinia  officinarum,  comme  distincte  de  1 VI.  calcarata 
Roscoe,  bien  qu’il  n’en  ait  pas  vu  les  fruits.  VA.  officinarum  forme  le  n°  16866 
de  ses  exsiccata. 

lI&«torical  Notes  on  tlic  radix  Galangæ  ©f  pliarmacy  ; 

par  M.  D.  Hanbury  ( The  Pharmaceutical  Journal  and  Transactions , 
3e  série,  n°  65,  septembre  1871,  pp.  248-249,  et  The  Journal  of  the 
Linnean  Society ,  vol.  xm,  n°  65,  pp.  20-25). 

A  l’occasion  des  observations  de  M.  Hance,  M.  Hanbury  a  écrit  un  article 
fort  intéressant  sur  l’histoire  pharmaceutique  du  Galanga;  il  se  résume  de  la 
manière  suivante. 

1°  Le  Galanga  a  été  indiqué  par  le  géographe  arabe  Ibn  Khurdàdbah,  dans 
le  ixe  siècle,  comme  produit  par  une  région  d’où  l’on  exportait  du  musc,  du 
camphre  et  du  bois  d’aloès.  2°  Il  était  employé  par  les  Arabes  et  les  médecins 
de  la  Grèce  au  moyen  âge,  et  fut  connu  dans  l’Europe  septentrionale  au 
xite  siècle.  3°  Il  fut  importé  pendant  le  xme  siècle  avec  d’autres  épices  de 
l’Orient  par  la  voie  d’Aden  en  Syrie,  d’où  il  était  porté  dans  d’autres  ports  de 
la  Méditerranée  4°  Deux  espèces  de  Galanga  ont  été  signalées  par  Garcia 
d’Orta  en  1563;  on  les  trouve  encore  dans  le  commerce  :  elles  sont  fournies 
respectivement  par  l’ Alpinia  Galanga  Willd.  et  par  VA.  officinarum  Hance. 

5°  Le  Galanga  est  encore  employé  en  Europe,  mais  plus  considérablement  en 


152 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE, 

Russie  qu’ailleurs.  Il  est  employé  aussi  dans  l’Inde  ;  ou  l’embarque  pour  des 
ports  du  golfe  Persique  et  de  la  mer  Rouge. 

JBcitrcige  xur  Kciintniss  lier  Gattung  IVnias  L.  (Recherches 
sur  le  genre — );  par  M.  P.  Magnus,  In-4°  de  vin  et  64  pages,  avec  huit 
planches  lithographiées.  Berlin,  1870. 

Ce  mémoire  est  divisé  en  huit  chapitres  :  le  premier  est  relatif  à  l’his¬ 
toire  du  genre;  le  deuxième  traite  de  la  germination  et  de  la  structure 
morphologique;  le  troisième  delà  constitution  delà  fleur;  le  quatrième 
du  développement  de  celle-ci,  ainsi  que  du  bourgeon  initial  de  la  tige  ; 
le  cinquième  de  la  signification  morphologique  des  parties  florales  ;  le 
sixième  de  la  structure  et  du  développement  des  enveloppes  de  la  graine  ; 
le  septième  de  la  forme  des  feuilles;  le  huitième  de  l’anatomie  de  la  tige  et 
des  feuilles.  Enfin,  un  neuvième  article  renferme  quelques  remarques  de 
taxonomie. 

Sur  la  partie  morphologique  de  ce  travail,  nous  renverrons  à  mie  note  de 
M.  Magnus  que  nous  avons  signalée  dans  un  numéro  précédent  (voy.  plus 
haut,  page  18).  D’après  ce  botaniste,  la  structure  florale  du  N  nias  s’éloigne 
assez  de  celle  des  Potamogeton ,  Zannichellia ,  Ruppia  et  Z  os  ter  a,  pour  que 
ce  genre  doive  constituer  à  lui  seul  la  famille  des  Naïadées,  les  autres  étant 
réservés  pour  celle  des  Potamées.  On  voit  qu’il  est  d’accord  avec  MM.  Gre¬ 
nier  et  Godron. 

M.  Magnus  adopte  les  deux  sections  Eunaias  Asch.  et  Caulinia  Willd. 

HiiiiiflaecarfBBn  itaHcaruiii  conspcctus  ;  auctore  P.  Magnus 
(Nuovo  Giornale  botanico  italiano,  vol.  il,  n°  3,  juillet  1870,  pp.  1 86-189). 

Trois  espèces  seulement  composent  cette  note  que  nous  rapprochons  à  des¬ 
sein  du  mémoire  précédent.  C’est  la  marque  heureuse  de  notre  époque  de  voir 
la  science  se  faire  internationale  et  le  meme  savant  tracer  simultanément  l’élude 
de  la  même  famille  dans  des  flores  diverses.  Cette  division  du  travail  général 
l’abrège  et  le  rend  meilleur. 

L’auteur  rapporte  au  Naias  graminea  Del.  non-seulement  le  Caulinia 
alaganensis  Poil.,  mais  encore  Je  N.  tenui. folia  Ascherson  non  R.  Br.  et 
le  N.  serratistipula  de  M.  Maximowicz. 

Note  star  le  Sparte  et  sur  quelques  autres  végétaux  algériens,  suscep¬ 
tibles  d’être  utilisés  dans  la  fabrication  du  papier;  par  M.  Turrel-Wattel 
{Rulletin  de  la  Société  d'acclimatation,  seplembie-octobre  1871 ,  pp.  688- 
495). 

L’Alfa  (1)  des  Arabes  ( Stipa  tenacissima)  est  depuis  longtemps  connu  dans 
le  commerce  de  l’Espagne,  par  le  nom  qu’on  donne  à  sa  feuille,  Esparto ,  d’où 

(1)  Il  paraîtrait  que  les  Arabes  confondent  sous  le  nom  d’Alfa  plusieurs  Graminées 
d’apparence  et  de  propriétés  analogues. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


153 


les  termes  français  sparte  et  sparterie.  La  grande  qualité  de  ce  textile  est  sa 
grande  ténacité,  qui  le  rend  propre  au  tissage  de  cordes  grossières,  et  sa  résis¬ 
tance  h  la  fermentation.  Aux  environs  de  Marseille,  on  en  tresse  des  paniers  et 
des  nattes.  En  Espagne,  on  en  tapisse  les  murailles  des  chaumières,  parce  que 
la  punaise  ne  se  loge  jamais  dans  les  nattes  faites  avec  ce  végétal.  C’est  surtout 
pour  l’industrie  de  la  papeterie  que  les  fibres  de  ce  Stipa  sont  utiles.  Le  Times 
est  imprimé  sur  du  papier  de  Sparte.  En  1870,  l’importation  du  Sparte 
d’Oran  en  Angleterre  a  été  de  370  000  quintaux  métriques,  soit  de  6  à  7 
millions  de  francs.  M.  Anicet  Digard  a  pensé  que  l’activité  et  le  bien-être 
procurés  aux  Arabes  de  la  province  d’Oran  par  cette  nouvelle  branche  de 
travail  agricole  sont  probablement  pour  beaucoup  dans  le  calme  qui  a  régné, 
lors  de  la  dernière  insurrection,  dans  cette  partie  de  l’Algérie. 

L’auteur  insiste  sur  la  possibilité  d’acclimater  le  Sparte  dans  le  midi  de  la 
France.  Ii  l’a  cultivé  sans  interruption  de  18ââ  à  1871. 

Mole  sur  le  Sparte  et  sur  plusieurs  autres  végétaux  algériens  susceptibles 
d’être  utilisés  dans  la  fabrication  du  papier  ;  par  M.  Raveret-Wattel  ( ibid ., 
novembre  1871,  pp.  571-576). 

Ce  petit  mémoire  contient  quelques  renseignements  à  ajouter  aux  précé¬ 
dents.  L’Alfa  peut  revenir  en  France  à  15  ou  30  francs  le  quintal,  prix  bien 
inférieur  à  celui  du  chiffon  de  choix,  qui  dépasse  souvent  50  francs.  Les  indi¬ 
gènes  de  la  province  d’Oran  tirent  de  l’exploitation  de  l’Alfa  un  bénéfice  assez 
sérieux  pour  qu’en  1870,  plutôt  que  d’abandonner  cette  récolte,  ils  aient 
renoncé  à  couper  leurs  grains. 

A  côté  de  l’Alfa  il  faut  citer  le  Diss  ou  Drin  des  Arabes  (Arundo  festu - 
coides ),  qui  laisse  80  pour  100  de  matières  utiles,  particulièrement  de  fila¬ 
ments  textiles  ;  le  Chamœrops  humilis,  qui  fournit  du  papier  à  lettres  glacé, 
très- élégant.  Les  fils  qu’on  retire  des  racines  du  Chamœrops  sont  susceptibles 
de  la  plus  grande  division,  tout  en  étant  d’une  solidité  remarquable.  Le  Cha¬ 
mœrops  se  vend  sur  place  de  h  à  5  fr.  le  quintal,  et  la  pâte  se  vend,  à  l’usine 
de  M.  Foucault,  à  Alger,  au  prix  de  20  à  22  fr.  les  100  kilos. 

llycological  Illustrations,  being  figures  and  descriptions  of  new  and 
rare  Hymenomycetous  Fungi  ;  édité  par  MM.  W.  Wilson  Saunders,  Wor- 
thington  G.  Smith  et  A.-W.  Bennett.  Part  I,  in-8°,  Londres,  chez  John 
van  Voorst,  1871.  — Prix:  13  fr.  15. 

Les  auteurs  se  proposent  de  décrire  sous  ce  titre  une  série  d’Hyménomv- 
cètes  dessinés  d’après  des  échantillons  frais  et  bien  développés  et  appartenant 
à  des  espèces  nouvelles  ou  rares  non  encore  figurées  en  Angleterre.  Les 
planches  sont  lithographiées  par  M.  W.  G.  Smith  lui-même.  Celles  de  la  pre¬ 
mière  livraison  représentent  les  espèces  suivantes  :  Cantharellus  radicosus 
Berk.  et  Br.,  Agaricus  (Heheloma)  sinapizans  Fr.,  Cortinarius  (Mgxacium) 


15/4  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

stillatitius  Fr.,  Cortinarius  ( Trioloma )  callisteus  Fr.,  Agaricus  (. Pleurotus ) 
corticatus  Fr.,  Agaricus  [ Armillaria )  mucidus  Fr.,  Agaricus  [Pleurotus) 
atro-cœruleus  Fr.,  Agaricus  ( Pleurotus )  lignatilis  Pers. ,  Agaricus  [Pleu¬ 
rotus)  craspedius  Fr. ,  Gomphidius  glutinosus  Fr.,  Agaricus  [Pholiota)  auri - 
ve/lusBatsch,  Cortinarius  [Phlegmacium)dibaphusFi\,  Agaricus  (Hebeloma) 
sinuosus  Fr. ,  Cortinarius  [ Phlegmacium )  fui  gens  Fr.,  Agaricus  [Clitocybe) 
fumosus  P.,  Boletus  calopus  Fr.,  Cortinarius  (Dermocybe)  caninus  Fr., 
Lactarius  pallidus  Pers. ,  Boletus  pachypus  Fr. ,  Agaricus  [Pholiota)  squar - 
rosws  Miill. ,  Agaricus  (Pholiota)  J unoni us  Fr.,  Coprinus  lagopus  Fr.,  Agw- 
ricus  [Amanita)  adnaius,  sp.  nov.,  Agaricus  [Hebeloma)  obscurus  P., 
Cortinarius  [Phlegmacium)  cœrulescens  Fr. ,  Agaricus  ( Lepiota )  holosericeus 
Fr.,  Agaricus  [Lepiota)  polystictus  Berk.,  Agaricus  [Hypholoma)  dispersas 
Fr,,  Agaricus  [Hypholoma)  hydrophilus  Bull. 

Hinigc  SSeiiicrkiisugcsi  zu  «les*  FoSgcrsiBigen  ans  seinen  Beo- 
bachtungen  liber  Schwârmsporen-Paarung  [Quelques  remarques  explica¬ 
tives  sur  les  conclusions  tirées  de  ses  observations  sur  la  copulation  des 
zoospores)  ;  par  M.  N.  Pringsheim  (. Botanisclie  Zeitung ,  1870,  n°  17, 
col.  265-272  ;  traduit  clans  Ann.  sc.  nat.  5e  série,  t.  xii,  pp.  211-218]. 


Nous  avons  fait  connaître  (t.  xvii,  Revue ,  p.  36)  l’important  mémoire  de 
IM.  Pringsheim  sur  la  copulation  des  zoospores,  mémoire  qui  a  ouvert  un 
point  de  vue  nouveau  dans  la  science.  M.  DeBary  a  accompagné  l’analyse  qu’il 
en  a  donnée  dans  le  Botanisclie  Zeitung  (1870,  n°  6,  col.  90-93)  de  ré- 
flexions  critiques.  iM.  De  Bary  ne  peut  accepter  dans  toute  son  étendue  la 
comparaison  que  M.  Pringsheim  a  admise  entre  les  cellules  sexuées  femelles, 
considérées  en  général  dans  le  règne  végétal,  et  la  zoospore  [Schwàrmspore)  du 
Pandorina  et  d’autres  Algues  analogues.  Il  demande  en  quoi  consiste  la  res¬ 
semblance  de  ces  formations  différentes  ;  si  elle  est  due  à  la  présence  de  la 
tache  germinative  qui  correspond  à  l’extrémité  incolore  de  la  zoospore.  Mais 
cette  tache  manque  aux  Fucacées,  aux  Saprolegniées,  aux  Péronosporées  et 
peut-être  à  certaines  Phanérogames.  Abstraction  faite  de  ces  derniers  Cham¬ 
pignons,  ce  qu’il  y  a  de  commun  à  tou  tes  les  cellules  sexuées  femelles  signalées 
jusqu’ici,  aussi  bien  qu’aux  produits  fertiles  de  la  copulation  de  la  plupart 
des  Conjuguées,  c’est  que  ce  sont,  au  moment  de  la  fécondation,  des  cellules 
primordiales  dépourvues  de  membrane  propre  et  libres  d’adhérence  à  la  paroi 
de  la  cellule-mère,  ou  autrement  des  masses  plastiques  isolées  du  système 
végétatif.  En  cela,  toutes  les  cellules  femelles,  sans  exception,  imitent  les 
zoospores  ;  mais  pour  la  forme  et  la  structure,  elles  leur  ressemblent  souvent 
très-peu  [Ann.  sc.nat . ,  1.  c.,  p.  210). 

M.  Pringsheim,  dans  son  second  mémoire,  insiste  sur  les  caractères  que 
présente  le  Pandorina ,  et  qui  sont  intermédiaires  entre  le  groupe  des  Con¬ 
juguées  et  celui  des  Zoosporées.  L’acte  fécondateur  du  Pandorina  montre, 


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dit-il,  un  acte  copulatif  dans  la  classe  des  Zoosporées.  Répondant  à  M.  De 
Barv,  il  fait  observer  que  des  recherches  ultérieures  rendront  sans  doute 
raison  de  l’absence  apparente  de  la  tache  germinative  dans  les  Saprolegnia , 
les  Fucus  et  les  Peronospora  ;  il  suffit  de  songer  que  personne  jusqu’ici  ne 
s’est  appliqué  à  la  découvrir,  et  qu’elle  n’a  été  observée  dans  les  Ptéridées  et 
les  Muscinées  que  lorsqu’on  s’est  pris  à  l’y  chercher. 

Quand  on  compare  la  fécondation  du  Pandorina  avec  celle  de  YOEdogo- 
nium ,  puis  les  gonosphères  immobiles  de  ce  dernier  genre  avec  ses  zoospores, 
androspores  et  spermatospores,  il  est  impossible,  dès  qu’on  sait  que  les  gono¬ 
sphères  peuvent  revêtir  la  forme  de  zoospores,  de  ne  pas  être  très-frappé  de  ce 
qu’ici,  sans  nul  doute,  la  cellule  sexuée  femelle  est  une  zoospore  qui  a  perdu 
ses  cils,  et  que  les  diverses  fonctions  physiologiques  de  la  génération  sexuelle 
et  de  la  multiplication  asexuelle  sont  remplies  par  des  formes  diverses  de 
zoospores. 

Ce  fait  acquiert  plus  de  valeur  quand  on  réfléchit  aux  modifications  graduel¬ 
lement  croissantes  que  subit  la  forme  de  la  zoospore  dans  les  genres  voisins, 
comme  celui  des  Vauchériées,  par  exemple;  ces  modifications  sont  surtout 
frappantes,  si  l’on  compare  aux  zoospores  ordinaires. des  Vaucheria  celles  de 
l’ancien  Vaucheria  marina  ( Derbesia  des  auteurs  modernes). 

M.  Pringsheim,  allant  plus  loin,  compare  la  tache  germinative  de  la  cel¬ 
lule  femelle  au  rostre  de  la  zoospore,  et  considère  cette  tache  comme  l’extré¬ 
mité  radiculaire  du  rudiment  embryonnaire,  que  celui-ci  soit  vésicule  em¬ 
bryonnaire  ou  gonosphère. 

En  terminant,  il  déclare  que  le  débat  né  entre  lui  et  M.  De  Bary  ne  lui 
paraît  plus  maintenant  devoir  porter  que  sur  la  question  desavoir  dans  quelles 
limites  il  faut  reconnaître  que  les  cellules  sexuées  femelles  des  végétaux  sont 
des  zoospores  modifiées. 


Flofl'a  I»i'HSâlicn$îs. 

L’œuvre  gigantesque  commencée  sous  les  auspices  du  gouvernement  brési¬ 
lien  par  M.  de  Marti  us  se  continue  sous  l’intelligente  direction  de  M.  le  pro¬ 
fesseur  Eichler.  Sa  Majesté  l’Empereur  du  Brésil,  à  son  passage  en  Allemagne, 
a  été  heureuse  de  constater  ces  progrès. 

Le  fascicule  A9,  consacré  aux  Cyathéacées  et  Polvpodiacées,  était  paru  en 
mai  1870  (1).  Il  fait  suite  aux  Ilyménophyllées  et  aux  Fougères  anomales  qui 
avaient  été  décrites,  il  y  a  longues  années,  dans  le  même  ouvrage  par  Sturm. 
Il  est  dû  à  M.  Baker.  Au  milieu  de  la  confusion  qui  règne  encore  dans  la  pté- 
ridographie,  on  accueillera  avec  un  vif  intérêt  une  publication  qui  aura  une 
importance  incontestable  pour  l’étude  des  Fougères  d’Amérique  en  général, 

(1)  Par  suite  des  événements,  ce  n’est  qu’au  mois  de  mai  1872  que  le  rédacteur  de 
cette  Revue  a  pu  prendre  connaissance  de  cet  ouvrage  et  des  suivants,  que  leur  prix 
élevé  éloigne  de  la  plupart  des  bibliothèques. 


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SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

quelque  idée  qu’on  se  forme  sur  l’étendue  de  l’espèce.  Si  cette  dernière  notion 
est  assez  contestée  en  général,  elle  l’est  surtout  peut-être  par  les  ptérido- 
graphes,  parmi  lesquels  M.  Fée  a  étendu  jusqu’à  des  limites  extrêmes  la  dis¬ 
tinction  des  formes,  tandis  que  les  naturalistes  anglais,  et  ce  qu’on  peut 
nommer  à  bon  droit  l’école  de  Kew,  inclinent  à  réunir  des  types  séparés  par 
d’autres  botanistes  et  même  par  des  voyageurs  qui  les  avaient  vus  vivants, 
souvent  sans  les  distinguer  même  à  titre  de  variétés.  Il  est  à  regretter  assu¬ 
rément  que  M.  Baker  n’ait  pas  eu  sous  les  yeux  les  matériaux  très-nom¬ 
breux  renfermés  dans  l’herbier  de  M.  Fée,  dont  il  n’a  pu  citer  l 'Histoire 
des  Fougères  du  Brésil ,  parue  quelques  semaines  seulement  avant  son  livre. 
Mais  il  est  un  mérite  qu’on  devra  reconnaître  à  M.  Baker,  c’est  la  recherche 
soigneuse  du  nom  princeps,  qu’on  doit  surtout  demander  aux  monographes, 
et  qu’on  est  cependant  heureux  de  trouver  chez  les  Aoristes.  On  lui  devra 
aussi  la  connaissance  de  quelques  types  nouveaux,  provenant  principalement 
des  récoltes  de  M.  Glaziou;  il  est  à  espérer  pour  la  science  qu’ils  ne  font  pas 
double  emploi  avec  ceux  qu’a  décrits  M.  Fée  sous  d’autres  noms. 

Trois  sortes  de  planches,  atteignant  au  total  le  nombre  de  50,  accompa¬ 
gnent  ce  livre.  Les  unes  ont  été  obtenues  par  la  méthode  d’impression  sur 
nature,  et  représentent  des  fragments  de  frondes  d’un  grand  nombre  d’espèces. 
Les  autres  représentent  fort  grossis  les  organes  de  la  fructification  des  types  de 
genres  ou  des  sections  de  genres  ;  les  dernières  représentent  certaines  espèces 
non  pour  leur  nouveauté,  mais  pour  l’intérêt  qu’elles  présentent,  ou  parce 
qu’elles  n’avaient  pas  encore  été  figurées.  —  Voy.  t.  XVIII  (Revue),  p.  20. 

Le  50e  fascicule,  25A  pages  et  66  planches,  est  consacré  aux  Swartziées  et 
Césalpiniées  ;  il  est  l’œuvre  de  M.  Bentham»  Il  débute  par  quelques  additions 
aux  Sophorées  traitées  antérieurement  dans  le  Flora  brasilicnsis  par  le  même 
savant.  Les  genres  Tounatea  et  Possira  d’Aublet  sont  réunis  par  M.  Bentham 
dans  le  Swartzia  Schreb.,  qui  comprend  quarante-huit  espèces.  Le  genre 
Cassia  (1),  après  de  nombreuses  suppressions,  en  retient  encore  cent  quatre- 
vingt-neuf;  le  Bauhinia  soixante-quatre. 

Depuis  le  commencement  de  l’année  1871,  il  n’a  pas  paru  moins  de  six 
fascicules  du  Flora  brasiliensis,  portant  les  n°  51,  52,  53,  5A,  55  et  56. 

Le  fascicule  51,  œuvre  de  M.  Doell  de  Baden,  commence  la  famille  des  Gra¬ 
minées,  mais  ne  renferme  que  les  petites  tribus  des  Oryzéesetdes  Phalaridées. 
L’auteur  regarde  les  glumellules  comme  étant  tantôt  de  nature  périgoniale, 
tantôt  de  nature  stipulaire.  Le  genre  Oryza  rentre  comme  section  dans  le 
genre  Leersia.  L’auteur  a  figuré  1  ’O.  sativa  et  l’O.  monandra ,  le  Coix  La- 
crgma ,  le  Z  eu  Mays  et  un  petit  nombre  d’autres  Graminées  plus  rares. 

Le  fascicule  52,  outre  un  supplément  de  M.  Meissner  à  ses  Convolvulacées, 

(1)  Ce  genre  difficile  et  nombreux  a  été  l’objet  d’une  étude  spéciale  et  faite  à  un 
point  de  vue  général  par  M.  Bentham,  qui  en  a  publié  une  monographie  dans  les  Trans¬ 
actions  de  la  Société  Linnéenne  de  Londres  pour  1869. 


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relatif  à  la  géographie  et  aux  usages,  contient  les  Cuscutacées,  par  M.  Progel, 
ainsi  que  les  Hydroléacées  et  les  Pédalinées,par  M.  A. -AV.  Bennett  de  Londres. 
M.  Progel  réclame  le  rang  de  famille  pour  les  Cuscutacées,  en  se  fçndant  sur 
la  structure  de  leur  embryon,  la  quantité  de  leur  albumen  et  l’estivation  sim¬ 
plement  imbriquée  de  la  corolle.  Il  rapporte  toutes  les  plantes  de  la  famille 
au  seul  genre  Cuscuta ,  et  donne  un  tableau  de  toutes  les  espèces  de  Cuscuta¬ 
cées  tropicales  et  subtropicales.  Il  fait  connaître  dix-huit  Cuscutacées  du 
Brésil,  en  suivant  les  travaux  de  M.  Engelmann  dans  l’arrangement  des  espèces, 
comme  dans  la  description  des  organes. 

Les  Hydroléacées  sont  également  maintenues  par  M.  Bennett  comme  un 
ordre  à  part.  Cinq  Hydroica  et  un  Wigandia  constituent  en  tout  cet  ordre 
dans  la  flore  brésilienne.  Les  Pédalinées  comptent  deux  genres  d’une  espèce 
chacun  et  un  de  trois  espèces. 

Le  53e  fascicule  renferme  les  Iridées  ;  il  est  l’œuvre  du  docteur  Klatt,  de 
Hambourg,  et  renferme  huit  planches.  Il  établit  que  les  espèces  connues  du 
groupe  montent  à  quatre  cent  soixante-dix,  dont  deux  cent  cinquante  et  une 
en  Afrique,  une  centaine  en  Amérique,  cinquante  en  Asie,  quarante-deux 
en  Europe  et  douze  en  Australie.  Il  yen  a  cinquante-sept  au  Brésil,  dont 
vingt  et  une  espèces  de  Sisyrinchium ,  genre  également  très-commun  au 
Mexique.  Le  Tigridia  Pavonia  se  rencontre  dans  les  deux  pays. 

Le  fascicule  5A  comprend  les  Escalloniées  et  les  Cunoniacées,  parM.  Engler 
de  Breslau,  ainsi  que  les  Connaracées  et  les  Ampélidées,  par  M.  Baker  de  Kew. 
On  compte  quarante-trois  espèces  d ' Escallonia  au  Brésil,  et  presque  autant 
de  Weinrnannia.  Les  trente-cinq  espèces  de  Connaracées  brésiliennes  sont 
réparties  en  quatre  genres  ;  les  détails  iconographiques  qui  leur  sont  consacrés 
remplissent  sept  planches.  Les  Ampélidées  présentent  trente-cinq  espèces  de 
Vitis  (en  prenant  ce  genre  dans  le  sens  le  plus  large). 

Le  55e  fascicule  est  tout  entier  dû  à  M.  le  professeur  Eichler.  Il  contient 
les  Violariées,  Sauvagésiées,  Bixacées,  Cistacées,  Canellacées.  Les  Bixacées 
renferment  les  Samydées  et  les  Homalinées.  Le  genre  Leonia  est  rangé  parmi 
les  Gênera  Violaceis  affinia .  Les  Canellacées  sont  réduites  au  seul  genre  Cin- 
namodendron.  Ce  fascicule  est  accompagné  de  36  planches. 

M.  Rohrbach  a  traité  dans  le  56e  fascicule  des  Tropéolées,  Molluginées, 
Alsinées,  Silénées,  Portulacées,  Ficoïdées  et  Élatinées.  Nous  y  trouvons  des 
détails  très-importants  sur  la  manière  dont  le  monographe  autorisé  des  Silene 
comprend  la  classe  des  Caryophyllinées.  Il  y  réunit  sans  aucun  doute  les 
Nvctaginées,  Amarantacées,  Basellacées,  Chénopodiacées,  Phylolaccées  ;  il  en 
exclut  les  Polygonées  dont  l’embryon  reste  droit  ;  il  doute  que  les  Cactées 
doivent  y  être  légitimement  comprises.  Il  étudie  les  discussions  qui  se  sont 
élevées  sur  l’admission  de  diverses  familles  dans  ce  groupe.  Les  Mesembrian- 
themum ,  dont  la  placentation  varie  dans  certaines  espèces,  l’ont  toujours  cen¬ 
trale  dans  l’origine,  ainsi  que  l’avait  vu  Payer.  La  famille  des  Portulacées  est 


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SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

restreinte  aux  genres  à  calice  disépale.  Dans  les  Ficoïdéès,  l’auteur  place  le 
Mesembrianthemum ,  les  tribus  des  Tétragoniées  et  des  Aizoïdéesde  M.  Fenzl, 
ainsi  (pie  celle  des  Sésuviées,  dont  il  exclut  le  Cypselea  (Alsinées)  et  le  genre 
Portulaca.  Les  Molluginées  ne  renferment  que  les  genres  Orygia ,  Macar- 
thuria ,  Glinus ,  Mo/lugo ,  Pkarnaceum,  Hyperteles  et  Cœlanthus.  Ce  fasci¬ 
cule  contient  20  planches. 

Note  sur  V  JEiipiiOfbitw  revint  fera  Mieieg-,  suivie  de  quelques 

considérations  sur  lagéographie  botanique  du  Maroc;  par  M.  E.  Cosson  (Bul- 
letin  de  la  Société  royale  de  botanique  de  Belgique,  séance  du  7  mai 
1871,  t.  x,  pp.  5-12)  ;  tirage  à  part  en  brochure  in-8°  de  10  pages. 

M.  Cosson  trace  dans  cette  note  une  description  complète  d’une  espèce  ma¬ 
rocaine  encore  peu  connue,  Y Euphorbia  resinifera ,  décrite  par  Berg  et 
Schmidt  dans  les  Offizinalischen  Gewachse,  tab.  3ù  d,  f,  m —  x,  et  signalée 
sous  le  nom  d 'E.  officinarum'l  par  Jackson  dans  An  account  of  the  empire 
of  Marocco.  Il  a  pu  en  examiner  un  échantillon  vivant  dans  les  serres  de  Kew 
et  en  trouver  des  fragments  à  Bruxelles  dans  la  riche  collection  de  produits 
végétaux  qui  forme  le  complément  pratique  de  l'herbier  de  Martius,  et  à 
Anvers  dans  l’herbier  de  M.  Van  Heurck. 

VE.  resinifera ,  par  ses  rameaux  charnus  à  quatre  angles,  par  les  coussi¬ 
nets  conlluents  avec  les  angles  des  rameaux,  par  l’absence  des  feuilles  cauli- 
naires,  par  ses  épines  stipulaires-géminées,  par  les  graines  dépourvues  de 
caroncule,  etc.,  appartient  à  la  section  Diacanlhium  Boiss.  in  DC.  Prodr.  XV, 
sect.  Il,  78,  groupe  des  biaculatæ ,  où  il  doit  être  placé  à  côté  de  VE.  cana - 
riensis  L.  Cette  plante  indique  une  affinité  évidente  entre  la  llore  du  Maroc 
méridional  et  celle  des  Canaries,  affinité  en  outre  démontrée  par  la  coexistence 
dans  les  deux  pays  d’un  groupe  notable  d’espèces,  et  de  plantes  voisines  qui 
paraissent  se  représenter  mutuellement  dans  chacun  d’eux.  Quelques-unes 
des  plantes  du  premier  groupe  n’ont  encore  été  observées  qu’au  Maroc  et  aux 
Canaries.  On  pourrait  tirer  de  ces  faits  la  conclusion  que  la  végétation  des 
Canaries  ne  constitue  pas  un  type  aussi  à  part  que  l’on  pouvait  le  croire  avant 
ces  dernières  explorations. 

Il  est  probable  que  le  dernier  voyage  exécuté  au  Maroc  par  MM.  J.  Hooker 
et  J.  Bail,  fournirait  de  nouveaux  arguments  à  l’opinion  exposée  par 
M.  Cosson. 

I>*e  lÈewegttng  «les  liiiàl  liens!  ieles  von  Alisma  (/,e  mouve¬ 
ment  de  la  tige  florale  de  /’Alisma)  ;  par  M.  Fr.  Millier  {Jenaische  Zeit¬ 
schrift,  t.  V,  2e  partie,  pp.  133-137);  tirage  à  part  en  brochure  de  cinq 
pages. 

L’auteur  a  fait  quelques  recherches  sur  la  nutation  de  la  hampe  de  Y  Alisma 
macrophyllum,  cas  particulier  non  décrit  encore  des  phénomènes  de  nuta- 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  159 

tion  présentés  assez  communément  par  les  axes  qui  s’allongent  par  leurs 
extrémités. 

Le  genre  Alisma  a  encore  offert  à  M.  Clos  le  sujet  d’observations  résumées 
dans  les  Comptes  rendus ,  1870,  1er  semestre,  p.  1416.  Cette  note  n’est  guère 
que  le  sommaire  de  celle  qui  a  paru  dans  le  Bulletin  de  la  Société,  t.  xvn, 
p.  279. 


l'clicr  clic  «  Chemisa ssJioBi  »  fut  RButliciuttaiiclc  «1er  Ails- 
niaceeu  (Sur  la  «  gémination  »  dans  V inflorescence  des  Alismacées); 
par  M.  F.  Buchenau  (. Botanische  Zeitung ,  1871,  n°  2,  col.  17-22). 

Dans  cette  note,  M.  Buchenau  critique  vivement  le  terme  de  gémination 
employé  par  M.  Clos  dans  le  travail  que  nous  venons  de  citer,  et  dont  M.  Clos 
ne  s’est  peut-être  servi  que  pour  désigner  l’aspect  extérieur  du  phénomène, 
qu’il  rapporte  lui-même  à  un  excès  de  contraction  des  entre-nœuds  de  sépa¬ 
ration  de  ces  verticilles. 

M.  Buchenau  regarde  connue  établi  par  la  morphologie  comparée  et  par 
l’organogénie,  que  les  rameaux  rapprochés  et  inégalement  développés  que 
l’on  observe  dans  l’inflorescence  des  Alismacées  appartiennent  à  des  axes  de 
degrés  différents. 

Nactiti’ag-c  zu  den  im  ersten  und  zweiten  Bande  dieser  Abhandlungen 
verôffenllichten  kritischen  Zusammenslellungen  der  bisjetzt  beschriebenen 
Butomaceen,  Alismaceen  und  Juncagineen  ( Additions  aux  comparaisons 
critiques  publiées  dans  le  premier  et  le  deuxième  volume  de  ces  Abhand¬ 
lungen  pour  les  Butomèes,  Alismacées  et  Juncaginées  connues  jusqu' ci 
ce  jour )  ;  par  M.  Fr.  Buchenau  ( Abhandlungen  hersgg.  vom  naturwis- 
senschaf (lichen  Vereine  zu  Bremen ,  t.  il,  3e  partie,  pp.  481-503). 
Brême,  1871. 

Nous  renvoyons  à  un  article  publié  dans  la  Revue ,  t.  xvi,  p.  148,  pour  les 
travaux  antérieurs  de  JV1.  Buchenau.  Dans  le  mémoire  que  nous  analysons  main¬ 
tenant,  ce  savant  passe  en  revue  successivement  les  trois  familles  dont  il  a  fait 
l’objet  spécial  de  ses  études,  et  renvoie,  page  par  page,  a  son  mémoire  anté¬ 
rieur  qu’il  annote  au  sujet  de  chaque  espèce.  Les  récoltes  nouvellement  faites 
par  M.  Schweinfurth  en  Abyssinie  sont  pour  beaucoup  dans  les  additions  faites 
par  M.  Buchenau.  Il  trace  un  conspectus  nouveau  des  espèces  du  genre  Tri- 
glochin.  Enfin  il  donne  le  catalogue  complet  de  toutes  les  Butomèes,  Alis¬ 
macées  et  Juncaginées  admises  par  lui. 

Après  ce  travail  vient  une  deuxième  addition,  datée  du  1er  avril  1871  ^ 
nécessitée  par  la  publication  de  la  deuxième  partie  (1870)  des  Illustrations  de 
la  flore  de  l’Archipel  indien  de  M.  Miquel. 


J  60 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Chfoi'otiiciyon ,  elt  uylt  slagte  of  Caulcrpccrnes  srupp 

(Le  Chlorodictyon,  nouveau  genre  du  groupe  des  Caulerpées )  ;  par  M.  J. 
Agardh  (ibid. ,  n°  5,  pp.  A27-A34,  avec  une  planche). 

Cette  Algue  a  été  observée  dans  l’herbier  de  M.  J.  -E.  Gray,  sans  aucune 
indication  d’origine.  En  voici  les  caractères  principaux  :  «  Frons  caule  teretius- 
culo  proslrato  hic  illic  verrucis  prominentibus  radicante,  foliisque  ambitu 
defmitis  stipitatis,  lamina  tola  fenestratis,  a  caule  provenientibus,  aut  prolifi- 
cationum  ad  instar  a  folii  parte  læta  excrescentibus  constans,  tota  unicellu- 
laris,  intra  membranam  crassain,  fibris  dense  intertextis  constitutam,  massam 
granulosam  fibris  adhærentem  fovens.  Substantia  Caulerpæ  cujusdam  tenax; 
color  totius  ex  viridi  lutescens.  —  Ch.  foliomm  J.  Ag.  » 

Uclicr  Eiiesclikollicu  «1er  Vorwclt  ( Sur  les  Typha  du  temps 
vassé)  ;  par  M.  Unger  (Sitzungsberichte  der  hais.  Akademie  der  Wissen- 
schaften ,  Math.-natur.  Classe,  janvier  1870,  pp.  94-116,  avec  trois 
•  planches). 

Dans  son  historique,  le  professeur  que  l’on  a  perdu  dans  de  si  tristes  cir¬ 
constances  (et  dont  la  carrière  a  été  depuis  racontée  avec  éloges  parM.  Leitgeb 
dans  le  Botanische  Zeitung,  1870,  n°  16),  a  commencé  par  réunir  au  genre 
un  certain  nombre  d’échantillons  fossiles  qui  avaient  été  attribués  à 
des  Graminées.  Pour  prouver  qu’il  est  dans  le  vrai,  et  pour  justifier  ses  com¬ 
paraisons,  il  trace  la  structure  anatomique  d’espèces  vivantes  de  Typha  ;  c’est 
seulement  après  cette  exposition,  faite  sur  le  T.  angustifolia  et  le  T.  latifolia , 
qu’il  trace  le  synopsis  des  Typhacées  fossiles,  qui  sont  au  nombre  de  quatre 
Typha  et  de  sept  Sparganium.  Ces  fossiles  proviennent  pour  la  plupart  du 
terrain  miocène. 

Itidrag;  fil  Kuudskab  om  Ynldnml plan f craie  ( Recherches  sur 
les  Juglandées)  ;  par  M.  A.-S.  OErsted  (  Videnskabelige Meddlelser  fraden 
naturhistoriske  Forening  i  Kjobenhavn ,  1870,  pp.  159-1 74,  avec  deux 
planches). 

Tandis  que  le  Juglans  et  le  Carya  ont  les  cotylédons  épais,  charnus, 
sinués,  restant  pendant  la  germination  inclus  dans  le  péricarpe,  et  étant  par 
conséquent  hypogés,  le  Pterocarya,  au  contraire,  en  a  de  foliacés  et  irrégu¬ 
lièrement  plissés  dans  la  graine,  qui,  pendant  la  germination,  deviennent 
épigés,  verts  et  divisés  en  quatre  lobes.  Les  épis  femelles  apparaissent  chez  le 
Pterocarya  dans  l’été  qui  précède  leur  épanouissement,  de  même  que  les 
épis  mâles. 

La  seconde  partie  du  mémoire  de  M.  OErsted  contient  des  renseignements 
sur  une  Juglandée  qu’il  a  découverte  dans  l’Amérique  centrale,  et  qui  offre 
de  l’intérêt  en  ce  que  les  espèces  avec  lesquelles  elle  a  la  plus  grande  affinité 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


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appartiennent  à  Y  Engelhard  ti  a,  genre  indien.  Telle  est  en  effet  l’affinité 
reconnue  par  M.  Casimir  DeCandolle.  MaisM.  OErsted  soutient,  en  se  fondant 
sur  les  détails  d’une  analyse  délicate,  que  l’arbre  américain  doit  constituer  un 
genre  ‘particulier,  qu’il  nomme  Oreamunoa.  Il  divise  les  Juglandées  en  En- 
gelhardtiées  (Pterocarya,  Engelhardtia ,  Oreamunoa );  Juglandées  propre¬ 
ment  dites  ( Jugions ,  Carya ),  et  Platycaryées  ( Platycarya ). 

L’apparition  de  Y  Oreamunoa,  type  asiatique,  dans  l’Amérique  centrale, 
paraît  à  l’auteur  devoir  être  expliquée  par  ce  fait  que  les  Juglandées  étaient 
très-répandues  à  l’époque  miocène,  principalement  en  Europe,  d’où  elles  ont 
maintenant  complètement  disparu  ;  l’Amérique  et  l’Asie  ont  reçu  de  la  même 
source  commune,  c’est-à-dire  de  l’Europe,  qui  a  formé  un  seul  continent  avec 
l’Amérique,  les  espèces  mères  des  formes  de  Juglandées  qu’elles  renferment 
encore  aujourd’hui. 

Hea*  centralamerikaiiskc  Amltatrne  ( Copalme  de  V Amérique 
centrale)  ;  par  M.  A. -S.  OErsted  (  Videnskabelige  Meddelelser  fra  den  na- 
turistoriske  Forening  i  Kjobenhavn ,  1870,  pp.  150-158). 

Le  Liquidambar  macrophylla  OErst.  a  été  déjà  signalé  par  M.  OErsted, 
dans  sa  belle  publication  intitulée  Y  Amérique  centrale.  L’auteur  donne  ici  la 
diagnose  de  cette  espèce,  que  nous  reproduisons  :  «  L.  foliis  10  pollices  longis, 
lobis  e  basi  ovata  longe  acuminatis,  nervis  mediis  loborum  infimorum  liberis, 
slipulis  oblongis,  ala  seminis  dimidiam  totius  seminis  partem  æquante,  cotvle- 
donibus  lineari-ovalibus.  » 

Le  Liquidambar  styraciflua  L.  présente  les  caractères  suivants  :  «  foliis  5-6 
pollices  longis,  lobis  breviler  acuminatis,  nervis  mediis  loborum  infimorum 
cum  nervis  mediis  loborum  vicinorum  inferne  connatis,  slipulis  ovatis,  ala 
seminis  tertiam  v.  quartam  totius  seminis  partem  æquante,  cotyledonibus 
ovalibus.  » 

M.  OErsted  donne  en  outre  quelques  détails  sur  l’orographie  et  la  végétation 
de  la  province  de  Ségovie  (Nicaragua),  d’où  provient  cette  espèce. 

Crmiifllagc  eûtes  Systèmes  dci*  I*yi*eiiomycetcim  ( Principes 
fondamentaux  d'un  Systema  des  Pyrénomycètes)  ;  par  M.  Th.  Nitschke 
{Verhandlungen  des  naturhistorischen  Vereines  der  preussischen  Rhein - 
lande  und  Westphalens ,  1869,  26e  année,  2e  partie,  Correspondenzblatt , 

n°  2,  pp.  70-77). 

Dans  la  communication  que  nous  signalons,  et  qui  a  été  faite  à  la  vingt- 
sixième  réunion  générale  de  la  Société  d’histoire  naturelle  pour  la  Prusse 
rhénane  et  la  Westphalie,  M.  Nitschke  établit  un  Systema  complet  quant 
aux  divisions  supérieures  de  la  classe.  Il  s’en  réfère  d’abord  au  Selecta  Fun- 
gorum  Carpologia ;  il  n’y  a  maintenant  pour  les  mycologues  qu’à  mettre  en 
œuvre,  pour  l’élaboration  ultérieure  d’une  classification,  les  résultats  obtenus 
T.  xviil  (revue)  \\ 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


16*2 

sur  le  développement  et  sur  la  structure  du  fruit  des  Pyrénomycètes,  par 
MM.  Tulasne  et  par  les  naturalistes  travaillant  dans  la  même  voie.  Cependant 
M.  Nitschke  s’éloigne,  par  quelques  différences  dans  le  détail,  du  plan  suivi  par 
les  savants  mycologues  français.  La  connaissance  d’un  nombre  de  types  beau¬ 
coup  plus  considérable  l’a  engagé  à  multiplier  les  genres.  Les  données  organo- 
géniques  étant  encore  incomplètes,  et  même  le  polymorphisme  des  fruits  étant 
encore  à  constater  pour  un  grand  nombre  de  types,  on  ne  peut  établir,  dans 
l’état  actuel  de  la  science,  qu’un  système  qui,  bien  fondé  sur  la  morphologie, 
ne  répugne  pas  aux  faits  connus  d’organogénie. 

Les  familles  reconnues  par  M.  Nitschke  dans  les  Pyrénomycètes  sont  au 
nombre  de  douze,  qu’il  caractérise  par  une  courte  diagnose.  Nous  croyons 
suffisant  de  les  mentionner  avec  leur  numéro  d’ordre,  certains  que  les  myco¬ 
logues  les  reconnaîtront  toujours  ;  ce  sont  les  suivantes  :  1.  Hypocreaceæ. 
2.  Nectriaceæ.  3.  Xylarieæ.  U.  Dothideaceæ.  5.  Diatrypeæ.  6.  Valsaceæ. 
7.  Cœlosporeæ.  8.  Massarieæ.  9.  Sphæriaceæ.  10.  Pleosporeæ.  11.  Sphærel- 
laceæ.  12.  Perisporiaceæ. 

Les  Sphæriaceæ  sont  divisées  par  M.  Nitschke  en  Sphœrieœ ,  Hemisphœriece , 
Ceratostomeœ ,  Gnomonieœ  et  Lophiostomeœ. 

Dans  un  essai  de  classification  parallèle,  il  dispose  ces  types  en  trois  séries 
de  la  manière  suivante  : 


Hypocreaceæ,  ....... 


Dothideaceæ  . 
Diatrypeæ . .  . 
Cœlosporeæ  . 
Valsaceæ  . . . 


t 


Nectriaceæ, 

Sphærieæ . \ 

Ceratostomeæ .  .  i 

Perisporiaceæ. .  . . 

\  Massariaceæ. 

(  Pleosporeæ. 


Hemîsphærieæ. 

Gnomonieæ. 

Lophiostomeæ. 

Sphærellaceæ. 


jPyreiumiycelcs  getfitfstuici;  par  M.  Th.  Nitschke,  t.  I.  Breslau, 

1869-70. 

# 

Les  deux  premières  livraisons  publiées  de  cet  ouvrage  ne  renferment  que  le 
commencement  de  la  sous-famille  des  Yalsées,  subdivisée  comme  il  suit  par 
l’auteur  : 

1.  Anthostoma  Nitschke  :  Sporæ  octonæ,  monostichæ,  ttnicellularcs,  ni¬ 
gricantes.  Paraphyses  filiformes. — 2.  Valsa  Fries  emend. — 3.  Diaporthe 
Nitschke  :  Sporæ  octonæ,  distiche  v.  monostichæ,  2-4-6-cellulares,  fusi¬ 
formes  v.  ovatæ,  hyalinæ  v.  nigricantes.  Paraphyses  nullæ.  ~—l\.  Tyridium 
Nitschke  :  Sporæ  octonæ,  monostichæ,  muriformi-multicellulares  nigricantes, 
paraphyses  filiformes.  —  Le  genre  Valsa  comprend  102  espèces  partagées  en 
cinq  sous-genres.  Le  genre  Diaporthe  n’est  pas  terminé. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


163 


Les  llélastoiiiacécs  ;  par  ML  J.  Triana  [Transactions  of  the  Linnean 

Society  of  London ,  vol.xxvm).  1  vol.  in-A°  de  188  pages,  avec  7  planches 

lithographiées.  Londres,  1871» 

Nos  confrères  ont  déjà  trouvé  dans  les  publications  de  la  Société  [Actes  du 
congrès  international  de  botanique ,  1867),  un  tableau  indiquant  les  prin¬ 
cipes  adoptés  par  M.  Triana  dans  ses  travaux  sur  les  Mélastomacées,  et  suivis 
depuis  par  MM.  Bentham  et  Hooker  dans  leur  Généra ylantarum.  M.  Triana 
les  a  appliqués  à  une  monographie  complète  de  la  famille  qui  a  reçu  de  la 
Société  de  physique  et  d’histoire  naturelle  de  Genève  le  prix  quinquennal 
fondé  par  i\.-P.  De  Candolle  pour  la  meilleure  monographie  d’un  genre  ou 
d’une  famille  de  plantes.  Son  ouvrage  a  été  présenté  à  la  Société  Linnéenne  de 
Londres  le  21  mars  1867. 

M.  Triana  a  fait  une  élude  aussi  complète  que  possible  des  Mélastomacées, 
d’après  les  matériaux  renfermés  dans  presque  tous  les  herbiers  européens, 
publics  ou  particuliers. 

Cette  famille,  considérée  dans  sa  plus  large  acception,  doit,  suivant  lui, 
comprendre  les  Mémécylées  et  les  Mouririées  ;  ces  deux  derniers  groupes, 
par  leurs  graines  définies  à  cotylédons  charnus,  leurs  feuilles  uninerviées, 
inclinent,  il  est  vrai,  vers  les  Myrtacées.  Cependant  parleurs  étamines  définies, 
leurs  anthères  s’ouvrant  primitivement  par  des  pores,  leur  connectif  épais 
et  légèrement  prolongé  en  arrière,  leur  ovaire  libre  et  leurs  feuilles  non  ponc¬ 
tuées,  ces  mêmes  plantes  se  relient  étroitement  à  l’ensemble  des  Mélasto¬ 
macées.  Les  Mouririées,  particulièrement,  avec  leur  ovaire  le  plus  souvent - 
pluriloculaire,  leur  calice  et  leurs  pétales,  touchent  de  plus  près  aux  Mélasto¬ 
macées  par  l’intermédiaire  des  Pyxidanthées,  tandis  que  les  Mémécylées  se 
rapprochent  davantage  des  Myrtacées. 

Les  Mélastomacées  ont  été  divisées  par  M.  Triana  en  trois  groupes,  d’après 
leur  placentation  : 

1°  Les  Mélastomacées  proprement  dites,  dont  le  placenta,  après  avoir  gagné 
l’axe  des  ovaires,  se  replie  dans  chacune  des  loges  en  s’y  élargissant,  et  porte 
de  nombreux  ovules.  Elles  peuvent  se  ranger,  d’après  l’organisation  du  fruit, 
indéhiscent  ou  capsulaire,  en  deux  grandes  catégories. 

2°  Les  Astroniées,  munies  d’un  placenta  limité  aux  parois  des  loges,  vers 
la  base  de  l’ovaire,  plus  ou  moins  éloigné  de  l’axe,  et  chargé  aussi  de  nom¬ 
breux  ovules. 

3°  Les  Mouririées  et  Mémécylées,  dont  le  placenta,  situé  au  centre  d’une 
loge  unique  (Mémécylées)  ou  partagé  souvent  par  des  cloisons  (Mouririées), 
porte  des  ovules  définis,  qui  deviennent  des  graines  à  cotylédons  charnus, 
comme  chez  les  Myrtacées. 

Les  considérations  générales  dans  lesquelles  M.  Triana  expose  ces  détails 
et  d’autres  sont  suivies  de  remarques  sur  la  nomenclature  des  genres.  Vient 


16A 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

ensuite  la  monographie  proprement  dite,  dans  laquelle  l’auteur  ne  décrit  que 
les  espèces  nouvelles,  provenant  pour  la  plupart  de  la  Nouvelle-Grenade,  des 
exsiccata  de  M.  Spruce,  de  Madagascar,  du  Mexique,  etc.  L’explication  des 
planches  est  accompagnée  de  notes  intéressantes  sur  les  genres  de  chaque 
tribu,  qui  permettent  de  suivre  l’enchaînement  de  leurs  caractères. 

Asplénium  scliizodon  Moore,  n.  sp.  ( Gardeners ’  Chronicle ,  1871, 

p.  mit). 

Cette  Fougère  provient  des  récoltes  faites  par  M.  J. -G.  Veitch  dans  la  Nou¬ 
velle-Calédonie.  Elle  est  figurée  dans  le  Gardeners ’  Chronicle.  Nous  en  repro¬ 
duisons  la  description  : 

«  Frondes  pinnatæ,  coriaceæ,  glabræ,  lateoblongæ;  pinnæ (circiter  3-jugæ, 
imparijugæ),  aiternæ,  3"  longæ,  f"  latæ,  obtusæ,  inæqualiter  cuneatæ,  sæpe 
basi  auriculatæ,  in  pedicellum  distinctum  angustatæ,  secus  marginem  duplo- 
denticulatæ,  præsertim  juxta  late  rotundum  et  sæpe  truncatum  ac  dilatation 
apicem,  qui  profunde  et  inæqualiter  incisus,  dentibus  vulgo  bifidis  ;  sori 
numerosi  angusli,  lineares,  a  costa  marginem  fere  altingentes,  leviter  curvati 
secus  nervos  uni-furcatos,  pressi,  ideoque  passim  diplazioidei  vel  scolopen- 
drioidci  ;  caudex  decumbens,  squainis  atris  acuminatis  instructus,  stipite 
semitereti,  antice  sulcatus.  » 

l’anclorca  austro-caledonica  Seem.  ( Gardeners  Chronicle,  1870, 
n°  33,  p.  1085). 

Celte  Bignoniacée  grimpante  a  été  recueillie  par  M.  Vieillard  (n°  1002)  à 
la  Nouvelle-Calédonie,  et  par  MM.  Milne  et  Mac  Gillivray  dans  File  Howe; 
elle  a  été  introduite  en  Angleterre  par  M.  W.  Bull.  Celte  plante  est  le  Te- 
coma  austro-caledonicabur.  Bull.  Soc.  bot.,  1862. 

Observations  sur  le  genre  Us  ( Lilium  Tourn.),  à  propos  du 
Catalogue  de  la  collection  de  ces  plantes  qui  a  été  formée  par  M.  Max 
Leichtlin,  de  Carlsruhe  ;  par  M.  P.  Duchartre  (extrait  du  Journal  de  la 
Société  centrale  d' horticulture  de  France,  T  série,  t.  iv  et  v,  1870-1871, 
passim)  ;  tirage  à  part  en  brochure  in-8°  de  142  pages.  Paris,  impr. 
E.  Donnaud. 

M.  Duchartre  produit  d’abord  le  catalogue  que  lui  a  communiqué  M.  Leich¬ 
tlin.  Il  l’accompagne  de  détails  surtout  historiques  ayant  pour  but  de  montrer 
l’accroissement  graduel  des  connaissances  botaniques  sur  le  genre  Lilium.  Il 
en  déduit  comme  conséquence  un  aperçu  de  la  distribution  géographique  des 
espèces  de  ce  genre  à  la  surface  du  globe  ;  dans  cet  aperçu  chaque  espèce  est 
décrite  ou  signalée  dans  l’ordre  des  régions  où  elle  se  trouve,  et  d’après 
l’époque  à  laquelle  elle  a  été  trouvée.  Parmi  elles  se  trouvent  le  Lilium  punc- 
tatum  Jacquem.  spec.  ined.  in  Herb.  Mus.  paris,  et  le  L.  Humboldtu  Rœzl 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  165 

et  Leichtl.  in  litt  ,  de  la  Sierra  Nevada  de  Californie.  Quelques-unes  de  ces 
espèces  possèdent  une  organisation  fort  remarquable,  entre  autres  les  Lilium 
Humboldtii  et  Washingtonianum ,  dont  les  bulbes  s’enfoncent  de  plus  en  plus 
dans  le  sol  en  s’accroissant.  Le  L.  Washingtonianum  possède  un  rhizome- 
bulbe,  dans  lequel  le  développement  s’opère  par  une  extrémité,  et  qui  est 
recouvert  d’écailles  de  bulbe  (1). 

Chacun  des  articles  consacrés  à  chaque  espèce  de  Lis  par  M.  Duchartre 
offre  sur  l’origine,  les  caractères  et  la  synonymie  de  cette  espèce  les  rensei¬ 
gnements,  les  détails  les  plus  importants  pour  les  botanistes  autant  que  pour 
l’horticulteur,  et  que  l’on  ne  trouverait  réunis  nulle  part. 

M.  Duchartre  consigne  ensuite  dans  son  mémoire  quelques  renseignements 
précieux  sur  la  culture  des  Lis.  M.  Leichtün  a  remarqué  que  les  Lis  ne  peu¬ 
vent  pas  souffrir  que  le  sol  où  ils  se  trouvent  soit  réchauffé  par  les  rayon 
directs  du  soleil  ;  les  Lis  en  effet  croissent  généralement  dans  des  endroits 
couverts  d’herbe  où  le  soleil  ne  peut  atteindre  la  terre  même. 

M.  Duchartre  a  eu  l’occasion  d’apprécier,  dans  les  considérations  qui  ter¬ 
minent  ce  travail,  la  manière  dont  l'espèce  est  diversement  conçue  par  les 
botanistes  descripteurs.  La  tradition  Linnéenne,  suivie  comme  règle,  à  quel¬ 
ques  modifications  près,  par  la  généralité  des  botanistes,  a  vu  toujours  une 
espèce  végétale  dans  l’ensemble  des  individus  entre  lesquels  la  similitude  des 
caractères  est  assez  nette  et  assez  prononcée  pour  pouvoir  être  exprimée,  sans 
confusion  facile  avec  d’autres,  par  une  phrase  courte  appelée  diagnose.  L’école 
nouvelle  qui,  dans  le  cours  des  cinquante  dernières  années,  a  pris  naissance 
en  Allemagne,  et  qui  est  arrivée  en  France  au  développement  complet  de  ses 
doctrines,  a  proclamé  comme  autant  d’espèces  une  multitude  de  formes  dont 
rien  jusqu’ici  n’a  démontré  la  fixité,  qui  d’ailleurs  ne  diffèrent  entre  elles  que 
par  des  nuances  à  peine  saisissables.  L’école  de  la  subdivision  presque  illimitée 
des  espèces  a  fait  naître  celle  de  la  jonction  des  types,  qui  en  est  le  contraire, 
école  qui  fleurit  surtout  en  Angleterre,  et  dont  M.  J. -G.  Baker  est  un  des 
représentants  les  plus  distingués.  Cette  école  ne  tient  aucun  compte  des  diffé¬ 
rences  de  distribution  géographique  dans  l’appréciation  de  la  valeur  spécifique 
des  types.  Quelque  arbitraire  que  soit  aujourd’hui  la  délimitation  de  l’espèce, 
M.  Duchartre  regrette  que  M.  Baker  n’ait  pas  toujours  conservé  une  sorte  de 
commune  mesure  pour  la  valeur  des  espèces  qu’il  admet. 

M.  Duchartre  a  communiqué  à  l’Académie  des  sciences  de  Paris,  dans  sa 
séance  du  8  mai  1871,  une  Note  sur  l'état  actuel  de  nos  connaissances  rela¬ 
tivement  au  genre  Lis,  et  sur  la  distribution  géographique  des  espèces  qui 
le  composent.  Cette  note  peut  être  considérée  comme  un  résumé  de  la  publi¬ 
cation  précédente.  Nous  en  tirons  celte  remarque  importante,  c’est  que  Spae, 
dont  le  travail  date  de  1847,  admettait  seulement  quarante- quatre  espèces 

(1)  La  même  disposition  s’observe,  comme  on  sait,  chez  certaines  Tulipes. 


166  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE, 

(qui  devraient  être  réduites  à  trente-neuf  ou  au  plus  à  quarante),  tandis  que 
M.  Duchartre  a  pu  en  relever  soixante-huit,  malgré  la  suppression  d’un  certain 
nombre  d’entre  elles  qui  avaient  été  proposées  comme  des  types  spécifiques 
distincts  et  qui  lui  ont  semblé  devoir  être  abaissées  au  rang  de  simples  va¬ 
riétés.  M.  Baker  ne  reconnaît  que  trente-deux  espèces  de  Lilium, 

Il  résulte  de  cette  étude  que  le  genre  Lis  a  une  disposition  géographique 
très-remarquable.  Il  appartient  exclusivement  à  l’hémisphère  boréal,  ou  même 
n’atteint  pas  le  tropique  du  cancer,  si  ce  n’est  sur  de  grandes  chaînes  de 
montagnes  ;  les  Lis  ne  sont  donc  jamais  des  plantes  de  serre  chaude  ;  ceux 
d’entre  eux  qui  sont  le  plus  sensibles  au  froid  n’ont  besoin,  pendant  nos 
hivers,  que  d’être  abrités  contre  la  gelée. 

lias»  GeselïBecIit  «Ici*  JLilicn(Ze  genre  des  Lis);  par  M.  Karl  Koch 

(Wochenschrift  fur  Gcirtnerei  und  Pflanzenkunde ,  30  juillet-27  août 
1870). 

M.  K.  Koch  isole  d’abord,  à  l’exemple  d’Endlicher,  sous  le  nom  de  Car - 
diocrinon ,  le  petit  sous-genre  constitué  par  le  Lilium  cordifolium  Thunb. 
et  le  L.  giganteum  'Wall.  Pour  le  reste,  sa  classification  diffère  de  celle  d’End¬ 
licher  principalement  en  ce  qu’il  supprime  le  sous-genre  Amblirion  ou  No - 
tholirion ,  et  n’admet  que  trois  groupes  dont  deux  mêmes  ne  sont  pas  désignés 
par  un  nom  particulier.  Le  nombre  d’espèces  dont  s’occupe  M.  Koch  dans  ce 
travail  est  de  quarante-quatre  ;  en  note,  il  signale  un  certain  nombre  d’autres 
espèces  incomplètement  connues,  dont  la  plupart  lui  ont  été  indiquées  par  le 
catalogue  de  la  collection  de  M.  Leichtlin,  qui  a  servi  de  point  de  départ  aux 
Observations  de  M.  Duchartre.  Il  discute  un  grand  nombre  de  points  de  syno¬ 
nymie  sur  lesquels  il  est  loin  d’être  d’accord  avec  M.  Baker. 

A  new  Synopsis  of  ail  lise  known  LiBies  (Synopsis  nouveau  de 
tous  les  Lis  connus );  par  M.  J. -G.  Baker  ( Gardeners ’  Chrome  le,  1871). 

Ce  travail  a  paru  divisé  en  dix  parties  dans  autant  de  numéros  du  Garde¬ 
ners'  Chronicle  en  1871.  La  première  est  du  28  janvier  1871.  Comme  il 
l’avait  fait  auparavant  pour  le  genre  Narcissus ,  M.  Baker  a  tracé  la  descrip¬ 
tion  de  trente-deux  espèces  de  Lilium ,  en  faisant  connaître  les  synonymes 
qu’il  reconnaît  et  tous  les  détails  que  l’on  donne  ordinairement  dans  les 
travaux  monographiques.  Ces  trente-deux  espèces  sont  réparties  par  lui  dans 
deux  sous-genres,  Notholirion  et  Lilium  proprement  dit.  Au  sous-genre 
Notholirion  appartiennent  les  espèces  suivantes: 

Lilium  roseum  Wall,  (tige  forte,  20-30  feuilles,  serrées  à  la  base  de  la 
lige);  L.  Uookeri  Baker  (tige  mince,  6-8  feuilles,  éparses  sur  la  lige). 

Le  sous-genre  Lilium  est  partagé  en  quatre  groupes  : 

Eulirion  :  Filaments  subparallèles;  segments  de  la  fleur  élargis  au-dessus 
du  milieu,  réfléchis  seulement  vers  le  sommet;  fleur  en  entonnoir  :  —  L.  cor- 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE,  167 

di folium  Thunb.,  Z.  longi folium  Thunb. ,  L  japonicum  Thunb,,  Z,  nepa -> 
lense  Don,  Z.  candidumh Z.  Washingtonianum  Kellogg. 

Archelirion  :  Filaments  très-divergents;  segments  non  dressés,  ovales- 
lancéolés,  réfléchis  à  une  très-faible  hauteur;  fleur  ouverte  :  —  L,  tigrinum 
Gawl. ,  L.  speciosum  Thunb.,  Z .  auratum  Lindl. 

Isolirion  :  Filaments  modérément  divergents  ;  segments  dressés,  élargis 
au  milieu,  étalés  seulement  dans  la  moitié  supérieure;  fleur  dressée  :  — 
Z .  philadelphicum  L.,  Z.  medeoloides  Asa  Gray,  Z.  Catesbœi  Walt.,  Z.  bul- 
biferum  L.,  Z.  pulchellum  Fisch.  et  Mey. ,  Z.  concolor  Salisb. ,  Z.  lanci- 
folium  Thunb. 

Martagon  :  Filaments  très-divergents  ;  segments  lancéolés,  réfléchis 
une  très-faible  hauteur  :  ■—  Z.  Martagon  L.  (1),  Z.  maculatum  Thunb. , 
Z.  canadense  L.,  Z.  monadelphum  Bieb.,  Z.  carniolicum  Bernh. ,  L.  ponti- 
cum  G.  Koch,  Z.  polyphyllum  Don,  Z,  chalcedonicum  L.,  Z.  pyrenaicum 
Gouan,  L.  callosum  S.  et  Z.,  Z.  testaceum  Lindl.,  Z.  Leichtlinii  Hook.  f., 
Z.  pomponium  L.  et  Z.  tenuifolium  Fisch. 

Le  mémoire  est  terminé  par  un  index.  M.  Baker  désirerait  avoir  des  dessins 
ou  mieux  des  échantillons  des  espèces  suivantes,  qu’il  11e  connaît  pas,  savoir  : 
Lilium  abchasicum,  alternons ,  californieum ,  Jeffersoni ,  lilacinum ,  pini- 
folium ,  puniceum,  pygmœum  et  Sieholdii. 

Su  di  nu  ramo  inosfruo^o  délia  Opuntia  fittrispuiei  ; 

par  HJ.  G.- A.  Pasquale  (extrait  des  Atti  delta  R.  Accademia  delle 
scienze  fisiche  e  matematiche ,  vol.  v)  ;  tirage  à  part  en  brochure  in-4Q  de 
7  pages,  avec  une  planche.  Naples,  1871. 

Ce  mémoire  a  été  lu  le  12  août  1871.  La  monstruosité  qui  y  est  décrite 
consiste  en  ce  que  les  fascicules  d’épines  dorées  qui  naissent  sur  les  rameaux 
dilatés  en  phyllodes  de  l’ Opuntia  fulvispina  étaient  remplacés  par  des  ra¬ 
meaux  semblables  par  leur  nature,  mais  beaucoup  plus  petits,  formant  une 
infinité  d’articles  obovales  appendus  de  tous  côtés  à  la  surface  du  rameau  nor¬ 
mal  de  Y  Opuntia.  Quelques-uns  de  ces  rameaux  secondaires  anomaux  don¬ 
naient  eux-mêmes  naissance  à  des  rameaux  tertiaires  (acini),  portant  ceux-ci 
des  fascicules  d’épines.  L’auteur  a  fait  un  examen  histologique  de  la  constitu¬ 
tion  anatomique  de  cet  échantillon  monstrueux. 

Hotlce  «iBi*  le  pMt'pureo-L,€ëburni€wn  ««  G#/* 

tisus  Poit. ,  suivie  de  quelques  considérations  sur  l’hybridité  et 

la  disjonction  végétale  ;  par  M.  Éd.  Morren.  Brochure  in-8°  de  16  pages, 
avec  deux  planches,  impr.  C.  Annoot  Braeckman,  1871. 

Le  Cytisus  Adarni  est  apparu  en  1825  chez  M.  Jean-Louis  Adam,  pépi- 

(1)  Une  monstruosité  remarquable  du  Lilium  Martagon  a  été  décrite  par  M.  Àdelbert 
Geheeb,  dans  le  Botanische  Zeitung ,  1871,  col.  686.  La  tige  était  fasciée,  et  portait 
environ  65  fleurs,  les  10  à  12  supérieures  unisexuées  et  mâles. 


168 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

niériste  à  Vitrv,  près  Paris,  de  greffes  du  Cytisus  pur  pur  eus  sur  le  Cytisus 
Laburnum  (voyez  Ann.  Soc.  hort.  Paris ,  vu,  p.  93  ;  x,  p.  11  ;  XUI,  p.  196; 
xxn,  p.  5  ;  XXVii,  p.  15  et  139  ;  xxxvm,  p.  382  ;  Bulletin  de  la  Société 
d'kort.  de  Rouen,  1837,  n°  5;  Bot.  Rey.  xxni,  pl.  1965).  M.  Morren  le 
considère  cependant  comme  un  véritable  hybride  avec  beaucoup  d’auteurs;  il 
combat  la  théorie  des  hybrides  obtenus  par  la  greffe  soutenue  par  M.  Caspary, 
à  propos  du  Cytisus  Adami,  et  généralisée  par  M.  Hildebrand.  licite  d’ail¬ 
leurs  des  exemples  de  disjonction  assez  nombreux  ( Citrus ,  Pommes,  Poires, 
Lilas  Yarin  donnant  des  fleurs  de  Lilas  de  Perse  et  de  Lilas  d’Orient,  Mona~ 
chanthus  et  autres  Orchidées). 

M.  Morren  demande  en  terminant  s’il  y  a  dans  le  phénomène  de  disjonction 
quelque  argument  à  invoquer  pour  ou  contre  la  théorie  Darwinienne. 

Contributions  to  ISotany,  vol.  ni;  par  M.  John  Miers.  In-4°  de 

402  pages,  avec  66  planches  lithographiées.  Londres,  chez  William  et  Nor- 

gâte,  1871. 

Ce  volume  est  consacré  à  une  monographie  complète  de  la  famille  des 
Ménispermacées,  sur  laquelle  M.  Miers  avait  publié  antérieurement,  dans  les 
Annals  and  Magazine  of  natural  History,  des  travaux  qui  ont  été  analysés 
dans  celte  Revue  il  y  a  plusieurs  années. 

Nous  ne  reviendrons  pas  en  conséquence  sur  la  méthode  de  l’auteur. 
M.  Miers  limite  le  genre  autrement  qu’on  ne  l’a  fait  dans  d’autres  travaux  ; 
nous  ne  pouvons  qu’inviter  le  lecteur  désireux  de  s’instruire  à  comparer  sa 
méthode  avec  celle  qu’ont  suivie  MM.  Bentham  et  Hooker  dans  leur  Généra 
plantarum.  M.  Miers  a  eu  pour  but  principal  de  rapprocher  les  types  qui  se 
ressemblent,  abstraction  faite  de  tout  système  préconçu  ;  il  n’est  que  trop 
vrai  que,  dans  bien  des  cas,  le  système  doit  céder  le  pas  au  fait. 

L’auteur  présente  dans  son  livre  des  remarques  importantes  sur  la  struc¬ 
ture  spéciale  du  bois,  sur  la  simplicité  de  la  structure  florale,  l’arrangement 
,♦  des  diverses  parties  de  la  fleur,  les  curieuses  combinaisons  de  Fandrocée,  la 
nature  complexe  de  la  graine,  qui  chez  les  Ménispermacées  offrent  un  grand 
intérêt.  Comme  exemples  de  la  simplicité  de  structure  florale  de  cette  famille, 
nous  pouvons  en  effet  citer  la  fleur  de  Y Antizoma,  avec  les  deux  pétales  placés 
immédiatement  au-dessus  des  deux  sépales,  et  celle  encore  plus  simple  du 
Cyclea,  dans  laquelle  il  n’y  a  qu’un  sépale,  un  pétale  au  devant  du  sépale,  et 
dans  le  centre  un  seul  carpelle.  L’unisexualité  des  fleurs  est,  comme  on  le  pense 
bien,  une  difficulté  déplus,  et  une  grande,  dans  l’élude  de  cette  famille. 

Flora  of  tropical  Africa  ;  par  M.  D.  Oliver.  Vol.  il,  in-8°  de 

613  pages.  Londres,  chez  Lovell  Reeve  et  CIe. 

On  sait  que  le  plan  de  cet  ouvrage  est  le  même  que  celui  qui  a  été  adopté 
en  Angleterre  pour  la  Flore  d’Australie  et  pour  celle  de  Hong-Kong.  Le 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


169 

deuxième  volume  renferme  la  description  (en  anglais)  des  Légumineuses, 
Rosacées,  Myrtacées,  Cucurbitacées  et  autres  familles  moins  importantes. 
M.  Oliver  a  monographié  lui-même  les  Césalpiniées,  les  Mimosées,  les  Rosa¬ 
cées,  les  Saxifragées  et  quelques  autres  petits  groupes;  M.  Baker,  les  Papi- 
lionacées;  M.  Brettin,  les  Crassulacées  ;  M.  Lawson,  les  Myrtacées  et  les 
Combrétacées;  M.  J.  Hooker,  les  Mélastomacées,  les  Cucurbitacées  et  les 
Bégoniacées  ;  M.  Masters,  les  Samydées,  les  Passiflorées  et  les  familles  voi¬ 
sines;  M.  Hiera,  les  Lythrariées,  etc. 

Le  nombre  total  des  espèces  décrites  dans  ce  volume  peut  être  estimé  à 
plus  de  1300,  dont  une  grande  quantité  sont  particulières  à  l’Afrique,  notam¬ 
ment  la  plus  grande  partie  des  Combretum ,  des  Melastoma ,  des  Bégonia  et  des 
Cucurbitacées,  et  presque  toutes  les  espèces  des  Samydées,  Turnéracées  et 
Passiflorées.  Au  contraire  les  Onagrariées  et  le  genre  Desmodium  offrent  des 
exemples  d’une  dispersion  très-générale.  Les  espèces  à  zone  étendue  se  retrou¬ 
vent  dans  l’Inde,  dans  la  péninsule  de  Malacca  et  dans  l’Australie  septen¬ 
trionale.  Il  est  encore  un  petit  groupe  d’espèces  commun  à  l’Afrique  tropicale 
et  au  cap  de  Bonne-Espérance  ;  rares  sont  celles  qu’on  retrouve  dans  les  An¬ 
tilles  ou  dans  le  continent  de  l’Amérique  tropicale.  On  retrouve  encore  dans 
la  Flore  quelques  types  de  la  région  méditerranéenne,  et  les  montagnes  de 
l’Abyssinie  fournissent  quelques-uns  de  ceux  de  l’Europe  tempérée.  Il  est  à 
remarquer  que  dans  les  Passiflorées,  par  exemple,  les  types  spéciaux  à  la  flore 
africaine  présentent  une  structure  d’un  grand  intérêt,  fort  différente  de  la 
structure  propre  aux  Passiflorées  des  autres  régions  du  globe. 

Les  collections  rassemblées  par  M.  Welwitsch  ont  formé  la  base  de  cette 
flore  comme  pour  le  précédent  volume  ;  d’autant  qu’elles  étaient  accompagnées 
de  notes  de  la  plus  grande  importance.  Il  convient  de  citer  aussi  les  collections 
de  MM.  Barter,  Mann,  Kirk,  Speke  et  Grant,  etc. 

Il  paraît  que  les  récoltes  de  ces  deux  derniers  collecteurs  doivent  former 
prochainement  le  sujet  d’une  publication  illustrée. 

Fcrns  of  fiord  llowc’s  Islantl  ( Fougères  de  l'île  de  Lord  Hoive )  ; 

par  M.  J. -G.  Baker  ( Gardeners ’  Chronicle ,  1872,  pp.  252-253). 

Ces  plantes  ont  été  recueillies  par  M.  AV.  Carron.  M.  Buker  a  reconnu 
parmi  les  Fougères  deux  espèces  nouvelles,  qui  sont  les  suivantes  : 

Hemitelia  (. Amphicosmia )  Moorei  Bak.  —  Frondibus  amplis  oblongo- 
lanceolatis  decompositis  (quadripinnatifidis),  supra  viridibus  glabris,  subtus 
ad  costas  segmentorum  paleis  parvis  bullatis  albidis  membranaceis  instructis  ; 
rhachibus  dorso  augulatis  dense  adpresse  ferrugineo- pubescentibus,  facie 
complanatis  minute  furfuraceo-paleaceis  ;  pinnis  oblongo-lanceolatis  distincte 
petiolatis  ;  pinnulis  lanceolatis  sessilibus  ;  segmentis  tertiariis  ligulato-lanceo- 
latis  profuude  pinnatifidis  Iobis  lanceolatis  revolutis,  venis  liberis  in  segmentis 
tertiariis  pinnatis,  venulis  inferioribus  furcalis  superioribus  solitariis  ;  soris  ad 


170 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE, 

segmenta  tertiaria  5-juga  prope  costas  uniseriatis;  involucro  parvo  unilatera- 
liter  cupuliformi,  receptaculo  doleolato  crinito.  —  Cette  espèce  est  dédiée  à 
JM.  Ch.  Moore,  directeur  du  Jardin  botanique  de  Sydney. 

Déparia  nephrodioides  Bak.  —  Frondibus  deltoideis  décomposais  viridi- 
bus  membranaceis  utrinque  glabris  nullo  modo  paleaceis;  rbacbibus  pubes- 
centibus  baud  paleaceis  ;  pinnis  deltoideis  inferioribus  longe  petiolatis  ;  pin- 
nulis  deltoideis  conferlis,  margine  superiore  cum  rbacbi  parallelo  inferiore 
cuneato-truncato  ;  segmentis  ultimis  obtusis  pinnatifidis  ;  venis  liberis,  soris 
sessilibns. 

Les  quatre  autres  espèces  de  ce  genre  sont  de  l’Amérique  tropicale,  excepté 
le  Déparia  ( Cionidium )  Moorei ,  de  la  Nouvelle-Calédonie.  Mais  quoiqu’il 
ait  adopté  ce  genre  dans  le  Synopsis  Filicum ,  M.  Baker  pense  qu’il  serait 
mieux  de  le  considérer  comme  une  simple  section  du  genre  Dicksonia . 

Boeiiincnti  hiogvafici  «1  i  Giovanni  Gussone,  botanico  na¬ 
politain),  tratti  dalle  sue  opéré  e  specialmente  dal  suo  erbario  ;  par  M.  G. -A. 
Pasquale  (extrait  des  Atli  delV  Accademia  Pontaniana ,  vol.  x)  ;  tirage  à 
part  en  brochure  in -A0  de  56  pages. 

G.  Gussone  naquit  le  8  février  1787,  à  Villamaina,  dans  la  Principauté  ulté¬ 
rieure,  et  prit  à  Naples  ses  grades  dans  l’étude  de  la  médecine.  Il  est  mort  le 
14  janvier  1866,  à  l’âge  de  79  ans.  Son  herbier,  acquis  au  prix  de  trois  mille 
ducats  (12  750  fr.),  pour  le  jardin  botanique  de  Naples  (1),  renferme  un 
herbier  général  et  un  herbier  spécial  de  la  Sicile.  M.  Pasquale  s’est  surtout 
proposé  dans  celte  notice  de  raconter  les  voyages  botaniques  du  successeur 
de  Tenore,  et  de  publier  le  catalogue  raisonné  de  ses  travaux.  Nous  y  rele¬ 
vons  un  détail  bibliographique  curieux  :  c’est  que  le  Flora  sicula  de  l’auteur 
(vol.  i,  in-folio,  1829),  publié  par  ordre  de  François  Ier  de  Bourbon,  et  inter¬ 
rompu  pour  raison  d’économie  par  ordre  de  Ferdinand  II,  fait  presque  défaut 
à  Naples  même,  où  l’on  n’en  connaît  que  deux  exemplaires,  un  dans  la 
bibliothèque  de  Gussone  et  un  dans  celle  de  Tenore. 

Éludes  chimiques  sur  la  végétation  ;  par  M.  J.  Raulin  (Ann. 
sc.  nat .,  5e  série,  1869,  t.  xi,  pp.  90-299). 

Ce  mémoire,  que  l’auteur  a  présenté  à  la  Faculté  des  sciences  pour  obtenir  le 
diplôme  de  docteur  ès  sciences  physiques,  se  divise  en  deux  parties  :  dans  la 
première,  l’auteur  examine  les  progrès  de  la  chimie  des  végétaux  considérée 
sous  le  rapport  des  méthodes  ;  dans  la  deuxième,  il  suit  le  développement 
d’une  Mucédinée  dans  un  milieu  artificiel. 

Au  point  de  vue  chimique,  M.  Raulin  divise  les  végétaux  en  deux  grandes 
catégories  :  les  grands  végétaux  et  les  végétaux  microscopiques.  Les  méthodes 

(1)  La  bibliothèque  du  même  savant  a  été  achetée  également  pour  la  bibliothèque  du 
Jardin  de  Naples,  au  prix  de  700  ducats  (2975  fr.) 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE»  171 

chimiques  mises  en  œuvre  pour  les  étudier  sont  réduites  par  lui  à  trois  :  la 
méthode  analytique,  la  méthode  mixte  et  la  méthode  synthétique. 

La  méthode  analytique  étudie  les  végétaux  dans  les  conditions  meme 
où  la  nature  les  a  placés  ;  elle  demande  à  la  composition  chimique  du  sol, 
de  l’atmosphère  et  des  plantes  le  secret  des  phénomènes  de  la  végétation  ;  en 
un  mot,  elle  a  pour  point  de  départ  l’analyse  chimique. 

Dans  la  méthode  synthétique ,  on  remplace  le  terrain  naturel  par  un  sol 
artificiel  formé  de  composés  chimiques  définis,  appropriés  aux  besoins  du 
végétal  qui  doit  s’y  développer. 

La  méthode  mixte ,  intermédiaire  entre  les  deux  méthodes  précédentes,  fait 
végéter  la  plante  qu’on  veut  soumettre  à  l’étude  dans  un  sol  chimiquement 
identique  avec  les  terrains  naturels,  mais  on  dispose  arbitrairement  des  cir¬ 
constances  secondaires  de  la  végétation,  telles  que  l’atmosphère,  l’étendue  du 
terrain,  les  substances  chimiques  qu’on  peut  y  ajouter,  les  circonstances 
physiques,  etc.  Ici  l’observation  et  l’expérimentation  se  prêtent  un  mutuel 
appui. 

L’auteur  passe  successivement  en  revue  les  travaux  de  chimie  physiologique 
qui  ont  pour  objet  les  grands  végétaux  et  les  végétaux  microscopiques ,  et 
il  les  classe  d’après  les  méthodes  scientifiques  auxquelles  ils  appartiennent. 
Il  se  livre  ainsi  à  un  long  exposé  à  la  fois  historique  et  critique,  et  traite  de  la 
composition  élémentaire  des  végétaux,  de  leurs  principes  immédiats,  des  corps 
simples  essentiels  à  leur  formation,  de  l’origine  de  ces  corps  simples  ;  de  la 
possibilité  du  développement  des  végétaux  dans  un  milieu  artificiel  formé  des 
éléments  de  l’air  et  de  l’eau;  des  éléments  essentiels  à  la  végétation,  de  la 
respiration  ou  transformation  des  éléments  de  l’air  par  les  végétaux;  de  la  sta¬ 
tique  chimique  des  êtres  vivants  ;  de  l’influence  des  composés  azotés  et  des 
composés  minéraux  sur  la  végétation,  des  sels  qui  lui  sont  nuisibles,  etc. 
Les  deux  premières  méthodes  ont  tracé,  dit  M.  Raulin,  quelques  traits  de  la 
théorie  chimique  de  la  végétation,  et  pourtant  on  sent  combien  cette  esquisse 
est  encore  vague  et  incomplète,  précisément  dans  les  parties  les  plus  essen¬ 
tielles.  La  méthode  synthétique,  au  contraire,  a  conduit  à  de  nombreuses 
découvertes  que  l’auteur  résume  dans  un  certain  nombre  de  propositions. 

La  deuxième  partie  de  la  thèse  a  été  résumée  dans  une  note,  insérée  dans 
les  Comptes  rendus ,  1870,  t.  lxx,  p.  63ù,  et  reproduite  avec  corrections 
dans  les  Annales  de  chimie  et  de  physique ,  1871,  2e  semestre,  t.  xxiv  ;  nous 
en  extrayons  ce  qui  suit  : 

Le  point  le  plus  saillant  de  ces  études  sur  le  développement  de  YAspergil- 
lus  consiste  dans  la  découverte  d’un  milieu  artificiel  de  nature  acide,  exclusi¬ 
vement  formé  de  sucre  et  de  huit  corps  minéraux  des  plus  simples,  merveil¬ 
leusement  appropriés  à  la  vie  de  cette  petite  plante,  à  tel  point  que  la  végé¬ 
tation  de  Y Aspergillus  s’y  montre  bien  plus  régulière,  plus  abondante  à  égalité 
de  poids  de  matières  nutritives,  plus  vigoureuse  enfin  que  dans  les  liquides 


172 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

organiques  les  plus  convenables.  O11  voit  ainsi  des  poids  considérables  de  ma¬ 
tière  s’organiser;  c’est-à-dire  de  la  cellulose,  des  matières  grasses,  des  matières 
albuminoïdes  s’élaborer  aux  dépens  du  sucre  et  d’oxydes  minéraux  d’une 
pureté  parfaite,  à  l’abri  de  la  lumière  :  chacun  de  ces  corps  intervient  pour 
son  compte  dans  le  phénomène  de  la  vie,  comme  un  organe  nécessaire  dans  une 
grande  machine,  à  tel  point  que  la  suppression  de  l’un  d’eux,  en  proportion 
minime,  entraîne  la  suppression  presque  absolue  delà  végétation. 

Les  corps  chimiques  mis  en  présence  dans  le  procédé  de  M.  Raulin  sont 
l’oxygène  de  l’air,  l’eau,  le  sucre,  l’acide  tartrique,  l’ammoniaque,  l’acide 
phosphorique,  l’acide  sulfurique,  la  silice,  la  potasse,  la  magnésie,  l’oxyde  de 
zinc  et  l’oxyde  de  fer,  tous  dans  des  proportions  très-faibles.  Il  faut  joindre  à 
ces  conditions  une  température  de  35  degrés,  un  air  humide  et  convenable¬ 
ment  renouvelé  ;  des  vases  peu  profonds. 

Le  mode  de  développement  de  V Aspergillus ,  principalement  le  poids  de  la 
récolte  fourni  dans  un  temps  donné  par  un  meme  milieu,  varie  suivant  des 
lois  dont  M.  Raulin  a  précisé  le  sens,  lorsqu’on  fait  varier  une  à  une  ces  cir¬ 
constances  purement  physiques. 

M.  Raulin  a  prouvé  que  les  effets  des  oxydes  sont  indépendants  des  sels 
dont  ils  font  partie.  Les  oxydes  minéraux  du  milieu  artificiel  ne  peuvent  se 
remplacer  physiologiquement  les  uns  les  autres  :  à  chacun  d’eux  est  dévolu  un 
rôle  spécial.  L’acide  nitrique  peut  remplacer  l’ammoniaque  comme  élément 
azoté;  l’acide  nitreux  et  l’acide  cyanhydrique  paraissent  impropres  à  l’assimi¬ 
lation.  Le  fer  paraît  avoir  pour  rôle  spécial  d’empêcher,  pendant  la  vie  de 
Y  Aspergillus,  la  formation  de  certaines  substances  nuisibles  pour  le  végétal. 

Dans  ses  conclusions  dernières,  M.  Raulin  se  montre  très-nettement  disposé 
à  assimiler  le  développement  d’un  végétal  à  la  formation  d’un  composé  chi¬ 
mique.  11  va  jusqu’à  proposer  le  développement  artificiel  des  Mucédinées 
comme  un  moyen  d’analyse  chimique  d’une  sensibilité  extrêmement  délicate 
et  supérieur  aux  méthodes  de  laboratoire  généralement  usitées  pour  déceler  la 
présence  de  quantités  très-petites  de  certains  corps. 

M.  Raulin  ne  présente  ses  résultats  que  comme  l’extension  en  un  sens  des 
résultats  obtenus  par  M.  Pasteur  sur  la  végétation  des  organismes  inférieurs 
dans  des  milieux  artificiels;  ils  confirment  donc  pleinement,  quoique  indirecte¬ 
ment,  la  découverte  par  laquelle  ce  savant  porta  des  coups  décisifs  aux  théories 
de  Berzelius  sur  les  fermentations. 

L’auteur  conclut  encore  de  ses  recherches  qu’on  pourra  un  jour  en  toute 
sûreté  substituer  des  engrais  chimiques,  convenablement  choisis,  aux  engrais 
naturels,  puisque  les  milieux  artificiels  ne  sont  pas  moins  aptes  que  les  milieux 
naturels  à  donner  à  la  végétation  toute  sa  vigueur; — que  le  milieu  le  plus 
propre  au  développement  d’un  végétal  est  moins  approprié  aux  besoins  d’un 
autre  végétal,  et  que  si  l’on  sème  les  germes  de  ces  deux  espèces  dans  ce 
milieu,  la  première  s’y  développera  seule,  ou  du  moins  linira  par  envahir  le 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  173 

milieu  tout  entier  aux  dépens  de  la  seconde,  ainsi  que  l’expérience  l’a  prouvé 
à  l’égard  des  moisissures,  etc. 

Sur  une  matière  suerée  apparue  sur  les  feuilles  (l’un 

Tilleul  ;  par  M.  Boussingault  ( Annales  de  chimie  et  de  physique , 
4e  série,  t.  xxv,  janvier  1872,  pp.  1-21). 

Le  Tilleul  qui  a  fourni  la  matière  sucrée,  la  manne  étudiée  par  M.  Boussin¬ 
gault,  était  situé  au  Liebfrauenberg,  dans  les  Vosges.  Cette  matière,  exsudée 
par  les  feuilles,  renfermait  de  la  dextrine,  qui  n’existait  pas  dans  les  feuilles 
saines. 

Dans  les  conditions  normales  de  la  végétation,  les  sucres  élaborés  par  les 
feuilles,  sous  l'influence  de  la  lumière  et  de  la  chaleur,  pénètrent  dans  l’or¬ 
ganisme  de  la  plante  avec  la  sève  descendante.  Dans  l’état  anomal  qui  déter¬ 
mine  la  formation  de  la  miellée,  les  matières  sucrées  sont  accumulées  à  la 
surface  supérieure  des  feuilles,  soit  parce  qu’elles  sont  produites  en  fortes 
quantités,  soit  parce  que  le  mouvement  de  la  sève  est  interrompu  ou  ralenti 
par  la  viscosité  résultant  de  la  présence  de  la  dextrine.  La  miellée  ne  saurait 
être  attribuée  uniquement  aux  influences  météorologiques.  Lors  de  son  appari¬ 
tion  sur  le  Tilleul,  on  ne  remarqua  pas  d’insectes  ;  ce  n’est  que  plus  tard  qae 
l’on  vit  quelques  pucerons  englués  sur  un  certain  nombre  de  feuilles. 

Die  anorganisclicn  Sal/e  als  aiisgezciclinctcs  Iliilfs- 
mittcl  ziBin  Stucliiiin  tlei*  fintnickclung;  uicderer 
chloropliylllialtigcr  Organisai  eu  ( Les  sels  inorganiques  con¬ 
sidérés  comme  un  moyen  perfectionné  d’étudier  le  développement  des 
organismes  inférieurs  munis  de  chlorophylle)  ;  par  M.  A.  Famintzin  (Mé¬ 
langes  biologiques  tirés  du  Bulletin  de  l'Académie  impériale  des  sciences 
de  Saint-Pétersbourg ,  t.  viii,  pp.  226-281;  et  Bulletin ,  t.  xvn,  pp.  31- 
70,  avec  3  planches). 

L’auteur  a  étudié  l’influence  des  solutions  salines  sur  le  développement  de 
végétaux  aquatiques  placés  dans  ces  solutions,  principalement  des  Algues  telles 
que  le  Chlorococcus  infusionum,  le  Limnodictyon  Bœmerianum ,  le  Proto- 
coccus  viridis ,  le  Stygeoclonium  stellare ,  le  Pleurococcus  vulgaris ,  et  des 
Conferves  indéterminées.  Il  a  commencé  ses  expériences  au  15  avril.  Au  com¬ 
mencement  de  mai,  l’action  des  solutions  salines  était  déjà  aperçue  par  l’expé¬ 
rimentateur.  Il  plaçait  ses  Algues  sous  un  filet  d’eau.  Les  Chlorococcus  et  les 
Protococcus  placés  sous  un  filet  d’eau  pure  au  15  avril  cessèrent  de  se  déve¬ 
lopper  dans  les  premiers  jours  de  mai  et  perdirent  leur  coloration.  Alors  ils 
furent  séparés  en  deux  parties,  dont  l’une  fut  laissée  dans  les  mêmes  conditions 
et  les  subit  pendant  quinze  jours  sans  modification  nouvelle.  L’autre  moitié 
fut  placée,  le  10  mai;  sous  l’influence  d’une  solution  minérale  à  1/2  pour  100: 
le  12  mai,  les  Algues  étaient  devenues  du  plus  beau  vert,  et  elles  reprirent 


17  h 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


leur  développement  interrompu.  Quand  l’influence  de  la  solution  saline  s’est 
exercée  d’une  manière  continue  du  15  avril  au  10  juillet,  terme  des  expé¬ 
riences,  l’auteur  a  observé  d’une  manière  également  continue  la  production 
des  zoospores. 

La  solution  était  préparée  suivant  l’indication  donnée  par  Knop  ( Kreislauf 
des  Stoffes,  p.  836)  et  contenait  1/2  pour  100  d’un  mélange  salin,  formé 
de  quatre  parties  de  nitrate  de  chaux,  une  partie  de  nitrate  de  potasse,  une 
de  phosphate  de  chaux,  une  de  sulfate  de  magnésie  cristallisé. 

En  terminant  son  mémoire,  M.  Famintzin  passe  en  revue  toutes  les  modi¬ 
fications  qu’il  a  eu  l’occasion  d’observer  sur  des  Algues.  Il  a  cherché  à  les 
produire  expérimentalement  dans  le  but  d’apporter  quelques  matériaux  à 
l’édifice  dont  le  plan  a  été  tracé  par  M.  Darwin.  Il  a  employé  pour  cela  des 
solutions  minérales  de  concentration  diverse.  Il  a  obtenu  des  résultats  impor¬ 
tants.  Il  a  reconnu  que  les  Algues  peuvent  vivre  dans  des  solutions  plus  con¬ 
centrées  que  les  Phanérogames  ;  que  la  faculté  d’adaptation  à  tel  ou  tel  degré 
de  concentration  varie  suivant  le  mode  de  développement,  et  que  chez  certains 
Cryptogames,  elle  s’étend  à  des  solutions  plus  concentrées  dans  la  période  de 
développement,  quand  ils  renferment  de  la  chlorophylle  dans  leur  tissu. 

Parmi  les  modifications  observées  par  M.  Famintzin,  nous  devons  noter  la 
transformation  des  cellules  de  Chlorococcus  et  de  Protococcus  en  zoospores 
et  en  zoosporanges,  modifications  dont  M.  Al.  Braun  (  Verjungung  der  Natur) 
avait  déjà  reconnu  la  probabilité.  Le  botaniste  a  constaté  le  passage  des  zoo¬ 
spores  à  l’état  immobile,  leur  transformation  en  zoosporanges,  enfin  le  cycle 
complet  de  la  reproduction  de  l’espèce.  Il  a  apprécié  avec  de  grands  détails 
l’influence  que  les  solutions  minérales  diversement  concentrées  exercent  sur 
chacune  de  ces  phases.  Dans  les  solutions  très-diluées,  dont  la  concentration 
ne  dépasse  pas  1  pour  100  de  sel,  la  multiplication  de  ces  deux  Algues  n’a 
lieu  que  par  zoospores  ;  si  la  concentration  atteint  ou  dépasse  2  pour  100,  les 
zoosporanges  se  résolvent  en  sphérules  immobiles;  si  l’on  étend  davantage  la 
solution,  la  formation  des  zoospores  recommence;  on  peut  ainsi  l’arrêter  ou  la 
reproduire  à  volonté.  Des  variations  analogues  peuvent  faire  varier  du  vert  au 
rouge,  et  vice  versa,  la  couleur  du  pigment.  L’auteur  s’est  encore  assuré  ainsi 
que  le  Limnodictyon  Rœmerianum  Ktz  n’est  qu’un  état  anomal  du  Chloro¬ 
coccus  infusionum ,  produit  par  la  culture. 

Ces  faits  peuvent  entrer  dans  une  première  catégorie  de  modifications 
placées  sous  l’influence  des  causes  extérieures.  Ils  cadrent  bien  avec  la  théorie 
Darwinienne,  d’après  l’auteur,  quant  à  l’accommodation  des  êtres  aux  milieux, 
dans  les  circonstances  compliquées  de  la  lutte  vitale  (1). 

D’autres  faits  révèlent  plutôt  l’influence  de  causes  internes  et  indéterminées. 

(1)  Voyez  un  mémoire  important  de  M.  Nageli  :  Ueber  die  Einflusse  dusserer  Verhdll - 
nisse  auf  die  Varieltttenbildung  im  Pflanzenreiche ,  dans  les  Comptes  rendus  de  l' Acad, 
des  sciences  de  Munich ,  1864. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  175 

Ce  sont  des  faits  de  cette  nature  qu’avait  en  vue  M.  Kützing  dans  son 
mémoire  Sur  la  transformation  des  formes  inférieures  en  formes  plus 
élevées.  Les  exemples  de  M.  Kützing  étaient  extraordinaires.  M.  Faminfzin 
cite  des  germinations  anomales  de  Chlorococcus  infusionum,  des  Protococcus 
à  forme  de  Botrydium ,  des  cloisonnements  singuliers  de  cette  espèce,  et  enfin 
un  développement  du  même  Protococcus  en  filaments  allongés.  Ces  dernières 
modifications  n’affectent  que  quelques  individus,  tandis  que  celles  de  la  pre¬ 
mière  catégorie  affectent  l’espèce  tout  entière. 

Mewe  Uiifei'sucifctmgeii  über  «lie  Gattnngeift  Mta&siHa 

miel  tPitugavin  (. Nouvelles  recherches  sur  les  genres  Marsilia  et  Pilu- 
laria)  ;  par  M.  Al.  Braun  ( Monatsberichte  der  K.  Akad.  der  Wissenschaf - 
ten  zu  Berlin ,  août  1870,  pp.  653-753)  ;  tirage  à  part  en  brochure,  in- 8° 
de  100  pages. 

Ce  mémoire  rectifie  et  complète  celui  que  M.  Al.  Braun  avait  publié  sept 
années  auparavant  en  1863,  dans  le  même  recueil  académique,  sur  les  mêmes 
genres.  Aujourd’hui  M.  Braun  peut  énumérer  54  espèces  de  Marsilia  et 
5  de  Pilularia,  et  l’on  sait  qu’il  est  fort  prudent  dans  l’admission  des  types 
nouveaux.  Les  Marsilia  hirsuta  et  angusti folia  R.  Br.,  le  M.  mutica  Mett., 
espèces  douteuses  pour  lui  dans  son  premier  mémoire,  ont  pu  être  étudiées 
sur  de  meilleurs  matériaux;  d’autres  espèces  nouvelles  ont  pu  être  découvertes  : 
Pilularia  Mandoni  (Mand.  n°  1534),  parM.  Mandon  ;  Marsilia  rotundata, 
M.  cornuta ,  par  M.  Welwilsch,  dans  le  royaume  d’Angola  ;  M.  gibba ,  dans 
la  haute  Abyssinie,  par  M.  Schweinfurth ;  M.  quadrata ,  à  Bornéo,  par 
M.  Lowe  ;  M.  subangulata  et  M.  Ernesti ,  dans  la  province  de  Caracas,  par 
M.  A.  Ernst  (naturaliste  américain  qui  a  publié  dans  le  Vargasia ,  organe  de 
la  Société  d’histoire  naturelle  de  Caracas,  des  notes  sur  les  Marsilia)  ;  M.  ma - 
cra,  M.  elata ,  M.  hirsutissima ,  M.  sericea  et  autres  nouvelles  formes  du 
groupe  du  M.  Drummondii ,  par  M.  F.  de  Muller  et  plusieurs  explorateurs 
australiens;  enfin  quelques  nouvelles  espèces  ont  été  rencontrées  par  M.  Al. 
Braun  dans  les  anciens  herbiers,  le  M.  Berteroi ,  de  Saint-Domingue;  le 
M.  mexicanaei  le  M.  exarata ,  d’Australie,  dans  l’herbier  Hooker. 

M.  Al.  Braun  a  étudié  avec  soin  la  germination  des  espèces  dont  il  traite, 
ainsi  que  leurs  caractères  anatomiques  et  les  rapports  de  ces  caractères  avec 
la  classification.  Un  grand  nombre  de  remarques  morphologiques,  dans  le 
détail  desquelles  nous  ne  pouvons  entrer,  ont  été  faites  par  lui  sur  chaque 
espèce  ;  nous  noterons  cependant,  tout  particulièrement,  ce  qui  concerne  la 
nervation  des  feuilles,  le  nombre  et  la  forme  des  sporocarpes. 

Les  espèces  de  chaque  genre  peuvent  être  déterminées  à  l’aide  de  tableaux 
synoptiques  classés  par  l’auteur.  Chacune  d’elles  est  ensuite  le  sujet  de  longues 
remarques  relatives  à  sa  synonymie,  à  ses  caractères  et  à  sa  distribution  géo¬ 
graphique. 


176 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Sur  ce  dernier  point,  nous  ferons  remarquer  que  la  répartition  de  chaque 
espèce  de  Mar&ilia  est  très-accusée,  et  toujours  en  rapport  avec  les  lois  géné¬ 
rales  de  la  dispersion  des  plantes  ou  la  constitution  bien  connue  des  princi¬ 
pales  régions  botaniques  (1). 

Bcit  rage  *ur  rltcinîsclicai  Flora  (  Recherches  sur  la  flore 

rhénane );  par  M.  Ph.  Wirtgen  (  Ver  h  and  l  un  g  en  des  naturhistorischen 
Vereins  der preussischen  Rheinlande  und  Westphalens)  ;  1869,  26e  année, 
ou  3e  série,  6e  année,,  lr*  partie,  pp.  1-67). 

Ces  recherches  comprennent  une  série  de  notes,  relatives  :  1°  au  groupe 
du  Rosa  canina ,  avec  description  d’une  espèce  nouvelle,  Rosa  exilis  Crépin 
et  Wirtgen  ;  2°  à  Y  Asplénium  Heufleri  Reich.,  nouveau  pour  la  flore  du 
pays;  3°  à  un  nouveau Plantago,  le  P.  Winteri  Wirtg. , que  l’auteur  distingue 
du  P.  major  et  même  du  P.  intermedia  Gilib.  comme  ayant  les  bractées 
aussi  longues  et  non  beaucoup  plus  courtes  que  le  calice,  et  les  lobes  de  la 
corolle  non  lancéolés-aigus  ;  4°  à  des  remarques  de  géographie  botanique, 
concernant  la  végétation  de  sols  différents  dans  la  région  rhénane  ;  5°  au 
Rubus  tomentosus  Borkh.  et  à  ses  formes  ;  6°  aux  anomalies  du  genre  Rubus. 

Ce  mémoire  est  suivi  d’une  addition  faite  parM.  Wirtgen  au  Manuel  [Tas- 
chenbuch )  de  la  flore  de  la  Prusse  rhénane,  publié  par  lui  en  1857. 

Le  Rosa  canina  L.  comprend  dans  le  mémoire  de  M.  Wirtgen  dix-huit 
variétés  ;  cinq  autres  espèces  lui  sont  réunies  pour  former  la  section  des 
Caninæ  dans  le  genre  Rosa. 

Les  anomalies  dans  le  règne  végétal;  par  M.  A.  Bellynck 

(extrait  des  Bulletins  de  l'Académie  royale  de  Belgique ,  2e  série,  t.  xxxil, 
n°  12,  décembre  1871)  ;  tirage  à  part  en  brochure  in-8°  de  22  pages. 

Ce  mémoire  a  été  lu  sous  forme  de  discours  dans  une  réunion  solennelle  de 
la  classe  des  sciences  de  l’Académie  royale  de  Belgique.  M.  Bellynck  y  passe 
successivement  en  revue  les  principales  têtes  de  chapitres  de  la  morphologie 
végétale,  les  caractères  de  certaines  variétés  anomales  :  couleur,  consistance, 
taille,  etc.  ;  les  cas  d’atrophie,  de  balancement  organique,  de  pélorie,  de 
fasciation,  de  panachure,  de  disposition  insolite  des  organes,  etc.  A  propos  de 
la  soudure,  il  rapporte  que  cette  adhérence  anomale  peut  être  observée  entre 
végétaux  d’espèce  différente  ;  que  des  chaumes  de  Graminées  ont  porté  en 
même  temps  du  Froment  et  du  Seigle  ;  on  a  rencontré  des  plantes  moitié 
Carotte  et  moitié  Betterave.  M.  Bellynck  hésite  entre  la  soudure  congénitale 
et  l’hybridité  pour  expliquer  le  dimorphisme  des  Aurantiacées  et  d’autres 
végétaux. 

(1)  On  trouvera  encore  quelques  détails  sur  le  genre  Marsilia ,  et  comme  un  résumé 
de  ce  mémoire,  dans  une  communication  faite  par  M.  Al.  Braun  à  la  Société  des  natu¬ 
ralistes  de  Berlin  ( Sitzungslerichl  der  Gesellschaft  nalurf.  Frunde ,  1870,  p.  àti). 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


177 


M.  Bellynck  fait  observer  en  terminant  que  l’étude  des  déviations  jette  un 
jour  particulier  sur  l’organisation  normale,  et  qu’on  a  eu  tort,  en  conséquence, 
d’exclure  jusqu’ici  la  tératologie  de  nos  traités  élémentaires. 

Rc Visio  spccicrnni  HrMCfeimruiN, 

keiia»'u»n ,  JLuricutn  et  Azatenvuvn  ;  auctore  E.  Regel 

(extrait  du  Laboratoire  du  jardin  botanique  impérial  de  Saint-Péters¬ 
bourg)  ;  tirage  à  part  en  brochure  in-8°  de  6^  pages. 

Ce  sont  des  monographies,  précédées  d’une  clef  dichotomique  pour  chacune 
d’elles, que  vient  de  publier  M.  Regel.  La  synonymie  a  été  de  sa  part  l’objet 
d’indications  très-étendues.  Les  Cratœgus ,  augmentés  de  plusieurs  types 
que  les  botanistes  avaient  d’abord  adjoints  au  genre  Mespilus,  sont  au 
nombre  de  dix-huit;  aucun  d’eux  n’est  nouveau  pour  la  science.  Les  Dra - 
cœna  sont  au  nombre  de  vingt-huit  ;  nous  remarquons  parmi  eux  quelques 
nouveautés  :  D .  latifolia  Rgl,  de  l’Afrique  australe,  D.  Thwaitesii  Rgl 
(D.  elliptica  Thw.  var.),  D.  Griffithii  Rgl  (Griffith,  n°  5869).  M.  Regel  dé¬ 
crit  neuf  Horkelia,  parmi  lesquels  VH.  Tilingi  Rgl,  delà  Californie  (Tiling)  ; 
il  donne  les  deux  diagnoses  des  genres  voisins  Horkelia  Cham.  et  Schl., 
et  Ivesia  Tonv — L’auteur  énumère  enfin  quelques  Larix  et  huit  Azalea. 

L’esprit  de  réunion  des  formes  en  nombreuses  variétés  de  types  primordiaux 
paraît  avoir  présidé  à  l’élaboration  de  ces  monographies.  La  flore  japonaise  a 
fourni  plusieurs  des  espèces  qui  y  sont  étudiées. 

Dm  protoplasme.  Thèse  pour  le  doctorat  en  médecine;  par  M.  D. 

Cauvet.  In-4°  de  1U  pages,  Toulouse,  impr.  A.  Chauvin  et  fils,  1871. 

M.  Cauvet  s’est  proposé,  dans  cette  thèse,  de  résumer  les  documents  que 
possède  la  science  sur  le  protoplasma  considéré  dans  les  deux  règnes  de  la 
nature  vivante.  Il  montre  la  ressemblance  absolue  qui  existe  entre  celui  des 
animaux  et  celui  des  végétaux.  Dans  l’un  et  dans  l’autre  règne,  les  mouve¬ 
ments  sont  dus  à  la  contraction  de  cette  substance  azotée,  contraction  indé¬ 
pendante  de  l’influence  des  nerfs.  M.  Cauvet  insiste  sur  le  défaut  de  limites 
qui  puissent  séparer  l’un  de  l’autre  les  deux  règnes  organisés.  Il  ne  croit  pas 
utile  d’établir  pour  les  êtres  placés  sur  leurs  confins  réciproques,  et  remar¬ 
quables  par  un  tissu  presque  réduit  au  protoplasma,  une  troisième  division 
primaire  à  l’exemple  de  31.  Hæckel,  qui  les  a  réunis  sous  le  nom  de  Protistes. 
Il  étaye  son  opinion  sur  l’unité  du  règne  organique,  opinion  d’ailleurs  généra¬ 
lement  conçue  aujourd’hui,  en  comparant  les  effets  que  l’asphyxie  détermine 
d’une  part  sur  les  animaux,  d’autre  part  sur  les  végétaux.  La  respiration,  que 
l’on  a  trop  longtemps  considérée  chez  les  végétaux  comme  un  phénomène  de 
réduction,  est  la  même  dans  les  deux  règnes  ;  c’est  une  combustion  qui  se 
montre  avec  une  grande  énergie  chez  les  Aroïdées. 

Le  protoplasma  est  désorganisé  par  l’action  vive  et  continue  des  rayons 
T.  xvm.  (revue)  12 


17S 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


solaires.  Les  feuilles  pâlissent  au  soleil  parce  que  le  proloplasma  se  transporte 
sur  les  parois  latérales  de  leurs  cellules,  entraînant  avec  lui  la  chlorophylle. 

La  production  de  vacuoles  contractiles  chez  certains  organites  mobiles  des 
Algues  et  des  Champignons  inférieurs,  a  été  rapportée  par  M.  Hofmeister  au 
pouvoir  d'imbibition  du  proloplasma;  ces  vacuoles  se  retrouvent  avec  les  mêmes 
caractères  chez  les  Infusoires;  leur  présence  chez  les  représentants  infimes  de 
chacun  des  deux  règnes  tend  à  les  faire  regarder  comme  dues  à  une  propriété 
spéciale  des  matières  protoplasmiques  libres  et  vivantes. 

Enfin  la  diffusion  des  organites  protoplasmiques  dans  l’atmosphère  les  pré¬ 
pare  au  rôle  immense  qu’ils  exercent  dans  les  fermentations  et  dans  les  épi¬ 
démies. 


Hôtes  ou  Diatomaceœ  ;  par  M.  Arthur  Mead  Edwards  ( Proceedings 
of  the  Boston  Society  of  nalural  History ,  1870,  pp.  219-220  ;  the 
Monthly  microscopical  Journal ,  mai  1870,  pp.  249-250,  juillet  1870, 
pp.  33-40). 

Ce  mémoire  a  été  lu  devant  la  Société  d’histoire  naturelle  de  Boston,  le 
9  février  1870.  L’auteur  y  a  publié  des  faits  de  détail  observés  sur  diverses 
Diatomées  :  Bacillaria  paradoxa ,  Schizonema  Grevillei,  Homœocladia  Agar- 
dhii ,  Gomphonema  constrictum,  G.  capitatum ,  Colletonema  vulgare ,  etc.  Il 
s’agit  principalement,  dans  ces  observations,  de  la  motilité  des  Diatomées. 
M.  Edwards  a  rencontré  dans  le  même  tube  d’enveloppe  tantôt  des  Diatomées 
qu’on  regarde  comme  appartenant  à  des  genres  différents,  tantôt  des  espèces 
différentes  du  même  genre. 


Cliaracteirs  of  somc  ncw  IIci>atit»te  (mostly  north-American), 

together  with  notes  on  a  few  imperfectly  described  species;  par  M.  F. 
Austin  ( Proceedings  of  the  Academy  of  natural  sciences  of  Philadelphia , 
décembre  1869,  pp.  218-234). 


Les  espèces  décrites  ou  étudiées  à  nouveau  par  M.  Austin  sont  les  suivantes  ; 
Scapania  Peckii  Aust.  (États-Unis)  ;  Scapania  Bolanderi  Aust.  (Californie); 
Jungermannia  rigida  Aust.  (îles  Sandwich) ;  J  robusta  Aust.  (Sandwich); 
J.  coriacea  Aust.  (Sandwich);  J.  biformis  Aust.  (États-Unis);  J.  fossom- 
bronioides  Aust.  (États-Unis)  ;  J.  porphyroleuca  Nees  ;  J.  polita  Nees  ; 
J.  Wallrothiana  Nees  ;  J.  Sullivantii  Aust.  (monts  Alleghanys)  ;  J.  Ma- 
counii  Aust.  (Canada)  ;  J.  pleniceps  Aust.  (États-Unis)  ;  Lophocolea  Hallii 
Aust.  (Illinois),  L.  Macounii  Aust.  (Canada),  Gymnanthe?  Bolanderi  Aust. 
(Sandwich);  Calypogeia  bifurca  Aust.  (Sandwich)  ;  P  hysiotium  subin fatum 
Aust.  (Sandwich);  Polyotus  Pcckianus  Aust.  (île  Maurice)  ;  Sendtnera  tri - 
sticha  Aust.  (Sandwich)  ;  Phragmicoma  elongata  Aust.  (Sandwich)  ;  Phr. 
subsquarrosa  Aust.  (Sandwich);  Lejeunia?  biseriata  Aust.  (Géorgie)  ;  Frul- 
lania  saxicola  Aust.  (États-Unis,  Texas);  Fr.  Sullivantii  Aust.  (États-Unis); 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  179 

Fr .  Oafcesiana  Aust.  (États-Unis)  ;  Fr.  Bolanderi  Aust.  (Californie)  ;  Fr. 
Leana  Aust.  (États-Unis);  Fr.  Mauritiana  Aust.  (île  Maurice) ;  Fr.  orbicu- 
laris  Aust.  (Népaul)  ;  Fossombronia  cristata  Aust.  (États-Unis)  ;  Androcry- 
phœa  longiscta  Aust.  (Californie,  Texas);  Plagiochasma  erythrosperrna  Sulliv. 
(Montagnes  Rocheuses);  Fimbriaria  Bolanderi  Aust.  (Californie)  ;  F.  vesi- 
culosa  Aust.  (Japon);  Anthoceros scariosus  Aust.  (États-Unis);  Biccia  albida 
Sulliv.  (Texas)  ;  B.  arvensis  Aust.  (États-Unis)  ;  R.  Lescuriana  Aust.  (États- 
Unis)  ;  R.  Sullivantii  Aust.  (Etats-Unis)  ;  R.  tenuis  Aust.  (États-Unis)  ;  et 
autres  espèces  dont  les  attributions  génériques  sont  souvent  douteuses. 

Nous  distinguerons  tout  particulièrement,  dans  cette  suite  d’espèces,  le 
Cryptocarpus  Curtisii  Aust.  (pour  lequel  M.  Auslin  a  établi  un  nouveau  genre), 
parce  que  cette  plante  des  États-Unis  existe  aussi,  d’après  l’auteur,  à  Montaud 
près  Marseille.  Le  genre  Cryptocarpus ,  qui  tient  le  milieu  entre  les  genres 
Riccia  et  Sphœrocarpus,  présente  les  caractères  suivants  : 

«  Frons  laxe  spongioso-reticulata,  irrégularité!'  subpalmatim  lobata,  tenuis, 
epidermide  haud  distincta.  Costa  nulla.  Radices  intus  non  papillosi  (ut  in 
Sphœrocarpo ),  longissimi,  intertexti.  Fructus  in  frondis  substantia  immersus 
(ut  in  Riccia).  Sporangia  depresso-globosa,  singulatim  nata,  non  libéra.  Ca- 
lyptra  stylo  nigro  persislente  coron  ata.  Sporæ  ù-jugæ  (ut  in  Sphœrocarpo ), 
vix  solulæ,  in  aspectu  singulæ  et  profunde  quadrilobæ.  » 

Découvertes  botaniques  dans  l’Yonne  eu  1800;  par  MM.  Ra¬ 
vin  et  Moreau  ( Bulletin  de  la  Société  des  sciences  historiques  et  naturelles 
de  V  Yonne,  1870,  t.  xxiv,  2e  partie,  pp.  3640). 

Cet  article  est  une  énumération  de  localités  nouvelles.  Quelques  plantes 
aussi  ont  été  constatées  pour  la  première  fois  dans  l’Yonne  :  Dianthus  del¬ 
toïdes,  Trifolium  subterraneum,  par  M.  Prot;  Cuscuta  Trifolii ,  par  M.  Las- 
nier  ;  Lolium  arvense  Schrad.  Le  Vallisneria  spiralis ,  apparu  dans  l’Yonne 
depuis  quelques  années  seulement,  tapisse  déjà  le  canal  de  Bourgogne  et  a 
gagné  l’Yonne  jusqu’à  Joigny,  où  il  abonde. 

Blcitra^c  asnr  ISiologic  der  PfïansBen  ( Recherches  de  biologie 
végétale)  ;  par  M.  le  docteur  F.  Cohn.  lre  partie  :  in-8°  de  ivet  132  pages, 
avec  6  planches  en  partie  coloriées.  Breslau,  1870,  chez  Kern. 

Ce  livre  renferme  l’exposé  de  recherches  accomplies  au  laboratoire  de  phy¬ 
sique  végétale  de  l’université  de  Breslau. 

Il  contient  cinq  mémoires  intéressants.  Le  premier,  signé  de  Aï.  Schroter, 
est  relatif  au  genre  Synchytrium  ;  l’auteur  a  insisté  sur  la  formation  des  spores 
qui  restent  dans  la  plante  mère,  sur  celle  des  zoospores  munies  d’un  appendice 
filiforme  unique,  et  sur  l’étroite  analogie  qui  relie  le  Synchytrium ,  en  consé¬ 
quence,  au  genre  Peronospora.  Le  Synchytrium  du  Gagea  pratensis ,  que 
l’auteur  avait  auparavant  réuni*  dans  les  Comptes  rendus  de  la  Société  silésienne 


180 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

pour  la  culture  nationale ,  au  S.  lœtum ,  du  Gagea  lutea ,  est  mainte¬ 
nant  reconnu  par  lui  pour  une  espèce  spéciale,  S.  punctatum ,  n.  sp.  Le 
second  mémoire,  de  MM.  Lebert  et  Cohn,  est  relatif  au  Peronospora ,  parasite 
des  Cactées,  au  sujet  duquel  nous  renvoyons  à  ce  que  nous  avons  dit  plus 
haut  (p.  91).  Le  troisième  mémoire,  dû  à  M.  Cohn,  traite  d’un  parasite  qui 
se  rencontre  sur  la  larve  de  YAgrotis  segetum.  Cette  maladie  est  regardée  par 
l’auteur  comme  une  sorte  de  Muscardine  noire.  Le  parasite  qui  la  cause  est 
le  Tarachium  megaspermum.  Dans  une  communication  insérée  aux  Comptes 
rendus  de  la  Société  silésienne  pour  la  culture  nationale ,  20  nov.  1869, 
l’auteur  l’avait  antérieurement  décrit  comme  T.  sphœrospermum  ( Ento - 
mophthora  sphœrosperma  Fres.).  Le  quatrième  mémoire  est  de  M.  Schrôter. 
Il  traite  d’une  maladie  parasitaire  qui  affecte  les  Pandanus  cultivés,  et  qui  est 
causée  par  le  Melanconium  Pandani  Lév.  et  le  Nectria  Pandani  Tul. 
L’auteur  attribue  aux  parasites  l’origine  de  la  maladie,  que  d’autres  observateurs 
ont  attribuée  au  froid.  Enfin  le  cinquième  mémoire,  de  M.  Cohn,  a  pour 
sujet  une  production  aquatique  que  l’auteur  nomme  Crenothrix  polyspora , 
et  qui  formerait  un  nouveau  trait  d’union  entre  les  Oscillarinées  et  les  Flori- 
dées  par  l’intermédiaire  du  genre  Bangia. 

Tlic  Biattiral  History  of  t lie  Azores  or  Western  Islauds  ; 

par  M.  Frédéric  Du  Cane  Godman.  Londres,  chez  Van  Voorst,  1870. 

Ce  livre  présente  un  catalogue  complet  de  la  faune  et  de  la  llore  des  Açores  ; 
plusieurs  auteurs  y  ont  travaillé.  La  botanique  y  est  l’œuvre  presque  complète 
de  M.  Watson,  l’auteur  du  Cybele  Britannica,  qui,  en  18Û2,  a  consacré  plu¬ 
sieurs  mois  à  l’exploration  botanique  des  Açores,  et  dont  les  recherches  ont 
paru  en  partie  dans  le  London  Journal  of  Botany  en  1850,  1851  et  1856. 
M.  'Watson,  dans  son  introduction,  se  plaint  queM.  Henri  Drouet,  dans  son 
Catalogue  de  la  flore  des  Açores,  ait  répété  quelques  espèces  sous  des  noms 
spécifiques  et  même  génériques  différents  à  des  places  différentes  du  livre.  Le 
nombre  des  espèces  énumérées  dans  la  flore  est  de  quatre  cent  soixante-dix- 
huit,  dont  quarante,  dans  l’état  actuel  de  nos  connaissances,  sont  absolument 
spéciales  à  ces  îles.  Sur  les  quatre  cent  soixante-dix-huit,  il  s’en  trouve  plu¬ 
sieurs  qui  ont  été  importées  dans  les  Açores  d’Europe  ou  d’autres  pays.  Une 
plante  intéressante  de  ce  nouveau  livre  est  le  Campanula  Vidalii  AVats.,  que 
le  capitaine  Vidal  a  trouvée  uniquement  sur  un  îlot  rocheux  escarpé  sur  la  côte 
de  Florès,  au  nord  de  la  ville  de  Santa-Cruz.  M.  Hunt  l’a  ensuite  observée 
sur  les  côtes  de  Santa  Maria  et  de  San  Miguel  ;  c’est  une  acquisition  intéres¬ 
sante  pour  l’horticulture  que  cette  Campanule.  Elle  a  un  aspect  si  singulier, 
que  Sir  "William  Hooker,  avant  de  la  voir  fleurir,  l’avait  rapportée  aux  Protéa- 
cées.  Il  est  à  remarquer  que  chaque  groupe  d’îles  de  l’Atlantique  (Açores, 
Madère,  Canaries,  îles  du  cap  Verd)  a  ses  Campanulacées  spéciales. 


REVUE  RIRLIOGRAPIIIQUE. 


181 


Tlie  natural  Ilistory  of  commerce;  par  M.  John  Yeats,  vec 
l’assistance  de  plusieurs  savants.  Gassell,  chez  Peter  et  Galpin,  1870. 

Une  partie  de  ce  livre  intéressera  le  public  qui  tient  à  se  renseigner  sur  la 
nature  et  l’origine  des  produits  végétaux  qui  passent  dans  le  commerce.  L’au¬ 
teur  s’v  occupe  successivement  des  plantes  alimentaires,  et  des  plantes  em¬ 
ployées  par  l’industrie  et  par  la  médecine.  Il  décrit  succinctement  les  arac- 
tères  des  végétaux,  leur  nom  botanique  et  leur  place  dans  la  classification, 
puis  les  usages  qu’on  en  tire  et  les  caractères  de  leurs  produits. 

Flora  Caucasi  ;  auctore  F.  J.  Ruprecht  ;  pars  I  [Mémoires  de  V Aca¬ 
démie  impériale  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg ,  7e  série,  t.  xv,  n°  2); 
tirage  à  part  en  un  volume  de  302  pages,  avec  6  planches  gravées.  Saint- 
Pétersbourg,  1869. 

Ce  livre  a  été  présenté  à  l’Académie  le  12  décembre  1867,  date  réelle  par 
conséquent  de  sa  publication.  Dans  une  introduction,  l’auteur  rappelle  que 
c’est  par  ordre  de  l’Académie  de  Saint-Pétersbourg  qu’il  a  exploré  les  régions 
du  Caucase,  et  notamment  des  provinces  où  aucun  botaniste  n’avait  pénétré 
avant  lui.  Il  énumère  ensuite  les  travaux  faits  avant  lui  sur  celles  qui  avaient 
été  explorées. 

La  première  partie  du  Flora  Caucasi  s’étend  jusqu’aux  Ampélidées.  S’é¬ 
cartant  un  peu  du  plan  généralement  adopté  par  les  Aoristes,  M.  Ruprecht  s’est 
borné  à  publier  une  série  d’articles  sur  chacune  des  espèces  de  sa  flore,  dis¬ 
posés  bien  entendu  dans  l’ordre  taxonomique.  Les  descriptions  ne  sont  données 
que  dans  le  cas  où  elles  sont  nécessaires,  et  un  astérisque  indique  les  espèces 
nouvelles. 

Dans  le  fond,  M.  Ruprecht  s’est  encore  écarté  davantage  des  habitudes  de 
nos  monographes.  Pour  l’admission  du  nom  des  espèces,  il  recherche  les  noms 
antélinnéens  (1)  autant  qu’il  peut  être  sûr  de  leur  authenticité,  et  pour  la 
constitution  des  genres  il  divise  généralement  les  grands  genres  linnéens,  éle¬ 
vant  au  rang  de  genre  les  anciennes  sections  toutes  les  fois  qu’elles  présentent 
des  caractères  tranchés.  Ainsi  Y Anemone  alpina  P.  sulphurea  devient  le  Pul- 
satillalutea  Camer. ,  le  Ficaria  calthœ folia  Rchb.  non  Jord.  devient  le  Fica- 
ria  vulgaris  Ruppius,  le  Sisymbrium  Sophia  L.  devient  le  Sophia  Lobelii 
Rupr. ,  l’ Helianthemum  vulgare  Pers.  devient  1  IP.  Cordi  Lobel,  etc. 

M.  Ruprecht  s’est  préoccupé  avec  raison  des  travaux  morphologiques  faits 
sur  le  système  souterrain  de  certaines  plantes  par  M.  Irmisch  et  par  d’autres 
observateurs  ;  il  en  tient  grand  compte  dans  la  constitution  des  genres,  notam¬ 
ment  dans  les  Fumariacées.  Il  admet  comme  un  caractère  générique,  dans 

(1)  On  se  rappellera  qu’une  discussion  intéressante  s’est  jadis  élevée  au  sein  de  la 
Société  au  sujet  de  VHesperis  si/vestns  Clus.  (Voyez  le  Bullet.,  t.  XI 11 ,  p.  220,  séances). 


J  82  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE, 

les  Crucifères,  la  nervation  de  la  cloison  et  la  forme  des  poils;  même  pour 
lui  le  genre  Sisymbrium  devrait  être  restreint  aux  espèces  à  poils  simples  et 
à  feuilles  généralement  roncinées  (excl.  Descurainia ,  Sophia ,  Hugueninia , 
Arabidopsis  et  Malcolmiastrum),et  d’un  autre  côté  perdre  son  nom  pour  être 
confondu  avec  les  Erysimum ,  que  la  forme  du  fruit  11e  permet  pas  d’en  dis¬ 
tinguer,  etc.  Quelque  sentiment  qu’on  adopte  sur  les  idées  de  M.  Ruprecht  à 
cet  égard,  on  n’en  devra  pas  moins  reconnaître  que  son  livre  a  une  place  néces¬ 
saire  dans  la  bibliothèque  de  tout  phytographe  qui  s’occupera  des  plantes  de 
l’ancien  monde,  puisque  la'végétation  du  Caucase  se  relie  à  celles  de  l’Europe, 
de  l’Algérie  et  de  l’Asie. 

Des  additions  à  cette  première  partie  précèdent  les  planches,  qui  représen¬ 
tent  les  espèces  suivantes  :  Tkalictrum  triternatum ,  Ranunculus  subtilis , 

B.  suaveticus ,  li.  Baidareœ ,  R.  acutidentatus ,  Capnites  pailidiflora , 

C.  Bayerniana ,  Helianthemurn  dagestanicum ,  Alsine  imbricata ,  Dentaria 
bipinnata ,  Stellaria  Meyeriana ,  Thlaspi  pumilum ,  Fio/a  minuta  et  Zfre- 
mogone  Holostea. 

A  Unnograpli  of  tïie  RriOsli  Roses  ( Monographie  des  Bases 

d’ Angleterre)',  par  M.  J. -G.  Baker  (the  Journal  of  the  Linnean  Society, 

vol.  xi);  tirage  à  part  en  brochure  in-8°  de  2A3  pages. 

Il  y  a  environ  un  demi-siècle  que  Woods  a  publié,  dans  les  Transactions 
de  la  Société  Linnéenne  de  Londres ,  la  monographie  des  Roses  d’Angleterre 
que  vient  aujourd’hui  remplacer  celle  de  M.  Baker.  Les  travaux  poursuivis 
concurremment  dans  les  pays  voisins  par  MM.  Deséglise,  Rapin,  Du  Mortier, 
Crépin,  Ripart  et  d’autres  botanistes,  permettent  d’espérer  qu’on  arrivera 
enfin  à  une  entente  sur  la  valeur  relative  des  caractères  dans  ce  genre  si  diffi¬ 
cile.  Cependant  il  11’est  pas  probable  que  les  idées  théoriques  de  M.  Baker 
soient  acceptées  de  la  plupart  des  botanistes  européens  qui,  travaillant  en  géné¬ 
ral  sur  des  matériaux  restreints  et  locaux,  sont  portés  à  accorder  une  grande 
importance  aux  variations  de  forme.  E11  effet,  les  cinq  groupes  classiques 
reconnus  par  M.  Baker:  Spinosissimœ,  Villosœ,  Bubiginosæ,  Caninœ  et 
Systylœ,  11e  comprennent,  d’après  lui,  que  treize  espèces;  le  groupe  des 
Caninœ  est  réduit  au  seul  Bosa  canina.  Cela  n’offre  pas  dans  la  pratique  une 
très-grande  différence,  parce  que  M.  Baker  n’a  pas  dédaigné  de  descendre 
dans  l’étude  des  variétés  et  dessous-variétés,  ni  de  donner  la  synonymie  très- 
détaillée  de  chaque  forme,  signalant  même  celles  qui  11’existent  pas  en  Angle¬ 
terre.  Sa  monographie  offre  donc  un  caractère  général  qui  devra  la  faire 
prendre  en  sérieuse  considération  partons  les  botanistes  qui  s’occuperont  de  la 
flore  de  l’Europe.  Il  a  décrit  en  latin  chacun  des  treize  types  spécifiques  qu’il 
admet  et  dont  il  donne  la  géographie  générale.  Les  caractères  des  variétés  et 
les  observations  sont  présentés  en  anglais. 

Ajoutons,  puisqu’il  est  question  du  genre  Bosa.  que  M.  le  Dr  Julius  Lerch 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE, 


183 


vient  de  décrire,  sous  le  nom  de  Rosa  dichroa ,  une  espèce  nouvelle  recueillie 
dans  le  Jura  neuchâtelois.  Cette  plante  est  probablement  un  hybride  dont 
l’un  des  parents  serait  le  Rosa  pimpinelli folia  (1). 

Bcitr&gc  ztir  Eittwickeluiisgcschiclitc  dcr  Farn- 

krauter  ( Recherches  sur  le  développement  des  Fougères )  ;  par  M.  L. 

Kny  ( Pringsheim's  Jahrbücher ,  t,  vin,  lre  partie,  pp.  1-15,  avec  trois 

planches). 

M.  Kny  a  étudié  le  développement  du  proembryon  de  YOsmunda  regalis. 
Il  a  vu  que  ce  développement  s’écarte  en  quelques  points  essentiels  de  celui 
du  proembryon  des  Polypodiacées.  Chez  YOsmunda,  comme  chez  les  Equi- 
setum ,  la  racine  primaire  est  séparée  par  la  première  cloison  qui  apparaisse 
pendant  la  germination  de  la  spore,  et  la  direction  de  sa  croissance  est  oppo¬ 
sée  à  celle  du  développement  du  jeune  prothallium,  tandis  que  chez  les  Poly¬ 
podiacées  la  racine  primaire,  comme  toutes  celles  qui  la  suivront,  naît  latéra¬ 
lement. 

Chez  les  Polypodiacées  et  les  Schizéacées,  le  développement  du  proembryon 
commence  par  la  formation  d’une  série  de  cellules  simple  qui  tôt  ou  tard, 
selon  les  espèces,  se  transforme  graduellement,  vers  l’extrémité  antérieure, 
en  une  lame  de  cellules  simple.  Chez  YOsmunda ,  au  contraire,  les  cloisons 
conduisent  tout  d’abord  à  la  formation  d’une  lame.  —  L’une  des  deux  cel¬ 
lules  supérieures  du  jeune  proembryon  de  YOsmunda  devient  de  bonne 
heure  la  cellule  apicale  de  l’organe,  se  renouvelant  par  des  cloisons  qui  alter¬ 
nent  successivement  dans  deux  directions.  Chez  les  Polypodiacées,  cette  dispo¬ 
sition  ne  se  régularise  qu’à  line  période  plus  tardive  du  développement.  —  VOs- 
munda  est  caractérisé  par  la  côte  médiane  à  plusieurs  couches  qui  traverse  le 
proembryon  de  sa  base  à  son  sommet,  et  qui  est  munie  des  deux  côtés  de 
nombreux  archégones.  Le  développement  de  l’anthéridie  y  est  tout  particulier. 
Les  cellules  annulaires  qui  caractérisent  celle  des  Polypodiacées  et  des  Schi¬ 
zéacées,  et  que  M.  Kny  a  décrites  dans  un  travail  antérieur  (2),  manquent  ici 
complètement. —  Le  mode  de  formation  des  archégones  se  rapproche  dans  ses 
points  essentiels  de  celui  que  RI.  Pringsheim  a  constaté  pour  le  Salvinia.  Le 
canal  du  col  est  au  commencement  occupé  par  deux  (rarement  trois) 
cellules,  qui  ont  la  même  origine  que  la  cellule  centrale,  et  dont  les  cloisons 
transversales  se  liquéfient  à  la  maturité  de  l’ârchégone.  Il  n’y  a  point  de  vési¬ 
cule  embryonnaire  spéciale  à  l’intérieur  de  la  cellule  centrale. 

A  ces  derniers  points  de  vue,  YOsmunda  correspond  aux  Polypodiacées  ; 
cependant  ce  genre  a  en  propre  des  formations  amylacées  abondantes  dans  la 
cellule  centrale  et  dans  celles  qui  l’avoisinent  au-dessus  et  au-dessous. 

(1)  Œsterreichische  botanische  Zeitschrift,  mai  1872. 

(2)  Voy.  le  Bulletin,  t.  xvi.  Revue,  p.  198. 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


1 84 

Die  Anatomie  uinl  die  llcclianik  «1er  Spaltoffiiung  (Dis¬ 
positions  anatomiques  et  mécaniques  de  Couverture  stomatique )  ;  par 
M.  N.-J.-C.  Mliller  (Pringsheim's  Jahrbücher,  t.  vin,  pp.  75-116,  avec 
deux  planches,  1871). 

Ce  mémoire  fait  suite  à  deux  autres  que  le  même  auteur  a  publiés  anté¬ 
rieurement  dans  le  même  recueil,  et  au  sujet  desquels  on  peut  consulter  une 
analyse  publiée  dans  cette  Revue  (t.  xvji,  p.  6).  Dans  celui-ci,  M.  Müller 
s’est  occupé  principalement  de  l’action  de  la  chaleur  sur  les  fonctions  des 
stomates,  notamment  de  celle  des  variations  artificielles  et  subites  de  tempéra¬ 
ture,  ainsi  que  de  l’action  des  décharges  électriques,  et  d’expériences  manomé- 
triques.  Il  a  fait  un  très-grand  nombre  d’observations.  Il  ne  nous  semble  pas 
cependant  que  M.  Millier  ait  ajouté  beaucoup,  dans  cette  nouvelle  expression 
de  ses  idées,  aux  résultats  que  nous  avons  exposés  dans  l’analyse  à  laquelle 
nous  renvoyons,  d’après  un  résumé  publié  par  lui  dans  les  Comptes  rendus  de 
la  Société  d'histoire  naturelle  et  de  médecine  de  Heidelberg .  Cependant  il 
importe  à  nos  lecteurs  de  savoir  qu’ils  trouveront  dans  les  Annalesde,  M.  Prings- 
heim  une  exposition  plus  complète  des  idées  professées  par  M.  Mliller  sur  ce 
sujet  important. 

Itcitragc  zur  kenntniss  «les  nautgewebes  «lcr  Pflanzen 

(Recherches  sur  le  tissu  épidermique  des  végétaux )  ;  par  M.  Pfitzer  ( Prings - 
heim' s  Jahrbücher,  t.  viietvm). 

Ce  mémoire,  qui  commence  dans  le  tome  vil  des  Annales  de  M.  Pringsheim 
et  finit  dans  le  tome  vin,  se  divise  en  trois  parties.  La  première  est  intitulée 
Recherches  sur  les  stomates  des  Graminées ,  avec  quelques  remarques  sur  les 
stomates  en  général  ;  —  la  deuxième,  Sur  l'épiderme  de  quelques  Restiacées ; 
—  la  troisième,  Sur  V épiderme  à  plusieurs  couches  et  sur  l’hypoderme. 

Les  cellules  marginales  des  stomates  des  Graminées,  pendant  leur  dévelop¬ 
pement,  s’amincissent  dans  leur  milieu,  comme  si  elles  étaient  à  leur  première 
apparition.  Ce  fait,  comme  le  développement  de  cellules  accessoires,  trouve 
son  explication  dans  la  dilatation  du  parenchyme  de  la  feuille,  agissant  sur  la 
conformation  de  sa  surface.  On  remarque  en  outre  sur  beaucoup  de  Grami¬ 
nées,  particulièrement  sur  celles  qui  habitent  des  localités  sèches,  que  les 
stomates  sont  cachés  dans  des  sillons  étroits  de  la  surface  supérieure  de  la 
feuille,  sillons  qui  se  ferment  d’une  manière  plus  étroite  encore  quand  la  séche¬ 
resse  commence.  Il  se  trouve  une  organisation  analogue  chez  les  Restiacées 
qui  habitent  principalement  les  pays  privés  d’eau.  Chez  toutes  les  espèces  de 
Restiacées  du  Cap  examinées  par  l’auteur,  les  chambres  respiratoires  sont 
revêtues  intérieurement  de  cellules  libériformes  qui  ne  permettent  que  par 
d’étroites  lacunes  l’échange  des  gaz  entre  la  chambre  elle-même  et  le  système 
des  espaces  intercellulaires.  Dans  les  formes  de  la  Nouvelle-Hollande,  les  sto- 


REVUE  BTBLïOCiRAPTIïQUE. 


185 


mates  sont  situés  au  fond  de  sillons  profonds  de  la  tige,  qui  le  deviennent 
d’autant  plus,  que  la  sécheresse  est  plus  grande.  L’auteur  pense  que  ces 
défenses  contre  la  sécheresse  ont  été  progressivement  acquises  par  les  Restiacées 
dans  la  concurrence  vitale  qu’elles  ont  eu  à  soutenir  dans  le  courant  des 
siècles.  On  voit  que  la  théorie  Darwinienne  est  applicable  et  appliquée  aujour¬ 
d’hui  dans  une  grande  quantité  de  cas.  Jadis  on  aurait  rapporté  cette  struc¬ 
ture  à  des  précautions  prises  par  la  nature  pour  assurer  l’existence  de  la  plante 
dans  le  climat  où  elle  était  appelée  à  vivre. 

M.  Pfitzer,  fondé  sur  des  études  qu’il  a  faites  sur  trois  familles,  les  Figuiers, 
les  Pipéracées  et  les  Bégoniacées,  admet  que  l’épiderme,  chez  certains  genres, 
se  multiplie  par  des  cloisons  parallèles  à  la  surface  de  l’organe  qu’il  revêt.  Le 
tissu  nouveau  qui  en  résulte  se  trouve  tantôt  intérieur  ( Peperomia ,  Bégo¬ 
nia ),  tantôt  dans  les  couches  les  plus  extérieures  [Ficus).  Certains  anatomistes 
ont  appliqué  au  tissu  compliqué  qui  résulte  de  ces  modifications  le  nom  d’épi¬ 
derme  à  plusieurs  couches;  d’autres  le  nom  d’hypoderme.  M.  Pfitzer  a  reconnu 
que  le  tissu  ainsi  considéré  et  privé  de  chlorophylle  dérive,  tantôt  de  l’épi¬ 
derme,  tantôt  du  tissu  fondamental  de  l’écorce.  Il  est  par  conséquent  fort 
raisonnable  de  conserver  dans  le  premier  cas  le  nom  d’épiderme  à  plusieurs 
couches,  dans  le  second  celui  d’hypoderme.  En  tous  cas  il  existe  toujours  une 
couche  superficielle  de  nature  épidermique  ;  et  par  conséquent  les  lames 
d’apparence  épidermique  peuvent  être  homogènes  ou  hétérogènes,  selon  leur 
origine. 

Les  observations  de  M.  Pfitzer,  dont  nous  ne  pouvons  donner  ici  qu’un 
faible  aperçu,  ont  été  étendues  à  un  grand  nombre  de  familles  différentes  ;  il 
énumère,  en  terminant  son  mémoire,  les  diverses  sortes  d’épiderme  qu’il  a 
rencontrées  chez  les  plantes  examinées  par  lui. 

Soprn  alciinc  relazioni  dcgii  stomi  cou  le  glamlnlc 
ealcifere  di  alcunc  plante  ;  par  M.  G.  Licopoli  ( Bulletino  delV 
Associazione  dei  naturalisti  e  medici  per  la  mutua  istruzione,  février 
1870,  pp.  2A-26). 

Ce  mémoire  constate  chez  les  Crassulacées  la  présence  de  glandes  calcifères 
déjà  observées  chez  plusieurs  plantes  de  diverses  familles.  Quelques-unes  de 
ces  plantes  ont  ces  glandes  disposées  sur  deux  séries  marginales  le  long  des 
feuilles,  comme  le  Crassula  pellucida,  le  C.  lactea  ;  d’autres  les  ont  répan¬ 
dues  sur  toute  la  surface  des  feuilles  ( C .  arborescens ,  C .  punctata).  Autour  de 
ces  glandes,  les  stomates  sont  beaucoup  plus  petits  que  sur  le  reste  de  la 
plante.  L’auteur  insiste  sur  leur  structure  ;  ils  auraient  dans  leur  intérieur  un 
petit  canal  équivalent  au  cistoma  découvert  par  Gasparrini  sur  le  Cereus 
peruvianus,  qui,  plongé  dans  le  corps  de  la  glandule  sous-jacente,  sert  proba¬ 
blement  à  l’expulsion  de  la  matière  qu’elle  a  sécrétée.  M.  Licopoli  croit  que 


180  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

ces  faits  conduiront  à  modifier  l’idée  qu’on  se  fait  de  la  structure  et  des  fonc¬ 
tions  des  stomates. 

Sulla  structura  «lcgli  stomi  ©  <Ei  alcuuc  gland ulc  dcr- 
nioidalt  ( Sur  la  structure  des  stomates  et  de  quelques  glandes  épider¬ 
miques)  ;  par  M.  Licopoli  (ibid. ,  juillet  1870,  pp.  93-94). 

Ce  mémoire,  continuant  le  thème  indiqué  dans  le  précédent,  est  destiné  à 
mettre  en  pleine  lumière  le  cistoma  de  Gasparrini,  qui  pourrait  s’observer 
chez  plusieurs  Phanérogames  et  Cryptogames;  à  démontrer  l’épaississement 
des  cellules  semi-lunaires  qui  forment  l’ouverture  du  stomate,  à  exposer  com¬ 
ment  les  stomates  des  Marchantiacées  sont  plutôt  des  glandules  excrétoires,  et 
finalement  à  traiter  des  rapports  immédiats  qui  existent  entre  les  stomates  et 
les  cistomi,  entre  les  glandules  calcifères  et  les  glandules  nectarifères. 

Sugli  stfotnn  di  alcnnc  Passiflore  (Sur  les  stomates  de  quelques 
Passiflores)',  par  M.  Licopoli  ( ibid.,  août  1870,  pp.  122-124). 

Cette  note  est  consacrée  à  la  description  des  organes  verruqueux  qui  se  ren¬ 
contrent  à  la  surface  du  fruit  non  encore  mûr  de  quelques  Passiflores;  ce 
seraient  des  glandes  épidermiques  dans  le  milieu  desquelles  s’ouvrirait  un 
stomate  plus  grand  du  double  que  les  autres  stomates  de  la  même  plante, 
ayant  une  ouverture  arrondie  et  des  cellules  marginales  demi-circulaires. 
L’auteur  nomme  ces  organes  glandules  stomatifères. 

Sopia  alcunc  glnndule  «iclla  l'ccowirt  m  die  nas  Juss.  ed 

altre  specie  ;  par  M.  G.  Licopoli  (extrait  des  Atti  délia  Accademia  Pon- 
taniana ,  vol.  x)  ;  tirage  à  part  en  brochure  in-4°  de  12  pages,  avec  une 
planche  lithographiée.  Naples,  1870. 

Dans  ce  travail,  l’auteur  a  constaté  sur  le  limbe  du  calice  du  Tecoma  radi- 
cans  et  d’autres  espèces  du  même  genre  la  présence,  à  l’état  normal,  de  glan¬ 
dules  qui  laissent  transsuder  un  liquide  neutre  sirupeux,  dans  certains  cas  où 
il  est  très-abondant.  Il  se  trouve  dans  le  fond  de  la  glandule  une  substance 
solide  qui  fait  effervescence  au  contact  des  acides  ordinaires;  dans  les  glandes 
des  Saxifragées  et  des  Plumbaginées,  il  n’y  a  de  sécrété  que  des  matériaux 
inorganiques.  Les  glandes  du  Tecoma  sont  disposées  sans  aucun  ordre,  et  sont 
en  relation  réciproque  par  l’intermédiaire  d’un  système  spécial  de  cellules 
vasculaires,  que  l’on  peut  isoler  en  faisant  macérer  le  parenchyme  du  calice 
et  en  le  faisant  bouillir  dans  de  l’acide  nitrique  dilué.  A  l’intérieur  du  calice 
du  Tecoma ,  et  spécialement  à  sa  base,  existent  d’autres  glandules  invisibles  à 
l’œil  nu,  globuleuses,  pédicellées  et  sécrétant  un  nectar.  On  trouve  quelque¬ 
fois  un  mycélium  dans  la  cavité  des  glandules  extérieures. 

L’auteur  s’est  occupé  de  prouver  que  ce  mycélium  n’a  rien  de  commun  avec 
les  vaisseaux  anastomosés  et  très-fins  qui  réunissent  les  glandules  entre  elles. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE, 


187 


IJ11  ricordo  botanico  dcl  profcssorc  Filippo  de  Ffüppi; 

ossia  cenno  intorno  aile  piante  nate  dai  semi  da  esso  raccolti  in  Persia  e 

nella  China;  par  M.  J. -B.  Delponte  (extrait  des  Memorie  délia  Reale 

Accademia  delle  scienze  di  Torïno,  2e  série,  t.  xxvi)  ;  tirage  à  part  en 

brochure  in-4°  de  43  pages,  avec  6  planches  lithographiées. 

Feu  le  professeur  de  Filippi  avait  récolté  dans  ses  voyages  en  Perse  et  en 
Chine  des  graines  qui  ont  été  semées  au  jardin  botanique  du  Valentin.  C’est 
la  détermination  des  espèces  nées  de  ces  semences  qui  forme  le  sujet  de  ce 
mémoire.  L’auteur  les  sépare  en  trois  groupes  :  plantes  nouvelles,  plantes 
rares,  et  plantes  économiques.  Les  plantes  nouvelles  sont  les  suivantes  :  Cy- 
nanchum  De  Filippii  Delp. ,  de  Hong-Kong,  et  Cuscuta  Grasii  Delp.,  para¬ 
site  à  Hong-Kong  sur  une  espèce  d 'Atriplex.  Le  deuxième  groupe  est  formé 
des  espèces  suivantes  :  Isatis  glauca  Auch.,  des  régions  montagneuses  de  la 
Perse  ;  Silene  peduncularis  Boiss. ,  des  lieux  incultes  et  rocailleux  du  même 
pays;  Althœa  sulfurea  Boiss.  var.  (3.  sublanata  Delp.,  des  environs  de 
Téhéran  ;  Cucurbita  perennis  Asa  Gray,  du  Texas  et  de  la  Californie  ; 
Luffa  echinata  Roxb.  f3 .  obtusanyula  Help. ,  des  environs  de  Hong-Kong  ; 
Phœopappus  Aucheri  Boiss.,  de  Perse;  Pharbitis  Al  il  Choisv,  de  Hong- 
Kong;  Caccinia  strigosa  Boiss.,  de  Perse;  Amarantus  Blitum  L. ,  de 
Hong-Kong;  Rumex  olympicus  Boiss.,  de  Perse  ;  Pardanthus  sinensis  Ker. , 
de  Hong-Kong,  et  un  certain  nombre  de  Graminées  de  la  Chine. 

Dans  une  note,  l’auteur  propose  d’élever  au  rang  de  genre  Y Amarillea 
insignis  sous  le  nom  de  Defilippia.  Quant  aux  plantes  économiques  étudiées 
par  lui,  ce  sont  des  Brassica ,  le  Phaseolus  citrinus  Savi,  le  Solanum  Me- 
longena  et  des  Cucurbitacées. 

Spigolafurc  ncl  cainpo  dclla  flora  italiana  ;  par  M.  G. 

Passerini  ( Nuovo  Giornale  butanico  italiano ,  avril  18/1,  p.  167). 

Tordylium  intermedium  Pass.  —  Foliorum  lobis  abbreviatis,  omnium 
supremo  ovato-cuneato  subtrilobo;  petalis  radiantibus  inæqualiter  bilobis  ; 
fructibus  suborbicularibus  margine  incrassalo-subtuberculoso. 

Puccinia  Torquati  Pass.  —  P.  sporis  ellipticis  medio  constrictis,  brevis- 
sime  pedicellatis,  castaneo-fuscis,  episporio  crasso  verrucoso-tuberculato  ; 
acervulis  sparsis  atris  punctiformibus,  epidermide  lacerata  circumdatis.  In 
eodem  acervulo  adsunt  Uredo- sporæ  forma  variæ,  subrotundæ,  ovatæ  vel 
irregulariter  obovato-spathulalæ,  parum  numerosæ,  pallidæ,  plasmate  Hâves- 
cente  granuloso  repletæ.  —  Ce  Puccinia  a  été  rencontré  sur  les  feuilles  du 
Smyrnium  Olusatrum  en  même  temps  qu’un  OEcidium  qui  est  caractérisé 
par  l’auteur. 

M.  Passerini  s’occupe  encore  dans  ce  travail  du  Capitularia,  Linkii  et 


18S  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

du  Tulipa  Didier i  Jord. ,  auquel  il  réunit  comme  variété  le  T.  Fransoniana 

Pari. 


Illustrazionc  tli  alcunc  plante  raccolte  dal  sig.  Prof.  Strobel, 

parmense,  nel  suo  viaggio  del  passo  del  Panchonsul  versante  orientale  delle 
Andes  Chilene  ed  attraverso  la  Pampa  del  Sud,  fino  a  Mendoza  nel  territorio 
Argentino  ;  parM.  Y.  Cesati  (extrait  du  Rendiconto  délia  R.  Accademia 
delle  scienze  fîsiche  e  matematiche  di  Napoli ,  février  1871)  ;  tirage  à  part 
en  brochure  in-A°  de  22  pages,  avec  3  planches. 

M.  le  baron  de  Cesati  a  étudié  environ  cent  vingt  espèces  rapportées  de 
l’Amérique  du  Sud  par  M-  Strobel  ;  dans  ce  nombre  il  faut  citer  le  Clematis 
Strobeliana  Ces.,  voisin  du  C.  ispahanica  Boiss. ,  le  Stipa  vulpiœformis, 
un  Escallonia,  le  Hyalis  aryentea,  le  Proustia  ilicifolia  (figuré),  le  Chu- 
quiraga  unguis  Cati,  YOxalis  minutula ,  le  Malachochœte  assimilis ,  voisin 
du  Scirpus  Pseudotriqueter  Steudel,  etc. 


Icouograpliia  pliycologica  vneriiterranco-aclriatica,  etc.; 
par  M.  G.  Zanardini.  Yol.  3,  fasc.  i;  in-A°  de  36  pages. 

Les  espèces  d’AIgues  décrites  dans  ce  fascicule  sont  les  suivantes  :  Cysto- 
seira  corniculata  (Wulf.)  Zanard.,  Callithamnion  hirtellum  Zanard.,  C . 
tripinnatum  (Gratel.)  C.  Ag.,  Halyrnenia  Corinaldii  Menegh.,  Delesseria 
crispa  Zanard.,  Grateloupia  Proteus  (Kunth)  Kiitz.,  Cruoria  cruciata  (Du¬ 
four)  Zanard.,  R/dzophyllis  dentata  (Mont.)  Kiitz.,  Chœtornorpha  torulosa 
(Zanard.)  Külz.,  et  Ch.  urbica  (Zanard.)  Kütz. 

La  I\romtf9»idin€ë  Junffe»'»nanniti> ,  Lichene  délia  tribu  degli 
Endocarpi,  nuovamenle  descritta  e  figurata  ;  par  MM.  Garovaglioet  Gibelli 
( Nuovo  Giornale  botanico  italiano ,  octobre  1870,  pp.  305-308,  avec  une 
planche)  ;  tirage  à  part  en  brochure  in-8°. 

La  synonymie  de  cette  espèce  est  établie  par  les  auteurs  de  la  manière  sui¬ 
vante  :  Normandina  Junqermanniœ  Nyl.  —  Lenormandia  Jungermanniœ 
Delise.  —  L.  pulchella  Massai.  —  Endocarpon  pulchellum  Bon*.  —  Ver- 
rucaria  pulchella  Borr.  —  Sphœria  Borreri  Tulasne. 

Une  note  résumant  ce  mémoire  a  été  publiée  par  M.  Garovaglio  dans  les 
Comptes  rendus  de  l’Institut  lombard ,  seance  du  19  mai  1870. 

Geucris  Attti'aynli  spcclcs  sei'oiitogeæ  :  pars  prior  :  claves 
diagnosticæ,  présenté  le  3  octobre  1867  ;  pars  altéra  :  Specierum  enume- 
ratio  ;  auctore  Al.  Bunge  [Mémoires  de  l'Académie  impériale  des  sciences 
de  Saint-Pétersbourg,  vne  série,  t.  xi,  n°  16,  1868,  et  t.  xv,  n°  1, 1869). 

La  première  partie  renferme  la  description  du  genre  Astragalus ,  de  ses 
sous-genres  et  de  ses  sections.  Une  série  de  tableaux  dichotomiques  conduit 
ensuite  à  la  détermination  des  espèces  qui  sont  au  nombre  de  neuf  cent 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


189 


soixante  et  onze.  Or  d'après  l’auteur,  il  se  trouve  encore  environ  deux  cents 
espèces  du  genre  en  Amérique.  Une  table  alphabétique  des  espèces  renvoie 
à  la  page  et  au  numéro  où  est  énumérée  ou  décrite  chacune  d’entre  elles. 
On  regrettera  peut-être  que  l’auteur  ne  les  ait  pas  toutes  décrites  pour  faciliter 
les  déterminations.  En  tout  cas  nos  confrères  seront  heureux  de  trouver  chez 
M.  Cosson,  qui  a  acquis  l’herbier  Bunge,  les  types  de  l’auteur  russe,  qui 
a  signé  bon  nombre  des  espèces  de  sa  monographie. 

BIBLIOGRAPHIE. 

Des  limites  naturelles  des  llores  et  en  particulier  de  la  florule  locale  de 
Montpellier;  par  M.  J.-E.  Planchon  (extrait  des  Actes  du  congrès  scienti¬ 
fique ,  xxxve  session);  tirage  à  part  en  brochure  in-8°  de  7  pages.  Montpellier, 
typ.  Jean  Martel  aîné,  1871. 

Die  Fructification  von  Rhi zomorpha  Pers.  ;  par  M.  L.  Fuckel  (ibid.,  1870, 
n°  7). 

Ueber  Metzleria  alpina  Schimp.  ;  par  M.  J.  Milde  ( ibid . ,  1870,  n°  8). 

Die  erratischen  Moose  ( Les  Mousses  erratiques )  ;  par  M.  J.  Milde  ( ibid., 
1870,  nos  9  et  10). 

Analecta pteridographica  ;  par  M.  Kuhn  [ibid.,  1870,  n°  9).  Cette  note 
concerne  le  Lomaria  pedunculata  Goldm. 

Entwickelungsgeschichte  der  Empusa  Muscœ  und  Empusa  radicans  ;  par 
M.  Oscar  Brefeld  (ibid.,  1870,  nos  11  et  12). 

Ueber  Anomodon  apiculatus  Bruch  et  Sch.  im  Rhôngebirge  ;  par  M.  Adel- 
bert  Geheeb  {ibid.,  1870,  n°  11). 

Specie  e  varietà  da  aggiungere  alla  flora  sarda  ;  par  M.  Gennari.  Ca- 
gliari,  1870. 

Verzeichniss  der  botanischen  autoren  für  Botaniker,  Freunde  der  Pflanzen- 

t 

kunde  und  für  Gartner  {Enumération  des  auteurs  de  publications  botaniques 
pour  les  botanistes ,  les  amateurs  et  les  jardiniers)  ;  par  M.  Car.  Salomon 
(extrait  du  Gartenflora  de  1870)  ;  tirage  à  part  en  brochure  in-8°  de  72  pages. 

Plantæ  phanerogamæ  marinæ,  quas  Cl.  Odoardus  Beccaii  in  archipelago 
Indico  annis  1866  et  1867,  et  in  mari  Rubro  anno  1870  collegit,  enumeratæ  ; 
auctore  P.  Ascherson  {Nuovo  Giornale  botanico  italiano ,  novembre  1871, 
p.  299).  —  Une  seule  espèce  est  nouvelle  dans  ce  travail,  VHalophila  Bec - 
carii  Asch. ,  de  Bornéo. 

Studi  sulle  Alghe  italiche,  ordine  delle  Gigartinee,  auctore  F.  Ardissone 
{ibid.,  p.  303). 

Dioscorea  retusa  Mast.,  n.  sp.  ( Gardeners ’  Chronicle ,  1871,  p.  1149). 
Cette  espèce  est  de  l’Afrique  australe,  Burke  n°  266. 

Sexual  law  in  lhe  Coniferæ  ;  par  M.  Thomas  Meehan  (Proceedings  of  the 
\cademy  of  natural  sciences  of  Phüadelpjhia ,  1869,  pp.  121-122). 


J  90 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Des  effets  de  l’hiver  1870-71  au  Jardin  des  plantes  de  Toulouse,  et  de  l'ac¬ 
climatation  ;  par  M.  D.  Clos  ( Annales  de  la  Société  d'horticulture  de  la 
Haute-Garonne ,  juillet-août  1871). 

Vegetaiions-Skizzen  vom  Bahr-el-Ghazal  (Esquisse  de  la  végétation  de 
Bahr-el-Ghazal );  par  M.  G.  Schweinfurth  (Botanische  Zcitung,  1871,  n°  6). 
Ce  travail  est  suivi  de  la  description  de  deux  espèces  nouvelles,  Lagarosiphon 
SchweinfurthiiC^.  et  Adiantum  Schweinfurthii  Kuhn. 

Neucre  Nachrichten  ueber  Bidens  radicitus  Thuill.  ( Nouvelles  recherches 
sur  le  —  )  ;  par  M.  P.  Ascherson  ( Botanische  Zeitung ,  1870,  nos  7  et  8). 

Ueber  eine  merkwurdige  Form  von  Godetia  Cavanillesii  Spach  ( Sur  une 
forme  remarquable  du  — );  par  M.  II. -A.  Philippi  ( ibid 1870,  n°  7). 

Hieracium  albinum  Fries,  auctore  Jos.  Knaf  (  Verhandlungen  des  botani- 
schen  Vereins  fur  die  Provinz  Brandenburg,  1870,  pp.  87-88.) 

Nachschrift  (  Addition  au  mémoire  précédent)  ;  par  M.  Lad.  Celakovskv 
(ibid. ,  pp.  88-92). 

Ueber  Elodea  canadensis  Rich.  im  unteren  Oderlauf  und  ihr  Zusaminen- 
Ireffen  mit  Hydrilla  dentala  Casp.  (L’Elodea  dans  le  cours  inférieur  de  l'Oder 
et  sa  rencontre  avec  /’Hydrilla);  par  M.  C.  Sechaus  (ibid. ,  pp.  92-10  J). 

Beitràge  zur  màrkischen  Laubmoos  Flora  ( Recherches  sur  les  Mousses  de  la 
Marche  de  Silésie)  ;  par  M.  C.  AYarnstorf  (ibid. ,  pp.  117-125). 

Botanische  AVahrnehmungen  in  Paris  im  april  und  mai  1870  ;  par  M.  P. 
Ascherson  (ibid. ,  pp.  116-150)  (1). 

Ueber  die  Saamentràger  bei  Passiflora  quadrangularis  (Des  placentas 
du  P.  quadrangularis)  ;  par  M.  Schullz-Schultzenstein  (ibid.,  11A-117,  avec 
une  planche. 

Fi  lices  javanicœ;  auctore  M.  Kuhn  (Annales  Muse  i  lugduno-batavi ,  t.  iv, 
fasc.  ix  et  x).  Ce  travail  très-soigné  comprend  le  genre  Lindsaya ,  classé 
d’après  les  caractères  des  spores,  et  les  suivants,  dans  l’ordre  aussi  qu’adop¬ 
tait  Mettenius  :  Adiantum ,  Cheilanthes ,  Gymnogramme ,  Woodwardia , 
Doodya ,  Blechnum ,  Didymochlœna ,  Peranema ,  Nephrolepis ,  Dav allia, 
Dennstœdtia ,  Microlepia ,  Saccoloma ,  Cystodium ,  Plagiogyria ,  Cibotium , 
Dicksonia ,  Acrostichum ,  Chrysodium,  Lomariopsis ,  Pohybotrya ,  Leptochi - 
lus ,  Dryostachyum ,  Teratophy l lum  Mett.  nov.  gen.  (Lomaria  aculeata Bl.), 
Lygodium,  Schizœa ,  Osmunda,  Marattia,  Kaulfussia ,  Angiopteris. 

Observationesde  Urticeis  quibusdam  et  de  Fatoua,  auctore  F. -A. -G.  Miquel 
(îô/tf.,  fasc*  x,  pp.  301-308). 

Die  Farbenwandlung  der  Blüthen  (La  modification  de  couleur  des  fleurs)  ; 
par  M.  S.  Reissek  (Œsterreichische  botanische  Zeitschrift,  septembre  1870, 
pp.  257-266). 

(1)  Ceux  qui  pourront  lire  ces  notes  de  voyage  écrites  au  courant  de  la  plume  par 
M.  Ascherson  y  trouveront  avec  intérêt  l’appréciation,  faite  par  un  Allemand,  de  la  ma¬ 
nière  dont  la  botanique  est  représentée  et  enseignée  à  Paris. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  191 

Ueber  einige  Arten  der  Gattung  Melampyrum  ( Sur  quelques  espèces  du 
genre  Melampyrum)  ;  par  M.  A.  Kerner  ( ibid :,  pp.  266-273). 

Albuca  abyssinien  Welw.  ( Gardeners ’  Chronicle ,  1872,  n°  12). 

On  the  production  of  bractea  in  Larix  ;  par  M.  Th.  Meehan  ( Proceedings 
of  the  Academy  of  natural  sciences  of  Philadelphia,  1869,  pp.  176-178). 

The  law  of  development  in  the  flowers  of  Ambrosia  artemisiœ  folia 
[Loi  du  développement  des  fleurs  de  l’A.  artemisiæfolia)  ;  par  M.  Thomas 
Meehan  (ibid.,  pp.  189-190). 

Bidrag  till  kânnedom  af  Finska  vikens  ovegetation  ( Recherches  sur  la  végé¬ 
tation  de  la  Finlande)',  par  M.  M.  Brenner  ( Notiser  ur  Sallskapets  pro 
fauna  et  flora  fennica  Fôrhandlingar ,  1871,  pp.  1-38).  —  Florule  énumé¬ 
rant  cinq  cent  quatre-vingt-treize  Phanérogames  et  dix-neuf  Cryptogames, 
plus  un  appendice  ;  une  addition  à  ce  travail  se  trouve  pp.  UU5-UU9  du 
volume. 

Bidrag  till  Sydostra  Tavastlands  flora  ( Recherches  sur  la  flore  sud-orien¬ 
tale  du  district  de  Tavast)  ;  par  M.  J. -P.  Norrlin  (ibid.,  pp.  73-196). 

Monographia  Ascobolorum  Fenniæ  ;  auctoreP.-A.  Karsten  (ibid.,  pp. 197- 
210).  —  Vingt-deux  espèces  sont  décrites  dans  cette  monographie,  dont  l’au¬ 
teur  ne  nous  paraît  pas  avoir  eu  connaissance  de  celle  de  M.  Boudier. 

Symbolæ  ad  mycologiam  fennicam;  auctore  P. -A  Karsten  (ibid.,  pages 
211-268). 

Lichenes  rariores  circa  Musliala  lecti  ;  par  lM.  H.  A.  Kullhem  (ibid., 
pp.  269-276).  —  Plusieurs  espèces  nouvelles  :  Lecanora  Tilasii,  Bacidia 
tenella,  B.  sparsa,  Bilimbiapallens,  Biatora  humida,  B.  betulicola. 

NOUVELLES. 

(Juin  1872.) 

M.  G. -A.  Barbaglia  s’est  occupé  depuis  quelque  temps  de  l’extraction 
des  alcaloïdes  renfermés  dans  les  feuilles  du  Buis.  La  buxine  se  retire,  par 
diverses  manipulations  chimiques  appropriées,  du  précipité  complexe  qu’on 
obtient  en  traitant  le  décocté  sulfurique  des  feuilles  et  des  ramuscules  verts  de 
Buis  par  le  carbonate  de  soude. 

—  Parmi  les  questions  mises  au  concours  par  la  classe  des  sciences  de 
l’Académie  royale  de  Belgique  pour  1873,  se  trouve  la  question  suivante  : 

Faire  un  exposé  des  connaissances  acquises  sur  les  relations  de  la  chaleur 
avec  le  développement  des  végétaux  phanérogames,  particulièrement  au  point 
de  vue  des  phénomènes  périodiques  de  la  végétation,  et,  à  ce  propos,  discu¬ 
ter  la  valeur  de  l’influence  dynamique  de  la  chaleur  solaire  sur  l’évolution  des 
plantes. 


192 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


—  M.  Schweinfurth  est  de  retour  de  ses  voyages  dans  le  pays  des  Niam- 
Niam  et  dans  les  contrées  voisines  en  Éthiopie.  Il  paraît  qu’un  incendie  a  bien 
malheureusement  consumé  une  grande  partie  de  ses  dernières  récoltes  d’his¬ 
toire  naturelle. 

—  On  a  annoncé  il  y  a  quelques  mois  la  mort  du  colonel  Chesney,  décédé 
dans  un  âge  très-avancé.  C’est  ce  voyageur  qui  avait  fait  sur  les  bords  de  l’Eu¬ 
phrate  un  voyage  botanique  dont  les  récoltes  ont  été  déterminées  par  Bertoloni 
dans  ses  Miscellanea  botanica. 

—  L’Académie  des  sciences  et  belles-lettres  de  Caen  a  mis  au  concours 
l’étude  Du  rôle  des  feuilles  dans  la  végétation.  Elle  demande  non  pas  un 
simple  exposé  de  l’état  actuel  de  la  science,  mais  des  expériences  précises  et 
des  faits  nouveaux  propres  à  éclairer,  infirmer,  confirmer,  modifier  les  points 
douteux  dans  les  théories  actuellement  admises.  Le  prix  est  de  quatre  mille 
francs .  Les  mémoires  devront  parvenir  à  M.  Travers,  secrétaire  de  l’Aca¬ 
démie  avant  le  1er  janvier  1876. 

—  M.  P.  Lévy  a  adressé  il  y  a  quelques  mois  à  M.  Eug.  Fournier  un 
nouvel  envoi  de  plantes  du  Nicaragua.  11  s’y  trouve  un  grand  nombre  de  Fou¬ 
gères,  dont  plusieurs  nouvelles.  Ces  plantes  sont  actuellement  en  distribution 
au  même  prix  que  les  précédentes. 

—  Il  vient  de  se  former  à  Barcelone  une  Société  de  botanique  destinée 
principalement  à  l’échange  des  plantes,  et  dont  le  secrétaire  estl).  Juan  Mont¬ 
serrat  v  A  relis. 

—  M.  le  docteur  Herrich  Schâfer  a  quitté,  pour  raison  de  santé,  la  direction 
du  journal  de  Ratisbonne  Flora  ;  il  a  été  remplacé  par  M.  le  docteur  Singer. 

—  Le  livre  de  M.  Prior  sur  les  noms  populaires  des  plantes  d’Angleterre  a  eu  . 
avant  la  guerre  les  honneurs  d’une  seconde  édition  :  On  the  popular  names 
of  British  plants ,  Williams  et  Norgate,  1870.  Nous  recommandons  ce  livre, 
dont  la  première  édition  a  été  signalée  il  y  a  plusieurs  années  dans  cette  Revue , 

â  ceux  de  nos  confrères  qui  aiment  à  étudier  les  questions  de  linguistique  que 
soulève  la  nomenclature  botanique. 

—  M.  E.  Bommer  a  été  nommé  récemment  professeur  de  botanique  à 
l’université  de  Bruxelles. 

—  L’enseignement  de  la  botanique  à  l’université  allemande  de  Strasbourg 
est  confié  à  M.  le  comte  de  Solms-Laubach  ;  M.  le  Dr  Schmitz,  de  Saarbrück, 
est  attaché  au  laboratoire  de  botanique.  On  assure  que  M.  De  Bary  doit  être 
appelé  à  la  direction  du  Jardin  botanique  de  Strasbourg. 

L)r  Eugène  Fournier. 


taris.  —  Imprimerie  de  E.  Martinet,  rue  Miynou,  2. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 

(NOVEMBRE-DÉCEMBRE  1871.) 


N.  B.  —  On  peut  se  procurer  les  ouvrages  analysés  dans  cette  Revue  chez  M.  F.  Savy,  libraire  de  la 
Société  botanique  de  France,  rue  Hautefeuille,  24,  à  Paris. 


Le  Jardin  fruitier  du  Muséum,  ou  Iconographie  de  toutes  tes 

espèces  et  variétés  d’arbres  fruitiers  cultivées  dans  cet  établissement,  avec 

leur  description,  leur  histoire,  leur  synonymie,  etc.;  par  M.  J.  Decaisne. 

Paris,  chez  Firmin  Didot  frères,  fils  et  Cie. 

M.  Decaisne  a  terminé  la  monographie  des  espèces  et  des  variétés  de  Poirier 
qu’il  avait  commencée  il  y  a  vingt  ans,  et  en  retournant  l’épigraphe  empruntée 
à  Phèdre  qu’il  a  mise  en  tête  de  son  livre,  il  est  juste  de  dire  «  Labori  faber 
non  defuit  »,  vérité  que  l’importance  du  travail  accompli  met  au  dessus  de 
tout  éloge. 

Les  dernières  livraisons  du  Jardin  fruitier  parues  depuis  que  nous  n’avons 
parlé  de  cet  ouvrage  doivent  être  mises  au  commencement  du  livre.  Elles  ren¬ 
ferment  :  une  introduction;  l’étude  organographique,  analyse  sur  laquelle  doit 
s’appuyer  la  connaissance  précise  du  genre  Pirus ,  auquel  certains  botanistes 
continuent  d’assimiler  d’autres  types  ;  l’étude  des  maladies  du  Poirier;  l’énu¬ 
mération  des  Poiriers  à  cidre  cultivés  dans  les  différentes  provinces  de  France, 
classés  par  ordre  alphabétique;  la  table  des  poires  publiées;  la  description  des 
espèces  admises  par  les  botanistes,  et  la  description  horticole  des  variétés  du 
groupe  Sauger. 

Dans  son  introduction,  M.  Decaisne  a  étudié  la  question  de  l’espèce  à 
propos  des  Poiriers.  C’est  un  sujet  qu’il  a  déjà  traité  il  y  a  plusieurs  années 
devant  l’Académie  des  sciences  (1),  et  ses  opinions  à  cet  égard  sont  déjà  con¬ 
nues  de  la  plupart  de  nos  lecteurs  :  l’espèce  se  présente  à  lui  sous  des  aspects 
très-divers,  tantôt  resserrée  entre  d’étroites  limites,  tantôt  polymorphe  et  pour 
ainsi  dire  divisible  à  l’infini.  La  nature  a  divisé  une  espèce  principale  en 
espèces  secondaires  qui,  soumises  elles-mêmes  à  l’action  modificatrice  de  la 
culture,  et  conservant  encore  un  reste  de  la  plasticité  primordiale,  seraient 
devenues  les  souches  de  nos  races  ou  variétés  actuelles,  toujours  plus  multi¬ 
pliées  dans  la  succession  des  siècles,  mais  toujours  aussi  incapables  de  se 
changer  les  unes  dans  les  autres  qu’une  espèce  proprement  dite  (Pirus  Malus, 

(1)  Comptes  rendus ,  1863,  t.  lvu,  p.  6,  et  Bulletin ,  t.  x,  p.  MiO. 

T.  XVIII.  (REVUE)  13 


19A 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Persica  Amygdalus  Decne,  Cerasus  Prunus  Decne),  un  genre  ( Cydonia 
Pirus  Decne),  une  famille  même  sont  incapables  de  se  transformer  en  d’autres 
espèces,  d’autres  genres,  d’autres  familles.  Plusieurs  siècles  d’observation  ont 
déjà  démontré  que  les  Pomacées  de  nos  vergers  se  divisent  en  groupes  natu¬ 
rels  que  le  vulgaire  désigne  par  les  noms  de  Poiriers,  Pommiers,  Cognassiers, 
Néfliers,  Sorbiers,  etc.  Il  devient  chaque  jour  plus  évident  pour  l’auteur  que 
ces  genres  sont  radicalement  distincts,  et  que  leur  diversité  de  structure  se 
confirmera  de  plus  en  plus  par  de  nouveaux  caractères,  indiquant  leur  sépa¬ 
ration  naturelle  en  groupes  de  mieux  en  mieux  définis,  en  même  temps  qu’on 
verra  se  multiplier  leurs  types  spécifiques.  Réunir  aujourd’hui  en  un  seul  type 
générique  le  Pommier,  le  Poirier,  le  Cognassier  et  le  Sorbier,  ainsi  que  le 
faisait  Linné,  ce  serait  méconnaître  les  lois  sur  lesquelles  s’appuie  la  méthode 
naturelle.  On  11e  conçoit  pas,  en  effet,  comment  après  avoir  réuni  générique¬ 
ment  des  plantes  qui  diffèrent  par  la  nature  de  leur  tissu  ligneux,  par  la  ver¬ 
nation  des  feuilles,  par  l’inflorescence,  par  l’estivation  de  la  corolle,  et  enfin 
par  la  structure  du  fruit,  011  n’a  pas  été  logiquement  conduit  à  faire  un  seul 
genre  de  toutes  les  Pomacées. 

Voici  comment  M.  Decaisne  divise  l’unique  espèce  qui  embrasse  à  ses  yeux 
tous  les  Poiriers  connus  : 

1°  Race  celtique  :  foliis  floralibus  glabris,  circinatis  v.  ovatis  v.  ovato-cor- 
datis,  integris  v.  crenulatis  :  fructibus  sæpius  fasciculatis,  parvis,  globosis 
v.  subturbinatis,  longe  pedunculatis,  calyce  deciduo  umbilicatis,  fuscis  :  Pirus 
cordata  Desv.  {P.  commuais  \ ar.  azarolifera  DR. ,  P.  Boissieriana  Boiss.  et 
Buhse),  P.  longipes  Coss.  DR. 

2°  Race  germanique  :  foliis  floralibus  subtus  plus  minusve  arachnoideo- 
villosis,  ovatis  v.  cordatis  v.  circinatis,  crenatis,  fructibus  sæpius  solitariis 
geminis  ternisve,  globosis  v.  turbinatis,  viridibus,  fuscis,  maculatis,  calyce 
sæpius  coronatis  :  Pirus  commuais  L.  ( Achras  et  Piraster). 

3°  Race  hellénique  :  foliis  floralibus  glabris  v.  subtus  tomentosis,  ovatis 
v.  oblongis  v.  linearibus,  integris  v.  dentalis  ;  fructibus  globosis  v.  turbinatis, 
solitariis  geminisve,  pedunculo  crassiusculo,  viridibus  fusco-maculatis  :  Pirus 
parviflora  Desf.  (P.  amygdaliformis  Vill.),  oblongifolia  Spach,  Bourgœana 
Decne,  syriaca  Boiss.,  glabra  Boiss.,  Bovecina  Decne  (P.  angusti folia 
Decne  non  Aiton),  sinaica  Thouin  {persica  Pers.  ). 

lx°  Race  politique  :  foliis  floralibus  adultisque  tomentosis  v.  sericeis,  ovato- 
oblongis  v.  linearibus;  fructibus  solitariis  geminisve,  pedunculo  crassiusculo, 
rotundis  v.  turbinatis,  viridibus  fusco-maculatis,  calyce  coronatis:  Pirus  elæa- 
gai  folia  Pall.,  Kotschyana  Boiss.,  Michauxii  Bosc,  nivalis  Jacq.  ( salvifolia 
DC.),  canescens  Spach,  salicifolia  Pall. 

5°  Race  indique  :  foliis  floralibus  glabris  v.  pubescentibus,  adultis  ovatis 
v.  ovato-lanceolalis,  acuminatis*  crenatis  ;  fructibus  solitariis  geminisve,  rotun¬ 
dis  v.  turbinatis,  viridibus,  lævibus  v.  verrucoso-punctulatis,  calyce  deciduo 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  195 

umbilicatis,  3-5-locularibus  :  P.  Paschœ  Don,  Kumaoni  Decne,  Balansœ 
Decne,  Jacquemontiana  Decne,  Calleycina  Decne,  betulœ folia  Bunge. 

6°  Race  mongolique  :  foliis  floralibus  glabrisv.  puberulis,  circinatis  v.  ova- 
lis,  margine  acutissime  serratis,  longe  petiolatis  ;  fructibus  sæpius  solitariis, 
globosis  v.  turbinalis,  calyce  deciduo  umbilicatis,  junioribus  sæpius  longe 
pedunculatis  :  Piras  sinensis  Lindl.  (P.  ussuriensis  Maxim.),  et  varietates 
Japonicæ  hortenses. 

Ajoutons  que  le  P iru s  indica  Wall,  doit,  d’après  M.  Decaisne,  devenir  le 
type  d’un  genre  nouveau. 

M.  Decaisne  a  présenté  à  l’Académie  des  sciences  (Comptes  rendus ,  1871, 
t.  lxxiii,  pp.  1139-1 1AA)  le  résumé  de  ses  Observations  sur  les  Pomacées. 

Il  insiste  fortement  sur  la  nécessité  de  séparer  en  genres  distincts  les  Pommiers, 
les  Cognassiers,  les  Sorbiers,  les  Poiriers,  les  Aubépines,  etc.  I  lue  suffit  pas, 
dit-il  à  propos  de  cette  classification,  d’imaginer  des  affinités  en  combinant 
théoriquement  certains  caractères  auxquels  on  attribue  à  priori  plus  ou  moins 
de  valeur  ;  l’observateur  superficiel  n’aperçoit  pas  les  différences  et  les  excep¬ 
tions;  mais  cette  uniformité  apparente  se  convertit  presque  toujours,  au  con¬ 
traire,  en  une  prodigieuse  variété,  aux  yeux  de  celui  qui  observe  les  objets 
avec  une  attention  scrupuleuse. 

Sa  première  observation  porte  sur  le  caractère  tiré  de  l’estivation  qui  per¬ 
met  de  séparer  nettement  les  Cydonia  des  Chœnomeles  (  Cognassier  du 
Japon).  Cette  estivation  est  tordue  dans  le  premier  avec  des  fleurs  icosandres, 
tandis  qu’elle  est  imbriquée  dans  le  second,  dont  les  fleurs  sont  polyandres  ;  si 
l’on  ajoute  à  ces  caractères  d’estivation,  considérés  jusqu’ici  comme  de  pre¬ 
mière  valeur,  ceux  tirés  de  la  forme  du  calyce,  de  la  nature  du  fruit,  du  port 
très-différent  des  deux  arbustes,  on  reconnaîtra  la  nécessité  de  maintenir 
séparés  génériquement  ces  deux  types. 

Le  Mespilus  et  les  Cratœgus  ont  présenté  à  i\l.  Decaisne  un  caractère  par¬ 
ticulier  qu’il  n’a  point  encore  vu  signalé.  Ce  caractère  consiste  dans  la  défor¬ 
mation  constante  de  l’un  des  ovules,  qui  prend  la  forme  d’un  véritable  pédicelle 
coiffant  l’ovule  normal  et  s’appliquant  exactement  sur  la  chalaze.-—  Le  Buisson- 
ardent,  tour  à  tour  ballotté  entre  les  Cotoneaster,  les  Mespilus  et  les  Cratœgus , 
se  distinguera  de  ces  genres  par  la  position  des  cotylédons  relativement  au  raplié 
(voy.  le  Bull.  t.  xvm,  p.  177).  —  Le  caractère  tiré  de  la  vernation  des 
feuilles  permet  de  distinguer  avec  la  plus  grande  facilité  les  Sorbiers  des  Poi¬ 
riers.  —  Les  anthères  des  Pommiers  sont  toujours  de  couleur  purpurine,  et 
celles  des  Poiriers  toujours  blanches  ou  jaunâtres*  —  La  pulpe  des  fruits  de 
chacun  des  genres  de  Pomacées  présente  des  différences  tellement  constantes, 
que  l’examen  des  éléments  anatomiques  de  cette  partie  charnue  suffit  seul  poul¬ 
ies  caractériser. — La  forme  des  pétales  pourra  être  prise  en  considération  pour 
séparer  les  Photinia  des  Eriobotrya. 

Dans  un  autre  mémoire  qu'il  prépare  sur  l’ensemble  des  Rosacées,  M.  De 


19(5  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

caisne  se  propose  de  démontrer  que  plusieurs  genres  qu’on  a  récemment 
associés  à  cette  famille  doivent  en  être  absolument  éloignés,  et  que  les  Stylo - 
basium  et  Lecostemon  sont  voisins  des  Phytolaccées  et  des  Nvctaginées  et  non 
des  Rosacées -Ghrysobalanées. 

Il»  nu  cl  «le  l’amateur  tics  jardins  ,  traité  général  d’horticul¬ 
ture;  par  MM.  J.  Decaisne  et  Ch.  Naudin.  Ouvrage  accompagné  défigurés 
dessinées  par  A.  Riocreux,  gravées  par  F.  Leblanc.  Tome  iv,  in-8°  de 
657  pages.  Paris,  chez  Firinin  Didol,  1872. 

Ce  volume  termine  l’ouvrage  de  MM.  Decaisne  et  Naudin.  Il  renferme  la 
culture  des  légumes  et  des  arbres  fruitiers  de  pleine  terre,  ainsi  que  celle  des 
plantes  alimentaires  de  serre  chaude.  La  première  partie  est  divisée  en  quatre 
chapitres,  qui  traitent  :  1°  de  l’établissement  et  des  principes  de  culture  du 
jardin  potager  ;  2°  des  légumes-racines  ;  3°  des  légumes  herbacés  ;  des  légu¬ 
mes-fruits  (cucurbitacés,  solanés,  siliqueux  et  Champignons).  La  deuxième 
partie  est  consacrée  aux  fruits,  classés  ainsi  :  petits  fruits  bacciformes,  fruits 
drupacés,  et  fruits  à  pépins. 

Parmi  les  articles  les  plus  intéressants,  dont  le  choix,  on  le  comprendra  sans 
peine,  est  difficile  à  faire,  nous  devons  citer  :  celui  des  Ignames,  dont  l’emploi 
agricole  paraît  devoir  être  restreint  à  la  production  de  fourrage  dans  les  terres 
sablonneuses  infertiles,  même  pour  le  Dioscorea  Decaisneo.nci ,  bien  que  ses 
tubercules  soient  arrondis  et  demeurent  à  fleur  de  terre;  —  celui  des  légumes 
cucurbitacés,  qui  doit  une  valeur  spéciale  aux  observations  de  M.  Naudin,  et 
qu’il  importe  d’autant  plus  de  citer  que,  malgré  la  date  un  peu  ancienne  déjà 
de  ces  observations,  la  plupart  des  traités  de  jardinage  continuent  à  confondre 
les  espèces  et  les  variétés  de  Courges  ;  —  l’étude  du  Poirier  et  de  ses  différentes 
espèces,  qui  retire  une  valeur  considérable  des  longs  travaux  de  M.  De¬ 
caisne  ;  —  celle  des  Figuiers  ;  —  celle  des  Hespêridées,  etc.,  etc. 

M.  Decaisne  fait  observer,  à  propos  du  Poirier,  que  l’expression  de  variétés 
appliquée  aux  arbres  fruitiers  cultivés  est  tout  à  fait  impropre.  Il  n’y  a  en  effet 
parmi  eux  que  des  formes  individuelles,  des  variations  sans  consistance,  que 
la  greffe  seule  peut  conserver,  et  non  pas  des  races  fixées.  C’est  par  abus  de 
langage  qu’on  en  fait  des  variétés,  et  c’est  sur  cet  abus  de  langage  que  roule, 
en  partie  du  moins,  la  discussion  qui  s’est  élevée  entre  nos  pomologistes  mo¬ 
dernes  sur  la  question  de  savoir  si  les  variétés  de  Poirier  dégénèrent  ou  ne 
dégénèrent  pas  en  vieillissant. 

M.  Decaisne  donne  la  description  de  quatre-vingt-six  poires  choisies  parmi 
les  plus  recommandables.  La  taille  et  la  culture  du  Poirier  sont  l’objet  des 
détails  nécessaires,  ainsi  que  la  récolte  et  la  conservation  des  fruits;  vient 
ensuite  l’étude  des  maladies  du  Poirier  et  des  insectes  qui  en  causent  quel¬ 
ques-unes,  du  Rœstelia  cancellata  et  du  Podisoma,  etc. 

Nous  devons  signaler  aux  amateurs  l’Oranger  du  Japon,  Citrus  japonica > 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


197 


qui  supporte  12  à  15  degrés  au-dessous  de  zéro  à  Shang-haï,  et  qui  doit  réus¬ 
sir  parfaitement  dans  nos  régions  méridionales,  probablement  même  en  dehors 
de  la  région  restreinte  de  l’Oranger.  Le  fruit  est  une  très-petite  orange  mûris¬ 
sant  en  décembre  et  janvier,  et  dont  la  pulpe  est  alors  douce  et  sucrée,  et  la 
peau  si  fine,  qu’on  ne  se  donne  pas  la  peine  de  l’enlever.  On  trouvera  avec 
intérêt,  dans  le  chapitre  consacré  aux  Hespéridées,  des  détails  sur  la  culture 
artificielle  des  Orangers,  entreprise  sur  une  échelle  remarquable  par  MM.  Bec¬ 
querel  à  Châtillon-sur-Loing. 

Nous  engageons  vivement  les  personnes  qui  liront  ces  lignes  à  parcourir  le 
livre  que  nous  venons  d’analyser.  Les  matières  dont  il  traite  sont  choses  qu’on 
croit  connaître  et  que  l’on  connaît  parfois  fort  imparfaitement  ;  et  il  arrive  trop 
souvent  à  un  botaniste  honoré  de  ce  nom,  dans  ses  relations  journalières,  de 
rester  court  quand  on  le  questionne  sur  un  sujet  d’horticulture  ou  sur  le 
nom  d’un  fruit  de  table. 

mémoire  sur  la  moelle  des  plantes  ligneuses  ;  par  M.  A. 

Gris  [Nouvelles  Archives  du  Muséum ,  t.  vi,  pp.  201-302,  avec  9  planches 

gravées  renfermant  quatre-vingt-seize  figures  dessinées  à  la  chambre  claire 

par  l’auteur). 

Ce  mémoire  est  divisé  en  cinq  chapitres.  Le  premier  concerne  les  Réser¬ 
voirs  de  substances  nutritives  dans  les  axes  végétaux.  Le  deuxième  contient  le 
Résumé  historique  des  connaissances  successivement  acquises  sur  le  sujet.  Le 
troisième  est  consacré  à  l’exposé  de  la  Structure  générale  de  la  moelle  dans 
les  diverses  régions  de  l’axe  végétal.  Le  quatrième  traite  de  Y  Anatomie  com¬ 
parée  de  ce  tissu  dans  diverses  familles  végétales  et  de  ses  applications  à  la 
botanique  phytographique.  Enfin  le  cinquième  a  rapport  à  la  vitalité  du  sys¬ 
tème  médullaire  et  aux  mouvements  des  matières  nutritives  qu’il  contient. 

Le  premier  chapitre  contient  le  résumé  de  communications  faites  à  l’Aca¬ 
démie  des  sciences  dans  les  séances  des  26  février,  12  mai  et  6  octobre  1866 
(voyez  le  Bulletin,  t.  xm,  p.  431,  et  Revue ,  p.  98).  M.  Gris  poursuit  l’étude 
des  réservoirs  de  matière  nutritive  dans  le  parenchyme  ligneux,  dans  le  paren¬ 
chyme  intravasculaire,  pourvu  de  cellules  amvlifères  dans  les  deux  zones  exté¬ 
rieures  du  bois,  dépourvu  de  ce  principe  dans  les  couches  plus  intérieures;  tous 
ces  éléments,  les  libres  ligneuses  elles-mêmes,  sont  appelés  à  jouer  un  rôle 
important  dans  les  phénomènes  de  la  nutrition.  La  moelle,  loin  d’être  inerte 
dans  cet  acte,  y  prend  part  dans  une  large  proportion. 

M.  Gris  étudie  successivement  la  moelle  dans  les  entre-nœuds,  dans  les 
nœuds,  à  la  base  des  bourgeons,  aux  points  où  une  pousse  d’une  année 
succède  à  une  pousse  d’une  autre  année  ;  il  appelle  plus  brièvement  ces 
diverses  régions  moelle  internodale,  moelle  nodale,  moelle  subgemmaire  et 
moelle  in  terra  méale. 

La  moelle  internodale  ne  comprend  que  trois  sortes  d’éléments  :  1°  ceux 


198 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


qui,  généralement  munis  de  parois  '  épaisses  et  canaliculées,  produisent  des 
matières  de  réserve  granuleuses,  ce  sont  les  cellules  actives  ;  2°  ceux  qui, 
munis  de  parois  minces  et  ponctuées,  ne  produisent  pas  de  semblables  matières, 
mais  enserrent  fréquemment  des  gaz  :  ce  sont  les  cellules  inertes;  3°  ceux 
qui,  dans  une  enveloppe  ténue,  spéciale,  produisent  des  formations  cristallines: 
cellules  cristalligènes.  Ces  modes  divers  d’organisation  peuvent  se  répartir 
en  trois  groupes  principaux.  Ou  bien  la  moelle  est  essentiellement  formée  de 
cellules  actives,  présentant  aussi  des  cellules  actives  et  des  cellules  cristalli¬ 
gènes  :  c’est  la  moelle  homogène  ;  ou  bien  elle  renferme  des  cellules  actives 
et  des  cellules  inertes  :  c’est  la  moelle  hétérogène ;  ou  bien  elle  ne  présente 
que  des  cellules  inertes  :  c’est  la  moelle  inerte.  Ce  dernier  cas  est  tout  à  fait 
exceptionnel.  M.  Gris  expose  un  grand  nombre  de  cas  dérivés  de  ces 
types. 

Dans  le  chapitre  consacré  à  l’anatomie  comparée  de  la  moelle,  à  ses  applica¬ 
tions  à  la  botanique  photographique,  et  dont  plusieurs  études  détachées  ont 
paru  dans  les  Comptes  rendus  de  nos  séances,  M.  Gris  a  examiné  la  moelle 
dans  les  familles  suivantes  :  Caprifoliacées,  Éricinées,  Oléinées,  Ilicinées,  Célas- 
trinées,  Berbéridées,  Magnoliacées,  Celtidées,  Hamamélidées,  Platanées,  3Ié- 
lastomacées,  Rhanmées,  Rosées,  Pomacées,  Juglandées,  Quercinées,  Bétulinées 
et  Myricées.  Il  faudrait  lire  le  mémoire  de  M.  Gris  pour  savoir  dans  quelle 
mesure  les  faits  anatomiques,  nouvellement  observés  par  lui,  confirment  ou 
contrarient  certains  traits  de  la  classification. 

Dans  le  sixième  chapitre,  qui  forme  comme  la  conclusion  des  études  de 
l’auteur,  il  s’est  occupé  surtout  du  tannin  et  de  l’amidon  renfermés  dans  la 
moelle  et  du  mouvement  auquel  sont  soumises  ces  matières  dans  le  tissu 
médullaire.  Les  cellules  actives  renferment  des  matières  nutritives,  dit-il,  à 
diverses  époques  de  l’année,  pendant  un  temps  dont  la  durée  varie  avec  les 
essences  et  qui  peut  être  considérable.  Ces  matières  se  résorbent  et  se  repro¬ 
duisent  périodiquement.  Enfin  la  moelle,  loin  d’être  inerte  et  passive,  comme 
on  l’avait  cru  avec  De  Candolle,  concourt  pour  une  large  part  à  la  nutrition 
du  végétal. 

Ce  mémoire  servira,  dans  une  large  part,  pour  ceux  qui  feront  un  jour  l’his¬ 
toire  de  la  science,  à  établir  combien  en  France  l’anatomie  végétale  a  fait  de 
progrès  en  vingt  ans,  depuis  l’époque  qui  nous  sépare  des  éléments  longtemps 
classiques  de  Richard  et  de  Jussieu.  On  sentira  davantage  l’exactitude  de  cette 
appréciation  en  lisant  le  rapport  élogieux  que  M.  Ad.  Brongniart  a  lu  à  l’Aca¬ 
démie  sur  le  travail  de  M.  Gris,  dans  sa  séance  du  13  juillet  1871,  et  dans 
lequel  l’insertion  de  ce  mémoire  avait  été  demandée  parmi  les  Mémoires  des 
savants  etrangers. 

Un  extrait  de  ce  mémoire,  qui  traite  particulièrement  de  la  structure 
générale  de  la  moelle,  des  applications  de  l’anatomie  comparée  de  ce  tissu  à  la 
botanique  phylographique,  de  son  rôle  physiologique,  a  été  publié  dans  les 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  199 

Annales  des  sciences  naturelles  (5e  série,  t.  xiv,  pp.  9-55),  à  la  suite  du 

Rapport  de  M.  Brongniart.  e.  F. 

# 

Les  plantes  naturalisées  on  introduites  en  Belgique; 

par  M.  André  Devos  ( Bulletin  de  la  Société  royale  de  botanique  de  Bel¬ 
gique,  t.  ix,  9e  année,  pp.  5-122. 

Ce  travail  assez  étendu  se  compose  :  1°  d’une  introduction  qui  renferme 
des  considérations  générales  sur  la  naturalisation  et  l’indigénat  des  plantes  ; 
2°  d’une  énumération  systématique  des  plantes  naturalisées  ou  introduites  en 
Belgique.  Dans  la  première  partie,  l’auteur  s’occupe  successivement  des  plantes 
cultivées,  des  plantes  adventices,  des  plantes  récemment  naturalisées,  des 
plantes  anciennement  naturalisées  et  des  indigènes.  Les  observations  que  rap¬ 
porte  M.  Devos  et  les  faits  déjà  connus  qu’il  rappelle  ont  d’autant  plus  d’in¬ 
térêt,  que  l’année  qui  vient  de  s’écouler  a  vu  se  développer  en  France  un 
nombre  considérable  d’espèces  introduites  et  qu’il  sera  bon  d’examiner,  en 
contrôlant  les  faits  antérieurement  admis,  la  manière  dont  se  comporteront 
chez  nous  ces  espèces  nouvelles.  Recherchant  l’origine  de  plusieurs  naturali¬ 
sations  anciennes,  l’auteur  classe  en  trois  groupes  principaux  les  plantes  intro¬ 
duites  en  Belgique  avant  l’époque  moderne  :  époque  romaine,  époque  du 
moyen  âge,  époque  de  la  renaissance.  Il  se  rencontre  en  cela  avec  M.  Chatin, 
qui,  dans  notre  Bulletin ,  a  publié  plusieurs  articles  sur  la  flore  des  vieux 
châteaux. 

M.  Devos  divise  les  plantes  indigènes  ou  introduites  en  quatre  classes,  et, 
pour  les  désigner,  il  emprunte  à  M.  AVatson  les  expressions  suivantes  : 

Nat  ive  plants,  espèces  qui  paraissent  indigènes  en  Belgique. 

Denizen  plants,  espèces  qu’on  peut  supposer  introduites,  mais  qui  sont 
complètement  établies  dans  le  pays  et  qui  s’y  perpétuent  sans  le  secours  de 
l’homme. 

Les  alien  plants,  moins  bien  établies,  sont  manifestement  introduites  et  sont 
connues  comme  étant  de  provenance  exotique. 

Les  colonist  plants  sont  les  mauvaises  herbes  des  lieux  cultivés  et  du  voi¬ 
sinage  des  habitations. 

Le  nombre  des  plantes  introduites  en  Belgique  est  de  512  :  sur  ce  nombre, 
91  proviennent  du  midi  de  l’Europe  ;  137,  de  l’est  de  l’Europe  ou  de  l’Orient  ; 

1  A,  de  l’Europe  centrale  ;  5,  de  l’Europe  boréale;  16,  des  régions  alpines  ; 
34,  de  l’Amérique;  5,  d’Afrique;  210  ont,  suivant  l’auteur,  une  patrie  in¬ 
connue. 

Parmi  les  plantes  dont  M.  Devos  conteste  l’indigénat  en  Belgique,  nous 
mentionnerons  le  Trollius  européens  L.,  X Epimedium  alpinum ,  indiqués  par 
les  flores  ;  et  un  certain  nombre  de  plantes  alpestres  ou  boréales  dont  la  pré¬ 
sence  ne  paraît  pas  inexplicable  sur  les  collines  delà  Belgique.  Au  nombre  des 
espèces  récemment  naturalisées  les  plus  intéressantes  et  de  celles  qui  parais- 


200 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

sent  le  plus  disposées  à  se  répandre  et  à  se  maintenir,  sont  le  Claytonia  per  fo¬ 
liota  Don,  l 'Elodea  canadensis  Ricin,  et  le  Rudbeckia  diyitata  DC.,  plantes 
originaires  de  l’Amérique  du  Nofd. 

Catalogne  de  plantes  plus  ou  moins  rares  observées 
en  Belgique  ;  par  M.  Apollon  Hardy  ( Bulletin  de  la  Société  bota¬ 
nique  de  Belgique,  t.  IX,  9e  année,  p.  122-133). 

Dans  cette  énumération  d’espèces  observées  en  Belgique  depuis  dix  ans, 
nous  signalerons  le  Viscum  album  couvrant  entièrement  un  Chêne  rabougri 
dans  un  bois  sur  les  bords  de  la  Lomme,  aux  confins  des  provinces  de  Namur 
et  de  Luxembourg;  une  variété  du  Viola  lutea  Huds. ,  présentant  les  deux 
pétales  supérieurs  bleus  ;  Y  Omphalodes  verna ,  recueilli  dans  une  localité  tel¬ 
lement  abondante  que  l’auteur  croît  à  l’indigénat  de  cette  espèce  ;  le  Knautia 
silvatica  Duby,  abondant  aux  environs  de  Malmédy  ;  enfin  un  assez  grand 
nombre  de  Mousses  et  d’Hépatiques. 

Nouvelle»  notes  sur  la  flore  de  Codèvc  ;  par  M.  A.  Aubouy 

{Annales  de  la  Société  d' horticulture  et  d'histoire  naturelle  de  l'Hérault , 
2*  série,  t.  ni). 


Une  première  note  de  M.  Aubouy  a  été  analysée  dans  cette  Revue  (t.  xvii, 
p.  129). 

Parmi  les  espèces  citées  par  l’auteur  comme  résultats  de  ses  herborisations 
aux  environs  de  Lodève,  et  principalement  aux  bords  de  la  Vis,  nous  men¬ 
tionnerons  :  YArabis  auriculata  Lann,  VAlsine  hybrida  Jord.;  le  Potentilla 
recta,  dont  M.  Loret  avait  déjà  signalé  une  autre  localité  dans  le  départe¬ 
ment  (1);  le  Sanguisorba  officinalis  L. ,  dont  MM.  Grenier  et  Godron  contes¬ 
taient  la  présence  dans  la  région  méditerranéenne  ;  le  Paronychia  cymosa 
Link,  Y  Iris  olbiensis  Hénon,  ou  Lee.  etLam.?  (car,  pour  l’auteur,  il  y  aurait 
sous  ce  nom  deux  espèces  distinctes);  YOrchis  ambigua  De  Martrin-Donos;  le 
Cyperus  badius  Uesf. ,  commun  autour  de  Lodève,  où  il  n’avait  pas  été  signalé  ; 
le  Cladium  Mariscus,  queM.  Aubouy  croit  importé  par  les  oiseaux  voyageurs; 
le  Carex  Mairii  Coss.  et  Germ.,  qui  avait  été  trouvé  pour  la  première  fois 
dans  le  département  par  M.  Duval-Jouve  ;  YAgrostis  olivetorum  G.  G.,  le 
Piptatherum  multiflorum  Beauv.,  le  Festuca  consobrina  Timb. ,  les  Asplé¬ 
nium  lanceolatum  Huds.  et  Breynii  Retz. 

M.  Aubouy  annonce  qu’il  a  recueilli  en  outre  autour  de  Lodève  un  grand 
nombre  d’autres  plantes  d’origine  étrangère,  aujourd’hui  naturalisées  ou  en 
voie  de  naturalisation,  apportées  avec  les  laines  d’Afrique  ou  d’Amérique;  il  se 
propose  d’en  faire  l’objet  d’un  travail  spécial. 


(1)  Bullet,  Soc.  bot.,  t.  xv  ^Séances),  p.  10H. 


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201 


Catalogue  des»  plantes  vasculaires  qui  croissent  natu¬ 
rellement  «laus  les  environs  cl’ Ai*;  par  MM.  Amédée  de 
Fonvert  et  J.  Achintre.  In-8°,  170  pages,  Aix,  1871.  Impr.  Marius  IUy. 

Ce  catalogue  ne  comprend  que  les  plantes  croissant  dans  un  rayon  peu 
étendu  autour  de  la  ville d’Aix  (Bouches-du-Rhône).  Les  auteurs  ont  cependant 
reculé  quelque  peu  la  limite  de  leurs  excursions  dans  la  direction  de  quelques 
localités  inéressantes.  Le  terrain  exploré  est  exclusivement  calcaire;  la  configu¬ 
ration  du  sol  et  ses  différentes  conditions  physiques  influent  bien  plus  que  sa 
composition  sur  la  végétation.  Le  point  culminant  de  la  régiofc  est  le  sommet 
de  Sainte-Victoire  élevé  de  1000  mètres.  La  première  partie  du  catalogue, 
jusqu’aux  Cinarocéphales  inclusivement,  a  été  rédigée  par  M.  de  Fonvert;  la 
seconde  partie,  depuis  les  Chicoracées,  par  M.  Achintre. 

L '  Anemone  Coronaria ,  commune  dans  les  champs  cultivés,  ne  paraît  pas 
à  l’auteur  d’une  spontanéité  complète. 

M.  Achintre  signale  une  nouvelle  variété  de  Capparis  spinosa  qu’il  appelle 
sterilis,  et  qui  répond  au  Capparis  folio  acuto  de  Garidel  ;  elle  a  les  feuilles 
plus  allongées,  non  mucronées,  les  tiges  et  les  rameaux  verts,  jamais  ascen¬ 
dants,  et  ne  donne  pas  de  fruits. 

L 'Anagyris  fœtida  L.  a  été  observé  par  M.  le  comte  de  Saporta  sur  le 
versant  ouest  de  la  colline  des  Pauvres,  vaste  plateau  de  molasse  coquillière. 

VArceuthobium  Oxycedri  B\eberst. ,  Loranthacée  parasite  sur  le  Genévrier, 
est  indiqué  à  la  localité  de  Nimet  avec  la  mention  :  très-rare. 

M.  T. 

Osservazloul  suit’  erliario  «fi i  Uniico  ;  par  M.  R.  de  Visiani 

(Nuovo  Giornale  botanico  italiano ,  juillet  1870,  pp.  208-229). 

Les  observations  de  M.  de  Visiani  concernent  les  plantes  suivantes  :  Atropa 
Mandragora ,  Ferula  communis ,  F .  nodiflora ,  Seseli  globiferum,  Statice 
reticulata,  St.  cor  data,  St.  minuta.  Thymus  Zygis ,  Alyssum  creticum , 
Anthémis  peregrina,  A «  Cota ,  A.  altissima,  Senecio  ncbrodcnsis. 

Descrlzionc  «Il  due  spccie  d ’##?/<! ttotvi  d’Abyssiuea  ;  par 

M.  O.  Beccari  (Nuovo  Giornale  botanico  italiano,  janvier  1871,  p.  5). 

Ces  deux  espèces  ont  été  recueillies  avec  beaucoup  d’autres  dans  un  voyage 
que  M.  Beccari  a  fait  pendant  l’été  de  1870,  dans  le  pays  de  Bogos,  en  com¬ 
pagnie  de  M.  le  marquis  Antinori,  déjà  bien  connu  par  ses  voyages  dans  les 
hautes  régions  de  l’Abyssinie.  Partis  le  15  février  de  Gênes,  les  voyageurs  arri¬ 
vèrent  le  9  mars  à  la  baie  d’Assab,  sur  la  côte  africaine  de  la  mer  Rouge,  dans 
le  pays  de  Danakil,  près  du  détroit  de  Bab-el-Mandeb.  Après  avoir  exploré  su¬ 
perficiellement  la  baie  d’Assab,  ils  partirent  le  20  mars  pour  Aden.  d’où  ils 


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SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

revinrent  le  30  à  Assab,  et  de  lh  à  Massouah,  où  ils  passèrent  tout  le  mois 
d’avril.  Les  mois  suivants  furent  consacrés  aux  environs  de  Bogos,  jusqu’au 
25  août. 

Les  deux  Hydnora  nouveaux  décrits  par  M.  Beccari  portent  les  noms  à’ H. 
Johannis  et  //.  bogosensis.  Peut-être  un  de  ces  noms  fait-il  double  emploi 
avec  Y  Hydnora  abyssinien  Al.  Br.  in  Schweinf.  Beitr.  z.  Flora  Aethiop. 
1,217,  lequel  est  aussi  parasite  sur  les  racines  d’un  Acacia. 

Peit'osavift,  nuovo  genere  di  piante  parasite  délia  famiglia  delle  Melan- 
tliaceæ  ;  par  M.  O.  Beccari  (ibid.,  p.  7). 

Ce  nouveau  genre,  dédié  au  professeur  de  Pise  que  la  science  a  récemment 
perdu,  est  de  Bornéo  (Beccari  n°  2399,  3000  ped.).  Il  présente  les  caractères 
suivants  : 

Perigonium  trigonum  6-partitum,  persistens,  coloratum,  inferum,  phyllis 
inæqualibus,  3  exter.  minoribus  angustioribus,  basi  omnibus  connatis.  Stamina 
6,  pbyllis  opposita  et  eorum  basi  inserta;  filamenta  subulata;  antheræ  bilocu- 
lai  'es  apice  acutiusculæ,  basi  bilobæ,  basifixæ,  introrsæ.  Ovaria  tria,  peri- 
gonii  phyllis  angustioribus  opposita,  ex  ima  basi  libéra,  sessilia ,  follicularia, 
erecta;  stigmata  sessilia  vix  incrassata,  papillosa;  ovula  horizontalia,  anatropa, 
placenlis  2,'  latis,  marginalibus  et  ventralibus  bi-triseriatim  affixa.  Fructus 
tri-follicularis,  folliculis  siccis,  horizontalibus,  sutura  ventrali  hiantibus. 
Semina  numerosa,  ovali-elliptica,  7-9-costata,  integumenlo  membranaceo 
byalino,  rapbe  chalazaque  incrassatis  cincta.  Testa  chartacea,  brunnea,  embryo 
cartilagineo-oleosus.  —  Praelloratio  valvaris. 

Note  *o|>râ  alcunc  Palme  liorncnsS  ;  par  M.  O.  Beccari  ( ibid 
p.Ill). 

Les  Palmiers  dont  il  est  question  dans  cette  note  sont  les  suivants  :  Caryota 
Nô ,  sp.  n.  (Beccari  n°  3643)  ;  Caryota  Grifpthii  Becc.  (C.  sobolifera 
Griffith  non  Wall,  nec  Mart. ,  Becc.  nos  955,  1281)  ;  C.  propinqua  Bl.  (Becc. 
n°  2219)  ;  Eugeissona  minor ,  sp.  n.  (Becc.  n°  2bbU)  ;  E.  insignis ,  n.  sp. 
(Becc.  n°  2010);  E.  utilis,  sp.  n.  (Becc.  n°  3812);  E.  tristis  Griff.  (Becc. 
n°  3443)  ;  Teysmannia  altifrons  Rchb.  et  Zoil.  (Becc.  nos  1942,  3645)  ; 
Metroxylon  Sagas  Roltb.  et  M.  Rumphii  Mart.  (Becc.  n°  3122). 

Illustrazionc  <li  innove  o  rare  spccic  «H  piante  lior- 
nensi  ;  par  M.  O.  Beccari  (ibid.,  avril  1871,  p.  121). 

Ce  mémoire  est  consacré  à  la  famille  des  Anonacées,  très-richement  repré¬ 
sentées  dans  les  collections  que  AI.  Beccari  a  rapportées  de  Bornéo.  Elle  y 
renferme  en  effet  cent  cinq  espèces.  En  réunissant  toutes  les  Anonacées  qui 
étaient  connues  à  Bornéo  avant  son  exploration,  on  obtenait  le  chiffre  de 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


203 


soixante-dix-sept.  Dans  ce  nombre  plusieurs  constituent  même  des  genres  nou¬ 
veaux  :  Eburopetalum ,  Marcuccia ,  Enicosanthum ,  Mezzettia.  6  planches  sont 
employées  à  l’illustration  de  cette  importante  étude. 

Nova  s|>cctcs  Italie»  ex  généré  Ophrfjtiuw,  par  M.  P. -A. 

Saccardo  avril  1871,  p.  165). 

Ophrys  integra  Sacc.  (O.  apifera  Huds.  var.  (3.  Trollii  Sacc.  antea,  non 
Rchb.  —  Labello  ovato  v.  subrotundoin  apicem  breviter  acuminato,  indiviso, 
exappendiculato,  discoet  margine  piano,  linea  verticali  media  glabro,  lateribus 
velutino  ;  laciniis  perianthii  internis  a  basi  rotundata  anguste  lanceolatis,  pu- 
bescentibus. 

(  ompciulio  délia  flora  itallana,  fasc.  6-9  ;  publié  par  les  soins 
de  MM.  les  professeurs  deCesati,  G.  Passerini  et  G.  Gibelli  ;  avec  un  atlas 
d’environ  80  planches,  exécutées  sur  des  dessins  faits  d’après  nature  par 
M.  Gibelli.  Milan,  1870-71. 

La  suite  des  livraisons  de  celte  importante  publication  continue.  Les  auteurs 
ont  abordé  maintenant  les  Monocotylédones.  Nous  devons  citer  parmi  les  espèces 
les  plus  intéressantes  signalées  depuis  les  montagnes  du  Tirol  jusqu’en  Sicile, 
dans  les  livraisons  que  nous  avons  sous  les  yeux,  les  plantes  suivantes  :  Juncus 
bottnicus  AVahlbg.,  Tulipa  Beccariana  Bicchi,  plusieurs  espèces  de  Tulipa 
établies  par  M.  Rebûul  ;  Ornithogalum  comosum  Pari.  an.  L  ?(0.  garganicum 
Ten. ,  O.  saxatile  Vis.),  espèce  qui  se  retrouve  dans  les  lieux  herbeux  des 
montagnes  d’un  bout  à  l’autre  de  la  Péninsule;  Alliurn  pulchellum  Don  (A. 
valdensium  Boiss.  Reut.),  A.  violaceum  Willd.  (A.  carinatum  Ail.  non  L.)f 
A.  margaritaceum  Sibth.  et  Srn.  (Calabre  et  île  de  Lampédouze),  Myrsi- 
phyllum  asparagoides  Willd.,  originaire  du  Cap,  et  naturalisé  dans  les  envi¬ 
rons  de  Palerme  ;  Asparagus  stipularis  Forsk.  (Sicile,  île  de  Lampédouze). 

Les  fascicules  8-9  de  cette  publication  contiennent  le  complément  de 
la  famille  des  Iridées,  Cannacées,  celles  des  Orchidées,  des  Hvdrocharidées, 
des  Butomées,  des  Alismacées,  des  Juncaginées,  des  Potamées,  des  Naïadées, 
des  Zostéracées  et  des  Lemnacées.  Ils  terminent  la  description  des  Mono¬ 
cotylédones. 

Nous  remarquons  que  les  auteurs  ont  admis  le  genre  Xyphium  Parlatore, 
séparé  par  ce  botaniste  du  genre  fris  L.  Le  Canna  indica  L. ,  naturalisé  en 
Sicile,  aux  bords  des  eaux  tranquilles,  entre  Syracuse  et  Agosta,  représente  seul 
la  famille  des  Cannacées.  L 'Aceras  longibracteata  Rchb.  figure  sous  le  nom 
générique  de  Barlia  Pari.,  dédié  au  botaniste  de  Nice,  M.  Baria. 

Nous  signalerons  YOrchis  Gennarii  Rchb.,  hybride  des  O.  papihonacea 
et  Morio  ;  Y  O.  Bornemanni  Ascii.,  hybride  des  O .  papihonacea  et  longi- 
cornisiYO.  Nicodemi  Ten.,  hybride  des  O  papilionacea  e t  laxiflora.  L’Or- 


204  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

chis  mascula  L.  n’est  indiqué  qu’avec  un  point  de  doute;  une  note  nou 
apprend  que  la  plante  italienne,  soigneusement  comparée  par  M.  de  Cesatiavec 
des  échantillons  d’Angleterre,  de  Belgique  et  d’une  partie  de  l’Allemagne,  se 
rapporte,  de  même  que  ces  derniers,  à  Y  O.  stabiana  Ten.,  qui  lui-même  est 
identique  à  Y  O.  speciosa  Host.  M.  de  Cesati  n’a  pu  examiner  la  plante  publiée 
par  Fries  dans  YHerbarium  normale  suecicum  et  qui  est  peut-être,  de  l’avis 
de  M.  Parlatore,  un  type  particulier.  Le  Gymnadenia  albida  L.-G.  Rich. 
forme  le  genre  Bicchia  Pari. ,  dédié  au  prof.  Ces.  Bicclii  de  Lucques. 

VOpkrys  Inzengœ  des  auteurs  du  Compendio  est  YO.  arachnites  Todaro 
signalé  en  Sicile.  Le  Vallisneria  spiralis  et  sa  variété  pusilla  Barbiéri  sont 
indiqués  dans  les  eaux  dormantes  de  l’Italie  supérieure  et  centrale,  et  même 
dans  les  eaux  thermales  du  Padouan  et  des  environs  de  Pise.  Le  Stratiotes 
aloides  habite  les  lacs  et  les  marais  du  nord  de  l’Italie.  Une  forme  vivipare 
de  l’ Hydrochar is  Morsus-ranœ ,  remplaçant  les  bourgeons  (loraux  par  les 
bulbilles,  se  trouve  dans  les  fossés  et  les  marécages  du  Piémont  et  du  Par¬ 
mesan  (var.  (3.  vivipara  G.  P.  et  G.).  VAlthenia  filiformis  F.  Petit  est 
indiqué  au  lac  de  Salpi  et  dans  les  eaux  jaunâtres  près  de  Messine  et  de  Boni- 
facio.  Ges  deux  fascicules  sont  accompagnés  de  six  planches  reproduisant  des 
détails  des  organes  des  plantes  décrites  et  parfois  donnant  le  port  des  végétaux 
entiers. 

Floræ  Vulturis  synopsis,  exhibens  plantas  vasculares  in  Vulture  monte 
ac  finitions  locis  sponte  végétantes,  auctore  Nicolao  Terracciano.  In-8°  de 
206  pages.  Naples,  1869. 

Les  espèces  énumérées  dans  ce  Synopsis  sont  au  nombre  de  977.  Une 
d’entre  elles  est  nouvelle  ;  c’est  la  suivante  : 

Helminthia  mucronata  Terracc.  —  IL  caule  erecto  piloso-scabro  ;  foliis 
strigoso-bispidis  integris,  radicalibus  peliolatis  oblongis,  caulinis  amplexicau- 
libus  oblongo-lanceolatis,  lloribus  corymbosis  ;  anthodii  foliolis  omnibus  mar- 
gine  et  ad  nervos  strigoso-aculeatis,  exterioribus  cordato-ovatis  acuminalo- 
mucronatis  interiora  superantibus  ;  seminibus  glabris  tenuissime  scabris  ; 
pappo  brevissime  pedunculato.  —  H.  echioidi  AVilld.  alïinis,  sed  anthodii 
foliolis  exterioribus  et  pappi  characlere  ab  ilia  satis  distincta. 

Les  caractères  géographiques  du  pays  qui  fait  l’objet  de  ce  mémoire  ont  été 
appréciés  par  Tenore  et  Gussone  (voy.  Pringsheim,  Thés. ,  éd.  1,  n°  3994). 

ProspeUo  liclimologico  clclla  Toscan»  ;  par  M.  F.  Baglietto 
[ibid.,  cahiers  d’avril,  août  et  novembre  1871). 

Ce  mémoire  présente  une  énumération  importante  des  Lichens  de  l’Italie 
centrale;  la  flore  des  Apennins  s’y  trouvant  jointe  ainsi  que  celle  des  îles  voi¬ 
sines  de  la  Toscane,  le  nombre  des  espèces  et  surtout  des  formes  y  est  con¬ 
sidérable.  Quelques  nouveautés  y  sont  indiquées  :  Lecanora  zonatn ,  Rino- 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  205 

dîna  Beccariana ,  Callopisma  congl  orner  atum,  Urceolaria  bispora ,  Bue  Ilia 
hyperbolica ,  Placidiopsts  ptsana,  Thelidium  mami l latum ,  Leptogium 
cormculanoides ,  etc.  La  plupart  de  ces  découvertes  sont  dues  aux  herborisa¬ 
tions  de  M.  Beccari,  aussi  zélé  à  enrichir  la  flore  italienne  qu’à  explorer  les 
contrées  lointaines.  Le  Prospetto  peut  former  un  guide  fort  utile,  en  attendant 
des  descriptions  plus  complètes,  pour  les  botanistes  qui  s’adonnent  à  la  liché- 
nographie  dans  le  midi  de  l’Europe. 

Storia  naturelle  délie  plante  crittogame  che  nascono  sulle 
lave  vesuviane  ;  par  M.  Gaetano  Licopoli  (extrait  des  Atti  délia  Reale 
Accademia  delle  scienze  ftsiche  e  matematicke  di  Napoli);  tirage  à  part 
en  une  brochure  grand  in-8°  de  58  pages,  avec  3  planches.  Naples,  typ. 
del  Fibreno,  1871. 

Ce  mémoire  a  été  composé  pour  répondre  5  une  question  mise  au  concours 
par  l’Académie  de  Naples,  et  couronné  par  elle.  Il  est  divisé  en  quatre  parties. 
Dans  la  première,  qui  présente  au  moment  où  nous  écrivons  ces  lignes  une 
triste  opportunité,  l’auteur  étudie  les  laves  du  Vésuve,  leur  date  relative,  et 
les  conditions  qui  sont  nécessaires  pour  qu’elles  donnent  naissance  à  une  végé¬ 
tation  cryptogamique.  La  seconde  partie  est  une  liste  de  Cryptogames  recueillis 
sur  le  Vésuve.  Elle  est  limitée  aux  espèces  qui  s’implantent  directement  sur 
la  lave.  Dans  la  troisième  partie  sont  enregistrées  des  études  anatomo-phy¬ 
siologiques  faites  sur  les  espèces  les  plus  caractéristiques  :  Stereocaulon  vesu- 
vianum,  Acarosporci  vesuviana,  n.  sp.,  Lecanora  coarctata-elacista ,  Lecidea 
platycarpa ,  Nostoc  lichenoides.  Enfin,  dans  la  quatrième  partie  sont  réunies 
quelques  considérations  générales,  relatives  à  l’adhérence  de  ces  Cryptogames 
à  la  lave  sur  laquelle  ils  naissent.  La  partie  principale  de  ce  mémoire  est 
l’étude  organogénique  du  Stereocaulon.  Les  espèces  énumérées  y  sont  au 
nombre  de  cent  trente-trois.  Ce  sont  les  Lichens  et  spécialement  le  Stereo¬ 
caulon  qui  s’implantent  d’abord  sur  la  lave. 

Il  faut  environ  six  ans  d’ancienneté  à  la  lave  avant  qu’il  se  développe  aucune 
végétation  à  sa  surface.  L’abondance  de  la  végétation  est  sur  les  flancs  de  la 
montagne  en  raison  directe  de  l’ancienneté  de  la  lave  et  en  raison  inverse  de 
la  hauteur  du  point  observé.  Nous  devrions  dire  était,  car  après  l’éruption 
dont  le  volcan  vient  d’être  le  théâtre,  le  mémoire  de  M.  Licopoli  n’est  plus 
guère  qu’un  travail  archéologique  (1). 

Note  algoIogicSac  $  par  M.  N.  Pedicino  ( Bulletino  delV  Associazione 
dei  naturalisti  e  medicî  per  la  mutua  istruzione,  juillet  1870,  pp.  109- 
112  ;  août  1870,  n°  8,  pp.  120-122). 

Ces  notes  ont  rapport  à  la  prolifération  des  Valonia ,  à  l’expansion  basilaire 

,  T  *  *"  *  1  * 

(1)  On  trouvera  un  résumé  de  ce  travail  fait  par  M.  Licopoli  lui-même  dans  le  Bulletino 
delV  Associazione  dei  naluralisli  e  medici  per  la  mutua  istruzione ,  février  1870,  n°  2, 
pp.  20-24.  — Voyez,  sur  le  Stereocaulon ,  le  Bulletin,  t.  xm,  p.  289. 


206 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


des  Gorallin es,  aux  ramifications  et  aux  bifurcations  des  Callithamnion  et  à 
la  soudure  des  laciniures  des  Algues  en  général,  et  en  particulier  de  1  '  Haly- 
menia  Moncirdiana  et  du  Ginannia  furcellata . 

La  prolifération  des  Valoniées  n’est  pas  la  même  que  celle  qu’on  observe  chez 
les  fJryopsis  et  d’autres  Algues  et  qui  s’effectue  par  gemmation.  Les  parois  des 
grosses  vésicules  des  Valoniées  sont  constituées  par  une  seule  cellule  ou  mem¬ 
brane  formée  de  plusieurs  couches.  Une  couche  verte  est  adossée  à  une  couche 
verte  ;  le  contenu  de  la  vésicule  semble  être  de  l’eau  de  mer.  Les  nouvelles 
vésicules  qui  se  forment  dans  l’intérieur  de  la  vésicule-mère  sont  longtemps 
adhérentes  aux  parois  de  celle-ci  ;  tantôt  elles  restent  enfermées  dans  son 
épaisseur  par  le  dépôt  des  couches  d’accroissement  successives  ;  tantôt  elles 
s’en  dégagent  pour  se  développer  librement  dans  la  cavité  de  la  vésicule- 
mère. 

La  croûte  au  moyen  de  laquelle  les  Corallines  adhèrent  aux  roches  situées 
au-dessous  du  niveau  des  eaux  a  pu,  par  sa  ressemblance  avec  les  Mélobésiées, 
suggérer  que  les  Mélobésiées  ne  sont  que  des  Corallines  en  voie  de  développe¬ 
ment  ;  la  difficulté  de  faire  de  bonnes  observations  sur  les  expansions  basi¬ 
laires  des  Corallines,  qui  naissent  rarement  isolées,  a  contribué  à  maintenir 
beaucoup  d’incertitude  dans  le  sujet.  M.  Pedicino  a  rencontré  dans  cet  état, 
sur  les  coquilles  de  petits  Mytilus ,  dans  le  golfe  de  Naples,  un  Amphiroa  qui 
ne  ressemblait  aux  Mélobésiées  que  par  son  port. 

Dans  la  soudure  fréquente  entre  les  ramifications  des  Algues,  qu’elles 
soient  cylindriques  ou  laminaires,  les  parties  intéressées  par  cette  fusion  orga¬ 
nique  sont  uniquement  les  couches  corticales  des  ramuscules  soudés;  le  tissu 
médullaire  demeure  sans  altération,  du  moins  dans  Y  Halymenia  ;  les  élé¬ 
ments  qui  lui  ressemblent  dans  les  parties  soudées  du  Ginannia  sont  des  cel¬ 
lules  corticales  transformées,  n’ayant  aucun  contact  avec  le  tissu  médullaire 
véritable. 


tic  la  signification  morphologique  tic  la  trille  de  la 

Vigne-vierge ;  par  M.  Dutaillv  ( Adansonia ,  l.  x,  pp.  10-17). 

M.  Dutailly  attaque  la  théorie  exposée  dans  notre  Bulletin ,  il  y  a  déjà  plu¬ 
sieurs  années,  par  M.  Prillieux  (1)  qui  regarde  la  vrille  comme  résultant  d’une 
partition  de  l’axe.  Pour  M.  Dutailly,  les  vrilles  rentrent  dans  la  classe  des 
bourgeons  axillaires.  Ce  sont  des  bourgeons  qui,  au  lieu  d’émerger  comme 
d’habitude  à  Faisselle  d’une  feuille,  sont  restés  accolés  à  la  tige,  se  sont  allongés 
avec  elle,  et  ne  s’en  sont  séparés  que  plus  haut,  à  des  hauteurs  inégales, 
comme  les  inilorescences  de  certaines  Solanées  (2). 

(1)  Voyez  le  Bulletin,  t.  ni,  p.  645  et  suiv. 

(2)  Voyez  la  thèse  de  doctorat  de  M.  Naudin. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


207 


Et  par  Ord  oui  Cucnrbitncccrncs  Slyngtraad  ( Quelques 
mots  sur  la  vrille  des  Cucurbitacées )  ;  par  M.  Eug.  Warming  (extrait  des 
Videnskabelige  Meddelelser  fra  den  naturhistoriske  Forening  i  Kjo- 
benhavn,  décembre  1870);  tirage  à  part  en  brochure  in-8°  de  9  pages, 
avec  une  planche. 

Chez  les  Cucurbitacées,  il  n’y  a  dans  l’aisselle  des  feuilles  qu’une  seule 
gemme  axillaire,  d’où  devraient  toujours  sortir  :  1°  une  fleur  terminale,  mâle 
ou  femelle;  2°  un  bourgeon  feuillé  A,  et  3°  une  inflorescence  B,  homodrome 
avec  l’axe  principal,  et  antidrome  au  bourgeon  A.  Quant  à  la  vrille,  c’est 
vraisemblablement  un  rameau  extra-axillaire;  elle  naît  sous  forme  d’un  mame¬ 
lon  cellulaire  plat  en  dehors  de  l’aisselle. 

Sur  nu  genre  nouveau  «1©  Composées  de  la  flore  indigène  de 
l  île  de  la  Réunion;  par  M.  E.  Jacob  de  Cordemoy  ( Adansonia ,  t.  x, 
pp.  21-28). 

Ce  genre  est  le  genre  Frappieria ,  dédié  à  M.  Ch.  Frappier,  qui  en  a  le 
premier  étudié  sur  place  les  caractères.  Ce  genre  est  voisin  du  genre  Psiadia. 
Il  comprend  trois  espèces  à  la  Réunion. 

Om  de  vigtigste  af  de  i  det  4ïtle  llæfte  af  F/oiv®  tlnnicft 
optageoe  planter  ( Des  plantes  les  plus  importantes  contenues  dans 
la  U7à  livraison  du  Flora  danica)  ;  par  M.  J.  Lange  ( Overgsigt  over  det 
Kongelige  danske  Videnskabernes  Selskabs  F orhandlinger ,  1869,  pp. 
108-121). 

Le  Festuca  elongata  Ehrh.  ( Brachypodium  Fries,  Glyceria  GG.,  Lolium 
festucaceum  Link,  Festuca  loliacea  Curt.,  F.  Phœnix  Thuill.)  est  consi¬ 
déré  généralement  comme  un  hybride  du  F.  pratensis  et  du  L.  perenne  : 
il  a  en  effet  des  caractères  communs  avec  ces  deux  espèces  ;  d’ailleurs  il 
n’apparaît  que  rarement  et  en  petit  nombre  d’exemplaires,  et  on  ne  l’a  jamais 
rencontré  avec  des  graines  bien  mûres  et  susceptibles  de  germer.  —  Le  Ga- 
lium  palustre  L.  et  le  G.  elongatum  Presl  doivent  être  regardés  comme  deux 
formes  de  la  même  espèce,  de  même  que  le  Galium  debile  Desv.  et  le  G.  con - 
strictum  Chaub.  —  Le  Primula  Tommasinii  G.  G.  est  probablement  un 
hybride  issu  du  croisement  du  P.  elatior  et  du  P.  officinalis.  —  L  '  Armer  i  a 
labradorica  Wallr.  ne  diffère  probablement  pas  de  VA.  sibirica,  et  n’est  peut- 
être  qu’une  forme  arctique  de  l’ A.  maritima.  —  Le  Juncus  atricapillus  Drej., 
commun  en  Jutland,  croît  aussi  dans  les  sables  de  la  Hollande,  et  sa  forme 
sparsiflora  se  rapporte  au  Juncus  anceps  Laharpe  de  l’ouest  de  la  France. 
C’est  cette  espèce  qui  est  représentée  dans  les  Icônes  de  Reichenbach,  sous  le 
nom  erroné  de  J.  nigricans  Drej.  —  Le  Filago  germanica  L.  comprend  deux 
espèces  :  F.  apiculata  G.-E.  Smith  (F»  lutescens  Jord.),  et  F.  germanica 


208 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

(L.)  Smith  (F.  canescens  Jord.).  —  Le  Sparganium  hyperboreum  Læstad. 
est  une  espèce  si  voisine  du  S.  minimum  Fr.  de  l’Europe  centrale,  qu’il  pour¬ 
rait  bien  être  une  forme  arctique  de  ce  dernier,  qui,  d’après  Blytt,  ne  dépasse 
pas  en  Norvège  la  limite  des  Conifères.  —  Le  Carex  paniculata  var.  pallida 
Lge  peut  résulter  du  croisement  du  C.  paniculata  et  du  C.  remota ,  en  com¬ 
pagnie  desquels  on  l’a  trouvé,  et  avec  lesquels  il  présente  un  assez  grand 
nombre  de  caractères  communs. 

Conspectus  Algarum  llrasiliæ  iiactciius  detectarum  ; 

par  Ni.  G.  de  Martens  (  Videnskabelige  Meddelelser  fra  den  naturhisto- 
riske  Forening  i  Kjobenhavn,  1870,  pp.  297-31Ù). 

On  ne  connaissait  pas  encore  d’Alguesd’eau  douce  du  Brésil,  M.  de  Martens 
en  signale  neuf.  Les  Algues  marines  sont  bien  plus  nombreuses  dans  les  col¬ 
lections.  M.  Martens  en  énumère  environ  cent  soixante-dix.  A  la  suite  de  cette 
énumération  vient  une  série  d’espèces  exclues  et  attribuées  par  erreur  à 
l’Océan  américain. 

M.  de  Martens  a  décrit  dans  le  même  recueil,  en  1871,  les  Algues  recueil¬ 
lies  en  1869  et  1870  autour  de  Rio  de  Janeiro,  par  M.  Glaziou,  directeur  du 
jardin  public  de  Rio.  Celte  collection  enrichit  le  Conspectus  précédent  de 
vingt-cinq  espèces,  dont  deux  tout  à  fait  nouvelles  :  Cladophora  elongata  et 
Laurcncia  Brasiliana ,  très- voisine  du  L.  Mexicana  Liebm. 

Le  Darwinisme  $  par  M.  Émile  Ferrière.  In-12  de  h'x 8  pages.  Paris, 
Germer-Baillière,  1872. 

Ce  livre  est  divisé  en  quatre  parties.  La  première  comprend  l’exposé  métho¬ 
dique  de  la  théorie  de  Darwin,  avec  faits  à  l’appui.  Chacune  des  sections  se 
termine  par  un  résumé  où  les  notions  acquises  sont  disposées  en  tableau  synop¬ 
tique.  La  deuxième  partie  est  consacrée  au  rôle  de  la  sélection  dans  les  langues, 
sorte  d’opération  inconsciente  bien  propre,  dit  l’auteur,  à  faire  comprendre  le 
rôle  de  la  sélection  dans  la  nature.  La  troisième  partie  comprend  un  résumé 
des  faits  et  des  théories  qui  concernent  la  période  glaciaire.  Dans  la  quatrième 
partie,  enfin,  sont  discutés  les  fondements  mêmes  de  la  classification  naturelle, 
fondements  ébranlés  par  les  partisans  du  darwinisme,  c’est-à-dire  l’espèce  et 
même  le  genre.  Ce  livre  peut  être  regardé  comme  un  abrégé  des  faits  qui, 
dans  la  doctrine  aujourd’hui  généralement  controversée  du  transformisme,  se 
rattachent  à  l’origine  des  êtres. 

Synonymia  tootanica  locupletlssiitia  generum,  sectionum  vel 
subgenerutn  ad  finem  anni  1858  promulgatorum  ;  par  M.  Ludwig  Pfeiffer, 
de  Cassel.  I11-80  de  672  pages.  Cassel,  chez  Th.  Fischer,  1872. 

L’introduction  latine  de  ce  livre  est  datée  de  septembre  1870.  Vient  ensuite 
une  préface  en  allemand,  indiquant  le  plan  du  livre.  Le  livre  lui-même  com- 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  209 

prend  deux  parties.  La  première  est  une  énumération  des  genres  disposés  sui¬ 
vant  ia  méthode  d’Endlicher,  par  classes,  ordres,  familles  et  tribus,  à  partir 
des  Algues  jusqu’aux  Légumineuses.  Dans  cette  énumération,  disposée  sur 
deux  colonnes,  chaque  genre  adopté  par  l’auteur  est  pourvu  d’un  numéro 
d’ordre  ;  le  numéro  le  plus  élevé  est  12608,  Les  genres  fossiles  sont  compris 
dans  celte  énumération.  Un  appendice  comprend  des  Généra  non  satis  nota 
et  va  jusqu’au  n°  12908.  Des  Addenda  et  emendanda  vont  jusqu’au 
n°  12442. 

La  deuxième  partie  est  un  Index  nominum  dressé  par  ordre  alphabétique, 
qui  renvoie  aux  numéros  établis  dans  la  première  partie. 

Malgré  la  date  un  peu  ancienne  (1858)  à  laquelle  se  terminent  les  recher¬ 
ches  bibliographiques  dont  ce  livre  présente  la  mise  en  ordre,  il  pourra 
rendre  de  grands  services  pour  la  classification  des  herbiers. 

Novfeienclator  botanicus.  Nominum  ad  finem  anni  1858  publici 
juris  factorum,  classes,  ordines,  tribus,  familias,  divisiones,  généra,  sub- 
genera  vel  sectiones  designanlium  enumeratio  alphabetica,  adjectis  aucto- 
ribus,  temporibus,  locis  systematicis  apud  varios,  notis  literariis  atque  ely- 
mologicis  et  synonymis  ;  conscripsit  L.  Pfeiffer.  Vol.  i,  fasc.  1-2  ;  in-4°. 
Cassel,  1871. 

Ce  Nomenclator  est  un  Index  également  disposé  sur  deux  colonnes,  comme 
le  précédent,  mais  il  est  plus  étendu  que  celui  qui  forme  la  deuxième  partie 
du  livre  précédent.  L’auteur  y  indique  pour  chaque  nom  générique  où  il  a  été 
décrit,  à  quelle  famille  il  appartient,  à  quel  genre  il  convient  dans  certains 
cas  de  le  rapporter  comme  synonyme,  quelle  en  est  l’étymologie  grecque.  Les 
familles  y  sont  placées  aussi  avec  l’indication  des  genres  qu’elles  renferment. 

Recherches  sur  l’organisation  et  les  affinités  des  Sal- 
vadorées  $  par  M.  H.  Bâillon  ( Adansonia ,  t.  ix,  pp.  277-290). 

M.  Bâillon  retrace  d’abord  les  travaux  publiés  sur  ces  plantes,  qui  sont 
loin  de  concorder  entre  eux.  Il  pense  que  M.  Planchon,  en  écrivant  son 
mémoire  de  1858  sur  la  famille  des  Salvadorées  (Ann.  sc.  nat.>  3e  série,  t.  x), 
n’a  eu  sous  les  yeux  qu’une  Térébinthacée  à  fleurs  tétramères  et  hermaphro¬ 
dites  dans  toutes  leurs  parties.  M.  Dickson  vient  de  comparer  de  nouveau  les 
Salvadorées  aux  Lentibulariées  dont  Payer  les  faisait  voisines  (1),  et  se  demande 
si  elles  11e  sont  pas  à  ces  dernières  dans  les  mêmes  rapports  que  sont  les 
Plombaginées  avec  les  Primulacées.  M.  Bâillon  fait  remarquer  que  le  caractère 
tiré  de  la  monopétalie  de  la  corolle  passant,  dans  la  classification  de  Jussieu, 
avant  ceux  qui  révèlent  l’organisation  fondamentale  de  l’androcée,  du  gynécée 
et  du  fruit,  on  a  comparé  successivement  1  eSalvadora  avec  le  plus  grand  nombre 

(1)  Transactions  de  la  Société  royale  d’ Edimbourg ,  vol.  XXV,  p.  547. 

T.  XV III.  (revue)  14 


210 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

possible  de  familles  à  corolles  monopétales.  Pour  lui  la  véritable  affinité  des 
Salvadora  les  rattache,  avec  Y Actegiton  et  le  Monetia ,  types  franchement 
poly pétales,  aux  Célastrinées.  Il  soupçonne  même  que  la  prétendue  corolle 
gamopétale  campanulée  des  Salvadora  est  une  véritable  corolle  polypétale, 
dont  les  divisions  seraient  maintenues  collées  (seulement  à  un  certain  âge  de 
développement)  par  les  filets  staminaux  aplatis  et  loriformes  (1).  Il  n’admet 
d’ailleurs  que  deux  genres  dans  les  Salvadorées,  Monetia  Lliér.  ( Azima  Lam. 
et  Actegiton  Bl.),  et  Salvadora  L.  ( Tomex  Forsk.  non  auct.,  Dobera  Juss., 
Schizocalyx  Hochst.).  L’ Actegiton  sarmentosus  Bl.  devient  le  Monetia  sar - 
mentosa  H.  Bn  [M.  laxa  Planchon,  Salvadora  madurensis  Decne). 

Ultérieurement  ( Adansonia ,  t.  x,  pp.  31-35),  M.  Bâillon  rétablit  le  genre 
Dobera .  C’est  un  Salvadora  à  étamines  monadelphes,  ce  qui  explique  que 
Hochstetter  en  ait  fait  une  Méliacée  [Schizocalyx). 


Rcclici'clies  anatomo-physiologiques  sur  le  Chnuvi'c  ; 

par  M.  Dutailly  ( Adansonia ,  t.  ix,  pp.  263-276). 

L’auteur  s’attache  d’abord  à  l’étude  anatomique  de  l’embryon,  notamment 
des  trachées  qui  y  existent  avant  la  germination.  lia  vu  ces  trachées  passer 
dans  leur  marche  ascendante  de  la  partie  externe  à  la  partie  interne  de  la 
couche  génératrice.  Les  nervures  de  la  feuille  cotylédonaire  sont  reliées  entre 
elles,  à  travers  l’épaisseur  du  cotylédon,  par  une  chaîne  cellulaire  à  éléments 
polygonaux  de  taille  médiocre,  uni- ou  plus  généralement  bisériés.  Cette  chaîne 
établit  entre  les  parenchymes  qu’elle  sépare  une  ligue  de  démarcation  des  mieux 
tranchées.  Les  cellules  qui  se  détachent  de  cette  chaîne  et  se  portent,  les  unes 
vers  la  face  supérieure,  les  autres  vers  la  face  inférieure  du  cotylédon,  s’allon¬ 
gent  et  se  modifient  par  degrés,  pour  prendre  d’un  côté  les  caractères  du  pa¬ 
renchyme  en  palissade,  de  l’autre  ceux  du  parenchyme  inférieur. 

M.  Dutailly  oppose  à  la  théorie  fondée  par  M.  Cave  (2)  sur  le  développe¬ 
ment  d’une  feuille  unique,  celle  du  Rosier,  les  faits  qu’il  a  observés  sur  le 
cotylédon  du  Chanvre.  L’explication  de  M.  Cave  une  fois  reconnue  fautive, 
toute  son  argumentation  sur  la  structure  du  fruit  s’écroule  en  même  temps. 

L’auteur  insiste  sur  l’absence  de  liber,  coexistant  dans  l'embryon  du 
Chanvre  avec  la  présence  de  trachées  souvent  bien  développées,  fait  qui  est  en 
désaccord  avec  les  données  classiques  sur  les  premiers  développements  observés 
ordinairement  dans  la  germination. 


(1)  S’il  en  est  ainsi,  la  valeur  de  la  méthode  des  Jussieu  et  l’importance  de  la  subor¬ 
dination  des  groupes  de  plantes  recevraient  une  confirmation  nouvelle. 

(2)  Voyez  t.  xvn  (Revue),  p.  67.  Les  botanistes  qui  s’occupent  de  la  zone  génératrice 
considérée  dans  les  feuilles  feront  bien  aussi  de  consulter  un  mémoire  de  M.  Areschoug, 
qui  paraît  être  resté  inconnu  non-seulement  à  M,  Cave,  mais  encore  à  M.  Dutailly. 
(Voyez  tome  xvi,  llevuet  p.  232.) 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


211 


Histoire  botanique  et  thérapeutique  des  Salsepareilles  ; 

par  M.  Ed.  Vandercolme.  Thèse  pour  le  doctorat  en  médecine.  Iii'8°  de 

138  pages,  avec  quatre  planches  gravées.  Paris,  chez  J. -B.  Baillière  et  fils, 

1871. 

Celte  thèse  se  divise  en  plusieurs  parties  :  la  première  traite  du  genre 
Smilax  Tourn.  et  des  cinq  principales  espèces  employées  en  médecine  ;  la 
seconde  est  intitulée  :  Histoire  médicale  des  Smilax.  Dans  la  première 
partie,  on  trouvera  des  documents  nouveaux  dus  aux  recherches  de  l’auteur 
sur  l’anatomie  et  l’organographie  des  Smilax  ;  nous  signalerons  particulière¬ 
ment  le  chapitre  relatif  à  la  germination.  La  tige  des  Smilax,  d’après  l’auteur, 
constitue  un  axe  complexe  formé  par  une  série  d’axes  définis  nés  successive¬ 
ment  l’un  de  l’autre,  et  dont  la  génération  se  fait  alternativement  en  divers 
sens,  ensemble  d’axes  que  les  Allemands,  dit-il,  désignent  par  le  mot  svmpode. 
Il  a  étudié  avec  soin  la  tige  et  la  racine  du  Smilax  aspera ,  et  deux  autres 
espèces,  le  S.  mauritanica  Poir.  et  le  S.  excelsa.  Il  a  suivi  le  développement 
des  vrilles,  qu’il  assimile,  comme  31.  Trécul,  à  des  stipules  pétiolaires,  et  celui 
de  l’inflorescence,  qui  est  pour  lui  une  ombelle  de  cymes  unipares  scorpioïdes 
contractées,  ou  un  épi,  une  grappe  de  cymes  unipares  scorpioïdes  contractées, 
disposées  en  ombelle. 

Relativement  à  l’étude  botanique  des  espèces  de  Smilax ,  qui  est  très-diffi¬ 
cile,  M.  Vandercolme  s’est  borné  à  reproduire  la  division  de  Kunlh.  La  dif¬ 
ficulté  de  la  question  tient  au  défaut  de  concordance  des  produits  pharmaceu¬ 
tiques  et  des  échantillons,  trop  rares  d’ailleurs,  des  herbiers.  L’auteur,  n’ayant 
pas  sur  ce  sujet  de  matériaux  nouveaux,  n’a  pu  que  reproduire  la  description 
des  espèces  que  l’on  croit  officinales,  et  faire  des  coupes  des  rhizomes  que  le 
commerce  envoie  en  Europe.  U  est  à  espérer  que  les  matériaux  récemment 
adressés  à  l’École  de  pharmacie  par  M.  Lévy  et  les  exsiccatadu  même  voyageur 
feront  avancer  un  peu  la  détermination  des  Salsepareilles  officinales. 

31.  Vandercolme  a  publié  dans  V  Ad  ans  onia  (t.  x,  pp.  74*98)  un  extrait  de 
ce  travail,  qui  en  renferme  la  partie  spécialement  botanique. 

Stirpcs  cxotfcæ  oovæ;  par  M.  H.  Bâillon  [Adansonia,  t.  x,  pp.  103, 

117). 

Cœsalpinia  Courboniana  (Cotirbon  n°  362 *  bords  de  la  mer  Rouge)  ;  Sin- 
dora  cochinchinensis  (Lefèvre  nos  259,  287)  ;  Erythrophlœum  Couminga 
(Ambongo,  Pervillê  n°  654)  ;  Ropalocarpus  triplinervius  ( Zambou  à  3Iada- 
gascar,  Bernier  n°  2*  Boiv.  n°  2596  sub  Buettneria  triplinervia );  Oxymitra 
Gabriaciana  (Cochinchine,  Lefèvre  n°  240)  ;  Melodorum  punctulatum  (Nou¬ 
velle-Calédonie)  ;  M.  Lefcvrii  (Cochinchine,  Lefèvre  n03  118,  38^  532); 
Trochetia  Richardi  (Nossi-bé,  Richard  n°  343)  ;  T.  Boivini  (Pervillê 
n°  642);  T.  Thouarsii (31adagascar,  Dupetit-Th.);  Guarea  apiodora  (Pérou)* 


21  2  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

2*  article  :  —  Sarcolœna  Bojeriana  (Madagascar,  Bojer);  Buettneria  viti - 
folia  (Nossi-bé,  Pervillé,  Boivin  n°  2137)  ;  B.  biloba  (Madagascar,  Bernier 
u°  361)  ;  Sterculia  Tavia  (ibid. ,  Chapelier)  ;  Quararibea  Martini  (Guyane 
française,  Martin);  Carpodiptera  Boivini  (Mayotte,  Boivin  n°  3391);  C.  ? 
Schomburgkii  (Guyane  anglaise,  Schomb.  n°  800)  ;  Belot ia  insignis  (Mexi¬ 
que,  G  hiesbreght  n°  356);  Honckenya  minor  (Guinée,  Dr  Joly);  Marlea 
Bussyana  (Nouvelle-Calédonie,  Pancher)  ;  Salacia  Pancheri  (Nouvelle-Ca¬ 
lédonie,  Vieill.  n°‘  189,  2298,  et  Pancher  n°  237);  Pisonia  major  (Rawak, 
Gaudichaud).  e.  f. 

Hedtcigia .  Ein  Notizblattfür  kryptogamische  Studien,  nebst  Repertorium 
für  kryptogamische  Literatur.  Neuvième  et  dixième  volumes.  Dresde,  1870 
et  1871. 

La  neuvième  et  la  dixième  année  de  ce  recueil  publié  par  M.  Rabenhorst 
sont  formées,  comme  les  précédentes,  de  douze  feuilles  paraissant  mensuel¬ 
lement.  Dans  le  Repertorium ,  qui  en  constitue  la  majeure  partie,  le  rédacteur 
reproduit  les  diagnoses  des  diverses  espèces  décrites  dans  les  nombreux  mé¬ 
moires  dont  il  fait  l’analyse.  Pour  le  volume  de  1870,  les  travaux  analysés 
sont  au  nombre  de  quarante-huit,  et  de  quarante-quatre  pour  1871.  Enfin  il 
y  a  des  notices  nécrologiques  sur  deux  anciens  collaborateurs,  Bernard  Auers- 
wald,  mort  le  30  juin  1870,  et  Ch.-Aug.  -Jules  Milde,  décédé  le  3  juillet  1871 
à  Méran  (Tirol  méridional),  où  il  était  retourné  pour  y  rétablir  sa  santé. 

Les  travaux  originaux,  peu  nombreux  cette  fois,  sont,  pour  1870,  les  sui¬ 
vants  :  M.  Juratzka,  de  Vienne,  s’occupe  du  Brachythecium  Gekeebii  Milde, 
publié  dans  le  numéro  de  1869.  Par  la  structure  de  ses  feuilles,  cette  Mousse 
rappelle  quelque  peu  les  Camptothecium ,  en  particulier  le  C.  aureum ,  dont 
cependant  il  est  très-facile  de  la  distinguer.  A  l’état  stérile,  elle  peut  aisément 
se  confondre  avec  VHomalothecium  sericeum.  L’auteur  fait  remarquer  que 
sur  la  Mousse  en  question  les  fleurs  mâles  viennent  sur  des  pieds  distincts, 
tandis  qu’on  les  trouve  comme  simplement  parasitaires  sur  les  Camptothecium. 
Enfin  M.  Juralzka  signale  des  localités  de  la  Bohême  et  du  Salzbourg  où 
l’espèce  de  feu  Milde  a  été  retrouvée. 

Dans  un  autre  numéro  du  même  journal,  M.  Juratzka  décrit  le  Weber  a 
Kreidleri  découvert  dans  quatre  localités  des  Alpes  de  la  Styrie.  Cette  espèce 
est  affine  au  Bryum  Ludivigii,  mais  par  son  port  et  ses  dimensions  elle  rappelle 
plutôt  le  W.  albicans ,  tout  en  se  distinguant  de  prime  abord  par  le  bord  de 
ses  feuilles  révolulé,  parle  tissu  foliaire  plus  dense  et  par  l’époque  plus  tardive 
de  la  maturation  de  ses  fruits. 

Sous  le  nom  )de  Jungermannia  Reichardti  Gottsche  in  litt.,  M.  Juratzka 
publie  une  Hépatique  nouvelle  du  Salzbourg,  de  la  Styrie  et  des  Grisons.  Le 
premier  inventeur  de  cette  plante,  M.  Sauter  de  Salzbourg,  l’avait  considérée 
comme  une  variété  du  J.  alpesbis. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


213 


Un  autre  mémoire  du  même  auteur  concerne  le  Voitia  mutica,  publié  par 
M.  Venturidans  le  Bryotheca  europœa  de  M.  Rabenhorst,  sous  le  n°  1052. 
M.  De  Notaris  a  admis  cette  Mousse  comme  espèce  distincte  dans  sa  myo- 
logie  italienne  ;  il  la  dit  voisine  du  V.  minutula  et  dépourvue  de  l’anneau, 
caractère  que  M.  Venturi  avait  déjà  signalé  ;  cependant  M.  De  Notaris  constate 
la  présence  d’un  péristome  rudimentaire. 

L’examen  de  nouveaux  échantillons  a  permis  à  M.  Juratzka  de  reconnaître 
que  la  prétendue  espèce  nouvelle  n’est  autre  chose  que  Y  Anacalypta  Star - 
keana.  Le  «  calyptra  scabra  »,  spécial  d’après  M.  Venturi  à  sa  Mousse 
nouvelle,  se  retrouve  aussi  accidentellement  sur  Y  Anacalypta, 

M.  de  Brébisson  publie,  en  français,  une  note  sur  le  Nostoc  fragi forme 
(Roth),  qu’autrefois  il  considérait  comme  une  espèce  distincte  par  la  consistance 
coriace  de  son  périderme.  Cette  structure  péridermique  et  l’absence  de  tri- 
chomates  déterminèrent  M.  Meneghini  à  placer  cette  Algue  dans  le  genre 
Oncobyrsa  sous  le  nom  d’O.  Bî'ebissoni ;  plus  tard,  M.  Kützing  la  fit  entrer 
dans  son  genre  Hydrococcus  et  la  figura  dans  ses  7 'abulœ  phycologicœ ,  vol.  i, 
pl.  32,  avec  deux  autres  espèces  qui  semblent  différer  fort  peu  de  celle-ci. 
Dans  son  Species  Algarum ,  M.  Kützing  rappelle  que  cette  Algue  a  été  décrite 
par  Roth  ( Catalecta  botanica ),  sous  le  nom  de  Linkia  fragi formis.  La  syno¬ 
nymie  complète  en  est  donnée  par  M.  Rabenhorst,  dans  son  Flora  Algarum 
Europæ ,  sous  le  nom  d’Oncobyrsa.  M.  de  Brébisson,  ayant  eu  en  mai  1870 
la  bonne  chance  de  retrouver  des  échantillons  parfaitement  entiers  de  cette 
plante,  a  été  à  même  d’apprécier  la  justesse  de  l’appréciation  faite  par  Roth,  et 
reconnaît  qu’elle  devra  conserver  le  nom  de  Nostoc  fragiforme . 

Le  dernier  mémoire  dont  il  nous  reste  à  donner  une  courte  analyse  est  de 
M.  R.  Rutile  et  concerne  quelques  espèces  de  Fissidens.  Le  F,  intralim- 
batus  Rutile,  voisin  du  F.  Bloxami  Wils. ,  a  été  cueilli  près  de  Tavira  en  Por¬ 
tugal  par  M.  le  comte  Hermann  de  Solms-Laubach.  C’est  le  seul  représentant 
en  Europe  d’un  groupe  de  ce  genre  qui  a  tous  ses  autres  représentants  en  Amé¬ 
rique  et  qui  est  distingué  par  l’organisation  de  ses  cellules  prosencliymateuses. 
Quelques  brins  de  cette  espèce  se  sont  trouvés  entremêlés  au  F.  incurvus , 
rapporté  par  le  comte  de  Solms  de  son  voyage  aux  Algarves.  Une  seconde 
nouveauté  du  même  genre  est  le  F.  Arnoldi  Rutile,  découvert  par  lelichéno- 
graplie  M.  Fred.  Arnold,  près  de  Kelheim  sur  le  Danube,  entremêlé  au 
F,  crassipes.  Cette  espèce  se  distingue  par  ses  feuilles  parfaitement  immargi- 
nées,  et  se  rapproche  quelque  peu  par  ce  caractère  du  F.  obtusifolius  Wils., 
qui  cependant  offre  encore  des  traces  d’une  marge.  L’examen  du  F.  gym - 
nandrus  Ruthe  a  fait  reconnaître  à  l’auteur  que  ce  n’est  en  effet  qu’une 
variété  du  F.  bryoides.  A  cette  occasion,  M.  Ruthe  entre  dans  de  nombreux 
détails  sur  la  sexualité  de  cette  espèce  où  il  a  fréquemment  trouvé  avec  les 
fleurs  mâles  des  fleurs  gynandi  es,  dues  à  l’absence  d’une  petite  feuille  qui 
constitue  habituellement  la  ligne  de  séparation  entre  les  deux  sexes  de  celte 


21  à  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Mousse.  L'auteur  énumère  les  nombreuses  localités  où  il  a  pu  constater  la 
présence  de  cette  forme  anomale. 

Parmi  les  nombreuses  petites  notices  publiées  dans  le  neuvième  volume  du 
journal  de  M.  Rabenhorst  ,  nous  signalerons  les  suivantes.  Le  Bryum  Ma - 
rat ii  a  été  cueilli  à  Pile  de  Borkum  de  la  Frise  orientale.  M.  Milde  constate 
que  le  Campylopas  alpinus  Schimp.  n’est  qu’une  forme  du  Dicranodontium 
aristatum.  Il  en  est  de  même  du  Campylopas  pachyneurus  Molendo.  Le  même 
auteur  est  d’avis  que  le  Barbula  ruraliformis  Bescherelle  n’est  qu’une  forme 
du  B.  ruralis.  En  Allemagne  aussi  les  feuilles  de  cette  Mousse  sont  ou  émar- 
ginées  à  la  pointe  ou  entières,  et  c’est  sur  cette  circonstance  que  le  poil  terminal 
de  la  feuille  naît  au  sommet  non  émarginé  de  cette  dernière  que  M.  Besche¬ 
relle  avait  principalement  fondé  son  espèce.  C’est  à  tort,  selon  M.  Milde,  que 
le  genre  Leptopteris  Presl  a  été  généralement  réuni  aux  Todea.  Il  se  dis¬ 
tingue  de  ces  derniers,  non-seulement  par  un  port  rappelant  les  Trichomanes , 
mais  encore  par  l’absence  des  stomates.  La  forme  des  cellules  est  également 
fort  différente  dans  les  deux  genres  en  question  (1).  Le  même  auteur  réunit 
comme  de  simples  synonymes  les  quatre  Mousses  suivantes  de  M.  de  Notaris  : 
le  Weisia  truncicola  est  un  Dicranum  montanum  stérile;  le  Bryum  Geheebii 
ne  diffère  pas  du  B.  Funckii,  le  Scouleria  aquatica  est  identique  au  Cincli - 
dotus  fontinaloides  ;  enfin  YHypnum  duriusculum  est  la  même  espèce  que 
VH.  molle.  Depuis  vingt-cinq  à  vingt-huit  ans,  Y Hymenophyllum  tunbrid- 
gense ,  signalé  dans  la  Suisse  saxonne,  n’a  pu  y  être  retrouvé.  En  1868  l’un 
des  fils  de  M.  Rabenhorst  l’y  a  revu  et  un  autre  collecteur  l’a  retrouvé  en 
1869.  C'est  là  un  curieux  pendant  de  la  découverte  récente  de  cette  Fougère 
dans  la  forêt  de  Fontainebleau. 

Nous  passons  au  volume  de  1871.  Dans  ses  notices  brvologiques,  M.  Juratzka 
rappelle  qu’un  examen  réitéré  du  péristome  lui  a  fait  voir  que  le  Gnmmia 
Ungeri  n’a  pas  le  «  capsula  exannulata  »,  comme  il  l’avait  dit  antérieurement, 
mais  bien  un  «  annulus  angustus  persistens  ».  A  cette  occasion,  il  rappelle  que 
la  Mousse  en  question  a  été  trouvée  en  1870  par  M.  J.  Fergusson  en  Écosse. 
Une  découverte  également  curieuse  est  celle  du  Brachythecium  olympicum 
Jur.,  rapporté  de  l’île  de  Chypre  par  Unger  et  retrouvé  dans  les  Alpes  de  la 
Haute-Styrie.  De  la  sorte  le  Funaria  anomala  Jur.  est  la  seule  des  Mousses 
nouvelles,  découvertes  à  l’île  de  Chypre  par  Unger  et  Kotschy,  qui  ne  se  soit 
pas  retrouvée  jusqu’à  présent  en  Europe.  Nous  passons  sous  silence  les  nou¬ 
velles  localités  signalées  par  l’auteur  pour  quelques  variétés  bryologiques, 
nous  bornant  à  relever  que  Y Hypnum  rigidulum  Fergusson  ined.  est  5  rap¬ 
porter  comme  synonyme  au  Thuidium  decipiens  DNtrs.  Dans  une  notice  ulté¬ 
rieure,  M.  Juratzka  constate  la  découverte  de  cette  Mousse  dans  les  Alpes  de 
la  Basse-Autriche  ;  elle  est  décidément  dioïqueet  non  monoïque,  comme  le  dit 


(I)  Voyez  tome  xvn,  Revue,  p.  167. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


215 


l’inventeur,  M.  De  Notaris.  Une  seule  question  reste  à  résoudre,  c’est  de 
savoir  l’affinité  que  cette  Mousse  offre  avec  l 'Hypnum  commutatum ,  dans  le 
voisinage  duquel  elle  devra  peut-être  trouver  sa  place  définitive. 

M.  Rabenhorst  publie  l’énumération  des  Cryptogames  rapportées  par 
M.  Haussknecht  de  son  voyage  en  Orient.  Parmi  les  quatre-vingt-seize  Cham¬ 
pignons,  l’auteur  décrit  diverses  espèces  nouvelles.  Les  Lichens  sont  au  nombre 
de  trente-trois  ;  parmi  eux,  nous  remarquons  le  Chlorangium  Jussu/fii  Link 
du  désert  de  Tebbes  en  Perse. 

M.  Yenturi,  de  son  côté,  nous  donne  des  notices  bryologiques.  Il  rappelle 
que  Y Orthotrichum  Venturii  DNtrs  demande  encore  un  examen  ultérieur,  en 
particulier  une  comparaison  avec  l’O.  Schubartzianum  Lorentz.  Deux  nou¬ 
velles  formes,  de  YO.  Siurmii  probablement,  sont  examinées  avec  soin  par 
l’auteur,  qui  donne  un  aperçu  des  caractères  qu’il  a  trouvés  sur  les  échantil¬ 
lons  de  cette  espèce  provenant  des  localités  les  plus  diverses.  Dans  un  second 
article,  l’auteur  s’appesantit  sur  les  deux  Orthotrichum  figurés  dans  les  supplé¬ 
ments  du  Bryologia  europœa  sous  le  nom  de  O.  saxatile  Wood  et  Rogeri 
Brid.  Le  premier  pourrait  fort  bien  n’être  qu’une  des  formes  assez  nombreuses 
de  Y  O.  Sturmii.  Ceux  qui  ne  partagent  pas  cette  manière  de  voir  devront 
séparer  comme  espèce  distincte  la  plante  du  Nord  d’avec  celle  des  Alpes.  Nous 
ne  pouvons  que  mentionner  la  longue  dissertation  de  l’auteur  sur  l’0.  Rogeri 
et  les  espèces  affines,  où  l’absence  d’un  échantillon  authentique  de  Bridel 
joue  un  grand  rôle,  divers  auteurs  ayant  confondu  sous  ce  nom  des  plantes 
fort  différentes. 

Un  dernier  mémoire  qui  reste  à  mentionner,  ce  sont  les  diagnoses  de  Cham¬ 
pignons  nouveaux  par  M.  George  YVinter,  accompagné  de  six  figures  et  offrant 
trois  espèces  de  Sordaria ,  deux  Otthia ,  un  Ohleria,  un  Sphœrella ,  un  Pesta - 
lozzia)  enfin  un  Leptosphœria.  Buchinger. 

■•réels  des  herborisations  faites  par  la  Société  d’histoire  natu 
relie  de  Toulouse  pendant  l’année  1870  ;  par  M.  Éd.  Timbal-Lagrave 
(extrait  du  Bulletin  de  la  Société  d'histoire  naturelle  de  Toulouse ,  vol.  iv, 
pp.  156-185);  tirage  à  part  en  brochure in-8°  de  30  pages.  Toulouse,  typ. 
Bonnal  et  Gibrac,  1871. 

M.  Timbal-Lagrave  a  étudié  dans  ce  travail  les  formes  suivantes  : 

1°  Groupe  de  Y Aquilegia  vulgaris  L.  et  auct.  :  A.  nemoralis  Jord.,  A. 
col lina  Jord.  [A.  alpicolaTvmh .  in  litt.),  qui  abonde  dans  la  région  alpine 
inférieure  des  Pyrénées,  et  de  là  descend  dans  le  bas  des  vallées  ;  A.  prœcox 
Jord.  (bassin  du  Tarn,  Montagne-Noire);  A.  speciosa  Timb.  (prairies  d’Ar- 
bas,  vallée  d’Aran). 

2°  Groupe  du  Papaver  Rhœas  L.  —  M.  Timbal-Lagrave  pense  que  l’étude 
géographique  du  Papaver  Rhœas  tracée  par  M.  Alpli.  de  Candolle  (qui  regarde 
cette  plante  comme  originaire  de  Sicile),  manque  de  base,  parce  que  plusieurs 


216 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

espèces  distinctes  ont  été  confondues  sous  ce  nom,  malgré  les  indications  de 
Fuchsetde  Dodoëns.  31.  Timbal-Lagrave  regarde  comme  un  bon  caractère, 
dans  le  genre  Papaver,  la  forme  des  anthères,  la  coloration  du  pollen  et  la 
forme  du  bouton  avant  l’épanouissement  delà  fleur.  La  présence  ou  l’absence 
de  taches  à  la  base  des  pétales  n’est  pas  au  contraire  un  caractère  constant. 
M.  Timbal-Lagrave  n’a  pas  adopté  toutes  les  espèces  de  31.  Jordan.  Il  dis¬ 
tingue  les  Papaver  Dodonei  [P.  erraticum  Dod. ,  P.  cereale  Jord,  et  P.  ar - 
vaticum  Jord.);  P.  erraticum  [P.  erraticum  primum  Fuchs  Hist.  stirp. 
p.  515)  ;  P.  Fuchsii  {P.  erraticum  alterum  Fuchs  ibid. ,  p.  256);  P.  eau - 
dati folium  ;  P.  syriacum  Boiss.  et  Blanche,  qui  croît  avec  les  précédentes 
espèces  dans  le  bassin  sous-pyrénéen. 

3°  Anacampseros  J.  Bauh.  — M.  Timbal-Lagrave  ajoute  à  la  monographie 
de  3IM.  Jordan  et  Fourreau  cinq  espèces  nouvelles. 

U°  Groupe  du  Potentilla  verna  auct.  —  31.  /Timbal-Lagrave  décrit  deux 
espèces  nouvelles:  Dynamidium  montivagum ,  très-répandu  dans  la  région 
alpine  inférieure  des  Pyrénées,  et  D.  stipulaceum  ( Potentilla  filiformis  Lap.  ? 
non  Vill.,  P.  salisburgensis  auct.  pyr.  ?). 

5°  Genre  Posa.  — 31.  Timbal-Lagrave  espère  donner  un  jour  un  Catalogue 
raisonné  de  ce  genre;  en  attendant,  il  croit  devoir  appeler  l’attention  sur  les 
espèces  nouvelles  suivantes  :  Posa  Clotildea  (P.  suavis  Arrondeau  non 
Willd.),  P.  tolosana  {P.  Junlzilliana  auct.  toi.  non  Besser  nec  Deséglise), 
P.  ladanifera.  31.  Timbal-Lagrave  a  constaté  encore  dans  les  environs 
de  Toulouse,  le  R.  Boreythiana  Bess.  et  des  espèces  décrites  par  3131.  Puget, 
Deséglise  et  Ripart. 

6°  Genre  Heracleum .  —  L’auteur  n’adopte  pas  toutes  les  espèces  de 
M.  Jordan. 

L’auteur  donne  encore  quelques  détails  sur  les  Galium  voisins  du  G.  papil - 
losum ,  sur  VInula  dubia  Pourr.,  sur  les  formes  du  Bellis perennis,  sur  les 
Salvia ,  sur  VOrchis  fallaci-laxiflora  Timb.  ;  il  trace  ensuite  une  étude  impor¬ 
tante  des  Festuca  de  la  Haute-Garonne,  dont  il  s’était  déjà  occupé  auparavant. 
Une  espèce  nouvelle  importante  est  le  Festuca  Bartherei ,  n.  sp.,  remarqué  au 
sommet  de  Cagire  par  31.  Barthère,  horticulteur  toulousain. 

31.  Timbal  termine  par  une  énumération  des  plantes  rares  ou  nouvelles  pour 
la  flore  de  la  Haute-Garonne. 

IjCs  Populations  végétales;  leur  origine,  leur  composition  et 
leurs  migrations;  par  31.  Ch.  Martins  [Revue  des  Deux  Mondes,  livraison 
du  15  février  1872)  ;  tirage  à  part  en  brochure  in-8°  de  25  pages,  Paris, 
1872. 

Les  populations  végétales  peuvent  être  assimilées  aux  populations  humaines; 
l’origine  de  chacune  d’elles  remonte  bien  au  delà  des  époques  historiques.  Ce 
que  l’on  sait  de  la  composition  et  de  la  formation  successive  des  populations 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  217 

du  midi  de  la  France  pourrait  s’appliquer  également  au  règne  végétal, 
M.  Alph.  de  Candolle  a  le  premier  établi,  à  la  fin  de  sa  Géographie  botanique , 
que  les  végétaux  actuels  se  rattachent  intimement  à  ceux  qui  les  ont  précédés 
dans  les  différentes  phases  géologiques  que  la  terre  a  traversées  depuis  son 
origine.  Tous  les  végétaux  fossiles  existant  encore  actuellement  appartiennent 
aux  terrains  tertiaires  ou  quaternaires. 

Après  avoir  rappelé  ces  faits  qui  dominent  le  sujet,  M.  Martins  s’appuie  sur 
les  faits  paléontologiques  qui  résultent  des  recherches  de  M.  Heeret  de  M.  de 
Saporta,  pour  expliquer  les  phénomènes  qui  se  sont  produits  dans  la  végé¬ 
ta  don  du  sud- est  de  la  France,  depuis  la  fin  de  la  période  tertiaire  :  la  per¬ 
sistance  de  quelques-uns  des  types  miocènes,  comme  Y  Anagyris,  le  Laurus 
nobilis ,  le  Pislacia ,  le  Nerium ,  le  Cercis,  le  Ramondia,  le  Dioscorea  pyre - 
naica  (1)  ;  l’invasion  des  plantes  du  Nord  (2),  venues  avec  la  première  époque 
glaciaire,  depuis  émigrées  progressivement  du  pays  lorsqu’il  se  réchauffait,  et 
restées  sur  les  montagnes  de  la  Suisse,  des  Pyrénées,  dans  les  tourbières  du 
Jura,  etc.  Après  l’époque  glaciaire,  la  flore  méditerranéenne,  continuation 
de  la  flore  miocène,  a  régné  seule  dans  l’Europe  méridionale  sur  une  vaste 
surface  dont  la  Méditerranée  nous  cache  aujourd’hui  la  plus  grande  partie. 
Mais  comment  s’est  repeuplée  l’Europe  moyenne,  assiégée  pendant  des  siècles 
par  d’immenses  glaciers  ?  De  plantes  venues  de  l’Asie,  dont  le  berceau  fut  le 
nôtre;  la  géographie  botanique,  en  s’aidant  des  lumières  de  la  philologie  (3),  dit 
M.  Martins,  retrouvera  peu  à  peu  la  trace  de  cette  grande  migration,  analogue 
à  celle  des  peuples  aryens.  Il  admet  encore  que  certaines  espèces  de  la  végé-* 

(1)  Nos  lecteurs  ont  trouvé  des  détails  intéressants  sur  ce  sujet  dans  une  communication 
faite  à  la  Société  par  M.  Martins  en  1869  (t.  xvi,  p.  100),  et  ils  en  trouveront  dans  une 
autre  où  le  savant  professeur  de  Montpellier  a  étudié  la  flore  des  garrigues,  en  mars 
1872.  M.  Martins  a  fait  remarquer  qu’il  serait  bon  de  chercher  dans  la  flore  du  centre 
de  la  France  des  exemples  de  la  persistance  de  types  géologiques  anciens,  analogue  à 
ceux  qu’offre  la  flore  du  Sud-Est.  Quelques-uns  des  faits  qu’il  cite  comme  une  extension 
des  types  méditerranéens  par  migration  pourraient  être  rapportés  à  cette  catégorie.  On 
pourrait  alléguer  encore,  à  l’appui  de  ses  idées,  que  le  Lierre,  qui  appartient  seul  en  Europe 
à  une  famille  exotique,  a  beaucoup  souffert  du  froid,  sous  le  climat  de  Paris,  dans  le  der¬ 
nier  hiver  si  rigoureux  que  nous  avons  traversé,  et  que  le  Houx  même  a  gelé  dans  quel¬ 
ques  localités  du  nord  de  la  France. 

(2)  Il  est  un  fait  considérable  dont  la  théorie  Darwinienne  n’a  fourni  jusqu’à  ce  jour 
aucune  explication  qui  nous  soit  connue.  À  l’époque  miocène,  les  régions  boréales  de 
notre  hémisphère  étaient  couvertes  de  vastes  forêts  composées  de  Cyprès  chauve,  de 
Taxodium ,  de  Pinus  Laricio,  de  Salisburia ,  de  Planera,  de  Diospyros.  Or  la  flore  bo¬ 
réale  qui  a  occupé  le  midi  de  l’Europe  avec  la  première  époque  glaciaire  offrait  des  carac¬ 
tères  tout  différents,  qu’elle  offre  encore  dans  les  lieux  où  elle  s’est  conservée.  On  n’a 
pas  observé  de  transition.  Cette  seconde  végétation  boréale  ne  pouvait  vivre  dans  le  même 
climat  que  la  précédente,  puisqu’elle  s’est  réfugiée  sur  les  montagnes  lors  du  réchauffe¬ 
ment  de  l’Europe  moyenne  qu’elle  avait  envahie.  Offrirait-elle  donc  les  caractères  d’une 
création  ? 

(3)  Le  rédacteur  de  cette  Revue ,  qui  s’est  occupé  d’études  philologiques  de  ce  genre, 
a  été  amené  à  reconnaître  que  si  les  noms  vulgaires  de  certains  arbres  de  notre 
pays  proviennent  des  idiomes  de  l’Orient  ou  peuvent  leur  être  rattachés ,  cela  prouve 
principalement  que  les  ancêtres  delà  race  indo-européenne  ont  d’abord  connu  ces  arbres 


218 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

tation  méridionale,  regagnant  une  partie  du  terrain  perdu  depuis  l’époque 
miocène,  ont  remonté  le  cours  des  lleuveset  se  sont  aventurées  jusque  sur  les 
bassins  du  Rhin  et  de  la  Seine,  sur  les  coteaux  de  l’Alsace  et  dans  la  forêt  de 
Fontainebleau.  Certaines  vallées,  certaines  chaînes  de  montagnes,  les  côtes 
des  grands  continents,  ont  encore  offert  un  chemin  facile  aux  migrations 
végétales. 

Après  avoir  développé  ces  considérations,  M.  Martins  expose,  après  M.  J. 
Hooker,  les  caractères  des  flores  insulaires,  et  discute  les  causes  qui  ont  pré¬ 
sidé  à  leur  formation.  Il  prouve  la  réalité  de  l’hypothèse  d’Edw.  Forbes,  sur 
les  anciennes  connexions  continentales,  regarde  comme  très-limité  le  transport 
des  graines  par  les  courants  marins  ou  par  les  oiseaux  voyageurs,  et  invoque 
les  idées  transformistes  pour  expliquer  la  présence  d’espèces  semblables,  sans 
être  identiques,  sur  des  terres  fort  éloignées  l’une  de  l’autre. 

Note  sur  mie  monstruosité  de  la  fleur  du  Violier;par 

M.  P.  Duchartre  [Comptes  rendus,  12  juin  1871,  t.  lxxii,  n°  23,  pp.  714- 

722,  et  Ann.  sc.  nat.,  5e  série,  t.  xm,  pp.  315-339,  avec  une  planche). 

La  monstruosité  étudiée  par  M.  Duchartre  est  celle  que  De  Candolle  avait 
désignée  sous  le  nom  de  Cheiranthus  Cheiri  var.  gynantherns.  M.  Duchartre 
a  analysé  plus  de  cinq  cents  fleurs  affectées  à  divers  degrés  de  cette  mons¬ 
truosité. 

Notre  savant  confrère  n’accorde  aux  déductions  tirées  de  l’examen  des 
monstruosités  qu’une  valeur  restreinte  purement  analogique.  Il  croit  que,  sauf 
dans  des  cas  rares,  il  est  peu  sûr  de  conclure  de  l’examen  d’une  monstruosité 
à  autre  chose  qu’à  une  probabilité,  et  d’en  vouloir  tirer  les  éléments  d’une 
démonstration  rigoureuse.  Cependant  il  a  montré  lui-même  dans  ce  travail 
que  l’observation  d’une  anomalie,  quand  elle  est  fondée  sur  un  grand  nombre 
de  faits  et  sur  des  phases  successives  de  l’état  monstrueux,  peut  être  in¬ 
voquée  avec  beaucoup  de  poids  pour  éclairer  certaines  structures  difficiles  à 
expliquer  et  devenues  l’objet  de  longues  controverses,  comme  celle  du  gyné¬ 
cée  des  Crucifères. 

M.  Duchartre  rappelle  d’abord  l’opinion  de  R.  Brown  sur  la  nature  du  stig¬ 
mate.  D’après  ce  botaniste,  les  bords  du  carpelle,  qui  sont  généralement  ovu- 
lifères  dans  leur  partie  inférieure,  remplissent  dans  leur  portion  supérieure 
la  fonction  de  stigmate.  En  conséquence ,  chaque  carpelle  a  nécessaire¬ 
ment  deux  stigmates  qui  doivent  être  regardés  non  comme  terminaux,  mais 
comme  latéraux.  Lorsque  les  étamines  du  Cheiranthus  se  transforment  en 
carpelles,  les  étamines  courtes  et  latérales  sont  parfois  transformées  isolément, 

en  Orient,  et  non  pas  toujours  que  ces  arbres  aient  eu  l’Orient  pour  patrie  primitive. 
Il  croit  pouvoir  d’ailleurs  rappeler  à  ce  propos  ce  qu’il  a  écrit  dans  le  Bulletin  sur  l’ori¬ 
gine  du  Sisymbrium  Sophia,  qui  paraît  être  venu  d’Orient,  cultivé  autour  des  habitations 
comme  plante  médicinale.  (Voy.  le  Bull. ,  t.  xi,  p.  358.) 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


219 


chacune  en  une  sorte  de  follicule  ouvert  échancré  à  son  sommet,  portant  un 
stigmate  sur  chacun  de  ses  bords  dans  sa  partie  supérieure.  La  carpellisation 
de  l’androcée  faisant  de  nouveaux  progrès,  on  arrive  graduellement  à  des  fleurs 
dont  l’androcée  est  remplacé  par  six  carpelles  entièrement  semblables  au  précé¬ 
dent,  libres  et  distincts  les  uns  des  autres.  Par  une  action  plus  marquée  encore 
de  la  tendance  spéciale  au  développement  des  Crucifères,  ces  six  carpelles  se 
soudent  les  uns  aux  autres,  et  alors  la  côte  qui  indique  la  jonction  de  deux 
carpelles  voisins,  et  qui  porte  en  dedans  un  placenta  chargé  de  deux  rangées 
d’ovules,  est  surmontée  d’un  organe  papilleux  dû  à  la  coalescence  de  deux 
demi-stigmates  appartenant  chacun  à  l’un  des  deux  carpelles  voisins,  et  la 
dépression  assez  prononcée  qui  sépare  cette  côte  de  la  côte  voisine  correspond 
au  sommet  organique  du  carpelle.  On  a  alors  sous  les  yeux  un  verticille  car- 
pellaire  anomal  à  six  éléments  et  régulier  entourant  le  gynécée  normal. 
Quand  la  tendance  spéciale  aux  Crucifères  s’accentue  davantage  encore,  les 
carpelles,  qui  remplacent  les  deux  paires  d’étamines  longues,  se  soudent  d’abord 
entre  eux,  puis  disparaissent  plus  ou  moins  complètement,  tandis  que  le  gy¬ 
nécée  normal  s’atrophie,  de  sorte  qu’on  n’a  plus  guère  sous  les  yeux  qu’un 
gynécée  bi-carpellaire  formé  par  les  deux  carpelles  latéraux  qui  ont  remplacé 
les  étamines  courtes.  Ce  gynécée  anomal  est  semblable  par  sa  structure  et  sa 
position  au  gynécée  normal.  Il  est  logique  de  conclure  qu’un  enchaînement 
analogue  d’altérations  successives  d’un  type  primordial  tétramère  a  pu  donner 
naissance  également  dans  la  nature  à  un  organe  définitif  purement  dimère, 
mais  conservant,  dans  les  rapports  de  position  des  stigmates  et  des  placentas, 
dans  la  duplicité  de  la  cloison,  etc. ,  des  traces  reconnaissables  de  sa  structure 
typique.  Aussi  M.  Duchartre  pense-t-il,  au  total,  que  les  plus  fortes  présomp¬ 
tions  militent  en  faveur  de  la  théorie  d’après  laquelle  le  pistil  des  Crucifères  est 
composé  de  quatre  carpelles  dont  l’antérieur  et  le  postérieur  (qui  existent  quel¬ 
quefois)  ont  d’habitude  disparu  par  l’effet  d’un  rétrécissement  progressif,  ou 
se  sont  fondus  dans  la  masse  des  placentas  et  de  la  cloison,  théorie  qui  a  été 
exposée  d’abord  par  Kunth. 

Un  autre  point  a  été  touché  par  M.  Duchartre.  U  a  constaté  que  les  étamines 
courtes  se  spécialisent  dans  ces  monstruosités.  Elles  se  convertissent  plutôt 
que  les  autres  en  carpelles,  et  leurs  carpelles  restent  situés  sur  un  plan  infé¬ 
rieur.  Ce  fait  conduit  M.  Duchartre  à  se  ranger  parmi  les  botanistes  qui  regar¬ 
dent  l’androcée  des  Crucifères  comme  comprenant  deux  verticilles  staminaux. 
Il  révoque  en  doute  l’authenticité  des  observations  de  Payer,  et  oppose  à  celles 
de  M.  Eichler  (1)  celles  de  M.  AVrestchko  (2),  en  se  fondant  sur  celles  de 
M.  Krause  dont  il  avait  confirmé  l’exactitude  par  ses  propres  recherches  (3). 
Quant  au  dédoublement  invoqué  parMoquin-Tandon  et  Webb,  M.  Duchartre 

(1)  Voyez  le  Bull.,  t.  xm,  Revue,  p.  149. 

(2)  Voyez  le  Bull.,  t.  xvi,  Revue ,  p.  194. 

(3)  Voyez  Revue  botanique ,  t.  il,  1846-1847,  p.  27. 


220 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

regarde  la  bifurcation  des  étamines  des  Vella  et  de  quelques  autres  genres 
comme  un  fait  de  soudure  et  non  de  dédoublement. 

Uebcr  Bildiiiigsabweicliuugcu  fiel  Cruciferen  ( Anomalies 
des  Crucifères );  par  M.  J.  Peyritsch  {Pringsheinf  s  Jahrbücher,  t.  vin, 
pp.  117-130,  avec  3  planches). 

Un  certain  nombre  de  faits  curieux  sont  figurés  par  M.  Peyritsch  dans  ce  tra¬ 
vail,  et  éclairés  par  la  citation  et  la  discussion  des  faits  analogues  qui  se  trouvent 
dans  les  auteurs.  C’est  YArabis  alpina  qui  lui  a  fourni  le  plus  grand  nombre 
d’exemples.  Nous  signalerons  les  principales  de  ces  monstruosités: 

Une  fleur  à  quatre  sépales  et  à  trois  carpelles,  produisant  une  fleura  l’aisselle 
de  chaque  carpelle.  —  Un  ovaire  à  quatre  valves  renfermant  un  autre  fruit  à 
deux  valves. —  De  nombreux  cas  de  prolification,  de  chloranthie,  de  disjonc¬ 
tion  du  fruit.  L’auteur  est  disposé  à  conclure  de  ses  observations  que  les  pla¬ 
centas  des  Crucifères  sont  les  nervures  marginales  des  feuilles  carpellaires  qui 
se  réunissent  au  sommet  du  carpelle  ou  de  la  valve. 

M.  Peyritsch  a  fait  une  étude  plus  générale  de  la  virescence  des  ovules  ;  il 
a  étendu  cette  étude  aux  genres  Trifolium ,  Rumex,  Salix ,  etc.  Il  étudie  la 
nature  du  nucelle  d’après  les  anomalies  qu’il  a  observées.  Il  ne  peut  admettre 
d’aucune  façon  que  cet  organe  soit  de  nature  foliacée.  Mais  de  quelle  nature 
est-il  ?  Est-ce  une  production  nouvelle  naissant  sur  la  feuille  ou  sur  l’enveloppe 
ovulaire,  ou  un  rameau  axillaire  contracté,  naissant  sur  le  placenta  et  portant 
cette  feuille  ?  Ce  qui  tendrait  à  faire  adopter  la  première  opinion,  c’est  que 
les  feuilles  anomales  qui  se  trouvent  sur  le  placenta  portent  en  assez  grand 
nombre  des  mamelons  comparables  au  nucelle.  Il  est  vrai  que  le  nucelle, 
comme  le  montrent  certaines  anomalies,  peut  naître  aussi  directement,  dans 
l’aisselle  de  l’une  de  ces  feuilles,  du  placenta  ou  de  ses  ramifications.  Ordinai¬ 
rement  ce  nucelle  est  nu  ;  plus  rarement  il  est  muni  d’un  tégument  qui  est 
analogue  au  tégument  intérieur  de  l’ovule.  Quant  à  ces  folioles  naissant  sur  le 
placenta,  M.  Peyritsch  ne  croit  pas  qu’on  puisse  les  assimiler  à  des  feuilles,  et 
notamment  à  la  feuille  carpellaire,  d’où  elles  émanent,  pas  plus  qu’on  11e  regarde 
comme  des  feuilles  les  excroissances  diversement  conformées  qui  s’élèvent 
sur  les  feuilles  de  certaines  variétés  de  Chou. 

Ii©  Diss  ( Festuca  altissima )  ;  par  M.  L.  Turrel  ( Bulletin  de  la  Société 
zoologique  d' acclimatation,  décembre  1871,  pp.  616-622). 

M.  Turrel  vante  l’emploi  du  Festuca  altissima  dans  le  gazonnement  des 
montagnes.  Les  touffes  compactes  et  plantureuses  de  cette  Graminée  servi¬ 
raient,  dit- il,  de  barrière  suffisante  contre  le  ravinement,  favoriseraient  l’in¬ 
filtration  des  eaux  dans  le  sol,  et  prépareraient,  par  l’accumulation  des  débris 
des  vieilles  feuilles  de  la  plante,  de  nouveaux  éléments  de  fécondité.  A  cause 
de  leurs  dentelures  aigües,  les  feuilles  du  Festuca  altissima  braveraient  les 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


221 


ravages  des  animaux,  auxquels  elles  assureraient  d’ailleurs  une  litière  hygié¬ 
nique,  dans  le  Midi,  où  la  litière  atteint  jusqu’à  3  francs  les  100  kilogrammes. 
Les  longues  tiges  pleines  et  rigides  de  cette  plante  peuvent  servir  à  faire 
d’excellents  paillassons  pour  les  serres,  les  bâches  et  les  cultures  de  primeurs. 
De  plus  elle  se  passe  absolument  d’eau  et  se  reproduit  aisément  de  graines. 
Reste  à  savoir  comment  le  Diss  se  trouvera  du  climat  du  midi  de  la  France. 

Oui  de  lindcr  Korvetten  Joséphine#  expédition,  sistll- 
den  sommai*,  insumlade  Algerue  ( Sur  les  Algues  récoltées 
pendant  V expédition  de  la  corvette  Joséphine,  etc.);  par  M.  J.-G.  Agardh 
(Ôfversigt  af  Kongl.  Vetenskaps-Akademiens  Fôrhandlingar ,  1870,  n°  A, 
pp.  359-360,  avec  une  planche). 

Les  Algues  recueillies  pendant  cette  expédition  l’ont  été  :  1°  sur  les  côtes 
de  Portugal,  dans  le  voisinage  de  Lisbonne  ;  2°  sur  la  mer  des  Sargasses  ;  3°  à 
Sainte-Marie  des  Açores  ;  U°  à  Boston.  Celles  de  la  côte  de  Portugal  ne  don¬ 
nent  lieu  qu’à  quelques  observations.  Celles  de  la  mer  des  Sargasses  doivent 
être  rapprochées  de  celles  que  M.  de  Martens  a  décrites,  rapportées  du  voyage 
de  la  Novara.  Celles  des  Açores  sont  au  nombre  de  trente-six  :  M.  Agardh  les 
énumère  ;  il  s’y  trouve  une  espèce  nouvelle,  Callithamnion  baccatum 
J.  Ag.,  figuré  par  l’auteur.  —  Quelques-unes  d’entre  elles  ont  une  distribu¬ 
tion  géographique  très-étendue,  ou  bien  se  relient  à  la  flore  méditerranéenne. 
Enfin  les  Algues  de  Boston  ont  fourni  à  l’auteur  l’occasion  d’étudier  la  syno¬ 
nymie  du  Laminaria  longicruris  de  la  Pyl. 

li©  Sahara.  Observations  de  géologie  et  de  géographie  physique  et  bio¬ 
logique,  avec  des  aperçus  sur  l’Atlas  et  le  Soudan,  et  discussion  de  l’hypo¬ 
thèse  de  la  mer  Saharienne  à  l’époque  préhistorique  ;  par  M.  A.  Pomel. 
Broch.  in-8°  de  139  pages;  Alger,  1872,  lyp.  Aillaud  etC'e. 

Quelques  pages  de  ce  mémoire  sont  consacrées  à  la  botanique.  L’auteur  y 
donne  les  caractères  principaux  de  la  flore  saharienne.  Cette  flore,  dit-il,  n’est 
point  comparable  à  celle  du  Soudan.  Cette  dernière  se  sépare  de  la  flore  saha¬ 
rienne  par  son  caractère  essentiellement  tropical,  et  sur  ses  frontières  elle  ne 
lui  prête  qu’un  petit  nombre  de  types  et  probablement  de  ceux  qui  sont  spé¬ 
ciaux  aux  enclaves  de  sa  limite  :  Marœa  rigida ,  Balanites  œgyptiaca ,  Calo- 
tropis  procera,  Salvadora  persica)  et  probablement  quelques  autres  végétaux 
des  régions  sahariennes  centrales  que  les  voyageurs  n’ont  point  signalés.  La 
flore  atlantique  vient  également  associer  un  certain  nombre  de  ses  espèces  à 
celles  de  la  flore  saharienne,  mais  sur  une  zone  très-étroite  de  son  domaine 
propre  au  delà  duquel  elle  n’envoie  qu’exceptionnellement  quelques-uns  de 
ses  végétaux  spéciaux,  comme  le  Pistacia  atlantica.  Elle  reçoit  plus  fréquem¬ 
ment  des  colonies  sahariennes  dans  ses  stations  subdésertiques  et  salines  du 
plateau  de  l’Atlas  et  même  du  Tell,  telles  que  Lactuca  spinosa ,  Erodiurn 


222 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


glaucophyllum  et  de  nombreuses  Salsolacées.  Malgré  cela  ces  stations  encla¬ 
vées  sont  nettement  définies,  et  il  est  bien  rare  que  deux  régions  botaniques 
voisines  soient  aussi  brusquement  et  aussi  nettement  délimitées. 

M.  Pomel  présente  aussi  des  considérations  intéressantes  sur  la  flore  algé¬ 
rienne  en  général,  et  fait  ressortir  le  trait  oriental  de  la  végétation  des  steppes 
des  hauts  plateaux,  qui  se  poursuit  en  Espagne  dans  les  stations  analogues  du 
plateau  des  Castilles.  Il  insiste  sur  les  colonies  que  les  familles  halophiles 
du  Sahara  (Chénopodées,  Plombaginées,  etc.)  viennent  former  dans  le  Tell  de 
la  province  d’Oran  jusqu’au  voisinage  de  la  mer,  sans1  se  mêler  à  la  végétation 
maritime  des  bords  de  la  Méditerranée. 

L’abondance  de  genres  monotypes  et  d’espèces  spéciales  qui  est  propre  à  la 
flore  d’Algérie  a  empêché  M.  Pomel  de  conclure  à  une  ancienne  connexion  de 
territoire  plutôt  par  l’ouest  que  par  l’est  ou  par  tout  autre  point  intermé¬ 
diaire  :  citons  encore  la  rareté  des  Bruyères  dans  l’Atlas  et  leur  abondance  en 
types  spécifiques  en  Espagne.  Il  ne  paraît  pas  davantage  qu’il  ait  existé  de 
connexion  entre  la  Tunésie  et  la  Sicile.  Le  Sahara  ne  peut  avoir  été  occupé 
au  commencement  de  l’époque  actuelle  par  une  mer  spacieuse,  car  dans  ce 
cas  sa  flore  et  sa  faune  devraient  avoir  été  constituées  par  l’émigration  d’espèces 
venues  des  deux  régions  continentales  qui  bordaient  la  surface  émergée.  Or, 
il  n’en  est  point  ainsi.  Le  Sahara  a  sa  faune  et  sa  flore  spéciales  et  n’a  emprunté 
que  peu  de  chose  à  ses  voisins.  Il  doit  sa  constitution  désertique  non  à  l’émer¬ 
sion  d’une  immense  mer,  mais  à  un  état  climatérique  singulier,  propre  à  la 
zone  qui  sépare  les  régions  équinoxiales  des  régions  tempérées  depuis  l’Océan 
atlantique  jusqu’au  centre  de  l’Asie.  Cette  constitution  date  de  la  fin  des  temps 
quaternaires,  depuis  lesquels  tous  les  renseignements  concordent  à  indiquer 
qu’il  ne  s’est  produit  que  des  modifications  insignifiantes  dans  la  répartition 
de  la  chaleur  et  des  eaux  à  la  surface  du  globe. 


Notice  sur  les  Lycopotiimn  du  llc^iquc,  introduits  par 
M.  Orner  de  Malzinne  et  cultivés  chez  MM.  Jacob-Makov  et  Cie,  à  Liège  ; 
par  M.  Éd.  Morren  (/’ Illustration  horticole,  1871,  pp.  65-71,  avec  deux 
planches). 

M.  Orner  de  Malzinne  a  recueilli  plusieurs  espèces  de  Ly copodium  (ainsi 
qu’un  grand  nombre  de  plantes  rares  et  curieuses)  à  Cordova  au  Mexique,  en 
1869  et  1870.  Ces  Lycopoclium  croissent  en  épiphy  tes  sur  de  vieux  et  grands 
arbres,  le  plus  souvent  des  Sapotées,  et  pendent  gracieusement  à  l’époque  de 
la  fructification.  Ces  plantes,  cultivées  dans  les  serres  de  MM.  Jacob-Makoy, 
sous  l’habile  direction  de  M.  Fr.  AViot,  ont  été  fort  distinguées  aux  expositions 
horticoles.  M.  Morren  y  a  distingué  quatre  espèces  :  le  Lycopodium  lini- 
folium  L.,  qui  malheureusement  n’a  pas  trouvé  dans  les  serres  les  conditions 
nécessaires  à  sa  végétation;  le  L.  Mandioccanum  Raddi;  le  L.  taxifoliurn 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  223 

Sw. ,  et  une  autre  espèce  qu’il  rapporte  avec  doute  au  L.  dichotomum  Jacq. 
Ces  trois  espèces  sont  décrites  et  figurées. 

Note  sur  le  Tiltandsiu  staiiceftovu  ;  par  M.  Éd.  Morren 
( ibid . ,  pp.  177-180). 


Cette  espèce  nouvelle  est  établie  pour  une  plante  mexicaine  qui  se  trouvait 
déjà  dans  les  herbiers  et  qui  a  été  rapportée  de  Cordova  par  M.  Orner  de  Mal- 
zinne. 

Le  Tillandsia  staticeflora  Éd.  Morr.  a  été  trouvé  au  Mexique  :  prov. 
Vera-Cruz  (Linden  n°  3);  in  valle  Cordobensi  (Bourg.  n°  2102,  O.  de  Mal- 
zinne). 

Cette  plante  diffère  complètement  du  T.  paniculata  Cham.  et  Schl.  in 
Linn.  1831,  t.  vi,  p.  5 h,  n°  1008,  et  18ùù,  t.  xvili,  p.  A2A. 


JSo»nfti*ea  chontalensis  Seem. ,  n.  sp.  ( Gardeners ’  Chronicle , 

1871,  p.  A79). 

Caule  volubili  tereti  ;  foliis  sparsis  sümmis  verticillatis  lanceolatis  v.  ovato- 
oblongis  acuminatis,  subtus  glaucescentibus,  utrinque  glabris  ;  umbellis  Iaxis  ; 
pedunculis  racemosis,  ù-8-floris  ;  floribus  nutantibns  ;  ovariis  puberulis  ;  peri- 
gonii  subæqualis  foliolis  3  exterioribus  obovato-oblongis  obtusis  extus  pulchre 
roseis  brunneo-maculatis,  intus  albidis;  perigonii  foliolis  3  interioribus  spatu- 
latis  breviter  apiculalis  integerrimis  pallide  flavidis  intus  brunneo-maculatis  : 
ovariis  triangularibus  pubescentibus  ;  capsulis  suglobosis.  —  In  silvis,  inter 
Chontales  montes,  Nicaragua,  2000-2500  ped.  (Seemann). 


Recherches  physiologiques  sur  la  végétation  libre  du 

pollen  et  de  l’ovule  et  sur  la  fécondation  directe  des  plantes  ;  par 

M.  Ph.  Van  Tieghem  (Ann.  sc.  nat.  5esér. ,  t.  xil,  pp.  312-328). 

L’auteur  a  recueilli  les  grains  de  pollen  encore  gonflés  au  moment  même  de 
la  déhiscence  de  l’anthère.  Placés  alors  dans  une  atmosphère  limitée  à  une 
température  d’environ  10  degrés,  ils  absorbent  rapidement  l’oxygène  de  l’air, 
et  le  remplacent  par  un  volume  sensiblement  égal  d’acide  carbonique.  Sous 
l’eau  privée  d’air,  et  malgré  une  température  favorable,  le  pollen  de  ces 
plantes  se  gonfle  d’abord,  puis  il  se  conserve  indéfiniment  inaltéré.  Même 
résultat  négatif  si  l’on  soumet  le  pollen  dans  l’eau  aérée  à  une  température 
voisine  de  zéro.  Mais  si  l’on  place  le  pollen  dans  de  l’eau  aérée,  à  une  tempé¬ 
rature  de  15  à  25  degrés,  on  voit  le  grain  former  sous  l’eau,  au  bout  de  quel¬ 
ques  heures,  un  magnifique  tube  non  cloisonné,  où  la  circulation  du  proto¬ 
plasma  s’opère  avec  une  admirable  netteté,  et  qui  atteint  dans  certains  cas 
jusqu’à  deux  et  trois  cents  fois  le  diamètre  de  la  cellule  avant  de  cesser  de 
s’ailonger  ;  puis  l’extrémité  du  tube  se  renfle,  et  il  n’est  pas  rare  de  voir  la 
membrane  se  percer  au  sommet  de  ce  renflement  terminal,  tantôt  en  un  seul 


‘22A  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

point,  par  où  s’échappe  la  plus  grande  partie  du  plasma,  tantôt  en  plusieurs 
points  par  chacun  desquels  est  exsudée  une  petite  gouttelette.  Pendant  ce 
temps,  l’oxygène  disparaît  rapidement  dans  le  tube,  et  il  y  est  remplacé  par  un 
volume  sensiblement  égal  d’acide  carbonique.  Cette  combustion  porte  princi¬ 
palement  sur  l’huile  et  sur  l’amidon  que  la  cellule  tenait  en  réserve. 

Ainsi  la  production  du  tube  pollinique  peut  être  comparée  physiologique¬ 
ment  à  la  germination  d’une  graine  ou  d’une  spore.  Le  tube  pollinique  est  une 
plantule  qui  respire,  se  nourrit  et  se  développe,  et  que  l’on  peut  comparer 
à  un  prothalle  mâle  dépourvu  de  chlorophylle  comme  l’est  le  prothalle  des 
Isoëtes  et  des  Ophioglossum. 

De  même  que  les  grains  de  pollen,  les  ovules  se  conservent  vivants  et  res¬ 
pirent  dans  de  l’eau  aérée  et  à  une  température  convenable  ;  il  est  certain  que 
la  plus  grande  part  de  ce  phénomène  respiratoire  revient  au  suc  embryon¬ 
naire,  en  qui  se  concentre  en  ce  moment  toute  l’activité  de  l’ovule. 

Seuls  et  respectivement  isolés,  l’élément  mâle  et  l’élément  femelle  périssent 
plus  ou  moins  promptement.  Mais  si  on  les  met  en  contact  dans  un  milieu 
artificiel  qui  permette  leur  existence,  et  qu’on  suive  au  microscope  les  déve¬ 
loppements  ultérieurs,  on  voit  la  fécondation  s’opérer  en  quelque  sorte  sous 
l’œil  de  l’observateur.  M.  Van  Tieghem  croit  qu’il  n’est  pas  téméraire  d’ad¬ 
mettre,  en  attendant  une  vérification  directe,  que  dans  cet  acte  physiologique 
l’extrémité  du  tube  pollinique  se  comporte,  pendant  qu’elle  adhère  au  sac, 
comme  elle  le  fait  quand  elle  est  libre  ;  c’est-à-dire  qu’après  s’être  gonflée, 
et  avoir  accumulé  son  protoplasma  dans  ce  renflement  terminal,  elle  perce  sa 
membrane  en  un  point  pour  expulser  par  cette  ouverture  une  goutte  de  ce 
protoplasma.  S’il  en  est  ainsi,  la  paroi  du  sac  embryonnaire  doit  se  résorber  au 
point  correspondant. 

Le  rôle  du  pistil  est  à  la  fois  de  nourrir  l’ovule  et  le  pollen,  de  diriger  celui-ci 
sur  l’ovule,  et  de  protéger  la  fécondation  contre  les  infusoires,  les  spores  des 
moisissures  et  la  plupart  des  pollens  étrangers.  Si  la  fécondation  s’opère  natu¬ 
rellement  chez  les  Gymnospermes  dépourvus  de  pistil,  c’est  probablement 
parce  que  ces  végétaux  sécrètent,  notamment  au  sommet  du  nucelle  où  le  pol¬ 
len  est  semé,  des  matières  résineuses  et  gommeuses  absolument  impropres  à 
l’alimentation  des  infusoires,  des  Mucédinées,  et  même  des  pollens  des  autres 
végétaux. 

Observations  sur  les  caractères  et  la  formation  du 

liège  dans  les  Dicotylédones;  par  M.  N.-W.-P.  Rauwenholî 

( Archives  néerlandaises  des  sciences  exactes  et  naturelles ,  1871;  Ann,  sc. 

nat.  5e  sér.  t.  xii,  pp.  3A7-36Ô  ;  Adansonia ,  U  x,  pp.  52-59). 

M.  Uauvvenhoff  rappelle  d’abord,  avec  une  clarté  dont  on  doit  lui  savoir 
gré  dans  l’étude  d’un  sujet  souvent  obscurci  par  la  manière  dont  il  a  été  traité, 
les  travaux  faits  sur  le  développement  du  liège.  Il  cite  M.  de  Mohl  (1836), 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  225 

M.  Hanstein  (1853),  M.  Sanio  (Pringsheim' s  Jahrbücher ,  t.  n).  Lui-même  a 
déjà  donné  une  idée  du  développement  successif  de  l’écorce  chez  le  Robinia 
Pseudacocia  en  1859.  Aujourd’hui  il  présente  quelques  remarques  sur  les 
formes  des  cellules  du  liège,  sur  leur  mode  de  multiplication,  sur  la  place  où 
le  liège  prend  naissance  normalement,  et  sur  les  changements  qui  interviennent, 
sous  ce  rapport,  à  un  âge  plus  avancé  de  la  plante. 

Sur  la  formation  du  liège,  l’auteur  a  confirmé  les  observations  de  M.  Sanio, 
selon  lequel  les  cellules  du  liège  prennent  toujours  naissance  par  division  de 
cellules- mères.  Il  diffère  donc  complètement  d’avis  avec  M.  Casimir  de  Can- 
dolle,  qui  a  soutenu  que  le  premier  liège  de  bonne  qualité  naît  par  forma¬ 
tion  cellulaire  libre.  Cependant  il  regarde  comme  trop  subtile  la  division  en 
divers  modes  de  formation  admise  par  M.  Sanio.  Le  Viburnum  Opulus  seul 
présente  trois  modes  différents,  suivant  l’époque  de  l’été  à  laquelle  on 
l’examine. 

M.  Wigand,  dans  un  mémoire  d’ailleurs  fort  intéressant  (Pringsheim' s 
Jahrbücher ,  t.  m,  p.  115),  a  décrit  sous  le  nom  de  prosenchyme  corné  un 
tissu  soi-disant  nouveau.  M.  Oudemans  (Bot.  Zeit.  1862,  p.  A3)  a  réclamé 
la  priorité  de  cette  découverte.  Mais  d’après  M.  Rauwenhoff,  ce  n’est  point  là 
un  tissu  nouveau,  mais  une  modification  des  cellules  grillagées  de  l’écorce 
secondaire.  L’auteur  l’avait  déjà  fait  connaître  en  1859. 

Die  Tratacr-  odcr  Tliraneiiwel  des*  (Les  Saule  s-pleureur  s)  ;  par 

M.  C.  Koch  (Wochenschrift  fur  Gàrtnerei  und  P flanzenkunde ,  2  dé¬ 
cembre  1871). 

On  croit  généralement  que  le  Saule  auquel  le  psalmiste  disait  aux  jeunes 
Hébreux  en  captivité  de  suspendre  leurs  harpes,  et  que  Linné  a  pour  cette 
raison  nommé  S.  babylomca ,  est  originaire  de  la  Mésopotamie.  M.  Koch  croit 
pouvoir  établir  que  notre  Saule  pleureur  est  venu  de  la  Chine  et  du  Japon  en 
Europe,  et  qu’il  n’a  rien  de  commun  avec  l’arbre  cité  dans  le  137e  psaume, 
en  hébreu  Garab.  Ce  dernier  nom,  connu  d’Avicenne  au  xic  siècle,  s’est 
conservé  en  Syrie.  D’après  M.  Welzstein,  consul  d’Allemagne  à  Lamas,  l’arbre 
appelé  Garab  ne  peut  croître  dans  le  nord  de  la  Syrie,  où  il  fait  trop  froid  pour 
lui.  Cet  arbre  n’est  donc  pas  notre  Saule  pleureur,  Rauvvolf  nous  a  laissé  des 
documents  d’où  il  résulte  que  le  Garab  n’est  même  pas  un  Saule.  Richard 
Kiepert,  qui  a  accompagné  en  Syrie  son  père  le  géographe  H.  Kiepert,  a 
rapporté  à  l’herbier  de  Berlin  un  échantillon  de  Garab  qui  est  un  échantillon 
de  Peuplier.  Linné  et  ceux  qui  l’ont  suivi  ont  donc  été  mis  dans  l’erreur  par 
l’ancien  traducteur  des  Psaumes. 

Ce  point  établi,  M.  Koch  s’occupe  de  l’introduction  du  Saule  pleureur  en 
Europe.  En  jardinier  hollandais,  INieuhoff,  accompagna  en  1665  l’ambassade 
envoyée  en  Chine,  y  vit  le  Saule  pleureur  d’après  le  rapport  de  Loudon,  qui 
T.  XVIII.  (revue)  15 


"2*26 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


cite  Sylv.  Flor.  2,  p.  267,  ouvrage  que  M.  Koch  n’a  pu  consulter.  Divers 
documents  établissent  d’ailleurs  l’existence  de  cet  arbre  en  Chine  (1). 

Il  existe  au  Japon  deux  Saules,  le  Salix  japonica  Thunb.,  qui  n’a  pas  les 
rameaux  pendants,  et  le  S1,  japonica  Bl.,  qui  les  a  tels.  Les  deux  ont  été  intro¬ 
duits  dans  les  cultures  sous  le  nom  de  Salix  Sieboldii.  C’est  au  second  que 
M.  Koch  donne  le  nom  de  S.  elegantissima.  Il  en  trace  la  diagnose  et  le  dis¬ 
tingue  du  Salix  baby lonica  L. ,  qu’il  propose  d’appeler  dorénavant  S.  pen- 
dula  Mcench. 

Sur  quelques  fruils  de  Bignonlaeécs  ;  par  M.  Éd.  Bureau 

(Adansonia,  t.  ix,  p.  375). 

M.  Bureau  a  décrit  dans  cette  note  des  Bignoniacées  envoyées  du  Nicaragua 
par  M.  P.  Lévy.  Il  a  reçu  de  M.  Lévy  le  fruit  et  le  bois  du  Callichlamys 
riparia.  Ce  bois,  qui  n’était  pas  connu,  présente  des  particularités  fort  cu¬ 
rieuses.  On  y  voit,  sur  de  jeunes  rameaux,  quatre  saillies  intérieures  de  l’écorce, 
qui  n’augmentent  ni  de  nombre,  ni  de  volume  en  vieillissant  ;  sur  une  tige  de 
14  centimètres  de  diamètre,  elles  sont  même  tout  à  fait  oblitérées,  et  l’on 
remarque  que  l’excès  d’accroissement  de  l’écorce,  qui  les  produit,  a  fait  place 
à  un  excès  d’accroissement  du  bois  ;  car  autour  de  la  masse  centrale  sont  dis¬ 
posés  irrégulièrement  des  faisceaux  ligneux  périphériques  très-analogues  à 
ceux  qu’on  rencontre  dans  la  famille  des  Sapindacées.  —  Un  autre  fruit  de 
M.  Lévy  appartient  à  un  genre  nouveau,  particulier  à  l’Amérique  centrale.  Il 
est  en  forme  de  fuseau  et  à  valves  épaisses  et  convexes,  comme  celles  des 
Adenocalymma ,  mais  les  graines  en  sont  aplaties  et  minces  comme  celles  des 
Bignonia. 

Fi*üjalBft»£|>cr§orîfô  des  Aliorus  [De  la  période  printanière  chez 
* 

V Erable)  ;  par  M.  Schrôder  (Pringsheim’s  Jahrbïicher ,  t.  vu). 

L’auteur  s’est  attaché  à  toutes  les  phases  successives  qu’offre  le  développe¬ 
ment  de  la  végétation,  depuis  l’ascension  de  la  sève  jusqu’au  moment  où  les 
feuilles  épanouies  commencent  à  décomposer  l’acide  carbonique.  La  première 
partie  de  son  mémoire  est  entièrement  consacrée  à  l’étude  de  la  sève,  de  son 
ascension,  de  sa  composition.  L’Érable,  sous  la  latitude  de  Breslau,  pleure 
pendant  un  mois  environ  ;  la  sève  s’élève  graduellement  jusqu’à  un  certain 
niveau,  d’où  elle  redescend  peu  à  peu  à  mesure  que  le  développement  avance. 
Des  trous  percés  dans  le  tronc  à  différentes  hauteurs  permettaient  de  recueillir 
cette  sève  journellement,  et  des  analyses  très-nombreuses  en  ont  été  faites. 
Cette  sève  renferme  toujours  du  sucre,  produit  passager  delà  transformation  de 
l’amidon  accumulé  dans  les  tissus  l’été  précédent,  et  destiné  à  se  retransformer 


(1)  Le  Saule  pleureur  possède  un  nom  chinois  d’après  M.  l’abbé  Perny.  Un  passage 
Curieux  de  Chateaubriand,  dans  son  Itinéraire  cle  Paris  à  Jérusalem,  prouve  qu’il  regar¬ 
dait  aussi  le  Saule  pleureur  comme  originaire  de  l’extrême  Orient. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


2*27 


dès  qu’il  aura  atteint  les  bourgeons.  La  proportion  de  ce  principe,  fidèlement 
représentée  par  un  grand  nombre  de  courbes,  est  assez  faible  dans  les  bour¬ 
geons  au  premier  réveil  de  la  végétation  ;  elle  augmente  graduellement  jusqu’à 
un  certain  maximum  à  mesure  que  les  phénomènes  vitaux  acquièrent  plus 
d’intensité;  elle  diminue  enfin  lorsque  les  jeunes  organes,  approchant  du  terme 
de  leur  développement,  sont  à  la  veille  de  se  suffire  à  eux-mêmes. 

L'albumine  et  les  sels  minéraux  ont  été  successivement  étudiés  au  même 
point  de  vue,  et  leur  répartition  dans  la  sève,  soit  à  différentes  hauteurs  au 
même  moment,  soit  à  différentes  périodes,  se  trouve  exactement  réglée  par  les 
différentes  phases  du  développement. 

La  seconde  partie  est  consacrée  à  l’examen  microscopique  du  bourgeon  ;  les 
différentes  substances  appelées  à  concourir  au  développement  de  la  jeune 
feuille  sont  poursuivies  par  l’auteur,  au  moyen  des  réactifs,  de  cellule  en  cel¬ 
lule.  Deux  surtout  ont  donné  lieu  à  des  observations  prolongées  ;  ce  sont 
l’amidon  et  le  tannin.  L’auteur  a  suivi  la  répartition  du  premier  dans  les  diffé¬ 
rents  tissus,  son  transport  à  travers  certaines  couches  des  faisceaux  fibro-vascu- 
laires,  sa  disparition  vers  le  point  de  végétation,  à  la  surface  duquel  il  ne  tarde 
pas  à  reparaître  sous  forme  de  cellulose.  Quant  au  tannin,  il  se  développe  dans 
toutes  les  cellules  du  bourgeon,  et  une  fois  qu’il  y  est  apparu,  il  s’y  maintient 
sans  changement  appréciable.  M.  Schroder  n’a  pu  y  reconnaître  de  caractère 
excrémentitiel  proprement  dit.  Le  fait  qu’il  se  rencontre  constamment  dans 
les  tissus  les  plus  jeunes  où  la  vie  est  le  plus  intense  semble  le  désigner 
comme  une  sorte  de  produit  final,  chargé  d’un  rôle  encore  inconnu  dans 
la  vie  de  la  cellule. 


Uelîcr  almornie  Hildimg;  von  Adventîvkiiospeti  am 
jk£*atatai*iigen.  T&m  4DfëiS讣P$«$  ëincioi'ia  ( Sur 

le  développement  anomal  de  bourgeons  adventifs  sur  la  tige  herbacée  du 
Calliopsis  tinctoria)  ;  par  M.  Al.  Braun  (Verhandlungen  des  botanischen 
Vereins  fur  die  Provinz  Brandenburg ,  12e  année,  pp.  151-159). 


Ces  bourgeons  adventifs  ont  été  observés  non-seulement  sur  la  tige  du 
Calliopsis  tinctoria ,  mais  encore  sur  ses  feuilles,  du  côté  dorsal  de  leur  partie 
médiane,  sur  les  côtés  de  leur  nervure  médiane.  M.  Braun  en  décrit  soigneu¬ 
sement  le  développement,  que  M.  P.  Magnusa  poursuivi  dans  ses  détails  his¬ 
tologiques.  Dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  ces  bourgeons  se  sont  bornés  à 
produire  des  capitules  pédonculés  précédés  de  quelques  bractées  écailleuses. 

M.  Braun  rapproche  ces  faits  de  la  production  de  bourgeons  anomaux  qu’on 
a  observés  sur  le  Chelidonium  majus  var.  laciniatum ,  sur  les  Bégonia.  Il 
en  a  vu  aussi  un  exemple  curieux  sur  un  Loniccra.  M.  Magnus  cite  encore 
les  Cardamine  (voy.  Münter,  Bot.  Zeit . ,  18ô5,  p.  561),  le  Calanchoë ,  le 
Malaxis.  On  a  observé  aussi  des  bourgeons  nés  sur  le  côté  externe  des 
écailles  du  bulbe  de  Y Ornithogalum  scilloides,  maisM.  Braun,  dans  son  me- 


228 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

moire  sur  le  Cœlebogyne ,  a  prouvé  que  ces  bourgeons  appartiennent  à  l’ais¬ 
selle  située  au-dessous  et  à  l’écaille  immédiatement  inférieure.  Les  bourgeons 
adventifs  des  Fougères  ont  été  le  sujet  d’un  mémoire  spécial  de  Mettenius 
(Ueber  Seitenknospen  bei  Farnen,  Leipzig,  1861). 

Obscrvatioiies  in  plantas  à  Bre  G.  SSaddc  anno  1870  in 
Turcomania  et  Transcaucasia  lectas,  nec  non  in  alias  quasdam,  auctore 
E.-R.  a  Trautvetter  {Travaux  du  Jardin  botanique  impér.  de  Saint-Péters¬ 
bourg)',  tirage  à  part  en  brochure  in-8°  de  22  pages. 

Ces  observations  concernent  les  espèces  suivantes  :  Alyssum  campestre  L., 
A.  montanum  L.,  Ammodendron  Eichivaldi  Ledeb.,  Anthémis  candidis- 
sima  \V.,  Aristida  pungens  Desf.,  Arum  elongatum  Stev. ,  Astragalus  Ste- 
venianus  DC.,  Atriplex  bracteosum  Trautv.,  Promus  confertus  Bieb. , 
Callitriche  pèdunculata  DC.,  Carduus  cinereus  Bieb.,  Caucalis  tenella 
Delile,  Ceratocephalus  orthoceras  DC. ,  Cleome  Raddeana  Trautv.,  Coro- 
nopus  procumbens  Gilib.,  Cotoneaster  integerrima  Medik. ,  Delphinium 
hybridum  W. ,  Elyna  humilis  C.-A.  Mey. ,  Erodium  cicutarium  L’Hér. , 
E.  strigosum  Karel.,  Erophila  vulgaris  DC.,  Eryngium  caucasicum 
Trautv.  (E.  cœruleum  Boiss.  non  Bieb.,  Aucher*Élov,  n°  45A7),  Helichry  - 
sum  arenarium  DC. ,  Iris  acutiloba  C.-A.  Mey. ,  Lactuca  undulata  Led., 
Lolium perenne  L. ,  Medicago  dicarpa  Trautv.  [Trigonella  C.-A.  Mey.), 
Nitraria  Schoberi  L. ,  Orchis  satyrioides  Stev.,  Ornithogalum  umbellatum 
L.,  Orobanche  glaucantha  Trautv.,  il.  sp.,  Papaver  hybridum  L.,  Pappo- 
phorum  turcomanicum  Trautv.,  n.  sp.,  Pterotheca  bifida  Fisch.  et  Mey., 
Salsola  ulicina  Trautv.,  Rapistrum  rugosum  Ail.,  Salvia  straminea  Monlbr. 
et  Aucb.,  Sameraria  cardiocarpa  Trautv. ,  n.  sp.,  Scleropoa  rigida  Griseb., 
Seseli  coloratum  Led.,  Stellaria  media  Vill. ,  Torilis  helvetica  Gmel., 
Tulipa  biflora  Pall.,  Vincetoxicum  medium  Decaisne  et  Z  y  gophyllum  tur¬ 
comanicum  Fisch. 

licïiei*  «12c  ScùwiininlillUlei‘  von  Mm'silin  imd  ciniger 
amlci'cn  aisaplulblsclfieii  PHaiaxeii  (Sur  les  feuilles  nageantes 
des  Marsilia  et  de  quelques  autres  plantes  amphibies)  ;  par  M.  F.  Iïilde- 
brand  ( Rotanisclie  Zeitung ,  1870,  n°  1  et  2,  avec  une  planche). 

L’auteur  a  surtout  étudié  la  structure  de  l’épiderme  et  des  stomates  des 
feuilles  aériennes  et  des  feuilles  nageantes  de  deux  Marsilia ,  qu’il  a  compa¬ 
rées.  Il  a  reconnu  deux  faits  intéressants  :  l’un  qu’on  pouvait  prévoir,  c’est 
que  la  face  inférieure  des  feuilles  nageantes  ne  porte  aucun  stomate  chez  les 
Marsilia  quadri folia  et  pubescens ;  le  second  moins  attendu,  c’est  que  la  face 
supérieure  diffère  beaucoup,  chez  chacune  de  ces  deux  espèces,  qu’on  la  con¬ 
sidère  dans  la  forme  de  ses  cellules  épidermiques  ou  dans  celle  de  ses  stomates, 
selon  qu’on  observe  les  feuilles  aériennes  ou  les  feuilles  nageantes.  Les  cellules 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


2*29 


marginales  du  stomate  sont  enfoncées  au-dessous  du  niveau  de  l’épiderme  chez 
le  M.  quadri folia,  dans  les  feuilles  aériennes,  et  restent  au  contraire  au 
même  niveau,  chez  la  même  espèce,  à  la  page  supérieure  des  feuilles  sub¬ 
mergées. 

Mnsci  frotidosi  in  Africa  australi,  prov.  Natal,  prope  Umpumulo 

missionis  norvegicæa  Rev.  Borgen  lecti  ;  species  novas  descripsit  E.  Hampe 

(. Botanische  Zeitung,  1870,  n°  3). 

Angstrœmia  ( Dicranella )  Borgeniana  Hpe,  Bartramia  ( Philonotis )  andro- 
gyna  Hpe,  Polytrichum  ( Catharinella )  Borgenii  Hpe,  Chryso-hypnum 
païens  Hpe,  Fissidens  Borgenii  Hpe,  F.  lanceolatus  Hpe  an  Bruch. 

On  remarquerait  avec  intérêt  en  lisant  ces  notes,  si  on  ne  le  savait  déjà, 
combien  peu  diffèrent  les  genres  de  Mousses  lorsqu’on  change  de  latitude  et 
même  d’hémisphère.  E.  F. 

Maniputus  Muscorum  ptinttf.s .  quem  scripsit  S. -O.  Lindberg 

(extrait  du  Noliser  ur  Sàllskapets  pro  fauna  et  flora  fennica  fôrhand - 

linger ,  1870,  t.  xi). 

Dans  cette  notice  l’auteur  remanie  les  genres  de  Mousses  Anomobryum , 
Physcomitrium  et  Funaria.  Les  espèces  du  genre  Anomobryum  sont  repor¬ 
tées  au  genre  Bryum.  Les  échantillons  de  VA.  julaceum  provenant  des  bords 
de  la  Méditerranée  et  des  îles  Canaries  constituent  le  Bryum  campestre  Lindb., 
les  autres  échantillons  provenant  de  la  région  alpine  et  de  la  région  monta¬ 
gneuse  de  l’Europe  constituent  le  Bryum  filiforme  Dicks.  (non  Mitten).  L’A. 
concinnatum  Lindb.  redevient  comme  précédemment  1  q  Bryum  concinnatum 
Spruce. 

L 'OEdipodium  GrifjfUhii Schwgr.  doit  former  une  sous-famille  ou  une  tribu 
dans  la  famille  des  Splachnacées,  quoiqu’il  diffère  des  vraies  Splachnées  par 
la  structure  de  la  tige,  du  pédicelle  et  des  feuilles  ainsi  que  par  la  papiilosité  des 
spores,  caractères  qui  le  rapprochent  beaucoup  des  Funariacées  et  des 
Pottiacées. 

L’auteur  passe  ensuite  en  revue  les  espèces  septentrionales  du  genre  Phys¬ 
comitrium  et  donne,  avec  une  nouvelle  diagnose,  la  synonymie  des  P.  piri- 
forme  Bricl. ,  P.  acuminatumV»v.  et  Sch.,  P.  hians  Lindb.  (n.  sp.),  P.  eu- 
rystomum  Sendn.  (P.  sphœricum  Br.  Eur.),  P.  sphœricumWidi.  (non Sch.), 
P.  immersum  Su  11. 

Il  examine  les  caractères  sur  lesquels  doivent  reposer  les  genres  Enthostodon, 
Funaria ,  P yramidula,  Goniomitrium,  et  délimite  les  espèces  suivantes  du 
genre  Funaria  :  F.  hygrometriea  Sibth. ,  F.  flavicans  Miclix,  F.  serrât  a 
Brid. ,  F.  Drummondi  Lindb.,  F.  atténua  ta  Lindb.  [Fntosthodon  Temple  - 
toni  Schgr.),  F.  curviseta  Mild.  ( Entosth .  curvisetus  Sch.),  F.  obtusa  Lindb. 
(. Entosth .  ericetorum  Sch.). 


230 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


L’auteur  termine  sa  notice  en  supprimant  le  genre  Thedenia  Sclu,  dont  il 
reporte  l’espèce  unique  au  genre  Pylaisia ,  et  en  élevant  au  rang  d’espèce  la 
variété  p.  saxicola  du  Lescurœa  striata  qu’il  nomme,  d’après  MM.  Lorentz 
et  Molendo,  L.  saxicola. 

Il  convient  de  remarquer  que  l’auteur,  se  conformant  au  code  botanique 
adopté  par  le  Congrès  botanique  tenu  à  Paris  eu  1867,  écrit  Lesquereuxia 
(de  Lesquereux)  au  lieu  de  Lescurœa ,  Pylaiea  (de  la  Pvlaie)  au  lieu  de  Py¬ 
laisia  et  qu’il  emploie  le  génitif  Griffithii ,  etc.,  au  lieu  de  l’adjectif  Griffi- 
thianum  admis  jusqu’ici  par  les  auteurs.  Est-il  bon  cependant  de  donner  un 
effet  rétroactif  à  une  disposition  qui  n’avait  été  admise  que  pour  l’avenir  ? 

Ém.  Bescherelle. 


TIee  üladagascar  Cardamont,  ©a*  Si©aig«saie:c  5  par  M.  Daniel 

ïlanbury  [P harmac eut  1 cal  Journal,  10  février  1872). 

Longouze  est  le  nom  indigène  à  Maurice  d’un  Amomum  décrit  pour  la 
première  fois  par  Sonnerat  (  Voyage  aux  îles  Orientales  et  à  la  Chine ,  t.  11, 
p.  242,  pl.  137),  et  dont  la  synonymie,  d’après  M.  Hanbury,  est  la  suivante  : 

Amomum  angusti folium  Sonn.  —  A.  nemorosum  Bojer  Hort.  Maur. 
p.  327.  — A.  Danielli  II 00k.  f.  — A.  Afzelii  Hook.  Journ.  of  Bot .  îv, 
tab.  5.  Bot.  May.  tab.  4704,  5250. 


Botanique  agricole  et  médicale,  ou  Étude  des  plantes  qui  in¬ 
téressent  principalement  les  médecins,  les  vétérinaires  et  les  agriculteurs, 
accompagnée  de  160  planches  représentant  plus  de  900  figures  intercalées 
dans  le  texte  ;  par  M.  H. -J. -A.  Rodet,  directeur  de  l’école  vétérinaire  de 
Lyon.  Deuxième  édition,  revue  et  considérablement  augmentée  avec  la  col¬ 
laboration  de  M.  C.  Baillet,  professeur  d’hygiène,  de  zoologie  et  de  bota¬ 
nique  à  l’École  vétérinaire  d’Âlfort.  U11  volume  in-8°  de  1078  pages.  Paris, 
chez  P.  Asselin,  1872. 


Sans  rien  changer  au  plan  général  de  l’ouvrage,  qui  se  présente  comme  une 
flore  générale  des  plantes  vulgaires  de  l’Europe  occidentale,  avec  des  détails 
spéciaux  pour  l’agriculteur  et  pour  le  médecin,  et  aussi  pour  le  vétérinaire, 
on  a  adopté  dans  les  principales  familles,  au  lieu  des  simples  coupes  qu’avait 
établies  antérieurement  M.  Rodet,  les  tribus  généralement  admises  par  les 
auteurs.  On  a  en  outre  décrit  dans  cette  édition  un  assez  grand  nombre  de 
plantes  qui  11e  figuraient  pas  dans  la  première  ;  aux  figures  introduites  dans  le 
texte  pour  faciliter  l’intelligence  des  descriptions,  les  auteurs  en  ont  ajouté 
un  grand  nombre  d’autres  prises  pour  la  plupart  dans  les  Eléments  d'histoire 
naturelle  d’A.  Richard. 

Les  tableaux  dichotomiques  de  la  première  édition  ont  été  supprimés  comme 
impropres  à  remplacer  complètement  soit  une  flore  de  France,  soit  la  llore  de 
la  localité  où  l’on  herborise. 


231 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 

Nous  recommandons  à  nos  lecteurs  la  partie,  cryptogamique  de  cet  ouvrage. 
Elle  a  été  entièrement  refondue.  Sans  pouvoir  servir  aucunement  à  la  déter¬ 
mination  des  espèces  ni  même  des  genres,  cette  étude,  qui  est  au  courant  de 
la  science,  renseignera  bien  l’étudiant  sur  les  caractères  des  familles  et  des 
principaux  groupes  des  végétaux  inférieurs,  ainsi  que  sur  les  phases  de  cer¬ 
tains  types  polymorphes. 

Ifusci  mcxicani  uovi  ex  Bierbai*io  W.  §on(ler  $  auctore 

E.  Hampe  ( Botanische  Zeitung ,  1870,  n.  4). 

Ces  espèces  sont  les  suivantes  :  Trichostomum  obtusifolium  Ope  (Vera- 
Cruz,  Strebel)  ;  Seligeria  globifera  Ilpe  (Vera-Cruz,  Strebel)  ;  Macromi- 
trium  ( Macrocoma )  Leiboldtii  Hpe  (Vera-Cruz,  Strebel,  Leiboldt  n°  5); 
Brachymenium  minutulum  Hpe  (Vera-Cruz,  Strebel)  ;  Polytrichum  ( Catha - 
rinella )  albo-vaginatum  Hpe  (Vera-Cruz,  Strebel)  ;  P .  [C atharinella)  sub¬ 
gracile  Hpe  (Vera-Cruz,  Strebel)  ;  C hryso-hypnum  pendulinum  Hpe  (Vera- 
Cruz,  Strebel). 

rFetraptGà*t€  ,•  novism  MaEvaccarum  gcnus  ;  par  M.  R.  -A. 

Philippi  (Botanische  Zeitung,  1870,  n°  11,  col.  169-170). 

Calvx  simplex,  quinquefidus ;  corolla.... ;  stamina....;  styli. .. . ;  fructus  e 
carpidiis  circa  decem  verticillatis,  indehiscentibus,  monospermis,  quadrialatis 
compositus  ;  alæ  interiores  infra  et  supra  productæ,  supra  dorsum  carpidii 
reflexæ,  integerrimæ  ;  alæ  dorsales  minores,  pectinalo-dentatæ.  —  Tetraptera 
parviflora ,  de  la  province  de  Mendoza,  au  Chili. 

Die  Eutstelmng  dcr  FarSistoffkürpei*  m  «lest  Bees’eEi 
S&iftnutn  P>8eud<*c€*psicMwn  ( Origine  des  matières  colo¬ 
rantes  des  baies  du  Solanum  Pseudocapsicum);  par  M.  Gregor  Kraus 

(Pringsheim's  Jahrbücker ,  t0  vm,  pp.  131-147,  avec  une  planche). 

Il  s’agit  de  la  matière  rouge-orangée  qui  remplit  plus  ou  moins  complète¬ 
ment  certains  corpuscules  munis  ou  non  de  vacuoles  et  situés  dans  les  cellules 
qui  forment,  sur  une  épaisseur  de  vingt  à  trente  rangées,  la  paroi  de  la  baie  du 
Solanum  Pseudocapsicum.  Ces  corpuscules  renferment  des  granules  amy¬ 
lacés,  et  leur  matière  colorante  rappelle  par  sa  disposition  la  chlorophylle  des 
feuilles.  Quand  le  fruit  de  ce  Solanum  n’est  pas  mûr  encore,  on  11e  trouve 
dans  ses  cellules  que  de  la  chlorophylle  verte,  différant,  il  est  vrai,  dans  ses 
couches  externes  et  dans  ses  couches  internes.  Dans  celles-ci,  qui  paraissent 
blanchâtres,  les  corpuscules  de  matière  colorante  sont  bien  plus  rares  et  plus 
petits  ;  011  y  trouve  aussi  des  granules  presque  incolores,  qui  doivent  subir  des 
modifications  et  qu’il  faut  attribuer  au  même  groupe.  L’auteur  décrit  les 
changements  graduels  de  forme  et  de  coloration  que  subissent  les  corpuscules 
de  matière  colorante  pour  passer  de  leur  état  dans  le  fruit  jeune  à  leur  état 


232  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

dans  le  fruit  mûr.  Ils  passent  de  la  couleur  verte  à  la  couleur  orangée  et  de  la 
forme  lenticulaire  à  la  forme  d’aiguilles  plus  on  moins  renflées  dans  leur  milieu. 
On  trouve  tous  les  états  intermédiaires.  Quand  la  substance  colorante  s’est 
modifiée,  elle  s’accumule  d’un  seul  côté  du  corpuscule,  dans  lequel  il  se  forme 
une  grosse  vacuole  ;  puis  le  corpuscule  se  rompt  d’un  côté,  là  où  son  épaisseur 
est  le  plus  faible;  le  cercle  qu’il  formait  autour  de  la  vacuole  se  détend,  et  il 
en  résulte  un  corpuscule  allongé  fusiforme. 

Il  faut  rapprocher  ce  travail  d’un  mémoire  publié  par  M.  Trécul  dans  les 
Annales  des  sciences  naturelles ,  A,  x,  p.  150  (1858);  et  d’un  autre  de 
M.  Weiss,  Recherches  sur  le  développement  de  la  substance  colorante  dans 
les  cellules  végétales.  Voyez  aussi  Hofmeister,  Die  Zelle,  p.  377.  Ces  faits 
ont  un  intérêt  général,  parce  qu’ils  sont  les  mêmes  dans  la  maturation  du  tissu 
d’un  grand  nombre  de  fruits. 

O n  <he  assidu rsilizcd  plants  of  Mcw-Æcalainl  ( Sur  les  plantes 
naturalisées  de  la  Nouvelle-Zélande)  ;  par  M.  T.  Kirk  (Transactions  of 
the  Neiv-Zealand  lnstitute ,  vol.  xi). 

I/auteur  donne  une  longue  liste  des  plantes  naturalisées  dans  la  Nouvelle- 
Zélande,  en  spécifiant  le  mode  probable  de  leur  introduction  et  le  degré  de 
naturalisation  qu’elles  ont  obtenu  dans  le  pays.  Le  nombre  de  plantes  natu¬ 
ralisées  sans  la  volonté  de  l’homme,  ou  même  en  dépit  de  celte  volonté, 
s’élève  à  30  pour  100  dans  la  seule  province  d’Auckland,  proportion  égale  à 
celle  qui  existe  dans  les  îles  Britanniques,  c’est-à-dire  dans  un  pays  ouvert  au 
commerce  depuis  une  longue  suite  de  siècles.  Quelques-unes  des  plantes  in¬ 
troduites  ont  grandement  modifié  l’aspect  delà  végétation  dans  certaines  loca¬ 
lités.  Cependant  M.  Kirk  fait  remarquer  qu’il  y  aurait  quelque  danger  d’erreur 
à  conclure  de  la  rapide  extension  d’une  plante  à  son  origine  étrangère.  Le  Mi- 
crolœna  stipoides  et  le  Danthonia  semiannularis ,  qui  sont  indigènes  à  la  Nou¬ 
velle-Zélande,  se  sont  en  effet  développés,  depuis  quatre  ou  cinq  ans,  d’une 
manière  très-remarquable  dans  le  nord  de  cette  île.  Le  nombre  des  espèces 
dont  M.  Kirk  discute  les  conditions  de  naturalisation  est  de  deux  cent  quatre- 
vingt-douze. 

Clnvis  Agaricinorum  5  or  analvtical  kev  to  the  British  Agaricini, 
with  characters  of  the  généra  and  subgenera  ;  par  M.  Worthington  G. 
Smith.  Londres,  chez  lteeve  et  Cie,  1870.  I11-80  de  A0  pages,  avec  six 
planches. 

M.  Smith  a  adopté  la  couleur  des  spores  pour  distinguer  les  sous-genres 
d’Agarics.  Il  a  joint  à  sa  clef  analytique  une  liste  des  espèces  d’Agarics  obser¬ 
vés  en  Angleterre,  liste  qui  comprend  sept  cents  espèces,  et  qui  s’augmentera 
probablement. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE . 


233 


Th©  known  forais  of  JT*  icca  [Les  formes  connues  de  Yucca);  par 

M.  J. -G.  Baker  ( Gardeners ’  Chronicle ,  1870). 

M.  Baker,  qui  termine  ce  mémoire  clans  le  n°  37  du  Gardeners ’  Chronicle 
de  1870,  a  énuméré  quarante  espèces  ou  formes  de  Yucca,  et  les  a  décrites. 
Cetle  publication  encore  imparfaite  à  cause  des  observations  horticoles  long¬ 
temps  prolongées  qu’elle  exige,  n’a  été  faite  par  M.  Baker  que  pour  prendre 
date,  en  attendant  la  publication  qu’il  se  propose  de  faire  dans  le  Refugium 
botanicum » 

Reelaei’clics  sur  5e  Claarïjoii  du  Maïs  $  par  M.  D.  Clos  (extrait 

du  Journal  d' agriculture  et  d' économie  rurale  pour  le  midi  de  la  France , 

janvier  1871)  ;  tirage  à  part  en  brochure  in-8°  de  16  pages. 

M.  Clos  examine  d’abord  les  causes  extérieures  assignées  à  la  maladie  que 
développe  YUstilago  Maydis  dans  le  parenchyme  qu’il  a  envahi.  Il  regarde 
comme  très-probable  que  l’absorption  du  germe  du  Charbon  du  Maïs  a  lieu 
par  les  parties  souterraines  de  cette  Graminée.  En  1870,  il  a  tenté  à  cet  égard, 
au  jardin  des  Plantes  de  Toulouse,  quelques  expériences  dont  le  résultat  est 
pleinement  démonstratif.  Depuis  dix-huit  ans  qu’il  y  faisait  semer  chaque 
année  des  grains  de  Maïs,  il  n’y  avait  jamais  observé  de  pied  charbonné.  En 
1870,  il  a  pour  la  première  fois  aspergé  de  la  poussière  noire  de  YUstilago , 
c’est-à-dire  de  ses  spores,  les  graines  de  la  céréale  au  moment  où  l’on  venait 
de  les  déposer  dans  le  sillon,  avant  de  les  recouvrir  de  terre  ;  et  plusieurs  des 
pieds  provenant  de  ces  grains  ont  porté  des  tumeurs  charbonneuses,  nonob¬ 
stant  la  sécheresse  extraordinaire  de  la  saison.  D’un  autre  côté,  l’inoculation 
directe,  tentée  par  plusieurs  expérimentateurs,  n’a  jamais  donné  de  résultat. 
Il  est  probable  que  le  Cryptogame  introduit  par  les  racines  faufile  son  mycé¬ 
lium  à  travers  le  tissu  de  la  tige  jusqu’aux  endroits  où  il  se  développe  à 
l’extérieur,  comme  l’a  écrit  il  y  a  longtemps  M.  Fée. 

McBiiarqiHcs  sur  les  causes  «3e  l'apparition  «les  plantes 

parasites  sur  les  céréales  5  par  M.  A.  Fischer  de  Waldheim. 

In-8°  de  5  pages,  sans  date. 

Cette  note  a  été  lue  au  congrès  des  naturalistes  à  Moscou.  Ce  sont  de  préfé¬ 
rence,  dit  l’auteur,  les  plantes  nourricières  douées  d’une  végétation  luxuriante 
qui  sont  attaquées  par  les  parasites.  Durant  ses  excursions  aux  environs  de 
Fribourg  en  Brisgau  avec  M.  De  Bary,  il  a  remarqué  que  c’étaient  les  pieds 
les  plus  développés  d’Avoine  et  d’Orge  qui  fournissaient  les  échantillons  les 
plus  nombreux  ( YUstilago  Carbo.  C’est  l’exubérance  du  carbone  dans  la 
plante  nourricière  qui,  de  préférence,  favorise  le  développement  et  l’expansion 
épidémique  des  Champignons  parasites.  Il  est  donc  malheureusement  vrai  que 
par  la  culture  même,  en  forçant  les  céréales  à  une  végétation  exubérante,  à 


23/j  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

une  absorption  d’acide  carbonique,  à  une  assimilation  de  carbone  plus  abon¬ 
dantes,  souvent  on  prépare  dans  la  plante  nourricière  un  sol  propice  à  un 
luxurieux  parasitisme. 

gciiesi  cl  cgi  î  apofeci  dclSc  Vcmicariaccæ  (Sur  la 
genèse  des  apothécies  des  Verrucariacées);  par  M.  G.  Gibelli  ( Nuovo 
Giornale  botanico  italiano,  juillet  1870,  pp.  194-206,  avec  deux  planches}; 
tirage  à  part  en  brochure  in-8°. 

Ce  travail  est  daté  d’août  1869,  et  une  note  additionnelle  de  mai  1870. 
L’auteur,  qui  a  étudié  pendant  plusieurs  années  les  Lichens  au  point  de  vue 
simplement  descriptif,  en  commun  avec  M.  le  professeur  Garovaglio,  est  entré 
dans  la  voie  ouverte  par  plusieurs  naturalistes  russes  et  allemands  et  notam¬ 
ment  par  M.  Schwendener.  Si  les  Lichens  ne  sont  que  des  Champignons  para¬ 
sites  entés  sur  des  Algues  inférieures,  il  doit  y  avoir  dans  le  développement  de 
leurs  organes  reproducteurs  principaux  des  faits  qui  concordent  à  le  prouver. 
C’est  ce  qu’a  vérifié  M.  Gibelli.  Il  a  constaté  la  présence  d’ Algues  des  genres 
Chroolepus ,  Glœocapsa ,  Scytonema,  dans  le  thalle  de  beaucoup  d’espèces  de 
Verrucariées  ;  ce  thalle,  dit-il,  en  paraît  entièrement  formé  ;  et  le  premier 
rudiment  de  l’apothécie  consiste  toujours  en  un  glomérule  d’éléments  goni- 
miques ,  revêtu  en  grande  partie  par  un  pseudo-parenchyme  d’éléments  fila¬ 
menteux  (hyphoidei).  Il  n’en  est  pas  moins  vrai  que  ce  développement  con¬ 
duit  à  une  formation  spéciale  aux  Lichens,  de  quelque  manière  que  l’on 
conçoive  leur  entité  naturelle. 

Closi trilmg bous  à  fia  flore  «lia  «Hapon;  par  RI.  Miquel  (Archives 

néerlandaises  des  sciences  exactes  et  naturelles,  t.  v,  1870,  pp.  89-96). 

Ces  notes  concernent  la  famille  des  Mélanthacées  ;  l’auteur  publie  le  con- 
spectus  des  espèces  de  cette  famille  qui  appartiennent  à  la  flore  du  Japon  ;  il 
n’adopte  pas  toujours  les  opinions  de  M.  Maximowicz.  Ces  deux  savants  ayant 
travaillé  séparément  et  simultanément  sur  des  matériaux  quelque  peu  diffé¬ 
rents,  quoique  provenant  du  même  pays,  il  arrive  souvent  que  leurs  observa¬ 
tions  se  complètent  et  en  tout  cas  se  contrôlent  réciproquement.  L’étude  des 
Mélanthacées  donne  des  preuves  nouvelles,  dans  le  détail,  d’un  grand  fait  qui 
a  été  étudié  par  MM.  Asa  Gray  et  Oliver  :  nous  voulons  parler  des  relations 
qui  existent  entre  la  flore  du  Japon  et  celle  de  l’Amérique  du  Nord;  le  Chio- 
nographis  japonica  Maxim,  a  pour  synonymes  Chamœlirium  luteum  Thunb., 
Ch.  Carolinianum  Willd. 

31.  Miquel  s’occupe  ensuite  des  Valérianées;  plusieurs  espèces  qu’il  avait, 
dans  son  Prolusio  florœ  j aponie œ,  rangées  dans  le  genre  Valeriana ,  appar¬ 
tiennent  décidément,  d’après  de  nouveaux  matériaux  envoyés  par  31.  31axi- 
mowicz,  au  genre  Patrinia.  Le  Valeriana  samlucifolia  31ik.  n’est  qu’une 
forme  du  V.  officinalis ,  très-répandu  au  Japon  ainsi  que  le  V.  dioica. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  235 

nouvelle  espece  «ICI a'gfostieimua  ;  contribution  à  la  dore  de 
l’Inde  néerlandaise;  par  M.  W.-F.-R.  Suringar  (ibid. ,  1870,  t.  v,  pp.  116- 
119,  avec  une  planche). 

Cette  espèce  d ' Argostemma  présente  pour  inflorescence  une  ombelle  défi¬ 
nie  composée;  elle  est  voisine  de  IM.  montanum  Bl. ,  ainsi  que  de  IM. 
pauciflorum  Bl.,  et  provient  de  Java. 


Sur  lia  pcrinéabilitc  «Isa  protoplasnia  «les  Betteraves 

rosBg-es  ;  par  M.  Hugo  de  Vries  ( Archives  néerlandaises  des  sciences 
exactes  et  naturelles,  t.  vi,  1871,  pp.  117-146). 


La  conclusion  à  tirer  de  ces  expériences,  c’est  que  le  protoplasma  des  Bet¬ 
teraves  rouges,  mis  eu  contact  avec  des  dissolutions  ammoniacales  faibles,  mais 
contenant  toutefois  assez  d’ammoniaque  pour  décolorer  le  liquide  de  la 
vacuole,  peut  se  laisser  traverser  osmotiquement  par  ces  dissolutions,  sans 
en  éprouver  d’effets  nuisibles  pour  ses  propriétés  vitales. 

Il  est  fort  probable  que  la  perméabilité  du  protoplasma  des  plantes  est 
généralement  très-limitée;  c’est  ainsi  que  partout  où  l’on  trouve  dans  le 
règne  végétal  des  cellules  immédiatement  voisines,  dont  le  contenu  liquide, 
de  nature  chimique  différente,  ne  se  môle  pas  de  l’une  à  l’autre,  la  raison  doit 
en  être  cherchée  uniquement  dans  ce  fait  que  le  protoplasma  est  imperméable 
aux  matières  contenues  dans  ces  cellules. 


Si,  d’après  cela,  le  protoplasma  forme  une  couche  mucilagineuse  entourant 
la  vacuole  de  l’intérieur  de  la  cellule  et  peu  ou  point  perméable  aux  matières 
qui  s’y  trouvent  à  l’état  dissous,  il  s’ensuit  que  ce  contenu  liquide  de  la  va¬ 
cuole,  à  cause  de  son  degré  plus  élevé  déconcentration,  doit  chercher  inces¬ 
samment  à  absorber  de  l’eau  du  milieu  ambiant,  et  doit  tendre  par  consé¬ 
quent  à  augmenter  de  volume.  il  résulte  de  là,  lorsque  le  tissu  renferme  de 
l’eau  en  quantité  suffisante,  une  pression  sur  le  protoplasma  et  sur  la  paroi  de 
la  cellule,  pression  à  laquelle  la  tension  de  cette  paroi  fait  équilibre  dans  les  cas 
ordinaires. 

En  plaçant  des  fragments  du  parenchyme  d’une  Betterave  rouge  dans  des 
dissolutions  de  sucre  de  Canne  à  divers  degrés  de  concentration,  l’auteur  a 
trouvé  qu’une  solution  de  27  pour  100  n’occasionnait  aucun  changement, 
tandis  que  dans  une  dissolution  de  28  pour  100,  le  protoplasma  de  la  plupart 
des  cellules  rouges  s’était  un  peu  éloigné  de  la  paroi.  Le  degré  de  concentra¬ 
tion  de  la  dissolution  de  sucre,  dans  ces  cellules,  se  trouvait  donc  entre  27  et 
28  pour  100.  Ce  degré  diffère  très-peu  dans  la  plupart  des  cellules  rouges 
d’une  môme  Betterave,  mais  il  y  en  a  toujours  quelques-unes  dont  la  concen¬ 
tration  est  notablement  plus  faible  que  celle  des  autres. 


236  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Uelici*  Syuantbposc  5  par  M.  O.  Popp  (Annalen  der  Chemie  wnd 

Pharmacie ,  t.  156,  p.  181  etsuiv.). 

La  synanthrose  est  une  variété  de  sucre  qui  accompagne  toujours  l’inuline 
dans  les  Composées  tu bérifères  ;  elle  se  rencontre  à  toutes  les  périodes  du  déve¬ 
loppement,  mais  plus  abondamment  dans  l’état  de  maturité  des  organes.  C’est 
le  Dahlia  qui  donne  la  plus  abondante  et  la  plus  pure,  mais  011  peut  l’extraire 
avantageusement  des  tubercules  du  Topinambour.  La  synanthrose  est  déli¬ 
quescente,  isomère  avec  le  sucre  de  canne. 

Observations  snr  ta  croissance  «le  l’Orge;  par  M.  Fittbogen 

( Chemische  Centralhlatt ,  1871,  p.  193). 

L’auteur  a  semé  de  l’Orge  dans  du  sable  parfaitement  pur,  dix-huit  graines 
dans  chaque  pot,  en  ajoutant  des  quantités  connues  d’un  engrais  soigneusement 
analysé  à  l’avance.  Trente  pots  furent  employés  pour  les  expériences.  Les 
résultats  furent  examinés  'a  cinq  périodes  différentes  de  la  végétation.  Parmi 
les  conclusions  de  l’auteur,  nous  trouvons  que  la  potasse  est  transportée  de  la 
racine  dans  la  partie  supérieure  du  végétal  pendant  la  troisième  période  ;  que, 
pour  l’azote,  ce  transport  se  fait  dans  la  cinquième.  Plusieurs  tableaux  d’ana¬ 
lyse  chimique  ont  été  dressés  par  l’auteur. 

Oui  Claatliasn-oai'iics  Alger  (Sur  les  Algues  des  îles  Chatham)  ; 

par  M.  J. -G.  Agardh  ( Ôfversigt  af  Kongl .  Vetenskaps -Akademiens 

Furhandlingar ,  1870,  n°  5,  pp.  l\ 35-456). 

Cette  collection  a  été  recueillie  par  M.  Travers  et  envoyée  par  M.  F.  de 
Müller.  Elle  comprend  vingt-deux  espèces  dont  cinq  nouvelles,  les  suivantes  : 
Hymenocladia  lanceolata ,  Cgstophora  scalaris,  C.  diste?ita,  Landsburgia 
myricœfolia,  Polysiphonia  Mülleriana.  L’auteur  a  profité  de  celte  occasion 
pour  décrire  monographiquement  le  genre  Cystophora  J.  Ag.  Ce  genre  a 
maintenant  des  limites  nouvelles  et  plus  naturelles,  l’auteur  en  ayant  séparé 
des  espèces  réunies  par  lui  clans  le  genre  Caulocystis .  11  comprend  cependant 
encore  dix-neuf  espèces  réparties  en  huit  groupes.  M.  Agardh  a  entrepris  un 
travail  analogue  pour  le  genre  Hymenocladia ,  auquel  il  attribue  sept  espèces. 


NOUVELLES. 

(Août  1872.) 

—  L’Académie  des  sciences,  dans  sa  séance  du  5  août  1872,  a  nommé 
membres  correspondants,  en  remplacement  de  M.  H.  Lecoq,  M.  J. -E.  Plan- 
chon,  professeur  à  Montpellier;  et,  en  remplacement  de  M.  H.  de  Molli, 
M.  H.  A.-Weddell. 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


237 


—  Par  arrêtés  de  M.  le  Ministre  de  l’instruction  publique,  en  date  de 
juillet  1872,  M.  Édouard  Bureau,  docteur  en  médecine  et  ès  sciences,  et 
M.  P. -P.  Dehérain,  docteur  ès  sciences,  ont  été  nommés  aides-naturalistes 
au  Muséum  d’histoire  naturelle,  en  remplacement  de  MM.  L.-R.  Tulasne  et 
Ch.  Naudin,  admis,  sur  leur  demande,  à  faire  valoir  leurs  droits  à  la  retraite. 
M.  Bureau  est  spécialement  attaché  à  la  chaire  de  botanique,  et  M.  De¬ 
hérain  à  la  chaire  de  culture. 

* —  Nos  lecteurs  ont  certainement  eu  déjà  connaissance  de  la  formation  de 
f  Association  française  pour  /’  avancement  des  sciences  (fondée  sur  le  modèle 
de  l’Association  britannique  qui  a  produit  de  si  heureux  résultats  en  Angle¬ 
terre),  et  dont  le  président  actuel  est  M.  Claude  Bernard.  L’Association  con¬ 
sidère  comme  un  des  besoins  intellectuels  les  plus  grands  du  pays  un  vigoureux 
effort  vers  la  décentralisation  scientifique  ;  elle  a  donc  à  cœur  de  favoriser,  par 
tous  les  moyens  qui  sont  en  son  pouvoir,  la  création  et  le  développement  dans 
les  villes  de  province  de  centres  scientifiques,  d’institutions  de  haut  enseigne¬ 
ment  et  de  laboratoires  de  recherches.  Elle  pense  qu’à  cet  effet,  l’un  des  moyens 
les  plus  puissants  est  d’intéresser  les  grandes  villes  d’abord,  puis  celles  d’im¬ 
portance  secondaire  au  progrès  scientifique,  en  réunissant  chaque  année  dans 
l’une  d’elles  un  congrès  de  science  générale,  auquel  seront  conviés  tous  ceux 
qui  veulent  s’associer  à  son  œuvre.  L’Association  compte  à  ce  jour,  outre  un 
grand  nombre  de  membres  annuels,  cent  cinquante-huit  fondateurs,  ayant 
souscrit  ensemble  deux  cent  trente  parts  de  500  francs,  soit  un  capital  de 
cent  quinze  mille  francs. 

La  première  session  de  l’Association  aura  lieu  à  Bordeaux.  Elle  s’ouvrira  à 
Bordeaux  le  5  septembre  1872.  L’Association  a  obtenu  des  grandes  Compa¬ 
gnies  de  chemins  de  fer  de  France  des  facilités  analogues  à  celles  que  la 
Société  botanique  de  France  obtient  depuis  longtemps  pour  ses  sessions 
extraordinaires.  On  peut  dès  à  présent  recevoir  des  renseignements  sur  la 
prochaine  session  de  l’Association,  soit  chez  le  Secrétaire  du  conseil,  M.  Ca¬ 
ri  el,  17,  place  de  l’École-de-Médecine,  soit  chez  le  Secrétaire  du  comité  local 
de  Bordeaux,  M.  le  docteur  Azam,  14,  rue  Vital  Carie. 

La  session  prochaine  de  l’Association  française  coïncidera  avec  une  exposi¬ 
tion  horticole  qui  se  tiendra  à  Bordeaux  du  5  au  8  septembre, "sous  les  auspices 
de  la  Société  d’horticulture  de  la  Gironde. 

«—  M.  le  docteur  J. -F. -Ch.  Ratzeburg,  professeur  à  l’Académie  forestière 
de  Neustadt-Eberswalde,  est  décédé  à  Berlin,  le  24  octobre  dernier,  à  l’âge 
de  soixante  et  onze  ans. 

Nous  apprenons  avec  regret  la  perte  que  vient  de  faire  la  botanique 
dans  la  personne  de  M.  le  docteur  Robert  Wight,  l’auteur  des  Icônes  planta - 
rum  Indien  orientalis ,  et  de  nombreux  travaux  sur  la  botanique  de  l’Inde 


238 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


anglaise.  M.  Wigbt  était  né  à  Millon  le  G  juillet  1795,  et  mourut  à  Grazeley 
Lodge,  près  Reading,  le  26  mai  dernier,  âgé  de  soixante-seize  ans.  Il  avait 
débuté  dans  la  carrière  botanique,  en  collaboration  avec  Walker  Arnott,  par 
un  livre  qui  malheureusement  en  est  toujours  resté  avec  son  premier  volume, 
le  Prodromus  florœ  Peninsulœ  orientales,  mais  qui  avait  recueilli  des  suf¬ 
frages  unanimes.  Les  Illustrations  of  Indian  Botany ,  le  Spicilegium  neilgher- 
riense ,  et  d’autres  mémoires  du  même  auteur,  sont  entre  les  mains  de  tous  les 
botanistes  qui  étudient  la  flore  de  l’Asie  tropicale.  M.  Wigbt  s’est  occupé 
aussi  avec  beaucoup  d’intérêt  de  l’introduction  des  végétaux  utiles  dans  l’Inde. 
Il  avait  été  placé  longtemps  à  la  tête  des  plantations  de  Coton  de  Coimbator, 
et  il  a  publié  plusieurs  mémoires  sur  celte  culture. 

—  On  annonce  encore  la  mort  du  Rév.  W.  Ellis,  décédé  le  9  juin  1872,  à 
Rose  Hill,  Hoddeston,  Ilerts.  Ellis  était  né  à  Londres  en  1795  ;  ses  voyages 
dans  la  Polynésie,  et  en  dernier  lieu  à  Madagascar,  lui  avaient  permis  d’aug¬ 
menter  beaucoup  la  richesse  des  herbiers  et  des  serres  d’Angleterre.  On  lui 
doit  l’introduction  de  YOuvirandra  fenestralis,  du  Grammangis  ( Grammalo - 
phyllum )  Ellisii ,  de  Y  Acranthus  sesquipedalis ,  de  Y Angrecum  Ellisii  et 
de  Y  A  ■  articulatum. 


—  Nous  apprenons  encore  avec  regret  la  mort  de  M.  Cari  Sartorius,  décédé 
au  Mexique,  le  16  janvier  dernier,  dans  son  hacienda  de  Mirador,  près  de 
Huatusco.  M.  Sartorius  a  rendu  de  grands  services  à  la  botanique  par  les  col¬ 
lections  de  plantes  qu’il  avait  à  diverses  reprises  envoyées  du  Mexique  en 
Europe.  Il  hébergeait  les  voyageurs  naturalistes  :  Liebmann  est  resté  pendant 
un  an  chez  lui  ;  Hartweg  y  avait  trouvé  de  précieux  secours.  C’est  lui  qui 
avait  été  l’orateur  de  la  députation  allemande  qui  accueillit  l’infortuné  Maxi¬ 
milien  à  son  arrivée  au  Mexique.  Son  herbier  a  été  envoyé,  d’après  ses  désirs, 
à  l’institution  Smithsonienne.  Plusieurs  espèces  de  Composées  mexicaines  ont 
été  dédiées  à  M.  Sartorius  par  le  monographe  de  Deux-Ponts,  M.  Schultz. 


—  C’est  M.  le  professeur  \V.  Hofmeister  qui  va  occuper  à  l’université  de 
Tubingue  la  chaire  laissée  vacante  par  la  mort  de  M.  H.  de  Molli. 

—  M.  le  docteur  G.  Kraus  vient  d’échanger  la  chaire  de  botanique  de 
l’université  d’Erlangen  contre  celle  de  Halle,  en  remplacement  de  M.  De  Bary, 
dont  nous  avons  fait  prévoir  la  nomination  à  Strasbourg.  M.  le  docteur 
M.  Reess  a  été  nommé  professeur  ordinaire  de  botanique  et  de  pharmaco¬ 
gnosie  et  directeur  du  Jardin  botanique  à  l’université  d’Erlangen. 

—  M*  le  docteur  E.  van  Risseghem  a  été  nommé  professeur  de  botanique 
à  l’imiversité  de  Bruxelles. 


—  Le  Journal  officiel  de  la  République  française,  dans  son  numéro  du 


REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE.  239 

lundi  8  juillet  1872,  renferme  des  extraits  d’un  rapport  récemment  publié 
sur  l’École  pratique  des  hautes  études,  où  nous  lisons  ce  qui  suit  : 

Les  laboratoires  affectés  à  l’enseignement  pratique  de  la  botanique  sont 
ceux  : 

1°  De  M.  Duchartre,  membre  de  l’Institut,  professeur  à  la  Faculté  des 
sciences,  situé  à  la  Sorbonne  (quinze  élèves),  et  ayant  produit  les  publications 
suivantes  :  de  MM.  Cornu  ( Monographie  des  Saprolégniées ),  Bertrand 
( Etudes  sur  le  genre  Abies  et  Pseudotsuga)  ;  etc. 

2°  Laboratoire  de  MM.  Brongniart  et  Decaisne,  membres  de  l’Institut,  situé 
au  Muséum,  et  qui  a  donné  lieu  aux  publications  suivantes,  savoir  :  MM.  Mar¬ 
tinet  ( Organes  des  sécrétions  des  végétaux ),  Pérard  [Flore  des  environs  de 
Montluçon )$  etc.  Outre  ces  savants  occupés  à  des  recherches  scientifiques, 
quarante-huit  élèves  suivent  les  conférences  et  exécutent  des  travaux  de  natu¬ 
ralistes. 

3°  Laboratoire  de  M.  Bâillon,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  situé 
au  jardin  botanique.  On  doit  citer  les  travaux  qui  y  ont  été  exécutés  par 
MM.  Vandercolme  [Recherches sur  V organisation  des  Smilax),  Tison  [Recher¬ 
ches  sur  les  plantes  dicotylédones) ,  Soubeiran  [Recherches  sur  les  Monocoty- 
lédones ),  Mounat  [Recherches  sur  l'organisation  des  corolles  et  l 'histologie 
des  pétales ),  Dutailly  [Etudes  sur  le  développement  et  la  structure  des 
couches  libériennes ,  etc.),  Bocquillon  ( Recherches  sur  V organisation  des 
Thés  et  le  siège  des  principes  actifs  dans  les  feuilles)’,  etc.  Plus  de  cent  cin¬ 
quante  élèves  ont  pris  part  aux  travaux  pratiques. 

—  L’Académie  des  sciences  de  Suède  a  discuté,  dans  sa  séance  du  14  fé¬ 
vrier  dernier,  comment  elle  célébrerait  l’anniversaire  séculaire  de  la  mort  de 
Linné  (-f-  10  janvier  1778).  Il  a  été  décidé  qu’une  statue  lui  serait  élevée 
sur  l’une  des  places  de  Stockholm.  Il  a  été  publié  une  série  de  quinze  photo¬ 
graphies  dont  les  objets  sont  tous  relatifs  à  Linné  :  son  portrait,  son  cabinet 
de  travail,  etc.;  la  dernière  représente  1  eLinnœa  borealis. 

—  Un  nouvel  organe  vient  de  paraître  dans  le  midi  de  la  France,  consacré 
h  l’histoire  naturelle.  Nous  avons  reçu  le  premier  numéro,  daté  du  1er  juin 
1872,  de  la  Revue  des  sciences  naturelles,  publiée  à  Montpellier  sous  la  direc¬ 
tion  de  MM.  Dubrueil  et  E.  Heckel.  Celle  nouvelle  Revue  paraîtra  tous  les 
trois  mois,  à  dater  du  1er  juin  1872,  par  livraisons  de  80  à  100  pages  ;  sa 
publication  deviendra  plus  fréquente  si  l'abondance  des  matériaux  le  réclame. 
Les  trois  branches  de  l’histoire  naturelle  seront  traitées  dans  chacun  des 
numéros  de  cette  Revue,  qui  sera  composé  de  Mémoires  originaux  et  d’une 
Revue  scientifique.  La  botanique  est  représentée  dans  le  numéro  qui  vient  de 
paraître  par  la  première  leçon  du  cours  de  botanique  professé  à  la  Faculté  des 
sciences  de  Nancy  par  M.  Millardet,  notre  ancien  confrère. 


*2ZlÜ  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

—  MM.  Fr.  Schultz  et  F.  Winter,  à  AVissembourg,  ont  commencé  récem¬ 
ment  la  publication  d’une  nouvelle  série  de  l’ H er barium  normale ,  en  six 
fascicules  de  cent  espèces. 

—  Le  professeur  Ad.  Sclinitzlein  a  laissé  des  collections  cryptogamiques 
qui  sont  mises  en  vente.  Nous  manquons  de  renseignements  sur  le  contenu 
de  ces  collections,  mais  on  pourra  en  obtenir  en  les  demandant  à  sa  veuve, 
Mme  Johanna  Sclinitzlein,  à  Erlangen. 

—  Nous  devons  annoncer  la  mise  en  vente  d’une  collection  spéciale  de 
Champignons,  renfermant  227  Hyménomycètes,  1 8  Ustilaginés,  130  Urédinés, 
31  Phycomycèles,  268  Pyrénomycètes,  135  Discomvcètes  et  Tubéracés,  21 
Myxomycètes,  et  170  Champignons  imparfaits,  au  total  1000  espèces.  Cette 
collection  est  donnée  comme  déterminée  avec  beaucoup  d’exactitude.  Le 
nombre  d’espèces  indiquées  paraît  faible  parce  que  les  formes  différentes  d’un 
même  Champignon  n’ont  pas  été  énumérées  séparément,  toutes  les  fois  qu’on 
a  été  certain  qu’elles  appartiennent  à  la  même  espèce.  S’adresser  pour  cette 
acquisition  au  Secrétaire  de  la  Société  d’histoire  naturelle  de  Brunn,  M.  le 
professeur  G.  von  Niessl. 

—  L’herbier  de  M.  le  docteur  Ph.  Wirtgen,  décédé  dernièrement,  est  à 
Vendre  par  les  soins  de  la  Société  d’histoire  naturelle  de  Bonn. 

—  On  peut  se  procurer  des  plantes  de  l’Islrie,  au  prix  de  6  florins  d'Au¬ 
triche  la  centurie,  au  comptoir  de  minéralogie  et  d’histoire  naturelle  de  31.  le 
docteur  L.  Eger,  Lothringerstrasse,  3,  à  Vienne  (Autriche). 

—  M.  le  docteur  A.  Rehmann,  AVesola,  21,  à  Cracovie,  met  en  vente,  au 
prix  de  10  florins  d’Autriche  la  centurie,  des  collections  de  cent  à  tfeux  cents 
espèces  rares  ou  caractéristiques  des  steppes  de  la  Russie  méridionale. 

■  Au  moment  de  mettre  sous  presse,  nous  apprenons  avec  un  profond  regret 
la  mort  prématurée  de  notre  honorable  et  savant  confrère  M.  Arthur  Gris, 
docteur  ès  sciences,  aide-naturaliste  au  3Iuséum,  chevalier  de  la  Légion 
d’honneur  et  ancien  vice-président  de  notre  Société,  décédé  à  Paris  le 
18  août  1872,  à  1  âge  de  quarante-deux  ans. 


Le  Secrétaire  général  de  la  Société,  gérant  du  Bulletin, 
W.  DE  SCHŒNEFELD. 


Le  rédacteur  de  la  Revue, 
Dr  Eugène  Fournier, 


Paris.  —  Imprimerie  de  E.  Mauti.nlt,  rue  Mignon,  -. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE 

DES 

MATIÈRES  CONTENUES  DANS  LE  TOME  DIX-HUITIÈME. 

1871. 


N.  B.  —  Tous  les  noms  do  genre  ou  d’espèce  rangés  par  ordre  alphabétique  sont  les  noms  latins 
des  plantes.  Ainsi,  pour  trouver  Carotte,  cherchez  Daucus ,  etc. 

Les  chiffres  sans  crochets  se  rapportent  aux  Comptes  rendus  des  séances  de  la  Société. —  Les  chiffres 
entre  crochets  [  ]  désignent  la  pagination  de  la  Revue  bibliographique. 


A 

Abies( Sur  le  genre),  376.  —  bicolor ,  bra- 
chyphylla  [34].  —  diversifolia  [57].  — 
exeelsa,  410.  —  holophylla  [54].  — 
Nephrolepis  [54] . 

Acclimatation  des  Cinchona  dans  les  Indes 
britanniques,  102,  157. 

Acer  [226].  —  argulum ,  barbinervum, 
capillipes ,  circumlobatum  ,  nikoense, 
Max.  nov.  sp.  [56].  —  mandshuricum 
Max.  nov.  sp.  [57]. 

Aclilys  japonica  Maximow.  n.  sp.  [55]. 

Achras  Sapola  [43]. 

Acinète,  38. 

Actinophrys ,  38. 

Ægilops ,  voy.  Triticum. 

Æsculus ,  175. 

Agaricinées,  38  [232]. 

Agaricus  phœocephalus  B.  etc.,  272. 

Agave  mexicana  [43]. 

Agropyrum,  146,  241.  — cæsium,  433. 
—  Savignonü  DN.,  241. 

A  ira  brigantiaca  trouvé  aux  buttes  Chau¬ 
mont  [144].  —  cary  opliy  lieu ,  170.  — 
Cupaniana,  170. 

Algérie  (Clore  de  U)  :  Plantes  récoltées  en 
1870  auprès  de  Bougie,  77.  —  Végé¬ 
tation  des  environs  de  Constantine,  252. 
—  Additions  à  la  flore  algérienne  et 
observations,  354. 

Algues,  58,  101,  272  [l]  [19]  [32]  [74] 
[131]  [1/Ï8]  [154]  [160]  [173]  [179] 
[188]  [205]  [208]  [221]  [234]  [236]. 

Alpiuia  Galanga  et  officinarum  [151]. 

Althenia  filiformis ,  174  [204]. 

Amanita  Cœsarea  P.,  275. 

Amomum  [230]. 

T.  XVIII, 


Ampélopsis  [206]. 

Amphicosmia  [  1 69]. 

Anabasis  aretioides ,  358. 

Anacampseros  [216]. 

Anacharis  Alsinastrum,  64,  200. 

Andripetalum  Yolombo,  374. 

Andromeda  poli  folia,  145,  413. 

Andropogon  Sçhœnanthus  [37]. 

Androsace  maxima,  358  eu  note. 

Angelica  moschata  (Soumboul),  7,  17. 

Anomalie,  99.  —  Voy.  Monstruosité  et 
(dans  la  table  delà  Revue  bibl.)  :  Bel- 
lynck,  Braun. 

Anlhoxanthum  Puelii  trouvé  aux  buttes 
Chaumont  [144]. 

Apargia  dubia  Hoppe,  51. 

Aquilegia  [215]. 

Araucaria  Balansæ  Brongn.  et  Gris  nov. 
sp.,  130.  —  Cookii ,  131.  —  monlana 
Br.  et  Gris  nov.  sp.,  136,  — -  Muelleri 
nov.  sp.,  139.  —  Rulei,  137. 

Arbolayre,  205. 

Arenaria  tri  (lova,  196. 

Argostemma  [235]. 

Arracacha  esculenta,  373. 

Arlemisia  racemosa  Miég.  nov.  sp.  367. 
—  oliganüia  Miég.  n.  sp.  368. 

Ascophora  elegans  et  Mucedo,  37. 

Asie  orientale,  voy.  (dans  la  table  de  la 
Revue  bibl.)  Maximowicz. 

Aspergillus  [172] . 

Asperula  gaiioides,  64. 

Asphodelus  tenuifolius ,  363. 

Aspid/um  craspedosorum  Maximow.  uov. 
sp.  [57]. 

Asplénium  schizodon  Moore  uov.  sp. 
[164]. 

Aster  rugulosus  Maximow.  nov.  sp.  [57]. 

16 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


'2  h '2 

Aster  spathulifolius  [58]. 

Asteroselene  Wittr.  gen.  nov.  [15]. 

Astragalus  [188].  —  nummularioides, 
357. 

Avenu  australis ,  35G.  —  bromoides ,  356. 
—  slerilis  minor ,  192.  —  eriantha , 
tr.  à  Saint-Guilhem-le-Désert,  174. 

[177], 

B 

Bactéries,  38. 

Bambusa  mitis  [4  3]. 

Baptisia  perfoliata  [31]. 

Barbarea  rivularis ,  384. 

Bnrbula  insidiosa  Jur.  et  Milde  n.  sp. 

[40]. 

Baromètre.  Son  usage  clans  les  voyages, 

71. 

Barrandon  (A.).  Compte  rendu  de  quelques 
promenades  aux  environs  de  Montpel¬ 
lier,  170.  —  Note  sur  quelques  plantes 
des  environs  de  Montpellier,  228. 

Bartholomæus  anglicus  de  Glan villa,  202. 

Bassin  [38]. 

Baudoin  (A.).  Lettre  relative  à  la  fixation 
du  lieu  d'une  session  extraordinaire, 
48. 

Beaupreci  Brongn.  et  Gris  nov.  gen.,  241. 
—  Balansœ,  diverstfolia ,  gracilis ,  Pan- 
cherii ,  spathulœfolia ,  243  à  246. 

Bcllis  dentata ,  362. 

Bertholletia  excelsa  [44]. 

Bertrand  (Ch. -E.). Sur  le  genre  Abies,  376. 
—  Obs.,  382. 

Bêla  [15]  [235]. 

Betula  pubescens ,  410.  — nana,  4  12. 

Bibliographie,  2,  18,  60,  121,  153,  201, 
331,  [39]  [t  41]  [189].  —  de  F  Euca¬ 
lyptus  [86]. 

Bignoniacées,  442  [ 1 64]  [226], 

Billancourt  ( Nitella  mucronata ,  tr.  à),  46. 

Uolelus  edulis ,  276. 

Bumarea  chontalensis  Seem.  n.  sp.  [223]. 

Boreau.  Sur  les  Rnnunculus  silvalicus , 
nemurosus  et  tuberosus ,  383. 

Borraginées  [25]. 

Botrylis,  38. 

Bougie  (Plantes  récoltées  aux  environs 
de),  77. 

Bonis  (A.  de).  Notice  nécrologique  sur 
M,ne  Ricard,  285. 

Boula  y  (l’abbé).  Distribution  géographi¬ 
que  dos  Mousses  dans  les  Vosges  et  le 
Jura,  178,  213.  —  Découverte  de 
VUyocomium  flagellare  dans  les  Vosges, 
331.  —  Lettre,  92, 

Brac/iythecium  Geliecbii  Milde  n.  sp.  [40] 
[212]. 


Brassica  humilis ,  sa  localité  exacte  aux 
environs  de  Saint-Martin  de  Londres, 
172. 

Brongniart  (Ad.).  Obs.,  228.  —  et  Gris. 
Supplément  aux  Conifères  de  la  Nou¬ 
velle-Calédonie,  130,  188.  —  Sur  la 
constitution  du  cône  des  Conifères,  141. 
—  Sur  le  nouveau  genre  de  Protéacées 
Garnieria  B.  et  G.,  188.  —  Sur  le 
nouveau  genre  de  Protéacées  Beauprea 
B.  et  G.,  241. 

Bryum  cyclophyllum ,  92. 

Buffonia,  231. 

Bureau  de  la  Société  :  ajournement  de 
son  élection,  1,  35,  59,  63,  80. 

Bureau  (Ed.).  Obs.,  442. 

Butomées  [  1 59] . 

G 

Calamites  [145]. 

Calamodendron ,  92. 

Calamopitus  [146]. 

Calédonie  (Nouvelle-),  130,  188,  241.  — • 
Voy.  (dans  la  table  de  la  Revue  bibl.) 
Soubeiran. 

Calla  palustris ,  193. 

Calliopsis  tincloria  [227]. 

Callitriche  aulumnalis  [24], 

Calluna  Erica,  413. 

Callha  palustris  forma  aurata,  384. 

Calypso  borealis  [20]. 

Calyptrospora  Gœppertiana  Külin  n.  gen. 
[34]. 

Campanula  Kremeri ,  363.  —  rapuncu- 
loides ,  174  [44].  —  Vidalii  [180]. 

Campa, lutnœa  japonica  Maximow.  n.  sp. 
[56]. 

Campine  (Herborisations  dans  la),  190. 

Canaux  oléifères  des  Composées,  286, 
394. 

Canna  indica ,  374. 

Cannabis  saliva  [210]. 

Capsclla  rubella  R.,  319. 

Carduncellus  rhaponlicoides ,  355. 

Carex  glauca  (3.  erythrostachys,  172.  — • 
Halleriana  déformé,  171.  —  lœvigata , 
145.  —  nutans,  145.  —  œdipostyla , 
170.  —  olbiensis ,  171.  —  pauci/lora , 
145.  — sicyocarpa ,  171.  —  des  tour¬ 
bières  du  Jura,  418. 

Caryophyllinées  [157]. 

Caulopteris  [14  7]. 

Cauvet.  Sur  le  Sumbul,  17.  —  Sur  quel¬ 
ques  travaux  de  M.  Germain  de  Saint- 
Pierre,  18,  23.  —  De  la  structure  du 
Cylinet  et  de  Faction  que  produit  ce 
parasite  sur  les  racines  des  Cistes,  29. 
—  Rem.  à  propos  de  certaines  questions 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES. 


243 


de  physiologie  soulevées  par  la  thèse  de 
M.  J.-E.  Duval  (Des  ferments  organi¬ 
sés,  etc.),  36.  --  Structure  du  Ricin 
d’Afrique,  7  3.—  Liste  des  plantes  récol¬ 
tées  aux  environs  de  Bougie  en  1870,7  7. 

Cave  (Charles),  tué  au  champ  d’houneur, 
à  Diji  n,60. 

Cellules  [21]. 

Cenarrhenes  spathulœfolia ,  188. 

Cenlaurea  parviflora,  362. 

Cerastium  pumilum,  383.  —  obscur -um 
forma  pallens ,  385. 

Cercidiphyilum  ovale  Maximow.  sp.  nov. 
[ü9]. 

Ceroxylon  andicola,  37  3. 

Césalpiniées,  60. 

Cévennes  (Tourbières  des),  425. 

Chabert  (Alf.) .  Sur  quelques  plantes  des 
environs  de  Fontainebleau,  193. 

Chaboisseau  (l'abbé).  Sur  quelques  ouvra¬ 
ges  rares  ou  curieux  relatifs  à  la  bota¬ 
nique,  2,  201.  —  Sur  les  Ortus  sani- 
talis ,  153,  204.  —  Sur  les  noms  arabes 
de  quelques  végétaux,  18.  —  Sur  quel¬ 
ques  Characées  des  bassins  de  Versailles 
et  des  étangs  cireonvoisins,  65.  —  Sur 
le  Nitella  syncarpa  et  le  Chara  conni- 
vens ,  147.  —  Découverte  du  Nitella 
mucronala  à  Billancourt,  46. 

Chænomeles  [  1 95]. 

Chamœcyparis  kreviramea  et  Ch.  pendula 
Maximow.  sp.  nov.  [54], 

Champignons,  26,  37,  107,  156,  272, 


452,  453  [20]  [22]  [23]  [38]  [39]  [42] 
[68]  [77]  [78J  [91]  [129]  [153]  [161] 
[162]  [179]  [232]. 


Chara ,  174.  —  aspera,  65,  150.  —  con- 
mvens,  149.  —  coronala ,  193.  — 

Duriœi,  150.  —  fragifera ,  150.  — 
galioides ,  150.  —  mucronala ,  46. 

Characées,  46,  63,  66,  147,  148,  149, 
1  50,  174,  193. 


Chatin  (Ad.)  a  trouvé  à  Mcudon  YEu- 
phorbia  dulcis  et  le  Poa  sudelica ,  et 
près  des  Essarts-le-Roi ,  YOrchis  viridis 
et  YAsperula  galioides,  64. 

Cheiranthus  Cheiri  [218]. 

Chenopodium  Vul varia ,  193. 

Chesney.  Sa  mort  [192]. 

Chevreul.  Déclarations  concernant  le  bom¬ 
bardement  du  Muséum  et  la  conserva¬ 
tion  de  ses  collections,  iO,  63. 

Chimaphila  astyla  Maximow.  n.  sp.  [55]. 

Chionograplus  Maximow.  u.  gen.  [55]. 

Chlorodiclyon  [160]. 

Cinchona  [  I  2 2  à  129].  —  mirabilis,  107. 
—  PilayOj  107.  —  Culture  dans  les 
Indes  britanniques,  102,  157.  —  (Suc¬ 
cédanées  des),  159. 


C issus  quinque  folia  [206], 

Cistus ,  29,  170. —  albido-crispus  elcrispo- 
albidus ,  170. 

Classification  morphologique  des  organes 
souterrains  de  la  végétation,  23. 

Claviceps  [20]. 

Clément -Müllet.  Sur  les  noms  arabes  de 
quelques  végétaux,  8,  18. 

Clos  (D.).  Discussion  de  quelques  points 
de  glossologie  botanique  (suite),  96.  — 
Des  genres  Pavia  et  Timbalia ,  175. 

Clypeola  cyclodontea,  355. 

Collections  botaniques  (Expédition  des), 
119.  # 

Colocasia  esculenta ,  373. 

CoL.viN  (le  Rév.),  membre  à  vie,  330. 

Commissions  (Ajournement  de  l’élection 
des),  1.  —  Commission  pour  constater 
les  dégâts  causés  au  Muséum  par  le 
bombardement,  2.  —  Commission  pour 
organiser  la  séance  extraordinaire  en 
l’honneur  de  S.  M.  l’Empereur  du  Bré¬ 
sil,  390. 

Composées,  327,  331  [35]  [207].  —  Ca¬ 
naux  oléifères  (des),  286,  394. 

Cône  des  Conifères,  141. 

Conifères,  130,  141,171,  188,  410  [44]. 

Constantine  (Végétation  des  environs  de), 
252. 

Coplis  orientalis  et  quinquefolia  Maximow. 
n.  sp.  [53]. 

Cordiceps  myrmecophila ,  156.  — ■  Dugesii, 
157. 

Cordier  (F. -S.). Sur  le  genre  Cordiceps,  155. 

Corispermum  hyssopi folium,  174. 

Cornu  (Max.).  Sur  les  Synchytrium  Stel - 
lariœ  mediœ  et  Alismatis,  26.  —  pré¬ 
sente  des  échantillons  de  Nitella  batra- 
chospcrrna ,  46.  • —  Sur  deux  genres 
nouveaux  de  Saprolégniées,  58.  —  an¬ 
nonce  la  mort  de  M.  Cave,  60.  —  an¬ 
nonce  la  découverte,  auprès  de  Bomo- 
rantin,  des  Rhynchonema  rostratum, 
Sphæroplea  annulina  et  Hydrodictyon 
ulriculatum ,  101.  —  Sur  le  PUobolus 
cr y staP inus,  298.  —  Obs. ,  152. 

CoroniLa  glauca ,  171. 

Corydallis  pumila  [27]. 

Cusson  (E.) .  Signale  le  Trifolium  resupi- 
natum  à  Neuilly-sur-Seine,  et  YAna- 
charis  Alsinastrum  auprès  d’Ostende, 
64.  —  entretient  la  Société  du  voyage 
au  Maroc  de  MM.  J.-D.  Ilooker  et 
J.  Bail,  101.  —  Instructions  sur  les 
observations  et  les  collections  botaniques 
à  faire  dans  les  vojages,  66,  81,  111. 
—  Obs.,  201,  367,  382. 

Costœus.  De  universali  stirpium  nalura, 
exemplaire  de  dédicace,  3, 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Uli 

Cotoneaster  denticulata ,  177. 

Crassulacées,  325  [185]. 

Cratægus  [177]  [195].  —  (Révision  du 
genre),  442.  —  Pyracantha ,  177. 

Crépis  allissima,  55.  —  aurea ,  50.  — 
blatlarioides ,  55.  —  bulbosa ,  52.  — 
lampsanoides,  55.  —  succisœfolia ,  55. 

Crucifères,  318  [182]  [220]. 

Cryptocarpus  Austin  gen.  nov.  [179]. 

Cryptogames  de  l’arrondissement  de  Mont- 
luçon,  272. 

Cucurbitacées  [207]. 

Culture  du  Cacaotier,  3.  —  du  Manioc, 
341.  —  du  Quinquina,  102,  157. 

Cuscuia  [157]. 

Cycloloma  platyphyllum  [45]. 

Cydonia  [195], 

Cypéracées  (Tissus  des),  231. 

Cyperus  serotinus ,  229. 

Cystopliora  [236], 

Cytinus  Hypocistis ,  29. 

Cylisus  Laburnum  à  Cherbourg  [45]. — 
p urpureo- Laburnum  ou  Adarni  [167]. 

D 

Daucus ,  373. 

Delondre  (Aug.).  Lettre  sur  le  bombarde¬ 
ment  du  Muséum  par  l’armée  alle¬ 
mande,  1 .  —  Rapport  sur  les  dégâts  du 
Muséum,  9.  —  Notes  de  botanique  et 
d’acclimatation  végétale,  102,  157. 

Déparia  nephrodiuides  Bak.  n.  sp.  [170]. 

Desmidiacées  [15]. 

Deulzia  scabra  [51]. 

Diatomées  [16]  [129]  [131]  [178]. 

Didymochlœna  sinuosa  [3]. 

Dioscorea,  305  [12]. 

Dioscoride,  De  medicinali  materia ,  exem¬ 
plaire  de  Colbert,  3. 

Diplotaxis  pendula,  357. 

Disanthus  Maximow.  n.  gen.  [54]. 

Discours  de  M.  Germain  de  Saint-Pierre, 
283. 

Dons  faits  à  la  Société,  92,  439. 

Draba  verna,  419. 

Dracœna  [177]. 

DrosophyUum  lusitanicum  [75]. 

Ducuartre  (P.),  aunonce  la  publication  du 
Nomenclator  botanicus  de  Pfeiffer,  331. 
—  Obs.,  201. 

Duval  (Jules),  voy.  Cauvet. 

Duval-Jouve  (J.).  Sur  quelques  tissus  de 
Joncées,  de  Cypéracées  et  de  Graminées, 
231. 

E 

Échantillons  d’herbier  (Préparation  des), 

111. 

Ectocarpus  ostendensis  Ask.  nov.  gen.  [1]. 


Elœagnus  Oldhami  clglabro-pungens  Maxi- 
movv.  n.  sp.  [58]. 

Elatine  macropoda ,  145.  —  F abri,  145. 

Élections  (Ajournement  des),  1,  35,  59, 
63,  80. 

Ellis.  Sa  mort  [238], 

Ellisiophyllum  Maximow.  n.  gen.  [59] 

Elodea  canadensis  [45] . 

Embryon,  339. 

Empetrum  nigrum,  415. 

Endocarpon  Guepini  [l  3] . 

Epigœa  asiaüca  Maximow.  n.  sp.  [55]. 

Epipogon  aphyllus,  145,  374. 

Erica  cinerea:  145,  193. 

Eriophorum ,  417. 

Erodium ,  321. 

Erophila ,  319. 

Erysiphe ,  38  [79]. 

Essarts-le-Roi  ( Orchis  viridis  et  Asperula 
galioides  trouvés  près  des),  64. 

Eucalyptus  Globulus,  255  [83]  [84]  [86]. 

Euphorbia  dulcis ,  64.  —  Gerardiana , 
198.  — resinifera  [158]. 

Euphrasia ,  329. 

Eurotium  [79], 

Expédition  des  collections,  119. 

F 

Fécule,  372. 

Fermentation,  36,  41. 

Festuca  allissima  [220].  —  elongata 

[207].  — loliacea  [207]. 

Feuille  du  Tagetes  palula,  337,  des  Abies, 
376,  de  div.  Composées,  400. 

Fissidens  Arnoldi  et  intralimbatus  Ruthe 
nov.  sp.  [213]. 

Flagellatées  [19]. 

Fleur,  339. 

Flore  des  Açores,  voy.  Godman. —  de  Bel¬ 
gique,  voy .  De  vos,  Hardy. —  de  Bohême, 
voy.  (dans  la  table  de  la  Revue  bibl.)  Ce- 
lakowski,  Feistmantel. —  de  Bornéo,  voy. 
(dans  la  même  table)  Beccari.  —  du 
Brésil,  voy.  (dans  la  même  table)  Flora 
brasiliensis,  de  Martens.  —  du  Cau¬ 
case,  voy.  (dans  la  même  table)  Ru- 
precht.  —  du  Chili,  voy.  (dans  la  même 
table)  Cesati. —  de  France,  voy.  France. 
—  de  la  Grande-Bretagne,  voy.  (dans 
la  table  de  la  Revue  bibl.)  Baker, 
Leighton.  —  de  l’Inde,  voy.  Inde.  — 
d’Italie,  voy.  (dans  la  même  table)  Ba- 
glietto,  Caruel,  Cesati,  G i bel li,  Licopoli, 
Passerini,  Terracciano,  Zanardini.  — 
du  Japon,  voy.  (dans  la  même  table) 
Maximowicz,  Miquel.  —  de  Scandi¬ 
navie,  voy.  (dans  la  même  table)  Wit-  » 
I  trock. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES.  2/ï  5 


Fontainebleau  (Plantes  de),  195. 

Forez  (Obs.  sur  les  plantes  du),  145. 

Fossiles  (Plantes),  92.  —  Voy.  (dans  la 
table  de  la  Revue  bibl.)  Andra,  Carru- 
thers,  Caruel,  Dawson,  Feistmantel, 
Heer,  Mohr,  F.  de  Mül  1er  et  Srayth, 
Roehl,  Saporta,  Schenk,  Unger,  Weiss, 
Weiss  et  Goldenberg,  Williamson. 

Fougères  [3]  [57]  [81]  [140]  [147]  [164] 
[183]  [214]. 

Fournier  (Henri).  Sa  mort,  330. 

Fragaria  roseiflora  Boula  y  n.  sp.,  92. 

France  (Flore  de)  :  Distribution  géogra¬ 
phique  des  Mousses  dans  les  Vosges  et 
le  Jura,  178,  213.  —  Florula  obsidio- 
nalis,  246.  —  Plantes  du  département 
du  Nord,  294.  —  Plantes  de  l’arron- 
dissementdeMontluçon  :  Phanérogames, 
318,  382,  436  ;  Cryptogames,  272. 
—  Obs.  sur  quelques  plantes  du  Forez, 
145.  —  Plantes  des  environs  de  Mont¬ 
pellier  et  du  département  de  l'Hérault, 
170,  228  [44].  —  Obs.  sur  la  syno¬ 
nymie  des  Hieracium  de  Lapeyrouse, 
48,  311.  —  Révision  des  Armoises 
alpines  des  Pyrénées,  367.  —  Végéta¬ 
tion  des  tourbières  du  Jura,  406.  — 
Tourbières  des  Vosges  et  des  Cévennes. 
425.  —  Révision  des  Cratœgus  du 
groupe  Oxyacantha  et  Oxyacanthoides, 
442.  — Etude  sur  Y Agropyrum  cæsium, 
433. 

Espèces  décrites  ou  signalées  : 

Agropyrum,  146.  —  A.  cæsium,  433.  — 
A.  Savignonii ,  241. — Air  a  Cupaniana, 

170.  —  Althenia  filiformis,  174.  — 
Arrhenatherum  elalius,  forme,  172.  — 
Artemisia  oliganlha  M.  n.  sp.,  368.  — 
A.  racemosa  M.  nov.  sp.  367.  — Aspe- 
rula  galioides,  64.  — ■  Avena  eriantha , 
174.  —  A.  sterilisft.  minor,  172. 

Brassica  humilis ,  172.  —  Bryum  cyclo- 
phyllum ,  92. 

Campanula  rcipunculoides,  174  [44].  — 
Capsella  rubella  R.,  319.  —  Carex  lævi- 
gata,  145.  —  C.  nutans,  145.  —  C. 
œdiposlyla,  170.  —  C.  olbiensis ,  171. — 
C,  pauciflora ,  145.  —  C .  sicyocarpa , 

171 .  —  Chara  aspera ,  65.  —  Ch.  con- 
nivens ,  149.  —  Ch.  syncarpa ,  147.  — 
Ch.  innommés,  174.  —  Cistus  albido- 
crispus  et  (rispo-albidus,  170.  —  Cori- 
spermum  hyssopi folium,  174.  —  Co~ 
ronilla  glauca,  171.  —  Cratœgus,  445 
[177],  —  Cyperus  serotinus,  229. 

Elatine  macropoda  (L  Fabri ,  145.—  Epi- 
pogon  aphyllus ,  145,  374.  —  Erica 
cinerca ,  145.  —  Erophila ,  319.  — 


Euphorbia  dulcis,  64.  —  E.  Gerar- 
diana ,  198.  —  Euphrasia,  329. 

Fr ag aria  roseiflora  n.  sp.,  92. 

Galium  viridulum  et  supinum ,  326.  — 
Goodyera  repens ,  200. 

Fledioigidium  imberbe ,  93.  —  Helianthe- 
mum  umbellatum  (3.  rubriflorum,  196. 
—  Hieracium ,  espèces  diverses,  48,311. 
—  Bydrodictyon  utriculatum ,  101.  — 
Hyocomium  flagellare ,  331. 

Juncus  striatus ,  172. 

Lemna  arrhiza,  295.  —  Leucanthemum 
palrnatum,  145. —  Lychnis  Viscaria,\96. 

Meum  athamanticum ,  146. 

Nardurus  Poa  B.,  146.  —  Nitella  mucro- 
nata ,  46.  —  N.  syncarpa,  147. 

Orchis  viridis,  64. 

Pinus  Salzmanni ,  171.  —  Plantago  albi- 
cans,  174  [44].  —  Poa  sudetica,  64. 
—  Potentilla  splenclens  var.  filipendula 
Ch.,  198. —  Pulmonaria ,  formes  diver¬ 
ses,  146. 

Hanunculus  confusus,  196.  —  R.hololeu- 
cos,  196.  —  R.  silvaticus  et  nemorosus, 
383.  —  R.  tripartitus ,  196.  —  Rubus , 
espèces  diverses,  323.  —  Rhynchonema 
rostratum,  101. 

Sedum  cæsium ,  325.  —  Sphœroplea  ,an- 
nulina ,  101.  —  Stratiotes  aloides ,  295. 
—  Synchytrium  Stellariœ  mediœ  et 
Alismatis ,  26. 

Trifolium  resupinatum ,  64.  —  Triticum 
monococcum  et  autres,  173. 

Viola  arenicola  Ch.  nov.  sp.,  195. — Vul- 
pia  Michelii.  173. 

Voy.  (dans  la  table  de  la  Revue  bibliog.)  : 
Aubouy,  Bagneris  et  Broillard,  Faye, 
de  Fonvert  et  Achintre,  Ravin  et  Mo¬ 
reau,  Roumeguère,  de  Saporta,  Timbal- 
Lagrave. 

Fumariacées  [181]. 

Fumaria  Baslardi ?  359.  —  longipes,  359, 
367.  —  numidica ,  359. 

Funaria,  229. 


G 


Gagea  pusilla  [27]. 

Galanthus  nivalis ,  195. 

Galium  arislatum  [40].  —  supinum,  326. 
viridulum ,  326. 

Gandoger  (Mich.).  Révision  du  genre  Cra- 
tægus  pour  les  sections  Oxyacantha 
et  Oxyacanthoides ,  442. 

Gardénia  [37]. 

Garnieria  spalhulœfolia  Brongn.  et  Gris 
n.  gen. ,  189. 

Garroute  (l’abbé).  Lettre  sur  VEpipogon 
aphyllus ,  374. 


SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


246 

Gaudefroy  (E.)  et  Edm.  Modillefarine. 
Sur  des  plantes  méridionales  observées 
aux  environs  de  Paris  [Florula  obsidio- 
nalis ),  246. 

Gaudinia  fragilis  bisannuel  ou  vivace,  172. 

Gelée  (Action  physiologique  de  la),  164, 
208,  299. 

Genevieu  (Gaston).  Obs.,  299. 

Géographie  botanique,  voy.  Flore. 

Gérardmer  ( Hyocomium  flagellare  trouvé 
à),  331 . 

Germain  de  Saint-Pierre.  Lettre,  46.  — 
Discours,  283.  —  Réponse  aux  obser¬ 
vations  de  M.  Cauvet,  sur  quelques-uns 
de  ses  travaux,  122.  —  Obs.,  62  (note), 
297,  454. —  Voy.  Cauvet. 

Geum  [32]. 

Glandes,  143,  239.  —  Voy.  (dans  la  table 
de  la  Revue  bibl.)  Licopoli. 

Glossologie  botanique  (suite),  96. 

Gouidies  [73]. 

Gouville.  Sa  mort,  390. 

Graminées  (Tissus  des),  231. 

Graliola  officinalis ,  172. 

Gris  (A.).  Obs.,  188.  —  Sa  mort  [240]. — 
Voy.  Brongniart  et  Gris. 

Guepinella  Bagl.  n.  gen.  [13]. 

Guillard  (Léon),  tué  au  champ  d’honneur, 
à  Buzenval,  9. 

H 

Haloxylon  Ammodendron  [22]. 

Hcdwigidium  imberbe,  92. 

Helianthemum  umbellatum  var.  rubriflo - 
rum ,  196. 

Helianthus  [44]. 

Helionopsis  breviscapa  Maxim,  nov.  gen. 
[55]. 

Helminthia  mucronala  Terrac.  nov.  sp. 
[204]. 

Hemileha  Moorei  Bak.  n.  sp.  [169]. 

Hépatiques,  278  [178]. 

Hérault  (Plantes  rares  ou  nouvelles  de  P), 
170,  228  [44].  —  Voy.  (dans  la  table 
de  la  Revue  bibl.)  Loret. 

Herbarius,  205* 

Herbier,  111. 

Herborisations,  66,  81,  111,  190. —  Voy. 
(dans  la  table  de  la  Revue  bibl.)  Timbal- 
Lagrave. 

Hierocium ,  328.  —  Études  sur  les  H.  de 
Lapeyrouse,  48,  311.  —  alatum ,  317. 

- —  alpinum ,  51.  —  altissimum,  55.  — 
auranliacum ,  52.  —  aureum,  50.  — 
Auricula  et  var.,  52.  —  auriculæ- 
forme ,  52.  —  boreale ,  55.  —  brcvi- 
scapum ,  51.  — bulbosum ,  52. —  cerin- 
thoides,  311.  — composilum ,  314. — 


controversum,  57.  —  cordifolium,  56. 
croalicum ,  314.  —  denudatum ,  55. 

—  dovrense  [40].  — dubium,  52.  — 
elongalum,  315.  —  eriophorum ,  57. 

—  flexuosum,  312.  —  fragile,  55.  — 

glaucum ,  54. —  humile,  55. —  hybri- 
dum ,  52.  —  intermedium,  55.  — 

Jacquinii ,  55.  —  juranum ,  54.  — 
lampsanoicles,  55.  —  lanceolatum,  57. 
—  Lawsoni ,  53.  — Lezatianum  Timb. 
n.  sp.,  52.  — montanum ,  54.  —  mw- 
rorum,  55.  —  obovatum,  317.  —  pa- 
ludosum,  55.  —  panduri forme  Timb. 
n.  sp.  315. — Perusianum  Timb.  n.  sp., 
313.  — piüferum ,  51.  —  Piiosella ,  52. 

—  prenanthoides ,  57.  — pseuderiopho - 
rum  Timb.  et  Loret  n.  sp.,  57.  — 
pumilum,  51,  55.  —  pyrenaicum,  56. 

—  rhomboidale ,  316.  —  sabaudum, 
57.  —  scopulorum ,  54.  —  scorzone- 
rœ folium,  54.  —  sericeum ,  316.  — 
silvalicum ,  55.  —  umbellatum ,  57.  — 
villosum ,  314.  —  vogesiacum,  54. 

liordeum  [236]. 

Horkelia  [  1 7  7  ] . 

Horticulture  [194]  [196]. 

Houille  (Théorie  de  la)  [138]. 

Htlgel  (K.  von).  Sa  mort  [40]. 

Hybrides  :  Cistus  albido-crispus  Del.  et 
crispo-albidus  Req.,  170. —  Elœagnus 
glabro-pungens  Max.  [58].  —  Orchis 
coriophoro-laxiflora  Ricca  [141].  —  O. 
Nicodemi  Ten.  [203].  —  Pnmula  Tom- 
masiniiG.  G.  [207]  — Rumex  maritimo- 
conglomeratus  Cel.  [28] .  —  Trilicum 
vulgari-ovatum  et  vulgari  -tmunciale, 
173.  —  Voy.  dans  la  table  de  la  Revue 
bibl.)  Broughtou,  Morren. 

Hydnora  [201]. 

Ihjdrangea  [50].  —  chinensis  Max.  n.  sp. 

[51].  —  Lobbii  Max.  [51]. 
Ilydrodiclyon  ulriculalum,  101. 
Flygrocrccis,  38. 

Hymenocladia  [236]. 

Ilymenodictyon  excelsum ,  succédané  des 
Cinchona,  \  59. 

Hymenophyllum  tunbridgcnse  [214]. 
Hyocomium  flagellare ,  331. 

Hypericum  electrocarpum  Max.  n.  sp. 

[55].  « 

llyphoniycètes,  107. 

I 

I dénia  Maximow.  nov.  gen.  [54]. 

Inde  (Flore  de  F).  Voy.  Cinchona ,  7/y* 
menodictyon  et  (dans  la  table  de  la 
Revue  bibl.)  Aitehison,  Soubeiran. 
Involucre,  338. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES.  2ZÏ7 


Ipomœa  Purga  W.,  orizabensis  P.  et  si- 
mulans  Hanb.  [86J. 

Isoêtes  echinospora ,  191. 

J, 

Jacquel  (l’abbé).  Sa  mort,  208. 

Jatropha  Manihot ,  34  I . 

Jaubert  (le  comte).  Lettre  à  M.  le  Prési¬ 
dent,  36.  —  Sa  démission  de  membre 
des  académies  allemandes,  36.  —  Dis¬ 
cours,  389.  —  Obs. ,  393. 

Jaubert  (Hippolyte),  mort  victime  de  son 
dévouement,  à  Coulonges,  29. 

Joncaginées  [159]. 

Joncées  (Tissus  des),  231. 

Juglandées  [160]. 

Juncus  atricapillus  [207]. —  equiselosus , 
232.  —  slriatus ,  17  2.  —  vctriegalus 

Car.  n.  sp.  [8], 

Juniperus  littoralis  Maximow.  sp.  iioy. 
[57].  —  nipponica  [57]. 

Jura  (Distribution  géographique  des  Mous¬ 
ses  dans  le),  178,  213.  —  (Tourbières 
du),  407. 

L 

Labiées  (Organes  glanduleux  des),  239. 

Landerer.  Mauuel  de  botanique,  en  grec 
moderne,  60. 

Lapeyrouse  (les  Hieracium  de),  48,  311. 

Larix  [177]. 

Lecoq  (Henri).  Sa  mort,  208,  284. 

Lecoslemon  [196]. 

Ledum  palustre ,  4 1  5. 

Le  Grand  (Ant.).  Sur  quelques  plantes  du 
Forez,  145. —  Lettre  relative  à  diverses 
espèces  d '  Agropyrum,  241 . 

emanea  [90]. 

Lenormand  (René).  Sa  mort  :  discours  de 
RI.  Morière,  390. 

Lennlodon  aureum,  50. 

Lepicaune  Lap.,  50. 

Lepidium  sativum  [21], 

Lepidodendron  [146]. 

Leplomiius,  58. 

Leplotkrix,  38. 

Lettres  de  MM.  Baudoin,  l’abbé  Boulay, 
Delondre,  l’abbé  Garroute,  Germain  de 
Saint-Pierre,  comte  Jaubert,  Le  Grand, 
Roumeguère,  Ch.  Royer,  Sagot ,  le 
pasteur  Sahler,  Tocquaine.  Yoy.  ces 
noms. 

Leucanthemum  palmatum ,  145, 

Levûre  de  bière,  37. 

Lévy  (P.).  Note  sur  la  culture  du  Cacao¬ 
tier,  3.  —  Sur  la  coupe  de  l’Acajou, 
125.  —  Envoi  de  plantes  du  Nicara¬ 
gua  [192], 


Libocedrus  auslro-caledonica  Brongn.  et 
Gris  n.  sp. ,  140. 

Lichens,  269,  276  [13]  [73]  [88]  [204] 
[205]  [234]. 


Ligularia  calihœ folia  Maximow.  n.  sp. 

[57].  —  clivorum  id.  [57]. 

Lilium  [164]  [166],  —  punctaiurn  [164]. 
—  Humboldtii  [164]. 

Lindera  hypoglauca  Max.  u.  sp.  [56]. 

—  mernbranacea  Max.  [56]. 

Liquida mbar  macrophy lia  [161].  — sly- 
raciflua  [161].  —  acerifolia  Maximow. 
n.  sp.  [54]. 

Livre  de  Nature  (le),  204. 

Lobelia  Dortrnanna,  192. 

Lonicera  cœrulea ,  412. 

Loxode,  39. 

LychnisViscaria ,  196.  —  laciniala  Maxi¬ 
mow.  n.  sp.  [54]. 

Lycopodiacées  fossiles  [139].  — du  Mexi¬ 
que  [222]. 

Lycopodium  cryptomerinum  Max.  u,  sp. 
[57]. 

Lysimachia  acroadenia  Max.  u.  sp.  [56]. 
—  Forlunei  Max.  [56], 


M 


Macroclinidium  Max.  nov.  geu.  [58]. 

Manioc,  341. 

Marsilia  [  1 7 5]  [228], 

Martinet  (J. -LL).  Sur  les  organes  glandu¬ 
leux  des  Rutacées,  143. —  des  Labiées, 
239. 

Martins  (Ch.).  Sur  l’origine  glaciaire  des 
tourbières  du  Jura  neuehàtelois  et  de 
la  végétation  qui  les  caractérise,  406. 

Maugin  (G.).  Sur  des  feuilles  anomales  de 
Trifolium  repens  et  pralense ,  222. 

Melaleuca  viridiflora  [38]. 

Melandrium  Olgœ  Max.  n.  sp.  [57]. 

Mélanges.  Voy,  Nouvelles. 

Mélanthacées  [234]. 

Mélastomacées  [163], 

Mdilutus  sulcala,  249  (note). 

Menlzel.  Index  nominum  planlarum  uni- 
versalis ,  annoté  de  la  main  de  J.  Ges- 
ner,  2. 

Menziezia  multiflora  Max.  n.  sp.  [52].  — 
purpurea  et  penlandra  Max.  [55]. 

Mer  (Em.).  De  l’action  physiologique  de 
la  gelée  sur  les  végétaux,  164,  208, 
299 

Merisinopœdia,  38. 

Merulius  lacrimans  Fr.,  107,  452. 

Mespjlus  [l  95]. 

Metanarlhecium  Max.  nov.  gen.  [55]. 

Meudon  ( E-uphorbia  dulcis  et  Poa  sudelica 
trouvés  à),  64. 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


248 

Meum  athamanticum  (Noms  vulgaires  du), 
146, 147. 

Miégeville  (l’abbé).  Essai  de  révision  des 
Armoises  alpines  des  Pyrénées  françai¬ 
ses,  367. 

Mirabilis  Jalapa ,  374. 

Mitella  japonica  Maximow.  n.  sp.  [54] . 

Mohl  (Hugo  de).  Sa  mort  [142]. 

Monade,  38. 

Monoblepharis  Max.  Cornu  nov.  gen.,  39. 
—  polymorpha  u.  sp.,  59.  —  proliféra 
n.  sp.,  59.  —  sphœrica  n.  sp.,  59. 

Monstruosités  et  Anomalies  :  Déformation 
des  utric.  des  Carex  præcox  et  Halle- 
riana ,  171.  —  Feuilles  anomales  de 
Trifolium,  222.  —  Avortement  des  om¬ 
belles  secondaires  des  Seseli  tortuosum 
et  montanum,  228.  —  Yoy.  (dans  la 
table  de  la  Revue  bibl.)  :  Barthès,  Bel- 
lynck,  Duchartre,  Pasquale,  Peyritsch. 

Montluçon  (Cryptogames  des  environs  de), 
272,  382.  —  Phanérogames,  318, 
382.  —  Notes  supplémentaires,  436. 

Montpellier  (Promenades  aux  euvir.  de), 
170.  —  (Plantes  des  environs  de),  228. 
Yoy.  Hérault. 

Morière.  Discours  prononcé  aux  funérailles 
de  M.  Lenormand,  391. 

Morinda  tinctoria  [37]. 

Morus  acclimaté  à  Moscou  [22]. 

Mouillefarine  (E.)  a  trouvé  le  Trifolium 
resupinatum  à  Neuilly-sur-Seine,  64. — 
Voy.  Gaudefroy  et  Mouillefarine. 

Mousses,  92,  178,  213,  279,  331,  422 
[89]  [93]  [144]  [212]  [229]  [231]. 

Mucor .  38. 

Muséum  (Bombardement  du),  1,  9.  — 
Déclaration  de  M.  Chevreul  à  l’Acadé¬ 
mie  des  sciences,  le  9  janvier  1871,  10. 
—  Déclaration  de  M.  Chevreul,  le  29  mai 
1871,  63. 

Mycologie.  Voy.  Champignons. 

Myoporum  tenui folium  [37]. 

Myrica  Gale ,  415. 

Myxomycètes,  38,  42,  43. 

N 

Nabalus  acerifolius  et  ochroleucus  Maxi¬ 
mow.  n.  sp.  [58]. 

Naias  [18]  [152].  —  serrislipula  Ma¬ 
ximow.  n.  sp.  [56]. 

N ar  dur  us,  146. 

Narthecium  asiaticum  Max.  n.  sp.  [55]. 

Nasturlium  officinale ,  forma  parviflorum, 

384. 

Naviculées  [130]. 

Nécrologie,  9,  29,  60,  208,  284,  285,  330, 
390.  Voy.  Nouvelles. 


Neuilly-sur-Seine  (Trifolium  resupinatum , 
trouvé  à),  64. 

Neuroplcris  [137]. 

Nicaragua  (Culture  du  Cacaotier  au),  3, — 
(Coupe  de  l’Acajou  au),  125. 

Nitella  batrachosperma ,  46.  —  capitata, 
148.  —  mucronata,  46.  — opaca,  66, 
148.  —  syncarpa,  147. 

Nœggérathiées  [136]. 

Noms  arabes  de  quelques  végétaux,  18. — 
Voy.  (dans  la  table  de  la  Revue  bibl.) 
Prior. 

Normandina  Jungermanniœ  [188]. 

Nostoc  fragiforme  [213]. 

Nouvelle-Calédonie.  Voy.  Calédonie. 
Nouvelles  [40]  [142]  [191]  [236]. 

Nucelle  [71-72]. 

O 

Ocotea  aromatica  [37]. 

Œcidium  Betæ  [16]. 

Gfïdipodium  Griffithii  [229]. 

Œdogonium  [76]. 

Onygena  equina ,  299. 

Ootacamuud  (Jardin  gouvernemental  d’), 
162. 

Opaline,  39. 

Ophiopogon  [60]. 

Ophrys,  201.  —  integra  [203]. 

Opuntia  fulvispina  [167]. 

Orchidées,  64,  201  [203]. 

Orchis,  201.  —  viridis,  64. 

Oreomunoa  OErsted  nov.  gen.  [161]. 
Orthotrichum  [215]. 

Ortus  sanitatis,  153,  204. 

Oryza  [156]. 

Oscillaria ,  38. 

Osmunda  regalis  [183]. 

Ostende  ( Anacharis  Alsinastrum  aux  env. 
d’),  64. 

Oxalis  obtriangulata  Max.  n.  sp.,  55. 
Oxytrique,  39. 

P 

Pæonia  peregrina,  173. 

Palmella,  38,  39. 

Palmellées  [19],  38. 

Palmiers  de  Bornéo  [202]. 

Pancratium  marilimum,  174. 

Pandorea  auslro-caledonica  [164]. 
Papavéracées  (Développement  de  la  fleur 
dans  les)  [21]. 

Papaver  Rhœas  1215]. 

Paris  (Bombardement  de),  1,9  —  ( Anlho - 
xanthum  Puelii  et  Aira  brigantiaca, 
trouvés  à)  [144].  —  Florula  obsidiona- 
lis,  246.  —  (Flore  des  environs  de), 


*249 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES 


Voy.  Billancourt,  Meudon,  les  Essarts- 
le-Roi,  Neuilly-sur-Seine,  Versailles, 
Fontainebleau,  et  (dans  la  table  de  la 
Revue  bibl.)  Ramey. 

Paris  (E.-G.).  Proposition  d’exclure  de  la 
Société  les  nationaux  de  l’Allemagne  du 
Nord,  80.  —  Sur  la  végétation  des  en¬ 
virons  de  Constantine,  252.  —  Addi¬ 
tions  à  la  flore  algérienne,  et  obser¬ 
vations  sur  quelques  plantes  de  cette 
flore,  354. 

Parnassia  Nummularia  Max.  n.  sp.  [54]. 

Patrinia  gibbosa  Maximow.  n.  sp.  [56]. 

Pavia ,  475,  176. 

Pédicelle,  339. 

Pédoncule,  338. 

Pénicillium,  38,  43.  —  glaucum  et  bré¬ 
vités,  37. 

Pennisetum  sp.  nova?  363. 

Pérard  (AL).  Énumération  des  Crypto¬ 
games  de  l’arrondissement  de  Montlu- 
çon  (Addenda),  272.  —  Énumération 
des  Phanérogames  de  l’arrondissement 
de  Montluçon  (Addenda),  318.  —  Sup¬ 
plément  de  localités,  382.  —  Notes 
complémentaires,  436.  —  Étude  anato¬ 
mique  de  VAgropyrum  cæsium,  433. 

Peronospora  Cacli  Leb.  et  Colin  n.  sp. 
[91]  [180]. 

Perlya  ovala  Maximow.  n.  sp.  [58]. 

Pelrocapnos,  360  (note). 

Petrosavia  Becc.  gen.  nov.  [202], 

Petrusde  Crescentiis,  203. 

Peyre  (Arm.).  Sa  mort,  208. 

Peziza  Auricula  Judœ  [37] . 

Phelipæa  arenaria,  174. 

Phellodendron  japonicumMax.  n.  sp.  [58]. 

Philadelphus  grandiflorus  [51]. 

Physcomitrium  [229]. 

Physiologie  végétale,  36,  164,  208,  299 
[223]. 

Pilobolus  crysiallinus,  298. 

Pilularia  [1 75]. 

Pimpinella  dichotoma,  356. 

Pinus  uliginosa,  410.  —  monlana,  411 .  — 
Salzmanni ,  171. 

Pipéracées  [71]. 

Pirus  [193]. 

Placentation,  96. 

Plant ago  albicans  [44].  —  Winleri  Wirtg., 
n.  sp.  [176]. 

Plateau,  98. 

Pleurosigma  angulalum  [16]. 

Poa  sudelica,  64.  —  compressa  (3.  Lan- 
geana,  172. 

Podisoma  Sabince,  38. 

Podocarpus  cæsia  Maximow.  n.  sp.  [58]. 
—  oppressa  id.  [58]. 

Podochytrium  Pfltzer  n.  gen.  [130], 


Podocystis  puslulala,  26. 

Polycnemum  pumilum,  388. 

Polyporus  Laricis,  439.  —  obducens  Pers., 
107. 

Polytrichum  anomalum  Milde  n.  sp.  [40]. 

Pomacées  [195]. 

Portulaca,  96. 

Posada-Arango.  Membre  à  vie,  330.  — 
Sur  quelques  plantes  féculentes,  372. 
—  Sur  le  Bcjuco  de  Agua,  440. 

Potentilla  [32].  —  splendens  var.  filipen - 
dula,  198.  — verna  [216]. 

Prasium  majus,  355. 

Préfloraison,  194. 

Préparation  des  échantillons  d’herbier, 
111. 

Primula  macrocarpa  Max.  n.  sp.  [56], 

Protéacées,  188,  241. 

Pseudembryon,  98. 

Pseudovules,  98. 

Psilophyton,  94. 

Psychine  stylosa,  361. 

Puccinia ,  38.  —  caulicola  [39].  — ■  He- 
lianlhi  [20].  —  Torquati  Pass.  n.  sp. 
[187], 

Pulmonaria,  146. 

Pyrénées,  48,  367. 

Pyrénomycètes  [161]  [162]. 

Pythium,  58. 

Q 

Quadrifoliolation  des  Trifolium,  222. 

Quélet.  Voy.  Sabler. 

Quercus  [6]  [8]  [61]. 

R 

Racines,  296-298,  394.  —  Leur  classifi¬ 
cation  morphologique,  23. 

Radulum  quercinum  [22] . 

Rambur.  Sa  mort,  208. 

Ramey  a  trouvé  aux  buttes  Chaumont 
V  Anthoxanthum  Puelii  et  YAira  brigan- 
tiaca  [144], 

Ranunculus  Arnansii,  383.  —  confusus , 
196.  —  hololeucos,  196.  — nemorosus, 
383.  —  radians ,  383.  —  silvaticus , 
383.  — Iripartitus ,  196.  —  tuberosus , 
383. 

Ratzeburg.  Sa  mort  [237]. 

Raumeria  [140]. 

Renault  (B.).  Note  extraite  d’un  mémoire 
sur  les  fructifications  du  Calamoden - 
dron,  92. 

Renonculacées,  318. 

Réséda  atriplicifolia  et  Alphonsi,  361. 

Reuter.  Sa  mort  [144]. 

Rhamnées  de  l’Asie  orientale  [49]. 


250 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Rhamnus  arguta  Max.,  n.  sp.  [49]. —  co- 
stala  Max.  n.  sp.  [50]. 

Rhipidiurn  Max.  Cornu,  gen.  tiov.  58.  — 
continuum  n.  sp. ,  58.  —  elongalum  n. 
sp.,  59.  —  interruptum  n.  sp.,  58.  — 
spinosum  n.  sp.,  59. 

Rhizome,  296. 

Rhododendron  [52].  —  Weyrichii ,  Senia- 
vini,  Oldhami,  macroUemmon  Max. 
sp.  nov.  [53].  —  Albrechlii ,  Schlippen- 
bachii ,  macrosepalum  ,  semibarbalum, 
Tschonoskii  Max.  sp.  nov.  [57]. 

Rhynchoncma  rostraturn,  I  0 1 . 

Ricard  (M,Ile).  Sa  mort,  285. 

Ricinus,  73. 

Rivière  (A.).  Expériences  sur  la  germina¬ 
tion  des  Cinchona ,  104.  —  Obs.  sur  la 
croissance  du  Dambusa  mitis  et  de 
Y  Agave  mexicana  [43] . 

Rochelle  (Société  des  sciences  naturelles 
de  la),  48. 

Rœstelta  cancellala,  38. 

Romorantiu  (Algues  trouvées  à),  401. 

Rosa  [182]  [2 16].  —  eiitis  [176].*  — 
Lemanii ,  386.  —  tomentclla,  386. 

Rosoy-en-Bi  ie  ( Nitella  syncarpa  trouvé 
près  de),  147. 

Roumeguère  (G.).  Sur  deux  Hyphomycètes 
destructeurs  des  bois  ouvrés,  107,  452, 

Royer  (Ch.).  Lettres,  194,  295. 

Roze  (E.).  Sur  les  Myxomycètes,  42.  — 
Sur  le  polymorphisme  des  Pénicillium , 
42.  —  Sur  le  Pilobolus  crystatlinus  et 
YOnygena  equina ,  298-299.  —  Obs., 
208. 

Rubiacées,  326. 

Rubus ,  322  [176].  —  G  ray  anus,  pecti- 
nellus,  peliatus,  phœnicolasius ,  surbi- 
folius  Max.  n.  sp.  [59]. 

Rumcx  roseus,  363. 

Rutacées  (Sur  les  orgaues  glanduleux  des), 
143, 

„  S 

Sabia  japonica  Maximow.  n.  sp.  [54]. 

Sagot  (P.).  Sur  les  Ignames,  304.  —  Sur 
l’élève  du  bétail  à  la  Guyane,  270.  — 
Sur  le  Manioc,  341. 

Saiiler  (le  pasteur).  Lettre  sur  un  ouvrage 
de  M.  Quélet,  453. 

Salix,  espèces  diverses,  412  [225].  —  ba¬ 
bylonien  [225]. 

Salvadorées  [209] . 

Sanicula  tuberculc.la  Max.  n.  sp.  [55]. 

Santalum  austro-calcdonicum  [37]. 

Sapotacées  [38]. 

Saprolégniées,  58. 

■Sarracenia  [il]. 


Sartorius.  Sa  mort  [238], 

Savi  (P.).  Sa  mort,  208  [41]. 

Saxifraga  Uirculus ,  417.  —  Maiveana 
Bak.,  n.  sp.  [81].  —  tellimoides  Max. 
u.  sp.  [58] .  ^ 

Scheuchzeria  palustris ,  420. 

Schizandra  nigra  Maximow.  n.sp.  [59]. 

Schizocodon  ilicifolius  Maximow.  n.  sp. 
[56].  — uniflorus ,  id.  [56]. 

Scuoenefeld  (W.  de)  présente  un  bois 
exotique,  60.  —  présente  un  traité  de 
botanique  non  mentionné  dans  Pritzel, 
60,  —  Note  sur  l’étymologie  des  mots 
Meum  et  Ceslre  ou  Ci  ire,  147.  —  Note 
rectificative,  195.  —  Obs.,  8,  61. 

Scirpus  cœspitosus,  416. 

Scrofularia  nodosa  [39]. 

Sedum  cæsium,  325. — collinum ,  325. — 
graniticum ,  386.  —  recurvatum,  386. 

Seemann  (B.).  Sa  mort  [41]. 

Selaginella  [118]. 

Senecillis  Schmidtü  Max.  nov.  sp.  [59]. 

Senecio  otophorus  et  stenocephalus  Max. 
n.  sp.  [58]. 

Seseli  tortuosum ,  228.  —  elalum ,  228.  — 
montanum ,  22S. 

Session  extraordinaire  (Ajournement  de 
la),  48. 

Sève,  19,  122. 

Siderilis  montana,  363. 

Sigillaria  [146]. 

Sisymbrium  torulosum ,  355. 

Smilax  [21  1]. 

Société  botanique  de  France.  Ajourne¬ 
ment  des  élections,  1,  35,  59,  63,  30.  — 
Interruption  forcée  des  séances  régu¬ 
lières  eu  avril  et  mai  J  87  1 ,  et  réunions 
intimes  qui*en  ont  tenu  lieu,  59,60,  61, 
62.  —  Commission  de  la  séance  extra¬ 
ordinaire  en  l’honneur  de  S.  M.  l'Em¬ 
pereur  du  Brésil,  390. 

Société  des  sciences  naturelles  de  la  Ro¬ 
chelle,  48. 

Sorbus  aucuparia,  4  10. 

Sordaria  fimisedo  [7  3].  —  coprophila  [79]. 

Sorisponum  Trientalis  Woron.  nov.  sp. 
[23]. 

Souche,  296. 

Soumboul,  7,  17  [26]  [143]. 

Soyeria  montana,  54. 

Sphæria  Lemaneæ  [78]. 

Sphœroplea  annulina ,  101. 

Spirillum ,  38. 

Spring.  Sa  mort  [42]. 

Statice,  173. 

Stenomeris  [II]. 

Slerculia  acuminata  [15]. 

Stipa  tenacissima  [152]  [153]. 

Strychnos  polatorum  [69]. 


251 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES. 


Stuarlia  Pseudocamellia  et  serrât  a  Max. 
n.  sp.  [54]. 

Stylobasium  [196]. 

Subularia  aqualica  var.  terrestres ,  192 
(note). 

Sumbul,  7,  17  [26]  [143]. 

Sumbulus  moschalus  C.  Koch  gen.  nov. 
[143]. 

Swertia  perennis ,  420. 

bwie'enia  Mahagoni ,  125. 

Synchylrium ,  26  [179].  —  Stellariœ  me- 
diœ,  26.  —  Taraxaci ,  Anémones,  Mer- 
curia  Us  perennis ,  27.  — Alismatis  Max. 
Cornu  nov.  sp.,  28. 

T 

Tagetes  palula  (Appareil  oléifère  du), 
287,  331. 

T  écorna  radicans  [186]. 

Tératologie  [28].  Voy.  Monstruosités. 

TetrapUra  Phil  n.  gen.  [231]. 

Thea  sinensis  Sims,  161. 

Theobroma  Cacao  :  sa  culture  au  Nicara¬ 
gua,  3  [71]. 

Theropogon  Maximow.  n.  gen.  [60]. 

Thuia  japonica  Maximow.  n.  sp.  [54]. 

Thymus  Serpyllum  var.  citriodorus ,  173. 

Tige.  Classifie,  morphologique  des  tiges 
souterraines,  23.  —  Tiges  des  Compo¬ 
sées,  398. 

Tilia  [173]. 

Tillandsia  staticeflora  E.  Morren  n.  sp, 
[223]. 

Tilopteris  Merlensii  [2]. 

Timbal-Lagrave.  Étude  sur  les  Hieracium 
de  Lapeyrouse  et  sur  leur  synonymie, 
48,  311. 

Timbalia  Pyracantha  Clos  n.  gen.,  17  7- 
178. 

Tissus,  19,  122,  231,  302. 

Tocquaine.  Lettre,  et  envoi  du  Polype- 
rus  Laricis ,  439. 

Tofieldia  japonica  Max.  n.  sp.  [55].  — 
nuda  Max.  n.  sp.  [60]. 

Tordylium  intermedium  Pass.  nov.  sp. 
[187]. 

Torula,  38.  * 

Tourbières  :  leur  origine  glaciaire,  406. 
—  Végétation  des  tourbières  jurassi¬ 
ques,  410.  —  Tourbières  des  Vosges  et 
des  Cévennes,  425. 

Tourlet.  Membre  à  vie,  330. 

Trapa  natans  [12]. 

Trichopodium  zeylanicnm  [12]. 

Tricyriis  flava  et  lalifolia  Max.  nov.  sp. 
[SS]. 

Trifolium  resupinalum ,  64.  —  repens , 
222.  — pratense,  222. 


Triosteum  sinualum  Max.  nov.  sp.  [57], 
Tripelaleia  [60].  —  bracleala  Max.  n.  sp. 
[55]. 

Triticum  monococcum ,  17  3.  —  vulgari- 
ovalum ,  173.  — vulgari-triunciale,  173. 
Tropœolum  [26]. 

Tsusiophyllum  Maximow.,  nov.  gen.  [52], 
Tulipa  (Monstruosité  d’un  bulbe  de;  [20]. 
Tylodendron  speciosum  [l  35], 

Tynanthus  fasciculata,  4  42. 

Typha  [88]  [160]. 

U 

Urédinées  [39]  [233]. 

Credo  pustulata ,  26.  —  Detæ  [15]. 
Uromyces  Prunellœ  [39]. 

Ustilago  [233]. 

V 

Vaccinium,  espèces  diverses,  414. 
Valeriana  flaccidissima  Max.  nov.  sp. 

[57]- 

Vallisneria  spiralis  [204]. 

Valoniées  [206]. 

Van  Tieghkm  (Ph  ).  Sur  les  canaux  oléi¬ 
fères  des  Composées,  286,  331,  394. 
Variétés,  99. 

Végétation,  23. 

Végétaux  (Action  de  la  gelée  sur  les), 
164. 

Veralrum  slamineum  Max.  n.  sp.  [57]. 
Verrucariées  [234]. 

Versailles  :  Chara  aspera  trouvé  dans  les 
bassins  du  château,  65.  —  Ch.  con- 
nivens  trouvé  dans  l’étang  de  Trappes, 
66, 149. 

Vibrions,  41. 

Vicia  cuneata ,  357. 

Viola  arenicola  A.  Chabeit  n.  sp.  196. 

—  porphyrea  Uechtr.  n.  sp.  [ 1 4 1  ] . 
Viscum  album  [93]. 

Vilis  vinifera.  Übs.  sur  un  Champignon 
qui  attaque  les  parties  souterraines  de 
la  Vigne  [68]. 

Voelkel  (P.).  Quelques  mots  sur  le  Soum- 
boul,  7. 

Voitia  mutica  [213]. 

Vorticelle,  39. 

Vosges  (Plantes  rares  ou  nouvelles  des), 
92. —  (Distrib.  géogr.  des  Mousses  dans 
les),  178,  213.  —  (Tourbières  des), 
425. 

Voyage  de  MM.  Hooker  et  Bail  au  Maroc, 

101. 

Voyages  (Instructions  pour  les),  66,  81, 

111. 

Vrilles,  206. 


25‘2  SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 

Vulpia  Michelii  Rchb. ,  173. 


Y 


W 

Warion  (A.).  Une  herborisation  dans  la 
Campine  limbourgeoise,  190.  —  Quel¬ 
ques  plantes  du  département  du  Nord, 
294. 

Webera  Kreidleri  [212] . 

Wight.  Sa  mort  [237]. 


Yucca  [253]. 

Z 

Zamia  gigas  [141], 

Z anthoxylon  Bungeanum  Max.  nov.  sp. 

[58].  —  Arnottianum  Max.  n.  sp.  [59]. 
Zoospores  [19]  [154]. 


TABLE 

PAR  ORDRE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOMS  D’AUTEURS 

DES  PUBLICATIONS 

ANALYSÉES  DANS  LA  REVUE  BIBLIOGRAPHIQUE. 

(TOME  DIX-HUITIÈME.) 

N.  B.  —  Cette  table  ne  contient  que  les  litres  des  ouvrages  analysés  et  les  noms  de  leurs  |  auteurs. 
Tous  les  noms  de  plantes  dont  les  descriptions  ou  les  diagnoses  se  trouvent  reproduites  dans  la  Revue 
bibliographique,  ainsi  que  les  articles  nécrologiques,  etc.,  doivent  êtro  cherchés  dans  la  table  générale 
qui  précède  celle-ci. 


Achintre  (J.).  Voy.  Fontvert  et  Achintrc. 

Agardh  (J.  G.).  Chlorodictyon,  nouveau 
genre  du  groupe  des  Caulerpées  [160]. 
—  Sur  les  Algues  récoltées  pendant  l’ex¬ 
pédition  de  la  corvette  Joséphine  [2*21]. 
—  Sur  les  Algues  des  îles  Chatham 
[236]. 

Aitchison  (J.-E.  Tierney).  Catalogue  des 
plantes  du  Punjaub  et  du  Sindh  [64]. 

Andræ.  Sur  quelques  plantes  du  calcaire 
carbonifère  [137].  —  Sur  le  genre  de 
Fougères  Neuropteris  et  quelques-unes 
de  ses  espèces  appartenant  à  la  forma¬ 
tion  du  calcaire  carbonifère  [1  37]. 

Askenazy  (E.).  Recherches  sur  le  genre 
Eclocarpus  [l]. 

Aubouy  (A).  Nouvelles  notes  sur  la  flore 
de  Lodève  [200]. 

Austin  (F.).  Caractères  de  quelques  nou¬ 
velles  Hépatiques,  principalement  de 
l’Amérique  du  Nord  [178] 

Baglietto  (F.).  Note  sur  YEnclocarpon 
Guepini  [13].  —  Aperçu  lichénologique 
de  la  Toscane  [204]. 

Bagneris  et  Broillard.  Étude  sur  la  pro¬ 
duction  du  Chêne  et  son  emploi  en 
France  [6]. 

Baillet  (C.).  Voy.  Rodet. 

Bâillon  (H.).  Sur  le  développement  des 
feuilles  des  Sarracenia  [11].  —  Re¬ 
cherches  sur  l’organisation  et  les  affi¬ 
nités  des  Salvadorées  [209].  —  Slirpes 
exoticæ  novœ  [211].  ' 

Baker  (J. -G.).  Saxifraga  Maweana  [81]. 
—  Synopsis  nouveau  de  tous  les  Lis 
connus  [166]. —  Fougères  de  l’île  de 
Lord  Howe  [169].  —  Monographie  des 


Roses  de  l’Angleterre  [182]  —  Les  for¬ 
mes  connues  de  Yucca  [233].  —  Voy. 
Flora  brasiliensis. 

Baranetzki.  Recherches  relatives  à  l’action 
de  la  lumière  sur  la  végétation  et  sur 
la  destruction  de  la  chlorophylle  [103]. 

Barthès  (Melcliior).  Sur  un  cas  tératologi¬ 
que  offert  par  V  Hyssopus  officinalis[28]. 

Bary  (A.  de)  et  Woronin.  Recherches  sur  la 
morphologie  et  la  physiologie  des  Cham¬ 
pignons,  3e  série,  avec  des  remarques  sur 
les  organes  sexués  des  Ascomycètes  [78] 

Batalin.  Influence  de  la  lumière  sur  les 
cellules  du  Lepidium  salivurn  [21]. 

Baudrimont.  Observations  relatives  aux 
expériences  communiquées  récemment 
par  M.  A.  Poëy  [116]. 

Bausch  (W.).  Revue  des  Lichens  du  grand- 
duché  de  Bade  [73]. 

Beccari  (O.).  Note  sur  une  nouvelle  espèce 
du  genre  Stenomeris  [il].  —  Note  sur 
le  Trichopodium  zeylanicum  [12].  — 
Note  sur  l’embryon  des  Dioscorées  [12]. 
—  Description  de  deux  espèces  d 'Hyd- 
nora  d’Abyssinie  [201].  —  Petrosavia , 
nouveau  genre  de  plantes  parasites  de 
la  famille  des  Mélanthacées  [202].  — 
Notes  sur  quelques  Palmiers  de  Bornéo 
[202].  —  Illustration  de  quelques  es¬ 
pèces  nouvelles  ou  rares  de  plantes  de 
Bornéo  [202]. 

Békétoff.  Sur  une  monstruosité  d’un  bulbe 
de  Tulipe  [20]. 

Bellynck(A.).  Les  anomalies  dans  le  règne 
végétal  [176]. 

Bennett  (A  -W.)  Voy.  Flora  brasiliensis, 
Sauuders,  G.  Smith  et  Bennett. 1 


25/i 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Bentham.  Voy.  Flora  brasiliensis. 

Bernouilli  (Oust.).  Revue  des  espèces  de 
Theobroma  connues  jusqu’à  ce  jour 
[Tl]- 

Bert  (P.).  Influence  des  diverses  couleurs 
sur  la  végétation  [  I  13]. 

Bibliographie  [39]  [14  l]  [189]. 

Bojuslawski.  Sur  la  salicine  [23]. 

Borodin.  Action  de  la  lumière  sur  VEloden 
canadensis  [22].  —  Sur  les  stomates  du 
Callt triche  aulumnalis  [24].  —  Rela¬ 
tions  de  l’amidon  avec  la  chlorophylle 
[26]. 

Boi’ssingault.  Sur  une  matière  sucrée  ap¬ 
parue  sur  les  feuilles  d'un  Tilleul  [173]. 

Braun  (Al.).  Nouvelles  recherches  sur  les 
genres  Marsilia  et  Pilularia  [  I  75].  — 
Sur  le  développement  anomal  des  bour¬ 
geons  adventifs  sur  la  tige  herbacée  du 
Calliopsis  tincloria  [227]. 

Brkbisson  (A.  de).  Surle  Nostoc  fraaiforme 
Roth  [213]. 

Broillard.  La  disette  du  bois  d’œuvre. — 
De  la  réserve  des  Chênes  d'avenir  [8]. 
—  Voy.  Bagueris  et  Broillard. 

Broughton  (J.).  D’une  certaine  excrétion 
d’acide  carbonique  par  les  plantes  a  i- 
vantes  [121].  —  Recherches  chimiques 
et  expérimentales  sur  les  Cinchona 
vivants  [123].  —  De  l’hybridité  chez 
les  Quinquinas  [127]. 

Brünel  (Ad.).  Biographie  d’Aimé  Bon- 
pland  [63].  —  Observations  cliniques 
sur  P  Eucalyptus  Globulus  [86]. 

Brunet  (l’abbé  O.).  Eléments  de  botani¬ 
que  et  de  physiologie  végétale  [82]. 

Buchenau.  Sur  la  gémination  dans  l’inflo¬ 
rescence  des  Alismacées  [159].  —  Addi¬ 
tions  aux  comparaisons  critiques  publiées 
dans  le  premier  et  le  deuxième  volume 
des  Abhandl.  nat.  Ver.  zu  Bremen, 
pour  les  B u to ruées,  Alismacées  et  Jon- 
caginées  connues  jusqu’à  ce  jour  [159]. 

Bunge  (AL).  Generis  Astragali  species  g e- 
rontogeœ  [188]. 

Bureau  (Éd.)*  Sur  quelques  fruits  de  Bi- 
gnoniacées  [226]. 

Carles  (P. -P.).  Elude  sur  les  Quinquinas 

P  26]. 

Carrutuers  (W.).  De  la  structure  des 
Lycopodiacées  arborescentes  du  terrain 
hou i  1 1er  [139].  —  Sur  les  Cycadées 
fossiles  des  roches  secondaires  de  la  Bre¬ 
tagne  [140].  —  Sur  la  forêt  pétrifiée 
des  environs  du  Caire  [  1 4 (>] .  —  Sur  la 
structure  d’une  Fougère  pétrifiée  de 
l'éocène  inférieur  de  Heine  Bay  [140] 

Caruel  (T.).  Observations  sur  le  genre  de 
Cycadées  fossiles  Rautneria ,  et  descrip¬ 


tion  d’une  espèce  nouvelle  [140].  — 
Second  supplément  au  Prodrome  de  la 
llore  de  Toscane  [7].  —  Observations 
sur  le  Trapa  natans  [12]. 

Castracane  (F.).  Coup  d’œil  historique  et 
général  sur  les  Diatomées  [13 1],  — 
Sur  la  multiplication  et  la  reproduction 
des  Diatomées  [131].  — Observations 
sur  une  Diatomôe  du  genre  Podosphenia 
[131]. 

Cauvet  (D.).  Du  protoplasma  [177], 

Cave  (Ch.).  Sur  la  zone  génératrice  des 
appendices  chez  les  végétaux  monoco- 
tylédones  [5]. 

Celakowsky  (Lad.).  Notice  sur  le  Cory- 
dallis  pumila  et  le  Gagea  pusilla  des 
environs  de  Prague  [27].  —  Nouvelles 
communications  sur  quelques  plantes 
de  Bohême  [28]. 

Cesati  (V.).  Illustrations  de  quelques 
plantes  de  l’Amérique  du  Sud  [188]. 
Cesati,  Passerini  et  Gibelli.  Compendium 
de  la  llore  italienne  [203]. 

Cienküwski.  Observations  sur  les  Algues 

[«»]■ 

Clos(D.).  Les  plantes  de  Virgile  [92].  — 
Recherches  sur  le  Charbon  du  Maïs 
[233]. 

Cohn.  Recherches  de  biologie  végétale 
[179].  —  Voy.  Lcbert  et  Cohn. 

Congrès  des  Naturalistes  russes  à  Moscou 
(Communications  faites  au)  [l9]. 
Corüemoy  (J.  de).  Sur  un  genre  nouveau 
des  Composées  de  la  flore  indigène 
de  File  de  la  Réunion  ( Frappieria ) 
[207], 

Cosson  (L.).  Note  sur  VEuphorbia  resini - 
fera  Berg,  suivie  de  quelques  considé¬ 
rations  sur  la  géographie  botanique  du 
Maroc  [158]. 

Czecii(K.).  Sur  les  fonctions  des  stomates 

[*]• 

Dawson  (J.-W.).  Les  plantes  fossiles  du 
Devonien  et  du  Silurien  du  Canada  [29]. 
—  Sur  de  nouvelles  Fougères  arbores¬ 
centes  et  autres  fossiles  du  terrain  de¬ 
vonien  [147]. 

Decaisne  (J.).  Le  Jardin  fruitier  du  Mu¬ 
séum  [  1 9  3] . 

Decaisne  et  Naudin.  Manuel  de  l’amateur 
des  jardins,  tome  IV  [  1 96] . 

Delponte  (J.- IL).  Souvenir  botanique  du 
professeur  Filippo  de  Filippi  [187]. 
Devos  (A.),  l_.es  plantes  naturalisées  ou 
introduites  .en  Belgique  [199]. 

Doell.  Voy.  Flora  brasiliensis. 

Duciiartre  (P.).  Réflexions  sur  les  expé¬ 
riences  du  général  Pleasonton  [l  15]. — 
Observations  sur  le  genre  Lis  [164].  — 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS. 


Note  sur  une  monstruosité  de  la  fleur  du 
Viol ier  [218]. 

Dutailly.  De  la  signification  morpholo¬ 
gique  de  la  vrille  de  la  Vigne-vierge 
[206],  — Recherches  anatomo-physio¬ 
logiques  sur  le  Chanvre  [210]. 

Edwards  (A.-M.).  Nouveau  procédé  de 
préparation  des  Algues  filamenteuses 
pour  le  microscope  [  1 3 1  ] .  —  Notes  sur 
les  Diatomées  [178]. 

Eichler.  Voy.  Flora  brasiliensis. 

Engler.  Voy.  Flora  brasiliensis. 

Espardeilla  (P.).  Eléments  de  botanique 
[90]. 

t amintzin  (A.).  Les  sels  inorganiques  con¬ 
sidérés  comme  un  moyen  perfectionné 
d’étudier  le  développement  des  orga¬ 
nismes  inférieurs  munis  de  chlorophylle 
[173]. 

Farlow.  De  la  disposition  qu’offrent  les 
fleurs  du  Scrofularia  nodosa  à  la  fé¬ 
condation  croisée  [39]. 

Faye.  Remarques  sur  quelques  particula¬ 
rités  du  sol  des  landes  de  Gascogne  [9]. 

Featherman  (A.).  Compte  rendu  d’une  ex¬ 
ploration  botanique  de  la  Louisiane  méri¬ 
dionale  et  centrale  [28]. 

Feistmantel  (C.).'  Catalogue  de  quelques 
localités  nouvelles  observées  en  Bohème 
pour  des  plantes  du  calcaire  carbonifère 

,  [27]. 

Perrière  (Em.).  Le  Darwinisme  [208]. 

Fischer  de  Waldheim  (A.).  Remarques  sur 
les  causes  de  l’apparition  des  plantes 
parasites  sur  les  céréales  [233]. 

Imttbogen.  Observations  sur  la  croissance 
de  l’Orge  [236]. 

Fleury  (G.).  Sur  deux  produits  de  l’Agaric 
blanc  [38]. 

Flora  brasiliensis,  enumeratio  plantarurn 
in  Brasilia  haclenus  detectarum ,  con¬ 
tinuée  sous  la  direction  de  M.  Eichler, 
fasc.  xlix-lvi,  Cyathéacées,  Polypodia- 
cées,  Swartziées,  Césalpiniées,  Grami¬ 
nées,  Convolvulacées,  Cuscutacées,  Hy- 
droleacées,  Pédalinées,  Iridées,  Escal- 
loniées,  Cunoniacées,  Viola riées,  Sau- 
vagésiées,  Bixacées,  Cistacées,  Canella- 
cées,  Tropéolées,  Moliuginées,  Alsinées, 
Silénées,  Portulacées,  Ficoïdées,  Élati- 
nées,  par  MM.  Baker,  Bentham,  Doell, 
Meissner,  Progel,  Bennett,  Klatt,  En¬ 
gler,  Eichler,  Rohrhach  [155]. 

Flueckiger.  Sur  les  graines  du  Strychnos 
potatorum  [69]. 

Fluegel  (J.-H.-L.).  Sur  les  phénomènes  op¬ 
tiques  présentés  par  les  Diatomées  [16]. 

Fonvert  (a.  de)  et  J.  Achintre.  Catalogue 
des  plantes  vasculaires  qui  croissent 


255 

naturellement  dans  les  environs  d’Aix 

[201], 

Frank  (A.- B.).  La  direction  horizontale 
naturelle  aux  parties  des  plantes,  et 
indépendante  de  la  lumière  et  de  la  pe¬ 
santeur  [76].  —  Du  mouvement  des 
grains  de  chlorophylle  vers  la  lumière 
[117]. 

Preytag.  De  Faction  des  vapeurs  acides  et 
des  combinaisons  métalliques  sur  la  vé¬ 
gétation  [150]. 

Fuckel  (L.).  Symbolœ  mycologicœ.  Re¬ 
cherches  sur  les  Champignons  de  la 
région  rhénane  [77]. 

Garovaglio  et  Gibelli.  La  Normandina 
Jungcrmanniœ  [  1 88] . 

Geleznoff.  Sur  le  bois  de  VHaloxylon 
Ammodendron  [22]. 

Gerland.  De  l’action  de  la  lumière  sur  la 
chlorophylle  [110]. 

Gerland  et  Baijwenhoff  Faits  nouveaux 
sur  la  chlorophylle  et  quelques-uns  de 
ses  dérivés  [103]. 

Gibelli  (G.).  Sur  la  genèse  des  apothécies 
des  Verrucariées  [234].  —  Voy.  Cesati, 
Passerini  et  Gibelli.  —  Garovaglio  et 
Gibelli. 

Godman  (Fréd.  Du  Cane).  Histoire  naturelle 
des  Açores  ou  îles  occidentales  [180]. 

Goldenberg.  Voy.  Weiss  et  Goldepberg. 

Gorham  (J.).  Sur  la  structure  composée 
des  feuilles  simples  [92]. 

Grassman  (Herm.).  Noms  des  plantes  en 
allemand  [83]. 

Gris  (A.).  Mémoire  sur  la  moelle  des 
plantes  ligneuses  [  1 97]. 

Gubli  r  (A.).  Sur  V Éucalyplus  Globulus  et 
son  emploi  thérapeutique  [83]. 

Hæckel.  Histoire  naturelle  de  la  Création 
[33]. 

Hagenbach  (Ed.).  Recherches  sur  les  pro¬ 
priétés  optiques  de  la  matière  verte  des 
feuilles  [99]. 

Hampe  (E.).  Mus  ci  frondosi  in  ifrica  au - 
strali  prov.  Natal ,  etc.  lecli  [229].  — 
Musci  mexicani  novi  ex  kerbario  W. 
Sonder  [231]. 

Hanbury  (D.).  Notes  historiques  sur  les 
racines  de  Galanga  de  la  pharmacie 
[151].  —  Le  Cardamome  de  Madagascar 
ou  Longouze  [230]. 

Dance  (Henry  F.).  Sur  la  provenance  de 
la  racine  de  Galanga  ininor  des  phar- 
macologistes  [  1 5 1  ] . 

[Ianstein  (J.).  Des  phénomènes  de  mouve¬ 
ment  du  nucléus  dans  leur  rapport  avec 
le  protoplasma  [64].  —  Le  développe¬ 
ment  de  l’embryon  des  Monocotylées  et 
des  Dicotylées  [66], 


25(3 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


Hanstein  (J.)  et  Schmitz.  Organogénie  des 
fleurs  de  quelques  Pipéracées  [71]. 

Hardy  (A.).  Catalogue  des  plantes  plus 
ou  moins  rares  observées  en  Belgique 
[200]. 

Hedwigia,  recueil  d’études  cryptogamiques, 
publié  par  M.  Rabenhorst,  vol.  ix  et  x 
[212]. 

Heer  (O.].  La  flore  miocène  du  Spitzberg 

[132] .  —  Matériaux  pour  servir  à  la 
flore  fossile  du  Groenlaud  septentrional 

[133] .  —  Recherches  sur  la  flore  cré¬ 
tacée  [134]. 

Heinrich  (R.).  Influence  de  la  chaleur  et 
de  la  lumière  sur  les  modifications  que 
les  plantes  aquatiques  fout  subir  à 
l’oxygène  [120]. 

Henfrey.  Cours  élémentaire  de  botanique 
de  Henfrey  :  2e  édition  par  Masters 
[28]. 

Herapatii  (W.  Bird).  Recherches  spectro¬ 
scopiques  sur  la  chlorophylle  de  diverses 
plantes  [97]. 

Hildebrand  (K.).  Sur  les  feuilles  nagean¬ 
tes  des  Marsilia  et  de  quelques  autres 
plantes  amphibies  [228]. 

Hincks.  Essai  d’un  progrès  dans  l’arran 
gement  des  Fougères  et  dans  la  nomen¬ 
clature  de  leurs  subdivisions  [81]. 

Hogg  (Jabez).  Microspcctroscopie  :  résul¬ 
tats  de  l’analyse  spectrale  [95]. 

Howard  (D.).  Sur  un  alcaloïde  non  encore 
décrit  de  l’écorce  de  Quinquina  [125]. 

Howard  (J. -Eliot).  Arbres  à  quinquina 
ayant  crû  dans  l’Inde  [127]. 

Juratzka.  Brachylhecium  Geheebii  Milde, 
I Vebera  Kreidleri  et  Jungermannia 
Reichardti  G.  [212].  —  Voilia  mutica 
[213].  —  Notices  bryologiques  [214]. 

Kaufmann.  Sur  le  développement  de  la 
cyme  scorpioïde  des  Borragiuées  [25]. 
—  Sur  le  Sumbul  [26]. 

Kirk  (T.).  Sur  les  plantes  naturalisées  de 
la  Nouvelle-Zélande  [232]. 

Klatt.  Yoy.  Flora  brasiliensis. 

Kny  (L.).  Sur  les  phénomènes  optiques 
qui  distinguent  les  Selaginella  lœvigata 
VVilld.  et  uncinaia  Desv.,  des  espèces 
voisines  [118].  —  Recherches  sur  le  dé¬ 
veloppement  des  Fougères  [183]. 

Kocn  (K.).  Le  genre  des  Lis  [166].  —  Les 
Saules- pleureurs  [225]. 

Kosmann  (Const.).  Recherches  analytiques 
sur  les  roches  au  point  de  vue  de  leurs 
principes  absorbables  par  les  végétaux 
[67]. 

Kraus  (Gr.).  Recherches  sur  l'influence  de 
la  lumière  et  de  la  chaleur  sur  la  pro¬ 
duction  d’amidon  dans  la  chlorophylle 


[102].  —  Sur  les  parties  composantes 
de  la  matière  colorante  de  la  chloro¬ 
phylle  et  les  corps  analogues  [106].  — 
Origine  des  matières  colorantes  des  bois 
du  Solarium  Pseudocapsicum  [231]. 

Kuhn  (Jul.).  La  rouille  des  feuilles  de  la 
Betterave  [15]. 

Lange  (J.).  Des  plantes  les  plus  impor¬ 
tantes  contenues  dans  la  47e  livraison 
du  Flora  danica  [207]. 

Langner  Sur  la  famille  des  Composées  en 
Nouvelle-Hollande  et  en  Tasmanie  [35]. 

Lànkester  (Ray).  L’origine  de  la  matière 
colorante  dans  le  fluide  dichroïque  de 
M.  Sheppard  [99]. 

Lkbert  (H.)  et  Cohn.  Sur  une  nouvelle 
espèce  de  Peronospora ,  parasite  des 
Caclus  [91]  [180]. 

Leighton  (W.-A.).  Flore  des  Lichens  de 
la  Grande-Bretagne,  de  l’Irlande  et  des 
îles  de  la  Manche  [88]. 

Licopoli  (G.).  Sur  certaines  relations  des 
stomates  avec  les  glandes  calcifères  de 
quelques  plantes  [185].  —  Sur  la  struc¬ 
ture  des  stomates  et  de  quelques  glan¬ 
des  épidermiques  [186].  —  Sur  les  sto¬ 
mates  de  quelques  Passiflores  [186].  — 
Sur  quelques  glandes  du  Tecoma  radi- 
cans  Juss.  et  d'autres  espèces  [186]. 
— Histoire  naturelle  des  plantes  crypto¬ 
games  qui  naissent  sur  les  laves  du  Vé¬ 
suve  [205]. 

Lindberg  (S. -O.).  Manipulas  Muscornm 
primas  [229]. 

Lommel.  Manière  dont  se  comporte  la 
chlorophylle  par  rapport  à  la  lumière 
[10-]. 

Mac  Nab.  Sur  la  structure  simple  des 
feuilles  composées  [93]. 

Magnus  (P.).  Recherches  sur  le  genre 
Naias  [152].  —  Naiadacearum  italica- 
rum  Conspeclus  [152].  —  Sur  la  mor¬ 
phologie  du  genre  Naias  [18]. 

Manuel  de  recherches  scientifiques,  publié 
par  l’Amirauté  anglaise  [87]. 

Martens(G.  de).  Conspeclus  Algarum  Bra- 
siliæ  haclenus  delectarum  [208]. 

Martins  (Ch,).  Les  populations  végétales  : 
leur  origine,  leur  composition  et  leurs 
migrations  [216]. 

Maslow.  Sur  l’acdimation  du  Mûrier  à 
Moscou  [22] . 

Masters  Voy.  Henfrey. 

Maximowicz  (C.-J.).  JRhamr.eœ  orientali - 
asiaticœ  [49]. —  Revisio  Hydrangearum 
Asiœ  orienlalis  [50].  —  Rhododcndreœ 
Asiœ  orienlalis  [52] .  —  Diagnoses  brèves 
plantar.  novar.  Japoniœ  et  Mandshuriœ. 
Décades  i-x  [54].  —  Supplément  à  mon 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  AUTEURS. 


257 


mémoire  Rhododcndreœ  Asiæ  orientales 
[60].  —  Ophiopogonis  specics  in  herbu  - 
riis  Pelropolitanis  servatœ  [60]. 

Meissner.  Voy.  Flora  brasiliensis. 

Michelis  (F.).  La  loi  du  développement  des 
formes  dans  le  règue  végétal  [75]. 

Miers  (J.).  Goutributions  à  la  Botanique 
[168]. 

Miquel  (F.-A.-W.).  De  Cinchonæ  specie- 
bus  quibusdam  [122].  —  Contributions 
à  la  flore  du  Japon  [234]. 

Moul  (Hugo  de).  Sur  la  coloration  bleue 
des  fruits  du  Viburnum  Tinus  [119]. 

Mobr.  Sur  la  théorie  de  la  houille  [138]. 

Moore.  Asplénium  schizodon,  n.  sp.  [161]. 

Moreau.  Voy.  Ravin  et  Moreau. 

Morren  (E.).  Notice  sur  le  Cytisus  par- 
pureo  -  Laburnum  ou  Cytisus  Adami 

[167] .  —  Notice  sur  les  Lycopodium 
du  Mexique,  etc.  cultivés  à  Liège  [222]. 
—  Note  sur  le  Tillandsia  slaliceflora 
[223]. 

Morton  (H.).  Observations  sur  la  couleur 
des  solutions  fluorescentes  [1 11]. 

Mueller  (Fr.).  Le  mouvement  de  la  tige 
florale  de  VAlisnia  [158]. 

Mueller  (F.  de)  et  Brough  Smyth  (R.). 
Observations  sur  quelques  végétaux  fos¬ 
siles  de  Victoria  [140]. 

Mueller  (J. -J.).  Le  vert  des  feuilles  [100]. 

Mueller  (N.-J.-C.).  Une  étude  de  morpho¬ 
logie  générale  [14]. —  Dispositions  ana¬ 
tomiques  et  mécaniques  de  l’ouverture 
stomatique  [184]. 

Mueller  (Ph.-J.).  Description  de  quelques 
espèces  nouvelles  de  Potenti  1  les  de  la 
section  Vernales  [32]. 

Naudin  (Ch.).  Voy.  Decaisne  et  Naudin. 

Nitschke  (Th.).  Principes  fondamentaux 
d’un  Systema des  Pyrénomycètes  [161]. 
—  Pyrenomycetes  germanici  [162]. 

OErsted  (A. -S.).  Recherches  sur  les  Ju- 
glandées  [160].  —  Copalme  de  l’Amé¬ 
rique  centrale  [161]. 

Oliver  (D.).  Flore  de  l’Afrique  tropicale 

[168] . 

Oudemans  (C.-A.-J.-A.).  Observations  sur 
la  structure  microscopique  des  écorces 
de  Quinquina  [124]. 

Pasquale  (G. -A.).  Sur  un  rameau  mons¬ 
trueux  de  V Opuntia  fulvispina  [167], 
—  Documents  biographiques  sur  G. 
Gussone,  ses  ouvrages  et  spécialement 
son  herbier  [170]. 

Pàsserini  (G.).  Glanes  dans  le  champ  de 
la  flore  italienne  [187].  —  Voy.Cesati, 
Pàsserini  et  Gibelli. 

Pedicino  (N.).  Notes  algologiques  [205] 

T.  XVIII. 


Pteunnikow.  Sur  la  structure  des  canaux 
résinifères  [24]. 

Peyritsch  (J.).  Anomalies  des  Crucifères 

[220]. 

Pfaff  (Fr.).  Sur  le  total  de  l’évaporation 
d’un  Chêne  pendant  le  cours  entier  de 
la  végétation  [61]. 

Pfeffer  (W.).  Études  sur  la  distribution 
géographique  desMousses  dans  les  Alpes 
rhétiques  [89].  —  De  l’action  de  la 
lumière  colorée  sur  la  destruction  de 
l’acide  carbonique  [105].  —  Action  de 
la  lumière  colorée  sur  la  décomposition 
de  l’acide  carbonique  par  les  plantes 
[108]. 

Pfeiffer  (L.).  Synonymia  bolanica  locu- 
pletissima  generum,  seclionum  et  sub- 
generum  ad  finem  anni  1858  promut - 
gatorum  [208].  —  Nomenclator  bota- 
nicus ,  vol.  1  [209]. 

Pfitzer.  Sur  la  structure  et  la  partition 
cellulaire  des  Diatomacées  [129].  —  Sur 
les  Champignons  parasites  [129].  — 
Sur  le  groupe  des  Naviculées  [130].  — 
Recherches  sur  le  tissu  épidermique 
des  végétaux  [184], 

Philippi  (R. -A.).  Tetraptera ,  novum  Mal- 
vacearum  genus  [231]. 

Pleasonton  (le  général).  De  l’influence  de 
la  couleur  bleue  du  firmament  sur  le 
développement  de  la  vie  animale  et  vé¬ 
gétale  [112]. 

Pomel  (A.).  Le  Sahara  [221]. 

Popp  (O.) .  Sur  la  synanthrose  [236]. 

Prantl.  L’inuline  [70], 

Prillieux  (Ed.).  Influence  de  la  lumière 
bleue  sur  la  production  de  l’amidon 
dans  la  chlorophylle  [102]. 

Pringsheim  (N.).  Quelques  remarques  expli¬ 
catives  sur  les  conclusions  tirées  de  scs 
observations  sur  la  copulation  des 
zoospores  [154], 

Prior.  Sur  les  noms  populaires  des  plantes 
de  la  Grande-Bretagne,  2e  éd.,  192. 

Progel.  Voy.  Flora  brasiliensis. 

Radenhorst  (L.).  Voy.  Hcdwigia. 

Rames  (J. -B.).  La  Création  d’après  la  géo¬ 
logie  et  la  philosophie  naturelle  [70]. 

Raulin  (J.).  Études  chimiques  sur  la  vé¬ 
gétation  [170]. 

Rauwenhoff  (N. -W.-P. ).  Observations  sur 
les  caractères  et  la  formation  du  liège 
dans  les  Dicotylédones  [224].  —  Voy. 
Gerland  et  Rauwenhoff. 

Ravenel.  Sur  la  disposition  et  la  morpho¬ 
logie  des  feuilles  du  Baplisia  perfoliata 
[31]. 

Raveret-Wattel  Note  sur  le  Sparte  et 
autres  végétaux  algériens  susceptibles 

17 


258 


SOCIÉTÉ  BOTANIQUE  DE  FRANCE. 


d'être  utilisés  dans  la  fabrication  du 
papier  [153].  —  V Eucalyptus  [84]. 

Ravin  et  Moreau.  Découvertes  botaniques 
dans  l’Yonne  en  1869  [179]. 

Regel  (E.).  Influence  de  la  floraison  sur 
les  organes  de  végétation  [20].  —  Re- 
visio  spccicrum  Cratœgorum ,  Dracœ- 
narum,  Horkeliaruw,  Laricuin  et  Aza- 
learum  [177]. 

Reinke  (J.).  De  l’influence  de  la  lumière 
colorée  sur  les  cellules  vivantes  [117]. 

Rodet  (H. -J. -A.).  Botanique  agricole  et 
médicale,  2e  édition,  revue  par  Baillct 
[230]. 

Rqehl  (le  major  von).  Flore  fossile  du 
terrain  carbonifère  de  la  Westphalie 
[1 37]. 

Rohrbach  (P.).  Structure  de  la  fleur  des 
Tropœolum  [26].  —  Sur  les  espèces 
européennes  du  genre  Typha  [88]. 

Rosanoff.  Sur  le  Calypso  borcalis  [19]. 
—  Influence  de  la  lumière  sur  le  proto- 
plasma  et  la  chlorophylle  [22]. 

Roumeguère  (C.).  Bryologie  du  départe¬ 
ment  de  l’Aude  [93]. 

Ruprecut  (F. -J.).  Flora  Caucasi  [181]. 

Ruthe  (R.).  Sur  quelques  espèces  de 
Fissidens  [213]. 

Saccardo  (P. -A.).  Nouvelle  espèce  ita¬ 
lienne  du  genre  Ophrys  [203]. 

San  Georgio  (la  comtesse  de).  Catalogue 
polyglotte  des  plantes  [82]. 

Saporta  (le  comte  de).  Paléontologie  fran¬ 
çaise  ou  Description  des  fossiles  de  la 
France,  2°  série,  Végétaux,  terrain  ju¬ 
rassique,  fasc.  1-5.  Algues  [148]. 

Saunders  (Wilson),  W.  G.  Smith  et  Bennett. 
Illustrations  mycologiques  [153]. 

Schenk.  La  Flore  fossile  de  la  formation 
wealdienne  dans  le  nord-ouest  de  l’Al¬ 
lemagne  [147]. 

Schentz  (N.-J.).  Prodromus  monographiœ 
Georum  [32]. 

Schmitz.  Voy.  Hanstein  et  Schmitz. 

Schneider  (W.-G.).  Sur  le  Calyplrospora 
Gœppcrliana ,  genre  nouveau  d’Urédi- 
nées,  etc.  [34].  — Sur  deux  espèces  nou¬ 
velles  de  la  famille  des  Urédinées  trou¬ 
vées  en  Silésie  [39]. 

Schnetzler.  Quelques  observations  sur  un 
Champignon  qui  attaque  les  parties 
souterraines  delà  Vigne [68], 

Schonn  (L,.).  Sur  les  bandes  d’absorption 
de  la  chlorophylle  [101]. 

Schroder.  De  la  période  printanière  chez 
l’Érable  [226]. 

Schroter .  Sur  le  genre  Synchylrium  [179]. 
—  Sur  une  maladie  des  Pandanus 
[180]. 


Schwendenër  (S.).  Les  types  algologiques 
des  gonidiesdes  Lichens  [73]. 

SEEuxm.Pondoreaaustro-caledonica  [164]. 
—  Bomarea  chontalensis  n.  sp.  [223]. 

Sirodot.  Sur  la  fructification  du  genre 
Lemanea  [90]. 

Smith  (J.).  Botanique  domestique  [81]. 

Smith  (Worthingtou  G.).  Claris  Agarici- 
norum  [231]. —  Voy.  Saunders,  etc. 

Smytu  (R.  Brough).  Voy.  F.  de  Müller  et 
Brough  Smyth. 

Soland  (A.  de).  Élude  sur  le  Drosophyllum 
lusitanicum  [75]. 

Sorby  (II.-C.).  Des  matières  colorantes 
provenant  de  la  décomposition  de  quel¬ 
ques  petits  organismes  [98]. 

Sorokin.  Sur  les  chlamydospores  du  Ra- 
dulum  qucrcinum  Fr.  [22]. 

Soubeiran  (J.-L.).  Note  sur  quelques  pro¬ 
duits  de  la  Nouvelle-Calédonie  [37]. — 
Note  sur  les  Bassia  de  l’Inde  [38]. 

Sperk.  Sur  les  phénomènes  qui  précèdent 
l’imprégnation  des  fleurs  [20].  —  Ana¬ 
tomie  des  feuilles  et  sécrétion  aqueuse 
des  Aroïdécs  [24]. 

Spirgatis  (H.).  Sur  la  résine  du  Jalap  de 
Tampico  [35]. 

Suringar  (W.-F.-R.).  Algæ  japonicœ  Mu- 
sei  botanici  Lugduno-batavi  [32].  — 
Une  espèce  nouvelle  d'Argostemma  de 
l’Inde  néerlandaise  [235]. 

Tf.rracciano  (N.).  Florœ  Vulluris  montis 
Synopsis  [204 ] . 

Tichonuroff  (Dr).  Expériences  sur  les 
Claviceps  [20]. 

Timbal-Lagrave  (Éd.).  Précis  des  herbori¬ 
sations  faites  par  la  Société  d’histoire 
naturelle  de  Toulouse  pendant  l’année 
1870  [215]. 

Timirjaseff.  Analyse  spectrale  de  la  chlo¬ 
rophylle  [25]. 

Trautvetter  (E.-R.  de).  Observaliones  in 
plantas  a  Dre  G.  Radde  anno  1870  in 
Turcomania  et  Transcaucasia  leclas ,  etc. 
[228]. 

Trécul(A  ).  Remarques  sur  la  position  des 
trachées  dans  les  Fougères  [3]. 

Triana  (J.).  Nouvelles  études  sur  les  Quin¬ 
quinas  [127]. — LesMélastomacées[l  63] 

Tschistiakoff.  Sur  le  développement  des 
fleurs  des  Papavéracées  [21]. 

Turrel-Wattel  (L.).  Note  sur  le  Sparte 
et  autres  végétaux  algériens  suscepti¬ 
bles  d’être  utilisés  pour  la  fabrication 
du  papier  [152].  —  Le  Diss  ( Fesluca 
altissima)  [220]. 

Ulrich  (W.).  Dictionnaire  international 
des  noms  de  plantes,  latin,  allemand, 
anglais  et  français  [82]. 


TABLE  ALPHABETIQUE  DES  AUTEURS.  259 


Unger.  Sur  les  Typha  du  temps  passé 

[1601. 

Vandercolme  (Ed.).  Histoire  botanique  et 
thérapeutique  des  Salsepareilles  [211]. 

Van  Tieghem  (Ph.).  Anatomie  des  fleurs 
et  du  fruit  du  Gui  [93].  —  Recherches 
physiologiques  sur  la  végétation  libre 
du  pollen  et  de  l’ovule,  et  sur  la  fécon¬ 
dation  directe  des  plantes  [223]. 

Venturi.  Notices  biologiques  [215]. 

Visiani  (R.  de).  Observations  sur  l’herbier 
de  Linné  [201]. 

Vogel.  De  la  modification  que  produit  le 
gaz  ammoniac  sur  la  couleur  de  quel¬ 
ques  fleurs  [36].  —  Quelques  recher¬ 
ches  sur  la  germination  des  graines  [62]. 

Vries  (Hugo  de).  Sur  la  perméabilité  du 
protoplasma  des  Betteraves  rouges  [235] . 

Wagner.  Sur  la  salicine  [23].  —  Influence 
de  l’électricité  sur  le  dépôt  des  ma¬ 
tières  colorantes  [23]. 

Warming  (E.).  Quelques  mots  sur  la  vrille 
des  Cucurbitacées  [207]. 

Weddell  (H. -A.).  Notes  sur  les  Quin¬ 
quinas  [122]. 

Weiss  Sur  le  Tylodendronspeciosum[i3$]. 


Weiss  et  Goldenberg.  Sur  la  famille  des 
Nœggérathiées  [136], 

W iesner  *( J.).  Les  gommes,  les  résines  et 
les  baumes  employés  dans  l’industrie 

[74]. 

Williamson  (V.-C.).  De  la  structure  et 
des  affinités  de  quelques  tiges  exogènes 
appartenant  au  terrain  houiller  [138]. 
—  Organisation  des  Calamites  du  ter¬ 
rain  houiller  [145]. 

Wirtgen  (Ph.).  Recherches  sur  la  flore 
rhénane  [176]. 

Wittrock  (Veit  Brecker).  Recherches  sur 
les  Desmidiacées  de  la  Scandinavie  [15]. 
—  Dispzsilio  Œdogoniacearum  suecica - 
rum  [76]. 

Wood  (H. -G.).  Prodrome  d’une  étude  sur 
les  Algues  d’eau  douce  de  l’Amérique 
du  Nord  [74]. 

Woronin.  Sur  le  Puccinia  Ilelianthi  [20]. 
—  Sur  le  Sorisporium  Trientalis  para¬ 
site  du  Trientalis  europœa  [23]. 

Yeats  (J.).  Histoire  naturelle  du  Commerce 
[181]. 

Zanardini  (G.).  Iconographia  phycologica 
mediterraneo-adriatica  [  1 88] . 


FIN  DU  TOME  DIX-HUITIÈME. 


AVIS  AU  RELIEUR. 

Planches  :  La  planche  I  de  ce  volume  doit  prendre  place  en  regard  de  la  page  452 
des  séances;  la  planche  II,  en  regard  de  la  page  238;  la  planche  III,  en  regard  de  la 
page  436. 

Classement  du  texte  :  Comptes  rendus  des  séances,  454  pages.  —  Revue  bibliogra¬ 
phique  et  tables,  259  pages.  —  En  raison  des  circonstances  politiques,  h  Société  n’a 
pas  pu  tenir  de  session  extraordinaire  en  4871. 


PARIS.  —  IMPRIMBR1E  »  K  E.  MARTINET,  RUE  MIONON,  2 


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SOCIÉTÉ  BOTANIQ 


UNI VERSITY  OF  ILUNOIS-URBANA 

580  6S0C  C001 

BULLETIN  DE  LA  SOCIETE  BOTANIQUE  DE  FRAN 

18  1871 


Les  séances  se  tiennent  à  Paris,  rue 
demie  du  soir,  habituellement  les  deu*. 
chaque  mois. 


0112 


009238608 


Jours  des  séances  ordinaires  pendant  l’année  1875. 


8  et  22  janvier. 
12  et  26  février. 
1  2  mars. 


2  ci  23  avril. 
14  et  28  mai. 

I  l  et  25  juin. 


9  et  23  juillet. 

12  et  26  novembre. 
10  et  17  décembre. 


La  séance  du  17  décembre  sera  consacrée  au  renouvellement  du  Bureau 
et  du  Conseil  pour  l’année  1876. 

La  Société  publie  un  Bulletin  de  ses  travaux,  qui  paraît  par  livraisons 
mensuelles. Ce  Bulletin  estdéiivré  gratuitement  à  chaque  membre,  et  se  vend 
aux  personnesétrangères  à  la  Société  au  prix  de  30  francs  par  volume  annuel. 
—  Il  peut  être  échangé  contre  des  publications  scientifiques  périodiques. 

Par  décision  du  Conseil  (art.  57  du  Règlement),  les  tomes  I  à  XXI  du 
Bulletin  seront  cédés,  au  prix  de  1  0  francs  chacun,  à  MM.  les  nouveaux 
membres  qui  les  feront  retirer  à  Paris,  après  3\  oir  acquitté  leur  cotisa¬ 
tion  de  l'année  courante. 

AVIS. 

Les  notes  ou  communications  manuscrites  que  les  membres  de  la 
Société  adresseront  au  Secrétariat  seront,  pourvu  qu'elles  aient  trait  à  la 
botanique  ou  aux  sciences  qui  s'v  rattachent,  lues  en  séance,  et  publiées,  en 
entier  u  par  extrait,  dans  le  Bulletin. 


Tous  les  ouvrages  ou  mémoires  imprimes  adressés  au  Secrétariat  de  la 
Société  botanique  de  France,  rue  de  Grenelle,  84,  prennent  place  dans 
la  bibliothèque  de  la  Société.  Ceux  qui  serontenvoyésdanslannée  même  de 
leur  publication  pourront  être  analysés  dans  la  Revue  bibliographique, 
à  moins  que  leur  sujet  ne  soit  absolument  étranger  à  la  botanique  ou 
aux  sciences  qui  s'y  rattachent. 

MM .  les  membres  delà  Sociétéqui  changeraient  de  domicile  sont  instam¬ 
ment  priés  d’en  informer  le  Secrétariat  le  plus  tôt  possible.  Les  numéros 
du  Bulletin  qui  se  perdraient  par  suite  du  retard  que  mettraient  MM.  les 
membres  à  faire  connaître  leur  nouvelle  adresse,  ne  pourraient  pas  être 
remplacés. 

Adresser  les  lettres, communications,  notes,  manuscrits,  livres,  demandes 
de  renseignements,  réclamations,  etc.,  à  M.  le  Secrétaire  général  de  la 
S.  *4.  rue  de  Grenelle,  84,  à  Paris. 

Les  envois  d’argent  doivent  tous  être  adressés  à  M.  le  Trésorier  de 
la  Société ,  rue  de  Grenelle,  84,  à  Paris 


rAHIS.  —  IMPRIMERIE  l)  E  E.  MARTINET,  RUE  MIGNON.  ï!