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Full text of "Bulletin de la Société zoologique de France"

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BULLETIN 


DE    LA 


r  r 


SOCIETE   ZOOLOGIQUE 

DE  FRANCE 

POUR     L'ANNÉE     1905 


BULLETIN 


DE   LA 


SOCIÉTÉ  ZOOLOGIQUE 


DE    FRANCE 


(RECONNUE   D'UTILITÉ  PUBLIQUE) 


ANNEE     1  90  5 


TRENTIEME    VOLUME 


P*^FtIS      Vie 

AU   SIÈGE   DE  LA    SOCIÉTÉ    ZOOLOGIQUE   DE   FRANGE 
28,  RUE  Serpente  (Hôtel  des  Sociétés  savantes) 

1905 


AVIS 


Les  Membres  de  la  Sociélé  soiil  inslammeut  priés  d'adresser, 
d'une  façon  Impersonnelle,  tous  les  enrois  d'argent  et  les  mandats  à 

Monsieur  le  Tuésohiek 
DE  LA  Société  Zoologiqle  de  France. 


//ICI 


LISTE 

DES 

MEMBRES     DE     LA     SOCIÉTÉ 

AU    1er   JANVIER    1905 

AVEC      I.A     DATE     DE     LEUR      ADMISSION 


Le  nom  des  Membres  fondateurs  est  précédé  de   la  leHre  F 


SECRÉTAIRE  GÉNÉRAL  HONORAIRE 

F     Blanchard  (Prof.  Raphaël),  élu  le  18  décembre  1900. 

MEMBRES  HONORAIRES 

1894  Agassiz  (Alexander),  directeur  du  Musée  de  zoologie  com- 
parée de  Harvard  Collège,  à  Cambridge.  Mass.  (Etats-Unis). 
F     Bahboza  du  Bocage  (prol.  José  Vicente),  membre   de  l'Aca- 
démie royale  des  sciences,  à  Lisbonne  (Portugal). 

1901  Fabre  (J.  h.),  membre  correspondant  de  l'Institut,  àSérignan 
(Vaucluse). 

1901  Grassi,  professeur  danatomie  comparée  à  l'LIniversité,  92, 
via  Agostino  Depretis,  à  Rome  (Italie). 

1878  GCnther  (D''  Albert),  F.  R.  S.,  directeur  de  la  section  zoolo- 
gique du  British  Muséum,  à  Londres  (Angleterre). 

1901  1.IIMA  (Isao),  professeur  de  zoologie  à  l'Université  (Collège  of 
science),  à   Tokyo  (Japon). 

1901  Laveran,  membre  de  l'Institut,  membre  de  l'Académie  de 
médecine,  25,  rue  du  Montparnasse,  à  Paris. 

1894  Lnx.n:BORG  (W.),  professeur  émérite  à  l'Université  d'I^psal 
(Suède). 

1894  MoBius  (K.,  directeur  du  Musée  Zoologique,  43,  Invaliden- 
strasse,  à  Berlin  (Prusse). 

1897  MrRRAY  (John),  Ph.  1).,  directeur  des  publications  de  l'expé- 
dition du  Challenger,  Challenger  lodge,  Wardie,  à  Edim- 
bourg (Ecosse). 

1897  Nansen  (Fridtjof),   professeur  à  l'Université  de   Christiania 
(Norvège). 
F     Sharpe  (R.  Bowdler).  F.   L.  S.,  chargé  de  la  section  ornitho- 
logique  du  British  Muséum,  à  Londres  (Angleterre). 

I90I  ScHULZE  (F.  E.),  directeur  de  l'Institut  zoologique,  43,  Invali- 
denstrasse,  à  Berlin  (Prusse). 

189o  Van  Beneden  (Edouard),  membre  de  l'Académie  royale  de 
Belgique,  professeur  à  l'Université  de  Liège  (Belgique). 

1903  ZoGRAK  (Dr  Nicolas  de),  professeur  à  l'Université  (Musée  poly- 
technique), à  Moscou  (Russie). 


MEMBRES  CORRESPONDANTS 


1893  Brlsina  (Spiridion),  professeur  à  lUniversité,  directeur  du 
Musée  national  zoologique  à  Agrani  (Croatie). 

1886  DuGÈs  (Dr  Alfred),  consul  de  France,  à  Guanajuato  (Mexique). 
1888  Fritsh  (l)r  Anton),  professeur  à  l'Université  de  Bohême,  à 
Prague  (Bohême). 

1896  (Iraff  (h.  Vox),  professeur  à  l'Université  de  Graz  (Autriche). 

1890  HoRST  (D^  R.),  conservateur  au  Musée  d'Histoire  naturelle,  à 

Leide  (Hollande). 

1902  LeverkChn  (D^  Paul),  Conseiller  de  la  Cour,  à  Sophia  (Bul- 
garie). 

1897  Sluiter,  professeur  à  l'Université,  à  Amsterdam  (Hollande). 

1904  Strebel  (Hermann),  au  Musée  Zoologique,  Hambourg  (Alle- 
magne). 

1891  Ve.idovsky  (Franz),   professeur  à  l'Université  de  Bohême,  è 

Prague  (Bohême). 


MEMBRES  DONATEURS  DÉCÉDÉS  (1) 


F     Branicki  (comte  Constantin),  décédé  en  1884. 
1888  Chancel  (M'i''  Aline),  décédée  en  J889. 
1888  GuERNE  (baron  Frédéric  de),  décédé  en  1888. 

F    Hamonville  (baron  d'),  décédé  en  1899. 

F    Hugo  (comte  Léopold),  décédé  en  1893. 
1876  Semallé  (vicomte  René  de),  décédé  en  1894. 

F    Vian  (Jules),  décédé  en  1904. 


(1)  Par  une  délibération  on  date  du  2;j  janvier  188ij,  le  Conseil  a  décidé  de  main- 
tenir perpétuellement  en  tète  du  Uiillctiii  la  liste  des  Membres  donateurs  décédés. 


MEMBRES  TITULAIRES  (1) 

11)03  Aiîuic     (Paul),    licencié    es  sciences,    10,    quai    Debilly,    à 

Paris  (10"). 
1897  AcoNiN  (Georges),  avocat,  8,  rue  Sophie-Germain,  à  Paris  (14''). 
1890  Albert  l'^^  (S.  A.   S.  le  prince),  prince  de  Monaco  {membre 

donateur',  correspondant  de  l'Institut,  10,  avenue  du  Tro- 
cadéro,  à  Paris  (10' ). 

1889  Alluaud  (Charles),  3,  rue  du  Dragon,  à  Paris  (0'^). 

1893  Amaudrut,  professeur  au  lycée,  à  Vesoul  (Haute-Saône). 

1892  André  (E.),  notaire   honoraire,    17,  rue  des  Promenades,  à 

Gray  (Haute-Saône). 
1897  AxTU'A  (D''  Grégoire),  directeurdu  Musée  dhistoire  naturelle, 
rue  Blona,  à  Bucarest  (Roumanie). 

1890  Arechavaleta  (D^  José),  directeur  général  du  Muséum  natio- 

nal, 309,  calle  Uruguay,  à  Montevideo  (Uruguay). 

1893  Arrigom  degli  Oddi  (comte),    professeur  à   l'Université,  à 

Padoue  (Italie), 
lo.       1897  Artallt  (l)r  Stéphen),  2,  rueBoutarel,  à  Paris  (4"). 

1893  AuBERT   (Marins),    aide-naturaliste    au   Muséum    d'histoire 

naturelle,  103  A,    boulevard  Boisson,  quartier  de  la  Blan- 

carde,  à  Marseille  (Bouches-du-Rhône). 
1880  Bambeke  (Dr  Charles  van),  professeur  à  l'Université,  7,  rue 

Haute,  à  (iand  (Belgique). 
1880  Barrois  (Di  Théodore),  professeur  à  l'Université.  220,  rue 

Solférino,  à  Lille  (Nord). 
1890  Barrows  (Walter  B.),  professeur  de  Zoologie  et  de  Géologie 

au  Collège  d'agriculture,  à  Lansing,  Mich.  (Etats-Unis). 

1879  Bava  Y  (Arthur),  pharmacien  en  chef  de  la  marine  en  retraite 
82,  rue  Lauriston,  à  Paris  (10''). 

1903  Beauchamp    (Paul  de),    licencié   es  sciences,  13,  rue    Saint- 

Romain,  à  Paris  (0''). 

1901  BEAccLAm   (Henri),    vétérinaire   à   Cherré,  commune   de   la 
Ferté  Bernard  (Sarthe). 

1889  Bedot  (Di"  Maurice),  directeur  du  Musée  d'histoire  naturelle, 
professeur  à  l'Université,  à  Genève  (Suisse). 

1901  Bellari)  (D'  E.  p.  de),  médecin  chirurgien,  à  La  Ceïba  (Hon- 
duras). 
2o.         F     Besnard  (Auguste),  conducteur  des  ponts  et-chaussées,  68, 
route  de  Laval,  au  Mans  (Sarthe). 

1904  Best  (D''  W.  H.  G.  H.),  médecin  en  chef  de  l'hôpital  et  parasi- 

tologue  du  gouvernement,  à   Lagos  (Afrique  occidentale 
anglaise). 

(I)  La  Socif'té  s'est  vue  dans  la  nécessité  de  rayer  de  la  liste  des  membres  un 
certain  nombre  de  personnes  qui  avaient  négligé  de  payer  leur  cotisation  (.1*^ 
//  (/(/  Rèijlemenl) 


VIII 

1884  Bibliothèque  de  l'Université  et  de  l'État,  à  Strasbourg  (Alsace). 

1889  Bibliothèque  de  l'Université,  à  Grenoble  (Isère). 

1890  Bibliothèque   du    Muséum    d'histoire    naturelle,   2,    rue  de 

Bufïon.  à  Paris  (o'^'). 

1892  Bibliothèque  du  Musée  des  Invertébrés,  19,  via  romana,  à 
Florence  (Italie). 

1892  Bibliothèque  de  l'Université,  à  Rennes  (Ille  et-Vilaine). 

1884  Bignon  (M"''  Fanny),  docteur  es  sciences,  professeur  à  l'École 
Edgard  Quinet,  102,  rue  du  Faubourg-Poissonnière,  à 
Paris  (1(K). 

1884  BiNOT  (Di'  Jean),  chef  de  laboratoire  à  l'Institut  Pasteur,  22, 
rue  Cassette,  à  Paris  (6''). 

1891  Blanc  (Edouard),    (membre  à   rie),  explorateur,  52,  rue   de 

Varenne,  à  Paris  (7'). 

30.      1892  Blanchard  (M™'^  Raphaël),  {membre  donateur),  226,  boulevard 
Saint-Gerinain,  à  Paris  (7''). 

F  Blanchard  (!>  Raphaël),  {membre  donateur),  professeur  à 
l'Université,  membre  de  l'Académie  de  médecine,  22(5, 
boulevard  Saint-Germain,  à  Paris  (7'). 

1889  Blasius  (Dr  Rudolph),  25,  Petrithor  Promenade,  à  Brunswick 
(Allemagne). 

1889  Blasius  (prof.  Wilhelm),  directeur  du  Musée  d'histoire  natu- 
relle, 7,  Gauss-strasse,  à  Brunswick  (Allemagne). 

1881  Blonav  (Roger  de),  23,  rue  de  Larochefoucault,  à  Paris  (9'). 

1904  BoHN  (Georges),  docteur  ès-sciences,  préparateur-chef  de 
Zoologie  à  la  Faculté  des  sciences,  18,  boulevard  Saint- 
Marcel,  à  Paris  (o*?). 

1883  Bolivar  (Ignacio),  professeur  d'entomologie  à  l'Université, 
I,  calle  Moreto,  à  Madrid  (Espagne). 

1882  Bonaparte  (le  prince  Roland),  (membre  donateur),  10,  avenue 

diéna,  à  Paris  (16'). 

1898  BoNDOUY,  préparateur  à  la  Faculté  des  sciences,  à  Rennes 
(llle-et-Vilaine). 

1893  B0NNAIRE  (l)i'  E.),  professeur  agrégé  à  l'Université,  accoucheur 

des  hôpitaux,  37*'''',  rue  de  Bourgogne,  à  Paris  (7''). 

40.      1903  Bonnet  (Ainédée),  (membre  donateur),  préparateur  à  la  Faculté 
des  sciences,  21,  place  Bellecour,  à  Lyon  (Rhône). 

1904  BoRCÉA    (Jean),    licencié    ès-sciences,    9,    rue  Thoullier,    à 

Paris  (5' ). 

1904  Boubée  (Ernest),  naturaliste,  3,  place  Saint  André  des  arts,  à 

Paris  (6'^). 
1880  BoucARD  (Adolphe),  Spring  vale,  île  de  Wight  (Angleterre). 
1897  BouTAN  (Dr  Louis),  maître   de  conférences  à  l'Université  de 

Paris,  directeur  de  la  Mission  pour  l'exploration  scienti- 

lique  de  l'indo  Chine,  à  Hanoi  (Tonkin). 


IX 

|S!)()  BoiviER  (E.  L.),  professeur  au  Muséum  (riiistoire  uaturelle, 
39,  rue  Claude  IJeruanl.  à  l'aris  (.")"). 

1893  Brabant  (Edouard),  au  cliàteau  de  lAlouelle,  près  Caïubrai 

(Nord). 
18S9  Branicki  (comte   Xavier),   (membre  à  vie),   10,  rue  Wiejska, 

à  Varsovie  (Russie). 

1890  Braun   (D""    Max),    professeur   à    lUniversité,  directeur  du 

Musée    zooloi^ique,     I,    Sternwartstrasse,    à    Konigsberg 
(Prusse). 
189^  Brian  (Alfred),  (membre  donateur),  6,  via  San  Sebastiano,  à 
Gènes  (Italie). 
50.       1894  Brôlemann  (Henry),  directeur  de  la  succursale  du  Comptoir 
national  descompte,  à  Cannes  (Alpes  Maritimes). 

189()  Brumpt  (Emile),  docteur  ès-sciences,  préparateur  à  la  Faculté 
de  médecine,  l(),  rue  (îustave  Courbet,  à  Paris  (Ki*'). 

1896  Bruyant,  professeur-suppléant  à  lÉcole'de  médecine,  26,  rue 

Gaultier-de-Biauzat,  à  Clermont  Ferrand  (Puy-de  Dôme). 
1892  Blchet  (Gaston),  rue  de  lÉcu,  à  Roinoiantin(Loir-et-Cber). 
1904  Bl'gnion  (Dr  Edouard),  professeur  d'Embryologie  à  la  Faculté 

de  médecine,  au  Mont  Olivet,  à  Lausanne  (Suisse). 

1897  BujOR  (Dr  Paul),   professeur  de  Zoologie  à    la    F^aculté   des 

sciences  de  l'Université  dlassy  (Boumanie). 
F     Bureau    (D^   Louis),    (membre   à   vie),   directeur   du   Musée, 
professeur  à  l'Ecole  de  médecine,  15,  rue  Gresset,  à  Nantes 
(Loire  Inférieure). 

1902  Galvet,  chef  des    travaux  pratiques,    attaché   à    la    Station 

zoologique  de  Cette  (Hérault). 
1889  Camerano  (D^    Lorenzo).   professeur  à  l'Université,  palazzo 

Carignano,  à  Turin  (Italie). 
1880  Campbell  (John  Mac  Naught),  C.  E.,  F.  Z.  S.,  senior  assistant 

curator,  Kelvingrove  Muséum,  à  (îlasgovv  (Ecosse). 
60.       1902  Carié  (Paul),   (membre  donatenr),  130,   rue  de  la    Boëtie,  à 

Paris  (8'-)  et  à  Curepipe  (lie  Maurice). 
1895  Caustier  (Eugène),  32,  rue  Lacépède,  à  Paris  (5''). 
1900  Cazamian,  professeur  au  Lycée  de  Dijon  (Côte-d'Or). 

1903  Caziot  (Commandant),  lï,  quai   Lunel,  à  Nice  (Alpes-Mari- 

times). 

1903  Certes  (M™*?  Adrien),  53,  rue  de  Varenne.  à  Paris  (7'). 

1891  Ch.^ncel  (Mme  Marins),   (membre  donateur),   ^2.(),   boulevard 

Saint  Germain,  à  Paris  (7'). 
1900  Charlot  (M"' Julie),  40,  rue  des  Saints-Pères,  à  Paris. 
1883  Chatin    (1)1-  Joannès).    membre   de   l'Institut,    professeur    à 

l'iîniversité.  174,  boulevard  Saint  Germain,  à  Paris  (6'). 

1904  Chatton,  licencié  ès-sciences,  5.  rue  de  Navarre,  à  Paris  (5'^). 
1891  Chaves  (Francisco    Alfonso),     directeur    de    l'Observatoire 

météorologique,  à  Ponta  Delgada,  île  Sào  Miguel  (Açores) 


X 

70.  1881  Chevreux  (Edouard),  (membre  donateur),  rouie  du  cs\^,kBône 
(Algérie). 

1891  Chevreux  (MH"),  (membre  à  vie),  131,  (îrande-Rue,  à  Boulogne 

sur-Seine  (Seine). 

1899  Ghobait  (Dr  A.),  4,  rue  Dorée,  à  Avignon  (Vaucluse). 

1888  Claybrooke  (Jean  de),  5,  rue  de  Sontay,  à  Paris  (16'^). 

1881  Clément  (A,  L.),  (membre  à  lie),  dessinateur,  34,  rue  Lacé- 
pède,  à  Paris  (5^). 

1876  Collardeau  du  Heaume  (Marie-Philéas),  6,  rue  Halévy,  à 
Paris  (9^). 

1887  CosMovici  (Di"  LéonC),  professeur  à  l'Université,  11,  Stefan 
cel  mare,  à  lassy  (Roumanie). 

1900  CouTU^RE,   (l)r  H.)  professcur  à  l'Ecole  supérieure  de  Phar- 

macie, 12,  rue  Notre-Dame  des  Cliamps,  à  l^aris  ((V  ). 

189.")  Dalmas  (comte  Raymond  de)',  20,  rue  de  Berri,  à  Paris  (0'). 

1904  Dambeza,  (membre  à  vie),  avocat  au  Conseil  d'Etat  et  à  la  Cour 
de  cassation,  o,  rue  de  Villersexel,  à  Paris  (9"). 

8o.  1902  Darboix  (G.),  (membre  donaieur),  chargé  de  cours  à  la  Faculté 
des  sciences,  o3,  boulevard  Périer,  à  Marseille  (  Bouches  du- 
Rhône). 

1897  Darltv  de  (îrandré   (Albert),    directeur  du   Muséum    Des- 

jardins à  Port-Louis  (lie  Maurice). 

1884  Dautzenberg  (Philippe),  (membre  donateur),  209,  rue  de  l'Uni- 
versité, à  Paris  (7''). 

1904  Davenport  (Charles),  director  Station  for  expérimental  Evo- 
lution ofcold  spring  llarbor,  Carnegie  Institution,  New- 
York  (Etats-Unis). 

1898  Davenière  (Emile),    licencié  es  sciences,   0,    rue    Mizon,    à 

Paris  (0'^). 
1904  Debreuil  (Charles),  avocat  à  la  Cour  d'Appel,  2."),  rue  de  Châ- 
teaudun,  à  Paris  (9*?). 

1887  Delage  (Dr  Yves),  membre  de  l'Institut,  professeur  à  l'Uni- 
versité de  Paris,  au  laboratoire  de  la  Faculté  des  sciences. 
Sorbonne,  Paris  (o^). 

189o  Delolche  de  Pémoret  (Paul),  au  château  des  (^rubliers,  com- 
mune d'Arthon  (Indre). 

1870  Demaison  (Louis),  archiviste, 21,  rue  Nicolas-Perseval,  à  Reims 
(Marne). 

1901  Dessalle  (L.  A.),  2,  rue  Boutharel  (lie  Saint  Louis),  à  l*aris(4''). 
90.        F    DoLLFus  (Adrien),  <\\vqqXquy  û.q\^  Feuille  des  jeunes  naturalistes, 

'•^o,  rue  Pierre-Charron,  à  Paris  (8'^). 

1892  DoLLFus    (Gustave),    (membre  à  vie),   \o,  rue  de    Chabrol,  à 

Paris  (10'). 

1897  Domet  de  Vorges  (Albert),  licencié  ès-sciences  naturelles,  4, 
avenue  ïhiers,  à  Compiègne  (Oise). 


XI 

18S7  DoMiNici  (Henri),  licencié  ès-sciences,  10.  |»l;ice  de  LaJ)()r(le, 
à  Paris  (8'^). 

1877  DorviLLÉ,  professeur  à   l'École  des   Mines,    207,   boulevard 
Saint  Germain,  à  Paris  (7'). 

1902  DiBAR,  docteur  en  médecine,  73,  rue  Caumartin,  à  Paris  (î)' ). 

187(j  DiBois  (Aphonse),  docteur  es  sciences,  conservateur  au  Musée 

royal  d'histoire  naturelle,   127,  rue  Franklin,  à  Bruxelles 

(Belgique). 
1897  DiBOSCQ  (!>■  0.),  professeurde  Zoologieà  la  Faculté  des  sciences, 

à  Montpellier  (Hérault). 
1904  Dupont  (Charles),  étudiant  en  sciences  naturelles,  30,  villa 

Dupont  (48,  rue  Pergolèse),  à  Paris  (16''). 
1902  DvÉ  (Léon),  préparateur  à  la  Faculté  de  médecine,  123,  avenue 

de  Wagram,  à  Paris  (17'). 
loo.      1895  Ellingsen  (Edvard),  à  Krager^  (Norvège). 

1887  Emery  (D'  Emile),  chef  de  clinique  à  la  F'aculté  de  médecine, 

105,  rue  Saint- Lazare,  à  Paris  (8*'). 

1876  Fatio  (Victor),  1,  rue  Bellot,  à  Genève  (Suisse). 
1884  Faurot  (Dr  Lionel),  (membre  à  rie),  7,  rue  Gustave-Nadeau, 
à  Paris  (16"^). 

1901  Favette  (D'),  à  Saint-Bel  (Rhône). 

1902  FÉDOROFF  (Mii'^  N.),  docteur  en  médecine,  21,  rue  (îalilée,  à 

Paris  ([(i^). 
1902  Ferdinand  I"(S.  A.  H.),  prince  deBiû'^arie,  [membre  donateur), 
à  Sophia  (Bulgarie).  Direction  de  la  Bibliothèque  princière. 

1893  FiELD  (Dr  Herbert  Haviland),  directeur  du  Concilium  Bihlio- 

graphicum,     38,     Eidmattstrasse,     à     Zûrich-Neumunster 
(Suisse). 

1894  Fischer  (Henri),  docteur  ès-sciences,  chef  de  travaux  pra- 

tiques à  la  Faculté  des  sciences,  51,  boulevard  Saint  Michel, 
à  Paris  (o^). 

1895  FocKEU  (Dr  Henri),  chargé  de  cours  à  la  Faculté  de  médecine, 

34,  rue  Barthélémy-Delespaul,  à  Lille  (Nord). 
iio.       1900  François  (Ph.),   docteur  ès-sciences,    chef   de  travaux   pra- 
tiques à  la  Sorbonne,  20,   rue  des   Fossés  Saint  Jacques, 
à  Paris  (5«). 

1897  Freyssinge  (Louis),  licencié   ès-sciences,    pharmacien,    105, 
rue  de  Rennes,  à  Paris  (0'^'). 

1890  Friedlànder  (R.)  et  fils,  libraires,  11,  Carlstrasse,  à  Berlin 
(Prusse). 

1895  FiLLARTON  (Dr  J.  H.),  zoologistc  au  Fishery  Board  for  Scot- 
land,  à  Saint-Andrews  (Ecosse). 

1881  Gadeau  de  Kerville  (Henri),  7,  rue  Dupont,  à  Rouen  (Seine 
Inférieure). 

1900  Garcia  Canizares  (Dr  Philippe),  professeur  d'histoire  natu- 
relle. 110,  calle  de  Gonsulado,  à  la  Havane  (Cuba), 


XII 

1880  CiARMAN  (Sainiiel).  assistant  of  Ichthyology  and  Herpetology 
at  the  Muséum  of  Comparative  Zoology,  àt  Harvard  Collège, 
à  Cambridge,  Mass.  (Etats  Unis). 

189't  CiArDRY  (.\lbert),  membre  de  l'Institut,  professeurau  Muséum 
d'bistoire  naturelle,  7  bis,  rue  des  Saints  Pères,  à  Paris  (fi'^). 
1895  Gaulle  (Jules  de),  41.  rue  de  Vaugirard,  à  Paris  (6e). 

1879  Gazagnairk    (Joseph),    29,    rue   Centrale,   à    Cannes   (Alpes- 

Maritimes). 

I20.  1899  Geougevitch  (J.),  professeur  de  Zoologie  à  l'Université, 
Belgrade  (Serbie). 

189ij  Gervais  (Di'  Henri),  assistant  au  Muséum  d'histoire  natu- 
relle, [li,  rue  de  Navarre,  à  Paris  (.ïe). 

1887  GmoD    (])>    Paul),    professeur   à   l'Université,    à    Clermont- 

Ferrand  (Puy-de  Dôme). 

1890  GmoDON  (Alphonse),  7,  quai  Saint-Clair,  à  Lyon  (Rhône). 

1903  GoELDi.  (membre  à  vie),  directeur  du  Musée  Gœldi,  399,  caixa 
do  Correio,  au  Para  (Brésil). 

1900  Grandidier  (Guillaume),  chargé  de  missions  scientifiques  à 
Madagascar,  9,  avenue  Marceau,  à  Paris  (8'^^). 

1902  Gréban.  notaire,  rue  de  Paris,  à  Saint-Germain-en-Laye 
(Seine  et  Oise). 

1891  Gruvel,  maître  de  conférences  à  l'Université,  à  Bordeaux 

(Gironde). 

1900  GuÉRiN,  préparateur  de  Zoologie,  à  l'Université  de  Rennes 
(IlIeetA'ilaine). 

1880  GcERNE  (baron  Jules  de),  (membre  donateur),  (>,  rue  de  Tour- 

non,  à  Paris  (()"). 

130.  1895  GuiART  (!)'■  Jules),  (membre  donateur),  docteur  ès-sciences, 
professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine,  15,  rue  de 
l'Ecole  de  Médecine,  à  Paris,  ((i'). 

1880  GuiTEL  (Frédéric),  professeur  adjoint  à  la  Faculté  des  sciences, 
32,  rue  Gurvand,  à  Rennes  (Ille  et-Vilaine). 

1894  Hakki  (Ismaïl),  professeur  à  l'École  vétérinaire  de  Pankalti. 
à  Constantinople  (Turquie). 

1891  Hallez  (D>  Paul),  ju'ofesseur  à  l'Université,  à  Lille  (Nord). 
1900  Hamonville  (Baron  d),  (membre  à  rie),  au  château  de  Manon- 
ville,  par  Noviant-aux  Prés  (Meurthe-et-Moselle). 

1888  Hecht  (l)r  Emile),  chef  de  travaux  à  la  Faculté  des  sciences, 

12,  rue  Victor  Hugo,  à  Nancy  (Meurthe  et  Moselle). 

1902  Henry,  répétiteur  à  l'École  Vétérinaire,  à  Alfort  (Seine). 

1880  HÉROUARO  (Edgard),  (membre  à  vie),  maître  de  conférences  de 
Zoologie  à  l'Université,  sous-directeur  du  laboratoire  de 
Roscotï  ,9,  rue  de  l'Eperon,  à  Paris  (0*). 

1892  Herrera  (Alphonse),  aide-naturaliste  au  Muséum   national, 

à  Mexico  (iMexique). 


XIII 

l(Syi)  Hertwk;  (1)'  Richard),  professeur  de  Zoologie  à  l'Université 
de  Miiiiich  (Bavière). 

140.       11)00  HÉRUBKL,  licencié  es  sciences,  112,  rue  Monge,  à  Paris  (.V). 

1890  HoLSSAVE  (Emile),   ])harinacien  de  l'Assistance  publi(|ue,  a, 
rue  de  lEpée-de-Hois,  à  Paris  (.'}''). 

l!S9.")  .Ia.mmks  (!)'•  L.),  luailre  de  conférences  à  l'Université,  à  Tou 
louse  (Haute  (iaronne). 

1893  Janet  (Armand),  (membre  à  vie),  ancien  ingénieur  de  la  ma- 

rine, 29,  rue  des  Volontaires,  à  Paris  (lo"). 
1890  Jam:t  (Uliarles).  (membre  à  rie),  docteur  es  sciences,  ingénieur 
des  arts  et  manufactures,   villa  des  Roses,   près  Beauvais 

(Oise). 

1890  JoANiN  (Albert),  chef  de  travaux^à  la  Faculté  de  médecine,  2, 

rue  du  Ponceau,  à  Chàtillon-sur  Bagneux  (Seine). 

1882  JouBix  (Iji"  Louis),  (membre  à  rie),  professeur  au  Muséum  d'his- 

toire naturelle,  88,  boulevard  Saint-Ciermain,  à  Paris  (.")'). 

1892  JouRDAN  (Etienne),  professeur-adjoint  à  l'Université,  0,  rue 

de  la  Bibliothèque,  à  Marseille  (Bouches-du-Rhône). 

F    JoissEAiME  (Dr  Eéllx),  (niemhre  à  rie),  29,  rue  de  (îergovie,  à 
Paris  (14"). 

1883  Joyeux-Laffuie,  professeur  de  Zoologie  à  l'Université  de  Caen 

(Calvados). 

150.       1900  Jimentié,  préparateur;!  la  Faculté  de  médecine,  120,  rue  de 
la  Pompe,  à  Paris  (Kl'). 

1879  Kempen  (Ch.  van),  12,  rue  Saint  Bertin,  à  Saint  Omer  (Pas- 
de-Calais). 

1888  Kerhervé  (L.  B.  de),  licencié  ès-sciences  naturelles,  à  Lacres, 
par  Samer  (Pas-de-Calais). 

1897  Klixcksieck  (Paul),  éditeur,  3,  rue  Corneille,  à  Paris  (0"). 

1894  Koi:hler  (R.),  professeur  à  l'Université,  29,  rue  Cuilloud,  à 

Lyon  (Rhône). 

1904  KoLLMANx  (Max),  agrégé  de  l'Université,  80'''  rue  de  Rennes, 
à  Nantes  (Loire-Inférieure). 

1893  Krasilsshtshik   (Isaac).   82,    Leovska'ia,   à   Kishinev   (Russie 

méridionale). 

1903  Krempf,   licencié  ès-sciences,   7'"  rue  de   Laromiguière,   à 

Paris  (5e). 
1879  Kl  NCKEL  d'Hercl'lais  (Jules),  assistant  au  Muséum  d'histoire 

naturelle,  au  laboratoire  d'Entomologie,  55,  rue  de  Bulfon, 

à  Paris  (5' ). 

1881  Klnstler  (.Iules),  professeur-adjoint  à  l'Université,  à   Bor- 
deaux (Gironde). 

160.       1904  La  Barre  ((laston  de),  10,  rue  de  Phalsbourg,  à  Paris  (17«). 

1891  Larbé   (Alphonse),  docteur  es  sciences,  chef  de  travaux  pra- 

tiques de  Zoologie  à  l'Université,   28,   rue  Vauquelin,   à 
Paris  (5") 


XIV 

1891  Laboratoire  colonial  de  l'École  pratique  des  Haules-Études, 

au  Muséum  d'histoire  naturelle,  1x6,  rue  de  Bufîon,  à  Paris  (l'y). 

1903  Labohatoire  de  Malacologie  du  Muséum  d'histoire  naturelle, 

'.y.'),  rue  de  Bulïon,  à  Paris  {l'y), 

1892  Laboratoire  de  Zoologie  de  l'Université,  à  Nancy  (Meurthe- 

et  Moselle). 

1904  Lamv,  préparateur  de  Malacologie  au  Muséum,  47,  rue  Claude- 

Bernard,  à  Paris  {l'y). 

1892  Lande  (I)'  Adam),  (>,  Maryjânska,  à  Varsovie  (Pologne). 
1904  Landriei,  10,  rue  de  la  Falaise,  au  Havre  (Seine-Inférieure). 

1880  Langlassé  (Bené),  50,  rue  Jacques-Dulud,  à  Neuilly  sur-Seine 

(Seine). 

1883  Lar(,her  {Jy  Oscar),  membre  de  la  Société  de  Biologie,  97,  rue 

de  Passy,  à  Paris  (16' ). 

170.      1900  Launois  (1)1),   professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine, 
12,  rue  Portails,  à  Paris  (8<), 

1888  Lavergne  de  Labarrière  (Joseph  Lois),    inspecteur  d'assu- 

rances, 51,  rue  de  Naples,  à  Paris  (8'). 

1882  Lenxier  ((î),  directeur  du  Muséum  d'histoire  naturelle,  22, 

route  de  la  Hève,  à  Sainte  Adresse,  près  le  Havre  (Seine 

Inférieure). 
1897  LÉVY  (M"'  Madeleine),  licenciée  es  sciences,  9,  rue  Bataud, 

à  Paris  (5'). 
1891  LiGMKRES  (Joseph),  directeur  de  l'Institut  de  médecine  vété 

rinaire,  à  Buenos-Aires  (Bépublique  Argentine). 
1890  LoRioL  (de),  à  Frontauex,  près  (ieiiève  (Suisse). 
1897  Lovez  (M"'"  Marie),  licenciée  es  sciences  naturelles,  professeur 

à  l'Ecole  Edgar  Quinet,  58,  rue  lîonaparte,  à  Paris  (6' ). 

1889  LucET  (Adrien),  vétérinaire,  à  Courtenay  (Loiret). 

1893  Maës  (Albert),  39'"%  rue  du  Landy,  à  Clichy  (Seine). 

1889  MagalhÀes  (!>'  Pedro  Severiano  de),  professeur  à  la  Faculté 
de  médecine,  caixa  do  correio,  n"  344,  à  Hio  de-Janeiro 
(Brésil). 
180.      1882  Maggi  (Leopoldo),  professeur  à  l'Université,  à  Pavie  (Italie). 

1886  Magne  (Alexandre),  (membre  ilonateur),  13,  place  Carnot  (Bras- 

serie Alexandre),  à  Nancy  (Meurthe-et-Moselle). 

1899  Magretti  (I)''  Paolo),  76,  foro  Bonaparte,  à  Milan  (Italie). 

1889  Maisonnetve  (D^'  Paul),  professeur  de  Zoologie  à  la  Faculté  des 
sciences,  5,  rue  V'olney,  à  Angers  (Maine  et-Loire). 

1897  Malaquin  (D""  A.),  professeur  suppléant  à  l'Université,  159, 
rue  Brûle-Maison,  à  Lille  (Nord). 

1884  Man  (J.-(î.  de),  docteur  ès-sciences,  à  lerseke,  Zélande  (Hol 

lande). 

1887  Marchal  (Paul),  directeur  de  la  Station  entomologique  de 

Paris,  professeur  de  Zoologie  à  l'Institut  national  agrono- 
mique, 30,  rue  desToulouses,  à  Fontenay-aux-Boses  (Seine). 


XV 

F     Mai'.mottan  (I)').  ."il,  rue  Desbordes-Valinore,  à  Paris  (10'). 
1892  Maiitin  (\y  Henri),  iJO,  rue  Singer,  à  Paris  (10"). 
1885  Martin  (René),  avocat,  au  Blanc  (Indre). 
190-      1S93  Mafpas  (E.),  conservateur  de  la  Hibliothèque  nationale,  rue 
de  l'Etat  major,  à  Alger  (Algérie). 

1890  Matrice  (Charles),  docteur  es  sciences,  à  Altiches,  par  Pont- 

à  Marcq  (Nord). 

1879  Mkgnix  (Pierre),  membre  de  l'Académie  de  médecine,  0,  ave- 

nue Aubert,  à  Vincennes  (Seine). 

1904  Meillassoux  (Jean  Baptiste),  [membre  (lonateur),  14,  rue  Pe- 

louze,  à  Paris  (S'). 
1899  MiNCHiN  (D''  Edward),    profeseur  de  Zoologie  à  University 

Collège,  12.  Bramshill  (îardens,   Dartmouth  Park  Hill,  à 

Londres  N.  W.  (Angleterre). 
1901  MiTCHELL  (P.  Chalmers).  professeur  de  Biologie  au  London 

Hospital,  Wbllechapel,  London  E  (Angleterre). 
1884  MoNiEz  (Di  Romain),  inspecteur  de  l'Académie  de  Paris,  10, 

rue  Escudier,  à  Boulogne  (Seine). 

1895  MooRE  (J.  Percy)  instructor  in  Zoology,  1  Jiiversity  of  Pennsyl- 

vania,  à  Philadelphie,  Penna  (Etats-Unis). 
1897  Moreau  (Dr  Louis),  189,  boulevard  Saint  Germain,  à  Paris  (7^). 

1905  Mottaz  (Charles),  assistant  au  Musée  d'Histoire  naturelle,  39 

Grand  Pré,  à  Genève  (Suisse). 
200.      1892  Moulé  (Léon),  vétérinaire  délégué  de  Paris  et  du  département 
de  la  Seine,  33,  avenue  Sainte-Marie,  à  Saint-Mandé  (Seine). 

1892  Musée  d'histoire  naturelle,  à  Genève  (Suisse). 

1888  Musée  zoologique,  43,  Invalidenstrasse,  à  Berlin  (Prusse). 

1892  Musée  zoologique  de  l'Université,  à  Pavie  (Italie). 
1883  Musée  national  zoologique,  à  Agram  (Croatie). 

1880  Narias  (Dr  B.  de),  (membre  à  rie),  doyen  de  la  Faculté  de  méde- 

cine et  de  ])harmacie,  17''%  cours  d'Atiuitaine,  à  Bordeaux 
(Gironde), 
1888  Nadar  (Paul),  photographe,  51,  rue  d'Anjou,  à  Paris  (8'). 

1891  Nerville  (Ferdinand  de),  ingénieur  des  télégraphes,  59,  rue 

de  Ponthieu,  à  Paris  (8"). 

1891  Neumann  (Georges),  professeur  à  l'École  vétérinaire,  à  Tou- 
louse (Haute  Garonne). 

1890  Neveu  Lemaire  (D'  Maurice),  professeur  agrégé  à  la  Faculté 
de  médecine,  23,  quai  Claude-Bernard,  à  Lyon  (Rhône). 

2X0.      1903  NiRELLE,  uuc  dcs  Arsins,  à  Rouen  (Seine-Inférieure). 

1870  Orerthur  (Charles),  imprimeur,  à  Rennes  (llle-et-Vilaine). 

1893  Odlx  (Amédé),  directeur  du  Laboratoire  maritime,  23,  quai 

de  Franqueville,  aux  Sables  d'Olonue  (Vendée). 
1890  Oka  (])'  Asajiro),  au  laboratoire  de  Zoologie  de  la  Koto-Shi- 
han  (îakko  (Ecole  normale  supérieure),  à  Tokyo  (Japon). 


XVI 

1892  Olivier   (Ernest),  directeur  de  la  Remie  scientifique  du  Bour- 

bonnais, 10,  cours  de  la  Préfecture,  à  Moulins  (Allier). 
1890  Orlkta  (Domingo  de),  ingénieur  des  mines,  à  Gijon  (Espagne). 

1903  Oldemans   (Ijr  Antonie   Cornelie),    leerar,   8."),   boulevard,  à 

Arnhem  (Hollande). 

1879  OuDRi  (général  Emile),  commandant  la  9'   division  d'infan- 

terie, à  Orléans  (Loiret)  et  à  Durtal  (Maine-et-Loire). 
1884  OusTALET  (Di"  Emile),  professeur  au  Muséum,  01,  rue  Cuvier, 

à  Paris  (.")'). 
1900  Pacallt  (Edgar),  20,  rue  d  Antin,  à  Paris  (2). 
220.      1889  Packard  (A. S.), professeur  à  Bronn  University,  à  Providence 

U.  I.  (Etats-Unis). 
1890  PsALAcKY  (Jean),  professeur  à  lUniversité  de  Bohême,  il,  rue 

de  Cracovie,  à  Prague  (Bohème). 
1889  Paszlavszkv    (Joseph),    professeur  à  la   Réaliskola,    7,    Bat 

thyâny  uteza,  à  Budapest  (Hongrie). 
1902  Pas  (comtesse  du),  (membre  à  vie),  97   rue  Royale,   à  Lille 

(Nord). 

1904  Patte  (Paul),  au  château  de  (lorget,  près  Chartres  (Eure-et 

Loire). 

1884  Pavlov  (M'"'^  Marie),  Sheremetevski  pereulok,  maison  Shere- 
metiev,  logement  32,  à  Moscou  (iiussie). 

1900  Pellegrin  (1)1"  Jacques),  préparateur  au  laboratoire  dHeri)é 
tologie  du  Muséum  d'histoire  naturelle,  143,  rue  de  Rennes, 
à  Paris  ((>'-). 
F    Pkxnetier  (1)^'  (îeorges),  directeur  du  Musée  d'histoire  natu- 
relle, professeur  à  1'  Ecole  de  médecine,  9,  rue  Alain  Blan 
chard,  à  Rouen  (Seine-Inférieure). 

1887  pERRn:R  (Edmond),  membre  de  l'Institut,  directeur  du  Mu- 
séum d'histoire  naturelle,  o7,  rue  Cuvier,  à  Paris  (o''). 

1880  Perroncito  (D^"  Edouard),  correspondant  de  l'Académie  de 

médecine,  professeur  à  l'Ecole  vétérinaire  et  à  l'Université, 
40,  corso  Valentino,  à  Turin  (Italie). 
2)o.         F     Petit  (Louis)  aîné,  (membre  à  vie),   naturaliste,  21,  rue  du 
Caire,  à  Paris  (2"). 
1897  Philippson  (Maurice),  docteur  ès-sciences,  18,  rue  Guimard, 
à  Bruxelles  (Belgique). 

1893  Pic  (Maurice),  (membre  à  r<cj,  Les Guerreaux,  par  Saint-Agnan 

(Saône  et-Loire). 
1879  PiERSoN  (Henri),  {membre  à  vie),  à  Brunoy  (Seine-et-Oise). 

1900  PixoY  {\y  Ernest),    30,   rue  de  Versailles,  à  Ville  d'Avray 

(Seine-et-Oise). 

1901  PizoN  (Antoine),  docteur  èssciences  naturelles,  professeur  au 

lycée  Janson  de  Sailly,  92,  rue  de  la  Pompe,  à  Paris  (10"). 
1899  Plate  (1)'"  Ludwig),  privât  docent  à  l'Institut  Zoologique,  43, 
Invalidenslrasse,  Berlin  (Allemagne). 


XVII 

1879  Plateau  (Félix),  professeur  à  l'Université,  148,  chaussée  de 
Courtrai,  à  Gand  (Belgique). 

1902  PoLAiLLON    (Dr    Henri),    229,    boulevard    Saint-Germain,    à 
_  Paris  (7'') 

1903  PoNSFXLE  (A.),  étudiant  en  médecine,  II  i,  avenue  de  Wagram, 

à  Paris  (17'^). 
HO.      189G  Porter  (Chaiie-E.),  casilla  1  lOS,  k  Valparaiso  (Chili). 

1896  Portier  (Dr  Paul),  préparateur  à  la  Sorbonne,  11,  rue  de  la 
Pitié,  à  Paris  (5' ). 

1889  Preudhomme  de  Borre  (Alfred),  villa  de  la  Fauvette,    Petit 

Saconnex,  à  Genève  (Suisse). 

1886  Prouho  (Henri),  maître  de  conférences  à  l'Université  de  Lille, 
à  Rabastens-sur-Tarn  (Tarn). 

1893  Prlvôt  (professeur  Georges),  directeur  du  Laboratoire  Arago 
(Banyuls-sur-Mer),  28,  rue  Vauquelin,  à  Paris  (o«). 

1893  Racovitza  (G.  Emile),  (membre  à  vie),  docteur  ès-sciences, 
directeur  adjoint  du  Laboratoire  Arago  (Banyuls-sur-Mer), 
2,  boulevard  Saint-André-des-Arts,  à  Paris  (6''). 

1882  Ratlliet  (A.),  membre  de  l'Académie  de  médecine,  professeur 
d'histoire  naturelle  à  l'Ecole  vétérinaire,  à  Alfort  (Seine). 

1886  Raspail  (Xavier),  à  Gouvieux  (Oise). 

1896  Ràtz  (D^  Stephan  von),  professeur  à  l'xAcadémie  vétérinaire, 

23,  Rottenbiller  utcza,  à  Budapest  (Hongrie). 

1879  Rec.nard  (l)i'  Paul),  membre  de  l'Académie  de  médecine, 
directeur  de  l'Institut  national  agronomique,  224,  boulevard 
Saint-Germain,  à  Paris  (7*^'). 

!5o.      189o  RÉGNIER  (Raymond),  juge  de  paix,  à  Lorgnes  (Var). 

1890  Reyckaert    (J.),   agent   de   la   Société   Zoologique,   28,   rue 

Serpente,  à  Paris  (6'^'). 

1898  Ribemoxt  Dessaignes  (D^  A.),  professeur  agrégea  la  Faculté 
de  médecine,  membre  de  l'Académie  de  médecine,  10,  bou- 
levard Malesherbes,  à  Paris  (8<'). 

1887  Richard  {\y  Jules),  directeur  du  Musée  océanographique,  à 

Monaco  (Principauté  de  Monaco). 

1877  RiGHET  []y  Charles),  professeur  à  l'Université,  lo,  rue  de 
l'Université,  à  Paris  (7<). 

1903  Rivera  (D^  Manuel),  professeur  d'entomologie  à  l'Intilut 
agricole  du  Chili,  à  Santiago  (Chili). 

1897  Robert    (Adrien),    préparateur   du    laboratoire    de   Roscoff 

(Finistère),  3,  rue  Nouvelle,  à  Paris  (9°). 

1887  Rorinet  (Charles),  professeur  au  lycée.  72,  rue  Bonneval,  à 
Chartres  (Eure-et-Loir). 

1893  RocHÉ  (Georges),  docteur  ès-sciences,  4,  rue  Dante,  à  Paris(o''). 

1901  RoDRiGUEz  (Juan),  à  Guatemala  (Amérif|ue  centrale). 

>6o.       1890  RoDRiGiEz    (Léopold),   étudiant  en  médecine,   attaché  à   la 
légation  de  Guatemala,  2,  rue  Racine,  à  Paris  (6"). 


Bull.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  190.;.  xxx 


9 


XVIII 

1888  RoLLiNAT  (Raymond),  {membre  à  vie), à.  Argeuton  (Indre). 

F    Rothschild  (Baron  Edmond  de),  (membre  donateur),   19,  rue 
Lafïite,  à  Paris  (9e). 

1880  RoTRou  (Alexandre),  pharmacien,  à  La  Ferté  Bernard  (Sarthe). 

1895  Roule  (D^  Louis),  professeur  à  l'Université,  19,  rue  Saint- 
Etienne,  à  Toulouse  (Haute-Garonne). 

1900  RuDEVAL   (Haoult   de),    imprimeur-éditeur,    4,    rue  Antoine 

Dubois, à  J^aris(()''). 

1888  Sabatieu  (l)r  Armand),  correspondant  de  l'Institut,  professeur 

honoraire  à  la  Faculté  des  sciences,  à  Montpellier  (Hérault). 

1895  Saint  Joseph  (baron  de),  23,  rue  François-l'^i',  à  Paris  (S^). 

1896  Saint  Paul  (Léonard  de),  pharmacien  de  l'x^ssistance  publi- 

que, 18,  rue  Saint  Benoit,  à  Paris  (0'). 

1897  Sand  (René),  candidat  en  sciences  à  l'Université,  45,  rue  des 

Minimes,  à  Bruxelles  (Belgique). 

270.      1876  Saunders   (Howard),    F.    Z.  S.,  F.    L.  S.,  7,  Radnor   place 
Gloucester  square,  à  Londres  (Angleterre). 

1884  Sauvage  {\y  Emile),  directeur  honoraire  de  la  Station  aquicole, 
directeur  du  Musée,  39bis,  rue  Tour  Notre-Dame,  à  Boulo 
gne  sur-Mer  (Pas-de-Calais). 

1881  Sauvinet  (L. -Ernest),  assistant  au  Muséum,  57,  rue  Cuvier,  à 

Paris  (5-^). 

1894  Sauzieh  (Théodore),  80,  rue  du  Rocher,  à  Paris  (8' ). 

1902  Savouré  (P.),  licencié  ès-sciences  naturelles,  préparateur  de 
Zoologie  à  la  Faculté  des  sciences  de  Rennes  (llle-et  Vil.). 

1886  Schlumberger  (Charles),  (membre  donateur),  ingénieur  de  la 
marine  en  retraite,  16,  rue  Christophe  Colomb,  à  Paris  (8'). 

1896  Scott  (Thomas).  LLD,  F.  L.  S., naturalisttothefisheryBoard for 
Scotland,  280,  Victoria  Road,  à  Aberdeen  (Ecosse). 

1889  Secques  (François),  pharmacien  de  D'^  classe,  34,  rue  Mont- 

gallet,  à  Paris  (12^). 
F     SÉuiLLOT  (Maurice),  20,  rue  de  l'Odéon,  à  Paris  (6^). 

1895  SELOus(Percy  Sherborn),  à  rireenville,Michigan  (États  Unis) 
280.      1902  Semichon   (Louis),  licencié   ès-sciences,   27,  rue  Cassette,  à 

Paris  (6'^). 
IS76  Shellev  (captain  Georges-Ernest),  (membre  à  rie),  F.  Z,  S.,  7, 
Princes  street,  Cavendish  square,  W.,  à  Londres  (Angle 
terre), 
F     Simon  (Eugène),  16,  villa  Saïd,  à  Paris  (16'^). 

1901  Simroth    (Henrick),    i)rofesseur    à    l'Université,    à   Leipzig 

(Allemagne). 

1899  Slioumne(D^N.),  à  Ihôpital  maritime  de  Cronstadt  (Russie). 

1899  Société  scientifique  et  station  zoologique  dArcachon,  à 
Arcachon  (Gironde). 

1893  Spengel  (D'  .1.  W.),  professeur  à  l'Université,  à  Giessen  (Alle- 
magne). 


XIX 

1877  Steindachner  (Hofrath  D^  Frantz),  Director  des  naturhistoris- 
chen  Hofmuseums,  Burgring,  à  Vienne  (Autriche). 

J891  Stiles  (Dr  Charles  Wardell),  correspondant  de  l'Académie 
de  médecine,  Chief  of  the  Division  of  Zoology,  Hygienic  La- 
boratory,  Public  Health  and  Marine  Hospital  service  of  the 
U.  S.,  à  Washington,  D.  C.  (Etats-Unis). 

1889  Stolzmann  (Jean),  10,  rue  Wiejska  à  Varsovie,  (Russie). 
290.      1889  Studer   (Dr   Th.),    professeur   à   l'Université,   directeur   du 
Musée,  rue  des  Orphelins,  à  Berne  (Suisse). 

1895  SuARD  (Dr  Paul),  médecin  de  première  classe  de  la  marine, 

18,  avenue  Colbert,  à  Toulon  (Var). 

1897  SzczAwiNSKA   (Mil''  Wanda),    docteur  ès-sciences  et  docteur 

en  médecine,  18,  rue  Dutot,  à  Paris  (15''). 

1898  Terxier  (Louis),  avocat,  à  Ronfleur  (Calvados). 

1893  Théry  (André),  à  Saint-Charles,  près  Philippeville  (Algérie). 

1896  Thézée  (Dr  Henri),  professeur  à  l'École  de  médecine,  70,  rue 

de  Paris,  à  Angers  (Maine-et-Loire). 
1805  Thompson  (W.  d'Arcy),  professeur  à  l'Université,  directeur  du 

Musée  zoologique,  à  Dundee  (Ecosse). 
1901  TiLLiER  (J.-B.).  chef  du  transit  du  canal  de  Suez,  à  Isma'ilia 

(Egypte). 
1887  TopsENT  (Emile),  docteur  ès-sciences,  maître  deconférences  de 

Zoologie  à  la  Faculté  des  sciences,  à  Caen  (Calvados). 

1897  ToRRE  (Carlos  de  la),  professeur  d'anatomie  com  parée  à  l'Uni- 

versité de  la  Havane  (Cuba). 
300.      1878  TouRNEux   (Dr    Frédéric),  professeur  à  l'Université,  14,  rue 
Sainte-Philomène,  à  Toulouse  (Haute-Garonne). 

1894  Traizet  (Emile),  {membre  à  vie),  42,  rue  Notre  Dame-de-Naza- 

reth, à  Paris  (3'^). 
1887  Trapet,  pharmacien  major  de  première  classe  en  retraite, 
8,  rue  Valentin  Hauy,  à  Paris  (L>). 

1895  Troi'essart  (D''  Edouard),  145,  rue  de  la  Pom])e.  à  Paris (16e). 
1889  Vaillant  (Léon),  professeur  au  Muséum  d'Iiistoire  naturelle, 

8,  rue  de  Bufïon,  à  Paris  (5'^). 

1896  Vallé  (Louis),  docteur  es  sciences,  41,  rue  de  l'Abattoir,  à 

Tourcoing  (Nord). 
1903  Vanev,  docteur  es  sciences,  chef  des  travaux  de  Zoologie  à  la 

Faculté  des  sciences,  à  Lyon  (Rhône). 
1891  Vaudremer  (Dr  Albert),  50,  rue  Centrale,  à  Cannes.  (Alpes  Ma 

ritimes). 

1898  Versluys  (J),  docteur  ès-sciences,  Amsteldijk,6:i,  à  Amster- 

dam (Hollande). 
1876  ViAX   (Paul),  notaire,  9,  rue  Boissy-d'Angias,  à  Paris   (8'^). 

310.       1894  ViGNAL  (Louis),  ÏH,  avenue  Duquesne,  à  Paris  (7'^). 

1899  ViGNON,    préparateur  au  laboratoire  de  Zoologie  de  la  Faculté 

des  sciences,  9,  boulevard  la  Tour  Maubourg,  à  Paris  (7'^). 


XX 

1900  ViLLATTE    des    Prûgnes    (Robert),    ingéuieur-agronome,   au 
Château  des  Prûgnes,  par  Vallon  en  Sully  (Allier). 

1888  ViLLEDiEix  (Léopold),  à  Lariaux,  par  Saint-Didier  en  Rollat 
(Allier). 

1902  ViSARD  de  Bocarmé  (comte  Ferdinand),  0,  rue  Grandgagnage 

à  Naniur  (Belgique). 

1903  Vlès  (Fred),  licencié  es  sciences,  15,  rue  deCluny  àParis  (o''). 
1902  VoLOVATz  (M"c  Elise),   docteur  en  médecine,  36,  avenue  de 

Wagram,  à  Paris  (8"). 

1897  Ward   (Henry  Baldwin),    professeur  à   l'Université   de    Ne 
braska,  à  Lincoln,  Nebr.  (Etats-Unis). 

1880  Wavrin  (Marquis  de),  château  de  Rousele,  par  Somergem, 
près  Gand  (Belgique). 

1880  Weber  (Di'  Max),  professeur  à  l'Université,  3,  Sarphatikade, 
à'Amsterdam  (Hollande). 

320.      1890  Wierzejskv,  professeur  à  l'Université,  (),Wielopole,  à  Cracovie 
(Autriche). 

1900  YuNG  (Dr  Emile),  professeur  de  Zoologie  à  l'Université  de  Ge- 
nève (Suisse). 


XXI 


LISTE  GÉOGRAPHIOUE  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


MH  =  Membre  honoraire;  MC  =  Membre  correspondant 


FRANCE  (224) 

Allier  (3) 

Hérault  (3) 

Olivier 

Villate  des  Prûgnes 

Villedieux 

Calvet 

Duboscq 

Sabatier 

Alpes-Maritimes  (3) 

Ille-et-Vilaine  (6) 

Brôlemann 
Gazagnaire 
Vaudremer 

Bondouy 

Guérin 

Guitel 

BouchesduRhône  (3) 

Oberthiir 

Aubert 
Darboux 

Rennes  (Bibliothèque) 
Savouré 

Jourdan 

Indre  (3) 

Calvados  (3) 

Delouche  de  Pémoret 

Joyeux-Laffuie 
Ternier 

Martin  (R.) 
Rollinat 

Topsent 

Isère  (1) 

Côte-d'Or  (1) 

Grenoble  (Bibliothèque) 

Cazamian 

Loir-et-Cher  (1) 

Eure-et-Loir  (2) 

Buchet 

Patte 

Loire-Inférieure  (2 

Robinet 

Bureau 

Garonne  (Haute)  (4) 

Kollmann 

Jammes 

Loiret  (1) 

Neumann 
Roule 

Lucet 

Tourneux 

Maine-et-Loire  (3) 

Gironde  (4) 

Arcachon  (station) 
Gruvel 

Maisonneuve 

Oudri 

Thézée 

Kûnstler 

Marne  (1) 

Nabias(B.  de) 

Demaison 

XXII 


MeURTHE  ET-MOSELLE    (o) 

Hamonville  (baron  cl') 

Hecht 

Magne 

Nancy  (Bibliothèque) 

Nancy  (Laboratoire  de  Zoologie) 

Nord  (8) 

Barrois  (Th.) 

Brabant 

Fockeu 

Hallez 
* 
Malaquin 

Maurice 

Pas  (Comtesse  du) 

Vallé 

Oise  (3) 

Domel  de  \orges 
Janet  (Ch.) 
Raspail 

Pas-de-Calais  (3) 


Kempen  (Ch.  Van) 
Kerhervé  (L.-B.  de) 


Sauvage 


Puy-de-Dôme  (2) 


Bruyant 
Girod 


Rhône  (6) 


Bonnet 

Favette 

Girodon 

Kœhler 

Neveu  Lemaire 

Vaney 


Saône  (Haute)  (2) 


Arnaud  rut 
André 


Saône-et  Loire  (1) 


Pic 


S  A  uni  E   (3) 


Beauclair 

Besnard 

Rotrou 


Seine  (11) 


M' 


Chevreux  {a 

Fleutiaux 

Henry 

Joanin 

Langlassé 

Maës 

Marchai  (P.) 

Mégnin 

Meniez 

Moulé 

Railliet 

Paris  (121) 

Abric 

Aconin  (Georges) 

Alluaud 

Artault 

Bavay 

Beauchamp  (de) 

Bignon  (M'") 

Binot 

Blanc 

Blanchard  (M"-^  R.) 

Blanchard  (R.) 

Blonay  (R.  de) 

Bohn 

Bonaparte  (Prince  R.) 

Bonnaire 

Borcéa 

Boubée 

Bouvier  (E.-L.) 

Brumpt 

Caustier 

Certes  (M""-') 

Cliancel  (M""'  M.) 

Chariot  (M'") 

Chatin  (J) 

Chatton 

Claybroocke  (J.  de) 

Clément 

Collardeau  du  Haume 

Coutière 

Dalmas  (Comte  de) 

Dambeza 

Dautzenberg 

Davenicrc 

Dcbreuil 

Delage 

Dessalle 

Dollfus  (A.) 


XXIII 


Dollfus  (G.) 

Pizon 

Dominici 

Polaillon 

Douvillé 

Ponselle 

Dubar 

Portier 

Dupont 

Pruvôt 

Dyé 

Racovitza 

Emery 

Regnard 

Faurot 

Reyckaert 

Fédoroff  (M'") 

Ribemont-Dessaignes 

Fischer 

Richet 

François 

Robert 

Freyssinge 

Roche 

Gaudry 

Rodriguez 

Gaulle  (J.  de) 

Rothschild  (Baron  Edm.  de 

Gervais 

Rudeval  (de) 

Grandidier 

Saint  Joseph  (Baron  de) 

Guerne  (Baron  J.  de) 

Saint-Paul  (L.  de) 

Guiart 

Sauvinet 

Hérouard 

Sauzier 

Hérubel 

Schlumberger 

Houssaye 

Secques 

Janet  (A.) 

Sédillot 

Joubin 

Semichon 

Jousseauine 

Simon 

Jumentié 

Szczawinska  (M"') 

Klincksicck 

Traizet 

Krempf 

Trapet 

Iviinckel  d'Herculais 

Trouessart 

La  Barre  (de) 

Vaillant 

Labbé 

Vian  (P.) 

Lamy 

Vignal 

Larcher 

Vies 

Launois 

Volovatz  {W-) 

Laveran,  37.  11. 

Lavergne  de  Labarricre 

Lévy  (M"') 

Seine-eï-Oise  (3) 

Loyez  (M"') 

Marmotlan 

Gréban 

Martin  (D^  H.) 

Meillassoux 

Pierson 

M or eau 

Pinoy 

Muséum  (Bibliothèque) 

Muséum  (Lab.  colonial) 

Muséum  (Lab.  de  malacologie) 

SeineIxférieure  (o) 

Nadar 

Nervillft  (F.  de) 

Gadeau  de  Kerville 

Ouslalet 

Landrieu 

Pacault 

Lennier 

Pellegrin 

Perrier  (Edm.) 

Nibelle 

Petit  (L.) 

Pennetier 

XXIV 


ÏAUN    (2) 


Micgcmarquc 
Prouho 


Var  (2) 


Régnier 
Suard 


Vaucluse  (2i 


Chobaut 
Fabre,  M.  IL 


Odin 


Vendée  (1) 


ÉTRANGER  (124) 


EUROPE  (92) 


Chaves 


AÇORES   (1) 


Allemagne  (12) 


Berlin  (Musée) 
Biasius  (R.) 
Blasius  (W.) 
Braun 
Friedlânder 
Hertwig  (R.) 
Môbius,  M.  H. 
Plate  (L.) 
Schulze,  M.  H. 
Simroth 
Spengel 
Strebcl,  M.  C. 

Alsace  (1) 
Strasbourg  (Bibliothèque) 

AUTRICHE-HONGIUE    (10) 

Agrara  (Musée) 

Brusina,  M.  C. 

Fritsh,  M.  C. 

Grafï  (L.  von)  M.  C. 

Palacky 

Paszlavszky 


Ràtz  (S.  von) 
Steindachner 
Vejdovsky,  M.  C. 
Wicrzejsky 

Belgique  (8) 

Bambeke  (Ch.  van) 

Dubois  (Alph.) 

Philippson 

Plateau 

Sand 

Van  Beneden  (Ed.),  M.  H. 

Visart  de  Bocarmé  (Comte) 

Wavrin  (Marquis  de) 

Bulgarie  (2) 

S.  A.  R.  Ferdinand  I 
Leverkûhn  (D'),  M.  C. 

Espagne  (2) 

Bolivar 
Orueta  (D.  de) 

Grande-Bretagne  (12) 

Boucard 
Campbell 
FuUarton 
Gùnther,  M.  II. 


XXV 


Minchin 

Mitchell 

Miirray  (John),  M.  H. 

Saunders 

Scott 

Sharpe,  M.  H. 

Shelley 

Thompson 

Hollande  (6) 

Horst,  M.  C. 
Man  (J.-G.  de) 
Oudcmans 
Sluiter,  M.  C. 
Versluys 
Webcr 

Italie  (9) 

Arrigoni  degli  Oddi  (Comte) 

Brian 

Camerano 

Florence  (Bibliothèque  des  Invertr 

brés) 
Grassi,  M.  H. 
Maggi 
Magretti 
Pavie  (Musée) 
Perroncito 

Monaco  (2) 

Albert  I"  (S.  A.  S.  le  Prince) 
Richard 

Norvège  (2) 

Ellingsen 
Nansen,  M.  II. 


Portugal  (1) 
Barboza  du  Bocage,  M.  II. 


Roumanie  (3) 


Antipa 

Bujor 

Cosmovici 


Russie 


Branicki  (comte  X.) 

Krasilshtshik 

Lande 

Pavlov  (M""^  M.) 

Sliounine 

Stolzmann 

Zograf,  31.  H. 

Serbie  (l) 
Georgevitch  (J) 

Suède  (1) 
Lilljeborg,  M.  II. 

Suisse  (11) 

Bcdot 

Bugnion 

Fatio 

Field 

Genève  (Musée) 

Larguier  des  Bancels 

Loriol  (de) 

Mottaz 

Preudhomme  de  Borre 

Studer 

Yung 

Turquie  (1) 
Ismaïl  Hakki 


ASIE   (3) 


Japon  (2) 


TONKIN 


Oka 

Ijima,  M.  H. 


Boutan 


XXVI 


AFRIQUE  (S) 


AçoRES  (Iles)  (I) 
Chaves 

Algérie  (3) 

Chevreux  (Ed.) 

Maupas 

Théry 

Egypte  (1) 

Tillier. 


Brésil  (â) 

Gœldi 

Malgalhàes  (P.  S.  de) 

Chili  (2) 

Porter 
Rivera 

Cuba  (2) 

Garcia 
Torre  (de  La) 

États-Unis  (9) 

Agassiz,  M.  H. 

Barrows 

Davenport 

Garman 

Moorc 

Pacliard 


Afrique  ocao.  anglaise  |1) 
Best 

Maurice  (Ile)  (2) 

Carie 

Daruty  de  Grandpré 


AMÉRIQUE  (21) 


Selous 
Ward 
W.  Stiles 


Guatemala  (1) 


Rodriguez 


Bellard 


Honduras  (1) 


Mexique  (2) 


Dugès,  M.  C. 
Herrera 

République  Argentine  (1) 

Lignières 

Uruguay  (1) 

Arechavaleta. 


LISTE  DES  MEMBRES  DECEDES 
pendant  l'année  1904. 


1893.  Carus  (J.  Victor). 

1877.  Larguieu  des  Bancels. 

1888.  MiÈGEMAHQUE. 

F  Vian  (Jules). 


XXVII 


BUREAU  ET  CONSEIL  POUR  L'ANNÉE  1905 


Membres  du  Bureau  : 

Président Pi'of •  L.  Jol bin. 

C  X.  Raspail. 
Vice-Présidents |  (.   Pruvôt. 

Secrétaire  général D^  J.  Guiart. 

(  Pellegrin. 
Secrétaires ^^_  3^^^^^^^^,^ 

Trésorier Ch.  Schlumberger. 

Archiviste-Bibliothécaire Hérubel. 


Membres 

/o  Membres  donateurs 

S.  A.  S.  le  prince  Albert  P',  de 
Monaco. 

M™®  R.  Blanchard, 

Prof.  R.  Blanchard. 

A.  Bonnet. 

A.  Brian. 

Prince  R.  Bonaparte. 

P.  Carié. 

M™«  M.  Chancel. 

Ed.  Chevreux. 

G.  Darboux. 

Ph.  Dautzenberg. 

S.  A.  R.  Ferdinand  T  r,  de  Bul- 
garie. 

B""  J.  de  Guerne. 

D'  J.  Guiart. 

A.  Magne. 

Meillassoux. 

B""  DE  Rothschild. 

SCHLUMBEKGER. 


du  Conseil  : 

^o  Anciens  présidents 

Prof.  Y.  Delage. 
Di"  Trouessart. 
Bava  Y. 
Dr  J.  Richard. 

E.  HÉROUARD. 

5*^  Membres  élus 

A.  L.  Clément. 
Dr  F.  Jousseaume 
Dr  R.  Moniez. 
Fr.  Secques. 
G.  Dollfus. 
L.  Petit. 
E.  Racovitza. 
L.  Vaillant. 

R.  KOEHLER. 

P.  Marchal. 
E.  Oustalet. 

L.  VlGN.\L. 


Pour  1903 


Pour  1904 


PourlOOo 


XXVIII 


LISTE  DES  PRESIDENTS 


DEPUIS  LA  FONDATION  DE  LA  SOCIÉTÉ 


MM. 

MM. 

1876  J.  Vmn  (t  1904). 

1891  A.  Railliet. 

1877  J.  Vian  (-  1904). 

1892  Ph.  Dautzenberg. 

1878  F.  JOUSSEAUME. 

1893  E,  OUSTALET. 

1879  E.  Perrier. 

1894  L.  Faurot. 

1880  J.  Vian  (f  1904). 

1895  L.  Vaillant. 

1881  F.  Lataste. 

1896  E.-L.  Bouvier. 

1882  E.  Simon. 

1897  R.  MoNiEz. 

1883  J.  KûNCKEL  d'Herculais. 

1898  H.  FiLHOL  (t  1902) 

1884  M.  Chaper  (-1896). 

1899  Ch.  Janet. 

188o  P.  MÉGNIN. 

1900  Y.  Delage. 

1886  P.  Fischer  (f  1893). 

1901  E.  Trouessart. 

1887  A.  Certes  (f  1903). 

1902  A.  Bavay. 

1888  J.  JuLLiEN  (t  1897). 

1903  J.  Richard. 

1889  G.  Cotteau  (t  1894). 

1904  E.  Hérouard. 

1890  J.  DE  GUERNE. 

1903  L.  JouBiN. 

XXIX 


PRIX  3IAL0TALX  DE  GUERNE  FRÉDÉRIC  JULES 


REGLEMENT 


Article  premier. 


La  valeur  du  prix  est  de  600  francs.  Il  est  triennal  et  décerné  par 
la  Société  dans  son  Assemblée  générale  annuelle.  Il  est  attribué 
successivement  : 

1«  à  des  travaux  de  Zoologie  portant  sur  les  animaux  terrestres 
ou  d'eau  douce; 

2»  à  un  voyageur  français,  qui  aura  contribué  à  augmenter  nos 
connaissances  sur  la  Zoologie,  particulièrement  sur  celle  des  colo- 
nies françaises.  11  devra  s'être  tenu  en  rapports  avec  la  Société  au 
cours  de  ses  voyages  et  avoir  rapporté  des  collections  zoologiques 
destinées  aux  Musées  ou  établissements  publics  français  ; 

30  à  des  travaux  de  Zoologie  concernant  les  animaux  marins. 

Article  2. 

Sont  appelés  à  concourir  pour  les  deux  prix  spécifiés  aux  para- 
graphes 1  et  3  de  l'article  précédent  tous  les  Zoologistes,  à  quelque 
nationalité  qu'ils  appartiennent.  Ils  devront  avoir  moins  de  35  ans 
au  1®""  janvier  de  l'année  dans  laquelle  le  prix  sera  décerné. 

Article  3. 

Les  travaux  présentés  au  concours  seront  manuscrits  ou  impri- 
més; ils  devront  être  en  langue  française.  Les  travaux  imprimés 
devront  avoir  été  publiés  à  une  date  postérieure  au  précédent  con- 
cours de  même  nature.  Les  thèses,  dissertations  inaugurales  et 
travaux  analogues  destinés  à  obtenir  un  titre  universitaire  ou  pro- 
fessionnel sont  exclus  du  concours. 


XXX 


Ar.TicLE  4. 

Les  travaux  présentés  ou  proposés  seront  examinés  par  une 
Commission  composée  de  trois  Membres  désignés  par  le  CoDseil. 
En  outre  des  trois  Membres  élus,  M.  le  baron  Jules  de  Guerne, 
fondateur  du  prix,  le  Président  et  le  Secrétaire  général  de  la 
Société  font  partie  de  droit  de  cette  Commission.  Les  pouvoirs 
expirent  avec  l'Assemblée  générale  dans  laquelle  elle  aura  déposé 
son  rapport.  Elle  statue  en  dernier  ressort. 

Article  5. 

Dans  le  cas  où  la  Commission  déciderait  de  ne  pas  décerner  le 
prix,  les  (JOO  francs  seront  reportés  à  une  période  triennale  ulté- 
rieure et  ajoutés  de  ])référence  au  prix  à  décerner  à  un  voyageur. 
Dans  ce  cas,  le  prix  pourra  être  divisé. 

Article  6. 

Les  travaux  présentés  au  concours  devront  être  adressés  à  la 
Société  avant  le  1'^''  novembre  qui  précédera  l'échéance  du  prix  ;  la 
Commission  compétente  sera  nommée  par  le  Conseil  dans  la 
première  quinzaine  de  novembre. 

Article  7. 

La  Société  se  réserve  le  droit  de  faire  paraître  dans  ses  Mémoires 
les  travaux  manuscrits  qui  seraient  couronnés.  Dans  le  cas  où  celte 
publication  aurait  lieu,  l'auteur  ne  pourrait  publier  ailleurs  son 
travail  sans  lassentiment  de  la  Société. 

Article  8. 

Le  prix  sera  décerné  pour  la  première  fois  par  la  Société  Zoolo 
gique  de  France  dans  son  Assemblée  générale  de  1901.  11  le  sera 
ensuite  tous  les  trois  ans  à  la  même  époque. 

Article  9. 

En  cas  de  désaccord  au  sein  de  la  Commission  sur  l'interprétation 
du  présent  règiemenl,  il  en  est  référé  au  Conseil,  qui  statue  en 
dernier  ressort. 


XXXI 


PRIX  FRANÇOIS  SECOUES 


REGLEMENT 


La  rente  de  cette  somme  est  de  0  francs  par  an.  Elle  servira  à 
l'achat  d'une  médaille  d'argent  qui  sera  décernée  tous  les  trois  ans 
à  la  séance  générale. 

Elle  pourra  être  attribuée  à  un  fonctionnaire  colonial  (civil  ou 
militaire)  qui  aura  le  plus  contribué  à  augmenter  nos  connaissances 
zoologiques  par  l'envoi  de  collections,  soit  à  la  Société  Zoologique 
de  F'rance,  soit  au  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  à  condition 
que  l'étude  de  ces  collections  ait  été  publiée  dans  les  recueils  de 
la  Société  Zoologique  de  France. 

Pourront  aussi  concourir  les  instituteurs  qui  auront  adressé  à 
notre  Société  les  notes  les  plus  importantes  sur  la  faune  française. 

Vu  la  modicité  de  la  récompense,  les  voyageurs  naturalistes  à 
l'étranger,  pourvus  de  missions  ofïïcielles,  à  qui  d'autres  Compa- 
gnies réservent  de  plus  grands  avantages,  ne  pourront  prendre  part 
au  concours. 


Séance  du  iO  Janvier  ii)05. 

PRÉSIDENCE  DE  MM.  HÉROUARD  ET  JOUBIN,  PRÉSIDENTS 


M.  Hérouard,  président  sortant  ouvre  la  séance  et  prononce  le 
discours  suivant: 


«  Mes  chers  collègues, 

»  Vous  avez  bien  voulu  me  confier  le  fauteuil  présidentiel  pen- 
dant l'année  qui  vient  de  s'écouler  et  1  honneur  que  vous  m'avez 
fait  comptera  pour  moi,  comme  un  des  meilleurs  souvenirs  de  ma 
carrière  scientifique. 

))  Avant  de  céder  la  place  à  mon  successeur,  permettez  moi  de 
jeter  un  coup  d'oeil  d'ensemble  sur  les  événements  qui  se  sont  pré- 
sentés pendant  cette  période.  Dans  une  société  comme  la  nôtre  qui 
compte  plus  de  300  membres  il  est  rare  qu'au  cours  d'une  année 
nous  n'ayons  pas  à  enregistrer  la  disparition  de  quelques  uns  des 
nôtres.  Cette  année  si  nous  n'avons  eu  a  déplorer  que  la  mort  de  peu 
de  nos  collègues,  Larguier  des  Bancels  et  J.  Vian,  notre  deuil  n'en  a 
pas  été  moins  cruel,  car,  comme  M.  R.  Blanchard  vous  l'a  rappelé 
dans  un  éloge  funèbre,  l'un  des  disparus  J.  Vian,  avait  été  l'homme 
qui  s'était  dévoué  pour  la  Société  dans  la  période  où  sa  prospérité 
n'avait  pas  encore  eu  le  temps  de  s'accuser  et  si  aujourd'hui  il  nous 
est  permis  de  regarder  avec  satisfaction  la  marche  ascendante 
qu'elle  poursuit,  c'est  grâce  à  ceux,  qui  comme  lui,  ont  soutenu 
ses  premiers  pas  :  aussi  la  Société  conservera  t  elle  à  J.  Vian  une 
éternelle  reconnaissance.  Heureusement  quinze  nouveaux  adhé- 
rents sont  venus  se  joindre  à  nous  et  affirmer  le  rajeunissement 
constant  de  notre  Société  et  assurer  la  prospérité  de  nos  séances. 

))  Un  de  nos  collègues,  notre  nouveau  vice- président  M.  le  D"" 
Pruvôt,  dont  chacun  connaît  la  haute  érudition  et  le  profond  dé- 
vouement à  la  science,  a  été  promu  Chevalier  de  la  légion  d'hon- 
neur. 

»  Pendant  le  mois  d'août  le  cinquième  congrès  international  de 
Zoologie  s'est  réuni  à  Berne.  La  Suisse  avait  tenu  à  honneur  d'olïrir 
l'hospitalité  à  ce  Congrès  voulant  affirmer  une  fois  de  plus  l'intérêt 
qu'elle  porte  à  tout  ce  qui  intéresse  la  pensée  humaine.  Les  mem- 


SÉANCE  DU  10  JANVIER  d90o  2 

bres  de  notre  Société,  s'y  sont  rendus  en  grand  nombre  autant  pour 
manifester  leur  sympathie  à  ceux  qui  donnaient  gracieusement 
asile  à  ce  congrès  que  pour  participer  par  leurs  communications 
à  l'intérêt  scientifique  de  cette  grande  assemblée. 

»  Notre  réunion  générale  annuelle  a  eu  la  bonne  fortune  d'être 
présidée  par  un  des  savants  les  plus  considérables  de  cette  nation 
amie,  le  sympathique  professeur  Ylng  de  Genève. 

))  En  prenant  la  présidence  au  commencement  de  Tannée  1904. 
je  vous  avais  signalé  tout  lintérêt  qu'il  y  aurait  pour  la  Zoologie 
en  général  et  pour  la  Société  Zoologique  en  particulier  d'entre- 
prendre la  publication  de  la  faune  française.  La  commission  nommée 
pour  étudier  cette  proposition  a  jugé  qu'il  y  avait  lieu  d'entrepren- 
dre ce  grand  travail  et  le  projet  détinitif  est  aujourd'hui  à  peu  près 
arrêté.  Pour  lancer  la  société  dans  uue  entreprise  aussi  considéra- 
ble, les  préliminaires  sont  longs,  car  il  est  urgent  de  tout  prévoir; 
il  est  nécessaire  d'établir  un  plan  définitif  auquel  chaque  auteur 
ait  l'obligation  de  se  conformer,  afin  que  l'ensemble  soit  homogène. 
Il  faut  aussi  éliminer  les  anciens  errements  et  faire  de  cette  publi- 
cation une  œuvre  qui  se  distingue  de  ses  ainées  par  sa  clarté  et  sa 
précision  et  notre  nouveau  président  M.  Joubin  a  présenté  une 
proposition  qui  parait  répondre  à  ces  desiderata.  Il  a,  prenant 
exemple  sur  la  paléontologie,  pro])Oséde  réaliser  ceprojetde  faune 
franraisc  en  publiant  cette  faune  par  fiches  représentatives,  conte- 
nant une  figuration  et  non  une  description  uniquement  littéraire 
de  l'objet  que  l'on  décrit,  et  ce  projet  a  été  adopté.  Cette  détermi- 
nation heureuse,  qui  marquera  dans  l'étude  des  sciences  zoologi- 
ques une  étape  vers  un  avenir  meilleur,  la  Société  Zoologique  sera 
en  droit  d'en  être  lière,  car  c'est  grâce  à  elle  et  à  son  autorité  re- 
connue que  la  réalisation  en  sera  possible. 

»  Nous  aurons  ainsi  formulé  que  le  charme  de  la  phrase,  qui 
compte  tant  d'adeptes,  doit  être  sinon  banni  du  domaine  scientifi- 
que, du  moins  limité  à  l'exposé  des  acquisitions  réellement  utiles. 
La  nécessité  de  voir  l'objet  ou  son  image  s'affirme  de  plus  en  plus 
dans  les  sciences  zoologiques  et  vous  le  comprenez  si  bien,  mes  chers 
collègues,  que  quand  une  observation  intéressante  est  tombée  sous 
vos  yeux,  vous  ne  vous  contentez  pas  de  nous  l'exposer,  mais  vous 
prenez  soin  de  nous  mettre  en  main,  pour  accompagner  vos  des- 
criptions orales,  les  pièces  du  procès;  ces  pratiques  vous  les  avez 
établies  par  suite  des  convictions  que  vous  avez  acquises  de  l'impor- 
tance  de  l'image. 

))  Du  temps  où  la  figuration  offrait  pour  son  exécution  des  diffi- 

Bull.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  lOOa.  xxx  —  3 


3  SÉANCE  DU  10  JANVIER  190o 

cultes  matérielles  parfois  considérables,  le  désir  du  chercheur  de 
faire  connaître  ses  découvertes  faisait  souvent  passer  outre  aux  né- 
cessités delareprésentation; aujourd'hui  oùla  science  du  livreamis 
à  la  portée  de  tous  la  possibilité  de  rendre  par  l'image  l'objet  d'une 
descrijjtion,  il  serait  impardonnable  à  ceux  qui  sont  possédés  du 
souci  de  bien  faire,  de  ne  pas  user  des  facilités  qui  leurs  sont  données, 
pour  rendre  tangible  à  tous  l'expression  vraie  de  leurs  observa- 
tions. La  zoologie  descriptive  (et  vous  savez  quelle  place  elle  occupe 
dans  la  science  qui  nous  est  chère),  aussi  bien  que  l'anatomie,  sont 
justiciables  d'une  telle  pratique  et  quand  on  représente  un  organe 
sur  lequel  on  désire  attirer  l'attention,  on  peut  du  mèmecoup,par 
l'image,  montrer  les  rapports  qu'il  affecte  avec  les  organes  voisins. 
Ces  données  qu'on  ne  peut  faire  comprendre  qu'imparfaitement 
par  une  description,  quek[ue  soit  le  talent  du  descripteur,  vous,  les 
rendez  évidentes  par  la  représentation  et  vous  les  rendez  évidentes, 
non  seuleuienl  pour  celui  qui  comprend  votre  langue,  mais  encore 
pour  tout  liomme  qui  sait  lire  et  comprendre  la  géométrie  de  la 
nature.  C'est  là,  mes  chers  collègues,  une  détermination  quicomp 
fera  dans  les  annales  de  la  Société  Zoologique  de  France,  parce 
quelle  marquera  la  fin  de  ce  régime  du  bon  plaisir  où  l'auteur  d'un 
nom  peut,  sans  souci  des  difficultés  dans  lesquelles  il  jette  ceux  qui 
viennent  a])rès  lui,  semer  la  confusion  dans  la  connaissance  du 
règne  animal  efforcer  ses  successeurs  à  se  débattre  dans  la  solution 
de  problèmes  parfois  insolubles.  Nous  verrons  ainsi  la  fin  de  ces 
débats  indigestes  sur  la  recherche  de  la  priorité,  parce  que  cette 
priorité,  grâce  à  la  fiche  représentative,  deviendra  aveuglante  et 
indiscutable  ;  jusqu'ici  le  dessin  était  considéré  comme  l'acces- 
soire du  texte,  aujourd'hui  c'est  l'inverse  qui  doit  être. 

))  Avantdequitter  la  présidence,  je  tiensà remercier  les  membres 
du  bureau,  du  concours  qu'ils  ont  bien  voulu  me  prêter;  vous 
connaissez  tous  le  dévoùment  de  notre  Secrétaire  général  M.  Guiaut, 
(ligne  successeur  de  celui  qui  fut  pendantde  longues  années  l'âme  de 
nos  séances;  de  notre  excellent  et  sympathique  Trésorier  M.  Sghlum 
BERGER,  auquel  vous  me  permettrez  d'adresser  tous  nos  vœux  pour  le 
prompt  rétablissement  de  sa  santé;  de  notre  Archiviste  bibliothécaire 
M.  HÉRiBEL,  qui  mérite  aussi  tous  nos  remerciements  pour  les 
soins  qu'il  donne  à  notre  bibliothèque,  dont  la  richesse  exige  un 
gardien  vigilant. 

))  Le  moment  est  venu  de  céder  la  i)lace  à  mon  successeur, 
M.  JouRiN.  L'éloge  de  la  carrière  scientifique  de  notre  nouveau  pré- 
sident n'est  plus  à  faire.  Successivement  préparateur  de  lachairede 


SÉANCIi    DU    10   JANVIER    lOOiJ  4 

Zoologie  de  la  Sorbonne,  maître  de  conférences,  professeur  et  doyen  à 
la  Faculté  des  Sciencesde  Rennes,  l'importance  de  ses  travaux,  leur 
variété  et  leur  perfection  l'ont  désigné  récemment  pour  occuper  la 
chaire  de  Malacologie  du  Muséum.  C'est  une  charge  considérable,  à 
laquelle  un  seul  homme  peutà  peine  suffire,  en  raison  de  l'importance 
et  du  nombre  de  groupes  zoohigic|ues  qui  y  sont  rattachéset  lui  seul 
peut-être,  parmi  les  zoologistes  de  sa  génération,  était  préparé 
pour  occuper  cette  place  avec  distinction.  Aussi,  mes  chers  col- 
lègues, est-ce  un  plaisir  et  un  honneur  pour  moi,  de  remettre  en 
de  telles  mains  les  pouvoirs  que  vous  m'aviez  confiés.  » 

M.  le  professeur  Joublx,  président  pour  l'année  1905,  prend 
place  au  fauteuil  et  prononce  le  discours  suivant  : 

«  Mes  chers  confrères, 

»  Mon  i)remier  devoir,  en  assumant  la  charge  si  honorable  que 
vous  m'avez  confiée,  est  de  remercier  en  votre  nom  notre  président 
sortant  M.  le  i)rofesseur  Héroiard.  Nous  lui  otïrons l'expression  de 
nos  sentiments  les  plus  reconnaissants  et  les  plus  atïectueux  pour 
le  dévouement  dont  il  a  fait  preuve  envers  la  Société  Zoologique 
de  France. 

»  Il  la  laisse,  à  la  tin  de  cette  année,  dans  une  situation  des  plus 
florissantes,  et  votre  nouveau  président  s'estimera  heureux  de  la 
remettre  à  son  successeur  dans  un  état  de  prospérité  aussi  satis- 
faisant. 

»  Votre  passage  à  cette  place,  mon  cher  collègue  et  ami,  restera 
marqué  dans  l'histoire  de  notre  Société  parle  projet  que  vous  nous 
avez  soumis  dès  le  premier  jour  de  votre  présidence,  de  publier 
une  Faune  française.  Ce  n'est  i)as  là  une  petite  affaire  qui  pouvait 
être  entreprise  à  la  légère  ;  aussi,  sur  votre  demande  et  sous  vos 
auspices,  nous  enavons  fait  une  sérieuse  étude  préalable;  après  des 
discussions  prolongées  nous  en  avons  établi  les  bases,  et  j'ai  l'as- 
surance que  ce  projet,  qui  est  votre  œuvre,  qui  est  dû  à  votre  ini- 
tiative, entrera  sous  peu  dans  la  période  de  réalisation.  Vous  avez 
donc  droit  à  la  reconnaissance  très  vive  de  la  Société  Zoologique 
de  France. 

»  Vous  demandiez  dans  noli-e  première  séance  de  janvier  1904 
qu'une  place  fut  faite  dans  un  établissement  de  l'État  à  une  col- 
lection des  animaux  de  France;  je  vous  avais,  en  principe,  donné 
mon  adhésion  ;  mais,  je  puis  bien  vous  l'avouer,  j'étais  un  peu 
inquiet  sur  la  façon  dont  je  pourrais  vous  donner  une  marque  plus 


5  SÉANCE   DU    lu   JANVIER    11)05 

tangible  de  ma  bonne  volonté.  Eh  bien,  je  suis  heureux  de  vous 
dire  que  j'ai  maintenant  à  ma  disposition  l'espace  nécessaire 
pour  organiser  une  partie  de  cette  collection,  celle  qui  con- 
cerne les  classes  d'Invertébrés  dont  je  suis  chargé  au  Muséum. 
J'es})ère  qu'avant  longtemps  j'aurai  pu  réunir  les  éléments  d'une 
collection,  surtout  d'une  collection  malacologique,  de  France.  Ce 
ne  sera  peut  être  pas  très  brillant,  ni  très  complet  pour  commencer, 
mais  avec  de  la  patience,  et  de  la  générosité  de  la  part  des  collec- 
tionneurs, nous  la  perfectionnerons  par  la  suite. 
))  Quand  je  dis  nons,  c'est  avec  intention.  Si  je  ne  comptais  que 

sur  mes  propres  forces  et  sur  les  moyens laissez-moi  ne  pas  les 

qualifier que  l'Etat  meta  ma  disposition,  je  serais  certain  de 

n'arriver  à  aucun  résultat.  Mais  je  fonde  beaucoup  d'espérance  sur 
les  Membres  de  la  Société  Zoologique  pour  maider  à  mener  à 
bien  cette  entreprise. 

»  C'est  vous,  mes  chers  confrères,  qui  la  ferez  cette  collection 
de  France,  et  c'est  au  dévouement  de  chacun  de  vous  que  je  fais 
appel;  soyez  mes  collaborateurs  dans  cette  œuvre  où  je  n'aurai  qu'à 
centraliser  toutes  vos  contributions. 

))  Cette  collection  sera  ainsi  l'œuvre  de  la  Société  Zoologique  de 
France;  et  j'espère  que  son  intérêt,  ainsi  doublé,  vous  sera  une 
raison  pour  vous  risquer  jusque  dans  les  lointains  parages  du 
Jardin  des  Plantes;  aous  viendrez  la  consulter,  voir  ce  qu'elle  con- 
tient et  ce  qui  y  manque;  qui  sait  même  si  plus  tard  vous  ne  ferez 
pas  le  voyage  pour  l'admirer! 

»  Je  viens  de  prononcer  le  mot  de  colJahorateurs ;  permettez  moi, 
Messieurs,  de  vous  dire  ciu'en  dehors  des  mes  collaborateurs  ofïi- 
ciels  du  laboratoire  de  Malacologie,  j'ai  le  i)laisir  d'en  compter 
quelques  autres  qui  sont  pour  la  plupart  membres  de  la  Société 
Zoologique  ;  ils  ont  une  autre  qualité,  très  grande  à  mes  yeux, 
c'est  que  ce  sont  tous  des  jeunes.  Je  vous  en  citerai  quelques  uns. 
Tout  d'abord  notre  ancien  Président  M.  Bavay,  qui  est  certaine- 
ment l'étudiant  le  plus  assidu  de  mon  laboratoire;  il  a  entièrement 
refait  la  collection  des  Pectens,  et  je  vous  engage  à  venir  voir  dans 
les  galeries  si  elle  ressemble  à  ce  qu'elle  était  il  y  a  un  an.  M.  Bavay 
est  occupé  maintenant  à  constituer  la  collection  spéciale  de  la 
Nouvelle-Calédonie.  Je  lui  sais  un  gré  infini  du  travail  méthodi- 
que, scrupuleux,  qu'il  veut  bien  exécuter  pour  le  Muséum  et  qui 
m'a  été  une  occasion  de  réparer  un  oubli. 

Depuis  23  ans  M.  Bavay  avait  droit  à  la  rosette  violette;  il  est 
vrai  qu'il  en  a  une  rouge  qui  lui  permettait  d'attendre  sans  trop 


SÉANCE    or    H)   JANVIER     190.')  6 

dimpatience  ce  léger  complément.  On  a  bien  voulu  écouter  ma 
demande  et  j'ai  été  heureux  du  succès  de  ma  démarche,  appuyée 
par  une  lettre  collective  du  bureau,  car  je  n'avais  pas  d'autre 
jnoyen  à  ma  disposition  jiour  exprimer  à  M.  Bavay  ma  reconnais- 
sance pour  le  service  qu'il  veut  bien  nous  rendre.  Je  lui  olTre,  en 
votre  nom,  nos  sincères  félicitations. 

»  Parmi  les  jeunes  j'ai  aussi  le  plaisir  de  compter  M.  Vignal, 
membre  du  (lonseil  de  la  Société.  Vous  n'avez  peut-être  pas  remar- 
qué qu'à  toutes  nos  séances  il  arrive  avec  une  petite  caisse  et  que 
régulièrement  il  en  remporte  une  autre;  si  vous  avez  été  intrigués, 
parce  mystère,  je  vais  vous  le  dévoiler.  M.  Vigxal  est  le  natura- 
liste qui  connaît  le  mieux  la  famille  du  Ccrithidac;  il  a  bien  voulu 
se  charger  de  classer  la  collection  considérable  de  ces  coquilles  que 
nous  avons  rassemblée,  M.  Lamy  et  moi;  mais  comme  ses  fonctions 
rempêchent  de  venir  vers  les  Cérithes,  ce  sont  elles  qui  viennent  à 
lui;  tous  les  quinze  jours  M.  Lamv  apporte  à  notre  séance  un  petit 
lot  de  Cérithes  et  les  remet  à  M.  Vigxal  qui  lui  rend  en  échange  le 
lot  de  la  séance  précédente,  classé,  étiqueté,  étudié  avec  la  préci- 
sion qui  caractérise  tout  ce  qu'il  fait.  J'espère  bien  que  quand  nous 
n'aurons  plus  de  Cérithes  à  fournir  à  M.  ViGxXal,  il  voudra  bien 
nous  donner  le  catalogue  critique  de  la  collection  du  Muséum.  J'ai 
été  heureux  de  demander,  d'accord  avec  le  bureau  de  la  Société,  et 
d'obtenir  pour  M.  V'igxal,  le  ruban  violet  pour  lequel  je  lui  offre  en 
notre  nom  à  tous,  nos  plus  cordiales  félicitations. 

»  Je  ne  voudrais  pas  oublier  quelques  autres  de  mes  collabora- 
teurs bénévoles:  notre  biijliothécaire  M.  Hérubel,  qui  s'est  chargé 
de  l'étude  de  notre  collection  de  Siponcles;  il  y  a  trouvé  des  nou- 
veautés très  intéressantes  qu'il  a  décrites;  vous  en  verrez  d'autres; 
puis  M.  Krempf  qui  a  fait  la  revision  des  Sériatopores,  travail  par- 
ticulièrement délicat:  j'espérais  qu'il  aurait  continué  l'étude  des 
Coraux,  mais  il  part  prochainement  i)Our  rejoindre  M.  Boutan  au 
Tonkin;  tous  nos  vœux  l'y  accompagnent  avec  nos  souhaits  de  le  voir 
revenir  avec  une  ample  moisson  de  découvertes.  C'est  encore  notre 
confrère  H.  Fischer,  qui  veut  bien  accepter  l'examen  de  ce  qui 
nous  arrive,  trop  rarement  à  mon  gré,  de  l'Asie  centrale. 

»  Je  ne  vous  parle  pas  de  ceux  de  nos  confrères  qui,  en  dehors 
de  Paris,  se  sont  chargés  de  l'étude  de  quelque  partie  de  nos  collec- 
tions, KoEHLER  et  Vaney  à  I>.yon,  Calvet  à  Montpellier,  Topsent  à 
Caen,  Roule  à  Toulouse.  J'espère  ([u'ils  viendront  ici  vousfaire  part 
des  résultats  de  leurs  recherches. 

t)  Vous  voyez,  mes  chers  confrères,  que  j'ai  quelques  bonnes  rai- 


7  SÉANCE  DU  10  JANVIER  1905 

sons  de  me  réjouir  d'avoir  trouvé  à  la  Société  Zoologique  un 
noyau  de  spécialistes  consentant  à  devenir  les  collaborateurs  béné- 
voles de  mon  service.  Mais  il  y  a  encore  cbez  moi  des  matériaux 
immenses  qui  n'attendent  que  de  nouveaux  ouvriers.  M(m  labora 
toire  est  fort  laid,  très  pauvre,  sombre  et  mal  commode,  et  en- 
combré; ce  n'est  évidemment  pas  très  tentant  d'y  venir  travailler; 
en  tout  cas.  Messieurs,  vous  y  trouverez  le  meilleur  accueil  qu'il 
nous  sera  possible  de  vous  y  olîrir,  et  de  magniliques  éléments 
de  travaux. 

»  Je  m'arrête  là,  mes  chers  confrères,  car  réellement  j'abuse  de 
votre  patience.  Il  ne  me  reste  plus  qu'à  vous  remercier  du  très 
grand  honneur  que  vous  m'avez  fait,  et  à  offrir  nos  félicitatious  à 
celui  que  vous  avez  élu  pour  la  première  fois  au  bureau  comme 
Vice-Président,  à  mon  camarade  et  ami  le  professeur  Piuvôt.  C'est 
une  joie  pour  moi  de  l'avoir  décidé  à  accepter  cette  fonction  provi- 
soire que,  beaucoup  trop  modeste,  il  s'obstjnait  à  refuser.  Je  crois, 
en  triomphant  de  sa  résistance,  avoir  rendu  à  la  Société  Zoologique 
un  vrai  service;  c'est  pour  moi  un  excellent  début,  et  vous  pouvez 
compter,  mes  chers  confrères,  que  je  ferai  tout  mon  possible  pour 
ne  pas  en  rester  là.  » 

A  l'occasion  des  promotions  du  jour  de  l'an,  M.  le   Président 
adresse  les  félicitations  de  la  Société  à  MM.  BAVAYet  Secques,  nom 
mes  Officiers  de  l'Instruction  publique,  ainsi  qu'à  MM.  de  La  Barre, 
Nadar,  Reyckaert  et  Vignal,  nommés  Officiers  d'Académie. 

MM.  Hérouard  et  Semichon  présentent  M.  Louis  Fage,  licencié 
es-sciences  naturelles,  demeurant  88  bis,  avenue  Kléber,  à  Paris. 

MM.  de  Gi'ERNE,  ÏROUESSART  et  RoRERT  sout  délégués  pour  repré- 
senter la  Société  au  Congrès  des  Sociétés  savantes,  qui  se  tiendra 
cette  année  à  Alger. 

M.  le  Secrétaire  général  annonce  que  le  14  février  prochain  M.  le 
D""  Trouessart  fera  au  siège  de  la  Société  une  Camerie  sur  la 
faune  des  Mammifères  d'Algérie  et  de  Tunisie. 

M.  le  Secrétaire  général  annonce  qu'un,  cours  d'Océanographie 
vient  d'être  fondé  à  Paris  par  S.  A.  S.  le  Prince  de  .Monaco.  Les 
conférences  ont  lieu  le  samedi  soir  à  9  heures  dans  l'ancienne  salle 
de  l'Académie  de  Médecine,  49rue  desSaints-Pères.Les  [)rochaines 
conférences  seront  faites  par  M.  Jourin  les  26  janvier,  18  février^ 
11  mars,  et  P'  avril,  par  M.  Portier  les  4  et  2o  février,  et  le  18  mars  . 


SÉANCE  DL  lu  JANVIER  1905  8 

M.  le  professeur  H.  Blanchard  annonce  la  continuation  des 
conférences  de  l'enseignement  colonial  libre.  Ces  conférences,  au 
nombre  de  dix,  porteront  cette  année  sur  le  Maroc  et  se  feront 
dans  l'ordre  suivant  : 

Vendredi  13  janvier,  M.  Stanislas  Meunier  :  Géologie  et  Minéralogie. 

Mardi  17  janvier,  M.  Marcel  Dubois  :  Géographie. 

Vendredi  .20  janvier,  M.  H.  Hua  :  Botanique. 

Mardi  M  janvier,  M.  Raphaël  Blanchard  :  Zoologie. 

Vendredi  21  janvier,  M.  E.  Hamy  :  A7ithropologie  et  EthnograpJiie 

Mardi  31  janvier,  M.  Gaudeiroy-Demombynes  :  la  Société  indigène 
et  les  i)isfitulions. 

Vendredi  3  février,  M.  H.  Froidevaux  :  les  Européens  au  Maroc 
jusqu'au  milieu  du  XIX-  siècle. 

Mardi  7  février,  M.  Cli.  Schefer  :  les  Européens  au  Maroc  dans 
la  seconde  moitié  du  ATA"  siècle. 

Vendredi  10  février,  M.  Raphaël  Blanchard  :  iÎ7/f/iènc  ef  Médecine. 

Mardi  14  février,  M.  Augustin  Bernard  :  la  pénétration  euro- 
péenne au  Maroc. 

Les  conférences  sont  publiffues  et  gratuites.  Elles  ont  lieu  les 
mardis  et  les  vendredis,  à  o  heures  du  soir,  49  rue  des  Saints-Pères. 

M.  le  D'"  Troiessart  fait  une  communication  sur  les  Acariens 
du  Képhir.  11  a  toujours  trouvé  V Histiogaster  entomopliagus,  qui  se 
trouve  être  le  deuxième  Acarien  trouvé  en  liquide  alcoolique,  le 
premier  étant  le  Carpoglyphus  passularum,  qui  se  rencontre  dans 
les  vins  de  raisin  sec.  11  signale  en  passant  qu'il  faut  aussi  rapporter 
à  V Histiogaster  entomophagus,  YH.  spermaticus  décrit  autrefois  par 
lui  dans  un  kystedu  testicule;  il  en  faitla  sous  espèce  -.spermaticus. 


MISSION  DU  BOURG  DE  BOZAS 

DESCRIPTION  D'UNE  NOUVELLE  ESPÈCE  DE  STEGOMYIA 

RECUEILLIE  PAR     LE  D"^  BRUMPT  A  HARAR 

PAU 

M.  NEVEU-LEMAIRE 

M.  Brumpt  a  recueilli,  au  cours  de  ses  deux  voyages  en  Afrique, 
un  nombre  considérable  de  Moustiques,  dont  il  a  bien  voulu  me 
confier  l'étude.  Je  n'ai  pas  encore  eu  le  temps  de  les  examiner 


9 


SÉANCE  DU  10  JANVIER  1905 


tous,  mais  j'ai  déjà  constaté  parmi  eux  la  présence  d'espèces  fort 
intéressantes,  dont  quelques-unes  probablement  nouvelles.  L'une 
d'elles,  appartenant  au  genre  Stefinm nia  Theoha\d  1901,  n'a  pas 
encore  été  décrite  et  fera  l'objet  de  cette  courte  note. 

Stegomyia  Brumpti  nov.  spec. 

Tête  brun  foncé,  avec  quelques  écailles  blanc  d'argent  sur  la  ligne 
médiane  et  autour  des  yeux.  Thorax  brun  foncé  avec  trois  taches  circu- 
laires d'un  blanc  pur,  situées  dorsale- 
ment  de  chaque  côté  de  la  ligne  médiane. 
Abdoïiicn  hrnn  foncé  avec  des  écailles 
argentées  sur  le  bord  des  anneaux  et  des 
taches  latérales  blanches.  Pattes  7ioires, 
annelées  de  blanc  à  la  hase  des  articles 
du  tarse;  le  dernier  article  du  tarse  des 
pattes  postérieures  entièrement  blanc. 

Description.  —  cf  Les  antennes, 
plus  courtes  que  la  trompe,  sont  très 
plumeuses,  excepté  les  deux  derniers 
articles,  qui  sont  longs  et  presque 
glabres.  Les  palpes  maxillaires  sont 
un  peu  plus  longs  que  la  trompe  et 
formés  de  trois  articles  :  le  premier,  i)lus  long- que  les  deux  autres 
réunis,  présente  un  anneau  blanc  en  son  milieu;  le  second  et  le 
troisième  sont  annelés  de  blanc  à  leur  base.  Les  parties  foncées 
sont  presque  noires  et  recouvertes,  ainsi  que  la  trompe,  de  nom- 
breuses écailles  brunes. 

Les  ailes  sont  iietites,  maisdépassent  cependant  un  peu  l'abdomen; 
les  écailles  sont  plus  foncées  sur  la  nervure  costale  que  sur  les 
autres.  La  première  cellule  sub-marginale  est  plus  longue  et  plus 
étroite  que  la  deuxième  cellule  postérieure;  la  nervure  transverse 
postérieure  est  plus  près  de  la  base  de  l'aile  que  la  transverse 
moyenne. 

Les  pattes  sont  noires  et  annelées  de  blanc.  Les  fémurs  présentent 
une  étroite  bande  blanche  oblique,  située  vers  leur  tiers  inférieur; 
les  tibias  présentent  une  bande  blanche  vers  leur  tiers  supérieur; 
cette  bande  est  beaucoup  plus  large  à  la  troisième  paire  qu'aux 
deux  premières.  Aux  deux  premières  paires  de  pattes,  les  articles 
du  tarse  ont  un  anneau  blanc  à  leur  base,  et  ces  anneaux  devien- 
nent de  plus  en  plus  étroits  à  mesure  qu'on  se  rapproche  de  l'ex- 
trémité, le  dernier  article  est  même  entièrement  noir.  A  la  dernière 


Sterjoniijici  Bi'Kiiijili  n.  sp.  —  Oi- 
nementalion  du  thorax. 


SÉANCE  DU  10  JANVIER  1905  10 

paire  de  pattes  la  disposition  est  inverse,  la  bande  blanche  s'élar- 
git à  mesure  qu'on  se  rapproche  de  l'extrémité  et  le  dernier  article 
du  tarse  est  complètement  blanc. 

Généralement  les  ongles  sont  inégaux  et  munis  d'une  grilTe,  aux 
deux  premières  paires  de  pattes;  ils  sont  égaux,  et  l'un  est  simple 
tandis  que  l'autre  porte  une  grille  à  la  troisième  paire,  disposition 
indiquée  par  la  formule  suivante  : 

1.1  —l.l  —1.0 

iMais  cette  formule  n'est  pas  constante.  A  la  seconde  paire  de 
pattes,  certains  individus  présentent  deux  grilles  à  l'ongle  le  plus 
développé  et  l'on  a  : 

1.1  —  2.1  —  1.0 
Enfin  chez  d'autres  individus  ce  sont  les  ongles  de  la  troisième 
paire  de  pattes,  qui  varient  et  l'on  observe  parfois  deux  ongles 
égaux  munis  chacun  d'une  grilîe  : 

1.1  —Il  —1.1 

ou  deux  ongles  égaux  et  simples  : 

1.1  —l.l  —0.0 

Longueur  totale,  y  compris  la  trompe  =  o  millimètres  \/±. 

9.  Les  antennes  sont  plus  courtes  que  la  trompe,  les  palpes 
maxillaii-es,  plus  courts  que  le  tiers  de  la  trompe,  comprennent 
trois  articles  sensiblement  égaux.  La  trompe,  très  foncée,  est  re- 
couverte d'écaillés  brunes. 

Les  ailes  dépassent  un  ])eu  l'abdomen;  elles  sont  plus  grandes 
que  celles  du  mâle.  La  disposition  des  nervures  est  la  même,  mais 
on  trouve  des  écailles  plus  foncées  à  la  base  et  sur  plus  de  la  moitié 
de  la  longueur  de  la  nervure  costale,  ainsi  qu'à  la  basedel'axillaire 
et  de  la  première  longitudinale. 

Les  pattes  sont  noires  et  les  anneaux  blancs  sont  disposés  comme 
chez  le  mâle. 

Les  ongles  sont  égaux  et  portent  chacun  une  dent  aux  deux 
premières  paires  de  pattes;  ils  sont  égaux  et  simples  à  la  dernière. 
La  formule  unguéale  est  donc  : 

1.1  —  l.l  —0.0 

Longueur  totale,  y  compris  la  trompe  =  7  millimètres. 

Diagno^e  (lifferentielle.  —  Deux  autres  espèces  de  Stegomyia  pré- 
sentent des  points  blancs  sur  le  thorax,  ce  sont  :S.  nigeria  Theobald 
1901  et  S.  sugens  (Wiedemann  182S).  Mais  le  premier  présente 
seulement  deux  taches  blanches,   le  second  quatre,   tandis  que 


11  SÉANCE   DU    10   JANVIEIl    1!)05 

S.  Brumpti  en  présente  six  parfaitement  nettes.  Il  est  donc  impos- 
sible de  le  confondre  avec  les  deux  espèces  précitées. 

Habitat.  —  Les  exemplaires  rapportés  par  M.  Brumpt  sont  au 
nombre  de  8,  dont  6  cf ,  :2  9  et  quelques  débris;  ils  proviennent  de 
l'élevage  de  larves  récollées  à  Harar  le  ;26  avril  190U.  En  compaj^nie 
de  StegomijiaBnimpli,  se  trouvent  un  Stegomyia  calopiis  Ç,  Mous- 
tique très  commun  à  Djibouti,  une  espèce  d'A7iopheIes  et  plusieurs 
espèces  de  Culex  encore  indéterminés. 


COMPLÉMENT  A  L ÉTUDE  DE  HELIX  VERMICULATA 

l>AK 

CAZIOT 

Dans  l'étude  de  YUcVix  vermiculata  parue  dans  le  BuUclin  de  la 
Société  Zoologique  de  France  (XXIX,  janvier  1901)  il  a  été  dit, 
p.  23,  que  cette  Hélice  descendait  par  Trieste,  la  Dalmatie  et  Cor- 
fou,  pour  s'avancer  jusqu'aux  îles  Ioniennes.  Cette  allirmation, 
puisée  dans  différents  auteurs,  est  à  rectifier,  car,  d'après  Fr. 
EtuAVE(;(I),  auteur  consciencieux  et  digne  de  confiance,  que  j'ai 
consulté  depuis,  cette  espèce  ne  vit  ni  dans  la  province  de  Gorz,  ni 
près  de  Trieste,  malgré  les  indications  contraires  de  F.  J.  Schmidt 
et  d'autres  auteurs;  il  ajoute  qu'il  ignore  si  elle  se  trouve  dans 
l'Istrie  et  que  le  point  le  i)lus  se|)tentrional  où  il  la  observée  sur 
la  côte  orientale  de  l'Italie  est  Novi  sur  le  littoral   de  la   Croatie 

Il  a  été  dit  dans  cette  même  étude  (p.  i2)  que  cette  espèce  habi- 
tait tout  le  littoral  de  la  Méditerranée.  Nous  avons  appris,  depuis 
l'impression  de  ce  travail,  qu'elle  ne  se  trouve  pas  aux  environs 
de  Venise,  dans  le  «  Veneto  »,  et,  si  elle  existe  à  Padoue,  ainsi  que 
nous  l'avons  fait  remarquer,  c'est  qu'elle  y  a  été  importée  par  des 
plantes,  au  jardin  botani(|ue  (de  Betta,  Malacol.  Veneta.  1870, 
p.  53). 

Elle  existe  par  contre  dans  les  Calabres,  à  Palmi,  Morasterace, 
RoccaAngito]a,Pizzo,  Montelcone  Palmi-Scilla,  Palizzi-Monasterace 
(Paulucci);  monte  Argentaro  (Paulucci);  dans  les  îles  Giglio  et 
Giannutre,  dans  la  mer  Tyrrhénienne  (D""  Major);  dans  les  îles 
Pianosa  et  Capraia  (D^"  Cavanna)  ;  enfin  la  variété  pcJagosaua  existe 
dans  l'île  Pelagosa,  dans  l'Adriatique  (Stossich). 

(1)  Fr.  ER.IAVEG.  Die  Dialakologischen  VerMltniA^e  der  gefilrsteten  Grafschaft 
Giirz  int  osterreichischen  Kiislenlande.  Gôrz,  1877,  p.  33. 


Séance  du  24  janvier  1905. 

PRÉSIDENCE  DE  .MM.  TROUESS.\RT  ET  R.  BL.\NCH.\RD 

M.  le  professeur  Jolbin  s'excuse  de  ne  pouvoir  assister  à  la 
séance, 

M.  le  Président  adresse  les  félicitations  de  la  société  à  M.  le 
D»^  J.  GuiART,  nommé  Officier  de  l'ordre  de  l'Étoile  d'Anjouan. 

M.M.  François  et  Racovitza  présentent  M.  Charles  Pérez,  profes- 
seur de  Zoologie  à  la  Faculté  des  sciences  de  Bordeaux,  au  labora- 
toire de  Zoologie,  cours  Saint-Jean,  à  Bordeaux  (Gironde). 

MM.  B.vv.vY  et  Vig.nal  sont  nommés  membres  de  la  couimission 
de  vérification  des  comptes. 

M.  de  Be.\uch.vmi>  fait  une  communication  sur  la  morphologie 
et  l'anatomie  du  Discobothrium  fallax. 

M.  le  Dr  Troless.\rt  présente  un  Mémoire  de  M.  Oudemans  sur 
les  Acariens  de  la  sous-famille  des  Cheylétinés. 


ÉTUDE  SUR  QUELQUES  COQUILLES 

DE  LA  RÉGION  CIRCA-MÉDITERRANÉENNE 

(HELIX  SERPENTINA) 

PAU 

le  Commandant  CAZIOT 

(avec  le  concours  de  M.  FAGOT). 

Historique.  —  L'Hélix  serpentina  a  été  décrite  ])ar  Férussac  fils  (1) 
et  tigurée  dans  son  Histoire  générale  et  particulière  des  Mollusques 
(pi.  XL,  fig.  7),  où  elle  est  fort  bien  représentée.  Au  contraire  les 
figures  14  et  lo  du  couiplément  de  Michai  d  ne  représentent  pas  du 
tout  lespèce  tyi)e,  telle  qu'on  peut  la  recueillir  à  Piseou  à  Livourne; 
il  en  est  de  même  des  figures  de  l'abbé  Dlpuy  dans  son  Histoire 
naturelle  des  Mollusques  de  France  (pi.  IV,  flg.  4,  a,  b,  c,  d).  Tous  deux 
ont  représenté  YHelix  trica  de  Paulucci  (2).  Il  en  est  de  même  de 
l'Hélice  que  Mabille  a  désignée  sous  le  nom  d'H.  Magnetti  [  non  H. 

(1)  FÉRUSSAC.  Tableau  systématique,  (2),  1822,  p.  35. 

(2)  Loc.\RD.  Coquilles  de  France,  1894,  p.  80. 


13  SÉANCE  DU  24  JANVIER  1903 

Magnettii  Cantraine  (I)  synonyme  d'H.  JtospUans  Bonelli  (2)].  Cette 
H.  trica  a  été  aussi  représentée  sous  le  nom  d'H.  Magitettii  par  Ko- 

BELT  (3). 

En  1837  Beck  [Iml.  Moli,  p.  40)  i)laça  cette  Hélice  dans  le  sous 
genre  Helicogena  établi  en  1822  par  Férlssag  [Tabl.  Syst.,  p.  35), 
sous  genre  dans  lequel  entraient  aussi  les  H.  poinatia,  H.  neinoralis, 
etc.,  n'ayant  aucun  rapport  avec  \H.  serpent ina. 

En  1849  Adams  la  plaça  dans  le  sous-genre  Iberus  de  Denis  de 
MoNTFORT,  sous-genre  qui  ne  lui  convient  pas  davantage  et  qui  n'a 
été  institué  que  pour  la  seule  H.  guaJtieriana  Linné. 

Nous  pouvons  donc  établir  ainsi  qu'il  suit  la  synonymie  de  cette 
espèce,  synonymie  déjà  présentée  par  la  marquise  Paulucci. 

Hélix  serpentina  Férussac  1822,  TabL  Sgst.,  (3),  II,  p.  31  et  Hist. 
nat.  gen.  et  part,  des  Moli,  tav.  XL,  fig.  7. 

Heli.r  serpentina  Rossnràss\er  183(5,  leonog.,  IV,  p.  9  et  20,  tav. 
XVI l,  fig.  239. 

Hélix  serpentina  (  var.  marmorala,  afftnis)  Rossm .  Ibid. ,  p.  20,  fig. 243. 

Hélix  muralis  (pars)  Cantraine  1840,  I\Ialac.  Méd.  et  littor.,  p.  109. 

Hélix  marmora ta  Pfeitïer,  1848,  Monog.  Hel.  vie,  II,  p.  280  (nom. 
H.  marmorata Vévussixc  Prodrom.,  1822,  p.  05). 

Hélix  serpentina  Paulucci,  1882,  Not.  malac.  sull.  faune  di  Sardegna, 
p.  68,  tav.  IV,  fig.  1,  2,  3. 

Distribution  géographique.  —Férussac  signale  cette  espèce  à  Pise, 
Livourne  et  Nice;  c'est  une  fausse  indication  pour  cette  dernière 
ville;  elle  n'y  a  jamais  existé,  car  elle  n'a  pas  été  dans  les  dépôts 
quaternaires  de  Menton  et  on  ne  l'a  trouve  pas  trouvée  non  plus  dans 
les  argiles  pliocènes  et  post-pliocènes  des  environs  de  Nice.  Après 
l'abbé  Veranv  nous  avons  tenté  de  l'acclimater  dans  les  ruines 
du  château  de  cette  ville;  elle  semble  s'y  reproduire.  Ainsi  que  nous 
l'avons  dit  plus  haut,  le  type  se  trouve  à  Pise,  à  Livourne  et  à  Via- 
reggio  (de  Monterosato).  Les  échantillons  que  nous  avons  i-ecueillis 
à  Bastia,  ont  une  telle  ressemblance,  une  telle  analogie  avec  ceux 
des  stations  précitées,  que  l'on  peut  afiirmer  l'existence  en  Corse, 
du  type  de  l'espèce. 

Paulucci  l'a  d'ailleurs  signalée  à  Bonifacio;  Cantraine  ne  l'ad- 
mettait pas,  parce  qu'il  confondait  ensemble  les  Hélix  serpentina,  H. 
cersoliana,  H.  muralis,  etc. 

(1)  Cantraine.  Malac.  Méd.  et  litor.,  1840,  p.  108. 

(2)  In  RossMASsLER.  Arcli.  de  Malacot.,  I,  1869,  p.  21  et  79. 

(3)  KoBELT.  Cont.  Roiismàss.  Iconog.,  V,  1877,  p.  12,  tav.  CXXIII,  fig.  1181. 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  190o  14 

Adami,  après  Benoit  (Moll.  des  env.  de  Sassari.  Jiidl.  Soc.  Mal. 
liai,  II,  p.  220,  187())  la  signale  en  Sardaigne;  mais  Paulucci,  in- 
crédule, ne  l'a  pas  relatée  dans  son  étude  sur  la  faune  de  cette  île 
et  estime  quAnAMi  a  voulu  désigner  une  variété  de  cette  espèce, 
qui  présente,  en  efïet,  beaucoup  de  variations  dans  sa  forme,  sui- 
vant son  habitat. 

I^renant  pour  type  l'espèce  figurée  par  Férussac,  elle  admet  la 
variété  minor  ([{ossmâsslkr.  Iconnq.^  tav.  XVII,  û^.  239)  à  Livourne 
Pise,  et  aux  bains  de  Saint  (liuliano,  près  de  cette  dernière  ville; 
la  variété  minor  elata,  dans  le  roc  calcaire,  près  de  Laconi  ;  la  va- 
riété pallida,  à  Pise  et  à  Laconi;  la  variété  globosa  (tav.  IV,  tig.  3 de 
Férussac)  à  Pise  et  à  la  villa  nova  Tulo,  servant  de  passage  à  la  va 
riété  trka  de  Saint-Cyr,  près  Toulon. 

MiCHAUD  (Complément  à  draparnaud,  1831)  dit  qu'elle  habite  la 
Provence  et  ajoute  qu'elle  lui  a  été  communiquée  par  M.  de  Fonte- 
NAY,  colonel  d'artillerie  en  retraite;  ])lus  tard,  dans  sa  Galerie  des 
Mollusqiiex  du  Muséum  de  Douai,  il  lui  assigne  Grasse  comme  lo- 
calité. 

DupuY  indique  aussi  qu'elle  n'est  pas  rare  en  Provence,  aux 
environs  de  Toulon  et  de  Draguignan;  nous  ne  savons  pas  quelle 
espèce  il  a  bien  pu  viser,  vivant  dans  cette  dernière  ville,  mais  il  est 
certain  qu'il  a  confondu  aussi  celle  de  Toulon  avec  YHelix  Trica, 
bien  caractériséeet  localisée  à  Saint  Cyr,  dans  le  même  département. 

Moquin-Tandon  a  copié  l'abbé  Dri'iv  et  ajoute  Grasse  (d'après 
MiCHAUD  et  PoTiEz),  la  Corse  à  Saint  Florent  (ce  qui  est  probléma- 
tique), Bonifacio  et  Bastia  (ce  qui  est  exact). 

Les  formes  affines  ou  variétés  :  bonifaciensis  {=  jaspidea),  pseudo 
hospitans,  hospes,  velanicia,  halmuris,  suburbana,  sardica,  conoïdea, 
pseudol(almyris,  adjaciensis  ccnestincnsis,  habitent  la  Corse. 

Les  variétés  :  Adamii,  adiaccnsis,  Carae,  belciniana,  lessurgensis, 
subserpentina,  cenestinensis,  fallax,  halmi/ris,  Jiospitans,  isilensis, 
bonifaciensis,  tentadae,  pudiosa,  rillica,  suburbana,  Isarac  habitent  la 
Sardaigne. 

Les  variétés  ou  formes  affines  :  trica  et  orgonensia,  habitent  la 
France. 

Le  groupe  des  Hélix  des  Baléares  n'a  pas  de  rapport  avec  YHelix 
serpentina. 

En  résumé  les  scrpentiniana,  très  communes  dans  la  péninsule  ita- 
lique, la  Corse,  la  Sardaigne,  deviennent  moins  nombreux  à  mesure 


15  SÉANCE    DU    M    JANVIER    1Î)(J."> 

qu'ils  se  rapprochent  des  côtes  méditerranéennes  de  notre  pays, 
où  elles  sont  localisées  et  réduites  à  une  seule  espèce  :  YHelLv  trica 
signalée  aiithenticjueineHt  à  Saint  Cyr  et  à  Bandol  (Var). 

L"étude  de  la  dispersion  de  quehjues  coquilles  circa-méditer- 
ranéennes.  telles  que  \csmuraHaiia,  serpottiniarta,  xoisïnes  du)iicien- 
siaiia,  ainsi  (|ueles  Clausiliabiiknis,  soUda,  etc,  conduisent  à  supposer 
(|u"elles  semblent  toutes  rayonner  de  lApennin. 


Séance  (ht  14  fn-rier  1905 
PRÉSIDENCE  DE  M.  JOUBLX,  PRÉSIDENT- 

M.  HÉRLBEL  s'excuse  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance. 

M.  Pkrez,  présenté  à  la  précédente  séance  est  proclamé  membre 
de  la  Société. 

L'Académie  des  sciences,  agriculture,  arts  et  belles-lettres  d'Aix 
annonce  qu'un  prix  de  trois  mille  francs,  indivisible  (prix  Thiers), 
sera  décerné  dans  la  séance  publique  de  juin  1907  «  à  l'auteur  du 
meilleur  des  ouvrages  soumis  au  jugement  de  l'Académie  sur  un 
sujet  intéressant  la  Provence  (Bouches  du  Rhône,  V'ar,  iVlpes-Mari- 
times,  Basses-Alpes,  Hautes  Alpes,  Vaucluse).  Il  pourra  l'être 
également  à  l'auteur,  né  en  Provence,  de  toute  œuvre  que  l'Aca- 
démie jugera  digne  de  cette  récompense,  quel  qu'en  soit  d'ailleurs 
le  sujet.  »  L'Académie  se  réserve  en  outre  d'attribuer  des  médailles 
d'or,  ou  d'argent  ou  des  mentions  honorables  aux  ouvrages  qui  lui 
paraîtront  les  mériter. 

M.  Marchal  offre  a  la  Société  son  travail  sur  la  biologie  et  le  dé- 
veloppement des  Hyménoptères  parasites  et  fait  une  communica- 
tion à  ce  sujet. 

M.  le  Dr  Trouessart  offre  à  la  Société  le  S®  fascicule  de  son  sup- 
plément au  Catalogua  Mammaluim  et  différentes  notes  relatives  au 
Rat  musqué  des  Antilles  et  aux  Acariens  marins  de  Normandie. 

M.  Petit  présente  à  la  Société  un  Plongeon  {Colymbus  septentrio- 
nalis)  en  parfait  plumage  de  noce;  ce  magnifique  exemplaire  a  été 
capturé  dans  la  baie  de  Somme  en  janvier  dernier.  Il  signale  éga- 
lement la  ca[)ture  au  même  endroit  d'un  Flamant  rose  ne  paraissant 
pas  avoir  vécu  en  captivité.  Ce  sont  là  des  cas  très  intéressants  de 
transport  d'Oiseaux  à  grande  distance.  M.  Petit  en  a  déjà  signalé 
nombre  de  cas  à  la  Société,  il  en  existe  baucoup  d'autres  dans  la 
collection  Marmottan  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris  et 
M.  Bureau,  de  Nantes,  vient  encore  d'attirer  sur  ces  faits  l'attention 
des  ornithologistes. 

M.  le  D""  Trouessart  fait  une  conférence  sur  la  faune  des  Mammi- 
fères de  l'Algérie  et  de  la  Tunisie.  Cette  conférence  constituera  la 
dixième  cauHcrk  scientifique  et  clôturera  ainsi  le  premier  volume  de 
cette  publication. 


17  SÉANCE  DU  14  FEVRIER  190o 

ÉTUDE  SUR   QUELQUES   COQUILLES  DE  LA  RÉGION 

CIRCA  MEDITERRANEENNE 

HELIX  M  LU  A  LIS 

PAR 

le   Commandant  CAZEOT 

(avec  le  concours  de  M.  FAGOT). 

Historique.  —  Hélix  muraUs  a  été  décrite  par  MCller  {Verm.  hist. 
II,  p.  14,  1774)  avec  l'indication  «  en  Italie  »  i)Our  habitat. 

Cette  espèce  est  tellement  bien  caractérisée,  que  sa  synonymie 
n'a  donné  lieu  à  aucune  confusion  :  Michald  (Complément  à  Dra- 
PARNAUD,  p.  22,  pi.  XIV,  fig.  9-10,  1831)  décrivit  et  figura  une  es- 
pèce du  même  groupe  que  l.ffc/tj' de  Millier,  sous  le  vocable  d'/Zr/ia? 
undulata,  qui  n'a  pu  être  conservé,  parce  qu'il  existait  déjà  une 
coquille  du  même  nom  établie  par  Férussac  ;  cette  espèce,  trou- 
vée à  Orgon  (Bouches  du  Rhône)  a  été  appelée  :  Hélix  orgotteima 
par  Philbeiît  (in  Moquin  Tandon,  Hist.  nat.  Moll.  France,  II,  p.  143, 
18oo).  Gras  [Moll.  hère.  p.  28,  1840)  cite  Y  Hélix  undnlata  Michaud 
de  Gap,  mais  sa  descri])tion  parait  se  rapprocher  de  VHclixserpen- 
tina  variété  trica  Paulucci. 

Diverses  variétés  ont  été  établies;  nous  les  citons  par  ordre.  Ce 
sont  les  variétés  rugosa  Ziegler  (d'après  Rossmâssler  ;  Iconog.  :  1 1 
et  14,  231  b,  1836)  d'Italie;  la  variété  costulata  Benoit  (Hlust.  Sistem 
Sicilia,  tav.  Il,fig.  9,  1857)  à  Segesta,  Marsalaetau  monte  San  Carlo; 
la  variété  crispata  Benoit  {ihid.,  tav  II,  tig.  15)  à  iMazzara;  la  variété 
alatace  Paulucci  {Faun.  Calabria,  p.  11(3.  tav.  III,  fig.  2  4,  1880)  au 
monte  Consolino  et  au  monte  Stella;  la  variété  Ciafaloi  Cafici,  {Na- 
tur.  Siciliana,  1885)  à  Trapani;  enlin  la  variété  mesmnanensis 
(H.  mursaîiensis  SuWioili  [Boll.  Soc.  Malac.  liai.,  XIY,  p.  18,  1888) 
à  Saint-Raincri,  près  Mes.sine. 

Mabuxe  [Arch.  malacol.,  2©  fasc,  p.  21  et  25,  1867)  a  décrit, 
sous  l'appellation  d'Hélix  abromia  et  H.  abrœa  Bourguignat,  des  es- 
pèces de  ce  groupe  qui  habiteraient  la  Lombardie;  mais  cet  ha- 
bitat est  erroné,  aucune  espèce  de  muraUana  n'ayant  encore  été 
constatée  dans  cette  province. 

D'après  Cafu:i,  VH.  abrœa  proviendrait  de  Trapani  en  Sicile,  ce 
qui  est  possible  et  même  probable. 


SÉANCE    Di:    14    FÉVRIEll    190o  18 

Distribution  géographique.  —  L'Helir  muralis  typique,  habite 
Florence  (Issel),  Rome  (divers),  lîle  d'Elbe  (Uzielli),  la  Sicile 
(Benoit),  la  Sardaigne  (Issel,  Villa  et  Pallucci). 

Une  variété  existe  en  Calal)re,  et  le  plus  grand  nombre  dans  la 
Sicile  et  les  (h)ls  adjacents.  Une  seule  forme  arrive  jusciuà  Orgon 
(BoLiclies-du-Kliùne),  où  elle  est  cantonnée,  sans  intermédiaire 
jusqu'à  Florence. 

L'Hélix  muralis  a  été  citée  en  Portugal,  en  Espagne  et  aux  Baléares, 
mais  ces  provenances  sont  douteuses. 

Les  espèces  de  ce  groupe,  ont  une  aire  de  dispersion  moins 
étendue  que  les  serpentiniana. 


null.  Soc.  Zool.  do  Fr.,  190o.  xxx  —  4 


Séance  du  28  février  1905. 
Douzième  Assemblée  générale  annuelle. 

PRÉSIDENCE  DE   M.    LE   PROFESSEUR  NEl  MANN,  PRÉSIDENT  D'HONNEUR 
ET  DE  M.  LE  PROFESSEUR  JOUHIN,  PRÉSIDENT 

Etaient  présents  :  MM.  Alluaud,  Bavay,  De  Beauchamp,  M'i'\  F. 
Bignon,  MM.  R.  Blanchard,  Blalin,  Borcea,  Brunipt,  Chatton,  Clé- 
ment, Coutière,  Dautzenberg,  Debreuil,  A.  Dollfus,  Dupont,  Dyé, 
Faurot,  Fischer,  François,  (îadeau  de  Kerville,  (îuérin.  De  Guerne, 
Guiart,  Hallez,  Henry,  Hérouard,  Hérubel,  A.  Janet,  Joubin,  Joyeux- 
Laffuie,  Lamy,  Landrieux,  Lennier,  M''' Loyez,  MM.  Marchai,  Ous- 
talet,  Pellegrin,  Perroncito,  Petit,  Pic,  Pizon,  Pruvôt,  Racovitza, 
Reyckaert,  Richard,  Robert,  Secques,  Topsent,  Trouessart,  Vignal 
et  Vlès. 

MM.  Van  Beneden,  X.  Raspail  et  Schliuiiberger  s'excusent  de  ne 
pouvoir  assister  à  la  séance. 

MM.  François  et  De  Guerne  présentent  M.  Bourgeois,  demeurant 
à  Sainte  Marie-aux-Mines  (Alsace-Lorraine). 

MM.  R.  Blanchard  et  J.  Guiart  présentent  M.  le  D^.  Marc  Blatin 
demeurant  40,  rue  de  Grenelle,  à  Paris. 

Le  professeur  Jourin,  Président,  invite  en  ces  termes  le  pro- 
fesseur Neumann  à  prendre  place  au  fauteuil  présidentiel  . 

«  Mes  chers  Collègues, 

((  La  Société  Zoologique  de  France  est  réunie  aujourd'hui  pour 
sa  douzième  Assemblée  générale. 

«  Cette  solennité  toute  amicale,  nous  procure  le  grand  plaisir 
de  retrouver  quelques  uns  de  nos  confrères  de  province  et  de 
l'étranger,  et  nous  olïre  l'occasion,  trop  rare  à  notre  gré,  de  passer 
avec  eux  quelques  journées  agréables  et  profitables  pour  tous.  Ces 
deux  adjectifs  me  paraissent  d'autant  plus  de  circonstance,  que 
nous  voyons  ici  ce  soir  les  représentants  les  plus  qualifiés,  pour- 
quoi ne  dii-ais  je  pas  les  plus  illustres,  de  la  parasitologie. 

((  C'est  avec  une  vraie  satisfaction  que  je  les  prie  d'agréer  nos 
meilleurs  souhaits  de  bienvenue  et  de  ne  jamais  oublier  ce  dernier 
mardi  de  février  qui  consolide  et  rajeunit  les  vieilles  amitiés  en 
en  créant  de  nouvelles.  Je  puis  bien  en  parler  par  expérience,  car 
il  n'y  a  pas  encore  bien  longtemps  je  remplissais  aussi  fidèlement 
que  possible  ce  rôle  auquel  je  les  convie  ce  soir. 


SKANCK    Dl"    :1S    KKVUIKR    190o  20 

((  Mais  si  nous  sommes  ici  entre  amis,  élèves,  collègues,  cama- 
rades et  confrères,  il  n'en  est  pas  uioins  vrai  ((ue  nous  sommes 
aussi  entre  zoologistes,  et  que  nous  devons  tenir  à  honneur  et  con- 
sidérer comme  un  devoir  de  donner  à  celui  d'entre  nous,  qui  nous 
parait  avoir  le  mieux  mérité  de  la  Science  qui  nous  est  chère,  une 
marque  de  notre  estime  et  de  notre  reconnaissance. 

«  C'est  dans  ce  but  que  nous  avons  jadis  décidé  de  confier  la  pré- 
sidence de  cette  séance  annuelle  à  celui  de  nos  confrères,  qui,  par 
ses  travaux,  son  caractère,  son  dévouemeot  à  notre  Société,  est  le 
plus  digne  de  cette  preuve  de  notre  affectueux  respect. 

((  Notre  choix  s'est  porté  cette  année  sur  le  professeur  Neumann, 
qui  possède  incontestablement  toutes  les  qualités  que  je  viens 
d'énumérer;  nous  connaissons  tousses  beaux  travaux  de  parasito- 
logie,  vous  avez  tous  présente  à  l'esprit  la  série  de  ses  intéressantes 
recherches  sur  les  Ixodes,  qui  ont  été  publiés  dans  nos  Mémoires. 
Qui  n'a  lu  et  relu  son  Traité  des  maladies  parasitaires  des  animaux 
domestiques,  si  clair,  si  précis,  et,  permettez  moi  de  le  dire  si  com- 
mode pour  les  professeurs  tout  autant  que  pour  les  étudiants. 

((  Mais  si  tout  le  monde  connaît  le  nom  classique  du  professeur 
Neumaxn,  plusieurs  d'entre  nous  n'avaient  pas  le  plaisir  d'être  en 
relations  personnelles  avec  lui;  cette  réunion  annuelle  nous  pro- 
cure l'occasion  agréable  de  combler  cette  lacune. 

((  Je  suis  heureux,  mon  cher  collègue,  de  vous  prier  de  vouloir 
bien  prendre  cette  place,  où  vous  ajjpellent  l'estime  et  l'affection 
des  membres  de  la  Société  Zoologique  de  France  ». 

Le  profeseur  Neumann; prend  place  au  fauteuil  présidentiel  et 
remercie  la  Société  de  l'avoir  choisi  comme  Président  d'Honneur 
de  la  douzième  Assemblée  générale  annuelle. 

Après  avoir  donnélecture  des  comptes  de  l'année  1904,  en  rempla- 
cement de  M.  ScHLUMBERGER  malade,  M.  VioxALlitlerapportsuivant: 

((  Ayant  été  désignés,  M.  Bavay  et  moi,  pour  la  vérihcation  des 
com]Ues  dont  je  viens  de  vous  donner  lecture,  nous  sommes 
heureux  de  pouvoir  vous  faire  constater  l'état  satisfaisant  des 
finances  de  notre  Société  ». 

((  D'après  les  chifïres  indiqués  par   notre  Trésorier,  vous  avez 
vu  que  les  recettes  avaient  été  de  81)4  francs  supérieures  aux  dépen- 
ses,ce  qui  est  déjà  un  beau  résultat;  mais  si  nous  examinons  sépa 
rément  certains  couiptes,  nous  verrons  que  la  situation  est  bien 
meilleure  encore. 

((  Eu  effet,  dans  le  total  des  dépenses  signalé  par  notre  Trésorier 


21  SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  19Uo 

se  trouve  une  somme  de  1665  fr.  80  provenant  d'achat  de  rente 
française,  somme,  qui,  en  réalité,  n'est  pas  une  dépense  proprement 
dite,  puis([ue  nous  augmentons  d'autant  l'actif  de  notre  Société. 

((  Si  maintenant  nous  comparons  les  comptes  de  11)04  avec  ceux 
de  1903,  nous  remarquerons  que  l'impression  et  les  dessins  du 
Bulletin  et  des  Mémoires  ont  coûté  en  1904,  4697  fr.  55  soit  2036,  fr95 
de  plus  qu'en  1903,  où  les  mêmes  dépenses  ne  s'étaient  élevées  qu'à 
2660  fr.  60  ». 

((  D'autre  part  nous  sommes  heureux  de  vous  signaler,  que  cette 
augmentation  de  dépenses  a  été  compensée  en  grande  partie  par 
la  rentrée  beaucoup  plus  importante  des  cotisations:  les  cotisa 
lions  ordinaires  et  les  droits  d'entrée,  qui,  en  1903,  s'étaient  élevés 
à  4690  fr.  montent  à  5115  fr.  en  1904  et  les  cotisations  à  vie,  qui 
n'étaient  que  de  300  fr.  en  1903  arrivent  à  1180  fr.  en  1904;  c'est  au 
total  une  augmentation  de  1305  fr.  pour  1904. 

((  Quant  à  la  partie  matérielle  des  écritures  nous  ne  vous  annon- 
cerons rien  de  nouveau  en  vous  disant,  que,  comme  les  années 
précédentes,  les  divers  comptes  sont  tenus  avec  le  plus  grand  soin 
et  la  régularité  la  i)lus  parfaite. 

((  Aussi  nous  vous  prions  de  vouloir  ])ien  voter  de  chaleureux 
remerciments  à  notre  sympathique  Trésorier  et  de  lui  transmettre 
par  la  même  occasion  nos  vœux  les  plus  sincères  pour  son  prompt 
rétablissement  ». 

Ces  conclusions  sont  adoptées  à  l'unanimité  et  saluées  de 
chaleureux  applaudissements. 

M.  CouTiÈRE  offre  à  la  Société  un  mémoire  sur  les  Alpheidae  des 
îles  Maldives  et  fait  une  communication  à  ce  sujet. 

M.  Joubin  présente  un  mémoire  de  M.  Slliter  sur  les  Tuniciers 
recueillis  par  M.  Gravier  en  1904  dans  le  golfe  de  Tadjourah. 
Renvoyé  aux  Mémoires. 

M.  Gadeau  de  Kerville  fait  une  communication  sur  l'usage  de  la 
pince  des  Forficulidés. 

M.  Brumpt  fait  une  communication  sur  un  nouveau  Flagellé  observé 
dans  le  sang  du  Chabot  de  rivière  :  le  Triipanoplasma  Giiernei. 

M.  JouRix  communique  un  curieux  cas  de  pseudoparasitisme. 
11  s'agit  d'un  Siplionops  existant  dans  les  collections  du  Muséum 
et  qui  aurait  été  vomi  par  une  femme  à  Pernambuco.  M.  G. 
Gouvelle,    voyageur    du  Muséum,    ((ui   a    envoyé    l'animal    en 


SÉANCK   Dr  28   l-'ÉVRIKH    1905  22 

181).j,  a  rédigé  et  signé  la  noie  snivanle  :  «  Le  parasite  que  je  dois 
à  l'obligeance  de  M.  Braga  (îuimaraès,  pharmacien,  a  été  rendu 
dans  un  vomissement  par  la  femme  d'un  Allemand  résidant  à 
Pernambuco  en  1803.  Cette  femme  soulïrait  depuis  plusieurs  mois 
de  maux  d'estomac  violents,  accompagnés  de  phénomènes  hysté- 
riques. L'animal  a  été  gardé  vivant,  })endant  quinze  jours,  par  le 
pharmacien,  qui  lui  donnait  du  pain  trempé  dans  du  lait;  sa 
couleur  était  d'un  jaune  rosé.  Le  rejet  du  parasite  par  la  bouche  a 
eu  lieu  devant  des  témoins  dignes  de  foi  et  m'a  été  certifié  par 
plusieurs  personnalités  médicales  de  Pernambuco.  Inutile  de  dire 
que  pour  le  public  la  femme  avait  vomi  un  Serpent.  »  M.  Joubin 
in(li(jue  qu'il  s'agit  certainement  d'un  de  ces  cas  de  simulations,  si 
fréquents  chez  les  hystériques.  Dans  nos  pays  le  soi-disant  Serpent 
est  généralement  un  Amphibien  ou  un  Orvet;  il  est  intéressant  de 
constater  qu'en  Amérique  également  c'est  à  un  Amphibien  inofïen- 
sif  qu'une  hystérique  a  eu  l'idée  de  s'adresser. 

M.  CouTiÈRE  fait  une  communication  sur  le  revêtement  d'écaillés 
des  Crustacés  appartenant  à  la  Famille  des  Pandalidae. 

A  la  suite  de  cette  communication  M.  de  Guerne  signale  que  sur 
les  côtes  de  Norvège  on  pèche  actuellement  le  Pandalus  borcalis  au 
casier,  à  de  grandes  profondeurs,  pour  en  faire  des  conserves. 

M.  Pic  indique  quelques  omissions  parmi  les  Phytophages  du 
Gênera  Insectorum. 

M.  Petit  présente  deux  cas  de  monstruosités  chez  le  Chat  et  chez 
le  Chien. 

Il  fait  ensuite  une  communication,  avec  démonstrations  à 
l'appui,  sur  l'emploi  pour  la  chasse  des  Oiseaux  articulés. 

M.  le  1)1"  Trouessart  fait  une  communication  sur  l'origine  du 
Dromadaire. 


Le  mercredi  l«r  mars  à  5  heures  et  demie  un  grand  nombre  de 
nos  collègues  se  trouvaient  réunis  à  la  Sorbonne,  au  laboratoire 
d'anatomie  comparée,  mis  gracieusement  à  notre  disposition  par 
le  professeur  Pruvôt. 

M.  PizoN  expose  ses  travaux  sur  le  développement  des  Botrylles 
et  présente  les  cinématographies,  qui  ont  obtenu  au  congrès  de 
Berne  le  succès  que  nous  avons  rapporté  en  son  temps.  Cette 
présentation  est  accueillie  par  de  chaleureux  applaudissements. 


23  SÉANCI-:    DU    2(S    FÉVHIKK    190o 

Tous  nos  remerciements  à  MM.  Pizon  et  Pruvôt,  ainsi  qu'à  MM. 
Bull,  de  l'Institut  Marey,  Racovitza  et  Vlès,  qui  ont  pourvu  à 
l'installation  nécessaire  et  contribué  ainsi  clans  une  lar^e  mesure 
au  succès  de  cette  séance. 


Le  jeudi  2  mars  à  huit  heures  du  soir  a  eu  lieu  le  banquet 
annuel  au  restaurant  Champeaux. 

Etaient  présents  :  MM.  Alluaud,  R.  Blanchard,  Blatin,  Brumpt, 
Mii°  Chariot,  MM.  Clément,  Davenière,  Debreuil,  de  Claybrooke, 
A.  Dollfus,  Dubar,  M"'^'  Fedorotï,  MM.  Fockeu,  Cadeau  de  Kerville, 
De  Ciuerne,  (luérin,  Cuiart,  Hérouard,  A.  Janet,  Ch.  Janet,  Joubin, 
J^angeron,  Lennier,  Marchai,  Moniez,  Neumann,  Neveu-Lemaire, 
Oustalet,  Perroncito,  Pizon,  Pruvôt,  Reyckaert,  Richart,  Jiobert,  De 
Rudeval,  Ternier,  Trouessart,  Vignal,  Fred  Vlès,  M  et  M™*'  A.  Vlès. 

S'étaient  excusés  :  le  i)rince  Roland  Bonaparte,  MM.  Petit, 
X.  Raspail,  Schlumberger  et  Yung. 

M.  le  professeur  JouBiN,  Président,  porte  un  toast  à  M.  le  profes 
seur  Neumann,  Président  d'Honneur. 

M.  le  professeur  Neumann,  Président  d'Honneur,  prononce  alors 
le  discours  suivant  : 

((  Mesdames,  mes  chers  Collègues, 

»  Lorsqu'on  a  été  choisi  par  une   élite   pour  occuper,  ne  fût-ce 
qu'un  jour,  un  poste  d'honneur,  il  est  d'usage  que,   dans  l'allocu 
tion  obligatoire,  on  témoigne  l'étonnement  qu'on  a  éprouvé  de  cet 
honneur  et  l'indignité   qu'on  se  reconnaît. 

»  Je  ne  faillirais  pas  à  cet  usage  si  je  ne  le  trouvais  un  peu 
malséant  à  l'égard  des  membres  tant  dévoués  de  notre  bureau. 
Quand  notre  sympathique  Secrétaire  général  m'a  transmis  le  vœu 
qui  aboutit  à  ma  présence  provisoire  en  cette  place,  je  me  suis 
demandé  d'abord  pourquoi  ce  vœu. 

Qui  de  tant  de  héros  va  clioisir  Cliildebrand  ; 

»  Puis  je  me  suis  dit  que  notre  Bureau  devait  bien  savoir  ce 
qu'il  faisait,  que  mon  mérite  est  peut  être  jikis  grand  que  je  ne  le 
pense,  ou  bien  que  je  bénéficie  des  800  kilomètres  qui  me  tiennent 
loin  des  séances  de  notre  Société,  que  j'en  acquiers  ainsi  quelque 
prestige  et  qu'auprès  de  vous  les  absents  ont  raison;  ({u'après  tout, 
étant  ancien,  plus  dàge  que  de  services,  j'ai  atteint  le  degré  de 


SÉANCK    1)1-    2S    l'ÉVHlKR    l!)0.')  24 

iiiinistral)le;  ])rel',  je  me  suis  dit  bien  d'autres  choses  de  nièine 
valeur,  dont  je  vous  feis  grâce,  et,  comme  je  suis  discipliné  avant 
tout,  je  me  suis  soumis  au  désir  de  ceux  que  nous  avons  chargés 
de  nous  diriger. 

»  Mais  une  des  raisons  de  ma  présence  ici  (s'il  en  est  plusieurs), 
celle  sur  laquelle  je  n'ai  pas  d'hésitation,  c'est  qu'en  me  nommant 
Président  d'Honneur,  la  Société  a  voulu  témoigner  encore  une 
fois  sa  sympathie  pour  une  branche  des  plus  vivantes  de  la 
Zoologie,  je  veux  dire  la  Parasitologie. 

))  11  n'y  a  pas  vingt  ans,  je  n'aurais  osé  prononcer  ce  mot.  Notre 
science  n'avait  pas  encore  détat  civil.  Ce  n'est  point  que  les 
parasites  manquassent  ou  fussent  inconnus.  Depuis  que  la  vie 
existe  et  que  les  êtres  se  mangent  les  uns  les  autres,  il  s'en  est 
trouvé  de  petits  assez  originaux  pour  mieux  aimer  manger  les 
gros  que  d'être  mangés  par  eux,  assez  insinuants  pour  vivre 
longtemps  chez  les  puissants  avant  que  ceux-ci  s'avisassent  qu'ils 
avaient  des  intrus.  C'est,  d'ailleurs,  un  phénomène  social  autant 
que  biologique  et,  dans  les  groupes  humains  hiérarchisés,  les 
forts,  ceux  qui  rendent  à  la  foule  quelques  services  en  échange  du  bien- 
êtrequ'ilsenreçoivent,ont  toujours  eu,  dans  leur  giron,  quelques 
favoris  habiles  à  s'exonérer  de  toute  charge  réelle  et  de  tout  souci 
du  lendemain. 

')  11  y  a  donc  eu  toujours  des  parasites  et  depuis  que,  poussé  par 
l'esprit  de  curiosité  qui  est  un  de  ses  caractères  spécifiques, 
l'Homme  observe  ce  qui  l'entoure  et  s'observe  lui-même,  il  a  su  en 
découvrir  quelques-uns  d'abord,  un  nombre  de  plus  en  plus  grand 
ensuite.  De  ces  hommes  que  l'on  appelle  des  savants,  parce  qu'ils 
savent  bien  des  choses  que  les  autres  ignorent  (tout  en  en  ignorant 
parfois  tant  que  presque  tout  le  monde  sait), dessavants,  donc,  ont 
consacré  leur  vie  à  étudier  ces  êtres  si  intéressants  par  lesmystères 
de  leur  origine,  les  singularités  de  leur  organisation,  la  variété  de 
leurs  formes,  leurs  manifestations  inattendues,  leur  séjour  si  bien 
abrité,  d'ordinaire,  que  les  parasites  semblent  s'être  dit,  bien  avant 
le  Grillon  de  la  fable  : 

Pour  vivre  heureux,  vivons  cachés. 

»  On  a  découvert  ainsi  un  douiaine  immense,  qui  donne  à 
explorer  tous  les  organes  de  toutes  les  espèces  animales  (sans 
parler  des  plantes),  des  animaux  inférieurs  commedes  supérieurs, 
car  un  petit  trouve  toujours  un  plus  petit  qui  le  parasite. 
La  multiplicité  des  formes,  des  groupes  quiviventainsiauxdépens 
des  autres  a  vite  imposé  les  spécialisations,  et  l'on  a  eu  l'Helmiu 


25  SÉANCE   DU    28    FÉVRIER    190") 

thologie,  l'/Vcarologie  et  d'autres  branches  de  la  Zoologie,  qui 
attendent  encore  leurs  noms.  C'étaient  comn^  des  peuplades  indé- 
pendantes, mais  appelées  à   former  une   nation. 

»  Un  jour,  le  mot  de  «  Parasitologie  »  fut  prononcé,  on  ne  sait 
au  juste  par  qui.  C'était  sans  doute,  la  traduction  de  la  a  Parasi- 
tenkunde  »  des  iVllemands,  qui  apparut,  il  y  a  dix-huit  ans,  sur 
la  couverture  d'un  Ccntralblatt  publié  par  le  maître  Leickart.  Le 
mot  nouveau  fut  ((  d'abord  un  bruit  léger,  rasant  le  sol  comme 
Hirondelle  avant  l'orage  »;  mais  bientôt  il  grossit,  ((  la  bienvenue 
au  jour  lui  rit  dans  tous  les  yeux  «ou  presque  tous,  et,  maintenant, 
qui   ne   le   comprend?   qui  le   repousse? 

»  La  manifestation  du  nouveau  vocable  fut  aussi  provoquée  par 
la  réorganisation  des  études  médicales  en  France,  qui  transforma, 
sans  l'avouer,  la  chaired'Histoirenaturelledes  Facultés  de  médecine 
en  chaire  de  Parasitologie.  Il  fallait  un  nom  à  un  enseignement 
nouveau  et  celui  ci  s'imposait.  Il  n'est  pas  encore  oificiel,  mais  de 
combien  peu  il  s'en  faut;  il  ne  figure  pas  non  plus  dans  les 
dictionnaires  les  plus  récents  (il  est  vrai  qu'ils  sont  faits  avec  les 
anciens).  En  tous  cas,  il  caractérise  un  laboratoire  voisin,  dont 
nous  connaissons  tous  la  savante,  cordiale  et  précieuse  hospitalité. 
Il  caractérise  des  Archives,  dont  nous  avons  vu  la  naissance  et  le 
rapidesuccès,  sousl'impulsion  activedesonsympathiquedirecteur  ; 
là,  la  Parasitologie  règne  en  souveraine,  elle  réclame  tout  son 
domaine,  sans  chercher,  comme  dans  le  Coitralblatt  de  Lelckart, 
à  se  faire  présenter  et  excuser  par  la  Bakteriologie. 

((  Nous  la  retrouvons  encore  dans  les  Écoles  vétérinaires,  où 
l'enseignement  de  l'Histoire  naturelle  a  subi  une  évolution  ana- 
logue à  celle  qu'on  lui  a  vu  faire  dans  les  Facultés  de  médecine. 
Chez  nous,  ce  n'est  pas  le  résultat  d'une  organisation  nouvelle, 
mais  celui  du  progrès  des  nombreuses  sciences  que  nous  avons  à 
enseigner  et  qui,  devenant  de  plus  en  plus  vastes  et  précises,  nous 
obligent  à  émonder  ce  qui,  dans  l'ensemble,  présente  un  caractère 
somptuaire. 

»  Le  vocable  «  Parasitologie  »  a  l'avantage  de  préciser  le  groupe- 
ment de  connaissances  dont  le  lien  n'apparaissait  pas  nettement, 
de  lui  donner  en  quelque  sorte  un  état  civil,  avec  le  lustre  que  sa 
désinence  lui  confère  en  la  mettant  de  pair  avec  d'autres  sciences 
à  passé  glorieux.  Nous  avons  maintenant  un  drapeau,  ou  tout  au 
moins  un  fanion,  et  nous  pouvons  grouper  autour  de  lui  des  pha- 
langes de  chercheurs  recrutés  parmi  les  naturalistes  et  les  médecins. 

»  Nous  pouvons  nous  qualifier  «  parasitologues  ))  et  trouver  des 


SÉANCR    ni"    28    FKVRIKK     liK».")  26 

gens  qui  coinprenneiit  ce  que  cela  veut  dire.  11  nen  eût  pas  été  de 
même  il  y  a  quelque  vingt  ans.  Lorsqu'on  me  demandait  alors  sur 
quoi  mes  études  portaient  et  que  je  disais  que  je  m'occupais  de 
parasitisme  :  «Ah  !  les  Microbes!  »  ne  manquait  on  pas  de  me  répon 
dre  :  il  ny  en  avait  que  ])our  eux.  J'avouais  humblement  que  je 
n'étais  pas  tout  à  fait  dans  ce  train,  et  je  m'expliquais,  mais  je 
sentais  que  je  subissais  la  déchéance  d'un  tailleur  de  pierre  qu'on 
a  pris  un  moment  pour  un  sculpteur.  Le  vulgaire  se  contente  volon- 
tiers de  juots,  sans  chercher  tout  ce  qu'un  mot  embrasse  de  choses. 
On  aurait  tort  de  lui  en  vouloir  :  chacun  de  nous  n'est-il  pas  partie 
du  ((  vulgaire  »  pour  tout  spécialiste  d'un  autre  bord?  Nous  sommes 
du  ((  vulgaire  »  pour  notre  cordonnier,  qui  peut  être  aussi  méritant 
que  nous  (surtout  s'il  nous  permet  d'aller  à  pied). 

»  Il  y  a  donc  des  parasitologues  et  rien  de  ce  qui  est  parasitisme 
ne  doit  les  trouver  étrangers.  Est-ce  à  dire  qu'ils  connaissent  ou 
qu'ils  étudient  tous  les  groupes  de  parasites,  qu'ils  sont  à  la  fois 
helminthologistes  et  acarologistes,  que  leurs  recherches  vont  des 
Protozoaires  aux  Diptères  et  au-delà,  qu'ils  peuvent  se  prononcer 
hicetnunc  sur  tout  parasite  qu'on  leur  présentera  ou  dont  on  leur 
parlera?  Je  ne  crois  pas  qu'un  seul  ait  cette  prétention.  Mais,  en 
s'occupant  plus  particulièrement  de  quelques  groupes  mis  à  leur 
portée  par  des  circonstances  naturelles  ou  provoquées,  ils  sont 
documentés  sur  les  autres.  Un  géographe,  pour  être  digne  de  ce 
nom,  est-il  tenu  d'être  un  globe-trotter?  Qu'il  soit  alpiniste  (tant 
que  ses  jambes  et  ses  poumons  le  lui  permettent),  c'est  tout  ce  qu'on 
est  en  droit  de  lui  demander.  Il  n'en  est  pas  moins  apte  à  donner 
d'emblée  sur  telle  localité  des  renseignements  souvent  plus  précis 
que  ceux  d'un  voyageur  qui  a  couru  beaucoup,  mais  peu  regardé; 
et,  s'il  ne  peut  répondre  ex  abrupto,  il  sait  où  trouver  en  quelques 
instant  ce  dont  il  a  besoin  pour  lui  ou  pour  d'autres. 

»  Cette  documentation  incessante,  qui  accumule  des  milliers  de 
références  dans  les  laboratoires  de  parasitologie,  qui  tient  constam- 
ment l'attention  en  éveil,  entretient  aussi  la  curiosité;  et  le  désir 
de  savoir  mieux  engage  à  des  recherches  dont,  au  début,  on  était 
loin  de  prévoir  l'étendue  et  la  portée. 

»  C'est  ce  qui  m'advint  il  y  a  une  dizaine  d'années,  quand  je 
m'aventurai  dans  l'étude  des  Tiques.  Ma  collection  en  comprenait 
plusieurs  lots  dont  je  n'avais  pu  faire  une  détermination  satisfai- 
sante et  j'y  mettais  de  l'obstination.  Après  maintes  et  maintes  ten- 
tatives en  divers  sens,  je  m'avisai  d'un  moyeu  héroïque  et  sollicitai 
du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris  communication  de  sa  col- 


2.1  SÉANCE    DU   28   FÉVRIER    1!)()"1 

lection  d'Ixodidés.  Je  fus  satisfait  au  delà  de  tout  espoir,  grâce  à 
la  bienveillance  empressée  de  M.  le  professeur  Brongmart,  conti- 
nuée généreusement  par  M.  Bouvier.  J'avais  mis  le  doigt  dans  un 
engrenage,  j'y  fus  bientôt  pris  tout  entier.  Deux  de  mes  collègues 
et  amis,  MM.  R.  Blanchard  et  Tiîoiessart,  un  autre  de  nos  éminents 
collègues,  M.  Eugène  Simon,  mirent  leurs  collections  à  ma  disposi- 
tion. J'eus  ainsi  des  richesses,  et,  si  je  m'en  réjouis  d'abord,  je  fus 
vite  etïrayé  des  engagements  (|ue  j'avais  pris.  Jetais  en  pleine 
brousse  :  des  milliers  de  spécimens,  dont  quebiues  uns  à  peine  et 
provisoireuient  étaient  déterminés  ;  presque  tous  attendant  la  bonne 
âme  (c'était  moi!)  qui  voudrait  bien  établirleur  état  civil.  J'y  allai 
de  tout  mon  courage  et  commençai  de  publier  ma  Révmon  delà 
famille  des  Ixodidés.  Ce  fut  comme  un  signal  :  toutes  les  Tiques 
sublunaires  aftluèrent  dans  mon  laboratoire;  il  en  vint  de  l'ancien 
et  du  lumveau  monde,  des  tropiques  et  des  pôles,  des  montagnes  et 
des  côtes,  de  la  Taupe  et  de  l'Eléphant,  des  Reptiles  comme  des 
Mammifères.  J'ai  tenu  bon  contre  cette  cohue  ;  j'ai  fait  prendre 
patience  à  chacun,  tous  ont  obtenu  satisfaction  et  la  plupart 
s'en  sont  retournés  avec  l'étiquette  qu'ils  étaient  venus  chercher. 
Et  il  m'est  arrivé  qu'en  désirantsiinplementfairedelainor])liologle, 
j'ai  servi  la  médecine,  en  facilitant  la  diagnose  des  espèces  qui 
transmettent  maintes  maladies  mici'obiennes  des  animaux  domes- 
tiques. Mais  ces  Acariens  m'ont  saisi;  vous  savez  s'ils  sont  tenaces; 
je  crains  (juils  ne  me  lâchent  plus,  car  ils  font  encore  des  retours 
offensifs,  plus  espacés,  il  est  viai,  et  de  moins  en  moins  vifs.  J'ai, 
d'ailleurs,  pris  mon  parti  de  cette  ixodiase  cérébrale,  j'ai  acquis 
l'accoutumance  et  je  continue  à  me  tenir  à  la  disposition  de  tous 
ceux,  naturalistes,  explorateurs,  conservateurs  de  musées,  qui 
s'en  reposent  sur  mon  expérience  pour  déterminer  leurs  matériaux 
de  ce  groupe  si  serré. 

))  Je  ne  fais,  au  reste,  que  suivre  en  cela  les  exemples  que  j'ai 
puisés  ici.  On  parle  beaucoup  et  partout  de  l'assistance  mutuelle. 
Où  pourrait  on  la  trouver  mieux  appliquée  que  dans  des  Sociétés 
comme  la  nôtre?  Chacun  y  travaille  pour  le  bien  commun,  distri- 
ime  aux  autres,  selon  leurs  besoins  et  ses  piopres  ressources, 
partie  des  richesses  scientifiques  qu'il  a  recueillies,  et  tous  ces  elîorts 
associés  tracent  une  route,  toujours  en  réparation,  il  est  vrai,  mais 
toujours  en  progrès,  qui  s'avance  peu  à  peu  vers  le  lointain  idéal 
de  science  complète  que  nous  entrevoyons  comme  un  héritage  pré- 
paré pour  nos  ultimes  successeurs. 

»  Nous  ne  nous  faisons  pas  l'illusion  de  croire  à  la  longue  péren- 


SKAXr.K    DU    2S    l'ÉVHIKIÎ     l'.M).")  2.H 

iiité  (le  nos  matériaux.  Notre  expérience  de  la  vie  scientitique 
nous  apprend  que  leur  bloc  ne  peut  être  sans  fissure  et  qu'ils  s'efîri- 
teront  au  moins  en  partie  sous  l'action  du  temps;  mais  nous  avons 
la  conviction  de  leur  utilité  et,  comme  le  cordonnier  dont  je  parlais 
tout  à  l'heure,  nous  pourrons  dire  que,  grâce  à  nous,  l'humanité 
aura  marché. 

»  Vous  me  pardonnerez,  )nes  chers  Collègues,  de  vous  avoir  si 
longtemps  entretenus  de  ma  personne.  Mais  la  faute  en  est  un  peu 
à  vous,  qui,  par  votre  bienveillance  à  m'élever  à  la  présidence  d'hon- 
neur, m'avez  fait  croire  un  moment  que  jetais  un  sujet  intéres- 
sant. Et  puis,  on  ne  vit  pas  impunément  vingtciiTq  ans  sous  le 
soleil  de  Toulouse  :  on  arrive  par  force  à  se  croire  quelque  peu 
((  illustre  »,  comme  on  dit  là-bas,  ce  qui  implique  simplement  un 
peu  de  notoriété. 

»  En  tous  cas,  ce  dont  je  demeure  pleinement  convaincu,  c'est 
(lu  haut  prix  de  l'honneur  que  m'a  tait  la  Société  Zoologique  de 
France;  je  lui  en  suis  profondément  reconnaissant  et  le  trouverai 
toujours  dans  les  meilleurs  souvenirs  de  ma  carrière.  Je  mesure 
cet  honneur  à  l'importance  de  notre  Société,  à  la  valeur  de  ses 
membres,  à  la  solidité  de  leurs  travaux,  à  sa  bonne  organisation, 
à  son  excellente  direction,  à  son  activité  dans  tous  les  sens.  Aussi 
est  ce  de  tout  mon  cœur  que  je  vous  demande  de  boire  à  l'inces- 
sante prospérité  de  la  Société  Zoologique  de  France  ». 

Après  avoir  donné  lecture  des  lettres  et  télégrammes  d'excuse 
des  membres  absents,  M.  le  secrétaire  général  remercie  les  dames 
et  les  membres  de  la  province  et  de  l'étranger  qui  assistent  au 
banquet.  11  adresse  les  félicitationsdelaSociétéàM.etMnieALLUAUD 
de  retour  de  leur  intéressant  voyage  dans  la  région  des  grands  lacs 
africains.  Il  envoie  les  vœux  de  la  Société  à  M.  et  M'»"  Boutan  ton 
jours  en  mission  au  Toukin,  ainsi  qu'à  M.  Gruvel  en  mission  sur 
les  C()tes  occidentales  d'Afrique.  Il  remercie  M"»^  Charlot.  pour 
la  charmante  composition  qui  orne  le  menu  et  M.  Petit,  pour 
l'abondance  d'Oiseaux  qu'il  a  envoyés  pour  orner  la  table  du  ban- 
quet. Il  termine  par  un  toast  aux  dames,  à  la  Société  Zoologique 
de  France  et  à  ses  présidents. 

M.  le  professeur  R.  Blanchard  porte  un  toast  au  professeur  Per- 
ROxciTo,  dont  c'est  levingt-cinquièmeanniversairedes  mémorables 
travaux  sur  la  maladie  du  Saint  Gothard  et  sur  l'Ankylostome, 
travaux  qui  marquent  une  date  considérable  dans  l'histoire  de  la 
parasitologie.  Ce  discours  est  salué  de  chaleureux  applaudissements. 


29  SÉANTE    ])V    2H    FÉVRIER    190.") 

Le  vendredi  3  mars,  la  Société  s'est  réunie  en  séance  extraordi- 
naire dans  l'amphithéâtre  Richelieu,  àla Sorbonne,  poury entendre 
une  très  intéressante  conférence  de  notre  collègue  le  D^'  M.  Neveu- 
LEMAmE,  professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Lyon.  Le 
conférencier  a  retracé,  avec  de  superbes  projections  à  l'appui,  le 
voyage  qu'il  lit  à  travers  les  hauts  |)lateaux  de  la  Bolivie,  au  cours 
de  la  récente  mission  De  Créqui  Montfortet  Sénéchal  de LaGrange. 
De  nombreuses  personnes  avaient  répondu  à  l'appel  de  la  Société 
et  ont  souligné  la  conférence  par  de  fréquents  applaudissements. 

En  levant  la  séance  M.  le  professeur  Neumann,  Président  d'hon 
neur,  s'est  fait  l'interprète  de  l'Assemblée  en  remerciant  chaleu- 
reusement le  conférencier. 


LA  LÉGENDE  DE  JENNER  SUR  L'ISOLEMENT  DU  JEUNE 
COUCOU  DANS  LE  NID 

PAR 

XAVIER    RASPAIL 

Lorsque  j'eus  la  bonne  fortune  de  trouver  réunies  les  conditfons 
les  plus  favorables  pour  étudier  et  déterminer  la  durée  de  l'incu- 
bation chez  le  Coucou  chanteur  {Cuciilus  Canoris),  je  fus  également 
favorisé,  au  cours  de  mes  observations,  pour  arriver  à  élucider 
d'autres  points  de  la  biologie  de  cet  Oiseau  sur  lesquelles,  jusqu'à 
lors, n'existaient  que  des  hy])othèses  comme  celle  qui  a  donné  cours 
à  la  légende  due  à  Edw.  Jenner. 

Cet  auteur,  à  qui  on  doit  la  vaccine,  qu'il  avait  vu  pratiquerchez 
les  montagnards  del'Ecosse,  a  rapporté,  comme  étant  lerésultatde 
ses  propres  observations,  que  lexpulsiondes  œufsoudesjeunes  du 
nid  était  faite  par  le  jeune  (loucou  lui  même  aussitôt  après  sa  nais- 
sance. 11  exi»lit|uait  ainsi  les  manœuvres  à  laide  desquelles  ce  nou- 
veau-né parvenait  à  faire  le  vide  autour  de  lui  : 

«  En  se  glissant  sous  l'un  des  Oiseaux  dont  le  berceau  est  par  lui 
partagé,  il  tâche  de  le  placer  sur  son  dos  où  il  le  retient  à  l'aide  de 
ses  ailes  et  se  traine  à  reculons  jusqu'au  bord  du  nid  par  dessus 
lequel  il  jette  la  charge;  lorsqu'il  l'a  laissée  tomber,  il  recom- 
mence son  travail  et  ne  le  discontinue  pas  jusqu'à  ce  qu'il  soit  venu 
à  bout  de  son  entreprise.  11  suit  le  môme  procédé  pour  les  autres 
petits  et  pour  les  œufs;  et  cette  obligation  dans  laquelle  doit  se 


SÉANCI-:    DU   28    FÉVRIKR    1005  30 

trouver  le  jeune  Coucou  pourrait  être  un  des  motifs  qui  détermine 
la  mère  dans  le  clioix  du  nid  d'Oiseaux  de  petite  taille  pour  le 
dépôt  de  son  œuf  ». 

.Ikxxer  est  allé  plus  loin  encore  dans  le  domaine  de  la  fiction  en 
donnant,  comme  le  résultat  de  ses  propres  expériences,  cette  con- 
ception née  sans  conteste  de  son  imagination  : 

((  Ayant  trouvé,  dans  le  même  nid,  une  fauvette,  et  r/ci/j'  Coucous 
nouvellement  éclos,  avec  un  œuf  de  la  première  espèce,  il  vit  les 
deux  (Coucous  se  disputer  entre  eux  la  possession  du  nid  ;  chacun 
d'eux  portait  successivement  son  antagoniste  jusqu'au  bord  et 
retombait  au  fond  accal)lé  sous  le  poids  de  sa  charge,  mais  le  plus 
gros,  après  beaucoup  d'etïorts,  parvint  à  jeter  dehors  son  compéti- 
teur, ainsi  que  la  petite  Fauvette  et  l'œuf  et  il  fut  seul  élevé  »  (1). 

Ces  faits  furent  admis  comme  véridiques  parla  plupart  des  orni- 
thologistes de  l'époque  et,  à  son  tour,  le  ])'  J.  Fraxklin  vint  les 
étayer  d'une  explication  non  moius  fantaisiste,  attribuant  au  jeune 
Coucou,  à  sa  sortie  de  la  coquille,  le  rôle  d'un  véritable  acrobate 
son  dos  devaut  servir,  à  l'instar  de  la  coupe  qui  termine  le  bout 
d'un  bilboquet,  à  recevoir  l'œuf  ou  le  jeune  à  évincer  du  nid. 

D'après  lui,  la  nature  a,  dans  cet  unique  Init,  doué  le  jeune  Cou- 
cou d'une  dépression  entre  les  épaules,  de  sorte  qu'au  moyen  de  ce 
creux,  il  parvient  à  soulever  et  à  tenir  en  équilibre  les  œufs  ou  les 
jeunes  pour  les  amener  sur  le  bord  du  nid  et  les  jeter  à  bas. 

Dans  deux  mémoires  présentés  l'un  eu  1895,  à  la  Société  Zoolo- 
gique de  France  (2),  l'autre  au  Congrès  ornithologique  interna- 
tional de  1900  (.'3),  j'ai  fait  justice  de  ces  élucubrations  qui  font 
tache  dans  l'histoire  naturelle  des  Oiseaux  et  j'ai  montré  pai- suite 
de  quelles  circonstances  le  jeune  Coucou.  [)arfailement  innocent 
du  crime  qu'on  lui  impute,  se  trouve  seul  dans  le  nid  aussitôt  après 
sa  naissance,  isolement  f[ui  a  pour  but  de  lui  réserver  toute  la  nour- 
riture que  ses  parents  adoptifs  ont  déjà  bien  de  la  peine  à  lui  four- 
nir en  quantité  sufTisan  te  [)our  satisfaire  ses  besoins.  Ces  observations, 
faites  dans  des  conditions  qui  ne  permettaient  pas  de  me  tiomper 
sur  cette  question  de  l'isolement  du  jeune  (loucou  dans  le  nid» 
eurent,  au  moment  où  je  les  produisis,  les  honneurs  de  la  plus, 
large  publicité;  repi'oduites  intégralement  par  la  Revue Sciottifiqiie 
et  commentées  dans  les  [»lus  imi)ortantes  publications  scientifiques. 

(1)  La  vérité  sur  lo  Coucou,  par  0.  des  Mlrs  ;  page  ;')2,  Paris,  I.S79. 

(2)  Durée  do  l'incubation  de  l'œuf  du  Coucou  et  de  l'éducation  du  jeune  dans  fe 
nid.  Mém.  de  la  Soc.  Zonl.  de  France;  VIII,  page  l.'jl,  ISO,"). 

(3)  Les  légendes  sur  le  Coucou;  Oriiix,  XI,  page  2'i'i,  lOfll. 


31  SKANCK  Dl'  28  FÉVRIKK  1905 

périodiques,  elles  servireut  de  sujet  à  de  nombreux  articles  dans 
la  presse  française  et  étrangère.  Je  croyais  donc  n'avoir  plus  à  re- 
venir sur  ce  point  jusqu'alors  si  controversé  de  la  biologie  du  Cou- 
cou, d'autant  plus  qu'avant  moi,  de  savants  et  plus  autorisés 
oinithologistes  avaient  rejeté,  comme  absurde,  l'explication  de  Jeû- 
ner renforcée  par  le  D^'  Franklin.  Mais,  s'il  est  touj(uirs  difficile  de 
faire  entrer  une  vérité  nouvelle  dans  le  domaine  scientifique,  il  l'est 
encore  plus  d'en  faire  disparaître  une  erreur,  surtout  lorsque, 
comme  dans  le  cas  de  Jenner,  cette  erreur,  par  sou  côté  mystérieux, 
séduit  l'imagination  toujours  disposée  à  accepter  sans  raisonner 
les  faits  merveilleux  qui  lui  sont  présentés  et  mon  illusion  ne  fut 
pas  de  longue  durée. 

Dans  La  Nature  du  .3  novembre  lî)00,  je  trouvai,  en  effet,  une 
communication  qui  prétendait  corroborer  la  légende  de  Jknxkr  et 
surtout  l'assertion  du  l)r  Franklin  à  laide  de  pbotograpbies  soi- 
disant  prises  d'après  nature  et  ayant  saisi  sur  le  fait  les  manœuvres 
employées  par  le  jeune  Coucou  pour  faire  place  nette  dans  le  nid. 
Je  cite  textuellement: 

«  Le  dos  de  ces  Oiseaux  (Coucous),  lorsqu'ils  sont  en  bas  âge,  est 
foi't  large  et  creusé  en  forme  de  cuvette;  ils  se  glissent  alors  sous 
l'œuf  ou  l'oisillon  dont  ils  veulent  opérer  l'éviction;  celui-ci  tombe 
dans  cette  sorte  d'entonnoir:  aussitôt  qu'il  sent  ses  épaules  char- 
gées, le  Coucou,  s'arc-boutant  sur  les  ailes,  imprime  à  son  corps 
une  secousse  brusque  qui  lance  le  fardeau  hors  du  nid.  Les  photo- 
graphies de  M.  Craig  montrent  parfaitement  ces  divers  mouve- 
ments en  résolvant,  sur  ce  point,  le  problème  du  Coucou  ». 

Je  profitai  néanmoins  du  dépouillement  que  je  fus  aj)pelé  à  faire, 
en  ce  qui  concernait  spécialement  le  Coucou,  des  feuilles  de  l'en- 
quête administrative  prescrite,  en  188;)-i886,  sur  les  migrations  et 
la  disli'ibulion  géographique  des  Oiseaux  en  France,  pour  mettre 
à  néant  celte  audacieuse  supercherie  (1).  Rien  n'y  lit. 

En  1904,  en  effet,  parut  le  tome  II,  consacré  aux  Oiseaux,  d'un 
grand  ouvrage  de  luxe  spécialement  destiné  aux  étrennes  et  inti 
tulé  : 

Les  Animaux  vivants  dumonde.  Histoire  naturelle  de  Çh.  CORMSH; 
illustrée  d'aiwès  la  photographie  directe! 

Je  détache  tout  particulièi-ement  cette  dernière  partie  du  titre  : 
illustrée  d'après  la  photographie  directe  ! 

A  l'article  conceiuant  le  Coucou  se  trouvent  reproduites  tout  au 

(1)  Le  Coucou  devanl  l'orKjuèle  administrative  de  188a-I886.  Revue  scientifique  ; 
(4),  XVIII,  page  142,  août  11102. 


SÉANCE   Dl-    28    FÉVKIKR    l!)0."i  32 

long'  les  assertions  de  Jexnek  et  de  Franklin  contrôlées  par  l'auteur 
et  par  d'autres  observateurs,  notamment  par  M'"°  Hcgu-Blackburn; 
j)our  leur  donner  toute  l'autorité  désirable,  on  trouve,  à  la  page  110, 
une  photogi'avure  (|ui  représente  un  jeune  Coucou  occupant  tout  le 
fond  d'un  nid  et  ayant  un  œuf  en  éffuilibre  sur  le  dos. 

(Comment,  après  cela,  pourrait  on  mettre  en  doute  cequelapbo- 
tograi)bie  directe  a  pris  sur  le  vif! 

L'invraisemblance  saute  aux  yeux,  le  nid  et  l'oisillon  sont  tigurés 
comme  si  on  les  regardait  directement  en  dessus;  pour  en  obtenir 
ainsi  la  pbotographie,  il  aurait  fallu  que  l'appareil  fût  braqué  exac- 
tement dans  le  sens  de  la  perpendicularité,  ce  qui  est  matérielle- 
ment impossil)le  ;  mais  ce  qui  rend  cette  invraisemblance  i)lus  mani- 
feste, c'est  que  le  jeune  Coucou,  occupant  presque  toute  la  capacité 
du  nid  est  représenté  ayant  déjà  les  gaines  des  pennes  et  des  ré 
miges  qui  ne  commencent  à  pousser  qu'à  parti)'  du  quatrième 
jour.  Or,  on  sait  qu'aussitôt  sorti  de  la  coquille,  il  se  trouve  tou- 
jours solitaire  au  fond  du  nid,  le  vide  ayant  été  fait  autour  de  lui, 
ainsi  que  je  lai  observé  à  plusieurs  reprises,  parla  femelle  Coucou 
elle-même  qui,  loin  de  se  désintéresser,  ainsi  qu'on  le  croyait,  du 
sort  de  son  œuf,  surveille  son  éclosion. 

En  résumé,  il  est  de  toute  évidence  qu'il  n'y  a  là  qu'un  dessin  de 
pure  imagination  reproduit  ensuite  à  l'aide  de  la  pbotograpbie. 

11  me  faut  donc  encore  revenir  sur  ce  sujet,  au  risque  d'être  ac- 
cusé de  rabâchage,  mais  pour  la  dernière  fois,  car  j'espère  le  faire 
dans  des  conditions  qui  ne  permettront  i)lus  à  cette  légende  de 
subsister,  alors  que  jusqu'à  présent,  comme  le  Phénix,  elle  renaît 
sans  cesse  de  ses  cendres. 

Je  vais,  à  mon  tour,  recourir  à  la  photographie  pour  détruire  une 
bonne  fois  cette  histoire  de  haute  fantaisie  qui  fait  du  jeune  Coucou, 
le  meurtrier  de  ses  frères  de  couvée. 

Les  figures  représentées  sont  la  reproduction  exacte,  de  gran- 
deur naturelle  des  originaux  que  je  conserve  dans  l'alcool,  ainsi 
que  de  l'œuf  du  Coucou  dont  il  est  intéressant  de  faire  renuirquer 
le  volume  si  disproportionné  à  la  taille  de  l'Oiseau  adulte. 

La  figure  2  montre  le  jeune  Coucou  au  moment  où  il  est  prêt  à 
sortir  de  l'œuf  (fig.  1).  Et,  c'est  ce  petit  être  presque  inerte,  à  peine 
plus  gros  qu'un  jeune  Bruant  qu'on  accuse  de  se  livrer  à  des  exer- 
cices de  véritable  acro])atie  pour  se  débarrasser  de  ses  frères  de 
couvée  ! 

«  De  toutes  les  espèces  d'Oiseaux  dont  j'ai  pu  suivre  les  phases 
de  la  reproduction,  ai-je  déjà  écrit  précédemment,  le  jeune  Coucou 


.S3 


SKANCK    DU    ES   FÉVRIKR    KlOo 


est  justement  celui  qui  demande  le  plus  de  temps  pour  sortir  de 
l'état  de  faiblesse,  je  dirai  mieux  de  torpeur  où  il  reste  après  sa 
naissance;  au  bout  de  quarante-huit  heures,  alors  qu'il  a  déjà  grossi 
notablement,  il  reste  encore  dans  le  fond  du  nid,  incapable  de  se 
dé|)lacer,  tout  au  plus  soulève  t-il  la  tète  quil  agite  toute  trem- 
blante en  ouvrant  le  bec  quand  on  touche  le  nid  et  qu'il  s'attend  à 


it 


Fig.  i.  œuf  de  Coucou.  —  t'ig.  2.  Jeune  Coucou  prrt  à  sortir  de  l'œuf.  —  Fig.  ',]. 
Jeune  âgé  de  30  heures.  (Ces  trois  ligures  sont  rigoureusement  de  grandeur 
naturelle). 

recevoir  la  becquée.  Evidemment,  ni  Jrnxer,  ni  le  D''  J.  Franklin, 
ni  aucun  des  autres  observateurs  similaires  n'ont  vu  naître  un  Cou- 
cou et,  dans  leur  ignorance  de  la  cause  de  son  isolement  dès  la 
première  heure,  ils  ii'ont  l'ien  trouvé  de  mieux  que  d'imaginer  cette 
scène  évidemment  d'un  très  haut  intéi^êt,  si  elle  était  vraie.  » 
La  figure  3  représente  un  jeune  Coucou,  né  dans  un  nidd'Eiïar-^ 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  190o 


34 


vatte,  le  22  juillet  1902,  entre  onze  heures  et  midi  et  que  j'enlevai 
le  lendemain  à  (5  heures  du  soir,  ])ar  conséquent  trente  heures  après 
sa  naissance.  Rien  que  déjà  notablement  développé  par  rapport 
à  ce  qu'il  était  à  sa  sortie  de  Vœul  {i'i'j;.  2),  il  gisait  dans  le  fond  du 
nid,  sans  mouvement,  dans  le  même  état  que  celui  que  j'ai  décrit 
plus  haut. 


Fig.  4.  —  Jeune  Coucou  Agé  de  G  jours  cl  demi  (grandeur  naturelle). 

Quant  au  creux  signalé  entre  les  épaules,  par  le  D^"  Franklin  et 
destiné,  selon  lui,  à  recevoir  œufs  ou  jeunes,  on  peut  se  convaincre 
qu'il  n'en  existe  pas  trace  sur  le  nouveau-né  (fig.  2). 

Bull.  Soc.  Zool.  de  Fr,,  190o.  xxx  —  rî 


35  SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1905 

Chez  le  second,  âgé  de  trente  heures  (fig.  3),  apparaît  une  dépres- 
sion sur  les  reins  que  la  photographie  a  exagérée,  exagération  qui 
résulte  en  partie  du  refoulement  des  cuisses  en  arrière  par  une 
pression  un  peu  trop  forte  donnée  au  corps  en  le  fixant  sur  le  car- 
ton. En  somme,  elle  n'a  rien  de  commun  avec  la  cuvette  formant 
entonnoir  décrite  par  certains  auteurs. 

Du  reste,  sur  le  sujet  âgé  de  6  jours  et  demi  (fig.  4),  le  dos  n'offre 
aucune  dépression,  la  colonne  vertéhrale  est  parfaitement  droite. 

La  faiblesse  toute  particulière  du  jeune  Coucou  pendant  les 
premiers  jours  de  son  existence  persiste  beaucoup  plus  longtemps 
que  chez  les  jeunes  des  autres  Oiseaux  relativement  à  la  durée 
de  leur  développement  dans  le  nid.  Le  jeune  Coucou  (lig.  4),  né  le 
14  juillet  1902,  dans  la  matinée,  toujours  dans  un  nid  d'Efïar- 
vatte  suspendu  dans  les  roseaux  des  bords  de  l'Oise  et  que  je  pris  le 
20  à  4  heures  de  l'après-midi,  m'a  permis  de  le  constater  de  nou- 
veau. Agé  de  G  jours  et  demi,  il  pesait  29  grammes  et  avait  déjà  les 
yeux  à  demi  ouverts. 

Eh  bien,  malgré  sa  taille,  qui  lui  faisait  occuper  presque  loute 
la  capacité  du  nid,  il  ne  pouvait  pas  encore  se  mouvoir  sufTisam- 
ment  pour  se  déplacer;  ses  pattes  n'ayant  aucune  force  et,  jusque  là, 
sa  croissance  s'était  faite  pour  ainsi  dire  d'une  façon  loute  végéta- 
tive. Posé  sur  ma  main,  mes  excitations  lui  faisaient  bien  remuer  la 
tête  et  les  ailes  commençant  à  s'emplumer,  mais  je  ne  percevais 
aucun  mouvement  de  ses  pattes  qui  semblaient  paralysées.  Par 
conséquent,  môme  à  cet  âge,  il  aurait  été  incapable  de  nuire  inten- 
tionnellement à  ses  frères  de  couvée,  mais  si  ceux-ci  avaient  continué 
à  partager  leur  berceau  avec  lui,  il  serait  devenu  involontairement 
leur  meurtrier  en  les  étouffant  par  son  poids. 

Voilà  donc  un  point  de  la  biologie  du  Coucou  parfaitement  élu- 
cidé. 

Du  moment  que  ce  n'est  pas  le  jeune  Coucou  qui  fait  le  vide  au- 
tour de  lui,  il  faut  que  ce  soitoules  parents  nourriciers,  ouïe  Cou- 
cou femelle  lui-même  :  il  n'y  a  pas  place  pour  une  troisième  hypo- 
thèse. Or,  là  encore,  je  suis  très-heureusement  parvenu  à  établir 
que  c'est  bien  ce  dernier  qui  enlève  les  œufs  légitimes  à  l'instant  mê- 
me où  le  sien  vient  d'éclore.  Mes  observations,  qui  ne  me  laissèrent 
aucun  doute  à  ce  sujet,  ont  été  publiées  enl-895(l).  Elles  vinrent  du 
reste  corroborer  celles  faites  antérieurement  par  Walter  (2)  et  que 
le  D"^  Alp.  Dubois  a  reproduites  dans  son  grand  ouvrage  :   Faune 

(1)  Mém.  de  la  Soc.  Zool.  de  France,  tome  VIII,  page  loi,  1895. 

(2)  Zeitschrift  fur  die  Gesammte  ornithologie,  page  66,  1886. 


SKANC.E  DU  28  FÉVHIEK  1905  36 

illustrée  des  Vertébrés  delà  Belgique,  en  leur  donnant  toute  créance. 

Par  contre,  un  ornithologiste  distingué  M.  Paul  Bernard,  de 
Montbéliard,  nie  qu'il  en  soit  ainsi;  il  a  publié,  enlDOl,  une  note  (l) 
pour  démontrer  que,  contrairement  à  l'opinion  de  Walter  et  à  la 
mienne,  «  ce  n'est  pas  le  Coucou  femelle  qui  est  le  coupable,  mais 
bien  la  mère  adoptive  du  jeune  Coucou  qui  est  la  meurtrière  de 
ses  propres  petits  ».  A  l'appui,  il  produit  deux  observations  per- 
sonnelles qui  lui  permettent  de  manifester  toute  sa  satisfaction 
d'avoir  pu  élucider  un  point  d'histoire  naturelle  resté  jusqu'ici 
inconnu. 

Avant  d'examiner  l'assertion  de  M.  Paul  Bernard,  je  dois  donner 
quelques  explications  préliuiinaires. 

D'abord,  la  durée  de  l'incubation  de  l'œuf  du  Coucou  que  j'ai 
déterminée,  par  trois  observations  minutieusement  poursuivies, 
est  en  moyenne  de  11  jours,  12  heures.  En  général,  les  œufs  des 
petits  Passereaux,  dont  le  nid  est  choisi  par  le  Coucou  femelle  pour 
y  déposer  le  sien,  nécessitent  un  ou  deux  jours  déplus  pour  éclore  ; 
par  conséquent,  si  l'œuf  du  Coucou  est  déposé  dans  un  nid  d'une 
espèce  chez  laquelle  l'incubation  est  de  13  jours,  comme  chez  le 
Bruant  jaune,  par  exemple,  il  devra  éclore  avant  ceux  de  ce  dernier 
en  supposant  que  le  dépôt  en  ait  eu  lieu  avant  le  commencement  de 
l'incubation.  Mais,  il  n'en  est  pas  toujours  ainsi  ;  j'ai  constaté  plu- 
sieurs fois,  en  effet,  que  la  mère  Coucou  choisit  indifféremment  un 
nid  contenant  des  œufs  de  toute  fraîcheur  ou  dont  l'incubation  est 
déjà  avancée,  de  sorte  que  ces  derniers  doivent  éclore  plusieurs 
jours  avant  l'inlrus. 

C'est  ici  qu'api)araît  le  rôle  de  la  femelle  Coucou  :  surveillante 
attentive,  elle  frappe  les  œufs  de  la  mère  adoptive  d'un  coup  de 
bec,  tuant  les  petits  au  moment  où  ils  commencent  les  premiers 
efforts  qui  doivent  amener  leur  délivrance  et  les  laisse  ainsi  à 
moitié  aplatis  pour  ne  revenir  les  enlever  que  lorsque  son  œuf 
vient  déclore. 

J'ai  vu  deux  fois  ce  fait  qui  me  permit  en  toute  certitude  d'attri- 
buer à  la  mère  Coucou  l'enlèvement  des  œufs  du  nid  qui  doit  ser- 
vir de  berceau  à  son  jeune.  En  réalité,  il  serait  impossible  aux 
parents  nourriciers  de  produire  un  semblable  écrasement  de  la 
coquille  et,  du  reste,  pour  quelle  raison  agiraient-ils  ainsi  ? 
Admettons  qu'ils  soient  amenés,  par  une  force  suggestive  inconnue 
à  préférer  sacrifier  leur  progéniture  pour  adopter  et  nourrir  un 

(1)  De  l'expulsion  des  œufs  ou  des  petits  des  parents  adoptifs  du  jeune  Coucou. 
Méin.  de  la  Soc.  d'émulation  de  Monlbéliard,  1901. 


37  SÉANCE  DU  28  FKVUIEK  IDOo 

étranger,  quel  intérêt  auraient-ils  à  aggraver  leur  cruauté  en  tuant 
leurs  petits  avant  l'éclosion  de  l'œuf  intrus,  sans  s'en  débarrasser 
immédiatement.  Si,  à  ce  moment,  leur  décision  barbare  était  déjà 
prise,  il  serait  bien  plus  simple  pour  eux  de  jeter  les  œufs  liors  du 
nid. 

M.  Paul  Bernard  donne  à  la  vérité  deux  observations  très  détail- 
lées qui  ont  pour  but  de  montrer  les  parents  nourriciers  comme 
les  propres  meurtriers  de  leurs  petits.  Ces  deux  observations  ont 
été  faites  par  lui,  en  1901,  en  compagnie  d'un  garde-chasse,  sur 
deux  nids  de  Rouge-gorge.  Dans  l'une  et  l'autre,  les  deux  obser- 
vateurs ont  vu,  à  maintes  reprises,  la  femelle  Rouge-gorge  jeter 
hors  du  nid  ses  jeunes  trouvés  à  terre  et  qu'ils  y  avaient  remis. 
Elle  les  prenait  successivement  et  les  déposait  tout  vivants  sur  le 
sol,  les  exposant  ainsi  sans  pitié  à  mourir  de  faim  à  côté  de  l'é- 
tranger qu'elle  allait  nourrir  avec  un  dévouement  tout  maternel. 
Un  tel  acte  est  bien  contre  nature. 

Les  observations  de  M.  Paul  Bernard  viennent  appuyer  l'opinion 
émise  par  quelques  naturalistes,  notamment  par  Altum,  qui,  n'ac- 
ceptant pas  l'explication  de  Jenner,  imputaient  la  responsabilité 
de  l'expulsion  des  œufs  ou  des  jeunes  aux  parents  adoptifs  du  jeune 
Coucou. 

Loin  de  moi  la  pensée  de  mettre  en  doute  la  sincérité  de  ces 
observations,  mais  j'ai  le  droit,  en  m'autorisant  des  miennes,  de  les 
considérer  comme  ne  relataat  qu'un  acte  tout  à  fait  exceptionnel 
de  la  part  de  deux  individus  de  la  même  espèce  d'Oiseaux.  S'il  est 
vrai  que  les  exceptions  confirment  la  règle,  ce  serait  bien  ici  le 
cas,  autrement,  il  faudrait  admettre  que  les  parents  nourriciers, 
en  détruisant  eux-mêmes  leur  progéniture,  obéiraient  à  la  même 
loi  qui  les  force  à  accepter  un  œuf  étranger,  à  le  couver  et  ensuite 
à  nourrir  consciencieusement,  au  lieu  et  place  de  leurs  propres  jeu- 
nes, le  petit  qui  en  sort.  Or,  les  observations  sont  nombreuses,  qui 
ont  signalé  dans  le  nid,  la  présence  simultanée  du  jeune  Coucou 
et  des  jeunes  légitimes  que  les  parents  nourrissaient  avec  la  même 
sollicitude. 

J'ai  expliqué  que  ce  fait  ne  se  produit  que  lorsque  la  femelle 
Coucou  a  été  détruite  accidentellement  avant  l'éclosion  de  son  œuf . 

Dans  l'enquête  administrative  faite  en  1885  .SO,  j'ai  relevé  cette 
déclaration  d'un  observateur  de  la  Haute-Vienne  :  «  J'ai  vu  un 
jeune  Coucou  qu'une  Hoche  queue  élevait  avec  ses  vrais  petits  ». 
De  même,  la  Revue  Scientifique,  ayant  signalé  comme  extraordi- 
naire la  découverte  justement  d'un  nid  de  Rouge  gorge  contenant, 


SÉANCE  dl:  2H  févriei{  JDOo  38 

à  côté  de  cinq  jeunes,  un  petit  Coucou,  un  éminent  naturaliste, 
M.  A.  Mansiox  a  cité  un  cas  analogue  dans  la  même  Revue  (I). 

En  1889,  un  garde-chasse  lui  apporta  un  Coucou  femelle  qu'il 
venait  de  tuer,  dans  le  bois  Bailly  de  la  vallée  de  Hoyaux,  au  lieu 
dit  Picherotte.  Peu  de  jours  après  cette  regrettable  destruction  que 
pratiquent  trop  souvent  les  garde-chasses  par  ignorance  de  la 
grande  utilité  de  cet  Oiseau  ou  le  confondant  par  erreur  avec  l'Eper- 
vier,  M.  Mansion  trouva,  non  loin  de  l'endroit  où  elle  avait  eu  lieu,  un 
nid  de  Hoche  queue  renfermant  quatre  petits  et  un  jeune  Coucou. 

((  Le  fait,  ajoute-t-il,  de  rencontrer  l'intrus  que  je  considérais 
alors  comme  un  meurtrier,  vivant  en  bonne  intelligence  avec  ses 
frères  de  couvée,  ne  manqua  pas  de  m'étonner  singulièrement. 

«  En  juillet  189.j,  la  lecture  d'un  article  publié  dans  la  Rcrue 
Scientifique,  par  M.  Xavier  Raspail,  me  remit  en  mémoire  mon 
ancienne  observation  et  me  fournit  en  même  temps  l'explication 
du  phénomène  qui  m'avait  tant  intrigué. 

«  Si  ce  n'est  pas  le  petit  Coucou  qui  est  le  meurtrier  de  ses  frères 
d'adoption  et  si  la  mère,  loin  de  se  montrer  indifférente,  surveille 
attentivement  l'incubation  de  son  œuf  sans  laisser  éclore  jamais 
les  œufs  légitimes,  n'est-il  pas  éminemment  probable  que  le  Cou- 
cou femelle  tué  à  Picherotte,  en  1889,  n'était  autre  que  la  mère  du 
jeune  grimpeur  en  compagnie  de  quatre  Hoche-queue  ». 

Ainsi,  ce  que  j'avais  admis  par  le  raisonnement  seul,  se  trouve 
confirmé  par  l'observation  des  plus  concluantes  de  M.  A.  Mansion. 
Si  donc,  la  mère  Coucou  a  été  victime  d'un  de  ces  accidents  qui  mena- 
cent les  Oiseaux  à  toute  heure  de  leur  existence,  les  parents  adoptifs 
conservent  leurs  propres  jeunes  avec  l'étranger;  dans  toute  l'échelle 
animale  le  sentiment  maternel  est  trop  développé  pour  qu'il  en 
soit  autrement.  Peut-être,  dans  ce  cas,  arriveraient-ils,  en  multi- 
pliant leurs  efforts,  à  donner  à  tous  la  subsistance  nécessaire,  si 
le  jeune  Coucou  ne  devenait  pas,  par  le  fait  de  sa  croissance,  le 
meurtrier  involontaire  de  ses  voisins.  A  peine  parvenu  à  la  moitié 
de  son  développement,  il  ne  laisse  plus  de  place  pour  ces  derniers; 
non-seulement,  il  fait  éclater  les  parois  du  nid,  mais  il  les  aplatit 
au  point  de  les  réduire  en  une  sorte  de  plateau  d'une  solidité  très 
problématique  sur  le({uel  il  a  souvent  beaucoup  de  peine  à  se 
maintenir  en  équilibre  jusqu'au  moment  où  il  est  en  état  de  se 
déplacer,  ce  qui  n'arrive  que  du  dix-huitième  au  dix-neuvième 
jour  après  sa  naissance. 

(1)  Revue  Scientifique,  n°  du  22  décembre  1900. 


39  SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1903 

L'explicationdel'isolemeatdu  jeune  Coucou  résultant  du  sacrifice 
cruel  que  les  parents  feraient  de  leur  progéniture  n'est  pas  nou- 
velle; elle  remonte  à  la  plus  haute  antiquité  ;le  génie  universel  que 
fut  Aristote  en  faisait  déjà  mention  3o0  ans  avant  notre  ère: 
((  Le  père  nourricier  même  rejette,  dit  on,  ses  propres  petits  hors 
du  nid,  les  laisse  mourir  de  faim  tandis  que  grandit  le  jeune  Cou- 
cou; d'autres  racontent  qu'il  tue  sa  progéniture  pour  en  nourrir  le 
Coucou,  car  celui-ci  est  tellement  joli  —  ce(|ui  ne  cadre  guère  avec 
l'opinion  de  certains  auteurs  qui  le  comparent  à  un  Crapaud  —  que 
ses  parents  nourriciers  dédaignent  pour  lui  leurs  propres  petits.  » 

Après  avoir  énuméré  d'autres  racontars,  Aristote  a  soin  d'ajou- 
ter :  ((  tous  ces  récits  sont  avancés  par  des  témoins  prétendus  ocu- 
laires, mais  ils  ne  concordent  pas  quant  à  la  manière  dont  péris- 
sent les  jeunes  de  l'Oiseau  nourricier.  )) 

Seule  l'explication  de  Jkxneh  n'y  hgure  pas.  Pour  être  plus  mo- 
derne, elle  n'en  est  pas  plus  vraie  et  elle  doit  définitivement  être 
classée  dans  les  légendes  de  haute  fantaisie  dont  s'est  composée 
jusqu'ici  la  biologie  du  Coucou. 


OBSERVATIONS  ET  RENSEIGNEMENTS  COMPLÉMENTAIRES  SUR  LE 
GENERA  INSECTORUM  (PHYTOPHAGA) 

PAR 

M.   PiC 

J'ai  dû  publier  [Bull.  Soc.  Zool.  Fr.,  1903,  p.  232)  un  petit  addenda 
et  corrigenda  aux  Sagridae  du  Gênera  Inscctorum  de  Wvtsman  et  je 
suis  étonné  que,  dans  un  récent  addenda  à  ce  Gênera,  l'on  n'ait  pas 
tenu  compte  de  mes  observations.  En  constatant  celte  nouvelle 
omission,  on  peut  être  en  droit  de  se  demander  si  certains  auteurs 
ne  négligent  pas  par  trop  complètement  les  Coléoptères  paléarcti- 
ques  pour  se  consacrer  plus  largement,  et  malheureusement  d'une 
façon  un  peu  trop  exclusive,  à  l'étude  des  exotiques.  Il  me  semble 
que  la  note  vague,  et  en  partie  étrangère  au  sujet,  de  Clavareau  [An. 
Belg.,  1900,  p.  334)  ne  peut  suffire  à  excuser  des  omissions  impor- 
tantes, ou  empêcher  certaines  erreurs  de  se  propager. 

Jugeant  qu'il  est  regrettable  qu'un  ouvrage  d'ensemble,  surtout 
écrit  en  collaboration,  soit  publié  avec  des  données  incomplètes 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1903  40 

sur  la  faune  paléarctique  plus  étudiée  que  toute  autre,  je  me  per- 
mets, en  vue  de  rendre  service,  de  compléter  ce  Gênera  dans  la 
mesure  de  mes  connaissances. 

Pour  compléter  le  Gênera  des  Sagridae  je  renvoie  les  spécialistes 
futurs,  insuffisamment  renseignés  par  le  Gênera  seul  accompagné 
d'un  addenda  incomplet,  non  seulement  à  mon  petit  article  cité 
plus  haut  {Bull.  Soc.  Zool.  Fr.,  1903,  p.  252),  mais  encore  à  un 
précédent  sur  le  même  sujet  {An.  Belg.,  1900,  p.  353).  Aujourd'hui, 
je  veux  simplement,  et  pour  la  première  fois,  compléter,  ou  recti- 
fier, le  fascicule  récent  de  cet  ouvrage  qui  traite  des  Crioceridae  (1). 
Je  ne  puis  fournir  aucun  renseignement  sur  les  exotiques  que  je 
n'ai  pas  étudiés  et  m'en  tiens  exclusivement  aux  Criocerides  pa^ 
léarctiques. 

lo  Addenda. 

Lema  puncticolUs  v.  obscurior  Pic,  Variétés,  II,  1897,  p.  3,  de  France. 

Lema  Lacordairei    Desbr.,    Bull.    Soc.    Ent.  Fr.,  1875,  CXXXVIII. 

Ce  nom  est  préoccupé  et  à  remplacer  par  le  suivant  :  algerica 

Pic. 

/.ema  of/^mm  Pic,  Variétés,    II,  1897,  p.  3;  Soc.  H.  Nat.  Autun., 

1897,  d'Algérie. 
Crioceris  asparagi  L.  plusieurs  variétés,  Pic.  in  l'Echange,  n»  189, 

1900,  p.  63. 

Crioceris  Linnei  Pic  [nom  nouveau],  L'Echange,  n»  128,  1895,  p.  88. 

Crioceris  macilenta  Weise,  plusieurs  variétés.  Pic  in  Variétés,  II, 

1897,  p.  3;  ces  variétés  sont  :  lineata,  d'Algérie;   corsica, 

de  Corse;    hipponensis,  Jacqueti  et  Tournieri,    d'Algérie. 

Crioceris  tibialisy.  nigripes  Pic,  L'Échange,  n^  79,  1891,  p.  51,  des 

Alpes. 

2o   Corrigenda  (ex  parte). 

Crioceris  pupillata  Ahr.,  n'est  pas  un  synonyme  pur  et  simple,  mais 
doit  être  considéré  comme  bonne  variété  de  asparagi  L. 

Crioceris  Abeillei  Pic,  bonne  variété  et  non  synonyme  complet  :  con- 
sulter ma  note  sur  la  validité  de  cette  variété  {Mise.  Eut., 
VI,  1898,  p.  155). 


(1)  Un  autre  fascicule  également  récent  signé  M.  Jacoby  et  H.  Clavareau, 
comme  celui  des  Crioceridae,  comprend  la  famille  des  Donacidae,  où  je  relève 
comme  omissions  dans  le  genre  Donacia  :  microcephala  Dan;  v.  cyanicollis 
et  V.  Waldaica  Olsouf  (de  coccineo-fasciata  Harr.).  Il  n'a  pas  été  tenu  compte 
par  les  auteurs  de  ce  fascicule  de  l'importante  note  de  Bergkoth  sur  le  genre 
Haemonia  {Ent.  Nachr.,  1893,  p-  311). 


41  SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1905 

DESCRIPTION  D'ESPÈCES  NOUVELLES  DE  MOLLUSQUES 
TERRESTRES  ET  FLUVIATILES  DES  DÉPARTEMENTS  DES  ALPES- 
MARITIMES  ET  DE  L'ALLIER 

PAR 

M.  CAZIOT 

Hélix  conventae  Sp.  nov. 

Testa  depresso-globidosa  mpra  conico-tcctiformis  subtus  tumidula, 
undique  striata,  striis  numerosissimis,  obUquis  irregularibus,  crassius 
culus,  parum  prœminentibus,  ad  superficicm  teste  castaneo-rufescentis 
adspersis,  procipue  supra  apcrturam  :  translucidis  in  idtimo  anfractu 
usque  ad  suturam,  iiitcr  locum  umbilicalem  et  aperturam  ;  anfractibus 
septem,  parum  conrexis,  lente  regulariterque  erescentibiis,  ultimo  cari- 
mato  in  omni  pereursu  in  breriter  in  parte  terminali  ;  sutura  sat  pro- 
fu7ida  ;  apice  obtuso,  et  sicut  cœteros  spira  ambitus  colorato  ;  umbilico 
minimo  (3/4  i"™  lato,  5™™  profundo)  ;  apertura  omnlno  Hélix  StrigeUa 
simillima  rotundata  margiiiibus  non  comniventus ;  peristomate  inter- 
rupto  minimo  rcflexo  solum  in  dimidia  parte  descendente,  intus  robuste 
roseo-incrassato,  entus  fascia  albida  munito.  D.  12 ;  Alt.  9  mm. 

Coquille  subdéprlmée,  globu- 
leuse, conique  tectiforme ,  peu 
bombée  en  dessous  ;  striée  sur 
toute  sa  surface  par  des  stries  obli- 
ques, grossières,  irrégulières,  nom- 
breuses, peu  saillantes,  sur  un  fond 
chagriné  ;  principalement  au-des- 
sus de  l'ouverture  ;  test  marron 
brunâtre  terne,  subtranslucide, 
Fig.  1.  —  Helix  conventae  sp.  nov.      luisant  dans  la  première  moitié  du 

dessous  de  la  coquille  entre  l'om- 
bilic et  l'ouverture,  jusque  vers  la  suture;  7  tours  de  spire  peu 
convexes,  croissant  lentement,  régulièrement  et  progressivement, 
le  dernier  caréné  sur  presque  tout  son  développement,  arrondi 
à  son  extrémité  s'infléchissant  brusquement  sur  une  toute  petite 
longueur  à  sa  partie  terminale;  suture  assez  profonde;  sommet 
obtus,  de  la  même  coloration  quelesautres  tours  despire;  ombilic 
petit  (3/4  de  millimètres  de  profondeur  ;  2'"">  de  diamètre)  ;  ouver- 
ture comme  dans  l'Hélix  strigella,  arrondie,  bords  non  conver- 
gents; péristome  interrompu  très  peu  réfléchi,  seulement  à  partir 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1905 


42 


de  la  2''  nioilié  descendante;  bourrelet  intérieur  robuste,  non  pro- 
loudémeut  enfoncé,  rose,  avec  une  bande  claire  au  dehors. 

Habitat.  —  Très  rare,  sur  les  cùtés  herbeux  d'un  petit  chemin 
desservant  des  villas,  sur  les  tiges  des  plantes  qui  le  borde,  au  nord 
du  couvent  des  Ursulines,  cul  de-sac  ayant  son  origine  sur  la  route 
de  Ciniiez,  près  Nice.  (Je  n'ai  pu  en  recueillir  que  2  spécimens). 
C'est  une  espèce  du  groupe  de  YHelix  incarnata  paraissant,  d'après 
sa  description  se  rapprocher  de  V Hélix  permira  de  Bourguignat  et 
de  l'Hélix  jiirinian a  du  même  auteur.  Elle  a  la  taille  plus  grande, 
le  dernier  tour  moins  convexe  en  dessous,  des  tours  plus  bombés, 
la  suture  plus  profonde  :  l'ouverture  dilïérente,  etc.  Elle  est  aussi 
voisine,  quoique  différente,  de  ï Hélix  xillae,  Megerle  von  Muhlfeld, 
de  Lombardie. 

Hélix  (Xerophila)   subpapalis  Sp.  uov 

Testa  minuta,  umhilicata,  (jlohulom  depressa,  supra  parum  conica, 
subtus  cojivexa  sat  solida,  subopaca  albida,  fasciics  brunneis  continiiis 
tel  subcontinuis  atque  striis  ut  in  Hélix  papalis  simillimis  ornata  ;  spira 
valde  depressa  ;  anfractibus  sex  haud  gradatis  lente  crescentibus  ; 
sutura  lineari  separatis  :  umbilico  minutulo,  parum  profondo  ;  apice  in 
Hélix  papalis  consimili  ;  apertura  oblique  rotundata  ;  peristomate 
discontinuo,  reeto  acuto,  intus  in  crassato  roseo-violaceo  marginibus 
(superiore  et  inferiore)  subrotundatis  ;  columcllari  autem  ad  wnbilicum 
reflexo,  quem  partim  obtcgit.  D.  S;  Haut  6mm. 


Fig.  2.  —  Hélix  mbjHipali^,  sp.  nov. 

Coquille  ombiliquée,  de  petite  taille,  globuleuse,  déprimée,  très 
peu  conique  en  dessus,  bien  convexe  en  dessous;  test  peu  mince 
assez  solide,  subopaque,  d'un  blanc  sale  avec  des  bandes  brunes 
continues  ou  discontinues,  orné  de  stries  comme  chez  YHelix 
papalis;  spire  très  surbaissée  :  6  tours  de  spire  à  profil  presque  tout 
à  fait  plat,  croissant  lentement  et  progressivement,  non  étages, 


43  SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1905 

séparés  par  une  suture  linéaire  :  ombilic  très  petit  et  très  peu 
profond  :  sommet  comme  chez  17/('/à' ;;apa/js;  ouverture  oblique, 
bien  ronde;  peristome  discontinu  droit,  aigu,  bordé  intérieurement 
par  un  petit  bourrelet  d'un  rose  un  peu  violacé,  bords  supérieur 
et  inférieur  arrondis,  bord  columellaire  réfléchi  vers  l'ombilic 
qu'il  cache  en  partie. 

Habitat.  —  Derrière  l'égljse  de  Saint-André,  au  nord  de  Nice,  au 
bord  du  chemin. 

Sur  le  terrain  inculte,  autour  de  la  ruine  des  Paiens,  au  nord  de 
Falicon,  à  l'ouest  de  la  colle  Saint  André,  sur  les  plantes  basses,  le 
Chiendent,  etc. 

A  Pointe  de  Contes,  sur  le  bord  de  la  route. 

Autour  du  château  de  la  Palarea,  sur  les  terrains  incultes  du 
nummulitique,  dans  les  Alpes-Maritimes.  Embouchure  du  Var. 

Cette  espèce  diffère  de  l'Hélix  pa palis  Locard,  par  ses  tours  plats, 
non  convexes,  non  étages;  par  sa  suture  linéaire,  son  ombilic 
beaucoup  plus  petit,  et  son  ouverture  moins  oblique. 

LiMNEA   FALICONICA. 

Testa  oblongo-subventricosa  aut  oblonga,  corneo  luteole  pellucida, 
minute  striatula;  spira  superne  subdilatata  infeime  acuminata;  apice 
Icevi,  mamillato  subobtuso  ;  anfractïbus  6  convexis  ad  suturam  planatis 
scalariforbus,  celeriter  et  regulariter  crescentibus  ;  su- 
tura profonda  separatis  ;  ultimo  majore  oblongo,  sub- 
ventricoso  tel  mediam  partcm  altitudinis  superante  ; 
apertura  fere  recta,  vix  obWjua  oblongo  piriformi  :  pe- 
ristomate  recto  acuto,  intus  aliquando  xix  incrassato 
margine  columellari  reflexo  rimam  u7nbilicak'm  suhte- 
gente  in  margine  externo  fere  regulariter  arcuata, 
marginibus  ùx  approximatis  callo  albidojunctis.  Alt.  8  ; 
D.  31/2-4;  ait.  apert.  41/2-5;  diam.  apert.  3mm.  5. 
Fig.  3.  — Lun-         Coquille  oblongue,  très  peu  ventrue,  corné  jau- 

nea  falico-      ^^^^^^    brillante;    stries    très  fines  et  très  petites; 

nica  ;  X  4.  .  .  '  . 

6  tours  de  spire  très  convexes,  croissant  progressi- 
vement et  régulièrement,  le  dernier  grand,  égalant  en  hauteur  la 
moitié  de  la  hauteur  totale  :  suture  très  profonde  en  escalier;  ouver- 
ture presque  droite,  ventrue,  à  peine  oblique,  piriforme  oblon- 
gue; peristome  discontinu,  tranchant;  bord  supérieur  arrondi  sur 
une  petite  largeur  (le  méplat  de  la  suture)  puis  s'infléchissanl  brus- 
quement; bord  inférieur  arrondi,  réfléchi  :  les  2  bords  de  l'ouver- 
ture reliés  par  un  callum  blanc  jaunâtre. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1905  4'lr 

Habitat.  —  Source  dans  la  montagne,  250'"  d'altitude,  dans  une 
propriété  d'Oliviers,  ouverte  au  S.  E.  proche  la  colle  Saint-André, 
près  Nice  (1). 

Dans  un  bassin,  propriété  particulière,  en  plein  champ  au 
nord  de  Falicon,  près  Nice. 

La  Linuica  faliconica du  groupe  de  la  Limnea  truncatidade  Mûller, 
est  aussi  voisine  des  Limnea  lacedanica  et  spclea  de  Lourdes  {W^^ 
Pyrénées)  surtout  de  cette  dernière  espèce  dont  elle  se  sépare  par 
son  dernier  tour  plus  ventru,  ses  autres  tours  moins  méplats  au 
voisinage  de  la  suture,  qui  est  profonde  et  comme  canaliculée,  son 
sommet  presque  subulé,  son  ouverture  moins  oblique  et  plus 
arrondie,  etc. 

Il  est  toutefois  utile  d'ajouter  que  certains  échantillons  ont  le 
dernier  tour  moins  renflé,  ce  qui  leur  donne  un  aspect  plus  subulé; 
mais  les  autres  caractères  demeurent  constants,  ce  qui  empêche  de 
la  séparer,  même  comme  variété. 

Limnea  Guebhardi  (2) 

Testa ovoideaparum,  ventricosa,  suhcostulata (costidis  numerosis pau- 
lo  proeniinentihus  irre(jularibus,distantibusqiœ  in  ultimo  anfractu  quem 
sicut  malleatum  apparet)  et  transverse  percursis  a  costis  pluribus 
elatioribus,  irrefjidariter  usque  ad  suturam  dispositis  ;  anfractibus  5, 
parum  regalariter  crescentibus,  primis  lœvigatis  aut  leviter  striatis, 
nitidis  sub  pellucidis  e  corneo  rubescentibus,  ultimo  maximo  fere  totum 
partent  testœ  œquante  ;  sutura  impressa  :  apice  nitido  subacuto  ; 
umbilico  parvo,  subterto  :  apcrtura  magna  ocali  irregularis  in  parte 
superiore  subangulari,  in  inferiore  rotundato  ;  peristomatediscontinuo, 
acutoferrugineopurpureo,  margine  columellariadbasin  paulumreflexo  : 

D.  lO-Uïnm.  H.  14-17mm. 

Coquille  ovoïde,  un  peu  ventrue,  côtes  peu  proéminentes,  nom- 
breuses, irrégulièrement  espacées  sur  le  dernier  tour  (lequel  est 
comme  mallée)  et  recoupés  transversalement  par  d'autres  côtes 
plus  élevées,  irrégulièrement  disposées  jusqu'à  la  suture,  formant 
des  méplats  :  les  premiers  tours  de  spire  lisses  ou  très  finement 
striés;  assez  mince,  fragile,  luisante,  légèrement  transparente, 
corné  rougeàtre.  5  tours  de  spire  à  croissance  peu  régulière,  le 
dernier  grand,  formant  à  lui  seul  presque  toute  la  coquille;  suture 

(1)  J'ai  constaté  une  fois  de  plus  à  cette  source,  que  les  Mollusques  (Limnées, 
Planorbes,  Bythinelles)  ne  se  placent  jamais  sur  les  tiges  des  végétaux  cellulaires 
qui  portent  le  nom  de  Chara  fselida. 

(2)  Espèce  dédiée  à  mon  ami  et  collègue  le  D^  Guebhard,  de  St-ValJier  de 
Tlîiey  (Alpes-Maritimes). 


45 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1905 


Fig 


4.    —    Lininea 
Guehhardi  ;  x  2 


bien  nette;  sommet  un  peu  pointu,  luisant  ;  ombilic  recouvert  : 
ouverture  grande  (H.  IG.  D.  JU'»''") ovale  (non  régulier)  subanguleuse 
dans  le  haut,  arrondie  en  bas,  gibbeuse  aux  3/4  de  son  développe- 
ment :  péristome  discontinu,  aigu,  tranchant,  couleur  lie  de  vin 

(non  due  à  un  arrêt  de  développement,  car 
tous  les  individus,  même  les  plus  jeunes,  pré- 
sentent cette  particularité)  bord  columellaire 
très  peu  rétléchi. 

Habitat.  —  Dans  le  lit  du  Paillon,  vallon 
de  Laghet,  près  du  monastère,  aux  environs 
de  Nice. 

Cette  Limnée  du  groupe  de  la  L.  vulgaris  de 
Pi'EiFFER,  ditïère  de  celle  ci  par  sa  grosseur, 
son  ouverture  plus  ample,  sa  spire  un  peu  plus 
élevée,  son  dernier  tour  plus  ventru,  sa  suture 
beaucoup  plus  accusée,  son  bord  columellaire 
plus  tordu,  etc. 

Elle  dilïère  de  la  Umosa  par  la  nature  du  test,  la  forme  de 
l'ouverture  et  ses  dimensions  :  elle  a  beaucoup  d'analogie  avec  la 
Limnea  limosina  de  Locard,  mais  la  forme  de  son  ouverture,  la 
nature  du  test,  la  couleur  lie  de  vin  de  son  péristome,  suffisent  à 
la  différencier;  il  est  vrai  que  M.  Germain,  dans  son  ouvrage  sur 
les  Mollusques  de  Maine-et-Loire,  fait  remarquer  (page  IGO)  que 
cette  couleur  lie  de  vin  du  péristome  se  retrouve  aussi  chez 
certaines  Limnea  Hînosina  et  même  chez  certains  échantillons  de 
la.  Limnea  auricularia  ;  mais,  dans  les  Alpes-Maritimes  aussi  bien 
que  dans  l'Yonne  et  dans  Vaucluse,  ce  fait  ne  se  produit  pas. 

J'aurais  pu  mettre  cette  Limnée  dans  le  groupe  de  la  Limnea 
Umosa,  au  lieu  de  la  placer  dans  le  groupe  de  la  Limnea  vulgaris, 
mais  il  y  a  lieu  de  considérer  que  ces  deux  groupes  sont  absolument 
superficiels  et  la  Limnea  Guehhardi,  établit  pi'écisément  le  passage 
entre  ces  deux  groupes. 

Balia  Malleyi  (1). 
Testa  sinistrosa,  tenui,  fusco-castanea,  conico-turriculata  nitida, 
oblique  ac  regulariter  striata,  stries  crassis  dentisque  sed  in  ultimo 
anfractu  crassioribus  et  irregularibus ;  anfractihus  iO-ii,  subinflatis, 
irregulariter  sed  lente  accrescentibus  ultime  ventricoso,  basi  rotundato, 
ad  aperturam  paule  ascendente;  sutura  obliqua,  undique  sat  imfressa; 
rimula  umbiUcali  angustissima ;  apertura  piriformi  contracta,  inferne 


(1)  Espèce  dédiée  au  sympathique  docteur  Malley,  de  Bourbon  l'Archambault. 


SÉANCE  uu  28  i'Évi\ii:ii  1005 


46 


roiiindala,  margiiiibiis  superioribas  callo  tenui  junclis  ad  insertioncm 
labvi  externi  lamclla  lœvigaia  albescenteque  munilis,  margine  exierno 
minime  sinuoso  ;  periatomate  acuto,  simplici  reflexo  prœcipue  in  parte 
infcriore;  apice  corneo,  rotundalo.  Ail.  10  mm.  Diam.  2  mm. 

Coquille  senestre,  réguliè- 
rement turriculée,  lest  fra- 
gile, de  couleur  marron,  lui- 
sant, orné  de  stries  obliques, 
fortes,  serrées,  nombreuses, 
régulières,  plus  fortes  encore, 
et  alors  irrégulières,  sous  le 
dernier  tour  :  11  tours  de 
spire  renflés,  croissant  régu- 
lièrement mais  d'une  très 
petite  quantité  à  chaque  tour, 
le  dernier  ventru,  arrondi  à 
la  base,  remontant  un  peu 
vers  l'ouverture  ;  fente  très 
étroite;  suture  oblique,  très 
accusée  sur  tous  les  tours  ; 
ouverture  pi  riforme,rétrécie, 
arrondie  dans  le  bas  ;  bords 
supérieurs  réunis  par  un 
callum  présentant,  vers  l'in- 
sertion du  labre,  une  lamelle 
assez  forte,  lisse  et  blanchâ- 
tre ;  bord   externe    très   peu 

sinueux  :  péristome  aigu,  tranchant,  rélléclii  surtout  à  la  partie 
inférieure  ;  sommet  arrondi,  corné.  Hauteur  :10;  diamètre  :  2mm. 

Habitat.  —  Sur  les  ruines  du  vieux  château  de  Bourbon  l'Archam- 
bault  (Allier). 

Cette  espèce  diffère  de  la  Balia  perversa,  par  sa  forme  régulière- 
ment turriculée;  son  péristome  beaucoup  plus  réfléchi;  la  forme 
de  son  ouverture  ;  ses  stries  plus  accentuées;  elle  a  la  forme  géné- 
rale de  la  Balia  drshaijsiana  mais  son  ouverture  est  plus  arrondie 
dans  le  bas,  son  dernier  tour  est  ventru,  et  les  autres  tours  renflés 
et  séparés  par  une  suture  très  accusée.  Sa  coloration  n'est  pas  non 
plus  la  même;  sa  hauteur  est  plus  grande,  son  diamètre  plus  petit. 
Inutile  de  la  comparer  aux  Balia  pyrcnaia,  rayiana,  lucifuga  et 
fischeriana,  les  seuls  Balia  connus  de  France,  dont  elle  diffère 
notablement. 


Fig.  i5.  —  Bulia  Malleyi. 


Séance  du  14  mars  1905 

PRÉSIDENCE  DU  PROFESSEUR  JOUBIN,  PRÉSIDENT. 

Le  Di'GuiART  s'excuse  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance. 

M.  le  Président  fait  part  du  décès  de  M.  Preudhomme  de  Borre, 
ancien  conservateur  au  Musée   d'Histoire  naturelle  de  Bruxelles. 

MM.  Blatin  et  Bourgeois  sont  proclamés  membres  de  la  Société. 

M.  François  fait  une  communication  sur  les  ingénieux  procédés 
dépêche  employés  par  les  indigènes  de  certaines  îles  deTOcéanie, 
et  spécialement  de  l'archipel  Santa-Cruz.  Ayant  remarqué  que  les 
Poissons  carnassiers  suivent  les  vols  d'Oiseaux  de  mer  qui  leur  in- 
diquent les  bancs  de  petits  Poissons,  lisse  servent  d'un  cerf-volant 
ayant  la  silhouette  d'une  Frégate  et  auquel  est  attaché  par  une  li- 
gne un  hameçon  de  nacre  en  forme  de  Poisson;  tout  Poisson  ayant 
mordu  est  harponné  et  placé  dans  une  pirogue.  Ils  se  servent  aussi 
de  flotteurs  auxquels  sont  suspendus  des  hameçons  automatiques  à 
deux  pointes,  qui,  avalés  dans  le  sens  de  la  longueur,  viennent  se 
placer  transversalement  dans  le  gosier  du  Poisson,  qui  se  trouve 
ainsi  immobilisé. 

M.  Petit  présente  des  Nématodes  récoltés  par  M.  Petit  de  Rouen 
dans  l'intestin  dun  Boa  et  un  autre  parasite  récolté  par  lui-même 
dans  le  pharynx  dune  Biche. 

M.  JouBiN  présente  deux  échantillons  de  Céphalopodes  phospho- 
rescents fort  rares.  Le  premier,  Leachia  cyclurd,  qui  possède  sous 
les  yeux  cinq  organes  lumineux  tous  de  structure  différente,  a  été 
capturé  en  grande  quantité  dans  les  parages  des  Canaries  par  la 
dernière  croisière  du  Prince  de  Monaco:  l'autre,  Meleagrotcrithis 
Hoijlei  Pfeffer  vient  de  l'expédition  du  Sibogà. 

M.  DE  Beauchamp  fait  une  communication  sur  la  systématique  des 
Tétraphylles  du  genre  Acanthobothrhmi;  il  montre  que  VA.  Bcne- 
deni  Lônnberg  1889,  identique  à  l'A.  paidumLinion  1891,  mais  pro- 
bablement distinctde  V Âcanthohothrium (Prosthecobothrium  Diesing) 
Dujardini  Van  Beneden  1850.  doit  être  considéré  comme  une  sim- 
ple variété  distinguée  par  la  brièveté  de  son  cou,  de  \A.  ftlicoUe 
(Zschokkei887). 

Comme  les  années  précédentes,  une  réunion  à  laquelle  sont  con- 
viés les  étudiants  et  les  personnes  qui  s'intéressent  aux  sciences 


SÉANCE  DU  14  MARS  1903  48 

naturelles  se  tiendra,  pendant  les  vacances  de  Pâques,  au  Labora- 
toire Arago,  à  Banyuls  sur-Mer,  sous  la  direction  de  M.  G.  Pruvot, 
directeur  du  Laboratoire,  et  avec  le  concours  de  plusieurs  profes- 
seurs des  Facultés  françaises  et  étrangères.  Elle  sera  suivie  d'une 
excursion  aux  iles  Baléares. 

Le  temps  du  séjour  à  Banyuls  (du  10  au  20  avril)  sera  employé  à 
des  dragages  et  des  pêches  diverses  ellectuées  à  bord  du  vapeur  le 
((Roland»,  des  conférences  au  Laboratoire,  récoltes  d'Algues,  her- 
borisations dans  la  montagne,  etc. 

Puis,  on  gagnera  par  le  chemin  de  fer  Barcelone,  où  aura  lieu,  le 
soir  même,  l'embarquement  pour  Palma.  On  visitera  ensuite  Ma- 
nacor,  les  grottes  célèbres  d'Artà  et  du  Drach,  le  grand  canon  du 
Torrente  del  Pareis,  Miramar,  Soller  et  ses  jardins  d'orangers. 
L'ascension  du  pic  de  l'Ofre,  un  des  plus  hauts  sommets  de  l'ile  de 
Majorque,  est  également  comprise  dans  le  programme. 

On  sera  de  retour  le  vendredi  matin  28  avril  à  Barcelone,  où  les 
excursionnistes  séjourneront,  sils  le  désirent,  et  d'où  ils  pourront 
à  leur  gré  soit  regagner  Banyuls,  soit  rentrer  à  Paris  directement. 

Le  prix  total  de  l'excursion,  de  Paris  à  Paris,  sera  pour  les  deux 
semaines  de  200  francs  environ. 

On  peut  s'inscrire  dès  maintenant  ou  s'adresser  pour  plus  amples 
renseignements  au  laboratoire  d'Anatomie  comparée  de  la  Sorbon- 
ne.  Mais,  pour  bénéficier  de  la  réduction  de  50  o/°  consentie  par 
les  chemins  de  fer  français,  il  est  indispensable  de  s'inscrire  avant 
le  ler avril,  dernier  délai. 


CHOUETTES  ET  GRANDS-DUCS  ARTICULÉS  POUR  LA  CHASSE 

PAR 

L.    PETIT 

Jusqu'à  présent  on  n'avait  guère  pensé  que  les  Oiseaux  de  rapine 
et  de  proie,  tels  que  les  Chouettes  et  les  Grand-  ducs,  pourraient  être 
utiles  à  quelque  chose,  et  encore  moins  servir  à  la  destruction  des 
Oiseaux  de  leur  espèce.  Il  est  vrai  que  cette  utilité  n'apparaît  qu'a- 
près leur  mort  et  qu'il  faut  leur  faire  subir  une  transformation 
dont  on  me  permettra  de  revendiquer  l'invention. 

Sollicité  en  efïet  depuis  longtemps  par  mes  nombreux  clients, 
grands  disciples  de  Saint-Hubert,  de  leur  trouver  du  nouveau  en 


49  SÉANCE  DU  14  MARS  1905 

fait  dappeaux  et  d'épouvantails,  j'ai  réussi,  après  de  longues 
recherches,  à  les  satisfaire  par  linvention  et  la  fabrication  des 
Chouettes  et  des  Grands-ducs  articulés  pour  la  chasse. 

Je  dois  dire  qu'une  telle  innovation,  dont  les  modèles  sont  dépo- 
sés et  dont  le  modèle  est  absolument  français,  m'a  valu  d'être  plu- 
sieurs fois  récompensé  et  félicité,  sans  parler  des  remerciements 
qui  m'ont  été  adressés  de  tous  côtés  par  tous  ceux  qui  ont  fait  usage 
de  mes  articles. 

Le  principe  qui  ma  guidé  dans  mon  invention  est  double,  c'est, 
à  la  fois,  d'être  utile  à  l'agriculture  en  permettant  la  destruction 
des  Rapaces  qui  sont  les  plus  grands  ennemis  des  Oiseaux  insecti- 
vores, et,  en  même  temps  doiïrir  aux  chasseurs  un  système  d'ap- 
peaux beaucoup  plus  efficace  que  tous  ceux  existant  jusqu'à  ce 
jour. 

Voici,  par  exemple,  ma  Chouette  articulée  servant  à  la  chasse 
aux  Alouettes  et  remplaçant  avantageusement  le  miroir.  Cette 
Chouette  est  fixée  sur  un  piquet  que  Ion  plante  dans  la  terre.  Une 
corde  suit  ce  piquet,  qui  porte  à  sa  base  une  poulie.  On  conduit  la 
corde  horizontalement  à  une  pclite  distance  et,  chaque  fois  que 
l'on  tire  sur  cette  corde,  les  ailes  et  la  têle  de  la  Choutte  remuent 
et  les  Alouettes  sont  attirées  et  viennent  tourner  autour  d'elle. 

Voici  maintenant  trois  modèles  de  (îrands-ducs  {Bubomaximns), 
tous  trois  absolument  parfaits,  j'ose  le  dire,  au  point  de  vue  du  but 
à  atteindre. 

Le  premier  (hg.  1)  a  les  ailes  demi-ouvertes,  comme  la  Chouette 
que  nous  venons  d'examiner. 

Le  second  (fig.  2)  est  au  repos  et  a  vraiment  grand  air.  Il  est  fixé 
sur  un  morceau  de  bois  horizontal  qui  porte  en  son  milieu  un  trou 
pour  recevoir  la  pointe  d'un  piquet  quelconque. 

Le  troisième  modèle  est  incontestablement  le  mieux  réussi  tant 
au  point  de  vue  de  son  utilité  à  la  chasse  qu'au  point  de  vue  de 
limitation  parfaite  de  la  nature. 

11  présente  cet  avantage  qu'on  peut  s'en  servir  de  deux  manières  : 
soit  au  repos,  les  ailes  complètement  fermées,  soit  en  mouvement. 
Pour  cette  seconde  manière,  il  suffit  de  tirer  la  corde  et  le  Crand- 
duc  a  aussitôt  l'air  de  se  jeter  en  avant  puis  de  revenir  à  sa  pre- 
mière position.  Ce  mouvement  a  lieu  aulant  de  fois  que  l'on  lire 
la  corde.  Pour  attirer  encore  plus  sûrement  les  Oiseaux,  on  joint  à 
cela  l'imitation  du  cri  du  Grand  duc  en  embrassant  fortement  le  des- 
sus de  sa  main.  Ce  cri  excite  tout  à  fait  la  curiosité  des  Oiseaux 
qui  viennent  en  troupe  tourner  autour  du  Grand-duc  articulé. 


SÉANCE  DU  14  MARS  1905 


30 


En  somme,  comme  vous  pouvez  vous  en  rendre  com})le  [)ar  celte 
présentation  sommaire,  rien  de  plus  attrayant  qu'une  telle  chasse, 
rien  de  plus  utile  aussi. 

Avec  une  Chouette  ou  un  Grand-duc  articulés  selon  mon  système 
on  arrive  en  effet  à  la  destruction  rapide  et  certaine  de  tous  les  Oi- 
seaux nuisibles  à  l'agriculture  et  aux  chasseurs  :  les  Buses  et  Bu- 


Fis.  1. 


Fis.  -2. 


sards,  les  Faucons,  les  Éperviers,  les  Corbeaux,  les  Pies,  les  Geais, 
etc. 

Tous  ces  Oiseaux  cherchent  en  elïet  leur  vie  dans  les  champs  et 

ils  sont  les  pires  ennemis  des  Perdreaux,  Faisans,  Lièvres,  Lapins, 

Poussins,  Canetons,  etc.  Très  méliants,  ils  ne  se  laissent  pas  prendre 

aux  pièges  ordinaires.  Seuls,  les  engins  articulés  arrivent  à  trom- 

Bull.  Soc.  Zool.  de  Vr.  190;j.  .\xx  —  0 


51  SÉANCE   DU    14    MARS    1905 

per  leur  perspicacité  et  cela  pour  le  plus  grand  bien  de  nos  cam- 
pagnes. 

Pour  démontrer  l'efricacité  de  mon  système,  je  citerai,  avant  de 
terminer,  ce  que  dit  M.  Emile  Passekat.  dans  un  passage  de  son  ex- 
cellent livre  sur  la  chasse  au  Grand-duc: 

((  Les  Busards  m'enlevaient  cha(|ue  année,  en  mai.  de  nombreu- 
ses Perdrix  sur  leurs  nids  et  aussitôt  qu'un  Poussin  ou  un  Caneton 
s'écartait  de  la  ferme  il  était  perdu,  malgré  les  pièges  à  poteaux  et 
en  jardinet  disposés  un  peu  partout  et  où  les  Busards  ne  se  pre- 
naient que  très  exceptionnellement. 

((  C'est  alors  que  je  lis  l'acquisition  duu  (Irand-duc  empaillé  et 
articulé. 

«  J'avoue  qu'en  recevant  l'animal,  je  me  mis  à  le  considérer  d'un 
œil  plutôt  sceptique...  Mais  je  me  rappellerai  toujours  ma  joyeuse 
stupéfaction  quand,  à  peine  installé,  je  vis  de  tous  côtés  les  Oiseaux 
de  proie  accourir  faire  les  cabrioles  les  plus  réjouissantes  au-dessus 
de  mon  Grand  duc  placé  à  îli  mètres  de  ma  cabane,  sur  un  petit 
arbre  tiché  en  terre.  En  une  demi-lieure  je  tirai  la  vingtaine  de 
cartoucbes  dont  jetais  muni  et  rentrai  avec  cinq  Busards,  deux 
Faucons,  deux  Pies,  un  (Corbeau  et  une  Pie  grièche,  tableau  assez 
varié  comme  vous  voyez. 

«  Tous  les  jours,  pendant  une  semaine  je  revins  à  ma  cabane 
passer  une  heure  ou  deux  et,  au  bout  de  la  semaine,  on  ne  voyait 
plus  îtn  seul  Oiseau  de  rapine  circuler  sur  ma  propriété.  » 

On  me  permettra  de  me  réjouir  d'un  tel  témoignage  que  tous 
ceux  qui  usent  de  mon  système  m'ont  renouvelé.  Je  suis  également 
très  heureux  d'avoir  concouru,  par  mon  innovation,  à  la  création 
d'un  nouveau  sport  cynégétique  et  je  pense  en  cela  avoir  bien  mé- 
rité de  Saint  Hubert. 


Séance  du  2S  mars  1905 

PRÉSIDENCE  DU   PROFESSEUR  JOUBIN,  PRÉSIDENT 

M.  le  J^-ésident  adresse  les  félicitations  de  la  Société  au  profes- 
seur R.  MoNiKz,  ancien  Président,  nommé  Recteur  de  l'Université 
(le  (î renoble. 

MM.  Joubin  et  Guiart  présentent  le  laboratoire  de  biologie 
GÉNÉRALE  dc  l'Université  de  Dijon  (directeur  M.  Bataillon). 

M.  le  Bibliotbécaire  annonce  que  le  professeur  R.  Blanchard  fait 
don  à  la  Société  de  la  Revue  internationale  des  sciences  de  1878  à  1883 
et  de  ïAnatomie  comparée  de  Cui'ier  en  neuf  volumes. 

M.  le  Président  adresse  au  professeur  R.  Blanchard  les  remer 
cléments  de  la  Société. 

M.  le  baron  de  guerne  annonce  qu'une  Exposition  nationale  d'Agri- 
culture coloniale  aura  lieu  au  Jardin  colonial  de  Noi?ent  surMarne, 
du  2.0  juin  au  20  juillet  IDO.'i.  11  a  été  créé  une  section  des  ani- 
maux utiles  et  nuisibles  dont  voici  le  programme  : 

Sériciculture  :  espèces  séricigènes  (Bombyciens  et  Araignées), 
élevage,  cocons,  soies  grèges  et  autres  produits. 

Apiculture  :  Abeilles  et  autres  Mellifères,  matériel  apicole,  éle- 
vage, cire  et  miel  en  nature. 

Insectes  fournissant  des  produits  utiles:  Cochenilles,  Insectes  à 
cire  et  à  laque,  Vésicants. 

Insectes  nuisibles  :  parasites  ennemis  des  cultures  et  des  produits 
agricoles. 

Insectes  utiles  comme  destructeurs  d'Insectes  nuisibles. 

Crustacés,  Oursins  et  Holothuries  (Trépang)  comestibles. 

Mollusques  comestibles  et  producteurs  de  nacre  ;  perles,  byssus; 
coquilles  employées  comme  monnaie  ou  ornements. 

Corail  et  Eponges;  culture  des  Eponges. 

Collections  entomologiques  et  malacologiques.  scientifiques  ou 
ornementales;  dessins,  photographies  et  documents  divers. 

Ladministration  de  l'Exposition  est  décidée  à  accorder  lem- 
])Iacement  à  titre  gratuit  aux  Expositions  purement  scieutiliques. 

Toutes  les  demandes  concernant  l'Exposition  doivent  être  adres- 
sées au  Secrétaire  général,  au  Jardin  colonial,  à  Nogeut  sur-Marne 
(Seine). 


53  SÉANCE   DU    28   MARS    1905 

M.  p.  de  BEAUCHAMP  fait  une  communication  sur  le  Phijllohothrium 
gracile  Wedl. 

M.  le  D.  GUfART  fait  une  communication  sur  l'Ascam/Mmftncoïrfes 
de  l'Homme  dans  ses  rapports  avec  rap[)endicite. 


NOTE  SUR  LES  FONCTIONS  DE  LA  PINCE  DES  INSECTES  ORTHOPTÈRES 

DE  LA  FAMILLE  DES  FORFICULIDÉS 

l'Ai; 

HENRI  CADEAU   DE  KERVILLE 

Les  Forficulidés,  vulgairement  appelés  Perce-oreilles,  composent 
une  famille  bien  homogène  de  Tordre  des  Orthoptères. 

Relativement  à  lappellation  vulgaire  de  Perce-oreilles,  je  crois 
Cju'il  est  intéressant  de  présenter  les  observations  suivantes  : 

D'après  beaucoup  d'entomologistes,  ce  nom  provient  d'anciennes 
et  absurdes  croyances  d'après  lesquelles  ces  Insectes  pénètrent 
dans  le  conduit  auditif  de  l'Homme  et  peuvent  percer  la  membrane 
du  tympan,  voire  même  s'introduire  dans  le  cerveau  où  ils  grossis- 
sent jusqu'à  la  taille  d'un  œuf  d'Oie,  en  causant  la  mort  de  leur 
victime. 

Par  contre,  d'autres  entomologistes  pensent  que  le  nom  de 
Perce-oreilles  leur  fut  donné  en  raison  de  l'analogie  de  foi'me 
que  présente,  chez  certaines  espèces,  la  pince  située  à  l'extrémité 
postérieure  de  leur  abdomen  et  composée  de  deux  branches,  avec 
l'un  des  instruments  dont  se  servaient  autrefois  les  bijoutiers  pour 
percer  le  lobule  des  oreilles. 

J'ai  cherché  à  savoir  où  était  la  vérité,  et  suis  enclin  à  penser 
que  le  nom  de  Perce-oreilles  a  pour  origine  les  absurdes  croyan- 
ces en  question. 

Voici  mes  raisons  à  cet  égard  : 

(Ibacun  sait  fort  bien  que,  jadis,  on  était  très  porté  à  croire  à 
l'extraordinaire,  au  fantastique,  au  mystérieux,  et  l'on  admettait 
couramment  la  réalité  de  nombreux  faits  que  l'obsei'vation  a  re- 
connus pour  être  des  erreurs  colossales.  Il  n'est  donc  nullement 
étonnant  que  l'on  ait  attribué  un  pouvoir  redoutable  à  la  pince  des 
Forficulidés,  que  ces  Insectes  relèvent  dune  façon  menaçante 
quand  ils  sont  inquiétés,  et  dont  ils  écartent  les  branches  en  s'ef- 
forçant  de  pincer  et  en  déterminantà  la  peau  humaine  des  piqûres 
allant  parfois  jusqu'à  écoulement  de  sang.  De  plus,  il  est  presque 


SKANnK  DU  iH  :\i.\ns  litO.'i  34 

certain  que  des  Forficulidés  se  seront  introduits  parmégarde  dans 
le  conduit  auditif  de  gens  endormis,  où  ils  déterminèrent  une  dou- 
leur grandie  démesurément  par  des  récits  successifs. 

Non  seulement  on  croyait  jadis  que  les  Forficulidés  pouvaient, 
au  moyen  de  leur  pince,  perforer  la  membrane  du  tympan  et  péné- 
trer dans  le  cerveau,  fait  qui,  de  toute  évidence,  est  impossible, 
mais  on  croyait  aussi  que  cette  pince  pouvait  déterminera  la  peau 
humaine  des  douleurs  épouvantables.  En  outre,  un  vieil  auteur, 
Thomas  Molfet,  dit  ceci,  en  parlant  du  Perce-oreilles (1):  «  Boréa- 
les Angli  obscœno  nomine  Tivitchballock  nominant  »,  expression 
que  je  traduis  par  Pince-testicule,  ne  voulant  pas  employer  ici  le 
mot  trivial,  qui  est  pourtant  le  mot  juste. 

D'après  ce  qui  précède,  je  considère  comme  tout  naturel  d'ad- 
mettre que  le  nom  de  Perce  oreilles  a  pour  origine  les  très  graves 
méfaits  attribués  bien  à  tort  à  ces  Insectes  que  Ion  regardait  autre- 
fois, et  que  quantité  de  personnes  ignorantes  regardent  encore 
aujourd'hui,  comme  étant  des  Insectes  dangereux. 

En  revanche,  je  ne  puis  guère  admettre  que  le  nom  de  Perce- 
oreilles  provienne  de  la  ressemblance  entre  leur  pince  et  l'un 
des  instruments  dont  se  servaient  jadis  les  bijoutiers  pour  percer 
les  oreilles.  Des  recherches  m'ont  fait  connaître  la  forme  de  difïé- 
rents  instruments  employés  autrefois  pour  l'usage  en  question, 
et  j'ai  constaté  que  ces  instruments  ne  ressemblaient  certes  à  au- 
cune pince  de  Forhculidé,  pince  dont  la  forme  est  plus  ou  moins 
ditïérente  selon  l'espèce  et  le  sexe. 

Cependant,  je  possède  une  boucle  d'oreilles  perce-oreilles  dont 
la  forme  olïre  une  certaine  analogie  avec  celle  de  la  pince  du 
mâle  de  difïérentes  espèces  et  de  la  partie  postérieure  de  la  pince 
du  mâle  de  certaines  autres.  Cette  boucle  d'oreilles  perce-oreilles, 
désignée,  par  abréviation,  sous  le  nom  de  perce  oreilles,  et  très 
employée  autrefois,  ne  l'est  plus  aujourd'hui  que  dune  façon  res- 
treinte. 

Les  exemplaires  que  je  possède  se  composent  d'un  anneau  circu- 
laire en  argent  ayant  un  diamètre  extérieur  de  quinze  millimètres, 
et  dont  le  fil  a  un  diamètre  de  trois  quarts  de  millimètre.  L'une 
des  extrémités  de  cet  anneau  est  taillée  en  pointe,  et  à  l'autre  ex- 
trémité est  soudé  un  petit  tube  creux,  également  en  argent,  et  dans 
lequel  on  peut  faire  rentrer  l'autre  bout.  Après  avoir  sulïisammeut 
écarté,  grâce  à  la  malléabilité  du  métal,  les  deux  extrémités  de  cet 

(1)  Thomas  ArouFET.  —  Insecinruin  sire  Miniiiionuii  Aninialiinii  Thcalrinn, 
Londres,  Ui.34,  p.  171. 


OO  SÉANCE    DU    28    MARS    1 90o 

anneau  sans  charnière,  on  met  entre  elles  le  lobule  de  l'oreille  (jue 
l'on  transperce  grâce  à  la  pointe,  après  quoi  on  fait  rentrer  cette 
dernière  dans  le  petit  tube  creux.  Ceci  fait,  on  laisse  jusqu'à  l'en- 
tière cicatrisation  ce  perce-oreilles  que  certaines  gens  gardent 
toujours,  ayant  ainsi  des  boucles  d'oreilles  qui,  certes,  ne  sont  pas 
coûteuses. 

Je  dois  ajouter  que  mon  savant  Collègue  à  la  Société  Zoologique 
de  France,  M.  le  D^  .1.  Joykux-Lafkcii:,  a  eu  l'obligeance  de  me 
dessiner  —  ce  dont  je  le  remercie  sincèrement  —  un  ancien  modèle 
de  pince  pour  percer  les  oreilles,  qui  présente  incontestablement 
une  grande  analogie  de  forme  avec  la  pince  du  mâle  de  certaines 
espèces  de  Forficulidés.  Dans  cette  pince,  la  partie  servant  à  percer 
le  lobule  de  l'oreille  correspond  à  la  |)artie  antérieure  de  la  pince 
des  mâles  en  question,  et  les  brandies  que  l'on  tenait  dans  la  main 
correspondent  à  la  partie  postérieure  de  la  pince  de  ces  Insectes. 

En  dépit  de  cette  ressemblance,  je  crois  f[u'il  est  plus  logique 
d'admettre  que  les  Orthoptères  en  question  doivent  leur  nom  vul- 
gaire de  Perce-oreilles  à  une  croyance  absolument  erronée,  jadis 
très  répandue  et  qui  n'a  pas  encore  disparu. 

Cette  digression  étant  terminée,  j'aborde  le  sujet  de  ma  modeste 
note. 

En  consultant  de  nombreux  travaux  relatifs  aux  Forficulidés, 
j'ai  vu  que  plusieurs  rôles  ont  été  attribués  à  leur  pince.  Ce  serait 
très  long,  et  cela  me  paraît  inutile,  de  reproduire  ici  les  passages 
où  de  multiples  auteurs  ont  parlé  de  cet  organe,  et  je  me  borne 
à  traduire  ce  qu'en  dit  A.  de  Bormans  dans  sa  magistrale  mono- 
graphie des  Forliculidés,  qui  est  le  travail  systémati(iue  le  plus 
important  que  la  science  possède  sur  ces  Orthoptères.  La  pince,  dit 
il  (  1  ),  est  un  organe  d'intimidation  et  de  défense,  ainsi  qu'un  organe 
de  maintien  jMMidant  Taccouplement,  et  qui  sert,  chez  les  espèces 
ailées,  au  déi)loiement  et  au  reploiement  des  ailes. 

Il  convient  de  faire  l'examen  de  ces  trois  points,  au  cours  du- 
quel je  fais  connaître  des  observations  jusqu'alors  inédites. 

I.  —  La  pince  est  un  organe  de  défense  et  d'attaque. 

On  sait  fort  bien  que,  lorsqu'ils  sont  inquiétés,  les  Fodicuiidés 
relèvent  leur  pince  et  en  écartent  les  branches  d'une  façon  mena- 
çante, ce  qui  prouve  qu'ils  s'en  servent  comme  d'un  moyen  d'inli 

(1)A.  dn  Bormans  et  H.  Krauss.  — Forficulidae  und  Hemimeridao,  avoc  47  lifiu- 
ros  dans  lo  loxto,  dans  DrtS  Tierreicli,il''  livraison,  Berlin,  H.  Frii^dlâiulcrct  Solin, 
IIMJO,  p.  j. 


SÉANCE  DU  :iS  MAns  1905  56 

midatioii.  Ce  moyen  leui'  réussit  très  bien  auprès  de  beaucoup  de 
personnes  qui  n'osent  [)as  alors  les  prendre  avec  les  doigts. 

M.  Malcolm  Burr  ma  écrit  qu'à  son  avis  la  pince  de  ces  Insectes 
élail  une  arme  défensive  et  olïensive.  En  prenant  un  bain  de  mer 
à  Barcelone  (Espagne),  il  fut  pincé  par  un  Labidura  riparia  (Pall.)- 
La  douleur  fut  légère,  mais  le  saisissement  tel,  qu'aussitôt  il  laissa 
tomber  llnsecte,  qu'il  reprit  immédiatement.  La  pinçure  était 
comparable  à  celles  que  Ton  peut  se  faire  avec  les  ongles,  mais, 
comme  le  remarque  judicieusement  ce  savant  Orthoptériste,  une 
telle  pinçure  aurait  de  limportance  pour  un  petit  animal,  et  même 
pour  un  Homme,  si  elle  était  faite  en  un  point  où  la  peau  est  tendre. 

Quand  on  saisit  par  sa  partie  antérieure  un  Fovficula  aurkularia 
L.,  espèce  des  plus  communes,  il  s'efforce  de  pincer  la  peau.  Très 
généralement,  il  ne  cause  pas  de  douleur;  mais  le  contraire  a  lieu 
parfois.  Dans  les  montagnes  de  la  Haute-Garonne,  un  Forficula 
aurkularia  mâle  ma  pincé  un  doigt  jusqu'au  sang,  et  certaines 
espèces  de  Forficulidés  dont  les  branches  de  la  pince  sont  robustes, 
courtes  et  arquées,  peuvent  produire  le  même  résultat. 

Relativement  à  une  espèce  exotique,  VApterygkla  Unearis  (Eschz.), 
mon  excellent  Collègue  à  la  Société  Entomologique  de  France, 
M.  G. -A.  Baeu,  a  publié  liutéressante  note  qui  suit  (1)  : 

((  Dans  mes  précédentes  communications  sur  mon  voyage  au 
Tucuman,  j'ai  déjà  signalé  quelques  faits  biologiques  intéressants, 
concernant  divers  Insectes  observés  à  Santa- Ana,  petite  localité 
située  à  quatre  vingt-dix  kilomètres  au  sud  de  la  ville  de  Tucuman. 

))  J'avais  trouvé  à  Santa- Ana  la  ])lus  large  hospitalité  chez  un 
Français,  M.  C.  Hileret,  un  des  plus  gros  industriels  de  la  Républi- 
que Argentine,  qui  habite  une  belle  maison  isolée  au  milieu  d'un 
superbe  parc  et  d'immenses  jardins  et  vergers. 

»  Dans  cette  propriété,  j'ai  eu  l'occasion  de  constater  un  fait 
assez  curieux.  Jusqu'alors  j  avais  cru  que  toutes  les  histoires  popu 
laires  de  piqûres  de  Perce-oreilles  n'avaient  aucune  base  sérieuse, 
mais  j'ai  pu  me  convaincre  à  Santa-Ana  qu'une  espèce  fort  répandue 
dans  toute  l'Amérique  duSud, ApterygidalinearisEschsch.,  produi- 
sait des  piqûres  assez  douloureuses  en  implantant  dans  la  peau  les 
deux  i)ointes  de  sa  queue  bifurquée. 

»  Dans  les  derniers  jours  de  novembre  1903,  cette  espèce  était 
extrêmement  abondante,  et  diverses  personnes  de  la  maison  de 

(1)  G. -A.  Baer.  —  Note  sur  la  piqûre  d'un  Forliculide  de  la  République  Argentine, 
Aptenjgida  ItnearU  Eschsch.,  tacmata  Dohrn,  'Orthoptère;,  dans  le  IhiU.  de  la 
Soc.  Entomologique  de  France,  1904,  p.  103;  tiré  à  part,  même  pagination. 


o7  SÉANCE  nr  28  mars  1905 

M.  HiLERET  en  ont  reçu  des  piqûres  soit  au  cou,  soit  à  la  ligure,  le 
soir,  au  lit,  sans  doute  en  cherchant  à  écarter  de  la  main  1  Insecte 
qui  les  chatouillait  en  courant  sur  la  i)eau. 

»  La  piqûre  double,  qui  fait  sortir  régulièrementdeux gouttelettes 
de  sang-,  produit  l'etïet  d'une  brûlure,  la  douleur  se  dissipant  assez 
rapidement  la  plupart  du  temps;  elle  laisse  deux  points  rouges 
très  marqués,  et  souvent  il  survient  une  inflammation  indurée 
blanchâtre,  de  peu  d'étendue,  qui  persiste  pendant  plusieurs  jours. 

))  Mon  jeune  chasseur  qui  dormait  dans  une  chambre  située  sous 
les  toits,  où  ces  Perce  oreilles,  attirés  par  la  lumière,  étaient  parti- 
culièrement abondants,  en  étaitsérieusementincommodé;  le  matin 
il  portait  souvent  plusieurs  paires  de  piqûres  fort  visibles  sur  les 
côtés  de  la  figure. 

))  Il  reste  à  savoir  s'il  s'agit  pour  l'Insecte  d'un  véritable  moyen 
de  défense,  ou  s'il  implante  ses  deux  pinces  dans  la  i)eau  unique- 
ment pour  ne  pas  tomber  lorsqu'on  cherche  à  l'écarter.  Quand  on 
prend  l'Insecte  dans  le  creux  de  la  main,  il  ne  cherche  jamais  à 
piquer. 

»  J'ignore  s'il  s'agit  d'un  t'ait  non  encore  signalé;  je  n'ai  eu  l'occa- 
sion de  l'observer  qu'à  Santa-Ana  où  ces  Perce-oreilles  entraient 
dans  les  maisons,  le  soir,  par  milliers. 

))  Dans  les  autres  localités  du  Tucuman  que  j'ai  visitées,  ils 
étaient  bien  moins  abondants  et  on  n'en  était  nullement  incom- 
modé ». 

Relativement  à  un  détail  de  cette  intéressante  note,  je  dois  dire 
qu'à  mon  avis  les  Forficulidés  font  usage  de  leur  pince  comme 
d'une  arme  de  défense,  et  si  les  individus  de  l'espèce  en  question 
ne  piquent  pas  quand  ils  sont  dans  le  creux  de  la  main,  c'est  tout 
simpleuient  parce  que  n'ayant  pas  la  sensation  d'être  attaqués,  ils 
se  bornent  à  fuir. 

M.  Malcolm  Burr  m'a  obligeamment  l'ait  savoir  que,  dans  la 
Nouvelle  Galles  du  Sud  (Australie),  M.  J.-.I.  Walker  avait  été  très 
fortement  pincé  au  pouce  par  un  Anisolabis  colossea  (H.  Dohrn), 
qui  est  le  plus  gros  des  Forficulidés  <;onnus. 

Si  la  pince  des  Forficulidés  est,  d'une  façon  générale,  inofïensive 
ou  à  peu  près  pour  l'Homme,  elle  constitue  néanmoins  un  bon  or- 
gane de  défense  à  l'égard  des  petits  animaux,  ce  qui  est  confirmé 
par  le  fait  que  la  pince  est  aussi  un  organe  d'attaque. 

En  efïet,  les  Forliculidés  ne  se  nourrissent  pas  seulement  de  sub- 
stances végétales  vivantes  et  mortes  et  de  substances  animales  mor- 


SÉANCE    nu    28    MARS    190.")  58 

tes,  mais  ils  mangent  aussi  des  bestioles  vivantes,  et,  dans  ce  cas, 
leur  pince  leur  est  souvent  très  utile. 

Dans  une  intéressante  note  concernant  le  Labidura  n;)Cfr/a(Pall.), 
Malcolm  RuRR  a  fait  savoir  (1)  qu'ayant  capturé  un  mâle  de  cette 
espèce,  il  l'avait  mis  dans  une  petite  bouteille  et  le  nourrissait  avec 
des  Mouches  que  le  Perce  oreilles  dévorait  avidement.  Un  jour,  il 
il  lui  donna  une  grosse  Mouche  bleue.  Comme  il  la  laissait  tomber 
dans  la  bouteille,  l'Insecte  releva  de  suite,  rapidement  et  verticale- 
ment, sa  pince  avec  laquelle  il  saisit  solidement  la  Mouche  dont  le 
corps  fut  entièrement  pénétré  par  une  branche  de  la  pince.  La 
Mouche  était  tombée  sur  la  partie  postérieure  du  corps  du  Perce- 
oreille,  et,  cependant,  ce  dernier  la  saisit  instantanément  et  avec 
beaucoup  d'adresse,  comme  s'il  l'avait  nettement  vue  venir.  Mal- 
col  m  lîuRR  s'intéressa  beaucoup  à  constater  cet  usage  de  la  pince 
qui.  a  t-il  ajouté,  est  une  arme  dangereuse  à  l'égard  des  petits  ani- 
maux. 

H.-  B.  RoBERTsoN.  qui  nourrissait  avec  des  Mouches  et  des  Perce- 
oreilles  une  colonie  de  Labkhirariparia(PM.)  de  tous  âges,  a  dit  (2) 
qu'il  était  amusant  de  voir  leur  pince  se  relever  quand  on  leur  je- 
tait une  Mouche  bleue. 

Il  convient  d'ajouter  que  dans  un  fort  intéressant  travail  sur  la 
pince  des  Forliculidés,  E.  J.-  B.  Sopp  a  fait  connaître  {'.])  des  obser- 
vations personnelles  concernant  aussi  le  Labidura  riparia,  et  mon- 
trant que  les  individus  de  cette  espèce  utilisent  leur  ])ince  pour  sai- 
sir des  Mouches  vivantes  et  les  maintenir  pendant  qu'ils  les  mangent, 
Sopp  a  dit  également,  dans  ce  travail,  qu'il  est  possible  que  les 
Forliculidés,  Insectes  altérés,  se  servent  de  leur  pince  pour  percer 
des  substances  végétales  et  en  faire  sortir  des  sucs. 

II.  —  La  plnce  sert  a  maintenir  les  deux  sexes  pendant 

l'accouplement. 

Jusqu'alors,  l'accouplement  des  Forticulidés  n'a  été  que  peu 
étudié. 

(1)  Malcolm  Blrr.  —  Labidura  riparia,  Pall.,using  its  forceps,  dans  The  Ento- 
inologist's  Record  and  Journal  of  Variation,  Londres,  Berlin  et  New  Yorlc,  vol. XV, 
ann.  1903,  p.  2G2. 

(2)  R.-B.  RoBEirrsoN.  —  Entomological  Notes  from  Hanls  (Angleterre  ,  dans  TIte 
Entomologist'^  Record  and  Journal  of  Variation,  Londres,  Berlin  et  New  York, 
vol.  XVI,  ann.  1904,  p.  294. 

(3).  E.-J.-B.  Sopp.  — The  Callipers  of  Earwigs,  dans  le  28'  Report  and  Pro- 
ceedings  of  the  lancashire  and  Cheshire  Eiitonwlogical  Societij ,  Liverpool,  1904, 
p.  44;  tiré  à  part,  Southport,  1905,  p.  4. 


59  SÉANCK    DU    28    MARS    11)05 

L'illustre  naturaliste  Giiarles  de  Geer  a  décrit  comuie  il  suit  l'ac- 
couplement du  Forficula  auricularia  L.  : 

«  J'ai  vu,  dit-il  (1),  l'accouplement  de  ces  Insectes.  Le  riiAle 
s'approche  à  reculons  de  la  femelle,  dont  il  ta  te  le  ventre  avec 
sa  pince  pour  rencontrer  l'endroit  propre  à  s'unir  à  elle,  et 
appliquant  alors  l'extrémité  de  son  ventre  contre  le  dessous  du 
corps  de  la  femelle,  ils  se  trouvent  ainsi  joints  l'un  à  l'autre  par 
une  partie  qui  sort  de  la  jonction  du  pénultième  au  dernier 
anneau  du  corps  du  mâle.  Ils  restent  tranquillement  dans  cette 
position,  la  pince  du  mâle  appliquée  contre  le  ventre  de  la  fe- 
melle, et  réciproquement  celle  de  cette  dernière  contre  le  ventre 
du  mâle.  Les  Perce  oreilles  sont  alors  placés  dans  une  même 
ligne,  la  tète  de  l'un  tournée  d'un  côté,  et  celle  de  l'autre  du  coté 
opposé  ». 

Dans  cette  description,  de  (Ieer  ne  dit  pas  que  la  pince  sert  à 
maintenir  les  sexes  pendant  le  coït.  D'ailleurs,  sur  la  tigure  qu'il 
donne  et  qui  représente  en  cofjulation  les  deux  sexes  du  Forficula 
auricularia  placés  subrectilignement,  on  voit  très  bien  que  les  pinces 
ne  jouent  nullement  le  rôle  en  question. 

J'ai  moi-même  observé  l'accouplement  de  cette  espèce  et  pu- 
blié une  note  sur  l'accouplement  des  Forliculidés,  d'où  j'extrais 
le  paragraphe  suivant  (2):  ((  Quand  il  désire  s'accoupler,  le  For- 
ficula auricularia  mâle  s"api)roche  d'une  femelle,  va  et  vient 
auprès  d'elle,  avance  et  recule,  contourne  son  abdomen  en 
ditïérents  sens  et  paraît  chercher  à  saisir  la  femelle  avec  sa 
pince  qui,  en  réalité,  —  j'insiste  sur  ce  point  —  semble  ne  lui 
être  utile  ni  dans  les  préliminaires  de  l'accouplement,  ni  pendant 
cet  acte  ». 

A.  de  BoRMANs  a  vu  l'accouplement  du  Chclidura  aptera  (Charp.). 
«  J'ai  été  témoin,  dit  il  (.'S),  de  l'accouplement,  le  27  septembre;  le 
mâle  reposait  le  dos  à  terre,  la  femelle,  les  pattes  sur  le  sol;  de 
façon  que  le  mâle  appuyait  le  dessous  de  ses  pinces  sur  le  ventre  de 
la  femelle,  et  vice-versa  ». 

L'accouplement  du  Chelidurapyrenaica (Gêné)  [C.  dilatata{Li\h\)]. 

m 

(1)  Charles  (le  Geer.  —  Mémoires  pour  servir  à  l'IiiMoire  dos  Insectes,  t.  III, 
Stockholm,  1773,  p.  ,"j52,  et  pi.  25,  fig.  25. 

(2)  Henri  G.\de.\u  de  Kerville.  —  L'Accouplement  des  Forliculidés  (Orthoptères), 
avec  une  ligure  dans  le  texte,  dans  le  7i»//.  de  la  Soc.  Enloiiiologique  de  France, 
ann.  1903,  p.  !SG;  tiré  à  part,  même  pagination. 

(3)  A.  de  BoRMANs  (.\.  Dubrony,  pseudonyme).  —  Essai  sur  le  genre  Chelidura, 
dans  les  Ànnali  del  Museo  civico.di  Storia  naiitrale  di  Genoca,  \o\.\\],  1878, 
p.  449;  tiré  à  part,  p.  17. 


SKANCE    1)1'    :iS    INIAUS    l'JU.')  60 

dit  Xambeu  (1),  ((  a  lieu  en  avril  ou  en  mai,  suivant  l'altitude.  Il  se 
fait  dans  la  galerie  protectrice,  à  reculons,  par  juxtaposition  des 
deux  corps  bout  à  bout,  celui  de  la  femelle  dessus,  les  deux  grosses 
|)inces  du  mâle  sous  le  corps  de  sa  conjointe,  et  les  pinces  de  celle- 
ci  surral)domen  de  son  copulateur,  la  tète  de  la  femelle  tournée 
vers  le  fond  de  la  galerie,  celle  du  mâle  vers  rentrée;  la  copulation 
cesse  dès  que  l'abri  qui  couvre  le  couple  est  soulevé  ». 

M.  E.-J. -B.  Sopp  ma  obligeamment  écrit  qu'il  avait  observé  lac- 
coujjlement  du  Lahidura  riparia  (Pall.),  et  constaté  que  la  pince 
n'était  pas  utilisée  pendant  la  copulation. 

Ces  diflérentes  observations  montrent  que,  chez  les  espèces  en 
question,  la  pince  ne  sert  pas  au  maintien  des  sexes  pendant  le 
coït.  Je  ne  puis  évidemuient  afTirmer  que,  chez  certaines  espèces, 
cet  organe  ne  joue  pas  ce  rôle,  mais  j'en  doute  beaucoup.  Ilestfort 
probable  que  cet  usage  aura  été  admis  sans  observations  rigoureuses 
et  que,  sur  ce  point,  des  auteurs  se  seront  copiés  les  uns  les  autres, 
sans  le  moindre  contrôle. 

III.  —  La  PIXCE  est  employée  pour  le  DÉPLOn:MENT 
ET  LE  REPLOIEMENT  DES  AILES  ET  LE  SOULÈVEMENT  DES  ÉLYTRES, 

Voici,  entre  autres,  des  renseignements  qui  concernent  cet 
emploi  : 

A  l'égard  du  déploiement  des  ailes,  monexcellentami  Paul  Noël, 
Directeur  du  Laboratoire  régional  d'Entomologie  agricole  de  Rouen, 
ma  obligeamment  communi([ué  l'intéressante  observation  qui 
suit: 

Un  soir  de  l'année  1880,  m'a-t-il  écrit,  j'assistais  à  la  représenta- 
tion d'un  cirque  installé  sur  une  place  herbue,  à  Evreux  (Eure).  Le 
siège  ([ue  j'occupais  n'était  séparé  de  la  piste  que  par  une  corde 
tendue,  à  environ  un  mètre  de  hauteur,  au  moyen  de  piquets  en 
bois,  et  j'étais  assis  tout  près  de  l'un  d'eux.  Pendant  la  représenta- 
tion, j'ai  observé  des  Perce-oreilles,  presque  certainement  des  For- 
ficuia  auricularia  L.,  qui  grimpaient  au  piquet.  Arrivés  au  sommet, 
ils  ouvraient  leurs  élytres,  puis,  en  recourbant  en  avant  la  partie 
postérieure  de  leur  corps,  ils  déployaient  leursailes  à  l'aide  de  leur 
pince  et  s'envolaient.  J'en  ai  vu  certainement  une  vingtaine  pen- 
dant cette  soirée,  mais  n'ai  pas  eu,  depuis,  l'occasion  d'observer 

(1)  Xambeu.  —  Instinct  de  la  malcrnité  chez  le  Chelidura  dilatata,  Lafrenaye, 
Orthoptère  du  ijroupe  des  Forficuliens,  dans  Le  Naturalùte,  Paris,  n"  du  t.")  juin 
1!)U3,  p.  lU. 


61  SKANCE    DU   28    MARS    190."» 

de  nouveau  ce  fait  intéressant.  M.  Paul  Noël  m'a  également  écrit 
que  certains  petits  Insectes  coléoptères  de  la  famille  des  Staphyli- 
nidés,  incommodés  par  la  fumée  de  tabac,  se  servent  de  la  partie 
postérieure  de  leur  cor})S  pour  aider  au  déploiement  de  leurs  ailes. 

Au  cours  d'un  très  intéressant  article  de  vulgarisation  sur  les 
Forficulidés,  (Irant  Allkx  a  montré,  en  accompagnant  son  texte  de 
figures,  qu'à  une  certaine  phase  du  reploiement  des  ailes,  les  bran- 
ches de  la  pince  (1)  suppléent  à  l'action  des  muscles  des  ailes,  l'In- 
secte relevant  soudainement  sa  pince,  écartant  ses  branches  et 
appli(|uant  l'extrémité  pointue  de  ces  dernières  au  bout  des  ailes, 
mouvements  qui  s'exécutent  très  rapidement. 

Dans  une  intéressante  note  sur  la  fonction  de  la  pince  chez  les 
Perce-oreilles,  G.  Morhis  a  observé  (2)  bien  des  fois  chez  un 
Forficula  dont  il  ne  donne  pas  le  nom  spécifique,  que  la  pince,  re- 
levée, servait  invariablement  à  soulever  les  courtes  élytres  avant 
le  déploiement  des  ailes,  mais  n'était  pas  utilisée  pour  déployer 
ces  dernières. 

La  plupart  des  Forficulidés,  dont  le  nombre  des  espèces  actuel- 
lement décrites  approche  de  cinq  cents,  sont  pourvus  d'élytres 
et  d'ailes;  mais  il  existe  des  espèces  qui  sont  privées  d'élytres,  et 
d'autres  qui  ne  possèdent  ni  élytres,  ni  ailes. 

Afin  de  donner  aux  personnes  qui  n'ont  pas  étudié  les  Forficu- 
lidés un  simple  aperçu  de  la  forme  et  de  la  taille  de  leur  pince,  mon 
excellent  Collègue,  M.  A.-L.  Clément,  m'a  fidèlement  dessiné  les 
seize  figures  ci-jointes  qui  représentent,  toutes  au  double  de  la  graii- 
deur  naturelle,  la  pince  de  spécimens  mâles  et  femelles  de  ma  col- 
lection. Sur  ces  figures,  grâce  aux  traits  longitudinaux  qui  don- 
nent, en  grandeur  naturelle,  la  longueur  de  l'Insecte,  de  l'extrémité 
de  la  tête  à  l'extrémité  de  l'abdomen,  la  pince  non  comprise,  on  voit 
le  rapport  qui  existe  entre  la  longueur  de  l'Insecte  et  celle  de  sa 
pince. 

Pour  rendre  facilement  comparables  entre  elles  la  taille  de  la 
pince  des  deux  sexes,  dans  chaque  espèce,  ces  figures  ont  été  fai- 
tes en  admettant  que  les  individus  mâle  et  femelle  avaient,  dans 
chacune  des  espèces,  la  même  longueur,  de  l'extrémité  de  la  tète  à 
l'extrémité  de  l'abdouieu,  la  pince  non  comprise,  individus  que, 
d'ailleurs,  on  peut  facilement  trouver  chez  les  espèces  en  question. 

(1)  Grant  Allen.  —  Glimpses  of  Nature.  VI.  Those  horrid  Earwigs,  dans  The 
Strand  Magazine,  Londres,  vol.  XIV,  n°  84,  décembre  1897,  p.  707  et  lig.  12  et  13. 

(2)  Jno.  G.  Morris.  —  What  is  Ihe  function  ot  the  forcops  in  Forficula  '!  dans 
The  Canadian  Enloniologiat,  Loiidon  (Canada),  vol   IX,  1877,  p.  219. 


SÉANCE    DU    28   MARS    190-") 


1t2 


3-4 


7-8 


5-(i 


9-10 


11-12 


13  -  U 


15-16 


Pinces  df  l-'uriiculidés  (double  de  la  graiicieur  naturelle).  —  l-'iy.  l-"2.  Apaclnjs  lù-ae 
Borm.,  espèce  ailée,  mâle  et  femelle.  —  Fig.  3-4.  Pyragra  Dohrni  (Scudd.),  espèce  ailée, 
mâle  et  femelle.  —  Fig.  5-6.  Aiiisolahis  maritimn  (Gêné),  espèce  privée  d'élytres  et  d'ailes, 
mâle  et  femelle.  —  Fig.  7-8.  CheUdiira  slnuata  (Germ.)  var.  Dufiniri  (Serv.),  espèce  privée 
d'ailes,  mâle  et  femelle.  —  Fig.  9-10.  Aticclntra  nietallicd  (H.  Dohrn).  espèce  ailée,  mâle  et 
femelle.  —  Fig.  11-12.  Anecliiira  liipunctata  (F.),  espèce  ailée,  mâle  et  femelle.  —  Fig.  13-14. 
Opisthocosmia  furcipatn  (Haan),  espèce  ailée,  mâle  et  femelle.  —  Fig.  15-lti.  Farfinila 
pubcsccns  (Serv.),  espèce  ailée,  mâle  et  femelle. 


Chaque  trait  longitudinal  donne  la  longueur  d'un  mâle  et  d'une  femelle  de  ces  dilTérentes 
espèces,  de  l'extrémité  de  la  tète  à  l'extrémité  de  l'abdomen,  la  pince  non  comprise. 

La  détermination  de  ces  espèces  m'a  été  laite  par  le  savant  Orthoptériste,  M.  Malcolm 
Runn. 


63  SÉANCE    DU    28    MARS    IDOij 

En  résumé,  la  pince  des  FoiTiculidés  a  de  multiples  fonctions, 
car  elle  est  un  organe  de  défense  et  d'attaque,  qui  aide  au  déi)loie- 
ment  et  au  rejjloiement  des  ailes  et  au  soulèvement  des  élytres,  et 
qui,  possiblement,  sert  aussi  à  piquer  des  substances  végétales 
plus  ou  moins  aqueuses  pour  en  faire  couler  des  sucs  que  boivent 
les  Forliculidés. 

11  importe  absolument  de  considérer  ces  diverses  fonctions  de 
la  pince  comme  étant  seulement  des  fonctions  générales  chez  les 
Forliculidés,  car  il  est  certain  que  la  pince  de  nombreuses  espèces 
ne  joue  pas  ce  multiple  rôle. 

Des  entomologistes  ont  considéré  la  pince  comme  étant  un  organe 
d'ornement,  ce  que  je  ne  peux  croire. 

Enfin,  je  suis  très  enclin  à  penser  que  la  pince  ne  sert  jamais 
ou  presque  jauiaisà  maintenir  les  sexes  pendant  l'accouplement. 

Avant  de  terminer  cette  modeste  note  dans  laquelle  je  me  suis 
efforcé  de  résumer,  le  mieux  que  je  l'ai  pu,  nos  connaissances  sur  les 
fonctions  de  la  pince  des  Forficulidés,  j'adresse  des  remerciements 
très  sincères  à  MM.  Malcolm  Biiui,  Paul  Noël  etE.-J.-B.  Son*  pour 
les  renseignements  fort  intéressants  qu'ils  ont  eu  l'amabilité  de 
me  donner. 

En  finissant,  je  souhaite  que  des  entomologistes  ajoutent  des 
observations  précises  et  nombreuses  à  la  question,  encore  ])eu 
connue,  des  fonctions  de  la  pince  des  Forficulidés,  Insectes  humbles 
et  sans  beauté,  mais  dont  l'étude  est  captivante. 


Séance  du  il  avril  1905. 

l'RÉSIDENCE  DU  D^  TROl  ESSART,  ANCIEN  PRÉSIDENT. 

Le  Laboratoire  (h  Biologie  générale  de  l'Université  de  Dijon  est  pro- 
clamé Membre  de  la  Société  Zoologique  de  France. 

M.  F.  Vlés  fait  une  communication  sur  un  nouvel  organedes  sens 
de  la  Nucule,  avec  présentation  de  préparations  microscopiques. 

M.  L.  Pktit  annonce  que  les  Hirondelles  ont  fait  leur  apparition 
le  o  avril  aux  environs  de  Paris,  où  elles  ont  été  signalées  en  même 
temps  à  Sceaux,  au  Rourget  et  à  Neuilly  Plaisance.  Elles  sont  donc 
en  avance  d'une  quinzaine  sur  l'an  dernier,  malgré  une  chute  brus- 
que de  température,  le  thermomètre  étant  descendu  à  —  3°. 

M.  Troiessart  cite  à  ce  propos  le  cas  d'une  personne,  qui,  grâce 
à  une  nourriture  appropriée,  conserve  des  Hirondelles  en  cage  du- 
rant tout  l'hiver,  à  Paris.  Le  fait  est  rapporté  en  détails  dans  une 
note  insérée  au  Bulletin  de  la  Société  'nationale  d'Acclimatation. 

A  propos  de  l'excursion  organisée  aux  Baléares  par  le  professeur 
Pruvôt,  m.  le  Secrétaire  général,  annonce  qu'un  assez  grand  nombre 
de  Membres  de  la  Société  font  partie  de  l'excursion  et  se  mettent 
à  la  disposition  de  leurs  collègues  pour  les  récoltes  scientiliques. 


NOTE  SUR  LES  ORGANES  LUMINEUX  DE  DEUX  CÉPHALOPODES 

PAlt 

L.  JOUBIN 

l^rofcsseiu'  au  Muséum  d'Histoire  naturollc 

Au  cours  des  dernières  campagnes  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Mo- 
naco on  a  recueilli  entre  les  Açores  et  les^.anaries  plusieurs  exem- 
plaires d'un  (léphalopode  très  rare,  Leachia  Cyclura.  Cet  animal 
porte  sur  le  globe  oculaire  des  organes  photogènes.  Une  rangée 
équatoriale  de  5  perles  brillantes  occupe  le  bord  ventral  de  l'œil; 
deux  autres  sont  placées  entre  le  cristallin  et  les  précédentes  sur 
l'œil  même.  Ces  organes,  d'aspect  argenté,  tranchent  nettement  sur 
le  fond  noir  des  meml)ranes  pigmentées  du  globe  oculaire. 

L'étude  histologique  de  ces  appareils  m'a  montré  qu'ils  ne  dif- 


65  SÉANCE  DU  11  AVRIL  1905 

fèrent  pas  essentiellement  de  ceux  que  jai  décrits  chez  quelques 
autres  Céphalopodes,  et  de  ceux  qu'ont  sij^nalés  Chun  et  Hoyle,  le 
I)remier  chez  Thaumatolampas,  le  second  chez  Ptérygioteuthis.  Mais 
si  le  plan  général  d'orçanisatiou  est  le  même,  les  détails  sont  très 
diiïérents,  et  l'on  peut  dii"e  que  aucun  de  ces  ori^anes  nest  identi- 
que à  l'un  des  six  autres.  Je  ferai  i)lus  tard  connaître  les  détails  de 
leur  structure.  Il  est  probahle  que,  dans  ces  conditions,  leur  fonc- 
tionnement n'est  pas  le  même,  et  d'après  certains  indices,  la  cou- 
leur et  l'intensité  de  la  lumière  émise  par  ces  petits  appareils  doi- 
vent être  dissemblables. 

Un  autre  Céphalopode  fort  intéressant  Mdeagroteuthis  Hoylei  Pf  efïer 
(jui  jusqu'à  présent  n'a  été  décrit  que  dans  deux  lignes  d'un  mémoire 
de  H.  Pkeffer,  de  Hambouri;-,  et  n'a  pas  été  fig-uré  (I),  présente  une 
énorme  quantité  d'appareils  photogènes  sur  la  face  ventrale  de  son 
corps,  de  sa  tête  et  de  ses  bras;  il  y  en  a  aussi  .«ur  les  côtés,  et 
même  quelques-uns  sur  la  face  dorsale,  ce  qui  est  tout  a  fait  ex- 
ceptionnel chez  les  Céphalopodes.  On  peut  même  dire  que  ce  fait 
est  contraire  à  la  règle  chez  les  animaux  i)élagiques  producteurs 
de  lumière,  qui  ont  toujours  leurs  a|)pareils  photogènes  veutraux. 

Ce  Céphalopode  a  été  capturé  au  cours  de  l'expédition  du  Siboga, 
au  large  de  1  île  Paternoster  (mer  de  Flores,  au  nord  de  Sumatra) 
par  500  à  700  mètres  de  profondeur.  Je  donnerai,  dans  le  volume 
relatif  aux  Céphalopodes  du  Siboga,  une  descri[)tion  détaillée  de 
ce  très  curieux  aniuial. 

Pour  le  moment  je  ne  veux  examiner  que  les  organes  lumineux 
cutanés 

On  en  observe  plusieurs  centaines,  très  rapprochés  les  uns  des 
autres,  faisant  une  légère  saillie  à  la  surface  de  la  peau. 

Si  l'on  examine  à  la  loupe  un  de  ces  organes,  on  voit  qu'il  se 
compose  de  trois  parties.  Vn  petit  cor[)s  ovo'ide  noir  ayant  environ 
1  millimètre  de  long;  un  corps  hémisphérique  blanc  qui  le  surmonte, 
et  une  surface  légèrement  concave,  blanche,  qui  vient  ensuite;  le 
tout  a  environ  3  millimètres  de  long. 

Dans  tous  ces  organes  le  globe  noir  est  situé  en  arrière  et  les  deux 
surfaces  blanches  en  avant;  il  s'en  suit  que  les  rayons  luuiineux 
émis  par  eux  sont  dirigés  tous  vers  la  pointe- des  bras  de  l'animal. 

L'épithélium  cutané  transparent  passe  j)ar-dessus l'ensemble  de 
ces  organes.  On  y  trouve  un  certain  nouibre  de  chromatophores 

(1)  Ceorg  l'felïcr,  Synopsis  dor  oei^opsidon  Cophalopoden,  31itl.  rtî/s  di'in  nalu^ 
hi!<lorischen  Mu^cuiit,  XVII,  Hambourg,  1900,  p.  170. 


SKANCE    Dr    11    AVRIL    1!)(K) 


66 


qui  ont  dans  tous  les  appareils  i)liotogènes  une  disposition  absolu- 
ment constante.  La  lig.  1  montre  leurs  rapports.  On  voit  en  bas 
l'organe  ovoïde  P  qui  produit  la  lumière,  au  milieu  la  lentille  L 
hémisphérique  et  au-dessus  le  miroir  M.  Tout  autour  de  l'espace 
occupé  parla  lentille  et  le  miroir  il  y  a  un  cercle  de  chromatophores 
foncés,  N;  3  grands  autour  du  miroir,  7  petits  autour  delà  lentille. 
Au  milieu  du  cercle,  au-dessus  de  la  lentille,  se  trouve  un  gros 
chromatophore  rouge  (1  R.  Il  est  absolument  constant,  et  toujours 
à  la  même  place,  dans  tous  les  appareils  de  l'animal.  11  en  est  de 


JV_/__ 


-  M 


CR\_ 


J\r  i 


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^j-_i^ 


Vu;.  I .  —  Lambeau  de  peau  montrant  un  organe 
photogène.  Clî,  chromatophore  rouge;  L,  lentille; 
N,  chromatophores  noirs;  P,  organe  producteur  de 
lumière;  M,  miroir. 

même  des  chromatophores  foncés.  Les  autres,  représentés  sur  le 
pourtour  de  la  figure  1,  sont  des  chromatophores  cutanés  quel- 
conques, sans  relation  directe  avec  l'appareil  photogène. 

De  cette  disposition  on  peut  conclure  à  l'emploi  de  ces  organes 
colorés  par  le  Céphalopode  de  la  manière  suivante. 

Si  l'animal  produit  de  la  lumière  blanche  par  exemple  avec  son 
appareil,  il  obtiendra  le  maximum  d'intensité  lumineuse  en  fer- 
mant tous  ses  chromatophores,  Toute  la  lumière  blanche  émise  par 

Bull.  Suc.  Zool.  de  Fr.,  19iij.  xxx  —  7 


57  SÉANCE  DU    11    AVRIL    lifOo 

la  souree  P  sera  rélléchie  i)ar  le  miroir  M  ou  projetée  par  la  lentille 
L.  Si  l'animal  vient  à  ouvrir  ses  chromatophores  noirs  N,  leur  di- 
latation masquera  une  portion  du  miroir  et  de  la  lentille  plus  ou 
moins  grande,  et  la  lumière  sera  diminuée  d'autant;  en  extension 
complète  ces  chromatophores  forment  un  véritable  écran  noir  de- 
vant l'appareil. 

Mais  il  faut  tenir  compte  du  chromato])hore  rouge  médian.  S'il 
est  fermé,  la  lumière  reste  blanche;  s'il  est  ouvert,  il  masque  en 
grande  partie  la  lentille.  Le  rayon  lumineux  émis  sera  donc  rouge 
au  centre  et  blanc  sur  ses  bords. 

Si  l'animal  étale  ses  chromatophores  noirs  en  même  temps  que 
le  rouge,  tous  les  rayons  blancs  seront  arrêtés;  il  n'y  aura  plus 
qu'un  seul  faisceau  lumineux  rouge  partant  de  la  lentille  et  traver- 
sant le  chromatophore  rouge. 

Etant  données  la  mobilité  des  chromatophores  et  la  facilité  bien 
connue  avec  laquelle  les  Céphalopodes  les  font  se  dilater  ou  se 
contracter  à  volonté,  on  doit  penser  que  les  jeux  de  lumière  sont 
extrêmement  variés,  d'autant  jtlus  que  l'animal  peut  en  modifier 
le  fonctionnement  dans  certains  ])oints  de  son  corps.  Il  peut,  par 
exemple,  produire  de  la  lumière  blanche  sur  ses  bras,  rouge  sur  sa 
tête,  mixte  sur  l'abdomen;  éteindre  les  uns,  éclairer  les  autres,  etc. 

11  est  encore  possible  que  les  deux  chromatophores  qui  sur 
montent  le   miroir,    entre   les   ',i   grands   chromatophores  noirs, 
s'étendent  sur  ce  miroir,  et  modifient  la  lumière  qu'il  réfléchit; 
or  ils  sont  jaunes;  cela  produirait  un  nouvel  élément  de  variations 
de  la  couleur  du  rayon  réiléchi. 

J'ai,  pour  plus  de  simplicité,  supposé  que  la  lumière  produite 
par  1  appareil  était  blanche.  J'ai  eu  l'occasion  de  voir,  un  soir, 
entre  les  Canai'ies  et  les  Açores,  un  grand  Céphalopode  lumineux 
émettre  sa  lumière.  C'était  un  spectacle  merveilleux  dont  plusieurs 
personnes,  dont  le  Prince  de  Monaco,  ont  été  témoins;  nralheu- 
reusement  nous  ne  pûmes  capturer  ce  Céphalopode  dont  les  mou- 
vements étaient  très  vifs  de  sorte  que  j'ignore  à  quelle  espèce  il 
appartenait.  La  lumière  qu'il  produisait  était  bleu-verdàtre, 
claire,  mais  très  intense;  elle  était  limitée  à  la  paroi  ventrale  de 
l'abdomen.  On  peut  donc  penser  que  la  lumière  émise  ])ar  les 
Céphalo])odes  peut  être  légèrement  teintée  en  dehors  de  toute  inter 
vention  des  écrans  colorés  en  jaune  ou  en  rouge  constitués  par  les 
chromatophores. 

11  me  reste  à  donner  quehjues  indications  sur  la  structure  de  ces 
appareils;  elles  seront  très  brèves,  car  ils  neditfèrent  |)as  beaucoup 


SÉANCK    m     11    AVRIL    1  !)();) 


68 


de  ceux  que  jai  décrits  il  y  a  ([uelques  années  chez  les  Histiotcuthis. 

L'organe  [)h()togène  se  compose  d'un  corps  ovoïde  recouvert  d'un 
enduit  épais  de  matière  noire  (0)  sauf  dans  la  calotte  où  est  enchâssée 
la  lentille.  Cet  enduit  noir  me  paraît  être  une  transformation  par- 
ticulière du  pigment  colorant  des  chromatophores  (fig.  2). 

A  l'intérieur  on  trouve  une  épaisse  couche  de  cellules;  les  unes  (E) 
ont  l'aspect  lenticulaire  très  régulier,  enchâssée  les  unes  dans  les 
autres,  présentant  un  noyau  central,  et  formées  de  lamelles  très 
minces  se  recouvrant.  C'est  identique  à  ce  que  j'ai  déjà  décrit  chez 


FiG.  2.  —  Coupes  saf,àttalcs  à  travers  l'organe  phologcne,  grossies  Oi)  fois.  A 
gauche,  figure  passant  par  le  plan  médian;  à  droite,  ligure  passant  parle 
bord  de  l'organe.  A,  épithélium  cutané  ;  B,  gaine  fibreuse  enchâssant  la  len- 
tille ;C.R,chromatophore  rouge;  E  miroir  interne  lenticulaire;  L,  lentille; 
M,  miroir  externe;  N,  chromatophore  noir;  0,  gaine  pigmentée;  P, 
cellules  photogènes. 

Histioteuthis  Ruppelli  et  qui  a  été  revu  par  Hoyle  et  Ch[;x  chez 
d'autres  esf)èces.  Mais  ici  il  n'y  a  qu'une  portion  de  ces  cellules 
ayant  gardé  l'aspect  lenticulaire;  beaucoup  d'autres  se  sont  allon- 
gées, aplaties,  et  ont  pris  l'aspect  de  lames.  Quoi  qu'il  en  soit,  ces 
cellules  constituent  un  niiroir  interne  appliqué  contre  l'enduit 
noir  et  les  rayons  lumineux  qui  se  produisent  au  foyer  de  ce 
miroir  parabolique  sont  dirigés  par  lui  vers  la  lentille  L. 
La  couche  productrice  de  lumière  (P)  occupe  le  centre  de  l'appareil. 


G9  SÉANCE   DU    11    AVRIL    1905 

L'histologie  en  est  encore  mal  connue  par  suite  de  l'insuffisance  de 
la  fixation.  Les  réactifs  pénètrent  mal  et  lentement  à  travers  les 
couches  compactes  qui  l'entourent.  On  y  distingue  à  la  périphérie 
une  couche  assez  épaisse  de  gros  noyaux  qui  doivent  se  rap[)orter 
les  uns  à  des  cellules  de  soutien,  les  autres  à  de  longues  cellules 
cylindriques,  ilexueuses,  qui  sont  vraisemhlablement  celles  qui 
produisent  la  lumière.  On  les  retrouve  jusque  sous  la  lentille  qui 
les  recouvre. 

La  lentille  (L)  concavo-convexe  est  formée  de  longues  cellules 
hyalines,  à  noyaux  facilement  colorés  par  la  safranine.  Cette 
lentille  très  bombée  est  adossée  au  miroir  externe  (M).  Celui- 
ci  se  compose  d'éléments  fibreux,  en  lamelles,  ]dus  abondants  sur 
les  bords,  partant  de  la  lentille  elle-même.  Autour  de  la  lentille, 
on  trouve  un  tissu  granuleux  compact  (B),  qui  me  parait  être  formé 
d'un  amas  d'iridocystes.  Enfin  un  peu  de  pigment  noir  tapisse  la 
face  profonde  de  ce  miroir. 

L'une  des  deux  figures,  celle  de  gauche,  montre  une  coupe  sagittale 
passant  par  l'axe  de  l'organe  et  passe  par  le  chromatophore  rouge. 
L'autre  orientée  de  la  même  façon  passe  en  coté,  sur  le  bord  de 
la  lentille,  en  dehors  de  ce  chromatophore  rouge.  Elle  montre  la 
niasse  des  iridocystesqui  entourent  la  lentille,  bien  plus  abondante 
sur  les  bords  que  dans  le  plan  médian  de  l'organe. 

Je  n'insiste  pas  davantage  sur  les  détails  de  cet  appareil  dont  je 
donnerai  prochainement  une  description  complète  dans  un  travail 
d'ensemble  sur  les  Céiihalopodes  du  Siboga. 


Séance  r.rtranrdinnirr  du  20  arril  1005 

TENUE  A  PALMA  DE  MALLORCA  (ILES  BALÉARES) 

Sors  LA  Prksioknck  d'Honnelr  dv  PROFKSSFAii  Odon  de  Blf.n 

ET    LA  IMlÉSIDENCE  DU  PROFESSEUR  PrUVÔT. 

La  deuxième  séance  d'avril  ayant  lieu  durant  les  vacances  de 
Pâques  et  le  Bureau  et  les  Membres  les  plus  assidus  devant  s'ab- 
senter à  cette  époque,  il  était  permis  de  supposer  que  la  séance 
ordinaire  ne  pourrait  avoir  lieu.  Or  l'un  des  Vice-Présidents  et  un 
certain  nombre  de  Membres  se  trouvant  réunis  aux  Baléares  pour 
l'excursion  organisée  par  l'administration  du  Laboratoire  Arago, 
le  Secrétaire  général,  avec  l'assentiment  du  Président,  a  cru  pou- 
voir prendre  l'initiative  dune  réunion  extraordinaire  destinée 
à  remplacer  celle  de  Paris. 

Étaient  présents  :  MM.  Adam  et  Anthony,  M'"'^  Bande,  M'i'^^  M. 
et  T.  Baude,  MM.  P.  de  Beauchamp,  Brantza,  Odon  de  Buen. 
Clément  de  (îrancourt,  M"'"'  Cuisinier  et  Décleiz,  M.  0.  Duboscq, 
M"''  A.  Fol,  MM.J.Fuset,  Ch.  Céneau,J.  Cuiart,Lantz,  J.  Malberti, 
Fernando  et  José  Moragues,  A.  Morlot,  R.  de  Nogues,  Ch.  Perez, 
Pinoy,  Mlle  Pogor,  MM.  Pradales,  G.  Pruvôt,  E.  Racovitza,  B.  del 
Riego,  Roule,    Mi'*'  E.  Sakellarides,   MM.   J.   Verges,    F.    Vies  et 

Mme  VlèS. 

M.  le  professeur  Pruvôt  ouvre  la  séance  en  remerciant  les  mem- 
bres présents  et  plus  particulièrement  les  personnes  de  Palma 
parmi  lesquelles  nous  citerons  plus  particulièrement  M.  Malrerti, 
ingénieur-chef  du  port,  M  Fernando  Moragues,  entomologiste  et 
propriétaire  de  la  grotte  du  Drach  et  M.  José  Fuset,  professeur 
d'histoire  naturelle,  qui  a  fait  mettre  à  notre  disi^osition  pour  cette 
réunion  la  grande  salle  de  l'instilut  baléare.  11  fait  Ihistoriijue  de 
l'excursion  et  montre  que  sa  bonne  organisation  est  due  en  gran- 
de partie  au  dévouement  de  M.  Malberti,  qui  peut  être  considéré 
comme  la  providence  des  naturalistes  visitant  Majorque.  111e  prie 
de  transmettre  à  la  population  nutjoi'([uiue  les  remerciements  des 
naturalistes  français  et  étrangers  pour  l'accueil  toujours  si  cordial 
et  souvent  si  chaleureux  qu'ils  ont  reçu.  11  se  fait  également  l'in- 
terprète de  la  Société  Zoologique  de  France  et  remercie  l'Ins- 
titut baléare  de  l'hospitalité  qu'il  nous  olïre 

M.   le   professeur  Pruvôt   propose    de  donner    la    présidence 


71  SÉANCE   DU    2(i    AVHIL    IIIO.") 

d'honneur  de  la  séance  à  AI.  Odon  de  Buen,  professeur  d'histoire  na- 
turelle à  l'Université  de  Barcelone  et  après  l'acceptation  de  l'assem- 
blée lui  cède  la  place  au  fauteuil  présidentiel. 

M.  le  professeur  Odon  de  Blîen  remercie  M.  le  professeur 
Pruvôt  et  les  membres  présents  du  i^rand  honneur  qui  lui  est  fait. 
11  donne  lecture  d'un  télégramme  du  professeur  Bolivar  directeur 
du  Musée  d'histoire  naturelle  de  Madrid,  qui  adresse  ses  salutations 
cordiales  à  ses  collèf^ues  de  la  Société  Zoologique  de  France. 

A  la  suite  d'une  demande  signée  de  MM.  de  Beauchamp,  Duboscq, 
(iuiart,  Pérez,  Pinoy,  Pruvôt,  Racovitza  et  Vlès,  M.  le  professeur Odo.x 
de  Buen  est  nommé  par  acclamation  Membre  correiipondant  de 
la  Société  Zoologiijuede  France. 

MM.  de  Beauchamp  et  .1.  duiart  présentent  M"''  Alice  Fol, 
demeurant  2(5,  rue  Gay-Lussac,  à  Paris (o^).  En  considération  de 
son  illustre  père,  le  grand  naturaliste  genevois  Hermann  Fol,  les 
membres  présents  décident  de  devancer  l'époque  réglementaire 
et  nomment  par  acclamation  M''''  Fol  membre  de  la  Société 
Zoologique  de  France. 

M.  le  Secrétaire  général  fait  appel  aux  personnes  présentes  qui 
ne  sont  pas  encore  membres  de  la  Société.  Quand  les  Zoologistes 
connaîtront  la  cordiale  camaraderie  qui  règne  parmi  nous,  ils  seront 
heureux  de  venir  grossir  nos  rangs;  quant  aux  |)ersonnes  étrangè- 
res à  la  Zoologie  elles  auront  la  satisfaction  intime  de  pouvoir  col- 
laborer indirectement  à  nos  travaux  en  contribuant  à  l'impression 
de  nos  |)ublications.  Les  personnes  suivantes  nous  ont  fait  l'aima- 
ble surprise  de  répondre  à  cet  appel. 

Mi''^  E.  PoGoiî,  demeurant  4,  rue  Danjeau,  à  Paris  (10'^),  présentée 
par  M  M.  duiart  et  Racovitza. 

M'i'  Lydie  Mantell,  demeurant  30,  rue  Dutot,  à  Paris,  présentée 
par  MM.  (îuiart  et  Pruvôt. 

M.  Parls,  préparateur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Dijon  (Yonne), 
présenté  par  MM.  (îuiart  et  Pruvôt. 

M'"''  Nela  Vlès,  deuuHirant  l.'i,  rue  de  (lluny.  à  Paris  (.")'),  pré- 
sentée par  MM.  Guiart  et  Vlès. 

M'"''  Eugénie  Chatunesco,  demeurant  lO'i,. rue  de  la  Tour,  à  Paris, 
présentée  par  MM.  Guiart  et  Racovitza. 

M.  le  Secrétaire  général  fait  remarquer  qu'en  raison  de  l'iieure 
tardive  et  des  fatigues  de  la  journée,  il  |)rie  ses  collègues  de  vouloir 
bien  lemettre  à  une  séance  ultérieure  les  communications  qui 


SKAiNCK    l)i:    2(i    AVUIL    iDOo  72 

n'auraient  pas  trait  à  la  faune  de  Majorque  ou  n'auraient  pas  de  rela- 
tion avec  l'excursion  en  général. 

M.  Racovitza  fait  le  récit  de  l'exploration  dans  la  grotte  du  Dracli 
qu'il  fit  avec  M.  le  professeur  PruvôtetM.  F.  Moragues.  Le  premier 
animal  qu'ils  rencontrèrent  est  un  Isopode  nouveau  (gen.  nov.  et 
s|).  nov.)  le  Tiphlosirolana  Moraguesi.  Ce  nouveau  genre  résulte 
d'une  ada])tation  à  la  vie  cavernicole  par  perte  des  yeux  et  allonge- 
ment considérable  des  antennes  et  des  pattes.  Il  a  trouvé  également 
d'autres  animaux  dans  les  lacs  de  la  grotte  et  en  particulier  plu- 
sieurs Amphipodes  et  une  Planaire.  Quant  à  la  faune  terrestre 
elle  est  également  assez  abondante;  elle  compte  notamment  deux 
espèces  de  Diptères,  un  Hémiptère,  des  Myriapodes,  des  Isopodes 
terrestres,  des  Arachnides,  etc.  (Vest  donc  une  des  grottes  les  plus 
l)euplées,  ce  qui  tient  à  ce  que  les  animaux  y  trouvent  une  nour- 
riture cryptogamique  abondante  sur  les  racines  qui  traversent 
les  parois. 

iM  de  BiîAL'CHAMi^  fait  une  communication  sur  la  faune  des 
Rotifères  d'eau  douce  de  la  région  de  Banyuls. 

M.  Udon  de  Bl'kx  fait  une  communication  sur  la  zoogéographie 
de  la  région  méditerranéenne  des  Baléares  et  sur  la  faune  de  Ma- 
jorque en  particulier. 

M.  le  JJ'  (îuiART  api)elle  l'attention  sur  une  atïiche  répandue  à 
profusion  dans  l'île  et  relative  à  un  remède  souverain  contre  le 
paludisme:  l'esanofèle.  11  tient  à  rassurer  les  personnes  (|ui  ont 
été  piquées  par  des  Moustiques,  tous  ceux  qui  ont  été  capturés 
étant  des  Ciilex  et  les  formes  graves  de  paludisme  ne  se  rencontrant 
d'ailleurs  que  dans  les  régions  d'Alcudia  et  de  Campos,  où  l'excur 
sion  n'a  pas  pénétré. 


TYPHLOCIROLANA  MORAGUESI  N.  G.  N.   SP. 
ISOPODE  AQUATIQUE   CAVERNICOLE  DES  GROTTES  DU  DRACH 

(BALÉARES) 

PAK 

EMILE  G.   RACOVITZA 

Sous-Directeur  du  Laboratoire  Arago  (Baiiyuls-sur-Mer). 

A  l'occasion  de  la  campagne  de  recherches  océanographiques 
entreprise  en  juillet  1904  aux  Baléares  avec  le  vapeur  du  labora- 
toire x\rago,  le  «  Roland  »,  nous  consacrâmes,  M.  Pruvot  et  moi, 


73  SÉANCE    DU    2(>    AVRIL    lilOo 

trois  jours  à  lexploration  des  grottes  du  Drach  situées  près  de 
Porto  Cristo  dans  lîle  de  Majorque.  M.  F.  Mokacues,  le  proprié- 
taire de  la  grotte,  nous  accompagna  aimablement  pendant  ces 
trois  jours;  il  mit  à  notre  disposition  un  guide  et  sa  connaissance 
approfondie  de  son  domaine  souterrain. 

Grâce  aux  etïorts  dévoués  de  notre  chef  de  service  DAvm  et  de 
l'équipage  du  «  Roland  »,  un  solide  canot  démontable  en  bois, 
prêté  par  un  ami  de  M.  Moragues,  fut  transporté,  non  sans  peine, 
jusqu'au  lac  de  la  Grande  Duchesse  de  Toscane;  nous  avions  ap- 
porté aussi  un  canot  en  toile,  très  léger.  Avec  ces  deux  embar- 
cations nous  pénétrâmes  dans  le  lac  de  Miramar  qui  n'avait  pas  été 
visité  depuis  sa  découverte  —  ou  mieux  son  exploration  —  en  1896 
par  M.  Martel  et  ses  compagnons. 

Nous  exposerons  autre  part  les  résultats  généraux  de  nos  re- 
cherches et  les  modifications  qu'il  y  a  à  apporter  au  plan  et  à  la 
description  qu'a  donné  Martel  de  cette  partie  des  grottes  du  Drach  ; 
nous  avons  pu,  en  effet,  découvrir  de  nouveaux  passages  réunissant 
la  salle  des  Piliers  au  dôme  Moragues  et  acquérir  des  notions  plus 
précises  sur  les  directions  des  salles  nouvelles  par  rapport  aux 
parties  bien  connues  des  souterrains  du  Drach. 

Pour  le  moment  je  ne  veux  signaler  que  quelques  faits  concer- 
nant la  faune.  On  trouve  dans  l'intéressant  travail  de  Martel  (1) 
sur  les  cavernes  des  Baléares  (p.  25),  le  passage  suivant  relatif  à  la 
faune  des  grottes  du  Drach  : 

«  Au  point  de  vue  de  la  faune,  M.  F.  Moragues  m'a  affirmé  qu'on 
avait  trouvé  dans  la  caverne  du  Dragon  un  seul  exemplaire  d'une 
Fourmi  (?)  aveugle;  les  Insectes  aveugles  n'y  manquent  point: 
j'en  ai  recueilli  moi-même;  mais  nos  essais  de  pêche  dans  les 
lacs  sont  demeurés  infructueux;  toutes  les  nasses  placées  ont  été 
relevées  vides!  » 

On  pourrait  conclure  que  la  faune  de  cette  immense  cavité  sou- 
terraine est  pauvre.  Nos  recherches  nous  ont  montré  qu'il  n'en 
était  rien.  Nous  pouvons  affirmer  au  contraire,  dès  maintenant,  que 
cette  faune  est  très  riche  et  très  variée. 

Nous  avons  trouvé  en  effet,  malgré  le  peu  de  temps  qu'a  duré 
notre  exploration,  comme  animaux  terrestres:  des  Diptères  extrê- 
mement abondants;  un  Hémiptère  (Homoptère);  deux  espèces 
d'Aianéides  abondantes;  un  Myriapode  {Lilliobius)  ixhondniil',  un 
lsoi)ode  terrestre  abondant. 

(1)  E  A.  Mautkl.  Les  cavernes  de  Majorque  (Iles  Baléares).  Spehmca,  Paris, 
V,  n"  :)2,  février  1903. 


sÉAXCK  nr  H'}  AviîiL  h)05  74 

Coinine  aiiiinaux  a(|uali(|iies  :  un  lso[)ude,  deux  Anii)hipodes 
dont  l'un  est  très  nhoiulant,  une  Planaire. 

Jusqu'à  présent  seule  l'étude  de  l'isopode  aquatl(|ue  est  terminée  ; 
comme  c'est  une  forme  tout  à  fait  nouvelle  et  fort  intéressante,  je 
vais  en  publier  ici  la  diagnose  me  réservant  de  donner  plus  tard, 
dans  le  travail  d'ensemble  sur  la  faune  souterraine  de  Majorque, 
les  figures  et  la  description  détaillée  de  cette  espèce. 

Typhlocjrolana  (1)  n.  g. 

Crustacé  Isopode  de  la  famille  de  (lirolanidae  telle  que  l'a  établie 
H.  J.  Hanskn  (i) 

Diagnose  générique.  —  Antennnles  :  pédoncule  à  3  articles, 
fouet  à  articles  peu  nombreux,  mais  plus  de  deux. 

Antennea  :  pédoncule  à  o  articles,  fouet  beaucoup  plus  long  que 
celui  des  antennules,  à  très  nombreux  articles. 

Yeux  :  manquent. 

MaxiJIipèdcs  ayant  la  lacinie  du  second  article  munie  de  crochets. 

Percion  avec  épimères  nettement  délimitées  sur  les  segments  4 
à  7,  en  forme  de  cornet. 

Péreiopodes  delà  première  ])aire,  courts,  massifs,  préhensiles; 
ceux  des  ^^  à  1^  paires,  subsemblables,  ambulatoires,  grêles. 

Pleon  à  segments  libres,  non  soudés. 

Pléopodes  de  la  l'''  paire  durs  en  totalité,  ne  recouvrant  pas  en- 
tièrement les  autres  pour  former  un  opercule;  sans  branchies; 
ayant  presque  la  même  longueur  que  ceux  de  la  2.'^  paire;  avec 
branches  de  longueur  presque  égale. 

Hampe  des  pléopodes  plus  large  que  longue. 

Pléopodes  de  la  P'  et  2,''  paire  ayant  la  branche  externe  ovo'ide  et 
très  différente  de  la  branche  interne,  qui  est  étroite  et  subrectan- 
gulaire. 

Uropodes  durs,  non  respiratoires,  à  branches  bien  développées, 
inégales,  avec  hampe  à  angle  postéro  interne  très  saillant. 

Différences  sexuelles  jjresque  nulles. 

Le  genre  Tijphlocirolana,  ainsi  déhni,  rentre  dans  la  section  a  de 
Hansen,  c'est-à-dire  dans  la  division  des  Cirolanidae  qui  comprend 
les  genres  dont  la  lacinie  du  second  article  des  maxillipèdes  porte 
des  crochets.  Il  est  très  voisin  des  genres  Cirolanael  ConUera,  mais 

(1)  De  z-jy'yo:  =  avougle  et  Cirolana  =  genre  d'Isopode  le  plus  voisin. 

(2)  H.  .1.  Hansen.  Cirolanidae  et  familiae  nonuUae  propinquae  Musei  Hauniensis. 
Videmk.  SehU.  Skr.  G.  Rœkke,  naturvidensk.  og  mathem.  .\fd.  v.  3,  KjfJbenhavn, 
1890. 


7o  SÉANCE   DU    2()    AVIÎlL    IDO") 

en  dilïère  par  des  caractères  iiiii)ortants,  même  si  l'on  néglige  ceux 
qui  sont  dus  manifestement  à  l'adaptation  à  la  vie  dans  l'obscurité, 
cest-à-dire  :  l'absence  d'yeux,  l'allongement  des  antennes,  des  pat- 
tes et  du  corps,  la  disparition  complète  du  pigment  coloré,  et  le  dé- 
veloppement considérable  des  organes  tactiles.  En  efïet  le  genre 
Tijphlocirolana  se  distingue  de  Cirolana  et  Conilera  par  la  structure 
des  péreiopodes  de  la  ])remière  paire,  qui  sont  beaucoup  plus  forts, 
plus  larges  et  plus  ramassés  que  les  autres  péreiopodes,  et  qui  ne 
servent  plus  à  la  marche  chez  le  Cavernicole,  car  ils  se  sont  trans- 
formés en  organes  préhensiles,  tandis  qu'ils  sont  très  semblables 
aux  autres  pattes  chez  les  genres  marins.  11  diffère  aussi  des 
Conilera  et  Cirolana  par  la  structure  des  pléo[)odes  de  la  première 
et  seconde  paire. 

Au  moment  où  je  fis  ma  communication  à  Palma  à  la  séance 
extraordinaire  de  la  Société  Zoologique  de  France,  c'est  tout  ce 
qu'il  y  avait  à  dire  sur  les  rapports  de  ce  nouveau  genre  avec  les 
autres  genres  déjà  décrits  et  voisins.  Javais  bien  remarqué  dans 
un  travail  de  VmÉ  (1)  une  figure  (pi.  II,  fig.  2),  d'ailleurs  mani- 
festement insufiisante,  représentant  un  Isopode  dont  la  forme 
générale  rappelait  celui  que  j'avais  trouvé.  Mais,  comme  cet 
Isopode,  portant  le  nom  de  Sphcewmides  Raijmondi,  avait  été  décrit 
par  DoLFFUs  et  [)lacé  par  ce  distingué  spécialiste  dans  la  famille  des 
SphaTomidac,  je  n'avais  pas  à  m'en  occuper,  étant  donné  que  les 
Cirolanidae  et  [csSphseromidae  sont  des  groupes  tellement  distincts 
qu'aucune  hésitation  n'est  possible  lorsqu'il  s'agit  de  départager 
les  formes  qui  peuvent  leur  appartenir. 

Et  pourtant  Sphseromidcs  est  bien  un  genre  voisin  de  Typhloci- 
rolana!  Dans  un  nouveau  travail  qui  vient  de  paraître,  Dollfus  et 
Vu\É  (2)  rectifient  leur  détermination  précédente  et  déclarent 
(page  371)  : 

((  Nous  avions  cru  pouvoir  assimiler  le  Spliseromides  Raymondi  et 
la  Faucheria  Faucheri  aux  Sphéromiens,  mais  létude  des  pièces  buc- 
cales nous  a  montré  que  nous  avions  affaire,  sans  hésitation  pos- 
sible, à  des  Isopodes  du  groupe  des  Girolanes.  » 

Quoique  les  diagnoses  du  Sphœromides  et  Fauckeria soient  encore 
incomplètes  et  les  nouvelles  figures  tout  à  fait  insuffisantes  —  ce 
qui  ne  permet  pas  de  fixer  la  position  exacte  de  ces  deux  genres  à 

(1)  A.  Viré.  Essai  sur  la  faune  obscuricole  de  France.  Étude  particulière 
de  quelques  formes  zoologiques.  Thèse  de  Paris,  Baillère,  1899. 

(2)  A.  DoLFFUs  et  A.  Viré.  Sur  quelques  formes  d'isopodes  appartenant  à  la  Faune 
souterraine  d'Europe.  Ann.  Se.  nat.,  Zoologie,  S'  série,  t.  XX,  p.  335-412.  pi.  XIV- 
XV. 


SÉANCE    1)1     '2(\   AVIilL    190;»  7fi 

l'intérieur  de  la  famille  des  Cirolanidés  —  on  })eut  uéauinoiiis 
arriver  à  la  conviction  que  le  genre  Typhlocirolana  est  dilïérent  de 
Sphœromides  (dont  il  se  distingue  par  les  antennules  beaucoup 
plus  courtes  que  les  antennes,  les  régions  coxales  nettement  déli- 
mitées seulement  à  partir  du  V'  segment,  les  seconde  et  troisième 
paires  de  j)érei()podes  semblables  aux  suivantes)  et  très  éloigné  de 
Fauclieria.  Quant  à  Proac<ia  Virei  Valle  on  ne  peut  lien  en  dire 
sinon  qu'il  est  trop  insutlisament  décrit  pour  qu'on  puisse  savoir 
de  quoi  il  s'agit. 

ÏVFHLOr.UiOLAXA  MOHAOL'ESI  (1)  11.  Sp. 

Dimensions.  Longueur  maxima  10  mm  chez  une  Ç  immature, 
largeur  de  la  même  2.1)  mm. 

Coloration  blanchâtre,  pâk\ 

Corps  allongé,  assez  aplati,  surlace  de  la  carapace  lisse  et  brillante. 

Front  large,  échancré  au  niveau  de  l'insertion  des  antennules, 
prolongé  en  une  petite  pointe  triangulaire  sur  la  ligne  médiane. 

Lame  frontale  allongée,  étroite,  beaucoup  plus  longue  que  large 
et  haute,  légèrement  dilatée  du  côté  inférieur,  non  unie  au  bord 
frontal. 

Clypeus  lisse,  plus  large  que  long;  ses  bords  latéraux  dépassent 
les  bords  du  labre  et  contournent  les  angles  antérieur  de  ce  dernier. 
Son  bord  antérieur  forme  sur  la  ligne  médiane  un  angle  saillant 
qui  fait  paraître  triangulaire  sa  portion  médiane. 

Labre  grand,  à  angles  postérieurs  très  arrondis  et  à  bord  posté- 
rieur pourvu  d'une  sinuosité  médiane  peu  profonde. 

xintennules  mesurant  un  peu  plus  du  tiers  de  la  longueur  des 
antennes,  ayant  le  pédoncule  aussi  long  que  le  fouet  qui  compte 
8  articles  très  nets,  plus  longs  que  larges,  diminuant  progressive- 
ment de  dimension  vers  l'extrémité. 

Antennes  atteignant  le  l'y'  segment  pereial,  ayant  le  pédoncule 
au  moins  deux  fois  et  demi  plus  court  que  le  fouet  qui  est  composé 
d'une  trentaine  d'articles  très  nets,  deux  fois  au  moins  aussi  longs 
que  larges,  excepté  du  côté  distal  et  proximal  ou  les  articles  sont 
presque  aussi  longs  que  larges.  Les  articles  du  pédoncule  s'accrois- 
sent progressivement  en  longueur  du  b'^  au  5*^  qui  est  le  plus  long 
mais  le  plus  grêle. 

Mandibule\arii;e  dans  toute  sa  hauteur,  en  forme  de  botte,  pourvue 
d'un  condyle  postérieur  fort  et  conique  de  même  forme  et  de  même 

(1)  Dodié  à  M.  A.  Moragues,  propriétaire  des  grottes  du  Drach  et  naturaliste 
aussi  passionné  que  compétent. 


77  SKANGE  nr  i6  avhil  190.") 

force  que  le  condyle  antérieure.  Le  condyle  auxiliaire  est  plus 
large  que  ce  dernier  et  plus  arrondi. 

Acies  nettement  tridenté. 

Lacinia  mobilis  ovoïde,  pourvue  d'épines  légèrement  courbées 
et  garnie  de  petits  tubercules  près  du  sommet. 

Pars  molaris  allongée,  subtriangulaire,  |)Ourvue  sur  le  bord  de 
dents  aplaties,  recouvertes  par  une  lèvre  membraneuse  qui  les 
caclie  à  moitié. 

Palpe  de  trois  articles  :  art.  2>  art.  1  >art.  3.  L'article  1  est  nu; 
le  '2™'' porte  des  soies  barbelées  irrégulièrement  plantées  sur  la  face 
externe.  L'article  3  est  en  forme  de  lame  portant  d'un  côté,  sur  le 
bord,  une  série  de  soies  très  régulièrement  disposées  qui  augmen- 
tent de  longueur  du  côté  distal. 

Deu.rihne  mâchoire  en  forme  de  lame.  Région  basilaire  présen- 
tant une  seule  articulation  distincte. 

Lacinie  de  l'article  2  ou  interne  portant  sui'  la  trancbe  7  soies 
légèrement  barbelées  plus  3  tiges  plus  courtes  et  plus  fortes,  ciliées 
comme  celle  de  la  lacinie  interne  de  la  P'^  mâchoire.  L'une  des 
tiges  est  la  plus  inférieure  de  la  rangée  des  soies,  les  deux  autres 
sont  hors  série  du  côté  ventral. 

Lacinie  de  l'article  3  ou  externe  nettement  double,  chacune  des 
parties  portant  à  l'extrémité  distale  8  à  9  soies  longues,  recour- 
bées, légèrement  barbelées  comme  celles  de  la  lacinie  interne. 

Première  mâchoire.  Le  3'^  article  ou  lacinie  externe  porte 
11  fortes  dents  recourbées,  jaunâtres  et  2  soies  plus  minces,  trans 
lucides,  incolores,  le  tout  disposé  sur  une  ligne  d'insertion  qui  se 
recourbe  du  côté  dorsal.  Huit  dents  sont  ventrales  et  trois,  les  plus 
longues  et  les  plus  minces,  dorsales.  Les  3  dents  dorsales  portent,  un 
peu  au-dessous  de  la  pointe,  d'abord  une  série  de  stries  puis  4  ou 
5  tubercules  très  petits  et  coniques.  Les  deux  soies  sont  finement 
dentées  dans  leur  moitié  distale  et  sont  situées  :  la  première  entre 
les  dents  1  et  2  ventrales,  la  seconde  entre  la  Cf  et  la  7".  Toutes  les 
dents  sont  creusées  d'un  canal  très  net. 

Lacinie  interne  ou  du  P'  article  pourvue  de  trois  tiges  très  fortes, 
renllées  à  la  base  et  ciliées  à  partir  du  premier  tiers  proximal  jus- 
qu'au sommet  ;  2  petits  poils  sont  fixés  du  côté  ventral  à  la  base  de 
l'insertion  des  tiges.  Le  corps  de  la  lacinie  ne  m'a  paru  calcifié  que 
dans  la  partie  distale  renfiée;  le  reste  est  membraneux. 

Ma.rillipède.  Région  basilaire  formé  de  3  articles  dont  le  pre- 
mier très  court,  rudimentaire,  le  2''  et  le  3''  bien  déveloi)pés,  nus, 
égaux  en  hauteur. 


SÉANCE   DU    2H   AVRIL    1905  78 

Laciaie  du  second  article  ovoïde,  arrivant  à  peine  à  la  hauteur 
du  milieu  du  premier  segment  du  palpe,  pourvue  dun  crochet  et 
de  ï  fortes  tiges,  ciliées  de  la  base  au  sommet. 

Palpe  formé  de  ï  articles  lamelleux  :  art.  2  >  art.  1  >  art.  'A 
>art.  ï.  Le  premier  article  à  une  forme  de  trapèze,  le  second  et  le 
troisième  une  forme  plus  ou  moins  quadrilatère,  le  quatrième  va 
guement  triangulaire.  Les  bords  sont  pourvus  de  soies  légèrement 
recourbées  et  presque  toute  barbelées  d'un  côté.  Ces  soies  barbelées 
sont  d'autant  plus  fréquentes  qu'on  pa.sse  du  l'f  au  ¥  article.  Sur 
le  bord  externe  les  soies  sont  plus  fortes  mais  moins  nombreuses. 
Sur  le  bord  interne  les  soies  sont  implantées  par  bouquets  et  aug- 
mentent eu  nombre  du  l'"^  au  4''  article.  Elles  sont  implantées 
des  deux  côtés  sur  la  région  distale  de  l'article. 

Vércion  formé  de  segments  très  inégaux  :  le  l'^  aussi  long  que  le 
céphalon;  les  2'^  et  3'^  très  réduits  à  peine  aussi  longs  que  la  moitié 
du  \'^  ;  le  3''  un  peu  plus  long  que  les  deux  précédents  ;  le  4'' 
presque  aussi  long  que  le  céphalon;  le  o'  plus  long  que  le  4''  et 
le  6'^  le  plus  long  de  tous. 

Tergites  avec  une  légère  bordure  postérieure  qui  s'élargit  du  1"'' 
au  7''  segment  et  aussi  avec  une  très  faible  carène  uiédiaue  qui 
n'est  bieu  nette  qu'à  partir  du  4''  segment  et  qui  augmente  de  ce 
segment  au  7'^',  en  sétendant  de  plus  en  plus  du  bord  postérieur 
dessegments  vers  l'avant.  Parconséquence  le  7''  segment  est  le  plus 
largement  bordé  et  le  plus  nettement  et  longuement  caréné. 

Epimères  des  segments  1,  2  et  3  indiqués  par  une  légère  ligne 
de  suture  du  côté  externe,  non  saillants  du  côté  interne  et  absolu 
ment  confondus  avec  le  reste  du  segment. 

Epimères  du  4'',  o'',  H''  et  7''  segments  en  forme  de  cornet,  nette- 
ment séparés  du  tergite  du  côté  externe,  très  saillants  du  côté 
interne,  se  terminant  en  pointe  du  côté  postérieur;  ils  augmentent 
de  taille,  et  leur  pointe  postérieure  s'allonge  et  s'effile  de  plus  en 
plus  du  4'*  au  7'  segment. 

Péreiopodes  de  la  l'^'^  paire,  courts,  massifs,  préhensiles,  armés 
de  tubercules  et  de  bouquets  de  soies  sur  les  articles  4,  5  et  (5.  Ba- 
sipodite  ovoïde,  plus  long  que  les  autres  articles;  ischiopodite  en 
forme  de  cornet  embrassant  la  base  du  méropodite  qui,  du  côté 
ventral,  i)résente  une  profonde  encoche  en  angle  droit.  Carpopo- 
dite  (1)  à  moitié  externe  seule  visible,  carll  est  caché  par  les  bords 

(1)  DoLFFUs  et  Viré  (1.  c.  p.  371)  notent  dans  la  diagnosc  du  genre  Sphxromides 
«  péreiopodes  des  trois  premiers  segments  à  carpopodite  élargi  ».  Cest  très  pro- 
bablement une  erreur;  e'est  le  propodite  (lui  est  élargi  comme  le  montre  leur 
dessin  de  la  planche  .XIV. 


79  SÉANCE   DU    i(i    AVHIL    I  DUo 

du  méropodite  de  telle  façon  que  le  propodite  paraît  s'articuler 
en  même  temps  avec  le  méropodite  du  côté  interne  et  avec  le 
propodite  du  côté  externe,  i^ropodite  ovalaire,  à  contour  uni  du 
côté  externe,  avec  trois  forts  tubercules  munis  de  bouquets  de 
poils  du  côté  interne,  et  avec  bords  dentés  entre  les  tubercules. 
Dactylopodile  aussi  long  que  la  moitié  de  l'article  précédent,  muni 
d'un  ongle  fort  (aussi  long-  que  la  moitié  de  la  longueur  de  l'article) 
auquel  vient  se  joindre  du  côté  interne  une  épine. 

Péreiopodes  de  la  2.''  à  la  7''  paire,  très  différents  de  ceux  de  la 
première,  grêles,  allongés,  très  semblables  entre  eux.  Ceux  de  la  2'^ 
et  3'^  paire  subégaux,  les  autres  sallongeaut de  plus  en  plus  de  la 
4''  à  la  7''  paire.  Basipodite  plus  long  que  les  autres  articles,  muni 
de  soies  simples  et  acoustiques,  les  autres  articles  pourvus,  surtout 
du  côté  interne,  d'épines  bifides.  Ischiopodite  en  forme  de  cornet, 
les  autres  articles  cylindriques.  Dans  les  péreiopodes  de  la  2^"  et 
3''  paire,  c'est  le  méropodite  qui  est  le  plus  long  des  5  articles  dis- 
taux, dans  (^eux  des  4*^,  o'',  ()'',  et  7''  c'est  le  propodite.  Dacty- 
lopodite,  court  et  grêle,  ongle  plus  long  que  la  moitié  de  la  lon- 
gueur de  l'article,  accompagné  d'une  foile  épine  du  côté  interne. 

Pléon  formé  par  o  segments  libres;  le  l''^"  plus  long  que  deux  des 
suivants  qui  sont  presque  égaux  en  longueur.  Les  segments  1  à  4 
à  angles  postéro-latéraux  très  saillants  vers  l'arrière,  formant  une 
pointe  latérale  et  une  ventrale.  Le  o''  segment  avec  bords  latéraux 
cachés  sous  les  bords  du  segment  précédent. 

Pb'opodcs  très  variés  comme  structure;  ceux  de  la  U''  ]iaire  re- 
couvrent à  peine  la  base  des  branches  de  la  2''   paire;   ceux  de  la 
2°  paire  cachent  les  deux  tiers  des  branches  de  la  3^'  paire  qui  re 
couvrent  presque  complètement  la  4''  paire.  La  o^  paire  est  invi- 
sible. 

Pléopode  1  entièrement  dur,  calcifié.  La  hampe  est  plus  large  que 
longue,  munie  de  7  crochets  sur  la  moitié  postérieure  de  son  bord 
interne.  Les  branches  sont  subégales  en  longueur  ;  l'exopodite  est 
ovoïde  et  recouvre  à  moitié  l'endopodite,  qui  est  étroit,  sub  rectan- 
gulaireeta  le  bord  interne  relevé  en  forme  de  gouttière  longitudi- 
nale. L'exopodite  porte  environ  2(5,  l'endopodite  environ  1(5  soies 
ciliées. 

Pléopode  2,  membraneux,  chitinisé.  La  hampe  est  plus  large 
que  longue  et  munie  de  7  crochets  surla  moitié  postérieure  de  son 
bord  interne.  Exopodite  plus  large  et  plus  long  que  celui  de  la  U'^ 
paire,  ovoïde,  plus  long  que  lendopodite  (jui  est  subrectangulaire, 
allongé  et  entièrement  recouvert  par  l'exopodite  .sauf  dans  l'angle 


SÉANCE  Di:  26  AVJUL  1905  80 

antéro-interne.  L'exopodile  porte  environ  31,  lendopodite  environ 
8  soies  ciliées. 

Pleojiodes  3,  4  et  o  presque  sembhi))les.  La  hampe  est  réduite,  et 
plus  larj;e  que  longue;  celle  du  3'^  a  six  crochets,  celle  du  4''  en  a 
3  sur  la  moitié  i)ostérieure  de  son  bord  interne  ;  mais  celle  du  5'' 
n'en  a  pas.  Exopodites  chitinisés,  ovoïdes,  beaucoup  plus  longs  que 
lendopodite,  divisés  en  deux  par  une  de  ligne  suture  transversale, 
marquée  seulement  au  bord  sur  le  pléo])ode3,  complète  mais  faible 
chez  le  i,  très  marquée  chez  le  5.  L'exopodite  du  pléopode  3  porte  en- 
viron 27  soies  ciliées,  celui  du  pléopode  4  environ  18,  celui  du  o  en- 
viron S.  Endopodites  mous,  membraneux,  sans  soies,  ovoïdes,  entiè- 
rement recouverts  parlexopodite  sauf  dans  leur  coins  antéro-pos- 
térieurs. 

Telson  plus  long  que  large  et  plus  étroit  en  arrière;  très  convexe 
du  côté  latéral  et  postérieur.  Son  bord  postérieur  forme  un  angle 
très  obtus  dont  le  sommet  est  constitué  par  une  faible  proémi- 
nence conique;  les  angles  postéro-latéraux  sont  également  mar- 
qués par  une  légère  proéminence.  Ouelques  rares  et  faibles  poils 
existent  sur  le  bord  postérieur  du  telson. 

Uropodes  durs,  calcifiés,  dépassant  à  peine  en  longueur  le   tel 
son.  Hampe  pourvue  d'un  angle  postéro  interne  très  saillant,  arri 
vaut  jusqu'à   la  moitié  de  la  longueur  de  lendopodite  et  armé 
denviron  7  fortes  soies  ciliées. 

Exopodite  étroit,  plus  de  o  fois  plus  long  que  large,  pourvu 
d'épines  sur  ses  deux  bords  et  d'un  bouquet  de  soies  au  sommet. 
Endopodite  large,  plus  de  deux  fois  plus  long  que  large,  ])Ourvu 
d'épines  du  coté  externe,  de  soies  ciliées  du  côté  interne  et  d'un 
bouquet  de  soies  simples  au  sommet. 

Organe  mâledu  second  pléopode,  falciforme.à  bord  interne  relevé, 
terminé  en  pointe  aiguë,  très  étroit  et  long,  dépassant  de  beaucoup 
le  bord  postérieurdespléopodes,  arrivant  presque  au  bord  du  telson. 

Habitat  :  trois  cf ,  une  Ç  non  ovigère  et  un  jeune  trouvés  en  juil- 
let KIO'i  et  avril  IDo:;  dans  les  lacs  d'eau  douce  des  grottes  du  Orach, 
à  Majorque  (Baléares). 

J'ai  négligé,  dans  cette  description,  beaucoup  de  détails  qui  trou- 
veront leur  place  dans  le  mémoire  auquel  j'ai  fait  allusion  plus 
haut  ;  les  organes  des  sens  et  leur  distribution  seront  étudiés  et 
ligures  aussi  dans  ce  travail,  car  ils  offrent  de  l'intérêt  au  point 
de  vue  de  l'adaptation  de  cette  forme  à  la  vie  dans  l'obscurité. 

J'ai  voulu  donner  ici  seulement  une  diagnose  suffisante  pour  qu'il 
ne  puisse  y  avoir  doute  sur  l'identité  du  Typhlocirolana  Mora<juesi. 


Séance  du  9  mai  1005. 
Présidence  du  imiofesseliu  Joublx,  Président. 

M.  le  Président  annonce  le  décès  de  M.  Léopoldo  Maggi,  professeur 
à  l'Université  de  Pavie. 

M.  le  Président  adresse  les  félicitations  de  la  Société  à  M.  Robert, 
nommé  chef  des  travaux  pratiques  de  Zoologie  à  la  Faculté  des 
sciences  de  Paris  et  à  M.  Hérubel,  nommé  pré[)arateur  du  labora- 
toire de  Zoologie  expérimentale  de  Roscofï  (Finistère). 

]V[iies  Pogor  et  Mantell,  m.  Paris,  M""  "*  Vlès  et  Cratunesco  sont 
proclamés  Membres  de  la  Société  Zoologique  de  France. 

jVjiie  pol  et  M'"''VlèsprésententleD'  Raoul  Anthony,  préparateur  au 
Muséum  d'Histoire  naturelle,  demeurant  12,  rueChevert,àParis(7«). 

M"'^'  Fol  et  M'"e  Vlès  présentent  M.  Izzet  Salah  el  Din  Folad, 
demeurant  104,  rue  de  la  Tour,  à  Paris  (Hv). 

]\jme  Yiés  et  M.  (luiart  présentent  M""'  AVerner,  demeurant  52, 
rue  d'Assas,  à  Paris  (6'). 

MM.  De  Beauchamp  et  Vlès  présentent  M.  E.  George,  demeurant 
1)1,  boulevard  Beaumarchais,  à  Paris. 

MM.  Marchai  et  (îuiart  présentent  M.  Lavanden,  élève  à  l'Institut 
national  agronomique,  rue  Claude  Bernard,  à  Paris, 

M.BRLîMPTfait  une  communication  sur  le  Tryjianoplasma  Guernei 
qui  vit  dans  le  sang  du  Chabot  deau  douce  [Cottus  (johio)  et  sur  sa 
transmission  par  la  Clepsine. 

11  fait  également  une  communication  sur  un  Sclérostomien  qu'il 
a  recueilli  dans  des  tumeurs  du  gros  intestin  d'un  Noir  africain 
et  qui  vient  dètre  étudié  par  MM.  Raillet  et  Henry  sous  le  nom 
d' Œsophagostomum  Brumpli. 

Le  D>'  fiuiART  fait  une  rectification  à  sa  précédente  communication 
relative  à  la  répartition  du  paludisme  et  des  ^wop/iele.s  dans  l'île  de 
Majorque.  Les  formes  graves  de  paludisme  se  rencontrent  bien  dans 
le  nord  de  l'île, dans  la  région  d'Alcudia  et  autour  des  marais  del'Al- 
bufera.  Dans  le  sud,  les  formes  les  plus  graves  se  rencontrent  non 
à  Campos,  mais  dans  la  région  comprise  entre  Palma  et  Llumayor 
et  plus  particulièrement  dans  la  vallée  de  San  Jorge.  Les  agents 
d'inoculation  sont  VAnophclcs  maculipcnnis  et  peut-être  aussi  VA. 
bifurcatm.Ces(\ueslion^onl  été  surtout  étudiées  par  le  D'Pittaluga. 


SÉANCE   DU    n    MAI    1905  82 

MISSION  PERMANENTE   FRANÇAISE  EN  INDO-CHINE 
POISSONS  DE  LA  BAIE  D'ALONG  (TONKIN) 

PAR 

Le  D'  Jacques  PELLEGRIN 

La  mission  permanente  française  en  Indo-Chine  a  rassemblé  dans 
le  i^olfe  du  Tonkin  une  importante  collection  de  Poissons  marins 
dont,  à  la  demande  du  professeur  Hérolard,  l'examen  m'a  été  confié. 

Les  animaux  proviennent  de  récoltes  faites  au  mois  de  novembre 
1904  en  divers  points  de  la  baie  dAlong  :  Hongay,  rade  du  Crapaud, 
rade  de  la  Surprise,  cirque  du  Crâne,  baie  de  Pak  ha-moun,  baie 
de  Hatan,  Doson.  Les  matériaux  ichtyologiques  réunis  sont  consi- 
dérables; la  quantité  des  espèces  recueillies,  en  effet,  n'est  pas 
inférieure  à  une  centaine;  la  plupart  sont  représentées  par  de 
nombreux  exemplaires. 

Sans  doute,  les  Poissons  marins  de  ces  régions  sont  maintenant, 
engénéral,  bien  connus.  La  distribution  géographique  de  beaucoup 
de  ces  espèces  est  des  plus  vastes  et  bon  nombi'e  d  entre  elles  se 
rencontrent  à  la  fois  dans  la  mer  Rouge,  l'océan  Indien,  la  Malaisie 
et  une  grande  partie  du  Pacifique  ;  cela  n'einpéche  pas  les  collections 
ichtyologiques  rassemblées  par  la  mission  de  mériter  une  étude 
un  peu  détaillée.  En  dehors  de  plusieurs  espèces  fort  intéressantes, 
elles  renferment,  en  effet,  une  forme  nouvelle  pour  la  science,  c'est 
un  Poisson  de  la  famille  des  Trachinidés,  un  Sillago  f(ue  je  me  suis 
fait  un  plaisir  de  dédier  au  chef  distingué  de  la  mission  le  pro- 
fesseur BOUTAN. 

On  trouvera  ci-dessous  la  liste  par  familles  de  toutes  les  espèces 
récoltées.  Les  localités  dentelles  proviennent,  toutes  plus  ou  moins 
voisines  les  unes  des  autres,  ne  sont  pas  indiquées,  car  pour  des 
Poissons  marins,  à  distribution  géographique  souvent  des  ])lus 
étendues,  cela  ne  présenterait  qu'une  utilité  restreinte. 

Trygon  Zugei  Miilter  et  Hoiilo. 

Triacanthus  brevirostris  Sclilegel. 

Monacanthus  chinensis  Blocli. 

Tetrodon  lunaris  Blocli  Scluieider. 

Telvodon  lunarU  El.  Sclui.  var.  spadicea  Biceker. 

Tetrodon  obloufj us  Bloch. 

Tetrodon  ocellatus  Osbecli. 

Tetrodon  patocn  Hamilton  Bucliaiian. 

Murœnesox  cinereus  forskal. 

Bull.  Soc.  Zool.  de  Fr.,  1905.  xxx  —  S 


Trygonidak 

1. 

Triacanthidae 

2 

Balistidae 

3. 

TKTRODONTIDAf'; 

r, 



6. 

— 

7. 

— 

8. 

MUR.E.MDAE 

9. 

83 


SKANCK    ])V    1)    MAI    190.") 


SiLURIDAE 

10. 

— 

11. 

SCOPEUDAE 

12. 

Scombuesocidae13. 

— 

14. 

— 

13. 

— 

16. 

Clupeidae 

17. 

— 

18. 

— 

19. 

— 

20. 

— 

21. 

— 

22. 

— 

23. 

— 

24. 

Pleuronectidae  2u. 

— 

2(3. 

— 

27. 

— 

28. 

Mugilidae 

20. 

Atherinidae 

30. 

Sphyr^nidae 

31. 

Gobiidae 

32. 

— 

33. 

— • 

34. 

— 

33. 

— 

36. 

— 

37. 

Trichiuhidae 

38. 

SCOMBRIDAE 

3U. 

— 

40. 

Stromateidae 

41. 

Carangidae 

42. 

— 

43. 

— 

44. 

— 

43. 

— 

46. 

— 

47. 

— 

48. 

Nomeidae 

4<). 

— 

30. 

Trachinidae 

31. 



32. 

33. 
34. 


Plotosus  arab  Forskal. 

Àrius  thalassinus  Riïppcll. 

Saurida  tvmbil  Bloch. 

Belone  clwram  Forskal. 

Belone  sUvngijluruii  V.  Hasselt. 

Hemiram'phns Beynaldi  Cuvier  vi  Valeiicicnnes. 

Hemiramphus  far  F'orskal. 

Engraulis  Hamiltoni  Giay. 

Engvaulis  kammalensis  Blceker. 

Engraidis  Ihissumicri  Cuvier  et  Valencieiines. 

Engraulis.  indiens  V.  Hasselt. 

Chatoessus  nasus  Bloch. 

Clupca  mdaiiura  Cuvier  et  Valeiiciennes. 

Pellona  Honeni  Bleeker. 

Dussumieria  acnta  Cuvier  et  Valenciennes. 

Psettodes  erumei  Bloch  Schneider. 

Pseudorhombus  arsius  Bleeker. 

Synaptura  orientali>>  Bloch  Schneider. 

Cgnoglossvs  macroLepidotus  Blceker. 

Mugil  cunnesius  Cuvier  et  Valenciennes. 

Atherina  Forskali  Rûppell. 

Sphyrœna  jello  Cuvier  et  Valenciennes. 

Goblus  viridipunctatus  Cuvier  et  Valenciennes. 

Gobius  crirtiger  Forskal. 

Gobius  albomamlatm  Rûppell. 

Periophthabnus  Koelreuteri  Pallas. 

Eleotris  bu  lis  H.  Buchauan. 

Callionymuii  sagitta  Pallas. 

Trichiurm  japonicus  Teniniinck  et  Schlegel. 

Cybium  gxiltalum  Bloch  Schneider. 

Echcneiy.  naucrates  Linné. 

Slromateus  niger  Bloch. 

Caranx  afftnis  Rûppell. 

Caranx  djeddaba  Forskal. 

Caranx  ire  Cuvier  et  Valenciennes. 

Caranx  leptolepis  Cuvier  et  Valenciennes. 

Caranx  hippos  Linné. 

Caranx  armatus  Forskal. 

Pnettus  argenleus  Linné. 

Eqnida  splcndens  Cuvier. 

Eijuula  insidiatrix  Bloch. 

Pereis  hexophthalma  Cuvier  et  Valenciennes. 

Sillago  siliama  Forskal. 

Sdlago  Boutani  nov.  sp. 

SUlagn  maeidata  Quoy  et  (iaiiuard. 


séan«:e  ni    !»  mai  1!)05 


84 


SCI.EMDAE 

oo, 

— 

o(). 

— 

;)7. 

— 

58. 

POLY.NK.MIDAE 

oU. 

KUHTIUAE 

GO 

Teuthididae 

(il. 

— 

62. 

Scorp.*:mdae 

63 

— 

64.. 

— 

65. 

Platycephalidai 

■-.  66 

— 

67. 

68. 


Sparidae 

69 

— 

70, 

— 

71, 

Mullidae 

72 

— 

73. 

— 

74. 

Labridae 

75. 

Squamipennidae  76. 

— 

77. 

— 

78. 

Pristipomaïidae  79 

— 

80. 

— 

81. 

— 

82. 

— 

83. 

— 

84. 



85. 

— 

86. 

^ 

87. 

Pomacenïridae 

88, 

— 

89. 

— 

90. 

Gerridae 

91 

— 

92 

Percidae 

93 

i'mbyina  Dussumieri  Cuvicr  et  Valcncicmics. 

Sciœna  miles  Lacépède. 

Sciœna  glane  h  s  Day. 

Ololithus  arf/etiteus  Cuvier  et  Valenciennes. 

Pnhinemuîs  sextarius  Bloch  Scluieidor. 

l'emplieris  mangnla  Cuvier  et  Valenciennes. 

Teiithis  concatenata  Cuvier  et  Valenciennes. 

Teuthis  oramin  Bloch  Schneider. 

Seorpœnopsis  oxyeephalus  Bleeker. 

Prosopodasys  tracidnoides  Cuvier  et  Valen- 
ciennes. 

Pohjcaulus  uranoscopus  Bloch  Schneider. 

Platyeephalus  scaber  Linné. 

Plaftjcephalns  punctatus  Cuvier  et  Valencien- 
nes. 

Platyeephalus  carbunculus  Cuvier  et  N'alencien- 
nes. 

LethyHnus  nebidosus  Forskal. 

Chrysophrys  haffara  Forskal. 

Clirysophrys  ealamara  Cuvier  et  Valenciennes. 

Upeneoides  trngida  Richardson. 

Upeneoides  Bensasi  Teniniinck  et  Schlegel. 

Upeneoides  sidphureus  Cuvier  et  Valenciennes. 

Platyglossus  Dnssumieri  Cuvier  et  Valenciennes. 

Chœtodon  oetofaseiatus  Cmelin  Linné. 

Scatophayus  argus  Gnielin  Linné. 

Ephippus  orbis  Bloch. 

Therapon  jarbtia  Forskal. 

Therapon  puta  Cuvier  et  Valenciennes. 

Hclotes  sexUrieatus  Quoy  et  (iainiard. 

Diagramiua  cinctum  Teniminck  et  Sciilegel. 

Diagramma  piclmn  Thunberg. 

Diagramma  punctatum  Cuvier  et  Valencien- 
nes. 

Scnlopsides  Yosmeri  Bloch. 

Penlapus  setosus  Cuvier  et  Valenciennes. 

Csesio  lunaris  Cuvier  et  Valenciennes. 

Chromis  analis  Cuvicr  et  Valenciennes. 

Pomacentrus  violascens  Bleeker. 

Gbipliidodon  cœlesUnus  Cuvier  et  Valenciennes. 
var.  Rahti  Cuvier  et  Valenciennes. 

Gerres  {ilamentosus  Cuvier  et  Valenciennes. 

Gerres  oyena  Forskal. 

Psammoperca  luaigiensis  Cuvier  et  Valencien- 
nes. 


85  SÉANCE    DU    9    MAI    190o 


Percidae 

94. 

— 

9o. 



9(). 

— 

97. 

— 

98. 

; 

99. 

— 

100. 

— 

101. 

— 

102. 

— 

103. 

Epinephelus  tauvina  Forskal. 

Epmephelns  diacanthus  Cuvier  et  Valencien- 

nes. 
Epinephehif.  akaara  Temminck  et  Schlegei. 
Epinephelua  boenack  Bloch. 
Lutjaniis   fulviflamma   Forskal,   var.   Russelli 

Bleeker. 
Lutjantis  John'i  Bleoker. 
Lutjanus  vilta  Quoy  et  Gainiard. 
Lntjanus  madraa  Cuvier  et  Valeucieiines. 
Ambassis  gymnocephalus  Lacépède. 
Apogon  qundrifasciatus  Valeiicieiines. 


Quelques-unes  de  ces  espèces  mérilent  une  mention  spéciale. 

Le  Psettodes  erumci  Bl.  Sclm.  est  un  curieux  Pleuroneclidé  qui 
présente  cette  particularité  assez  rare  chez  les  Poissons  plats,  d'avoir 
les  yeux  situés  inditïéremnieut  suivant  les  exemplaires,  tantôt  sur 
le  côté  droit  du  corps,  tantôt  sur  le  côté  gauche.  C'est  ainsi  que  des 
deux  spécimens  recueillis  par  la  mission  permanente  en  Indo- 
Chine  l'un  est  dextre,  l'autre  est  senestre. 

D'une  façon  générale  au  contraire,  chez  les  Poissons  plats,  tous 
les  individus  d'un  genre  donné,  sauf  le  cas  d'anomalie,  ontinvaria- 
hlement  les  yeux  situés  du  même  côté  droit  ou  gauche.  Les  Pset- 
todes font  donc  exception  à  la  règle  habituelle  et  à  ce  titre  doivent 
être  signalés. 

Le  StromateusnigerïM.  qui  appartient  à  la  famille  des  Stromateidés 
que  quelques  auteurs  comme  GCmhkr  ne  séparent  pas  des  Scoin- 
bridés  est  remarquable  par  ce  fait  qu'il  existe  des  nageoires  ventrales 
jugulaires  chez  le  jeune  qui  disparaissent  complètement  avec  l'âge. 

Cette  perte  d'organes  doit  se  faire  assez  brusquement,  ou  être 
tardive  chez  certains  individus.  En  effet,  sur  six  spécimens  recueillis 
])ar  la  mission,  cinq  mesurant  de  120  à  140  millimètres  de  longueur 
^oiit  apodes,  mais  un  autre  atteignant  la  taille  déjà  respectable  et 
en  tout  cas  peu  éloignée  de  celle  des  individus  précédents,  de  110 
millimètres,  possède  des  ventrales  fort  nettes  de  1,")  millimètres  de 
long. 

Cette  disparition  des  ventrales  n'est  pas  en  elle-même  un  fait  bien 
extraordinaire,  ces  nageoires  jouant  un  rôle  des  plus  restreints 
dans  la  locomotion  des  Poissons  et  le  nombre  des  espèces  apodes 
étant  relativement  assez  considérable  dans  la  classe.  Je  n'en  veux 
ra|q)eler  comme  exemple,  que  les  Oreslias,  Cyprinodontidés  des 
lacs  élevés  des  Andes  dont  je  me  suis  occupé  ici  même  il  y  a  peu  de 


SÉAiXCE  DU  9  MAI   1905  86 

temps  (1),  Ce  qu'il  est  intéressant  de  constater  c'est  que  cette  perte 
de  membres  se  fait  dans  le  cours  du  développement  individuel.  11  y  a 
lieu  d'insister  sur  ces  formes  encore  plastiques  et  changeantes  qui 
nous  permettent  de  saisir  en  ([uelque  sorte  sur  le  vif,  les  étapes  de 
l'atrophie  dun  organe,  la  marclie  de  révolution,  de  la  dilïérenciatiou 
d'ungroupespécitique.  On  i)ourrait,  semble-t-il,  donnera  cesespèces 
le  nom  de  dynamiques  par  opposition  aux  espèces  plus  fixées, 
actuellement  invariables  ou  statiques.  On  en  arrive  ainsi  naturel 
lement  à  cette  conclusion  que  le  même  caractère  suivant  qu'on 
s'adresse  à  telle  ou  telle  forme  est  loin  d'avoir  la  même  importance. 
Il  est  incontestable,  par  exemple,  que  l'absence  de  ventrales  chez 
le  Stromateus  niger  Bl.  doit  être  considéré  comme  un  simple  signe 
de  maturité,  purement  individuel,  tandis  que  chez  les  Orestias  en 
raison  de  sa  constance,  de  son  invariabilité,  elle  a  réellement  la 
valeur  d'un  caractère  générique. 

La  forme  la  plus  intéressante  recueillie  par  la  mission  perma- 
nente en  Indo-Chine  est  un  Trachinidé  du  genre  SiUacjo  qui  doit 
être  considéré  comme  le  type  d'une  espèce  nouvelle.  Les  SiUago 
qui  présentent  quelques  rapports  morphologiques  avec  les  Sciœna 
et  dont  quelques  auteurs  à  la  suite  de  Richardson  font  une  petite 
famille  distincte,  comprend,  à  l'heure  actuelle,  pour  témoins,  une 
dizaine  d'espèces  répandues  dans  la  mer  Rouge, l'Océan  Indien, laMa- 
laisieetle  Pacifique  jusque  sur  les  côtes  méridionales  australiennes. 

Ce  sont  des  Poissons  côtiers  qui  remontent  dans  les  estuaires  et 
se  font  prendre  dans  les  lames  du  ressac,  sur  les  rivages  sablonneux. 
Ils  sont  excellents  au  point  de  vue  comestible,  si  excellents  même 
qu'une  espèce  de  Pondichéry  doit  son  nom  scienliliqiic  de  Sillago 
domina  C.  \.  et  sa  désignation  vulgaire,  rap|)ortée  par  Sonnelîat, 
de  «  Pêche  Madame  »  à  ce  fait  que  son  goût  ((  agréait  à  un  degré 
tout  particulier  à  M'"e  de  la  Bourdonnaye,  femme  du  célèbre  gou 
verneur  de  cette  colonie  »  (2). 

Voici  la  description  de  l'espèce  nouvelle  que  nous  dédions  bien 
volontiers  à  M.  Boutan. 

SiLLAGO  BOUTANI  nOV.   Sp. 

D.  XI  I  I,  21  ;    A  H,  22;    P.  17;    V.  I,  o;    Ec.  o  \  74  |  12. 

Corps  allongé,  subcylindrique.  Hauteur  du  corps  contenue  7  fois 
dans  la  longueur  sans  la  caudale,  8  fois  en  y  comprenant  la  caudale, 
deux  fois  dans  la  longueur  de  la  tête.  Tête  conique,  légèrement 

(1)  Bull.  S.  Z.  F.,  Cf.  1904,  p.  UU. 

(2).  CuviER  et  Valenciexnes.  nut.  nat.  îles  Poissons,  1829,  III,  p.  4IG. 


87  SÉANCE    DU    9    MAI     1905 

aplatie  en  dessus.  Museau  allongé,  pointu  ;  mâchoire  inférieure 
proéminente.  Bouche  vue  par  la  face  inférieure  en  forme  de  fer  à 
cheval.  Mâchoires  munies  d'une  large  bande  de  fines  dents  villifor- 
mes.  Des  dents  semblables  sur  le  vomer.  Bord  du  préopercule 
avec  quelques  denticulations.  Opercule  avec  une  épine  nette  au  cen- 
tre de  son  bord  postérieur.  Trois  rangées  d'ecailles  sur  la  joue.  Œil 
légèrement  allongé  dans  le  sens  horizontal.  Le  plus  grand  diamètre 
contenu  près  de  7  fois  dans  la  longueur  de  la  tête,  3  fois  dans  la 
longueur  du  museau,  1  fois  1/^dans  l'espace  interorbitaire.  Ecailles 
fortement  ciliées.  Ligne  latérale  continue  descendant  légèrement 
jusque  vers  le  ()''  rayon  mou  de  la  dorsale,  puis  devenant  à  ])eu  près 
médiane.  ."5  rangées  longitudinales  d'écaillés  entre  la  ligne  latérale 
et  l'origine  de  la  D''  dorsale,  7i  en  ligne  longitudinale  à  partir  de  la 
fente  branchiale,  12  rangées  longitudinales  entre  la  ligne  latérale 
et  le  milieu  de  l'abdomen.  Première  dorsale  comprenant  11  épines 
flexibles,  les  antérieures  un  peu  supérieures  à  la  hauteur  du  corps. 
Seconde  dorsale  composée  d'une  épine  et  de  21  rayon  mous.  Anale 
commen(;antlégèrementenavantdu  débutde  la  dorsale,  comprenant 
.2  rayons  simples  et  22  rayons  mous.  Pectorale  de  17  rayons,  faisant 
les  2/3  de  la  longueur  de  la  tête,  notablement  j^lus  longue  que  la  par- 
tie de  celle-ci  couiprise  entre  le  bord  antérieur  de  l'œil  et  la  fente 
branchiale.  Epine  de  la  ventrale  non  épaissie.  Hauteur  du  pédicule 
caudal  contenue  1  fois  1/2  dans  la  longueur.  Caudale  subtronquée, 
le  lobe  inférieur  légèrement  pointu,  l'inférieur  arrondi. 

(Coloration  jaune-olivâtre  sur  le  dos,  plus  claire  sur  les  côtés  et 
l'abdomen.  Joues  et  une  ])artie  de  l'opercule  jaune-orangé;  une  ou 
deux  lignes  de  même  teinte  devant  courir  le  long  des  tlancs. 
Nageoires  uniformément  grisâtres.  Quelques  traces  de  ponctuations 
sur  les  rayons  de  la  deuxième  dorsale. 

Coll.    Mus.  0o-218.   Baie  tie  llalan  (.Vlong)  :  Mission  permanente  française  en 
ndo-Chine. 

Longueur  totale  :  180  millimètres. 

Cette  espèce  est  voisine  de  Sillago  sikamaForsk'cû,  l'espèce  la  plus 
commune  dugenreetqu'on  rencontre  aussi  dans  les  mêmes  régions. 
Elle  s'en  distingue  toutefois  par  la  petitesse  de  son  œil  qui  est  con- 
tenu près  de  7  fois  dans  la  longueur  de  la  tête,  au  lieu  de  \  à  o 
fois  (1).  La  pectorale   est  en   outre  notablement  plus  longue,  elle 

(1)  Sur  un  spécimen  do  S.  ^ihaiiia  Forskal  de  la  baie  d'Alonj^,  provenant  du  même 
envoi  et  mesurant  19o  millimètres  de  lonj>ueur,  c'est  à  dire  une  taille  presque  iden- 
tique à  celle  du  type,  le  grand  diamètre  de  l'œil  est  contenu  4  fois  1/2  dans  la  lon- 
gueur de  la  tôte. 


SÉAXCK    1)1-    1)    MAI    1!JU;)  88 

lait  les  2i/3  de  la  longueur  de  la  tète,  au  lieu  de  la   moitié  environ. 
Le  corps  est  plus  allongé. 

L'espèce  ofïre  aussi  certaines  aiïinités  avec  le  SiUafjo  chondropus 
BleekerdesMoluques,  mais  lépinede  la  ventrale  présente  l'aspect 
habituel  chez  les  SillafjO,  elle  n'est  pas  épaissie,  arrondie.  L'œil  est 
aussi  plus  pelit  que  dans  resi)èce  de  Bleekku  (1). 


SUR  UN  NOUVEL  ORGANE  SENSITIF  DE  NUCULA  NUCLEUS  L. 

(note  préliminaire) 

PAR 

Fred   VLÈS 

Les  Protobranches  sont  remarquables  au  point  de  vue  de  la  variété 
de  leurs  organes  des  sens;  il  existe  en  efïet  chez  eux,  outre  des 
diiïérenciations  sensitives  plus  ou  moins  générales  chez  les  Lamel- 
libranches (les  otocystes,  les  osphradiums,  les  palpes),  une  série 
d'organes  spéciaux.  Les  uns  sont  principalement  tactiles  :  tentacule 
postérieur  des  palpes  {Nucula,  ïohlia,  Leda,  Mallctia),  tentacule 
siphonal  {Yoldia),  papilles  palléales  antérieures  (?)  (Yoldia);  les 
autres  :  organes  palléaux  postérieurs  (Yoldia,  Leda),  organe 
de  Stkmpell  {Nucula),  sont  mal  caractérisables  en  ce  qui  concerne 
leur  physiologie.  Il  semble  que  ceux-ci  doivent  rentrer  dans  le 
groupe  de  ce  que  Simuoth  a  ap[)elé  ((  les  organes  des  sens  infé- 
rieurs ». 

11  existe  chez  la  Nucule  [N.  nuckus  L)  un  autre  organe  des  sens, 
pair,  et  situé  dans  la  cavité  palléale. 

On  remarque  en  elïet  (tig.  I)  sur  des  coupes  transversales  de 
l'animal  passant  au  niveau  des  ganglions  cérébroïdes,  un  bourrelet 
épithélial  assez  élevé,  adjacent  extérieurement  (par  rapport  à  la 
bouche)  à  la  base  commune  de  chaque  système  de  palpes,  à  l'endroit 
où  les  cérébroïdes  sont  tangents  à  la  paroi  palléale  ventrale. 

Ce  bourrelet  épithélial  est  constitué  par  d'assez  hautes  cellules 
non  ciliées,  dont  quelques-unes  sont  glandulaires;  entre  leurs  pieds 
se  trouvent  des  éléments  plus  petits,  à  caractères  ganglionnaires. 
Sous  lépithélium,  une  basale  épaisse. 

Chaque  organe  est  innervé  par  le  cérébroïde  correspondant,  qui 
lui  envoie  un  faisceau  nerveux  relativement  gros  (tig.  2);  ce  nerf, 
bien  individualisé,  naît  un  peu  en  dessous  et  en  arrière  du  nerf 

(1)  Dans  la  figure  donnée  par  Bleeker,  Atlas  ichtyulogiqne,  pi.  CCCLXXXIX, 
fig.  2,  l'œil  est  contenu  à  peine  5  fois  dans  la  longueur  de  la  tète. 


89 


SÉANCE    Dr    9    MAI    IDOij 


palpo-teiitaculaire  ;  il  est  très  court,  traverse  directement  la  couche 
musculo  conjonctive  sous-cutanée  et  la  basale,  et  vient  s'épanouir 


Fig.  1.  —  Coupe  transversale,  en  avant  de  la  Jiouche,  montrant  les  rapports  des 
g.  cérébroïdes  avec  les  organes  sensitits  latéraux  {Nitcul((  nucleus  L.)  ;  1,  organe 
sensitif  latéral  ;  2,  ganglions  oérébroïdes  ;  3,  ]ialpes  ;  4,  rétracteurs  du  pied  ; 
5,  glandes  génitales;  6,  coquille;  7,  pied  ;  8,  terminaison  de  l'adducteur  antérieur. 

à  la  base  du  bourrelet  épithélial.   Une  telle  innervation  sullit  à 
donner   à   cet  organe    une    signilication    nettement    sensorielle. 


SKANCK    IHJ   9    MAI    1905 


90 


11  ne  m'est  guère  possiI)le  encore  d'établir  avec  précision  la 
physiologie  de  cet  organe.  Il  y  a  lieu  toutefois  de  l'aire  remarquer 
son  analogie  (sinon son  homologie)  assez  frappante,  tant  au  point  de 


Fig.  2.  —  Coupe  longitudinale  de  l'organe  sensiUf  latéral,  monti'ant  l'innervation  {Nucidn 
nucleus  L.);  1,  organe  sensitif  latéral  ;  2,  son  nerf;  3,  basale;  4,  g.  cérébroïde  ;  5,  adducteur 
antérieur  ;  6.  palpe  externe  ;  7,  nuiscles. 

vue  de  la  structure  histologique  que  des  rapports  anatomiques,  avec 
certains  organes  des  sens  des  Gastéropodes,  et  principalement  avec 
la  région  dite  olfactive  de  l'organe  de  Hangcok  des  Céphalaspides. 


LES  PRODUCTIONS  TÉGUMENTAIRES  DES  SIPUNCULIDES 

(note  préliminaire) 

PAR 

Marcel  A.  HÉRUBEL. 

Préparatoiu-  à  T Université  de  Paris. 

Il  n'est  pas  de  Géphyrieu  connu  dont  l'appareil  tégumentaire  ne 
soit  bien  décrit.  Mais  toutes  ces  descriptions  gisent  isolées.  Une 
étude  générale  et  comparative  me  parut  donc  nécessaire.  C'est  cette 
étude  que  j'ai  l'honneur  de  publier  aujourd'hui.  A  cet  etïet,  j'ai 
passé  en  revue  la  plupart  des  Sipunculides  du  globe,  qui  sont  si 
richement  représentés  dans  les  collections  du  Muséum  (laboratoire 


91 


SÉANCE    DU   9    MAI    l!)0o 


de  M.  le  Prof.  L.  Joubin),  et  coininenté  les  ouvrages  (1)  qui  traitent 
de  ces  matières.  Cette  double  série  d'investigations  m'a  conduit  au 
mode  de  classement  (jue  voici. 


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Fig.  1.  —  Papilles  (les  six  premières  de  profil,  les  autres  de  face). 

Papilles. 

Je  distingue  d'abord  les  papilles  qui  sont  dépourvues  de  plaque» 
de  celles  qui  ne  le  sont  pas.  Celles-là  consistent  en  un  simple  gon- 
tlement  de  la  cuticule;  celles-ci  en  un  véritable  système  de  petites 
plaques  chitineuses  enchâssées  dans  la  cuticule.  Je  répartis  les 

(1)  Jo  ne  prétonfls  pas  donner  ici  la  biblioj^raphie  complète.  Je  le  ferai  plus  tard 
lorscjue  j'aurai  publié  l'ensemble  de  mes  recherches.  Je  citerai  seulement  aujour- 
d'hui (juehjues  mémoires  fondamentaux. 

Damklssen  et  Kohe.n.  (iephvrea.  Norske  Nordhavs-expedition,  187G-78.  Chris- 
tiania, 1881. 

OiATUEFAGES  (A.  de).  Hlstoirc  naturelle  des  Annelés  marins  et  d'eau  douce.  An- 
nelides  et  Gephyrien  II  (1).  Paris,  1865. 

Roule.  Notice  préliminaire  sur  les  espèces  de  Gephyriens  recueillis  dans  les 
expéditions  sous-marines  du  Travailleur  et  du  Titli^niaii.  Bull.  Mut^éuitt  HisL 
Nat.Parix,  IV,  1898. 

Selenka.  Report  of  the  Gephyrea  collected  duringthe  voyage  of  H.  M.  S.  Chal- 
lenger. Rep.  Challenger,  XIII,  188;;. 


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î)3  SKANCE    Dr    9    MAI    1905 

premières  d'après  leurs  formes  générales  et  les  secondes,  qui  se 
ressemblent  à  peu  près  toutes,  d'après  la  forme  et  les  dispositions 
respectives  des  plaques.  Enfin,  comme  transition  entre  les  papilles 
et  les  épines,  j'ai  constitué  un  troisième  ordre  :  les  papilles-épines. 
Ces  préliminaires  posés,  il  me  reste  à  expliquer  les  épithètes  sous 
lesquels  je  range  les  dilïérentes  catégories  :  Ordre  I  (papilles  sans 
plaques)  a  [type  conique),  b  {troncoconique)  etc..  La  signification  est 
impliquée  dans  le  vocable  lui-même;  Ordre  II  {papilles  avec  pla- 
ques) :  Tantôt  on  constate  que  les  plaques  sont  enfermées  dans  une 
zone  bien  nettement  circonscrite  :  c'est  le  type  limité.  TantcM,  au  con- 
traire, elles  se  répandent  sans  ordre  sur  le  tégument.  11  n'y  a  pas 
de  zone  nettement  circonscrite;  bref,  la  papille  n'a  pas  de  bords  : 
c'est  te  type  illimité.  Qu'on  ne  prétende  pas  que,  dans  ce  cas,  la  pa- 
pille n'est  qu'un  mot.  Il  y  a  papille  puisqu'il  y  a  hampe  axiale.  Le 
type  limité  peut  être  plein  ou  épars.  Il  est  plein  lorsque  la  pai>ille  est 
entièrement  couverte  de  plaques.  Il  est  f^pons lorsqu'elle  présente  des 
espaces  vides  de  plaques.  Dans  le  type  plein,  les  plaques  peuvent  se 
comporter  de  trois  manières  différentes  :  I"  elles  sont  toutes  d'égale 
dimension  (type  plein  uniforme);  2"  elles  sont  d'inégale  dimension 
et  les  plus  petites  bordent  la  base  de  la  papille  (type  plein  microba- 
sal);  3'^  les  plus  grandes  bordent  la  base  de  la  papille  (type  plein 
macrobasal).  Les  papilles-épines  tirent  leur  nom  du  fait  que  les  pla- 

Selenka,  de  Man  et  Bulow.  Die  Sipunculiden.  Eine  systematischemono{);raphie. 
Wiesbaden,  1884. 

Shipley.  On  a  newspeciesof  f /i(/»(rtSO//(a,  with  a  synopsis  of  thegenus  and  some 
accnunt  of  ils  geographical  distribution.  Quart.  Journ.  Micros.  Sci.,  XXXII,  1891. 

Sluiiku.  Die  Evertebraten  ans  der  Sammlung  des  Kôniglichen  naturwis- 
senschaftilichen  Vereins  von  Niederlaudiscli- Indien  in  Batavia;  zugleich  III. 
Gephyrecn.  Naturkuntlig  Tijd><clirift  Voor  Nederlaudsch-Indie,  L,  1891. 

Sluiter.  Gephyriens  (Sipunculides  et  Echiurides)  provenant  des  campagnes  de 
l'Hirondelle  et  de  la  Prince^i<e  Alice.  Resuit.  Conip.  Scien.  Albert  /",  fasc.  Mona- 
co, 1900. 

ÏHEEL.   Etude  sur  les  Gephyriens  inermes  de  mer  de  la  Scandinavie,  du  Spitz- 
berg  et  du  Groenland.    Bittang   till.   K.  Sveuska.   Vet.   Alaid.  Handlingar,  (6) 
Stociiholm,   1875. 

Je  me  permettrai  d'y  joindre  quelques  notes  publiées  par  moi-môme. 

Hérubel  (Marcel-A.).  Sur  la  distribution  et  les  affinités  réciproques  des  Sipun- 
culides. Bull.  Soc.  Zool.  Fr.,  XX VIII,  1903,  page  99. 

HÉRUBEL.  Première  contribution  à  la  morphologie  et  physiologie  comparées  et 
à  la  biostatique  des  Sipunculides  (Ibid.  p.  III.) 

HÉRUBEL.  Les  Sipunculides  nouveaux  rapportés  par  M.  Ch.  Gravier  de  la  mer 
Rouge  iSipuncuius  Graineri).  Bull.  Mus.  Hist.  i\at.  Paris,  novembre  1904,  et 
Coinp.  Rend.  Congres  internat.  Zoologie,  Berne  1904. 

HÉRUBEL.  Liste  des  Sipunculides  et  des  Echiurides  rapportés  par  M.  Ch.  Gravier 
du  golfe  de  Tadjourah  (mer  Rouge).  Bull.  Mus.  Hist.  Nat.  Paris,  décembre  H)04. 

HÉRUBEL.  Sur  une  nouvelle  espèce  de  Sipunculide  de  la  collection  du  Muséum 
Bull.  .Mus.  Hist.  Nat.  Pans,  janvier  1905. 


SÉANCE   DU   0    MAI    190.')  94 

ques  sont  étirées  eu  épines;  elles  constituent  le  troisième  ordre. 
Dans  le  tableau  que  j'ai  dressé,  je  fais  suivre  chacune  des  caté- 
gories de  rénumération  des  espèces  correspondantes.  Mais,  comme 
le  tégument  n'est  pas  identique  sur  tous  les  points  d'un  individu, 
il  ma  paru  indispensable  de  désigner  les  régions  intéressées  par 
les  lettres  suivantes  : 

1»,  tiers  postérieur  du  corps  :  m.  tiers  moyen  ;  a,  tiers  antérieur 
i,  introvert  dans  son  ensemble;  i,,  cercle  sous  la  couronne  ten- 
tacualaire  i,,  milieu  de  lintrovert  ;  i,,  base  de  l'introvert;  cr, 
espace  libre  entre  les  crochets  ;  au,  région  anale. 

Epines  et  crochets. 

Théoriquement  au  jnoins,  tous  les  Sipunculides  portent  des 
papilles.  11  n'en  est  pas  de  même  des  épines  et  des  crochets.  Citons 
d'abord  les  nombreuses  espèces  qui  en  sont  dépourvues  : 

Pliascolosoma  mcmjaritaccum,  P.  capsiforme,  F.  papiUosum,  /'.  ca- 
pense,  P.  Prioki,  P.  Semperi.  P.  procerum.  P.  catharmae,  P.  eremita, 
P,  pellucidum,  P.  squamatum,  P.  LiUjeborgii,  P.  flagriferum,  P.  pro- 
fundnm,  P.  approxlmatum  etc.... 

PliascoUon  manceps,  P.  Strombi. 

PInjmosomaLôveni,  P.  AntiUarum,  P.asser,  P.  pebna.  P.  Psaron,P. 
Weldoni,  P.  Meteori. 

Sipuncidns...  Il  est  inutile  de  les  énumérer  au  long  :  il  sont  tous 
dépourvus  de  crochets  et  d'épines  sauf  S.  australis.  S.  arcassonensis. 

Aspklosiphoii  voiahubim. 

J'appelle  dès  maintenant  l'attention  du  lecteur  sur  deux  espèces; 
Pliascolosoma  pellucidum  et  PliascoUon  Strombi  dont  nous  aurons  à 
reparler  plus  loin. 

Epines  —  Certaines  d'entre  elles  sont  portées  par  une  papille:  on 
dira  peut  être  que  c'est  une  papille  épine  ?  Non,  cardans  la  papille- 
épine  c'est  la  papille  qui  rem|)orte  en  grandeur.  L'épine  avec  sub- 
stratuni  est  la  transition  entre  la  papille  épine  et  l'épine  franche. 
La  base  de  l'épine  est  ou  bien  droite  ou  bien  bifide.  A  cette  dernière 
catégorie  se  rattachent  les  formes  en  éperon,  trident  et  /'('/■  à  cheral. 

oRiJKE  I  [  a)  base  droite  —  PliascoUon  lubicola  (i);  Phyntosonia 

(épines  avec  )  (fig- I)  dentUjerum 

papille  comme  i  b)    base  bifide  —  Dendrostoinaalutaceum,  D.blandum, 

substratum)  (  (lîgH)  D.  ^ignifer 

éperon       —      PliascoUon    collare   (p),  P.    lubicola 
(fig.  III) 
dérivés  de  la  base  }        ^"dcnt       -      PliascoUon  tridens 

(fig-  iv; 

fer  a  cheval  —      PliascoUon   hedrœuin,  P.   lucifugax 


bifide 


(fig-  V 


95 


SÉAXCE    DL'    !)    MAI    1905 


Ordre  il 

épines  sans 

papilles 


a)  base  droite  — 
(lis-  VI) 


Phascolosoina  eloïKjalii III ,  P.  peliuci- 
dum,  PhOit'Colion  Stroiiibi,  Sijiuncio- 
lus  australe,  S.  arcaiisonc.nsis,  A'/irt.s- 
colion  hedrii'uni  fij,  Pluiacolosoiiia 
Dclagi'i,  PlioAColosoina  elongatnin 
piinctatuni. 


Crochets —  Le  crochet,  qui  se  distingue  immédiatement  de  l'épine 
toujours  droite,  a  sa  courbure  plus  ou  moins  prononcée.  Soit  un 
crochet  (tig.  Vil).  Par  le  milieu  de  la  base,  j'élève  une  perpendicu- 


Fig.  2.  —  Epines  et  crochets. 


laire.  Puis,  par  le  point  où  celte  ligne  rencontre  le  bord  convexe  du 
crochet  je  mène  une  parallèle  P>B'  à  cette  base.  Cette  simple  cons- 
truction nous  donne  un  moyen  de  classilication.  Le  crochet  est  dit 
oai-erl,  lorsque  la  pointe  est  au  dessus  de  la  ligne  HP';  il  est  d'il  à  angle 
droit,  lorsque  la  pointe  est  située  sur  la  ligne  IIP'  (position  n);  il  est 
recourbé,  lorsque  la  pointe  est  au  dessous  de  la  ligne  PU'  (position  p). 
Voila  constitués  trois  types  fondamentaux.  Et  on  les  retrouve  dans 
les  trois  modalités  que  présentent  les  crochets  :  1")  le  crochet  est 
simple  (fig.  VII),  c'est  à  dire  qu'il  n'a  qu'une  seule  pointe:  2^)  il  a 
des  denticulations  à  la  base  (hg.  Vlll)  :  3»)  il  est  composé  (fig.  IX) 
c'est  à  dire  qu'il  a  deux  pointes,  une  principale  et  une  autre  se- 
condaire. 


SÉANCE    DU    !)    MAI    190o 


9« 


OlUlUE    1 

crochcHs    simples 

1  soiilc  dent 

(lis.  VII) 


I  l'hascolosniiia  rulgari',  P.C()riaceuiii,Fhy- 

i  inufioina  lurco,  /'.  sco/oyv.s  adcnticulaluiii, 

type  1  Aapidimphon  Cumingii.  A.  Kkmzingeri, 

il)  oiivcrl        ]  A.  truncatus,  A.  torlxm,  A.  gracilii^,  Phy- 

I  niofioina  granulatuni   (Méditerranée), 

Phancolomina  scutiger.  P.  Delagei. 

type  \  Phymoi^onui  granulatuni,  Fhascolosoma 

b)  recourbé     )  ritrenm 


Ordre  II 
crochets  avec 
denticulations 

(/ig.  VIII) 


a)  type 
ouvert 


b)  type 
recourbé 


(   Phymosoma  pectinatum  (de  Maurice),  P. 
deutigeruiii,  P.  nigrescens  (de  Fiji),  P.  sco- 
{    laps  Philippines) 


\ 


Pliynionoiiia  nigrescenft  (Maurice),  /'.  ni- 


,    grescciif    (de   Tadjourah,   P.    scolops   (de 
I   Mozambique),  P.  japonicuin 


c)  type  à        \   Pliymusoina   paci/icuin,    P.    variant,  P. 
angle  droit      )   albo-lineatuin 


[          a)  type 

Orduk  m 

V        ouvert  — 

crochets, 

1          b)  type 

composés 

\      recourbé  - 

(lig.  IX) 

/        c)  type  à 

\    angle  droit 

Ai^pidosiphon  Steenstruppi. 


A^pidosiphon  elegans. 


Cloeosiphon  aspergilluni,  C.  mollis. 


Non  seulement  la  présence  des  épines  ou  des  crochets  n'est  pas 
constante  dans  un  même  genre,  mais  elle  ne  l'est  pas  toujours  dans 
une  même  espèce.  Le  Phascoloaoma  pclUiculum  est,  nous  le  savons, 
dépourvu  de  ces  formations.  Toutefois  certains  individus  des  Phi- 
lippines peuvent  porter  quelrpiefois  des  crochets.  Le  Phascolion 
Strombi  offre,  à  cet  égard,  un  vif  intérêt.  J'ai  dragué,  le  long  des 
côtes  norvégiennes  et  dans  les  fjords,  entre  Bergen  et  Trondli- 
jem  (1),  une  grande  quantité  de  ces  êtres.  L'étude  de  leuranatomie 
montre  qu'ils  appartiennent  tous  à  la  même  espèce  (7^.  Strombi). 
Cependant  l'examen  détaillé  des  épines  seules  conduirait  à  cons- 
tituer trois  espèces.  C'est  ce  qu'a  fait  IL  Théél  (2)  en  créant,  à  côté 


(1)  Herubei.  (Marcel-A.)  Sur  les  Priapulides  des  cotes  occidentales  de  la  Scan- 
dinavie. Bullelin  Soc.  Zool.  de  Fr.,  XXIX,  1904,  p.  100. 

(2)Tutth(U  .)B.echerchessm-le  Pliascolioii  {Phascolo><onia)  StroinbiMont.  Bi  haiig 
tiU.  K.  Svi^nska.  Y  et.  Akad.  Haiidlingar,  (6)  Stockholm,  187."). 


97  SÉANCE    DU    9    MAI    1905 

de  Pliascolion  Strombi,  les  deux  espèces  P.  tuberculosuin  (pourvue 
d'épines)  et  P.  spitzhergense  (dépourvue  d'épines).  Selenka,  de 
Man  et  BuLOW  rabaissèrent  ces  espèces  au  rang'  de  variété  (/*.  Stromhi 
verrucoanm).  En  réalité,  le  PAasco/ioTi^'îrom^i  subit  des  llucluations, 
qui  se  manifestent  extérieurement  par  l'augmentation  et  la  diminu- 
tion du  nombre  des  crochets  ou  leur  absence  même.  Si  l'on  classe 
selon  un  ordre  décroissant  la  fréquence  de  ces  trois  cas,  on  a  la  série 
suivante  :  1")  absence  de  crochets  ;  2")  grand  nombre  de  crochets  ; 
3")  petit  nombre  de  crochets.  11  y  a  donc  deux  modalités  relative 
ment  stables.  Pourquoi  la  troisième,  instable  et  presque  exception- 
nelle, ne  ressortirait-elle  pas  de  la  catégorie  des  phénomènes  de 
mutations  de  Hugo  deVniEs  ? 

Conclusions.  —  En  bonne  et  rigoureuse  méthode,  je  devrais  discuter 
les  matériaux  que  j'ai  classés.  Mais  cela  dépasserait  les  limites 
permises  à  une  simple  note  Jaborde  donc  immédiatement  les 
conclusions. 

1")  Un  groupement  de  crochets  ne  coexiste  jamais  avec  un  grou- 
pement d'épines. 

2")  Tous  les  crochets  dune  même  espèce  ou  variété,  distribués 
selon  un  certain  nombre  de  cycles,  sont  construits  sur  le  même 
type.  Ils  ne  varient  seuleuient  que  par  leur  r/wawîi/e.  Cette  variation 
porte  ou  bien  sur  la  plus  ou  moins  grande  densité  des  crochets  dans 
les  cycles  ou  bien  sur  le  plus  ou  moins  grand  nombre  de  cycles  : 
elle  est  souvent  d'ordre  mdkiduel. 

3°)  Au  contraire,  les  papilles,  beaucoup  plus  stables,  oiïrent  une 
caractéristique  générique.  En  d'autres  termes,  on  peut  dire  qu'un 
revêtenïent  papiilifère  donné  est  a  peu  près  constant  dans  un  genre 
donné.  Par  exemple,  les  genres  Sipu7icuh(s  et  Phaseolosoma  prédo- 
minent dans  l'ordre  1.  Dans  l'ordre  II,  ce  sont  les  genres  riiijmo 
soma  et  Aspklosiphon. 

4")  Toutefois  (cas  particulierj,  les  papilles  dans  une  môme  espèce 
sont  quelquefois,  en  des  régions  différentes  du  corps,  d'ordres  dilTé- 
rents  (Ex  :  Vliymosoma  dentigcrium,  P.  Scolops;  Aspiflosiphon  rena- 
buhim,  etc.)  Mais  un  tel  revêtement  papiilifère,  bigarré  et  hété 
rogène,  est  constant  dans  une  même  espèce. 

5°)  Les  systèmes  de  papilles  comme  les  systèmes  de  crochets, 
sans  être  localisés  exclusivement  chez  les  es\)èces  des  mers  chaudes, 
se  trouvent  cependant  la  plupart  du  temps  dans  celles  ci.  Le  déve- 
loppement du  système  papiilifère  parait  marcher  de  pair  avec  le 
développement  des  systèmes  de  crochets. 


Séance  du  23  mai  1005. 

PRÉsrnExr.F,  uk  M.  Bavay,  ancien  président. 

Le  Président  adresse  les  félicitations  de  la  Société  au  professeur 
R.  Blanchard,  élu  membre  honoraire  de  YAssocialion  of  économie 
BioIo(jists,  et  à  M.  Ch.  Alluaud,  qui  vient  d'obtenir  de  la  Société 
de  (îéoi^rapliie  le  prix  Ch.  Maunoir  (médaille  de  vermeil)  pour  les 
résultats  scient iliques  de  ses  voyages  en  Afrique. 

M"i''  Cratunesco  et  M"''  Pogor  présentent  M^i'-  Dabija,  demeurant 
hôtel  de  Belfort,  rue  de  l'Arcade,  à  Paris. 

MM.  Debrel'il,  De  (Iuerne  et  Oustalet  sont  délégués  pour  repré- 
senter la  Société  au  (-ongrès  d'Ornithologie,  qui  se  tiendra  à  Lon- 
dres en  juin  190o. 

M.  de  (luERNE,  délégué  de  la  Société  au  Congrès  des  Sociétés 
savantes,  qui  s'est  tenu  à  x\lger  durant  les  vacances  de  Pâques,  fait 
l'exposé  de  la  partie  zoologique  du  congrès.  11  insiste  plus  parti- 
culièrement sur  l'élevage  des  Autruches  au  jardin  d'essai  et  sur 
les  chasses  herpétologiques  et  ornithologiques  de  notre  collègue 
M.  Olivier. 

Le  professeur  R.  Blanchard  fait  don  à  la  Société  de  son  livre 
sur  l'Histoire  naturelle  et  médicale  des  Moustiques  et  fait  une  courte 
communication  à  ce  sujet. 

Le  Dr  Pellegrlx  fait  une  communication  sur  les  Poissons  marins 
récoltés  dans  la  baie  d'Along  par  la  Mission  permanente  en  Indo- 
Chine  et  insiste  plus  particulièrement  sur  une  espèce  nouvelle,  le 
Sillago  Boutani. 


LA  RÉGION  MÉDITERRANÉENNE  DES  BALÉARES  (1) 

par 
ODON  DE  BUEN 

professeur  à  l'Université  de  Barcelone. 

J'ai  été  profondément  touché  parla  décision  qu'a  prise  la  Société 
Zoologique  de  France  de  tenir  une  séance  à  Palma  et  plus  encore 
par  le  vote  par  lequel  vous  venez  de  m'en  donner  la  Prési- 
dence   d'honneur.    Je    vous    suis    très    reconnaissant    de    cette 

(1)  Discours  prononcé  le  2G  avril,  lors  de  la  réunion  extraordinaire  de  la  Société 
tenue  à  Piilma  de  Mallorca  (lies  Baléares). 

Bull.  .Soc.  Zool.  de  Fr.,  190o.  xx.v  —  9 


99  SÉANCE  DU  23  MAI    190o 

distinction  imméritée,  et  je  fais  des  vœux  sincères  pour  que  le 
séjour  dans  cette  belle  île  vous  soit  agréable,  et  pour  que  les  tra- 
vaux que  vous  faites  donnent  des  résultats  positifs  pour  la  Science. 

Si  j'avais  su  plus  tôt  que  j'aurais  à  vous  faire  une  communica- 
tion, j'aurais  préparé  tous  les  documents  nécessaires  pour  vous 
parler  de  l'expédition  scientifique  que  le  I^aboratoire  Arago,  avec 
son  bateau  le  Roland,  a  entreprise  dans  la  région  des  îles  Baléares, 
ainsi  que  des  résultats  obtenus,  ces  deux  dernières  années,  ])ar  les 
sondages  et  les  dragages  opérés  autour  de  Majorque,  de  Cabrera 
et  de  Minorque. 

Je  faisais  partie  de  l'expédition  avec  l'autorisation  du  directeur 
de  la  mission,  notre  savant  Président,  le  professeur  Pruvôï,  et  il 
me  permettra  de  vous  dire  quelques  mots  sur  les  travaux  effectués. 

Déjà  par  l'importante  communication  du  D^'  Racovitza,  vous  avez 
pu  apprendre  (jue  la  mission  du  Boland  a  eu  l'honneur  de  décou- 
vrir la  faune  cavernicole  lacustre  de  Majorque  ;  les  fantastiques 
lacs  des  grottes  majorquines  étaient,  croyait-on,  inhabités;  depuis 
les  recherches  de  l'an  dernier  on  peut  alTirmer  qu'ils  contiennent 
une  faune  très  intéressante. 

L'étude  zoologique  des  côtes  baléares  était  le  rêve  de  notre  émi- 
nent  maître  le  professeur  de  Lacaze-Dlthiers.  C'est  à  lui  que  revient 
la  gloire  de  cette  initiative  ;  nous  autres  n'avons  que  l'honneur 
d'avoir  mis  à  exécution  son  idée. 

Aussitôt  après  la  construction  du  nouveau  iîo/oHf/ sous  la  direction 
du  professeur  Pruvôt,  on  se  proposa  de  venir  entreprendre  l'étude 
de  ces  côtes  suivant  un  plan  consciencieusement  tracé  et  rigoureuse- 
ment suivi.  Et  il  est  de  fait  que  le  Roland  s'est  comporté  d'une  façon 
admirable,  et  a  dépassé  toutes  les  espérances;  c'est  un  bateau  qui 
réalise  des  conditions  exceptionnelles  pour  l'étude  des  faunes  lit- 
torales et  côtières. 

Le  Rola)id  a  fait  ici  deux  longues  campagnes,  pour  sonder  et 
draguer  le  fond  de  ces  splendides  baies  depuis  le  plateau  qui  réunit 
Majorque  et  Minorque  et  les  entoure,  jusqu'aux  pentes  rapides 
qui  conduisent  aux  grandes  profondeurs. 

Pour  que  vous  compreniez  bien  quel  est  le  théâtre  des  travaux 
du  Roland,  je  vous  rappellerai  que  Majorque,  Cabrera  et  Minorc[ue 
sont  entourées  |)ar  un  plateau  situé  à  100  mètres  de  profondeur; 
que  l'espace  compris  dans  cette  région  a  sa  plus  grande  largeur 
entre  Cabrera  et  la  Dragonera  et  est  très  étroit,  formant  comme  une 
sorte  de  pont,  entre  Majorque  et  Minorque,  depuis  le  massif  monta- 
gneux de  Capdepera  jusqu'au  cap  Dartuch. 


SÉANCE  DU  23  MAI   I  90o  100 

Cette  région  est  bien  limitée  et  bien  définie.  De  Majorque  à  Ibiza 
il  y  a  des  profondeurs  dépassant  500  mètres,  qui  existent  également 
entre  le  petit  groupe  des  Pitiuses  (Ibiza  et  Formentera)  et  la  côte 
espagnole  la  plus  procbe  (cap  de  la  Nao). 

De  toute  antiquité  on  a  maintenu  cette  division  de  l'archipel 
baléare  en  deux  groupes  d'îles. 

'Le  Roland,  ])our  venir  étendre  jusque  sur  ces  côtes  la  zone  d'in- 
lluence  scientifi((ue  du  Laboratoire  Arago,  croise  dans  une  région 
de  la  Méditerranée  bien  limitée,  elle  aussi,  dont  l'étude  zoologique 
est  du  plus  haut  intérêt. 

La  côte  du  midi  de  la  France,  celle  de  Catalogne,  de  Valence 
jus(|u'au  cap  de  la  Nao,  et  les  îles  Baléares,  limitent  une  région 
méditerranéenne,  que  nous  pouvons  désigner  sous  le  nom  de  région 
de  la  tramontane  ou  du  mistral  à  cause  de  l'intluence  qu'ont  ces 
vents  sur  elle  ;  région  terminée  à  ses  extrémités  par  deux  golfes, 
celui  du  Lion  et  celui  de  Valence. 

L'étude  de  cette  très  intéressante  région,  tant  désirée  par  de 
Lacaze-Duthikrs,  est  un  champ  très  vaste  où  les  activités  des  zoolo- 
gistes français  et  espagnols  pourront  s'exercer  pendant  de  longues 
années  pour  leur  plus  grande  gloire  et  pour  le  plus  grand  bénéfice 
de  la  Biologie. 

Les  Français  ont  déjà  dans  cette  région  le  laboratoire  Arago,  avec 
le  vaillant  Roland  qui  en  est  le  complément  indispensal)le:  à  llieure 
actuelle,  nous  ne  pouvons  encore,  nous  autres  Espagnols,  collaborer 
avec  vous  qu'en  mettant  à  votre  service  toute  notre  bonne  volonté, 
toute  notre  inépuisable  ferveur  scientifique. 

Il  est  nécessaire  de  créer  sur  ces  côtes  baléares  un  laboratoire 
frère  de  celui  de  Banyuls.  Mes  efforts  tendent  à  cela,  vous  le  savez, 
depuis  déjà  plusieurs  années;  je  me  butte  à  de  sérieuses  difficultés 
par  suite  du  manque  des  moyens  matériels  dont  on  est  si  parcimo- 
nieux en  Espagne  pour  le  travail  scientifique;  mais  malgré  tout  je 
puis  vous  annoncer  que  j'ai  de  grandes  espérances  de  pouvoir 
bientôt  créer  le  laboratoire  Baléarique,  où,  quelque  modestes  que 
puissent  être  nos  ressources,  vous  trouverez  la  même  hospitalité 
fraternelle  que  nous  avons  rencontrée,  nous,  à  Banyuls. 

Elle  est  bien  attrayante,  cette  région  franco-espagnole  de  la  Mé- 
diterranée; elle  a  des  stations  biologiques  si  intéressantes:  la  rade 
de  Banyuls;  le  cap  Creus;  le  golfe  de  Rosas;  la  côte  catalane  avec 
ses  profonds  îTc//.s  ;  les  bouches  de  l'Ebre  avec  le  grand  port  des 
Alfaques,  qui  est  un  vrai  vivier;  l'embouchure  du  Jùcar  au  fond 
du  golfe  de  Valence;  les  côtes  d'ibiza  avec  ses  immenses  salines  où 


101  SÉANCE  DU  23  MAI  190o 

se  métamorphose  l'irfemia;  les  falai'ses  de  Formeiilera;  les  baies 
mallorquiues  à  fond  calcaire;  Cabrera,  avec  son  admirable  rivage; 
les  côtes  septentrionales  de  Minorque  avec  leurs  rades  profondes  et 
leurs  terrains  paléozoiques;  le  splendide  port  de  Mahon,  dont  un 
côté  est  devonien  et  l'autre  miocène. 

Le  plateau  continental  se  i)rolonge  du  nord  au  sud  en  une  lan- 
gue de  100  mètres  de  profondeur,  depuis  les  bouches  de  FEbre 
jusqu'en  face  de  V^alence,  et  sur  cette  large  plate-forme  submergée, 
qui,  au  sud,  descend  par  un  rapide  escar})ement  vers  les  grandes 
profondeurs,  se  dresse  le  cône  volcanique  dont  !e  vaste  ciatère  dé- 
mantelé par  les  vagues  forme  le  groupe  des  îles  Golumbretes.  C'est 
là  une  zone  sur  laquelle  j'attire  votre  attention.  Vous  voyez  déjà 
quel  est  l'horizon  ouvert  aux  campagnes  combinées  du  laboratoire 
Arago,  et  de  son  jeune  frère  le  futur  laboratoire  des  Baléares. 

Deux  campagnes  ont  été  effectuées  par  le  Roland,  pendant  les 
étés  de  1903  et  1904,  sous  la  direction  du  professeur  Pruvôt,  avec 
à  bord  dans  la  première  expédition  :  M"^^  Motz,  le  professeur  Gru- 
VEL  de  Bordeaux,  les  ]y^  Mienkuîwicz  et  Livanov  de  l'Université  de 
Kasan,  et  celui  qui  a  Ihonneur  de  vous  parler;  dans  la  seconde,  il 
y  avait,  MM.  Piujvôt,  Bacovitza  et  moi;  dans  l'une  et  l'autre: 
DAvm  l'intelligent  mécanicien  du  laboratoire  x\rago,  a  rendu  d'im- 
portants services. 

Pendant  les  deux  campagnes,  les  centres  d'opérations  lurent 
d'abord  l'extrémité  de  lîlede  Cabrera,  admirablement  située,  avec 
un  port  exceptionnel,  une  faune  littorale  et  côtière  très  riche;  la 
baie  de  Palma;  la  rade  liatjada,  à  l'abri  du  cap  de  Pera  ;  Port-Ma- 
nacor,  à  côté  duquel  s'ouvrent  les  grottes  du  Drach;  la  baie  dePol- 
lensa  ;  Port-Mahon,  et  le  port  de  Soller. 

Le  fond  de  la  baie  de  Palma,  entre  cette  ville  et  Cabrera  et  au 
large  de  la  côte  basse  de  l'île,  est  formé  d'une  boue  calcaire  et  pau 
vre;  vous  savez  déjà  que,  en  général,  les  côtes  calcaires  n'ont  pas  de 
richesses.  En  quelques  ])oints  la  végétation  d'Algues  est  extraor- 
dinaire; on  remonte  parfois  le  chalut  complètement  plein  dune 
Algue  rouge  et  contournée  que  les  pêcheurs  appellent  «  herbe 
tordue  »  (la  Vidalia  volubilis),  caractéristique  de  ces  fonds  calcaires. 
Dans  les  fonds  de  Vidalia  nous  avons  rencontré,  dans  la  baie  de 
Pollensa,  VAmphioxus.  Une  question  intéressante  est  le  changement 
de  niveau  du  fond  de  ces  baies  tranquilles,  où  le  travail  de  sédi- 
mentation mécanique  et  organique  est  continuel;  il  sera  facile  de 
la    résoudre  en  su])erposanl  les  lignes  de    |)r()l'ondeui-    obtenues 


SKAXCEDU  23  MAI   inO:>  102 

depuis  quont  été  l;iits  les  premiers  sondages  pour  le  tracé  des 
cartes  marines. 

Il  n'est  pas  ])ossible  de  faire  à  Iheure  actuelle  la  chronique  des 
excursions  du  Roland  par  le  travers  de  ces  îles,  et  je  me  bornerai 
à  vous  signaler  (fuelques  questions  intéressantes. 

Fonds  de  Caulerpa.  —  Dans  le  port  de  Palma,  vous  avez  récolté  en 
abondance  la  Caukrpa  proliféra,  qui  caractérise  les  petits  fonds  de 
lintérieur  des  baies  tranquilles  et  des  rades  les  plus  abritées.  On  la 
rencontre  à  Palma.  Pollensa  et  Alcudia,  dans  le  port  de  Campos, 
dans  celui  de  Cabrera  et  dans  les  rades  de  Port-Mahon.  Là  où  il  y  a 
peu  d'eau  et  du  calme,  la  Caiderpa  forme  de  vastes  prairies  d'un 
joli  ton  vert  uniforme;  Codium  tomentosum,  et  Zostera  nana  l'ac- 
compagnent d'ordinaire. 

Le  même  fond,  avec  une  énorme  végétation  de  Caulerpa  se  re- 
trouve dans  le  vaste  port  des  Alfagues,  dans  le  delta  de  l'Ebre, 
localité  très  intéressante  pour  les  zoologistes.  La  Caiderpa  vit  sur 
les  fonds  de  sable  ou  de  vase;  elle  s'attache  aux  pierres,  aux  co- 
quilles de  Mollusques  et  à  tous  les  objets  qui  peuvent  exister  eu  de 
tels  fonds. 

Les  prairies  de  Caulerpa  sont  aboudam  ment  habitées  par  uiîe  po- 
pulation très  nombreuse  de  Poissons  tout  petits,  appartenant  aux 
mêmes  espèces  littorales  (Oblada,  Labrus,  CreniJahrua,  Julis,  Serra- 
nus  scriba,  MiiUns,  Sargus,  Pagellus,  Scorpœna,  Gobius,  Blennius, 
Syngitathus,  Chromis),  par  d'abondants  Crustacés  (Portunus,  Illa, 
AcantJionijx,  Dromia,  SplKrroi7ia,  Stoiorlignchus,  Inachus,  Carchius 
mœnas)  surtout  des  quantités  énormes  de  Palémonidés  dont  les 
Caulerpa  sont  rhajjilat  préféré  [Nika  eduUs  prédominant,  espèces 
diverses  de  Palsemon,  Athanas,  Virbius,  Hippolyte,  etc.  etc).  Les 
Ecliinodermes  sont  représentés  abondamment  par  des  Holothuries 
et  des  Ophioglyphes  ;  les  Mollusques  par  Conus  mediterraneus,  Murex 
Irunculus,  Columbella  rustica,  Lima,  Ccrithium,  de  petites  Aply- 
sies,  etc,  etc. 

Dans  la  grande  prairie  des  Alfagues  (delta  de  l'Ebre),  où  l'eau 
est  très  tranquille,  viventenoutre,  entre  autres  espècesimportantes: 
Sepia  elegans,  Styela  plicata  (vulgairement  appelée  Patague),  Scyl- 
larus  latus,  Pœneus,  Anemonia  sulcata  (forme  spéciale). 

La  pêche  dans  ces  prairies  de  Caulerpa  doit  se  faire  pendant  des 
nuits  obscures  en  se  servant  du  petit  filet  que  les  pêcheurs  ap- 
pellent ganguil  et  qu'ils  emploient  pour  «  faire  gamba  »  (prendre 
des  Palémonidés).  La  chaleur,  dans  ces  endroits  de  faible  profon- 
deur, est  extraordinaire  ;  à  Pollensa  nous  avons  noté  un  jour  30°  C 


103  SÉANCE  DF  28  MAI   IIK).') 

dans  leau  du  port,  et  à  Malion  certain  jour  de  chaleur  sénégalienne 
l'eau  était  brûlante.  Malgré  tout,  nous  prîmes  quelques  Ascidies 
(Ciona  intestinalis  et  quelques  autres).  C'est,  sans  aucun  doute,  une 
des  causes  de  la  rareté  des  animaux  pendant  le  jour.  De  plus,  avec  la 
lumière,  ils  voient  le  filet  et  ils  le  fuient.  Pendant  les  nuits  de  lune 
le  Poisson  est  également  très  rare. 

Bancs  de  Pinna  nobils.  --  C'est  un  point  bien  intéressant  de  la 
faune  littorale  baléare.  La  première  année,  en  sondant  le  port  de 
Pollensa,  nous  nous  aperçûmes  que  nous  étions  au-dessus  d'un  banc 
de  ces  Mollusques  gigantesques;  la  seconde  année,  nous  avons 
retrouvé  ce  banc  très  étendu  dans  toutes  les  directions. 

Les  Pinna  se  rencontrent  avec  l'extrémité  inférieure  enterrée 
dans  le  sable,  dressées,  fixées  par  un  byssus  abondant  au  travers 
des  racines  et  des  Algues.  La  coquille  rugueuse  est  couiplètement 
couverte  d'une  couche  d'Algues,  de  Bryozoaires,  d'Épongés,  d'Asci- 
dies, de  Mollusques,  au  milieu  de  laquelle  se  cachent  un  grand 
nombre  de  Vers  et  de  Crustacés. 

Ces  bancs  de  Pinna  nobilis  étaient  fréquents  sur  toute  la  côte  des 
Baléares;  ils  abondaient  à  Ibiza,  dans  le  port  de  Campos  (sud  de 
Majorque)  et  dans  tous  les  parages  abrités,  tranquilles,  couverts 
de  Caulerim.  Ils  sont  en  train  de  disparaître,  et  sans  doute  le  plus 
important  de  ceux  qui  restent  est  celui  de  Pollensa,  sur  lequel  a 
dragué  le  Roland  iiendant  ces  deux  années. 

Les  Pinna  sont  appelées  vulgairement  dans  le  pays  Nacares. 

Ces  grands  Mollusques  vivent  depuis  le  rivage  où  l'eau  les  cou- 
vre à  peine,  jusqu'à  5  ou  (i  mètres  de  profondeur. 

On  les  trouve  dans  les  prairies  de  Gauler pa,  où  ils  sont  très  nom- 
breux et  de  grande  taille.  A  côté  du  Roland  j'ai  compté  42  indivi- 
dus. 

David,  étant  descendu  en  scaphandre  à  4  m  50,  en  a  péché  îio  en 
une  heure. 

Ce  serait  un  grand  dommage  qu'un  l)anc  si  important  disparaisse. 
Mais  il  y  a  lieu  de  craindre  qu'il  en  soit  ainsi.  La  baie  de  Pollensa 
est  tran([uille  et  était  autiefois  peu  visitée  par  les  navires  ;  mais, 
depuis  quelque  temps,  des  escadres  puissantes  y  mouillent  fré- 
quemment et  les  ancres  des  bateaux,  ainsi  que  les  matelots,  cons- 
tituent des  agents  de   destruction  suffisamment  actifs. 

L'année  deruière,  nous  avons  vu  avec  peine  beaucoup  de  Pinna 
mortes.  A  leur  intérieur  vivent  en  commensalisme  des  Crustacés  : 
Pontonia  tyirhcna  et  Pinnotheres  veterum,  rarement  les  deux 
ensemble;  presque  toujours  il  y  a  un  seul  individu  de  Pontonia,  par 


SÉANCE  DU  23  MAI    100.';  101 

exception  deux;  Pinnotheres  se  trouve  souvent  par  couple  dans 
chaque  Pinna. 

Chaque  Mollusque  porte  une  charge  extraordinaire.  La  flore 
qu'il  supporte  est  représentée  par  d'abondantes  Caulerpa,  par 
Codium  tomentouïim,  par  la  Padina  paronia,  Acetabularia  méditer- 
ranea,  Halimeda  luna,  PeijssoneJlia  pohjmorpha,  Valonia,  Sphacel- 
laria,  et  Udotea. 

La  faune  consiste  en  franges  très  abondantes  de  Zoobothryon 
peUueidum,  et  en  nombreux  Bryozoaires  encroûtants;  des  Ascidies 
simples  (Ciona,  Cynthia,  Microcosmus),  des  Ascidies  composées  en 
grands  groupes  qui  ressemblent  à  des  amas  de  certains  Mollusques  ; 
des  Éponges  rouges  et  jaunes,  des  Eponges  du  type  de  VEuspongia 
et  du  Sycoii  ;  CaryopliylUa  Smithi  et  C.  clavus;  des  Mollusques 
(Arca  Noae,  A.  lactœa,  A.  tetragona,  Chama  yryphoidcs,  Spondylus 
gœderopus,  Pecten  varkii^,  Modiola  barbata,  Chiton  oUraceun,  Cli. 
fascicidans,  Fissurella  grœca,  Anomia,  ColumbcUa  rustica);  des 
Polychètes  en  quantité  (Serpules,  Polymnia  nebulosa,  Polynoe, 
Psammolycc  arenosa,  Polycirrus)  ;  des  Planaires,  des  Crustacés 
divers,  etc. 

Vous  voyez  par  ces  données  incomplètes  quel  est  l'intérêt  d'une 
étude  attentive  de  ces  bancs  de  Pinna  nobilis,  et  quelle  est  la  richesse 
de  leur  faune. 

Fonds  decascajo.  —  Les  excellentes  cartes  de  la  Marine  espagnole 
que  nous  avons  employées,  faisant  allusion  à  certains  fonds  du 
bord  du  plateau  continental,  répètent  fréquemment  le  mot  cascajo, 
et,  comme  on  devra  certainement  adopter  ce  terme  espagnol  pour 
les  graphiques  de  topographie  sous-marine,  il  convientde  préciser 
sa  signification. 

Le  cascajo  des  côtes  baléares  est  l'agglomération  de  concrétions 
calcaires  de  différentes  grosseurs,  généralement  de  la  taille  d'une 
Noisette  à  celle  du  poing.  On  peut  y'A\)\^e\er  cascajo  organique,  pour 
le  différencier  du  cascajo  minéral,  agglomération  de  cailloux 
minéraux  —  parce  que  les  concrétions  sont  formées  par  des  Algues 
calcaires,  entre  lesquelles  se  détachent  les  expansions  pétriliées 
rouges  de  Peyssonellia  sciuamaria.  Il  y  a  du  casca/o  blanc  et  du  rouge  ; 
les  grosses  masses  rouges  sont  connues  des  pécheurs  sous  le  nom  de 
magrana  (grenades). 

Nous  avons  trouvé  un  fond  de  cascajo  depuis  60  mètres  jusqu'à 
103  mètres  autour  de  Cabrera  ;  de  petites  concrétions,  entre  Majorque 
et  Minorque,  à  77  mètres;  à  3  milles  de  la  Mola  (entrée  du  port  de 
Mahon)  à  129  mètres  de  profondeur;  à  2  milles  du  cap  Caballeria 


105  SÉANCE  DU  23  MAI  190o 

(côte  de  Minorque)  à  92  mètres;  près  du  cap  Formeiito  et  au  pied 
de  la  côte  abrupte  de  cette  région,  à  moins  de  40  mètres. 

En  certains  points  le  fond  estcoquillier;  il  y  a  de  grandes  agglo- 
mérations de  coquilles  mortes  et  de  fragments  de  coquilles  mélan- 
gées avec  les  concrétions  du  cascajo. 

Passé  100  mètres  de  profondeur;  entre  le  cascajo  et  ces  coquilles 
vides  se  trouvent  mêlés  des  Bracliiopodes,  de  grands  exemplaires 
très  beaux  de  Tcrcbratnla  ritrea,  Mcfjerlia  Iruncata,  Tcrcbratulina 
caput-serpentis  et  Crania  anomala. 

Ces  fonds  de  cnsrajo  organiques  et  de  ïérébratules  sont  très  riches  ; 
il  y  abonde  de  beaux  échantillons  de  Laminaria  Rodriguezi,  de 
grands  Hydraires,  Dowcidaris  papillata,  Spataugiis  purpurcus, 
Echmns  acutm,  Sphserechinus  granularis,  Hifalmsecia  tubicola,  un 
Polychète  enfermé  dans  des  tubes  vitrés  entrelacés,  qui  paraît  être 
le  Placostegus  tricuspidatus,  etc,  etc. 

Fonds  coralufères.  —  De  toute  antiquité  on  connaît  les  fonds 
corallifères  de  la  côte  Majorquine,  dans  la  partie  avoisinant  Minor- 
que, au  delà  de  la  baie  de  Pollensa.  C'était  un  objet  d'exploi- 
tation quand  le  Corail  atteignait  un  bon  prix  (de  22  à  23  pesetas 
la  livre);  aujourd'hui  le  Corail  ne  se  pêche  plus,  parcequ'il  est  bon 
marché  elles  pêcheurs  obtiennent  plus  de  profit  en  s'adonnant  à 
la  pêche  de  la  Langouste.  Dans  les  bonnes  époques  on  recueillait 
une  quarantaine  de  quintaux  de  Corail  par  saison. 

Il  y  a  du  Corail  très  près  de  terre,  à  côté  des  formidables  escar- 
pements du  cap  Formento,  par  25  ou  30  brasses;  nous  en  avons  eu 
quelques  pieds  près  de  la  pointe  Troueta,  célèbre  par  la  grotte 
qu'elle  contient.  C'est  là  un  des  plus  beaux  sites  de  la  côte 
Majorquine. 

Il  y  a  aussi  du  Corail  autour  de  Minorque;  je  conserve  quelques 
exemplaires  provenant  de  cet  endroit. 

Les  fonds  de  bon  Corail,  à  grands  rameaux,  se  trouvent  dans  les 
passages  que  les  pêcheurs  nomment  Barre  de  Fora  et  La  Pola,  à 
environ  4  milles  de  la  rade  de  Boca. 

C'est  dans  le  fond  de  cette  rade  (isthme  de  la  |)resqu'ile  qui  va 
du  port  de  Pollensa  au  cap  Formento)  que  les  pêcheurs  de  Corail 
nettoyaient  leurs  engins  de  pêche,  et  ils  y  ont  formé,  avec  les  débris 
undépôtcorallientrès  intéressant, capable  de  désorienter  n'importe 
quel  paléontologue.  Le  dépôt  a  plus  d'un  mètre  d'épaisseur  et  con- 
tient d'abondants  fragments  des  espèces  suivantes  :  Dendrophyllia 
ramea,  Amphihclia  oculata  (vulg.  Pola),  CoraUium  rubrum,  Lophohe- 


SÉANCE  niT  2.'-]  MAI    100;")  lOfi 

lia  proliféra,  Desmophyllum  cristagalli,  CarophiiUia  arcuata  (vulg. 
Pierres  de  vieille),  radioles  de  Dorocidaris  papillata. 

Tel  est  le  fond  corallilère;  dans  ce  dépôt  on  peut  étudier  sa  com- 
position sans  les  fatigues  et  les  dangers  de  la  mer,  inévitables  sur 
ces  côtes  agitées,  imposantes  et  belles  entre  toutes. 

Le  Roland  nyimi  cherclié  le  meilleur  fond  de  Corail  a  Uni  par  le 
trouver  après  de  fatiguantes  recherches.  Au  lieu  ap])elé  La  Vola 
(nom  vulgaire  de  VAmpldhcUa)  à  378  mètres,  on  rencontra  le  Corail 
accompagné  de  Amphihelia,  Lopholielia,  Gorgonia,  Anthipathes,  Tere- 
hraiulina  capiit-serpentis,  Megcrlia  îrmicata,  Crania  lima,  C.  anomala, 
deux  Gorgonides  encore  indéterminés,  Placosiegus  tricuspidatu!'!, 
Gephyra  Dolirni,  Avicida,  des  Éponges,  des  Serpules,  etc. 

J'éviterai  de  faire  des  comparaisons  entre  la  faune  recueillie  par 
le  Roland  sur  ces  côtes,  et  les  faunes  littorales  et  côtières  du 
midi  de  la  France  et  de  la  (latalogne. 

Depuis  longtemps  ajjparaissent  de  grandes  ressemblances,  qui 
indiquent  l'existence  d'une  région  méditerranéenne  bien  définie. 

Le  travail  d'ensemble  qui  sera  d'un  si  haut  intérêt  scienlilique,  sera 
fait  par  notre  sa  vaut  directeur,  le  professeur  Pruvôt,  dont  l'érudition 
et  la  grande  expérience  permettent  d'espérerd'importants  résultats. 

Je  renonce  à  continuer,  pour  ne  pas  augmenter  les  fatigues  d'une 
journée  déjà  trop  bien  remi)lie  et  })arce  que  je  ne  suis  pas  sans  in- 
quiétude sur  la  façondont  j'ai  pu  m'acquitter  de  l'honneur  que  vous 
m'avez  fait 

Puissiez  vous,  en  quittant  ces  îles,  emporter  d'agréables  souvenirs, 
et  avoir  obtenu  de  tels  résultats  scientifiques  que  vous  n'ayez  plus 
qu'un  désir  :  celui  d'y  revenir. 


Séance  du  13  juin  i005 
Présidence  du  professeur  Joubin,  Président. 

]VPi«^  Dabija,  présentée  à  la  précédente  séance,  est  proclamée 
membre  de  la  Société. 

M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  d'une  lettre  adressée  par 
la  Société  Entomologique  de  Belfjique  à  l'occasion  du  cinquantième 
anniversaire  de  sa  fondation. 

M.  Pellegrin  présente  l'écaillé  d'un  Clupéïde,  le  Megalops  atlan- 
ticus  C.  et  V.,  abondant  dans  le  golfe  du  Mexique  et  remarquable 
par  la  grandeur  de  ses  écailles,  ce  qui  lui  a  valu  à  la  Martinique  le 
nom  de  «  grande  Ecaille  ». 

M.  Joubin  annonce  la  réception  au  Muséum  d'un  magnifique 
exemplaire  de  IHeurotomaria  Beiirichii  (coquille  et  animal)  envoyé 
de  Tokio  par  le  professeur  Ijima. 

M.  Bava  Y  annonce  la  capture  aux  Baléares  d'une  espèce  très 
rare  de  Mollusque  :  la  Venm  effossa.  Cette  capture  a  été  faite  par 
MM.  Pruvôt  et  Uacovitza. 

M.  HÉROUARD  fait  une  communication  sur  la  circulation  des 
Cladocères. 

M.  de  Beauchamp  rectifie  quelques  faits  relatifs  à  l'organisation 
de  Drilophaga  DeJagei.  11  annonce  avoir  trouvé  dans  la  môme  localité 
le  Pknrotrocha  parasitica  vivant  en  parasite  sur  un  Oligochète,  le 
Stilaria  lacustris. 


ROLE  DES  NAGEOIRES  CHEZ  LES  POISSONS. 

PAR 

LE  D'  ALFRED  DUGÈS 

De  Guanajuato  (Mexique). 

La  détermination  exacte  du  rôle  de  chaque  espèce  de  nageoire 
chez  les  Poissons  ne  paraît  pas  avoir  été  traitée  jusqu'à  présent 
d'une  manière  pratique;  en  général,  on  regarde  ces  organes  comme 
de  peu  d'importance  pour  la  natation.  J'ai  pensé  que  quelques 
expériences  pourraient  élucider  la  question.  Malheureusement  je 
n'avais  et  ne  puis  avoir  à  ma  disposition  que  des  Poissons  à  na- 
geoires peu  développées  et  en  petit  nombre,  de  sorte  que  les  faits 
que  je  vais  exposer  n'ont  qu'une  portée  relative,  et  que  seuls  les 


8ka\(;k  du  I3.irix  inO".  108 

naturalistes  disposant   d'élénients  sutïisants   pourront   arriver  à 
établir  des  règles  générales. 

Je  possédais  dans  l'aquarium  du  Collège  de  l'Etat  trois  ou  quatre 
petits  exemplaires  de  Goodea  atripinnis  (Pœcilidé  physostome) 
longs  de  40  à  50  mm,  pris  dans  un  étang  de  l'état  de  (ïuanajuato. 
Un  de  ces  individus  attira  mon  attention  par  le  manque  absolu  de 
sa  nageoire  dorsale,  soitqu'elle  eût  disparu  par  accident,  soit  qu'elle 
n'eût  jamais  existé.  Comme  l'animal  nageait  exactement  comme 
ceux  qui  étaient  complets,  je  pensai  à  rechercher  le  rôle  de  cette 
nageoire  et  aussi  des  autres,  paires  et  impaires. 

A.  —  Individu  sans  dorsale.  Mon  préparateur  tranche  la  nageoire 
anale  au  ras  de  sa  naissance.  Aucune  espèce  de  changement  ne 
s'observe  dans  les  allures  du  Poisson:  je  conclus  que,  du  moins 
chez  les  Coodea,  cet  organe  n'a  aucune  action  soit  sur  la  natation, 
soit  sur  l'équilibre. 

B.  —  Je  prends  un  autre  Poisson  et  lui  fais  amputer  les  pecto- 
rales et  les  ventrales,  c'est-à  dire  les  quatre  membres.  L'animal 
paraît  d'abord  un  peu  étonné  et  hésitant;  mais,  au  bout  d'une 
heure,  il  finit  par  se  mouvoir  délibérément  et  nager  comme  d'habi- 
tude. Le  rôle  des  nageoires  paires  pour  la  locomotion  paraît  donc 
nul  ou  à  peu  près. 

C.  —  Une  troisième  Goodea  me  servit  pour  l'étude  de  la  nageoire 
caudale:  celle-ci  est  retranchée  seule.  Le  Poisson  reste  au  fond  de 
l'aquarium  et  va  lentement  se  réfugier  sous  une  tuile  qui  sert 
d'abri;  il  est  alors  trois  heures  de  l'après  midi.  Le  lendemain,  à 
la  même  heure,  je  le  trouve  dans  un  paquet  de  plantes  de  Jumciia 
qui  flotte  à  la  surface  de  Peau. 

Afin  de  bien  examiner  mes  Poissons,  j'enlève  les  plantes,  et  j'ob- 
serve que  les  individus  A  et  5  ne  paraissent  nullement  influencés 
par  l'opération  qu'ils  ont  subie  ;  seulement  l'individu  B,  privé  de 
ses  nageoires  pectorales  et  ventrales,  semble  ne  pouvoir  reculer 
facilement.  L'individu  C  agite  vivement,  et  par  secousses  latérales 
ininterrompues,  la  partie  postérieure  de  son  corps  ;  il  peut  tourner, 
monter,  descendre  et  nager  en  avant,  mais  avec  beaucoup  moins 
de  rapidité  et  d'aisance  que  les  autres  qui,  d'un  coup  de  queue, 
partent  comme  des  flèches,  sans  avoir  besoin  de  frapper  de  nou- 
veau le  liquide  pour  avancer.  Ce  troisième  Poisson  a  fini  par 
apprendre  à  suppléer  sa  caudale  par  les  mouvements  de  la  dorsale 
et  de  l'anale,  qui  se  sont  un  peu  accrues,  sans  doute  par  l'exercice. 

11  me  restait  une  dernière  expérience  à  faire  pour  fixer  le  rôle 
des  nageoires  et  celui  de  la  vessie  aérienne. 


109  sÉANCK  m'  13.IU1X  lî 

7).  —  On  coupe  à  un  Poisson  toutes  les  nageoires,  paires  ou  im- 
paires, en  respectant  seulement  la  caudale.  L'animal  ainsi  mutilé 
paraît  d'abord,  comme  l'individu  (\  indécis  et  se  mouvant  avec 
lenteur  au  iond  de  l'aquarium  :  mais,  le  lendemain,  je  le  vois  nager 
rapidement  et  exécuter  avec  agilité  toutes  ses  évolutions  habi- 
tuelles. La  seule  particularité  notable  est  que,  poursemainteniren 
place,  il  faisait  vibrer  avec  rapidité  et  continuellement  son  unique 
nageoire,  et  que  ces  vil)rations  communiquaient  un  tremblement 
à  tout  le  corps.  L'é(juilibre  était  donc  encore  conservé  et  la  vessie 
aérienne  ne  faisait  pas  tourner  le  Poisson  avec  le  ventre  en  l'air, 
quoiqu'il  se  tint  au  fond  de  leau,  au  milieu  ou  à  la  surface,  éprou- 
vant par  conséquent  une  série  de  pressions  différentes.  Mon  savant 
ami  le  professeur  F.  Plateau,  si  connu  par  ses  expériences  sur  les 
Insectes  et  qui  m'a  engagé  à  publier  ces  légères  études,  m'écrit 
qu'il  enseigne  à  ses  élèves  (jue  la  locomotion  clœz  la  plupart  des 
Poissons  s'effectue  par  des  flexions  de  toute  la  partie  caudale  du  corps 
et  que  les  ondulations  des  nageoires  impaires  (dorsale,  anale  et  cau- 
dale) ne  servent  (|u'à  donner  plus  de  précision  aux  mouvements 
généraux  de  la  locomotion;  et  que,  sauf  dans  des  cas  exceptionnels, 
le  rôle  des  nageoires  paires  est  à  peu  près  nul.  Je  suis  heureux  de 
voir  mes  observations  concorder  avec  les  idées  d'un  savant  dont  le 
nom  fait  autorité. 

Lorsque  mes  Poissons  nagent  doucement  ou  demeurent  immo- 
biles, la  nageoire  caudale  exécute  des  mouvements  hélico'i'daux 
(godille)  très  nets:  cette  nageoire  paraît  donc  non  pas  indispensa- 
ble, mais  extrêmement  utile  pour  la  natation.  Quant  à  la  progres- 
sion en  avant,  elle  est  due  aux  flexions  alternatives  de  la  queue, 
c'est-à-dire  de  la  partie  du  corps  située  en  arrière  de  l'anus,  comme 
tout  le  monde  sait;  mais,  d'après  l'observation  faite  sur  l'individu 
C,  il  est  évident  que  la  nageoire  qui  la  termine  lui  prête  une  aide 
très  puissante,  soit  pour  la  rapidité,  soit  i)0ur  l'uniforiuité  du  uiou- 
vement.  Quant  au  rôle  des  pectorales,  j'ai  remarqué  que,  lorsque 
les  Poissons  qui  les  possédaient  restaient  en  place,  ils  n'en  conti- 
nuaient pas  moins  à  agiter  rapideuient  ces  nageoires  et  que  celles- 
ci  paraissaient  alors  destinées  à  produire  dans  l'eau  des  courants 
destinés  à  renouveler  les  parties  de  ce  liquide  qui  avaient  déjà 
cédé  leur  oxygène  aux  branchies,  et  restaient  chargées  d'anhydride 
carbonique. 

11  est  évident  que  ces  expériences,  sur  une  seule  espèce  et  sur 
un  si  petit  nombre  de  Poissons,  sont  insufTisantes  pour  déterminer 
d'une  manière  générale  le  rôle  de  chaque  espèce  de  nageoires  ; 


SÉANCE  nu  i:».u:iN  i!K)5  110 

aussi  ne  les  publiè-je  que  pour  provoquer  d'autres  études  plus 
variées,  surtout  au  moyen  de  Poissons  pourvus  de  nageoires  bien 
développées.  Quant  à  ceux  de  ces  Vertébrés  ([ui  ne  possèdent  que 
la  caudale,  on  sait  que  la  forme  de  leur  corps,  surtout  dans  la 
partie  postérieure,  ox|)lique  parfaitement  la  progression  directe. 
Avant  de  finir  cet  article,  je  désire  appeler  l'attention  sur  un  fait 
qui,  peut-être,  n'a  pas  encore  été  observé,  ou  du  moins  publié.  La 
nageoire  dorsale  et  les  deux  pectorales  amputées  ont  repoussé  en 
grande  partie.  Il  est  probable  que  les  mutilés  ont  continué  machi- 
nalement à  se  servir  du  moignon  qui  leur  restait,  sans  doute  avec 
un  petit  fragment  de  la  nageoire,  et  que,  sous  cette  action,  le  reste 
de  l'organe  s'est  reproduit.  Ce  qui  semblerait  le  prouver,  c'est  que, 
comme  je  lai  dit  en  parlant  de  l'individu  C,  la  nageoire  dorsale 
s'était  agrandie  par  l'usage  qu'il  en  faisait  pour  suppléer  la  cau- 
dale ami)utée. 


Séance  du  27  juin  1905 
Présidence  du  professeur  Joubin,  Président. 

MM.  Joubin  et  Richard  présentent  M.  Sirvent,  préparateur  au 
Musée  océanographique  de  Monaco. 

M.  le  Secrétaire  général  présente  le  volume  terminé  des  Tables 
généralesdu  BnUetinet  des  3Iémoires  delà  Société  \iour  les  années  187() 
à  1895.  Ces  tables  commencées  depuis  longtemps  par  M.  Secques 
ont  été  rapidement  terminées  par  M.  Hérubel  auquel  le  Président 
adresse  les  félicitations  de  la  Société. 

Ces  tables  seront  adressées  gratuitement  à  tous  les  membres. 

M.  De  Guerne  rend  compte  des  travaux  du  Congrès  ornithologi- 
que  de  Londres,  auquel  il  a  assisté  en  qualité  de  délégué  de  la 
Société  Zoologique  de  P'rance. 

M.  L.  Petit  fait  une  communication  sur  la  dispersion  regrettable 
de  certaines  collections  particulières.  11  cite  entre  autres  la  vente 
récente  de  notre  ancien  collègue  Le  Metteil,  de  Bolbec. 

M.  de  CiUEBNE  annonce  à  ce  propos  que  la  collection  J.  Vian  vient 
d'être  acquise  par  le  Musée  de  Nantes. 

M.  Bavay  fait  une  communication  sur  quelques  espèces  nouvelles 
mal  connues  ou  faisant  double  emploi  dans  le  genre  Vecten. 

M.  de  Beauchamp  présente  une  ceinture  de  dame  faite  avec  les 
écailles  du  Megalops  atlanticus. 

M.  BoRCEA  fait  une  communication  sur  l'origine  des  corps  sur- 
rénaux des  Sélaciens. 

M.  Pellegbin  signale  la  présence  et  présente  la  photographie 

d'un  jeune  Eléphant,  âgé  de  16  mois,  se  trouvant  actuellement  à 
l'exposition  coloniale  de  Nogent. 

M.  Joubin  annonce  qu'il  a  reçu  dans  son  laboratoire  du  Muséum 
les  Invertébrés  (sauf  les  Arthropodes)  recueillis  au  cours  de  l'expé- 
dition du  D''  Charcot  dans  l'Antarctique.  Cette  remarquable  collec- 
tion a  été  entièrement  faite  par  le  D^  Turquet,  naturaliste  de 
l'expédition,  dans  des  conditions  particulièrement  ditliciles  et  sou- 
vent périlleuses;  M.  Turquet  a  ainsi  rendu  à  la  Zoologie  un  service 
signalé  et  il  est  juste  que  la  Société  Zoologique  de  France  en  soit 
informée  et  lui  en  exprime  sa  reconnaissance. 

Les  Invertébrés  en  question  ont  été  immédiatement  répartis  entre 
un  grand  nombre  de  spécialistes,  dont  la  plupart  sont  membres  de 
la  Société.  11  est  à  croire  que  d'ici  très  peu  de  temps  les  résultats 
de  l'expédition  seront  publiés  sous  forme  de  notes  préliminaires. 

M.  Joubin  signale  parmi  les  Némertiens  recueillis  par  le  D^Tur- 


SÉANCE  D[-  2.1  JUIN   1905  112 

QUET  une  Nénierte  de  très  grande  taille  que  l'on  pêche  en  quantité 
à  la  ligne;  cette  Nénierte  est  Carnivore  et  lune  d'elles  contenait 
un  gros  morceau  de  viande  de  Phoque  entourant  un  gros  hameçon 
de  fer  avec  un  fragment  de  ligne  en  cuivre.  Cette  espèce  se  rattache 
au  groui)e  du  Ccrebratulin^  marginatx!';  Renier,  dont  les  représentants, 
tous  de  grande  taille,  prennent  des  aspects  variés  selon  les  latitudes 
et  les  habitats;  les  espèces  qui  représentent  cette  forme  sont  par 
exemple  le  C.  Barcntzi  dans  les  eaux  Arctiques,  C.  Steineni  dans 
les  eaux  magellaniques,  C.  grandis  dans  les  eaux  canadiennes,  etc. 
M.  JouBiN  signale  enfin  deux  Céphalopodes  nouveaux  qui  feront 
l'objet  d'une  prochaine  communication. 


SUR  UN  FŒTUS  A  TERME  DE  CASTOR 

•    PAR 

Galien  MINGAUD. 

Tous  les  Castors  que  j'ai  maniés  depuis  une  quinzaine  d'années, 
soit  pour  les  naturaliser,  soit  pour  rechercher  leurs  parasites  {Platy- 
psijllus  castoris  Rits,  et  Schizocarpm  Mingamli  ïrouessart)  étaient 
des  mâles. 

Je  désespérais  de  posséder  une  femelle,  lorsque  le  12  mai  1905, 
je  reçus  un  nouveau  Castor  tué  de  la  veille.  En  l'examinant  je  recon- 
nus une  femelle  à  ses  quatre  mamelles  très  apparentes.  Mon  opinion 
fut  confirmée  à  l'autopsie  :  je  trouvai,  en  etïet,  un  superbe  fœtus 
bien  conformé  et  qui  présentait  tous  les  caractères  d'un  fœtus  à 


Fœtus  à  torme  de  Castor  du  Rtione. 

terme  :  ongles,  pelage  bien  fourni,  les  deux  incisives  inférieures 
dépassant  les  gencives  de  5  millimètres,  etc.  11  pesait  725  grammes 
et  mesurait  35  centimètres  de  longueur  du  museau  à  l'extrémité 
de  la  queue.  D'ailleurs,  la  belle  photographieque  je  dois  à  l'obligeance 
de  mon  excellent  collègue,  M.  Paul  Bi:renguii:r,  me  dispense  de 
décrire  ce  fœtus. 

La  mère,   un    beau   sujet   adulte,    pesait    23  kilogs  500  gr  et 
mesurait  1  m  13. 


113  SÉANCE  DU  27  JUIN  1905 

Elle  fut  prise  le  11  mai  à  un  piège  placé  sur  l'un  des  «  iluns  » 
des  Pradaoux,  dans  le  petit  Rhône,  à  environ  17  kilomètres  au- 
dessous  de  Saint-Gilles.  Cette  femelle  de  Castor  était  donc  sur  le 
point  de  mettre  bas.  Il  est  réellement  dommage  qu'elle  a-it  été  tuée 
si  malencontreusement,  car  nous  aurions  pu  l'élever  au  Muséum, 
ainsi  que  son  petit. 

A  quelques  jours  de  là,  le  27  mai,  je  reçus  un  nouveau  Castor, 
mais  vivant  cette  fois.  C'était  une  femelle  demi-adulte,  qui  pesait 
14  kilogs  oOO  grammes  et  mesurait  1  m  06  du  museau  à  l'extrémité 
de  la  queue  ;  elle  fut  prise  à  un  piège  dans  les  mêmes  parages  que 
la  première.  Je  la  gardai  vivante  deux  jours  ;  elle  mourut  des  suites 
des  blessures  occasionnées  par  le  piège.  A  l'autopsie,  je  ne  trouvai 
rien  dans  la  matrice. 

Je  ne  pense  pas  que  le  Castor,  quoique  certains  en  aient  dit, 
puisse  se  reproduire  à  un  an.  Il  faut  probablement,  ainsi  que  le 
dit  le  Di'  Trouessart,  que  l'animal  ait  deux  ou  trois  ans.  Les  auteurs 
indiquent  comme  variant  de  deux  à  cinq,  le  nombre  des  petits  du 
Castor.  D'ailleurs  on  a  des  renseignements  contradictoires  sur  ce 
nombre  (1)  ainsi  que  sur  l'époque  ou  la  femelle  met  bas. 

Notre  observation  relative  à  un  petit  unique  à  terme,  en  mai, 
oll're  donc  un  certain  intérêt  et  appelle  de  nouvelles  recherches 
relatives  à  la  durée  de  la  gestation  et  au  nombre  des  petits  du 
Castor  du  Rhône. 


(1)  .le  puis  pourtant  mentionner  une  observation  quant  au  nomljre  des  petits. 
Au  moins  de  juillet  189G,  on  m'apporta  un  jeune  Castor  (jui  venait  d'être  pris, 
avec  deux  autres  jeunes,  soit  ti-ois  en  tout,  dans  un  fileta  Poissons  dans  le  Gardon, 
près  de  Montferin  :  «  Toute  la  nichée,  me  dirent  les  pêcheurs  ».  —  Celte  petite  bètc 
pesait  2  kg  200  et  mesurait  iiC  centimètres  de  longueur. 


Séance  du  ii  juillet  4005. 

Présidence  du  professeur  L.  Joubin,  Président. 

M.  SiRVENT,  présenté  à  la  précédente  séance,  est  proclamé  mem- 
bre de  la  Société. 

MM.  Joubin,  Hérouard  et  Lamy  présentent  M.  Germain,  institu- 
teur, demeurant  20,  rue  Coypel,  à  Paris. 

MM.  René  Martin  et  Raymond  Rollinat  présentent  M.  Eugène 
Peignon,  naturaliste,  demeurant  22,  rue  des  Grandes-Écoles,  à  Poi- 
tiers. 

En  raison  de  la  période  des  vacances,  MM.  Germain  et  Peignon 
sont  proclamés  membres  de  la  Société. 

Le  Secrétaire  général  annonce  à  la  Société  que  le  septième 
Congrès  international  de  Zoologie  se  réunira  à  Boston  (Etats-Unis), 
en  août  1907,  sous  la  présidence  du  professeur  Agassiz.  On  y  décer- 
nera le  prix  de  S.  M.  lEmpereur  Nicolas  II,  pour  lequel  la  Com- 
mission internationale  des  prix  met  au  concours  la  question 
suivante  :  JSoucelles  recherches  ejcpêrimentales  sur  la  question  des 
hybrides. 

Les  travaux  manuscrits  ou  imprimés,  mais  dans  ce  cas  publiés 
postérieurement  à  la  présente  insertion,  devront  être  adressés 
avant  le  l'^^'  juin  1907  à  M.  le  professeur  R.  Rlanchard,  boulevard 
Saint-Germain,  226,  à  Paris. 

Dans  le  cas  de  présentation  d'ouvrages  imprimés,  on  est  prié 
d'en  envoyer  plusieurs  exemplaires  (six  au  plus). 

Le  règlement  du  concours,  élaboré  par  le  Congrès  de  Moscou 
(1N92),  dit  expressément  que  les  mémoires  présentés  devront  être 
écrits  en  langue  française.  Le  Congrès  de  Rerne  (1904)  a  modifié 
cette  condition  en  décidant  que  tout  ouvrage  écrit  en  allemand, 
anglais  ou  italien  serait  admis,  pourvu  qu'il  soit  accompagné  d'un 
résumé  en  français. 

Les  naturalistes  des  Etats-Unis  sont  exclus  du  concours. 

Le  Dr  Trouessart  offre  à  la  Société  son  nouveau  supplément  au 
Catalogue  des  Mammifères. 

M.  de  Beauchamp  offre  à  la  Société  un  travail  sur  les  Cestodes 
des  Sélaciens  et  fait  une  communication  sur  les  Rotifères  des 
environs  de  Paris. 

M.  Joubin  fait  une  communication  sur  deux  Elédones  nouvelles 
recueillies  par  l'expédition  Cbarcot  et  présente  une  note  du  pro- 
Hiill.  Soc.  Zool.  de  l'r.,  190.').  xxx  —  10 


113  SÉANCE  DU  il  JUILLET  190o 

lesseur  Hallez  sur  les  Polyclades  recueillies  par  celle  même  expé- 
clilion. 

En  réponse  à  une  communicalion  du  professeur  JouBiNs"élevant 
conlre  l'emploi  du  formol  pour  la  conservation  des  Mollusques,  le 
D'  GuiART  présente  deux  Ténias  conservés  l'un  dans  l'alcool  et 
l'autredans  une  solution  alcoolique  de  formol  (solution  aqueuse  de 
formol  à  4  %,  2  parties;  alcool  à  90°,  1  partie).  Alors  que  le  Ténia 
conservé  en  alcool  est  opaque,  contracté  et  informe,  le  Ténia  con- 
servé dans  la  solution  de  formol  est  étalé  et  transparent,  11  en  est 
de  même  avec  les  Trématodes.  11  ne  faut  donc  pas  généraliser  el  en 
ce  qui  concoure  les  Plathelmiullies  le  formol  reste  certainement  le 
meilleur  agent  conservateur. 


PREMIÈRE  LISTE  DE  ROTIFÈRES 
OBSERVÉS  AUX  ENVIRONS  DE   PARIS 

PAIl 

Le  D'  P.  de  BEAUCHAMP. 

Parmi  les  nombreuses  lacunes  que  présentent  nos  connaissances 
sur  la  faune  de  la  France,  il  n'en  est  guère  de  plus  marquée  que 
celle  relative  aux  Rotifères,  qui  n'ont  jamais  fait  l'objet  d'aucun 
travail  d'ensemble,  à  moins  qu'on  ne  compte  pour  tel  l'ouvrage  de 
DuJARDiN,  vieux  de  cinquante  ans.  Désireux  de  travailler  à  la  com- 
bler, j'ai  résolu  de  publier  de  suite  un  premier  relevé  des  espèces 
qu'il  m'a  été  jusqu'ici  donné  de  rencontrer,  principalement  aux 
environs  de  Paris  (j'y  ai  compris  en  les  marquant  d'un  astérisque 
quelques  formes  rencontrées  seulement  par  moi  en  d'autres  points 
de  la  France,  mais  qui  existent  certainement  aussi  dans  notre 
région).  Cette  première  liste  comprend  96  espèces  ou  bonnes  varié- 
tés; ce  cbiffre  est  ])eu  élevé,  mais  il  ne  représente  guère  plus  d'une 
année  de  recherches  et  de  déterminations  précises,  bien  que  j'aie 
pu  tenir  compte  de  quelques  observations  antérieures,  et  j'aurai 
Foccasion  de  l'étendre  considérablement,  la  faune  française  appa- 
raissant comme  très  riche;  je  n'y  ai  compris  que  les  formes  iden- 
tifiées avec  certitude,  sauf  deux  ou  trois  dont  la  diagnose  faute  de 
matériaux  n'est  pas  absolument  certaine  et  que  j'ai  marquées  d'un 
point  d'interrogation.  Enfin  le  signe  cf  entre  parenthèses  désigne 
celles  dont  il  m'a  été  donné  d'observer  les  mâles.  La  liste  ne  peut 
donner  une  idée  à  peu  près  complète  des  Rotifères  qui  m'ont  passé 


SÉANCE  DU  1 1  JUILLET  1905 


116 


SOUS  les  yeux  ((ue  pour  les  Ploïinides,  surloul  les  Loricidés  plus 
faciles  à  préparer  et  à  identifier;  elle  est  très  incomplète  pour  les 
Bdelloïdes,  groupe  très  homogène  et  ditïicile  à  observer  que  j'ai 
un  peu  négligé  jusquici,  et  pour  les  Rliizotides  qui  demandent  à 
être  recherchés  d'une  façon  spéciale.  Il  n'y  a  aucune  conclusion 
générale  à  mettre  en  évidence,  sinon  d'insister  une  fois  de  plus 
sur  luniformité  de  la  répartition  géographique  des  Rotifères,  nos 
espèces  étant  celles  quon  trouve  en  Allemagne,  en  Amérique  ou  en 
Australie;  une  seule  était  nouvelle,  c'es^i  Dr ilophaga  Delagci  décrit 
par  moi  l'année  dernière.  J'ai  jugé  inutile  d'indiquer  les  stations, 
ce  qui  aurait  été  fastidieux  pour  les  espèces  communes  et  insufïi- 
samment  caractéristique  pour  celles  qui  sont  plus  rares;  je  citerai 
parmi  celles  que  j'ai  le  plus  fouillé  et  qui  mont  fourni  le  plus 
d'espèces  l'étang  de  Villebon,  celui  des  Vaux  de  Cernay,  le  lac  du 
Bois  de  Boulogne  et  à  Paris  même  les  bassins  du  Muséum,  voire  la 
fontaine  Saint-Sulpice. 


Ploïmida  illoricidae. 
Hijdatina  senta  Ehrexberg  (a'). 
Gastropus  hijptopus  (Ehh.). 
Asplanchna  Imhofî  de  Guerne? 
Asplanchna priodonta  Gosse  (cf). 
Hertwigia  parasita  (Ehr.). 
Sjjnchseta  pectinata  Ehr. 
Sijnchada  kitina  lioussELEx? 
*Microcodon  clams  Ehr. 
Triarthra  breviseta  Gosse. 
Triarthra  longiseta  Ehr. 
Triarthra  mgstacina  Ehr. 
Polyarthra  platyptera  Ehr. 
Notommata  aurita  Ehr. 
Notommata  hrachgota  Ehr. 
Notommata  tripus  Ehr. 
Notommata  torulosa  (Dujardln). 
Taphrocampa  annulosa  Gosse. 
Eosphora  digitata  Ehr.  (à^). 
Proaies  petromgzon  (Ehr.). 
Drilophaga  Delagei  de  Reauchamp. 
Fnrcxdarin  forficula  Ehr. 
Furcularia  gammari  Plate. 
Furcularia  longiseta  (Mïjller). 
Diglena  forcipata  (Lamarck). 
Diglena  grandis  Gosse. 
Diglena  catellina  (Mûller). 


Pleurotrocha  constricta  Ehr.? 
Pleurotrocha  parasitica  Jexnings. 
Diaschiza  gracilis  (Ehr.). 
Diaschiza  cseca  (Gosse). 
Diaschiza  lacinulata  (Mûller). 
Diaschiza  gibba  (Ehr.). 
Diascitiza  ventripes  Dixox-Xuttal. 
Albertia  rermicidus  Dujardlx. 
Albertia  naïdis  Bousfield. 

Ploïmida  Loricidae. 
Rattidus  carinatus  (Lamarck). 
RattulHS  longisetus  (Schrank). 
Diurella  tigris  (Mûller). 
Dinrella  intermedia  (Stexros). 
Diurella  tenuior  (Gosse). 
Diurella  porcellus  (Gosse). 
Diurella  stglata  Eyferth. 
Dinocharis  pocillum  (Mûller). 
Scaridium   longicaudum  (Mûller), 
Stephanops  lamellaris  (Mûller). 
Stephanops  muticus  Ehr. 
Cathgpna  luna  (Mûller). 
Distyla  giessensis  Ecksteix. 
Monostyla  lunaris  Ehr. 
Monostgla  quadridentata  Ehr. 
Euchlanis  dilata  ta  Ehr. 
Euchlanis  deflexa  Gosse. 


117 


SÉANCE  DN  11  JUILLET  190;.» 


Euchlanis  piriformis  Gosse. 
Euchlanis  uniseta  Leydig. 
Euchlanu  triqiieira  P^hr. 
Colurus  bicuspidatus  Ehr. 
Colurus  obtuf;\is  Gosse. 
Metopidia  itolidus  Gosse. 
Metopidia  lepadella  Ehr.  (o'). 
Metopidia  acuminata  Ehr. 
Metopidia  triptcra  Ehr. 
Metopidia  salpina  (Ehr.). 
Salpina  mucronala  (Muller). 
Salpina  brevispina  Ehr. 
Salpina  eaUala  Gosse. 
Diplax  trigona  Gosse. 
Bradnoniin  pala  (Ehr.)  (q^). 
Br.  pala  var.  amphiceros  Ehr. 
Brachiomts  nrceolaria  Ehr.  (d^). 
Brachionns  Baheri  (Muller). 
Br.  Bakeri  var.  breri^pina  Efir. 
Brachionux  angularis  Gosse. 
Noteus  quadricornis  Faiu. 
Pterodina  patina  (Muller). 
Pterodina  elliplica  Ehr. 
Pompholyx  sulcata  Gosse. 


Anurœa  aculeata  Ehr. 

A.  aculeata  var.  ralga  Ehr. 

A.  cochlearis  Gosse  (cf). 

A.  cochlearis \ar.  stipitata  E^n. 

Aotholca  siriata  (Miller). 

N.  siriata  var.  labis  Gosse. 

SCIRTOPODIDA. 

*Pedalion  mirum  Hudson. 

Bdelloïda. 
Philodina  citrina  Ehr. 
Philodina  roseola  Ehr. 
Philodina  aculeata  Ehr. 
Botifer  rulgaris  Schrank. 
Bntifer  tardifs  Ehr. 
Botifer  elon gains  Weber. 
Botifer  neptunius  (Ehr.). 
Callidina  magna-calcarata  Bryce. 

Hhizotida. 
Floscularia  ornata  Ehr. 
Floscularia  cornuta  Dohie. 
Melicerta  ringens  (L.). 
Oecistes  intermedius  Davis  (o^). 
Oecistes  vêla  tus  (Gosse). 


(Travail du  laboratoire  d'Anatomie  conijmrée  de  la  Sorbonne). 


REMARQUES  SUR  DEUX  ROTIFÈRES  PARASITES 

PAU 

LE  D'  P.  DE  BEAUCHAMP 

Les  deux  formes  parasites  doiil  il  va  être  ici  question  sont  Pleu- 
rotrucha  parasilica  Jennings  et  Drlloiihaga  IJelagei  de  Beauchamp.  La 
liremière  a  été  décrite  en  J901,  (il  n'est  pas  à  ma  connaissance 
qu'elle  ait  été  signalée  depuis)  avec  une  iigure  et  une  diagnose 
assez  sommaires.  Je  puis  appliquer  le  même  qualilicalif  à  celles 
que  j'ai  publiées  l'année  dernière  (2)  en  décrivant  mon  espèce, 
dont  je  n'avais  plus  déchantillons  vivants  sous  les  yeux.  Jai  pu 
depuis  men  procurer  un  certain  nombre,  insuflisainment  pour 
trancher  les  questions  intéressantes  que  soulève  la  biologie  de 


(1)  Bull.  of.  the  U.  S.  Cowni.  of.  Fish  for  ^8!)9,  p.  84,  pi.  XV,  liii.  13  14. 

(2)  BuU.  Soc.  Zool.  (le  Fn(ua>,\X\X,  p.  i;i7160. 


SIÎANCE  Dr   11   JUILLET  IDO.'i 


118 


celte  forme,  mais  assez  pour  en  faire  une  élude  anatomique  assez 
complète  ({u'il  est  utile  de  publier,  d'autant  plus  que  nos  connais- 
sances sur  ce  genre  se  bornent  à  la  description  déjà  ancienne  de 
la  première  espèce  Dr.  biicephalus  donnée  lors  de  sa  création  par 
A'ejdovsky  (l)  qui  paraît  d'ailleurs  être  le  seul  à  l'avoir  observée. 
Il  m'a  paru  intéressant  de  rapprocber  l'étude  de  ces  deux  formes, 
à  peu  près  de  même  taille  (110  à  l.'JO  y.)  vivant  exactement  dans 

les  mêmes  conditions  et  appartenant 
à  une  même  famille,  pour  faire  res- 
sortir linfluencede  l'adaptation  à  un 
mode  spécial  de  parasitisme  sur  le 
mastax  et  sur  les  glandes  digestives 
principalement. 

J'ai  rencontré  PI.  parasitica  unique- 
ment dans  létang  des  Vaux  de  Cernay 
où  Dr.  delagel  m'a  paru  jusqu'ici  con- 
finé. Elle  est  fixée  par  son  mastax 
protracté,  comme  ce  dernier  sur 
ï Hcrpobdella  octomlata,  sur  unOligo 
chète  commun,  Stylaria  lacmtris,  le 
même  sur  lequel  la  observé  Jexxinos. 
Au  mois  de  juin  dernier,  presque 
toutes  les  Stylaires  rapportées  de 
l'étang  en  portaient  au  moins  deux 
ou  trois  (elles  étaient  d'ailleurs  infec- 
tées en  même  temps  par  un  Rotifère 
eudoparasite,  Albertia  nduUs  Rous- 
iield).  Reaucoup  moins  exclusive- 
ment parasite  que  Drllopltaga,  la 
Pkurotrocha  se  déplace  fréquemment 
à  la  surface  de  son  bote  et  l'abandonne 
assez  volontiers.  La  forme  générale 
(tlg.  1)  est  alors  celle   dun  ovoïde 

11,  uncns-  w,  manubrium  ;  p,  allongé,  à  face  ventrale  i»lane,  lermi- 
piece dorsale  ;  ?-,i-anius; /,fulcli-       ,  ^  ,    .  ,    , 

rum;  gw,  glande  du  mastax  ;  "t^«  en  avant  par  une  région  cepba 

gg,  gl.  gastriques  ;  ov,  ovaire  ;  lique  bien  distincte,  en  arrière  par 
•  ri,  vitellogène  ;  ff,  œuf  ;  «,  rec-  „^        ^j^    y^^^j^jg    individualisé,    qui 
lum  ;  gj),  glandes  pedieuses.  '■  '     ' 

porte  deux  doigts  assez  longs  et  qu'on 

prend   à  première  vue,  comme  l'a  fait  Jennings,  pour  un  pied.  En 


Fig.  1.  —  Pleurotrocha  panmika 
vue  par  la  face  ventrale,  étalée  ; 
X  600  ;  ce,  cils  de  la  couronne  ; 


[D  S.  B.  (1er  Kon.  Bohin.  Gcs.  der  ll'/ssc»sc/(.  zii  Prog,  jahrg.  1882,  p.  390-07. 


119 


SÉANCE  DL    11  .iriLLET 


réalité,  il  ne  mérite  pas  ce  nom  car  le  rectum  le  traverse  de  part  en 
part  pour  venir  s'ouvrir  juste  au-dessus  des  doigts  :  il  ny  a  donc 
pas  de  pied,  véritable,  et,  en  rapport  avec  ce  l'ait,  les  glandes  pédieu- 
ses  {g.  /h)  sont  extrêmement  réduites  ei  difficiles  à  voir.  Les  orteils, 
qui  atteignent  un  sixième  ou  un  cinquième  de  la  longueur  totale, 
sont  renflés  à  la  base,  effilés  à  l'extrémité  et  légèrement  incurvés 
vers  la  face  ventrale. 

La  région  céplialique  est  terminée  en  avant  i)ar  une  troncature 
oblique  dont  le  contour  ovale  est  marqué  par  lim plantation  des 
cils  de  la  couronne  {ce),  assez  longs  et  formant  par  conséquent  un 
cercle  uni([ue.  Au  centre  de  cette  aire  s'ouvre  la  bouche  et  viennent 
faire  saillie  les  troplii.  Quant  l'animal  est  en  place,  cette  région 
est  en  général  à  moitié  invaginée  avec  les  cils  et  forme  un  second 
organe  de  fixation,  une  véritable  ventouse  dont  les  bords 
s'appuient  sur  la  peau  de  l'hôte  retenue  d'autre  part  à  son  piston 

par  les  unci  qui  la  pincent;  pour 
se  déplacer  à  sa  surface  l'animal 
n'a  qu'à  relâcher  leur  prise  et  à 
mettre  les  cils  en  mouvement, 
sans  les  dévaginer  complètement 
et  en  s'arcboutant  avec  ses  orteils. 
(Test  la  position  que  représente 
la  ligure  12.  Quand  au  contraire 
il  est  immobile  et  se  laisse  en- 
traîner passivement,  toute  l'aire 
péribuccale  fait  saillie  en  un 
cône  dont  les  unci  seuls  en  prise 
marquent  le  sommet  et  dont  la 
base  est  entourée  par  la  couronne 
ciliaire.  Je  signale  de  suite  le  cer- 
veau (c)  allongé  et  piriforme,  qui 
s'étend  en  bas  jusqu'au  rétrécis 
sèment  collaire,  et  un  tentacule 
dorsal  très  réduit  (t)  juste  au- 
dessus  de  celui  ci.  Il  n'existe  pas 
d'yeux. 

Le  mastax  appartient  nettement 
au  type  virgé  par  l'allongement 
de  ses  pièces.  La  tige  médiane  du  fulcrum  (/)  est  flanquée  de  deux 
rami  aliformes  sur  lesquels  s'articulent  les  mallei  eu  forme  d'arc 
de  cercle  à  grand  rayon  dont  la  partie  postérieure  est  le  manu- 


Fig.  2.  —  Plciirotroclia  parasitica 
légèrement  contractée,  vue  laté- 
rale ;  X  600  ;  mêmes  lettres  que 
précédemment,  plus  :  c,  cerveau, 
cl  t,  tentacule  dorsal. 


SÉANCE  DC   l  l  JL'ILLET  190o  J  20 

l)rium  [m),  lantérieure  runciis  {u)  terminé  par  deux  petites 
dents  et  faisant  pince  avec  celui  du  côté  opposé.  J^a  masse 
musculaire  où  sont  enchâssées  ces  pièces  ne  forme  pas  tout  le 
mastax  bien  qu'il  paraisse  dune  seule  venue;  toute  sa  partie 
postérieure,  globuleuse,  est  constituée  par  du  protoplasma  clair 
avec  des  noyaux  arrondis  à  gros  nucléole  (gra).  Elle  est  en  réalité 
formée  par  les  deux  glandes  qui  se  trouvent  annexées  au  mastax 
chez  la  plupart  des  Rotifères  etquona  décritesquelquefois  comme 
glandes  salivaires,  bien  qu'on  aie  confondu  sous  ce  nom  des 
formations  très  dilïérentes  (1;.  Elles  sont  fondamentalement 
latéro-ventrales,  mais  ici,  en  raison  de  la  fonction  spéciale  du  mas- 
tax, elles  prennent  un  grand  développement  et  se  fusionnent  en 
bas  en  entourant  la  masse  musculaire;  on  peut  suivre,  gràceau  pro- 
duit de  sécrétion  granuleux  qu'il  renferme,  leur  col  qui  passe  en 
dedans  des  manubria  pour  venir  s'ouvrir  dans  la  cavité,  juste  en 
dessous  d'une  pièce  chitineuse  impaire  et  dorsale  (//),  déjà  connue 
dans  le  genre  Diaschiza,  qui  représente  un  épaississement  de  la 
paroi  buccale  et  est  douée  d'un  mouvement  de  va  et  vient  destiné 
à  opérer  la  succion.  Le  reste  du  tube  digestif  est  constitué  par  un 
court  œsophage,  un  estomac  (e)  à  parois  assez  minces  qu'un  rétré- 
cissement sépare  du  rectum  (i)  rentlé  à  son  origine.  Au  contraire 
des  glandes  salivaires,  les  glandes  gastriques  sont  assez  réduites; 
de  forme  triangulaire  et  d'une  transparence  très  grande  il  est  dif- 
ficile de  les  distinguer  sur  l'animal  vu  de  profil.  L'appareil  excré- 
teur comprend  une  vessie  (r)  noruialement  constituée  et  qui  des- 
cend jusque  dans  le  faux  pied.  Les  canaux  latéraux  et  leurs  fiam- 
mes  sont,  comme  dans  toutes  les  petites  formes,  très  difficiles  à  voir. 
J'ai  compté  trois  de  celles-ci  de  chaque  côté  mais  je  ne  saurais  être 
très  affirmatif  sur  leur  nombre  et  leur  position.  Quant  à  l'appareil 
génital,  rien  de  particulier  à  en  dire  :  il  comprend  essentiellement 
un  vaste  vitellogène  ventral,  lobé,  avec  un  ovaire  latéral  et  généra- 
lement un  œuf  en  voie  de  formation,  qui  est  pondu  à  la  surface  du 
corps  de  la  Stylaire.  Le  mâle  est  inconnu  comme  dans  l'espèce  sui- 
vante. Quant  aux  affinités  de  cette  forme,  il  n'est  pas  sur  qu'elle 
doive  rester  dans  le  genre  où  l'a  placée  son  auteur:  il  en  a  fait  une 
Pleurotrocha  en  raison  principalement  de  l'absence  d'yeux  ;  or  ce 
caractère  (et  c'est  une  réflexion  qui  vient  souvent  à  l'esprit  en 
étudiant  la  classification  des  Rotifères)  est  en  général  un  caractère 

(1)  J'ai  eu  récemment  l'occasion  de  les  signaler  dans  une  note  en  cours  de  publi- 
cation aux  Archives  de  Zoologie  expérimentale,  chez  Eosphora  digitata  Ehr.  où 
elles  sont  faciles  à  voir  et  très  typiques. 


1,21  .st:ANcic  nr  II  .hillet  lOO.'J 

d'adaptation  plutôt  quiin  indice  de  parenté  réelle  et  dans  l'espèce 
en  question  notamment  il  pourrait  bien  être  lié  au  parasitisme. 
D'ailleurs  le  genre  P/ei<rof?'oc/ia  a,  comme  beaucoup  de  genres  de 
Notammatinés,  des  limites  un  peu  vagues,  étant  fondé  sur  trois 
espèces  très  imparfaitement  décrites  par  Ehrkxbkrg.  D'autre  part, 
la  taille,  la  forme  du  corps,  les  doigts,  le  mastax  rappellent 
beaucoup  chez  PL  parasitica  les  espèces  du  genre  Diaschiza  et  je 
n'eusse  pas  hésité  à  l'y  rapporter  si  j'avais  constaté  sur  son  corps 
les  épaississements  de  la  cuticule  qui  caractérisent  celles-ci  et  en 
font  des  formes  de  passage  vers  les  Loricidés. 

Drilophaga  Delagei,  espèce  beaucoup  plus  aberrante  en  apparence 
(fig.  3),  va  nous  montrer  une  évolution  dans  le  même  sens  plus 
accentuée  et  liée  à  un  parasitisme  beaucoup  plus  complet.  11  semble 
incapable  de  se  nourrir  autrement  qu'aux  dépens  de  son  hôte,  car 
son  estomac  ne  renferme  jamais  de  débris  solides  comme  on  en 
voit  chez  PL  parasitica;  autant  il  est  commun  de  voir  celle-ci  quit- 
ter rOligochète  ou  se  déplacer  à  sa  surface,  autant  cela  est  rare 
liour  Drilophaga  qui  se  laisse  emporter  passivement  par  la  Sangsue 
et  ne  lâche  pas  prise  même  en  mourant.  Dans  son  aspect  extérieur, 
pour  lequel  je  renvoie  à  ma  note  précédente,  deux  caractères  sur- 
tout le  différencient  de  PLparasitica  :  1"  l'appareil  rotatoire  est  con- 
stitué encore  par  un  cercle  unique  (ce),  mais  celui-ci,  d'habitude 
invaginé  tout  à  fait  comme  l'extrémité  d'un  doigt  de  gant,  est 
entièrement  préoral  ;  il  correspond  donc  au  trochus  des  autres 
Rotifères  tandis  que  celui  de  /*/.  parasifica  correspond  au  cingulum. 
L'animal  le  dévagine  parfois  à  moitié  pour  se  déplacer  sur  son  hôte 
en  s'arcboutant  lui  aussi  avec  son  pied  peu  propre  à  cet  usage  et  en 
remuantactivement  les  trophi  d'habitude  immobiles.  Je  l'ai  vu  plus 
rarement  encore  se  dévaginer  tout  à  fait  pour  nager  librement.  Je 
ne  reproduis  pas  le  croquis  que  j'ai  pris  de  l'aspect,  bien  différent  de 
l'aspect  ordinaire,  qu'il  prend  alors,  car  il  est  absolument  analogue 
à  celui  qu'a  figuré  Vejdovsky;  :2»  il  existe  un  pied  post-anal  petit, 
mais  bien  individualisé,  avec  deux  glandes  pédieusesf^/jjj  assez  déve- 
loppées, dont  le  réservoir  est  probablement  commun,  et  les  orteils 
sont  par  contre  minuscules.  L'organisation  interne  est  très  diflicile 
à  débrouiller  en  raison  du  faible  développement  de  la  cavité  géné- 
rale et  de  la  compression  réciproque  des  organes.  La  musculature 
notamment  est  presqu'invisible. 

L'allongement  des  pièces  du  mastax  est  encore  plus  marqué 
que  dans  PL  parasitica,  puisqu'il  s'étend  même  aux  rami  (r)  dont 
la  forme  en  longues  baguettes  cintrées  est  un  bon  caractère  difîé- 


sKA.Nc.i:  i>i'  1 1  .irii.r.KT  I !)()."> 


122 


VL  . 


reuliel  d'avec />.  hucephalm.  Les  maniihria  (m)  sont  en  forme  de  t 
àlextrémité  postérieure  comme  dans  celui-ci,  et  non  coudés  simple- 
ment comme  je  l'avais  figuré  par  erreur  l'année  dernière.  Les  unci 

(u)  sont  tout  à  fait  spéciaux  par 
leur  forme  en  croissant  qui 
n'existe  chez  aucun  autre  Roti- 
fère  et  rappelle  plutôt  les  épai- 
sissements  chitineux  des  lèvres 
chez  Diaschiza.  Les  glandes  du 
mastax  {gm)  sont  bien  plus  déve- 
loppées encore  que  chez  Pleuro- 
troclia;  non  contentes  de  former 
par  leur  fusion  la  partie  infé- 
rieure de  sa  masse,  elles  envoient 
en  bas  un  large  lobe  détaché 
dont  je  n'ai  pu  distinguer  s'il 
est  fondamentalement  impair, 
comme  c'est  probable  ou  s'il 
représente  une  des  glandes  asy- 
métriquement  accrue.  Vejdovsky 
figure  dans  D.  bucephalus  (fig.  1 
de  sa  planche)  le  mastax  flanqué 
ventralement  d'une  glande  piri- 
forme  qui  est  à  coup  sur  ce  que 
nous  venons  de  décrire  et  dor- 
salement  d'une  autre  qui  est 
tout  à  fait  incompréhensible  si 
l'on  admet  les  rapports  et  les 
homologies  que  nous  attribuons 
aux  glandes  du  mastax.  Je  ne 
puis  me  défendre,  à  la  vue  de  sa 


Fig.  3. 


Drilophaga  Delagei  à  l'état 
normal,  vue  latérale;  x  600  ;  mêmes 
lettres  que  précédemment,    plus  :  o, 


points  oculitormes  et  n,  canal  excré-     ligure,  de    l'idée  que   cette  pré- 


teur. 


tendue  glande  est  en  réalité  le 


cerveau;  si  bizarre  que  paraisse  l'erreur,  elle  s'explique  fort  bien  : 
ce  ganglion,  qui  a  tout  à  fait  la  même  position,  comme  le  montre 
mon  dessin  (c),  est  intimement  accolé  au  tube  digestif  et  j'ai  dû 
regarder  longtemps  l'animal  vivant  avant  d'être  sur  qu'il  n'y 
était  pas  soudé;  de  plus,  pendant  la  vie,  son  aspect  est  tout  à 
fait  hyalin  comme  celui  des  glandes.  Enfin,  sur  la  figure  de 
Vejdovsky  il  n'y  a  pas  de  place  entre  la  glande  dorsale  et  le  tégu- 
ment pour  le  cerveau  qui  devrait  se  trouver  là,   et  l'auteur  en 


123  SÉAXCK  DU  11  JlILLET  I90o 

effet  dit  n'avoir  pas  vu  trace  de  système  nerveux,  ce  qui  est  au 
moins  bizarre.  L'œsophage,  l'estomac  (e)  dont  les  cellules  assez 
basses  renferment  des  granulations  réfringentes,  et  le  rectum  (i), 
n'olïrent  rien  de  particulier.  J'ai  cru  d'abord  à  l'absence  complète 
des  glandes  gastriques;  je  pense  pourtant  les  avoir  trouvées  à  leur 
place  normale  sous  l'aspect  de  deux  petites  cellules  claires  {(jg), 
mal  distinctes  de  l'estomac,  arrondies  ou  déformées  par  la  pres- 
sion des  organes  voisins.  11  est  fort  possible  qu'elles  existent 
aussi  chez  D.  hucephalus  et  aient  échappé  à  VE.movsKY  quien  nie 
l'existence. 

J'ai  déjà  parlé  du  cerveau  (c),  où  l'on  distingue  nettement  des 
cellules  localisées  dans  la  partie  postérieure.  Le  pore  nucal  de 
l'auteur  tchèque,  homologue  du  tentacule  dorsal  des  autres  Rotifè- 
res,  se  trouve  à  la  base  de  la  protubérance  rotatoire  [t).  J'ai  dis- 
tingué dans  celle-ci  quand  elle  est  évaginée,  aux  deux  bouts  du 
diauîètre  transversal  du  cercle  ciliaire,  deux  petits  corpuscules 
incolores  et  réfringents  ff^ue  je  ne  veux  pas  qualifier  d'yeux,  bien 
qu'on  l'ait  fait  dans  certaines  espèces,  ce  qui  modifierait  la  dia- 
gnose  du  genre.  On  les  retrouve  avec  de  l'attention  même  à  l'état 
d'invagination(o). L'appareil  excréteur  que  figure  VEJoovsKYchezZ). 
bucephalus  est  bien  bizarre  et  bien  aberrant  pour  un  Rotifère  avec 
ses  pelotons  de  canalicules  intracellulaires  et  ses  entonnoirs  large- 
ment ouverts  dans  la  cavité  générale;  on  peut  se  demander  si, 
dans  l'observation  difficile  de  ces  détails  délicats,  il  n'y  a  pas  eu  un 
peu  de  schématisation  inconsciente  qui  l'a  rapproché  des  néphridies 
des  Oligochètes.  Quoi  qu'il  en  soit,  dans  D.  Delagei  je  n'ai  pu  obser- 
ver qu'un  canal  latéral  {n)  très  transparent  et  difficile  à  voir  sur 
lequel  sont  branchées  des  ampoules  à  ffamme  vibratile,  au  nombre 
de  trois  (avec  les  mêmes  réserves  que  plus  haut),  et  qui  n'ont  de 
particulier  que  leur  grande  longueur  relative,  atteignant  presque 
le  diamètre  de  la  vessie  distendue.  Celle-ci  est  bien  entendu  nor- 
male chez  les  deux  formes  (rj.  Quant  à  l'appareil  génital,  il  ne  pré- 
sente à  noter  que  le  grand  développement  du  vitellogène  (ci)  qui, 
comme  chez  beaucoup  d'espèces  comprimées  latéralement,  à  l'état 
de  maturité  sexuelle  contourne  asymétriquement  le  tube  digestif 
en  passant  à  sa  gauche  et  vient  s'étaler  dans  ta  partie  dorsale  du 
corps. 

Pour  résumer  la  comparaison  que  nous  venons  de  faire  de  PL 
parasitica  elDr.  Delagei,  elle  nous  montre  les  transformations  entraî- 
nées dans  l'organisation  des  Notommatinés  par  l'ectoparasitisme 
avec  fixation  par  le  mastax.  L'allongement  des  pièces  de  celui-ci, 


SKA.NCi:  nu  II  .ILILLET  190.")  \2\ 

le  grand  développement  de  ses  glandes,  la  réduction  complémen- 
taire des  glandes  gastriques  liée  à  l'absence  daliments  solides,  la 
simplification  et  linvaginalion  habituelle  de  l'appareil  rotatoire 
sont  des  caractères  qui  vont  en  s'accentuant  de  la  première  à  la 
seconde  plus  exclusivement  parasite.  Faut-il  pour  cela  les  placer 
sur  la  même  lignée  évolutive  et  faire  de  l'une  1  ancêtre  de  l'autre? 
Plusieurs  caractères  s'y  opposent:  l'absence  d'homologie  entre  les 
couronnes  uniques  qui  ont  persisté  dans  les  deux  cas,  le  dévelop- 
pement inégal  des  orteils,  complémentaire  de  celui  du  pied  et  des 
glandes  pédieuses,  quelques  caractères  du  mastax  et  la  forme 
générale  différente.  Si  Pkurotwcha  parasitica  se  rapproche  surtout 
comme  vous  l'avons  vu  de  Diaschiza,  le  genre  Drilophaga  a  plus 
d'affinités  avec  les  Proaies  dont  une  espèce,  Pr.  petromyzon,  se 
fixe  fréquemment  sur  des  objets  vivants  (je  l'ai  trouvée  récemment 
en  grande  quantité  sur  des  Hydres  d'eau  douce).  Nous  n'avons  là 
une  fois  de  plus,  qu'un  cas  intéressant  de  convergence. 

(Trarail  du  laboratoire  d'Anatomie  comparée  de  la  Sorbonne). 


NOTE  PRÉLIMINAIRE  SUR  LES  POLYCLADES  RECUEILLIS  DANS 
L'EXPÉDITION  ANTARCTIQUE  DU  o  FRANÇAIS  ». 

PAR 

Paul  HALLEZ 

Professeur  à  l'Université  de  Lille. 

Le  «  Français  »  sous  le  commandementduDi' CHARcoxa  rapporté 
cinq  exemplaires  de  Polyclades  dont  l'étude  m'a  été  confiée  par  le 
professeur  Joubin.  Ils  proviennent  tous  de  la  baie  Carthage,  où  ils 
ont  été  dragués  par  20  et  40  mètres. 

Ces  cinq  exemplaires  appartiennent  à  trois  genres  et  à  trois  ou 
quatre  espèces  dont  voici  les  caractères: 

Stylochus  albus,  nov.  sp. 
(N»  349;  dragué  à  40  mètres,  le  4  avril  1904). 

Un  seul  exemplaire. 

Longueur:  4'""S  largeur:  2'"'"  o.  Corps  ovale,  blanc,  opaque.  Face 
dorsale  lisse,  convexe,  avec  deux  tentacules  nucaux  coniques,  pas 
très  éloignés  du  bord  antérieur  du  corps,  6  à  7  yeux  à  l'intérieur 
de  chaque  tentacule;  3  yeux    presque    marginaux  en  avant  de 


125  SKANCE  Dl'   Il   JLILLET  lî)0."î 

chaque  tentacule;  yeux  cervicaux  formant  deux  longues  Irainées 
longitudinales,  composées  chacune  de  16  à  17  yeux  assez  irrégu- 
lièrement distribués. 

Le  genre  Stylochis  est  connu  dans  la  Méditerranée,  la  mer  Noire, 
la  mer  Rouge,  l'Amérique  du  Nord  (océan  Atlantique)  et  le  Japon, 
mais  aucune  espèce  n'est  cosmopolite. 

ACEROS    MACULATIS,    UOV.  Sp. 

(N'^  202;  dragué  à  20  mètres,  le  i:;  mars  1904). 

Un  seul  exemplaire. 

Longueur:  4'"'";  largeur  2"i'», 

Corps  arrondi  aux  deux  extrémités,  à  bords  latéraux  droits, 
parallèles;  à  bord  frontal  à  peine  plus  large  que  le  bord  postérieur. 
Pas  trace  de  tentatules  marginaux.  Face  ventrale  aplatie  d'un 
blanc  légèrement  jaunâtre.  Face  dorsale  légèrement  convexe,  pré- 
sentant tout  autour  une  marge  assez  large  de  couleur  jaunâtre,  un 
peu  plus  foncée  que  la  face  ventrale.  Toute  la  partie  ventrale  du 
dos  est  couverte  de  nombreuses  tâches  pigmentaires  de  couleur 
fauve.  Yeux  tenlaculaires  dorsaux:  5  à  6  de  chaque  côté,  dont 
3  ou  4  plus  forts  et  2  très  petits.  Yeux  tenlaculaires  ventraux: 
11  à  12  de  chaque  côté  dont  5  plus  gros  et  6  à  7  plus  petits.  Yeux 
cervicaux  :  deux  groupes  allongés  dans  le  sens  longitudinal. 
Chaque  groupe  comprend  14  ou  15  yeux  dont  8  relativement  gros 
et  f)  à  7  petits. 

Sur  la  face  ventrale,  on  voit,  par  transparence,  le  pharynx  cy- 
lindrique dirigé  en  avant  et  situé  en  arrière  du  cerveau.  La  bouche 
s'ouvre  exactement  derrière  le  cerveau.  Vers  le  milieu  de  la  face 
ventrale,  un  grand  disque  duquel  s'irradient  des  glandes  dans 
toutes  les  directions  et  portant  l'oritice  génital  femelle,  marque  la 
place  des  glandes  coquillières.  A  peu  près  à  égale  distance  de 
cet  organe  et  de  l'extrémité  postérieure  du  corps  se  trouve  la  ven- 
touse. 

Cette  espèce  antarctique,  un  peu  plus  grande  que  l'espèce  médi- 
terranéenne, diffère  surtout  de  celle-ci  par  sa  coloration  et  par  ses 
yeux  lentaculaires  et  cervicaux. 

Parmi  les  caractères  du  genre  Aceros  qu'il  a  créé,  Lang  fait  fi- 
gurer le  petit  nombre  des  yeux  cervicaux  et  des  yeux  lentaculaires  ; 
ce  caractère  n'a  plus  que  la  valeur  d'un  caractère  spécifique,  Y)ro- 
pre  kVAcerosinconspicuus  Lang.   . 


SÉANCE  DU  11  JUILLET  1905  126 

SïYLOSTOMUM. 

Le  genre  Slylostomum  est  assez  largement  distribué  dans  Ihé- 
niisphère  nord.  Sa  découverte  dans  la  zone  antarctique  montre 
combien  est  vaste  sa  distril)ution  géographique. 

Les  diverses  espèces  de  ce  genre  sont  établies  principalement 
sur  le  nombre  et  la  disposition  des  yeux  tentaculaires  et  cervicaux. 
Par  l'ensemble  de  leur  organisation,  qui  est  des  mieux  caractéri- 
sée, elles  se  ressemblent  tellement  qu'on  pourrait  les  considérer 
toutes  comme  de  simples  variétés,  d'autant  plus  que  le  immbre 
des  yeux  peut  légèrement  varier  d'un  individu  à  un  autre.  Comme 
chez  la  plupart  des  Polyclades,  il  arrive  même  souvent  que  le  nom- 
bre des  yeux  dilïère  sur  le  coté  droit  et  sur  le  côté  gauche  d'un 
même  individu. 

Espèces  ou  variétés,  les  trois  individus  recueillis  par  le  «  Fran- 
çais ))  se  rattachent  à  deux  types  : 

Stylostomu.m  puxctatum,  nov.  sp. 

(N'5  204;  dragué  à  20  mètres,  le  lu  mars  1904  et  n»  349, 
dragué  à  40  mètres,  le  4  avril  1904). 

Deux  exemplaires. 

Longueur  :  3ni'"  ;  largeur  :  2'"'".  Blanc  ;  légèrement  jaunâtre 
dans  la  région  médiane  du  corps  avec  G  à  7  taches  arrondies  d'un 
jaune  brunâtre  de  chaque  côté  de  la  ligne  médiane  dorsale.  Ten- 
tacules marginaux  semblables  à  ceux  de  Stylostomum  tariabile 
Lang. 

Veux  tentaculaires  dorsaux  :  3  à  4  dont  2  plus  gros,  de  chaque 
côté.  Yeux  tentaculaires  ventraux  :  Oà  8  dont  3  plus  gros,  de  cha- 
que côté.  Yeux  cervicaux  :  9  à  11  de  chaque  côté,  dont  2  plus  gros 
correspondant  aux  gros  yeux  situés  au-dessus  du  cerveau  des 
autres  espèces. 

Stylostomum  piuictatum  est  assez  voisin  de  Stylostomum  tariabile 
dont  il  ne  se  distingue  que  par  les  tâches  pigmentaires  paires  et 
le  nombre  moins  élevé  des  yeux  tentaculaires. 

Stylosto.mu.m  antakcticum  nov.  sp.? 
(No  202;  dragué  à  20  mètres,  le  l.j  mars  1904). 

Un  seul  exemplaire. 

Longueur  :  2"!'»  5;  largeur  :  2""".  Cet  individu  n'est  peut-être 
qu'un  jeune  de  .S/»//o.sfom(/m //(/«c?an(m.  L'étude  .seule  des  coupes 


127 


SÉANCE  DU  il  JUILLET  1903 


le  démontrera.  La  coloration  est  la  même,  mais  les  taches  dorsa- 
les iont  défaut. 

Yeux  tentaculaires  dorsaux  :  4  à  7  de  chaque  ccMé  dont  2  ou  3 
plus  gros  que  les  autres.  Yeux  tentaculaires  ventraux  :  3  de  cha 
que  côté  dont  2  gros  et  un  petit  entre  les  deux  premiers.  Yeux 
cervicaux  :  l'y  de  chaque  côté  dont  1  ou  2  un  peu  plus  petits. 


SUR  UNE  CHENILLE  DU  SOUDAN 

PAR 

Le  Professeur  R.  BLANCHARD 

M.  A.  Lucet.  de  Courtenay  (Loiret),  ma  tiansmis  une  (liieniHc 
soudanaise  qui  m'a  paru  mériter  une  Ijrève  description.  J'ai  fait 
don  de  cet  exeinphiire  au  laboratoire  dEntomologie  du  Muséum 
d'histoire  naturelle. 

L'animal  (tig.  1)  est  cylindro'ide,  hmg  de  83""",  large  de  17">"i  ; 


Fig.  i.  —  Chenille  du  Soudan,  de  grandeur  naturelle. 

il  est  armé  de  forts  piquants  en  rétroversion,  qui  lui  donnent  un 
aspect  redoutable  et  en  rendent  le  maniement  dilîicile.  Son  tégu- 
ment est  chagriné  et  d'un  noir  profond,  à  l'exception  de  la  tête, 
du  dernier  segment  abdominal,  des  piquants  et  des  plaques  stig- 
matifères,  qui  sont  jaune  fauve. 

Les  segments  portent  huit  rangées  longitudinales  de  piquants, 
soit  quatre  rangées  de  chaque  côté,  que  Ton  peut  diviser  en  deux 
groupes,  savoir  :  1"  un  groupe  dorsal,  comprenant  un  piquant 
submédian  (aj  et  un  piquant  latéral  (U),  et  2°  un  groupe  ventral, 
comprenant  un  piquant  externe  (r)  et  un  piquant  interne  {d): 


SÉANCE  DU  11  JUILLET  190."j  128 

Examinons  un  segment  situé  vers  le  milieu  du  corps,  par  exem- 
ple le  quatrième  segment  de  labdomen.  On  y  remarque  de  cha- 
que côté  : 

a.  —  Un  fort  piquant  dorsal  interne  ou  submédian,  long  de  8"^'", 
dun  jaune  fauve,  noir  au  sommet,  inséré  avec  les  autres  sur  une 
ligne  transverse  qui  coupe  le  segment  en  deux  moitiés  égales,  A 
sa  base  et  en  avant,  le  tégument  est  lui-même  jaunâtre  sur  un  très 
petit  espace  semi-lunaire. 

b.  —  Un  piquant  dorsal  externe  ou  latéral,  très  acéré,  plus  court 
que  le  i)récédent  et  ne  dépassant  pas  5"'^  -^  omm;;^  \\  est  également 
jaune,  avec  pointe  noire.  A  sa  base,  le  tégument  est  jaune  sur  un 
très  petit  espace  semi-lunaire,  plus  large  pourtant  que  pour  le 
piquant  précédent.  Le  stigmate  se  voit  immédiatement  au-dessous  ; 
il  est  percé  sur  un  large  écusson  jaune,  plus  développé  en  avant, 
atteignant,  d'une  part,  le  bord  antérieur  du  segment  et  se  confon- 
dant, d'autre  part,  avec  le  bord  antérieur  du  piquant  sus-jacent. 

c.  —  L'U  piquant  ventral  externe,  jaune  à  pointe  noire,  encore 
])lus  court  que  le  précédent  et  ne  mesurant  que  4'""^  de  longueur. 
11  simplante  au  bord  postérieur  d'un  écusson,  jaune,  oblong 
et  progressivement  rétréci  en  avant,  jusqu'à  ce  qu'il  atteigne  le 
bord  antérieurdu  segment  ;  il  est  alors  contigu  sur  toute  sa  longueur 
avec  l'écusson  stigmatifère,  mais  en  reste  partout  bien  distinct. 

d.  —  Un  piquant  ventral  interne,  jaune  à  pointe  noire,  la  teinte 
jaune  envahissant  le  tégument  voisin  d'une  façon  peu  appréciable 
Ce  piquant  s'insère  à  la  racine  et  à  la  face  externe  des  fausses  pat- 
tes ;  il  occupe  une  position  correspondante  sur  les  segments 
dépourvus  de  fausses  pattes. 

Voilà  le  plan  général.  Envisageons  maintenant  les  différents 
segments,  en  désignant,  pour  plus  de  simplicité,  les  piquants  par 
les  lettres  ci-dessus. 

Prothorax.  —  Le  piquante  est  absent.  Le  piquant  ^est  représenté 
par  un  petit  tubercule  jaune  non  épineux,  situé  au  bord  antérieur 
du  segment,  sur  la  même  ligne  longitudinale  que  le  stigmate,  qui 
occupe  le  bord  antérieur.  Le  piquant  c  est  absent.  Le  piquant  d 
n'est  représenté  que  par  un  tubercule  jaune,  surmonté  d  un  très 
petit  mucron  noir  et  obtus. 

Mésothorax.  — Les  piquants  a  et  b  sont  bien  formés;  ils  sont 
entièrement  noirs;  c  et  d  existent  aussi;  mais  sont  jaunes,  à  pointe 
noire. 

Métathorax.  — Même  disposition  qu'au  mésothorax. 

Abdomen.  —  Les  sept  premiers  anneaux  de  l'abdomen  sont  cou- 


129  SÉANCE  DU  11  JUILLET  1905 

formes  à  la  description  que  nous  avons  donnée  comme  type;  les 
les  segments  3  à  6  inclusivement  portent  chacun  une  paire  de 
fausses-pattes;  les  segments  1  à  8 inclusivement  portent  une  paire 
de  stigmates 

Sur  le  huitième  segment,  les  deux  piquants  a  se  sont  fusionnés 
en  un  seul,  dont  la  duplicité  initiale  est  indiquée  par  la  bifurcation 
de  sa  pointe;  quant  au  reste,  ce  segment  est  conforme  au  type.  Le 
neuvième  et  dernier  segment,  malgré  sa  forme  particulière,  est 
encore  conforme  au  type. 

Celte  Chenille  ne  semble  pas  encore  avoir  été  décrite.  Le  Muséum 
en  possède  quelcjucs-unes  d'assez  semblables,  qui  sont  attribuées 
au  genre  Bunsea,  de  la  famille  des  Saturniadae.  Ce  genre  est  tout 
entier  africain;  il  comprend  de  20 à  30 espèces.  C'est  apparemment 
à  l'une  de  celles-ci  qu'appartient  la  larve  que  nous  venons  de  faire 
connaître. 


CHSCHLUMBERGER 


0/Jicier-  de.  IctyLé^wn  d  'Ilonn.e.U-r 

'l'rdivorier  de,  la.  Société'  Zootofficfue,  ds'jfrariaî. 

1S90 -1905 

JPré<ftd/in.i  d'IIonne-ur  Rn.I903 


!Va.mi,Phoi 


CHARLES  SCHLUM  BERGER 


Notice  nécrologique 

].a  SociéléZoologiquede  France  vient  d'être  crnellement  éprouvée 
parla  mort  de  Charles  Schlimbeuger,  en  qui  elle  a  perdu  son  dévoué 
Trésorier,  en  même  temps  que  le  plus  fidèle  et  le  plus  aimé  de  ses 
Membres.  wSorti  de  l'Éeole  polytechnique  en  1845,  il  fut  nojnmé, 
en  1881,  Ingénieur  en  chef  de  la  Marine.  Ses  hautes  fonctions  ne 
l'empêchèrent  pas  de  se  livrer  avec  ardeur  à  l'étude  delà  Zoolo- 
gie, et,  en  qualité  de  Président  d'Honneur  de  notre  Assemblée 
générale  de  1!)()3,  il  nous  a  du  reste  raconté  lui-même,  avec  sa 
bonne  humeur  habituelle,  comment  il  était  devenu  Zoologiste. 
Ses  nombreux  travaux  sur  les  Foraminifères  sont  d'ailleurs 
devenus  classiques;  c'est  le  meilleur  éloge  qu'on  en  puisse  faire. 
Comme  Trésorier  il  a  rendu  d'inoublia])les  services  à  notre 
Société  et  beaucoup  ignorent  que  bien  souvent  il  a  comblé  de  ses 
deniers  les  trous  faits  dans  nos  finances  par  nos  publications. 
Tout  de  dévouement  et  de  bonté,  il  a  su  porter  partout  son  activité 
et  il  la  mettait  surtout  avec  ardeur  au  service  des  œuvres  de 
science  et  de  bienfaisance.  On  peut  dire  qu'il  était  encore  jeune 
malgré  ses  79  ans  quand  la  maladie  implacable  est  venue  le  ravir 
à   l'aiïection  de  sa  famille  et  de  ses  nombreux  amis. 

Ses  obsèques  ont  eu  lieu  le  15  juillet  1905. 

Nous  ne  pouvons  mieux  faire  que  de  joindre  à  son  portrait  le 
discours  qui  fut  prononcé  sur  sa  tombe,  au  nom  de  la  Société 
Zoologique  de  France,  par  M.  le  professeur  R.  Blanchard. 

((  Messieurs, 

))  C'est  avec  la  plus  vive  émotion  que  je  viens  dire  l'adieu  suprême, 
au  nom  de  la  Société  Zoologique  de  France,  au  plus  aimable  et  au 
plus  aimé  de  nos  collègues.  Il  faisait  partie  de  notre  compagnie 
depuis  le  9  mars  1S8()  :  depuis  tantôt  vingt  ans,  il  fréquentait 
nos  réunions  avec  une  assiduité  vraiment  exein])laire;  depuis  le 
1er  janvier  1890,  il  remplissait  les  fonctions  de  Trésorier. 

))  Je  n'insisterai  pas  sur  les  services  qu'il  nous  a  rendus  en  cette 
qualité  :  ceux  qui  l'ont  connu  savent  tout  le  dévouement  dont  il 
était  capable  et  cette  qualité  chaque  jour  plus  rare,  qu'il  possédait 
au  plus  haut  point,  s'est  manifestée  en  des  circonstances  autrement 

Bull.  Soc.  Zoul.  de  Fr.,  190:5.  x.xxii— 11 


131  BULLETIN    DE   LA    SOCIÉTÉ   ZOOLOGIQUE 

importantes,  que  j'indiquerai  tout  à  l'heure.  Mais  je  dois  dire  l'es- 
time aJïectueuse,  le  respect  amical  et  familier  que  chacun  de  nous 
lui  avait  voué  sans  réserve. 

»  Venu  parmi  nous  après  avoir  pris  sa  retraite  d'Ingénieur  en  chef 
de  la  marine,  par  conséquent  après  avoir  rendu  d'éminents  services 
à  l'Etat,  il  était  resté  aussi  simple  que  le  plus  modeste  de  nos  collè- 
gues. Son  extrême  afîahilité,  étrangère  à  toute  affectation,  mais 
reflétant  une  loyauté  sincère  et  une  bonté  sans  seconde,  lui  gagnait 
tous  les  cœurs.  11  était  du  nombre  bien  restreint  de  ces  privilégiés 
qui  n'ont  que  des  amis;  il  avait  pour  ses  collègues  des  délicatesses 
exquises;  il  nous  traitait  tous,  jeunes  ou  vieux,  débutants  ou  savants 
déjà  connus,  comme  des  cauiarades  et  nous  avions  pris  la  douce 
habitude  de  le  considérer  effectivement  comme  tel.  Nous  avions 
presque  oubliéqu'ilétait  notre  aîné;  il  était  si  gai,  si  jeune  d'esprit 
et  de  cœur!  Il  était  la  joie  de  nos  réunions  et  de  nos  Congrès. 

»  Ces  sentiments  d'affection  profonde,  (jue  j'essaie  de  retracer,  se 
manifestèrent  d'une  façon  non  é(]uivoque,  voilà  deux  ans,  quand 
il  fut  appelé  à  la  présidence  d'honneur  de  notre  dixième  Assemblée 
générale  (26  février  1903).  Après  les  professeurs  Milne-Edwards, 
Gaudry,  Van  Bambeke,  il  recevait  ainsi  de  notre  Société  l'hommage 
le  plus  éclatant  et  le  plus  sincère,  encore  que  modeste  dans  la 
forme,  dont  elle  puisse  honorer  les  savants  qu'elle  tient  en  particu- 
lière estime. 

))Schlumberger  était  digne  dune  telle  manifestation.  Son  œuvre 
zoologique  lui  survivra,  car  elle  comporte  une  belle  série  de  travaux 
assidûment  poursuivis,  exécutés  avec  talent,  desquels  est  résultée 
une  importante  découverte.  Il  a  conté  lui-même,  avec  un  humour 
charmant,  comment  il  était  devenu  Zoologiste  et  comment  ses  nom- 
breux voyages  dans  presque  toutes  les  forêts  de  France,  pour  la 
recherche  et  la  réception  des  bois  de  marine,  avaient  fait  de  lui  un 
collectionneur  de  fossiles. 

»  Parmi  ceux-ci  se  trouvaient  de  nombreux  Foraminifères.  Il  en- 
treprit l'étude  de  ces  minuscules  animaux,  puis  aborda  l'examen 
des  espèces  actuellement  vivantes;  grâce  à  ses  fonctions  dans  la 
marine,  il  lui  fut  facile  de  recevoir  des  échantillons  des  sables  du 
fond  de  toutes  les  mers  où  flotte  notre  pavillon.  Les  collections  ainsi 
rassemblées  sont,  pour  ce  groupe  de  Protozoaires,  probablement  les 
plus  importantes  qui  aient  jamais  existé  :  elles  renferment  un  grand 
nombre  de  formes  nouvelles,  qui  ont  été  décrites  dans  notre  JiuUc- 
lin  et  nos  Mémoires,  ainsi  que  dans  ceux  de  la  Société  (îéologique 
de  France.  Ces  travaux  descriptifs  sont  d'une  rigoureuse  précision; 


BULLETIN    DE    LA    SOCIÉTÉ    ZOOLOGIQUE  132 

ils  ont  abouti  à  la  belle  découverte  du  diniorphisme  de  la  coquille, 
qui  jette  un  jour  tout  nouveau  sur  la  structure  des  Foraminifères 
et  sur  leur  mode  d'accroissement. 

»  A  l'occasion  de  l'Exposition  de  1889,  notre  Société  prenait  l'ini- 
tiative de  la  fondation  d'un  Congrès  international  de  Zoologie.  Avec 
A.  Milne-Edwards  et  quatre  autres  personnes,  Schlumberger  fut 
au  nombre  des  fondateurs  de  cette  réunion  scientifique.  Le  succès 
dépassa  toute  ])révision;  le  Congrès  s'est  assemblé  de|)uis  lors  très 
régulièrement  tous  les  trois  ans,  à  Moscou,  à  Leyde,  à  Cambridge, 
à  Berlin  et  à  Berne.  Notre  collègue  n'a  manqué  aucune  de  ces  réu- 
nions internationales;  il  y  faisait  toujours  partie  de  la  délégation  du 
Ministère  de  l'Instruction  publique,  et  sa  présence  parmi  nous  était, 
pour  notre  petite  troui)e,  un  i.uissant  élément  de  succès  scientifique 
et  mondain.  Sa  courtoisie  i)roverbiale  valait  des  attentions  fiat- 
teuses  et  des  égards  particuliers  au  petit  groupe  des  Français. 

»  Français,  Scblumberger  l'a  été  dans  toute  la  force  duterme.  Né 
à  Mulhouse,  il  a  eu  l'inexprimable  douleur  de  voir  la  maison 
paternelle  et  sa  chère  terre  d'Alsace  violemment  séparées  de  la 
France,  au  service  de  laquelle  il  avait  voulu  consacrer  toute  son 
intelligence  et  toute  son  activité,  à  laquelle  il  a  voué  aussi  ses  deux 
fils,  tous  deux  officiers  supérieurs  dans  notre  armée.  Comme  direc- 
teur de  l'Association  des  Alsaciens-Lorrains,  comme  organisateur 
de  la  fête  annuelle  de  l'arbre  de  Noël,  il  a  rendu  à  ses  compatriotes 
d'inappréciables  services  :  il  a  entretenu  en  eux  la  solidarité 
réconfortante,  les  doux  espoirs,  un  i)atriotisme  toujours  ardent, 
une  foi  vive  en  des  jours  meilleurs.  D'autres  connaissent  mieux 
l'admirable  activité  que  Schlumberger  a  déployée  à  ce  titre  ;  ils  lui 
rendront  l'hommage  qu'il  mérite.  Je  n'insiste  donc  pas,  mais  je 
dois  signaler  une  autre  face,  plus  ignorée  mais  non  moins  utile, 
de  l'œuvre  patriotique  de  notre  ami. 

))  Quand  l'Association  des  Dauies  Françaises  fut  fondée  eu  1879  par 
le  D'"  Duchaussoy,  Schluuiberger  fut  au  nombre  des  premiers 
adhérents.  La  société  nouvelle  prenant  l'admirable  extension  qu'on 
lui  connaît  et  devenant  l'un  des  plus  puissants  auxiliaires  du 
service  de  santé  des  armées,  on  dut  créer  des  Délégués  régionaux 
auprès  de  chaque  division  militaire:  Schlumberger  fut  choisi  pour 
la  région  parisienne.  Comuie  membre  du  Conseil  de  l'Association, 
je  sais  avec  r|uelle  inlassable  sollicitude  il  a  veillé  à  l'organisation 
des  hôpitaux  de  campagne  et  des  très  nombreuses  ambulances  qui, 
en  cas  de  guerre,  seraient  installés  à  Paris  ou  dans  la  région.  Son 
action  généreuse,  fruit  du  plus  pur  patriotisme,  s'est  exercée  là 


133  BULLETIN   DE   LA   SOCIÉTÉ   ZOOLOGIQUE 

dune  façon  généralement  peu  connue,  mais  féconde  et  vraiment 
digne  de  notre  respectueuse  reconnaissance. 

»  Ce  n'est  pas  seulement  dans  les  Sociétés  patriotiques  ou  savan- 
tes que  j'ai  connu  Schlumberger.  Il  m'honorait  de  son  amitié  ;  j'ai 
goûté  le  charme  de  son  logis  hospitalier,  j'ai  connu  sa  vie  familiale 
et  simple,  sa  femme  affectueuse  et  dévouée,  qui  trouve  dans  son 
intelligence  d'élite  la  force  de  supporter  une  vie  toute  de  souffrance. 

»  La  cruelle  épreuve  qui  l'accable  en  ce  jour  de  deuil  doit  trou- 
ver un  adoucissement  dans  la  certitude  que  celui  qui  fut  le  meil- 
leur des  époux  laisse  un  souvenir  ineffaçable  à  tous  ceux  qui  ont 
pu  apprécier  les  rares  qualités  de  son  cœur  et  de  son  esprit. 

»  De  tels  hommes,  en  effet,  sont  la  gloire  de  leur  famille  et  l'orgueil 
de  leurs  concitoyens  ;  ils  survivent  par  leur  exemple,  qui  nous  rend 
meilleurs  et  exalte  en  nos  cœurs  les  sentiments  d'honneur  et  de 
patriotisme.  Leurs  amis  gardent  dans  le  coin  le  plus  intime  leur 
souvenir  attendri  et  vivant,  comme  un  conseiller  dont  on  aime  à 
prendre  l'avis  dans  les  circonstances  les  plus  graves  de  la  vie  ; 
l'avertissement  qu'on  en  reçoit  alors  tient  en  cette  simple  formule  : 
bonté,  droiture  et  loyauté.  » 


Séance  (ht  2i  octobre  1005. 

Présidence  de  M.  Dautzenberg,  ancien  Président 

MM.  de  Beauchamp  et  Joubin  s'excusent  de  ne  pouvoir  assister 
à  la  séance. 

M.  le  Président  fait  part  du  décès  de  notre  dévoué  trésorier 
M.  Ch.  Schlumberger,  dont  on  trouvera  plus  haut  le  portrait  et  la 
notice  biographique,  ainsi  que  du  décès  tout  récent  de  M.  Oustalet, 
professeur  au  Muséum  d'Histoire  naturelle.  La  Société  Zoologique 
de  France  adresse  aux  familles  l'expression  de  ses  plus  sincères 
condoléances. 

MM.  U.  Blanchard  et  L.  Petit  présentent  M.  Grobon,  médecin 
vétérinaire,  demeurant  1,  rue  des  Filles  Saint-Thomas,  à  Paris. 

Le  comité  d'organisation  de  l'Exposition  coloniale  qui  s'ouvrira 
à  Marseille  en  mai  1906  annonce  qu'il  a  décidé  d'y  joindre  une 
exposition  internationale  d'océanographie,  des  pêches  maritimes 
et  des  produits  de  la  mer.  Pour  tous  renseignements  s'adresser  à 
Paris,  o,  rue  des  Mathurins. 

La  Société  d'Histoire  naturelle  d'Autun  ayant  organisé  une  tom- 
bola de  300.000  billets  à  un  franc  pour  faire  l'acquisition  d'un 
immeuble  pour  ses  réunions  et  ses  collections,  se  recommande  à 
la  générosité  de  tous  les  amis  des  sciences  naturelles. 

M.  le  D""  Pellegrin  fait  une  communication  sur  les  Poissons 
recueillis  par  M.  Gruvel  sur  la  côte  occidentale  d'Afrique. 

M.  L.  Petit  annonce  qu'un  jeune  sujet  mâle  de  la  Mouette  de 
Sabine  {Larus  Sabinei)  a  été  tué  dans  la  baie  de  l'Orne  (Calvados) 
le  22  septembre  1905.  Si  l'on  se  reporte  aux  captures  de  l'an  dernier 
on  constate  que  c'est  en  septembre  et  après  de  forts  coups  de  vent 
que  ces  Oiseaux  sont  amenés  sur  nos  cotes. 

M.  Alluaud  annonce  à  la  Société  son  prochain  départ  pour  la 
région  du  Nil  bleu  où  il  est  chargé  d'une  double  mission  par  le 
Ministère  de  l'Instruction  publique  et  le  Muséum  d'Histoire  natu- 
relle. 

M.  Le  Président  adresse  à  M.  et  M^e  Alluaud  les  vœux  de  la  So- 
ciété Zoologique  de  France. 


135  SÉANCE  DU  24  OCTOBRE  190o 

MISSION  DES  PÊCHERIES  DE  LA  COTE  OCCIDENTALE  D'AFRIQUE, 

DIRIGÉE  PAR  M.  GRUVEL 


POISSONS 
Par  M.  le  D'  Jacques  PELLEGRIN 

Les  matériaux  ichtyologiques  rassemblés  par  la  mission  des 
Pêcheries  de  la  côte  occidentale  d'Afrique,  de  janvier  à  avril  1905, 
sont  torts  importants.  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  d'insister  sur  leur 
valeur  pratique  et  industrielle,  mais,  même  en  se  |)laçantau  point 
de  vue  exclusivement  scientifique,  les  collections  de  Poissons 
recueillies  par  l'expédition  que  dirigeait  M'"  Gruvel  ne  manquent 
pas  d'intérêt. 

Les  pêches  ont  été  etîectuées  sur  la  côte  mauritanique  et  sénéga- 
lienne,  entre  le  cap  Blanc  et  le  Cap-Vert.  Bien  que  ces  parages 
soient  connus  depuis  longtemps  en  cequi  concerne leurpopulation 
ichtyologique  et  qu'ils  aient  été  l'objet  de  nombreux  travaux,  bien 
qu'en  outre  la  mission  se  soit  efforcée  surtout  de  recueillir  autant 
que  possible  des  Poissonscommuns, volumineux  etmarchands, cela 
n'empêche  pas  que  parmi  les  66  espèces  rapportées  il  s'en  trouve 
plusieurs  de  fort  rares  et  dont  quelques-unes  neliguraient  pas  dans 
les  collections  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris  où  elles  ont 
pu  prendre  place.  L'une  d'elle  même  est  nouvelle  pour  la  science, 
c'est  un  Platycéphale  dont  la  présence  est  d'autant  plus  intéressante 
à  signaler  sur  la  côte  occidentale  d'x\frique,  que  la  presque  totalité 
des  représentants  du  genre  habite  l'océan  Indien  et  le  Pacifique  et 
que  beaucoup  d'ichtyologistes  éminents  doutaient  de  l'exactitude 
de  la  provenance  des  deux  espèces  décrites  jusqu'ici  comme  venant 
de  la  côte  américaine  de  l'Atlantique. 

En  ce  qui  concerne  la  distribution  géographique  des  Poissons 
marins,  la  région  où  ont  été  effectuées  les  pêches  se  trouve  placée 
dans  des  conditions  tout  à  fait  particulières.  On  y  rencontre,  en 
effet,  à  peu  près  en  quantité  égale,  à  la  fois  des  espèces  des  zones 
tempérées  et  des  espèces  tropicales.  Il  y  a  donc  là  un  lieu  de  fusion, 
de  transition  entre  deux  faunes  relativement  assez  différentes.  Bon 
nombre  de  nos  espèces  côtières  métropolitaines  habitant  principa- 
lement la  Méditerranée  et  les  régions  avoisinantes  de  l'Atlantique 
descendent  jusque  là  et  se  trouvent  dans  les  envois  de  la  mission, 


SÛANCE  n[I   M  OCTOBRE    1903  136 

réciproquement  une  assez  grande  quantité  d'espèces  de  l'Atlantique 
tropical,  même  de  celles  du  golfe  de  Guinée  et  de  la  côte  du  Congo 
s'y  rencontrent  également. 

Parmi  ces  dernières  il  en  est  quelques  unes  qui  sont  répandues 
dans  tout  l'Atlantique  tropical  jusqu'aux  côtes  américaines,  cest-à- 
dire  jusqu'au  Brésil  et  au  golfe  du  Mexique.  Ce  fait  s'explique 
facilement,  les  conditions  climatériques  étant  les  mêmes  et  aucun 
obstacle  ne  s'opposant  à  travers  l'Atlantique  aux  déplacements  des 
espèces  bonnes  nageuses. 

Une  autre  constatation  plus  curieuse  et  qui  semble  assez  bien 
mise  en  relief  par  les  envois  de  la  mission  des  Pêcheries  de  la  côte 
occidentale  d'Afrique,  c'est  la  présence  sur  les  côtes  sénégaliennes, 
parmi  les  espèces  tropicales,  de  plusieurs  Poissons  habitant  égale- 
ment l'océan  Indien  et  le  Pacilique.  On  en  peut  citer  plusieurs 
exemples,  dont  l'un  des  plus  typiques  est  peut-être  le  Platycéphale 
nouveau.  Pour  ces  Poissons,  les  migrations  sont  assurément  moins 
faciles.  Il  est  évident  néanmoins  que  le  cap  de  Bonne  Espérance  ne 
s'avançant  pas  beaucoup  au  sud  du  tropique  du  Capricorne  n'op- 
pose qu'un  léger  obstacle  aux  migrations  d'espèces  des  mers 
chaudes  venant  de  l'océan  Indien  ou  des  côtes  australiennes.  In- 
contestablement le  passage  est  de  ce  côté  beaucoup  plus  aisé  que 
du  côté  américain  où  le  cap  Horn,  très  austral,  forme  pour  celles-ci 
entre  le  Pacilique  et  l'Atlantique  un  barrière  quasiment  infran- 
chissable. 

Chaque  espèce  de  Poisson  a  une  distribution  géographique  parti- 
culière soumise  d'ailleurs  à  une  multitude  de  causes  de  variation 
dans  le  temps  comme  dans  l'espace;  aussi  est-ilfortdifficile  de  jeter 
un  coup  d'œil  d'ensemble  et  de  diviser  en  un  certain  nombre  de 
catégories,  au  point  de  vue  de  leur  habitat,  toutes  les  espèces  rap- 
portées par  la  mission  des  Pêcheries  de  la  côte  occidentale  d'Afri- 
que. Le  tableau  qui  est  donné  ici  n'a  donc  aucune  valeur  absolue; 
il  permettra  néanmoins  de  formuler  quelques  remarques  intéres- 
santes. C'est  ainsi  que  l'on  est  amené  à  constater  que  sur  les  66 
espèces  récoltées  entre  le  cap  Vert  et  le  cap  Blanc,  31,  c'est-à-dire 
environ  la  moitié,  sont  susceptibles  de  se  rencontrer  sur  nos  côtes 
métropolitaines. 

Voici,  au  surplus,  comment  les  66  espèces  peuvent  être  répar- 
ties au  point  de  vue  de  la  distribution  géographique. 
1.  Espèces  des  mers  tempérées  se  trouvant  sur  nos  côtes,  habitant 
principalement  la  Méditerranée  et  les  parties  avoisinantes  de 
l'Atlantique 20 


137 


SÉANCE  DU  24  OCTOBRE  1905 


II.  Espèces  se  trouvant  sur  nos  côtes,  habitant  la  Méditerranée, 

l'Atlantique  tempéré  et  intertropical 7 

III.  Espèces  se  trouvant  sur  nos  côtes,  habitant  la  Méditerranée, 
l'Atlantique,  l'océan  Indien  et  au  delà 4 

IV.  Espèces  des  mers  tempérées,  ne  se  rencontrant  pas  sur  nos  côtes, 

habitant  la  Méditerranée  et  les  parties  avoisinantes  de  l'Atlan- 
tique           4 

V.  Espèces  de  l'Atlantique  tropical  plutôt  spéciales  à  la  partie  nord 

(Région  de  Madère,  des  Canaries,  au  nord  du  Cap-Vert)        14 

VI.  Espèces  de  l'Atlantique  tropical  plutôt  spéciales  à  la  partie  sud 

(golfe  de  Guinée,  etc.) 10 

VII.  Espèces    de    l'Atlantique    tropical,    de  l'océan    Indien    et 
au  delà 7 

ToRPEDix^  1.  Torpédo  narce  Nardo. 

—  2.          —      marmorata  Risso. 

Ra.tid^  3.  liaja  miraletus  Linné. 

4.  Platijrhina  Schoeideini  Mûller  et  Henle. 

Trygonid.^  5.  Trygon  pastinaca  Linné. 

Myliobatid.e  6.  Rhinoptera  Peli  Bleeker. 

Tetrodoxtid/E  7.  Tetrodon  lœvigatus  Linné. 

—  8.  Chilomycterus  reticidatus  Linné. 
MuR.£NiD.E  y.  Mursona  afra  Bloch. 
ScoMBREsociD.*;  10.  Belonc  yracilis  Lowe. 

—  11.  Exocœlus  lineatus  Cuvier  et  Valenciennes. 

Elopid.e  12.  Elops  lacerta  Cuvier  et  Valenciennes. 

Clupeid.*:  13.  Chipea  senegalensis  Bennett. 

I'leuronectid.e        14.  Pseltodes  erumei  Bloch  Sclineider. 

—  Vô.  Hemirhombus  guineensis  Bleelîer. 

—  16.  lîhomboidichthys  mancus  Risso. 

—  17.  Solea  vulgaris  Quensel. 

—  18.       —     hexophthalma  Bennett. 

—  19.       —     lascaris  Risso. 

—  20.  Synaptura  punctatissima  Peters. 

—  20.  bis    —  —    var.  nigromamlata  var.  nov. 

—  21.  Cynoglossus  goreensis  Steindacliner. 
MuGiLiD.*:  22.  Mugil  cephalus  Linné. 

—  23.        —     aaratus  Risso. 

—  24.        —      Hoefleri  Steindacliner. 
Sgombrid.e  25.  Cybium  tritor  Cuvier  et  Valenciennes. 

—  26.  Echeneis  naucrates  Linné. 

—  27.  Stroniateus  fîatola  Linné. 

—  28.  —  inicrochirus  Bonclli. 
Carangid.e.  29.  Caranx  dentex  Bloch  Schneider. 


SÉANCE  DU  2i  or/roBRE 


138 


Carangid.e. 


Trachixid.b. 

BATRACHID.t:. 

Sci.e.md.ï:. 


polynemid.ï. 
scorp.'emd.e. 
Platycephalid.e. 

TRIGLID.t:. 

Sparid.e. 


MULLID.*:. 

Labrid.e. 

Ch.ETODONTID-E. 


Pristipomatid-e. 


Gerrid^. 
Serranid.e. 


30.  —      carangus  Bloch. 

31.  Temnodon  saltator  Bloch  Schneider. 

32.  Lichia  glaitca  Linné. 

33.  —    vadigo  Risso. 

34.  Traclvjnotus  ovatus  Linné. 
33.  Uranoscopus  scaber  Linné. 

36.  Batrachus  didactyius  Bloch  Schneider. 

37.  Umbrina  ronchus  V'alenciemies. 

38.  Sciœna  aquila  Linné. 

39.  Corviim  nigra  Bloch. 

40.  Otolithus  senegalensis  Cuvier  et  Valenciennes. 

41.  Galeoides  decadactylus  Bloch. 

42.  Scorpœna  ustulUa  Lowe. 

43.  Platgcepludus  Grureli  nov.  sp. 

44.  Trigla  hirundo  Bloch. 

43.  Canlharus  linealus  Montagu. 

46.  Box  salpa  Linné. 

47.  Sargus  indgarix  Geoffroy. 

48.  —      cervinus  Lowe. 

49.  Pagrus  auriga  Valenciennes. 

30.  Pagellus  erythrinus  Linné. 

31.  Pagellus  mormyrus  Linné. 

52.  [peneus  proyensis  Cuvier  et  Valenciennes. 

53.  Crenilabym  Bailloni  Cuvier  et  Valenciennes. 

54.  Chœtodon  Hoelleri  Steindachner. 

35.  Ephippus  goreensis  Cuvier  et  Valenciennes. 

56.  Drepane  punctata  Linné  Gmelin. 

57.  Pristipoma  JubeUni  Cuvier  et  Valenciennes, 
38.  Diagramnia  mediterraneum  Guichenot. 

59.  Dentex  vulgaris  Cuvier  et  Valenciennes. 

60.  —    filosus  Valenciennes. 

61.  Gerres  melanopterus  Bleeker. 

62.  Morone  punctata  Bloch. 

63.  Epinephelus  Ixniops  Cuvier  et  Valenciennes. 

64.  —     alexandrinus  Cuvier  et  Valenciennes. 

65.  —    œneus  Geolïroy. 

66.  Serranus  scriba  Linné  (1). 


Platycephalls  Gruveli  nov.  sp. 
D.  I  I  VII  1  12;  A.  12;  P.  20;  V,  1,  3;  L.  long.  50. 

La  longueur  de  la  tète  est  comprise  à  peine  3  fois  dans  la  longueur 

(1)  A  cette  liste  peut  être  joint  le  BranchiosLoma  lanceolaium  Pallas,  dont  de 
nombreux  spécimens  de  diverses  dimensions  ont  été  récoltés  à  Nouakcliott; 


139  SÉANCE  DU  M  OCTOBRE  1905 

du  corps  sans  la  caudale  ;  la  largeur  de  la  tête  1  fois  1/2  dans  sa 
longueur.  L'espace  inlerorbitaire  concave  fait  un  peu  plus  de  la  1/2 
du  grand  diamètre  de  l'œil  qui  est  contenu  3  fois  dans  la  longueur 
de  la  tête.  Il  n'y  a  pas  d'épines  au  bout  du  museau  ;  une  épine 
devant  l'œil.  11  n'existe  pas  de  filaments  orbitaires.  Le  rebord  orbi- 
taire  est  armé  d'épines.  Les  lignes  du  vertex  ne  portent  que  quel- 
ques épines.  La  ligne  de  la  joue  est  munie  de  5  à  6  épines  assez 
fortes.  Le  préopercule  est  armé  de  3  épines;  la  supérieure  plus 
forte,  égale  l'espace  interorbitaire.  Il  n'existe  pas  d'épine  proémi- 
nente à  l'interopercule.  Le  maxillaire  supérieur  s'étend  jusqu'au 
delà  du  bord  antérieur  de  lœil.  Le  museau  fait  1  fois  1/2  le  gi-and 
diamètre  de  l'œil.  La  ligne  latérale  est  épineuse  sur  toute  son 
étendue.  Elle  comprend  oO  écailles.  Il  n  y  a  antérieurement  que  2 
rangées  1/2  d'écaillés  entre  la  ligne  latérale  et  la  première  dorsale. 
On  compte  11  rangées  longitudinales  d'écaillés  entre  la  ligne  laté- 
rale et  l'origine  de  l'anale.  Lépine  détachée  qui  constitue  la  pre- 
mière dorsale  mesure  les  2/3  du  diamètre  de  l'œil.  La  deuxième 
épine  de  la  deuxième  dorsale  épineuse  est  la  plus  longue  ;  elle  est 
contenue  presque  2  fois  1/2  dans  la  longueur  de  la  tête.  Les  pecto- 
rales sont  un  peu  plus  courtes  que  l'espace  qui  sépare  le  bout  du 
museau  du  bord  postérieur  de  l'feil.  Les  ventrales  sont  longues  ; 
elles  atteignent  l'origine  de  l'anale.  La  caudale  est  légèrement 
arrondie. 

Le  dos  est  olivâtre,  le  dessous  du  corps  rosé.  Des  marques  noires 
existent  sur  la  partie  postérieure  de  la  2<'  dorsale  épineuse,  à  l'ori- 
gine et  à  l'extrémité  des  rayons  de  la  caudale,  sur  les  ventrales  et 
sur  les  opercules.  Des  lignes  de  points  foncés  apparaissent  sur  les 
dorsales  et  sur  les  pectorales. 

N°  03-302.    Coll.  Mus.    —    Environs  de  Guet  N'  Dar  :  Mission  des  Pêcheries  de 
la  côte  occidentale  d'Afrique. 
Longueur  160  +  30  =  190  millimètres. 

Cette  espèce  que  je  dédie  bien  volontiers  au  chef  de  la  mission 
des  Pêcheries  de  la  côte  occidentale  d'Afrique  se  distingue  du 
Flatycephalus  amerkanus  Sauvage  par  ses  formes  plus  courtes  et 
plus  ramassées,  sa  tête  plus  large,  ses  écailles  notablement  plus 
grandes  (1). 

La  présence  d'un  Platycéphale  sur  la  côte,  de  Sénégambie  est  un 
fait  extrêmement  intéressant.  Le  genre  est  représenté  par  de  très 

(1)  L'existence  de  3  dents  au  préopercule  n'est  pas  un  caractère  d'une  bien 
grande  valeur  car  dans  le  type  de  P.  ainericanus  Sauvage,  il  y  en  a  2  d'un  côté 
et  3  de  l'autre. 


SÉANCE  DU  24  OCTOBRE  I90;l  140 

iioinl)reuses  espèces  dans  la  mer  Rouge,  l'océan  Indien,  les  mers 
de  (Hiine  et  du  Japon,  la  Polynésie  et  les  mers  australiennes,  mais 
beaucoup  d'ichtyologistes  nadmettent  qu'avec  les  plus  grandes 
réserves  l'exactitude  de  la  provenance  des  deux  espèces  connues 
jusqu'ici  de  l'océan  Atlantique  :  l^latycephalns  aurjustus  Steindachner 
et  Platycepliaius  amerkanus  Sauvage.  C'est  ainsi  que  Jordan  et 
EvERMANX,  dans  leur  récent  et  si  important  ouvrage  sur  les  Poissons 
de  l'Amérique  centrale  et  septentrionale,  s'expriment  ainsi  en 
parlant  du  genre  yiatyceplialuH  (1)  «  Two  species  of  thisgenus  hâve 
((  been  described  from  American  waters,  in  both  cases  apparently 
((  by  error,  as  no  American  ichtyologist  bas  found  any  spécimens 
((  of  either.  » 

Le  Platycephalus  angiistus  Steindachner  (2)  est  indiqué  comme 
provenant  de  Surinam.  Ses  écailles  beaucoup  plus  petites  (L. 
long.  108)  le  distinguent  facilejnent  du  Platycephalus  Gruveli. 

Le  Platycephalus  americamis  Sauvage  (3)  doit  venir  du  fleuve  Po- 
tomac,  sur  la  côte  atlantique  des  Etats-Unis.  M.  Sauvage  toutefois 
n'ose  se  montrer  absolument  catégorique  en  ce  qui  concerne  son 
origine  :  «  Si  l'espèce  provient  bien  de  cette  région,  écrit  il,  il  est 
singulier  que  les  auteurs  américains  n'en  aient  pas  fait  mention  ;  il 
nous  a  dès  lors  paru  utile  d'attirer  l'attention  sur  une  espèce  dont 
l'habitat  serait  complètement  en  dehors  de  celui  des  autres  Platy- 
céphales.  » 

Les  matériaux  rapportés  par  M.  Gruvel  tranchent  définitivement 
la  question  et  montrent  que  le  genre  Platycéphale  se  rencontre 
indubitablement,  au  moins  en  ce  qui  concerne  le  côté  africain, 
dans  l'Atlantique  intertropical. 

Synaptura  pungtatissima  Peters. 

L'espèce  a  été  décrite  en  1876  par  Peters  (4)  d'après  un  exemplaire 
provenant  de  Victoria  (Ouest-africain)  d'une  longueur  de  250  milli- 
mètres. Elle  a  été  redécrite  en  1882  par  Steindachner  (5)  d'après  un 
autre  de  320  millimètres  d'Algoa-Bay. 

La  coloration  des  trois  spécimens  recueillis  par  la  Mission  des 
Pêcheries  de  la  côte  occidentale  d'Afrique  mesurant  respective- 

(1)  Jordan  et  Evermann.  Fishes  of  North  and  Middle  America,  Bull.  U.  S.Nat. 
Mus.  N«  47,  Part.  II,  1898,  p.  2028. 

(2)  Sitzgber.  Akad.  Wis>>.  Wien.,  1866,  p.  213,  pi.  I,  fig.  4. 

(3)  Nouv,  Arch.  Mus.,  I,  2'^  série  1878,  p.  148,  pi.  H,  fig.  3. 

(4)  M.  B.  Àk.  Wiss.  Berlin,  XLI,  1876,  p.  249.  pi.  fig.  2. 

(5)  Silzb.  Ak.  Wiss.  Wien,  LXXXIII,  1882,  p.  207. 


141  SÉANCE  DU  24  OCTOBRE  1905 

ment  390,  330  et  310  millimètres,  se  ramène  à  deux  types  dis- 
tincts. 

Dans  le  premier  (spécimens  de  390  et  de330  millimètres)  qui  paraît 
se  rapprocher  le  plus  de  la  coloration  indiquée  par  Peters,  la  teinte 
générale  du  fond  assez  claire,  même  du  côté  des  yeux,  est  rosée  ; 
chaque  écaille  est  marquée  d'un  |)oint  noir,élendu  le  plus  souvent 
tout  le  long  du  bord  libre.  La  dorsale,  l'anale,  la  caudale  sont  mar- 
quées aussi  d'une  multitude  de  petits  points  noirs  qui  se  trouvent 
aussi  bien  sur  la  membrane  interadiale  que  sur  les  rayons  et  justi- 
lient  parfaitement  répithètespéciliquede;^wwcfa/i.s'.stma.  Les  nageoi- 
res impaires  sont  bordées  en  outre  d'un  tin  liseré  blanchâtre  peu 
apparent,  étant  donnée  la  teinte  générale  très  claire.  La  pectorale 
du  côté  des  yeux  est  noirâtre  avec  quelques  petits  points  noirs  à  sa 
base.  Le  coté  aveugle  est  uniformément  rosé.  On  distingue  à  peine 
(juelques  traces  de  larges  taches  un  peu  foncées  sur  le  côté  coloré. 

Le  second  type  représenté  par  le  spécimen  de  310  millimètres 
est  d'aspect  dilïérent  et  mérite  de  constituer,  semble-t-il,  une 
variété  nouvelle. 

Var.  nigromaculala  var.  nov. 

D.  73;    A.  00;    L.  lat.  117  (1) 

La  coloration  du  côté  des  yeux  est  beaucoup  plus  foncée.  Le  fond 
est  grisâtre,  les  petits  points  sont  répartis  de  la  même  façon  sur 
les  écailles  et  sur  les  nageoires  que  dans  les  spécimens  précédents, 
mais  il  existe  de  plus  une  cinquantaine  de  larges  taches  noires 
inégales,  irrégulièrement  arrondies,  dont  le  diamètre  est  générale- 
ment compris  entre  5  et  10  millimètres.  Un  lin  liseré  clair  apparaît 
distinctement  tout  le  long  du  bord  aux  nageoires  impaires. 

N"  0;J-296.  Coll.  Mus.  —  Toute  la  cote  mais  plus  spécialement  entre  Nouakchott 
et  Guet  N'  Dar  :  Mission  des  Pêcheries  de  la  côte  occidentale  d'Afrique. 

Le  genre  Sijnaptura  est  avant  tout  répandu  dans  l'océan  Indien 
et  dans  l'Inde  archipélagique  et  le  nombre  des  espèces  décrites  de 
l'Atlantique  ou  de  la  Méditerranée  est  des  plus  restreints.  L'une 
d'elles  le  Synaptura  lusUaiiica  Brito  Capello(2)  se  rencontre  sur  les 
côtes  du  Portugal. 


(1)  Les  écailles  sont  comptées  en  ligne  longitudinale  depuis  le  niveau  delà  fente 
branchiale. 

(2)  Jorn.  Ac.  Se.  Lisboa,  n°  V,  1868,  p.  02  et  n»  VI,  1869,  p.  153,  pi.  IX,  fig.  1. 


Séance  du  ii  novembre  1005. 

Présidence  du  professeur  Joubin,  Président. 

M.  le  Président  donne  lecture  d'une  lettre  de  M™'^  Oustalet  annon- 
çant l'envoi  du  portrait  du  professeur  Oustalet. 

M.  Grobon,  présenté  à  la  précédente  séance,  est  proclamé  Membre 
de  la  Société. 

MM.  Petit  et  Guiart  présentent  M.  de  Renesse  de  Duivenbode, 
habitant  45,  rue  de  Trévise,  à  Paris. 

M.  le  Président  annonce  que  le  roi  de  Portugal  viendra  visiter 
le  Muséum  d'Histoire  naturelle  le  ^4  novembre  prochain  et  qu'une 
salle  sera  réservée  aux  membres  du  Bureau  de  la  Société  Zoologique 
de  France. 

Ala  suited'unedemandeécrite  signée  de  MM.  Bavay,Dautzenberg, 
Guiart,  Hérouard,  Hérubel,  Joubin,  xMarchal  et  Trouessart,  les 
Membres  présents  décident  de  décerner  à  Sa  Majesté  Dom  Carlos  1^1-, 
roi  de  Portugal,  le  titre  de  Membre  honoraire  de  la  Société  Zoolo- 
gique de  France.  Le  diplôme  lui  en  sera  remis  à  l'occasion  de  sa 
visite  au  Muséum. 

M.  le  Secrétaire  général  annonce  que  l'Assemblée  générale  de 
février  aura  pour  Président  d'Honneur  le  professeur  Sharp,  du 
Musée  d'Histoire  naturelle  de  Londres.  La  conférence  sera  faite  par 
M.  Gruvel. 

M.  le  Président  annonce  que  le  Cours  d'Océanographie,  fondé  à 
Paris  par  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco,  a  été  inauguré  le  il  novem- 
bre en  la  présence  du  Président  de  la  République.  Les  conférences 
ultérieures  auront  lieu,  49,  rue  des  Saints-Pères,  le  samedi  à 
9  heures  du  soir  et  dans  l'ordre  suivant  : 

MM 

Samedi  18  novembre Seurat 

Samedi  2o  novembre Joubin 

Samedi     2  décembre Seurat 

Samedi    9  décembre D^  P.  Portier 

Samedi  1(3  décembre A.  Berget 

Samedi  23  décembre Joubin 

Samedi    6  janvier D'  P.  Portier 


143  SÉANCE   DU    14    NOVEMBRE    1905 

Samedi  13  janvier A.  Berget 

Samedi  20  janvier Joubin 

Samedi  27  janvier D''  P.  Portier 

Samedi    3  février Mangin 

Samedi  10  février Berget 

Samedi  17  février Joubin 

Samedi  24  février D^"  P.  Portier 

Samedi     3  mars A.  Berget 

Samedi  10  mars Joubin 

Samedi  17  mars D''  P.  Portier 

M.  le  D''  Trouessart  fait  une  communication  sur  les  collections 
de  Mammifères  et  d'Oiseaux  dans  les  Musées  d'Histoire  naturelle. 

M.  le  D''  Guiart  présente  le  crâne  d'un  Chien  qui  a  subi  dans  son 
jeune  âge  des  multilations  ne  pouvant  guère  s'expliquer  que  dans 
un  but  de  perversion  sexuelle. 

M.  le  professeur  Joubin  présente  un  animal  énigmatique,  péla- 
gique, recueilli  par  le  Prince  de  Monaco,  aux  Açores,  avec  le  lilet 
Richard,  entre  0  et  3.000  mètres. 

MM.  Dautzenberg,  (îuiart  et  Richard  sont  d'avis  qu'il  s'agit  d'un 
Mollusque  pélagique  et  probablement  d'un  Ptéropode. 

M.  Borcea  fait  une  communication  relative  à  un  mémoire  récent 
de  M.  Widakowich  sur  la  structure  et  le  fonctionnement  de  l'organe 
nidamentaire  chez  Scyllhim  canicula  (Zeitschrift  f.  iciss.  ZooL,  26 
sept.  190o).  Plusieurs  points  de  ce  mémoire  ont  été  mis  en  évidence 
et  publiés  antérieurement  par  lui  (voir  C.  B.  Ac.  Se,  Paris,  11 
janvier  1904  et /??///.  Soc.  ZooL  France,  24  mai,  1904),  tels  que  la 
sécrétion  muqueuse  des  tubes  glandulaires  intermédiaires  entre  la 
zone  albuminipare  et  la  zone  coquillière  etcelledeceux  delà  partie 
inférieure  de  l'organe.  Mais  M.  Rorcea  ne  considère  pas  ces  tubes 
glandulaires  comme  constituant  des  zones  à  part,  parce  que  chez 
plusieurs  Plagiostomes,  toute  la  zone  albuminipare  présente  les 
caractères  de  la  mucine  et  les  tubes  de  la  partie  inférieure  de  l'or- 
gane nidamentaire  sont  loin  de  présenter  la  même  importance 
que  ceux  des  autres  zones.  Contrairement  à  Widakowich,  il  soutient 
que  les  tubes  glandulaires  de  l'organe  peuvent  être  considérés 
comme  appartenant  à  la  muqueuse  de  l'oviducte,  de  la  même 
manière  que  les  plis  et  les  lamelles  (le  développement  confirme 
cette  manière  de  voir);  de  même,  les  filaments  de  la  coque  se  for- 
ment au  niveau  des  enfoncements  semi-lunaires  des  bandes  trans- 
versales.   Enfin,  le  cas  de  conformation  anormale   cité,   cas  dans 


SÉANCE   DU    14   NOVEMBRE    1905  144 

lequel  un  organe  nidamentaire  avait  fonctionné  normalement,  tout 
en  étant  en  solution  de  continuité  avec  l'oviducte  supérieur,  ne  peut 
pas  appuyer  l'opinion  de  Widakowich  suivant  laquelle  l'entrée  en 
tension  de  l'organe  nidamentaire,  pendant  son  fonctionnement, 
serait  sous  la  dépendance  de  l'afllux  de  sang  dans  des  lacunes 
situées  dans  l'épaisseur  de  la  paroi  de  l'oviducte  supérieur  et  de 
l'oviducte  inférieur. 


NOTES  ORNITHOLOGIQUES 
par  E.  PEIGNON 

Parmi  les  Oiseaux  que  possède  le  département  de  la  Vienne,  je 
crois  intéressant  de  signaler  aux  Ornithologistes  les  espèces  sui- 
vantes, qu'on  y  observe  plus  ou  moins  rarement. 

Aigle  pygargue,  Haliœius  albicilla,  Leach.  —  Est  rencontré  acci- 
dentellement. Un  jeune  mâle  me  fut  apporté  vivant  en  novembre 
1904.  D'après  Mauduyt,  une  femelle  de  cette  espèce  fut  capturée 
vivante,  sur  son  nid,  dans  la  forêt  de  Lussac,  en  juin  1829. 

Balbuzard  tluviatile,  Pandion  haliœtits  Lesson. —  Assez  rare,a  été 
tué  à  Chauvigny,  Gençais,  la  Roclie-Posay. 

Circaète  Jean  le  blanc,  Circaètus  gallkus  Vieillot.  —  Sédentaire 
dans  notre  département  ;  quelques  individus  sont  tués  chaque 
année  en  forêt  de  Moulière,  où  ils  nichent  régulièrement. 

RoUier  ordinaire,  Coracias  garrula  Linn.  —  Mon  père  a  noté  la 
capture  d'un  Oiseau  de  cette  espèce,  faite  en  187S,  en  forêt  de  Mou- 
lière. 

Guêpier  vulgaire,  Merops  apiaster  Linn. —  Une  bande  d'une  ving- 
taine de  ces  Oiseaux  resta  plusieurs  jours  autour  des  ruches  d'un 
instituteur  de  Migné-les-Lourdines, qui  en  tua  plusieurs  le  4  mai  1905. 

Tichodrome  échelette,  Tkhodroma  muraria  lUiger.  —  A  été 
observé  plusieurs  fois  au  printemps  et  à  lautomne,  à  Poitiers 
même,  sur  les  murailles  de  la  cathédrale. 

Casse-noix  vulgaire,  Aucifraga  cai'iocatactes  Tem.  — De  passage 
très  irrégulier  en  automne.  En  novembre  1902,  plusieurs  de  ces 
Oiseaux  ont  été  tués  dans  de  grands  bois,  près  de  Saint-Julien-l'Ars. 

Bec  croisé  des  Pins,  Loxia  curvirostra  Linné.  —  Passe  à  des  in- 
tervalles éloignés  en  troupes  nombreuses.  Des  passages  ont  été 
observés  en  juillet,  septembre,  novembre  et  mars. 

Plectrophane  des  neiges,  Plectrophanes  nwalis  Ney.  et  Wolf.  — 
De  passage  accidentel  dans  notre  département.  J'ai  conservé  plu- 


145  SÉANCE   DU    14   NOVEMBRE    190o 

sieurs  mois  en  cage  un  beau  spécimen  de  l'espèce,    pris  au  trébu 
chet,  en  janvier  1902,  dans  les  faubourgs  de  Poitiers. 

Traquet  oreillard,  Saxicola  anrita  Temminck.  —  Se  montre 
accidentellement  en  Poitou.  Figure  dans  plusieurs  collections 
ornithologiques  de  la  région. 

Jaseur  de  Bohême.  Ampelis  garndus  Linné.  —  N'a  été  tué  qu'une 
seule  fois  à  ma  connaissance,  en  1866. 

Syrrhapte  paradoxal,  Syrrhaptea  paradojois  Licht.  —  Une  collée 
tion  de  Poitiers  possède  un  exemplaire  tué  en  1904,  le  seul  dont 
j'aie  entendu  parler. 

Outarde  barbue,  Otis  tarda  Linné.  —  Très  rare  dans  le  départe- 
ment. Une  fut  tuée  vers  1885,  près  de  Saint-Julien-l'Ars. 

Ibis  falcinelle.  Ibis  falcinelhis  Temminck.  —  Également  très  rare 
en  Poitou;  a  été  tué  le  l*"""  septembre  1902,  à  Gençais. 

Stercoraire  pomarin,  Slcrcnrarius  pomariims  Vieillot.  —  Je  n'ai 
eu  connaissance  que  d'une  seule  capture  d'un  jeune  individu, 
faite  en  1902,  à  Neuville,  où  il  s'était  abattu  sur  des  cadavres  de 
jeunes  Lapins. 

Labbe  cataracte,  Stercorarius  cataractes  Vieillot  ex  Linn.  —  Un 
Oiseau  de  cette  espèce  fut  tué  en  1904,  sur  les  rives  du  Clain,  à 
Iteuil. 

Bernache  cravant,  Bernicla  brenta  Steph,  — De  passage  acciden- 
tel aux  époques  de  grands  froids;  a  été  tuée  en  janvier  1905,  sur  le 
Clain,  dans  la  ville  même  de  Poitiers. 


NOTE  SUR  UN  NÉMERTIEN  RECUEILLI  AU  TONKIN 
PAR  M.  L.  BOUTAN 

PAR 

L.  JOUBIN 

professeur  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris. 

Parmi  les  animaux  que  m'a  récemment  envoyés  du  Tonkin 
notre  confrère  L.  Boutan,  directeur  de  la  Mission  permanente  en 
Indo-Chine,  se  trouve  une  Némerte  d'assez  grande  taille  qui  pré- 
sente quelques  particularités  intéressantes. 

L'animal  a  été  trouvé  le  13  juillet  1905,  dans  la  baie  d'Along,  à 
la  pointe  du  Talus,  à  marée  basse,  sur  le  sable  humide,  près  du 
rivage.  Lorsqu'il  était  vivant,  l'animal  mesurait  environ  25  centi- 
mètres de  long  et  un  centimètre  de  largeur  maximum.  La  conser- 
vation dans  l'alcool  l'a  fait  diminuer  d'un  quart  environ. 


SÉANCE    DU    li    NOVEMBRE    1903 


14o  bis 


M.  BouTAX  ma  C()iiimuiii(|ué  quelques  indications  de  forme  et  de 
couleur  prises  sur  lécliantillon  frais,  ce  qui  a  une  jurande  impor- 
tance, car  son  séjour  dans  l'alcool  la  presque  entièrement  décoloré 
et  a  beaucoup  modilié  la  disposition  des  plis  et  des  fentes  delà  tète. 

La  couleur  de  l'animal  frais  était  rose  saumon,  un  peu  plus  rose 
sur  la  face  ventrale,  un  peu  ])lus  saunion  sur  la  face  dorsale.  Cette 


B 


I 


\ 


Cerebratulus  velatus.  —  A.  Aspect  de  l'animal  vivant,  vu  par  la  lace  dorsale, 
de  grandeur  naturelle.  —  H.  La  tète  de  l'animal  vivant,  vue  de  prolil.  —  C.  La  tète 
vue  par  la  face  ventrale  dans  l'animal  conservi-.  —  T).  La  tt'te  vue  de  profil  chez 
l'animal  conservé.  —  E.  I^a  trompe  de  grandeur  naturelle. 


dernière  était  parcourue  par  trois  bandes  blanchâtres  longitudi- 
nales, lune  médiane,  les  deux  autres  marginales.  Les  deux  bandes 
saumon  alternent  donc  avec  les  trois  blanches  qui  sont  en  outre 
bien  plus  étroites. 

L'alcool  a  non  seulement  changé  la  coloration  générale,  mais 
encore  il  a  presque  effacé  les  bandes  blanches  marginales.  Celle 

Bull.  8oc.  Zool.  de  Kr.,  190.";.  xxxii  —  10 


\M\  SÉANCE   DU    14    NOVEMBHE    190."j 

du  milieu  a  complètement  (lis])aru  et  même  elle  est  remplaeée  j)ai' 
une  ligne  brunâtre  due  probaljlement  à  la  difïusion  du  pigment 
contenu  dans  le  liquide  de  la  gaine  ])roboscidienne  sous-jacente. 

La  tête,  d'après  le  croquis  de  M.  Boutan,  était  plate,  allongée, 
lancéolée  et  couverte  d'une  forte  tache  dorsale  de  pigment  noir; 
sur  les  bords  des  fentes  latérales  on  voyait  deux  lignes  noires 
onduleuses. 

Sur  l'échantillon  conservé,  la  tète  s'est  fortementconlractée  et  il 
s'est  produit  un  pli  profond  circulaire  qui  la  sépare  du  corps,  juste 
au-dessus  de  la  bouche.  11  est  fort  probable  que  cette  séparation 
n'était  pas  aussi  tranchée  sur  l'animal  frais. 

D'autres  plis  se  sont  également  produits  sur  la  tète;  ils  ont  dé- 
formé les  fentes  céphaliques,  qui  ne  sont  plus  conformes  aux  indi- 
cations de  M.  BoLTAX  ;  les  deux  lignes  noires  qui  les  bordent  ont 
disparu.  Je  crois  devoir  donner  un  dessin  de  face  et  un  autre  de 
prolil  de  la  tète  ainsi  modiliée  à  côté  du  dessin  qui  la  représente  à 
l'état  frais;  la  comi)araison  est  intéressante  et  peut  être  utile  pour 
la  détermination  ultérieure  d'autres  échantillons  conservés. 

Deux  détails  importants  se  remarquent  chez  cette  Némerte.  C'est 
d'abord  une  forte  tache  pigmentée  noirâtre  autour  de  l'orilice  de  la 
trompe,  au  point  de  rencontre  antérieur  des  deux  sillons  céphali- 
ques. L'orihce  qui  est  relativement  loin  en  arrière  de  la  pointe  de 
la  tète  et  qui  est  grand  le  })araît  encoi'e  plus  par  suite  de  cette  pig- 
mentation abondante  qui  l'entoure. 

C'est  ensuite,  au-dessus  de  l'orihce  buccal,  (|ui  est  relativement 
petit,  une  sorte  de  membrane  mince  et  transparente  tendue 
transversalement  qui  recouvre  la  commissure  supérieure  comme 
d'un  mince  voile.  Je  ne  connais  aucune  autre  Némerte  pourvue 
d'une  membrane  buccale  aussi  caractérisée.  L'intérieur  de  la 
bouche  est  garni  de  plis  radiés  très  nets  et  régulièrement  espacés. 

La  pigmentation  noirâtre  du  dessus  de  la  tète  euipèche  de  voir 
si  elle  porte  des  yeux. 

Le  corps  est  très  aplati,  un  peu  plus  saillant  sur  les  lignes  média- 
nes dorsale  et  ventrale,  de  sorte  que  sa  section  est  losangique, 
comme  c'est  d'ailleurs  la  règle  chez  les  formes  nageuses  côtières 
et  en  particulier  chez  les  Cerebratulus.  La  portion  terminale  du 
corps  est  plus  arrondie,  dépourvue  de  filament  caudal,  ce  qui  per- 
met d'écarter  cette  Némerte  du  genre  Mkrura. 

M.  BoiTAX  signale  la  trompe  comme  étant  énorme.  Je  n'ai  pu  en 
examiner  qu'un  fi-agment  ayant  .')  ou  (5  centimètres  et  qui  me 
parait  en  être  la  moitié. 


SÉANCE    DU    li    .NOVEMBRE    190.')  147 

l*ar  sa  loriiie  générale,  celle  de  sa  seelioii  transversale,  son  ha- 
bitat, ses  bandes  marginales,  la  forme  de  sa  tète,  cette  Némerte 
a[)partienl  certainement  au  genre  Cerebratulus  et  elle  se  rapproche 
du  groupe  dont  C.  marginatus  est  la  forme  type. 

Je  crois  devoir  en  faire  une  espèce  nouvelle,  à  laquelle  je  donne 
le  nom  de  Cerebratulus  velatus. 


Séance  da  !2S  iiocembrc  l'JOJ. 

PKÉSIDENCE    \)L    l'KUl' ESSEUll    JOLBIX,    l'UÉSIDENT. 

M.  HéruLel  sexcuse  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance. 

M  le  Président  annonce  le  décès  de  M.  (î.  Lexnieh,  directeur  du 
Musée  dliistoii'e  naturelle  du  Havre. 

Il  adresse  les  félicitations  de  la  Société  à  M.  F'red  Vlès,  nommé 
pré])arateur  de  Zoologie  à  la  Faculté  des  sciences  de  Paris  (labora- 
toire de  RoscolT)  ;  à  M.  de  Beaichami',  lauréat  de  la  Faculté  de  Méde- 
cine de  Paris  (médaille  d'argent)  i)our  sa  tlièse  sur  les  Cestodesdes 
Sélaciens  ;  à  M"''  Loyez,  reçue  docteur  devant  la  Faculté  des 
sciences  de  Paris,  avec  une  thèse  sur  les  œufs  méroblastiques  à 
vitellus  abondant. 

M.  DE  Re.nessr  de  Dlivexbode,  présenté  à  la  précédente  séance, 
est  proclamé  Membre  de  la  Société. 

M.  Bavay,  en  son  nom  et  au  nom  de  M.  Tillier,  fait  une  commu- 
nication sur  la  répartitiou  des  Mollusques  testacés  dans  le  canal 
de  Suez. 

M.  le  1)1'  Troiessart  donne  lecture  de  la  communication  sui- 
vante de  M.  (îalien  Mixgaid,  conservateur  du  Musée  de  Nîmes  : 

((  Jai  eu  en  mains,  le  l.')  octobre  190."),  un  Eider  mâle  jeune,  cap 
turé  en  Camargue,  sur  les  bords  de  la  mer,  près  les  Saintes-Mariés. 
Cet  Oiseau  était  d'une  maigreur  extrême.  Il  fut  pris  à  la  main  par 
une  personne  qui,  le  voyant  épuisé,  sélança  à  sa  poursuite  et  fut 
assez  heureuse  pour  l'attraper.  Ce  Canard  fut  apporté  aux  Saintes- 
Mariés  où  aucun  des  vieux  chasseurs  ne  le  reconnut.  C'est  alors 
qu'un  de  mes  amis,  archéologue  et  peintre  distingué,  M.  Ivan  Pra 
nishnikofï.  me  l'envoya  pour  en  savoir  le  nom. 

((  La  capture  d'un  Eider.  dans  la  première  ([uinzaine  d'oclobi'e, 
est  un  fait  des  plus  rares  pour  la  région  méditei'ranéenne.  II  y  a 
trois  ans,  en  1902,  aux  mois  de  novembre  et  décembre,  par  des 
températures  de  .">  et  7  degrés  au-dessous  de  0,  deux  Eiders  jeunes 
furent  tués  surlesbordsdu  Petit  Rhône,  près  Saint  Gilles  (dard).  » 

M.  DE  Real'c.ha^u'  rend  comjjte  du  premier  Co/<///v'.s- /'(v/r/Y////'////t'r- 
it al ional  d' A iialomie,  ienu  îx  (ienève  du  (1  au  Kl  août  190.").  11  était 
formé  jiar  la  réunion,   i)Our  une  séance  générale  simultanée,  de 


SRAXCR  Dr  2S  XOVRMRMK    I  !)().')  11!) 

ciiuj  sociétés  :  Anatomical Society  of  (jrfat  Britain  and  Iroland,  Ami- 
tomische  Gesdlschaft,  Aitaociationdes  Anatomistes,  Association  of  Ame- 
rican Anatomits,  et  Unione  Zoologica  Italiana,  dont  les  bureaux  réunis 
formaient  le  bureau  du  Congrès  et  dont  les  présidents  fonction- 
naient à  tour  de  rôle.  Vn  bureau  et  un  comité  local  avaient  été 
constitués  sous  la  présidence  du  iirofesseur  Etf.rnod,  tous  les 
professeurs  suisses  d'anatouiie  avaient  adhéré  et  les  anatomistes 
non  membres  d'une  des  Sociétés  fédérées  étaient  cordialement 
invités.  Plus  de  tiois  cents  conjuressistes  étaient  réunis  à  (lenève, 
parmi  lesquels  la  Société  Zooloi^ique était  représentée  par  Mi''^^  Fol 
et  Lovez,  MM.  dk  Bi:aicha.\ip,  Bedot,  BuGNmN,  Field.  Kuxstler, 
Lauxois  et  Toi'HNEL'x.  Durant  les  quatre  journées  du  Congrès,  les 
communications  eurent  lieu  le  matin  dans  VAula  de  l'Université,  les 
démonstrations  l'a  près-midi  dans  le  bâtiment  de  l'Ecole  de  Médecine, 
où  était  égaleuient  organisée  une  exposition  des  industries  se  rap- 
portant aux  sciences  anatomiques. 

Le  mardi  H  août  eut  lieu  à  l'Université  linauguralion  du  busle 
du  professeur  H.  Fol.  Des  discours  furent  prononcés  par  soji  ancien 
collaborateur,  M.  Sarasin.  au  nom  du  comité  du  monument;  par 
M.  le  conseiller  d'Etat  Mussard,  au  nom  de  l'Elat  el  de  la  Ville  de 
(ienève;  par  M.  Martin,  recteur  de  l'Université,  au  nom  decelleci  ; 
par  le  professeur  Waldeyer  au  nom  de  la  science  allemande.  Tous 
retracèrent  la  carrière  du  savant.  Enfin  M.  Henneguy  apprécia  ses 
travaux  et  sut  revendi((uer  la  part  de  la  France,  avec  laquelle 
H.  Fol  avait  tant  de  liens.  Une  couronne  a  été  également  déposée 
au  monument  récemment  inauguré  de  Michel  Serveï. 

Parmi  les  nombreuses  communications,  pour  la  plupart  d'inté- 
rêt zoologique,  ([ui  ont  été  produites,  je  ne  citerai,  en  raison 
de  leur  intérêt  général,  que  trois  motions  :  vœu  du  professeur 
Prex.\nt  tendant  à  perfectionner  le  mode  de  pul)lication  des  docu 
ments  anatomi(iues  :  vœu  deM  .Chaîne  tendantà  la  nominationd'une 
commission  chargée  d'établii-  une  nomenclature  myologique  uni- 
verselle, applicable  dans  toute  la  série  des  Vertébrés;  vœu  du  pro- 
fesseur Renaut  tendant  à  cequ'à  l'avenir,  pouréviterFécourtement 
des  communications  et  de  la  discussion,  dont  on  a  vu  les  fâcheux 
résultats,  les  premières  fussent  imprimées  etdistribuéesà  l'avance. 

Tous  nos  remerciements  à  M'"''  Fol,  à  MM.  Bugnion  et  Eterxod, 
ainsi  qu'à  tout  le  comité  local,  à  l'Association  des  intérêtsdeGenève, 
à  l'Etat  et  à  la  Ville,  pour  les  fêtes  et  réceptions  aussi  brillantes  que 
cordiales  dont  ont  bénéhciéles  congressistes,  qui  tous  emportèrent 
de  cette  réunion  le  meilleur  souvenir. 


|,")()  SÉANCE  l)[J  i(S  NdVEMRIîK    lilO.'i 

INTÉSESSANTE  CAPTURE  ORNITHOLOGIQUE  AUPRÈS  DE  SAINT-OMER 

(Pas-de-Calais) 

PAR 

Charles  VAN  KEMPEN 

J'ai  eu  la  bonne  fortune  de  trouver,  au  marché  de  Saint-Omer.  un 
Palmipède  tué  le  2.',')  mars  190."),  sur  un  élani>\  dans  nos  marais  et 
qui  n'avait  jamais  été  signalé  dans  notre  dé|)artement.  C'est  une 
Oie  d'EgT]»te  femelle,  adulte,  en  j)himage  de  noces,  CJienalope.r 
vegyptiaca  Linn.  Klle  était  seule  et  aucun  autre  sujet  ne  laccom- 
gnait.  Cette  espèce  passe  régulièrement  en  (îrèce  et  sur  la  mer 
Noire;  accidentellement  en  France,  en  P)elgifpie.  en  Angleterre  et 
en  Allemagne.  M.  de  Norcuet,  dans  son  catalogue  très  com 
plet  des  Oiseaux  du  nord  de  la  France,  paru  en  18(5;'),  ne  cite  l'Oie 
d'Egypte  que  parmi  les  races  domestiques.  Marcotte,  en  lS(iO,  dans 
les  Veilébrés  del'arrondissement  d'Abbeville.  n'en  faitpasmenlion. 
J'avais  d'abord  cru  que  cet  Oiseau  avait  pu  s'échapper,  soit  d'un 
Jardin  d'acclimatation,  soit  d'un  i)arc  particulier;  mais  après  un 
examen  approfondi,  j'ai  conclu  que  cette  Oie  était  un  individu  sau- 
vage; car,  lors(|ue  l'on  tient  des  Palmipèdes  peu  familiers  en  cap- 
tivité, on  les  éjointe  toujours  afin  d'éviter  qu'ils  ne  s'envolent;  en- 
suite les  ongles  des  j)attes  sont  usés  chez  les  Oiseaux  qui  n'ont  pas 
leur  entière  liberté,  à  cause  de  leur  séjour  sur  la  terre,  tandis  ([ue 
ma  femelle  les  a  longs  et  aucunement  détériorés. 

Je  ne  connais  qu'une  paire  adulte  d'Oies  d'Egypte,  tués  en  chasse, 
dans  les  collections  ornithologiques  du  Pas-de-Calais.  Elle  se  trouve 
chez  M.  Le  Sergeant  de  Bayenghem,  au  Château  d'Upen  près 
de  ïhérouanne;  elle  a  été  capturée  au  Crotoy,  en  novembre    190(1. 

Ee  très  riche  cabinet  ornithologique  de  M.  de  Bavenghem,  trop 
peu  connu,  contient  des  raretés,  jjarfaitement  empaillées  par  leur 
possesseur,  entre  autres,  provenant  de  noire  région  et  de  la  baie 
de  Somme  :  l'Epervier  majeur  {Accipiter  major  Degl.)  ;  le  Milan  noir 
(Milvïis  ater  Linn.);  la  Buse  vulgaire  [Buteo  imlgaris  Linn.)  et  la  Buse 
l)attue  (Archibuteo  lagopus  Brùnn.)  en  superbes  variétés;  le  Canard 
|)ilet,  cf,  adulte  {Anas  muta  Linn.)  variété  albine;  la  Macreuse 
l»rune  (Oïf/emiff /"?/sca.  Linn.)  variété  avec  la  tète  et  la  couverture 
des  ailes  blanches;  de  magnifiques  Echassiers  et  Palmi|)èdes  en 
complet  plumage  de  noces,  qui  arrêtent  l'attention  des  visiteurs, 
ainsi  (|u"un  grand  nombre  d'autres  pièces,  qu'il  serait  (l'oplong  de 
citer. 


SKANCIi  1)1    2S  NONEMBHi:   llM),i  l.'il 

FLAMANT  ROSE  (PHiENlCOPTERUS  ROSEUS  Pall.) 
TUÉ  PRÈS  DE  DUNKERQUE. 

PAR 

Ch.  VAN   KEMPEN 

l'u  Oiseau  excessivement  rare,  et  dont  la  capture  est  tout  à  fait 
fortuite  dans  notre  région  a  été  tué  le  18  octobre  190;'»  à  Saint-Pol, 
près  de  Dunkerque.  C'est  un  Flamant  rose  {[^hœnicopterus  ^o.sr?^s 
Pall.)  adulte.  Ce  Palmipède,  commun  en  Afrique,  se  rencontre  dans 
le  midi  de  la  France,  nuus  accidentellement  dans  le  nord,  où  Ion 
ne  cite  que  deux  ou  trois  exemplaires  provenant  de  nos  dépar- 
tements. 


REMARQUE  SUR  UNE  INCUBATION  DE  BUSES  VULGAIRES 
{BUTEO  VULGARIS  Linn.) 

PAR 

Ch.  VAN   KEMPEN 

Un  de  mes  amis,  chasseur  passionné,  me  racontait  dernièrement 
la  remarque  suivante,  qui  me  paraît  intéressante  à  noter.  Au  prin- 
temps dernier  son  attention  avait  été  attirée  par  une  paire  de  Buses 
vulgaires  [Buîeo  vulgarh  Linn.),  qui  établissait  son  nid  au  sommet 
d'un  Chêne.  Lorsque  la  femelle  se  mit  à  couver,  il  la  tua;  le  lende- 
main, passant  par  le  même  endroit,  il  aperçut  un  second  Oiseau  sur 
le  nid,  il  le  tira  et,  en  le  dépouillant,  il  constata  avec  surprise,  que 
c'était  une  seconde  femelle.  Le  mâle  l'aura  sans  doute  décidée  à 
remplacer  sa  compagne  morte  et  elle  accomplissait  sa  besogne  cons- 
ciencieusement. Pensant  le  nid  abandonné,  le  chasseur  fut  ([uel- 
ques  jours  sans  venir  dans  la  région  où  se  trouvait  le  nid  ;  aussi, 
fut-il  fort  étonné,  quand  il  y  passa,  d'apercevoir  une  troisièmeBuse 
sur  les  œufs.  C'était  le  mâle,  qui,  il  faut  le  présumer,  n'ayant  pas 
trouvé  de  troisième  femelle,  avait  pris  le  parti  de  mener  à  bien  sa 
couvée,  ce  qu'il  ne  put  faire,  car  une  balle  vint  mettre  fin  à  son 
projet. 


MÉTHODES  NOUVELLES  POUR  RÉUNIR  ET  CONSERVER  LES 
COLLECTIONS  DE  PETITS    MAMMIFÈRES. 

PAR 

le  D'  E.  TROUESSART 

Par  suite  des  exigences  de  la  science   moderne,   la   manière  de 


152 


sl':ax(:e  du  2.8  novembre  1905 


former  et  de  conserver  les  collections  de  INIainmifères  s'est  com- 
plètement modifiée  depuis  30  ans. 
A  côté  des  collections  de  Mammifères  montés  exposés  dans  les 


Fiii.  1. 


—  Potils  Mainiiiifcros  (Rondeur  cl  Chauve-Souris),  préparcs  suivant 
la  méthode  anuTicaiiic  jioui'  les  colleetions  de  Laboratoire. 


j^aleries  i)uljliques.  on  exii;e  aujourd'liui  des  collections  beaucoup 
plus  nombreuses  de  Mammifères  en  peaux.  Les  premières   sont 


SKANr.F,  i»r  2S  .\()vi;miîhk   lilO."»  lo.'H 

destinées  à  la  vulgai-isalioii  des  notions  de  Zooloi^ie  parmi  les  gens 
du  monde,  et  pour  cela  quelques  types  de  chaque  genre,  choisis 
parmi  les  espèces  les  plus  répandues,  suffisent  largement.  Les 
autres,  au  contraire,  sont  destinées  à  servir  aux  études  des  natu- 
ralistes de  profession  et  doivent  rester  dans  les  laboratoires,  où  ]iar 
leur  nature  même  (peaux  plates  ou  très  légèrement  bourrées), 
elles  tiennent  peu  de  [jlace  dans  les  tiroirs  et  les  carions.  Ces  spé- 
cimens doivent  être  aussi  nombreuxqne  possible,  afin  (jue  Ton  puisse 
étudier  l'espèce  dans  les  deux  sexes,  à  tous  les  Ages,  dans  toutes  les 
saisons  et  sur  tous  les  points  de  sa  répartition  géographique. 

Ceci  ne  peut  pas  toujours  s'appliquer  aux  .grandes  espèces,  trop 
difliciles  à  se  procurer  et  trop  encombrantes,  mais  s'applique  très 
facilement  aux  petites  espèces,  qui  représentent  plus  des  trois 
quarts  de  la  classe  des  Mammifères,  et  qu'on  peut  se  procurer  en 
nombre  et  très  aisément  au  moyen  de  pièges  très  simples  tendus 
pendant  la  nuit. 

Les  naturalistes  américains  sont  entrés  les  premiers  dans  cette 
voie:  aujourd'hui,  dans  les  grands  musées  de  Washington,  de 
New-York  et  de  Chicago,  il  est  telle  espèce  de  petit  Rongeurqui  est 
représentée  par  plus  de  300  spécimens,  provenant  de  tous  les 
points  du  vaste  territoire  des  Etats-Unis.  Ces300  spécimens  en  peau, 
rangés  méthodiquement  sur  plusieurs  épaisseurs,  dans  un  tiroir 
ou  un  carton,  tiennent  peu  de  place,  tandis  que,  montés*  ils  occu 
peraient  un  espace  énorme  dans  les  galeries,  tout  en  devenant 
beaucoup  moins  propres  à  l'étude. 

Si  l'espèce  est  très  disséminée  et  comprend  plusieurs  sous-espè- 
ces, le  nombre  des  spécimens  augmente.  11  n'est  pas  rare  de  voir  un 
type  spécifique,  avec  ses  sous-espèces,  représenté  par  1.000  à  1.200 
spécimens. 

Lorqu'on  a  besoin  détudierces  spécimens,  rien  de  plus  facile  que 
de  les  étaler  sur  unegrandetableoùonles passe facilementenrevue. 

Ces  collections  s'accroissent  continuellement  par  des  échanges. 
Mais  pour  que  ces  échanges  soient  possibles  et  vraiment  utiles, 
il  est  indispensable  que  les  peaux  soient  préparées  suivant  une  méthode 
toujours  la  même  et  qui  permette  de  placer  un  spécimen  nouveau  dans 
la  collectio7i,  saïis  qu'il  y  fasse  tache  par  sa  préparation  défectueuse  ou 
son  attitude  irrégulière,  comme  c'était  presque  toujours  le  cas  avec 
les  anciens  procédés  de  taxidermie. 

Pour  arriver  à  ce  résultat,  les  musées  ont  édité  de  petites  bro- 
chures, avec  figures,  indiquant  en  quelques  pages  les  procédés  les 
plus  simples  pour  préparer  les  peaux  et  pour  les  disposer  dans 


l.")'!  SÉANCE  Di:  28  NOVEMBRE  1903 

rattitiide  requise  et  toujours  la  même,  qui  permet  de  classer  le 
spécimen  immédiatement  à  la  place  qui  lui  convient  dans  la 
collection,  sans  être  forcé  de  le  ramollir  pour  lui  donner  une 
meilleure  position. 

Ces  brochures,  répandues  à  profusion  sur  le  vaste  teri'itoire  des 
Etats-Unis,  parmi  les  correspondants  de  tout  genre,  voyageurs- 
naturalistes,  marchands  naturalistes,  instituteurs  primaires,  agents 
forestiers,  ont  formé  d'excellents  taxidermistes,  ([ui  rendent  aujour- 
d'hui à  la  science  des  services  incalculables. 

Le  département  de  la  Mammalogie  du  British  Muséum  de 
Londres  est  entré  dans  la  même  voie  en  éditant  une  courte  Notice 
(pii  donne,  en  deux  pages,  tous  les  renseignements  nécessaires 
pour  |)réparer  correctement  une  peau  de  petit  Mammifère  et  la 
placer  dans  l'attitude  qui  lui  permet  de  prendre  place  immédiate- 
ment dans  les  collections  de  cet  établissement  (je  reproduis  ci- 
après  le  texte  de  ce  document). 

C'est  une  erreur  absolue  de  croire  que  la  faune  mammalo- 
gique  de  la  France  soit  actuelleiuent  bienconnue:  c'estle  contraire 
qui  est  vrai.  Tout  est  à  faire  dans  cette  voie,  même  après  les  travaux 
de  Gerbe  qui  datent  de  ."iO  ans  (1). 

Des  Américains  et  des  x\nglais,  venus  eu  France  en  simples 
touristes,  ont  découvert  des  espèces  de  Mammifères  nouvelles 
dans  les  Alpes  et  les  Pyrénées  françaises  ! 

J'ai  donc  raison  de  dire  qu'il  n'est  pas  besoin  d'explorations 
lointaines  richement  subventionnées  pour  enrichir  nos  collections 
nationales.  En  intéressant  à  ce  genre  de  recherches,  par  une 
connaissance  exacte  des  faits  et  par  la  distribution  de  la  feuille  ci- 
après,  les  instituteurs,  les  marchands-naturalistes,  les  gardes- 
forestiers  et  jusqu'aux  simples  taupiers,  on  formerait  sur  le  terri- 
toire de  notre  belle  France,  aux  sites  si  variés,  tout  un  réseau  de 
taxidermistes  bien  stylés,  qui  réuniraient  pour  nous  des  collections 
d'un  prix  inestimable.  D'abord  elles  nous  feraient  connaître  une 
faune  qui  nous  est  moins  familière  que  celle  du  Congo  ou  de 
Madagascar;  puis  elles  nous  permettraient  de  faire  avec  l'Amé- 
ri(|ue  et  les  auti'es  régions  de  l'Europe  des  échanges  excessivement 
fructueux  |)Our  nos  propres  collections. 

La  dépense,  en  tous  cas,  serait  excessivement  minime,  surtout 
si  des  distinctions  honorilîques,  accordées  avec  discernement, 
montraient  à  nos  instituteurs  primaires,  si  modestes  et  si  dévoués 

(Il  l^'llo  de  Corso,  notammont,  aurait  besoin  d'une  exploration  scientifique  qui 
n'a  jamais  été  faite  et  qui  donnerait  très  probalîlenient   des  résultats  inattendus. 


SKA.Xr.K  1)1"  iS  NOVKMHRE  190.") 


loo 


Ja  valeur  (jne  nous  atlaclions  à  leur  précieux  concours.  Les  résul- 
tats obtenus  par  les  Musées  scolaires  que  l'on  a  pu  voir  aux  diver- 
ses expositions  prouvent  que  le  projet  exposé  ici  est  réalisable. 

La  Notice  qui  suit  a  été  rédigée  en  Anglais  par  M.  Oldfield 
Thomas,  premier  Assistant  de  Mammalogy  au  Bristish  Muséum, 
en  ISDij.  Je  lai  traduite  en  français,  sur  sa  demande,  atin  qu'on 
])uisse  la  dislribuei'  dans  ions  les  jiays  où  l'on  parle  notre  langue. 

Instructions  pour  préparer  les  petits  Mammifères  en  peaux  (1). 

I.  —  Lanimal  fraîcbement  tué  étant  placé  devant  vous,  écrire 
l'étiquette.  Celle-ci  doit  porter  un  numéro  d'ordre,  la  localité,  l'alti- 
tude au-dessus  de  la  mer.  le  sexe,  la  date  et  les  mesures  suivantes. 


/)■  T'^ouessarl 


wmf/a^//j!v/y^jm'y^/^yyy^//yAy^/^yA)m^^^^ 


V\'^.  2.  —  Petit  .Mammifère  (lionaeur),  préparé  d'après  l'instruction  du  lirdi^h 
Mitiieuiii  de  Londres,  pour  les  collections  de  Laboratoire;  mesure  de  l'oreille,  de 
la  queue  et  du  pied  à  l'aide  du  compas. 

en  millimètres,  piises  sur  l'animal  en  cbair  :  longueur  1"  de  la  tète 
et  du  corps  ;  2"  de  la  queue  sans  la  toufïe  de  poils  terminale  ;  3"  du 
pied  postéiieur  sans  les  ongles  ;  et  4°  de  l'oreille,  de  l'échancrure 
de  la  base  à  la  pointe.  (Ces  mesures  sont  prises  à  l'aide  d'un  compas 
que  l'on  reporte  sur  une  règle  divisée  en  millimètres.)  Pour  les 
deux  premières  mesures,  le  corjts  doit  être  étendu  (sur  la  table) 
autant  (juil  est  ytossible  :  la  queue  doit  être  redressée  à  angle  droit 
avec  la  ligne  du  dos  et  les  mesures  doivent  être  pinses  à  partir  de 
l'angle  ainsi  formé.  (Voyez  les  figures.)  L'étiquette  portera  en  outre, 

(I)  En  hiver,  les  animaux  fraîchement  tués  peuvent  voyager  sans  être  préparés, 
(liiand  la  distance  n'est  pas  considérable  ;  il  suffît  d'ouvrir  l'abdomen  et  d'en 
retirer  les  viscères.  — Les  Chauves  souris  vivante><  voyai^ent  très  facilement  en 
toute  saison. 


1;)() 


sKANci':  ur  ÎH  novk.mhue  !!)(>.") 


de  l'autre  côté,  toutes  les  notes  nécessaires  pour  bien  préciser  la 
localité  où  le  spécimen  a  été  pris. 


EXKMI'LE    dEtIOCETTE. 


RECTO 


VERSO 


à" 


Q  "V         (Kspacc  pour  li'  nom  soienlifique). 

\  Corzt'  (M.-et-Loire)        Si(|ii,iliin' 


o    S 


\_ 


Prairies  au  bord  du  Loir. 
I.~i00 


2. 
4. 


40 
10 


(['ii'(jf  il  rcssiiiij 


Il  importe  que  la  place  des  diverses  indications,  la  façon  d'écrire 
les  dates  et  la  direction  de  la  légende  (en  partant  de  la  ticelle) 
soient  exactement  comme  dans  l'exemple  ci-dessus,  de  manière 
que  des  peaux  d'origine  dilïérente  soient  toutes  étiquetées  de  la 
même  uianière. 

II.  —  Ouvrez  la  peau  en  coupant  le  ventre  depuis  l'extrémité  du 
sternum  jusqu'à  l'anus  ;  séparez  à  droite  et  à  gauche  les  membres 
postérieurs  et  coupez  les  pattes  à  l'articulation  du  genou  ;  nettoyez 
les  os  de  la  jambe  des  principaux  muscles  et  séparez  la  peau  jus- 
qu'à la  queue.  Alors  saisissant  solidement  la  peau  à  la  base  de  la 
(jueue  entre  l'ongle  du  pouce  et  celui  de  l'index,  ou  en  se  servant  de 
la  fourche  d'un  bâton  fendu,  on  dépouille  les  vertèbres  caudales  à 
l'aide  de  cette  pince  ;  on  renverse  la  peau  par  dessus  la  partie  anté- 
rieure du  corps,  pour  dépouiller  les  épaules  et  la  tête;  on  sépare 
les  pattes  antérieures  au  coude  et  l'on  prend  grand  .soin  de  ne  pas 
couper  la  peau  lorsqu'elle  passe  par-dessus  les  yeux  ;  la  peau  est 
enfin  complètement  séparée  de  la  bouche  en  coupant  avec  soin 
tout  autour  des  lèvres.  Pendant  toute  cette  opéi-ation.  de  la  sciure 
de  bois  très  fine  est  d'une  grande  utilité  pour  garder  les  uinins,  et 
par  suite  le  pelage  de  l'animal,  secs  et  sans  souillures. 

III.  —  Nettoyez  avec  de  la  .sciure  de  bois  la  face  interne  de  la 
peau  du  sang,  de  la  graisse,  etc,  puis  enduisez-la  partout  de  savon 
arsenical  (1),  en  prenant  soin  toutspécialementd'en  enduire  l'inté- 
rieur des  membres.  On  ne  doit  mettre  aucun  poison,  ni  particu- 
lièrement de  la  poudre  d'arsenic,  sur  les  faces  externes  de  la  peau. 
Mais  le  poivre,  la  naphtaline,  le  camphre,  peuvent  servira  préserver 
les  peaux  des  Teignes  pendant  le  voyage. 

IV.  —  On  retourne  la  peau  le  poil  en  dehors,  et  l'on  remplit  la 


(1)  Dans  les  climats  humides  l'acide  arsénieux  en  poudre  doit  servir  à  séclier 
les  peaux,  mais  il  faut  éviter  d'en  respirer  pendant  l'opération  et  d'en  répandre 
sur  le  cùti'  poilu  de  la  peau. 


SÉANCt:  UC  2(S  NOVKMlîlti;  lUO.'i  l.")7 

cavité  du  corps  avec  de  l'ouate  de  coton,  que  l'on  introduit  antant 
(|ue  possible  d'une  seule  pièce  ;  on  peut  encore  renverser  la  peau 
|)ar-dessus  louate  en  poussant  la  pince  par  dessus  la  face  poilue 
de  la  peau  depuis  lextréniité  de  la  queue,  et  saisissant  la  masse  de 
coton  par  la  bouche.  (Dans  les  climats  troi)icaux  on  peut  verser  sur 
le  coton  (|uelques  gouttes  d'acide  phénique  ou  d'un  autre  désin- 
fectant pour  écarter  les  Insectes.)  On  prendra  soin  de  remplir  la 
peau  sans  la  bourrer  outre  mesure  et  Ion  s'appliquera  à  remplir 
toutes  les  peaux  d'une  façon  égale.  Prenant  alors  until  de  fer  droit 
assez  long-  pour  aller  de  l'ouverture  antérieure  du  ventre  au  bout 
de  la  ({ueue,  et  l'aiguisant,  au  besoin,  à  l'une  de  ses  extrémités, 
on  l'entoure  d'une  spirale  de  coton  suffisante  pour  remplir  la  peau 
de  la  queue  et  on  l'enduit  de  savon  arsenical  ;  puis  on  pousse  l'extré- 
mité pointue  jusqu'au  bout  de  la  queue,  et  l'on  cache  l'autre  dans 
le  ventre  en  l'enveloppant  du  coton  qui  remplit  cette  partie.  On 
pousse  une  petite  boule  d'ouate  dans  la  peau  vide  des  quatre  meni 
bres.  Entin  on  coud  l'ouverture  du  ventre,  et  on  attache  l'étiquette 
au  talon  droit. 

V.  —  On  dispose  la  peau  ainsi  préparée  sur  une  planchette  de 
bois  ou  de  liège,  en  étendant  les  pattes  antérieures  en  avant,  et  les 
fixant  au  moyen  d'une  é])ingle  piquée  dans  le  milieu  de  la  paume 
des  mains.  On  aura  soin  de  rapprocher  les  pattes  le  plus  possible 
du  cou  et  de  la  tète,  de  manière  à  éviter  que  les  griffes  ne  s'atta- 
chent aux  autres  peaux  lorsque  plusieurs  seront  empaquetées 
ensemble  dans  une  même  boîte.  On  tixera  de  la  même  manière  les 
pattes  postérieures  dirigées  en  arrière,  la  plante  du  pied  en  dessous 
et  rapprochée  des  côtés  de  la  ([ueue.  Il  est  très  important  que  les 
pattes  antérieures  et  postérieures  ne  forment  pas  saillie  latérale- 
ment et  ne  puissent  se  recourber  en  séchant,  et  que  les  doigts  et 
les  orteils  restent  rapprochés  et  parallèles  sans  former  de  saillies 
en  dehors. 

VI.  —  Pendant  que  la  peau  sèche,  on  veille  à  ce  qu'elle  prenne 
une  ai)i)arence  aussi  naturelle  que  possible,  à  ce  (|iie  les  oreilles 
restent  plates  et  dressées. 

VII.  —  Le  crâne  ayant  été  séparé  du  tronc,  on  l'étiquette  avec  un 
numéro  correspojidant  à  celui  de  la  peau,  et  on  le  laisse  sécher. 
Sous  un  climat  sec,  on  peut  presque  se  dispenser  de  le  nettoyer  de 
la  chair;  même  sous  un  climat  humide,  si  ce  crâne  peut  être  placé 
dans  de  la  sciure  de  bois  artiliciellement  desséchée,  on  peut  égale- 
ment s'en  dispenser  en  partie;  mais  tout  au  moins  on  doit  enlever 
les  yeux  et  la  cervelle,  en  prenant  soin,  lorsqu'on  extrait  celle-ci, 


Iij8  SÉANCE  L»U  :2s  NOVEMBKI':  IDUo 

de  ne  pas  abîmer  la  partie  postérieure  du  crâne.  D'une  façon  géné- 
rale, on  ne  doit  dépouiller  le  crâne  qu'autant  qu'il  est  nécessaire, 
étant  donné  le  climat,  pour  euipêcher  ([u'il  ne  pourrisse.  Il  vaut 
mieux  le  sécher  naturellement  ou  artiliciellement;  on  ne  doit  pas 
le  saupoudrer  d'arsenic  ou  d'autres  poudres  chiiuiques,  les  Insectes 
étant  écartés  par  l'euiploi  de  boites  en  fer-blanc  fermant  berméti- 
([uement  et  l'emploi  d'un  peu  de  napbtaline  ou  d'un  autre  désin- 
fectant placé  dans  la  boîte. 

VIII.  —  Empaquetez  séparément  les  peaux,  lor<[u"elles  sont 
sèches,  dans  de  petites  boites,  en  ayant  soin  de  les  envelopper  d'un 
peu  de  cotoH  pour  les  empêcher  de  se  froisser  entre  elles;  on  ne 
doit  pas  les  rouler  séparément  dans  du  papier  à  moins  que  les 
exigences  du  voyage  ne  rendent  cette  manière  de  faire  absolument 
nécessaire. 

Il  est  bon  d'avoir  avec  soi  un  carton  à  Insectes  à  foiid  de  liège, 
dans  lequel  les  jjlaques  de  liège  peuvent  être  lixées  pour  le  voyage. 
Lorsque  les  peaux  sont  à  demi  sèches,  elle  peuvent  être  enlevées 
de  dessus  les  plaques  de  liège  et  Hxées  à  l'aide  d'épingles  l'une 
près  de  l'autre  dans  la  boîte  où  elles  voyagent  en  sûreté  et  sèchent 
en  même  temps. 

IX.  —  Les  ChauveS-Souris  doivent  être  fixées  à  laide  d'épingles, 
comme  les  autres  animaux,  les  ailes  repliées  de  chaque  côté  du 
corps  de  manière  à  ne  pas  cacher  le  pelage  du  ventre.  Les  pouces 
doivent  être  dirigés  en- dedans  ou  en  arrière,  non  en  dehors.  Un  ou 
deux  spécimens  de  chaque  espèce  doivent  être,  autant  que  possible, 
conservés  dans  l'alcool. 

Le  dépouillement  des  animaux  de  grande  taille  se  lait  iiéeessairenieiil 
il'une  manière  un  peu  différente,  mais  l'étiquetage  et  le  maniement  des 
peaux  doit  être  conforme  à  ce  qui  précède,  sauf  (|ue.  lorsque  la  longucui- 
du  corps  ajoutée  à  celle  de  la  queue  dépasse  7."»  centimètres,  la  queue  doil 
être  rabattue  sous  le  ventre,  tandis  (|ue  les  patics  antérieures  cl  posté- 
rieures sont  dirigées  en  arrière.  La  longueur  totale  de  toutes  les  peaux  de 
moyenne  taillé  (Renards,  ctc),  ne  doit  pas  dépasser  s'il  est  possible 
75  centimètres  ;  les  peaux  (pii  dépassent  cette  dimension  seront  réduites 
en  dirigeant  les  pieds  de  derrière  en  avant,  ou  même  eu  repliant  la 
peau  sous  le  ventre. 

On  désire  en  général  tous  les  petits  Mammifères  même  connnuns  (pdurvu 
qu'ils  ne  soient  pas  domestiques  ou  habitants  des  maisons)  —  c'est-à-dire 
les  Ecureuils,  Rats,  Souris,  Musaraignes, Taupes,  Chauves-Souris,  Relettes 
Hermines,  etc.  II  ne  faut  pas  craindre  d'envoyer  trop  d'individus  de  la 
même  espèce,  |iourvu  qu'ils  soient  préparés  et  étiipielés  avec  soin, 
comme   il  est   indi(jué   ci-dessus  ;   ces  instructions,   cependant,  doivent 


SÉANCE  DU  28  NOVE.MBUE  lîH).")  \")\i 

néccssairompiil  être  niodiliées  dans  le  cas  de  spécinipiis  récoltés  pour  In 
tente.  Des  séries  de  peaux  représentant  les  différentes  saisons  sont  aussi 
intéressantes. 

Ces  animaux  peuvent  être  obtenus  principalement  en  plaçant  des  pièges 
en  bonnes  places  ;  les  sentiers  et  les  terriers  creusés  par  les  Rats  serviront 
d'indication  pour  cela.  Le  collectionneur  doit  avoir  un  certain  nond)re  de 
petits  pièges  en  métal  ;  il  se  servira  aussi  utilement  des  pièges  en  usage 
dans  le  pays  où  il  se  trouvera.  Des  pièges  à  trébuchet  formés  d'un  vase 
de  verre  ou  de  métal  enterré  au  niveau  du  sol,  donnent  aussi  un  excellent 
résultat. 

Cette  notice  de  deux  });iges  (  recto  et  verso),  inipriniées  sur  une  seule 
feuille,  condense  comme  on  voit  en  quelques  lii^nes  tout  ce  ffu'il 
est  nécessaire  de  savoir  pour  bien  pré|)arer  un  petit  Mammifère. 
Le  British  Muséum  y  joint  une  i)etite  règle  de  10  centimètres  de 
long,  graduée  en  millimètres  et  achetée  en  France.  En  effet,  il  n'est 
pas  inutile  de  rappeler  (jue  le  mètre  et  ses  subdivisions  nont  pas 
encore  cours  légal  en  Angleterre.  La  fabrication  de  règles  sub- 
divisées en  pouces  et  en  lignes  est  seule  autorisée  parla  loi.  J'ai 
donc  fait  expédier  à  M.  Thomas,  par  grosses,  cette  petite  règle  si 
commode,  que  l'on  trouve  cbez  nous,  pour  un  piix  si  modique, 
dans  tous  les  bazars  sous  le  nom  de  double-décimètre,  et  ([ue  le 
Brilish  Muséum  envoie  maintenant  à  tous  ses  corres|)ondants,  qui 
doivent  s'en  servir  pour  mesurer  exactement  l'animal  frais,  avant 
toute  i)réparalion. 


DIAGNOSES  D'AMPHIPODES  NOUVEAUX  PROVENANT  DE  L'EXPÉDITION 

ANTARCTIQUE  DU  FlUyÇAIS 

l'A  n 

Ed.  CHEVREUX. 

l.    LYSIANASSIDAE 

CHEmiMEDOX  DEXTIMANIS  nOV.  Sp. 

N"«  24G,  iTlJ,  388,  098.  8111,  822.  île  Wandel  etile  Wienke,  draga- 
ges par  20  à  40  mètres  de  profondeur.  Nombreux  exemplaires. 

FemeUe.  —  Corps  modérément  obèse,  mesurant  10™^  de  longeur. 
Tête  plus  longue  que  le  premier  segment  du  mésosome,  lobes  laté- 
raux prolongés,  subaigus.  Plaques  coxales  des  quatre  premières 
paires  à  peu  près  deux  fois  aussi  hautes  que  les  segments  corres- 
pondants du  mésosome.  Plaques  coxales  de  la  cinquième  paire  un 


1(50 


SÉAXCI':  1)1'  28  NOVEMBRE  190o 


peu  moins  larges  {[ue  Jiyutes.  Angle  postérieur  des  pla(|ues  épinié- 
rales  du  Iroisième  segment  du  métasome  légèrement  prolongé  en 
arrière  et  terminé  par  une  petite  dent.  Premier  segment  de  l'uro- 
some  présentant  une  légère  dépression  dorsale. 

Yeux  grands,  réniformes.  Antennes  supérieures  (fig.  l,A)un  peu 
plus  longues  que  l'ensemble  de  la  tète  et  du  premier  segment  du 
]nésosome.  Premier  article  du  pédoncule  atteignant  trois  fois  la 
longueur  de  l'ensemble  des  deux  articles  suivants.  Flagellum  prin- 
cipal plus  long  que  le  pédoncule  et  comprenant   17  articles.   Fla- 


Fiii.  I.  —  ('hciriniedon  ck'tiltinaini>^,  nov.  sp  — A,  anlennc  siipi-riciirL' ;  /i, 
Jintcnne  inférieure  ;  C,  gnatliopodc  antérieur  ;  D,  gnatliopode  postérieur  ;  E,  patte 
(le  la  troisième  paire  ;  F,  patte  de  la  cinquième  paire  ;  (î,  patte  île  la  sixième 
paire;  H,  patte  de  la  septième  paire;  [,  uropodc  de  la  dernière  paire;  J,  telson 
(A,  B,  X  14  ;  C,  D,  E,  V,  G,  H,  X  10  ;  I,  J,  X  26). 


gellum  accessoii^e  7  articulé.  Antennes  inférieures  (fig.  1,B)  un  peu 
plus  longues  ({ue  les  antennes  supérieures.  Quatrième  article  du 
l)édoncule  beaucoup  plus  long  que  les  troisième  et  cinquième 
articles,  qui  sont  d'égale  laille.  Flagellum  comprenant  19  articles. 
Epistome  ne  débordant  pas  sur  la  lèvre  antérieure.  Lobes  de  la 
lèvre  postérieure  régulièrement  arrondis.  Angle  externe  du  bord 
trauchant  des  mandibules  jirolongé  en  l'orme  de  dent  aiguë.  Pro- 
cessus molaire  bien  déveloiqié.  Palpe  de  la  longueur  de  la  mandi- 
bule et  lixé  vers  son  uiiliou,  à  la  bailleur  du  processus  molaiie. 
Lobe  interne  des  maxilles  de  la  [)remièi'e  jiaire  terminé  ])ar  deux 
soies  cilées.  Lobe  externe  bien  dévelopi)é,  armé  de  l'oiies  épines 


SÉAXCIi  Di:  2S  NOVEMBUE  lOO.'j  l()l 

créiieléos.  l'alpo  courl,  dépassant  à  peine  le  lobe  externe.  Lobe 
externe  des  niaxilles  de  la  deuxième  paire  beaucoup  plus  large  et 
plus  long  que  le  lobe  interne.  Lobe  externe  des  maxillipèdes  n'at- 
teignant pas  tout  à  fait  l'extrémité  du  deuxième  article  du  palpe, 
qui  est  bien  développé  et  se  termine  par  un  article  dactyliforme. 

Gnatbopodes  antérieurs  (lig.  1,  C)  courts  mais  robustes.  Carpe 
triangulaire,  jirolongé  en  arrière  pour  former  un  lobe  étroit  et 
allongé.  Propode  rectangulaire,  à  peu  près  deux  fois  aussi  longque 
large,  légèrement  dilaté  à  son  extrémité.  Bord  palmaire  un  peu 
convexe,  per])endiculaire  au  bord  postérieur  et  garni  d'une  rangée 
de  petites  dents.  Dactyle  recourbé,  un  peu  plus  long  que  le  bord 
l)alinaire.  Cinatbopodes  postérieurs  ((îg.  1,  D)  remarquables  par  le 
développement  du  carpe,  qui  est  près  de  deux  fois  aussi  large  que 
le  propode.  Exti'émité  postérieure  du  propode  prolongée  de  façon  à 
former,  avec  le  dactyle,  un  petit  organe  chéliforme.  Pattes  des 
troisième  et  quatrième  paires  (lig.  1,  E)  garnies  de  longues  soies 
au  bord  postérieur.  Pattes  des  trois  dernières  paires  (lig.  1,  F,  G 
etH)assez  courtes,  augmentant  progressivement  de  longueur,  de  la 
cinquième  à  la  septième  paire.  Article  basai  faiblement  crénelé  au 
bord  postérieur. 

Branche  externe  des  uropodes  de  la  première  paire  beaucoup 
plus  longue  que  la  branche  interne.  Branche  externe  des  uropodes 
de  la  deuxième  paire  un  peu  plus  longue  que  la  branche  interne 
et  de  même  longueur  que  le  pédoncule.  Branche  externe  des 
uropodes  de  la  dernière  paire  (fig.  1,  I)  beaucoup  plus  longue  que 
la  branche  interne,  portant  trois  épines  au  bord  externe  et  munie 
d'un  petit  article  terminal.  Branche  interne  ne  portant  (|ue  deux 
soies  au  bord  interne.  Telson  (tlg.  1.  J)  un  peu  plus  long  que  large 
et  fendu  sur  la  moitié  de  sa  longueur. 

Cette  espèce,  très  voisine  de  Ckcirimedon  Fotigurri  Walker,  en 
dilïère  surtout  par  la  grande  hauteur  de  ses  plaques  coxales  des 
quatre  premières  paires  et  par  la  dent  qui  termine  l'angle  posté- 
rieur des  plaques  épimérales  du  troisième  segment  du  métasome. 

Orcho.menell.v  m.vcronvx  nov.  s[). 

N«-^  18(),  11)1  et  [\):1.  Baie  Carthage,  15  mars  l!)Oi,  dragage,  pro- 
fondeur 40  mètres.  Quatre  exemplaires. 

Corps  assez  obèse,  mesurant  0°^™  de  longueur.  Tète  beaucoup 
plus  longue  que  le  premier  segment  du  métasome,  lobes  latéraux 

Bull.  Soc.  Zoul.  do  Ir.,  I90j.  xxxii  —  11 


162 


SÉAiNCE    hV   28   NOVEMBRE    llJUo 


très  saillants,  larges  et  arrondis.  Plaques  coxales  des  quatre 
premières  paires  étroites,  beaucoup  plus  hautes  que  les  segments 
correspondants  du  niésosonie.  Plaques  coxales  de  la  cinquième 
]taire  un  peu  moins  larges  que  liantes.  Troisième  seguient  du 
métasoine  présentant  une  légère  dépression  dorsale  et  des  jilaques 
épimérales  arrondies  à  laugle  postérieur.  Premier  segment  de 
Furosome  présentant  une  dépression  dorsale  très  profonde,  suivie 
d'une  carène  arrondie. 

Yeux   grands,   bien   conformés,    ovales.    Antennes   supérieures 


Kig,  2.  —  Orchoiiienella  macronyx,  nov.  sp,  —  A,  antenne  supérieure;  B, 
antenne  inférieure;  C,  mandibule;  D,  maxille  de  la  première  paire  ;  E,  maxille 
de  la  deuxième  paire;  F,  maxillipède;  G,  gnathopode  antérieur  ;  H,  gnathopode 
postérieur  ;  1,  patte  de  la  dernière  paire  ;  J,  uropode  de  la  dernière  paire;  Iv, 
telson  (A,  B,  G,  H.  X  26  ;  I,  X  20  :  C,  D,  E,  F,  .1,  K,  X  4(;). 


(lig.  2.  A)  très  courtes.  Premier  article  Noiumiiieux,  presque  aus.si 
large  que  long.  Flagellum  pi'incii>al  beaucoup  plus  court  (|ue  le 
pédoncule,  (i-articulé.  Premier  article  aussi  long  ({ue  l'ensemble 
des  trois  articles  suivants.  Flagellum  accessoire  ti'iai'ticulé,  ])remier 
article  aussi  long  (|ue  celui  du  llagelluin  princijial.  Antennes  infé- 
rieures (fig,  2,  B)  un  peu  ])lus  longues  quelesanlennessupérieures. 
Dei'nier  article  du  pédoncule  moins  long  que  larticle  jirécédent. 
Flagellum  7-articulé,  l)eaucoup  plus  court  (|ue  l'ensemble  des 
deux  derniers  articles  du  pédoncule. 

Epistome  ne  débordant  pas  sur  la  lèvre  autéi'ieure.  Mandibules 
(lig.  2,  (!)  robustes,  ))rocessus  molaire  bien  développé,  palpe  fixé 
])lus    près    de  l;i  hase   de  la  mandibule  (|ue  le    processus  molaire. 


SlÎANCt;    Dl     IH   NOVEMBRE    1905  163 

l^alpe  des  iiiaxilles  de  la  première  paire  (lig.  :!,  D)  armé,  au  bord 
dislal,  de  quatre  petites  dents  et  d'une  épine.  Lobe  externe  un  peu 
obliquement  tron((ué.  Lobe  externe  des  maxilles  de  la  deuxième 
paire  (tig\  '2,  E)  un  peu  plus  long-  que  le  lobe  interne.  Lobe  externe 
des  maxillipèdes  (tig\  i,  F)  étroit,  natteignant  pas  l'extrémité  du 
deuxième  article  du  palpe  et  denticulé  au  bord  interne.  Palpe 
grêle  et  allongé. 

(înathopodes  antérieurs  (tig.  2,  G}  robustes.  Carpe  triangulaire, 
lobe  postérieur  allongé,  arrondi  à  lextrémité.  Propode  large  et 
court,  bord  palmaire  un  peu  obli({ue,  portant  quelques  petites 
crénelures  et  peu  nettement  délimité  du  bord  postérieur.  Dactyle 
plus  long  que  le  bord  palmaire.  (înatbopodes  postérieurs  (lig.  2,  H) 
relativement  robustes,  propode  beaucoup  plus  court  et  plus  étroit 
([ue  le  carpe  et  légèrement  prolongé  au  bord  postérieur.  Dactyle 
l)ien  développé,  plus  long  que  le  bord  palmaire.  Article  basai  des 
jjaltes  des  trois  dernières  paires  ne  présentant  pas  de  crénelures 
au  bord  postérieur. 

Uropodes  de  la  dernière  paire  (tîg.  2,  J)  dépassant  de  beaucoup 
les  uropodes  précédents.  Branche  interne  lancéolée,  plus  longue 
que  le  pédoncule,  légèrement  crénelée  au  bord  interne.  Branche 
externe  de  même  longueur  que  la  branche  interne,  aussi  large  à 
son  articulation  avec  le  i)etit  article  terminal  qu'à  sa  base,  crénelée 
à  l'extrémité  du  bord  interne.  Telson  un  peu  plus  long  que  large 
et  fendu  sur  un  peu  moins  des  deux  tiers  de  sa  longueur. 

Chahcotl\  obesa  nov.  gen.  et  sp. 

N"  1)1)8.  île  Wandel,  4  décembre  1904,  dans  l'estomac  d'un  Pij(jo- 
scclia  antarctica.  Un  exemplaire.  —  N'^  87."),  baieBiscoe(îIed'Anvers), 
lat.  S.  (i4»  ÎJO",  Il  février  190.'),  dragage,  profondeur  I  10  mètres.  Un 
exemplaire. 

Femelle  orifjhr.  —  Corps  très  obèse,  long  de  [Imw  ^^  mesurant  7'»»' 
dans  sa  plus  grande  épaisseur.  ïéguuients  remarquablement  épais 
et  durs.  Lobes  latéraux  de  la  tête  prolongés,  aigus.  Plaques  coxales 
des  quatre  première^  paires  plus  de  trois  fois  aussi  hautes  que 
les  segments  correspondants  du  mésosome.  Plaques  coxales  de  la 
([uatrième  paire  (lig.  3,  A)  prolongées  en  arrière  sur  toute  la  lon- 
gueur du  bord  inférieur  des  plaques  coxales  suivantes.  Plaques 
épimérales  du  troisième  segment  du  métasome  terminées  en  ar- 
rière par  un  petit  crochetaigu.  Premier  segment  de  lurosome  sur- 
monté d'une  carèue  dorsale  haute  et  anguleuse. 


164 


SÉANCE  DU  28  NOVEMBRE  ['i)()l') 


Yeux  grands,  bien  conformés,  réniformes.  Antennes  supérieures 
(tig.  3,  B)  très  courtes,  à  peine  plus  longues  que  la  léte.  Premier 
article  du  pédoncule  volumineux,  deuxième  et  troisième  articles 
très  courts.  Flagellum  principal  13-articulé.  Flagellum  accessoire 
8-articulé.  Antennes  inférieures  (lig.  3,  C)  à  peine  plus  longues  (juc 
les  antennes  supérieures.  Quatrième  article  du  pédoncule  un  peu 
plus  long  que  les  troisième  et  cinquième  articles,  qui  sont  dégale 
taille.  Flagellum  l.'kirticulé. 

Epistome  proéminent,  débordant  un  peu  sur  la  lèvre  antérieure, 


l'"ig.  '.i.  —  Cluorutia  oho^a,  nov.  gen.  et  sp.  —  A,  patte  de  la  t]uatriénic  paire; 
B,  antenne  supérieure  ;  C,  antenne  inférieure  ;  D,  mandil)ulc  ;  E,  niaxillipéde  ; 
V,  gnatliopode  antérieur  :  G,  gnatliopode  postérieur  ;  H,  patte  de  la  cinquième 
paire  ;  I,  uropode  de  la  dernière  paire  et  telson  fA,  H,  X  •">  :  H,  C,  F,  G,  X  10; 
D,  E,  I,  X  14). 


dont  il  est  séparé  par  un  sinus  assez  profond.  Lèvre  postérieure 
modérément  large,  prolongements  postérieurs  courts  et  non  diver- 
gents. Processus  molaire  des  mandibules  (lig.  .'î,  D)  anguleux.  Palpe 
peu  développé,  plus  court  que  la  mandibule  et  lixé  tout  près  de  sa 
base.  Lobe  externe  des  maxilles  de  la  première  paire  armé  de  lar- 
ges éjjines  crénelées.  Lobe  interne  terminé  par  deux  soies  ciliées. 
Palpe  bi  articulé.  Lobe  externe  des  maxilles  de  la  deuxiètne  paire 
un  peu  plus  long  et  plus  étroit  que  le  lobe  interne.  Lobe  externe  des 
maxillipèdes  (fig.  3,  E)  très  développé,  atteignant  le  milieu  du  troi- 
sième article  du  ])alpe.  Quatrième  article  du  pali)e  unguiforme. 


SÉANCE  Dr  2S  NOVEMBRE   190.") 

(iiiatliopofles  antéritMirs  (lîii-.  lî,  F)  assez  courts.  Carpe  triangu- 
laire, propode  non  siil)('lH''liforme.  diminuant  régulièrement  de  lon- 
gueur, de  la  base  à  lextrémité.  Dactyle  recourbé,  finathopodes 
postérieurs  (tig.  3,  G)  beaucoup  plus  longs  quelesgnatliopodes  pré- 
cédents. ]*ropode  ovale,  non  prolongé  au  bord  postérieur.  Pattes 
de  la  cinquième  paire  (fig.  .'{,  H)  remarquables  parla  formedeleur 
article  basai,  qui  est  brusquement  rétréci  à  sa  partie  supérieure. 
Article  basai  des  pattes  des  deux  paires  suivantes  ovalaire,  de 
forme  normale,  bord  postérieur  lisse.  Branchies  des  pattes  des  cinq 
dernières  paires  possédant  un  lobe  accessoire  plus  ou  moins  digi- 
tiforme  (fig.  3,  A).  Branchies  des  pattes  de  la  sixième  paire  por- 
tant un  second  lobe  accessoire  digitifoiMue.  de  l'autre  côté  du  lobe 
principal.  Lamelles  incubatrices  longues  et  étroites. 

Branches  des  uropodes  de  la  dernière  paire  (tig.  3,  1)  étroitement 
lancéolées,  plus  longues  que  le  pédoncule.  Branche  interne  un  peu 
plus  courte  ([ue  la  branche  externe  et  garnie,  sur  ses  deux  bords, 
de  longues  soies  ciliées.  Branche  externe  portant  des  soies  ciliées 
sur  son  bord  interne  et  quelques  épines  au  bord  externe.  Telson 
ffig'.  3.  l)  beaucoup  plus  long  que  le  pédoncule  des  uropodes  de  la 
dernière  paire  et  presque  entièrement  fendu,  chacun  de  ses  lobes 
étant  terminé  par  une  petite  échancrure  garnie  dune  épine. 

Ce  nouveau  genre,  assez  voisin  de  Menigrates,  en  diffère  surtout 
par  le  présence  de  lobes  accessoires  aux  branchies  et  par  la  forme 
des  uropodes  de  la  dernière  paire  et  du  telson. 

Je  suis  heureux  d'olîrir  la  dédicace  de  ce  nouveau  genre  d"Am- 
phipodes    au    1)''  Charcot,   chef  de    l'Expédition   antarctique    du 


Smnce  du  1S  décembre  100~) 

PRKSinEXCE    DL'    PHOI  RSSF.CU    .IO[niX.    PPiKSmF.XT 

M.  Pellegrin  sexcuse  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance. 

AI.  le  Président  adresse  les  remerriements  de  la  Société  à 
M.  Gadeau  de  Kerville.  qui  sinscrit  en  qualité  de  Membre  dona- 
teur. 

Sa  Majesté  le  Roi  de  Portugal  remercie  de  sa  nomination  en 
qualité  de  Membre  honoraire  de  la  Société. 

M.  Bruce,  directeur  de  l'Expédition  antarctique  écossaise, 
demande  un  jeune  Zoologiste,  qui,  moyennant  une  rétribution 
annuelle  de  3.000  francs,  remplirait  près  de  lui  les  fonctions 
d'assistant  et  de  secrétaire. 

Le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts  adresse 
le  programme  du  \¥  Congrès  des  Sociétés  savantes  qui  s'ouvrira 
à  la  Sorbonne  le  mardi  17  avril  lîHK).  Parmi  les  questions  mises  à 
Tordre  du  jour,  nous  signalerons  les  suivantes  : 

Repeuplement  en  Poissons  des  ileuves  et  cours  d'eau.  Aquicul- 
ture. 

Monographies  relatives  à  la  faune  et  à  la  tlore  des  lacs  français. 

Etude  géologique  et  biologique  des  cavernes. 

Applications  de  la  photographie  et  de  la  radiographie  aux 
diverses  sciences. 

Méthodes  microphotographiques  et  stéréoscopiques. 

La  peste;  ses  diverses  formes  et  sa  propagation;  possibilité  de 
sa  propagation  en  France. 

Du  rôle  des  Insectes  et  spécialement  de  la  Mouche  vulgaire  dans 
U\  propagation  des  maladies  contagieuses. 

Prière  de  n'envoyer  au  ministère  que  des  manuscrits  entière- 
ment terminés,  lisiblement  écrits  swr /e  recro  et  accompagnés  des 
dessins,  cartes  et  croquis  nécessaires,  de  manière  à  ce  que,  si  elle 
est  décidée,  leur  impression  ne  souffre  aucun  retard.  Les  Mémoires 
devront  parvenir  avant  le  30  janvier  1000,  au  5''  bureau  de  la  direc- 
tion de  r Enseignement  supérieur. 


SÉANCi;    1)1      \2.      DÉCEMIMIE   1*.)0.")  IH7 

Le  D'"  Trouessarl  fait  une  conniiunicalion  sur  la   réiiai  liliou  de 
lEcureuil  en  Europe  el  sur  ses  principales  variétés. 

M.  DK  Bkauchamp  présente  deux  caricatures  relatives  à  la  Zoolo-. 
i^ie  el  à  la  Paléontologie. 


SUR  DEUX  POISSONS  DU  GENRE  CIŒNICICHLA 
DE  LA  COLLECTION  DU  MUSÉUM  DE  PARIS 

PAIt 

M.  LE  D^  JACQUES  PELLEGRIN 

Depuis  la  publication  de  la  monographie  consacrée  par  moi  aux 
Poissons  de  la  familles  des  Cichlidés  (1),  M.  C.  Tate  Kegan,  du 
Bristish  Muséum  de  Londres,  a  entrepris  la  revision  des  Cichlidés 
américains.  Dans  une  note  toute  récente  sur  les  Poissons  des  genres 
Crenacara,  Balmrhops  et  Crcnicichla{2,),\\  s'écarte  parfois  un  peu  de 
ma  manière  de  voir,  (l'est  ainsi  par  exemple  qu'il  élève  au  rang 
d'espèces  la  prescjue  totalité  des  variétés  que  je  distinguais  chez  le 
Cvenkkhia  brasilioïKis  Bloch.  Sans  entrer  ici  dans  la  discussion  des 
points  sur  lesquels  nos  opinions  diffèrent,  je  crois  utile  de  donner 
dès  maintenant  la  diagnose  exacte  de  deux  spécimens  de  Crenici- 
chla  de  la  collection  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris.  La 
description  du  premier,  suivant  M.  Regax  lui-même,  demandée  être 
complétée  et  le  second,  d'après  ce  qui  se  ressort  de  son  mémoire, 
me  semble  devoir  constituer  une  variété  nouvelle. 

(Ihexicichla  marmorata  Pellegrin. 

^Crenicichla  brasiUeitsis,  var.  inarmorata  Pellogvin,  IÇHKi.  Mrni.  Soc.  Zool.  do 
Fr.,  XVI,  p.  483,  fig.  42  n"  4. 

H.    :j   1/2;    T.   :î    1/3:    OE.    0;    D.  XXIV  17;   A.   111   II;    P.    17; 

S.   Den.  T.;   Ec.  i:;  |   IKi  |  34;  L.  lat.  f?;  Ec.  .1.  18. 
o  14 

Longueur  du  museau  contenue  3  fois  1/2  dans  la  longueur  de  la 
tête;  espace  interorbilaire  3  fois  1/2.  Maxillaire  étendu  jusqu'au 

(1)  .1.  Pellegrix.  Contribution  à  l'tHude  anatomique,  biologiquo  et  taxinomi([uo 
des  Poissons  de  la  famille  des  Cichlidés.  Méiii.  Soc.  Zool.  France,  XVI,  19015. 

{2)  C.  Tate  Reoan.  A  revision  of  the  Fishcs  of  South-American  Cichlid  gênera 
Crenacara,  Batrachops,  and  Crenicichla.  Fr.  Zool.  Soc.  London,  190."j,  i,  p.  152  à 
IGS,  pi.  XIV  et  XV. 


J68  SÉANCE    DU    12    DÉCEMBRE    1  nO;> 

dessous  du  bord  antérieur  de  l'œil.  Ecailles  de  l'opercule  éi>alant 
celles  des  flancs.  f]cailles  denticulées,  excepté  sur  la  léte,  les  par- 
ties inférieures  du  thorax  et  de  l'abdomen  et  antérieurement 
au-dessus  de  la  lij^ne  latérale.  12  écailles  entre  la  dernière  épine 
dorsale  et  la  ligne  latérale,  5  entre  la  ligne  latérale  supérieure  et 
l'inférieure.  Epines  dorsales  légèrement  croissantes  à  parlir  de  la 
7*^,  la  dernièi'e  contenue  3  fois  3/4  dans  la  longueur  de  la  tète. 
Pectorale  faisant  presque  les  2/3  de  la  longueur  de  la  tète,  ventrale 
faisant  la  \/i.  Pédicule  caudal  environ  aussi  long  que  haut.  Cau- 
dale écailleuse,  arrondie. 

Jaune  clair  avec  une  bande  brune  irrégulière  à  la  partie  supé- 
rieure du  corps  et  une  seconde  bande  formée  par  une  suite  de  taches 
brunes  irrégulières  et  de  points  au  niveau  de  la  ligne  latérale  in 
férieure.  Base  de  la  pectorale  brune.  Traces  d'une  bande  brunâtre 
le  long  du  bord  supérieur  de  la  dorsale. 

A.  9496.  Coll.  Mus.  —    ?     :  Ancien  cabinet. 
Longueur  :  270  +  iiO  =  320  millimètres. 

Je  considérais  ce  Poisson  simplement  comme  une  variété  jmu 
velle  de  Creiiicicida  hraslliensls  Bloch.  M.  Tate  Iîegan  dans  sa  revi- 
sion des  Crenicichla  s'exprime  ainsi  (1)  :  «  Crenicichla  brasiliensis  var. 
mormorata  Pellegrin  is  probably  a  valid  species  belonging  to  this 
section  (2),  but  is  insufticiently  described.  » 

(le  Poisson  se  rapproche,  en  etïet,  beaucoup  de  Crenkkhla  lugu- 
briH  Heckel  que  j'ai  rapporté  aussi  à  une  variété  de  C.  brasilioi- 
sis  Bloch,  mais,  si  on  élève  au  rang  d'espèces  les  diverses  variétés 
de  C.  brasiliensis,  il  n'y  a  pas  de  raison  pour  ne  pas  considérer 
comme  une  espèce  nouvelle  C.  marmomta,  qui  sécarte  complète- 
ment de  C.  liigiibris  par  sa  coloration  et  aussi  par  quelques  autres 
légers  caractères,  ainsi  qu'on  peut  s'en  rendre  compte  d'après  la 
descriji-tion  donnée  ci  dessus. 

Crenicichla  Johaxna  Heckel;  var.  CARSEvr:NNENsis  var.  nov. 

c reuicichla brasiliensis,  var.  ritiata,  Pellegrin, 1903.  Mém.  Soc.  Zool.deFr.,  .\V1 
p.  ;',Ki,  fig.  42,  n°  1 . 

H.  4  2/3;    T.    3;    OE   fi  1/2;    1).    XXII    Hi  ;    A.    III.    12;   P.  17; 

s.  Den.  7.  ;  Ec.  18  |  105  \  W  ;  L.  lat.  ~  ;Ec.  J.  14;  Br.  11. 


o 


18 


(1)  Op.  cit.,  p.  i:;s. 

("2)  La  section  dont  il  s'agit  comprend  d'après  M.  lU:ii.^.N  :  Cr.  strigala  Giin- 
ther,  C.  Ivfjubris  Heckel,  C.  cincla  Rogan  [C.  brasiliensis  var.  fasciata  Pol- 
loiirin). 


SÉANCE  nu  12  nÉci'.MRRF:  1905  Hiil 

Longueur  du  museau  éiiale  à  l'espace  interorbitaire  et  contenue 
'A  fois  \/\  dans  la  longueur  de  la  tète.  Narine  plus  près  de  lextré- 
niilé  du  museau  que  de  l'œil.  Maxillaire  étendu  jusqu'au-dessous 
du  bord  antérieur  de  lœil.  Ecailles  de  l'opercule  égalant  celles  des 
lianes.  Ecailles  cycloïdes,  10  entre  la  dernière  épine  dorsale  et  la 
ligne  latérale,  (>  entre  la  ligne  latérale  supérieure  et  l'inférieure. 
Epines  dorsales  très  légèrement  croissantes,  la  dernière  contenue 
.'i  fois  1/2  dans  la  longueur  de  la  tète.  Pectorale  arrondie  faisant 
un  peu  plus  de  la  moitié  de  la  tète,  ventrale  contenue  2  fois  1/4 
dans  la  longueur  de  la  tète.  Pédicule  caudal  environ  aussi  long 
que  baut.  Caudale  écailleuse,  arrondie. 

Brunâtre  au-dessus,  jaunâtre  au-dessous,  avec  deux  larges  ban- 
des foncées  longitudinales,  la  supérieure  d'abord  confondue  avec 
celle  du  côté  opposé  étendue  depuis  la  nuque  tout  le  long  de  la 
base  de  la  dorsale,  l'inférieure  allant  de  l'œil  jusqu'à  la  caudale, 
où  elle  se  termine  en  s'amincissant  (l).  Pas  de  points  sur  la  tète. 
Deux  bandes  obliques  noirâtres  sur  la  caudale  se  rejoignant  à 
l'extrémité  des  rayons  médians. 

90.  112.  Coll.  iMus.  —  Entre  les   rivirres  Carsevennc  et  Cachipour  (contesté 
franco  brésilien)  :  Geay. 
Longueur  :  170  -|-  40  =  210  millimètres. 

M.  Reoax  (2)  place,  avec  un  point  de  doute,  ce  Poisson  que  je 
considérais  comme  une  variété  de  Crenicichla  brasiUensis  Bl.  dans 
la  synonymie  de  Crenicichla  strigala  Gûntber. 

Ce  Crenicichla  adulte  s'écarte  nettement  non  seulement  par  sa 
coloration,  mais  encoi^e  par  ses  écailles,  toutes  cyclo'ides,  de  l'es- 
])èce  telle  que  l'a  décrite  M.  Regan.  Il  doit  prendre  place  auprès 
du  Crenicichla  JohannaUeckel.  Il  en  est  même  si  voisin  que  je  ne 
puis  le  considérer  que  comme  une  simple  vaiiété,  car  il  me  paraît 
difficile  d'accorder  une  valeur  spécifique  à  des  caractères  tirés 
simplement  de  la  coloration. 

(1)  Entre  ces  deux  bandes  existent  des  traces  d'une  douzaine  d(^  lignes  foncées 
transversales. 

(2)  Op.  cit.  p.  16o. 


170  SÉANCE    Dl      \2.     DÉCK.MHUi:    1!)0.") 


LES  MOLLUSQUES  TESTACÉS  DU  CANAL  DE  SUEZ 


,  PAR    .MM. 

L.    TILLIER,  et  A.   BAVAY, 

niroclour  du  transit   du  Canal  Pharmacion  on  cliof  do  la  Marino. 

de  Suez,  en  retraite. 


L'étude  de  la  faune  d'une  région  spéciale  l)ien  et  nettement 
déterminée  est  toujoui's  intéressante  pour  l'histoire  naturelle  géné- 
rale, puisque  c'est  en  rapprochant  les  unes  des  autres  et  en  coni 
parant  ensemble  les  faunes  particulières  (ju'on  peut  arriver  à  des 
généralisations  et  à  des  vues  d'ensemble,  qui  sont,  en  dernière  ana- 
lyse, le  but  linal  de  la  science. 

Parmi  toutes  les  faunes  régionales  que  Ion  peut  envisager,  celle 
des  eaux  du  Canal  maritime  de  Suez  est  certainement  une  de  celles 
qui  olïre  le  plus  d'intérêt  pratique,  car  elle  permet  d'étudier  des 
faits  biologiques  importants  en  se  plaçant  à  deux  points  de  vue 
différents.  D'une  part,  en  effet,  en  établissant  aujourd'liui  uncala- 
logue  complet  des  espèces  marines  qui  peuplent  les  eaux  du  Canal 
on  peut  voir  comment  et  jusqu'à  quel  point  s'est  peuplé,  après 
une  période  de  35  années,  un  milieu  nouveau  artiliciellement  créé. 
Tandis  que,  d'autre  part,  en  rangeant,  dans  ledit  catalogue,  toutes 
les  espèces  d'après  la  mer  (Aléditerrannée  ou  mer  Rouge)  où  elles 
vivaient  avant  le  creusement  de  la  grande  voie  maritime  ouverte 
au  commerce  du  monde,  on  peut  rechercher  (luelles  sont  les  for- 
mes qui  ont  actuellement  plus  ou  moins  complètement  changé 
d'habitat.  Ce  travail  a  été  fait  par  l'un  de  nous  pour  les  Poissons  (I  ) 
et  esquissé  par  l'autre  pour  les  Mollusques  (i);  nous  présentons 
aujourd'hui  le  résultat  définitif  de  nos  communes  recherches  en 
ce  qui  concerne  les  Mollusques  testacés. 

I^our  (|ue  le  lecteur  puisse  juger  en  toute  connaissance  de  cause 
du  degré  de  confiance  qu'on  peut  accorder  au  travail  que  nous 
soumettons  à  son  examen,  nous  pensons  qu'il  est  utile  de  dire, 
tout  d'abord,  un  mot  de  la  méthode  que  nous  avons  suivie  au  cours 
de  nos  explorations  des  faux  du  Canal. 

Nos  recherches  ont  été  poursuivies,  en  toute  saison,  pendant  trois 

(1)  Mém.  Soc.  Znnl.  de  France,  XV,  1902,  p.  279, 

(2)  Bnl.  Soc.  y.ool.  de  France,  23  octobre  189cS,  p.  101. 


sÉANi;r.  DU   12  i>i';(;i:.mbkk   I1K>.">  171 

années  consécutives.  Des  drajiai'es,  avec  la  petiledraj-iie  à  co(|iiilles 
ordinaire,  ont  été  multipliés  sur  toute  létendue  du  plafond  du  Canal 
et  dans  les  deux  lacs  (lac  Tinisahet  lacs  Amers).  De  très  nombreu- 
ses recherches  ont  été  faites  sur  les  talus,  jusqu'à  la  profondeur 
qu'on  peut  atteindre  à  la  main,  par  des  indigènes  qui  ont  pour 
profession  de  pécher  des  coquilles  comestibles  pour  les  vendre 
sur  le  marché  de  Port-Saïd.  Des  employés  de  la  Compagnie  qui 
habitent  les  campements  situés  à  10  kilomètres  les  uns  des  autres 
et  qui  remplissent,  dans  ces  campements,  les  fondions  de  chefsde 
gares  du  Canal  maritime,  ont  fait  recueillir  par  les  matelots  placés 
sous  leurs  ordres  toutes  les  coquilles  vivantdans  leurs  circonscrip- 
tions. Chaque  récolte  a  été  examinée  et  il  a  été  pris  note  du  nom- 
bre des  individus  de  chaque  espèce  ainsi  récoltés.  On  a  totalisé 
ces  nombres,  de  sorte  que  les  renseignements  relatifs  à  l'abondance 
ou  à  la  rareté  résultent  d'observations  très  répétées.  Enfin,  pour 
vérifier  autant  qu'il  était  possible  de  le  faire  le  résultat  des  dra- 
gages et  des  pèches,  ou  a  fait  dans  chaque  région,  soit  dans  le 
Canal  ])roprement  dit,  soit  dans  les  lacs,  plusieurs  explorations 
complètes  au  scaphandre.  Sans  doute,  même  dans  ces  conditions, 
(|uelques  espèces  peuvent  avoir  échappé  à  nos  recherches,  malgré 
leur  multiplicité  et  malgré  leur  durée,  mais  il  est  certain  que  le 
nombre  de  ces  espèces  doit  être  fort  resteint  et  nous  croyons  i)ou- 
voir  afTirnier  que  le  catalogue  des  espèces  que  nous  donnons  ci-des 
sous  comme  constituant  la  faune  malacologique  de  llsthuie  est 
aussi  complet  que  possible. 

Dans  le  travail  dont  nous  avons  parlé  ci-dessus,  relatif  à  la  faune 
ichthyologique  du  Canal  on  a  donné  des  renseignements  détaillés 
sur  ce  qu'on  pourrait  appeler  la  géographie  physique  des  eaux 
maritimes  de  llsthme  de  Suez  ;  nous  estimons  qu'il  est  nécessaire 
de  résumer  ici,  brièvement,  lesdits  renseignements  qui  sont,  en 
réalité,  indispensables  pour  qu'on  puisse  se  rendre  compte  du 
mode  suivant  lequel  les  coquilles  ont  pu  se  disperser  d'une  mer  à 
l'autre  et  se  fixer,  suivant  leurs  mœurs  et  leur  nourriture,  dans 
telle  région  du  Canal  plutôt  que  dans  telle  autre. 

Dimensions  du  Canal.  —  Le  Canal  de  Suez  a  IG2  kilomètres  de 
longueur  totale,  avec  une  largeur  moyenne  de  40  mètres  à  la  cuvette 
et  de  100  mètres  à  la  ligne  d'eau.  Sa  profondeur,  au  plafond,  est  de 
9  mètres  au  minimum. 

A  partir  de  Port-Saïd,  son  point  terminus  sur  la  Méditerranée, 
il  traverse,  sur  une  longueur  de  44  kilomètres,  les  eaux  peu  pro- 
fondes du  lac  Menzaleh  ;  ses  berges  le  séparent  du  reste,  compté- 


172  SÉANCE  nu' 12  nKr.KMBHE  l!)0.") 

teinenl,  des  eaux  du  lar.  De  ce  point  au  lac  Timsah,  c'esl-à-dire 
sur  uue  longueur  de  30  kilomètres,  il  coupe  d'abord  une  dépres- 
sion jteu  marquée  (ancien  lac  Ballah  complètement  desséché  au- 
jourd'hui), puisquelques  très  petites  collines  de  sableet  enhn  deux 
((  seuils  )).  celui  d'El  Ferdane  et  celui  d"El  (luisr,  plus  élevés,  mais 
dont  la  hauteur  maxima  ne  dépasse  cependant  pas  23  mètres. 

Le  lac  Timsah,  qui  était,  avant  le  creusement  du  Canal,  une  val 
lée  humide  dans  sa  partie  la  plus  déclive,  a  une  superficie  totale 
de  l/iOO  hectares.  Ses  rives  sont  ti'ès  irrégulièrement  découpées 
et  il  est  entouré  d'un  chapelet  de  lagunes  communiquant  entre 
elles  et  avec  lui.  Du  côté  Afrique,  ces  lagunes  reçoivent  des  inlil- 
Irations  d'eau  douce  et  quel(|ues-unes  sont  saumàtres. 

En  quittant  la  dernière  lagune  du  lac  Timsah,  kilomètre  8."},  le 
Canal  est  creusé  à  travers  un  ((  seuil  »  qui  a  reçu  le  nom  de  seuil 
du  Sérapeum  sur  une  longueur  de  12  kilomètres  environ,  et  il 
débouche  ensuite  dans  une  dépression,  qui  était,  en  1868,  une  val- 
lée et  qui  constitue  aujourd'hui  le  bassin  des  lacs  Amers. 

La  pai'tie  nord  du  Bassin.  (|ui  est  la  plus  ])rofonde  (9  mètres), 
porte  le  nom  de  grand  lac  Amer;  la  partie  sud,  où  les  fonds  natu- 
rels sont  beaucoup  moindres  (3mètres)et  qui  estaussi  moinslarge, 
se  nomme  petit  lac  Amer.  La  longueur  tolale  des  deux  lacs  est  de 
35  kilomètres,  la  largeur  maxima  du  grand  lac  est  de  12  kilomètres. 
La  superficie  des  deux  lacs  réunis  est  de  34.590  hectares.  Les  rives 
sont  assez  régulières  ;  elles  n'ont  nulle  part  la  forme  de  lagunes  pro- 
prementdites.  Onadmetquelesdeux  îacssontséparésl'un  delautre 
par  une  petite  presqu'île  sur  laquelle  est  établi  le  campement  de 
Kabret. 

Le  Canal  quitte  la  vallée  des  Lacs  au  kilomètre  133  et  est,  à  par 
tir  de  ce  point,  creusé  de  nouveau  entre  des  berges  jusqu'au  kilo- 
mètre 158,  il  coupe  dans  cette  partie,  avant  d'entrer  dans  la  plaine 
de  Suez,  un  (c  seuil  »  assez  élevé  (21  mètres)  celui  de  Chalouf. 

A  partir  du  kilomètre  158  jusqu'au  ])oint  où  il  débouche  dans  la 
rade  de  Suez  proprement  dite,  kilomètre  102,  le  chenal  est  creusé 
dans  la  ])lage  couvrant  et  découvrant  aux  marées  de  la  baie  de 
Suez. 

Marées  et  courants.  —  Les  marées  à  peine  sensibles  de  la  Médi 
terranée  se  font  cependant  sentir  dans  le  Canal  jusqu'à  quelques 
kilomètres  du  lac  Timsah  ;  mais  les  courants  qu'elles  produisent 
sont    très    faibles    et   sont  nettement  iniluencés    par    les   vents 
régnants. 

Le  flot  et  le  jusant  de  la  mer  llouge  s'établissent  au  contraire  tivs 


SÉANCK    l>r     \2    DHCliMBriK    iîM).')  173 

régulièrenieul  de  Suez  jusciu'aii  débouclié  du  Canal  dans  le  peLil 
lac  Amer. 

En  dehors  de  ces  courants  de  marée  11  existe  un  grand  courant 
général  saisonnier  provenant  de  ce  que  le  niveau  moyen  des  deux 
mers  varie  légèrement  suivant  les  saisons.  En  été  les  eaux  s'écou- 
lent de  la  Méditerranée  vers  la  mer  Rouge,  en  hiver  elles  suivent 
une  direction  opposée.  La  vitesse  du  courant  est  au  maximum  de 
1  à  2  ou  ;î  kilomètres  de  Port-Saïd  aux  lacs  Amers,  mais  elle  peut 
atteindre  7  kilomètres  avec  certains  vents  entre  Suez  et  ces  lacs. 

Salure  des  eaux.  —  La  salure  des  eaux  varie  suivant  les  saisons 
dans  les  {iroporlions  suivantes  : 

A  Port-Sdid  :  de  26  grammes  à  38  grammes  par  litre. 

Dans  le  lac  Timsah  :  de  40  à  60  grammes  par  litre  au  milieu  du 
lac. 

Dans  le  grand  lac  Amer  :  en  toute  saison  7.'i  grammes  par  litre. 

Dans  le  petit  lac  et  à  Saez  :  de  40  à  43  grammes  par  litre. 

Comme  il  existe  un  banc  de  sel  dune  grande  épaisseur  dans  la 
partie  la  plus  profonde  du  grand  lac  Amer,  on  doit  admettre  que 
pendant  de  nombreuses  années  leau  conservera  son  très  fort  degré 
de  salure  actuel  dans  cette  région,  et  que  cette  forte  salure  gênera 
le  passage  des  espèces  dans  un  sens  ou  dans  l'autre  à  travers  le  lac. 

Enfin  il  est  Important  d'ajouter  que,  toutes  les  fois  (ju'en  un  point 
quelconcjue  du  plafond,  la  profondeur  est  inférieure  à  9  mètres, 
on  |)orte  immédiatement,  par  des  dragages  appropriés,  la  profon- 
deur à  10  mètres.  Chaque  point  de  la  cuvette  du  Canal  se  trouve 
ainsi  dragué,  en  moyenne  tous  les  trois  ans.  Les  fonds,  au  point  de 
vue  de  la  biologie  marine,  sont  donc  tout  à  fait  instables. 

Comme  nous  l'avons  dit  ci-dessus,  l'étude  de  la  faune  malacolo- 
gique  du  Canal  de  Suez  intéresse  les  naturalistes  à  deux  points  de 
vue;  celui  du  peu])lementd'un  milieu  artificiellement  créé,  et  celui 
de  la  dispersion  des  espèces  empruntant  la  nouvelle  voie  qui  leur 
était  ouverte,  pour  se  répandre  plus  ou  moins  loin  de  leur  habitat 
l)rimitif. 

Pour  qu'on  [)uisse  se  rendre  compte,  à  la  fois,  du  peuplement  et 
de  la  dispersion,  nous^vons  dans  les  tableaux  que  nous  donnons 
divisé  le  Canal  en  huit  régions  distinctes,  —  pour  chacune  desquel- 
les nous  faisons  connaître  la  nature  des  fonds  —  et  réparti  les  espè- 
ces dans  ces  huit  régions  en  indiquant,  à  laide  des  abréviations 
ordinaires,  l'abondance  ou  la  rareté  de  chaque  espèce  en  individus. 
Ces  huit  régions  sont  les  suivantes  : 
i°  Port  de  Hort-Sdid.  —  De  l'extrémité  des  jetées  à  la   courbe 


171  SÉANCE    DL     li    UKCEMBRii    l'JUL) 

d'entrée  du  canal  proprement  dit  :  kilomètre  3.  Les  diiïérents  bas- 
sins du  port  font  naturellement  partie  de  cette  région.  (]omme  on  le 
verra,  d'assez  nombreuses  espèces  de  la  mer  Kougeont  été  trouvées 
dans  les  bassins  du  port  et  ([uelques  unes  dans  lavant-port  sans  que 
nous  ayons  pu  nous  les  procurer  jusquici  en  rade  même.  Nous 
considérons  ces  espèces  comme  ne  passant  pas  d'une  mer  dans 
l'autre.  11  est  cependant  probable  que  quelques  unes  se  trouvaient 
à  la  mer,  mais  elles  y  sont  sans  doute  très  rares.  Nous  n'avons 
fait  aucune  bypothèse  à  ce  sujet  et  nous  donnons  comme  médi 
terranéennes  seulement  les  espèces  que  nous  avons  trouvées  en 
rade. 

Les  fonds  dans  cette  région  sont  de  vase  mélangée  de  sable 
très  lin. 

2°  Entrée  du  canal.  —  (lette'région  va  juscjuau  kilomètre  10  en- 
viron. Un  certain  nombre  d'espèces  ne  pénètrent  pas  d'avantage 
dans  le  canal  proprement  dit. 

Mêmes  fonds  que  dans  le  port. 

3°  Région  nord.  —  Cette  région  va  du  kilomètre  JOau  lac  Timsali 
(67  kilomètres).  Nous  indiciuons,  lorsque  cela  est  nécessaire,  les 
espèces  qui  n'occupent  i)as  la  région  entière. 

].«es  fonds  de  sable  vaseux,  jusqu'au  kilomètre  iO,  sont  ensuite  de 
sable  pur,  avec  des  bancs  d'argile  assez  dure  sur  certains  points. 

4"  Lac  Timsah.  —  Nous  comprenons  les  lagunes  du  lacdanscetle 
région,  qui  a  ainsi  (i  kilomètres. 

Les  fonds  sont  de  vase  molle  recouverte  dune  légère  coucbe  de 
sable. 

1')°  Seuil  de  Sérapeum.  —  Du  lac  Timsali  au  déboucbé  du  canal 
dans  le  grand  lac  Amer  (gare  du  Déversoir)  :  [2.  kilomètres. 

Fonds  en  général  d'ai'gile  dure  avec  quekiues  parties  rocheuses. 

6»  Grand  lac  Amer.  —  De  la  gare  du  Déversoir  au  phare  sud  :  îi) 
kilomètres. 

Fonds  de  vase  extrêmement  collante  et  molle.sauf  dans  la  partie 
la  plus  profonde  oii  le  sol  est  constitué  par  un  banc  de  sel  l'ecouvert 
d'une  légère  couche  de  vase  molle. 

1"  Petit  lac  Amer.  —  Du  phare  sud  à  la  gare  du  kilomètie  133, 
c'est-à-dire  à  l'endroit  où  le  canal  est  de  nouveau  creusé  entre 
berges  :  18  kilomètres  comptés  sur  l'axe. 

Fonds  très  variables,  quekiues  îlots  de  roche  dure. 

8"  Seuil  de  Chalouf.  —  De  la  gare  du  kilomètre  133  au  kilomètre 
11)2,  où  le  canal  débouche  sur  les  plages  de  la  rade  de  Suez. 

Fonds  dai'gile  dure  et  bancs  rocheux. 


SÉANCE    IJU    \2.   DÈCKMBHK    l!)Uo 


17i 


KSPÈCES 

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Cyclops  neriteus  Lin.    .   .    . 

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Natica  Josephinia  Risso.    . 

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Patetla  cœrulea  Lin 

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Chiton  discrepans  Brown.   . 

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Bulla  striata  Brug 

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Solen  marginatus  Pennant. 

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Maclra  corallina  Lin.    .    .    . 

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G astr ana  fragilis  Lin.   .    .    . 

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Tellina  cumnna  Coutli.    .    . 

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Venus  (jallina  Lin 

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Tapes  aureus  (var.  bicolor) 

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Tapes  aureus  (var.  texturala) 

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Cardium  edule  Lin 

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Mylilus  (jalloprorincialis  Lk. 

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Modiola  barbata  Lk.    .    .    . 

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Peclen  varius   Lin 

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Diplodonta  rotundala  .Moniij. 

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Arca  yoae  Lin 

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Ostrœa  stentina  Pagr.  (7).  . 

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(1»  Ne  dépasse  pas  le  kiloiiièli-e  20. 

(2)  Trouvé  une  seule  fois  (b)  eu  hiver. 

Oi)  Trouvé  une  seule  fois  ((i)  en  hiver. 

(4)  Pholcis  dactylus  fiasix  prfsque  ccrtaineinoiit  en  rade  de  Suez,  mais  n'y  a  pas  été 
rencontrée. 

(b)  Trouvé  une  seule  fois  (i'i)  en  hiver. 

(ti)  Disparaît  entre  les  kilomètres  20  et  tiO. 

(7)  Ostrœasteiitiua  passe  probablement  dune  rade  à  l'autre,  mais  n'a  pas  été  rencontrée 
à  Suez . 


17(5 


SÉAXCK    Dr     12    DKCKMBP.l',    l!»0,') 


ESPÈCES 

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Murex  adustus  Lk 

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Nassa  erythrœa  Issel.   .    .    . 

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Fusus  marmoratus  Philip.  . 

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Trochus  Kockii    Fliilip.   .    . 

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Ancillaria  crussa  Sow.   .    . 

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Cerithmm  cœruleum  Sow.   • 

CerWiium  turritmn  Sow.   . 

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Cerithium  morus   Lin.    .    . 

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Cerithium  Ruppelii  Pliilip. 

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Cerithium  scabrkhim  Pliilip. 

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Risella  Isseli  Lenip 

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Planaxls  Savignyi  Desh.    . 

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Nerita  crassilabris  Hccvc.   . 

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Alaba  seinistriata  Philip.   . 

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Euchelus  hkinctus  Philip.  . 

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Fissïirella  Ruppelii   Sow.   . 

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Patella  radlnta  Cheni.    .    . 

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Chlton  Sueziensis  Heevc.   . 

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Chiton  spinifjer  Sow.   .    .    . 

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Chlton  decoratus  Carp\    .    . 

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Slphonaria  sipho  Sow.   .    . 

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Teredo  elonf/atus  Quatrelages 

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Mactra  olorina  Reevc.  .    .    . 

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Psammobia  Ruppeliana  Hccvc. 

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Tellina    Waltoni   Haiilcy.   . 

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Métis  (tellina)   coxa  Jouss. 

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(1)  Dans  lies  Ascidiées. 

(2)  .lusqu'à  Kabrel  on  est  R. 

(3)  Jus(iirà  K.ibret  où  est  K. 
(3)  Jusqu'à  Kabret  où  est  TC. 


SÉANCK    DU    12    DÉCKMIîKE    li)<)."> 


177 


KSPICCES 

DE 

LA    AI  Eli    UOUGE 


M('fiO(le)>)iHi  striata  Heeve.  . 
Lioconclia  arabica  Lk.  .  . 
Liocouclia  picta  Lk.  .  .  . 
Crisla  pectinata  Reeve.  .  . 
Circe  corrugata  Chcin.   .    . 

Tapes  liUerata  Lk 

Dosinia   (Artcmis)  erijlhrœa 

Rociii 

Radula  (Lima)  paucicostata 

Sow 

Pelvicola  llempriclui  IsseL 
Cardium  (Hemicardium)  aii- 

ricuki  Fork 

Chama  BroderipH  Heeve  (2) 
Chama  Riippelii  Reeve.  .  . 
Cardium  papyraceum  Lk.  . 
Lucina  fischeriaîia  Issel  .  . 
Lncina  globularis  Lk.  .  .  . 
MijtilHS  Pharaonis  Fischer. 
Modtola  flavida  Reeve.  .  . 
Modiola  aHricidata  Krss.  . 
Modiola  areolafa  Reeve.  . 
Modiolaria.  viridula  ilimls.  . 
Perna  crassidens  Jou.ss.  .  . 
Meleagrina  radiata  Dcsii.  . 
MallcKS  régula  Forsk.  .  .  . 
Pinna  bicolor  Cliem.  .  .  . 
Arca  (Harliatia)  lacerala  Lin. 
Arca  imbricata  Brll,i,^  .  .  . 
Spondglus  aculeatus  Chcm. 

Perna  mgtiloïdes 

Vulselta  fipongiurum  Lk.  . 
Ostrea  Forskalii  Gin.  .  .  . 
Pecten  squamosus    Gni.   .    . 


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(1)  Jus(|u'à  Kabrel  où  est  P.. 

(2)  R  tronvi'-  à  Alexiinilrii'. 


Iliill.  Suc.  7a\u\.  ([,•  Fr      iDo;;. 


x.wii— 12 


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SÉANCE    DU    \2   DÉCEMBRE    IDU.') 


ESPKCES   COMMUNES 

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AUX  DEUX  MERS 

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AVANT 
LE  CREUSEMENT  DU    CANAL 

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Nassa  gibbosala  Lin.    .    .    . 

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II 

Méditerranée. 

ESPÈCES    VIVANT    DANS    LE    POUT    ET     LAVANT    POHT     DE    POUT  SAÏD 
MAIS     NE     PÉNÉTRANT     PAS     DANS    LE     CANAL    PHOPUEMENT    DIT 

Columbella  rustica  Lin 11 

Natica  millepunclata  Lk.    . Ilr 

Corbiila  gilla  Oliv G 

Tellina  pidchella  Lk R 

Donax  truncuius  Lin TC 

Dosinia   lupinus  Lin C 

Arca  (Barbatia)  barbuta  Lin H 


Mer  Rouge. 

ESPÈCES    VIVANT    SUR    LES    PLAGES   DE   LA    liAIE    DE   SUEZ 
MAIS    NE   DÉPASSANT    PAS    l'eNTUÉE   DU   CANAL   PROPREMENT   DIT    (kil.    lo8) 

Murex   anguliferus   Lk C 

Melongena  paradisiaca  ^Heeve TC 

Strombus  tricornis  Lk TC 

Cgprœa  turdns  Link TC 

CerUhium   nodulos.iim    Hrui^' U 

CerUhmm   variegalum  Quoy H 

Turbo  radialus  Gni C  . 

Trochus   (polydonta)  squim-osus  Lk H 

Clanmlus    pliaraonis    Lin C 

TelUna  Listeri  Hanley Rrr 

Circe   litterata  Pliil C 

Avicula  marmorata  Piiil Rr 

Pectunculus  pecMniformis    Lk C 

Liinopsis  midiistriata  Forsk R 

Pecten    erythr;i>ensis   Sow R 

Pecten   porphyreus   G  ni R 

PlicaUda  depressa  Lk R 


lUOI'.VIlTITION    DES    .MOLLUSQUES    PANS    LK   CAXAL 


Muj?£X  TIJISULUÎ 

£mi  KmM&Am 

(fRiTHIUM  fCAgRIPUM 
PlANMIi  SawMU  . 
TerEW  ELOIVMTVf 
CRJSM  PEaiNAlA 
DoilNIA  ERYTHRtA 
MVTILIiJ  PH/IRi(ON[S 
Melhcriha  RADIAM 
Chama  Brcoeripii 
Pmmmobia  RuPPeuM', 
Malleuf  Recuu 

/llVATUM    LASIAIA 

Petricol/i  Hempkichii  . 
FissuWLW  Kmnw 

CARDIUM  PAPYRACtl/M, 
METIS    COXA 

Siph:naria  siPHO 

LUCINA  nSHfPIAKA 
MaCTP7\  OLûRIfiA 
/ANCILLARIA  fRAisA 
NAi>A  ERYTHRAA 
NERITACRASSIL/lfRI^ 
EUCHEUJS  aiClNCTUi 
LiOCdNCHA   FICTA 
TELLINA  Waltoni 
Trochus  Kockii 

CERITHiaW  CERiatUW_ 

Patella  radiata 

CiRa    CORRWATA 
MliP.EX  AOUSTIJ^ 

ClRlIHIL'M  MOaiii— 

Cerithhw  Ruppelii 

CERIWIUM  CLTPtOMOEl 
LfRiTHILiM  TlIRRITUM 
RlîELLA  li^ELLI 
SlPHONARIABAfflNENili. 
ChITûN  SPIM6ER 
ChITON  DECORAn'è 
CHITON  SUEZIENSIS 
MEBûDEiMA  >TRIATA 
LiOCCNCHAAMeKA 
Chama  Ruppelii 

RaDULA  PAL'CICO^TATA 

Caroium  AuRiaaA 

MODlûLA  AURIlI/LAW 
MODIOL/.  ARfOLATA 
MODICLA  FlAVIDA 
MOOIOLARIA  VIRIDULA 
Arca  IMBRI^ATA 
AacA  laukata 

Qàri^A  FOR^KALII 
Periva  MYTILOIDEî 
Alaba  SEMISTRIAEA 

PECTEN    SpUAMOSUi 
PERNA   CRA^  JPENi 
PERNA    SiCOtOR 
SPOMDVLUSACUUAru 

Tapes  litterata 

Vli-iELLASPCNGlARlIM 
LUCINA   ÛLOBi/LARIS 


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.Arca  No/t 

PeCTEW  VARIUS 

Patella  cœrulea 

MvriLUiGALLOPflÛVlNdWi 
VENIK  VERRI/C05A 
NA-î'-A   RETICULATA 
fVlODlCLA    BARBATA 
lAPESAUREUÎijExiiiWT/^) 
.  yAPfSA;>Pfl'H"BKcioR) 

-Murex  truwculus 

_TfLLIMA  CUMANA 

_  Vew.î  gallina 
.  Bulla  striata 

.NATICA  JCfEPHIKA 
.  NASSA  MUTABlUt 
.TAPEs   PULLAsTRA 

_PSAMMOBIA^'EINKAlirn 
_50LEN    MARCINATUS 
_CyCLOPs     NERITEUi 
.ÛASTRANA    TRAOIUS 
POTAMIOEA    CONICÀ' 
_Cardium  EDULE 
_CHirON    01SCREPAN5 

.  DiPLODONTA  aon-'NcwtA 
.  Mactra  comllina 
.Phûlas  OACTYLUS 
.OÇTR/ÇA    STm\m 


D     E 


s    V    E    Z--  --> 


180  SÉANCE  Di    12  i)i':i;i:.MBHi':   lilO.'i 

x\ous  donnons  à  part  les  8  espèces  de  la  Méditerranée  qui  pénè- 
trent dans  lavant-port  et  le  port  de  Port-Said,  sans  que  nous  les 
ayons  jamais  trouvées  dans  le  canal  proprement  dit,  c'est-à-dire  au 
sud  du  kilomètre  ^5. 

Et  à  part  également  les  espèces,  au  nombre  de  17,  qu'on  trouve 
du  kilomètre  J.">8  à  la  rade  de  Suez,  c'est-à-dire  sur  les  plages  tra- 
versées par  le  canal,  mais  couvertes  et  découvertes  en  partie  aux 
marées,  sans  qu'elles  aient  jamais  été  recueillies  au  sud  du  kilo- 
mètre 158,  c'est-à-dire  en  dehors  du  canal  proprement  dit. 

L'examen  des  tabeaux  et  du  diagramme  qui  les  résume  nous 
montre  que  :  (U  espèces  de  Mollusques  de  la  mer  Houge  pénètrent 
plus  ou  moins  avant  dans  le  Clanal  de  Suez,  et  que,  sur  ce  nombre, 
10  paraissent  actuellement  acclimatées  dans  la  mer  Méditerranée, 
depuis  le  crcmement  du  Canal  (1);  que  27  espèces  de  la  Méditei-ra- 
née  pénètrent  de  leur  côté  dans  le  Canal  et  que  3  seulement  d'entre 
elles  (."»  au  plus?)  sont  arrivées  dans  la  mer  Rouge  depuis  le  perce- 
ment de  l'Isthme. 

11  y  a  donc  une  inégalité  manifeste  entre  ces  deux  courants  in- 
verses d'es|)èces.  Nous  pouvons  dès  jnaintenant  chercher  à  expli- 
quer cette  inégatité.  Elle  résulte  à  notre  avis  decauses  troisau  moins: 

1°  La  prépondérance  marquée  du  courant  maritime  érythréen 
sur  le  courant  méditerranéen,  (le  facteur  nous  parait  de  beaucoup 
le  plus  imi)ortant. 

2"  La  richesse  plus  grande  de  la  l'aune  malacologi(|ue  éry- 
thréenne,  relativement  à  la  faune  méditerranéenne. 

3°  La  plus  grande  adaptivité  de  la  faune  érythréenne.  Celle-ci  en 
elïet  est  en  réalité  ])eu  distincte  de  la  faune  indo-pacitique.  Très 
peu  d'espèces  entrées  par  Suez  dans  le  Canal  sont  exclusivement 
érythréennes,  toutes  les  autres  sont  répandues  dans  l'océan  Indien 
tout  entier  et  beaucoup  vivent  aussi  dans  le  Pacifique,  occupant 
ainsi  une  aire  de  dispersion  immense  par  ra])[)ort  à  la  Méditerra- 
née et  aux  cotes  atlantiques  d'Euro])e.  Ces  espèces  indo-.paciliques 
doivent  avoir  acquis  du  fait  de  cette  vaste  dis[)ersion  une  aptitude 
particulière  à  s'étendre  en  surface  tout  en  se  pliant  aux  circons- 
tances de  \;\  vie. 

Quoi  qu  il  en  soit.ilestintéressantde  noter  au  sujet  de  cette  inéga- 
lité dans  la  progression  des  deux  faunes  ma/aco/o^ùy //es  érythréenne 

(I)  .M.  !(•  inariiiiis  di' Monterosato  nous  a  siiiinali'  linnella  ciiiccp)^  Lk,  ospôce 
in(l()-p;u'i(i(iuo,  comme  Iroiivée  par  lui  dans  les  Epon.yi's  de  Tripoli.  On  l'aurait 
rcncuniréc  aussi  à  Alexandi'ic;  ne  l'ayant  trouvée  nous-mêmc  ni  à  .Su(^z.  ni  dans 
le  Canal  nous  n'avons  pas  cru  devoir  comprendre  ceUe  espèce  dans  noire   liste. 


SKAXCE    1)1       \î    DKCKMBUi;     I  !)0;')  |S| 

et  iiiéditeiTHiirpiiiic.  léi^alilé  piH'sqne  coniplèle  dans  la  pro- 
gression (les  l'aunes  iftltyolo(jiquc>>  des  mêmes  mers  (une  très  légère 
inégalité  dans  le  nombre  des  espères  de  Poissons  passées  dune  mer 
à  Vautre,  se  trouve  être  en  sens  opposé  de  ce  qui  a  lieu  pour  les 
^foUusques).  Cette  dissemblance  tient,  pensons-nous,  à  ce  que  les 
déplacement  des  Poissons  sont  actifs,  c'est  à-dire  dépendant  beau- 
coup des  animaux  euxmêmes,  tandis  que  les  déplacements  des 
Mollusques  sont  jiassils.  liés  f|u"ils  sont  aux  conditions  extérieures 
et  particulièreiuent  dans  le  cas  actuel  à  la  direction  |)répondérante 
des  courants. 

Il  y  a  lieu  de  remarquer  le  ressaut  prolongé  que  présente  la 
ligne  de  pénétration  érythréenne  au  niveau  du  kilomètre  130,  où 
24  espèces  de  la  mer  Rouge  se  trouvent  subitement  arrêtées.  Il  est 
dû  évidemment  à  ce  que  c'est  à  ce  point  que  cesse  de  se  faire  sen- 
tir l'influence  des  marées  de  la  mer  Rouge.  Un  peu  plus  loin,  dans 
le  grand  Lac.  un  autre  arrêt  se  produit  encore,  il  est  du  à  un  maxi- 
mum de  salure  des  eaux,  qui  se  manifeste  vers  le  kilomètre  lin. 
Cette  salure  excessive  paraît  avoir  Jiioins  d'action  sur  les  .Mollus- 
ques venant  de  la  Méditerranée. 

Nous  ferons  observer  aussi  que  pendant  le  creusement  du  canal 
plusieurs  espèces  de  Mollusques  actuels  ont  été  trouvées  fossiles 
dans  les  déblais  de  la  partie  sud,  du  kilomètre  158  au  kilomètre  100. 
Reaucoup  de  ces  espèces  ont  élé  retrouvées  rirmites  dans  la  partie 
sud  du  canal.  Leur  présence  à  l'état  fossile  prouve  que  la  mer 
Rouge  s'est  jadis  (et  même  à  une  époque  historique)  avancée  vers 
le  nord  plus  quelle  ne  le  fait  aujourd'hui  et  que  ces  espèces 
avaient  alors  la  même  propension  à  progresser  dans  ce  sens. 

Enlin  nous  pouvons  dire  que  le  soin  extrême  que  nous  avons 
apporté  à  la  recherche  des  Mollusques,  les  facilités  exceptionnelles 
que  l'un  de  nous  avait  pour  les  effectuer,  nous  permettent  d'espérer 
que  les  listes  que  nous  donnons,  ainsi  que  le  diagramme  de  la  ré- 
partition de  ces  espèces  constitueront  une  base  solide  pour  l'élude 
qui  sera  certainement  faite  plus  tard  de  la  progression  i-elalive  des 
espèces  des  deux  mers  dans  un  sens  ou  dans  l'autre. 

Nous  ajouterons  que  toutes  les  déterminations  litigieuses  ont  été 
contrôlées  par  des  Conchyliologistes  compétents,  par  nos  collègues 
MM.  JorssE.\uMR,  Dautzexberg  et  Vk.xal,  auxquels  nous  adressons 
ici  tous  nos  remercîments. 


Séance  du  S6  décembre  iOOi 


PRESIDENCE    DU  PIlOFESSEUR  .lOLBIX,  PllESfDEXT. 


M.  le  Président  adresse  les  félicitations  delà  Société  à  M.  le  iJi 
ÏROUESSART,  élu  Vice-Président  de  la  Société  de  Biologie  pour  1900. 

MM.  R.  I)!:inchard  et  J.  (îiiiart  présentent  M.  Henri  Dalmox.  habi- 
tant 60,  avenue  d'Orléans,  à  Paris  et  M.  Maurice  Royer,  demeurant 
rue  de  Villiers,  à  Levallois-Perret  (Seine). 

Le  D""  ÏROUESSART  fait  une  communication  sur  le  blanchiment 
des  poils. 

M.  Germaix  fait  une  communicalion  sur  les  Mollusques  terresties 
et  lluviatiles  récoltés  par  le  lieutenant  Lacoin  dans  la  région  du  lac 
Tchad  et  du  Chari.  Il  montre  que  cette  faune  na  rien  de  spécial  et 
ressemble  à  celle  du  Haut-Nil. 

Le  !)•■  Pellegrin  confirme  aussi  Tidentité  de  ces  deux  faunes  en  ce 
qui  concerne  les  Poissons. 

Le  Di' Pellegrin  fait  une  communication  sur  deux  froissons  du 
genre  Crcnicichia. 

Le  ]>■  de  Béai  champ  fait  une  communication  sur  l'organe  relro- 
cérébral  de  certains  Rotifères  et  sur  le  mâle  de  VEoiiphora  digi- 
tata. 

M.  le  Secrétaire  général  donne  communication  de  la  promulga- 
tion récente  de  la  Convention  pour  la  protection  de.";  Oiseav.r  ntilef!  à 
l'agriculture.  Les  membres  présents  décident  que  l'insertion  en  sera 
faite  dans  le  Bulletin. 

L'ordre  du  jour  appelle  le  dépouillement  du  scrutin  pour  l'élec- 
tion du  Bureau  et  du  tiers  sortant  du  Conseil,  M.  Reyckaert, 
\liks  PqI  Qi  Loyez  sont  élus  scrutateurs.  Sur  1 1!)  votants  ont  ol)tenu  : 

Président:  X.  Raspau.  par  110  voix. 

,,.      T,   ,  .  1      ,  \    (i.  Pruvôt.    .    .". il!)       » 

Vice-Presidents  :  ,,    ^i  im 

/    P.  Marchal II!)       )) 

Secrétaire  général  :  D^  J.  (îuiart 11(1      » 

,,       ,^  .  {    Brumpt llî)      » 

Secrétaires:  !    ,     r»  ,,,, 

/    D''  Pellegrix IPI       )» 


SÉANCK   1)1"    Ht    DÉCKMBUH     IDO.'i  I  S."} 


rf\ 


résorier  :  L.  \u;s\\ 118    voix 

Archiviste-l)il)li()!hécaire:  H.  HÉRUBEi 118      » 

A.  L.  Clément IIS       » 

1)1  .loUSSEAUMK Ilî)        » 

^fembres  du  Conseil  :     ■{  Prol.  Y.  Delage 118       » 

Prof.  H.  COL'TIÈRE 119         )) 

Cil.  Allcai'I) 111)       )) 

MM.  l'^iscHER  et  François,  présentés  par  le  Conseil,  sont  élus 
membres  du  Conseil  en  remplacement  de  MM.  Marebal  et  Vignal 
devenus  membres  du  Bureau. 


CONVENTION  POUR  LA  PROTECTION  DES  OISEAUX 
UTILES  A  L'AGRICULTURE 

Le  président  de  la  Républif[ue  française  ;  S.  M.  l'empereur 
d'Allemagne,  roi  de  Prusse,  au  nom  de  l'empire  allemand  ;  S.  M. 
l'empereur  d'Aulriche,  roi  de  Bobêiiie,  etc,  et  roi  apostolique  de 
Hongrie,  agissant  également  au  nom  de  S.  A.  le  prince  de  Liclitens- 
tein;  S.  M.  le  roi  des  Belges;  S.  M.  le  roi  d'Espagne  et,  en  son  nom, 
S.  M.  la  reine  régente  du  royaume;  S.  M.  le  roi  des  Hellènes; 
S.  A.  B.  le  grand-duc  de  Luxeml)ourg;  S.  A.  B.  le  prince  de 
Monaco;  S.  M.  le  roi  de  Portugal  et  des  Algarves  ;  S.  M.  le  roi 
de  Suède  et  de  Norvège,  au  nom  de  la  Suède,  et  le  conseil  fédérai 
Suisse,  reconnaissant  l'opportunité  d'une  action  commune 
dans  les  différents  i)ays  pour  la  conservation  des  Oiseaux  utiles  à 
l'agriculture,  ont  résolu  de  conclure  une  convention  à  cet  effet 
et  ont  nommé  leurs  plénipotentiaires,  lesquels,  après  s'être 
communiqué  leurs  pleins  pouvoirs,  trouvés  en  bonne  et  due 
l'orme,  sont  convenus  des  articles  suivants  : 

Art.  1^1".  —  Les  Oiseaux  utiles  à  l'agriculture,  spécialement  les 
Insectivores  et  notamment  les  Oiseaux  énumérés  dans  la  liste  n"  1 
annexée  à  la  présente  convention,  laquelle  sera  susceptible  d'addi- 
tions par  la  législation  de  chaque  pays,  jouiront  d'une  protection 
absolue,  de  façon  c|u"il  soit  interdit  de  les  tuer  en  tous  tejupsetde 
quelque  manière  que  ce  soit,  d'en  détruire  les  nids,  œufs  et 
couvées. 

En  attendant   que   ce   résultat  soit  atteint  partout,   dans   son 


!Si  sÉANci:  Dr  26  dkckmbrf.   I !)()') 

ensemble,  les  haiiles  parties  contraclaules  seiiij;agenl  à  |)rendre  ou 
à  proposer  à  leurs  législatures  respectives  les  dispositions  néces- 
saires pour  assurer  l'exécution  des  mesures  comprises  dans  les 
articles  ci-après. 

Art.  2.  —  Il  sera  défendu  d'enlever  les  nids,  de  prendre  les  œufs, 
de  capturer  et  de  détruire  les  couvées  en  loul  temps  et  par  des 
moyens  quelconques. 

L'importation  et  le  transit,  le  transport,  le  colportage,  la  mise 
en  vente,  la  vente  et  Tacliat  de  ces  nids,  œufs  et  couvées  seront 
inteidits. 

Cette  interdiction  ne  s'étendra  ])as  à  la  destruction,  par  le  pio- 
priélaire,  usufruitier  ou  leur  mandataire,  des  nids  que  des  Oiseaux 
auront  construits  dans  ou  contre  les  maisons  d'habitation  ou  les 
bâtiments  en  général  et  dans  l'intérieur  des  cours.  11  pourra  de 
plus  être  dérogé,  à  litre  exceptionnel,  aux  dispositions  du  présent 
article,  en  ce  qui  concerne  les  œufs  de  Vanneau  et  de  Mouette. 

Art.  '.].  —  Seront  prohibés  la  pose  et  l'emploi  des  pièges,  cages, 
filets,  lacets,  gluaux,  et  de  tous  autres  moyens  quelconques  ayant 
|»our  objet  de  faciliter  la  capture  ou  la  destruction  en  uiasse  des 
Oiseaux. 

Art.  4.  —  Dans  le  cas  où  les  hautes  [tarties  contractantes  ne  se 
trouveraient  pas  en  mesure  d'appliquer  immédiatement  et  dans 
leur  intégralité  les  dispositions  i)rohibitives  de  l'article  qui  {)ré- 
cède,  elles  pouroni  apporter  des  atténuations  jugées  nécessaires 
auxdiles  prohibitions,  mais  elles  s'engagent  à  restreindre  l'emploi 
des  méthodes,  engins  et  moyens  de  capture  et  de  destruction,  de 
façon  à  parvenir  à  réaliser  peu  à  peu  les  mesures  de  protection 
mentionnées  dans  l'article  ;}. 

Art.  ").  —  Outre  les  défenses  générales  formulées  à  l'article  .'»,  il 
est  interdit  de  prendre  ou  de  tuer,  du  l'Mnarsau  il'}  septembre  de 
chaque  année,  les  (Jiseaux  utiles  énumérés  dans  la  liste  n"  1 
annexée  à  la  convention. 

La  vente  et  la  mise  en  vente  seront  interdites  également  pendant 
la  même  période. 

Les  hautes  parties  contractantes  s'engagent,  dans  la  mesure  où 
leur  législation  le  permet,  à  i)rohiber  l'entrée  et  le  transit  desdits 
Oiseaux  et  leur  transport  du  L'i'  mars  au  l.'i  septembre. 

La  durée  de  l'interdiction  prévue  dans  le  présent  article  pourra, 
toutefois,  être  modifiée  dans  les  ]iays  septenti'ionaux. 

Art.  (J. —  Les  autorités  compétentes  ])ouri'oiit  accorder  exception- 


SKANCK    1)1      2i\    DKCK.MIÎHK    190,")  I  S." 

nullement  aux  i)i()|tiiélaires  ou  exploiUiuts  de  vif^nobles,  veri>ers 
et  jardins,  de  pépinières,  de  eliamps  plantés  ou  ensemensés,  ainsi 
qu'aux  agents  préposés  à  leur  surveillance,  le  droit  temporaire  de 
tirer  à  l'arme  à  feu  sur  les  Oiseaux  dont  la  présence  serait  nuisible 
et  causerait  un  réel  domma.i>e. 

Il  restera  toutefois  interdit  de  mettre  en  vente  et  de  vendre  les 
Oiseaux  tués  dans  ces  conditions. 

Arl.  7.  —  Des  exceptions  aux  dispositions  de  cette  convention 
pourront  être  accordées  dans  un  intérêt  scientifique  ou  de  repeu- 
plement par  les  autorités  compétentes,  suivant  les  cas  et  en  pre- 
nant toutes  les  |)récautions  nécessaires  pour  éviter  les  abus. 

Pourront  encore  être  perm'ises,  avec  les  mêmes  conditions  de 
précaution,  la  capture,  la  vente  et  la  détention  des  Oiseaux  desti- 
nés à  être  tenus  en  cage.  Les  permissions  devront  être  accordées 
par  les  autorités  compétentes. 

Art.  8.  —  Les  dispositions  de  la  présente  convention  ne  senmt 
pas  applicables  aux  Oiseaux  de  basse-cour,  ainsi  qu'aux  Oiseaux- 
gibier  existant  dans  les  cbasses  réservées  et  désignés  comme  tels 
parla  législation  du  ])ays. 

Partout  ailleurs  la  destruction  des  Oiseaux-gibier  ne  sera  auto- 
risée qu'au  moyen  des  armes  à  feu  et  à  des  époques  déterminées 
jtar  la  loi. 

Les  États  contractants  sont  invités  à  interdire  la  vente,  le  trans- 
port et  le  transit  des  Oiseaux-gibier  dont  la  chasse  est  défendue 
sur  leur  territoire,  durant  la  période  de  cette  interdiction. 

Art.  1).  —.Chacune  des  parties  contractantes  pourra  faire  des 
exceptions  aux  dispositions  de  la  présente  convention. 

1"  Pour  les  Oiseaux  que  la  législation  du  pays  permet  de  tirer 
ou  de  tuer  comme  étant  nuisibles  à  la  chasse  ou  à  la  pêche  ; 

.2"  Pour  les  Oiseaux  que  la  législation  du  pays  aura  désignés 
comme  nuisibles  à  l'agriculture  locale. 

A  défaut  d'une  liste  officielle  dressée  par  la  législation  du  pays, 
le  2"  du  présent  article  sera  appliqué  aux  Oiseaux  désignés  dans 
la  liste  n"  2  annexée  à  la  présente  convention. 

Art.  10.  —  Les  hautes  parties  contractantes  prendront  les 
mesures  propres  à  mettre  leur  législation  en  accord  avec  les  dispo- 
sitions de  la  présente  convention  dans  un  délai  de  trois  ans  à  par- 
tir du  joui-  de  la  signature  de  la  convention. 

Art.  H. —  Les  hautes  parties  contractantes  se  communiqueront, 
])ar  rintei'inédiaire  du  (iouvei-nement  franeais.  les  lois  el  les  déci- 


186  SÉANCE    l»U    2(>    DÉCEMHRK    I  !)()."> 

sions  administratives  qui  auraient  déjà  été  rendues  ou  qui  vien 
draient  à  l'être  dans  leurs  Etats,    relativement  à   lobjet  de   la 
présente  convention. 

Art.  12.  —  Lorsque  cela  sera  jugé  nécessaire,  les  hautes  parties 
contractantes  se  feront  représenter  à  une  réunion  internationale 
chargée  d'examiner  les  questions  que  soulève  l'exécution  de  la 
convention  et  de  proposer  les  modifications  dont  l'expérience  aura 
démont  lé  l'utilité. 

Art.  13.  —  Les  Etats  qui  n'ont  pas  pris  part  à  la  présente  con- 
vention sont  admis  à  y  adhérer  sur  leur  demande.  Cette  adhésion 
sera  notitiée  par  la  voie  diplomatique  au  gouvernement  de  la 
Ré[)ubli(iue  française  et  par  celui-ci  aux  autres  gouvernements 
signataires. 

Art.  \\.  —  La  présente  convention  sera  mise  en  vigueur  dans 
un  délai  maximum  d'un  an  à  dater  du  jour  de  l'échange  des  rati- 
fications. 

Elle  restera, en  vigueur  indéliniment  entre  toutes  les  puissances 
signataires.  Dans  le  cas  où  l'une  d'elles  dénoncerait  la  convention, 
cette  dénonciation  n'aurait  d'elïet  qu'à  son  égard  et  seulement  une 
année  après  le  jour  où  cette  dénonciation  aura  été  notifiée  aux 
autres  Etals  contractants. 

Art.  L"l.  —  La  présente  convention  sera  ratifiée  et  les  ratifica- 
tions seront  échangées  à  Paris  dans  le  plus  bref  délai  possible. 

Art.  IG.  —  La  disposition  du  deuxième  alinéa  de  l'article  H  de  la 
présente  convention  pourra,  exceptionnellement,  ne  i)as  être 
appliquée  dans  les  provinces  septentrionales  de  la  Suède,  en  rai- 
son des  conditions  climatologiques  toutes  spéciales  où  elles  se 
liouvenl. 

En  foi  de  quoi  les  plénipotentiaires  respectifs  l'ont  signée  et  y 
ont  apposé  leurs  cachets. 

LISTE  N"  I 

OISEAUX    UTILES 

Rnpaces  noctnrnes. 

Chevêches  (Athene)  et  Chevêchettes  (Glauçidinm). 

Chouettes  (Surnia). 

Hulottes  ou  Chats-Huants  (Syrrium). 

Elïraie  commune  {Strix  flammea  L.) 

Hiboux  brachyotte  et  Moyen  Duc  (Otus). 

Scops  d'Aldrovande  ou  Petit  Duc  {Scop!<  giu  Scop.). 


SKAXCE    DC    2()    hKCr.MHKK    190")  187 

Grimpeurs. 
Pics  {Picm,  Gecinns,  etc);  toutes  les  espèces. 

Sjpidactyks. 

Rollier  ordinaire  [Coraeias  (jarrtda  L.)- 
Cl  u  è  |i  i  e  rs  (Mcrops) . 

Passerea ux  ordinaires. 

Huppe  vuli;aii"e  (Upupa  epops). 

Grimpereaux,  Tichodronies  et  Sitelles  (Certhia,  Tichodroma, 
Sitta). 

Alartiiiels  (Cijpsdus). 

Engoulevents  (Caprimulfiiis). 

Rossignols  (Liiscinia). 

riorges-Bleues  (Cyanecula). 

Rouges-Queues  (Ruticilla). 

Rouges-(îorges  (Rubecula). 

Traquets  (Printacola  et  Sa.ricola). 

Accenteurs  (Accenlor). 

Fauvettes  de  toutes  sortes,  telles  que  :  Fauvettes  ordinaires 
(Sijh-ia);  Fauvettes  babillai'des  (Currura);  Fauvettes  ictérines 
(Hypolais);  Fauvettes  aquatiques,  Rousseroles,  IMiragmittes,  Lo- 
(Mistelles  (AcroccphalKs,  Calamodjita,  LocusteUa),  etc  :  Fauvettes 
cisticoles  (Cisticola). 

Pouillots  (PhyUoscopus). 

Roitelets  (Reguliis)  et  Troglodytes  (Troglodytes). 

Mésanges  de  toutes  sortes  [Parus,  Panar us,  Orites,  etc). 

(iobes-Mouclies  (Muscicapa). 

Hirondelles  de  toutes  sortes  (Hlrundo,  Chelydon.  Cotyle). 

Lavandières  et  Bergeronnettes  (Motadlla,  Budytes). 

Pipits  (Anthus,  Corydala). 

Becs-Croisés  (Loxia). 

Venturons  et  Serins  (Citrinella  et  Serinus). 

Chardonnerets  et  Tarins  (Carduelis  et  Chrysoniitris). 

Etourneaux  ordinaires  et  Martius  [Sturnus,  Pastor,  etc.). 

Echassiers. 
Cigognes  blanche  et  noire  (Ciconia). 


ISS  SÉAiNCIÎ    DU    26    DKCKMBIÎK    !!)().") 

LISTE  N"  2 

OISEAIX    M'ISIRLKS 

Rapaces  diurne  fi. 

(iypaèle  barbu  [Gypaetus  barhatus  L.). 

Aii^les  (Aquila,  Niscetus);  toutes  les  espèces. 

Pygarsues  (Haliœtus);  toutes  les  espèces. 

Balbuzai'd  lUiviatile  (Pandion  halianus). 

Milans,  Klanions  et  Nauclers  (Milms,  Elanits,  Naudcrus);  toutes 
les  espèces. 

Faucons  :  (îerfauts,  Pèlerins,  Hobereaux,  Emerillons  (FaJco)  ; 
toutes  les  espèces,  à  l'exception  des  Faucons  kobez,  Cresserelle  et 
Cresserine. 

Autoui-  ordinaire  [Aatiir  palumbariiis  L.). 

Eperviers  (Accipiter). 

Busards  (Circus). 

Rapaces  nocltirnea. 

llrand  Duc  vulf^aire  [Buho  maximm  Fleni.). 

Passereaux  ordinaires. 

(irajid  (Corbeau  [Corvus  corax  L.). 

Pie  voleuse  [Pica  rnstica  Scop.). 

Cieai  iglnndivore  (Garndus  glandariiis  L.). 

Echassiers. 
Hérons  cendré  et  pourpré  (Ardea). 
Butors  et  Biboreaux  (Bautorus  et  Nyclicorax). 

Palmipèdes. 

Pélicans  (Pekcanus). 

Cormorans  (Phalacrocorax  ou  GracuJus). 

Harles  (Merfjus). 

Plongeons  (Colymbns) . 

Le  président  du  conseil,  ministre  des  affaires  étrangères  et  le 
ministre  de  lagriculture  sont  chargés,  cbacun  en  ce  ((ui  les  con- 
cerne, de  l'exécution  du  présent  décret, 

Fait  à  Pai'is,  le  12  décembre  190o. 


EXULR    LOIRET. 


l^ar  lo  Président  de  la  République  : 

Le  président  du  conseil, 
minisire  des  affaires  étrangères, 

ROUVIER. 


Le  ministre  de  l'nrfricrtUnre, 

nru'. 


IS!) 


ESPECES  ET  r.EXRES  NOUVEAUX 

DÉCRITS  DANS  LE  BULLETIN  DE  lOOo 


Poissons 


Cl  eniciiiila  Jdlianiin  var.  carsevenncm^is  Pellcgrin 108 

Plalijccphaliis  (intvcli  - 138 

Sillago  Boulani 80 

Syuaptura  punctatisxiiiia  \;ir.   iiiijroniacitUtta 141 

Insectk 

SlcijoiHijia  linuiipli  Neveu  Lomairc 9 

Crustacés 

Cliaixolia  obi'xa  E.  Chcvreux 103 

Cliéiritni'(hm  dentinianui^  E.  C lot) 

Orchoiiienclla  niacroiujx  E.  C 161 

Typhlocirulana  Moraguesi  Racovitza  n.  g.,  n.  sp 74 

Mollusques 

Balia  Hlalleiji  Caziot 45 

Hélix  conventac  C 41 

Hélix  (Xerophila)  suhpapalis  c 42 

Liiiinea  faliconica  C 4;j 

I.  Guebhardi  C 44 


Vers- 


s 


Aceros  maculatua  V.  Ilallcz 125 

CerehraUilui^   relaini<  L.  .Imibin 14d 

SUjlocIms  albuf:  \\  Hallcz 124 

Stjjtustoinuiii   antarcticuin  1'.  Il 120 

S.  punctahini  P.  H 120 


11)0 


TABLE  DES  MATIERES 

PAR  ORDRE  ALPHARÉTIQUE  D'AUTEURS 


A.  Bavay  et  L.  ïiLLiEH.  Les  Mollusques  testacés  du  Canal  de  Suez 170 

D'  P.  UE  Beaichamp.  Première  liste  de  Rotitères  observés  aux  envirous    de 

Paris ll'j 

D'  P.  DE  Beauchamp.  Remarque    sur  deux  Rotifères  parasites 117 

D'  R.  Blanchard.  Sur  une  Chenille  du  Soudan 127 

Caziot.  Complément  à  l'étude  de  17/e/(\r  «cr//((C(//(f<(/ 11 

Caziot.  Etude  sur  (juclques  coquilles  de   la  région  méiliterranéenne  (We/Lt: 

serpentina) 12 

Caziot.  Etude  sur  quelques  coquilles  de  la  région  méditerranéenne  (Heltx 

)nwalis] 17 

Caziot.  Description  d'espèces    nouvelles  de  Mollusques  terrestres  et  lluvia- 

tiles  des  départements  des  Alpes-Maritimes  et  do  l'.Mlier 41 

E.  Chevreux.  Diagnoses  d'.\mpliipodes  nouveaux  provenant  de  l'expédition 

antarctique  du  Franraif^.  l.Lysianassidae l'M 

A.  DuGiîs.  Rôle  des  nageoires  chez  les  Poissons 107 

H.  Gadeau  de  KERvrLLÉ.  Note  sur  les  fonctions  de  la  pince  des  Insectt^s  ortho- 
ptères de  la  famille  des  Forficulidés .'j.'i 

P.  Hallez.  Note  préliminaire  sur  les  Polyclades  recueillis  dans  l'expédition 

antarctique  du    Français 124 

M.  IFÉRUBEL.  Les  productions  tégumentaires  des  Sipunculides 90 

L.  .louiuN.  Note  sur  les  organes  lumineux  de  dctix  Céplialopodes 64 

L.  JoLRiN.  Note  sur  un  Némertien  recueilli  au  ïonkin  par  L.  Boutan   .    .    .  14;j 

C.  Van  Kempen.  Intéressante  capture  ornilhologique  auprès  de  Sainl-Oiner 

(Pas  de  Calais; liJO 

C.  Van  Kempen.   Flamant   rose  {Pliœnicopleruii  rnscus  Pall.)    tu('   près    de 

Dunkerijue l.il 

C.  Van  Kempen.  Remarque  sur  une  incubation  de  Bu.ses  vulgaires   (Biiteo 

rulgari!>  Linn.) lui 

G.  MiNOAiD.  Sur  un  fœtus  à  terme  de  Castor 112 

M.  Neveu- LEMAmE.    Mission  du  Bourg  de  Bozas  :  description  d'une  nouvelle 

•    espèce  de  Siegoiiiyia,'  recueillie  par  le  D"^  Brumpt  à  Harrar  ...        8 

Obon  de  Buen.  La  région   méditerranéenne  des  Baléares 99 

E.  Peignon.   Notes  ornithologiques 144 

D'  J.Pellegrin.  Mission  permanente  française  en  Indo-Chiuc  :  l'oissons  de 

la  baie  d'Along    (Tonkin) 82 

T)'  .1.  Peleegrin.  Mission  des  pêcheries  île  la  côte  occidentale  d'.Vfricpic,  diri- 
gée par  M.  (îruvel  :  Poissons \o,\ 


D'  J.   Pellegrin.  Sur  deux  Voissons  du  genre  Crenicichla  de  la  collection 

du  Muséum  de  Paris Kî" 

L.   Petit.  Chouetlos  et  (irands-Ducs  arliculi'.s  pour  la  chasse 48 

M.  Pic.    Observations  et    renseignements   complémentaires  sur  le   Gênera 

rnsectarum  (Phytophai^a) oi» 

E.  R.vcovrrzA.    Typhlocirolana  Moniguest  n.  g.  n.  sp.,  Isopode    a([uatique 

cavernicole   des  grottes  du']  Dracli  (Baléares) 72 

X.  R.vsPAiL.  La  légende  de  Jenner  sur  l'isolement  du  jeune  Coucou  dans  le 

nid 29 

L.  TiLi.iER  et  A.  B.w.vv.  Les  Mollus»|ues  testacés  du  Canal  de  Suez 170 

D'  E.  Trouess.xut.   Méthodes  nouvelles  pour  réunir  et  conserver  les  collec- 
tions de  petits  Mammifères l.il 

F.  Vlès.  Sur  un  nouvel  oriiane  sensilif  de  .Vhch/((  ;iHc/eH.>>- 88 


VJl 


TABLE 

PAU  ORDRE  DES  MATIÈRES 


Liste  (le  Membres V 

Liste  géograpliiiiiie  des  Membres XXI 

Liste  des  MemJjres  d<'eédés  pendant  l'année  l'.KIi XXVI 

Bureau  et  conseil  pour  ItKI.'i XXVII 

Liste  des  l'rcsid(Mits  de[)uis  la  fondation XXN'III 

Frix  Maiotaux  de  (iuerne  (règlement) XXIX 

Prix  Secques  (règlement) XXXI 

Séance  du  10  janvier  VMJ.i 1 

—  2i      —        — 12 

14  février    — K' 

—  28      —         —  (12'- Assemblée  générale) !■' 

—  14  mars       — 47 

—  28    —          — iî2 

—  11  avril       — •  <>4 

—  26    —          —  (tenu'e  à  Palnia  de  Mallorca) 70 

—  0  mai         — 81 

„      23  —       — ns 

—  13  juin         — 107 

—  27   —        — m 

—  11  juillet     — 114 

Charles  ScuLbMitEHGKEî,  notice  nécrologique 130 

Séance  du  24  octobre  KWj ' '134 

—  14  novembre — 142 

_        28        —        - 14λ 

—  12  décembre— 1<»*> 

_         26        —         — 1H2 

Convention  pour  la  protection  des  Oiseaux  utiles  à  l'agi'iculture  ....  183 

Espèces  et  genres  nouveaux  décrits  dans  le  llulli'lin    de  l'.K);') 189 

Table  des  matières  par  ordre  alphabéticiue  d'auteurs 190 


Le  Sccrrtaire  général,  aérant. 
Dr  J.  GUIART. 


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^ 


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